V^-^^J /J3 ^ HARVARD UXIVERSITY LIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY r 6 û APR 17 !.: 'm- ILù MEMOIRES COURONÎ^sÉS ÂUÏUES MKMOIBES, Pl'Bl.lKS PAK l'académie royale nrS SCIFIXCES, des LETTHES et des P.EAUX-ARTS de BELCIOIE. eor.fiRCTIOli llV-liio. — TOUR ILlLt. M ILiHIL J> v; 1i j^ofB BRUXELLES à F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L ACADÉMIE ROYALE. Mais 1870. ►v^^rQ^t MEMOIRES COURONISES AUTRES MÉMOIRES. MÉMOIRES COURONNÉS ET AUTRES MÉMOIUES, riBLIES PAK L ACADEMIE ROYALE DES SClEJiCES, DLS LETTRES ET DES 15EALX-AUTS UE BELGIQUE. COLLI^€T10i^ IM-S^ — TO.fli: XXI. «" BRUXELLES. MarslSïO, No ^ MÉMOIRE EN REPONSE A LA QUESTION SUIVANTE, du programme de concours de 1868 : APIT.ÉCIKU JF.AN LEMAIRE (DE BELGES) COMME PROSATEUR ET COMME POETE » ; PAR M.CII.FÉTIS. Dp peu assez. (Couronné par l'Académie royale de Rclgi((UO, le il mai 18G8. ToMii XXI. MÉMOmE srii JEAN LEMAIRE (DE BELGES). M. Van Hassclt, dans son Essai sur la poésie française en Bel- gique, cite les vers suivants que Guillaume Crétin écrivit h Jean Lcmaire à propos du talent qu'il annonçait : Dont Moliiiel qui l'avoue à parent, Acquiert honneur, bruit et los apparent, ^ Veu que soubs luy tu as si l)ien appris Que ton labour vault être mis à pris. et il ajoute : « la parole de Guillaume Crétin ne s'est pas confirmée encore. Le labour de Jean Lemaire n'a pas encore été mis à prix. Toute sa gloire est à ressusciter. Il y a tout un travail de restau- ration à faire pour elle. » En lisant cette appréciation, si complètement louangeuse des mérites de Jean Lemaire, par un de nos meilleurs écrivains qui, à des titres égaux, doit être bon juge en poésie comme en prose, nous avons, non pas regretté d'avoir entrepris Fétudc longue, et, il faut bien le dii'e, parfois ingrate des œuvres de Jean Lemaire, aussi bien que de celles des auteurs de son temps, car l'élude ne laisse jamais après elle que des impressions heureuses, mais se- (4) rieusemcnl licsité à présenter les résultais de notre travail. Il y a entre notre estimation et le jugement contenu dans les lignes citées plus haut une telle différence, et le critique qui les a tra- cées est si fort au-dessus de nous par sa compétence littéraire, que nous avons, au j)remier moment, perdu toute confiance dans la valeur de notre opinion. Réfléchissant toutefois à l'influence souvent tyrannique du sentiment, louable au fond, de lamour- propre national, et trouvant dans les pages consacrées par fau- teur en question à Jean Lemaire des traces évidentes de ce sen- timent, nous avons osé croire que toute l'erreur pourrait bien n'être pas de notre côté, et nous nous sommes décidé à terminer cette étude. Qu'on ne pense pas que ce soit pour faire un vain étalage de modestie que nous venons parler ainsi de nos hésita- tions. Nous demandons sincèrement l'indulgence de nos juges, parce que le travail que nous avons entrepris est dune difficulté réelle. Avoir à parler d'un homme de génie ou d'un auteur détes- table, c'est-à-dire pouvoir s'exprimer tout en bien ou tout en mal sur le compte du personnage dont on s'occupe, est loin d'être aussi embarrassant que de conserver un juste milieu équitable entre réloge et le blâme. Or, la nature évidemment intermédiaire du talent de Lemaire nous obligeait envers lui à cette modération, si difficile à observer complètement. Jean Lemaire naquit vers 1473, à Bavai (Belges), en Hainaut; il nous donne lui-même cette date précise de sa naissance dans la dédicace de son premier livre des Illustrations de Gaule , où il fait dire par Mercure à Marguerite d'Autriche : « Je stimulay Pen- tendement du tien très adonné serviteur volontaire, secrétaire, indiciaire et historiographe Jehan le Maire de Belges, environ lan xxvu de son aage, qui fust lan de grâces mil cinq cens, à ce qu'il osast entreprendre ce labeur... « C'est lui aussi qm se charge de nous prouver l'authenticité de la ville de Bavai comme lieu de sa naissance, par deux vers de sa Concorde des deux lauguages : El je qui fus en temps de guerre et noise, i\é de Haynau, pais enclin aux armes. Paquot, dans ses Mémoires liltéraires, t. IH, p. 2, semble ( y ) doLilcr un peu du lieu de naissance de Lçmaire, qui, dit-il, donne, diuis ses Illustrations de Gaule, le nom de Belges à trois villes difl'éientes : Beauvais, Trêves et Bavai; mais les vers ei-dessus ne laissent pas de doute sur le choix à faire entre les trois cités comme patrie de Lemaire. Nous ne connaissons rien de positif de la famille de Jean Lemaire; mais on peut supposer que ses parents étaient d'une condition fort obscure, daprès une lettre de Jean Perréal de Paris, peintre, employé par Marguerite d'Autriche pour Torne- menlation de l'église qu'elle fit construire à Brou, en souvenir de son dernier époux, Philibert de Savoie. Cette lettre, citée par M.Le Glay, dans ses Nouveaux analectes historifjues, est adressée à Marguerite; Perréal s'y plaint d'avoir été diffamé auprès d'elle, et accuse Jean Lemaire, à qui Marguerite avait confié la surveil- lance des travaux, d'être l'auteur de ces calomnies : « Il ne me chault des parleurs et inventeurs de menterie, tant pour Jehan Le Maire, dont vous pensez par rapport que soie cause; car luy mesmcs m'a menasse à batre ou tuer depuis Pas(iues enssa, pour ce que je luy ay remonstré sa nativité, sa nourriture, et la bonté de la dame qui le traitoit, qui est vous, Madame, qui l'avez levé et geté hors de la })ouillerie et pauvreté... » Il semble résulter de ce passage (|ue Lemaire ne souffrait pas qnon fit allusion a la médiocrité de son origine. Comnic on le. voit par les quatre vers de Crélij), qui com- mencent notre élude, aussi bien que par différents passages des œuvres de Lemaire, ce fut son parent, Jean Molinet, ([ui se char- gea de son éducation. Elle fut très-soignée pour I "époque, trop soignée même, comme nous aurons plus loin occasion de l'établir. A l'âge de vingt-cinq ans, ainsi qu'il le dit dans son ('pître à Cré- tin, en tète du ô^ livre des Illustrations de Gaule, par conséquent vers 1498, Lemaire était à Mllefranche, en Beaujolais, exerçant les fondions de clerc des finances du rï)i Charles VllI et du duc Pierre 11 de Bourbon, et, quoique s'étant déjà occupé d'études littéraires, il n'était pas encore résolu à embrasser la carrière des lettres. Ce fut Guillaume Crétin, ami de son parent Molinet, qui, passant par Viilefranehe à cette époque, et ayant probable- (6) ment eu sous les yeux quelques essais de Leniaire, le décida par ses conseils à se faire écrivain. L'épître de Crétin, citée plus haut, en fait foi. Il se mit alors à étudier plus profondément les auteurs de l'antiquité, et alla même, dit-on, jusqu'à se démettre de ses fonctions de clerc des finances, pour pouvoir donner plus de temps à l'étude. Sa position de fortune ne devant pas lui permettre des loisirs absolus, il est probable qu'il choisit un emploi plus litté- raire que celui de clerc des iinanccs, et que c'est à cette époque qu'il fut, comme le rapporte Saint- Julien dans ses Origines bour- guignonnes, précepteur de messieurs de Balleure, père et oncle de cet historien. Après un séjour, dont on ignore la durée, mais qui ne put être bien long, dans la famille de Balleure, Lemaire devint secrétaire de Louis de Luxembourg, comte de Ligny, gou- verneur de Picardie, grand chambellan de France sous Louis XII, qui se distingua dans les [)remières campagnes de ce roi en Italie. C'est sans doute lorsqu'il était gouverneur de Picardie, que ce personnage eut l'occasion de s'attacher Jean Lemaire, et il est vraisemblable que celui-ci l'accompagna en Italie. Louis de Luxem- bourg mourut à Lyon, le 5 décembre 1505. De cette année date le premier ouvrage de Jean Lemaire, le Temple cV honneur et dé vertu. 11 l'avait écrit en l'honneur de Pierre de Bourbon, son ancien patron, décédé aussi en 1305, et l'avait dédié à Louis de Luxembourg. Celui-ci ayant suivi de près Pierre II dans la tombe, Lemaire adressa son œuvre à madame Anne de Beaujeu, femme de Pierre II et cousine de Louis de Luxembourg, avec une épître préliminaire dans laquelle il indique clairement la date de sa composition. Nous aurons à rechercher plus loin ce que devint Lemaire après la mort de son protecteur; mais, arrivé au début de sa carrière active d'écrivain, nous devons jeter un coup dœil sur l'état de la littérature française vers cette époque. Lemaire tient trop des écrivains de son temps, pour que nos observations générales ne lui soient pas applicables. La littérature française allait, au milieu du quinzième siècle, entrer dans la seconde période de son histoire. La première s'était prolongée depuis le douzième siècle, et, malgré sa longue durée, elle avait été pauvre en productions remarcjuables. Les débuts de la (7) langue avaient élé longs el tlilïiciles; il lui avait fallu de pénibles efforts pour se dégager du mélange de latin, de celle et de ger- main, dont elle s'était formée. Ce travail d'assimilation et d'unifi- cation était trop absorbant et trop compli(|ué, pour (ju'il pût se produire des œuvres littéraires dans une hingue qui se transfor- mait, pour ainsi dire, de jour en jour. On s'occupait des mots sans songer encore aux idées; aussi, quoiqu'on écrivît beaucoup, cette abondance n'en cachait pas moins une profonde stérilité, et il n'est resté de cette époque que peu de monuments littéraires, lesquels ont j)our qualités distinctives la naïveté et la jeunesse du style. Le roman de La Rose, les fabliaux et les chroni({ues de Froissart, voilà les chefs-d'œuvre types ([ui nous sont demeurés de celte langue des conteurs. Villon , par certaines nouveautés ori- ginales de son esprit, et Georges Chastelain, le Rubens de l'histoire, comme a dit un de nos écrivains, en mêlant à ses récits de chro- niqueur les jugements de sa consciencieuse honnêteté et de son bon sens si droit, se séparent déjà d'une manière accentuée de la période quils ferment; ils ont un pied sur les frontières de l'avenir. L'étude de l'antiquité et l'interprétation de ses monuments allaient inaugurer la seconde époque; époque de transition fâ- cheuse pour les écrivains d'alors, où Ton n'avait plus les qualités du passé : la fraîcheur, la naïveté, la grâce, et où l'on ne possé- dait encore celles de l'avenir qu'à l'état de ces métaux précieux, que raffinage n'a pas dégagés des matières impures, avec les- (|uelles ils sont anialgamés. La langue française allait subir, elle aussi, comme toute chose, en ce siècle de bouleversement et de rénovation, sa révolution. En 1453, Mahomet 1! assiégeait Constantinople à la tcte d'une armée formidable, remportait d'assaut et ne devait plus lâcher sa proie. L'antique Byzanee était arrivée au terme de sa brillante carrière, la noble dépositaire des traditions et des lumières de l'antiquité devenait la capitale définitive d'un empire barbare. Mais sa ruine, au lieu d'entraîner celle des cbefs-d'umvre du monde ancicji, allait, au contraire, leur donner une nouvelle existence. Fuyant la barbarie musulmane, ils alïluèrenl en Eu- (8) rope et s'acclimatèrent d'abord en Italie; c'est de là que les armées de Charles VIII et de Louis XII devaient les rapporter de ce côté-ci des Alpes. Conquête bien involontaire de ces vaillants sol- dats, et dont ils auraient sans doute été peu liers, si on les en eût félicités. C'était cependant le seul résultat utile réservé à ces ambitieuses et folles expéditions. Heureuse l'humanité, si toute guerre pouvait, comme les invasions de la France en Italie au quinzième siècle, être utile à la civilisation! Bizarrerie du sort! c'est à un barbare et à des soldats ignorants que la littérature et les beaux-arts doivent leur renaissance. « Ce rétablissement, dit Commines, ne se fust guère avancé, si Constantinople n'eut esté prinse et saccagée par Mahomet. » L'érudition commença donc; les modèles si com[)lels, si purs et si abondants de l'antiquité vinrent éblouir les } eux du moyen âge grossier. Il eut devant ces splendeurs des extases d'enfanl, se l)assionna, et naturellement commença par des prodigalités mala- droites l'usage de ses nouvelles richesses. Rougissant de sa naïve sim[)licité, la langue, comme une jolie villageoise inopinément amenée au milieu de grandes dames somptueusement vêtues, conçut aussitôt un violent désir de parure et d'ornements; elle voulut se faire belle d'une beauté d'emprunt, et, dans son inex- périence, s'habilla avec un mauvais goût bizarre. Il fallut aux auteurs prouver qu'ils avaient beaucoup lu et beaucoup appris; on voulut de la science et Ion tomba dans le pédantisme. Le genre Ronsard commençait déjà; car celui qui devait lui laisser son nom, et qui, en le poussant aux derniers excès, devait à la fois le bap- tiser et le tuer, n'en est pas l'inventeur; il est seulement l'écrivain qui est allé plus loin qu'aucun autre dans cette mauvaise voie. On a voulu revendiquer pour Jean Lemaire, pour un Balije, l'honneur d'avoir été le précurseur de Ronsard et de son école. Soit; si c'est un honneur de s'être mal servi du grec et du latin, nous conviendrons volontiers que Lemaire l'a fait; mais tous ses contemporains partagent avec lui ce modeste avantage. Molinet et Crétin, ses maîtres, lui ont transmis, en grande partie, leur style; comme nous le disions au commencement de cette étude, ils lui donnèrent une éducation trop savante; ils lui apprirent trop (9) de grec et de latin; ils étouirèrciit, sous ce pesant bagage, des qua- lités naturelles qui, librement développées, lui eussent peut-être acquis une célébrité moins contestable et plus générale surtout. Oui, pour l'emploi du grec et du latin. Lemaire, pareil à bien d'autres écrivains de la fin du quinzième siècle, a été le précur- seur de Ronsard. Mais, suivant nous, ce qui reste aujourd'hui de la gloire de Ronsard ne réside pas dans l'invention d'un langage incohérent, dont Malherbe devait faire justice; il a rendu d'au- tres services plus réels à la poésie française , en ennoblissant les formes des pièces et des rhythmes, en établissant la règle de l'uni- formité dans l'assemblage des rimes, en vulgarisant l'emploi des alexandrins, et en supprimant, comme le demandait Du Bellay, l'usage insipide des allégories. Ces innovations-là, ni Lemaire, ni ses contemporains n'en ont eu lidée. C'est au milieu de refFervescence générale des idées, au milieu de cet état de trouble des esprits, à la fois effrayés et charmés de l'audace de leurs découvertes, que Lemaire voulut, lui aussi, s'essayer au métier difficile d'écrivain. Se défiant sans doute de ses forces, il commença par un genre facile, qui, à défaut de suc- cès littéraires, lui assurait au moins des avantages matériels. Il composa, en l'honneur d'un prince, une pièce adulatrice et la dédia à une princesse. Nous ne prendrions pas, pour parler de la nature de la première œuvre de Lemaire, un ton désapjirobateur, sil avait su se borner dans ce genre peu digne d'un esprit fier et indépendant. Comme il avait reçu des bienfaits de Pierre II, il n'y aurait, semble-t-il, que des éloges à lui donner pour avoir célébré la mémoire de ce personnage; mais il ne devait que trop exclusi- vement consacrer son talent et son temps à ces travaux de courti- san, avec un zèle de flatterie qui ne laisse aucun doute sur ses intentions, et ne permet pas qu'on use d'indulgence envers lui sur ce point. Le Temple dlwnneur et de vertu, ce premier ouvrage, est un mélange de prose et de vers, dans lequel de nombreux person- nages allégoriques viennent tour à tour pleurer la mort de Pierre II, et chanter ses louanges. La facture des vers est bonne et soutenue; le plan est bien conduit et il y a dans quelques ( 10) strophes, coniinc les suivaulcs, une cerliiinc fraîcheur non sans agrémen( : Génies bergeielles, Parla lis d'amou relies, Dessoubz les couldrolles, Jeunes et lendielles, Gueillenl llcurs jolycs; Les oyselelz bruyenl, Les cerfs au bois ruyenl, Les champs s'enjolyenl, Tous éléiiiens ryont, Quand aurora luyl. Quoique n'offrant jjas un bien grand cachet d'originaUlé, ces vers ont la grâce et la naïveté pastorale qui sont à peu ])rès le seul charme des poésies de ce temps, où, dans des genres |)Ius sérieux, on ne trouvait guère que pédantisme et affectation. L'ahus des allégories, l'excès des éloges adressés au personnage qu'en- cense l'auteur, Temploi ridicule des rimes répétées, tours de force de la versification à la mode, qui étouffaient la pensée et qui fai- saient de la poésie un jeu puéril; enfin, un mélange sans goût de sacré et de profane, de chrétien et de païen, ne nous rappellent que trop que Lemaire fut victime du travers de son temps et des leçons de ses maîtres. Nous ne pourrions, sans injustice, lui reprocher sévèrement ces défauts involontaires; mais il a mon- tré, dans ses œuvres ultérieures, certaines qualités simples et naturelles, qui font regretter qu'on ait faussé sa nature. Au lieu d'être, grâce à ses savantes études, un poêle érudit de la force des meilleurs de ses contemporains, il aurait pu. livré à lui-même, continuer Villon et arriver à 31arot, gloire plus enviable selon nous. Sa prose que, dans le Tonple d'honneur et de vertu , il a voulu, sans doute, rendre poétique, n'est que tourmentée. Nous le verrons plus simple et plus naturel dans certains de ses écrits historiques. Louis de Luxembourg mort, ce fut Marguerite d'Autriche qui devint la protectrice de Jean Lemaire. Revenue dans les Pays-Bas après la mort de son premier mari, l'infant Juan de Castille, elle y séjourna jusqu'en septembre IjOI, époque où elle épousa Phi- ( Il ) libcrt le Beau, et elle eut sans doute alors occasion de se voir recommander Lemaire. On peut supposer encore que Louis de Luxembourg étant mort à Lyon, notre auteur se rendit de cette ville à la cour de 3Lirguerile de Savoie. Quoi qu'il en soit des circonstances assez obscures dans lesquelles il fut mis en relation avec Marguerite, il est certain qu'il reçut d'elle fuvaar et entrete- nance à partir de 1505, ainsi qu'il le dit bien clairement lui- même. Sa première allusion aux bienfaits de la fille de Maximilien se trouve dans le discours préliminaire imprimé en tête de ses Illustrations de Gaule, morceau dont nous avons déjà cité un passage relatif à sa naissance. Après avoir appris à Marguerite que Lemaire a commencé son ouvrage en 1500, Mercure ajoute : « et luy ay administré toutes clioses à ce servans et convenables par lespace de neuf ans; voicy desja le sixième an (jue la débon- naireté palladienne luy a donné faveur et entretenance libérale. » Dans son second ouvrage, la Plainte du Désiré, c'est-à-dire la Déploration du trespas de feu monseigneur Lo^js de Luxembourg, écrit immédiatement après le Temple d'honneur et de vertu, comme on le voit par ce passage : « Je tenoye encore en main la rude plume, laquelle en récente mémoire avait descrit le trespas du feu très bon prince bourbonnois, » notre auteur, qui dédie son opuscule à Marguerite, s'exprime ainsi dans une pèroration adressée à cette princesse : « Pource que par Thonneur de la mémoire du défunct, il vous plaist en me recueillant restaurer la dure perte que jay fait à son trespas. » Tout cela correspond bien à 1505. Une particularité semblerait cependant contredire notre assertion. C'est la découverte que lit M. Gachard, à Paris, dans des rechercbes ayant pour objet de compléter les matériaux d'une collection des voyages des souverains de la Belgique. Le savant académicien trouva un manuscrit de Jean Lemaire ayant pour titre : Mémoires de la vie de Philippe , roy d'Espagne , /"' du nom j et de Jeanne, sa femme 7 leur voyage de Flandre en Espagne en 1301; leur second voyage de Flandre en Espagne en 1505 et 1506 ; mort dudit roy Philippe à Burgos, sept. 1506, el la suite de Vhistoire jusqu'en 1508, par Jean Le Maire de Belges, présent auxdils voyages. Si ce titre disait vrai, Lemaire ( 12 ) aurait été, de loOl à 1506, attaché à la maison du roi d'Espagne. Mais, comme il est incontestable qu'en 1503 il servait Louis de Luxembourg, puis recevait de Marguerite entrelenance libérale; comme il ne mentionne nulle part son service auprès de Phi- lippe V^, et ne lui a adressé aucune pièce de vers, ainsi qu'il l'a fait pour tous ses autres protecteurs, sans vouloir nier l'authen- ticité du manuscrit que M. Gachard affirme èlre de la main de Jean Lemaire, nous nous fondons sur ce que l'écriture du litre est du dix-septième siècle, d'après l'observation de M. Gachard, [)Our supposer que l'auteur de ce titre s'est trompé, que Lemaire n'a pas assisté à ces voyages et qu'il en a écrit la relation sur des notes qu'on lui aura fournies. Le désir de rendre aussi complète que possible cette élude sur Jean Lemaire nous a entraîné dans une digression un peu longue; nous allons rentrer au cœur du sujet. Devenu le protégé de Marguerite d'Autriche, Lemaire s'em- pressa de faire acte de reconnaissance, en dédiant à celte prin- cesse les vers qu'il venait de composer pour déplorer la mort de Louis de Luxembourg; jolie pièce, et intéressante, quoiqu'un peu longue. Elle est allégorique naturellement; l'école du roman de la Rose touchait à sa fin ; mais elle ne devait disparaître entièrement qu'après la publication de la remarquable et mordante satire de Du Bellay : La défense et lUuslration de la langue françoi/se. Dans la Plainte du Désiré, la Peinture et la Rhétorique présenfenl, tour à tour, l'éloge de Louis de Luxembourg. On peut reprocher à Lemaire l'exagération parfois plaisante des images et quelques vers peu conformes à la dignité du sujet; mais il montre, h côté de ces. imperfections, des qualités très-réelles d écrivain. Ses des- criptions ont de l'élégance; celle de la Peinture, entre autres, est remarquable. Son style a de la précision , de la fermeté , notam- ment dans celte définition de la Fortune : Fortune folle est aveugle et beudee , Plustôt glissant que n'est la clère ondée, Preste à monter, plus promple à dévaler, Soudain laissant, et tard appréhendée. ( 13 ) Il a parfois des réflexions morales fort justes : celle-ci, par exemple : Car haiil louer conduit par art experte, N'accroisl les faicts de triomphe aveslus. S'il s'était souvenu de cette maxime en écrivant, s'il s'en était servi pour son propre usage, il aurait moins abusé du ludtf louer dans ses panégyriques, et ses œuvres, comme son caractère, s'en fussent bien trouvés. A propos de la guerre et de ses désastres, il pense des choses excellentes et les dit en fort bons termes : Dont en la fin les grans roys et les princes En ont la honte, et les peuples le cousl. Cela ne l'empêchera pas, plus tard, de se réjouir de l'cxtermi- nalion des ennemis de Louis XII. Mais ces échappées nous moll- irent quil savait parfois réfléchir, et que c'est pcut-clre moins à I impuissance de son esprit qu'aux obligations de ses fonctions toujours oflicielles, quil faut attribuer le manque de vues morales et de jugements philosophiques que Ton remarque dans ses œu- vres. Un historiographe patenté n'a pas à faire |)reuve d'esprit critique; il doit louer les grandes actions de son prince, c'est Lcmaire qui nous dit cela; or, pour lui, le prince ne peut accom- plir que de grandes actions. Vers 1505, Lcmaire commença son éloge de Marguerite d'Au- triche, intitulé : La couronne margaritique, en vers et en prose. On ignore quand il le termina, car l'ouvrage ne fut publié (|u'en 1 549, après sa mort, par Claude de Saint-Julien, seigneur de Balleure. Mais la date de début, 1505, est prouvée [)ar ce passage : « 31adame Marguerite ha plus veu en son jeune aage moderne, qui aujour- d'bui nexcède pas vingt-cinq ans.... », Marguerite étant née en 1480. Cette princesse est naturellement encensée, adulée de toutes façons dans cet ouvrage; l'auteur la compare, en lui don- nant la préférence, aux dix femmes les plus célèbres de l'histoire; il lui reconnaît les dix plus grandes vertus et la beauté des dix plus belles pierres précieuses; tout cela parce que le nom de ( li ) Marguerite contient dix lettres et qu'il fallait trouver dix noms de femmes illustres, dix noms de pierres précieuses et de vertus commençant successivement par une des dix lettres : m, a, r, etc. Quelle peut être l'inspiration du poëte en de telles conditions? Il y a dans ce petit poëmc un étrange abus d'allégories et de fie- lions, et des énumérations interminables d'objets ou de person- nages. Lorsque Lemaire cite à la fin tous les peintres, orfèvres et ciseleurs de l'époque, il prépare des matériaux utiles pour les futurs biograpbcs; mais c'est aux dépens de la vraie poésie. Sans le vouloir, le poète de Marguerite diminue Ihéroïsme tant célébré de cette princesse, lors de son naufrage sur les côtes dAngleterre. Suivant lui, ce ne serait jjas au milieu des fureurs elTrav antes de la tempête que fut écrite l'épitaphe : Ci gist Mar~ (jol...., etc., mais bien le lendemain, quand le temps se fut remis au beau. Au lieu d'un acte d'béroïque sang-froid, il ne reste plus qu'un trait d'esprit. Pour plaire l\ la fille de Maximilien, l'auteur népargne pas Anne de Bretagne, qui avait pris, sur le tronc de France, la place deslinée à l'arcbiduchesse d'Autricbe. Comment se fit-il absoudre plus tard, lorsqu'il passa au service de cette reine, qu'il devait avoir bien gravement olTensée, car c'est de sa beauté qu'il avait parlé, pour la dire inférieure à celle de Marguerite? La Couronne margarilique pèche par un manque absolu de naturel et de charme; les vers agréables et les idées heureuses y sont trop rares, pour sauver la monotonie de ce long panégyrique. On aime à supposer, pour le bon goût de Marguerite, que si la princesse récompensait généreusement de pareilles adulations, au moins la femme d'esprit n'y était pas sensible. Quoique attaché à Marguerite d'Autriche, Lemaire n'était pas encore l'indiciaire et l'historiographe de cette princesse; il ne le devint qu'en 1507, à la mort de son parent Molinet. Son service auprès de Marguerite lui laissait des loisirs, car il fit, dans l'es- pace de deux ans, plusieurs voyages en Italie, où nous avons vu qu'il alla sans doute déjà, à la suite de Louis de Luxembourg. Les biographes assurent qu'il y séjourna, sans interruption, de loOC l\ 150S, se fondant sur ce qu'il nous dit lui-même, qu'il était en ( 15 ) 1 506 à Rome, en 1507 à Venise, puis de nouveau à Rome en i 508; mais nous croyons qu'il a dû enlremelcr ces voyages de retours dans son pays'; car, en 1507, outre quil prêtait serment, comme successeur de Molinet, entre ]cs mains de Marguerite, qui venait d'être nommée régente des Pays-Bas, il publiait encore dans ia même année, à Anvers, une petite ])ièce de vers, intitulée : Les Chansons de Xamrir, dans laquelle il célèbre une défaite des f/c.s- lojjuHx Gheldrois, (jui, commandés par Cliarlcs d'Egmont, sou- tenaient, sans trêve ni relàcbe, une guerre de |)arlisans contre la maison d'Autriche. Ce nioi'ceau , dont il n'existe qu"un seul exem- plaire connti, provenant de la bibliothèque de Richard lleber, et aujourd'hui eji la ])Ossession du duc d'Arenbcïg, est vii^oureux, iX'un ton ferme et soutenu; on y trouve de fortes pensées, encliâs- sées dans des vers dignes d'elles : Gognois tu point que qui ([uieit gloire l'aulsc Sa perte accroist et sa honte se liaulse. L'auteur traite assez mal les Français, que la rumeur publique accusait de prêtera Charles d'Egmont un« assistance occulte; ce dut cire contre son gré qu'il les prit à partie, car H travaillait déjà à son histoire des Illustrations de Garde , dans laquelle il célèbre la gloire de la France; mais ne fallait-il j)as, avant tout, satisfaire aux ressentiments de sa trh-redouhlée dame, Marguerite d'Au- triche? Il se réservait peut-être déjà intérieurement de faire amende honorable à la France, comme i! dut le faire sans doute à Anne de Bretagne, pour avoir osé écrire qu'elle était moins belle que Marguerite. (>es revirements lui furent-ils dilïlcilcs ? L'obligation de se démentir, en adorant ce qu'il avait brûlé, lui fut-elle bien pénible? Qui sait? Quand on est doué d'iine nature aussi bienveillante que la sienne, il en doit peu coûter d'encenser ceux qu'on avait critiqués. Mais une telle souplesse de Caractère est fatale à qui veut être historien. Si la pièce de vers, intitulée : Les regrets de la dame inforlanée, snr le trespas de son très chier frhe unique ^ étai! de Lemairc, il faudrait en fixer également la composition à Tannée 1507, puisque Philippe I"^, dont elle est cousacrc'c à (h'plorer la (in pré- ( ic ) maturéc, mourut au mois de septembre 450G, à Burgos; mais ce morceau, quoique imprimé avec d'autres œuvres de Lemairc, ne scrait-il pas de Marguerite d'Autriche elle-même? Il est absolu- ment détaché, sans préambule, sans dédicace, ce qui nous paraît bien extraordinaire de la part de Lemairc, sans pérorcUioii et sans la devise de noire auteur, qui ne l'omet cependant à aucune autre de ses productions. La devise, qui tcrjninela pièce en queslidli, est précisément celle de Marguerite : Forlnne, infortune, fort une. Quoique ce qui reste des poésies de Marguerite ne soit pas consi- dérable, nous n'insisterons pas pour y l'aire ajouter ce petit poëme; il n'y aurait pas plus de gloire pour elle à l'acquérir, que de dom- mage pour Lemairc à le perdre. A son retour définitif dltalie, en 1508, Jean Lemaire composa ce que certains biographes ont bien voulu appeler un ouvrage de linguistique : La Concorde des deux langages, comparaison entre la langue française et la langue italienne. On dit qu'il alla cher- cher en Italie les éléments de ce travail. Sup})Osons, pour lui, que le but de son voyage a été autre et mieux rempli. Il n'y a dans Lu Concorde des deux langages ni analyse, ni discussion, ni linguis- tique; c'est une fantaisie littéraire ayant pour objet ou pourpré- texte (1(> mettre d'accord deux personnes qui discutent sur les mérites des deux langues et qui ont pris l'auteur pour arbitre. Celui-ci déclare l'italien parfait et le français tout aussi parfait, et conclut, par une allégorie, en disant qu'entré en qualité de clerc au service « du bon ancien vieillard Labeur historien » il tâchera d'arriver par ses travaux à être digne d'être admis, après sa mort, au tem[)le de Minerve, où les paranyniplies archangèliijueSj Repos et Guerdon lui feront voir « à plein la très-vertueuse et très-néces- saire concorde des deux languages. » Connnc on voit, ce n'est point là la conclusion d'un travail d'érudition ou de critique philolo- gique. Toutefois, à défaut de science , on y remarque une préface écrite d'un style clair et simple, dont Lemaire a donné de trop rares échantillons; on y distingue aussi une description du temple de Vénus où le poëte a su être piquant, en restant dans les limites d'une parfaite convenance d'images et d'expression, et c'est une chose à constater, que sa réserve habituelle dans le. choix des ( 17 ) ternies, h une époque où l'on employait volontiers le mot cru. Les sujets qu'il traitait d'ordinaire ne eoniportaient pas, il est vrai, une grande liberté dexpression; mais nous le verrons, plus tard, dans ses Contes de Cupido et d'Atropos, développer un thème très-scabreux avec un tact et une adresse remarquables. Le goût n'était pas la qualité qui lui aurait le plus manqué, s'il avait laissé sa muse parcourir librement les sentiers de la fantaisie, au lieu de lui faire prendre les grands airs d'une personne de cour. Il emploie, contre l'usage du temps, les vers alexandrins dans une moitié environ de sa Concorde des deux langages, et c'est peut- èlre le meilleur fragment de ses poésies. Citons tout particulière- ment une description du printemps, où l'on trouve des vers char- mants, tels que ceux-ci : Là les void-on dansaiis par bandes el caioles, Chantans lais pleins d'amour et de douces paroles. Va lors les oyselets respondent à leurs chants, Qui tous doux et privez se laissent prendre aux elianips, Et vont partout semant leurs plumetles dorées, D'azur, de verd, de jaune et pourpre coulourées. Cet emploi de l'alexandrin , à une époque où régnait le vers de cinq pieds, appelé pompeusement le vers héroïque, était une preuve de goût. On doit croire que cette heureuse fantaisie ne plut pas aux contemporains du poëte, car il ne la renouvela plus. En 1508, Marguerite était régente des Pays-Bas, et Jean Lemaire exerçait auprès d'elle les fonctions d'historiographe. 11 semblerait avoir dû se trouver, dès lors, dans les plus heureuses conditions de travail et d'étude, admis à une cour où affluaient toutes les illustrations de la littérature el des beaux-arts, protégé par une princesse, amie des lettres, poëte elle-même, et femme aussi remarquable par l'élévation de son esprit que par la fermeté avec laquelle elle supporta les malheurs succcss^ifs que le sort accumula contre elle, comme s'il eût voulu, en la détachant cruellement de toutes ses affections, de tous ses liens féminins, la mieux disposer au rôle viril qu'elle devait remplir dans l'histoire. Mais Lemaire n'eut point à cette cour les loisirs que trouvent d'ordinaire auprès Tome XXL 2 ( 18 ) des princes les écrivains pourvus de charges ofiiciellcs. La gou- vernante l'employa à surveiller les travaux de l'église de Brou , et cette mission l'obligea à faire de nombreux voyages. M. Le Glay a publié dans ses Analecles liisloriques , qui nous ont déjà fourni des renseignements sur l'origine de Lcmaire, plusieurs lettres de celui-ci, très-intéressantes, et pour les particularités historiques qu'elles renferment, et comme offrant des spécimens du style familier de l'auteur. Lemaire y parle de ses voyages et de ses occupations relatives à ses fonctions de surveillant des travaux de l'église de Brou. Ces lettres sont peu nombreuses, mais elles sufliscnt pour nous montrer que Jean Lemaire savait écrire d'un ton naturel à Toccasion; on y observe, d'une manière suivie, ce style clair et simple dont nous n'avons aperçu que des traces fugitives dans ses ouvrages, et qui nous a fait dire qu'il aurait pu prendre, comme écrivain, un rang supérieur à celui qu'on est obligé de lui assigner. Nous y voyons aussi des preuves de la constance de son affection et de sa reconnaissance pour Marguerite d'Autriche. Sa vie active ne l'empêchait cependant pas de continuer à écrire, car il publiait, en 1309, sa Légende (les Vénitiens. C'est son premier ouvrage en prose; il fut com- posé après le traité d'alliance conclu à Cambrai, en 1508, entre Louis Xn, Jules II, Maximilien, etc., contre la république de Venise, qui devait rester seule en face de tant d'ennemis redou- tables. Cette inauguration du s}stème des coalitions, système dont la France était destinée à éprouver plus tard les fâcheux effets, était une grave faute politique de Louis XII, qui aurait mieux gardé ses possessions italiennes avec l'alliance vénitienne, qu'en sunissant à l'empereur d'Allemagne, son rival naturel en Italie. La maison d'Autriche, depuis son avènement, tendait à convertir en domination réelle la suzeraineté, toute nominale, que les em- pereurs exerçaient sur l'Italie depuis Charlemagne; l'intérêt de la France était de lutter contre ces prétentions; maîtresse du Milanais, elle dominait l'Italie en s'alliant à Venise. Louis XII ne le comprit pas plus que ne l'avait compris Charles VIII. Sans doute, comme tous les })rinces, il enviait et détestait cette république de marchands, si prospère, si puissante et si hautaine; sans doute ( 19 ) . il convoitait ses ricliesses et ses possessions en Italie, et sans doute aussi Jean Lemaire connaissait bien cette haine de tous les souverains pour Venise, car son livre n'est, d un bout à l'autre, qu'une satire d'une extrême violence à son adresse. Il veut justi- fier la ligue de Cambrai, la lâcheté de cette coalition des plus puissants États contre un seul, et, faute de bonnes raisons politi- ques, il a recours aux injures et aux calomnies. Pas de discus- sion, ni de raisonnement; une simple énumëralion des cruautés commises par les Vénitiens, cruautés telles que tous les peuples en avaient sur la conscience en ces temps barbares; puis, comme conclusion, la nécessité de leur extermination démontrée et toutes les violences contre eux justifiées. Lemaire encense le pape Jules II, sauf à lui parler plus tard sur un autre ton; il exalte la France et son roi Loys le Grand, et, chose plus grave, oubliant cette fois encore qu'il est Belge, il reproche aux Flamands, en termes inexorables, leur révolte passée contre Maximilien. Voilà sous quel aspect il s'offre comme historien à nos yeux attristés. Heureusement l'écrivain vient atténuer un peu cette fâcheuse impression. Autant Lemaire s'était montré ampoulé et prétentieux dans les préfaces et dans les pérorations en prose, que nous avons vues jusqu'ici, autant, dans cet ouvrage, il est simple, précis et exempt d'obscurité. Il n'avait pas cru aussi bien réussir, à ce que nous apprend sa préface : « Plaise au lecteur », dit-il, « sup- porter bénignement la grosse tornure du langage peu élégant : car jay plus eu de regard à ce que la narration historiale soit garnie de vérité, que coulourée de fleurs de rhétorique. » Nous lui tien- drons compte de ses qualités involontaires, comme nous avons dû lui reprocher le tort de ne nous avoir pas donné, suivant la promesse que renferment les lignes précédentes, une narration historiale plus garnie de vérité. Quoi qu'il en soit, intention ou hasard, le talent s'y trouve; Lemaire est h l'aise dans la relation des faits accomplis, son récit coule sans effort, clair et limpide; là où il est trouble, c'est quand l'auteur y veut mettre du sien. Venu un demi-siècle plus tôt, Lemaire eût été peut-être un naif et intéressant chroniqueur, au lieu de ce qu'il fut, c'est-à-dire un historien pédant et partial. Partial surtout, c'est là ce que l'on ne ( 'i"' ) |UMil lui pardonner. Ahdiqncr rinilépiMuliince do son jugenuMil; encliaînci' sa pensée el ses scnliinenls aux volontés d'un puissant pi'oteeleur; changer d'oj)inion chaque fois que l'on change de maître; oublier totalement que l'on a une pairie, el, pis que cela, oublier que Ton a une conscience , c'est perdre tout droit à 1 indul- gence. Virgile a stigmatisé les traîtres par son vers fameux : VendkUt hic aura palriam : mais que dire de ceux qui perdent toute notion de dignité, qui vendent leur libre arbitre ; Oui, Lemaire eût été heureux de naître un demi-siècle plus tôt; heureux comme écrivain, car il eut em- plové un langage plus naïf et plus jeune, et aussi plus agréable que le jargon prétentieux de son époque; heureux cojume historien, car il se fût contenté de raconter, en vrai el simple chroniqueur, les actions de son temps, au lieu de nous donner des spéculations historiques et politiques plus inléressées quintéressantes. In passage du pamphlet contre les Vénitiens nous oll're un nouvel el curieux exemple des bizarres rapprochements que se plaît parfois à opérer le destin; ces quelques lignes, au sujet de rile de Crète, ne semblent -elles pas avoir été écrites pour ce qui se passe aujourd'hui? « 0 très noble isle, jadis créée pour seigneurier sur Grèce! Isle jadis franche et libère, maintenant asservie et esclave : jadis tant fertile et abondante en toy mesmes, cl ores contrainte à stérilité par prohibition de cultivage? Si tu eslois soubs la manutenence daucun prince chrestien, bien pour- roys-tu recouvrer légèrement ta resplendeur primitive, et èstre un fort bolvcrt de chreslienlé, pour batre et paraventurc abatre le grand orgueil du Turc, ce qui adviendra prochainement, si Dieu plaist! » Ce souhait charitable envers les chrétiens de Candie n'est pas encore exaucé ; mais les vœux moins généreux que forme Lemaire pour la ruine des Vénitiens se réalisèrent, du moins momentanément. Louis Xll les battit et Ton se partagea leurs dépouilles. Plus tard, on vit ce même prince rechercher leur alliance. Qu'en aura dit Jean Lemaire? En lolO, notre auteur composa ses deux Uplshes de ramant ( 21 ) te/v/, les plus connues peut-être de ses poésies, ce qui ne veut pas dire qu'elles soient les meilleures. Une erreur singulière de \M)('t Goujet leur valut une réputation usurpée. L'auteur de la BihUuthffrpie frariame crut voir dans les regrets de lamant vert lexjiression du chagrin causé à Lemaire par le départ de Mar- guerite, qui s'était rendue en Allemagne, auprès de son père, et il en lirait la supposition de relations dune nature tout intime entre la jjrincesse cl son historiographe. Il suffit de lire les Kph- Irea de l'ainanl verdy pour voir que cet amant est tout sim[jlemenl im perroquet que Marguerite aimait beaucoup, et qui mourut de chagrin (d'aucuns disent de vieillesse), pendant son absence. Le- maire eût été fort impertinent d'oser parler de sa |)rolectrice dans des lcrmc.>5 comme ceux-ci : Quf (liray-je d'aullres graris [nivaiillez, Parquoy jay veu tes parfaicles beautcz : Kl Ion j^eril corps, plus poly que (irie auibic, Tioj» plus que nul aullre varlet de chambre/ >'u, deiny nu, sans alour et sans guimpe, Deniy veslu, en belle coite simple...., etc. C'est déjà beaucouj) d'indiscrétion pour un perroquet. Sans ce singulier quiproquo, les Ephtran de l'amant verd fi'eus- sent point effacé de réjjutation les aulres poésies de Lemaire. dont qucbiucs-uncs leur sont très-supérieures. Cet hommage à Marguerite d'Autriche de\ait être l'adieu de Lemaire à la gou\ernante. Au commencement de l'ill il quit- tait son service. Pourquoi cette ru[)ture avec .-a protectrice? Les lettres publiée? par M. Le GIh}, sj ("ijcs ne nous donnent pa^ de détails jirécis sur ce point, nous laissent du moins entrevoir la vérité. Lemaire fut calomnié auprès de 3Lirguerite; il le dit dans une lettre écrite de Blois, le 28 mars loll, à Louis Barangier, secrétaire de la princesse, qui avait pris sa défense, « touchant ce qu'il vous plaist m'adverlir de ce qu'il a été rapporté à Madame que jay deu avoir escript quelque chose contre elle, » et quoiqu'il tf remercye en toute humilité Madame de ce qu'elle nadjousle nulle foy à ses détracteurs, » il parait cependant que se- ennemis { 22 ) réussirent à le faire éloigner, « Or, » dit-il, « peust elle (Margue- rite) mieulx cognoistre présentement pourquo} j'ai laissé son ser- vice; si ne m'en doibt sçavoir nul mauvais gré; mais à ceiilx quy en sont cause, lesquels n'en demoureront point impugnis; et cela je le vous promets; car Dieu est juste. Et se gardent hardiment de moy et de ma plume; mais ce sera le plus tard que je pour- roye. » Nous avons tenu à citer ce passage en entier, parce que la dernière phrase atteste chez Lemaire des sentiments généreux. C'est, d'ailleurs, une observation que nous tenons à faire, et qui trouve sa place ici, que si nous avons parlé sévèrement de la vénalité de l'écrivain et de l'historien, nous n'aurions eu que des éloges à adresser à Thomme privé, car ses lettres nous le mon- trent jdein de cœur et d'honnêteté. Il y aurait dos pages curieuses à écrire sur les incompréhensibles divergences de la morale i)u- blique et de la morale privée. Presqu'aussilôt après avoir quitté Marguerite d'Autriche, Le- maire fut appelé aux fonctions d'historiographe, auprès d'Anne de Bretagne, femme de Louis XII; Marguerite l'avait recommandé à cette reine, et lui-même s'était attiré les bonnes grâces du roi , en lui faisant hommage de son Traiclé de la différence des sclns- mes et des conciles de l'Eglise, et de la prééminence et utilité des conciles de la sainte Eglise gallicane , dont le titre indique assez la portée. Louis XII était en guerre avec Jules II, qui, après s'être servi de lui pour abattre la puissance de 'Venise, était revenu, une fois son but atteint, à sa vieille haine contre la France. Pour légitimer, aux yeux de sa conscience, ses hostilités contre le saint-siége, le roi s'était fait autoriser par un concile, réuni à Tours, à se soustraire à l'obédience de Jules II, et il avait engagé tous ses alliés à assembler un concile œcuménique pour réformer l'Eglise dans son chef et dans ses membres. Ce concile s'ouvrit à Fisc, en 151i, mais il échoua, quoiqu'on eût, pour en préparer le succès, fait publier de nombreux écrits menaçants contre l'autorité du saint-siége. Le livre de Lemaire faisait partie de ces écrits, mais l'auteur n'en reçut pas la commande officielle, car il n'était pas encore au service de Louis XII, ce qui ressort évidemment de sa dédicace au roi, où il lui dit que « un de vos ( 23 ) bons serviteurs m'ha donné asseurance que vostre sublimité ne prend pas seulement en gré les œuvres des siens bisloriographes, mais aussi maintes fois donne recueil agréable à ce que les moin- dres estrangers lui présentent. » C'est après la lecture de l'ou- vrage que le roi, enchanté des louanges que lui décernait l'auteur et de la façon dont il parlait du pape, lui donna la place d'histo- riographe d'Anne de Bretagne. Nous retrouvons dans ce livre les qualités de narrateur que nous avons. remarquées dans la Légende des Vénitiens: la sobriété, la précision et la clarté; mais en revanche les mêmes défauts d'his- torien : le parti-pris, l'absence de raisonnement et de discussion. L'auteur expose les faits à son point de vue, sans donner de preu- ves, puis il conclut. Il est facile d'avoir raison ainsi; mais il est facile aussi de se contredire, et c'est ce que fait Lemaire : il affirme ici que la richesse des papes et des prêtres est une chose désas- treuse, tandis que plus loin, parlant contre l'hérésie de la Bohème, qui fit le vingt-deuxième schisme, il traite de mauvaise erreur et d'invention diabolique l'idée que « les prestres ne doivent tenir aucune possession. » Voilà la logique de l'historien; la même action est bonne ou mauvaise, suivant qu'elle est commise par ses amis ou par ses ennemis. Si les adversaires de la papauté savaient ce que dit Lemaire du pouvoir temporel, certes il serait pour eux un grand homme. Suivant lui, toutes les fautes, toutes les chutes de l'Église, vien- nent de l'accroissement continuel de sa puissance; les donations de biens temporels faites aux papes par les empereurs, le pouvoir et l'orgueil qui en résultèrent, ont amené les schismes, les trou- bles et les martyrs religieux. Le jour de la donation de la liberté religieuse, par Constantin, au pape Sylvestre, on cjitendit la voix du démon s'écrier : Ilodiè veniemus in ecclesià seminavi; « voylà, dit l'auteur, comment à l'occasion des papes le monde est troublé et sera tousjours, tant que Dieu y ve\iille mestre remède. » Il attaque aussi le célibat des prêtres, et prédit le « futur très-grand vingt-quatriesme schisme en l'Église catholique et universelle» et « que ceste oultrageuse ambition de l'Église romaine sera prochai- nement cause finale de sa terrible persécution avec réformation. » ( 21. ) La réforme n'est-elle pas propliëtisée là en quelques mots? Nous ne savons pas si Lemaire avait quelque penchant pour les doctrines (le la réforme, s'il la devançait, mais il est certain que son livre dut avoir l'approbation des ennemis de l'Église romaine, et, qu'au point de vue de l'état religieux des esprits, il est des plus intéres- sants. Toutefois, comme il avait beaucoup loué le pape, deux ans auparavant, dans sa Légende des Vénitiens, nous sommes bien tenté de croire qu'il ne songea pas à exprimer, dans son Traicté de la différence des schismes et des conciles', ses propres opi- nions religieuses, mais qu'il n'y chercha qu'un moyen d'obtenir les faveurs de Louis XII, et nous avons vu qu'il atteignit son but. Anne de Bretagne ne laissa pas dans l'oisiveté son nouveau ser- viteur; elle l'envoya en Bretagne pour y recueillir les matériaux d'une histoire de ce pays : « car la reine m'ha commandé compiler les croniques de sa maison de Bretaigne; et pour ce faire m'en- voye expressément par tout le pais de Bretaigne » (lettre écrite de Blois, le 14 mai 151 2, à Marguerite dAutriche, pour la remercier de ce qu'elle n'a pas ajouté foi aux calomnies de ses ennemis). Cette histoire de Bretaigne, dont Lemaire parle encore, dans une lettre écrite en 1512, à messire Frajiçois le Bouge, maître des requêtes, et imprimée à la fin de son troisième livre des llluslra- tions de Gaule, ne fut pas achevée sans doute; nous n'en avons trouvé de mention nulle part. D'ailleurs, l'ouvrage des Illustra- tion de Gaule et singularitcz de Troyes, auquel nous arrivons, semble avoir clôturé la carrière de Lemaire, comme écrivain. Il publia, avant cela, en 1511, deux petites pièces de vers, la Lettre du Roy à Hector de Troyes, dans laquelle Louis XII raconte à Hector sa victoire d Agnadel sur les Vénitiens, et les XXIV cou- plets sur la valitude et convalescence de la royne, Anne de Bre- tagne, qui venait d'échapper aux atteintes d'une grave maladie, ainsi que deux morceaux en prose, Le sauf-conduit du Soudan, qui accorde aux sujets de Louis XII l'entrée du Saint-Sépulcre, et V Histoire moderne du prince Syach-Isma'il , Sophy de Perse, parallèle peu flatteur i)Our le pape, entre celui-ci et le Sophy, où l'on remarque ce passage : « maintenant nous avons donné bonne et facile conjoncture, combien il y a à dire entre un corbeau et un ( r!;i ) Colomb; » la colombe n'étant autre que le prince Syach-Ismaïl , qui, pour prouver la douceur de son caractère, tua sa mère sur un simple reproche qu'elle lui fit. Nous ne pouvons nous arrêter à ces difFérenles pièces, sans tomber dans des redites fastidieuses; elles offrent les mêmes qualités et les mêmes défauts que les autres ouvrages que nous avons déjà, analysés. Le traité des Illustration de Gaule et singularitez de Troyes étant l'ouvrage le plus étendu de Lemaire, nous ne pouvons nous contenter de le citer; mais, vraiment, l'obligation d'en parler nous place dans un grand embarras. 11 est impossible d'analyser un pareil assemblage de fables; ce serait s'imposer la loi de donner de continuels démentis à l'écrivain, et cela sans utilité, car on n'a plus à être édifié aujourd'hui sur la valeur historique des œu- vres du roi David, d'Homère, de Virgile, d'Ovide, et ce sont là les sources où furent puisés les éléments de ce travail. Il com- mence au déluge pour s'arrêtera Hugues Capet, et n'a d'autre objet que de prouver que les Français descendent de Francus, fils d'Hector. C'est, en un mot, une généalogie délayée. M. Altmeyer, dans sa Notice sur Marguerite d'Autriche, publiée par la Revue belge, veut bien appeler les Illustrations de Gaule, un travail original, un chef-d'œuvre d'art, de science et de cjoùt; c'est de sa part une bienveillance extrême. Les admirateurs même de Le- maire, ou ne s'arrêtent pas à cet écrit, ou en confessent la pau- vreté; l'abbé 3Iassieu, dans son Histoire de la poésie françoise, fait un grand éloge de Lemaire; mais arrivé à Y Illustration de Gaule, il avoue que l'auteur, Mais une pareille tache réclamait un penseur, un politique, et Lemaire ne futquun érudit, patient à exhumer les traditions du passé, absolument inhabile à ana- lyser les passions et les caractères. La définition qu'il nous a laissée de l'historiographe, dont « le droiturier office est de dé- monstrer à la gent populaire les vrayes louenges de leurs prin- ces, » prouve assez comment il comprenait les devoirs de l'his- torien. Quelles amères et douloureuses réflexions ne dut-il pas faire cependant sur la fragilité de ces faveurs royales, auxquelles il avait sacrifié tous sentiments de justice et d'indépendance, lorsque, après la mort de Louis XII, il se vit dédaigné, aban- donné, et termina obscurément sa carrière. On a dit que, déses- péré de se voir sans protecteur, il s'adonna à l'ivresse et mourut insensé. Sans admettre tout h fait cette assertion , il est difficile d'expliquer le silence absolu qui se fit sur son nom , et surtout sa stérilité presque complète après 151:2, autrement que par le dis- crédit et le découragement. Si nous disons que sa stérilité iul presque complète, c'est qu'en (27) elFet il composa encore, après huit ans d'inaction probable, un dernier ouvrage, les Contes de Ciipido et d'Atropos. Ces contes sont au nombre de trois : le premier est traduit de l'italien; les deux autres seulement sont de Lemaire. L'auteur italien avait raconté comment la Mort et rAmour,s'ëlant enivrés ensemble dans un cabaret, se trompèrent au départ, en reprenant leurs arcs et leurs carquois. Lemaire nous dit les malheurs qui résultèrent de cet échange, entre autres , la terrible maladie que devait bientôt décrire Frascator, et comment Jupiter mit fin à ces calamités, en assemblant un tribunal de dieux, à Tours, en 4 520. C'est le vers renfermant cette date, qui fixe l'époque de cette dernière œuvre connue de Lemaire. S'il avait vécu postérieurement, il aurait, sans doute, mis au jour d'autres ouvrages, et d'abord son Histoire de Bretagne. Ces Contes de Cupido et d'Atropos sont au nombre des meil- leures poésies de Lemaire, et viennent à l'appui de notre assertion, que le genre léger eût mieux convenu que tout autre à sa nature. On y trouve de l'aisance, de l'entrain et de la gaieté; pas mal de sel gaulois dans les expressions, comme le demande le sujet, mais répandu avec tact et adresse. C'est dans le deuxième conte que se trouve la description du mal de Naples ou mal français (suivant que l'on est italien ou français), laquelle a fait attribuer à Lemaire une petite rareté bibliographique : Le Triumphe de très hautte et puissante daine Vérolle , parce qu'en effet on y lit les vers de Lemaire sur ce sujet; mais il y a lieu de croire qu'ils y ont été seu- lement intercalés. Ce n'était pas un genre pour lequel il eût du penchant, ses autres œuvres en font foi, et même il garde, en ris- quant cette description scabreuse, une mesure extrême. Il lui faut bien appeler les choses par leur nom; mais il évite tout détail trop hardi, et marche d'un pas adroit et léger sur la pente, fort glis- sante en ces sortes de sujets, de la plaisanterie et de la gaillardise. On ne sait plus rien de Lemaire, à partir de 1520, pas même la date de sa mort. Elle ne peut être fixée à 4 548, comme on l'a fait; car en publiant la Couronne margaritiqiie , Claude de Saint-Ju- lien, dans sa dédicace, datée de 1544, parle de la mort de l'au- teur, et l'imprimeur, dans sa lettre au lecteur, écrite en 1541), { 28 ) s'exprime ainsi : « Le désir que jay lousjours eu de remettre sus tous authcurs et œuvres utiles que \ injure du temps ou ha oubliés ou dépravés, m'avait de long temps affectionné à nostre Jean Lemairc, » cela suppose bien un décès remontant à un certain nombre d'années. 3JM. Altmeyer, De Reiffenberg et Van Hasselt, après avoir parlé des œuvres de Lemaire, citent cependant la date de 1548 comme possible. Du reste, peu importe l'année exacte de la mort de l'iiomme; l'écrivain seul nous intéresse. Nous savons qu'il termina sa car- rière en 15:20, à l'aurore d'une nouvelle école littéraire, dont les productions allaient plonger dans l'oubli celles des écoles précé- dentes, mais dont le règne brillant ne devait avoir qu'un éclat bien épbémèrc. Lemaire n'assista pas aux luttes littéraires du seizième siècle, qui, mieux (pie Ja politi(iue, eussent répondu à sa nature et à ses goûts et dans lesquelles il eût vraisemblablement joué le rôle d'un^actif champion: car c'est dans Tétude et le manie- ment de la langue, c'est comme écrivain, en prenant ce terme dans son acception restreinte, qu'il a montré de véi'itables quali- tés, et l'auteur de la question , que nous avons essayé de traiter, a été d'une précision remarquable en la formulant ainsi : Apprécier Jean Lemaire comme prosateur et comme poêle (poëte,dans le sens technique du mot, ainsi que 1 indique son opposition au mot pro- sateui'). Lemaire a été, en effet, un écrivain habile à manier la prose et les vers; ayant scrupuleusement étudié sa langue; abon- dant, mais parfois sans mesure; doué de plus de goiit, enfin, que la plupart de ses contemporains, dont il a su éviter souvent les ridicules erreurs. 11 s'est abstenu, excepté iin quelques endroits de ses premières poésies , de sacrifier à la déplorable mode des jeux de mots et des bizarres combinaisons de rimes. Il parait cer- tain que c'est à lui que la poésie doit la réforme de la césure, que Ion faisait à l'occasion tomber sur un e muet, sans se préoccuper du manque de mesure qui en résultait, comme dans ce vers: Si de I mon àmlel quelque pitié | avez. Cela s'a[)pelait la coupe féminine. Marot,dans la seconde édition de ses œu^res, dit avoir été rcpiis \)\\\' Lemaire de celte faute. ( 2<» ) Jean Lcniaii'c a l'ail [)reLive de goùl, en sacliant se roslreindre à quelques rli} thmes choisis avec diseeruenicnt; mais il n'a pas su mettre le même taet dans le choix de ses sujets. Il était né ou pour être un poëte gracieux et facile, comme nous le prouvent ses poé- sies légères, infiniment supérieures au reste de ses œuvres, ou pour être un agréable conteur, un continuateur de Froissart peut- être; mais il n'avait pas en lui les facultés réunies du poëte des hauts faits, comme l'Arioste, et de l'habile politique, comme Com- mines. Il s'est fait illusion sur ses forces, en voulant aborder de front deux genres essentiellement différents, dans lesquels des hommes tels que Voltaire ont pu seuls réussir simultanément. L'histoire et la poésie demandent des qualités trop dissemblables pour que tout autre qu'un génie supérieur puisse les concilier en lui. La sobriété , la précision, l'esprit d'analyse que doit posséder l'historien, ne sauraient exister à côté de la richesse d'imagination et de la facilité d'invention qu'exige la poésie. Il y aura, évidem- ment, toujours lutte dans un cerveau humain entre dts principes aussi opposés, et bien audacieux est celui qui prétend aborder à la fois les deux genres. La plupart des écrivains de l'époque de Jean Lemaire avaient cette audace-là. C'est peut-être une des prin- cipales causes pour lesquelles ils ont fait de si mauvais vers et de si mauvaise prose; car il est à remarquer que ceux dont les noms sont restés célèbres, comme Commines et C. Marot, s'étaient adon- nés entièrement soit à la prose, soit à la poésie. Lemaire venu, malheureusement pour lui, à une époque de transition, navait pas un talent assez supérieur pour devancer son temps, en s'af- franchissant de ses tendances au mauvais goût, quoiqu'il semble parfois en avoir compris le danger. Comme poëte, il n'a pas égalé Villon, et il a été surpassé par C. Marot; comme historien, il est resté loin de Chastelain, et très-loin de Commines; comme écri- vain, enfin, si l'on n'entend point par ce terme l'homme habile seulement à grouper des mots, mais bien celui qui sait les faire servir à leur véritable usage,, l'expression des idées, il devait être bien effacé par Rabelais, qui commençait sa carrière au moment où s'achevait la sienne. Jean Lemaire parait, dailleurs, avoir i)ris à tâche d'arrêter ( 30) lui-même roxpansion de ses faeiillés, et d'enlraver leur dévelop- pement. L'emploi mereenaire quil a fait de sa plume, sa persis- tance à n'écrire que des ouvrages de commande avec un parti pris évident d'adulation, lui ont été aussi nuisibles que Tambi- tion qui Ta porté à traiter tous les genres. Quelle inspiration peut-il y avoir dans un livre composé en vue d'obtenir les suf- frages d'un protecteur puissant et d'éprouver les effets de sa libé- ralité? Quelle impartialité peut avoir un historien qui écrit, non pour transmettre à la postérité le jugement de son esprit, éclairé par la philosophie, sur les hommes et les événements de son temps, mais uniquement pour tâcher d'amener lopinion publique à se rallier, quand même, aux actes du souverain dont il est le protégé? Nous ne ^oulons pas faire un crime à Lemaire de la fausse route qu'il a suivie, à l'exemple de tant d'auteurs de son époque; nous aimons mieux supposer qu'il accomplit en cela sa destinée, et nous en tirons cette conclusion qu'il n'était pas né pour devenir un talent original. L'individualité, quand la nature la jette dans une organisation puissante, ne se laisse pas enchaîner par les caprices de la mode; elle finit toujours par s'affranchir des cnti^aves, et se manifeste ouvertement, hardiment, ne fût-ce que dans ime seule œuvre, qui donne la mesure du talent ou du génie de son auteur. Lemaire nest pas sorti des limites assignées aux talents ordinaires; il fut un de ces bons esprits chargés des tàclics secondaires dans l'édification du temple de la gloire litté- raire. Si les témoignages de ses contemporains sont si flatteurs pour lui , c'est qu'hélas il ne répondait que trop à leurs goûts : l'avenir ne devait pas le laisser au rang élevé où ils le placèrent. La principale preuve du peu de valeur de ces témoignages se trouve dans les éloges et les admirations enthousiastes prodigués à des auteurs tels que Molinet et Crétin, auxquels il était supé- rieur. Le temps, cette terrible pierre de touche des réputations, n'a pas ratifié les jugements portés par des arbitres trop complai- sants; mais, d'un autre côté, Jean Lemaire était tombé dans un injuste oubli. Dautres ont eu les honneurs d'une monographie, qui n'étaient point au-dessus de lui. Poser la ((uestion que l'Aca- démie a mise au concours, c'était donc faire un acte de justice. Il ( 31 ) était bien de convier les écrivains belges à rendre à un des leurs la place qu'il doit occuper dans l'histoire littéraire. Peut-être, dans notre tentative pour répondre à ce sentiment d'équité, nous aura-t-on trouvé parfois un peu sévère. C'est qu'il se sera fait en nous, involontairement, une réaction trop forte contre les sug- gestions de notre amour-propre national, qui nous eût volontiers porté à exagérer les mérites de Jean Lcmaire, jusqu à faire de lui un écrivain d un ordre supérieur. Mais au-dessus des sentiments de satisfaction personnelle, il y a les exigences im])érieuses de la vérité, auxquelles nul écrivain, si obscur qu'il soit, n'a !e droit de se soustraire. D'ailleurs, si la devise de Lcmaire : Dh peu assez, était sincère; si elle était réellement lexpression complète de son ambilion, il sera satisfait de la place que nous assignons à son nom dans l'histoire de la littérature française : parmi les hommes de talent, mais non pas à la tête de la cohorte sacrée; à mi-côte du Parnasse, mais non i)as au sommet. FIN. STATISTISCHE VERHANDELING OVER DEN VOORMALIGEN EN HEDFJDAAGSCIIEN STOFFELIJKEN EN ZEDELIJKEN TOESTAND DER GEMEENTE NÂZARETFf, DOQR FRANS DE POTTER EN JAN BROECKAERT. ( Cekroond donr de Klasder Lcilcrcn aan de Koninklijke Académie van Wetensciiappen , Leiteren en Sehoone Kansten van België.j Tome XXI. INLEIDING. Herhaalde malcn heeft men gezcgd, dat ons vadcrland ondcr de vruchtbaarste en bestbebonwde landen van de wereld mag geteld wordcn. Evenzcer is bet eene waarbeid , dat eenc volledige geschiedenis van den Vlaamsclien akkerbouw te gelijker tijde bet verbaal zijner beschaving en van den oor- sprong van zijnen bandel en nijverbeid zijn zou. De akkerbouw is bet uitgangspunt der burgerHjke samen- leving geweest. Voordat hij beoefend werd, zien wij enkel zwervende volksstammen, jagers of veeboeders. Het waren wel geene wilden, maar ook geene bescbaafde menscben, in denzin, die tegenwoordig aan dit woord gegeven wordt, ver- mits zij niet in burgerlijke maatscliappij vercenigd waren. 't Is de landbouw geweest, die de zwervers beeft doen stil houden op den kouter, in bet boscb, in de weide, waarvan de rijkdom of bekoorbjkbeid lien bij voorkeur toelachte. Bij de oude Belgen van Caesar's tijd was, vooral, de vee- teelt in bloei en ontwikkeling. De Menapiërs en IMorinen, die nagenoeg bet oude Vlaanderen bewoonden, kvveektcn zoo- veel slacbtdieren, dat zij, naar de getuigenis van Strabo, niet alleen de stad Rome, maar zelfs gebeel Itabë van gezouten zwijnen- en ossenvleescb voorzagcn. Ook de bandel in ganzen was er uitermate groot, ten genoegen der Romeinsebe lek- kerbekken, die van dit gebraad bunne lievebngsspijs badden gemaakt. Toen Caesar's legioenen ons land naderden, trokken de ( 2) bewoners, om zich aan de overheersching des machtigen vreemdelings te onltrekken, in hunne bosschen en moerassen; evenwel was te dien tijde reeds een gedeelte des bodems bewerkt, en had men gelecrd het slijk en de mergel der rivieren en moerassen met het dorre zand van duin of heide tôt meerdere vruchtbaarmaking te vermengen. Maar wie zal zeggen, hoeveel zweet en arbcid die bewerking onzen vade- ren heeft gekost! Caesar, Strabo, Dio Cassius, schilderen Vlaanderen af als een armoedig, onvruchtbaar en verlaten gewest, gehuld in koude, nooit opklarende nevelen, onvoorzien van groote, volkrijke steden en vlekken, en, hier en daar, in de heide en in 't moeras, ellendige hutten, waar de jager, herder of landbouwer zich zeker over geen benijdenswaardig lot verheugen moeht. De U. Pauhjn, die in de IV eeuw leefde, geeft geene andere beschrijving van Menapië. Tweemaal daags bedekten de zeegolven de lage vlakten , tôt verre in het land , zoodat de bewoners dezer streek telkens genoodzaakt waren zich op de door natuur of liandenarbeid gevormde heuvelen tegen het water te beschutten. Gedurende de acht eerste eeuwen onzer tijdrekening kwam er aan dezen toestand weinig verandering. Het verbh'jf der Romeinen in ons vaderland was onzen landbouw niet ongun- stig geweest : het gebruik van den ploeg, den vlegel en de pik werd door hen ingevoerd. De teelt der tarvve en eeniger an- dere vruchten werd zoo goed verzorgd, dat twee eeuwen nadat de Romeinen onzen bodem hadden overmeesterd, onze landbouw geene mindere achting genoot dan die van Italie. Geheel Gallië, volgens de getuigenis van Strabo, bracht eene aanzienlijke hoeveelheid tarwe, gerst en eikelen op,en was heinde en verre om zijnen veekweek bekend. Ongelukkig werd die voortgang gedurende eenen langen tijd gestremd.De invallen der Noordschebarbaren, die enkel sche- nen le leven voor den moord en de vernieling, en wier ver- sehijning telkens een vreeselijke geesel voor deze landen was, ( 3 ) dcdcii de landbouwcrs viin akkors en wcidcii vliichtcn, on eenc schiiilplnats zoekcn in de bossclicn of in de stcden, die eclilcr al wcinig meer dan de dorpcn en de kloosters tegcn de woede der barbaren beveiligd waren. De HH. Fuscianus, Piatus, Chrysolius, die don Menapiërs en Morinen de beseha- ving baddcn gebracht, vielen als martelaren voor de cdele zending, welke zij zicb liadden opgelegd; maar Uvee hondcrd jarcn na den verdclgingstocht der Hunnen en Wandalen voerden andere evangelisehe zendelingen te gelijker tijd met de leer van Christus de landbouwvvetenscbap in Vlaanderen in. In het Heidendom badden onze vaderen noch zaclithcid van zeden, nocb gevoelens van menschenliefde, nocb ver- bevcne begrippen over maatsebappebjke deugden geput. Zoo vond de H. Aniand in Vlaanderen een volk, evcn woest als de grond, waar het op leefde, ja met zulke wreede gevoelens bezield , dat volgens Baudemund, leerling van genoemden geloofspredikcr, de taak voor eenigen tijd moest opgeschorst wordcn, uit oorzaak van de weinige middelen, die de zende- lingen hier vonden om in hun levensonderhoud te voorzien. De liefde bebaalde in dien liarden, moeilijken slrijd eindelijk de zege; niet alleen rees alom, aan de oevers der rivieren , te midden der bosschen, heiden en moerassen, het kriiis, als zinnebeeld der nieuwe godsdienstleer, maar de abdijen van St.-Baafs en St.-Pieters, te Gent, en van St.-Bazijn, te Dron- gen, kwamen schier tenzelfden tijde als die van Elnon en St.-Bertijn tôt stand, die aile middelpunten werden van cène vvetenschap, besehaving en landbouwkunst, waarvan de be- woners aan Leie, Schelde en Zee zich tôt dan toe geen denk- beeld badden kunnen vormen. De Frankische koningen van den Merovingischen stam begiftigden deze gestichten zoozeer om staatkundige belan- gen als uit ijver voor den godsdienst, en zoo werden deze van lieverlede machtig rijk aan uitgestrekte landgoederen, welke onmiddellijk door de kloosterlingen ontgonnen, beploegd en { 4 ) gemest werden. Om des te beter te slagen, stelden de groote abdijen een' of meer liunner monniken in de afgelegene bezit- tingcn aan, gelast er bet bestuur van vvaar te nemen en ter- zelfder tijde de belangen van den godsdienst le bebartigen. Zoo rees cr naast die bofsteden, door ben gebouwd, weldra eene bidplaais op, die welbaast tôt eene proosdij werd ver- bcven, en waar rondom eene bloeiende gemeente oprees. De proosdij van Papingloo, te Maldegem; van Eename, te Kbiizen; van Drongen, te Nevele en Tusscbenbeke; van St.-Amand, te Kortrijk; van Corbie, te Huise; van St-Bertijn, te Poperinge, en zoovele andere, kwamen op dezc vvijze tôt stand, tervvijl de St.-Pietersabdij , onder andere, de priorij van Kkiizen, in bel land van Waas, tôt stand bracbt, en pacbtboeven en scburen, zonder priorij te Idegem, Smeerbebbe, Hillegem, Letter- boutbem, Krombrugge (Merelbeke), Desselgcm, Dikkele, Meilegem, Mater en eldcrs. Hct is eene waarbeid, door de gescbiedenis bevestigd, dat de bestbcboiiwde streken van ons vaderland diegene waren, welke aan kloosters toebeboorden, en dat op die plaatsen ook de zeden zacbler, de beboeften geringer waren dan elders. Het tijdvak van Karel den Groote was onzen lande biiitcn- gewoon beilzaam; de invloed zijner wijze wetten deed zieb ook op den Vlaamsclicn akkerbouw gevoelen, en nijverbeid en handel ontwikkelden zicb op eene mcrkwaardige wijze. Hoe jammer, dat die te gebjk zedeUjke en stoiTebjke vooruilgang na 't overlijden diens macbtigen keizers weer door invallen van Noordsebe barbaren gestrcmd werd! Vlaanderen stond evcnwel uit de puinen, waarmede bet gebeel en al overdekt was geworden, weder op, en een zelfstandig bestuur, onder eigene vorsten , bckomen bebbende, sloeg bet vastberaden en met al de geestdrift der jonge natiën den weg der verbe- teringen in. Te allen kante rezen volkrijke gemeenten op, begiftigd met keuren, privilegiën, vrijdommen van allen aard : geen volk des aardbodems was ooit in gunstigere om- (S) slandigilcdcn opgekomen, dan dal, welk tusschcn de Zce en de Scliclde uil de vcriaienis en de ellende oi)rces. Bosschen werden ontgonncn, heiden bcplocgd, nioerasscn droog gc- legd, hct geweld der Zce bcdvvongen, ja , de Zee aclucruit- gedreven ! Ecnc lange streep lands, ongeveer iwee uren breed, werd op de zoute golven afgewonnen, en herscbapen in polders, die de rijkste beemden en de weelderigste akkers werden. En dieper in bel land , waar bet zeewater bij icdere booge tij over de vlakten gestroomd , en golven , poelen en mcren gevormd bad, werden dezc afgcdijkt, en door grondige kennis en aanboiidende vlijt lot bet vrucbtbaarsle gedeclte des lands gemaakt. Ilet begin der XIl*^*" eeuw was gekenmcrkt door inlandscbe partijworstelingcn, die lot jammerlijk gevolg badden den vooruitgang in zijnen wonderlijken loop opnieuw tcgen te boudcn. De Duitscbc vorsten maakten gcbruik van dien toe- stand , om Vlaamscbe landbouwcrs naar Iiunne statcn te lokken , ten einde daar de ten onzent gevolgde stelsels van ontginning, bemesting, droogmaking en teelt in te voeren. De aanbiedingen waren te kostelijk, om niet een groot ge- tal onzer landgenoolen te bcvvegen, den vadergrond vaarwcl te zeggen , waar zij nocb vrede noeb veiligbeid vonden. De aartsbisscbop van Bremen en Hamburg stond den uitwijkc- lingen kosteloos moerassen en beiden af (H06); Albrccbt, markgraaf van Brandeburg (1144), Hendrik de Leeuvv, berlog van Saksen, en de koningen van Engeland riepcn ook Vlamingen in bunne staten, en verleenden bun scboone voor- recbten. In Tburingcn, Holstcin, en zelfs in Zevcnbergen en Zuid-Oostenrijk, bebben zieb Vlaamscbe koloniën nedergczct, die aldaar bunne taal, zcden en wetten ovea-bracbtcn, nog bcdcn door bunne afstammelingen gedceltelijk bcwaard! Ook moet er eene uitwijking van Vlamingen in bet naburige Bra- bant bebben plaats gcbad, te oordeelen naar vcrscbcidcnc namen van plaatsen aldaar, welke in West-VIaanderen worden ( -om cens enkclcn jaars; daarciitcgen was de j)aclitcr vcraiilwoordelijk voor allé scliade, door tocdocn van hem of zijne linisgenooten aan de gebouwcn aangericlil '. Vele dezcr voor- ^ Konlic sij, etc. dat Jan van (1er Seheltstralen commcn es , elc , kende ende lijde dal liij lieeft ghenomen in loyalen pachte jeghen lier Jan van den Uossche, muenc ende aelmoesenier van Sente -Pielers by Ghend , 'l Goed te Scheldevelde , ontrenl c bunder groel, met der Ihiende diere loehoerl, 't goedckin te Magheret, entrent xix bunder groet, endc/'lgocdeliin 1er Fenne, entrent xv bunder groet, omme in aider nianieren dat de vorn. goede in groetten ghelcgben sijn, ende datse Olivier Meeren dese achterste pachl ghe- houden heel'l, den lermijn van ix jaren lanc achter een eenparlic duerende.... omme de somme van xvi lib, x s. gr. siaers... ende boven desen ghellpacht XX mudde roghs, sulken als up de goede wassen, te leverne aile jare in de aelmoeseni.je tusschen Kersavonde ende Vastenavond. Voort so moet de pach- ter weeren ende betalen aile de renten, die ute den vorn. m goeden gaen, uteghesteken de iiii lib. par. siaers, die 't capiltel van Doornike heeft up 't goed te Sceldevell, die moet de aelmoesenier selve betalen. Ende noch moet de pachler leveren te sinen coste in de aelmoessene 1er |)itanchen van den aelmoe- senier aile den pacht duerende, ii lib. v sch. {parisis?) boteren de weke sonder in den vastenen. Ende een cupe van vin steenen boter elcx jaers binnen den meye. Dies sal daelmoesenier betalen de cupe i s , teiken St Marlinsmesse in den winter een vel veerken of ix s. gr. daervoren. Item n'= fasseelen teiken S'-Jansmesse ghelevert in den cloeslere ende een mudde evene Isinen peerde teiken Kersavonde. Vort es te wetene dal vinden up 't goed te Seeldevelt XV bunder letter min of meer voren ghetidelick ghevvonnen ende besaeyt met wintercoerne. Item xvii bunder ii ghemelen ende lxv roeden ghewonnen met twee ghetideghen voren besaeyt met evenen. item eene stoppelweede ende gherze XIX bunder ende een balf. Item in braken ghesçifeit met eene vore XI bundere. Voore so sal de pachter vinden up den goede te Magret ende 1er Venne v bunder ende xx r. ghewonnen met un gbetideghen voren ende besaeit met wintercoerne. Item bevinden een ghemet ghewonnen met ii voren ende besaeyt met evenen. Voort so sal de pachter up H voors. goed te Seeldevelt vinden in messe ende in hoerten aiso hiernaer volcht : Eerst in hoerten ende in stroe den prijs van xix lib. un s. par. Item de messene tus- schen den stalle noert ende den stalle zuut den wilghen aen doeslende ende den mesput ant 't westende even diep de messene n voete. Item de messene voor de poorte noorlwaert vi Vj roeden lanc ende n ende ni vierden van een roede breet duergaende i Va ^'O^l tliep. Item aile dmes in de stalle ende ( 20) waardcii konien, zoo inen zict, met die der tegenwoordige paclit- bricvcn overeen. De voorwaarden van de volgendc ccuw, voor 't goed le Schel- devclde, bcvatten geene belangrijke wijzigingen. Ten jare 1565 bclicp de paehtsom lot 50 pond groote 's jaars, belialvc elf nuid rogge, zes mud havcr, « een goed uprecbt souftisant vct vercken,» ter waarde van 24 scbellingen groote (of zulke som naar keuze van den prelaat); eindelijk 100 fasseelen bout. Toen was de levering der boler afgescbaft, maar ter vergoeding daarvoor moest de voor de scuere ten prise van xxx voederen. Voort so sal de pachler vinden 't voorn. goed der sloppel behoorl tamelic bcstopl , de husinglien van den vorn. goeden te ghereke tamelic ende de graehlen insghelijcx , sonder de grole lede, die de aelmoesenier houdcn moel te sinen cosle. Ende sal de husinghen den vorn. goede moelen houden al sinen pacht duerende te ghereke van vurslen, hoerenboemen ende weghen als loyael pachter, ende lalen den vorn. goede in hare rechle note, vette ende besaedde, ghelijc hise sa! vinden ende hicrvoren ghescreven slaet, sonder die te moghen veranzaden up sijn m achlerste jaren,of oec eenighe vette binnen al sinen pachle af te nioghene voeren, maer sal aile de vette, die God up den vors. goeden verleenen sal, ende commen suUen van de thienden in den vors. goeden bekeeren met sinen beeslen ende daerin bekeeren ten meesten profite, ende daerin lalen lenden van sinen pachte , oec hij sal aile de hauwe van den goeden, dat biji ende baumes overreden es, eens moghen hauwen elken te sinen tide , ende die hauwe lalen van houdde also hise sal vinden ende doen de scolen wel be- waren van den beesten, ende de wulghen sal hij moghen troncken leiken m jarcn ende lalen tende sinen pachte de scolen, also hise sal vinden, ende daer eenighe wulghen verdroeghen, die sal spachlers sijn; dies moelse hij daervoren planlen ii i)00lslaken ende bovendien aile jaren v wuighine pool- staken. Item sal hij hebben de helft van den jonghen duven ende den almoe- senier dander helft; dies moetse de pachter coernen den vvinter. Voert vieil so dat de husinghen van den goede of de vruchten yel messchiede bij hor- loghen, tempeesten of van vlighenden viere, deraf soude de aelmoesenier den pachler inslaen ghelijc costumen ende in landrecht, maer niel voorder dan de pacht van een jare ghedraeghl. Ende vieil dat de vors. husinghen yel messchiede van brande, bij loedoene van den vors. pachlere, sinen wive of haren boden of bij haren roekeloosheden , dat soude de pachler weder doen maken ende uprechlen sonder daelmoeseniers cost... Actum xv*^" seplembris anno xxx. » {Jaarregister van Cent, 1430-1432, bl. 2 v".— Stedelijke handveslen van Cent.) ( 21 ) paclitcr juarlijivs Iwec pond groolc bclalen '. Vocgcii wij cr hij , dat het sliclïl « de poort onder onde bovcn » dcn wal, de niollc en cenigc plaatsen van "t liof voor eigen gebruik behield, en de liende op liel goed te Scbcldevelde in de paeht begrepen was. Volgens eene oorkonde van 140G, bedroeg deze liende 24 pond 10 sebellingen grootc 's jaars. Wij kennen ook den pachtprijs voor eenige andere tijdslijîpen der XVII*' en XVIIl^ eeuw, doch zoiiden niet jnist weten te zeggen of bel nog sleeds dezelfdc groolte was, die wij biervoren bebben opgegeven. In 1050, toen 't goed voor de eene helft door de weduwe van Zeger van Wanzele , en voor de wederbeift door Pieter ïbienpont en Jan van de Walle gebruikt werd, bedroeg de j)acbtsom voor ieder 54 pond 15 sebellingen 4 grooten, boven « een sluek lijne laeeken van GO ellen », ten prijze van 10 sebel- lingen de elle; in 1723, was zij 109 pond groole; in 1750 slecbts 75 pond; in 1784, 200 pond groote, en in 1798, 222G pond 1 slui- ver 5 deniers tournois. In 1728 betaalde de aankomende paebter Jan Bekaert voor navette, na t scheren en weren van den oogst, de soni van 18 pond 5 scb. 10 gr. Destijds was bet goed boofdza- kelijk bezaaid met tarwe, roggc. braakloof, klaver, lijnzaad, baver en beetworlels. Er was ook veel bout op geplant. Op bet einde der vorige eeuw werd Scbeldevelde een liee- renverblijf , dat bet Franscb republikeinseb bestuur met al de er van afbangende goederen, te zamen 115 bundergroot, als do- maniaal goed aansloeg, en den 25 Nivôse jaar VI aan Frans- Norbert Speelman , te Gent, voor de som van 851, GOO livres openbaarlijk verkocbt. In 1852 bad bet eene nilgestrektbeid van 40 bunder 52 roeden, zonder bet neerbof, dat, evenals bet kas- teel, ganseb oinwald, eene uitgestrektbeid bad van 27 bunder 70 roeden. Laatstmaal 't eigendoni van en bewoond door de edelc vrouw Borluul, geboren de Polter^ die er den 10 Juni 1858 over- leed, droeg zij bel bij testament van den 4 dcrzelfde maand aan '> Genomen, dal de waarde van liel geld loen viji'maal grooter was dan legenwoordig (wat wij bij middel der kennis van de graanprijzen berekend hel)ben) , zou de pachlsoni van liel goed le Scheldevelde oj» den bovenslaanden voet Ihans loi ongeveer 3000 IV. beloopen, of fr. 17.40 de heclare. ( 'I-i ) l Wcldadigheidsburcel van Nazareth op, met al degebouwen, lan- dcM, wcidcn, bosschen, drcven, tiiincn,enz., zoo te Nazareth, aïs te Viirste en Zeevergem, onder beding, in liet kasteel een godshiiis in te ricbtcn, waar, ten eeuvvigen dage, zes oude mannen en zes oude vrouwen van de wijk Pinte zouden verzorgd worden, en met de bepaling, gemeld godshuis door Zusters van liefde en eenen aan t gesticht gehecluen kapelaan te doen bedienen. — Zoo dient de plaats, welke, als hetware, het uitgangspunt van de ontvvikkeling der landbouwnijverheid in deze gemeente geweest is, thans, na meer dan duizend jaren, tôt eene rustige wijkplaats van den ongehikkigen ouderdom. Een loutcr liefdewcrk heeft er don moeihjken arbeid en de onmetehjke zorg van de ontginning der heiden en bosschen vervangen : in den dorren grond zijn de rozen der zuivcrste, verhevenstc liefde gewassen ! Van de tah^jke andere groote pachthoeven dezer gemeente droeg de oudst ons bekende den naam van 'l goed ter Galclden. Deze hofstede, welke haren naam aan eene familie gcgeven iieeft, die hier en te Astene in 1450 het goed le Parijs bezat, en tegen- woordig den heere baron ïlippohet délia Faille toebehoort, be- sloeg aanvankelijk eene opperviakte van 54 bunder, en werd in 1591 door Simoen Sersanders, den toenmaligen eigenaar, aan Willem Diedericx, mits de som van 2 pond groote in het jaar ver- huurd. Dertien jaren later 't eigendom van Hendrik van Gaver, heer van Ressegem, gehuv^d met Katelijne Sersanders, gewor- den zijnde, werd zij in 1414 opnieuw, ditmaal aan Wulfaart Heervijns, en den 5 Januari 1421 aan denzelfden, door Hendrik van Rotselare, voor 5 pond 2 schellingen gr. tournois 's jaars ' ver- pacht. In 1480 werd dit hof door de toenmalige eigenares, Mar- gareta van Hoverheed, aan hare dochter Catharina van Nevele verkocht. De hieronder medegedeelde huurakte, onder meer dan éen opzicht merkwaardig, doordien zij ons terzelfder tijd den eenvoudigen stijl onzer voorouders voor oogen steit ^, geeft ons * Het pond tournois, dat men in 20 sluivers verdeelde, deed fr. 0.98.7. ' Kenlic zij, etc. dat Wulfaerl Heervijns commen es, etc. kende ende lijde dat hij met zekeren voirwaerden heeft ghenomen in loyalen pachte jeghen (-2Ô) te kcniicn, dat de hier bedoelde paclit \oor lui nlsdan rccds niecst gebruikelijkc tijdvak van negen jaren aaugegaan werd, en de bej)aalde soni in Iweeniaal, (e Kersiavond en le St-Jans- midzomer, moest gekwelen werden. Evcnals in de verder te ontleden buurkontrakten , wordt de wijze, lioe de landen bij t eindigcii der paebt iiioesten ^erzorgd wordcn, er met nadriik in voorgesehreven. Koorn en baver waren tocn de bijzondersle vriicbten van den landbouwer. Om een blinder wel le nicslen werden niet min dan 56 voeren mest vcrciseht, waarvan elk voer Symoene van der Eeckon, onlfangher in deii iianie ende over jouchcei" Hcin- rick van Rolselacre, heere van der Roosl, ende vrauwe Katheline Sersan- ders, ziere weltelike gheselnede, haerlieder goed dal men eedl 7 Gocd ter Galeyden, gheleghen in de prochie van Nasaret, groet ii ende deilicli bundre lellel min of meer, voor den termijn van neghen jaeren lanc duerende, waeraf deersie jaerscaere inghinc ende beghonst te meye inl jaer xiin'^ ende xxii, omme de somme van drie ponden n s. gr. lorn. 's jaers. Ende daerboven moet de vors. pachter gbelden ende weeren elcx iaers te sijnen coste al den commer ende cbeyns, die met den vorn. goede gael , sijnen ter- mijn gheduerende, sonder sijns meerders cost, ^Yelken vorn. pacbt de vors. pachter heeft ghelooft te betaelen ten n payementen in elc jaer, dais te vvelene deen helft te Kersavonde ende dander helft tsenle Jansmesse mids- somers in 'jaer xhu" ende xxni eerstcomende, ende aiso voert den vorn. pacht te betaehie van jaer le jaer .. Voert moet de vors. pachter elcx jaers delven up 't goeds goede profijte ende te sinen coste n s. gr. waerts delf- weercx, ende de vors. pachter sal up 't voorn. goed hauwen airande haut, daer haecx en de haumes over gheloopen heeft , ende elc le sinen tijde. Ende an dupgaende houl en mach hij niet hauwen. Ende de husinghen up 't goed staende, uulghesteken de schuere, behoiren den pachtere toe, ende mach er sijnen wilie mede doen. Ende de voorn. pachler moel dit goed lalen len hende van zijnen pachte besaedt ende ghewonnen alsol hijl vant tsinen aen- comene, te wetene nn bundre besaedt met vvinlercoerne in braken ende gemesl met zessendertich voeder mes up dbundre ende v bundre besaedt met evenen; daeraf sal deen bundre wesen veranzaed ende nemeer besaedt- heden en mach de pachter up 't goed iaten leji hende van sijnen vors. ter- mijne. Ende voert moel de vorn. pachler Iaten le meye len afscheedene" van sinen vors. pachte inl hof, onder in messe ende in oerten so verre dal men niet messen mach, vier bundre ende een half lanls, up elc bundre xxxvi voedere mes, elc voedere weerl sijnde ii gr... Dit heell de vorn. pachtere geloofl ende versekerl up hem ende ail sine. Aclum ni januari xxi. (Jaarregisler van 1420-14:22, bl. 30, laalsle deel.) (24 ) de waarde van 2grootcn Iiad. Geen mesl hoegenaamd mocht door den pachter verkocht, maar ailes moest tôt verbetering van de landen aangcwend worden ' — cen punt, dat door sommige pach- ters Iiedendaags maar al te zecr, vooral Avanneer er quaeslic is oene hoeve te moctcn verlaten, uit het oog verlorcn wordt. Eene hofstede van minder belang, docli die later eene der grootstc van de gemeente werd, was de diisgenoemde stede ten Sleene. Wij vinden ze voor de eerste maal vermeldineene pacht- akte van den jare 1392, op welk tijdstip ze eenen Simocn Impcns toebehoorde , en slechts 5 blinder groot was , waarvan de jaarlijksehe huurprijs 15 penningen groole bedroeg ^. Onder die grootte was een half blinder wat men noenit « uitpacbt. » De bescheiden ontbreken ons over dit goed gedurende de twee vol- gende eeuwen, doeb in 1645, luidens eene notariëele akte van dit jaar ^, bad bet eene uitgestreklbeid van 75 bander 217 roeden, en beliep de pacbtsom niel min dan 100 pond groole. De grond der omwalde bofstede allecn besloeg 590 roeden; er waren 8 gc- meten 179 roeden weiland en meerscb, en ongevecr 23 gemeten bosch. Al 't overigewas zaailand. Bij de verdeeling der goedcren , nagelaten door jonkvrouw Maria délia Faille, overleden ecbtgenoote van Jan van der Spceten, viel dit goed te beurt aan Philip van der Motte, heer van Ingooi- gem, Kerkbove, enz., uit boofde zijner ecbtgenoote, Catbarina- Margarcta della Faille, wier nakomelingcn het beden nog bezitten. ' Zie de pachlakle van het Goed te Axel, bl. 42, alvvaar dergelijk verbod insgelijks voorkomt. ^ ^< Kenlic sij , elc.,dal Jan Dierkin, wonende le Walbrouc , commen es, elc, kende ende lijde dat liij in pachle ghenomen heeft jeghens Simoen Impine ende jofv. Margaiile, sijnen wive, huerlieder goed ende slede, die men heel ten Steene, liggende in de prochie van Nasarelh , groot v bundre lands lettel min ofle meer, van weclke vijf bundre soo haud Pieter de Suller een half bundre in pachle van Simoen ende sijnen wijve vors., waeraf de vors. Jan Dierkine blivenin pachle de vier ende een ait" bundre ofte daeromlrent, ende dit om eene somme van vijftien penninghen gr. isjaers... Desen xxi Maert XllI* twee ende Inegenlhich. » {Jaarregister van 1592 , bl. 39.) 5 Not. Acten. N° 273, bl. 22. — Archief van den Raad van Vlaanderen. ( 25 ) Mon zal zich over de waardc van lict liuis, dcr schurcn en an- dcre gebouwen ecn gcdaclit kunncn vormen,wannccr mon woot, dat deze in 1647 te zamcn 452 pond 5 scli. G gr. (4,020 IV.) geprezen werden *. De landmeler Lievcn van Thuyne vervaar- digde in 102G eene « figuratieve kaerl » van ditgoed, lot hctwelk de volgende parlijen behoorden : Baghijîieboschelken , Bagliijnen bitlck, Claterbonck , het cleen BulckxeM , liet Coperken, groolen Bulck, grooten Kielbitlck , 7 groot Kielsluck , don groolen Slijii- ghere , degroote Swciene, de groole Braeke, Jooskcns, Kdlinck- stuck, de Nederdempels (bosch), Pauwelsbidcxken , don Rooverc, hci SlijiigerkeUj Willemshouck en Witten Vijver {hnd en boscb). Ueigoed ter Biezen , ook reeds in de XIV'^'^ ceuw bekend, was 28 blinder groot, en bcboordc in 1595 aan Jan van Hoedevelde, een lid der oudadollijkc famibc diens naanis, van welkc l'Espinoy cenen Nicolaas van Hoedevelde ondor de sebepenen van der Keiire te Gent, in 1406 opnoemt. De bieronder medegedeelde pacbt- voorwaarde ^ bebelst, dat dit gocd, waartoe ecn meerseb, in den * Not.Acten.^-'^l^, bl. 22. - Kenlic sij , elc, dat Jan van Hoedevelde conien es voor scepencn van der kuere in Ghend , kende ende lijde dal hij heeft glipgheven ende gheefl in zekere voerwaerden ende loyalen pachle Willeme Michiels, zijn goed le Nasaret, achl ende Iwintich bundre groet ende een alf, lellel min of meer, ende drie vierendeei meersche, ligghende in Asline meerseb, neflens den groolen Ham, gaende loetin de Leije, eenen zekeren lermijn van neghenjaren lanc durende, welc lermijn begbonsle ende innegbinc le Kersavond inl jaer Iwee ende neghenlich, ende dil omme eene somme van drie en vijlïich scilden siaers auls gheld, le belaelen deen heeil le Kersavont inl jaer drie en neghenlich, ende dander heeil lalf meije eersl daernaervolgiiende, ende alsoe voert van jare le jare ende van termine te termine, de vors. neghen jaer lanc ghedurende, ne- ghen vromen heffende ende neghen pachte gheldende, ende Willem vors. vant besaeil vier bundre evenen in rogghe stoppelen ende in mesrechle. Item noch vant Willem vors. elf ghemelen ende seven ende tachlich roeden met coerne in braken ende vvel ghemesl ghelic sinen ghebueren, ende dese voorscreven besaeyen moet Willem vors. laelen ghelijc dal hier voorscreven slael , ende Jan van Hoedevelde heeft gheleend Willeme voorn. drie pont gr. in vlaam- scher nobelen, ende die sal Willem betalen binnen den aehlersten ses jaren, çr. of andersins in ( -^6 ) groolcn Hani, le Astenc, aan de I.cie, bclioordc, voor negen jaren, iiiits 53 schilden 's jaars, belaalhaar bij liclft, te Kersl- avond en tebalf Mei, verbuurd werd. De pacbter was gehoiiden de landen, bij 't iiitgaan van zijnc pacbt, juist z6o ovcr te le- vcrcn, gelijk bij ze van zijnen voorganger overgenomen bad, te wcten : vier blinder evene (baver) in roggesloppels « cnde in niesrecblc, » en elf genieten 87 roeden koorn , « wel gbemest gbelijc sinen gbebueren, » dit is te zeggen , zooals Iict eenen goeden, zorgvuldigen Landbouwer belaamt. Om bem toi bel in orde brengen zijner boerderij de noodige middels te verscbaft'en, leendc de cigcnaar hem drie pond groote, inVIaamsclie nobelen , die de pacbter slecbts de zcs laatste jaren , bij zesde gedeclten, zondcr intercst moest teruggeven. In 1410 werd het (joeil ter Biezeii door Jan Sei'geant en Mattliijs van den Bergbe aan Jan van Basseveldc, « in loyalen pacbte ende voorwaerde )' — de on- veranderlijke uitdrnkking in de oude akten — voor eenen lermijn van zes jaren, mils de jaarMjkscbe som van 4 pond lOsebelIingen groote, verbuurd. De pacbt nam aanvang, nict le Kersldag, maar te Mei, en de buursom was te betalen « teiken onser Vronwen dagbe licbtmesse, naer vrome , deene beift, ende dander belft teiken Sente Jans midzomer. » Onder de voorwaarden nierken wij op, dat de pacbters ieder jaar bonderd bussels slroo op de daken verleggen, en voor bel beboorb'jk kuiscben en ruimen van de beek en andere door 't goed loopcnde waters zorgen moesten. De akie boudt ook in, wanneer en welke soort van Ijoutgewas met biji en snoeimes gekapt moebt worden, namelijk de wilgc- pbinten na drie, en de cikeboomen na vijf jaren. Bij 't afgaan van den paebter moesten op het goed 4 blinder 55 roeden winter- koorn , en evenveel baver bevonden worden, waarvoor den pacbter eene voorop bcpaalde vergoeding toegczegd was. Voorts advenanle. Item moet Willem vors. oderhauwen binnen den jare drie en ne- glienlich dal ylielidicli es van hauwene up 't goel, ende voert so moet Willem vors. hauwen mei tiedighen liauwe aiso verre aise Jan ghebauvven hadde, eer Willem annecwaml, ende alwaer, een jaer houdere onbegrepen, ende dit daer aecx ende haiimes over gheloopen heeft... Aclum den xsin" februari anno XUl" drie ende tneghenlich. {Jaarregister van 1392-1394, bl. 41 v".) ( 27 ) zien wij uit de akle, dat de eigenaar aaa dcn hebouwer zijns gronds dilmaal de som van 4 pond grootc in Iccn gaf, welkc cersl met de aclilste hetaling tcrug mocst gegevcn wordcii '. Ook uit de pacljl\oorwaarde van Iiet ijocd ^s Jiiken (het gocd van De Rike of De Rijke), eene hofstede van GO tôt 70 blinder, en uit meer anderc akten der Jaarregisters blijkl, dal mcn toen ook aanzienhjkc landgoederen buren kon, zonder bemiddeld te zijn. De buraar onlving hier, te gelijk met het hof, al wat er noodigwasaanstaldieren omdeexploitatic tebeginnen : 2paarden, 4 koeien, 4 kalvers, eenen wagen, ploeg en harnassuur, 18 hocn- ders, en boven dit ailes nog 2 pond IG schellingen G deniers groote in gerecd gcld. Met zulk cen slelsel was het ieder, die de vereischte bedrevenheid, moed en ondernemingsgeesl Ijczat, mogelijk, ook zonder eigene geldniiddelcn , cen aanzienlijk land- bouwer te worden -. Dczelfde j)ac*htvoorwaarde maakt ons voorts bekend met eene omstandigheid, waaruit op te maken is, dat vêle begoede lieden van die dagen zich het houden van paarden en wagen ontzeiden, en, als zij cen uitslapje naar den buiten doen wilden, zich met het gerij van eenen hunner pachlers behielpen. Ook deze bepaling was te dien tijde gcene uitzondering, doch er werd duidelijk aangestipt , dat zulks geenszins in den oogst noch zaaitijd mocht plaats grijpen. De eigenaar behield aan zich : de nederkamer « mettcn mantele, » den zolder, de sponde en den stal, met recht van ongestoorden in- en uitgang tenlrove, aïs ook de helft der bâte van het diiivenhok en van het fruit, dat op den boomgaard wassen zou, en hetwelk de pachter hem le zijnen huize, te Gent, brengen moest. Het was mede eene voorwaarde, dat de pachter aile jaren de boomen op den boomgaard tôt den wortel ontdekken en daarna weder aanvullen moest, en dater in den boomgaard gezaaid noch geploegd mocht worden. Einde- * Jaarregister van 1410-1412, bl. 57. 