^34- .^-^-y^c

MÉMOIRE

Dl! MARÉCHAL DE VAUBAN

Imprimk v\\\ Marcel MOrc.HKI;

A ClioitK.iii).'.

MÉMOIRE

DU

MARÉCHAL DE VAUBAN

SUR LES FORTIFICATIONS

DE CHERBOURG

[1686] Publié par M. Joachim MENANT.

PARIS

LIBRAIRIE ARCHÉOLOGIQUE DE V. DIDRON, RUE HAUTEFEUILLE, 15. MDCCCLl

I BlBLiOti-.^-- ^

llGr

NOTICE SUR VACBAN ET LES FORTIFICATIONS DE L'ANCIEN CHERBOURG.

11 existe des hommes dont le génie a marqué chacune des ^actions de leur longue carrière, et qui se trouvent ainsi environ- nés d'une auréole d'autant plus éclatante qu'il suffisait peut-être d'une seule pour assurer leur gloire,

Vauban est un de ces êtres privilégiés. Il n'y a pas une place forte sur nos frontières il n'ait laissé des traces de ses tra- vaux; il n'y a pas un fait mémorable du siècle de Louis XIV l'on ne retrouve son nom: 57 années de services, 25 campagnes, 40 blessures, 140 actions de guerre ; 52 sièges, 53 places nou- velles fortifiées et les anciennes restaurées, voilà pour la gloire du maréchal (*). Mais ce n'est pas tout, Vauban était non seu»

(*) Voyez V Histoire de Vauban, publiée sans nom d'auteur par L. Lefort^ •éditeur. Lille, 1844.

2 NoriC.K Si:U VAIP.AN

lemcnt un grand capitaine;, mais encore un grand polilique. 11 siillit de lire ces recueils qu'il a niodeslemcnl intitulés : Mes 0/Aii't7t's-,(;t que l'on a nommés si judicieusement depuis Les îlevcs d'un homme de bien. Son style n'a peut-éire pas la pui-eté, l'é- légance des grands écrivains du siècle de Louis XIV; c'est le langage loujoui's claii' et souvent énei'gique du soldat. Ce qui préoccupe s'utonl l'éciivain, c'est le bien de l'humanité; on dirait qu'il ne comprend les formidables moyens d'attaque et de défense qu'il emploie que comme des n<;cessilés qui doivent rendre les guerres moins sanglantes, en maintenani plus énorgiquement la paix des nations. Sur le champ de bataille le maréchal n'a pas d'autre pensée : brûlons de la poudre, disait- il à ses ofiiciers qui murmuraient des lenteurs du siège, impatients qu'ils étaient de donner l'assaut, briîlons de la poudre, mais épargnons le sang des soldats ; et bientôt après il entrait dans la place sans perdre un seul honmie (*).

Il appartenait à noire siècle, éminemment juste envers les morts, de rendre hommage à une gloire si pure. Napoléon or- donna que le cœur deVauban fût transféré sous le dôme des In- valides à côté de Turenne, l'Empereur et Iloi devait venir aussi reposer un jour (**). Cependant, tandis que le lierre environne les remparts que Vauban avait élevés, tandis que le temps détruit chaque jour les citadelles qu'il avait solidement construites, on

(*) C'était au siège deCharleroi,en 1693.-- II n'y a pas une parole du maréchal , qui ne témoigne de sa sollicitude pour épargner le sang dos soldats. Au siège de Ypres, le Roi voulait donner l'assaut avant d'avoir couronné le chemin couvert: a Vous y gagnerez un jour, dit Vauban, mais vous y perdrez mille hommes. » Le lendemain le chemin couvert fut couronné et la place se rendit.

(**) La cérémonie eut lieu le ?G mai 1808 , jour de l'anniversaire de I.i prise de Dantzick.

ET LES FORTIFICATIONS DE L'aNCIEN CHERDOURC;. %

île pouvait pas voir tomber en ruine toutes ces places démante- lées, sans chei'cher à sauver ce qu'il y avait de moins périssable en elles, le génie qui en avait dicté les plans.

Les œuvres écrites de Vauban ont été nombreuses, elles formeraient des volumes précieux si on eût pu les recueil- lir. Malheureusement quand on a songé à les mettre au jour, la plus grande partie avait disparu (*). Aujourd'hui chaque feuille sur laquelle on peut reconnaître le nom de Vauban est devenue précieuse et chacun se la montre avec un saint respect.

Cherbourg possède quelques-unes de ces pages, elles ont d'autant plus d'intérêt pour nous qu'elles sont consacrées à la grandeur de notre pays, et qu'elles se trouvent, pour ainsi dire, le point de départ de la prospérité moderne de la ville de Cherbourg.

Mais il convient de reprendre aussi succinctement que pos- sible l'histoire de notre cité, pour comprendre dans quel état elle se trouvait lorsque Louis XIV et Vauban soupçonnèrent son importance future.

Nous n'avons aucune donnée certaine sur l'histoire de notre presqu'île avant l'invasion des Romains. De vastes forêts sem- blaient îa couvrir. Çà et des pierres druidiques nous révèlent le cuite des anciens habitants, mais ne nous laissent rien soup- çonner de particulier sur la ville qui plus tard doit porter le nom de Cherbourg.

Sous la domination romaine , le même vague se prolonge, et ce vague qui pèse sur toutes les villes qui prirent naissance

(') M. Gorroard, cdilour, a fait imprimer en 1841, IS-îS et 1845, trois volumes extraits des Oisiveté;; de Vauban , qui n'avaient pas encore été publiées.

4 NOTICE Sim VALliAN

alors , permoi aux savants toutes los conjectures possibles sur l'origine de la ville et sur l'élymologic de son nom.

Le cliâteau est le nionunieni le plus ancien dont il soit ques- tion dans les chroniques qui nous parlent de Cherbourg. Ce château, de construction romaine, s'élevait sur l'endroit de la plage le moins exposé aux attaques et dominait un petit hâvie à l'embouchure d'un filet d'eau. La v;lle s'était groupée autour à l'ombre de ses remparts.

Le premier fait qui nous révèle l'imporiance de CherJ)ourg remonte au W" siècle ('). A cette époque , Cui!laume-le-Bâtard avait épousé Maihiîde, fiUe du comte Baudouin, et sa cousine germaine ; il fut excommunié pour ce fait par le Pape Léon IX, et pour racheter son excommunication il fit don à quatre gran- des villes de la Normandie de la nourriture de cent pauvres , pour leur Ilôtel-Oieu. Ces quatre grandes villes étaient Rouen, Caen, Bayeux et Cherbourg.

Cherbourg avait donc alors une certaine importance , et dès- lors celte importance suit la marche des événements qui depuis le XI'= siècle jusqu'à la moitié du XV^ ont signalé les grands différents de la France et de l'Angleterre, dont la Normandie était l'enjeu.

L'histoire de Cherbourg pendant cette longue période est l'histoire de ces grandes luttes des deux puissances rivales (**). Jetez les yeux sur la carte, vous verrez à l'extrémité de la presqu'île, Cherbourg s'avancer dans la mer comme un bras

(*) Voyez l'Histoire de la Ville de Cherbonrg , par Voisin-la-Hougue , page 14 et suiv.

(**) Voyez Vlîittoire générale de, la Normandie, par Gabriel Dumoulin , passim ; cl V Histoire civile et reli(jieuse de Clierbounj , par M. l'alibé DE- MONS. Manuscrit de la Dibliolhèque de Clierboui'g.

ET LES FORTIFICATIONS DE l' ANCIEN CHEUBOL'RG. S>

pour menacer l'Angleterre ou comme une main amie pour sanctionner la paix.

Avec la conquête de Guillaume, lorsque le Duc devint Roi, Cherbourg qu'il avait choisi pour sa résidence subit le sort des vainqueurs, et la cité Normande devint une ville Anglaise. Plus tard le Comte de Boulogne conteste à la fille du Conquérant la possession de la Normandie ; il met le siège devant Cherbourg, et après deux mois de siège il s'en rend maître en H 39, jusqu'à ce que le Comte d'Anjou, époux de Mathilde, l'en chasse à son tour quelques années après. En 1293 Cherbourg est encore brûlé, détruit en partie par les Anglais, et ce n'est qu'en 1300 que l'on songe à le fortifier sérieusement. Ces fortifications sauvèrent Cherbourg de l'attaque d'Edouard III, en 1344 ; mais il fut livré aux Anglais en 1378, par la trahison d'un officier de Charles-le-Mauvais. Les efforts des Français pour le repren- dre furent inutiles. Duguesclin échoua dans cette entreprise , en 1378, et ce ne fut qu'en 1394 que Richard II rendit Cherbourg au roi de France. Lorsque la bataille d'Azincourt eut décidé encore une fois du sort de la Normandie, Henri V vint assiéger Cherbourg, qui fut obligé de se rendre en 1418. Il resta alors 32 ans sous la domination des Anglais , ils en furent chassés en 1430, par les prières et les vœux des habitants, puissamment se- condés par l'artillerie dont on faisait alors les premiers essais (*).

La lutte entre la Fi'ance et l'Angleterre était alors terminée ; la Normandie appartenait définitivement à la France ; dès-lors l'importance de Cherbourg disparaît. Il n'en est plus fait men-

(*) Les Anglais quittèrent Cherbourg le vendredi 14 août 14o0. Ce fut à l'occasion de cette heureuse délivrance qu'un bourgeois de Cherbourg construisit le tableau mobile de l'Assomption, qui donna son nom. à la confrérie de Notre-Dame-Montée. Celte confrérie, fondée en 1466, exis- tait encore au moment de la révolution de 1789.

6 NOTlCi; SUU VAUliAN

tion dans l'histoire, c'est un point oublie ; ii ne lesle plus qu'à le détruire.

Cherbourg reste près de deux siècles dans cet état d'oubli, et ses murs , ses remparts ébréchés tombaient chaque jour en rui- ne. Cependant on comprit un jour que la Normandie n'était, pour ainsi dire, que le prétexte des luttes de la France et de l'Angleterre , et qu'au-delà de la possession de cette province , il s'agissait entre les nations rivales de quelque chose de plus sérieux encore. C'était en 1680, Louis XIV et Vauban tourné* rent leurs regards vers Cherbourg.

Dans quel état se trouvait alors notre pauvre cité? Des pans de mur gisaient çà et là, le logement du gouverneur ne se sou- tenait plus qu'à force d'élançons , les cours et les fossés du château étaient obstrués de décombres, ufiepartie des casernes était détruite, l'autre était prèle à tomber en ruines, tout enfin annonçait une ville abandonnée depuis longtemps.

Cependant ces débris, ces ruines témoignaient encore de l'ancienne résistance dont ils étaient capables , et Louis XIV voulait les réparer. Vauban fit alors un projet avec un plan h l'appui. Le plan signé de la main de Vauban existe encore, il est déposé à la Mairie. Le mémoire original a disparu , il en existe de nombreuses copies plus ou moins fidèles; cependant on peut considérer celle qui est conservée dans les archives du génie militaire comme la plus authentique. Voici , d'après ce projet , l'idée que nous pouvons nous faire de l'ancien Cher- bourg.

Le donjon avait quatre tours principales, reliées entre elles par autant de courtines environnées de murs revêtus à l'an- tique, de cinq à six pieds d'épaisseur et couronnés de créneaux et de mâchicoulis. Il était situé vers l'extrémité de la rue Notre- Dame et de la ru(î des Fossés.

Le château occupait l'espace compiis entre le quai du port,

ET LES FORTIFICATIONS DE L ANCIEN CHERBOURG. /

depuis la place Criquoville jusqu'à la rue Quai-ciu-Bassin , la rue du Château cl la rue Nolrc-Dame.

Quanl à l'enceinte de la ville, nous pouvons en retrouver le iriicé sur les rues actuelles. En parlant de la tour des Sarra- sins, qui correspondait à la place qui porte aujourd'hui le nom de place Briqueville, et en montant vers le nord, la contre-escarpe du fossé suivait directement la rue de la Marine jusqu'en face la tour de l'Eglise, qui vient d'être démolie. En retournant à l'ouest, on rencontrait bientôt la tour de Gouberville, et un peu plus bas vers le sud , la tour Carrée , sur remplacement de la- quelle l'obélisque en granit de la place d'Armes s'élève aujour- d'hui. Les fossés suivaient remplacement de la rue des Corderies, de la place de la Fontaine et de la rue de la Fontaine. Nous avons l'cucontré à l'angle de la rue des Corderies et de la place de la Fontaine, la tour Cornette et une porte d'entrée de la ville ; en nous dirigeant vers l'est, par la rue Corne-de-Gerf , nous pas- sions sur le bastion Saint-François, qui protégeait la principale porte de la ville, à l'extrémité de la rue des Portes. La rue des Tribunaux nous conduit sur le quai du Bassin, à l'emplacement du bastion du Moulin , et en gagnant vers le nord, après avoir passé devant la tour du Moulin , nous arrivons à peu de dis- tance de notre point de départ, sur la place Briqueville.

Telle était l'étendue de Cherbourg il y a deux siècles. Le port était une espèce de vasièrc qui s'étendait le long du fau- bourg à l'emplacement des halles et de la prison, avec un quai en pierres sèches , dont les riverains avaient fait tous les frais. Joignez à cela quatre ou cinq mille habitants sans commerce , sans industrie et voua aurez une idée de l'aspect de Cherbourg au moment de l'arrivée de Vauban.

Vauban analyse avec un grand soin les travaux à faire pour l'cmeltre Cherbourg en état de figurer au rang des places fortes du royaume; il indique tous les changements à faire aux rem-

s NOTU'.K SCR VAL'BAN

paris, il protège chaque lour par un haslion, puis ii soif Iiar- dinienl de la limite de la ville et il trace une nouvelle enceinte bastionnée, qui s'étend jusqu'à la rue du Cliantici' d'une part, et qui de l'autre enveloppe tout l'ancien faubourg. 11 ne paraît pas que Vauban ait compris que la rade pouvait être fermée, et pour- tant il ne se méprenait pas sur l'importance maritime de Cher- bourg. Je ne connais pas déport, dit-il, plus important que celui de Cherbourg, et il vaudrait mieax que les Anglais eussent fait descente à Calais ou à Boulogne plutôt que dans notre presqu'île.

Je ne puis m'empécher de faire ici une remaïqtic qui peut avoir son importance. Ce qui semble préoccuper surtout Vauban c'est la position audacieuse que Cherbourg occupe à l'extrémité de la presqu'île. Il considère notre ville comme la clef de voi'ite du royaume. Une fois maître de cette position, l'ennemi (et c'est l'Anglais qui est réteruel ennemi de Cherbourg), l'ennemi pourra s'y fortifier à son tour, prendre tous les établissements qui lui conviendront et s'avancer ensuite dans l'intérieur sans danger ni sans résistance. Cherbourg doit tout attendre du courage de sa garnison. Comment faire venir promplement à son secours nos armées du centre ou de la frontière? A l'époque Vauban écrivait, le problème était insoluble; mais avec nos moyens de transport actuels , il est facile de dire que s'il eût écrit de nos jours le premier moyen de défense qu'il eut demandé pour Cherbourg, vous l'avez déjà nommé, c'est un chemin de fer.

Enfin , le travail de Vauban renferme le compte exact de la dépense nécessaire pour remettre les fortifications en état et pour augmenter la ville d'une manière notable , c'est-à-dire en lui donnant un développement de 867 toises de pourtour. Ce devis s'élevait à la somme de 2,102,409' G" 4'' (*).

(*) L'or vali'il on 1688 , 448^ le marc, il vaut maintenant 800^0 marc

ET LES FOnTlFltATIONS DE L ANCIEN CIIERrOURG. 9

Celle somme parât énorme et les projets de Vauban restèrent dans les cartons. Je n'ai pas besoin de dire ce qui eut lieu depuis. Quelques années après on rasait ces vieux débris si dis- pendieux à réparer. Il fallut que la France apprît, par les revers de la Hougue et les désastres de 1758 , à juger de l'importance de Cherbourg ('). Aussi, un siè<:le après Vauban^ Louis XVI et

La dépense de 2,402,409' 6* i^ correspond donc aujourd'hui à la somme de 3,744,501' 13^ 8^ 1/2.

(') Cherbourg avec son ciel brumeux, avec ses formidables tempêtes qui mugissent l'hiver à nos oreilles , avec sa poussière de granit q\ie le vent soulève encore au fond de ses immerises bassins, est assurément l'entre- pnse la plus gigantesque des temps modernes. Ce n'est pas en effet une ville qui grandit , qui se développe , c'est la création de tout un siècle , ce sont les travaux de tout un peuple, c'est la lutte de deux puissances rivales , c'est le triomphe de l'humanité sur la nature , c'est la plus «éclatante victoire de l'homme sur les éléments.

Les travaux de la Digue ont été arrêtés en principe dès 1777, ils n'ont été mis à exécution que quelques années plus tard. Originairement cette ' Digue dont les fondements furent jetés à plus d'une lieue du rivage de- vait être composée d'une série de cages en bois juxta-posées et remplies de pierres. Chaque cage ayant la forme d'un cône tronqué se composait de 90 montants de 124 pieds de hauteur , et couvrait une surface de 17,20u pieils carrés à la base. Il entrait 24.000 pieds cubes de bois dans la construction de ces cônes qui contenaient 2,700 toises cubes de pierres et pesaient plus de 100,0(X),000 de livres. Cependant le système des cônes ayant été abandonné pour un nouveau mode de construction , l'île factice de la Digue a été formée par une masse de pierres jetée à fond perdu qui représente acluellem^t un volume de 3,755,000 mètres cubes. On a construit au centre de cette île des casernes, des maisons, un fort et un phare; puis des deux côtés, la crête de^l'île a été couronnée dans toute sa longueur par un ouvrage de maçonnerie et les deux extré- mités de ces bras gigantesques ont été disposées pour recevoir deux forts. Aujourd'hui la Digue est à peu près terminée , elle représente un solide de IJjO mètres de base, 22 mètres de hauteur cl 3,G58 mètres de long, formant une masse de 4,6io,100 mètres cubes. Lorsque la

t() XOTICE SL'Ii VALB;V.\.

TS'apolt'on jclcroiil les fondcMuonls (l'un travail qui devait conter à la France quatre-vingts ans do travaux cl plus de deux cents millions de dépenses, pour nous donner le Cherbourg que l'on admire aujourd'hui (').

MENANT.

Octobre 18j0.

Digue sera cnlièrement terminée et année . elle n'aura pas coûté moins (le 77,000,000 à la France. Elle fcrnicra alors un immense lac de ■1,000,000 (le toises carrées dont 820,000 propres au mouillage de 60 vaisseaux de haut-liord, sans compter le;; frégates , corvettes, etc. , etc. hc port militaire se compose d'un avant-port et de deux bassins prin- cipaux d'une superficie de GO.OOO toises carrées. L'avant-port fut arrêté en projet en 1792: mais il ne fut exécuté que sous l'Empire, par déci'et du 25 germinal an xi (15 avril 1805) ; il fut creusé dans le roc à 28 pieds de profondeur au dessous des plus basses marées el à 50 pieds au dessous du sol. Le travail de la mine a enlevé 1,071, 442 mètres cubes de déblais de l'avanl-port, el il a coûte 17,401,174 <rancs. Enfin il fut terminé en 1815 après 10 ans de travaux, pendant lesquels 1,500 hommes et 400 chevaux furent constamment employés aux trans- ports, des déblais. Le prenîicr bassin moins grand que l'avant-port en su- perficie, mais creusé avec les mêmes procédés et à la même profondeur , n'a coûté que 7,196,517 francs , il a 290 mètres de long sur 217 mètres de large ; il fut terminé en 1829. Le second bassin est en voie de construction , c'est le plus grand , il a 400 mètres de long sur 200 de large ; lorsqu'il sera terminé il représentera une cavité d'oîi l'on aura ex- trait 5,621,222 mètres cubes. Ces trois bassins avec les établissements nécessaires à la construction el l'armement îles vaisseaux , i^ont entourés de fortifications qui enveloppent un espace de 850,000 mètres carrés sur un développement de 5,000 mètres de longueur.

(*) Voyez les pages remarquables que M. A. de Tocq'ieville a écrites sur la Digue el le Port militaire, dans la collection drs Villes de France, publiée par W. A. Giui-REnT. Tome V-', jiag. 717 et suiv.

MÉMOIRE DE VAUBAIN

SUR LES

FORTIFICATIONS DE CHERBOURG.

(1G8G.)

DESCRIPTION DE CHERBOURG ET DE SA PRESQU ISLE.

Cherbourg, ville de Normandie de l'évêché deCoutances, est assise sui- le bord de la mer, à 70 lieues de Calais et 80 de Ouessant, qui sont les deux extrémités de la Manche ; à 21 lieues de l'île de With et 28 de Portsmouth, l'un des plus considé- rables ports de l'Angleterre; à 55 lieues du Havre, 31 deSainl- Malo, 25 de Caen, i8 de Bayeux, H do Carentan , d6 de Cou- tances, 4 deValognes, 21 de Granville, 15deGersey, 15 de Garnesey et 10 d'Orney ou Origny, ces trois derniers sont des fsles angloises; le tout à mesurer en ligne droite d'un lieu à l'autre , et non en suivant les sinuosités de la nier et des «iiemins; elle occupe à peu de chose près le milieu de cette terre de Normandie qui par son avancé dans la Manche, forme

12 MÉMOIUE DE VAUnAN.

une presqu'islc de 11 à 42 lieuts de long (*) s^i 0 à 10 do largo , dont risllinie se peut prendre depuis Carenlan , jusqu'à Créances , |)ar un esi)ace de cinq lieues seulenienl ; parce que la mer monte jusqu'à Carentan , dont la rivière est si profonde qu'elle porte des bâtiments de mer de 30 à 40 tonneaux , et celle de Créances a quelques deux lieues et demie de cours, dans les terres la mer remonte à toutes les marées. L'espace, entre ces deux rivières est composé de collines, marécages et petits bois taillis, entrecoupés de chemins creux, étroits et d'her- bages fermés de gi'osses haies et fossés. D'ailleurs le cours des rivières Douves qui poi'lent bateau depuis Saint-Sauveur en bas, et celle de Carentan, et de Plessis, sont toujoui^s accom- pagnées de marais extrêmement fangeux quand il a plu, et tout le pays gias est presque impraticable pour les charrois et la ca- valerie. Le milieu du pays est bossu et couvert de bois fort épais par les forets de Valogncs, Saint-Sauveur et Bricquebec; les deux premières au Roi et la troisième aux héritiers de M. de Longueville, lesquelles s'étendent jusqu'à un quart de lieue de Cherbourg, et font une suite de bois qui a 7 à 8 lieues de long sur -i de large; n'y ayant que très peu dévide entre deux. L'épaisseur de ces bois jointe à la rudesse naturelle du pays tout coupé de haut en bas, quelquefois fortroide, ne laissant au plus que des défilés fort étroits, et très dangereux aux armées qui auraient à les pénétrer pour aller chercher l'ennemi du côté de Cherbourg. Le surplus du pays est naturellement coupé de bois taillis, et de landes qui sont toutes pleines d'eau pendant l'hiver. Les environs du cap de la llague et fosse d'Omonville en peuvent être exceptés, bien qu'ils soient mêlés de hauts et de bas, et de beaucoup de landes. Ce coin de pays est scc et de^

(') Ce boul toutes lioiics de 24 au dcj;ré.

