Bm~/193 8~ HARVARD UNIVERSITY. LIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY / co VU MÉMOIRES COUROîNlNÉS E AUTRES MÉMOIRES, Pi>i:!.u:s PAU li ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. < OM.n:4 TBO\ LVi°-TOHF. XVII. £ BRUXELLES, M. HAYEZ. IMPRIMEUR DE l' ACADÉMIE ROYALE. MEMOIRES COURONNÉS AUTRES MÉMOIRES. MÉMOIRES COURONNÉS El AUTRES MÉMOIRES, F< DUES l'AK l'académie royale DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DK BELGIQUE. lOLLECTIO.\ IX-8.-TOMI; ÏTH. BRUXELLES, M. II AYEZ. IMPRIMEUR DE LACADÉMIE ROYALE. Juin 1865. ÉLATÉRIDES NOUVEAUX, M. E. CANDEZE, CORRESPONDANT DE L'ACADEMIE ROYALE DE BIL6IQI I . ÏOME XVII. PREFACE. Les collections entomologiques se sont enrichies, dans ces dernières années, d'un assez grand nombre d'insectes nou- veaux. Les Indes orientales, l'archipel Indien, notamment, leur ont fourni un contingent considérable, grâce aux voyages d'exploration de H. Mouhot, de MM. Wallace, de Castelnau et autres dans le Cambodje, le Laos, la presqu'île de Malacca, la Nouvelle-Guinée, certaines îles de la Malaisie et des Mo- luques, localités peu ou point connues jusqu'alors sous le rapport des productions naturelles. Parmi ces insectes, il se trouve une assez grande quantité d'Élatérides qui, parvenus en Europe après la publication des volumes de ma Monographie J, où ils auraient dû suc- cessivement prendre rang, n'y figurent pas et restent dès lors innomés. Je devais, pour me conformer à l'usage observé par la gé- néralité des monographes, faire suivre immédiatement la publication du dernier volume de mon ouvrage d'un sup- plément où ces espèces auraient été décrites; mais mon intention étant de donner, en même temps que ce supplé- ment, une révision complète de toutes les espèces que j'ai classées, en rectifiant les erreurs commises tant dans le clas- sement que dans la synonymie, j'ai remis ce travail à un autre temps, afin d'y apporter tout le soin qu'il exige. 1 Monographie des Élàtérides, t. 1-IV, 1857-1863. ( 4 ) Toutefois , les espèces inédites formant déjà une liste assez longue, j'ai cru devoir en publier sans retard les diagnoses, afin de fixer dès à présent les noms sous lesquels je les ai dé- signées dans les collections qui m'ont été communiquées, en attendant que je les décrive avec plus de détails. ÉLATÉRIDES NOUVEAUX. AGRYPNiDES Aguypnus gilvus. — Fusco-niger, aequalis, dense griseo-pubes- cens; anlennis articulo tertio quarto parum breviore; prothorace latitudine longiore, apice arcuatim angustato , basi medio tu- berculato; elytris dorso vix striatis, apice br éviter emarginatis; pedibus rufescentibus. — Long. 26, lat. 8 raill. Siam et Cambodje. Je l'ai reçu de M. de Castelnau. Il diffère des A. moeslus et son- daicuSj dont il est voisin, par les proportions du troisième article des antennes et par l'échancrure du sommet des élytres. Agrypnus rubiginosus. — Fusco-niger, subopacus , rufo-seri- cens ; antennis articulo tertio quarto breviore; protliorace lati- tudini longitndine aequali, lateribus depressis, crebre punctalo, angulis posticis acutis, divaricatis, basi medio tuberculo acumi- nato ; elytris prothorace latioribus , subtiliter striato-punctatis , apice integris. — Long. 56, lat. 12 mill. Sumatra. Du Musée de Leyde. Communiqué par M. Snellcn van Vollen- hoven. La couleur de sa pubcscencc le rend très-reconnaissable. (fi) Adeloceha sparsa. — Atra, opaca, squamis argenteis r'aris sparsa; prothorace late canaliculato latitudine haud longiore ; elytris deplanatis , sidcis tarsorum distinclis. — Long. 14, lat. 41/2 mill. Californie; Rio Sacramento. Semblable à VA. atomaria, mais plus court, bien que de même largeur; il en diffère encore par la présence de sillons tarsaux sur les flancs du prothorax. Collect. Dohrn et Schaum. Adelocera linearis. — Elongata, brunnea, subnitida , pilis subsquamifbrmibus brunneis pallidisque adspersa; prothorace oblongo-quadrato, valde convexo, subinaequali ; ely tris protho- race angustioribus , linearibus, punctatis. — Long. 15, lat. 2% mill. Caycnnc. Quoique différente de forme, cette espèce se place à la suite de VA. laticollis, dans la première section du genre. Elle fait partie de ma collection. Adelocera Maklinu. — Brunnea, parum nitida, pilis squa- miformibus fulvis minus dense vestita; prothorace latitudine longiore, antrosum arcuatim angustato, fortiter sat crebre punc- tato, postice canaliculato; elytris prothorace paulo latioribus , crebre punctatis , subsulcatis. — Long. 16, lat. 4*/2 mill. Japon. Elle vient après VA. tenebrioides , de Madagascar. Je l'ai reçue en communication de M. Mâklin, professeur de zoologie à l'uni- versité de Helsingfors. Adelocera aurulenta. — Nigra, parum nitida, pilis squami- formibus aureis adspersa ; prothorace latitudine longiore , crebre fortiterque punctato, angulis posticis divaricatis, haud cari- natis; elytris prothorace latioribus, apice suhacuminatis , dorso (7 ) subdepressis, serialim punctatis. — Long. 20, lat. 5-5 J /^ mill. Ceylan. Deux spécimens de cette espèce m'ont été envoyés par M. J. Nictner, qui les a découverts dans le tronc d'un arbre mort, à Rambodde. Adelocera lacerta. — JYigra , subopaca, pilis squami for mi- bus fuscis dense obducta ; fronte concava , cristata ; prolhorace latitudine haud longiore, basin versus courctato, pluritubercu- lalo; elytris convexis, serialim grosse punctatis. — Long. 22, lat. 7 mill. Presqu'île des Malais. Cette Adelocera est voisine de VA. cribrata l. Elle m'a été donnée par M. de Castelnau, qui l'a découverte dans les forêts du pays indiqué ci-dessus. Adelocera geographica. — JYigra, opaca , pilis squami for- mibus brunneis , griseo-cervinisque marmoratim dense obducta; fronte concava, cristata; prolhorace latitudine haud longiore, basin versus coarctato, pluriluberculalo ; elytris convexis , seria- tim grosse punctatis. — Long. 28, lat. 9 mill. Bornéo. Voisine de la précédente; distincte toutefois par la taille et les dessins que forme la vestiture écailleuse. Collect. Janson. Adelocera mamillata. — Angusta, obscure ferruginea , pilis squami for mibus aureo-jlavis ferrugineisque variegala; pro- lhorace elongato, lateribus fere parallelo , dorso bituberculalo ; 1 Cette espèce, que j'ai décrite autrefois d'après un seul exemplaire privé d'indication d'origine et en assez mauvais état de conservation, ne provient pas, comme je le supposais, de l'Amérique équatoriale, mais bien de Pouîo- Pinang, ainsi que j'ai pu m'en assurer depuis. ( 8) elytris ad suturam deplanatis, seriatim puncîatis. — Long. 12, la t. fere 5 mill. Cayenne. Faciès d'un Dilobitarsus, dû principalement aux tubercules du prolhorax. Elle fait partie de la collection de M. le comte de Mnis- zech . Adelocera pectinata. — Nigro-ferruginea, squamis aureis , obscuris pallidisque variegatim veslita; untennis maris pecli- natis ; prothorace elongato, basin versus bituberculalo ; elytris seriatim puncîatis. — Long. 14, laA. 4 mill. Cayenne. Un exemplaire communiqué par M. de Mniszech. La pectination des antennes (au moins dans l'un des sexes) est fort remarquable, et celte espèce devrait former le type d'une section à part, si d'au- tres ne présentaient des formes intermédiaires sous ce rapport. Diloditarsus cilneatus. — Brevis , nigro-brunneus , pilis squa- miformibus aureis sparsutus ; prothorace transverso, apice subito angustalo, transverse gibboso , angulis posticis haud divaricalis , aculis ; elytris dense et grosse seriatim punctatis, cuneatis, bre- vibus, basi siibtuberculatis , apice acuminatis. — Long. 10, lat. 4 mill. Cayenne. Cette espèce est voisine de Yabbreviatus ; je l'ai également reçue de M. de Mniszecb. Diloditarsus cornutus. — Lineari-elongalus, angustus, fusco- brunneus, pilis squamiformibus fulvis , nigris albisque varie- galus; fronte bicornuta; prothorace anlrorsum sensim incrassato, juxta marginem anticam bitubereulalo ; elytris brunneis } dense puncîatis. — Long. 10-10, lat. 2-ô '/a mill. Guinée. ( !» ) Espèce remarquable sous le rapport de l'habitat. Elle a tout à fait la tournure des Dilobitarsus américains et notamment du D. bidens. Un exemplaire du Vieux-Calabar m'a été communiqué par M. A. Murray; un second, mesurant le maximum de la taille indiquée ci-dessus, existe dans la collection de M. W. Saunders. Lacon cordicollis. — Brunneus, pube sericea, brunnea ci- nereaque obductus; prothorace latîtudine sublongiore , antice di- latato, obeordiformi , lateribus explanato, disco biluberculato , sparsim punctato ; elytris striato-punctatis. — Long. 14, lat. o5/'* mill. Japon. Il se place à la suite de L. sericans. Un exemplaire existe au Musée de Helsingfors. Lacon apodixus. — Elongatus, fusco-niger, pilis squamifor- mibus minutis , fulvo-cinereis , maculatim obsitus; prothorace latitudine longiore, basi apieeque angustato, grosse et con/'er- tissime punctato , medio tuberculo duplici , minutissimo , laevi, angulis anticis prominulis , posticis brevibus , truncatis; elytris prothorace latioribus, ultra médium parallelis , extrorsum for- titer, ad suturam obsolète striato-punctatis; sulcis tarsorum nullis. — Long. 18, lat. 5 mill. Luçon. Voisin du L. cervinus E. '. Lacon fibrinus. — Elongalus, fuscus, maculatim cinereo- cervino-tomentosus ; prothorace latitudine paulo longiore, basi apieeque angustato, inaequaliler cribrato, angulis posticis diva- ricatis, apice truncatis; elytris unie médium dilulatis, postice atténuât is, striato-punctatis ; sulcis tarsorum quatuor distinctis. — Long. 20, lat. 6 mill. Sumatra. '• Meiens, Beitr. z. Zool. in Acta Acad. Leop. Carol., 1 *•">'» ( 10) Voisin du lutosus Cdz., mais plus grand. 11 se trouve au Musée de Leyde. Lacon macroderus. — Brunneo-niger, pilis squamiformibus subsericeis, fulvo-cinereis , sat dense vestitus ; prothorace latitu- dini longitudine aequali, basi apiceque angustato, inaequaliter punctato, angulis posticis brevibus, laie truncatis ; elytris pro- thorace vix duplo longioribus , haud latioribus , striato-punctatis ; sidcis tarsorum nullis. — Long. 1 5-1 6 , lat. 5 mill. Batchian. Il vient à la suite du L. sericans Cdz. Lacon fuliglnosus. — Fusco-niger, pilis fuliginosis dense obsi- tus, sparsim albido-muculatus ; prothorace latiludini longi- tudine aequali, basi apiceque angustato , convexo, basi late canalicidato et utrinque impresso ; elytris elongatis , postice attenuatis, punctato substriatis. — Long. 10, lat. 43/4 mill. Japon. Les proportions du prothorax et des élytres empêcheront de le confondre avec une variété japonaise du L. murinus, dont j'ai reçu plusieurs spécimens de M. Mâklin et qui se fait remarquer par une coloration générale plus foncée que les types européens. Lacon trifasciatus. — Brunneo-ferrugineus, subnitidus , pi- lis squamiformibus brunneis fulvisque vestitus, his in elytris trifasciatim dispositis ; prothorace transverso , gibboso , apice subito angustato; elytris brevibus, convexis, seriatim punc- tatis. — Long. 3, lat. 1 */3 mill. Ceylan. Je l'ai reçu de M. J. Nietner, qui l'a capturé à Ramhodde, dans les montagnes du centre de l'île. Il se place à côté du L. nebulosus. Lacon elliensis. — Elongatus , fusco-brunneus , furrugineo- maculatus, pilis cinereo-cervinis brunneisque vestitus; /'rutile ( II ) plana; prothorace latitudini longitudine aequuli , pàrum con- vexo, angulis prominuits, posticis elongatis valde divaricatis ; elytris medio subdilatatis , apice conjunctim rotundatis. — Long. 45, lat. 5 2/s mill. Ceylan. Même provenance que le précédent. Il vient après le L. moles- tus Cdz. et en diffère, ainsi que des espèces voisines, par ses élytres sans stries. Lacon bipapulatus. — Fusco-niger, pilis subsquamiformibus obscure etpallide cinereo-cervinis dense obduclus; fronte concava; prothorace latitudine paulo longiore, apice parum angustato, medio leviter dilatato , parum convexo, médium versus bituber- culato , angulis posticis divaricatis , carinatis , apice truncatis ; elytris striis subtiiissimis remote punctatis. — Long. 16, lat. 43/4 mill. Chine. Voisin du L. desquamatus Cdz. Collection Bakewell. Lacon spurcus. — Fusco-niger, opacus, pilis squamiformibus squalidis sparsim vestitus ; prothorace latitudini longitudine subaequali, lateribus arcuato, subcrenulato , aequaliler convexo, prof'unde punctato, angulis posticis tenuibus valde divaricatis ; elytris ultra médium dilatatis, striato-punctatis , striis ad sutu- rant fere obsoletis; sulcis tarsorum îiullis. — Long. 14, lat. i'/s mill. Luçon. Voisin du L. sinensis Cdz. Collection du Musée de Leyde. Lacon glirinus. — Fusco-niger, depressus , pilis squamiformi- bus squalidis tectus ; prothorace latitudini longitudine aequali, basi apiceque angustato, late, paru in profunde medio longi- trorsùm sulcato, lateribus haud crenulato , angulis posticis fere ( lî ) redis, subacutis; elytris ultra médium parallelis, sérialim punc* latis; sulcts tarsorum nul lis. — Long. 10. lat. 5 mill. Iles Fidji. Appartient au groupe des L. sinensis, crenicollis , etc. Je l'ai reçu de M. Thorey. Lacon divaricatus. — Fuscus , pilis squamif'ormibus brumieis sparsim tectus; f'ronte plana; prothorace latitudine paulo Ion- giore , convexo , subcanaliciilato , cribrato , lateribus antice rotundatis, postice subparallelis, angulis posticis ferrugineis , divaricatis; elytris brevibus, slriato-punctatis , interstitiis inae- qualibus. — Long. 40, lat. 5 */2 mill. Australie. Cette espèce se place à la suite de Vursulus. Elle est facilement reconnaissable à la grandeur relative et à la divergence des angles postérieurs du pro thorax. Lacon Victouiae. — Fusco-niger, subopacus, pilis squami- [ormibus f'nscis obsitus; fronte convexiuscula ; prothorace lati- tudini longitudine aequali, lateribus apice arcuatis , postice parallelis, convexo, canaliculato , crebre punctato; elytris bre- vibus, antrorsum parallelis, depressis, sutura elevata, striato- punctatis. — Long. 5 , lat. 1 j/5 mill. Australie./ La plus petite espèce australienne connue. Je l'ai reçue de M. Bakewell, qui l'a trouvée, de même que la précédente , dans les environs de Melbourne. ( 13 ) MELANACTIDES. ALAOLACON (nov. gen.). — Frons convcxa, apice medio non marginata; mandibulae emarginatae;palporwn articulas tertius ovalis. Antennae brèves, 41-articulatae, articulo primo crasso, secundo minuto, globoso, tertio maximo, triangulari , sequentibus trans- versis, brevissimis , ultimo ovali. Prosternum lobatum et mucronatum , mucrone recto, suturis lateralibiis depressis, haud excavatis. Coxarum laminae lanceolatae. Pedes graciles, iarsis brevibus, simplicibus , compressis. Aloalacon cyanipennis. — Ater, opacus , incondite et dense griseo-pilosus; capite, prothorace scntelloque confertim et grosse punctatis; elytris cyaneis , nilidis, parce nicjro-pilosis , pro/unde punctato-striatis , interstitiis convexis. — Long. 25, lat. 7 J/2 miU. Presqu'île des Malais. A part la couleur des élytres , l'espèce sur laquelle ce genre est institué a tout à fait la tournure d'un Agrypnidc et plus particu- lièrement d'un Lacon. Si l'on examine les différentes pièces en particulier, on s'aperçoit qu'elle a des liens de parenté avec plu- sieurs des genres appartenant à la tribu des Mélanactidcs et à celle des Hémirhipides, sans qu'on puisse la faire entrer dans aucun d'eux. Elle constitue, à mon avis, un genre parfaitement tranché, voisin des Alitens du Cap et intermédiaire, comme ce dernier, entre les Agrypnides et les Alans. Ses mandibules échan- gées au bout Uv%mgent dans les Mélanactides. Elle a été découverte et apportée récemment en Europe par M. de Castelnau. Je l'ai vue dans sa collection , ainsi que dans celle de M. le comte de Mniszcch. ( u ). Melanactes Schaumii, — Àter, parum nitidus , glaber; protho- race longitudine latiore, rugose punclato, medio dilatato, apice arcuatim angustato ; elytris prothorace panlo angustioribus , basi tantum striatis , tenùissime seriatim punctatis , interstitiis planis, sub lente subtilissime sparsim punctulatis et retieulatis. — Long. 22, lat. 0 mill. Californie ; rives du Sacramento. Bien distinct des autres Melanactes, par sa forte ponctuation, son aspect moins luisant, ses élytres lisses, etc. II m'a été donné par M. Schaum. HÊMIRHIPIDES. Lycoreus cyclops. — Niger, tomento flavescenti nigroque va- riegatus ; prothorace longitrorsum carinato, carina nuda, plaga rotundata nigra, velutina, flavo-cincta , ornato ; elytris postice attenuatis , macula triangulari nigra velutina notatis. — Long. 55, lat. M mill. Madagascar. Les taches triangulaires des élytres ne permettront pas de con- fondre cette espèce avec aucune autre, si ce n'est avec le L. trio- cellatus, qui présente le même caractère ; mais chez le cyclops, la tache noire du prothorax est ronde , tandis qu'elle est ovale chez l'autre; en outre, la carène qui la coupe longitudinalement est ici lisse et beaucoup plus élevée. Elle fait partie de la collection de M. de Mniszech. Alaus Vollenhovenii. — Niger, pilis sqiiamiformibiis fnlvis conf'ertissime obductus; prothorace latitudine longiore, lateribus parallelo , punctis duobus nigris notato ;. elytris ultra médium ( 15 ) paraltelis , apice truncatis, macula média roiundata in utroque tiiyra; subtus flavescenti-squamosus. — Long. 28, lai. 7 mill. Célèbcs. Cette belle espèce existe dans la collection entomologique du Musée de Leyde. Sa place est dans la première section du genre. Alaus lophura. — Niger, pilis squamiformibus cervinis cer- vino-cinnamomeisque confertim obductus, plagis minutis fuscis et albicantibits adspersus; prothorace latitudine sublongiore, disco inaequali, postice medio costato; elytris brevibus, apice emarginatis; corpore subtus albicante. — Long. 26-28, lat. 10-11 mill. Cambodje et Malaisie. J'ai reçu cette espèce de M. de Castelnau , qui en a capturé lui-même plusieurs individus. Une variété, de Bornéo, apparte- nant au 31 usée de Leyde, a des marbrures blanchâtres un peu plus accusées. Sa place est à côté de VA . lacteus L. Alaus berus. — Niger, pilis squamiformibus griseo-fuscis , albidis cinereisque confertis , maculatim vestitus; prothorace latitudine longiore, basin versus coarctato , angulis posticis di- varicatis, carinatis; elytris punctato-striatis , utrinque , juxtu scutellum foveatis , apice integris. — Long. 22-50, lat. 6^/4-10 mill. Japon. Voisin de VA. Parreysii St. avec lequel il a des analogies de forme et de coloration. La petite fossette située de chaque côté de l'écusson et les élytres entières au bout le rendent facilement re- connaissante. J'en possède un exemplaire. Un autre, du Musée de Leyde, m'a été communiqué par M. Snellen van Vollenhoven. Alaus Ax\guis. — Niger} pilis squamiformibus albidis dense vestitus, fusco-variegatus ; prothorace latitudine paulo longiore, apice parum angustato , lateribns arcuato , valde convexo, pos- ( 16) tice carina média, brevi, transversa ; elytris ultra médium at- ténuait* , apice rohmdatis, punctato-striatis. — Long. 20, lai. 6 mill. Laos. Je décris cet Alaus d'après un exemplaire appartenant à M. de Mniszech. Il se range à côté de VA. cenchris, dans la deuxième section du genre. Alaus regalis. — Niger, pilis subsquamiformibus atris, seri- ceis, dense vestitus ; prothorace latitudine longiore, apice parum angustato, pilis fulvis circumcincto ; elytris basi fulvo-plagiatis, ultra médium fulvo-nebulosis , apice emarginatis. — Long. 25, lat. 7 J/a mill. Var. a. — Prothoracis elytrorumque basi flavo-pilosu . Var. 6. — Corpus totum atrum , opacum. Amboine. La variété a est de Bourou ; la variété b paraît propre à Céram. De nombreux spécimens de cette belle espèce ont été envoyés, dans ces dernières années, en Europe, par M. Wallace; elle est actuellement assez répandue clans les collections. Alaus cérastes, — Fusco-niger, squamulis nigris, fuliginosis pallidisque con/'ertissime variegatus; protorace latitudine paulo longiore, a medio angustato, depresso, medio longitrorsum ele- vatof angulis posticis carinatis, carina submarginali ; elytris basi tuberculis validis acutis, punctato-striatis , apice late emar- ginato-truncatis. — Long. 20-28, lat. (i d/2-9 mill. Batcbian. Voisin, ainsi que le précédent, de YA.Borelii Cdz. lia été trouvé par M. Wallace. Je l'ai vu dans les collections de MM. de Mniszech et Bakewell. Alaus musivatus. — Brunneo-niger , squamulis nigris, brun- neis, fuliginosis cinereisque variegatim obductus ; prothorace ( 17 ) latit naine longiore, medio leviter dilatato, longitrorsum utrinquè late subsulcalo et inaequali, postice transverse carinato ; elytris siriato-punctatis , apice emarginatis. — Long. 28 , lat. 8 mill. Java. Le type de cette espèce appartient au Musée de Hclsingfors, d'où il m'a été envoyé par M. Mâklin. Il se rapproche beaucoup du Borelii, mais les tubercules des élytres sont plus rapprochés de la base de ces organes et plus espacés entre eux. Alaus funereus. — Fuscus, squamulis fuscis, brunneis albi- disque marmoratim variegatus ; f'ronte concava; prothorace lali- tudine longiore, apice dilatato, lateribusque arcuato ; elytris ultra basin albido-squamosis, punctato-striatis , basi tuberea- latiSj apice subtruncalis. — Long. 21, lat. 6 mill. Australie. Un exemplaire de Moreton-Bay (Queensland) , dans la collection de M. Bakewell. Alaus appendiculatus. (Herbst). — Niger, pilis squamif'or- mibus albidis nigrisque tectits ; prothorace latitudine paulo longiore, depresso, angulis posticis latis, divaricatis, carinatis ; elytris sulcatis, interstitiis altemis costiformibus , apice mu- cronatis; mesosterno prominente. — Long. 25-55, lat. 7-10 mill. Alaus Roelofsii Cdz. in litt. Amboine. Je donne la diagnose de cette espèce, bien qu'elle ait été autre- fois décrite par Herbst, parce que cet auteur l'ayant par erreur indiquée comme originaire de l'Amérique, je l'ai méconnue et en- voyée à mes correspondants sous le nom d'^4. Roelofsii. J'ai eu l'occasion récemment d'examiner l'exemplaire typique de Herbst, qui se trouve au Musée de Berlin, et de constater ainsi l'identité des deux espèces. La saillie des bords de la fossette mésosternale, caractère que Tome XVII. 2 ( "8 ) cet Aluns partage avec les A. Montravelii et furinosus de la Nou- velle-Calédonie, décrits par le P. Monlrouzier, le range dans une section à part, qui se place naturellement avant celle qui renferme les Alaus américains. Alaus naja. — Niger, sabopacus , squamiilosns , punctis al- bidis plurimis adspersus ; prothorace antice dilatato , linea média impresso , rugose punctato, macula elliplica nigra, vil- losa, anguste albido-cincta , ornato; elylris tenuiter strialis, interstitiis aequalibus. — Long. 50-35, lat. 8-10 mill. Californie. Cette espèce est bien distincte de toutes les variétés de VA. ocu- latus, dont elle est, du reste, voisine. Sa teinte générale est plus noire et plus mate; ses taches blanches sont réduites à de petits points disséminés; les taches veloutées du prothorax sont plus pe- tites et à peine cerclées de blanc; les élytres sont plus atténuées en arrière et leurs stries, également espacées, sont plus fines et beaucoup moins profondes. Je l'ai reçue de M. de Bonvouloir. Calais primaria. — Brunnea , pilis squamiformibus cinereis dense vestita; prothorace subquadrato , medio longitrorsum ele- vato, quadri/'oveolato , angulis posticis divaricatis , carinatis; elytris punctato-substriatis , apice emarginatis , plagis quatuor brunneis. — Long. 52, lat. 10 mill. Cuba. Je n'ai vu qu'un spécimen mâle de cette espèce, que m'a com- muniqué M. le docteur Gundlach, de la Havane. Son système de coloration la distingue des C. patricia l et nobilis; elle diffère notamment de la première, qui est du même pays, par les fos- settes du prothorax. Tetrigus Parryi. — Fusco-niger, dense griseo - tomentosus ; 1 E la ter luscus 01. (19) antennis flabellatis, sericeis ; prothorace latitudine longiore, a basi leviter angustato; elytris tenuiter pnnctalo-substriatis , in- terstitiis rugulosis, apice acuminatis. — Long. 24, lat. G mill. Natal. Un exemplaire communiqué par 31. Parry. Il a le faciès d'un Tetralobus de petite taille. CHALCOLEPIDIIDES. Campsosternus Nietneri. — Ferrugineus, aeneo-tincius , flavo- sericeus; antennis brunneis; prothorace depresso, latitudine longiore, a basi angustato, subtiliter punctulato ; elytris sub- striatis , crebre punctulatis , apice mucronatis. — Long. 25, lat, 6 mill. Ceylan. Il m'a été envoyé de Rambodde par M. Nietner. Sa couleur insolite le rend très-reconnaissable. Campsosternus malaïsianus. — Viridis, aureo-micans , subti- liter pubescens ; antennis nigris ; prothorace utrinque deplanato, medio longitrorsum elevato, aureo et chalibeo-tincto; scutello chalibeo; elytris lineis subelevatis , sparsim punctatis, apice acuminatis; subtus densius cinereo-pubescens ; pedibus ru fis. — Long. 50 , lat. 9 mill. Poulo-Pinang. Trouvé par M. de Castelnau, qui m'en a cédé un spécimen. On le distingue aisément des autres espèces, peu nombreuses, à pattes rouges ou jaunes. ( 20 ) TETRALOBIDES. Tetralobus cylindriformis. — Parallelus , cylindricus , piceo- niger ,br éviter pilosulus ; fronte antrorsum angustata, foveolata, haud marginata ; prothorace latitudine longiore, basi angustato, canaliculato , creberrime, antrorsum fortius punctato , medio postice costato, angulis posticis divaricatis , longe carinatis ; elytris longis , parallelis , apice mucronatis, sulcis obsoletis ob- solète punctatis. — Long. 50, lat. 10 mill. Australie. Je n'ai vu qu'une femelle de cette espèce, l'une des plus remar- quables du genre, que m'a communiquée M. de Mniszech. Elle provient de l'île des Kanguroos. Sa place est à côté du T. Mur- rayi Cdz. ELAÏERIDES VRAIS. DICRÉPIDIITES. Psephus aeneolus. — Aeneo-niger, subnilidus , griseo-pilosus ; antennis nigris ; prothorace latitudine longiore, apice arcuatim angustato, convexo, punctato ; elytris brevibus, punctato-sub- striatis ; pedibus flavis. — Long. 14-12, lat. 5 mill. Vieux-Calabar. Voisin du P. brevipennis Cdz. Son reflet bronzé le fera recon- naître parmi les autres espèces du même genre. ( 21 ) ANATHESIS (nov. gen.) K — Fions antice carinata; palporum articulus tertius triangularis. Antennae brèves , llarticulatae, articulo primo mediocri, se- cundo brevi, conico , tertio parum longiore , sequentibus obtri- gonis , ultimo oblongo , acuminato. Prosternum lobatum et mucronatum, mucrone recto, suturis lateralibus apice canaliculatis. Coxarum laminae intus subito dilatatae. Pedes brèves , tarsis anticis articulis 2-4-, mediis posticisque 5-4 laminatis. Anathesis laconoides. — Brunneus, opacus , pilis squamifor- mibus cinereis fulvescentibusque sparsim et marmoratim ves- titus; prothorace latitudine longiore, apice a medio arcuatim angustato , convexo, fortiter et crebre pnnetato ; elytris antice parcdlelis, apice subacuminatis , punctato-substriatis , inter- stitiis basi rugosis; corpore subtas obscuro. — Long. 13-14, lat. 4 mill. Presqu'île des Malais. Ce genre, fondé sur la seule espèce ci-dessus, se place parmi les premiers de la sous-tribu des Dicrépidiites. L'espèce en ques- tion a plutôt la tournure d'un Agrypnide que d'un Elatéride vrai. Elle a été trouvée par M. de Castelnau. Sphenomerus Mouhotii. — Brunneo-fuscus , sordide pilosus ; fronte valde producta ; antennarum articulis 5-5 apice incras- satis, prothorace latitudini longitudine aequali , grosse et con- fertissime punctato ; elytris brunneis , punctato-substriatis , interstitiis convexiusculis. — Long. 20, lat. & mill. Siam. Trouvé par H. Mouhot à PechabUry et communiqué par M. W. Saunders. 1 Candezia Devr., Cat. 1864 ( 22 ) Sphenomiîrus brunneus. — Brunneus, subnitidus , partais pi- losus ; prothorace longitudine latiore, apice arcuatim angustato, fortiler ac dense punctato ; elytris striato-piinctatis , interstitiis planis. Long. 1 5 , lat. 4 mill. Siam. Il provient également des envois de Mouhot. Singhalenus Horsfieldii. — Angustus , brunneus, parce pi- losus; f route quadrata, convexa; prothorace latitudine paulo (o)Kjiore, convexo, punctato, auguiis posticis vix divaricatis; elytris antice parallelis, seriatim punctis majoribus quadratis notalis ; pedibus ru fis. — Long. d5, lat. 5 mill. Hindoustan. Un exemplaire provenant de Poonah, dans la présidence de Bombay, se trouve dans ma collection ; d'autres existent dans la collection du Musée indien, à Londres. Elils umoilicatus. — Ellipticus , brutitieus , fulvo-pilosus ; antennis villosis ; prothorace latitudini longitudine aequali , a basi leviter angustato, convexo, punctis umbilicatis crebre ad- sperso ; elytris punctato-slriatis , interstitiis convexis ; pedibus ru fis. — Long. 15, lat. 4 mill. Singapore. J'en possède un exemplaire que m'a donné M. le comte de Castelnau. Anoplischius clavus. — Custaneus , nitidus, parce sat longe pilosus ; antennis modice elongatis; prothorace trapeziformi , s par sim punctato ; elytris prothorace triplo longioribtis, conicis, apice acuminatis, punctato-substriatis. — Long. 4 8, lat. 4d/2 mil. Cayenne. Musée de Stockholm. VA. clavus appartient à la même section que Yhaematomus et espèces voisines. ( 23 ) Anoplischius kuficeps. — Fusais, parum nitidus, longe /lavo- pubescens; f route raja; prothorace a basi atlemiato , erebre for- tlterque punctato ; elytris ru fis , sutura late margineque laterali aigris; pedibus rufis. — Long. 7, lat. 2 mill. Cuba. Cotte espèce se place à la suite de VA. lineipennis Cdz. EUDACTYLITES. Eudactylus alboguttatus. — Niger, tenuitet pubescens; an- tennis basi /lavis; fronte lutea; prothorace a basi attenuato, erebre punctato , angulis posticis acutis, luteis ; elytris punctato- striatis, margine laterali guttaque subapicali albicantib us ; pe- dibus pallidis. — Long. 7, lat. 2 mill. Cayenne. Cette jolie espèce vient après YE. albipes Cdz. Eudactylus Grandinii. — Luteus, nitidus, glaber ; antennis , basi excepta, nigris ; prothorace latitudine paulo longiore, apice arcuatim angustato, sparsim punctato, nigro-quadrimaculato ; scutello nigro; elytris punctato-substriatis , média parte postica nigro-cinctis. — Long. 20, lat. 5 mill. Mexique. Ce bel Élatéride a tout à fait le faciès d'un Semiotus, de même que XE. abdominalis, à côté duquel il se place. Je l'ai reçu de M. Grandin de l'Éprevier, à qui je le dédie. MELANTHOIDES (nov. gen.) — Frotis plana, porrecta; pal- porum articulus tertius obovatus. Antennae brèves, 1 1 articulatae , articulo primo oblongo , se- cutulo brevi, reliquis triangularibus. Prosternum lobatum, mucrone recto , suturis lateralibus sim- plicibus fere rectis, nec dilatatis nec cunaliculatis. ( 24 ) Mesosternî fossulae margi nés parum porrectae. Coxarum posticarum laminae intus subito dilatatae. Tarsi brèves, articulis triangulariter dilatatis, quarto lami- nato , quinto brevi , unguiculis gracilibus. Melanthoides latimanus. — Depressus , niger, griseo-pubes- ccns ; prothorace oblongo , basi apiceque angustato, crebre punc- tato , angulis posticis extrorsum flexis , acute carinalis ; elytris ilorso deplanaiis, striis anguslis punctulatis ; pedibus flavis. — Long. 10, lat. 2 lk mil]. Grancl-Bassam. Cette espèce fait partie de ma collection. Pachyderes apicalis. — Coccineus , parum nitidus, puberufa obductus ; antennis nigris, pectinatis (à') ; prothorace latissimo crebre punctato , antice lateribus arcuato , angulis posticis longe porrectis , acutissimis , nigris; elytris striis grosse punclatis, interstitiis tertio et quinto subelevatis , tertia parte postica nigra, apice emarginatis. — Long. 42, lat. (proth.) 5, (elytr.) Simili. Presqu'île des Malais. Voisin du P. coccineus, mais s'en distinguant, entre autres caractères, par la couleur rouge de la tête et du dessous du corps. Je l'ai reçu de M. de Castelnau. MONOCREPIDIITES. Moisocrepidius sericeus. — Brunneus , pube sericea rufescente vestitus; prothorace latitudine longiore, a basi arcuatim angus- tato, crebre inaequaliter punctato, medio nigricante; elytris brevibus, striis tenuibus ptmctatis, obscure nigro-plagiatis. — Long. 20, lat. 5 mill. Cayenne. Musée de Stockholm. Il vient à la suite du M. parlitus Cdz. ( 23 ) Monockepidius umbraculatus. — Brunneus , pube grisea dense obditclîts; prothoracc latitudine paulo longiore, apice leviter angustato, crebre aequaliter punctato, angulis posticis relrorsum productis, acide carinalis; elytris punctato-substriatis , apice laie emarginatiSf nigricantibus , fascia lata obliqua média pla- gaque apiccdi, parum distinclis , brunneis ; pedibus palliais. — Long. 8,lat. Simili. Nouvelle-Guinée. Trouvé à Dcrey, par M. Wallace, et communiqué par M. Saun- ders. Il se place parmi les espèces australiennes. Moixocrepidius fasciatus. — Fusco-brunneus , parum nitidus, pubescens ; prothorace latitudine longiore, basi apiceque angus- tato, crebre, profunde et aequaliter punctato, angulis posticis divaricatis, flavis; elytris ultra médium parallelis , punctato- striatis, plaga oblonga antica alteraque apicali rufescentibus , fascia média albo pilosa ; antennarum articulo primo pedibusque flavis. — Long. 7, lat. l2/3mill. Bornéo. Trouvé à Sarawak par M. Wallace. Aeolus bifasciatus. — Niger, tenuiter pubescens ; prothorace latitudine longiore, apice leviter angustato, aequaliter punctato , ruf'o ; elytris profunde punctato-striatis , puncto basali fasciisque duabus undatis ultra médium, postica lineari, ru fis; antennis pedibusque flavis. — Long. 6 Va» lat- * 2/3 miîl- Rio-Janeiro. Voisin del'4. sexnotulatus Cdz. Aeolus stolatus. — Niger, flavo-jmbescens ; prothorace lati- tudine paulo longiore, apice leviter angustato, for titer punctato , margine late rufo-testaceo; elytris depressiusculis , punctato- ( 26 ) striatis, laie luleo-circunicinctis; antennis pedibusque /lavis. — Long. 14-16, lat. 5 72-4 mill. Caracas. Par sa taille, sa forme générale, etc., cette espèce se place à roté des A. Leprieuri, Irachypygns , etc. Heteroderes atlanticus. — Depressus , par um nitidus , niger, cinereo-pubëscens ; prothorace longitudine paulo latiore , apice (éviter angustato , angulis anticis rufo-tinctis, posticis tenuibus, acutis, vix apice divaricatis; elytris punctato - striatis , inter- stitiis convexiusculis , lateribus saepe brunnescentibus ; antennis pedibusque brunneis. — Long. 8-40, lat. 2J/2-25/4 mill. Açores. Cette espèce est fort voisine de Y H. rafangulus Gyl. Heteroderes pusillus. — Fuscus, griseo-pubescens ; protho- race longitudine paulo latiore, depresso, apice tantum angus- tato, dupliciter punctato, angulis posticis flavescentibus ; elytris brevibus, deplanatis , punctato-slriatis , macuiis testaceis , saepe obsoletis, quatuor posticis; antennis pedibusque testaceis. — Long. 4 , lat. 4 */4 m^- Nouvelle-Guinée. Trouvé à Derey par M. Wallace. PHYSOUOIJMTES. Ajmchastus terminatus. — Niger, nitidus, tenuiler pubescens ; prothorace latitudine haud longiore, sparsim aequaliter punc- tato, sanguineo, angulis posticis haud divaricatis , unicarinatis ; elytris profunde punctato-slriatis, apice flavis; antennis, cor- pore subtus pedibusque ru fis, metathorace nigricante. — Long. 8, lat, l3/4 mill. La Guadeloupe. Cet Anchaslus appartient a la première section et vient à la suite de VA. rufiventris Cdz. de Cuba. ( 27 ) Anchastus suturalis. — Subdepressus , brunneo-niger, nitidus, fulvo-pubescens ; prothorace longitudine latiore, lateribus ar- cuato, sparsim punctato, angulis posticis retrorsum productis, brevibus, bicarinatis; elytris a basi attenuatis, subtiliter punc- lato-striatis, sutura ru fa. — Long. 5, lat. 1 '/a mill. Mexique. Communiqué par M. Salle , qui l'a trouvé dans les environs de Véra-Cruz. Anchastus nigriceps. ■ — Brunneus, subnitidus, fulvo-pubes- cens; prothorace latitudine paulo loncjiore , a basi angustato, angulis posticis acutis , bicarinatis ; elytris punctato-subslriatis, marginibus nigricantibus ; corpore subtus, antennis pedibusque obscur is. — Long. 10, lat. 25/4mill. Java. Du Musée de Leyde. Il est voisin de VA. rufivellus Cdz. Anchastus infumatus. — Fuscus, dense, sat longe flavo-pubes- cens;fronte testacea; prothorace a basi angustato , indistincte punctulato , margine postica testacea; elytris punctato - sir iatis, singulatim testaceo-marginatis ; antennis obscuris, pedibus pal- liais. — Long. 4, lat. 1 mill. Ceylan. Trouvé à Rambodde par M. J. Nietner. Anchastus sericeus. — Ru fus , pube fulva , sericea, vestitus; prothorace transverso y apice valde angustato, lateribus arcuatis, angulis posticis retrorsum productis, bicarinatis ; elytris latius- culis, punctato-striatis ; subtus infuscato , pedibus fia vis. — Long. 6 4/2, lat. 2 mill. Bornéo. Trouvé à Sarawak par M. Wallace. Anchastus venustulus. — Ru fus , nititus, pube fulva, sericea ( 28 ) vestitus; prolhorace apice arcuatim angustato, lateribus arcuatis, punctis umbilicatis notatis; elytris nigris , punctato-striatis ; antennis obscuris , pedibus /lavis. — Long. 5, lat. 1 d/2 mi^- Bornéo. Trouvé également à Sarawak par le même voyageur. Anchastus lateralis. — Ru fus , pube fulva, subsericea , ves- titus; prolhorace longitudine latiore , lateribus arcuatis, dense fortiterque punclatis; elytris striis subtilibus indistincte punc- tatis et apice obsolelis ; antennis obsuris, subtus pedibusque ru fis — Long. 8, lat. 2 72 mill. Siam. Trouvé à Pechabury par Mouhot. Les élytres de cette espèce sont sujettes à passer au noir. Anchastus longicornis. — Fus eus , subopacus, cinereo-pilo- sus ; antennis testaceis, dimidio corporis longioribus ; protho- race a basi angustato, lateribus vix arcuatis, punctis umbilicatis notatis; elytris margine basali testaceo-tinctis , punctato-striatis, rugosis ; pedibus testaceis. — Long. 5, lat. 4 l/% mill. Nouvelle-Guinée. Trouvé à Derey par M. Wallace. ÉLATÉRITES. Drasterius praeses. — Brunneo-niger, sparsim brevissime pilosulus ; prothorace latitudine longiore, basin versus angus- tato, parcius punctato , angulis posticis haud divaricatis, acute carinatis; elytris prothorace duplo longioribus , lateribus ar- cuatis, concinne et profunde punctato-striatis, interstitiis ru- gosis, convexis; corpore subtus brunneo; pedibus rufis. — Long. 10, lat. 5 mill. Californie. Un exemplaire trouvé sur les bords du Sacramento et eominii- ( 29 ) nique par 31. Schaum. Il se place à côté des D. comis et lirais. C'est le plus grand du genre. Elater azurescens. — Niger, nitidus, azureo-micans , pube nigra, longiuscula, erecta, obductus; prothorace a basi arcua- tim angustato , subtiliter punctato, haiid canalicidato ; elytris obscure coccineis, punctato-striatis , immaculatis. — Long. 14, lat. 5 mill. Japon. Communiqué par M. Mâklin. Il se distingue, au premier abord, de toutes les espèces européennes à élytres rouges, à côté des- quelles il se place, par la finesse de la ponctuation du prothorax et son reflet azuré, qui apparaît surtout lorsqu'il est éclairé par le soleil. Elater coccineus. — Niger, nitidus , parce nigro-pubeseens ; prothorace transverso , a basi angustato, medio sulcato, lateribus coccineo ; elytris ultra médium parallelis , profunde punctato- sulcatis, coccineis, sutura nigra, coccineo-pubescentibus. — Long. 14, lat. 4 mill. Indes orientales. Un exemplaire de cette belle espèce fait partie de la collection de M. de Mniszech. Il ne porte pas d'indication d'origine plus précise que celle que je donne ci-dessus. Megapenthes opaculus. — Cinnamomeus , opacus , griseo-pi- losus; fronte depressa, fortiter punctata; antennis pallidioribus, dimidio corporis longioribus ; prothorace latitudine longiore , a basi angustato , fortiter punctato , angulis posticis bicarinatis; elytris a basi attenuatis , profunde punctato-striatis , interstitiis crebre punctatis. — Long. 8, lat. 2 mill. Cuba ; la Havane. Communiqué par MM. le docteur Gundlach et Riehl. ( 30) Megapenthes taeniatus. — Obscure testaceus, opacus, fulvo- pilosus; fronte depressa, fort lier punctata; antennis obscur is ; prothorace latitudine haud longiore, a basi angustato , crebre fortiterque punctato; elyfris depressiusculis , punctato-striatis , interstitiis crebre punctatis, nigris , vitta lata filava; corpore subtus obscuro, pedibus flavis. — Long. 7, lat. fcre 2 mill. Cuba ; la Havane. Communiqué par M. le docteur Gundlach. Megapenthes corrosus. — Niger, opacus, br éviter pi losulus; fronte lata, convexa, punctata; antennis brunneis ; prothorace crasso, creberrime fortiter que punctato , angulis posticis retror- sum productis, bicarinatis; elytris punctato-substriatis , in- terstitiis granulatis , basi ferrugineo-submaculatis ; pedibus brunneis. — Long. 15, lat. 53/4 mill. Bengale. Megapenthes agrotus. — Brunneus , opacus, tenuiter pu- bescens; antennis nigris; prothorace latitudine longiore , postice subparallelo , convexo, creberrime subtiliter punctato, angulis posticis retrorsum productis bicarinatis, sutura postice rufes- cente; elytris prothoracis latitudine, brevibus , parallelis, apice integris, punctato-striatis, interstitiis granulatis, basi rufescen- tibus;epipleuris ru fo- flavis. — Long. 8-9, lat. fere 2 mill. Cambodje. Megapenthes linearis. — Angustus, linearis , rufo - testaceus , subopacus , subtiliter pubescens ; fronte basi nigricante ; protho- race latitudine longiore, lateribus parallelis , punctato, angulis posticis haud divaricatis , unicarinatis ; elytris prothorace duplo longioribus, linearibus, punctato-striatis , apice integris. — Long. 5, lat. 1 mill. Darjeeling. Megapenthes junceus. — Testaceo-ferrugineus , nitidus, favo- ( 31 ) pubescens ; fronte minus convexa; antennis concoloribuê; pro- thorace latitudine longiore, apice tantum angustato, sublifiier puncluto, angulis posticis bicarinalis, vix divarieatis; cl y Iris ultra médium attenuatis, apice emarginatis, striis tenuissimis punclatis; pedibus obscur is. — Long. 12, lat. 2^ mill. Manille. Megapenthes agriotides. — Castaneus , fiavo-sericeus ; [roule convexiuscula , margine antica reflexa; prothorace latitudine sesqui longiore, apice angustato , lenuiter, lateribus fortius punctalo, angulis posticis acule bicarinalis, apice subdivaricatis ; elytris ultra médium attenuatis, punctato-striatis , emarginatis, basi rufo-tinctis ; corpore sublus obscuriore , pedibus brvnneis. — Long. 44, lat. 3 mill. Nouvelle-Guinée ; Dercy. Megapenthes apicatus. — Niger, nilidus, pube obscura vesti- tus; fronte planiusculu ; antennis serrai is; prothorace latitudine paulo longiore, antice, a basi subarcuatim angustato, parum convexo, punclis umbilicalis sat dense adsperso , angulis posticis retrorsum produclis , acule carinalis ; elytris a basi attenuatis, apice integris, punclalo-siriatis , ru fis, apice nigricanlibus ; pe- dibus brunneis. — Long. 10, lat. 2 */o mill. Australie orientale; rivière des Cygnes. Megapenthes rufipes. — Niger, nitidus, nigro-pilosulus; fronte convexiuscida; prothorace latitudine longiore, a basi an- gustato, depressiusculo , sat dense punctalo, angulis posticis retrorsum produclis, acule carinalis; elytris depressis, a basi attenuatis, punctato-striatis, apice integris; antennis pedi- busque ru fis. — Long. 15, lat. 3 mill. Australie; Adélaïde. Melanoxanthus kifasciatus. — Fusco-brunneus, subopacus , pube flavescenti longiuscula sut dense vestilus; fronte (ongitror- ( 32) sum carinata; prothorace laiitudine paulo longiore, a basi an- gustato, crebre fortiterque punctato, angulis posticis relrorsum productis, acutis, bicarinalis ; elytris brevibus, punctato-striatis , gratiulatis, ferrugineis, fasciis duabus fusco-brunneis. — Long, d 0-1 2, lat. 5-5 l/3 mill. Presqu'île des Malais. Trouvé par M. de Castelnau. Melanoxanthus epitrotus. — Fnsco brunneus, dense pubes- cens; prothorace latitudine vix longiore, crebre punctato, postice canaliculato , angulis posticis retror sum productis , acutis, cari- natis; elytris atlenuatis, punctato-substriatis , interstitiis rugose punctatis, plaga basali rufo-testacea; pedibus flavo-rufis. — Long. 8-10, lat. 2 '/a - 2 2/5 mill. Var. a. Plaga elytrorum obsoleta. Var. b. Rufescens , elytris saepe rufo-testaceis. Singapore. Melanoxanthus vittatus. — firunneus, concinne flavo-pubes- cens; prothorace latitudine paulo longiore, convexo, crebrius punctato, postice canaliculato ; elytris atlenuatis, punctato-sub- striatis, interstitiis rugose punctatis , plaga basali viltaque la- terali flavis ; pedibus flavis. — Long. 8, lat. 2 */2 mill. Bornéo. Cette espèce m'avait paru, au premier abord, n'être qu'une variété de la précédente; mais un examen attentif m'a convaincu qu'elle constitue une espèce distincte. Elle a été trouvée par M. Wallace, à Sarawack. Melaaoxanthus guttulatus. — Niger, opacus, pube obscur a vestitus; antennis nigris, basi ru fis; prothorace latitudine haud longiore, cr eber rime punctato , guttulis quatuor angulisque pos- ticis flavis; elytris punctato-substriatis, interstitiis rugulosis, (35) guttula basali, duubus obliquis ante médium, altéra subapicali majore flavis; pedibus pallidis. — Long. 5, lat. \ ljz mill. Bornéo. Melanoxanthus quadrillim. — Niger, subnitidus , dense fla- vido-pubescens ; antennis elongatis, rufis ; prothorace longitu- dine latiore, a basi angustato, spafsim punctato, angulis posticis flavis; elytris minus attenuatis , punctato-striatis , ma- culis quatuor magnis flavis; pedibus dilute flavis. — Long. 3-4, lat. 1-1 */4 mill. Bornéo. Melanoxanthus flavangulus. — Angustus , niger , opacus, griseo-pubescens ; antennis brunneis; prothorace latitudine lon- giore, convexo, crebre fortiterque punctato, a?igulis posticis flavescentibus; elytris prothorace subangustioribus , a basi atte- nuatis, punctato-striatis , interstitiis rugosis, humeris saepe flavo tinctis; pedibus flavis. — Long. 4, lat. vix 1 mill. Bornéo. Melanoxanthus cuneatus. — Niger, parum nitidus, griseo- pubescens; prothorace latitudine vix longiore , apice angustato, crebre punctato; elytris brevibus, attenuatis, punctato-striatis , interstitiis rugosis, vitta lata flava notatis; pedibus flavis. — Long. 5-6, lat. 1 */a mill. Bornéo. Melanoxanthus physorhinulus. — Ëlongatus , brunne us , pa- rum nitidus, flavo-pubescens ; fronte subacuminata ; prothorace elongato, tenuiter canaliculato , creberrime punctato; elytris punctato-striatis , vittis interruptis basalibus, plagaque ovata subapicali nigro-marginata, flavis ; antennis obscuris, pedibus flavis. — Long. 7, lat. 1 2/3 mill. Ceylan. Melanoxanthus dolosus. — Niger, parum nitidus, griseo-pu- Tome XVII. 5 ( 34 ) bescens ; prothorace latitudine paulo longiore, a basi angustato , fbrtiter punciato , basi angulisque posticis f'ulvis; elytris punc- tato-striatis, interstitiis rugose punctatis, margine basali fulva; antennis pedibusque f'ulvis. — Long. 7-8, lat. 1 2/3 mill. Ccylan. Melanoxanthus inflexus. — Niger y nitidus, parum pubescens; antennis nigris ; prothorace latitudine vix longiore, convexo, apice angustato, sparsim punctato; elytris punctato-striatis, vitta flava ultra médium extrorsum inflexa, notatis; pedibus obscuris. — Long. 5, lat. 1 {k mill. Ceylan. Melanoxanthus litura. — Niger, parum nitidus, tenuiler griseo-pubescens ; antennis nigris ; prothorace latitudine paulo longiore, laleribus subparallelo, apice tanlum angustato , punc- tato, angulis posticis flavis ; elytris punctato-striatis , flavis , apice, sutura vittaque abbreviata nigris ; pedibus obscuris. — Long. 4, lat. 4 mill. Ceylan. Melanoxanthus signatus. — Niger, parum nitidus, flavo-pu- bescens; antennis ru fis; prothorace latitudine longiore, a basi angustato, sparsim punctato , postice canaliculato , angulis pos- licis flavis; elytris punctato-striatis , flavis, puncto marginali ultra médium apiceque nigris; pedibus flavis. — Long. 6, lat 1 l/z mill. Ceylan. Ces cinq dernières espèces m'ont été données par M. Nietner, qui les a capturées aux environs de son habitation, à Rambodde. Melanoxanthus cobrella. — Niger, subnitidu s, parce griseo- pubescens; antennis nigris, incrassutis; prothorace longitudine paulo latiore, convexo, fortiter punctato , angulis posticis flavis; ( 53 ) eiytris brevibus, striato-punctatis , sutura basi fasciaque média (lavis; pedibus bbscuris. — Long. 3, lat. vix 1 mill. Hindoustan. Melanoxanïhus aldofasciatus. — Angustus, subcylindricus , niger, subopacus, obscure pubescens ; antennis nigris; prothorace elongato, lateribus parallelo , crebre fortiterque punctato , medio subsulcato, angulis posticis flavis; eiytris punctato-substriatis , guttula basait fasciaque angusta ultra médium albidis; pedibus albicanti flavis. — Long. 6, lat. 1 */3 mill. Ceylan ; Colombo. Melanoxanthus subcylindricus. — Angustus y subcylindricus , niger, subopacus, obscure pubescens ; prothorace elongato , late- ribus parallelo, valde convexo , punctato; eiytris prothorace haud duplo longioribus , punctato-substriatis , interstitiis rugu- losis , puncto basait alteroque ultra médium albido- flavis; pedi- bus flavis, femoribus obscuris. — Long. 6, lat. 4 d/3 m^- Batchian. Melanoxanthus quadrinotatus. — Latiuscuius , niger, opacus obscure pubescens; antennis nigris, basi ru fis ; prothorace la- tiludine paulo longiore, apice arcuatim angustato , conferlissime punctato , rufo, vitta média nigra ; eiytris prothorace augustio- ribus, punctato- striatis , interstitiis rugosis, plaga basali alte- raque média obliqua rufis; antepectore pedibusque ru fis. — Long. 6 , lat. \ 3/4 mill. Célèbes. Melanoxanthus rufinus. — Brunneus, opacUs, tenuiter pu- bescens; antennis nigris , basi rufis ; prothorace latitudine haud longiore, crebre punctato, rufo; eiytris brevibus, punclato- striatis, interstitiis rugose punctatis; pedibus flavis. — Long. 4 72-5,lat. 1 mill. Célèbes. ( 56 ) Melanoxanthus pusillus. — Angustus, flavescens, opacus , te?iuiter pubescens ; prothorace latitudine paulo longiore, a basi angustato, crebre punctato ; elytris attenuatis , panctalo-slriatis, interstitiis rugulosis ; pedibus flavis. — Long. 5, lat. 2/s mill. Célèbes. Ces quatre espèces proviennent des chasses de M. Wallace. Melanoxanthus promecus. — Elongatus , niger, nitidus, sub- tiliter pubescens ; prothorace elongato, a basi angustato, crebre punctato, lateribus late fulvis; elytris a basi attenuatis , apice emarginatis , plaga humerali fulva notatis. — Long. 16-17, lat. 4 mill. Manille. Cette belle espèce, la plus grande du genre, a été envoyée, dans ces dernières années, en Europe, par M. Semper. Melanoxanthus abyssinus. — Niger, opacus, pubescens; fronte aciiminata , carinata; antennis serratis; prothorace latitudine vix longiore, a basi angustato, crebre fortiterque punctato, late- ribus flavis; elytris profunde punctato- striatis , interstitiis ru- gosis , flavis, apice nigris ; antepectore epipleurisque flavis. — Long. 8, lat. 2 mill. Abyssinie. Même coloration que le M. melanocephalus , mais distinct par plusieurs caractères, notamment par la ponctuation beaucoup plus forte. Je l'ai reçu de M. de Bonvouloir. Melanoxanthus bilunatus. — Niger, subopacus , pubescens, prothorace latitudine haud longiore, a basi angustato , punctis umbilicalis notato , angulis posticis rufescentibus; elytris atte- nuatis, punctato-substriatis , interstitiis basi rugosis, plaga dis- coidali oblotiga pallide testacea ; pedibus brunneis. — Long. 4, lat. 1 7 POMACHILII 1 ES. Deromecus suturalis. — Elongatus, niger, nitidi(s, griseo- pubescens; fronte antice rufescente ; antennis brunneis , articulo secundo tertio breviore ; prothorace latitudine longiore , subcy- lindrico, medio postice deplanato , crebre punctato, lateribus testaceis , angulis posticis longis, valde divaricalis ; elytris pro- thorace latioribus , parallelis , striis subtilibus punctatis , testa- ceis, sutura laie brunnea; corpore subtus brunneo, pedibits testaceis, tarsorum articulo quarto precedenti paulo breviore. — Long. 14, lat. 5 mill. Chili. Il appartient à la même division que le D. vulgaris Sol. HESCHATROXUS (nov. gen.). — Caput parvum, fronte breviter carinata • antennae crassae, Harticulatae, articulo secundo mi- nutissimo , tertio triangulari, ultimo integro; palporum arli- culus tertius oblongus, truncatus. Prothorax brevis. Elytra longa, parallela, apice late emarginata. Prosternum lobatum et mucronatum , suturis lateralibus fere redis, simplicibus, haud canaliculatis. Coxae posticae extrorsum sensim attenuatae. Pedes tarsis brevibus , articulo primo tribus sequentibus ac- quali , quarto cordiformi bilobo. Ce genre est spécialement caractérisé, dans le groupe actuel, par la conformation du quatrième article des tarses. Heschatroxus holosericeus. — Parallelus, rufo-testacetts , pu- bescens; antennis nigris; prothorace subquadrato, convexo, subtilissime punctulato, pube holosericea flâna vestito; elytris prothorace fere qtiadruplo longioribus, parallelis, concinne punc- tato - striatis , apice late emarginatis, sutura, niargine externa ( 58 ) apiceque nigris; pedîbus nigris basi ru fis. — Long. 11-12, lat. 274mill. Moluques. Trouvé par M. Wallace. CRYPTOHYPNITES. Monadicus brunnipennis. — Niger, nitidus, cinereo-pilosulus ; antennis brunneis, basi ru fis ; prothorace transverso , medio longitrorsum carinato , subgranulato , margine antica ru fa, la- teribus linea elevata marginato ; elytris prothorace latioribus , striatis, striis vix distincte punctulatis , brunneis, humeris api- ceque dilutioribus. — Long. 3 , lat. 1 x\z mill. Cayenne. Cryptohypnus squamifer. — Brevis, opacus, squamis brunneis albidisque variegatus ; prothorace lato, albido, plaga média brunnea; elytris prothorace angustioribus , vix duplo longio- ribus , apice acuminatis, profunde sulcatis , brunneis, costis basi, fasciis duabus apiceque albido-squamosis ; corpore subtus pedibusque testaceo-rufis. — Long. 3, lat. \ {/4 mill. Para. Par son prosternum très-large, cette petite espèce appartient bien réellement à la tribu des Cryptohypnites. Elle a le faciès, sauf sa vestiture écailleuse , des espèces du genre où je l'ai placée ; mais le seul exemplaire que j'aie à ma disposition étant privé de ses tarses, je ne puis m'assurer s'il convient de l'y laisser. Cryptohypnus Bruckii. — Fulvo-testaceus, flavo-pubescens ; antetinis crassis ; prothorace aequaliter punctato , basi coarclalo , angulis posticis brevibus, haud divaricatis; elytris striatis, striis interstitiisque punctatis ; pedibus validis. — Long, (a") fi, lat. 1 V2 mi,l«; (9) ,0> te*- S1/4 mill- Pvrcnées. ( 39) Cette espèce remarquable par sa taille, sa couleur, la dissem- blance des deux sexes , a été trouvée par M. Vom Bruck au Vernct et dans les environs de Bagnières. Sa place est à la suite des C. hyperboreus et depressus. Crvptohypnus fasciatus. — Depressus, ruf'o-testaceus , subni- iidits, cinereo-pubescens ; prothorace transverso, a basi angus- lato, lateribus arcuato, subtilissime punctato , aûgulis posiieis carinatis , carina dimidio prothoracis aequali ; elytris thoracis latitudine , vix distincte striatis, regione scutellari fasciaque média obscaris. — Long. 3, lat. 1 mill. Bornéo. CARDIOPHORITES. Coptostethus guttatds. — Niger, nitidus , sparsim cinereo- pubescens; prothorace globoso, subtilissime punctato; elytris prothorace angustioribus, brevibus, haud striatis, tenuiter punc- tatis , linea basali, puncto ante médium maculaque quadrata marginali ante apicem albido - flavis ; pedibus testaceis, femo- ribus obscuris. — Long. 4, lat. 1 {j$ mill. Cap. Le genre Coptostethus n'est pas exclusivement propre aux îles Canaries, ainsi qu'on l'a cru jusqu'ici. Nul doute que d'autres espèces, de différentes parties du continent africain, ne viennent par la suite s'adjoindre à celle-ci. Cardiophorus carduelis. — Niger, pubescens ; prothorace ru/o , inaequaliter punctato, piinctis majoribus umbilicatis ; elytris a basi attenuatis , punctato-substriatis, fascia arcuata antica al- teraque transversa ultra médium luteis; pedibus nigris. — Long. 8, lat. 14/2mill. Singapore. Voisin de Yanaticus , mais plus grand, la fascie antérieure des élytres arquée et partant de la pointe de l'écusson. Trouvé par M. de Castelnau. (•40) Cardiophorus obliquus. — Niger, griseo-pubescens ; protho- race latitudini longitudine aequali, lateribus parum arcuato , subaequaliter punctato ; elytris prothorace latioribus , depressis , striis fortiter punctatis , vitta brevi obliqua ab humeris macu- laque elliptica postica flavis ; antennis nigris , pedibus pallidis ; unguibus simplicibus. — Long. 5 '/a, lat. 1 */2 mill. Ceylan. Trouvé aux environs de Rambodde par M. Nietner. Cardiophorus basilaris. — Brevis,compactus,brunneo-niger, griseo-pubescens; prothorace subquadrato , tenuiter aequali- terque punctato; elytris prothorace haud duplo longioribus , punctalo-striatis , puncto nitido basali rufo-luteo; unguibus sim- plicibus. — Long. 4-6, lat. \ t/s-i {\z mill. Cap. Cette espèce se place à côté du C. colon Er. Je l'ai reçue de M. de Castelnau. Cardiophorus signatus. — Niger, subopacus, pube griseo- brunnea vestitus; antennis nigris ; prothorace longitudine paulo latiore , basi apiceque angustato, convexo, creberrime subtiliter punctato; elytris pwictalo-slriatis , f'asciis duabus arcuatis fla- vis; tibiis larsisque rufo-testaceis ; unguibus simplicibus. — Long. 7, lat. 2 mill. Californie. Un exemplaire provenant des bords du Sacramento et commu- niqué par M. Schaum. Cardiophorus aptopoides. — Niger, nitidus, griseo-pilosulus; prothorace latitudine longiore , lateribus antice arcuato , inordi- nate punctato y rufo, plaga média nigra; elytris prothorace latio- ribus , parallelis , sulcis profuude punctatis, vilta dorsali aurantiaca; unguiculis scu simplicibus seu dentatis. — Long. 7'/2 lot. 272mill. ( 41 ) Il a la tournure d'un Aptopus, mais ses ongles ne sont pas pec- tines. Toutefois il présente cette particularité, que je n'ai encore observée chez aucune autre espèce, d'avoir les ongles tantôt simples, tantôt fortement dentés. Ce fait, quoique exceptionnel, montre le peu de valeur du caractère en question. Ce Cardiophorus remarquable provient des terres chaudes du district de Cinaloa, au Mexique. Cardiophorus floridae. — Fuscus, sat dense griseo-pubescetis ; proihorace lalitudine paulo longiore, a medio sensim angustato , creberrime aequaliterque punctato ; elytris prothorace latioribus, postice attenualis, punctato-striatis , interstitiis convexis , brun- neis; unguiculis simplicibus. — Long. 74/2, lat. 2 mill. Floride. J'en ai vu plusieurs spécimens, pris à Sl-John's-Bluf, dans la collection de 31. Bakewell. Cardiophorus soricinus. — Niger, dense fusco-pubescens; an- tennarum articulo primo teslaceo ; prothorace lalitudine haud longiore , basi apieeque angustato, punctulato, vitta média late- ribvsque cinereo-pubescentibus ; elytris brevibus , punctato-stria- tis, basi, fascia média apieeque cinereo-pubescentibus ; tibiis testaceis; unguiculis simplicibus. — Long. 3 */2, lat. 1 mill. Birman. Trouvé par Helfer et communiqué par M. Boheman. Musée de Stockholm. Cardiophorus chloroticus. — Dilute flavus, flavo-pubescens , oculis nigris ; prothorace subquadrato, dupliciier punctato; elytris prothorace latioribus , a basi attenualis , parum convexis, punctato- striatis; unguiculis simplicibus. — Long. 4, lat. 1 mill. Afrique australe; Ovaherero. Trouvé aux environs du Swakop par Wahlberg. Musée de Stockholm. ( 42 ) Cardiophorus Wahlbergii. — Brunneo-testaceus, brevitergriseo- pubescens ; prolhorace latitudini longitudine aequali, basi api- ceque angustato, confertissime, aequaliler tenuiterque punclato, sulcis basalibus redis; elytris prothorace lalioribus , depressis , punclato-striatis , brunneis , plaga oblonga humerait lestacea; unguiculis dentatis. — Long. 6, lat. \ 2/3 miJl. Afrique australe. Découverte par Wahlberg sur les bords du lac N'Gami. Cardiophorus Damara. — Brunneus, nitidus , griseo-pubes- cens; prothorace latiludini longitudine aequali, basi apiceque angustato , confertim dupliciter punclato, sulcis basalibus bre- vissimis; elytris prothorace paulo lalioribus, parallelis, pro- fonde punctato-striatis, basi rufo-tactis ; antennis pedibusque rufescentibus. — Long. 10, lat. 2*/2 mill. Afrique australe. Découverte par Wahlberg dans les environs du fleuve Swakop. Il fait, ainsi que les précédents, partie du Musée entomologique de Stockholm. Cardiophorus spissus. — Crassus , subcylindricus , fuscus, prothorace longitudine paulo latiore, apice leviter dilalato , con- vexo, aequaliler punclato, sulcis basalibus brevissimis; elytris profunde punctato-striatis, basi sanguineo- tinetîs ; unguiculis dentatis. — Long. 10, lat. 23/4mill. Madras. Il se place à côté du C. comptus Cdz. Cardiophorus Helferi. — Depressiusculus, niger, nitidus, griseo-pubescens ; prothorace longitudine paulo latiore, basi api- ceque angustato, lateribus arcuato, aequaliter tenuiterque punc- lato, sulcis basalibus fere nullis ; elytris an te basin subdilatatis , ( 43 ) punctato- substriatis ; trochanteribus tibiisque testaceis ; ungui- culis dentatis. — Long. 5, Iat. 1 lfa mill. Birman. Découvert par Helfer. Sa place est à la suite du C.javanus Cdz. Cardiophorus nothus. — Fusco-niger , dense et incondite f'ulvo-pubescens ; prothorace latitudine longiore, milice a medio angastato, subtiliter aequaliterque punctato, sulcis basalibus distinctis; elytris prothorace latioribus, pitnctato-striatis , in- terstitiis convexis; pedibus brunneis, unguiculis dentatis. — Long. 8 , lat. 2 mill. Japon. Cette espèce, par son faciès, dû surtout à l'allongement et la forme cylindrique du prothorax, se rapproche des espèces in- diennes qui terminent le genre (C. gangeticus , oxypterus , etc.). D'un autre côté, sa ponctuation simple et égale l'unit aux types européens et sibériens. Par ses caractères, aussi bien que par son habitat, elle forme donc la transition entre ces deux groupes d'espèces. Je l'ai reçue de M. Maklin. (Musée de Helsingfors.) Cardiotarsus ciliatus. — Crassus, fnscns, pube f'ulva snbse- ricea vestitus; [route apice incurvata; antennis obscaris ; pro- thorace longitudine paulo latiore , basi apiceque angastato 9 lateribus arcuato, dupliciter punctato ; elytris dorso depressius- culis dilutioribusque , slriis f'ortiter punctatis , marginibus ci- liatis; pedibus flavis; unguiculis simplicibus. — Long. 6, lat. \ 3/4 mill. Bornéo. Cardiotarsus crocipes. — Niger, griseo-pubescens; antennis brunneis; prothorace longitudine vix latiore , basi apiceque an- gustato, subtilissime aequaliter punctulato ; elytris depressius- culis, punctato - striatis , interstitiis suhconvexis, rugulosis; ( 44 ) pedibus croceis; unguiculis simplicibus. — Long. 8, lat. 21/* milL Cap. Donné par M. de Castelnau. Triplonvchus fulvus. — Fulvo-brunneus , fulvo-pubescens ; prothorace latitudine paulo longiore, apice arcuatim angustato, inaequaliter punctato, medio lateribusque infuscato; elylris prothorace haud latioribus, ultra médium attenuatis , apice acuminatis , sulcis punctatis , margine laterali nigricante; cor- pore subtus f'usco , pedibus fïavis. — Long. 13, lat. 51/2 miH- Para. Découvert par M. Bâtes. Triplonychus cingulatus. — Rufb-testaceus } breviter pubes- cens; oculis nigris; prothorace subquadrato , tenuissime punc- tato; elytris striis punctatis, carina laterali, fascia arcuata nigra médium versus notatis. — Long. 4, lat. \ l/i mill. Venezuela. Horistonotus elisus. — Depressus, niger, nitidus , f'ere glaber; prothorace longitudine paulo latiore , medio subdilatato , parum convexo , dupliciter tenuissime punctato; elytris punctato -stria- lis, humeris sanguineo-plagiatis ; antennis, pedibus abdomi- neque ru fis. — Long. 5 , lat. 1 2/3 mill. Australie. Un exemplaire de Victoria, communiqué par M. Vom Bruck. Horistonotus lenis. — Niger, subnitidus, dense fulvo-pubes- cens ; prothorace latitudini longitudine subaequali , basi api- ceque angustato, inaequaliter et confertim punctato; elytris punctato-striatis , plaga basait apiceque rufis ; antennis pedi- busque rufis. — Long. 5, lat. l2/s. Australie. ( 48 ) Horistonotus xantbomus. — Niger, nitidus, parce pubescens ; protltorace antrorsum dilatato , longitudini latitudine aequali , vix pitnctulato; elytris parallelis , punctato-striatis , plaga hu- mer ali laete latea notatis; tarsis testaceis. — Long, a */2, lat. 1 1/s. Australie. Horistonotus divisus. — Depressus, niger, nitidus, parce pubescem; prothorace ante médium dilatato, longitudini latitu- dine aequali, vix punctulato; elytris parallelis, punctato-striatis, laete luteis , puncto humerait ac tertia parte postica nigris; an- tennis tibiis tarsisque testaceis, Mis apice nigris. — Long. 5, lat. 1 */2 mill. Australie. Cette espèce et les deux qui précèdent ont été découvertes par M. Bakewell , dans le district de Victoria. Horistonotus humilis. — Fusco -niger, parum nitidus, pube obscure grisea sparsim obductus; prothorace longitudine paulo latiore, basi apiceque angustalo , subtilissime punctulato , an- glais posticis ru fis; elytris brevibus, lateribus arcuatis , punc- tato-striatis; antennarum basi pedibusque ru fis. — Long. 6, lat. fcre 2 mill. Tasmanie. Ces cinq espèces ont les crochets des tarses dentés et se placent à la suite de Y H. australis Cdz. MELANOTITES. Diploconus spiloderus. — Castaneus , fulvo - pilosus ; fronte porrecta, grosse punctata; antennis serratis; prothorace latitu- dine haud longiore , a basi angustato, medio laie canaliculato , antrorsum grosse, postice subtilius punctato, sanguineo, dorso vitta lata nigra; elytris punctato-striatis , interstitiis rugose punctatis, apice integris. — Long. 20, lat. G mill. Presqu'île des Malais. ( 46 ) Cette espèce, la plus grande du genre, a été prise assez abon- damment par M. de Castelnau. Diploconus melanopterus — Niger, parce pubescens; protho- race latitudine vix longiore , rufo-sanguineo , nitido, apice for - titer, basi subtilissime parciusque punctato, canaliculato ; elytris profunde punctato - striatis , parum nitidis , apice integris; pedibus ru fis. — Long. 11, lat. 3 mill. Sumatra. Je n'en ai vu qu'un exemplaire appartenant au Musée de Leyde. Diploconus ambustus. — Brunneus , parce brunneo-pilosulus ; fronte porrecta, fortiter punctata ; prothorace elongato , medio canaliculato , sparsim punctato; elytris striato-punctatis ; apice emarginatis ; pedibus ru fis. — Long. 12, lat. 2 '/a mill. Sumatra. Collection entomologique du Musée de Leyde. Diploconus erythropus. — Niger, nitidus , brunneo-pilosulus ; fronte minus prominente; prothorace latitudine longiore, medio canaliculato , crebrius punctato ; elytris striato-punctatis, apice emarginatis j pedibus sanguineis. — Long. 13, lat. 3 mill. Ternate. Cette espèce a une variété rougeâtre. Elle existe au Musée de Leyde et dans ma collection. Je l'ai reçue, ainsi que les deux qui précèdent, de M. Snellen van Vollenhoven. Diploconus erytronotus. — Brunneus , nitidus, pilosulus; fronte fortiter punctata, minus prominente ; prothorace longi- tudine sublatiore, apice arcuatim angustato, medio canaliculato, sparsim punctato , sanguineo; elytris punctato-substriatis , apice integris. — Long. 8, lat. 2 mill. Luçon. Communiqué par M. Dohrn. ( 47 ) Diploconus ciprinus. — Rufo-ferrugineus , parum nitidus, pube sericea , f'ulvo-grisea lectus; prolhorace latitudine paulo longiore, a basi angitstato , creberrime punctato; elytris elon- gatis, punctato-striatis, apice integris; antennis, corpore subtus pedibusque concoloribus. — Long. 15, lat. 33/4 mill. Luçon. Cette espèce a été découverte par M. Semper. Melanotus invectitius. — Niger, parum nitidus, sat dense fulvo-pubescens ; antennis bmmneis, articulis 2 et 3 parvis, sub- aequalibus ; prothorace longitndine paulo latiore , a basi angns- tato, convexo, punctis umbilicatis confertim adsperso; elytris punctato-striatis , interstitiis snbconvexis , rugosis, punclatis; pedibus fuscis. — Long. 10, lat. 2 f/â mill. Japon. Un exemplaire (a*) communiqué par M. Màklin. Il a la tour- nure, en raccourci, du M. niger, mais il est moins opaque, plus pubescent, les antennes et les pattes sont autrement colorées, etc. Melanotus senilis. — Niger, parum nitidus, pube albicanti longiuscula dense vestitus; prothorace latitudini longitudine aequali, apice angustato , creberrime et fortiter punctato , sulcis basalibus latis , angulis posticis subdivaricatis ; elytris prolho- race paulo latioribus, ultra médium parallelis, punctato-striatis, interstitiis punctatis ; antennis pedibusque brunneis. — Long. 1 3, lat. 3 */2 mill. Japon. Cette espèce se place à la suite de la précédente; elle fait partie, comme elle, du Musée de Helsingfors. Melanotus restrictus. — Niger, parum fiitidus, cinereo-pu- bescens; antennis serratis, articulo tertio secundo sesqui lon- giore; prothorace latitudine longiore, apice a medio arcuatim angustato, crebre fortiterque punctato, laie parum profunde ( «) canaliculato , sulcis basalibus obliquis; elytris striis subtilibits punctatis, interstitiis planis , transverse rugulosis; pedibus nigris. — Long. 1 7, lat. 4 ~°k mill. Japon. Cette espèce se place à côté du M. Cete Cdz., auquel il ressemble, mais il est plus ponctué, plus mat; son prothorax est propro- tionnellement plus allongé. Melanotus annosus. — Niger, subnitidus , cinereo-pubescens ; prothorace latitudine haud longiore, a medio arcuatim angus- tato, fortiter, irregulariter, minus dense punctato, angulis pos- ticis divaricatis , br éviter carinatis, sulcis basalibus obliquis; elytris elongatis, ultra médium parallelis, striis subtilibus punctatis, interstitiis planis, sparsim punctatis; antennis pe- dibusque ru fis. — Long. 14 , lat. olfe mill. Japon. 11 se place à côté du rufipes Hbst. Je le tiens, ainsi que le pré- cédent, de M. Snellen van Vollenhoven. Melanotus correctus. — Niger, parum nitidus, dense griseo- pubescens; antennis serratis ; prothorace longitudini latitudine aequali, a basi angustato, lateribus subangulatis , parum con- vexo, punctis umbilicatis confertim adsperso , sulcis basalibus rèctis , angulis posticis haud divaricatis ; elytris elongatis, punc- tato-striatis, interstitiis punctatis; antennis pedibusque fuscis. — Long. \ 5 , lat. fere 4 mill. Japon. Voisin du M. legalus Cdz. Je l'ai reçu de M. Maklin. Melanotus albivellus. — Rujo-ferrugineus , parum nitidus, albo-pilosus ; prothorace longitudine paulo latiore, apice ar- cuatim angustato, parum convexo, fortiter punctato; elytris prothorace haud latioribus , a basi attenuatis, punctato-substria- (49) tis, /lavis, auguste nigro-çinctis ; pedibus rufescentibus. — Long. 14, lat. 4 mil]. Java. Melanotus mpunctatus. — Fusco-niger, nitidus, griseo-pilo- sulus ; anlennarum articulis 2 et o aequalibus, quarto con- junctis minoribus; prothorace longitudine latiore, apice subito angustato, lateribus angulatis, sparsim fortiter punctato, an- gulis posticis retrorsum productis , acute carinatis ; elytris elon- gatis, punctato - substriatis , puncto humerali rufo; pedibus rufo-brunneis. — Long. 14, lat. 5 mill. Java. Ces deux espèces font partie de ma collection. Melanotus carinatus. — Obscure f'errugineus, nitidus, longe cinereo-pilosus ; antennarum articulis % et 3 aequalibus , quarto conjunctis haud longioribus ; prothorace longitudine paulo la- tiore, apice arcuatim angustato , antrorsum fortiter basi par dus subtiliusque punctato, angulis posticis retrorsum productis, longe acuteque carinatis; elytris punctato-striatis , interstitiis externis convexis. — Long. 40, lat. 23/4 mill. Sumatra. Donné par M. Snellen van Vollenhoven. ATHOITES. Limonius discicollis. — Niger, nitidus; pube longiuscula, flavo-brunnea tectus ; prothorace latitudine haud longiore, basi apiceque angustato, crebre et fortiter punctato , rufo, vitta fu- siformi nigra; elytris punctato-striatis, interstitiis rugose punctatis; pedibus rufis, femoribus obscuris. —Long. 5, lat. 1 */4 mill. Californie. Cette petite espèce, qui provient des bords du Sacramento, Tome XVII. 4 ( 30 ) se range à coté des L. omululus et humeralis ; elle ressemble, à s'y méprendre, à un Cardiophorus , et notamment à un petit spécimen du C. discicollis. Je l'ai reçue en communication de M. Schaum. Atiious limomifohmis. — Testaceus , subnitidus , dense, longe et incondite flavo-pilosulus ; anlennis (o*) dimidto eorporis lon- gioribus, serrutis, articulo tertio quarto aeqiiali; prothorace quadrato, punctato, ungulis posticis «cutis, brevibus, carinalis ; elytris prothorace luiioribus, punctalo-slriatis, inlerslitiis ru- gosis; tarsorum articulo quarto precedenti paulo breviore. — Long. 8-9, la t. \ 3/4-2 mill. Toscane. Cet Athous se place à la suite de Valgirinus Cdz., dans la pre- mière section, sous-section I , du genre. Les exemplaires que j'ai reçus de M. Dolirn proviennent des environs de Pise. Athous lonc.icoknis. — Elongatus, depressus, testaceus, tenuiler pubescens; anlennis (°") dimidio eorporis longioribus, fil i for - mibus, articula tertio quarto breviore; prothorace sut>quadrato , deplanato, basi coarclato, lateribus marginato, tenuiler sat dense punctato, angulis posticis brevibus, extrorsum flexis; elytris prothorace lalioribus , elongalis, parallelis, subtiliter punctato-striatis , inlerstiliis planis, punctalis; pedibus longis, tarsis simplicibus. — Long. 15, lat. 5 mill. Pyrénées orientales. Athous pyraeneus. — Elongatus, depressus, fusco-casta- neus, cinereo - pubescens ; antennis elongatis , articulo tertio quarto breviore ; prothorace quadrato, basi anguslato, inaequa- liler punctato , angulis posticis extrorsum fexis; elytris elon- galis, parallelis, subtiliter punctato-striatis , interstitiis planis punctatis; pedibus longis, tarsis semplicibus. — Long. 10-12, lat. 2«/9-3mïU. Pyrénées orientales. ( W ) Ces deux espèces sont voisines et se placent à la suite de VA. tauricus Cdz. Elles ont été rencontrées au Vernct par M. Vom Bruck. Athous ciiloroticus — Elongalus, pallide ferrugineo-testa- ceus, flavo-pubescens ; antennis longis, linearibus; prolhorace / mill. Gayenne. Ce Pyrophorus est voisin du nictitans lllig. , mais il est pins robuste et surtout plus large; sa pubescence rs(, jaune et non gri- sâtre ou cendrée comme chez ce dernier. J'en possède un exem- plaire dans ma collection. HELIGMUS (nov. gen.). — Caput minusculum, fronte subqua- drata, concava, apice medio non marginata; oculi globosi ; mandibulae falcatae, apice emarginatae; palporum articulas ultimus parvus , truncatus, Antennae brèves, 1 2-articulatae , articulo primo conico, se- cundo minimo , sequentibus lamellatis, duodecimo minuto, truncato. Prothorax vesiculis destitutus. Elytra la la. Prosternant Inhalant el miicronalum, suturis lateralibus réé- lis, duplîcibus , apice canaliculatis. Coxae posticae angustae, extrorsum sensim attenuatae. Pedes tarsis simplicibus. Heligmus glyphoderus. Niger, opacus, pubescens; protho- raee flavo, transverso, medio sulcato , laleribus bifoveolato , an- gulis poslicis divaricatis; elytris prothoraee latioribus, ultra médium purullclis, sulcutis, creherrime punctatis ; pedibus flavis, tarsis nigris. — Long. I<*>, lat. ->'/•" nu"- Brésil. Cet insecte, que j'ai vu dans la collection de M. de Mniszeeh a, à première vue, l'aspect d'un Campylide; toutefois, un examen - attentif démontre qu'il doit être rapproché des Pyrophorus. Son prothorax est, à la vérité, dépourvu de vésicules phosphoriqucs; mais si l'on regarde avec soin la base de ses angles postérieurs, on aperçoit un espace lisse et dénué de points, ce qui frappe d'autant plus que ceux-ci sont très-denses partout ailleurs : on y voit en outre, par transparence, deux petites niasses opaqu- g. I est donc probable que cet insecte jouit, pendant la vie, de la propriété d'émettre de la lumière, comme les Pyrophot CORY3IBITITES. Corymbites sélectes. — Aeneo-fuseus 9 tenuiter fulvo-pubes- cens; antennis mgris ; prothoro.ee latitudine longiore, basi api- ceque angustato, suleato, erebre punctato, angulis y graeilibus, divarieatis, earinatis; ely tris ultra médium parai- lelis, puhctato-striatis ; pedSbuê ïaeie rufis. — Long. 16, lat. 4 H- Bengale. Cette espèce se place auprès du D. ceylanicus Cdz. RECAPITULATION DES ESPÈCES NOMMÉES DANS CET OPUSCULE. AGRYPNIDES. Agrypnus gilvus Siam. — rubiginosus Sumatra. Adélocera sparsa Californie. — linearis Cayenne. — Màklinii Japon. — aurulenta Ceylan. — lacerta Malacca. — geographica Bornéo. — mamillata Cayenne. — pectinata — Dilobitarsus cuneatus . . — — cornutus Guinée. Lacon cordicollis Japon. — apodixus , Luçon. — fibrinus Sumatra. — macroderus Batchian. — fuliginosus Japon. — trifasciatus Ceylan. — elliensis — — bipapulatus -, . Chine. — spurcus Luçon. — glirinus Iles Fidji. — divaricatus Australie. — Victoriae — 58 ) MELANAGTIDES. Alaolacon cyanipennis Malacca. Melanactes Schaumii Californie. HEMIRHIPIDES. Lycoreus cyclops Madagascar. Alaus Vollenhovenii Célèbes. — lophura Cambodje. — berus Japon. — anguis Laos. — regalis Moluques. — cérastes Batchian. — musivatus Java. — funereus Queensland. — appendiculatus Amboine. — naja Californie. Calais primaria Cuba. Telrigus Parryi Cafrerie CHALCOLÉPIDIIDES. Campsosternus Nietneri Ceylan. — Malaïsianus Poulo-Pinang. TETRALOB1DES. Telralobus cylindriformis Iles des Kangourous. ÉLATÉRIDES VRAIS. DICRÉPIDIITES. Psephus aeneolus Vieux-Calabar. Anathesis laconoides Malacca. Sphenomerus Mouholii Siam. ( 59 DICBÉ1>IDIITKS (SUlte). Sphenomerus brunneus Siain. Singhalenus Horsfieldii Poonali. Elius umbilicalus . Singapore. Anoplischius clavus Cayenne. — ruficeps Cuba. EUDACTYLITES. Eudactylus albogultatus Cayenne. — Grandinii Mexique. Melanthoides latimanus Grand-Bassani. Pachyderes apicalis Malacca. MONOCREPIDIITES. Monocrepidius sericeus Cayenne. — umbraculalus Nouvelle-Guinée — fasciatus Bornéo. Aeolus bifasciatus Rio-Janeiro. — stolatus Caracas. Heteroderes atlanticus Açores. — pusillus Nouvelle-Guinée. PHYSORHIN1TES. Anchastus terminalus Guadeloupe. — suturai is Mexique. — nigriceps Java. — infumatus Ceylan. — sericeus Bornéo. — venustulus — — lateralis. . . Siam. — longicornis Nouvel le-Guiné ELATERITES. Drasterius praeses Californi Elater azurescens Japon. ( 60) «LATÉRITES (suite). Elater coccineus Indes orientales. Mega peu thés opaculus Cuba. — taeniatus — — corrosus Bengale. — agrotus Cambodje. — linearis Darjeeling. — junceus Manille. — agriotides Nouvelle-Guinée. — apicatas Swan-River. — rufipes Adélaïde. Melanoxanthus hifaciatus Malacca. — epitrotus Singapore. — vitlatus ....... Bornéo. — guttulatus — — quadrillum — — flavangulus — — cuneatus — — physorhinulus Ceylan. — dolosus — — inflexus — — litura — — signatus — — . cobrella Hindoustan. — albofasciatus Ceylan. — subeylindricus Batchian. — quadrinotatus Célèbes. — rufinus — — pusillus — — promecus Luçon. — abyssinus Àbyssinie. — bilunalus Gabon. POMACHII.1ITES. Deromecus suluralis Chili. Heschatroxus holosericeus Moluques. (fil ) CRYPTOHYPNITES. Monadicus brunnipennis Cayenne. Cryptoliypnus squamifer Para. — Bruckii Pyrénées. — fasciatus Bornéo. CAKDIOPHORITES. Coptostethus guttatus Cap. Cardiophorus carduelis Singapore. — obliquus Ceylan. — basilaris Cap. signatus Californie. — aptopoides ........ Mexique. — Floridae Floride. — soricinus Birman. — chloroticus Ovaherero. — Walbergii Cafrerie. — damara Ovaherero. — spissus Coromandel. — Helferi Birman — nothus Japon. Cardiotarsus cilialus Bornéo. — crocipes Cap. Triplonychus fulvus Para. — cingulatus Venezuela. Horislonotus elisus Victoria. — lenis — — xanthomus — — divisus — — humilis Tasmanie. MELANOT1TES. Diploconus spiloderus . . . . . . \ . Malacca. — melanopterus Sumatra. — ambustus — — erythropus Ternate. — erythronotus Luçon. ( 62) MÉLANOTITES {siti(c). Diploconus ciprinus Luron. Melanotus invectitius Japon. — senilis — — restrictus — — annosus — — correctus — .— albivellus Java. — bipunctatus — — carinatus Sumatra. ATHOITES. Limonius discicollis Californie. Athous limoniiformis Toscane. — longicornis Pyrénées. — pyraeneus — — chloroticus Portugal. PYROPHOR1TES. Pyrophorus bifossulatus Pérou. — melanoxanthus Venezuela. — fulgurans Cayenne. Heligmus glyphoderus Brésil. CORYMBITITES. Corymbites selectus Japon. — luzonicus Luçon. — cirratipilis Malacca. Chrosis barbata Australie. — aeneola Nouvelle-Zélande. ASAPHITES. Asaphes hirtus Californie. 03 ALLOTRIITES. Penia fulva Java. LCDIITES. Ludius lucidus Java. — sericans Ceylan. — ater Californie. CAMPYLIDES. Dicronychus cinnamomeus Bengale. FIN. SUR UN NOUVEAU CHRONOSCOPE ÉLECTRIQUE A CYLINDRE TOURNANT, FONDÉ SUR L'EMPLOI DU DIAPASON; H. VALERIUS, PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE GAND. Tome XVII. SUR UN NOUVEAU CHRONOSCOPE ÉLECTRIQUE A CYLINDRE TOURNANT, FONDÉ SUR LEMPLOI DU DIAPASON. Les seuls chronoscopes électriques à cylindre tournant dont on ait fait usage jusqu'ici consistent essentiellement en un cylindre divisé sur son contour en parties égales, et auquel on imprime, à l'aide d'un mécanisme convenable , un mouvement rapide et uni- forme de rotation autour de son axe. On fait marquer sur la sur- face de ce cylindre, recouverte d'une mince couche de noir de fu- mée, des traits correspondants aux instants précis de l'arrivée de deux événements successifs et très-rap proches. Il est clair alors que, pour déterminer le temps écoulé entre les deux événements, il suffira, connaissant la durée d'une révolution du cylindre, de compter le nombre de divisions comprises entre les deux traits et de diviser ce nombre par le nombre total des divisions du cylin- dre : la fraction ainsi obtenue exprimera le temps cherché, en fonction de la durée d'une révolution du cylindre prise pour unité. A la vérité, dans les chronoscopes électriques, les traits ne sont jamais tracés à l'instant précis de chaque événement, mais toujours un peu plus tard. Cette circonstance toutefois ne nuit en rien à ( 4 ) l'exactitude du procédé, parce qu'il suffit de faire eu sorte que les retards deviennent les mêmes pour tous les traits. La grande difficulté à vaincre dans la construction des chrono- scopes électriques à cylindre tournant consiste à réaliser le mou- vement uniforme dont on a besoin. Plusieurs physiciens, M. le professeur Gloesener entre autres, sont parvenus à la surmonter, mais en ayant recours à des mécanismes assez compliqués et par suite sujets à de fréquents dérangements, surtout lorsqu'il s'agit de longues séries d'expériences. Il résulte de là que la chrono- scopie électrique aurait tout avantage à pouvoir se passer de ce mouvement uniforme si difficile à réaliser. Pour atteindre ce but , un officier de l'armée française, M. E. Schultz, a eu le premier l'idée de faire usage du diapason (1). Le principe de l'emploi du diapason dans les chronoseopes élec- triques est des plus simples. Concevons, en effet, un cylindre dis- posé exactement eomme celui du vibroscope de M. Kœnig, c'est- à-dire un cylindre horizontal de deux ou trois décimètres de longueur, auquel on puisse imprimer à la fois un mouvement de rotation et un mouvement de translation dans le sens de son axe. Devant ce cylindre, dont on enveloppe la surface convexe d'une feuille de papier qu'on recouvre d'une mince couche de noir de fumée, disposons un diapason dont on connaisse exactement le nombre de vibrations par seconde et par suite la durée exacte d'une vibration simple. Pour fixer les idées , supposons qu'on se serve du diapason normal qui donne huit cent soixante et dix vibrations simples par seconde et fait par conséquent une vibration simple en llmc de seconde. Fixons, à l'extrémité libre dune des branches de ce diapason, un style et plaçons le diapason de ma- lt) Mémoire sur un projet de chronographe électrique fondé sur l'emploi du diapason. (Paris, 1859, librairie militaire, maritime et polytechnique de Corréard.) Ce travail est peu connu, puisqu'il n'est même pas cité dans les ou- vrages spéciaux, tels que le Traité général des applications de l'électricité, par M. Gloesener, traité publié en 1861. Moi-même je n'en ai eu connaissance que grâce à M. le professeur Melsens , et cela au moment où j'allais lui remet- tre, avec prière de la communiquer à l'Académie, une note contenant la des- cription de mon chronoscope fondé sur le même principe que celui de M. Schultz. ( » ) nière que le style, touchant légèrement la surface du cylindre, se meuve, pendant la vibration du diapason, à peu près parallèle- ment aux génératrices du cylindre , c'est-à-dire dans le sens hori- zontal. Puis, à l'aide d'un archet ou de tout autre moyen, mettons le diapason en vibration et faisons tourner le cylindre, à la main ou autrement, avec une vitesse convenable, mais qui n'a pas besoin d'être uniforme. On sait que le style, s'il est bien con- struit et bien disposé, trace alors sur le noir de fumée du cylindre tournant une suite de courbes en S, qui sont des sinusoïdes, distribuées sur une hélice dont le pas est égal à celui de la vis du cylindre. Chacune des moitiés d'une de ces sinusoïdes est le tracé d'une vibration simple du diapason. La longueur de chaque branche de sinusoïde est évidemment proportionnelle à la vitesse de rotation du cylindre, au moment du tracé de cette branche, et il suffît d'une vitesse très-modérée pour obtenir, à l'aide du diapason normal, des sinusoïdes dont chaque branche ait une longueur de quatre à cinq millimètres et plus. Avec des diapasons plus graves, on obtient des courbes beaucoup plus longues. Mais, pour le but que nous avons en vue, nous préférons les diapasons à sons aigus donnant des courbes de deux à cinq millimètres. La durée des vibrations de ces diapasons étant toujours très-petite, on peut, sans erreur sensible, supposer uniforme le mouvement du cylindre pendant le tracé de deux branches de sinusoïde qui se suivent, et par conséquent, pour obtenir la longueur d'une de ces branches, on peut prendre la distance des deux points qui cor- respondent aux écarts extrêmes du style dans les deux vibrations simples que l'on considère. M. Schultz préfère prendre pour me- sure de cette même longueur la distance entre les deux points d'intersection de la branche de sinusoïde avec l'hélice moyenne , c'est-à-dire avec l'hélice que trace le style lorsqu'on fait tourner le cylindre sans avoir mis préalablement le diapason en vibration. 3ïais nous verrons plus loin que le premier procédé de mesure, quand on opère au moyen du cathétomètre, doit donner une exac- titude aussi grande que la méthode de M. Schultz, qui, d'ailleurs, n'est applicable que dans le cas où l'on fait usage de styles métal- liques. (6) Dans ce qui précède, nous avons raisonné implicitement sur des courbes tracées quelques instants après le commencement de la rotation du cylindre. En effet, les courbes que le style trace à l'origine du mouvement sont serrées, irrégulières et très-petites, à cause de la trop faible vitesse du cylindre et de l'accélération rapide du mouvement. Il en est de même des courbes tracées quel- ques instants avant la cessation du mouvement du cylindre : elles ne peuvent pas servir au but que nous nous proposons, pas plus que celles qui sont tracées à l'origine delà rotation. Quoi qu'il en soit, il est clair que si nous supposons de nouveau qu'on opère au moyen du diapason normal, le temps exigé pour le tracé complet d'une demi-sinusoïde sera égal à '/870e de seconde et que nous pourrons prendre pour mesure de ce temps la dis- tance qui sépare les deux extrémités de la courbe. En outre, il est évident que le temps nécessaire au tracé d'une partie quelconque de cette même courbe sera égal à une fraction de [l870e de seconde ayant pour numérateur la projection de la portion de courbe sur l'hélice moyenne et pour dénominateur la longueur de la courbe mesurée sur la même hélice. Cela posé, on voit que pour pouvoir mesurer le temps très-court écoulé entre deux événements suc- cessifs, il suffirait qu'on pût faire marquer, sur les courbes que trace le diapason, un premier point à l'instant du premier événe- ment et un second point à l'arrivée de l'autre, puis de mesurer la distance de ces deux marques. Dans son mémoire cité plus haut, M. Schullz décrit un projet d'appareil pour atteindre ce but; mais, autant que nous sachions, cet appareil n'a jamais été exé- cuté '. 11 présente, d'ailleurs, comme je vais le montrer, de nombreux inconvénients qui s'opposeraient complètement à son emploi. 1 Depuis la présentation de cette note, j'ai appris de M. le professeur Mel- sens que, non-seulement M. Scbultz avait fait exécuter son appareil, mais encore qu'avec le concours de M. Lissajous, il l'avait notablement modifié et perfectionné. En présence de ce renseignement, je crois devoir faire remar- quer, d'une manière expresse, que mes observations se rapportent à l'appareil primitif de M. Schultz et non au chronoseope modifié dont il s'agit et dont la description n'a pas encore été publiée. ( 7 ) Comme la plupart des chronoscopes électriques, celui de M. Schultz a été imaginé pour servir aux expériences de balis- tique, c'est-à-dire pour déterminer les durées des trajets d'un pro- jectile entre des points de sa trajectoire aussi rapprochés qu'on le voudra et espacés sur tout le parcours du projectile. L'appareil se compose essentiellement : 1° d'un cylindre horizontal de laiton dont la surface est garnie dune feuille de papier recouverte de noir de fumée et auquel on imprime un double mouvement de rotation et de translation à l'aide d'un mécanisme ordinaire de tournebroche; 2° d'un diapason dont la pointe traçante est for- mée d'une lame d'or terminée en pointe fine vers le cylindre. Le mouvement de vibration du diapason est entretenu au moyen d'un système de deux électro-aimants activés par un seul élément de Daniell ; 5° d'une bobine de Ruhmkorff, dont le fil fin communique, d'une part, avec le cylindre tournant et, d'autre part, avec le diapason, qui doit être isolé, tandis que le gros fil, ou fil inducteur, est en communication avec une pile de Bunsen et une cible dis- jonctrice que le projectile vient traverser à un instant donné. A ce moment, le courant inducteur se trouvant interrompu, le courant induit direct donne une étincelle qui perce le papier dont la surface du cylindre est garnie : on a ainsi la marque de l'instant initial du temps à mesurer; 4° d'une cible con- jonctrice placée à la suite de la cible disjonctrice et disposée de manière à fermer de nouveau le courant inducteur aussitôt que le projectile la traverse et déchire le fil de soie qui y est tendu; 5° dune seconde cible disjonctrice, placée également sur la trajec- toire du projectile à une distance connue de la première cible dis- jonctrice : lorsque le projectile traverse cette seconde cible dis- jonctrice, il se produit une nouvelle étincelle d'induction qui marque, sur le papier du cylindre tournant, l'instant final du temps à mesurer, c'est-à-dire du temps que le projectile a employé à franchir l'intervalle entre les deux cibles disjonctrices ; 6° d'un micromètre destiné à mesurer la distance entre les deux marques produites par les étincelles d'induction et la longueur de la demi- sinusoïde qui correspond à ces marques, longueur qui représente la durée d'une vibration simplo du diapason. ( 8 ) Voici maintenant les défauts que présente, selons nous, l'ap- pareil dont nous venons de donner une idée. 1° Il nous paraît trop compliqué pour pouvoir servir utilement dans la pratique. 2° Les pointes métalliques tracent mal sur des cylindres, parce que ceux-ci n'ont jamais rigoureusement le même diamètre dans toute leur longueur et, l'eussent-ils, le tracé serait encore en gé- néral mauvais à cause des inégalités inévitables dans le papier. De plus, elles donnent beaucoup de frottement, et par suite, arrête- raient très-vite les vibrations du diapason, si l'on n'avait soin de les entretenir au moyen d'électro-aimants , circonstance qui com- plique nécessairement l'appareil. Enfin, avec des pointes de métal, on n'obtient que des courbes aplaties et souvent même simple- ment un pointillé plus ou moins irrégulier. J'ai fait de nombreuses expériences sur l'emploi de pointes de métal pour le tracé des vibrations. J'ai eu recours à des fils fins de platine et d'acier dans le même but, et je suis arrivé à ce résultat, que les fils conviennent encore moins que les lames et que ces dernières ne donnent des tracés réguliers que sur des lames de verre ou de métal. Ce seul fait, que l'appareil de M. Schultz exige l'emploi de pointes traçantes de métal, suffirait donc déjà pour lui ôter toute valeur pratique, du moins dans le cas où l'on voudrait effectuer les tracés sur une surface de papier. 3° Le diapason vibrant entre deux électro-aimants, le nombre de ses vibrations varie avec l'intensité du courant qui anime ces électro-aimants et ne peut , clans chaque cas, être connu que par une détermination spéciale. 