2 Dit schijnen geene uitzonderingen geweest te zijn. Wij vinden nog, onder meer, dat de pachler van den molen in 'l naburige St-Marlens-Laalliem len jare 1429, bij 't ingaan zijner pacht, van den eigenaar, namelijk den abl van S'-Baafs, de vrij belangrijke somme van 40 pond groote te leen onlving. — Zie onze monographie van Sinl-Marlcns-Laathem , bl. 10. ( 28 ) Jijk wcrd er bcpaald dat, indien iliof door 's pachters schuld, of die zijncr vrouw, kindercn of diensllieden, afbrandde, de pacliter ailes Iczijncn koste, zonder vcrgoeding, te Iierstellen had ^ ^ Kenlic sij , clc, dal Wilkni van der Loeven comen es, etc., keude onde lijde dat hij heefl glienomen in lojaîen pachto endemet zekeren voervvaerdcn joghen Janne van don Hoeghenhuus, 't goed dat men heet 's Biken... ghele- ghen in de prociiie van Nazaret ende van Asline, groet sijnde tusschen den sestich ende sevonticli bunderen, eenen termijn van zeven jaren lanc duerende... ende dit omme eene selvere somme van zeven lib. tvvalef scell. grool , zes sleenen bolren, drie Ijonderi bouts, Doynsche taille, te walre gho- levert, ende ander alf hondeit eijeren siaers.... Ende de pachler sal ihout up dit goet staonde overbauwen met gbotidigen houwe onde oie te sinon tijdo, evenverre datler aecx ende boumes ovorgheloopon boeft. Ende an tupgaende lioul en boeft bij gbeon recbt. Voert sal de pacbtere olcx jaars leveren twee bondorl stroes len busingben le gbereken le houdeno, ende bij moet sloppon de wogbon die sijne beosten brekon sullen, ende gescbiede an de busingben oenogbe scade van brande l>i don toodoene van den pacbler of in tocoison van bem , of bi roukoloosbeden van sinon mosnieden, die scade soudo die pacbtre Janne vors. moeton belalon onde uprocblon bi prise van goedon liedon van don gbobueron , die sij an beedon sijden daortoe kioson souden. Voert sal de pacblore dit goed houdon van banloken, van walerlaten, ende dat daoraen cleoft... sonder Jans cost, bot en ware offer beken quamen le dolvene, dat Jan van dion delveno in scadon slondo... Voert os voervvaerde dal de pacbtere up dacbterste jaer van sinon pacbto al dat up Igood wassen sal, int goed sal moeton bringbon, onde al tslroe ende mes, sal de pacblore in thof laien tsinen afscbeodeno, onde tslroe ende mes, dat bij in tbof vaut tsinon ancommeno. Ende de pacbtere en sal dit goed nietmoghon veransaden, ende bij sal al twinnende lant van dosen goede maken plouchgbinglie binnon sinon pachto. Dios sait Jan doon roden daert noet os. Voert boeft do pachtere van Janne vors. onlfaen in prise : eorst twee paerden, gbeprijst twee lib. vior s. gr., vier coyen, achtondertich s. gr., vior calvoren, twee scell. gr. Item in vvagbene,plougben onde barnassche dertion scell. sosd.gr., ende xvni boendre ongbeprijst. Ilem in gbeleonden ghelde twee lib. seslien scell. zes den. gr., comt de somme zeven lib. viortien s. gr., welke prise de vors. pachtere botalen sal ton afscbeedene van sinen pachto , ter weerdon dat bijt onlfaen boeft. Ende also vole plocken van besaolhode als de pacblore up dit goed vaut Isinen ancommeno, so moet hire uplaten isinon afscbeedene .. Voert sal do pacblore elcx jaors hebbon een korollaken van Janne vors. Ende de pacbler sal Janne ende sijn ghoselscip eenwarf siaers balen ende wedor ihuiis bringbon van don goede met sijncn waghono ende peerdon, aist Janne ghelieven sal. Ende van de balen van den duufimuse sal Jan de beoU bebben ende de pacbler dander ( 29 ) Het goed 's Riken bclioordc in 1505 ann dcn pricslcr Lieven van den Haiilkinc, en in 1410 aan Jan van den Hoghenliuus. Op liet cinde der XV''^ eeuw, tocn >vij licl in bezii vindcn van de familie De Polter, liad liet sleclils nog cène uilgestreklheid van oG bunder, en scbijnen de landen veel verl)eterd en in waarde gestegen te zijn, dewijl de paeblsoni locn , niellegenslaandc de vermindering der boeve, 1l2 pond groote bedroeg '. Eene andere liofstede van dien lijd was 'l zoogenoemde Goed van over 't uater, met 51 bunder land, meerscb en bosch,\vaar- van de pacbtsom in 1505 lot 1C pond parisis beliep. Zij was toen 't eigendom van zekeren Pieter van den Wincle. Het Jaarregister van 1410 niaakt ons bekend dal genocmde Jan Sergeant, dien wij daar als kniper van stiel ontmoelen, en Matthijs van den Bergbe 't bnn toebeboorende goed te Slurle- waghens, een bedrijf van slecbts 4 bunder 55 roeden, voor negen jaren, mits 4 pond lOscIiell. gr. en 12 Tiensehekazen verbuurden, Wil raen weten wat eene bofstede van een twintigtal bunder toen waard was? Openen wij 't register der Gentscbe scbepenen, en wij zullen er in aantreffen, dat jonkvrouvv Margarela Snieets, weduwe van Andries Vlamine, aan Joanna van I.eins het liaar toekomendc derde deel in de belft van liet hof ten twee Goeden, te Nazareth, 24 bunder groot, mits 7 pond groote verkocht, wat voor de geheele bofstede op 42 pond groote, of fr. 456.0G necr- komt '^. Om te kunnen zeggen wat die som , in tegenwoordige geldwaarde afgeleid, bedragen zou, nemen wij toevlucht tôt eene nota, door den geleerden kanunnik De Smet over den graan- handel in de middeleeuwen medegedeeld in de Bulletins de r Aca- démie royale de Belgique ^ t. XIX, n" 10. Wij zien aldaar, dal de heelt, dies sal de pachlere de duven voeden ende coernen. Voerl behout Jan vors. te hemwaerl de nedercamere nietlen mantele, den soire daer boven ende de sponde tsinen aysemenle. Actum sexla die februari annoXIIlIe decimo. {Jaarregister van 1410-1412, bl. 55.) * Jaarregister van 1499-1501 , bl. 57 v". * /rf.va« 1410-1412, bl. 55. (52) paarden, en 't cigcndom van den hcer Van dcr Sticliele, olicslagcr te Nazareth, had in 1416, de ecrste maal dat wij er iets over hebben aangetroffen, cène iiitgestrektheid van 2G lot 27 bunder. Het behoorde alstoen aan Gclloot den Amman, Gijsbrecht de Vos en Joost van den Houtcne, die het den 22 Mei diens jaars aan Olivier van der Leyen, voor het tijdvak van negen jaren, mils tien pond gr. 's jaars, in pacht gaven. Onder de voorwaarden merken wij dcze bijzonderheid op, dat de aflredendc pachler, volgens eenc vroeger aangegane verbintenis, « up tgoed schul- » dich es te lalene... achte bunre besaeit met rogghe endc tien ;) bunre met evene, wcl ende lovelic bedricht ende ghewinnc, v ghelijc den ghebuere, ende voert sesse bunre brake. » Dezelfde vruchtverdceling moesl door den aankomenden pachler in achl genomen wordcn, « ende liete hijt argher, dat soude hij op- » rechien, licte hijl beter, daerof soude hem sijn meester instaen » ende uprechten alsoet behooren sal. » Wat wij in de voor- gaande huurkonlraklcn nog nict vermeld gevonden hebben, is, dat nict min dan acht le goeder faam staande personen zich in de akte over den pachter borg teekenden K Volgens eene nola- riëele akte van 2 Mei 1651, werd bel goed te Groeningen , met de medcgaande huizing, kaleilen, boomen, mcersch en bosch , door de locnmalige eigenares Catharina de Backer, weduwe van Kasper Joossins, aan de vijf kindercn van Joost Piers en Suzanna de Backer geschonkcn ^. Nopens het Jiof te Poldere , aldus waarschijulijk genoemd uit hoofde zijner ligging, oudtijds, in of omirent een mocras, en dat wij reeds kennen door eene charter van Lodewijk van Ncver.^, onder dagteekening van 7 Maarl 1559, zijn ons twee pachtbrieven bekcnd, de eene voorkomende in bel Jaarregister van 44i4-14iG, en de andere, onder dagteekening van 1G Januari 4455. Dit goed , dat, met bel ho f ter Luclit en het liof ter Zikkele of te Maaigem, ook binncn Nazareth, der cdele familie Van der Zickele tocbe- lioorde, had eene uitgestrcklheid van 52 bunder, en brachl den ^ Zolfiie Jaarregister, bl. 118 v. * NotariceU akleiiy n*' 541 , bl. 104. — Archief van den Raad van Viaandcrcn. (33) cigenaar in 1412 ncgcn pond groote, en in 1433 ccnen pachtprijs op van 13 pond 10 sclicllingen groote, bcncvcns 10 stccncn bolcr. In 1464 bclicp de paclit in geldc sleclits 12 pond groote, doch, on- geminderd de 10 steenen boter, den eigenaar in de maand Mei te bczorgen, was de pachter hem nog cen voer hooi en zes steenen vins scluildig '. De grootle van bel hof'lcr Liichl kennen wij niet, niaar bel liof Ivr Zikkele liad eene iiitgcstrektbeid van 32 blinder, en Averd in 1 522 aan Lodewijlv de Hondt voor een tijdperk van negen jaren, mits 15 pond groote 's jaars, 12 steenen boter en cenen steen vlas verbnurd. In gemcld jaar 1522 bedroeg de pachtprijs van het hof ie Pol- ders 15 pond groote, «een vcercken of neghen scliellingtien groote, » zes steenen boter, drie steenen vlas , drie bondcrt rijshoudt , B twee honderl facheelen ende een vet lam -. » Deze bctaling in geldc en natura vinden wij ook elders, in de mceste akten van dit lijdvak, en in allé gemeenten van Vlaan- deren, onder andere in eene voorwaardc van Iict pachfgoed van Oostakker ^, eene der voornaamste bezittingen dcr St.-Baafsabdij in die gemeente, v/elke in 1480, belialve de pachtsom in gelde, twee kiiipcn boter, ieder van 12 steenen. 4 karwcien en 600 bus- sels stroo opbracht ^. De pacht van het goed le grooten Ilove, onder Nazareth, werd alzoo in 1448 voor 11 pond groote, 2 nuid ^ Jaarregisler, 1464-1466, bl. 57 v». 2 Rekenijnghe vanden vooghdien van den kinderen Van der Zickele, 1522. — Archief van den heer Ph. Kervyn vax Volkaarsbeke. 2 Zie onze monographie der gemeente Oostakker, bl. o. ^ Aanvankelijk, loen er geene munt, of die uilnemend schaarsch vvas, gescliiedde de bctaling der pachten, evenals van andere overeenkomslen be- trekkelijk handel en nijverheid, alleen in natura. Zoo ziet men in den brief van Eginliard aan de monniken van St.-Pieters, te Cent, dat zekere Foderik le Dodonel eene lioeve gebruikle, waarvoor hij 20 brooden, 50 pinten bier, een varken, bel derde van een pond vlas, eene-hen, 5 eieren en eene mud baver moest opbrengen. In 1210 verpachlte de St-Baafsabdij een bunder weide en 'l'ô bunder zaailand, te Wondelgem, voor 5 trachters (2 beclol.) tarwe en 5 kapoenen, boven de helft van bel hooi, op den meersch gemaaid. Zie Em. de Laveleyë, De landbouwkunst in de Ncdcr- landen, I, biz. 255 en 257, Genl, 1866. ( 54 ) havcr en 20 stecncn boter, en in 14G2 voor dczelfde hoeveellicid in naturel en 12 pond groole aangegaan. Iloe groot dit hof alsdan was, zouden wij nict kunnen opgcven , docli in lict begin der verledene eeuw vinden wij bet, ondcr land, mcersch en bosch, 64 bundcr groot gewcest te zijn , zoodat bet zijne benaniing van grooten liove wel verdicndc. Er wordt van deze bofstede rceds in eene aktc van den jare 1407 niclding gcmaakt, bij gclegenbeid van den vcrkoop eener eeuwigc en erfelijte rente op bctzelfde goed, tcn jaarlijkscben bedrage van 4 pond parisis. Zij beboorde alsdan aan Jan Sersymoens , zoon van Pieter. In eene latere oor- konde, van 14G1, zien wij, dat door den loenmaligen eigenaar Oslc de Gruutere om 50 pond groote eikcboomen er uit verkocbt werden. Het goed te grooten Hove werd den 27 Mei 1700 door Willem Sanders, pasloor van Nazarctb, aan Jan-Bapt. Luytens voor 1420 pond groote verkocbt K De pacbtakte van bet goed te Axel y dat in 1451 eenen Marten de Gbeenst loebelioorde, is eene der niet minst belangrijke nit dit tijdvak. Wij nemen er aïs eene bijzonderbeid uit over, dat de pacbter bij iedcre belaling recbt bad tôt 4 ellen hiken, jiiist zoo- veel aïs de pacbicr van bet goed ter Meren genoot, en welke stoffe eene vi'aarde van 6 scbellingen bad 2. Het onderboud der daken, wegen , enz., werd bem iiitdrukkelijk opgelegd , en bij 't eindigen zijner pacbt moest bij zorgen, dat b(îlgoed « wel ende lovelic bedreven ende besaeit was. » De snoei der boomen was te zijnen voordeele, docb bij mocbt deze bewerking slechls ten gepasten lijde verricbten, en vooral aan de boomen gcene scliade tocbrengen ^. — Ten buidigen dage beboort bet goed te Axel aan ^ Notariëele Aklen, 1698-1703. — Archief van den Raad van Vlaanderen. 2 Jaarregister van 1502. — Dit zoogezegde « geschenk doen » was goene zoldzaamheid. In 14:22 verbond zicli de eigenaar van het goed te Brakele, te Sl-Martens-Laalheni, zijnen pacliler aile jaren honderd haringen te bezoï-gen. 5 « Kenlic sij, etc. dat Arend van der Leye comen es, etc. kende ghenonien le iiebben in pachle met sekeren vorvvaerde jeghen meester Martin de Gheenst, zijn goed gbelegben in de prochie van Nasaretb, ghebeeten tgoet taexele, al- sooi gheleghen es, eenen tcrniijn van ix jaren lanc duerende, welke ingaen sal le nioyc anno Ll , ende dit omme xin lib. gr. ende xvi sleenen bolere ; dies moet (53) Iict ai'ingcstidit van Nazareth, met den last cencr jaarlijksclic rente ten voordcele van de Kerk. lîet rceds genoemde goed ter ^feren, diclit bij de kerk van Nazareth gelegcn, en ons door eene paclitvoorwaarde van 14G2 de eerste maal bekend gemaakt, was toen 51 hunder groot, en het eigendom der Gentsche famille de Gruutere. De pacht werd op dit lijdstip aangegaan voor 12 pond grootc, 2 mud haver en 20 steenen boter, doch onder geene enkcle andcre bepaling, dan die wij reeds kennen. In 1502 was de som in gelde een pond grootc opgcslagen, doch daarentegen had 's pacliters hnisvrouw, gedu- rende het negenjarige tijdvak, recht op « vier ciirslakcne of voor lii.i jaerlicx hebhen un cllen scooiie lakene, waeraf deerste heelflscheede vallen sal le Kersavont anno LI , dander te meye daernaer volghende, negben vromen hetFende ende neghen pachten gheldende, ende de voorn. Arend raoet tselve goed suveren van den comeren die er ule gaet, den selven lermijn durende sonder meester Marlins cost, endeelcx siaers doen delven lxx roeden grachls ten meesten proffijte ende orbuere van den selven goede, ende bij alsoe dat hij hier afin ghebreke wareeen jaer, dat hij van den jaere daernaer doen soude, ende bij aiso dat de pachler meer doive dan de lxx roeden, so soude meester Marlins vornl. belalen deen heell in avenante ende de pachler dander. Vort moet de selve pachler de huusinghe houden redelic van vurste, horenboome ende weghen. Voort moet de pachler den voorn. meester Martin halen ii waerf siaers van Ghend te Nasarelh ende weder thuus voeren met zijne waghene ende perde, sonder meester Marlins cost, ende voort moet de voorn. pachler laten tgoet tsinen afscheedene wel ende lovelic bedreven ende besaeit, alsot hij tvant Isiuen aencomene, te wetene vni bunder audenaerdsche maete besaeyt met suver wintercorne, wel ghemest ende ghedreven van brake. Item vin bunder met somercorne, item vni bunder ghesafelt van brake; ende Arent voorntmoet al dat up tgoet wassen sal in Igoel brenghen ende slilen in messe, sonder yet daer af te doene of te vercoopene, sonder reslilulie daer af le hebbene, ende vort laten thout daer haecx ende bijle geghaen heefl, in m ghedeelten, deen derdendeel van m jarenhout, dander van hm jaren, ende tderde van vjaren, sonder an tupgaende bout recht thebbene. Ende de vorn. meester Marlin heeft den vorn. Arend gheleent ini lib. gr. tollen hende van zijnen pacht, te betaelne met sulken gelde, als also wel den jaerlixen pacht als de leeninghe, vvelcken pacht ende voorwaerde de vorn. Arend heeft bekent up al zijn goet, waert gheslaen of gheleghen es... Aclum die 6 marty anno XIIII^ ende vijflich. » {Jaarregister van 1448-1450, S'ic deel, bl. 61 \^.) ( 36) » clck ciirslakcn ses schcllingcn grootc *. » In 1615 bad lict hof 1er Mcren nog slcclits eene grooltc van 14 blinder 4G roedcn , en beboorde bet aan Mark-Antoon Lautens, zoon van Nicolaas, advocaat in den Raad van Vlaanderen. Alecrnu de Nazarctbscbc Landerijcn in deXV'^'^eeuw op te som- men, blijft ons nog van eene andere pacbtboeve, 't cjoed le Wvlfs- ceke , te gewagen, waarvan de uitgestrektbeid ons onbekend is, docb de pacbtsom tôt 8 pond 5 scbcllingen gr. beliep. Deze opsom- niing zou een nabijkomend totaal opleveren van 700 blinder, waarbij wij gerustelijk 500 bunder voor de mindere en ongc- kcnde gebruiken mogen voegen, om bet eijfer van 1000 bunder te bereiken, zoodat de in pacbt gegevene bosscben er van afge- rekend, ruim bet derde van de gebeele oppervlakte dcr gemeentc toen door den ploeg was bemacbligd. Ilot is reeds veel, zoo men den uitzonderlijk sleclitcn toestand des bodenis, en bet scbier volslagen gémis aan goede biiurtwegen in acbt neenit, en ceiien bbk op de onde kaarten van andere gemeenten werpt, zooals Aalter, Maldegeni, Knesselare, Buggenliout, enz., en tal van VVest- Vlaanderscbe gemeenten, alwaar de bosscben, zclfs nog in de verledene eeiiw, niet zelden bet bebouwde gedceltc overtroITen. Deaanzienlijke ontvvikkebng van de nijverheid in de XIV'''' en XV'''' eeuw was bet natiiiirlijk gevolg van den weergaloozen bloei en voorspoed, dien Vlaanderen, dank aan de iiiricbting zijner macbtige en vrijbeidbevende gemeenten, genoot; aan de inslel- bng der vrije jaarmarkten, die de kooplieden van gebeel Europa naar onze steden lokte, en aan de kostbare privilegicn, die de volkrijke gemeenten van de vorsten badden welen te verkrijgen. Evenwel was, met de opkomst der groote steden, en 't verleenen dier voorrccbten, een groote binderpaal aan debandelijke nijver- bedcn, buiten den landboiiw, toegebracbt; de weverij, inzonder- beid, zag zicb in bare ontwikkeling gestrcmd door bet privilège, dat graaf Gwijde aan de steden bad toegcslaan, en bij betwelk ' Jaarregister van 1462-1464. ( 37 ) dcn bcwoncrcn van dcn buitcn, op dric urcii rondom de stad Gcnt, de wollewevcrij ^crboden was. Allccn de op dcn biiilen woncnde jaarmarktkramers , of de werklicdcn, voor rckening ecns vrijen meesters arbeidcnde, waren van dczc bcpaling uitge- zonderd. Wcl badden de bocren nog de bjnwaadwcvcrij, docb bet sebeen, dat deze nijverbeidstak voor liiinne bcdrijvigbeid onvol- doende was; immers zij streefden bet verbod en de waarscbu- wingen der groote nering van Gent tegen, en zetten zicb maar geriist aan bet getouw. Dit bad, meer dan cens, bijzonderlijk in de XIV'^'' eeuw, gewapende ondernemingen der Gentscbe wevers tôt gevolg, die de in den vorengezegden omkring beslotcne dorpen , doorlicpen, al de getouwen, die zij vonden, verbrijzelende, en bet wcefgoed verbeiirende. Deze ondernemingen werden dikwijls door eenen wetliouderder stad, eenen der scbepenen , aangevoerd. Zoo trokken de Gentenaren in 1514 naar Zottegem en Assenede, « omme de cammcn, gbetouwen, lakene ende dat dacr toc » bebord , ende waren ute u daghen, ende bracbten van Zottin- » gem H wagbenen met gbetouwen, ende van Assenede eenen » waglien met glietoiiwen K » Dalzelfde jaar nog zien wij den boogbaljuw, de volders van 18 wijken, de wevers van !23 wijken , den deken en de gezellen der droogscheerders, eenen visscber, twee vleeschbouwers, den deken der « curdewaniers » en zijne gezellen, benevens eenige andere leden van Gentscbe neringen , met betzelfde doel naar Assenede trekken, en eenige weken nadien opnieuw naar Zottegem, Gaver, Velzeke en ombggendc gemeenten, om de ingezctenen dier plaalsen, ^( wullewevers, » dat sij adden gbewrocbt jegen tverbod ende privilège van der » stede » af te nemcn ^. Ten jare 1 5^2:2 dedcn zij eenen gelijken uitval naar Eekloo ^; in 13:29, naar Assenede, Bockboute, Lo- kercn en Daknam ^. De tocbt van 1522 vordcrde niet min dan 72 ^, en die van 1330, 45 paarden. Dczc laatste maal waren de ^ Sladsrekeningen van Genl, bl. 18 v". 2 Idem, bl. 20 r». 3 Idem, bl. 119 v». * Idem, bl. 260r° = Idem, hl 109 v". ( 38 ) ncringmanncn insgclijks vcrgczcld van den lioogbaljiiw, namcns dcn graaf, van Iwcc schepcncn en andcre notabclcn; zij gingcn bel verbod overal vcrnicuwcn, maar « socvelc doene dat sijs (de )) dorpsbeivoners) ontbcrcn » voorlaan zicb nog bet wollc- of Iakcnwcvcn aan te trekken '. Deze bcpcrking van de nijvcrbeid op den buitcn moest lot ge- volg bebbcn, dat al de kracbtcn des landmans ten nuttc van dcn akkerbouw en de vccteelt werdcn aangewend, en onder dit op- ziclit was de miskenning van bet vrijlicidsbeginsel, in zake van wevcrij, eene weldaad, die op bet algemeen tcrugwcrkte. Inder- daad, ware liet dcn dorpclingcn van den mecrgemcklen omkring, waarin Nazaretli lag, vcroorloofd gcweest, dczelfde nijverbedcn als in de stcden uit te oefencn , menige plekke lands zou of ver- waarloosd gcbleven of veHaten gewordcn zijn, in bet vooriiit- zicbt, de stofîcn , die op onze jaannarkten zoo zeer door de vreemde koopliedcn gezoclit werden, aan de liand te ziillen doen, mits een liooger loon daii met den lastigeren arbeid op ilcn akker of in de scbuur te verdienen was. Slecbts twec nieuwe paclitgocderen zijn ons bekend uit de XVI''*^ eeuw, Ilet zijn de liofslcden terLinden en ver Trune(vn)uw Trunegoed), beide tocnmaals toebeboorende aan bet bospitaal der Bijioke, nu aan de Burgerbjkc Godsliuizen, le Genl, en ieder eene uitgeslrektbeid van rond de ;iO bundcr zaailand bevaltende. Eerstgemeld goed, bij welk in J579 't bedrijf van Scliaulhcet, groot G bunder, en eene lieide van 5 bunder in liet Lamjeveld gevoegd was, vinden wij dit jaar verpacîit voor 52 pond groote, 4 mud baver, 25 steenen boter, een vet kalf, een vet lam, 80 kop- pels duiven , of 5 scbelbngcn liet koppel, 4 steenen vlas, — en onder uitdrukkelijke verplicbting voor den pacbter, jaarlijks oOOO 0 bouts )^ van "t goed tôt aan de Leie te mennen, en 12 eiken- polen te planten '^. De groolte van dit pacbtbof besloeg in 1802, onder land, boscb en beide, 71 ^/.2 bunder. ^ Sladsrekeningen van Cent, bl. G5 v' 2 Générale slael van goctie ecrtijds toebehoord hebbende den cloostere ende hospitaele van de Bijioke, 1579. — Archief der Burgelijke Godshuizen, le Cent. ( Ô9) Ilct gocd ver Tnuic is, volgcns A. van Lokeren, zijncn naam vcrscluikligd aan ccne odclc Gcntsclic jufvroinv, Truih oï Er- menlrude van Utcnliove-Leliaarls, de hcrsliclitstcr van lict in 1 179 vcrnicligdc WUtockx-Godshiiis. Wij lezen in de liislorisclic scliets van lict lios[)itaal dcr Bijlokc ', dat dczc wcldocnde vroiuv, die in liaar sticlit den 50 Maart 1242 overlccd, omirent dcn jarc 1201, onder anderc gocdcren, er 145 blinder heide te Eekc en te Nazareth aan selionk, welke in IGGô nog vrouiv Truncn- cjoed genoemd werden, en die door de zorgen van dit sticlit in cultuur zullen zijn gebraclit. Ten jare 1579 bedroeg de paclilsoin van dit goed 28 pond groote, 4 miid liaver, 25 steenen botcr, een vctkalf, 40 koppel, duiven, 5 steenen vlas en een vet lam. Even- als die van bet liof tei' Linden, moest de pacbter aile jnren !2 eiken plantsocnen stellen en 5000 « bouts van up tgocd lot » de Leie niennen. » llet register, waaruit deze inlicbtingen gc- trokkcn zijn, maakt ons bekend, dat bier in gemeld jaar 1579 nog nilgcstrekte bciden lagen. Het tijdvakder godsdienstberoerlcn en de daarop gevolgde oor- logen en moeilijkbeden badden den landbouAV in Vlaandercn gevoeligc wederwaardigliedcn doen ondergaan. Vooral te Naza- reth was de tweede helft der XVI'^'' eeuw bijzonder rampspocdig, en grepcn er gebcnrtcnissen plaats, die op de ontv,ikkeling der landbomvnijverlieid cenen zeer nadeeligen invloed moeten heb- ben nitgeoefend. Zooals De Laveleye met waarheid aanvoert, had de uitdelgingsoorlog, door de vervolgingen in zake van godsdienst leweeggebracht, de velden ontvolkt, en hernamen bossclien en lieiden den grond, die door den arbeid der vorigc eeuwen was vruchlbaar gemaakt. Hoe het er te Nazareth in 't bijzonder gedurende bet eerste vierde der XVH'''' eeuw uitzag, moge, bij gebrek aan volledigere inlielitingen, worden opgemaakt uit den inhoud viin een schrift, waarbij de prclaat der Sl.-Pic- tersabdij, vêle landen in de heerlijkheid van Overmeersch, te Nazareth en daaromtrent, braak ziende liggen, en uit dien hoofdc * Messager des Sciences historiques^ 1840, bl. 194. ( iO ) grootc liavcr-, koorn- en pcniiingrciiten moclciulc misscn, daar- omtrcnt ccn sprckerid verloog opliaiigt : « ciide dattcr lultcl » apparcnlie was » — schrijft hij — k van dat de voorzcyde » vaghc landen in eenighe jaeren ter culture soudcn ghebroglit » wordcn, mits dat niemant daeraen en ivilde de handt slaen, » nijt ontsight van de voorseyde grooie beconimertheyt, dacr- » vooren de vruchten ende besaythede op lict velt soudcn » hcbbcn moglien aengesproken ende gbesaisiert wordcn, dat )> oock de voorseijde landen niet wel afwinnelijck en ivaeren dan » met groote moeyle ende groote cost, ende met apparcnlie van » clcyne vrucbt ofte bacte, door de notoire minder wecrdc van » de voorseyde landen; dacrby dat 't voorschreven cloostcr te » buyten blecf staende niet allenelyck 't jaerelyc*kx incomenen » van syne beerlycke renten, maer bovendicn oock syne tliien- » dcn, mitgadcrs de liecriicke rechten, soo van beslc boofden , » dootcoopen ende wandelcoopen, als andere die daerop souden » connen ofte niogben vallcn, tôt grooten ondicnst ende intrest » van den voorscydcn cloosterc. » Om dat verlies te voorkonien, liet de abt, na rijp beraad met zijne kloostcrlingen, al de on- bebouwde, ongebruikte en verlatcne landen in eeuwigen en erfelijken cijns over aan den ontvangcr Maximiliaan Struvinck, zoo voor bem als zijne nakomclingen, zonder nadeel, éditer, van de eigenaars dier landen , indien zij die terugeiscben mocbtcn (SFcbruari 1617)'. Te Aalter, onder andere, was die loestand in 't begin der ver- ledene eeuw nog bedroevender. Wij scbreven in de monogra- pbie dier gemeente, dat deze plaats in de XVII'''' eeuw zoodanig liarcn rijkdom vcrloor, « en tôt zoo eenen ellendigen s tact, mits- » gaders tôt soo quade reputatie was gekonien » dat in de ecrste bclft der vcrledcne eeuw niet min dan 90 paardenbofsledcn in puin waren gevallcn, tcrwijl de landen, bij gebrck aan bcbou- wing, in bunnen oorspronkelijken slaat waren gekcerd, ver- woest en met onkruid begroeid, als badde nooit ccn menseb cr den voet op gcdrukt. Kon bet anders? Beigië werd immers hcr- 1 Spiegel der eerw. prelaeten van St-Pieters, bl. 75. — Prov. Archief. { ii ) haaldc malcn vcrwocst en iiitgcpiit in de langJurigc oorlogcn van de XVl'^'' en lict begin der XVIl'^'' ecuw, alsook ten gcvolgc dcr invallen van den verovcringszuclitigcn Lodcwijk XIV, indcr- V(3ege, dat, zooals De Gerlacfie zegt, cen groot gcdeelîe van Vlaan- deren onbcwoond was, en de rijksle paelitliocvcn onbcploegd en verlaten bleven. De rust, welke liet dorp onder de regeering van Albert en Isabella eenen fijd lang genieten mocbt, werd na den dood der aartshertogen en de berneming der vijandbjkbeden tussclien Hol- land en Frankrijk tcgen Spanje, opnieuw gebroken, met dit ongelukkig gevolg, dat bct alweer de platlelandscbe genieenteji waren, die er bet meest bij te lijden badden. \Vij lezen in de kerkrekening vanNazarctb, over 1G45, dat de bisschop van Gent aan bet kerkbestuiir dier gemeente oorlof verleende om aan den armendiscli eene som van 25 pond groote te leenen, « aen- » siende de groote aermoedc dieder is geweest bir.nen dese pro- » cbie sedert de vlucbtingbe, ende van dander zijde de cleyne y> niiddelen van den gbemeenen aermen, » wat niet le ver- wonderen valt. Dit feit was ecbter maar de voorbode van wat de gemeente nog te verwaebten stond. Inderdaad, een post der kerkrekening van 1C43 geeft ons te kennen , dat de kerkmeubc- len, waaronder bet in eerbied geboudene beeld van 0. L. Vrouw, toen recds sedert een gebeel jaar naar Gent in veiHgbeid waren gevoerd ', eene voorzorg, die wcldra bleek niet ïieel en ganscb zonder redenen te zijn genomen geweest, dewijl er in de maand Oetober deszelfden jaars een groote doortoebt van Franscbe en * 0 Item belaeit voor den helft van de hure van een camer binnen Ghendt ten huyse van joutîVouwe de vved^ Hooglie, daer de kerckmeubelen een jaer ghestaen hebben, verschenen te Baemisse 1643 xxx scli. » « Item betaeit voor de schipvracht van bel belt van Onse Lieve Vrauwe ende andere meubelen , ii sch. » ( Kerkrekening van Nazareth over Î645.) « Item belaeit aen Daniel van den Plassche lot Ghendt, over een derde deel van een jaer huyshuere van een camer daer de kerckmeubelen ghestaen hebben, nejfens de meubelen van den heer pasteur ii d. gr. « (/c/. ranlGci.) { ^2 ) Hollandsche légers te Nazareth plants bad , en bij die gelegen- hcid , onder andcrc, al de veldvruchten werden geroofd en de inwoners iiilgeplunderd. Het jaar daarna werd Nazareth niet alleen met wintergarnizoen beleid , maar ontweldigden andere er doorirekkende soldaten al de paarden en koeien , boven dat zij de gemecnle met aanzienlijke brandschaltingen slocgen. In 1662 was de verslagenheid er andermaal zoo groot, dat de naiiwelijks sedert een jaar uit Gent tcriiggehaalde kerkmeubelen, met een geleide van zes gewapende ingezctenen, opnieuw naar die stad werden gevoerd ^ Pe herhaalde invallen van Lodewijk XIV in de Nedcrlanden moestcn Nazareth nog grootere onbeilen berokkenen. Uit een stuk, getiteld : Relatic van schaede voor de campementen tsedert 1667 tôt 1684, dat de béer Pu. Kervyn van Volkaarsbere in de bandvestcn der Gentscbe St.-Nicolaaskcrk ontdekte, en in den Messager des Sciences van 1852 als eene belangrijke bijdrage voor de geschicdenis plaatsen liet, zien wij, dat het Fransche léger, door den Koning in persoon aangevoerd, ten jarc 1673 langs den heirweg van Deurle naar Eeke over Nazareth kwam, ailes op zijnen tocht aan roof en vernieling ter prooi stellende. Ilet jaar daarna werd Nazareth overvallen door de troepen van den prins van Oranje en de met hem verbondene Span- jaards en Duitschers, « alswanneer gans de prochie ende diversche » andere sijn ghedestruëert geweest, aile vruchten geschon- » den , ende noch ten selven jaere moeten betaelen swarc contri- » butiën. » In 1674 waren het de krijgshorden van den maarschalk van Luxemburg, een der grootste veldoversten van Lodewijk XIV, en in 1675 die van den graaf van Waldeck , bevelvoerder over het léger der bondgenooten, welke Nazareth, op hunne benrt, teenemaal naakt plnnderden en verwoestten , terwijl in 1678 en * e Hem betaell aen Jan Anielinck voor dat hy de kerckmeubelen naer Ghcmlt ghevoertheeft, alsmen vrecsde dat de Loreynen op de Casselrye van Audenaerde souden ghecommen hebben x scb. » {Kerkrekening van Nazareth over 1663.) ( 45 ) iG79 de Franschc verovcraar andermaal zijne tcntcn in liet dorp en het oniliggcnde opslocg en er buitcngcwone bclastingen vor- dcrdc. De kerkrekcning van dit laalste jaar lioudt liel bewijs in , dat in dien aldaar zoo beduidenisvol betitelden « vluchltijd » de kerkmciibelen opnieuw tegen de roofzucbt der soldalen naar Gent warcn geveiiigd , en de pacbters onherslelbare verliczen liadden geleden '. Het nioet er inderdaad erg zijn toegegaan , dewijl de ingezetcnen, gezamenlijk met bunne buren van St.-Denijs-Wes- trem en St.-Martens-Laatbem, bunnen loestand in de akebgstc kleuren aan den Vorst afschetslen, en bern de bede loestuurdcn om kwijtschelding van drie jaren beerlijkerenten te bekomen, die zij den preiaat van St.-Pielers, aïs béer van Overmeerscb, moeslen opbrengen 2. De gemcente had in 1678, alleen aan Lodewijk XIV, de voor dien tijd ontzagbjke som van 5,915 pond grootc, of 55,490 gulden, betaald! Intusschen scbeen de oorlog, die Vlaandcren vooral zooveel goed en bloed bad gekost, ten gevolge van den vrede van Nijmegen te moeten eindigen; docb Lodewijk XIV, nooit moc dit zoo king door bem bcgcerde gewest te tergen , en den beib'gsten der eeden opcens verbrekende, viel andermaal, in '1C83, met eene aanzienbjke krijgsmaclit in ons land, en maaktc er verscheidcne veroveringen. Te Nazaretb, luidt bet genoemde relaas, bief bij dit jaar eene belasting van vier pond groote het bunder, en eisclite daarbij eenen aanzicnlijken voorraad liaver, rogge, boekweit en j)aardenvoeder , voor eene gezamenb'jke waardc van 2,600 gulden, met bcvel bet ailes zonder nitstel in zijn kamp te Ilarelbeke in te leveren. En toen bij bet volgcndc jaar met zijn léger naar Deinze en Gaver kv,am, en al de dorpen , tusscben de Scbeldc en de Leie gelegen, nogmaals met zware belastingen trof, bad de arme gemeente Nazaretb ruimscboots ^ « Item betaeit aen Florens Cornelissen, toCOtMid, over cameiliuer, daer het kerckegoet hceft gestaen î?i den vluchttyl i. p. xiii sch. « {Kerkrekening van 1G79.) 2 Brieven ende Rcscripticn, 1685-1688, bl. 215. — Archief van den Raad van Vlaanderen. ( 44 ) haar aandcel in de kncvelarijcn, wclke de Vlaamschc bcvolking le vcrdiiren liad. Nict allcen bclicp de belasling voor dit dorp tôt 572 pond groote, maar bclaaldc de gcmcentc dilzelfde jaar bovendicn de som van 8,0:24 guldcn aan den Oiiden-Burcbt, zonder te rekcnen wat zij was kwijt geraakt aan koeicn, voedcr, cnz., die de soldaten cr in voile vrijbcid tôt buit niaakten. Mcn voege daarbij 9G pond groote, voor rantsoen van gevangenen bctaald, 512 pond in ontvrecmde klcedercn en buisraad , en IjG pond wogens scbade door brandsticbling veroorzaakt, en nien zal zich een gedacbt kunnen maken boe ellcndig en nitgeput de bevolking van Nazaretb op dit tijdstipzieli bevinden moest. Uit cène oiïicicclc opgave, aan bet bestuur derkastelnij van den Ou- den-Burclit overgcniaakt, biijkt, datop bet einde der XVIP ceuw te Nazaretb niet minder dan 192 blinder 3 roeden land door eige- naars waicn verlafen geworden, omdat deze niet in staat waren , de aanzienbjke uit den krijg voortspruitende lasten le belalen. Geen vvonder, dat taliijke pacbtboeven in zidke onistandigbcden te nietgingen , en dat in onze dagen de spade in bet midden van liosscben, welke men voor de eerste maal denkt te ontginncn, overblijfselcn van vrocger bcstaan bebbende gebouwen, zooals le Nazaretb, aan bet liebt brengt. De door ons geraadpleegde oorkonden der XVII''' eeuw ge- wagen van weinigc bofsteden en landbouwgebruiken te Nazaretb, die >vij niet reeds kenncn. Ilet voornaamste nicuw pacbtbof uit dien tijd was bet goed te twee Dreven, legenwoordig 't eigendom van mejonkvrouw Borluut, en dat in 1675, met de er nicde- gaande landerijen , nicerscbcn en boscb, 28 blinder 200 roeden oppervlakte besloeg. Dit goed, alsdan eene bronwerij, werd den 51 Juli 1098 verkocbt voor de som van 838 j)ond 7 scbcîlingen 4 grooten *. Eene andere pacbtboeve, bet Caiidenhof, ter grootte van 4 blinder 825 roeden , en dat in 1752 door Simoen-Karel van der Meiilen, substituiil van den prociircur-generaal, te Gent, en zijne vroiiw Clara-Maria van Ilultbcni, aan Jan de Cciickclaere * Nolariecîe aklcn. N" 5G8. — Archief van don Raad van Vbanderen. (iS ) mits 500 pond grootc vcrkoclit wcrtl, gold 9 pond, juist dric Icn liondcrd van de koopsom, in liuur K Wat bclrcft hcl goed te Schaapheke, 'tcjrool en klein Beerhof, (dcze drie laalsle tlians *t cigcndom van dcn liccr Philip Kervyn van Volkaarshckc); 't fjoed der dulzend Perijkds (aan de gods- huizcn van Deinze); 't ho f van St.-Jacobs-Godshuis en liet gocd le?' Foriuinen, geene enkele inlichting van bcLang is daarovcr, ongclukkiglijk , in onze handen geraakt. Het spreckt van zelf , dat er naast de hier besprokene paeht- hoeven eene mcnigte klcine landbouwerijcn bestonden, en dat weinige inwoncrs, hoe gcring ook, niet eenige roeden gronds gebruikten, om er voor 't minst hun brood op le winnen; trou- wens, het is gckend, dat de verbrokkeling der landerijen tôt ccn zeer verwijderd tijdstip opklimt, en dat, gelijk door P.-C. van DER Meersch te recht aangevoerd wordt, de landgebruiken in onze provincie eertijds vcel grooter waren dan tegenwoordig. « Wij hebben niet le onderzoeken (zegt deze schrijver) tôt hocverre de groote landbouwgebruiken bij de kleine de voorkeur verdiencn ^; wat wij mogen bevestigen, is, dat de pogingen onzer oude opcn- bare besturen er immer toe strckten , om, bij eene vermindering der groote gebruiken , zoo veel gelijklieid mogelijk in de vcrdce- ling te weeg te brengen. Eene verordening van Maria-TIiercsia, van 2 December 1755, bepaalt aldus op GO bunder zaaikand en 10 blinder meersch, elsl)Osch en moestuin , die in het Ilenegouw- sche door eenen enkelcn pachter mochten gebruikt worden ^. » 3reer andere voorbeclden zouden daarvan tôt staving kunnen aangeliaald worden. Zoo mocht een pachter, die niet ten minstc 10 blinder land liield, geene duiven houden, en was het allen landbouwer, die niet een zeker gelai bunder land onder dcn ploeg had, verboden schapen le kweeken. Dit feit wordt ons no- pens Nazarclh bewezen door een schrifisluk van de XVIII''" ecuw , ^ Notariëek akten, 11° 87, bl. 91. 2 Zie, voor het voordeel dat de verbrokkeling der geb:'uiken opleverl, Em. De Laveleye, De landbouwkunst in de Nederlanden, l , bl. 45 en vlg. 5 P.-C. Van der Meersch, De l'état de la mendicité et de la bienfaisance dans la province de la Flandre orientale , bl. 221 . ( M ) waarin door cenigc landbouwers, methet oog op misbruikcn, die daaromtrcnt moestcn ingeslopen zijn . het advies van reclitsge- lecrdcn gcvraagd wordt. Dit advies luidde : dat « niemand en » vcrmoclît met sijnc scliapen te weyden op de straten Icn sij » liij Iioudt 9 blinder labeur binnen de procbie, als wanneerbij » mach bouden 50 scbapen, en dcgonc 18 blinder labeur bou- » dcndc. niogen weyden met 100 schapen, en alzoo augmcntc- » rende naer advenante van 50 scbapen van elcke 9 bunder, in j> welck cas sij gecn con eut vanden béer en moeten vcrsoecken » noeli recognilie belalen. » Mcn zie deswege bet Règlement e.mJe onlonnanlle raeckentle het houden van scJiaepen, ondcr da^teekcniuij; van 17 Juni 1647. voorkomende in de Costumen van Eecloo , Gent, P. De Goesin, 1775, bl. 139. De oudstbckende olliciëele inlicbting over den landbouw te Na- zarelb dagteekent van 17G7. Volgens dit sluk, opgemaakt en uit- gegevcn op last van bet besluur dcr kastelnij van Oudenaardc, bad bet decl van Nazaretb , onder dit gebied gelegcn, ccnc uit- geslrektlicid van 4185 bundcr 2 kwartieren 40 rocden ', volgen- der wijze vcrdeeld : Zaailanden 500 l)unclei'. Bosschen 300 — Heidegi'ond 585 — :2 kw. 40 r. Voor de kennis der waarde van de landen is dit document uiterst belangrijk. Dcwijl men bierover bij vergelijking best oor- declcn kan , dcclcn wij liier de tabcl mcde voor bet gcbeele gebied der kastelnij van Oudenaardc : ^ Men dieiU le \Yelen dat Nazarclli, loi op lict laalsle der voorgaande ceiiw, onder drie verscliillige kasîelnijen lag : Oudenaarde, Cent en Korlrijk. Hetdeel onder het Ouden-Durclilsclie \\as 690 bunder groot. Dat, onder het Kortrijksche, \vas verrevveg het minste. SANDERUsen De Castillon geven voor Nazareth 5080 morgen op. (47) Iloogsle Hoogste GE3IEENTEN. ^-aarde Minste iliddelniatigc waarde der Minsle MiddeluKaigc dcr landen tvaarde. Avaarde. bosschcu waarde. waarde. per Lunder. per bundcr. guUl. si. d. guld. st. d. guld. st. d guld. st. d guld. st. d guld. st. d. Ki'uislioutlu m . . 800 » » 200 » » 400 » » 750 » » 200 ), ), 400 ). » Huisc . . . . J1400 >. » 400 » » 1000 >) » 1400 ). « 600 » » 1C66 13 4 Eine . . 1400 « >) 800 V « iOOO « » 1200 « » 600 » « 1000 .. « Nazareth . 1080 ). ,. 360 » « 720 » « 720 » » 240 » » 480 .) » Petegem . 1864 « >. 416 ). » 1248 « » 1040 » « 220 .. » 630 » y. Asper . . 784 ). « 560 » >) 672 » )) 1120 )) >> 560 ). » 8i0 » » Zingcrn . 784 >> » 560 «. ), 672 « « 1120 » « 560 » » 840 « >. Heurne . 1400 » « 800 » » 1000 » » 1200 ). )> 600 » V 1000 .. » Wannegem 800 « » 200 » « 500 » » 600 » )) 200 « « 400 )) » Gijzelbrecht eg( 111 . 960 » « 144 ^ . 768 » >. 864 » » 480 « . 672 .. » Avelgeni . llo2 » „ 384 » » 768 ). ). ); w » Ouwegem 1200 « n -150 « » 876 15 4 900 » » 300 ). » 600 » ). Mooregcm ■1200 » « 720 « » 900 » » 1200 >> » 720 » .) 900 « « Bossuit . •1536 » » 768 « . 1152 » « 960 « » 960 » » 960 » » Kerkhove ■1920 )) >. 480 » * 1440 » » 1052 ). >; 263 » >; 789 » )^ Ingooigem 960 » » 208 )) » 584 )> .. 864 ); » 288 >, « 576 » » Ansegem. llo2 » » 192 » )) 768 ^ « 768 « » -153 12 )) 576 « )^ Ootegcm . 960 » ). 288 >> » 624 ., » 960 » « 624 « « 624 « >. Lede . . 800 » » 200 .. .. 500 ). » 600 » » 200 » » 400 ') . Heestert . 1376 » » -160 » « 768 » » 1120 » >. 480 » « 800 » )' Bevere . -1700 » » 780 » « 1200 » » 1500 » » 672 « » 1200 » >- Kaster . 1344 « « 768 » » 1152 » „ 13 i4 » » 768 » » 1152 « .. Tiegem . 1152 » „ 48 » . 768 » » 960 « )) 384 » » 672 « .- Vichte . 880 « ). 240 » >, 560 » )) 880 « )= 320 « >, 600 « » Ooike . . 800 » ). 350 « >) 450 » i> 800 » >; 350 » )) 500 » » Wortcgem . -1000 » » 500 » » 900 )> ), 800 » » 400 » « 600 » ); Mullem . . 1980 » >, 1820 « » 1920 » ). 300 » >. 240 » » 280 « » Nokere . , 700 » » 100 » » 480 » » 700 « « 125 » » 480 « .. Outrijve . . 1440 « » 288 » » 864 « ,> 960 « » 576 « ). 768 » '■ Mocn . . . 1536 » )> 768 « . 1152 » » 1536 » .) 1536 « » 1536 « > Waarniaardc 960 » « 480 » V 720 .. » 6i0 « » 400 « » 520 » > Warcgem 960 » » 192 » » 576 » » 1500 » « 96 « >) 2i0 » ) Elzegem . . 1536 » » 288 » » 1152 « » 1728 )> » 576 . » 1 1050 » » ÏOME ?s XI. 1 A. (48) Datdc grondwaarde te Nazarelli tocn scdert ccn drielal ecuwcn, alhoewel misschien in mindcre vcrliouding dan eldcrs, mcrkelijk gcrezcn was, kan, bij middcl dcr cnkelc aandiiidingen, in de vorigebladzijden voorkomcnde, oppcrvlakkigworden opgcmaakt. Wij hcijben gczien , indcrdaad, dat in 1410 een blinder zaailand te Nazareth omirent 153 fr. gold, wat voor eene liectare 100 U\ deed. Eene eeuw en lialf latcr, lijdens de godsdienstbcroerten , had een gemet welgelegen land omstreeks Briigge eene waarde van fr. 108.80= fr. 248.» de hectare, welke })rijs te Nazareth, zoo liet scliijnt, eerst bereikt werd in 't begin der XYIIl*^® eeuw. In 1752 gaf men er recds 500 fr. voor eene hectare land , tcrwiji in 1707, blijkens de hooger medegedeelde statistiek, de niiddel- prijs tôt 977 fr. voor gelijke grootte bcliep. Wij znlLen verder zien, in welke verhoiiding de Nazarethschc grond sedert dit tijdslip in waarde vermeerdcrd is; allcen willen wij hier bestatigen, dat de beste landcn van Nazareth tocn nict te veel onder de waarde van die der overige gemeenlen dcr kastelnij stonden (de dorpen 3lLi]lcm, Kerkhove, Petegeni, Be- yere, Bossuit, Mocn, Elzcgem en Outrijve uitgezonderd), (crwijl men veertien plaatsen tclt, alwaar de beste grond de waarde van dien van Nazareth niet bereikte. Uitgemelde stalistische opgaaf van 17G7 blijkt, dat de bclasting derlanden te Nazarelli tôt 10 guldcn 10 stuivers het bunder, en die dcr tienden , lot 25 guldcn I stuiver 5 deniers belicp. Men tclde er tocn slcchls 58 paardcn en 402 koeien, een belrckkelijk klcin getal, zoo men van de uitgcstreklheid en de locnmalige be- volking der gemeente rekening houdt, in eenen tijd, dat de land- bouw, over bel a]gemeen,na de rani])gevallen van vrocgcr, aan 't herlcven was. Ter vollediging dezer inlichUngcn, geven wij hier den uilslag der cerste algcmeene landbouwopneming van 1840, uit welke cijfcrs men zicli over den \oorlgang der gemeente, onder land- bouwkundig opzicht , een belcr dcnkbceld zal kunnen vormen. Er warcn tocn te Nazareth in bel geheel 945 landbouwgcbruiken, verdccld als volgt : (49) LANDBOUWERS-EIGE- NAARS. PACHTERS. Totixal GEBRUIKERS. Voor de geheelhcid huiis gebruiks. "~- ^1^ — Voor nieer dan de helft. Vuor 't gehecle gebruik. Yooriiiccr dan de hclfe. dcT landbouw- gebruiKen. Ontler de 30 aren . . 5 1 400 7 419 Van 3 1 aren tôt 1 hect. 2 3 82 7 9i — i hect. tôt 2 — 12 6 134 9 161 - 2 - 3 - 3 7 76 12 98 - 3 - 4 - 2 4 31 4 41 - 4 - 5 - 2 2 26 0 36 - 3 - 6 - 1 1 9 3 16 - 6 - 7 - 2 3 6 1 12 - 7 - 8 - 1 » 3 2 8 - 8 - 9 - l 2 8 1 12 - 9 - 10 — » " 2 « 2 — 10 — 43 — i 1 12 6 20 _ 15 ._ 20 - » 1 3 » 6 - 20 - 23 - » 1 7 » 8 - 23 - 30 - » » 2 1 3 — 30 — 33 — » » 2 1 3 - 33 - 40 - » » 2 >;> 2 - 40 - 43 - 1 » 1 » 2 - 30 — . . . . » » i » 1 - 70 - . . . . TOTAAL. . . » » 1 » 1 33 32 818 62 943 De uitgeslrektheid dezer landbouwgebruiken, de cr toc be- hoorendc gronden, biiiten de gemeente gelegen, medebegrepen, bedroeg, volgens de opgaaf, in 't gchecl slechts 2,298 hectaren 92 aren, of l,ICO hectaren onder het wezenlijke cijfer dcroppcr- vlakte van de gemeente! 't Is genoeg te zeggen, dat die opgaaf, zooals de meeste dergeb'jkc statislische inlichtingen, in 184G vcrzamcld, op eenen valschen grond bcriist, en geene aanleiding geven kan om er een crnstig gevolg uit te trekken. Onder dit opzicht rekenen wij de landbouwopncniing van 18GG als veel bêler gclukt, dewiji deze tôt eencn uitskng komt van 5,105 hec- taren 72 aren 9i ccnliarcn, wat door de volgendc, uit ofticiëelc ( SO) bronncn gepiiUc cijlers bewczen wordt. Wij stellcn cr die van 184G tcgcnovcr, om des te bclcr hct verscliil tussclien de beidc opncmingen le doen uitscbijnen. Tanvc Spelt Mastcluin Rogge Gerst Haver Boekweit Boonen Kcmp Ylas Koolzaad Tabak Suikerij Beelwortels Wortels en pastenaken . . . Bapen Aardappclen Moesluinen Roode klaver Scharlakenroode kluver . . . Witte klaver Serradel Verschiilende landwinningcn . Ledig of ongebruikt braakland. Onbebouwdc beigronden. . . Struikcn en ledige gronden . . Meerschen en weidcn . . . . Boomgaarden lîoomkwcckerijen Teenakkers Lusthovcn Bosschcn TOTAAL. . 1 8JG. ISGâ. = h. a. c. h. a. c. 34 16 » 33 91 08 » )> » » 45 » 41 » 10 20 « 779 13 » 1,075 40 69 16 07 » 30 55 ). 103 77 » 145 65 92 104 67 » 74 43 >, 6 8o » 1 44 » ,) » » » 30 » 422 01 » 252 62 8i 3 96 « » 99 45 » 2i » >. 43 85 2 02 « ). 69 » w 04 » 1 06 50 13 08 .) 3 95 » 3 07 y. 1 55 » 244 60 » 285 65 95 16 7o » 31 09 44 143 2o .) 199 34 47 » ). » 4 60 » » » » '' 2 08 03 » o 45 79 ^ » 1 5i 05 » 47 79 » 1 4i 60 » f> » 6i5 8i 98? 112 37 ,) 12 09 43 39 64 » 69 36 89 » o4 « 2 46 50 » » « " 01 70 » 65 ,. 12 » 31 497 01 « 203 63 2i 2,298 92 » 3,103 72 9t { SI ) Zooals iiicn uit de vorcnstanndc oj)gaaf zict, bcklccdt do rog- gctcclt te Nazareth cène voorname plaat<, lemvijl die dcr tarwe, uit lioofde van de zandaclitige natiuir des gronds, er om zoo te zeggen onbeduidend is. Voor een veertigtal jaren oogsttc mcn in dezc gemeente, 't eene jaar door 't andere, (5,000 licctoliters roggc, 100 Iiectol. tarwe, 2,000 hectol. boekwcit en 2,000 licclol. liaver, en in 1840, volgens de landbouwstatistiek van dit jaar: 410 hectol . tarwe , of 12 hectol per hectare 5 — niasleluin, - 12 — 4,67o — rogge, — 6 — 521 — gerst , — 20 — 2,073 — ha ver, - 20 — 62 — boonen , — 10 — 89 — koolzaad , 22 /. — 732 — lijnzaad, — 6 — 16,588 — aardappelen - 67 — 6 — klaverzaad, — 4 /. — 1,884 — boekweit, — 18 — Gedurende liet laatste tienjarige tijdvak was die opbrengst voor de twee landbomvkantons Nazareth en Oosterzele, per heetare. als volgt : JAREN. Tarwe. Koggo. Gerst. Uaver. Coekwe" lioonen. KooUaa'' Lijnzaad Aanl- ai)pekn. 1859. . . Heelol. 23 Hectol. 17 Hectol. 33 Hectol. 56 Heciol. Hectol. 36 Hectol. 25 Kilogr. 800 Ki'ogr. 11,5U0 1860. . . 27 29 49 42 12 18 22 1,000 12,000 1861. . . 18 27 43 57 30 » 10 475 8,500 1862. . . 23 30 42 43 41 7 23 900 6,600 1863. . . 27 30 4o 40 11 » 36 815 2i,200 186i. . . 27 29 38 51 20 « 20 700 18,000 1865. . . 21 2o 45 69 40 » » 425 20,000 1866. . . 21 27 42 65 25 .. 'n .. 12,000 1867 . . . 20 21 46 63 » ,. 26 700 10,000 1868. . . MIDDELBEDRAC 30 32 46 53 » " 28 500 20,000 23.70 26.70 43.10 53.90 25.56 20.33 25.22 701.66 14,280 ( 52 ) Vcrgelcken met de middelmatige opbrcngsl dier gevvasscn in gelicel de provincie, en de ongunsligc voorwaardcn in aclit nc- mcnde, in wclke verschcidene gemeentcn iiit het ecrstgenocmde landbouwkanton zicli tegenover de andere bevinden, is dit voor- zeker een schoone iiitslag. De naoogst, die te Nazareth in 1846 eene bebouwde opper- vlakte besloeg van 590 hectaren 83 centiaren, was in 1866 rceds tôt 982 bect. 20 ar. 40 cent, geklommen, wat eene merk- waardige uitkomst mag gcnoemd worden. Ziehier de verdeeling er van voor de jaren 1846 en 1866 : 4S46. ÛHOO. h. a. c. h. a. c. ■m 59 . 69 30 28 432 31 » 712 48 28 )) 13 » 5 32 20 » » » -193 89 29 6 79 » » >, » 30 01 » 1 20 3o 590 83 » 982 20 40 Wortelen Rapen Aardappelen . . . . Klaver Spurrie Andere voortbrensselen Merken wij op, dat in 1834, volgens bet Dictionnaire géogra- phique de la Flandre orientale, door Van der Maelen, bet vee- voedcr te Nazaretb aan de verbruiking niel voldeed, en nien zal bckennen, dat er ten deze op zoo weinige jaren vecl is vooruit- gegaan, en dat de Nazaretbscbe landbouwer aan bet bezit van ecnen goed voorzicnen veestal , meer dan vroeger, is beginnen belang becbten. Om te doen zien in welke vcrboiiding bet gctal slaldiercn scdert 1767 in deze gemeenle aangcgroeid is, declen wij bicr- ondcr de cijfers mcde, wclke wij dcsaangaandc bcbben mogcn vcreeniffen. (53) JAREX. Paardcn. rioornljccs- ten. Kcilvcrs. WoIJiercn (scliapen) Varkcns en biggcn. Geilen. 1767. . . . 58 402 „ „ „ ,) 1794. . 82 » » » » .) 1830. . 157 1,338 221 » 580 47 1845. . •187 1,563 94 388 659 4i9 1846. . -197 1,724 443 383 730 204 1861. . 206 4,827 » .267 >. » d862. . 207 4,828 r 267 .) r> 1863. . 219 4,852 B 267 ). » 1864. . 217 4,849 » 267 » » ■1865. . 213 4,709 . » 270 » » 4866. . 237 4,748 266 405 4,003 331 Wannccr mcn deze laatstc cijfers met de uitgcslrektheid en de bcvolking dergcinccntc vergelijkt, bckomt mcn : Op 1,000 hectaren. STALDIEREN. In (le Middcngetal voor GEMEEME. DE PROVINCIE, in 1846. Paarden 68.5 40i3 Hoornbeesten 505.5 583.3 Woldieren 417.>, 460.6 Varkens 289.9 276.2 Geiten 95.6 72.6 Op 1,000 inx^ ■oners. Paarden 43. i 320.6 39.6 221.4 Hoornbeesten Woldieren 74.3 483.9 60.8 403.4 Varkens Geiten 60.7 27.5 (34) Uit deze vergelijking volgt, dathct gctal stnldieren (ter uitzon- dcring van de varkens en de geiten ), met bctrckking tôt de opper- vlakte, kleiner, docli opziehtens de bcvolking grooter is dan niid- delmatig in hct overige der provincie in 1 84G is bcstatigd geworden. Wat de wnarde van den grond bctrcft, de statistiek teekent daaromtrent aan, dat die in 1850 door malkander 1,000 fr., en in iSiO tôt 1,200 fr. de hectare beliep, iels min nogdan de hcift van de toenmaligc middeimatige waarde der gronden van de provincie. De pacbten Avarcn insgelijks in die evenredighcid : 5S l'r. in 1830, en 40 fr. in 184G. Tcn hiiidigcn dage zijn do landen hier, zooals elders, merkclijk opgeslagen, en bereikt de middelbare waarde de bijna ongelooflijk scbijnendc som van G, 000 fr. de hectare, of vijfmaal zooveel als in 1846 K De ontginning der bosschen en heiden te Nazaretli , gcpaard bij de stceds in groei toenem.ende bevolking en de vcrbeteringen in het bewerken der landen ingevoerd, hebben er voorzeker niet weinig toe bijgedragen om dicn uitslag te bekomcn. lïad men hier in 1846 nog ecn 500 tal hcctarcn bosch, Iiedcn treft men cr maareen 100 tal hectaren meer aan, waarvan de meeste zich langs de Bijloke-dreve, ten noorden , tôt aan de limict van de Pinte, en aan de westzijde der gemecnle iiitstrekken. Daarenbovcn ligt gcen enkelc heigrond meer ongebruikt. Laten wij het zcggen : nergens in gansch België zou men zich cen volmaakter denkbecld kunnen vormen van den voortgang, scdcrt eeiiwcn door den akkerbouw verwezenlijkt, dan te Naza- reth, welks oorspronkelijk dorre bodem derwijze verbcterd is, dat de oogsten , welkc hij ihans oplcvert , die der beste landen van Vlaandercn nabijkomcn. Men wint tegcnwoordigin dezcn grond, behalve de haver , rogge en boekweit, welkc er gedurende langen tijd bijna uitsluitclijk gctecld werden, gcrst, aardappelen van uitmuntende hoedanigheid, en zelfs op sommige plaatsen, tarwe. Het voornaamste grondproduct is evenwel het vlas, dat er bêler gedijdt dan in de zwaardcrc gronden. Dit is zoo waar, dat de boer van Nazareth doorgaans zijnen paclit met de opbrcng-t van den vlasoogst betaalt. ' Voor land van oersle k!as betaalt men tcgemvoortlig te Nazareth lot 8,000 (V. de liectare. De geringsle grond komt op 5,000 fr. of 800 fr. meer dan de mid- dell>are Avaarde der gronden van de provincie in 1846. ( «5 ) ■ De landboiiwcr van Nazareth, hct (lient gezegd , legl zicli met Alijt en inspaïuiing op zijnc nijverlieid loe. Vooral zorgt liij, zoo ^^ij recds gczien liel)ben , cencn goed voorzienen slal te liehljen , en de natuurlijke dorhcid van dcn bodem , dien hij bewerken moet, heeft hem geleerd, hoc nutlig, hoc onmisbaar hem eenc lîitmuntendc vetlc is. Om die te bekomcn, aclil liij zicli gecne mocite en last te groot. Gent en Oudenaarde zijn de plaatsen, \vaar hij den paardenmcst haalt, en liefst in laatstgenocmdc stad. Dit is eenc gewoonte, welkc hij blindeh'ngs volgt, zonder juist te wctcn of de vctte aldaar krachtiger is dan te Gent. Wij mcenen dat liij ^ccn ongelijk heeft, en de redcn zijner voorkeur gcslaafd moet zijn op den zwaardercn, vetteren bodem, op welken de mest te Oudenaarde verzameld wordt. Dat de Nazarelhsche landbouwer de pogingen van het Staals- bestuur ter vcrbetering van Iict hoornveeras te waardecren weet, bcwijst de liieronder staande h'jst der goedgekeurde, uitgesteldc of afgewezenc stieren in die gemccntc, sedert de inriehting van licî provinciaal règlement van 25 Juli 184G. JAREN. Goedgekeurde stieren. Uilgeslelde. Afgewcïene. ToegcVcndc p r e ni I ë n . -1848. . . . 6 „ 2 -1849. . . . T ,, 1 1850. . . . 7 » » 18ol. . . . 8 '> » 18o2. . . . 7 » » 2c prcmic. •18o3. . . . 3 » l8o4. . . . 6 » » Istc eii2e preniie. -18oo. . . . 3 » » jsic en 2c — '18o6. . . . M » » ■1837. . . . 8 » 1 Is'c prcniie. 1858. . . . 8 » » 1859. . . . 7 » » 2e _ 1860. . . . 9 » » jslc •1861. . . . 7 » 1 2e — 1862. . . . dl )i p -1863. . . . 8 » » 2c _ •1864. . . . 9 » » 2« - ( 36 ) Ziehicr ook de opgaaf van lict gelai voor de slachting bc- slcmdc diercn, gcdurendc de jaren 1845 en 1840. Hoornbcestcn. Kalvors . . . Yarkens . . 184S. 1846. 433 10 409 102 13 291 Als eene bijzondcrhcid zij hier aangemcrkt, dat er te Nazareth tegcnwoordig bijna geene landbouwgebruiken nicer bestaan met ccne pachtvoorwaarde. Over het algemeen heerscht er eene zeer goedc verstandhoiiding tusschcn de grondeigenaars en hunne pachters, en het is zelden, dat nien iemand zict dwingen zijn pachtgoed te verlaten. De overeenkomsten tusschen de afgaandc en aankomende pachters worden me'est altijd ten genoegen van partijen gesloten. Zoo wij gczien hebben, begint de hofbouw hier allengskens ook eene plaats in te nemen. Men heeft er thans twee bloemkweekers, Willem en César Martens, elk afzonderlijk wonende, wier geza- raenlijk gebruik ongeveer 5 hectaren bedraagt. De meeste teclt bestaat in eamelias, rhododcndrums, azaleas en aile soorten van topdragende planten. Onder de boomen en hoiitgewassen bckleedt de eik de cerstc plaatS; als in den Nazarethschen grond het best groeiende en het stevigst en dikst wordende *. Het tegcnwoordig gemeentcbestucr * Wij lezen in eene handscbriflelijke kroniek, ten sladhuize van Outlenaarde beruslende : « Van hier compl het Nazareths hout , te wetene jonghe eeeken « in fasceelen ghesmelen, tvvelck men seer pryst, mils dat ghegroyt is in » dorren harten gront. « En verders in de akte eener hofslede, te Melle, voorkomende in 't Jaarre- gister der stad Geni van 1 456-1 -io8 (2'ie deel, bl. 2) : u Item sal ooc ghehouden ( 57 ) hccft vclc wcgcn, op welkc lict plantrccht hczit, met dicn kos- telijken en hoc langer zoo schaarscher wordcnden boom beplant, cen voorbeeld, dat te weinig navolging hecft. De beuk wast er insgeb'jks zeer goed en komt er tôt eenc grootc dikte. Ook de abeel wordt er zeer zwaar. De bosschen zijn mccst met sparren bezet, die in den drogcn, zandaebligen grond wcb'g tieren. Men kweekt ze voor boon-en hoppestaken, voordebakkers en de koobnijnen, voor kepcrs en pomphouten. Wanneer men ze lot 30, 40 a 50 jaren recht houdt, kunnen zij eene schoone opbrengst opleveren, niet zelden, na laatstgemelden ouderdom, tôt 5,000 fr. de Iiectare, of 100 fr. 's jaars. Voor het overige treft men liier ca- nadas (acbtkantige populieren), eizen,- bcrken- en ecrbircnhout aan, en zijn vêle landen, gelijk in het land van Waas , met zulk houtgewas omplant. Wild werd te allcn tijde te Nazareth in grootc hoeveclhcid aangefroffcn, en dat hier ook vroeger de vos omzwierf, mogc blijkcn uit de kiopjachten, die tegcn dcze dieren in het nabarigc en minder beboschte St.- Martcns-Laalhem, zelfs nog in 't begin dczer eeuw, werden ingericht '. De wegen zijn over het algemeen breed en goed onderhouden. Langen tijd zelfs hadden ze eene breedte, die volstrekt overlollig mocht heeten. In 1 764 bekloegen zich Albert della Faille, hcer van lïuise, en Lodewijk van Rockolfing, hcer van Nazareth, bij den Raad van Vlaanderen over de ordonnantie , gegeven door de in- specteurs dcr wcgcn, en waarbij bevolen werd, den weg van Deinze naar Oudcnaarde tôt 42 voet te verbreeden, en al het bout, dat in de lijn dcr verbreeding groeide, te vcilen. De eischcrs gaven voor, dat gemelde weg enkcl cen dorpsweg was, in de zijn de voors. pachter tallen lijden als de voors. Alaert ghelieven sal le slellcnc in de dreve ende elders up hors, goed also veie eekene planlsoenen ende an- der, als de selve Alaert hem leveren of doen levêren... ende de voors. planlsoe- nen halen of doen halen le Nazarelh , of elders. « Uit deze regelen mag men opmaken, dat de Nazarelhsche eiken in de XV'îe eeuw onder de besle gerekend werden , die in Vlaanderen gekend waren. * A. VAN DEN Abeele, Gcschiedenis van Sl-Marlens-Laalhem , bl. (Si. (58) oudc landbockcn ondcr dcn naam van ponlwcg bekciid; dat liij, bijgcvolg, maar 20 voct brecdlc nioest hebbcn. De Raad Iioordc de bewuste baan-inspcctcurs, die voorgaven, dat de weg twcc steden verbond, en dus, naar liiid der plaklxaten , wcl degc- b'jk 40 voct breed moest zijn; eene iwecde rcden , die voor dczc brcedte pleitte, was, dat de bedoelde weg ook moest dienesi oni van Gent naar Oudcnaarde te gaan, aangezicn de gewone, op soin- mige lijdstipj)en5 ten gcvolge der overstroomingen , onbruikbaar was. De raadsiiedeii geraakten lict ovcr de qiiaestie niet eens, en beslolen zc aan den Koning te onderwerpen. De iiitslag van dit geding is ons niet bekend K In I8GI verkocbt bet gemeentebcstiiur den onnoodig gcacliten , door de wegen ingenomcn grond, om bem bij de aanpalende lan- den te laten inlijvcn. Door den steenweg van Astene naar Ecke , die bet dorp door- snijdt, en in gemeenscbap is met de baan van Gent naar Kortrijk, langs den eenen, en den steenweg van Gent naar 0:idenaarde, langs den anderen kant, is Nazaretb in recbtstreekselie verbinding met bet Walenland en met bet zuidoostelijk gedeelle van VVest- Vlaanderen. Ilet deel van Nazareth naar Astene werd voltrokken ten jare 1844. In 1864 opcndebet gemeentebestuur eene andere gemeenscbap tusselien de wijk Ztvartegat en de Pinte. De lengte dczes wegs bedraagt ongevcer */4 uiirs. Verders ligt de spoor^^ eg van Gent naar Oudenaarde sieebts op weinigen afstand van bet dorp, en biedt de standplaats van Eeke den inwoncren van Naza- retb cen voordeel aan, dat tegcnwoordig de kleinste gemeente des lands zoii willen genieten. En zoo is Nazaretb, vroegcr afgezonderd in 't midden van beide en boscb, eene aangenaam gelcgene, voorspocdige en zicli voorl- dnrend onlwikkelcnde plaats geworden , waar de landbouw lioog in eere wordt gebouden, en de veldebng een volkomcn bcsef beelt van hetbehmg en mit zijns maalscbappelijken toestands. * Bricven ende licscripliën , 1759-1773, bl. 112. — Archicf van den Uaad van Vlaanderen. ( 59 g 2. — Nijverheid. Nopcns de ouclc nijverheid te Nazareth zijii weiiiig hescheidcn voorhanden. De oiulslhekendc inhclilini^ over eenen der molens dagleekent van 4465. Hcl is eenc pachtakle, bij welke de hecrlijkc molen door Nicolaas van der Zickele, heer van Nazareth, aan Lieven van den Hecke en zijne vrouw Jozijne van der Beke voor G ja- ren verhuurd Avordt, niits 12 mud rogge en G Iiaalsters tarwe in lict jaar '. In 1C0I bedroeg de pachtsom van dezen molen, hct ^^ oonliuis, den rosmolen en eenig hind daarmede gaande, 30 pond grooîe. Volgens eene schatting van 1612, had gemcide molen eenc waarde van 248 pond 41 schellingen 4 4 deniers, terwijl in 4 7G7 de hiuirwaarde lot G72 gulden beliep. Thans zijn er niet min dan vijf Avindmolens te Nazareth, waarvan drie eenen naam dragen : de Oude Molen, de Boterniolen en de Ee- [Ilei) molen. De lînnenweverij maakte, met den landbouw, liet groote be- staanmiddel der ingezetenen uit. Blijkcns eene staiistischc opgaaf, in het provinciaal archief te Cent voorhanden, tclde men in 4 757 en 17G7 te Nazareth 50G weefgetouwen , nagcnoeg 10 op 400 inwoners. In 4 84G had men er 450, waarvan loenmaals, tcn gcvolge der nijverheidscrisis, maar4 50 meer in werkzaamhcid waren. Men kent de oorzaak van "t verval der Vlaamsche hand- weverij : de lijnwaadnijverheid had in het ecrste vierde dezer eeuw reeds zoo veel verloren door het vernicnigvuldigen der mekanieke katoenslofl'en , dat Van de.\ Bogaerde, de verdienstc- lijke schrijvcr van Het dhtrikt Sl-X'tkolaas , voorheen Land van Waas , ten jarc 4 82G eenige bedenkingcn door den driik gcmcen maakte, geliteld : Proef op aanmoedigincj en vitbreiding der ^ Cl Kenlic sij,etc , dal Lieveii van den Hecke cnde Joosijne van der Deke, siju ^vijf, conimen sijii, enz., kenden ende lijden dal sij ghenomen hebben in liuc- riiighen ende loyalen paclile jeghen Clalse van der Zickclen , heere van Nasa- ivlh, sijn meulen gheslaen in de selve piochic, vi jaer lanc duerende, omme x!i iTiudden roghs ende vi lialster laeiwen... ende met xiiii s. gr. van prijsc van vier seylen, die de scive pachler le sijnen afseheedene laten moel. Aclum XI May LXV. « {Jaarregislcr van 1465, bl. 109 v») ( f-0 ) lùnîenweverijen, in Oost-Vlaanderen. De tocstand vcrcrgerde nog, tocn het vlasgaren hoe langer zoo meer met het mckaniek gcspoiinen en tôt linnen gevveven werd, en op die wijze eene talrijke bevolking van het platte land, die stceds een gocd be- staan in bet bewerken van het vlas gevondcn had, van lieverlede zonder bezigheid en in ellendc viel. Daclit mcn in 4 8126, dat de nijvcrheid nog te redden was door het weder in zwang brengen der onde verordeningcn, weldra nioest bet ecbter blijken, dat bet liandgctouw in den kamp met bet stoomtuig niet zou iiit- bouden. Het was eerst in 't jaar 1847, dat men, overtuigd van de noodzakelijkbcid eener gebeele hervorming in de oude we- verij, tôt eenige verbctering kwam, door bet inricbten van model- en leerwerkbuizen , waar men met verbeterde getouwen leerde weven, of waar nieiiwc nijverbeidslakken ingevocrd wcrden. — Ter vervanging dicr aloude \1aamscbe nijvcrbeid ])estaat er ibans in lict dorp eene fabriek van wollen en kaloenen- slofFen, terwijl drie andere fabrikanten dezelfde nijverbeid door liunne wevers ibuis laten iiiloefenen. Eene bierbrouwerij op het Goed te tivee dreven vonden wij in 1098 recds aangehaald. Ilet getal herbergen was vroeger betrekkebjk gering. Men had er in 1779, op het deel der gemeente, dat van den Ouden-Burcht afbing, zes, le weten : de Pinle, den Aude meiilen, liet Zicarle- (jat, « staende op den berwegh, alwaer aile de prochieaffairens )i gebeurcn, » den Anker, het Lindeken, eene zonder benaming, bij de Pinte, en drie brandewijnhuizen. Heden ten dage zijn er niet min dan 48, waaronder 16 op de Pinte. Verders bezit Nazareth tegenwoordig twee olieslagerijcn met stoom, waarvan eene zeer belangrijke, en vier slokerijen. Gelijk de meestc kantonsboofdplaatsen, beeft Nazarelh ook zijne week- en jaarmarkten. De Zaterdagsche markt, die hoe langer zoo belangrijker wordt, en alwaar inzonderhcid botcr, eieren , pUiimgedierte, ook groenlen, vruchten en planlen te koop gesleld wordcn, mag onder de voornaamste, welke ten plallen lande worden gehouden, gerangscbikt worden. !n verval geraakt,werd zij door bel buidige gemeenlebestuur, aan welks boofd de becr (61 ) Pu. Kervyn van Volkaausbeke staat, hcropgebenrd. Mon tclt cr soms tôt 500 stuks pliiinigcdicrtc, doorgaans 2,000 kilogr. boler en van a,000 tôt 10,000 eicrcn; éditer gccnc granen of zaden , die de landhouwer tegcnwoordig meer te huis of op de maria van Gent verkoopt. De niarkt wordt niet alleen door inwoners van Nazareth, maar ook door die van aanpalende gemeenten, ja van koopmans uit Gent, Oudenaarde en Dcinze bezocht. Sedert den [ Januari 1809 is de wekelijksche biggen- en varkensmarkt veran- derd in eene raaandelijksche, welke den eerslen Zaterdag eîkcr maand plaats lieeft, en onder het volk onder de benaming van Maandfeesl bekend is. De belangrijkste jaarniarkt is die, welke gehouden wordt ùçn tweeden maandag na den 8 September, wanneer er van oOO tôt 400 koppen hoornvee aan de lijn worden gebracht. Zij bcslond reeds vôor 1780, en heeft haren oorsprong te danken aan de ontzaglijke bedevaart, die hier vanouds ter eere van 0. L. Vrouw bestaat en, zooals het met de meeste bedevaartplaatsen, als Bot- telare, Lede, enz., het geval is geweest, tôt de ontwikkeling der gemeentc niet weinig heeft bijgedragen. De andere jaarmarkt grijpt plaats op den derden Sinksendag. Er zijn wcinige gemeenten in Vlaanderen, die beter voor 't in- riehtcn van markten geschikt zijn dan Nazareth; het eigenlijke dorp, groot, vierhoekig en schier geheel bebouwd, heeft vier brecde straten, waar vee en allerhande koopwaren met gcmak kunnen geplaatst worden, zonder nood van verwarring of gc- drang. Het jaar door wordt er in de gemeente een groote handel gc- drevcn in vlas, kolen en aardappelen, en des zomers in fruit, dat naar Londen wordt gcstuurd. De koopmans en kweekcrs van hofgevogelte te Nazareth zijn de groote bcvoorraders der Pouil- lemarkt van Gent. Wat Nazareth nog bij andere meer bcrvolkte en zcifs bloeiender gemeenten en vlekken vôor heeft, is de voor den handel, nijver- heid en persoonlijkc betrekkingen zoo gunstige omslandighcid, dat er dagelijks twee brievenbestcliingen plaats hebben. Dit feit, ook aan de zorg des liuidigen gemecntebesluurs te danken , G2 stipj)cn wij hier vooral aan ter betracîiting van de andcrc gc- nicenten, waar dit gevoeglijk kan plaats vinden , omdat cr nog licdcn slcclils weinige zijn, die Iiet voordecî dcr spocdige en gemakkclijkc gcmccnschap door lict gcschrcvene woord scliijnen te waardecrcn. § 3. — Bevolking. llct warc nioeilijk de bevolking van Nazareth voor de XVIIl'''^ ccuw met jiiistlieid te bepalen. Het blijkt iiit eene oorkonde van 451)8, getiteld : Lettres d'engagement pour iing terme de xxx ans de la terre et S'''" de Nasarellt, dat het aan den heer dezer plaats toebehoorende dcel toen in "t geheel 175 huizen bevalle. In icder huis een gezin van 5 personen onderstellende, zou dit deel van Nazareth te dien tijde slechts eene bevolking geliad hebben van 8G5 zielen. In 1098 waren er onder het Oudcnaard- sche 208 huishoudens met 910 personen. Met inaehlneming van Iiet getal geboorten, die in i6il tôt 73, en in 1650 tôt 7:2 bc- liep, meenen wij, dat de bevolking alsdan het cijfer van rond de a,000 zielen moest bereiken. De Castillon, die in het begin dcr verledene eeuw schreef, geeft d,400 eommunicanten op, en de tubel der bevolking van de kastelnij van Oudenaarde, in 17G7, voor het onder dit gebied gelegene deel van Nazareth, 1,1 7G eom- municanten eié 57G kinderen, te zamen d,751. In 1771 teldc Nazareth rceds 3,47G zielen. De onderstaande tabcl zal doen zien in wclke klimmende ver- houding de Nazaretlische bevolking sedert dit tijdstip tôt op den huidigcn tijd is aangegroeid : zielen. 1771 3,476 1789 5,957 1801 4,o74 1800 4,270 1812 4,270 1817 4,208 1810 4,005 Zielen. 1822 4,654 1824 4,827 1826 4,904 1827 4,059 1851 5,185 1852 5,244 1855 5,204 (65) Zielen. d834 5,277 1835 5,543 183G 5,355 1837 5,351 1838 5/r20 1839 5,511 1840 5,534 1847 5,679 1848 5,034 1849 5,719 1850 5,723 1851 5,697 1852 5,634 1853 5,624 1854 5,681 Zielen. 1855 5,650 1856 5,304^ 1857. 5,334 1858 5,289 1859 5,327 18G0 5,390 1861 5,435 1862 5,498 1863 5,545 1864 5,511 1865. . . . . . . 5,466 1866 5,452 1807 5,532 1868 5,5432 Scdcrt omirent cenc ceuw is de Nazarcthsche bcvolking dus met 2,05G zielen, of 59 ^/q vermecrderd. In 1801 was er cen in- woner ôp 75 aren oppcrvlakte; tlians is er écn op G2 arcn, en lioe weinig de bevolking er nog tocneemt, zal men in de gemcenle ecrlang, ten aanzien liarer uitgestrektheid , zooveel inwoners lellen als in welke gemcente van Vlaandcren ^. ' Hel vcrschil tusschen dit en het voorgaande cijfer doet het gebrekkige zien, waarmede de bevolkingsregislers onderhouden werden. ^ Verdeeld in 2,811 van het mannclijke en 2,732 van het vrouwelijke ge- slacht. '' Hel is bekend, dat Vlaandcren de nfieest saniengedrongene l)evolking van geheel liuropa i)ezit : 1 inwoner op 54 aren oppervlakte. (Zie E. DE Laveleyf/s voormeld werk, bl. 50.) Tome XXI. (64) TWEEDE HOOFDSTUK. ZEDELIJKE TOESTAND. Om den zcdelijkcn toestand eencr bevolking volkonien le Icercn kcnnen, is liet niet genoeg, cenen blik te slaan in liaar bij- zondcrlcven, maar ook al de iiitingen van barcn geest en de uit- slagcn barer strevingcn, baren bandcl en wandcl, den staat barcr opvoeding, gade te slaan. Beginnen wij met de iiitspan- ningen en vermaken, door de ingczetenen van Nazarclli vroegcr- lijds en hedendaags belracbt. In de middeleeuwen moet deze gemeenle ecn gilde bebbcn bezeten, daar wij in eene oorkonde vermeld vonden, dat er tcn jare 4522 een landjuweel werd geliouden, waarop de Sint-Joris- broeders van de slad Deinze prijzen bebaalden. De opkomst, de duur. de oorzaak van de ontbinding dicr vereeniging zijn niet be- kcnd; evenmin wect men, of er toen ook een rcderijkersgenoot- scbap bestond, wclke instclling men destijds scbier overal naast de schuttcrskringen ontmoet. In de XYIIT''^ ceuw waren er maat- schappijcn van rederijkers, die eenen tijd lang in grooten bloei moelen geweest zijn. Wij noemen de Boeren van Nazareth , de Yvcraers der Wyngaerdrancke , de Rederykers der Roose, dcr Violkr, en de Jonge Konslenaeren. In bct jaar 1761 werden niet min dan 1,200 argumenlen of omstandige programma's bunner voorstellingcn gcdrukt; in 1 703, voor de vertooningen van 20 Juni ( «;i ) en 31 Augusti, GOO; liet jaar nadien, 900, enz. De meestc spe- len, mcn kan 't wel denken, bestondcn in godsdienstige ver- tooningen, want de abt van Sint-Pieters, die hier liet geestelijk oppergezag uitoefende, was op liet punt der rederijkersspelen zeer nauw gezet. Bovendien werd de voorstelling doorgaans bijge- woond door den pastoor der parochie, den heer en Iiet magis- traat der plaats, zoodat de liefliebbers genoeg wisten, waarheen den wagen te richten. In de maand September 1769 vertoonden zij, onder andere, tôt drieraaal toe : « H Beginsel ende instel- linge van Jiet aertsbroederschap van den II. Roosen- Crans , en het Seldsaem treiirgeval van Idonis, dochter van Lolharius, blijeindig treurspel. » Datzelfde jaar werd Abraham opgevoerd, onder leiding van den schrijvcr dezes tooneelwerks, Jacob Baert- soEN, van Avelgem. Dertig jaren latcr, bepaaidelijk in 4797, kwamen de Nazaretbsche rederijkers ten tooneele, onder andere met het treurspel Cahonus en Pecavia, dat destijds eene bui- lengewbne populariteit in Vlaanderen genoot, en met de kliicht : Suzanna en den verliefden Arlequin. Men zal het niet ontkennen, dat de stukken van de rederijkers dier dagen, van hoe weinig literarische verdienste dan ook, invloed uitoefenden op liet volk, hetwelk, eens de school ver- laten hebbende, geene andere gelegenheid vond om eenige kennis van geschiedenis op te doen. Was nu die kennis op den buiten meest tôt de gewijde of kerkelijke geschiedenis beperkt, het staat evenwel vast, dat zij veelal gepaardging met begrippen van maatschappelijke aangelegenheden en van zedeleer, welke anders mogelijk nooit op zulke aanschouwelijke wijze, dus nooit zoo treffend, zouden medegedeeld geworden zijn. Hoe gebrekkig dan ook, de tooneelkunst was voor den dorpeling eene wezenlijkc leerschool, eene even groote behoefte van den lijd als een middel lot uitspanning. Vergeleken met de middelen van vermaak en verzet, die de Nazaretbsche landman in onze dagen vinden kan, schijnt de toe- stand van de vorige eeuw, onder ditopzicht, gunstiger dan die van heden. Het rederijkersspcl werkte zijnen invloed uit op geest ( ce ) en liarl : hct louterde den smaak , vermeerderde de kennis , ver- cdelde het gevoel. lïeeft de dorpcling hedeii der scliool vaarwel gezegd, aile onderwijs lioudt voor licm op, daargelaten de begiri- sclcn der zcdeleer, die hem in den kansel worden voorgeliouden. ïnderdaad, welke genoolseliappen vinden >Yij tcgenwoordig te Nazareth? Een hanclbooggilile , ten jare 18G0 heringericht. Wij misprijzen de schieling niel, die in haar zelve als ecne heilzame oefening en vredige uitspanning mag aangemerkt worden; doch hoeveel malen ziet men niet, dat de seJiietfeesten bloot in drink- partijen ontaarden? Hoe dikwijls gebeurt het niet, dat zij den landman eene betrckkehjk aanzienlijke som gekls in 't jaar kosten, die wel met meer nnt zoude kunnen aangewend ge- worden zijn lot verbetering van zijnen halam, tôt gezondmaking zijner hoeve, tôt verliichting zijner stallen? Bovendien, op welke wijze ^^o^dt het verstand aan de gaairoede beoefend? Wij hebben ook — waarom zouden wij ze over het hoofd zien? — de genootschappen der Duivenmelkcrs Maar als wij deze hier vermelden, laat het zijn om te betreuren dat de j)latte- landsche jonkheid dezer dagen, over 't algemeen, gcen edcler doel weetna te jagen dan die gekke Hefhebberij, andere bron van tijd- en geklverhes, zonder geestelijk genot of voordeel. Wij hebben, eindehjk, een Fanfarengtnoolschap , in I8G4 op nieuwe grondslagen gcvestigd. De toonkunst, wij ontkennen 't niet, kan, in zekere mate, lot bevordering van beschaafdheid en gevoelsontwikkeling bijdragen ; de vereeniging gai' reeds ver- scheidene festivals, en nam deel aan een groot gelai andere, door muziekgezelschappen van naburige jjlaatsen ingericht. Maar werken instellingen van dien aard zoo rechtslreeks en vooral zoo krachtig op het gemoed als de aanschouwelijkc voorstellingen van gebeurtenissen uit de geschiedenis der menschheid? Wil dit nu zeggen , dat wij de spelcn der rederijkers in onze dagen terugwenschen? Meer dan éene reden , wij hoeven dit immers niet te beloogcn, verzet zich tegen de uilvoering van zulk gedachl : lijden, maatschappelijke aangelegenheden, be- hoeflen — ailes wordt melterlijd gewijzigd. ( 07 ) . En vcrvolgcns, zoii cr gccne waarheid zijn in hct gccn Bildeu- DiJK ziiigt naar Delille : « Inlusschen, de eenzaamheici van 't sclioonste landverblijf, Vereischt in H ledige uar een voeglijk lijdverdrijf. Men kiez'! Doch waclilen we ons, uit vorstelijke zalen, Thalie of Melpomeen op 't veld le willen balen. Niet, dat ik 't nul vermaak van H leerzaam schouwtooncel Den grooten weigren wil op 't prachtig landkasleel. Daar vocgt het. Maar 't genot van 't herderlijke leven Wordt onder 'l needrig dak door schouwburgsmaak verdreven; Dal trolsche kunstgebrom teelt steedsche zuclit met een; De valsche pronk steekl door, de vrolijkheid vliegt heen. En werpt liet zelfs geen viek op de onbesproken zeden, Wen speelsters in 't geheim eene andre roi bekieeden? Vopg daar het warlen bij van zinneloozen waan, Waar onmin, wrevel, haat , partijschap, uit ontslaan, Ais ze elk met dolle drift naar de eerste rollen streven , En 't speelgezelschap-zelf een schoone klueht kost geven. Nog zwijg ik van 't verlies van d'overdierbren tijd, Aan wichliger belang, aan plichten , toegewijd. Dees , om den vaderrol te beter uit te voeren , Verwaaiioost huis en kroosl, en meent mij 't hart te roeren. 'k Zie Meropees , helaasî maar 'k zie geen moeders meer, Men offert hart en deugd aan laffe spelers eer. Heiaas! de brave zwicht en wordt een plichtverzaker ; De wijze man maakt plaals voor d'ijdlen potsenmaker ! Een Nero, Romes beul, was Romes tooneelist; Zoo zeer ontaarl een mensch , die zijn beslemming mist. Laat aan een Bingley dan, en wie zijn gaven deelen , Het voorrecht om 't gemoed op 't schouwtooneel te streelen. Hun roeping is 't; maar gij , verbeur uw aehling niet: Wees landman : dit 's de roi, dien u uw stand gebiedt '. » Zijn cr dan, buiten het tooneel, geene anderc middclcn, gc- schikt om de opvocding des landmans te volmaken, vcrlicliling en beschaving uit te breiden, de dorpsbevolking op te heffen uit den staat van niinderheid, waarin zij tegenovcr den stadsburger < De Dichtwerken van \V. Bilderdijk ( ^t'^ Builenlevcn), VI<= deel, bl. 277. ( 08 ) vcrkccrt? De school.... Maar mcn veroorlovc ons, alccr onze bcschoiiwing ovcr dit piint nedcr te sclirijven, in kortc Irckkcn den zedclijkcn tocstand van de Nazarctsche bevolking te scbetsen, en men late ons, om dcr rechtvaardigheid \vil!e, bctoogen , dat onwctendbcid en beboefte niet noodzakebjk met bedorvenbeid des barten en neiging tôt misdaad gepaard gaan. Het recbtcriijk kanton van Nazarelb is samengcsteld uit de kantonsboofdplaalsendegemeentcn AsperjDeurle^Ecke, St.-Mar- tens-Laalliem, Zcevcrgem en Zwijnaardc. Ziebicr de opsomming dcr politiczaken van dit vredcgerecbt, in twee, op clkandcr vol- gende, vijfjarige tijdvakken verbandeld. Wij gcven terzclfdcr tijd die van de ovcrige kantons des arrondissements (dat van Gent alleen uitgezonderd) met de cijfers bunncr wederzijdscbe bevolking, om des te bcter het verscbil tusscben aile te docn uitkomcn. Tijdvah 1850- - 1853. VREDEGERECHTS- KANTONS. Bevolking per KANTON op 31 Dec. 1852. Geoordeel''' ZAKEN. Gelal BETICUTEN. VEROORDEE1.DK1W TOT EEN van min dan GEVANG van mcer dan Tôt eene GELDBOET. TOTAAL. j dagcn. 5 dagen. Assenede. . . . 14,609 227 372 53 32 208 293 Kaprijk .... '16,3o!2 175 359 101 7 183 291 Kruishoutheni . . 19,861 186 461 143 30 211 384 Deinze .... 18,155 199 368 172 » 136 308 Eekloo .... 24,021 564 1,089 394 146 414 954 Evcrgem. . . . lo,449 175 353 23 4 270 297 Loocliristi . . . 19,822 168 292 28 6 213 247 Nazareth .... 15,263 133 214 43 17 122 182 N'evele .... 21,003 329 410 116 2 252 370 Oosterzele . . . 2i,284 314 456 8i 18 234 336 Zomergem . . . 21,450 228 421 112 76 157 345 Waarschoot . . . TOTAAL. . . 11,772 241 508 155 38 224 417 221,541 2,939 5,303 4,424 376 2,624 4,424 ( Ci) ) ■ 7'i}WiaA: IS56-186S. Rc\olking pcr KANTON Gcoorilcel''' Gelai Vi{KOOKDCF.I.Di::V VKEDEGERECHTS- TOT EEN GBVANG Toi cent' KANTONS. op ZAKEN. BETICIITEN. van min van mecr TOTAAL. 31 Dec. 1858. dan S lingen. dan o dagon. GELDBOET. 1 Assencdc. . . . 14,431 185 327 31 6 197 234 Kiiprijk •. . lo,453 141 238 57 » 126 183 KniishoutliCMi ■18,482 146 2S8 50 3 199 252 Dcinze . . 18,829 250 486 88 » 3;^ 423 Eekloo . . 23,817 545 1,266 3i6 59 751 1,156 Evergeni . . 13,072 213 431 38 » 326 36 i Loocliristi . 19,718 173 257 29 11 181 221 ^'azareth . . 1 i,3o3 139 255 48 " 165 213 Nevele . . 20,415 256 417 74 8 256 338 Oosterzele . 23,378 309 589 65 8 377 450 Zomergem . 20,448 216 3i5 40 18 231 289 Waarschoot . 11,154 160 351 m 11 220 297 TOTAAL. . . 215,550 2,733 5,250 932 124 3,364 4,420 De uitslag, zoo men zict, is liet kanlon Nazareth nict on- gunstig. Gedurende het eerstgemelde tijdvak telde men er i,4 beticlite op 100 inwoncrs, en tijden.s het laatste, 1,7^/0, terwijl men voor de beide tijdvakkcn in de kantons te zamen een mid- dengetal bekomt van 2,4<^/o. Wat Nazareth, de belangrijkste ge- meente uit dien omkring, in het bijzonder betreft, de pohtiecom- missaris heeft er niet veel overtredingcn, nog niinder misdrijven aan te teekenen. Die toestand verwondere niet , want de ingezetenen zijn er zacht van inborst, zeer dienstvaardig en beleefd, drie uilmun- tende hoedanigheden, door welke vêle geschillcn, twisten en veeten kunncn vermeden worden. Ondertiissclien valt op te merken, dat Nazareth van de plaag der dorpen niet heel en (70) gansch vrij is, ofschoon lict jcncvcidrinkcn cr zcldcn op zooge- zcgdc zntlappcrij uitloopt. Ook in de vorigc ccuw stak Nazaretli , ondcr dit opzicht, bij de plattelandsgcmccntcn uit dcn omtrck , Deuric, ondcr andcrc, gunstig iiit. Ton jarc 1779 leldc incn hier, op lict van dcn Ouden-Burcht afliangendc deel, volgcns de ofti- ciëelc statislick van dit tijdstip, slcclits zes licrbergen en drie kanlicncn , en 't is cerst in den heginne der XIX'''' ccuw, iia dcn inval der Franschen en de wanorde, die de ommekeer der zaken in ons land lot gevolg had, dat wij 't gemcentebcsluur vcrplicht zicn cenige maatrcgelcn le nemen, en dan nog ecrder ter voorkorning dan ter beteugcling van overtredingen K * « DEPARTEMENT VAN DE SCHELDE. « EERSTE ARRONDISSEMENT. « Exirail van den rcgisler der besluylen van den meijer der commune van Nazareth. » Den meyer der commune van Nazareth, overwegcntle dal' cr voie mael- regelen van policie veronaglzaemt zyn in deze commune. « Gezien de welten van den 16*^" en 2i«n Augusli 1790, en van den 2:2 Juli 1791, en overwegcnde dat het beîaeml dat de voorzeydc wctlen hunne voile en geheele uylwerkingc bekomen. » Besluyt : " Eersten artikel. — Het is verboden acn iegelyk, pullen of gracbten le maeken ofte docn maeken in de wegen ol" i)ublieke plaelsen, van aldaer ge- velde boomcn le laeten b'ggen, sleenen, of ailes wat de |)ubliekc bacne zoudc kunnen belemmercn of den doortogt verhinderen, " II. Met gruys, de bouwslofTen, de neergevelde boomen of aile andere voorwerpen, die de publieke baene zouden kunnen belcmmeren, zullenweg- genomon worden door de eygcnacrs, biiuicn den alderkorlsten tyd , faute dies zal bel gruys en aile andere voorwerpen amptslialve weggevoert worden len koste van de overlreders. « III. Het is bevolen aen aile herbergiers, logiestbouders en andere parti- culière, aen de meyerye over te brengen de naemen van aile vreemdclingen dewelke zy herbergen, alvvaer het maer zelfs voor eenen nagt. » IV. Het is verl)oden acn allcn tapper, herbergier, en aen elk in het bc- sondcr, die dranken schenktof open huys houdt, le laelen dansen of lliunncn ( 71 ) • De dronkcnschap hier minder dan, ongclukkiglijk in vele andcrc j)laatscn, ecne gcwoontc zijndc, zoo is de gemccnlc ook wcinig met den versclirikkclijken gecsel , den nasieep (lier over- daad, bekend : de gevalien van krankzinnigheid zijn er uitermate scliaarscli. Tijdens liet laatste tionjarige tijdvak lelde men in liet geliceîe kanton van Nazareth : ( mannen . . 3 Krankziniiigen, in liuinic lamilic verzorgd . . . ^ ( vrouwcn . . 10 Te zamen 15 mannen . . 5 Krankzinnigcn. in gezondlieiclshuizen goplaatsi. . vrouwen . . 2 Te zamen 20 Onder dit getal waren er [(] hehoeftigen. Wij hekomen dus, voor gansch het kanton, nog geen 1 Vg krankzinnigc op duizcnd huyze vergactleryngcn te laelen lioudcn voor pryswinningen of pulilieke spe- len, zonder uyldrukkeiyk verlof van den meyer , weik verlof aen liem zelfs in 'tgcscliriftzalmoelen af^evraegl worden en len minslenagldaegen te vooren; aile andere vrage of hoegenaeinden eyscli zal gelykclyk nioeten afgevraegt worden in H gesclirift van den meyer zolfs. » V. Het is insgelyks verboden aen allen lierbergier , lap|)er of biersclien- ker, en aen aile andere, drank le selionken naer den negen ueren van den avond , te beginnen met den eersten Germinal lot den eerslen Brumaire, en naer den agi ueren , met den eersten fîrumaire tôt den eersten Germinal. » VI. De overtreders van dit tegenwoordig besluyt zullen gedaegt worden voor den tribunal van simpele policieen gestraft worden ingevolge de vvetten. De adjoinlen en garde champêtres zyn belasl te waek(>n op (Puylvoeringe van licl tegenwoordig besluyt. » Gedaen in de meyorye van Nazareth dezen T^'f" Messidor 15« jaer. {Was ondcrlcekend) , L. van Rockolfing. Door den Meyer : Voor (jelykvormUj afschri/ï, Den secret a ris der Meyerye : Onderleekend , J.-B. Bekaert. » (Gedrukt exemplaar, in bezit van den heer Pu. Kervvn van Volkaausueke, burgemeester van Nazareth.) { 72 ) ingezelencn, ecn bctrckkelijkkîcin getal, zoo inen het verge- lijkt, bij voorbecld met dat van het kanton van Gent, alwaar er op 1000 inwoners wcinig min dan 4 krankzinnigen bcstaan. De armocde, die bij een gedceltc der bevolking hcerscht, is mindcr aan plichtvcrzuim dan aan andere oorzaken te vvijten. In 1801 waren er op 4,574 ingezetenen 290 bcboefligen , hetgeen 1 G •^^/loo der bevolking nitmaakt. In 1846 beliep het getal bchoeftigc huisgezinnen tôt 593, samengesteld uit 789 mannen en 930 vroii- wcn, in 't geheel 1745 pcrsoncn, of 50 -^'^/loo; doch mcn hoeft rekening te liouden , dat het toen een jaar van buitengewone cllende en tegenspoed was, terwijl in 18C8 het cijfer der behoef- tige bevolking reeds tôt G18, of 8 ^*^/ioo verminderd was. De grootste oorzaak van dit verval klimt tôt de langdurigc nijver- heidscrisis op, die zoovele duizenden liandcn in Vlaanderen deed werkeloos blijven, en die de plattelandsche bevolking met wonden geslagen hceft, welke heden, na omtrent 25 jaren worsteling, nog niet ten eenemale zijn gehecld. Van eenen anderen kant is het stellig, dat Nazareth zeer veel lijdt door den overlast van het arme volk, hetwelk uit naburige gemeenten herwaarts komt en er gevcstigd blijft. Groote besmettelijke ziekten schijnen te Nazareth zelden te hebben geheerscht. Een groot sterftejaar was 1646, wanneer wij op 75 geboorlen 155 ovcrlijdens aangeboekt vinden, vooral als men in aanmerking neemt, dat vier jaren daarna, in 1650, het getal gestorvenen lot niet hooger dan 9 beliep. Ook in 1847 richtte de typhus hier eene buitengewone vernieling aan : er stiervcn dit jaar 244 personen, op 125 geboorten. Wanneer de vreeslijke choiera ten jare 1866 zoo menige slachtoffers maakte, in plaatsen, minder bevolkt en zelfs minder armocdig dan Naza- reth, bezweken hier slcchts zes personen aan die wreede ziekte, welke dan nog door eenen arbeider uit Gent hier was binnenge- braclit. Men denke evenwel niet, na al het voorgaande, dat in deze plaats slechts de deugden van de gulden eeuw en de aartsvader- lijke eenvoud des harten bloeien; maar de zedeloosheid, die er bij een gedeelte der bevolking wordt aangetrofFen, is doorgaans eene ( 75 ) uit dcn vrecmdc iiii^csinokkeldc plaiU K J)c twee grootc oorzakcii, die er het zcdclijke gevoel verbastcren, zijn : hct soldntenlcvcn en de uitwijking naar Frankrijk. De eerste trekt gcregeld ieder jaar de mocdigste werkers naar de kazernc, waar de zaclitaar- digheid , de eenvoud, de voorvaderlijke deugd en godsdienstzin weldra vcrleerd worden; en wat de arbeider belreft, die zich naar Frankrijk begccft, aangeloktdoor bet boogere loon , datbem ginder aangeboden wordt, ook deze keerl, na bet verricbte delf- ofoogstwcrk, naar zijn dorp terug met begrippen. gcwoonteEi en zeden, veclal volkomen in strijd met degene, welke bicr van- ouds in zwang zijn. Is bet le verwonderen, dat slecbte driften en neigingen aldus van lieverJede in het dorp verspreid geraken, dat de landaard verzwakt en verbastert, sommige gemeenten boe langer zoo meer ontvolken? Immers, vêle jongelingen uit de kazerne of van den vreemden bodem teriiggekeerd, vinden niet langer voldocning in den eenvoudigen landmansstaat, die bun gecn bet minste voedsel voor bunne aangcwonnene lieb- zucbt of kwade bartstocbten aanbiedt. De scbitter der stad, rijk aan weelde en genot, maar ook vol van de modder der laagbeid, waar men op den buiten zelfs geen besef van beeft, trekt die ongelukkigen aan. Zij werpen spade en ploeg weg, en komen, aangelokt door de bedrieglijke fortuin, gekwollen door bet voor- beeld van misscbien éenen gelukkige op duizend, naar de stad, ten koste bunner gezondbeid en kracblen, zoo dikwijls, eilaas ! om in nog diepere ellende, eindelijk ten lasle der openbare lief- dadigbeid te vallen, en van uitputting, of van zickten zonder naam, in een bospitaal te sterven ! Niet zonder reden klaagt dus de landbouwer over bet van jaar lot jaar sebaarscbcr wordende getal arbeiders, waardoor de ont- wikkeling des akkerbouws gestremd wordt. En tocb vindt de Vlaamscbe uitwijkeling in Frankrijk nocb heil nocb rust. On- bckend met de aldaar gesprokene taa^l, wordt er bem slecbts zooveel acbting gesebonken, als de kracbt zijner banden zijnen nieuwen meester waard is, en bij kwijnt ook daar in diepe on- * In de veiiedene eeuw tclde men hier slechls over het algemeen éene onvvetlige geboorte op 100. Heden zijn er doorgaans 6 op 100. (74) wetcndhcid, totdal eindelijk de verveling hem docl bcsliiitcn nnar Vlaandercn tcriig te keeren. Verspreiding van onderwijs , bevordering van kcnnis en welcn- schap zouden voorzeker veel tegen de kwaal vermogen. En hier moeten wij het betreuren, dat de boer van Nazareth, over 'talge- meen, nog geen volkomen begrip heeft van het hooge nut, wat zeggen wij? van de dringende behoeftc des onderwijzes. Wij betreuren het te mecr, daar wij hem kennen als aangedaan met bijgeloof, het natuurlijke gevolg van de afzondering. in welke de gemeente zoo langen tijd gebleven is, en van de w einige gelcerd- heid harer bewoners. Onder dit laatste opzicht is de huidige toe- stand, vergelekcn bij dien der vorige eeuw, vveinig verbeierd, als er ook verbetering is. Inderdaad, aannemende dal de rede- rijkersvertooningen te Nazareth ook door eenige ingezetenen van de naburige plaatsen werden bijgewoond, bjdt het geen twijfel, dat verreweg de meeste toeschouwers tôt de gemeente behoorden, en gebruik wislen te maken van het gedrukte « argument »; neemt men nu ook aan , dat ieder gezin doorgaans slechts éen zulker programma's kocht, en daarbij niet al de fami- liën op iedere vertooning vertegenwoordigd waren, dan zal men nagenoeg eenen maatstaf hebben van den staat der geleerdhcid in de gemeente, omirent het midden der vorige eeuw, en zal die toestand zeker niet ongunstig voorkomen. En nogtans, hoeverre is het onderwijsstelsel dezer dagen dat der vorige eeuw vooruit! Over honderd jaren leerde de Ylaam- sche dorpeling al weinig meer dan lezen en schrijven. De His- torié van Jiilius Cœsar, in Gothisch karakter, was te Nazareth en omliggende gemecnten zijn hoogste lees,- ja zijn leerboek voor de vaderlandsche gcschiedenis; daarbij voegde de dorpsondcr- wijzer ook wel een oud nummcr der Gazelle van Gend, of eenig onbeduidcnd handschrift van vroegeren tijd. Ailes dus, wat den leerling in de hand werd gegeven, was gebrekkig : ellendige taal, zonder vaslen regel, gémis van stijl, armoedc van gedachten. Voeg daarbij, een doorgaans slecht, ongezond schoollokaal, eenen sukkelachtigen meester, mengeling der geslachten, volslagen onbekendheid met de eenvoudigste leerwijze — en men zal ( 75 ) zonder moeite begrijpcn, wat de vrucliten van zulk onderwijs zijn moesten •. Wij zcgdcn, dat de vcrbclering van liet volksonderwijs, waar- ovcr het liuidigc geslaclit zicli vcrliciigcn mag, den Nazarethschcn landman weinig gcbaat liecft. En indcrdaad, de statisliek, welkc wij daarovcr kunncn mededeclen, is juist niet zeer vcrblijdend. In i84G wcrdcn de beidc scbolen (ten dorpe en ter Pinte) slcchls door 59 jongens en 59 meisjcs, te zamen 98 kinderen bezocbt. 2 jongens en 4 meisjes onlvingcn onderwijs te buis; 2 meisjes wa- ren in de kostscbool. In 18C8 was de scbool ten dorpe door 60 be- talende en 90 belioeftige kinderen bezocbt, in 't gebeel 150 scbo- licren. Op datzelfde tijdstip waren er in de sebool ter Pinte 20 beboeftige en 27 betalende jongens, te zamen 47. Er is, zoo men ziet, verbetering, docb de algemeene uitshigen van bet onderwijs zijn nog op verre na niet, zooals nien met reebt er van verwacb- ten mag. In den prijskamp ondcr de scbolen des kantons Naza- relb, ten jare 1862 gcopend, bebaalde de scbool ter Pinte, met die van Zwijnaarde vcreenigd, slecbts 1 5 ^/o dcr te bekomene puntcn — zekcr een gebeel betreurenswaardig resultaat! In 18G5 bebaalde de scbool van bet dorp nauwelijks het derde der punten, voor een volmaakt prijswerk toegekend; in bet vak der rekenkunde, onder andcre, bekwam die scbool geene punten.-. Ziebier, ten ' Hetis verwonderlijk, dal erin de XYIII^ eeuw zoo weinig degelijks voor hel volksonderwijs door de openbare besturen is gedaan geworden. Nauwe- lijks heeft men een paar officiëele slukkenaan tewijzen: eenedicivan 17 Octo- ber 1703, waarbij zekere scbikkingen van vroeger uilgevaardigde edicten vernieuwd werden, aan onderwijzers en onderwijzeressen veri)iedt, zich van scboolboeken te bedienen, die godsdienst of zedeleer tegenstrijdig zijn, en dal de leerlingen verplicbt, aile zon- en feesldagen de goddelijke diensten en den ealechismus bij te wonen, en éens ter maand hunne biecbt te spreken. Het tweede ofticieële stuk betrekkelijk het lager onderwijs werd den 6 Sep- lember 1774 door de Keizerin Maria-Theresia^iilgevaardigd, niet alleen voor België, niaar voor al hare staten. Het mag eene volledige wetgeving geacht worden voor het lager onderwijs, beschouwd als de ontwikkeliug van de godsdienslige, zedelijke en verstandelijke gevoelens, en zelfs van de beroeps- neigingen der bevolkingen. In België werd dit voorschrift, ongelukkig, niet ten uitvoer gebracht. ( 76) overige, ccne tabel, aanduidendc liet gelai niet onderwezene lote- lingen van liet jaar 1842 tôt 18C8. JAARTALLEN. Getal LOTELINGEN. ONGELETTERDEN. ONGELETTERDEN op hondcrd. 