MÉMOIRE DE VAUBAN.

peu de rapport ; non tant coupé que l'autre, mais il est de petite étendue.

Quant à la fertilité de cette presqu'isle , on peut dire généra- lement parlant qu'elle est très-grande ; car les fourrages , blés , cidres, bœufs gras, moulons et tous autres bostiaux y abondent plus qu'en autre pays du royaume : en un mot , c'est un pays qui , un peu ménagé , pourrait nourrir une armée de trente mille hommes six mois durant. Du surplus il peut y avoir huit ou dix tant villes que gros bourgs, et plus de 500 paroisses qui contiennent [jrès de cent vingt mille âmes.

LA. COTE.

Depuis l'embouchure des rivières de Carentan jusqu'à la Hou- gue , il y a six à sept lieues de plage platte , mais non propre aux descentes ; parce que les gros navires n'en sauraient ap- procher à Irois-quarls de lieue près.

A la Hougue il y a un espace propre aux descentes qui a bien trois-quarts de lieue de long.

De la Hougue à Barflcur, deux lieues et demie, et un espace propre aux descentes , vis-à-vis du lieu appelé Maison blanche, qui a quelques 800 toises de long.

De Barfleur au cap Levy, il y a deux lieues de côte ferrée dont on ne peut approcher.

Du cap Levy à Cherbourg, 5 lieues de côte platte, mêlée par endroits do rochers, l'une et l'autre peu propres aux descentes.

De Cherbourg à Querqueville, une lieue de descente, par une baie de sable d'environ mille toises de côte , les vaisseaux peuvent mouiller, côté en travers, à portée de mousquet.

Il MF,.\!0I1\E DE VAUr.AN.

De Qiier(|uevi!l(! à Nac(iiiovillo, descente do trois- qiuuts de lieue d'étijiukio, que les vaisseaux peuvent soutenir à demi- poilée de canon.

De Nacqueville ù Omonville, deux lieues de cùîe ferrée , foi t éiovée et non propre aux descentes.

D'Onionville au ca[) de la Haguc , deux lieues et demie de côte ferrée et fort saie, il y a de gi'andes marées et de ter- ribles courants.

Du cap de la Hague à l'anse de Vauviîle, une bonne lieue.

De l'anse de Vauviîle au cap de Flamanville, deux bonnes lieues de belle descente, dont les vaisseaux peuvent approcher à demi- portée de canon, en basse mer, qui est le temps propre à mettre à terre ; mais toute volée quand elle est haute ; ce qu'il est bon de remarquer.

A Flamanville, il y a des rochers qui durent une lieue.

De Flamanville au Kozcl , une lieue de côte ferrée , et non propre aux descentes.

Du Rozel à Carterel, trois lieues de plage oi'i l'on pourroit descendre, mais avec difficulté, à cause de la violence des cou- rants.

De Carterel à Sainl-Germain-sur-Ay , deux lieues et demie de côte de sable, mêlée de rochers, non propre aux descentes.

De Sainl-Germain-sur-Ay à Créances , une lieue et demie. Il y a près de deux embouchures de petites rivièKes; et pas de lieux propres aux descentes.

De Créances à Carentan , c'est l'isthme ou gorge de la pres- fju'isle, dont la nature et qualité ont été ci-devant expliquées.

Voilà donc cinq endroits bien marqués , à l'enlour de cette presqu'isle, l'on peut faire descente avec des armées navales, outre quoi il y a la rade de la Hougue, qu'on tient la meilleure lie Fiance , et celle de Cherbourg, qui est d'assez bonne tenue.

MÉMOIRE DE VAUBAN. ïli

CIIERBOUKG EN PARTICULIER.

Quoique je ne voie rien qui marque le temps que Cherbourg a été bâti , on voit assez manirestemcnt que ça été une forte- resse des Romains ; car leur manière de bàlir paroît encore dans les murs du château. Or, que ce!a ait été, on n'en peut guère douter , vu l'imporlance de son assiette qui a redoublé de considération dès la première domination des François, à qui elle servoil de place Irontière et maritime, à cause de l'An- gleterre dont ils u'étoient pas les maîtres. Cette même consi- dération passa aux Normands, et ensuite aux Anglois, mais pour d'autres raisons ; après quoi étant retombée entre les mains des François , sous le règne de Charles VII , qui la prit en 1450, elle est demeurée, à fort peu de chose près, en l'é- tat qu'on la trouva, quoique la consf'îquence en soit plus grande qu'elle n'a jamais été ; hors les trois pièces ( 1 , 2 et 5) qui va- lent très-peu de chose , on ne voit rien qui puisse marquer qu'on ait songé à elle.

Cette place est composée de Viiie , Château et Donjon ; les uns et les autres revêtus à l'antique avec des murs épais de 5 à 6 pieds mesurés pai* le haut de bonne hauteur ; peu de talus et couronnés d'un mâchicoulis tout à l'entour, qui est rompu eu beaucoup d'endroits, avec un petit parapet au devant, d'un pied d'épaisseur, coupé d'arches et percé de créneaux partout: il est en beaucoup d'endroits ébréché et en d'autres abattu tout à fait.

La maçonnerie est apparemment de moellon brut , partie ar- dcisin et partie d'une espèce de grès de fort bonne qualité ; la

ît) MÉMOTRE DE VAUItAN.

<iiaux en est admirable, el les moriiers non moins excellents que ceux de Mets.

Le donjon est fermé de 4 tours principales, dont la plus éle- vée (4) a d6 luises de haut, à mesurer depuis le fond du fossé, sur 5 toises de diamètre ; celle qui suit après (B) 14 toises sur la même épaisseur; la (C) -13 toises, et la 4* (D) dl toises et demie. Les carrées sont plutôt des bâtiments adossés que des tours de défense. Les rondes ont plusieurs étages , presque tous voûtés , et la plus grande partie des voûtes en bon état.

Ces tours sont liées les unes aux autres par autant de cour- tines de il toises de haut chacune: elles étoient , ci-devant, adossées de trois étages de bâtiments dans lesquels on eût pu trouver de quoi loger mille hommes, et mettre à couvert les munitions de guerre et de bouche nécessaires à la défense de la ville et du château , avec des fours , moulins , puits , prisons et généralement tout ce qui peut faire besoin à une place de guerre ; mais tout est tombé , et à quelques voûtes près qui subsistent encore, il n'y est demeuré sur pied que les gros murs, et la plus grande quantité de ceux de refend, à la faveur desquels il serait aisé de rétablir le reste et de le remettre en son premier état.

Le château est flanqué de 12 tours , y compris 3 du donjon , liées par autant de courtines ; toutes ces tours sont de hauteur inégale , et de structure différente : mais toutes couronnées par des mâchicoulis , avec un petit parapet au dessus , et les gros murs d'assez bonne épaisseur pour que la plupart soient bien sur leurs plombs.

Il y avoit deux ou trois étages à chacune , avec autant de che- minées, des caves au dessous, et le haut voûté en plate-forme : ce qui marque que la garnison logeoit dedans; les murs des courtines sont de même nature que ceux des tours, ayant des mâ- chicoulis avec des parapets au sommet, un chemin de ronde tout

MZMOIIIE DC VAL'BAN. 17

auloiii', ou des coiiu^.uînicalions au clorijon qui éloient coupées par dos planclielles.Dans le dedans du châlcau il y a une assez gran- de et belle chapelle, qui a servi aulreibis d'église paroissiale à la ville , et il y a encore des fonds baptismaux. On prétend qu'il y avoit des rues et des maisons dans la cour ; mais il n'y paroît plus rien présentement qu'un terrain élevé et assez inégal. Joignant les mui-ailles, il y a encoi-e quelques vieilles casernes adossées , à ua étage seulement, doîU partie est tombée et Faulrc prête à tomber. Le plus bel endroit de ces adossemenis est loge le gouverneui', qui est à trois étages; mais les uns et les autres ne subsistent qu'à force d'étançons. Du surplus, la tour (£) , est l'horloge, a 12 toises de haut, la (F) 40 toises d/2 et la (G) 9 toises 1/2. Toutes celles qui restent ont à peu près cette élévation , et les courtines 2 à 3 toises de moins; tant les unes que les autres ont assez bien conservé leur aplomb, et aucunes ne menacent encore de ruine , hors quelques pièces en adossement qi'.i ne servent de rien à la fortifica- tion. Au reste il y a beaucoup de petits ébrèchements à tout ce qui s'appeile petits murs, et des évaseuients aux parapets, cré- neaux , fenêtres, portes, , embrasures et en un mot tout ce que l'on trouve ordiuairemenl aux vieux bâtiments qui ont été longtemps négligés. Ces murs ne sont point terrassés, et je doute même qu'iis pussent porter un gros rempart. Pour le fossé, tant du donjon que du château, il a été approfondi , à peu de chose prés , aussi bas que la basse mer de morte-eau , et les bords revêtus : mais comme ce revêtement n'a été fait qu'à pierres sèches , il en est resté peu sur pied. 11 y a même 21 ou 22 maisons de ville qui entrent dans ledit fossé du côté de (4), qu'on ne peut pas s'empêcher de démolir, si le Koi prend résolution d'y faire les réparations nécessaires. Du sur- plus , le château a deux portes; savoir : celle de la ville qui a un ponl-levis, une porte et une barrière et qui sert actuellement;

f8 MÉMOIRE DE VAUUAN.

et celle (lu havre , forliiiée d'un petit l'avelin fjiiané comme le ligiiré (T)) doiH la poitc est présentement condamii(''<'.

LA VILLE.

Son rempart enveloppe 1«; château tout à l'entour et lui sert de fausse-brayc du côté de la mer, avec séparation du reste par les deux extrémités , coupé par de grosses traverses de maçon- nerie, en sorte que la partie (1 , 6 , 7, 8 , ) peut demeurer entière- ment dans la possession du château. La plus vieille enceinte figu- rée comme la marquée (G, 9, dO, d2, d4,). Depuis on y a ajouté les trois ravelins (15, 5, 5,) pour couvrir autant de portes; et ensuite les deux bastions (1, 2,) avec les courtines attenantes.

Les murs de ladite enceinte étaient de même qualité que ceux du château et du donjon , c'est-à-dire brétessés et machicou- lissés , assez bien sur leurs pieds, à quelques demi-tours près , qui se détachent; ceux-ci sont terrassés presque jusqu'en haut : mais il n'ont point de parapets , et il n'est jias bien sûr qu'il les pussent porter, si on les faisait à preuve du canon et qu'on achevât de les terrasser. Son fossé est assez bon partout, €t doit avoir été revêtu : mais il y a beaucoup de vases et dé- combres à nétoyer qui viendraient bj^n à propos pour achever son rempart.

Au reste comme cette place a été négligée depuis longtemps on a adossé les maisons contre le derrière du rempart, si près qu'il en est fort élioil, et de plus les fauxbourgs se sont tellement approchés du bord du fossé, de tous côtés , qu'on n'y peut faire de chemin couvert , ni rien de considérable sans en abattre plus des irois-quaris.

>lÈMOmE DE VAUBAN-. ï'â

l^ PORT.

!1 csl formé par l'cmboiichurc de la petite rivière Divetle , el dans le plus mauvais élut qu'il peut être; n'ayant point de jetées qui méritent d'en porter le nom pour empêcher les sables de le combler, ni aucun fascinage pour en conduire les courants , ni d'écluse pour le nettoyer ; bien éloigné de cela, la plus part des bâtiments y déchargent leur leste impunément , ce qui achève de le combler ; il y a un méchant quai de pierres sèches le long du fauxbourg que le Gouverneur y a fait bûlir par les habitants , et puis c'est tout. Cependant ce port peut être rendu fort joli et capable de recevoir bon nombre de frégates de 20 , 24 , 50 et 50 pièces de canon qui seroient mieux pla- cées qu'en aucun lieu du royaume pour la course. La mer n'y monte que de J4 à 15 pieds dans les marées de vive-eau, et le fond du chenal seroit ferré d'ardoises en beaucoup d'endroits s'il étoit approfondi de 4 à 5 pieds plus qu'il n'est.

LE PONT.

Il est ruiné de vieillesse, et pour n'avoir pas été entretenu. Cependant partie des arches , et presque toute la fondation des piles subsistent encore , de sorte qu'il ne seroit pas mal aisé de le rétablir.

."20 WÉMOIUE DE VAUttAN.

LA UADE.

Ello osl un peu foraine à la vriiic, mais de si bonne tenue que do mémoire d'homme, nu dire des gens de mer les plus onicndus do ce pays-ci, n'y a péri un vaisseau, bien qu'il y en iiil eu de mouillés dos ! 1 mois entiers.

LES ENVIRONS DE LA PLACE.

A portée du ciinon de la place le long des deux bords de la flicr , 1(; pays n'A assez uni , mais sur la largeur de 4 à 500 loiscs à niesuio qu'il s'éloigne , il bossillo jusqu'à former des inonlagnos d'une hauieur considérablo.L'une desquelles, savoir: la plus prochaine et la moins élevée cùloye la place et l'appro- che de si près qu'il est foit mal aisé d'éviter que la plus grande partie de ce que l'on y f(!ra pour l'agrandir n'en soit plongé. Cette uiéme hauteur a trois défauts désavantageux à la place. Le premier est qu'elle forme une portion de cercle qui envi- ronne la paille qui en doit appi'ocher à moins d'une demi -por- tée de canon, do sorte qu'il est très dinîcile de rien faire do sou côté qui n'en soit incommodé ; cependant ce n'est que de relui-ci qu'on peut s'éîendre. Le deuxième est que par le côté qu'elle s'en approche , elle s'abat en pentes douces qui fournissent des assiettes de batterie à l'ennemi à toutes élévations et pour tant de canons qu'il en voudra mettre, et qui toutes plongeront le

MEMOir.E DE VAURAN. 21'

rfalaiis do la place, sans que pas un puisse incommoder ses tranchées qui seront toujours bien au dessous. Et le troisième, que son sommet le dérobe aux vues de la ville , de manière que les camps que l'on melira dessus en seront foi't près , sans être vus.

L'autre montagne qui est sépan'e de la précédente par la rivière de la Divette est beaucoup plus élevée , et a le même défaut; mais elle en est plus éloignée , et ne voit la place que par une tête étroite. Les abords de celles-ci sont avantagés de grands bois qui sont d'une profondeur immense, et ceux de l'autre coupés de grands valions dont les rampes pour gagner le sommet des montagnes sont roides, et d'un accès diilù-ile du côté des secours; et ce qui l'est le moins est tellement coup!": do grosses haies , decheaiins ereu\ , q:i'il est im^tossible que des troupes y puissent ùire aucun mouvement sans avoir tou- jours la pioche, la serpe et la hache à la mnin.

Ces deux montagnes sont donc très avantageuses à l'at- taque à près de moiii(; de la circonva'lation ; mais les deux extrémités du pays qui aboutissent à la mer la reculent très considérablement , et ne lui fournissent que des situations très désavantageuses en ce qu'il est très difficile que l'ennemi puisse metti'e des camps en lieu il ne soient crois('S à portée rai- sonnable du canoii de la place et de celui des hauteurs plus prochaines qui sont toutes supérieures aux endroits ils se pourroicnt mettre , à moins que de les occuper , ce qui l'éloi- gnera beaucoup do la place. Ce qu'il y a de mieux pour la défense, c'est que ce pays déjà couvert et coupé de haies et de fossés en rendra toujoui's l'accès très difficile , et môme on peut dire que la cavalerie ne peut êtr'c de nul service aux se- coui'S : et pour peu qu'il y ail de mauvais temps, le canon et le charrois n'en ap[)rocheront q'.'.'av^'c des peines infinies.

SS? MOO'.RK DE VAUB,\.N

IMPORTANCE DE CnERBOURG.

Elle a été de tout temps très considérable pour ceux qui cn^ ont été les maîtres ; mais infiniment plus présentement que par le passé, et je puis dire n'en pas cdnnoîlre une dans le royau- me qui le soit tant eu égard aux malheurs qu'elle pourroit faire par la piraterie à nos ennemis les plus naturels, si son port était un peu accommodé , et à l'empécliement qu'elle peut donner à leurs dessciiîs; car il fout convenir que de tous les endroits du royaume ces mêmes ennemis peuvent faire une descent<'. , aucun ne leur convient mieux que cette presqu'isle nous avons fait remarquer qu'il y en a jusqu'à cinq toutes assurées pourvu que l'on s'y prenne à marée basse.

D'ailleurs, les meilleurs de leurs ports et de leurs rades sont si bien situés pour de telles expéditions , qu'ils semblent faits exprès, vu qu'en moins de buit heures de temps ils peuvent être de ces porlsà nos càU'.s qu'ils pourroient surprendre, étant impossible de savoir ce qui se passe chez eux pendant la guerre, quand ils voudront bien se donner quelques soins pour cela : joint que , s'ils avoient mis une fois le pied à terre et occupé la presqu'isle , ce qui peut se faire du soir au malin , il n'y a point de pays au monde il soit plus aisé de se maintenir , parce qu'il n'est point nécessaire de cavalerie, le pays y étant moins propre de beaucoup que dans les chàtellenies de Bcrgues et Fumes. Il n'en est point besoin non plus pour faire le siège de Cherbourg , puisque les bois n'en sont qu'à un quart de lieue , et tous les abords aux lignes tellement barrés de forêts , çl coupés de fossés et de haies si épaisses, qu'on pont dire que

MEMO'. HE hZ VAUBAÎ<. 23 ■-

chactsnc d'elles vaut un bon rclranchomenl , et d'ailleurs si fréquentes, qu'à peine un bataillon pourroit y faire un quart de conversion dans les héritages qui y sont enfermés ; et comme cela se continue dans toute l'étendue de la presqu'isle, et que de plus son isthme est traversé de je ne sais combien de rivières et de marais qui ne se passent qu'en certains endroits, et par de longs défilés; il est sûr qu'Euic armée ennemie forte en in- fanterie < campée sur ledit isthme, empécheroit facilement Vcn- trée de la presqu'isle, à toute autre, et trouveroit abondamment de quoi subsister devant et derrière pendant fort longtemps. Pour quoi il y a une chose à considérer, qui est que tout le Cotentin , et partie de l'évèché de Baycux, sont tous coupés de haies et de fossés comme la presqu'isle dont nous venons de parler. On ne peut pas douter que l'Angleterre ne puisse faci- lement mettre 20, 50 ù AO mille hommes pied à terre, et da- vantage quand elle sera maîtresse de la mer , ce qui apparem- ment sera toutes fois et quand nous aurons guerre avec elle , n'étant pas croyable qu'elle s'engage jamais seule à rompre avec nous. Cela supposé comme une chose dont le bon sens ne per- met pas de douter , et les forces de cet Etat n'élaut pas diver- ties par les grandes armées de terre, ni par une grande quan- tité de places-ù garder comme les nôtres, il lui sera très aisé, non seulement de faire passer tout le monde qu'elle voudra , mais encore toutes les munitions de guerre et de bouche dont elle pourra avoir besoin : à quoi l'on peut ajouter que pour faire un siège comme celui de Cherbourg , elle ne manquera pas de monde ni de canon , ni de bombes , ni de mortiers , ni de rien de ce qui pourroit être nécessaire.

De toutes ces choses nous pouvons tirer plusieurs consé- quences , dont la première est que s'ils mettent pied ù terre, i! leur sera très aisé de faire le siège de Cherbourg ; la deuxième est que s'ils le font avec !a conduite et la précaution requises,

24 Mr.Moinr-; m: vadijan.

il sera presque impossible de le soeoiiiir; la Uoisièmc, qu'il leur sera aisé de subsister dtuis la presqu'isîe , noJamnionJ, s'ils vienucut à s'euiparer de Carentan; la quaUicmc, que l'éloi- gnement de nos armées leur donnera toujours le lemps de faire tout ee qu'ils voudront, puisque s'il faut (pi'elles viennent d'Al- lemagne on de Flandre, elles auront des 120 , 150 lieues de mai'che à faire, pendant quoi il se passera des mois entiers qui leur donneront le temps de prendre tous les établissements qui leur conviendront; la cin(|uième, que par i'oeeupation de eetlc presqu'isîe, l'ennemi peut s'ouvrir une porledans le cœur du royaume, d'autant pUis facile, que n'ayant ni place, ni pays assez coupés, ni difiiciles pour lui empêcher le chemin , il s'en- suivra que le succès d'une entreprise de celle nature un peu bien menée peut causer l'abandon de noti-e frontière , nous at- tirer la guei-re tout d'un coup dans U; niiiicu du i-oyaume , et causer dos révolutions très dangereuses dans i'Elal,eu même égard au mécontenlement des nouveaux convertis qui n'est pas prêt de finir ; joint que cela pourroit donner lieu aux Anglois de réveiller leurs vieilles prétenlions sur la Normandie et sur les autres pays de leur ancienne domination , et tout cela sans qu'il y eut moyen d'empêcher leurs progrès que par l'appari- tion de ce qu'il y auroit de forces plus considérables dans le royaume; ce qui ne pouri-oit se faii'e qu'aux dépens de la fron- tière qui, de celle façon , se rrouveroit abandonnée et réduite à une très faible défensive. A quoi il faut ajouter que d'avoir à soutenir la guerre chez soi dans un pays tout ouvert, il n'y a pas une ville fermée, pendant que l'ennemi de terre alta- queroit nos places et perceroit la frontière avec de puissantes armées, seroit bien à mon avis la plus mauvaise conjoncture le l'oyaume pût se trouver.