4° Comme les cibles conjonctrices ne rétablissent jamais instan- tanément le courant inducteur, mais seulement au bout d'un cer- tain temps, court a la vérité, mais non pas nul, l'appareil de 31. Schultz ne peut fonctionner régulièrement que lorsque les cibles disjonctriees sont à une distance égale ou supérieure à une certaine limite. Enfin 5° L'appareil de M. Schultz exige l'emploi de conjonc- teurs, circonstance fâcheuse à cause des fréquents dérangements de ces instruments. ( !» ) Pour faire disparaître la plupart de ees défauts et obtenir un appareil simple et pratique, il suffit de remplacer la pointe tra- çante de métal par Un style formé dune barbe de plume fixée avec de la gomme ou de la colle-forte entre les deux branches dune soie de porc fendue, à l'une de ses extrémités, sur une lon- gueur de trois à quatre millimètres; on attache, avec un peu de cire, la partie non fendue de la soie de porc à l'extrémité libre de l'une des branches du diapason, de façon que le style soit parallèle à l'axe de cette branche. Par l'emploi d'un style de longueur convenable, construit comme nous venons de le dire et qu'on dispose de manière que son bout libre traîne un peu sur le cylindre, on obtient des courbes qui, non-seulement ont beaucoup plus d'amplitude, mais encore qui ressortent infiniment mieux que celles tracées par une pointe de métal. En outre, les vibrations du diapason se prolongent assez pour qu'on n'ait plus besoin ni d'électro-aimants pour les entre- tenir, ni de mécanisme spécial pour mettre le cylindre en mouve- ment; il suffit, quand on veut procéder à une expérience, de faire vibrer le diapason à l'aide d'un archet, et de mettre ensuite le cy- lindre en rotation à la main, opération qu'on peut effectuer soi- même après avoir déposé l'archet, mais qu'on peut aussi confier à un aide, si l'on veut éviter une perte de temps et obtenir un plus grand nombre de courbes. Enfin, le diapason vibrant librement sans l'intervention d'électro-aimants, la durée de ses vibrations reste la même dans toutes les expériences, et il suffit de Ta voir dé- terminée une fois pour toutes. En opérant au moyen d'un diapason ordinaire, donnant le la de l'orchestre, diapason dont les vibrations sont moins amples et moins durables que celles du nouveau diapason normal, j'ai obtenu très-facilement des tracés dont chaque demi-sinusoïde, ou chaque vibration simple, avait de quatre à cinq millimètres de longueur, et le tracé, après chaque coup d'archet, pouvait aisément se pro- longer pendant cinq à six secondes sans cesser de produire des courbes parfaitement nettes et régulières. Ce temps est plus que suffisant, ce me semble , pour toutes les expériences de balistique. L'Académie a pu se convaincre de l'exactitude de fout ce qui ( io ) précède sur les avantages des styles traceurs que nous recom- mandons , par un simple coup d'œil jeté sur les deux tracés que nous avions annexés à notre travail manuscrit et qu'il nous a paru inutile de reproduire à l'impression : l'un comprenait plus de trois mille vibrations simples obtenues à la suite d'un seul coup d'ar- chet pendant quatorze à quinze révolutions du cylindre; toutes ces courbes, sans une seule exception, étaient parfaitement nettes et régulières. On aurait pu en obtenir un plus grand nombre sans mettre de nouveau le diapason en vibration. L'autre tracé com- prenait les courbes obtenues à la suite d'un second coup d'ar- chet. La longueur trop restreinte du cylindre tournant n'avait pas permis de tracer toutes celles qu'on aurait pu obtenir avant la cessation du mouvement vibratoire du diapason. Quant au pointage, on peut l'effectuer de deux manières, soit à l'aide de l'étincelle d'induction, comme dans l'appareil de M. Schultz, soit à l'aide de ce que nous appellerons des galvano- mètres pointeurs. Dans le premier cas, il faut évidemment modifier la disposition adoptée par M. Schultz. A cet effet, on peut se servir d'une pointe métallique isolée qu'on fixe au support du diapason, de façon que l'extrémité effilée soit très-près de la surface du cylindre, mais sans la toucher et à deux ou trois millimètres environ du style qui trace les vibrations et autant que possible à la même hauteur que ce dernier. Pour établir ensuite le circuit, il suffira de faire communiquer l'extrémité extérieure du fil fin de la bobine de Ruhmkorff avec la pointe, et l'extrémité intérieure du même fil avec le cylindre. Les autres dispositions sont les mêmes que dans l'appareil de M. Schultz, et l'emploi des cibles conjonctrices devient indispensable, à moins qu'on ne veuille recourir à l'emploi de plusieurs bobines et de plusieurs pointes, ce qui évidemment serait trop embarrassant. Les galvanomètres pointeurs, dont le nombre doit être égal au nombre de points qu'on veut marquer sur le cylindre, puis- que chacun d'eux ne doit tracer qu'un seul point, consistent simplement en un cadre rectangulaire autour duquel le fil est en- roulé. Ce cadre est fixé parallèlement au cylindre, à distance con- ( Il ) vcnable et de façon que le long côté du cadre soit à peu près vertical. Dans l'intérieur du cadre se trouve une seule aiguille aimantée, mobile autour d'un axe horizontal contenu dans le plan du cadre. Cette aiguille porte, à son extrémité supérieure, une tige de laiton, laquelle se dirige d'abord perpendiculairement au plan du cadre vers le cylindre, puis verticalement de bas en haut et enfin horizontalement, de manière à se terminer à une distance d'environ deux centimètres duc)lindre, lorsqu'on l'incline vers ce dernier en faisant tourner l'aiguille autour de son axe de rotation. On fixe, vers l'extrémité libre de cette tige, un style disposé comme celui du diapason : c'est ce style qui, à un instant donné, doit mar- quer un petit trait sur le cylindre et s'éloigner ensuite. A cet effet, on règle le poids de la tige de manière que lorsque le fil du gal- vanomètre est traversé par le courant d'un seul couple de Bunsen , l'aiguille aimantée se trouve à peu près verticale. Si ensuite, à un instant donné, le courant vient à être interrompu , la tige de cui- vre tombe vers le cylindre, et le style qu'elle porte marque un trait quand le cylindre est en mouvement. Pour que ce trait n'ait qu'une faible longueur et se réduise sensiblement à un point, le style ne doit rester qu'un instant en contact avec le cylindre. C'est ce qu'il est facile d'obtenir, comme M. Gloesener l'a déjà indiqué, à l'aide d'une petite lame-ressort fixée au cadre du galvanomètre. Dans sa chute, la tige de cuivre vient choquer cette lame; elle la fléchit, et quand sa vitesse est à peu près éteinte, le petit ressort la ra- mène en arrière, de manière que le style traçant ne soit plus en contact avec la surface du cylindre. Chaque galvanomètre pointeur ne marque son trait qu'un cer- tain temps après la rupture du circuit. Il faut donc, comme nous l'avons indiqué plus haut, faire en sorte que le retard soit le même pour tous les galvanomètres. On y parvient à l'aide d'une petite masse qu'on fait monter ou descendre le long de la partie verti- cale de la lige de cuivre, qui est filetée à cet effet. On règle la po- sition de ces petites masses de manière que les liges des différents galvanomètres mettent le même temps à tomber vers le cylindre, lorsqu'on interrompt le courant dans ces appareils. Il ne me reste plus qu'à indiquer la marche à suivre pour me- ( 12 ) surer la longueur de ehaque demi-sinusoïde correspondant à une vibration simple du diapason. A cet effet, nous proposons l'em- ploi du cathétomètre ordinaire, qui permet d'apprécier des ving- tièmes de millimètre. On détache du cylindre le papier sur lequel se trouve le tracé et on le dispose, à distance convenable, devant la lunette du cathétomètre et de façon que les sinusoïdes soient placées verticalement; puis on dirige la lunette de manière que le fil vertical du réticule soit tangent à la partie de la courbe qui correspond à l'écart extrême de la lame vibrante; cela fait, on élève ou l'on abaisse la lunette jusqu'à ce que la croisée des fils du réticule corresponde autant que possible au milieu de la partie de la courbe qui paraît se confondre avec le fil vertical. On note alors la position de la lunette sur la tige verticale de l'appareil, puis, après avoir fait tourner légèrement la lunette autour de l'axe vertical du cathétomètre, on l'élève ou on l'abaisse, pour pouvoir répéter les mêmes opérations sur la courbe qui se trouve immé- diatement au-dessus ou au-dessous de la première, et le déplace- ment vertical qu'il aura fallu imprimer à la lunette pour l'amener de la première position à la seconde, mesurera, à */20c de milli- mètre près, la longueur cherchée. On peut encore obtenir la longueur d'une demi-sinusoïde par un autre procédé qui dispense du petit mouvement de rotation à imprimera la lunette du cathétomètre. A cet effet, il suffit d'amener la croisée des deux fils du réticule en coïncidence, d'abord avec le point d'écart extrême d'une première demi-sinusoïde, puis avec le point correspondant de la seconde demi-sinusoïde au-dessus ou au- dessous de cette première, et de prendre la moitié de l'intervalle entre les deux positions successives de la lunette. Quant à la distance entre des points tracés par les galvanomètres pointeurs ou entre les trous percés par les étincelles d'induction, elle se mesure aisément au moyen du cathétomètre, et il nous pa- raît inutile d'indiquer les précautions à prendre pour assurer l'exactitude des résultats. J'aurais désiré, avant de présenter celle noie, pouvoir me livrer à quelques expériences destinées à mettre complètement hors de ( 13 ) doute la valeur pratique des deux procédés chronoscopiques que je viens de décrire; mais comme je prévois qu'il s'écoulera encore quelque temps avant que je puisse réaliser ce désir, j'ai voulu prendre date, et c'est ce qui m'a décidé à ne pas retarder l'envoi de ce travail. J'ose espérer qu'en faveur de ce motif l'Académie vou- dra bien l'accueillir avec indulgence. FIN. MEMOIRE VIBRATIONS DE FILS DE VERRE, ATTACHES PAR UNE DE LEURS EXTRÉMITÉS A UN CORPS VIBRANT ET LIBRES A L AUTRE; M. H. VALERIUS, Professeur à l'Université de GaïuJ. Tome XVII. > MEMOIRE LES VIBRATIONS DE FILS DE VERRE, ATTACHES PAR UNE DE LEURS EXTREMITES A UN CORPS VIBRANT ET LIBRES A i/AUTRE. i. J'ai remarqué qu'un fil de verre attaché, avec un peu de cire, par une de ses extrémités, à un corps sonore, peut non-seu- lement vibrer sous l'influence de celui-ci, mais encore qu'il se partage, en général, en différentes concamérations qu'on distingue facilement à la vue, ainsi que les nœuds qui les séparent les unes des autres. Un simple fil de verre permet donc de donner une idée exacte de la manière dont les nœuds et les ventres de vibra- tion peuvent se former dans les cordes vibrantes. Il est même fa- cile de projeter le phénomène et de le rendre ainsi visible à tout un auditoire. 2. Les vibrations communiquées aux fils de verre offrent di- verses particularités qui m'ont paru assez intéressantes pour mé- riter une étude spéciale. 5. Mes expériences ont été faites sur des fils de verre dont la longueur a varié entre huit et quatre-vingt-deux millimètres. Comme corps sonore, je me suis servi, en général, d'un diapason donnant l'ancien la d'orchestre et effectuant environ huit cent quatre-vingts vibrations simples par seconde. Ce diapason était fixé horizontalement dans un support disposé comme ceux que M.Lis- sajons emploie dans son appareil pour l'étude optique des mouve- ments vibratoires. Suivant les expériences, on assujettissait le dia- (4 ) pason, tantôt de façon que son plan fût horizontal et tantôt de manière que ce même plan fut, au contraire, vertical. Pour éviter la flexion qu'il aurait pu subir sous l'action de son poids, le fil a toujours été suspendu verticalement, le bout libre tourné en bas. Dans cette position, lorsque le plan du diapason était horizontal, les impulsions qui le faisaient vibrer étaient per- pendiculaires à son axe ou transversales; lorsque le plan du dia- pason était placé verticalement, les impulsions étaient, au con- traire, parallèles à la longueur du fil, c'est-à-dire longitudinales. Pour abréger, nous appellerons les vibrations du fil vibrations transversales ou vibrations longitudinales , suivant qu'elles sont produites par des impulsions perpendiculaires ou par des impul- sions parallèles à son axe. 4. Les vibrations transversales se transmettent avec une vitesse moindre que les vibrations longitudinales, et, par conséquent, elles donnent toujours lieu, pour une même longueur de fil, à un plus grand nombre de concamérations que ces dernières. Or, comme il me paraissait que les lois qui régissent les vibrations du lil devaient être d'autant plus faciles à saisir que le nombre de concamérations aurait été plus grand , la plupart de mes expé- riences ont été faites sur des fils mis en vibration par des impul- sions transversales du diapason. 5. Pour obtenir la longueur des concamérations, j'avais d'abord pensé la mesurer directement sur le fil lui-même. Mais j'ai dû renoncer à cette mesure directe, à cause des difficultés qu'elle présente lorsqu'on veut arriver à des résultats quelque peu exacts. J'ai donc préféré projeter l'image du fil vibrant sur un écran ver- tical, dessiner ensuite cette image et mesurer les distances des nœuds sur le dessin obtenu. G. Pour projeter limage du fil vibrant, on peut opérer soit à la lumière du soleil, soit à l'aide de la lumière d'une bonne lampe. Dans le premier cas , on procède de la manière suivante : On introduit dans la chambre obscure, au moyen d'un porte-lumière ou d'un héliostat, un large faisceau cylindrique et horizontal de rayons solaires; le diamètre de ce faisceau doit surpasser un peu la longueur du fil, afin que celui-ci puisse être éclairé dans toute ( s ) ■ son étendue. Sur le trajet de ces rayons, on place ensuite le fil suspendu au diapason, et plus loin, à une distance convenable, une lentille convergente achromatique, qui forme alors, sur un écran vertical disposé au foyer conjugué du fil, une image nette et renversée de ce dernier. La grandeur de cette image dépend évi- demment de la position du fil et de la distance focale principale de la lentille. Dans la plupart de mes expériences, les dimensions de l'image étaient égales à environ sept fois celles du fil. Ce grossisse- ment est très-convenable lorsqu'il s'agit de rendre les vibrations du fil visibles à tout un auditoire. Mais.il est trop grand, au con- traire, lorsqu'on se propose de dessiner l'état vibratoire du fil pour obtenir les distances des nœuds de vibration: car avec des gros- sissements forts, la position exacte des nœuds de vibration de- vient plus difficile à saisir et le pouvoir amplifiant de la lentille perd une grande partie de ses avantages. Lorsqu'on a ainsi obtenu sur l'écran une image nette du fil en repos, on met le diapason en vibration au moyen d'un archet, et l'on voit alors se former sur l'écran une nouvelle image, qui est celle de l'état vibratoire du fil et dont on peut faire le dessin exact en en suivant tous les contours avec la pointe d'un crayon. Mais pour que cette opération puisse bien réussir, il faut rendre l'image à dessiner parfaitement invariable, tant par rapport à la position de son axe de figure que par rapport à ses dimensions perpendi- culaires à cet axe. A cet effet, on doit prendre quelques précau- tions que nous allons indiquer. Il faut, en premier lieu, soustraire le fil à tout courant d'air, et notamment à celui qui pénètre par l'ouverture du porte-lumière: car le moindre mouvement de Tair suffit pour rendre l'image tremblante. On obtient l'immobilité du fil en disposant simple- ment devant l'ouverture du porte-lumière une lame à faces pa- rallèles de verre transparent et incolore. Pour rendre invariables les dimensions transversales de l'image, il faut maintenir constante l'amplitude des vibrations du diapa- son. Cet effet ne peut être obtenu qu'à l'aide de coups d'archet qui se succèdent à des intervalles convenables. Après quelques tâton- nements , on trouve ces intervalles, et l'image du fil remplit alors ( 6) les conditions voulues pour qu'on en puisse dessiner la forme. 7. II arrive quelquefois que le fil est attaché au diapason dans une position telle que le plan de ses vibrations ne soit pas parallèle au plan de l'écran. Il faut alors attacher le fil autrement ou tour- ner un peu le support du diapason. D'autres fois il arrive que le diapason imprime au fil des impulsions dont les unes sont longi- tudinales et les autres transversales. Dans ce cas, le fil prend un double mouvement vibratoire et l'image devient confuse. Pour éviter cet effet, il faut diminuer la pression de l'archet sur le dia- pason, ou changer un peu la direction du fil en le faisant tourner autour de son point d'attache. 11 peut arriver encore que chaque point du fil, au lieu de se mouvoir suivant une ligne droite, dé- crive un petit cercle ou une ellipse. Lorsque la trajectoire est un cercle , l'orientation du fil par rapport à l'écran est évidemment indifférente, si, comme nous le supposons, le fil et l'écran sont verticaux. Dans le cas de la trajectoire elliptique, il faut tourner le diapason de manière que le grand axe de l'ellipse devienne parallèle à l'écran. Enfin , pour que l'image du fil se détache le mieux possible sur l'écran , il est nécessaire de faire usage de fils de verre opaque. Néanmoins l'expérience réussit encore assez bien avec des fils de verre transparent comme ceux dont je me suis servi. 8. Si l'on veut opérer à la lumière d'une lampe, on a besoin d'une seconde lentille convergente. On place la flamme de la lampe au foyer principal de cette lentille, et l'on opère ensuite sur le faisceau parallèle émergent, comme s'il s'agissait d'un faisceau de rayons solaires. Seulement l'image du fil ne se détache plus aussi bien, et il est souvent très-difficile d'en prendre un dessin exact. 9. Les figures 1 à 7 représentent les états vibratoires de sept fils de longueurs différentes, attachés successivement au même diapason qui donnait l'ancien la d'orchestre. Ces fils, qui prove- naient d'une aigrette, avaient une épaisseur d'environ un dixième de millimètre. Toutes les projections ont été faites à la lumière solaire et les fils avaient été fixés de manière à ne vibrer que sous l'influence d'impulsions perpendiculaires à leur axe. La figure I se rapporte à un fil de 8(2n,mdc longueur. Elle repré- (7 ) sente l'état vibratoire le plus compliqué qu il m'ait été possible de produire au moyen des fils de verre que j'avais à ma disposition. Le fil offre sept nœuds, savoir en a , b , c , d, e , f et g ; a, est situé près du diapason D, et g , à une certaine distance de l'extrémité libre du fil. Les longueurs des diverses concamérations sont les suivantes : D6 = J02mm; bc = cd = de = ef = 84nim = I); fh = ]02n11" = S2; gh = 27°""" = S,. La figure 2 est relative à un fil de 72mm. Il y a cinq nœuds, savoir en b, c, d,fetg, et cinq concamérations, dont l'une, Dfc, près du diapason , n'est pas complète. Les dimensions des concamérations sont les suivantes : D6 = 100ram; bc = cd = df= 95mm = D; fh = 1 07mul = S2; gh = 29m,u = S4. La figure 5 se rapporte à un fil de 56,um , divisé en cinq conca- mérations et présentant cinq nœuds, savoir en D, b, c , fetg. Les longueurs des concamérations sont : Bb = 100mm; bc = cf' = 88ram,5 — D; fh = 107n,m = S2; gh = 26m,n = St. Les dimensions qui précèdent ont été mesurées sur le dessin original; elles ont été légèrement altérées dans la copie. La figure 4 indique la subdivision d'un fil de 46m,n,5 en quatre concamérations. Il y a trois nœuds, en 6, f et g. La concaméra- tion près du diapason n'est pas complète. T)b = Illmm; bf = 89n,m = D; fh = 403miu = S2; gh = 26mm = S,. La figure 5 montre la subdivision d'un fil de 50n,m,5 en trois con- camérations et une fraction de concamération située près du dia- pason. Il y a trois nœuds : D6 = 106muj ; fh = 100,nra = S.2; gh = 26mm = Sj. La figure 6 représente l'état vibratoire d'un fil de 18,um,5. Il y a deux nœuds, l'un en/, l'autre en g . D/ = 8mm ; fg = 90mm ; gh = 27'nm;/7i = U7mm. Enfin, la figure 7 représente la vibration en totalité d'un fil d'environ 8mm de longueur. Il ne s'est pas formé de nœud, mais , comme nous le prouverons plus loin, il tend à s'en produire un près du diapason. Nous avons réuni, dans les deux tableaux ci-après, les résultats des cinq premières expériences et ceux de quelques autres expé- riences dont il sera question plus lard. (8) I 53 > O s- 1 CM 10 •* so 09 be be te be tua P. ta ta ce es ce ce m c 09 _u S 3 o .© tn -o c« e «9 -09 1 1 1 1 V ce • 09 ce E 3 S _3 S a a J3 a «09 a 0 C o 'S* 1 1 1 1 a 'S* 13 a o u eu -es 5 o 'S* -o c 09 "S* (L, ECTION des ulsions du pason iar rt à l'axe i fil. -o c o o. . _ a s s . ~3 'Sa T3 C eu C DIR imp dia rappo d o 09 CL ■uotedtnp np uos M » * « = * S S g 1 g( i „ Ed M C , -2 \ « <« l ' « S | ) (N giO~ CM 30 91 05 gSi o C5 oo CM r- SO S | |( t gCM r~ r- 10 o _ IO g = o o o o CM IO oo JO . oo •* t» 00 CM „ 8 « 3 . -S \ 3 is o 00 oo co SO oo IO IO SI cm cm CM «* _ B - •- e n / «5 g -S = g •§ 1 l's OS CM CM CM «* s / . IO g- s { g S "*v. 10 IO a <* as -I .]*) s gio r- so l-i CO O oo Ci 00 00 ■"* (M t- » g ■« s a \ SO sa IO LO conca é OBS. !■• to 00 OS a co O c goo OS oo 00 CM r» 30 g (S o o — < CO — IO t~ co go o "J O CM IO 00 SO u ap jna[BA co » •* 10 CM CO •* •* CM spnaou ap ajqruojj p" SO 10 ** IO r- w IO 10 SO j ap jnajeA g 00 g M oo 0© a» 35 O o 05 co 00 r- CM CO SO IO CM *■ ""■" CM "** co 30 lO co CM C5 30 CM •a3coi{,| ap jnanguoi oo 00 S o ©1 IO ÎÔ 9S so sjg sap jnan2uo'i g cm £00 <•>! CO CO o IO S a C S ( 9 ) uoeedeip np uos o g 3 -1 S <= 43 P S J "2 •7Q ap Jna[EA "spnaou ap ajqrao>j •aâeinij yp / jnanSuoi •spj sap jnanSuo-] I ! I I I I a a g ■S a 3 -« "O .se a a a JO Jfl aa a-* W QO o e - gao C5 00 00 G1 t" SO E. comme un charme, et la guérison est complète et durable. » Il arrive que dans la cure par l'iodure de potassium , la quan- » tité d'urine diminue, quand déjà l'analyse y a prouvé la pré- » sence du mercure; s'il se présente une salivation, l'urine ne » contient plus de mercure , mais on peut démontrer la présence » de ce métal dans la salive. » La cure par l'iodure de potassium provoque parfois sans pro- » dromes particuliers une transpiration générale et abondante; » dans le cas cité , elle revint périodiquement pendant vingt-cinq » jours, régulièrement vers cinq heures du soir et durait jus- » qu'à dix ou onze heures, elle était suivie d'un sommeil tran- » quille et réparateur. » La plupart des phénomènes morbides sont examinés dans le travail de M. Hermann , et il arrive à la conclusion que l'iodisme constitutionnel ne s'est pas présenté une seule fois sur le chiffre énorme d'environ cinquante mille cas. Quinze mille cas environ ont été observés par deux illustrations médicales, MM. Ricord et Velpeau. Appuyé sur ces preuves, je puis répéter ce que je disais en 1849 et prendre une conclusion générale : l'iodure de potas- sium, en général les iodures alcalins et quelques autres dont les ( 16 ) métaux ne sont pas vénéneux, ne sont pas des poisons; l'iodure de potassium est un médicament inoffensif, incapable de produire par lui-même une intoxication quelconque; c'est un médicament des plus importants, guérissant sans aucun doute les maladies métalliques. Aujourd'hui je dois ajouter qu'il est indispensable de faire remarquer que les maladies métalliques simulent une foule de maladies auxquelles on attribue d'autres causes. § VI. — Influence du sel marin dans le régime des ouvriers en métaux vénéneux. Je ne puis m'empêcher de signaler de nouveau , comme je l'ai fait en 4848, à l'attention des médecins, l'influence du sel de cui- sine dans le régime des ouvriers qui se trouvent en contact avec les composés de mercure et de plomb. Je sais, sans pouvoir dire d'où cette connaissance me vient, qu'on a cru remarquer que certaines tribus anthropophages ont une pré- férence marquée pour la chair de certaines nations; leur préfé- rence paraît être basée sur la saveur plus ou moins salée de la chair des individus de ces nations. On est porté à- croire que l'homme vivant peut donc se saler et se désaler d'après la quantité de sel qui entre dans son régime. Nous savons que certains gigots de mouton, nommés de pré salé, sont préférés par les gourmands; leur valeur vénale prouve la préférence des consommateurs. J'ai montré, dans mon premier mémoire, que les ouvriers aimant le sel étaient préservés du fléau des maladies métalliques , ou qu'au moins les symptômes étaient bien moins graves, et qu'ils se déclaraient toujours après un maniement plus prolongé des métaux ou de leurs composés. Les questions que j'adressais aux ouvriers, dans le but de m'as- surer s'ils aimaient le sel, m'avaient été dictées à la suite de la théorie que je m'étais faite sur la thérapeutique des maladies mé- talliques; théorie que tous les faits à ma connaissance confirment ( 17 ) . d'une façon éclatante tant ceux que j'ai observés moi-même, que ceux qui ont été constatés par d'autres observateurs. Qu'on me permette de la citer encore : rendre solubles les com- posés métalliques que l'économie peut garder, et en faciliter l'ex- crétion en les associant d un corps qu'elle puisse éliminer avec la plus grande facilité. Les chlorures, les bromures, les iodures alcalins jouissent de cette précieuse propriété par leur tendance à former des composés doubles qui s'éliminent par l'urine, et ma médication constitue un véritable lavage de l'économie par des dissolutions de ces corps; mais remarquons que l'activité chimique va croissant des chlorures aux bromures, des bromures aux iodures, pour les intoxications mercurielles. Si le sel marin ne jouit pas des propriétés énergiques de l'iodure de potassium, si très-probablement même il n'est pas un médicament aussi actif que le chlorure de potas- sium qu'on pourrait lui substituer, au moins nous ne pouvons logiquement le considérer comme inactif dans ces terribles ma- ladies, et, d'après mes observations, il possède des propriétés pro- phylactiques que le médecin ne peut méconnaître. Le sieur Lieben ne consommait que peu de sel en 1847-1848; depuis et sur ma recommandation, il s'est habitué à faire entrer le sel à plus fortes doses dans ses aliments; je suis porté à croire que cette précaution si simple n'est pas sans effets salutaires sur l'état florissant de sa santé dans le moment actuel. Je suis d'avis qu'on peut retirer de grands avantages de l'emploi du sel, que j'ai souvent conseillé comme purgatif. Une dose de 50 à 50 grammes de sel de cuisine constitue , selon moi, un purgatif préférable, dans les cas de maladies métalliques, aux autres purga- tifs généralement employés: sulfate ou citrate de magnésie et les purgatifs d'origine végétale. Je me permets d'appeler l'attention des médecins sur ce moyen curatif si simple, et je les engage fortement à le conseiller à leurs malades quand ils sortent des hôpitaux, soulagés ou guéris d'affec- tions métalliques; des purgations périodiques au moyen du sel marin me paraissent constituer un de ces remèdes familiers que le malade ne négligera pas. Tome XVII. 2 ( •« ) g VIL Cas de maladies saturnines '. Les dentellières sont exposées à l'intoxication saturnine par suite de leur contact avec la poussière de carbonate de plomb qui sert au blanchiment des dentelles. En général, les précautions hygiéniques les plus simples ne sont jamais observées dans la plupart des ateliers. Mme Swecrts, dentellière, âgée de 42 ans, vint me trouver à l'École vétérinaire, vers 1850, dans un état si déplorable qu'il me serait difficile de le décrire exactement; il faut l'avoir vue pour se rendre compte d'un amaigrissement aussi hideux et d'un délabre- ment aussi complet; le teint était terreux et plombé, les yeux étaient hagards; elle ne pouvait ni marcher, ni faire aucun mou- vement sans aide; elle ressentait des douleurs atroces dans la tête, l'abdomen et tous les membres. Depuis plusieurs années, elle se ruinait en médicaments, etc. etc., sans soulagement per- manent; elle était forcée de garder le lit pendant des mois en- tiers, etc., etc. Elle ne pouvait plus faire usage ni de ses bras , ni de ses doigts: la paralysie était complète. Lors de sa première visite, au commencement du mois de mai, ses membres étaient glacés, et cependant la température était éle- vée; elle avait été abandonnée par plusieurs médecins. J'avoue que je fus effrayé de ces phénomènes , et j'eusse reculé vis-à-vis de ce cas, si les expériences faites sur des chiens ne m'avaient appris que Ion peut, sinon guérir, au moins soulager efficacement les cas les plus graves. Le traitement fut commencé avec prudence, à la dose de 06r,5 diodure de potassium en augmentant graduellement. Au bout de quelques semaines, la malade était méconnaissable; dès les premiers jours les douleurs diminuèrent, la paralysie sem- blait s'effacer petit à petit; indépendamment de l'usage interne, je lui faisais faire des frictions avec une pommade d'iodurc de 1 Je décris en chimiste et non en médecin, résumant autant que possible les observations. ( 19 ) potassium légèrement alcalin sur les mains et sur les bras; elle «ou- ebait avec des gants humectés d'iodure de potassium, dont j'exaltais les propriétés en l'employant à l'état d'iodure légèrement ioduré. Au mois d'août, elle pouvait travailler et ne souffrait plus de- puis quelque temps. Au lieu de continuer dès le début l'emploi de l'iodure de potas- sium seul , il avait été combiné avec l'emploi de l'iodure de fer en pilules ou en sirop. Ce ne fut que vers le mois d'octobre que son état fut tel, qu'elle abandonna toute médication. Elle était parfaitement bien , ne souffrait plus, pouvait marcher longtemps sans fatigue; le teint, quoique pâle encore, ne ressem- blait en rien à ce qu'il avait été; elle restait maigre, mais, relati- vement à son état primitif, on pouvait la considérer comme jouis- sant d'un certain embonpoint. Elle était devenue gaie et vive; sa paralysie avait disparu; ses mains et ses bras conservaient encore une certaine roideur, mais elle travaillait facilement, mieux qu'elle ne l'avait fait depuis nombre d'années. J'ai, à différentes reprises, pris, au moyen du plâtre, le moule de la main et du bras droits de cette femme, ces moules me mettaient à même de me rendre compte exact des progrès de la cure, comme l'écriture des malades trembleurs me permettait de juger de l'amé- lioration graduelle et continue du tremblement. La différence entre les premiers plâtres pris en mai et les derniers pris vers la fin du mois de septembre, était réellement frappante. Vers la lin de septembre, je pouvais la considérer non comme guérie absolument, mais au moins dans un état très-satisfaisant, et tel qu'elle n'avait jamais été en meilleure santé depuis plus de dix ans, d'après ce que son mari et elle-même me déclaraient. J'ai suivi longtemps cette malade, alors qu'elle ne prenait plus d'iodure. J'allais la surprendre à son atelier; son état se maintint ou s'améliora pendant longtemps encore, malgré son travail pour le blanchiment de la dentelle au moyen du blanc de plomb. Faut-il le dire, plusieurs fois, je lui trouvai , de la poussière de carbonate de plomb sur les vêtements et sur les mains. Je lui pré- dis une rechute et cessai de la voir. ( 20 ) La rechute n'arriva qu'environ deux ans après, mais elle fut terrible; j'étais absent pendant la période aiguë; elle eut des coli- ques, des crampes, de douleurs céphalalgiques affreuses avec délire, etc., etc. Elle fut d'abord traitée par les purgatifs, puis ensuite par l'io- dure de potassium, qui la guérit de nouveau et bien plus rapide- ment que la première fois. Je la perdis de vue; elle succomba en novembre 1855; j'étais absent de Bruxelles depuis 1854, ne m'occupant que des soins de ma propre santé. Ce cas si grave, suivi deux fois de guérison, prouve l'efficacité de l'iodure de potassium dans ces sortes de maladies; de plus, il prouve qu'il n'est jamais trop tard pour l'essayer, et qu'il est suivi de succès, alors que tous les autres traitements échouent, puisque, dans le cas présent, la malade avait été abandonnée par plusieurs médecins. M. le docteur P. De Caisne a fait des observations analogues, qui sont publiées dans le Bulletin de V Académie royale de méde- cine de Bruxelles: 1852. g. VIII. — Affections mercurielles. — L'âge des individus affect es ne parait pas être un obstacle à la cure par l'iodure de potas- sium. 1. — Au commencement de l'année 1850, le nommé Mathys Van- dekerkhof, ouvrier, employé dans une fabrique de poils destinés à la chapellerie, est affecté d'un tremblement tel, qu'il ne sait plus faire aucun usage de ses mains, à peine peut-il marcher, il bégaye fortement par suite de son tremblement; un repos de cinq ou six semaines a très-peu modifié son état. Le manuscrit que je mets sous les yeux de l'Académie donnera une idée de ce tremblement; il a mis environ un quart d'heure pour tracer les signes cabalistiques qui doivent représenter son ( 21 ) nom; il lui était très-diilicile d'atteindre l'encrier avec la plume; croyant que ma présence le gênait, je l'ai quitté; toutes les taches du manuscrit proviennent de la difficulté avec laquelle il dirige ses mains; il oublie même parfois une des lettres de son nom en écrivant, etc., etc. Cet homme, âgé de 64 ans, de constitution lymphatique ner- veuse, avoue qu'il était incapable de travailler depuis quelque temps sans avoir préalablement pris un bon verre de genièvre; il répétait la dose quatre fois par jour, c'est-à-dire qu'il en consom- mait régulièrement un demi-litre par jour ; il avait pris cette habi- tude depuis un an environ; ce ne fut qu'avec la plus grande difficulté que j'obtins de lui de diminuer cette consommation exagérée et habituelle de liqueur alcoolique; vers la fin de son traitement, elle ne s'élevait plus qu'à un quart de litre; mais des compagnons m'assuraient qu'il continuait à prendre son ancienne dose. Cet homme fut traité comme je le fais ordinairement, il ne tarda pas à reprendre son même travail; il pouvait être considéré comme guéri , comme le prouve le second spécimen de son écri- ture, après avoir pris 100 grammes d'iodure de potassium. M. le docteur F. Martin a suivi les premières phases du traite- ment de cet homme. Voici ce qu'il en disait après que le malade eut consommé ces 400 grammes d'iodure : Cet homme est changé du tout au tout. Je me fais un devoir de signaler cette appré- ciation d'un habile médecin. Comme il était anémique, je remplaçai l'iodure de potassium par l'iodure de fer en pilules. Il en consomma une quantité cor- respondante à 100 grammes d'iode, à sa volonté. Il alla de mieux en mieux. Je le vis de temps à autre pendant plus d'un an après sa cure, il était parfaitement bien, ne tremblait plus et continuait son an- cien travail sans en être incommodé. Il mourut, en 1852, à l'hôpital Saint-Jean, où il était entré comme étant atteint de phthisie pulmonaire. Son acte de décès porte : «Mort à la suite d'hémorragie intestinale. » Je crois devoir faire observer qu'il n'est fait aucune mention de tremblement dans les archives de l'hôpital. ( 22) II. — Le travail de Vandekerkhof est tel, qu'il est en contact avec de la poussière de poils; l'intoxication mercurielle se produit d'une tout autre manière chez les ouvriers chapeliers, par suite de leur contact avec des chapeaux humides; un second cas mé- rite d'être cité. Le nommé F. S. Dassy, âgé de 00 ans, est affecté d'un tremble- ment si violent qu'il ne peut plus travailler depuis le mois de sep- tembre 1851 ; trois mois de repos et diverses médications n'avaieut pas amélioré sensiblement sa situation. Il vint me trouver dans les premiers jours de 1852, il était for- tement accablé, il tremblait de tout son corps, si je puis m'expri- mer ainsi; le tremblement durait depuis cinq ans; mais avait augmenté en 1851 au point de ne plus permettre au malade de travailler régulièrement; en effet, dès le mois de juillet, le tra- vail était très-difficile et souvent interrompu, mais en septembre il devint impossible; les premiers phénomènes s'étaient déclarés assez brusquement après un travail assidu vers la fin d'une sai- son. Le malade était sujet à des espèces de convulsions ou trem- blements brusques instantanés ftrekkingenj . Il suffisait de le fixer pour voir ses tremblements augmenter instantanément et le faire bégayer. La médication iodurée eut une action assez prompte et assez complète pour qu'il pût reprendre son travail dès les premiers jours de février; vers le mois de mars il était rétabli; cette amélio- ration rapide était d'autant plus remarquable que j'avais été obligé de ménager les doses d'iodure qui, portées assez rapidement à trois grammes, durent être diminuées par suite de maux de tète violents; ce malade m'offrit un phénomène qui n'apparaît pas or- dinairement: ses yeux furent larmoyants pendant quelques jours. 11 est mort pendant mon séjour à l'étranger, en 1854. III. François Bridoux (Wauters), chapelier, né à Bruxelles, le 14 mai 1797, sortait, à la fin du mois d'août 1850, de l'hôpital Saint-Antoine, à Paris; il y avait passé six semaines; des bains de vapeur, des bains soufrés lui avaient été administrés; on lui avait ( 23) appliqué des ventouses dans la région lombaire, des vésicatoires dans les reins, etc. , etc. ; son état ne s'était guère amélioré. Revenu à Bruxelles, un médecin distingué diagnostiqua un ramollissement du cerveau et demanda son entrée à l'hôpital Saint- Jean; mais il n'y fut pas admis, j'ignore pour quels motifs. Lorsqu'il vint me trouver, son tremblement était très-violent, il ne savait pas écrire, mais il traça quelques croix très-mal faites; sa cure par l'iodure de potassium, sans aucun adjuvant, marcha très-rapidement; car, après une vingtaine de jours, il traçait des croix sans presque trembler, les lignes étaient fermes et droites, tandis que les premières étaient tout à fait irrégulières. Après deux mois environ, on pouvait le considérer comme guéri; il quitta alors Bruxelles pour aller travailler en province et en France, mais il revint de nouveau en Belgique, en 4854, pour retourner en France, à Charonne, près Paris, en 1856; il y sé- journa jusqu'à la fin de 4857. En mars 1858, il était à Bruxelles; il sortait de l'hôpital Saint- Antoine où il avait été soumis à une médication interne; pendant ces trois mois , on lui avait administré alternativement des bains de vapeur et des bains sulfureux; il n'avait pas pris moins de soixante-quinze bains. 11 était soulagé, mais tremblait encore; selon lui , ce long traitement n'avait pas amélioré son état comme la simple cure par l'iodure de potassium en 1850. Je n'ai pu me procurer des données exactes sur le traitement qui avait été suivi à l'hôpital Saint-Antoine à Paris; mais la date de son entrée et celle de sa sortie, qui sont conservées dans les archives de cet établissement, prouvent que cet homme me disait la vérité. Il s'était cependant remis au travail quelque temps après sa rentrée en Belgique, mais des circonstances malheureuses et son tremblement l'avaient amené au dépôt de mendicité de la Cam- bre, près de Bruxelles. M. le docteur Rasse, médecin principal, et M. le docteur Four- drain, médecin adjoint, ont, à ma prière, examiné ce malade, qui a été soumis par eux à l'usage de l'iodure de potassium , depuis les premiers jours de février jusque vers le 20 avril ; il a pris environ 250 grammes d'iodure; M. Baillv, pharmacien de la Cambre, a eu ( 24 ) l'obligeance de soigner particulièrement l'administration d'iodure de potassium donné à ce malade. Le tremblement, très-fort en février, est presque nul aujourd'hui; la marche vacillante est devenue ferme, mais on ne peut pas encore dire qu'il soit abso- lument guéri. . * Je crois devoir faire remarquer tout particulièrement l'âge de cet ouvrier, il a 67 ans. De plus, le traitement a été opéré dans la plus mauvaise saison d'une année exceptionnelle par sa rigueur. Je ne doute pas, et c'est l'avis de MM. Rasse etFourdrain, que de simples soins hygiéniques et la belle saison n'améliorent encore son état. Il lui faudrait une nourriture plus substantielle que celle des dépôts de mendicité. Je crois devoir faire remarquer, à cause du diagnostic cité plus haut {ramollissement du cerveau), que l'intelligence decctliomme est intacte; sa mémoire est assez fidèle pour répéter, en 1804, à MM. Rasse et Fourdrain, des observations correspondant par- faitement avec les notes écrites que j'avais prises sur son état en ivSaO. IV.— Le nommé Segliers, âgé de 40 ans, travaille dans une fabrique de glaces depuis 1849. Il vint me trouver vers le 15 janvier 1864; il tremble depuis quinze mois environ; le tremblement lui est survenu vers le mois de septembre ou d'octobre 1862; il me déclare que ce phéno- mène a fortement augmenté en quelques jours; avant son trem- blement il visitait souvent le médecin de la société des secours dont il était membre; ses indispositions nombreuses consistaient en tiraillements dans les entrailles et en maux de tête. En géné- ral, on combattait ces symptômes en lui administrant des pilules purgatives; depuis cinq ou six ans, il s'est habitué à prendre tous les mois une purge de sulfate de magnésie. Il a consulté trois médecins, a employé les remèdes proposés, bien qu'on ne lui eut donné aucun espoir ou peu d'espoir degué- rison; mais il me déclare que, malgré tout ce qu'il a fait, son trem- blement a toujours été en augmentant depuis plus de deux ans. Entre autres, on lui a administré tous les jours, pendant trois ( 25 ) mois consécutifs, un litre de tisane sudorifique faite avec un mé- lange de racines de salsepareille et de squine, de bois de gaïac, écorces de sassafras, additionnés de 1 ll% gros d'acétate d'ammo- niaque; malgré ce traitement le tremblement augmentait. Qu'on me permette de faire remarquer que cette médication est d'un prix élevé, même lorsque les pharmaciens la livrent à des prix très-réduits; elle a occasionné une dépense équivalente au prix de trois à cinq kilogrammes d'iodure de potassium, quantité bien plus que suffisante pour enlever radicalement le tremblement mercuriel à plus de dix ouvriers qui se trouveraient dans les con- ditions du sieur Seghers. Voici maintenant quel était son état au moment où il a com- mencé le traitement par l'iodure de potassium. Il était si souf- frant qu'il ne pouvait plus travailler régulièrement, et depuis une dizaine de jours, il s'était vu obligé de cesser tout travail; il était incapable de monter ou de descendre des escaliers sans être soutenu par une autre personne; depuis quelque temps, il lui était impossible de manier les glaces et de les couper, soit à main libre, soit en s'aidant d'une règle ou d'un guide. Ses nuits étaient mauvaises, il était sujet à ressentir des se- cousses brusques pendant le sommeil. Lorsqu'il commença le traitement, il était encore à l'atelier; mais on lui laissait toute liberté, son patron ayant pour lui beau- coup de bienveillance. Il se remit au travail, après trois semaines environ de traite- ment, c'est-à-dire après avoir trop rapidement, à mon avis, consommé 50 grammes d'iodure de potassium; le mieux était très-notable, bien qu'il eût exagéré les doses par suite d'un mal- entendu ou peut-être intentionnellement, espérant guérir plus vite en s'administrant des doses plus fortes. Après quelques jours de traitement, sa femme s'aperçut que les secousses nocturnes diminuaient, il n'avait encore pris alors qu'environ une trentaine de grammes d'iodure. Il n'a éprouvé aucun dérangement, si ce n'est le coryza; il m'annonça spontanément avoir ressenti le goût du cuivre d'une façon persistante; ce phénomène s'observe toujours lorsque les ( 26) doses d'iodure sont élevées rapidement, et cette saveur métal- lique est pour moi le meilleur indice que la guérison s'opère. La seule plainte qu'il fît portait sur des maux de tête, second indice de l'effet utile du médicament; mal que le malade doit subir, mais dont on atténue les effets en diminuant les doses, etau besoin, en les interrompant pendant deux ou trois jours. Je crois devoir faire remarquer que ce malade a pris l'iodure avec beau- coup d'irrégularité; qu'il a interrompu le traitement à plusieurs reprises et que sa santé lui permet cependant de voyager et de travailler avec la plus grande facilité. D'après ce qu'il me dit, toutes ses forces lui reviennent; la marche de la maladie présente des observations en tout sembla- bles à celles que j'ai faites jadis sur le sieur Lieben et sur presque tous les malades que j'ai traités. Les organes de la génération avaient repris depuis le traitement une énergie telle que, comparés à ce qu'ils étaient auparavant et à ce qu'ils sont maintenant, il croyait, me disait-il, pouvoir la représenter par le rapport de 1 : 5, ce qui me parait exagéré. Seghers a eu neuf enfants; un seul est mort à la suite de la pe- tite vérole; tous ses enfants sont bien portants et tous ont été conçus avant sa maladie; le dernier a dix-huit mois. Le cahier sur lequel ce malade écrit tous les jours quelques mots est bien fait pour inspirer la confiance aux médecins; l'écriture du 14 janvier est illisible ou à peu près; celle du 10 mai est nette, et l'on ne rencontre pas une seule lettre tremblée dans toute une page. Seghers, toutefois, n'est pas absolument guéri, il tremble en- encore un peu, lorsqu'il a fait un travail fatigant; mais je ferai remarquer qu'il a pris sa médication avec une irrégularité des plus fâcheuses et qu'il n'a encore consommé qu'un tiers, cent grammes environ, de la dose que je crois nécessaire pour une cure complète, et que j'estime à 250 et même à 500 grammes. Une circonstance particulière, que je signale aux médecins pra- ticiens , a nécessairement dû retarder la cure de Seghers. J'ai dit que les adjuvants de l'iodure de potassium me parais- sent inutiles, et qu'un traitement commencé par ce médicament ( 27 ) n'a pas besoin d'être compliqué par d'au 1res. Vers le 20 février, alors que l'amélioration était notable, le malade me demanda la permission de prendre une purge de sulfate de magnésie; M. le docteur Jacobs, médecin de 1 École de médecine vétérinaire, qui l'observait, n'y trouvant pas d'inconvénient, l'accorda, bien que , ni lui ni moi, nous n'en voyions la nécessité; mais le malade, étant habitué à se purger, on le laissa faire. Il fut indisposé à tel point qu'il resta une semaine entière sans pouvoir retourner à l'atelier ; il fut forcé d'interrompre l'usage de 1 iodure, du 18 février au 1 4 mars. Je crois donc être dans le vrai en pensant que l'iodure de po- tassium, au besoin des tisanes légères et du sel marin à doses un peu plus élevées que d'habitude dans le régime, quelques soins de propreté et hygiéniques suffisent dans le traitement, et qu'il faut un motif grave pour le compliquer; d'autres observations viennent encore à l'appui de cette opinion. Non content de décrire l'observation sur les données de Seghers, j'ai voulu m'assurer que tous les renseignements fournis par le malade étaient exacts. Us m'ont été confirmés en tout point par le chef de la maison où il travaille; l'état présent du malade a été constaté par l'un des médecins cités plus haut; celui-ci a été très- surpris du changement survenu; cette appréciation est d'autant plus intéressante que ce même médecin n'avait vu le malade qu'à une époque où il n'était guère accablé, comme lorsque j'ai com- mencé cette cure encore incomplète actuellement *. V.— Je n'avais pas encore rencontré de femme parmi les malades dont l'intoxication était due au mercure. L'an dernier, ce cas s'est présenté. A la fin du mois de juillet 1865, la nommée Vanvossen- 1 La cure de Seghers s'est faite après mes deux communications à l'Aca- démie ; elle prouve, une lois de plus, que j'étais en droit de dire à la classe que la guérison s'obtient avec la certitude d'une -préparation chimique, le lavage d'un sel , par exemple ; de l'eau et du temps suffisent dans ce dernier cas ; de l'iodure de potassium et du temps enlèvent le tremblement. M. le Dr Jacobs a observé ce malade et a pu constater, en médecin , tout ce que j'avance. Je me lais un devoir de le remercier du concours qu'il m'a prêté dans cette circon- stance. ( 28 ) hoven était affectée d'un tremblement mercuriel si intense, qu'elle ne pouvait plus travailler; elle avait de la peine à saisir les objets usuels, souvent ils lui échappaient spontanément des mains; elle ne travaillait presque plus, les moindres émotions augmentaient ses tremblements; cette femme, d'une constitution très-robuste, sanguine, était en même temps très-colérique. Ses tremblements augmentaient après les moments de colère à tel point qu'elle ne pouvait se tenir debout. Elle a environ quarante ans, et travaille, depuis l'âge de seize ans, à la préparation des poils pour feutre. Son tremblement s'est déclaré depuis un an environ et il a con- stamment été en augmentant. Elle a commencé à prendre de l'iodure de potassium à la dose de 0sr- 5, à partir du mois d'août, sans discontinuer le léger travail par lequel elle pouvait encore se rendre utile; mais en très-peu de temps elle a repris son travail ordinaire, et avant la fin du mois d'août elle pouvait s'y livrer sans plus de gêne qu'avant sa ma- ladie; bien plus, en septembre, l'ouvrage était pressant, la be- sogne augmentée, elle travailla davantage tout en continuant à prendre l'iodure de potassium, se guérissant au contact des ma- tières qui avaient occasionné sa maladie. Le hasard place, sous ce rapport, cette malade dans des circonstances analogues à celles dans lesquelles la guérison d'autres malades a été obtenue. A la fin d'octobre, elle avait pris 200 grammes d'iodure de po- tassium; elle n'avait jamais été mieux portante. Vers le 15 janvier, j'ai revu cette femme, elle avait recommencé à trembler légèrement. Je soupçonne qu'elle n'avait pas pris les précautions que je lui avais prescrites; il me fut facile de consta- ter la présence du mercure dans un anneau dargent qu'elle por- tait depuis quelque temps. Elle fut très-rapidement guérie une seconde fois; mais je lui prédis de nouvelles rechutes si elle ne prend pas les précautions hygiéniques que je lui ai recommandées. En terminant, je dois ajouter que M. le docteur Sélade, médecin de l'Ecole de médecine vétérinaire, a suivi avec attention la plu- part des cas signalés et d'autres que je n'ai pas cru devoir décrire. Je me fais un devoir de le remercier pour le zèle qu'il a mis à me seconder. ( 29 ) Je suis toujours heureux de pouvoir invoquer le témoignage des médecins; celui de M. le docteur Sélade m'est très-précieux, car il a pu suivre plusieurs traitements complets et constater l'amélio- ration progressive constante et sans aucune exception pour tous les malades qui se sont présentés à l'École de médecine vétérinaire. g IX. — Des cas rebelles. — La guérison est-elle complète? Y a-t- il des cas dans lesquels la médication est inefficace? Les expériences nombreuses que j'ai faites sur des chiens ont constamment eu un caractère de certitude qui ne s'est jamais dé- menti; quelle que fût la gravité de mal, je guérissais par l'admi- nistration de liodure de potassium ou, à ma volonté, j'exaltais passagèrement les phénomènes morbides au point parfois de pou- voir tuer les animaux qui se trouvaient sous l'influence des com- posés de plomb ou de mercure. Il est à ma connaissance que des médecins qui ont employé con- venablement le traitement ioduré ont tous vu leurs malades guérir complètement , ou au moins leur état s'améliorer assez notable- ment pour qu'ils pussent se passer des soins du médecin. Dans le tremblement mercuriel , la guérison perfaite est cer- taine, c'est une question de temps et de soins, rien de plus, sur- tout si le malade peut se procurer une nourriture complète et suffisante : pain, viande, légumes, quand l'appétit lui revient avec les forces. Malheureusement, dans la plupart des cas, on traite des ma- lades dont la constitution est très-affaiblie , dont la maladie dure depuis des années; la guérison alors marche si lentement que le malade n'a pas toujours la patience de pousser la cure jusqu'au bout; quand son amélioration est suffisante, il se remet au tra- vail sans prendre les précautions hygiéniques les plus simples, sans achever son traitement en un mot; les rechutes arrivent. Il faut avoir traité ce genre de malades pour savoir avec quelles ( 30 ) difficultés on lutte dans la pratique; et chose étonnante sous ce rapport, elles sont les mêmes à Bruxelles, à Paris, à Idria et à Almaden; si je constate les difficultés qu'on éprouve avec les ma- lades, je ne dois pas cacher toutefois qu'on en rencontre aussi avec les médecins praticiens, que leur responsabilité rend parfois timorés dans l'administration d'un médicament inoffensif dans toutes les affections qui ne proviennent pas d'une intoxication métallique; en effet, liodure de potassium a joui longtemps de la réputation d'être un poison; on comprend, du reste, leur hési- tation dans l'application à haute dose d'un corps qui, mal pré- paré ou mal administré, a pu donner lieu à des accidents, comme je le montre par les expériences sur l'iodate de potassium qui sont décrites plus loin. Les faits que j'ai observés me permettent d'affirmer que lio- dure de potassium amène toujours et avec certitude une amélio- ration notable, et ils m'ont amené à admettre qu'aucun cas n'est assez grave pour que l'iodurc de potassium ne parvienne pas à le guérir tant qu'il s'agit du tremblement mercuriel, pourvu que le malade veuille continuer à prendre l'iodure assez longtemps, peu importe l'âge de celui-ci et quel que soit le délabrement de la constitution. Est-ce à dire que l'on peut guérir l'hydrargyrie dans tous les cas que la pratique peut présenter? On peut en douter, mais on peut aussi, comme nous le verrons plus loin , admettre la guérison complète dans des cas déterminés, où toutes les autres médica- tions ont échoué. Quant aux maladies chroniques dues aux intoxications par les composés de plomb, elles m'ont paru en général plus difficiles à guérir radicalement, et leur traitement complet doit avoir une durée plus longue , si j'en juge par les quelques cas que j'ai pu bien observer: dans les cas difficiles, j'engagerai toujours le mé- decin à ne pas perdre de vue que le traitement doit nécessaire- ment être long et qu'il ne doit pas être fait d'un seul coup.; il est utile d'interrompre l'administration de liodure, de laisser le ma- lade revenir à son état normal ou naturel et de recommencer l'administration après ces interruptions; bien mieux, le malade ( 31 ) parût-il complètement guéri, encore est-il utile de voir l'effet de l'administration après plusieurs mois, et de constater la guérison par la disparition complète du plomb dans l'urine comme l'ont fait MM. Karl Oettinger et V. Kletzinsky. Tout ce que je puis ajouter, c'est que je serais heureux de voir un médecin me présenter un cas absolument rebelle; je n'en con- nais pas ou je n'en ai jamais rencontré. J'ai toujours vu au mini- mum une amélioration rapide et notable dans l'état des malades. Je crois que l'on peut admettre raisonnablement que les em- poisonnements métalliques chroniques sont toujours guérissables complètement, quand on les combat chez des individus dont cer- tains organes essentiels ne seraient pas frappés de mort, et dans lesquels le renouvellement de la matière dans les parties orga- nisées s'opère encore; et l'on serait tenté de croire que la cure absolue serait toujours atteinte dans un traitement qui pourrait durer environ sept ans; car je crois qu'en général les physio- logistes admettent que cette période est nécessaire au renouvelle- ment des principaux matériaux qui constituent l'homme adulte; mais ce serait là une limite extrême qui ne se préscnterajamais. On sait que le renouvellement des matériaux de l'économie di- minue avec la rareté des vaisseaux, avec l'âge des individus, d'après la nature des organes, des tissus, etc.; quant aux nerfs et aux parties centrales du système nerveux, leur mode de régé- nération ou de renouvellement est bien peu connu; la durée d'un traitement qui enlèverait les dernières traces de métaux nuisibles variera donc dans des limites très-étendues. 11 faut bien remarquer que nous sommes dans l'ignorance presque complète du lieu où le mercure et le plomb peuvent se fixer dans l'économie, et, par conséquent, de la facilité que les composés de ces métaux présentent à l'action de l'iodure de po- tassium; il me semble donc qu'avant d'admettre l'impossibilité de la cure, il faudrait pouvoir prouver que ces métaux, en se fixant sur des nerfs sensitifs et moteurs, ou sur des parties centrales du système nerveux , paralysent leur action d'une façon permanente, ou qu'ils les frappent de mort. ( 5:2 g X. — Des cas douteux. Les médecins sont parfois exposés à être mal renseignés par leurs malades; en voici un cas: une dame avait été traitée en vain par trois médecins pour des douleurs de l'estomac, accompagnées de nausées, etc. Il me parut, un jour, que ces symptômes morbides pouvaient avoir une origine métallique; la dame habitait une maison tenant à une fabrique de plomb de chasse; on y préparait aussi l'alliage arsenical qui permet la granulation du plomb. Je fis part de mon observation à notre collègue M. Gluge; il eut la complaisance de donner des soins à cette dame, qui fut traitée par l'iodure de potassium. Les médications précédentes n'avaient amené aucun soulage- ment; il en rut tout autrement sous l'influence de l'iodure de potassium, les douleurs cessèrent très-vite, la malade reprit son aspect habituel. Avant son traitement, elle avait le teint jaune verdâtre, qui rappelle une maladie du foie, teint qu'on appelle plombé ou terreux , et que les ouvriers peintres présentent sou- vent. Des précautions hygiéniques furent prises par les voisins, et les crises ne se renouvelèrent plus. Il y a de cela douze à quatorze ans environ; elle eut quelques indispositions depuis, mais aucune ne se représenta avec des phé- nomènes analogues à ceux que l'iodure de potassium enleva. Il pouvait y avoir dans ce cas une complication dans les obser- tions; car, si d'une part, il y avait du plomb, d'autre part, il pouvait y avoir de l'arsenic ou les composés de ces corps dans les fumées et les poussières auxquelles la malade était exposée. C'est à titre de renseignement que je signale ce fait; il vient à l'appiy de quelques observations qui prouvent que les médecins praticiens ont affaire plus souvent qu'ils ne le soupçonnent à des affections métalliques; et quand on voit ces affections se présenter sous tant de formes et avec des symptômes si différents, on est (' 33 ) tenté de croire que les vases usités dans l'économie domestique donnent souvent lieu à des états morbides dont la cause peut échapper au médecin mal renseigné par son malade. Quoi qu'il en soit, doit-on, si mon observation, plausible du reste, est réelle, sétonner du nombre de maladies dans lesquelles la médication par l'iodure de potassium produit de bons effets? Quand on voit les phénomènes morbides si divers et si différents occasionnés par les intoxications lentes, occultes, par les compo- sés de mercure et de plomb, si souvent employés en médecine, on peut même se demander, avec quelque apparence de raison, si le zinc, le cuivre, le nickel et leurs alliages, qui entrent dans la composition d'ustensiles d'économie domestique, n'occasionnent pas des indispositions qui pourraient être combattues avantageu- sement par l'iodure de potassium? On s'explique non-seulement, de cette façon, comment ce sel a été préconisé dans tant de maladies de nature si différente, mais dans beaucoup de cas on peut déterminer pourquoi ce mé- dicament est suivi d'heureux effets. On verra plus loin quelques considérations sur le doute que j'élève ici en posant les questions suivantes : La malade était-elle réellement sous l'influence d'une intoxi- cation plombique et arsenicale? Son teint plombé biliaire n'était-il pas dû à une affection du foie? Pourquoi, dans cette seconde hypothèse, la malade guérit-elle? Comment expliquer la guérison? Quelques expériences seront discutées à ce sujet au para- graphe XXXIV. Tome XVII. ( 54 ) g XI. — Les médications anciennes, employées dans les affections saturnines et mercurielles , soulagent les malades dans la pé- riode aiguë; aucune ne guérit la maladie chronique. Jetons un coup d'œil rapide sur les médications préconisées, principalement dans les coliques de plomb et le tremblement mercuriel. On emploie les purgatifs organiques et inorganiques, associés aux lavements purgatifs et calmants, les diurétiques divers : la limonade sulfurique, les vomitifs, soit seuls, soit associés avec des purgatifs, les extraits renfermant des bases organiques, l'opium, la noix vomique, les bains sous toutes les formes, etc.; dans les coliques de plomb, on suit encore généralement le traitement dit de la charité. Quelques-uns de ces médicaments sont employés dans les affections mercurielles, le traitement de la charité entre autres. Je me permettrai de faire remarquer que plusieurs fois des ouvriers, interrogés sur leurs maladies précédentes, m'ont appris que des préparations de strychnine, loin de diminuer le tremble- ment mercuriel, l'avait exalté; cette année encore, j'ai observé un ouvrier atteint de coliques de plomb, qui a eu un tremble- ment persistant après avoir pris, pendant trois jours, un médi- cament qui lui occasionnait, me disait-il, de fortes secousses. Je pus m'assurer, en consultant les registres de l'hôpital, qu'on lui avait administré de l'extrait de noix vomique. Quand on examine la longue liste de médicaments quon trouve signalés principalement dans les observations faites dans les hôpi- taux de Paris, on n'y retrouve aucun médicament capable d'agir chimiquement; je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit, il y a une quinzaine d'années, au sujet du sulfate de magnésie, de l'acide sulfurique et des bains destinés à provoquer des transpirations; quant aux médicaments ayant pour but d'enlever les douleurs, ils offrent des avantages que le médecin seul est capable d'appré- cier en les administrant, non en vue de guérir, mais en vue d'ap- porter un soulagement momentané. ( 33 ) Je dois faire observer qu'aucun de ces médicaments ne guérit, et que la plupart d'entre eux n'excluent pas l'emploi simultané de l'iodure de potassium, excepté la limonade sulfurique. Je ne vois pas la nécessité de cette limonade, qui, dans la plupart des cas où les acides minéraux peuvent être indiqués, serait rempla- cée avantageusement par la limonade d'acide phosphorique ou de phosphate acide de chaux, si facile à préparer, et d'une acidité bien plus agréable. Dans les cas de maladies saturnines, on guérit la colique en quel- ques jours, mais on laisse les malades sous l'influence de la dys- crasieplombique; ils sont soulagés de leurs douleurs, mais la cause de la maladie persiste, c'est l'opinion de praticiens distingués. Dans les cas des maladies mercurielles on soulage parfois, mais le plus souvent la cause du mal reste entière. Il faut bien l'avouer, dans l'un et dans l'autre cas, c'est l'iodure de potassium seul qui constitue le remède efficace; mais, s'il faut de l'iodure de potassium, il faut aussi, comme je l'ai montré, un laps de temps voulu pour guérir, et, en général, les malades désirent quitter au plus tôt l'hôpital. Ne pourrait-on donc pas remettre une dissolution d'iodure de potassium au malade sortant de l'hôpital? Il s'en servirait en vivant dans sa famille et guérirait même en continuant à exercer son métier insalubre. § XII. — Effets de l'iodure de potassium da?is les empoisonne- ments par les composés de zinc. Plus une nation est civilisée, plus l'usage des métaux s'y trouve répandu; s'il en résulte certaines jouissances de confort et de luxe, il ne faut pas se dissimuler que parfois des inconvénients sont attachés à ces avantages; ces inconvénients sont d'autant plus graves, au point de vue de l'hygiène, que dans beaucoup de cas ils peuvent provoquer des indispositions dont les causes échappent tant aux malades qu'aux médecins. Que de coliques de plomb occasionnées dans notre pays par ( 56 ) l'usage des pompes à bière munies de tubes en plomb! Que d'in- dispositions par suite de la préparation de mets salés ou acides dans les casseroles communes vernissées au plomb! Aussi doit-on louer l'autorité d'avoir interdit l'usage des composés de plomb dans l'émail employé pour les casseroles de fer. J'ignore pour- quoi elle n'a pas étendu son interdiction jusqu'aux casseroles communes en terre ordinaire, bien plus usitées que les premières dans notre pays. Je pense que les médecins luttent souvent dans leur pratique contre des empoisonnements métalliques aigus, peut-être même chroniques, dont ils sont loin de se douter. Ainsi, je vois encore aujourd'hui mettre en vente publique des matériels de brasserie dans lesquels le fer zincgué ou gal- vanisé joue un grand rôle; on peut même se demander comment ces choses sont possibles dans un pays où il y a un conseil supé- rieur d'hygiène, dans une ville capitale où se trouvent réunis des commissions médicales et des conseils d'hygiène du gouverne- ment, de la province et de la ville! J'ignore si certaines brasseries ont conservé les bacs refroidis- soirs en zinc que j'y ai vus fonctionner, à mon grand regret, vers 1850. J'ai cru devoir avertir le brasseur, qui me montrait son usine, des dangers qui pouvaient résulter de ce fait pour la santé des consommateurs Je n'ai pas fait l'analyse de bières sortant d'un établissement pareil ; le brasseur était convaincu que rien n'était supérieur au zinc pour les refroidissoirs ; il n'y trouvait qu'un inconvénient, ils s'usaient trop vite ! mais il assurait que sa bière était excellente. Or si le zinc s'use, il se dissout et, par conséquent, il devrait être proscrit chaque fois qu'il s'agit de la préparation d'aliments, soit solides, soit liquides. Je pense qu'une bière qui entre dans la consommation journa- lière, et qui contiendrait de petites quantités de composés de zinc, ne serait pas absolument inoffensive pour celui qui la con- sommerait constamment; et il me paraît prudent au moins d'ad- mettre entièrement l'avis de MM. L. Dekoninck et E. Gaulthy, An- nales du Conseil de salubrité publique de la ville de Liège, t. III. On m'assure qu'à Liège même on fait encore usage aujourd'hui ( 37 ) de refroidissoirs en zinc dans les brasseries; bien plus, dans la province du Hainaut plusieurs usines spéciales fabriquent des us- tensiles de brasseries en fer galvanisé; il paraît que des usines pareilles se sont établies dans le département du Nord, en France. L'usure rapide des refroidissoirs en zinc, qu'un brasseur de Bruxelles constatait en ma présence, doit prouver que le zinc se dissout, et doit se retrouver dans la partie liquide de nos bières qui sont très-souvent acides; fût-il, du reste, précipité par les sels minéraux de l'eau qui sert à la fabrication ou par certaines ma- tières organiques que le moût de bière peut renfermer, sa pré- sence dans ces produits n'en pourrait pas moins être nuisible; les résidus insolublesse donnent au bétail et servent parfois à la pré- paration des vinaigres communs. Quoi qu'il en soit, ne peut-on pas se demander si un médecin qui se trouverait vis-à-vis de pbénomènes anémiques dont il ne se rendrait pas bien compte, ne pourrait pas avoir rencontré un cas d'empoisonnement lent par du zinc? Voici, du reste , quelques expériences qui pourront être consul- tées, mais qu'il serait nécessaire de répéter avec soin en examinant les lésions anatomiques d'après la rapidité de la marche et des particularités de la maladie. On administre à un chien un gramme d'oxyde de zinc par jour; on le trouve mort le septième jour. Un second chien en reçoit la même quantité, mais à partir du troisième jour il refuse toute nourriture; on ne put lui adminis- trer une dose régulière; on mélangeait plus ou moins d'oxyde avec ses aliments; il résista vingt et un jours, mais il était très- mal dès le commencement, et il déclina graduellement. Une petite chienne, robe noire et poil ras, reçut un gramme d'oxyde de zinc par jour, mais en même temps un gramme d'io- dnre de potassium ; le traitement fut continué, pendant vingt-trois jours, sans phénomènes morbides; il y avait eu 48 heures d'in- terruption vers le dixième jour, par suite de l'inondation de l'École de médecine vétérinaire; elle n'avait présenté qu'un amaigris- sement assez peu prononcé. Le vingt-troisième jour, on suspendit ( 38 ) l'administration de l'iodure de potassium, mais en continuant à donner l'oxyde de zinc : trois jours après, elle était très-sou If ran te et sans appétit; l'amaigrissement fut très-rapide en cinq jours; les yeux étaient ternes et chassieux. Rien n'est plus curieux que les alternatives de bien et de mal que cet animal a présentées ; en effet, on suspend l'emploi du zinc, et liodure de potassium, administré seul pendant trois jours, amène une amélioration notable; on suspend ensuite l'iodure de potas- sium pour administrer l'oxyde de zinc, deux jours suffisent pour amener un affaissement considérable , qui disparait de nouveau après une cure de quatre jours à l'iodure de potassium ; mais quatre jours du régime à l'oxyde de zinc l'abattent à tel point qu'il ne se lève que difficilement; l'animal est roide, mange mal, a la co- lonne vertébrale voûtée en contre-haut; malgré l'affaiblissement et le délabrement, trois jours de la cure à l'iodure amènent une grande amélioration, à partir de laquelle on est résolu de mettre lin à l'expérience en administrant un excès d'oxyde de zinc; à partir du troisième jour, l'amaigrissement est nctable et a fait des progrès rapides pendant trois jours; la chassie est extraordi- nairement abondante, l'animal n'obéit plus à la voix; le septième jour les yeux sont fermés, la respiration est lente et haute, les bat- tements du cœur sont lents et très- forts; l'animal, couché sur le flanc droit, ne se lève plus, sa température paraît très-abaissée; il fut trouvé mort le lendemain dans la position qu'il occupait la veille; la paille qui lui servait de litière n'était pas dérangée. Voici , sous forme de tableau , comment les doses d'iodure de potassium et d'oxyde de zinc ont été administrées à cette chienne pendant les cinquante et un jours que l'expérience a duré : 2o jours , de cbaque matière un gramme. 5 — oxyde de zinc seul 3 — iodure de potassium seul. ... — 2 — oxyde de zinc seul — 4 — iodure de potassium — •i — oxyde de zinc — 3 — iodure de potassium — 7 — oxyde de zinc en excès. oi jours. ( 39 ) . L'expérience devrait être répétée avee cette modification qu'à partir du quarante-huitième jour environ, on reprendrait l'admi- nistration de l'iodure en vue d'amener la guérison. A l'autopsie tous les organes paraissaient sains, mais le cerveau était engorgé dune façon extraordinaire; les ventricules étaient remplis d'une sérosité rougeâtre. M. De Marbais, répétiteur d'anatomie à l'École de médecine vétérinaire, avait observé cet animal avec le plus grand soin, et tenait note, jour par jour, des alternatives de bien et de mal qui se manifestaient sous l'influence du poison et du contre-poison. § XIII. — Empoisonnements produits par tes composés de zinc et de plomb employés en frictions. Vers 1851 je fis quelques expériences dans le but d'établir une comparaison entre l'action de l'oxyde de zinc et du carbonate de plomb; c'est dans cette direction que furent commencées les ex- périences suivantes, que je décris brièvement. On cite des cas d'empoisonnements produits par l'usage d'em- plâtres à bases de plomb. On sait que Lebkuchner { a empoisonné des lapins en les frot- tant avec des solutions aqueuses de sels vénéneux et, entre autres , avec l'acétate de plomb. Un chien de taille ordinaire reçoit sur l'abdomen une peinture au blanc de zinc, il meurt en quelques jours. Deux couples de chiens aussi semblables que possible, les deux premiers à poil ras, les seconds à poil long, sont mis en expé- rience de la même façon. On badigeonnait l'un par de l'oxyde de zinc et l'autre par du carbonate de plomb; ils meurent en quelques jours. Les chiens badigeonnés par l'oxyde de zinc, moururent avant ceux qui avaient été badigeonnés au carbonate de plomb. 1 Voir l'article '.Absorption dans la physiologie , de M. Longet; Paris, 1859. (40 ) Enfin nu troisième couple fut rais en expérience; Je premier de ces animaux mourut après six jours; dès le quatrième jour, il présentait la maladie connue sous le nom de danse de saint Guy ; le second fut traité de la même façon, mais reçut un gramme d'io- dure de potassium à partir du jour de la mort du premier; la peau était, il est vrai, enflammée; mais, abstraction faite de cette affection locale, il ne présenta rien d'extrordinaire; quelques jours après, il était parfaitement bien. Les chiens soumis à cette peinture se lèchent; il y a donc une première complication dans ces expériences; ensuite, il faut ob- server que l'emploi de l'huile, plus ou moins siccative sur l'abdo- men, peut aussi compliquer les phénomènes morbides produits. Un petit chien griffon fut frictionné par de l'oxyde de zinc in- corporé à de l'axonge, on le mit à l'abri du lèehement en l'habil- lant d'un paletot bien croisé; il vécut deux mois sans présenter de phénomènes morbides intenses; il avait beaucoup maigri, mais en somme il se portait bien. Ces expériences laissent beaucoup à désirer, je ne les donne que comme de simples indications; elles ont été faites vers 1851, je ne les ai plus reprises depuis. g XIV. — Observations sur ma manière d'administrer Viodure de potassium. — Emploi de la bière et des sulfures ajoutés à Vio- dure. — Cause probable de l'efficacité plus grande de Viodure administré en dissolution dans des eaux sulfureuses. Je ferai observer d'abord que je laisse les malades prendre leur médication comme ils l'entendent; en général, je les engage à boire de la tisane, infusion de bois de réglisse et autres à leur choix, et à défaut, de l'eau pure ou de la bière légère non acide. Je leur in- terdis les mets acides préparés au vinaigre, comme la salade, l'oseille, etc. Du reste, ils n'ont rien à changer à leur régime ordi- naire. Je ne les enlève pas à leur travail; bien plus, en général, ( 41 ) ceux que la maladie empêche de travailler se sentent fort soulagés après quelques jours de traitement et peuvent continuer leur cure en se remettant à l'ouvrage, c'est-à-dire en contact avec le poison, cause de la maladie. J'engage tous mes malades à mettre du sel marin dans leurs ali- ments ; je pense réaliser ainsi deux conditions favorables : l'une par l'action bienfaisante du sel marin considéré comme succédané de Fiodure de potassium; l'autre, parce que l'usage du sel marin pro- voque la consommation de plus de liquide, et que par cela même il intervient de deux façons dans ce que je puis appeler le lavage de l'économie. Il appartient aux médecins de rendre la médication plus active par des précautions et des soins particuliers : bains, transpirations purgatifs, exercices, grand air, etc. , mais qu'on ne perde jamais de vue, comme le démontrent toutes les expériences de mes mé- moires, que Fiodure de potassium seul est le remède actif; ses ad- juvants sont sans action ou leur action est relativement faible, par- fois même elle est nuisible, comme je l'ai montré pages 26 et 27. Quand je dis iodure de potassium, je n'entends, nullement ex- clure les iodures d'autres métaux alcalins ou alcalino-terreux, et même les iodures des métaux proprement dits, tels que ceux de fer, de manganèse, etc. Je n'ai jamais fait usage de composés organiques iodures ou des corps iodures obtenus par substitution; quand ceux-ci sont brûlés dans l'économie, leur action doit au fond être la même que celle des iodures métalliques, dont l'emploi suffit et dont l'action cer- taine peut se diriger d'après la volonté du médecin et la suscep- tibilité du malade. Une précaution que je recommande au médecin et au pbar- macien consiste à calciner Fiodure employée avec une petite quantité de carbonate ou de sulfure de sodium dans un vase de fer, avant de le dissoudre ; parfois je uie suis bien trouvé de le rendre alcalin par du bi-carbonatc de soude; je n'ajoute aucun si- rop, aucun autre médicament à la dissolution pure. Une mesure graduée sert au malade; elle correspond à un poids donné, sou- vent un gramme pour dix centimètres cubes de liquide; il prend ( *2 ) la dose et la mélange avec ses boissons ou sa nourriture. N'étant pas médecin, je dose, à la façon des chimistes, par une liqueur titrée pure de tout mélange, procédé qui me paraît préférable à la cuiller à bouche ou à café. M. le docteur Sélade fut assez étonné lorsque je lui proposai de laisser le malade mettre la dose diodure de potassium dans la bière ordinaire non acide : bières blanches de Louvain , bière de Diest, brunes ordinaires; mais ayant rencontré dans sa pratique des malades dont l'estomac ne tolérait pas ce sel , et chez lesquels il avait dû même interrompre l'usage de liodure de potassium, il a pu revenir à cette médication en le faisant prendre sous cette forme, même pendant les repas; les malades le supportaient sans inconvénient; leur estomac le tolérait très-bien. Aujourd'hui, les iodures sont généralement assez purs dans le commerce; il y a une dizaine d'années, il n'en était pas de même, d'après ce que des pharmaciens distingués m'assurent. Peut-être quelques-unes de nos bières renferment-elles des principes capa- bles de réduire l'iodate qui pourrait se trouver mêlé à l'iodure. Liodate est un violent poison, comme on le verra plus loin. A l'appui des observations qui indiquent parfaitement les acci- dents qui peuvent résulter de l'administration d'un iodure conte- nant de liodate, je ferai remarquer que des eaux naturelles, qu'on suppose être efficaces par suite de leur contenu en iodures , renfer- ment souvent des sulfures dont l'existence est incompatible avec celle des iodates. On comprend ainsi pourquoi les médecins des villes d'eaux sulfureuses trouvent que l'administration de liodure avec l'eau sulfureuse est souvent mieux supportée par le ma- lade, et par conséquent plus efficace. Rien n'empêche le médecin de nos villes de faire ajouter une petite quantité d'hydrosulfate de sulfure de potassium ou de sodium à la potion d'iodure de po- tassium pour se placer dans les conditions avantageuses de leurs confrères d'Aix-la-Chapelle, d'Aix-les-Bains , etc. En général , la cure par 1 iodure de potassium dure plusieurs mois. J'ai trouvé qu'il était utile d'interrompre, de temps à autre, l'administration du médicament pendant quelques jours. Après chaque interruption , que je considère comme un repos pour le ( *5 ) • malade, je recommence par des doses modérées que j'élève de nouveau graduellement. Autant que possible, j'évite toute com- plication, l'iodure de potassium sulïit avee un bon régime. En général, les malades n'ont rien à gagner de l'emploi des adju- vants, tels que les purges, etc. g XV. — Succédanés de l'iodure de potassium. Lorsque l'on admet que l'effet de la médication par l'iodure de potassium est du à la facilité avee laquelle il peut se former des sels doubles et la rapidité avec laquelle les précipités organiques mixtesMe sublimé disparaissent ou se dissolvent par son inter- vention , on est amené à se demander si, sous le rapport de l'éner- gie de la médication, il ne doit pas exister une différence entre les divers iodures alcalins : potassium, sodium, calcium, ammo- nium, magnésium de fer ou de manganèse, chacun de ces com- posés pouvant apporter l'action spéciale due à l'élément électro- positif ou métallique. Dans l'administration par les iodures de métaux non véné- neux, comme pour le fer, par exemple, il doit y avoir une double décomposition qui porte liode sur les composés de sodium, de potassium, etc., de l'économie, tandis que le fer. peut être mis à profit par celle-ci, comme dans les affections chlorotiques. Mes expériences n'ont été faites, jusqu à présent, qu'avec l'io- dure de potassium et l'iodure de fer, mais il serait possible que les autres iodures produisissent de bons effets; je ne sache pas qu'on ait fait usage suivi de ces corps en médecine; comme parfois le tissu osseux est attaqué dans les maladies mercurielles ou les accidents consécutifs de la syphilis, je me demande s'il n'y aurait pas lieu d'essayer les iodures de calcium et de magnésium. ( 44 ) § XVI. — Action de l'iodate de potassium sur l'économie. — Ce sel doit être considère comme étant un poison. — // passe à l'état d'iodure. — Question de médecine légale qui se rattache à ces faits. — Emploi de Viodate en médecine. J'ai recommandé plus haut d'employer 1 iodure de potassium récemment calciné; on est certain de détruire l'iodate qui possède une action très-violente sur l'économie, si j'en juge par les expé- riences suivantes, qu'il serait utiie de répéter et de varier. Un petit chien, très-âgé, mourant de vieillesse, reçoit une quinzaine de centimètres cubes dune dissolution saturée d'iodate de potasse ayant une réaction très-légèrement acide. L'animal mourut pendant l'administration. L'autopsie ne put être faite que le lendemain, et, eu égard à la rapidité avec laquelle la mort était arrivée, l'âge et la débilité du chien, je n'examinai que le contenu de l'estomac. Je me bornai à constater qu'une quantité considé- rable d'iodate, peut-être tout le sel, avait été transformée en iodure. On administre à un petit chien jeune, pesant environ trois kil., Ogr-,7o() du même iodate de potassium dissous dans quinze centi- mètres cubes d'eau; quelques instants après, il vomit et refuse de boire et de manger; deux heures plus tard, on double la dose, les vomissements reparaissent et sont composés d'une espèce de bave glaireuse avec des stries sanguinolentes; à cet instant, on constate parfaitement la présence d'une grande quantité d'iodure dans la matière vomie et dans l'urine; on donne encore à l'animal trois doses de 0sr,750, en mettant un intervalle d'une heure entre cha- cune d'elles; le chien avait eu, en tout, 4sr,o d'iodate dissous dans quatre-vingt-dix centimètres cubes d'eau, administrés en sept heures; on avait fait des pertes de sel, car on était obligé d'employer la force pour le lui faire prendre; l'animal avait beau- coup vomi après chaque administration, puis bavé sans boire et sans manger. Il fut trouvé mort, et déjà refroidi, le lendemain ma- tin à six heures, douze heures après l'administration de la der- ( *» ) nière dose. Je ne pus constater de l'iodate nulle pari, je retrouvai de l'iodure partout; les sérosités pectorale et intestinale, la séro- sité du péricarde en renfermaient; la vessie était absolument vide, mais un papier amidonné, mis en contact avec la paroi intérieure, bleuit fortement par le chlore; le canal intestinal renfermait de l'iodure dans toute sa longueur; le mucus buccal et nasal aussi, de même que les yeux; deux grammes débile calcinée avec précaution ne me permirent pas de retrouver l'iode dans ce produit ; la cendre avait été dissoute dans une faible quantité d'eau , acidulée ensuite , additionnée d'eau d'amidon et traitée par le chlore, en prenant les précautions exigées pour déceler les faibles traces d'iode. Un griffon adulte, vigoureux, du poids de cinq kil., a été tué, en quarante- deux heures, par une dose d'environ dix -huit grammes du même iodate, administrés de la façon suivante : Le premier jour, à midi, lsr,5 d'iodate sont administrés en dis- solution dans trente centimètres cubes d'eau; la même dose lui est donnée à une heure et demie, à trois heures, à quatre heures et demie et à six heures. Le deuxième jour, l'administration se fait de la même façon que la veille. Le troisième jour, on ne lui donne que deux doses; la pre- mjère, à six heures du matin; la deuxième, à sept heures et de- mie. Le chien était dans un état tel qu'on jugea inutile d'en donner davantage. Il mourut sans convulsions, sans cris, à dix heures du matin. Il avait beaucoup vomi, comme le premier, mais il avait mangé et bu le premier jour. Le second jour avant l'administration de 1 iodate, je pus re- cueillir trente-neuf grammes d'urine parfaitement pure; elle était légèrement acide, renfermait énormément d'iodure; mais, bien que j'eusse pris toutes les précautions possibles, je ne pus dé- couvrir la moindre trace d'iodate dans ce liquide. Le même jour, vers trois heures de l'après-midi, le chien eut une légère déjection alvine que je pus recueillir sans qu'elle fût souillée accidentellement par des produits étrangers, et j'y ( 46 ) constatai la présence diodure. Je signale ce fait, parce que l'io- dure fait souvent défaut au canal intestinal, ou du moins ne s'y trouve qu'en très-petite quantité. L'animal était très-malade, il semblait souvent dormir ou paraissait assoupi. A l'autopsie, je retrouve la présence d'iodure, exactement comme dans le chien précédent. On sait, ou mieux on admet, en général, que les chlorates et les azotates alcalins passent dans l'urine sans s'altérer, mais je ne sache pas qu'on ait prouvé, par une expérience quantitative, qu'ils y passent intégralement. On peut donc douter de la réalité du fait généralement admis. La facilité de la décomposition de l'iodate de potassium en dis- solution par les corps réducteurs, comme le sulfure d'hydrogène, l'acide sulfureux et l'acide arsenieux, fait comprendre directe- ment que ce sel doit rencontrer dans l'organisme une foule de matières qui le réduisent, en tout ou en partie, en s'emparant de son oxygène et laissant de l'iodure de potassium; mis en contact avec l'urine fraîche et froide, l'iodate de potassium se réduit en partie et assez vite; si l'on chauffe, la réduction marche plus vite. Quoi qu'il en soit, les expériences qui précèdent montrent que les pharmaciens soigneux feront bien d'examiner l'iodure de po- tassium à ce point de vue, et qu'il serait très-prudent de ne l'employer qu'après l'avoir fondu avec un peu de limaille de fer, ou traité par un corps réducteur qui rend l'existence de l'iodate impossible lors de l'administration. Si l'iodate est un corps toxique, il deviendra peut-être un mé- dicament important ayant une action chimique double; en effet, il commence par brûler les corps qui ne vivent pas, ou ceux que l'économie est le plus prête à transformer ou à éliminer sous la forme d'eau , d'acide carbonique et de composés ammoniacaux. Tout semble devoir nous porter à admettre que les parties réel- lement vivantes résistent mieux à son action ; après cette décom- position partielle, il laisse au sang, pour l'éliminer par l'urine, un médicament: l'iodure de potassium, dont les effets sont assurés dans des maladies nombreuses; peut-être les médecins trouve- ( 47 ) îont-ils dans ce sel un médicament énergique. Je ne sache pas qu'il ait été beaucoup employé en médecine, mais on a proposé l'usage d'un corps qui lui ressemble : le chlorate de potassium, et, entre autres, dans l'angine sous ses diverses formes, ma- ladie qui, dans ces derniers temps, a fait beaucoup de victimes à Bruxelles. Je me demande si, dans ces cas désespérés, on n'oserait pas faire un usage prudent de l'iodate, car le chlorate, d'après ce que m'assurent des médecins distingués, n'a, le plus souvent, donné que des résultats négatifs. Qu'on me permette une comparaison qui montre comment on pourrait comprendre l'action de l'iodate de potassium ; le chlo- rate de potassium, bien plus difficilement décomposable que l'io- date, aura, par ce fait même, une action plus faible sur l'économie que l'iodate; ce dernier cède facilement son oxygène et brûle ou transforme les matières organiques; par conséquent, il serait donc, jusqu'à un certain point, comparable au chlorate dont on aurait exalté les propriétés. Ces considérations peuvent servir de guide, si jamais on fait usage de l'iodate en médecine. Il serait utile, dans ce cas, d'employer de l'iodate ayant une réaction alcaline. Voici deux expériences qui ont été faites dans cette direction : on avait ajouté de la potasse caustique à une dis- solution diodate acide, jusqu'à ce qu'elle présentât une réaction très-légèrement mais franchement alcaline, puis on avait fait passer de l'acide carbonique dans la dissolution; comme surcroît de précaution, on ajouta une petite quantité, trois pour cent environ de bi-carbonate de soude, et on fit ensuite bouillir le liquide. Un chien très-vigoureux, pesant 7 kil. o , reçoit en trente heures neuf doses d'une dissolution de l'iodate précédent, dans 50 cent, cubes d'eau distillée; chaque dose renfermait igl,845 de sel; dès la première administration, le chien vomit; peu de temps après, les stries sanguinolentes, déjà observées sur les chiens précédents , apparaissent dans les matières vomies; l'animal mourut sous l'in- fluence de l'iodate légèrement alcalin, à peu près aussi vite que ( 48) le griffon de la page 45; cependant, il paraissait pins vigoureux et pesait plus que celui-ci. Il paraît donc bien prouvé que l'iodate de potassium, même alcalin, est un poison aussi violent que celui qui a une légère réaction acide au papier de tournesol. Pour l'expérience suivante, les doses assez élevées d'iodate ont été diminuées, on s'est servi du même sel qu'on avait fait recri- stalliser avant de le dissoudre. Un chien jeune, bien portant, pesant 4 kilogrammes, reçoit par jour trois doses de 0§r,500 de sel dissous dans 50 cent, cubes d'eau distillée : une le matin, une à midi et une le soir; il avait à sa disposition une nourriture soignée, composée de viande cuite et de pain. Tl était très-souffrant dès le premier jour, vomissait après chaque administration , de façon que la dose de lgr,,5de sel par jour se réduisait certainement de bien plus de la moitié, peut-être du tiers, car on faisait une perte de liquide, et ce qui en pénétrait à l'estomac n'y séjournait que peu de temps. L'animal maigrit très-rapidement, ne voulut plus rien prendre dès le deuxième jour; on continua l'action du toxique pendant cinq jours; le sixième, on ne lui administra qu'une seule dose; le sep- tième, on lui donna du lait; il en prit un peu spontanément, mais il mourut le huitième jour au matin. L'estomac contenait de l'induré; les mucus et tous les organes en renfermaient comme quand on donne ce sel en nature; la vessie présentait un peu d'urine, très-riche en iodure; le canal intestinal n'en offrait que des traces. Cet exemple prouve donc encore que le médecin doit être très- prudent, et que le pharmacien doit porter un soin tout particu- lier à l'examen de Fiodure qu'il délivre. Je regrette de n'avoir pas été à même de suivre l'action de l'iodate administré en lavement; son passage dans le sang par cette voie me paraît de nature à fournir des résultats curieux. On verra une seule expérience plus loin. L'action de ce corps sur les matières organiques me paraît être de nature à pouvoir engager à l'utiliser comme un caustique tout ( 49 ) particulier agissant sur des plaies, par exemple, d'une façon toute spéciale, et qui ne ressemble ni à l'action du fer rouge, ni à l'ac- tion des caustiques alcalins, soude, potasse, ni à celle des sels métalliques, nitrates d'argent, de mercure, acétate de plomb, etc., ni à celle des dissolutions de chlore, de brome ou d'iode. Les quelques expériences faites avec l'iodate de potassium con- duisent à une question bien difficile de médecine légale; en effet, supposons qu'on administre ce sel en vue d'amener la mort et que celle-ci arrive en effet. A l'autopsie, en la supposant prati- quée peu de temps après la mort, on pourra constater certaines lésions; mais, en général, celles que nous connaissons dans l'état actuel de la science n'ont pas ce caractère de certitude qui permet de certifier, sans hésitation, les causes de la mort ou la nature du poison; on est obligé de recourir à l'analyse chimique. Or l'iodate devient de l'iodure, et l'on n'oserait, bien entendu dans l'état actuel de la science, affirmer que l'iodure de potas- sium est un poison ; il y a plus : j'ai prouvé que l'iodure de po- tassium s'élimine vite et qu'en peu de jours on n'en retrouve que des traces dans l'économie, par un procédé simple que tout mé- decin peut facilement exécuter; je pense qu'il se pourrait même qu'on ne retrouvât plus que de faibles quantités de ce corps dans l'urine où il s'accumule cependant. — Il faudrait donc baser ses conclusions, dans un cas pareil, non sur l'analyse chimique, mais sur d'autres indices. Quoi qu'il en soit, la position des ex- perts, dans le cas d'une expertise médico-légale, pourrait être difficile et très-délicate. g XVII. — Des doses d'iodure de potassium que les animaux peuvent supporter sans être incommodés. Il me paraît qu'il ne suffit pas des preuves, déjà assez nom- breuses cependant, qui résultent des faits que je signale dans les paragraphes précédents, pour montrer l'innocuité de l'emploi de Tome XVII. 4 ( so ) l'iodure de potassium. J'ai fait, vers 1850, une série assez nom- breuse d'expériences qui confirment pleinement les observations de mon premier mémoire et l'innocuité relative de ce sel. Les chiens supportent des doses d'iodure de potassium très- élevées pendant un mois et plus; j'ai administré quatre grammes d'iodure de potassium par jour à un chien pesant environ cinq kilogrammes, sans qu'il en soit résulté aucun inconvénient; il restait gai, mais avait un peu maigri, cependant il mangeait très- bien; il était saturé d'iodure. On en retrouvait en quantité plus ou moins considérable dans tous ses organes : l'estomac en contenait beaucoup; les intestins grêles, très-peu ou point; la bile et le cerveau , des traces. Si on compare le poids du chien à la dose d'iodure qu'il a sup- portée; pendant un mois, on trouve le rapport 4/soooes; l'homme, dont le poids moyen est de soixante kilogrammes, pourrait donc prendre probablement quarante à cinquante grammes d'iodure par jour, pendant un mois, et le seul phénomène consisterait en un léger amaigrissement. Je pense qu'un homme adulte qui prendrait deux onces de sel marin par jour au-dessus de la dose moyenne, qui est d'en- viron huit kilogrammes par an, soit vingt à vingt-cinq grammes par jour, présenterait des phénomènes analogues; les chiens mai- grissent rapidement sous l'influence d'un excès de sel marin; un grand excès de ce sel peut même conduire à la mort en peu de temps. M. Puche administre liodure de potassium à la dose de une et même de deux onces, sans inconvénient. A ces fortes doses, les précautions que j'ai indiquées pour dé- truire l'iodate me paraissent importantes et de nature à être très- strictement observées; on est porté à croire que les accidents qui , parfois, ont été signalés dans l'emploi de liodure de potassium ont dû être occasionnés par les impuretés de ce sel et non par le sel lui-même. L'iodure de fer peut être administré aux chiens à doses très- élevées, comme liodure de potassium, sans que ces animaux paraissent en souffrir; cependant ils maigrissent souvent, mais ( 51 ) " reprennent leur état normal en très-peu de temps; quelques jours suffisent, en général, comme il me l'a été démontré par un grand nombre d'expériences directes sur des chiens de sexe, d'âge, et de poids très-différents. Je crois inutile de les décrire. § XVIII. — L'iodure de potassium et les autres iodures de métaux non vénéneux pourraient, dans quelques cas, être administrés en lavements. On a, je crois, proposé l'emploi de lavements d iodure de po- tassium; je ne sache pas que cette médication soit usitée souvent. J'ai administré l'iodure de potassium en lavement à un petit chien, à la dose d'un gramme par jour, pendant plus d'un mois; il n'a présenté aucun phénomène morbide , mais il a relativement maigri davantage et plus vite que les chiens qui en prennent des doses plus fortes, administrées par la bouche; l'appétit se conserve cependant bien. Si on sacrifie l'animal vingt-quatre ou trente-six heures après le dernier lavement, on ne retrouve plus ou on ne constate que de très-faibles quantités diode dans toute la longueur du canal intestinal, même vers l'anus, tandis qu'on en rencontre encore beaucoup partout ailleurs, comme dans le cas de l'administration par la voie ordinaire. Les iodures font presque constamment défaut dans ce cas, comme dans d'autres, dans le liquide de la vésicule biliaire, si on le recueille avec des soins minutieux au moment même de la mort, afin d'éviter des effets d'endosmose cadavérique; car ceux-ci peu- vent amener des iodures à la bile. La sensibilité excessive de l'action de l'iode sur l'amidon oblige à prendre les plus grandes précautions. Cette expérience prouve que l'iodure, administré par le canal intestinal, est bien supporté par les animaux, et il se peut que, dans certains cas, il y aurait un avantage à introduire par cette voie ce médicament dans l'économie; il passe très -vite ( S2 ) à l'estomac et à l'urine lorsqu'on l'administre ainsi. J'avais com- mencé ces expériences en vue de m'assurer quel chemin l'iodure suivait pour arriver à l'urine, mais elles ne m'ont pas permis de trancher la question. J'y répondrai quand je pourrai faire de nou- velles vivisections. Les doses d'iodure qu'un animal peut supporter, lorsqu'on les administre en lavement, me paraissent pouvoir être très-élevées , car un petit chien, pesant quatre kilogrammes, n'avait pas souf- fert et n'avait rien présenté de particulier après lui avoir admi- nistré de cette façon, d'abord huit grammes d'iodure pendant trois jours, puis quatre grammes pendant deux jours, et six grammes le jour suivant; le lendemain, on ne lui en administra que trois, et il fut sacrifié deux heures après. Tous ses organes renfermaient des composés d'iode; il suffisait de mettre du papier amidonné en contact avec les sérosités sous- cutanées, pectorale, abdominale, celle delà paroi abdominale, du diaphragme, du péricarde, du nez et de la gueule, pour constater la présence d'un iodure au moyen de l'eau de chlore. Le cœcum et le rectum contenaient encore un peu d'iodure, mais on ne découvrit plus l'iode, si ce n'est en très-faibles traces seulement, au moyen du papier amidonné, depuis le cœcum ou un peu au delà en remontant jusqu'à l'estomac; celui-ci en renfer- mait encore beaucoup. Le cerveau, bien lavé pour enlever le sang, bouilli avec de l'eau, livra un liquide dans lequel l'eau d'amidon et le chlore ne permirent pas de déceler facilement l'iode; la réaction se faisant avec beaucoup de prudence dans des liqueurs très-concentrées, il n'y avait certainement qu'une trace très-légère d'iodure. La bile, examinée avec le plus grand soin, mais sans calciner la matière organique, ne permit pas de constater la plus petite trace d'iodure; la contre-épreuve fut faite, une trace d'iodure ajoutée au liquide biliaire, acide filtré, fut reconnue de suite; mais ce procédé laisse à désirer. Je ferai remarquer que j'ai parfois rencontré l'iode en quantité appréciable dans le cerveau et la vésicule biliaire; le sang en charrie toujours, mais les faibles quantités de ce liquide, dans ( 33 ) un cerveau non injecté et bien lavé , doivent incontestablement rendre celui-ci très-pauvre en iodure; s il en était autrement, on reconnaîtrait la présence de l'iode avec la plus grande facilité. On peut administrer l'iodure de fer en lavement, comme l'io- dure de potassium ; cette expérience n'altère pas plus la santé des chiens que le lavement d'iodure de potassium. Règle générale : on retrouve la présence de l'iode dans ces ani- maux comme dans les autres; l'estomac contient des iodures, le canal intestinal n'en contient pas ou n'en contient que peu; il se fait un partage tel que le fer se rend au canal intestinal et que liode passe par l'urine ; celle-ci ne renferme que peu ou pas de fer, et contient, dans quelques cas, une quantité d'iodure telle qu'elle précipite de l'iode à l'état solide, par l'action du chlore. Dans quelques expériences, faites en donnant des lavements d'iodure de fer, et en dosant le fer et l'iode dans les matières de l'estomac, j'arrivais à cette conséquence, que, quelle que soit la voie d'absorption: rectum, cavité abdominale, cavité pectorale , l'iodure de fer laissait tout ou une grande partie du fer dans le corps, et que liode se trouvait dans l'estomac combiné avec les métaux alcalins ou alcalino-terreux. Si on injecte de liodure de fer dans la cavité abdominale, il est absorbé, et l'on retrouve en général cette tendance des iodures d'aller à l'urine, tandis que le fer ne semble pas s'y rendre, puisque l'on y retrouve beaucoup diode et peu ou point de fer. Quand les chiens résistent, pendant quelque temps, vingt-quatre à trente-six heures, à une injection d'iodure de fer dans la cavité pectorale, par exemple, on trouve encore le fer et les iodures dans l'estomac; la quantité de fer augmente dans le canal intestinal, mais les iodures diminuent pour aller se concentrer dans l'urine. ( 54 ) g XIX. — Comment MM. Xalalis Guillot et Melsens sont- ils arrivés à proposer l'iodure de potassium dans les affections saturnines et mercurielles, et plus généralement dans les affections métalliques? — Comment ce sel agit-il dans les affec- tions consécutives de la syphilis? Il peut paraître inutile de traiter deux questions posées en ees termes, mais je désire le faire en vue de chercher à élucider et à faire bien comprendre la théorie de l'action du médicament. Je m'occupais, vers 1843, de recherches microscopiques sur la chair musculaire, et en général sur les matières azotées solides; ces recherches se rattachaient aux analyses organiques de ces corps, que j'ai publiées en 1845; des dissolutions métalliques ser- vaient à mes préparations, une pièce soumise à une imprégna- tion métallique était ensuite traitée par des réactifs appropriés, qui enlevaient le composé métallique préalablement fixé. Souvent j'avais fait des macérations avec le sublimé ou les sels de mercure et d'autres composés métalliques. Une fois fixés, j'enlevais les composés de mercure au moyen de l'iodurc de potassium; ma pièce microscopique se présentait, par ce moyen et par d'autres que j'employais, sous un jour et sous un aspect nouveaux. Ce fut vers cette époque que mon ami, M. Natalis Guillot, me demanda comment je traiterais un malade affecté de phénomènes morbides dus à l'intoxication chronique par le mercure. J'indi- quai l'iodure de potassium, et je montrai l'expérience au mi- croscope sur la chair musculaire. Lorsque l'on embaume de la chair musculaire par du sublimé ou qu'on la fait digérer dans une dissolution aqueuse de ce corps, elle semble se raccornir en devenant opaque; un lavage à l'iodure de potassium la rend de nouveau transparente et enlève le composé mercuriel. Il comprit de suite toute l'importance de l'expérience, et n'hé- sita pas à soumettre un malade à la médication ioduréc. L'amélio- ration fut prompte et nette. Ce premier succès nous enhardit, et nous n'hésitâmes plus à proposer l'iodure de potassium dans les cas d'affections satur- ( S5 ) nincs. (Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences. — Paris, 1844, tome XVIII, p. 522.) Ce que je désire montrer, e'est que l'expérience de lavage sur une pièce morte, reportée dans l'économie vivante, s'y montre avec des résultats absolument semblables, comme nous le suppo- sions et comme l'ont prouvé mes premières cures dans lesquelles j'ai déterminé la présence du mercure dans l'urine; ces expé- riences ont été confirmées et étendues par des travaux remarqua- bles exécutés en Autriche, et que j'analyserai plus loin. Je dois, en 18Gi, comme en 1849, exprimer le regret de me trouver obligé de publier seul un travail dans lequel les lumières du savant professeur de l'École de médecine de Paris m'auraient été d'un puissant concours; on n'oubliera pas que M. Natalis Guillot a été le promoteur de la nouvelle médication, et que les premières expériences et observations, comme les premières cures, ont été opérées par lui. Me sera-t-il permis d'ajouter que si la médication iodique avait été employée depuis longtemps, au moins elle reposait uniquement sur des données empiriques, elle n'était rattachée à aucun phé- nomène chimique; soit lorsqu'on s'en servait dans une foule de maladies dans lesquelles la cause de son action nous échappe ou s'interprète difficilement : le goitre, les affections scrofuleuses , par exemple; soit lorsqu'on en faisait usage dans les maladies syphilitiques. La théorie de son action peut-elle se résumer, dans ce dernier cas, par l'expérience que je viens de décrire, qui montre l'action dissolvante de ce sel sur les composés mercuriels fixés dans le corps des animaux? Certes, les données empiriques ont leur valeur en médecine, mais l'introduction de la médication par les composés d'iode n'aurait pas été faite de sitôt sans l'idée scientifique qui guidait Coindet, auquel revient la gloire d'avoir proposé cette médica- tion; cette idée, aussi simple que grande dans ses effets, consis- tait à attribuer aux composés iodés, qu'on trouve dans les cendres d éponges et de varechs, les vertus médicales que ces cendres pos- sèdent pour combattre le goitre et les affections strumeuses ou scrofuleuses. ( 56 ) Si Coindet à donné L'éveil sur l'emploi des préparations iodu- rées, si même il les avait proposées, dès 1820, pour combattre la syphilis chez les sujets scrofuleux , il faut bien reconnaître qu'il ne pouvait que constater des faits cliniques. Lorsque, quelques années plus tard, Lugol proposa le traitement ioduré dans les accidents consécutifs des maladies syphilitiques, ee praticien dis- tingué avoue lui-même qu'il n'arriva que fortuitement ou empi- riquement à proposer une médication qui a acquis, par les tra- vaux de ilanck et Kluge, Ricord, Wallace et tant d'autres, une importance si considérable. Aujourd'hui, on est tenté de dire que, dans la plupart des cas, sinon toujours, comme l'admettent, d'après 31. J. Hermann, plu- sieurs médecins viennois, on ne combat dans les affections con- sécutives de la syphilis que de véritables maladies mercurielles. J'ai quelque peine à me figurer que l'iodure de potassium puisse être considéré comme antisyphiiitique, comme capable de remplacer le mercure dans cette maladie, en agissant sur le virus syphilitique; e'est, du reste, l'opinion de beaucoup de médecins; sans avoir autorité pour me prononcer dans ces graves questions, j'ajoute quelques mots. En effet, quand on eompulse les observations, il reste les plus grands doutes sur l'action antisyphiiitique de l'iodure de potas- sium dans l'affection primitive; on est d'autant plus porté à lui contester cette propriété, lorsque l'on voit l'accord parfait qui règne entre tous les observateurs, quand il s'agit des accidents secondaires et surtout tertiaires.' — Dans la généralité de ces obser- vations, on ne peut manquer d'être frappé d'un fait important : Tous les malades avaient jadis été traités par des mercuriaux ou venaient de l'être sans résultat profitable. Abstraction faite de toute opinion préconçue, on voit que l'io- dure de potassium remplit un double but : il rend solubles et actifs les composés de mercure gardés par l'économie, etleur donne une forme qui permet à celle-ci de s'en débarrasser par la voie urinaire; le malade subit donc deux traitements, l'un mer- curiel, provenant de son organisation hydrargirée, l'autre ioduré, par suite du médicament. ! :>7 ) Cest à la médecine pratique qu'il appartient de décider la ques- tion du pourquoi de la guérison ; mais la théorie, telle que je l'ai établie, reste acquise par d'innombrables faits. CHAPITRE IL EXPÉRIENCES FAITES, EN AUTRICHE, SUR L'EMPLOI DE L'iODURE DE POTASSIUM DANS LES AFFECTIONS SATURNINES ET MERCU- RIELLES. g XX. — « Les succès éclatants que M. le docteur Gerbez obtient » chez ses nombreux malades prouvent que ïiodure de potas- » siumjoue le rôle principal dans la médication, et que ce mé- » dicamenl est un antimercuriel parfait J. » M. de Thomm, chargé d'affaires d'Autriche à Paris, en 1849, me fit l'honneur d'envoyer quelques exemplaires de mon premier mémoire à son gouvernement. Une ordonnance2, émanée du mi- 1 Das im Medicamentose Apparate clas Jodkalium die Hauplrolle spiele tend ausser allem Zweifel ein vollkommenes antimercuriale sei , zeigen die glanzenden Erfolge, die Dr Gerbez alltàglich bei seinen zahlreichen Kranken evzielt. Beziiglich der Anwendung des Jodkaliums erfloss haut Erlasses des ho/ien KK. Ministerium fur Landeskultur und Bergwesen d' 9 August 1849, Z. (838). M. B. L., durch das KK. Obergaml und Bërggerichl , Klagenfurl , den 17 August 1849, Z., 1804, folgendes : Auszug aus der Brochure : Mé- moire sur l'emploi de l'iodure de potassium pour combattre les affections saturnines et mercurielles , par Melsens, etc., etc. 2 II peut paraître extraordinaire de voir une. administration traduire un mémoire purement scientifique en ordonnance ; ajoutons que l'administration ( S8 ) nistère impérial et royal de l'agriculture et des mines , compre- nant un extrait de mon mémoire, fut envoyée à M. le D' Gerbez, médecin d'Etat aux mines de mercure d'Idria; il obtint des ré- sultais cri al a nts , d'après ce que M. Jos. Hermann nous apprend dans sa brochure; ces résultats ne furent publiés qu'en 1858 dans le Wiener Medizinische Wochenschrift. Je renvoie le lecteur à ce travail *. J'ai voulu m'assurer, en 1803, si les effets de la médication par liodure de potassium s'étaient maintenus depuis 4858. S. E. M. le baron de Iliigel 2, ministre plénipotentiaire d'Au- triche à Bruxelles, a bien voulu, à ma demande, s'adresser à son gouvernement dans le but d'obtenir des données statistiques exactes; mais les malades d'Idria sont traités à domicile, et ces données font défaut. D'après M. Jos. Hermann, la mortalité à Idria est d'environ eent vingt décès pour quatre mille cinq cents habitants, soit en moyenne un décès sur 37,5 habitants par an. D'après les statistiques belges, la mortalité se répartit dans notre pays de la façon suivante, pour les années 1801 , 1802 et 1803 : Pour la Belgique entière, un décès sur 48>07 habitants en moyenne; le chiffre le plus élevé des décès a été fourni par la province de Brabant, en 1801, c'est-à-dire un décès par 40,05 autrichienne porte une attention bienveillante à toute la population employée dans ses travaux; elle est puissamment aidée par les soins intelligents de M le Dr Gerbez. Hélas! pourquoi dans d'antres pays de mine on d'industrie ne voyons-nous pas s'étendre la main bienveillante des administrations sur ces travailleurs si dignes d'intérêt? En Autriche, entre autres bienfaits, les ouvriers des mines d'Idria ont droit à une pension après dix années de travail; la pension équivaut au prix de la journée de travail. 