4842. 1843 d844. 1845. 1846, 1847. 4849. 1850, 1851 , 1852, 4853. 4854, 4855. 4856 , 4857. 4858. 4859. 1860. 4861 . 4862 . 4863. 4864. 1865 . 1866. 1867. 64 67 79 75 55 58 69 61 59 54 65 71 45 60 42 58 46 44 53 56 59 52 57 39 47 42 5i 49 58 54 40 39 39 40 42 38 37 38 33 32 24 37 23 20 24 31 18 26 21 9 20 . 7 84,37 73,13 73,41 72 » 72,72 67,24 56,52. 65,57 71,18 70,37 56,92 53,55 73,33 53,33 52,38 63,80 50 » 45,45 45,26 55,35 30,50 50,00 36,86 23,07 42,55 16,66 En Nvat den graad van gclcerdlicid dcr gansclie bcvolking hc- trcft, zieliicr wat ons door de laatste algemoene optclling van 1800 bekcnd gemaakt wordt : ( 77) 1 / c ir; j:; 15-1 =^^= 1 ^ i ^1 ?^ ?S •j ' -^"^ ;.-5" «; O v^ ^^ ** / c:i f" \ > 50 'T- 1— ^ / c-f G-r 1 :o ÏC 00 1 s S à i ^"""" - u [ t; o ^^ ^^ S = V >• l— o I— Il 1 t- t- 3 i / S -. o ^ " 1 î^ -r< ô5 •H \ t^ t- . [ h co O co 2 ^; > ce vt ^ i ( ï s i 0 o - / • * \ = 11 C ^ oo CD fl > G-l G^ S 1 I S s ^ Ci '^ ce ■(J 5 1 S c; cr; œ 0 . ^ \ G-» 0 1 c co se CO ~. • \ > G^ o -T 1 ^ ■* I o « .L -^ ^ \ ^ .s 1 o f c; et. CO ( s "^ !?^ v^ ~i ^-4. t^ T" = 2 l > t- &1 ^ o ^ \ t> G 1 O " L -« S \ cS ^ 1 'é ¥î s 1 s c G^l o 1 ^ & ; Os/— ^ -g \ o « te o Gl o Z s Çl GO lO -^ o z ■s 1 1 o o ^o C s 1 X -2s '^ o 3 c -§- < z II 1 S^ t5 II .2 ^ O (78 ) Zijn zulke cijfcrs nict bedrocvend? Gelukkiglijk wordcn thans in de gemccnte krachtdadigc po- gingen te werk gesleld om dien tocstand te verbeteren, dank aan de zorg des gemeenlebestuurs, en vooral van den heer Pu. Kervyn VAN VoLKAARSBEKE, burgemcester van Nazareth, die er zich op toelegt de onwetendheid uit te roeien, de verstandige en zedeh'jke ontwikkeling der inwoners te begunstigen. De oorzaak, die den bloei van bct lager onderwijs tegcnwerkt, zal echter niet gemak- kelijk uit den weggeruimd worden, daar zij in verband staat met eene dagelijksche behoefte, met het stoffelijke belang des dor- pelings. Altijd en uitsluitend de oogen op zijn bedriji'gevestigd, vraagt de landman, waar hij de koeiers vinden zal, wanneer de knapen ter schole zijn? Bezield door de lofFelijke gedachte , om het schoolgaan aan le moedigcn, richtte het gemeentebestuiir in 4807 eene kostelooze school in voor volwassene jongehngen, welke den 2 Januari 4SG8 reeds 74 Icerlingcn telde, doch den 15 Maart daaiopvolgende nog slechts door i5 jongelingen werd bijgewoond. Bij de hervat- ling der leergangen, evenwel, vcrmeerderde dit cijfer weer, en om den ijver der jongelingschap aan te wakkeren, kondigde het gemeentebestuur aan, dat cr voortaan op het einde des school- jaars eene luisterrijke prijsdeeling zou plaats hebbcn. Wat de meisjes bctreft, deze dntvangen hun onderricht in eene door geestelijke Zusters bestuurde school, waar ook het kantwerk onderwezen wordt. Er zijn te Nazareth ook zondagscholen voor jongelingen en meisjes, waar de geestelijkheid en eenige andere personcn godsdienstig en zedelijk onderricht geven. En toch is dit ailes niet in verhouding met de behocften des tijds. Vlaanderen — waarom zouden wij 't verzwijgen? — houdt geenen gelijken tred met de andere natiën : vooral de Engelsche landbouweris den Vlaamschen vooruitgestreefd! Zoeken nijvcr- lieid en wetenschap elken dag naar nieuwe middelen om de voort- brengingskracht te vermeerderen, den arbcid lichter te maken en te bespoedigen, waar zijn onze landbouwers, die daar vertrouwen in stellen? Onwetend, gelijk cr zoo vêle zijn, vreezen zij den weg der vcrbetering in te slaan, en terwijl zij den slenter getrouw (79) blij ven, en met moeile 't ecne cind des jaars aan 't andcrc knoopcn, slreeft de wetcnscliap naar de volmaking dcr vcrscliilligc hcdrij- vcn en naar liet stofTelijke welzijn K Vroegcr was eene gocde practijk den landnian voldocnde; nu, altlians in vcle gcvallen, zijn ook theoretische kcnnissen noodig. De natuurkunde moet den grondbeboinvcr bekend niaken met de aarde, baar om- kleedsel, vcrdeeling en bestanddeclen; met den dampkring, de oorzaken van warmte en koude, enz.; de aardkunde zal bcm de gronden doen kennen, die liij bewerken moet, en de beste grond- stoffen voor den pkinlenkweek; door de sebeikunde zal Inj cen volkomen bcgrip verkrijgen van de bestanddeelen der planten, en weten weike stoffen door ieder gewas uit den bodem getrokken \vorden, dus — de wetenscbap van grondverbetering en vrucbt- verwisseling. Ook op bet gebicd der dierkunde mag bij gccn vreemdeling zijn; immers deze moet bem de wettcn der gezond- heidsleer, der voeding, voortteling, mesting en gcbruik der dieren doen kennen; eindelijk door bebulp der buisboudkunde zal bij wijselijk lecren zorgen en vooruilzien, spaarzaambc(Jcn invoeren, en bij die ervaring stoffeb'jk welzijn inoogsten. Zeker valt bet niet in ons gedacbt, te vergen, dat al deze Ave- tenscbappen op de lagere buitenscbool « grondig » zouden onder- wezen worden ; maar wij bouden ons overtuigd, dat ook eene oppervlakkige kennis er van den veldeling boogst dienstig zoude zijn. Buitcn de scbool zou die kennis kunnen ontwikkeld worden door bet inricbten van landbouw-conferentiën , door bevoegde leeraars gcgeven ; door de lezing van wetenscbappelijke boeken < Wij mogen 't evenwel zeggeii : niet stelselmalig verstoot de Nazarelhsche landbouwer het uieuwe in zijn vak, maar hij verlangt, dat de degelijkheid er van hem lierhaalde malen bevvezen zij. Die aarzeling laat gémis aan inilialief veronderslellen. Toch heerscht er onder de boeren van Nazareth een grooie naijver, en wij mogen er bijvoegen, dat zij een volliomen begrip hebben van den aard en de behoeflcn des bodems, dien zij bewerken moelen, en wat die opleveren kan. Dit hceft zeker zijne waarde, want te Nazareth vergt de bodem eene grootere Iand])ouwkennis dan elders : op éene hectare lands zijn soms toi vier verschiilende soorten van grond ; hier, bij voorbeeld, zal goede tarwe, eenige slappen verder, slechts rogge kunnen geteeid worden, enz. Tome XXI. G (80) en tijdschriften ; door al de vcrspreidingsmiddelen, in een woord, Avelkc de tegenwoordige welenschap tcn dienste staan. Een voor- belioud is noodig, — wij liebbcn cr nauwclijks op te wijzen : — de (aal van den Vlaamschcn boer allecn kan hier tôt voertuig der beschaving dienen. Zoo wierde onze bevolking opgeleid tôt eenen beleren staat, en zou Vlaanderen weer de plaats veroveren, die Iiet cenmaal onder de bescbaafde volkeren lieeft beklecd. Heeft Iiet zich in deze eeuw latcn vooruitslreven, vergelen wij niet, dat het eens aan Engeland, thans zijn meester, den akkerbouw en de weefnijverheid heeft gelecrd; dat Colbert, de groole minister van Lodewijk XIV^ Maam- sche arbeiders kwam opzoeken om de loen in Frankrijk nog on- bekende nijverheden in te voeren ; dat recds in de XVI'^*' eeuw Vlaanderen den eernaam droeg van « Tiiin van Eiiropa, » en het kleintalige volk, dat Oj) zijnen bodem heeft gelecfd, reeds van de vrocge middeleeuwen in de letteren, in de welenschappen , in de knnsten, in al de vakken der mcnschebjke bedrijvigheid heeft nitgemunt. EINDE. SIR LE PROBLÈME DES PARÏLS, P. MANSION. (Mémoire présenlc A l'Acadéniie royale des sciences de Relgique, le 1-2 mai 1868 ) ToMi: XXI, SLR LE PROBLÈME DES PARTIS Poisson, dans la Probabilité des jugements , §§ l'J ci IG, donne une solution indirecte du problème des partis, dans le cas de deux joueurs, au moyen des principes les plus simples du calcul des probabilités. Laplace donne une autre solution, dans la Théorie analytique des probabilités, par un raisonnement direct(liv. II, § 7) et par l'analyse des fonctions génératrices {id., § 8 corrigé, 1 V'"^ sup- plément, n" 4); on arrive aussi à ce résultat au moyen des pre- miers principes du calcul inverse des différences. Dans le cas de deux joueurs, Laplace transforme (liv. If, § 8) la valeur trouvée par lui, en celle que Poisson a donnée. Laplace emploie pour cela une formule qui donne la somme des s premiers termes du développement de ( 1 -t- -)"', formule démontrée par lui au moyen du calcul intégral (liv. I, i^ 07); par Poisson ', au moyen du calcul des probabilités. ' Probnhilitë (les jufjeinpiifs . ■^17). ( 'O Dnns celle note nous dcnionlrerons d'ubord diverses formules sur les combinaisons et, de l'une d'elles, nous déduirons la for- mule de Laplace, sur le binôme, dont nous venons de parler. Au moyen de ces formules sur les combinaisons, nous prouverons analytiquemenl que la solntion de Poisson et celle de Laplace con- duisent à une même valeur de la probabilité cherchée, dans le cas de deux joueurs. Enfin, dans le cas d'un nombre quelconque de joueurs, nous donnerons une expression de cette probabilité analogue à celle que Poisson a trouvée dans le cas de deux joueurs. Dans ce qui suit nous aurons à considérer des produits et des quotients de factorielles. Nous poserons, pour simplifier, 1 .2.3 ....(r/-4-/y) , , 1.2.Ô {a-^b-^c) ^^^''^= 1.2.5:. «xi.2.ô..'6' ^(«'^'^^= \:^^^y::j^,v:^^c et ainsi de suite, en supposant que l!25 ...k se réduise à l'unité (piand /.• se réduit à vX^vo. On aura, d'après ces notations, r(«,o) =l,'^(a,6,o) = f{a,6) ■f{a,b,c)— f{a,b) Xf{a-^b,c) (1). § I. — Formules f-réliminaires sur les combinaisons. \ 1. Première formule. — Soient a^h, c, m, m,, m m c=^n ou > n , m = w j -+- m.j, n =111^ -\-n^ /x =: /^, -h ^.^ ^ = v, m- v^ , -, r,, ^2 tl^s quantités positives plus petites que l'unité, z étant égal à (z, -+- ^2)- On aura (1 — ;y'+'"-t-» = 1 -t- (— 1) 2 f (a -h m -f- « — 1, 1) -+- (— 1)-^ z- f (rt -+- w -+- n — 2, 2) H- etc. ( -J ) Le Icrine en z"'+" sera (— ly"+" 2'"+" f{a, m -h //). Or, z"'+" = (^,-^5,)'»+" == 3,-^" -+- --,'»+" - » 3', . V (m + /, _ 1 , 1 ) -+- etc. ; « le terme en Zi" z^" aura pour coefficient y(/>i, /i); par suite, dans le développement de (1 — ;3, — r^)"^'""^", le terme en Zi" r^," sera (— 1)'"+" :i"'Zi" ria, m-^n) x *(in, ii) ou d api'cs la formule (1) (- 1)''*-"^,'" ::," f{a, in,n) (-2). Par un raisonnement analogue on prouve que la somme s'étendant à toutes les valeurs de y-, etviComj)rises entre o et (rt -4- 6 -4- c -+- 1), et telles que (,y., -+- v,) n'est pas supérieur à a -i- h -\- c -{- I . Considérons maintenant le développement de (1 — z)~'' '. On a 1 - 2)-'' - ' = 1 H ;-f- -' Z' H- etc. 1 1.2 V -U, -(->'„ ? {fi, f^u -+- Vi)^ la somme sétendant à toutes les valeurs de{iu., h- v^) depuis o jus- qu'à l'infini. Dans le développement de x'^2+i'2 ,^ ^-^ ^ js^j^'-î+^a. le terme en z^'''^ z,^-^ a pour coefficient i>(/U2, ^2). Par suite, ou en employant la l'orniule (!) (\-Z,-Z^^^-^ = ^Z^^Z'^^f{}l,l^,,-^^ . . . . (i), ( 6 ) le signe i s'étendant h toutes les valeurs de ^2 et v^ depuis 0 jus- qu'à l'infini. Faisons h = h — in -\- c — n ci multiplions entre elles les éga- lités (3) et (4). Le produit des seeonds membres sera et devra être égal au développement de (1 — s, — z^Y+''+<'-'^ = (1 - s, — :j2V'+"»+'». Le signe 2; s'étend à toutes les valeurs de a^i et y, entre 0 et « -t- 6 M- c -4- I , et telles que (pi -+- v, ) ne soit pas supérieur à [a -\- h -\- c -\- I); et à toutes les valeurs de [j.o, et v., depuis 0 jus- (ju'à l'infini. Prenons dans ce second membre le terme en r/" 5/'. Son cocf- licient sera la somme s'étendant à toutes les valeurs de m, depuis 0 jusqu'à m, de /?, depuis 0 jusqu'à î*. Ce coefficient devant être égal à celui de r/" r/ dans l'expression (2), on a (_ 1)." + " ^(«, ^n, n) = S (- 1)»». + ", y(/«, 7^2, ?g X v (a-f- 6 -h c H- 1 — m^ — n, , ???, , ??-,). Divisons, de part et d'autre, par ( — I )'" + ", et remarquons que (_ l)m, - m + ny - n _ (_ l)-m,_«, _ (_ ly^ + n, . Nous aurons donc (A). . . fia, niy n) = 2 (~ 1 )»'2 -h "2 ^ (^ _ »i-f- c — w, Wj , Uj) X f {a -\- b -\- c -{- \ — m, — ?ii, m,,nj), la somme s'étendant à toutes les valeurs de m, depuis 0 jusqu'à »/, de n, depuis 0 jusqu'à ?^. (7) . Si, dans le dévcIoppcmeiH (;)). on prend le terme en r,":?/, !JL et V étant tels que leur somme surprisse (« -4- m -h «), son coef- ficient devra être nnl. D'où la formule la somme s'ëtendant à toutes les valeurs de ^w, depuis o jusqu'à y., de V, depuis o jus<{u"à v. Remarque. — On peut obtenir beaucoup d'autres formules sur les combinaisons, en multipliant (I — j3)+' par (I — z)''"', s et I étant des nombres entiers. Dans le cas où Ton prend les signes inférieurs, on peut mulliplier entre elles les séries du second luembre parce qu'elles sont convergentes et ont tous leurs termes positifs, et le produit sera la série (fui donne le développement de (I — z)-''". De plus, ces formules peuvent s'étendre à un nombre quelconque dindiees. "2. Deuxième, troisième et r/uatrième formule. — \a\ formule (A), dans le cas où l'on fait c = n = Ut = i)., = o, devient f {a, m) = :l (— 1 V"^ f (l) — m , m.-,) x r (« -^ h ■+■ i — m^, ni^) . ( I?) . On trouve encore par le |)roeédé indiqué dans la remar([uc pré- cédente ' f(m -4- 1 —;?,,/',) = 2 ^ (m — /f, /) X ^('/ — "i, "j — /)• • (Cs la somme s'étendant à toutes les valeurs de / depuis o jusqu'à ;?,. Enfin, en effectuant les calculs indiqués dans le second mem- bre, on démontre sans peine que 'fia -4- t , A*) = ■{> {a, A-) -+- f (rt H- I , A- — 1). Par suite, f(a -f- 1. k) = f{a, A) -+- f{a, /.•—!)-+- 'T>{a,lc ~ ^2) -+- ... -h f{a, 1) -t- fia, o) (D). ' Catalan, Journal de Uouville, t. VII. (8 ) 5. Démonstration de la formule de Laplace sur la somme des s premiers termes du hinome. — Cette formule est la suivante : f(m-^-^,o)-+-^i.?(m, \) -^ u^ . r{m— l,2)-f- -\- u" f{m ~h l ~n.n) {l-+-w)"[ y(m — n, 0) H- f[m - /*, 1 )-+- f{m - ii, i2) ï -i~U (1 -h M)2 f{m (1-t-M) — n, n) où II désigne une quantité positive. Pour (iéuiontrer celte i'oi- mule, nous poserons u 1 La formule précédente deviendra , en divisant les deux mem- bres par (1 H- ?/)" f (m -+- 1, o) f/" H- f{m^i)q" - 'p-t- -h r'(m 4- 1 — n, 7i) p« = f{m—n, o)p'' -\-f[m — n^\)p-v-....-\-f[m — n,u)p'' (6). Remplaçons, dans chaque terme o{m — n^ l) p^ du secoud membre, p^ par p' {P -t- QY' ~ ' ou 2 fin — Uj , 7ii — /) p" ' q"-"i , la souime s'étendant à toutes les valeurs de ^^, depuis o jusque {n-—l). Après celte substitution le coelïicient de ;y'i ) c'est-à-dire au coellicieiit de p"i(j"~"i dans le premier meiiibre de (6). Cette égalité (G) est donc vérifiée. § 11. — Le pkoblème des partis dans le cas de deux joueurs; DE trois joueurs, CtC. 1. Cas de deux joueurs. — Deux personnes, A, B, jouent à un Jeu tel qu'à chaque coup l'une des deux gagne un point. Pou?' que la partie soit terminée il manque (a -f- d) points au joueur A, (b -+- i) à B. Sachant que les probabilités de gagner un point sont respectivement p et q pour A et b , on demande la probabilité P pour le joueur A de gagner la partie. La probabilité que A gagnera a fois, B m lois sur (« -^ m) coups, puis que A gagnera encore une fois, est p" .q'". v(a, m) X p', pai' suite, P = 5;'p« + ' . y(a, m) . ry"» . = p«+ ' 27'» x 'fia ,m) . . . ( 7), la somme s'étendant à toutes les valeurs de m, depuis 0 jusqu'à b. On peut remarquer, avec Poisson, que la partie sera terminée après a -+- 6 -+- 1 coups, au plus. Si on imagine que dans tous les cas A et B jouent a -+- 6 -+- 1 fois , la probabilité que A fera (a -h i) points, au moins, ou que B en fera b, au plus, sera précisément égale à P. Or, la probabilité que A fera (« -+- 6 -t- l — /xj) points et que B en fera /u,, est et, par suite, la somme s'étendant à toutes les valeurs de yUi, depuis 0 jusqu'à 6. On peut démontrer comme suit l'identité des expressions (7) et (8) de P, au moyen de l'analyse. Remplacez, dans la seconde, p''-^i pnr (1 - q)'' - P-i == s ( - 1 )K2 qV-î ^(6 — ,u, ,u,) , ( 10 ) la somme 2 sétendant à toutes les valeurs de f/.^, depuis o jus- qu'à (h — II,). On aura pour coefïieient de //'"^' q'" dans l'expres- sion (8), après eettc substitution 2 (— 1)'»2 f{b — m, m.^) ^(« -f- 6 4- I — nu , niA ) , la somme s'étendant à toutes les valeurs de m^, depuis o jusqu'à?». Mais ce coenicient, d'après la formule (B), est égal à y(«, m), c'est- à-dire au coefficient de //+' (f dans l'expression (7) de P. D'où résulte l'identité des deux expressions (7) et (8). Remarqiie. — Nous venons de trouver P en fonction de /) et de q sous deux formes différentes se ramenant l'une à l'autre. On peut facilement éliminer /; ou q de l'expression de P. Ainsi, si Fou ('linjiiie />, il vient P = (1 — 7)"-+-* ^qx' X r(a, "0. la somme s'étendant à toutes les valeurs de m^ depuis o jusqu à m. Si Ton élimine q l'expression peut prendre une forme assez rcmartpiable. On a, en effet, Iq"' p(«, m) — 1{\— p)'" ficiy ?n) = 2 (— 1)' pi ?(«,'«) X T'C'» —1,1)^ la dernière somme se rapportant à toutes les valeurs de /// , de o à 6, et pour chaque valeur de m, à toutes les valeurs de /, de o à m. Le coelïicient de p' est donc 2f(f/, m) X ■j'{m — /,/), abstraction faite du signe, la somme s'étendant à toutes les valeurs de >H, dej)uis /jusqu'à 6. Or on a : 1 . 2 . 5 .... (a -t- m) 'r{a,m) x f{m — 1,1)=: 2.3.. .a X 1 .2.3.... (m - /) X 123.../ = f{a, l) X f{a -^-l^m — l). ( Il ) Ce coefficient de p' est donc, au signe près, égnl à ?(«, /) 5 ^(« -+- /, o) H- r(a -t- /, 1) -+- H- V(a -+-/,&- /) ! , ou, d'après la formule (D), 1.2.5.. ...(«-+-/) 1.-2 3 (a-t-6-+-1) y(a, /) na -t- / -h I , ^ - /) = ,-^.7-^ ttt^^- 7 >^ i.2.ô...rtXl.25.../ 1. 2 3. .(r^-+-/-4-l).l. 2.3.(6—0 1.2.3 ...(«-+- 6-+- 1) f{hb~l) 1.2. 3. ..ax 1.2. 3. .6 ft-hl-t-/ On peut donc mettre la probabilité P sous la foiinc p ^ _^ L — -;r~7 2(- 1)' fit, b-l) ^ 1.2.5...axl.2.3..& «-+- 1 -+-/ Dans la somme indiquée, on doit donner à / toutes les valeurs de 0 à 6. Le facteur constant, qui multiplie S , peut s'exprimer par 1 B(«H-1,6-+- 1)' B désignant la première intégrale eulérienne. 2. Cas de plusieurs joueurs. — Nous ne considérons que le cas de trois joueurs; ce que nous en disons s'étendantsans peine au cas d'un nombre quelconque de joueurs. Nous appelons C le troisième joueur; (c h- !) est le nombre de points qu'il lui manque pour gagner la partie ; /* sa probabilité de gagner un point. On trouvera que la probabilité que A gagnera a fois, B m fois, C n fois sur (« -+- m -v n) cotips, puis que A gagnera encore une fois, est p""^' cf'r'^ -v(a, m^ n)\ ([ue, par suite, la probabilité pour A de gagner la partie est P = p''+« Iqf' r" î>(a, m,n) (9), la somme se rapportant à toutes les valeurs de m ^ depuis ©jus- qu'à 6, de n^ depuis 0 jusqu'à c. ( l'i ) Au 1110} cil de la formule (A), cette expression peut se incttrc sous la forme P = p«+ ' 2 (— 1)"'2 -*- "2 r/"' r" X f{b — m -h c- — w, m», yi^) X f(«-f- &-4- 6- -J- 1 — m. — ?«, , 7?t,,?i,) (!0), la somme s'étendant à toutes Jes valeurs de wi, de o à 6, de ?*, de 0 à c, et pour chaque valeur de m et n, à tontes les valeurs de Wj, de 0 à m, de r^i, de o à «. Si l'on résout le problème suivant, analogue à celui auquel Poisson ramène le problème des partis, dans le cas de deux joueurs : cherchez la probabilité P,, pour le joueur A, de faire au moins {a h- i) points sur {a -h 6 h- c -h I) coups, on trouve i«+i lp''-fii+t-~'i q\^\r-'r y(«_^-f; + c-+- ! — M, —V,, ^c,, y,) (11), la somme s'étendant à toutes les valeurs de t/., et */, , comprises entre o et 6 -4- c, pourvu que ^i -+- vj ne surpasse pas (6 -♦- c). liemplaçons cette expression p'>-V'i-^''->i par (I — q — |-)*-P-i-Hc-yi et nous trouverons X f(a-t-6-+-c-i- 1 — At, — y,, Uj, v^), la somme s'étendant à toutes les valeurs de y-j, comprises entre o et (6 -+- c), de j/j entre o et (6 -t- c), de p.., de o à (6 h- c — ^u, — i',), de ^2 de 0 à (6 -4- c — /ixi — vi), pourvu que f^, -+- v, ne surpasse pas 6 -t- c et que u..^ -4- vg ne surpasse pas [b -¥- c — /u^ — v,). On voit que les limites entre lesquelles doivent varier ces nombres sont diflerentes des limites entre lesquelles doivent varier les nom- bres correspondants de l'expression P. Et, en effet, P^ est en général différent de P, puisqu'il se peut que A fasse («-4- 1) points sur (a -4- 6 -h c -h 1 ) coups et gagne ainsi dans le second cas, sans que pour cela il les fasse avant que B n'ait gagné (6 -+- 1) fois ou C (c -4- 1) fois. On a donc en général P, >P. Si Ion a 6 = 0, c = o, l'on aura P = Pj. Si l'on cherche la probabilité P^ que B fera au plus h points, ( I (1, au plus, c j)oinls sur ((/ -f- 6 -h c -t- 1) coups, ou Irou^cra uuo expression de iiienie forme que P,. Seulement la sonnne s'élen h- c — y., — ;/,), pourvu (pie ((Uo -+ vj ne surpasse pas {h -+- c — a, — v,). Les limites sont donc encore différentes de celles entre lesquelles doivent varier les nombres correspondants de l'expression de P. On a ici 1* > P^, car il se peut que A fasse a -+- i points avant que B en fasse (6-1-1), ou C (c H- 1), et cependant que B en lasse [h -f- 1), ou C (c -f- 1) sur (a -4- 6 -t- c -h 1). Cependant si b = o c = o, on aura P = P.^. La question suivante a la même solution que le [)r(d)lènie des partis, ou plutôt c'est le problème des partis énoncé sous une forme à peine différente de celle qu'on lui donne ordinairement : Trouver la probabilité P, que A fera a -+- I points sur (a -+- b -»- c -h I ) coups avant que B en ait fait [h -+- 1), ou C {c -+- 1). La compa- raison des formules (10) et (1 1) indique comment on doit modi- fier P,, probabilité que A fera (a -4- I) points sur (a -i- /> -♦- r -h 1 ) coups, pour obtenir celte probabilité P. FIN. ETUDES COORDONNÉES TÉTRAÉDRIQUES ; M. J. NEUBERG, PROFESSEUR A L' ATHÉNÉE ROYAL DE BRUGES. Pn'Sfnti'Ps ;i In sé.mci» île lî classe des sciences, li' 7 mnil IXOD.) Tome XXI. PREFACE. Nous nous sommes proposé , dans ce mémoire , de trouver directement sans le secours des coordonnées rectangulaires, les formules fondamentales relatives aux coordonnées tétraédri- ques. Quoique ces coordonnées soient appliquées depuis long- temps à un grand nombre de questions, il restait cependant encore à établir, d'une manière générale et complète, les for- mules qui se rapportent aux distances , aux angles , aux aires et aux volumes. M. Salmon, dans son excellent Traité de géo- métrie analytique, ne donne que l'expression de la distance de deux points et l'équation homogène de la sphère circonscrite au tétraèdre de référence; encore cette dernière y est- elle obtenue par une voie indirecte. Les formules métriques pour les coordonnées trilitères ont été développées par M. Painvin, dans ses Principes de géométrie analytique ; mais pour y arri- ver, cet auteur s'est servi des coordonnées cartésiennes. Nous sommes donc porté à croire que notre travail pourra offrir quelque intérêt, tant par la nouveauté de plusieurs des résul- — 4 — tais auxquels nous sommes parvenu que par les méthodes que nous avons employées. Pour faciliter Tintelligence de ces Etudes , nous avons cru utile de les faire précéder de l'exposition des relations connues sur lesquelles nous nous appuyons ; d'ailleurs les démonstra- tions que nous donnons de quelques-unes de ces relations diffèrent sensiblement de celles que nous avons eu l'occasion de rencontrer. ETUDES SUR LES COORDONNÉES TÉTRAÉDRIQUES, INTRODUCTION. 1. Sinus de l'ancfle solide. — Considérons un parallëlipi- pèdc oblique quelconque 00'. Soient (x^, x^, = sin ^^ sin ^^ = sin Çj sin ifg. Pour obtenir une autre expression de sin x^ x^ Xs, projetons M en N sur OA,; l'angle A3 NM sera la mesure du dièdre X, et les triangles rectangles A3MN, A3 NO donneront A3 M = A5 N sin X, = x^ sin ^j sin X^. On en conclut sin x^ x^ x^ = sin Ç^ sin ^3 sin Xj (2) = sin ^3 sin Ç^ sin X^ = sin ^1 sin ^o sin X3. Pour exprimer sin x^ x^ x^ en fonction des trois angles fi, §25 §3» considérons le triangle sphérique intercepté par le trièdre 0 sur une sphère décrite de 0 comme centre avec l'unité pour rayon. La formule fondamentale de la trigonométrie sphérique donne cos ^, = cos ^2 cos ?3 ■+■ sin ^2 sin ^3 cos Xj , d'où cos H, — cos ^, cos ^3 (a) cos X, = ^\ ,^\ ^, sin ^2 sin Çj (6) Sin- X, = 1 ~ cos* X, = r-7i — —^^ sin 2^2 sin %^ _ (J — cos^ ^2) (1 — COS* ^3) — (cos Ç, — cos H2 cos y* sin *^2 sin -^^ 1 — cos' ^1 — cos* ^2 — cos* ?g H- 2 cos ?t cos ^2 cos ?3 "~ ^ sin* §2 sin* ^3 On en conclut cette valeur importante du sinus de l'angle solide qui se présente souvent sous forme de racine carrée d'un déter- minant : (5) sin x^ x^ a?g = |/l — cos* Çj — cos* ^3 — cos* ^3+ 2 cos ?i cos ^2 cos ly * Dénomination duc à von Staudl. Voir Journal de C/-e//c, t. XXiV, p. 2b. (7) En décomposant le numérateur de la fraction [b] en facteurs, on trouve, après quelques transformations faciles, d'où, en posant ti -+- $2+ ^3^= 2,9 : (4) . . siu JCi 072 -2*3 = 2 *^sin s sm{s — Çj) sin(5 — Ç.2) sin (s — H.). Les formules (I), (2), (4) offrent la plus grande analogie avec celles qui expriment le double de la surface du triangle rectiligne. Remarquons aussi que le sinus d'un angle solide peut être défini comme étant le volume du parallélipipède construit sur cet angle avec des arêtes égales à l'unité. 2. Relatmi entre les angles de quatre directions. — Étant données trois directions de droites considérées comme fixes, les trois angles qu'elles forment avec une quatrième direction va- riable sont nécessairement liées par une identité. Car, si l'on mène par un même point 0 les droites OAj, OA2, OA3 parallèles aux directions fixes (voir la figure précédente), une quatrième droite quelconque 00' est déterminée par deux des trois angles O'OA,, 0'0A2,0'0A3. Pour trouver cette identité, prenons sur 00' une longueur ar- bitraire 00' = / et construisons sur / comme diagonale et sur l'angle solide OAi Ao A3 un parallélipipède. Soient x, , ^2, Xj les lon- gueurs des arêtes. Si nous })rojetons la droite 00' et la ligne brisée OAi PO' sur 00' et successivement sur chacun des axes OAj, OAg, OA35 il nous vient ('•) / cos x^l = Xy -t- ^2 cos a?i Xçi, H- x^ cos x-^ x. , / cos j-g / = J*! cos x.^ x^-{-x^ -\- x~ cos X.2 a*-, / cos x- 1 = Xi cos X3 Xi -t- a?2 cos x^ x^-\- x-, où /xi5 JiX2, . . . désignent les angles que forment entre elles les (8) quatre directions. En éliminant entre ces équations les quantités auxiliaires U x^, x^y x^^ nous aurons (5), 1 COS IXi cos /j^2 cos Ix^ cosa^i/ 1 0,0^ x^œ^ cosXyX. cos xj cos X.2 Xi i cos X^ X- cos x-J cos a:- a?, cos x, x. \ Développons ce déterminant suivant les produits des éléments de la première ligne par ceux de la première colonne. A cet effet, posons K = 1 cos x^ x^ cos Xi X. cos 0^2 '^1 ^ COSa^g^Tj cosirg.'Ti cosj^ga:^ 1 et désignons par K,., (r et s = 1, 2, 5) les mineurs de K. Nous trouverons d'abord K = I — cos- Xy x^— cos^ .ro.Tj— cos^ x,jx^-\r 2 cos x^ x^ . cos x^ x^ . cos o-j x^ = sin^ XiXc^x^, K„=l — cos^Xç^x^-=sh\'^x.2X^, K22 = - . . ., K j2= K21 = — cos Xy X2 -+- cos J'2 x^ . cos Xr^ Xi\ . . . . puis, d'après les formules [a) et (î2), Ki2= — s'mx^ Xz . sin x^x^ cos X5 = — si 11 Xi Xçi Xz . colg X5 , L'équation (5) peut donc prendre la forme (0') . . . . K = SKji cos^/a^j H- 22K,2 cos Ix, . cos /j"j, OU sin^ XiX2X^z=i s\u- x^x^ cos^ Ix^ - '2 sh^x^x^x-l colgX^ cos/^i .coslx^. Il nous sera utile dans la suite de considérer le second membre de (0') comme une fonction bomogène du second degré à trois variables Ai = cos /xj, 1^ = cos /xg, ^-3 = cos Ix^, dont les coeffi- cients sont K„, K|2, . . . . Nous désignerons celte fonction par ?(^i5 ^25 h) ou simplement par ç.()) et ses dcmi-dérivécs par (9) . fi(0' 'iiO)^ 't'>(^)-> ^^^ manière que la relation (o') peut s'éerirc 5. Expression d'une droite en fonclion de ses projections siir trois axes. — Un segment pris sur une droite quelconque peut s'exprimer en fonclion de ses projections sur trois directions quelconques. Car menons par un même point 0 des parallèles OO'jOAi, OA2, OA3 à ces quatre directions, prenons 00' égal au segment donné / (voir la figure du g 1) et construisons le parallé- lipipède OAj A^ A5 0'. Les arêtes de ce dernier sont égales aux projections obliques de / sur les directions données, chacune de ces projections se faisant parallèlement au plan des deux autres. On pourra écrire les équations (c) et en éliminant les angles /x, , Ix^, Ix^, on aura l^=X'i-\-xl -\-œl -h'2XiX^ COS XiX^-^'^X.iX. COS J'aa^s+Sa^j.I'iCOS^g.Ti. Soient ensuite Pi,p2,y>>ô les projections orthogonales de / sur les droites OAj, OAg^ OA3. Les angles /x,, Ix^, Ix^ satisfont à la relation (5) , et comme p, = / cos /x,, . . . , on trouve />2 COS Xo Xi p. COS X~ Xj P-2 COS XiX.2 1 COS X-X., Pz COS Xi X- COS J-gO^j 1 ou, d'après les notations indiquées ei-dessus, 1 4. Volume d'un tétraèdre en fonction des arêtes. — Soient V le volume d'un tétraèdre OA, A2 A3 (voir la i^' figure), Xi, x.2, X3 les longueurs des arêtes OA,, OA2, OA3 et^,, y^, y^ celles des arêtes A2A3, A5 A,, A, A2. Comme le tétraèdre est le sixième du parallélij)ipède 00' construit sur le même angle solide 0, on a 50 V' COSX2X1 cosx- iT, cosx, -r COS Xi X^ COS Xi X- 1 COS X.y X. 1 (10 ) Mais les triangles CAjAg, OA2A3, OA3A1 donnenl x: -+- œ\ — V- cos œiœ.2 = —, cos œ.yœ.— . . . . En substituant ces valeurs dans le déterminant précédent et en multipliant les colonnes et les lignes respectivement par Xj, Xv^, x- j on aura )GV2== 2 ^■j -+- ■T'I - - JÛ 2 x'i -+-t! — -yl X c^ — J- X.2 x: XI -^-xî- vl ÎL œl ^xl- in 2 4-^^l et après quelques autres transformations faites* : Ô6V2 = ■xî \ yl 1 0 -^rl 0 1 1 0 Cette formule ])rend une foime plus mnémonique avec la nota- tion des doubles indices. En effet, soit Ai A2A3A4 le tétraèdre; prenons pour les arêtes x^^x^^ x^ les trois droites AjAg, A, A3, Aj A4 que nous désignons par — 5 ^L — ^^l^ P"'!» ajouter celle-ci aux suivantes. Dans le nouveau déterminant ainsi obtenu, on écrit en 1 1 1 haut la ligne 0 , — - x\,~Z)Xl, — - x! et à gauche la colonne 1 , 0, 0 , 0, 0, et l'on additionne la l'-^ ligne aux trois dernières. Enlin on transporte la ligne et la colonne (jui renrernienl l'unité comme élément. ( Il ) . A3 A4 = (/ji, Ai A2 = (la, At A3= f/î5. Nous pourrons alors écrire 56V-^ = 0 -5"- -u= -i"?. 1 l^i. 0 -y-L -î^'l. 1 y^-u 0 -!'';> 1 l'iu-Uu -k 0 1 1 1 1 1 0 On peut encore supprimer partout le facteur — ^ et le déter- minant devient égal à 288 V^. 5. — Angle de deux directions. — L'angle de deux directions / et m peut s'exprimer en fonction de ceux que ces directions font avec trois axes fixes OAj, OA2, OA3. Car si nous projetons la droite 00' et la ligne brisée OA^ PO' (voir fig. 1) sur la direc- tion m et sur chacun des axes, nous aurons / cos Im = Xi cos mXi -t- x^ cos mx^ -+- x^ cos mx. , / cos /j7i= Xi -+- x^ cosofiO:.^ H- a^j cos x^x^ , l cos lœ^= Xi cosx.j.Xi'^-x.. -t- a^s cos a?^ -3^5, / cos Ixr^ = Xi cos iTg .a?i -+- X.2 cos x^ j-o H- ^5 , et en éliminant les quantités auxiliaires /, x,, x^, x^ cos lin cos mXi cos mx.2 cos mx^ cos IXi 1 cos j"i x., cos Xi X. cos lx.2 cos X.2 Xi 1 cos X.2 x^ cos /^3 cos iZ*3 oTi cos X- Xi 1 = 0 ou Kcos/m = 2Kjj cos /cTi- cos wo^iH- lK^^{coslXi ■cosmx^-^coslx.^.cosnixj. En désignant par >,, ^j,, >5, ^^1, /w^j^s les cosinus des angles de / et m avec les axes, on peut écrire oo.> lui j^-;.if2(^0 = J57 2Mir2(/). ( 12 ) Pour abréger, nous représenterons la quantité 2>i'f((/cc) par {y/u.) ou '^{iil) ; alors y(A)) est équivalent à ^().) ou à K, mais dé- signera plus spécialement la forme 2;>,ti(>). 6. Angle solide de trois directions. — Soient (>i, >2î h)i {/"i5 P2î 1^3)5 (=^15 î^25 5^3) les cosinus des angles que forment les arêtes /, m, n d'un angle solide avec trois axes fixes x,, x^, X5. D'après les §§ 1 et 2, on a siii- lnm = cos // cos //n cos Iti cos m/ cos mm cos mn cos n^ cos/i/n cos nn 1 1 Mais cos II = [ = -g '^ (n) , cos /m =-g f {^j^), . . . .; par suite sin' /mn = — fin) f{x/^) ?M fiU-X) fitJ-iJ.) fif^v) Le déterminant à droite peut être considéré comme provenant de la multiplication des deux déterminants fiO) f,0) fzO) fM féP-) U^A l + K2, )2-t-K23>-3, on a aussi (f/). . ^i(A) 9^{l) ^5(^1 ?i{A^) fa^M) fslM) fiW 'fs'^) ?5(-'') Par conséquent Al ),2 A3 Ml ^^2 ^3 J'i Va V3 = K2 (>iM3Î^5)- K,i K12 Ki5 Kgi 1^22 '^23 Kjji K22 "zi sin-/m/i ==— (A /^., V )2 __ __^ K ' sin- x^ j*2 oc- ' Pour plus de symélrie, nous avons remplacé les éléments diagonaux par cos //, cos mn, cos un, ce qui esl aussi conforme aux nolalions employées, parce ({ue cos II = cos 0' = 1 . ( 13) OU en extrayant la racine carrée des deux membres (6). sin Imn X sin œ^ x.^ x^ = cos Ix^ cos Ix^ cos teg cosmXi cosmx^ cosmx^ cosnx^ cosrîa?2 cos>nx^ 7. Angles solides formés par quatre droites considérées trois à trois. — Soient quatre droites (demi-droites) /, ni, n, p passant par un même point et )., y-, v, r les cosinus des angles qu'elles forment avec trois axes Xi, x.2j x-^. Ces droites, prises trois à trois, forment quatre trièdres tels que Tun d'eux est la somme des trois autres, ou que la somme de deux d'entre eux est égale à la somme des deux autres, ou que la somme des quatre vaut huit trièdres trirectangles. Pour rendre générales les formules que nous allons développer, nous donnerons à ces quatre trièdres des signes : deux angles solides, tels que imn, mnp , sont considérés comme étant de même signe ou de signes contraires, suivant que les rotations Imn et nmp sont de même sens ou de sens contraires, et ces mêmes signes sont attribués à leur sinus. D'après cela, sin Imn = sin mnl = — sin Inm. Désignons maintenant par i-i, e.2, Hj ^4? quatre nombres égaux à l'unité positive ou à l'unité négative, et posons S = Sj sin mnp — f g sin npl -\~ e^ sin p/m — s^ sin Imn. D'après l'égalité (6), nous pourrons écrire Ss\nXiœ.2X.= £l >1 X.2 /5 p2 /"i A'a f-^z fs Vj V.2 '/- f, TT, T, r. et d'après l'égalité {d) S sin Xi x.2X~= — K- s,K -f,{\) -f,{y) -u).) f^K -fM -?M -Ut^) fa K - fM - f^M - U-') * Cette égalité , assez remarquable, a été établie pour la première fois, d'après une marche différente, par von Slaudt. — Comparer Théorie des dé- terminants par R. Baitzer, traduction Jlouel, p. 146. ( 14 ) Miilliplions ces relations membre à membre; les éléments tlii déterminant-produit seront f?K-j;(A).)=0, fj 5j K — ^- (Am) = 1^ (t'i f i — cos Im), Par conséquent, en supprimant les fadeurs Iv et sin^ Xi x^ x-, qui s'entre-détruisent, on a S2= — 0 f.,e, — cos ml s.b\ — cos îil ^4 f j — cos pi f,fj — cos Im 0 fjfo — cos nm s^ s.., — cos pm Sif- — cos In s^s. — cos mn 0 t-^ s^ — cos pri f 1 1^ — cos Ip £.2 f, — cos mp c. f^ — cos )ip 0 Si l'on suppose f, =^3 = f- = ^i = [, on aura (sin Imn — sin m/

ô) C) Im o P'» sin* — sin- — 0 sin- — //) mp pn sin- -^ sin* — ^ sin^ — 0 O Q C) le dernier déterminant peut être décomposé en quatre facteurs dont Tun est Im np hi pm Ip mn sin — sin -— -t- sin — sin -\- sin — sin — , et dont on obtient les autres en changeant dans le premier facteur successivement le signe de chacun des trois termes. Si l'on prend f, = f^ = f 3 = — f^ = 1, il faut changer les sinus qui se rapportent à p en cosinus, et dans le cas de t| = — f-j = tr, = — e^, il faut remplacer tous les sinus par des . In mp^ cosinus, à rexoeption de sin — et sin-^*. Le cas de s^ = f^ = ^ .= ^^ a élé établi pour la première fois par Joachims- Ihal, Journal de Crelle , t. XL , p. 23. Cet auteur en a déduit, comme nous le montrons au § 8, l'expression du rayon de la sphère circonscrite à un tétraèdre- ( i-i ) 8. Rayon de la sphère circonscrite à nn tétraèdre. — Supposons que, dans les dévcloppcnicnls préccdcnts, les droites /, ni , n, p soient eellcs qui joignent les sommets d'un tétraèdre A, Ag A3 A4 au centre de la splière circonscrite. Représentons par R le rayon de cette sphère, et par V le volume du tétraèdre; nous aurons V = — -R'(sin Imn — sin mnp -»- sin npl — sin plm). La valeur de la parenthèse est fourni(3par l'égalité (7), et comme . Im d,2 sin In c/,, on aura , après quelques transformations faciles , 0 dl, (ï\. d],, dl, 0 (/;, dU d:, d:, 0 d:, dl dU d], 0 "6 V2R2=, _ Wéfinition de«( coordounce» téfraédriqne». Nous rapporterons tous les points de l'espace à un tétraèdre fixe A, A.2A3A4, (jue nous appellerons tétraèdre fondamental ou tétraèdre de référence. Les éléments de ce tétraèdre seront dési- gnés comme il suit : drx, longueur de l'arcte A,. As; a,- , aire de la face opposée à A^; hr, hauteur abaissée de A,, sur «,-; V , volume du tétraèdre; lî , rayon de la sphère circonscrite et 0 sou centre; r , rayon de la sphèie inscrite et I son centre. { ^r> ) 9. Coordonnées-distances- — La position d'un point variable M est déterminée, quand on connaît les distances orthogonales MBj = (?,, MB, = ^X, MB3 = rj-, MB4 = rj;^^ de ce point aux quatre faces du té- traèdre de référence, ces distances étant posi- tives on négatives, sui- vant que M se trouve d'un côté de la face cor- respondante ou de l'au- tre. Trois de ces dis- tances suffisent déjà pour déterminer le point M; mais il est avantageux, dans un grand nombre de ques- E\ tions, d'introduire dans les calculs simultané- ment les quatre dis- tances. Les quantités (?i, S^^ âz,r^i, constituent un premier système de coordonnées tétraédriqiies, auquel nous donnerons le nom de coordonnées-distances. Quant aux signes de ces coordonnées, il est d'usage de regarder la distance â^ comme positive, si elle est du même côté de a^ que le sommet A^ et comme négative dans le cas contraire. D'après cela, un point situé à l'intérieur du tétraèdre de référence a les quatre coordonnées positives; un point situé dans le trièdre Al D2 D3 Dia la coordonnée^, positive et les autres négatives, et, pour un point de l'espace Ag A3 A4 E, E3 E^, la distance c?i est néga- tive, et les trois autres sont positives. On peut remarquer qu'il n'y a pas de points dont deux coordonnées soient positives, et les deux autres négatives. ( 17 ) Un point du plan A2 A3 A4 est caractérisé par r]^ = 0, et un point de l'arête A, A2 par 6^= 0, (5*4 = 0; le sommet Aj a pour coor- données r;, = /ij, (J*2 = c?3 = ^i ^ 0. Pour tous les points d'une même droite passant par un sommet de référence, telle que A, M, les trois coordonnées â^, â^, â^ conservent entre elles des rapports constants, de manière que, si les coordonnées d'un point M sont âi, c?2, '^3, (^4, celles d'un autre point N de la droite A, M sont de la forme c?i, pî^, prf^. p^^, où p est égal au rapport Ai N : Ai M. Pour tous les points situés dans un même plan passant par l'arête Aj A2, le rapport des coordonnées c?3 et J4 est invariable. Quelle que soit la position du point variable M, ses coordonnées vérifient l'identité (1) «1 cTi -+- «2 cTa -+- «3 ^3 -+- «4 ^4 = 3 V, qui exprime que le tétraèdre de référence est égal à la somme algébrique des quatre tétraèdres MAg A3 A4, MA3 A4A1, MA4 Ai A^ et MA1A2A3. En remplaçant a,, par —, on peut aussi écrire h, fi.i /»3 ht Nous donnerons à cette identité le nom d'identité fondamen- tale, parce qu'elle intervient constamment dans les calculs. Elle sert souvent à rendre homogènes les équations algébriques qui ne le seraient pas relativement aux coordonnées courantes : il sufiît de multiplier les termes d'un degré trop faible par une puissance convenable de 2 -^ • h, iO. Coordonnées générales. — On appelle en général coordon- nées tétraédrif/ues les produits de d^i, J2, â^, c?4 par des constantes positives ou négatives, mais différentes de zéro. Ces constantes portent le nom de paramètres de référence; si nous les désignons par niiy m^, m^^ m4, les quantités i"l = W , ^1 , /Ct, = W, r?, , A^s = WI5 'îj , M 4 = WÎ4 ^4 Tome XXI. 2 ( 18 ) constituent un système de coordonnées tétraédriques. Elles véri- fient l'identité = 1. Les coordonnées cartésiennes prises par rapport aux axes A4A1, A4 As, A4 A3, peuvent être considérées comme des coordon- nées tétraédriques dont les paramètres de référence î??i, m^, m^ sont égaux aux inverses des sinus des inclinaisons des axes AiAj, A4A2, A4A3 sur les faces a,, «25 «3; le 4^ paramètre nii est arbitraire. On peut prendre pour coordonnées tétraédriques les volumes i^i? t^-2? ^'35 V4 des tétraèdres 3IA2 A3 A4, MA3 A4 Ai, MA4 A^Ag et MAi A2A3, en observant pour ces volumes la règle des signes éta- blie pour les â. Ces coo^'c/o/ïnées -vo/i^»ies correspondent aux para- 1 mètres de référence m^ =--a^, et sont liées par l'identité o Vi ■+- 1\ ■+■ i\ •+■ l\ = V. li. — Coordonnées barycetitriques. — La plupart des formules tétraédriques deviennent plus simples et plus mnémoniques, si l'on détermine un point par les rapports *'l ^'â !j ^4 ^i â. ^3 ^. ou — ^, v' V' V' V ' 'h /'.' Ih' h, Ce sont ces coordonnées que nous adopterons, et que nous dési- gnerons par les lettres x„ Xg, Xj, X4. Elles portent, d'après Moehius et Feuerhach, le nom de coordonnées barycentriques ou de rap- ports coordonnés] l'identité fondamentale correspondante est Les sommets du tétraèdre fondamental ont pour coordonnées dans ce système : A^ (1, 0, 0, 0), A2 {0, i, 0, o), A3 (0, 0, 1, 0), et A4 (0, 0, 0, i). Les rapports coordonnés du centre de gravité sont _ _ _ _ 1 ^i = ^a — C0^=. Xn — — (19) et ceux de la splière inscrite Xf — • rt, -h «, -h «5 -\- ttt Soient Cl, C2, C3, Ci les points où les droites AjM, A2M, A3M, A^M rencontrent les faces du tétraèdre de référence; les coordonnées barycentriques du point M sont encore égales aux quotients MC, MC3 MC3 MC, A,Ci ' AgCg ' A3C3 ' A^C, 12. Construction d'un point cV après ses coordonnées barycen- triques. — Un point M dont on connaît les rapports coordonnés ^1 j ^2 5 ^3, ^4> peut d'abord se construire par l'intersection de trois plans parallèles à trois faces de référence; car, si Ton divise, par exemple, Taréte AgA, en deux parties proportionnelles à x, et 1 — Xi, le plan mené par le point de division parallèlement à la face A2A3A4 devra contenir le point M. D'autres constructions résultent des considérations suivantes. Soit N le point où le plan A1MA4 rencontre l'arête A2 A3. Les coor- données x^ et ^3 sont proportionnelles aux volumes MAj A4A3 et MA1A4A2, lesquels sont entre eux comme les perpendiculaires abaissées de A3 et de A2 sur le plan MAi A4 ou comme les segments A3ÏN et A2N. On en conclut que le plan mené par une arête du té- traèdre fondamental et par le point M , divise l'arête opposée en deux parties proportionnelles aux inverses des coordonnées de même indice que les extrémités de cette arête. D'après cela, le point M est le centre des distances proportionnelles du tétraèdre, si l'on attribue aux sommets les coefficients Xj, x^, X3, X4. Nous en déduirons les remarques suivantes : a. Pour construire le point M, on peut diviser trois arêtes partant d'un même sommet telles que A^ A2, Aj A3, A| A4, en deux segments respectivement proportionnels à l 11111 — et—, —et —, —et—, œ, œ^' x^ X5 x^ x^ ces segments étant additifs ou soustractifs, suivant que les coor- ( 20) données correspondantes sont de même signe ou non; les plans qui passent respectivement par les points de division et par les arêtes opposées déterminent par leur intersection le point M. b. On peut aussi chercher d'abord le point C, par l'intersection des droites qui joignent Âr> et A4 aux points qui divisent A2 A4 et Aa A3 dans les rapports 11 11 — : — et — : — ; le point M doit ensuite partager la droite A, Q en parties propor- lionnelles à 1 — x, et x, ou à ^2 -+- ^3 h- X4 et x^, c. Les coordonnées solides du point Ci sont aussi égales à ses coordonnées barycentriques planes par rapport au triangle de référence A2A3A4*; elles valent X.j-^Tz-\- JCi OU 1 — a^j ' 1 — J-i ' 1 — (Ti' si Xi, X2, X3, Xi sont les coordonnées d'un point quelconque de la droite Ai Ci. 15. Signification des équations. — Une surface peut être re- présentée par une équation entre les coordonnées de chacun de ses points, équation qui est la traduction analytique de la loi de génération de la surface. Une ligne est représenlée par l'ensemble des équations de deux quelconques des surfaces passant par cette ligne. L'équation du \'^ degré /^i^i -4- ^2^2 = 0 représente un plan qui passe par l'arête A3 A4, et divise Ai A2 dans le rapport pi : p.,. Une équation algébrique homogène du degré m, des deux varia- bles Xi et Xi, représente m plans passant par l'arête A3A4 ; car elle * Les coordonnées barycentriques planes de Ci sont les rapports des surfaces des triangles CjAgA^, C^ A, A^, C^A^Ag à celle du triangle A.A» A4. La pro- priété c n'a pas lieu pour les coordonnées-distances. ( 21 ) peut se décomposer en m équations de la forme /),x, h- 'piX^= o. Une équation homogène à trois variables /"(otij.Xj, ar-j) = o, re- présente un cône ayant pour sommet A4. Car, si l'on construit dans le plan Al A2 A3 la courbe qui est représentée en coordonnées planes par /'(x,, x^, x-^) = Oy les coordonnées d'un point quel- conque de la droite qui joint A4 à un point quelconque P de cette courbe vérifient cette équation , comme étant proportion- nelles aux coordonnées de P. Comme cas particulier, l'équation piXi -+- p^x^ -f- ]hXz^=o représente un plan passant par A4, et cou- pant la face Ai A^ A3 suivant la droite, qui a la même équation en coordonnées planes. La surface représentée par l'équation homogène peut se construire à l'aide des intersections d'un système de cônes par un système correspondant de plans. En effet, cette surface contient la courbe représentée par les équations qui sont celles d'un plan passant par A2A5, et d'un cône ayant son sommet en A^; en faisant varier /3, on obtient une suite con- tinue de courbes situées sur la surface. Celte surface peut aussi se construire au moyen des courbes 0^4 = « {Xi 4- .1-2 H- ^ï'ô -t- -J^i) ) I cc{Xi-\- X^-\-X^\ f\.X^,X^,X^, — j =0, qui résultent de lintersection de plans parallèles à la face Aj A2A3 par des cônes ayant leur sommet en A4. Soit une courbe représentée par les équations homogènes /■(x,, X2, X3, X4) = 0, F (xi, X2, Xsj^Xi) = 0. En éliminant entre ces équations d abord X4, ensuite Xj , on obtient deux autres équa- tions homogènes ^(xj, X2, X3,) = 0, 4j[Xç,, X3, Xi)=o, et la courbe peut se construire par Tintersection des deux cônes f = o, 4j = o qui ont leurs sommets en A4 et en A^. ( 22) nistauce de deux pointa. M. Formule de la dislance de deux points. — Soit / la distance de deux points X, Y, dont les coordonnées barycentriques sont j-,., y^, et les coordonnées-distances âr^^l. En désignant par ;^,. la projection orthogonale de / sur /?,., on a y^^ = ^,. — ^;. = hr {Xr — 'Jr )■ Nous avons vu ci-dessus (§ 3) une première expression de / en fonction de trois des projections i^,. ; on a, par exemple, = 1K,, h]{œ,-y,)^ -^ -22K,2 h,h,{oc, - tj,) {œ^- y,) , en désignant par K le déterminant 1 coshjiçi cosh^h^ cosh^hi 1 COS/Ja^i cos/js/jj cos/?3/?2 t qui est le carré du sinus de l'angle solide polaire du Irièdre A4. On peut obtenir une expression plus avantageuse de /";, qui ne renferme que les six produits des quaU-e différences x^ — t/r, deux à deux. En effet, des identités LXi=ly=\ , on déduit 2(a?, — y^)=:o, et, en multipliant cette égalité successivement par chacune des différences x^ — y^ on trouve (^1— f/i)' = — (^1 - lli) (-3^2- 2/2) — (-^1— Z/'i) (^3— î/s^ — (^1 - Vi) (^4-1/4). (^2- î/a^^= - {^2- i'a) {^i-Vi) - (^2- ^2) (^3— 2/0) — (^2— î/a) {^k— Vi^ On peut donc concevoir éliminés de la valeur de l\ donnée ci- dessus, les carras des différences x,. — ?/,., ce qui conduit à une expression de la forme /» = iCrs {Xr - yr) {Xs ~ ?/,) , dans laquelle Cji = C22 = C55 = C^^ = 0. Les valeurs des coelTicients C,, peuvent être déterminées par une (25) méthode qui est en quelque sorte expérimentale, et dont nous nous servirons encore quelquefois dans la suite. En effet, en fai- sant coïncider X avec Ai(i, o, o, o) et Y avec A2(o, i, o, o), le premier membre de la formule précédente devient f/^ijCtle second se réduit à — C,2; d'où C,.2= — dli- On trouverait pareillement Ci3 = — (/i5 ,....; donc 15. Définilioti de la fonction y. Notations. — La formule précé- dente nous conduit à une fonction fondamentale du second degré et à quatre variables. Nous la désignerons toujours par '^ et nous écrirons f{œ) ^ii^!-^2^,2,ri.r2-f-2fj ?22 '^2 les coefficients '^,., ayant les valeurs ^11 = ?-2-2 = ?33 = ^^44 = 0, ^rs — —^ drs. Soient '^i, Ç2, fs, '^^ les demi-dérivées de ^; nous aurons (2) . . . 'i,{x) = x^'iri -t-^2?r2 XY^ =^[x-y) = f,x) Au lieu de i.Xifi[y], nous écrirons ordinairement f{xy) et la notation -^{xx) sera équivalente à 5>(x). Comme le déterminant des coefficients i^v,, ses mineurs, et d'autres déterminants qui s'en déduisent, reviendront fréquem- ment dans la suite, nous allons indiquer les notations abréviatives dont nous nous servirons. Nous posons fu ?M 'iiZ fil ?2i V^23 fsi ?ôi ^35 fil 'Yiz fiô ^4 'fii 'Uk et nous désignons les mineurs de \ par a„; en développant, on trouve o A = - S(S -c/,2 fU (S - d,, d,,) {S-d,^d,,), où 2S = f^,2 d^^ -f- (/i3 c?24 -H d^d^.. Nous représenterons par ^' le déterminant formé avec les élé- ments a,.„ et par a',., les mineurs de a'; on saitque a'= zi^, a'. Le déterminant a triplement bordé ^Vr. m'. ?12 f42 m m K m^ h m. h m. U nu 0 0 0 0 0 0 peut être désigné ( A^!,j,^,) et ceux qui en résultent par la sup- pression de la dernière ligne et de la dernière colonne ou des deux dernières lignes et des deux dernières colonnes par (a^.,^,J et par (a1 ). Le déterminant a' peut pareillement être bordé et alors être représenté par (-^).(-tD.( ,klm ' k'I'm' Nous aurons souvent à considérer les demi-dérivées f,. comme variables principales ou comme données, et à exprimer alors les x, et '^ en fonction des j^. Kn faisant dans les équations (2) r= i , 2, 3, 4 et en les résolvant par rapport à x, on trouve Xr=^ A,i Vi -+- Aro 'ii + A,.3 'f^ 4- Ar4 ?4 t, en substituant ces valeurs dans l'équation (1), ( 2b ) par conséquent a^ est une fonction homogène du second degré en çi, 9?25 ?3j ?4j dont les coefficients sont is^,. Cette fonction a été appelée par Gauss fonction adjointe de f. Les ax^ sont égaux aux demi-dérivées de cette fonction. Si l'on élimine linéairement les x entre les équations (1) et (2) [r = 1, 2, 3, 4], on obtient la résultante d'où l'on conclut ■fn ^12 ?iS ^14 fi ?2i ?22 9-2, ^^24 ?2 ?31 ^32 ^55 ^54 'U ?H ?i2 ?45 ?4 4 ?4 fl ?, ^5 ?i ? ?(*•) = h;) ^' désignant d'une manière générale les demi-dérivées ■^,. On peut aussi constater très-facilement l'égalité ?(':^V) = - \ ^ f (î/); Comme \m<> \x,. sont égaux aux demi-dérivées de la fonction adjointe, on aura, en opérant sur celle-ci comme on a opéré sur la fonction primitive : égalité qu'on peut aussi vérifier directement. On peut de même constater que f{œy)=- En développant le déterminant Ta r,,, ,) suivant les produits des déterminants formés avec les éléments des trois dernières lignes, par ceux qui dérivent des trois dernières colonnes, et eu (26 ) désignant ces déterminants du 5'"* degré par (?/,, k^^ v-^, 7/4), {n\ , tt'i , îh, y'i) , on trouve V k'I'm' J ( k l m \ \^klm J ) relations qui nous seront utiles dans la suite. Les propriétés des mineurs des déterminants réciproques con- duisent à l'égalité suivante, dont nous nous servirons souvent : = A'[f{kk)f{ll) -fHlk)], Kl] f{kk)f{ll)-f{lk) = ^^-—L- A Pour abréger, nous représenterons aussi le déterminant (^ jj» qui est égal à — 50 V'^ (g 4), par une lettre particulière, par E. Les mineurs de E qui correspondent aux éléments frs> seront désignés par E,,, et ceux qui correspondent aux éléments de la dernière colonne par Ei, E2, E5, E4. La signification géométrique de ces mineurs sera donnée plus loin. iG. Distances d'un point aux sommets de référence. — Soient ^15 h, 4, h les distances dun point quelconque X aux sommets de référence. Pour avoir /j, il faut faire, dans la formule XY- = ?{.T - y) = f[x) -h ?{y) - ^fixy), Vi = ^ y^ = yz==yi = o; alors 'Y{y) = o et 2y, y,(a?) = f,{x). On a donc En multipliant ces égalités respectivement par Xi, x^, X3, x* et en les ajoutant, on obtient (2) lx,li^~^ dXi = o, dx^ -h dx^ -+- c/^rj -+- dx^ = o , à cause de IX^ /j = — 'x{x), S.Tj = 1 . La méthode des multiplicateurs indéterminés donne ensuile ?i = ?2 = ?3 = ?o d'où l\ = ll = ll = l\. 4 7. Sphère circonscrite cm tétraèdre fondamental. — Soient coj, W2, «3, Ui les coordonnées du centre 0. En faisant (28) les équations (1) et (2) du § précédent donnent d'où Mais on a (§ 1 5) d'où , en remplaçant f et '/ par — R'^, -AR» = -R^fA}j c'est-à-dire , «"=1 E valeur qui s'accorde avec celle du § 8. Résolvons les équations fr (w) = fn ^i -+- fn «« -+- ^'-5 "3 -t- ?>-i w^ = — R2 par rapport à w ; le dénominateur des inconnues est à , et en comparant les numérateurs aux mineurs de E, on trouve E. E, Les développements précédents conduisent très-simplement à l'équation de la sphère 0. Car la distance d'un point X au centre 0 est donnée par la formule XÔ^ = f{x — ce) = f[x) H- f[oo) — 22a;i f^ (co) , OU , à cause des relations f (w) = y,.(co) = — R% par XÔ' = <^{x) -4- R^ Par conséquent, si XO = R, on a pour l'équation de la sphère 0 : f{x) = 0. ( 29 ) Si le point X n'est pas sur la sphère, on a c'est-à-dire que la puissance d'un point X par rapport à la sphère 0 est exprimée par ^(x). dS. Distances mutuelles de chiq points. — Désignons par thx-) ^32, f^sô, f/s4 les distances d'un point quelconque X aux som- mets de référence. On a (§ 4 (î) \^-^\jl-o, (r=1, 2,3,4) f =0, ~ l =0. fnXi -4-f,2^2+fr3^3-t-yr4^4 d',,œ, -^dl^œ^-i- clz^œ^-\-dl^œ^ œ, -h x.2-\- œ,-{- Xi Entre ces six équations on peut éliminer linéairement les cinq inconnues Xi, x^, Xj, x^, f et Ton aura après quelques transfor- mations faciles de la résultante : 0 dl, dl- df^ dl, 1 dl 0 dl, dU dl, 1 ^5 1 rf'. 0 dl, dl, 1 dU dil di, 0 dl i dU dl, di, d-l, 0 1 111110 = 0. De là on peut déduire la valeur de R, en posant '^51 = dz2 = C/j5 = dsi = R. i 9. Équation cVune sphère quelconque, — Soient aj, «a, «g, «^les coordonnées barycentriques du centre A d'une sphère quelconque dont p est le rayon. En désignant par x,, x^, Xj, x^ les coordonnées courantes, l'équation de cette sphère est p' = 'i[x - a) = îJ(ic).+ f (ix) — 22a?, 'f,(a) , OU sous forme homogène (1) . . . . f(a?)-t-[f{«)-/5»]2»a'.-22ir^2a?, fi(*) = o. (50) On peut encore écrire (1') r'{'^]-^^lœ^lMiœi—o, en posant 2 M,. = -fio:) — p« - 2 fr{o^) = AÂl — p^; on peut remarquer que les quanlilés M^ sont égales aux moitiés des puissances des sommets de référence par rapport à la sphère A. La puissance d'un point quelconque X par rapport à cette sphère est exprimée par XA^ — p^ ou par f{x — a) — f, c'est-à-dire par le premier membre de l'équation (!'). Réciproquement, l'équation (T) représente pour toutes les valeurs des M,, une sphère, car on peut l'identifier avec (1) en posant (2) ^(^)-2f,.(a) = 2M,- + p^ (r=i,2,5,4). Ajoutons ensemble ces quatre équations, après les avoir mul- tipliées respectivement par aj, ag, «3, «4; en tenant compte de l'identité 2 a, = 1 , on trouve (3) — f(<>:)-22M^a, = p^ Des équations (2), (3) et de l'identité 2«, = 1, on peut tirer linéairement les coordonnées du centre, le rayon p et l'inconnue auxiliaire '^(a). Pour que léquation générale du second degré représente une sphère, il faut et il suffit qu'elle puisse s'identifier avec (!'), ce qui donne, A étant un facteur indéterminé, 2Mr = \ frr, ?r, -+" M. -t- M« = >/',,. L'élimination des M^ conduit aux équations de condition 2 _ A I -t- A» - 2 A » _^ A i + As - 2 A 8 _ À fi> fis ( ^1 ) Théorie de la ligue droite. 20. Premier mode de délermination de la droite. — Pour fixer la position d'une droite, on peut se donner les coordonnées a^, Hr de deux de ses points A et B. Un point variable X de cette droite est alors déterminé par le rapport des segments XA et XB. En 1 1 désignant ce rapport par- : — t^o" trouve facilement a âr, rJl et D^ étant les coordonnées-distances de A, B et X; par suite , si Ton multiplie les deux membres de cette relation par 1 le paramètre de référence — , on aura pour les coordonnées ba- rycen triques aûCr bX Il faut remarquer que a et 6 sont de même signe ou non, suivant que X est ou non entre A et B. En éliminant a et h entre les expressions des quatre coordon- nées X , prises trois à trois , on trouve les conditions nécessaires pour que trois points X, A et B soient en ligne droite : les mi- neurs du système i'-^l ^^2 ^3 Pi doivent être nuls. 21. Deuxième mode de détermination de la droite. — Pour déterminer une droite , on peut se donner les coordonnées a^ de l'un de ses points A, et les angles qu'elle fait avec les bauteurs du tétraèdre fondamental. Un point variable X de celte droite peut alors être fixé par sa distance p au point A , cette distance chan- geant de signe, si le point X passe d'un côté de A à l'autre. ( 32 ) La projection de AX sur la hauteur h^ étant égale à D,. — c?,. ou à pcos(p/?r), on aura hr{œr — OCr):= p COS {phr) , d'où COS iphr) œr=OCr-^p llr COSi {phr) , , œ • j Nous donnerons aux quotients — le nom de coefficients directeurs de la droite. Ces coefficients sont les inverses des lon- gueurs des droites qui sont menées par les sommets de référence parallèlement à la droite donnée et terminées aux faces opposées; ils sont positifs ou négatifs, suivant que ces parallèles sont dirigées, à partir des sommets de référence, dans le sens des p négatifs ou des p positifs. Si nous les désignons par A^, >2, )5j >i? les coordon- nées du point X peuvent être représentées par >iP, œ2 = 0Ci-^>^ip,' 22. Coefficients directeurs. — Les coefficients a ne forment évi- demment que deux quantités distinctes, et doivent être liés par deux identités. Celles-ci pourraient se déduire de la relation entre les angles de quatre droites (voir § 2); on a, par exemple, K = 2K„ /if /^ -4- 2 2K, 2 /Ji />2 ) , > , , en posant K = 1 coshih^ cos/fi/?3 COS A 2 /il 1 cos//,/}g Mais il est préférable de prendre les deux relations ^^^ i ?0) ='» qui se déduisent des égalités l(xi — «i) = o, p^ = ^{x — a). On en conclut les théorèmes de géométrie suivants : Si l'on mène par les sommets d'un tétraèdre des parallèles terminées aux faces opposées : i' La somme des inverses des quatre parallèles est nulle; 2** La somme des quotients qu'on obtient^ en divisant le carré de chaque arête du tétraèdre par le produit des parallèles issues de ses extrémités est égale d moins V unité. Remarques, i'* Les coeflicients directeurs d'une droite parallèle à l'arétc A, A^, sont db -— , iip — , o, o. 2" Une parallèle au plan «i est caractérisée par ) , = o. Tv Les coefïicients directeurs d'une droite AB sont (Kr — dr Ci,. — i3,. AB V -fiœ-fj) et ceux de la droite A,X : A,x~' Â^' Â^' Â^ 4" Les coeflicients d'une perpendiculaire à la face «i sont égaux à 1 cos/ii/?2 coshih- cos/»,/*4 /'? ^^ ' ^^' lu ' Pour les exprimer en fonction des arêtes , remarquons que >| est un maximum pour cette direction. En différentiaut les équa- tions (1), on a, à cause de dXy = o , les / h chercher satisfont donc aux relations /il étant un facteur indéterminé. En y joignant 3 A, — o et en résol- vant par rapport aux A, on trouve E,i E,, E,. E,4 Li fc, l'>i '', Il reste à déterminer p. L'égalité 2>, 'fi(A)= 1 donne, à cause de Tome XXL 5 ( 3'» ) El,- En y remplaçant les /,. par — /u— cl en tenant compte de l'iden- tité on trouve ?n Exa + ?i2 E.2 H- ?,3 Eiô -+- fu E,, + Ej = E, E, |/EE,j Les coefficients directeurs de la hauteur /<, sont donc ^1 Vf' h En ^/EE„ |/EE„ V/EE, En ayant égard à la signification géométrique de Ej,, E,2, . . . l'égalité E = — 3G V'^ (g 4), on déduit des valeurs précédentes : En = -4aï, 4a, «2 cos/<,/?s 25. Angle de deux directions. — Étant donnés les coefficients directeurs A, p. de deux directions /, m, on peut trouver une première expression de cos lui par les formules du | 5; on a, par exemple, 1 cos Ini cos Ih^ cos lit. 2 cos ml \ cosm/?i cosm/?2 coshj cos hiin 1 cos h^h^ cos liç^l cos hç,m eos/«2/«i t 0, OU encore ces /m cos Ihi cos Ih. cos///. = 0. cosm//i \ cos//,/?2 cosh^h, cos m// 2 cos //g/*! t cosh.jli, cosmh. cos//-/*! coshr^h^ i Mais on oblient des formules plus avantageuses de la manière suivante. Par un point quelconque A, menons des parallèles à / et à m, et prenons sur chacune d'elles une longueur égale à l'unité, soit AB = AC = 1. En représentant par a^, |3,., ?;, les coordonnées des points A, B, C, nous aurons 1 1 sin — /m= - BC, [jr = cr,. -f- Ar , ? V =liXr-\- l-'-r ( 55 ) d'où (I). . . sin-^i-/m = i-BC^=j^(/3-7) = -yU-A^). Comme Ini '/'(^-A^) = f(>) + ?(A0-2?(>^') = 2-î'(>Ai),2sin2 — = l-cos/wt, on a aussi (2). Enfin cos Im = 'fiAM) = (3) sin*/m= 1 — cos^/m = f(A) «p(p-) ■ r'OAO 24. 5mi/5 rfe l'angle solide. — Soient a, pi, t les coelïieients directeurs des arêtes /, m, p, d'un angle solide. On a sln'^/m/3 = 1 cos /m cos Ijj cos ml 1 cosmp cosp/ cospm 1 ?(A>) ^(^M) f(A;r) f(^>) f(AiM) f(AiJr) ?(^^) f{rfx) y{Tjr) Le dernier déterminant peut être eonsidéré comme provenant de la multiplication des deux systèmes d'éléments ;.i h ^4 fM f2(>) f3(;i) n(>) fl(^) f^if^) fsd") ?4(l^) ?l(7r) f2(^) fsl^) ^4(7^) Soient Ni, N2, N3, N^ les mineurs du premier système qu'on obtient en retranchant successivement chacune des colonnes. Les mineurs du second système peuvent également être considérés comme provenant de la multiplication du système d'éléments (A/ut) par un système d'éléments formé avec trois lignes de a. Par conséquent, sin^ Imp = 2 Art Nr N, = -(^'t^î) ( '0 ) En partant de l'égalité sin Imp . sin l'm'p' = cos //' cos /m' cos Ip' cosm/' cos mm' cos m// cospr cosp?w' cospp' (voir§ 6), on trouve, par des calculs semblables, sin Imp.s'm l'm'p' = 'ï.^rs (NrN's -t- Ns NV) 25. Directions perpendiculaires. — Pour que les deux direc- tions /, m soient perpendiculaires, il faut avoir cos Im = o ou sin Im = 1 ; d'où Chercbons maintenant les coefficients / de la perpendiculaire commune à deux directions m et p. Nous devrons poser Des trois premières équations on lire An h ).4 = « ?l(^) ?2(^) ?5(^) n(f^) ^tl^^) T^oi^) ?5('^) y4(^) 1111 Pour avoir a, substituons ces valeurs dans l'équation '^[i) = 1; il vient (voir fin du § 15) 1 _ f . 1 '/(M) /(7r)\ Pour simplifier le dénominateur de cette valeur, ajoutons à la sixième ligne, puis à la septième, les quatre premières multi- pliées respectivement d'abord par— f/,, — fx.,^ — ^5, — z^^, ensuite par — îTi , — TTc,, — îTr,, — 774, et opérons de la même manière sur * Nous nous servons ici d'une notation très-commode pour indiquer que des inconnues sont proportionnelles aux mineurs d'un système d'éléments; a est le facteur qui les rend égales à ces mineurs. { 37 ) les colonnes. Les ^'seront remplacés par des zéros et le carré final 0 0 0 0 0 0 0 0 0 pai 0 lf.c. 2r, 2^1 — ?(7r^-) - ?{rT) de ujanière (pie le dénominateur de a^ se réduit au produit des deux déterminants de degré inférieur (-i) • par conséquent, 1 E sin^ mp Il peut quelquefois être utile de connaître les valeurs des ^'(à). Pour les obtenir, cherchons d'abord l'équation en ^'()) équiva- lente à 2)i = 0. En éliminant les A explicites entre les cinq équa- tions ?n >^i -H ?r.2 Aj -+- ^,3 )3 + fn /4 = 'M\) {r = \, 2, ô, i) , on trouve ou E,yj(A)-4-E2f2(X)+-E5'^3(>)H-E,î5,(/) = o Joignons à cette équation les deux suivantes et résolvons par rapport aux »'().); il vient T'i > ?2' fôy fi r^ Ml 1^2 fig ^4 Tj Tj T. T^ E, E, E, E, ( 58 ) Pour avoir (3, multiplions le système d'éléments à droite par eelui qui a fourni ci-dessus les >, ce qui donne s>.f,(>)=l =^.3 et par suite V(MM) f(.WT) f{f.^E) f(TM) ?in7r) f(TE) = xl3 Esiu^wp 3â_- (;;a_ E sin^ mp Théorie du plan. 26. Premier mode de détermination du plan. — Un plan est déterminé quand on connaît les coordonnées de trois quelconques de ses points A, B, C. Soient X un point variable du plan ABC, et A', B/ C les points où les droites AX, BX, CX viennent rencon- trer les droites BC, CA, AB. Le point C divise AB dans un certain rapport que nous représenterons par - : — - ; alors les coordonnés de C seront y^ = ', — • ^^ rapport dans lequel X divise la Cl -4- 0 11 droite CC peut être représenté par r : -; nous aurons alors (a -4- 6) y'r -hcr, {a-\-b)-hc ou 6;3, 0% De la symétrie des valeurs de j,. j)ar rapport à a,., (3,, >; et a, 6, c, on conclut facilement que dans le triangle ABC, les droites AX, BX, CX divisent les côtés dans les rapports 1 1 !_ 1 1 1 b f ' c 6 ' 6 c et qu'on a aussi : XC'.CG'—c-.a-hb-^-c, \k' : Xk' —a\ a+b-\-c, Xh':BW =b:a + b-{-c. Par L'onsé(|uenl, les quantités «, h, c sont proportionnelles aux ( 5'J ) ■ coordonnées barvccntriqucs du point X par rapport au triangle de référence ABC; elles leur sont égales, si a -+- 6 h- c = I . Il peut être avantageux de représenter les cordonnées d'un point variable d'un plan ABC par des expressions de la forme (1). Par exemple, si f{x) = o est l'équation d'une surface, sa section l)ar le plan ABC aura pour équation /(a a -f- 6(3 -+- cy) = o,{ayb, c) étant les coordonnées barycenlriques planes des points du plan. Si l'on élimine a, h, c entre les expressions (1) des quatre coordonnées j'j on obtient l'équation CO A oc A tX- OC i :\ fi. P5 ,3, = 0 qui doil être satisfaite par tous les points du })lan ABC; c'est donc l'équation du plan. En posant Cj, Cj, Cj, C4 = oc, a, :c. a, fi. fi. P. fi^ % r. n Ti on peut mettre l'équation du plan sous la forme Cl j-i -i- €20^2 -+- C3 aîg -f- C4 0^4 = 0. Nous verrons plus loin la signification géométrique des C. 27. Deuxième mode de dèlermiïiation du plan. — Tu plan peut être considéré comme le lieu des perpendiculaires abaissées d'un point fixe A sur une direction (ixe /. Soient A les coelïicicnls directeurs de (, et /u. ceux de l'une des perpendiculaires AX;on a alors ?(M)=^i^i ?i(A) = o, X, — a,. P — AX et en éliminant 2 {x, — «i) 'ri (a) = 0. La dernière écjuation, devant convenir à tous les points du plan^ ( 40 ) est 1 équation même du plan. Pour la rendre liomogène, nous poserons iXi'fi{>) = k = klXi, ce qui donne 2^i[?i(^-)— A] = o. Les > fixent la direction du plan, tandis que k qui varie avec a, en fixe la position. Le plan ix^fii^) = o qui correspond à k=^ o, passe, quelles que soient les valeurs des A, par le centre 0 de la sphère circonscrite au tétraèdre fondamen lai; car, à cause de /i -4- /2-+->3-+- >4 = o, l'équation 2x,53,(/) =2/,'^,(x) =o est satis- faite quand on pose 'yi[x)^= f^{x) =:'j^(x) = '^t(x), équations qui déterminent le centre 0. 28. Distance d'un point d un plan. — Soit p la distance d'un point quelconque X au plan 2x,['v,(a) — k] = Oj cette distance devant être considérée comme positive ou comme négative, sui- vant qu'elle est dirigée à partir de X de la même manière ou non que les / positifs. Les coordonnées du pied de la perpendiculaire sont alors égales h x^ — KPi et comme elles vérifient l'équation du plan , on doit avoir 2(x, — )ip) [-fi(>.) — k] = o. On tire de là 2/i[f,(A) -k] c'est-à-dire la distance d'un point X au plan ^Xi['.fi().) — k] = o est égale à la valeur du V'' membre de l'équation. Celte valeur se réduit à — k, si le point X est dans le plan 2Xi'^i(/) = o; on en con- clut que la constante k est égcde d moins la distance de 0 au plan. î2y. Distances d'un plan aux sommets de référence. — Coor- données d'un plan. — Soient p\,p2,p-^, p^lcs distances d'un plan iXi[fi{)) — k] = 0 aux sommets de référence. — D'après ce qui précède, on trouve facilement (!') ( /.l ) L'équalion du plan peut donc encore se mettre sous la forme Pi ^'i -t- Ih ^i -^îh-^s-^PiX^ = 0, et la distance d'un point X à ce plan est encore égale au premier membre de cette équation. Les quantités p^ qui peuvent servir à fixer la position d'un plan s'appellent coordonnées du plan. Comme trois de ces distances suflisent déjà pour cette détermination, les quatre cooi'données d'un plan doivent être liées par une identité analogue à celle qui a lieu entre les quatre coordonnées d'un point. Pour l'obtenir, il sufiît d'éliminer l et k entre les équations (P) et les deux sui- vantes (1) 2;,=o, (2) r(A) = l. En ajoutant ensemble les équations (P) après les avoir multi- pliées respectivement par /,, )2, /s, )* et en réduisant à l'aide des égalités (I) et (2), on aura (3) 2pi).. qui pourra remplacer (2). La relation (5) est assez remaïquable; elle donne ce théorème de géométrie : Si l'on abaisse des sommets d.un tétraèdre des perpendiculaires sur un plan quelconque , la somme des quotients quon obtient en divisant chaque perpendiculaire par la droite comprise sur elle entre le sommet correspondant et la face opposée est égale à l'unité. Entre les équations (P), (1) et (5), nous pouvons maintenant éliminer linéairement les > et k, et nous aurons fn fl2 fl5 ^14 Pi ?'2V ^22 ?.3 ?-H P2 fst f32 f33 f3«^ P3 f41 ^42 'fiz ?44 Pi 1 1 1 1 0 0 Pi P2 Pô Vr, 0 1 ou IM ( i2 ) Développons le premier de ces déterminants suivant les pro- duits des éléments p; l'identité fondamentale relative aux coor- données d'un plan prendra la forme 50. Dé finition el propriétés de la fonction t. — Si l'on pose K -~ = f,,, l'identité précédente peut s'écrire Nous considérerons le 1" membre comme une fonction du se- cond degré dont les coefficients sont f,.„ et les variables pi, p^, Pô^Pi- Cette fonction joue souvent un rôle analogue h celui de la fonc* tion 'f; nous la désignerons par f(/;). La signification géométrique de ses coefficients qui résulte déjà du § 22, Remarque 4°, peut aussi s'établir directement par le procédé déjà employé pour y. En effet, appliquant l'identité f(p)= i d'abord aux quatre faces de référence, on a f(/*i,0,0,0)=:l, £(0,/j2, 0 0)= 1, .... d'où _ 1 __ «ï 1 al ^■" ~lî\~ 9V2' ^'' ~ ^1 ~~ 9V^' " ' " Considérons ensuite le plan qui passe par l'arête Ai Ag et par le milieu N de A3 A4 ; ses coordonnées sonty^i = p.^ = o,p-^ = — Pi. Pour avoir p^, menons en A2 un plan perpendiculaire à l'arête A, Ai et projetons les points A^. N, A4 en Aj, N', Ai sur ce plan ; en })rolongeant A.. N' de N'Q == A^N', le triangle A^AjQ fournit l'égalité Â^'=: Â7^'^ -+- ÂTq' - :2A2 a: . A;Q cos A2.43Q. Mais A2Q, A2A3, A3Q sont inversement proportionnels aux bau- tcurs du triangle A2A3Q lesquelles sont égales à A5, 1u,pz, et l'angle A2 A3 Q est le supplément du dièdre A3 A, AoA^; la relation précédente donne donc 111-2 — 7 = 1 1 cos a. f/4. P-. h-\ In lu h, ( 43 ) En substituant maintenant les coordonnées du plan A4 A2 M dans réquation f (p) = 1 , on trouve facilement cos cfj a^ «3 a^ cos a^ a^ 9V' On trouve d'une manière semblable les valeurs de 0,2, fis, Par conséquent, on peut écrire 2 Pi C,\}Pil^^ M 2 > cos a , «2 = i OU la\ pi — 22ai «2 Pi P2 cos cr, a^ = 9V-. Les dix coeflîcients £,., dépendant des six arêtes t/,s, ne forment que six quantités indépendantes; par suite, elles doivent être liées par quatre égalités. Celles-ci pourraient se déduire des pro- priétés des déterminants ou des principes des projections; on y arrive aussi très-simplement de la manière suivante. Les coordon- nées de deux plans parallèles ne différant que par une constante, l'équation f (p -t- p) = 1 doit être équivalente à t(/)) = i pour toutes les valeurs de fx et de p. Or, s {p -+-/") = £{p) -f- M2 p, f , (I) -h ,«« f (1 ) ; par conséquent, OU i-2t-+-f-22 + ^23 + ^-24 = ,.— />,; ( 44 ) on devait s'y attendre, parce qu'elle ne doit pas changer, lorsque les coordonnées p augmentent toutes d'une même quantité. Une propriété importante de la fonction e est celle d'être une somme de trois carrés. Elle peut s'établir de plusieurs manières; la démonstration suivante nous paraît la plus élégante. Posons nous aurons les dix équations de condition (1) L; -t- M,^ -^ i\? = a,S (2) L,.Ls -4- M, Ms -h N,. N« = — a,- (ts cos a, a, , Par un point quelconque intérieur au tétraèdre de référence, abaissons des perpendiculaires /j , l^ , /j, li sur les quatre faces et menons en outre trois droites orthogonales quelconques x, y, z. Les équations (I) sont évidemment satisfaites par les valeurs L, = «,. cos l,x, M, = a, cos IrV, N, = a,- cos l,z. Mais ces valeurs vérifient également les équations (2), puisque — cos a, tts = cos /,• Is = cos /, x . cos IsX-h cos /,• y . cos h y ■+■ cos IrZ . cos IsZ. Les trois droites x, //, z étant arbitraires, la réduction de s h une somme de trois carrés peut môme se faire d'une infinité de manières. La fonction e est donc constamment positive quelles que soient les valeurs réelles dcpi,pi,p~^,pi, et elle ne peut s'annuler que pour le système unique de valeurs des rapports Pi El. Pi Pi' Pi' Pi qui résulte des équations ihip^ = o, sMi^i = o, sN,/;, = o. Comme nous avons déjà trouvé ci-dessus que f(l) = o, nous voyons que ce n'est que pour des valeurs égales des coordon- nées p que f s'annule. Ces valeurs correspondent au plan de l'in- fini (§ 32). 51. Direct iuu d'un plan. — Cherchons les coefficients direc- leurs de la normale dun plan en fonction de ses coordonnées. ( ^^ ) Pour cela, résolvons les équations (p) cl (1) du % 29 par rapport à /,, /25 >55 >/. et — A;. Nous aurons Aj — T — f i\r/ A2 = f 2(P) » ^3 = «^3(7^) ' >^4 = f 4(P) . - k - - - ^p, -^.. Cette valeur de k confirme la remarque faite ci-dessus sur sa signification géométrique. II nous est maintenant facile de démontrer qu'une équation quelconque du 1" degré 7l ^1 4- ^2 ^2 + ) = i , leurs coordonnées seront et les conditions de parallélisme s'expriment par ^(lz — '^^n = r, « et p désignant les inverses de \^£{q) et \/f(^); en éliminant a, (3, 7 entre ces équations, on voit que les mineurs du système Qi 72 f/s fU ^ U U t, 1 1 1 1 doivent être nuls. Pour qu'une droite dont les coeflicicnts directeurs sont fx-i, fC2, /Uj, Pi soit parallèle à un plan {pi, Pi, pz,Pi), il faut et il suffit qu'elle soit perpendiculaire à la normale du plan. Il faut donc avoir 2^i^t(>)=o, où y, (;,) = /},-+- A- ; par conséquent, Pi Ml + Pâ A^2 -^PzH-^ P* 1^4 = 0. Cette égalité donne un théorème de géométrie analogue à celui du § 29. 52. Plaîi de Vinfmi. — En identifiant les équations lqiX, = Of lpiXi = o, nous avons rencontré un cas exceptionnel, celui de q^z=q^ = q. ■= q^. Les valeurs V,[q) Ve{q) deviennent alors la V^ infinie et les secondes indéterminées, et comme nous avions posé p^ = /"7r5 "0"s sommes conduit à con- ( -17 ) . sidérer i'équalion S r/, Xi = o ou son équivalente S r, = o comme représentant un plan dont les coordonnées sont infinies et dont la direction est indéterminée. Ce plan est appelé le plan de Vin- fini. Beaucoup d'autres considérations peuvent encore servir à jus- tifier la notion de ce plan. Par exemple, comme tous les points doivent vérifier l'identité fondamentale S.a?i = 1 , l'équation para- doxale 2a?i = 0 doit être considérée comme n'admettant que des valeurs infinies des coordonnées; mais étant du 1"" degré, il faut aussi la considérer comme représentant un plan. Autrement , l'équation 2x, [^i(>) — k] = 2xi 'f,(A) — /î2Xi = o représente pour des valeurs variables de k, des plans parallèles; comme elle est satisfaite, quand on pose 2Xjf,(/) = o, 2x, = o, on peut regarder l'équation 1x^ = 0 comme représentant le lieu des droites d intersection des différentes séries de plans parallèles. 53. Angle de deux plans. — Soient p,., q, les coordonnées de deux plans quelconques P et Q, ;.,., fx,. les coefiicients directeurs, de leurs normales. On a cos PQ = 2Mi ?i(;), 9rW = pr -+- k, V, .= s,{q), d'où cos PQ = 2 {pr -h 1i)!:r {Q) = S (pq) , à cause de Ikeriq) = f^'^ii^ii -+- fi2 -+- t'i3 -<- ^u) = 0. Si les plans sont donnés par les équations 2/», x, = o, iniXi^^o , on a £ hnn) cos MN = ' - ysim) y s {71) La condition de pcrpcndiculaiité de deux plans est £{pq) = o ou £{mii)=o. 54. Conslruclion d'un plan d'après ses coordonnées. — il est facile de voir que le plan (pi, p^, p^, Pi) divise l'arête A, A,, en deux parties proportionnelles à p, et p,, le point de division étant ( 18 ) entre A, et A^ ou non suivant que p, et p, sont de signes con- traires ou de même signe. De là résulte la construction suivante du plan : divisez chaque arête fondamentale en deux parties pro- portionnelles aux coordonnées de mêmes indices que ses extré- mités ; les six points de division seront dans le plan cherché. Rapprochons cette construction de la suivante donnée ci-dessus pour le point (xi , Xj, X3, x^) : partagez cliaque arête fondamentale suivant le rapport, pris en signe contraire, des inverses des coor- données de mêmes indices que ses extrémités; les six plans menés par chaque point de division et l'arête opposée passent par le point cherché. Nous voyons qu'on peut établir une certaine correspon- dance entre les points de l'espace et les plans rapportés à un tétraèdre fixe. A tout point X correspond un plan P dont les coordonnées sont inversement proportionnelles h celles du point et réciproquement; chaque arête du tétraèdre est partagée har- moniquement par le plan P et par celui qui contient l'arête opposé et le point X. Le point X est appelé le pôle du plan P et celui-ci est le plan polaire de X par rapport au tétraèlre A,, A2, A-, A4. 55. Plans passant par l'intersection de deux autres. — Étant donnés deux plans non parallèles P et Q, un troisième plan quel- conque T qui passe par leur intersection peut être représenté par l'équation. klpyXi ■+- llqiXi=:o. Car celle-ci est satisfaite quand on pose ipi x, = d, iqi x, = 0, et on peut encore assujettir le plan ï à une autre condition en dis- posant convenablement du rapport - • En mettant cette équation sous la forme on voit que le rapport - est égal en valeur absolue au rapport des distances d'un point quelconque de T aux plans Q et P et ( 49 ) quil csl positif ou négatif, suivant que le plan T est dans lun ou l'autre des dièdres formés par Q et P. Comme ces distances sont proportionnelles aux sinus des angles QT, PT, l'équation de T peut encore s'écrire siiiPT siiiQT Deux plans qui correspondent à des valeurs égales et de signes contraires du rapport- , sont conjugués harmoniques par rapport à P et Q. Les coordonnées du plan T sont visiblement proportionnelles aux binômes kp,.-^ Iq,. ou égales à kpr ■+• Iq,- V£{kp-\-lq) Mais £ {kp + Iq) = k'-e{p) -h msiiJq) -4- IMq) = A" -\- P -{- m cos PQ et en faisant k — ~ sin QT , 1= sin PT , on a £{kp -+- Iq) = siir2QT -+- sin^PT — 2sinQT sinPT cos PQ = sin*PQ. 11 en résulte Pr sin QT — qr sin PT ' sin PQ 3G. Plans passant par Vinlerseciion de trois autres. — Vn plan quelconque U passant par le point d'intersection de trois autres P, Q, T peut être représenté par l'équation kl Pi Xi -h 11 q^ Xi H- ml tiXi = o ; les rapports-, — peuvent se déterminer par deux autres condi- tions auxquelles on assujettit le plan. ^ Le plan U passe évidemment par les intersections des couples de plans klpiX^-i- Il qiXi = o H l(iXi = o: llqiXi-^-mltiXi = o et lp^Xi = o; mltiXi-^-klPiX^^^u cl lqid\ = o. Tome XXL 4 ( oO) Désignons par P', Q', T' les arêtes du trièdre PQT et par P", Q", T" les droites suivant lesquelles les faces du trièdre sont rencontrées par le plan U. On voit facilement que les trois équa- tions à gauche représentent les plans T'T", P'P", Q'Q"; on en conclut que le rapport - est égal, en valeur absolue, au rapport des sinus des angles du plan T'T" avec Q et P. Les équations (1) \ llQiXi — 111111X1 = 0, ( mlti Xi — klpi Xi = o, représentent des plans qui passent également par les droites T', P', Q' et qui sont les conjugués harmoniques des plans T' T", P' P", Q' Q" par rapport aux faces du trièdre PQT'. A la forme de ces équations, on reconnaît que ces plans passent par une même droite U'. De là un théorème de géométrie connu et facile à énoncer. D'un point quelconque iM delà droite U' abaissons des perpen- diculaires sur les plans P, Q, T; soient p, q , t leurs longueurs. Les plans T'U', P'U', Q' U' étant représentés par les équations (ï), il est facile de voir qu'on peut poser _ I __ 1 _ 1 (le manière que le plan U a pour équation 1 1 1 - 2p. -i', -\- -IqiX.-^-lli J'j = 0. P (J t ô7. Surface d'un triangle. — Soient S la surface du triangle ABC, cx,., (3,., % les coordonnées des sommets. On a S = - AD . AC sin BAC. 2 Mais, si ;,, /u,. sont les coefficients directeurs de AB et AC, on peut poser f ' ^ 1'^ /, = j ,u,. = , sin- lîAC = -^ AC AC ( 51 ) par conséquent. '■ '^ - y) !3 ce 4 A Pour rendre cette expression de S^ symétrique par iaj)j)ort aux trois lettres a, (3, y, concevons le numérateur dévelop[)é suivant les produits des déterminants du 2""^ degré dérivant des deux der- nières lignes et des deux dernières colonnes. Ce numérateur sera une fonction du second degré des déterminants de la forme <^'2 - % Or le dernier déterminant peut s'écrire 1 1 1 «1 i^t 91 '^'■2 ^2 n ou, si l'on retranche les deux dernières lignes de la première û(.-, r-: il équivaut donc à — Ci + Csjles C ayant les mêmes valeurs qu'au g 2G. Il en résulte qu'on peut concevoir S^ mise sous la forme d'une fonction du second degré des C , c'est-à-dire S^ = b,, q -V- B,2 CI 4- B-- C^ -\- B,, Cl 4- ^]\, C,, -+-... . Pour déterminer les coclïicients B,s, faisons coïncider le trian- gle ABC successivement avec les quatre faces du tétraèdre fonda- mental, puis avec les six triangles qui sont formés par une arcte fondamentale et le sommet de l'arête opposée. On trouve ainsi et, en reprenant ensuite la figure auxiliaire employée au | 50, l),2 == — f(i «2 COS «1 «2 , . . . . ( S2 ) Nous pouvons donc écrire S2 = rti C? -+- al Cq -t- alC^ -t- o; C^ — ^a^ o., C.d cos «,«2 . . . . = 9 V^ t (C). En supposant les trois points A, B, C dans le plan A, AgA-, on aura «4 = i34 = ^i = 0, par suite C| = C2 = Cr, = o, et S^=zalC^ ou S = «404. 58. Volume d'un tétraèdre. — Soient V le volume d'un té- traèdre ABCD, a,., |3,,, 9;., c?^les coordonnées des sommets. L'équa- tion du plan ABC (§ 26) étant Cj Xi •+• Cg 0*2 -+- C5 ocrr -+- (-4 a:'^ = 0 , la hauteur abaissée de D sur ABC sera égale à et, comme la surface du triangle ABC vaut 5 VV/t(C), or " d'où t^i oc^ a-g a^ V (^. i3, /33 3, V ri rô r5 r, K h ^5 C?4 En faisant 0, î= 1, ri-, = 4 = ()\ = 0 , on voit que Cj est égal au rapport du volume du tétraèdre A, ABC à celui du tétraèdre fon- damental. ILN. ÉTUDES DE MÉCANIQUE ABSTRAITE, PAR J.-M. DE TILLY, CAPITAINE D'ARTILLERIE, PROFESSEUR A L'ÉCOLE MILITAIRE. (Mémoire présenté à la classe des sciences le 1" août Tome XXI. ETUDES DE MÉCANIQUE ABSTRAITE, INTRODUCTION. J'avais établi, après plusieurs années de travail, les principes fondamentaux d'une géométrie abstraite, basée sur la négation de l'axiome XI d'Euclide *, qui, à mes yeux, et en tant que vérité absolue , ne repose sur rien. J'avais tiré de ces principes des dé- ductions fort curieuses et je comptais les présenter au jugement des savants lorsque, il y a à peu près une année, je lus, dans le tome XVII du Journal de Crelle, un mémoire de Lobats- chewsky, intitulé : Géométrie imaginaire, dans lequel je retrouvai mes formules fondamentales, sans démonstration, mais suivies de déductions qui, en certains points, étaient poussées bien plus loin que les miennes. Plus tard, je trouvai dans un autre mémoire du même auteur ** la démonstration de ces formules fondamen- tales, très -différente de la mienne, mais tout aussi exacte, et en même temps l'indication d'autres ouvrages traitant du même sujet. Je perdis ainsi la priorité de mes découvertes et je pus me con- vaincre que les travaux exécutés avant moi suffisent, et au delà, pour faire présumer que la nouvelle hypothèse qui sert de base à la géométrie abstraite ou imaginaire ne peut conduire à aucune conséquence en opposition avec la logique, ce qui permet de la considérer comme possible aussi bien que celle d'Euclide; car * Souvent appelé postulalum d'Euclide. **■ Études géométriques sur la théorie des_ parallèles, par Lobals- cliewsky, professeur à l'université de Kasan, traduit par M. Houël, profes- seur à la faculté des sciences de Bordeaux. Paris, Gauthier-Villars; 1866. (M l'expérience ne peut ici servir à rien, les erreurs inhérentes à toute expérience humaine étant bien supérieures à la différence qui devrait exister entre les résultats dans les deux géométries. Pour cette raison, et bien que je sois arrivé à quelques faits re- marquables dans la géométrie abstraite proprement dite, je n'in- sisterai pas sur cette partie , parce qu'il ne s'agit, dans l'état actuel de la science *, que d'établir la possibilité de l'hypothèse et qu'elle me paraît suffisammeut établie en géométrie pure. Mais il faut aussi que cette même hypothèse, transportée dans la mécanique rationnelle, permette d'édifier cette science sans aucune contra- diction. Je m'en suis occupé depuis longtemps et je crois que, dans cette partie au moins, la priorité me reste. Je vais exposer ci-dessous mes principaux résultats; ils suffi- sent, je pense, pour faire présumer qu'il en est de la mécanique * Je veux dire qu'actuellement la géométrie abstraite est purement spé- culative et ne peut avoir aucune application pratique , car Texpérienee n'a jamais montré, dans la somme des angles d'un triangle rectiligiie, la moindre déviation de deux angles droits. Mais rien ne dit qu'elle n'aura jamais d'appli- cations. 11 peut s'en présenter dans deux ordres d'idées différents : !•> Comme moyen d'intégration. Voir les applications de Lobatschevvsky dans ce sens {Journal de Crelle , 1837). 11 est juste de dire que les intégrales définies de Lobatschewsky et celles que j'ai trouvées moi-même dans cette voie, jusqu'ici, peuvent s'obtenir par analyse pure, mais il est loin d'être prouvé qu'il en sera toujours ainsi; 2° Il se peut qu'en astronomie ou en mécanique céleste on en vienne un jour à raisonner sur des figures très-grandes dans lesquelles la géométrie et la mécanique ordinaires ne seraient plus applicables. Je n'en citerai qu'un exemple et je le prendrai très-simple. Je sais que, jusqu'ici, les astronomes ne s'occupent guère d'évaluer, même approximativement, la distance de la terre aux étoiles, ni des étoiles entre elles; mais ils sont au moins bien con- vaincus que, lorsqu'en visant sur deux étoiles, ils trouvent leur distance an- gulaire plus petite que 60°, la distance effective de ces étoiles est plus petite que leur distance à la terre, ou, au moins, que la distance de l'une d'elles à la terre. Or, selon moi, cette conviction ne repose absolument sur rien; ils appliquent ici des principes que la théorie n'a pas démontrés jusqu'à présent et que l'expérience n'a pu démontrer que dans des figures très-petites, et le côté qu'ils supposent le plus petit du triangle pourrait fort bien être le plus grand (tout ceci en admettant que la lumière des étoiles nous arrive en ligne droite, ce qui est une question en dehors de mes études). (5) comme de la géométrie; deux hypothèses y sont également pos- sibles; elles conduisent à deux mécaniques différentes, mais qui coïncident dans Tinfiniraent petit et, par une approximation très- suffisante, dans les systèmes très-petits que nous considérons à la surface de la terre; l'une des deux est d'ailleurs beaucoup plus simple que l'autre; il est donc tout naturel et très-logique qu'on la choisisse dans l'enseignement élémentaire, mais cela ne peut rien prouver contre l'exactitude possible de l'autre hypothèse. La plus grande difficulté que j'aie rencontrée dans la rédaction de ce mémoire a été de savoir où m'arréter; en effet, si j'aborde une théorie quelconque de la mécanique, les résultats connus se transforment en d'autres, beaucoup plus compliqués et sans uti- lité pratique, mais aussi sans contradiction. Fallait-il les rapporter tous, les coordonner entre eux et établir une mécanique com- plète? Ce serait une grande œuvre, mais le temps et le talent me font également défaut pour l'accomplir. Fallait-il, au contraire, les rapporter sans les coordonner? J'eusse écrit encore un gros volume peu intéressant. J'ai adopté une autre marche. Je n'expose que des principes; au lecteur d'en faire l'application. Je ne me suis écarté que deux fois de cette règle, savoir : dans la composition des mouvements et dans la dynamique des systè- mes plans. Les détails que je donne sur la composition des mou- vements ont pour but d'éviter que le lecteur perde son temps, comme cela m'est arrivé, à y chercher une contradiction, tandis qu'on n'y trouve, à chaque pas nouveau, que des vérifications nouvelles. La même raison s'applique à la dynamique des sys- tèmes plans et de plus j'y pose les bases d'une théorie fort cu- rieuse que je n'ai pu qu'ébaucher ici , mais que je voudrais voir traiter à fond et qui peut mener à des résultats inattendus. Peut- être y reviendrai-je un jour. Dans le texte, je suppose au lecteur la connaissance, soit des deux mémoires de Lobatschewsky dont j'ai parlé plus haut (celui du Journal de Crelle jusqu'à la page 507 inclusivement), soit de ma démonstration des formules fondamentales, démonstration qui est résumée dans la première partie de ce mémoire. Celui qui désire posséder à fond la géométrie abstraite doit lire les travaux (6) de Lobatschewsky, mais s'il ne s'agit que d'être strictement à même de comprendre la partie mécanique, l'étude de ma démonstration suffît, et elle est notablement plus simple que celle de Lobats- chewsky, parce qu'elle n'emploie que la géométrie et la cinéma- tique planes. Le lecteur peut considérer les déductions du géomètre russe et les miennes de deux manières différentes. D'après Gauss, Lobats- chewsky, Bolyai, MM. Baltzer et Houël *, ces déductions peuvent constituer la géométrie véritable, et celle que nous employons ordinairement peut n'être qu'une géométrie expérimentale ou approximative; s'il était permis de citer un nom obscur après des noms illustres, je dirais que, jusqu'à preuve convaincante du con- traire, je partage cette opinion; mais je n'entends en aucune manière l'imposer au lecteur. Libre à lui de considérer tous les résultats obtenus dans l'hypothèse nouvelle comme de simples jeux d'analyse qui, même avec cette portée restreinte, ne lui sem- bleront pas, j'espère, indignes de son attention. Tout ce que je lui demande, c'est d'entrer provisoirement, et pour le temps que durera la lecture du mémoire, dans l'idée de Lobatschewsky et dans la mienne, sauf à la rejeter après, s'il ne la trouve pas suffi- samment étayée. Mais si le lecteur refusait d'entrer, même provisoirement, dans cette idée; si, partageant une manière de voir qui est encore assez répandue parmi les géomètres **, il déclarait, à priori, impossible et absurde une hypothèse que Gauss a adoptée et maintenue pen- dant soixante ans, il ne me resterait qu'à le prier de s'arrêter ici et de ne pas continuer la lecture d'un mémoire qui ne renferme rien de compréhensible pour lui. * Et peut-être bien d'autres, parmi lesquels je crois pouvoir citer encore Lejeune-Dirichlet , bien que j'aie quelques doutes sur son opinion. Je suis sur qu'il s'occupait de la géométrie abstraite, mais je ne suis pas sûr qu'il l'ait con- sidérée comme la véritable, ou comme aussi probable que la géométrie usitée. '* Il faut en excepter les géomètres allemands. En Allemagne les idées nouvelles ont déjà pénétré dans l'enseignement élémenlaire. Voir Ualtzer, Die Elemente der Mâthematik , zweiter Band, zweite verbesserle Auflage, Leipzig, 1867, pp. m, iv, 13 à 17, 146, 147, 3"29. PREMIÈRE PARTIE. EXPOSÉ SOMMAIRE DE LA GÉOMÉTRIE ABSTRAITE Voici comment j'établissais les bases de la géométrie abstraite avant de savoir que d'autres eussent déjà traité cette question : i. Trigonométrie cinématique. — Je considère un point M animé à la fois de deux vitesses rectangulaires, v et v' **; soit ii^ * Le lecteur qui connaît les deux mémoires de Lobatschewsky peut pas- ser celte première partie. ** Un point a toujours dans l'espace absolu une vitesse unique; quand je dis, avec plusieurs auteurs, qu'il a deux vitesses simultanées, c'est par abré- viation de langage; si un doute s'élevait à cet égard dans l'esprit du lecteur, il devrait se rappeler l'exemple de l'anneau qui glisse sur une tringle en même temps qu'il participe au mouvement de celle-ci, ou, mieux encore (surtout quand il s'agit de plus de deux vitesses), il devrait se représenter plusieurs feuilles de papier superposées (une de plus qu'il y a de mouvements à com- biner) et admettre que chacune de ces feuilles put glisser librement sur les feuilles inférieures sans les entraîner, mais en entraînant avec elle les feuilles supérieures. Le point ou le système plan dont on étudie le mouvement serait dessiné sur la feuille supérieure. On donnerait alors l'un des mouvements composants à chacune des feuilles, sauf la feuille inférieure qui représenterait le plan du fond ou l'espace absolu. La feuille supérieure aurait tous les mou- vements à la fois et aussi un mouvement unique par rapport à la feuille infé- rieure fixe. Il faut, à la rigueur, en revenir à cette image chaque fois que, dans la suite, j'emploierai la composition ou la décomposition des mouvements dans un plan. C'est, je pense, le dernier degré d'évidence auquel cette notion pri- mordiale puisse être portée, et il est bon d'observer que toutes les autres connaissances géométriques ou mécaniques n'y ajoutent rien, pas plus dans la science usitée que dans la science abstraite. (8) en direction et en grandeur, la vitesse unique qui doit nécessai- rement en résulter pour le point mobile : on pourra, réciproque- ment, décomposer la vitesse u suivant v et v'; et il est évident que ces deux quantités sont les seules composantes possibles de la vitesse ii suivant les deux directions assignées; il est évident aussi que si l'on doublait u, ses composantes seraient doublées et, en général, que les composantes de ku suivant les directions assignées seraient kv et kv' [k étant un nombre entier); récipro- quement, les composantes de ^^ seraient p^ et ^ et, en combinant ces deux résultats, on voit que les composantes de -p seraient T? et -^ , A; et k' étant entiers; du coefficient commensurable on passerait à l'incommensurable par un raisonnement connu; ainsi donc, quelle que soit la quantité k, la vitesse ku aurait pour composantes kv et kv' suivant les directions données. J'appellerai cosinus cinématique de l'angle a la quantité constante - par la- quelle il faut multiplier une vitesse quelconque ku dirigée suivant l'un des côtés de cet angle pour obtenir sa composante kv suivant l'autre côté, lorsque la seconde composante passe par le sommet de l'angle et qu'elle est perpendiculaire à la première. J'appellerai sinus cinématique d'un angle le cosinus de son complément. Je considère maintenant une vitesse u que je décompose en u cos a * et u sin a, comme l'indique la figure; je puis, de même, remplacer u cos a par Il cos^a suivant OA et u cos a sin a suivant OD perpendicu- laire à OA ; puis u sin a par Il sin a cos a suivant OE, pro- longement de OD et ii sin^ a suivant OA; les vitesses op- posées suivant OD , OE se détruisent et celles qui sont dirigées suivant OA, devant * Comme, dans celle partie, je n'emploierai pas d'autres lignes Irigonomé- triques que les lignes Irigonomélriques cinémaliques, je n'ai besoin d'aucune nolalion spéciale. ( 9 ) reproduire la vitesse primitive u , donnent u sin^a -4- u cos-.x = u , OU (!)