Je laisse à juger des autres conséquences qu'on peut inférer de là. Pqur moi je n'en aperçois que de terribles , et si fàcheu-

MEMOIRE DE VAUBAN'. 2o

ses qu'il YniuIroR cent fois miciix que les Anglois eussent fait descente à Calais ou à Boulogne que dans la presqu'isie de Cher- bourg , parce que du moins , ce sont pays ouverts l'on l)Ourroit se servir de cavalerie , qui sont d'ailleurs fortifiés de bonnes places et près de nos armées. Mais ici il n'y a rieu de tout cela- Au reste, il ne faut pas se récrier sur les exemples de tout ce qui s'est fait par le passé; et dire puisqu'ils ne l'ont, pas fait autrefois, ds ne l'ont pas cru bien praticable. Pour se convaincre là-dessus , il n'y a qu'à se souvenir qu'ils ont eu Calais 210 ans entre leurs mains, et la Normandie , la Guyen- ne et le Poitou un fort long temps pendant que tous les pays de descente ('(aient pour eux ; aujourd'hui qu'ils n'ont plus ni les uns, ni les autres, ce n'est pas la même chose, et poui- peu que l'on ait les yeux ouverts, il est aisé de voir qu'auciui pays ne leur convient préscnlomenl que celui-ci , et ce d'au- tant plus que Cherbourg, et même Carenlan leur donneroit lieu d'assurer tous leurs derrières, et d'y (Hablir d'excel- lentes places d'armes, jusqu'à ce que d'autres progrès leur eussent donné moyen de se procurer ds plus grands établisse- ments; enfin la chose parle ici tellement d'elle-même qu'il ne taui qu'avoir un peu de sens commun pour demeurer convaincu de ces possibilités.

Tout ce que dessus une fois bien examiné, il n'est pas diffi- cile de conclure que Cherbourg est une place de la dernière conséquence, mais qui ne pouvant être secourue que par une espèce de miracle , il faut la mettre en état de pouvoir tout attendre de sa constance , et de celle de quelques petits camps volants que l'on pourra mettre le long des côtes. C'est pour- quoi mon avis est de la fortifier tout du mieux que l'on pourra ; d'y mettre quantité de souterrains voûtés, et de magasins à preuve de bombe?, non seulement en vue d'y mettre une grand(î quanlitc' de munitions de guerre, mais même de blé cl de mou-

2G MKMiiiiui m; valuan.

lins , cai' il fjul compter que les balleries des hauteurs ne lais- seront pas une toise de couverture en étal si une fois elle est assiégée, que les bombes y seront grosses, et leur chute fré- quente comme la grêle, car c'est ce que les Anglois entendent le mieux, et même ils en tii'cnt de si grosses, que (!u temps de Ci'onnvell, assiégeant le château de Garnescy sui' les royalistes, une seule de leurs bombes étant tûmb;'!e dans un bastion près de la pointe, jeta les deux faces pai' terre, et y fit une si grande brèche, qu'elle obligea la garnison de se rendre.

De répondi-e à tout ceci par dire que puisque Cherbourg est si difficile à secourir, il vaudroit mieux le raser tout à fait que de le fortifier, ce ne seroit point parler juste, car quand cette- place ne feroit autre chose que d'amuser l'ennemi un mois ou cinq semaines, ce seroit toujours rendre un service très consi- dérable à l'Etat, puisque sa résistance donneroit le temps à nos armées de s'approcher, à la noblesse et à la milice du pays de s'assembler, et de prendre quelqu(^s postes pour l'empêcher de passer outre; joint que le rasemeui de cette place ne fiiroit que faciliter encore plus les descentes , ù meitre l'ennemi en état de s'emparer beaucoup plus aisément de la presqu'isle, de se porter daiis les premiers jours sur l'isthme, et s'emparer de Carentan , poste très considérable et aisé à fortifier , ensuite de quoi il pourroit rétablir Cherbourg à son aise , et en faire sa place d'armes : joint encore que sans une telle retraite, on ne s'opposera jamais que très nullement aux descentes ; au lieu que s'il y a une bonne place, cet asile fera que l'on s'y présentera plus hardiment, d'ailleurs 4,000 hommes de guerre dans celte place et dans le temps qu'il y aura lieu de craindre, quelques dragons ; Carentan un peu accommodé , et une petite garnison dans le château de Valognes ; tout cela, aidé des milices du pays et des retranchements et redoutes qu'on pourroil faire à loisir vis-à-vis des descentes, changera entièrement la face du pays : et il y

MÉMOIRE DK VAUOAN. 27"

a bien de l'apparence que s'il rloit en cet état, l'ennemi ne s'y joneroit pas, ou que s'il le faisoit, il en lireroil peu d'avantage, quand même il meltroit pied à terre, parce que si l'on avoit la précaution de faire retirer tout ce qu'il y a de meilleur dans le dedans du pays, avec les bestiaux , n'y trouvant pas de quoi subsister, et les mauvais temps pouvant contraindre les navires à s'éloigner, il seroit obligé de se rembarquer assez vite, ou de s'exposer à mourir de faim, ou du moins à manquer de toutes choses, el ce n'est pas ce qu'il faut aux Anglois.

INSTRUCTION GÉNÉRALE

DES RÉFECTIONS ET NOUVEAUX OUVRAGES PROPOSÉS POUR LA FORTIFICATION DE CHERBOURG (').

ESTIMATION.

Le Donjon. C'est une vieille forteresse qui paroît avoir été bâtie du temps des Ro- mains, et qui a été depuis accrue et augmen- tée à différents temps. Sa structure élevée est d'assez grande solidité, sa situation sur le lîàvre dans l'endroit de la place le moins ex- posé aux attaques, et le plus reculé du com- mandement , joint au bon étal de ses gros

(*) Nous avons cru devoir conserver intégralement tous les détails qui, suivent, d'.ibord par respect pour la mémoire de Vauban, et en second lieu pour servir do comparaison à des détails analogues dans nos con- structions acliicllcs.

28 MÉMOinr. uk valiîan.

,imirs, et do ceux de partie de ses logements, cl à la quantité d'endroits voûtés qu'il y a en- core, et de couverts qui se peuvent rétablir, me font cioire qu'il mcrilo d'être raccom- modé ; parce qu'il peut servir de réduit ou citadelle très assurée à tout le reste qui ne l^eut être attaqué que la dernière de toutes , cl qu'on y peut faire une ijifinité de couverts et logements à très bon marché , eu égard à ce qui reste sur pied , les poudres et toutes sortes de munitions seront incompa- rablement plus en sûreté qu'ailleurs, outre qu'on y pourroit loger le Gouverneui*, le Lieu- tenant de Roy de la place; y placer, si l'on veut , les moulins et boulangeries, même les boissons : en un mot, la plus grande partie de lout ce qui peut être nécesf aire à la défense de la place et au soutien d'un long siège. C'esl- pouiquoi mon avis est de le lebàtir à très peu de choses près comme il étoif, tant en ce qui regarde la rorlilicalion que ses bàlimenls; et pour cet effet commencer par :

Abattre et défaire tous les lierres qui en- veloppent le corps du Donjon : les ùter en- tièrement , rechercher tous les défauts des murs et de la fondation, la reprendre par 1 dessous il en sera besoin, la rempiéler d'un

5 .o?sï t'oilr "^^ ""sV pied et demi depuis hors d'œuvre, élevant ledit rompiètement deux pieds au dessus des plus grandes marées , et le rejoignant après

Rempiètïmcni, '10(1 loisps

qtiarn-csa 12'. '2880'. au corps du vioux mur et chanti'eui , et en liaison , observant de faire le parenie;il du-

MÉMOIRE DE VAUBAN. 29

dii i-empièlcQîent , do picM're du Woiûa choi- sie et épincce, ayaiu du joint et de la queue, bien assise sur son lit , et en mortiei" com- ]>osc d'un tiers de bonne chaux éteinte d'un jour sur deux liers de sable, du meil- leur qui soit en usage dans le pays, l'un et l'autre éteint et détrempé d'eau douce ; il ne sera même que très à propos de mettre le sable en monceaux trois ou quatre mois avant que de l'employer , afin qu'il ait le temps de se dessaler : le surplus dudit pare- ment pourra éire de moellon ardoisin par assises de hazai'd, l'açonné avec soin, et élevé jusqu'au chanfrein qu'il faudra encore faire de pierres du Roule choisies, et proprement piquées sur les faces, les lits et les joints, et le tout proprement repris en liaison sous les parements du vieux mur. 2 Refaire tous les trous et ébrèchements

30ot£".;iar:iesT;^ se trouveront dans les murs de clô- ''"""" ""'*'''• ture , tant des tours quarrées et rondes,

qu<i des courtines entre deux , et ne lais- ser d'ouvertures en dehors qu'à celles qui seront nécessaires aux défenses ; fouiller tous les vieux joints , les remplir , et fouet- ter de bon mortier depuis le haut jusqu'en bas. 5 Nétoyer son fossé jusqu'à ce qu'on puisse

Décoicbres (les fossi's pour /• , ••ii' i i '

rapprofondiiMieUpicds^292 i^^' (^ cntrcr SIX pieds d eau dans les marces

tuiscs à 1' 10'. 1314'. 1 , . -1

de morte-eau ; en transporter les vases et terres qui en proviendront dans les endroits de la fausse-braye du Château , qui en man-

'SO Ml-.MOiUE Dl' VAUlt.VN.

queront , pour y tUie arrangées el fairo pai'lie de son rempart. ■i llevêlir aptes ledit fossé d'un mur t.\û ina-

2u^^«^;u"i^ïï ^Ti: Çonnei-ie de pied el demi d'éi)ais , appuyé '" '"'** -*'^^'- conlre le bord, auquel on donnera un pied

de talus sur trois de hauteur ; le corps de ce revêtement sera composé de pierres ardoi- sincs; et le parement, depuis le fond jus- qu'au dessus des plus hautes marées , de pierres tirées de la montagne du Roule, bien- assimilées , de bonne qualité , posées par as- sises de hazard , eu mortier bien condi- tionné , comme ci-devant article premier.

5 Faire le surplus du paremeat de moellon Compris ci-uessus. ardoisiu qui se trouve ici eh abondance , et

l'élever de celte façon jusqu'au sommet qui sera arrasé par une assise posée de camp , de 12 ou 15 pouces d'épais, mis proprement en œuvre , avec les joints fichés de petits éclats de la même pierre, et bien recisés.

6 Faire la même chose par le dedans que . Le ragréenieni du devant, par le dchors ; et au cas qu'il y ait une des

ÎOOioisesUlOI. 84001.*^ ^ "' , , r-

leurs quarrées qui paroissent avoir été faite en adossement qui ne valût rien , et dont les fondements soient mal assurés , achever de l'abattre, et si l'on voit qu'elle ait servi au soutien des vieux murs, substituer un con- trefoi't à sa place , de 1 2 à 1 o pieds de large sur 8 à 10 d'épaisseur, élevé autant qu'il sera nécessaire au soutien des courtines ; en- suite de quoi le finir doucement en chan- frein, couvrant son glacis de pierres de taille

MEMOIRE DE VAUUAN. ot

pérées à joints recouverts pour onipèclier que la pénétration des eaux n'en gâtent la maçonnerie. ~ A l'égard des icuis rondes , en restituer

imir^!'''""" 73C5T1Ô"'' ^^^^ ^^^ étages voûtés en leur entier , cou- vrir le dessus des voûtes , notamment ceux du sommet qu'il faudra découvrir jusqu'au net de la maçonnerie ; et après l'avoir bien nétoyé et ensuite arrasé , les maçonner , et couvrir de carreaux proprement posés en ciment avec un enduit de 2 pouces d'épais au dessus, fait à plusieurs reprises , et bien adouci avec le dos de la truelle, y observant une pente de 5 à 4 pouces de centre à la circonférence , et une petite conduite tout autoui- avec des gargouilles pour porter les eaux en dehors. Et après que cet enduit sera bien sec, le couvrii- d'un pied et den)i de terre bien battue ; ensuite de quoi pour la plate-forme , de la pierre de taille bien jointoyée , et proprement mise en œuvre pour servir de lit au canon. 8 Achever de défaire les petits parapets au-

dessus des mâchicoulis; et les rebâtir après avec toute la saillie qu'ils ont présentement : les épaisseurs de 3 pieds et demi ù 4 pieds pris en dedans , et sur l'épaisseur des gros murs sur la hauteur de 6 pieds. Les faire entièrement de pierre ardoisine la plus douce et bien mise en œuvre, réservant de terminer tous les sommets, les parements et les fonds des embrasures par des assises posées de

o:J mkmuire le vauuan.

canij) cl lie bas, de la même iiicrre bien choisie, cl piquée sur tous les points avec (l'cxceilent moiiicr, cl le louitellcmeiU sou- mis à ses pciUes et aligncnicnîs, que l'on y voie l'ien ijui choque la vue. 0 A chacune des loui's, peicer trois embra-

sures rampantes dans l'épaisseur du parapet de leur sommet ; les deux pour flanquer le (loiijon, et l'autre pour voii- à la campagne, cl leur donner toute la plongée et l'embràse- meni nécessaire afin qu'elle puisse découvrir jusqu'au pied des tours plus prochaines, (s'entend des rondes) et voir le fossé dans toute sa largeur, observant d'élever la sous- gorge de ses embrasures de 2 pieds 8 pou- ces au dessus de la plate-forme sur \o à IG pouces de plat , et le surplus en rampe pen- chante de quelques 2 pieds et demi vers le dehors sur le reste de l'épaisseur; la grande ouverture de rembr^isure aura 5 pieds , la plus étroite un pied et demi et le petit em- brasement 2 pieds, un jieu plus, un peu moins , selon (pie les découvertes y nécessi- teront. 10 Uacommoder les portes, cheminées, cl

Ragrécmenis des ciiemi- pavés dcs chambrcs ôo toutcs Ics tours ; cn-

nées , enduit îles rlium- '

bies et biaiKi.issat.'c ti.s (Juife Ic dcdaus , Cl accommodcr leurs jours et crevasses dont 2 de défense pour servir de flanc, el 2 pour voir en deîiors , obser- vant premièrement demi-partie des embià- sements, c'est-à-dire de les faire partie en dedans, cl paUie en dehors , à cause que la

MEMOmi', r)E VACP.AN. .->.->

longueur désarmes donl on se sert n'est pas assez grande pour pouvoir traverser toute l'épaisseur des murs ; leur donner 6 à 8 pouces d'ouverture dans leur plus étroit, sur 2 pieds i/^ de haut, i pied à 1 pied 1/2 d'embrasement par devant, et deux fois autant par dedans, avec des cpaulenients (1) en rebords (2) comme les figures-cy à costc, n'oubliant pas de leur donner beaucoup de plongée, en sorte que de on puisse aisé- ment voir le pied des pièces qu'on doit dé- fendre. 11 Et parce que les chambres pourront servir

Portes, fenêtres , vitres ^^ prisoHS, de logeuicnts OU de magasins, les

Wrraiiles , ia;Ti'>^emoiits du ' ' « o '

pied des bâtiments et poni- gn^uire Cl blauchir par dedans, et recarreler de moellon ardoisin proprement taillé , et après posé de camp, en bain de mortier composé comme cy-devant ; plus , faire de nouveaux contreforts à leurs cheminées , et raccommoder les tuyaux, et mettre des vitres et châssis aux créneaux qui leur doivent ser- vir de croisées. *2 Raccommoder les montées de ces tours,

et refaire les noyaux, et remettre de nou- velles marches à la place de celles qui sont usées ; plus les bien couvrir , et nétoyer les décombres de leurs communications , rédui- sant toutes les couvertures du dehors, et celles des créneaux précédents, art. 10, du moins à hauteur du 1*' et 2'' étage. 1^ Nétoyer après cela tous les décombres

Décombres, 500 tiises ru- . i- ^ i i i i

les a 1' ci.aquc, '2000'. qui remplisscnt les places de ce donjon;

5-i MKMOIRK DE VAUBAN.

reconnaître louios les espèces de maçonne- rie dont il est composé ; supprimer les bâli- menls absolument inutiles, et corriger ceux qui ont des ligures bizarres; les réduire en quarré tant qu'on pourra, et après en avoir reclifié les figures par de bons desseins, com- mencer après le rétablissement des caves; et au cas qu'il ne s'en trouvât point de voûtées sous tous ces grands tas de décombres qui paroissent là, en faire sous tous les bâtiments qui le pourront souffrir sans en offenser les murs ni la fondation, rien n'étant plus néces- saii'e que des caves et des voûtes en ce lieu. 14 Faire Icsdiies voûtes de moellon ardoisin,

rui.niosvoûTes dMdciix choisî, piqué, et bien esmillé, posé en bon

ginnils corps <!p logis. 112 'il» » i

toises .le maçonniiicuir)'. niorlier avec beaucoup de soin, élevé de

la 10130, 5040'. * '

pied i/2 au-dessus des plus hautes marées, et de fah'G à toutes de petits écoulements au- dessous afin que les eaux n'y demeurent point ; du surplus bien bander les voûtes sur leurs cintres, et bien ficher les joints, et voû- ter sur toute l'épaisseur, ce qui sera exacte- ment observé ù toutes les voûtes qui se feront dans cette place, lesquelles n'auront jamais moins de 3 pieds d'épais.

Cela fait, réparer ce qui se trouvera man- quer aux grands escaliers, et à toutes les portes et fenêtres; refaire les cheminées rompues suivant la destination des lieux, et raccommoder généralement toutes les défec- tuosités des murs d'entrefond : ensuite de

43

Solives,

ur.h

3' 10'.

,3962'.

Ferronn

crie VI

serrurerie,

OTAL ,

5900

T

83C2'.

MEMOIRE DE VALBAN. 05

quoi refaire de nouveaux planchei's à toutes les pièces qui le mériteront , et des voûtes partout. Et parce qu'il y a des endroits il est resté de belles voûtes, les raccommoder et réparer entièrement , en sorte qu'il ne reste rien dans le donjon qui ne soit en état de servir à l'usage auquel il est destiné.

Surtout être soigneux de bien choisir les bois propres à la ciiarpcntei-ie , les prendre forts et bicîi conditionnés, qu'ils ne soient ni piqués ni rouUés, ni sur le retour. Et ceux de la menuiserie comme portes et fenê- tres, bien secs et de bon emploi , et le tout bien garni de ses pcnlures et verrous , eu sorte que toutes les fermetures soient sûres et bien faites.

16 Observer la même exactitude à l'égard des couve,.u,es330toiscsqnar- couvertui'es ou'il faudra toutes faire d'ardoise

rees ;i 11' la luise, oOUO . '

de la meilleure qui s'eniploye dans le pays , laquelle il faudra toute choisir , et observer qu'elle n'ait que le moins de pureau que faire se pourra , et la chauller.

17 Curer le puits et rétablir les fours et la toue*^'' ^'^ '"''"^.?^]J^ boulangerie; item la place pour les moulins,

et généralement tout ce qui pourra servir pour ce bàlimeiii, plus parer la cour cl les issues de la place, à laquelle il faudia l'aire de nouvelles portes , et un ponl-levis avec barrière au bout, un corps-de-gardc et une guérite. S'il y a lieu de faire une planchette sur le derrière pour communiquer de à la fausse-brave du château, il le faudi^a faire, et

5G MKMOII'.li l)i: V.U'IîAN.

la coiidamner après, jusqu'à ce que le besoin de s'en servir oblige à l'ouvrir. 18 Finaloinent rétablir les deux communica-

iViiis i...pRMis, 11)00'. ,jy,jj, .,„ (.Râteau, et y faire des planciielles, cl doubles portes.

l'J Le Ch.\teau. Visiter el rechercher le bas

'.aoTrises'rr"''/'' S'.' ^^^^ tours et courtines, comme il a été pro- posé pour le donjon : les j'éparer, et empié- ter ce qui en aura besoin : ragréei' et murer 20 tous les trous et ouvertures qui pouri'oient

uéfeciion dune loiir, 2 1 nuirc aux dcfcnscs et à la sûreté, et rétablir

1/2 cubes, a 100' pour 40'

chaque toise. ges parapcts , chemins de ronde , et eardes-

Ccndauinei- les fenètrages

'"'"'* Tous en leur entier.

Plus raccommoder les tours, comme celle

du donjon, v.\ surtout en ùler tous les i'ené-

irages qui ont des vues en dehors, et toutes

les autres menues commodités qui peuvent

"' les afToiblir. Epaissir autant que faire se

A raccoinnioder les che- ,

minées, 3 toises de maçon- pouri'a Icurs parapets, et y percer des em-

neneàlO', ci 120' .'. ' , ....

Le paiapet , 7 1. biasurcs ct crcneaux, y rétablissant du sur-

audit prix, 280 1 , « A 11 1 ^

uaocommoderies plus toutcs Ics voulcs , planchei's , platcs-

escaliers , portes , o

fenêtres , clôtures, iormcs , monlccs , communications, corps-

serrurerie , plan- , , , . , . ^

chers, le tout esti- dc-gardc , Cl chcminees qui y eUuenl autre-

nié à 400 » . , . . . 1

La plate-forme. fois , avcc Icurs joui's nccossaires ; bien

4 toises (luarrées , i i . » '

de pierres de taille, entcudu quc ccux du dchoi's seront perces

à 18' la toise, '!2 » , , i i i » j

Le carreiase ou cu crcncaux : Ct commc dans la plus part de

pavé des vuùlos, 2 . .i , i > . i i i .

toises quarrtes, u CCS tours il n v a dc voulc que dans le haut.

Sable' .sur ladite " ' cu faii'c uiic daiis Ic bas à prcuvc dc Ui bombc,

viille , 1 toite 1/4 , , ,. , .

à 4'. 5 . les murs elani assez lorts pour la porter,

Les poulrcsetcis- i -r > . i i i .