1 Studien liber kranhlirilsformen in Idria von IV J. Hermann [Wiener Medizinische Wochenschrift, 1858). 2 Je me lais un devoir do remercier S. E. M. le baron de Hùgél et M. de Thomm de la bienveillance qpu'Hs m'ont témoignée dans ces circonstances, et les prie de vouloir bien agréer l'assurante de ma profonde reconnaissance. ( m ) habitants; le chiffre le moins élevé est fourni par l;i province de Namur, en 1865; les décès n'j figurent que pour un sur 63,20 habitants. Je ne donne ces chiffres qu'à titre de renseignement, sans y attacher aucune importance; il faudràil une statistique médicale plus complète pour analyser les effets dus à l'exploitation du mer- cure à Idria. Voici un extrait de l'un des documents que je dois à l'obli- geance de S. E. M. le baron de Hùgel. C'est un rapport de M. le docteur Gerbez, médecin attaché aux mines de mercure d'Idna. Je ferai d'abord remarquer que la question du traitement des maladies à Idria est entourée de toutes les difficultés que 1 ou ren- contre partout, mais d'après l'expérience acquise : M. Gerbez considère encore aujourd'hui : « l'iodurc de potas- » sium comme un remède eflicace contre l'intoxication mereu- » rielle, si l'on combine son administration avec un régime » convenable; les accidents invétérés, qui résistent opiniâtre- » ment à d'autres moyens et qui s'amendent notablement par * l'emploi de l'iodurc de potassium, prouvent l'importance de » cette découverte. » Après une énumération des accidents si nombreux et si variés que présente l'intoxication mercuriclle , M. le docteur Gerbez ajoute : « Si l'iodurc de potassium ne guérit pas radicalement ces » accidents, au moins il les améliore beaucoup. » » On n'obtient pour ainsi dire jamais une guérison radicale de » l'hydrargyrie chronique; car les enfants doivent le jour à des p parents qui sont pour ainsi dire amalgamés; en avançant en » âge, ils embrassent la carrière de mineurs et s'habituent tcllc- » ment à l'action du mercure, qu'ils ne réclament les secours de » l'art que dans lés cas dhydrargvric aiguë; puis ils n'attendent » pas même leur guérison complète pour retourner au travail , » s'exposent de nouveau aux influences du poison, et passent » toute leur vie dans une cachexie hvdrargvnquc plus ou moins » prononcée. » Malgré ces restrictions dont le malade seul est la cause, il ajoute: «Le traitement par l'iodurc .de pota&siufB a donc fourni » ses preuves chez nous. » ( 60 ) Je crois devoir donner le passage du rapport de M. le docteur Gerbez dans lequel il indique les bases du traitement par l'iodure de potassium pour toutes les formes des affections mercurielles si variées que l'on rencontre à Idria : « 1° Provocation d'une transpiration cutanée plus abondante; » 2° Respiration d'un air pur et frais; » 5° Soins de propreté pour tout le corps ; » 4° Emploi de moyens protecteurs pour la bouche; » 5° Changement fréquent de travaux; » 6° Nourriture forte. » L'hiver paraît à M. Gerbez l'époque la plus convenable pour le traitement, parce que, dans cette saison, les fonctions des reins sont le plus prononcées. La communication manuscrite de M. Gerbez est accompagnée de l'observation d'un tremblement nerveux de tout le corps; cette affection était très-grave, puisque le malade avait, le 22 juillet 4855, un tremblement général dont les effets étaient principale- ment marqués aux bras et aux jambes : « Il ne pouvait tenir sa cuiller en main et ne pouvait porter » ses aliments à la bouche; il ne pouvait tenir en main ni le cou- » teau, ni la fourchette pour découper ses aliments; il était inca- » pable décrire; il ne pouvait se lever étant à genoux, sans » prendre d'abord un point d'appui, ni se lever sans assistance; » ne savait ni monter, ni descendre un escalier. Le tremblement » était le plus intense au matin, il augmentait par les émotions et » lors des changements de temps, etc., etc. » Dès le 29 juillet, après avoir pris o drachmes diodure de » potassium, le malade savait s'agenouiller, se lever, monter les » escaliers, il pouvait manger sans avoir besoin d'aide. » L'amélioration continuait, mais il eut une rechute, le 6 août, y à la suite d'une affection morale; elle disparut en deux ou trois » jours. La nostalgie lui fit quitter l'hôpital de Leibach; il était » dans le service de M. le docteur Zhuber. » L'amélioration rapide de ce malade prouve que l'action de » l'iodure de potassium est des plus remarquables et qu'elle opère » rapidement même à doses faibles; car le malade dont il s'agit, (Ci ) » est âgé de 45 ans, père de cinq enfants; il est employé aux » mines d'Idria depuis sa seizième année; il a perdu plusieurs » dents de la mâchoire supérieure à la suite de salivations réité- » rées, ses tremblements avaient commencé depuis un an et » allaient croissant jusqu'au moment de son entrée à l'hôpital. » Je donne les détails de cette observation, parce que les opinions de M. le docteur Zhuber diffèrent un peu des miennes au sujet du traitement et des doses. Il dit en effet : « Pour terminer, j'ajoute les quelques observations suivantes » basées sur mon expérience : » 1° Nous possédons un médicament excellent pour combattre » les affections résultant "de l'intoxication mercurielle; sous ce » rapport, l'iodure de potassium ne peut être remplacé par aucun » autre médicament; » 2° Afin d'avoir l'action voulue, il faut administrer ce sel à » petites doses et sans interruption. Je donne un scrupule et tout » au plus un drachme de sel dans trois onces d'eau et je fais » prendre trois cuillerées par jour; » » 5° Les doses croissantes doivent être rejetées parce que, dans » ce cas, l'action locale de l'iode ne se fait pas attendre et empêche » la continuation de la médication; » 4° La médication doit être continuée pendant des mois entiers » au besoin , et cela est possible lorsqu'on fait usage de doses faibles ; » 5° Il est inutile que le malade suive un régime spécial; il doit » éviter les mets acides et se garer des refroidissements. » Je ne discute pas la valeur des observations de M. Zhuber, l'iodure de potassium seul est l'agent actif, c'est au médecin de suivre les phénomènes et d'en disposer les doses d'après ce qu'il observe ;je pense qu'il est absolument indispensable de commencer le traitement à faible dose, comme le propose M. Zhuber, mais je crois, contrairement à son opinion, qu'il convient d'augmenter ensuite en laissant le malade prendre la dose qu'il sent pouvoir supporter sans trouble; j'ai toujours remarqué qu'il est bon de faire des interruptions assez longues pour laisser l'économie reve- nir à son état normal. Après un repos plus ou moins long, il faut recommencer l'emploi de l'iodure de potassium. ( 62 ) Quant aux fortes doses, je dois ajouter que quelques médecins ont pu porter graduellement la dose de l'iodure jusque près d'une demi-once par jour, et que cette dose était supportée sans inconvénients pendant huit jours consécutifs. — (Voir De Caisne, De Vemploi de l'iodure de potassium dans les maladies satur- nines accompagnées de rétraction des doigts. — Bulletin des séances de l'Académie royale de médecine de Bruxelles, t. III.) — Voir les formules de M. Puehe qui emploie des doses d'une once par jour, etc. g XXI. — « La guérison de la colique saturnine n'est pas ac- y> compagnée de la guérison de la cachexie saturnine; l'iodure » de potassium guérit la dyscrasie due à l'intoxication satur- » nine '. » — Résistance de certains composés de plomb à l'ac- tion de l'iodure de potassium. Bien que je croie avoir prouvé que l'iodure de potassium guérit les affections plombiques; j'ai pensé qu'on lirait avec intérêt ce qui suit, extrait du Journal de médecine de Vienne. Les médecins auront ainsi un ensemble assez complet d'obser- vations sur les diverses affections métalliques. M. Oettinger donne, dans son travail, le traitement qu'il em- ploie, presque sans exception, depuis une dizaine d'années, pour enlever les coliques saturnines; il fait remarquer ensuite que, la cure de la colique terminée, il reste à combattre encore une affec- tion chronique : la colique n'est qu'un de ses symptômes. Les expériences de mon premier mémoire, celles relatées par M. le professeur Parker en Angleterre (Revue Britannique, 1855), celles deNicholson(Lancet, janvier 4854), ont conduit M. Oettinger à faire usage de 1 iodure de potassium dans les affections satur- nines chroniques; il constate que l'administration de ce sel est 1 Heilung der Bteidyskrasié durch Iodkalium Mitgelheilt von Dr Karl Oettinger ord ; arzte im K. R. Kranckenhause Wieden. — Weiner Medizi- nisclie Wochenschrift , n°7, 13 februar 1858. ( 03 ) accompagnée rapidement d'une très-grande augmentation de l'ap- pétit, que l'aspect des malades change, que les fonctions végéta- tives se développent, et que le malade ayant repris un bon teint et ayant engraissé, peut, après quelques semaines, être abandonné par le médecin. Non content de ce fait, il a voulu s'assurer, par l'expérience directe, que les principes que j'avais posés jadis sont vrais; il a fait voir en effet que le plomb était éliminé par l'urine sous l'influence de l'iodure de potassium; il a constaté qu'après la guérison l'urine ne renferme plus de composés de plomb. Toutes les analyses ont été faites par M. le professeur Klet- zinsky, auquel on doit un travail considérable et justement ap- précié sur la recherche des composés métalliques dans les sécré- tions !. Pour dire la vérité, les deux cas dont M. le docteur Oetlinger fait un historique complet dans son travail, ont, au point de vue chimique et thérapeutique, une importance bien autrement con- sidérable que ceux que j'ai décrits moi-même; l'expérience ne laisse absolument rien à désirer, tandis que celles que j'avais faites, soit avant la publication de mon premier mémoire, soit après, ont toujours laissé des doutes clans mon esprit, doutes que j'ai signalés dans une note publiée dans nos archives (t. XV des Bulletins de V Académie royale de Belgique : De l'absexce du CUIVRE ET DU PLOMB DANS LE SANG). C'est avec un sentiment de reconnaissance que je laisse à ces messieurs l'honneur d'avoir prouvé expérimentalement pour l'élimination du plomb, les principes que je n'avais prouvés par des expériences directes que pour le mercure. L'importance du travail de MM. Oettinger et Kletzinsky me paraît si considérable, que je ne puis m'empêcher de traduire les conclusions que le médecin a basées sur les analyses du chi- miste : « 4° La chimie démontre qu'il y a des traces de plomb (dans 1 Ueber die Ausscheidwig der Metalle in den Secreten von V. Kletzinsky in Wien. — Wiener Medizinische Wochenschrifl , 1837-1858. » l'urine), même chez les malades qui n'ont pas été soumis au » traitement par l'iodure de potassium ; cette science est donc » devenue un auxiliaire indispensable pour établir le diagnosti- » que et la thérapeutique de la discrasie saturnine; » 2° L'administration de l'iodure de potassium hâte lelimi- » nation du plomb par l'urine; » 5° L'administration de l'iodure de potassium doit être conti- » nuée à doses croissantes, jusqu'au moment où la quantité de » plomb diminue visiblement, et l'on ne doit cesser son emploi » que lorsque ce métal ne se rencontre plus dans l'urine. » 4° L'élimination du plomb est accompagnée dune diminu- » tion des phosphates, de l'urée, de l'acide urique et de la den- » site de l'urine, dans laquelle on rencontre des traces de sucre » et d'albumine. Ces changements dans la composition sont pro- » bablement dus à l'élimination des métaux par 1 urine; » 5° La cachexie saturnine n'est pas encore entièrement guérie » par la disparition du plomb dans l'urine; on ne doit la consi- » dérer comme absolument enlevée que lorsque les quantités » normales de sels de l'urine se retrouvent dans ce liquide et » qu'il présente sa densité normale; » G0 L'alimentation par les légumineux et les viandes riches y en phosphates ne paraît pas avoir une influence visible sur » l'augmentation des phosphates de lurée et de l'acide urique, » aussi longtemps qu'on parvient à découvrir des traces de plomb » dans l'urine; mais, lorsque le plomba disparu complètement, » l'augmentation des composés de l'urine, sous l'influence d'une » nourriture animale et riche en phosphates, se produit rapide- » dément et d'une façon frappante. » Le travail de M. le docteur Karl Oettinger prouve, d'une ma- nière saisissante, l'importance que l'analyse chimique peut ac- quérir dans le diagnostic et la thérapeutique de ces affections. On ne doit pas se dissimuler que les composés de plomb offrent, dans quelques cas, une résistance considérable à l'action de toutes les médications et même de l'iodure de potassium , lors- qu'ils sont déposés dans les tissus vivants , et que l'analyse permet ( 6B ) d'y constater la présence de ce métal; entre autres, dans les traî- nées qu'on observe sur les conjonctives dans certaines ophlhal- mies traitées par l'acétate de plomb; on pourrait dire, dans ces cas, que le plomb est enfoui comme s'il était absolument inerte, comme s'il se trouvait à l'état de métal. Ne sait-on pas, en effet, par de nombreux exemples, que des balles restent latentes dans l'économie, pendant de nombreuses années, sans provoquer aucun symptôme des affections saturnines. On est tenté d'admettre que certains composés, formés par des combinaisons de plomb unies d'une façon obscure aux matériaux de l'économie, peuvent se comporter comme une balle ; en un mot, ils sont inactifs comme toxiques ; mais leur division extrême dans les tissus, la forme de la combinaison du plomb (oxyde, chlorure, sel, sous-sel, etc.), avec les matériaux de l'économie, les rend propres à se dissoudre dans quelques circonstances, et alors les symptômes morbides peuvent apparaître si les quantités du toxique sont assez considérables. Cette hypothèse, que je n'émets, du reste, que comme moyen de rendre compte de quelques observations purement médicales serait confirmée, si on avait observé souvent des faits analogues au suivant. J'ai entendu un médecin, praticien distingué, soutenir qu'il avait vu les symptômes dus à l'empoisonnement chronique par le carbonate de plomb reparaître tout à coup chez des dentelliè- res, un an après avoir été traitées et plus ou moins bien gué- ries; il faisait observer toutefois qu'elles avaient été absolument soustraites aux poussières de carbonate depuis leur guérison. Les choses se passent comme si les composés de plomb, enfouis pen- dant longtemps dans un organe ou dans un tissu peu vivant de l'économie, reparaissaient subitement avec leurs tristes symptô- mes, quand ce plomb, latent d'abord dans une espèce de gaîne résistante ou imperméable, reviendrait à l'économie sous une forme nuisible, au moment où cette enveloppe se détruisant, rendrait les composés de plomb actifs. Je ne prétends nullement que les choses se passent ainsi, mais si l'observation est vraie, l'explication que je donne paraît ad- Tome XXVII. 5 ( «6 ) missible, et, au fond, le phénomène doit se produire de cette manière. Voici d'autres faits pratiques, bien souvent constatés, qui vien- nent à l'appui de cette manière de voir; quand on combat certai- nes ophthalmies par l'acétate de plomb en poudre, il arrive que la conjonctive présente des traînées ou des pointillés grisâtres, dans lesquels l'analyse démontre la présence du plomb; ils persistent très-longtemps sinon indéfiniment; on en a reconnu, avec tous leurs caractères physiques, même après quinze ans. L'iodure de potassium, à l'intérieur et en collyre, ne les fait pas disparaître; après quatre ans, on a pu, par l'analyse chimique, y constater la présence du plomb. Un état inflammatoire de l'organe les enlève; le plomb s'élimine donc par le renouvelle- ment des tissus. Je me demande si quelque chose d'analogue ne peut se passer dans les organes internes de l'économie, auquel cas la maladie, due au composé de plomb, reparaîtrait incontestablement lorsque ces organes s'enflammeraient, si la quantité de métal redevenue nuisible ou soluble était assez considérable. Les faits observés, dans certaines maladies de l'œil, m'ont été communiqués, il y a déjà très-longtemps, par M. F. Hairion, professeur à l'université de Louvain; j'ignore s'ils ont été tous publiés. Je crois bien rendre l'ensemble et l'esprit de ses observa- tions. g XXII. — Quelques mots sur les accidents consécutifs de la syphilis et sur les formes des maladies dues aux intoxications mercurielles. — Observations sur l'administration des mer eu - riaux solubles et insolubles. — Les analogies entre les phéno- mènes morbides dus aux accidents consécutifs , à la syphilis dite constitutionnelle et l'hydrargyrie , sont telles qu'on peut confondre ces affections. Il y a quinze ans, j'ai appelé avec la plus grande circonspec- tion l'attention des médecins sur l'action de l'iodure de potas- ( «7 ) sium dans le traitement des accidents qui se manifestent, après un temps plus ou moins long, comme suite des maladies syphili- tiques; je fis voir que l'action de l'iodure de potassium pouvait se comprendre de deux façons :d° le malade sans prendre du mercure est cependant soumis à une médication mercurielle parla transfor- mation des composés de mercure, que son économie a pu garder à un état latent; 2° l'iodure de potassium, en amenant ces composés transformés à l'urine, agit donc comme si Ion administrait une médication mercurielle; mais il a, en outre, l'avantage de débar- rasser l'économie du mercure quelle aurait pu retenir, et qui, à un moment donné, peut y amener des troubles graves; l'iodure de potassium joue donc deux rôles distincts en même temps; c'est une lame à deux tranchants, si je puis m'exprimer ainsi, ou mieux c'est un médicament à double effet, indépendamment, bien en- tendu, du rôle spécifique et antisyphilitique que quelques méde- cins lui attribuent; en admettant cette dernière hypothèse, son rôle serait triple. Quoi qu'il en soit, je faisais remarquer expressé- ment que la guérison des maladies mercurielles et saturnines ne s'obtient jamais «qu'à la condition d'un empoisonnement préalable » que le médecin était complètement le maître de diriger d'après j> la force de résistance des malades. » Je démontrais à l'évi- dence que : « certains médicaments agissent par eux-mêmes » d'abord, mais qu'ils peuvent agir en même temps par les ma- » tériaux qu'ils rencontrent dans l'économie. Un malade auquel on donne de l'iodure de potassium fournit lui-même les métaux et subit une médication métallique en ne prenant qu'un sel alcalin. Je supposais nécessairement, avec tous les médecins de cette époque, que les mercuriaux étaient ou devaient être considérés comme des médicaments antisyphilitiques. Aujourd'hui on nie que le mercure soit un antisyphilitique, on n'accorde plus à l'iode ou aux iodures, même à celui de mercure, des propriétés curatives spéciales contre ces maladies; on semble vouloir borner le rôle des iodures à une simple action antimercu- rielle. Peu importe, eu égard au point de vue auquel je suis placé, il n'en est pas moins resté positif que l'application rationnelle de (08 ) la chimie à l'art de guérir nous amène à poser un nouveau prin- cipe qui n'est que la suite naturelle des premiers et que Ion pour- rait énoncer de la manière suivante : « Quand un malade a subi une médication, soit interne, soit » externe, dans laquelle on a fait usage de composés métalliques » vénéneux, que l'économie peut garder longtemps à un état » latent, le traitement doit être suivi par une cure capable de » débarrasser le malade des poisons métalliques. » En général, les médicaments produisent une maladie; mais les médications métalliques provoquent incontestablement des ma- ladies dont les symptômes, peu connus, ou occultes pendant long- temps , deviennent tout à coup assez graves dans beaucoup de cas ; il est donc prudent d enlever la cause capable de donner nais- sance à cette affection qui peut reparaître tôt ou tard; en un mot, il faut guérir la maladie du remède, soit actuellement, soit dans l'avenir. Quelques médecins le font, et il y aurait avantage à le faire toujours. Les fluorures (?), les chlorures, les bromures, les io- dures, les cyanures, etc., etc., devraient être administrés pendant quelque temps; un excès de sel marin dans le régime ordinaire suffirait parfois. Si j'en crois mes expériences propres, et d'après les observations des travaux dont il me reste à parler, il me paraî- trait imprudent de ne pas appliquer ces principes; ils n'offrent, du reste, aucun inconvénient. Beaucoup de médecins soumettent leurs malades à une médi- cation iodurée après le traitement mercuriel. — Les nombreuses expériences que j'ai faites prouvent, ce me semble, incontesta- blement qu'il y a lieu de croire que l'effet de la médication iodurée débarrassera l'économie du mercure, mais je pense qu'on observera, dans la suite, qu'il y a certaines précautions à prendre dans ces cas. En effet, on peut se demander si l'empoisonnement récent n'exigera pas une dose plus forte d'iodure que l'empoi- sonnement chronique; sil ne faut pas faire durer l'adminis- tration de liodure pendant un temps plus long. Les conjectures à cet égard seraient superflues; la médecine pratique éclairera la question dans l'avenir par des observations suivies sur les cas d'accidents consécutifs. ( 69) S'il est vrai que le traitement mercuriel soit indispensable dans certaines formes de maladies syphilitiques et que des affections rebelles aux médications ordinaires disparaissent par les mer- euriaux, je n'en crois pas moins qu'on peut se demander si les médecins n'ont pas eu tort de recourir aux composés insolubles de ce métal , dont les effets sont très-souvent capricieux. Puisque les phénomènes morbides des accidents consécutifs disparaissent sous l'influence de la médication iodurée; puisque l'on admet encore généralement que ces accidents sont de nature syphilitique, il parait rationnel de n'employer dans les affections primaires de même nature que des composés solubles de mercure administrés en dissolution, la liqueur de Van Swieten, par exem- ple; celle-ci serait additionnée d'un chlorure alcalin, on la ferait prendre à l'état de liqueur étendue sans aucun mélange avec d'autres matières. Tout me porte à croire qu'on devrait toujours donner les com- posés solubles de mercure dissous dans un excès plus ou moins considérable d'iodure de potassium, et qu'il serait indispensable de terminer la cure par la médication à l'iodure de potassium seul. Ce serait, en attendant, un moyen de concilier toutes les opi- nions, celles des mercurialisl es et celles des (intimer curialistes ; il permet, du reste, de suivre dans le traitement une marche logique et naturelle. Que veut-on, en définitive, lorsqu'on prescrit un médicament? Le faire pénétrer dans l'organisme. Or, il ne peut y pénétrer le plus facilement qu'à l'état de dissolution , dans quelques cas rares à l'état de division extrême ou de suspension, à la façon des ma- tières grasses. L'estomac n'absorbe que les liquides et les corps dissous; s'il était prouvé qu'il est indispensable que le médicament doit pé- nétrer dans léconomie par la voie intestinale ; en un mot, qu'il doit être digéré par les intestins, on pourrait, dans le cas des mercuriaux, administrer le sublimé dissous dans un excès d'io- dure, en lavement, ou donner au malade deux potions distinctes : la première serait composée d'un savon de mercure suspendu dans l'huile d'olives ou mélangé avec un excès de beurre, etc.;. ( 70 ) la seconde serait administrée, à part, par la bouche ou en lave- ment, et contiendrait l'iodure de potassium, de fer, etc. Qu'on me permette encore d'ajouter, bien que je doive recon- naître mon incompétence absolue en matière de médecine pra- tique, que je ne puis m'cmpécher de porter un jugement sévère sur les médecins qui font un usage interne, parfois immodéré, de sels métalliques ; je ne me permettrais point de porter un juge- ment pareil, si d'autres médecins ne m'avaient affirmé que des soins hygiéniques, des médicaments simples, des purges, etc., pro- duisent, dans les mêmes cas, souvent des effets aussi bienfai- sants, sinon meilleurs, que ceux des sels métalliques. On peut se demander sur quels faits physiques, chimiques, physiologiques, ou, en un mot, sur quels faits certains la médecine se base quand elle emploie les sels des métaux de nature toxique. Il faut bien le reconnaître, il est incontestable que le mercure, entre autres, peut apporter des troubles graves dans l'économie et jeter dans les familles les germes des maladies scrofuleuses. Il faut bien admettre qu'il y aurait avantage à tenter l'emploi de moyens qui ne seraient pas sujets à laisser l'économie délabrée au point de faire sentir ses effets sur les générations futures. On s'explique l'aversion que les mercuriaux produisent dans le monde, et on a de la peine à la considérer comme n'étant qu'un préjugé populaire; préjugé ou non, on le retrouve chez toutes les nations et dans toutes les classes de la société. Je n'ignore pas que l'on exagère parfois les effets nuisibles du mercure; quelques médecins savent l'administrer convenable- ment, éviter les accidents; mais souvent le malade est imprudent et ne suit pas exactement les conseils du médecin; le patient exagère l'usage du médicament, dans l'espoir de guérir mieux ou plus vite; mais , par ce fait, il exaspère la maladie du remède. Ce que je viens de dire permet de comprendre comment il se fait que les médecins homœopathes ont, ou peuvent avoir, des succès pratiques. Abstraction faite de l'esprit par trop métapln - sique de l'homœopathie, incompréhensible pour le chimiste, le médecin homœopathe aura toujours sur les médecins qui font un iis;is;c exagéré des préparations métalliques l'avantage de ne pas ( 71 ) guérir une maladie pour en administrer une seconde, plus ter- rible, dans quelques cas, que celle qu'ils croient avoir enlevée par leurs doses atténuées. Quant aux médecins homœopalhes consciencieux, ils me per- mettront de leur dire, lorsqu'ils auront à traiter une maladie chronique produite par les poisons minéraux : N'oubliez pas que voire principe similia similibus curanlur n'est pas applicable, il faut en appliquer un nouveau dont l'énoncé pourrait être : ponderalia ponderalibus curanlur; en d'autres termes, une ma- ladie produite par l'absorption d'un poids donné de matière in- troduite dans l'économie par des circonstances accidentelles, ou par la médication allopathique, ne peut se guérir chez un malade d'un poids donné, que par un poids correspondant ou mieux exa- géré du corps destiné à éliminer le premier; comme une tache d'encre exige un poids donné de chlore et d'acide oxalique, d'eau, etc., etc., pour être enlevée complètement. Après les considérations générales qui précèdent, je me vois obligé, non sans quelque crainte, de m'occuper d'une question de médecine proprement dite. Je compte sur lïndulgence des mé- decins praticiens, leur faisant observer que je traite la question au point de vue chimique, en matérialiste , si l'on veut, c'est- à-dire en matérialisant les maladies. Du reste, la question d'hu manilé qui s'y rattache mérite bien qu'on s'y arrête un instant. Je tâcherai de résumer et de condenser les travaux dont il me reste à parler; mais je dois faire observer qu'il est utile, pour apprécier la question sous tous les rapports, de l'étudier dans les travaux originaux qui donnent tous les détails. Je craindrais de les altérer en cherchant à les exposer longuement. Je n'oserais me prononcer sur des questions qui divisent le monde scienti- fique médical, quand je vois, de part et d'autre, des médecins distingués, des savants recommandables sous tous les rapports être d'avis diamétralement opposés. Si je ne puis trancher des questions de médecine proprement dite, je crois cependant pou- voir émettre quelques avis. Espérons que la lutte actuelle se ter- minera au profit de l'humanité. ( 72) Je tiens essentiellement à poser d'abord que je constate des faits, rien que des faits, en rapport avec ceux que j'ai découverts et qui viennent à l'appui de ma théorie ou de ma médication. M. le Dr Jos. Hermann * soutient les principes suivants : 1° Le mercure n'est pas et n'a jamais été un médicament contre la syphilis; 2° il n'y a pas de syphilis secondaire; 5° toutes les formes de maladie que l'on comprend soîis la dénomination de syphilis secondaire , sont des actions dues au mercure. Indépendamment de ce travail , on trouve des expériences et des considérations développées sur la syphilis et lhydrargyrie, dans cinq autres travaux de ce savant médecin 2. Les trois principes étant posés nettement, M. Jos. Hermann prouve en effet, par des expériences faites sur cinquante et un syphilitiques, qu'il est possible d'obtenir la guérison sans avoir recours aux mercuriaux. MM. les docteurs Melzer, Lorinser, Oettinger et Etterlin suivent et contrôlent les observations depuis le mois de février jusqu'au mois d'octobre \ 856; les recherches chi- miques qu'elles nécessitent sont faites par M. le professeur V. Klet- zinski , les observations microscopiques par M. le docteur Wedl. Le nombre cinquante et un, de cas très-divers, du reste, en 1856, s'est élevé depuis à plus de six mille, soit, en moyenne, mille cas par an, dont trois ou quatre cents portent annuellement sur des affections secondaires de malades primitivement traités par la médication mercurielle; ces derniers cas, selon M. Jos. Hermann, loin d'être dus à la syphilis constitutionnelle, doivent être attri- bués à l'hydrargyrie ou aux suites de l'emploi des mercuriaux, n'importe sous quelle forme , lors du traitement de l'affection syphilitique primitive. 1 Die Behandlung der Syphilis ohne Mercur van Jos. Herrman , Doctor der Medicine und Chirurgie, E.M.assisttentenan der Lehrkanzel fur Staats- Arzneikunde an der Wiener Universitat , fakultdtsmiUglied, erstem Artze im tirankenhause am Wienerberge. Wien. Verlag von Sallmayer etCie; 1857. 2 1° Studien uber Krankeilsformen in Idria (1858) ; — 2° Zur Frage der Sijphilisation (1859) ; — 5° Der Conslitutionelle Jodismus (1861); — 4° Stu- dien uber Syphilis (1862); — 5° Die Prostitution und die Syphilis (1862). ( 73 ) M. Jos. Hermann décrit nécessairement les traitements complets internes et externes qu'il faut employer dans tous les cas et pour toutes les formes en la syphilis primaire, lorsqu'on rejette dune manière absolue l'emploi des mercuriaux; et puisque, selon lui, les accidents consécutifs sont dus au mercure, ils doivent dispa- raître en suivant son mode de traitement. Ses travaux abondent en faits tendant à prouver que l'action de l'iodure de potassium se borne à éliminer le mercure, qui est cependant la cause unique de maladies si différentes et de formes si variées ; dans une foule de cas supposés être de nature syphilitique, il détermine, par l'analyse chimique, l'élimination du mercure par les urines; il prouve, si je puis m'exprimer ainsi , la nature chimique des affections consécutives; et montre à l'évi- dence le pourquoi de la guérison. Un des cas de ses travaux mérite une mention spéciale, que les médecins peuvent méditer et étudier en détail, c'est celui d'une jeune femme qui offre au plus haut degré tous les symptômes les plus tristes de la syphilis constitutionnelle : teint terreux, yeux troubles, voix éteinte, perforation du palais, toux douloureuse qui empêche la malade de dormir, gonflement douloureux pro- venant d'une affection du périoste de la jambe droite, etc., cachexie complète, etc., etc. Une enquête prouva qu'aucune circonstance de la vie de la femme, du mari, des ascendants, n'autorisait le soupçon d'une affection syphilitique constitutionnelle; mais on apprit que la malade avait été traitée, pendant deux années entières, avec de légères interruptions par du calomel, pour combattre le ver solitaire (Tœnia solium). L'iodure de potassium produisit des effets merveilleux (Der erfolg der Thérapie war iiberraschend) , la malade fut guérie en vingt-huit jours. Des médicaments autres que le calomel débarrassent du tœnia et mieux que par la méthode de Desault, dans laquelle on admi- nistre alternativement une friction mercuricllc et un purgatif de calomel. Quoi qu'il en soit, la maladie due au remède dans ce cas a été plus terrible que la maladie enlevée par le remède. ( 74) Ne sait-on pas que la gloutonnerie de certaines peuplades asia- tiques est telle , qu'elles prennent des précautions particulières pour ne pas se débarrasser complètement du ver solitaire *. M. Jos. Hermann veut, et d'autres l'ont voulu avant lui, mais sans réussir à faire adopter leurs idées, que l'on bannisse absolu- ment le mercure dans les affections syphilitiques; ce serait, en effet, rendre un immense service à l'hygiène publique, à l'hu- manité; car la crainte que toutes les classes delà société, que toutes les nations ont du traitement mercuriel, résulte de la con- naissance généralement répandue des suites souvent fâcheuses, sinon terribles, de cette médication. M. Hermann prouve qu'on doit faire, pour toutes les formes de syphilis, ce que beaucoup de médecins ont déjà fait pour la gonorrhée, c'est-à-dire: il faut bannir le mercure. Les données pratiques obtenues par la syphilisation , parles doses homœopathiques, par des remèdes qui jouissent d'une répu- tation incontestée d'être des antisyphilitiques par excellence (la décoction de Zittmann, entre autres), et qui ne contiennent pas la moindre trace de mercure déterminable par l'analyse, consti- tuent des arguments en faveur de sa méthode, car, en défini- tive, toutes ces méthodes excluent le mercure. Il est, en outre, reconnu que la médication iodurée seule n'a aucun effet dans la maladie primitive, et quelle n'agit réellement. et efficacement que dans les accidents secondaires, etc., quand la maladie première a été traitée par l'une quelconque des formes sous lesquelles on fait usage des mercuriaux. D'après M. Hermann , ce n'est plus de la syphilis consécutive que l'on combat, c'est une cachexie mercurielle, une véritable hydrargyrie ; il le prouve dans un grand nombre de cas, car il fait l'analyse chimique de l'urine et y rencontre du mercure qui s'y trouve , comme je l'ai prouvé pour les malades étameurs au mercure, à l'état d'iodure double de mercure et de potassium, associé à des matières albumineuses ; celles-ci s'éliminent toujours «m même temps que les poisons minéraux. Ce n'est plus un virus, une inconnue qu'il combat, c'est une 1 Bulletin de l'Académie , i. XVIII, 2me série. ( 75 ) maladie matérielle; il se trouve plaeé sur un terrain positif, sur lequel il peut suivre la matière peccante par tous les moyens que la science exacte met à sa disposition. — Diagnostic, thérapeu- tique, cure, pourquoi de la cure, tout est simple et rigoureuse- ment analysé; en un mot, on sait pourquoi et comment les iodures guérissent. Il combat l'opinion qui consisterait à faire considérer les acci- dents consécutifs comme étant des maladies dues à une espèce de combinaison de mercure et de syphilis. M. Jos. Hermann a eu des occasions nombreuses d'examiner l'effet de l'iodure de potassium; sur cent cas, il y en a quatre- vingts dans lesquels l'action de ce médicament se porte spécia- lement sur les urines; dix dans lesquels il arrive des phénomènes de salivation; mais, dans ces cas, celle-ci se distingue, par des symptômes bénins, de celle que les mercuriaux produisent; ce- pendant, l'analyse permet de découvrir le mercure dans la salive : cinq sont accompagnés de transpirations, deux de diarrhée, un d'odeur d'iode, etc., etc. Quoi qu'il en soit, l'ensemble de tous ces phénomènes est ca- ractérisé sans exception par des symptômes qui rappellent un retour rapide à la santé. Chose étonnante, ajoute M. Hermann, de voir encore tant de médecins chercher à innocenter le mercure, et de voir l'iodure de potassium incriminé par l'un d'eux. Que devons-nous conclure de ces faits? Ne sommes-nous pas autorisés à dire que les méthodes d'observation en médecine doi- vent encore être beaucoup perfectionnées, et que l'étude sérieuse des maladies métalliques fera faire un grand pas dans cette direc- tion , en ouvrant une voie des plus larges à l'expérience. Quel que soit mon respect pour les autorités médicales qui ad- mettent la nécessité du traitement mercuriel, j'ai peine à compren- dre que le célèbre médecin viennois, ses amis et ses adhérents puissent encore se faire illusion après une expérience d'une dizaine d'années, portant sur plusieurs milliers de cas de maladies sous toutes les formes si variables et si nombreuses qu'elles affectent. Espérons que la guérison sans mercure enlèvera directement les accidents consécutifs, si terribles, si tristes et si fréquents: ( 70) qu'elle deviendra un fait positif, mais ne nous laissons pas entraî- ner par cette pensée consolante sans l'examiner avec la plus grande sévérité. Un autre médecin viennois partage en tout la manière de voir de M. Jos. Hermann; ses opinions et ses expériences se trouvent consignées dans deux travaux publiés en 1858 !. M. le docteur F.-W. Lorinser, médecin principal à l'hôpital Wieden , commence son travail par des considérations générales sur l'emploi du mercure dans la syphilis et sur la lutte entre les médecins mercurialistes et antimercurialisles. « Cette lutte, dit-il, n'est pas terminée. Deux découvertes im- » portantes, faites dans l'art de guérir dans ces derniers temps, » peuvent amener à une solution scientifique du problème; elles » consistent en ce que : 1° Melsens a fait voir que l'iodure de po- » tassium jouit de la propriété de faire passer dans les excrétions » les composés de mercure et de plomb fixés dans l'économie, » souvent depuis nombre d'années; et 2° que l'on est parvenu » par la méthode électrolytique à découvir les plus faibles traces » de mercure dans l'urine, la sueur, la salive 2. » M. Lorinser fut frappé, dès 1856, de la netteté et de la rapi- dité de l'action de l'iodure de potassium, dans les cas où il présente une action curative; cette action est si rapide et si frap- pante, qu'elle ne se présente avec aucun autre médicament in- terne; il fut d'abord tenté d'attribuer l'action de l'iodure de i 1° Merkur und Syphilis; 1858. — 2° Uber die Tduschungen undlrrthu- mer in Erkennlniss der allgemeinen Syphilis; 1859. — Extraits du jour- nal : Wiener medizininche Wochenschrift. » 2.... Dieser Streit ist somit bis gegenwartig unentschieden geblieben. Erst der neuesten Zeil war es vorbehalten , in dem Gebiethe der Heilwissenschaft zivei wichtige Enldeckungen zu Tage zu fôrdem, von denen sich mit Recht eine wissenschaftliche Losung des bisher ungelôsten Problèmes erwarten lasst. Dièse zwei Enldeckungen derNeuzeit bestehen darin : 1. dass Melsens in dem Jodkalium ein Mittel kennen lernte , welches die Eigenschaft besitzt, die ofl Jahre lang im Korper eingenisteten Metalle , Quecksilber und Blet durch die Sekrete aus dem Korper auszuscheiden ; und 2., dass man durch Anwendung der elektrolytischen Probe auch die kleinsten Spuren von Queck- silber im Harne, Schiceisse , Speichel zu cntdccken lernte. ( 77 ) potassium à l'élimination du mercure; cette idée était toute natu- relle, car il voyait que des malades, qui n'avaient pas subi de médication mereuricllc, guérissaient sans iodure de potassium et sans mercure. Il rechercha le mercure dans les excrétions, aidé de 31. le pro- fesseur Kletzinski; ses résultats furent dès l'abord si surprenants, qu'ils excitèrent son admiration à ce point que, tout en conti- nuant ses recherches et ses observations, il voulut en publier les données principales. On me permettra de signaler l'ensemble des conclusions de ce travail dans ce qu'elles peuvent avoir d'intéressant dans la ques- tion qui m'occupe. Quelques-unes prouvent des faits que j'avan- çais dans mon premier mémoire; mais c'est au travail original ^[ue le médecin doit recourir pour être au courant des détails que comporte toute la question. M. Lorinser fait remarquer qu'en général on ne découvre pas le mercure dans l'urine des malades traités par les mercuriaux , bien qu'on ait la certitude que l'économie en renferme; il en* est tout autrement quand ils prennent de l'iodure de potassium ; dans un cas, il peut découvrir le mercure dans l'urine d'un malade dont le traitement mercuriel remontait à six ans. « Le mercure, qui s'est fixé dans l'économie, qui s'y est orga- » nisé en faisant partie de l'organisme (Ei?iverleibt), peut y rester, » pendant des années, sans qu'on puisse en démontrer la moindre » trace dans l'urine, rendue dans des circonstances normales. » L'emploi de l'iodure de potassium active à tel point l'élimi- » nation du mercure fixé, qu'on peut démontrer sa présence dans » l'urine par la voie électrolytique. » Toutes les'formes de maladies qui s'améliorent rapidement » par l'élimination du mercure de l'économie peuvent donc être » considérées comme une infirmité mercurielle dont la cure n'est » complète que lorsque, sous l'influence de l'iodure de potas- » sium , l'urine ne renferme plus de mercure. Les phénomènes » qui se présentent lorsque le mercure a séjourné longtemps » dans l'économie sont essentiellement différents de ceux qui sont » provoqués par une intoxication mercurielle naissante. ( 78) » Les phénomènes de l'hydrargyrie chronique ont été souvent » confondus avec la syphilis, la goutte, les affections nerveuses, » et traitées comme telles; rarement on leur a attribué leur véri- » table caractère. » Comme l'hydrargyrie chronique n'a pas été parfaitement » distinguée de la syphilis, et que les deux états morbides ont été » décrits et traités comme étant dus à la syphilis, il en résulte » que toutes les observations sur la syphilis secondaire n'ont » qu'une valeur douteuse tant que leur diagnostic ne sera pas » basé sur des expériences physico-chimiques qui permettront de » distinguer l'hydrargyrie de la syphilis. » Il existe, en médecine, un proverbe qui trouve l'application la plus parfaite dans les travaux que je résume : Naturam mor- borum os tendit curatio. Si, en parlant de la guérison, on peut dire à propos de l'action de l'iodure de potassium : post hoc , ergo propter hoc, n'oublions pas que ce proverbe ne doit plus être pris dans le sens qu'on lui attribue en général. En effet, remarquons que non-seulement la cure peut, jusqu'à un certain point, de lavis des médecins, déter- miner à posteriori la nature de la maladie, mais n'oublions pas que l'analyse chimique de l'urine constate en nombre, poids et mesure, l'élimination de la matière, cause première de la mala- die, et que la guérison se traduit aussi en nombre, poids et mesure. Les homœopathes devraient bien méditer ces faits matériels. Les conclusions du travail de M. Lorinser, que je cite ci-dessus, basées sur de nombreuses observations, prêtent un appui consi- dérable à la médication iodurée. Dans le second des travaux cités , M. Lorinser fait un historique de l'introduction du mercure dans le traitement des maladies sy- philitiques et appelle l'attention sur le diagnostic des accidents consécutifs; eu égard à ce que je dis au § XXIV sur l'état des ouvriers dans quelques établissements où ils sont exposés à l'ab- sorption du mercure, je signale encore le passage suivant que je traduis librement : « Il résulte incontestablement de l'examen impartial et sans ( 79 ) » préjugé des symptômes qui , jusqu'à présent, eonduisent au » diagnostic de la syphilis secondaire, qu'il n'y a aucun symp- » tome caractéristique, appuyé sur une base scientifique, qui » permette de reconnaître la syphilis secondaire; il en résulte » que le diagnostic de cette maladie est effacé ou défiguré par des » phénomènes dus à un traitement préalable par les mereuriaux, » et que la véritable syphilis, dégagée de lhydrargyrie, n'a pas » été suffisamment observée et étudiée. Bien entendu qu'on ne » prétend pas que certains phénomènes ne [missent se présenter » après une affection syphilitique locale; mais, tant que l'on se » contentera des observations actuellement incomplètes, tant » qu'on persistera dans les erreurs actuelles, tant qu'on n'aura » pas remplacé les doutes de la doctrine trompeuse par une » recherche scientifique exacte : aucun médecin, dans aucun cas, » n'aura le droit de diagnostiquer une syphilis secondaire. » Ces doutes, que le savant médecin viennois jette sur l'établis- sement du diagnostic des accidents secondaires, amènent à poser les questions suivantes : Quelle forme prendra l'affection syphi- litique secondaire chez un malade ayant un tremblement mer- curiel? N'y aura-t-il pas confusion entre les phénomènes dus à lhydrargyrie et ceux dus à la syphilis? L'ensemble des symptômes ne conduira-t-il pas le médecin à diagnostiquer une syphilis con- stitutionnelle? Peu importe, je crois pouvoir admettre avec certi- tude, qu'en enlevant le tremblement, tout traitement ultérieur sera inutile. On verra, dans l'analyse que je fais des observations aux mines de mercure d'Idria, pourquoi je puis m'exprimer ainsi. Or, pour être conséquent avec les anciennes idées, un médecin, après avoir enlevé le tremblement mercuriel, devrait employer une médication mercurielle destinée à combattre l'accident secon- daire, et je me demande à quoi bon un deuxième traitement mer- curiel, quand le grand syphilologue Ricord, qui l'emploie dans les accidents secondaires, admet : Que le mercure est un agent trompeur, guérissant des cas qui ne sont pas syphilitiques, tandis qu'il empire souvent des cas qui ne peuvent être attribués à la syphilis, ou que ceux-ci guérissent spontanément. Il paraît résulter de toutes ces considérations, qu'il y a beaucoup ( «« ) d'incertitude dans les données médicales , et que des expériences directes et des observations basées sur des recherches chimiques, permettront, comme M. Lorinser le pense, d'acquérir la convic- tion du peu de solidité du diagnostic et de la thérapeutique des affections syphilitiques secondaires. Tranchons le mot, c'est l'analyse chimique qui devra éclairer la médecine. Il me reste à rendre compte, d'une manière spéciale mais très- succinctement, du travail de M. J. Hermann !, comprenant ses études sur les formes des maladies observées aux mines de mer- cure d'Idria. Le médecin ne peut pas se contenter des extraits que je donne, il doit étudier ce travail en détail; il y verra traité, au point de vue le plus large, la question de lhydrarg}rie comparée aux acci- dents consécutifs de la syphilis; il pourra se rendre un compte parfait des effets terribles du mercure sur toute la population des mines d'Idria, effets qui n'épargnent ni les bètes bovines, ni les truites de la rivière d'Idria; assez souvent les premières sont prises de salivation ; elles deviennent cachexiques et avortent; à Idria, les avortements ou les accouchements avant terme se présentent très-souvent (àusserst haûfig), etc., etc. L'état scrofuleux des enfants des mineurs s'y trouve signalé avec détail; il est général pour tous les enfants nés de parents em- ployés dans les travaux de l'exploitation du mercure. Mais il est un point dans le travail de M. Jos. Hermann, sur lequel je crois devoir appeler la plus sérieuse attention. « Lorsque l'on compare les formes des maladies d'Idria avec » les symptômes secondaires et tertiaires de la syphilis, dit » M. Jos. Hermann , on doit admettre, de la façon la plus absolue, » que l'on rencontre à Idria : » 1° Dans le système cutané : des exanthèmes maculeux, pa- » puleux, vésiculeux et pustuleux, ainsi que des ulcères réni- n formes ; * Studien uber Krankheitsformen in Idria von Jos Hermann, etc. Wiener yfedizinische Wochenschrifl; 1858. ( SI ) » 2° Dans le système muqueux : l'angine avec ou sans érosions » et ulcères; » 5° Dans le système glandulaire : des gonflements, des inflam- » mations, des ulcérations; » 4° Dans les organes digestifs : principalement l'intumescence » du foie avec toutes ses conséquences, ainsi que son atrophie » chronique; » 5° Dans le système nerveux : gastralgie, prosopalgie, l'is- » chialgie, principalement les douleurs ostéocopes nocturnes; » C° Dans le système osseux : la périostose, l'ostéite, la né- » crose et la carie; » 7° Dans le système général de la circulation (Blutbercitiing) : » cette cachexie, qui est décrite par beaucoup d'auteurs sous le » nom de chlorose syphilitique, et qui lui ressemble de la façon » la plus parfaite ; » 8° A Idria , tous les enfants issus de parents affectés de ces » maladies sont scrofuleux, comme cela se remarque pour les » enfants des parents qu'on soupçonne affectés des accidents » syphilitiques secondaires. » Il est important de remarquer que, si les affections décrites rappellent souvent des affections syphilitiques, il n'en est pas moins vrai que les cas de syphilis sont extraordinairement rares à Idria; les mineurs y mènent en général une vie tranquille et en famille; les cas très-rares de syphilis qu'on y a rencontrés parais- sent plus lents à guérir, d'après M. le docteur Gerbez, et n'offrent pas d'accidents secondaires ou tertiaires. M. Gerbez guérit, à Idria, sans employer les préparations mercurielles. M. Jos. Hermann fait ensuite remarquer que le nombre des ma- lades affectés de tremblements est relativement très-faible, tandis que, jusqu'à présent, on pensait que le tremblement était le symp- tôme unique et exclusif des affections mercurielles; sur les trente malades qu'il a examinés, pendant son séjour à Idria, il y avait : Deux cas de tremblement ; Deux cas de carie ; Un cas de courbure de la colonne vertébrale, par suite du ra- mollissement de plusieurs vertèbres; Tome XVII. G ( 82 ) Un cas de périoslose accompagné de nécrose ; Cinq cas de douleurs ostéocopes ; Un cas d'atrophie chronique du foie, etc.; Un cas d'exanthème papuleux, couvrant tout le corps, accom- pagné de douleurs ostéocopes nocturnes; Un cas avec de larges ulcères réniformes (ausgebreiteten nieren- fbrmigen Fussgeschwûre) ; Un cas ayant tout l'aspect d'une phthisie laringée avec des érosions et des abcès à la partie postérieure du pharinx; Un cas de paraplégie du bras gauche; Quatorze cas de scrofules de toutes formes chez des enfants. Quelle sera la conclusion de la médecine après une étude atten- tive de ces travaux, après les observations et les expériences qu'ils provoqueront? Peu importe, il en résulte la preuve irré- cusable que l'opinion que j'ai émise sur la théorie de l'action antimercurielle de l'iodure de potassium est la seule admissible, que ce médicament agit par des moyens qui sont du ressort de la science exacte. L'avenir nous dira si tous les cas de syphilis secondaires, sans exception , doivent être attribués à la médication mercurielle ; mais il reste prouvé que souvent l'hydrargyrie est confondue avec les accidents syphilitiques consécutifs et d'autres maladies, et que les promoteurs de l'exclusion du mercure dans le traitement de la syphilis auront rendu un immense service à l'humanité en prouvant, par des expériences décisives, qu'on guérit sans mer- cure , sans récidives anormales , sans accidents consécutifs. § XXIII. — Des lumières que l'application prudente de la chimie peut apporter dans les questions de médecine, et principa- lement dans la question de la syphilis primaire, secondaire et tertiaire. Mon but en appelant l'attention des médecins sur les travaux de M. Hermann, consiste surtout à montrer comment, en partant ( 83) d'observations très-différentes, nous sommes arrivés indépen- damment l'un de l'autre à des données dont la médecine sa*ura tirer profit dans l'intérêt de la cure des maladies syphilitiques, affreuses en elles-mêmes et terribles par leurs suites, au moins dans l'état actuel des traitements au mercure généralement usi- tés. Ces traitements divers, tant internes qu'externes, traînent à leur suite le triste cortège de toutes les affections secondaires et tertiaires, dont, d'après M. Hermann, ils sont incontestablement la cause unique. Comme je l'ai déjà déclaré, je n'entends nullement me pronon- cer dans la grave question des maladies syphilitiques et de leurs tristes conséquences. Mais je ne puis m'empêcher d'attirer l'atten- tion sur la netteté des résultats de M. Hermann et de M. Lorin- ser, quand je les vois baser leurs opinions sur des analyses chimiques, sur des faits positifs, et que, d'un autre côté, je suis souvent aux prises avec des hypothèses plus ou moins combat- tues, et parfois même avec des mots sur la valeur desquels on ne semble pas toujours s'entendre. Nous ne savons pas pourquoi le mercure guérit la syphilis; mais s'il est prouvé, comme M. Hermann l'avance avec des faits nombreux à l'appui : 1° qu'on peut guérir sans mercure; 2° qu'on guérit plus rapidement; 5° que les récidives, dans ce dernier cas, sont plus rares; il sera prouvé aussi que l'on a la certitude de ne pas créer des accidents consécutifs. Ce qui me frappe surtout c'est l'assurance qui résulte des faits observés dans les affections mercurielles aux mines de mercure d'Idria. S'il était prouvé que non-seulement les affections sy- philitiques, mais d'autres affections dans lesquelles ce métal ou ses composés sont employés sous tant de formes, peuvent être guéries sans mercure, il en résulterait incontestablement qu'on enlève une suite très-nombreuse de .maladies qu'il faut né- cessairement attribuer aux effets de la médication mercurielle, abstraction faite des maladies qu'on a guéries. Comment ne pas être frappé quand on voit des affections, simulant tous les symp- tômes syphilitiques, guéries sous l'influence de la médication iodurée, parce que les malades avaient jadis été soumis à un trai- ( 84 ) teinent mercuriel ; comment ne pas douter au moins, quand on voit affirmer qu'il n'existe pas d'accidents secondaires sans traite- ment mercuriel préalable, soit interne, soit externe. Ce qui séduit surtout dans les observations de M. Hermann, c'est de voir la chimie devenir le guide du diagnostic. De cette façon celui-ci s'appuie en définitive sur une science exacte et sur une analyse matérielle; sous ce point de vue, les opinions de M. Her- mann me paraissent devoir acquérir une grande importance. Il me paraît utile de signaler encore que M. Hermann est arrivé à poser, vers 185G, les questions de la syphilis et de l'hy- drargyrie sans avoir connaissance de ce que j'avais écrit à ce sujet en 1849. D'après une lettre particulière que le savant médecin viennois m'écrit, il me dit que ses observations portent aujourd'hui sur plus de six mille cas de syphilis guéris sans faire usage du mer- cure ou des composés de ce métal ; il ajoute que ses convictions se confirment tous les jours, et qu'il s'occupe dans ce moment de la rédaction d'un travail complet sur ces graves questions. Dans ces derniers temps , je me suis adressé de nouveau à ce savant, en le priant de me faire connaître si l'expérience acquise depuis la publication de ses études sur les formes des maladies mer- curielles à Idria , en 1858, n'avait pas amené quelque changement dans ses appréciations sur les bons effets obtenus par l'iodure de potassium et je lui demandais de me déclarer franchement sil n'avait rien à modifier à ce qu'il me faisait l'honneur de m'écrire en 1859. Il me disait à cette époque : « Je ne puis en même » temps m'empècher de vous déclarer que votre travail sur la » thérapeuthique de l'hydrargyrie par l'iodure de potassium offre » la base la plus sûre à ma théorie sur le traitement de la sy- » philis sans mercure. Je dois avouer que je ne connaissais pas » votre théorie, lorsque j'ai publié mon travail; je n'en ai eu » connaissance qu'à Idria; mais les brillants succès que j'obtiens » dans la cure de la syphilis sans faire usage de préparations » mercurielles, ainsi que dans le diagnostic de l'hydrargyrie, » qu'on a pris à tort jusqu'à présent pour la syphilis constitu- » tionnelle , ne doivent leur intérêt et leur importance , je l'avoue ( 85 ) » franchement, qu'à votre travail. Quand un jour la syphiliologic, » sortant de son cahos présent, arrivera par la voie scientifique » à sa clarté et à toute sa pureté, alors, monsieur, soyez en con- j> vaincu, etc. » M. Hermann n'a rien changé à ce qu'il m'écrivait ; six années d'expériences n'ont servi qu'à confirmer ce qu'il pensait alors. Je suis entré dans les considérations qui précèdent, pour mon- trer aux médecins qui ne croient pas encore aux applications sérieuses de la chimie à l'art de guérir, jusqu'où ces applica- tions peuvent aller quand on poursuit les conséquences des quel- ques données chimiques, très-simples que j'ai signalées dès 1849, et que je répète avec assurance aujourd'hui : « Tous les composés » de mercure qui peuvent se réaliser dans l'économie sont solu- » blés dans l'iodure de potassium; le mercure métallique lui- » même s'y dissout; la présence des matières organiques de î'éco- » nomie n'empêche pas ces réactions. » L'élimination de ces composés ou sels doubles par l'urine , a complété la preuve de l'intervention utile de la chimie en méde- cine, intervention niée ou mise encore trop souvent en doute par certains médecins qui se contentent de grands mots, et qui ne savent ou qui ne veulent pas voir des faits qui leur permettraient, dans beaucoup d'autres cas, de remonter à la cause matérielle des maladies. N'en doutons pas, c'est par l'étude des lois physico-chimiques que le véritable progrès se fera jour en médecine; ce n'est pas en empruntant le langage des poètes, des philosophes ou des prê- tres, que l'art de guérir se perfectionnera, c'est en demandant des secours aux sciences exactes qu'il peut prétendre devenir une science ayant des lois, une langue correcte et une logique qui doit tendre à se rapprocher de celle des sciences mathémati- ques. ( 8(5 g XXIV. — Etal apparent des ouvriers soumis à une intoxication mercurielle ou plombique chroniques. — Observations sur l'emploi des médications par ces métaux vénéneux. — • Le livre de santé de la famille. Si j'appelle particulièrement l'attention du médecin sur les travaux remarquables que je viens de citer, c'est en partie parce que j'ai souvent eu l'occasion de remarquer le triste état de santé de beaucoup d'individus dans ces ateliers où je rencon- trais des ouvriers malades, trembleurs ou cachexiques. Je ne pouvais certifier que les délabrements que j'observais étaient dus au mercure ou au plomb, et je n'aurais pas osé proposer la médication par l'iodure de potassium; aujourd'hui les médecins trouvent dans les travaux autrichiens un guide médical assuré, et au lieu de se contenter, comme cela doit arriver souvent, de diagnostiquer une maladie par les symptômes observés, de com- battre ces symptômes avant de se préoccuper de la cause de la maladie, ils devraient plus souvent, sinon toujours, bien s'en- quérir des matières minérales nuisibles utilisées sous tant de formes, dans tant d'industries et même dans les usages de la vie. Qu'on me permette d'insister sur ces faits, car j'ai vu souvent des ouvriers complètement désespérés et abandonnés par les mé- decins; or je soutiens que tout malade est curable, à moins que d'autres affections, son cige , etc., ne compliquent la maladie métallique; toutes mes expériences ou mes observations me don- nent cette profonde conviction et, du reste, les preuves à l'appui ne manquent pas. Je crois avoir le droit d'appeler l'attention des médecins sur ma manière de faire, quand j'afîirme que je guéris parfaitement par l'iodure de potassium un malade chez lequel un médecin très-sa- vant, très-réputé, de Bruxelles, avait diagnostiqué (voir p. 25) un ramollissement du cerveau à la suite des symptômes suivants, que je copie textuellement: tremblement, douleurs dans les lombes, etc.. faiblesse dans les membres. Le médecin a porté son attention sur ( kilogrammes, qui fut sacrifié par strangn- ( 104 ) lation et reçut, une demi-heure après la mort, une injection de 5 grammes d'acide arsénieux dissous dans 250 centimètres cubes d'eau alcalisée par une goutte d'ammoniaque. Voici ce qui fut constaté après l'avoir abandonné dans cet état pendant vingt-quatre heures : Cinq grammes de sang soigneusement recueillis dans les cavités du cœur ne me permirent pas de déceler l'arsenic; l'essai était fait en écrasant la flamme d'un petit appareil de Woulf; j'avais employé le procédé connu sous le nom de calcination sulfurique ; Deux cents grammes de foie donnèrent des taches, mais peu abondantes; Cinq grammes de sang de la veine cave donnèrent quelques taches très-nettes ; Le pancréas parfaitement lavé donna des taches abondantes; Les deux reins, dépouillés de leur membrane et lavés, puis cal- cinés ensemble, en donnèrent aussi; La rate donna des taches énormes, en n'employant qu'un tiers de la dissolution du charbon sulfurique; L'estomac offrit de nouveau ce caractère particulier de l'em- poisonnement arsenical. Deux chiens vigoureux furent soumis préalablement pendant quelques jours au même régime, composé de pain de seigle et de viande. Le premier, pesant 12 kilogrammes, fut sacrifié par strangula- tion au moyen d'un nœud coulant, puis suspendu pendant quinze minutes; après ce temps, on mit l'œsophage à nu et l'on introduisit dans l'estomac 410 centimètres cubes d'une dissolution aqueuse renfermant environ 15 grammes d'acide arsénieux. Toutes ces opérations avaient duré cinquante minutes. L'animal fut placé dans la position de la station naturelle dans l'appareil de M. Schwann, espèce de torture très-commode pour les vivi- sections; on le recouvre de linge, et on le place à quelque dis- tance d'un poêle, de manière à ce que le refroidissement se fasse lentement. Un thermomètre est introduit dans le rectum, il y plonge de 0m,20 environ, il marquait 58°,5 c, la température de l'air étant de ( 105 ) 12° c; après cinq heures la température était descendue à 50° c., celle de l'air étant 9° c; trois heures après , elle était de 26°, la température de l'air restant à 9° c. Le lendemain matin, c'est-à- dire sept heures après l'observation précédente, le thermomètre ne marquait plus que 7° c; la température de l'air était de 5° c. On fit l'autopsie en ouvrant par le dos et en coupant la colonne vertébrale sans déranger les organes. Mon ami, M. Verheyen, directeur de l'École de médecine vété- rinaire, connaissait l'expérience et pensait que la stase sanguine, qu'il était facile d'observer dans le canal intestinal, n'était pas due au genre de mort de l'animal; quant à l'estomac, il présentait le caractère que j'observe dans les empoisonnements par l'acide ar- sénieux, moins vif cependant. Notre collègue, M. Gluge, qui ne connaissait pas la nature de l'expérience, examina le tout avec soin, et sur ma demande de vouloir bien préciser la nature de la mort, il soupçonna un em- poisonnement par l'acide arsénieux. Voici la note qu'il écrivit à ce sujet: « Estomac. — A peine acide, rouge par plaques, depuis le rouge » écarlate jusqu'au rouge violacé. Le mucus qui couvre la rnu- » queuse peu abondant; la muqueuse est plutôt sèche; l'injection » autour des orifices glandulaires de l'estomac est très-vive. » Intestin grêle. — La muqueuse est couverte d'une couche de » quelques lignes de mucus grisâtre, résistant, faiblement acide. » Ce mucus consiste en une substance amorphe et en petits b noyaux de 1/150 de millimètre de diamètre avec quelques cel- » Iules épithéliales ; les noyaux forment la majorité des éléments. » Il y a donc augmentation de la sécrétion de la muqueuse intes- » tinale; l'acide acétique réduit les noyaux à la moitié de leur » volume, sans cependant les dissoudre complètement. » Sous ce mucus, la muqueuse présente le velouté ordinaire, » mais elle est plus molle et possède une rougeur considérable. » Les villosités sous l'épithélium se détachent avec une grande » facilité et présentent une vive injection de tous leurs capillaires » La muqueuse se détache facilement de la musculaire, les veines xternes de l'intestin sont très-ajon fiées Conclusion. — Inflammation de l'intestin; c'est-à-dire ( 100 ) » perémie ou injection avec sécrétion augmentée de la muqueuse. » Cette altération occupe une grande partie de l'intestin; dans » quelques endroits il y a de petites ecchymoses. » Gros intestin. — Une partie de la muqueuse est couverte de » matière noirâtre semi-fluide qui renferme beaucoup de cristaux » et du pigment ; du reste la muqueuse est résistante etnormale. » Ce qui m'avait frappé dans ces expériences, c'était l'injection de l'estomac et sa décoloration vers l'antre du pylore , contraste que j'observais souvent. Les organes de ce chien, empoisonné après la mort, furent exa- minés, en vue de déceler l'arsenic, au moyen d'un simple petit appareil de Marsh destiné à donner des taches arsenicales; on opérait toujours de la même façon, avec des liquides étendus des mêmes quantités d'eau. Rein droit. — 55 grammes. Dépouillé de sa membrane, lavé à grande eau, calciné avec de l'acide sulfurique, il ne donne pas de tache. Rein gauche. — Traité comme le premier. Taches très-abon- dantes. Urine. — 4 grammes. Pas de tache. Rate. — Bien lavée à grande eau. — 52 grammes. Taches abon- dantes. Foie. — 40 grammes. Pris dans tous les lobes. Taches extraor- dinairement abondantes , avec une faible partie du charbon sul- furique. Bile. — 10 grammes. La vésicule est d'abord lavée à grande eau, le liquide qu'elle renferme est recueilli avec soin. Pas de ta- ches arsenicales à l'appareil de Marsh. Poumon gauche. — Lavé. — C2 grammes. Taches, mais bien moins abondantes que pour le foie. Poumon droit. — Lavé et traité comme le précédent. Pas de taches. Cœur. — 100 grammes, vide de sang. Lavé à grande eau. — Pas de tache. Matières recueillies sur les parois intérieures du cœcum, le côlon et le rectum. — Taches très-abondantes avec 10 grammes de matière. ( 107 ) Matière brune recueillie ((uns l'intestin grêle. — 5 grammes. Pas de taehe. Matière jaune-brune de l'intestin en se rapprochant de Vesto- maè. — 8 grammes. Pas de taehe. Matière grisâtre de l'intestin grêle, plus près de l'estomac. — Taches très-abondantes, avec 10 grammes. Matière grisâtre, plus près de l'estomac que la précédente. — Taches abondantes. Je crois devoir faire observer qu'on ne pourrait pas conclure absolument à l'empoisonnement par l'acide arsénieux. L'expé- rience précédente démontre qu'il faut être très-prudent dans les conclusions quand il s'agit d'une expertise médico-légale. En effet, le véritable empoisonnement donnerait des taches arsenicales avec le charbon sulfurique de chacun des reins , de chacun des poumons, etc., etc. On avait injecté dans l'estomac 410 grammes de liquide, on en a extrait 365 grammes; l'absorption, en supposant l'estomac vide au moment de la mort, avait donc porté sur 45 grammes de liquide, renfermant environ 1gr,5 d'acide arsénieux. J'ai toujours constaté la mort, dans toutes ces expériences, en m'assurant que le cœur ne battait plus, et qu'une auscultation prolongée démontrait que les bruits du cœur avaient cessé. Le second chien fut sacrifié exactement de la même façon; le refroidissement se fit dans des conditions identiques; l'autopsie aussi; j'y remarquai l'injection de l'estomac et d'une partie du canal intestinal, mais la différence avec le premier était très- caractéristique. Voici des exemples de l'une des difficultés à vaincre dans ces recherches. Non -seulement on découvre l'arsenic là où il n'était pas pen- dant la vie, mais, ce qui paraît plus étonnant, quelques carac- tères anatomiques viennent à l'appui de la conclusion qu'il y a eu empoisonnement. Ces exemples méritent d'être mis en opposition avec l'expérience d'expertise faite par M. Malaguti qui , trouvant de l'arsenic libre ( 108 ) dans le canal intestinal et n'en rencontrant pas dans le l'oie, conclut que la victime n'avait point été empoisonnée; les aveux du coupable apprirent en effet qu'il avaitétranglé la victime après lui avoir donné de l'arsenic métallique. (Rèpert. deChimie appliquée, Ve année.) Deux autres chiens, l'un nourri au pain de seigle et déjà très- affaibli par ce régime, l'autre recevant une bonne nourriture mixte, lurent encore sacrifiés en vue de bien constater l'aspect particulier qu'offre la membrane de l'estomac. Aucun de ces deux chiens ne m'offrit le phénomène des chiens empoisonnés par des composés arsenicaux, soit avant soit après la mort. L'estomac dans cet empoisonnement présente un caractère qui ne m'a jamais fait défaut. La partie moyenne est toujours plus ou moins injectée de sang, elle est rouge; tandis que l'antre du pylore est décoloré, parfois parfaitement blanc, et dans tous les cas il y a un contraste très-net entre ces deux portions de la muqueuse stomacale; le duodénum aussi est injecté et rouge. Dans ees derniers temps, j'ai répété cette expérience sous une forme qui me permit d'apprécier si je ne me faisais pas illusion , et j'ai voulu m'assurer si d'autres poisons amenant la mort des animaux me donneraient ce caractère anatomique que je ne trouve décrit nulle part, et qui était ignoré par plusieurs savants que j'ai consultés à ce sujet. Deux chiens sacrifiés par strangulation, à 1 1 h. 25, restent sus- pendus jusqu'à 1 1 h. 40 ; ils étaient à jeun depuis la veille , la mort fut constatée en appliquant la main et l'oreille sur la région du cœur; aucun bruit n'était perceptible, aucune pulsation ne put être constatée, soit par moi, soit par M. Husson mon répétiteur; l'œsophage étant mis à nu, on introduisit 500 centimètres cubes d'eau distillée dans l'estomac de l'un des chiens , 300 centimètres cubes d'une dissolution d'acide arsénieux dans celui de l'autre. Les deux animaux, bien enveloppés dans des linges et des nattes, lurent couchés sur le liane droit près d'un poêle; à onze heures quarante -cinq minutes et à onze heures cinquante-cinq minutes, on prit la précaution de les recouvrir d'une grande natte pour empêcher le rayonnement direct. ( 109 ) I/un des chiens A pesait (ikil,500, l'autre H, (>kil,l<)0. Je les désigne par des lettres, car je n'avais pas été présent à l'injection de l'eau et de l'acide arsénicux. Le refroidissement s'opéra de la façon suivante, et fut observé au moyen de thermomètres plongés de Om,20 dans l'anus. Température HEURES. CHIEN A. CHIEN B. de l'air de la place. 12 h. 55 après midi. 35° c. 39° c. 20° C. 1 >. >. 54 37,5 2 » ». 55 3G 3 » ... 52 55 4 » » . 50,5 33,5 5 » ». 28 32 (j » ». 27 31 14° C. Le lendemain . 7 heures du matin . 17 20 10° C. 8 » ». 17 19,5 9 »/* » » 17 19 L'autopsie fut faite le lendemain à dix heures, sans déranger les cadavres; on fit une ligature à l'œsophage et une seconde sous l'estomac, pour recueillir le contenu de l'estomac. L'aspect, à l'ouverture des cadavres, était tel que tous les vais- seaux sanguins du chien A paraissaient gorgés de sang, tandis que le chien B ne présentait pas ce phénomène; les organes n'offraient rien de bien particulier; le tube intestinal du chien A était vide de gaz, les intestins de B en renfermaient beaucoup. Cent volumes de ce gaz traités par la potasse laissèrent 30 vo- lumes de gaz non absorbé, brûlant avec une flamme bleue comme celle de l'oxyde de carbone. Il restait dans l'estomac du chien A 260 centimètres cubes d'un liquide très-légèrement coloré au brun jaunâtre; celui du ( 140 ) chien B ne renfermait plus que 240 centimètres cubes d'un li- quide sensiblement incolore. A l'ouverture des estomacs, il n'était pas possible d'élever le moindre doute, et j'indiquai sans hési- tation le chien B comme ayant reçu la dissolution arsenicale. Cependant la coloration rouge dans l'intestin et dans l'estomac du chien A était plus forte et simulait une légère phlogose, mais il n'offrait pas cette décoloration particulière de l'antre du pylore. J'avais dev inê juste, si l'on peut employer ce mot dans ce cas, car je donnais le pourquoi du motif de mon choix. Je pense que tous les anatomistes non prévenus auraient plutôt désigné le chien A comme ayant été soumis à un empoi- sonnement capable de produire une phlogose ou une injection sanguine. Mon savant collègue, M. Thicrnesse, a eu l'obligeance de vou- loir bien m'assister dans les expériences de vérification que j'ai faites dans ces derniers temps. Il m'a prêté, ainsi que M. J.-B. De- rache, son répétiteur, un concours dont je me fais un devoir de les remercier publiquement; voici, entre autres, une expérience dont ils ont pu vérifier toutes les données. On sacrifia deux chiens qui étaient soumis au même régime depuis plusieurs jours, en leur coupant la moelle allongée; on constata la mort, et l'on injecta 300 centimètres cubes d'eau pure dans l'un et 500 centimètres cubes d'une dissolution d'acide arsénieux dans l'autre. Les deux chiens étaient très-ressemblants, avaient à peu près le même poids, 7 et 8 kilogrammes. Le refroidissement s'opéra comme pour les deux chiens précé- dents, mais eeux-ci avaient exactement la même température initiale : 58° c; ils se refroidirent exactement de la même façon; leur température, au moment de l'autopsie, faite le lendemain à dix heures, était de 18° c. On fit l'autopsie et on me mit sous les yeux les deux estomacs. Après un moment d'hésitation provenant de ce que l'incision de l'estomac dans l'un des deux n'avait pas été faite jusqu'au delà du pylore, je désignai le chien empoisonné. Ayant demandé à M. Thiernesse de vouloir bien me donner ( m ) un petit fragment de l'oie, pris dans une région du foie la moins exposée à l'endosmose;, il me fut facile de démontrer la présence de l'arsenic par de nombreuses taches produites sur la porcelaine; l'appareil de Marsh consistait en un petit flacon de Woulf. Ce procédé de la carhonisation sulfurique et de la production de taches par un petit appareil à hydrogène est suffisant, bien qu'on sache qu'il n'est pas parfait. Le régime auquel les animaux sont soumis me semble avoir une large part dans les phénomènes qu'on observe après la mort. Voici un exemple : Deux grands chiens très-vigoureux n'avaient eu pour toute nourriture que du pain de seigle pendant huit jours; ils furent sacrifiés par strangulation et restèrent suspendus pendant trois quarts d'heure. Ce ne fut que deux heures après la strangulation qu'on introduisit dans l'estomac, par l'œsophage mis à nu, 500 cen^ timètres cubes d'eau saturée de sel marin dans l'un, et 250 centi- mètres cubes d'une dissolution saturée et froide d'acide arsénieux dans l'autre. L'autopsie fut faite le lendemain après un refroidissement lent, qui s'opéra exactement dans les mêmes conditions pour les deux. La température initiale était de 55° c., à la première observation; vingt-quatre heures après, elle était de 17° e. Les deux estomacs étaient remplis de pain non digéré, bien qu'on ne leur eût plus donné à manger, dix-huit heures avant l'expérience. La muqueuse de cet organe était fortement ramollie, et se détachait avec facilité, contrairement à la plupart des expé- riences mentionnées au § XXVII; dans l'un comme dans l'autre, la membrane interne était fortement colorée ; mais pour celui qui avait été injecté par du sel marin, la coloration -é tait un peu plus brune et la portion pylorique n'était guère moins colorée que le reste; dans le second, la différence, bien que peu marquée, était cependant sensible; l'antre du pylore était plus pâle. Je fis observer aux aides qui avaient fait l'injection que l'ex- périence devait être considérée comme étant mauvaise, circon- stance que j'attribuais au régime du pain de seigle administré pendant six jours; cependant je désignai encore, sans me tromper, ( l"2) le chien dans l'estomac duquel on avait injecté l'acide arsénieux. Bien que l'expérience ne présentât point le caractère décidé des autres , elle m'a paru digne d'être rapportée, parce que l'injection n'a été faite que deux heures après la mort, que les chiens avaient été mis au régime du pain seul pendant huit jours, et que la muqueuse de l'estomac paraissait fortement ramollie '. Comme mes recherches portaient sur les iodures qui, dans beaucoup de cas, me faisaient défaut lorsque je les recherchais dans la bile et dans les dernières portions des intestins, j'ai voulu m'assurer si des phénomènes d'endosmose analogues aux pré- cédents se présenteraient avec l'iodure de potassium. Un seul exemple suffira. Un chien, pesant environ 4 kilogrammes, est sacrifié par stran- gulation ; un quart d'heure après la mort bien constatée , on intro- duisit par l'œsophage une dissolution de 7 grammes d'iodure de potassium dans 100 grammes d'eau. Le cadavre fut couché sur le côté gauche et abandonné au refroidissement spontané pendant vingt et une heures. A l'autopsie on constate la présence de composés d'iode dans les sérosités abdominales, pectorales et sous-cutanées du ventre et du dos. Le foie, le cœur, la rate, les poumons sont lavés sous un filet d'eau, puis découpés et bouillis avec de l'eau distillée; tous les liquides qui en proviennent sont rendus faiblement acides, filtrés et additionnés d'un peu d'eau d'amidon; l'eau de chlore ou le chlore gazeux montre dans tous la présence de composés d'iode. Les reins lavés , dépouillés de la même façon ne donnent pas la réaction de l'iode. Les muscles des cuisses disséqués, lavés, se comportent comme les reins. La sensibilité de la réaction de l'iode exige absolument qu'on soit prudent, pour ne pas amener de l'iode accidentellement par les mains, les pinces, les ciseaux, etc., dont on se sert. 1 Pendant l'impression du mémoire , j'ai fait une expérience qu'on trouvera plus loin et qui m'avait été suggérée par mon confrère M. Schwann. 113 ) § XXX. — La décoloration particulière de Vautre du pylore constitue-t-elle un phénomène général dans les empoisonne- ments? Est-elle absolument caractéristique pour V empoison- nement aigu par différents poisons? La voie par laquelle l'absorption se fait, la nature du composé ont-elles une in- fluence ? On voudra bien ne pas perdre de vue la déclaration que j'ai faite plus haut; j'établis quelques jalons, je rendrai, si c'est pos- sible plus tard, mon travail plus complet, et je sens que dans cette partie de mon Mémoire les desiderata inévitables du lecteur sont aussi les miens. Il m'est arrivé parfois, lorsque je recherchais la présence de l'iodure de potassium ou des iodures le long du canal intestinal, d'observer que l'intensité de la teinte, communiquée au papier amidonné ou à l'eau d'amidon, allait en diminuant, au fur et à mesure que je m'éloignais de l'estomac; dans quelques cas, je la voyais redevenir intense en m'approchant du colon. Je me de- mandais si les fonctions d'absorption et de sécrétion attribuées à l'ensemble du tube digestif, pouvaient expliquer ces faits et per- mettre de comprendre pourquoi il paraissait y avoir des quantités plus considérables d'un sel alcalin dans les premières et dans les dernières portions du canal intestinal ; ce fait me paraissait assez extraordinaire, car je crois avoir démontré que l'iodure de potas- sium ne passe que très-difficilement dans les fèces. Mon attention qui s'était portée sur l'aspect que les différentes parties du canal intestinal présentait, fut éveillée encore par l'ob- servation suivante. Dans différentes autopsies de chiens empoi- sonnés, j'avais cru remarquer vers le gros intestin, le colon et le rectum, des apparences ayant quelques analogies avec celles que j'observais à l'estomac dans l'empoisonnement arsenical; et l'ob- servation anatomique venant à l'appui de faits chimiques, je me proposais d'étudier ceux-ci par la balance, en cherchant à doser l'iode ou les iodures dans ces cas; mais l'état de ma santé m'arrêta. Tome XVII. 8 ( lli ) Quoiqu'il en soit de ces derniers faits, ceux de l'estomac étaient bien plus nets et tranchés dans l'empoisonnement par les compo- sés d'arsenic; jamais l'inflammation, c'est-à-dire la coloration rouge dans la région correspondant à la grande courbure, ne m'a fait défaut; il en a été de même du duodénum; entre ces parties d'un rouge vif, on voit trancher nettement toute la portion py- lorique qui parait parfaitement blanche. Le contraste est frappant et les lignes de démarcation sont dessinées avec une vigueur telle, qu'elles peuvent servir de guide pour les physiologistes et les observateurs qui voudraient s'occu- per de l'anatomie microscopique de cet organe. Ne doit-on pas se demander quelles sont, à l'égard du poison arsenical, les fonctions d'absorption ou de sécrétion de cette partie pylorique qui ne s'injecte pas de sang? La physiologie a bien assigné des fonctions spéciales à certaines parties du tube diges- tif, mais nous sommes loin de connaître les places déterminées, variables ou fixes, que cet appareil offre aux absorptions, aux sécrétions et aux excrétions prises dans leur véritable signifi- cation. On sait que les deux régions principales de l'estomac sécrètent des liquides différents, jouant des rôles distincts, mais mal définis jusqu'aujourd'hui; le liquide fourni par la portion pylorique ne peut pas servir à la préparation du suc gastrique artificiel; mais comme la sécrétion et l'absorption sont des phénomènes qui se produisent simultanément dans les divers tissus d'une même membrane , on est porté à penser que c'est la résultante de ces deux actions, qui détermine d'une part la coloration si vive et d'autre part la décoloration si caractéristique de portions déter- minées de la membrane de l'estomac. Cela parait très-simple quand le toxique arsenical est introduit par l'estomac , mais si j'ajoute que le phénomène de la décolora- tion du pylore se produit toujours, quelle que soit la voie par laquelle l'arsenic pénètre dans l'économie (estomac, lavement, absorption cutanée, etc.), quelle que soit la nature chimique du composé d'arsenic, on est amené à conclure que les glandes muco- gastriques vers la région pylorique, les glandes pepto-gastriqiies | 145) agissent de la même façon dans i om t«*-> cei circonstances, puisque les phénomènes de coloration, dus incontestablement aux sécré- tions et aux absorptions restent absolument les mêmes et ne diffèrent, en somme, que par une intensité plus ou moins consi- dérable; comme si , dans tontes les circonstances, le poison ><• ren- dait d'abord à l'estomac pour \ produire l'injection et la coloration de la partie moyenne et la décoloration au pylore. Ces observations sur l'estomac, comparées ;i celles qui indi- quaient un accroissement subitde la quantité d'iode v ers le ccecum, le gros intestin, le colon et Je rectum, me portaient à croire que des phénomènes particuliers se passaient aux deux extrémités du tube intestinal. En effet, dans plusieurs expériences j'appelle l'at- tention sur l'aspect très-différent du colon et du rectum dans les empoisonnements par les métaux. Dans les deux cas l'observation chimique doit avoir des rela- tions intimes avec la structure anatomique et avec les fonc- tions physiologiques, elle viendrait appuyer ou éclairer l'anatomie microscopique; on admet en effet que le gros intestin présente des glandes particulières, des follicules d'autant plus nombreuses, qu'on se rapproche davantage du rectum. Il me paraîtrait diffi- cile d'admettre que la position relative des intestins dans la cavité abdominale suffise pour expliquer les observations qui signalenl un excès d'iodure vers l'anus. L'anatomie a démontré que les tubes glandulaires de l'estomac de l'homme et du chien vers le pylore affectent une forme autre que ceux qu'on rencontre dans la partie médiane ou cardiaque; 00 admet aussi que ces portions de l'estomac peuvent exécuter des mouvements distincts. Toutes ces remarques préliminaires montrent pourquoi l'obser- vation, faite sur la membrane de l'estomac , m'a rivemenl frappé comme elle a étonné plusieurs anatomistes el médecins témoins de mes expériences, tels ont été les motifs qui m'ont engagé à constater que cette décoloration particulière n'était pas un but du hasard; elle ne se trouve signalée nulle part à ma connaissance, et, pour m'en rendre compte, j'ai commencé par varier le mode d'administration. ( lie ) On met lgr ,5 d'acide arsénieux, sous la peau de la cuisse gauche d'un petit chien de 5kil ,5 ; trois quarts d'heure après , le chien vomit et on ramasse à terre 20 centimètres cubes du liquide visqueux vomi ; ils sont introduits dans un appareil de Marsh et on obtient des taches tellement nombreuses, qu'on soupçonne que le chien a pu se lécher. Il meurt quatre heures et demie après; à l'autopsie on constate parfaitement la décoloration de l'antre du pylore. Le foie renferme beaucoup d'arsenic, l'absorption a donc eu lieu, le chien est bien mort des suites de l'empoisonnement; mais le doute que l'expérience laisse parce que l'animal s'est léché, me force à la recommencer. Un chien de même taille et de même poids est opéré exacte- ment de la même façon , mais un bandage exagéré, formé de ban- delettes de toile imprégnée de goudron, l'empêche absolument de se lécher et d'absorber de l'arsenic par la bouche. Une heure après il eut deux vomissements très-rapprochés , le premier était composé d'un liquide visqueux, glaireux et inco- lore, le deuxième aussi, mais coloré en brun, comme s'il conte- nait de la matière de la bile. Dix-sept grammes de ce dernier furent recueillis directement sans aucun mélange dans une cap- sule, et traités après la calcination sulfurique par l'appareil de Marsh; on obtint des taches arsenicales très-nombreuses. L'animal mourut cinq heures et demie après l'opération , il avait continué à vomir, les matières étaient redevenues blanches, elles livraient toutes d'abondantes taches à l'appareil de Marsh; le museau du chien était constamment entouré d'une bave écu- meuse;à l'autopsie, faite le lendemain, quinze heures après la mort, il offre le caractère de la décoloration de l'antre du pylore dune façon très-tranchée. Un grand chien pesant 12 kilogrammes reçoit une potion de 100 centimètres cubes d'eau renfermant 0m,500 d'acide arsénieux; il vomit peu de temps après un liquide glaireux mélangé de brins de paille; ne boit pas l'eau que l'on meta sa disposition; une ( H7 ) heure et demie après, la dose est répétée, les vomissements glaireux continuent et il meurt en cinq heures. L'autopsie fut faite le lendemain matin ; l'estomac offre le ca- ractère le plus tranché : injection considérable de la partie moyenne, décoloration de l'antre du pylore, injection et colora- tion rouge du duodénum. Un grand chien très-vigoureux reçoit un lavement de 400 cen- timètres cubes d'eau tenant en dissolution 0gr,500 d'acide arsé- nieux; après l'administration, il boit avidement une grande quantité d'eau; cinq heures après on répète la dose; trois heures après on administre 50 centimètres cubes de la même dissolution; il était neuf heures du soir. Le lendemain matin on administre un nouveau lavement de 50 centimètres cubes; le chien était très-souffrant, bien qu'il eût constamment rejeté une grande par- tie de ses lavements, et qu'il eût vomi quelques heures après la première administration; dans la journée on lui administre un lavement de 4 50 centimètres cubes, il mourut quatre heures après, soit vingt-sept heures après la première administration. Le caractère anatomique à l'estomac fut des plus tranchés encore. On peut objecter, à cette dernière expérience, que. la dissolution de l'acide arsénieux avait pu passer du rectum jusqu'à l'estomac. Je fis la même expérience sur un chien de même taille, plus âgé, mais très-vigoureux, en employant deux lavements admi- nistrés à une heure d'intervalle, renfermant chacun 40gr d'iodurc d'arsenic dissous dans 250 centimètres cubes d'eau. On avait préalablement mis le canal intestinal à nu , et après y avoir fait deux ligatures très-fortes, on avait opéré la section de l'anse intestinale entre les deux ligatures. Le chien mourut deux heures et demie après l'administration du premier lavement; l'autopsie fut faite immédiatement; la ré- gion supérieure de l'estomac était d'un rouge vif de sang; le duodénum avait exactement la même couleur que la membrane interne de l'estomac, correspondant sensiblement à la grande ( 118 ) courbure ou la partie moyenne; celte injection extraordinaire se prolongeait dans l'intestin grêle jusqu'à l'endroit où la section avait été pratiquée; entre ces deux parties toute la région pylo- rique était relativement d'un blanc parfait. L'estomac et le canal intestinal de ce chien renfermaient de l'iode. Je ne recherchai l'arsenic que dans les organes où il ne se retrouve ordinairement pas, c'est-à-dire à l'œil et à la bile, et je pus parfaitement produire des taches arsenicales avec le charbon sulfurique, provenant de chacun de ces produits. Je signale ce fait parce qu'il ne s'est présenté qu'exceptionnel- lement parmi mes nombreuses expériences; or il faut admettre qu'aucun phénomène d'endosmose n'avait pu se produire dans le cas présent, l'autopsie ayant été faite une demi-heure après la mort; je ferai remarquer que tout le poison avait été absorbé; le sang poisseux extrait du cœur et de la veine cave avait une réaction très-légèrement mais franchement acide; la présence exception- nelle de l'arsenic dans la bile et dans l'œil peut se comprendre dans ce cas par la dose énorme de toxique qui avait pénétré dans le sang et la rapidité avec laquelle la mort était survenue. Quand des composés d'arsenic sont administrés avec des mé- taux vénéneux, on observe encore à l'estomac le caractère dû aux arsenicaux; j'ai fait l'expérience avec l'arsenite de cuivre, entre autres , il avait été administré en lavement. Ces expériences prouvent que le caractère de la décoloration de l'antre du pylore se reproduit, quelle que soit la voie d'absorption du composé arsenical : estomac, anus, etc., et aussi avec des com- posés arsenicaux différents; quant à l'intensité de la phlogose ou de l'injection , elle diffère pour les chiens empoisonnés pendant la vie et pour ceux qu'on empoisonne après la mort, par des cir- constances qui me paraissent assez variées. Il ne faut cependant pas se faire illusion .les phénomènes de l'in- jection de l'estomac et du canal intestinal n'offrent pas toujours des caractères très-décidés dans les cas d'empoisonnement après la mort. Les circonstances particulières de la mort chez des ani- ( 119 ) maux de force, d'âge, de tempérament et de sexe différents pro- duisent des injections plus ou moins intenses et qui sont sans doute une conséquence du genre de mort; lorsque l'on opère sur des animaux aussi semblables que possible, il arrive que celui dans l'estomac duquel on a introduit de l'eau pure, par exemple, offre des phénomènes d'injection plus tranchés que celui qui a reçu une dissolution d'acide arsénieux. Le caractère qui ne m'a jamais fait défaut, dans i empoisonnement arsenical, c'est la décoloration relative de la membrane de l'estomac vers le pylore. § XXXI. — Effets produits sttr la région de l'antre du pylore, à la suite de l'empoisonnement par l'iodate de potassium , la nicotine, V acide prussique, les sels de zinc, de plomb, de mer- cure et de cuivre, V acide oxalique et le phosphore. Je ne puis quitter ce sujet, bien qu'il semble s'éloigner du but principal de mes recherches, sans décrire encore quelques expé- riences qui se rattachent au même sujet. Le petit chien (page 44) traité par l'iodate acide de potassium offrit, comme cela a lieu dans les empoisonnements par les com- posés arsenicaux, la démarcation blanche dans la région pylorique, mais relativement le duodénum et l'intestin grêle étaient bien moins colorés que la portion moyenne de l'estomac; il y a donc, dans ce cas, un moyen capable de différencier la nature du poison. Le colon offrait des taches injectées rouge, de forme ovale allongée, que je n'ai jamais observées dans des cas analogues. Le petit griffon (page 45) offrait aussi une décoloration de la région pylorique; mais tous les replis de l'antre du pylore étaient colorés en rouge, et l'organe paraissait comme strié; le duodénum et l'in- testin grêle, celui-ci légèrement , étaient enflammés et rouges '. 