• Je considère ensuite une vitesse u, dirigée suivant OC et je la décompose suivant OA et OD; les composantes seront u cos (a. -\- p) suivant OA et ti sin (a -4- (3) suivant OD ; mais si l'on commençait par décom- poser u suivant OB et sa per- pendiculaire OB', les compo- santés seraient u cos (3 et ■^ 0 A îf sin jS; décomposant ensuite îicosfi et usin^ suivant OA et OD, on aurait, suivant OA, la vitesse u cos |3 cos a — u sin p sin a et, suivant OD, îi cos (3 sin a -+- u sin S cos a , donc ou et ou u sin ((Z -+- j3) := M sin a cos /3 -+- m sin j3 cos a , sin (0C + /3) = sina cos]3 -t- siniS cos a (2) u cos { ^i^^i la quantité x est une constante dans l'équation (6) et j'écrirai sin f/a = -^^ (7). Partant de la relation sin 1*^= 1, on pourrait, par l'équation sin 2a = 2 sin a cos a := 2 sin a l/^l — sin ^^ , résolue par rapport à sin a, trouver sin 45° et descendre, par la même formule, jusqu'à un angle très-petit. On trouverait ainsi, par approximation, tx = 3, 1445920.... J'observe encore que, du sinus très-petit que l'on aurait trouvé, on pourrait déduire le cosinus par la formule sin^a -f-cos^a=d, puis au moyen des formules sin(a -+- /3) et cos (a -h (3) trouver les lignes trigonomé- Iriques d'une série d'angles formant une progression arithmétique dont la raison serait très-faible et construire, par conséquent, une table complète des lignes trigonométriques cinématiques. D'après les bases mêmes sur lesquelles repose cette construction de la table, il est évident qu'elle ne différerait en rien des tables construites d'après les définitions ordinaires des lignes trigonomé- triques. (H) 2. Dilférentiaiîon et intégralion des fonctions trigonomè- triques. — On a d sin a; = sin {œ -¥■ dx) — sin a; = sin a; cos dx -t- sin dx cos x — sin x or cosf/x ne diffère de l'unité que d'un infiniment petit du second ordre, et sin dx = -^, donc (/ sin x = — cos xdx. d COS o; = cos (a?-*- d^r) — cos a; = cos x cosdx — sin x sin dj; — cos x = sin xdx. 2 Réciproquement on a /cos a:da; = — sin a; , /sin xdx = cos a;. 7t 2 Les coefficients - et —, que ne renferment pas les expressions or- dinaires des différentielles et intégrales trigonométriques , pro- viennent de ce que je différentie et intègre des angles exprimés en angles droits et non des arcs exprimés en mètres. 5. Relations entre les circonférences et les èquidistanles. — Une courbe est la trace d'un point qui glisse sur une droite mo- bile, qui est la tangente, pendant que cette droite tourne autour de lui. (Lamarle, Exposé géométrique du calcul différentiel et in- tégral j et Démonstration du postulatimi d'Euclide.) ('). L'équidistante d'une droite, appelée base, est une ligne située dans un plan passant par cette droite et dont tous les points en sont distants d'une même quantité appelée bauteur; la non-ad- mission de l'axiome XI d'Eucbde conduit à admettre que la ligne équidistante d'une droite est, non pas une droite, mais une courbe indéfinie et uniforme (Lamarle, second mémoire cité plus haut). Je ne préjugerai point la question de savoir si l'équidistante est droite ou courbe. (') Le premier de ces travaux est inséré dans les Mémoires couronnés et autres mémoires, publiés par TAcadémie royale de Belgique, collection in 8°, tomes XI et XV. Le second est inséré dans les Bulletins de la même Académie , tome XXlll, 1856. (12) J'appellerai eq a le rapport de la longueur d'une portion d'équidistante de hauteur a à sa base; ce rapport est indépendant de cette base. J'appellerai angle de rotation de la tangente qui décrit une courbe l'angle total dont elle tourne pour passer d'une position déterminée à une autre; admettre que cet angle soit égal à celui des deux tangentes extrêmes serait admettre l'axiome XI sous une forme déguisée; c'est l'erreur de quelques auteurs qui n'ont examiné que superficiellement la difficulté dont je traite; c'est à peu près l'erreur commise par l'auteur de la démonstration cri- tiquée avec raison par M. Lamarle à la page 5 d'un mémoire déjà cité *. Comme je n'aurai à considérer que des courbes uniformes, je pourrai admettre l'uniformité de vitesse de glisse- ment pour le point décrivant, ainsi que l'uniformité de vitesse de rotation pour la tangente; alors cette vitesse de rotation déter- minera l'angle décrit par la tangente en un temps donné. La vitesse angulaire de rotation est la vitesse qu'aurait un point situé à l"" de distance du centre instantané. Je considère une circonférence de rayon B, engendrée par le point A, glissant sur la tangente avec une vitesse v, tandis que cette tangente tourne autour du point de contact avec une vitesse angulaire oi. Si l'on imagine que la normale ou le rayon AO suive le mouvement de manière à rester toujours perpendiculaire à la tangente au point de contact, le centre 0 participera aux deux mouvements; or le glissement lui communiquerait une vitesse veçR, tandis que la rotation lui communiquerait, en sens in- .. wcircR verse, une vitesse —. — — . ' cire 1 Comme le point 0 est immobile, on doit avoir circR -, , co egR cire 1 ,„, t;£'oR = w-^ -, d0U- = : r — • . . • (8). Cire 1 V cire R ' J'examine maintenant la marche du point C situé à une dis- tance 2R du centre. Pour ce point, les deux vitesses sont les mêmes que pour le point 0, mais elles s'ajoutent et comme, * Démonstration du postulalum (.VEuclide. ( d5 ) d'ailleurs, la vitesse totale du point C est ^-^"l- ? on a V cire 2R ^ cire R . := V eqR -\- 00 cire R cire 1 / cire 2R ^ \ — — ^^ ^Q^ cire 1 . ^^ ,. 00 \ cire R / / cire 2R en K \ — = r— t; = cire 1 - — -— . (9). V cire R \circ2 R eircRy Égalant les valeurs de ^ données par les équations (8) et (9), on a eqR _ cire 2R eqh. cire R cire* R cire R cire 2R ^ ^ e^R = -— — - (10). ^ 2 c rc R ^ '' Remplaçant dans (8) os cire 2R cire 1 (11). V 2 eirc^ R Je reprends l'équation (10) que je mets sous la forme cire 2R = 2 cire R eqïi. Pour chercher cire nR, il suffît de porter sur la normale à l'extérieur de la circonférence une dislance AC=(/i— 1)R, et de faire mouvoir la normale AC comme précédemment; les deux vitesses du point C sont alors 00 cire(n — 1)R veg(w — 1)R et d'ailleurs la vitesse totale est cire 1 V cire nR eircR d'où V cire tiK co cire (n — 1 ) R = veq{n — 1)R + cire R cire 1 [cirenR .^T . . eq(n — 1)R cire 1 eircR ^^ J V circ(n — 1)R ( u ) Comparant avec (li) circnR , ^^^ cire (/i — 1)R cire 2R eo(n~l)R= cire R ' 2 cire^ R 2 cire nR cire R — 2 cire^ Req {n — 1)R = cire {n — 1)R cire 2R cire 2R cire wR = cire (n — 1)R -— : — - -+- cire R eq (n —1) R. 2 eirc R et, d'après l'équation (10) cire nR = cire (n — 1)R e^ R -t- cire R eq{n — 1) R. Donnant à ?i des valeurs successives cire 2R = 2 cire R eg R cire 3R = cire 2R e^ R -4- cire R eg 2R = 2 cire R eç^ R + cire R ery 2R = circR (2eg2R-Heg2R) cire 4R = cire 3R eg R -t- cire R eg oR = cire R ( 2 eg' R -h eg 2R eg R ) -t-circReg3R = circR(2eg' R-t-eg2RegR ■+- egSR) et, par une loi évidente, circnR = cireR(2eg«-iR + eg2Reg»»-3R -i- ^eq{n — l)T{). Si maintenant on passe à la limite en supposant R, 2R nR infiniment petits, les quantités e^R, eq 2R, eq (n — i) R ne diffèrent de l'unité que d'un infiniment petit relatif, et l'on a cire 2R = 2 cire R cire 3R = 3 cire R cire nR = n cire R. On aurait de même (toujours dans l'infiniment petit, c'est-à-dire à la limite) , cire R = n cire — et wi ^ . R cire — R = m cire —, n n d'où circ — R = — cire R , n n (15) m et 71 étant des nombres entiers; enfin on passerait de la quan- tité commcnsurable ~ h une quantité quelconque par un rai- sonnement connu. On a donc en général, mais à la limite seu- lement cire KR = KcircR, quel que soit K. Si donc pour une valeur particulière de R, on pose cire R= 2t'R, on aura cire KR = 2t'KR; cette quantité n est donc une constante, quel que soit le rayon; mais pour bien rappeler que mes raison- nements ne sont applicables que dans l'infiniment petit, j'écrirai circrfR = 2;r'c?R(12). n est une quantité inconnue, mais déter- minée et finie. S'il restait quelque doute à cet égard , je le lèverais en faisant observer, d'abord, que t' est plus grand que 5; en effet si, dans une circonférence, on inscrit un hexagone régulier, et si l'on forme six triangles isocèles en joignant ses sommets au centre, les angles au centre valent % d'angle droit, donc les angles à la base des triangles isocèles valent tout au plus ^k d'angles droits (car on sait que la somme des angles d'un triangle ne peut dépasser 2°; la difficulté ne consiste qu'à savoir si elle doit at- teindre cette valeur), donc le côté de l'hexagone vaut au moins le rayon, donc toute circonférence vaut au moins 6 fois son rayon et t' vaut au moins 5. Pour trouver maintenant une Hmite supérieure de tt', je trace une circonférence de rayon R, et j'appelle 2K son rapport au rayon, rapport nécessairement fini, puisqu'il est déterminé. On aura t'^ K. En effet (10) 2KR = cire R (20) cire R R 2 cire? ~'^2 ' (30) cire S R 2 cire?, ~'^4 cire 2JR (n H- lo) = eq dR ( le raiii? ?n- 1 de Tequation suppose 2circc/R r (n -i- 2o) cire dR = 2^' dR (16) d'où, par multiplication, 2KR cil 2' et comme dK = «„ , j^ == 2^'fmcircR leg— e^— egdR 1 OU R R K = t' eg — eg- eq dH eqleql eqclR Mais toute portion de ligne équidistante est au moins égale à sa base, puisque la perpendiculaire commune est la plus courte dis- tance de deux droites (Lamarle, Déni, du post. d'Eudide, p. 8), donc le dénominateur du second membre vaut au moins i et n ne peut dépasser K; t' est donc bien une quantité finie et déter- minée, quoique inconnue. Si l'on pouvait déterminer t' ap- proximativement par des opérations mécaniques, on trouverait 5r'= 5,1415926.... ce qui ferait présumer que tv' = t. Je n'aurai pas à me servir de cette propriété qui est démontrée plus loin. Une équidistante dont la hauteur est infiniment petite ne peut différer de sa base que d'un infiniment petit du second ordre, c'est-à-dire d'une quantité infiniment petite par rapport à la hauteur. ^^-- |B^ Soit A'B' une équidistante dont jt — — B AB est la base et A A' la hauteur; j'appelle u' la vitesse de son point décrivant; a la vitesse angulaire de rotation de sa tangente (les accents ont pour but de distinguer les équations que je vais trouver des équations (8) à (H) relatives à la circonférence). Si l'on imagine que la normale AA' suive le mouvement de la tangente, le point A aura deux vitesses, savoir , , . , , 1 . 11. ^' cire AA' V eqkk\ vers la droite, provenant du glissement et — -. — - — vers la gauche, résultant de la rotation. Cette dernière valeur peut d'ailleurs s'écrire — (12), A A' étant supposé infiniment ( 17 ) petit. iMais la vitesse réelle de A est—— , donc v' 2r'.co'.AA' v'eqkh! — egAA' cire 1 ^Tr'co'AA'e^AA' v'= v'eq'^kk'— v\eqkk'-\-i){eqkPi.'—\)=^ cire 1 STr'w'AA'e^AA' cire 1 et si l'on observe que e^AA' diffère de i d'un infiniment petit seulement, il vient rr'oi'. kk' eqkk'—i = (13) V cire 1 Mais u, vitesse de rotation de la tangente, est nulle quand AA' = 0 et ne peut passer de cette valeur à une valeur finie que par tous les degrés intermédiaires; donc puisque AA' est infiniment petit, c'est-à-dire aussi petit que l'on veut, a est lui-même infiniment petit et, par suite, eP=: !R — 4 cire ^ R ( 23 ) Si Ton difTércntie M', en se servant de la formule (19) et si Ton tient compte de 1 équation (18), le numérateur de la diffé- rentielle s'annule; il n'en est pas de même du dénominateur (circ2 2R— icirc^ R)2 puisque l'on n'admet, pour aucune valeur de R, la relation cu-^R __ 2^ (Jq,^(. ]g différentielle est nulle et l'équation (i21) est vraie pour toutes les circonférences, M étant une constante finie et déterminée. 8. Expressions de la circonférence et de l'équidistante en fonc- tion du rayon et de la hauteur. — De cire K V M2 on tire ?=v^ cire 2R , / eire -H - / eire ^K £'^RouR'= \/ 1 -i- l/R'-2 _ 1 = M eire I{ et la formule (;20) devient M /eireR . / , eire^RN 2R = — log h\/ H -— 2tR /circR - / eirc^^H\ W ] cire ^^K 122 1 H- eire R - / circR 1 / VL^ -H^ M cire R = — i c'âT _ e m j (^-2) __ e Al —e *M. D'après cela l'équation (10) devient ' 2 cire R M / lun -!£i\ 2 1 / (2o; { 24 ) 1). Formules fondamentales de la géométrie abstraite. — Je considère maintenant un triangle rectangle PQR, dont R est l'angle droit; on a, d'après les énoncés cinématiques du n° 4, eqr = eqp eqq eqr = col P col Q circp = cire r sin P et, d'après les équations (22) et (25) - ( e M ^e M j —col P col Q — ( e M _ e M j — __ ( e M _e m j gin p. En faisant disparaître partout les exposants négatifs, on trouve aisément i-rr i-ry iTTfl 2rr 2e *» e «' -f-l = tg P tg Q 27rr 27? ;> 2e "" 2e *• sin P ai I e ^ ■ et si l'on prend pour unité de longueur ^, ces équations se réduisent à 2e'- 2eP 2^*? \ gS/- _|_ 1 e^i' -\- I e-î -h 1 2er -= igP igQ \ M c-'' -4- 1 2e'' 20^ sin P c^P — 1 ( 25 ) Je suppose maintenant, avec Lobatschewsky *, qu'une longueur a soit liée à un angle aigu a' par les équations identiques sin a' = - *^ — 7 tg a' = — -, et je continue de même à accentuer une lettre pour désigner un angle qui en dépend de la même manière que a dépend de a. Les formules (24) deviennent sin r' = s\np' sin q' sin r' = tg P tg Q tg r' = tg p' sin P. Ce sont les équations fondamentales que Lobatscliewsky pose sans les démontrer {Journal de Crelle, 1857, page 290) et qu'il démontre dans l'autre mémoire (traduit par M. Houël), mais en s'ap[)uyant sur des considérations empruntées à la géométrie de l'espace et sur l'étude d'une surface nouvelle (l'horisphère) , tandis que, dans ce qui précède, on n'emploie que la géométrie et la cinématique planes. On peut observer de plus que les propriétés cinématiques des triangles rectangles, combinées avec les formules qui donnent cire R et e(/R, présentent les résultats généraux de la géométrie abstraite sous une forme très-facile à retenir et à appliquer. Ces deux dernières formules elles-mêmes deviennent circR = TT (eR — e-^) et par suite de l'hypothèse faite sur l'unité de mesure. 10. Sur les aires planes. — Dans ce paragraphe, dont le con- tenu n'est indispensable ni à l'intelligence, ni à l'exactitude du * Avant de connaître ses travaux, je laissais ces équations sous la forme obtenue au n" 4, qui est plus simple et plus facile à retenir, el je ne les com- binais pas avec les équations (22) et (25), très-faciles aussi à retenir séparé- ment. ( 26 ) reste, je me borne à donner le résumé des raisonnements, en priant le lecteur de les compléter. J'appellerai aire équidistante, l'aire comprise entre une portion de ligne équidistante, sa base et les deux hauteurs qui la limi- tent; j'appellerai bande infiniment mince l'aire comprise entre une courbe quelconque, deux normales infiniment petites et la courbe équidistante de la courbe donnée , joignant les extrémités des deux normales. L'équidistance doit toujours être comptée sur les normales. On mène celle-ci du côté convexe de la courbe dont on veut obtenir l'équidistanle. Je ne m'occupe, dans ce qui suit, que de courbes convexes. D'abord il est évident que toute bande infiniment mince est équi- valente à l'aire équidistante de même base et de même hauteur, car si l'on imagine qu'une tangente décrive la base delà bande, par translation et rotation, la normale décrira, en même temps, la bande; mais la partie décrite par translation est rigoureuse- ment égale à l'aire équidistante qui a une base équivalente et même hauteur, et la partie décrite par rotation n'est qu'un mul- tiple déterminé du cercle qui aurait la hauteur pour rayon; cette seconde partie s'annule vis-à-vis de la première et le théorème est démontré. Il en résulte que deux aires équidistantes de même base et à hauteurs infiniment petites sont entre elles comme leurs hauteurs, car si celles-ci sont dans le rapport de m h 71, on divisera les aires équidistantes en m et n bandes infiniment minces par des équidistantes auxiliaires, passant par les points de division des hauteurs; mais toutes ces bandes infi- niment minces sont équivalentes, car leurs bases ne diffèrent que d'un infiniment petit (et même du second ordre d'après l'équation (15), ce qui n'était pas nécessaire ici) et leurs hauteurs sont égales, donc les aires équidistantes seront entre elles comme leurs hauteurs. Le cas de commensurabilité implique, pour des raisons connues, celui d'incommensurabilité; ainsi deux aires équidistantes de même base et de hauteurs infiniment petites sont entre elles comme leurs hauteurs; d'ailleurs il est évident que deux aires équidistantes de même hauteurs sont entre elles comme leurs bases; donc deux aires équidistantes quelconques, (27) mais à haïUeurs infiniment petites, sont entre elles comme les produits de leurs bases par leurs hauteurs. Le choix d'une unité de surface convenable permet donc de dire qu'une aire équidistante et, par conséquent, une bande infi- niment mince quelconque, a pour mesure le produit de sa base par sa hauteur. Il en résulte évidemment d cercle R = cire RdR ou Mais on a (19) cercle R =j cire Rc/R cire 2R (l cire R = 2jr' ■ r/R 2 cire R ou 2 cire R d cire R = 27r' cire 2R(/R = jt' cire 2Rf/(2R) équation différentielle dans laquelle les variables sont séparées et dont l'intégration entre les limites 0 et R (pour la variable R) donne circ^R = ;r' cercle 2R, cercle 2R = — ^^ (25). On pouvait prendre aussi la relation cercle R = / cij'c R(7R = tJ dR (e^- — e-^O = /t {v^^ -+- a-^^ - 2) OU cire' R cercle 2R Ce résultat, comparé à l'équation (2Ii), démontre que tt' = tt. ii. Trigonométrie sphériqne. — Les énoncés cinématiques généraux renferment la trigonométrie sphérique aussi bien et plus complètement que la trigonométrie rcctiligne, c'est-à-dire que la première reste la même que dans la science usitée. Pour le prouver, je remarque d'abord que , jusqu'à l'équation (19), on ne s'est pas servi des propriétés spéciales du plan et que, par suite, les raisonnements sont entièrement applicables à la sphère ( il suffit de les relire pour s'en convaincre), en remplaçant la droite par l'arc de grand cercle. Les énoncés cinématiques sont (28) donc établis pour les triangles sphériques rectangles. Mais que deviennent, sur la sphère, les quantités circR et e^R, R étant le rayon ou la hauteur sphérique? Pour le savoir, je considère, sur une sphère de rayon fi, la cir- conférence de petit cercle ayant B pour centre, B' pour pôle et R pour rayon sphérique ', elle aura r pour rayon rec- tiligne et, comme le triangle rectiligne rectangle AOB donne, par les énoncés ci- nématiques seuls, cire r = cire û sin ^^^^ on voit que la quantité cire R devra se remplacer par cire û sni ~^. * ' . , cire il La quantité e^ R est évidemment ici ^^^ et comme 4R cire r' = cire û cos cire û 4R on voit que eq R doit se remplacer par cos ^^^^-^. Si l'on adopte, pour un moment, les conventions ordinaires de la trigonométrie sphérique, sin ^j^ s'écrira simplement sin R, et cos ^jp^j (^os R. Alors cire R devra se remplacer par cire Ci sin R et e^ R par cos R. Cela posé, je considère un triangle sphérique rectangle ABC dont A soit l'angle droit. Les énoncés cinématiques généraux donnent cire b = cire a sin B cos B en b = - sin C eq a = cot B col C eq a =eqb eqc * Pour la première fois, j'emploie ici des notions géométriques postérieures à l'axiome XI, et même des notions de géométrie de l'espace. 11 est facile, pour celui qui s'est occupé de la question, de distinguer quels sont les théo- rèmes qui subsistent indépendamment de toute hypothèse sur la théorie des parallèles; mais, en cas de doute à cet égard, on pourrait recourir au deuxième mémoire de Lobatschewsky (traduit par M. Houël), où cette distinction est nettement établie. (29) et, en remplaçant les équidistantcs elles circonférences par leurs valeurs cire û sin b = cire û sia a sin B OU sin 6 =: sin a sin B . . . . , . . . . (1) cos B cos b — (2) sin G cos a = cot B eot G (3) cos a =: cos ?^ cos c (4) ce qui sont précisément 4 formules connues des triangles splié- riques rectangles; pour montrer que toute la trigonométrie sphé- rique est contenue dans mes énoncés, il suffira de déduire des formules précédentes la formule fondamentale cos a = cos 6 cos c h- sin 6 sin c cos A. Ici je me bornerai à indiquer la marche à suivre parce que les calculs n'offrent rien de difficile, ni, je pense, rien de nouveau. B Du point B on abaissera sur AC l'arc perpendiculaire BK qui divisera AC en deux arcs b' et h", on calculera sin BIv dans le triangle BKA par la formule (1); on en déduira cos BK: alors, dans le ^;— ~ -if^ même triangle, on calculera cos 6" par la formule (4); on en déduira sin 6"; on calculera cos b' en remarquant que b' == b — b" et enfin on calculera cos a par la formule cos a == cos b' cos BK qui donnera pour résultat cos b cos c -+- sin 6 sin c cos A. La démonstration se ferait sans plus de difficulté si le point K tombait en dehors de AC. La trigonométrie sphérique est donc établie, et l'on peut en déduire que la géométrie de la surface sphérique, considérée isolément, reste la même dans la géométrie abstraite que dans la géométrie usitée. 12. Aire de la sphère et des segments sphériques. — L'équa- tion obtenue au n** dO, cercle 2R = ^llîL^ résulte aussi de rai- sonnements applicables à la sphère aussi bien qu'au plan et (30) signifie alors que toute calotte spliérique a pour mesure le carré (le la circonférence de petit cercle moyenne, c'est-à-dire passant par le milieu du rayon spliérique, et ayant pour pôle celui de la calotte, divisé par la constante r. Si l'on considère la sphère entière, il faut prendre pour 2R une demi-circonférence de grand cercle et on voit que la sphère de rayon ci a pour mesure circ^û / 2û . -2û TT \e — 2 Par analogie avec ce qui précède, le volume de la sphère serait /""surface QdQ = rf% ''^ -i- e "^^ - 2) dû = ^ (e ^û- . "^û- 4û). O O " 43. Limite à laquelle s'arrête l'assimilation cinématique de la sphère an plan. — On pourrait se demander, d'après le con- tenu des deux derniers numéros, si, en poussant plus loin cette assimilation cinématique de la sphère au plan, on n'arriverait pas, en suivant toujours les mêmes calculs, à établir aussi, sur la sphère, des formules analogues à celles que j'ai obtenues pour le plan et, par suite, des résultats difFérents de ceux de la géomé- trie ordinaire. Mais il n'en est rien, car les raisonnements ne sont communs à la sphère et au plan que jusqu'à l'équation diffé- rentielle cire R "2 , ^^. dp = _— =: (page 22). On a dit que l'intégrale générale de cette équation est cire R P ^ r / log (l/l -f.(R'* - l)sin' ',)} Mais clic a deux intégrales générales et l'autre est cire ^ angle sinus ([/l — R'^ sin |) y/i - \v ( 51 ) Ce n'est pas à dire que la courbe des valeurs de Zy et de p puisse avoir deux équations, ce qui serait absurde, mais il faut remar- quer que quand l'une des intégrales est réelle, Taulrc est néces- sairement imaginaire, vu les radicaux l/R'^ — 1 , \^\ — R'^; il faut donc choisir entre les deux. Dans un plan , on a nécessaire- ment R' = l ou R' > 1 ; si R'= 1 , l'axiome XI d'Euclide est dé- montré et il est inutile d'aller plus loin ; si R'> i , c'est la première intégrale qui est réelle et c'est pourquoi je l'ai choisie au n** 6, sans en donner alors la raison. Mais, sur une sphère, on a nécessairement R'<1 et alors c'est la seconde qui est réelle : on a donc cire R angle sinus (|/l — R'^ sin |j l/l — R'2 't, en prenant pour limites | = 0 et |= 1 '^. cire R aiii^le sin 1/ 1 — R'^ 2 l/l - R'2 On voit déjà que les conclusions ne seront plus les mêmes, mais il convient de poursuivre cette étude. Au n° 7, j'ai posé l'équation 3irc R V cire 2 cil cire 2R mais puisque, sur la sphère, t^"r=^7I^ < 'ï 5 je dois changer le signe du second terme et poser cire 2R _ / circ^ R circR V RP ^ '* il n'y a, d'ailleurs, aucun doute que M soit encore constant, car cette équation ne diffère de la précédente qu'en ce que jp y est remplacé par — |p; donc, puisque ^ était constant pour le plan , — jP le sera pour la sphère et par conséquent M. ( 32) Je vérifie d'abord l'équation (1). Elle donne angle sin [/\ — R'' cire R 4R V/l - R'^ . / sin = V/l -R'% cire R et, en remplaçant cire R par sa valeur cire Q sin ^4i^, et e^fR par cos :Tr^7=t, il vient nrc û' Sin 4R sin 4R \ eirc û cire n sin 4R sin 4R cire û cire û / ce qui est une identité. Je vérifie maintenant l'équation (2). Pour cela je remplace aussi circ U et j^iiT^-îj ou f^R par leurs valeurs; il vient 4R circ û V circ=' Û 4H sin^ circ û ce qui démontre simplement que M = circ û. Les équations (1) et (2) se réduisant alors à des identités , il est impossible que, de leur combinaison, résulte aucune espèce de contradiction. Je remarquerai encore, à propos de l'assimilation cinématique de la spbère au plan, que, dans les n°' précédents, certains cal- culs ne sont efi'ectués que pour le plan et que leurs détails chan- gent, pour la sphère, sans que les résultats se modifient; c'est ainsi que dans le théorème de la page iG, les deux vitesses du point A s'ajoutent pour la sphère au lieu de se retrancher, et l'équation (15) devient par conséquent tt' co' AA' 1 — eq AA' = —--. — . , v' cire i ce qui ne change rien aux conclusions. De même, dans le problème de la page i7, le signe -f- de l'équation (14) se change en — quand on considère la sphère, et ( 33 ) ■ le signe — de l'équation (15) se change en -+- ; au lieu d éliminer |, on élimine — -^ et les calculs redeviennent communs jusqu'à l'équation (IG) dans laquelle il faut choisir le signe — pour le radical, vu l'équation (14). On a donc eq {a -\- b) = eq a eq b — Y^' [l — eq '^ a) (1 — eq^ b). Faisant a = b, on retrouve les équadons (17) et (18) sans mo- difications. Si l'on se sert de la formule (10) modifiée dans la démonstra- tion du 3"" énoncé cinématique, le résultat ne change pas non plus, car alors c'est 1 — cos^B — cos^C qui est positif. On voit aussi que la démonstration analytique du i"*" énoncé est préférable à la démonstration géométrique qui la suit et qui ne s'applique pas à la sphère. Une autre considération à laquelle il faudra avoir égard, si l'on veut que les formules soient tout à fait générales, c'est que, sur la sphère, les circonférences ayant un rayon sphérique compris entre 2 et 4 quadrants, G et 8 quadrants, etc., doivent être considérées comme négatives, ainsi que les équidistantes dont les hauteurs sont comprises entre 4 et 3 quadrants, 5 et 7 qua- drants, etc. 14. Lignes et su7^ faces uniformes. — Horicycle et hoinsphère *. — Dans un plan, les lignes uniformes sont la ligne droite, les équidistantes et les circonférences. L'équidistante ayant une hau- teur infinie coïncide avec la circonférence ayant un rayon infini et prend le nom d'horicycle (cette coïncidence est démontrée dans la deuxième partie). Dans l'espace, les surfaces uniformes sont le plan, la sphère et les surfaces équidistantes d'un plan. La surface équidistante ayant une hauteur infinie coïncide avec la sphère ayant un rayon infini et prend le nom d horisphère (cette coïncidence est rendue évidente si Ion engendre la surface ' Expressions empruntées à Lobalsehewsky. Tome XXI. 3 ( 3i ) équidistante et la sphère par la rotation d'une éqiiidistante et d'une circonférence autour d'une normale). Sur la surface sphërique, la circonférence de grand cercle joue le même rôle que la ligne droite dans le plan, et les seules lignes uniformes qu'on puisse tracer sont les circonférences de grand et de petit cercle. Sur l'horisphère, l'horicycle joue le rôle de la ligne droite et les lignes uniformes sont l'horicycle et les circonférences. Sur les surfaces équidistantes, la ligne droite est remplacée par la ligne équidistante de même hauteur que la surface, et les lignes uniformes sont les équidistantes (depuis cette hauteur jusqu'à l'infini), l'horicycle et les circonférences. Les principes de géométrie générale que j'ai exposés sont ap- plicables à toutes les surfaces uniformes. Je les ai déjà appliqués à la sphère. Pour les surfaces équi- distantes, il suÛit de reprendre les formules relatives au plan en changeant M en M' et de poser M' = M eqh, h étant la hauteur de la surface équidistante. Pour démontrer cette dernière formule, on projette sur le plan de hase une circonférence tracée sur la surface équidistante; on calcule les longueurs des deux circonférences, l'une dans la sur- face , l'autre dans le plan de base , en fonction de M et de M' ; enfin on observe que la circonférence primitive est égale à sa projec- tion multipliée par eqh et que son rayon curviligne est dans le même rapport avec le rayon recliligne de l'autre. Pour l'horisphère, on a M' = oc et l'on retrouve la géométrie plane usitée, ce à quoi on arrive aussi en considérant l'horis- phère comme une sphère-limite et en y cherchant la somme des angles d'un triangle. 15. Du parallélisme. — Si, par un point A, on mène à une droite CD différentes obliques AB , AB', qui vont la rencontrer de plus en plus loin, elles forment avec CD des angles B, B' qui diminuent indéfiniment. J'appellerai parallèle* l'oblique limite AP * Avec Lobatsclievvsky. Auparavant je l'appelais asymptote. ( 55 ) ■ qui ne rencontre CD qu'h linfini et forme avec elle un angle nul. Les propriétés ciné- matiques des triangles rectangles donnent d'où cos 0 eq AC = ~ — si II CAP si M Cap = eq AC ainsi, dans la géométrie abstraite, l'angle CAP est aigu, puisque 6'r/AC> 1 et il en résulte qu'on peut par le i)oint A mener à Cl) deux parallèles , savoir AP et sa symétrique AP'. Les notions précédentes, étant bien étudiées, permettent de comprendre complètement les applications de la géométrie abs- traite à la mécanique ** et dispensent de lire les deux mémoires plus longs et plus compliqués de Lobatscliewsky. II est à peine utile d'ajouter que si, dans l'un quelconque des résultats obte- nus, on suppose les lignes infiniment petites, on retrouve le résultat correspondant de la géométrie usitée. A la rigueur, le iriangle n'existe plus à la limite , mais il est évident que pour toutes les valeurs plus petites de CAP il y aura rencontre, puisque Ton pourra calculer la valeur correspondante de l'angle au sommet par la pro- priété que l'on vient d'employer, et que pour les valeurs plus grandes il n'y en aura pas, puisqu'on trouverait pour l'angle au sommet un cosinus plus grand que l'unité. C'est là le caractère de la parallèle. Il faut toutefois y ajouter les questions que je traite dans la ^^^ partie et que j'ai ainsi séparées parce qu'elles ne se trouvent pas non plus dans Lobats- chewskv. DEUXIÈME PARTIE. COMPLÉMENTS DE GÉOMÉTRIE. ]. Lorsque deux droites situées dans un même plan ne se ren- contrent pas et ne sont pas parallèles, elles ont une perpendicu- laire commune. En effet, si AB et CD ne se coupent pas et ne sont pas parallèles, on peut, par le point M, pris au hasard sur CD, mener à AB les deux parallèles, MP, ^ÎQ, et Ton sait que ces parallèles ou asymp- totes se rapprochent indéfiniment de AB, sans la rencontrer jamais. On sait, de plus, qu'elles doiventlaisserla droite CD en dehors de leur angle, sans quoi CD irait rencontrer AB. Il est dès lors \t) ^^'^dent que tout point de CD se trouve à une distance finie de AB et que, parmi toutes les lignes que l'on peut mener d'un point quelconque de CD à un point quelconque de AB, il y aura une ligne minima qui ne sera pas nulle. Soit EF cette ligne, qui est nécessairement droite. Si l'un des angles E ou F n'était pas droit, on pourrait, du sommet de l'autre, abaisser sur AB ou CD une perpendicu- laire qui serait encore plus courte que EF, ce qui est contre l'hy- pothèse; donc E et F sont droits et les deux droites données ont une perpendiculaire commune *. ' xVbstraction faite de Ficlée de la double parallèle que Ton trouve dans Lobatschewsky ou dans ma première partie, j'emprunte, dans cette démon- stration, une idée de M. Ossian Bonnet relative à la perpendiculaire au plan. Voyez Rouché et de Comberousse, Traité de Géométrie , p. 335. ( 37 ) 2. J'appellerai ligne éqiiidistantc d'une droite ou simplement ëquidistante, toute ligue CD située dans un plan passant par eette droite AB appelée hase et dont tous les points en sont distants d'une même quantité AC, appelée hauteur. Si l'on admet C Ûl î^ l'axiome XI d'Euclide, Téquidisiante d'une droite est une droite; mais, ^ dans mon hypothèse, c'est une courhe indéfinie et uniforme *. La ligne équidistante a été étudiée déjà par M. Lamarle, et je prie le lecteur de prendre connaissance de ses déductions à cet égard, surtout en ce qui concerne la tangente à cette ligne, dans la première partie du mémoire intitulé : Dé- monstration du postulatum d'Euclide , par E. Lamarle **. J'aurai hesoin, pour l'étude du mouvement de translation, de connaître la longueur de la ligne CD en fonction de A B et de AC. Soit AB = b , \C = i/;']\ est évident d'ahord que CD est propor- tionnel à AB et que je puis écrire CD = 6 eqy **\ Or, dans chaque rectangle élémentaire on a {Journal de C relie , 1857, page 504, ligne 22) dx , A A' OU ce = et, i)ar suite, sin ij' sin i/ ^ t^{e^ ■+■ 1) <-^ = -. — ; = :-— (page 29(5, ligne 0). On pourrait voir ici une répétition inutile, mais il ne faut pas oublier qu'il est permis au lecteur de passer la première partie du mémoire; je n'y renverrai donc que quand il s'agira d'une théorie importante que l'on puisse en détacher complètement, mais non pour quelques délinitions ou déductions faciles à reproduire. Bruxelles, chez Decq, ou Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 1856. Si la seconde partie de ce remarquable mémoire était aussi exacte que la première, cela couperait court à toute discussion sur les fondements de la géométrie; mais il n'en est pas ainsi et dans cette seconde partie il y a, sinon cercle vicieux, du moins admission tacite d'un axiome nouveau et moins sa- tisfaisant , selon moi, que celui d'Euclide. ecpj (abréviation de équidifitante de hauteur y) représente alors la lon- gueur d'une ligne é(iuidistante ayant l'unité de longueur i)Our base et y pour hauteur. ( 38 ) Ainsi e^ -^l 1 / formule qui se trouve démontrée directement dans la première partie. Si _?/ est infiniment petit, on trouve, en développant e^ et e~^ en séries , eqy = 1, ce qui est le résultat correspondant de la géomé- trie usitée, mais je ne répéterai plus cette observation, qui est générale. 5. Soit une ligne équidistante B'BC et sa tangente BT; soit MN jg^ la base de Téquidistante. Si l'on imagine que cette base s'éloigne, tandis que la ■^ tangente BT reste fixe, et que l'on trace toujours par le point B les équidistantes correspondantes à toutes les positions de T ^ la base , on aura des lignes de plus en plus courbes au fur et à mesure que MN s'éloignera. Pour démontrer cela, j'em- prunte encore à M. Lamarle les idées C M simples et fécondes qu'il émet dans son Exposé (jéomélrique du calcul différentiel et intégral, pages 7 et 9 * sur la génération des courbes, et j'observe que dans toute courbe uniforme, le rapport ~ de la vitesse angulaire** de rota- tion de la tangente à la vitesse de glissement du point décrivant peut être considérée comme mesure conventionnelle de la cour- * Tome XI des Mémoires couronnés et autres mémoires de rAcadémie royale de Belgique , in-S''. On peut lire aussi les pages suivantes, mais alors il faut élaguer avec soin tout ce qui suppose implicilement l'axiome XI d'Eu- clide. Déjà, dans la page 9, ligne o, inf , il faut lire -.courbe plane uniforme, au lieu de : cercle. Pour M. Lamarle, ces deux expressions sont identiques, mais elles ne le sont pas pour moi et on peut dire que c'est précisément en cela que les deux géométries diffèrent. On peut voir aussi le troisième volume (tome XV des Mémoires) pages 199 et suivantes, avec les mêmes restrictions. *' Vitesse du point silué à une distance du centre instantané égale à l'unité de longueur; unité qui n'est pas arbitraire dans la géométrie abstraite. Foir Lobatschewky ou la première partie. ( 39 ) bure cl, en même temps, comme déterminant complètement la courbe. Cela posé, j'imagine que B soit le point décrivant et que la fangente, en roulant sur la courbe , entraîne avec elle la nor- male BA, assujettie à passer toujours par le point de contact B. Le point A aura à la fois deux vitesses, dont l'une dans le sens AA', résultant du glissement du point B sur la tangente et l'autre en sens inverse résultant de la rotation de la tangente au- tour du point B. Bailleurs si v est la vitesse du point B, ^ doit être la vitesse du point A et l'on a , à cbaque instant V cire h = V eq h — oi • eq h cire 1 D'ailleurs eq h = ^ (e'' -t- e~'') (page 38) et {Journal de Crdla, page 507, eq 55) cire h = ^tt cot h' = (page 296, ligne G) 2t '--^- 5 ou cire h = iz (e'' — e~''), équation démontrée direc- tement dans h première partie. Développant en série on a cire h = ^r { h \- - — - -i- ^ -^ .... ) et, en faisante = i , cire 1 = 2^ ( 2 ... 5 i 1 2T5 "*" 2T 5 Substituant tout cela dans V cire h il vient \ , . ,.. 2 -. r . i [l («'■ -^-'■) - ;fz^.] [ ' - j^ + dnî -^- • 1 -' V .-h 2 . ô 2 ...5 / \ e^'-t-e-'v (e> 0-43-2:b---)0^--O^ ( 40) Il suffit maintenant de différenlier celle expression par rap- port à h pour reconnaître qu'elle augmente avec h, c'est-à-dire ([uc réquidistanteest d'autant plus courbe qu'elle est plus distante de sa base, ce qui était assez évident par soi-même. Mais ce qui est remarquable, c'est qu'à la limite, c'est- à-dire quand la hauteur est infinie, on obtient encore une courbe- limite parfaitement déterminée telle que MBN. En effet, on a alors w 1 1 -+ N V 2.5 2.... 5 J'appellerai la courbe MBN équidistante-limite. Les courbes équidislantes jouissent de propriétés très- remarquables; ainsi lorsqu'on les projette sur une horisphère de Lobatschewsky par des axes ou des normales à cette surface, on trouve des ellipses pour projections; il en résulte par les pro- priétés projectives des figures (Poncelet) que tous les théorèmes de position relatifs aux sections coniques de la géométrie usitée sont applicables aux lignes équidislantes; par exemple, la théorie des pôles et des polaires, les propriétés des hexagones, penta- gones, quadrilatères et triangles inscrits découvertes par Pascal, Brianchon et d'autres. Il existe, dans le plan, bien plus de lignes jouissant de ces propriétés qu'on ne l'admet dans la géométrie usitée. Mais comme je n'en aurai pas besoin pour la mécanique, je n'insisterai pas sur ce point. J'y reviendrai peut-être un jour. Ce qu'il importe de remarquer, c'est que la courbe-limite uni- forme dont je viens de préciser le mode de génération est absolu- ment la même que la courbe-limite ou horicycle de Lobatschewsky, c'est-à-dire la circonférence dont le rayon est infini. Pour le démontrer, il me suffira de faire voir que, dans cette dernière, le rapport -est le même que plus haut. Soit donc une circonfé- rence de rayon r engendrée par le point A glissant sur la tangente AB pendant que celle-ci tourne autour du point de contact. Si l'on imagine que la normale AO suive le mouvement de la tan- gente en lui restant toujours perpendiculaire et passant toujours par le point de contact, le centre 0 aura deux vitesses, l'une veqr ( 41 ) duc au glissement et autre '^^^ en sens inverse et due à la circl rotation. Comme le point 0 est immobile, on aura cire r veqr cire 1 co eqr eiie I cirer ïie^- 02t 1 -+- 1 iTs-^--) /r(e'-_e-r) /Il \ ^ '\ 2.3 2...0 / 1 et, à la limite, quand r est infini. 00 l valeur identique à la précédente, ce qui démontre le théorème. 4. Deux droites non situées dans un même plan ne peuvent avoir deux perpendiculaires communes. En effet, elles forme- raient alors avec leurs perpendiculaires communes un quadrila- tère gauche dans lequel la somme des angles serait 4°. Divisant ce quadrilatère en deux triangles par une diagonale et observant que dans un trièdre la somme de deux angles plans est plus grande que le troisième, on voit que la somme totale des angles des deux triangles plans ainsi obtenus serait plus grande que 4^ ce qui est impossible. 5. Tous les plans perpendiculaires à l'arête d'un dièdre coupent A ce dièdre suivant des angles plans égaux. Soient un dièdre et deux sections normales à Tarète AB donnant les angles CAD, EBF. Soit 1 le milieu de cette arètè. Je mène en ce point la section normale (ilH. Si jedé- I tache et que je rctoui'ne le^ système GIHEBF, je puis le faire coïncider avec GIHCAD, liï du |)remier coïn- cidant avec GI du second, GI du premier avec IH du second, B tombant en A ; les faces des dièdres coïncideront donc et par suite les perpendiculaires BF avec CA et BE avec AD, ce qui prouve l'égalité des angles CAD, EBF. C vD ( ^2 ) Si l'on appelle angle plan d'un dièdre l'angle obtenu par une section perpendiculaire h l'arête, on peut done dire que tous les angles plans d'un dièdre sont égaux ou qu'un dièdre n'a qu'un seul angle plan. Il suit de ce théorème que si une face d'un dièdre glisse sur elle-même ainsi que son arête, l'autre face doit aussi glisser sur elle-même. En effet, si l'on con- sidère deux dièdres actuellement coïncidant tels que CEABDF, et si l'on fait glisser l'un sur l'au- -^ tre de manière à ce que le pre- mier vienne prendre la position C'E'A'B'D'F', A'C et B'E' étant dans le plan CABE, qui n'a fait que glisser sur lui-même ainsi que l'arête AB, le plan D'A'B'F' coïncidera aussi avec DABF, car, pendant le mouvement, chaque dièdre a conservé son angle plan; celui-ci étant le même pour les deux dièdres à l'origine doit être encore le même à la fin, ce qui serait impossible si le plan D'A'B'F' était différent du plan DABF, donc, la position considérée étant quelconque, on voit que si un dièdre glisse sur lui-même ou sur un autre avec lequel il était d'abord en coïncidence, l'arête glissant sur elle- même ainsi que l'une des faces , l'autre face glisse aussi sur elle- même *. ' Le lecteur qui considérerait les déductions du n° 5 comme évidentes à priori pourrait passer ce numéro. TROISIEME PARTIE. CINÉMATIQUE. I. Voir le n" 1 de la première partie. Il s'ensuit qu'une vitesse u se décompose suivant les deux di- rections rectangulaires faisant avec la sienne les angles j. etOO-^ en u cos a çlu sin a, c'est-à-dire que la composition et la décompo- sition rectangulaires des vitesses d'un point sont les mêmes dans la cinématique abstraite que dans la cinématique usitée. Soit à décomposer la vitesse u suivant C OA et OB, qui ne sont plus rec- A tangulaires, mais forment avec u '^ les angles a et /3 qu'indique la fi- gure et soient x ci y les eom- \p posantes clicrchécs. En décom- posant X et 7/ suivant OC et sa perpendiculaire OD , les compo- santes suivant OD devront se détruire et celles suivant OC devront reproduire it. On aura donc X sin ^ = // sin 13. a; cos iX -V- y cos jS = ff , équations qui suffisent pour déterminer x et y et qui sont encore les mêmes que dans la cinématique usitée **. J'eusse pu me borner à faire observer que, tant qu'il ne s'agit que d'un seul point mobile, on peut le supposer mobile sur rhoris[)bère aussi bien que sur le plan, el cela eût démontré rigoureusement les résultats que je viens d'obtenir; mais, ici comme plus loin, il n'est pas mauvais de montrer quelques vérilications. ( 44 ) 2. Mouvement de translation (Vun système rigide. — On dit qu'un système rigide est anime d'un mouvement pur de transla- tion suivant la directrice AB, lorsque tous les points du système situés sur cette droite se déplacent dans sa 'direction avec des vi- tesses égales, tous les autres points du système décrivant des équi- distantes dont la hauteur est égale à leur distance à la directrice et situées dans le plan passant par le point considéré et la direc- trice. Je vais démontrer qu'un tel mouvement est compatible avec la liaison du système rigide. A cet effet, j'imagine qu'on fasse glisser la directrice AB sur elle-même en même temps qu'on assu- jettisse un j)oint C du- système, pris en dehors de la directrice, à décrire une équidislante ayant AB pour base; il est d'abord évi- dent que tous les points du plan ABC décrivent aussi des équi- distantes, et le doute n'est possible que pour des points pris en dehors du plan ABC. Soit pris le point quelconque D. On peut considérer les plans ABC et ABD comme formant un dièdre invariablement lié au système rigide, et, comme dans le mouve- ment l'arèlc de ce dièdre glissera sur elle-même ainsi que l'une des faces, il en sera de même de l'autre (2™" partie, n'' 5), donc le point 1) se mouvra constamment dans le plan ABD, et il est dès lors évident qu'il y décrira une équidistanle ayant AB pour base. Il est essentiel d'observer que, dans l'hypothèse de la cinéma- tique abstraite, la directrice de la translation est unique; elle est le lieu géométrique des points dont la vitesse est minima, tandis que dans la cinématique usitée toute directrice d'une translation peut être remplacée parune directrice parallèle (ce motétant em- ployé ici dans son sens ordinaire). 5. Mouvement de rotation d\in système rigide. — On dit qu'un système rigide est animé d'un mouvement pur de rotation, lorsqu'il est pourvu d'un axe fixe autour duquel il tourne, chaque point du système se mouvant actuellement sur une circonférence située dans le plan mené par le point considéré perpendiculai- rement à l'axe fixe et ayant pour centre le point d'intersection de ce plan et de cet axe. Il suffît de se reporter aux notions les plus élémentaires de géométrie dans l'espace, pour concevoir (4b ) la possibilité du mouvement de rotation toi que je le définis. Lorsqu'un système rigide est pourvu d'un point fixe autour duquel il ne peut plus que pivoter, il possède, à chaque instant, une infinité de points actuellement fixes, situés sur une droite passant par le point fixe donné, de sorte que son mouvement est, à chaque instant, un mouvement pur de rotation *. J'appuierai la démonstration de ce fait sur cette remarque im- portante que « la géométrie de la surface sphérique, considérée isolément, reste la même dans la géométrie abstraite que dans la géométrie usitée **. » Cette propriété de la géométrie usitée que « tout mouvement d'une figure sphérique sur une sphère est, à chaque instant, une rotation autour dun point de la surface sphérique » est donc vraie aussi dans la géométrie abstraite. Soit donc un système rigide pourvu d'un point fixe; on pourra décrire de ce point comme centre une sphère de rayon quelconque et considérer une portion de cette sphère comme invariablement fixée au système rigide. Son mouvement actuel aura donc lieu sur la surface sphérique et consistera en une rotation autour d'un point de cette surface; dès lors, en joignant ce point au centre de la sphère, on aura une droite immobile et, par conséquent, le mouvement actuel du système est une simple rotation autour de cette droite. 4. Ces points acquis, je vais rechercher dans quels cas les di- vers mouvements dont un système rigide peut être animé à la fois peuvent se réduire à un mouvement simple (translation ou rotation). Mais d'abord il convient d'indiquer clairement comment il faut entendre qu'un système rigide puisse être animé à la fois de plu- sieurs mouvements de translation ou de rotation. Il suflit, pour cela, de lui supposer d'abord une translation le long d'une pre- * Il est presque superflu de faire observer que, bien que celte propriété et beaucoup d'autres soient connues depuis longtemps, je ne puis pas m'appuyer sur les démonstrations existantes, qui admettent toutes, explicitement ou implicitement, Taxiome XI d'Euclide et ses conséquences. Voir, à cet égard, les travaux de Lobatschewsky ou ma première partie. ( '16 ) mièrc directrice ou une rotation autour d'un premier axe et d'imaginer ensuite que tout le système, eetle première directrice ou ce premier axe y compris, soit entraîné tout d'une pièce par une translation le long d'une deuxième directrice ou une rotation le long d'un deuxième axe. On concevra aussi facilement la coexis- tence d'un nombre quelconque de translations et de rotations. 5. Composition de deux translations. a. Les directrices situées dans le même plan et se rencontrant. 6. Les directrices situées dans le même plan et ayant une per- pendiculaire conjmune. c. Les directrices situées dans le même plan et parallèles. d. Les directrices non situées dans le même plan. a. Soient AB, AC, les deux directrices données; v , v\ les vi- tesses minima le long de ces directrices; quel que soit le système rigide, on peut toujours supposer, sans rien changer à son mou- vement, qu'il entraîne avec lui le plan ABC dans ses deux trans- lations, et il me suflira ainsi de chercher le mouvement résultant des points du plan ABC , car il est évident que ce plan glisse sur lui-même et entraîne le reste du système. Soit AD, en direction, la résultante des vitesses v et v' considé- rées, pour un instant, comme appliquées au seul point A, et soit PAD == i"; on aura v sin x = v' sin a' (!). Je cherche d'abord le mouvement d'un point de AD. Soit M ce ( " ) ■ point. Les deux vitesses composantes sont r eq a et v' eq h et, pour démontrer qu'elles se composent suivant AM, il faut faire voir que veqa sin (3 =: v' eq b sin (3'. Mais les triangles rectangles MAE, MAF donnent [Journal de Crelle, page 29G, eq 6, ou deuxième énoncé cinématique, pre- mière partie) eq a = '^ (2), cq b = -^i (o) et, en vertu de réqualion (2) de la même page 29G ou de mon troisième énoncé cinématique col a tg 13 = col (x' tg (3' (4) cos a sin !3 cos a' sin /3' sin a cos /3 sin j/ cos ,3' sin a, cos ce sin |3 cos (3' eq a sin l3 Mais (4) cos p cos (>:' sin p' e v'). 11 existe cer- tainement entre A et B un point C tel que eqa v ■+■ v'eq [a -H 6) eqh v' -\- veq {a -^ h) B v*' veqa ■+■ veq{a- veq aeq{a-^b) = veqb-+- v'eq beq{a-\ V eq b eq{a -\-h) — eq a h) eq aeq{a-\-b) — eq b (2) En elTct, le second membre varie continûment depuis le point A où sa valeur est oo , jusqu'au point B où sa valeur est 0; il aura donc du prendre, pour un certain point intermédiaire C , la valeur précise^. Je donne au système, le long de la perpendiculaire à AB au point C une translation avec une vitesse v" telle que v"eqa = v -t- v'eq {a ■+■ b) on aura en même temps, d'après (1) , v"eq b = v' -^ V eq{a -^ b) (3) (4) Ainsi cette translation donnera aux points A et B les vitesses qui leur étaient communiquées par les deux translations primitives réunies. Ceci suflit pour prouver que tous les points du plan ABu posséderont exactement la même vitesse dans le mouvement résultant que dans les deux mouvements composants simultanés, car le mouvement du plan peut toujours être considéré comme une translation empruntée au point B, par exemple, combinée avec une rotation simultanée autour de ce point *. Or la vitesse du point B, la même dans les deux hypothèses, détermine la translation et celle du point A. aussi la même dans les deux hypo- thèses, détermine la rotation. Le mouvement résultant est donc Poinsol et Lamarle. ( ^^y ) absolument le même que l'ensemble des deux mouvements com- posants. Toutefois, par une vérification surabondante, je vais démontrer encore la coïncidence des vitesses au point C, c'est-à- dire que v" = V eqa -¥• v' eq h. A cet effet, si l'on multiplie (5) par v et (4) par v' et que l'on retrancbe, il vient v" {veqa — v' eqb) =zv^ — v'^ (5). Si, dans l'équation (2), on introduit la forme connue de la fonc- tion eqy il vient V __ \/eq^ b - 1 (6). \/eq ^ a — 1 qui se transforme aisément en {veqa+v b) {v eq a — v' eq b) = v* — v'^ et la comparaison de cette équation avec (5) fournit le résultat désiré. Les vitesses de tous les points du plan ABi;, supposé lié au système rigide, étant déterminées, celles des autres points du système le sont aussi. Ainsi les deux translations Av , Bv' se composent bien suivant la translation Cv'\ Autrement. J'introduis les deux translations égales et opposées u et je prends ii assez grand pour que les résultantes partielles r et r' se coupent. Soit 0 leur intersection. D'après le théorème pré- cédent , le mouvement total du système rigide peut être ramené aux deux translations simultanées r et r'. Or, celles-ci se coupent en 0. Pour démontrer que leur résultante est perpendiculaire à ( 50) AB, soit OC cette perpendiculaire; il suffît de faire voir que r sin a =r r' sin a'. Mais on a r cos 13 = u , r' cos r = « ? d'où r cos /3 = r' cos r{\). D'ailleurs (Journal de Crelle, page 296, éq. 6, ou l''^ partie, 2"^'^ énoncé cinématique) sin m' ou ^ = |^> 1 sin a' cos /3 cos 7 sin w' ou = , d'où . — = - — ■ • . . . . (2) eqm cos 7^ sm a sin a Divisant (4) par (2) on obtient le résultat demandé. Quant à la position et à la grandeur de la résultante, on a [Jour- nal de Crelle j page 296, éq. 5, ou l'^* partie, l^"" énoncé cinéma- tique) cire a cire OA sin a sin y sin a v'r sin a v' cire b cire OB sin a' sin j3 sin «' r'î? sin v' (je n'exclus pas le cas de l'égalité). Il est d'abord très-aisé de voir que si les deux trans- lations peuvent se composer, soit en une translation, soit en une ^ if rotation unique, la directrice de la translation doit être perpen- " B diculaire à AB ou bien l'axe de la rotation doit couper AB et ^ 8^ être perpendiculaire au plan des directrices. ( SI ) /3. Soit V > v'e". Les deux mouvements peuvent alors être rem- placés par une translation le long d'un axe XY situé en dehors et à gauche du point A. En effet, soit AX = x ; il faut et il suflit qu'on puisse déterminer x de manière à avoir eq X V — v' eqa eq {x-{-a) veqa — V d'où — t t /e« — 1 our que la solution soit réelle, il faut et il suffît que e^' soit positif et plus grand que i, ce qui donne ie« > 1 1 > fe" — 1 En remplaçant t par sa valeur, on voit que la première inéga- lité revient à v> v'c'\ ce qui est précisément l'hypothèse admise. Quant à la seconde, elle est toujours satisfaite indépendamment des valeurs relatives de v et de v'. Donc, dans l'hypothèse [3, les deux translations données se composent toujours en une transla- tion unique dont la directrice, perpendiculaire à AB, est dirigée dans le même sens que la plus grande vitesse et de son côté, et située en dehors de AB. J'observe d'ailleurs que les équations précédentes se transforment aisément, d'après les procédés déjà indiqués, en cire X v' cire {x-\- a) v et que l'on a en même temps pour la vitesse y de la translation résultante y eq X = V — v' eq a. p'. Soit V < v'e^, mais > v' eqa. Les deux mouvements peuvent être remplacés alors par une rotation autour d'un axe X perpendiculaire au plan des direc- ( S2 ) trices et situé a gauche du point A. Il faut et il suffît pour cela qu'on puisse prendre la distance AX = a: de telle manière que cire a; v — v'eqa cire {x -\-a) veqa — v' OU bien , comme le point X doit être immobile, veqx= v'eq{x -h a). Ces équations s'accordent à donner le résultat 6-=* =- i)'e" — V Ce résultat est d'abord positif, puisque v < i;'e" et pour qu'il soit plus grand que d, on doitavoirv^ — i;'e~"> v'e" — v, ou vy v'eqa, ce qui rentre encore dans les hypothèses faites. i8". Soit v= v'e", hypothèse intermédiaire entre les deux pré- cédentes. Alors les deux valeurs de e^"" trouvées dans les hypo- thèses 3 et P' s'accordent à donner a: = oo ; la translation ou la rotation a donc lieu le long d'une directrice ou autour d'un point situés à l'infini, et le mouvement du plan est un mouvement particulier de translation ou de rotation indifféremment * que j'appellerai horicirculaire et dans lequel chaque point décrit un horicycle ayant AB pour axe. Le système rigide suit d'ailleurs ce mouvement. P'". Soit V = v'eq a. Alors la dernière valeur de e^"" devient e^"" = i, ou a; = 0, c'est-à-dire que le mouvement résultant est une rotation autour de A , ce qui était évident à priori , puisque les deux vitesses de ce point se détruisent. p'\ Soit V <^v' eq a. Les deux mouvements peuvent être rem- placés alors par une rotation au- tour d'un axe X perpendiculaire au plan des directrices et situé entre A et B. Il faut et il suffît pour cela qu'on puisse prendre la distance AX = X de telle manière que ' On pouvait prévoir la coïncidence de ces deux mouvements d'après la partie géométrique. :x: (55) cire X v'eqa — v cire (a — x) v eqa — V ou bien, comme le point X doit être immobile, V eqx = v'eq {a—x). Ces équations s'accordent à donner î)'e« — V G^^ = . V — v'g-" valeur positive et plus grande que l'unité dans l'iiypothcse faite. Il est aussi bien facile de vérifier que e^' w' eq a. Alors les deux rotations données peuvent se remplacer par ■ une translation le long d'une directrice X, per- pendiculaire au plan du papier et rencontrant AB à une dislance x à gauche de A. Il faut et il suffît pour cela que l'on ait d'où eq X = co' eq [X -t- a) co ' e- "- - (iû' Q-a Cette valeur est positive et > 1, d'après les hypothèses faites, et il est bien certain que le mouvement résultant peut communi- quer à tous les points du système les vitesses qui résultent des deux rotations données, pour une raison analogue à celle qui est développée à la page 48. G>". Soit o = a e". Alors x = go et la translation a lieu le long d^in axe perpendiculaire au plan du papier et venant couper AB au point situé à l'infini vers la gauche. Le mouvement de tous les points du plan AB, perpendiculaire au plan du papier, est un mouvement horicirculaire, tous les' points de ce plan décrivant des horicycles normaux à AB. Ce plan entraîne le système rigide dans son mouvement. /3'". Soit w = w' eq a. Alors x = 0 et la translation a lieu le long de l'axe perpendiculaire A. /3'^. co < co' e(/ a. Les deux mouvements peuvent être remplacés alors par une translation le long d'une directrice X perpendicu- laire au plan des axes et située entre A et B, car il faut et il suffît pour cela qu'on puisse prendre la distance AX = x de telle manière que eq X (^^' eq (a — x) co ' ( <îl d'où On voit que les cas où deux rotations se remplacent par une translation sont tout à fait semblables à ceux où deux transla- tions se remplacent par une rotation, mais ceci est un résultat de calcul qui ne semble pas pouvoir être rendu évident à priori comme dans le cas où deux translations se remplacent par une translation et deux rotations par une rotation. c. Les axes situés dans le même plan et parallèles. La marche est tout à fait analogue à celle du | c, page 55. Je ne m'occuperai que du cas qui échappe à la règle générale. Soient to. ^ \ deux rotations égales, parallèles et dirigées en sens inverse. Il suffît encore de faire converger les axes vers le parallélisme en les prenant d'abord concourants pour reconnaître que la rotation résultante a lieu ici autour d'un axe situé à l'infini dans le plan du papier et per- wN( pendiculaire à l'axe de symétrie AB; de sorte que tous les points du plan perpendiculaire AB décrivent des horicyclcs normaux à AB. Le système rigide suit ce mouvement horicirculaire. d. Les axes non situés dans le même plan. Alors les deux rotations ne pourront d'abord se composer en une rotation unique, pour la même raison que deux translations dont les directrices ne sont pas dans le môme plan ne peuvent se combiner en une translation unique. (Page 55.) Si, maintenant, ces deux rotations pouvaient se combiner en une translation unique, réciproquement celle-ci et l'une des :b rotations devraient pouvoir se combiner dans l'autre; ainsi, par l'effet de l'une des rotations données, T) autour de AB par (G2 ) exemple, et d'une translation le long de CD, par exemple, il y aurait une infinité de points fixes. Soit 0 l'un de ces points. Pour avoir la direction de la vitesse résultant de sa translation, il faut mener les perpendiculaires OP à CD et OD' à OP, dans le plan OPD ; pour avoir la direction de la vitesse résultant de sa rotation, il faut, par le point 0, mener une perpendiculaire au plan OAB; pour que les deux vitesses ainsi obtenues puissent se détruire, il faut donc que OD' soit perpendiculaire au plan OAB. Mais le plan perpendiculaire à OD', au point 0, est aussi perpen- diculaire à CD. Ainsi, en menant par un point quelconque de l'un des axes de rotation un plan perpendiculaire à la directrice de la translation résultante, ce plan renfermerait toujours le second axe de rotation, ce qui n'est possible que si ces deux axes sont compris dans un plan perpendiculaire à la directrice , fait con- traire à l'hypothèse. ' 8. Composition d'un nombre quelconque de rotations. Elle est entièrement semblable à la composition d'un nombre quelconque de translations (n° 6). 9. Composition d'une translation et d'une rotation. Si une translation et une rotation peuvent se combiner en une translation ou une rotation, c'est que, réciproquement, deux translations pourront se combiner en une rotation ou deux rota- tions en une translation, de sorte que l'on obtiendrait tous les cas possibles en retournant les déductions des cas |3', Q»'" et |3"', pages SI , 52 et 60 *, mais le cas le plus utile est celui où la directrice de la translation et Taxe de la rotation se rencontrent. Pour le traiter, je n'emprunte aux paragraphes cités que ce seul fait : * Parmi eux, on remarquerait le cas très-comm du roulement d'une cir- conférence sur une droite (ou en général sur une ligne quelconque) dans un plan, roulement qui se compose à chaque instant d'une translation le long de cette droite (ou de la tangente) comme directrice, et d'une rotation simul- tanée autour de l'axe de la circonférence. On verrait par l'application des principes précédents que ces deux mouvements se combinent en une rotation autour d'un axe passant par le point de contact et normal au plan du mouve- ment, ce qui doit être. La courbe peut être gauche, pourvu que la circonfé- rence se meuve à chaque instant dans son plan osculateur. (63) Si une translation et une rotation se combinent en une transla- tion ou une rotation, l'axe de la rotation donnée est toujours perpendiculaire en direction à la directrice de la translation donnée, c'est-à-dire que, par chacune de ces droites, on peut mener un plan perpendiculaire à l'autre. Cela posé, soit AB la directrice de la translation; v sa vitesse; A, perpendiculaire au plan du papier, l'axe de la rotation, a sa vitesse angulaire. Je suppose à ces vitesses le sens indiqué par les flèches de la figure, mais les conclusions sont évidemment générales. B ifi^ 4° Soit v< . ,. ^ cire 1 Alors la résultante est une rotation au- tour d'un axe X perpendiculaire au papier A X et situé à droite du point A, à une dis- tance AX = x donnée par l'équation cire X d'où v eqx = w circl . V cire 1 -+- 2;rco r cire 1 2tco 2° Soit V > cire 1 Alors la résultante est une translation le long d'une directrice située à droite, perpendiculaire à AX et à une distance AX = x donnée par l'équation cire X v V eqx — « = — , cire 1 eqx d'où 2rco ^ -t- -: ■ cire 1 „ __ 2TCJ " cire 1 * Résolvant par le second degré , on trouve e^' = ^^ , mais le signe ciic 1 inférieur correspond évidemment à une solution étrangère. ( 04 ) On s'assurerait d'ailleurs très-aisément que tons les points du plan, et par suite du système rigide, acquièrent ainsi la vitesse voulue, mais, pour une raison déjà donnée deux fois, il suffit de le vérifier pour deux points; or, cela est visible pour les points A et X, en donnant à la translation résultante la vitesse v eq X ' D* Soit V =^^p^. Alors le mouvement résultant est horicircu- laire, et tous les points du plan ABX décrivent des horicycles normaux à AX. Le système rigide suit ce mouvement. On voit qu'un mouvement de translation et un mouvement de rotation, dont la directrice et l'axe se rencontrent, peuvent ou non se composer en une translation ou en une rotation, suivant que cet axe et cette directrice sont ou non perpendiculaires entre eux. 10. Composition d'un nombre quelconque de translations et de rotations. — S'il n'y a que des translations, on pourra les ré- duire à deux (fi), puis réduire ces deux translations par les mé- thodes du n° 5. Il en sera de même s'il n'y a que des rotations (n"' 7 et 8). Mais, dans tous les cas, on pourra remplacer l'en- semble des mouvements par une translation empruntée à un point quelconque du système et une rotation autour d'un axe passant par ce point, et on rentrera alors dans le cas du n" 9. Les notions de cinématique qui précédent suffisent pour l'étude de la dynamique et aussi pour montrer en quoi la solution d'une question quelconque dans la cinématique abstraite différera de la solution correspondante dans la cinématique usitée. QUATRIÈME PARTIE. STATIQUE. i. Composition des forces concourantes. — On peut supposer d'abord qu'elles agissent sur un seul point matériel, placé au point d'intersection de leurs directions, et alors, en appliquant mot à mot aux forces les raisonnements appliqués aux vitesses dans la cinématique (n° 4), on voit que la composition et la décomposition des forces concourantes sont les mêmes dans la statique abstraite que dans la statique usitée. Ces propriétés, établies pour des forces agissant sur un seul point matériel, s'appliquent ensuite à des forces agissant en un point quelconque d'un système matériel rigide, pour des raisons qui sont encore les mêmes que dans la statique usitée et que l'on peut lire dans les préliminaires de la Statique de Poinsot. O 2. Principe du levier. — Je considère d'abord, avec Poinsot, un levier courbe AOB; j'applique à ses extrémités et perpendicu- lairement à ses bras les forces F et F', et je vais cbcrclier la condition nécessaire pour que ces forces se fassent équilibre. A cet effet je décompose F suivant AO' et AB; la force suivant AO' Tome XXI. 5 ( <><> ) sera dctriiilc par la résistance du point fixe 0 et la composante suivant AB sera (I) ^^^;— ; de même la force F' pourra se décom- poser en une force suivant le prolongement de OB, force qui sera détruite par la résistance du point fixe et une force ^^ dirigée suivant BA. Les forces restantes suivant AB doivent se détruire séparément, sinon l'équilibre serait impossible; on a donc F _ F' si 11 a sin 0 Mais (Journal de Crelle, page 299, ligne 8) sin a _ e o« - e - ok _ cire OB sin p c 0'^ — e~ ^^ cire OA ' ce qui est évident aussi d'après le premier énoncé cinéma lique, en calculant cire OC dans les deux triangles OCA , OCB. Donc F cire OB ^ F' "~ cire OA ' ainsi les forces qui se font équilibre sur un levier sont en raison inverse des circonférences décrites sur leurs bras de levier comme rayons, comme dans la statique usitée, mais non pas en raison inverse de leurs bras de levier, déduction légitime dans la stati- que usitée, mais fausse dans la statique abstraite. Les conclusions, étant indépendantes de la grandeur de l'angle AOB, subsistent encore quand le levier est droit. On les étendrait aisément à un levier quelconque, par exem- ple à celui où le point fixe ne serait pas situé entre la puissance et la résistance. 3. Composition de deux forces en général. a. Les forces situées dans le même plan et se rencontrant. h. Les forces situées dans le même plan et ayant une perpendi- culaire commune. c. Les forces situées dans le même plan et parallèles, (/. Les forces non situées dans le même plan. ( (i7 ) u. Le promici' cas est traite au n" 1 . I). h'. Elles sont dirigées dans le même sens. h". Elles sont diriajccs en sens inverse. h'. Reprenant le second raisonnement relatif à la composition de deux translations dans les mêmes circonstances , pages 49 et suivantes, ainsi que la figure qui s'y rapporte, on voit que la ré- sultante F" est appliquée en un point C de AB tel que F cire b V cire a (1). perpendiculairement à AB et vers le bas, et que V — ¥ eq a -\- ¥' eq h (-2). On a ici, pour la première de ces équations, un moyen de vé- rification qui faisait défaut dans la cinématique (où il y en avait un autre), c'est le principe du levier. En effet, il faut qu'en appli- quant F" en sens inverse, il y ait équilibre entre F, F' et F"; fixant alors le point C, ce qui détruit F", il doit y avoir équilibre entre F et F', sur le levier C, ce qui rend précisément cette équa- tion (I). Le même procédé peut d'ailleurs servir à vérifier la seconde, car si l'on fixe B au lieu de C, il vient F cire h F" cire (a -t- 6) et la combinaison de (1) et (5) reproduit (:2). On arriverait à une troisième vérification en fixant le point A. La composition de deux forces perpendiculaires à une droite dans un plan et dans le même sens fournit celle d'un nombre quelconque de forces perpendiculaires à une droite dans un plan, ou bien perpendiculaires à un même plan, pourvu que ces forces soient toutes dirigées dans le même sens. h". Les forces sont dirigées en sens inverse. (3. Soit F > F'e". Les deux forces peuvent alors être remplacées par une force F" agissant suivant XY, en dehors, du côté de la ( «8 ) plus grande force et dans le même sens, et telle que l'on ait cire X F' cire (a? H- a) ~ F~' ce qui conduit à une valeur réelle et positive pour x (page 50) et M' F"eqx = F — F'eqa, ^ En effet, il est évident a. d'après [b') que, dans ces circonstances, la T' X ^^ force F est la résultante "Y* de F', et de F" prise en sens inverse. 0'. Soit F < F' e", mais > F'. Alors les deux forces ne peuvent plus se composer en une force, mais en un couple dont il me serait aisé de chercher l'axe. Comme je n'aurai pas besoin des couples dans ce qui suit, je n'insisterai pas sur ce point et je me bornerai à résumer ici les analogies entre la composition des forces et des translations per- pendiculaires à une droite dans un plan, analogies qui découlent sans difficulté de la première d'entre elles et du théorème relatif à la réduction des translations et des forces à deux. i" Quand deux translations se combinent en une translation, deux forces numériquement égales à ces translations et sembla- blement placées se combinent en une force égale à la translation résultante et semblablement placée. 2" Quand deux translations se combinent en une rotation, deux forces égales à ces translations et semblablement placées se combinent en un couple ayant pour axe et pour moment, l'axe et le moment de la rotation résultante *. * Le moment d'un couple est le produit de l'une des forces qui le compo- sent par la circonférence décrite avec le bras de levier de cette force comme rayon. De même toute rotation peut être considérée comme la résultante de /f. 2A deux translations égales et opposées et alors son j^ moment est le produit de l'une des vitesses minima, par la circonférence décrite sur la dislance OA comme rayon. Ce produit est constant pour une ro- tation donnée , comme on peut s'en assurer en ap- pliquant les principes de la cinématique. ( 'ilan du papier, les deux forces P aux extrémités de la base d'un triangle isocèle, K Jeu d'analyse » diront les géomètres euclidiens, y Opinion commode •» leur répondrai-je « et que je vous envie jusqu'à un certain point, parce que, supprimant le doute sur les bases de la science, elle laisse tout votre temps disponible pour l'étude de questions plus pratiques et plus fructueuses; mais opinion qui n'est chez vous qu'une habitude acquise et peut être, pour parler comme Gauss, une illusion.» ** 11 l'admettait parce qu'il avait reconnu q^ie la trigonométrie sphérique en était indépendante (Houël, Essai critique sur ks principes fondamentaux de la géométrie, Paris , Gauthier Villars, 1867, page 76), et qu'il croyait pou- voir tirer de là une démonstration de cet axiome. Mais si Lagrange revivait aujourd'hui, il devrait abandonner celle idée en présence des découvertes faites dans la géométrie abstraite, et chercher une autre base à ses opinions euclidiennes, ou bien se ranger à l'avis de Gauss et de ses disci|)les. ( 74 ) et la force i2P au sommet; en décomposant la force 2P en deux forces égales à P, on voit que la résultante générale doit être appliquée au milieu M de la droite qui joint les milieux des côtés égaux. Des lors, en appelant x la résultante des deux forces égales à P, on aura a; cire M D = 2P cire AM. cire AM = cire AB sin ABM, cire MD = cire BD sin MBD, cire AM cire AB sin ABM cire 80 sin ÀBM cire MD cire BD sin MBD cire BD sin MBD Si l'on observe que cire BE peut être calculée dans les deux trian- n BDO gles BEO, DED, il vient d'où cire BO cire BD sin BOD ' cire AM sin BDO sin ABM cire MD sin BOD sin MBD mais cr/BM [)cut aussi être calculée dans les deux triangles BMA. lîMD, ce qui donne cos BAM sin BDO sin BDO sin ABM sin ABM sin MBD sin MBD cire A M cos BAM = =i: ef/OD, cire MD sin BOD x = -2V cqOD, et enfin résultat conforme à tous les précédents. • D'après tout cela, il est évident qu'il n'est pas une question dans la statique usitée qu'on ne puisse résoudre dans la statique abstraite, sans rencontrer plus de diflicullé dans les idées, mais seulement j)lus de complication dans les calculs. Je ferai observer, en passant, ({ue la notion si simj)le cl si féconde du cenlre de gravité disj)araît dans la statique abstraite, ou du moins n'est plus ({u'approxima- ( 75 ) livc. Il n'existe pas de point dans la mécanique abstraite qui jouisse des propriétés statiques et dynamiques que l'on attribue au centre de gravité dans la mécanique usitée. Les six équations d'éc^uilibre d'un système quelconque restent vraies, mais, diuis celles de rotation, les moments doivent se prendre en multipliant la composante normale (à Taxe et à la perpendiculaire commune à Taxe et à la force) par la circonférence décrite avec cette per- pendiculaire comme rayon, et celles de translation ne sont que l'application pure et simple du principe du travail, en donnant à tout le s}stcme une translation dans le sens de Taxe considéré. 7. Les principes fondamentaux de la statique peuvent se ré- duire à quatre; le principe du travail, la composition des forces concourantes; la composition des forces parallèles (sens ancien du mot) et le principe du levier. Un fait assez remarquable est que, dans la statique usitée, l'on peut démontrer directement chacun de ces quatre principes, sans invoquer aucun des trois autres. Une fois l'un établi, on peut à forliorl en tirer les trois autres, puisque l'on a alors plus de données qu'il n'en faut. 31ais l'ordre à suivre n'est pas indifférent. Dans chacun des quatre systèmes, il y a un ordre qui es(, soit le plus rigoureux, soit le plus court ou le plus élégant. V^oici l'ordre des principes dans les quatre systèmes. I Travail, Levier. Forces concourantes. Forces parallèles. II. Forces coneouranles. Forces parallèles ) , . intlifféremmenl. Levier ) Travail (placé le dernier chaque fois (ju'il n'est pas le premier, parce (jue la connaissance des Irois au- tres n'ajoute rien aux moyens de le démontrer rigoureusenient\ III. Levier, Forces concourantes. Forces parallèles. Travail. IV. Forces parallèles. Levier.,^ Forces concourantes. Travai'. ( 70 ) Les deux premières méthodes sont appliquées dans ce qui pré- cède à la statique abstraite et s'appliquent de même, mais plus simplement, à la statique usitée. La troisième méthode a été ap- pliquée à la statique usitée par M. Steichen {Cours de statique élémentaire), sauf que cet auteur ne s'occupe pas des forces paral- lèles. La quatrième serait analogue à la troisième. En voici un- ré- sumé. Ayant établi, comme M. Steichen (d'après Lagrange), la composition de deux forces parallèles et égales, on superposerait les deux systèmes et 2P i Y2P comme lindiquc cette troisième figure I2P 1 4P ^2V kP 2F et, supprimant les forces qui se détruisent, on connaîtrait la composition de deux forces 2 et 1 . Continuant ainsi, on arriverait ( 77 ) d'abord à la composition des forces 5 et 1 par la superposition de ces deux systèmes /^GP vkP Y^P YsP 3F puis de même à la composition des forces m et \. Pour composer deux forces m et n, on superposerait les deux systèmes de manière à former le système Y ^n/î m Y Y et on supprimerait ensuite les forces égales mn et leur résultante 2m?î. Enfin la commune mesure étant arbitraire, le cas de la com- mcnsurabilité implique celui de l'incommensurabilité et la com- position des forces parallèles se trouve établie pour tous les cas. Le principe du levier se tirerait des forces parallèles en fixant l'un des points d'application et le reste s'achèverait comme pré- cédemment. Le contenu de ce numéro semble sortir un peu du sujet indi- qué par le titre du mémoire; mais je me hâte d'y rentrer : mon but est de faire remarquer que les méthodes III et IV ne peuvent pas servir, dans la statique abstraite, à en établir complélement ( 78 ) ot rigoureusement les principes; du moins jo n'en vois pns le moyen; mais une fois ces principes coninis, ils se vérifient très- bien en suivant pas à pas l'une de ces méthodes et cette vérifica- tion, qui est commencée au n^ G pour le cas de deux forces égales et perpendiculaires à une même droite, est tellement simple que j'abandonne au lecteur le soin de l'acbever. CINQUIÈME PARTIE. DYNAMIQUE. \. La démonstration de la formule F = m 77^,^111 donne la valeur de la force capable d'imprimer ou d'enlever la vitesse (h- h un point matériel de masse m au bout du temps dtj n'a évidem- ment rien de commun avec l'axiome XI d'EucIidc. Je la suppose donc établie. Je suppose aussi connu le principe de d'Alembert, en adoptant de préférence son second énoncé (Poisson, Mécanique, p. 21 Ti*), c'est-à-dire « qu'il y a constamment équilibre entre les forces données qui agissent sur tous les points d'un système de points" matériels en mouvement et les forces auxquelles sont dus les accroissements infiniments petits de vitesse qui ont lieu à cliaquc instant, ces dernières forces étant prises en sens contraire de leurs directions. » D'après cela, pour trouver la force ou les forces capables d'im- primer un mouvement donné à un corps rigide, on composera entre elles les petites forces capables séparément de produire le mouvement de chaque molécule de ce corps. Et réciproquement, pour tiouver le mouvement qu'une force communique à un corps rigide, il faut^ chercher à décomposer cette force en petites forces capables d'imprimer séparément à chaque molécule des mouvements compatibles avec la liaison du * Trailé de mécanique, par Poisson, ô'^c édition, revue par Garnier, de F Académie royale de Belgique. Bruxelles, 1838. ( 80 ) système. Le mouvement de rotation autour d'un axe, par exem- ple, donnerait lieu à la considération du moment d'inertie de rotation. Ce moment d'inertie serait exprimé par im cireur, au lieu de imr^, et la force agissant avec un bras de levier R et capable d'imprimer au corps autour d'un axe fixe une vitesse an- gulaire w. au bout d'un temps t, aurait pour expression ^^:Il!±S}^11, Ceci est assez conforme à ce qui arrive dans la dynamique usitée, mais, dans la dynamique abstraite, il y a aussi des moments d'inertie de translation ou de glissement. Le moment d'inertie de glissement d'un corps le long d'un axe serait exprimé par im eq^r et la force agissant à une distance R de l'axe de glissement et capable d'imprimer au corps une vitesse v au bout d'un temps t, aurait pour expression —^çj-- Les deux règles énoncées plus baut se basent sur cet axiome relatif à la constitution des corps, que les forces intérieures qui maintiennent les molécules réunies et à des distances déterminées n'entrent en jeu que lorsque les forces appliquées à cbacune des molécules tendent à leur imprimer des mouvements qui feraient varier ces distances, mais que cbaque molécule se meut comme si elle était isolée tant que les mouvements imprimés par ces forces sont compatibles avec la liaison du système. Il ne s'agit, en général, dans l'application de ces règles , que des mouvements initiaux, car ce n'est que dans des cas très-particu- liers que ces mouvements peuvent se continuer sans modifications dans la suite du temps. On y reviendra. La décomposition indiquée dans la seconde règle ne peut jamais se faire que d'une manière, sinon une même force pour- rait produire deux effets différents, ce qui est absurde. La seconde règle peut subir une modification de forme qui en facilite quelquefois l'application. Pour trouver l'effet d'une force sur un corps, on peut la dé- composer en deux ou plusieurs forces dont l'effet soit plus facile à déterminer, puis composer entre eux les mouvements du corps, résultant de l'action de ces forces composantes. Si l'on suppose, en effet, qu'il s'agisse d'abord d'une simple mo- lécule de masse m^ une force F agissant sur elle lui communique- ( 81 ) rait au bout du temps dt une vitesse dv donnée par F = *-^ . Si je décompose F en F' et F", et dv en dv' et dv", suivant les mêmes directions, on aura F' = ^^^-~ et F" = ^^^^, puisque les vitesses se décom- T posent de la même manière que les forces. On voit donc que, pour trouver dv , on aurait pu décomposer F en F' et F", chercher les vitesses dv' et dv" résultant de ces deux composantes, puis recomposer dv' et dv'. C'est ce qu'il fallait établir. Mais on pourrait aussi, lorsque le principe n'est appliqué qu'à une seule molécule, le considérer comme un axiome aussi évident que tous les autres axiomes de la méca- nique. En effet, si la force F peut se décomposer en F' et F", réciproquement F' et F" peuvent se recomposer en F. J'imagine donc que la molécule m soit attachée à la feuille de papier supé- rieure {voir l'image citée page 8 pour la composition des vitesses), que la force F' soit appliquée à cette première feuille en passant par le point m, et la force F" à la deuxième feuille (qui ne peut se mouvoir sans entraîner la première) et en passant aussi parle point m. En réalité chaque force est donc appliquée à la masse m, les feuilles de papier étant supposées immatérielles, mais rigides; et, par conséquent, m est soumis à la fois aux deux forces F' et F" ou à leur résultante F. Mais F' fera mouvoir la première feuille de papier avec une vitesse dv' donnée par F' = ^^^ et F" fera mouvoir la '2""' et la l'"* réunies avec une vitesse dv" donnée par F" = '-^^ . La masse m aura donc à la fois ces deux vitesses et il suffira de les recomposer pour avoir sa vitesse totale, tlans les- pace absolu ou par rapport à la o'"" feuille fixe *. Ceci fait voir que lorsque la formulegénérale F = î» j^ est préalablement démontrée, * On peut se servir de celle même image des feuilles de papier superpo- sées, sinon pour démontrer, au moins pour rendre sensibles les principes de ia proportionnalité des vitesses aux forces et aux temps (principes nécessaires dans la démonstration de la formule fondamentale F ==7n ^) et aussi pour rendre sensible la composition d'un mouvement initial, dû à l'action actuelle d'une force, avec un mouvement déjà acquis, ce qui est la base du principe de d'Alembert. Tome XXI. G (82) la composition des forces peut se tirer de la composiliou des vi- tesses, en cherchant la vitesse produite au bout d'un temps dt par chacune des composantes, recomposant ces vitesses en une seule, puis cherchant la force capable d'imprimer à la masse donnée la vitesse résultante. La statique peut donc s'appuyer sur la cinémaliquc et la dynamique. La composition des forces con- courantes établie, on reprendi'ait ensuite le système n" II, page 75. Mais je re\iens maintenant à la modification apportée h la seconde règle et je vais la généraliser. Soit une force F appli([uée à un système rigide et que je décom- pose en F', F" Si F' se décompose surchacjue molécule du corps en v",„r',„ Il est évident que F j)eut se décomposer en Soient V. V',„ , les mouvements des molécules sous Facliou de F'; V"„, V",„ ces mouvements sous l'aclion de F". Comme le système (p ;" \ doit jjroduire la vitesse résultante (y,'," ) d'après le théorème précédent, il s'en uit que la force F produira le mouvement \v"J \y"J ■•••••••••' mouvement qui est com}}atil)le avec la liaison du système puis- qu'il est la résultante des i\v{\\ mouvements V',„ V',„ et 'mm' ( S3 ) Or, le premier de ces mouvements résulte de F' et le second de F", donc pour trouver le mouvement d'un corps rigide sous l'action d'une force F, on peut décomposer cette force en d'autres, chercher les mouvements que ces forces composantes donneraient au système, puis recomposer ces mouvements. La réciproque est évidente. Ces bases admises, il est facile, comme le dit Poisson (Traite fie Mécanique, édition citée, page 214), de ramener toutes les questions relatives au mouvement à de simples questions d'équi- libre, toujours résolubles par les règles précédentes. Je n'ai donc aucune règle nouvelle à poser dans cette partie, mais je vais mon- trer d'abord que la recherche des forces capables d'un mouve- ment donné ou celle du mouvement produit par des forces données pourra toujours s'effectuer d'une manière élégante par l'emploi des six équations d'équilibre, lorsqu'il s'agit d'un système rigide. En effet, si l'on demande les forces capables d'un mouvement donné, on peut choisir arbitrairement trois axes rectangulaires et faire passer l'une des résultantes par Torigine (4'"*' partie). On peut alors prendre comme inconnues les angles formés par cette résul- tante avec deux des axes elles quatre coordonnées des deux points où la seconde résultante coupe deux des plans formés par les axes choisis. On aura alors tout ce qu'il faudra pour calculer les élé- ments qui doivent entrer dans les six équations d'équilibre. Celles- ci fourniront les six inconnues. Réciproquement, si l'on demande le mouvement qu'impriment des forces données, on peut encore choisir arbitrairement un point, y faire |)asser trois axes rectan- gulaires et prendre pour inconnues: 1° le mouvement actuel de ce point, c'est-à-dire deux des angles que forme la direction de sa vitesse avec les axes, puis cette vitesse elle-même; 2" le mouve- ment du corps autour de ce point, c'est-à-dire deux des angles que forme Taxe instantané avec les axes coordonnés, puis la vitesse angulaire de la rotation. Il y aura donc six inconnues, qui seront encore fournies par les six équations d'équilibre établies entre les forces données et les petites forces capables des translations et des rotations supposées. Ayant ainsi trouvé le mouvement initial que communiqueraient ( 8'^ ) les forces données, il faudra le composer par les règles de la ciné- ma lique avec le moinement acquis, pour obtenir le mouvement total du corps, pourvu que ce mouvement acquis soit une trans- lation stable ou une rotation stable. On reviendra sur ce point. 2. Je vais maintenant traiter un exemple d'une question de dynamique abstraite qui me fournira des vérifications remarqua- bles : trouver la force ou les forces capables d'un mouvement pur de translation sur un système matériel rigide plan. Tout dabord, et pour plus de simplicité, j'écarterai les mou- vements obliques, c'est-à-dire que je supposerai toujours la direc- trice de la translation perpendiculaire au plan du système, ou bien située dans ce plan. Je remarque maintenant entre ces deux cas une difîércnce essentielle, qui rendra toujours le premier plus sim- ple que le second, ces! que, dans ce premier cas, les forces capables de mouvoir cliaque point matériel auront toujours une résultante (V partie), tandis que, dans le second cas, on n'est certain de l'exis- tence de la résultante que quand il s'agit de systèmes très petits. Pour prouver que, dans ce second cas, il n'y aura pas toujours de résultante, il me suffît de con- sidérer le système très simple de A ^ y \ B deux points matériels égaux. -Al' B" Soient A et B ces points, que je suppose situés à des distances éga- ^ ^* les AA', BB', au-dessus de la direc- trice A' B' du mouvement de translation qu'on veut leur impri- mer. Les forces séparément nécessaires pour mouvoir A et B sont égales et dirigées suivant A A" et B"B, mais rien ne prouve que les directions de ces forces se rencontrent; au contraire, si l'on prend A' B' ou AA' sufiisamment grand, elles deviendront paral- lèles, comme la figure l'indique symboliquement et, étant diri- gées en sens inverse, n'auront pas de résultante unique. Ainsi, chaque fois qu'il s'agira du second cas, il sera sous-en- tendu (pie le système considéré est assez petit pour que les forces capables du mouvement aient une résultante. Cela posé, je sup- pose que l'on donne au système plan une translation le long ( 8^ ) d'une droite 0, perpendiculaire à son plan; il faudra, pour cela, appliquer à chacun des points matériels du système plan les forces convenables pour les mouvoir. Si A est un point du sys- tème, de masse dm, situé à une distance S du point 0; si dv es,t la vitesse minima que doit \)rcn- dre le système après le temps dt, la force à appliquer au Si l'on cherche la résultante R des forces semblables, et si elle passe au point 0', qui, en général, ne coïn- cidera pas avec le ])oint 0, on aura, d'après le principe du tra- vail, dm dv cq S eqS' point A sera — ~dt H- dl OU et, en outre. d\j r n = — I dm eqS cqS' (i) dl J dv r R eq 00' dm eq^ J De j)lus, si Ton fait passer par le |)oint 0' une di'oite quelcon- que O'B, on aura encore / dm dv eq S cire p dt ou f dm eq ^ cire p = 0 (3) pourvu que l'on prenne vire p positivement ])our les points situés d'un côté de l'axe O'B et négativement pour les points situés de l'autre côté. J'appellerai le point 0 centre de translation pcipcndiculaire et le point 0' centre de force perpendiculaire correspondant. Je suppose maintenant qu'un système plan soit animé d'un mouvement de translation dans son plan, le long de la directrice AB, et soit CD la direction de la force capable de ce mouvement. ( 86 ^ Soit A'ii' (qui coupe AB en 0) la directrice d'un second mouvement 3>' de translation et soit CD' la direc- B^ tion delà force correspondante. Je dis d'abord que CD' coupera CD. B^ Car, s'il en était autrement, CD et CD' seraient, ou parallèles, ou perpendiculaires à une même droite. Dans les deux cas, on pourrait, suivant ces deux droites et en sens inverse, appliquer deux forces égales. Chacune d'elles produirait une translation, l'une suivant AB, l'autre suivant A'B' et ces translations se composeraient en 0. Donc une trans- lation unique du système se trouverait produite par deux forces qui ne sauraient se combiner en une seule. Or j'ai pris le sys- tème assez petit pour que cela ne puisse pas arriver, donc la seconde force CD' devra couper CD, en 0', par exemple. Dès lors on voit, par un raisonnement analogue à celui qui précède, que toute translation dont la directrice passe au point 0 peut être produite par une force passant au point 0'. J'appellerai le point 0 centre de translation plane et le point 0' centre de force plane correspondant. Si OA est la direction d'une translation plane, 0' le centre de force correspondant à 0, M un point du système, de masse âm, dv la vitesse minima après le temps t/f, on aura, j>our la force ap- ))li(|uée au point ^i , flm dv eqh dt et, si la résultante est R, le prinei})e du travail donnera dv f RcoS(xe7/t' = — tdmeq-h, (4). cl, en prenant les moments autour d'un axe 0' perpendiculaire au papier, (5). J dm eq h cire p = 0 , en avant éc;ard aux sii^nes, suivant le sens de la rotation. (87 ) 3. Note sur les centres de translation et de force. Théorème. — Si plu ieurs centres de translutioii plane ou per- pendieulaire sont en ligne droite, il en est de même des centres de force correspondants. Soient A, B, C trois centres de translation plane; A', B', C leurs centres de force; si je donne au système une translation ç> suivant ABC, la force capable jC' "^' de cette translation devra pas- ser à la fois par les centres de force correspondants à A , B et C , ce qui démontre le théorème pour ce cas. Soient maintenant A, B, C trois centres de transla- tion perpendiculaire. Si j'applicpic en A el en C deux translations perpendiculaires au plan du papier, dans le même sens et dont je combine les grandeurs de manière que leur résultante pas^c au point B, la tran>lation A pourra être produite par une force perpendiculaire au plan et passant par A', et la translation C par une force appliquée en C; d'ailleurs, rcnsemble des deux trans- lations, ou la translation B, peut être produite par une force ap- pliquée en B'; il faut donc que cette dernière soit la résultante des forces appliquées en A' et en C, et, dès lors, le point B' se trouve sur A'C Noyaux de translation. — Si l'on considèie tous les points d'un plan comme des centres de translation plane ou perpendi- culaire, et que l'on cherche pour chaque point le centre de force correspondant, tous ces centres de force formeront un noyau plein dont la forme variera avec celle du système matériel donné. Je l'appellerai noyau de translation. Soit N un pareil noyau. 