Us dv; pi ,».her; 1 1 terrassant de o a i pieds au* dessus ; les tours

MEMOIRE DE VAUGAN. Cfi

»oiives2/3ii3'io'. 40 ic en seront plus solides, et on aura autant de

Kiiduit et blaii- ' '

ciiissQjçedesmuis, 35 . petits uiai^asins à poudre très sûrs qui pour-

lotal pour une i o i i i

tour, 'J^^,^''?/ ront servir dans le temps de nécessité.

tt pour les 7 toui'i du (.ha- '

teau ensemble, 1083'. Rempiétcr Ics courtincs qui en auront besoin ; reboucher tous les trous de boulets qui sont dans leurs murs, refaire leurs ébré- chemenls , et rétablir leurs parapets , après avoir rasé et mis de niveau tout ce qui se trouve endommagé des vieux; observant de terminer leurs sommets par un couronne- ment de pierre ardoisine de pied et demi d'épais, choisie, et proprement posée de camp, en mortier composé comme ci-devant, article premier. Et si quand on bâtira les casernes en adossement conli-e le mur. on vouioit faire servir une partie de leurs gre- niers de chemin de ronde, comme il est

:ut"r^^::L;!^:S5 '«^ parapets des courtines de l'épaisseur des to^=esMiuairéebùi-2>eha_q.n^^ moyennant quoi ils auront presque

partout G pieds et i/^ d'épais de bonne ma- çonnerie; ce qui seroit capable de doimer longtemps de la résistance au canon en- nemi. 25 Nétoyer le fossé et l'approfondir jusqu'à y

Fossé à nétoyer, 2120 toi- pouvoir mettre G à 7 pieds d'eau, de vive-

ses uul.es Ui'lO". 9510'. ' ^ '

Uevetement du.iit fo.-^^é, eau, ct Ic rcvétir des deux bords, l'extérieur

"95 toises quarrées a 12'

ïi, 9oW'. en adosscment contre le talus , préparé de

terre comme au donjon, en rempiétement de pied et demi à deux pieds d'i'pais le revête- ment, tant des tours que des courtines.

22

Ecorclemeiit et rétablisse-

8 MÉMOinF, DE VALBAN.

2i Les Traverses (7, 8, 16) —.Abaisser une par-

au'lr'rrr; 'i ' il;i''.i: ^'^ J" revêlemcm de la ville qui joint la traverse l^rt'ïr:::^':::^':':; du clmteau au coslé de la mer, et le réduire à escaliers . 100' jjj hautcui' coiiimuiie du revêtement qui vient

du co&lé de l'église : rompre son grand esca- lier , et détacher ladite traverse du rempart de la ville, en sorte qu'elle n'y tienne que par le vieux revêtement dont le sommet sera taillé

25 en demi-cape de bâtardeau. Rabaisser ensuite

''L'l!i'vatu.M'*de son llï l'evétemont ù toucher ses défenses du costé ï:^:2^daf.sséjî: de la ville , lui faisant un petit flanc le long to^l4u"l"sT'i?^ du bord du fossé du donjon, pour défendi-c eiLiT**"'"" "^^ ""'ÎK lîi Pa«'l'« qui J^'t f^tîe à la ville : le tout sui- vant le figuré au plan (7).

On pouira redoubler d'une autre traverse derrière la précédente, et joignant la grosse tour à la fausse-braye (16) qui ne laissera pas de bien défendre la tour du coin, l'une des

26 plus exposées, bien qu'elle n'ait pas à beau- de^dTanf la pol" ^"1"," coup prcs la mcmc découverte que la prccé-

Pour démonter la poit» UCllie.

birfnu au T:::^.e^ KAscr le portail retourné de Tavant-porle 'Là;:t',rettLi!Z'e du château qui est trop avancé, et les bâti- ''pJtumu;a?dè;susdeT:meuts qul sout au-dessus de la porte delà SsâT5r'^'''""''420': ville qui y font trop de masse, et bâtir une qSsTÎ5'"'""''llo'.: nouvelle traverse en (8) qui porte les défenses

^Le^...re-plein,6ôloises_a;. ^^^ ^^^^^ ^^ j.^ ^jjj^ ^^^ fUYCUr dU CllâteaU ; Ob-

2ft:T"n"sl'ir servant de faire un fossé au devant, une porte

,ïr"'''"""'""''So!:cochère,et uîi pont-levis. On pourra taire

Uevèlenifnt du lOtî' du pio- ... „. j , i'.,.,«.,.v ..^.i.'. .1/.

m , lo loiscs .juaims ;. scrvir la traverse qui est de 1 autre cosle de ''total :jîio': la sortie du château au même usage que la (7).

MÉMOIHE DE VAUIÎA^f. 39

Portes du Château. Renouveler ses

portes , pcnlurcs , ferrures et verrous , y

27 mellrc une herse , coulisse ou des orgues ;

Pour renouveler les poNos. défaire la masse de son pont dormant et la

Lf^writrrot ia"Jilé- l'cbûlir sur chevalet de charpenlcrie, l'abord

'd*' aa I 1, ^o J"**^ du dehors un peu évase de part et d'autre ,

Pour domoljr la masse qui ' ' '

pstârùté du pont le pont p^yp faciliter l'cntrée des charrois et ôter le

dormant Pl le curps-ue-parde, *

pour le tout, "***' corps-dc-gardc du bout du pont, y mettre

une barrière et une guérite pour la senti- nelle.

28 Ravelin de la Porte de Secours. Lui

j.eparnpot.20toises^g, f.jj^g Jpg parapcts (cls Qu'îl Ics avoït aupa- ^u garde-fou , 10 t. qua^i-. j-^yant ; Ics courouncr par des assises réglées, i^tLr^Z^éepuri'plÀ posées de camp, faisant pente bien unie, ^6 S'iîa 'quarrées** de d'uH pîcd sur six, avcc un petit corridor sur Tôt; téli^r Tes'pîm?ê; le derrière, porté sur les vieux encorbelle- tr Kf'dehôrs'Tt 'aiandir Hicnts ; cmbrâscr un peu plus les créneaux les ^endroit. nécessaU Je ^j^ jjjj,.j ^^ d'aulrc, v mcttrc dcs portcs et

zr8°,rdet":£ii'rur"pr;'l refaire les ponts devant et derrière cette la porte du ci.à.ean. iw. ^^^^^^^ ^^^^^ ,^ ^^^,1^ ^j^. sccours qu'il y ait au

château, et qui peut donner accès à la terre et à la mer.

29 Fausse-Bra\e (8, G, 4 G). Depuis la tra-

.ine!'r.ir2/"3\tortw: vcrsc (7) costé de la mer jusqu'à la grosse ,tot""'""'"''*'ito" tour (17), élever ics gros murs de la cour- iSrXs'llIt^rSl^'line jusqu'à la hauteur de la platc-formc de :jo..* '''"'"'• '' ""îlo* latlite tour, et le parapet qu'il faudra percer de créneaux à l'égal de celui de la même, et

iO WÉ.\i01P.Ii Itr, VAllîAN.

hausser en môme temps ]o lerj-c-plein qu'on n conimeiiC('' , le derrièie duquel il faudra soutenir d'un mur d'ardoises plaies, maçon- nées à ehaux el à sable.

30 La Grosse Tour (17). Supprimer la

ruS'ïûî'." ''''''"'''"' '2ioî: "moitié de ses embrasures; ouvrir de pied

r::^':if laï-a,l;ZÎ'"s Cl demi au plus élroit toutes celles qui res-

tu.scsh lo'. -270'. (f.,.o„t . pelrancher leurs loîls de plongée, el

refaire le parement du fond de moellon ardoisin pose de bout et de camp.

Couronner le sommet de son parapet par

une assise de moellon ordinaire, choisi,

pos(> de bout et de camp ; el pour cet effet

le d(''faire jusqu'au pied de son bord exlc-

^i rieur afin de lui préparer une assiette plus

néfetliiin et ncrandisse- ,. , ^ i . i. t

ment deCembiàsuits, iuo'. solide , et lo terminer en pente d un pied

i porte à iiétoyer les dé- 111 <

comines, 50'. vcrs 16 dchors sur toute son épaisseur.

Ouviii- la porte de sortie et i « ^

h. rmuirer de 3 A 4 pieds. Haccommodcr ce qui peut manquer a sa plate-forme , agrandir les embrasures d'en bas, el les néloyer et faire une porte à ladite voûte qui pourra au besoin servir de maga- sin à mettre des bois à couvert; dégager la ^" sortie et la murer ensuite de 3 à A pieds

Mettre l'embrisurc en état ,, , . ,, ,

et aussi la remiirer;n(toyer d épais pour n cire plus ouvcrte quo daus

les déc-onibres , dégiger la . , , . ,

sortie et faire une batterie, ICS OCCaSlOUS preSSaUlCS d UU SlCgC.

Un rorps-de-garde anpii-s Fairc UU fossé dcvaut ladite tour et les deux courtines de sa droite et de sa gauche, de six toises de large sur la profondeur du bas d'eau des marées de morte-eau , et le revêtir comme ceux du donjon (Art. i).

elunecuérile , liOO'

MÉMOmE DE VAUBAN. 41

31 Depuis la grosse Touk ( 1 7) jusqu'à la Tour

Mn.«nm.rie . 58 toisot eu (6).— Elcvcr le cfros Hiur delà courline à hau-

ij'ard aux parements, iUoo'. > ' «->

Paiapei, 58 t;^i2'. 09o'. jg^. ^jgg platcs-formes de ces tours, et le pa-

ncvêtemeiJt clu lerre-plein, 1 ' 1

iw »oisesà;ii'. i'>>2'- rapet comme celui de la précédente; le terre-

Pai'tie du raui' a liemoiiler t 1 '

eMe refaire, 30 toi^M^,^ plciu dc mômc Qu'il faudi'a aussî soutcnir d'uii Murer k porto de fer 15'. îevêtemeiit, ct uc pas oublier de percer tous

Une gtiwuc, 400'. ' i i-

les parapets de créneaux embrasés en de- dans, et espacés de 10 pieds en 10 pieds , ob- servant d'en tcruiiner toujours le sommet par deux assises de moellon choisi, posé de bout et de camp. Murer la porte de 1er qui sert à présent de communication à la mer, quand elle ne sera plus nécessaire aux ouvrages.

5^J La Tour Longue (6). Réduire le nom-

Pwir faire deux enibrà- brc dc SCS cmbrâsures à cinq , dont deux

sure», 100'. 1 ' 1

Le parapet, 5 toises i pieds coutro Ic ttiontant dcs marccs , deux contre û30'. 170'. , , , ,...,,

le descendant, et la cmquieme a la campagne,

observant toutes fois de les espacer le plus

également que faire se pourra , leur donner

toutes les façons nécessaires et faire la même

chose à son parapet ; lui faire une plate-

forme ; ragréer et refaire les joints de son

Le pavù delà plate-forme,

4toisesquarréesài5'.G0'. rcmpietement qui en a grand besoin , et les

La vûiUe de sa gorge, coin- . , , , .

pris les pieds droits à rem- ucher partoul do pctits cclats de pierre ar-

piéter, 5 toises à 30'. 150'. , . . . , ,

Le pavé ,;6 toises (juarrées doisine, qui cst plus ppopre a cela que les

aie. 60'. 1 11 ' 1

La porte, (owpris les fer- auti'es ; plus , raccommodcr 1 entrée de sa

rures, 30'. ^ , .

voûte, la netoyer et paver , y faire une porte, ces lieux étant comme autant de bons sou- terrains qu'il ne faut pas négliger.

Rompre le mur de sa gorge , qui rentre

42 mémoihe dk VAuau<.

37 irop en dedans, et élever le terre-plein du f«çSÏZx'ra»,fè»'!8Ùi'- den-ière ù hauteur de ladite gorge, avec dos vant le détail. 480'. ,..^„)pcs à droilc et à gauciu! pour y pouvoir

nioiiler plus iaciienieul le canon ; et inèine couper son angle afin de lui donner plus de capacité.

38 Depuis la Tour Longue (6) jusqu'au Pas- ^^Maçonnerie . 2G «ois^e^y TiON (1).— Refaire Ics joints et bien ragréer le

Rev6ieraent du tene-picin. pjed dc cclie courtluc ; kl rechcrcher et ré-

22 toises il 3o'. 0(iO'. ' '

Un escalier de pion-e ar- parcr Ics cudroits dc SOU revôtcnient il y

doismc, i)0'. ' •'

a quelques défectuosités , et en hausser du surplus ses gros murs, parapets et terre-plein, à l'égal de ceux de la précédente , observant toujours de ménager des montées d'espace en espace.

5g Bastion (i ) . Lever de trois pieds et demi

M;K:onneiie dn parapet, par dcvant ct uu par dciTière le gros mur de

des 2 flancs et des 2 f;iccs , , ~ i •. i » •. i

23 toises à 3o'. o;'5i. sa face a flanc droit , le terrasser ensuite de

La façon de 5 embrasures ,„, .•ii.'-i ^i. i-

150'. C a sept pieds d épais, haussant le terre-plein

Pour la plale-fornie d'une , i^ y n ^ j > j

embrasure , 18 solives de dc cc Bastion ix 6 autrcs pieds près du som-

charpenterie, faisant pour lo .ii-. .'i -i^ »i

erabiùsures i8o salives h 3' mct dudit parapet; elcvcr aussi la face et le "lôooTi'vres pesant de cioMs flanc gauchc dc mOmo à pareille hauteur, \-né'y"i'i"é1.'ia pointe' de observant de faire le parapet de ceux-ci de son angle saillant, ioo'. ^ ^.^^^ ^,.^^,^.^ ^.^^^ terrossement, et de per- cer trois embrasures bien revêtues dans cha- cune des faces , et deux ù chaque flanc , ré- glant bien à propos les décombres des unes et des autres : plus refaire leui-s joints , et bien ficher et ragréer le bas dc son revète- nicnl, et bâtir une guérite sur la pointe ; la

MÉMOIRE DK VAUBAN. 43

même chose des deux tours précédentes dont il faudra ôler les petites cahutes, et faire un corps-de-garde auprès de la grande.

iO Depuis le Bastion (1) jusqu'à la première

Haçoniiciie , i3 toises 1 TRAVERSE (22). Elcver le gros mur à régal

piej, à iiO'. 39o'. ' ^

Maçonnerie du parapet 12 jji rez -dc- chausséc dc courtinc : bien

loisesàiU'. 480'.

Revêtement du terre-plein, foueltcr Ics joints , Ics fichcr ct ragréer , et

30 loises 4 pieJs cubes à .1 ' o '

"0'- 920'. lui fyipe un parapet de maçonnerie de toute

l'épaisseur du mur, prolongeant et excavant son terre-plein à proportion, et suivant comme il sera expliqué en son lieu. 41 Depuis l'endroit le vieux mur qui sert

pi^^l'ao'."' ' " '"toô-*. aujourd'hui de retranchement contre la cour- u^^Zl'lu.fp"^^'' '' line neuve , jusqu'au Ravelin de la Porte : "pSr, il'.'^^' celte partie qui sert présentement de fausse- k:4Teme,,tdu terre-pïï; bravc SU Chàtcau, pouvaut aussi servir d'un 'Siur^lisserfa T.alïs'e exceUenl retranchement dans l'endroit de la :l^\lT:m::\o^''ltv\^ce qui paroîtle plus exposé , à qui elle 'D:puis ladite Traverse ?«s: doii faire officc avaut quB de servir au Châ- ,Y^ue''TaçoYu:'rerrtol! leau; mou avis est que son revêtement soit 'Remuement de la FatÏÏl: élcvé à la hautcur dc cclui du Basliou dc la rona\S/"*''"t6o-' droite, de lui faire un parapet de toute l'é- paisseur que pourra porter ledit revêtement, ct d'élever ensuite son terre-plein derrière, autant qu'il sera besoin , et même de l'élar- gir, sans avoir égard au petit mur qui le sou- tient, étant beaucoup plus à propos d'en re- faire un autre. Nous dirons le surplus au chapitre de la ville.

44 MKMOIIIE DE VAUIJA.H.

42 Bâtiments du Château. Otcr en premier

rou^/ei" jtij'i'il7'8'j?"'t''i8.'s ï'^" lo"S les décombres qui sont dans la cour, c«besî«3'. 20'ji'. p^ ,.(''duire la place ù l'ancien niveau qu'elle

avoir , qui est celui des deux portes , à pré- sent de 5 ou A pieds plus basses , et trans- porter tout ce qui en proviendra à laTausse- bi'aye et retranchement , pour exhausser et former les remparts autant que besoin sera ; cela fait, bien paver ce qui restera de vuide pour la place, les cours et les rues, et obser- ver de donner toutes les pentes nécessaires à l'écoulement des eaux.

Faire en second lieu deux corps-de-garde aux deux portes , de capacité à pouvoir con- tenir 50 hommes chaque, non compris l'Offî- cier, à qui on fera une petite chambre atte- nant le corps-de-garde ; pour être tels que je le dis, il faudra leur donner, savoir : ù celui des soldats, 24 pieds de longueur sur 16 de ^ large dans œuvre , et celui de l'Oflicier, 12

Les rinq corps-de-gai'ile

pour les souiiusetpomi'oi- pieds dans œuvre sur d6 de long ; et seront

liiii'i' , 1800' la pièce, en- semble : «000'. situés, savoir : celui de la porte de secours

du Château , dans le petit jardin reculé (10), et celui de la grande porte du côté qui sert présentement d'écurie au Gouverneur; en- suite de quoi on fera encore un petit avancé à chacune des portes pour y pouvoir tenir une garde de 10 hommes avec un sergent; savoir : celui de la porte de secours dans le liavelin (5), et celui de la grande porte der- rière la Traverse (10), à côté du Passage. Plus un autre corps-de-garde de nuit sur le pas-

MÉiYIOlRE DE VAlIB.\iV. 43

sag-e de la grande porte, avec des coniniuni- calions au chemin de ronde. H Au même temps que l'on vuidera les terres

Poi-.r les huit corps de ca- superllues do la pUice , démolir tout ce qui

sei-iie, ayant iihacuii 8 toises

de long, h 000' la toise .^nu- reste de vieux bâtimenls adossés sur pied

vante, 38400'. '

dans le Château, dont la menuiserie et char- penterie est toute pourrie, et les murs prêts à tomber : en vuider les décombres eu môme temps que les terres de ladite place, et faire place nette , après quoi , bâtir huit corps de casernes en adossement contre le gros mur du Château, depuis la porte de secours jus- qu'à la grande porte , chaque corps étant composé de quatre chambres , deux basses et deux hautes , de 18 pieds de long sur d6 de large dans œuvre, et \\ pieds de haut sous poutres à l'étage du rez-de-chaussée , et 10 à celui de dessus, avec un escalier entre deux ù double rampe de trois pieds de large chacune : on feroit fort bien de les voûter sur poutrelles et leur donner 4 pieds d/2 d'a- vancement, lesquelles il faudroit canneler et y faire des cheminées en intention de les faire servir de logement dans les besoins pressés, el de greniers quand on n'en auroit que faire. Des portes et croisées comme aux autres chambres. 45 Entre ces huit corps de caserne, ménager

i,.s deux estaiiis estimés dcux cscalicrs, pour pouvoir aller au rem-

li:i00' pifre, 600'. ' ' '

part, de 4 pieds 4/2 de large chacun. On en pourra faire les marches de pierre aidoisine bien choisie el de bon emploi.

l'our cet iirtiele, OOOO'

4G MÉMOIRK DE VAUBAN.

*<^' Du côt(^ sonl les logements occupés pré-

j.,'.t,ir::i>;i'*^""'^^^^^^^^^^ P^»- Gouverneur, y bâtir une

::!;;rl;:^;;:.';;:.^::a::nu: '"^lison pour lui le Lieutenant de Uoy, si

I-ied ne i^euvcut servir. J-^,^ f^jj jjj gjg,^„ç ^.^^^ j^ Cj^tCQU, aVCC (ICS

caves voûtées au dessous et des greniers au

dessus; le milieu sera distribué suivant le

dessin qui en sera réglé, observant qu'il y

, faudra faire aussi des écuries, et tout ce qui

sera nécessaire à ces commodités. ^•7 On pourra aussi bâtir quelques logements

d'OfTiciers, attenant celui du Gouverneur, et en accommoder quelques-uns dans les cham- bres du milieu de la place. 48 A l'égard de la Chapelle, quoique la vieille

,ot^^:^l^L^oii extrêmement humide, malsaine et mal en cet article, iooo'. touméc , OU uc laisscra pas de s'en bien ac- commoder : il faudra seulement faire servir le vestibule, qui est devant, d'une espèce de halle pour mettre les soldats ;\ couvert en monlanl la garde quand il fera mauvais temps, bien déblayer les environs, reculej" son autel et l'adosser contre le pignon ; réparer la cou- verture, et le reblançhir quand les murs se- ront plus secs.

La Ville. Depuis la première Traverse

du Château (7), côté de la mer, jusqu'ù la

Tour de l'Eglise (13).

49 Raser le vieux parapet qui est trop bas cl

^^Maçouneiie , OC toUvs^à ,, jp^p ^-^^,^^ d'épaisscur , et le rétablir en lui

donnant 2 pieds 1/2 d'épais sur C de haut,

MÉMOmE DE VAUBAN. 47

le percer de créneaux de 10 pieds en 10 pieds, et de temps en temps y faire des re- gards en observant de n'y employer que de bon moellon ardoisin bien choisi. KO Refaire le pavé du chemin des rondes , de

.l'^iltStu^nett gi-ès posé de camp et de bout , eu bain de poser (le camp, *^^'^'- morticr, y observant les pentes nécessaires à l'écoulement des eaux, r "^^ .1... Faire devant cet ouvrage un fossé de 6

txcavalion , 4blO toises "

à 4' 10' font 16380'. toises de lariçe sur la profondeur de la basse

Ilevètement , /oO toises a o i

*cn X 1 B.^^i^*^"'- mer de morte-eau, en bien unir le fond et en

Sables h enlever, 000 toises '

^^'- '^''"*'- revêtir les bords.

52 Boucher l'embrasure du flanc bas derrière

Pour cet article, lô'. i ' i ^ ^ \) '

la maison du cure : la murer sur toute le- paisseur du mur, et remplir de maçonnerie la fente qui sépare ce flanc de la

53 La Tour de l'Eglise. Déboucher ses

Pourfermeries embrasures YQ^^gg gj faire unc cntréc bicu dégafféc , à

nécessaires ; netoyer les voii- o o '

mantVcief '^'^' '""'"'IjQ'i' fermant à clef, ù murer les embrasures ou- vertes de ladite voûte en dehors, si on recon- noît qu'il y en ait quelqu'une qui puisse nuire et n'y laisser d'ouvertures qu'autant qu'il en faudra pour renouveler l'air renfermé.