1 On me permettra de faire observer qu'il est très-difficile de rendre exactement compte de ces phénomènes d'injection de phlogoseet de coloration . ( 420 ) Un autre chien (page 48) de petite taille, empoisonné par l'io- date de potassium en neuf jours, présentait une coloration rouge assez vive de la région moyenne; l'antre du pylore était assez for- tement coloré aussi, mais le duodénum était moins coloré que dans les empoisonnements par les composés arsenicaux. Un chien auquel on avait administré pendant onze jours un la- vement renfermant 4 grammes d'iodate de potassium impur, mou- rut et offrit des phénomènes cadavériques que je signale en pas- sant. Tous les organes étaient décolorés comme s'il était mort d'inanition, l'estomac était complètement décoloré et l'intestin grêle ne présentait aucune injection, si ce n'est dans le colon qui montrait des stries rouges; les poumons étaient très-em- physemateux; on reconnaissait la présence d'iodure partout; la bile n'en renfermait pas de trace. Un chien boule-dogue de taille moyenne, très-vigoureux, est tué lentement par quatre administrations successives, de dix en dix minutes, d'environ 25 centimètres cubes d'une dissolution étendue de nicotine, il vomit, il bave, et il a des convulsions; enfin, on place une goutte de nicotine pure sur la langue, elle le tue directement; il était resté pendant quarante minutes sous l'influence du poison. L'estomac et le canal intestinal paraissent sains et se trouvent à l'état normal ou à peine plus colorés; l'antre du pylore paraît légèrement plus pâle que le restant de la membrane stomacale et du duodénum. Une petite chienne , tuée par l'acide prussique, offrait une mar- brure rougeâtre dans l'antre du pylore, la muqueuse de l'estomac paraissait normale. il y a des nuances que l'inspection seule apprécie à l'instant; il serait à désirer de voir des physiologistes et des anatomistes répéter quelques-unes de ces expériences dans des conditions déterminées, mais variées, et accompagner leur travail de planches coloriées. ( 121 ) On administre à un chien de G kil., à jeun depuis la veille, 10 grammes de sulfate de zinc dissous dans 450 centimètres cubes d'eau; il vomit immédiatement, on avait perdu du liquide pendant l'administration; une heure et demie après, le chien était très- souffrant, la dose fut renouvelée; malgré ses vomissements, il mourut cinq heures après la première administration. Mon collègue, M. Thiernesse, reconnut de suite que l'injection et la coloration de l'estomac et de l'intestin offrait un caractère tout autre que pour l'empoisonnement arsenical. L'antre du py- lore était bien décoloré, mais on n'observa pas cette démarcation caractéristique entre la région moyenne et la région pylorique, celle-ci n'était décolorée que par places; l'estomac était d'un rouge plus brun , coloration qui fut avivée par suite de l'exposition à l'air; il offrait une structure particulière, il était bilobé. Un chien de six kil. est tué en quarante-huit heures par l'ad- ministration d'une dissolution de 90 gr. d'acétate de plomb dans 1500 grammes d'eau ; on lui donne le toxique par doses de 50 à 150 gr. de deux en deux heures chaque jour; il s'en perd à chaque administration, le chien était très-vigoureux et résistant, il vomit beaucoup. A l'autopsie, on trouve l'estomac revêtu d'une croûte blanchâtre, comme une bouillie résistante, sous laquelle on voyait la muqueuse phlogosée; la région du pylore était moins rouge, mais tous les replis avaient sensiblement la couleur de la partie moyenne, le canal intestinal était phlogosé dans toute sa longueur. Il n'était pas possible de confondre cet aspect, même abstraction faite de l'espèce de croûte qui recouvrait la paroi de l'esto- mac avec les phénomènes produits par un empoisonnement arsenical. On administre à un chien de six kilogrammes environ deux grammes de sublimé dissous dans 600 grammes d'eau tenant elle- même en dissolution quarante grammes de sel ammoniac. Le premier jour, il prit 450 grammes de la dissolution qui lui fut administrée de deux en deux heures par potion de 150 gram- (122 ) mes ; il était si souffrant le lendemain malgré la perte d'une portion notable du médicament et les vomissements , qu'on ne lui donna rien dans la matinée, mais vers midi on lui administra les 450 grammes restants; il ne vomit plus et mourut quelques minutes après; c'est-à-dire en 24 heures. L'estomac fut trouvé d'un rouge brun; les replis du pylore étaient comme striés de la même coloration ; l'intestin était phlo- gosé ; et bien que l'antre du pylore fût trouvé plus pâle relati- vement au restant de l'intestin, l'observation la plus superficielle ne permettait pas le moindre doute , le caractère de l'empoison- nement arsenical ne s'y montrait pas. Un chien empoisonné lentement par le sublimé administré à faible dose pendant dix jours m'a présenté un phénomène qui était absolument l'inverse des empoisonnements par l'arsenic, l'antre du pylore était plus coloré que le reste de l'estomac. L'acide oxalique a souvent occasionné des accidents : deux chiens, empoisonnés par des dissolutions de ce corps, ont pré- senté à l'autopsie les phénomènes qui se trouvent décrits dans les traités de toxicologie. L'estomac était décoloré, la muqueuse comme dissoute ou sans aucune résistance, la muqueuse de la région pylorique paraissait moins attaquée; elle offrait un peu plus de résistance que dans le reste de cet organe et était un peu plus pâle. Les lésions deviennent difficiles à observer quand on adminis- tre les poisons par l'estomac, si le toxique est coloré, ou s'il se combine avec les composés qu'il rencontre dans l'estomac et sur ses parois. En vue d'éviter ce trouble dans l'observation, on administre à un chien trois lavements par jour d'une dissolution de sulfate de cuivre, additionnée de quelques gouttes d'ammoniaque et renfer- mant par conséquent une certaine quantité d'hydrate d'oxyde. L'animal mourut le troisième jour. La région moyenne de l'estomac est très-injectée et d'un ronge ( 123 ) virant vers la couleur br-unàtre du sang veineux, la région de l'antre du pylore était d'un blanc mat sale; on aurait pu croire à un empoisonnement arsenical, mais la partie du duodénum la plus rapprochée du pylore, bien que légèrement rouge,. n'offrait pas la coloration si caractéristique dans les empoisonnements par les composés arsenicaux. Comme dans d'autres cas semblables , je constatai la présence du cuivre dans la bile, recueillie avec soin. Mais on crut utile de faire les trois expériences suivantes avec les composés des trois métaux déjà essayés : l'acétate de plomb, l'iodure de zinc et le sublimé. Des lavements de 50 centimètres cubes d'eau contenant 0gr,500 de sublimé et lgr,5 de sel ammoniac sont administrés à un chien pesant cinq kilogrammes environ; dès le premier jour, l'animal est pris de vomissements et ne veut plus manger; on lui admini- strait les lavements trois ou quatre fois par jour, mais il les reje- tait presque à l'instant même; il ne mourut que le sixième jour. Toutes les membranes du canal intestinal étaient fortement enflammées , le mésentère paraissait complètement rouge, telle- ment les vaisseaux sanguins étaient gorgés de sang; l'estomac en- flammé présente une marbrure d'un rouge-brun violacé comme celle du chien empoisonné par l'administration par l'estomac; l'antre du pylore est bien décoloré, mais les replis sont teints en rouge; le canal intestinal est enflammé, mais il n'offre pas cette coloration rouge vif des empoisonnements par les composés arsenicaux donnés à doses élevées; l'inflammation va très- sensiblement en diminuant à mesure que l'on s'éloigne de l'estomac; le cœcum est fortement enflammé, mais le colon l'est beaucoup moins, la rou- geur du premier fait paraître celui-ci relativement pâle. J'ai déjà fait observer cette différence entre le colon et le cœcum, pour des empoisonnements dans lesquels le poison avait été intro- duit parla bouche; on est tenté d'attribuer des fonctions d'absorp- tion et de sécrétion diiïéren tes à ces deux parties du canal intesti- nal, qui reproduisent un phénomène qui rappelle celui qu'on observe d'une façon si nette dans l'estomac pour les empoisonne- ( «24 ) ments par les composés arsenicaux, et d'une manière plus ou moins vive pour la plupart des autres poisons. Trois, parfois quatre lavements renfermant deux grammes d'iodure de zinc, dissous dans 50 centimètres cubes d'eau, sont administrés par jour à un chien de cinq kilogrammes; il meurt après six jours; il vomissait souvent et avait refusé toute nourri- ture à partir du deuxième jour; à l'autopsie, on trouve que l'es- tomac et le tube intestinal sont très-enflammés; les replis de l'antre du pylore sont rouges, dans ce cas comme dans le précé- dent, le colon se distingue nettement du rectum proprement dit, celui-ci offre une coloration bien plus intense, qui tranche avec celle du colon ; celui-ci par contraste semble décoloré. L'estomac renferme beaucoup d'iodure, mais les composés d'iode diminuent très-visiblement dans le canal intestinal à me- sure qu'on s'en éloigne et qu'on se rapproche du cœcum vers lequel ils augmentent tout à coup d'une façon très-appréciable; vers le cœcum les matières extraites du canal intestinal n'offraient plus qu'une coloration très-légère par l'essai a l'eau d'amidon et le chlore, tandis qu'à l'estomac et au colon même la coloration était très- foncée. J'opère souvent dans des cas pareils en faisant des expériences comparatives avec la même dissolution étendue d'eau de chlore, ajoutée à la même quantité de matière rendue acide; en tenant compte du nombre de gouttes d'eau de chlore qui provoque la coloration la plus intense, et le nombre de gouttes qui amènent une décoloration complète. Ce procédé indique sen- siblement les rapports quand on compare deux portions du canal intestinal; mais il n'est pas rigoureux; souvent après la décolo- ration il suffît d'abandonner les matières pour les voir, après quelque temps, présenter de nouveau la coloration de l'iodure d'amidon. Les phénomènes observés sembleraient indiquer que certains iodures passent d'abord en nature du rectum à l'estomac, mais qu'une portion notable de ces iodures serait réabsorbée dans cet organe et dans le tube intestinal , l'iode entrant dans des combi- naisons qui passent à l'urine , et le métal s'accumulant dans le ( 12b ) «canal intestinal; en général, les indurés des métaux administrés par l'anus n'envoient d'abord à l'estomac que des composés diode, le métal doit être recherché dans d'autres organes, il peut faire défaut dans l'estomac. Des lavements renfermant cinq grammes d'acétate de plomb sont administrés trois ou quatre fois par jour à un chien d'en- viron 5 kilogrammes; il résiste pendant huit jours; très-malade dès le premier jour, il refusa de prendre sa nourriture. A l'autopsie, on trouve dans l'estomac un liquide jaunâtre, visqueux, dans lequel nagent des mucosités d'un brun noir qui paraissent être du sang qui aurait subi un commencement de putréfaction; la muqueuse de l'estomac est ramollie, la partie moyenne est d'un brun violacé; à la partie supérieure vers le cardia ou l'œsophage la coloration brune présente une teinte grisâtre ardoisée; l'antre du pylore est blanc sale, les replis sont légèrement colorés en rouge et on y remarque des taches noires gangreneuses; le canal intestinal est enflammé, mais la coloration rouge est bien moins intense que dans les empoisonnements par les composés arsenicaux; tout le canal intestinal est rempli de sang altéré; je n'ai jamais remarqué ce fait dans les empoisonnements par les composés d'arsenic , même l'iodure donné à haute dose. Je dois de nouveau faire remarquer qu'il serait utile de repro- duire ces phénomènes par des figures coloriées. La transsudation sanguine vers le canal intestinal, dans ces deux cas, présente donc une particularité très-remarquable, tandis que pour les composés arsenicaux la membrane interne de l'intestin parait bien plus enflammée que dans l'empoisonnement par l'acé- tate de plomb, au moins les globules ne se déforment-ils pas de façon à passer sous une forme altérée dans l'intérieur du tube intestinal. Bien que les expériences que je rapporte aient été faites en vue d'étudier les phénomènes d'endosmoses , après la mort j'ai été entraîné à chercher à me rendre compte en même temps des lé- sions ou des altérations produites sur la membrane de l'estomac, ( 126 ) après le fait observé sur les phénomènes produits sur cet organe dans les empoisonnements après la mort. Peut-être ces observations pourront-elles être utiles à ceux qui chercheraient à étudier les fonctions de sécrétion et d'absorption dans des portions déterminées du tube digestif; c'est à ce titre seul que je les donne. On administre à un chien 0gr,250 de phosphore qu'on avait fondu sous l'eau et battu ensuite jusqu'à refroidissement complet avec de la fécule de pomme de terre ; l'administration avait été faite le soir, le lendemain matin l'animal était très-abattu ; il suc- comba deux heures après la deuxième dose; l'estomac est enflammé et rouge dans toute la portion moyenne, les replis de l'antre du pylore sont assez fortement colorés. L'inspection se fit par deux ouvertures ménagées dans la paroi et disposées de façon à recevoir une ligature à bourdonnets. On injecta ensuite dans l'estomac une dissolution d'acide arsé- nieux, puis le cadavre fut abandonné au refroidissement lent. Le lendemain on constata que la membrane de l'estomac était dans le même état que la veille, c'est-à-dire que, dans ce cas, la dissolution arsénieuse n'avait produit aucun effet ou que l'effet produit était faible. MM. De Rache et Husson, répétiteurs à l'Ecole de médecine vétérinaire , me prêtèrent leur concours dans cette expérience; plus habitués que moi à faire des observations ana- logues, ils furent frappés des résultats. Il résulte de cette expérience que l'estomac perd entièrement ce reste de vitalité .que l'on constate si facilement après une mort violente, si l'animal a succombé à un empoisonnement préa- lable , fût-il même très-rapide. Il faudra répéter encore ces expé- riences. L'expérience fut répétée sur un second chien; on le sacrifia par strangulation, on examina de suite la membrane de l'estomac; la portion moyenne de l'estomac ainsi que tous les replis de l'antre du pylore étaient colorés ; après avoir fait des ligatures on injecta 1 acide arsénieux et le lendemain on constata une décoloration ( 127 ) assez peu prononcée pour la partie moyenne, mais très -pro- noncée pour fantre du pylore. Cette expérience, qui consiste à observer d'abord l'état de l'esto- mac avant l'injection de la dissolution arsénicuse, prouve bien cette action spécifique des composés arsenicaux et le reste de vi- talité que conserve l'estomac. Ces phénomènes d'absorption qui se présentent si on les provo- que de suite après la mort, et cette transsudation sanguine vers la région moyenne de l'estomac accompagnée de la décoloration con- stante de la portion de l'estomac qui se rapproche du pylore , prouve au moins que la perméabilité des tissus est très-considé- rable de suite après une mort violente et que cette perméabilité ne semble pas être la même pour des matières de nature, de com- position et de propriétés différentes. Il paraît incontestable, au moins d'après les expériences que j'ai faites, qu'indépendamment du phénomène de l'absorption il se fait un phénomène de sécrétion capable, le premier, de ramener du sang vers l'extérieur, le second, de porterie sang vers l'intérieur de la membrane de l'estomac. Cette endosmose et cette exosmose simulent en définitive un phénomène vital , mais ce phénomène peut être modifié par des causes chimiques dues aux liquides employés : eau , sels alcalins , sels acides, sels neutres, etc., etc., agissant chimiquement en em- pêchant les phénomènes de putréfaction ou de fermentation, comme il peut être influencé par des causes purement physiques, différence de température, différence de densité, de fluidité, etc. Comparativement au chien précédent, un chien de même taille, de même force, à jeun depuis le même temps, est sacrifié de la même façon. A l'autopsie on constate, comme pour le précédent, que l'estomac est vide, que la portion moyenne est légèrement colorée en rouge, que tous les replis de l'antre du pylore sont rouges. Les plaies à l'estomac étant refermées par des ligatures à bour- donnets , on abandonne l'animal au refroidissement comme le pré- cédent et exactement dans les mêmes circonstances. ( 128 ) Le lendemain l'estomac présentait un aspect tout autre que la veille , il était sensiblement et uniformément de couleur brun ardoisé par suite d'un phénomène de putréfaction dans lequel l'état de vacuité avait du intervenir. Quoi qu'il en soit, toutes les expériences que j'ai relatées prou- vent ce que les médecins admettent, je pense assez généralement, que l'arsenic paraît avoir une action spéciale sur l'estomac et les intestins, que dans l'estomac cette action se dessine par un phé- nomène très-net, très-tranché sur le vivant, et assez marqué même après un empoisonnement artificiel exécuté immédiatement après une mort violente. Il parait assez difficile de décider si le phénomène del'injection de la partie moyenne de l'estomac est dû à un simple phénomène cadavérique ou à une action, dans laquelle interviendrait un reste de vie, produisant encore les mouvements du cœur ou une faible circulation du sang qui ne serait pas en repos d'une façon ab- solue. Mon collègue M. Schwann m'avait prié de répéter l'une des expériences sur l'empoisonnement par l'acide arsénieux après la mort, en prenant la précaution de lier les vaisseaux du cœur. Voici les résultats de cette expérience que je n'ai modifiée qu'en réassurant d'abord, autant qu'on puisse le faire , avec MM. De Rache et Husson, de l'état de la membrane interne de l'estomac avant d'y introduire la dissolution arsenicale Un chien de forte taille, à jeun depuis dix-huit heures, est pendu; après la mort, on fait au-dessus du cœur une ligature très-fortement serrée, embrassant toutes les veines et les artères. On examine , par une ouverture pratiquée dans la paroi, la mem- brane interne de l'estomac, un peu au-dessus de l'antre du py- lore; elle paraît parfaitement exsangue ou blanche. On injecte 500 centimètres cubes d'une dissolution saturée d'acide arsé- nieux. Après avoir fermé la plaie par une ligature à bourdon - nets, on abandonne le cadavre à un refroidissement lent pendant environ dix-huit heures comme pour les autres chiens. ( 129 ) Le lendemain le cadavre était tympanisé ; 100 volumes de gaz du canal intestinal recueillis sur l'eau laissèrent 25 volumes après l'action de la potasse caustique; ce gaz insoluble brûlait avec une flamme bleue, absolument comme l'oxyde de carbone; il s'est rencontré plusieurs fois dans les expériences que j'ai faites en employant l'acide arsénieux, mais, n'y attachant qu'une atten- tion très-secondaire, je n'en ai pas fait l'analyse, me contentant de le signaler par une de ses propriétés qui m'a paru assez carac- téristique. Il serait très-intéressant de faire une analyse exacte et complète du gaz recueilli dans les intestins et d'y rechercher la présence de l'arséniure d'hydrogène, etc., mais il faudrait le recueillir sur le mercure. Toute la portion de l'estomac, blanche la veille, était colorée, mais la coloration était plus faible que dans la plupart des autres cas; l'antre du pylore était incontestablement blanc. Je ne pus recueillir que 5gr,5 de sang pur de la veine porte, et il ne me fut pas possible d'y constater la présence de l'arsenic; j'opérai sur la même quantité de sang pris dans le cœur, le résul- tat fut encore négatif, tandis que 5sr ,5 de foie , pris en différents endroits , me donnèrent des taches très-nombreuses et très-carac- téristiques. Ces expériences rendent compte jusqu'à un certain point des contradictions qu'on rencontre dans les autopsies faites sur des individus empoisonnés par des dissolutions arsenicales ou par l'acide arsénieux en poudre; je n'ai jamais eu l'occasion de voir l'estomac de l'homme empoisonné par les arsenicaux, mais en observant le caractère si tranché que j'ai signalé chez les chiens, il est très-probable que, dans le même cas, celui de Ihomme offri- rait quelque chose d'analogue. Je me suis décidé à donner tous les détails qui précèdent, parce qu'ils semblent montrer parfaitement que la fonction de la partie pylorique de l'estomac est toute spéciale, comme on admet que sa structure est particulière, et que des observations suivies avec des substances toxiques ou des médicaments nous appren- dront à mieux spécifier le rôle des différentes parties du canal intestinal, et ses relations avec le foie, la rate, etc. Tome XVJI. 9 ( "50 ) g XXXII. — Les composés d'iode s'éliminent par l'urine; les composés d'arsenic s7 éliminent aussi par l'urine; les iodures se rendent très-rqpidement à l'œil, les larmes en contiennent, peu de temps après l'administration de l'iodure de potas- sium. — L'arsenic ne paraît cependant pas se rendre à l'œil. Les yeux des ouvriers affectés d'un tremblement mercuriel présentent un aspect particulier que j'ai rencontré souvent, et dont je ne puis faire une bonne description; il me semble tou- jours, avant la cure, que je vois leurs yeux comme à travers un léger nuage, comme si un faible brouillard flottait en avant de. chaque œil; après quelques jours de traitement, je n'observe plus ce phénomène. C'est cette observation qui m'a conduit à porter mon attention sur les larmes et les liquides qui baignent l'œil, ainsi que sur cet organe lui-même. L'iodure de potassium se retrouve très-rapidement à l'œil, plus rapidement, m'a-t-il paru quelquefois, qu'à l'urine; on serait tenté de croire que tous les corps qui s'éliminent par l'urine se rendent à l'œil, d'autant plus que MM. Millon, Regnault et J. Picard ont trouvé de l'urée dans les humeurs de l'œil. J'ai voulu m'assurer si l'acide arsénieux, par exemple, s'y ren- drait : à cet effet, j'ai examiné, au moyen du simple appareil de Marsh, les yeux de plusieurs chiens empoisonnés par des arsé- nites, par l'acide arsénieux et par l'iodure d'arsenic. Rien n'est plus facile que de constater la présence de l'iode dans l'œil d'un petit animal en quantité parfaitement reconnaissable; on échoue constamment dans la détermination de l'arsenic, qu'on ne re- trouve pas par le procédé rapide et simple, qui consiste à opérer avec un petit flacon de Woulf et écraser la flamme sur de la por- celaine. Le résultat fut négatif sur les yeux de trois chiens empoisonnés par de l'iodure d'arsenic administré en potion, en lavement, ou introduit dans une anse du canal intestinal; il en fut de même ( 131 ) pour les yeux d'une vache empoisonnée par seize grammes d'acide arsénieux. En 1850, j'avais fait une expérience sur les deux yeux d'une vache empoisonnée par de l'iodure d'arsenic,, les liqueurs prove- nant du charbon sulfurique, lavé méthodiquement, avaient été concentrées, le flacon de Woulf, servant d'appareil de Marsh, était très-petit; le résultat fut absolument négatif. Dans une deuxième expérience, on prit les plus grandes pré- cautions dans l'examen des yeux d'une vache empoisonnée par soixante et dix grammes d'iodure d'arsenic; la calcination sulfu- rique fut exécutée dans une cornue de verre; on fit un lavage mé- thodique du charbon , on concentra avec précaution la dissolution provenant du charbon sulfurique; mais l'essai au flacon ne donna pas la moindre tache; la présence de l'iode se constatait avec la plus grande facilité, soit dans les larmes pendant la vie, soit dans les humeurs de l'œil après la mort. Comme la présence de l'iode pouvait troubler les résultats, on examina avec les plus grands soins les deux yeux d'un cheval empoisonné par un excès d'arséniate de potasse et de soude im- purs, le résultat fut encore négatif. On eut recours à l'appareil de l'Académie, monté avec le plus grand soin, ne fonctionnant qu'avec du zinc et de l'acide sul- furique examinés par une expérience à blanc portant sur la disso- lution complète d'environ 150 grammes de zinc; on obtint un anneau tellement faible qu'il fut impossible de constater si c'était bien de l'arsenic provenant de l'empoisonnement : c'était une simple coloration fauve en avant de la partie chauffée du tube , comme dans l'expérience à blanc. Cette expérience de vérification a été faite sous mes yeux, cette année, par M. E. Husson , mon répétiteur. (Voir page 136.) L'œil de l'animal contenait beaucoup d'iode. Ces expériences me portent à croire qu'une erreur de ma part ( »sa ) ou de mon aide a donné lieu à la constatation de l'arsenic dans l'œil et dans la bile d'un chien cité au § XXX. J'ai signalé ce fait qui, comme je l'ai fait remarquer, peut être attribué aussi à la dose considérable d'iodure d'arsenic employée dans l'expérience. On observera sans doute qu'il peut paraître extraordinaire de voir l'arsenic abandonner la voie de l'iodure de potassium, même lorsque ce premier est en combinaison avec l'iode, dans les em- poisonnements par l'iodure d'arsenic; chacun des corps suit la route particulière que la nature lui a tracée, l'œil est une voie par laquelle l'iode passe, tandis que l'arsenic n'y passe pas; l'urine est un passage pour les deux; le canal intestinal offre un passage plus facile à l'arsenic qu'à l'iode. J'ajoute que, dans quelques-unes de mes expériences dans des empoisonnements par l'iodure d'arsenic, j'ai été surpris de trouver, me semblait-il, relativement plus d'arsenic que d'iode à l'urine; mais il serait nécessaire de doser ces corps en poids, en recueillant l'urine depuis le commencement de l'expérience jus- qu'à la fin. Je ne puis que difficilement admettre cependant qu'il y ait eu illusion de ma part; en effet, dans la vache empoisonnée par soixante grammes d'iodure d'arsenic, j'ai trouvé beaucoup d'ar- senic dans l'urine, très-peu d'iode , mais en même temps j'ai con- staté qu'il y avait beaucoup d'iode et beaucoup d'arsenic dans les matières recueillies dans le cœcum. En un mot, comme si dans certaines conditions les corps s'expulsaient réciproquement , j'ai fait voir avec quelle difficulté l'iodure de potassium passe par le canal intestinal, les déjections alvines n'en renferment pas ou n'en renferment que des traces. L'élimination des iodures alcalins, des iodures des métaux pro- prement dits, ainsi que leurs combinaisons avec les matières al- buminoïdes, se fait principalement par les urines, mais nous avons déjà vu que parfois la voie d'élimination est changée. En effet, le mercure qui s'élimine par l'urine, liquide acide, s'éli- mine parfois par la salivé, liquide alcalin, sous l'influence de l'iodure de potassium, comme les expériences de M. Hermann et d'autres l'ont prouvé. ( 155 g XXXIII. — Emploi de l'iodure d'arsenic dans les maladies de la peau. — L'arsenic ne passe pas par la bile ; il ne se rend pas au lait des animaux malades ou a/faiblis; l'iode se rencontre dans un lait pareil. — Le cuivre passe par la bile. La liqueur de Fowlcr d'une part, l'iodure de potassium de l'autre, rendent, dit-on, des services dans les affections de la peau; l'iodure d'arsenic, ou la liqueur de Fowler, associés à l'io- dure de potassium me parurent constituer des médications à es- sayer dans ces cas; elle fut essayée en effet par un médecin de mes amis et lui rendit de grands services dans plusieurs cas, et entre autres , dans un cas très-rebelle qui avait résisté à diverses médications : la malade avait consulté plusieurs médecins des plus renommés par leur savoir et leur grande pratique. En vue des expériences comprises dans le plan d'ensemble, je me proposais de donner des poisons métalliques seuls, et ensuite associés à l'iodure de potassium, afin de rechercher si, sous l'in- fluence d'une administration iodurée, je retrouverais le métal dans des liquides de l'économie où il fait parfois, sinon toujours, défaut. Nous avons vu l'iodure de potassium ou les iodures se séparer de l'arsenic à l'œil, même lorsqu'on a administré de l'iodure d'ar- senic; l'œil ne renferme que de l'iode, sans arsenic! J'ai recherché l'arsenic dans la bile d'un animal soumis à l'acide arsénieux , soit seul, soit associé à l'iodure de potassium; j'ai fait la même recherche sur des animaux auxquels on avait administré l'iodure d'arsenic associé à l'iodure de potassium. L'iode et l'arsenic n'ont pu être découverts dans la bile de quatre chiens de grande taille, pesant de dix à vingt et un kilos; deux avaient reçu de l'iodure d'arsenic en lavement, les deux autres par l'estomac; un cinquième chien me fournit quelques taches arsenicales, faut-il attribuer cette présence exceptionnelle à un phénomène cadavérique, à un accident d'expérience ou à une ( I») exception? J'ai déjà signalé un résultat semblable pour un chien empoisonné par un lavement d'iodure d'arsenic. Un sixième chien donna une trace diode dans la bile, mais sans arsenic. Comme il s'agissait de constater un fait négatif, on empoisonna un grand chien par de l'acide arsénieux , et la recherche de l'ar- senic dans la bile fut faite, après une expérience, à blanc d'abord, avec les plus grands soins, au moyen de l'appareil proposé par l'Académie des sciences de Paris; mais le résultat fut négatif; il pouvait dépendre du peu de matière biliaire que fournissent les chiens. On crut nécessaire de faire l'expérience sur une vache ordinaire, mais maigre; elle fut empoisonnée par seize grammes d'acide arsé- nieux en dissolution , tout le liquide de la vésicule biliaire fut car- bonisé dans une cornue; le produit distillé, concentré après avoir été traité par l'acide nitrique, fut ajouté au charbon sulfurique acide, puis desséché prudemment avec soin, avec un léger excès d acide sulfurique. Le produit du lavage méthodique de ce char- bon fut introduit dans l'appareil de Marsh, préalablement rempli d'hydrogène. Le tube destiné à décomposer l'hydrogène arséniqué était déjà chauffé au rouge avant l'introduction de la matière suspecte; l'expérience à blanc et l'expérience réelle laissèrent le tube absolument intact, sans la moindre apparence d'anneau arsenical. L'autopsie de l'animal avait été faite au moment de la mort. Cette vache n'était pas laitière, mais on put extraire un peu de matière laiteuse du pis; l'essai fut fait avec un petit appareil de Marsh, il ne donna pas de tache arsenicale. Une deuxième vache est empoisonnée par environ soixante grammes d'iodure d'arsenic en dissolution dans 1000 d'eau; on n'est pas plus heureux dans la recherche, qui donne un résultat négatif; toutes les précautions avaient été prises comme pour la précédente, et l'expérience conduite de la même façon. On fit l'essai pour l'iode sur une petite quantité de bile; le résultat fut négatif. ( *53 ) Un phénomène assez extraordinaire me frappa : l'urine que je pus recueillir après la mort était très- peu abondante, relativement à d'autres animaux empoisonnés de la même façon, elle me parut très-pauvre en iode et très-riche en arsenic. L'iode ou ses composés avaient été reconnus, très-peu de temps après l'empoisonnement, dans la salive, le mucus nasal, les larmes, tandis que plus d'une heure après, l'urine et les fèces ne conte- naient pas encore sensiblement d'iode ni d'arsenic. Au moment delà mort, arrivée à huit heures du soir, c'est-à-dire six heures après l'administration, le canal intestinal fut étalé sur le sol; on constatait facilement la présence de l'iode dans tout son par- cours ; mais la réaction jugée de visu se comporta comme s'il y avait eu beaucoup d'iodure dans l'estomac, la quantité de ce corps allait en diminuant visiblement, à mesure qu'on s'éloignait de cet or- gane dans l'intestin grêle, pour augmenter tout à coup vers le cœcum et le rectum. Il faut tenir compte, dans cette appréciation, que le papier amidonné se mouille plus ou moins facilement dans les différentes portions du tube intestinal, que la mucosité qui couvre l'extérieur des intestins contient souvent, sinon toujours, des iodures. L'autopsie, faite rapidement au moment de la mort, n'avait pu permettre aucune infiltration ni aucun phénomène cadavérique tant pour la bile que pour les intestins. Il est un point que je crois utile de signaler dans les recher- ches de l'arsenic par l'appareil de l'Académie. Quand on examine la partie froide du tube, celle où l'arsenic se condense, il est prudent de l'observer en plaçant le tube sur un papier blanc; avec des tubes de verres légèrement colorés par le manganèse ou par le fer, on voit mieux par contraste au moyen du papier blanc sous-jacent, s'il y a la moindre apparence d'an- neau; ensuite, que l'anneau soit apparent, douteux et même lors- qu'il semble ne pas y en avoir, il faut laver le tube par l'acide nitrique et essayer la dissolution évaporée sur un verre de montre, parle nitrate d'argent. Il m'est arrivé dans d'anciennes expériences, de douter si réellement la légère coloration transparente brunâtre, observée ( 150) dans la partie froide du tube, était due à del'arsenic, etdeconsta- ter la présence de traces de ce corps, au moyen du lavage par l'acide nitrique, l'évaporation prudente et le traitement parle nitrate d'argent Voici, dans la même direction, une dernière expérience faite il y a peu de temps, avec le plus grand soin, par M. E. Husson, répétiteur des cours de physique et de chimie à l'école de méde- cine vétérinaire. Une vache malade, du poids de 150 kilogrammes environ, ne fournissant qu'un lait blanchâtre de mauvaise qualité non comes- tible, est empoisonnée à onze heures du matin, par cinquante-huit grammes d'iodure d'arsenic dissous dans un litre d'eau. Quelque temps après l'administration, on reconnaît la présence d'iodure à l'œil, au mucus nasal, un peu plus tard dans le lait et dans l'urine. L'animal meurt vers trois heures du matin; mais on ne put commencer l'autopsie que vers onze heures, c'est-à-dire neuf heu- res après la mort. On constatait avec la plus grande facilité la présence d'iodures et de composés arsenicaux dans les matières prises dans les intes- tins, dans l'urine, le cœur, les poumons, la rate, les reins et le foie. En recherchant la présence des composés d'iode dans tout le parcours du canal intestinal, M. Husson, qui n'était pas prévenu, observa, comme je l'avais fait en 4850, que l'iode, qui était très- abondant dans l'estomac, paraissait diminuer très -visiblement dans les intestins, à mesure qu'on s'éloignait de cet organe pour se rapprocher du cœcum , et que dans les dernières portions des intestins grêles, au cœcum , ainsi que dans les premières portions du côlon, l'iode était plus abondant. ïl manque à cette expérience comme à mes anciennes un do- sage en poids de l'iode, dont la présence dans le canal intestinal paraît présenter deux maxima et une place plus ou moins neutre; quoi qu'il en soit, l'observation de M. Husson vient à l'appui de plusieurs observations que j'ai faites, et particulièrement de la ( 157) précédente , dont elle ne diffère que parce que , dans le cas pré- sent, il ne paraissait pas y avoir moins d'iodure à l'urine qu'on en retrouve ordinairement, contrairement à ce que j'ai observé moi-même dans le cas cité plus haut (page 155). Si la question est posée dès aujourd'hui , il n'en est pas moins vrai qu'il faudra l'élucider par des expériences en poids; elle se rattache du reste à la question générale qu'on peut poser dans les termes suivants : dans quel cas un corps entraîne-t-il un autre corps dans des organes ou dans des produits dans lesquels l'un d'eux fait, en général, défaut. M. Husson fit la recherche de l'arsenic par l'appareil de Marsh r modifié par l'Académie de Paris : 400 grammes de bile, dans la- quelle on constata la présence de l'iode, furent calcinés dans une cornue munie d'un récipient, et les produits volatils furent re- cueillis avec soin. Le charbon sulfurique de la cornue fut lavé parfaitement et méthodiquement; ce liquide, additionné d'en- viron 200 grammes d'acide sulfurique, permit de dissoudre 1 50 grammes de zinc, donna un anneau excessivement faible coloré en jaune, et il fallut beaucoup de prudence pour constater qu'il y avait réellement une trace d'arsenic. Le liquide condensé, traité par le chlore et additionné d'acide sulfurique, livra de son côté un anneau très-faible, coloré en jaune; la présence d'une trace d'arsenic fut constatée. Mais l'expérience à blanc, en opérant sur 150 grammes de zinc et 200 grammes d'acide sulfurique, donna elle-même un anneau faible, dans lequel on constata une trace d'arsenic. Quatre cents grammes de foie donnèrent un anneau noir, opaque, qui couvrit la paroi du tube sur une longueur de quinze centimètres; l'urine donna un anneau très-considérable comme celui du foie, en opérant sur 500 grammes environ. Deux expériences, l'une sur 120 grammes de lait, l'autre sur 550, livrèrent aussi des anneaux à peine visibles, mais cepen- dant un peu plus apparents que dans l'expérience à blanc. L'expérience de M. Husson confirma les anciennes : la bile ne contient pas d'arsenic ou n'en présente que des traces, alors que le foie en renferme énormément; le lait se comporte de la même façon. ( 138) Il faut remarquer l'état maladif de l'animal, en ce qui concerne la présence de l'arsenic au lait; il faudrait faire l'expérience sur une vache laitière saine. Tout en admettant que M. Husson a constaté des traces d'ar- senic au foie et au lait , il est indispensable de faire observer que l'autopsie n'a été faite que neuf heures après la mort, et qu'on peut déjà soupçonner les phénomènes d'endosmose. Résumant, nous dirons : l'iode et l'arsenic se séparent à l'œil et au lait; la bile ne renferme jamais d'arsenic ou d'iode; dans des cas qui paraissent rares, on peut y rencontrer ces corps en très- petite quantité. Il y a donc des toxiques en quantité considérable au foie, ils s'y accumulent, et cependant cet organe n'en cède pas au liquide biliaire. Il en est tout autrement pour d'autres corps : pour n'en citer qu'un exemple, j'ajouterai qu'à différentes reprises, j'ai trouvé du cuivre dans la bile même, en opérant sur des animaux de petite taille; il est donc bien prouvé que l'iode, l'arsenic et le cuivre suivent des chemins différents lorsqu'ils s'éliminent de l'économie, ou qu'ils se localisent différemment, s'ils y séjournent; cependant, tous ces corps se rendent et s'accumulent momenta- nément dans le foie. J'ai fait, vers 1850, dans la même direction d'idées, mais avec différents composés métalliques, beaucoup d'expériences dont il est inutile de donner les détails, car elles ne m'ont pas satisfait, par suite de circonstances qui tiennent à la nature des difficultés que l'on rencontre lorsqu'on opère sur des chiens; il est difficile de recueillir l'urine à l'état de pureté, on doit expérimenter sur des quantités relativement faibles de produits, tandis que les quantités de métal qu'on y rencontre sont elles-mêmes très-peu considérables. Les expériences, entreprises en vue de m'assurer que l'urine des chiens empoisonnés lentement par des composés métalliques ne renfermait pas de métal toxique, qui, d'après mes opinions, devait s'y retrouver sous l'influence de l'administration de l'io- dure de potassium, ne m'ont pas satisfait; me sera-t-il permis 4'°;r>uter que j'éprouve quelque scrupule à publier oVs expe- ( 139 ) riences qui ne me satisfont pas absolument, parce que je tiens à n'avancer que des faits dont je crois être parfaitement certain ; les interruptions, par suite de ma maladie, me serviront d'ex- cuses. M. Lorinser a prouvé ces faits pour le mercure, dans des expériences sur l'homme. (Voir page 77.) Il faudrait, du reste, opérer sur des animaux de grande taille, et organiser un travail complet qui serait extrêmement coûteux. On devrait pouvoir se fier absolument aux aides inférieurs, les garçons de laboratoire, être certain qu'aucun soin n'est négligé, et que toutes les précautions à prendre sont bien ob- servées; il faut bien le dire, tout cela est déjà difficile, même quand on fait tout soi-même. En terminant ce paragraphe, je dois faire observer, en ce qui concerne l'absence de l'arsenic dans la bile, que je n'ignore pas que, depuis longtemps déjà (1852), M. A.-F. Orfila a signalé que M. Chatin avait indiqué que la bile d'un animal empoisonné par des composés arsenicaux ne renferme que peu d'arsenic; le même expérimentateur a constaté l'absence de l'arsenic dans la bile sur trois chiens. Ces preuves ne me paraissent pas suffisantes. Mes expériences, faites sur les deux vaches, celle de M. Husson, faite dans ces der- niers temps, constatent parfaitement le fait, et ne laissent pas de doute à cause de la grande quantité de bile sur laquelle on opère. Je crois devoir ajouter que mes expériences ont été faites au commencement de 1850; depuis ce temps, je les ai toujours pro- fessées dans mes cours, et je les ai signalées, depuis cette époque, à plusieurs collègues, ici, et à plusieurs savants français ; en les publiant bien tardivement, je tiens à constater qu'elles étaient faites bien longtemps avant la publication de M. A.-F. Orfila; je n'ai pu me procurer le mémoire de M. Chatin; ce savant a très- probablement fait ses expériences sans avoir eu connaissance des miennes ; j'ignore même si le fait relaté par M. A.-F. Orfila a été publié par M. Chatin. Je dois ajouter aussi que M. le docteur Au- guste OUivier, dans son travail sur les albuminuries produites par l'élimination des substances toxiques, m'attribue, dès 1852, d'après la thèse inaugurale de M. A.-F. Orfila, de n'avoir jamais ( 140 ) pu constater la présence de quantités appréciables d'arsenic et d'iode dans la bile; mais je ne comprends pas comment le savant bibliotbéquaire de la Faculté de médecine de Paris ait avancé que j'ai trouvé de l'albumine, du sucre et de l'essence de téré- benthine dans ce liquide après l'ingestion de ces diverses substan- ces; je n'ai rien publié à ce sujet, et mes recherches sur les empoisonnements métalliques n'ayant jamais eu trait à ces corps , je n'ai pu en parler. g XXXIV. — L'iodure ne fait pas toujours défaut dans la bile et le canal intestinal. — Conséquences thérapeutiques de cette observation. — Action des chlorures, des bromures et des iodures alcalins sur le foie et la rate; — Administration de ces sels dans les maladies dans lesquelles ces organes sont engagés. — Empoisonnement par le sel de cuisine. J'ai déjà dit qu'à différentes reprises je n'avais pu constater la présence de l'iodure dans la bile; lorsqu'il y en a dans ce li- quide, on n'en constate souvent que de très-faibles quantités. La présence des iodures dans la bile se manifeste parfois quand on administre brusquement de grandes quantités diodures alcalins. Cette présence de l'iode m'a paru être accompagnée d'une diminution notable du liquide biliaire, et mériterait une étude détaillée. Les observations suivantes ne me paraissent pas pouvoir être attribuées à des anomalies; elles se sont présentées plusieurs fois pendant le cours de mes recherches. Lorsqu'on administre des iodures, des métaux proprement dits, ou de liodure d'arsenic dans une quantité considérable de dissolution d'iodurc de potassium, et que les animaux sont sacri- fiés quelques heures après, la vésicule biliaire est souvent presque Wde de bile. Ce fait peut s'expliquer de plusieurs manières, en effet : 1° la bile peut être résorbée; 2n elle peut acquérir des propriétés telles ( Hl ) qu'elle soit sécrétée de façon à passer très- rapidement dans le canal intestinal ; 3° la sécrétion par le foie est arrêtée ou diminuée , tandis que la bile, que la vésicule biliaire renfermait, continue à s'écouler au canal intestinal; 4° les animaux ont parfois des vomissements bilieux verdâtres. Deux porcs, d'environ neuf à dix mois, auxquels on avait ad- ministré vingt grammes d'iodure d'arsenic dissous dans de l'eau contenant quinze grammes d'iodure de potassium et cinq grammes d'acétate de cuivre, à l'un, en l'injectant dans l'estomac, à l'autre, en l'introduisant en lavement, ne donnèrent qu'une quantité de bile ne s'élevant environ qu'à deux grammes. On put y constater la présence d'un composé d'iode; tout le canal intestinal, y com- pris l'estomac de celui empoisonné par lavement, renfermait des iodures. Un jeune taureau, pesant environ cent kilogrammes, reçut à quatre heures et demie du soir un breuvage renfermant cent grammes d'iodure de potassium; cette dose ne l'incommoda nul- lement; il prit ensuite sa nourriture et sa boisson comme à l'or- dinaire, sans présenter aucun phénomène particulier; une ano- malie n'eût pas échappé au surveillant des écuries. Le lendemain matin, il ne paraissait nullement incommodé de son breuvage de la veille; il fut sacrifié par section des veines et de l'artère du cou. Mon collègue, M. Thiernesse, et son répétiteur, M. Dera- che, firent l'autopsie de suite après la mort, avec le plus grand soin, pour ne pas salir la vésicule biliaire, et rapidement, pour se mettre à l'abri des phénomènes d'endosmose. La vésicule biliaire fut trouvée presque absolument vide; elle fut lavée à grande eau et ouverte ensuite; la mucosité sur les parois intérieures renfermait de l'iodure; la réaction au moyen du papieramidonnéetdu chlore suffisait pour en constater la présence. Si les iodures, et plus généralement les sels alcalins, ont une action sur la sécrétion biliaire, comme les expériences précé- dentes semblent le prouver, on comprend aisément les résul- ( 142 ) tats si contradictoires qu'on trouve dans les appréciations que les auteurs donnent sur la quantité de bile sécrétée par jour; le régime plus ou moins salé intervient, et très-probablement cette influence sera d'autant plus grande, que la nature a mis moins de sels dans la nourriture normale de l'animal vivant dans les circonstances normales, carnivores, omnivores, herbivores, pois- sons d'eau douce placés dans l'eau salée , poissons de mer placés dans des eaux moins riches en sel. Voici encore quelques expériences : On injecte par une sonde œsophagienne 6gr-,5 d'iodure de po- tassium pur, récemment calciné avec un peu de limaille de fer, puis dissous dans 50 centimètres cubes d'eau , dans l'estomac d'un lapin mâle pesant 2kiK,550; l'animal paraît peu souffrir après l'opération, et, quelques instants plus tard, il commence à manger des feuilles de choux qu'on lui présente; il mange peu à la fois, mais souvent. Cinq quarts d'heure après, on répète l'in- jection d'une même quantité du même iodurc; l'animal est très- abattu par cette nouvelle dose, il fait quelques légers efforts pour vomir, mais ne perd pas de liquide; après un quart d'heure, il paraît ne plus souffrir beaucoup et recommence à manger. Quatre heures plus tard, il paraît assez bien remis; il a mangé plusieurs petites feuilles, mais on voit bien qu'il n'est pas dans un état normal. Le lendemain matin, dix-huit heures après la première administration, il vivait encore, mais paraissait abattu et avait eu une forte diarrhée. Il fut sacrifié. L'autopsie constate que l'estomac est rempli de nourriture; sa muqueuse paraît ramollie; il renferme beaucoup d'iodure; le canal intestinal en contient dans tout son parcours; mais, encore une fois, cet organe paraît présenter deux maxïma d'iodure, l'un vers l'estomac et l'autre à l'extrémité , du côté du cœcum et du côlon. Les liquides des yeux jetés sur un papier blanc et traités par le chlore se colorent en jaune foncé et précipitent de l'iode en na- ture; le papier acquiert une teinte bleue très-intense, et il faut employer beaucoup d'eau de chlore pour le décolorer; le cristallin, promené le long du papier et enfin écrasé sur celui-ci, ne permet pas d'apercevoir la moindre coloration bleue sur l'amidon du papier par l'action du chlore. ( 145 ) Le cerveau, bien lavé à grande eau , est bouilli avec de l'eau ; la liqueur filtrée, additionnée d'eau de fécule, fournit une légère co- loration bleue, qui disparaît par une faible trace d'eau de cblore. L'urine d'un autre lapin, nourri comme celui-ci, avait été trouvée très-alcaline et faisant une effervescence considérable par les acides, mais celle recueillie sur le cadavre était légèrement acide et précipitait énormément d'iode à l'état solide par le chlore. Une trace de bile fut placée sur du papier amidonné, la colo- ration ne fut pas assez caractéristique pour oser affirmer la pré- sence de l'iode. La quantité de bile pure qu'on put extraire de la vésicule ne s'élevait qu'à 0gr,910, qui furent calcinés avec un peu de carbonate de soude ; le charbon lessivé, la dissolution acidulée, filtrée, additionnée d'eau d'amidon, permit de reconnaître la pré- sence d'une faible quantité d'iode. Constatons d'abord qu'un animal herbivore n'est pas tué en dix-huit heures par une quantité d'iodure de potassium s'éle- vant à 1/i8ime de son poids, et en exagérant de beaucoup la perte pendant l'administration, admettons il^ome; l'homme moyen ré- sisterait donc probablement à la dose énorme de 240 ou 550 grammes d'iodure de potassium bien pur. Il y aurait lieu de tenir compte de la capacité relative de l'estomac de l'homme et de celui du lapin et d'avoir égard à cette donnée; il faudrait donc dimi- nuer les chiffres 240 et 550 dans les rapports de ces capacités ou de leur pouvoir absorbant, pour se trouver sensiblement dans les mêmes circonstances. On peut se demander si l'effet serait pas- sager comme celui d'une ivresse ou s'il serait mortel. J'ai vu des chiens supporter, sans en être fortement incom- modés, ^so™ de leur poids d'iodure de potassium pur, admi- nistré en quatre ou six heures. Peut-on admettre qu'il en serait de même pour l'homme? Je me borne à ajouter que, chez les' animaux qu'on sacrifie après leur avoir administré des doses considérables d'iodure de potassium, il m'a paru que le foie présentait un aspect tuméfié particulier, qu'on rencontre cependant sur des animaux aux- ( 144 ) quels on n'a pas donné d'iodure de potassium; la rate présente toujours le phénomène inverse, elle paraît ratatinée, comme cela se présente, dit-on, à la suite de l'administration du sulfate de quinine. Quant à la bile, elle renferme de l'iodure; l'estomac parait contenir de la bile en nature, le canal intestinal, de son côté, semble souvent beaucoup plus riche en bile qu'à l'état normal. J'ai vu des chiens auxquels on avait administré des doses très- fortes d'iodure de potassium, chez lesquels tout le eontenu des intestins jusqu'au cœcum présentait la coloration caractéristique de la bile, comme si la sécrétion de ce liquide eût été très- abondante. Lorsque des chiens sont soumis au même régime et que, après les avoir sacrifiés de la même façon, on dessèche le foie et la rate, l'observation anatomique se traduit en chiffres : la rate du chien à l'iodure de potassium perd moins d'eau que celle du chien qui n'en a pas reçu; le foie présente le phénomène inverse, il perd plus d'eau; mais, cependant, j'ai eu des résultats contradictoires; aussi dois-je me borner à signaler cette observation en passant, me proposant de reprendre cette étude en tenant compte des matières minérales. Je crois cependant pouvoir donner le résultat de quelques ex- périences qui montrent qu'il y a dans ces observations un point important à étudier. En effet, si les iodures alcalins et même le sel de cuisine ont une action sur le foie, sur la sécrétion bi- liaire et principalement sur la rate, le poids de cette glande com- paré au poids total de l'animal doit présenter des rapports qui iront en diminuant avec la quantité de sel alcalin ingérée en un temps donné, avec la durée de cette administration, etc. Cinq chiens sont soumis au même régime : pain de seigle et viande de cheval, pendant huit jours; à partir du neuvième jour on laisse deux d'entre eux prendre leur nourriture habituelle, tandis que les trois autres reçoivent, en doses croissantes pen- dant sept jours, le premier, 50 grammes d'iodure de potassium , le deuxième, 100 grammes de sel marin ; le troisième, 10 grammes de sulfate de quinine. ( 143) Ces derniers furent malades et vomirent; tous furent sacrifiés par section de l'artère et des veines du cou , à la même heure , dans les mêmes circonstances, autant que faire se put. Les rapports du poids de la. rate au poids total de l'animal furent les suivants : 2e — — ^ . 1 : 400 3e Au même régime mais avec l'iodure de potassium. 1 : 527 4e mais avec le sel marin . . . . i : 519 5e mais avec le sulfate de quinine . i : 430 Deux chiens ne furent nourris et soumis au même régime que pendant vingt-quatre heures; on leur donna un excès de nour- riture, pain et viande; le second jour on fit prendre à l'un d'eux 40 grammes diodure de potassium, qui furent administrés entre une heure de l'après-midi et sept heures du soir. Le lendemain ils furent sacrifiés par strangulation. Le rapport en poids de la rate au poids total de l'animal était 1 : 544 pour celui auquel on avait administré de l'iodure de potassium, et de 1 : 211 pour l'autre. On remarquera combien le rapport 1 : 21 1 diffère des précé- dents ; il prouve les variations que le poids de la rate offre et la nécessité de tenir les animaux au même régime pendant quelque temps. Les premières expériences dans cette direction avaient été faites sur trois chiens de forte taille, qu'on avait mis au même régime pendant cinq jours; le sixième jour on administra 15 grammes de sulfate de quinine au premier, 50 grammes d'iodure de potassium au second, quant au troisième, on le laissa au régime ordinaire. Le septième jour au matin ils furent sacrifiés par strangulation ; voici les rapports du poids de la rate au^poids de l'animal : i" Au sulfate de quinine 1 : 248 2e A l'iodure de potassium 1 : 608 3e Au régime ordinaire : 1 : 455 Tome XVII. 10 ( 446 ) La rate du chien auquel on avait donné du sulfate de quinine était fortement injectée, il s'en écoula beaucoup de sang au mo- ment où on l'enleva; cette expérience me paraît être une ano- malie provenant d'un état congestionncl accidentel. On remar- quera sans doute que le rapport du poids de la rate au poids total de l'animal donne deux résultats qui ne concordent pas avec les nombreux faits recueillis par M. Piorry; il faudra donc re- prendre ces expériences dans des conditions mieux déterminées et surtout les multiplier; quoi qu'il en soit, on observe encore la diminution considérable du poids de la rate dans le chien auquel on a administré l'iodure de potassium. Si l'iodure de potassium possède la propriété de faire diminuer le poids de la rate, il doit très-probablement en être de même du sel marin quand on l'administre en excès et jusqu'à provoquer la mort; car le sel marin, administré en excès et 'pendant quelque temps, paraît être un poison. Voici une dernière expérience : Un chien de sept à huit mois reçoit une bonne nourriture com- posée de viande cuite et de pain de seigle, qui lui sont donnés à discrétion. Pendant cinq jours, on lui administre deux doses de 6 grammes de sel marin dissouts dans l'eau, la première le matin, la seconde le soir. Il maigrit très-rapidement, et, dès le deuxième jour, il vomit après chaque administration. Les trois jours suivants on lui donna, de la même façon, des doses de 10 grammes; il vomissait de suite après chaque admi- nistration; souvent les vomissements renfermaient des stries san- guinolentes. — L'amaigrissement continuait, l'animal paraissait très-souffrant, il était très-affaibli et ne mangeait presque plus. Le neuvième jour, il ne pesait plus que 3 kil. 400 grammes; le sel fut encore administré pendant trois jours; il mourut le treizième jour et ne pesait plus que 5 kil. 120 grammes; le poids de la rate ne s'élevait qu'à 3gr290, ce qui donne le rapport 1 : 948. J'ai vainement cherché dans les travaux d'anatomie ou de phy- siologie les rapports en poids des différents organes des animaux : ( 147 ) chez l'homme, pour la rate, on a souvent mesuré au lieu de peser; je crois qu'il y a quelque intérêt à mettre sous les yeux du lecteur une donnée en poids de la rate que je trouve dans le mémoire de M. le docteur Boghe (Annales des Universités , 4845; 4me année, page 55:2) : Tous les individus qui succombèrent à la fièvre per- nicieuse de Walcheren présentaient à l'autopsie une rate volu- mineuse très-molle , pesant ordinairement de trois à cinq livres. En admettant 60 kilogrammes pour poids de l'homme moyen, on voit que le rapport du poids de la rate au poids total de l'homme succombant à la fièvre se trouve compris entre les li- mites 1 : 40 et 1 : 24; chiffres extraordinaires si on les compare à ceux de mes expériences. Je dois encore ajouter qu'en pesant la quantité de bile que la vésicule renfermait au moment de la mort j'ai obtenu des chiffres très-disparates, dont plusieurs étaient en contradiction avec mes observations sur la bile des porcs, du taureau et du lapin, citées plus haut. Le poids du foie comparé à celui de l'animal m'a donné des résultats dont je ne pouvais rien conclure. Nous ne connaissons du reste pas ces rapports en poids des or- ganes pour les divers animaux considérés à l'état physiologique. Quoi qu'il en soit, s'il était vrai que l'administration d'une grande quantité diodure eût une action sur la sécrétion biliaire, sa qualité ou sa quantité, sur le foie et sur la rate, ne serait-ce pas un moyen à employer dans les maladies du foie et de la bile, ou une précieuse indication du genre de médicaments à employer et de ceux qu'il faut éviter dans le régime des malades? L'iodure de potassium, qui agit sur la rate, souvent sinon toujours engagée dans les fièvres d'accès, comme le sulfate de quinine, pourrait avoir une action utile, dans les fièvres inter- mittentes rebelles. Un médecin , pratiquant dans les environs de Bruxelles, rencontre, m'assure-t-on, des fièvres intermittentes du côté de la vallée marécageuse de Saint-Josse-ten-Noode et de Schaerbeek qu'il combat par l'iodure de potassium associé au sulfate de quinine, ce dernier médicament administré seul ne lui réussissant guère aussi bien. ( 148 ) Je soumets la question aux médecins, car je ne pense pas que l'iodure de potassium ait même été proposé dans les maladies du foie, et les observations que je viens de citer pourraient motiver un essai dans des cas rebelles ou dans certaines hépatites chroni- ques. Peut-être même l'iodure de potassium à très-haute dose rem- placerait-il les médicaments qui sont employés dans les fièvres jaunes, le vomito-negro , le choléra, maladies dans lesquelles le foie et la bile paraissent jouer un grand rôle. L'action toute particulière sur la rate indiquerait que les iodures alcalins à haute dose peuvent avoir une action bienfai- sante dans les fièvres intermittentes. M. Seguin avait, dès 1846, obtenu, dans quelques cas, d'excellents résultats de l'emploi de la teinture d'iode; mais ce médecin avoue avoir obtenu des ré- sultats très-opposés sans avoir pu en apprécier les causes; la teinture diode doit, du reste, agir avec peu d'efficacité, parce qu'elle ne peut être employée qu'à faibles doses. Je n'ai pu m'empècher de signaler ces hypothèses en attendant que je puisse faire des expériences plus nombreuses; car il y aurait un grand intérêt à trouver un médicament adjuvant de l'action du sulfate de quinine. Quand on voit l'iodure de potassium produire d'excellents effets dans les engorgements de la rate, l'anasarque et autres affections, suites très-communes de la fièvre intermittente; quand, d'autre part, on voit, par les expériences qui précèdent, que le sel de cuisine agit sur la rate comme l'iodure de potassium, on est tenté d'admettre qu'un régime salé est convenable après le trai- tement et la guérison de la fièvre. Faisons observer que, par ré- gime salé, nous n'entendons nullement parler des salaisons. Les longues discussions sur le sel commun, considéré comme succédané aux préparations de quinine et sur l'hypertrophie de la rate dans les fièvres intermittentes, se trouvent résumées dans les tomes XIII et XVII des Bulletins de V Académie de médecine de Paris; elles ont provoqué quelques expériences dans notre pays, mais celles-ci ont donné des résultats contradictoires (voir Annales de médecine militaire, M. Buys, novembre et décembre 1850; M. Gouzée, octobre et novembre 1852). ( 149 ) Si l'intumescence ou l'engorgement de la rate parait n'être que l'effet de la fièvre, est-ce un motif suffisant pour rejeter à priori des essais prudents sur l'emploi des chlorures, des bromures et des iodures de potassium et de sodium comme moyen prophy- lactique? Un intérêt vital se rattache à cette question en Belgique, et , après quelques succès dans la cure de la fièvre par. le sel marin , nos médecins militaires auraient tort peut-être de rejeter sans un nouvel examen les questions qui se rattachent aux idées émises par Celse, Van Swictcn, et dans ces derniers temps par MM. Piorry et Scelle-Mondézert. Tout ce qui précède montre pourquoi (page 55, § X), en par- lant de la guérison du cas douteux d'intoxication plombique, observée chez une dame , on pouvait attribuer aussi son affection à un dérangement quelconque dans les fonctions du foie. La guérison s'expliquerait par l'action spéciale que l'iodure de po- tassium et d'autres sels de même nature semblent exercer sur le foie. En émettant cette hypothèse, je n'ai qu'un but, celui d'appeler l'attention des médecins praticiens sur un fait particulier, qu'ils auront l'occasion de vérifier dans des cas où l'administration de l'iodure de -potassium n'est pas indiquée, et dans lesquels, selon moi, il peut être très-avantageux de l'essayer; l'expérience ne peut entraîner aucun inconvénient, si le médecin est prudent et observe son malade avec soin. § XXXV. — D'où viennent l'iode et l'arsenic, lorsqu'on en constate la présence dans le canal intestinal. Je me suis posé ce problème ou cette question, dont je ne prétends pas donner une solution complète, à la suite de quel- ques considérations que j'indiquais dans mon premier Mémoire. On peut se demander, en effet, si l'iodure de potassium ou les composés d'iode qu'on retrouve incontestablement au canal in- (150) testinal, dans quelques cas, y arrivent après avoir passé par l'estomac sans avoir été absorbés, ou s'ils y sont portés par la sécrétion intestinale elle-même. Je crois avoir suffisamment prouvé que l'on peut dans cette question ne pas trop s'occuper de la bile qui, en général , ne ren- ferme que des traces d'iode, ou qui n'en renferme absolument pas; la présence dïodures dans la bile est incontestablement un fait exceptionnel; il ne se présente, entre autres, que lorsqu'on exagère les doses d'iodures, et dans des circonstances qu'une plus longue étude permettra de mieux apprécier. Quoi qu'il en soit, je me demandais si, outre l'élimination in- contestable de quelques métaux par l'urine sous l'influence de l'io- durc de potassium, il ne pouvait pas se faire que le sang, charriant les iodures métalliques doubles, ne vînt les jeter en partie dans le canal intestinal. Ces iodures pourraient s'y trouver décomposés sous l'influence des produits divers qui peuvent les transformer en sulfures; l'excès d'iodure alcalin pourrait rentrer dans l'éco- nomie en laissant les sulfures métalliques au canal intestinal; celui-ci éliminerait de cette façon une partie du métal toxique. Il se peut qu'il y ait plusieurs voies d'élimination et jusqu'ici l'at- tention s'est portée principalement sur l'urine. On comprend que les fèces peuvent éliminer des composés mé- talliques sous l'influence de liodure de potassium, si celui-ci est porté au canal intestinal par la sécrétion entérique; il suffit, en effet, de ne pas oublier quelques réactions chimiques connues; lorsque certains composés métalliques se trouvent en présence de matières organiques, beaucoup de réactifs sont incapables d'en déceler la présence, mais l'hydrogène sulfuré et les sulfures peu- vent les précipiter. On comprend les bons effets que l'on obtiendrait, dans ces cas, de l'administration du soufre en nature; celui-ci, en effet, pour- rait se transformer en sulfure alcalin , sous l'influence des sels alcalins des intestins, et le sulfure alcalin précipiter le métal toxique à un état dans lequel il est moins absorbable et par con- séquent aussi plus facile à éliminer par les fèces. Quand on recherche du cuivre , du plomb ou du mercure dans ( 151 ) l'urine des chiens auxquels on a administré des composés de ces métaux, il est parfois impossible d'en démontrer l'existence dans cette excrétion ; la recherche serait, me semble-t-il, rendue plus facile, s'il était vrai que tout le métal ou la plus grande partie du métal s'éliminât par l'urine sous l'influence des iodures alcalins. Je dois avouer qu'à différentes reprises je n'ai pu constater la présence des métaux dans l'urine des chiens; d'abord il est diffi- cile de la recueillir à l'état de pureté parfaite sur un chien autour duquel il y a à terre, dans sa litière, dans ses excréments , dans sa nourriture, des composés du métal cherché ; la nécessité d'opérer sur un produit pur m'a fait perdre beaucoup d'expériences ou rendu les expériences difficiles, et lorsque je retrouvais des traces de métaux, des doutes s'élevaient dans mon esprit; vient-on à sa- crifier le chien, on trouve souvent la vessie vide et l'expérience est perdue. Il faudrait opérer sur des animaux de grande taille. Un animal qui se prêterait bien à ces recherches serait la chèvre qu'on peut faire uriner très-facilement, il suffit de lui jeter de la fumée de tabac vers les narines. Cette expérience, que j'ai souvent répétée sur plusieurs chèvres, m'a toujours réussi. La première expérience à tenter, le premier fait à constater, me paraissait être , malgré tout ce que l'on sait déjà sur la question , de prouver que les iodures administrés par l'estomac se rendent au canal intestinal , bien que celui-ci soit absolument séparé du pre- mier par la section d'une anse intestinale : comme corollaire de cette première expérience, il fallait rechercher si un lavement ioduré envoie de l'iode à l'estomac quand on a pratiqué une solu- tion de continuité dans le canal intestinal au-dessus du cœcum, par de fortes ligatures, ou mieux en enlevant une anse intestinale entre deux ligatures. En un mot, l'iode absorbé se rend-il dans ces organes par l'absorption, le passage dans le sang et une sécrétion directe, ou passe-t-il simplement le long du canal in- testinal? Je me contente de signaler les faits suivants : On met à nu l'estomac dun chien de cinq kilogrammes et on fait une double ligature, très-près du pylore, de façon à laisser ( 452 ) les canaux biliaires en communication avec l'intestin grêle , puis on fait la section entre ces deux ligatures. Cinq grammes d'iodure de potassium, dissous dans 70 centimètres cubes d'eau, sont in- troduits dans l'estomac par l'œsophage. Deux heures après l'opération , le chien est sacrifié par section de la moelle allongée. On décèle avec la plus grande facilité la présence d'iodures dans les organes, dans l'urine; la bile n'en contient pas sensible- ment; on retrouve l'iode dans toute la longueur du canal intesti- nal ; et, en admettant le passage d'une très-faible quantité d'iode par la bile , elle n'expliquerait pas sa présence en quantité consi- dérable dans le canal intestinal, qui le reçoit d'autres sources, c'est-à-dire par la sécrétion dans l'intestin; cette sécrétion, à l'état normal, paraît toujours être accompagnée d'une absorption, puisque l'iode ne se retrouve qu'en très-faibles quantités dans la dernière moitié du canal intestinal et qu'il y fait parfois abso- lument défaut. On peut donner une autre forme à cette expérience. Le canal intestinal est mis à nu, on pratique la ligature et la section de l'intestin près de l'estomac comme dans la première expérience; mais on fait aussi des ligatures, et la section d'une deuxième partie du canal intestinal un peu au-dessus du cœcum , de manière à partager le tube digestif en trois tronçons isolés, ne communiquant qu'indirectement par le sang, etc.; l'iodurc est administré en lavement. Les iodures se retrouvent sensiblement, comme dans l'expé- rience précédente, c'est-à-dire à l'estomac et à l'intestin grêle. Les mêmes faits qui prouvent une sécrétion des iodures vers le canal intestinal se prouvent également pour l'arsenic : Qu'on fasse la section du canal intestinal un peu au-dessous de l'estomac, et qu'on administre une dissolution arsenicale, on trouve de l'arsenic dans le contenu des intestins; qu'on fasse la section du canal intestinal au-dessus du cœcum et qu'on admi- nistre un lavement arsenical, on trouve l'arsenic à l'estomac et (155) dans l'intestin grêle, qu'on introduise des iodures dans une anse intestinale isolée, on trouve l'iode à l'estomac, et aussi au-dessous de l'endroit où on a fait l'injection. Je crois inutile de décrire les expériences avec plus de détails. Il en résulte incontestablement que l'iode et l'arsenic passent de l'estomac au canal intestinal, et d'une partie quelconque du canal intestinal à l'estomac, malgré les solutions de continuité qu'on y pratique, et sans que l'on puisse attribuer leur présence à un épanchement de sang. Les iodures métalliques, enlevés dans l'éco- nomie, rendus solubles sous l'influence de l'iodure de potassium , pourraient donc se verser dans le canal intestinal, s'y trouver précipités par des sulfures et être éliminés en partie par les fèces. § XXXVI. — Absorption de l'iodure de potassium par la peau. Je n'ai fait que deux expériences sur des chiens d'environ quatre kilog. 100 grammes d'iodure de potassium bien pur furent dissous dans environ trois kilog. d'eau, le chien fut placé dans ce bain pendant trois heures; mais il me fut impossible de déceler l'iode dans ses organes ou ses produits; tout fut examiné avec soin, je contrôlai plusieurs expériences en ajoutant des traces d'iodure à des parties d'organes analysés ; on partageait un organe en deux parties, et, à l'insu de celui qui recherchait l'iode, on ajoutait une trace d'iodure à l'une des parts; elle fut toujours reconnue. Je fis l'expérience en rendant le bain beaucoup plus riche en iodure, 200 grammes sur trois litres d'eau, sans obtenir la moindre absorption par la peau chez un deuxième chien; on ne put, au moyen du papier amidonné, reconnaître la présence de l'iode dans le mucus nasal, la salive, les larmes. J'abandonnai cette direction par suite de ces résultats négatifs; ( m ) il faudrait les répéter sur d'autres animaux chez lesquels la peau jouit d'un pouvoir absorbant plus considérable. Je fis une expérience sur un lapin du poids de 2kn,la0. Cent grammes d'iodure de potassium furent dissous dans neuf litres d'eau à 59° c. et introduits dans une cruche dont l'ouverture permettait le passage du corps; l'animal avait la tète au dehors, le corps était entièrement plongé dans le bain, un linge empê- chait le liquide d'être projeté sur la tète de l'animal. Le bain dura trois heures; l'animal tué fut placé sous un écou- lement d'eau pendant un quart d'heure environ; malgré ce long lavage, du papier amidonné, mis en contact avec les poils préala- blement égouttés et desséchés au moyen d'un linge, bleuissait encore par son exposition au-dessus d'un flacon d'eau de chlore, circonstance que je mentionne pour montrer les précautions dont il faut s'entourer pour éviter de signaler l'iode là où il n'existe réellement pas. La peau fut enlevée avec prudence et tout fut examiné avec soin, je ne rencontrai qu'une trace d'iode dans l'urine, qui était assez abondante, et encore n'oserai-je pas affirmer absolument que sa présence dans ce liquide ne soit due à un manque de précaution. Aucune mucosité n'en contenait, les organes, poumons, cœur, foie, même les reins bouillis avec un peu d'eau acidulée, addi- tionnée d'une faible quantité d'eau d'amidon, puis traités par du chlore, ne permirent de déceler la moindre trace d'iodure par ce procédé; le sang se comporta de même, on opérait sur une petite quantité dont la pureté n'était pas suspecte. Les reins n'en fournirent pas, c'est-à-dire que la réaction était douteuse; les yeux ne fournirent pas d'iode non plus; il en fut de même pour l'estomac et les intestins; la chair musculaire ne fut pas examinée. Sans pouvoir assurer qu'il n'y ait pas absorption d'iodure de potassium, puisque l'urine en fournit une trace dans une seule dî- mes expériences, il faut admettre que l'absorption par la peau est excessivement faible pour le Carnivore comme pour l'herbivore, bien entendu lorsque l'épiderme est intact. ( 155 ) On sait que M. le docteur Homolle n'a pu déceler la présence de l'iodure dans sou urine, après avoir pris un bain d'une heure et demie dans de Feau contenant 100 grammes d'iodure de potas- sium. On cite des cas dans lesquels l'iodure de potassium incor- poré à la graisse semble être absorbé, chez l'homme par exemple, lorsqu'on place cette pommade sous l'aisselle. J'ai cru retirer quelques avantages en l'administrant à l'exté- rieur, comme je l'ai dit, dans le cas de la femme Sweerts, page 18. J'ai vu, chez un malade fabricant de couleurs qui fut traité avec le plus grand succès par l'iodure de potassium à l'intérieur, la paralysie de ses deux mains disparaître; il couchait avec des gants humectés par une dissolution d'iodure de potassium. §' XXXV II. — Injection des iodures dans le sang. L'injection des iodures dans le sang constitue une expérience très-remarquable et qui peut se répéter avec facilité dans les cours. Si l'on injecte des iodures de potassium ou de fer dans la jugu- laire d'un chien, et qu'en terminant on insuffle un peu d'air au moyen de la seringue, puis, qu'au moment même de la mort, on fasse très-rapidement la dissection en étalant le canal intestinal, on retrouve partout des combinaisons d'iode avec la plus grande facilité, dans les diverses sérosités, dans les glandes, dans l'esto- mac et souvent dans presque toute la longueur du canal intestinal; si on opère vite, l'urine n'en contient pas encore , mais il est facile de démontrer la présence de l'iode dans les reins. Cette expérience permet de prouver la rapidité de la circula- tion, elle est très-frappante. Avec un aide intelligent il faut moins de cinq minutes pour la faire; cette expérience peut se démontrer dans les cours de chimie et de physiologie; du papier amidonné. ( 15(i ) mis en contact avec les organes et les liquides, les sérosités, exposé avec la prudence exigée dans ces cas à l'action du chlore gazeux ou de l'eau de chlore, permet de constater la présence de l'iode; dans le cas de l'injection par l'iodure de fer, tout porte à croire que le fer a déjà quitté l'iode, au moins aucun réactif ne le décèle directement, ce qui du reste paraît impossible à cause delà faible quantité de fer, masquée par la présence de matières animales. g XXXVIII. — lodures des métaux proprement dits injectés en lavement. — Essais avec les iodures de plomb et de zinc. Quand on donne des lavements contenant des iodures métal- liques, il est très-facile de reconnaître en peu de temps la pré- sence de l'iode dans la plupart des organes et des viscères des animaux; mais il n'est pas possible de reconnaître aussi faci- lement le métal, l'iode paraît être à l'état d'iodure alcalin, et bien que j'eusse fait vers 1850 des expériences répétées en vue de rechercher la place de l'économie où l'élément électro-positif et l'élément électro-négatif se séparent, il ne m'a pas été possible de résoudre ce problème d'une manière satisfaisante. J'y reviendrai. J'ai, à diverses reprises, injecté des iodures métalliques de zinc, de plomb, en lavement, sans rencontrer des quantités appréciables de ces métaux dans les matières extraites de l'estomac, alors que la présence d'iodures y était parfaitement décelée avec la plus grande facilité; mais, lorsque je cherchais à doser l'iode, les quan- tités en étaient parfois très-faibles et les traces de métal auraient pu échapper. D'autres fois je rencontrais du métal et de l'iode, mais j'ai appris que l'expérience faite dans ces conditions, c'est-à- dire en administrant les iodures métalliques en lavement, pouvait être entachée d'erreur; en opérant avec des sels de cuivre et eu examinant la couleur des matières dans toute la longueur du canal Intestinal, on s'apercevait que les matières des lavements remon- tent jusque vers l'estomac, par les efforts (pie les animaux font ( 4" ) pour vomir. Il faut donc se mettre à l'abri de cette cause d'erreur en fixant deux ligatures sur une anse intestinale, et en faisant la section du tube entre les deux; je croyais pouvoir m'assurer ainsi si les iodures métalliques se rendaient d'abord à l'estomac en na- ture, en passant du rectum à l'estomac sans se décomposer, j'étais porté à croire que ce n'était qu'après l'acte de la digestion que la séparation des éléments s'opérait. La mort des animaux arrive assez vite dans ces conditions, ils ont parfois des vomissements et l'estomac se trouve presque com- plètement vide, de façon qu'on ne peut faire qu'un essai déter- minant la présence de l'iode, aucun réactif n'étant assez sensible et assez certain pour déceler le plomb ou le zinc en présence des sels et des matières organiques qui baignent les parois de l'estomac. Je pense que des questions de cet ordre ne pourront être ré- solues avec certitude qu'en opérant sur de grands animaux; car l'analyse quantitative sera possible, et, pour être certain, il faudra doser l'iode et le métal, ce qui dans beaucoup de cas ne laissera pas que d'être une question des plus difficiles. Les composés diode administrés par l'anus se retrouvent à l'es- tomac, si on emploie les iodures alcalins; ils s'y rendent rapide- ment, mais les iodures métalliques laissent, au moins dans les empoisonnements rapides, le métal en tout ou en partie dans d'autres organes. On administre à un chien, pesant environ sept kilogrammes, dans l'espace de huit heures des lavements renfermant quinze grammes d iodure de zinc en tout; pour éviter que le toxique ne remonte dans le canal intestinal, on en avait extrait une anse in- testinale sur laquelle on avait placé deux fortes ligatures entre lesquelles on avait fait la section complète. Le chien ne mourut que dix-huit heures après. L'estomac est enflammé dans sa partie moyenne, mais l'inflam- mation n'est pas très-vive ; autour de la partie enflammée, il pré- sente une coloration d'un gris ardoisé; l'antre du pylore présente cette même coloration, le canal intestinal est enflammé. L'estomac renferme un liquide (rouble, coloré en jaune ver- ( «88 ) dâtre sale, il contient beaucoup d'indurés; cette matière, traitée par le chlorate de potasse et l'acide chlorhydrique, donna une dis- solution limpide surnagée par une matière solide de nature grasse; on la sépara par le filtre, mais on ne put y déceler la présence du zinc; le liquide acide filtré n'en renfermait pas davantage; il est vrai que je n'avais eu qu'une petite quantité de matière à ma disposition, et je ne recherchai pas ce corps dans les mem- branes de l'estomac lui-même. Le canal intestinal était enflammé et presque complètement vide jusqu'à l'endroit où on avait fait la section ; de suite sous l'es- tomac, on pouvait déceler la présence des iodures par l'essai au papier amidonné, un peu au delà il n'y en avait plus. Les autres organes renfermaient de l'iode comme dans les cas ordinaires. Le côlon et le rectum paraissaient comme tannés par des com- posés de zinc non absorbé. Je n'ignore pas qu'il est indispensable de varier ces expériences , de les étayer d'une analyse chimique complète. Un grand chien de dix kilog. environ , chez lequel on a fait la double ligature et la section sur une anse intestinale, reçoit d'heure en heure un lavement de 50 centimètres cubes d'une dissolution d'iodure de plomb tenant en suspension de l'iodure de plomb solide; la matière était chauffée à 40° c , l'animal mou- rut au bout de sept heures. L'estomac était légèrement enflammé, l'antre du pylore offrait une coloration analogue à celle du chien précédent, le canal in- testinal était congestionné aussi; il renfermait beaucoup de sang épanché. L'estomac renfermait un peu de matière alimentaire non digérée, pain de seigle et viande délayés dans du liquide jaunâtre; il con- tenait de l'iode, il y avait encore de l'iodure de suite sous l'es- tomac , mais il disparaissait à quelques centimètres au delà. Le peu de matière de l'estomac, traitée avec beaucoup de soin, ne permit pas de déceler la présence du plomb. ( 159 g XXXIX. — De l'iodure de fer et de son passage par l'économie. Parmi les iodures que j'ai employés dans les affections saturni- nes et mercurielles, je dois signaler particulièrement le proto- iodure de fer. Un fait bien connu en médecine domine tous les autres, c'est que le fer se concentre dans le tube intestinal et qu'il s'élimine par les fèces, tandis que l'iode s'élimine à l'état d'iodure par les urines. On ne retrouve en effet dans ce liquide que des quantités insignifiantes de fer comparativement aux quantités d'iode, et cela se remarque quelle que soit la voie employée pour faire pénétrer l'iodure de fer dans l'économie. Il suffît de doser le fer et l'iode dans les produits pour prouver ce phénomène de séparation des éléments électro-positif et élec- tro-négatif. Mais, quelle que soit la voie d'absorption, on constate très- rapidement la présence des composés d'iode dans l'estomac; la quantité de fer qu'on détermine par le dosage est loin de corres- pondre à la quantité d'iode; il y a à ce sujet des différences très-grandes, qui m'ont toujours empêché de donner des règles générales, bien que j'aie fait un assez grand nombre de dosages. En effet, administrons de l'iodure de fer en lavement , nous ren- contrerons bien de l'iode et du fer dans le contenu de l'estomac, mais on reste dans le doute, lorsqu'il s'agit d'affirmer que c'est de l'iodure de fer en nature qui passe du rectum à l'estomac; s'agit-il de faire la même détermination dans les organes, le fer normal de l'économie trouble de son côtelés résultats; la recherche analyti- que se complique encore parce que l'on ne retrouve que de trop faibles quantités d'iode, lorsqu'on dose ce corps dans les organes, et les dosages faits sur de très-faibles quantités de matière sont très-difficiles et par cela même laissent du doute. L'administration de l'iodure de fer se fait-elle par l'estomac, il m'est arrivé de constater l'iode dans le liquide que cet organe ( ICO ) pouvait renfermer quelque temps après l'administration, tandis que je n'obtenais qu'une très-faible quantité de cendre , privée de ferou parfaitement blanche. Lorsque je pouvais recueillir l'urine à létat de pureté, à côté de quantités considérables d'iode, il n'y avait que très-peu de fer. La tendance particulière des iodures de passer vers la vessie a été confirmée dans une expérience qui mérite d'être rapportée. Une petite chienne à laquelle on avait administré des lavements d'iodure de fer ayant été sacrifiée, on la trouva portant deux jeunes chiens dont la vessie était très-riche en iodure,à en juger parla co- loration bleu intense communiquée à un papier amidonné qui avait été posé un instant sur la vessie vide d'urine, mais dont les parois intérieures étaient humectées par ce liquide. Qu'on injecte de l'iodure de fer dans la cavité pectorale, dans la cavité abdominale, qu'on l'introduise par l'estomac ou en lave- ment, on observe de la façon la plus marquée cette tendance de l'iode à passer à l'urine sans y entraîner des quantités correspon- dantes de fer. J'avais cru pouvoir opérer par comparaison, pour savoir si l'iodure de fer passerait de l'anus à l'estomac en nature. A des chiens aussi semblables que possible, soumis pendant quelques jours au même régime, on faisait la section d'une anse intestinale, puis on administrait des lavements d'iodure de fer à l'un, et d'iodure de potassium à l'autre; les lavements renfermaient la même quantité d'iode, on employait ces sels sensiblement dans les rapports de 8 : 7. On faisait préalablement jeûner les chiens, d'autres fois on les nourrissait; dans les deux cas, j'ai obtenu des résultats qui ne permettaient pas de tirer de conclusion; j'ai même eu des expériences qui donnaient une cendre qui paraissait plus ferrugineuse, pour le chien soumis à l'iodure de potassium, que pour celui auquel on administrait l'iodure de fer; ainsi, en calcinant des biles de chiens auxquels j'avais administré une forte dose d'iodure de potassium, je trouvais une cendre ferrugineuse, ( 161 ) quand celle d'un chien, au même régime depuis quelque temps, me donnait une cendre presque complètement privée de fer. Lorsqu'on injecte Fiodure de fer, au moyen du trocart, dans les cavités abdominales ou pectorales, les parois absorbent et retien- nent des composés de fer, mais l'iode passe à l'urine et on n'y constate souvent qu'une trace impondérable d'une cendre ocreuse , insoluble avec des quantités d'iode parfaitement dosables. Ce qui est certain , c'est que les maladies de mercure et les maladies de plomb guérissent par l'iodure de fer comme par les iodures alcalins. Tome XVII. H TABLE DES MATIÈRES CHAPITRE I. Pages. § I. Introduction 5 § II. L'emploi de l'iodure de potassium à haute dose , pendant plusieurs mois, ne semble pas être de nature à porter atteinte à la constitution générale des individus qui se soumettent à cette médication {> § III. Influence du tremblement du père sur la santé des enfants. — Influence salutaire de la guérison complète du père sur la constitution des enfants. — Netteté et. certitude de l'action de l'iodure de potassium, son action dans l'économie en tout semblable aux réac- tions dans les vases de laboratoire. ...... 8 § IV. Innocuité de l'iodure de potassium pur. — Erreurs sur l'empoisonnement par ce sel et les contre-poisons pré- conisés. — Emploi des iodures limité aux affections métalliques chroniques. — Prudence exigée au début de la médication 10 § V. De l'iodisme constitutionnel . . • l& $ VI. Influence du sel marin dans le régime des ouvriers en métaux vénéneux 16 § VII. Cas de maladies saturnines 18 S VIII. Affections mercurielles. — L'âge des individus affectés ne paraît pas être un obstacle à la cure par l'iodure de potassium 20 ( 164 ) Pages. § IX. Des cas rebelles. — La guérison est-elle complète? — Y a-t-il des cas dans lesquels la médication est inef- ficace? 29 § X. Des cas douteux 52 § XI. Les médications anciennes , employées dans les affections saturnines et mercurielles , soulagent les malades dans la période aiguë , aucune ne guérit la maladie chro- nique 54 § XII. Effets de l'iodure de potassium dans les empoisonnements par les composés de zinc 55 § XIII. Empoisonnements produits par les composés de zinc et de plomb employés en frictions 59 § XIV. Observations sur ma manière d'administrer l'iodure de potassium. — Emploi de la bière et des sulfures ajoutés à Tiodure. — Cause probable de l'efficacité plus grande de Tiodure administré en dissolution dans des eaux sulfureuses 40 § XV. Succédanés de l'iodure de potassium • . 45 § XVI. Action de l'iodate de potassium sur l'économie. — Ce sel doit être considéré comme étant un poison. — Il passe à l'état d'iodure. — Question de médecine légale qui se rattache à ces faits. — Emploi de l'iodate en mé- decine 44 § XVII. Des doses d'iodure de potassium que les animaux peu- vent supporter sans être incommodés 49 § XVIII. L'iodure de potassium et les autres iodures de métaux non vénéneux pourraient, dans quelques cas, être administrés en lavements 54 § XIX. Comment MM. Natalis Guillot et Melsens sont-ils arrivés à proposer l'iodure de potassium dans les affections saturnines et mercurielles, et plus généralement dans les affections métalliques? — Comment ce sel agit-il dans les affections consécutives de la syphilis? . . 54 ( 165 CHAPITRE II. Expériences faites, en Autriche , sur l'emploi de l'iodurc de potassium dans les affections saturnines et mercurielles. Pages. : XX. « Les succès éclatants que M. le docteur Gerbez obtient » chez ses nombreux malades prouvent que l'iodure « de potassium joue le rôle principal dans la médica- » tion et que ce médicament est un antimercuriel « parfait. » 57 : XXI. « La guérison de la colique saturnine n'est pas accom- » pagnée de la guérison de la cachexie saturnine; » Tiodure de potassium guérit la discrasie due à » l'intoxication saturnine. » — Résistance de cer- tains composés de plomb à l'action de l'iodure de potassium 62 i XXII. Quelques mots sur les accidents consécutifs de la sy- phylis et sur les formes des maladies dues aux intoxications mercurielles. — Observations sur l'ad- ministration des mercuriaux solubles et insolubles. — Les analogies entre les phénomènes morbides dus aux accidents consécutifs, à la syphilis dite consti-- tutionnelle et à l'hydrargyrie, sont telles qu'on peut confondre ces affections '. ... 66 î XXIII. Des lumières que l'application prudente de la chimie peut apporter dans les questions de médecine, et principalement dans la question de la syphilis pri- maire, secondaire et tertiaire 82 J XXIV. État apparent des ouvriers soumis à une intoxication mercurielle ou plombique chronique. — Observations sur l'emploi des médications par les métaux véné- neux. — Le livre de santé de la famille. . . . . 86 § XXV. Résultat des expériences faites en Espagne, aux mines flo mercure d'Almaden 95 ( 166 CHAPITRE III. Expériences faites en vue de compléter les données à l'appui de la théorie de la médication par Viodure de potassium. Pages XXVI. Difficultés de ces expériences. — Conditions qui en modifient les résultats, etc. — Elles ne sont pré- sentées que comme des essais 9b j XXVII. Le pain de seigle seul est une nourriture insuffisante pour entretenir la vie des chiens 98 i XXVIII. Résistance que quelques animaux peuvent offrir à l'action des poisons. — Empoisonnement lent par le sublimé. — Empoisonnement lent par le su- blimé associé à l'iodure de potassium . . . . 101 XXIX. Phénomènes cadavériques présentés par des chiens empoisonnés en introduisant les poisons dans l'es- tomac après la mort. — Comparaison de ces phé- nomènes avec ceux observés dans les empoison- nements aigus sur le vivant 102 XXX. La décoloration particulière de l'antre du pylore constitue-t-elle un phénomène général dans les empoisonnements ? — Est-elle absolument carac- téristique pour l'empoisonnement aigu par diffé- rents poisons? La voie par laquelle l'absorption se fait, la nature du composé ont-elles une in- fluence? 115 XXXI. Effets produits sur la région de l'antre du pylore, à la suite de l'empoisonnement par l'iodate de potas- sium, la nicotine, l'acide prussique, les sels de zinc, de plomb, de mercure et de cuivre, l'acide oxalique et le phosphore 119 XXXII. Les composés d'iode s'éliminent par l'urine; les com- posés d'arsenic s'éliminent aussi par l'urine; les iodures se rendent très-rapidement à l'œil; les larmes en contiennent, peu de temps après l'ad- ( 167 ) Pages. ministralion de l'iodure de potassium. L'arsenic ne paraît cependant pas se rendre à l'œil . . . 151 § XXXIII. Emploi de l'iodure d'arsenic dans les maladies de la peau. — L'arsenic ne passe pas par la bile; il ne se rend pas au lait des animaux malades ou affaiblis ; l'iode se rencontre dans un lait pareil. — Le cuivre passe par la bile 155 § XXXIV. L'iodure ne fait pas toujours défaut dans la bile et le canal intestinal. — Conséquences thérapeutiques de cette observation. — Action des chlorures, des bromures et des iodures alcalins sur le foie et la rate. — Administration de ces sels dans les ma- ladies dont ces organes sont atteints. — Empoi- sonnement par le sel de cuisine 14-0 § XXXV. D'où viennent l'iode et l'arsenic lorsqu'on en constate la présence dans le canal intestinal 149 § XXXVI. Absorption de l'iodure de potassium par la peau. . 155 § XXXVII. Injection des iodures dans le sang 155 § XXXVIII. Iodures des métaux proprement dits injectés en lave- ment. — Essais avec les iodures de plomb et de zinc , i 5(5 § XXXIX. De l'iodure de fer et de son passage par l'économie. 