11 est aisé de voir que la limite uhc de ce noyau correspond aux centres de tianslation qui sont situés à l'infini; mais si l'on considère mainte- '^ nant la courbe abc elle-même comme un lieu de centres de translation, on obtiendra pour lieu des centres de force correspondants une autre courbe intérieure a'b'c\ et, continuant à ( «8 ) les rcssciTcr, on finira naturellement par arriver à un point cen- tral qui sera à la fois centre de translation et centre de force. Je l'appellerai centre principal. En général, le noyau de translation i)lane n'est pas le même que le noyau de translation perpendiculaire, ni le centre de trans- lation plane le niémc que le centre de translation perpendiculaire, et cela suffit pour prouver quil n'y a plus ici de véritable centre de gravité. Dans les translations perpendiculaires, la force passant par le centre principal donne seule une translation passant par ce point et naturellement dirigée dans le sens de la force. Toute force pas- sant dans le noyau de translation donne aussi une translation pure, mais suivant une autre directrice ; une force passant par un point de la courbe qui limite le noyau donne un mouvement hori- circulaire; enfin une force passant en dehors du noyau ne donne plus une translation pure, mais un mouvement qui peut toujours se remplacer d'une infinité de manières par deux translations et qui, n'étant pas une translation, est nécessairement une rotation {voir la cinématique). Dans les translations planes, toutes les forces passant par le centre principal donnent des translations passant par ce point, mais qui, en généi-al , n'ont pas pour directrices les directions de ces forces. Toute force passant dans le noyau de translation donne une translation pure; une force tangente à la courbe qui limite ce noyau donne un mouvement boricirculaire; une force extérieure au noyau ne donne plus une translation i)ure, mais un mouve- ment qui ])eut se remplacer d'une infinité de manières par deux translations et qui est, par conséquent, une rotation. Ainsi dans la dynamique abstraite, on a ce théorènie : toute force appliquée à un système matériel rigide plan, soit dans son j)lan, soit perpendiculairement à son plan lui donne 1" ou bien un mouvement de translation si elle tombe dans le noyau central ; 2" ou bien un mouvement boricirculaire si elle tombe sur la limite du noyau central; 5" ou bien un mouvement de rotation si elle tombe hors du noyau central. J'ajouterai que ce noyau cen- tral, composé des centres de force correspondant à tous les cen- ( 89 ) 1res de Iranslation qui forment l'enscniblc du plan, constitue une sorte de perspective de tous les points de ce plan, parce que si trois points du plan sont en ligne droite, leurs correspondants dans le noyau sont aussi en ligne droite. Si le système plan devient infiniment petit, le noyau devient infiniment petit du second ordre et se confond alors avec le pré- tendu centre de gravité de la dynamique usitée *. 4. J'abandonne maintenant le cas général pour appliquer les équations (1) à (5) à un cas très-particulier, celui où le système considéré se compose de circonférences matérielles. Je prendrai pour exemple deux circonférences de densités iné- gales, mais le cas ainsi traité, qui comprend déjà évidemment celui d'une seule circonférence, suffît aussi pour montrer que la vérification se ferait de la même manière avec un plus grand nombre de circonférences et, par suite, avec une couronne cir- culaire ou un cercle entier. Je suppose que A soit un centre de translation et B le centre de force correspond"'. Les points A et B seront évidem- mentsituéssurun même diamètre. Soit 0A = h, OB = h'. Je vais cher- 9 cber la relation générale qui existe entre h et /t' pour une position quel- conque de l'un de ces j) oints. * Dans Tarlicle qu'on vienl de lire, je me suis borné à citer des résullals, faciles à vérifier pour celui qui a bien saisi les principes qui précèdent. S'il lallail loul développer, il y aurait un mémoire à écrire, rien que sur laques- lion des noyaux el des centres principaux. ( 90 ) 1" méthode. — Si, par les points A et 13, je mène des perpendicu- laires au diamètre AB, il est visible que tous les points situés sur la perpendiculaire en A, considérés comme centres de translation, ont leurs centres de force correspondants situés sur la perpendi- culaire en B. Il suffît, pour le voir, s'il s'agit de translations per- pendiculaires, de décomposer la translation A en deux transla- tions A' et A" et de remarquer que celles-ci doivent être [iroduilcs j)ar deux forces B' et B", se recomposant en B. S'il s'agit de trans- lations planes, il suffît de remarquer que si, par A', je fais passer la directrice de translation A A', la force correspondante BB' doit passer par B'. Je considère donc une position quelconque de A' et la position correspondante de B' et je pose OA' = p, OB' = p', OA = h, OB =: h', h et h' étant maintenant des constantes. Le liiangle rec- tangle AA'O me donne eq 0 =z col 10 col u cos u sin ic L'élimination de u donne COS"'^ V. eq '^ p eq- h — eq"^ p — 1 eq^ h De même, dans le triangle OBB', on trouverait eq - o' eq -h' — 1 /•/iw2 111 eq ' p - \ eq ■ li et, comme la valeur de iv est la même, eq - p eq^ h eq^ p — 1 eq'^ h — eq^^ f/ eq- h' = constanle = K- eq^p'—\ eq^h' — l Dans ce qui suit, je suppose les translations perpendiculaires. ( 91 ) 2""" mélhode. — Je prends l'équation (1). dv / R=— /< dtj dm eqS cq3' Soient p et q les densités des deux circonférences r et r'. Je vais d'abord calculer la valeur de R appliquée en B. Pour cela j observe que 2R eq p' appliquée en 0 donnerait au bout du temps dt une translation de vitesse 2rfr eqp, d'où Mveqp „ . , , „ 2R eqp' = {p cire r eq^ r ■+- q cire r eq^r ) eqp dv ^ . , . , , .V R = — ' (p Cire r eq- r -f- q cire /• c^^r ) eqp' dt et réqualion {\) devient . ; ip cire r eq-r h- q cire r' tY/^r') = /dm eq^ eqê'. Calcul de eryc^'. Le triangle MAO donne {Journal de Crelle, page 290 , ligne 9 * ) e"^ ~\ e" — 1 2e'' 2e e' -h 1 cos co -h = 1 . "^P 4 ->' I 2û . !2r , ^-, .^ e^ — 1 p- — 1 cos ce f ^ , (e^^.V I ) (;^'--^ i) - eus. (^- l) (e^^- l) 4e ^e e ' -h I e' cos t'ry^/ (T/r — ;;- cire o ciie /', C'est ici le seul cas où Ton arrive plus vile au résultat par les formules de Lobatsehevvsky que par les miennes, mais il ne peut plus oflVir aucune difficullé au lecteur qui a suivi tout ce qui précède. Je lui laisse le soin de vérifier, au moyen des foiniules connues des triangles rectangles, celte rela- tion entre un angle et les trois côtés d'un triangle quelconque. ( '^2 ) On aurait eqry en remplaçant, dans eqrj, p par p' et a par 2'^—u. Donc V , cosco . cqo = egp tî^/r h r*^"'*^/' cire r. On aurait des expressions analogues pour la deuxième circon- férence et, en observant que, pour la première, dm = /j cirer — et, pour la seconde, dm = q cirer' ^, il vient cqp — ; {p cire r e(fr -+- q cire r' eo^ ^^m iqç. 4t^ = i/ p cirer— efypefyr — circp cirer egp' /'- . (1(^1 cosco . \/ cosco \ -\-t I ry cirer — -lef/pegr'—-— eirc/s cirer' le^ /s' e^r'-+--—^ cirer/ cirer' . Développant les intégrales et se rappelant que / f/co = 2 , / eos co rfco = 0 , / cos- co f/co = 1 , il vient eqp (p cire r c^^r -h g cire r' eç^r' ) = y; cire r e^/s ^7'^ C7/5' eqp' p cire r' — _^ ^ (l'wcp eire/J' circ-r -f- 7 cirer' e^p t'(y^r' eqp q cire r' — - ,^ . — cire ,0 cire ,0' cire- r'. Divisant par ^, et remplaçant pai'tout cire 0 et cire &' par 2 77 i/ë^V— ~i et^TT l/e^-^p'— 1, il vient p cire r e^^ v -\- q cire r' eg'^ r' = eq'^ p (p cire r ^g- r -\- q cire r' e cire r eq- r -4- 7 cire r' eq^ r') eq p' circ^/3 {p cire^ r h- 7 circ^ r') eqp yeq^ p — 1 p cire' r -f- 7 cire" r' eq p' b rr- [p cire r eq'^ r -h q cire /•' C7^ r') \/eq^p'—i 4'"'^ méthode. Je prends l'équation (5) /dm eqcfchc p = 0. et, pour axe de comparaison, la perpendiculaire PQ à OA. J ai alors /) == MP et je vais calculer vive p. ( 9M J'ai, pour Tune des circonférences (les calculs sont analogues pour l'autre), cire p = cire à siii t cos t. sin w eirc r cire ^' d'où et comme il vient «ire p = y/ cire- ^' — eirc"^ >• siii^ cire r = ^Tr\/ eq^ r I ' COS ce cirep= |/ — ir 2 -+- 4t 2 (c<5f 2 r er/^ /3' h- ^^^^ cire' r cire'/;' H- g a eq r eq p cire r cire /; ) — eirc- r sin^ w = 2r f«/ r i/ ^7* p' — 1 n- eç /?' eirc r cos w. A la rigueur, il faudrait mettre un double signe, mais si l'on observe que la valeur précédente ne devient négative qu'en des- sous de PQ et que pi'écisément alors il faut prendre la circonfé- rence négativement, on voit qu'il est inutile d'avoir égard à cette eircor.stance et Ion peut poser dircHtement /.2 / COS CO \ \ I peire /• r/co eqo eq r ~ cire jC cire r i (2^ cq r \/^q'^ f' — ^ -^ ^Q p' cire r cos u) \ ^- f cos co -+- / (/cire rV/co eq p eq r' — — cire F cire r' (2/T eq r' \/eq^ P' — '^ -+- cq p' cire r' cos ce) ^ =r 0. p cq p' cire ^ ry eq^ p — Il A-r eq* req p y eq^ p' — ^ P cire r — ) . , , 7 ^7 p' cii'c' r \/eq'' p — 1 y = 0. -\- iz eq- r' eq p\/ eq- p — \ q eirc r' — ^ cq p — P circ^ r -+- q cire" r V eq'p- eqp' - 8r '{eq'- * r eirc r -+- eç ' j r' cire r') V eq'p' - ~\ Ainsi quatre mélbodes différentes me conduisent invariablement au même résultat. Je vérifierais de même les équalions (I) et (;)). ( 'JS ) 0. Dans la dynamique usitée, les mouvcmenls de translation sont toujours stables et les mouvements de rotation ne le sont que quand il y a équilibre entre les forces centrifuges, ou mieux entre les forces infléchissantes ou centripètes qu'il faudrait appli- quer à chaque molécule pour la maintenir sur la circonférence qu'elle devrait décrire. Dans la dynami(iue abstraite, la condition de stabilité reste la même pour la rotation, mais elle est aussi nécessaire pour la translation, car il Aiut des forces infléchissantes pour faire dé- crire à tous les points matériels du système des courbes équi- dislantes au lieu de lignes droites. Ainsi lorscjue je dis que des forces appliquées h un système produisent soit une translation, soit une rotation, il ne s'agit que d'une translation ou d'une rota- tion initiale, mais il reste toujours à examiner si le mouvement est stable, comme il le sera, par exemple, pour un corps de révo- lution homogène glissant sur son axe de symétrie ou tournant autour de lui; et, dans le cas contraire, il faut, pour trouver le mouvement vrai du corps rigide, ajouter à chaque instant les forces centrifuges ou axifuges aux forces actives extérieures. On peut aussi, connaissant le mouvement actuel du corps, cest- à-dire la vitesse d'un point en grandeur et en direction, ainsi que l'axe instantané passant par ce point, et la vitesse angulaire autour de cet axe, trouver les éléments correspondants, c'est- à-dire la variation du mouvement, au bout du temps dt, par l'application pure et simple du principe de d'Alembert. Les six équations d'équilibre détermineront les six inconnues géométri- ques de la question, qu'il y ait ou non des forces directement appliquées. Cette méthode est plus complète que la précédente et doit être employée, en général, quand le corps possède deux mouvements non réductibles à un seul. Par des méthodes analogues à celles de la dynamique usitée, on trouve pour l'expression de la force infléchissante qui ferait décrire une circonférence de rayon r à un point matériel de masse?», avec une vitesse angulaire w: mùi- rr cire 2r cire* 1 ( 9C ) et pour la l'oroc infléchissante qui lui ferait décrire une équidis- tantc de hauteur r avec une vitesse minima w (pour un point de la directrice qui suivrait le mouvement de translation) : mec 2 ■ cire 2r. La forme de ces expressions fournit immédiatement les théo- rèmes suivants : 1. Tout axe d'équilibration des forces infléchissantes de rota- tion est aussi un axe (ré(juilil)ration'*dcs forces infléchissantes de translation. 2. La force infléchissauie dans l'horicycle est représentée par mv^, m étant la masse du point mitériel et i; sa vitesse. (On le - voit en introduisant v au lieu de w dans les deux expressions pré- cédentes, pui^ en faisant r = oc , ce qui les fait rentrer l'une dans l'autre.) 5. L'unité de force, qui, dans la dynamique abstraite comme dans la dynamique usitée, est la force capable de donner à la masse 1 la vitesse 1 en agissant sur elle comme force accéléra- trice pendant 1", est aussi en dynamique abstraite celle qui, ap- pliquée comme force infléchissante à l'unité de masse animée de Tunité de vitesse, lui ferait décrire un horicycle. 11 est aisé de voir que tout système plan qui possède un axe de symétrie possède trois axes d'équilibration des forces infléchis- santes, pcri)endiculaires entre eux. Peut-être la théorie des axes d'inertie est-elle indépendante de l'axiome XI d'Euclide, mèmcî dans le cas général. Deux principes généraux de la dynamique, applicables aux systèmes quelconques, subsistent ici comme dans la dynamique usitée : ce sont le principe des forces vives et celui de Téquilibre entre les impulsions des forces extérieures et les quantités de mouvement gagnées par les molécules, prises en sens inverse, équilibre qui peut, comme toujours, s'exprimer par six équations. C(i dernier principe, qui conduit à la théorie des percussions et du choc des corps, n'est qu'une forme particulière de celui de ( 97) ■ d'AIembert: le principe des forces vives peut être considéré comme une combinaison de celui de d'AIembert avec le principe du travail. Je m'arrête ici, non que mon sujet soit épuisé (il est inépui- sable), mais parce j'ai communiqué au lecteur ce quil lui faut pour continuer aussi bien que moi. Qu'il résolve, par les prin- cipes qui précédent, toutes les questions qu'il a appris à résoudre autrement, et, après avoir parcouru ainsi d'une manière nouvelle tout le cercle des connaissances qu'il avait acquises; après avoir rencontré non-seulement autant de vérifications que dans la science usitée, mais quelquefois davantage*, il comprendra que j'ose dire, reprenant et complétant les conclusions de mes pré- décesseurs ** : 1" Dans la géométrie et la mécanique théoriques, rien ne s'op- pose à admettre que la somme des angles d'un triangle rectiligne soit moindre que deux angles droits; 2° La science abstraite résultant de cette hypothèse est conçue sur un plan plus général que la science usitée, qui n'en est qu'un cas particulier, et qui en dérive dans la supposition des lignes infiniment petites, de sorte que cette dernière science n'est sous ce rapport qu'une science différentielle ; 5° Les mesures directes prises à la surface de la terre ne nous montrent, dans la somme des angles des triangles rectilignes, même les plus grands, aucune déviation de deux angles droits ***; il s'ensuit que la science abstraite ne peut avoir d'application que dans l'analyse, ou bien dans l'astronomie et la mécanique céleste; 4° Lors même que la science abstraite serait seule rigoureuse, l'emploi de la science usitée ne peut conduire à aucune contradic- tion, ni théorique, ni pratique; ni théorique, parce que tous les raisonnements que l'on fait sont rigoureux et doivent se vérifier si les figures sur lesquelles on raisonne sont infiniment petites, ce que Ion peut toujours supposer, celles que l'on trace en gran- * J'en ai cilé un exemple à la page 75. ** Voir Journal de Crelte, page 302. **'^ Et Ton sait que celle déviation devrait diminuer pour des iriangios plus petits. Tome XXL ' 7 (98 ) (leur finie pouvant être considérées comme conventionnelles et symboliques; ni pratique (sauf peut-être en astronomie ou en mécanique céleste), parce que les erreurs inhérentes à toute ex- périence humaine et terrestre sont bien supérieures à la diffé- rence qui devrait exister entre les résultats dans les deux sciences ; 5" Comme il résulte des 5° et 4" que l'on peut, en toute sécu- rité 5 employer la science usitée dans les applications terrestres et que, par conséquent, la science abstraite n'y sert à rien; et que d'ailleurs il n'est pas encore établi que cette dernière puisse con- duire aux applications indiquées dans ces deux numéros, il con- vient peut-être, après en avoir posé les bases, d'ajourner la con- tinuation de son étude jusqu'à ce qu'il soit prouvé qu'elle puisse être autre chose qu'un objet de curiosité *. * Quanta moi, je l'abandonne pour le moment, sauf, peut-être, les points indiqués aux pages 5 et 40. TABLE DES MATIÈRES. Pages. Jmroductio> 5 U^ PARTIE. — Exposé sommaire de la géométrie abstraite 7 2nie PARTIE. — Compléments de géométrie 36 5me PARTIE, — Cinématique 43 4me PARTIE. — Statique 65 5me PARTIE. — Djuamiquc 79 MEMOIRE SUR LES EXPÉRIENCES FAITES A L'ÉTABLISSEMENT M. KRUPP, A ESSEN, au nioîs de novembre 1867, POUR DÉTERMINER LES PRESSIONS DES GAZ DE LA POUDRE DANS LAME DES DOUCHES A FEU; PAR N. MAYEVSKI, GÉNKRAL-MAJOR, MEMBRE DU COMITÉ DE l'aRTILI.ERIE RUSSE. (Prcsenté à l'Acadéniie royale Je r>eIgi(|U(' le 10 octobre 1808 ) Tome XXI. MÉMOIRE SUR LES EXPERIENCES FAITES A L'ETABLISSEMENT DE M. KRUPP, A ESSEN, AU MOIS DE NOVEMEnC 1807, POUR DliTF.RMlNKR LES PRESSIONS DBS GAZ DE LA POUDRE DANS L AME DES BOUCHES A FEU. II est très-important de connaître les pressions des gaz de la poudre dans les différents points de l'àme des bouches à feu. Cette connaissance permettra non-seulement de donner dans la con- struction la résistance nécessaire aux parois de la j)ièce, mais encore de déterminer, pour les bouches à feu fabriquées, les charges qui ne dépassent pas leur résistance. La question du mouvement des gaz de la poudre dans l'àme des bouches à feu à occupé Eulcr ^ et Lagrange ^. La difliculté de soumettre au calcul l'inflammation et la com- bustion successive de la charge a conduit Eulcr à faire une hypo- thèse arbitraire sur la relation qui existe entre l'inflammation, la combustion et le chemin parcouru par le projectile. ^ Nouveaux iwincipes d'artillerie de Robins , commentés par Euler, tra- duits de Tallemand, par Lombard; 1783. 2 Formules relatives au mouvement du boulet dans l'intérieur du canon ^ extraites des manuscrits de Lagrange, par Poisson. — Journal de V École 2^ol y technique, XXV cahier; septembre 1852. (4) Il a supposé que pour une position quelconque du projectile dans l'anic le rapport de la portion de charge enflammée et com- burée à la charge entière est égal à une puissance fractionnaire du rapport entre les chemins parcourus par le projectile en ce moment et au moment de la combustion complète. Il admet, dans les applications, que ce dernier chemin est égal au trajet entier du projectile dans l'àme, et il détermine la valeur numé- rique de la puissance fractionnaire d'après la vitesse initiale par l'expérience. (Remarque VI, sur la proposition XI, pp. 228 et suivantes. ) Lagrange n'a considéré la poudre que comme déjà réduite en un fluide élastique qui, par sa force d'expansion, produit le mouvement du boulet et le recul du canon. Le général Piobert a déterminé, d'après quelques expériences, la vitesse de propagation du feu entre les grains de la poudre et la vitesse de combustion des galettes de poudre dans l'air. En se basant sur les résultats obtenus, U a exprimé analytiquement les quantités de poudre brûlées dans une charge en fonction du temps ^. Mais quand il est passé à la recherche du mouvement des gaz de la poudre dans Tâme, il s'est borné, dans les travaux publiés jusqu'à ce jour, à considérer le cas d'une charge complè- tement réduite en gaz ^. Dans ces derniers temps, M. Résal, ingénieur français au corps des mines, et M. de S*-Robert ont cherché à appliquer les prin- cipes de la théorie mécanique de la chaleur au mouvement des projectiles dans l'âme ^. Mais leurs travaux à ce sujet sont loin d'être terminés. Les recherches faites par les géomètres et les artilleurs n'ont pas conduit, jusqu'à présent, à des résultats dont on puisse dc- * Traité d'arlillerie. — Propriétés et effets de la poudre, par G. Piobert; 1859. 2 Traité d'arlillerie. — Mouvement des gaz de la poudre , par G. Piobert; 1860. "• Recherches sur le mouvement des projeclilcs dans les armes à feu , par. M. Résal; 18G4. — Principes de thermodynamique j par de S*-Robert. Turin; 18Go. ( 5 ) duirc les valeurs numériques des pressions des i^az de la poudre dans ràmc; toutefois les travaux du général Piobert montrent suflisammcnt les avantages que la pratique peut retirer de pa- reilles recherches théoriques. Dans l'état actuel de la science, les valeur^ des pressions des gaz ne peuvent être déduites que de l'expérience. Un premier moyen consiste à les mesurer directement dans les différents lieux de l'âme, et si l'on pouvait se fier aux indications des appareils construits dans ce but, cette méthode serait la plus sûre, car elle est directe. Mais il n'existe dans ce genre que l'appareil de M. Rodman et celui de M. Uchatius, semblable au premier, dont les indications ne sont pas toujours aussi constantes qu'on pourrait le désirer. Un second moyen consiste à mesurer les vitesses du projectile en différents points de Tàme. On peut arriver à ce résultat, soit en se servant de bouches à feu qui ne diffèrent que par la longueur d'âme et dont on mesure la vitesse initiale ', soit en forant dans les parois de la pièce un canal perpendiculaire à l'axe et mesurant la vitesse à la sortie de cylindres de poids variables, que l'on introduit dans ce canal avant le tir 2. En tirant avec des bouches à feu de longueurs différentes, on ne peut pas mesurer la vitesse du projectile après des trajets par- courus moindres que son diamètre, et cependant ces données sont ' Ce mode crexpérimenlalioii a été suivi en France avec les fusils, en Delgi([ue et en Piémont avec les canons lisses de 12. Voir : Mémorial de r artillerie, n" VII. Rapport sur le pyroxyle comparé à la poudre; Revue de technologie militaire, par M, Delobel, t. II. 1857. Résultais des expériences éleclro -balistiques sur la variation de la vitesse initiale en fonction de la longueur de Tàme. Expériences exécutées en Piémont en 1857, dont les résul- tais, restés inédits, nous ont été communiqués. 2 Cette méthode fut suivie à Derlin par le général Neumann, qui se servit, pour ses expériences, des canons lisses de 6 et de 12. Voir la Revue de techno- logie militaire, par M. Delobel; t. 1 et II. Compte rendu des expériences exé- cutées en Prusse à Teffet de déterminer la pression exercée par la charge d'une bouche à feu sur les parois de l'àme en un point quelconque de celle-ci. nécessaires pour déterminer la valeur du maximum de pi-ession et le point où il se développe. En outre, les gaz agissant encore sur le projectile après qu'il a quitté l'àme, il devient impossible, dans les canons de petite lon- gueur d'âme, de déterminer avec une précision suffisante la vitesse à la tranche de la volée, d'après la vitesse obtenue à une certaine distance, soit au moyen du pendule balistique, soit au moyen d'un appareil électro-balistique. En tirant avec une pièce munie d'un canal latéral, on déter- mine la vitesse du projectile et le point correspondant de Tâme, d'après la vitesse obtenue pour le cylindre et la longueur du trajet parcouru dans le canal; on est donc obligé de faire certaines hypothèses sur le mouvement des gaz, ou bien de déterminer, par des expériences difficiles, les trajets parcourus simultanément par le cylindre dans le canal et par le projectile dans 1 ame; et cela en partant encore de l'hypothèse, très-douteuse, que les deux mobiles commencent leur mouvement ensemble. Enfin, un troisième moyen de déduire les pressions des gaz consiste à mesurer les durées correspondantes aux différents trajets du projectile dans l'âme ; cette méthode fut suivie dans les expériences exécutées à l'établissement de M. Krupp, au mois de novembre 18G7. Ces expériences ont été faites par le capitaine LeBoulengé, de Tartillcrie belge, le capitaine Doppelmeir, de notre artillerie, et moi, avec le concours d'ingénieurs de l'établissement. Les trajets correspondant aux différentes durées étant fournis par l'expérience, on peut les représenter en fonction des durées par un polynôme à coefficients les plus probables. La première dérivée de cette fonction donne la vitesse de translation du projectile et la seconde dérivée donne les accé- lérations. Les accélérations, multipliées par le rapport de la masse du projectile à sa section transversale, exprimeront la force motrice du projectile suivant l'axe de l'âme, force rapportée à l'unité de surface. Dans les canons rayés, tirant des projectiles emplombés, la section transversale du projeetile est égale à la section transver- sale de lame. Les durées qu'il s'agit de mesurer dans de pareilles expériences étant très-petites, il est indispensable de se servir d'un appareil qui puisse déterminer de très-courtes durées avec une précision suflîsantc. A cet effet, nous avons fait usage du chronograplie électro-balistique de M. LeBoulengé, récemment modifié. Cet instrument se compose : a) D'un cbronomètre, longue tige cylindrique creuse en laiton, surmontée d'une armature en fer doux et recouverte d'un tube de zinc qui s'engage à frottement, et que l'on renouvelle après un certain nombre d'expériences. Le chronomètre se suspend à un électro-aimant, dont le circuit passe par le disjoncteur et par un des deux fils ou cadre-cibles traversés par le projectile. 6) D'une détente portant un couteau destiné à marquer des traits sur le tube en zinc du cbronomètre. c) D'un poids cylindrique dont la chute i)rovoque le jeu de la détente; le poids se suspend à un autre électro-aimant, dont le circuit passe également par le disjoncteur, et par le second des deux fils ou cadre-cibles traversés par le projectile. (/) D'un disjoncteur servant à rompre simultanément les deux courants qui activent les électro-aimants. Dans ce nouveau dis- joncteur les courants sont complètement séparés. La détente étant armée et le chronomètre suspendu, si l'on fait agir la détente, son couteau marque sur la partie inférieure du tube en zinc un trait qui sert d'origine pour compter les hauteurs de chute du chronomètre. L'appareil étant en station, c'est-à-dire la détente armée, le chronomètre et le poids suspendus, si l'on fait agir le disjoncteur, le chronomètre et le poids tombent libre- ment; le poids frappe la détente, dont le couteau imprime un trait sur le chronomètre en mouvcnîcnt. Soit h la hauteur de ce trait au-dessus de celui d'origine; le temps correspondant, t = \^'-lgh exprime la somme des durées nécessaires à la chute du poids, au jeu de la détente, à la désaimantation de l'électro- aimant du poids, moins le temps nécessaire à la désaimantation de i'électro-aimant du chronomètre. ( 8) L'instrument étant remis en station, si l'on fait feu, on obtient un nouveau trait, à une distance II de l'origine, correspondant à un temps T. La différence entre les temps T et t est égale à la durée du trajet du projectile entre les deux fils qu'il a coupés successivement. Les électro-aimants sont munis d'un noyau fixe et d'un noyau mobile qui sert à régler la force d'attraction. Les arrètoirs, servant à faciliter la suspension du cbronomctre et du poids, et à en empécber les oscillations, rendent l'usage de cet appareil très-simple et très-facile. L'électro-aimant du poids peut occuper deux positions sur la colonne de l'instrument; la position inférieure est em])loyée lors- qu'on mesure la vitesse d'un projectile; dans ce cas, l'écarté- ment des cadres-cibles est de 50 mètres, le trait de disjonction est amené à une bauteur fixe, et la vitesse en mètres se lit directe- ment, sans le secours d'aucun calcul, sur la règle qui sert à me- surer les traits. La position supérieure est employée lorsqu'on veut mesurer de très-courtes durées; elle a pour but d'augmenter la longueur représentative du temps mesuré. Avec cette disposition, qui est celle dont on a fait usage dans les expériences exécutées à Essen, le trait de disjonction se marque après une bauteur de cbute d'environ 500 millimètres, de sorte que la durée de 0%0005, la plus courte que l'on avait à mesurer, était représentée par une longueur de l'"'",6 entre le trait de la disjonction et celui du tir; une erreur de 0""",1 dans la bauteur d'un trait correspond, dans ce cas, à une erreur de 0%0000d dans la durée. Si, avant une même expérience de tir, on fait plusieurs dis- jonctions, la différence de bauteur d'un trait à un autre est moindre que 0""",1 . Quant à l'exactitude du disjoncteur lui-même, on peut s'as- surer, en intervertissant les deux courants, qu'il les coupe exac- tement en même temps; le disjoncteur ayant été réglé une fois pour toutes, si Ton fait cette vérification, on obtient des traits qui diffèrent moins de O""™,!. L'établissement de M. Krui)p a mis à notre disposition un canon ( i>) raye de 4, modèle prussien, qui, antérieurement, avait résisté à un grand noml)re de coups à de très-fortes cliarges ; pour ces expériences, sa chambre avait été allongée et portée h 1G,85 pouces rhénans, comptés du culot du projectile au coin de fer- meture. Les projectiles étaient pleins et revêtus d'une chemise de plomb. Pour déterminer, au moyen du chronographe, les durées correspondant aux différents trajets dans Fâmc, il fallait trouver une disposition pour faire rompre par le projectile les circuits des deux électro-aimants. M. le capitaine Le Boulengé a bien voulu se charger de cette recherche, qui présente de grandes difficultés pratiques; aussi ce n'est qu'après de longs essais qu'il est parvenu au procédé suivant, lequel a complètement réussi, du moins pour le cas des vitesses initiales pas trop considérables. On a foré dans le coin de fermeture un canal cylindrique sui- vant l'axe de l'àme (planche I, figure i), et l'on a fixé à la culasse du canon, au moyen des vis S et T, un cbàssis en bois 0, sur lequel peuvent glisser quatre pinces métalliques R, R, R', R'. Ces pinces se fixent à l'endroit voulu du châssis par des vis de pressions. Le culot des projectiles a été taraudé pour recevoir des tiges en fer de 6'"™ de diamètre. La pièce étant chargée, on intro- duit par le canal du coin et par la charge Ja tige M que l'on visse dans le culot du projectile; cette tige est munie, à son extrémité libre, d'une rondelle de fer L. Deux fils de fer a et a très-minces et convenablement tendus sont fixés dans les pinces R, R et R', R'; l'un, iij fait partie du circuit de l'électro-aimant du poids, et l'autre, a', du circuit de l'électro-aimant du cbronomètre. Le feu étant communiqué à la charge, la tige doit se mouvoir avec le projectile, et la rondelle vient rompre successivement les deux fils. La durée mesurée par le chronographe correspond au trajet égal à l'écartement des deux fils a et a', après que le projectile s'est déplacé de sa position initiale d'une longueur égale à la distance du })Ian antérieur de la rondelle L au fil postérieur a. Plus la lige 31 est longue, plus il y a de danger qu'elle s'élire et se détache du projectile pendant son trajet; pour ne pas em- ployer de longues tiges lorsqu'on mesurait des durées corres- pondantes à de courts trajets, on proportionnait la longueur des { 10 ) liges avec celle des trajets. Pour mesurer le temps que met le projectile à parcourir le chemin trun point voisin de sa position initiale au point où la Ictc du projectile atteint la tranche de la volée, on em})loyait une tige fort courte pour rompre le seul fil postérieur a, le lil antérieur a étant dans ce cas remplacé par un fil iiv de 5""" de diamètre, tendu devant la bouche, et pre- nant ses points fixes sur un châssis en bois fixé à la volée. Lors- qu'il s'agissait de mesurer les durées des trajets parcourus par le projectile à partir de sa position initiale, on ne tendait pas le fil postérieur a, mais on introduisait la partie saillante t de la ron- delle L dans le vide conique d'une pièce en bois (pointilléc sur la figure); deux côtés de ce vide étaient formés de deux plaques de bronze , qui faisaient avec le bout de la tige partie du circuit de réleclro-aimant du poids. On déterminait la vitesse initiale du projectile en mesurant, au moyen du chronographe, la durée entre la rupture par le projectile du fil uv tendu devant la bouche et celle du fil d'un cadre-cible placé à 40 pieds rhénans de la tranche de la volée. En tirant à la charge de 4,05 livre prussienne qui communique au projectile plein, dans le canon qui a servi à nos expériences, une vitesse initiale de 780 pieds rhénans, les tiges M, lorsqu'elles n'étaient pas trop longues, ne s'allongeaient pas et ne se déta- chaient pas du projectile; mais lorsqu'on a augmenté la charge jusqu'à 2 7^* livres, pour obtenir une vitesse initiale de 1200 pieds rhénans , les tiges commencèrent à s'allonger et à se briser au culot du projectile. Pour augmenter leur résistance, on les a composées de deux parties (planche I, figure 2); l'une d'elles, la plus forte, avait 12""" de diamètre et G pouces de longueur; elle faisait corps avec le projectile et entrait avec lui dans la chambre » où elle occupait le centre de la charge; la pièce étant fermée, on introduisait par le canal du coin de fermeture la partie mince de la tige, laquelle avait G'""' de diamètre, et on la vissait dans la première. Cette disposition, très-convenable pour les vitesses moyennes, n'a pas encore répondu au cas des grandes vitesses; la tige mince se cassait au point d'attache. Pour éviter cet incon- vénient, on a donné à la grosse tige une longueur presque égale (11) à la distance du culot du projectile, au coin de l'ermelurc; dans ce cas, en tirant avec la charité de 2 ^/4 livres, la grosse tige s'est rompue en s'étirant aux environs de son point d'attache. Il reste donc à trouver une construction de tiges qui remplisse son but lors du tir à fortes vitesses initiales. Les résultats consignés dans le tableau ci-dessous ont été ob- tenus dans les circonstances suivantes : Canon rayé de 4 en acier. Longueur de la chambre, depuis le culot du projectile jusqu'au fond de la chambre : ir),8o pouces rhénans. Diamètre de l'àme : 2 r = 5 pouces rhénans. Projectile plein cmplombé. Poids, y compris la tige : b = 10,5 à 11,5 livres prussiennes. Charge de poudre ordinaire. Poids c = 4,05 livre prussienne. Vitesse initiale observée : 780 pieds rhénans, TABLEAU l. DIS TANCE de TRAJET DURÉE l'origine du trajet mesuré à la position initiale du projectile. du projectile. correspondante au trajet du projectile. Observations. Pouces rhénans. Pouces rhénans. Secondes. 0,006696 0 -1,00 \ 0,005294 0,006507 0,003538 Mo Y. 0,005509 0,000576 1/4 0,75 ) 0,000432 1 0,000447 . 0,000406 0,001055 V4 l,7o 0,001086 ' 0,001091 MOY. 0,001077 (12) TABLEAU I. — (Suite.) DISTANCE de l'origine du trajet mesuré à la position initiale du projectile. TR4JET du [)rojeclile. DURÉE correspondante au trajet du projectile. Observations. Pouces rlicnans. V4 1/4 i 1/4 4 1 Pouces rhénans. i2,75 2,00 3,75 4,75 4,00 7,75 7,00 11,00 17,00 43,00 La tète du pro- jectile à la tran- che delà volée. Secondes. 0,001377 0,001182 0,000801 0,0008GG 0,001632 0,001726 Mo Y. 0,001679 0,002052 0,001887 0,001477 0,001317 0,002761 0,002468 0,001962 0,001962 1 0,002763 0,002665 MOY. 0,002714 0,003765 0,006954 0,006887 MOY. 0,006921 D'où la durée corrcsi)ondante au trajet de 0poice,75 à partir d'un 1/4 de pouce de la position initiale du projectile est égale à 0!000445. D'où la durée correspondante au trajet de 0po"cej5 à partir d'un 1/4 de pouce de la position initiale du projectile est ée,ale à 0^000572. D'où la durée corres])ondantc au trajet de Op^u^^cj^ à partir d'un 1/4 de pouce de la position initiale du projectile est égale à 05000653. Les résultais obtenus font voir que la durée du trajet du prc= niier pouce est très-longue et très-variée, comparativement à (15 ) celles des déplacements suivants, de sorte que les durées que met le projectile à parcourir différents trajets ne peuvent être déter- minées avec précision qu'à partir d'un certain déplacement de sa position initiale. C'est pour cette raison que l'origine des durées a été prise dans la j)lupart des expériences à 7^ de pouce, et dans quelques-unes à 1 pouce de la position initiale du projectile. Pour ramener toutes les observations à une même origine, nous avons , comme on le voit dans le tableau I, quatre observations immé- diates de la durée du trajet de 0''°"'^75 à partir de */'* de pouce de la position initiale du projectile, et trois résultats pour cette même durée obtenus par les observations des temps correspon- dant aux cbemins parcourus par le projectile depuis Y^ et 1 pouce de sa position initiale jusqu'à 5 pouces, depuis '/^ et 1 pouce jus- qu'à 5 pouces, et depuis '/4 et 1 pouce jusqu'à 8 pouces. La durée moyenne du trajet de 0^°''"\7'ô à partir de '/* de pouce déduite des 7 données mentionnées est égale à 0%00050G. En la retran- chant du la durée moyenne du parcours du premier pouce, on a O^OOoOO pour la durée que met le projectile à parcourir le pre- mier 74 de pouce. En ajoutant la durée 0%00050G aux durées observées après le déplacement du projectile de 1 pouce, nous rapporterons ces observations au moment où le projectile s'est déplacé de ^ji de pouce; et, en prenant la moyenne de toutes les durées corres- pondantes à un même trajet, nous formerons dans le tableau sui- vant les durées que met le projectile à parcourir différents trajets, l'origine des durées étant prise au moment où le projectile s'est déplacé de 7^ de i)ouce de sa position initiale. (14) TABLEAU II. TRAJETS COMPTÉS à partir de i|4de pouce delà position initiale du projectile X. DURÉES correspondantes aux trajets t. Observations. Pieds rhénans. 0,0625 0,1458 0,2292 0,3123 0,3939 0,6439 0,9792 1,4792 3,6439 La tète du projectile à la tranche de la volée. Secondes. 0,000306 0,001077 0,001309 0,001679 0,001936 0,002542 0,003220 0,004271 0,007427 Vitesse initiale du projectile, 780 pieds rhénans. La vitesse du projectile quand sa tête a atteint la tranche de la volée, c'est- à-dire à 6 pouces derrière cette tran- che, peut être, sans erreur sensible, estimée à 760 pieds rhénans. Pour déduire des données obtenues la loi du mouvement du projectile dans l'àmc, remarquons que, par suite des variations rapides des pressions des gaz de la poudre, les circonstances de ce mouvement diffèrent essentiellement au commencement et à la fin du trajet. Par cette raison , il est impossible d'embrasser par une seule formule simple le mouvement du projectile dans tout le parcours de l'âme. Nous allons d'abord étudier le mouvement du projectile sur une longueur qui comprenne le lieu où la pression des gaz atteint sa plus grande valeur, pour passer ensuite au mouvement dans le reste de l'âme. En formulant, dans la première partie du mouvement, les trajets x en fonction des durées t par un polynôme œ^at + bf^-h cl^ -\- dt^ nous avons dû prendre les sept premiers résultats consignés dans le tableau II, pour obtenir dans cette partie le lieu où l'accélé- ( IS ) ration atteint sa plus grande valeur, les coefficients «, bj c, d, étant détermines par la méthode des moindres carrés. Nous avons calculé les termes de cette série par les formules de M. Tchebychef, membre de l'Académie des sciences de Saint- Pétersbourg. Elles présentent un avantage incontestable sur les formules ordinaires, parce qu'elles rendent les calculs moins prolixes, lorsque le nombre des termes dépasse deux, et qu'elles permettent de calculer la série terme par terme. De cette manière, d'après la somme des carrés des erreurs avec lesquelles les termes expriment les valeurs données, somme obtenue par les mêmes formules, on reconnaît tout de suite le terme auquel on peut s'arrêter. M. Tchebychef n'a publié les formules définitives pour les valeurs les plus probables des membres de la série qui ex- prime la fonction interpolée , que pour le cas où les valeurs de 11 = 11^^ if^j^ u^^ données par les observations et correspon- dantes aux différentes valeurs de x = a^j , iP^ ? iP„ , sont repré- sentées par la formule a =a -\- bx -\- cx^ + dx^ h- K Il nous a communiqué les formules relatives à un cas plus général, où les valeurs de u sont exprimées par la formule n = F (x). {a + 6x H- rf -+- c/x^ -^ ) , dans laquelle F (x) est une certaine fonction de la variable indépendante x. Avec la permission de M. Tchebychef, nous avons inséré ces formules dans notre appendice; et, afin de montrer leur usage sur un exemple, nous les avons appliquées à notre cas pour lequel F (x) = x. En définitive, nous avons obtenu la formule suivante pour exprimer les trajets x, comptés à partir de '/^ ^^ pouce de la position initiale du projectile en fonction des durées t dont l'ori- gine est prise au moment où le projectile s'est déplacé de 7^ tle pouce de sa position initiale : ^ Sur Vinlerpolation par la mélhode des moindres carrés , par P. Tche- bychef. (MÉMOIRES DE l'Académie des sciences de St-PÉTERscouRG, VHP série; t. I, n» 15; 1859.) (A) (16) a; = 10d,36 . t + 15984 . t- + 25031000 . t'^ — 3546000000 . t\ D'où la vitesse de translation V = 103,30 -4- 2 . 1598-4 .t-\-o. 25631000 . f- — 4 .3546000000 /•', et l'accélération suivant l'axe de l'ànic — = 2 . 15984 + 6 . 25051000 / — 12 . 3540000000 tK dt Il résulte de ces formules que la durée qui correspond au maximum de l'accélération est égale à 0%001807, en la comptant du moment oii le projectile s'est déplacé de 7* de pouce de sa position initiale; pendant ce temps, le projectile parcourt, à partir de la même origine, le trajet de Op''"^,5o6 ou de 4 pouces 27; la vitesse du projectile, h la fin de ce trajet, est de 55 î pieds; la plus grande valeur de l'accélération est de 170910 pieds, et la plus grande valeur de la force motrice du projectile, suivant l'axe de l'âme, est égale à G04 kilogrammes par centimètre carré. Pour t = 0, c'est-à-dire pour le moment où le projectile s'est déplacé de 7^ de pouce, les formules (A) donnent : vitesse du projectile, 105 pieds; accélération, 51908 pieds, et valeur de la force motrice du projectile suivant l'axe, 115 kilogrammes par centimètre carré. Passons au mouvement du projectile dans la seconde partie de l'âme : pour exprimer les trajets en fonction des durées par un polynôme à coefficients entiers qui donne la vitesse, l'accélération et sa première dérivée, pour le point correspondant au maximum de l'accélération, égales à celles que l'on obtient pour ce même point, d'après les formules (A) de la première partie du mou- vement, il faut que ce polynôme soit de la forme : X' = j4' -h f3t^ + at'^ + bt'" + en ■ L'origine du mouvement étant comptée à partir du point cor- respondant au maximum de l'accélération , et les coefficients « et /3, déterminés par la condition que pour t' = o, la vitesse du projectile soit 551 pieds et l'accélération 170910 pieds. Les coeffi- cients (tyby c, doivent être déterminés d'après la méthode ( 17 ) des moindres carrés, en se servant des données insérées dans le tableau II, pour Ja partie de l'âme que le projectile parcourt après le point où l'accélération atteint son maximum. Nous avons peu de données pour cette partie, même en y comprenant la vitesse du projectile à la bouche; et encore elles se rapportent, pour la plupart, aux lieux non suffisamment éloi- gnés du point correspondant au maximum de l'accélération. Par suite, en les interpolant, on est obligé de se borner à un petit nombre de termes, et le polynôme, qui renferme ce petit nombre de termes calculés d'après les seules données que nous ayons, ne donne pas sur toute la longueur du chemin parcouru par le projectile dans l'âme des accélérations positives constamment décroissantes. Le peu de données qui se rapportent à la seconde partie de l'âme, en y comprenant la vitesse du projectile à la bouche, se laissent bien représenter par un polynôme satisfaisant, à la con- dition qu'au moment pris pour origine, la vitesse et l'accélération soient celles que l'on trouve pour ce moment d'après les for- mules (A) de la première partie du mouvement, et qu'à partir de cette origine, les accélérations, restant positives, aillent con- stamment en décroissant. Ce polynôme a la forme : a?, == Â^i -t- Br; — cr;s où A et B sont les coefficients déterminés d'après la condition qu'au moment pris pour origine , la vitesse et l'accélération soient celles que l'on obtient, pour ce moment, parles formules (A); le coefficient C et l'exposant m se déduisent du temps que le pro- jectile met à parcourir le trajet, depuis le point où il se trouve au moment pris pour origine jusqu'à la bouche, et de la vitesse qu'il a à la bouche; on obtient dans ce cas pour m une valeur plus grande que 2 et moindre que o. Les pressions des gaz, diminuant rapidement après avoir atteint leur ])lus grande valeur, et la première dérivée de l'accélération étant, daprès la dernière formule, égale à — oo à l'origine des durées ?, , nous avons pris, pour cette origine, le temps voisin Tome XXL 2 ( 18 ) lie celui qui correspond au maximum tle Faccéléralion , en le posant éi!,a! à 0%00^04, depuis le momeni correspondant au dé- placement du premier '/^* t'c pouce. Pour t=0%0020ï, les formules (A) donnent, pour le trajet du projectile après qu'il s'est déplacé de '/'«^ ^'^' pouce de sa posi- tion initiale x = 0''''''',i4i27, la vitesse du projectile v = 570 pieds et raccclération ^ = IG8G18 pieds. En comptant les durées et les trajets de celte origine, on obtient, dans la dernière formule : A = 570,2 pieds, B = 8i509 pieds, C = 1G5500 pieds, m =2,257; en prenant donc pour origine des trajets et des durées, le moment où le projectile s'est déplacé de 0^''\H^7 -^ '/'*'"" = 0'''''',4Gr)5 de sa position initiale, le mouvement dans la seconde partie de l'àme peut être représenté par Téquation : œ^ = 570,2 . /, + 84509 . Tj - 1G3500 /;'"^ D'où la vitesse de translation du projectile V = 570,2 -+- 2 . 8-i509 . /, - 2,257 . 165500 . Z'-^" et l'accélération suivant l'axe de Tàme — == 2 . 84509 - 1,257 . 2,257 . 1G5500 /°'-". Le tableau suivant fait voir le degré de précision avec la([uelle les formules (A) et (B) représentent toutes les observations. ( 19 ) TABLEAU m. L'origine* des trajets el df iS durées correspond dU moment où le pro ectiie sest déplacé de •/* de pouce de sa position initiale. Foi ce motrice TB4JET5 observés DUBÉES. t TRAJETS calculés. VITESSES. V ACCÉLÉBATICmS dv du projectile suivanl l'aie de Tàine rap- portée â l'u- nité de sar- faee i X dt 1 h dv TTr^ g dt 1 ! : ; i..lb rliéii&ns. 0 Secoudes. 0 Hiedsrhtûans. 0 l'ieds rhénans. 105,4 l'itds rhénans 31968 Kil.p' c. carré. 413,0 . 0,fJ62o 0/XXJ006 0,060o 439,4 98889 3i9,6 , ^ 0,4458 0,001077 0,lo92 211,3 448238 524,0 1 : 0,2292 0,001%9 0,^'?9^ 247,2 160368 566,7 1 1 '- 1 0,3123 0/X)4679 0,3 loi 308,7 470208 6fJl,7 1 0,001807 0,3o60 330,6 470910 maximum. 604,4 \'\ maiim. — 0,39o9 0,001936 0,4001 352,6 470208 601,7 - 0,fXj2040 0,4427 370,2 468618 596,0 .^ 0,64o9 0,002o42 0,6440 428,6 402858 363.6 / É 1 •— 0,9792 0,003220 0,9568 492,2 867rj4 3C6,5 ) \ 1,4792 0,004271 l,ol89 576,9 72138 255,0 \\ 3,6 4o9 0,007427 3,6 io9 76fJ,0 47608 468,3 / '^ 1 On a construit (fig. 5), les durées étant prises pour abscisses, les courbes des trajets parcourus par le projectile, celle des vitesses et des valeurs de la force motrice du projectile suivant Taxe de lame. La figure 4 représente les courbes des vitesses et des valeurs de la force motrice du projectile suivant Taxe de lame, les trajets étant pris pour abscisses. ( 20 ) Pour déduire des valeurs de la force motrice -— du projectile suivant l'axe de l'àme, les valeurs des pressions des gaz sur le pro- jectile, il faut ajouter à cette force motrice toutes les résistances qui agissent sur le projectile durant son trajet dans l'àme. Ces résistances sont : i" Les projections sur Taxe de l'âme de la pression des rayures contre les saillies formées dans les bourrelets de l'enveloppe de plomb lors de sa pénétration dans les rayures, et du frottement produit par cette pression. En représentant par N, la pression des rayures, par /", le coefficient du frottement des saillies sur les rayures, par j--, Tinclinaison des rayures sur Taxe de 1 àme, par A, le moment d'inertie du projectile autour de son axe de figure, et remarquant que la vitesse angulaire du projectile autour de son axe de figure est égale à ~~^^, la somme des projections sur l'axe de figure de la pression des rayures et du frottement qui en provient sera exprimée par : (sina -h f.coso:) N; Les flancs directeurs du tir des rayures étant dirigés suivant le rayon de l'àme , on déduira la pression N de l'équation : tanga dv ^ . A • — = r (cos a — fsm a) N. r dl La somme des projections sur l'axe de l'àme de la pression N et du frottement aura pour valeur : sin a, -\- f . coi Cf. Kg b dv — • -— • tang (X cos a — /".sin a br^ g dt On a pour le canon de 4 et son projectile plein : û:=:3''45', — =0,3; prenons /== 0,5 ; dans ce cas : /"cosiz kg b dv b dv ' -^ lang^. =0,012 cosiX—f&\niX br^ ' g dt g dl ( 21 ) Pour la plus grande valeur de la force motrice, égale à 604 kilogrammes par centimètre carré, la somme des projections sur l'axe de l'àme de la pression N et du frottement ne dépasse pas 7,25 kilogrammes par centimètre carré de la section transversale de l'âme. 2° La résistance de l'air contre le projectile. Cette résistance peut être négligée, car, pour la vitesse de 780 pieds qu'atteint le projectile de 4 à la tranche de la volée, elle ne dépasse pas 0,1 de kilogramme par centimètre carré. 5° La pression de l'atmosphère, étant approximativement égale à 1 kilogramme par centimètre carré, peut être également négligée. 4° La résistance de l'enveloppe de plomb au mouvement du projectile dans lame rayée. I^'enveloppe de plomb qui recouvre le projectile est pourvue de quatre bourrelets, dont les diamètres sont égaux à celui de Tàme dans les rayures. Les diamètres de l'enveloppe entre les bourrelets sont égaux à celui de l'âme dans les cloisons qui séparent les rayures. A mesure que le projectile quitte le raccordement de la chambre pour entrer dans l'âme, les cloisons pénètrent successivement dans chaque bourrelet de l'enveloppe, et les saillies, formées par suite dans les bourrelets, entrent dans les rayures, dont la lar- geur diminue uniformément à partir du raccordement jusqu'à la tranche de la volée. Lorsque le projectile avance dans 1 âme, les flancs de ces rayures refoulent le métal des saillies de l'enveloppe. Pour mesurer les valeurs de la résistance de l'enveloppe, nous nous sommes servis du dynamomètre du général Morin. Le canon a été fixé sur un banc (pi. II, fig. I ); on a vissé dans l'œil du projectile un bouchon de fer que Ton a accroché à une tige de même métal réunie à la griffe antérieure du dynanomètre; la griffe postérieure était liée à un support que Ton mettait en mouvement au moyen d'une vis-, en agissant sur sa manivelle. La griffe antérieure portait un poinçon en bronze; en l'appuyant, il marquait un point sur une planchette recouverte de papier et disposée au-dessous des lames du dynanomètre; cette planchette pouvait être mue dans des rainures perpendiculairement à la direction de l'axe de la pièce. ( 22) Pour faire avancer le projectile dans l'àme, on agissait crime nianière continue sur la manivelle de la vis et on appuyait en même temps contre le culot du projectile une règle divisée en dixièmes parties de pouce; celte règle touchait une tringle fixée sur la tranche postérieure du canon suivant le diamètre hori- zontal de la tranche. Toutes les fois que la règle parcourait avec le projectile 0,05 de pouce, on donnait le signal pour marquer, au moyen du poinçon, un point sur le papier et pour avancer le papier avec la planchette, perpendiculairement au mouvement de translation du projectile. Nous avons pris pour ces expériences, qui furent exécutées à l'arsenal de Saint-Pétershourg, un canon de 4 russe du calibre de 5 pouces, 42. Le dynanomètre que nous avions à notre dispo- sition n'était pas assez fort pour mesurer la résistance de l'en- veloppe munie de plusieurs bourrelets; c'est pourquoi on en a limé trois, en ne laissant intact que le bourrelet postérieur. Le projectile fut introduit dans la chambre, la tranche antérieure du bourrelet touchant le raccordement de la chambre avec les rayures. Les résultats obtenus lors du mouvement de ce projectile dans l'àme sont représentés sur la figure 2, planche II; les chemins parcourus par le projectile étant pris pour abscisses et les efforts mesurés par le dynanomètre pour ordonnées. Celte figure montre que la résistance atteint sa plus grande valeur, qui est de 38 pouds S lorsque le bourrelet s'est déplacé de li'°"<=*',2 2; à mesure de ravancement du bourrelet dans les rayures, cette résistance diminue peu et atteint de nouveau, dans certains lieux de Tâme, des valeurs s'approchant du maximum, à cause des différences inévitables, quoique fort petites, dans les diamètres de l'âme et dans la largeur des rayures. Pour pouvoir passer des valeurs de la résistance due à un seul ^ 1 poud = 16,38 kilogrammes. 2 La distance du raccordement de la chambre avec les rayures, au lieu où les rayures atteignent toute leur profondeur, est égale à 1p°"'='',25; la largeur du bourrelet est de Opo"",6. (23) bourrelet aux valeurs de la rcsistancc produite j)ar les quatre bourrelets à la fois, on a mesuré, au mo}en du dynanomèlrc, les résistnnees de Tcuveloppe pourvue seulement de deux seg- ments opposés d'un seul bourrelet, ainsi (luc les résistanees de l'enveloppe pourvue de deux segments de cliacun des quatre bourrelets. La largeur de ces segments était égale à eelle de deux rayures et de la cloison qui les sépare. Les résultats obtenus sont représentés sur les figures 5 et 4 de la plancbe II. La figure 5 montre que, pour une enveloppe munie de deux segments d'un seul bourrelet, la résistance atteint 7,5 pouds lorsque le projectile s'est déplacé de ji"^"^<=,2, et qu'ensuite cette résistance varie peu. La figure 4 montre que pour une enveloppe pourvue de deux segments de cbaeun des quatre bour- relets la résistance atteint 50 pouds lorsque le projectile a par- couru un trajet de 4 pouces; ce trajet correspond au parcours de 1 1^''"%2 plus la distance entre le bourrelet antérieur et le postérieur ; cette résistance de 50 pouds est quatre fois plus grande que celle qui est donnée par une enveloppe munie de deux segments d'un seul bourrelet. Lors de lavancement ultérieur du projectile à enveloppe pourvue des segments des quatre bourrelets, la rési- stance varie h cause des différences dans les diamètres de l'àmc et dans la largeur des rayures; elle atteint 40 pouds, valeur cinq fois plus grande que celle qui est atteinte par une enveloppe munie des segments d'un seul bourrelet. On voit par ces résultats que, après un déplacement du pro- jectile de 4 pouces de sa position initiale, on peut prendre dans (out le reste de l'âme, pour la résistance de l'enveloppe pourvue des quatre bourrelets entiers, la valeur comprise entre 152 et 208 pouds; ou bien, en comptant la résistance par unité de surface de la section transversale de l'âme, entre 45 et 57 kilo- grammes par centimètre carré. Pour les bouches à feu semblables, dont les calibres diffèrent peu l'un de l'autre, on peut admettre que les résistances des enveloppes rapportées à l'unité de surface sont approximativement les mêmes. Pendant le tir ces résistances peuvent dépasser celles que nous avons obtenues, à cause des vitesses considérables du projectile ( 24) dans l'âme et à cause de rencrassemciit qui diminue les diamètres de l'àme et la largeur des rayures. En tenant compte de la résistance de l'enveloppe et de la réac- tion des flancs du tir des rayures, dans le canon expérimenté à l'établissement de M. Krupp, on peut admettre pour la pres- sion p des gaz sur l'unité de surface du projectilp après rpic celui-ci s'est déplacé de 4 pouces, l'expression : 1 b dv 1 b clv « = —.-•— + S/"^'» = '- H- 0,012 — • ' 7rr^ g cU yrr- g dt On en déduit, à l'aide des valeurs de la force motrice insérées dans le tableau III , que le maximum de pression des gbz contre le projectile atteint 604 h- 57 -4- 7 = 608 kilogrammes par cen- timètre carré. En admettant, comme le fait le général Piobert, que les vitesses des tranches des gaz sont proportionnelles à leurs distances de la tranche immobile, et en désignant, comme ci-dessus, par c le poids de la charge et par 6 le poids du projectile, on trouve que la j)ression de la tranche immobile, voisine du fond de l'àme, est de fl -t- ^^j plus grande que la pression delà tranche qui touche le projectile. Par suite, dans le canon de 4 expérimenté, à la charge de — du projectile, le maximum de la tension de la tranche immobile des gaz devait atteindre (1 -+- ^o) 668 = 701 kilogrammes par centimètre carré. APPENDICE. FORMULES D INTERPOLATION PAR LA MÉTHODE DES MOINDRES CARRÉS} P. TCHEBYCHEF, membre de l'AcaJcmie des sciences de S'-Pélersbourg cl membre eorrt'sponJaiii de rinsiitut de France. S'il s'agit de trouver les coeiïîcicnts a, h, c,... dans l'expression de u représentée par la formule u = F{x) [a -h bx -h cx'^ -+^ •••] » où F(x) est une certaine fonction de la variable indépendante x et 1^1, 1^25 î'ôj •••• ''/i désignent les valeurs données de u qui cor- respondent aux difîérentes valeurs de x = Xj, x^, Xj, ...x„, — l'on peut calculer les ternies de l'expression u successivement, l'un après l'autre, d'après la série u = F(^) [Ko ^- o[x) + Kj '\\{x) H- K2 Y.(.r) 4- ...] et trouver, en même temps, la somme des carrés des erreurs commises dans la représentation des valeurs données de u, en s'arrétant aux termes 1, 2, 5, ... >. Nous donnons les formules définitives pour calculer les mem- bres de la série mentionnée. ( 26) Dans ces formules les sommations s'étendent h toutes les valeurs de l'indice i, depuis i = 1, jusqu'à i = n, et 2^/^ désigne la somme des carrés des erreurs dans la représentation des valeurs données de u parla série arrêtée au terme F(x). K;^ 'F;W, somme d'après laquelle on trouvera l'erreur quadratique moyenne parla formule Formules rdalives d la dêlennination du tenue F(j'). K„t„(j-). {o,o) = l[F{œi)]\ ho = , (0,0) M oir) = 1 , ld;,=: lu'i — {o,o) K,;. Formules relatives à la détermination' du terme V{x). K, '\\[x). (0, 1 ) = 2 [V[Xi\]\ Xi, (0, 2) = 1 [F(j:,)]'. xf , ^/, = {0,0), (0, n (M)' (M) = (0,2)-6, (0, 1), _2F(j'iK.r,?/,: — (0, l)lv, '\\{x) = x -6,, 2r/; = Sr^„' -(1,1) I\;. Formules relatives à la détermination du terme l'{x) Ai^'^ ^,(x.). (0, 5) = s [F(,r,)]' . œï, (0, 1) = 2 [F(j:-)]^ .œ!, (1,2)=:(0,3) -^(0,-2), (1, 3) =(0,i) -6,(0,0), (0,0)' Ko = — (27) F(j-i)^r-2, ),)-«;,_, (/~3,/), -6;,_,(A-2,>-+-l)-«;,-,(/-3,> + l), 0.-2,).-2) ■^ ^ _ (A-1,)) (;,_Î),;-I) U. a) = (/-1').-+-1)-^>/(>-1'>) ' 0-1, A-1) ()-2,;.-i>) -«,(), -2,/), K = (A- 1,A)K). (A, A) ( 28 ) T;. {œ) = {x- b^) M^^-i {X) — «;i^^/-2 (x) , 24 = 2(/i_,-(A,X)Kl. Appliquons cette méthode d'interpolation aux sept premières données du tableau II pour exprimer les trajets ti du projectile en fonction des durées x par le polynôme u=-ax-\- bx^ -4- ex'' + Dans ce cas V{x) = x, j^j = 0,000506 ?<,== 0,06:25 3^2 = 0,001077 î/, = 0'i^^8 x^ = 0,00 1 509 Ws = 0,2:292 j-^ = 0,00 1679 ^j. = 0,001956 x^ = 0,00-2542 Wg x^ = 0,005220 u^ = 0,9792. En cherchant à exprimer u par un seul terme F (,r). K,T„ {X) = X. K„"-, {X), on prend la [¥{Xi)f = xJ F{Xi).Ui^XiU 0,0 ''00256056 0,0000316250 1159929 1570266 1715481 5000228 2819041 5240875 5748096 7664024 6401764 16418778 105G8400 51550240 (0, 0) = 1 [V {Xi)f = 0,0^26526747, 2F {Xi). in = 0,0065747261 l.V{Xi).Ui ce qui donne = 247,8527, (0,0) F(a:).K„M-„(^)=. 247,85. a;. ( 20 ) ■ La somme dos carrés des erreurs avec lesquelles le terme trouvé M'présciile les valeurs données se déduit de 0,00390625 2125764 52oô26-i 976oG2o 15675081 41718681 95885264 — (0,0)K;; \uj= 1,70810904 — 1,62956569 Id! = luï — (0, 0) Kl: = 0,078:i4555. Pour trouver le second terme on prendra ¥{œ).K,-,{X) [F{Xi)f.œi=œt 0,0"00 1295542 12492455 22429466 47531698 72565159 164258041 553862480 ¥{Tùf.œ] Xi 0,0^^0000655544 15454553 29560171 79409922 140482256 417545940 1075057186 (0, 1 ) = 2 [F {œi)f . Xi = 0,0'654252801 , (0, 2) = 2 [F {Xi)f. xf = 0,0M 75600555 _6, (0, 1)= — 161354552 «, = (0, 0) = 0,0 ^ 26526747, b, = ^-^ = 0,0024665157, (0,0) (1 , 1 )=(0, 2)— 6i (0,1 )= 0,0'^'0 14246003, F {Xi) . XiUi = xfui 0,0^0001600225 16911765 59272985 88095051 14^587121 417505557 1015275728 2F [Xi) . x,iu = 0,0*1 726906192 (0,l)Ko = — 1621555725 2F(.r,) .Xiii, — (0,1) Ko = 0,0^0105372467, ( 50) K, = — = 7o966,5o5, (1,1) Y, (.r) = .c — 6, = X - 0,002-4665 1 57, ce qui donne F(J7). KjY, (.r) = — 182,i2 . X -h 759GG.^^ La somme 2(/; se déduit de 2f/| = 0,07854355 (1,1) K:=— 7794019 2r/,' = 0,00060516 Pour trouver le troisième terme on prendra 0,0>2000055171 1449055 5845246 15545000 27197562 106159670 546161978 [F(^.-)]'-^.-=^.- 0,0 '*000001 6785 1 560609 5050809 22402897 52654093 269S07041 1114641556 (0,5) = 2[F(,ri)]^£rr = 0,0'H98167460, (0,4) = 2 [b^a^,)]-. j-f = 0,0'M466H5790 _6i(0,2) = — 455085524 6,(0,5) = - 1228657251 (1,2)= 0,0'2065081956 (1,5) = -6,(1,2)=- -«3(0, 2)=- 0,0'*0257476559 156810111 94504918 (1,2) (1,1) (0,1) (0,0) = 0,0045684548 = — 24665157 (2,2)= 0,0'*0006561550 b,: 0,002102121 ( 31 ) F {œi).xUii = ocp/, 0,0'000()80971 18^21597 5140854 liTOliriG 28727747 106094268 526918140 sr {Xi) . œfui = 0,0U85574515 -(0,2)Ko = - 455250201 — (l,2)Ki = ~ 48158755 2F {.ri).a1ui — (0, 2) Ko - (1, 2) K^ = 0,0^000205577, 1 F {Xi) xfui — (0, 2) Ko - ( 1 , 2) K , (^2,2) = 5251565,4, xY^(,x) = {x-b,)Y,{x)-cf, = {a; — 0,00210212) {x - 0,00246651) — 0,005o70 45 = x-- 0,00456845 . x -t- 0,00000464744, ec qui donne F ^).K,T2(^) = 15,02. a; -14765.0-2 + 525 1600. ^3. La somme idl se déduit de ld]= 0,00060316 — (2, 2) K| = — 6645 Idl = 0,00065875 Pour trouver le quatrième terme F{x).K,T,{^), on prendra (5: [F(J';^]^.^?=^/ 0,0'^0G0000849o 1680775 6585529 57614464 101958524 685849496 5589145875 (0,5) = 2[F(J-.)?. 4=0,0'U422822754, -^(0,4) = - 5615896551 (1,4) = 0,0' '0806926205 -?>2(1.5) =: - 499201488 -«2(0,0) = - 287557502 (2,5) = 0,0*^00401844 15 (2,2) ''^ (1,1) 0,06 44654841 (2,5) (2,2) 0,0065167845 (1,2) (1,1) - 45684548 2 ) 0,0'^0000000450 181019 862020 651 5469 19755259 1 74542945 1155704981 (0,6) = 2[F(a','.]^j-;' = 0,0'9l55714212l — /;^(0,5)=- 1090806846 (1,5)= 0,0'90266555275 _/,^(l,4)=:— 169625659 — fir2(0,4)=- 78756602 (2,4)= 0,0 1^^00179750 14 _6g(2,5)=- 7025640 — flg(l,5)=- 10604478 (3,5)= 0,0>'^0000542890 ^>.= 0,0017485495 F{Xi)œfTti = XiUi 0,0^0000040972 1961645 6729551 24854551 55616919 269691631 1052676426 EF {Xi)x'ii(i = _(0,3)K„ = -(1,5)K\ = -(2,5)K,= 0,091411551295 1254721550 175652751 1298586 l¥{xi)xUu-{0,ô)Ko - (1,5) Kl- (2,5) K,= - 0,0^0000121592, K.= 2F (.T.) xhfi — (0,5)Ko-(l,5)K, — (2,5)K, (5,5) = — 5546051400, ( 55 ) M-- {x) = {x ~ h.) Y. {x) - a.']\ ix) — X- - 0,00051078. 0?-^ -h 0,00001-21881 . x — 0,08702402, ce qui donne f^ («)• Ks'f's {x) = 24>1 . X - 45219. x- + 22599000 a?' - SoiOOOOOOO.ir*, et comme Idl = 0,00055875 {5,5)K^'=— 4512 ld;= 0,00049501 on trouve pour l'erreur quadiatique moyenne avec laquelle les quatre termes trouvés représentent les valeurs données de k -\/7r"-V »'»«»''»««■ ^0,0084. En s'arrètant aux termes trouvés, on a pour l'expression cher- chée de n + 247,85.0: — 182,42.x -h 7ô900.a;- H- 15,02.33— 147 05. as-^-i- 5251000. o;^ -+- 24,91 . œ — 452 1 9 . x'^ -t- 22599000 . x'^ — 5540000000 . x'* u = 1 05,50 .œ-v-X 5984 . j;-^ -+- 2505 1 000 . x' — 5540000000 . x^. Nous nous sommes servi de l'arithmomètrc de M. Thomas de Colmar pour calculer les produits, les puissances et les quotients qui entrent dans les formules de l'interpolation. Avec cette ma- chine on peut faire facilement et promptement la multiplication de huit chiffres par huit chiffres, ou de sept par neuf, et la divi- sion de seize chiffres par huit chiffres. FIN- Tome XXI. .VrTI/,-iJ.i/i, . Tir ,it imy, ,i, /,m,<-/i^., Kg..-!. ./^ / /: à > y )f / ; ■^ \\ ; \ 7 V»' \ ^i K ■^ m y 1 "n A ,, i^ — : , '^ 'J^ à 5 s/ ^ fi 1^ \ ,P'. r^ ■-"^ , '«e a? 2_;«_ ^; .. j J-^la, X. Jfaiyfi'sfii . 7îf tie jtfv/. lif />t>Uf'h^.r a feu Planflw }l.;„ ,„ ,1"/ XX/. |^?9=iffe^=^i^ o]-^: T^ ■'1— - >7— — - l ^ J u .-T ^ o: ;; q:.:.:q--\ ::a :::\ ^ c "1 ^ JL Ml . & -^^=^^ iL — f ^-' J -D ^^ — ^ F -.^ Ât^/sfruures' tJe ï'atveloppA en ftioini potwvaa d'u/i seul ioitrreiet. H/isistances df i'r/toeéoppc pourvue e/e «ï^-uœ Sé^ni^tls opposes éj/i*n j bour-re/cl: /a ^ royale ,1e l:Hgi,,up , le ti j„i„ («CS.^ Tome XXï. ERRATA à la note de M. Alexis Peruey sur les tremblements (le ferre en 186H. Page 1^2, ligne 10, an lieu de ; A midi 13 m. 60 s. , lise- ; A midi -13 m. 30 s. — 16, — 4, — camazos , - cantaros. — 19, — 0, en bas, — ceiriloa , — cerriltos. — i>4, — 8, en haut. — Matendalc, — Martendale. — ^2i, — 12, — M. Manii , — M. Mann. — 56, — 1, — Niaragua , — rs'icaragua. — 56, — 2, en bas. — playitas, — plaijita.s. — 60, — 12, en bas, — Tilica , — Telica. — 78, — il, en haut; — parvenir — provenir. — 115, — 0, - et le IP., — et le 15. — h22, — 19, — Cancagua , - Caucagua. — 12:5. — 5. — Ravenga, — Piovenga. NOTE SIR LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN 18CC ET 18G7, AVEC SI PPLÉ^IENTS POUR LES ANNÉES ANTÉRIEURES, de tSJ3 à flSttS. Il y a plus de vingt-cinq ans que je m'occupe de rcclierclies séismiqucs. A mon début, j'ai clé encouragé et soutenu par M. Arago, et, après lui, par son digne successeur, M. Élie de l3eaumont. avec le même affectueux intérêt que j'aime à me rap- peler. Mon premier catalogue annuel, relatif à l'an 1843, fut in- séré intégralement aux Comptes leiidiis. Dans les années suivantes, mes catalogues annuels devinrent trop étendus pour pouvoir pa- raître dans ce recueil; je les ai publiés dans les mémoires de l'Aca- démie de Dijon jusqu'en 1855. Depuis 1854, l'Académie royale de Belgique a bien voulu admettre les suivants dans ses mémoires, où, grâce à l'affection dont mhonore son savant secrétaire perpétuel, plusieurs de mes catalogues régionaux avaient déjà trouvé j)lace. José espérer que, me continuant la même bienveillance, l'Aca- démie accordera la même faveur aux notes que j'ai Ibonneur de lui présenter aujourd'bui; elles forment mes vingt-quatrième et ^ingt-cinquièmc catalogues annuels et complètent ainsi la statis- tique séismique d'un quart de siècle. Admis à la retraite et retiré au fond de la Bretagne où m'appe- laient mes affections de famille, jai craint de ne pouvoir y conti- nuer la rude et dispendieuse lâche que je me suis imposée. Mais ( 4 ) j"ai rcçii des encouragements si pressants que j'ai senti se relever mon courage et mon espoir momentanément ébranlés. J\ai repris ces études qui me sont toujours chères ; c'est donc avec confiance queje viens demander à l'Académie de me continuer la même bien- veillance qu'elle m'a si longtemps témoignée et que me fait pres- sentir M. Quetelet. J'ai perdu, en 1866, un de mes zélés correspondants, M. Bar- biani, qui, depuis 182o, tenait à Zante un journal séismique et météorologique dont il m'avait envoyé la copie. J'en ai publié la partie séismique dans les mémoires de l'Académie de Dijon , en 1864. Quelques jours avant sa mort, il avait envoyé à un de ses amis, M. Denis M. Stephanos, juge au tribunal civil de Corfou, la liste des tremblements qu'il avait notés en 1865 et jusqu'en mai 1866. M. Stephanos a eu la bonté de me transmettre ces notes et de nombreux documents sur le (h'sastreux tremblement de terre de Céphalonie. M. Stephanos m'a de plus envoyé : 1 ' la copie d'extraits d'un journal manuscrit, tenu à Sainte-Maure par feu Eustache Callia, commis greffier du juge de paix. Ces extraits contiennent le cata- logue des secousses ressenties dans cette île en 1 848, 1 852, 1 855 et 1858. « Il est bien regrettable, m'écrit M. Stephanos, qu'il y ait des lacunes dans ce manuscrit; les fils de Fauteur de ce journal, après sa mort, n'y altachantaucun prix, l'ont jeté parmi les vieux papiers de leur père, et il a été par suite lacéré en plusieurs endroits. » i2° La copie dun journal séismique tenu à Zante par M. J. Vlasto, en 1866 et 1867. Il m'en promet la suite; 5° De nombreuses notes manuscrites sur les Iremblemenls de 1867 à Mételin et dans la Grèce; 4" Enfin, des journaux grecs et même des brochures conte- nant des documents séismiques. M""*" Scarpellini a publié, dans son bulletin d'observations mé- téorologiques (février 1867), une longue liste de secousses, sous le titre : Terremoti avvemili in alciine citlà (Vltalla nel 186»^ e 1866 , relativamente alla in/îiienza lunare. Presque toutes ces secousses m'étaient inconnues; je les reproduis à leurs dates ainsi que celles que j'ai trouvées dans d'autres feuilles de ce précieux Boleltino. Je prie Tillustrc savante italienne d'agréer de nouveau mes rcmcrcînicnls. ( ;■ ) M. le cliiuioine Fcrdiiiantlo Scaglioiic a coiitiiiiic à iiolcr ks Ircmblcmenls de lerre ressentis à Coseiiza dans la Calabre cilé- lieure et en a inséré une nouvelle liste, du 49 juillet 1865 au 4 février 1867, dans, les Atli ciel Accademia Cose/dina, t. X, |)|). 278-280, dont je dois la comniuniealion à mon obligeant et savant confrère, M. Greco. Je les reproduis à leurs dates. M. le docteur Ami lioué ma envoyé, comme il le fait depuis longtemps, des extraits des notes qu'il a recueillies sur les tremblements de terre en 1865, 186G et 1867. M. Manuel Rouaud y Paz Soldan , de Lima, m'a transmis de Jiombreux faits pour 1861, pour les années antérieures et pour les suivantes. C'est un de mes nouveaux correspondants les plus actifs. Depuis mon arrivée à Lorienl, j'ai reçu deux brochures venant d'Athènes. Ce sont les traductions grecques de deux monographies de M. J. Schmidt, Tune sur le tremblement de terre d'Aigion, le 26 décembre 1861, et lauli-e sur le tremblement de Céphalonie, le 4 février 18(37. Elles me sont parvenues par la poste avec ces seuls mots: « hommage de I auteur. » Dois-je remercier 31. Schmidt, (jui, à mon grand regret, ne ma rien envoyé depuis le mois d'avril 18612? ou bien son traducteur, M. Fr. Mitsopoulos, avecle- (luel je ne suis pas encore en relation? Dans le doute, je les prie 1 un et l'autre d'agréer mes vifs et sincères remereîments. Je les renouvelle d'une manière non moins bien sentie à mes bons et savants amis, MM. Anl. d'Abbadie, Aucapilaine, Ch. Sainte- Claire Deville, Fournct, Laudy, Ch. Ritter, qui mont activement continué leur concours, ainsi que MM. Fradesso da Silveira, Mai- dinger, de Khanikol', \V. 3lallet. Osten-Sacken et Rojas. Je nai pas encore reçu de notices sur les tremblements de terre dans rArchipel indien en 1866 et 1867. La mort de mon excellent ami, M. Casiano de Prado, m'a privé des documents qu'il m'en- voyait chaque année sur les tremblements de terre ressentis en Es[)agne et dans les colonies espagnoles. Dans mon catalogue de 1863, je citais, à la page 7, cette simple phrase : « Dans les provinces supérieures du Birman, les trem- blements de terre sont si fréquents qu'on n'y fait pas même at- tention « et j'exinimais le regret (|ue le voyageur qui parlait ainsi ne donnât pas même une date. Je citerai aujourd hui Far- ( « ) ticlc suivant qu'un voyageur Irançius, M. Th. Anquclil, a public dans le Moniteur àvx lî) avril 1867 : « Il ncst pas de pays au monde où les volcans soient aussi nom- breux qu'en Birmanie. Durant mes explorations à travers la con- trée, j'ai bien aperçu une quarantaine de pitons volcaniques, en diverses directions; mais je suis loin du compte. Les uns sont à rétal d'ignilion sourde et permanente, les autres en éruption pas- sagère; ceux-là semblent s'éteindre, pourtant les laves vomies à différents intervalles constituent un péril incessant; ceux-ci enfin rejettent de temps à autre des colonnes de fumée, des cendres, des pierres embrasées. » On connaît aujourd'hui les rapports intimes ([ui existent entre les éruptions et les tremblements de terre. Chacun de ces phénomènes est tour à tour la cause ou bien l'effet de quelque grande perturbation géologique. » D'après les indications précédentes, on comprendra aisément que la Birmanie soit fréquemment bouleversée. Le sol est partout jonché de ruines. Pas de ville un peu iniportanlc (jui n'ait été ren- >crséc plusieurs fois de fond en comble, })ar e\cmi)le : Arakan, Prôom , I^aghan - mhycjo , Thsilé - mhyôo , Tsagaïn , Uatnapoora , Ava, Amrapoora et autres. » Les tremblements de terre ont lieu, le plus souvent, un peu avant et un peu après l'hiver. Avant cette saison, la terre, des- séchée par huit mois d'une chaleur lorride, pompe avec avidité les averses torrentielles qui se déclarent pendant une certaine intermittence de beau temps et d'orages, dont la durée est d'en- viron trois semaines. Alors surviennent des crevasses, des con- tractions, des tassements, ainsi que des éboulements de matières inflammables : d'où les convulsions souterraines et les éruptions volcaniques, et vice versa. Après le reliait des eaux de l'hiver, sorte de déluge qui règne près de trois mois, l'abondante quantité d'eau absorbée par le sol occasionne les mêmes effets destructeurs. » A Mandalay, nouvelle capitale de Teinpire, il ne se passait presque pas de jours, vers la fin du mois d'août et au commen- cement de septembre 1859, qu'on ne ressentît des secousses de tremblement de terre. Vn matin, il y en eut cinq en moins de deux heures. ï> Les indigènes de la basjc classe habitent des cases en bam- ( 7) bou; les riches, des iii{ii>oiis eii bois, i.es éliaiigcrs ne pouvant saecomnioder de ee genre d'habitations, à eelte heure on construit des maisons dont la eliarpentc se fait avec des troncs de teck juxtaposés, rehés au moyen de crampons et profondément en- foncés en terre; ensuite ce pilotis se recouvre d'un revêtement de briques ou de moellons, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. La toiture se compose d'une terrasse en béton, posée sur de forts madriers. On obtient ainsi une élasticité capable de neutraliser les secousses peu intenses. » J'occupais une de ces maisons. Faute de buffets convenables, javais fait établir, dans la pièce me servant d'olïice, plusieurs rangées de planches destinées à supporter ma vaisselle de table. A chaque secousse, un deriui clin clin inimaginable accompagnait toujours les vibrations souterraines. Dès que nous entendions le cliquetis des verres, des bouteilles ou des plats, nous nous préci- pitions hors de la maison. » A peine les tremblements de terre eurent-ils commencé, (pi'une singulièi-e coïncidence me fraj)pa. Certain bruit, assez res- semblant au coassement de la grenouille, mais plus distinct, mieux articulé, se faisait entendre de temps à autre sans que je devinasse d'où il provenait... J'avais un petit épagneul très-vigi- lant. Le jour conune la nuit, aussitôt ((ue ce bruit retentissait, il donnait de la voix, flairait de tous côtés et finissait toujours j)ar tomber en arrêt, les pattes contre la muraille, les yeux dirigés au [)lafond. A force d'observer ce manège, j'en arrivai à découvrir dans un interstice, (pie formaient entre eux des madriers du pla- fond mal équarris, un petit lézard que je tuai à coups de pistolet de salon. Le ftiit se renouvela bien par la suite, mais je n'en tirai d'abord aucune induction. » Cependant, un matin, à la pointe du jour, le chant du lézard était si aigu, si précipité, si lugubre, k jappement de mon chien devint tellement agaçant, que je sautai à bas de ma couchette, ne sachant trop comment enipècher ce vacarme. Je n'eus pas plu- tôt chaussé mes panloulles, qu'un mugissement sourd s'éleva dans le lointain, allant crescendo avec une elïro}able rapidité. Ouvrir une fenètic un j)eu exhaussé<.' au-dessus du sol, enlever ma femme à moitié endormie, la déposer sur la margelle, et, après m être élancé au dchor:, la recevoir dans me:- bras , presque (M évanouie, ce fut l'alFaire d'un instant. Par bonheur, nous en sor- tîmes à bon niarclié : quelques plâtras et la majeure partie de notre vaisselle brisée lurent les suites du tremblement de terre. w Une série d'observations du même genre ayant confirmé l'opinion que je venais enfin de concc\oir à ce sujet, désormais je laissai japper mon épagneul et me gardai bien d'inquiéter le moins du monde le lézard chanteur. Or, il convient d'ajouter qu'un t.saija-daii/i (évèque ou grand dignitaire bouddhiste) et une an- cienne favorite du Yasa Paghan-mheng, détrôné en 1855, m'ont allirméque je n'étais nullement dans l'erreur. Ainsi nous voyons une fois de plus, dans Tordre de la nature , le préservatif placé à côté du mal. » Les convulsions et les déchiremenls du sol ne sauraient avoir lieu sans qu'il se produise un dégagement considérable de fluide électrique. Nul n'ignore combien la grenouille est sensible à l'ac- tion du galvanisme. On est donc en droit de conclure que les éma- nations souterraines agissent d'une manière analogue sur le lézard chanteur et provoquent de sa part des cris plus ou moins vifs, plus ou moins pj'olongés, selon qu'elles se dégagent elles- mêmes avec [)lus ou moins d intensité. » Dans les pays exposés à de fréquentes éruptions volcaniques , les tremblements de terre sont précédés d un bruit sourd, ana- logue aux roulements lointains du tonnerre. On n'a pas été sans observer que certains animaux domestiques, nolamïnent les oiseaux de basse-cour, pressentent ces perturbations géologiques et montrent de Teffroi par leurs mouvements ou leurs cris. Néan- moins les indices qu'ils donnent sont loin d'être aussi frappants que ceux offerts par le lézard chanteur de Birmanie. » Ici se bornent nos observations. Nous serions heureux qu'elles portassent leurs fruits. » Et nous, nous exprimerons encore le regret que M. Anquetil n'ait pas donné la liste des secousses qu'il a ressenties dans ce pays, tout à fait inconnu au point de vue séismique. Quelques dates n'auraient rien ôté à l'intérêt que i)résente son récit. Lorient, mai 1868. PKi:^JIKRIÎ PAKTIi: SUPPLEMENTS 1)1- 1815 à ISOo. 1845. Février. — Sur les cotes du Veiiczuelci^ loiincrres sou- lerraius, semblables à des décliarges d'artillerie, pendant le Irein- blenieiil de la Guadeloupe, où les secousses se renouvelèrent jusqu'à la fin de Tannée. (Le D'" Rojas, Sohre los fenotuenos sein- m (VOS de AmerUa, Caria al Pi'ol'esor Perrey. El Federuliblu , 7 septembre 1867.) Septembre. — Le 16, à Rhodes, fort tremblement. Octobre. — Le 6, 2 h. du malin, à l'île de Cos, tremblement. Décembre. — A la tin du mois, le Sara Urcu laiiea de grandes quantités de cendres qui, suivant Karsten, couvrirent plusieurs milliers de milles carrés et y causèi'cnt de grands dégtàts. (Rojas, — Pendant cette année et la précédente, violentes agitations souterraines au Sangai dont les bruits parvinrent jusqu'à Paila sur la côte du Pacifique. (Rojas, /. c.) 1844. Juin. — Le 25 , 10 h. du matin , à Patras, fort tremble- nïcnt. 1845. Septembre. — Le 15, vers 7 h. du matin, à Lima, trem- blement du NE. au 80. et de 40 secondes de durée. Octobre. — Le 18, 7 h. 7-2 du matin, à Lima, tremblement vertical. iM. Manuel Rouaud y Paz Soldan me les signale comme Je> deux plus remarcpiables de Tannée. ( 10 ) — (Sans date mensuelle). Éruption du Sangai, dans la répu- blique de 1 Equateur. (Rojas, l. c.) 184G. Juin. — Le 14, 5 h. du matin, en Messénic, grand tremblement. Dégâts considérables. M. Sebmidt ne donne pas de détails. — Le 25. II h. ^/^du matin, à Lima, fort tremblement. Juillet. — Le IG, 7 b. 55 m. du matin, à Lima, autre trem- blement. Août. — Le G , I b. '/a du matin, et le 2G, 4 b. du soir, à Lima, deux nouveaux tremblements; le second a duré 15 secondes. Octobre. — Le 20, 5 b. V^ du matin, à Lima, tremblement au moment de la conjonction. Ce sont les seuls que M. Paz Soldan me signale pour cette année. XMl.Jiiin. — Le 14, 5 b. du malin, à Lima, tremblement fort et court. Le 27, 8 b. 7^ du matin, tremblement faible. Juillet. — Le 4, aux Dardanelles, tremblement. J'en ai déjà signalé un à Galiipoli, le même jour. — Le 10, 8 b. 40 m. du malin, à Lima, autre trembknienl. Novembre. — Le 7, 2 b. du matin, à Lima, quatrième et der- nier tremblement signalé pour cette année par M. Paz Soldan qui n'en mentionne plus qu'en 1850. (1847-1862). — Dans un mémoire intitulé : Los Temblores de tierra, por don Carlos G. Huidobro, et inséré dans les Anales de la Universidad de Cliile, t. XXI, décembre 1802, pp. 5G2-58i, l'auteur m'a fait Ibonneur de rapporter divers tableaux que j'ai dressés, il y a })lus de vingt ans , relativement à la fréquence du pbénomène selon les saisons. De ces tableaux , il rapprocbc le suivant qu'il a déduit des tremblements enregistrés dans la Boisa Commercial (\q Valparaiso depuis 1847 jusqu'à l'époque de son travail, présenté à la faculté des sciences pbysiques de Santiago, en octobre 18G2 : En été, 45 tremblements, en automne 27, en biver 52 et au printemps 57. Cette liste de 159 tremblements, notés en ([uinze à seize ans dans une même localité, m'a paru devoir offrir un grand intérêt; je me suis empressé denire à M. le recteur de l'Université el de lui en demander une co[)ie (2'» mar^ 18G7). ( Il ) 1848. Février. — Le 1 1 , G li. 30 m. du soir, à Saintc-Maiirc (îles Ioniennes), une secousse avec niugissenienl el à 8 h. 40 ni. tremblement assez fort; pas de dégâts. Mars. — Le 29, 9 h. 50 m. du matin, à Sainte-Maure, une légère secousse. Nuit du 51 mars au 1"^ avril , autre secousse légère. Avril. — Le 5, 2 h. 15 m. du soir, à Sainte-Maure , une légère secousse. Le 6 , licures non indiquées, trois nouvelles secousses légères. Le 14, 1 h. du soir, encore une secousse légère. (M. Callia.) — En juin et juillet, à Bogota, légères secousses, mentionnées sans aucun détail par le P. Gornette. AoûL — Le 2, minuit (.s Août. — Le 21, Oh. 20 m. du soir (midi 20 m.), à IMle Sainte- Maure, tremblement assez long; sans dégâts. Le 24, 1 1 h. du soir, une légère secousse. Le 25, 2 h. 30 m. du matin, un tremblement sans dégâts. (M. Callia.) Novembre. — Le 8, à Rhodes, grand tremblement. ISo^à^. Janvier. — Le 17, tremblement à Athènes. En février^ mars et avril , à Athènes et à Thèbes, plusieurs tremblements. — En cette année, éruption du Cotopaxi, accompagnée de tiem- blements dans toute TAmérique du Sud. — La même année, éruptions des monts Hood (Orégon),Sainle- Ilélène cl Schiw elaska , sur la cote nord-ouest de l'Amérique sep- trionalc. [M. Rojas, /. c.) Ce dernier volcaiT m'est inconnu; j'ai é et lelomba brusquement comme une masse de plomb en faisant jaillir les eaux tout autour de lui. Ce pbénomènc se renouvela avec plus ou moins de force pendant les dix-sept jours que le bâtiment resta dans la baie par une profondeur de 7 à do brasses. « Notre bâtiment, ajoute le P. Gornette, semblait s'élever lorsque nous entendions le bruit sourd venir lenlement de TESE.; le mouvement s'accroissait l'api- dement à mesure que le bruit approcliait, puis semblait aban- donner le bâtiment à lui-même et diminuait d'intensité comme le bruit lorsque celui-ci j)assait à l'ONO. » Pendant son séjour h Truxillo, en septembre et en octobre, le P. Gornette nota 51 tremblements durant lesquels le baromèlre ne varia pas; le mercure ne baissa que quand les pluies commen- cèrent et mirent fin aux secousses. — En cette année, éruption du Mauna Loa (ILnwaï) mentionnée par M. Rojas, sans détails et sans date mensuelle. 18dG. Mars. — Le 21, 10 h. '/.^ f'" matin, à Métclin, tremble- ment très-fort. Octobre. — Le 10, 4 b. du matin, à Mételin, fort tremblement. Le 12,2 b. du matin, dans l'est du bassin méditerranéen, ajrand tremblement sur lequel j ai déjà donné de nombreux dé- tails. Suivant M. Scbmidt, il a élu'aulé tout rAi'i'hi()cI el l'At- ti(jue. — En ce mois et en novembre, à Guatemala, plusieurs trem- blements qui ncurent aucune inlluence sur le baromètre. (Le P. Gornette.) Décembre. — Le 10, 5 b. du matin , à Mételin, grand Iremblc- menl. — En celte année, éruption du Sara Ircu dans la république de l'Equateur. M. Jloja.s la mentionne sans nul détail. ( !<•- ) 18;i7. Afni. — Le 10, à Kingston (Jamaïque), Ircmblement. Le baromètre, d'abord stationnaire, monta jusqu'au 23, et tomba lorsque vinrent les pluies torrentielles qui mirent fin à la saison séismique « n'hich ended the seismic season. » (Le P. Gornelte.) Octobre. — Le 14, à Saint-Louis (Missouri), tremblement. Le baromètre monta de 751.0 à 755.9 et retomba à 747.4 en trois jours. La saison séismique dura du 6 au 15. (Le P. Gornette.) — A Corintbe, tremblement signalé sans date du jour par M. Schmidt. A^ovembrc. — (Jours non indiqués.) Dans le San Salvador et le Nicaragua, petites secousses mentionnées par M. Rojas, qui ajoute : « Peu après le tremblement du Nicaragua , éruption du Masaya. Petite éruption du San Miguel (Amérique centrale). » 1858. Janvier. — Le 17, dans la soirée, à Naupactos (Grèce), plusieurs secousses. Février. — Le 21, 10 b. 50 m. du malin, à l'ile Sainte-Maure, une légère secousse. • Murs. — Le 8, à Corintbe et dans Tlstlime, fort tremblemenl. Avril. — Le 28, 4 b. 50 m. du soir, à Sainte-Maure, une se- cousse, puis à 10 b, 50 m. une légère secousse avec mugisse- ment. Mai. — Le 1", 4 b. du soir, à Sainte-xMaure, une secousse. — Le IG, à Rbodes, fort tremblement. — Le 28 , Il b. 50 m. du matin , à Lima , tremblement faible. Juin. — Le 16, 6 b. du soir, tremblement dans lîle de Crète. — Le 17, 10 b. du matin, à Bcaucourt (Doub^), tremblemenl. (Même source que pour le 1 1 juillet 1852.) Juillet. Le 11,5 b. 42 m. du soir, à Lima, fort Ircmblement de 10 à 1 5 secondes de durée. Août. — Le 24, dans la matinée, à Kourbalzi (Eubée), fort trem- blement. — Le 50, 12 b. 12 m. du malin (sic, midi 12 m.?), à Lima, faible tremblement. Octobre. — Nuit du 2 au 5, à Sainte-Maure, une secousse. Le 9,9 b. 50 m du matin, encore une secousse. C'est la dernière du journal de feu M. Eustacbc Callia dont, comme je l'ai dit dé'jà , ( 17 ) • les années 18i9 à I80I et l8o4 à 1857 ont éié mollieurcnsenieiit perdues. — Le 2G, 8 h. du matin, h la Canée (Crète), tremblement. Novembre. — Le 28, en Albanie, grand tremblement. Décembre. — A Salonique et en Macédoine, grand (remblemenl. 1859. Janvier. — Le 12, tremblement à Kliodcs. Février. — Le 12, 4 li. du malin, à Lima, deux fortes secousses. Mars. — Le 5, 12 li. ôO m. du soir [sic, midi et demi?), à Limn, tremblement fort et court. Le 4, 4 11. 25 m. du soir, faible Iremblement d'environ cinij secondes de durée. Le 8, 11 h. 50 m. du soir, auire tremblement faible, mais de dix secondes environ de durée. — Le 20 , 8 b. '/-j ^^^ matin, à Corintbe et dans ristbme, trem- blement. Avril. — Le 10, 5 b. 30 m. du malin, à Lima, tremblement des plus forts, deux secousses; vingt secondes de durée. Cinq minutes après, autre secousse faible et cinq minutes plus tard encore une quatrième. A 5 h. 50 m. du soir, tremblement léger. — Le 28, 10 h. du soir, tremblement à Kalamaki. Mai. — Le 12, 4 b. 50 m. du matin, à Lima, tremblement court, deux secousses. Le 15, 10 h. 15 m. du soir, autre tremblement, faible et de six secondes de durée. Jui?i. — Le 12 , 12 b. 50 m. du matin {sic), à Lima, faible trem- blement. Juillet. — Le 2, 6 b. du matin, à Lima, faible Iremblement. Le 5, 2 b. 55 m. du matin , tremblement fort et court. Le M, 5 11. du matin, faible tremblement. Le 26, 5 b. du matin, encore un faible tremblement. Août. — Fin du mois et commencement de septembre, à Man- dalay, secousses quotidiennes. (V^oirà ITntroduction.) Septembre. — Le 27, I b. du malin, à Lima, ti'cmblement fort et court. Octobre. — Le 27, 9 b. 15 m. du malin, à Limn, fort Iremble- ment, deux secousses très-courles. Tome XXI. 2 ( IH ) yovemlrrp. — Le 5, 10 h. o m. du soir, à Lima, trcmblcnienl faible et long, dix secondes environ. Il y avait ])caucoup de vent. On dit que quand il ne pleut pas beaucoup, il y a beaucoup de Irejnblemenls. Le 28, 5 b. du soir, nouveau tremblement, faible. A ii h. 5 ra. du soir, autre tremblement faible et long. Décembre. — Le 27, 4 b. du matin, à Lima , faible tremblement. (M. Paz Soldan.) — Durant le tremblement de ferre de l'Equateur, la colonne de fumée du Cotopaxi, près de disparaître [casial desaparecer) après quatre ans dactivité, s'agrandit tout à coup et se montra plus me- naçante au milieu des détonations du volcan qui se firent entendre à de grandes distances. — Recrudescence dactivité au jVlauna Loa. (M. Rojas, /. c.) 18G0. Janvier. — Le 25, 0 b. du soir, à Lima, tremblement fort et court. Février. — Le 1", fi b. du malin, à Missolongbi , fort tremble- ment, ressenti, à la même beure, mais moins fortement à Atbc- ncs, Tripoli , îialamata et Kalamaki. Le 21, 4 b. 72 du soir, à Missolongbi, fort tremblement. Le même jour, beurc non indiquée, tremblement h l\r/.^vy.aai). Mars. — Le 2 , 5 h. du matin, à Lima , tremblement moyen. Le 5, 7 b. du soir, tremblement fort et court. Le 8, 2 b. 50 m. du matin, deux très-fortes secousses du nord au sud et de soixante secondes de durée totale. Le 1 1, 9 h. 45 m. du soir, faible tremblement. Le 24, 1 b. 15 m. du soir, tremblement moyen et de durée moyenne. Avril. — Le 21, 1 b. 45 m. du matin, à Lima, tremblement très-fort; deux secousses , quinze à vingt secondes de durée. Pluie après. Quoique j'aie déjà publié des détails sur ces secousses et celles qui suivent, je vais reprodin're textuellement le journal que m'en a transmis M. Paz Soldan. Le 22, 1 11. 45 m. du soir, terrible tremblement de l'est à Louest et de vingt-sept secondes de durée. On a vu sortir des vapeurs de la terre. ( li) ) Le 25, lii II. 50 111. du soir {sic , iiiiniiil 50 m. prohabJcnicnt?), nouveau tremblement. Dans toute la nuit on en a senti une ving- taine. (J'ai indiqué ailleurs la première secousse à \ li. 10 m. du matin.) (A. P.) A G 11. 45 m. du matin, tremblement terrible, de quinze secondes environ de durée. Pluie ensuite. A 1 1 11., midi et 8 h. '^ji du soir, nouveau tremblemeiil : environ cinq ou six dans le jour. Nuit du 25 au 24, six encore, surtout vers 2 li. du matin. Xuit du 24 au 25, trois autres, surtout de 11 b. à minuit. (J'en ai signalé ailleurs le 2^, à 1 li. ^l-i, 5 li. du matin et 10 b. ^j'-i du soir, puis le 25 à 1 b. du matin.) (A. P.) Le 20, 1 1 b.du matin, midi et 2 b. '/i du soir, trois autres trem- blements; puis trois ou quatre autres dans la nuit. On peut dire, ajoute 31. Paz Soldan, qu'on a senti, jusqu'au 28, (juarante ou cinquante tremblements cl toujours de il à 12 b. (sic). — J'en ai signalé un pour le 26 à 6 b. du matin et un autre pour le 27 à il b. du matin. M. Paz Soldan ne les mentionne pas, mais il signale encore, pour avril, le suivant qui m'était inconnu. Le 30, 9 b. du soir, tremblement faible. Mai. — Le 1", 5 b. du matin, à Lima, fort tremblement. Autres vers 5 b. 25 m., 5 b., 7 b. 10 m. du matin et 7 b. 25 m. du soir. Le 2, 5 b. 15 m. du soir, tremblement faible. Le 5, 2 b. et 2 b. 45 m. du soir, deux tremblements. Le 4, 5 h. du soir, tremblement faible. Le 5, 2 h. 72 du soir, faible tremblement. Le 7, 1 b. 50 m. du soir, faible tremblement. Le 9, 6 h. 45 m. du matin et vers 1 b. ^2 du soir, deux faibles tremblements. Le 10, 2 b. et 9 b. '/'* du matin, deux autres. Le 15, 10 h. 15 m. du soir, faible tremblement. Le 16, 9 b. 50 m. du matin, autre semblable. Le 20, 1 1 b. 45 m. du matin, tremblement très-fort cl couil. Le 24, 5 h. du matin , faible tremblement. Le 20, 4 b. du soir, tremblement faible et long. ( 20 ) Le 29, 3 h. du matin, tremblement fort et court. — Le i20, tremblement à Aigion , le 2^ à Atiiènes, le 26 à Ai- gion encore, et le 50 à Delphes. Juin. — Le 4 , 2 II. 45 m. du soir, à Lima, tremblement moyen. Le 5, 5 h. du matin, un autre semblable. — 1 h. du matin {sic) , un autre. (Ne faut-il pas lire \ h. du soir? A. P.) Le 48, i h. du matin et 3 b. V-2 ^^^ '^oir, deux tremblements faibles. Le 24, 1 b. du matin, un autre semblable. Le 25, 4 b. du matin, tremblement moyen. Le 27, 4 b. du soir, tremblement long et faible. — Le 16, 10 b du matin, tremblement en Grèce, tV lr,ir)jûio!.