Raser les vieux parapets de cette tour qui ne sont que de mortier de terre , et lui en

^^ faire de nouveaux de pierre ardoisine bleue-

Maçonnerie des parapets , . , ,, . ,

4 toises 4 pieds h 30'. 290'. gHsatre et non d autre , et en termmer le

Maçonnerie du rempart , . , ,

compris les contreforts , le sommcl par uuo assise dc camp et de bout,

passage des voiMes, 60 luises . . ,. . , p .. .

k3o'. 1800', bien conditionnée, et parlaitement soumise

Murs dc revtîoment à rele- , , . ,

ver,ii loisesàso' 330'. a SCS alignements, lo lout en mortier corn-

48 MÉMOIRE DB VAUHAN.

r.v.^ p,mr b i.!:uc-f>.rmo pyg,'. coiiimc îl u ôlc tUl Cil l'arlifle premier, i'.,mai.!aMi.i.'sum'sacsa pj^g y j'.jj,.y j-j (M,jj,jiiij; d'eiiibràsiircs iiéces-

gor,',e et le liMii'-iiloiii, JO'. * '

saires, revêtues cl maçonnées de même , et réparer après cela les défauts de la plate- forme de son lei're-plein ot de sa gorge.

^î) Depuis la Toi]u de l'Eglise (15) , jusqu'à

inilernÏÏerâ(il'"^'"Tô-2^ (12). Faii'e les rempiùiements et ra- Pou.' fd.;on lie la '«"^'j^,- gréemculs liécessaires au gros revêtement ; abattre la petite tour du milieu , qui se dé- tache et ne sert qu'à empêcher les défenses; substituer une console en sa place, dont par- lie sera de ce qui restera sur pied de plus solide de la même Tour. 'ô(i Lui faire des parapets de même qualité,

3/S"h'ïo-.''" ''"%o': Iwuleur et épaisseur que ceux de la tour i\uuhi.an,!,u.tio.8'2'io-. précédente, avec une banquette de terreau pied , soutenue de maçonnerie sèche , et achever delà terrasser, soutenant son terre- plein par un mur bâti en talus sur le der- rière, et bien unir la superficie dudit terre- plein , qu'il faudra après planter de bois, comme toutes les autres parties de ce rem-

ftcliiyiinenl , pave rt tn-

çoiis des 1.01 les lukessairp.s, Coïilinucr l'aporofondissement de son fos-

500'. ' '

Paiapet, 12 luises ipieiu ^q ^^^351 bas ouc Ui bassc merde morte-eau, l'av^Mio la piate-fc.imr 10 et Ic rcvêlir par un mur appuyé contre le

toises à !,>'. l.iO', ' 1 l J

Pmu' ùier les aéeomliirs, 'iU' . bord .

tJ8 Rechercher et déboucher aussi les voûtes

Nota, i/apostiiion-dos- ^]^^ ^,^^^^^. 'j'^^,,. \^^^ vuider et très-bien uétoyer

sus h iiT iluit Hk !i 58. ' •'

et les paver ; ensuite de quoi y faire des portes

MÉMOIRE DE VAUBAN. 49

bien garnies de toutes les ferrures qui leur seront besoin.

^9 Depuis la Tour (12) jusqu'au Poste (5).—

Pour les réfections conte- . » .• >\ t .• '

m.e5 en cet article suivant le Lgs memcs reparalions qu a la courtine pre-

flétail quien a étéfait. 1322'. .,

cedente.

60 Le Pâté. Déboucher tous les sous-terrains

Maçonnerie de la voûte . . r , . .,, , c ' ^

30US ie corps-de-garje , 6 1. Q"' Ont servi uki Vieille porlc, y foire des com-

riihesâiO'. 240'. ... i- '. i a^

Boucher la porte de sortie : municalions, bicn neîoyer les voutes : conli-

nétoyer les voûtes et la cale- ii i j

rie et diminuer les créneaux, nuer CClieS dc SOn VlCUX paSSagC , dcpUlS

Une barrière, ferrures eom- l'cntréc dc la porte du costé de la viRc jus- "'Raocommoder les fenêtres \ qu'^i ^'^ sortic du Pâté , sprès quoi la rccou-

et mettre des lits-de-canip ,•!• '••iii i ».

30>. vrir de cinq a six pieds de terre ; plus voûter

La voiite â faire au passade ■,, -, ..^ . , <

sous le terre-plein, 42 toises I cspaco du pctilpassagc qui cst SOUS Ic corps- de-garde de nuit ; le bien épaissir et ren-

61 forcer ladiîe voûte , le lieu étant parfaitement

Circuit du parapet et du

réduit, 8 toises, épaisseur 5 bien situc pour uu sous-tcrrain.

toises , hauteur 4 toises 3

pieds, 150'. Murer la porte de sortie du flanc droit du

Le petit parapet ; longueur

7 loises â relever de 4 toises Pûtc ct Ics créncaux Irop ouvcrls dc la gale-

d'épaiss'^ur 1 pied 6 pouces - , ,

font 5 toises, w. v\Q d'cu bas, qu'il faudra aussi bien netoyer.

62 Faire un parapet de sept pieds et demi

Terres b déblayer pour

faire la voûte du passage, 88 d'épaîs audït Pûté dc bonnc maçonnerie bien

toises cubes â 3'. 304'. '

Maçonnerie h relever pour conditionnéc dc picrreardoisinc blcuc, assise

les deux flancs , les 3 toises

1 pied h 3o'. 935'. en bain de mortier composé comme cy-devant

Maçonnerie des deux faces

et partie des flancs, 25 toises article premier; plus élever les flancs à l'é-

3o'. 750'. ' ' '

Le petit fossé de la gorge , ctqI (Jq Pj^t^ les tcrrasscr et leur faire des

3o toises â 3'. 105'. ^

Son revêtement : 4 toises cmbrûsurcs dc même que celles des autres

quarrées h 12'. 1C8'.

bouclier louvcriurequisert pièccs , ct femicr la brèchc qu'ou a faite pour

de passage au présent ,2 t.

<>ii)e3h3«' co'. sa communication, substituant une petite

80 MÉMOinK DE VAUDAN.

porte à sa place et séparant le dedans de ladite pièce par un fossé de 15 pieds de large, profond de dix à douze et revêtu , afin que cette même gorge puisse servir de retran- chement.

63 Depuis le Pâté jusqu'à la Tour Cornette.

Pour les réparations ron- __ Quvrir son Icrraîu , Ic nétover, vuider,

tenues en cet article, suivant j '

le détail qui en a été fau^^ pavcr ct y faîrc des portes, la même chose de ceux des deux petites tours entre deux.

64 Rempiéter le pied de ce revêtement autant

Rempiéter les sous-terrains ,.i i ' i •„•„»„ u„ ,

de la Tour Corneiio, les né- cju il scra DesoMi , cn ragreer les joints, bou-

t^o^yer, paver et y fàin-^^des ^^^^^ j^^ ^^^^^ ^^ ^^.^^ dCS parapCtS, taUt SUr

porte"'' 16 "'"isef i pîe'.îs Igs tours quc sur les courtines, de maçonne-

Va'l'é, 20 1. h 15'. 300'! rie conditionnée comme ceux de l'article 22,

notamment à la grosse Tour qui devant tenir

lieu de bastion doit avoir le revêtement encore

plus solide que celui des courtines.

65 A l'égard du fossé , le nétoyer et appro- Appr .fomiissementetéiar- foudir dcvaut celtc partie, et à l'entour du

gisseinent du fossé , 74G6 .

toises 4 pieds cubes h pàié : eu rcdrcsscr les bords , et les revêtir,

4' lu'. 33000'.

Uevétement du fossé. 12S0 obscrvaut touïours de régler sa profondeur

toises quarréosâ 15'. 19200'. '' ,

Rempiètement et ragrée- sur Ic picd d'y mcttrc six picds d'cau en

ment de tout le circuit de la ^ ,

vieille enceinte sur la Ion- maréc dc mortc-Bau , cc qui scra generale-

Rueurde 400 toises, hauteur

3 pieds : 200 1. uio'. 2000'. mcnt observé partout.

gg Depuis la Tour Cornette, jusqu'à la

Nota. Ce que dessus art. PORTE DU RETRANCHEMENT (4 5) AU BaSTION(I).

65 est pour 60. —Elcvcr Ic revêtcuient de la courtine à la

hauteur mi-partie du vieux miu' retranché ,

MÉMOIRE DE VAUBAN. 51

et de la tour Cornette ; hausser en même temps son terre - plein , le soutenir par derrière d'un petit revêtement adossé con- tre, et faire son parapet de même que les précédents ; plus , creuser , élargir et revêtir le fossé comme ii a été cy-devant proposé.

67 Depuis l'endroit du Retranchement (9)

EicavatioD du fossé com- jusqu'au Bastion (1). Détachcr Ic corps

pris celui du retranchement

sur la ion!.ueur de 9 toises , (Je la dcmic courlinc de Redan (21) par un

largeur b toises , profondeur '

1 toise 1 pieds , faisant 590 fossé de 4 toiscs dc larffe , approfondi aussi

loisesài'lO'. 2G55'. a > tf

bas que celui du retranchement , et le revê- tir d'un gros mur dans tout le travers. Le- quel fossé sera traversé d'un pont dormant porté sur une pile de maçonnerie , et au bout dudit pont faire une porte cochère dans la face du Redan pour la communica- tion des parties de ce rempart. Elever le reste de la courtine à la hauteur

Maçonnerie du revêtement i i p i

et des parapets , 44 toises â prescritc du Dasiion ct lairc son parapet de

30'. 1320'. . , ' , , ,

maçonnerie comme la précédente, a cause du peu de largeur de son remparî , et haus- ser son terre-plein h. proportion. 69 Epaissir la traverse de maçonnerie qui est

Maçonnerie, 2G toises eu- joignant le flauc du bastioH , et l'élever jus- tes â se. 780'.'' ® ' ''

qu'à ce qu'elle défile entièrement la dernière courtine ; il faudra par la même raison éle- ver celle de la pointe du Redan , jusqu'à ce que l'autre partie de la courtine entre celte pointe et la tour Coniulte en soit défilée ,

52 MÉMOIRE DE VAUBAN.

sinon faire une autre traverse entre deux, et lui donner au moins C pieds d'épais. ^*^ Régler le rempart qui joint la gorge du

giei*L''m.ii."T7iufj-"iniîâ basliou, ot UG lui laisser que l'épaisseur abso-

corirc du bastion : loiiKUVtii' i , i mi ■. *

i3 w.ses, largeur 8 toises lumout nccessau'e, achever son ordlon, etsui-

siir 2 toises (le liaiiteiu' font /• >»i* -i» »

208 toises h 3' la toise, 021'. vre SOU flanc gauche tout uni, mais 1 un et

Terre lie rOiillon pour 28. d . i> ' i •» i i i ' i ^„

Circuit de la masse de ro- 1 aiilrc euiouces do opicds plus quc Ics cpaulcs iiauièur ,Vpi'eds ^d'ïpaL Gt Ics faccs , ù causc du commandement des

i>it'ds font 10 toise» culu s h u* •-.i**'»- j

j(o.. 300'. hauteui's qui est la Ires-mcommode.

Le bastion étant de capacité sufiisante,

71 faire les parapets de ses lîancs et de ses fa-

Terres pour les parapets ^.Q^ Jy 5 toiggj d'épaiSSCUr, COUipriS CCllC dU

des faces et liane du IJaslion : f ' r

longueur 53 toises 3 pieds, revôlement extérieur qui sera au moins de 5

épaisseur 2 toises i luod , »

hauteur 5 pieds, foui 9(u. pj^jg ^ ^^^ ^^gj^j ^j^, derrière de 2 , surmonté ^^T^Tc"-/"'^'!''"'''^'^""'^' de 2 pieds de terre avec une banquette seule-

«><> toises <i pieds ; épaisseur » ^

de maçonnerie du levôt-- „j ,j^j ^J^ 4 pj Jg ^q j^p^g lakiant de 2 pîcds

ment iiilerieiir et extérieur * o ' r

dupaiipet 5 pieds; hauteur, surpied,et uu Icrrc-piein dont le derrière pen-

a pieds, tout d7 toises 1 |ne<!, f 7 ir tr

^ ^'''- *^^^'- chera d'un pied et demi sur toute la largeur,

Elargir le fossé de ce bastion jusqu'à ce

qu'il ait 10 toises de large ou environ de la

72 pointe , augmentant sur les épaules, l'appro- fondir à peu près d'une toise comme le pré- cédent article (57) et en revêtir les bords.

Depuis ledit Bastion jusqu'à la pointe

DU DEUXIÈME Hed.\n. Maintenir la courtine

de la hauteur qu'elle a. Lui faire un parapet

^^ de toute l'épaisseur de son gros mur , et l'a-

Maçonnerie, 50 toises cubes , i i- v i i ' i i«„ , ,

;, ;jO'. iGsn'. dosser de dix a douze pieds d ej)ais de bonne

Terres, 37 toise» cubes . ,. v.. i .éI •>..

6 3'. 712' lO'. terre bien battue , une banquette derrière et

Maçonnerie des contiel'orts, , , . i- »

30 toises !; 3o'. 1080'. uïi teiTc-plem accommode a son espace.

MÉMOIRE m VAUBAN. 55

74 De la Pointe du Redan a l'autre Bas-

22"oUe"T3o..'^" ^"'& TiON (2). Conliimer le parapet de la cour-

2&n1o''''""'G65.: tine comme cy-devant ; faire auparavant des

Revtonënrdu tene-pitiii; conlrc-forts à SOU rcvèlement , dans les en- 82 toi.es cubc^àao'. 2460': ^^^^j^^ ^.^ j, ^^^ ^^jj^ ^^ ^^^,^^^ ^^ j^ teiTasser

au plein ; plus , rempiéter le pied dudit re- vêtement, le ficher et jointurer : le terrasser au plein, régler sa largeur, et y faire des pa- rapets à preuve, percés de toutes les embra- sures nécessaires.

7b Le Retranchement. Achever de le for-

MaroMenedesflanM 510 „,gp p^,, l'érectlon des dcux Redaus figurés

toises à dO'. 1C200'. * ^

Revèienient du fos.é 22o commc il est marqué au plan îil— 22. Bien

toises J pieds, a 12'. 2i0o'. ' '

Maçonnerie de la courtine peYctir l'uu ct l'autrc, Ics teiTasser ct élever

uu vieux retraiicneuient.coni- '

pris celle des contreforts et ^ hautcur des vieux mui'S tels qu'ils sont de

(lu petit garde-fou , ob toists '

M '■ . , ''fZ^ chaque costé de h porte. Leur foire des para-

fllaronnerie du parajn;!, 42 ' ' '^

toises audit prix, 12G0'. pg^g ijjg^ ^ prcuvc , et pcrccr deux ou trois embrasures à chacun , et parce que la cour- tine du vieux mur retranché n'a d'épaisseur que son revêtement, faire des contre-forts par derrière de 4 pieds d'épais sur 6 de long, espacés de 42 pieds de milieu en milieu , et les arquer d'un contre-fort i\ l'autre pour porter un corridor , ou chemin de ronde qui lui tiendra lieu de terre-plein ; moyennant quoi on pourra lui faire un parapet de ma- çonnerie de toute l'épaisseur du gros mur, composé de moellon ardoisin comme ceux dont il a été cy-devant parlé. Régler un fossé devant le dit retranche-

pouces, fuat 405 tuibcs à 5'.

04 MliMOmii DK VAUBAN.

"6 ment de la longueur marquée au plan ; l'ap-

longueur des flancs et faces, pi olontlir jusQU u cc qu aux mai'ees de morte-

'M toises , hauteur 5 toises ,,, „r».ii, «

opuisseur 2 toises i pied 6 ^^ OU y puissc mcltre 6 pieds d eau, le reve- tir, et démolir le ravelin de la porte (15) comme une pièce qui rendroit le retranche- ment inutile si on la laissoit attachée comme elle est , qui deviendroit trop petit , empé- cheroit l'action des flancs si on la séparoit simplement par un fossé comme il est mar- qué au plan.

Employer les matériaux provenant de cette démolition , et qui pourroient servir à la structure des nouveaux murs. Et ceux qui ne vaudront rien , au comblement de son "^"^ fossé qu'il faudra remplir en même temps.

Cela fait, ne laisser de largeur au rempart que celle dont il aura absolument besoin , trans- porter toutes les terres superflues dans les 12 angles dudit retranchement que Ton pourra contre-miuer au même temps , aussi bien que le bastion (2), et les 2 courtines 21 et 22.

78 Portes et Ponts. Renouveler les fer-

Pour renouveler les portos nielurcs dcs portcs ct pouts-lcvis ; ôter tou-

ou retranchement cl faiio le

contenu de cetartide, 2500'. tcs Ics HKisses dc maçonueric qui peuvent nuire aux défenses , et faire deux fermetu- res tant ù chaque porte du retranchement que du corps de la place. Un pont dormant à chacune porte sur chevalet de charpente- lie , sur piles de maçonnerie coupées d'un pont-levis.

MÉMOIRE DE VAUBAN. 55

79 Tous les passages du corps de la place et JZJel'' '' '"""'rm' du retranchement sur toute l'épaisseur du

rempart ; en outre les corps-de-garde de jour et de nuit de ces portes ; en faire encore un petit à la tête de chacun des ponts, avec une bonne et forte barrière attenant; et une gué- rite auprès pour la sentinelle ; quant à la grandeur et à la capacité de ces corps-de- garde, on se pourra régler sur ceux du Châ- teau. (Art. 43.)

80 Sur la gauche de la tour Cornette faire Déblais de la coupure en unc grande portc ct un pont pour commu-

travers du reinpait pour faire ^

une entrée dans la ville, 192 uiQUcr a la Ville ncuvc ; voutcr soH parapct

toises à 3'. 576'. , , , . /. . 1

Les 2 pieds droits compris SOUS Ic rcmpart , le bien paver , y laire deux

les voûtes , 52 toises à 40'. . , ,,

2080'. fermetures et un pont-levis avec une barrie-

Pour les ornements de la n , a

porte, 1600'. re , un corps-de-garde a la tête , et un en

Pour le corps-de-gnrde de

suit et de jour , la chambre dcdans ; plus uu paviilou au dcssus pour le

des orgues et le pont, 7000'. , , i . , i

corps- de-garde de la nuit et logement des orgues , et parce qu'il y a un coin de bâti- ment qui rétrécit les deux rues qui ont leur abord , en recouper tout ce qui sera nécessaire pour rendre le passage des char- rois libre et dégagé. 8i Faire une autre porte pour la communi-

Pour une autre porte d.ins cation du hâvrc dout il sci'a parlé cy-après,

le vieux rempart, 4000'. ,

et y apporter tous les soins et précautions énoncés en l'article précédent.

82 Corps -DE -Garde et Guérites. Il ne

Pour agrandir le corps-de- faudra Qu'agrandlr Ic corps-de-garde du Pâté

garde ct faire 8 guérites, no i o

3000'. porte de (3); ceux des portes neuves,

MEMOinE DF. VAUBAN.

ei les autres sufliront. A l'égard des guéri- tes , en faire de maçonnerie sur toutes les pointes des principales pièces; savoir, sur les cinq tours (6, 17, 13, 12, 10), le Pâle (.') et les deux Battions (1 et 2).

83 Portes de Sortie, Egolts, Pavés, etc.

^Po.:r meure les égrmls^on Ac},gVgp l^jg (i^QUlS . Igg fyjpg nétOyeF et fé-

duire leur issue à 8 ou 40 pouces quarrés sur un pied de haut ; et si on les ouvre da- vantage , les griller et traverser de grosses barres de for, prendre garde que la pente des ruisseaux des rues soit bien dirigée ; les pavés remis en étal, et mieux entretenus qu'ils ne sont présentement.

84 Murer toutes les portes de sortie de la Peur murer les portes lîc place de 5 ù 4 picds d'épais pour n'être ou-

sorlie, et en faire il'auin's en

*'e<'a"s, 800'. vertes que dans le temps que les nécessités

d'un siège y obligeront , et cependant se servir de leurs passages comme autant de sous-terrains à qui il faudra faire de bonnes portes par dedans.

85 A mesure qu'on achèvera de mcUre quel- ques parties de celte enceinte en état, planter les remparts d'arbres à tous les endroits il en pourra venir ; leur leuillage ôtera tou- jours quelques vues au commandement, et leurs tiges ou branchages fourniront bon nombre de palissades et fascines pendant un siège.

MÉMOIRE DE VAUBAN. 57

86 La Ville neuve. Depuis (25) au Pont

.e.LTf ^oïsaî'uï: (24), tracer le dessin (25,26, 27, 28, 29, 30, ro:.t.l^t,t''c•ii'uSrIa: ^l) composé de trois Bastions et deux demi; seVl'Ip.ïî "cVes'/es- observer exactement les défenses et les me- timés îi ^*^'2*^3^^J°°|3, ^, sures chiffrées sur chaque partie des pièces qui doivent composer cette enceinte : le tracé ayant été bien rectifié et tous les repaires marqués ; faire l'excavation des fondements et les approfondir jusqu'à ce que l'on ait trouvé le roc vif, enlevant et défaisant tout le pourri terreux , trop feuillu ou qui sera détaché , et quand on sera parvenu au solide le bien aplanir et mettre de niveau, y tailler après un enfoncement de 7 à 8 pouces pour encastrer d'autant l'assiette des fondements et donnant 5 ou 4 pouces de pente du devant au dérière sur toute la largeur de la fonda- tion , pour mieux cramponner son assiette ; et oîi le roc ne se rencontrera pas à point nommé , approfondir jusqu'à ce qu'on l'ait trouvé ou du moins un fond ferme et solide qui le puisse équivaller. En suite de quoi , et quand on sera tout-à-fait assuré, on com- mencera de fonder le revêlement, dont la base sera dirigée suivant les différentes hau- teurs des profils qui seront employés à sa conduite, observant premièrement, toutes les mesures des profils qui seront destinés à chaque partie de cette ouvrage tant en ce qui convient aux hauteurs et épaisseurs des murs que ce qui regarde leurs talus et aplombs ; 2*"*"' la qualité de la pierre de

Do MEMOIRE DE VAUBAN.

laillc Cl du moellon , à ce que l'un cl l'autre soil de bonne qualité , non terreux , bousillé ni snjcl à la cfclée, et de plus de boiuie as- sise cl de bon emploi , ayant du lit et de la queue ; Ti'"^"^ les mortiers bien condition- nés et toujours dossés , savoir, d'un tiers de (;liau\ vive éteinte de 24 heures , sur deux tiers de sable du meilleur qui soit en usage dans le pays, l'un et l'autre bien démêlés en eau douce et dessalée s'il est possible; Déblais .le teno pour la ^ment {çg façons bouncs ct lovalcs prcnanl très

lOlKUltulll lUl l'OVOlOlIlClU (lu V 1

corps de la place , G toises soiffueuscmcnt ffardc à la qualité des mor-

ciibes par toise ooiiiaiito , " " ^

font 5202 t. cubes à 4' 10" ijers ; mais qu'ils soient bien dossés et facon-

la toise, atlendu que la mùme

ferre servira h foiinerie rem- nés aboudauts Cl cmplovés dcbouncs mains,

pan ct parapet, CI 23409'. ' "' '

n'y souffrant point de mauvais ouvriers, et à ce que les maçons ne maçonnent point assez, mais que leur ouvrage se conduisent assises toujours arrasées de niveau à chaque deux pieds de hauteur ; 5™*"' les parements se- ront autant que faire se pourra de gros moellon choisi de la montagne du Roule , bien piqué sur les joints et débruti sur les faces, ayant 10, d 2, 15, 18 pouces de queue, posé à la main , au bain de mortier conmie dessus avec les joints fichés , garnis et bien jointoyés, rasant les premières assises à cha- (lue pied et demi d'épais avec de grandes pierres ardoisines pour servir de boutisse à la maçonnerie et renouvellement d'assiettes; il suffira que le parement soit fait de pierres du Uoulc , jusqu'à la hauteur d'un pied au dessus des plus hautes marées , le surplus

MÉMOIRE DE VAUDAN. 50

sera de moellon ardoisin choisi et bien piqué sur les faces, ayant de bonnes et longues _ queues.