159 NOTE SUR LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN 1865, AVEC SUPPLÉMENTS POUR LES ANNÉES ANTÉRIEURES, de 1843 à. 18G8; PAR M. Alexis PERREY, PKOFESSEUR DE MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE DIJON. (Présentée à l'Académie, le 4 février 1865.) Tome XVII. NOTE LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN 1865, AVEC SUPPLÉMENTS POUR LES ANNÉES ANTÉRIEURES, de 4843 à 1§6«. L'étendue qu'ont prise mes catalogues annuels montre l'intérêt toujours croissant qui s'attache à mes recherches. C'est pour moi un encouragement à les poursuivre avec tout le zèle dont je suis capable. Le premier que j'ai rédigé était relatif à l'année 1845. Depuis lors ils ont paru régulièrement. Celui-ci est le vingt et unième. Je l'adresse à l'Académie royale de Belgique, avec l'espoir quelle daignera me continuer la haute faveur dont elle m'a déjà tant de fois honoré et dont je ne puis assez lui exprimer ma reconnais- sance. Outre ces catalogues annuels , j'en ai publié une trentaine d'au- tres relatifs aux diverses régions du globe. Il me reste encore en portefeuille des notes nombreuses sur les phénomènes séismiques en Asie et dans les différents archipels de l'Océanie. Ces notes feront l'objet de nouveaux mémoires régionaux, que je me propose de présenter aux sociétés savantes qui, jusqu'à présent, mont aidé de leur bienveillant concours. J'espère ainsi pouvoir publier une statistique étendue de ces phénomènes, dont l'étude semble au- jourd'hui prendre faveur. Pour la rendre aussi complète que possible, j'ajoute chaque année, comme suppléments à mes cata- logues annuels, tous les faits qui parviennent à ma connaissance et que je dois à des relations qui s'étendent chaque jour de plus en plus. Quant aux faits antérieurs à 1843, j'en forme des suppléments inédits à mes catalogues régionaux déjà parus, qui se trouvent ainsi considérablement augmentés. Je ne puis guère espérer en faire une seconde édition; mais ces faits, que je travaille à réunir, ne seront pas perdus pour la science. Ils resteront dans la Collec- tion séismique que j'ai commencée et qui compte déjà plus de quatre mille ouvrages , opuscules ou mémoires relatifs à la séis- mologie. Si mes premiers remercîments doivent être pour l'Académie et en particulier pour MM. Quetelet et Duprez, je croirais manquer à un devoir, en ne remerciant pas d'autres personnes qui m'ont aidé de leur bienveillant concours. M. Guillain, gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, -m'a écrit une longue lettre sur les secousses ressenties en août 1865, dans notre nouvelle colonie. Il veut bien me promettre de me tenir au courant de tous les phénomènes séismiques qui se manifeste- ront à l'avenir dans cette partie de l'Océanie. Son Excellence M. le Ministre de la marine m'a fait l'honneur de m'envoyer une copie du rapport que M. Kulczycki, ingénieur de la colonie et directeur de notre petit observatoire à Port-de- France, lui avait adressé sur ces secousses. Son excellence m'a aussi communiqué, avec sa bienveillance bien connue, les journaux officiels de la Guadeloupe et de la Martinique. Malheureusement, je dois le dire, je n'y ai trouvé, malgré l'appel fait à MM. les gouverneurs, aucun fait à signaler. M. de Francesco Martin, ministre du Guatemala à Paris, m'a communiqué la Gaceta oficial de Guatemala , année d865. Il y manquait malheureusement les nos de janvier, de février et le dernier de décembre. ( ») M. Galvez, ministre du Pérou à Paris, m'a envoyé une collec- tion presque complète du journal El Comercio de Lima, années 1859 à 1863. J'y ai trou\é des faits nombreux. M. Hcrran, ministre du Salvador et du Honduras à Paris, m'a communiqué les journaux officiels de son pays. Je n'y ai malheu- reusement trouvé aucun phénomène à signaler. Outre des notices manuscrites, extraites du journal h Caucase, M. de Khanikof m'a procuré, cette année, plusieurs cahiers du journal des mines de Russie et d'autres ouvrages russes conte- nant des documents séismiques. 11 a de plus continué à m'envoyer le journal anglais le Times qui, malgré son immense étendue, renferme très-peu de docu- ments scientifiques. M. le baron Osten-Sacken, dans une correspondance active, dont je ne puis assez le remercier, m'a communiqué de nom- breuses notes manuscrites sur les tremblements de terre ressen- tis en Sibérie, en Perse, en Chine et dans toutes les parties orientales de l'empire russe. Il m'a de plus envoyé plusieurs ex- traits des publications de la Société géographique de Russie. Mon excellent collègue et savant ami, M. Aug. Brullé , doyen de notre Faculté des sciences, a encore eu, cette année, la bonté de me traduire tous les documents russes qui me sont parvenus. La langue russe n'étant pas accessible à la grande majorité des per- sonnes qu'intéresse la séismologie , et les tremblements de terre ressentis, en 1802, dans les environs du lac BaikaI contenant nombre de faits d'une haute importance, j'ai pensé qu'il était utile de reproduire en très-grande partie les traductions de M. Brullé. Les secousses, qui se sont renouvelées pendant plus de seize mois et qui ont produit un affaissement permanent du sol, sur une vaste région, ne peuvent être décrites avec trop de soin ! Je dois aussi à l'affectueuse obligeance de M. Abich des ren- seignements manuscrits sur plusieurs secousses ressenties dans le Caucase et dans les provinces voisines. M. Casiano de Prado a continué, avec sa bienveillance accoutu- mée, à me communiquer des extraits séismiques des journaux ( C) espagnols. Il m'a de plus envoyé son rapport sur les tremble- ments de terre ressentis dans la province d'Alméria, pendant l'été de 18G5. J'ai puisé dans ce travail extrêmement intéressant et parfaitement rédigé des faits nombreux que je signale à leurs dates. Sans être complet, le journal des secousses est aussi étendu qu'il pouvait l'être dans un travail de ce genre. M. A. Guiod, agent consulaire de France à Villa da Praia da Victoria (île Terceire), m'a envoyé des extraits de journaux dans lesquels se trouvent les secousses que je signale dans le supplé- ment pour l'année 4862 aux Açores. Il a eu la bonté d'y joindre de nombreux et très-intéressants documents sur les phénomènes séismiques et volcaniques observés dans l'archipel des Açores en 1505, 1570, 1591, 1014,1035, 1047,1072, 1090,1720, 1755, 1700, 1761, 1811, 1841 et 1848. M.Jelinek, directeur de l'Institut météorologique de Vienne, et M. Fritsch, son adjoint, m'ont fait l'honneur de m'envoyer les observations qu'ils ont publiées sous le titre : Uebersichten der Wittèrung in Oesterrich und einigen Auswaertigen Stationen im Jahre 1862. Les faits nombreux que je leur emprunte sont suivis de leurs initiales (J. et F.). M. Tscheincn, curé de Graechen, dans le Valais, m'a encore envoyé cette année un exemplaire de son journal météorologique et séismique en 1805. M. Martin de Moussy, qui a étudié, en voyageur habile, les Etats de la République Argentine, où il a séjourné une dizaine d'années, m'a communiqué de nouveaux détails sur le tremble- ment qui a détruit Mendoza le 20 mars 1801 (voyez mes supplé- ments à cette date), et sur la fréquence des secousses dans les diverses provinces de la Plata. Le R. P. Lizarzaburu, directeur de l'observatoire météorologi- que de Guatemala , m'a envoyé le tableau des secousses ressenties dans cette ville en 1805. Il a bien voulu me promettre de me communiquer à l'avenir des renseignements sur les tremblements de terre dans toute l'Amérique centrale. M. Trask m'a envoyé, sur la demande et par l'intermédiaire de M. James I). Dana, son mémoire sur les tremblements de terre en Californie. ( 7) M. Palmieri m'a envoyé le tirage à part de la relation qu'il a faite, à l'Académie royale des sciences de Naples, des secousses enregistrées par le séismographe électromagnétique, à l'observa- toire météorologique du Vésuve. Je dois à la gracieuse obligeance de M. Andres Pocy, directeur de l'observatoire météorologique de la Havane, un exemplaire de la notice de 31. Romero, citée dans la première partie de ce tra- vail. M. Barbiani, deZante, m'a continué l'envoi des secousses qu'il a notées dans cette île en 1865. M. Aucapitaine, sous-lieutenant au 5Ce régiment d'infanterie, s'occupe activement de recherches séismiques. Non-seulement il m'envoie des extraits des journaux algériens, mais il recueille encore les documents anciens relatifs à l'Algérie. A ces noms j'ajouterai encore ceux de MM. Ritter, ingénieur français à Constantinople, Boue, membre de l'Académie des sciences de Vienne, Msr Billiet, archevêque de Chambéry, Mgr For- cade, évèque de Nevers, MM. Fournet, d'Abbadie, Laudy, Theve- not, Walferdin, de Sarcus, etc. Si l'appel que j'ai fait aux voyageurs, en 1854, dans le Bulletin de la Société géographique de Paris, a été entendu par plusieurs, il ne l'a malheureusement pas été par tous. « Les régions au delà du golfe du Gange, dit M. Adolf Bastian, sont volcaniques. On peut suivre une série de volcans actifs de- puis l'ile de Ramree (Arracan) jusqu'à Sumatra. D'autres volcans boueux, encore actifs aujourd'hui, se trouvent dans le voisinage de Memboo et au delà de Mergwe. Des tremblements se font sen- tir chaque année dans l'Arracan et dans les provinces supérieures du Birman, ils y sont si fréquents qu'on n'y fait pas même atten- tion. » (Petermanin's Mittheilungen, 1865, p. 264.) Et l'auteur ne donne pas même quelques dates à l'appui de ce qu'il avance! Dijon, le 27 janvier 1865. PREMIERE PARTIE. SUPPLÉMENTS POUR 1843 à 1802. 4845. Juin. — Le 25, 5 h. '/a du soir, en Californie, tremble- ment très-fort, qui s'étendit jusqu'à Mexico, où il fut ressenti très-légèrement. (M. Romero, Nolicia de los Terremotos que se han sentido en la rep. Mexicana. — Boletin de la Soc. mej. de Geogr. y Estad.. t. VIII, n°10, p. 470.) Novembre. — Le 25, éruption du mont Reignier ou Rainier, dans le NO. de l'Amérique, par 46°48' de latitude. (M. Kluge.) De Humboldt dit seulement que ce volcan a eu de violentes érup- tions en 1841 et 1845 (Cosmos, t. IV, p. 4C8). — L'éruption est du 23 novembre 4842. Je lis dans le journal de Fremont, à la date du 25 novembre 1845 : « Nous reconnaissons parfaitement les sommets neigeux des monts Reignier et Saint -Helen, volcans encore en activité. Le 25 novembre dernier, le mont Reignier a lancé de la cendre qui ressemblait à une petite cbute de neige sur les Dalles de la Co- lumbia, à une distance de 50 milles. » (Fremont, Felsengebirge Oregon und Nordcalifornien, p. 199. Stuttgart, 1847, in-8°.) — La même année, éruption du mont Baker, situé sur le terri- toire de Wasbington, par 48°48' de lat. N. (Kluge, Zeits. d. d. geol. Gesells., t. XV, p. 591.) Fremont, qui parle plusieurs fois de vc volcan dans son journal, ne mentionne pas d'éruption. ( «>) 1844. Mars. — Le 25, 8 h. 5/4 du soir, à Mexico, second trem- blement dont les oscillations furent du N. au S. J'en ai déjà men- tionné un à 8 h. 5G m. du matin. M. Romero n'en parle pas; il dit seulement : El segundo terremoto del dia de la Encar na- tion, etc.. (iVoticia citée.) Avril. — Le 25, 1 h. du soir, à Guadalajara (Mexique), trem- blement signalé sans détails par M. Romero. Septembre. — Le D, M h. '/2 du soir, à Mexico, autre trem- blement. (M. Romero , /. c.) Décembre. — Le 25, dans l'après-midi, à Àmikou (îles Lou Tchou), une secousse qui a fait trembler les maisons. C'est la première qu'y ait ressentie Mgr Forcade (actuellement évêque de Nevers), qui habitait l'île depuis le mois de niai. (Communication verbale.) (Sans date mensuelle.) — Dernière éruption du Gnilaja-Gora , volcan boueux, situé près de Temriuk, dans la presqu'île de Taman. Suivant un témoin oculaire, il s'éleva d'abord une co- lonne de feu mêlée de masses d'une fumée sombre et accompa- gnée d'un bruit semblable au tonnerre. Cette colonne se maintint, à une hauteur variable, mais très-grande, pendant plus d'une heure. Pendant tout ce temps, le cratère vomit une masse de matière boueuse qui coula sur les flancs du cône. (M. Abich, Mém. de l'Acad. de Saint-Pétersbourg , VIme sér., Se. math, et phys., t. VII, p. 411; 1858.) 1844 ou 1845. — Le 51 décembre, à Lipts, près de Schemnitz (Hongrie), une très-forte secousse. (J. et F., p. 48.) 1845. Mars. — Le 5, o h. Va du soir, à Mexico, tremblement, qui se renouvela le 8, à 11 h. Va de la nuit, et le 9, à 1 h. du soir. (M. Romero, /. c.) Avril. — Le 2 , 1 1 h. 57 m. du matin , à Mexico , nouveau trem- blement. Le 7, 5 h. 50 m. du soir, tremblement désastreux que j'ai déjà décrit. M. Romero dit que les pueblos de Poncitlan et de Ocatlan, (Etat de Jalisco) furent entièrement détruits. Le 8, 4 h. du malin, à Mexico, nouveau tremblement. Le 10, 10 h. précises du malin, autre tremblement qui s étendit ( M ) ■ dans toute la république et qui se répéta six minutes plus lard. (M. Romero, /. c.) 1847. Novembre. — Le 1G, 10 h. 45 m. du soir, à Selokaton (Java), une secousse assez forte; à 40 h. 50 ni., une secousse légère, et à 10 h. 52 m., une troisième plus forte que la première; toutes trois du S. au N. [Nat. tijds., t. XX, p. 550.) Ces secousses ont été générales dans FO. de l'île; elles ont causé des dégâts à Buitenzorg; je les ai décrites ailleurs. — Vers 1847 ou 1848, première éruption connue dans File de Poeloe-Kambing, appartenant au groupe de Solor et Allor, situé à FO. de Timor. « Au N. de Lomblem, dit M. D.-W.-C. baron van Lynden , se trouve Poeloe-Kambing (appelée Komba ou Kambaij par Hors- burg), nommée aussi Batoe tara et (par abréviation?) Beia, qui a un volcan actif depuis trois ou quatre ans. Les habitants ne se sou- viennent pas de l'avoir vu auparavant en activité '. » L'auteur signale le volcan de Lobetolle, situé sur le cap NE. de File de Lomblem, comme vomissant constamment de la fumée. C'est la plus haute montagne de l'île; il lui donne une hauteur de 4587 pieds du Rhin. Dan,s un de mes précédents catalogues, j'en ai déjà signalé des éruptions, le G octobre 1849, le 25 mai et le 2 août 1850. 1848. Mai. — Le 15, à Selokaton (Java), bruit semblable à une forte canonnade pendant tout le jour. Le 16, de 7 h. ' H à 9 h. J/2 du soir> le bruit cst encore l)lus violent. Il est produit par l'éruption du Keloed. [Nat. tijds., t. XX, p. 551.) M. Hageman, qui a décrit cette éruption et dont nous avons reproduit le travail ailleurs, ne la fait commencer que le 10, à 7 h. du soir. Août. — Le 9, G h. 50 m. du soir, à Montevideo, premier tremblement des sept qu'on y a ressentis dans l'année. Il fut ac- 1 Bijdrage tôt de hennis van Solor, Allor, Bolli , Savoe en omliggendc eilanden. — Natuurk. tijdscii. van Ned. lNDiE,t. II, p. 319. Batavia, 1851. Voyez aussi la première année du même recueil, 1. 1, pp. S7 et 154. ( 12 ) compagne d'un fort bruit souterrain; ondulation du SE. au NO. Espace ébranlé, vingt lieues de diamètre. Aucun dégât. Les 15, 19 et 26, nouvelles secousses. (M. Martin de Moussy.) Septembre. — Le 1er, à Montevideo, dernier tremblement signalé pour 1848, par M. Martin de Moussy, qui n'en donne pas l'heure. J'ai déjà rapporté deux secousses pour le 16 (supplément à mon catalogue de 1855). M. de Moussy ne les mentionne pas. — En novembre (jour non indiqué), 4 h. */2 du matin, à Villa da Praia (Terceire), une secousse qui répandit la terreur parmi les habitants. Elle fut accompagnée d'éclairs, de tonnerre, de vent soufflant en tempête, et d'une pluie torrentielle qui inondait la campagne, délayait les fondements des maisons et les renver- sait. (Comm. de M. A. Guiod.) En 1850, dans la petite île Pulu Batu, au nord de Flores, on a vu un volcan en éruption; il vomissait de la lave dont le courant s'étendait jusqu'au bord de la mer. (Scrope, Volcanos , p. 463, 2me édit. London, 1864, in-8°.) 1851. Septembre. — Le 29, de grand malin, sur divers points de la résidence de Banjoemas, une légère secousse du SE. au NO. avec choc un peu vertical. Au même moment, en mer, à 14 milles de la côte de Noesa-Kambangan , le navire hollandais, Jacqueline et Elise, éprouva un choc comme s'il eût touché. (Nat. Tijds. v. Xed. Indeë, t. II, p. 525.) Octobre. — Nouvelle éruption de la montagne Pelée à la Marti- nique. La Bévue coloniale, n° de janvier 1854, contient, p. 66-77, un rapport de M. Leprieur sur des excursions qu'il a faites à cette montagne, en février 1852, pour constater les résultats de cette nouvelle éruption boueuse. M. Leprieur avait déjà donné, dans la même Revue (n° de juillet 1852, p. 72-96), un rapport sur l'érup- tion des 4 et 5 août précédent. Novembre. — Le 5, 7 h. du soir, à Mexico, tremblement qui se renouvela le lendemain à 8 h. du matin (M. Romero, l. c). 1852. Avril. — Le 1er et le 9, en Angleterre, secousses mention- nées sans détails par M. Lovvc. (Proceed. of the brit. mcteorol. Soc, t. II, n° 10, p. 60; 1864.) J'en ai déjà signalé à Bristol pour h' lPr, 5 h. '/s du malin, elle 3, 5 h. et 5 h. 5/4 du matin. ( L5 ) Juin. — Le 1er, en Angleterre, tremblement (M. Lowe, /. c). Juillet. — Le 2, dans son aseension à l'IIéela, M. Miles a vu fumer les quatre cratères et les courants de lave de l'éruption de 1845.(Pliny Miles, Rambles inlceland, pp. 95-106. London, 1854, 2 petits vol. in-8°). 4855. — En janvier, à Gondar (Ethiopie), léger tremblement signalé dans une lettre écrite de Gondar par un Ethiopien qui n'a marqué ni l'heure ni le jour. (Comm. de M. Ant. d'Abbadie.) Février. — Le 27, en Angleterre, tremblement signalé sans détails par M. Lowe (/. c). Mars. — Le 6, 21, 27 et 51, en Angleterre, tremblements signa- lés sans détails par M. Lowe (/. c). J'en ai décrit un seul, celui du 27, il h. */2 du soir à Hereford-sur-la-Wye. — Le 14,4 h. du matin, à la Basse-Terre (Guadeloupe), trem- blement peu sensible. (Le docteur Dutrouleau, Revue coloniale, septembre 1855, p. 450.) Avril. — Le 1 er, en Angleterre, tremblements signalés sans détail par M. Lowe (/. c). Mai. — Le 4,5 h. du matin à la Basse-Terre (Guadeloupe), trois secousses de l'O. à l'E. Ce tremblement et celui du 14 mars sont les deux seuls qu'on y ait ressentis cette année. (Le doct. Du- trouleau, /. c). Juin. — Le 19, 4 h. */2 du matin, à Almeria, tremblement re- marqué par quelques personnes seulement. Temps serein. (Note de M. l'ing. Aldana, comm. par M. Casiano de Prado.) Juillet. — Vers la fin du mois, éruption du volcan de Masaya qui reposait, dit-on, depuis 1782 (vide infrà, novembre 1857). En octobre (date non indiquée), de nuit, à Tahiti (îles de la Société), une secousse très-faible qui a paru du NE. au SO. et de 5 à 6 secondes de durée. (Revue coloniale, octobre 1858, p. 474.) — (Sans date mensuelle). Eruption du mont Baker (M. Kluge , l. c). 1854. Février. — Le 12, en Angleterre, tremblement signalé sans détails par M. Lowe (/. c). — De février en avril, éruption du mont Saint-Helens au nord du Rio-Columbia, par 46° 12' de latitude. (M. Kluge, /. c.) ( U ) Mai. — Le 5, i) h. du matin , à Mexico, tremblement cité sans détails par M. Romcro. — Le 25, à Crescent City (Californie), une secousse. (M. Trask). Il indique 5 h. 10 m. du matin pour les trois secousses ressenties à Santa Barbara, le 51 du même mois. Je les ai déjà rapportées, mais à 4 h. 50 m. Novembre. — Le 2 (n. st.), 5 h. J/2 du matin à Choucha (Cau- casie), deux fortes secousses précédées d'un bruit sourd. (Calendrier russe pour 1856, p. 84). Ce fait ne se trouve que dans le texte russe que je dois à l'obligeance de M. de Kanikof ; il n'est pas dans le texte allemand que m'avait envoyé 31. Vesselofsky , et dont j'ai publié de nombreux extraits dans les suppléments de mon cata- logue pour 1857. — (Sans date mensuelle). Éruption du mont Hood, dans le NO. de l'Amérique, par 45° 10' de latitude. (M. Klugc, /. c.) 1855. Mars. — Dans les derniers jours du mois, entre 7 et 9 h. du soir, dans la Méditerranée, entre la Sardaigne et les côtes d'Afrique, tremblement sous-marin, ressenti par M. Lévéque, officier de marine. Choc court et léger. (Comm. verbale). Juillet. — Le 10, en Californie, secousses que j'ai mentionnées dans mon catalogue de .1855. Voici ce qu'en dit M. Trask dans sa note de 1864, déjà citée. » Le 10, 9 h. 50 m. (temps astronomique) à Georgetown, comté d'El Dorado, une légère secousse qui dura 4 secondes. » Le 10, 20 h. 15 m. (8 h. 15 m. du soir) à Los Angeles, une violente secousse qui causa des dommages considérables. Il y eut quatre chocs distincts à deux ou trois secondes d'intervalle. La terre s'est ouverte en plusieurs endroits; les fentes, qui avaient un ou deux pouces de large, sont restées visibles pendant plu- sieurs jours. Il y a eu vingt-six bâtiments plus ou moins endom- magés dans la ville, parmi lesquels j'ai remarqué l'église dont la muraille occidentale présentait deux crevasses d'un à deux pouces de large, et qui s'étendaient de haut en bas. Celle de l'E. n'en avait qu'une. Le mouvement paraît avoir été horizontal; car, à l'hôtel Star, un mur de l'O. a été déplacé d'un pouce environ, ( 15 ) sur une longueur de huit à neuf pieds; les autres ont été lézardés en plusieurs endroits. Il est à remarquer qu'aucun des murs con- struits en adobe n'ont souffert, tandis que la plupart des bâtiments construits en fortes pierres ont été plus ou moins endommagés. j> Les objets qui ont été renversés sont tombés du côté de l'O. : ceux qui étaient placés contre les murailles situées à 10. sont restés soulevés et inclinés contre ces murs. » Le temps ebaud et lourd, avec un peu de pluie, s'est immé- diatement refroidi. A Point-san-Juan on a observé, immédiatement après la secousse, un mouvement extraordinaire des eaux , accom- pagné d'un bruit sourd et fort. » Cette secousse a été ressentie à huit milles à 1 E. de San Ber- nardino (environ septante milles à l'E. de Los Angeles) et à Santa Barbara , à une centaine de milles du côté de l'O. » Novembre. — La nuit du M (sic), 2 h. du matin, à Tahiti, une secousse qui n'a été caractérisée comme celle de 1855 que par des oscillations aussi courtes et aussi légères, affectant à peu près la même direction. Ce sont les deux seules qu'on y ait ressenties en quatre ans, de 1855 à 1850. (Rev. col., 1. c.) 4856. Janvier. — Le 21, 4 h. du soir, à San Francisco, une forte secousse, ressentie dans le SO. de la ville. C'est très-proba- blement celle que j'ai rapportée au 51, même heure, et dont M. ïrask ne parle pas dans sa nouvelle note. Il n'y mentionne pas non plus celle que j'ai signalée, d'après lui, comme ayant été res- sentie à Mission Dolores, le 25, à 4 h. du soir. Avril. — Le 26, l'infortuné Henri Lambert est arrivé à Oboc, magnifique mouillage parfaitement abrité, entre Tadjoura et le Ras Bir (au SO. de Bal-el-Mandeb). 11 y resta huit jours et fit une tournée dans l'intérieur. « Il y a , dans le voisinage, dit-il dans son journal, publié par M. L. Simonin, un volcan toujours en éruption et des sources d'eau thermale, que j'allais aussi visiter. » Je ne trouve pas de détails. M. Lambert quitta Oboc le 5 mai et y revint le 5 septembre suivant. (Le Tour du Monde , 1802, 2,ne semestre, pp. 71 et 74). M. Petermann attribue à tort cette visite à M. L. Simonin et dit que le village d'Oboc a été acheté par le gouvernement au prix de dix mille dollars. (Geog. M iitheihingen , 1802, p. 595.) , ( ic) Juin. — Le 2, 10 h. */a du smiS à Almeria, tremblement ac- compagné d'un bruit souterrain, semblable à celui que produit une voiture, et suivi immédiatement d'un fort vent qui n'a duré qu'une ou deux minutes, temps serein. (Note de M. l'ing. Aldana, coram. par M. Casiano de Prado). 4857. Janvier. — Le 8, 11 h. 20 m. du soir, à San Francisco, première secousse; il y en eut six jusqu'à 8 h. 15 m. du matin le lendemain. Le 9, en Californie, tremblement déjà signalé; voici de nou- veaux détails que j'emprunte à M. Trask : « Ce tremblement, ou, pour parler plus exactement, la série des secousses qui ont commencé dans la nuit du 8 à San Francisco, et se sont continuées pendant la journée et la nuit du 9 dans le S. de l'Étal, est probablement le plus étendu qui ait eu lieu sur cette partie de la côte du Pacifique. On peut en suivre les traces sur une longueur de 602 milles et une largeur d'au moins 290. » Il semble avoir eu son origine à l'O. et s'être propagé vers l'E. Je n'ai pu savoir s'il avait été ressenti au Mexique et dans TOrégon. » Il a eu lieu à San Francisco, à 8 h. 15 m. 50 s. du matin, heure à laquelle une pendule s'est arrêtée ; il y a été moins sen- sible que les trois secousses qui l'avaient précédé à 1 h. 55 m. , 4 h. 1 5 m. et 7 h. Cette dernière (celle de 7 h. du matin), pro- duisit un mouvement circulaire dans le pendule; le diamètre du cercle était d'environ cinq pouces; dans les autres, le pendule os- cilla de l'E. à l'O. et de l'O. à l'E. » M. Trask a comparé les heures du phénomène , 8 h. 1 5 m. 50 s. à San Francisco, 8 h. 20 m. à Sacramento, 8 h. 25 m. à Stockton, 8 h. 45 m. au fort Tejon et 8 h. 50 m. à San Diego, et il en a con- clu une vitesse moyenne de six milles deux dixièmes par minute , les extrêmes étant six et sept milles. » Au fort Tejon , la première secousse a eu lieu à 6 h. 50 m. du matin le 9. C'est dans les environs de cette place et au delà du comté de Tulare que le tremblement de 8 h. 45 m. a eu le plus de violence. Les murs du fort, construit en 1852, furent très-en- dommagés. ( 17 ). Je lis encore dans le Moniteur du 14 novembre 1804 : « Un événement terrible a rendu pins célèbre encore la passe de Tejon;le grand tremblement de terre de 1857 lézarda les mu- railles de la forteresse et crevassa si profondément les montagnes, que l'on pouvait suivre la trace de cette perturbation géologique sur une étendue de plusieurs milles. » — Le fort Tejon se trouve par lat. 55° N. et long. 118° 46' 0. de Gr. Avril. — Le 17, quelques minutes après le coucher du soleil, à l'île de Rook (Nouvelle-Guinée), une violente secousse dans la di- rection NS. (in-nord-sudlicher Richtung) ; la mer fut mise en mouvement; quelques instants après, une deuxième secousse en- core plus forte renversa une cheminée, fit tomber le tableau de la Vierge placé sur l'autel et brisa toutes les vitres; elle fut suivie d'une troisième de même force que la première. Toutes les se- cousses étaient horizontales. Tous les principaux habitants vin- rent aussitôt près des missionnaires, pour leur demander s'ils de- vaient coucher dans leurs maisons ou se retirer en plein air, et s'il y aurait encore des secousses. Il y eut encore une petite secousse dans la nuit. Le lendemain, on reconnut que la terre s'était fendue en plu- sieurs endroits; les crevasses avaient trois pieds de large et s'éten- daient depuis le rivage jusqu'à la mer. On y éprouve des secousses deux ou trois fois par mois. A l'O. de la petite île , qui se trouve à l'entrée du port, s'élève de la mer un volcan toujours en activité. Malgré leurs désirs , les mission- naires, privés de barque, n'ont pas pu le visiter. (Le missionnaire Paul Reina, Zeits. /'. cdlg. Erdkunde, N. F., t. IV, pp. 555 et 5G4.) Septembre. — (Sans date de jour.) A Jujuy, petites secousses. Elles y sont fréquentes comme dans la province de Salta. (M. Mar- tin de Moussy.) Novembre. — Le G, dans le Salvador et le Nicaragua, tremble- ment que j'ai déjà mentionné. Voici quelques nouveaux détails que je trouve dans une lettre écrite par le vice-consul de Prusse à San Miguel, en date du 29 novembre : « Le 6 de ce mois , il y a eu un tremblement de terre assez fort aux environs du lac d'Ilopango; les villes de Cohutepeque et Tome XVII. 2 ( I» ) de San Vicente ont notamment souffert; les secousses paraissaient venir d'une montagne située sur le côté NO. du lac, au SE. du volcan de San Salvador; elles ne se sont pas étendues beaucoup à l'O. et y ont été faibles. » Elles ont duré jusqu'au 10. » A peu près en même temps le volcan de Masaya, dans le Nica- ragua , a donné des signes d'activité. Cet ancien volcan, qui, au temps de la conquête, présentait les phénomènes les plus gran- dioses, ne s'est enfin reposé qu'en 1782, après la plus épouvanta- ble éruption de lave; ce repos a duré jusqu'à la fin de juillet 1855. On a remarqué alors, sur son sommet dénudé, des nuages de vapeurs qui s'élevaient du cratère et il en est sorti du feu, des cendres et de la lave. Le grand village de Masatepe, situé au SO. de ce volcan, un des pays les plus fertiles de la contrée, a eu tous ses champs ruinés par les cendres chaudes et les va- peurs qu'a vomies continuellement la montagne. Cette fois, le village aurait été détruit, dit-on, complètement par les secousses et par la lave; mais les détails me manquent. » Ici, à San Miguel, nous ne nous sommes pas aperçus de ces secousses; seulement notre voisin , le volcan de San Miguel, haut de G080 pieds, a vomi d'épais nuages de fumée; les Indiens par- lent d'une crevasse qui se serait faite à son cratère et que je n'ai pas remarquée dans mon ascension du î) mai de cette année. Nous devons sans doute nous attendre à quelque petite éruption. » (Zeits. f. allg. Erdkunde, N. F., t. IV, p. 155.) 1858. Mai. — Le 7, 5 h. 29 m. du matin, à la Pointe-à-Pitre, une secousse indiquée pour 5 h. dans mon dernier catalogue. Juin. — Le 19, 9 h. 54 m. du matin, à Guatemala, tremble- ment très-fort du NO. auSE.; pas de bruit. A 9 h. 15 m. du soir, autre tremblement, assez fort, avec bruit sourd ou retumbo. (Ann. de la Soc. met., t. IX, lTe partie, p. 169; 1861.) Juillet. — Le 15, 2 h. 12 m. du matin, à Guatemala, encore une secousse assez forte. (Ann. de la Soc. mèlèor.,\. c.). Je ne l'ai pas vue mentionnée dans la Gaceta de Guatemala qui décrit celles du 8, du 12 et les deux autres du 15, que j'ai signalées dans mon dernier catalogue. ( lit) Le 21 , il 11. 4a m. du matin , une légère secousse que j'ai indi- quée pour midi et quelques minutes. Le 25, 6 h. 30 m. du soir, un bruit ou retumbo. (Tableau de M. Canudas dans YAnn. de la Soc. met., I. c.) Août. — Le 16, 9 h. 32 m. du soir, à Guatemala, léger trem- blement du NNO. au SSE. et de 15' secondes de durée. Craquement des poutres. Le 28, 3 b. 49 m. du soir, autre secousse de trois secondes de durée avec retumbo. {Annuaire cité, 1. c.) Octobre. — Le 2, vers 4 h. du soir, à Aumale (Algérie), une secousse. Le 3, dans l'après-midi, une forte secousse; les casernes sont fortement lézardées, ainsi que l'hôtel de la subdivision et quelques autres maisons. Le 4, 5 h. (sic), tremblement. (Relevé séismisque des observ. méléorol. faites à Aumale, par les soi?is du service du génie.) M. Aucapitaine, auquel je dois ces notes manuscrites , ne men- tionne pas une secousse que j'ai signalée ailleurs comme ayant eu lieu le 1er. — Le 27, 1 h. du soir, éruption du volcan de Masaya (Nicaragua). A 31asaya, Nindiri, etc., on entendit tout à coup une épouvanta- ble détonation souterraine, et, au même moment, on aperçut au- dessus du sommet du volcan, un nuage épais qui s'étendit du côté de l'E. et qui persista pendant plus d'une heure. De ce nuage s'échappaient des colonnes de feu qui, avec la rapidité de la foudre, jaillissaient dans toutes les directions. Leur émission était accompagnée d'un bruit qui répandait partout la terreur. Mais heureusement, il n'y eut pas de malheur à déplorer. Le journal El Comercio de Lima (n° du 2G avril 1859) , auquel j'em- prunte ce fait, ne donne pas d'autres détails; il ne dit pas qu'il y ait eu émission de lave. Novembre. — Le 41 , 8 h. du matin, à Cordoue, tremblement; le même (?) qu'on a ressenti à Madrid ce jour-là. (Note de M. l'in- génieur Aldana , comm. par M. Casiano de Prado.) Décembre. — Le 31 , 9 h. 20 m. du matin , à Guatemala , deux secousses; durée, 4 secondes. (Annuaire cité, 1. c.) ( "20 ) J ai déjà fait connaître ailleurs les autres secousses mention- nées dans le tableau auquel j'emprunte celles que je viens de citer pour Guatemala en 1858. — - (Sans date mensuelle). A Tabris, légères secousses ressen- ties par M. de Blocqueville. (Comm. personnelle.) 1859. Janvier. — Le 25 , 8 h. 20 m. du soir, dans les comtés de Trinity et de Sbasta, une violente secousse ressentie à Wea- verville, Shasta et IJorsetovvn. (M. Trask.) — En janvier et février, à Java, pluie de cendres provenant du Lamongan. Voici les détails qu'en a donnés M. T. Arriëns dan* une lettre écrite de Pamakassan à la Société d'histoire naturelle de Batavia : « Cette cendre s'est étendue deBangkallang jusqu'à 5 kilomètres à TE. de Pamakassan. Il s'ensuit que le vent soufflait de l'E., car Bangkallang est plus loin à l'O. du méridien du Lamongan que Pamakassan. » La distance à l'ouest de ce méridien est d'environ 35 minu- tes de degré ou 43 païen (kilomètres) et à lest de 13 minutes ou 16 païen. » La quantité, tombée ici dans une nuit, s'élève à G \/% gram- mes par mètre carré. Mais la cendre était mélangée d'éléments étrangers; en tous cas, on peut évaluer la cendre pure à 5 gram- mes pour le même temps. De G à 1 1 h. du matin, j'en ai recueilli 0gr,35 sur un mètre carré. » Cette cendre se compose de grains d'un blanc transparent, d'un rouge blanc mat, ou bruns, jaunes et noirs , mais les pre- mières nuances sont dominantes. Elle est légèrement magnétique. Les plus gros grains n'ont guère que huit centièmes de millimè- tre et les plus petits quatre millièmes.» (Natuark.tijdsch.,t. XX, p. 99.) Février. — Le 27, 11 h. du soir, à Probolingo (Java), pluie de cendres, qui, suivant une lettre du régent, n'a été remarquée que six heures plus tard à Arosbaja (Madoera), le 28 à 5 h. du matin. Suivant une autre lettre, « le Lamongan a eu une grande érup- tion de flammes, le 27, à 11 h. du soir. Elle a détruit onze mai- ( 21 ) sons situées au pied de la montagne. Une pluie de sable noir est tombée dans les districts de Probolingo , de Gending, de Driengoe, de Padjarakkan et même, dit-on, jusqu'à Soerabaja. » Je lis encore dans une lettre de 31. Ilageman , qui s'occupe beau- coup des phénomènes séismiqucs et volcaniques à Java : « Le 28, à Soerabaja et à Simpang (Java), les feuilles oui paru couvertes de taches noires, présentant, sous le microscope, des points brillants comme des parcelles d'acier ou des écailles de charbon de terre. D'autres ressemblaient à des grains bruns de nature volcanique. Un navire, qui naviguait la nuit précédente, dans le détroit de Madoera, à la hauteur de Probolingo, a été presque entièrement couvert de cendre ou de sable; les hommes de léquipage, qui veillaient sur le pont, en ont eu le visage noirci. » (Xatuurk. tijdsch., t. XX, pp. 105 et 249.) On trouve, à la p. 252 du même volume, un tableau des ana- lyses que M. Rost van Tonningen a faites de ces cendres et de celles de quelques autres volcans de l'archipel indien. Mars. — Le Ie', éruption du Lamongan ; à Passoeroean, forte pluie de cendres dans la soirée. [Natuurk. tijdsch., t. XX, p. 104.) Avril. — Le 4; 1 h. du soir, à San- José (Californie), une vio- lente secousse. 11 y a eu plusieurs vibrations qui paraissaient aller du N. au S. (M. ïrask.) — Le 10, 5 h. J/-2 du malin, à Lima, une secousse assez forte, suivie d'une autre très-légère quelques minutes plus tard. A o h. */2 du soir, une troisième secousse de courte durée. Le mouvement paraît avoir été plus fort à Callao; une statue, qui se trouvait au sommet d'une coupole, placée au milieu d'une maison , a été projetée dans la rue sans tomber sur le toit. (El Comercio de Lima, nos des 10 et 11 avril 1850.) Mai. — Le 5 et le 28, à Lorentoeka (Timor), secousses que j'ai déjà mentionnées et que je trouve décrites dans une lettre signée J.-F.-A. Harlsteen : & Le 5, 2 h. 10 m. du soir, une secousse horizontale du SE. au NO. et d'environ n secondes de durée; température 92° F., vent SO. et ciel légèrement nuageux. » Le 28 , 10 h. 20 ni. du soir, une assez forte secousse verticale ( 22 ) d'environ 6 secondes de durée, et précédée d'un fort bruit sou- terrain, que l'on peut comparer à un coup de canon dans le loin- tain. Cette secousse a été ressentie en mer et dans les îles voisines. Température, 85° F. (5° au-dessus de la moyenne), ciel pur et temps calme. » Il est à remarquer que le volcan Lobosoby, situé sur la cote SO. de Flores, avait cessé de fumer depuis quelques jours. » (IVat. tijds., t. XX, p. 226.) — La remarque sur le Lobosoby est-elle relative au 5 ou seulement au 28? Août. — Le 8 (n. st.), à l'île Behring, léger tremblement qui n'a duré que quelques secondes. (M. Osten-Sacken.) — Le 40, 40 h. 55 m. du soir, à San-Francisco , une forte se- cousse. (M. Trask.) Septembre. — Le 26, G h. 10 m. du matin, à San-Francisco, une forte secousse. (M. Trask.) — Le 27 (n. st.), à l'île Paramouchir (Kouriles), une fumée suf- focante sortit des cratères; le soleil en fut éclipsé; les habitants éprouvaient des maux de tête et du malaise. Cet état de l'atmo- sphère a duré du 15 au 19, vieux style. (M. Osten-Sacken.) Octobre. — Le 5, on écrivait d'Honolulu que l'activité du Mauna Loa était plus grande que jamais. Le poisson avait fui les bords de l'île, sans doute parce que les laves avaient empoisonné les eaux de la mer aux alentours. (El Comercio de Lima, n° du 12 dé- cembre.) — Le 5, 1 h. 18 m. du soir, à San-Francisco, une très-forte secousse. (M. Trask.) J'avais indiqué midi et quelques minutes. Novembre. — Le 5, 10 h. l/i du soir, à Lima, un tremblement léger. (El Comercio du 7 novembre.) — Le 27, 7 h. 15 m, du soir, à San-Francisco, une légère se- cousse. (M. Trask.) Je n'avais pas indiqué l'heure. — Suivant des lettres de Victoria (Nouvelle-Calédonie britan- nique, côte NO. d'Amérique), en date du 22 novembre, le mont Baker était en pleine activité. (El Comercio de Lima , n° du 1 1 jan- vier 1860.) Décembre. — Le Ier, 0 h. 50 m. du matin , à San-Francisco, une forte secousse, ressentie aussi a Oakland et à Benicia. ( 25 ) Le même jour, 2 h. 10 m. du soir, à Saa-Bcrnardino (Californie), plusieurs secousses successives, dont plusieurs très-fortes; grandes alarmes, pas de dommages. (M. ïrask.) — D'après des lettres d'Honolulu, en date du G, on avait res- senti un tremblement de terre dans tout l'archipel. L'éruption de Mauna Loa continuait. (El Comercio de Lima, n° du 11 février 1860.) — Le 26, à Marmaros-Szigeth (Hongrie), tremblement assez fort. (M. Soechting, Fortschritte der phys. Geogr. im J. 1861, p. 787.) 1860. Janvier. — Le 5, 5 h. du soir, à Chacodate (Japon), deux secousses légères. Le 25, 12 h. 50 m. du matin (sic), tremblement qui a duré 5 minutes. (Ann. de Vobserv. phys. central de Russie, t. II, inti- tulé : Correspondance météorologique.) Ces faits , comme les sui- vants pour Chacodate, sont extraits des observations du Dr Albrccht, médecin attaché au consulat de Russie. Les dates sont du nouveau style. M. Kupffer ne le dit pas; mais il l'a dit expressément pour les observations de 1859. — Le 25, 6 h. du soir, à Lima, une secousse. (El Comercio du 25 janvier.) — Le 24, heure non indiquée, à Mostaganem (Algérie), une légère secousse. (Ann. de la Soc. mètèor., tabl. met., t. IX, p. 140; 1861.) Février. — Le 1er (n. st.), 7 h. 20 m. du soir, à Tiflis, un très- faible coup d'un tremblement de terre de SE. à NO. (Ann. de. Vobserv. phys. central de Russie, année 1860, p. 480.) C'est la seule secousse mentionnée dans le journal de M. Moritz. Je n'en trouve aucune dans son journal météorologique de 1861. — Le 25, sur plusieurs points de la Hongrie, tremblement indi- qué sans détails par M. Soechting (/. c .). Mars. — Le 6, 9 h. du matin, à Chacodate (Japon), une légère secousse. Le 50, 5 h. du matin, une légère secousse. (Dr Albrccht.) — Le 8, 2 h. 35 m. du matin, à Lima, tremblement prolongç ; il commença par une secousse assez sensible et se termina par du ( 24 ) bruit sans mouvement du sol; le lout dura environ une minute. (El Comercio du 8 mars.) — Le 27, à Los Angeles (Californie) et dans le voisinage, une violente secousse, dont on n'indique pas l'heure. (M. Trask.) Avril. — Le 15 (n. st.), 9 h. du soir, à Chacodate (Japon), tremblement léger. (Dr Albrecht.) — Le 16, à Cuba, tremblement assez fort; il eut lieu à la fin de la messe qui précède la procession du Seigneur ressuscité (dcl Sr. resucitado) , et la cathédrale était pleine de monde; il n'y eut cependant pas de malheur à déplorer, malgré le trouble qu'il causa. (El Comercio de Lima, n° du 19 mai.) — Le 18, 8 h. '/a du matin, à Arcquipa, tremblement assez fort. (El Comercio du 25 avril.) Ce tremblement est signalé dans le journal par le mot cuasi- tertemotOf ce qui prouve que ce n'était pas un simple temblor. Dans les pays sujets aux commotions souterraines, comme le Chili, le Pérou, l'Amérique centrale, on désigne généralement par le mot de temblor, une secousse de peu de force et de peu de durée; on réserve le mot de terremoto pour les tremblements considérables. Ce mot est aussi employé dans l'Italie méridionale avec la même restriction; le temblor s'y désigne pas scossa, se- cousse. M. Barbiani, qui n'a pas enregistré moins de 1GG4 se- cousses ou tremblements à Zantc depuis 1825, fait aussi la même distinction, pour laquelle notre langue n'a pas encore d'expres- sions particulières. Ne serait-il pas à désirer qu'on admit dans l'usage quelques mots nouveaux mais courts? Ne pourrait-on pas employer les mots temblor et terremoto dans le sens même qu'ils ont en Amérique? — Le 19, à San Francisco, diverses secousses et tempêtes. (El Comercio de Lima, n° du 19 mai.) — Le 21 , 1 h. 5/4 du matin, à Lima, tremblement assez fort et de 14 ou 15 secondes de durée. 11 fut suivi d'une averse qui ne dura que quelques minutes. On l'a ressenti à Callao. Le 22, nouvelles secousses, sur lesquelles j'ai déjà donné quel- ques détails dans mon catalogue de 1860 et dans le supplément de celui de 1862. ( 2a ) La première a eu lieu à 1 h. 48 m. du soir; elle a été extrême- ment violente et a duré 80 secondes. Elle était dirigée du S. au N. Elle a produit beaucoup de dégâts dans les maisons particulières et dans les édifices publics. On a remarqué que deux statues d'anges avaient tourné sur leurs socles sans être renversées. C'est une observation semblable à celle qu'on avait déjà faite dans le fameux tremblement des Calabrcs en 1783, et dont on avait, à tort, conclu l'existence de secousses gyratoires ou rotatoires. Dans la soirée, nouvelles secousses, qui se sont renouvelées pendant toute la nuit, mais avec moins de force. A Callao, à \ h. 50 m. du soir, la secousse a été très-forte et a produit de grands dégâts; cependant on n'en porte la durée qu'à 10 secondes. La mer est restée calme. A Chorillos, vers 2 h. 3/4 du soir (sic), une première secousse, à laquelle, comme de coutume, on n'a pas prêté grande attention ; mais elle a été suivie immédiatement d'une autre très-forte qui a répandu partout l'épouvante. Tous les édifices ont plus ou moins souffert; cependant il n'y a pas eu de victimes; une dame seule est morte quelques jours après des blessures que lui avait faites la cbute d'une muraille. Mais la ville, que fréquentent de nombreuses familles qui viennent y prendre les bains de mer dans cette saison , est restée déserte. Les désastres ont été plus ou moins considérables dans les envi- rons de Lima. A Lurin, il y a eu de grands dégâts. A Carabaillo, tout a été bouleversé; un individu, occupé dans son champ, a vu, dit-on, l'eau de la rivière s'arrêter et cesser de couler au moment du tremblement. A Huauhipa, des roches énormes se sont détachées des montagnes voisines. Le 25, \ h. 10 m. du matin, à Lima, une petite secousse, un peu plus forte que les oscillations qui se renouvellent fréquem- ment pendant toute la nuit, et dont plusieurs pourraient bien passer pour des tremblements en temps ordinaire [alganas han podido pasar por temblores corrientes.) A G h. du matin, une nouvelle secousse presque aussi forte et aussi longue que celle du 22. Après cette seconde convulsion, la ( 26 ) matinée a pris un aspect mélancolique et sombré ; la lumière du soleil s'est obscurcie, un air glacial et sinistre soufflait par inter- valles. A 7 h. , encore une forte secousse. Elle a été ressentie par tous les passagers à bord du Tumbes, à vingt milles au S. des îles Cliincha. A midi trois quarts, une nouvelle secousse courte et peu vio- lente. A Callao, on a aussi senti, pendant la nuit, de légers mouvements qui ont augmenté les angoisses des familles. Dans la matinée (on ne donne pas l'heure), il y a eu une longue et forte secousse, elle a renversé des murailles qui avaient résisté à la première. Elle est probablement de 6 h. 3/4 du matin. Un rap- port de police en signale une à cette heure-là. Plus tard, deux autres secousses assez fortes; on n'en indique pas les heures. A 11 h. 20 m., panique générale; tout le monde se sauvait en criant que la mer se soulevait et allait envahir la ville. Mais elle resta calme. (Dépêche télégraphique adressée au gouvernement.) A 11 h. 50 m., au départ du train pour Lima, la terre a tremblé de nouveau et la population s'est portée en masse sur les hau- teurs pour voir la mer. A 11 h. 40 m., autre dépêche télégraphique : El mar se sale ; se alborota mucho. La poblacion en una gran confusion. La vérité est que les eaux se sont un peu éloignées de la côte , que, dans un mouvement égal en sens inverse, elles ont ensuite envahie sur une petite étendue. Dans l'île de San Lorcnzo, les mouvements ont été assez forts pour faire écrouler de grandes masses de rochers. Des officiers de V Amazone qui se trouvait dans le voisinage de cette île, ont assuré qu'ils avaient vu bouillonner l'eau à une cer- taine distance de la côte, et que le fond de la mer paraissait avoir subi des changements sur plusieurs points. A Chorrillos, 1 h. */4 et 7 h. 3/4 du matin, deux nouvelles secousses sans dommages. Dans la nuit du 25 au 24, à Lima, une nouvelle secousse avec peu de bruit. On n'en donne pas l'heure. (27 ) Le 24, 1 h. '/a et 3 h. du matin, deux nouvelles secousses; un peu plus tard et pendant presque toute la nuit, bruits souterrains sans mouvement sensible du sol. Toute la population passe encore la nuit sur l'Alameda et sur les places. A 40 h. % du soir, une nouvelle secousse très-régulière parle mouvement et par le bruit. Les rapports de Callao n'y signalent pas de secousses ce jour-là; mais ils disent que la mer est restée calme. D'après les récits des voyageurs arrivés d'Ica et de Pisco, les secousses des jours précédents paraissent avoir été aussi longues, mais moins fortes dans ces deux villes. Il n'y a pas eu de dégâts. Le 25 , 1 h. du matin , à Lima , une secousse assez légère (algo suave) et ensuite quelques oscillations accompagnées d'un sourd bruit souterrain. L'Alameda ressemble toujours à un camp. Le même jour, à Chorrillos, tremblement pendant un sermon; on se précipita hors de l'église, mais heureusement personne ne fut étouffé dans la foule qui était nombreuse. L'auteur de la lettre, dans laquelle se trouve ce fait, remarque avec raison qu'il serait plus prudent de prêcher en plein air dans des circonstances sem- blables. Nuit du 25 au 26, à Lima, bruits souterrains et mouvements du sol plus ou moins prononcés. Le 26, peu après 9 h. du matin, une secousse légère, mais assez longue. Nouveaux bruits souterrains sans mouvements sensibles dans la matinée. Nuit du 26 au 27, nouveaux bruits souterrains. Le 27, 11 h. du matin, encore un tremblement léger. (El Co- rnercio des 21, 22, 25, 24, 25, 26 et 27 avril 1860). Les nos des 28 , 29 et 50 contiennent encore des rapports de la police et de la commission chargée de constater l'état des bâti- ments publics et des maisons particulières ; mais ils ne mention- nent aucune nouvelle secousse jusqu'à la fin du mois. Mai. — Le 1er, 7 h. du matin, à Lima , une légère secousse avec un mouvement assez régulier et peu de bruit. Durant la nuit pré- cédente on avait entendu deux fois le bruit du tremblement sans remarquer de secousse. ( 28 ) Le 2, 5 h. et quelques m. du soir, une secousse légère désignée sous le nom de temblorcito. (El Comercio des 1er et 2 niai). Les numéros suivants du journal ne mentionnent plus de nou- velle secousse dans le mois, quoiqu'ils s'occupent encore des dégâts causés par les premières. — Le 8, éruption du Koetlugjia (appelé aussi Katla), dans la partie sud de 1 Islande. Une relation du phénomène a paru dans la gazette islandaise, Islendingur (nos des 19 et 26 juillet 1860). Comme cette relation est d'un témoin oculaire, je la reproduirai telle que je la trouve dans une traduction allemande : « M. Magnus Hakonarsson, pasteur à Reynir et Hofdabrekka , dans le Myrdalur, a eu la bonté de nous envoyer les observations quïl a faites chaque jour sur l'état du Katla, pendant l'éruption du printemps. Il en a été témoin oculaire; il habite Vik, village du Myrdalur, qu'habitait aussi le docteur Sveinn Palsson, qui a décrit la dernière éruption du Katla, du 1er au 25 juillet (ou sui- vant d'autres) du 22 juin au 18 juillet 1823. » Le 8 mai. — De 6 à 8 h. du matin, tremblements de terre qui se sont renouvelés plus ou moins fortement pendant la journée. Un torrent d'eau sortant du Katla s'est précipité vers le Myrdalssandur, à 5 h. % du soir. Vent piquant du NE. avec gelée. » Le 9, je suis allé à l'E., du côté de Hofdabrekka (1 */2 mille géogr. de 15 au degré). On voyait dès le matin des nuages de fumée dans l'E. jusque sur la cime du Joekull. Bruits dans le jour. On vit tomber de la cendre sur le Joekull, et dans tout l'Orient, jusque sur l'Eyjafjallajoekull (un peu à l'E. du méridien de l'Hécla); cette cendre disparut sous une couche de neige qui tomba dans le jour. On vit le courant se diriger d'Hafell vers le Myrdalssandur, près de Hofdabrekka. Après avoir traversé la plaine de sable il se divisa en deux bras vers Ilafursey (à peu près à moitié chemin entre Hofdabrekka et le Katla Joekull), s'avança vers Hjocrlcifshoefoi et atteignit le voisinage de Mulark- vislarfarvcgur (près de la mer). Du côté de l'E. on le vit jusque dans les rivières, à Skalm et dans la Kaelura. Le Midsandur se dessécha. De nuit, givre. Légère chute de neige sur les monta- gnes dans le jour. ( 29 ) » Le 10, on entendit des bruits et des craquements, mois on ne vit rien, à cause d'une tourmente de neige qui a presque toujours lieu sur les montagnes et rarement dans la plaine. On trouva des pierres ponces jusque sur le rivage de la mer. Le vent passa du NE. au SE. à la fin du jour. » Le il , on apprit que l'eau avait augmenté sur la partie orien- tale du sable (plaine déserte et sableuse); le mouvement venait de là vers le Midsandur. Un courant du Katla s'est dirigé dans la Joekulsa (sur le Solhcimasandur). Des habitants deMyrdals, qui revenaient des îles Westmanneyjar, n'ont pu la traverser à l'E. Cinq d'entre eux sont montés sur le Joekull, du côté de l'E. et ont vu le feu sortir de la crevasse pendant la nuit. Beaucoup de cen- dres noires ont été transportées à l'O. sur toute la chaîne des Joe- kulls. Chute de cendres en avant de la rampe la plus avancée de la montagne, au-dessous dEyjafjall , mais en même temps, cre- vasses du sol dans la plaine. ■» Le 12, on a vu un nuage sombre. Temps orageux dans l'E. Fumée plus forte et brouillard de sable. On n'a rien vu , à cause de la fumée, au-dessus de Reynisfjall où l'eau coulait sur le sable. Gelée toute la nuit depuis le commencement de l'éruption. » Le 15, fort vent d'E. avec gouttes de neige à moitié gelées. Je suis allé prêcher à Hofdabrekka, en passant sur les Arnastakk- sheidi à l'E. Moins d'eau qu'auparavant sur le Myrdalssandur. Il y a tant de sable entraîné dans la mer, entre le promontoire et Hofdabrekka, que là où les pêcheurs jetaient leurs filets par quinze brasses d'eau en été, on en trouverait difficilement le tiers, même beaucoup plus loin. Les troncs d'arbres ont été en- traînés à la mer depuis Skiphellir. On a entendu le tonnerre en dehors des montagnes jusque sur la plaine. » Le 14, fort tonnerre et secousses de tremblement de terre dans la nuit et pendant tout le jour. On a vu des courants de feu continus. Nuées grandes et légères. » Le 13, tonnerres plus effrayants encore et continuels pen- dant trois jours. Le soir, pluie de cendre et d'eau (a thvotti). Forte odeur de soufre dans l'air. Temps calme. » Le 10, on n'a rien vu vers le matin que des taches grises sur ( 30 ) le Joekull; il paraît plutôt noir comme le charbon. Grande chute d'eau dans l'E.: on a vu l'eau couler sur toute la plaine de sable, où auparavant le courant s'était rendu à la mer. Depuis le 14, l'éruption est à son maximum d'intensité. L'eau charrie des blocs de glace dans la Kerlingardalsa jusqu'aux confins de Fragradalur. On ne peut plus traverser la rivière à l'endroit ordinaire. Vent d'E. doux et sec. » Le 17, les bruits sont un peu moins fréquents et plus faibles. Le matin atmosphère claire, on distingue les nuages d'un noir sombre et très-éloignés qui bornent tout l'horizon. » Le 18, le tonnerre est encore plus rare et plus faible. L'eau qui coulait dans la Kerlingardalsa a diminué, et le courant, qui s'était dirigé vers le Skiphellir , est beaucoup moindre. Il s'est formé un épais dépôt de sable sur tous les points au-dessous de Ilofdabrekka. » Le 1 9, on a encore un peu entendu le tonnerre dans la soirée, mais davantage la nuit. Vent d'E. et pluie. Temps froid. » Le 20, fort tonnerre le matin; l'eau augmente sur les sables. Dans la nuit, neige sur les montagnes. Vent ENE. dans la ma- tinée. » Le 21 , on entend le tonnerre; l'eau se maintint très-forte vers le Myrdalssandur. Vent ENE. Il a neigé la nuit sur le haut des montagnes moyennes. » Le 22 , le matin , petite éruption qui a augmenté avec le jour; odeur de soufre plus pénétrante, petite pluie de cendre mêlée d'eau et vent E. Il a neigé le soir et la nuit dans les régions plus hautes. » Le 25 , temps clair et froid. L'eau a baissé le matin , mais elle a fortement augmenté vers 5 h. de l'après-midi. Elle a aussi aug- menté sur les sables. Vers le soir, des hommes sont venus de loin, du côté de l'E. dans une barque à huit rames et sont descendus à terre dans le voisinage de Reynisfjall. Ils disent qu'une petite partie du courant d'eau s'est jetée dans la Landbrotsa qui a presque ruiné les prairies de Hraunbaer. Pendant l'éruption, grêle dans le jour, beaucoup de neige et gelée ensuite dans la nuit. » Le 24, comme hier. Même temps et vent tempétueux dans la nuit. ( 31 ) » Le 25, vers 8 h. du matin, les secousses de tremblement de terre augmentent; grêle et beaucoup de neige le soir; pluie de cendres; pendant la nuit, les nuages s'accumulent tellement dans les régions supérieures que tout paraît sombre. Tonnerres forts et fréquents. Givre. » Le 2G , je suis allé enterrer un mort à Reynir. Éruption épou- vantable de 2 à 4 h. du jour. Les nuages sont tellement épais qu'il faut allumer des lumières à l'église. Pendant une beure, la pluie de cendres a été tellement forte qu'il faisait noir à ne rien distin- guer ; mais un coup de vent qui s'est ensuite apaisé a éclairci l'at- mospbère. Vent NE. Neige. » Le 27, bruits au Joekull le matin; ils se sont ensuite renou- velés plusieurs fois comme si la montagne eût craqué. » Le 28 , pas de nuages. L'eau diminue sur le Myrdalssandur. 9 Dans sa lettre, datée du 29 , M. le pasteur Magnus ajoute : En ce qui regarde les dommages causés par cette éruption, ils ne sont pas aussi considérables qu'on le craignait ; cependant, c'est un grand mallieur pour Hofdabrekka, tout le pays bas et les récoltes nouvelles sont perdus sous le sable; cinquante chevaux ont été noyés. Skalmarbaer et Hraunbaer dans l'Aptaver ont aussi eu leurs pâturages détruits en partie. Les cendres et les pierres ponces nuisent beaucoup au bétail. Le sable, entre Hofdabrekka et la Kerlingardalsa, s'étend encore aujourd'hui à plus d'un mille du chemin vers la mer, plus loin qu'avant l'éruption, » Un homme digne de foi nous a dit que les habitants du Myrdals- sandur croyaient que cette éruption leur aurait construit un bon port. L'étudiant Oddur Gislason de Reykjavik nous a aussi envoyé le journal qu'il a tenu dans cette ville, relativement à cette éruption; en voici des extraits : » Le 17 mai, vers 10 h. '/g du matin, le ciel était clair; brume seulement à l'horizon. Je pus, avec beaucoup d'autres personnes, voir vers l'ESE., de la fumée et un nuage qui avaient une teinte d'un jaune rougeâtre et qui glissaient vers le N. Comme je les regardais depuis quelque temps , je remarquai des éclairs qui les sillonnèrent rapidement et devinrent de plus en plus fréquents jusqu'à 11 h. A ( 32 ) 14 h. '/a les nuages étaient montés si haut qu'on ne voyait plus la fumée. » Le 18, je vis la fumée à une hauteur considérable. Entre 10 et 11 h. du soir, éclairs, mais mal définis. Des nuages noirs cou- vrirent la partie orientale du ciel. » Le 19 et le 20, je n'ai rien vu. » Le 21 , à 4 h. du matin; fumée dans la direction du S.; vers G h. elle commença à se diviser et à 7 h. */2 elle avait disparu. » Les 22, 23, 24 et 25, pas de fumée. » Le 26 , à 9 h. !/2 du soir, je vis une épaisse colonne de fumée noire s'élever tout à coup et verticalement à une grande hauteur; mais la pression fut si forte, qu'elle se mit à tourbillonner des deux côtés à sa partie supérieure, et prit enfin la figure d'un cône renversé la pointe vers le bas. Je vis des éclairs s'en détacher dans les endroits où elle était le plus noire. » C'est le 21 mai que la colonne de fumée s'est élevée le plus haut. Depuis le 26, je n'ai plus rien vu. » Telles sont les observations que j'ai pu faire sur l'éruption du Koctlugja depuis Reykjavik, c'est-à-dire à une distance de vingt- deux milles (danois) du volcan *. » Dans son journal, M. le pasteur Magnus signale souvent des tonnerres. Il est à regretter qu'il ne les ait pas expressément dis- tingués des bruits du volcan, dont les détonations ont pu être prises pour des décharges électriques. Je ferai remarquer, en finissant, que cette éruption est la trei- zième du Koetlugja, autrefois appelé Katla, dont la première (la plus ancienne des volcans de File) remonte à l'an 894. Les autres ont eu lieu en 954, 1000 (?), 1511 ou 1552, 1416, 1580, 1625 (du 2 au 14 septembre), 1660,1721 (du 11 au 14 mai), 1727 (5 août à juin 1728), 1775 (17 octobre jusqu'en 1756), et 1825. L'Hécla en a eu vingt-cinq. La dernière est du 2 septembre 1845. Juin. — Le 4 , 2 h. 35 m. du soir, à Lima , légère secousse avec un peu de bruit. (El Comercio du 4 juin). 1 Reise nach Island im Sommer 1860, von William Preyer und Dr Fer- dinand Zirkel, pp. 469-474. Leipzig, 1862, in-8°. ( 33) — Le 8, 1 h. 43 m. du matin, à Oran (Algérie), une forte se- cousse. Orage la même nuit. (Ann. de ht soc. météor. Tahl. met., t. IX, p. 136; 1801.) Le même jour, heure non indiquée, à Mostaganem, une forte secousse. Le 1C, à Mostaganem, encore une secousse légère. (Ibid., p. 140.) — Le 16, dans l'après-midi, à Reykjavik (Islande), tremble- ment assez fort qui a mis les meubles en mouvement. Il n'a pas été ressenti par MM. Preyer et Zirkel qui, ce jour-là, revenaient à cheval de visiter les sources sulfureuses du Krisuvik, situées sur la côte sud de l'île et sous le même méridien que la ville. (Lettre de M. Zirkel et Reise nach Island im Sommer 4860, p. 75. Leip- zig, 1862,in-8°.) Juillet. — Les 7, 8 et 9 (n. st.) à Pile Paramouchir (Kouriles), fumée suffocante comme en septembre 1859. Cette fois elle pro- venait de l'île d'Alaid (qui ne se compose que d'un volcan) ; le 25 juin (v. st.) on entendit, pendant toute la journée et par une obscurité complète, un bruit assourdissant qui ressemblait à une canonnade. Le soir il y eut un fort orage (M. Osten-Sacken). — Du 10 au 15, MM. Preyer et et Zirkel ont visité le Mùc- kensée (Islande), toutes les fumerolles et tous les volcans de boue étaient en pleine activité, même ceux qu'en 1846 Sartorius de Waltershausen avait trouvés en repos. Le volcan de Krafla était calme à son sommet, mais il se dégageait beaucoup de vapeurs à sa base. (Reise nach Island im Sommer 1860, pp. 184-206. Leipzig, 1862,in-8°). — Le 15 (fa. st.), 10 h. du matin , 2 h. et 4 h. du soir, à Chaco- date (Japon), tremblements légers (Dr Albrccht). — Le 25, au Cerro Nevado et aux bains de Chillan (Chili), plusieurs secousses. (Voyez plus bas au 3 août 1861.) — Le 51, 1 h. du matin, à Aumale (Algérie), une secousse assez longue et assez forte avec bruits souterrains (M. Aucapitaine). Août. — Le 18, éruption du volcan de Fuego qui causait encore de grands dégâts dans le pays, suivant le journal El Comercio de Lima (n° du 5 octobre 1800). — Le 30 août, un voyageur anglais a fait l'ascension du volcan Tome XVII. 3 ( 54 ) Comanataki, situé au N. de Hakadadi (Japon) et de 5200 pieds anglais de hauteur. Le cratère fumait en beaucoup d'endroits. Au commencement du mois de septembre suivant, le même voyageur a parcouru la côte à l'E. du cap Esan. sur lequel un volcan de même nom s'élève à 2000 pieds environ de hauteur. Sur le flanc occidental de ce volcan, s'ouvrent, en forme de cra- tères, de nombreux orifices d'où s'échappaient des vapeurs sul- fureuses. (Petermann's Mittheilungen , 1803, p. 88, d'après un article publié, sous le titre A visit to Northern Japon dans le Parthénon , n" 18 , 19, 20, 21 . 22 et 27 ; 1862). Septembre. — Le 1er, 11 3/4 du soir, à Lima, une secousse assez forte, quoique courte. (El Comercio du 2 septembre). — Le 10 (n. st.), 5 h. du matin , à Chacodate (Japon), tremble- ment léger. Le 11 , 1 h. du matin, deux fortes secousses. Le 22, 11 h. 50 m. du matin, deux légères secousses (Dr Al- brecht). — Le 11 , éruption du Goenong-Apie, dansl'ileB.ima (archipel indien); pendant les 20 à 50 premiers jours, la montagne resta dans une activité plus ou moins grande. On y éprouve, de temps en temps, surtout après de fortes pluies, d'assez violentes secousses, dont le mouvement est du S. au N. A Dongo, situé au S. du volcan, se trouvent des solfatares qui pourraient bien avoir quelque connexion avec le Goenong-Apie. — Nuit du 20 au 22, à Oran (Algérie), une forte secousse (Tabl. mètèor., 1. c.) Octobre. — Les 5, 4 et G , dans le San Salvador, secousses qui ont causé des dommages. Le journal El Comercio (n° du 21 jan- vier 1861), auquel j'emprunte cette citation, cite les mêmes lieux que pour les secousses du 9 et du 10, que j'ai déjà signalées et qu'il mentionne aussi. Le tremblement du 5 y dura une minute et fut suivi de secousses plus faibles jusque dans la nuit du 4. — Le 15, quelques minutes après 7 h. du soir, dans le 3Ii- nahassa (Célèbes), une secousse violente et de longue durée. — Le 25, à Maraguez (Porto-Rico), tremblement assez fort; ( 55 ) quelques dommages. (£7 Comercio de Lima, n° du 20 novembre). Novembre. — Le 5, 9 h. 50 m. (sic), à Banda, deux secousses consécutives; la première légère et la seconde forte et de plu- sieurs secondes de durée; mouvement horizontal du SE. au NO. Le 16, 10 h. 20 m. du soir, une longue et forte secousse dans la même direction du SE. au NO. Le 17, 10 li. 40 m. du soir, une courte, mais forte secousse ho- rizontale de l'E à l'O. Le 25, 1 h. 15 m. du soir, une courte, mais forte secousse ho- rizontale du NO. au SE. Le 24, G h. 40 m. du matin, une secousse semblable du S. au N. Le 25, 2 h. 1 7 m. du soir une courte secousse horizontale, une espèce de frémissement [trilling) encore du S. au N. — Le 9 (n. st.), 2 h. 17 m. dû matin à Nazranovsk (Caucasie), tremblement qui se renouvela plusieurs fois jusqu'à midi. Les se- cousses furent au nombre de six. Elles produisirent des domma- ges considérables dans les tours fortifiées et dans l'emplacement des casernes (M. Osten-Sacken). — Le 12, à Humboldt Bay et dans le voisinage, une violente secousse ; pas de dommages (M. Trask). — Le 15 et le 1 G, 1 h. du soir, dans la résidence de Chéribon, deux secousses consécutives (twee snel op elkander volgende schokken), de l'E. à l'O. — Le 21 , G h. 20 m. du matin et le 25 , 1 1 h. 35 m. du soir, à Bcngkoclen (Sumatra), secousses horizontales dont on n'a pas pu déterminer la direction. — (Sans date de jour). A Santiago del Estero (république Ar- gentine), par 28° de latitude, secousses très-fortes, pas de dé- gâts. Elles y sont communes et assez violentes (M. Martin de Moussy). Décembre. — Le 9, 2 h. du soir, à Padang (côte 0. de Suma- tra), une secousse du S. au N., et d'environ 5 secondes de durée; elle fut précédée d'un roulement souterrain. — Le 42, 10 h. du malin, à Goronlalo (Célèbes), léger tremble- ment du S. au N. ( 36 ) Le 24, 2 '/» h. du soir, quelques légères secousses dans la même direction du S. au N. — Le 12, 8 h. 44 m. du soir, à Tji- Amies (division de Galoe, résid. de Chéribon), une légère secousse de l'O. à l'E. — Le 45 (n. st.), 5 h. du matin, à Chacodate (Japon), deux secousses (Dr Albrecht). — Dans la nuit du 46 fsicj , dans le Minahassa (Célèbes), une secousse très-faible. — Le 4 7, 6 h. 8 m. du soir, à Banda, une courte et légère secousse dont on n'a pas pu déterminer la direction. — Le 21, G b. 50 m. du matin à San-Francisco, une série de légères vibrations du sol qui ont continué, avec des intervalles de repos, pendant l'espace d'une demi-heure. Ces vibrations n'ont été rendues sensibles que par les mouvements de la colonne mer- curielle dans le baromètre qui oscilla d'une manière très-rapide. L'amplitude des oscillations, observées pendant une demi-heure par MM. Trask et J. Roach, fut de */4à lls de pouce; elles étaient rapides et continues. La perturbation a duré de 8 à 12 minutes pour atteindre son maximum. Le passage des voitures n'a pas paru affecter en rien ces vibra- tions qui étaient absolument les mêmes avant, pendant et après. On a frappé de grands coups de marteau sur une enclume dans une maison voisine, l'on n'a remarqué aucune différence dans les mouvements de la colonne mercuriclle. Quand ces mouve- ments furent calmés, on frappa de nouveau l'enclume à coups de marteau , et la colonne mercuriclle ne manifesta aucun mouve- ment. M. Trask, auquel j'emprunte ces détails, attribue ces oscil- lations du mercure à de légères vibrations du sol, quoiqu'il n'ait pas ressenti de secousses. L'interprétation me paraît très-rationnelle. — Le 27, 9 h. du matin, à l'île Bima (archipel indien); fortes secousses pendant 40 secondes. — (Sans date mensuelle). A l'île de Schoumeschou (Kouriles), il y a eu, du commencement de Tannée au mois de juillet, sept tremblements de terre, mais en général assez faibles; ils n'ont duré que quelques secondes (M. Osten-Sacken). ( 37 ) 1 8G i . Janvier. — Le 5, dans les monts Tjagoer (district de Tjie- Sondarie, régence de Préanger), deux éboulements, l'un de 152 toises de long sur trois de large, et l'autre de 80 toises de lon- gueur sur trente de largeur. Environ 80 toises carrées de Sawah (terres cultivées), avec beaucoup d'arbres, ont été ensevelies sous les débris. — Le G, 3 h. 5/4 du matin , à Lima, une secousse faible, mais longue (El Comercio du 7 janvier). — Le 8, 4 h. 50 m. du soir, à Banda, une forte secousse hori- zontale du N. au S. — Le 12, 9 h. 3/4 du matin, à l'île Bima (archipel indien), fortes secousses pendant 10 secondes. — Le 17, 8 h. !/2 du soir, à Chacodate (Japon), une légère se- cousse. Le 18, 5 h. du matin, une forte secousse. A 6 h. du matin, une légère secousse, et à 11 h. lh du matin, une secousse légère. (Le Dr Albrecht, /. c, pour 1860.) — Le 18, vers 6 h. du soir, à Manado (Célèbes), une légère secousse ondulatoire du NE. au SO. — Le 50, 4 h. du soir , à Padang (côte O. de Sumatra), légères secousses ondulatoires du SO. au NE. Février. — Le 2, vers 2 h. du matin, à Manado (Célèbes), une légère secousse verticale. Le 27, G h. 55 m. du soir , une légère secousse ondulatoire du NE. au SO. — Le 5, 4 h. 5/4 du soir, et le 12, 2 h. du soir, à Gorontalo (Cé- lèbes) , légères secousses du NE. au SO. — Le 7, 9 h. lh du matin, à Ternate, une très-légère secousse horizontale de PO. à l'E. — Le 8, vers 10 h. du soir, à Malte, une première secousse peu sensible. Le 9,0 h. 55 m. du matin, une secousse de 15 secondes de durée; tous les bâtiments ont tremblé. A 1 h. du matin, autre secousse courte, mais forte. La veille fort sirocco. Les appareils électro-magnétiques du télégraphe ont été fortement affectés par les secousses. On en a aussi ressenti en même temps de fortes en ( 38 ) Sicile. (iM. Socchling, Fortsch. d. phys. Geoij. im J. 1861, p. 790.) — Le 10, Il h. 45 m. du soir, à Banda, une légère secousse horizontale. — Le 19, minuit 1G m., une légère secousse horizontale du S. à l'O. (sic.) — Le lî, M. de Richthofen est passé près de l'île d'Iwogasima, au Japon. Cette île, qu'on appelle aussi Volcano et île du soufre, contient un volcan actif très-remarquable. C'est un cône irrégulier qui s'élève immédiatement de la mer à une hauteur de 2524 pieds anglais (702 mètres; on lui en donne ordinairement 715). Ses pentes très-abruptes sont sillonnées de nombreuses et pro- fondes crevasses. Ce n'est qu'à l'O. et au SO. que s'en détachent quelques roches aussi nues que le reste de la montagne. Le cra- tère est grand et, lors du passage du navire (le 11 février 1861), il s'en échappait des masses de vapeurs, pendant que de petits nuages s'élevaient des fentes et des crevasses qui sillonnent le flanc du cône. L'île Yarabu-Sima (Julie de Krusenstern), se trouve un peu plus loin ; c'est aussi un volcan actif qui s'élève à 650 mètres au- dessus de la mer. M. de Richthofen ne dit pas qu'il l'ait vue. (Petermann's MiUhtilunqm. 1862, p. 189). — Le 15, 2 h. du soir, dans la résidence de Bezoeki (Java), deux secousses du N. au S. Le 18, à 5 h. !/a du soir, puis à 7 h., deux nouvelles secousses. — Le 14, vers 8 h. {h du soir, à Lebak, division sud de la rési- dence de Bantarh (Java), une légère secousse de l'ESE. à TONO, et d'environ deux secondes de durée. Le même soir vers 9 h., à Tjie-Ringien, division ouest de la même résidence, assez fortes secousses horizontales du NE.au SO. , et de cinq secondes de durée. Pas de dommage. — Le 15, 5 h. passées du matin, à Lima, temblor assez long, mais ne consistant guère qu'en bruit; mouvement presque imper- ceptible. (El Comercio du 1 5 février). — Le 16, vers 7 h. ik du soir, dans tout le gouvernement de la côte Ouest de Sumatra, tremblement de longue durée et accom- ( 59 ) pagné d'un mouvement des eaux de la mer ou tremblement sous- marin (zeebeving), sur la partie nord de la côte. A Padang, dans les environs et dans la division du sud, 7 h. lk du soir, violentes secousses pendant environ deux minutes. Le mouvement fut horizontal et ondulatoire du N. au S. à Padang; à Pau (non loin de Padang), on pense que la direction ne fut pas la même pendant toute la durée des secousses. A Priaman, 7 h. 10 m. du soir, une première secousse. Celles de 7. h. \ paraissent y avoir été plus fortes qu'à Padang et y avoir duré de quatre à cinq minutes. Dans les hautes terres de Padang, le tremblement a commencé avant 7 h. du soir. Le mouvement était si violent qu'on pouvait à peine se tenir debout; il était horizontal et ondulatoire du SE. au NO. Les secousses ont duré environ cinq minutes, mais pendant une minute et demie seulement dans leur plus grande violence. Les frémissements du sol se sont renouvelés plusieurs fois dans la nuit et les jours suivants, pendant lesquels le volcan du Mérapie fumait plus qu'à l'ordinaire. A Ajer-Bangies, les premières secousses ont eu lieu à G h. zk du soir. Elles ont été précédées d'un bruit souterrain qu'on entendait encore pendant le mouvement du sol. Les deux premières étaient verticales et les autres horizontales. Le mouvement fut très-vio- lent et dura bien une minute et demie. Les secousses s'y sont renouvelées dans la nuit du 16, à 9 h. et à 12 h., puis le 17 à minuit trois quarts, 3 h. {h et 6 h. du matin. Le mouvement était de l'ESE. à l'ONO. (ou en sens in- verse). A Ajer-Bangies, la mer était très-agitée pendant le tremble- ment. Par moments, la rivière restait presque à sec et un instant après, la mer s'y précipitait en courants d'une extrême violence. Ces fluctuations des eaux se renouvelèrent jusqu'à midi du 17 dans la rivière; leur durée était quelquefois d'un quart d'heure. On a trouvé des milliers de poissons morts autour de l'île Pand- jang, située en face d'Ajer-Bangies. Aux îles Batou (Batoe eilanden), les effets des mouvements du sol et de la nieront élé désastreux. A Poeloe-Tello, où se trouve le ( 40 ) siège du gouvernement, le tremblement a commence à 7 h. du soir et a duré cinq minutes; de légères secousses se sont répétées pen- dant toute la nuit. C'est une heure après la première, que la mer s'est élancée sur la cote et a bientôt inondé tous les kampongs (villages), qui ont été ensevelis sous les eaux. Dans la nuit du 40 au 17, l'ile entière a ainsi disparu quatre fois sous les ilôts qui y ont causé les plus grands dommages. Les autres îles du groupe ont gravement souffert, notamment celle deSimo où quatre-vingts maisons ont été détruites. A Taloe, dans le district d'Ophir (intérieur des terres) , la pre- mière secousse a eu lieu à 7 h. du- soir. Le mouvement a été très- violent et précédé d'un faible grondement. On n'en indique pas la direction. Il y a encore eu trois secousses pendant la nuit. A Rau, 7 h. '/2 du soir, secousses pendant environ deux minutes. Direction non indiquée. A Natal, le mouvement a commencé vers 7 h. {h , il a été très- violent et a duré près de quatre minutes. La rivière est sortie de son lit : dans le village d'Atjeh, l'eau s'est élevée d'environ un mètre et demi au-dessus du sol qui forme ses rives. Dans les divisions de Mandheling et d'Angkola (intérieur de l'ile), le tremblement a été très-violent et y a causé de grands dommages. Un grand nombre de maisons ont été renversées; les cultures ont été bouleversées; des éboulcments considérables ont. eu lieu le kampong (village); de Sialang a tellement disparu sous l'un d'eux qu'on ne peut plus en reconnaître la place. A Penjaboengan, chef-lieu du Mandheling, le tremblement a commencé à G h. zk du soir et, jusqu'à 8 h. du matin le 47 , on n'a pas compté moins de vingt secousses. On pense que le mouve- ment venait du côté du volcan de Mérapie (situé dans le Mandhe- ling, au SSO. de Penjaboengan); cependant on a remarqué, dans les districts de cette division, que la direction des secousses était du NO. au SE. A Siboga, le tremblement a commencé à 7 h. du soir. Le pre- mier mouvement a duré quatre minutes; d'abord vertical, il a ensuite été faiblement ondulatoire. Quant à la direction, les dé- ( M ) terminalions sont très-discordantes. Les uns indiquent celle de l'OSO. àl'ENE., et les autres une direction toutù fait contraire (ce qui se conçoit facilement). On a entendu un bruit, comme celui d'une boule roulant sur un quillicr. Le sol s'est ouvert en plusieurs endroits. Peu après la première secousse, l'eau a manifesté de violents mouvements dans la baie de Tapanolie; deux fois elle s'est retirée avec tant de force que les vaisseaux en rade sont restés à sec, elle est revenue immédiatement, s'est précipitée sur la côte et a recouvert la route qui longe le rivage de la mer. A Baroes le tremblement a aussi commencé à 7 h., il a duré quatre minutes et s'est renouvelé plusieurs fois (dikwerf) pendant la nuit. On pense qu'il a eu lieu de TE. à l'O. La mer a aussi inondé la côte, mais l'eau ne s'y est pas élevée à plus de deux ou trois pieds au-dessus du sol et s'est retirée presque aussitôt après. A Singkel, il y eut d'abord quelques légères secousses. A 6 h. 4/s du soir, commencèrent de violents mouvements qui durèrent très- longtemps (on parle de dix minutes). Dès les premières secousses, des crevasses se formèrent dans le sol, et la plupart des édifices, notamment les casernes, furent rendus inhabitables. Pendant qu'on s'occupait de fournir aux troupes un refuge pour la nuit, les eaux montèrent et Singkel se trouva complètement inondé; dans les endroits les plus élevés, les hommes avaient de l'eau jusqu'à la poitrine. L'eau se retira, revint encore, et entraîna cette fois tout ce qui se trouvait sur son passage. Le sol fut tellement balayé que, le 25, un sloop pouvait encore traverser la passe. Un vieillard, qui depuis longtemps habite à l'embouchure de la rivière de Singkel, dit qu'elle s'est ouvert autrefois un nouveau lit au sud de celui par lequel elle se jette aujourd'hui dans la mer; l'épou- vante a été si grande à Singkel que personne n'a songé à remar- quer la direction. On a cependant observé que les crevasses du sol étaient dirigées du NO. au SE. Une vingtaine de personnes seule- ment, appartenant à la population de Singkel, ont péri. Suivant des rapports assez dignes de foi, ce tremblement s'est étendu jusque Atjeh vers le nord; il y a causé des dégâts considéra- bles; plusieurs personnes y ont perdu la vie. Les dommages ne sont pas moindres dans les terres de Batah {Batahlanden) , encore in- dépendantes. ( « ) A l'ile Nias, ce tremblement a encore été plus violent que par- tout ailleurs. A l'établissement de Laoendie, sur la côte sud de cette île, on ressentit d'abord quelques légères secousses dans la soirée; mais la première secousse violente n'eut lieu qu'à 6 h. tyl« Elle dura environ trois minutes et fut si forte que des militaires de la garnison furent renversés à terre. Peu après, elle fut suivie de trois autres moins violentes. Le mouvement était dirigé du NO. au SO. (sic.) A G h. zk , l'eau s'avança du SE., et à 7 h. lk, la plu- part des bâtiments étaient emportés. Suivant plusieurs rapports, elle se serait élevée à une hauteur de sept mètres. Un navire en rade ebassa sur ses ancres et fut lancé sur la plage. L'eau revint, retourna, et finit par rentrer dans ses limites. Une cinquantaine de personnes, dont seize hommes, femmes et enfants, appartenant à l'établissement, perdirent la vie. A Goenoeng Sitolie, sur la côte NE. de Nias, le mouvement commença à 6 h. zk du soir. Il fut si violent que beaucoup d'hommes furent jetés à terre. La direction fut de SE. au NO. ou en sens contraire; la mer se retira de 52 mètres, revint avec une grande impétuosité et anéantit bon nombre de villages sur la côte. Un schooner fut lancé sur la plage près de Damoela (côte 0. de Nias). L'île Lapau, au nord de Nias, lui est actuellement presque réunie. De nouveaux écueils ont paru le long de la côte occiden- tale. En un mot, les côtes de Nias ont eu beaucoup à souffrir de ces commotions terrestres et sous-marines. Le Humboldt, navire américain, a senti la secousse près de Hog-Island et le vaisseau hollandais la Vesta, qui se trouvait à la hauteur des îles Pageh, a cru avoir touché *. Du 16 février au 9 mars suivant, les secousses furent plus fré- quentes à Padang et dans les hautes terres de ce gouvernement ([lie dans les parties situées plus au nord, où elles eurent cepen- dant le plus de violence. En plusieurs endroits elles furent quoti- 1 Le navire hollandais Sir Robert Peel éprouva, le 15 et le 16, une forte tempête, par 27° de lat. S. et 82° de long. E. (de Gr. probablement). Dans la nuit il aperçut vers le nord une lumière faible et pâle, mais constante, qui res- semblait à un ineendie dans le lointain. ( 43 ) diennes et s'y renouvelèrent même plusieurs fois dans le même jour. — Le 46 encore, 7 h. du soir, à Bengkoelen (Sumatra), trem- blement qui aurait duré une minute (sic), dans la direction du S. Le 47, 4 h. du matin, tremblement sous-marin (zeebeving) , pendant lequel l'eau s'est élevée de trois pieds. Le chemin qui longe la plage a été abîmé sur 280 toises de long et 50 de large. L'embouchure de Poeloe-baai a été élargie d'une soixantaine de mètres. De cette baie à Bengkoelen le chemin s'est recouvert d'eau à la hauteur de 4 !/4 à 2 V'* toises. A 9 h. du matin, une légère secousse verticale de deux ou trois secondes de durée. — Le 1 6, 7 h. 40 m. du soir, à Siak (île Riouw, archipel indien), secousses du N. au S. Elles se sont répétées pendant trois minutes. Pas de dommages. — Le 16 encore, 7 h. 55 m. du soir dans la résidence de Japara (Java), diverses secousses du S. au N. et en partie du SO au NE. Le 46 encore, dans la soirée , à Koeningan (résid. de Chéribon), les eaux de quatre étangs ou viviers (vijvers), peu distants les uns des autres, ont manifesté un mouvement considérable, une espèce de raz de murée, qu'on a attribué à un tremblement de terre qui se serait fait sentir ailleurs. — Le 17, vers 8 h. du soir, à Krawang (Jnva), les eaux de la Tjie-Taroem se sont tout à coup élevées de cinq pieds, et ont formé un courant qui a entraîné les prauw à l'ancre dans le golfe. Ce mouvement s'est manifesté bien au-dessus de Krawang. Le temps était calme. On ne parle pas de tremblement de terre. Le 24 , dans le district de Wanaijassa (résid. de Krawang), plu- sieurs fortes secousses du N. au S. Les dernières ont été plus fortes et accompagnées d'un sourd bruit souterrain. Les eaux de la mer s'y sont élevées d un mètre, puis abaissées de trois mètres et sont restées en mouvement pendant un certain temps. — Le 22 (n. st.), 5 h. du matin, à Chacodale (Japon), une légère secousse (Dr Albrccht). — Le 26 (h. non indiquées), dans la résidence de Banjoe-Mas (Java), plusieurs secousses. (44 ) Murs. — Le 1er, II h. '/a du soir; le 1 G , 3 h. */j du matin et le 17, 4 II. '/a du soir, à Manado (Célèbes), légères secousses ondula- toires du NE. au SO. Le G, à Koeningan (résid. de Cbéribon), écoulement ou glisse- ment de terrain qui a détruit trois mille caféiers. On ne parle pas de tremblement de terre. Le 9, 10 b. du soir, à Padang (Sumatra), une secousse très- sensible. Dans le même temps on éprouvait, à Ajcr-Bangies et sur d'autres points, une secousse plus forte encore aux îles Batoe, où elle fut plus violente que le tremblement du 1G février précé- dent et où elle eut des conséquences plus désastreuses. Elle y fut suivie dune commotion sous-marine (zeebering) qui produisit les ravages les plus considérables, notamment sur l'île Simo, la plus occidentale du groupe. Le phénomène y fut précédé d'un bruit souterrain et accom- pagné de fortes détonations semblables à des coups de canon. On vit tout à coup une grande vague s'élever de la mer, et s'élancer jusqu'à un millier de pas dans la partie septentrionale de lile avant que les malheureux habitants eussent eu le temps de s'enfuir. Cette vague fut suivie d'une seconde en sens contraire, puis d'une troisième qui acheva d'anéantir ce que n'avaient pas détruit les deux premières. Dix villages (kampongs) furent ruinés de fond en comble. Les maisons en bois les plus solides, les arbres, etc., tout fut rasé tout le long de la côte NO.; de 887 habitants, 212 seulement furent sauvés. L'eau, dit-on, n'abandonna la plage qu'une heure après. Les côtes 0. et NO. de Poeloe-Teilo soulfrirent aussi beaucoup, tandis que le reste de cette île et celle de Simo n'éprouvèrent pas de dommages. Aux secousses du 9 en succédèrent beaucoup d'autres : Le 10, 8 h. du soir; le 11 , 5 h. du malin; le 4 5 et le 1G, heures non indiquées, à Rau; Le 11,7 b. ■/« du soir; le 48, minuit et le 19,7 h. '/a du matin, à Ajer-Bangics; Le 17, 9 h. 25 m. du soir, à Bcngkoelcn, une secousse de TE. ù l'O. et de deux secondes de durée; ( 43 ) Le 21 , 5 h. */a du scm> j ^c 2S;î 7 h. du matin cl le 20, 1 h. du malin, à Padang. Dans les derniers jours du mois, à Rau et Ajcr-Bangies , nou- velles secousses, faibles et sans dommages, mais plusieurs fois dans les vingt-quatre heures. — Le 4, 10 h. du matin, à Sidi-Aïssa, koubba d'un marabout vénéré dans la plaine, sur le versant méridional du Dira, dont Au- male occupe le versant septentrional, une secousse (M. Aucapi- taine). — Le 10 (n. st.), M h. du matin, à Chacodate (Japon), une légère secousse. Le 29, 6 h. du matin, autre»secousse légère qui a été ressentie en même temps à l'île Kapoke sur la côte Nambu, au S. de Cha- codate (Dr Albrecht). — Le 20, à 7 h. du soir , en mer, par 0° 27' lat. N. et 20° 50' long. 0., puis à 7 h. 45 m. par 0° 20' lat. N. et 20° 35' long., deux secousses. Dans Tune délies, la fausse quille du bâtiment a été ébranlée comme s'il eût touché sur un écueil (M. Soechting, /. c. p. 792). Ces parages ont été déjà souvent signalés comme conte- nant probablement un volcan sous-marin. Je remarque, en outre, que le fameux tremblement de 3Iendoza a eu lieu le même jour, à 8 h. */2 du soir. — Le 20, 8 h. */2 du soir, à Mendoza, tremblement désastreux que j'ai déjà décrit. Voici de nouveaux détails que je dois à l'obli- geance de M. Martin de Moussy : « Après la catastrophe, la terre continua de trembler, mais moins fort, et l'on compta, jusqu'au 21 au soir, dix-neuf secous- ses, dont sept violentes ; mais déjà rien n'était resté debout. Le 22 , il y en eut quatorze. L'on en ressentit ainsi pendant trois mois, jusqu'à la fin de mai » Voici ce qui résulte de l'étude faite des phénomènes princi- paux de ce tremblement de terre pendant les deux mois qui suivi- rent, soit dans la ville, soit aux environs, aussi bien au point de vue des secousses, que de leur intensité, de leur étendue, de leurs effets : « La secousse principale et première, dirigée du NO. au SE., a ( 46 ) commencé dans la vallée d'Ospallata, dont les établissements, la ferme et l'usine ont, été à moitié détruits; elle s'est fait sentir dans la chaîne des Paramillos, a passé par le centre de Mendoza jusqu'à la rivière, de sorte que l'ondulation paraît avoir occupé une bande de vingt lieues de longueur sur deux seulement de largeur, car le croupe de maisons de Villa-Vicencio , celles en dehors de Lujan, celles du Rodeo del Medio, furent en partie épargnées; non pas toutefois que la secousse ne fût arrivée jusque-là, mais elle y était déjà affaiblie. Au Retamo, à douze lieues E. de la capitale, quel- ques maisons s'écroulèrent. La Paz, à trente lieues, n'éprouva qu'un tremblement de terre ordinaire. Les villes de San-Luis, Rio-Cuarto, Cordova, sentirent une petite secousse; on assure même qu'à Buenos- Ayres et à Parana, des pendules se sont arrê- tées d'elles-mêmes. De l'autre côté des Andes on n'éprouva rien. Quant au versant argentin, on constata des éboulements dans quelques gorges des Paramillos et à l'entrée de la grande Que- brada qui mène à la Cumbre. » Relativement au nombre des secousses, il y en eut : du 20 au 21 mars, c'est-à-dire dans les premières vingt-quatre heures, à partir du tremblement, dix-neuf, dont sept assez fortes. » Le 22, quatorze, dont sept fortes. » Le 25, treize, dont trois fortes et prolongées. » Le 24, neuf, dont trois fortes. » Le 2G, sept. » Le 27, une. » Le 28, sept, dont trois fortes. » Le 29, sept également; ce jour-là l'incendie s'arrête. » Le 50, deux secousses. » Les trépidations du sol continuèrent, mais moins fréquentes, durant tout le mois d'avril; celle du 19 fut même assez violente. » En mai elles diminuèrent encore de nombre et d'intensité. » On n'en ressentit plus en juin ni depuis. » La ville de Mendoza s'est trouvée précisément au centre du mouvement ondulatoire : c'est pour cela que tout y a été renversé. Ce qui a sans doute contribué à sa ruine, c'est la disposition de la couche de terre argilo-sableuse recouvrant l'amas de cailloux ( 47 ) roulés qui forme le fond du sol. Les infiltrations continues de l'eau, que verse à torrents 1 "irrigation, ont fini par creuser le terrain, d'autant plus facilement qu'il est en pente assez sensible, et à faire ainsi porter à faux la plupart des maisons et des édifices. Le sol, peu résistant, s'est affaissé sous le poids des constructions, qui, presque toutes élevées en adobes ou briques cuites au soleil, avaient des murailles fort épaisses. Il n'est resté debout que le théâtre, édifice de construction moderne, moitié briques, moitié adobes, dont la toiture était très-solidement liée aux murailles, dont elle parait avoir empêché l'écartement; il a cependant souf- fert. L'église de Santo-Domingo, d'ancienne construction espa- gnole, a conservé ses murailles, mais elles sont fendues et la cou- pole s'est écroulée ; la démolition de ce qui reste est indispensable. La Matriz, ou église paroissiale, est venue à bas tout entière, comme aussi quelques belles maisons en ebaux et grandes briques récemment bâties. » On avait songé à changer l'emplacement de la ville et à la transporter à Las Tortugas, localité située près de collines grani- tiques annonçant un terrain plus solide. La population n'y a pas consenti, et a recommencé à bâtir aux mêmes endroits, mais plus légèrement et suivant le système chilien » — M. Scrope attribue à une éruption de l'Aconcagua, l'averse de cendres que des voyageurs ont remarquée, le 20 mars, dans le voisinage de la passe dUspallata. Ce volcan, de vingt-trois mille pieds d'altitude , se trouve peu éloigné de cette passe par 52° 59' lat. (Scrope, Volcanos, p. 457, 2e édit., 1862). — Le 28, 1 h. */2 du matin, à Aumale (Algérie), une légère secousse (M. Aucapitaine). — Le 30, 7 h. du matin et la nuit suivante, dans le district de Galoe (résid. du Chéribon), assez fortes secousses qui ont proba- blement eu lieu du N. au S. Avril. — Le 2, 9 */3 h- du soir, à Manado (Célèbes), une légère secousse. Le 5, 9 h. du soir, une secousse semblable. Le 20, 1 h. du matin, encore une secousse dont on n'a pas pu déterminer la direction. ( *8 ) Le 21, 8 li. 2o m. du soir, une assez forte secousse, du NE. au SO. — Le 7, 4 h. 20 m. du soir, à Padang, Priaman, Ajcr-Bangies, Rau, Fort de Kock et Padang-Pandjang, secousses simultanées. A Padang, le tremblement fut précédé d'un bruit souterrain sem- blable à un tonnerre éloigné. Mouvement horizontal et ondula- toire du NE. au SO. A Priaman et Ajer-Bangies, observations concordantes avec celles de Padang. Seulement il y eut de plus, dans ces deux loca- lités, une seconde secousse de courte durée, vers minuit. On peut dire la même chose du Fort de Kock et. de Padang- Pandjang. A Rau, les secousses se renouvelèrent dans la direction du NE. au SO. Le 7 encore, heure non indiquée, à Taloe (Sumatra), tremble- ment qui se renouvela à 7 h. {h du soir. Je ne trouve pas de secousses mentionnées pour les jours sui- vants. Le 25, heure non indiquée, à Rau (et peut-être aux mêmes lieux que le 7), une secousse. Le 24, dans la matinée, une violente secousse accompagnée d'un bruit souterrain et dirigée du NE. au SO Le 25, heure non indiquée, à Ajer-Bangies, une secousse. Le 26, G h. du matin , à Padang, mouvement horizontal et on- dulatoire du NE. au SO. Il dura 2 minutes. A Priaman, même heure, tremblement violent de l'O. à TE. et de 5 minutes de durée. Au fort de Kock, même heure encore, secousses légères du SE. au NO. A Ajer-Bangies, comme à Padang. Le 26 encore, 6 h. lk du matin, à Singkel, une secousse qui dura une minute et demie; l'eau de la mer s'éleva si haut que le plancher de la maison du commandant en fut couvert d'une couche de 25 centimètres d'épaisseur. Les deux jours suivants , à la même heure, l'eau s'y éleva encore à la même hauteur, sans qu'on y eût remarqué aucune nouvelle secousse. ( «» ) Le 28, vers 9 h. '|î du matin, à Ajer-Bangies, trois secousses légères. Le Mérapie, volcan situé dans les hautes terres de Padang, était très-actif depuis quelque temps. — Le 15, 9 h. du soir; le 16, 10 h. du soir, et le 18, midi et demi, à Gorontalo (Célèbes), secousses horizontales du N. au S. — Le 17, 7 h. 54 m. du malin, à Banda, une légère secousse horizontale de l'O. à l'E. Le 18,5 h. 40 m. du matin , une forte secousse horizontale du S. au N. — Le 21 (n. st.), à Sitka (côte NO. d'Amérique) , à 1 h., cercle autour du soleil; à 9 h. 2 m., aurore boréale; à 27 m. (sic), tom- bait du ciel un météore; de 9 h. 52 m. à 56 m. (du soir), au S., tremblement de terre. (Annales de l'Observ. phys. central de Russie, ann. 1861 , p. 455.) — Le 27, 6 h. du matin , à Biskra (Algérie) , plusieurs secousses. (M. Soechting,/. c, p. 790.) Mai. — Le 4, à midi, et le 18, à la même heure, éruptions de cendres au volcan de Nobo, situé sur la côte SE. de Pile de Florès ou Floris. Elles ont été toutes les deux accompagnées d'un bruit semblable à une forte canonnade, et n'ont pas duré, dit-on, plus de 2 secondes. La dernière a été accompagnée aussi de secousses verticales. — - Le 7, midi, à Ajer-Bangies, une légère secousse. Le 10, un peu avant 4 h. *k du soir, à Ajer-Bangies, une légère secousse, précédée d'un fort bruit souterrain du côté de la mer. Le même jour, 10 h. du soir, et le 11 , vers 2 h. 5/4 du matin , à Rau, deux assez fortes secousses, dirigées toutes du NE. au SO. , précédées et accompagnées d'un bruit souterrain. Le 1 1 encore, heure non indiquée, à Ajer-Bangies, une courte secousse. Le 20, midi, longues ondulations de la croûte terrestre pendant 10 secondes , et dans la direction du NO. au SE. A la même heure, violentes secousses, simultanées à Padang et Priaman; elles ont été précédées d'un fort bruit souterrain et ont duré à peu près Tome XVII. 4 ( 50 ) I minute. Au Fort de Kock, même heure, leur direction a été du NO. au SE. Ou les a aussi ressenties à Solok. Le 22, I I h. 5/* du soir, au fort de Kock, plusieurs secousses très-fortes du NE. au SO. La même nuit, heure non indiquée, à Rondjol (cote 0. de Suma- tra), tremblement, léger du NO. au SE. — Le 8, 5 h. lk du soir, à Mexico, tremblement léger, le der- nier cité par M. Romero, dont la notice est datée du 27 novembre 1801. — Le î), 0 h. du matin, à Kadoe-Gedeh, Koeningan et Tjamie- Gelang (résid. de Chéribon), trois légères secousses, et à i) h. du soir, deux autres secousses légères du SE. au NO. — Le î), vers 10 h. du matin et le 14, vers 10 b. du soir, à Gorontalo (Célèbes), légères secousses horizontales du NE. au SO. — Le 15, à Arvs, cercle de Johannisburg, deux faibles se- cousses du NE au SO. avec bruit. (M. Soechting, Fortsch. d. phys. Geog. im J. IS6I, p. 787.) — Le lt), découverte dune île volcanique dans la mer Cas- pienne. Je l'ai décrite d'après M. Erman dans ma Note sur les tremblements de terre en 1861. Depuis, elle a complètement dis- paru. « Elle était, dit M le comte Marsehall de Vienne, par 39°44'14" lat. N. et 47°I5'20" long. E. de Paris. A 1 époque de sa découverte, elle avait i à 500 pas de circuit; sa forme était elliptique et sa surface s'élevait graduellement vers le centre, qui ne se trouvait qu'à 18 ou 19 pieds au-dessus du niveau de la mer; il y avait, là de petites dépressions contenant des eaux bourbeuses d'où s'échappaient des gaz; la température de ces eaux était de 28"4 R. et celle de l'air de 20"ô R., suivant 31. Abich. » Le 20 juin suivant (v. st.), son élévation n'était plus que de 12 pieds, et de 6 pieds seulement vers la fin de juillet. A la fin de Tannée, elle se trouvait déjà à 2 pieds au-dessous du niveau de la mer. Elle a continué à s'enfoncer encore pendant l'année 1862, et, en janvier 1803, elle se trouvait recouverte de 12 à 15 pieds d'eau. » La région dont la mer Caspienne est le centre, ajoute l'an- ( :.i ) leur, et notamment la péninsule d'Abschéron, présentent des phénomènes volcaniques constants dans ses sources de naphthe. ses eaux minérales et gazeuses, et ses éruptions boueuses qu'ac- compagncnt parfois des éruptions ignées et des tremblements de terre, comme on l'a vu récemment, le 30 mai 1851 (sic) et le il juin 1859. » [Amer. Jour, of se., 2mc sér., t. XXXVIII, p. 118, d'après les Mondes, V, 106, /rom the Institut Imp. Geol., 18G3.) — Il y a eu, en effet, des secousses à Schemakha, le 1 1 juin 1859, mais je n'en connais aucune dans cette région à la date du 50 mai 1831 . Clarke a cependant signalé aussi , comme ayant eu lieu pen- dant l'été de cette année, une éruption du Bos Tepe, dans la mer Caspienne. (Mag. ofNat. IlisL, n° 34, p. 502, july 1853 ) — Le 50, 5 h. 50 m. du matin, à Banda, une légère secousse; horizontale de l'E. à l'O. — En mai, dans les bois situés au pied NO. du mont Kantjing, district de Madjalaja (rég. de Préanger), environ à un quart de kilomètre (paal) au S. de la solfatare de Boeliran, des indigènes ont découvert un grand nombre de mares boueuses bouillon- nantes et de solfatares d'une existence récente. Dans une de ces mares, qui a une trentaine de pieds de dia- mètre, le bouillonnement est si violent que la boue, qu'elle lance au dehors, a formé à l'entour un bourrelet d'une dizaine de pieds de hauteur. Ces mares boueuses ne sauraient être celles que le.docteur Jun- ghuhn a inarquées dans la carte de Java, sous le nom de Kuwah- Kiamis ou Kraha. Le résident-adjoint de Bandong, accompagné du contrôleur de la section nord de cette résidence et de plusieurs chefs indigènes, a fait un examen attentif de toute cette contrée, et il s'est convaincu que ces sources boueuses ou solfatares récem- ment découvertes ne sont pas celles que Junghuhn a marquées sur sa carte. Les nouvelles sont plus grandes. Juin. — Le 1er, 11 h. */4 du soir, à Padang, Priaman et Ajer- Bangies, fortes secousses simultanées, dont on n'a pas déterminé la direction. A Ajer-Bangies elles furent précédées d'une détona- tion semblable à un coup de canon et accompagnées d'un fort bruit. Le 11 , 4 h. */4 du soir, dans les hautes terres de Padang et à ( ss ) Rau, une secousse dirigée du NE. au SO. et accompagnée d'un fort bruit souterrain. Le 17, un peu avant 10 h. du matin, à Ajer-Bangies, longs mouvements ondulatoires du NE. nu SO. pendant une minute en- viron. Peu après ce tremblement, l'eau monta et baissa trois fois, de manière à faire croire qu'il y avait eu quelque zeebeving ou commotion sous-marine. — Le 5, vers 8 h. du matin, à Pakis (résid. de Krawang), tremblement sous-marin (zeebeving) ; les eaux de la Tjie-Taorern lurent fortement agitées. Plusieurs maisons en bambou furent plus ou moins endommagées. — Le 17, 9 h. 45 m. du matin, à Banda, deux secousses con- sécutives, mouvement horizontal du N. au S. — Le 22, 7 h. du soir, dans les districts de Lebak-Wangie et de Loeragong (régence de Koeningan, résid. de Chéribon), légères secousses dans une direction OSO. (sic). Le lendemain elles se sont renouvelées dans le district de Loe- ragong. — Le 25 (n. st.), 10 h. 30 m. du matin, à Chacodatc (Japon), une légère secousse. Le 25, 8 h. i/i du matin , une forte secousse qui a duré une mi- nute un quart (Dr Albrecht). Juillet. — Le 1er (n. st.), 5 h. '/2 du matin, à Chaeodate (Japon), deux secousses assez fortes qui ont duré une minute. Le 9, 1 h. du matin, une secousse légère (Dr Albrecht). — Le 4, 4 h. 1 1 m. du soir à San Francisco, une forte secousse en deux