-Ay,oi;. Juillet. — Le 9, tremblement à Aigion. — Le 2(), 3 h. ^1-2 du matin, à Lima, faible el long tremble- ment. Août. — Le 0, 10 b. 15 m. du matin, à Lima, fort et long trem- blement. Le 26 , 4 b. du soir, faible tiemblement. — Le 10, il h. du matin, tremblement à Ralamala. Le 11, il b. du soir, à Poros, fort tremblement. Le 12, 40 11. du soir, â Tripoli, fort tremblement. Les 15, 45 et 20, à Oropo, tremblement. Septembre. — Le 2, 1 1 b. 7i du soir, à Lima, tremblement frès- fort et très-long. Minuit du 44 au 45, deux secousses très-fortes. Le 49, 40 h. '/a du soir, tremblement fort et long. Le 25, 7 b. du soir, tremblement long, mais faible. Le 29, 5 b. Yi du soir, tremblement moyen. — Le 46, de nuit, tremblement en Grèce, iv hpivrh Kxu.w. Octobre. — Le 49, 12 b. 7. du soir [sic, le 20, 0 b. 30 m. du matin?), et le 20, midi, à Lima, deux faibles tremblements. Le 29, 7 11. 40 m. du soir, faible tremblement. Le 50, 7 h. V4 du soir, forte secousse sans bruit. Le 54, 7 h. du soir, deux secousses dont la seconde fut violente. — - Le 24, dans la matinée, dans tout le Canada et le nord des États-Unis, tremblement. Le point le plus septentrional où on ( ^2\ ) I ail rciiiiiniLic'c'slRicliinoiid (Cciiiiula Kaslj.A I oiiesl,!! sï'sl c'IcmkIu jiis((irà Auburn , N. Y. et au sud jusqu'à Ilarllord dans lo Councc- ticut.Ou l'a aussi ressenti à Poughkeepsie.Ses effets ont clé remar- (|ués dans les États de Maine, New-Hampshire, Vermont, Massa- chusetts , Conneetieut et New-York. Le phénomène n'a rien offert de particulier que sa grande étendue. Les secousses, au uonjhre (le quatre, suivant quehpies-uns, étaient légcics et de l'est à loiiest, avec faible l)ruit soiilerrain. Les extraits de journaux que ma transmis M. W. Malict n'en donnent pas l'heure précise. Novembre. — Le (j, 6 h. 10 m. du matin, tremblement à Chio. Le !:21, de nuit, à Corinthe. — Le 6, 7 h. 10 m. du soir, à Lima, faible tremblement de quatre à six secondes. Le 7, 4 h. du malin , (rciublcment long, mais pas fort. ( >L Paz Solda n.) Décembre. — Le 5, à Samos, fort tremblement. — M. Rojas signale ainsi cette année au point de vnc séis- mique : « Secousses fortes et répétées au Pérou et en Californie. Tremblement désastreux au San Salvador et dans d'autres lieux de 1 Amérique centrale. Treiublements sur les côtes du Venezuela, surtout en décembre. » 1861. Janvier. — Le o, minuit (sic, du 5 au 0?), à Lima, tremblement faible. I^e 6 , 4 h. du matin, tremblement moyen. Le 11). 1:2 h. aO m. du soir (.s/c-), et le 18 (s'V), H h. du soir, faibles tremblements. Le 21 , 8 h, du soir, tremblement faible et long. Le i>:2, 4 h. '/s du matin, tremblement faible et long. Pluie la nuit. Le 21), IJ h. 40 m. du matin, faible tremblement. — Le 18 , à Mobile (sud de la Géorgie, États-Unis) , une secousse de dix secondes de durée. Grandes alarmes. (M W. Mallet.) Février. — Le 14, 0 h. 55 m. du matin, tremblement à Chio. — Le 13, 5 h. 20 m. du matin, à Lima , tremblement avec bruit très-fort et mouvement faible. ( 'i'^ ) J/ars. — Le 4, il h. du matin, à Lima, tremblement faible et long. Le 23, y b. 40 m. du matin, fort et long tremblement; peu de bruit. — Le vendredi (1 ou 8?), dans le 3L'Jssachusetts, deux seeousses mentionnées sans date précise dans le iVeiv-York weekly Herald j du samedi 9 mars. « Le Bunker Hill Aurora (Mass.) dit que deux secousses de tremblement de terre ont été observées dans cette ville, vendredi (on Friday), peu de temps avant le tonnerre et les éclairs. » M.W. Mallet m'envoie un autre extrait du même numéro de ce journal où je lis : « Le Neuark Merciirerj (New Jersey) dit que deux secousses distinctes ont été ressenties dans cette ville, mardi vers midi (on Tuesday ahout noon). A Orange les portes ont été secouées ainsi qu'à Patcrson, à Bclleville et dans d'autres loca- lités voisines. A Bloomfield les clocbes ont sonné. » Ces secousses sont évidemment du mardi a; les premières ne seraient-elles pas du même jour? — Le 7, à Kalamata , fort tremblement. Le 25 , à Kalamaki , tremblement. Avril. — Le 14, M b. du soir, à Lima, faible tremblement. Le 15, 8 h. du malin, court tremblement, peu de secousse. Le 29, 1 i b. '/i du soir, tremblement long et faible. — Le 25, au matin, tremblement à Kalamaki et le 28 à Aigion. Mai. — Le 11 , 2 b. 25 m. du matin, à Lima, faible tremble- ment et le 22, 6 b. '/a du matin , un autre semblable. Ici se ter- mine le journal de M. Manuel Rouaud y Paz Soldan qui, quelques jours après, partait pour l'Europe. « Depuis quelques années, ajoute-t-il, on ne marque que rarement les tremblements ; autre- fois on les marquait presque tous. » — Dans le courant du mois, dans 1 ile de Cbypre, tremblement dont M. Schmidt ne donne pas le jour. Juin. — Les 2, 4, 5, 0 et 7, à Gastouni (Elide) et iy Af;^a?yc/ç, tremblements. Le 4, 9 b. ^l;2 du matin, tremblement à Missolongbi et Tripoli; le 7, 7 11. du matin, à Livadia. ( '2Ô ) Le 15, 4 h. (lu iiiatiii, à Ivarpcncsi cl le 14, 10 h. du lualin , en Elide. Septembre. — Le 10, 7 h. 40 m. du soir, Irenibleiueul à la Nouvclle-Coriiitlic, à Kalamaki et au Pirée. Le 24, 5 h. du soir, et t^l), 7 h. '/2 du soir, à Aigion. Xoveinbre. — Le 17, 6 h. du soir, le 18, même heure el le :25, y h. du soir, à Aigion, Irois tremblements. Décembre. — Le 8, à Aigion , nouveau tremblement. Le 1 o.dans la matinée, à Athènes et au Pirée, bruits soulei'rains. Le 19 au matin et le 22, heure non indiquée, tremblement à Aigion. Le 22, 2 h. 20 m. du soir, à Tripoli. Le même jour, 5 h. du soir, à l'Ancienne et à la Nouvelle - Corinthe. Le même jour encore, ô h. '/-i iln ^oir et le 25, 4 h. du matin, à Kalamaki. Le 24, à Aigion, heure non indiqué»!, nouveau tremblement. Le 2(), dans la matinée, à Kalamaki, bruits souterrains. Le même jour, 8 h. '/.j du matin , dans une grande partie de la Grèce, notamment à Aigion, grand tremblement. A 8 h. 50 m. du matin, deuxième grande secousse dans le Pé- loponèse, la Hellade et jusqu'à Zante. On l'a ressentie à Athènes, à Eleusis et ailleurs. A 10 h. 5 m. du matin, à Kalamaki , tremblement, et à Corinlhc, 4 h. 55 m, du soir, bruits souterrains. Le 27, minuit et demi (0 h. '/., du malin), à Corinthe, grands bruits souterrains. A 7 b. du soir, tremblement, et h 7 h. 40 m. une secousse assez forte. Le 28, 2 h. du matin, tremblement à Kalamaki. Le même jour, heure non indiquée, à Aigion et dans la Ilcllade. Le 29, 7 b. 20 m. du malin, à Corinthe, une grande secousse. Le même jour, dans laprès-midi, à Aigion el ailleurs, une grande secousse. Le 29 encore, 9 h. du soir, tremblement à la i\ou\ clle-Coiinlbc. Le 50 et le 51, heures non indiquées, à Aigion et à Corinthe. 18()2. Février. — Le 4 , à Mendoza; une lorle seconsbc. Depuis, ( i>4 ) il y en a encore eu plusieurs autres dont M. Iluidobro n'indique pas les dates. {Anales de la Univ. de C/tile, Dec. I86!2, p. bG8.) Avril. ~ Le 8, à Caracas, une forte secousse qui a coïncidé avec une autre à Terceire dans les Açores. M. Rojas, auquel j'em- prunte ces faits, ajoute : « Commotions répétées au Pérou, surtout en juillet. » Commotions aux îles Açores, surtout en .septonhre. » Fort tremblement à Caracas et sur la cote orientale du Venezuela. » Les volcans du Tulupaca et du Winas, au Pérou, ont vomi de la fumée. Au volcan de Chillan (Chili), recrudescence d'ac- tivité. » Août. — Le 11, y h. Ya du soir, à Oran (Algérie), une forte secousse. {Ann. de la Soc. mètèor., t. XÏII, l"" part., p. 87; l8(Hi.) Octobre. — Le 1'^', 10 li. 20 m. du matin, à Oran, une légère secousse du sud au nord (même source). I8G5. Mars. — Eruption d'un volcan du Mexique, signalée ainsi sans détails par M. Rojas. Mai. — A Colima (Mexique), tremblemenls répétés (même source). Juin. — Le *29, 0 b.'/i du soir, à Lima, fort tremblement suivi de petites secouses. (M. Paz Soldan.) Novembre. — Le 24, à Coire (Grisons), une secousse. (Sc/nveiz- )neleor. Beob. 1860, p. 589.) — {Sans dates mensuelles.) Eruption du Cosiguina cl Iremble- ments dans diverses localités de l'Amérique centrale. Recrudescence d'activité au Kilauea. A la fin de l'année, éruption de l'Antueo. (M. Rojas.) 1864. Janvier. — Le 8 (n. st.), 6 h. 10 m. du soir, à Sitka (côte NO. d'Amérique), fort tremblement semblable à deux coups de tonnerre. {Ann. de VObserv. phij. central de Russie, p. 404, an 1864.) C'est le seul qui, depuis celui du 15 décembre 1845, soit mentionné dans ce recueil où se trouvent toutes les observa- tions de cette station météorologi([ue et que jai relevé exactement chacpie année. ( ^y ) février. — Le 10, an N'csiivc, [xiilo ('riiplioii signalée |)ar 3Î. PaliDieri dans une lelh'e qne je reproduirai au 17 noveinhie 1807. Avril. — Le 1" , à Lindeheig (Westplialie), treinhlemenl. {Los fenoïKenos volcanicos de los iillimos très tinos par el Doctor K. Z. Traducion del alcnian par td profcsor Kulmunii. El FederalisUi de Caracus, 5 avril 18G7.) — Le 29, dans la partie NO. de la Présidenee de Bomba>, Irembleinent que j'ai déjà mentionné sans détails et sur lequel M. 1). J. Kennely a publié dans les Trans. Boinhay roij. Geoif. Soc, t. XVn, p. 288-501, des notices que je n'ai pas pu consulter. l)"aj)rès les quelques mots qu'en dit M. Soecliting, ce iremble- nient aurait ébranlé à peu près la même surface que celui de 181 9; il se serait étendu de quarante milles plus au nord jusqu'au mont Aboa, et de cent vingt milles en moins vers le sud, jusqu'à Belemora seulement. Celui de 181 9 aurait secoué 99,000 milles carrés et celui de 18(>4, seulement 77,000. D'ailleurs, suivant M. Soecliting, qui n'en rapporte aucune, les données relatives aux heures seraient très-concordantes. [Forlschritte d. phys. Geog. imJ., 1864, p. 927.) Mai. — Éruption de TArfaks en Afrique et nouvelle éruplion (lu Turrialba dans l'Amérique centrale. (M. Rojas, /. c.) Juin. — Le I", dans le comté de Sussex (Angleterre), trem- blement signalé dans le Federaiisdi , numéro cité au P' avril précédent. — Le 8, 2 11. Yl' du soir, à Laybacb (Carniole), tremblement ondulatoire du nord au sud. Vers 3 h. '/i? seconde secousse forte. (M. Boue.) Septembre. — Dans les provinces septentrionales de la répu- blique de l'Equateur, une grande secousse. L'onde séismique se propage jusqu'au nord et atteint Pasto et Popayan. En même temps, réapparition de la colonne de fumée au volcan de Pasto qui fait éruption. M. Rojas n'en indiïjue pas le jour. 18bo. Janvier. — Le 15, 11 b. du matin, à Merccambe lîay cl dans le district de Furncss (noi'd de l'Angleterre), tremblement ( 20 ) avec bruit souterrain. (Geol. May. y t. H, p. 191-11):>; coinui. de M. Boue. ) ~ Le ^0, 11 11. 45 in. {sic), à Aiicônc, une légère secousse ondulatoire du NNE. au SSO. (M""' Scarpellini.) — Le 21 , 1 11. 40 m. [sic), à Kandl (Tyrol), secousse avec bruit pareil au tonnerre; durée, 8 à 10 secondes. Le 22, heure non indiquée, deux nouvelles répétitions. — Le 50, éruption du Turrialba; les cendres couvrirent tout le plateau de Costa Rica. [Federaliala du a avril 1807.) — Le 50 (quel style?), avant 0 h. du matin, à Athènes, trois secousses. Le 51, midi, nouveau treinblenicnt. (M. Boue.) Février. — Le 4, à Bassora et Bagdad, secousses i)lus i'orles encore à Suk cl Scheik. {Federalisla, I. c.) — Le 10, à Rhodes, tremblement très-i'ort. (Même source.) — Dans le même temps disparaissait unci petite Ile du grou])e des Maldives. {Ibid.) — Le 15, 10 h. 50 m. du matin , à Moustiers (Savoie), une forte secousse. (Mgr. le cardinal-archevc([uc Billiet. ) — Le 21 , 9 h. 50 m. du matin, à Zante, une secousse du sud- est au nord (sic). Mars. — Le 2, 10 h. du soir, à Vienne (Autriche), tremble- ment (M. Boue). — Le 4, 9 h. du matin, à Zante, une secousse du sud au nord avec trépidations de bas en haut. Le 24, 1 h. 50 m. du matin, une nouvelle secousse du sud au nord. — Le 20, ii h. 50 m. du soir, à Moustiers (Savoie), une secousse assez sensible. Le 27, 4 h. du matin, autre secousse ressentie aussi à Bozel, aux Allues, et à Saint-Martin de Belleville. Le centre a paru être au hameau des Granges, commune de Saint-Martin. (M^"" Billiet.) Avril. — Le 5, 1 h. 40 m. du soir, à Cenobitz (Styrie), trem- blement de l'ouest à lest et de (pichjues instants de durée. (M. Bouc.) — Nuit du 9 au 10 (du i>8 au 29 mars, v. st.), à PyIo> (Pcloponèsc), secousses de l'ouest à l'est et de longue durée. (M. Boue.) — Le 1:2, 5 h. 5u ni. du malin, à Zaïile, une assez lortc se- cousse du sud au nord. Le 15, 9 h. 45 m. du malin, une nouvelle secousse de même direclion. — Le 18, (3 I). du soir, à Scarperia (Toscane), Ircmblemcnl ressenti aussi à Florence. Volcan caché à Pietra Mala. (M, Boue d'après Vlntellectual Observer, janvier-mars 1805, p. 82.) Il ajoute : « Ce sont peut-être seulement ceux de 1804. » — Je n'en connais pas en avril 1804; j'ai signalé plusieurs secousses pour le 15 et le 10 mars seulement de cette année en Toscane. Le 18 et le 29, à Scarperia ^^ Toscane), aux iles Ioniennes, sur- tout à Zante et sur \i\ cote occidentale de Morée. foiles secousses. [FederalisUi, 1. c.) — Le 21, après 0 h. du soir, à Maracaïbo (Venezuela), trem- blement fort et instantané. (M. Rojas.) Mai. — Le 7, au large de la côte de Xorwége, de Leuroig à Sandsver, Bergen et Christiania, tremblement. [Fédéral isla, 1. c.) N'est-ce pas celui du 11 ? — Du 7 au 10, à Irkoutsk, trois tremblements (même source). — Le 16, à Paasdorf (Autriche), tremblement accompagné d'alfaissements du sol en divers lieux pendant une tempête. Murs renversés. [Ibid.) — Le 17, I h. du soir, à Cumana, une très-légère secousse verticale, f/e trepidacion. Le 22, ou cinq jours après, la mer en- vahit le rivage et inonda une grande partie des côles de la pro- vince d'Araya. Le 27, 10 h. du malin, à Caracas, fort tremblement co/i reper- cusion en deux secousses. (M. Rojas.) — Le 22, 9 h. 45 m. du soir, à Zante, une secousse du sud au nord. Juin. — Le 1*^', 9 h. 57 m. du soir, à Zante, une secousse du sud au nord. Le 0, 4 h. 11 m. du malin, une secoussC du nord au sud. ( 28 ) — Le 7, miiiui! {sic), à Dk'ibcrg ((liU'iiilluc), ([iitilrc sccou.ssi's. (M. Boiié.) — Le D , h Nagv Karolv (Hongrie), heiiihleinem. {Fcilendista, l.c.) Le dô. (5 11. (lu soir, à Piiikalelcl (Hoiigiie), IremMeiiieiil de Toucst à l'est et d'une seeonde de durée avee bruit [lareil au lou- nerre. {M. Boue.) -- Le 1:2, à ïongi'es (Belgi(iue), trenibleuien!. {Ftulcnili.sia , — Le \i, h Agrain (Croatie), ti'cnibJeuieut (même source). — Le '^G, 3 h. du soir, à Spital sur le Sommeriug (Autrieiie), Ircnibleuieiit avec bruit semblable au tonnerre. La plupart des gens sortent des maisons. (M. Boue.) Juillet. — Le 1'% M 11. -j() m. du soir, à Zante, une seeousse du nord au sud. Le 10; midi un quart, une secousse du sud au nord. — Le (), 4 11. du soir, à Catanzaro, une secousse ondulaloiie de 10. à 1 E. Le i^, 10 II. du matin, à Cuneo (Piémont), légère secousse ondulatoire. Le 15, 1) h. l'j m. du soir, à Naples, une légère secousse suivie de deux autres. Le 18, !2 h. du matin, à Catane, une grande secousse verticale. Sa ligne d'action l'ut une courbe sinueuse denviron di\-huil kilo- mètres, sur lesquels il se foi'ma de grandes ouvertures, notam- ment près de Linera. (M"'^ Scarpellini.) — Le 1 1 , à Hartberg (Slyrie) , tremblement. Le 15, a h. 50 m. du soir, à Poellau (Styrie), l'orte secousse du NO. au SE. avec bruit souterrain; deux ondulations pcndani trois secondes. Le même jour, lieures non indiquées, à Furstenfeld, trois chocs du nord au sud. Murs lézardés. Le lendemain 14, vers 9 li. ~^li(sic), répétition plus faible. Le 14 encore, 10 h. a m. du matin, à Hartberg (Styrie), tremblc- iHcnt avec bruit souterrain et de sept à liuit secondes de durée. { 20 ) On l'a ressenti en même temps à Brikfeld, Voraii, Priedberg, Poelhiu , Felii'ing- et Furstenfeld. A Vorau les liahilnnls se sont sauvés des maisons. (M. Boue et le Federalista , 1. e.) J'ai déjà mentionné ces secousses avec quelques variantes. — Le IG, de 4 à a h. du soir, à Maturin (partie orientale du Venezuela), tremblement ressenti aussi à Caroia, au nord de (liimana. A Guiria (côte orientale de la ) rovincc de Cumana) , même heure à peu près, deux fortes secousses verticales, von trepuhi- clon, et de cinq à hiu't secondes de durée. Le même jour et aux mêmes heures , de 4 à 5 du soir, dans la province entière de Cumana ; quatre ti'cmhlements de Touest à lest. (M. Rojas.) — Nuit du 19 au 20, à Fondo di Maechia (Sicile), treml)lement (]<'jà décrit. La secousse a été ressentie à Cosenza, dans la Calabre citérieure. Le 29, midi un quart, à Guardia et à Cosenza, une nouvelle secousse. (M. Scaglione, Attl deir Accad. Cosenlina, t. X, p. 27S.) — Le 2i, à Inspruck, tremblement. [Federalisla , 1. c.) Août. — Le i", 9 h. 7-2 f^" soir, à Zara (l)almatie), forte >e- cousse avec fort bruit souterrain. (.AL ïîoué.) — Le 8, 5 h. 12 m (?) du malin, à Temeswar (Bannal), faible secousse de louest à Test. Ciel serein , air calme. (M. Boue.) — Le 8 encore, heure non indiqiU'e, aii fort Weder (Caucase), tremblement. {Federcdisla , 1. c.) — Minuit du 10 au 1 1 (le 10, 12 li. du soir), à Catanzaro, une h'gère secousse. Le 11, heure non indiquée, à Florence, une légère secousse ondulatoire, scn.zu essere mauifeslida du parle d<'(jl i sir tmient ((sic). Les 20, 2i et 30, au Vésuve, sensibles secousses ondulatoires, précédées de petites agitations du séismographe depuis le 17. Le 22, 1 h. et 4 h. du matin , à Fossombrone, deux secousses. Le 23, 7 h. 15 m. du soir, une nouvelle et forte secousse avec bruit souterrain. A la même lu ure, odeur sensible de soufre et de carbone. (.M""" .Scarpellini.) ( 50) — Le 20, II 11. du matin, à Zantc, une secousse du sud nu nord. — Dans le courant du mois, à Guiria (Venezuela), deux autres tpemblements réguliers^ (M. Rojas.) Septembre. — Le 4, 0 h. Il m. du matin (après-minuit), à Zante, une secousse du sud au nord. — Le 0, 7 11. 30 m. du soir, à Capesterre et au Grand-Bourg (Guadeloupe) , ainsi qu'à Marie-Galante, tremblement signalé sans détails dans mon dernier catalogue. Il a eu lieu pendant un vio- lent ouragan qui avait commencé vers 7 h. Il est établi sur beau- coup de faits et de témoignages concordants. Des maisons bien construites, avec de bons murs de 60 centimètres d'épaisseur, ont été renversées, bien que leur peu de bauteur, le peu de prise offerte par la toiture au vent, les assurât contre les efforts de celui-ci. Le même tremblement , mais moins fort, s'est aussi fait ressen- tir aux Trois-Rivières et aux Saintes où la mare des fossés du Fort Napoléon a diminué de niveau malgré la pluie. [BuU. de VAssoc. scient., n" 21 , mai 1867 , p. 8.) — Le H, 1 b. du soir, à Faido (Tessin), tremblement cité sans détails par M. Jametta dans les Schueiz. meteor. BeohacJi., 1865, p. 482. — Le 45, ad ore 4 ^2 délia notte {ore 7, m. 15, (/. m.), à Cosenza, une secousse de courte durée. (Scaglione, t. c.) — Le 16, 5 b. 55 m. du soir, à Ciudad-Bolivar, fort tremble- ment avec bruit concomitant qui dura une ou même plus de deux minutes. Dans mon dernier catalogue, je l'ai indiqué comme ayant eu lieu à 5 h. Le même jour, beures non indiquées, à Yaguaraparo (côte orientale de Cumana), trois tremblements très-forts. Le 50, entre 11 et 12 h. après-midi, à Ciudad Bolivar, anlre tremblement pour lequel j'ai indiqué 11 b. 7-2 ^'" soir. Durant ce mois, dans la Cordillière de San Luis (province de Coro), trois tremblements de Test à l'ouest. (M. Rojas.) — Le 16, 9 b. Va du soir, à Forlacb (Carniole) , deux secousses verticales. (M. Boue.) ( 51 ) — Nuit dn 17 ;ui 18, à Forli . uno légère secousse ondula- loi re. Le 21 , 9 h. *)0 ni. du soir, à Urbino, une forle secousse onduln- loire du NO. au SE. et de Iiuit secondes de durée. A 10 h. 5. m., une juitrc plus légère. Le même jour, 9 h. 54 m. {sic], à Pérouse, une secousse ondu- latoire d'environ huit secondes de durée et précédée de bruit (rombo). « Sa direction, écrivait le professeur Bellucci, donnée par le séismomètre à pendule , parut double , l'une du NE. au SO. et l'autre, moins marquée, de l'ONO. à l'ESE. Elle fut suivie, à de courts intervalles, dans l'espace de quinze minutes, de cinq au- Ircs secousses légères et d'intensité décroissante. « . Le 22, 5 h. 15 m., 4 b. 15 m. et G h. du malin, autres se- cousses légères. A \ b. 52 m., o b. 15 m. et 10 b. 5 m. du soir, nouvelles secousses, la dernière avec le rombo ordinaire. Le 25, 5 h. du matin, autre secousse ondulatoire. Le 24, 11 b. ôO m. du malin, à l'rbino, autre secousse de courte durée. Les 20, 27 et 28, nouvelles secousses légères. (M"'^ Scarpellini.) — Le 25, 0 b. 53 m. du matin, à Moustiers (Savoie), une forte secousse du nord au sud, très-sensible aussi à Brides, Bozet, Saint-Jean de Belleville et Haule-Cour. (>fgr. Billiet.) — Au commencement du mois , au mont Taiscban , province de Scban Long (Cbine), fort tremblement pendant lequel la mon- tagne séboula et mille personnes perdiient la vie. [lu'deralisia, 1. c.) Octobre. — Le 1"et le 2, à Pérouse. légères secousses à divers intervalles. Le ô, 10 b. 30 m. du soir, à Anc(^ne, une légère secousse ondu- latoire. Le 5 et le 5, de nuit, à Pérouse, autres secousses légères. Le f) , dans la matinée , encore une légère secousse. Le 22, de nuit et dans la matinée, à Ancône, légères secousses ondulatoires. (M. Scarpellini.) — Du 1" au 5, dans le val de Kierle, aux environs de Car- tona (sic), secousses désastreuses. (Fefhrallskt ^ 1. c.) ( 32 ) — Le 5, (Inns la soirée, h Handcrey (SO. du JiitlnnJ), au bord de la mer, l'aible secousse. (M. Boue.) — Le 7, 0 h. du matin, à Cumana, petit tremblement accom- pagné d'une détonation semblable à une décharge d'artillerie. On l'a ressenti aussi à Cariaco au nord de Cumana. Dans le courant du mois, à Guiria (côte orientale de la province de Cumana), diverses secousses. (M. Rojas.) — Le 1 ! , ô b. 17 m. du matin, à Zantc, une secousse du sud- est à l'ouest (s/c). — Le 11) , 7 b. du soir, à Murrau (Syrie), tremblement du NO. au SE. avec bruit semblable au tonnerre. Les fenêtres ont frémi. On l'a ressenti aussi à S^Laurenzo plus à Touest. (M. Boue.) Le 19 et le 24, à Muran [sic) et à Saint-Laurent (Slyrie), trem- blements. [Fedcrulisla, 1. c. ) Le 24, 10 b. du soir, à Inspruck (Tyrol), tremblement du nord au sud, avec bruit semblable à celui d'un ouragan. Durée, trois à quatre secondes. iMinuil du 25 au 20, à Ivendberg (Styrie) cl au cbàtcau dObcr- kendbcrg, tremblement précédé de beaucoup d'averses quelques beures auparavant. Le 20, 4 h. du soir, à Linz, tremblement. Le même jour, a b. du soir, à Gmcnden Fenrera (?) (baule Autriche), tremblement. Orage la nuit précédente. (i^L Doué.) — (Sans date de jour. ) Éruption du Popocatepetl. (M. Rojas.) Novembre. — Le 1'', 2 b. 30 m. du malin, à Saint-Jean-de- Maurienne, une forte secousse, précé'dée d'une secousse plus faible. [W Billiet.) — Le 3, à Samos, tremblement \iolent. [Fcderaltslu, 1. c.) Le 24, les secousses conlinuent à l'ile de Cbio, suivant M. Boue. Le 27 et le 28, à Rhodes, secousses que me signale encore M. Boue, mais que M. Riltci', toujoni's très-exact, ne m'a pas mentionnées. — Le 0, 7) h. 43 m. du matin, à Inspruck (Tyiol), tremble- ment du nord au sud. (At. Boue.) Le Fednudisia cilc encore Schwatz, Rattcnberijf et Kufslein. ( 53) Le 7, 8 h. du soir, dans la Carinlliic Supérieure, tremblement du nord au sud et de quelques secondes de durée avec bruit sou- terrain, semblable au roulement d'une voilure, trente heures après l'éclipsé de soleil. (M. Boue.) — Le 18, à l'ile Hawaï (Sandwich) et dans l'archipel des Tonga, plusieurs tremblements. Dans le même temps, la Syrène, à grande distance dans le sud-ouest , ressentait une secousse sous-marine accompagnée de forts bruits. [Federcdista, 1. c. ) — Le 2ô, 11 h. i/â du matin, à Cosenza, légère secousse ac- compagnée d'une faible détonation. (M. Scaglione, /. c.) — Le 20, 0 h. du matin, à Saint-Pierre (Martinique), fort tremblement qui a ébranlé une grande partie des Antilles. A Kingston (Saint-Vincent), même heure, secousse de l'est à l'ouest. A Saint-Georges (Grenade), 0 h. 10 m., trois fortes secousses. A Georgetown (Guyane anglaise), 9 h. 15 m., une secousse légère. A Port de Castrics (Sainte-Lucie), on a indiqué 9 h. 25 m. du matin et à la ïrinidad, 9 h. 5(> m. Le tremblement y a été noté comme très-fort. (M. Rojas.) Décembre. — Le l*"*^, 2 h. du soir, à Zante, une secousse un sud au nord. Le 47, 1 h. 50 m. du soir, une nouvelle secousse de même direction. Le même jour et à la même heure, aux îles Sporades, situées à trente milles au sud de Zante, tremblement avec beaucoup de dégâts. Le 29, 10 h. du soir, à Zante, une secousse du sud au nord. — Le 2, 10 h. 10 m. du soir, à Saint-Radcgund (Styrie), trem- blement du SO. au NE. Fort mouvement des meubles. Le 5, entre 10 et 11 h. du soir, à Hueden, Fehring, Pollau et Gratz, ondulations venant de l'est et se dirigeant au NO. Durée, quelques secondes. (M. Boue.) — Le 14, à Naples, fréquentes secousses indiquées par le séis- momètre. Elles furent très-distinctes à Isernia. (M"" Scarpellini.) — Le 15, G h. 50 m. du soir et le 20, 2 h. du matin , à Chitta- gong (Indostan), deux tremblements. (M. Boue.) ^ Tome XXL 3 ( 54 ) — Le 25, lu h. du soir, au Biot (Haute-Savoie ), tremblement (jui a fort effrayé les habitants. (31=' Billict.) — Le 50, 5 il. et 8 h. du soir , à Sienne, légères seeousses. Le 51 , 5 h. du soir, une nouvelle secousse, ondulatoire et très- forte. (M™'' Scarpellini.) DEUXIÈME PARTIE. TREMBLEMENTS DE TERRE EN 1800. Janvier. — Le 2, vers 0 h. ^/i du soir , à Mexico, Ireiiiblenicnt violent qui a duré environ (rente secondes. «La secousse, écrit-on le 10, s'est fait sentir à la fois sous la double forme d'oscillation et de trépidation, et s'est éteinte graduellement. Bien qu'il y ait plusieurs dégâts à regretter, cette commotion a été loin d'avoir l'intensité et la durée de celle du 5 octobre 1864. Malheureuse- ment, nous apprenons qu'à Orizaba les secousses ont été plus fortes et ont causé des dommages matériels sérieux, ainsi qu'à Maltrato, à Coscomatepec et à Cordova. A Vera-Cruz, on n'a éprouvé qu'une secousse inoffensive. » A cette courte relation donnée par le Moniteur du 9 février, j'ajouterai les détails suivants que j'emprunte au journal de Caracas el Porvenir, du 7 février, dont je dois la communica- tion à M. le docteur Aristides Rojas : « Le 2, 6 h. 20 m. du soir, à Vera-Cruz, forte secousse, oscilla- tion et trépidation, de l'E. à 10. et de 90 secondes de durée. Vent du nord. Pas de malheur à déplorer. {Journal de Vera-Cruz, du 2.) » Le Ferrocarril , journal d'Orizaba, décrit assez longuement les dégâts éprouvés dans cette ville; des églises et des maisons ont été fortement endommagées; deux enfants ont péri sous les ruines ; plusieurs personnes ont été blessées. A Cordoba, les églises ( 36 ) et les maisons ont éprouvé des dommages considérables. Tout le monde s'est retiré dans les rues. » Nuit du 2 au 3, 6 h. 20 m., à Mexico, tremblement léger et de courte durée. Oscillations du nord au sud. » A Puebla, 6 h. 20 m. de la nuit [de la twrlte del 2 al 5), trem- blement plus fort qu'à Vera-Cruz. » A Acatzingo, la coupole de la paroisse a perdu son aplomb. Du côté de Tlacotepec, on a entendu un bruit sourd. A Orizaba, la violence des oscillations s'est fait sentir pendant deux secondes, mais sans nouveaux dégâts. Xo ha habiilo novedad ni en las per- sonas ni en tos edificios. j> Suivant les lettres de San Andres de Chalcbicomula, le trem- blement de cette même nuit, en la misma noche , y a produit des dommages aux édifices sans aucun malheur personnel. On n'in- dique pas d'heure. » Enfin, le 5, on écrit d"0;ijaca : Cette nuit, entre G et 7 h. (sic), nous avons souffert [sufrinios) un très-fort tremblement de terre qui venait de l'E. à 10. et qui était accompagné d'un bruit épou- vaiilable. 11 a été très-long; les toits et les murs de plusieurs maisons ont perdu leur aplomb. Beaucoup de personnes ont couché dehors, mncha gente no dormia en las casas ; cependant aujourd'hui le calme est revenu. » La rédaction du journal el Porvenir me laisse des doutes sur l'existence d'un double tremblement. Les expressions : a las C?/20 niinutos de la noche del 2 al 5 et a las G ?/ 20 minutos del tarde , ne sont-elles pas synonymes? Cependant, le texte cité, en parlant d'Acatzingo, semble se rapportera une nouvelle secousse; autre- ment, le mot novedad n'aurait pas de sens. Mais à Oajaca on n'a pas dormi dans les maisons; il s'agit donc d'une secousse ressentie entre G et 7 heures du soir. Toutefois, comme il est bien rare qu'une très-forte secousse ne soit pas suivie de plusieurs autres chocs plus légers, il est' probable que la nuit du 2 au 5 na pas été tout à fait calme. Voici ce que M. Eugène de Montserral, jeune savant attaché comme géologue à l'expédition scientifique du .Mexique, écrit à M. Ch. Sainte-Claire Deville, sur ce tremblement dont il indique ( 37 ) ■ une seule tUue, le t> à G Ij. l ) de plus, s'élcndnnt sur la rive oricntnlc jusquau j)ied du cono de Néa-Kammcni, il recouvre les petits lacs d'eau douce formés au commencement de Téruption et rapidement devenus saumàtres. En même temps il devient le point de départ de détonations ac- compagnées de jets de petites pierres incandescentes, dont la fré- quence et l'intensité sont chaque jour plus marquées. Jusqu'alors ce promontoire s'était formé dans des eaux peu profondes; aussi avait-il marché avec une grande rapidité. A dater de ce moment son extrémité atteint des fonds de 43 brasses; aussi la partie hors de Teau ne grandit-elle plus qu'avec lenteur. En même temps l'ac- tion volcanique ayant trouvé une autre issue se divise. C'est en effet dans la journée du 15 février qu'à 50 mètres à l'ouest du cap Phléva surgit un second îlot auquel on donna le nom d'Aphroëssa, en l'honneur du bâtiment qui j)orte la com- mission grecque. Les blocs de lave qui constituent cet ilôt au mo- jnent de son apparition sont incohérents comme ceux du Roi Georges, et comme les premiers qui s'étaient montrés lors de l'émergemcnt du nouveau promontoire, ils portent à leur surface des huîtres et d'autres mollusques. L'Aphroëssa se développe plus lentement etsurtout plus irrégulièrement que ne lavait fait l'autre îlot; le jour de son apparition, après s'être élevée d'un mètre ou deux au-dessus de la mer, elle s'enfonce et reparaît alternative- ment trois ou quatre fois; elle ne devient stable qu'à la fin de la journée. Le canal qui la sépare à ses débuts de Néa-Kamméni a 17 brasses de profondeur. Tout à l'entour l'eau de la mer s'était élevée à une température de CO à 70 degrés, et les bulles de gaz , dégagées au contact des blocs incandescents, produisaient en brû- lant des flammes brillantes que l'on pouvait apercevoir, aussitôt après le coucher du soleil, non-seulement à la surface de la mer autour d'Aphrocssa, mais aussi sur le sommet de l'îlot volcanique. Pendant la journée, on ne voyait en ce point que des fumées rous- sâtresbien différentes des vapeurs blanches qui ont toujours cou- vert la pointe culminante de l'île Georges L*". Du 1 5 au 20 février , il n'y eut rien d'important à signaler dans les phénomènes éruptifs, si ce n'est de temps à autre quelques détonations assez fortes. Tome XXL 4 ( 30 ) Le 14, !2 h. ^5 m. du soir, à Santorin, une très-1'orte secousse. Le même jour, 2 h. 15 m. du soir, à Zantc, une forte secousse; une seconde aussi forte cjuatre minutes après, une troisième moins forte trois minutes plus tard et à 2 h. 55 m., une qua- trième légère. Le 15, midi 22 minutes, à Rhodes, une légère secousse, dirigée du NO. au SE., suivant M. Ritter, et de l'O. à TE., suivant la Tur- quie, du l*''^ mars. C'est la troisième dans l'espace de 70 jours. Le 45 encore, à 5 h. et G h. 50 m., fortes détonations sur le promontoire du Roi Georges. Le iC au soir, à l'extrémité méridionale du promontoire Georges 1% ont paru des lueurs qui n'ont duré que quelques instants. La nuit suivante, on a entendu plusieurs bruits. Le 17 dans l'après-midi, à Nauplie, une légère secousse hori- zontale de l'est à l'ouest, locale et sans dommages. Le soulèvement du nouveau promontoire paraît se faire plus lentement depuis hier. Le 48, rien à noter. Dans la soirée du 49, la commission scientifique grecque, qui suivait attentivement les progrès de l'éruption, vint jeter l'ancre dans le canal compris entre Mikra-Kamméni et Néa-Kamméni, tout auprès de cette dernière île. Non loin de là se trouvait amarré un navire de commerce qui était en train de recueillir et de char- ger un reste de pouzzolane déposée sur le quai. La nuit se passa tranquillement; aucun mouvement violent du sol , aucune détonation plus forte que de coutume n'en troublèrent le calme. L'amas de lave de l'île Georges brillait comme d'ordi- naire dans l'obscurité et éclairait d'une lueur rougeâtre les mai- sons en ruine qui bordaient le rivage. Le 20 au matin, l'horizon était pur et des vapeurs s'élevaient dans l'air comme de blancs nuages de la surface des terres soule- vées. Les membres de la commission descendirent à terre de très- bonne heure avec leurs instruments. Ils furent frappés de certains signes spéciaux, suffisants pour leur faire présumer qu'il allait prochainement se passer quelque chose d'insolite. La température de l'eau de la mer près du rivage atteignait 85 degrés, elle s'était (51 ) élevée de 10 degrés dej)nis la veille. La vapeur s'échappait j)liis vivement du sommet du Roi Georges, le sifflement qu'elle j)rodiii- sait était interrompu par des bruits souterrains beaucoup plus sonores et plus prolongés que les jours précédents. Tout autour du centre éruptif , les fumerolles sulfureuses présentaient égale- ment une activité inaccoutumée. Malgré ces indices précurseurs d'une crise prochaine, les membres de la commission n'en réso- lurent pas moins de continuer leur travail. L'un d'eux,M.'Palaska, resta sur le bord de la mer afin d"y faire quelques détermina- tions géodésiques. Les quatres autres, MM. Schmidt, Mitzopoulos, Boujouska et Christomanos, gravirent le cône de Néa-Kumméni pour observer l'ensemble de l'éruption. Il était environ 9 h. quand ils atteignirent le sommet. Us y trouvèrent des crevasses assez profondes et nouvellement formées, d'où s'échappait de la vapeur d'eau chargée d'acide sulfhydrique, et quand ils arrivèrent sur le bord méridional de l'ancien cratère, situé en face et au-dessus du volcan nouveau, ils virent que l'aspect de l'île d'Aphroëssa et de l'ile Georges nolfrait plus le caractère de bénignité habituel. Ils se mirent néanmoins à faire leurs observations accoutumées. A 8 h. du matin, un bruit sourd, semblable à une détonation d'artillerie et venant de Néa-Kamméni, s'était fait entendre à trois reprises. A 9 h. Vi) un sifflement sourd sortit du fond du promontoire Georges 1". Une minute après, un mugissement affreux, ou plu- tôt un bruit terrible, semblable à un grand tonnerre, succéda à ce sifflement et dura sept minutes. En même temps, du fond de la mer, au pied du nouveau promontoire, du côté où était le sol ancien, ils'éleva une langue de feu accompagnée d'une colonne de fumée noire ou plutôt de vapeur épaisse ayant à peu près deux cents mètres carrés à sa base? Cette colonne de fumée se déve- loppant et tournoyant gradueffement, mais avec rapidité, s'éleva à une hauteur de près de 2,500 pieds. Une pluie de cendres et de ])ierres fut lancée avec cette fumée dans toutes les directions. La cendre est arrivée jusqu'à Santorin et peut-étrejusqu'aux des voi- sines. Au moment où cette détonation épouvantable se fit entendre , ( S2 ) une épaisse colonne de fumée noire enveloppa subitement les membres de la commission et leur déroba complètement la lu- mière du soleil. Quelques secondes après , ils étaient environnés d'une pluie de cendres et de lapillis; des milliers de pierres incan- descentes tombaient autour d'eux comme une gréle brûlante. In- stinctivement tous cbercbèrent aussitôt leur salut dans la fuite et se précipitèrent vers le nord-ouest , abandonnant cartes et instru- ments; mais il était presque aussi dangereux de fuir que de rester en place, car tant qu'on restait à découvert, on était exposé à une mort presque certaine. Chacun d'eux se blottit donc immédiate- ment à l'abri des rochers volcaniques de l'ancien cratère. Les uns purent se réfugier derrière des roches volumineuses dont les saillies les garantirent; les autres ne découvrirent que des abris très-imparfaits, où ils n'étaient pas en sûreté. VAphroëssa ne possédait que deux embarcations, dont l'une était restée à Santorin depuis la veille, et dont l'autre venait d'être trouée par un bloc de lave qui Tavait coulée à fond. Pour rentrer à bord, il fallut donc attendre le retour du canot laissé à San- torin. Le bateau à vapeur avait lui-même été très-maltraité par l'ex- plosion. Une })ierre incandescente était tombée sur le pont qu'elle avait percé et avait mis le feu à la cabine du mécanicien ; un sous- ofïicier et plusieurs matelots avaient été atteints, le premier assez gravement à la tète en éteignant ce commencement d'incendie; M. Palaska, qui était resté sur le bord de la mer, avait été griève- ment blessé à la main. M. Vallianos, capitaine du bateau marchand amarré à la côte de Néa-Kamméni, venait d'être frappé à la tempe par une pierre qui l'avait étendu mort sur le coup. D'autres pierres incandescentes avaient mis le feu à son bâtiment, et ses matelots s'étaient sauvés à la nage à Mikra-Kamméni, après avoir déposé son corps dans une des maisons abandonnées de Néa- Kamméni. Enfin, le chancelier du consulat de Russie, venu en curieux pour voir les progrès du volcan, a été atteint à la tète par une pierre qui l'a écrasé pendant qu'il essayait de fuir sur le quai de Voulcano. Plus tard (le 12 mars suivant), MM. Fouqué et de Verneuil ( oô ) trouvèrent le quai, construit en 1805 par la muni(;i]>alité de San- lorin , abaissé à fleur d'eau dans sa partie moyenne, eontplélement submergé à l'extrémité sud, effondré et crevassé sur presque tous les points. Les maisons qui le bordaient avaient toutes plus ou moins souffert; quelques-unes étaientsimplementlézardées; le plus grand nombre étaient complètement renversées, il n'en restait debout que des pans de murailles. L'une d'elles, qui se trouvait à la pointe du quai vers le sud-ouest, était presque entièrement plongée dans l'eau. Les deux églises, situées en arrière et plus rapprochées du volcan , avaient été surtout maltraitées par les projectiles. L'église grecque , à peine éloignée de quatre à cinq mètres du pied de l'île Georges, avait eu le toit traversé par une pierre qui était tombée près de la porte d'entrée, à l'intérieur de l'édifice et s'y était brisée en éclats. Dans l'église catholique, un bloc de lave de plus d'un mètre cube était venu s'abattre près de l'autel et s'était enfoncé dans le soi après avoir fait une large trouée à la voûte. Le chemin dirigé perpendiculairement au quai était défoncé et encombré par des masses de laves projetées dont (îuelques-unes avaient un volume énorme. Ces masses, arrondies et fendillées à la surface par le retrait qu'elles avaient subi au moment du refroidissement, avaient été certainement lancées à rétat de boules pâteuses incandescentes, et ne s'étaient solidifiées (ju'au milieu de l'air. Toutefois, il est des blocs qui ont été pro- jetés déjà refroidis et solidifiés; ceux-là ont des formes anguleuses et plusieurs se sont brisés en morceaux en tombant à terre. Depuis cette grande explosion, le mugissement souterrain con- tinue à se faire entendre de temps en temps pendant le reste de la journée, mais pas aussi fort que le matin. Cest surtout, vers 5 h. et 8 h. du soir, qu'il a grondé avec une certaine intensité. « Jusqu'à ce jour, ajoute M. De Cigalla , aucune crevasse du sol , ni aucun autre phénomène volcanique n'ont paru dans la partie nord de la INouvelle-Kamméni, ni dans la Petite-Kamméni. C'est pour avoir été mal renseigné , que j'ai écrit , il y a quelques jours, que des crevasses existaient dans cette dernière et quil en sortait des vapeurs sulfureuses. La surface de ces deux iles n'a subi aucun chongemenf. La température de la mer en cet endroit était { S'- ) ce malin, suivant robservation de M. Schmidt, de 44° R. Sur les cotes du nouveau promontoire elle était de 68°. » Ce promontoire continue à s'étendre vers le sud et l'est, mais très-lentement, car avant-liier, il avait, suivant les évalua- tions de la commission, douze cents mètres de circonférence et aujourd'hui il n'en a encore que douze cent vingt. » Le 20 encore, heure non indiquée, à Chio, une dernière se- cousse signalée par M. Lenormant. Minuit du 20 au 21 , à Santorin, une légère secousse. Le 2i, 2 h. et 2 h. 40 m. du matin, deux nouvelles secousses plus fortes. « A minuit un quart et à 2 h. du matin, le phénomène d'hier, dit M, De Cigalla, s'est répété avec plus d'intensité peut-être, mais n'a pas duré chaque fois plus de 4 à 5 minutes. La dernière fois même, il n'a pas été lancé de pierres. » Ceci me paraît exagéré. M. Schmidt signale aussi, pour le 2i et le 22, de colossales érup- tions de pierres et de cendres semblables à celle du 20. Les cendres s'élevèrent à deux ou trois mille mètres, et les grosses pierres incandescentes à mille mètres seulement du volcan, d'après l'évaluation de M. Palaska et la sienne. Quelques personnes assurent avoir vu de nouveau, vers minuit, des langues de feu sur la côte NE. de Thérasia. Ceci n'est proba- blement qu'une illusion engendrée par l'effroi qu'a répandu l'ex- plosion du 20 dans ce qui reste de la population de Santorin qui a recommencé la veille à émigrer, au point que les établisse- ments d'éducation dirigés par les sœurs de charité et les lazaristes français sont devenus déserts. Dans le reste du jour, le mugissement sourd se fait encore entendre par intervalles, mais faiblement. Le 22, vers 4 h. ^/2 du matin, nouvelle explosion. « Quoique dormant d'un profond sommeil, écrit M. De Cigalla, j'ai entendu un bruit semblable à celui du tonnerre. Comprenant qu'il pro- venait du volcan, je me suis précipité hors démon lit, j'ai jeté ma robe de chambre sur mes épaules et en un clin d'œil je me suis trouvé au balcon de ma cliambre qui domine le golfe en face des îles Kamméni. Des flammes sortaient de l'île d'Aphroëssa et de di- ( 00 ) verses parties du promontoire, pnrticnlièrement de la partie située entre la eote occidentale du promontoire et le bras qui formait à l'ouest l'ancien petit port de Voulcano, c'est-à-dire de l'endroit où jaillissaient les eaux sulfureuses. Ces flammes s'élevaient dans les airs au milieu d'une vapeur épaisse ayant la blancheur du lait. Du milieu de ces flammes jaillissaient des pierres incandescentes d'un éclat plus vif encore. Cet admirable spectacle des flammes a duré une demi-heure, mais les pierres n'ont jailli que dans les pre- miers moments lors de l'explosion. » Le même phénomène s'est répété à 5 h. '/'* du soir; il a gardé sa première intensité pendant trois minutes seulement, et il a continué ensuite pendant 54 minutes. » Uile d'Aphroëssa croît peu à peu, toujoui's enveloppée de vapeurs blanches avec des teintes dorées. Toute la mer du golfe est trouble et très-colorée. » Entre le 25 et le 28, il y eut encore deux éruptions semblables à celles du 20, suivant M. Schmidt qui n'en donne pas les dates. Le 25 , la commission hellénique part le matin pour Milo à bord de YAphroëssa. «Moi, écrit M. De Cigalla, dont je vais reproduire le journal jusqu'à la fin du mois, je me suis rendu à bord de VIonie, avec quelques membres du conseil administratif de la compagnie, près du promontoire nord de Néa-Kamméni d'où nous avons observé 1 ile d'Aphroëssa. Elle ne s'est développée que très-peu. » Les côtes de l'île Kamméni étaient si chaudes que nous trou- vant à près de cent mètres de distance, nous en éprouvions le rayonnement d'une manière très-sensible. Les eaux de la mer étaient tièdes. » L'activité volcanique paraît très-intense, la fumée s'échappe en abondance de toutes les parties du promontoire Georges I"". A 9 h. du matin, a eu lieu une explosion plus violente que la pré- cédente. Les pierres projetées étaient en plus petit nombre, mais il y avait une grande quantité de cendres. Cette éruption a duré deux minutes dans toute sa force , et plus faiblement pendant 54 minutes. » A 11 h. du matin, la fumée a commencé à sortir avec un siftlement lugubre qui a duré un quart d'heure. ( 56 ) )> Le 24, à 5 h. ^/:2 du malin, explosion semblable à celle de la veille. D'abord apparut une lueur pareille à celle d'un éclair, à laquelle succéda pendant trois à quatre minutes un bruit semblable au tonnerre. En même temps, du centre du sommet de Georges l" se sont élevés des nuages de vapeur que la grande quantité de cendre entraînée faisait paraître noirs. Cette cendre tombait comme une pluie battante partout où le vent poussait la vapeur. Il n'y eut ni projection de pierres, ni émission de flamme, si ce n'est une langue de feu, plus ou moins lumineuse, qui se trouvait au mi- lieu de la colonne de fumée. La surface du promontoire j)araissait, par suite des lueurs rouges qui s'échappaient de ses pores, comme un tas gigantesque d'énormes charbons ardents. Au bruit succéda un sifflement semblable à celui d'un vent d'orage, ou à celui de la vapeur qui s'échappe avec violence d'un tube métallique. Depuis le moment où apparut la première lueur jusqu'à celui où le son métallique se fit entendre, 48 minutes s'étaient écoulées. Des bruits sourds continuèrent encore près de deux heures. » A 4 h, du soir, il y a eu une petite explosion sans projection de pierres. » La coloration des eaux s'étend, d'après nos observations, ta cinq ou six milles au delà du golfe de Santorin. » A Columbo, Plata et Athénion, ajoute notre consciencieux et zélé observateur, aucun phénomène volcanique ne s'est présenté, ainsi que je m'en suis assuré de mes propres yeux. L'action vol- canique se renferme dans un cercle dont le centre est le bras de terre qui fermait à l'ouest l'ancien port de Voulcano et dont le rayon s'étend à un mille à peu près, distance à laquelle arrivent parfois les pierres. » Le même jour, 8 h. du matin, à Conslantinople et sur les deux rives du Bosphore, tremblements très-sensibles. Le 24 encore, iO h. 43 m. du matin, à Brousse, violente se- cousse du SE. au NO. (M. Ritter.) « Le 25, après une nuit tranquille, le volcan continue à tra- vailler en silence sans répandre aucune odeur. Le vent soufflant légèrement du SE., les eaux du golfe présentent comme des bandes courbes de couleurs diverses, violettes, jaunes et surtout vertes, (lu) de toutes nuances, du vert le j)Ius clair jusqu'au vert le plus foncé. 0 Le même jour, heure non indiquée, à Brousse, une légère se- cousse. (M. Ritter.) « Le 26, la fumée est très-abondante; la nuit a été calme comme la précédente. A 7 li. du matin, continue M. De Cigalla , nous avons entendu comme trois coups de canon; bientôt après, a eu lieu une légère explosion. » A 5 h. du soir, le promontoire Georges I" s'est développé visiblement à son extrémité sud avec beaucoup de rapidité. J'ai calculé que, dans l'espace de 15 minutes, il s'est étendu de 12 mètres en longueur. Sa circonférence est donc aujourd'hui d'environ 1500 mètres et sa hauteur de 74. Son sommet est plus haut que celui de la Petite-Kamméni qui, suivant les dernières évaluations des Anglais, a 222 pieds de hauteur. » A 4 h. et 5 h. 40 m. du soir, deux nouvelles explosions. A 8 h. '/'^î violente éruption, jets de pierres et de flammes. Le bruit était tel que le sol de Santorin en était secoué. Il a duré 42 minutes. 11 a été entendu jusqu'à Nio, suivant les officiers de la Salamina. Un grondement sourd a continué à se faire entendre par inter- valles pendant plusieurs heures. A 10 h. 40 m. il y a encore eu une légère explosion. » Le 27, l'activité volcanique est devenue plus intense depuis hier; les bruits, les sifflements et les grondements souterrains ne cessent presque pas; ils sont souvent accompagnés d'explo- sions, mais sans projection de pierres. La vapeur augmente de plus en plus et présente, en s'élevant dans les airs, l'aspect d'un nuage orageux. Suivant les bâtiments qui arrivent ici, on la voit à une distance de 40 milles. » Le 28, à 1 h. ^/i du matin, un grand bruit, semblable à une décharge d'artillerie , m'a réveillé. Les flammes qui ont accompagné cette explosion étaient beaucoup plus grandes que précédemment, car tout le promontoire Georges I*"^ paraissait embrasé. De la va- peur, accompagnée d'un bruit semblable au mugissement du ton- nerre, sortait en abondance du volcan. Elle était noire et renfer- mait une grande (piantité de cendre (pii, en tombant sur la mer. ( 3« ) produisait sur les llols une agitation semblable à celle quy produit une pluie battante. En même temps, des pierres tombaient comme la grêle sur la mer et sur la côte environnante qui paraissait enflammée. Mais jusqu'à ce jour, nulle part il n'a paru de lave incandescente. » Le matin, les pierres projetées par cette éruption jonchaient le sol voisin de Néa et Mikra-Kamméni. Quelques-unes avaient jusqu'à deux mètres cubes de volume. Autant que j'ai pu en juger, c'était le même trachyte qui forme beaucoup d'autres rochers de Santorin. » Le promontoire observé d'un lieu élevé ne présente aucune cavité en forme d'entonnoir; mais vers le milieu de son sommet et plutôt vers la pente ouest, on voit des crevasses qui, à leur point de réunion, forment une ouverture ovoïde au milieu de la- quelle se trouve un mamelon en forme de noyau. Après la pre- mière explosion, ce sommet s'est abaissé de quelques mètres; mais il a commencé de nouveau à s'élever. Toutefois il est encore un peu moins haut que celui de Néa-Kamméni. » L'activité va croissant de jour en jour, et Dieu sait où elle arrivera î » Le 28 encore, heure non indiquée, à Brousse, une troisième secousse, faible comme celle du 25. (M. Rittcr. ) Le même jour, à Syra, tremblement mentionné dans la Turquie, du 6 mars. Nuit du 28 février au i" mars, dans les environs de Valona (Albanie), tremblement assez fort. Deux villages ont surtout souf- fert : 275 maisons y ont été détruites, 19 personnes tuées et 90 plus ou moins gravement blessées. (La Turquie, 14 mars.) — Le l'"", à Spoleto, commencement de secousses qui duraient encore au 17 mars, signalées dans une lettre du P. Secchi à M. Ch. Sainte-Claire Deville. (C. R., t. LXII, p. 775-777.) Une des |)lus fortes a eu heu le 21 février. — Le 5, 9 h. ^2 du soir, à Granada (Nicaragua), fort tremble- ment. Les secousses, qui y étaient fréquentes depuis la lin de décembre précédent, s'y sont ensuite renouvelées de moment en moment [de monienio en momen(o) avec plus ou moins de force ( '>i> ) cl ont occasionne des dégâts. On a examiné le Mombaclio et le petit volcan de Pelon (au sud de la ville), et on nV a reniarffuc aucun signe d'activité. {El Porrenir de Caracas, du 23 mars, d'après la Gaceta de Nicaragua, du 10 février.) Le 9, le vapeur Guatemala apprit au fort de Realejo que les villes de Granada et de Masa\ a avaient ressenti des secousses très- violentes. On en avait compté vingt et une dans un espace de vingt- quatre heures. Les habitants épouvantés avaient abandonné leurs maisons. On écrit de Léon en date du 25 : « Les secousses que l'on res- sentait à Granada, depuis la fin de décembre, n'inspiraient au- cune alarme; mais le 5 et le 4 de ce mois, elles se sont répétées avec tant de force qu'on a craint la ruine complète de la ville. « Les jours suivants ont été tranquilles jusqu'à la nuit du 12, dans laquelle a eu lieu une forte secousse, qui s'est fait ressentir aussi à Masaya , Managua et Léon, sans causer pourtant aucun dommage. Depuis, il n'y a pas eu d'autre secousse, et l'on espère qu'il n'y en aura plus, parce que les précédentes provenaient du Rincon, volcan de Costa-Rica, qui a eu une éruption de cendre et de sable. » A la même époque, dans la république de Costa-Rica , régnaient de grandes inquiétudes causées par les éruptions du Turrialba. « Des masses énormes de fumée et de cendres, dit le journal la Estrella de Panama, s'échappaient du cratère du volcan , avec des éclats de tonnerre qui s'étendaient à de grandes distances. De grandes quantités de cendres tombaient sur la partie la plus cul- tivée du pays jusqu'au port de Punta Arenas. A San José , on avait en même temps éprouvé de fortes secousses qui avaient tari les puits de la ville. » La date précise de cette éruption n'est pas donnée. {Porvenir de Caracas, des 6 et 21 mars.) Je lis encore, dans le Courrier de San Francisco, du 50 mars, l'article suivant emprunté au Herald de Panama (date non indi- quée) : «Les malles de l'intérieur du Nicaragua ont apporté la nouvelle que les villes de Granada et de Masaya ont été frappées par des secousses fréquentes et successives de tremblement de terre. On n'en signale pas moins de 21 en 24 heures. Huit surtout ( 00 ) ont été terribles. Les habitants de Granada étaient dans la plus grande alarme. Il n'existait pas moins d'anxiété à Costa-Rica. Le volcan de Turrialba , situé à sept lieues de Cartago, était en érup- tion, laissant échapper d'énormes volumes de cendre et de fu- mée .... Plusieurs violentes secousses de tremblement de terre ont été ressenties à San José, dans le Costa-Rica; les puits se sont taris..,. » — Le 7, 8 h. du matni, 1 h., 8 h. 7* et H h. du soir, à Maya- guez (Porto-Rico), quatre tremblements sans dommages. Le 14, entre 7 et 8 h. du soir, à l'île Saint-Thomas (Antilles), tremblement sans dommages. Le même jour, heure non indiquée, à Saint-Domingue, une forte secousse; plusieurs maisons renversées ou endommagées. — Le 7, 10 h. 52 m. du matin, à San Francisco (Californie), une légère secousse, si faible que peu de personnes s'en sont aperçues, si ce n'est dans le voisinage de l'école Denman. [L'Union, '23 mars.) Je n'en trouve aucune mention dans le Courrier de San Francisco. Il s'agit sans doute de celle du 25 janvier précé- dent. Le 15, 8 h. 45 m. du matin, à San José (Californie), une légère secousse, et une autre à 9 h. 10 m. (sic). Le même jour, entre 8 et 1) h. du matin, à Santa Clara (Cali- fornie) , deux secousses. Le 18, 4 h. 5 m. du soir , à San Francisco , une secousse de l'est à Touest. — Le 9, minuit un quart, à Caracas, petit tremblement ac- compagné d'un bruit très-sensible, semblable au tonnerre. Toutes les j)ersonncsqui n'étaient pas encore endormies ont remarqué le bruit et le mouvement. Le 11, 5 h. 12 m. du soir, autre petit tremblement précédé d'un léger bruit. Le ciel était encore voilé {encapotado); il s'est éclairci après la secousse et la soirée a été une des plus belles de la saison. Le 15, 5 h. Yi du matin, une légère secousse de trépidation (verticale), avec bruit semblable au tonnerre. Le 15, 9 h. du matin, une légère secousse. A 10 h. 14 m. du ( (>4 ; matin, encore un léger tremblement accompagné d'un l)ruit sourd qui a duré cinq secondes. A la Guaira, dans la matinée, deux secousses dont la dernière à 10 h. 7,. A Petare, 10 14 m. du matin, tremblement très-fort. (Porvenir de Caracas, des 40, 42, 15 et 16 février.) — Le 9 , 7 h. 20 m. du matin , à Urbino, secousses verticales et ondulatoires pendant quelques secondes. (M"'*^ Scarpellini.) — Le 9 encore, 10 b. 7* du soir, à Pbilippeville (Algérie), une forte secousse. Les oscillations ont été la première verticale et les suivantes du nord au sud. Le 16, en Algérie (localité non désignée), une forte secousse mentionnée par le Siècle, du 26, d'après le Messager algérien. M. Aucapitaine ne me signale que celle du 9. — Le 14, o b. du matin, à Saint-Jean-Pied-de-Porl, une se- cousse de l'ouest à l'est et de 4 à 5 secondes de durée. {VUnion, du jeudi 22 février.) La date précise n'est pas indiquée, mais, comme il est écrit dans une lettre qu'elle a eu lieu mercredi dernier, je n'bésite pas à la rapporter au 14. — Le 25 , 7 b. 25 m. et 8 b. 57 m. du soir, dans le district de Kleur, comitat de Comorn (Hongrie), deux secousses. Le 27, 7 b. '/a du soir, à Comorn, une secousse de cinq se- condes de durée et avant 9 b., une autre de deux secondes seule- ment, «( Cbocs verticaux, ajoute 31. Boue, sentis à Alt-Szoery, feules des murs de l'église. Direction des cbocs de Comorn vers Dotis. » — VEuropean Times, du 8 février, dit que les secousses conti- nuent dans l'Inde, mais sans dégâts sérieux. — A la Jamaïque, une légère secousse, antérieure au 24. 3Iars. — Le 1^'', 2 b. du matin, à Avlona (Albanie), une forte secousse. (M. Ritter.) Le 2, 8 h. du soir, à Avlona, tremblement. A Smctina et Velika, des maisons se sont écroulées. Du 5 au 6, nouvelles secousses tous les matins, airépais, cbaleur étoulTanle. Le 6 au soir, la mer est en mouvement jusqu'à 7 b. Alors grand ( 6^> ) orngc qui dura toute la journée [sic). Cessation des oscillations. Du V au 7, haromètre bas; il remonta le 7 au soir. (M. Boue.) M. Sclimidt dit simplement : « Du 5 au 17 (du 19 février au l) mars, v. st.), à Valona et à Chio, grands tremblements. » Voici ce que je lis dans divers journaux français : « Le 2, 8 h. du soir , à Avlona en Roumélie {sic), sur l'Adriatique , tremblement qui a renversé 17 maisons et fortement endommagé 5 ou G autres. Il a été beaucoup plus considérable à Semetina et à Velica. Les détails manquent. )) Du 5 au IG {sic)y chaque matin, nouvelles secousses dans cette contrée. Le G au soir, la mer entra en ébullition jusqu'au 7 à la nuit où éclata un violent orage qui dura tout le lende- main. » Enfin, je reproduis encore les détails suivants, empruntés à M. Lenormant : « Le 2, de 11 h. du matin à midi, à Avlona, à Pollina (l'antique Apollonia) et sur la côte d'Albanie, vingt secousses d'une extrême violence, dirigées au début du sud au nord, puis verticales et ac- compagnées dun bruit souterrain, semblable au tonnerre. Douze maisons ont été renversées à Avlona, et il y a eu 00 victimes entre les deux villes. » Cette portion de l'Albanie est, du reste, ajoute M. Lenormant, le théâtre d'un curieux phénomène bien connu des anciens, mais que je n'ai vu signalé par aucun géologue moderne. Au sommet d'une colline, voisine de Pollina, se produisent constamment, par des fissures du sol , des dégagements considérables d'hydro- gène carburé qui souvent s'enflamment par des causes acciden- telles. Jai visité cette colline en 1800, mais, comme j'en croyais le phénomène bien connu, j'ai négligé de faire des observations bien précises. Tous les géographes anciens signalent les feux de la colline d'Apollonia, et ses feux, autour desquels des nymphes dansent en rond , sont le type des médailles antiques de la ville. » Ces secousses, toujours dirigées du sud au nord, ont été res- senties sur la côte d'Epire jusqu'à Butrinto. Elles ont été égale- ment observées à Corfou, mais elles n'y avaient presque pas d'in- ( «s ) tcnsité. (Voir plus bas encore, au 5, ee quen dil mi ollicier de la Reka.) Passons à l'exposé des phénomènes qui se sont manii'estés dans la rade de Santorin et dans l'Arehipel. « Du 1*=*^ au 8, dit M. Fouqué dans sa lettre du 20 , les détona- tions semblent avoir diminué d'intensité et depuis lors il n'y a plus eu de projection qui mérite d'être signalée. » Mais du 2 au 10, pendant le séjour de la canonnière liéka duns le golfe de Santorin, les explosions ont été assez nombreuses, comme on le voit dans le journal tenu à bord du bâtiment et par les lettres des ofliciers; ces documents ont été communiqués par M. de Hauer à l'institut géologique de Vienne, séance du t20 mars, et publiés dans son Bulletin dont je dois un exemplaire à l'affec- tueuse obligeance de M. Haidinger. Le 2, 1 h. '/i d» matin, éruption sur Aphroessa; elle a com- mencé par deux colonnes de flammes et de fumée; ces colonnes sont restées visibles même de jour. Georges P"^ n'émettait que de la fumée et de la vapeur. A 9 h. 7^, Georges I" a eu à son tour une forte éruption qui n'a duré que trois quarts de minute, mais qui a été suivie de deux autres plus longues, l'une à midi 6 m. et l'autre à 1 h. 18 m. du soir : celles-ci ont duré plusieurs minutes. Toutes ont été accom- pagnées de fortes détonations et de hautes colonnes de fumée qui s'élevaient en spirales tournant du N. au S. par TE. et revenant au N. par 10. Aucune pierre n'a été projetée. Il est à remarquer qu'on n'a pas vu de pierres lancées en l'air depuis trois jours. A 7 h. 40 m., 10 h. 7^, il h., il h. 7.2 et minuit, nouvelles éruptions de Georges I. Malgré l'éclat de la lune, la colonne de flammes était visible à 25 et même 50 milles marins. Pendant ces diverses éruptions, beaucoup de pierres incandescentes ont été projetées; celles qui l'ont été le plus loin sont venues tomber à moitié de la distance de Néa-Kamméni au banc sur lequel la Réka avait jeté l'ancre. « Dans le courant de la journée, écrit un des ofliciers de la Réka, nous avons remarqué sur la côte est de Georges \" des dépôts de soufre qui n'y existaient pas le matin. ( ^4 ) » Dans laprès-midi, nous avons fail des sondages à lest et au nord en nous approchant le plus possible de la partie sud de Néa- Kamméni. Nous n'avons remarqué aucune différence avec les noies que donnent les cartes marines. Rien ne fait donc encore aujour- d'hui prévoir d'autres soulèvements. » J'ai fait moi-même des observations de température. Dans toute la rade jai trouvé, entre 4 h. Va et 4 h. du soir, la tempéra- ture de la mer comprise entre iS^'/a et 44" % R.; celle de l'air s'élevait à 24". D'Aphroëssa à l'entrée du port près de la côte occi- dentale de Néa-Kamméni, j'ai rencontré une bande où le thermo- mètre plongé dans l'eau a varié de 20 à 24" R. (comme dans l'air), tandis que dans le voisinage immédiat de Georges I, à l'est aussi bien qu'à l'ouest, il est monté à 28 et même à 35° R. Tout près d'Aphroëssa, il y avait même des points où il s'est élevé à 40 et 44°. Cependant quelques coups d'aviron suffisaient pour nous faire passer dans des eaux où reparaissait la température normale de 44°. » Au bord SE. de Néa-Kamméni, où se sont manifestés les premiers indices d'activité volcanique, près des bains de Voul- cano, les eaux nous ont offert, dans un endroit tout près de la côte, une température de 50" R. et de 43" R. seulement dans un autre. Par suite de l'affaissement du sol, les maisons se trouvent dans un état déplorable, quoique n'étant pas complètement sous l'eau. » Je ne peux pas dire encore s'il s'est formé un cratère parti- culier sur Néa-Kamméni; les éruptions de pierres ne nous ont pas permis de nous en assurer. » Il n'est pas possible non plus d'aborder sur Aphroëssa ; la roche en paraît incandescente la nuit et les eaux sont en ébulli- tion dans le voisinage. A la pointe NE. de cet îlot, sur le bord même de l'eau , une flamme brillante s'élève à la hauteur de quatre à cinq pieds pendant toute l'après-midi. » Les vapeurs sulfureuses qui se dégagent de Georges V' ne permettent pas d'en approcher à plus de vingt toises et de recon- naître l'évent par lequel elles s'échappent. Dans l'obscurité, on y remarque une série d'endroits d'où s'élèvent des flammes; on ( «M diruit que la ligne lumineuse s'allonge Icnlcment comme une coulée de lave incandescente. Cependant nous n'avons pas observé d'éruplion de laves; ce doit être un effet de lumière produit par les j)icrros qui roulent. » (Lettre datée le 5, à 1 h. du malin.) Le 5, 4 11. 40 m. du matin, au sommet de Georges I", faible et courte éruption sans projection de pierres. Pendant toute la nuit , on y avait aperçu des colonnes de fumée et de flammes, qui ont persisté encore toute la journée. A 9 b. 35 m. du matin, autre éruption semblable, mais accom- pagnée cette fois de détonation. Entre midi et 2 b.du soir, les détonations, tantôt fortes, tantôt faibles, y ont été très-fréquentes. Elles sont ensuite devenues plus rares. De i à 8 b., il s'en dégage de fortes colonnes qui le soir paraissent enflammées. Elles sont accompagnées d'un l)ruit sem- blable au tonnerre. Plus tard, jusqu'à minuit, on aperçoit encore, au sommet de Georges P% de fortes colonnes de feu et de fumée accompagnées de détonations presque incessantes. Dans la matinée, M. le baron La Motte, officier de la Beka^ est allé en canot visiter la pointe SE. de Néa-Kamméni, et tenter l'as- cension de Georges P^ Il en a gravi une centaine de pas; mais il a rencontré de nombreuses crevasses qui l'ont empécbé d'avancer davantage. Le sol avait d'ailleurs une cbaleur insupportable qui, dans quelques endroits, semblait être produite par des flammes. 11 s'en dégageait aussi du gaz sulfureux. Rentré dans son embarcation, il a fait ensuite le tour du pro- montoire Georges et de l'ilot d'Apbroëssa, toujours couvert de flammes et de fumée. Au bord de Teau sur la pointe NE., les flammes étaient aussi intenses que la veille. D'après la chaleur qui se fait sentir, notamment du côté ouest de Georges I", et les gaz sulfureux qui s'en dégagent, cet ofllcier pense quil n'y a pas encore de cratère proprement dit, mais que les émissions et les projections de matières volcaniques se font par une crevasse qui commence à moitié de la hauteur et sétend jus- qu'au sommet du côté de l'ouest. Les colonnes de flamme et de fumée qui s'en échappent et les détonations qui les accompagnent ne lui laissent aucun doute h cet égard. Toutefois, il regrette Tome XXL U ( 06 ) vivcmonl de n'avoir pu accomplir son projet quune elialeur into- lérable et les dégagements de gaz et de vapeurs dangereuses ont rendu complètement impossible. M. La Motte a aussi constaté, au pied du cône de Néa-Kamméni, l'existence d'une grande crevasse dirigée de l'E. à l'O. et d'une autre qui, dirigée du N. au S. ou à peu près perpendiculaire à la première, descendait du sommet de Georges I"". Du 5 au IG, cbaque malin, entre 9 b. et midi, à Avlona et à Pollina , une secousse cbaque jour, toujours du S. au N., mais sans grande intensité. Cbaque jour, du reste, ces secousses devenaient plus légères, sauf le G et le 7, où elles avaient repris une nou- velle force. Celles du G et du 7 ont été seules éprouvées sur la côte au midi d'Avlona, et très-faibles. A Corfou on n'a rien res- senti. Ces deux derniers jours, le G et le 7, jusqu'à la nuit, on a observé devant Avlona une agitation des ilôts tout à fait extraor- dinaire et contrastant avec le calme de l'atmospbère. Le 7, au cou- cber du soleil, un vent violent s'est élevé, accompagné de pluie, et le lendemain au matin , quand le vent est tombé, la mer est redevenue paisible. Le 4, de minuit à 4 b. du matin, bruits et détonations aux évents volcaniques, mais sans éruption proprement dite. Des pierres se détacbcnt des flancs de Georges I"^ et de temps en temps roulent à son pied. On n'y signale plus rien jusqu'à minuit. Le 5, entre minuit et 4 b. du matin, on signale une petite colonne de fumée plus concentrée à l'endroit ordinaire des érup- tions de Georges 1*^'. A 4 b. 74 du matin, éruption avec projection de pierres, pas très-forte. Entre midi et 4 b. du soir, il s'en élève une baute colonne de fumée sans détonation. On y note aussi des dégagements de vapeur deau qui alternent avec la fumée. M. le lieutenant La Molle continue ses observations. II ne })eut pas encore gravir Georges 1", au pied duquel des vapeurs et de la fumée s'élèvent de la mer. Il en sort aussi dans le canal entre la côte ouest de Néa-Kamméni et Apbroëssa dont la pointe NE. est le foyer d'émission des flammes et de la fumée. Le même jour (le 5), 8 b. 30 m. du soir, à Zante, tremblement long et assez fort. ( «7 ) Lo {) nVst pns marfiné (hins lo joiirnnl de bord de la 7^7.a (jiii, ce j()iir-l;i, a fait une excursion à Nio. Mais quoique calme, le volcan travaille constammenL Le 7, entre 4 et 8 h. du soir, sur l'cvent éruplif de Georges I" s'élève une forte colonne de feu. Il s'en échappe aussi d'épais nuages de fumée qu'accompagnent des détonations. M. La Motte et d'autres ofliciers de la Reka ont opéré de nou- veaux sondages. Entre Apliroëssa et la côte de Néa-Kamméni, ils ont trouvé du S. au N. 1 1, 10 et 12 brasses (la brasse = a '/a pieds de Vienne). La température des eaux de la mer était de 44° R. dans le voi- sinage d'Aphroëssa, de 28 à 29" près de rétablissement de bains sur la côte SE. de Néa-Kamméni; dans le canal entre Mikra et Néa-Kamméni, elle variait de 19 à 22" R., et dans la zone de la côte NO. de cette dernière île jusquà Apliroëssa, elle a augmenté de 19 à 25". La température normale des eaux du port de Santorin était restée à 14", celle de l'air étant à 17'' R. Le 8, entre 4 et 8 h. du matin , Georges P"" vomit d'épais nuages de fumée chargée de vapeurs sulfureuses qui viennent jusqu'au Banc où la Beka a repris son ancrage. De 8 h. à midi, fréquentes émissions gazeuses sans bruit. Entre midi et 4 h. du soir, les deux volcans vomissent de gros nuages de fumée, avec de forts roule- ments. La mer est très-agitée. De 4 à 8 h., le mouvement de la mer continue. Une assez forte colonne de feu s'élève sur Georges P"". Entre 9 et 10 h., vent d'ouest, forte odeur d'acide suif- hydrique sur le pont de la Reka, dont léquipage éprouve une grande gène dans la respiration. De 10 h. à minuit, violentes détonations accompagnées de fortes émissions de vapeurs. L'acti- vité volcanique paraît prendre une énergie nouvelle et le repos relatif des jours précédents semble touchera sa fin. Le 9, entre 8 h. du matin et midi,liîs deux volcans vomissent de très-gros nuages de fumée et de vapeurs. Entre Aphroëssa et Palaca-Kamméni, se montre une trombe qui ne dure que trois quarts de minute. A midi et demi, commencent de fortes érup- tions sur Georges l"". De ce moment le volcan présente une activilc d'un caractère encore inconnu aux officiers de la Heka; les explo- ( C8) sions se succèdent presque sans interruption; tl'énormes colonnes (le furace, les plus épaisses qu'on ait jamais vues, s'élèvent à une hauteur très-considérable; cependant, malgré la force des détona- tions, tout ceci se passe sans projection de pierres. Jusqu'à 7 h. du soir, ces phénomènes se maintiennent sans changement sensible; seulement, à l'entrée de la nuit, à mesure que l'obscurité s'accroît, la colonne de feu brille plus vivement. A 7 h., une nouvelle érup- tion est accompagnée de projection de pierres et suivie d'une autre semblable encore avec des pierres projetées de 10 h. 50 m. à 10 h. 50 m. et de fortes détonations. Des flammes se montrent au sommet de Georges I" sur la pointe SO. et y persistent jusqu'à 1 h. 20 m. du matin le lendemain. Pendant cette journée, le lieutenant La Motte et d'autres offi- ciers de la Beha ont continué à exécuter des sondages et à ras- sembler des échantillons de lave. Apliroëssa a augmenté sensiblement depuis la veille. Le canal (jui sépare cet ilôt de Néa-Kamméni n'a plus que 8 à 10 toises de largeur et 4 à 6 brasses de profondeur. A lentrée nord de ce canal, M. La Motte a remarqué un endroit où se trouvent de nom- breux dégagements de gaz combustibles. Tout à l'entour l'eau est très-chaude et au milieu, dans une flaque d'environ deux toises et demie de diamètre, d'où s'échappent constamment des bulles de gaz , le thermomètre se maintient à 13" R. seulement. La sonde y indique 10 brasses de profondeur. C'est le 1) que MM. de Vcrneuil et Fouqué, arrivés dans la soirée du 8 à Santorin, commencèrent leurs excursions. M. Fou- qué en a rendu compte dans une lettre qu'il a adressée, le 12, à M. Élie de Jîeaumont. (C. R., t. LXII, pp. 790-799.) Le 10, à minuit et demi, recommencent de fortes éruptions |)resque incessantes au milieu de détonations d'une intensité ex- traordinaire. On entend aussi des sifflements très-fréquents. A 1 h. 20 m. du matin, éruption de pierres après un court inter- valle de calme et suivie de détonations semblables à des décharges de grosse artillerie. Mer très-houleuse. A 1 h. 7-25 nouvelle érup- tion semblable. Vers o h. du matin, appai'ilion d'un nouvel Ilot à l'ouest ( 'i^> ) crApIiroëssa. C'est celui qu'on a désigué sous le nom de Ikka. Au point du jour, les détonations ecssent et les éruptions ga- zeuses deviennent plus rares. Cependant, entre i et 8 Ii. du matin, le journal de bord note encore plusiçurs jets de colonnes de fmnée et de vapeurs, accompagnées de détonations et de projec- tions de pierres. De 8 h. à midi, trois nouvelles éruptions sans détonation remarquable, mais précédées cbacune d'un sifflement. Knlre midi et 4 heures, plusieurs éruptions encore avec fortes colonnes de vapeur et de fumée, des sifflements et autres bruits du même genre. A la tombée de la nuit, on aperçoit une colonne de flamme très-vive. A 9 h. la Rcka lève Tanere et quitte le port. Le 10 encore, 2 b. et quelques minutes du matin, à Patras, une très-légère secousse de l'ENE. à lOSO. Dans la nuit du H au 12, les olïiciers de la Hcku admirèrent encore, après leur départ, les deux magnifiques colonnes de feu (|ui s'élevaient de Néa-Kamméni et d'Aphroëssa. Le 12, M. Fouqué observa des fumerolles sulfureuses et des crevasses récentes. Le J5, Reku était déjà réunie à A|)hroëssa. Le 17,4 11. 7i du soir (suivant M. Ritter), du malin (suivant la Turquie, du 51 mars), à CbioSjUne secousse précédée d'une l'umeur sourde. Le 19, le canal qui séparait Aphroëssa et Néa-Kamméni s'est trouvé comblé à son tour. Le 20, 9 h. Vi du matin, à Rhodes, une légère secousse de l'ouest à l'est. Le même jour, 4 h. 5j m. du soir, à Cbios, une forte secousse de l'est à l'ouest. Quelques maisons ont encore été lézardées. Les 21, 22, 25, 24 et 2.j, à Rhodes, nouvelles et fortes se- cousses. Celle du 25, à 4 h. 20 m. du matin, a été ressentie en jîleine mer à 60 milles de Rhodes. Le 25 (le 15, v. st.), à Delphes, tremblement signalé, sans in- dication d'heure. Le 27 (le 15, v. st.), tremblement à Ivourbatzi d'Lubéc. • — Le 1" ntars f 5 li. du soir, à Curiepc (Venezuela), tremble- (70) ment avec forle détonation vers le sud. A 1 l h. de la nuit, autre secousse plus forte et prolongée. Peu de temps après, bruits sourds, semblables au tonnerre. Le même jour, 9 h. 7-2 du soir, à Gaueagua, une forte secousse, suivie de deux autres moins intenses dans la nuit. A Rio-Chico, 9 b. Va ('u soir, une forte secousse de l'est à l'ouest. A Caracas, 10 b. 1"2 m. du soir, tremblement léger, mais pro- longé. Même beure, à Santa Lucia. A la Guaira, 10 b. % du soir, fort tremblement. Le même soir, beures non indiquées, à Capaya, trois se- cousses. Le 2, 2 h. et 5 b. du malin, à Curiepe, deux autres secousses. Elles ont été ensuite extrêmement fréquentes , mais faibles jus- qu'au 7. Suivant d'autres renseignements, on y en aurait compté div fortes ou assez fortes du 1'"^ au 2. Le 2 encore, 11 b. 15 m. du malin , à la Guaira, tremblement assez fort. Vers 11 b. du soir, aulre secousse remarquée par plu- sieurs personnes. Le même jour, jnidi 9 minutes, à Caracas, une légère secousse avec bruit souterrain. On Ta ressentie plus fortement dans les environs. Le ciel était cbargé avec fortes rafales du nord. Entre 7 et 8 b. du soir, le vent appelé viento de catia souffla avec force de l'ouest à l'est. A 10 b. 58 m. du soir, pendant que le vent était dans sa plus grande violence, il y eut une forte secousse de trépidation (verti- cale), précédée et accompagnée d'un bruit sourd assez notable qui dura o à 6 secondes. Le vent continua ensuite et tout le ciel se couvrit de nuées blancbes qui cbassaient rapidement de l'ouest à Test. Deux beures après, il y eut une autre secousse beaucoup moins sensible et de moindre durée. On cite encore Tacarigua et Higue- rote comme ayant ressenti des secousses le 1 et le 2, mais on n'in- dique pas les beures. Le 5, entre 1 b. cl 2 b. du malin , à Caracas, Ircmblcmenl léger. ( 71 ) Le (i, i> h. du malin, à Carora, trcmbiciiiciU ioil, mais de coiirle durée. Le même jour, même lieure (:2 h. du malin), à Santa Lucia, l'oit tremblement, suivi djim bruit épouvantable. On y avait ressenti celui du i"^ à 10 h. 12 m. du soir. La plus grande -forée des se- cousses a eu lieu vers le nord. Le 7, minuit un quart et 2 h. du malin, à Caracas, deux nou- velles secousses légères. Le même jour, 4 li. du malin, à Curiepe, une dernière secousse. Le 8, 5 h. du malin, à Caracas, tremblement léger. Le 9, 5 h. % du malin, à Caracas, bruits sourds et prolongés, sans secousse. A 9 h. 20 m. du malin, autre bruit très-faible, mais bien sensible, sans mouvement du sol. Le 17, 2 h. du matin, à Caracas, Irembicmenl léger cpii se le- nouvela à 4 li. '/^ du soir. Le 20, 5 h. du malin, autre tremblement légei*. Le même jour, heure non iiidiquée, à Tariba (pro\ince de Mc- rida), tremblement. Le 25, entre i et 2 h. du matin, à Caracas, tremblement léger. Le 2o, entre M et 12 li. de la nuit, à Guayana, fort tremble- ment de l'est à louest et de deux secondes de durée. Le 25 encore, entre M et 12 h. du soir, à Ciudad-Bolivar , une forte secousse de deux secondes de durée. Le 20, 11 du soir, à Victoria, tremblement non ressenli à Caracas. Le 27, 7 h. 45 ou 50 m. du soir, à Caracas, fort tremblement de trépidation, avec grand bruit et de 8 secondes de durée. Plu- sieurs personnes indiquent la direction de l'est à Touest. On ne Ta pas ressenti à Victoria. Le 28, entre 1 et 2 h. du matin, à Caracas, tremblement qui se renouvela à midi cl demi. Le 31, entre 8 et 9 h. du matin, à Caracas, tremblement léger. Tous ces tremblements de Caracas ont été j)ius forts à Kio-Cbico. Le foyer (/o6'o) volcanicpic de Cumana n'a montré aucune aclivilé dans ce mois. ( 72 ) Le 51 encore, entre 10 et 12 h. de la nuit, à Coi'O (ù l'ouest de Caracas), petit tremblement. A la fin du mois, dans un village de l'Ayata (Bolivie), révolution du sol effectuée en trois jours. [Vide infrcK) — Le 8 (le 24 février, v. st.), il h. 7» du matin, à Verkhnéou- dinsk(SO. du lac Baikal), deux secousses ressenties pareillement à Irkoutsk. (M. Osten-Sacken.) — Le 9, 1 11. 20 m. du malin, aux îles Shetland , une secousse d'environ trente secondes de durée. La mer était calme. Cette se- cousse, constatée par les gardiens des phares, a ébranlé tout le nord de l'Archipel. [GalignanVs Messenger, du î) avril ). C'est à tort que V Opinion nalionale, du 15 mai, donne la date du 9 avril. Elle ajoute que cette secousse n'a été ressentie qu'à la pointe nord de l'Archipel et que les autres îles n'ont rien éprouvé. Le 9 encore, 1 h. 46 m. du matin, en Scandinavie, tremblement sur lequel M. Th. Kjerulf a publié la note suivante : « D'après les renseignements fournis par les principales administrations publiques, les points extrêmes où le tremblement de terre s'est fait sentir sont : au nord, Bodoc et Skeleftea ; à l'est, Soederhamn ; au sud-est, les points voisins de la station de Felsund; au sud, Langesund; au sud-ouest, Bergen ; et vers Touest, les îles Shetland. La distance entre les deux points les plus éloignés, Bodoe et Lan- gesund, est de 150 milles géographiques. » Le centre de l'ébranlement paraît être aux environs de Chris- tiansund. C'est autour de cette localité que les secousses ont été les plus violentes. D'après l'heure du phénomène, c'est d'ailleurs Christiansund et le phare de Krisholm qui ont été atteints les premiers. Cette conclusion est confirmée par Tétude de la direc- tion des secousses, qui semblent diverger de ce point. » Les stations, où le phénomène s'est fait sentir au même instant, sont d'ailleurs sensiblement placées sur des cercles ayant leur centre au voisinage de Christiansund. » 11 paraît donc que le tremblement de terre en question a été un tremblement de terre central. Du reste, les recherches scien- tifiques modernes ont démontré que les tremblements de terre se propagent en général à j)artir d'un point central suivant des cer- ( 75 ) clcs concentriques de plus en plus vaslcs. Dans le cas actuel, la vitesse de propagation aurait été d'environ sept milles géogia- phiques par minute. » Les secousses, dont la durée s'élève au plus à qucl([ues mi- nutes, ont été partout accompagnées d'un bruit souterrain in- tense. Au voisinage de Christiansund, le mouvement du sol était ondulatoire; dans les points éloignés du centre d'ébranlement, il procédait par secousses. » (C. R., t. LXIV, pp. 7()7-708.) Suivant les Débats, du 20 mars, et XGMonittmr, du 29, ce trem- blement aurait duré trois minutes àDrontbcim, avec un bruit sem- blable à celui du tonnerre ou dun cbemin de fer passant sur un pont; les murs oscillaient, les cloclies étaient en branle, les meu- bles renversés, les rues jonchées de tuyaux de cheminées. Oscil- lations du SO. au NE. — Le 10, 10 b. du soir, à Kebes Csaba (ou Bekes Gabo , Hongrie), violente secousse qui n'a duré qu'une seconde. C'est la quatrième de Tannée. Le 20, 10 h. do m. [sic), dans le comitat de Comorn, nouveau tremblement. (M. Boue.) — Le 10 ou le 1 1 , au Vésn^e, petite éruption mentionnée dans les Comptes rendus. M. Cb. Sainle-Claire-Deville lit l'extrait d'une lettre qui lui est adressée de Naples et dans laquelle M. Pignant, professeur à la faculté chimique de cette ville, an- nonce qu'ayant fait, le 12 mars, avec M. H. Mauget l'ascension du cône supérieur du Vésuve, il a trouvé ce volcan en éruption de la veille. Cette éruption consiste en une sortie de laves dans l'intérieur même du cratère : « éruption fort calme, dit l'auteur de la lettre, mais qui n'en est pas moins destinée à changer complètement l'aspect du cratère. De 150 mètres environ, la pro- fondeur était réduite à 40 mètres, et il paraît qu'elle a encore diminué depuis. » M. Pignant promet d'ailleurs des détails plus complets et des dessins exacts de l'état actuel du cratère supé- rieur. (C. K., t. LXII, p. 749.) — Le 17, à Spoleto, tremblement signalé par le P. Secclii. (Voir au 1" février.) — Le 18, 8 h. io m. du matin, à Santiago (Chili), foil trem- blement. ( 74 ) A la fin du mois, jour non indiqué, le vilJngc d'Ayala (province de Munecas, Chili), a disparu presque complètement par une espèce de tremblement de terre ou mouvement du sol qui a eu lieu sur une grande étendue. Pendant ce phénomène remarquable, beau- coup d'habitants coururent de grands dangers en voulant sauver leur mobilier. Dans l'espace de quelques heures, durant cette opé- ration, le village se trouva transporté très-loin de sa situation primitive. «Dans 1 intervalle d'une nuit, ajoute le journal auquel j'emprunte ce récit, les maisons prirent des positions opposées; celles qui avaient leur entrée vers l'est se trouvèrent le lende- main tournées vers l'ouest et vice versa ; les arbres étaient forte- ment inclinés et avaient perdu leur direction verticale. Ce mouve- ment a duré trois jours d'une manière très-sensible. Le journal la Epocu, de la Paz (Bolivie), (jui reproduit ces détails d'après un journal du Chili, attribue le phénomène à des éboulements de cavernes, fréquentes dans les Andes; mais il ajoute que, de nos jours, les tremblements de terre ont été fréquents dans toute l'étendue des Andes en Bolivie : Estos terreniotos se hun repelido cou frequencia en nueslros dias, en casl toda la eslension de los Andes siluados en Bolivia. (El Parvenir, de Caracas, 4 7 juillet 18GC.) C'est d'après M. Revenga que j'ai déjà mentionné le même fait plus haut, comme ayant eu lieu en Bolivie. — Le 26, midi un quart, àSan Francisco, secousse de l'est à l'ouest, la plus violente qu'on y ait ressentie depuis le tremblement du 8 octobre précédent. On l'a éprouvée à Stockton, à Sacramento, à San José et dans plusieurs autres places de l'intérieur. — Le même jour, 2 h. 35 m. du soir, à Catane, à Caltagirone, à Militello, à Syracuse, à Messine, tremblement qui a agité presque toute la moitié est de la Sicile. 11 s'est produit deux secousses succes- sives; la première a duré 3 secondes et la deuxième, plus forte, 'ô secondes. On peut dire que l'ondulation n'a pas dépassé, au sud et au nord, les deux limites formées par le système orographique général de la Sicile, c'est-à-dire les deux chaînes qui ont leur di- rection générale, l'une Ei\E., l'autre SE., et qui, partant des deux extrémités nord et sud du côté oriental de la Sicile, se rencon- trent pour former le nœud montagneux de lile. (iM. Silveslri, lll>5;) ( 7.:i ) — Le i>G encore, heure non indiquée, à Porto-Rico, une léi^èi'e secousse. — Dans le courant du mois, à Nice, nouvelles trépidations du sol, sur lesquelles M. Prosta adressé la note suivante à M. Klic de Beau mont, en date de Nice, le 8 avril 18()G : « J'ai cessé d'habiter la maison dans laquelle j'ai poursuivi pen- dant longtemps les observations de trépidations du sol, dont je vous ai communiqué précédemment les résultats. Mon nouvel ap- partement à Nice est à environ 500 mètres de l'autre. Il est beau- coup moins élevé au-dessus du sol puisque je ne monte que 15 marches au lieu de 70; et puis, les murs ont beaucoup plus d'épais- seur : 70 centimètres au lieu de 45 Il était naturel de penser que ces deux nouvelles conditions pourraient influer sur l'amidi- ludc des oscillations du pendule, d'une part, eldelaulre, sur lin- tensité de la transmission des chocs. Mais il n'en arien été. Les trem- blements de terre de Rhodes, de Viterbe, et surtoutles phénomènes volcaniques de Santorin, ont eu leur retentissement ici. Surtout dans le dernier cas, les cristaux et les lustres des deux salons se sont mis de la partie. Dans le moment où je vous écris, le pen- dule est encore fort agité; cela dure depuis deux jours. En somme, on peut dire qu'il y a eu depuis le commencement de l'hiver beau- coup plus de trépidations du sol que dans tout le cours de l'année dernière, qui a été de tous points une année anormale. Ce qui se passe en ce moment ne l'est guère moins; l'hiver a été extrême- ment pluvieux, et il est tombé dans les Alpes une quantité de neige telle qu'on ne l'avait pas vu depuis longtemps. C'est pro- bablement pour nous indemniser des neuf mois de sécheresse de l'année passée. Les cultivateurs et les producteurs d'huile en sont aussi contents que les visiteurs en sont ennuyés. » (C. R., t.