87 Revêtiront les angles flanqués de pierre de taille d'Omonville, choisie de la meilleure qualité , par assises alternatives de 5 à 4, po- sées toujours en boutisses, et l'autre en pare- ment , et faire le cordon de la même pierre , i\ qui on donnera 10 pouces de diamètre à 2 de fillet au dessous, remarquant qu'il ne sera pas nécessaire de pierre de taille aux orillons et angles rentrants et saillants des courtines, qui se pourront faire de pierres ardoisines bien choisies ; mais seulement aux angles flanqués, et des épaules il n'y aura point d'orillons.

88 Régler l'élévation du gros revêtement, en Maçonnerie des tioux pan- soi-te que sa hautcur commuue soit de 30

des traverses , yM toises h ^

îiiaidedeuxgraSïI: P'^ds à mcsurcr de la retraite au dessus du tX?hl'iT.'''"''''356i^*^ordon, et 5 du parapet, qui font 35 me- tr'!verreTti3't.*2T7'""'' ^"''^3 extérieurement et à plomb, observant 'dS;,. 40 toises S\ premièrement, d'y foire des contre-forts *8?o.;s-.crrains le lonîïe's espacés ct flgurés commo Ics marqucs au i576ti^nr;;"nL"r! plan et profil , élevés à plomb depuis la fon- faço^n des"'voû'e's" ^^caôio'" ^•^^^^'^ ^u cordou, remarquant que ceux des angles flanqués doivent toujours être doubles et quelques fois triples, pour pouvoir con- server les embrasements qu'ils doivent avoir , avec les autres , et pour fortifier d'autant les parties toujours faibles des plus exposés; 2""^nt élever trois pieds des bastions dimi- nuant insensiblement jusqii'à l'angle du flanc

60 iMEMOlUK DE VAUUAN.

Cl de la courliiu! ; 5'"«"' d'observer ces di- mensions le long de la longue face , depuis le point (25) jusqu'au (25) ; 4'"""' de faire les deux grandes traverses (52-33) de huit pieds d'épais chacune et élever jusqu'à par- fait défilement des hauteurs ; 5""^'" de faire encore d'autres traverses de même nature autant que besoin sera , le long des faces (25 , 27) et courtines ( 24 , 25 ) ; G'»'^"' de bâtir quatre sous-terrains le long des grandes traverses (32, 35) leur donnant 18 pieds de large dans œuvre sur la longueur de 30 pieds de haut depuis le pavé jusqu'à la naissance de la voûte et 1 pied d/2 d'épaisseur aux pieds droits d'entre deux, et 6 à ceux qui doivent soutenir du côté des terres , sur 3 à 4 d'épaisseur aux voûtes qui seront bâties à plein cintre , bien bondées et fichées avec tous les soins requis en pareil cas , n'oubliant pas de leur faire une bonne chape de ciment de 2 à 3 pouces d'épais avec les pentes, con- duites et gargouilles nécessaires pour por- 516 toises de pavé â 8' la tcr les caux au dehors , afin d'empêcher la

toise, 4C08'. •. .• 1 !• » „!»•

8 portes avec leurs ferrures pénétration dcs pluics ; ct parcc que lair

oslimées chacune à 30 '.240'. , a. ^ . i •j„ „, „„ .

dans ces voûtes est toujours humide et peu sain , il les faudra paver et faire des évents en forme de cheminée dans lesquels on puisse faire du feu et y faire des portes à jour afin que l'air y puisse passer, et surtout prendre garde qu'il y ait de la pente du fond à l'ou- verture ; et 7'»'^^"' faire aussi d'autres sous- terrains derrière la longue fosse (38) et dans

MÉMOIRE DE VAUBAN. 61

Puur les petits sous-ter- toiis Igs enclroits marqués (22, 25, 38, 57 ,

rains, H908' 13- i" . . ,. . ,

40) les uns et les autres condilionues comme les précédents. On ne spécifie pas ici la quan- tité qu'on doit faire, le plan marque seulement les endroits ils seront plus à couvert.

Mais il est bon de savoir qu'on ne saurait trop avoir de ces sortes de couverts, spécia- lement dans une place qui comme celle-ci sera extrêmement exposée aux bombes, et de surplus faire des descentes à vis et portes de de sortie sur tous les revers des orillons et à tous les endroits indiqués au plan (41). Les- quelles sorties il faut après murer pour n'être plus ouvertes que dans le temps qu'on pourra en avoir besoin. 89 Au même temps que le revêtement s'élè»

Excavation du foss(^ du yera travailler à l'exécution des fossés et des

corps (le la place et de ses 2

demi-hnies 26974 toises h tcrrcs OU provcuant, traverses derrière ledit

4' 10' la toise, 1213S3'. * '

revêtement et entre les contre-forts bien

amenuisés, et battre les terres de lit en lit de

8 à 9 pouces d'épais chacune jusqu'à ce qu'ils

soient réduits à 6 ; de deux lits en deux lits de

terre, en poser un de fascines de 7 à 8 ans

de coupe, de toute leur longueur, brin à brin,

le gros bout contre le mur en distance de 5

à 4 doigts l'un de l'autre, n'y laissant que fort

peu d'espace; sera ensuite chargé de deux lits

prern77Ïrt"1ubes po"; de terre battue arrangée l'une après l'autre,

l"£%L":s;roven^^^^^^ lit dc fascincs comme le

%moll6nctTit' lo précédent, continuant de l'élever de la sorte

millier, 3000'. jusqu'à parliiitc hauteur, observant:— l'"^"' de

liiire le parapet de 1S pieds d'épais compris

02 MEMOIRE DE VAUMN.

lo rcvôtemcnl ; 2"'^'" de le soutenir par der- ri(>re lo petit mur de deux pieds réduits d'é- pais et élevé à pied et demi piès du sommet, lequel sera achevé de gazon ou placage ; 3ment jg fyjpQ y,^g banquette au pied de ce parapet élevé de pied et demi sur 4 de large taluantdeôpieds, le sommet de laquelle sera pavé de menues blocailles de gravier et de sable ; 4'""" de donner une pente de pied et demi au terre-plein du rempart à com- mencer au pied de la banquette et finir à son Gazon plat, 1034 toises h bord intérieur; 5""^'" de lui donner 15

T la toise, 361' 18'. .^ -, , rt , j

pouces de talus sur 12 de haut; C""^"' de faire des batteries en barbe sur toutes les pointes des bastions et demi-lunes de 6 à 7 toises de retour de part et d'autre de l'angle; 7n.ent (jg remplir autant que faire se pourra les dedans des deux bastions (25, 27) à cause des sous-terrains qu'il faudra recouvrir de 0 à 7 pieds de terre chacun, voire davantage si l'on peut ; 8'"*'" de faire des rampes douces et aisées pour pouvoir monter de la rue au rempart ; et 9'"'"" de les semer de foins et planter d'arbres quand il seront achevés. 90 Faire les fossés de la largeur marquée au

Faireiesfossi^s, maçonne- plan Ics approfoudir asscz pour quc les

lie de reviHcment du grand i » *^

fosséet de ceux des demi- niarécs dc mortc-cau puissent mettre G pieds

luues, 11)20 t. '2 i>. h 12'. '■

i5si0' d'eau. Régler les talus de leur bord sur le pied de ne leur en donner que le tiers de la hauteur , et les revêtir en adossemeiils comme il a été proposé pour ceux du Châ- teau.

MÉMOIRE DE VAUBAN. 65

91 Tenailles. Les faire devant les cour-

da?L"irct'ksp"raî!eu!2C2 ^'"^^^ comiiie Ics marquécs au plan ; les sou- loiscs fuiics à raison iic^^^ jgj^j,. ^Q^^ autoui' pai* un petit revêtement

proportionné au poids de leur parapet et leur donner simplement l'élévation nécessaire pour que le terre-plein se trouve élevé d'un pied au dessus de la superficie de l'eau; en- suite de quoi, élever de deux banquettes et d'un parapet, c'est-à-dire de 7 pieds et demi sur 15 à 16 d'épaisseur ; outre quoi, faire une coupure à l'eau dans l'angle rentrant de 10 pieds de large revêtu à plomb depuis le fond jusqu'au sommet du parapet , observant : |ment (j'gfj f^jpg y^g semblable dans le derrière de la demi-lune , mais un peu plus large et plus enfoncée ; 2'"«'" de faire une porte de sortie à fleur d'eau dans le milieu de la cour- tine , vis-à-vis la coupure de la Tenaille , lui ^ Revùtpmont du diam^tro , donner 6 picds d'ouverture dans le travers de l'épaisseur du mur, et 15 dans celle du Revêtement intérieur du rempart, ct la fcrmcr du côté de la place par

parapet, tn t. a 12'. 1104'. ^ * *

une contre-porte à l'extrémité, et un escalier

Maçonnerie de deux portos pour dcsccndre daus Ic fond , lequel sera

de sortie au travers rem- part, GO t. à 40'. 2400'. pavé, et la voûte qui aura 5 pieds, recouverte

par dessus d'une chape de ciment et de toutes

les terres du rempart.

92 Demi-Lunes. Les former comme les re-

profil rtMluit par les demi- > . - i a i> i

lunes, 6 1. 4 p. 6 p. 91. par prcscntecs au plan , les revêtir d un mur de

toise courautf! , faisant 140 a .. » i a

toises, pour la longueur des mcme qualitc quc ccux du gros revêtement

faces et des flaucs, 040 toises , , , i i a r>

à 30'. 2S380'. de la place et conduits de même , fixant le

H-i MÉMOIRE DE VAUBAN.

loSTTrio-"''*''?!!''' sommet de leur commune élévation à 18 pieds Tene-piein et parapei 110 dc liuut , Cl du sui'plus Ic iGiTasscr avcc les

luises iiilifs lie terre lunir . , . , , ,,„ . , ,

lesquelles il ne sera rien souis Cl prccautious enouccs au 89'^ ai'ticle du

eoiiipli^, iiroveiianlde l'exca- > «« » i i> t

vaiioi. (les fossés. present Mémoire, observant toutes fois de

^2000 fasciacsi 150' umhu- (jQnnep seulcmcnt 3 toises de large à leur terre-plein, avec pente de pied et demi comme à l'autre , du surplus faire les parapets et banquettes de môme épaisseur que ceux du corps de la place, et quant à leurs fossés, leur donner la longueur marquée au plan, et la même profondeur que celui du corps de la place, et du surplus revêtus d'un mur adossé comme ci-devant art. 90. 93 Faire une traverse de maçonnerie en ca-

piJdsTsT''" ' ^^'^ 'sSo'" Pital dans la demi-lune de la porte condition- née comme celle des bastions et assez élevée pour couvrir entièrement la face droite contre le revers des hauteurs. 11 ne serait que très à propos de faire un petit sous-terrain à chacun (26, 28) de 13 pieds de profondeur sur 10 à 13 de large. dA Bien égaler la superficie de leurs chemins

Deux sou3Mcrvains comme couvcrts ct leiH" douucr uu picd dc pcute dc-

Ics précédents, ei (jOOO'. '^ ^

nevètemcnt ,iu parapet .lu p^jg \^ banquctto au picd du fossé, du sur-

chenim couvert ,\)li toises » i

^Giîcis 2920 u 2' ms' ï^'"^ rcvctir leur parapets comme celui du corps de la place et leur faire une banquette de même.

95 Chemin couvert du corps de la Place.

L'enfoncer d'un pied ou d'un pied et demi et le bien égaler avec pente de la ban-

Revêtement de 18 travei- L'cnfonccr d'uu picd OU d'uH pied et

SCS, 3C0t. eub. âl2' i;(20' ^ ^

MÉMOIRE DE VAUBAN. 65

Remblai des traverses 180 quettc Qu fossé , le faire dc quatre toises de

toises h 2" 450' , . , i_ ..

Gazon plat pouries couvrir large «on compris la banquette qui avec ses

180 toises â 7". C3'. , i- j r. *••

talus aura neui pieds. Revêtir son parapet comme celui du rempart , former les places d'armes et les bien traverser à preuve du canon , et faire aussi des traverses de même épaisseur sur les faces prolongées des bas- tions et demi-lunes, et le revêtir comme les gros parapets y laissant des passages de 4 pieds et demi de large enfoncés d'autant dans le parapet , afin que ce parapet serve à cou- vrir les enfilades ; plus y faire toutes les rampes et sorties marquées au plan (41-42) et bien applanir les glacis , lesquels il faudra rendre parfaitement soumis aux faces du bastion et demi-lunes de la place. 95 Et parce qu'il y aura des endroits du dit

Pour les traverses qui se chcmiu couvcrt qui scrout cncorc vus des

pourront faire aux endroits , . , .

enfilés, 1000'. hauteurs partout ou ces inconvénients se re-

nouvelleront y faire d'autres traverses fabri- quées comme les précédentes. 97 Planter après cela la palissade sur le haut

Planter 580 toises â 8 pa- (Jc la banqucttc du chcmin couvert et des

lissades par toises compris

les deux linteaux font 5220 travcrscs, obscrvaut: 1"'''"' de tenir sa pointe

palissades à 12'. 3132'. ^

de pied et demi plus haut que le sommet du parapet ; 2"^"' les éloigner d'autant du dit sommet; 3"^"^ de l'espacer assez près pour que l'on ne puisse passer entre-deux , mais assez ouvertes pour pouvoir faire passer et biaiser le mousquet; 4""*'"' de l'attacher par un linteau posé de demi pied plus bas que le sommet du parapet qui sera de quatre pouces

OG MÉMOinE IiE VÀUBAN.

de large sur deux d'épaisseur, taillé en tran- cliaiit de couteau lenversé afin que l'on ne puisse appuyer le pied dessus. Le chemillage fendu et recoigné par le petit bout, et après, rasé par les deux à fleur de bois.

98 La Villette ou Faubourg. Diriger le

2m\'ois,Th-£. 'Vu3o"! ^^'^^^ ^^ s=* fortification suivant le tracé (45 , sJoo'h'l'to-''' ^TS"^^' ^^' "^^)- O'^servant toutes les mesures ^Maçomurie dectra^verses qui y gQ^t indiquccs, lo sondcr , revélir et Maçonnerie du p^'g^ft^-jj; lerrasscr avcc les mcmes soins et précautions ?orfè1o"mZ£t^'^'' que le corps de la ville neuve , observant:—

Excavation dn {osJTl. l""' «^^ lui donUCP 50 picdS d'élévatiOU à h

corne, demi-lune et mioute, pointe dcs dcmi-bastions , diminuant de 5 uevètemeni du fossé, ^^^_ picds à l'auglc du retour de l'orillon et du cEl'"rvert! ""'Toi-o" ^'"'^ q"''' faudra aussi tenir plus bas de trois ur'iSr^wi^Sn^ut'-es, de sorte que le revêtement de sa "wrain dans lesTu'x courtinc ct dc SCS dcux flancs n'en aura plus demi-b.stious de la corne, ^^g 34 ^^ hautcur tout compris ;— 2'"«"' do uevèiement du cav^uj.' faire d'autrcs dimînutions Cl rctouibés sur Ics longs côtés de l'ouvrage, jusqu'à ce que la dite hauteur de l'ouvrage le réduise à 16 ou 18 pieds aux extrémités des ailes (45 , 46) ; 5""^"" de faire la quantité des traverses à preuve de canon (47) sur le long côté , qui seront nécessaires à son défilement , les pro- longeant sur toute l'épaisseur du parapet, on pourra les faire de maçonnerie ou de terre ainsi qu'il sera jugé plus à propos ; 4""*°' de faire seulement un parapet de maçonnerie de 4 pieds 1/2 d'épais du côté du pori , et

MÉMOIUE DE VAUBAN. 67

soutenir le derrière du terre-plein par «n mur en adossement, après quoi terrasser entre-deux et le bien traverser pour empê-

99 cher l'effet des commandements ; 5'"™"^ de Maçonnerie 555 toises h fjjjpg y„g porte cochère avcc dcux fcrmeturcs

30'. loboO'. '

et un pont levis de bocalle de ce môme côté pour communiquer sur le quai qui doit faire face au port ; et 6""^'" une grosse palissade de 8 à 9 pieds quarrés en prolongement de ce côté à la ville afin que cette partie soit to- talement fermée.

100 Au même temps qu'on travaillera à l'exé- RcTètemeut, ii233'. cutioii dc cet ouvrage à corne faire le retran-

La porte et le pont, 6000'.

chement en demi-lune (49) sur le prolonge- ment de son côté et le revêtir , terrasser et hausser comme celui de la corne. Observant de plus de lui donner; l'"«°' quatre pieds d'élévation à la pointe plus que sur l'extré- mité de ses faces , et en tout cas d'assujettir le sommet au règlement qui en sera fait par les développements ; 2'"'="' de faire son parapet à preuve de canon avec sa banquette et terre-plein , ce dernier penchant de pied et demi ; et 5'"™' de revêtir son fossé et l'approfondir comme ceux du corps de la place. Construire la redoute (48) et les demi- lunes (49), l'une et l'autre terrassées et revê- tues comme les grandes demi-lunes et obser- ver tout le côté gauche de la redoute d'un pied plus que le droit penchant d'autant par diminution égale de la pointe à l'épaule gauche ; à l'égard de la demi-lune il lui fau-

Gb' "^ MKMOmE DE VAUBAN.

di'a élever la pointe de 3 pieds et davantage» s'il est nécessaire plus que les épaules pour l'enipèelier d'être enfilée.

101 Chemin Couvert , Portes de la Villette

ciiarpemerie, 10000'. g-p ViLLE NEUVE. DéinoUr le ranar de pe- tites maisons (50) qui sont basses , mal ali- gnées et trop près du bord du fossé, les rebâtir sur l'alignement prolongé de l'autre rue (51) et en faire une nouvelle (52) de cinq toises de large avec une grande porte bien voûtée et accommodée de toutes les fermetures qui lui conviennent, comme aussi de tous les ponts-dormants, ponts -levis, barrières et corps-de-garde tant de la ville il les faut doubles que de la demi-lune et le chemin couvert. Bien raccommoder le pavé des rues, paver les nouvelles et bonne partie des an- ciennes, plus faire un chemin couvert à l'en- tour de cette partie de la ville, figurée comme le marqué au plan; observant sur toutes choses de bien placer et élever toutes les traverses nécessaires de son défilement , et d'en mé- nager les issues de manière que toules soient bien couvertes. IQo Raser aussi toutes les petites maisons du

Arbres thiiompui ta 15'. faubourg (55) ct traccr un nouvel alignement de places et de rues comme le figuré au plan dans l'enclos de la ville neuve , bien paver l'un et l'autre, après quoi ne laisser bàlir à l'eiitour qu'à la condition d'y taire des caves

105

MÉMOIRE DE VAUBAN. 69

et d'élever à trois étages au dessus , moyen- nant quoi cette ville quoique fort petite ne laissera pas de contenir beaucoup de monde, et les maisons par leur hauteur empêcheront que les rues ne soient enfilées et couvriront toujours quelque partie du rempart qu'il fau- dra aussitôt planter de bois , aussi bien les talus de terre-plein que le terre-plein lui- même.

Corps-de-Garde et Guerittes. Outre t0corps-de-garde,20ooo'. Ics corps-dc-garde de la place de la ville

15 guerittes de pierre k , , .,, n . , i i

500'. 7500'. neuve et de la villette en faire un dans lebas-

10 guerittes de buis à ;{0'. . , ,,, a . i i i

300'. tion de 1 hopUal, un autre entre le bastion de la mer et celui des haies , un autre à la porte du port de la villette ; et des guerittes de pierre de taille et de moellon ardoisin bien choisi à toutes ]es pointes et épaules des bas- tions du côté de la terre et seulement aux pointes des deux qui regardent le Havre et sur celles des deux demi-bastions de la villette; outre quoi il en faudra faire encore une de pierre sur le milieu de la longue face de la ville , en bois devant tous les corps-de-garde à chacun desquels il ne faudra pas oublier de faire des galeries en appentis au devant pour y pouvoir tenir les armes dégagées et à couvert. j04^ Faire une douzaine de latrines aux envi-

12 latrines à 400'. h ^gns dc la placc tant à la vieille qu'à la nou- velle ville , et prendre garde de les toujours

70 MliMOiriEDli VAUU.VN.

placer dans les lieux les plus solitaires et de les suspendre si avant que les matières n'en puissent pas gâter le parement des murs et que tombant dans les fossés elles puissent être nétoyées par les marées qu'on y lais- sera aller de temps en temps.

105 Casernes. Faire huit corps doubles de

^j corps doubles J^*^'j?ser- casomes à 5 étagcs derrière la courtine d'en- tre les bastions , savoir deux étages entre poutre et planches et l'autre en galletas et sous la couverture. Chaque étage contenant quatre chambres et les trois ensemble, 12 auront escalier,à double rang de trois pieds de large chacun à tous les paliers nécessaires au dégagement des chambres,qui auront cha- cune 18 pieds de longueur sur 16 de large dans œuvre.

C'est à peu près la quantité qui peut être nécessaire dans ce lieu pour la garde ordi- naire. Si le Roy en désire davantage il les faudra faire à droite et.à gauche de la porte.