ondulations consécutives , mais distinctes. Les effets en ont été plus sensibles à l'E. de la ville dans la vallée de San-Ramon ; la terre s'est ouverte , une nouvelle source a paru. Les jours suivants , légères secousses à divers intervalles (M. Trask). J'avais indiqué le 5 , 4 h. 8 m. d'après Y Écho du Pa- cifique. M. Trask n'en mentionne pas d'autres dans l'année. — Le 10, 10 h. 15 m. du matin à Bengkoelen (Sumatra), trem- blement du SE. au NO. et de deux secondes de durée; un des pi- liers des bâtiments de l'église et de la maison d'école a été lézardé. ( 35 ) — Le 18, 8 h. 40 m. du matin, à Banda, une assez forte se- cousse horizontale de l'O. à TE. — Le 19, 4 h. 11 m. du soir, à Telok-Betong, district de Lam- pongs (cote S. de Sumatra), une légère secousse du SE. au NO. et de trois secondes de durée. On indique 4 h. du soir pour Se- mangka. Le 19 encore, 4 h. 12 m. du soir, à Buitenzorg, tremblement assez fort de 10. à l'E. et d'environ vingt secondes de durée. Le même jour, heure non indiquée, à Serang (résidence de Bantam) deux assez fortes secousses consécutives du SE. au NO. et de 8 à 10 secondes de durée. Elles ont été suivies d'éclairs. Le 20, 1 h. ^2 et 6 h. [l% du matin, puis 3 h. du soir, et le 21 , 5 h. */2 du matin, à Ternate, légères secousses du SE. au NO. A l'île de Batjan (Bachian) et à Dodingo (Djilolo) , on éprouva, en même temps, de violents tremblements dont la direction n'est pas connue. — Le 20, 5 h. du soir et le 22, midi et demi, à Menado (Cé- lèbes), secousses du SE. au NO. — Le 28, 5 h. 2 m., 4 h. % 7 h.. 9 h., 10 h. '/4 et 1 1 h. J/2 du soir, à Rau (côte 0. de Sumatra), sept secousses; les trois pre- mières légères, les autres assez fortes. Le 29, heures non indiquées, à Baroes, Sibogha et Nias, se- cousses. Août. — Le 1er, 7 h. du soir, le capitaine de la frégate anglaise Mendoza, a ressenti un fort tremblement sous-marin; il se trou- vait alors à la hauteur de Talcahuano. Vers la même époque, le commandant d'un vaisseau chilien avait annoncé qu'il avait vu une ile nouvelle à une certaine dis- tance de la côte. On lit dans le journal La Boisa de A r équipa : « Le capitaine Paterson, de la frégate chilienne Susana, nous communique d'Iquique que dans son voyage de Coronel à ce port, il a vu l'île à la lat. et à la long, indiquées par le capitaine Capurro, et qu'il a vu aussi une grande colonne de fumée s'élever de la mer. » C'est au sujet de cette ile nouvelle que le journal El Comercio de Lima, n" du 25 août, signale le tremblement ressenti par la. ( 9* ) frégate Mendûzû cl rapporte le passage de La Boisa WArequipa que je viens de citer. On n'a pas ressenti de secousse à Valparaiso le 1er août, mais on ne dit pas s'il y en a eu dans le S. du Chili. — Le 3, éruption d'un nouveau volcan dans la Cordillère, à quelques lieues des bains de Chillan. Quoique j'aie déjà parlé de ce volcan, je crois devoir rapporter encore les extraits suivants d'une lettre écrite de Chillan par un témoin oculaire : « Samedi 5 août, 7 h. du soir. — Grande lumière (ilumitiacion) sur la pente du Cerro Nevado de Chillan; les démonstrations vol- caniques, qui parurent l'an passé (ano pasado) avec de rapides éclairs, sur un assez vaste espace couvert de neige, se sont réu- nies probablement le 25 juillet (date des tremblements, fecha de (os lemhlores); cependant le mauvais temps n'a pas permis de les observer. Il paraît que les orifices distincts par lesquels, l'an der- nier, s'échappaient le feu et la fumée, se sont réunis en un seul foyer en formant un cratère d'immenses dimensions. « Le 4, 7 h. '/2 du soir. — Le volcan lance actuellement des pierres incandescentes dans toutes les directions; on dirait des boules de feu qui s'élèvent avec un éclat magnifique jusqu'au tiers de leur hauteur et forment dans leur trajet des arcs d'une magni- ficence sans égale. La clarté de la nuit, malgré l'absence de la lune, les étoiles qui brillent au ciel, la majestueuse Cordillère dont les gorges immenses et les terribles précipices bornent l'horizon, les neiges éternelles qui la couronnent, le cerro qui se dresse au mi- lieu avec des flammes resplendissantes, les campagnes fertiles qui s'étendent à sa base, les nombreux villages avec leurs églises et leurs clochers qui rappellent les tours et les temples sans nombre d'Herculanum et Pompéi, et que semble menacer un semblable destin, tout forme un tableau d'une sublime splen- deur. » Le 8. — L'éruption a continué presque sans interruption, bien qu'avec un peu plus de lenteur; sa position à 10. et les neiges qui l'environnent et sur lesquelles se réfléchissent les rayons du soleil ne permettent de voir, qu'à une heure avancée, le feu qui forme le phare de Chillan. » La proximité des bains, la position du cratère dans le cerro, ( 55 ) l'influence qu'exercent les phénomènes de ce genre sur la tempé- rature, et enfin les conséquences que pourrait avoir l'ouverture d'un autre évent volcanique, en augmentant ou en diminuant la violence des secousses de la terre, sont les sujets dont l'étude oiFre un intérêt général. » (El Comercio , de Lima, n° du 14 septembre). Dans sa lettre, que j'ai rapportée dans mon catalogue de 1 8G1 , M. Pissis ne signale qu'une petite secousse qui aurait précédé l'éruption; celle-ci n'en mentionne pas expressément pour 1 861 , mais elle en indique pour le mois de juillet de l'année précédente. Il est donc probable que cette éruption ne s'est pas passée sans secousscSjbienqueM. Philippi n'y en ait pas ressenti en mars 18G2. (Voyez plus loin son récit à cette date.) — Le 7, 1 1 h. du matin et le 8, 7 h. 25 m. du matin, à Ter- nate, secousses horizontales dont on ne donne pas la direction. — Le 8, 7 h. du soir; le 9, même heure et le 17, 9 h. */2 du soir, à Manado (Célèbes), secousses horizontales du SE. au NO. Celle du 9 a été la plus longue et la plus forte. — Le M, 9 h. 45 m. du soir, à Bengkoelen (Sumatra), deux secousses verticales, consécutives et de cinq secondes de durée. — Le 25 (n. st.), 7 h. */a (^u smr5 'à Chacodate (Japon), une légère secousse (Dr Albrecht). — Nuit du 24 au 25, à Port-de-France (Nouvelle-Calédonie), une secousse douteuse. « Depuis 1853 jusqu'en 4863, dit M. Adam Kulczycki, direc- teur de l'observatoire de la colonie, on n'a ressenti aucun trem- blement de terre bien constaté. Dans cet intervalle, il y a seule- ment à noter l'apparence d'une secousse qui, dans la nuit du 24 au 25 août 1801 , a fait arrêter ma pendule, mais qui n'a été autrement remarquée par personne. » (Voyez au 15 août 1865.) — Le 26, 1 h. 4/2 du soir, dans la division de Galoe (résid. de Chéribon) , une légère secousse du SE au NO. et de cinq secondes de durée. — Le 30, 1 h. 45 m. du malin, à Banda, une assez forte secousse horizontale de SE. au NO. Septembre. — Le 6, 2 h. 40 m. du soir, à Batoe, division de Malang (résid. de Pasocroean), fortes secousses du S. au N. ( 8») — Le 7, vers 11 h. du soir, dans la division de Soekapoera (rég. de Préanger), plusieurs secousses consécutives, de 10. à FE. Dans la nuit du 7, 11 h. 5 m. (sic), dans la division de Galoe (résid. de Chéribon), deux fortes secousses consécutives, de FE, à 1*0. et de quatre à cinq secondes de durée. — Le la, 7 h. '/s du matin et le 22, 4 h. '/8 du matin, à Ma- nado (Célèbes), légères secousses horizontales, du SE. au NO. — Le 20, heure non indiquée, à Padang, une assez forte secousse avec mouvement ondulatoire, du N. au S. Le 25, 1 h. '/« du soir, à Padang et à Priaman, fort tremblement ondulatoire, de FE. à 10. et de plusieurs secondes de durée. A Solok (treize kottas), et à Lolo (neuf kottas), il a duré quatre secondes et y a été suivi de deux secousses légères. Fort de Kock Fa aussi ressenti. A Indrapoera, il a été accompagné d'un zeebeving (tremblement de mer); Feau a été tellement agitée et s'est élevée si haut qu'elle a causé quelques dégâts sur le rivage; des barques et quelques petites maisons ont été emportées. La rivière s'est formée une seconde embouchure. Le 28, 1 h. 10 m. du soir, à Bengkoclen (Sumatra), deux secousses verticales dans un intervalle de huit à dix secondes. — Le 28 encore, 5 h. 10 m. du soir, à Lima, deux secousses assez fortes et assez longues. Temps nuageux, brise fraîche (El Corner cio du 28 septembre). — Vers la fin de septembre on entendait encore à Massouah (côte occidentale de la mer Rouge), les détonations provenant du Djebel Dubbeh qui avait fait éruption dans la nuit du 7 mai précédent. M. Barroni, qui avait envoyé des habitants du pays examiner la montagne, écrivait le G octobre à M. Th. von Heuglin : « Je vous adresse quelques échantillons des matières vomies par le nouveau volcan; ils m'ont été rapportés par un homme que j'avais chargé d'aller examiner le cratère. Ce cratère se trouve à dix lieues (tien Stunden) d'Ahed (Edd), sur un plateau à trois lieues au-dessus du niveau de la mer. » Ces échantillons, dit M. d'Heu- glin, sont légers, de nature ponceuse, d'un noir-gris, très-poreux, peu durs et très- friables, sans odeur ni saveur; ils contiennent quelques parties métalliques mélangées qui ressemblent à des ( S7 ) pyrites. Je ne connais rien de semblable aux environs d'Eau1, ajoute M. von dHeuglin et, autant que j'ai pu le voir de la côte, le bord de la mer Rouge se relie, du côté de l'Afrique, au plateau Abyssin, par une chaîne de montagnes; tous les lieux que j'ai visités, d'Adulé à Bab-el-Mandeb, sont exclusivement composés de lave et de traehyte ; celte chaîne ne s'étend pas très-loin (à cinq milles au plus) dans l'intérieur, et la chaîne parallèle, qui forme la pente orientale du plateau d'Abyssinic , se trouve à une distance de beaucoup supérieure à celle (de dix lieues) qu'on indique (Pe- termann's Mitlheilungen , 1862, p. 25). Octobre. — Le il , 4 h. s/4 du matin, à Beloe (île Bima), trois fortes secousses, de PE. à 10., à des intervalles d'une demi- mi- nute. Elles ont duré chacune environ 15 secondes. — Le 18, entre 5 et 4 h. du soir, à l'île Tello (Batoe Eilanden , côte 0. de Sumatra) deux assez fortes secousses du NO. au SE. A Ajer-Bangies, même datc/fc/ç,', faible tremblement. Le 21 , vers 8 h. du soir à Padang, Priaman, Ajer-Bangies et Paja-Kombo, tremblement assez violent de PE. à PO. et d'en- viron une minute de durée. A Ajer-Bangies, il a été suivi d'un choc vertical excessivement fort. Vers 5 h. il y avait eu une violente tempête de NO. qui avait duré une demi-heure et avait été suivie de pluie. Dans toutes les hautes terres de Padang, comme aux îles Batoe, ce tremblement a été d'une grande violence et a duré trois mi- nutes. A l'île Tello, il a fait sonner une cloche. Le 24, 11 h. du matin, et le 25, 5 h. du soir à Ajer-Bangies, secousses médiocres du NO. au SE., précédées et accompagnées d'un fort bruit souterrain. On ne dit pas qu'on les ait ressenties à Tello. Mais le 24, il y a paru, près du grand chemin, une source nouvelle qui donne une excellente eau potable. — Le 21 (n. st.), 2 h. '/a du matin, à Chacodate (Japon), trem- blement qui a duré trois minutes et demie. Le 30, 2 h. '/s du soir, une secousse légère. La veille, il était tombé de la neige sur le volcan Kumakatake et sur les cimes NE. des montagnes (Dr Albrccht). Le journal du docteur ne signale aucun indice d'activité dans ce volcan. ( 58 ) — Le 27, 9 h. du matin, à Plaboean (Wijnkoopbaai, régence de Préanger), une secousse du S. au N. Novembre. — Le 1er, M. l'ingénieur Siemscn a fait une visite au nouveau volcan de Chillan, dont l'éruption avait commencé le 5 août précédent. « Je suis parti des bains de Chillan , dit-il dans une lettre à M. Philippi, le 1" novembre à 8 h. du matin. Il était tombé, 12 jours auparavant, une neige qui avait deux ou trois pieds d'épaisseur et qui rendait la marche très-difficile. Entre l'ancien volcan (volcan Viéjo), le Cerro blanco et le Cerro negro s'étend un champ de glace d'environ trois lieues de long de l'E. à 1 0. et de 1/2 à 3/4 de lieue de large. Ce n'est qu'après une montée très-difficile et qui n'a pas exigé moins de deux heures que j'ai atteint une crête qui se trouve entre le Cerro blanco et le Cerro negro, et derrière laquelle je voyais s'élever de temps en temps la fumée du volcan. Parvenu sur cette espèce de selle, vers 2 h. de l'après-midi, je fus très -étonné de ne pas me trouver auprès du volcan dont la position me parut être au pied occiden- tal du Cerro blanco. Pour arriver au volcan, il me fallut me diri- ger à 10. du Cerro blanco, sur une pente difficile, couverte de cendres et de matières volcaniques qui me forcèrent à faire de nombreux détours. Ces matières meubles (que l'auteur appelle des cailloux) roulaient sous les pieds et rendaient la marche ex- trêmement pénible. Ce ne fut qu'après une grande heure que je pus ainsi atteindre un point assez rapproché du volcan, à envi- ron quatre cuadras (1800 pieds) au SE. et à cent pieds à peu près au-dessus du cratère. De là, je pus en observer et en admi- rer les éruptions. J'évaluai le diamètre du cratère à 50 varas (50 mètres environ). Les principales décharges du volcan se suc- cédaient de 5 en 5 minutes à peu près, les scories et les pierres' étaient alors projetées à une hauteur de trois cents pieds au-des- sus de l'orifice, tandis que dans les intervalles de repos relatif , elles n'atteignaient pas plus de cent pieds. Elles étaient d'un rouge incandescent, s'élevaient verticalement et retombaient dans le cratère. Quelques-unes , qui retombaient sur le bord, avaient formé une élévation de 10 à 12 pieds, qui semblait incan- descente, tan! que durait la pluie de feu. Deux ou trois heures i . lisez minutes, avant les grandes éruptions, il se faisait «n calme subit, puis il s'échappait du cratère un fracas épouvanta- bit-: il s'en élevait une eolonne de famée dense, d'un diamètre égal à celui du cratère et d'une centaine de pied- de hauteur, avec des explosions latérales semblables aux décharges d'une frégate, jus- qu'à ce que les masses de vapeur etdcfurnécatteignissent une hau- teur de 300 piedset s'étendissent, eu se courbant, àquatre madras nu même plus du cratère, avec des bruits qui ressemblaient alors y des feux de pelotons. Cette observation, que les matières proje- tées retombaient au >\, m'a fait penser que le canal du cra- tère n'était pas vertical, mai- incliné vers le nord. Car. le jour de ma visite, l'atmosphère était calme, il ne faisait pas le moindre vent, et par conséquent linclinaison de la colonne vers le nord n'était pas due à un courant d'air. A l'O. du bord du cratère s'élève une petite colline en forme de cône tronqué, d'environ 80 pieds au-dessus du cratère : elle présente dans la moitié de sa hauteur une fente verticale, causée probablement par la première explosion du volcan. Au pied 0. de cette colline, à environ deux cents pieds au-dessous du bord du cratère, s'étend, en s'abaissant ver- le N., une petite vallée de glace d^ns laquelle -e montre la lave sur une distance horizontale de cinq cuadras -22-jU pieds] à peu près du cratère. Le courant de lave et la glace présentent des creva— es d'aspect fantastique dues probablement aux forces volcaniques. Cette vallée parait offrir un passage tres- dangereux, sinon impossible. Après une demi-heure d'observa- tion, je quittai l'endroit que j'avais tres-heureusement choisi, et je me rapprochai du cratère jusqu'à 1 i t ou "1 cuadras de dis- tance du coté du S. Mais le sol était si chaud que je ne pouvais rester en repos au rnérne endroit. Je \is retomber, très-prèj moi. d'énormes scories incandescentes et je ne jugeai pas qu'il fut prudent de me rapprocher davantage du a qui d'ailleurs eut été saris intérêt. Je quittai le voisinage du volcan a i h. et ne rentrai à rétablissement des bains qu'a 7 h., aptes une excursion pénible et non sans danger, i PefensMmst's MiltheUungen, 1 805. pp. -2ô'j--2-j7 . M. Siern-en ne dit pas qu'il ait senti trembler la terre dan- le ( 60 ) voisinage du volcan. Nous verrons plus loin que M. Philippi n'a pas ressenti non plus le moindre frémissement du sol pendant l'excursion qu'il a faite à ce volcan, du 1er au 3 mars 1862. — Le 8 et le 9, à Kremnitz (Hongrie), légères secousses du NO. au SE., pas de bruit. On n'a rien remarqué dans les mines (J. et F., p. *n — Le 9, M h. !/4 du soir et le 12, 2 h. V8 du soir, à Ternate, une légère secousse horizontale. — Le 11 (n. st.), 5 h. !/a du matin, à Chacodate (Japon), deux secousses de deux secondes de durée totale; la première assez forte. Le 19, 8 h. du malin, deux secousses d'une durée totale de deux secondes et demie; la deuxième assez forte. Le 26, le volcan et les cimes voisines étaient couverts de neige. (Dr Albrecht). — Le 1 6, 6 h. 40 m. du soir, à Tjie-Andjoer (régence de Préan- ger), une forte secousse, suivie à G h. 50 m. et à 8 h. 50 m. de- légères secousses dans la direction du N. au S. Le 22, 4 h. V2 du matin, nouvelles secousses semblables. Le 28, 2 h. l!-2 du soir, à Manoendjaja (même régence), une assez forte secousse du S. au N. et de 5 secondes de durée. Le 29, 5 h. 5 m. du matin, à Tjie-Andjoer, mouvement ondula- toire, suivi, vers 5 h. du soir, d'une assez forte secousse du N. au S. — Le 16 encore, 6 h. 48 m. du soir, à Buitcnzorg, une assez forte secousse de TE. à l'O. et de 4 à 5 secondes de durée. Elle a été suivie d'une deuxième dont l'heure n'est pas indiquée. A 9 h. une troisième secousse horizontale, plus courte que les deux autres. La première a été la plus forte. Le 22, une courte secousse assez forte dont on n'a pas pu déter- miner la direction. Le 23, 10 h. du matin, une assez forte secousse du N. au S. Le 28, 1 1 h. 58 minutes du matin, une faible secousse verticale qui na duré qu'une seconde. A 2 h. 59 m. du soir, une assez forte secousse horizontale du S. au N. — Le 17, vers 9 h. du soir à Barocs (côte 0. de Sumatra), tremblement qui a duré une demi-minute. ( «i ) Dans le même moment, à eimj milles allemands de Ilog-lsland (Poeloc Babie), le commandant L. J. Kloppenfourg, du navire le Soetan Ishander (N. I., Darkschip), a éprouvé un tremblement sous-marin, qui a duré une minute. Nuit du 19, vers 1 h. l/a du matin (sic), à Bengkoelen (Sumatra) deux secousses consécutives qui ont duré 12 à 15 secondes; mou- vement vertical avec bruit souterrain. Le 22, vers 6 h. {k du soir, bruit semblable sans mouvement du sol. Le 25, vers 1 b. du matin, à Padang, une secousse vertieale assez forte. Dans les divisions de Mandbeling et de ïapanoelie, même heure, une faible secousse de six secondes de durée. — Le 20, on écrivait d'Arauco (Chili) : « Le Rio Nubie charrie les cendres du volcan. Depuis quelques jours ses eaux en sont tel- lement chargées qu'on ne peut les employer à aucun usage. Les poissons en sont morts; on en voit des monceaux accumulés sur les bords. » (El Comercio de Lima, n° du 25 décembre 4861). On ne signale pas d'éruption; le volcan n'est pas nommé: la carte de M. Gilliss n'en marque aucun dans le voisinage d'Arauco. — Le 24, 5 h. 15 m. du matin, à Banda, une violente tempête du SE., qui a duré une demi -heure. M. Reiche, qui cite cette tempête dans sa liste des tremblements de terre, ne mentionne pas de secousse à Banda, ce jour-là. — Le 25, vers minuit (sic), et le 27, midi, à Ma.nado (Célèbes), secousses horizontales assez fortes, mais très-courtes du SE. au NO. — Le 28, 5 h. 15 m. du soir, dans la division de Galoe (rési- dence de Chéribon), deux fortes secousses du SE. au NO. , et de trois secondes de durée. Décembre. — Le 1 1 , (n. st.), 7 h. !/2du soir, à Chacodate (Japon), une légère secousse, la dernière mentionnée dans les observations du Dr Albrecht qui signale de la neige sur le volcan Kumakalake et les montagnes voisines à la date du 5. — Le 14, minuit (12 h. de nuit), à Banda, une forte secousse horizontale de l'O à l'E. , suivie immédiatement de plusieurs se- cousses légères. 1 02 ) Le 22, 10 h. 19 m. du soir, une légère secousse horizontale du N. au S. Le 29, 4 h. 50 m. du soir, une faible secousse horizontale de TE. à l'O. — Le U5, 4 h. lk du soir, à Tacna (Pérou), un fort tremble- ment. {El Comercio du 25 décembre.) — Le 18, vers 4 h. du soir, à Padang, court mais fort tremble- ment du SO. au NE. — Le 18 encore, dans les environs de Deuchoza, comitat de Harany (Hongrie), assez fortes secousses ondulatoires du N. au S. (M. Soechting, /. c). — Le 28, vers 9 h. '/â du soir, à Ternate, légères trépidations (Irlllingen) horizontales. Le ôl , 9 h. du soir, trépidations verticales. — Dans la nuit du 28 au 29; éruption du volcan de l'île de Makian. Pendant toute cette nuit on entendit constamment à Ternate, du côté du SE., des détonations semblables à des décharges d'artillerie ou à des roulements de tonnerre dans le lointain. Le 29, à G h. */2 du matin, par un ciel serein et une brise très- faible du SSE., il commença à tomber, à Ternate, une pluie de cendre très-fine qui augmenta d'heure en heure , pendant que l'nlmosphère de plus en plus chargée prit une teinte d'un gris rongea tre. A cette pluie de cendre succéda, entre 6 et 7 h. du soir, un petit orage du NO. qui ne donna qu'une faible quantité d'eau. Les déto- nations duraient toujours; on ne dit pas qu'elles aient augmenté, mais on en a signalé ailleurs précisément au moment de cet orage. Le 29, vers 6 h. du soir, à Manado (île de Célèbes), on entendit un bruit semblable à celui du canon, il venait de l'E.; il fut à peu près continuel jusqu'à 41 h., et se renouvela par intervalles, jus- que 10 h, du matin, le lendemain. De Kema et de Ratahan (résidence de Manado), on aperçut des ravons lumineux qui illuminaient l'horizon oriental. L'heure n'est pas indiquée. Le 29 encore, vers 7 h. du soir, à Amboine, une légère secousse ( 63 ) venant du NNO. Rendant 1 après-midi, on y avait déjà entendu de fortes détonations provenant de J;i même direction et semblables à des coups de canon. Le même jour, 7 h. 38 m. du soir, à l'île de Banda, et dans la résidence, commencement de détonations semblables à des dé- charges d'artillerie; elles paraissaient venir de l'O. et se répé- tèrent à divers intervalles jusqu'au lendemain 5 h. du matin. On les entendit aussi à l'île de Aï, ainsi qu'à bord d'un navire qui se trouvait dans le voisinage d'Amboine. Cette cendre, tombée à Ternate et ces détonations, entendues sur divers points de l'archipel indien, provenaient d'une éruption qui avait eu lieu dans l'île de Makian et qui paraît avoir commencé dans la nuit du 28 au 29. Revenons à Ternate. De 9 h. {h à 10 h. {h du soir, le 29 encore, il y eut un nouvel orage du SSE. ; il tomba peu d'eau, mais elle était mélangée de terre et l'atmosphère était fortement chargée de vapeurs sulfureuses. Après cet orage , la pluie de cendre recommença et dura toute la nuit; elle produisit une obscurité si grande qu'on ne pouvait rien distinguer hors des maisons. Les détonations qu'on entendait presque sans cesse, depuis la nuit précédente, se répétèrent en- core pendant toute celle-ci. Le 50 au matin, on trouva tous les objets extérieurs couverts d'une couche de cendre et de sable grisâtre de deux à trois pouces hollandais d'épaisseur, et quoiqu'il soufflât un léger vent du NE., le soleil ne parut, au commencement de la matinée, qu'à travers une masse de nuages d'un rouge grisâtre ; le vent tomba rapidement, l'air devint tout à fait calme et pendant que la pluie de cendre continua à tomber sans interruption les nuages devin- rent plus grands et plus compactes. Une masse de nuages d'un rouge noirâtre se mouvait lentement du S. au N. et devenait plus sombre d'heure en heure. A midi, l'obscurité était telle qu'il était impossible de lire en plein air; à \ h., on n'apercevait plus , comme avant le lever du soleil, qu'une lueur crépusculaire au NE. à travers quelques nuages blancs que traversait encore un peu de lumière. ( 64 ) Cette lueur s'amoindrit peu à peu, de manière qu à 5 h. {k du soir, tout était sombre et qu'on ne pouvait rien distinguer; la pluie de cendre dura tout le jour sans aucune interruption et l'on entendit constamment dans le lointain le bruit. qu'on prenait pour des roulements de tonnerre ou des décharges d'artil- lerie. Ces détonations continuaient aussi dans la résidence de Manado (île de Célèbes), accompagnées d'une pluie de cendre qui com- mença le 50 au matin, dura 56 heures et tomba sur tout le Mina- liassa. On en entendit aussi à Amboine, pendant la matinée, ainsi qu'à Banda, mais on ne dit pas que la pluie de cendre se soit étendue jusque sur ces deux îles. De 4 5/4 à G h. du soir, nouvel orage violent à Ternate; il vint d'abord du S. puis de l'O. et enfin du N.; l'eau qui tomba était mélangée de sable. Pendant cet orage, vers 5 h. V2 , la lueur crépusculaire reparut ; on aperçut dans le NE. quelques nuages d'un blanc rougcàtre qui donnaient passage à la lumière; le vent était toujours à peu près insensible. Dans le reste de la soirée et la nuit suivante, des pluies de sable et de cendre tombèrent alternativement; à minuit, le cielséclair- cit vers le N., et à 1 h. du matin le 51, une seule étoile se montra par intervalles. La couche de sable et de cendre, qui recouvrait tous les objets, était si épaisse que les plus fortes branches des arbres furent rompues; on entendait les arbres craquer sous le poids. Dans la matinée du 51 , la pluie de cendre diminua graduelle- ment; elle ne tomba plus que par places et sur des espaces très- restreints. A 7 h. du matin commença à souffler modérément un vent du NE. qui fit cesser la pluie de cendre; seulement on voyait encore dans le S. une masse sombre de nuages d'une teinte d'un gris rougeàtre. Tels sont les phénomènes qu'avec juste raison on a rapportés à féruption du volcan de l'île de Makian, situé à sept milles géo- graphiques dans le S. de Ternate. Il reposait depuis 1781. ( 65 ) Par des rapports venus de cette ile, on a appris que deux jours avant l'éruption, la montagne avait tremblé et fait entendre des grondements si formidables que beaucoup d'habitants s'étaient enfuis dans les îles voisines. Ensuite, la montagne a crevé (s'est, dit-on, fendue en trois), et a vomi, dans toutes les directions, une grande quantité de lave, de cendre et de sable qui ont enseveli quinze villages (negorijen), plus ou moins complètement. Environ trois cents personnes ont perdu la vie. Des 6000 habitants qui s'y trouvaient, la plupart ont abandonné cette île désolée et beaucoup ont trouvé leur tombeau dans les vagues. La belle ile de 3Iakian, regardée comme le jardin et le grenier de Ternate, est complètement dévastée; d'épais nuages de fumée se dégagent encore du cratère '; des courants de lave continuent à s'en échapper; l'approche de la montagne est impossible. Tidore et Djilolo ont aussi été couvertes de masses de cendres et de sables sous le poids desquels 75 habitations se sont écroulées. De nombreuses plantations y^ont anéanties. — Le 29, vers 7 h. du soir, à Amboine, une légère secousse venant du NNO. C'est la seule que je trouve mentionnée pour cette année. On y signale une marée extraordinaire au commencement de mars, la tète du pont fut emportée; l'eau monta à une hauteur de six pieds dans beaucoup de maisons. — (Sans date mensuelle). Dans le voisinage de Soerlojo, district de Sawangan (résidence de Penkalongan , Java), éboulement ou glissement de terrain, qui a causé de grands dommages. Les dé- bris couvraient un espace de 150 pieds de long et de 40 de large, sur une épaisseur de 60 à 70 pieds. — Dans les mois d'été 1861, à Irkutsk, tremblement si léger que la plupart des habitants ne s'en aperçurent pas. Il est cité au commencement de l'article que je rapporte plus loin, au 1 1 jan- vier 1862. 1 Tous ces détails se trouvent dans une note de M. Reiche, sur les tremble- ments de terre ressentis dans l'archipel indien en 1861. Cette note n'est pas datée; elle a paru, en 1863, dans le t. XXV du Natuurkundig Tijâschrtft, publié à Batavia. Tome XVII. S ( «6) 1862. Janvier. — Le 1er, vers 2 h. du soir, à Fellach (Carinthie), une première secousse. Le 9, midi et demi, une petite secousse. Le 1C, 10 h. du soir et le 18, 1 h. du matin, deux nouvelles et dernières secousses (J. et F.). — Le 5, 8 h. 45 m. du matin, à Wiltcn (Tyrol), tremblement assez fort (J. et F.). — Le 7, 6 h. du matin et 1 0 m. après, à Zug (Suisse), secousses du SE. au NO. (Siegfried, Vierteljahrss. d.zur. naturf. Gesells., VIIIste J., p. 218; 1865.) — Vers minuit, du 7 au 8, à Kremnitz (Hongrie), une première secousse, remarquée dans les mines, au puits Ludovica. A 4 h. ik du matin, une deuxième secousse avec éclats semblables au ton- nerre. Les ouvriers ont entendu craquer les parois comme si tout allait s'écrouler im alten Erbslollen des Schraemenganges. A 8 h. du matin, une troisième secousse. On n'a rien remarqué dans les environs jusqu'à Stiibnerbad. Le thermomètre et le baromètre n'ont éprouvé aucun changement. (J. et F., p. 48.) — Le 9 (n. st.), 1 h. *k du matin, à Chacodate (Japon), deux légères secousses. Le 14, 11 h. du matin, une légère secousse. Le 27, 7 h. 15 m. du soir, une légère secousse-. (Dr Albrecht, Corresp. mètèor. de M. Knpffer, Annales de l'observ. phys. cen- tral, année 1861.) — Le 9, midi un quart, à Klagenfurt (Carinthie), une légère secousse verticale. A 7 h., une deuxième secousse plus légère. Le 12, à 4 h. du soir, une nouvelle secousse légère. Le 14,4 h. 50 m. du soir, une quatrième secousse. Le 18 au matin, une forte et longue secousse ondulatoire avec bruit. (J. et F.) — Dans ces observations, il n'est pas parlé du 10, pour lequel M. Boue m'avait indiqué de faibles secousses que j'ai mentionnées dans mon dernier catalogue. — Le 9 encore, 5 h. 5/4 du soir, à Ellbogen (Bohème) , tremble- ment de trois secondes de durée ; il se composa de deux secousses consécutives accompagnées d'un roulement semblable au ton- nerre ; les portes et les fenêtres vibrèrent. Direction du NNE. au ( «7) SSO. ; ce qui s'accorde bien (sic)'? avec Leipzig (SE. -NO.), et Piirg- litz (NO.-SE.). Le centre du cercle d'ébranlement doit avoir été dans les environs de Chemnitz. (J. et F.) — J'ai cité de nom- breuses localités dans mon catalogue de l'année dernière. — Le 10 (le 29 décembre, v. st.), dans la soirée, sur la rive orientale du Baikal, chez les Bouriates, une première secousse si peu intense qu'elle ne fut pas remarquée de tout le monde. (Voy. plus loin le rapport de la commission, présidée par M. Sgibnef.) Le 11 et le 12 (le 30 et le 51 décembre 1861, v. st.), à Ir- kutsk (Sibérie), tremblements sur lesquels j'ai déjà donné des détails dans mon dernier catalogue. J'ai publié le journal des se- cousses ressenties à Sselenginsk jusqu'au 8 mars suivant et décrit les effets remarquables qu'elles ont produits sur la rive orientale du lac Baikal. Voici la relation des secousses ressenties à Irkoutsk , non loin de la rive occidentale du même lac. Elle a été publiée dans le n° 1 de la Gazette Amour et reproduite dans le n° 2, pp. 591-594, du Journal des mines de Russie, année 1862 * : « Le tremblement de terre commença le 30 décembre (v. st.), à 4 h. 55 m. du soir. Tout d'abord, on ressentit très-distinctement le mouvement. A la suite eut lieu une secousse assez forte et pro- longée. Nous nous trouvions alors dans une maison à un seul étage, construite en bois, et assez ancienne. L'ébranlement du plafond, de la muraille et du sol était manifeste. Le tout dura bien une minute. Nous crûmes remarquer que le mouvement avait une direction verticale. On dit que cette première secousse mal- traita assez gravement certains bâtiments à deux étages et en pierre. Dans beaucoup de maisons, les cheminées eurent à souf- frir; les unes furent crevassées, les autres s'écroulèrent. Dans le bâtiment de la bibliothèque, un des poêles éprouva des cre- vasses, ce qui empêcha de le chauffer le lendemain; il se mani- festa aussi des fentes dans le mur. inférieur du bâtiment dans lequel est placée l'école des femmes. 1 Je dois le numéro cité à la gracieuse et généreuse bienveillance de M. de Khanikof, qui me l'a envoyé avec d'autres volumes russes pour ma collection sélsmique. C'est encore M. Brullé, mon collègue, qui a bien voulu me traduire relie relation, comme celles que j'ai déjà publiées. (08 ) » Dans la soirée du même jour et dans la nuit du 31 dé- cembre, il y eut encore quelques secousses, sur lesquelles nous n'avons aucun détail à communiquer. L'un dit qu'il y en a eu trois, l'autre qu'il y en a eu quatre. Tous sont d'accord sur ce fait, qu'elles furent beaucoup plus faibles que la première. » Le 51 décembre, nous nous trouvions dans la maison même dans laquelle nous avions éprouvé la première secousse. Environ vers 5 h. de l'après-midi, il se produisit une nouvelle secousse. Il nous est impossible de préciser le temps. Notre premier mouve- ment fut de nous précipiter dans la rue, mais le second fut de nous saisir d'une montre. Elle était arrêtée, soit avant la secousse, soit après; c'est ce qui n'est pas certain. Toutefois, elle marquait 5 h. 55 m. A l'égard de la force de la secousse, tout ce que nous pouvons dire, c'est qu'elle fut terrible. Le bâtiment paraît avoir été ébranlé jusque dans ses fondements, et un craquement des murailles, qui s'étendaient du côté de la rue et se dirigeaient vers le N. , fut si violent et ressemblait tellement à l'annonce d'une chute prochaine, que nous nous rejetâmes involontairement loin des murailles dont nous nous trouvions assez rapprochés. La secousse ou l'ébranlement se prolongea vraisemblablement au delà de deux minutes. Les gens, qui se trouvaient en ce moment sur la porte, assurent avoir vu distinctement les secousses verticales du sol et des bâtiments situés dans la cour. Un témoin oculaire, placé pen- dant ce temps à une fenêtre en face de la tour d'un quartier, raconte que les oscillations de la tour étaient très-visibles et qu'elles ont duré encore assez longtemps après la secousse. Un paysan du village de Podgorodno-Jilkinsk dit qu'il vit osciller les murs du monastère de Saint-Innocent, puis tomber, au grand effroi de ceux qui en étaient témoins. Un porteur d'eau, qui était allé puiser de l'eau dans l'Angara, rentrait chez lui épouvanté et racontait qu'il avait été assourdi par le craquement subit de la glace, et que l'eau, sortant par les crevasses, avait failli l'en- traîner. » On a remarqué que, pendant la secousse, toutes les son- nettes d'une maison avaient résonné; dans une autre, ce fut l'orgue, quoiqu'il n'eût pas été touché depuis plusieurs années, ( 09 ) qui rendit quelques sons mélodieux , lesquels , à la vérité, n'étaient pas tout à fait en harmonie avec le bruit de la vaisselle qui tom- bait. Dans le clocher de Kharlampief, la cloche retentit; les hor- loges s'arrêtèrent dans quelques édifices; dans la bibliothèque, les armoires s'ouvrirent. » La secousse dont nous avons parlé fut suivie, comme on pou- vait s'y attendre, de conséquences regrettables. Elles se manifes- tèrent en particulier dans les églises, par suite de leur élévation au-dessus du sol. Dans l'église de l'Annonciation, la croix fut ren- versée complètement et tomba à terre. Dans l'église de la Croix , la coupole et la croix furent renversées. Dans les églises de Khar- lampief et de Tikhvine, les croix furent brisées; dans plusieurs autres, elles furent déviées. Dans celle de Vladimir, un lustre pesant tomba et endommagea l'iconostase. Les personnes qui se trouvaient au second étage des maisons en pierre eurent surtout à souffrir. Il est difficile de compter tous les accidents. Nous men- tionnerons seulement les bâtiments de la pharmacie de la cou- ronne, du gymnase et de l'école des femmes. » Dans le cours de l'après-midi du 51 décembre (v. st.), nous observâmes personnellement jusqu'à six secousses de force iné- gale , se succédant l'une après l'autre. Il est digne de remarque , et nous aurions désiré que l'on pût démentir ou confirmer nos observations personnelles, à savoir que les secousses avaient en quelque sorte une direction différente. Du moins, dans la maison où nous étions, les secousses ont été ressenties, l'une d'un côté, se dirigeant vers le sud, l'autre d'un autre côté se dirigeant vers le nord, et cela de telle manière que ceux qui étaient assis du côté du nord ne ressentaient pas la secousse aussi manifestement que ceux qui étaient placés au midi , et par conséquent ceux qui étaient placés au midi ne ressentaient pas la secousse qui était manifeste du côté du nord. » Dans la nuit du 1er janvier (v. st.), il se produisit encore deux secousses, l'une à 2 h. {h après minuit, l'autre environ vers 4 h. ; ces deux secousses, et la dernière en particulier, furent assez fortes. Puis, dans la journée du 1er janvier et dans la nuit du 2, il y eut encore quelques secousses à peine sensibles. Par un très- ( ™ ) grand bonheur, nous n'entendîmes parler que de deux cas de blessures, l'une, par suite de la chute d'un enduit, l'autre occa- sionnée par l'écroulement d'un poêle, et ces deux blessures n'eu- rent pas de suites fâcheuses. » Quant aux environs d'Irkoutsk, tout ce que nous savons d'une manière certaine, c'est que le tremblement de terre fut ressenti à peu près dans toutes les directions, et en particulier à Kimilta, à Kamenke , à Katchuge et à Jegalof. » Les effets du tremblement de terre sur les animaux, autant que nous avons pu le remarquer, se réduisent à ceci : Un chien , qui essayait de se sauver, chancelait comme s'il était ivre; toute la journée qui suivit, il était comme fou; la nuit il aboyait pen- dant les secousses. Un cheval, attaché près de la porte, hennis- sait et frappait du pied. Un autre cheval, qui courait, tomba sur les genoux, puis sur le côté. » L'autorité religieuse organisa une procession qui fit le tour de la ville, avec les formes et les prières d'usage, le 1er janvier. 11 va de soi que les réjouissances, qui avaient été préparées à la veille du nouvel an, furent supprimées. » M. Chtoukine, membre actif de la Société géographique de Russie, a aussi publié, dans le recueil de cette société, une notice ayant pour titre : Enumèration des tremblements de terre qui ont eu lieu à Irkoutsk en 1862. En voici la traduction complète, que je dois encore à mon collègue, M. Aug. Brullé. J'y ajoute, entre parenthèses , les corrections relatives au calendrier. « Les derniers jours de 48G1 furent signalés par des tremble- ments de terre extraordinaires. Le 50 décembre, il y eut cinq secousses, à la vérité inoffensives; mais le 51 , à 2 h. après midi, la terre trembla si fort que, dans les clochers , les petites cloches elles-mêmes sonnèrent; que, dans trois églises, les croix furent renversées; dans les maisons de pierre et dans les églises, il se produisit des crevasses, et, du côté du Baikal, vers les bouches de la rivière Selenga, la contrée fut affaissée. Le Baikal, ébranlé sous la glace par le mouvement des eaux, brisa la glace le long du rivage, fit irruption, et inonda les endroits bas sur une lon- gueur de plus de trente verstes et une largeur de dix-huit; il périt (71 ) à cette occasion beaucoup de bétail et même trois hommes. Ce jour-là, il y eut à Irkousk sept secousses peu importantes, outre la première. » Le jour de la nouvelle année 1862 (15 janvier, n. st.), la na- ture gratifia la ville d'Irkoutsk de quatre secousses peu impor- tantes , quoique manifestes. » La journée du 2 (14) se passa tranquillement. » Le 5 (15), à 10 h. du soir, il y eut une forte secousse. » Le 5 (17), deux secousses assez fortes. » Le G (18), une secousse assez légère. » Le 7 (19), il y eut trois secousses. » Le 9 (21), à 1 h. après midi, une secousse très-légère, comme un léger frémissement, sensible cependant pour tout le monde. » Le 12 (24), à 1 h. du matin, une secousse assez sensible. » Les 14, 15, 16 et 17 (du 26 au 29), une seule secousse chaque jour. » Il y eut de semblables secousses le 20, le 22, le 25, le 27 et le 29 (c'est-à-dire le 1er, le 5 , le 6, le 8 et le 10 février, n. st.). » En sorte que, dans le mois de janvier, il y eut vingt-trois trem- blements de terre l. » Dans le mois de février il y eut des tremblements de terre le 4, le 8, le 11 , le 22 et le 28 2, qui furent très-légers à l'excep- tion de celui du 8. » En mars il n'y eut pas un seul tremblement de terre et l'on pensait que l'activité souterraine était épuisée, lorsque tout à coup, le 1er avril (le 13, n. st.), à 6 h. du matin, le sol d'Irkoutsk s'ébranla. * Parmi les notes que m'a envoyées M. Osten-Sacken se trouve un frag- ment du Journal de SLPélersbourg contenant l'article suivant : — « Le 30 janvier, à 5 h. du soir, un tremblement de terre a été observé à Irkoutsk. C'est le trente-septième que l'on a constaté dans ces contrées depuis le 50 dé- cembre 1861 {Abeille du Nord). » M. Osten-Sacken a écrit à côté : « 1862 (?). J'ai trouvé cette petite feuille parmi mes papiers, mais je ne suis pas bien sur si c'est de 1862 ou de 1863. » Je donne ici la notice entière de M. Cbtoukiuepour ne pas couper son récit. (A. P.) 2 C'est-à-dire le 16, le 20, le 25 février, le 6 et le 12 mars (n. st.) ( 72) » Le 4 (1G) avril ,il y eut deux secousses médiocres. » Le mois de mai et la première moitié de juin se passèrent tranquillement. » Le 17 et le 18 juin (le 29 et le 50, n. st.), on ressentit deux secousses bien distinctes. » En juillet, il n'y eut de tremblement de terre que le 1 2 (le 24) seulement. » Depuis lors tout resta dans le calme ; puis en décembre on entendit parler de légers tremblements de terre, pendant la nuit, auxquels tout le monde ne croyait pas; enfin le 25 décembre (le 14 janvier 1865), à 5 h. du matin, il arriva qu'un seul observateur fut témoin d'une légère secousse. » Ainsi, en 1862, il y eut, à Irkoutsk, trente-quatre tremble- ments de terre. On ne trouve rien de semblable jusqu'à présent dans les annales de ce pays et l'on n'y mentionne pas non plus de localités crevassées ou affaisées par les tremblements de terre. » A l'égard de la fracture produite sur les rives du Baikal, il faut supposer que le foyer d'activité du tremblement se trouvait sous cette région. Pendant la durée du violent tremblement du 51 décembre, la terre se fendit dans plusieurs endroits; de ces fentes il s'échappa de l'eau , et dans un endroit particulier il en sortit aussi des flammes, d'après le témoignage de quelques-uns des habitants. L'eau souterraine inonda tous les endroits bas et le lendemain l'eau du Baikal s'élança au travers des puits, situés le long du rivage, et elle recouvrit toute la localité occupée parle camp des Bouriates. Les hommes se sauvèrent, mais il périt une grande quantité de bétail. La profondeur de l'eau était variable, d'une à trois sagènes, mais l'afFaisement se continua. Maintenant la profondeur atteint quatre sagènes. De légères secousses se font encore sentir. A deux cents verstes de la localité fracturée, auprès de la frontière chinoise, se trouve le lac Gucine. On prétend que, vers la rive septentrionale, le fond de ce lac s'est abaissé. » Il y avait sur le rivage du Baikal une cabane de pêcheurs. Après le dîner, les pêcheurs s'étaient rendus au Baikal pour prendre le poisson sous la glace et une femme était restée dans la cabane. Vers trois heures de l'après-midi, les pêcheurs entendi- ( 73 ) mit tout à coup un bruit terrible sous la glace, et en même temps la glace commença à s'agiter violemment sous leurs pieds et à former des collines. Épouvantés, les pécheurs se précipitèrent sur le rivage, mais l'eau brisait déjà la glace et jetait un flot élevé contre les rives qu'elle enlevait avec la cabane et entraînait vers la terre. Dans le même temps, un Bouriate se dirigeait à cheval vers la terre, — mais il ne réussit pas. Les pécheurs retournèrent alors vers le lac, et lorsque l'agitation eut cessé, ils gagnèrent le rivage au travers des glaçons brisés. La femme qui était restée à la cabane, fut trouvée au milieu des glaces brisées. Le Bouriate fut perdu ainsi que son cheval. Dans le camp des Bouriates la terre se fendit dans un seul endroit, mais cette fente engloutit une jeune fille. En somme, pendant la durée de cette panique, il périt trois hommes et il se noya beaucoup de bétail. Les Bouriates se sauvèrent sur les toits de leurs jourtes, d'où les retirèrent les paysans du village de Koudara. Aucun des villages russes n'eut à souffrir, parce qu'ils étaient situés sur les hauteurs. Cependant, les puits de quelques maisons s'écroulèrent, dans quelques cabanes les planchers furent soulevés ou abaissés. Dans un seul endroit il jaillit une source nouvelle d'une eau claire et fraîche. » De légers tremblements de terre se font encore sentir. » Une commission a , sous la direction de M. Sgibnef , rassemblé de nombreux documents sur retendue, la durée et les différentes circonstances de ces longs tremblements de terre dont les se- cousses se renouvelaient encore, sur divers points, en août 1865 , lorsqu'elle a présenté les résultats de ses observations à la Société géographique de Russie. Tous les matériaux réunis, et les consé- quences qui en résultent, seront publiés sous la responsabilité de cette commission, par ses membres géologues, dans un des pro- chains numéros de ses Mémoires. En attendant, la Société a publié un extrait très-intéressant de ce rapport. Il est bien regrettable qu'il soit écrit dans une langue inconnue à la grande majorité des hommes de science Cet extrait est d'ailleurs trop étendu pour que je le reproduise intégralement et une analyse de semblables documents n'est guère possible. Au risque d'allonger cette notice outre mesure, je vais encore donner (74) ici la traduction d'une grande partie de ce curieux rapport que bien peu de personnes pourraient lire dans le texte russe : « Dans un article précédent, nous avons dit que l'attention de la commission s'était portée, d'une manière toute spéciale, sur les contrées du Baikal qui ont souffert par suite des tremblements de terre. En 1862, la commission a reçu des détails circonstanciés, tant sur ces localités que sur les tremblements de terre qui s'y sont produits. » Il ressort de ces renseignements que les tremblements de terre les plus forts ont eu lieu dans les districts d'Irkoulsk, de Verkholensk, de Verkhnéoudinsk et de Bagrouzinsk, ainsi que dans le gouvernement de Kiakhta; ils ont été plus faibles en Mon- golie, dans les districts de Balagansk, de Nijnéoudinsk, de Ivirensk, et très-légers dans le district de Nertchinsk. » Le 50 décembre 1861 , à 5 h. 55 m. de l'après-midi, on re- marqua sur la rivière Selenga une forte secousse du sol qui fut indiquée par l'eau et dura environ sept secondes; ensuite tout parut tranquille, mais il ne s'était pas écoulé une minute, qu'il se manifesta dans l'eau une nouvelle secousse dont la durée fut d'en- viron vingt-cinq secondes. L'annonce de cette secousse fut un bruit souterrain qui ressemblait à l'approche d'un orage. L'agita- tion fut si violente, que les maisons de bois craquèrent, les vitres se brisèrent, les portes des poêles et des bâtiments s'ouvrirent d'elles-mêmes, les meubles se heurtèrent, la vaisselle résonna dans les armoires; dès lors, les secousses violentes se renouvelèrent très-souvent. » Le 31 , à 9 h. du matin, il se produisit une violente secousse verticale, et une autre à 11 h., également violente. Toutes ces se- cousses ne firent aucun dégât; les habitants de la ville (de Sselen- ginsk), familiarisés avec elles, ne s'en occupèrent pas beaucoup et continuèrent à se livrer à leurs occupations. A 2 h. 17 m. de l'après-midi, il se produisit une très-violente secousse qui se ma- nifesta dans l'eau et dura quarante secondes. L'annonce de cette secousse fut encore un bruit souterrain semblable au bruit de l'eau qui bouillirait dans une immense chaudière. L'agitation du sol fut si violente que les cloches de l'église sonnèrent d'elles-mêmes; ( 75 ) l'église vacilla dans la direction du N. au S. et les croix s'inclinè- rent l'une du côté du N. , 1 autre du côté du midi. Les maisons en bois, dans leurs mouvements, tremblèrent et craquèrent; les eaux des trous, pratiqués dans la glace de la Selenga, se soulevèrent en débordant et furent projetées au loin vers le S. Les horloges s'ar- rêtèrent au commencement du tremblement de terre. Beaucoup de cheminées furent renversées, le bétail s'enfuit épouvanté, les vaches et les porcs tombèrent à terre, les pigeons et autres oiseaux se réfugièrent dans les maisons; les chiens hurlèrent. . .. » Il est digne de remarque qu'à la première secousse , qui eut lieu le 30 décembre, l'aiguille magnétique à Sselenginsk dévia de trois degrés et demi vers le NE , tandis que la violente secousse du 51 la ramena à sa première position. Le niveau de l'eau dans la rivière Selenga, après la violente secousse du trem- blement de terre, s'éleva de 0° à 1° 4/a, et le lendemain matin elle s'abaissa de nouveau à 0°. Un léger abaissement du niveau de l'eau fut observé dans la rivière Selenga et dans les puits... » A l'approche de la nuit, les secousses devinrent plus sensibles encore, et la terre se montra dans un état permanent d'agitation. Il était difficile de compter le nombre des secousses; la terre trem- blait toutes les deux ou trois minutes. Le jour du nouvel an , chacun se trouvait sous l'influence d'impressions fort pénibles. L'obscurité de la nuit causa un découragement involontaire... » Par suite d'une violente commotion du sol , la glace des lacs Goucine et Chtchutch fut rompue, et par les fissures on vit l'eau projetée en l'air avec la vase du fond. Vers la rive septentrionale du lac Goucine, il se forma de plus grandes crevasses, d'où il s'échappa de l'eau chargée de boue et de sable. Vers la station d'Arbouzovsk (à trente verstes de Sselenginsk), une source, la seule qui donnât de l'eau en hiver et en été, fut supprimée par le tremblement de terre, et il n'en resta plus de trace. » A l'embouchure de la Selenga et dans plusieurs autres rivières, il commença à se montrer des veaux marins. Sur la Selenga, des chasseurs en tuèrent deux à coups de fusil. Il est probable que ces animaux, épouvantés par le tremblement de terre , se jetèrent dans cette rivière qui débouche dans le Baikal. (Renseignements fournis par M. Kehlberg.) ( 76 ) » Ce même tremblement se fit sentir dans toute l'étendue du gouvernement de Kiakhta (au midi de Sselenginsk); mais à mesure qu'il s'étendait au S. dans la Mongolie, il devenait moins intense; aussi fut-il à peine sensible à Ourga. » Mais à partir du 15 juillet 1862, le contraire arriva. Le labo- ratoire souterrain choisit un autre lieu pour ses manifestations et en particulier, une région un peu au S. d'Ourga (Mongolie). Le tremblement de terre, qui eut lieu à cette date dans le gouverne- ment de Kiakhta, fut très-violent. Aussi, en Mongolie, les habi- tants furent si effrayés que, pour apaiser les mauvais esprits qui, dans leur pensée, agitaient la terre, ils forcèrent les Lamas à ac- complir leurs cérémonies religieuses et à calmer les dieux irrités, par divers sacrifices. » A Irkoutsk , d'après les observations de M. Sementof , le trem- blement de terre fut accompagné des phénomènes suivants. Le 50 décembre 1861, à 3 h. 55 m. 40 s. (du jour), le tremblement de terre se produisit avec une force et une durée inacoutumées. Il commença par une forte secousse qui cessa au bout de dix se- condes. On entendit ensuite une secousse si violente que, dans plu- sieurs maisons, les cheminées furent renversées. Cette secousse ne dura pas plus d'une seconde et demie, et, en l'ajoutant au violent tremblement de terre, tout cessa au bout dune minute et deux secondes, à partir du commencement de la première secousse. A 4 h. 12 m., un choc et à 6 h. 54 m., une nouvelle secousse, un peu plus forte que la première. A 10 h. du soir et jusqu'à 8 h. du matin, le 51 décembre, on compta six secousses fortes et de courte durée. A 2 h. 19 m. de l'après-midi, ce môme jour, le tremble- ment de terre se reproduisit avec une telle force que toutes les maisons craquèrent. Les objets tombèrent des tables et des ar- moires. Les cloches sonnèrent dans les églises. A l'église de la Croix la coupole fut renversée et à celle de l'Annonciation la croix tomba avec le clocher. Dans les autres églises les croix furent ren- versées ou simplement inclinées. Les voûtes des églises et des mai- sons en pierre se fendirent, et dans les maisons en bois les murailles furent endommagées; les poêles tombèrent dans quel- ques-unes. Plusieurs habitants sortirent de leurs maisons et quel- ( 77 ) ques-uns n'y rentrèrent qu'au bout de deux ou trois fois vingt- quatre heures. II est digne de remarque que la eoupole de l'église de la Croix tomba vers le couchant et la croix d'une autre église (Kharlampiefsk) s'inclina vers le S. Les croix des églises de l'An- nonciation et de Tikhvinsk se couchèrent au contraire encore vers le levant. La croix du dôme principal de cette dernière église fit un quart de tour sur elle-même. L'église delà Transfiguration ne souf- frit presque pas; celle de l'Assomption resta également intacte. » On peut croire que l'action du tremblement de terre se- fit sentir faiblement dans la partie SE. de la ville. L'agitation violente de la terre se continua pendant une minute et demie. La terre ne fut pas même agitée, pendant trente-deux minutes, à partir du com- mencement des secousses. Après un court intervalle, la terre s'agi- tait de nouveau. On entendait les chocs se succéder, après un intervalle de sept à dix minutes. Les chocs se continuèrent jus- qu'à 8 h. du soir et furent remplacés par les secousses qui ne cessèrent pas d'avoir lieu toute la nuit. A 6 h. du matin, le 1er jan- vier 1862, une secousse, accompagnée de bruit souterrain, sem- blable à celui du courant rapide d'une rivière bien remplie. A 8 h. 7 m. 55 s. du soir, un choc; à 9 h. 4 m., un choc. » A partir de cette époque, pendant les mois de janvier et de février, les tremblements de terre, au Baikal et dans le gouverment d'Irkoutsk, se firent sentir chaque jour et quelquefois seulement dans l'espace de vingt-quatre heures. En avril, les secousses furent plus faibles, et chaque jour elles devinrent de plus en plus rares. » Cependant, la force remarquable et les suites funestes du tremblement de terre se continuèrent sur les rives SE. du Baikal, sur le côté droit de la rivière Selenga et du ruisseau qui traverse les steppes, et dans les steppes de Bartagoïsk et de Tsagansk, lieu de campement des Bouriates. Là, il ravagea un territoire de vingt verstes de longueur et de neuf à quatorze verstes de largeur, dans une étendue de 250 verstes carrées. » Cette malheureuse contrée était une excellente prairie. Depuis 150 ans les Bouriates y étaient établis et se livraient à l'élève du bétail et en grande partie aussi à l'agriculture. Le Taïcha des Bou- riades racontait qu'un jour il creusait un puits lorsque, à la ( 78 ) profondeur d'une sagène, il rencontra trois pierres de foyer comme celle qu'on trouve d'ordinaire dans les jourtes des Bou- riates. Une autre fois, on trouva des restes d'ustensiles en bois. » Sur ces découvertes le Taïcha fondait sa conviction, qu'à une certaine époque ces steppes avaient été submergées comme aujourd'hui et qu'ensuite elles s'étaient relevées de nouveau. » Cette localité est limitée au N. par le Baikal, à 10. par l'un des affluents de la rivière Selenga et à l'E. par- une colline de sable peu élevée, auprès de laquelle sont situés les villages de Kouda- rinsk, de Inkine, de Krasninska, de Loubinine, de Chérachef et de Oïmourska. » La moitié ou un peu plus de la localité, qui vient d'être dé- crite, était occupée par des lacs ou des marécages; sur le reste de son étendue se trouvait le campement des Bouriates. Les pâturages et les prairies destinés au bétail, soit des Bouriates, soit des paysans, sont maintenant recouverts par les eaux jusqu'au village même de Loubinine, et les toits seuls des jourtes en bois, qui font saillie à la surface de l'eau , permettent de reconnaître la place du campement. Le sol de la localité en question se compose exclusi- vement d'un limon argileux, en apparence formé sous les eaux d'un lac qui occupait autrefois ces lieux; il est recouvert d'une couche grasse de terre végétale, plus ou moins épaisse. » Comme il n'est tombé dans cette localité qu'une très-petite quantité de neige, la vase était tellement congelée, que les Bou- riates, pour creuser leurs puits de l'été, purent bien enlever avec des pelles, la première sagène; pour la deuxième, au contraire, et pour la troisième sagène, où l'on rencontra des galets (?) et de l'eau , ils furent obligés d'employer la cognée. » La vase était brisée en plusieurs endroits par des fissures ho- rizontales au-dessous desquelles se trouvait constamment une couche de glace qui n'était jamais dégelée, particulièrement sous les toundras et les marais. La vase était aussi brisée par des fis- sures verticales, à l'époque des fortes gelées (d'après les observa- tions de M. Phitingof). » Le tremblement de terre commença, dans cette localité, le soir du 29 décembre (du 10 janvier 1802, n. st.); mais la secousse ( « ) fut si peu intense qu'elle ne fut pas rcmarqucc.de tout le inonde. La première secousse qui ait été appréciable, assez forte d'ailleurs, se fit sentir le 50 décembre, avant le coucher du soleil, mais elle n'eut pas de suite. On entendit d'abord un bruit souterrain qui, par sa violence, semblait être l'annonce d'une tempête; ce bruit fut suivi d'une secousse ondulatoire du sol par suite de laquelle il tomba quelques tuyaux de cheminée. Ensuite les secousses, deve- nues moins violentes et plus courtes, se continuèrent assez fré- quemment pendant la nuit et le jour suivant. » Le 51 , d'après le rapport des habitants de Koudara, vers le goûter ', on entendit de nouveau un bruit souterrain fort et ac- compagné de craquements, à la suite duquel il survint une forte secousse ondulatoire, qui ne se prolongea pas longtemps. » L'ébranlement du sol fut très-violent; la terre ondula si fort , qu'il était difficile de se tenir debout. Bêtes et gens furent jetés, les uns d'un côté, les autres d'un autre. Les cages en bois des puits se détachèrent et furent lancées comme un bouchon; il en sortit alors des sources d'eau tiède qui, dans certains endroits, s'élevè- rent jusqu'à trois sagènes 2. L'écorce terrestre a présenté des fissures de grandeur différente par quelques-unes desquelles il s'est échappé de l'eau et du sable, mélangés de vase et de boue. La quantité d'eau lancée fut telle que, dans certains endroits, elle inonda des cours tout entières jusqu'à la profondeur d'une demi-archine. L'atmosphère fut remplie de vapeurs et répandit une odeur de soufre. Les étrangers (les nou- veaux-venus) remarquent dans l'eau une saveur sulfureuse, lors- qu'elle est tirée des puits; plusieurs assurent que ce goût a été 1 A Sselinginsk, la secousse la plus violente du 31 eut lieu à 2 h. 17 m. du soir. (Note de la commission.) 2 Des sources jaillissantes ont été observées dans plusieurs localités , mais plus particulièrement au village de Doubinine et dans la steppe de Sagansk. Il jaillit aussi une source par une Gssure du lac Chtchutch , par laquelle il s'échappa d'abord du limon (de la vase) et des galets (?) souterrains (sous aqua- tiques), de la boue et des coquillages. D'après la force avec laquelle l'eau a été lancée, la source a dû s'élever dans un endroit à deux sagènos de hauteur. {Note de la commission.) ( 80 ) observé à l'époque du tremblement de terre, mais non pas dans tous les puits. » Dans l'église à un seul étage de Koudarinsk, une partie des pierres de la voûte s'est affaisée... » L'épouvante fut telle que, pendant près de deux mois, on ne quitta pas ses vêtements, on se couchait tout habillé, dans la crainte de voir se renouveler la catastrophe. » Dans les villages d'Inkine, de Doubinine et de Chéraehef, on remarqua les mêmes phénomènes. D'après le rapport des paysans et des Bouriates de la steppe de Sagansk, maintenant ravagée et couverte d'eau, la surface de la terre était agitée comme la mer lorsqu'elle est soulevée par un vent violent. Au dire de quelques- uns, la terre tantôt ondulait, tantôt était soulevée en l'air, de telle sorte qu'on eûtditque quelqu'un la projetait de bas en haut. Là, la terre était agitée vraisemblablement par des secousses verticales, puisqu'elle se soulevait de manière à former des collines et se dé- chirait. L'eau s'élançait en fontaines des fentes de la terre, inon- dant rapidement les localités soulevées. Au travers d'une épaisse vapeur, les Bouriates voyaient leurs maisons remplies d'eau jus- qu'aux fenêtres, et cette eau, suivant leur expression, était plus chaude qu'en été. » Plusieurs habitants de Koudare assurent qu'au moment du tremblement de terre, ils virent des étincelles lumineuses sortir des crevasses. » La rupture et les crevasses de la terre sont visibles encore aujourd'hui, lecorce terrestre est entamée et brisée dans diffé- rentes directions; cependant la direction des principales ruptures va de l'E. à l'O., ce qui a été remarqué aussi dans d'autres en- droits. La glace des lacs Goucine et Chtchutch a été brisée dans la même direction. Dans le voisinage du village de Doubinine, en particulier, les ruptures sont très-nombreuses et quelques-unes ont l'air d'être le résultat d'une poussée, comme cela arrive en hiver sur la glace du Baikal; d'après cela, il semble que la terre ait été poussée du Baikal vers le S. » L'abaissement de la steppe de Sagansk a probablement suivi la première secousse du tremblement de terre, qui eut lieu le ( H ) 30 décembre, parce que l'on a remarqué dans les puits une légère augmentation de l'eau. Le 31 , au moment de la plus forte secousse, toute cette localité fut ravagée et à l'instant elle fut inondée, dans certains endroits, à une hauteur de plus de deux archines. Le 1er janvier, lors de la secousse de tremblement de terre, l'eau ar- riva du Baikal et couvrit enfin toute la région abaissée de deux et demie à quatre archines en hauteur. Dans le même temps, il y eut un affaissement à l'embouchure de la rivière Selenga, et une partie du village de Koudarinsk s'abaissa aussi, quoique d'une manière peu sensible, mais par suite de tout l'affaissement ob- servé. L'abaissement graduel de cette localité se continue en quelque sorte jusqu'à présent 4, mais en 1862, il fut suspendu. A en juger par la rupture de la colline, vers laquelle sont placés le village de Doubinine et quelques autres , il est manifeste que la terre s'est affaissée graduellement. Ce qui confirme cette manière de voir, c'est que la partie qui reste de la plaine souffre de plus en plus de l'inondation. » La localité affaisée est en communication avec le Baikal par trois issues qui se sont formées par suite de l'affaissement du sol, en même temps que les principales fissures. Par une des issues passent librement aujourd'hui les barques marines qui se rendent au village de Doubinine. » La température de l'eau dans les crevasses, le 16 juillet 1862, s'est élevée à h- 16° R., et au Baikal à -+- 6°,2 R. » Dans le voisinage du village de Chérachef , au pied d'une col- line sablonneuse et escarpée, auprès de la localité inondée, il se montra, au moment du tremblement de terre, une petite source d'eau acidulée, qui a la saveur du sulfate de fer (du vitriol ferru- gineux). Le fond de la source est rempli d'un dépôt couleur de rouille qui se remarque d'ordinaire dans les sources ferrugineuses. La température de la source est de •+- 5° R. • » De légères secousses de tremblement-de terre se prolongèrent, à Kadare, pendant toute l'année 1862, et même jusqu'à ce moment (août 1 863). ■ En août (?) 1865. Vide infra. (A. P.) Tome XVII. r; ( »3 ) » Des pécheurs, occupés à prendre du poisson, entendent, plu- sieurs fois par jour, un bruit souterrain semblable au tonnerre lointain et, disent-ils, ce bruit semble venir du Baikal. » A quinze verstes du village de Koudarinsk, il y a une mon- tagne où les paysans exploitent du bois et où ils préparent de la résine; sur cette montagne, assurent-ils, le bruit s'entendait plus clairement que dans tout autre endroit. » Une colline de sable du voisinage, près du village de Doubi- nine, aurait été ravagée par des crevasses considérables qui, sous le sable mouvant, seraient restées inaperçues. Cette opinion est confirmée par le fait suivant : » Un pâtre du village de Doubinine conduisait ses vaches au pâturage; sous ses yeux, l'une d'elles s'enfonça dans un endroit uni et le sable mobile la recouvrit. Les paysans enfoncèrent dans cet endroit une perche longue de trois sagènes, qui descendit librement jusqu'à terre et lorsqu'on l'eut retirée, l'ouverture se remplit de sable à l'instant. C'est ce même endroit qui, lors du passage des équipages, résonne d'une manière particulière, an- nonce d'une cavité souterraine. » Dans l'opinion de M. Kehlberg, le centre des forces volcani- ques serait placé à l'embouchure de la rivière Selenga et la force d'ébranlement se serait transmise du centre en rayonnant de tous les côtés. En outre, la force de la commotion dépendait de la den- sité différente du sol, ce que confirme le fait suivant : » Dans le vieux et nouveau Sselenginsk, à une distance en droite ligne d'environ deux verstes et demie, le tremblement de terre se fit sentir avec une égale intensité. Au contraire, entre ces deux villes, sur la rive gauche de la Selenga, dans le lieu où se trouvent les bâtiments de l'état-major des cosaques du Baikal, le tremblement fut très-peu sensible dans plusieurs maisons. Cela provient de ce que, sous les constructions en question, il existe des masses de rochers situés profondément dans la terre. Il y a un assez grand nombre de localités analogues où le tremblement fut extrêmement faible. » D'après les observations de M. Kehlberg, la ligne du plus fort tremblement de terre, au delà du Baikal, partit du lieu d'affaisse- ment de la steppe de Sagansk, au travers des villages situés sur (85 ) celle ligne, en allant au village de Kabansk, el de Kabansk, à Ira- vers les montagnes qui séparent la rivière Selenga du Baikal,*rers la steppe de Dzagoustaïsk , dans laquelle est situe le lac Goucine; elle se dirige ensuite vers Sselenginsk et au delà vers le S. Par con- séquent, les monastères de Posolsket de Troïsk, la ville de Verkh- néoudinsk, de Tchita, de Bagrouzine et autres localités se trou- vèrent situés au dehors de la ligne de la grande commotion. « II n'y a aucun doute, ditM. Kehlberg, que le gouffre, sur lequel est situé le lac Gucine, n'ait été le lieu de laffaissement du sol, affais- sement peu considérable, mais assez prononcé, en même temps que celui de la steppe de Sagansk. Ce qui confirme ce fait, c'est que, au moment du tremblement de terre de la rive septentrionale du lac Goucine, l'eau s'élança fortement dans les puits, et que, plus les puits étaient rapprochés de la rivière Dzagoust, plus l'élévation de l'eau y était prononcée. La glace des lacs Goucine et Chtchutch (ou Chtehoutch) fut brisée et il se forma dans la première des plis qui, dans certains endroits, indiquaient un inégal affaissement du sol. Les sources des montagnes disparurent et d'autres appa- rurent plus près du lac. Plusieurs faits confirment l'opinion que le lac Chtchutch n'est rien autre chose qu'une bouche de volcan , ouverte par suite de quelque tremblement de terre bien avant notre époque. Le lac Goucine est dû aussi à un affaissement du sol antérieur à notre époque de cent ans au plus. La tradition au sujet de l'apparition de ce lac s'est conservée vivante dans la mémoire des habitants. On raconte que l'endroit où est situé aujourd'hui le lac Goucine, était habité par des Bouriates, et qu'au milieu se trouvait un temple d'idoles auprès duquel on creusa un puits. Plus loin se trouvaient deux petits lacs ou, pour mieux dire, deux petits bourbiers qui étaient grossis par les pluies et qui disparais- saient au moment de la sécheresse. Dans une matinée d'été, les habitants de ce lieu s'aperçurent que l'eau s'élevait dans le puits, qu'elle déborda bientôt et qu'elle remplit le lac, au point qu'au bout d'un temps assez court, elle se rapprocha du temple. Les Bou- riates transportèrent le temple à quatre verstes plus loin, dans un emplacement nouveau, mais il y fut bientôt inondé. Ils le trans- portèrent encore dans un troisième lieu, au pied dune montagne, ( «4 ) auprès du ruisseau d Ade, où il se trouve encore aujourd'hui. Par suite de l'aeeroisseinent successif des eaux, le lac Goucine a acquis de grandes dimensions : il a aujourd'hui vingt-sept verstcs de long et treize de large. On dit qu'autrefois il était encore plus étendu. Les Bouriates portent sa profondeur à quinze sagènes et jusqu'à quarante dans quelques endroits. » Il y a quelques indices de l'abaissement des montagnes, par suite de l'affaissement du sol; on peut les reconnaître surtout sur le trajet du Baikal à Verknéoudinsk, en s'écartant de la station d'Ilinsk, sur la rive droite. On voit là combien les montagnes se sont abaissées, après avoir formé un gouffre distinct, rempli de sommets peu élevés de montagnes pointues, qui semblent s'être en- foncées dans la terre. Cependant elles doivent avoir été de la même hauteur que les montagnes voisines et avoir formé une chaîne unique avec elles. Entre le Baikal et la rivière Selenga il y a beau- coup de montagnes qui témoignent que leur peu d'élévation pro- vient de l'abaissement du sol. » Il résulte de tout cela, dit M. Kehlberg, que toute la région, située entre le Baikal et la rivière Selenga, a été susceptible de s'affaisser ou, en d'autres termes, de s'entr'ouvrir. Ilpeut se faire que l'expansion du Baikal soit due à l'abaissement du sol qui s'est effectué graduellement et, par suite, qu'il ait acquis cette vaste étendue que nous lui connaissons aujourd'hui. » Le dernier tremblement de terre , qui a duré un an et quatre mois, nous a démontré d'une manière certaine que, depuis le Bai- kal jusqu'à la chaîne Yablonnoï, il y a une ligne distincte et indé- pendante de tremblement de terre qui n'appartient pas vraisem- blablement aux trois lignes du continent asiatique. Quant à la cause des forces volcaniques, il faut, selon moi, la chercher sous les eaux du Baikal où elle agit par elle-même et d'une manière constante '. 1 II m'est arrivé trois fois de remarquer que le niveau s'est éloigné de son point connu, et est resté dans cet état pendant la durée de quelques jours, au bout desquels il redevenait ce qu'il avait été. 11 est probable que la terre produit alors, sans qu'il y ait de tremblement, diverses courbures que l'on ne peut attribuer à autre chose qu'à la force volcanique qui fait pencher le sol.de l'un ou de l'autre côté. {Observation de M. Kehlberg.) (85) » Les Bourialcs disent que l'eau du Baikal semblait sortir par les parois. Ce phénomène, joint à cette circonstance qu'il ne se manifestait que le lendemain du tremblement de terre, montre que l'abaissement du sol ne s'effectuait que graduellement. L'inon- dation atteignit tout le campement des Bouriates de la steppe de Tsagansk. Les jourtes et les maisons sont sous l'eau, dans quel- ques localités jusqu'au toit, dans quelques autres jusqu'au milieu des fenêtres... » ïl y a eu trois accidents à regretter. Un étranger allait cher- cher du bois dans la Karga de Nalétof, mais on ne le vit pas revenir et on le chercha inutilement. A l'embouchure moyenne de la ri- vière Selenga, la fille d'un autre étranger tomba dans une cre- vasse qui s'était formée dans la glace et elle y périt. A la Karga de Nalétof, le tremblement de terre fut accompagné de circonstances singulières. Le 28 décembre, il arriva à la Karga, où se trouvait la maison d'hivernage du paysan Souvorof, treize pêcheurs accom- pagnés de leurs femmes. Le 51, après le dîner, ils se rendirent tous, à l'exception de Catherine Mouravief, au lac Baikal pour y pêcher. Au moment où ils étendaient leurs filets, on entendit sous la glace un bruit très-fort, puis tout à coup, ils se trouvèrent por- tés si haut que la maison du rivage leur semblait située au pied d'une montagne. Se voyant séparés de la terre où l'eau balayait le rivage, ils cherchèrent leur salut du côté de la mer; là, après avoir parcouru quelques sagènes, ils se virent séparés de la glace solide et entourés d'eau de tous les côtés. En même temps la glace qui était sous leurs pieds commença à craquer avec violence et à se briser. Les pêcheurs, ainsi que deux chevaux qu'ils avaient avec eux, flottèrent pendant plus d'une heure sur le glaçon qui les por- tait, entraînés parle mouvement des eaux. Enfin, lorsqu'il com- mençait déjà à faire nuit, ils furent poussés vers une petite île, dans laquelle ils passèrent la nuit, et le lendemain seulement ils purent gagner la rive. Quant à la femme qui était restée dans la maison, on la trouva morte entre les glaçons. Une circonstance remarquable, c'est que les chevaux, qui avaient été laissés sur les glaçons, furent trouvés vivants au bout de trois jours, dans la po- sition où on les avait abandonnés. Par le choc des eaux du Baikal, (80 ) la rive l'ut entraînée avee les glaçons qu'elle portail et il se forma trois crevasses, dont la plus grande a 2a0 sagènes et deux archines et demie de profondeur. » La glace couvrit la localité inondée de deux couches dis- tinctes : la première, la plus basse, s'est formée dans la nuit du 34 décembre au 1er janvier; l'autre est due aux eaux qui vinrent ensuite du Baikal. « Les hommes, grâce à l'arrivée lente et graduelle des eaux, se sauvèrent, les uns dans la campagne, les autres sur les toits des maisons.Ces derniers, qui attendaient l'abaissement des eaux, furent forcés de rester en place. Ce ne fut que le 2 janvier que le chef du district, M. Droujinine, ayant rassemblé les paysans des villages russes du voisinage, alla aider les Bouriates à se sauver de leurs campements inondés. Quelques-uns de ces étrangers étaient telle- ment épouvantés qu'ils répondirent à peine à l'appel des paysans. » Le membre actif, M. Phitingof , ayant été envoyé par la com- mission sur le lieu de l'affaissement pour des observations géo- logiques, reconnut que la colline de sable, sur laquelle sont situés les villages d'Oïmour, Doubinine, Krasnikof et Inkine a , par en- droits , deux sagènes de hauteur verticale et se compose d'un sable mêlé de limon qui n'est consolidé par aucun ciment. On y a creusé des puits qui ont jusqu'à six sagènes de profondeur, comme au village de Doubinine, en particulier. Lorsqu'on fait une tranchée dans ces sables, on ne remarque , dans leur aspect, aucun chan- gement. Une grande fissure sèche, produite par le tremblement déterre, et visible encore aujourd'hui, traverse en grande partie cette colline du NE. au SO. jusqu'au village de Manjeief où elle se termine. Outre cela, au moment du tremblement de terre, il se forma dans divers endroits de la colline, en même temps que la fissure, des excavations sèches qui avaient la même direction que celle-ci ou une direction peu différente. » Au pied de la colline, au village même de Doubinine , à l'en- droit où, jusqu'à l'époque du tremblement de terre, il y avait un marécage, ce dernier se dessécha complètement, et cependant l'eau du Baikal, ayant inondé les localités voisines de ce point, n'arriva pas jusqu'à lui. (87 ) » A la place du marais desséché, au village même d'Inkine, il se produisit à la suite du tremblement de terre, une source d'eau douce très-abondante, qui continue à couler avec autant d'intensité qu'au moment de son apparition. La source en question na-t-elle pas été la cause du marécage? Elle a pu alimenter celui-ci au moyen des fissures souterraines qui ont été mises à nu par le tremblement de terre et qui ont repoussé les eaux à la superficie. » En suivant une crevasse, formée par le tremblement de terre, depuis le Baikal jusqu'au village de Doubininc,M. Phitingof, re- marqua entre ce village et celui dOïmour, une partie d'enceinte cultivée qui était restée en place, tandis que l'autre partie est si- tuée sous une éminence du terrain alFaissé et à deux sagènes au moins plus bas que la première. Cette enceinte est remarquable en ce qu'elle indique le degré d'affaissement du sol en cet endroit. Il remarqua, en outre, un phénomène qui se lie de très-près à l'abaissement et à l'inondation de la localité, à savoir, qu'il a été transporté là de grandes masses de terre , dont quelques parties sont couvertes de bois de mélèze. M. Phitingof fait remarquer que, plus on se rapproche du Baikal, plus on rencontre de ces îles flottantes qui, dans son opinion, ne sont autre chose que des toundras portés à la surface de l'eau par des couches de glace du fond qui sont venues à fondre et les ont déposés sur le sol. » Quant aux collines assez élevées qui sont parallèles à la chaîne des montagnes , M. Phitingof pense qu'elles sont dues à un dépôt de sable et que, bien certainement, ces sables ont été apportés sur les rivages du Baikal par les vents du NO. qui trouvaient un accès facile dans le pays découvert. Ces collines sont couvertes de bois de mélèze , de bouleau et très-rarement de pin , comme la chaîne et les contreforts des montagnes. Cette chaîne et les contre- forts qui en proviennent sont formés, des deux côtés des rivières Doulane grande et moyenne, d'un granit à petit grain qui se désa- grège facilement. Il en résulte, que toutes les montagnes que con- stitue ce granit, sont recouvertes d'une couche épaisse de gravier. Aussi ne le rencontre-t-on nulle part à la surface et M. Phitingof, pour s'en procurer des échantillons, fut-il forcé d'avoir recours aux trous creusés par les animaux. Plus loin et spécialement à la ri- (88) vière Scrgéiefsk, on commence à trouver unesyénile à petit grain, ensuite une autre à gros grain, accompagnée d'une grande quantité de obmanka corné. Ensuite reparaît le granit, mais celui-ci diffère du premier par une moindre proportion de quartz et de feldspath. Enfin, à gauche du ruisseau de Silkitou (formé par la réunion de la rivière Sergéiefsk avec l'Oïmour), se montre un calcaire sulfuré résineux faisant très-peu effervescence avec les acides. Tels sont les éléments dont se composent les montagnes qui environnent la région inondée du côté du levant. Quant à la crevasse qui s'est formée dans la colline de sable, on y trouve empâtés dans le sable, des galets (?) d'amphibole et de syénite. De la diorite s'est ren- contrée, en petits fragments, dans le lit de la rivière grande Dou- lane; dans les montagnes elles-mêmes on n'en rencontre nulle part. On n'y trouve non plus ni trachyte, ni basalte; on n'y voit ni crevasses, ni trous, ni cassures récentes dans les rochers. » De ces observations, M. Phitingof conclut que la contrée voi- sine du Baikal a été inondée par le soulèvement des eaux avant son propre affaissement. Si le tremblement de terre a été assez intense pour y produire une crevasse, même dans le sable (des collines), on peut en conclure qu'une ou plusieurs autres sembla- bles crevasses ont dû se produire dans la vase gelée, à cause de sa nature incomparablement plus résistante et plus favorable à la transmission des secousses et des ébranlements. L'eau du Baikal ayant pénétré dans ces crevasses et ayant entraîné la vase gelée et la couche de glace, tant avec elle que dans le marécage, permit à ce dernier de se porter à la surface et à la vase de se disperser au-dessus de lui et de s'y déposer en partie, en raison du moindre volume qu'elle occupait depuis qu'elle n'était plus à l'état de glace. » L'abaissement de la région décrite doit, suivant M. Phitingof, avoir été aussi le résultat de sa destruction dans un lieu où se trouvait, à une certaine profondeur, un lac souterrain et du vide qui existait auparavant ou qui s'est formé pendant le trem- blement de terre par suite de l'élasticité de la vapeur brillante de l'eau et peut-être aussi d'autres gaz, en faisant effort pour s'échap- per du sein de la terre. (89 ) » M. Philingof pense que toutes les forées qui ont produit le tremblement avaient leur centre sous le Baikal même. Toutes les substances volcaniques qui l'entourent viennent à l'appui de cette opinion; les violentes secousses souterraines qui ont eu lieu dans le voisinage et qui ont été beaucoup plus intenses que dans les autres endroits, prouvent la vérité de cette manière de voir. » Dans les autres localités, les secousses ont été accompagnées des mêmes phénomènes qu'à Irkoutsk et à Sselenginsk; mais à Irkoutsk, dans la fabrique de sel, la saumure du puits n° 1 , qui marquait auparavant 8° !/a et ce^e du puits n° 2, 7° {l^ est des- cendue, par suite des tremblements de terre du 50 et du 51 dé- cembre 1 861 , pour le puits n° 1 à 7° et pour le puits n° 2 à 6°, et dans les deux autres puits à 6° Kft. C'est ce que démontrent des essais faits au mois d'avril 1862 avec le pèse-sel du docteur Lam- bert et qui ont été confirmés par un autre essai qu'a fait, en juillet 1865, le colonel Taskine, ingénieur des mines. L'affaiblissement de la saumure est attribué par quelques spécialistes à l'introduc- tion de l'eau douce dans les puits. » Le chef de l'expédition scientifique de la Sibérie orientale, M. Schmidt, ayant examiné, sur le désir de la commission, tous les documents relatifs à ce tremblement de terre , en a tiré les conclusions suivantes : » La contrée dans laquelle s'est manifesté le tremblement de terre figure à peu près une ellipse, dont le petit axe s'étend sur le Baikal et le grand axe perpendiculaire au premier, va de Kiakhta , en passant par Sselenginsk, à l'île d'Olkhone, à Verkholcnsk, au bourg de Oust-Koutsko, à la forge de Nikolaief et Ilimsk. Ce grand axe, forme une ligne le long de laquelle s'est propagé le tremble- ment de terre et où se sont produites les plus violentes manifes- tations de la force souterraine. La direction principale delà marche du tremblement de terre a été du NO. au SE. Vers le milieu de cette grande ligne, il s'est produit quelques irrégularités et des changements locaux dans la direction principale : ainsi dans deux endroits à 10. du Baikal, à Irkoutsk et à 01khone,il y eut un fort tremblement de terre, tandis que, à la station des Mélèzes, on ne l'a presque pas remarqué. Dans la région connue pour avoir été ( W ) ravagée, vers les bouches de la rivière Selenga, si l'on en juge par les crevasses qui s'y sont produites, la direction du tremblement de terre a été du NE. au SO. Plus loin, vers le SE., e'est-à-dire à Sselenginsk, les principaux chocs ont eu lieu directement du N. au S. » De chaque côté de la principale ligne centrale, le tremble- ment de terre a été partout beaucoup plus faible; nulle part on n'a remarqué une direction opposée clans les chocs. En outre, les tremblements de terre qui ont eu lieu précédemment à Irkoutsk, manifestent cette direction principale du N. au S. en travers du Baikal. On peut en conclure que là il n'y eut pas de secousses centrales, d'où se seraient propagés les chocs souterrains dans diverses directions ; c'est la ligne qui commence de ce côté du Baikal, à la source de la rivière Lena et même plus haut et qui se continue, au travers du Baikal, vers le S. » On pourrait peut-être admettre qu'il existe une communica- tion souterraine des eaux dans la direction principale des trem- blements de terre de ce pays, et que, aux issues de cette com- munication, il se trouve des dépôts de sel et de gypse qui se détruisent partiellement par l'action deseaux.de manière à pro- duire des éboulcments (des crevasses) et la chute des dépôts supérieurs. Ceux-ci reçoivent alors des chocs violents, et par suite, il se produit des commotions qui se propagent à la manière des ondes, dans toutes les directions. » L'explication de la formation du Baikal lui-même, au moyen d'un éboulement souterrain, n'a rien de forcé et se démontre très- simplement. L'examen détaillé de ce lac et de ses alentours est le seul moyen d'arriver à des résultats certains. » Ces mêmes matériaux, dont M. Schmidt a présenté les résul- tats, ont conduit le membre actif, M. Taskine, aux conclusions sui- vantes : » L'espace parcouru par le tremblement de terre forme à peu près un parallélogramme de plus de 250 verstes carrées. Le trem- blement de terre fut linéaire, il suivit la direction de la crête des montagnes, du NE. au SO. Si, vers le milieu de cette étendue, le tremblement de terre n'a pas été partout également intense, cela ( 01 ) peut provenir des vides de l'intérieur et de la composition du sol Les conclusions formulées par M.Lopatine, savoir: que le centre du tremblement de terre se trouvait à Koudare, sont rejetées par M. Taskine, parce que, dans une semblable hypothèse, il n'y aurait pas eu, à Irkoutsk,des tremblements de terre aussi forts. La cause de ces phénomènes est attribuée par M. Taskine aux forces volca- niques elles-mêmes, et il fonde son opinion sur les faits suivants : » L'abondance des sources chaudes dans le district du Baikal démontre que cette région est volcanique, ce que confirme la pré- sence du basalte, substance essentiellement volcanique, dans le voisinage du Baikal. » Si l'on admet que les tremblements de terre de Tannée passée aient eu lieu par suite déboulements, les ébranlements du sol au- raient dû être très-faibles et, de plus, les secousses auraient dû s'affaiblir graduellement en s'éloignant de Koudare. Au contraire , non-seulement on n'a rien observé de semblable, mais des secousses violentes alternaient avec des secousses faibles pendant toute la durée du tremblement de terre, et en outre, de fortes secousses, qui renversaient les constructions , se faisaient sentir à 600 verstes et plus de Koudare f. » Si l'on admet d'autres éboulements que ceux qui ont eu lieu à Koudare, mais que ces éboulements n'ont pas été observés parce qu'ils avaient lieu au-dessous de la couche superficielle du sol; que, par suite, le tremblement de terre n'a été ressenti qu'a un seul moment, dans une étendue de 255,212 (sic) verstes car- rées; que les tremblements de terre dans cette région ne sont pas chose nouvelle; si, enfin , l'on en cherche la cause dans les éboule- ments, cette explication, dans l'époque actuelle, s'appliquera difficilement à un sol intact et, pour notre part, nous ne connais- sons que deux cas d'éboulement, celui du Baikal et celui de Kou- dare 2: le reste du pays étant disposé régulièrement, à Texccp- 1 Ces circonstances se conçoivent assez facilement dans notre théorie des marées séismiques. Voyez notre lettre à M. Lamé. (A. P.) 2 11 faut y ajouter ceux du lac Goucine et du lac Chlchutch. {Note de la commission). ( 92 ) tion des dérangements et des bouleversements géologiques déjà expliqués; d'ailleurs, il reste toujours les produits ignés. » On sait que l'eau de la rivière Sclenga s'éleva, le 30 décembre, de la température 0° à celle de 1°,5 et que, le lendemain matin, elle redescendit à 0°. Quelle autre origine, qu'une origine volca- nique, a pu produire la quantité de chaleur nécessaire à la con- stitution d'une rivière entière? » L'ingénieur des mines, M. Lopatine, ayant eu connaissance de cette assertion de l'assemblée bouriate de Koudare, que dans l'un des campements, à l'époque du tremblement de terre, le sol pré- senta une crevasse d'où il s'échappa des flammes, se transporta dans cette localité; il ne trouva pas, il est vrai, de trous de gaz souterrains, mais il vit seulement le bout d'un poteau qui, en effet, avait été brûlé. M. Lopatine soupçonna que le gaz, qui avait brûlé le poteau, pouvait avoir une origine organique. Peut-il se faire, dit à cette occasion M. Taskine, que, par trente degrés de i'roid , les substances organiques s'enflamment ? Dans le cas de la négative, ce gaz était souterrain. » En terminant cette courte analyse du tremblement de terre, nous devons faire remarquer, que dans le cercle de Tounkinsk où se trouve, à l'époque présente, suivant l'opinion de quelques per- sonnes, un centre des forces volcaniques, le tremblement de terre que nous venons de décrire s'est fait à peine sentir. » — Le 15, vers 2 h. du matin, à Schemnitz (Hongrie) et dans les environs, tremblement sur lequel M. le baron de Russegger a fourni les renseignements qui suivent : « \° Mines de Windschachler (des Windschachter Gruben) : 2 h. Y) m. du matin, une secousse ressentie à Schemnitz; elle l'a été en même temps dans le cours moyen de la rivière à 118m,765de pro- fondeur sous l'Amaliaschacter Tagkreutz où tous les ouvriers ont entendu dans les puits des craquements semblables au tonnerre. La secousse a duré cinq ou six secondes. Il n'y a pas eu d'éboulemenls; » 2° Manschachter Handlmigshause. Quelques minutes avant k2 h. du matin, une secousse de deux ou trois secondes de durée avec bruit sourd. Elle a été moins forte au premier étage. Per- sonne en ce moment n'était occupé dans les mines; ( 93 ) » 3° Du côté du Puits Christinas (Christinasekachter) des ouvriers ont aussi ressenti une secousse dans les milieu comme au dehors; » 4° Siglisberger Grubenfelde. A 2 h. du matin, deux secous- ses: la première dans ce qu'on appelle le Sudlichen Grubenre- viere des Âlthandlschuttes ; la seconde dans YUuberhohen des Kaiser Franz Erbostollens. Le garde-mine a remarqué dans sa maison une oscillation qu'il a attribuée à une avalanche; » 5° Puits Ferdinand. Dans la maison de l'administration, peu après 1 h. 1/2 du matin, fort tremblement qui a réveillé les employés; quelques minutes après 2 h., grand bruit comme celui d'un coup de vent, suivi d'une secousse dans la direction du NO. (sic). La secousse et le bruit ont été remarqués dans tous les en- virons, comme à Georgistollen , Steglitzhof, Eisenbach, etc. » Au puits Nepomuk, un mur a été renversé. Un employé, An- toine Martiny , a rapporté qu'à 1 h. 40 m. du matin , il y avait eu à Altsohl une forte secousse du S. au N. et d'une seconde seule- ment de durée. Elle a été précédée d'un fort bruit semblable à celui d'un coup de vent. Tout le monde a été réveillé. D'autres ont indiqué 2 h. 5 m. avec les mêmes détails. Même phénomène à Rues et à Granbressnitz. (J. et F., p. 47.) — Le 14, 5 h. 45 m. du matin, à Kronstadt, faible tremble- ment (J. et F.). — J'ai déjà, d'après M. Jeittelès, signalé pour 4 h. du matin, une légère secousse qui n'est pas mentionnée ici et qui doit être la même que celle-ci. Février. — Les 1er, 5, 6, 8, 10, M , 12, 16*, 20 et 23, à Irkoustk (voyez au 11 janvier précédent, la notice de M. Chtoukine, p. 71). — Le 4, heure non indiquée, à Aréquipa (Pérou), une légère secousse après laquelle ont tout à fait cessé les pluies qui étaient très-fortes depuis quelques jours. {El Comercio de Lima , n° du 24 février.) — Le 5 (n. st.), 9 h. 45 m. du soir, à Chacodate (Japon), une légère secousse. Le 15, de 9 h. du matin à 1 h. tempête et à 10 h. (sic), une légère secousse. Le 23, pluie, neige et grêle, el à 9 h. du soir, une légère se- eousse(D' Albrechl). ( 9* ) — Le 22, 7 h. 22 m. du matin, à Valuna (Albanie), tremble- ment circulaire (kreisfurmiges), consistant en deux secousses (J. et F.). Mars. — Du 1er au 5, M. Philippi, professeur à l'université de Santiago, a fait une excursion au nouveau volcan de Chillan. Après un repos relatif de quelques mois, le volcan avait repris une nou- velle activité depuis quatre jours seulement. M. Philippi n'a pu parvenir jusqu'au bord du cratère; il s'est élevé sur le flanc du Cerroblanco, à une hauteur suffisante pour pouvoir observer convenablement les phénomènes qui se développaient dans le cratère. Ce qu'il en dit diffère un peu, quant à l'intensité, de ce qu'avait remarqué M. Siemsen, quatre mois auparavant. Les sco- ries et les blocs de lave étaient projetés à des hauteurs de 500 et même de 500 pieds et retombaient à des dislances qu'embrassait une circonférence d'une couple de milliers de pieds, bien que le plus souvent ils retombassent dans le cratère même comme au Stromboli. Dans le jour, ces matières paraissaient noires; mais la nuit, elles étaient d'un rouge incandescent. Pendant toutes les explosions dont il a été témoin, il n'a remarqué aucun frémisse- ment du sol *. 11 résume ainsi les résultats de ses observations sur le volcan : « Tout l'énorme massif, connu sous le nom de nevado de Chil- lan, atteint huit à neuf mille pieds et peut-être plus, d'altitude au-dessus du niveau de la mer; on peut le considérer comme un volcan unique qui, dans les temps anciens, a eu de nombreuses et fortes éruptions, et dont les coulées de lave se sont étendues jusqu'à dix lieues. Il a eu peu d'éruptions de cendres, propre- ment dites, car je n'ai vu nulle part de dépôts de tuf considéra- bles. Mais il n'y a aucun cratère central, et par conséquent, aucun cône de forme régulière; il présente trois sommets distincts et séparés, le volcan Viejo à l'E , et à l'O. le Cerro blanco et le Cerro negro. Je n'ai pas pu m'assurer si le volcan Viejo mérite bien son nom; j'ignore s'il a eu dans les temps historiques des éruptions 1 J'ai déjà décrit en partie cette ascension, à la fin du mois de février, dans mon dernier catalogue annuel. ( 85 ) dont la tradition l'aurait fait appeler ainsi , on si on ne lui a donné ce nom que par analogie, à cause de sa ressemblance de forme avec les volcans actifs. Personne encore n'en a gravi le sommet et l'existence de son cratère n'est qu'hypothétique, mais très-vrai- semblable. Le nouveau volcan n'est rien autre chose qu'une érup- tion latérale comme l'Etna en a eu une couple de centaines; mais l'Etna et le Vésuve montrent une grande différence avec celui-ci ; avant leurs éruptions latérales, et le plus souvent pendant ces éruptions, le cratère central ou principal vomit de la fumée, des cendres et des scories; les émissions de lave même n'y sont pas rares, tandis que, pendant l'éruption du nouveau volcan, aucun des trois sommets du Nevado de Chillan n'a manifesté le moindre signe d'activité. Au reste, les éruptions de celui-ci ne diffèrent pas de celles des autres volcans, au moins de ceux de l'Italie. Les scories et les rapilli, qu'il projette, sont noirs, légers et poreux; ceux que j'ai recueillis ne contiennent aucune autre espèce minérale que du feldspath qui se présente en petits grains ou en cristaux de forme imparfaite. On peut facilement recueillir, sur les volcans italiens, des échantillions que personne ne parviendrait à distin- guer de ceux de notre nouveau volcan. Ils ne diffèrent en rien de ceux de l'Antuco, de l'Osorno, etc. « Cependant, j'ai cru remarquer une différence essentielle en- tre les éruptions des volcans européens et celles du nouveau vol- can de Chillan : c'est dans la quantité de fumée qu'ils dégagent; ici, elle est relativement très-petite. Dans les éruptions dont je viens d'être témoin, soit de loin, soit de près, j'évalue à peine à 500 pieds la hauteur à laquelle s'élève la fumée, qui disparaît complètement au bout de quelques minutes. Les volcans italiens, au contraire, dégagent d'énormes quantités de fumée, non -seule- ment pendant leurs éruptions, mais avant et longtemps encore après. Les colonnes de vapeurs s'élèvent à des milliers de pieds de hauteur dans l'atmosphère, et naturellement sont en- suite transportées à une distance plus grande. J'ai observé, quoi- que de loin, il est vrai, deux éruptions du Yillarica, il y avait peu de fumée : c'est à peine si j'ai vu s'élever de faibles petits nuages de fumée au-dessus du cratère des volcans d'Osorno, d'Antuco et de Hlascar, près d'Atacama. ( 96) » 11 semble qu'on peut considérer, comme un fait général, que tous les volcans du Chili dégagent beaucoup moins de fumée, c'est- à-dire de vapeur d'eau, que les volcans italiens; si donc on consi- dère que les premiers se trouvent à une distance considérable de la côte, tandis que les autres ont leur pied immédiatement baigné par la mer, on ne trouvera pas invraisemblable l'opinion des géo- logues, qui croient que les éruptions volcaniques doivent être attribuées à lintroduction de l'eau dans les foyers souterrains des montagnes ignivomes. » Un second résultat important de mon excursion, c'est qu'il est bien établi par mes observations, qu'il existe de véritables glaciers dans les Cordillères à la latitude de 56° S.; leurs énormes masses de glaces remplissent les profondeurs entre les sommets du Nevado de Chillan, descendent dans les vallées et forment un seul glacier, dont le consul de Suisse à Valparaiso, M. Schatzmann, familiarisé avec les glaciers de son pays, a très-bien reconnu les moraines. » (Petermann's Mittheilungen , 1865, pp. 251-257, avec une planche présentant la carte et divers points de vue de Nevado. Dans cette excursion , M. Philippi a vu fumer légèrement le volcan d'Antuco (/. c.