-LXII, p. 910.) Avril. — Le l'% 2 h. '/i du matin, à. Panama, petit tremble- ment. — Le 5, 1 h. 72 du soir, suivant M. Revenga, 1 1 h. '/z? suivant M. Rojas, à Caracas, tremblement. Le 4, minuit trois quarts, suivant M. Revenga, au point du jour, suivant M. Rojas, bruits sourds sans secousse. (76) Le 8, o h. 10 m. du malin, à Caracas, tremblement plus sen- sible du côté d'Avila. Le 10, entre 1 et o b. du matin, à Caracas, deux légères se- cousses. Le II, entre 1 et 5 b. du matin, légères secousses. La nuit suivante (du M au 12), entre minuit et minuit et demi (minuit 20 m., suivant M. Revenga), tremblement léger. Le 15, entre 7 b. et 7 b. Yi tlu soir, deux légers tremblements, séparés par un court intervalle. Nouvelle lune à 2 b. 3a m. du matin, temps de Caracas. Le 22, 0 b. 15 m. du matin, léger tremblement avec bruit sourd. Le 25, 5 b. 55 m. du matin, encore un léger tremblement. Le 28, 9 b. 10 m. du matin, une secousse rapide, un rapido eslremecimiento de la lierra. — Le 5, I b. Vi du soir, à Mayari (Cuba), une secousse. Le 7, beures non indiquées, à Saint lago de Cuba, deux vio- lentes secousses ressenties aussi à Jiguani. Le 12, entre 1 et 2 b. de la nuit du 11 (stc), à Sayamo (Cuba), une secousse avec bruit sourd. (M. W. Mallet.) Le journal de Ca- racas, d Porveinr, du 17 mai, ne signale que le 5, I b. 7'. (bi soir, pour Santiago de Cuba et Jiguani. — Le 5 (le 24 mars, v. st. ), tremblement à Samos. [M. Scbmidt.) Le 25, au volcan de Santorin, redoublement marqué d'activité. {Vide inf'rà.) Le 25, 7 b. du soir, à Azizieb (10 kilom. au S. d'Éphèse), trem- blement de l'est à Toucst avec bruit précurseur. Le même jour, beure non indiquée, tremblement à Agoriani du Parnasse. Le 27, explosion dans la partie la plus cbaude des fumerolles du nouveau volcan de Santorin, dont l'état, pendant le mois d'avril, a été décrit par M. Fouqué dans une lettre à M.Cb. Sainte-Claire- Deville. (C. R., t. LXH, pp. 1187-1190.) — Le 6 , éruption de l'Etna. On écrit de Naples, le 8 : « Nous avons eu vendredi ( par conséquent le 6) un peu de i)Iuie mêlée de cendre. On prétend que cela vient de l'Etna qui serait en érup- tion. » [Dèbals, 15 avril.) ( 77 ) Vers le milieu du mois, en Sicile (localité non désignée), deux secousses assez sensibles, Vnnc de jour, Taulre de nuit. (M. (îrassi, d'Acireale.) Le 19, 5 1). '21) m. du soir, à Reggio (Calabre), une secousse ver- ticale accompagnée de bruit, rombo ; à 7 li. 50 m., une autre se- cousse ondulatoire. Le 20, midi 40 m., autre secousse verticale avec léger rombo. (M""^ Scarpellini.) — Le 8, 4 b. 50 m. du matin, à Porlo-Rico, fort tremblement du nord au sud et de 20 secondes de durée. On Ta ressenlie à Ponce, à Mayaguez et à Aguadilla. Le 10, 3 b. du soir, nouveau tremblement. ^ Le 18, 1 b. (sic), à Gracben (Valais), une secousse. Le 25, 4 b. 7t d*^' soir, traces de tremblement. M. Tscbeinen n'en signale pas pour les mois précédents dans son journal météo- rologique. — Le 19, fi b. Va du soir, à Salatiga et au fortWilbem I", trem- blement signalé sans détails par M. Buys-Ballot. — Le 21, G b. "/« du soir, dans le comitat de Comorn (Hongrie), autre tremblement pour lequel M. Boue me renvoie, comme pour les précédents, au Zeits. oesterr. Gesells. /'. Meleor., pp. 120- 127; ISfifi. Je n'ai pas vu ce recueil. — Dans les premiers jours du mois, au bord du lac de Garde, manifestations volcaniques. Sous le titre : Viilcanische Erschei- nungen am Gardasee, M. le docteur Giov. Gentiiini, de Roveredo, a publié une lettre dont voici la traduction : « lîoveriedo, 27 novembre ISCG. » Au pied du Monte Baldo, sur la rive gaucbe du lac de Garde, à Cassone, à Malusine età Castelletto, ont commencé, dans les pre- miers jours d'avril, des bruits sourds [mormorate e luonare) qui ont été entendus par beaucoup de personnes. » Le 15 juillet, tous les babitants de Cassone ont entendu une forte détonation, accompagnée d'une secousse ondulatoire qui sest propagée sur les bords du lac entre Malusine et Castelletto. En même temps les eaux du lac ont éprouvé un mouvement qui s'est étendu jusque sur la rive lombarde. ( 78 ) » Depuis, pendiuit trois semaines, les détonations se sont re- nouvelées , moins violentes, mais eneore accompagnées de se- cousses qui ont ébranlé toutes les maisons de ces trois villages. Jusqu'à celle époque, ces détonations ressemblaient, suivant les uns, à des explosions de mines, et suivant les autres, à des dé- charges d'artillerie. » Mais le H août, vers minuit, toute la population de ce pays fut épouvantée par une explosion extrêmement violente, semblable à la décharge simultanée de plusieurs pièces de gros calibre, et suivie dun fort tremblement de terre qui parut provenir du sommet du Monte Baldo. Déjà les secousses antérieures avaient lézardé les murs des maisons et causé des éboulcments de terres et de rochers (jui roulèrent jusque dans la vallée. Celle du M août fil tomber des cheminées, des balcons et des enduits. » \ cette violente secousse succédèrent, dans le reste de la nuit, une centaine de détonations moins fortes; cependant plusieurs ressemblèrent encore à des décharges de grosse artillerie, et des j)ierres roulèrent en grand nombre le long des pentes. A Cassone, il fallut étayer une église. )) Ces explosions et ces secousses se sont ensuite renouvelées à ])eu près cJuujue jour {nahezu taegfich) , ']usquin\ i'^'" novembre. » Ce jour-là, nouvelle et forte détonation avec mouvement encore plus violent du sol. » Le 7 et le 8, ce double phénomène se manifesta de nouveau et fut constaté par le professeur Bérella, de Vérone, qui, ces deux jours-là, se trouvait sur le lac au moment des secousses , et c'est à lui que j'en dois la connaissance. Les bruits [i nuigiti), qu'il en- tendit pendant un quart d'heure environ, ressemblaient au va- carme strident d'un convoi de chemin de fer; Tintensité de chaque détonation était, en moyenne, celle d'une décharge de grosse ar- tillerie. Ces manifestations sont-elles les avant-coureurs d'une éruption volcanique? C'est ce que craignent très-fort les habitants du pays. » Ici, à Roveredo, nous n'avons ressenti qu'une secousse; elle a eu lieu dans la nuit du 8 au 9 juillet, et n'a été remarquée (pie par quelques personnes. La distance de Roveredo au foyer de ce ( 7!) ) • phénoiiiciic est de douze à quinze milles italiques. » {Zcils. d. (fpsi. Gesells. f. Meteor., t. II, n" \, pp. 50-31, I"^ janvier IS(»7.) Ces détonations et les secousses qui les accompagnaient ne pa- raissent pas s'être renouvelées en décembre, ni dans le courant de I8G7; mais elles ont recommence le 1" janvier 1808 et du- raient encore le 11, lorsque M. le Dr. Giov. Gentilini, [)rofesseur au gymnase de Roveredo {nel Trentino), m'écrivait la lettre sui- vante que je traduis presque intégralement. « Ce n'est qu'aujourd'hui, 11 janvier 1808, que je puis enlin répondre à votre lettre du 27 avril 1867; c'est seulement dans ces derniers jours que j'ai reçu les renseignements que j'avais de- mandés pour vous et qui sont négatifs. » Dans le courant de juin [Giugno) 1800, pendant la guerre qui eut lieu entre rAulriche et l'Italie, de nombreuses détonations se firent entendre {si fecero iidire ripetaii cotpi), sur la rive véro- naise du lac de Garde, au pied du Monte Baldo, sur une étendue d'enviran neuf milles carrés, occupés par les villages de Novena, Malusine, Cassone, Assenza, Porto di Brenzone, Mugignano, San Giovanni, Castelletto; les populations de ces villages les attri- buèrent à des décharges d'artillerie provenant de la forteresse de Pescliiera. » Les agitations du sol et les secousses continuèrent ensuite pendant quelques mois et tinrent les habitants dans de conti- nuelles alarmes. » Aujourd'hui, j'ajoute, d'après les informations que je viens de recevoir, que les secousses ont recommencé le premier jour de cette année et qu'elles sont devenues tellement fréquentes que, le samedi 4 courant et la nuit du dimanche, on en a comjité dix dans l'espace de dix-huit heures; trois ont été d'une violence ex- trême et ont duré si longtemps que plusieurs personnes se sont sauvées des maisons et qu'elles ont passé la nuit en plein air. Le gouvernement italien a envoyé une commission scientifique dans le pays pour rassurer les habitants etpouréludier le phénomène. « — A la fin du mois d'avril a cessé l'éruption du Mauna Loa , commencée le oO décembre 1805. (Voir au 31 août suivant.) Mai. — Le 2, 5 h. 15 m. du matin, à Caracas, petit tremble- ( 80) mont suivi de bruit. Huit à neuf minutes plus tard, bruit caver- neux s.'ins secousse. A 10 h. '/i du soir, autre tremblement avec bruit sourd. Le 3, 0 b. \l) m. du matin, nouveau tremblement. Le 8, 8 h. et 9 h. du matin, deux autres tremblements avec bruit sourd. Le 10, 6 b. 50 m. du matin, encore un petit temblor. Le 2:2, 5 li. 5o m. du soir, une légère secousse, remarquable pourtant par le bruit qui l'accompagna. Le vendredi 25, minuit [dadas las i2 de la noclie), à Port d'Es- })agne (Trinidad), fort tremblement qui a réveille la population. A Ciudad-Bolivar (Venezuela), on l'a ressenti à peu près à la même beure. Le 20, minuit et demi, à Ciudad-Bolivar et à la Trinidad, fort tremblement. Les jours suivants, jusqu'à la fin du mois, à Ciudad-Bolivar, on a encore remarqué généralement des bruits souterrains et de légers mouvements du sol. — Le 2, 4 b. précises du matin, à Desenzano, près du lac de Garde, une forte secousse qui a duré trois minutes {sic!). Beau- coup de gens, en craignant une seconde, ont quitté leur lit brus- quement. [Opinion nationale, G mai.) M. Gcntilini ne signale, pour ce mois, ni détonations au Monte Baldo, ni secousses aux environs. — Le 5 et le o (le 2i et le 25 avril, v. st.), à Cbalcis et Atbènes, tremblements. Le 8 et le 1) (le 20 et le 27 avril, v. st.), à Delpbes et à Cbalcis , tremblements. Le iO, 0 b. 5a m. du malin, à Avlona (Albanie), tremblement imuveau que mindique seulement 3L Boue, en me renvoyant au Zeits. oeslerr. Gesells. f. Meteor., p. 125; 1800. Le même jour (le 28 avril, v. st.), beure non indiquée par M. Scbmidt, tremblements à Atbènes et à Avlona; jusqu'au 20 (8 mai, v. st.), les secousses, ajoule-t-il, s'y renouvelèrent souvent (7T://âv/,) ainsi qu'à Cbalcis. Le 18, nouvelle apparition de flammes sur Apbroëssa. ( «I ) Le 19, npparilion dune île nouvelle dans le golfe de Saiitoriu. Je vnis reproduire plusieurs lellres au sujet de Santorin dont léruption eontinue et dont elles représentent l'état pendant ce mois. La première en date est eelle de M. le docteur De Cignlla; elle est du 25 mai ; en voici l'analyse : « l^es projections de pierres et de cendres du promontoire du Roi Georges ont beaucoup augmenté, à tel ])oint qu'on a pu comp- ter un jour cinq cents explosions en vingt-quatre heures. Sur l'Apliroëssa, les flammes gazeuses, qui avaient quelque temps disparu, se sont montrées de nouveau depuis le 18 mai et ont été constatées par les membres de la commission scientifique alle- mande, MM. Fritscb, Reiss et Sliibel. Sur le flanc oriental de l'Apliroëssa s'est manifestée une fissure ])ar où coule une petite quantité de lave incandescente et j)àteuse. » Le sol sous-marin entre l'Apbroëssa et Palaea-Kamméni con- tinue à se soulever graduellement. Là où la carte hydrographique anglaise indiquait une profondeur de 200 mètres, un sondage fait le 10 avril na plus donné que 120 mètres; enfin un du 2i mai, 92 seulement. . » C'est sur la ligne de ce soulèvement que du 8 au 23 mai {sic) ont surgi huit petits îlots de lave exactement pareils à Georges et à lAphroëssa dans les premiers jours de leur existence. Ces huit îlots sont situés en face de l'entrée du port Saint-Nicolas de Palaea- Kamméni; ils grandissent tous les jours et paraissent destinés à se rejoindre entre eux et probablement à réunir dans quelque temps Néa et Palaea-Kamméni. » Des symptômes d'éruption prochaine se manifestent à Palaea- Kamméni. La côte orientale de cette île est depuis quelque temps le théâtre de dégagements de vapeurs d'une certaine intensité. La température des eaux dans la mare bourbeuse, située derrière le port Saint-Nicolas, s'est élevée à 24" R. j> Le 22 mai, à G h. après midi, on a ressenti à Santorin une secousse légère de tremblement de terre qui a été éprouvée éga- lement en Crète. » (C. R., t. LXII, p. 47.) La première apparition des îlots nouveaux s'est-ellc manifestée dès le 8? J'en doute et je supposerais volontiers une erreur ou ToMR XXL • 0 ( 82) une faïUc d'impression dans la lettre précédente, car le R. P. Hy- pert, chef des Lazaristes à Sanlorin, et M. le doelenr W. Reiss, de la eommission allemande, donnent la dale du 19. Le premier cerit, à la date du 30 : « Le 19 mai, à G h. du soir, entre la poinle de Georges et eelle d'Aphrocssa, il est sorti du fond de la mer une île qui porte le nom de Mai. Elle est presque aussi longue que la coulée de lave de la Palaea-Kamméni. Elle ne touehe par aucun côté aux autres îles avoisinantes. » Le 22 mai; M. De (jgalia, se trouvant ce jour- là au volcan, a vu {[c\\\ autres îles, dont l'une est située entre Apliroëssa et Palaea-Kamméni , vis-à-^is de l'église Saint-Georges. » (G. R., LXII, p. 1393.) Getleiettre est précédée d'une autre, écrite le 29 par M. Delenda à M. Ch. Sainte-Claire-De\ille. Les Comptes rendus n'en donnent que l'extrait suivant : « J'ai le bonheur de vous annoncer la naissance de deux nouveaux îlots situés entre Apliroëssa et Palaea-Kamméni; ils se trouvent à une distance l'un de l'autre de quinze mètres environ. Ces îlots augmentent dun mètre par jour. lisse forment avec une symétrie en quelque sorte malliématique; leurs pierres, se placent avec une disposition, un ordre parfait; ces pierres sont très-lourdes et ressemblent à du charbon de terre; leur lave est plus compacte. Sur ces récifs on trouve des plantes et des coquil- lages. Tout près de ces deux nouvelles productions volcaniques, on aperçoit de la barque le fond de la mer. Pas de fumée ni de feu sur ces deux récifs. La mer y est froide. En d'autres termes, ces deux îlots sont nés et croissent avec une tranquillité parfaite. Les géologues allemands ba])tisèrent les deux nouveaux îlots du nom cVilots de Mai, parce qu'ils ont apparu pendant le beau mois de mai. » Entre Aphroëssa et Diapori, il n'y a plus que 50 brasses de profondeur, tandis que autrefois le fond de la mer se trouvait à plus de 100 brasses. Entre Apliroëssa et Palaea-Kamméni, 18 bras- ses; la température de cet endroit est de 50" centigrades. A Tenlréc du port Saint-Georges, le fond maritime était, la semaine dernière, ( 85 ) de 2o brosses fie profondeur; il n'est plus aujourd'hui que de i brasses » (//;/(/. p. 1394.) Enfin, M. Ueiss, en envoyant une caisse dtcbanlillons à l'in- slilut géologique de Vienne, écrivait de Syra, le 2 juin : « Tous ces échantillons de roches appartiennent à la nouvelle île qui a paru dans la soirée du 19 mai, entre l'extrémité occi- dentale de la coulée d'Aphroëssa et Palaea-Kamméni, et qui réunit ces deux îles. Comme nous avions prévu cette réunion prochaine, nous leur avons donné le nom commun de Maionisiy îles de mai. Au commencement, lors de notre départ, il n'y en avait que deux; mais aujourd'hui, on en compte déjà quatre. Ces îlots ne doivent pas leur existence au soulèvement du fond de la mer, comme on pourrait le croire d'après les débris organiques encore attachés à beaucoup d'échantillons, ce ne sont que les sommets des plus hauts points de la coulée d'Aphroëssa. Il est remarquable que ces deux îlots ne présentent aucune trace de scories. Ce sont évidem- ment des fragments de laves anciennes. » {Verhandl. d. k. h. gool. Reichsanstalt Jahrb., t. XVI, p. 105, séance du 24 juillet.) Le 23 (le 11, v. st.), tremblement à Kourbatzi dEubée. Le 20 et le 27 (le 14 et le 15, v. st.), à Avlona, nouvelles se- cousses. — Le 1 1, 9 h. '% du soir, à Batna , ti'ois secousses légères. [Mo- niteur lie l'Algérie, 25 mai.) VAhIthar, du 13, signalait seulement deux légères secousses, mentionnées dans le Bulletin météorologique, publié, le 12, par l'Observatoire d'Alger. On lit en effet dans ce bulletin : « Le chef de la station météorologique des ponts et chaussées de Batna nous signale ce matin, par voie télégraphique, une légère secousse de tremblement de terre, hier au soir à 10 h. 25 m., suivie d'une autre à 10 h. 30 m. p Le 21, 2 h. 10 m. du malin, à Bonc (Algérie), deux secousses. — Le 12 (le 50 avril, v. st.), tremblement, qui paraît avoir été considérable, à en juger par la note bibliographique suivante que m'a communiquée M. le docteur Laudy : « Aperçu détaillé des ravages causés par le tremblement de terre du 50 avril (12 mai) 1800. ( 84 ) » Cet aperçu , dressé sur les relevés de M. Ivanoff, consul de Russie à Erzeroum, a été communiqué à M. Peters par M. de 3Ialinowsky, colonel au service de la Turquie, stationné à Tuld- scha. {L'InstiWt , 51 juillet I8C7.)» Ce tremblement, que je ne trouve mentionné nulle part, a-t-il eu lieu à Erzeroum ou dans quelque possession russe d'Asie? M. Laudy n'a pas pu me donner d'autres renstùgnements. Nuit du 25 au 26 (du 13 au 14, v. st.), 2 h. 20 m. du matin, à Kislovodsk (Russie), une secousse qui s'est fait sentir simultané- ment dans les Irois autres villes d'eaux, Essentouxi, Gelesnovodsk et Piatigorsk. C'est dans cette dernière ville qu'elle a duré le plus longtemps. A Kislovodsk elle a été accompagnée d'un roulement souterrain tellement fort que les troupeaux qui paissaient dans les environs ont pris la fuite de frayeur. Le 20 (n. st.), 2 h. 45 m. du soir, à Stavropol (gouv. de Sim- birsk), une secousse de l'est à l'ouest et de trois secondes de durée. Nuit du 29 (nuit du 17 (sic), v. st.), à Noukhi (Russie), une secousse du SE. au NO. et d'environ trois secondes de durée. Deux heures plus tard, une nouvelle secousse moins forte. (M. Oslen- Sacken.) — Le 10, à Oajaca, Orizaba, Cordoba et autres lieux du Mexique, ti'emblement. (M. Boue.) — Le 10, vers 9 li. du malin, dans le bassin du Rbone, trem- blement peu intense, mais étendu. A Draguignan (Var), ver-. 8 li. 55 m. du matin, une assez forte secousse du nord au sud et de quelques secondes de durée. A Toulon, 9 li. 42 m., deux secousses assez fortes de Test à l'ouest. Suivant (juclques personnes, il y aurait eu quatre se- cousses. AMarseille, 9 b. V^, trois secousses instantanées donlTensemble, m'c'crit U. Lespès, professeur à la faculté des sciences, n"a pas duré dix secondes; elles lui ont paru dirigées du sud au nord. Il ajoute qu'il n'a entendu aucun autre bruit que celui des meubles mis en mouvement, et qu'un professeur du lycée lui a assuré que la bous- soule avait eu l'air affolé. D'après le Monlleur et les Dèlxds, du 22, le Messager fin Midi (85 ) indique , pour Marseille, une seule secousse, dirigée du NE. tn\ SO. et de 4 à 5 seeondes de durée. A Digne, 9 h. et quelques minutes . secousses de l'est à l'ouest pendant quelques secondes seulement. Pas de donmiages. A Thoard et surtout dans Tarrondissemcnt de Sisteron, les maisons et les édifices publics ont été plus ou moins endommagés. On cite Saint-Geniez où les dommages ont été évalués à 15,000 francs, Volonne, La Motte, Gigors, etc. A Lurs (près de Forcalquier), les oscillations se dirigeant de Test à Touest ont été précédées d'une violente secousse, semblable à celle que produirait l'explosion d'une mine chargée de quelques milliers de kilogrammes de poudre, à une distance de h à 6 kilomètres. A Aix, le tremblement a été accompagné d'une violente rafale de vent dest assez froid, soule- vant dans les rues, dans les promenades et sur les boulevards, des tourbillons de poussière qui obscurcissaient l'atmosphère. A iNice, 9 h. 120 m., deux fortes secousses de Test à l'ouest. Le baromètre marquait 7Go mm. avant et après le tremblement. On l'a aussi ressenti à Gap, à Grenoble età Mens, dans le dépar- lement de 1 Isère. Les heures ne sont |)as indiquées; mais on voit qu'il s'est étendu dans toute la partie sud du bassin du Rhône et même plus au nord, d'après la notice suivante. Le même jour, vers 9 h. 'ri du malin, à Chambéry, secousse sensible, remarquée aussi aux Marches et à Saint-Pierre d'AIbigny. C'est la dernière ressentie en Savoie. (M^"^ Alexis Billiet, lettre du :27 septembre 1807.) — Le 24, 1 h. du soir, à Acireale (Sicile) et dans les environs, une petite secousse. (M. Grassi.) — Le même jour, 5 h. 58 m. du soir, à Lrbino, une légère secousse. (M"^ Scarpellini.) Le 29, vers 4 h. du soir, à Pesaro, une petite secousse. — Le 25, 9 h. du soir, à Bleiberg, petit tremblement, plus fort à Schwarzenbach et à Saint-Michael. (M. Boue.) — Le 30, 0 h. 40 m. du matin, à San Francisco (Californie), une secousse assez forte. Dans le courant du mois, on a vu de la fumée s'élever au-dessus de Iron Mountain, Montagne de Ici', située dans les environ:^ de ( 80 ) Sha^ta. Un mineur qui a gravi la montagne a affirmé que la fumée s'échappait d'une ouverture pouvant avoir trois pouces de large, qu'elle était chaude et qu'elle exhalait une forte odeur de soufre. « Autour de Touverturc, disait en revenant ce mineur, un cratère, pas de lave, pas de cendres, mais ce qui est assez inexplicable, une quantité considérable de serpents à sonnettes morts. » [Cour- rier de San Francisco, 9 juin 18G0.) — Dans ce mois, recrudescence d'activité au Kilau-Ea. (Voir au 51 août suivant.) — Je lis dans le Galignanis Nessanger, du 7 juillet : « Daprès les nouvelles que donne le Times of India et qui vont jusqu'au 8 juin, on avait éprouvé récemment de légères secousses de trem- blement de terre dans la plus grande partie de l'Inde. » Juin. — Le 1", 1 h. 46 m. du soir, à Gliss (Suisse), tremblement. Le 21, midi 40 m., autre tremblement, simplement cité, sans détails comme le précédent, dans les Scliweiz. mefeor. IJeobach- tungen, 1866, p. 381. — Le 1" encore, 6 h. du soir, à Acireale et dans les villages voisins, au pied de l'Etna, une petite secousse. (M. Grassi.) — Le même jour, 9 h. 50 m. du soir, à Ciudad-Bolivar (Vene- zuela), léger tremblement avec bruit sourd et prolongé; mouve- ment à peine sensible. Le 7., 10 h. du matin, à Caracas, court et léger tremblement qui parut d'oscillation de l'est à l'ouest. 11 fut accompagné d'un bruit faible. Temps pluvieux. Minuit du 10 au 11 (le 10, 12 h. P. M.), nouveau temblor léger avec bruit. Le H, 7 h. du soir, un autre semblable. Le 15, 4 h. 48 m. du matin, autre tremblement léger, mais prolongé. Le 14, 10 h. Va du soir, à Valencia (Venezuela), trois tonnerres souterrains, prolongés, avec légers mouvements du sol. Le 25, de 10 h. du matin à 5 h. du soir, à Caracas, bruits sou- terrains. Le 24, 5 h. 20 m. du soir, léger tremblement avec bruit. Quel- ques minutes plus tard, autre bruit moins long. ( 87 ) Le t>7, de 11 h. '/a du soir à minuit, nouveaux bruits sourds qui se répétèrent dans la matinée du 28. — Le 5 (le 22 mai, v. st.), à Tliéra et en Crète, trenïhle- ments. Le 16 (le 4, V. st.), à Agoriani h \\'}-orjiyy?^ Uy.ry^x7 Le sommet actuel de la montagne est évidemment un l'cslc très-ancien du bord septentrional d'un immense cratère qui n'avait pas moins de trente milles de diamèlre. Le mur méridional de ce cratère est complètement détruit et le cratère lui-même est rempli de roches et de cendres recouvertes par les neiges qui s'y sont accumulées depuis des siècles; c'est à travers des fentes et des gouffres que s'échappent maintenant les fumées, les sapeurs et les gaz développés par les feux qui brûlent au-dessous. Ces feux sont encore si rapprochés de la surface que beaucoup de pierres quils projettent sont trop chaudes pour qu'on puisse les tenir ou même les prendre à la main. C'est au pied SO. de la muraille cir- culaire, qui forme la cime actuelle, et à environ deux mille pieds au-dessous du sommet, que se trouve le principal évent du cra- tère. Il s'en dégage continuellement une colonne de vapeur et de fumée qui parfois sélève au-dessus de la montagne et ffolte en- suite au gré du vent, et, d'autres fois, retombe et roule en tour- billons épais sur les pentes. Nous sommes descendus dans ce cratère aussi bas qu'on pouvait le faire sans cordes ni échelles. Nous avons été arrêtés par un précipice à j)arois verticales de 60 à 70 pieds de hauteur. 11 était ouvert dans la glace, reposant sur une couche de débris rocheux et de cendres, assez chaude pour convertir en vapeur l'eau qui s'échappe continuellement des parois formées par la glace à 100 pieds au-dessus. L'air était d'une (haleur étouffante. » C'est à ce point que l'ascension commence à devenir réelle- ment dangereuse, c'est-à-dire quand on veut atteindre et parcourir ( !>i ) le sommcl cl la paroi iiUérieiirc du mur qui formail autrefois le cratèro; il est extrêmement abrupte sur un espace de près de 1,000 pieds. Ce n'est, sur toute cette distance, qu'un champ de glace, extrémité supérieure du grand glacier qui recouvre la mon- tagne dont il laboure et ruine les flancs dans son lent mouvement de progression descendante jusqu'au bas à droite. A 700 pieds environ du sommet se trouve une crevasse d'une largeur variable de 5 à aO pieds et de profondeur inconnue; elle est visible d'un mur à l'autre du glacier qu'elle traverse dans toute son étendue. Il n'y a pa>^ moyen de l'éviter; on ne peut atteindre le sommet sans la traverser, M'appuyant résolument sur mon bâton h l'en- droit le plus favorable que je pusse trouver, je m'élançai au-dessus du goulîre et j'allai retomber sans accident sur le talus à 2 ou 5 pieds plus haut, puis de là, avec mon bâton, jaidai aux autres à la traverser. Le dernier mouvement de la pieds avait considé- rablement changé l'aspect de la montée. La crevasse était passée, il est vrai, mais nous nous trouvions directement au-dessous d'une muraille de glace et de rochers de 500 pieds de haut et dont d'énormes masses, détachées par l'action directe de la chaleur solaire, se précij)itaient \ers nous avec une rapidité effrayante. Pour les éviter, il nous fallut longer le bord supérieur de la cre- vasse pendant un certain temps et puis tourner pour gravir obli- ([uement le reste d'une pente très-raide qui n'exigea pas moins de deux heures de rudes efforts et de fatigues quoiqu'elle n'eût que 700 pieds de haut. La chaleur et l'éclat des rayons solaires, réflé- chis sur ces surfaces glacées, à une distance de 2 pieds seulement de nos visages, nous firent beaucoup souffrir; la respiration était diflicile, mais en approchant du sommet, tout sentiment de fai- blesse s'évanouit , et ce fut avec la joie du triomphe que nous sautâmes enfin sur le pinacle de la plus haute montagne de l'Amé- j'ique septentrionale. » Le sommet fut atteint à peu près au centre du mur circulaire qui constitue sa plus grande altitude; il était si étroit qu'il nous fut impossible de nous y tenir debout. Sa face nord est un escar- pement de plusieurs milliers de pieds de hauteur. Je ne pus que me coucher sur le coté et, en me retenant fortement aux rochers, ( i>o ) regarder répoiivantablc profondeur qui se trouvait au-dessous de moi. A quelques toises à l'ouest se trouvait un point de 40 à 50 pieds plus élevé au sommet duquel nous grimpâmes et d où nous découvrîmes qu'à 40 ou 50 toises à l'est scn trouvait un autre encore plus haut; cest le point culminant de toute la mon- tagne. Nous retournâmes en arrière le long de la crête escarpée et, dans quelques minutes, nous fûmes debout au sommet du pinacle le plus élevé. Nous trouvâmes son altitude de 1 7,GiO pieds, l'eau étant en ébullilion à 180" du thermomètre Tahr. à 40 pieds au-dessous du sommet. C'est une dépression ihermométriquc de 52" Fahr. D'après cette observation, le mont Ilood est plus haut qu'aucune montagne d'Europe ou de l'Amérique du Nord. » La vue dont on jouit au sommet est magnifique. Du sud au nord, la ligne entière de la chaîne des Cascades, du Pic Diamond au Rainier, se présente à la fois sous les yeux à une distance qui n'est pas inférieure à 400 milles. Dans l'intervalle de cette dis- tance sont les monts Sainl-IIelen's, Baker, Jefferson et les Trois Sœurs, qui avec le mont lïood font huit pics couverts de neiges [)erpétuelles. A l'est, les montagnes Bleues sont en vue ; entre elles et nous s'étendent les vastes plaines arrosées par les rivières des Chutes, John-Days et Umatilla. A l'ouest, les crêtes de la chaîne eôtière couronnée de pins se détachent clairement sur le ciel; à leurs pieds s'étend la magnifique et calme vallée de Willamette où coule jusqu'à l'Océan la rivière Columbia qui, comme une large ceinture d'argent, tranche sur le manteau toujours vert de la val- lée. Entre ces limites on distingue une infinie variété de vallées, de lacs et de prairies au milieu desquelles s'élèvent une multitude de montagnes abruptes ou gracieusement arrondies dont les som- mets se fondent les uns dans les autres. Ce n est qu'à regret que nous nous décidons à la fin à quitter ce spectacle et à prendre le chemin du retour. » La descente n'offre pas moins de danger qu'en montant pour traverser la grande crevasse, mais elle s'effectue beaucoup plus rapidement. Nous nous approchons maintenant de la gorge où le moindre faux pas peut nous précipiter dans des abîmes sans fond. Il nous faut moins d'une demi-heure pour refaire le chemin ( ••>« ) qui a exigé deux licurcs à la montée. Nous nous arrêtons un mo- ment sur le bord supérieur de la erevasse que nous rctraversons à un endroit où elle a 8 pieds de large. J'avais pris un tel élan en sautant que je ne pus me retenir sur l'autre bord et je orlissai très- loin sur la glace dont la déclivité était considérable. » Dans l'espace de deux beures et demie nous étions revenus du sommet à notre campement » [Amer Jour, of Se, 2*^ sér., t. LXllI, pp. 41G-419. May, I8G7.) — Le ^20, I b. du matin, à Porto-Rico (Antilles), fort tremble- ment qui ne dura pourtant que quelques secondes, mais qui in- spira de grandes craintes en rappelant que c'était le jour anni- versaire de la ruine de Santa Anna. — Lc2(), 7 b. du matin, à Trecastagni, fort tremblement d'en- viron quatre secondes de durée. A 7 h. 12 m., tremblement moins fort, mais de cinq secondes de durée, et à 7 b. 18 m., une troi- sième secous e très-légère et de courte durée. » Depuis ce jour jusqu'au 8 août, m'écrit M. Mariano Grassi d'Acirealc en m'envoyant le journal, il ne s'est pas passé un seul jour sans qu'on y ressentît encore une ou deux secousses. L'épouvante était extrême et générale : on a coucbé en plein air. Le phénomène, de caractère purement volcanique, était restreint uniquement à cette zone au pied de l'Etna. Pedara, Viagrande, Nicolosi,Zafrarana Etnca, communes très-voisines de Trecastagni, n'ont rien ou presque rien ressenti. » Notez qu'au moment de la première secousse du 20 juillet le cratère de l'Etna, d'où s'échappaient d'immenses colonnes de fu- mée, cessa tout à coup de fumer. Pendant presque tout le temps qu'a duré celte série de secousses, le volcan n'a plus exhalé de vapeurs, mais très-souvent, d'heure en heure, ad ora ad ora, ajoute M. Grassi , il a fait entendre de sourds mugissements et un grand fracas intérieur. On a d'ailleurs observé une espèce de fré- missement du sol , très-léger, mais presque continu dans les jours de cette période. Toutefois il était si peu sensible qu'il fallait être assis ou en repos pour le remarquer. » Le 27, heure non indiquée, à Trecastagni, une forte secousse ondulatoire de l'est à l'ouest et de six secondes de durée. (97) Le 28, à 2 h. du soir et à 7 h., deux petites et eourtes se- cousses. Le 29, vers midi {aile ore 12 circa), une nouvelle sceousse. Le ÔO, 4 h. du soir, autre secousse légère. Le 51 , deux légères secousses, l'une à 2 h. du malin et l'autre à 5 h. du soir. (La suite au mois d'août. ) — Dans ce mois finit léruption du Kilauea. (Voir au 51 août suivant) — Le GalignanVs Messenger, dans un des derniers numéros du mois d'août, dit, à propos d'Acapulco, que les fréquents tremble- ments de terre font tomber les porfs (gousses) de colon avant que la fibre soit bien formée. (M. Ant. d'Abbadie, membre de l'In- stitut.) Août. — Le 1'^'', vers 2 h. du soir, à Trecastagni, une pelile secousse qui s'est renouvelée à 8 heures. Le 2, 4 b. du malin, autre secousse légère. Le 5, 5 b. du soir, une légère secousse. Le 4, vers I b. du matin et à o h. du soir, deux pelitcs se- cousses. Le 0, 7 b. du malin, une secousse semblable aux deux de la veille. Le G. 9 b. du matin, autre secousse semblable. Le 7 , 0 b. du matin, encore une secousse pareille. Le 8, 10 b. du matin, une faible secousse qui fut la dernière. — Le 2 et le 0 (21 et 25 juillet, v. st.), à Cépbalonie, tremble- ments. (M. Schmidt.) Le 7, à Gradatz (Bosnie), tremblement violent; beaucoup de dégâts, mais pas de morts. (M. Ant. d'Abbadie, d'après le Galig. Mess., du 31 août.) Le 15 (le l"", v. st.), à Cépbalonie, nouveau tremblement. (M. Scbmidt.) Nuit du 15 [sic], des flammes sortent de la mer près du volcan Georges P"". {Vide itifrà.) Le 14 (le 2, v. st.), à Chalcis, à Atbènes et à Kalamaki, trem- blements. Le 15 (le 5, v. st.), à Kumi et à Athènes, tremblement. Tome XXL 7 (98) Le 16 (le 4, v. st.), à Chalcis, tremblement. {M. Schmidt.) I.e 18 (n. st.), 10 h. 72 (î" nialin, à Magnésie (Anatolie), une faible secousse. Le même jour, 11 h. du matin, 5 Smyrne, une secousse du SO. au NO. {sic). {La Turquie, 50 août.) Le 18 encore (le G, v. st.), dans la nuit {sic), à Argosloli (Cépha- lonie), douze secousses successives. Dans l'espace de trois mois (dates non indiquées, on y en a encore ressenti dix assez fortes. (La Grèce, du 28 février 1867. ) Le 19 (le 7, v. st.), en Crète, tremblement. (M. Schmidt.) Le !26, 5 h. du matin, à Zante, une secousse. Dans une lettre, adressée à l'Académie des sciences, M. le doc- teur De Cigalla donne de nouveaux détails sur les phénomènes volcaniques de Santorin, pendant le mois d'août. « Quant au volcan, dit-il, il suit avec plus d'énergie sa marche régulière. » Le *Vi8 du mois courant, une forte détonation fit sauter une partie du sommet de Georges I", formée de lave scoriacée et incandescente : en peu d'heures elle fut remplacée par d'autre lave de même nature. En faut-il conclure que le volcan nous pré- pare quelque forte éruption? Les huits îlots dernièrement émergés sont réduits, par leur réunion du nord au sud, à deux qui conti- nuent de porter le nom de Membiiarie et de Battie, et semblent grandir lentement, sans vapeur ni chaleur. Il y a quelques jours que la mer voisine de Palaea-Cammène est bourbeuse et plus ou moins colorée en vert-jaune. Sur l'Aphroëssa, qui est presque tout à fait refroidie , on ne trouve plus que des fumerolles. Georges ["continue à grandir sensiblement, surtout vers le sud, avec un abondant dégagement de vapeur. Le ^i?? le 7i8 et le "/sj di» mois dernier, eurent lieu dans cet endroit plusieurs détonations (lu fond de la mer. » La nuit du '/iô (lu "lois courant {août), on vit aussi des llam- me> apparaître sur la surface de la mer en ce même lieu. » 11 v a une vingtaine de jours ' que, au nord-ouest d'Epano- ' Les Comptes rendus mi donnent mallieurousemenl pas la date de la lel- Ire A. P. ( 99 ) mcric do Sanlorin, cl nu nord de Thérasic, on voit sortir du fond de la mer une quantité de bulles gazeuses. Ce phénomène s'est produit aussi plusieurs fois avant celle éruption, mais par inter- valles; cette fois, il continue à se manifester sans interruption, et les bulles sont en plus grand nombre. » Me trouvant dernièrement {sic, pas de date encore, A. P.) aux îles Cliristiancs, situées dans la mer de Candie, presque à quinze milles anglais au SO. du volcan, je fis l'observation que les bruits souterrains s'y font aussi fortement entendre qu'à Santo- rin, et que le sol des Cbristianes frémit à chaque détonation du volcan, aussi bien que celui de Sanlorin, tandis qu'il n'en est pas ainsi à Policandro, à Sikino, à Nio, etc., qui sont à peu près à la même dislance du volcan , mais non pas dans la même direction que les Cbristianes. On a aussi observé que les petits tremble- ments de terre, qui eurent dernièrement lieu à Sanlorin, furent sentis en même temps aux Cbristianes et à Candie, et non pas dans les autres lies telles que Sikino, INio, Namfio, etc. Y aurait- il communication entre notre volcan et l'ile de Candie? Tous les tremblements de terre qui naissent à Candie se font toujours sentir à Santorin avec plus d'intensité que dans les autres îles placées dans la même ligne parallèle. » (C. R., t. LXllI, p. 01i2, séance du 8 octobre 1860.) Dans une lettre, datée de Santorin, le 5 mars 18G.7, et adressée à M. Ch. Sainle-Claire-Deville, M. Fouqué écrivait au sujel de l'îlot du Roi Georges : « Le cratère, neltoyé au mois d'août dernier par une grande explosion, est de nouveau rempli par un champignon de lave scoriacée. » (C. R., t. LXIV, p. GG7.) Le même auteur a publié dans la Revue des deux Mondes, n" du 15 janvier 1867, pp. 470-490, un article sur les anciens volcans de la Grèce. J'y lis en note p. 481 : « p]nfin cette année, l'îlot prin- cipal, celui qu'on a appelé Georges, ayant commencé à paraître au début de l'éruption dans les premiers jours de février, s'est présenté pendant six mois sous l'apparence d'une éminence co- nique sans ouverture considérable. Les projections et les dégage- ( 100 ) incnts de gaz avaiciU lieu seulement par détroitcs crevasses. Il y a quelques semaines seulement qu'on y observe un véritable cra- tère creusé subitement à la suite dune violente explosion qui en a projeté toute la partie centrale. La première période éruptive y est accomplie, la seconde vient de commencer. » N'est-il pas à regretter que l'auteur se soit contenté de ces vagues expressions : // \f a quelques semaines seulemenl? Les dates n'ont- elles pas leur importance aux yeux d'un savant tel que M. Fouqué qui, en général, me semble les négliger un peu trop? — Le (), entre 8 et 0 b. du matin , dans l'ile de Porlo-Rico, tremblement. Le 7, dans la matinée, une nouvelle secousse. — Le 8, à Moettling (Carniole), tremblement très-fort et de trois à quatre secondes de durée. (M. 13oué.) — Le 9, à Guatemala, une forte secousse. — Le 1 1 , vers minuit, au Monte Baldo, détonation et secousse. Plus d'une centaine encore dans le reste de la nuit. Presque quotidiennes jusqu'à la fin du mois. (Voir à la fin d'avril pré- cédent.) — Le 12, entre 4 et 5 h. du matin, à Caracas, bruits souterrains. Dans la même matinée, entre 8 cl 9 b., deux légers mouvements du sol. — Le 15,9 b. du malin, à Florence, une légère secousse on- dulatoire de quelques secondes de durée. (Journ. de la Meurlhe el des Vosges, 19 août.) Le 18,5 h. {sic), à Sienne, une secousse ondulatoire du NF. au SO. el de quatre secondes de durée. Le 25, 5 b. du matin, à Calanzaro, une secousse ondulatoire du sud au nord. (M"'^ Scarpellini.) — Le 20, l'ascension du mont Ilood (Orégon) a été effectuée par M. A. Wood qui en a fait à l'Académie californienne un rap- port que je reproduis d'après le Courrier de San Francisco, du 29 septembre suivant : « Le 20 août dernier, dit-il, en conipagnie du docteur Atkinson, dePortIand, du Uév. J.Oeardoff, de Walla-Valla, et de trois autres. ( lOI ) j'arrivais au sojiiiiict du iiionl Hood. Notre dcrnici' canipcnieiil avait été sur le sommet de la chaîne des Cascades (Cascade-Rangé). De là au point où nous nous trouvions, il y a onze milles d'une montée fatigante dont la rapidité augmente à mesure qcre Ton approche du sommet. » Le jour était sans nuage; un vent du SE. chaud et violent amollissait la surface delà neige et favorisait notre ascension, (juoiqu'il nous causât hcaucoup d'anxiété par la crainte où nous étions de le voir détacher quelques-unes des prodigieuses masses de neige suspendues au-dessus de nos tètes. Nous avions quitté le camp à la pointe du jour; neuf heures et demie plus lard, à deux heures de l'après-midi, nous étions au sommet. Notre appareil pour mesurer les hauteurs se composait de deuxharomètres (ané- roïdes), d'un thermomètre, d'une tasse détain et d'une lampe à esprit- de- vin. Les deuxharomètres ne |)urent nous servir, ils n'étaient pas faits pour de telles hauteurs; mais nous finies hon usage de notre thermomètre. » L'ascension fut excessivement dilïîcile et non sans danger. Les longues chaleurs de Tété avaient i)roduil leur effet sur la neige et ouvert des crevasses d'une profondeur invisihle le long de noire chemin. Nous examinâmes plusiein's de ces crevasses sans pouvoir découvrir autie chose que deux murs solides d'une glace hleuâtre, puis l'ohscurité la plus noire. Nous pûmes entendre le hruit de l'eau roulant apparemment en torrent. 11 nous fut im- possible d'éviter de Iraverser une de ces crevasses; celle-ci avait un mille de long sur une largeur variant de 10 à 100 pieds. Nous la traversâmes à l'endroit le plus étroit, bien entendu, et à l'aide d'une corde et de nos bâtons ferrés. Enfin, étourdis, lialetants, exténués, nous nous traînâmes eej)endant jusqu'à la crête de ce monarque des montagnes. » Le sommet, en forme de croissant^ est de dimensions très- limitées; un demi-mille de longueur et de trois à cinquante pieds de largeur. C'est une place effrayante : au nord, la roche tonjbe à pic, présentant un mur vertical d'un mille de hauteur. Ce point s'élève si fort au-dessus de tout ce qui lenvironnc que. à Texcep- ( 102 ) tion des quatre pies neigeux dans le lointain au nord , et du mont Jefferson au sud, le pays semblait s'abaisser à un niveau uniforme et l'horizon s'éloigner à plus de deux eents milles, découvrant presqi+c tout l'Orégon et le territoire de Washington. Il faut laisser au lecteur le soin d'imaginer la sublimité de ce spectacle. Une gorge d'une profondeur énorme, qui plonge le long du flanc SE. de la montagne, était en partie remplie par un glacier évidem- ment en motion , et se terminant au-dessous d'une façon très- abrupte. Des moraines latérales indiquaient la marche du glacier sous lequel s'échappait un torrent. » Tandis que nous considérions ce spectacle, une avalanc^he de rochers, masse immense détachée par lèvent , roula en grondant le long des flancs de cette gorge, soulevant sur son i)assage un nuage de fumée blanchâtre. A l'ouest de l'ancien cratère, à la base d'un énorme pinacle de rochers escarpés, se trouve encore un abîme ouvert d'où s'échappent constamment des volumes d'une fumée fortement sulfureuse. La chaleur qui existe à cette place est rendue évidente par l'immense dépression de la neige qui s'affaisse là de plus de mille pieds au-dessous de celle qui remplit jusqu'au bord les autres parties de l'ancien cratère. » Nos baromètres étant, comme je l'ai dit, devenus inutiles à celte hauteur, il nous fallut nous contenter de notre thermo- mètre tout seul. Il nous servit à constater le degré de l'eau bouil- lante, à quatre stations différentes : au campement, sur le sommet du Cascade-Rangé, 204 degrés Fahrenheit; à la limite des der- niers arbres, 195 degrés et demi; à la limite de toute végétation apparente, i92 degrés; et enfin au sommet où, après les eflorts les plus persévérants, à cause de la violence du vent, nous réus- sîmes, à l'aide de la lampe à esprit-de-vin, à changer une partie de neige en coupe d'eau bouillante, le mercure se tint ferme dans la coupe à 180 degrés. Ces divers résultats, changés en pieds d'élévation, suivant les règles universellement adoj)tées, indi- quent ainsi qu'il suit les différentes hauteurs : Cascade-Rangé et l)icd du mont Ilood j)roprement dit, 4,400 [)ieds; limite des forets, i>5000 pieds; dernière limite de la végétation , 11,000 [)ieds, cl sonnnet de la montagne, 17,000 pieds. ( 103 ) » Nous espérons que Ton pouri'a obtenir plus lard la preuve de ces ealculs à l'aide du baromètre et de la triangulation. En attendant, nous avons adopté lestimation ainsi faite comme la liauteur de ce [»ic sublime, et nous accordons au mont Hood llionneur d'être le point le plus élevé des Etats-Unis, sinon de l'Amérique du Nord. » — Le 21 (n. st.), 8 li. du malin, à Kopat (partie orientale de la steppe Kirghise), tremblement dans la direction du SO. [sic). Il n"a pas duré plus d'une minute et il a été suivi d'un bruit sou- tei'rain et d'un craquement avec ébranlement assez sensible. « il m"esl incounu, ajoute l'observateur, M. J. Roussanolf, de Kopat, juscju à ({uel point cet ébranlement a élé sensible dans d'autres endroits. Dans le coui'ant de juin, le temps, à Kopat, a été serein et d'une clialeur excessive. Depuis le mois d'août, tous les jours à peu près, il s'assemblait de gros nuages, qui s'étendaient sur les sommets des monts Alatau. Depuis la date du 7 (v. st.), le temps s'est éclairci de nouveau , mais les montagnes se couvraient comme d'un brouillard ou dune fumée, de sorte que le soleil, particuliè- rement au coucber, avait la couleur rouge. » L'année passée, il y a eu trois Iremblemenls de terre à Kopat. )) (M. Osten-Sackcn.) — Le 24, dans l'Australie méridionale, tremblement. (M. Houé.) — Le dimancbe 20, à Saint-Maixent, tremblement que la Ga- zelle de France , du 5 septembre, signale sans date précise, de la manière suivante : « On parlait dimancbe à Saint-Maixent, dit le Courrier de la Vienne, d'im tremblement de terre qui aui'ait eu lieu dans cette ville et qui aurait occasionné, entre autres avaries, la cbute d'une liante cheminée. Nous manquons de dé- tails. » — Le 28, à Dunedin (Nouvelle-Zélande), une faible secousse, précédée d'éclairs quelques minutes auparavant et suivie d'un fort coup de vent du SO. peu après. La secousse n'a duré que trois secondes; elle était de nature vibratoire, comme le frémis- sement que cause une lourde voiture. — Le 51 , le rév. missionnaire américain, M. Titus Coan, écri- ( 104 ) vait de Ililo (Hawaï) à M. James D. Daua une lellie dont voici la traduction : « Je vous ai écrit, le 27 février, au sujet d une éruption du Mokuaweoweo sur le Mauna Loa. C'était à la iin de décembre 18Gd [the lasl) que nous l'avons remarquée pour la première fois, et depuis, nous avons continué à voir la lumière et la fumée jus- qu'à la fin d'avril; celte éruption a donc duré quatre mois. Cepen- dant j'ai appris de M. Riclmrdson ,qui tient un bon hôtel à Kilauea, que de là il avait vu plusieurs fois [occasionally] de la vapeur s'élever de ce cratère pendant tout le mois de mai. Maintenant il est complètement éteint, et quoique, pendant deux mois, son activité ait été grande et sa lumière brillante, les laves n'ont ja- mais coulé par-dessus le bord du grand cratère, ni ne se sont épanchées latéralement. Comme dans la plupart des éruptions au Kilauea, l'action est restée confinée entre les parois du vieux cratère. » En mai , en juin et en juillet, l'activité a augmenté au Kilauea. Elle a souvent été intense et violente. Le vieux lac du sud (llale- inaumau) a débordé plusieurs fois, et une chaîne de lacs, trois, quatre, et quelquefois cinq ou six, se sont ouverts sur une ligne courbe du NO. au N. ou au NE. du vieux lac. L'action dans cette chaîne de lacs a souvent été violente. Des jets de lave ont été lancés à 50, à i 00 et à 200 pieds de hauteur; les lacs ont débordé et des rivières de feu se sont précipitées, au nord et à l'est, le long des murailles du cratère, balayant tout sur leur passage jusqu'au delà des bancs de soufre qui se trouvent à l'est. Cette ligne courbe d'activité a environ quatre milles de long et le courant igné avait, en divers endroits, un demi-mille de large. Les nouveaux dépots forment des strates de 50 à d 00 pieds d épaisseur. Des cônes et des dômes de lave s'y sont aussi élevés et d'immenses crevasses, encore béantes, arrêtent le voyageur qui veut traverser le fond du cratère. A différentes époques, et quelquefois pendant plu- sieurs jours, la coulée de feu a intercepté le passage par lequel les visiteurs descendent dans le cratère et y a tout à fait fermé l'entrée de la route ordinaire. Beaucoup de ceux qui y sont allés ( I0:> ) ont été obliges de icster au bord et de regarder de là les vagues ({ui se soulevaient dans le eratèrc, sans pouvoir y descendre. » Plusieurs fois des secousses de treniblenient de terre ont dé- taché des blocs de rochers, des murailles du cratère, les ont fait rouler jusqu'au fond comme des avalanches et ont effraye les spectateurs. » Pendant toute cette action qui sest élendue à plus de la moitié du contour du cratère, le plateau élevé, qui en forme l'aréa centrale, est resté complètement calme, sans que rien y soit changé, à moins pourtant, ce qui est probable, (juil n'ait été soulevé tranquillement par les forces inférieures. Cette espèce de table, élevée au centre, a été pendant des années à une hauteur de deux cents pieds au-dessus de l'aire circulaire qui l'environne et la sépare des murs extérieurs. Récemment , depuis quelques semaines, l'activité s'est affaiblie au Kilauea. mais nous ne sommes pas sûrs qu'il ne s'y manifestera pas une nouvelle recrudescence à quelque époque plus ou moins éloignée. » Depuis 1840, le fond du Kilauea s'est fortement soulevé et rempli sur une vaste étendue. Si vous le visitiez maintenant , vous n'y reconnaîtriez plus rien que les murailles extérieures et les régions environnantes. Intérieurement, tout y est changé, tout y est nouveau. Les laves sont maintenant plus hautes dans le cratère qu'avant la grande éruption de 1840. Les. parois pour- raient-elles soutenir la pression jusqu'à ce que le gouffre immense soit rempli et déborde par-dessus ses murailles, ou se fendraient- elles pour donner un passage latéral à la matière en fusion comme en -1840? C'est ce qui reste à voir. Ou bien, l'éruption du Mauna Loa, qui a cessé à la fin d'avril dernier, a-t-elle eu quelque in- fluence sur l'accroissement d'activité qui s'est manifesté au Kilauea en mai, en juin et en juillet? C'est ce que je laisse à déterminer aux géologues. » [Amer. Journ. of se, %'' sér., t. LXIil, pp. 264- 265, mars 1867.) — On lit dans la Correspondencia , du 10 septembre : u Les habitants de la Corogne ont été surpris par un phénomène qu à causé sans doute quelque tremblement de terre sous-marin. La ( 106 ) vieille roche connue sous le nom de la Marola a coniplélemenl disparu après s'être heurtée contre la roche connue sous le nom de la Sanimas, et entre les roches qui entourent le fort de San- Anton, i! s'est ouvert une anse capahie de donner entrée à une douzaine de petits navires. » [Moniteur , 15 septembre.) Septembre. — Le 1", 8 h.'/i du soir, à Niort (Deux-Sèvres), secousse paraissant venir de l'ouest , avec bruit pareil à celui d'un train de chemin de fer et qui a duré quelques secondes. Le même phénomène aurait été observé, dit-on , à .Saint-Maixent, à La Mothe-Saint-IIéraye, à Granzoy, à Magné, etc. Le 13, D h.^/4 du soir, dans le comté d'Exeler, deux secousses, lue correspondance de VExeler Gazette écrit d'East Budleig : « Jeudi soir, on a ressenti ici deux secousses distinctes à dix heures moins un quart. Les fenêtres de ma chambre se sont vio- lemment agitées. Cinq minutes environ se sont écoulées entre les deux secousses : la seconde a été la plus violente; je crois que c'était un tremblement de terre. Cependant, la nuit était calme. Les habitants ont également senti les secousses. Le tremblement de terre en France a eu lieu le vendredi matin de très-bonne heure. Il est possible qu'il y ait eu coïncidence entre les deux ])erturbaiions souterraines d'Angleterre et de France. » (Moni- teur, ^î) septembre.) M. Boue me les signale comme ayant eu lieu le 5 dans le De- vonshire. — Le 14, vers î2 h. du matin, sur plusieurs ponits de la France, une première secousse. Vers 0 h. 10 m. du malin, tremblement ressenti dans un grand nombre de départements. On trouvera de nombreux détails dans les Comptes rendus, t. LXIII, pp. 504-506, avec une carte par M. Rayet; p. 507, par M. Élie de Beaumont; p. 57:2, par M. Moll. A ces détails j'ajouterai les suivants : M. Duguet écrit de La Châtre (Indre) à M. Barrai, le 14 : >x Ce matin, à 5 heures, les habitants de La Châtre ont été effrayés ])ar une forte secousse de tremblement de terre (jui a duré 4 à 5 se<'ondes. Je crois avoir senti le mouvement de l'est à l'ouest. ( 107 ) Quelques cheminées ont élc démolies. » {Journal de V Agricul- ture, t. I, p. 4U). M. l'ingénieur Cirodde a eonslalé le j)liénomène à Areuehon (Gironde). « Le lit dans lequel j'étais eouclié, écrit-il, a éprouvé plusieurs fortes oscillations qui, d'après sa position et l'orienta- tion de la maison, me paraissent avoir été dirigées à peu près du SSE. au NiVO. Quant à l'heure à laquelle le phénomène s'est pro- duit, je ne puis la préciser exactement, mais les trois autres personnes, qui ont, dans la même maison, ressenti avec moi la secousse, pensent qu'il devait être au i)lus 4 h.'/-2» >! faisait à jH'ine jour. » [Ann, de la Soc. niéléor., t. \1V, p. I4i;.] A Vendôme, M. Renon a été réveillé, à a h. Y) m., par la se- cousse principale qui s'est composée de deux parties distinctes, à 5 ou 4 secondes d'intervalle, dont chacune a présenté plusieurs oscillations. Un très-petit nomhre de personnes, mais suffisant pour qu'il y ait certitude, ont ressenti une première secousse, très-légère, vers une heure du malin. (Ibid., p. 147.) A Angoulème, les deux secousses se sont fait sentir de l'est à l'ouest, à quelques secondes d'intervalle et ont été accompagnées d'un craquement semhlahle à celui du bois que l'on fend. Cha- cune a duré quelques secondes. Le baromètre a baissé de six millimètres. Le thermomètre n'a pas varié. Les eaux de la Clia- rente ont baissé de cinq centimètres au moment de Ja secousse et n'ont repris leur niveau que vers 6 h. du matin. [Moniteur, 10 septembre.) A Clermont, une partie des murs de la poudrière se sont écroulés. (Le Pays , 16 septembre.) Quant à l'étendue du phénomène, M. Rayet n'en donne pas les véritables limites, au moins à l'ouest et à l'est. A Lorient (Morbihan), M. Guieysse, directeur des constructions navales, a remarqué la secousse accompagnée de. bruit, vers 4 h. 7-2 du matin; il était éveillé, une porte de sa chambre s'est ouverte , il s'est levé. D'autres personnes s'en sont aussi aperçues et me l'ont signalée le jour même. Je me trouvais alors à Lorient. mais je n'ai rien senti. { 108 ) Du côte de Icsl, le mouvement sest étendu dans le dépaiie- nierit de lu Côte-d'Or. On Ta remarqué à Dijon et à Ougcs, village à 5 kilomètres au SE. de la ville. Plusieurs personnes dignes de loi me lont assuré, à mon retour de Lorient, 8 à 10 jours seule- ment après le phénomène. Un de mes anciens élèves, M. le vieomte de Sarcus, a constaté à Bussy-le-Grand (Côle-d'Or), vers b 11. du matin, trois oscillations successives de Test à l'ouest; des meubles ont remué et des fenêtres ont craqué. Plusieurs per- sonnes m'ont dit encore avoir remarqué le phénomène à Vitteaux et à Monlbard. — Le 1" (le 20 août, v. st. ) , à Kalamaki, tremblement. Le 5 (le 22 août, v. st.) à Chalcis, tremblement. (M. Schmidt.) >'uit du li au 15, à Zante, deux secousses, la première j)ro- tongée, mais sans force, la seconde, survenue peu de temps après, mais moins longue. (M. Vlaslo.) Le IG, on écrit de Syra : « Les phénomène^ >olcaniques de Santorin semblent avoir cessé d'attirer Tattenlion des savants. Ce})endant leur intensité s'est accrue dans ces derniers temps, et des éruptions, plus violentes que les précédentes, sont venues i-éeemment encore répandre 1 inquiétude parmi les habitants. Une détonation d'une violence extrême, et qui a été entendue à plus de cinquante milles à la ronde, a fait sauter ces jours-ci à une hauteur prodigieuse le sommet conique de lilot Georges 1". C'est principalement sur ce point, toujours en feu et en mouvement, que semble s'être concentrée aujourd hui toute la force du volcan sous-marin. « L'ilot d'.4phroëssa,qui s'est soulevé dernièrement, reste inerte et refroidi dans toute son étendue. Un peu de fumée, qui s'échappe en quelques endroits autour du cratère éteint, indique seule au- jourd'hui l'origine de son apparition. )> Les huit ilôts, qui avaient paru séparément et à des moments différents au milieu des îles de Néa-Kamméni et de Palaea-Kam- méni, se sont réunis presque complètement du nord au sud. Leur masse, toute volcanique et d'un caiactère particulier, >a croissant tous les jours d'une manière insensible et sans manifcs- ( 109 ) talion aucune do clialtMir ni de vnpcnr. » [Moniteur du 1" oc- tobre.) Le d 8 et le 19 (le G el le 7, v. st.), à Chaleis et à Céphalonie, tremblements. (M. Scbmidl.) Du !2I au 25, à Ouchak (2" de long. E. de Smyrne), secousses tous les jours. Pas de détails. Le 2C, 2 11. du matin, à ConslTinlinople, ({uelquos secousses. (M. Ritter.) Le 27 (le 15, v. st.), à Cbnlcis , tremblement. (>L Schmidt.) A la fin dune communication archéologique, faite à lAcadémie {\(\s sciences dans la séance du I 5 octobre, M. De Cigalla .njoulc : « Quant au volcan en action, il continue toujours sa marche régulière, mais chaque jour avec plus d'intensité. Georges I", auquel se borne presque toute l'énergie volcanique, va toujours en s'agrandissanl, particulièrement de l'est à l'ouest; le phéno- mène est accompagné dun bouillonnement de la mer et démana- tions de vapeurs blanches et floconneuses. » (C. R., t. LXIII, p. 644.} D'après une communication de M. Delenda, « Sur l'état éruptif actuel de la baie de Santorin, » les phénomènes ont toujours gagné en intensité depuis le milieu du mois de mai. [IbiiL, p. 752, séance du 20 octobre.) — Le 5, 5 h. du matin , à La Porte, à Rowland Fiat , à Saint-Louis et à Port Wine (Californie), une forte secousse de l'est à l'ouest. — Le 7, commencement d'une éruption terrestre et sous-ma- rine qui a eu lieu dans la mer du Sud, dans les iles désignées sur les cartes sous le nom général de Maouna, et qui forment un groupe dépendant de l'archipel des Navigateurs. Nous extrayons les détails suivants d'une lettre écrite, le 29 novembre 18GG, par M. Georges Turner, missionnaire dans cet archipel, et datée de l'île de Samoa : « Le 7 septembre, les naturels de To-ITou et d'Olo-Singa res- sentirent un tremblement de terre dont les secousses étaient de quatre par heure. ) Dans la nuit du 9, il v eut trente-neuf oscillations. Bien que ( HO) les îles soient toutes de nature volc.nniquc, les habitants furent alarmés par le phénomène qui, de mémoire d'homme, se produi- sait pour la première fois. » Le 12, dans l'après-midi, une commotion fut observée dans le fond de la mer, à un mille et demi d'Olo-Singa et à trois et demi de To-Hou ; elle dura toute la journée, ainsi que la matinée du lendemain. » Celte «'ruption, qui faisait l'effet de vagues se brisant contre un rocher sous-marin , se répétale lo, jusqu'à cinquante fois par heure. » Ce fut pendant trois longs jours une suite continuelle d'ex- plosions qjii s'élevaient en colonnes épaisses de boue et de matières volcaniques jusqu'à deux mille pieds au-dessus de la mer, au grand ébahissemcnl des indigènes, spectateurs de cette scène grandiose. » Des nuages de poussière et de fumée obscurcissaient le ciel et interceptaient la vue entre les îles d'Ola-Singa et de To-Hou; des fragments de nombreux rochers, couverts d'une lave brillante, étaient lancés dans les airs; il n'y avait pas de flammes, et à peine deux ou trois fois distingua-t-on quelques étincelles de feu. » La mer était violemment agitée et, sur une étendue de dix milles, illuminée d'une lumière phosphorescente. Beaucoup de l)oissons m:)rts flottaient sur l'eau et étaient jetés sur la plage, et parmi eux se trouvaient des monstres de 0 à 12 pieds de long, dont les naturels du pays ignoraient le nom et Texistence. * Après trois jours, les éruptions diminuèrent d'intensité. » Le 1 1 novembre, elles étaient seulement au nombre de trois ou quatre par douze heures et les matières volcaniques n'étaient j)rojetées qu'à 20 ou 50 pieds. Au plus fort de cette commotion terrible, qui s'est affirmée à terre par de violentes secousses, mais sans occasionner des crevasses dans le sol , les chefs des peuplades d'Olo-Singa convoquèrent un meeting, mais les oscillations ren- dant cette réunion difficile, ils se bornèrent à recommander à leurs sujets de prier chacun chez eux. » Le lieu où s'est produit cet étonnant phénomène est , d'après (III) la carie de Duniont dUrvillo, par 171*' ;)^i' do long. 0. de Paris et par 14" 9' do lat. S. dans le détroit qui soparo los îlos dOlo-Singa ot To-IIou , à lin millo et demi do la première et à trois jnilles et demi do la seconde (le mille marin ('galo I,8j1 mètres). » A en juger par la végétation, il n'y avait pas eu d'éruptions depuis quatre-vingts à cent ans. [CJn'onique du Tour du Monde, n" 588, 8'' année, 1807.) — Le 10, rj h. 48 m. du soir, à Caracas, tremblement très- court, précédé d'un bruit semblable au sourd roulement du ton- nerre. Le 15, midi, à Maracaïbo et Coro, fort trcm])lomcnt. — Le 11, 9 11. du soir (55 beures avant le Iromblcmont do terre do Paris), à Essog (Esclavonie), trois secousses (\q louost à Test. (hUnion, du 5G septembre.) Nuit du 11 au 1:2, à Essegg (Hongrie),- assez fort tremblement borizontal, de trois secondes de durée et suivi de deux faibles secousses de l'ouest à l'est. Le baromètre avait baissé do trois lignes avant ce tremblement et il a j)lu après. (M. Boue.) — Le 19, midi, à Catanzaro, une secousse violente. (M'"'' Scar- pellini.) Le même jour, 8 h. 15 m. du soir, à Cosenza (Cal. citer.), une secousse ondulatoire d'une ou deux secondes de durée. La pluie cesse après le tremblement. (M. Scaglionc, /. c.) Le 22, 5 b. 50 m. du soir, \\ Cuneo et Asti, secousse d'abord verticale, puis ondulatoire. A S. Micbcle délie Cbiesc, 5 b. 52 m.; à Turin, 5 h. 40 m. et à Moncalieri , 5 b. 42 m. du soir, une secousse ondulatoire du SE. au NO. et de trois secondes de durée. La secousse a été ressentie aussi à Fossano, à Pinorolo, à Dogliani, à Mondovi et à Cassine. (M"'*" Scarpellini.) Le 22, vers 4 b. du soir, à Turin, une légère secousse ondula- toire. On la signale comme ayant eu lieu à 5 b. à )\ç\\{Oï\.{Union, du 25, et Moniteur j du 27 septembre.) ^ - — Le 25, 2 h. V4 du matin , à la Pointe-à -Pitre (Guadelouj)o) , deux secousses dont une assez violente. (/)é6afs, du 22 octobre.) La Gazellede France, du 20, donne la date du 22 : « Le 22 septembre ( il2 ) dernier, dit-elle, neuf jours après le (remblemenl de terre qui s'est fait sentir à Paris » Or, celui-ci est du 44, celui de la Gua- deloupe est donc du 23, comme le disent les Débuts. — Presque chaque jour, au Monte Baldo, détonations et se- cousses. (Voir au mois d'avril précédent. ) Octobre. — Le o, o h. 4 m. du soir, à Zante, tremblement long et assez fort. (M. Vlasto.) Le mèiiie jour (le 21 septembre, v. st.), à Cépbalonie, tremble- ment signalé par M. Schmidt, sans indication d'heure. Nuit du 5 au 4, à Koniah (Asie Mineure, méridien de Chypre), Iremblcmcnt (M. Ritter). M. Boue me le signale comme ayani eu lieu en novembre, mais sans indication de jour. Le 4 et le 5 (n. st.^ , à Cépbalonie, nouveaux tremblements. Le 0, 7 h. 15 m. dii matin , à Zante, tremblement très-long. Le même jour, heure non indiquée, à Cépbalonie, (remblemcnt nouveau. Le 15 (le I, v. sL), tremblement à Chalcis. Le 19 (le 7, v. st.) , à Patras, à Aigion et à Kalamaki , tremble- ment ressenti en même temps à Athènes. Le 26 (le 14, v. st.), à Kalamaki, év ly.otvovvri, tremblement. Le 28, I h. ri m. du soir, à Zante, léger tremblement avec bruit. A la fin d'une nouvelle communication archéologique, présentée à l'Académie le 12 novembre, M. De Cigalla ajoute: « Le volcan de Cammènc continue son évolution avec une intensité croissante. La butte incandescente de Georges 1", qui a été lancée en l'air, vient d'être remplacée par d'aulrc lave de même nature, c'est-à- dire scoriacée et incandescente , laquelle ayant débordé vers le nord et le sud-ouest hors la cavité cratériforme s'est déployée de quelques mètres sur les flancs de Georges. Aussi, à chaque déto- nation, les flammes qui s'élèvent ne rejirésentent plus une espèce de pyramide, mais elles prennent la forme d'un cône tronqué. Près des îlots d'Acsanic et de Battie, il semble qu'il va se former un autre îlot de cette même lave noire et compacte, qui mainte- nant dépasse à peine la surface de la mer. » ( C. R.. t. LXIII, p. 852.) ( H5 ) — Le 7, 0 11. 4 m. du malin, à Constantine (Algérie), tremble- ment léger. A Phiiippevillc, vers 0 h. du matin, une secousse assez peu prononeée, ear la plus grande partie de la jiopulalion ne s'en est pas aperçue. La nuit suivante, vers 3 li. du matin, une personne de Philip- peville a entendu battre assez fortement , contre les parois d'une lampe-carcel, sa montre qu'elle suspend chaque soir à la clef de cette lampe. Tout était calme dans la maison et dans la ville. Au reste, cette personne a constaté plusieurs fois ces battements réguliers qui rappellent les observations que M. Prost a faites à Nice pendant plusieurs années et que j'ai reproduites dans mes catalogues. Quelques jours après, à Philippeville, une nouvelle secousse. « Nous avons ressenti une secousse de tremblement de terre, dimanche dernier, 7 octobre, à G h. du matin, et nous en avons ressenti une autre beaucoup plus sensible ce matin à 3 li. 25 m. » (IMkhbar, du 18 octobre, d'après V Africain dont il ne donne pas la date.) — Le 8, i h. 40 m. du matin, à Caracas et dans les environs , tremblement du SO. au NE. et de dix secondes au moins de durée, précédé d'un bruit souterrain semblable à celui que produit une voiture légère roulant sur le pavé. La température, élevée pour la saison, a baissé immédiatement et il y a eu une forte averse dans le milieu du jour. — Le 15, M h. 7^ du soir, à Foggia (Capitanate), une forte secousse. Tous les habitants ont quitté les maisons. Pas de dom- mages. — Presque chaque jour, au^ Monte Baldo, détonations et se- cousses. (Voir à la fin d'avril précédent.) Novembre. — Lei", au Monte Baldo, secousse et détonation qui se renouvelèrent encore le 7 et le 8. (Voir au mois d avril précédent.) — Le mercredi 7 (?), vers 1 h. du soir, à Kalamata, tremble- ment violent qui s'est renouvelé le vendredi à 7 h. 40 m. du soir. VÉfoile d'Orient, journal quotidien qui se publie à Péra (Con- stantinople), dit, dans son numéro du 10 novembre: « Un violent Tome XXF. 8 ( 114 ) tremblement de terre a eu lieu mereredi dernier, à Kalamata, vers 1 h. de l'après-midi. Il s'est renouvelé vendredi vers 7 h. 40 m. du soir. » Ces faits pourraient être du mercredi 51 octobre et du vendredi 2 novembre. M. Scbmidt ne les mentionne pas, mais il indique le suivant : Le 8 (le 27 octobre, v. st.), tremblement à Kumi. Le 14, 10 11. du matin, à Samakof, tremblement. Samakof est situé dans la même vallée que Sophia et à 28 kilomètres au SE. (M. Rilter.) Le même jour, 8 h. 42 m. du soir, à Smyrne, forte secousse par soulèvement. Deux minutes auparavant, souffla une forte rafale du SO. qui cessa tout d'un coup après la secousse. Le 17, iO b. du soir, et le 18, 9 h. 18 m. du soir, à Smyrne, une forte secousse du N. au S. chaque jour. ÇS\. Recbad-Bey.) Le 18 (le G, v. sL), à Tbéra , tremblement dont M. Scbmidt nindique pas l'heure. Le 19, 9 h. 48 m. du soir, à Smyrne, encore une forte secousse duN.au S. (M. Recbad-Bey.) Nuit du 25 au 2G, à Sophia , tremblement qui a causé plusieurs dégâts dans la ville. (M. Ritter.) Les renseignements sur la continuation des phénomènes érup- tifs dans la baie de Santorin me manquent pour ce mois. — Le 8, à Valparaiso (Chili), une légère secousse. — Le 18, 6 h. 50 m. du soir, à La Pointe-à-Pitre, une secousse assez forte. — Le 24, 5 h. du matin, à Yokohama (Japon), une forte se- cousse, accompagnée dlin bruit sourd, d'un roulement prolongé, semblable à de lointaines décharges d'artillerie. Les oscillations répétées ont promptement réveillé les habitants qui ont pu quitter leurs demeures sans être atteints par la chute des meubles et de quelques cloisons; mais i)lusieurs maisons, fortement ébran- lée, dans leurs fondements, ont eu des murs lézardés, des tasse- ments, des charpentes disjointes et d'autres avaries qui leur ont été funestes dans le terrible incendie par lequel la ville presque tout entière a été détruite le 20, jour où a éclaté un typhon. — Le 28, 8 h. 50 m. du matin, à Fiume, deux secousses ( us ) consécutives, ondulatoires du NNO. au SSE. (M'"' Scarpellini.) Le 29, 8 h. 25 m. du malin, à Adelsberg (Carniole), tremble- ment qui m'est signalé par M. Boue, d'après le Zeils. oesh'v. Ge- selLs. f. iMeteor., t. II , 1867, p. 77. — Vers la fin du mois, à Honolulu (Sandwich), tremblement mentionné sans détails par le Courrier de San Francisco, du 10 janvier 18G7. Décembre. — Nuit du 50 novembre au I" décembre, à Fiume (Croatie), plusieurs secousses. Le 3, 9 h. du soir, deux nouvelles secousses consécutives, la se- conde très-forte. On n'y en avait pas ressenti d'aussi intense de- puis 1850. (M. Boue.) M™*" Scarpellini n'y signale qu'une assez forte secousse ondulatoire du NNO. au SSE. Le 15, 5 h. 45 m. du matin, à Fiume encore, mugissement sou- terrain sans secousse. A 6 li. 15 m. (sic, du malin?), une secousse violente dans la même direction du NNO. au SSE. que la première. •(M-"^ Scarpellini. Obs. de M. Pèlerin.) — Le P'', entre 8 et 8 h. ^j^ du malin, à Saint-Georges, près de Presbourg (Hongrie), deux fortes secousses, avec bruit sourd comme celui du vent et dirigé du S. au N. [M. Boue.) — Le l" encore et le 2 (le 19 et le 20 nov., v. st.), à Zanle, tremblements signalés par M. Schmidt, mais non mentionnés par M. Vlasto. Le 4 (le 22 nov., v. st.), tremblement signalé par M. Schmidt comme ayant eu lieu év 'Iccxvyhct;, c'est-à-dire à Janina, en Épire. Le 6, G h. 25 m. du soir, à Salonique, une forte secousse ondu- latoire du N. au S. (M. Ritter.) Le 9 (le 27 nov., v. st.), à Zante, tremblement nouveau, men- tionné seulement par M. Schmidt. Le lundi 10 ou 17, à Dobnitza (Roumélie), tremblement de l'E. à rO. Le Siècle, n° du 24, dit seulement : lundi dernier, sans autre date, et ajoute : « Peut-être est-ce à ce phénomène qu'il faut at- tribuer l'interruption de la ligne télégraphique entre Trieste et Corfou. » Le 42 (le 50 nov., v. st.), à Kourbatzi d'Eubée, tremblement. (M. Schmidt.) ( 116 ) Le :22, 5 h. du matin, à Zanlc, une secousse. (M. Vlaslo.) Le 23 et le 24 (le 1 1 et le 12, v. st.), à Zante, tremblements, si- gnalés seulement par M. Schmidtqui ne mentionne pas la secousse (lu 22. Le 26 (le 14, v. st.), tremblement à Janina. (M. Sclimidt.) Je ne trouve aucun renseignement à citer sur les phénomènes volcaniques de Santorin pendant ce mois. Ils suivent leur allure ordinaire. — Le 5, le 26 et le 50, dans TAustralie méridionale, trois trem- blements, communiqués sans détails par M. Boue, d'après le Zeî(s. (l. Ges.f. Erdk., 1867, p. 291. — Le 6, 7 h. du matin, à Adclsbcrg (Carniole), nouveau trem- blement. (Même source que pour le 21) novembre précédent.) — Le 10, 7 h. du matin, à Cosenza, secousse de courte durée, mais assez forte à la fin. A la pluie du jour précédent succéda un fort vent du nord qui dura toute la nuit avec ciel serein. Le 18,6 b. du matin, une forte secousse ondulatoire de l'E. à rO. et de deux secondes de durée. Pluie la nuit précédente avec vent dominant du NO. (M. Scaglione, /. c.) — Le M, 10 h. 40 m. du matin, à Saint-Pé-de-Bigorre (II. Pyr.), une forte secousse de six à buit secondes de durée. Un peu aupa- ravant on avait entendu un bruit sourd se propageant de Touest à l'est. — Le lî), 2 b. 20 m. ou 5 b. du matin, à San Francisco, une forte sccou>se au milieu d'un ouragan. On l'a ressentie à Saera- mento. — Le 20, 10 b. ^2 ^^^ soir, à Saint-Pierre (Martinique) et pro- bablement dans toute la colonie, une violente secousse. — Le 24, 10 m. du soir, à Serrela (Açores) , petit tremblement. C'est le premier qui soit mentionné dans le rapport officiel, adressé au gouverneur par le directeur Alfonso-Joaquin Nogueira Soares , sur l'éruption volcanique qui a eu lieu près de l'ile Terceire en mai et en juin 1867. — Au commencement du mois, éruption au sommet du Mauna Loa (Sandwich). Le capitaine Haley croit que c'est le vieux cratère du Mokuweoweo qui s'est ouvert. Ce cratère se trouve à quatorze ( 117) mille pieds au-dessus du niveini de la mer; il est reslé inacc'cs- sible jusqu'à présent. — (Sans date de jour.) Dans le T} roi italien , secousses fré- quentes dont le GcdignanVs Messenger, du 1:2 janvier 1867, fait ainsi mention : « Le Monte Baldo, dans le Tyrol italien, donne des signes d'une éruption probable. Le voisinage est fré(|uemment troublé par des secousses semblables à celles d'un tremblement de terre et, la nuit, une lueur livide [a livid brightness) apparaît au-dessus du sommet delà montagne. » (M. Ant. d'Abbadie.) Dans ses lettres, M. Gcntilini ne parle pas de maiiifestations ignées. (Voir au mois d'avril précédent.) — Sous le titre : An Eurthquake in South Durhani, le Gcdigna- ni's Messenger, du 1 3 décembre, contient un article que je traduis littéralement : « Le Bishop Auckland Chronicle altr'ihue hunircm- blementde terre les dommages considérables qu'ont éprouvés ré- cemment plusieurs maisons de Crook dont le sol s'est affaissé. Ce tremblement aurait été plus ou moins violent dans la partie méri- dionale du comté de Durbam. Il s'est, dit-on, dirigé au sud par Wittonpark, Cborlcy et Toft-Hiil , où la secousse a été violente, car au sommet de cette colline il y a maintenant une vallée, la route à péage s'étant affaissée de plusieurs pieds. Plusieurs maisons y ont été aussi maltraitées qu'à Crook, et dans les cbamps se sont formés de grands trous de plusieurs pieds de profondeur. On en suit la trace à Ramsbaw Heugh par Cockfield Fcll jusqu'à ^yiggles- wortb, où le cboc doit avoir été terrible, car des champs entiers y ont disparu dans des gouffres d'une grande profondeur. La secousse paraît s'y être arrêtée de ce côté, avoir tourné à l'O. et au N., et remonté le région carbonifère [coal-fleld] jusqu'à Gaunless , en détruisant beaucoup de terres et de maisons et en endommageant plusieurs routes, notamment à Lynesack, à Copley, à Rowntree et sur d'autres points. >* Il est bien singulier que les journaux an- glais ne donnent pas de détails plus précis sur un pareil phéno- mène, qu'ils n'en signalent pas même la date. 11 s'agit sans doute d'u!i de ces affaissements qui ne sont pas rares dans les pays à minières. ( 118 ) — (Sans date racnsuelle.) M. Osten-Sackcn m écrit, à la date du 22 octobre 1866 : « L'autre jour, ayant lu dans le Times anglais, la nouvelle qu'un tremblement de terre a eu lieu à Kadiak, dans TAmérique russe, je me suis immédiatement adressé à la compa- gnie américaine pour avoir de plus amples détails; mais pour le moment elle n'avait pas encore reçu de nouvelles directes, » TROISIEME PARTIE. TREMBLEMENTS DE TERRE EN 1867. Janvier.— Le 1 " (n. st ), tremblement à Zante. Le 14, à Jaaiiia, fV 'iKa;/'Avot;. Le 1 0, à Zante. Le î2o, à Kumi. Le 27, à Janina, év 'Icoxv'Avoi;. J'ai corrigé les dates données dans le vieux style par M. Schmidt, qui ajoute : « A la fin de janvier, 'lavcuap^ou -^Bbcy-o;, tremblements à Volo, t'v nrxyo^ao-j^ (Bw/çj), à Corinthe et à H} dra. » Le 25, à Céphalonie, tremblement désastreux. » Celui-ci étant {.lu 4 février, ceux de Volo, de Corinthe et d'H\ dra sont donc anté- rieurs à cette date. — Le 2, 7 h. ^4 ((>" plus exactement 7 h. 15 m. 5G secondes et 3 dixièmes) du matin , à Alger et sur plusieurs autres points de l'Algérie, violent tremblement du NO. au SE. A Alger, le phénomène a commencé par un roulement sourd dont la durée a été d une seconde sept dixièmes; puis, pendant l'espace d'environ huit secondes, on a ressenti une série de se- cousses saccadées. Les portes et les fenêtres étaient secouées comme par une violente tempête et les murs tremblaient. Los- cillation a été si violente que la plus grande partie des pendules et des horloges se sont arrêtées. Nouvelles secousses à 9 h. 25 m. cl à 0 h. 30 m. Quelques personnes signalent une première secousbe ( 120 ) à 4 h. du matin. De 4 h. à 40 h. 50 m. du matin, il y en aurait eu cinq, selon les uns, et trois seulement, suivant les autres. A Blida, 7 h. 15 m. du malin, première secousse; direction de l'E. à 10. Un grand nombre de maisons lézardées ; quelques-unes renversées. Les édifices publics ont beaucoup souffert. Un seul homme blessé. A 8 h. (i m., deuxième secousse de deux à trois secondes de durée; nouveaux pans de murs renversés. A 0 h., troisième secousse, semblable à la seconde; même durée, trois à quatre secondes, suivant quelques personnes. A 9 h. 10 m., deux autres peu sensibles de deux à trois secondes de durée. A 1 1 b. et 1 1 h. Vîj du soir, deux autres secousses, non mentionnées par les journaux, mais constatées par M. Aucapitaine. Le centre d'intensité maxima paraît avoir eu lieu aux villages de Mouzaïaville, de La Chiffa, d'El Affroun, d'Ameur-el-Aïn et de Bou-Roumi. Presque toutes les maisons y ont été renversées et beaucoup de personnes y ont péri sous les ruines. M. le baron Aucapitaine place ce centre à Mouzaïa. Voici ce qu'il m'écrit de Blida, à la date du 7 : « Je vous adresse quelques jour- naux renfermant des détails sur la catastrophe qui vient de ruiner la plus belle partie de la province d'Alger. Sauvé miraculeusement des décombres d'une maison sous les ruines de laquelle je suis demeuré vingt minutes, c'est-à-dire un siècle, enseveli et à demi écrasé, j'ai assisté aux péripéties de cet épouvantable désastre qui ruine nos courageux colons. Je n'ai point l'esprit assez calme pour vous narrer ce lamentable drame; je me bornerai à vous donner quelques détails que je ne lis pas dans les journaux : « La prétendue fissure, qui se serait produite au delà du Bou- Roumi, est simplement un tassement de terrain. » Si vous avez une carte de la Metidja, vous observerez que c'est Mouzaïa qui a été le centre du phénomène. » J'étais à la campagne du sous-préfet, à la Chancelade (dont il ne reste pas une pierre debout), à cinq kilomètres au sud de Mou- zaïa, c'est-à-dire sur les premières déclivités de la montagne de Mouzaïa. au centre même de... comment dirais-je?... l'action... Le bruit, les détonations souterraines n'ont pas cessé depuis 7 b. '/*» ({u'a commencé lo tremblement de terre , jusqu'à 11 b. Le temps ( 121 ) était sombre. Réfugié sous quelques oliviers avee mesdames de Chance], échappées non sans danger des ruines de leur habita- tion, nous sentions les racines des arbres trembler et le sol tré- pider pendant des instants de dix et de quarante secondes » Dans une seconde lettre, en date du 17, M. Aucapitaine ajoute : tt Entre la Chancelade, campagne où jetais, et Mouzaïaville sont les ruines de Tanaramusa Caslruy bourgade romaine classée sur la liste des évèchés. On reconnaît parfaitement les traces et le périmètre de cette ville à l'exhaussement du sol. On y a exhumé quelques inscriptions et beaucoup de pierres. Or, Tauciramusa a dû être détruite par un tremblement de terre, car on y a retrouvé la porte complètement couchée sur le sol. Cette bourgade a tout à coup disparu sans que nous en retrouvions la moindre trace dans l'histoire. » Quant à Teffet ressenti dans les secousses, je ne puis vous parler que de celles qui ont suivi la catastrophe; ce sont les seules dont j'aie pu me rendre un compte exact. Elles me faisaient l'effet que l'on éprouve sur le pont d'un navire fortement secoué parla grosse mer. » Ce qui prouve que nous étions réellement dans Taxe du phé- nomène, c'est que non-seulement les secousses étaient plus vio- lentes, mais aussi les trépidations plus continues. A la secousse de 9 heures, j ai réellement cru que c'était fini, tant à cause du bruit souterrain que de la durée des oscillations. Je me suis sou- vent trouvé en danger, j'ai vu la mort de bien près, jamais je n'ai été envahi par un sentiment aussi profond de terreur, jamais je n'ai mieux compris l'impuissance de Ihomme. » A ces lettres était jointe la liste des secousses que M. Aucapi- taine a constatées lui-même et qui n'ont pas été signalées dans les journaux. Je les mentionnerai plus loin à leurs dates. Je dois aussi à l'obligeance de ce savant et brave oflicier la description du séis- momètre enregistreur, établi à l'arsenal d'artillerie d'Alger, et la courbe curieuse, tracée par cet appareil pendant la secousse de 7 h. 7^' J« regrette de ne pouvoir les reproduire ici. On les trou- vera dans V Annuaire de la Société météorologique de France, t. XV, p. 84, séance du 8 janvier 1867, dont j'extrais seulement les lignes ( m ) suivanles, adicssécs le jour même du phénomène, à M. Reuou , par M. Mares qui habitait les coteaux de Mustaplia, à quelques kilomètres au sud d'Alger: « Je vous écris à la hâte pour vous faire part d'une observation toute nouvelle pour moi ; ce matin à 7 h. 20 m., nous avons eu un violent tremblement de terre, qui paraît avoir duré 25 à 50 se- condes, en trois secousses reliées par de fortes trépidations; je ne puis vous donner une meilleure définition de ce que nous avons éprouvé qu'en vous disant qu'il semblait que la maison fut em- portée à toute vitesse par un waggon mal suspendu; c'était une suite de soubresauts, de mouvements secs et rapides; il paraissait que la maison était complètement détachée du sol. » A 9 h. 40 m. environ, il y a eu un second tremblement de terre, pendant lequel ma femme a eu le temps de descendre du deuxième étage et de se précipiter dans le jardin, à environ vingt mètres de la maison , en emportant notre plus jeune enfant dans SCS bras. Cette secousse a été bien moins violente que la première, car je faisais des courses à Alger et je ne l'ai pas ressentie » Suit une note de M. Bulard, directeur de lObscrvatoire d'Alger, où la pendule du temps moyen indiquait 7 h. 15 m. 50 secondes 5 dixièmes au moment de la première secousse. Je continue la série des secousses du 2, telles que je les trouve mentionnées dans les divers journaux de l'Algérie. Elles ont été ressenties dans toutes les villes et dans tous les villages du Tell (province d'Alger). Dans les provinces d'Oran et de Conslantine, on n'en a, suivant les rapports officiels, remarqué aucune. Elles ont été d'autant plus faibles que les contrées où elles ont eu lieu se trouvaient plus éloignées de Mouzaïaville. Toutefois, les villages de Marengo, de Duperré, de Tipaza, les plus rapprochées, n'ont éprouvé que peu de dégâts et pas d'accident grave. Remarquons encore que, excepté à Alger qui possède un observatoire, le temps est marqué assez inexactement en Algérie. A Médéa, 7 h. 10 m., première secousse, suivie de trois autres dont la dernière a eu lieu à 9 h. '/i? h^ première seule, ((uoique (le courte durée ^ a causé quelques dégâts. A Miliana , 7 h. 20 m , violente secousse de l'est à Touot et de dix secondes de durée. ( 125 ) A Boghar, vci's 7 h., forte secousse de l'est à l'ouest et de 25 secondes de durée. Quelques personnes afiirment en avoir res- senti une première vers 5 h. du matin et une troisième après 7 li. Pas de dégâts. A Teniet-el-Haad , le tremblement s'est lait sentir à C h. "'/i Pas de dommages. A Laghouat, on na rien ressenti. A Aumale, vers 4 h. du matin , première secousse, faible. Vers 7 b. 18 m , une deuxième, plus forte. Durée, 7 à 8 secondes, en deux reprises séparées par un intervalle de trois secondes. En ville, direction apparente du nord au sud et à Thôpital de Test à l'ouest. Aucun dégât ni accident. A Dellys, 7 b. 15 m., une secousse du NE. au SO. et de 15 se- condes de durée. Aucun dégât. A Tizi-Ouzou, 7 b. 14 m., secousses de l'ouest, à Test pendant 8 à 10 secondes. A Dra-el-3Iizan , 7 b. 20 m., secousse d'environ G secondes. Direction ap})roximative du sud au nord. A Fort-Napoléon, G b. 55 m., une première secousse du NE. au SO. et de 10 secondes de durée. Aucun dégât. A 9 b. 17 m., une deuxième secousse, très-peu sensible. A Orléansville, 7 b. Vs ""<-' première secousse qui n'a duré qu'une seconde. A 7 b. 20 m., une deuxième secousse, tiès-forle, de l'est à l'ouest et de 3 secondes de durée. A Cbercbell, bcure non indiquée, quelques bâtiments lézardés. A Djidjelly, 7 b. du matin, une secousse ressentie seulement par deux ou trois personnes babitant le bord de la mer. Le mou- vement a paru venir du sud au nord. A Douera, entre 7 b. 15 m. et 7 b. 20 m du malin, plusieurs secousses violentes du sud au nord. Maisons lézardées. A Dalmatie , 7 b. 5 m , secousse avec bruit infernal, elle dure de 8 à 10 secondes.- Maisons fort endommagées. Quatre fortes nou- velles secousses dans la matinée; beures non indiquées. A rOued-Djer, les ouvriers qui travaillaient dans les gorges ont ressenti, pendant toute la journée, des secousses accompagnées de bruits soutcri-ains. ( 12i ) « Depuis le 1" janvier au matin , les indigène^» habitant les ver- sants du Nador et les contre-forts du petit Atlas étaient inquiets; ils observaient que les sources, les ruisseaux, tarissaient à vue d'œil, au point que le soir ils n'avaient plus d'eau pour leur con- sommation usuelle et pour l'abreuvage des bestiaux. » [Akhharj du 8 janvier.) Comme le journal auquel je l'emprunte, je ne repro- duis cette circonstance que sous toutes réserves. On a prétendu aussi avoir vu des llammes ou lueurs phosphorescentes sur le sommet des montagnes voisines de la Metidja. Ces assertions au- raient eu besoin d'être confirmées. Nuit du 2 au 5, à Blida , quelques secousses peu sensibles. J'ai déjà mentionné celles de 11 h. et de 1 1 h. ^j'i du soir, d'après M. Aucapitaine. Le 3, 7 h. du matin, à Blida, une secousse. Pluie diluvienne. Le même jour, I i h. a m. du soir, au village de Marengo, une secousse. Le même jour encore, heures non indiquées, à Alger, légères secousses. Minuit du 5 au 4, à Dalmalie, une secousse légère. Nuit du 5 au 4, dans les villages de la Chiffa,de Mouzajavillc, de Bou-Roumi et d'El AlïVoun, sept secousses accompagnées de bruits souterrains. Le 4, i h. 5/4 du matin, à Blida, deux secousses successives vinrent de nouveau jeter l'effroi dans la population. Il pleuvait à torrents. Les personnes, rentrées dans les maisons, se réfugièrent sur les places; mais bientôt après, un peu rassurées par la faiblesse des secousses, les moins impressionnées se décidèrent à se coucher. On les a ressenties à Dalmatie. A 2 h. du matin , à Blida, une nouvelle secousse. \ 3 h. Y'* ? une secousse d'une excessive violence, mais qui ne dura qu'une seconde et demie, mit tout le monde sur pied. A partir de ce moment, toutes les maisons demeurèrent complètement désertes, et les quelques personnes qui avaient voulu braver le danger durent se résigner à faire comme tout le monde, c'est-à-dire à rester dehors, cl à défaut de tentes, elles se réunirent sur les })laces publiques, malgré la pluie qui tombait à torrents. ( 125 ) A i II. du matin, une qualrièmc secousse à Dalnialie. Vers la même heure, à Alger, une nouvelle secousse pendant une pluie torrentielle et accompagnée d'une bourrasque qui en a rendu refîet moins sensible; mais de nouvelles lézardes dans les maisons et quelques éboulement^ de terre en ont attesté la violence. Dans son bulletin météorologique, le directeur de l'Observa- toire d'Alger ne signale que deux secousses légères dans la nuit du 5 au 4 et n'en donne pas les heures. A oh. 10 m. du matin, à Blida, une secousse. A 2 h.*/-2, à 4 h. 7* et à 9 h. du soir, trois secousses nouvelles. Beau temps. Le 0, 3 h. du matin, à Blida, une secousse. Le 6, vers midi, à Alger, une secousse légère. Le même jour, 1 1 h. 1 7 m. du soir, à Blida , une secousse as^rez longue. Le 7, 1 h. et quelques minutes du malin, à Blida, une forte secousse. A 4 h. du matin, trépidation. Le même jour, 5 h. 10 m. du matin, dans toute la Melidja, à Alger, à Blida et àMédéa, une secousse très-forte et unique, qui n'a pas excédé deux à trois secondes de durée. Le même jour encore, on écrit de Blida au Moniteur de l'Al- gérie : «Nous avons ressenti une secousse à 5 h. 45 m. du soir, assez sensible, heureusement de peu de durée. Malgré sa fai- blesse, elle a jeté de nouveau l'alarme dans notre population On nose pas encore rentrer dans les maisons, quoiqu'il n'y ait pas eu daccidents.» [DébatSj du 16 janvier.) Ce journal ajoute : «Cette secousse a été ressentie également à Alger. » (Sic, entre guille- mets. ) Cette secousse est-elle du 7 ou du 6? Je ne la trouve pas men- tionnée dans les journaux d'Algérie que m'a envoyés M. Aucapi- taine, ni dans ses notes manuscrites. Ct?pendant, je la retrouve signalée avec la date du 7 à 3 h. ^/4 du soir [at a quarler to six in ihe evening of the lih), dans le GalignanVs Messenger, du 17. Le 8 , vers 6 h. du malin , à Blida , une légère trépidation. Jus- qu'au 9, à midi, heure à laquelle M. Aucapitaine a quitté cette ville, on n'y en a plus ressenti. ( 126 ) Le 19, 4 h. (lu matin, à Boufnrik, une première secousse mé- diocre. A Ô 11. du malin, deux nouvelles secousses semblables. Le même jour, G h. aussi du matin, à Guelma, deux secousses fortes et de deux secondes seulement de durée. On les a également ressenties à Bône. Le 19 encore, 6 h. 15 m. du matin, dans les villages de iMille- simo, de Petit et autres de la province de Constantine, secousses de l'ouest à l'est. Le 23, ! h. du matin, à Sétif, une forte secousse de deux à trois secondes de durée. Mouvement lent. Le même jour, à Aumale, une secousse. Le 51, 5 du matin, à Blida, légère secousse. — Le 2, 10 h. 50 m. du matin, à Cosenza (Calabre citérieure), uiTe secousse ondulatoire du nord au sud, avec bruit dans l'air, et dune à deux secondes de durée. Le 7, 9 h. 28 m. du soir, nouvelle et forte secousse de deux secondes de durée avec tonnerre souterrain. (M. Scaglione, L c.) Le 19, 10 11. du soir, à x\Iessine, une violente secousse du sud au nord et de quinze secondes de durée. Le temps était clair, le lliermomètre marquait 12° R. et le baromètre 27 7^ pouces. La mer était calme bien que le vent de siroco souillât depuis deux jours. — Le 2 encore, vers 10 h. '/a ^^ ^oir, à Spa, une première secousse très-légère , remarquée seulement par quelques per- sonnes. Le 5, 1 b. 2 m. du soir, trois nouvelles secousses successives, de trois secondes de durée, accompagnées d'un bruit très-pro- noncé. Le mouvement s'est produit du NO. au SE. Le bruit a duré au moins une demi-minute, puisque plusieurs personnes ont eu le temps de sortir de clicz elles pour cbercber à en connaître la nature. Le mouvement a été beaucoup plus prononcé dans certains endroits que dans daulres; par exemple, dans l'avenue de Marteau, l'ébranlement a été assez fort pour délacber une grande glace placée sur une cbeminée et la faire tomber. A Tlieux, quelques minutes avant une beure, sourde détona- tion, suivie immédiatement d'un mouvement prolongé du sol et ( 127 ) dirige du XO. au SE. Le bruit ressemblait à eelui que l'ait un cha- riot lourdement chargé sur un macadam durci. Ce phénomène a duré trois à quatre secondes. Il y avait dans la mine de 50 à 00 ouvriers qui n'entendirent ni n'éprouvèrent rien d'cxtiaordinaire. Les ouvriers occupés à la surface n'entendirent rien non plus; seulement les machinistes et les gens de service, qui se trouvaient sous toit, entendirent le premier bruit, la détonation, et éprouvèrent la secousse qui sui^it bientôt après. Le tremblement a été observé aussi à Liège, à Stavelot, à Viel- salm et à Polleur où un homme a été renversé de sa chaise par la secousse. {Bull, de VAcad. roy. de Belgique, 2* série, t. XXIII, p. 31.) — Le 2 encore, à Serrata (Açores), quatre secousses dont on n'indique pas les heures. De ce jour au 15 mars suivant, de quatre à dix secousses peu violentes chaque jour. ( M. Fradesso da Sil- veira.) — Le 5, 1 h. 50 m. du matin, à Fiume, deux fortes secousses ondulatoires du NNO. au SSE., la première brusque [hrusca) et la deuxième d'environ trois secondes de durée. Toutes les deux furent précédées d'un sourd bruit souterrain. (M"'^ Scarpellini.) Le 7 , entre 7 et 8 h. du soir, à Nauders (Tyrol) , tremblement. (M. Boue.) Dans le courant du mois, au Monte Baldo (Tyrol italien), se- cousses et détonations signalées sans détails par M. Boue. Je lis dans le Tell, du 16 janvier, à la suite dun article sur les tremblements de terre d'Algérie : «D'un autre côté, on signale des tremblements déterre, redoublant de minute en minute, dans certaines parties du Tyrol italien. Il semble qu'on y soit à la veille d'éruptions volcaniques. Du moins, le mont Baldo est en travail; de violentes secousses l'ont ébranlé; la moitié de la montagne est sillonnée la nuit d'éclairs phosphorescents qui présagent une éruption prochaine. On dit même qu'une éruption a déjà eu lieu du côté de Bassano, mais rien n'est venu confirmer ce récit. » Et dans le numéro du 6 février : « L'Italie aura-t-elle un volcan de plus? Telle est la question qu'on s'adresse généralement dans ( 128 ) le Tyrol ilalicn, où le Monte Balclo non-seulement fait ressenlir de fréquentes seeousses de tremblement de terre à toute la région voisine, mais encore lance des flammes pendant la nuit. Jusqu'ici il n'y a pas eu d'éruption, mais les secousses continuent et les populations s'inquiètent. » (Courrier de Marseille.) — Le 6, dans le comté de Livingston, N. Y., une secousse (N.O., Times, î) janv.). Le Galignanis Messenger, du 50,dit qu'il y a eu deux secousses distinctes dans ce comté et celui deMonroe, mais il n'en donne pas la date. — Le 8, dans la matinée, au fort Klamat (Orégon), deux fortes secousses. Sous le titre : ^ Tremblement de terre. — Un nouveau volcan,» le Courrier de San Francisco j du 30 janvier, publie la lettre suivante, écrite de Jacksonville , le 13 du même mois : « VOregon Sentinel a reçu la lettre suivante , datée du fort Klamalh, le 8 janvier 1807, dix heures du matin : Nous avons de singulières, sinon de sérieuses nouvelles à vous envoyer par l'ex- press qui part maintenant. Ce matin , à la pointe du jour, nous avons été réveillés par une vive secousse de tremblement de terre, suivie d'im bruit ressemblant à celui de la foudre dans le lointain. Un moment yprès, tout était tranquille et chacun de nous parlait et riait à cœur content du singulier phénomène. Mais nous ne tar- dâmes pas à redevenir sérieux , car le jour disparut peu à peu et le ciel fut obscurci par un nuage d'une fumée très-noire et très- épaisse. L'atmosphère était imprégnée d'une forte odeur de soufre, et des cendres d'une couleur sombre tombaient épaisses comme de la neige. Nous fûmes obligés d'allumer les chandelles. Le plus grand nombre de nous ne s'en leva pas moins pour aller déjeuner. Mais à })eine étions-nous assis que — horreur sur horreur — la terre sembla rouler comme les vagues de l'Océan. Chacun de nous fut renversé et ne se releva que pour être renversé encore; vous ne pouvez imaginer un plus parfait chaos, au milieu des plats et des verres qui se brisaient en tombant, des craquements de la maison et des exclamations des soldats. Quelques-uns gagnèrent la porte. Le spectacle le plus étrange frappait les yeux : les pins gigantesques autour du fort semblaient se flageller les uns les autres; les charrettes en face de l'écurie étaient engagées dans ( 129 ) une bataille rangée; les chevaux , les bestiaux s'étaient eouchés sur le sol et poussaient des gémissements lamentables; les chiens aboyaient , et les liurlements sauvages des Indiens campés près du fort complétaient le concert. Nous nous imaginions que la fin du monde était venue. Le magasin du commis aux vivres avait été jeté à vingt pas de l'emplacement qu'il occupait. Pourtant per- sonne ne perdit la vie; on n'eut pas même d'accidents sérieux h regretter. Nombre de nous en furent quittes pour quelques écor- chures au nez ou ailleurs. Les bâtiments n'ont pas souffert beau- coup non plus, étant tous construits en planches ou en troncs d'arbre; mais je ne crois pas qu'un seul carreau soit resté intact. » Les suppositions vont leur train touchant la cause de cette singulière frasque de la nature. Le plus grand nombre de nous sont d'avis qu'un volcan vient de faire éruption près du lac, car on voit une fumée noire qui s'élève dans cette direction. Plusieurs soldais se sont offerts pour aller voir si nous avions ou non près de nous un monstre vomissant du feu. Il y a eu environ une demi-heure d'intervalle entre la première et la seconde secousse. Celle-ci, au- tant qu'on en peut juger par les diverses opinions émises, a duré de deux à trois minutes. Vous aurez de plus amples détails parle prochain express. » L. Tennyson, clerc du quartier-maître, » Par ordre du commandant du poste. » M. Whitmore vient d'arriver de lAgence; il rapporte que le lac a baissé d'environ six pieds et qu'il baisse encore. Crooked Creek, un cours d'eau entre le fort et l'Agence, a été complète- ment mis à sec. » P. S. — Nous devons ajouter qu'on dément cette relation. — Le 9, à Ciudad Bolivar (Venezuela), tremblement. — Le 10, 2 h. 50 m. du soir, à Lavaur (Tarn), tremblement (?). On écrit, le dimanche 15 : « Mercredi matin, vers 4 h., un orage, mêlé de tonnerre et d'éclairs, a éclaté sur notre ville. Les éclairs n ont cessé qu'avec le jour. La journée du jeudi s'annonçait sous de belles apparences; le soleil nous montrait ses rayons. Tout à coup le ciel s'est assombri, et à 2 h. oO m., nous avons ressenti Tome XXL 9 ( 150) une secousse de tremblement de terre. Il n'y a pas eu d'oscilla- tion, mais seulement un bruit sourd, semblable à une forte détonation, qui a fait trembler les maisons. Presque immédiate- ment après, le temps est devenu brumeux et la pluie est tombée dans la soirée. » — Le 10 encore, dans le Jutlaud (Danemark), tremblement qui dura dix secondes et causa une panique générale. [El Fede- rulisia, de Caracas, du 25 février.) Le 12, à Ringkjœbing (Jutland), fort tremblement. (M. Boue.) N'est-ce pas le même que le précédent? — Le 11, 9 h.72 du soir, dans l'arcbiducbé de la liante Au- triclie, à Davidsclilag, à Glasan, à Ilallmansoecbt, à Kirchslag, à Obernenen Kirclien, à Robsicb (cercle de Mùhlkreis), tremble- ment avec bruit pareil au tonnerre. Ces localités se trouvent à 2 ou D mille pieds au-dessus de la mer. (M. Boue.) — Le 11 encore, dans l'ouest de l'Angleterre, tremblement i\o\\i\^ Journal des Dèhals, du 21, donne la description suivante, d'après le Western Press : « Vendredi, les liabitants de Knowle et de Rotterdam furent effrayés par ce qui leur parut être une secousse ou i)lutôt une succession de secousses de tremblement de terre. Les fenêtres des maisons furent secouées vivement, et, du rez-de-cbaussée au grenier, toutes les maisons tremblèrent; les secousses furent plus sensibles aux étages supérieurs qu'en bas. L'atmospbère était calme, point de veut, le temps était serein. Ce n'est donc pas au vent qu'on peut attribuer cela. On nous a rapporté que trois ou quatre secousses successives avaient eu lieu rapidement, laissant entre elles cependant des intervalles sensi- blement appréciables. Cbaque secousse était accompagnée d'un grand bruit de portes et de fenêtres et d'un ébranlement non douteux des maisons. Quelle qu'en soit la cause, ce pbénomène n'en est pas moins très-remarquable. » Il y a deux à trois ans, une secousse de tremblement de terre se fit sentir dans une grande partie de l'Angleterre. A cette époque les habitants de Knowle et de Rotterdam en ressentirent très-dislinclement les effets. » — Le 15, vers 0 h. du matin, à Vicence, une légère secousse ( 131 ) ondulaloirc du sud à Test {sic). (Opinion nationale j Débals et Élendanl, du 22 janvier.) Le 17, au soir, une secousse signalée par le GalignanVs Mes- senger, du 24, qui ne mentionne pas celle du 15. — Le 21 , 9 11.