406 Les Rues et Places. Distribuer le sur-

pavés, -20000'. pj^jg çjg l'espace enfermé pour la fortification

de la ville neuve en plan et en quartiers sé- parés par des rues , les uns et les autres comme les figurés au plan , donner 5 toises de large à la principale et 4 à toutes les autres, les proprcoient paver et observer

MÉMOIRE DE VAUBAN. 71

de faire un ruisseau dans le milieu avec les pentes nécessaires vers les cgouts qui ne pouvant avoir d'autres issues que dans les fossés de la place, il vaudra mieux les faire par ceux de la vieille ville que par ceux de la neuve , attendu que ceux-là sont plus étroits et que les marées y passeront avec plus de rapidité que dans celui de la ville neuve ; parce que la pente étant égale elles auront bien moins de chemin à faire que Tauire et par des lieux plus étroits et non tant contrariés d'ansîes.

107 Le Pont qui traverse le Port. Le ré-

Rétablissemenl Ou pont .ii-. .«>^ii i m i

'20000'. lablir et pour cet eliet allonger les piles de 6 pieds de chaque côté , n'y ayant que leur peu de longueur qui les ait fait saper à la superficie d€S flots par leur buttement et par les glaces , les fonder et bien recintrer les arcades qu'il faudra achever de démolir et les rétablir après plus solidement, de pierres ardoisines bien choisies pour en faire les poussoires et décharges ; le parement des piles et des encoignures de pierres d'Omon- ville , y observant toutes les bonnes façons et qualités nécessaires et ne pas oublier après de couvrir les voûtes d'une chape de ciment de trois pouces d'épais fait avec soin de bonne chaux vive de pouzolane ou terrasses de Hollande b/'en pulvérisée ou passée par le tamis.

72 MÉMOIRE DE VAUBAN.

Ecluses et Batardeaux. La chape sur

l'oiir la (ligue, COOO'.

les arcades étant bien sèche, achever de gar- nir les reins des voûtes et après avoir terras- ser tout ce qui sera nécessaire, élever les côtés et garde-fous , les paver bien propre- ment sur bonne forme de sable y observant les pentes et ruisseaux nécessaires à l'écou- lement des eaux et y planter autant de bornes qu'il en faudra pour empêcher les charrois de trop approcher des garde-fous ; quoi fait , raccommoder les avenues d'une digue large de 5 à 6 toises élevées de 3 pieds au dessus des plus hautes marées et les conduire jusqu'au terrain élevé et il sera bon de continuer les pavés jusqu'à ce qu'ils soient dans le ferme. Observant du surplus de faire une clef de conroy ou terre grasse bien bat- tue dans le milieu de cette digue et le long de la chaussée qui traversera les sables. i09 Au même temps qu'on bâtira le pont faire

un bâtardeau entre les piles du dit pont de bonne et solide maçonnerie à parement de pieries de taille élevé de deux pieds au dessus des plus hautes marées pour servit' à les re- tenir et entre les deux principales piles ou celles la fondation conviendra le mieux , faire deux barres ou écluses au dessous pour retenir et lâcher les marées de 12 pieds francs d'ouverture chacune , observant i'™"' d'en bien encastrer la fondation dans le roc ; Qment (j'p,^ fj^ij-^ ^qi,<^ i^^g plauchcrs doubles et d(î bois de chêne bien caltatés et goudronnés,

MÉMOIRE DE VAUBAN. 75

sinon de pierres bien choisies en voûte ren- versée , arquant de 5 à 4 pouces sur le tout ; 5ment toutc la maçonncric à parement de pierres de taille proprement piqué , ayant bien du joint du lit & de la queue & toutes posées par assises réglées en bain de ciment composé d'un tiers de chaux vive sur un tiers de pouzolane, ou vieux tuilot bien pulvérisé & passé au fin tamis de boulanger et ensuite longtemps battu et démêlé ensemble sur l'é- paisseur au moins de pied & demi ; 4'"'^"'^ de bien cramponner toutes les assises ; 5ment ^q fjjj,.g y^c bomic clef de ciment et de brique dans le milieu des bajoyers et du ba- lardeau pour les rendre plus étanches depuis le bas de la fondation jusqu'au haut et cela sur toute leur longueur; 6™""' d'en bien cirer tous les joints et bien prendre garde que toule la maçonnerie soit de bonne qua- lité et façonnée avec beaucoup de soin ; et T'"'^'" de faire toute la charpente et menui- serie des écluses de bois de chêne coupé de plusieurs années, si faire se peut , en bonne saison, non roulé ni piqué ni sur les retours 61 prendre garde que les assemblages en soient bien faits , les ferrures de bon fer et appliquées comme il faut et les pivots et pots de cuivre bien placés , tous les mouve- ments libres et tous les assemblages d'en haut bien contrebandes. Ces barres, pour parler à la façon du pays, serviront au net- loyment du havre, qui n'en n'ayant jamais

74

Pour la redoute, COOO'

MEMOiriE DE VAUBAN.

eu ne laisse pas d'être de quelque utilité , puisque les braiments du port de cent ton- neaux y entrent encore dans les vives eaux. Cela fait, ne pas mettre l'eau sitôt sur la ma- çonnerie fraîche , mais lui donner le temps de sécher quelques mois , pendant quoy la tenir toujours à sec. 110 On pourra bâtir une petite redoute à mâ-

chicoulis vers la tête de ce pont , du coslé de Tourlaville, pour mieux s'assurer de ses abords en temps de guerre et s'en conserver l'usage aussi longtemps qu'on pourra en temps de siège.

111 La Fortification par les eaux doit réus-

Pour écluse, COOOO'' SIR A UNE EXCELLENTE DISPOSITION POUR LA

Marine. Faire une écluse ( 54 ) devant et au bas de la tour longue ( 6 ) de 52 pieds d'ouverture et son radier établi tout aussi bas qu'il sera possible avec des portes poin- tues qui ouvrent du côté du port , l'une et l'autre bâties avec toutes les précautions, bonnes façons et qualités de matériaux re- quis , prenant garde à ne pas oublier de faire doubles feuillures au dessus et au dessous , afin que s'il était nécessaire d'y clouer des poutrelles ou de la terre grasse cela ne fisse aucune peine.

112 Bâtir en même temps une grosse redoute Maçonnerie, 5835'. (55) ^^ jq j^te dc Kl même éclusc pour la

Corps-(le-gardc, -1200'. ^ ' \

iineguéiiie en bois, 30'. couvrir avec uu corps-de-garde au milieu et

MÉMOIRE DE VAUBAN. 75

Revêtement de la goi{<e, la revt'tii' d'uii foFt gi'os muF de maçonncrie Terre-plein, 3i8'. de 6 DÎeds pHs aussî élevé que la tour Ionique,

Petite écluse, 1500\ ' ^ ^ ^ '

lui faire un parapet de maçonnerie de 7 pieds d/2 d'épais avec toutes les façons re- quises et la terrasser de 12 pieds d'épais seulement non compris sa banquette , le sur- plus sera le fond dont le bas sera fixé à la hauteur des bajoyers ; observant de faire une petite poterne au flanc gauche du côté de la mer avec de bonnes fermetures dont l'abord sera défendu par une grosse traverse de pa- lissade plantée suivant les alignements figu- rés au plan.

Faire à même temps une autre écluse dans 113 , . , le château derrière la gorge de la tour longue

Pour la petite écluse, ^^ o o o

(G) avec un canal bien revêtu , voûté et pavé en forme de radier et faire tous évase- ments nécessaires à pouvoir faciliter l'entrée des eaux et sortie des eaux. Son milieu sera réglé à douze pieds, frais de passage, et gar- ni de ventailles et emplacements qui feront besoin à la direction des eaux. Cette écluse et son canal seront en un mot bien précau- tiennes , tant par la qualité des matériaux que par la bonne façon et solidité de l'ou- vrage , et ses deux entrées fermeront par de grosses grilles de fer qui pourront s'ouvrir et fermer quand on le voudra ; observant de plus de n'y laisser d'ouverture par le devant du château que celle qui sera absolu- ment nécessaire au maniement des éclu- ses , laquelle il faudra encore boucher

10000'

76

MÉMOIRE DE VAUBAN.

lU

Muçonnerie, Terre-plein,

par de fausses Irapes qui fermeront à clef.

Cela fait, bàlir une longue muraille depuis "oi20'! '^ ^^^"^ ^'"'^'^ tle la redoute ( 55 ) jusqu'à l'ex- tréniilé du pont ( 56 ) élevé de plus de trois pieds au dessus des plus hautes marées; observant : 'ciment ^q j^ fonder partout sur le bon fond bien assuré; S""*^"* d'y faire des contre-forts comme aux revêtements des bâtiments et demi-lunes; 5™*°' de régler leur hauteur et talus par^rapport à son élé- vation , ce qui se trouvera réglé par le pro- fd commun; 4'"'="' de le terrasser par une toise d'épaisseur de terre grasse , bien con- ditionné , élevé depuis la fondation jusqu'au plus haut des marées et le surplus des sables du lieu.

Plus faire tous les batardeaux , écluses et 2320'. passages d'eau suivant dans les fossés de la

•j.. 1.U..C 120'

Eciub"éd'e chape et maçon- placc ct dcs dcliors , savoîr : un batardeau 1380'! en travers du fossé de la place à gauche en sortant de la porte pour entrer dans la vil- lette, coupé de deux ouvertures de 10 pieds de large chacune qui fermeront avec des por- tes pointues du costé du fossé (57) ; un 6820'. deuxième en travers du fossé de la villette à gauche en sortant de la porte avec des ou- vertures et des portes comme les précéden- tes; — un troisième sur l'extrémité delà demi-lune (58) de 5 à 4 pieds d'épaisseur

115

Maçonnerie La (lune

nerie, La traverse,

116

Ci,

117

^^. açonnei le y '^«'"Pj^s^,'» sculemcnt , Hicsuré par le haut afin qu'il soit plus aisé j de le rompre avec le canon de la courtine si on n'a pas le temps de le faire

MEMOIRE DE VAUBAN.

77

118

Maçonnerie,

119

autrement ; un quatrième continué dans le C60'. fossé de la maçonnerie entre la ville neuve et la villette, élevé à hauteur de 4 pieds d/2 seu- lement avec le sommet terminé en dos de bateau. Une écluse derrière la tenaille à la porte

120

Maçonnerie,

121

Maçonnerie ,

5C0'

L-éeiuse et les b'itanieaus /75\ ^q ].^ yiUc ueuveavcc uu ffros batardcau

ensemble, 6000'. ^ ' '-'

Celui delà demi-lune, 600'. gj^ travcrs du fossé ct un à l'extrémité de la face droite de la demi-lune de pareille épais- seur que celui de la (57).

Un autre batardeau derrière la tenaille 1320'. (23), un autre au travers du fossé de place , l'un et l'autre moins forts que les précédents afin qu'ils soient plus facilement rompus. Il ne sera pas nécessaire d'en faire un à l'ex- trémité de la face droite de la demi-lune comme à la précédente.

A l'égard de l'extrémité du fossé qui dé- bouche sur l'exiron , il suffira de le fermer par un petit mur de deux pieds d/2 réduite d'épais sur toute la profondeur du fossé.

Faire un batardeau dans le fossé de la vieille ville entre la tour (17) et la traverse (7) et la percer d'une écluse de 24 pieds d'ou- verture divisée en deux passages d'eau , sur chacun desquels on fera des portes pointues qui fermeront contre le fossé , et au dessous une ventillerie ou des portes plates suivant le dessin qui sera donné.

Plus un autre batardeau en travers du fossé du château en (65) et une écluse et pas- sage voûté de 0 à 6 pieds d'ouverture par-

122

Batardeau et écluse.

7000'

125

l'ar estimation.

6000

78 MFMOIKE DE VAUbAN.

dessous la fausse braye en (64). Ensuite de quoy faire un noyeu ou petite écluse de pied et demi d'ouverture en (65) pour mettre l'eau dans le fossé du donjon et l'y retenir, ce qui se fera de soi-même par le moyen d'un clapé disposé î\ son embouchure lequel sera ouvert pai' le montant des marées et ferme; par le descendant. Observant dans la construction de tous ces batardeaux et écluses : 1™"" de fonder toujours sur le ferme et par con- séquent sur le roc partout il s'en rencon- trera quelque bas qu'il soit , ou si on ne le peut trouver sur un fond ferme et solide , et s'en bien assurer par les plates-formes et par planches battues au refus du mouton, bien jointes et assemblées l'une à l'autre dans leurs rainures et clouées ù une ventrière, en sorte que le tout joigne bien ; S""*""' de L'écluse du vieux fossé et domicr toujours plus d'ouvcrture aux écluses

les porles et ponts de com- munication h la marine, de fuîtc Qu'à ccllcs de chassc ; S""*"' de

9500'. * '

faire tous les passages et écluses de pierres de taille d'Omonville bien choisies, de bonne qualité et mises en œuvre avec tous les soins et bonnes façons énoncées au IG"^ article; 4,ment jjg f^j^g jQ^g jyg parcmcnts des batar- deaux de la même pierre et de bien cram- ponner les dernières assises des capelets; 5ment (Je fairc tous les parements et batardeaux en mortier de ciment composé comme celui de l'art. 100 sur l'épaisseur de 12 à 15 pouces ; G""""' de faire une clef de briques et de ciment dans le cœur de chacun des balar-

MEMOIRE DE VAUBAN, 79

deaux , qui prenne depuis le fond jusqu'au sommet de leur longueur ; 7""'^"' de bien cramponner toutes les assises de parements des dites écluses ; S'"^" de faire tous les batardeaux de bons embranchements dans les terres bien glaisée de terre grasse tout autour;— 9""^°' de faire toute la charpenterie des écluses de bois de chêne coupé en sai- son, ù vive arrête sans aubier et qu'il ne soit piqué, gelé, ni roulé ; finalement faire autant qu'on pourra tous les radiers de pierres de taille bien jointes et posées en ciment faisant contre-voûte bien bondée contre le fond , avec des joints d'une ligne d'épaisseur, cou- lés de ciment et fichés tout le long de petits coins de chêne aiguisés de plat bien finement et battre à force dans les joints et ensuite rom- pues dans les mêmes , ce qui sera continué tout le long du radier. Cet ouvrage étant fort considérable, il faudra extrêmement prendre garde à le bien faire et notamment à la qualité de la pierre, n'y en souffrant point qui ne soit bien saine et sans moye, bousain ni filée, au reste il suffira que le renversement soit de 3 ou 4 pouces sur toute la longueur du passage. ^2^ Et afin que la navigation puisse tirer toute

Maçonnerie, 30ooo>. l'utilité possiblc dcs barres (65) et grande écluse (34) faire un grand pan de muraille depuis la redoute (33) jusqu'à la vieille jetée (36) alignée nord et sud et même aussi loin par delà qu'on le pourra , l'élever de 3 à 4

80 MÉMOIRE DE VAUBAN.

pieds au dessus des plus hautes marées, y faire dfîs conirc-forts et la terrasser comme il a clé dit au H 4'' article , à l'exeeplion de la grosse dont il ne sera pas nécessaire ; j'ai à observer : l™»"' de faire le parementde ses murailles des plus grosses pierres qui sepour- ront amener de la montagne du Roule et de la traverser de pied et demi en pied par des cours de pierres plates ardoisines de 3 à 4 pieds de longueur; 2""="' de terminer le sommet par des assises d'un pied à 15 pouces d'épaisseur de grosses pierres posées de camp et debout , fichées , bien garnies , jointoyées et du surplus bandées et conte- nues par un châssis de charpenterie bois de chêne, assemblée à queue d'hironde ; et 125 o""^"' de les élever de deux à trois pieds seu-

Maçonnerie, 30000'. jement au dcssus des plus hautes marées

Jetée de cnarpenuiif a ^

900 la toise 270000'. parallellemcnt à ce mur en dislance de 30 t.

Los eaux Uu jeu des écluses ^

30000'. j)^ji(. u,jg pareille jetée, laquelle sera pro- longée de quelques 20 toises plus que l'autre, la fonder sur le roc , et élever avec les mê- mes matériaux et façons que l'autre , après quoy et la fondation des gros murs man- quants, il faudra prolonger jusqu'à la basse mer de vive-eau avec des jetées de charpen- terie comme à Dunkerque , fondées sur les assiettes de moellons, de blocailles qu'on leur aura préparés et ensuite remplir de pien-es bien arrangées à la main et non je- tées au hazard. Dans les joints desquels on tichera quantité de petites pierres et gros

MÉMOIRE DE VAUBAN. 81

gravier pour empêcher le baloquemenl qui est ce qui ruine ordinairement la cliarpenle- rie de toutes les jetées , on pourra aussi se servir de fassinage à tous les endroits il en sera besoin pour contenir les courants et les empêcher d'aller saper les jetées. Pre- mièrement que celle du coslé de la ville pourra servir de quai et que l'espace res- tant entre la fortification et le bord de ce quai étant attéré pourra servir à des maga- sins et quantité d'autres commodités pour la marine dans l'espace enfermé par les bas- tions (30, 51),

126 Et au cas qu'il soit besoin d'avoir un quai p-S7gtd;''"'4ooÏ! au pied des murs de la place, comme il est

représenté au plan, on pourra en faire un de 9 à 10 pieds de large pour aider au tirage des vaisseaux et servir en même temps de rempiètemenldu revêtement de la dite place.

127 Bâtir encore un quai devant le long coslé pnSeSd\'/"'"'&i'! de la villelte de 5 toises de large, le bien

revêtir, le couronner de grosses pierres po- sées de camp, et planter de grands pilotis es- passés de toise en toise et tenus par des ancres et anneaux de fer qui s'empâteront dans l'épaisseur des murs , et par une ou deux ventrières auxquelles ils seront forte- ment cloués et chevillés , ce qui sera aussi observé à tous les autres quais exposés au j„28 heurt des vaisseaux.

Fane les bàtardeanx à Fairc fairc aussï une demi-douzaine de

1500' pièce. 9000'. .-. 1 » ' j ui -11 1 V rw . 1

petits bateaux a double quille de 8 a 9 pieds

6

82 MKMOIKE UK VAUIUN.

de large chaeiin, sur G à 7 loises de long, hautes de 6 pieds de bords avec des exlrans au\ deux bouts , prolongés de 5 pieds en avant pour servir au détour du courant des écluses et pour les jeter tantôt sur une partie, lanlùt sur l'autre, afin d'en emporter les sables.

129 C(!tle disposition de la niaiine achevée , il

^Lïallris ^.r^'^r «« scru Quc bott d'établir une batte.-ie de 8 aXtr.'*''''" '"' coooo'! ^ 10 pièces de canon sur la tète plus avancée des jetées avec un corps-de-garde pour te- nir les vaisseaux en respect et les empéciier d'en approcher si près.

loO Tout ce que dfîssus étant mis en exécu-

tion, il sera nécessaire pour une entière sû- l'eté de cette place d'abattre et raser tout ce qui pourra lui être nuisible , non seule- ment sous la portée du mousquet, mais en- core du canon , et de n'y laisser que ce qui pourra être rasé rez pied rez terre, dans une demi-journée de temps. C'est pourquoi mon avis est d'aballre les maisons, arracher tou- tes les grosses bayes , combler les fossés qui seront aux environs et n'y laisser au surplus que les arbres fruitiers et jardins, abattre encore les bords de la mer qui pourront ser- vir de courant et ôter entièrement la pointe de terre et de rocher qui avance en (67, 57), la h-ansporter dans les batteries prochaines. On fera encore mieux , pour une entière sû- reté, d'arracher toutes les grosses hayes et bois qui se trouveront à deux lieues de la place et n'y laisser au plus que les arbres

MÉMOIRE DE VAUBAN. 83

fruiliers et les petites hayes des jardins; apla- nir même les endroits raboteux et faciliter en toute manière les accès des lignes de secours. J5I Comme il n'est pas possible, vu la grande

quantité d'ouvrages contenus en ce projet et leur différence , qu'il ne s'y rencontre des omissions et quelque endroit mal éclairci, si ceux qui seront chargés de leur exécution en remarquent quelqu'nnes, en prenant la peine de m'en informer j'éclaireroi le fait et cori'i- geroi en même temps ce qui en sera besoin.

132 II y a une pointe de rocher qui avance

».S' '" '""'37910" 10'' considérablement dans la mer , proche la fosse du galet et qui couvre à toutes les ma- rées, et qui a vue sur une grande partie de la rade , sur laquelle bâtissant une batterie avec une tour pour la soutenir, les vaisseaux poussés par les corsaires y trouveront leui" siireté en mouillant au pied ou jetant dans la dite fosse du Galet , parce que celte batterie croiseroit devant son entrée avec celle de la tête des jetées et y auroit commandement sur le bon mouillage de la rade.

^55 La Fosse d'Omonville à trois lieues d'ici ,

Pour la batterie dOnion- dcmaude la mêuic posscssiou. C'est un petit

vill». 30000'. , , A

anse de refuge qui ne peut servu' qu aux bâ- timents marchands de menue grandeur pous- sés des corsaires ou battus de mauvais temps,

Total général. ^u à nos corsaires même quand ils seront

2102100' (.• 4'. pQ^sg^s pc,,. (Je plus forts.

81 MÉMOIRE DE VAUBAN.

RAISON DE CE PROJET.

La pelitesse de la ville qui n'est non plus capable de donner retroit aux gens de ses faubourgs, que de contenir une garnison un peu raisonnable soit à la nécessité de faire quelque chose qui peut produire une bonne défense, est ce qui a donné lieu à l'invention de ce projet qui ne peut pas avoir moins de capacité vu l'usage auquel il est destiné.