} p. 248). — Le G et le 12, à Irkoutsk. (Voyez au 11 janvier précédent.) — Le 17 (n. st.), 7 h. du matin, à Chacodate (Japon), une légère secousse et à 12 h. (sic), une secousse assez forte. (Dr Albrecht.) — Le 18, vers 10 h. du soir, à Neusohl (Hongrie) et dans les environs, tremblement sur lequel M. le baron de Russegger a pu- blié les détails suivants : 1° A l'administration des mines, la secousse fut précédée d'un bruit semblable au roulement d'un lourd chariot ou d'un orage éloigné; la maison trembla, les portes furent agitées, les vitres et les verreries vibrèrent, les enfants et les jeunes gens furent ré- veillés, les oiseaux voltigèrent. Les personnes couchées entendi- rent le bruit comme s'il venait d'un point très-rapproché. M. de Russegger était parti le jour même pour Magurka , où Ton n'a rien éprouvé non plus qu'à Oszada, où il passa la nuit. A Altgebirge, on a entendu un bruit qu'on a comparé à celui d'une voiture sur ( 97 ) u» pont, d'un fort coup uV veut et d'une avalanche. Dans les mines où beaucoup d'ouvriers étaient occupés, on a entendu le bruit comme à la surface du sol. L'écrivain de l'arsenal a indique 9 h. 55. m., temps vrai, pour le moment de la secousse. » 2° A Tajowa , suivant plusieurs témoins oculaires, la secousse a eu lieu un peu avant 10 h. du soir, et n'a duré que deux ou trois secondes; elle y a été aussi précédée dun roulement sourd. Plu- sieurs personnes se sont sauvées en plein air. Toute la vaisselle a vibré avec bruit, des sonnettes ont sonné. Le ciel était pur, l'air chaud. Aucune observation n'a été faite sur le baromètre, ni sur l'aiguille aimantée. On peut fixer l'instant précis de la secousse à 9 h. 56 m.; mais la direction n'est connue qu'approximativement du N. au S.; on l'a même dite verticale. Elle a été ressentie à Alt- gebirge, Neusolh, Hieszka, Tahora, Jabrikowa, Kratik et Kordik, mais non à Kremnitz. » (J. et F., p. 47.) — Le 25, 7 h. 3/4 du matin, à l'île de Terceire (Açores), trem- blement de peu de durée, mais assez violent. (Lidador , journal publié à l'île de Terceire, n° 7, 29 mars 1862. Comm. de M. A. Guiod.) — Le 24, 10 h. du soir, à Pisagua (Pérou), une forte secousse qu'on a ressentie sur la côte et sur les bâtiments du port. On en avait éprouvé plusieurs plus légères depuis le commencement du mois. La lettre qui signale ces faits est datée du 31 et n'en men- tionne pas depuis le 24. (El Comercio de Lima, n° du 8 avril.) — Le 27, 11 h. du matin, à Valona (Albanie), un tremblement léger. (J. et F.) Avril. — Le 1er, 5 h. du soir, à Wilten(Tvrol), faible tremblement avec deux bruits sourds dans la direction du SE. au NO. Durée, trois secondes. (J. et F.) — Le 11,4 h. l/2du matin , à Tacna (Pérou), une forte secousse. (El Comercio du 23 avril.) — Le 15, 6 h. du matin et le 16, à Irkoutsk. (Vide supra.) — Le 18, 11 h. J/2 du matin, à Villa da Praia da Victoria (île Terceire), une violente secousse. M. A Guiod, agent consulaire de France, dit : « qu'elle a pu durer cinq à six secondes et qu'il lui a semblé qu'elle remuait le sol dans la direction du N. au S.; la Tome XVII. 7 ( 98 ) maison fut tellement ébranlée qu'il craignait, pendant ces quelques secondes, d'y être enseveli avec la malade au chevet du lit de laquelle il était. La secousse fut précédée d'un mugissement et accompagnée d'un bruit semblable à celui qu'occasionne un char à bœufs lourdement chargé et ébranlant le sol et les édi- fices. » Le Journal a Terceira , n° 1 05 du 26 avril, indique M h. */4 et signale la secousse comme très-violente et ayant répandu l'épou- vante dans la population. Le Lidador, n° 10 du 19 avril, dit qu'il y a eu deux secousses séparées par un court espace de temps à 1 1 h. */2 du matin. La pre- mière a été très-petite, mais la seconde a été assez violente et assez longue. La confusion a été épouvantable parmi les personnes qui se trouvaient alors dans les églises. Les offices ont été interrompus, mais il n'y a aucun malheur à déplorer. Les îles de Sl-Michel, S'-George, Fayal et Pico ont ressenti le même tremblement à la même heure ; il paraît y avoir été moins fort. (Lidador, n° 14, 17 mai.) Le 20, 1 h. 55 m. du soir, à 1 île de Tcrceire, autre petit trem- blement, presque inperceptible. (Lidador, n° 11, 26 avril.) Mai. — Le 4 , à 10 h. du soir, les populations de Rarogne et de Viège (Valais) ont été de nouveau alarmées par un tremblement de terre très-violent (Siegfried, /. c, d'après \aNouv. Vaud.). J'ai déjà cité des secousses à midi et 5 h. du soir à Sl-Nicolas et à 9 h. {k du soir à Graechen, d'après M. Tschcinen. — Le 15, midi un quart, à Admont (Styrie), une secousse; elle fut très-légère au premier étage du couvent, où l'on entendit un bruit semblable à celui que produit la chute d'un corps pesant; et plus forte au second étage. (J. et F.) — Le 20, 1 h. du matin, à Tacna, tremblement aussi violent que prolongé, a La ville, écrivait-on, est dans une panique géné- rale ; la population redoute les malheurs de Mendoza. Cette se- cousse, qui a duré plusieurs secondes, a été suivie de plusieurs autres accompagnées d'épouvantables bruits souterrains à divers intervalles. Au moment où j'écris (le 22, à 8 h. du soir), on a déjà compté quarante-deux tremblements ou bruits sans secousse. ( 9* ) Beaucoup de maisons sont endommagées, niais personne n'a péri. On passe la nuit en plein air, sur l'AIameda et dans tous les lieux découverts. » La même personne écrivait le 2 juin : « Les secousses conti- nuent; toutefois, depuis le 22 elles ont diminué de force et de durée. On commence à rentrer dans les maisons où jusqu'ici on n'avait pasosé dormir. Ces secousses paraissent avoir été plus vio- lentes encore dans la Cordillère; on les attribue à des volcans, comme celui de Tutupac (dans le district de Gandarave), qui fume actuellement, le Tambo-Quemado qui se trouve entre Tara- paca et Oruro, ou leWinas, situé dans la province de Moque- gua. » (El Comercio de Lima, nos du 28 mai et du 40 juin.) — Le 26, 5 h. 15 m. du soir, à Sf-Jakob (Lesachtbale, Carin- thie), une secousse médiocre du S. au N. Le 27, 1 h. du matin, une forte secousse de l'E. à 10. et de dix secondes de durée; elle se renouvela dix minutes après, dans la même direction , mais ne fut guère plus forte que celle de la veille. Le 26 et le 27, à Kalkstein (Tyrol), assez fortes secousses de l'O. à l'E. L'observateur se trouvait sur une haute sommité des Alpes, à 7000 pieds d'altitude, d'où il dominait dévastes pâturages, lorsque le 26, à 5 h. 50 m. du soir, le sol oscilla et prit un mou- vement ondulatoire sous ses pieds; il entendit en même temps, du côté de l'E., un bruit sourd, semblable au tonnerre, qui se prolongea après le mouvement du sol. Pendant la secousse, les pierres roulèrent sur les flancs escarpés de la montagne, et les troupeaux se réunirent autour de leurs conducteurs comme pour réclamer du secours. La nuit suivante, de 1 h. à 4 h., le même observateur nota cinq secousses encore plus fortes, le mortier se détacha des murs, les vitres et les fenêtres vibrèrent d'une manière effrayante; les objets, tels que les lampes, les chan- deliers qui se trouvaient sur les tables, furent renversés. Enfin à 11 h. 15 m. (du matin), eut encore lieu une dernière secousse qui fit tout osciller. Personne ne se rappelait avoir ressenti un tremblement de terre à Kalkstein. A S»-Peter in Arhn (Tyrol), le 26, 5 h. 15 m. du soir, trois se- ( 100 ) cousses consécutives, dont une forte et deux faibles, accompa- gnées d'un roulement semblable au tonnerre. Tout a été mis en mouvement. Le 27, 1 h. moins 5 m. du matin, tremblement semblable avec roulement moins fort; mais une seule secousse du NO. au SE. A 1 h., une deuxième secousse plus petite et à 1 h. 5 m. une troi- sième secousse plus faible encore. Toutes ont été accompagnées d'un fort roulement. Le même jour, à 10 h. 55 m. du matin, on a encore entendu un roulement pareil au tonnerre et ressenti une faible secousse. A Pregratten (Tyrol), le 26, 5 h. 50 m. du soir, une secousse. Le 27, à 1 h. 15 m. du matin, trois autres secousses peu impor- tantes. A 11 h. 15 m. du matin, une dernière secousse. A Lienz (Tyrol), le 26 , 5 h. 25 m. du soir, un léger tremble- ment. Le 27, à 1 h. 7 m. du matin, une forte secousse de plu- sieurs secondes de durée; elle parut plutôt verticale qu'ondula- toire. Cinq minutes après, une deuxième secousse plus légère, et sept minutes plus tard, une troisième secousse encore plus faible. A 11 h. du matin, une dernière secousse. Ce tremblement a été ressenti dans tous les environs de Lienz ; il a été plus fort dans les vallées et dans les lieux dont l'altitude est supérieure à celle de Lienz. Je rapporte la dernière secousse à 11 h., quoiqu'elle soit indiquée par la phrase suivante : « Am 11. d. M. Frùh um 7 h. folgte ebenfalls vieder ein schaecherer Stoss. » Ce doit être la même que celle de Kalkstein. A Sachsenburg (Carinthie) , le 27 , vers 1 h. du matin , trem- blement de deux minutes (sic) de durée, accompagné d'un bruis- sement tempétueux (Sturmhrausen) du S. au N. L'observateur se trouvait alors à Spital, où le tremblement la bercé dans son lit. Il a plu après la secousse. Le 27, 1 h. 10 m. du matin, à Obervellacli (Carinthie), fort- tremblement du SO. au NE. et de cinq à six secondes de durée. Le 27, 1 h. 10 m. du matin, à Maltein (Carinthie), tremble- ment avec secousses verticales qui ont réveillé toute la population, mais sans laisser de traces. Le 27, 1 h. 50 m. du matin, à Gastcin (Bad), province de ( 101 ) Salzburg, tremblement qui fît vibrer les portes et les fenêtres; beaucoup de personnes furent réveillées, entre autres M. le doc- teur Proell, auquel on doit cette notice, et un Napolitain , habitué aux tremblements de terre. On avait ressenti une secousse vers minuit trois quarts à Boecksteiner dans la maison de l'administra- tion, ainsi qu'à Schwarzach près Lend. Un baigneur très-sensible en avait remarqué une première la veille à 5 h. du soir (J. et F.) — J'ai déjà signalé, pour cette nuit, de nombreuses secousses dans le Pusterthale, voici de nouveaux détails puisés à la même source. Le 27, 1 h. 30 m. du malin, à Heiligenblut (Carinthie), sept ou huit secousses du S. au N., et, après un repos de deux minutes, quatre nouvelles secousses. A Untertauern les cloches ont sonné ; à Dôllach une cheminée a été renversée. — Le 28, 1 h. 25 m. du soir, à Lima, une secousse assez pro- longée. Il y en avait déjà eu la nuit précédente. Des plâtras se sont dé- tachés des voûtes de l'église de la Merced, l'un des édifices qui avaient le plus souffert en avril 1860. (El Comercio du 28 mai.) — A Irkoutsk pas de secousses dans ce mois. Juin. — Le 12, 4 h. du matin; le 15, 5 h. */* fsic), enfin le 17, 1 h. moins 10 m. et 1 h. moins 5 m. du matin, à Tacna, quatre nouvelles secousses. « Depuis ma lettre du 2 , écrit le même cor- respondant à la date du 18, les tremblements de terre et les bruits souterrains ont continué. Les dernières secousses que nous avons éprouvées (ce sont celles que je viens de citer) ont été assez fortes. » Elles se sont renouvelées jusqu'à la fin du mois. On écrivait le 6 juillet: « Les tremblements ont cessé depuis quelques jours; hace algunos dias que han cesado los temblores, le temps a changé, nous avons à présent des pluies et un, froid très-intense. » (El Comercio du 25 juin et du 11 juillet.) — Le 29 et le 50, à Irkoutsk. [Vide sapra.J — Je lis dans le journal El Comercio de Lima, n° du 3 juillet : « Le commandant de la corvette française la Cornélie , a annoncé au commissaire général de la marine à Callao, l'existence de trois ( 102 ) récifs récemment découverts dans le voisinage de l'île de Pilstaerl, à trente-cinq lieues environ dans le SO. de Tonga-Tabou , dans l'archipel des Amis. « Ils se trouvent : » Le premier, parlât. 22°55'15"S. et long. 178°48' 0. de Paris. » Le second, par lat. 21°45'S. et long. 179°2'10'' 0. » » Le troisième, parlât. 22°43'S. et long. 178o31'10" 0. » » Les deux premiers ont été reconnus par la corvette anglaise Pelorus, commandée par le commodore Beauchamps Seymour, dans une traversée de Sidney aux îles Fidji. Cet officier a fait sonder le premier et a trouvé six brasses d'eau. Le troisième la été par deux baleiniers. » Il est probable quïl existe des feux souterrains dans ces pa- rages, car on y a remarqué que l'eau de la mer était chaude et qu'elle offrait une espèce de bouillonnement, pues se noto alli que el agua del mar estaba caliente, ofreciendo à la vista una especie de her vider o. » Juillet. — Le 7, 11 h. 5 m. du matin, à Maltein (Carinlhie), deux secousses verticales avec bruit semblable au tonnerre. (J. et F.) — Le 10, 8 h. */4 du matin, au fort de Sl-George d'Elmina (Côte d'or, golfe de Guinée), par 5°4'48" lat. N. et 1°20'12" long. 0. de Gr., tremblement assez fort de dix secondes de durée, avec bruit souterrain et mouvement de l'E. à l'O. Le temps était accablant. Il resta le même le lendemain. Le 12, 10 h. */a du matin, une légère secousse. Beau temps ainsi que le 15. Le 18, temps pluvieux qui a persisté jusqu'au 25. Le 19, 6 h. du matin, une assez forte secousse de cinq secon- des de durée, avec bruit du SE. au NO. Brume le 21 et le 25. Beau ensuite. (Meteorologischen Waarnemingen uitgegeven door het K. JYederl. Meleor. Jnstiluut, 1862, p. xxxiv.) Ces secousses sont les seules mentionnées dans les tableaux des observations faites par M. C.-L. Daniels, du 1er décembre 1859 au 50 novembre 1862. On se rappelle que, le 10 juillet 1862, il y a eu à Accra (côte de Guinée), un tremblement très-fort dont tous ( "03 )• les journaux ont parlé et que j'ai signalé dans mon dernier cata- logue. Il a été très- violent dans le Dahomey ; mais jusqu'où s'est-il étendu ? c'est ce que je ne puis dire. J'ai mentionné aussi une nouvelle secousse qui aurait eu lieu le 10 octobre suivant à Accra, mais je ne connais pas la position précise de ce comptoir européen. Je ne puis donc rien dire encore de retendue du phénomène. — Le 10, vers 1 h. du soir, à Lima, une forte secousse qui a duré une vingtaine de secondes. (El Comercio du 10 juillet.) Le 11,1 h. 3/4 du soir, à Casma (Pérou), tremblement considé- rable. Il a commencé par un mouvement désastreux et continué avec un bruit extraordinaire. Les ondulations n'ont pas duré moins de trois minutes! Tous les édifices ont plus ou moins souffert. Dans les montagnes , les rochers se sont ébranlés et leurs flancs sont couverts de débris. (El Comercio de Lima, n° du 14 juillet.) — Le 24, 3 h. 14 m. du matin, à Tacna, une secousse assez forte et prolongée. (El Comercio de Lima, n° du 8 août, d'après une lettre datée du 2.) L'auteur ajoute en plaisantant : « Nous croyions les tremblements en voyage , mais les voilà revenus. » Peut-on en conclure que depuis la lin de juin, il n'y avait pas eu de nouvelles secousses? — Le 24 , à lrkoutsk. ( Vide suprd.) — Le 27 (n. st.), dans le gouvernement de Kiachta et clans la Mongolie, tremblement très-violent. Les secousses s'y renouve- lèrent ensuite. (Voyez le rapport de la commission présidée par M. Sgibnef.) — (Sans date de jour). A Salta et à Tucuman (république Ar- gentine), plusieurs secousses. Elles sont fréquentes dans ces deux provinces, mais généralement légères. (M. Martin de Moussy.) Août. — Le 4 (n. st.), 2 h. du matin, à Chacodate (Japon), deux légères secousses. (Dr Albrecht.) — Le 10, 2 h. 72 du matin; le 14, 7 h. du soir et le 16, 6 h. 3/i du soir, à Tacna, trois nouvelles secousses assez fortes. « Je ne compte pas les petites, ni les bruits souterrains sans mouvement du sol, dit le même correspondant, dans sa lettre datée du 22; le temps a changé, nous avons eu de la pluie plusieurs fois et nous avons de bonnes espérances pour l'année. » ( 104 ) Dans deux autres lettres, en date du 2 et du 17 septembre, il ne parle pas de tremblement de terre. (El Comercio du 27 août et des 8 et 25 septembre.) — Le 14, 7 h. */4 du soir, à Aréquipa (Pérou), une forte se- cousse qui a duré une trentaine de secondes. Le 16, à la même heure, une nouvelle secousse moins forte et moins longue. (El Comercio du 25 août.) — Le 16, entre 4 h. lk et 4 Va du matin, à Wilten (Tyrol), une secousse du NO. (J. et F.) Septembre. — Le G (n. st.), minuit (sic), à Chacodate (Japon), Jeux secousses légères. Le 16, pluie et brouillard, et à 11 h. du matin, une légère se- cousse. Le 25, pluie et tonnerre, et à 2 h. du soir, une légère secousse. Le 24 , minuit (sic), deux légères secousses. (Dr Albrecht.) — Le 7 et le 12, à Parana (république Argentine), pluie noire et obscurité presque complète dans le jour. On lit dans le Comer- cio de Parana du 27 : « Le 12 courant, à t */2 du matin, le ciel s'est tellement obscurci que, dans beaucoup de maisons de la ville, il a fallu allumer des lumières; il s'est ensuite éclairci peu à peu, mais en restant toujours couvert de nuages orageux jusqu'à 2 h. du soir. Pendant ce temps , il y a eu de fortes averses. » Dans la nuit, il était tombé une pluie noire! Le matin des vases, qui étaient restés à l'air, furent remplis d'une eau très-sale. Convaincus que cette saleté provenait des vases eux-mêmes, nous aurions passé sous silence ce fait qui a ému toute la population ; mais nous ne le pouvons plus aujourd'hui. » Une personne digne de foi nous assure que, dès le 7, il est tombé, à des intervalles d'une demi-heure, une pluie dont l'eau avait une saveur très-sensible et que, le 12 au matin, elle a trouvé des vases contenant de l'eau noire qui provenait de la pluie qui était tombée dans la nuit et qui, suivant plusieurs, avait duré jusqu'à 8 h. De la toile étendue à l'air a été détériorée. » (El Comercio de Lima , n° du 25 décembre suivant.) Quoiqu'on ne signale aucun phénomène séismique, je crois de- voir citer ce fait. Cette pluie noire ne proviendrait-elle pas de quelque éruption volcanique dans les Andes ? ( m ) — Le 29, 3 h. I) m. du soir, à San Francisco, une forle secousse ressentie aussi à Pelaluma. M. Trask ne parle pas de celles que j'ai citées à la fin de ce mois, d'après Y Echo du Pacifique. Septembre et octobre. — Depuis le 29 septembre, dit le journal le Houxinol, on ressent à Horta et dans toute l'ile de Fayal (Açores), de fréquents tremblements de terre et de plus en plus intenses. On signale deux secousses, d'une durée assez longue, dans la nuit du 8 au 9 octobre, une à minuit et l'autre à 5 h. du matin, le 9. Le 10, 2 h. du soir, une forte secousse. Le 1 1, 3 h. du matin, une autre secousse plus violente encore et plus longue. Le même jour, 7 h. du soir, autre secousse non petite. La nuit suivante, autres secousses légères à de courts inter- valles. L'épouvante est générale, des familles ont dressé des baraques sous lesquelles elles passent les nuits. Dans l'île de Pico, on a aussi ressenti de nombreuses secousses , dont plusieurs très-fortes. Le 15, 11 h. moins quelques minutes du soir, dans l'île de Fayal, une nouvelle secousse très-violente. Les églises sont restées ou- vertes toute la nuit; on a fait des processions. Bien des familles ont abandonné leurs maisons. Cette secousse a été ressentie dans l'ile de Terceire. (Lidador, nos 56 et 58, 18 octobre et 1er no- vembre.) Ces secousses répétées , et qui répandaient la terreur parmi les habitants de l'île, donnèrent l'idée à un ecclésiastique de léglise de la Miséricorde (pour tranquilliser la population) , de se saisir du registre de l'église signalant les prières faites en d'autres temps et en pareil cas et il lut : « que des tremblements de terre, qui ébranlèrent l'ile de Fayal, commencèrent le24décembre 1759, et ne cessèrent qu'en juin 1760, c'est-à-dire durèrent cinq mois et demi , et quoique les secousses fussent violentes et de durée, on n'eut à déplorer aucun désastre, ni même à signaler d'érup- tion. » A la date du 26 octobre 1862 , dit le même journal Iîoaxinol, on éprouva à Fayal des commotions souterraines et dans l'île du Pic ( 106 ) dépareilles commotions. (Communication de M. A. Guiod, agent consulaire de France, à Terceire.) Octobre. — Le 4, 5 h. du matin, à Valona (Albanie), une forte et longue secousse d'un tremblement circulaire, Kreisformùjen. (J. et F.) — Le 10, 10 h. 55 m. du matin, à Altdorf (Suisse), tremblement léger. (Siegfried, /. c.) J'ai indiqué 14 h. d'après M. Tscheinen. — Le 10, entre 2 h. et 2 h. lk du matin, à Kronstadt (Transyl- vanie), plusieurs faibles secousses (J. et F.). J'ai déjà signalé deux secousses à 1 h. 49 m. du matin, d'après M. Jeittelès. — Le 16 encore, à Karahissar (Asie-Mineure), tremblement qui, suivant M. Boue, a coûté la vie à 200 personnes. — Ce fait n'est-il pas du 5 novembre suivant? (Voyez ces deux dates dans mon cata- logue de 1862.) — Le 28, à Amélie- les-Bains (Pyrénées orientales), tremble- ment indiqué sans détails par M. Mathieu (de la Drôme), dans son Annuaire pour 1864, p. 124. Novembre. — Le 10 (n. st.), 1 h. 50 m. du matin, à Chacodate (Japon), deux légères secousses. Le 24, 2 h. du matin, deux autres secousses légères. (D1 Al- brecht.) — Le 1 1 , 2 h. 50 m. du matin , à Wilten (Tyrol), tremblement assez fort du SE. au NO. (J. et F.) Décembre. — Le 19 (n. st.), dans la matinée, à Lenkoran, Sche- macha , Schouscha et Zournabad , tremblement sur lequel M. le baron Osten-Sacken m'a fourni les détails suivants, extraits de la Gazette le Caucase, qui, comme tous les journaux russes, fait usage de l'ancien style. « Lenkoran, 7 décembre 1862. A 5 h. lk du matin, tremble- ment qui n'a pas duré plus d'une seconde et demie; il y a eu deux secousses très-fortes; la maison a craqué; de sorte qu'un senti- ment involontaire de frayeur m'a fait sauter du lit; tout s'est passé heureusement. Lèvent venait du N. au S. La veille, la journée était froide et brumeuse et, le 7, le soleil n'a paru que deux heures. (D. Hun.) » Schemacha, 7 décembre. A 5 h. 55 m. du matin, un tremble- ( 107 ) ment assez fort qui a duré à peu près une minute et s'avançait lentement du N. au S.; aucun dommage. (Charles Sehultze.) » Schouscha. Le commandant delà forteresse Schouscha, par un rapport du 8 décembre, fait part que le 7, à 5 h. 20 m., on a entendu un bruit souterrain qui a été suivi de deux secousses; la seconde était assez sensible. Les seules suites du tremblement consistent en un léger dommage causé aux deux colonnes en pierre du hangar de l'artillerie. » Zournabad, 7 décembre. Entre 0 et 7 h. du matin, il y a eu deux secousses assez sensibles, accompagnées d'un bruit très-lé- ger; le mouvement se faisait sentir dans la direction du NE. au SO. Je ne vous communique ce fait qu'aujourd'hui (le 12 janvier), parce que le tremblement me paraissait par trop insignifiant et de courte durée; mais ayant lu la nouvelle des tremblements qui ont eu lieu le même jour à Lenkoran et à Sehemacha , le nôtre acquiert par là quelque signification. Je considérerai comme un crime de ne pas vous informer de ce phénomène. (Basile Preo- brajenski.) » — Le 19, de nuit, à San Salvador, tremblement qui a duré deux minutes. Les secousses ont été violentes. (El Comercio de Lima, 18 janvier 1865.) J'ai déjà décrit le violent tremblement de terre éprouvé dans le Guatemala , ce jour-là à 7 h. */« du soir. — Le 23 , 8 h. 19 m. du soir , à San Francisco , une forte se- cousse mentionnée par M. Trask, qui ne parle pas de celle du 20 (ou 27), que j'ai signalée d'après Y Echo du Pacifique. — Le 24 (n. st.), G h. du matin, à Chacodate (Japon), deux secousses légères. Le même jour, pluie et tempête. Le 29, neige et, à 2 h. 50 m. du matin, deux légères secousses. (D1 Albrecht.) — Dans les derniers jours du mois , à Tacna (Pérou), secousses légères, mais dont la continuité faisait redouter une catastrophe. (El Comercio de Lima, du 8 janvier 1803.) SECONDE PARTIE. TREMBLEMENTS DE TERRE EN 4865. Janvier. — Nuit du 1er au 2 (n. st.), à Schiraz (Perse), une se- cousse assez forte , mais moins prononcée que la première du 21 décembre précédent. Le 4, deux secousses très-légères au milieu de la journée. Le 21 , vers minuit, une très-forte secousse. — Le 4, vers minuit et demi ou minuit trois quarts, éruption du Kloet, à Java. Les premières nouvelles parvenues à Batavia étaient assez con- fuses et remplies de détails aussi terribles qu'extraordinaires sur les phénomènes dont prétendaient avoir été témoins les habitants des environs du volcan. D'épouvantables détonations , accompagnées de pluies de cen- dres, furent entendues dans tout le pays à l'O. du Kloet, à l'ex- ception du cap 0. de Java. Dans la résidence deKadoe, on pensait que c'était le Mérapie qui avait vomi une forte pluie de cendre; à Magelang, les arbres et les maisons en étaient couverts comme s'il eût neigé; les vio- lentes détonations, qui précédaient la pluie de cendre, faisaient trembler les fenêtres et les portes. Le 4, 7 h. 3/4 du matin, à Banjoe-Mas, on crut avoir ressenti une légère secousse de tremblement de terre; l'atmosphère était ( 109 ) tellement obscurcie qu'à 8 h. du matin il fallut allumer de la lu- mière dans les maisons. A quelques kilomètres de Tagal, les champs et les arbres étaient tellement couverts de cendre qu'on ne pouvait distinguer ces der- niers à quelque distance. On croyait avoir vu de fortes colonnes de fumée s'élever du Slamat. A Poerworedjo (résidence de Bagelen), les cendres commencè- rent de bonne heure à tomber dans la matinée du 4; vers 5 h. du matin, le ciel parut tout rouge du côté de Mérapie et on crut que le volcan avait eu une violente éruption. A Djokjokarta, vers 8 h. du matin, le ciel parut plus sombre encore à la suite d'une forte pluie de cendres. Une forte odeur sul- fureuse, qu'on ressentit, y fit croire aussi à une éruption du Mé- rapie. Les nouvelles reçues de Soerakarta et de Patjietan étaient les mêmes que celles de Djokjokarta. A Madioen, Samarang et Rembang, on entendit entre minuit et 2 h., des détonations dans la direction du KIoet; la pluie de cendre, qui tomba vers midi, le 4, dans ces trois localités, était peu consi- dérable. A Kédirie, le sol fut couvert d'une couche de cendre de trois pouces hollandais d'épaisseur; l'atmosphère y parut fortement im- prégnée de vapeurs sulfureuses. Ne sachant d'abord quelle pou- vait en être la cause, on l'attribua au KIoet, auBromoetau Smeroe. Plus à l'O., jusqu'à Manondjaja et dans la régence de Lembangan (Preanger-Regentschappen), il plut aussi de la cendre. A Manondjaja, dans la matinée du 4, l'atmosphère parut teinte d'un bleu sombre dans le S. et le SE.; vers 9 h. elle parut d'un gris clair, et vers 10 h. tomba la pluie de cendres qui formèrent une couche assez épaisse. Dans le Lembangan , cette pluie ne commença qu'à midi par un vent du S. et ne dura que jusqu'à 5 h. Voici des détails plus circonstanciés, que j'emprunte à des rap- ports dont on n'indique ni les auteurs ni les dates : « Le 3 janvier, vers minuit trois quarts, première explosion au ( NO ) mont Kloet qui commença à vomir un torrent de vase bouillon- nante, au milieu d'un bruit de tonnerre, de décharges électriques et d'éclairs qui durèrent jusqu'à 5 h. et quelques minutes, tandis que la pluie de cendre ne cessa qu'à 4 h. le lendemain. » L'éruption et l'émission de boue étaient si violentes, la masse de cette vase bouillante était si grande, qu'au bout d'une heure et demie environ, elle avait atteint Blitar, chef-lieu de la division, situé à quinze kilomètres du volcan ; le courant était si brûlant que le pays était rempli d'une vapeur chaude. » Suivant ce que disent les indigènes, la montagne avait crevé en un point situé au côté 0. du cratère, et c'est par cette crevasse que le torrent de boue, composé d'eau et de sable et d'une cendre visqueuse, s'est précipité dans trois directions différentes. » Un de ses bras a couru vers Blitar dans une direction du SO. au S. (sic); le deuxième s'est dirigé d'abord à 1*0., puis au SO., entre le chef-lieu du district de Srengat et le poste d'Holomajang, sur le grand chemin de Blitar à Kédirie, où il a tourné au S.; le troisième enfin a pris son cours au N. vers le district de Sokoredjo appartenant à la division de Kédirie. » Ce dernier bras s'est divisé en deux au-dessus des hameaux de Poelo etNobo, et les a tellement enveloppés que, pendant plu- sieurs jours, on n'en a pas eu de nouvelles et qu'on les a crus perdus. » Le courant, qui se dirigeait vers Blitar, ayant rencontré une grande digue qui lui barrait le chemin, s'y ouvrit un passage en quatre endroits et coula dans l'intérieur de la ville qui fut sauvée. » La résistance de cette digue eût eu des conséquences incalcu- lables dans l'état actuel. Les ponts et les barrages ont été em- portés, la boue s'est répandue sur les lieux bas où elle s'est élevée à une hauteur de trois pieds et s'est solidifiée en se refroidis- sant. » Des parties de la dessa de Bernie et de celle de Kepandjeng (canton de Blitar) ont été fortement endommagées par ce courant; celles de Ngoemplak et de Poeton ont été entièrement ruinées par le torrent boueux qui se dirigeait vers Srengat. » Le hameau de Gojoaning, atteint par le courant qui coulait au ( 111 ) nord, a été enseveli de façon que de vingt -neuf maisons , cinq seu- lement restent debout. » Les arbres et les champs cultivés ont beaucoup souffert de la cendre sous le poids de laquelle beaucoup de branches se sont rompues. On cite notamment Areng, Kémirie et d'autres riches centres de populations, qui sont aujourd'hui ruinés; les rizières n'ont cependant pas souffert. Environ trois cent cinquante mille pieds d'arbres sont endommagés et quinze mille perdus. » Beaucoup d'habitations des indigènes sont détruites ou ren- dues inhabitables. Toutefois, les derniers rapports ne portent le nombre des morts qu'à cinquante-quatre; mais on craint, avec juste raison, qu'il ne soit beaucoup plus considérable; un pareil recensement n'est pas facile à faire dans un pays aussi sauvage. » Un témoin oculaire écrivait des environs de Blitar : E. et d'environ dix secondes de durée. — Le 8, de nuit et le jour (ïn def Naeht und am TageJ, à Grae «hen, indices évidents et fréquents de tremblement. Ce sont les seuls mentionnés dans ce mois par M. Tseheinen, qui n'en signale aucuns pour les mois de juin et de juillet. — Le P. S. d'une lettre, écrite le I 2 mai, de San-Salvador (Amer, centrale), se termine ainsi : « Nous avons éprouvé deux secousses de tremblement de terre qui n'ont causé aucun dommage. » (Echo du Pacifique, 1er juillet). — Je n'ai pas trouvé ces secousses men- tionnées dans la Gaceta o/iciul del Salvador. — Le 25, dans la soirée, le Mérapie (de Sumatra) fumait plus que de coutume. On mandait de Padang-Pandjang (Hautes terres de Padang), « que le volcan se présentait dans tout son éclat, la masse de fumée qui s'en dégageait était cxtraordinaircincm grande. » — Le 25, vers 7 h. du soir, à Magetan, résidence de Madioen (Java), une première secousse. A 11 h., une deuxième; elles ne du- rèrent que deux ou trois secondes quoiqu'elles fussent assez fortes. — Le 27, un peu avant G h. du matin, à Ternate, trois secousses consécutives, suivies de légers frémissements qui durèrent encore une couple de secondes. Mouvement horizontal de TE. à l'O. Pendant tout le mois, le volcan lança d'épaisses colonnes de fumée presque tous les jours. — Le 31 , 4 h. 20 m. du soir, à Alicante, tremblement bien sen- sible, ressenti dans toute la ville ; direction du INE. au SO. Une ou deux secondes auparavant, on avait entendu un bruit sourd sem- blable à celui de plusieurs voitures roulant dans le lointain. Quatre ou cinq secondes après, autre tremblement léger. Dans les derniers jours du mois, à Orgiva, vers 4 h. du soir, tremblement léger, ressenti par quelques personnes seulement. M. Casiano de Prado le regarde comme correspondant à celui d'Alicante, et il ajoute, à la fin de sa note sur les tremblements d< terre ressentis dans les provîntes du SE. de l'Espagne, avant le Ht juin : ( 13b ) « On n'en a pas ressenti à Valence. M. Botella, qui habile la ville depuis dix ans, n'y en a observé que trois, deux légers et un assez fort; ils ont eu lieu la même année (elle n'est pas indiquée). » Il n'y en avait pas eu encore à Séville avant le 4 août, ni à Malaga avant le 22 septembre. » Juin. — Au 2, les secousses avaient complètement cessé à Rhodes depuis plusieurs jours. Mais elles se sont renouvelées plus tard. Le 19, midi et 1 h. du soir, en Anatolie (sur la côte vis-à-vis de Rhodes), deux secousses assez fortes, ressenties aussi à l'île de Simi et dans les localités voisines. Le 25, heure non indiquée, à Rhodes, une légère secousse; accompagnée de mugissements souterrains qui se sont fait en- tendre plusieurs fois dans le cours de la même journée , sans qu'au- cune oscillation du sol ait eu lieu. Ces circonstances ont jeté de nouveau l'épouvante parmi la population. Après le 5 mai , il y avait encore eu de légères secousses. Mais, depuis quelque temps, le sol était resté calme jusqu'au 25. Le 28, à Rhodes, trois fortes secousses. Les habitants de l'île sont de nouveau plongés dans de vives inquiétudes. Ces secousses se sont fait sentir également dans l'île de Stanchio. — Le 5, vers 8 h. du matin, à Batavia, une légère secousse qui parut être de l'O. à JE. Le même jour, vers 8 h. lk du matin, dans la division de Tjie- Ringin (résidence de Bantam) , une légère secousse de l'O. à TE. Le 3 encore, 7 h. '/a du soir, à Tondano , résidence de Menado (Célèbes), une secousse du N. au S. Le 29, vers 9 h. {h du matin, dans les divisions de Tondano et de Belang (Célèbes), une assez forte, mais courte secousse du N. au S. Le même jour, 10 h. {h du soir, à Menado, un assez fort, mais court tremblement, consistant en deux secousses presque consé- cutives; la première surpassa la seconde en durée et en intensité : toutes deux furent de 10. à TE. Le 50, vers 10 h. du soir, dans la division de Kema (même résidence), une secousse horizontale de l'E. à l'O. ( J3C ] Le 5, 1 1 h. 10 ni. du soir, à Telok-Betong, district de Lanlpongs (Sumatra), tremblement du SO. au NE. et d'environ vingt secondes de durée. Le 10, 11 h. du matin, à Ajer-Bangies (côte 0. de Sumatra), une légère secousse verticale, accompagnée d'un fort bruit souterrain. Le même phénomène se répéta trois fois dans l'espace d'une heure. Pendant ce mois, dans la résidence de Tapanoclie (même gou- vernement), légères secousses à plusieurs reprises. On n'en indique pas les dates. Le 1 9, 4 h. lfa du soir, à Ternate, tremblement médiocre , mou- vement horizontal de l'O. à TE. Le 50, 7 h. et 10 h. du soir, deux autres tremblements de même force et de même direction que le premier; le dernier a été le plus long, il a duré au plus dix secondes. La montagne a continué de fumer tout le mois. Le 25, 9 h. du soir, à Batoer, division de Bandjar-Negara, rési- dence de Banjoe-Mas (Java), une légère secousse qui s'est renou- velée deux fois dans l'espace dune heure : mouvement du NE. au SO. M. Reiche, auquel je dois tous ces détails pour l'archipel indien, lie mentionne pas d'autre secousses que celles-ci et celles du 5 à Java pour ce mois. — Le 5, 7 h. 25 m. du soir, à Manille, tremblement le plus violent que, de mémoire d'homme, on ait ressenti dans le pays. En moins d'une demi-minute, les deux tiers de la ville ont été détruits. La cathédrale et presque toutes les autres églises, le pa- lais du gouvernement, l'hôtel de ville, la douane, l'hôpital mili- taire, plusieurs casernes, tous les bâtiments où étaient placées les administrations publiques et les fabriques de cigares sont renver- sés ou menacent ruine. Celles des maisons particulières qui restent encore debout sont toutes plus ou moins gravement endomma- gées et beaucoup devront être démolies. On compare ce tremble- ment à celui de 1645. Le tremblement a consisté en un fort mouvement de trépida- tion (vertical), suivi de deux ou trois épouvantables ondulations du S. au N., et de deux ou trois autres de direction différente ( 157 ) (eu otra direction), ou circulaires, suivant de nombreux témoi- gnages. Elles ont été accompagnées d'un bruit souterrain, fort et prolongé. On cite Binondo, Santa Cruz, Quiapo, Tondo, S'-Miguel , Pasig, Tambobo, Navotas, comme ayant beaucoup souffert. Cavité a moins souffert que Manille. A Bulacan , le phénomène a été très- notable (muy notable); peu sensible à Papamga et dans les envi- rons de la Laguna, il n'a pas été remarqué dans le nord, dans la province de Pangasinan. Dans la province de Bulacan, il s'est formé une grande crevasse d'où il sortait beaucoup d'eau noire et du sable en grande quan- tité; cette crevasse, de plus d'un vara (un mètre) de large , s'éten- dait sur une lieue de longueur. Dans les monts Angat, il s'est fait, dit-on, des changements con- sidérables ; des cimes sont plus hautes , d'autres plus basses qu'avant le tremblement; des rochers énormes ont changé de place. Sous le titre : Observaciones hechas en la bahia de Manila, le gouverneur donne, à la fin de son rapport, daté du 22, les ob- servations suivantes : « Le mercredi 5 juin, à 7 h. 30 m. du soir, nous avons vu venir à nous une vague du SE. au NO. Elle se précipita avec une telle impétuosité qu'elle passa sur le pont qu'elle couvrit entière- ment. La frégate fut fortement ébranlée et vibra comme si elle eût touché. L'eau bouillonnait autour du navire avec de fortes convulsions, elle était blanchâtre; on eût dit que nous nous trou- vions au milieu d'un champ de neige. Nous vîmes des flammes s'élever du côté de la terre dans la même direction; elles sautaient sur l'eau comme des balles; le phénomène fut visible pendant une minute. Tout autour de la frégate on voyait beaucoup de pois- sons et de coquillages ou mollusques (cangrejos). Signé : John Winchester, capitaine de la frégate anglaise Caribbean et David Cobb, capitaine de la frégate anglaise John Banks. » Sur une des places de Manille, il s'est, dit-on, ouvert, pendant le tremblement, un cratère qui lançait une espèce de sable noir et brûlant. Le capitaine général Echaguc, qui a envoyé plusieurs rapports ( 158 ) au gou\ernement espagnol , ne parle que des dégâts causés par le tremblement et ne signale pas d'autres secousses; il dit seulement, dans celui du 10, que, depuis le 3, il y a eu quelques tremble- ments moins forts que les premiers. On signale deux nouvelles secousses dans la soirée du 4. Le 22, un Français, natif de Cambrai, écrivait à sa famille : « La première secousse, à 7 h. 25 minutes du soir, a été terri- ble!... Il y eut une seconde d'arrêt; nous éprouvâmes ensuite trois secousses dans le sens de va et vient, comparables au mouvement imprimé au crible d'un van à blé, et enfin d'autres secousses dans un sens circulaire. Le tout dura quarante secondes, pendant les- quelles les édifices furent renversés.... Depuis ces désastres, cinq ou six secousses se font sentir tous les jours, mais faibles et ne rappelant en rien le grand événement. La saison des pluies est arrivée, nous voilà de nouveau pleins de sécurité. Dieu fasse qu'elle ne soit pas trompeuse! » P. S. La province n'a pas été épargnée; tous les édifices en pierre sont détruits, deux volcans sont en pleine éruption. Ici, à Manille même, le sol s'est ouvert en plusieurs places et dégage une forte odeur de bitume. La perte est évaluée ici à plus de deux cents millions de francs. » Le Diariode Manila, du 24 juin, publie la liste des victimes : Indépendamment des personnes ensevelies sous les ruines de la cathédrale, on compte 298 morts dans la ville et 188 blessés con- nus. Les édifices publics détruits sont au nombre de 40 et 28 sont très-endommagés. Les maisons particulières renversées com- plètement sont au nombre de 570; on n'en compte pas moins de 528 qui menacent ruine, ce qui fait un total de 1,172 édifices ou maisons particulières détruits ou menaçant ruine. Tous les édifices restant debout ont besoin de fortes et solides réparations. Cependant le beau pont de Manille a été reconnu par les ingé- nieurs comme n'ayant rien souffert. A Binondo, 145 morts et 59 blessés; à Snnta-Cruz, 35 morls et 27 blessés; à Tondo, 23 morls. On dit que le steamer Esperanza s'esl perdu avee tout son équipage. ( loi» ) Le 28 et le 29, clans lu province de Batangas, Jeux secousses, si fortes, qu'à Manille et dans les environs on se croyait à la veille d'une nouvelle catastrophe. Depuis le grand désastre du 3, la côte est constamment visitée par des tempêtes qui rendent toute navi- gation presque impossible. On a à déplorer plusieurs sinistres de mer. ' — Le 5, vers 1 h. du matin, à Au maie (Algérie), deux sceousses assez fortes du N. au S. et de cinq secondes chacune de durée. M. Aucapitaine ne signale qu'une secousse légère, à 0 h. 4 5 m. du matin, pour le 5; mais il mentionne encore les suivantes : Le 21 , 0 h. 50 m. du soir, deux légères secousses. Le 22, 5 h. 50 ni. du matin, une seeousse légère. — • Le 5, dans la soirée, à la Jamaïque, une courte mais vio- lente secousse, aecompagnée d'un bruit sourd, extraordinaire et épouvantable. Les ondulations paraissaient venir du SE. — Le 9, 9 h. du soir, à Voeslau, village près de Baden , bel Wlen (Autriche), une secousse très-légère, remarquée par le Dr Ami Boue, qui ajoute en me l'annonçant : « Je n'en puis répondre sur ma tête, étant déjà prêt à me coucher. Nos verres et bouteilles se sont remués. » — Le 9, 9 h. 58 m. du soir, à Digne (Basses-Alpes), trépida- tions fort sensibles du S. au N., pendant deux secondes, précédées d'un bruit sourd. A Beynes, les secousses ont été plus violentes; l'église, le presbytère et beaucoup de maisons ont souffert: tuiles loinbées, murs lézardés, blocs énormes de rochers arrachés delà montagne. Presque tous les habitants ont passé la nuit dehors. A Mezel, quelques dégâts, mais insignifiants. Même bruit, même direction et même durée. — Le 10, vers M h. J/4 du matin, dans la province d'Almeria (Espagne) , commencement de secousses qui se sont fait sentir, au moins les plus fortes, le long du cours de la rivière Almanzora , depuis son embouchure jusqu'à Seron , sur un espace de soixante- dix à quatre-vingt kilomètres. Le ministre de Fomente (d'encou- ragement), c'est-à-dire le ministre de l'instruction, des travaux publics et de l'agriculture, a chargé 31. Casiano de Prado, inspec- teur généra] des mines, de se rendre dans la province d'Almeria ( 140 ) «H de lui adresser un rapport sur les résultais de la mission qui lui était confiée. M. de Prado a publié son rapport sous Je titre : Los Terremolos de la provincia de Aimer ici. Madrid, 1805, 54 p. in-8° '. C'est dans ce mémoire, qu'il a eu la bonté de m'envoyer, que je puise les détails que je vais donner sur ces secousses. M. de Prado les a empruntés aux rapports officiels des alcades des diverses localités ou obtenus verbalement en parcou- rant la province, où il n'est arrivé qu'à la fin de juillet. Le 10, 11 h. J/4 du matin, à Huereal Obéra, tremblement très- violent; tout le monde se sauva dans la rue. Trois minutes plus tard, deux autres légers. A midi et demi, une secousse assez forte, suivie de beaucoup d'autres dans le jour; la plus violente de eelles-ci eut lieu à 4 h. du soir. Suivant le rapport de l'alcadë, il y en eut au moins deux dans chacune des cinquante premières heures. A Vera, 11 h. du matin, fort tremblement du S. au N., suivant les uns, du SO. au NE., suivant les autres, et de trois ou de cinq à six secondes de durée. Les secousses se répétèrent dans le jour. A Cuevas, il a eu lieu à 11 h. 10 m. du matin; de cette heure jusqu'au 15 on a compté 45 tremblements. A Cantoria, Il h. du matin, fort tremblement qui se renouvela ic lendemain avec plus de violence (furia): l'alcade dit, dans son rapport daté du 19, qu il y eut des secousses tous les jours et qu'elles ont été très-fortes les trois derniers. A Albox, 10 h. du matin, fort tremblement qui a duré six à huit secondes; on en a ressenti tous les jours jusqu'au 20, date du rapport de l'alcade. A Carthagène, M h. 21 m. du matin (temps moyen, d'après une horloge bien réglée), tremblement du S. au N. et de deux secondes de durée. A l'arsenal on a remarqué deux secousses dont la seconde a été la plus forte. On n'y en a pas éprouvé d'autres. On n'a rien ressenti dans la Sierra de Carthagène, ni dans les mines qui se trouvent entre cette ville et le Cabo de Palos. 1 Ce Mémoire a paru dans la Hevista Minera. L'auteur a publié deux addi- tions dans le même recueil, en 186ï, t. XV, p. 178-180 et p. 578-380. ( H! ) Ce tremblement a été ressenti, mais très-légèrement, à Mincie, ainsi qu'à Lorca et Aguilas. Le 1 1 , à Huercal-Obera, nouvelles secousses; les plus fortes eurent lieu à 2 h. et 4 h. du matin, puis à 1, 2 et 5 h. du soir (ou 5 et 4 h., suivant d'autres). A Vera, dans la matinée, tremblements assez forts et plus fréquents que ceux de la veille. Le 12, à Huereal-Obera , les plus fortes secousses ont eu lieu à 2 h. et à 5 h. '/a du matin J. L'alcade de Vera n'en signale pas pour ce jour-là. A Cucvas, elles continuaient. A Torrevieja, 8 h. 10 m. du soir, tremblement assez fort. Le 15, à Huercal-Obera , nouvelles secousses, on y en ressentit jusqu'au 17, mais elles furent moins fortes. L'alcade de Vera écri- vait qu'il n'en avait pas encore ressenti, ce jour-là, jusqu'au mo- ment où il expédiait son rapport. Elles continuaient à Cuevas. Le 14, 10 h. du matin, à Murcie, une secousse légère. Le 14 ou le 15, 5 h. */« du matin, à Vera, fort tremblement qui a de nouveau jeté l'épouvante dans la population. Le lo, 1 h. du soir, à Torrevieja, une secousse. Le 16 et le 17, à Cuevas, nouvelles secousses. Le 17 , 9 h */s du matin et 1 h. du soir, à Lorca , deux tremble- ments légers. Le 18, de 8 h. J/4 à 11 h. du matin, à Huercal-Obera, douze se- cousses, dont quatre furent épouvantables. A Vera,. trois secousses légères dans la journée. A Cuevas, 8 h. 20 m. du matin , tremblement très-fort. De 2 h. du soir jusqu'à midi du lendemain, six autres tremblements. Le 19, à Huercal-Obera, les secousses recommencèrent à 9 h. du matin; la première fut plus forte encore que celle de la veille. Les eaux d'une fontaine se troublèrent pendant six beures et aug- mentèrent des deux tiers, cette augmentation s'est maintenue. Près de la rivière Almanzora, une autre source s'est tarie et a reparu à quarante mètres de distance. Des moulins se sont arrêtés 4 Une lettre du 1:2 porte à quarante-six le nombre des secousses ressenties le 10, à trente-cinq celles du i 1 , et à huit ou neuf celles du 12, avant 10 h du matin. (A. P.) ( 142 ) pendant un peu de temps (un corlo tietnpo), les eaux qui leur donnaient le mouvement s'étant retirées ou ayant cessé de couler. Il y a eu des éboulements de rochers et des effondrements dans le sol aux environs de la ville. Le même jour, dans la matinée, à Vera, quatre secousses, la première épouvantable. De 9 h. du matin à midi, vibration presque continuelle, accompagnée d'un bruit sourd d'intensité variable, mais très-fort de temps en temps. A Cuevas, 9 h. du matin, tremblement épouvantable. On l'a ressenti dans la Sierra-Almagrera, mais il n'y a pas été très- for I. Le même jour encore, à 9 h. du matin, à Murcie, une secousse plus forte que celle du 44. A Albox, 9 h. */♦ du matin, tremble- ment aussi fort que celui du 10 '. Le 20, 6 h. */2 du matin, à Albox, autre tremblement plus vio- lent encore que les deux que je viens de mentionner, mais moins long; les cloches ont sonné, une maison s'est écroulée. Le même jour , à Cuevas, dix secousses dont quatre très-fortes. On n'indique pas d'heures. Du 20 au 27, on y en compta 56. Le 20 encore, à Huercal- Obéra, plusieurs secousses; elles ne cessèrent pas [no cesaron) jusqu'au 28; mais aucune ne fut très- forte 2. Dans son rapport daté du 20, l'alcade d'Arboleas dit seulement 1 Le 19, 9 h. */a du malin, à Cartagena, légers tremblements du N. au S. (Correspondencia de Es pana , 23 de junio). Au 19, on avait déjà compte 250 secousses à Huercal-Overa. Le Pays du 28 juin, Courrier de Bayonne du 3 juillet et autres journaux français. (A. P.) 2 Je lis dans une lettre de Huercal-Obera, datée du 20 et publiée par le Diario espanol : « Hoy, à la hora que escribo (las diez de la manana ) se han oido ya diez terremotos y entre ellos uno bastante violento à las cuatro. » Je lis encore, dans une autre lettre, écrite de la même ville, à la date du 22, et publiée dans la Espana du 27 : « El 20 hubo solo diez o doce movimientos, uno de ellos muy fuerte : este tuvo lugar à las cinco de la manana, y por eso no produjo la alarma que el del dia anterior. Ayer 21 fué un dia de calma; solo se nolaron dos o très por la madrugada y otros tantos por la tarde.... En el momento que escribo se han percibido dos oscilaciones, y un vecino que llega del pueblo dice que alli se han dejado sentir de una manera estraordi- naria, especialmente la segunda. n (A. P.) ( 145 ) qu'il v a eu de forts et fréquents tremblements de terre qui ont endommagé plusieurs bâtiments , mais il ne signale aucune date. Le 21, qui était un dimanche, on dit la messe en plein air à Cuevas. Nouvelles secousses â. A Huercal-Overa, deux ou trois secousses dans la matinée et autant dans la soirée, et on dit que ce fut un jour de calme : Ayer 21 f'ue un (lia de calma. Le 22, à Vera, à partir de 5 h. du malin, il y eut huit trem- blements considérables et de légères vibrations pendant presque toute la journée. Du 20 au 27, ce furent les seuls notables [nota- bles). Le 22 encore, 40 h. du matin , à Cuevas, une secousse. On en compta plus de cinquante à Huercal-Obera dans la journée. Le 25 et le 24, à Huercal-Obera, dix-huit secousses dans les deux jours; on ne dit pas combien chaque jour. Le 24, à Seron, trois tremblements dont un à 5 h. du matin: ils ne furent pas forts. Je ne trouve pas les dates des 25 et 20 mentionnées. Mais j'ai dit plus haut qu'elles ne cessèrent pas à Huercal-Obera jus- qu'au 28. Le 27, à Huercal-Obera, on sentit encore plusieurs secousses, dont une causa quelques dommages aux baraques. Dans un endroit, il se fit une crevasse de six va ras de long sur une demi- vara de large. A Albox, tempête avec éclairs et tonnerre pendant la nuit. Le 28, 1 h. '/, du soir, à Huercal-Obera, une forte secousse et à 10 h., nouvelle secousse suivie de quatre autres dans la nuit. A Cuevas, 9 h. 5/4 et 11 h. % du soir, deux secousses très-fortes. A Albox, 10 h. 7a du soir, tremblement aussi fort que ceux des 40, 19 et 20. Enfin, h Antas, 10 h. et 11 h. du soir, deux tremble- ments. Dans la même nuit du 28 au 29, minuit et demi , à Vera, trem- blement. 1 Le 21, à Cuevas et clans son arrondissement-, douze secousses. (Le Siècle et le Diario espanol, 25 juin, le G alignants Messenger du 26 juin et le Times, july l.A. P.) ( 144 ) Les journées du 29 et . La machine d'épuisement du Jaroso était arrêtée le 10 : on la mit en mouvement les deux ou trois jours suivants et l'on remar- Tome XVII. 10 ( 146 ) qua que, pour ramener les eaux à une hauteur connue des méca- niciens, il fallait six à huit fois plus de temps que de coutume. On se rendit maître des eaux et les choses marchèrent ensuite comme auparavant. » Dans un puits, creusé à environ 200 varas (mètres) de pro- fondeur, dans le barranco Jaroso, les tourneurs de la surface abandonnèrent le tour pendant une des secousses, en assurant qu'ils avaient vu venir sur eux les colonnes ou pieds-droits du manège et les grandes pièces de bois que soutiennent ces colonnes {tirantes ciel porche); les ouvriers qui travaillaient au fond du puits ne ressentirent rien. » Si les tremblements de terre, ajoute judicieusement M. Casiano de Prado, ont passé inaperçus dans l'intérieur des mines de Sierra Almagrera, ils ont néanmoins agi, par quelque mouvement du sol, insensible par les ouvriers, sur le régime des eaux sou- terraines et sur le dégagement des gaz; c'est ainsi que la ventila- tion des mines se trouve favorisée quelquefois par les ouragans et toujours quand le baromètre est très-bas. Cette action est in- dubitable, d'après ce que dit M. Laviiîa, de la disparition de l'acide carbonique sans qu'on ait été obligé de recourir au ventilateur pour renouveler l'air comme dans les temps ordinaires. Il est à remarquer que, si les eaux ont augmenté dans ces mines, elles ont au contraire diminué dans les norias des ha- ciendas (fermes, métairies) de Cabo, de Gâta, pendant les trem- blements de terre les plus forts, bien qu'on n'y en ait ressenti aucun ou qu'ils y étaient très-légers. Les tremblements de terre les plus forts n'ont été qu'au nombre de six ou sept1. Pas un n'a duré plus de six à huit secondes et encore, dit M. C. de Prado, je crois qu'il peut y avoir un peu d'exagération. Quant aux bruits, ils ont été beaucoup plus longs. Si les secousses s'étaient prolongées pendant 20 à 50 secondes ou davantage, si les oscillations avaient eu lieu simultanément en sens opposé et s'étaient compliquées de mouvements verti- 1 Ces remarques et les suivantes s'appliquent à toute la période des trem- blements qui se faisaient sentir encore à la fin de septembre. (A. P.) ( 1*7 ) eaux ou rotatoïres , qui sont les plus terribles, il ue serait pas resté pierre sur pierre. Une seule maison a été renversée à Albox. Ailleurs, les dom- mages se sont bornés à la chute de quelques pans de murailles ou de corniches et à la formation de lézardes ou crevasses; dans presque tous les cas, les maisons étaient vieilles ou de construc- tion défectueuse. Cependant , il est peu d'églises qui n'aient plus ou moins souffert. Il est remarquable que ces lézardes, tant anciennes que récentes, sont courtes, étroites, et la plupart ver- ticales. Pas une seule personne n'a péri. Le nombre des secousses a beaucoup varié d'une localité à l'autre. C'est à Huercal-Obera qu'on en a le plus ressenti. Leur intensité n'a pas été moins variée. Dans une même localité, elles ont été plus fortes ou plus sensibles dans certaines parties que dans d'autres, quoique le sol fût le même. D'ailleurs, toutes les personnes ne sont pas également sensibles aux tremblements de terre. Dans la Sierra Almagrera, trois personnes jouaient aux cartes pendant une nuit de juin : Terremoto ! s'écria l'une d'elles en laissant tomber ses cartes. Les deux autres, dont une était M. l'ingénieur Lavina , ne ressentirent rien. Nous citerons d'au- tres exemples plus loin ( voyez au G et au 8 août). J'ai signalé, plus haut, les changements opérés dans les sources de Huercal-Obera (le 19); j'ajouterai que les plantes se dessé- chèrent et périrent autour de lune d'elles, ce qui ne peut s'ex- pliquer que par le dégagement de gaz délétères que les eaux tenaient en dissolution. Il s'est aussi formé beaucoup de crevasses dans le sol; mais elles sont petites et de peu d'importance. La plus grande se voyait dans une rue de Cuevas; elle avait une trentaine de mètres de long sur 10 centimètres de large; depuis elles se sont fermées. Ce sont elles qui, sans aucun doute, ont donné passage aux éma- nations gazeuses. A Huercal-Obera la plupart des chats ont péri, les autres sont restés maigres et sans vigueur. Dans l'hôtel où était descendu M. Casiano de Prado, il n'en est resté qu'un sur neuf. On dit qu'à Vera, non-seulement les chats, mais les poules. ( 148 ) ont aussi éprouvé une maladie qu'on a attribuée aux émanations de quelque gaz particulier. A Huercal-Obera,la plupart des hirondelles ont disparu pendant le mois de juin, tandis que les autres années elles ne s'en vont qu'en septembre. Deux grosses boules de pierre qui se trouvaient sur le château (Castillo) de Cuevas, quoique retenues chacune par un tenon en fer, furent lancées à terre par une forte Secousse dont la direction doit être de l'ONO., à en juger par celle dans laquelle elles tombè- rent dans la rue ; des vases de fleurs, placées sur des fenêtres, tombè- rent dans la rue. A Cuevas, une forte secousse fit sauter (hizo saltar) plusieurs hommes à un demi -mètre de hauteur, fait semblable à celui du mineur de la Sierra Almagrera dont j'ai parlé plus haut. M. Casiano de Prado a pu reconnaître et constater, dans le voi- sinage du Rio Almanzora et dans plusieurs barrancos (gorges), près d'Huercal-Obera, des éboulements de terres et de pierres dont quelques-uns de grande dimension ,. Les bruits qu'on a entendus pendant cette longue série de trem- blements ont, comme toutes les autres circonstances du phé- nomène, attiré l'attention de M. de Prado. On croit qu'ils ont été moindres et moins fréquents à mesure que les secousses dimi- nuaient. Mais il fait observer qu'un grand nombre, et notamment les plus forts, dont plusieurs furent étourdissants et imposants ( atronadores y imponentes) ne furent accompagnés d'aucun mou- vement du sol. Presque tout le monde s'accorde à les comparer à des décharges d'artillerie plus ou moins éloignées. Plusieurs per- sonnes cependant lui ont dit qu'il y avait eu des bruits qui ressem- blaient plus à celui que font plusieurs voitures courant à une certaine distance. D'autres fois, c'étaient de simples rumeurs trop faibles pour être entendues par tout le monde. Généralement ces bruits ont précédé les secousses d'une, deux ou même de trois secondes, (') On écrit d'Huercal-Obera que, par suite des derniers tremblements de terre, une énorme colline s'est abaissée, et que tout le terrain est de niveau. Des ingénieurs qui voulaient faire des études sur ce terrain ont dû y renoncer, à cause de l'impossibilité de se servir de leurs instruments. (Débats. 2 juillet (A. P.) ( 1^9 ) mais il ne manque pas d'exemples dans lesquels ils ne se sont fait entendre que quand le mouvement avait déjà eessé. Le premier tremblement du 10 n'a été préeédé nulle part d'aucun bruit. A Huercal-Obera on a remarqué, assure-t-on, que les moineaux et les pigeons commençaient à voler avant un fort tremblement. Les poules cacareaban. A Vera , on a remarqué un âne qui, dans ces circonstances, flairait la terre et courait épouvanté se placer au milieu des per- sonnes. On assure même que les braiments de ces animaux ont été plus fréquents qu'à l'ordinaire. Des poissons, placés dans un vase, restaient au fond et ne nageaient pas quand il allait y avoir un tremblement. Plusieurs personnes aflirment qu'elles ont éprouvé des douleurs de divers genres, nerveuses ou oppressives, immédiatement avant les secousses un peu fortes. Un des médecins de Huercal-Obera a raconté à M. Casiano de Prado, qu'un ouvrier boutonnier avait annoncé un peu à l'avance le fort tremblement du 19 juin et celui du G août, d'après des bruits semblables à des décharges d'artillerie qu'il entendait dans le lointain, sans que les autres les entendissent. Telles sont les principales remarques que M. Casiano de Prado a faites sur ces tremblements et dont je ne puis donner qu'une ana- lyse succincte. Dans ce savant et beau mémoire, l'auteur se livre ensuite à des considérations théoriques, et il termine son travail par un catalogue extrêmement intéressant des secousses qui ont été ressenties dans le SE. de l'Espagne, depuis le 9 novembre 1 518 jusqu'à nos jours. Dans la seconde addition qu'il a faite à son rapport * , M. Ca- siano de Prado décrit une gorge très-curieuse, située entre Huercal- Obera et Cuevas. Là se trouve un bassin, de plus de trente mille mètres de superficie, qui a été, à diverses époques, recouvert d'eau jusqu'à une hauteur de quatre à cinq mètres à son centre, qui se vide en grande partie sans cause apparente. Les eaux ont disparu, pour la dernière fois, le 10 juin. Les secousses y ont été très- 1 Bevista Minera de 1° de julio, 1864, p. 579. ( 130 ) fortes; il s'y est formé des crevasses très-profondes que leur forme irrégulière a empêché de sonder. — Le 10, un Anglais, M. Robert Marsham , a fait une première ascension au Misti ou volcan d'Aréquipa. Parti, à 5 h. '/â du matin, de l'auberge (tambo) de la Agua del Milagro, qui n'est séparée du pied du volcan que par une plaine sableuse dune demi-lieue de large, il a gravi les rochers qui ter- minent à l'E. la base du volcan. En quelques minutes, il a atteint une petite plaine qu'il a facilement traversée dans l'espace d'une demi-heure; après avoir gravi une pente rocheuse, il a rencontré un terrain sablonneux (arenal), d'un sable très-fin et presque noir, puis une crête rocheuse d'un accès assez facile; elle parait être à moitié chemin du sommet; il était 9 h. du matin. Là commencent les grandes difficultés de l'ascension. Il fallut gravir une pente formée d'un sable meuble sur lequel on ne pou- vait fixer solidement le pied; à chaque pas il glissait et perdait la moitié du terrain gagné; il lui fallait s'arrêter tous les huit ou dix pas pour respirer. Il se trouvait épuisé par la fatigue et la rareté de l'air. 11 éprouva un soulagement sensible en respirant de l'al- cali volatil et en mâchant du cocu. Après deux heures de lutte et de fatigue, il parvint à une des grandes crêtes rocheuses du cône supérieur du volcan. A partir de là, le chemin devint plus facile, le zoroche (difficulté de res- pirer) diminua et notre voyageur cessa d'user d'alcali. Il commença à rencontrer de la neige plus ou moins solide dans laquelle il enfonçait jusqu'aux genoux; les rochers présen- taient des formes très-irrégulières et tourmentées. Il arriva au bord du cratère à 2 h. du soir; il ne vit d'abord qu'une vaste cavité à moitié remplie de neige. Gravissant alors une petite pente à gauche, couverte de neige et d'un sable volcanique noir, il se trouva tout à coup au bord du vrai cratère; c'était un gouffre circulaire d'un aspect sombre et d'environ quatre cents mètres (varas) de diamètre et d'une centaine de varas de profon- deur. Des parties les plus basses et des parois latérales s'échap- paient constamment d'épais nuages de vapeurs sulfureuses très- fortes qui se dissipaient dans l'atmosphère. Les parois ne sont pas ( 151 ) verticales, elles sont au contraire inclinées sous un angle d'en \iron 60 degrés. Il considère la première cavité qu'il a vue comme le reste de l'ancien cratère; elle a la forme d'un croissant; ses hautes parois extérieures s'abaissent du côté d'Aréquipa, à peu près vis-à-vis de la ville. Il n'en a pas vu le fond, qui était couvert de neige; mais il ne s'en dégageait aucune fumée. M. Marsharn croit que le cratère actuel s'est certainement formé dans la grande éruption qui a vomi les masses de sable dont les lianes du Mîsti et les llanos de sa base sont recouverts. La hau- teur du bord supérieur varie d'une manière très-irrégulière; la différence entre les points les plus hauts et les plus bas est bien de trois à quatre cents pieds. L'heure avancée l'a empêché d'atteindre cette fois la partie la plus élevée; il a craint de ne pas avoir le temps de parcourir les montées et les descentes que présente la cime. Il a commencé son retour h 5 h , et à 5 h. du soir il était au bas du volcan. Le 10 du même mois, il a fait une seconde ascension. Parti à 5 h. '/g du matin, d'un endroit situé à une lieue et demie de la rivière, il atteignait, à 8 heures, la cime la plus élevée après avoir surmonté les mêmes difficultés, mais sans avoir, cette fois, éprouvé les effets du zoroche. N'ayant pas emporté d'eau, il a fait fondre de la neige avec une lampe à alcool; elle a commencé à bouillir à 65° '/2 R- U en a conclu que l'endroit où il se trouvait était à 20,541) pieds (6, "200 mètres) au-dessus du niveau de la mer. Un pic voisin s'éle- vait à une trentaine de pieds plus haut. Le thermomètre de Fahrenheit descendit jusqu'à quatre degrés au-dessous de la ligne de congélation. II n'y avait pas beaucoup de vent, la respiration élait facile, et l'on n'éprouvait aucun malaise de la raréfaction de l'air. L'auteur, ayant plusieurs fois fait usage de la coca pour dimi- nuer la fatigue de l'ascension, ne mangea que du pain et du chocolat. 11 trouva une grande croix de fer qui était tombée. Il la releva , et maintenant elle s'aperçoit parfaitement de la ville. Avec des ( m ) lunettes, plus de cent personnes le virent pendant qu'il faisais l'examen des cratères. L'ancien a environ huit cents varas de diamètre, ses bords sont très-inégaux, il a la forme d'une demi- lune; la neige, qui parait en remplir le quart, se fondait au soleil et faisait ainsi rouler beaucoup de pierres dans l'intérieur. Le nouveau cratère a une centaine de varas de profondeur, ainsi qu'il a été dit déjà; sur les bords, sur les parois et dans le fond s'ouvrent, particulièrement à la lèvre supérieure, divers petits orifices, tapissés de soufre, d'où se dégagent sans cesse des vapeurs, surtout vers l'orient. La neige persiste dans les endroits où il n'y a pas de soufre. On n'y remarque pas la moindre trace de végétation. La neige est dure en certains endroits et molle dans d'autres. La vue s'étend au loin sur un vaste horizon. Cependant, M. Marsham n'a pas pu voir la mer que voilaient les brumes de la côte. Mais il apercevait très-bien les divers rameaux de la cordillère des Andes. Les cimes du Chachani lui ont paru plus élevées que celle du Misti. Il distinguait de même les immenses llanos (plaines), les vallées, une partie de la laguna de Salinas, le volcan de Ubinas et les deux tours de la cathédrale d'Aréquipa. Après avoir passé une heure et demie à étudier les cratères et à relever la croix de fer qu'il avait trouvée abattue, il redescendit à 4 h. du soir, et a 6 h. !/2 il était à la Agua del Milagro, ayant conservé dans cette excursion son costume ordinaire, composé d'une légère lévite et d'un pantalon blanc (El Comercio de Lima , n° du 22 juillet I80o, d'après la Boisa d'Aréquipa). — Minuit du 10 au 11 , dans le Ilodna (province de Conslan- tine), une forte secousse. Elle a produit au sondage d'El Analt des effets remarquables que le directeur des travaux, M. Jus, a décrits dans la lettre suivante adressée à MM. Degousée et Laurent : « La journée du 40 juin, dit-il, avait été insupportable; la température était de 57 degrés à midi par un vent d'O., et l'at- mosphère chargée au point qu'il était difficile de respirer. » Vers 5 heures du soir le vent a cessé, et tout laissait à pré- sumer que nous aurions une nuit tranquille, lorsque, à 1 1 heures du soir, un ouragan terrible s'est élevé dans la plaine : le vent ( »3S ) d'ouest soufflait avec une telle violence, qu'il lançait dans le vide des cailloux aussi gros que des noix; le ciel était en feu au nord, le tonnerre grondait, toutes les tentes arabes étaient par terre, déchirées en morceaux, et les femmes jetaient deseris de frayeur, croyant à la fin du monde. L'eau de la source El Anatt avait 2G à 27 degrés au moins; dans les réservoirs, elle a conservé eettr température pendant tout le temps de l'ouragan. Quant à nous, nous étions cramponnés à la chèvre et aux tentes qui étaient restées debout. À minuit, le vent était tellement fort, que j'ai pensé pour un moment à ce que nous allions devenir, lorsque tout à coup une violente secousse (je n'ose dire un tremblement de terre, cependant c'est bien le mot que je devrais employer) a apaisé la tempête comme par enchantement. De mémoire d'indi- gène on n'avait jamais vu cela. » Le 11, mon premier soin fut de prendre des nouvelles de nos puits , et voici les résultats qu'on m'en a rapportés : » Ain Kelba. — La cuve s'est affaissée pendant l'ouragan; l'eau a cessé de couler et a repris son cours primitif; les arbres ont été déracinés. » Saïda — S'est arrêté entièrement la nuit du 10. » Solthans (le dernier puits). — A cessé de couler la nuit du 10, a repris son cours le 11 et a disparu de nouveau. » J'ai organisé de suite une petite chèvre que j'ai installée sur le puits de Solthans; la soupape descendue m'a donné l'explica- tion suivante de l'arrêt de l'eau. » Les tuyaux neufs d'ascension sont encore broyés à 71 mètres (même profondeur qu'à Saïda, et les terrains bouchent le passage de la source). » Il y a vraiment de quoi être découragé; je sais bien qu'il n'y a nullement de notre faute, c'est bien malheureux de voir un travail qui m'a donné tant de misères ê4re détruit par des causes inconnues. — Sondage d'El Anatt, 13 juin 18G5. » Ici, ajoutent MM. Degousée et Laurent, dans leur communi- cation à l'Académie, les effets d'oscillations du sol ont été sensi- bles, et l'on ne peut guère mettre en doute leur influence sur les couches aquifères. La secousse de tremblement de terre dans lr ( 154 ) Uodna ne se trouve-t-elle pas confirmée par celles qui, les jours suivants, sont venues agiter si vigoureusement le sol de l'Espagne méridionale. — Jusqu'à présent, ces singuliers phénomènes ne se produisent que dans celle localité. Tous les autres puits res- tent dans les conditions régulières d'un écoulement constant. « M. Elie de Beaumont fait remarquer à cette occasion qu'on a pu, pour d'autres forages artésiens, constater le rapport dont 3IM. Degousée et Laurent citent des exemples. Ainsi , M. Hervé Mangon ayant déterminé presque journellement, depuis près de deux ans, la quantité de matières terreuses tenues en suspension dans l'eau du puits artésien dePassy, a constaté que les époques où la quantité de ces matières avait subi une augmentation ex- ceptionnelle avaient correspondu à celles pour lesquelles les re- levés de M. Alexis Perrey accusaient des trépidations du sol en différents pays '. » Dans une première lettre, en avril 1865, j'avais adressé à M. Hervé Mangon un extrait de mes catalogues, du 28 octobre 1801 au 51 mars 1862. Il me fit l'honneur de m'écrire, le 28 mai 1865 : « Vous m'avez répondu avec tant d'obligeance, au mois d'avril dernier, au sujet des tremblements de terre, que je prends la liberté de mettre une seconde fois à contribution vos précieux catalogues. » Le rapprochement de vos indications et de mes jaugeages des troubles des eaux des puits de Passy a donne de si remarqua- bles coïncidences que je désire continuer cette recherche Je viens donc vous prier de me donner le relevé des tremblements de terre du 1er avril au 44 août 1862. » Je me suis empressé d'adresser à M. Hervé Mangon le relevé incomplet qu'il désirait et il a de nouveau trouvé des coïnci- dences remarquables. Les résultats de cette étude comparative ont été publiés dans V Annuaire de la Société météorologique de France , t. XI, pp. 81-84, séance du 12 mai 1865 et dans le Moniteur du 50 septembre. 1 Comptes rendus, t. LV'II , pp. M 5-116, séance du 13 juillet 1865, note ayant pour titre : Oscillations du sol manifestées par des perturbations dans le régime de quelques puits artésiens, par MM. Degousée et Laurent. ( 155 ) Dans mon premier catalogue annuel, celui de 1843, j'ai signalé un fait analogue. Après avoir décrit les secousses ressenties, le 22 décembre, à Cherbourg, à Saint-Malo et dans l'île de Guer- nesey, j'ajoutais : « De ce phénomène on peut rapprocher le fait suivant, textuellement extrait du bulletin de service du puits foré de Grenelle : « Puits artésien. — L'eau ayant monté une grande quantité de sable et de vase, pendant la nuit du 25 au 24, la cuvette s'était abaissée et avait fait fermer la soupape de distribution. Le 24 au soir, l'eau était revenue claire et ne montait plus que très-peu de sable. » Au reste, MM. Degousée et Laurent répondaient à M. Jus qui leur avait signalé des accidents très-extraordinaires, en 18G2, dans les deux sondages de Saâda et Solthans : « Vos accidents sont bien singuliers : n'avez-vous jamais pensé à des oscillations souterraines du sol? En Espagne, dans le Sud que j'ai parcouru l'année dernière, on a établi un système d'observations qui a permis de constater vingt-trois secousses dans une année. A Xaples, lors d'une éruption du Vésuve, sans tremblement de terre apparent, nos deux sondes ont été simultanément prison- nières au forage du Palais et à celui de la \ ictoria. » (Note citée, p. 114.) — Dans la nuit du 15 [sic), à la chute du Niagara, éboule- ment considérable, que le Times du 18 juillet indique sous la rubrique de La ml slip. Ce glissement fut accompagné d'un bruit sourd plus fort que celui de la décharge d'un parc d'artillerie. — On ne parle pas de tremblement de terre. — Le 14, 5 h. du matin, à Maja (sic, Petite Cuinanie, Hon- grie), tremblement (M. Boue). — Le 18, l h. 5/4 du soir, à Inspruck (Tyrol), tremblement assez fort, de l'O. à l'E. — Le 18 (n. st.), après 7 h. du soir, à Petrovsk (Caucasie, sur la mer Caspienne), douze secousses. J'extrais les détails suivants d'une lettre que M. Abich m'a fait l'honneur de m'adresser de Tiflis : « 1805. Le littoral de la mer Caspienne, entre la ville de Derbent et l'embouchure du ïerck, a deux fois ressenti les vibra- ( m ) lions de secousses nombreuses, qui paraissent appartenir à une région de commotions rares, dont la forteresse de Petrovsk forme à peu près le centre. Un monsieur de ma connaissance nous a donné, sous la date du 5 octobre (v. st.), les nouvelles suivantes sur ces événements survenus à Petrovsk. Je vous en fais la tra- duction littérale. « Notre ville de port a été visitée dans cette année deux fois par des tremblements de terre. Le premier a eu lieu le 6 juin (v. st.) et se composa de douze secousses ; elles commencèrent à 7 h. du soir et ne finirent qu'après minuit. Quelques-unes de ces secousses étaient si fortes que Ton pouvait voir que les pla- fonds des chambres se mirent en mouvement, et les poutres, qui supportent les solives, chancelèrent. Toutefois, il n'y avait nulle part dans la ville de dégâts. Le tremblement de terre revint une seconde fois le 4 6 septembre (v. st.), également après 7 h. du soir (voyez à celte date). » M. Osten-Sacken décrit ces secousses à peu près dans les mêmes termes; seulement, il ne les fait commencer que vers 8 h. — Le 19, 11 h. 5/4 (sic), à Eisenerz (Styrie septentrionale), tremblement violent avec bruit semblable au tonnerre (M. Boue). — Le 25, vers midi 20 m., près d'Auxonne (Côte-d'Or), un ingénieur civil, occupé à faire un nivellement, a ressenti trois ondulations consécutives et bien distinctes (M. Poiselet). — Le 26; un peu après midi, à Constantine (Algérie) une légère secousse verticale. — Le 29, 5 h. 51 m. du soir, à l'observatoire du Vésuve, une secousse. — Le 29 encore, 6 h. 5/4 du soir, à Aréquipa (Pérou), fort tremblement. On a compté vingt-quatre secousses, dont quatre très- fortes pendant la nuit, que la population épouvantée a passé dans les rues et sur les places publiques. On a fait des proces- sions. Quelques secousses encore jusqu'au 4 juillet. — On lit, dans la Revue du Monde colonial, octobre 1863, p. 565 : « Le volcan de Cosiguina, après un repos de plus de vingt ans , est à la veille de donner le speclacle d'une nouvelle éruption. Des détonations se font entendre dans les entrailles de la mon- ( iW) tagne, et une fumée noire el épaisse, au milieu de laquelle on dis- tingue des langues de feu, sort du cratère béant. Lors de sa dernière éruption, en 1842, le volcan de Cosiguina a détruit plusieurs villes et villages et a lancé une telle pluie de scories, que des cendres sont tombées jusqu'à la Jamaïque, à plus de six cents milles, à vol d'oiseau. » — La dernière éruption est du 19 jan- vier 1835. La Revue citée ne donne pas de date mensuelle de celle qui se prépare. — Dans les premiers jours du mois, à Heiligen Berg , au NE. dOlmutz, tremblement sur un mille carré de surface (M. Boue). — (Sans date de jour), A San Francisco, une forte secousse (M. Trask). — . Vers le commencement de juin, le Kilauea a manifesté une grande activité qui paraît s'être maintenue pendant tout l'été. Dans une lettre, en date du 25 juillet, le rév. O.-H. Gulick , missionnaire américain à Kau (Hawaï), s'exprime ainsi : « Nous avons trouvé le cratère très-actif. Un millier d'acres environ, ou le sixième du fond du cratère, était recouvert de pahoehoe (lave molle), et des produits des dernières éruptions qui ont eu lieu, il y a six ou huit semaines. Ces éruptions se sont manifestées sur le côté N. du cratère, à deux ou trois milles du grand lac. Cette lave est encore chaude en beaucoup d'endroits et parait incandescente dans le fond des crevasses. La partie de la coulée, sur laquelle nous marchons d'abord en descendant dans le cratère, parait toute récente (fresh), elle est encore chaude sous les pieds quoiqu'elle date de six semaines peut-être. a En traversant cette dernière coulée qui , dans cet endroit, n'a que trente ou quarante verges (rods) de large, nous nous diri- geâmes directement vers le grand lac, distant de trois milles, dans la partie méridionale du cratère. Le lac, qui varie continuellement de forme et de grandeur, nous a panuavoir environ 450 pieds de diamètre; sa surface est à une trentaine de pieds au-dessous de l'orle qui l'environne tout autour; il est excessivement actif. » Je nai visité le cratère qu'une fois; c'était en 1846 ou 1847. Le lac se trouvait alors exhaussé au-dessus du niveau général du fond du cratère, il paraissait clos et soutenu par un mur de ( m ) pierre. Lorsque nous en approchâmes, la lave se souleva, brisa la muraille et s'échappa en se dirigeant de notre côté; nous pûmes nous approcher assez de la coulée pour enlever des échantillons au bout des longs bâtons dont nous nous étions munis. » Cette fois (Thîs timé) nous avons vu le lac tel que les voya- geurs le dépeignent depuis plusieurs années. Il n'est cependant pas arrivé souvent, je pense, qu'on l'ait trouvé plus actif. De différentes cavernes, situées de ce côté du lac, s'échappent, continuellement, en bouillonnant et en écumant, des flots de matières embrasées qui, comme les vagues de l'Océan, viennent en lames de feu se briser sur les roches des bords du lac. A des intervalles, tantôt de quelques secondes seulement, et tantôt d'une demi-minute, une immense fontaine jaillissante se fait jour au milieu du lac et soulève autour d'elle une crête de lave rouge qui n'a pas moins de dix à douze pieds de hauteur, tandis que de plus petites masses laviques sont projetées jusqu'à vingt et trente pieds. Tout le lac, excepté à l'endroit où jaillit l'ébullition, était couvert d'une croûte scoriacée ou écurne de couleur pâle de plomb, ressemblant assez à celle qui se forme à la surface d'un fourneau rempli de métal en fusion. Cette croûte était dans un mouvement continuel, et de divers points • les matières superfi- cielles se dirigeaient vers les centres d'ébullition; à leur arrivée dans ces foyers de plus grande activité ignée, elles étaient con- sumées en un instant et réduites en lave fondue. Ces changements incessants se manifestaient dans les différentes parties de cette croûte, qui flottait à la surface de la matière liquide. De petites pierres, qu'on y jetait, ne s'y enfonçaient que lentement et par- tiellement comme dans la bouc. L'aspect de ces énormes jets de feu, s'élevant à huit, dix ou douze pieds de hauteur et projetant encore beaucoup plus haut les matières, qui s'en échappaient comme des éclaboussures , produisait une impression grandiose et difficile à décrire. » La scène changeait à chaque instant : ces immenses jets de feu, dont nos plus grands feux d'artifice ne peuvent donner une idée, s'élançaient tantôt sur un point, tantôt sur un autre, et souvent sur trois, quatre ou cinq points du lac à la fois. A des in- ( m ) lervalles irréguliers d'une ou deux minutes, un petit cône, de douze à quinze pieds de hauteur, s'élevait à la distance dune quarantaine de pieds du lac, avec un fracas qui aurait fait croire à la présence de dix mille dénions dans ses entrailles. Ces bruits, comme les jets de matières ignées, semblent dus au dégagement de la vapeur et des gaz. » Nous restâmes une heure et demie à admirer ce spectacle, puis nous retournâmes à notre station , située à une distance de quatre milles sur le bord de cet immense cratère. » A 10 h. de la nuit, nous fûmes réveillés par les cris de l'un de nos compagnons. Nous courûmes dehors et nous fûmes té- moins d'une nouvelle éruption, qui se manifestait en ce moment même, sur le fond des dernières coulées que nous avions suivies dans notre première descente au cratère, et à environ deux milles et demi du grand lac. Cette éruption produisit des jets de feu , qui, pendant plusieures heures , s'élevèrent à plus de trente pieds de hauteur. Nous distinguions les courants ignés qui sortaient de cette source et retombaient en cascades de plusieurs verges de hauteur. Le lendemain matin, cette éruption avait cessé. Quel- ques acres , couvertes d'une lave brillante, étaient tout ce qui res- tait du travail nocturne de la moderne Pelé. » Tel est le spectacle que le Kilauea offre aux voyageurs. Ce volcan est plus actif qu'il ne Ta été depuis plusieurs années. On a ressenti quelques légères secousses de tremblement de terre sur divers points de Vile Haïrai. » Dans une lettre que le rév. Titus Coan, missionnaire à Hilo, a adressée au professeur Lyman, en date du G octobre, je lis ce qui suit : « Le Kilauea a été très-actif pendant la plus grande par- tie de l'été. Plusieurs cônes nouveaux se sont formés; il s'en est échappé, avec des sifflements et des détonations , de la vapeur et de la lave en ébullition. Les laves se sont fait jour sur plusieurs points et le grand lac de matière fondue a projeté ses jets de feu bien loin par-dessus ses bords; ils se sont élevés quelquefois jus- qu'à 40 et même 100 pieds. La pression exercée de bas en haut par la lave a fait ouvrir, sur plusieurs points du cratère, de nou- veaux events d'où il s'est échappé des coulées qui ont recouvert ( 160 ) des espaces considérables. Le bord de la chaudière volcanique s'est encore fendu et brisé dans ses parties basses, en sorte que des courants de roche fondue s'y sont précipités comme par des dé- versoirs. « Toute la circonférence du cratère, au-dessous des murailles qui l'environnent, a été inondée par la lave en fusion. Par cette circonférence, ou ceinture extérieure , j'entends les limites de ce qu'on appelle le Black Ledge (le bord noir). Mais il n'y a plus de Black Ledge aujourd'hui; il y a plus de dix ans que les courants de lave l'ont détruit. Sur la partie nord du cratère, dans la région où se termine le sentier par lequel on y descend , il y a des huttes construites sur le bord,' et recouvertes parla pahoehoe ou lave noire solidifiée de l'intérieur; elle a été exhaussée de 70 à 100 pieds par les courants successifs, provenant des autres parties du cra- tère, notamment des régions voisines du Halemaumau, ou grand lac de lave. » Des voyageurs ont prétendu, plus d'une fois, qu'il était im- possible de descendre dans le cratère et d'en atteindre le fond par le sentier ordinaire, à cause de la mer de feu qui s'étend jusque sur ses bords. D'immenses coulées de lave se sont arrêtées et re- froidies, tout le long du haut rebord qui s'est formé du côté de Kau , et plusieurs lacs se sont ouverts à diverses reprises dans cette localité. Suivant la dernière mesure que vous en avez prise, la hauteur de ce mur (ou rebord) était, je crois, d'environ 700 pieds; aujourd'hui elle n'en a probablement pas plus de 600. » L'aire centrale reste la même; il n'y a de différence que dans le soulèvement considérable que le fond a éprouvé sous l'action des forces intérieures. Il forme une espèce de table (table-land) bien distincte, de cinq à six cents pieds plus haute, que ne l'avait donné le nivellement de 4840. » Le Mauna Loa jouit d'un calme parfait. Nous ne remarquons de symptômes d'activité qu'au Kilauea. Nous nous attendons à quelque grande démonstration de la part de ce dernier, mais sans pouvoir en prédire l'époque. » Aux détails contenus dans ces deux lettres, M. James D. Dana, ajoute les éclaircissements suivants pour les lecteurs auxquels la ( toi ) connaissance du cratère du Kilauea n'est pas familière. « Les des- criptions précédentes, dit-il , se rapportent au fond du grand cra- tère-gouffre, appelé Kilauea ou Lua Pelé. » Le gouffre est environné, dans la plus grande partie de son circuit, par un mur à peu près vertical de lave solide, qu'on prendrait, à distance, pour une roche stratifiée et qui ne s'élève plus aujourdhui qu'à une hauteur d'environ 000 pieds, du côté de 10., suivant M. Coan. C'est dans la partie SO. de la plaine de lave solide, qui constitue le fond du cratère, que se trouve un grand lac de lave, appelé Halemaumau. « Le sentier ordinaire, par lequel on descend dans le cratère du Kilauea, se trouve à l'angle NE. Après l'éruption de 1840, les portions centrales du gouffre , c'est-à-dire à peu près le tiers de la surface entière de son fond , s'affaissèrent de trois à quatre cents pieds au-dessous de l'orle qui en formait la circonférence, de sorte que le cratère eut alors un millier de pieds de profondeur. » C'est cet orle à peu près circulaire, qui forme un rebord ou espèce de terrasse autour du gouffre, qu'on désigne sous le nom de Black Ledge. Dans les dix années qui ont suivi 1840, le fond du gouffre s'est exhaussé par l'accumulation des courants de lave qui l'ont comblé en grande partie et fait disparaître les limites du Black Ledge, sur une grande étendue de son contour. Depuis lors, il n'y a pas eu de grande éruption '. » Juillet. — Le 1er, à Huercal-Obera, un tremblement. Le 2, huit autres tremblements dont un, à 11 h. 7-2 du soir, fut assez long; il arrêta le cours de l'eau dans plusieurs moulins, mit en mouvement des norias qui se trouvaient prêtes et fit sonner une des cloches de l'église principale. Il fut très-fort à Cuevas. On le ressentit aussi à Antas. Le 5, 11 h. du matin, à Murcie, tremblement léger. A Huercal-Obera on en ressentit onze dajis la journée; ils furent légers; les heures n'en sont pas indiquées. Le 4, 7 h. du matin, à Lubrin, tremblement très-fort, précédé de quatre autres moins importants. A Huercal-Obera, il yen eut six ce jour-là. * Amer. Journal, 2de sér., t. XXXVII, pp. 415-417, may 1864. Tome XVII. 11 ( 162 ) Le 5 , à Huercal-Obera , trois tremblements et un à Cuevas dont l'aleade dit, dans un rapport, daté de ce jour, « qu'en même » temps qu'on y ressent des tremblements , on entend des déto- » nations dont les unes paraissent provenir du centre de la terre » et les autres de l'espace ou de l'atmosphère ( en el espacio). » Le 6, 11 h.3/4 du soir, à Torrevieja, tremblement léger. Le même jour, on en ressentit quatre à Huercal-Obera. M. Ca- siano de Prado dit qu'on y en compta trente-cinq, du 1er au G; j'en trouve seulement trente-trois signalés dans ce qui précède. Cependant, M. de Prado m'écrit plus tard qu'il faut maintenir le nombre trente-cinq qu'il a copié sur la note du maire. Le 6 encore, à Cuevas, tremblement léger. « Cependant, écrit » l'alcade, de fortes détonations, qui paraissent souterraines, » continuent avec une grande fréquence ; on dirait des décharges » de grosse artillerie. » Du 1er au 6, il y a eu douze tremble- ments; je n'en trouve que trois signalés avec dates de jour. On n'en a ressenti que sept à Vera dans ces six premiers jours. On n'en a pas tenu note, parce qu'ils étaient trop faibles (no no- tables). Le 7, à Huercal-Obera, trois tremblements dans la matinée et six dans la soirée, au milieu d'une tempête accompagnée d'un fort ouragan, qui renversa toutes les baraques et les tentes des cam- pements. Le même jour, 8 h.3/4 du matin, à Cuevas, un tremblement; entre 4 et 5 h. du soir, un autre assez fort, et deux autres sans indication d'heure. Dans un rapport officiel (de la giiardia civil), il est dit que, depuis le commencement, les secousses deviennent chaque jour plus fortes et plus fréquentes (cada dia se oyen mas Inertes y mas continuas). Le 7 encore, dans la soirée, à Antas, ouragan terrible qui déracina beaucoup d'arbres, et, à l'entrée de la nuit, tremble- ment qui fit déserter l'église pendant le rosaire l. 4 Une dépêche télégraphique d'Alméria, en date du 7 de ce mois, annon- çait seulement que ces tremblements de terre s'étaient renouvelés dans plu- sieurs districts de la province. (A. P.) ( 165 ) On n'a pas eu de rapport de Vera pour ce jour-là. Dans la nuit du 7 et la matinée du 8, à Lubrin, plusieurs tremblements. On ne parle pas de l'ouragan. Du 8 au 54 , à Huercal-Obera , trente-huit tremblements de peu d'importance. Le 8, on compta sept secousses. Le 9 , à 4 h. du soir, on n'en avait encore remarqué qu'une seule. Il y eut des jours où l'on n'en ressentit aucune. A Cuevas, dans la même période de temps, il n'y en eut que vingt-sept, répartis sur quatorze jours seulement. Le 9, 9 h. du matin, à Seron , tremblement assez fort avec bruit. Maisons lézardées. Du 10 au 11 , à Vera , deux ou trois tremblements légers; les bruits souterrains duraient encore. Au 12, les secousses diminuaient à Almeria. Le 14, 5 h. du matin, à Vera, tremblement aussi fort que celui du 10 juin; il fut suivi de deux autres dans l'espace de 25 secondes. A 10 h. du matin, on en ressentit un autre. Plusieurs personnes ont encore remarqué d'autres légères secousses. Le même jour, entre 2 et 5 h. du matin, à Cuevas, tremble- ment, l'un des plus forts du mois. Le 15, dans la matinée, à Antas, trois tremblements. Les oscilla- tions ne furent pas très-fortes, mais le bruit fut très-grand. On eût cru entendre la détonation d'une décharge prolongée d'artillerie. Le 21 , 5 h. 3/4 du matin , à Vera, tremblement suivi d'un autre, moins d'un quart d'heure après, et, plus tard, de trois secousses encore plus faibles. Le même jour, 6 h. du matin, à Cuevas, un des trois tremble- ments les plus considérables du mois. « Celui-ci, dit l'alcade dans son rapport, fut fort et effrayant [faerte y aterrador), et suivi, une demi-heure après, d'un autre plus violent et ensuite de cinq autres jusqu'à 2 h. du soir. Au second , toute la population se , sauva dans les rues. » Le 21 encore, de 6 à 11 h. du matin, à Huercal-Obera, cinq tremblements. Pas de détails. — Le plus fort de ce jour fut res- senti très-inégalement dans les diverses localités. On cite encore Antas, mais sans indication d'heure. ( 164 ) — Le 2 et le 3, dans la province Batangas(île de Luçon), plu- sieurs secousses violentes; la plus intense a eu lieu le 5 , à 9 h. */2 du matin. Il paraît que le volcan de Taal n'a pas cessé de fumer. Celui d'Albay vomissait du feu en petite quantité. Dans les districts de Benguet et dans les environs, on avait ressenti un fort tremblement qu'on supposait en relation avec un volcan qui a paru dans la province de Cagayan. On n'en donne pas la date dans des nouvelles de Manille du 22 juillet. Le 15, 4 h.1^ du soir, dans la province de Batangas (Luçon), une forte secousse verticale (de trépidation), puis entre trois et quatre heures, une forte secousse ondulatoire (d'oscillation), précédée, comme la première, de beaucoup de bruit souterrain. Pas de dommages. Du 30 juillet au 2 août, on a ressenti de forts tremblements dans les provinces du N. de Luçon, à Alora, Lépanto, Ilocos nord, Ilocos sud, Union et Cagayan; pas de dommages (nouvelles du 22 août). — Le 2 et le 10, à Lahore (Inde), fortes secousses du N. au S. et de 20 secondes de durée. De semblables secousses ont été éprouvées en d'autres points de l'Inde. Le 14, 40 h. 40 m. du soir, à Bombay, une secousse.de quinze secondes de durée ( Times et Galignanïs Messenger du 19 août ). On lit encore dans le Galignani's Messenger du G septembre : « D'après les nouvelles de Calcutta, en date du 29 juillet, et de Bombay, en date du 9 août, de violentes secousses de tremble- ment de te re ont été éprouvées à Shrinaghur en Cachemire. » (Comm. de M. d'Abbadie). — Le 5, 4 h. 30 m. du soir, à l'observatoire du Vésuve, une secousse. Le 4, 4 h. 45 m. du soir, une nouvelle secousse. Le 6, 4 h. 27 m. du soir, une troisième secousse. — Le 4, on écrivait d'Aréquipa qu'on avait encore ressenti quelques secousses très-légères depuis le 29 du mois précédent. On n'en indique pas les jours. — Le G, à l'île Sainte-Hélène, éboulement des rochers qui dominent la ville de James Town. Il paraît dû aux eaux infiltrées depuis longtemps. ( »65 ) — Le 8, le matin (early on the momi/ig), à Spanish Town et Kingston (Jamaïque), deux fortes secousses qui ont causé une alarme considérable. Les mouvements ondulatoires étaient dans la direction de l'E. Immédiatement après, il s'est manifesté dans l'atmosphère un grand changement accompagné de pluie. — Le 8, pluie de cendres à l'Etna. M. A. Longobardo, agent consulaire de France à Catane, écrivait le 8 à M. Ch. Sainte-Claire Deville : « Depuis le mois de mai, l'Etna nous a fait entendre des détonations; le cratère a subi de grands changements par de très- sensibles échancrures; des flammes ont quelquefois illuminé le cratère. Hier, dans l'après midi, à de fortes détonations a succédé une pluie de cendres quia duré peu, mais qui a fini par couvrir entièrement d'une légère couche toute notre ville. Ce matin, le bruit court (sans que je puisse vous en garantir l'exactitude) que l'Etna a fait éruption du côté septentrional, à la partie supérieure de son sommet, entre Bronte et Maletto. Ce que je puis assurer, c'est que, ce matin, le grand cratère lançait des colonnes de fumée et de vapeur, et que, hier au soir, on voyait la réverbération de ce nouvel incendie. » (C. R., t. LVII, p. 457.) Le 9, M. B. Gravina, écrivait de Catane à M. Triger: « La lave s'épanche par une nouvelle ouverture, qui s'est faite au-dessous du sommet, du côté N., où la pente étant moins rapide, n'oppose que peu d'obstacles à la marche des matières épanchées, tandis que le sable s'élève en tourbillons du sein du grand cratère. (Ibicl, p. 256). On écrit de Messine, le 16 : « L'Etna est depuis quelques jours en travail. Le grand cratère laisse échapper des flammes et des laves. C'est du côté de Bronte que semble se diriger l'action sou- terraine qui peut donner lieu à quelque nouvelle éruption. De for- midables détonations, des pluies de cendres et de pierres, des feux dont la chaleur du sol révèle l'existence, portent l'épouvante jus- qu'à Catane et surtout parmi les populations de la montagne, qui, sur plusieurs points, ont déjà fait leurs dispositions pour fuir leurs demeures... On écrit de Palerme, le 16 : « Depuis plusieurs jours, l'Etna continue à faire entendre son tonnerre souterrain qui augmente ( 166 ) encore. Le soir, le cratère vomit des colonnes de fumée incandes- cente, du milieu desquelles des flammes s'échappent de temps en temps. « Avant-hier (le 14), à 4. h. du soir, une pluie de sable, sem- blable à des débris de lave , est tout à coup tombée à Zaffarana Etnea, Pisano, S. Venerina, Linera, Magnano, Aci Reale, et sur toutes les contrées environnantes. Dansles régions les plus élevées, comme dans les premières localités nommées, des scories de diverses gros- seurs, comprises entre celles d'une fève et d'une amande ou d'une noix; mais elles sont très-légères et friables. Le sable tombé à Aci Ileale et dans les environs est plus ou moins menu et léger. La pluie de sable fin a duré huit heures à Catane. Les colonnes de fumée, qui continuent à s'élever du cratère, font craindre une de ces terribles scènes malheureusement trop fréquentes pour le pays. Cependant, on n'a encore ressenti aucune secousse de trem- blement de terre qui soit comme l'avant-coureur de ce terrible phénomène. » On écrit de Palerme, le 17 : « L'Etna continue son éruption de scories, de sable et de cendre. Dans la commune de Zaffarana, il est tombé une grêle de petites pierres (lapilli) qui, dans les hautes régions, comme à Cassone, pesaient jusqu'à huit et dix onces; la pluie de pierres a été accompagnée d'un brouillard de sable qui s'est étendu jusqu'à Syracuse, et qu'on aurait même observé jus- qu'à Naples. On assure que la Cascina degli Inglesi, construite par le professeur Gemmellaro, pour servir de gîte aux savants dans leurs ascensions au volcan, a été atteinte par un courant de lave et qu'elle n'est plus qu'un monceau de ruines. » Le 21 et le 22, fortes détonations à l'Etna. On écrit de Palerme, le 25 : « Nous apprenons que l'éruption s'est renouvelée avec une grande violence au cratère de l'Etna. Le sable projeté par le vol- can est tombé jusqu'à Catane, mais il n'a pas causé de grands dégâts aux environs de Nicolosi. Le courant de lave incandescente est descendu jusqu'à la Casa degli Inglesi, qui avait été restaurée dans ces derniers temps par le prince Humbert, et qui a été com- plètement détruite. Hier et avant-hier, on a entendu de violentes détonations. Le soir, on voit d'ici des colonnes de feu s'élever du cratère. » ( 107 ) On lit dans le Journal des Débats du 50 : « L'Etna lance con- tinuellement des scories et des cendres. Dans la commune de Zaffarana, il est tombé une grêle de petites pierres qui, dans les hautes régions, comme par exemple, à Cassonc, avaient un poids de huit à dix onces. Cette pluie de pierres était accompagnée d'un nuage noir de sable, qui s'étendait jusque dans la contrée de Syracuse et qui a dû être observé à Malte. On assure que les laves se sont étendues jusqu'à la maison que M. le professeur Gemmellaro a fait construire sur l'Etna et qui est connue sous le nom de Cascina degli Inglesi. Je lis dans le Moniteur du 10 août, les passages suivants d'une lettre d'un voyageur qui a fait l'ascension du volcan : « Depuis le 1er mai, on voyait une épaisse colonne de fumée s'élever du plus haut cratère de l'Etna, et tous les soirs, jusqu'au "28, on apercevait de Catane les flammes qui s'élançaient du côté E. de ce cratère. Dans le mois de juin l'Etna se tut, mais le 2 juillet la fumée et les flammes reparurent vers l'E.; le 6, ces dernières devinrent plus denses, et de fortes détonations com- mencèrent à se faire entendre. » Dans la journée du 7, la population de Catane, qui suivait avec un intérêt mêlé d'une juste crainte le menaçant spectacle, vit une partie du bord du cratère s'affaisser et la fumée s'élever dans cet endroit par une nouvelle crevasse, accompagnée de sables et de scories projetés dans la direction de la Casetta des Anglais, où se trouvaient accumulés des matériaux destinés à la réparation de cette maison. » La chaleur était presque insupportable, l'odeur du soufre très-intense; on trouva, dans les scories et les grains de sable , du fer titanique en abondance. » Je fis signe au guide de me conduire vers le monticule, c'est-à-dire vers le point culminant du premier cratère; mais en ce moment la terre se mit à trembler fortement, et une colonne de fumée s'éleva très-rapidement du plus haut cratère, de sorte que le guide se mit à crier : Nous sommes perdus! En effet , une flamme vive, haute d'environ huit mètres et aussi large que le second cratère, commença à s'élancer avec des détonations ( 108 ) effrayantes ; au milieu des tourbillons d'une fumée très-noire et très-épaisse, s'élançaient aussi de grandes masses de lave à la dis- tance de cinq à six kilomètres. Le guide s'était jeté à terre pour éviter au moins les masses lancées transversalement. Après lui avoir fait reprendre courage, nous descendîmes promptement vers le N. et nous vîmes la maison des Anglais couverte de lave. Nous poursuivîmes alors notre chemin en toute hâte, et nous ne tardâmes pas à être en sûreté. » Les détonations s'entendaient déjà plus fortes vers Catane; du sable et des scories noires commençaient à tomber dans les environs, c'est-à-dire à Catane, au Capo Santa-Croce et jusqu'à Agosta, atteignant même la seconde région du mont, couvert de vignes et d'arbres fruitiers. Aussi , les propriétaires des fonds et les habitants des villages, situés dans le périmètre, commencèrent- ils à concevoir une certaine crainte. Alors je me décidai à gravir l'Etna parNicolosi, en compagnie d'un guide habile. La nuit était transparente et illuminée par un beau clair de lune. Une flamme assez vive couronnait le sommet du volcan. Au point du jour nous arrivâmes à la maison des Anglais; nous trouvâmes le côté gauche de cet abri envahi par la lave, qui couvrait tout le côté S. du grand cratère. » Le guide , malgré sa hardiesse , ne croyait pas prudent d'aller plus loin; mais je l'encourageai et le décidai à me suivre. » Nous continuâmes donc notre ascension. Nous voyions à nos pieds un long triangle noir qui s'étendait jusqu'à la moitié de l'île. L'ombre, remontant, se projetait jusqu'au plus haut cratère, qui mesure environ cent mètres de longueur et cinquante de lar- geur. A l'E. de ce cratère, s'élève un monticule d'une hauteur de quarante à cinquante mètres; c'est le point culminant de l'Etna: au-dessous, vers le S., il y a un second cratère plus petit. Le premier jetait des globes épais de fumée , et l'on voyait sur les bords de larges crevasses, par l'une desquelles s'échappaient des flammes très-vives. » La date de cette ascension n'est pas donnée. — Le 10, dans l'après-midi, à la Trinidad, une violente se- cousse. A Demerara, on a éprouvé, le même jour, deux légères ( 1«9 ) secousses qui ont été sensibles dans toutes les parties de la ville, et qui ont duré plusieurs secondes. — Le 11, 5 h. 18 ni. du soir, à Auinale (Algérie), légère et assez longue secousse. A 4 h. 35 m. du soir, bruits souter- rains. Le 18 , à 5 h. 40 m. du matin , une forte secousse. A 4 b. 50 ni. et 6 h. 10 m. du matin, deux nouvelles secousses légères. Le 19, 11 h. du soir, une légère secousse (M. Aucapitaine). — Le 11 , 8 h. du soir, dans la division de Belang (Célèbes) , une assez forte , mais courte secousse du N. au S. Le 14, vers 10 h. du soir, dans la division de Kema (même résidence de Manado), une secousse moins forte et moins longue que celle du 50 juin précédent. Le 19, 8 h. du. soir, dans la division de Belang, une légère secousse. Le même soir, de nuit, dans le district de Kawan-Kowa (même résidence ) , une secousse semblable. — Le 15, 6 h.'/â à 8 h. */2 (sic), à San José (Californie), deux fortes secousses accompagnées d'un bruit sourd ressemblant aux lointains grondements du tonnerre. Le 51, vers 10 du matin, à San Francisco (Californie), une secousse assez forte du SO. au NO. (sic) ; elle n'a pas été aussi sensible dans le haut et dans le cœur de la ville que dans la partie basse avoisinant les Wharfs. J'emprunte ces deux faits à Y Écho du Pacifique du 5 août. M. Trask ne mentionne qu'une forte secousse à San Francisco, le 15 à 10 h. 4 9 m. du matin. — Le 20, le Mérapie, volcan situé au centre de Java, paraissait être en éruption depuis quelques jours. A Magelang, qui en est à plusieurs kilomètres, on entendait de temps en temps un bruit souterrain qui ressemblait assez à celui d'un vent violent ou d'une lourde voiture roulant sur un pont de bois; une forte colonne de fumée, mêlée de flammes et d'étincelles, s'élevait du cratère. Le sol tremblait dans une circonférence de deux à trois kilo- mètres autour du cratère ; on n'a pas pu bien déterminer la direc- tion des secousses, dont toutefois la plupart étaient du NO. au SE. ( 170 ) Le 23, l'activité augmenta d'une manière remarquable, le bruit était plus intense, il ressemblait à celui d'un violent orage; le vol- can vomit beaucoup de soufre et de lave, surtout du. côté de l'O. Par moments, la colonne de fumée était épouvantable. Les jours suivants, il tomba une pluie de cendres et, dans la soirée du 28, la montagne parut embrasée tout entière. Le feu sortait en même temps par trois cratères, dont deux semblaient formés récemment, et s'élevait à une hauteur d'une centaine de pieds; de tous les côtés la lave se précipitait vers la base du volcan, c'était un spectacle superbe. Un ravin, situé sur le flanc 0. et de 150 pieds de profondeur, fut à moitié rempli de lave, qui paraissait encore incandescente le 31, alors que la montagne avait repris son repos ordinaire. Le 27, avant la dernière éruption, cinq personnes, parmi les- quelles était le régent de Magelang , tentèrent une ascension au volcan; mais elles ne purent s'élever qu'à 4,500 ou 5,000 pieds; surprises par une forte pluie de cendres, elles furent forcées de redescendre. La cendre tombée les jours précédents était considérable, car ces personnes en rencontrèrent, en divers endroits, une couche d'un pouce et demi d'épaisseur. C'était un spectacle affreux, toute la végétation paraissait morte aux environs. Les bruits souterrains étaient très-forts, des flammes sillonnaient de temps en temps les colonnes de fumée. Le courant de la lave s'apercevait à une petite distance. Suivant les rapports des indigènes, qui depuis des années habi- tent les flancs de la montagne, il s'est formé, du côté de l'E. un nouveau cratère au S. de l'ancien. — Le 23, 3 h. */a du matin , à Aumale, tremblement vertical qui a duré plusieurs secondes. Plusieurs maisons lézardées. La Gazette de France du 3 août et le Siècle du 2 indiquent le jeudi, sans autre date. Je ne suppose pas le fait du 30. M. Aucapitaine n'en parle pas dans son relevé séismique emprunté aux observations du génie. — Le 24, 3 h. 35 m. du matin, à Cosenza (Calabre eitérieure), tremblement ondulatoire du SSO. au NNE. et de quatre à cinq ( 171 ) secondes de durée. (M. Guiscardi.) Le journal Le Pays, du 28, dit : « Le 24, à Cosenza et à Paola, légères secousses. » Le 26, 4 h. du matin, à Cosenza (roy. de Naples), tremblement sensible, remarqué aussi à Paola. (Bulletino meteor. delV osserv. romano. Roma 51 luglio, p. 1 10. (Comm. de M. Laudy.) — Le 25, 7 h. lli (sic), à Forli , une secousse d'assez longue durée. Le 2G, vers 3 h. du soir à Forli, tremblement ondulatoire du N. au Sr., suivi d'un vent furieux et d'une tempête qui a rompu une grande quantité d'arbres. — Le 29, 8 b. '/4 du soir, à Terni (Ombrie), une secousse on- dulatoire de cinq secondes de durée (Bulletino meteor ol.delV oss. rom., p. 110). — Le 50, 5 h. du soir, à Gênes, une légère secousse ondula- toire. — Le 30 (n. st.), à Nikolajewsk (aux bouches de l'Amour), trem- blement très-léger qui a duré quelques secondes. (Comptes rendus de la compagnie russe- américaine. Communication de M. Osten- Sacken ) — Le 51, 1 h. 50 m. du soir, à Banjoe-Mas (Java), tremblement assez violent; il commença par une forte secousse suivie d'un fort bruit souterrain semblable à celui d'une voiture pesamment char- gée roulant sur un pont de bois; on eût dit que ce bruit se pro- pageait sous la surface même du sol. A cette première phase du phénomène succédèrent quatre chocs verticaux, suivis encore de trois violentes secousses horizontales du SE. au NO. Le tout a duré six secondes. A 3 h. 25 m., tremblement beaucoup moins violent; il ne fut composé que de quatre faibles secousses horizontales du SE. au NO. encore et accompagnées d'un bruit semblable au premier. Durée totale, quatre secondes seulement. Les dommages causés aux bâtiments publics et particuliers fu- rent assez considérables. Mais personne ne périt. Ces deux tremblements paraissent avoir été ressentis dans les divisions du N. de la résidence, mais moins violemment qu'à Ban- joe-Mas. A Tjie-Latjap, on ne s'en est pas aperçu. ( «72 ) — Dans le commencement du mois, près de Drontheim, Bergen et Ekersund (Norwége), tremblement qui m'est signalé, sans autre détail, par 31. Ami Boue. — Dans le commencement de juillet, au point du jour, à Palma (Majorque), une légère secousse et trois autres aussi légères à Santa-Margarita , dans la même île. Ce sont les seules que signale M. l'ingénieur Bouvii, dans une lettre du 15 août à M. Casiano de Prado. Août. — Du 1er au 4, on n'a pas noté de tremblement dans la province d'AIméria. Le 5,9 h. du soir, à Antas, une secousse. On n'y en avait pas noté depuis le 21 juillet. Le 6, 1 h. Va du matin, à Vera, tremblement terrible qui jeta la population dans le désespoir; l'alcade dit dans son rapport qu'il fut plus violent que ceux des 10 et 19 juin. Au point du jour, un autre moins fort. Le même jour, 2 h. du matin, à Antas, tremblement plus fort que celui de la veille; on se sauva de nouveau des maisons. A Huercal-Obera , 2 h. V4 du matin, l'un des plus longs trem- blements qu'on y ait ressentis; il dura sept à huit secondes. Deux secousses encore avant 4 h. du matin. A 10 h. du soir, autre se- cousse légère, suivie, huit secondes après, d'un bruit qui se ter- mina par un choc instantané, mais fort. M. Casiano de Prado arriva à Huercal-Obera ce jour-là, à 9 h. du matin. Il avait passé la nuit à Lumbreras, à quatre lieues de là, sur la route de Lorca; il n'y avait rien ressenti : on n'a rien éprouvé non plus à Lorca. M. de Prado, ni aucune des personnes qui se trouvaient encore éveil- lées dans la maison où il était, ne remarquèrent la secousse de 10 h. du soir, tandis que celles de la maison en face et celles qui se trouvaient dans la rue et dans les baraques la ressentirent. Le 6 encore, après 2 h. du matin, à Cuevas, fort tremblement avec beaucoup de bruit et un grand mouvement. Le 7, de 2 à 5 h. du matin , trois légères secousses, ressenties par des muletiers, entre Huercal-Obera et le désert (despoblado) d'Obera, situé sur le bord de la rivière Almanzora, à six kilo- mètres de la ville. * - ( 173 ) Le 8, 1 h., 5 h. (/■ et 4 h. du matin, à Albunol, Albondon , Mamola et Castel de Ferro, trois tremblements. Le dernier fut le plus fort. A Albunol, il fut accompagné d'un bruit semblable à une décharge d'artillerie de gros calibre. Beaucoup de personnes ne s'aperçurent pas des deux derniers. Cependant une personne, qui dormait au troisième étage d'une maison, entendit un bruit si fort et sentit un mouvement si grand, qu'elle s'élança de son lit et resta trois jours avant de pouvoir se décider à revenir cou- cher dans la chambre. A Castel de Ferro, port de mer situé à douze kilomètres à 10. d'Albunol et à vingt kilomètres à l'E. de Motril, des cadres se détachèrent des murs et tombèrent. Des pè cheurs en barques le ressentirent en mer. Le même jour, 4 h. l/a du matin, à Capileira (Sierra Nevada), tremblement de huit secondes de durée. A Vera, 2 h. du matin , fort tremblement, qui se répéta à 2 h. !/î. A Berja, Dalias et Adra, 5 h. Va et 4 h. du matin, deux trem- blements pas très-forts. A Motril, 4 h. du matin, tremblement accompagné d'un bruit très-pmlongé. Dans la matinée, à Huercal-Obera, quatre tremblements dont deux de quelque durée et d'une certaine force , et à Cuevas, quatre tremblements dont un fut assez considérable. Les tremblements de cette matinée , quoique moins forts que ceux qui les avaient précédés, notamment les 40 et 4 9 juin et le 6 de ce mois, se sont étendus à une distance assez considérable à l'O. et au N., jusqu'à Motril et à la Sierra Nevada, où Ton n'en avait encore senti aucun. Le 8 encore, 9 {k du soir, dans les métairies d'Obera, au bord de l'Amanzora, et à une lieue d'Huercal-Obera, tremble- ment léger qu'on ne ressentit pas dans cette ville où ils sont, dit-on, moins forts que dans le voisinage.de la rivière. Dans la même soirée, à Capileira (Sierra Nevada), autre trem- blement, il fut court. Au village de el Canar, situé à quatre kilomètres d'Orgiva, léger tremblement non ressenti dans cette ville. M. Casiano de Prado fait remarquer que le village est bâti sur une roche solide, et Orgiva sur un sol d'alluvions anciennes et modernes. ( 174 ) Du 9 au 11 on n'indique pas de secousses. Le 12 , 8 h. du soir, à Huercal-Obera , petit tremblement sans bruit, il ne dura qu'environ trois secondes. Le 15, 11 h. '/4 du matin, autre tremblement peu sensible, mais accompagné de beaucoup de bruit. Le 14, 5 h. du matin, nouveau tremblement léger suivi d'un autre à 4 h. Ces diverses secousses ont été ressenties aussi à Vera. Le 22, 41 h. 55 m. du soir, à Vera, fort tremblement accom- pagné de beaucoup de bruit. Dans la même nuit, minuit 21 m., ou le 23, 0 h. 21 m. du ma- tin, à Alméria, tremblement assez fort qui réveilla beaucoup de monde; il fut précédé de deux ou trois secondes par un bruit qui ressemblait à celui que produiraient deux voitures en courant et qui paraissait venir du NO. ou de l'ONO. Le mouvement fut de tré- pidation, c'est-à-dire vertical, et ne dura qu'une seconde. Il fut ressenti à Huercal-Obera et à Antas à la même heure. Les alcades de ces villes l'ont signalé, dans leurs rapports, comme effrayant (aterrador) et accompagné de beaucoup de bruit. L'alcade d'Huercal-Obera a écrit, quelques jours après (le 2 septembre), à M. Casiano de Prado, que « ce tremblement s'était manifesté par un grand mouvement circulaire qu'il n'avait pas observé dans les précédents. » Il ajoutait que tous les jours, pour ainsi dire (se puede decir), il y avait eu des tremblements, mais si légers, qu'ils avaient été insensibles pour beaucoup de personnes. Le 25 encore, entre 2 et 5 h. du matin, à Vera, nouveau trem- blement avec moins de bruit et moins de mouvement. Il a été suivi de deux autres, dont le dernier a eu lieu à 1 h. du soir. Le premier a été ressenti à Adra, où une personne, couchée sur un lit monté sur des roulettes , a été changée de place du N. au S. Le 28, de 10 h. du matin à 4 h. du soir, à Vera, quatre trem- blements. Le même jour, 5 h. V2du soir, à Torrevieja, léger tremblement ressenti par M. Casiano de Prado. Le 29, 2 h. d/2 du matin, à Vera, tremblement presque égal à celui du 22. ( 175 ) Le 30, 5 h. '/a du soir, à ïorrcvieja, autre tremblement res- senti encore par M. de Prado. — Le 1er, 11 h. 6 m. du matin, à San-Francisco, une légère secousse suivie d'une autre semblable une beure après. L'Echo du Pacif. indique le 51 juillet, 10 heures du matin. — Le 2, 6 h. du matin, à Aumale (Algérie), une légère se- cousse. Le 22, 7 h. 25 m. du soir, nouvelle secousse, longue et assez forte. — Le 2, 9 h. 5 m. du soir, à Smyrne, une légère secousse. Le 16, dans la matinée, à Malona, Lindos, Massari (Rhodes), quelques secousses. A Archangelo, deux maisons écroulées et une femme écrasée sous les ruines. Le 29, 8 h. du matin, à Smyrne, trois secousses légères de l'E. à l'O. Dans le courant du mois, secousses fréquentes à Isbarta. Les habitants ont presque tous quitté leurs maisons. (M. Ritter, daprès le Journal de Constantinople.) — Le 5, 6 h. 20 m. du matin, à Banda, assez fort tremblement horizontal de l'E. à l'O. Le 5 , 5 h. 50 m. du soir, violent tremblement horizontal du SE. au NO. Le 10, 5 h. 25 m. du soir, une assez forte secousse verticale. Le 14, 4 h. 40 m. du soir, trois fortes secousses verticales et consécutives. Le 15, vers 1 h. du matin, court mais fort tremblement hori- zontal de l'E. à l'O. A 9 h. 6 m. du matin, encore une légère secousse horizontale du SE. au NO. Dans les derniers jours du mois, le volcan de Makian (Molu- ques), en repos depuis plusieurs mois, a de nouveau lancé beau- coup de fumée. L'éruption , commencée dans la nuit du 28 au 29 décembre 1861 , avait continué avec une grande énergie en 1862 ; on n'en indique pas la fin. — Dans le commencement du mois, à Shrinaghur (Cachemire), violentes secousses (Bombay gazette du 9 août, citée sans aucun détail par le Times du 7 septembre). ( 17G ) — Le 10, dans la soirée et le M , dans la matinée, à Graechen (Valais), nouveaux indices de tremblement. Le 15,4 h, du matin, à Viége, une violente secousse, précé- dée de forts bruits souterrains. On n'a rien remarqué à Graechen. — Vers le 12, dans la Méditerranée, entre l'île de Pantellaria et la ville de Sciacca (côte de Sicile), prétendue éruption sous- marine à vingt-cinq milles environ de la côte, dans un endroit où il existait, dit-on, un volcan en 1701 , et où une vieille carte signale un récif. L'éruption s'est annoncée par de la fumée qu'on a vue s'élever de la mer vers le 12 août dernier , et qui a augmenté de volume pendant quelques jours jusqu'à ce qu'on ait aperçu du feu et par hasard une petite île; cet îlot, sorti du sein de la mer, n'était qu'un amas de matières volcaniques de quatre-vingts à quatre-vingt-dix mètres (yards) de long, sur vingt à trente de hauteur. Au centre était le cratère d'où s'échappait continuellement de la vapeur et de la fumée; pendant les éruptions qui se renouvelaient à des intervalles d'une heure et demie, en moyenne, de grosses pierres et d'autres matières volcaniques étaient lancées jusqu'à la hauteur d'un millier de pieds. On fait remarquer qu'au moment où ce volcan a fait son apparition , il y a eu un violent tremblement de terre dans l'île de Samos, où une colline a été divisée en deux et remplacée par une vallée dans laquelle coule à présent un ruis- seau. Un bâtiment est parti de Malte pour aller voir ce nouvel îlot, qu'un des visiteurs décrit ainsi : « Le rivage, qui paraissait être un mélange de cendres et de sable réduit en poudre, était aussi ferme que le sable le plus compacte; mais, à quelques mètres seulement du bord, la surface était extrêmement rugueuse, ce n'était qu'un amas de matières volcaniques, meubles, sans cohérence et de toutes grandeurs, très-chaudes et dans lesquelles on enfonçait jusqu'aux chevilles. Notre premier soin fut naturellement de planter au sommet le drapeau britannique , ce qui ne se fit pas sans peine, car il fallait grimper sur une pente assez rapide dont les cendres fuyaient sous les pas. Nous arrivâmes enfin presque au bord du cratère , mais nous nous trouvions sous le vent, et la vapeur dans laquelle nous ( 177 ) nous trouvâmes enveloppés, était tellement sulfureuse, que plu- sieurs de nos compagnons faillirent comme moi se trouver mal. L'endroit où nous étions parvenus semblait être le plus élevé; nous en avons évalué la hauteur à deux cents pieds environ au- dessus de la mer. Le cratère , qui était à quelque distance au-des- sous de nous, paraissait circulaire; il pouvait avoir de trente à quarante yards de diamètre. L'eau s'y élevait à douze ou vingt pieds au-dessous du bord Elle était très-trouble, elle bouillonnait avec une grande violence et il s'en échappait, en grande quan- tité, une vapeur blanche, dont les émanations sulfureuses nous ont fortement incommodés. Il nous a semblé que l'eau bouillante s'échappait dans la mer par un canal souterrain du côté du SE. ; de ce côté, en effet, la mer présentait une longue bande de cou- leur noire, et, de ce côté encore, s'élevait en dehors du cratère, une énorme masse de vapeur qui semblait s'échapper d'un nouvel évent en voie de formation. Nous sommes restés quelque temps au sommet, nous sommes revenus ensuite au cratère et, après l'avoir examiné, nous avons été en barque, du côté du S., dans l'espérance d'y reconnaître le canal souterrain mentionné précé- demment; l'eau se précipite de l'île en bouillonnant et en écu- mant; il s'en échappe une grande quantité de vapeurs blanches et de fumée. Rien ne paraît plus singulier que l'aspect de cette masse de cendres au milieu de la mer. On peut se faire une idée de la force que doit avoir eue le feu qui l'a produite, en considé- rant qu'elle occupe, suivant notre évaluation, un espace d'en- viron trois quarts de mille de circonférence , dans les endroits où les anciennes cartes indiquent cent trente brasses de profondeur, tandis que les sondes récentes prouvent que le nouvel îlot repose sur une large base. » (Amer. Jour, of se., 2me sér. , t. XXXVII, pp. 4i2-445, mai 48G4, d'après VEvening Post., nov. do, 1863). Cet îlot aurait- il complètement disparu au bout de quelques jours? Le 10 septembre suivant, un bâtiment anglais, le Growler , partait de Sciacca (sur la côte méridionale de Sicile), dans la di- rection de la position supposée du danger (in the direction of the supposed position of the danger), et après quelques heures de Tome XVII. \<2 ( 178 ) navigation, ne trouvait plus tout à coup que trente brasses de fond. II plaça aussitôt une bouée, et trouva, dans l'après-midi, à un demi-mille de distance, seulement dix-neuf brasses, fond de matières volcaniques. Après avoir louvoyé dans une circonférence d'une mille de rayon, dans laquelle les sondes variaient de onze à soixante-quinze brasses, il rencontra enfin un bas-fond sur lequel il n'y avait que quinze pieds d'eau; il se composait de deux pointes rapprochées, entre lesquelles la profondeur variait de trois à cinq brasses. A deux ou trois longueurs de canot, la profondeur variait tout autour de sept à huit brasses, en sorte qu'un navire eût pu passer très-près de ce danger sans le reconnaître. C'est en effet ce qui est arrivé à plusieurs bâtiments pendant que le Growler était à l'ancre dans le voisinage. Ce banc, dirigé au NO., se trouve par lat. 37° 9', 42" N. et long. 12° 45' 52" E. de Gr., sur le chemin que suivent les paquebots de Marseille. Les sondes rapportent fond de fin sable noir , corail et sable, et produits volcaniques (cimiers). On trouve beaucoup de poissons aux environs. Le Terrible Bank, à six ou sept milles à l'E. de l'île Graham (île Julia), était recouvert de dix-sept brasses d'eau et demie. (Times, oct. 16, 1865.) Un officier de la marine royale, 31. le capitaine Fréd. H. Kerr, a réclamé contre cette prétendue découverte. « Ce que votre correspondant appelle Graham' s Shoal, écrit- il au Times, est un écueil bien connu, sur lequel j'ai jeté l'ancre dans la nuit du 10 avril 1851 ; je l'ai exploré le lendemain et j'ai trouvé au minimum 16 pieds d'eau. L'amiral W. Parker a trans- mis mon rapport à l'amirauté qui, dans sa nouvelle carte que j'ai sous les yeux, a noté une profondeur d'eau de 10 pieds seulement, une brasse de moins que le chiffre que j'ai donné. » J'ai examiné de nouveau ce bas-fond en 1 852, et je n'y remar- quai aucun changement. Quant au bas-fond de trente-six brasses, qu'on a pris pour le Graham' s Shoal, il est désigné sur la même carte par le nom de Ramsaij Patch. » (Times, oct. 21, 1865.) A cette réclamation, le correspondant du Times a fait une ré- ponse dont je reproduirai seulement un extrait : « Lord F. Kerr ignore évidemment que le commandant Ingram, ( «79 ) du navire Y Argus a été, en septembre 1800, chargé d'examiner de nouveau le Graham's Shoal, cl qu'après avoir rempli sa mis- sion avec soin, il a adressé à l'autorité supérieure un rapport offi- ciel, dans lequel il déclare que dans l'endroit indiqué, la profon- deur est d'au moins quatre-vingts brasses, et qu'au delà il a trouve quarante-cinq et même trente-neuf brasses. Il a, de plus, ajouté dans son rapport que les pêcheurs de Sciacca pensaient tous que ce récif avait depuis longtemps cessé d'être dangereux, ayant été, depuis environ trois ans, dispersé fdispersetlj par une violente tempête. Ce fut, je crois, la dernière fois qu'on examina cette ré- gion et cet examen est postérieur de huit ans à celui de lord F. Kerr. » Jetais donc parfaitement dans mon droit en disant que, dans les observations que le commandant Stokes, du navire le Growler, avait faites en septembre 1865, il avait découvert de nouveau le Graham's Shoal et qu'il était extrêmement important pour la na- vigation de connaître l'existence de ce dangereux écueil qui se trouve sur le chemin des bateaux à vapeur et des vaisseaux à voile qui traversent la Méditerranée. » (Times, nov. 9, 1863). De ces différents extraits du journal The Times , il résulte seu- lement que, dans ces dernières années, le fond de la mer s'est de nouveau exhaussé ou soulevé, vers 57° 9'42" lat. N. et 1 2° 45' 52" long. E. de Gr., c'est-à-dire, dans le voisinage de l'endroit où avait paru File Julia, que les Anglais nommèrent Graham Island et dont ils désignent encore la place par le nom de Graham's Shoal. Quant à l'éruption, qui est décrite dans Y American journal of science, que je viens de traduire, elle n'est pas du tout du mois d'août 1865. Elle est du 12 juillet 1831. VEvening Post ne cite qu'une lettre sans en donner la date; au moins elle ne se trouve pas dans Y American journal. C'est sans doute ce qui a induit en erreur les rédacteurs de ce recueil scientifique justement estimé. Mais tous les détails qu'il rapporte se trouvent dans deux lettres, écrites de Malte, l'une le 50 juillet 1851, l'autre le 28 août de la même année, et reproduites dans le Times du 24 octobre 1865. Quant au tremblement de terre qui a fendu en deux une col- line dans l'île de Samos, il a eu lieu aussi en 1851 , le 7 mai. En mars 1864, les journaux français ont de nouveau parlé de la ( 180) réapparition de l'île Julia. Le Journal du Havre paraît être le pre- mier qui ait rappelé l'attention sur ce phénomène. « L'événement que je veux signaler , dit M. Borie, dans le Siècle du 30 mars, est l'apparition d'une île qui naît au sein des mers, ou plutôt qui renaît, car elle a déjà paru et disparu, il y a plus de trente ans, en l'espace de quelques mois. On aperçoit, en ce mo- ment, non loin des côtes de Sicile, presque à fleur d'eau, les roches de cette île qui montent peu à peu vers la surface de la mer. » Un navire anglais, sur lequel se trouvent plusieurs savants, stationne près de là, afin d'assister à toutes les phases de cette singulière résurrection. » L'auteur résume ensuite, d'après le Journal du Havre, l'his- toire de l'île Julia, qui parut en juillet 4851, et disparut quelques mois plus tard, comme l'avait prévu Constant Prévost; vers la fin d'octobre, il ne restait plus de cette île qu'un monticule de sable et de scories; six mois après, le monticule avait disparu; il n'en res- tait qu'un récif dangereux de forme ovale et d'un kilomètre de longueur; au bout de quelques années, la sonde n'indiquait plus aucune trace du soulèvement du sol et le fond était revenu à sa profondeur normale, qui est de deux cent quarante mètres. « Que va devenir, dit en finissant M. Borie, File nouvelle si- gnalée au même endroit? Le courant volcanique qui la gonfle fera- t-il irruption (sic) ? Assistera-t-on à des phénomènes semblables à ceux qui furent observés en 1831 ? C'est ce que nous saurons bientôt par les savants anglais. La France enverra-t-elle un de ses savants assister à cet intéressant spectacle? Pourquoi n'enverrait- on pas en Sicile M. Ch. Sainte-Claire Deville, qui a déjà recueilli de si intéressantes observations sur les dernières éruptions du Vésuve ? » — Le 15, 2 h. 10 m. du soir, à Bandong, régence de Préanger, deux violentes secousses du N. au S. Pas de dommages. A Manondjaja et Tjie-Kandjang , même heure à peu près , trois secousses très-violentes de l'O. à l'E., et d'environ un quart de minute de durée. Quelques édifices lézardés. On ne se souvient pas d'y avoir ressenti un tremblement aussi fort. Le même jour, vers 2 h. Va du soir, à Tjie-Latjap, résidence de ( 181 ) Banjoe-Mas, trois assez fortes secousses du N. au S., ressenties inoins violemment à Banjoe-Mas et à Bandjar-Negara. La nuit suivante, 11 h. f/9, à Banjoe-Mas, violentes secousses accompagnées et suivies de tonnerre et de bruit souterrain qui semblait cependant s'éloigner. Mouvement du N. au S. ressenti encore dans d'autres divisions de la résidence. A Kalie-Bajor, su- crerie située dans la division de Soeka-Radja, les bâtiments ont beaucoup souffert. Depuis le 31 juillet, il avait beaucoup plu chaque jour dans la résidence. Le 13 encore, 2 h. V2 du soir, dans les divisions de Ledok , Poerworedjo et Koeto-Ardjo, résidence de Baglen ou Bagelen, léger tremblement dont on n'a pas déterminé la direction. Le même jour, 2 h. 3/4 du soir, à Kalie-Herang, district de Boemie-Ajoe, régence de Brebes, résidence de Tagal, trois se- cousses consécutives du SE. au NO. Pas de dommages. — Le 14, 0 h. 15 m. du matin (-12 h. */4 de la nuit), à Lima, tremblement léger, c'est-à-dire une seule secousse faible. C'est la première que signale le journal quotidien El Comercio de Lima qui, dans un article intitulé Cronica de la capital, donne les faits du jour. — Le 15, 2 h. 20 m. du soir, à Bourbonne-les-Bains (Haute- Marne), légère secousse, verticale de haut en bas. « Elle occasionna, m'écrit M. Walferdin, un soubresaut semblable à celui qu'il nous arrive souvent d'éprouver pendant le sommeil lorsque, par suite d'une digestion imparfaite, nous croyons faire un faux pas ou une chute. Durée d'un quart à un tiers de seconde; point de dé- tonation comme en 1861 , ni d'oscillation du sol. Ciel clair, léger vent du S. Température extérieure 51°. Baromètre 740m,n,54 à 28° C, et à 285 mètres au-dessus du niveau de la mer. « J'ai ressenti cette secousse, étant assis sur mon canapé; les meubles et les instruments n'ont pas été déplacés. Quelques in- stants après, le fait m'a été rapporté par M. Joly Chaudron, mon ami, qui habite la même rue que moi, et par quelques autres per- sonnes. — Aucune trace de lézarde, de dérangement dans les con- structions anciennes. » Ce phénomène, beaucoup plus fréquent à Bourbonne qu'on ( 182 ) ne le pense communément, n'eût sans doute été constaté par aucun des habitants, si depuis quelques années seulement, l'atten- tion publique n'était appelée sur ce genre d'observations. Il y eût passé inaperçu comme tant de fois, car il n'a guère été remarqué, sur les lieux, que lorsqu'il y a eu forte secousse, bruyante déto- nation, oscillation évidente du sol, excavation dans les couches horizontales de la roche (le muschelkalk) sur laquelle Bourbonne est construit. » Lorsqu'il était précédé ou accompagné du bruit semblable à celui d'une voiture pesamment chargée et roulant avec rapidité, il n'a, plus d'une fois, point été signalé. » J'ai acquis la conviction, en me reportant à d'anciens souve- nirs, et en consultant, pour les dates, mes notes d'observations pendant de fréquents séjours à Bourbonne, que, depuis cinquante années, il ne s'en est pas écoulé deux ou trois, sans que des phé- nomènes plus ou moins sensibles de tremblement de terre ne s'y soient produits. » — » Le 15, 7 h. */2 du soir, à Port-de-France (Nouvelle-Calé- donie), une première secousse, très-faible; elle a passé presque inaperçue. » Le 17, 8 h. du soir, une secousse plus sensible. Elle a causé un dérangement considérable dans les instruments du petit obser- vatoire astronomique de Port-de-France. Les niveaux de la lunette des passages ont manifesté après la secousse, pendant une demi- heure, des mouvements saccadés de va-et-vient, plus sensibles dans la direction NS. que dans celle de l'E. à l'O. Antérieurement à ces secousses, les mêmes instruments, toujours à demeure fixe, n'ont accusé aucun mouvement inusité dans le sol de Port-de-France. » Depuis, on a appris que ces secousses ont été causées par l'éruption du volcan de Tanna. La nouvelle en a été apportée dans l'une des postes de la côte E., à Wagap, par une petite goé- lette anglaise qui se trouvait sur les lieux au moment de l'érup- tion. Les laves, au dire du capitaine, auraient couvert la moitié de l'ile et fait périr un grand nombre d'indigènes. Une autre goé- lette, YAriel, qui se trouvait dans l'île voisine d'Erromango, a fait savoir, en passant à Port-de-Franrc, le 26 août, que la se- ( 183 ) cousse du M y a été ressentie avec violence, et qu'elle était accom- pagnée d'un mouvement extraordinaire de la mer. Une grande vague a fait pirouetter ce navire sur ses ancres, de manière à le mettre en danger. Cette vague a dû causer à terre de grands dé- gâts, mais le capitaine n'a pu les constater, ne s'y étant pas rendu après la catastrophe. « Les stations des missionnaires protestants dans les nouvelles Hébrides, ont été désorganisées depuis l'assassinat d'un mission- naires à Erromango. Aucun résidant européen, capable de corres- pondre avec Sydney, surtout lorsqu'il s'agit de sujets scientifiques, n'habite les îles dont il est question. m II en résulte, qu'il ne se trouve dans les journaux d'Australie aucune relation de l'éruption du volcan de Tanna et des tremble- ments de terre qui l'ont accompagnée. » Dans la portion de la Polynésie, où se trouve située la Nou- velle-Calédonie, ajoute M. Guillain, gouverneur de la Nouvelle-Ca- lédonie, la ligne des volcans actifs, très-bien marquée dans l'Atlas deBerghaus, part de la Nouvelle-Guinée, passe par les îles Salo- mon, les Santa-Cruz, les nouvelles Hébrides, et se termine à la Nouvelle-Zélande. Plusieurs bouches en activité s'ouvrent sur cette longue ceinture, entre lesquelles le volcan de Tanna, l'une des Hébrides, et le petit volcan isolé Mathews, sont les plus rap- prochés de la Nouvelle-Calédonie. Les tremblements de terre doivent être probablement fréquents dans les archipels traversés par cette ligne, et l'observation du missionnaire Saverio doit se rapporter à l'un de ces archipels. Quant à la Nouvelle-Calédonie et aux Loyalty, qui en dépendent, ces îles, bien qu'entourées de la même ceinture volcanique, ne présentent, en aucun point, des roches ignées d'origine récente, ni aucune apparence de volcans éteints. Le seul produit volcanique qu'on y trouve est la pierre- ponce déposée en quantité considérable sur toute la côte orientale, et que les courants généraux apportent vraisemblablement des archipels situés dans TE. '. 1 M. le gouverneur fait allusion à une observation que je lui avais comniu niquée. Suivant M. le missionnaire Saverio, des tremblements de terre onl lieu deux ou trois fois par mois sur Pile Rook. (A. P.) ( 184 ) * La Calédonie ne parait donc pouvoir ressentir que les contre- coups des commotions éprouvées le long de cette ceinture volca- nique. Le repos des volcans qui composent celle-ci n'a pas été troublé pendant ces dernières années, et notre colonie a joui, en conséquence, d'un calme parfait depuis l'occupation, c'est-à-dire entre les années 1855 et 1865. » (Lettre de M. Guillain.) « A ces détails, donnés par M. le gouverneur, j'ajouterai un extrait du rapport officiel adressé à M. le ministre de la marine, par M. Adam Kulczycki, ingénieur colonial et directeur de l'Ob- servatoire : » . . . . Ces deux secousses n'ont duré que quelques secondes. » Immédiatement après celle du 17, j'ai examiné les niveaux de la lunette des passages, et j'ai constaté que les deux niveaux étaient fortement agités. Les déplacements du niveau, dirigé du N. au S., ont été considérables et consistaient dans un mouvement de va-et-vient de sept à huit divisions, se succédant à des inter- valles rapprochés (de 20 à 50 secondes), mais irréguliers. Le grand niveau, plus sensible, mais paresseux, qui repose sur l'axe de l'E. à PO., se déplaçait bien moins. Cette agitation des niveaux a duré environ une demi-heure en s'affaiblissant et devenant de plus en plus lente. La valeur extrême des oscillations ne dépas- sait point trois à quatre minutes de degrés. » En dehors de ce cas, la lunette méridienne, qui est presque toujours établie sur son support en maçonnerie et vérifiée jour- nellement, n'accuse que de petits dérangements de quelques secondes, inévitables dans. les instruments de ce genre. On peut les expliquer par le tassement de la maçonnerie et les variations de la température, sans recourir à d'autres causes dont l'action serait sans doute plus marquée, La même lunette, ainsi qu'une autre plus petite, qui ont constamment servi à observer le temps moyen, n'ont point accusé, antérieurement à la secousse du 17 août, aucun mouvement inusité dans le sol de Port-de- France. » La secousse du 17 août a été ressentie avec plus de force dans les postes de Kanala et Wagap, sur la côte E. de l'île, situés plus directement vis-à-vis les Nouvelles-Hébrides. ( 185 ) » On ne s'est point aperçu d'aucun mouvement extraordinaire dans la mer qui baigne la Nouvelle-Calédonie l. » — Le 20, 10 h. 8 m. du matin, à Cosenza (Calabre Citérieure), léger tremblement ondulatoire de l'E. à l'O. C'est le dernier que me signale M. Guiscardi pour qui un de ses amis , ingénieur à Cosenza, a bien voulu noter les quelques secousses que je men- tionne. Malheureusement cet ami a été récemment transféré à Bari. — Le ^2 1 , vers 5 h. iji du matin, à Sétif (Algérie), faible secousse de dix secondes de durée. Des nombreux villages qui entourent la ville, un seul, Aïn-Trik, l'a ressentie, mais partout on se rap- pelle encore celles de 1856. — Le 21 , 11 h. du soir, à Palmi et Gerace (Calabre), une nou- velle secousse ondulatoire. Le 22, à 9 h. (sic), une secousse plus légère. — Le 22, 9 h. 54 m., 56 s., temps moyen local, à Port-au- Prince (Haïti), une secousse ondulatoire, précédée d'un bruit sou- terrain, comme pendant les dernières années. Des personnes dignes de foi ont entendu une détonation souterraine, semblable à un coup de canon; d'autres ont clairement distingué un bruit roulant; les deux descriptions peuvent exister à la fois, vu la dif- férence des terrains sur lesquels est bâtie la ville. Aucune varia- tion n'a été observée dans l'aiguille d'inclinaison , ni dans la hau- teur barométrique. Le baromètre marquait 76 V6 (réd. à zéro), à 6 h. du matin. C'est la plus grande hauteur du mois à cette heure ( Moniteur haïtien du 29 août. Comm. de M. Ardouin , ministre du gouvernement haïtien à Paris). — Nuit du 27 au 28, à Porto (Portugal), une petite secousse avec bruit. A Avintes, elle a causé beaucoup de frayeur (Journal A Terceira, n° 257, 5 sept. Comm. de M. A. Guiod. ) — Le 28, 2 h. 25 m. du matin, à Beaufort (Savoie), une secousse assez faible; à 5 h. 20 m., une secousse un peu plus forte. Elles ont été aussi ressenties dans les paroisses voisines, Arèche, Haute- 1 Rapport sur les tremblements de terre à la Nouvelle-Calédonie, en réponse à la dépêche ministérielle du 17 août 1865, provoquée par une note de M. Alexis Perrey, professeur de l'Académie de Dijon. ( 186 ) Luce, Villars-de-Beaufort, Queige et Venthon. On les a éprouvées à Sallanches, dans le département de la Haute-Savoie. (Msr Billiet, archevêque de Chambéry. ) — (Sans date de jour). A Ourga (Mongolie), tremblement sur lequel M. Nchischmareff , consul russe dans cette ville, a écrit ce qui suit à M. Osten-Sacken : « Le tremblement de terre, au mois d'août de l'année passée, n'a pas été ressenti par moi-même. Les Mongols disent qu'ils ont remarqué une secousse, mais fort légère. Je ne puis, par conséquent, à mon grand regret, vous communi- quer des détails plus positifs sur ce tremblement. » — (Sans date de jour). Au village de Kadare (steppe des Bou- riates, à l'E. du Baïkal), des secousses légères, commencées le 44 janvier 1862, se sont prolongées pendant toute l'année et même jusqu'en août 1865. Les pêcheurs entendent encore, plusieurs fois par jour, un bruit souterrain semblable à un tonnerre lointain et qui, disent-ils, semble venir de dessous le Baïkal (voyez plus haut le rapport de la commission que présidait M. Sgibnef.) — On lit dans VÊcho du Pacifique du 2 septembre « Le volcan de Kilauea, aux îles Sandwich, est en pleine opération (éruption). Il est impossible d'approcher du vieux cratère. La vue, à partir de la maison qui est sur le sommet , est grandiose. On distingue parfaitement des jets de lave qui s'élancent dans plusieurs direc- tions. » Septembre. — Le 1er, il h. 20 m. du soir, à Murcie, tremble- ment de trois secondes de durée. Le 4, 2 h. du matin, à Vera, léger tremblement accompagné de beaucoup de bruit. Le 16, 5 h. du soir, à Huercal-Obera , tremblement assez fort et ressenti aussi à Cuevas. Le 23 , 9 h. !/2 du soir, à Huercal-Obera , tremblement qui , comme celui du 16, a réveillé les craintes de la population. 11 est probable qu'on les a ressentis tous deux à Cuevas de Vera et à Vera. Le 28, l'alcade d'Huercal-Obera écrivait à M. Casiano de Prado que les secousses y étaient encore très-fréquentes, mais presque ( 187 ) insensibles et n'attiraient plus l'attention, excepté pourtant les deux dernières que je viens de mentionner. « Les tremblements n'ont pas encore cessé tout à fait, dit M. Casiano de Prado, qui s'arrête à celte date, dans son beau mémoire; quoiqu'il soit probable qu'elles iront en diminuant peu à peu, on ne doit pas avoir une sécurité complète; il pourrait se faire que, comme on l'a vu plus d'une fois, elles se renouve- lassent encore avec plus de force. » — Le 2, G h. 15 m. du matin, à Gallipoli, quelques secousses qui se sont répétées à 9 h. Oscillation du N. au S. A Constantinople , 6 h. 53 m. du matin, secousse très-sensible du NE. au SO. A Andrinople (heure non indiquée), fortes secousses de deux secondes de durée. A 3Ielona, Massari, Lindo et Archangelo, dans l'île de Rhodes, plusieurs secousses. A 3 h. du soir, une forte secousse de quelques secondes de durée. Le même tremblement a été ressenti aux Dardanelles et à Sparte. A Xanthi, Jenidji et Saritchaban, fortes secousses; cette dernière bourgade a été détruite: plusieurs sources ont jailli après le tremblement. Le 7, à Rhodes, quelques oscillations de l'E. à l'O. Le 26, 2 h. du soir, à Adalia (côte S. d'Anatolie), deux fortes secousses. — Le 5, 7 h. '/a du soir, à Banjoe-Mas (Java), trois secousses successives ondulatoires de l'E. à l'O., et accompagnées d'un bruit souterrain. A Tjie-Latjap, même heure, trois violentes secousses dans la même direction. — Le 5, 10 h. 13 m. du matin, à l'observatoire du Vésuve, une secousse. Le 15, 2 h. 55 m. du soir, une autre secousse. — Nuit du 7 au 8, minuit un quart, à Aumale (Algérie), une secousse plus forte que toutes les précédentes et de quatre à cinq secondes de durée. Depuis deux mois, écrit-on le 9, peu de jours se sont passés sans que nous ayons éprouvé quelques secousses ; ( 188 ) elles ont été généralement très-faibles et n'ont donné lieu à aucun accident. Le 8, midi un quart, une nouvelle secousse, dont la durée a été de six secondes environ et dont les oscillations horizontales ont eu lieu du S. au N. Cette dernière a ébranlé le sol avec violence et occasionné de nombreux dommages à la plupart des maisons d'Aumale , dont le plus grand nombre exigent des réparations. (Comm. de M. le vicomte F. de Sarcus, mon ancien élève.) M. Aucapitaine me signale deux secousses seulement; la pre- mière faible, à 5 h. du matin, et l'autre forte, à 12 h. 25 m. (sic). Ce sont les dernières qu'il a relevées dans les observations météorologiques que l'administration du génie fait faire à Au maie. Le 8 encore, midi 22 m., à Alger, une légère secousse. Huit ou dix oscillations, allant du N. au S., se sont fait sentir d'une ma- nière presque imperceptible. Plusieurs personnes du faubourg Bab-Azoun les ont constatées. — Le 40, 5 h. du soir, à Sachsemb, près Nordhausen (Thu- ringe), grand affaissement (Erdfall) du sol. Le trou a 174 pieds de profondeur et plus de 60 dans sa plus grande largeur, avec 100 pieds d'eau. — Le 12, 1 h. 50 m. du soir, à Zante, trois secousses du S. au N. — Le 14, vers 7 h. 40 m. du soir, à Tunis , fort tremblement. A 8 h. 15 m., une nouvelle secousse, et à 9 h., une troisième, sui- vie de plusieurs autres à de courts intervalles. Vers 10 h., un nuage épais a couvert le ciel; il s'en était échappé des éclairs, du tonnerre et une pluie abondante. Cette averse n'a cessé qu'à mi- nuit, et pendant un instant, écrit-on, nous avons eu tout à la fois, foudre, pluie et tremblement. Le 15, vers 5 h. du matin, une forte secousse, la seizième, est venue de nouveau tout ébranler; mais c'était la dernière. Le 1G, au matin, deux autres secousses assez faibles. Lesisraé- lites ont quitté la ville et ont passé la nuit dans la plaine, près de la demeure du consul de France. Peu de malheurs à déplorer; le minaret de la mosquée s'est écroulé (Gaz. de Fr. du 6 octobre. ( 189 ) Coram. de M. le vicomte F. de Sarcus.) Une personne a raconté à M. H. Chevreul, qu'elle avait été renversée par une secousse sur- venue au moment où elle lisait sur un divan et qu'elle en avait ressenti sept dans la même journée. Je lis encore, dans le Galignani's Messenger (n° du 5 octobre, qui m'a été communiqué par M. d'Abbadie) : « Des avis de Tunis annoncent que le 18 du mois dernier, à 8 h. du soir, il y a eu un violent tremblement de terre, suivi de sept secousses légères pen- dant la nuit, et d'une autre violente le lendemain matin. L'alarme a été grande, car un semblable phénomène ne s'y était pas ma- nifesté depuis un demi-siècle. On s'est retiré en plein air ou à bord des navires qui se trouvaient dans le port. Le Bey , qui était alors à Galetto, pour la saison des bains, n'est pas rentré au palais du Bardo. » Il n'est pas fait mention des secousses ressenties les jours précédents. Il y a évidemment erreur de date. La Shipping Gazette contient , dans son n° du 25 octobre , un rap- port du consul de Tunis relatif à la découverte d'une nouvelle île surgie dans les récifs de Cherki, aux environs de 37050' lat. N. et 8°30' long. E. à 40 milles NE. environ des Cani-Rocks. C'est le capitaine Mahommed Aonn, du brick de Tunis Wansour, qui l'a vue du haut du mât. Elle lui a paru avoir environ 120 mè- tres de longueur. Il est probable que le dernier tremblement de terre de Tunis a causé le soulèvement volcanique de cette île. (Coram. de MM. Ritter et d'Abbadie.) — Le 18, de 6 h. 20 m. du soir à oh. 5 m. de l'après-midi du 19, au Mont-Dore, dix-huit secousses du N. au S. Les lre, 2e, 6e, 14e et 18e ont été assez fortes, pour épouvanter la population qui a passé une partie de la nuit dans les rues. Le 1 9, de 7 h. '/4 du soir à 5 h. 5 m. de l'après-midi du 20, dix- sept nouvelles secousses, dont quelques-unes ont encore fait fuir les habitants dans les rues, notamment dans la nuit du 49. Ces phénomènes étaient accompagnés d'un bruit qui ressemblait au grondement lointain de la foudre. Ce tremblement s'est fait sentir plus ou moins fortement dans diverses communes, notamment à Besse, Bagnols, Murols, Aylat et Orcival. On cite même Clermont. (■m ) Le 21 , trois nouvelles secousses très-faibles. Le Journal des Débats ne signale que deux secousses , le 18, la première de l'E. à l'O.à 6 h. V2 du soir et l'autre à peine sensible, mais accompagnée d'un nouveau grondement à 7 h. — Le 20 et le 21, dans l'île de Masbate (Philippines), cinq tremblements. Le 27, dans tout le district de Leyte (Luçon), tremblement qui a endommagé beaucoup d'édifices publics et de maisons particu- lières. — Le 26, 4 h. 35 m. du matin, à Banda, deux légères secousses consécutives; mouvement horizontal de l'E. à l'O. — Le 28 (n. st.), après 7 h. du soir, à Petrovsk (sur la mer Cas- pienne), nouveau tremblement. « Cette fois, m'écrit M. Abich, il n'y avait que trois secousses , dont deux se suivaient avec vitesse l'une après l'autre; la troisième ne survint qu'à minuit. Toutes les trois étaient plus faibles que celles de juin. » Suivant M. Osten-Sacken , les deux premières eurent lieu vers 8 h. et se suivirent immédiatement. En général, elles furent plus faibles que celles du mois de juin. — Le 28, à Graechen (Valais), nouveaux indices de tremblement. — Le 30, dans la matinée, à Comorn (Hongrie) et dans les en- virons, une secousse du NO. au SE. — Dans les premiers jours du mois, à Philippopolis (Thrace NO.), chocs forts et répétés entre le Rhodope et le haut Balkan, non loin de la jonction des deux chaînes. Octobre. — Le 1er, 9 h. du matin, à Comorn (Hongrie), une forte secousse du NO. au SE., avec bruit semblable au tonnerre. — Le 4, 3 h. 10 m. du soir, à Routot (Eure), une assez forte se- cousse qui a duré une seconde et demie. Les vitres ont fait enten- dre le frémissement que détermine le tonnerre , et le sol en mou- vement faisait éprouver parfaitement la trépidation qu'on ressent sur les voies ferrées. Le temps était calme, mais un peu orageux. A Duclair, 3 h. lk, la secousse a été accompagnée d'une détonation souterraine. A Anneville, les habitants qui se trouvaient dans l'é- glise se sont sauvés. Une partie du département a subi la même commotion. ( *M ) — Le 5, 10 h. 20 m. du soir, à l'île Antigoa, une forte secousse qui, en tenant compte de la longitude, aurait eu lieu le G, 21). 28 m. du matin, coïncidence assez remarquable , ajoute M. W.-H. Wood, avec le tremblement d'Angleterre. — Le 5 , \ I h. du soir, à Everton (dans le voisinage de Liver- pool), une secousse très-faible, qui cependant mit en mouvement les objets très-légers, comme l'eût fait une vibration verticale. Le 6, peu après minuit, à Oweslry et Wcm, ainsi qu'à Whit- cliureli, près Newport (Shropsliire) , une première secousse res- sentie par quelques personnes seulement. Elle s'y renouvela vers 5 h. '/a du matin. Vers 1 h. '/25 à Betley (Staffordshire, vingt -trois milles de Stafford), une légère vibration, remarquée par quelques per- sonnes, deux heures avant la secousse de 5 h. 25 m. Celle-ci eut lieu de l'E. à l'O. La même nuit, 2 h. 25 m., à Weston-supcr-Mare (Somersets- hire), une première secousse avec bruit; des sonnettes furent mises en mouvement et tintèrent trois ou quatre fois de suite. A 5 h. 50 m., trois ou quatre fortes secousses, de l'E. à l'O., dans l'espace d'environ dix secondes. Vers 2 h. 50 m. , à Clifford (Herefordshire) , une secousse assez forte, précédée de bruits dont les échos se seraient répétés pen- dant plusieurs minutes dans les montagnes voisines. A 2 h. 50 m., à Enniscorthy (Irlande), trois milles et demi de la mer, double mouvement, à la fois horizontal et vertical, de bas en haut. A 5 h. 2 m., à Rathmines (Irlande), secousse ondulatoire aver bruit, semblable à celui que produit la chute d'un corps lourd. A 5 h. 10 m., à Newport (Monmouthshire), une première se- cousse; à 5 h. 50 m., une secousse plus forte, avec bruit semblable au tonnerre dans le lointain, et qui aurait, dit-on, duré deux minutes. A 5 h. 1 5 m., à Wordsley (Worcestershire), deux secousses con- sécutives qui ont mis tous les meubles en mouvement; la seconde avec bruit souterrain , semblable à celui qu'eût produit une explo- sion dans une cave au-dessus de laquelle on se serait trouvé. ( 192 ) A 3 h. 22 ou 23 m. du matin, tremblement général qui a ébranlé les eomtés du centre de l'Angleterre et tout le pays de Galles. Suivant M. Lowe, qui a publié une notice sur ce phéno- mène ', « il s'est étendu au N. jusqu'à Doncaster, Huddersfield et Clitheroe ; vers l'E. , à Market-Rasen , Peterborough et Bedford ; du côté du S., à Londres, Dorchester etPlymouth; enfin à 10., il a traversé le canal Saint-George, et s'est propagé jusqu'à Dublin et Wexford. On l'a ressenti aussi sur plusieurs points isolés en dehors de ces limites, comme à Lancaster, Ulverston, Harrogatc, Malton, Scarborough, Bury-S1 -Edmunds, Brighton et l'île de VVight. Une ligne, tirée de Stafford à Cardiff (Glamorgan), passe à travers les localités le plus fortement ébranlées. » Sur sa carte , M. Lowe a marqué une ovale , allongée du SO. au NE., d'intensité maxima, dans laquelle se trouvent Worcester, Hereford, Ross,'Brecon, Monmouth et Newport. C'est à Galway (douze milles de Ross, même distance de Hereford et d'Aberga- venny) que le choc paraît avoir été le plus violent; une muraille a été lézardée du haut en bas; un plafond est tombé et des bri- ques sont aussi tombées d'une cheminée. « Il est maintenant certain, dit-il, qu'il y a eu plusieurs se- cousses; les deux plus violentes ont eu lieu à 3 h. 23 m. du matin, les autres à 2 h. 25 m., 3 h. 40 m. et 4 heures. » A Penzance, la mer a été très-agitée; sur les côtes du Yorks- hire, les pêcheurs ont éprouvé une fausse marée. A vingt milles au large de Milford-Haven , le capitaine d'un navire a ressenti un choc comme s'il eût touché sur une roche. A Malvern, le gaz s'est éteint; à Monmouth, la flèche du clo- cher a été endommagée sur une longueur de trente pieds. A Coventry, la mine d'Exhall s'est remplie d'eau. A Parkfield- Ironworks, près de Wolverhampton , on n'a rien ressenti dans les mines, quoique le mouvement ait réveillé tout le monde à la surface. A Mertyr-Tydvil, les mineurs, qui se trouvaient à une profon- 1 Historyofthe Earthquake of1863; october 6th. By E.-J. Lowe. — Proc. ofthe brit. metcorol. Soc, vol. If , n° 10, pp 55-99. Jan. 20 , 1864; 2 cartes. ( 193 ) dcur de douze cents pieds, ont entendu un bruit semblable à celui d'un grand nombre de waggons traînes à vide, mais ils n'ont pas remarqué de mouvement. Le Times du 7 et du 8 a publié un grand nombre de lettres écrites de Twickenham, Nevington , Blackbeatb, Birmingham, Wolverhampton, Burton -on -ïrent, Hcmpstead, Upton-Park, Wordslevn-near-Stourbridgc, Glocester, Cheltenham, Exeter, etc. Je ne traduirai que celle de M. Hind, directeur de TObserva- toire de Twickenham , dans la banlieue de Londres : a A 5 h. 22 m. du matin, temps de Greenwich, le mouvement d'un tremble- ment de terre a été parfaitement perceptible. L'oscillation m'a paru être de l'ENE. à l'OSO. et d'une durée de trois secondes environ. Je n'ai entendu aucun bruit après la secousse, mais je ne puis dire positivement s'il n'y en a pas eu qui l'ait précédée. Le ciel était clair en partie et l'air parfaitement calme. La sensa- tion produite par ce tremblement était toute particulière et diffé- rente de celle d'une vibration ordinaire. » A Stoke-Newington , un peu plus de 5 h. llt, vibrations assez violentes qui n'ont pas duré plus de deux ou trois secondes; elles ne se sont pas renouvelées. A Blackheath, 5 h. 20 rn., quatre secousses distinctes dans l'es- pace de deux secondes. Mouvement de l'E. à 10. A Birmingham, 5 h. 25 m., deux secousses ; la première , très- légère, n'a pas duré plus de cinq secondes; la seconde a été plus violente : elle a tellement ébranlé les maisons, qu'on n'a pas pu distinguer si le bruit provenait réellement de la secousse ou de l'agitation des objets mis en mouvement. A Wolverhampton, 3 h. 25 m., deux secousses qui n'ont duré que quelques secondes. La vibration, légère d'abord, est allée en augmentant, jusqu'à faire vibrer fortement les fenêtres; puis elle a diminué, s'est éteinte et a été suivie d'un tremblement léger. Suivant d'autres, la première secousse a eu lieu entre 22 et 23 minutes après 3 heures. Elle a duré probablement à peine une seconde (la lettre dit une minute!); l'autre, beaucoup plus forte, l'a suivie immédiatement. Le mouvement était ondulatoire, du N. au S., et accompagné d'un bruit semblable à celui que pro- Tome XVII. 13 ( 19'* ) duitune lourde charrette marchant rapidement. Les mcuhles ont été fortement agités, et, après les secousses, ils ont encore remué et craqué avec bruit à divers intervalles. Il y a dix ans, on y avait ressenti une secousse verticale, accompagnée de bruit. A Burton-on-Trent, 5 h. 20 m., une secousse violente; les vibra- tions ont duré plusieurs secondes, avec un bruit sourd comme un roulement dans le lointain. A Market-Harborough , 3 h. 25 m., le bruit a duré plusieurs secondes après le mouvement qui a fait osciller ou vibrer tous les meubles. A Hempstead, 5 h. 55 m. (sic) , secousse faible, mais de quinze secondes de durée. A Upton-Park, 5 h. 25 m., forte secousse de l'E. à l'O. et de plusieurs secondes de durée. A Glocester, vers 5 h. (sic), violente secousse, composée au moins d'une demi-douzaine d'ondulations (aller et retour), avec bruit sourd et craquement des portes et des cloisons. Les em- ployés du chemin de fer n'ont rien senti ni rien entendu à la station de Midland; mais, habitués aux vibrations et au bruit des trains, ils sont, écrit-on, moins sensibles à ce qui se passe dans le voisinage. Dans le voisinage de Cottswold-Hills , 3 h. 25 m., une secousse horizontale de quatre à cinq secondes de durée, avec bruit sourd. La direction, difficile à apprécier, a paru de 10. à l'E. Le mouve- ment ne s'est plus renouvelé. A Cheltenham, 5 h. 20 m., une secousse accompagnée d'un bruit sourd et soudain. Au collège, tous les élèves ont été ré- veillés. Une autre lettre indique 5 h. $/$; la secousse, faible d'abord, a augmenté de violence pendant deux ou trois secondes, puis elle a diminué pendant que tous les meubles et les fenêtres tremblaient. Elle n'a pas duré plus de dix secondes. Le bruit qui l'accompagnait s'est prolongé quatre ou cinq secondes de plus. Le mouvement, autant qu'on a pu en juger, paraissait être du S. au N. A Dudley, 3 h. 35 m. (sic), une secousse violente suivie d'un bruit sourd, semblable à celui qu'on entend quand on se trouve ( 19a ) sur un tunnel sous lequel passe un train. On l'a ressentie à Co- seley, Gornal, Stourbridge, Wednesburv, Walsall, Kiddermin- ster et dans tout le sud de Slaffordshirc. A Worcester, 5 h. 25 m. , une secousse ressentie dans tout le comté. Des fenêtres se sont ouvertes. Sa plus grande violence paraît s'être manifestée le long du cours de la Severn. Direction apparente du N. au S. Un phénomène semblable a eu lieu dans le comté, il y a huit ans. A Birmingham, 3 h. 35 m. {sic), deux secousses distinctes, ac- compagnées d'un bruit sourd, comme celui du passage d'une lourde voiture sur le pavé. La deuxième a été la plus forte. On les a ressenties à Handsworth, Perry-Bar, Kingsnorton et dans d'autres localités. Elles paraissent avoir été plus fortes à la campagne. Une personne qui a habité Manille les dit semblables à celles des Philippines. A Derby, 5 h. 20 m., une violente secousse. Le mouvement a duré plusieurs minutes (sic) et a répandu l'alarme parmi les ha- bitants. A Congleton, un peu après 3 h., une secousse. Même alarme. Des briques sont tombées des cheminées. A Tauton, 3 h. 20 m., une violente secousse; beaucoup de per- sonnes sont sorties épouvantées dans les rues. A Bristol, entre 3 et 4 h. (sic), à Nailsea , à Porlishead et dans le voisinage, une secousse dont on ne dit rien de particulier. A Hereford , 3 h. 20 m., la secousse a été très-violente et le bruit épouvantable. A Swansea, 3 h. (sic), Merthyr, Haverfordwest et Leanelly, la secousse a été légère, mais plus forte à Neath, Ferryside, Pem- broke-Dock et tout le long de l'extrémité occidentale de la baie de Swansea. Le capitaine d'un navire dit qu'à vingt milles de Milford- Haven, il a senti, au moment du tremblement (?), une secousse comme celle qui a eu lieu lorsque le navire touche un rocher. A Waterloo, Bootle et dans d'autres localités des environs de Liverpool, deux secousses distinctes. A Great-Malvern (heure non indiquée), à 600 pieds environ ( m ) d'altitude au-dessus de la Severn, sur la chaîoe de collines syéniti- ques qui séparent le nouveau grès rouge du Worcestershire du vieux grès rouge de rilerefordshire, la secousse a été franchement ondulatoire. Les vibrations, d'ailleurs très-rapides, ont duré, dit-on, une mi- nute (!). Il y a cinq ans, on y a senti une secousse semblable, niais on n'a pas oublié que Worcestcr a eu beaucoup à souffrir du grand tremblement du 15 septembre laôi. Tans TO. du comté de Surrey, un peu avant 3 h. * 2, à Guild- ford, Dorking, Witley, Farnham, etc., bruit sourd, semblable à celui du tonnerre ou du canon dans le lointain, suivi d'un mouve- ment ondulatoire qui a fait trembler les meubles. On ajoute qu'à l'oscillation horizontale a succédé une série de chocs (bumpsj, et que la durée totale n'a pas été de plus d'une couple de minutes. Il y a évidemment exagération. On a aussi senti ce tremblement à Rochester, dans le Kent; à Londres, on s'en est aperçu, mais plus faiblement que dans l'O., où il s'est étendu jusque dans le pays de Galles. Yorck et South- port, dans le Lancashire, paraissent être sa limite septentrionale. On ne cite aucune localité située exactement sur la côte orientale. Le même jour, à il heures du matin, trombe dans la baie de Carmarlhen. AHigham, près de Rochester (Kent), 3 h. "20 m., une secousse sans aucun bruit; elle aurait duré une minute, ce qui est évidemment exagéré. A l'Observatoire de Bées ton, M. E.-J. Lowe a ressenti une forte secousse; il indique 3 h. 30 m. Le pendule séismique, de 50 pieds de long, a oscillé de l'ONO. à l'ESE.; l'aiguille a tracé une ovale allongée, dont le grand axe avait un demi-pouce de longueur. Il doit, ajoute-t-il, y avoir eu au inoins deux secousses de 3 h. 30 m. à 5 h. 55 m., et la dernière a du être horizontale et violente: car, à cette heure, le pinceau d'un de mes instruments autographes ^utmospheric recorder) a im- primé d'une manière remarquable sur le papier. A Bayswater, 5 h. lte, une secousse qui a fini par trois petits chocs fquiversj. Pas de bruit appréciable. ( 107 ) A Noltingham , 5 li. 15 m., bruit semblable à celui d'une lourde charrette et venant du SO. ; il a duré une vingtaine de secondes et a été immédiatement suivi d'une secousse qui venait de la même direction et qui a duré une dizaine de secondes. La personne qui donne ces détails ajoute que toute la maison a été fortement ébranlée et que, après la secousse, elle a entendu de nouveau le même bruit, mais qu'il s'éloignait alors de l'autre côté de la maison et qu'il dura autant que la première fois. Une autre personne in- diques h. 20 m.; elle a éprouvé deux ou trois oscillations dans son lit et ses fenêtres ont immédiatement vibré comme par un fort vent d'O., quoique l'air fût calme. Elle n'a pas remarqué de brait Une troisième indique 3 h. 2.ii rn., et la direction de l'O. à l'E. A Wymondham (Leiceslershire), 3 h. lfa, une secousse d'une ou deux secondes de durée, sans aucun bruit, mais précédée d'un léger frémissement du sol qui, quelques secondes auparavant, avait éveillé l'attention du recteur de la paroisse. A Longton, vers 3 h. */2, une secousse très-faible qui a cepen- dant réveillé plusieurs personnes. A Stone (Staffordshire), vers 3 h., une secousse ondulatoire du X. au S. et dune demi-minute de durée (!). Le mouvement a été beaucoup plus violent que celui qu'on y avait éprouvé au mois de février, il y a douze ans. A Brixworth, entre 3 et 4 h., une scousse semblable à celle qu'on a éprouvée, il y a vingt ans, dans tous les environs de lu paroisse de Lamport. A Truxton, près d'Hereford, 3 h. lU, bruit sourd et semblable au tonnerre; il paraissait provenir de la terre et se diriger du SO. au NE.; il dura, dit-on, une minute (?) et fut accompagné d'une violente secousse qui ébranla les maisons et mit tous les meubles en mouvement. A Stretton, près d'Hereford, 3 h. 23 m., temps moy. de Gr., une forte secousse de l'O., un peu S. à l'E., un peuN., et de huit secondes de durée; elle fut accompagnée d'un bruit semblable à celui d'un train de chemin de fer, passant à toute \ itesse sur les plaques tour- nantes d'une gare; ce bruit s'accrut rapidement, pendant deux ou trois secondes, jusqu'au moment du maximum d'intensité (\<- La ( "198 ) secousse, et diminua avec elle pour cesser quelques secondes après. Trois minutes plus tard, nouveau bruit bien distinct, mais sans secousse sensible. A Hampton-Bishop, près d'Hereford, on a entendu, entre 5 h. et 3 h. 20 m., un bruit semblable à celui que produiraient quatre ou cinq trains express, et presque aussitôt on a senti une secousse qui a duré trois secondes environ. Le bruit et le mouvement ve- naient évidemment du N. ou du NE.; ils ont passé sous la maison de l'auteur de la lettre à laquelle j'emprunte ces détails et se sont propagés au S. ou au SO. Le bruit qui avait précédé et accom- pagné la secousse a duré quelques secondes de plus. On en a éva- lué la durée totale à sept ou buit secondes. Il y a une douzaine d'années, on y avait déjà éprouvé un tremblement de terre qui s'était étendu sur la côte orientale d'Irlande et dans le pays de Galles ; il avait eu son foyer entre Dublin et Holyhead. A Stroud, entre 3 h. 25 m. et 3 h. 30 m., une violente secousse, ressentie aussi à Svvindon, Glocester, Lydney, etc. On en a exagéré la durée, en la portant à une ou même deux minutes. A Southlea, près Malvern, vers 3 h. (?), deux secousses; la pre- mière avec bruit a duré une dizaine de secondes ; la deuxième, plus faible et plus courte, a eu lieu peu de temps après. A Acton, près de Nautwich, entre 3 et 4 h., violente secousse, dont on a évalué la durée à une minute. A Stoke, près de Slough, 5 h. 25 m., une secousse qui a duré trois ou quatre secondes. On l'a aussi ressentie à Slough. A Dorrington, près de Shraewsbury, 3 h. i/2, on a été réveillé, mais sans pouvoir distinguer la nature du mouvement qui faisait trembler tous les meubles. A Broadwinsor , 3 h. 25 m., une violente secousse de deux se- condes environ de durée. A Eastington (Glocestershire), 3 h. 24 m., une secousse de onze à quinze secondes de durée. A Netherend (Glocestershire), 3 h. !/9, une secousse avec bruit': durée totale, deux secondes. A Tewkesbury, 3 h. %, une secousse qui a duré dix à douze se- condes. ( 199 ) A Upwey, près de Uorset, vers 3 h. (?), une secousse avec bruit étrange; le tout a duré au moins huit secondes. A Somerset, 3 h. 30 m., une forte secousse à laquelle on attri- bue la durée d'une minute (?). Bruit semblable à celui que produit un mur en s'écroulant. A Swansea, 3 h. 28 m., une forte secousse, avec huit ou neuf roulements sourds, mais bien distincts. Une demi-heure plus tard, trois nouvelles secousses; celles-ci furent plus faibles et parurent venir de l'E. à l'O., tandis que la première avait eu lieu en sens inverse, c'est-à-dire de l'O. à l'E. AMonmouth, 3 h. 30 m., choc subit et violent, accompagné d'un bruit semblable à celui dune décharge d'artillerie, et suivi immédiatement d'une agitation ondulatoire qui a duré plusieurs secondes. A Llan-Thomas, près de Hay (South Wales), vers 3 h. 35 m., une violente secousse du SO. au NE., et de quelques secondes de durée. A Larnelly (Carmarthenshire , South Wales), vers 3 h. 35 m., une secousse divisée en trois phases, par deux intervalles très- courts de repos et d'une durée totale de dix à quinze secondes, avec bruit semblable au tonnerre. A Axmiminster, Colyton, Seaton, Bridport, Yeovil et autres lieux du voisinage (Devonshirc), vers 3 h. 30 m., une violente secousse qui réveilla les populations. A Tavistock, 3 h. 25m., craquement qui fit trembler les mai- sons; deux ou trois secondes après, le tremblement recommença, s'accrut par degrés jusqu'à la fin, et dura environ quinze secon- des. Il fut accompagné d'un fort bruit souterrain. C'est le troi- sième et le plus fort qu'on y ait éprouvé dans les cinq dernières années. A Barnstaple, vers 5 h. lh, une forte secousse de l'O., à l'E., ou du NO. au SE., et de quelques secondes de durée. A Tlfracombe et Glenfern-house (North Dcvon),5 h. 20 m., . une légère secousse horizontale du S. au N., qui s'accrut graduel- lement, sans aucun mouvement vertical, et finit par un choc. Le tout dura trois ou quatre secondes. On entendit en même temps un bruit très-fort. ( 200 ) A Liverpool, 3 h. 20 m., une violente secousse, qui s'est éten- due sur les rives de la Mersey, à Bootle, Crosby, Waterloo, New- Brighton , Birkenhead et Rock Ferry. A Old Swan , même heure, direction de l'O. à l'E. et bruit très-fort. A Waterloo, deux secous- ses distinctes et violentes; des pendules s'arrêtèrent. A New- Brigton , une partie de la population passa le reste de la nuit dans les rues. A Southampton, plusieurs personnes éveillées de grand matin, ont entendu un bruit extraordinaire, dont elles ne se sont pas rendu compte; l'une d'elles a même remarqué une vibration très- légère, mais bien distincte; elle a regardé sa montre qui marquait 5 h. 22 m. A Southport, vers 3 h..(?), bruit intense qui a reveillé beaucoup de monde. Il a été suivi d'un léger mouvement du sol. A Hereford, 3 h. 20 m. (temps de Greenwich), deux secousses distinctes, précédées, accompagnées et suivies d'un bruit qui de- vint plus terrible, quand le mouvement eut cessé. Des sonnettes ont sonné d'elles-mêmes dans plusieurs maisons. Le mouvement parut avoir été du SO. au NE. ou, suivant quelques personnes, du NO. au SE. A Llandovery (South Wales), 3 h. 22 m., une violente secousse avec bruit fort. A Windsor, personne n'a senti la secousse, mais on a remar- qué, le matin, que deux pendules (réglées sur le chemin de fer) s'étaient arrêtées, l'une à 5 h. 20 m. et l'autre, qui retardait un peu, à 3 h. 22 m. M. Henwood, ingénieur des mines à Penzance (Cornouailles), écrivait à mon excellent ami , M. Fournet : « J'ai été ballotté dans mon lit, comme au Pérou et au Chili, par le tremblement qui vient de causer de si ridicules alarmes en Angleterre. La der- nière malle nous a appris ce fait intéressant qu'il y avait eu, à la même époque, un tremblement aux Antilles. » Ce tremblement paraît avoir été observé aussi à l'Observatoire de Greenwich. « L'un des aides de M. Airy était occupé à prendre la hauteur de la lune; il dirigea sa lunette sur une mire éloignée, placée dans la direction du N. Tout à coup, cette mire lui sembla ( 201 ) descendre, s'arrêter un instant et remonter ensuite, après quoi elle ne bougea plus. Cette observation a été faite entre 3 h. 23 ni. et 3 h. 26 m. du matin. M. Airy suppose que l'oscillation appa- rente de la mire n'a été qu'une illusion d'optique, produite par un mouvement de vibration du pilier qui supporte la lunette, et que cette vibration est due à un choc horizontal , dont la composante NS. aurait été, dans tous les cas, la seule qui pût agir sur limage de la mire. » (L. Figuier, L'année scientifique, 8eann.,page 27G; 4804 *.) — Le 8, 7 h. 5 m. du soir, à Zante, une légère secousse de l'E. à l'O. Le 16, 3 h. 5 m. du soir, une légère secousse du S. au N. Le 20, 9 h. 15 m. du matin, une légère secousse, paraissant venir du S. et aller à 10. Le 23, 2 h. du soir, une légère secousse , du S. au N. — Le 10, 6 h. */a du matin, dans le district de Langowan , di- vision de Tondano, résidence de Manado (Célèbes), une assez vio- lente secousse, précédée de forts bruits souterrains; la direction était du SO. (sic.) Des frémissements (trillingen) du sol, accom- pagnés de bruits semblables, s'y sont répétés jusqu'au 16. En même temps (du 10 au 16), des secousses ont eu lieu dans les divisions de Belang et d'Amoerang. A Belang, la secousse du 10 s'est répétée jusqu'à trois fois; à Amoerang et à Tompaso, il y en a encore eu une autre beaucoup plus forte , une demi-heure après. La direction a été indiquée comme étant verticale. Le 12, vers 10 h. */2 du soir, à Priaman (gouvernement de la côte 0. de Sumatra), léger tremblement du NE. au SO. et d'envi- ron cinq secondes de durée. Vers minuit du 12 au 13, à Palembajang, tremblement de PO. à l'E. et d'environ deux minutes de durée. On l'a ressenti aussi à Padang-Pandjang. 1 Dans son Report of the Astronomer royal to the Board of Visitors , M. Airy dit seulement : « The Earthquake of 1865, october 5, 15 h. 23 m. was seen with the Altazimuth Télescope by M. Ellis, who happened tobe obser- ving the Collimator. The mark appeared lo descend, to lise rather more, and to descenp a liitle to ils original position, page H. » ( 202 ) On a ressenti ce jour-là des secousses sur une grande partie de la côte 0. de Sumatra, dans la résidence entière de Tapanoelie, à Ajer-Bangies et à Taloe. Le 21, vers 4 h. */* du soir, à Patjietan (Java), une légère se- cousse de l'E. à 10. Le même jour (21), un peu avant 8 h., 11 h. l/4 et 4 4 1/a du soir, à Ternate, trois secousses. La première et la dernière, de l'E. à l'O., n'ont pas été fortes; la seconde a été plus violente et accompagnée d'un bruit souterrain qui a duré une couple de se- condes. Il n'y a cependant pas eu de dommages. Pendant tout le mois, la montagne n'a pas cessé de fumer, mais légèrement. — Le 45 , 8 h. 3/4 du matin, à Cordoue, une légère secousse. Le mouvement fut d'oscillation et dura peu. — Le 47, 9 h. 50 m. du soir, à Smyrne, secousse prolongée de l'E. à l'O. A 10 h. 8 m., nouvelle secousse moins forte. — Vers le 20 , dans le comté de Sutter (Californie), une se- cousse. L'Écho du Pacifique du 5 novembre, édition de quin- zaine, dit : « la nuit d'avant-bier » mais dans la colonne suivante, il dit : La frégate espagnole Résolution est partie hier matin. » Or, d'après le tableau du mouvement du port, cette frégate est partie le 24 ; le passage, qui se rapporte à la frégate, est donc emprunté au numéro du 22 de l'édition quotidienne et, par consé- quent, celui qui est relatif au tremblement de terre doit être tiré du même numéro ou du numéro précédent. La secousse doit probable- ment avoir eu lieu dans la nuit du 49 au 20. Mais j'espère que le rédacteur de VÉcho, M. Derbec, indiquera désormais les dates exactes. Il a gracieusement accueilli la demande que je lui en ai faite. — Le 24, heure non indiquée, à Truxillo (Pérou), tremble- ment violent. Le 28, 4 4 h. 5/4 du matin, autre tremblement moins fort, mais dont la population s'est émue, parce que, disait-on, une reli- gieuse avait prédit que ce jour-là, à minuit, un tremblement dé- truirait la ville. — Le 25, 4 h. du soir, à (iraechen (Valais), un fort bruit sou- ( 205 ) terrain que M. Tseheinen signale comme dû, sans aucun doute, ù un tremblement. — Le 27, M h. 5 m. du malin, à Taclaban (Philippines, ile de Luçon?), tremblement d'oscillation extraordinairement fort et prolongé. Il a été général et ressenti avec une égale intensité dans tous les pueblos du district. Il a été suivi de beaucoup d'autres qui n'ont pas été également ressentis partout; cependant, dans les villages de Jero et d Ormoc, on en a compté dix-neuf dans le même jour. Il y a eu beaucoup de dommages. Le 28, dans l'île de Masbate (Philippines), tremblement fort, mais sans dégâts. Novembre. — Le 5, 8 h. 9 m. du soir, à Smyrne, une légère secousse. Le 6, 10 h. 12 m. du matin, une nouvelle secousse légère. Le 6 encore, 10 h. 20 m. du matin, à Constantinople, deux fortes secousses du NE. au SO. Elles ont produit une fissure dans les murs de la citerne de M. lingénieur Ritter. A 5 h. 15 m. du soir, une secousse moins forte. A Gallipoli, 10 h. 50 m. du matin, une secousse de l'E. à l'O. Le plafond du grand salon de la légation de Hollande a été dé- truit. C'est une des plus fortes secousses ressenties depuis long- temps. A Guemlek, vers 11 h., forte secousse; plusieurs cheminées renversées, ainsi qu'un minaret près de la douane. Murs de l'église et de plusieurs maisons crevassés. Des sources ont tari. A Oumourbey, village entre Guemlek et Brousse , plus de qua- rante maisons détruites. Une femme et un enfant ont péri. A Brousse, une secousse peu sensible. Le 7, à Oumourbey, une secousse plus légère. — Le 5, 9 h. 55 m. du soir, à l'observatoire du Vésuve, une secousse. Le 13, 11 h. 47 m. du soir, une nouvelle. secousse. Le 19, 9 h. 17 m. du matin, encore une secousse. — Le 6, 7 h. du soir, au village (Ncgorij) de Langowan, résidence de Manado (Célèbcs), tremblement précédé de forts bruits sou- terrains. Direction de l'O. à l'E. ( 204 ) Le 12, entre 1 h. !/2 et 4 h. du matin, à Tjie-Ringin , résidence de Bantam (Java), sept secousses; la deuxième et la troisième ont été les plus violentes, et ont duré deux à trois secondes. Le 22, 11 h. */2 du matin, à Banda, tremblement horizontal du SE. au NO., fort et de longue durée. Le 25, vers 9 h. du matin, à Patjietan (Java), une violente secousse du NO. au SE., et de quatre secondes de durée. Le même jour, vers 9 h. l/i du matin, dans la division de Ledok (résidence de Bagelen), léger tremblement dont on n'a pas pu déterminer exactement la direction. On l'a aussi ressenti à Poer- woredjo et sur quelques autres points de la même résidence. A Madioen, vers 9 h. */4 du matin, et dans les divisions de Magetan et de Ponorogo, léger tremblement du S. au N. Le 23 encore, heure non indiquée, au Kampong (village) de Kawedanan, district de Singomerto, division de Bandjar-Negara , et résidence de Banjoemas, tremblement léger du SE. au NO. Le 29, 7 h. 54 m. du soir, à Banda, nouveau tremblement très-fort, du SE. au NO. — Le 8, 8 h. 5 m. du soir, à Kingston (Jamaïque), une secousse plus forte que toutes celles qu'on y a ressenties dans l'année. Elle a duré quarante secondes et a été suivie immédiatement d'un bruit sourd et d'une deuxième secousse. Beaucoup de personnes se sont sauvées en plein air. Il n'y a pourtant pas eu de dom- mages. — Le 10, à Bougie (Algérie), une secousse qui a duré trois secondes; elle paraissait aller du N. au S. Elle a été précédée d'un bruit semblable à une rafale. Aucun dégât à signaler (VAkhbar du 19 nov. Comm. de M. Aucapitaine.) — Le 11, 40 h. du soir, à Guatemala, une secousse du SO. au NE. Le pendule a oscillé de 16 millimètres pendant dix-huit secondes. — Le 11, la nuit suivante et le 12, à Graechen (Valais), indices de tremblement. — A Naters, ajoute M. Tscheinen à cette date, on a remarqué trois ou quatre fois cette année de légers tremblements de terre avec quelques bruits. Il n'en indique pas les époques. ( 205 ) . Le 49, 9 h. '/a du S(MI\ â Graechen, tremblement assez fort avec bruit, mais de courte durée. La maison a tremblé assez vio- lemment. Autres secousses légères et fréquents mouvements de la maison dans la soirée et dans la nuit. Le 20, bruits rares, mais frémissements fréquents du sol dans le jour et dans la soirée. Le 25, dans la matinée, à Randa (près de Graechen), bruit séismique. Le 29, à Graechen, nouveaux indices de tremblements. — Le 21,4 h. 10 m. du soir et le 29, 4 h. 55 m. du soir, àZante, une légère secousse chaque jour; toutes deux du S. au N. — Le 24, dans la nuit, à Boli (côte N. d'Anatolie), quatre secousses, dont une assez forte. Plusieurs maisons écroulées. — Le 29, 5 h. f/g du matin, à Lima, une forte secousse. — Le 50, 1 h. du soir, à Rhodes, deux secousses de l'E. à l'O., à cinq minutes d'intervalle et suivies d'un grand bruit souterrain, dont la durée a été d'un quart d'heure. Aucun dégât. Décembre. — Le 5, 4 h. % du soir, à Aumale (Algérie), une légère secousse du N. au S. (M. Aucapitaine). — Le 4, midi un quart, à Lima, une secousse assez forte et prolongée. C'est la troisième et dernière qu'y signale ElComercio pour cette année. — Le 7, 9 h. 5 m. du soir, à Smyrne, une assez forte secousse de l'E. à l'O. A 9 h. 6 m., une secousse plus faible. — Le 7, 41 h. du soir, à l'Isle (Vaucluse), une première se- cousse. Le 8, 2 h. du matin, une seconde; à 5 h. 50 m., une troisième, et enfin une quatrième et dernière à 6 h. du matin. La troisième a été la plus intense; elle a été franchement ondulatoire de l'E. à l'O., précédée et suivie d'un roulement comparable à celui d'une charrette chargée passant dans la rue. Les personnes qui se trou- vaient en rase campagne ont dépeint ce roulement comme venant de loin et se perdant dans le lointain. Les bêtes attelées se sont arrêtées, des sonnettes ont tinté après le mouvement qui n'a pas duré plus de trois secondes. Elle paraît avoir été plus vive encore au village de Vaucluse (à l'E.), et moins forte à Avignon (à l'O.). ( 206 ) Les trois autres n'ont été que de simples vibrations, très-faibles et très-courtes. A Orgon (Bouches du Rhône), 5 h. 47 m. du matin, une secousse assez violente, de trois secondes de durée et qui a paru se diriger du S. au N. On Fa sentie sur tout le littoral de la Durance et dans les diverses sections du chemin de fer de Tarascon à Cette. On l'a ressentie à Carpentras , à Graveson , à Nimes et dans les environs; mais on dit qu'on n'a rien éprouvé à Arles ni à Tarascon. Les eaux de la fontaine de Vaucluse ont été troublées. Elles sont restées sales et limoneuses pendant plusieurs jours. — Le 8, 8 h. 15 m. du soir, à Zante, une légère secousse du N. au S. — Le 1 1 (le vendredi de la seconde semaine de ce mois), 2 h. 2 m. de la nuit, à Santiago, un léger tremblement. (El Eco del pars du 29 décembre.) Il s'agit probablement de Saint-Jacques de Compostelle, en Galice. — Le H, G h. lk du soir, à Randa, deux secousses consécutives de l'E. à l'O. Un peu après minuit, il s'éleva une tempête du SO. qui, au bout de quarante heures, devint un véritable ouragan. Beaucoup d'arbres furent arrachés, beaucoup de maisons ren- versées. Le 12,11 h. du matin, à Kema, résidence de Manado(Célèbes), une légère secousse du N. au S. Le 24, 5 h. du matin, dans la division de Belang (même rési- dence), une secousse semblable. — Le 42, 2 h. 41 m. du matin, à l'observatoire du Vésuve, une secousse. Le 21, 11 h. 45 m. du matin, une nouvelle secousse. Le 25, 7 h. 41 m. du soir, une dernière secousse. Le Vésuve s'est maintenu pendant toute cette année dans un calme parfait. Quelques fumerolles à une faible température et de rares sublimations ont représenté toute l'activité du volcan. La bouche centrale, qui du 19 novembre 1855 jusqu'à une époque avancée de 1862, avait paru vouloir faire assimiler le Vésuve au Stromboli (sauf la différence des forces éruptives), s'est finale- ment éteinte en ne laissant subsister que quelques fumerolles à ( 207 ) Porlc supérieur. Pendant cette période de calme, le séismographe électromagnétique a enregistré dix-huit secousses de tremblement de terre, dont quelques-unes ont été précédées et suivies d'un certain frémissement du sol, analogue, dit M. Palmieri, à ce qui est arrivé pendant l'éruption de l'Etna et dont j'ai entretenu l'Académie. (Rendiconto délia R. Âccad. d. Se. di Napoli , Febbrajo, 1864.) — Nuit du 12 au 15, à Vienne, tremblement pendant une tem- pête. (M. Boue.) — Le 14 (n. st.), 4 h. j/2 du matin, à Schemacha, une se- cousse sensible,mais sans dégâts. Le 13, il soufflait un violent vent du NE. qui passa au SO. Le 15, la journée fut magnifique. Le Ifi, la neige tomba depuis le matin; le soir le traînage était établi. (M. Osten-Sacken.) Le 22 (n. st.), 5 h. du matin, àPiatigorsk (Caucasie), un second bruit souterrain. (M. Osten-Sacken.) — Le 14, à Graechen (Valais), légères secousses presque instan- tanées et traces ou indices ordinaires de tremblement. Le 19, 8 h. 1/2 du soir, une secousse sensible, précédée et suivie d'autres indices séismiques. Le 24, à Naters, une légère secousse avec un peu de bruit. C'est la dernière mentionnée dans le journal de M. Tscheinen, qui ne dit pas qu'on l'ait remarquée à Graechen. — Le 14, 12 h. de nuit (minuit du 14 au 15 ), à Guatemala , une secousse du SO. au NE. Le pendule a oscillé de quatre millim. pendant, trois secondes. Le 19, 9 h. 20 m. du soir, dernière secousse de l'année; direction du NE. au SO. Le pendule a oscillé de quatre millim. pendant cinq secondes. Perturbations magnétiques extraordi- naires pour le pays, 4' 21", pendant la première, et 4' 25" pen- dant la dernière. — Le 19, 2 h. 4/4 du matin , à Santiago (S'-Jacques de Compos- telle, Galice), bruit semblable à un coup de canon, et trois se- condes après, petit bruit sourd suivi d'une secousse du S. au N., qui n'a duré que trois secondes. Dans certaines rues, les plus hautes, on n'a rien remarqué; tandis que, dans d'autres, le mou- ( 208 ) vemcnt a été si fort que beaucoup de personnes sont sorties de chez elles. Après est venu un vent très-fort. (M. Casiano de Prado, extrait dune lettre de son frère, architecte de la ville.) — Le 19 , 12 h. 58 m. (midi 58 m.) , à San-Francisco, une très- forte secousse verticale, suivie d'une autre ondulation du N. au S. On les a ressenties à Santa-Clara. Le 25, 2 h. 40 m. du soir, à San-Francisco (Californie), une forte secousse de cinq à six secondes de durée. « Cet ébranle- ment, dit Y Echo du Pacifique du 4 janvier (édit. de quinzaine) , paraissait provenir d'une force souterraine soulevant la croûte terrestre; il n'avait nullement le caractère oscillatoire. Il a été également ressenti à Santa-Clara et à San-José. » Le 50, un peu avant 5 h. du matin, à San-Francisco (Californie), une forte secousse. « La maison où s'imprime ce journal, dit Y Echo du Pacifique du 25 janvier (édit. de quinzaine), a gémi comme un navire clans une tempête, et plusieurs personnes, habitant sur différents points de la ville, nous ont déclaré qu'elles avaient été réveillées en sursaut par cette secousse. » — Les 28 et 29, à Lagnes, village situé près de la fontaine de Vaucluse, secousses réitérées. Maisons lézardées. « Un bruit sou- terrain, écrit-on, semblable au roulement lointain du tonnerre se fait entendre par intervalles. A ce frémissement du sol, à ces grondements sinistres, on se croirait plutôt dans le voisinage du Vésuve, qu'auprès de la source immortalisée par le poëte italien. » — Le 29 , 1 h. du soir , à Gandia (prov. de Valence) , une légère secousse du S. au N. ; elle a été très -peu sensible dans certains quartiers où l'on n'a remarqué qu'un frémissement semblable à celui que produit le passage des voitures. — Le 29 et le 50, à Rhodes, quelques secousses avec oscillation de TE. à TO. — Le 50 décembre (n. st.), 9 h. 48 m. du soir, à Lenkoran (Cauca- sie), tremblement qui a duré huit secondes. « De trois secousses fortes, écrit-on à M. H. Abich, la seconde était tellement violente, que les murailles chancelaient visiblement, et que les pendules se sont arrêtées. Les lustres et les lampes suspendus faisaient des mouvements si forts, que l'amplitude de leurs balancements était ( 209 ) de plus de deux pieds. La direction du tremblement de terre était du S. au N. Depuis onze ans que je vis à Lenkoran, il n'y avait pas eu un tremblement de terre aussi fort. Tout s'est passé pour- tant heureusement, et il n'y avait nulle part des dommages à regretter. (Il faut bien tenir eompte des circonstances favora- bles, qui consistent dans la structure des maisons peu élevées, en bois ou en roseaux et argile.) Je ne suis pas du tout sur jusqu'à quelle distance de notre ville le tremblement de terre s'est propagé. Toutefois, je tiens de main sûre que les secousses étaient les mêmes par rapport à leur violence et à leur durée, dans le village de Pryschib, à cinquante-cinq kilomètres de Len- koran. » Dans la journée du tremblement de terre, à 9 h. du matin, soufflait un violent samoum qui se continua presque jusqu'à 4 h., quand le vent se changea en NE. très-fort. J'ai observé, chaque année, qu'après le samoum en hiver, l'autre jour (sic), il y avait de la neige sous l'influence d'un très-fort NE. Cette fois nous ne vîmes ni neige, ni pluie, et le temps resta tempéré. Le 22 dé- cembre seulement (3 janvier suivant, n. st.), il est tombé un peu de neige. » Une lettre, que le consul- russe à Tébriz vient d'envoyer au chef de la chancellerie à Tiflis, ajoute M. Abich, démontre que le tremblement en question, sur le littoral de la mer Caspienne, a été l'avant-coureur d'un autre beaucoup plus fort, qui a fait, le 22 décembre (v. st.), des dévastations terribles sur la haute plaine d'Ardebil, en Perse. Voici cette lettre : « Je me fais un devoir de vous communiquer les nouvelles que je viens de recevoir, d'après lesquelles un violent tremblement de terre a complètement dé- fruit quatre villages, aux environs d'Ardebil, nommément les villages Guert, Kankyschlak, Nouschar et Nyar, et malheureuse- ment que cinq cents personnes y ont péri. Le tremblement se répète, de temps en temps, et aussi dans la ville même d'Ardebil : mais jusqu'à présent la dévastation n'est pas considérable dans la ville. » « Je suppose une erreur, continue M. Abich, dans la date de Tome XVII. 14 ( 210 ) celte lettre, et je ne doute pas qu'il ne s'agisse d'un seul et même tremblement de terre à Lenkoran et à Ardébil. L'expérience prouve 2y kwam dé Palamedes in bet licht, die den aan Oldenbarneveld gepleegden moord moest in het daglicht stel- len. llt*t treurspel kwam zijnen vervaardiger op cène voor hem aansienlijke gëldboete en het tijdelijk gémis van persoonlijke vrij- lieid le slaan. Versrheidcne jarcn la ter aarzclt liij niet, het Jour- getijdè van het beircnrenswaardige voorval te vieren in een tref- fend gedicht en wat is de wcnseh , dien hij daarin over hethool'd dép sebnldigcn nitspreckt? II ij legt «den ontkei'kcrdcngccst » deze ('•éne bede op de lippen : Ooh <>/' dé staat gebergd wave door mijn doodl De zneht voor vrijlteid had Vondel als met de moedermelk inge- Eogen, en zij werd voorzeker uitnemehd aangekweekt in hetGe- meenebest, dat het toevlugtsoord was geworden van raenigen verdrukte en vervolgde. Hij slond liaar dan ook voor op elk gebied en tôt elk en peijs. Harc ooderdrukkïng gai' hem den genocmden l'almncdes, de Balavfsche Cebroeders en andere trenrspelen in de peu. De vrijheid van geweten was hem boven ailes heilig en dierbaar. Waar hij die zag aangerand, verhief hij moedig zijne stem. Onduldbaar was hem die aanranding vooral van de zijde van lien, zij mogten dan de eersten zijn in de kerk of in denStaat, die géiegd werden voor de vrijheid te strijden , doch zelve in haie loepassing bij anderen wel cens te kortseholcn.Gcenegelegenheid liet bij voorbijgaan, om het hem zoo dierbare kleinood in bescher- ming te nemen. Eenc aandocnlijkc proeve daarvan geeft des Dich- ters Zvgezang tar ecre van Frederik Hendrik, den door hem zoo geliefdcn stadhonder. De verovering van stad bij stad wordt op cène waardige wijze bezongen en — zon men meenen — het dichl- stuk besloten met eenc, zoo al niel \ leijeiide, dan toeh lofzeggende toespraak tôt den dapperen voorvechter der bnrgerlijke en gods- dienstige vrijheid? Niet al zoo; met éene rondborstige vcrinaning aan den Peins, om de vrijlieden en regteil in opregtheid en ten aanzien van allen zonder onderscheid te handhaven. » La ten die woorden, o edelste aller vorsten! — zegt hij — toeh geen ijdele klanken zijn! Uw vader Willem koeht de panden met zijn bloed. El, duld niet, dat bij iemand het vroom gewisse langer metbanden (»l boete worde onderdrukt! Laat de christelijke godsdiensl geen ( M ) dekmantel zijn voor het plegen van gewcld! laat God alleen régler zijn over belgemoed! dan, en dan alleen zal uwvolku in waarheid liefhebbcn en moogt gij des Allcrhoogsten zegen verwacbten! » Aan al bet genoemde wordl de kroon opgezet door den godê- dienstigen zin, die nit Vondels werkcn sprcekt, en die in overeen- stemming is met zijn' onberispelijken levenswandcl. Huichelarij zoo min als ligtzinnigbeid, spot zoo min als oneerbaarlieid , bezoe- delde ooit zijne lier, en in dit opzigt mag van zijne verzen getuigd worden dat a de moeder de lezing er van aan hare docbtcr niet behoeft te ontzeggen. » Eerbied voor de godsdienst en wat met haar in betrekking staat, was bem een diep ingevveven trek. llij voer, bet is zoo , beftig uit tcgen sommige kerkelijke perso n en van zijnen tijd; doeh dit geschiedde juist uit het besef van de booge waarde van bet ambt, dat bij door bunne gedragingen ontbeiligd aehtte. Van elk mom gruwdc bij, docli allermeest van dat der f'ari- zeërs. Onuitputlelijk is bij in lofverhefïingen van God en diens volmaaklhcden. In geen bistoriscbe tafereelen weidde zijn dicbt- geest liever dan in de bijbelsche. Van verre weg de meeste zijner treurspelen ontleende bij de onderwcrpen aan de Heilige Schrift. Aan hare voorstelling der feiten, aan hare teekening der karaktcrs, ja zelfs aan hare wijze van uitdrukken hield hij zich meteerbiedige naauwgczetlieid. In een dergelijk gevoel van eerbied ligt, onzes inziens , de reden dat zijne tragiscbe Muze zich nimmer eene stofîe ter behandeling koos uit het leven of liet lijden des Zaligniakers. Hoe geseliikt hem ook het tooneel voorkwame, om door de optre- ding van bijbelsche personen edele gezindheden en goede zeden aan te kweekcn : den Heiland der wereldsprekendeen handelende op te voeren , daarvoor deinsde bij, naar hetschijnt, terug. Hebben andere dichters dit ondernomen, wij veroordeelen lien dcswege niet, maar waarderen in Vondel het beginsel, dat hem weèrhicld. Dat beginsel, eerbied voor het heilige, Avââr bet ook in de tocpas- sing mogt feilen, vloeide voort uit een vroom gemocd. Hetver- spreidde over de meesle zijner gedichten een waas van zedelijken ernst, dat getuigenis gceft van een hoofdlrek uit het karakter van deNederlanders der zeventiende eeuw, en dal nog allen aanlrekl , wier hart voor deugd en godsdienst klopt. (22) Onze taak is geëindigd. In eene beknopte schels hebben wij getracht de meest sprekende trekken te doen uitkomen van bet beeld des grooten Vondels. Moge die schets niet te zeer van de werkelijkbeid verschillen ! Moge zij, en aile andere pogingen die thans worden aangewend om den eenigen en overgelijkelijken onder onze vroegere dichters meer te doen waarderen, het voor- gestelde doel bereiken ! Vondels werken moeten worden beoefend door allen , die niet alleen Nederlands taal en poëzij , maar ook nederlandscbe degelijkheid en braafheid op prijs stellen. Diebeoe- fening kan, vooral bij het jeugdige geslacht, een dam worden, waarop de invloed afstuit van zooveel oppervlakkigs en onbedui- dends als eigen en vreemde drukpers thans in allerlei vorm aan- biedt; een plechtanker tôt behoud, zoo veel mogelijk, van onver- basterde taal en kunst; een vereenigingspunt voor allen die, zij het ook door staatkundige grenslijnen gescheiden, de gemeen- schappelijke vaderlandsche letterkunde hoogschatten en willen bevorderen. Een treffend zinnebeeld zulker vereeniging zal het eenmaal zijn wanneer, zoodra binnen Amsterdam Vondels standbeeld zal zijn verrezen, Brussels Akademie haren lofkrans daarom zal komen strengelen. ELNDE. TABLE MEMOIRES CONTENUS DANS LE TOME XVII. SCIENCES. 1. Élatérides nouveaux; par M. E. CandfTze, membre de l'Académie. 2. Sur un nouveau chronoscope électrique à cylindre tournant, fondé sur l'emploi du diapason; par M. H. Valérius. 3. Mémoire sur les vibrations de fils de verre, attachés par une de leurs extrémités à un corps vibrant et libres à l'autre; par M. H. Valérius. A. Mémoire sur l'emploi de l'iodure de potassium pour combattre les affec- tions saturnines, mercurielles et les accidents consécutifs de la syphilis; par M. Melsens, membre de l'Académie. o. Note sur les tremblements de terre en 1865, avec suppléments pour les années antérieures, de 1845 à 1862 ; par M. Alexis Perrey. LETTRES. Lof Van Vondel, door Dr A. De Jager, van Rotterdam. PUBLICATIONS l)K L'ACADEMIE ROYALE DE BELtilOUK. luiivcuiix itiémoi res de l'Académie royale des sciences et belles*- lettres (le Bruxelles, tomes! -XIX. — Mémoires de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux -arts de Belgique, tomes XX- XXXIV; in-i". — Prix 8 IV. par vol.. à partir du tome X. Mémoires couronnés par l'Académie royale des sciences et belles- lettres de Bruxelles, tomes 1-XV. — Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers , publiés par l'Académie royale des sciences et belles- lettres de Bruxelles, tomes XVI -XVIII. — Mémoires couronnés et Mé- moires des savants étrangers, publiés par l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, tomes XIX-XXX1I; in-4". — Prix 8 fr. par vol., à partir du tome XII. Mémoires couronnés, in-8°, tomes I- XVI 1. — Prix i fr. par vol. Annuaire de l'Académie, lre à 31me année, 4835-1 865 ;in-18. Fr. 1 50. isuilctins de l'Académie, lre série, tomes I- XXI 11. — 2me série, tomes I-X1X ; in-8°. — Annexes aux Bulletins de i*$$&, in-8°. Prix £ fr. Bibliographie académique. 4854; 1 vol. in-18. Tables des Mémoires (4816-1857). 4858. In-18. ■ ailles générales des Bulletins, tomes 1-XXII1, lre série (183-2-56). 1858, in-8\ Catalogue de la bibliothèque de l'Académie. 1850; in-8°. catalogue de la bibliothèque de M. le bon de Stassart. 4865, in-8". Commission, pour la publication des monuments de la littérature flamande. Dei- \atitrcn BSloeme van Jaeoli Vau ftBaerlant . publié par M. Bormans, tome Ier, 4857; 4 vol. in-8°. Kysubvltcl van Jacob Van siaerEant . avec Glossaire, publie par M. J* David, 1858-1860; i vol. in-8". Alexandcr Cieesten van Jacob Van itlaerlaut, publié par M. Snellaer! , tomes 1 et II, 1860-1862 . 2 vol. in-8». Commission pour la publication des monuments de la littérature française en Belgique. OEuvres «le Chastellain , éditées par M. le baron Kervyn de Le.Ueu- hove, lomes I à Vil. Bruxelles, 1864-65, 7 vol. grand in-8<\ I,e premier livre des Chroniques de Froissart, édité par M. le baron Kervyn de Lettenhove, tomes 1 et II. Bruxelles, 1865, 2 vol. grand in-8». Chronique de Jehan I.e Hel , éditée par M. Polain. Bruxelles, 1863; 2 vol. grand in-8". Commission, royale d'histoire. Collection de Chroniques belges inédites, publiée par ordre du Gouvernement; 25 volumes in-4u. Compte rendu des séances, lre série (1837-4849), 16 vol. in-8°. — 2'»* série (1850-59), 12 vol. in-8°. — 5me série, lomes I-VI (1860-64). Annexes aux Bulletins, 8 volumes in-8°. — Tables générales des Bulletins de la lTe série, par E. Gachet. in-S'1 (1852).