La longue résistance qu'on en doit attendre et la disposition naturelle du lieu ont produit tout le reste , et voici comme il est en premier lieu nécessaire de couvrir la partie de la place (12, 13) exposée à la mer, parce que étant toute découverte et sèche la moitié du temps et l'estran ferme comme un pavé, l'en- nemi pourrait en 24 heures au moyen d'une grosse batterie (67) abattre les tours (12,15) et faire une forte grande brèche dans toute l'étendue de celte tête qui n'ayant ni flancs ni fossés , seroit facilement emportée en- marée basse , et la vieille ville en même temps, dont le siège par ce moyen deviendroit une affaire de quatre jours. On peut dire la même chose de la par- tie (13, 14) qui a devant soi un assez grand espace de sable (68) qui ne couvre jamais ; car si de l'autre côté du port il y avoit une batterie dans les dunes qui eut ouvert le corps de la place dans quelque partie de cette étendue on pourroit;, à marée basse, passer à cheval, et, donnant à la brèche en même temps que de l'autre , emporter la place, ou en tout cas loger un corps consi- dérable dans cette grande masse de sable. C'est donc la néces- sité de réparer deux défauts si pernicieux , et qui ne sont pas moins évidents qu'une démonstration de géométrie qui a produit la partie de la nouvelle enseinle qui les couvre et qui les étaye

MÉMOIRE DE VAUBAN. 8o

tellement que ce sera cy-après saiis contredit le plus fort de la place. A cela se sont jointes d'autres petites considérations dont la première est la nécessité de s'approcher plus du port, qui étant accommodé peut devenir très utile, c'est d'envelopper les dunes (68) qui sont très pernicieuses , et de donner un flanc très-considérable à la redoute (55) pièce de très grande consé- quence, tout cela se fait parfaitement sans embarras par la dis- position de ce dessin.

Quatre bonnes raisons demandent deux écluses en (M) dont la première regarde simplement la défense de la place par la grande quantité d'eau que l'on peut retenir dans le port et re- nouveler à toutes les marées, au moyen desquelles on'peut faire des courants dans ces fossés. La deuxième la sûreté de la dite place depuis la pointe dudit bastion (45) de la corne (44,-4o) jusqu'à la tour longue (6) ; et encore depuis la tour longue jusqu'au (40) par le moyen des eaux retenus dans le port et par le courant qui peut sortir du château. La troisième regarde la marine en ce que par le moyen de cette écluse on pourra convertir toute fois et quante qu'on voudra cette partie du pont en bassin oii les vaisseaux du port de 400 tonneaux pourront demeurer à flot. Et la quatrième le nettoyment du port que le jeu de l'écluse du château, qui chassant de près sur une grande penle fera d'un (ort grand effet; de sorte que, au moyen de ces deux écluses, voilà la place en sûreté contre toute sortes d'at- taques, depuis la pointe du demi-bastion (45) jusqu'à celle (59) en tournant par le costé de la mer et du port, c'est-à-dire plus de nioilié de son circuit, el un très-joli port assuré.

L'augmentation de celte place a trois raisons, la première de donner retraite à deux fauxbourgs qui sont aussi grands que la ville, la deuxième celle de donner l'espace à pouvoir logei- des troupes, faire des magasins, un hospital, etc., etc., la troisième de redoubler la fortification et de la rendre capable d'une Ion-

86 MKMOIUE DE VAUliAN.

giio résistance. La division do celle augmcnlalion en deux par- ties a pour raison, 1'"™' la longue j'ésistance, 2'"*'" de fïure que la prise d'une de ces parties ne ncccssiie point la perle de l'autre, moyennant quoy il en résultera deux biens, dont l'un est que l'ennemi après la corne de la ville prise , ne pourra ])as s'ikcn- dre ù son gré et chercher les endroits plus faibles de la vieille ville pour y adresser ses attaques, mais sera contraint de les continuer devant lui , d'où i('îsulte néc(!ssairement la seule de toutes les difficultés qu'on y peut opposer.

L'autre bien est que la partie qui nous demeurera , fournira des flancs de très grande considération à la vieille ville , de l'espace et du logement jusqu'à la même ville, le surplus sera, expliqué ci-après.

PROPRIÉTÉ DE I,A PLACE

APRES CE DESSIN EXECUTE.

La supposant achevée dans toute la perfection requise tant en ce qui regarde la marine, que la fortification, abondamment munie et d'une garnison de 5000 hommes de pied, et 300 che- vaux ou dragons, le château de Valognes occupé par une com- pagnie ou deux d'infanterie , Cai"entan en état de faire quelque résistence et gu^^rre déclarée avec la Hollande, l'Espagne, l'An- gleterre, ou tous les trois ensemble, voici sur quoy on pourra très-assur('>ment compter. Il a été prouvé d'une manière claire, évidente dans le commencement de ce mémoire que de toutes les côtes de ce royaume exposées aux descentes, aucune ne con- vient mieux à l'Angleterre que celle-ci eu égard à la proximité

MÉMOIRE DE VAUBAN, 8?

de ses meilleurs poils, et à la facilité de pouvoir mettre à terre eu plusieurs endroits et par de grands espaces , à l'abondance du pays, l'un des meilleurs de l'Europe pour la tsubsisteuce des armées, à sa disposition faite exprès pour l'infanterie ; et la facilité de s'y pouvoir maintenir par qui auroit occupé la pres- ([u'isle. Joint à l'éloignement des secours, à la faiblesse présente de ce pays ; à l'épouvantable diversion que causeroit une telle descente par l'abandon de nos frontières, aux ravages qu'une armée de secours qui auroit à traverser les meilleurs pays du royaume y feroil, et enlin au désavantage d'avoir une guerre chez soi et dans son propre pays , sont toutes raisons d'une véi'ité incontestable et qui se louchent au doigt et à l'œil sans qu'il y ait d'autre moyen d"y remédier, que par lu fortification d'une place si forte qu'elle puisse donner vigueur au soutien des descentes, le temps nécessaire aux secours de s'en pouvoh* approcher, et occuper cependant l'ennemi, et l'affoiblir par une longue résistance. Or c'est ce qui se trouvera pleinement par l'exécution du dessin proposé pour la fortification de Cherbourg, que l'on peut assurer être telle qu'il la faut pour faire échouer leur desseins , et il est vrai de dire que jamais place ne fut mieux en état de produire cet effet qu'elle le seroit, il y a même bien de l'apparence que pour peu que l'ennemi en fut informé il perdroit la pensée des descentes ou que s'il y per- sistoit il n'y réussiroit qu'à son dommage, et à sa grande perte. Supposé toutes fois qu'il ait résolu de faire descente dans la presqu'isle à dessein d'y prendre établissement et de porter la guerre chez nous. Il est premièrement certain qu'il trouveroit de l'opposition à la descente, et les communes, même les trou- pes réglées s'il y en avoit dans la place, se présenleroient dans la place beaucoup plus hardiment si elles étoienl assurées d'une telle retraite, ce qui leur causeroit de la perte pour peu que les gens s'entendissent et qu'il y eût du feu et des retranchements,

88 MÉMOiriË m: vauban.

sans qu'il y eut grand risque pour ceux qui la souliendroienl , attendu que l'ennemi n'ayant que de l'infanterie à mettre à liM'rc, toute mouillée et en désordre, ne seroit pus en étal de pousser des troupes de cavalerie et d'infanterie qui se retire- roienl devant elles par des pays à lui inconnus et l'on pour- roit à tous moments l'arrêter et le couper.

2nient Qyg gj l'eimeuii met à terre il se donnera bien de garde de s'evaltonner ni de courrir le pays tout d'abord , encore moins de laisser Cherbourg derrière lui : ne le laissant point, il sera obligé de l'assiéger, et de faire tout de ses pieds et de ses mains, c'est-à-dire camper, faire les ligne?, aller au bois le sac au cou, mettre le canon à terre et le voiturer à bras d'hommes aux parcs et aux batteries, y conduire toutes les munitions et outils et aller aux fascines une grande lieue et demie delà, toutes choses qui paroissent moralement impossibles à une ar- mée qui n'auroit que de l'infanterie. Je suis bien persuadé que par les suites ils mettroient des équipages et de la cavalerie à terre, mais cela ne se feroit pas du premier jour ni en assez grande quantité pour pouvoir bien diligenter les affaires d'un siège. Il y faudroit donc employer bien des allées et des ve- nues, pendant quoy cette armée ne feroit pas grand progrès, et il est certain qu'il se passeroit plus de quinze jours de temps avant qu'elle se piît présenter devant la place , et bien autant avant l'ouverture de la tranchée qui ne pourroit aller bien vite s'il n'y avoit que peu de cavalerie et de voilures à la servir.

D'ailleurs cette cavalerie étant peu nombreuse et fort fati- guée seroit bientôt sur les dénis, ou le siège lireroit de toute nécessité à longueur. Cependant l'armée s'affoibliroit de jour en jour par les occasions et fatigues du siège , par les maladies, par les sorties que l'on feroit sur les fourrageurs, et par la disette de toute chose, spécialement si on avoit soin de faire retirer les paysans et les bestiaux dans le dedans du pays, de sorte que

MÉMOIRE DE VAUBAN. 89

les secours approchant et trouvant un ennemi recru et tout harassé en auroientbien bon marché. Toutes ces difficultés pré- vues par un ennemi sage et avisé, il est à présumer qu'il ne s'y commettra pas ; ou que, s'il le fait, il en aura le démenti pour peu que nous nous acquittions de notre devoir , s'entend à condi- tion d'une bonne fortification à Cherbourg, bien complelte et non à demi , parce que si elle étoit telle que l'ennemi la put prendre en d 2 ou 45 jours, elle ne nous serviroit de rien, attendu l'éloignement des secours, et cependant l'ennemi y trouveroit les mêmes avantages après sa prise que si elle étoit la meilleure du monde.

PRGPRIÉTÉS PARTICULIÈRES DE LA FORTIFICATION.

La face gauche du Bastion (29) sera presque imprenable aux attaques , parce que le flanc droit de (27) ne pouvant être dé- monté par le canon sera toujours en état de jeter son feu de ce ctosé aussi bien que celui de la tenaille du même costé.

Le demi-bastion de la corne (43) a les mêmes propriétés à cause du flanc (44); plus le flanc droit de (29) ne peut pas être battu, non plus que les jeux du pont (50 et 51). Les longs costés de la corne de la basse ville ne peuvent être attaqués avec suc- cès à cause des rivets que ces deux grandes lignes ont l'une sur l'autre.

La corne ne peut être attaquée que par la tête , à cause du revers d'une part , et de la protection que le bassin du port lui donnera de l'autre, avantage très considérable.

Le bastion (2) ne peut être attaqué que la demi-lune ne soit prise , mais cette demi-lune n'est point attaquable que par la face droite, et la face gauche a toute une face de bastion pour

90 MÉMOIRE DE VAUBAN.

défense prochaine ; d'ailleurs elle doit être revêtue avec un bon fossé devant elle, et sa communication à la ville neuve derrière elle , ce qui la mettra en état de tenir long-temps sans que l'ennemi puisse pendant tout ce temps attaquer la face droite dudit bastion, ni faire de batterie contre le flanc de (1) sans être écliarpé ni travaillé au passage du fossé.

On pourroit faire des retranchements revêtus dans les deux bastions de la ville neuve plus exposés aux atta- ques ; et, disposant les casernes derrière la courtine comme les marquées au plan, y pratiquer un excellent retranchement qui recevroil entière perfection parles contre-mines que l'on pour- roit ajouler à ses battei'ies. Si l'ennemi attaque par la corne, comme il y a bien de l'apparence , parce que le front est étroit, les commandements à tous étages , les quartiers près, et les chemins creux pour approcher très- favorables, toutes rai- sons pressantes pour ceux qui ne connaîtroient pas bien la face de cette fortification , ce sera tant pis pour l'ennemi et tant mieux pour la place; car l'ennemi aura 1"'^"' la demi-lune (49) à prendre, et par conséquent son fossé pleine d'eau cou- rante à traverser ; S™*^"' la corne et les courants de son fossé ; 5n.ent |y demi-liuie (45) dont la situation causera bien des diflicul- tés; 4'"^"' le bastion (2) défendu par les courans, et soutenu de mi- nes et de retranchements; 5""^"' le retranchement (21 , 22) défendu par lui-même, et par le plus rapide courant de toute la place ; et gmcnt ig château, dont la fausse braye étant retranchée et le fossé encore plein d'eau courante, lui donnera lieu de pouvoir tenirjus- qu'à brèche ouverte sans bazarder de se faire emporter. Voilà donc six obstacles à surmonter, tous plus difficiles l'un que l'autre, et qui, étant sagement ménagés par un gouverneur, sans s'étourdir ni y faire tuer son monde mal à propos, donneront de l'occupa- tion à l'ennemi pour plus deux mois de temps , quelque dili- gence et habileté qu'il puisse apporter à ses attaques.

MÉMOIRE DE VAUBAN. 91.'

L'autre attaque de la place qui pourra balancer celle-ci et qui paroîtra toujours la plus forte, mais qui effectivement sera la plus faible, est le front ("25, 27) l'ennemi aura : 1'"'="' à prendre la demi-lune qui peut être retranchée par une autre, et son fossé à passer sec ou plein d'eau courante.

paient Lgg (jgyx baslious à prendre, dont le fossé aura les mêmes qualités que celui de la demi-lune et le dit front au flanc que l'on ne peut battre, et des contre-mines et retranche- ments ù essuyer , ce qui peut beaucoup retarder la prise de cette tête, l'on pourra tout opiniàtrer sans bazarder l'affaire générale.

3meiit La vieille ville à forcer, le fossé de laquelle pourra être défendu sec et plein d'eau.

Et 4'"™' le château par son plus fort, il y aura le courant de son fossé à passer et le feu des traverses de la fausse braye à essayer, qui seront très incommodes à cause de leur croisées, réciproques et de la difficulté qu'il y aura de les battre; voilà donc quatre pièces à prendre et autant de courants à passer pour cette attaque, avant de se pouvoir dire maî- tre de la place , toutes bonnes à la vérité et excellentes ; mais il y en a six de l'autre costé, et cinq courants qui ne le sont guerre moins, et partant l'attaque de la corne sera moins redoutable pour la place que celle de la ville neuve, outre que la prise de celle-ci otera bien plus de commodité à la garnison que celle de la corne; car il ne faut pas encore une fois s'aller mettre en tête que la prise de l'une de ces parties nécessite l'abandon de l'autre, puisque, supposé la corne prise et la demi- lune (43), il n'y auroit que la redoute (48), la partie du chemin couvert (09), et le pont delà vieille ville, qu'on fut oblige d'aban- donner, tout le reste demeurant dans ses droits; l'extrémité de la grande ligne donneroit une grande prolcclion à la face droite du bastion (2) qui, aidé du canon et des batteries que l'on

92 MÉMOIIIE DE VAUBAN.

pourra mettre en (70), réduira l'ennemi dans l'impuissance de se pouvoir attaquer à cette face , avantage qu'on ne peut assez estimer en cas pareil. Supposé de même que la vieille ville fut en état d'être forcée. Il faudroit bien se donner de garde d'aban- donner la corne , mais seulement la redoute (48) partie du chemin couvert enfilé (69) et du surplus , raser partie du parapet de la grande aile de la ville neuve (71) et se loger dans la gorge de la demi-lune (45) et dans l'épaisseur du rem- part de sa face gauche; moyennant quoy de ces retranchements et du canon que l'on pourroit mettre en (72, 75) on donnera une grande protection à toute la partie delà vieille ville (5,10), ce qui empêchera l'ennemi d'en choisir les attaques avec tant de liberté.

L'attaque de l'autre front (26, 27) a les mêmes défauts et avantages que celle de (27, 29), excepté que les bastions (69) seroient fort incommodés de la corne qui les verroit à revers, et les attaques plus en prises à l'effet des sorties par ce qu'elles pourroient tomber par la droite et la gauche sur la tranchée au lieu que par l'autre elles nepourroientle faire que par un costé.

USAGE DES EAUX EN PARTICULIER.

Premièrement, le grand pont (66), son bàlardeau et ses barres ou écluses achevées et mises en étal comme il est proposé par ce projet, elles servi roient à la retenue des marées et au nétoy- ment de cette partie du port, comprise entre ledit port et la grande écluse.

Ornent | .j graudc écluse et celle du château servi roient à for- mer un bassin pour les vaisseaux, et à retenir les marées dans le port, qui s'y pourront maintenir en tout temps à la hauteur

MÉMOIRE DE VAL'BAN. 93

des vives eaux, au moyen de la rivière Divelte : ce qui produira un réservoir inépuisable pour les couraus des fossés et de la place.

5ment L'éclusc du cliûleau servira à la disposition et réception des marées (en cas qu'on fut oblige de terrasser la grande pen- dant un siège, ou netoyraent du port) et à la déiTense de celle partie.

4ment ^gg écluscs ct Ics bâtardcaux particuliers de la place sont préposés pour servir à la direction des courants sui- vant la manière que les uns et les autres sont disposés : si on veut que le fossé soit sec, il le sera; si on le veut plein d'eau, on y en pourra mettre de 9 à 10 pieds ; si on la veut dormante, on l'aura ; et si on veut, on la fera courir aisément, et même à l'entour d'une telle pièce que l'on voudra choisir : de sorte que le fossé de Cherbourg peut devenir le meilleur et le plus par- fait des places du Roy sans en excepter aucune. En voici l'usage: si toutes les écluses sont fermées à marée basse , le fossé n'ayant de profondeur que la basse mer de morte eau, demeu- rera à sec et il n'y entrera que l'eau qui s'échappera par les joints des portes ; et pour lors, étant partout roc, il sera aisé d'y aller et de le traverser. Si on le veut avoir plein d'eau, tenant les basses écluses (59, 62) fermées , il n'y aura qu'à ouvrir les hautes (57, 75), en une heure de temps il se remplira. Si on veut mettre l'eau en mouvement à l'entour de la demi-lune (49), il n'y aura qu'à tenir la haute écluse (75) fermée, et ouvrir la basse (62), rompant ou ouvrant le bâtardeau (58) il se fera un grand profond courant à l'entour.

Si devant la corne, en ouvrant son écluse (75) on continue de tenir la basse ouverte, il s'y fera aussitôt un courant large et profond dont la vitesse sera augmentée ou diminuée parle plus ou moins d'ouverture de la basse écluse.

Si après tous les courants lâchés, on veut remettre tout le fossé de la ville neuve à sec, et même la plus grande partie de

94" MEMOIRE DE VAUHAN.

la corne, prenant son temps un peu devant à basse mer pour fermer les écluses (57, 75) et laissant la basse ouvwte , l'eau s'écoulera et le fossé se videra entièrement.

Si après la corne prise, il est nécessaire de jeter quelques courants dans le fossé de la ville neuve, il n'y aura qu'à tenir la basse écluse (74) ouverte, et la basse de la vieille ville (62) fer- mée, après quoy, ouvrant la grande (57) il se fera un courant, qui après avoir rempli le fossé de la dite ville jusqu'à la hauteur de 4 pieds 1/2, passera par dessus le bâtardeau qui joint la corne à la ville neuve, et prendra son cours tout le long de son fossé.

Si la corne prise, l'ennemi se met en devoir de passer le bas- tion (2) : tenant la grande écluse (57) ouverte, et levant la basse (52) il se fera un courant devant ce bastion et tout le long du fossé de la place d'autant plus rapide qu'il y aura 8, 9 à 10 pieds de pente depuis la haute écluse jusqu'à la basse, lequel courant se pourra facilement entretenir d'une marée à l'autre, comme tous les autres.

Si le bastion pris , l'ennemi se met en devoir de passer le fossé du retranchement : les deux écluses (21 , 22) étant ouver- tes et la basse (62) fermée, il y aura 8 à 9 pieds d'eau dans le fossé; mais si on ouvre la basse il s'y fera un courant aussi ra»- pide que le précédent.

Si le retranchement forcé, l'ennemi se met en devoir d'atta- quer le château et passer son fossé : ouvrant la haute écluse (76) et fermant la basse (64) il se remplira; mais, si après c^'a on ouvre toutes les deux il se fera un courant de l'un à l'autre et qui fera le tour de ce fossé sur 7 à 8 pieds de pente avec une grande rapidité.

A l'égard du fossé du donjon il y aura seulement 5 à 6 pieds d'eau, mais aussi n'esl-il pas nécessaire qu'il y en ait davantage.

On pourra faire courant à l'entour de tontes les pièces de la ville neuve avec la même facilité, et do cette fiiçon on obtiendra

MÉMOIRE DE VAUBAN. 95

aisément le service qu'on peut espérer des eaux; et cela, sans .peine, sans embarras et avec une très médiocre dépense.

LA MARINE.

La grande écluse (54) et celle du château (71) étant faites, les ^digues, jetées, fascinage, netoyement du port et du chenal ache- vés, toutes et quanles fois que l'on tiendra la grande écluse fermée, il se fera un bassin depuis le port jusques à la dite écluse il y aura ordinairement depuis 13 jusqu'à 16 pieds d'eau sur une étendue capable de contenir plus de 40 navires du port de 5 à 400 tonneaux ou autant de frégates de 20, 30 à 40 pièces de canon , pour si taillées qu'elles puissent être ; et par ce que la petite rivière Divette fournit une assez grande quantité d'eau, en faisant que les écluses soient un peu étan- chées il ne sera pas impossible d'entretenir la plénitude de ce bassin, à la hauteur des vives eaux.

Le chenal au-dessus de l'écluse, ou l'avant port, pourra aussi recevoir des vaisseaux du port de 5 à 600 tonneaux, qui est tout ce qu'on peut souhaiter d'un lieu dont le fond ni les ma- rées ne permettent pas d'en espérer davantage. Tout ceci est d'une évidence d'autant plus certaine que je ne le sais que par ce que les sondes m'en ont appris.

De ce que dessus et de toute cette disposition il résulte que un port présentement désert et sans aucun commerce, pourra devenir non seulement marchand , mais très bon et mieux situé pour la course qu'aucune autre du royaume ; d'autant que l'espace de mer qu'il y a d'ici en Angleterre forme un détroit par il faut que tout le commerce du Nord passe , à moins que de faire tout le tour de l'Ecosse qui est long et fort péril-

96 MÉMOIIIE DE VAUBAN.

leux ; d'ailleurs quand ou sort du port de Cherbourg ou n'est pas à G lieues eu mer qu'on découvre tout ce qui se passe entre l'Angleterre et nos costes ; d'où s'en suivra que si l'on tient 7 ou 8 frégates à Chei'bourg , du port de 46, 20, 2i, 30, 56 pièces de canon, bien montées, elles désoleront tout le com- merce de la Manche, et feront plus de mal aux ennemis que les 20 plus gros navires armés du royaume ; joint que tous nos marchands, et tous autres bâtiments faisant la course y trouve- ront un nouveau refuge assuré contre les mauvais temps et les ennemis.

' A

La Bibliothèque Université d'Ottawa Echéance

The Library University of Ottawa Date Due

3900 3 005 552301

(

1

CE UG 043C

.C5V3 1651

CJO VAUBAN, SEBA MEMOIRE CU M

ACC/^ 13015C6

w

a

f