^2 » table. On en peut dire autant des autres communes de l'arron- » dissement de Cranée, à savoir : de celles de Livathos, de » Pharaclata, de Dilimata et dOmatos. Cependant, dans la prc- ( I5S ) j> mièrc de ces communes, ({iialrc villages ont été délriiits com- » plétemcnt, tandis que les communes de Scala et d'Elios ont été » épargnées. Le nombre des morts n'a pas encore été vérifié dans » l'arrondissement de Cranée (dont Argostoli est le chef-lieu ainsi » que de tout le département); on les calcule pourtant à peu près » à cent. L'arrondissement de Samos , à l'exception des villages » qui sont près du rivage, a souffert le moins des autres parties » de rîle. » » Je complète cette esquisse par les détails qui suivent et que j'ai recueillis des personnes qui sont arrivées hier du lieu de l'événement. Les secousses, qui continuent toujours très-fré- quentes, ont ceci de remarquable : c'est qu'elles sont ordinaire- ment précédées d'un mugissement souterrain . et que la commo- tion qui suit est brusque et saccadée. Les maisons qui ont le plus souffert à Argostoli sont celles qui sont situées sur la rive du port; la plupart de celles-ci ont été renversées. 11 est aussi à remar- quer que la ville d'Argostoli se compose pour la plupart de bâtisses nouvelles et d'une construction assez solide. Le commandant du Sjjros a compté, pendant les vingt-quatre heures qu'il y est resté, plus de 87 secousses, parmi lesquelles trois tremblements assez forts, i\n le matin à 9 h. (10 courant) et deux le soir h peu de distance. Des sources et des puits, à ce qu'on prétend, ont tari. Mais je me garde de vous reproduire ici tous les détails qu'on fait courir à propos de ce triste événement. Les personnes frappées par le malheur et saisies naturellemeent par la peur tombent quelquefois, sans le vouloir, dans l'exagération des faits. Les per- sonnes qui ont visité l'île après l'événement disent que le spectacle des deux villes de Lixuri et d'Argostoli est navrant : on croirait voir deux villes à la suite d'un bombardement soutenu , et les habitants, en présence d'un pareil désastre, sont comme hébétés. » Je me réserve , Monsieur, de compléter ces quelques rensei- gnements, recueillis à la hâte, quand j'aurai sous les yeux les descriptions qui ne tarderont pas à nous arriver aussi des autres localités où le tremblement a été ressenti. » M. Stephanos a largement tenu sa promesse. Outre de nom- breux renseignements manuscrits , il ma encore envoyé divers ( I5« ) journaux grecs. Forcé de me restreindre dans ces notices, je me bornerai, quoique à regret, à reproduire la liste des secousses, mentionnées dans ces documents, en y ajoutant toutefois les principaux phénomènes qui les ont signalées. » A Lixuri, un mugissement précéda de quelques minutes la grande secousse qui survint à G h. 10 m. du matin du 4 et que j'ai indiquée comme ayant eu lieu à 6 h. 20 m. Sa durée fut de 50 secondes et sa direction du NO. au SE. Son mouvement a été d'abord horizontal, puis ondulatoire et enfin tournoyant et sub- sultoire [sic). Son foyer paraît avoir été dans le canton de Paliki ou Paie, arrondissement de Lixuri, et en particulier au district d'Anse, où le village de Sainte-Thècle a beaucoup souffert. » Trois quarts d'heure après, une seconde secousse, plus forte, acheva de ruiner de fond en comble la ville de Lixuri et d'endommager grandement celle d'Argostoli. Une pluie torren- tielle survint dans la journée. M Ce qui put donner une idée de la violence du mouvement de ces deux premières secousses sont les faits suivants : Un jardin près du village de Bellaportata s'est crevassé en triangles d'un bout à l'autre; les crevasses sont très-profondes, et, à ce qu'on assure, on en entend venir un mugissement souterrain. Près du village d'Haros il se fit une crevasse très-profonde d'où jaillit une source d eau sulfureuse. Dans la place d'Armes d'Argostoli la statue en bronze de sir Thomas Maitland (premier lord commis- saire anglais des îles Ioniennes) s'est trouvée, après la secousse, retournée avec la face du côté opposé. D'un tuyau de cheminée, composé de trois cylindres superposés, la secousse a jeté par terre celui du milieu , et celui d'en haut se trouva posé sur le dernier formant la base du' tuyau , avec une exactitude surpre- nante. Près du village de Sainte-Thècle, un grand rocher se détacha de la montagne et se précipita dans la mer, emportant avec lui un petit couvent qui était bâti dessus et les deux moines qui s'y trouvaient » Le même jour, 4 février, 6 h. \o m. du matin, à Zante, très- fort tremblement, de douze secondes de durée. A 7 h. 50 m., suivant M. Vlasto (^/^ d'heure après le premier, suivant le journal ( 137 ) de l'île), second tremblement plus fort, mais moins long. Pendant la journée et la nuit suivante, trépidations continuelles. Secousses à midi 24 m., 1 li., 1 h. 8 m. et 2 h. 5 m. du soir. Au cap Ski- nari, qui se trouve en face de Céphalonie, quelques maisons se sont écroulées. Ce sont les seuls dégâts dans cette île. Le 4 encore, G h. du matin, à Sainte-Maure, tremblement très- fort. La plupart des maisons de la ville ont été lézardées , d'autres petites bâtisses se sont écroulées. Les communes d'Eugère et des Apolloniens, situées dans la partie de l'île en face de Céphalonie, ont souffert davantage. Dans le village de Vassiliki, deux per- sonnes ont péri dans une grotte où elles s'étaient réfugiées, erjsc- velies sous les roches qui se détachèrent de la montagne. A Ithaque, 6 h. 15 m. du malin, tremblement très-fort, sans dégâts remarquables dans la ville. La secousse a été plus forte encore dans la partie de l'île qui fait face à Céphalonie. Le village de Lefki., situé de ce côté, a beaucoup souffert. On avait dit d'abord qu'il était complètement détruit. A Corfou le tremblement a été moins fort, mais assez long. « J'ai calculé, m'écrit M. Stephanos, qui ne m'en indique pas rheure, que la durée de la secousse n'a pas pu dépasser vingt secondes; sa direction était du NE. au SO. D'après ce que l'on connaît jusqu'à ce jour (15), il est à présumer que le foyer du tremblement était à Céphalonie. » A Missolonghi (Grèce), le même jour, 6 h. 20 m. du matin, fort tremblement de l'O. à l'E. et de six secondes de durée, avec mu- gissement. Une maison seulement s'est écroulée. Les meubles ont été beaucoup endommagés, ce qui indique peut-être, dit M. Ste- phanos, un mouvement tournoyant ou ondulatoire. A Palras, G h. du matin, une secousse ressentie à la même heure à Athènes. A ïripolitza, G h. du matin, une secousse qui, comme celle du 5, a été ressentie dans toute la province de Mantinée, ainsi qu'à Assakos (Dragamesto, Grèce continentale, province de l'Acar- nanie), à Lamia et à Agrafa (département de la Phthiotide). Dans cette dernière ville la coupole de l'ancienne église métropolitaine s'est effondrée. ( 158 ) Pendant sa nouvelle mission scientifiqnc en Grèce, M. Foiiquc est allé étudier ce phénomène à Céphalonie. A son retour, il a adressé à M. Duruy un long et très-intéressant rapport qui a été publié dans les Archives des missions scientifiques et littéraires y 2""* série, t. IV, pp. 445-484, avec deux planches et un extrait aux C. R., t. LXVI, pp. 526-550. Je regrette de ne pouvoir en reproduire quelques extraits. C'est avec juste raison qu'il dit que les secousses se sont renouvelées jusqu'en avril, mais c'est à tort qu'il en rapporte les premières au 11 février au lieu du 4. Je crois d'autant plus devoir signaler celte erreur qu'il s'est appuyé sur cette date fausse pour m'atla- quer d'une manière courtoise, il est vrai , mais non fondée. On peut dire que, jusqu'à la fin de mars, il ne s'est point passé un seul jour sans qu'on ait ressenti plusieurs secousses. Suivant M. Schmidt, elles furent quotidiennes, du 4 au 12, dans tout TArchipel, et du 15 au 27, dans l'Ile de Céphalonie. « Le nombre des secousses pendant les premiers vingt jours, m'écrit M. Stephanos, a été de 80 à 400 dans les vingt-quatre heures; elles ont diminué ensuite à 20; aux derniers jours de mars, elles ont été réduites à 5. Parmi ces secousses, il y en avait de temps en temps de très-fortes; elles étaient le plus souvent précédées d'un mugissement et leur mouvement était brusque et saccadé, à Lixuri en particulier. » Voici la liste des secousses signalées avec dates : Le 5, G h. 20 m. du matin, à Zante, tremblement moins fort que celui delà veille. Les trépidations du sol sont très-fréquentes, ainsi que le G et le 7. Le 5 encore (heure non indiquée), à Patras, une secousse. Les secousses s'y continuaient encore au 21 de ce mois. Le 8, à Argostoli (Céphalonie), cinq secousses dans l'espace de trois heures. Le 8 encore, à Zante, quelques légères secousses pendant la journée. Nuit du 8 au 9, à Argostoli, nouvelles secousses. Le 9, 1 h. 7^ fï" soir, à Argostoli, encore une secousse assez forte et assez longue. ( 139 ) Le 10, I 11. 50 m. du matin, à Znntc, long tremblement. Les trépidations du sol continuent. Le même jour, 9 h. du matin, à Céphalonie, fort tremblement et deux autres dans la journée. Plus de 87 secousses dans les vingt-quatre heures (vide suprà). Le 12, 3 h. 55 m. et 8 h. 50 m. du matin , à Zante, deux foris tremblements avec légères secousses dans l'intervalle. Le 14, I h. 55 m. du soir, autre tremblement, fort et très-long, suivi de fréquentes trépidations du sol. A 4 h. 50 m. du soir, une nouvelle secousse assez forte. Le 19, 6 h. 50 m. du matin, une secousse. Le 20, 6 h. 45 m. du matin, encore une secousse. On lit dans la Grèce, du 21 (n. st.) : « Les tremblements de terre continuent plus faiblement, mais des bruits continuels se font en- tendre, pareils au bruit des coups de canon dans le lointain. Les oscillations paraissent avoir lieu de l'O. à l'E. Les bruits souter- rains sont plus sensibles à Lixuri et aux environs, de sorte qu'on craint qu'il ne s'y prépare quelque éruption. )^ M. Spanopoulos, directeur du gymnase dArgostoli, a même adressé au ministère de Tinstruction publique un rapport dans lequel il cherche à démontrer qu'il existe un volcan souterrain à la partie la plus élevée de la presqu'île de Pallé dans le NO. de Céphalonie. Ce document, signé du 1" février (du 15,n. st.), a paru presque in extenso dans le journal la Grèce, du 28. Le 22, 9 h. du soir, à Zante, une nouvelle secousse. Le 24 (le 12, v. st.), dans l'île de Crète, tremblement. On écrit de Corfou , le 2() : « Un steamer arrivé ce matin de Cé- phalonie nous apporte la nouvelle que les secousses continuent encore, mais que c'est à Lixuri qu'elles se font le plus fortement sentir. Dès la première secousse, on remarqua qu'un rocher sous- marin, visible sous les eaux transparentes du port de Lixuri, était en constante vibration, et que le lit de la mer, dans ce port, s'était élevé. Ces nouveaux phénomènes ont causé une véritable ter- reur. » {Débats , 10 mars.) Le soulèvement du sol au port de Lixuri n'a point été constaté. Quant à la roche branlante, elle est connue depuis longtemps. EUç ( 140 ) a été étudiée par Spallanzani et d'autres savants. Dans une de ses lettres, M. Stcplianos me donne, à ee sujet, des détails très-inté- ressants que je ne crois pas devoir reproduire. « En temps de calme parfait, dit-il, le mouvement est encore plus frappant. » Le 28, on écrit encore de Corfou : « Les secousses continuent à Céphalonie. A chaque instant, de nouvelles oscillations com- promettent la vie des habitants restés au milieu des ruines qui s'augmentent de jour en jour. L'agent consulaire demeure sous un abri de planches, élevé dans son jardin, et le consul d'Angle- terre, dont la maison avait résisté et qui donnait l'hospitalité à un grand nombre de familles, a été ol)ligé de la quitter et de se re- tirer dans son yacht. » Dans le courant du mois, jours non indiqués, à Corinthe, plu- sieurs secousses, précédées de détonations souterraines. On y a compté onze secousses dans les vingt-quatre heures. (Un journal d'Athènes, en date du !26 février, n. st.) — Le 4, 5 h. 25 m. du matin, à Bousaada (Algérie), une forte secousse du NO. au SE. et de près d'une minute de durée. Aucun dégât. A Bordj-bou-Arréridji, de 5 h. 37 m. à 5 h. 58 m. du matin, deux secousses de l'O. à l'E. Simultanément avec la première, un grondement d'une à deux secondes a augmenté progressivement comme l'aurait fait un chariot lancé à toute vitesse. Le sol sem- blait s'élever à l'ouest, une seconde après et pendant deux se- condes, il s'est replacé en sens inverse et par saccades qui ont produit d'assez fortes oscillations pour faire battre les portes , ébranler les meubles et entrechoquer les ustensiles. Du reste, pas le moindre dégât, pas la moindre lézarde aux murailles. (M. Auca- pitainc, d'après l Africain, du 5 février.) Le même jour, 3 h. 40 m. du matin , à Boghar, une secousse sans dégâts. A Fort Napoléon, 5 h. 44 m. du matin, une secousse du nord au sud et de trois à quatre secondes de durée. Quelques légères lé- zardes. A Biskra, 3 h. 50 m. du matin, une secousse qui n'a pas dû durer moins de cinq à six secondes; l'oscillation a dû être '/4 NE. — SO. [nie). { 141 ) On l'a ressentie également à Alger, à Blida , à Boufarik , à Batna , à Djelfa et à Lnghouat. 11 en a été de même à El Afroun, où elle s'est fait ressentir à 4 h. du malin. Un bruit, ressemblant à une très-forte détonation qui aurait eu lieu dans la montagne, avait précédé d'un quart d'heure environ cette secousse qui, du reste, n'a pas été très-forte. (Moniteur de V Algérie, des G et 7 février.) A ces deux numéros du Moniteur M. Aucapitaine a joint le Tell, du G février, dans lequel je lis encore, à la suite d'un article que j'ai déjà cité relativement au Monte Baldo : « A ce sujet nous de- vons dire que Blida et ses environs ne sont pas encore tout à fait bien rassurés; car de temps à autre, quelques secousses plus ou moins vives se font ressentir, sans occasionner pourtoutle moindre accident. C'est ainsi que ce malin, l\ 5 h. 45 m., il nous est arrivé une secousse qui a jeté un peu d'émoi dans certains quartiers de la ville. Elle a été de très-peu de durée; mais Djelfa, qui n'en avait point éprouvé le 2 janvier, a ressenti celle-ci pendant près de trois secondes, sans dégâts. » Celle-ci, malgré les mots ce matin, que j'ai soulignés, est du 4. C'est ce que prouve d'ailleurs évidemment la dépêche télégra- phique suivante, expédiée de Djelfa, le 4 à 10 h. 14 m. du matin , à YAkhbar, qui l'a reproduite dans son n" du 5 : « Aujourd'hui, à 4 h. précises du matin, Djelfa a éprouvé un fort tremblement de terre. La même secousse du sud-est au sud-ouest (sic) s'est fait ressentir instantanément et a duré huit secondes. On n'a aucun accident à déplorer.» {Débats et Opinion naliojiale, du 9 février.) Le 11, 1 h. et 5 h. du malin, à Alger, secousses légères. Le 15, 5 h. 20 m. du matin, à Oran, une secousse. Le 17, 10 h. 55 m. du soir, à Mouzaïaville, une secousse du nord au sud, à l'opposé des précédentes. Les baraques et les tentes l'ont vivement ressentie, mais personne ne s'en est effrayé, ha- bitué qu'on est à la chose. — Le 4 encore, G h. 5 m. du matin, à Catane et à Acireale, trem- blement ondulatoire de longue durée, trois secousses. A 7 h. 5 m, du matin, une autre secousse légère dans ces deux villes. Le même jour, G h. 50 m. du matin, à Cosenza, légère secousse ondulatoire qui n'a duré qu'une seconde. ( 142 ) Le 25, 6 h. 47 m. du soir, à Acireale, autre tremblement léger. (M. Grassi.) — Le 7, vers 7 h. du soir, à Liège, secousse très-faible. « M. Le Roy, professeur à l'Université, dit M. De Koninck, a été surpris par un mouvement vibratoire qui se produisait sur les objets déposés sur la cheminée de son cabinet de travail; il a remarqué en même temps que la porte s'ébranlait spontanément. » Ces mouvements n'ont duré que quelques secondes. Le lendemain, 8, vers \\ h. du soir, une remarque semblable a été faite à Liège par M. l'avocat Dewilt. (Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 1867. n" 5, p. 252.) — Le 12, 1 b. 5 m. du soir, à Laibach (Carniole), vuie secousse horizontale de l'O. à l'E. et de deux secondes de durée, avec bruit comme celui dune voiture; meubles mis en mouvement; oiseaux et chiens inquiets. A 1 h. '/^ et à 2 h., deux nouvelles secousses faibles. (M. Boue.) — Le 12 encore, 9 h. 42 m. du soir, à Maracaïbo (Venezuela), tremblement du sud au nord avec reprise [con repercusion) et bruits dans l'air. Le 18, autre tremblement, signalé sans détails. (M. Rojas.) — Le la, on écrit de Torrevieja : « Au moment où nous espé- rions que les tremblements de terre avaient complètement cessé, aucune nouvelle secousse ne s'étant produite depuis vingt-quatre heures, hier à 2 h. '/2 du matin, le terrible phénomène s'est répété, nous avons ressenti les oscillations et entendu le bruit. Quoique sa violence n'ait pas été aussi grande que précédemment, l'alarme a été générale. » Aujourd'hui, à 10 h. 50 m. [sic), un autre tremblement a eu lieu et s'est reproduit à 10 h. 55 m., c'est-à-dire qu'en cinq minutes nous avons eu deux secousses, de sorte que nous ne savons plus quand il plaira à Dieu de nous délivrer de ce terrible péril. Nous sommes campés au milieu des rues et des places ou dans des ca- banes de roseaux ou de paille. La plupart des édifices menacent ruine. Le sacrifice de la messe se célèbre en plein air, les murs de l'église étant hors de niveau et près de s'écrouler. » [Débats, du 24 février.! ( ï^*5 ) — Le 23 (?), 1 11. du matin, dans le Wcslmorcland, tremble- ment douteux comme la date elle-même. Je lis dans le GallgnanVs Messenger, du 4 mars, l'extrait suivant d'une lettre non datée : « Tremblement de terre dans le Westmoreland. Vendredi, la nuit était belle et Tair calme; brillant météore. Samedi, à I h. du ma- tin, un bruit sourd, semblable à celui du tonnerre dans le lointain, mais plus prolongé que le tonnerre ne l'est ordinairement dans le })ays, s'est fait entendre le long de toute la vallée de Rolha. Les maisons bâties sur le roc ont tremblé comme par un ouragan, quoique l'air fût parfaitement calme. Dans la matinée, les babi- lants d'Ambleside disaient avoir ressenti un tremblement de terre, les enfants avaient été réveillés, les meubles et les fenêtres mis en mouvement. 11 en a été de même à Grasmere, à Langdale et à Win- tbermere. Cependant des personnes, ayant éprouvé des commo- tions souterraines dans des régions volcaniques, nient que ce phé- nomène ait été causé par une véritable secousse de tremblement de terre. » {Daily News.) — Pendant tout le mois, à Serreta (Acores), de quatre à dix se- cousses peu violentes chaque jour sans en manquer un seul. Voyez au 2 janvier précédent. {Desde entao ao dia 15 de março lioiive sempre quatro até dez por dia potico violentas tremores.) — Dans le courant de février, M. Palmieri a trouvé des pro- duits ammoniacaux dans le grand cratère du Vésuve. Il décrit sa découverte dans une lettre que, le iO mars , il a adressée à M. Ch. Sainte-Claire-Deville. (Voir aux C. R., t. LXIV, p. G68.) Mars. — Le 1", 6 h. 20 m. du matin, à Zante, tremblement long, mais sans violence. Le D (n. st.), 6 h. 50 m. du matin, à Dzounsovasi (près de Smyrnc), tremblement de l'est à l'ouest et de 12 secondes de durée. Le 5 encore, 8 h. du soir, à Corfou, une légère secousse. Le même jour, on écrit de Céphalonie que les secousses s'y renou- vellent sans cesse. Le 5 (n. st.), à Kumi, tremblement que M. Schmidt, suivant l'ancien style, rapporte au 21 février. Le 7, vers 6 b. '/t ou G '/î du soir, à l'île de Mételin, tremble- ( 144 ) ment désastreux qui a ébranlé une parlic de TAnatolie. On l'a res- senti h Smyrnc, à Magnésie, h Adramiti, aux Dardanelles, à Galli- poli, à Constanlinoplc et jusqu'à Andrinople, qui paraît être le point le plus éloigné vers le nord. M. Fouqué fait erreur encore en fixant la date au G. M. Cli. Rittcr, ingénieur français au service de la Turquie, où depuis douze ans il noîe avec le plus grand soin, pour me les transmettre, tous les phénomènes séismiques qui se manifestent dans la pénin- sule turco-lielIéni([ue, donne la date du 7, ainsi que M. Stephanos et tous les journaux français. Les journaux grecs, qui suivent l'ancien style, donnent la date du 23 février. C'est aussi celle quindique M. Schmidt, directeur de l'Observatoire d'Athènes. Cependant la Grèce, journal qui se publie à Athènes et qui suit le nouveau style, me paraît avoir commis une erreur d'un autre genre. Voici ce que je lis dans son N" du 21 mars : « Nous avons aujourd'hui des renseignements positifs sur le tremblement de terre de Mitylènc et sur les désas- tres qu'il a produits. Le 23 février ((> mars, sic), vers midi, une violente secousse du sol se fit sentir tout à coup, et, dans l'espace de 40 secondes, la face de l'île fut entièrement changée. Des ruines la couvrirent, et, à la surface, il s'éleva un nuage épais comme si elle était tout en flammes. Trois minutes après, une deuxième secousse, aussi forte et aussi prolongée que la première, produisit de nouvelles ruines. Au bout de cinq à six minutes, une troisième secousse compléta le désordre de lîle A la date du 14 mars (du 2, v. st.), les secousses continuaient, mais plus faibles. » L'heure n'était-elle pas indiquée à la turque, vers G heures, et le journal n'a-t-il pas oublié d'en faire la con- version ? Attachant une grande importance à Texactilnde des dates, je crois devoir relever encore une autre erreur du même genre. Dans une lettre, adressée le 9 de Mételin au journal anglais le Malta Times, et reproduite par plusieurs journaux français, no- tamment par les Débats, du 26 mars, et le Moniteur de la flotte, du 31 , on lit les passages suivants : « .... Jeudi, 6 mars [sic] , le lcm[)s était sombre, la chaleur incommode, comme il arrive ton- ( 145 ) jours quand le vent souffle du sud. Rien ne faisait pressentir les tristes événements qui devaient suivre. Bien que cette chaleur eût un caractère volcanique assez prononcé, on l'attribuait au retour du printemps » A G h. du matin, le 8 [sic], une forte secousse, de quinze à dix-huit minutes [sic) de durée, ébranla la ville; et, avant qu'on ait eu le temps de s'en rendre compte, survint une seconde secousse plus longue et plus violente. J'arrivai en ce moment an bureau du Lloyd autrichien, et, une minute à peu près avant cette dernière secousse, je vis la mer, dans le port, se soulever et écumcr comme si une explosion sous-marine venait d'avoir lieu. Ma surprise dura bien peu cependant, car, en beaucoup moins de temps que je n'en mets à vous l'écrire, je vis tous les édifices se mouvoir comme des hommes ivres et des blocs de maisons construites en pierres s'écrouler comme des châteaux de caries.... La partie la plus basse de la ville est celle qui a le plus souffert. La terre s'est littéralement ouverte et a englouti une quantité de maisons formant une rue qui allait du bord de la mer à l'intérieur de la ville; et cet endroit, qui était encore, jeudi dans Vaprès- mkli, le plus fréquenté de Mitylène, est actuellement envahi par la mer et par des amas de boue » Je ferai remarquer que le jeudi était le 6 et non le 7. N'est-ce pas à cette date du jeudi 7, 6 h. du soir et non au 8, G h. du matin, qu'il faut rapporter les secousses que Lauteur décrit en en exagé- rant évidemment la durée? On sait que les Anglais indiquent par les initiales A. M. (mife meridiem) les heures du matin et P. M. [post meridiem) celles du soir; une faute dimpression est facile à faire et l'on comprend sans peine la fréquence des erreurs de ce genre. Ces remiirques faites, je passe à la description du phé- nomène et je commence par un extrait du long et très-intéressant rapport de M. Fouqué. « D'après les renseignements qui m'ont été donnés, dit-il, la première secousse ressentie à Métclin a eu lieu le G mars (s/c), à 6 h. ^/â du soir. Pendant la journée, l'atmosphère avait été calme, le baromètre indiquait une pression supérieure à 7G0, la tempé- rature était d'environ 10 degrés en moyenne, et le vent nord-est Tome XXL 10 ( 140 ) fjiiblo. La première commotion a été de l)eaucoiip la plus foile, elle a duré de 50 à 40 secondes. Dans la ville de Mctelin, où elle a été le mieux observée, elle était composée de mouvements oscil- latoires très-énergiques pendant les premières secondes, plus faibles pendant les secondes suivantes, et de nouveau très -mar- quées pendant les derniers instants. La secousse, très-violente au début, a donc eu une recrudescence vers la fin de sa durée. La première impression qu'elle ait produite a été celle d'un clioc ver- tical comme celui qui serait résulté d'une explosion souterraine, mais presque aussitôt elle s'est transformée en un mouvement oscillatoire horizontal, orienté sensiblement dans la direction N. 10° E. à S. 10" 0. Chacune de ses oscillations était composée de deux mouvements en sens inverse d'inégale intensité: l'un, que jappellcrai mouvement en avant, était produit par une impulsion dirigée du N. 10" E. au S. 10° 0. et beaucoup plus énergique que le mouvement de recul de sens opposé. » A 10 h. du soir, une nouvelle secousse, beaucoup moins forte que la première, a duré environ 20 secondes. Dans la nuit, des ébranlements plus ou moins forts se sont succédé à des intervalles très-rapprochés; les jours suivants, les commotions ont continué en présentant toujours un faible degré dénergie et en diminuant de plus en plus de fréquence. » A la fin du mois de mars et dans les premiers jours d'avril, il s'en produisait encore deux ou trois par vingt-quatre heures. » Je lis ailleurs : Une minute avant la première secousse, la mer du port se gonfla comme sous limpulsion d'un soulèvement sous- marin et parut en ébullition. Dix minutes après, nouvelle secousse très-violente. Et dans un autre journal , il est dit que la première secousse, d'une violence désastreuse, à 6 h. du soir, ne dura que 7 secondes. A 10 h. 7 m., nouveau tremblement de même force et de même ^urée; ce qui avait résisté au premier fut ruiné. Depuis, écrit-on le 1), par intervalles de six à dix minutes, cinq ou six secousses très-fortes se sont succédé et ont complété la ruine de la ville; elles ont continué toute la nuit, mais à des in- tervalles p!us longs. [Courrier iV Orient , du 12 mars.) ( 147 ) Dans la ville de Méfelirij sur 2,500 maisons, 1,bOO sont entiè- rement renversées et 700 sont inhabitables. Il y a eu i 50 morts et un nombre considérable de blessés. La ville de Mételin est le point de Tîle où le tremblement de terre me paraît avoir agi avec la plus grande énergie, bien que dans beaucoup de villages la destruction ait été plus complète. Cependant M. Fouqué, après avoir rapporté les principales directions suivant lesquelles les secousses se sont manifestées en divers points, en conclut que le tremblement a eu son centre d'ébraidement à une petite distance de Tile, du côté de lAsic Mineure. « La disposition des ruines dans chaque localité fournit facilement, dit-il, ces directions principales. » Pendant la courte durée de son séjour dans l'île, du 27 mars au 1" avril, il a senti plusieurs secousses peu intenses; il n'en signale qu'une, plus forte que les autres. Elle a duré environ dix secondes et a été accompagnée d'un bruit intense, comparable au roulement du tonnerre. Il n'a pas pu distinguer d'intervalle entre le commencement de la secousse et celui du son. Étant en marche, il n'a pas pu non plus apprécier même approximativement la direction des vibrations du sol. Il n'indique ni Iheure ni même le jour; il dit seulement qu'il était à Lapbiona. Il n'a remarqué aucune trace de phénomène volcanique récent. Les sources thermales n'ont présenté aucune altération appré- ciable, soit dans leur température, soit dans leurs propriétés ou leur rendement. Il examine ensuite si les faits, qu'il vient d'exposer dans son intéressant rapport, apportent un appui à quelqu'une des théories qui ont été proposées pour rendre compte des tremblements de terre. Je ne le suivrai pas dans cet examen; cependant, je ne puis passer sous silence une erreur de fait qui me touche de trop près pour que je ne la relève point. Après avoir rappelé brièvement les idées de De Buch et de Ilumboldt sur l'état de fusion ignée à l'intérieur du globe, il ajoute : « L'action attractive de la lune et du soleil peut y occasionner (les marées et ceîlcs-ci augmenter la fréquence des tremblements de terre à certaines époques de l'année, mais il est impossible d'y ( 148 ) voir la cause véritable d'un phénomène essentiellement brusque, irrégulier et fréquent, surtout dans certaines zones de la surface terrestre, plus ou moins éloignées de l'équateur. J ajouterai en outre que, dans les deux tremblements de terre de Céphalonic et de Mételin, les lois posées par M. Perrey ne se trouvent que très-imparfaitement vérifiées. Tune des deux commotions ayant eu lieu, à la vérité, à l'époque d'une syzygie, conformément à la théorie qui repose sur la considération des marées souterraines, mais l'autre s'est produite pendant une quadrature, c"est-à-dirc contrairement à la même théorie. » M. Fouqué, je l'ai dit déjà, fait erreur en fixant au 11 février le commencement des secousses de Céphalonic. La date exacte est celle du 4, c'est-à-dire la veille de la nouvelle lune. M. Sehmidt a fait lui-même ce rapprochement; il remarque que le tremble- ment de Céphalonic a commencé 15 h. V2 avant la nouvelle lune de février, et celui de Mételin 52 h. après la nouvelle lune de mars. Ainsi CCS deux tremblements de terre ont eu lieu aux syzygies. Que je voie ces deux coïncidences avec une certaine satisfac- tion, c'est tout naturel. Mais je ne suis nullement surpris des divergences qui se présentent. Qu'ai-je dit, en effet, dans ma lettre à M. Lamé? Que les tremblements de terre constituent un phénomène très-complexe; que, parmi les causes diverses aux- quelles on peut en attribuer les manifestations, il en est une prédominante, l'influence lunaire, donlVaction di/féreni telle et prépondéranle a été constatée et établie par la discussion de plusieurs milliers de faits. Je n'ai nulle part signalé cette influence comme la cause unique du phénomène qui se renouvelle tous les jours, tantôt dans une région du globe, tantôt dans une autre. La loi que j'ai formulée consiste dans la fréquence des tremble- ments de terre plus grande vers les syz}gies que dans les qua- dratures. Cette plus grande fréquence se montrait déjà quand je n'avais discuté que 1,000, 1,500 et 2,000 tremblements de terre; depuis, elle s'est constamment maintenue et s'est manifestée d'une manière d'autant plus marquée que le nombre des faits était devenu plus considérable. M. Fouqué ne s'est occupé de ce tremblement qu'en ce qui ( 140 ) regarde l'île de Mctelin et il n'en a pas suivi les secousses au de- hors. C'est une lacune que je vais chercher à combler en partie. Dans TArchipel on signale encore les îles de Chio et de Leninos. A Chio, le 7 mars, fi h. 50 m. du soir, tremblement de i;i se- condes de durée. Cinq minutes après, nouvelle secousse très-forte. On en a encore ressenti neuf autres pendant la nuit. Quelcjucs maisons écroulées dans la ville, une mosquée renversée dans la forteresse. Le tremblement sest bien certainement propagé plus loin vers le sud, mais je n'ai pas de renseignements à citer. A I île de Lemnos, heure non indiquée, la secousse a été vive; on Ta ressentie dans toute l'île; mais on n'y a éprouvé aucun des sinistres dont on avait parlé. C'est ce qu'a constaté le comité de secours dans sa visite. Voici ce que j'ai appris du phénomène tel qu'il a été constaté sur la côte de l'Asie Mineure : A Smyrne, le 7, à 6 h. 5 m. du soir, tremblement violent (jui toutefois n'a pas causé de dommages sérieux. La première se- cousse, du NO. au SE., a duré dix se(;ondes. Elle a été immédia- tement suivie d'une deuxième et dune série d'autres* plus faibles, mais assez sensibles. Il faut remonter jusqu'à 1845 pour trouver le souvenir d un tremblement aussi violent, et encore celui de 1845 a-t-il été d'une moins longue durée. Au moment de la pre- mière secousse, il tombait une forte pluie, et le ciel, couvert de nuages, présentait à l'horizon des teintes d'un rouge vif, quoique le soleil fut couché depuis quelque temps déjà. (Lettre écrite de Smyrne, le 8 mars et reproduite dans le J. des Déhats, du 19.) A ces détails j'ajouterai la lettre suivante d'un de mes zélés collaborateurs : « Le jeudi 7 courant, à 6 h. 5 m., à 0 h. 8 m. et à 6 h. 1072 •!!. du soir, à Smyrne, trois fortes secousses; la pre- mière a duré 14 secondes, la deuxième 17 et la troisième 8 seu- lement. De fortes oscillations ont eu lieu du nord au sud. Me trouvant dans un magasin, j'ai constaté qu'une romaine, de 80 centimètres de long, pendue à un clou, a oscillé sur un par- cours d'arc mesurant ofi centimètres. Les ondes étaient lentes et très-allongées, mais sans forte secousse. A Smyrne, un magasin en pierre s'est écroulé et les six petites coupoles, attenantes à la ( ISO ) grande coupole centrale d'Hissar Djamissi , se sont toutes l'clces; la grande a été préservée.. .. » (Lettre de M. l'ingénieur Réchad- Bey à M. Ch. Ritter, en date du 9 mars, 10 h. 72 du soir.) Suivant d'autres, il y eut à 6 h. 10 m. un très-fort tremblement de rO. à l'E., suivi d'une secousse moins forte quelques minutes plus tard. Les secousses continuèrent pendant la nuit et furent quotidiennes pendant plusieurs jours. On les ressentit, aux mêmes heures, à Aïdin où il y eut des dégâts, à Aïvali, à Adramili, à Magnésie et à Cassaba. Cette dernière ville est le point le plus oriental que je trouve signalé. A Cydonies, vers le coucher du soleil, une violente secousse, qui s'est renouvelée bientôt après avec plus de force encore, a Mais ni ces deux premières secousses, ni les cinquante autres peut-être que nous avons ressenties jusqu'à ce jour, écrit-on le 15, n'ont occasionné ici aucun dommage apj)récial)le; quelques édifices seulement ont été lézardés, deux écoles primaires et deux vieilles maisons ont été seules endommagées fortement. » Aux Dardanelles, o h. 52 m. du soir, une forte secousse, à ondu- lations d'ocddent en orient et de 20 secondes de durée. A trois minutes d'intervalle, une deuxième secousse, un peu moins in- tense, mais de 25 secondes de durée. Après avoir commencé par quelques soubresauts, elle a continué et s'est terminée en ondu- lations dans la même direction que la première. « Depuis le 7, écrit-on le 16, de petites secousses, plus ou moins sensibles, se répètent une ou deux fois par jour, mais sans dommage aucun pour notre ville, ni pour les localités environnantes. » A Gallipoli, phénomènes semblables. a A Constantinople, 6 h. 20 m. du soir, ondulation unique, très-distincte, suivie, à cinq minutes d'intervalle, d'une longue trépidation du nord au sud, qui, m'écrit M. Ritter, a fait osciller les suspensions des lampes, les œufs d'autruche de mon salon et arrêté ma pendule. Les gens se sont agités dans la maison plus encore que les lampes, mais heureusement nous en avons été quittes pour l'émotion, toujours très-profonde, quand le sol se met à osciller. On rie sait jamais où cela peut mener » A Andrinople, un peu après le coucher du soleil, une légère ( Ibl ) 5CC0USSC, qui ne paraît pas s'élrc rcnoiivclcc. La lettre qui la signale est datée du 14 et n'en mentionne pas d'autres. Andri- nopîe est la limite nord que le phénomène semble avoir atteinte. A l'ouest, le tremblement s'est étendu jusqu'à Athènes, où l'on signale une légère secousse, le 7 encore, à 6 h. 30 m. du soir. J'ai déjà dit que les secousses s'étaient renouvelées à Mélelin et dans d'autres localités pendant la nuit du 7 au 8 et les jours sui- vants. Voici la liste des dates que je trouve indiquées. Le 8, 1 h. Vî du matin, à Smyrne, une secousse que, dans sa lettre déjà citée, M. Réchad-Bey signale comme la quatrième; il ne la pas ressentie, il dormait et n'a pas été réveillé. A 10 h. du soir, autre secousse qui causa de grandes frayeurs, suivant le Journal des Débats, du 26, et dont M. Réchad-Bey ne parle pas. Le même jour, à l'aurore, à Zante, une secousse. Le 8 encore, 5 h. du soir, à Chio, deux secousses nouvelles. Le 9,2 h. du malin, à Corfou , une légère secousse mentionnée par la Grèce, du 21, et dont M. Stephanos ne me dit rien. Le même jour, 8 h. 56 m. du soir, à Smyrne, une nouvelle secousse légère sans direction marquée. (M. Réchad-Bey, lettre citée.) Les Débats, du 26, en signalent, pour ce jour, sans indica- tion d'heure, une plus violente encore que celle de la veille. Le 9 encore, dans la soirée, à Chio, une secousse légère, et à ^lételin , heures non indiquées, plusieurs secousses. " Le 10, 6 h. 15 m. du matin et 1 h. 15 m. du soir, à Zante, deux nouvelles secousses, mentionnées })ar M. Vlasto qui ne les a pas ressenties, mais qui ont été notées par une personne digne de foi. Nuit du 10 au 11, à Mételin, neuf secousses ressenties à bord du vaisseau prussien la Gazelle. Le M, heures non indiquées, à Cavalla (Macédoine), quatre secousses. Du 12 au 14, à Mélelin, à Phokia et à Chio, secousses chaque jour, suivant M. Boue. Le 14, 5 h. 15 m. du soir, à Cavalla, nouvelle secousse. Le 15, à Smyrne, une secousse mentionnée par M. Boue, sans indication d'heure. Le 16, vers 5 h. 55 m. du malin, à Smyrne , une forte secousse. ( IS2 ) Ce jour-là, M. Rcchad-Bey écrit de nouveau à M. Rillcr : « J'au- rais des pages à vous écrire s'il fallait vous relater l'une après l'autre toutes les agitations qui , depuis le 7 courant, bouleversent notre sous-sol. Pas de jour et surtout pas de nuit que nous ne so}ons éprouvés. Depuis trente heures en^iron,.nous étions assez tranquilles et nous paraissions passés à l'état normal, quand, ce matin, vers quatre heures moins cinq miinites, j'ai été réveillé par le bruit qu'ont produit le tremblement des fenêtres de ma chambre et l'ouverture subite de quatre portes dont deux avaient été ver- rouillées avant de me coucher. Réveillé par la secousse, je n'ai pu en déterminer la direction ni la durée; mais un fait certain, c'est que l'effet de l'ouverture des portes verrouillées s'est répété deux fois lors du premier tremblement, le 7 courant, à G h. du soir. » Suivent des détails, déjà connus, d'ailleurs, sur les désastres de Mételin. « Des deux villes de Phocée, ajoute-t-il, la petite a eu 17 maisons écroulées, 1 mort et 5 blessés; la grande Phocée, 148 maisons ruinées, 12 morts et 18 blessés. Aïvali est complète- ment bouleversée; rîle de Djounda, qui lui fait face, a, dil-on, complètement disparu. Tout le sol de l'Anatolie, en face de Mé- telin, est plus ou moins bouleversé, mais les détails manquent. » M. Ritter considère ces on dit comme exagérés. Le même jour, le 1 G, de 4 à G h. du matin, à Mételin, treize secousses ressenties et signalées par un des commissaires envoyés dans l'île pour y porter des secours. {Courrier d'Orienl, du 24 mars.) Ces secousses sont aussi mentionnées, mais sans indi- cation d'heures, dans deux lettres écrites de Mételin, à la date du 16 : « Depuis le désastre du 6 [sic), le sol de notre île n'a pas cessé de ressentir une sorte de trépidation souterraine qui, dans la nuit dernière, s'est convertie en violentes secousses » [Mo^ii- leur, du 50 mars.) « Au reste, ajoute l'autre lettre, l'île n'a pas cessé de ressentir une espèce de trépidation souterraine depuis le 7. Excepté Ploumaron et Ayasso, tous nos villages sont détruits et les malheureux habitants n'ont presque pas d'autre asile que les décombres » {Moniteur de la flotte, 51 mars.) Le 16 encore, on écrit de Smyrne au Courrier d'Orient. « Bien ( 153 ) que nous soyons à huit jours du terrible événement qui a été si fatal à Mételin, il continue a être l'objet principal des conversa- tions. C'est qu'ici la secousse , ressentie le même jour qu'à Mételin , a été forte et longue, et que depuis , // ne se passe pas de jour, sans que nous éprouvions des oscillations plus ou moins sensibles. » Les avis qui nous parviennent de toutes parts i)ermettent d'embrasser l'étendue du rayon où le tremblement s'est fait sentir. Andrinople paraît être la limite vers le nord; sur la pénin- sule de 1 Asie IMincure, Aïdin vers le sud et les plaines d'AIaclié- cliir terminent le périmètre de ces côtés. Nous ignorons si les îles de l'Archipel vers Touest ont été éprouvées. A Cliio , la secousse s'est fortement accentuée, mais sans y causer de dommages; il en est de même d'Aïvali et de tout le littoral en face de Mételin. A Phocée, seulement, il paraît y avoir quelques habitations dé- truites, mais sans mort d'hommes. » Le foyer principal se rencontre donc dans lile même et spé- cialement dans la partie sejjtentrionale, paraissant décrire un cercle qui envelopj)e les villages de Kalonia, de Pctra, de Skamina, de Molivo, d'Hélia, de Stipsi, d'Ayos-Paraskévi, de Mistigna, etc. Chose curieuse, Pelina, gros bourg sur la côte vers le NO., n'a pas eu de dommages, tandis que les villages que je viens d'énumérer sont complètement détruits. On varie beaucoup sur le nombre des morts; comme celui des blessés, il est encore inconnu. » [Cour- rier d'Orient, du 20 mars.) On lit dans la Régénération, journal d'Athènes, du C/18 mars : « A Chalcis, département de TEubée, on a ressenti, il y a quel- ques jours, un tremblement assez fort qui n'a pas causé de dé- gâts. » Et dans le même journal, n° du 7/19 mars : « Les secousses continuent toujours à Mételin, à Chio, à Smyrne et dans l'inté- rieur de lAsie Mineure. Dans la ville de Phocée, 40 maisons se sont écroulées et 20 personnes ont péri.o) Le 19, 1 h. 17 m. du matin, à Corfou, une légère secousse du NO. au SE. avec mouvement brusque. A 10 h. 30 m. du matin, une nouvelle secousse, légère et de même direction. Le même jour, 9 h. du malin, à Mételin, une forte secousse; quelques nouveaux dégâts. ( 134 ) Le 19 encore, 7 h. 20 m. du soir, à Zante, une secousse. Le 20, 4 h. du malin, à Métclin, encore une secousse. Le 2i, 4 h. 45 m. du matin, à Corfou , nouvelle secousse légère. A cette date, le volcan de Santorin était toujours en pleine acJi- vité; je reproduis ici un extrait d'une lettre de M. Janssen à M. Cil. Sainte-Claire- Deville : « Je suis arrivé à Santorin le 21 mars : M. Fouqué avait terminé son travail et quittait l'île. Nous nous entendîmes rapidement sur les points les plus importants de nos études. » Je trouvai le volcan en pleine activité : les détonations étaient continuelles et formidables; le cratère du volcan, constamment remanié par les forces éruptives, lançait le feu et les pierres par un grand nombre d'orifices. Plusieurs fois par jour même, le sommet du cône volcanique, emporté tout d'une pièce par une éruption ijIus forte, retombait en une pluie de pierres incandes- centes qui recouvraient tout le cône et les espaces environnants à une assez grande distance. » Après une reconnaissance rapide, je commençai immédiate- ment mes rechercbes. Vous vous rappelez. Monsieur, qu'il s'agis- sait surtout d'obtenir, par l'analyse de la lumière, quelques indi- cations sur la .nature des gaz et des matières brûlant à leur sortie du cratère. Or, je constatai tout d'abord, et bien facilement, l'existence des flammes qui, du reste, avaient été très-nettement reconnues par M. Fouqué; mais l'analyse de ces flammes présenta d'assez grandes difficultés à cause des nuages de poussières incan- descentes qui s'y trouvent presque toujours mêlées, et masquent les propriétés optiques de ces dernières. Néanmoins, à l'aide de quelques disi)03itions spéciales, et en attendant avec persévérance les occasions favorables, j'ai pu faire l'analyse spectrale de ces flammes, et voici d'une manière succincte les résultats obtenus : » Les flammes du volcan de Santorin contiennent du sodium, et ce corps doit s'y trouver relativement en grande quantité, car je l'ai constaté en toute occasion. L'ensemble de mes observations me porte, en outre, à considérer l'bydrogène comme la base des gaz combustibles qui s'échappent des orifices du cralèrc. Ce fait me paraît important; il étend et confinne les résultats trouvés par ( 155 ) 31. Bunsen, par vous, Monsieur, et par MM. Le Blanc et Fouqué, sur la présence de ce gaz parmi les fluides rejelés des cvenls volcaniques. » Mon analyse ne s'est pas bornée là : je rapporte des dessins de spectres qui devront être discutés ultérieurement, mais qui, dès maintenant, semblent indi(|uer la présence du cuivre, du clilore et du carbone. Certaines circonstances d'analyse spectrale me permettront même, je Tespère, de donner des indications pré- cises sur la température des flammes, température qui paraît peu élevée. » Désireux d'étendre les résultats obtenus à Santorin, je me suis rendu au Stromboli. La configuration actuelle du cratère de ce volcan diffère d'une manière très-notable de celle que M. Fouqué avait constatée en 186G. L'ancien cratère très-profond est comblé et se trouve surmonté actuellement par un cliampignon de laves concassées, très-fissuré, vomissant des pierres , des cendres et des flammes. L'analyse de ces flammes me porte à leur attribuer une constitution qui se rapproche beaucoup de celle des flammes de Santorin. » (C. R., t. LXIV, p. 1503.) Le 22, 9 b. 50 m. du matin , à Zante, une secousse. Nuit du 25 au 24 , à Mételin , trois nouvelles secousses. De plus un ouragan s'est déchaîné sur Tîle; plusieurs tentes ont été enle- vées. La population vit dans la crainte de nouveaux désastres. Les secousses continuent. Le 28, 5 h. 40 m. du matin, aux Dardanelles, léger tremble- ment du nord au sud. Dans la même matinée, de G h. 25 m. à 6 h. 40 m., trois nouvelles secousses, légères. A Smyrne, 5 h. 50 m. du malin , une secousse du nord au sud. Le même jour, 6 h. '/^ du matin, à Mételin, une nouvelle se- cousse d'environ sept secondes de durée. Elle a été lellement forte, que, si elle eût duré plus longtemps, iV ne serait pas resté une seule maison debout sur toute l'île. Le 28 encore , 6 h. 25 m. du matin , à Andrinople , trois secousses sans dégâts. Le 29, 0 h. 10 m. du matin (12 h. à la turque), à Drama (Rou- mélie), deux fortes secousses; plusieurs murs et plusieurs mina- rets écroulés. ( rôG ) Le même jour, midi, à Philippopoli, une seeousse de huit secondes de durée. Pas de dégâts. Le 29 encore, H h. 10 m. du soir (3 h. à la turque), à Salo- niquc, deux fortes secousses; pas de dégâts, mais grande panique. (M. Ritter.) Le 30, îi h. du soir, à Salonique , deux secousses; pas de dégâts. M. Ritter ne signale aucun fait séismiquc pour le 30. Le même jour, 8 h. 7^ tlu soir, à Hagia-Sou et sur d'autres jxjinls de l'île de Mételin, une secousse, décrite plus haut par M. Fouqué qui en a ressenti plusieurs pendant son séjour dans l'île, du 27 mars au l*"' avril. Elles y étaient, dit-il, encore quoti- diennes à cette époque {vide suprà). Selon d'autres, les secousses y auraient cessé (ou du moins y seraient devenues plus faihles), pendant quelques jours. « Le 3 avril, a eu lieu, à Mételin, une nouvelle procession solennelle pour remercier Dieu de l'a cessa - lion du fléau qui s'est appesanti sur l'île. » {Moniteur du soir, 26 avril, d'après Y Étoile d'Orient.) Le 30 encore, heure non indiquée, à Drama , fort trcmhlcment. Quel([ues maisons et églises turques écroulées. Ce trcmhlcment et celui de Salonique, du même jour, diffèrent-ils de ceux du 29? C'est peu prohahle. — Du J'*" au 4 5 mars, à Serreta (Açores) , encore de quatre à dix secousses peu violentes par jour. Du IG de ce mois au 17 avril, on n'y en a plus ressenti aucune. — Le 7,8 h. du soir, à Windisch-Martrec, à Flattach, à Malnitz, à Doeuen, à Wolligcn, à 2 '/g lieues de Villach (haute Carinlhie), choc très-fort, du nord au sud et de quelques secondes de durée; on ne se souvient pas d'une secousse plus violente. Immédiate- ment après, deux nouvelles secousses, la première plus faihle, la deuxième plus forte. Le 8, \ h. du matin, encore une secousse moins forte. Le 2o, 5 h. du matin, à Bleiherg (Carinlhie), une secousse du NE. au SO. et de deux secondes de durée; hruit sourd, pareil au tonnerre dans le lointain, qui se termine par une explosion; les cloches ont sonné. De faihles secousses s'y sont répétées pondînit quel(|ues se- maines. (M. Boue.) ( 137 ) — Le 14, l\ flankow (Chine), une forte seeousse ressentie par la plupart des résidents. Elle était horizontale, mais on n'a pas pu en déterminer la direetion. — Le 15, 6 h. du soir, au lac Majeur, jusqu'à Sesla Calende, tremhlement vertical et horizontal; le niveau du lac s'est élevé suhitement de GO centimètres. Le village de Feriolo, sur le ver- sant du Simpion, sest englouti dans le lac; 7 maisons l'cnversées, 1 i personnes tuées. {M. Boue.) On écrit d'Arona, le I j : « Le petit village de Feriolo, situé au fond du golfe des îles Borromécs, entre le lac Majeur et la roule du Simpion, s'est tout à coup affaissé et a disparu dans les pro- fondeurs du lac. Une vingtaine de maisons et 17 habitants ont été engloutis dans les eaux. Une j)artie de la route et les maisons situées de l'autre côté de cette route ont été fortement endomma- gées. Les éboulcments continuent. » {Débats, du 22 mars.) — Le 2'2, on écrit de Panama : « Le volcan de Barba a montré une activité extraordinaire depuis quelques jours. » {jMoniteiir du 16 avril.) — Le 25, 4 h. 50 m. du matin, à Santiago (Cuba), tremblement assez fort. Le 23, G h. Vg du matin, autre tremblement assez fort; celui-ci a été également ressenti à trois lieues de la ville. — Le 29, 1 b. 10 m. du malin , à Naples, une secousse de -5 à 4 secondes de durée. Le même jour, 7 h. 25 m. du soir, à Urbino, une assez violente secousse, suivie d'un choc plus faible; puis tout à coup, une agi- tation vague et croissante de. la durée d'environ 5 secondes. La direction dominante a paru, au P. Serpieri, être de l'ouest à l'est. Vn jour après le premier quartier de la lune. (M™'' Scarpellini.) Avril. — Le 1", 4 h. 57 m. du soir, à Zante, une secousse. Le même jour, heure non indiquée, à Cbalcis, une forte secousse. Du l*^"^ au 14 (du 19 mars au 2 avril, v. st.). à Céphalonie, plus de 50 secousses ou bruits souterrains. (M. Schmidt.) Le 2, à Drama (Macédoine), tremblement que je ne trouve men- tionné que dans un journal de Caracas, el Feileralisia, du 14 mai; il doit être du 29 mars dont ce journal ne parle pas. ( 158 ) Le G (2*) mars, v. st.), à Argostoli (Cépbalonie), une secousse, la plus considérable de la première quinzaine du mois; la terre s'est enlr'ouvcrte. Le C encore, on écrit de Métclin h V Harmonie , journal de Constantinople, que les secousses y recommencent. Le 0, i h. 50 m. du matin , à Zante, une forte secousse. Le même jour, 8 h. 55 m. du malin, à Corfou, une secousse de l'ouest à l'est. Le 10, 4 h. 50 m. du malin, à Smyrne, une forle secousse. Le même jour, 7 h. du soir, à Mételin, une forte secousse. Le 14 , heure non indiquée, à Mételin, une secousse. Le 12, légères secousses encore. Le i4, heure non indiquée, h Céphalonie, quatre secousses dont la première plus forte. « Depuis lors, ajoute M. Stephanos, les secousses, qui avaient cessé pour quelque temps, se sont re- nouvelées. » De ce jour jusqu'au milieu de mai (du 2 à la fin du mois, V. st., dit M. Schmidi), à Argostoli, il ne s'est pas passé un jour ni une nuit sans secousse. Le 15, 8 h. 25 m. du matin, à Corfou, une secousse légère. Le 20. à Mételin et à Ghio, les secousses conlinuent. [Avenir, journal d'Athènes, 15 avril, v. st.) Le 23, C h. 10 m. du soir, à Corfou, une secousse, légère en commençant, plus forte à la fin. Le 25, 7 h. du matin, à Mételin, une violente secousse avec mugissement. — Le 5, 1 h. 50 m. du matin, à Blida, une nouvelle secousse de l'ouest à l'est comme les précédentes. [Le Tell, du G avril.) Les Débats, du 14, indiquent 2 h. du matin. M. Aucapitaine m'écrit : « Le lundi 3, 2 h. 10 m. du matin, à Blida, une secousse assez forte. Elle a été forte à Mouzaïa, avec détonation souterraine du côté del'Oucd Gcr. » Le 5 était un mercredi. Le 16, 10 h. 40 m. du matin, à Aumale,- une secousse. Le 22, 2 h. 27 m. du matin, dans toute la plaine ouest de la Mitidja, à Médéa, à Blida, etc., une secousse très-forte. Beaucoup d'habitants quittent précipitamment leurs maisons. Grondements souterrains (Oiijoiirs dans la direction de l'ouest à l'est, parallèle- ment aux contre-forts de l'Atlas. (M. Aucapitaine.) ( 139 ) — Le 4, un peu après 4 h. du malin, à Santiago de Cuba, assez forte secousse instantanée. C'est le troisième tremblement depuis le 23 mars. — Le même jour, 1 h. J5 m. du soir, à San Antonio del Tacbira (Andes de Venezuela), fort tremblement. Le 19, 7 b. Va du soir, à Tovar (20 lieues à l'ouest de Merida , Venezuela), une première secousse. «C'était le vendredi saint, dit une lettre du 5 mai suivant, la population était presque déjà réunie tout entière à l'église pour assister à la procession de Notre-Dame. Lézardes à Téglise d'où tout le monde se sauva, pierres détacbées et tombant du baut du portail, mais heureuse- ment peu de dégâts. ...» Le même jour, 8 b. du soir, à Saint-Cbristopbe (San Cristobal, Andes du Venezuela), fort tremblement qui paraît s'être étendu jusqu'à Caracbe vers le nord. A Merida, 8 b. 1 m. du soir, fort tremblement vertical {de (rc- pidacion). La secousse dura deux secondes et fut ressentie, ajoiite- t-on, à la même beure, jusqu'à Tovar, à 25 lieues de distance; des maisons y furent lézardées. Voici ce que dit la lettre de Tovar, déjà citée : « A 8 b. iO m., second temblor aussi fort que le premier. La terreur augmente, la procession se met en ordre et commence à déliter, A peine les images sont-elles bors de l'église, que survient une troisième secousse qui cause une panique générale. Cepen- dant la procession se fait au milieu des cris et des lamentations qui donnent à cet acte religieux un caractère aussi terrible que lugubre. Quand elle est rentrée dans l'église, le curé monte en chaire; à peine a-t-il commencé son sermon, qu'une quatrième secousse vient l'interrompre, précisément au moment où il sécrie : v( Sauvez-moi, Seigneur; Seigneur j ayez pilié de nous, et tous les fidèles répètent ses paroles. » Le prédicateur reprend son discours et l'achève. Mais, au moment où la population chante en chœur : Tibi soli peccavi...., survient une cinquième secousse qui porte la terreur à son comble. Tout le monde se sauve de l'église et passe une partie de la nuit dans les rues et sur la place. >» ( 160 ) Le même jour encore, 8 h. ^5 m. du soir, h Mer'ula , une nou- velle secousse moins violente. Le 21, 10 11. 11 m. du soir, à 3[erida, tremblement nouveau, plus fort que celui du 19 et accompagné d'un bruit épouvantable. On y en a ressenti plusieurs autres pendant la semaine sainte. Le même soir, 10 b. 19 m., à Maracaïbo, deux rapides secousses de l'ouest à lest, séparées par un court intervalle. A San Cristobal, 10 b, 25 m. du soir, fort tremblement. On y en a compté buit du vendredi saint 19, au jour de Pâques 21. Le 21 encore, jour de Pâques, 10 b. 2S m. du soir, à Tovar, une nouvelle et forte secousse; beaucoup de maisons lézardées. Le 24, bcure non indiquée, à Merida , une nouvelle secousse constatée par plusieurs personnes. Le 25, 1 b. 50 m., 5 b. et 4 b. du matin, à Tovar, trois nou- velles secousses qui augmentent la consternation; on abandonne les maisons où Ton n ose plus rentrer. Enfin, à 8 b. du soir, der- nière secousse du mois. On coucbe dans les maisons, mais en y laissant les i)ortes ouvertes. A Zea, l'église a notablement souffert. A Guaraquen, une maison a été renversée et deux autres forte- ment lézardées. Merida n'a ressenti que le contre-coup de ces secousses. — Le 12, 5 b. 50 m. du soir, à San Francisco (Californie), deux secousses de TE. à TO. — Le 15, au soir, à Bagdad, Ircmblement que M. Boue me mentionne sans détails. — Nuit du 17 {sic), h Gessenay (c. de Vaud, Suisse), une forte secousse. ~ Le 18, à Serreta (Açores), une nouvelle petite secousse. On n'y en avait pas éprouvé depuis celles du 15 mars. Le 21 , encore un autre petit tremblement. Depuis, jusqu'au 25 mai, on y a ressenti, chaque jour, de buit à douze secousses qui, quoique toujours petites, ont été remarquées aussi dans les localités voisines. — Le 24, 2 b. 30 m. du soir, à Marysville (Marsball Counl}', Kansas), tremblement accompagné dun bruit dont on a évalué la durée dune à trois minutes. Les meubles, les fenêtres et les ( ICI ) portes ont été mis en monvement. Les arbres ont visil)lemcnt oscillé. A Lawrence, vers 3 heures du soir, forte secousse avec bruit pareil à celui que ])roduirait le passage simultané d'une douzaine d'omnibus. On n'a rien remarqué de particulier dans l'atmosphère. Le mouvement, faible d'abord, a augmenté d'une manière con- tinue et diminué de même. Sa durée n'a pas dépassé trente secondes, suivant M. Wm. H. R. I^ykins; d'autres lévaluent à une minute et demie. Quelques-uns ont cru remarquer trois secousses distinctes. Le phénomène s'est étendu à une centaine de milles vers le nord et vers le sud de Lawrence. (Lettres de M. le professeur Wm. G. Williams et de M. Wm. H. R. Lykins, Amer. Journ. of Sel., 2""' sér., tome XLIV, page 152, july 1807.) M. John D. Parker, professeur d'hist. nat., au collège Lincoln, Topeka, Kansas , en a communiqué à mon savant ami, M. James D. Dana, la relation suivante que je traduis intégralement : « Le tremblement du 24 avril 18(37 a été le plus violent et le plus étendu dans ses effets dont les plus vieux habitants aient conservé le souvenir. Entre 1 h. et 5 h. de ce jour mémorable, deux ondes séismiques distinctes ont ébranlé l'État de Kansas et en même temps de grandes portions de ceux de Nebraska, Missouri, Illi- nois, Indiana; on dit même qu'elles ont atteint l'Ohio. La popu- lation tout entière des deux ou trois premiers de ces États s'est précipitée en masse dans les rues, en poussant des cris lamenta- bles. Les bâtiments les plus solides oscillaient fortement et sem- blaient près de tomber. Un train s'est arrêté sur le Pacific rall- rocu] , le mécanicien et le chauffeur se sont élancés à terre sous l'impression que la machine allait sauter; les horloges se sont arrêtées; des animaux se sont enfuis épouvantés dans les cliamps, tandis que d'autres sont restés debout immobiles à leur place. Le tremblement a été accompagné d'un bruit semblable au roulement du tonnerre dans le lointain ou à celui que produit un train d'ar- tillerie sur le pavé. J'ai recueilli sur ce phénomène de nombreux documents dont ceux-ci ne sont qu'un court extrait. » La secousse a eu lieu à Topeka, Kansas, vers 3 h. 15 m. Au collège d'Agriculture, Maidiattan, on l'a notée à 2 h. 52 m. A l'Uni- TOME XXÏ. II ( 162 ) vcrsité de TÉtat, Lawrence, l'horloge, qui généralement avance un peu, marquait 3 h. 5 m. En tenant compte de la différence des méridiens, on trouve que le phénomène a eu lieu plus tard à mesure qu'on s'avance vers l'est. » La durée de la secousse a varié de dix à trente secondes. Dans le Kansas occidental, elle n'a été que de dix secondes ; mais elle a augmenté du côté de l'est et s'y est élevée jusqu'à trente secondes ou plus. » La direction paraît avoir été du S. au N. ou du SO. au NE. Cest ce que prouvent divers faits et notamment le mouvement de leau dans la rivière Kansas. A Manhattan, on a vu l'eau de cette rivière rouler, en fortes vagues d'au moins deux pieds, du hord sud à la rive nord , tandis qu'on n'a rien remarqué de semblable dans le Big Blue qui vient du nord et se jette dans la rivière en cet endroit. C'est un fait bien établi par M. le professeur Mudge du State Agricultural Collège, d'après le témoignage de plusieurs témoins oculaires dignes de foi. C'est aussi ce qui résulte du côté où s'est faite la chute de divers objets légers, par exemple, de piles de petites photographies; tous sont tombés du côté du sud- ouest. Au collège Lincoln on a senti les ondulations du SO. au NE. A Warrcnsburg , Missouri, le rév. R. D. Parker, qui célébrait en ce moment la dédicace d'une église nouvelle, en a vu les murs s'incliner comme par une secousse du SO. » Le nombre des secousses semble aussi avoir varié suivant les lieux. Au point d'origine, dans l'ouest du Kansas ou l'est du Colo- rado, on paraît n'avoir senti qu'une seule secousse, d'intensité d'ahord croissante, puis s'affaiblissant graduellement. A mesure que le mouvement s'est propagé vers l'est, l'impulsion initiale semble s'être divisée en deux ondes séismiques distinctes qui se seraient ensuite confondues l'une dans l'autre lorsqu'elles sont devenues moins violentes. » Le mouvement de l'onde séismique a été principalement un mouvement de translation. C'est |)robablement à cette circon- stance qu'est dû le caractère si peu désastreux de ce tremblement, d'ailleurs si violent et si étendu. » La vitesse du mouvement de Tonde séismique était grande. ( 163 ) C'est ce que prouve la pclite différence du temps observé dans les localités relativement éloignées au moment de la secousse. L'employé du télégraphe sur la ligne du Pacifique, à Topeka, rap])orte que, immédiatement après la secousse, il lui a été diffi- cile de dire si elle venait de l'est ou de l'ouest; les deux ondula- tions, aller et retour, lui ont paru se confondre. » On a déjà indique les effets de ce tremblement; ils ont été alarmants, mais non sérieux. Plusieurs personnes ont été plus ou moins maltraitées, mais on ne cite pas de mort. A Leavenworth, deux blocs contigus ont, dit-on, été soulevés et séparés de plu- sieurs pouces; mais ils ont repris, après le passage de l'onde séismique, leur position primitive, sans en laisser de traces. Deux pierres énormes sont tombées du sommet de l'église Unitairienne, à Lawrence; des murs ont été lézardés dans plusieurs maisons, mais aucuns n'ont été renversés. A Topeka, il y avait foule dans une église pour un enterrement; au moment où le bâtiment se mit à osciller, on se sauva en désordre, chacun cherchant une issue; plusieurs personnes sautèrent par les fenêtres. On dit qu'un espace de terre, d'environ une acre de superficie, à trois railles au sud de Carthage, sur le canal Miami, s'est affaissé de dix pieds. Cela prouve l'extension du phénomène jusque dans l'Ohio. C'est un effondrement en masse, dont les parois verticales présentent une hauteur de dix pieds ou plus de tous les côtés. Cet affaisse- ment a, d'ailleurs, fait éprouver un danger sérieux aux berges du canal. » (Ibkî., t. XLV, pp. 129-131 ;january 1868.) 3Iai. — Du l^*" au 25 , dans la paroisse de Serreta (Açores), de huit à douze secousses chaque jour. (Vide suprà.) Le 2a, à 2 h. 7"- du soir, elles devinrent si nombreuses que de 5 h. ^-2 à minuit on en compta cinquante-sept. Du 23 à la fin du mois, elles ont augmenté en nombre et en intensité à Serreta et dans les villages voisins. Quelques-unes ont été ressenties dans tous les villages de l'ile, quoique faiblement dans les paroisses de Porto Judeu, Villa de S. Sebasliao, Fonte-Bastardo, Cabo da Praia et Praia. Cependant, à Serreta et dans le village de Raminho, qui fiiit partie de la paroisse dos Altarcs, il y a eu un jour, le 31, dans lequel plusieurs personnes ont compté plus de cent cinciuantc ( 104 ) forts Ircnihlemcnls; elles auraient pu en compter beaucoup plus si elles avaient noté toutes les secousses moins violentes qu'elles ont ressenties; la terre paraissait être dans un état d'oscillation continuelle. Il s'est fait des fentes dans le sol, mais elles étaient de peu d'importance. Presque toutes les maisons ont plus ou moins souffert et un grand nombre sont complètement détruites. Le mouvement oscillatoire paraissait en général dirigé du NO. au SE. Quelquefois il était assez peu rapide pour que des groupes de personnes, placés à (pielqucs bectomètres de distance les uns des autres dans la paroisse de Scrreta, poussaient des cris à des instants sensiblement différents, au moment où elles ressentaient la première secousse du tremblement. (Rapport ofliciel de M. No- gueira Soares. Comm. de M. Fradesso da Silvcira.) Mais nous devons ajouter la circonstance suivante, signalée à MM. Cil. Sainte-Claire- Deville et Janssen, par M. da Costa, vicaire cbargé de la paroisse de Serreta : « Près de la côte, entre Serreta et Raminlio, en un lieu appelé FeijaOf se trouve une source tbermalc ferrugineuse, qui dégage une telle quantité d'acide carbonique, que, il y a cinq ans, trois personnes y ont été aspbyxiées. Or, c'est de ce lieu ou d'un point voisin que les mouvements du sol semblaient diverger dans les deux directions de Serreta et de Raminbo. y> On conçoit tout l'intérêt d'une telle affirmation, ajoute M. De- ville, puisqu'elle indiquerait Texistence d'un certain espace, situé sur la côte (ou en mer à peu de distance de la côte), vers lequel auraient convergé les diverses manifestations. » (C. R., t. LXV, séance du 21 octobre 18G7.) Du 26 à la fin du mois, ces tremblements se sont étendus jus- qu'à Angra, où ils ont été forts. {Voyez au 1" juin suivant un article de M. Cb. Sainte-Claire-Deville.) — Le 1*''', 4 b. 5 m. du soir, à Zante, une secousse courte, mais forte. Le 21, 5 b. 23 m. du soir, à Cépbalonie, tremblement violent, mais moins fort que celui du 4 février. Quelques maisons endom- magées à Argosloli, dégâts à Lixuri. La secousse a été j>lus forte dans le district de Samos. ( 165 ) Le incinc jour, o h. 45 m. du soir, à Coifou, une longue secousse du NE. au SO. et de vingt secondes de durée. Le 2J encore, 5 h. 55 ni. du soir, à Zante, treniblcinenl Ircs- long, mais faible, accompagné de rombo et de plusieurs oscilla- lions. Le 2^, H 11. 30 m. du matin, à (^éplialonie, une nouvelle se- cousse. Le 25, lieure non indiquée, à Ithacpie, une forte secousse de cin(| secondes de durée. Pas de dégâts. Le 27, on écrit de Mételin « que les secousses, après avoir diminué depuis quelques jours, ont complètement cessé. Les habitants ont commencé à retourner dans leurs maisons et à re- prendre leurs travaux habituels. » {Aurore , J. d'Athènes, 5 juin.) J'ai déjà dit qu'à Céphalonie les secousses étaient encore quoti- diennes au commencement du mois, mais je ne trouve pas d'autres dates signalées. — Le 2, 1 h. du matin, à Tovar (Venezuela), dernière secousse mentionnée d^ns une lettre du 5, que nous avons citée en avril précédent. — Le 4, i 1 h. ^l'i du soir, à Blida, à iMouzaia, etc., tremblement nouveau, bruits souterrains. Même observation que pour le 22 avril précédent. Le 8,11 h. 40 m. du matin, à Alger, une secousse précédée d'un bruit souterrain qui a pu être apprécié dans les environs, mais très-peu en ville, par suite du bruit incessant qui se fait dans les rues. Cette secousse, à peu près verticale, n'a duré qu'une seconde et demie à peine et n'a occasionné aucun dégât. Suivant d'autres, le mouvement a été horizontal du nord au sud. « Nos correspondants de l'intérieur, ajoute VAldthar, du D, sol- licités par dépêches télégraphiques, ne nous signalent aucun mouvement terrestre dans les autres Joealités. » Cependant, la nuit du 8 au 9, puis vers minuit du 9 au 10 et dans les journées antérieures, il y a eu de légères secousses à Blida, comme le prouve l'extrait suivant d'un journal qui se publie dans cette ville : « Les tremblements de terre continuent; il y a de temps en^ temps de légères commotions dont on s'aper- ( 166 ) çoit à peine; il y en a aussi quelques autres un peu plus forles dont nous évitons de parler : ainsi, celte nuit, vers minuit, une secousse assez vive a réveillé beaucoup de monde. La nuit précé- dente, une autre, non moins vive, avait également eu lieu. La commotion éprouvée hier vers midi à Alger, et qui a, nous ap- prend-on, jeté l'effroi dans la ville, ne s'est pas fait ressentir à Blida. y> {Le Tell, du 1 ! mai.) Le 8 encore, H h. 50 m. du soir, à Blida, secousses ressenties dans les villages ainsi qu'à Koléah. {Débats, du 18.) M. Aucapi- taine ne me les mentionne pas. A l'envoi des journaux algériens cités, il a joint la copie manu- scrite de la courbe tracée par le séismographe de l'arsenal d'artil- lerie à Alger, lors de la secousse du 8. Elle a une forme ovale, allongée du SE. au NO., où elle se termine par une espèce d'ap- pendice en crochets. Je regrette de ne pouvoir la reproduire. — Le 8 encore, peu après 10 h. du soir, à Comrie (Ecosse) et aux environs, une assez forte secousse, suivie d'une autre, dix minutes plus tard, à la station de Greenloaning, ♦distante d'en- viron onze milles de Comrie. Le 9, entre 7 et 8 h. du matin, et le 10, à une heure moins avancée, deux nouvelles secousses ressenties dans tout le district d'Upper Strathearn et accompagnées d'un bruit semblable au tonnerre ou à une décharge d'artillerie dans le lointain. Immédia- tement après la première secousse, a commencé une forte pluie qui a continué pendant trois jours presque sans interruption. Je lis dans le Moniteur du soir, numéro du 15 mai : « Le dis- trict d'Upper Strathearn et ses environs ont ressenti quelques légères secousses de tremblement de terre depuis deux ou trois jours. A Comrie et à une distance de dix minutes environ, une secousse a été ressentie. Les secousses ont été moins fortes, com- parativement au bruit qui les accompagnait et qui ressemblait à des coups de tonnerre prolongés. La pluie, depuis lors, a été tor- rentielle à Comrie; on a ressenti plus de tremblements de terre cette année qu'on n'en avait ressenti depuis 1839. » Dans mes Documents sur les tremblements de terre dans les iles Britanniques , j'ai publié la liste détaillée des secousses res- ( 1C7 ) senties à Cornrie en 1839 et pendant les années suivantes durant Ies([uelles elles furent si fréquentes que l'Association Britanni([ue pour ravancement des seienecs avait nommé une commission chargée de les enregistrer et de les étudier. J'avais alors un cor- respondant, M. Mac Farlane, dans le pays. Depuis, les secousses ayant cessé, notre correspondance s'est arrêtée. Puis-je espérer que ces nouvelles secousses auront attiré de nouveau l'attention qu'elles méritent de la part de l'Association Britannique? — Le 9, 8 h. 50 m. du matin, à Bagncres, deux secousses à cinq minutes environ d'intervalle. La dernière a été la plus forte, elle a été ressentie par tout le monde et a causé un certain émoi en ville. [Courrier de Bayonne, du 15, d'après V Écho des Vallées, qui dit : hier jeudi , etc.) Nuit du 16 au 17, minuit douze minutes, à Tarbes, dans le canton de Rabestens et dans le département du Gers, une violente secousse de Touestà Test. Les oscillations, accompagnées de bruits éclatants et sinistres, ont duré quatre à cinq secondes. (Cour, de Bayonne f n"" des 19 et 22 mai. Comm. de M. Ant. d'Abbadie, membre de l'Institut.) La même nuit, vers minuit, à Pau, une secousse de trois à quatre secondes de durée. (Même source.) (^est probablement la même secousse qu'on a ressentie à Bordeaux : « La nuit dernière, rapporte la Gironde, de Bordeaux, une secousse de tremblement de terre s'est fait sentir dans notre ville; il était environ minuit; trois oscillations bien distinctes ont été remarquées; elles se sont produites dans la direction du NO. au SE. » [VUnioîi, du 20 mai. Comm. de M. le vicomte de Sarcus.) — Le 12, on écrit d'Honolulu : « Je viens de j)arcourir Tilc d Hawaï, et j'ai pensé que vous ne lirez peut-être pas sans intérêt des détails sur l'excursion que j'ai faite au volcan de Kilauea. » Les douze îles qui composent Tar^'hipel des Sandwich sont formées de matières volcaniques. Le sol est le résidu d'anciennes laves que l'humidité a décomposées et qui se sont amalgamées ensuite avec des détritus végétaux. Quant aux formations madré- j)oriques, elles ne font que se superposer aux bas-fonds et s'ajouter en parasites au sol primitif d'éruption. Les vieilles laves, (jue les ( l«8 ) actions chimiques n'ont pas encore complètement modifiées, ont pris une couleur grisâtre, sur laquelle tranchent vivement les coulées plus récentes, qui se montrent d'un noir hrillant. » La plupart des volcans, qui hérissaient autrefois l'Archipel, sont aujourd'hui éteints. Havvaï seule, la plus considérable du groupe, en possède encore deux en pleine activité. > L'un est situé presque au sommet de la montagne du Mauiui Loa, élevé de 4,194 mètres au-dessus du niveau de l'Océan, et il en prend le nom. » L'autre, appelé le Kilauea, se trouve au pied de la même montagne, à une altitude d'environ 1,200 mètres. Ce sont les deux foyers d'éruption les plus considérables et les plus actifs que l'on connaisse. Le cratère actuel du Mauna Loa a une circon- férence qui n'est pas moindre de 50 kilomètres; la circonférence du Kilauea mesure environ 20 kilomètres. Je croirais volontiers, au reste, qu'ils servent tous les deux d'exutoire à un même fo\er central, car Vactivilé de Vuu semble décroître d mesure quaug- menle celle de l'autre. » En 1859, quand M. le professeur Ilaskell le visita, le 3Iauna Loa était en pleine éruption. Il existait à cette époque deux cra- tères contigus percés de plusieurs trous en entonnoirs, doù s'échappaient des gaz sulfureux, des vapeurs et des scories brûlantes. M. Ilaskell vit même, au sommet de la montagne et au-dessus des deux autres, un troisième cratère, encore plus large, mais qui semblait complètement éteint. M. Ilaskell des- cendit dans le cratère en activité et s'approcha fort près des bouches d'éruption. La chaleur était si forte, et les émanations sulfureuses si intenses , qu'il lui fut impossible d'y demeurer plus de quelques minutes. Il vit toutefois qu'au lieu de sortir du cra- tère, la lave s'échappait d'une fissure ouverte sur le liane de la montagne à plus d'un mille au-dessous, et descendait avec une vitesse prodigieuse, en large nappe, jusquà la mer, où elle s'en- gloutissait en vaporisant d'énormes quantités d'eau. De cette rivière enflammée et rapide s'élevaient par moments de minces gerbes de laves qui sélançaient en l'air, parfois à une hauteur de 100 à loO pieds, et retombaient refroidies pour se liquéfier de ( 1<Î'J ) nouveau dans ces ondes de l'eu. [^'éru[)lion du Mauna Loa, qui ne sest jamais complètement arrêtée, se montrait à cette époque dans toute sa force. En revanche le Kilauea restait assez calme. » Cependant certains symptômes annonçaient déjà que cette tranquillité relative ne^serait pas de longue durée, et, en effet, à mesure que l'activité du Mauna Loa a diminué, le Kilauea est devenu plus menaçant : celte année surtout, il est, parait-il, en pleine période de travail. Le bassin du cratère s'élargit sensible- ment et l'éruption des laves est permanente. » Hilo, d'où nous sommes partis pour notre excursion, et qui est le chef-lieu administratif de Hawaï, car Honolulu , la capitale politique de l'archipel, se trouve située dans une autre île, n'est pas très-éloignée du Kilauea. En 1836, cette petite ville faillit de subir le sort de Pompéi et dllerculanum; on put craindre de la voir ensevelie sous la lave et sous les scories. Cependant les trem- blements de terre ne sont pas aussi fréquents à Ilawaï qu'on pourrait le croire, et de nos jours il ne semble pas qu'ils aient causé de grands désastres. » La route de Hilo, qui monte au volcan par une pente presque insensible, traverse d'épaisses forets nées sur un sol de laves décomposées. Ces forêts contiennent un grand nombre d'essences différentes, mais principalement le pandanus, arbre spécial aux îles océaniennes. Tout à coup la forêt s'arrête et l'on se trouve sur un terrain dénudé, où ne poussent plus que de maigres fou- gères. De nombreuses crevasses exhalent des vapeurs bouillantes et des émanations fortement sulfureuses. En marchant, on émiette sous les pieds des cristaux de soufre extrêmement fria- bles , et des filaments blanchâtres, formés par la condensation des vapeurs sorties du volcan, que le vent transporte au loin. A quelque distance du cratère s'élève une auberge tenue par un Américain. Le propriétaire a utilisé le volcan, en construisant au-dessus d'une des fissures du sol, une cabane où se concen- trent les émanations chaudes et sulfureuses, et qui forme ainsi une sorte de bain russe naturel. i> Après une assez courte marche, on arrive sur le sommet dune petite chaîne de collines ou de mamelons peu élevés, d'où ( 170 ) l'œil plonge sur l'ensemble du Kiiauea. On a devant soi un vaste bassin circulaire, de plus d'une lieue de diamètre, où l'on voit, à quelque distance l'un de l'autre, huit petits lacs ou fossés rem- plis d'une matière liquide et enflammée. » Le cratère du bassin est complètement éteint et même refroidi , les déjections laviques y ont formé un petit monticule hérissé de rochers lisses et grisâtres ; il y pousse déjà quelques chétifs arbrisseaux. La matière qui remplit les huit bouches d'éruption ouvertes dans le cratère est luisante et ressemble à du métal en fusion. C'est, d'ailleurs, le même aspect que présente la lave dans les bouches du Stromboli, qui offre avec le Kiiauea, l'étendue à part, plusieurs points de ressemblance. Cette masse, plus liquide dans les lacs situés au sud, est sans cesse agitée. Elle monte et descend constamment d'un bord à l'autre, avec des oscillations presque régulières. On entend en même temps sous le sol un bruit semblable à celui du ressac de la mer frappant les rochers. Par intervalles une gerbe enflammée s'élève et retombe en pluie de feu et en étincelles pareilles à celles de la fusée d'un feu d'artifice. » J'attribue le mouvement vibratoire de la masse liquide aussi bien que les jets de matière qui s'en élancent, aux efforts que les vapeurs d'eau et les gaz comprimés font pour s'échapper. Quand un ballon de va[)eurs agglomérées est devenu assez considérable pour que l'élasticité rompe la couverture de lave qui le comprime, il s'échappe et entraîne en l'air avec lui une plus ou moins grande quantité de lave et de scories. C'est le même phénomène que pré- sentent les petites bulles d'air qui montent du fond d'un vase où l'on a mis Teau à bouillir. Par moments, de l'un ou de l'autre des lacs déborde une coulée de lave qui s'étale en large nappe couverle d'une croûte de couleur grisâtre. Cette croûte se déchi- rant çà et là laisse voir des bandes d'un rouge plus ou moins vif. y> Parfois un nouvel orifice se dresse dans le cratère sous forme de cône, et se met à dégager à son tour de la lave et des vapeurs. J'ai été témoin, durant ma visite, d'une formation de cette na- ture. Parfois aussi l'une des bouches se refcrnic. Mais il y en reste toujours, sur les huit que j'ai comptées, deux ou trois en activité. ( 171 ) » Quelque imposant que soit déjà ce spectacle durant le jour, ccst la nuit surtout que la scène prend tout un aspect d horrible splendeur. Les laves en fusion sont alors teintées de rouge som- bre, chacune des bouches a l'aspect d'une immense chaudière où bouillonne un océan de feu. » Les gerbes de flammes qui s'élèvent illuminent au loin l'ho- rizon, et les vapeurs s'échappant de chaque crevasse éclairent d'une couleur sanglante le paysage morne et désolé d'alentour. Les bruits souterrains que l'on entend résonner, devenus plus lugubres dans les ténèbres, semblent reproduire les lamentations ou les soupirs de quelque géant enseveli. » Mes compagnons et moi avons eu la curiosité de descendre dans le cratère et de pénétrer jusqu'au centre, en traversant l'espace resté libre entre les foyers, d'éruption. La descente des collines, où nous nous étions tenus d'abord, présentait plus de diflicultés que je ne l'avais cru. Les scories, les pierres poreuses, les morceaux de lave durcie, roulaient sous nos pieds et glissaient en rebondissant le long des talus. A mesure que nous appro- chions, le sol devenait plus chaud et les vapenrs sulfureuses plus abondantes. A chaque pas, de petites crevasses s'ouvraient devant nous. Cependant nous avons pu gagner le monticule central, qui est refroidi , comme je l'ai dit; mais nous n'y sommes pas restés longtemps, bien que les émanations sulfureuses s'y fissent peu sentir. » Chaque fois qu'une des bouches qui nous environnaient ba- vait une nouvelle coulée de lave, nous sentions la terre trembler sous nos pieds, émue par la puissante exhalaison du volcan. J'ai pu constater que l'orifice le plus au sud était celui qui montrait le plus dactivité et de puissance, et qui vomissait la lave en plus grande abondance. A côté de lui un petit cône lançait en gerbes des flammes et des matières liquides; ct'autres monticules ne laissaient échapper que des gaz et des vapeurs. Il nous fut impossible d'approcher jusqu'au bord des bouches d'éruption. La chaleur était suffocante. Nous avons repris, pour sortir du gouff're, le même chemin qui nous y avait amenés, et nous avons l'cgagné l'auberge voisine, non sans trouver sur notre passage de { 172 ) nouvelles coulées de lave chaude qui s'étaient étalées durant le tejn])s de notre visite au cratère. » Ce spectacle imposant du volcan constamment sous les yeux, la vue des désastres qu'il a dû causer, ont fortement frappé 1 imagination des populations indigènes. Aussi les Kanaques ont- ils personnifié les puissances volcaniques, le feu , la flamme, dans une divinité, la déesse Pelé, qu'aujourd'hui encore ils redoutent et vénèrent, quelque ralliés qu'ils soient au christianisme. Mille légendes circulent sur la redoutable divinité. Les longs filaments blancs que forment les cristallisations sulfureuses et que le vent attache aux branches des arbres ou étend sur les prairies, le peuple les prend pour les cheveux de la déesse. On lui offrit autrefois, dans les forêts voisines des volcans, des sacrifices hu- mains })Our apaiser ses colères. On voit encore quelques-unes des pierres où coula le sang des victimes expiatoires. Aujourd'hui , si Pelé se passe de ces horribles hécatombes, il n'est pas sûr que ses anciens adorateurs aient cessé de se recueillir dans les forets pour la prier en commun. » {Moniteur , 19 août 18G7.) — Le 14, à Yvornc (Vaud, Suisse), fort tremblement et bruit souterrain. — Le 15, 7 h. 25 m. du matin, à Nespes (Illyrie ou Bohème?), une forte secousse de direction nord-sud et de deux secondes de durée. Baromètre bas. Le 25, 4 heures 18 m. du soir, à Landstrasse (Carniole), fort tremblement de cinq secondes. Répétition à 10 h. 45 m. (M. Boue.) Le 31 , 7 h. 55 m. du matin, à Littay (Illyrie), trois secousses, dont la seconde assez forte; les oscillations, accompagnées d'un bruit semblable au toinierre, ne durèrent qu'un tiers de seconde. Ciel presque sans nuages, air calme. — Le 26 au matin , à Acireale (Sicile) , deux courtes secousses. Le même jour, vers 10 h. du matin, à Saint-Giovani, à Piedi- monte, à Linguaglossa, autre tremblement. Pas de dégâts. Au Fondo di Macehia, heure non indiquée, une secousse légère. (M. Grassi.) — Le 50, 1 heure du malin , à A\acucho (Pérou), tremble- ( 175 ) ment que le pciij)le a allribiic à la mort du maréchal Caslilla! (M. Paz Soldai!.) Juin. — Le 1", 8 h. du malin, à Serrela (Terceire, Aeores) et dans les paroisses voisines, nouveau tremblement très-fort, après lequel les secousses commencèrent à diminuer en nombre et en intensité. Le même jour, à l'entrée de la nuit, i)Iusieurs per- sonnes entendirent huit détonations successives, semblables à des décharges d'artillerie. Le lendemain, de bon matin, elles découvrirent des signes d'éruption sur la mer. C'était une grande lumière qui brillait au- dessus des eaux dont la couleur paraissait changée. Quand l'ho- rizon s'éelaircit, après la disparition dun épais brouillard, on vit s'élever avec impétuosité de grandes colonnes d'eau et de vapeur; à côté, l'eau bouillonnait avec force, et on entendait des détona- tions répétées qui ressemblaient à des décharges d'artillerie. Les jours suivants, le phénomène observé de Serrela offrit diverses variations. Quelquefois, on voyait d'énormes jets d eau et de vapeur épaisse, blanche comme la neige, s'élever à une petite hauteur. D'autres fois, de grandes colonnes s'élançaient de la mer, s'élevaient verticalement ou suivaient la direction des vents comme une dense fumée. Le nombre et la forme des jets de vapeurs et de gaz étaient très- variables. Quelquefois on voyait surgir de la mer de grands tour- billons d'une fumée dense et blanche, à une distance considérable de lendroit où l'activité volcanique paraissait avoir concentré son action. Mais ces explosions étaient passagères. Une fois, avec une lunette, on distingua, au milieu des masses blanches des vapeurs, de noirs produits volcaniques qui disparaissaient par moments et réapparaissaient raj)idement. On a supposé que c'étaient de grandes pierres vomies par le cratère. Le D, on examina le phénomène de plus près. « Je m'en appro- chai en barque avec lintendant de la marine et plusieurs autres personnes, dit l'auteur du ra])port officiel auquel j'emprunte ces détails. A la distance de plus de dix milles du centre de l'érup- tion, les eaux offraient déjà des teintes différentes, les unes vertes, les autres rouges, dues à la présence des sels de fer dont ( 174 ) elles étaient probablement cbargécs. L'odeur du soufre devenait de plus en })lus prononcée à mesure qu'on s'approchait du centre de l'éruption. Des poissons morts ou mourants flottaient en grand nombre à la surface de Teau. Nous nous approchâmes, à un peu plus d'un mille, d'une partie de la zone où les forces volcaniques étaient en activité. Le spectacle était alors vraiment merveilleux. >^ Sur une ligne de plus de deux milles de longueur , dans la direction approchée du SO. au NE., s'élevaient avec impétuosité et à une assez grande distance Tune de l'autre, six énormes co- lonnes de vapeur qui, parvenues à une certaine hauteur au- dessus de la surface de la mer, cédaient à la pression du vent et en suivaient la direction sous forme d'une fumée épaisse et blan- che. Au pied de l'une deS plus grandes on voyait continuellement de nombreux et gros blocs noirs se projeter à quelques mètres seulement au-dessus de la mer, dans laquelle ils retombaient immédiatement. Ce terrible jeu de la nature était accompagné de détonations répétées et toujours semblables à celle de l'artillerie. » A l'extrémité ouest, dont nous nous sommes le plus appro- chés, les explosions de vapeurs et de gaz n'étaient pas continues; d'après le murmure et le roulement de la mer qui semblait briser sur des récifs, et les différentes teintes que présentait la couleur de l'eau, il nous a paru que l'accumulation des déjections volca- niques s'y faisait près de la surface de la mer. » Dans la journée du 8 , je suis retourné à Serreta ; j'étais muni des instruments nécessaires pour déterminer avec plus d'exacti- tude la position du volcan relativement à notre île, et accompagné de rarchiteete qui était spécialement chargé de prendre des vues de l'éruption. Mais à notre arrivée, les habitants nous ont appris que les phénomènes éruptifs avaient cessé dans la matinée. » Depuis lors, on n'a plus aperçu, de terre, aucun signe d'ac- tivité au volcan. IMais jusqu'au 15, on a encore ressenti, à Ser- reta, quelques secousses peu violentes. » Le 17, je suis encore retourné en barque, avec l'intendant et quelques autres personnes, pour examiner de nouveau l'endroit où s'était manifesté le volcan dont nous n'avons plus découvert le moindre vestige. L'eau avait repris sa couleur naturelle et on n'y ( 175 ) remarquait aucun indice de la révolution sous-marine qui avait eu lieu depuis la nuit du I*^"" de ce mois jusqu'à la matinée du 8. Nous finies plusieurs sondages, mais sans trouver de fond. Nous supposons que les déjections volcaniques n'étaient que des pro- duits meubles qui se sont élevés jusqu'à la surface de Teau et qui ont été ensuite dispersés par les flots, comme cela arrive presque toujours. Cependant il serait bon qu'on sondât exactement ces parages dans l'intérêt de la navigation. » On ne sait pas au juste quelle élait la profondeur de la mer en cet endroit avant l'événement; mais il est probable qu'elle était (rcs- considérable, puisque, en debors d'un bas-fond qui se trouve près de Serreta, les cartes anglaises du capitaine Vidal marquent des profondeurs de plus de deux cents brasses; il est donc bien probable que plus au large, à l'endroit où s'est mani- festé le volcan, la profondeur est encore beaucoup plus considé- rable. » Depuis la disparition du volcan, quelques marins., allant de Graciosa à Terceira, disent avoir aperçu , à une distance d'environ neuf milles de la route qu'ils suivaient entre ces deux îles, un rocber bors de l'eau, ayant l'apparence d'une voile de bateau. Un capitaine {de um hiaie) prétend aussi avoir vu quelque chose de semblable, mais à une distance beaucoup plus grande. Toute- fois, ces apparences ne jîourraient bien être que les effets d'une simple illusion d'optique. » ( Rapport officiel daté d'Angra de Ileroismo, le 26 juin 18C7 et signé : 0 Director Joaquin Nogucira Soares. Comm. de M. Fradesso da Silveira.) On peut voir encore aux Comptes rendus de l'Académie , t. LXV, p. 29, quelques renseignements dans une lettre écrite d'Angra, le 7 juin. Chargés d'aller étudier ce phénomène, MM. Ch. Sainte-Claire- Deville et Janssen ont publié , dans le méKie Recueil , pp. C01-G68, un rapport de leur mission. « Le 5 juin, disent-ils, a été le jour où le phénomène a présenté son maximum d'activité. Ce jour, déjà , la projection des gros blocs cesse et la vapeur n'entraîne plus de pierres visibles à l'œil nu, de Serreta. Puis tout diminue graduellement. Le 7, il n'y avait plus de pierres lancées et le même ( 176 ) jour, vcr> 10 h. du soir, les vapeurs elles-mêmes avaient disparu. La portion la plus active de l'éruption avait duré sept jours. » Depuis lors, il est vrai , plusieurs personnes disent avoir vu, en juillet et en août, s'élancer de la mer des colonnes de vapeur; mais M. da Costa , si bien placé pour les observer, nous a aflii mé n'avoir rien remarqué de semblable. » Les agitations du sol ont diminué aussi, mais sans cesser entièrement. Parmi les secousses, en général assez faibles, qui se sont fait sentir, M. da Costa en a remarqué deux assez violentes et accompagnées de bruit souterrain, savoir : le 12 juin, à 10 b. du soir, et le 15, à 9 beures du matin. Le 15 encore, à 4 b. du soir, une secousse faible; puis une autre le 27, à 5 b. du soir. Enfin, après un assez long intervalle, le 18 août, à 10 b. 45 m. du soir, il y en eut encore une dernière très-violente. Du 18 au 20 août, jour de notre passage à Tei'ceira , rien ne s'était produit de nouveau. » Dans une lettre, écrite dAngra le 2G juin , je lis : « Il y a plu- sieurs jours que le volcan s'est éteint et que les tremblements de terre ont cessé pour quelque temp.^. Mais bier, à une bcure de la nuit, il y a encore eu une violente secousse. La population vit toujours sous des tentes et dans des baraques. » (Fragment d'un journal portugais qui m'a été envoyé par M. Fradesso da Sil- veira.) Dans un autre fragment de journal, que je dois aussi à M. da Silveira, il est dit que le volcan se trouvait complètement éteint le 17, que tous les vestiges d'éru|)tion avaient entièrement dis- paru, et qu'on a sondé plusieurs fois sans trouver fond à trois cent trente brasses de profondeur à l'endroit où il a surgi. Cette profondeur est bien supérieure à celle qua indiquée plus tard M. Fouqué, dans une lettre datée du 22 septembre et insérée aux Comptes rendus, t. LXV, p. 074. — Le 2 juin , 1 b 1 d m. du malin , à Rome , une légère secousse ondulatoire de l'est à l'ouest. Nouv. lune. (M"''ScarpelIini.) Le 22, 11 b. du soir, à Albano, une secousse à peine sensil)le. Le 25, 12 b. 55 m. du matin {sic), deux secousses violentes. - Le 4, au soir, à Mételin, deux nouvelles secousses. Ce sont ( 177 ) les seules que je trouve mentionnées dans ce mois pour In pénin- sule turco-hellénique. M. Stephanos ne m'en signale aucune pour les îles Ioniennes. — Le 9, 7 h. du soir, par 38° de lat. S. et 100" de long. 0., le Cnsla-Ricca a éprouvé une trépidation de quelques secondes , comme si le bâtiment avait touché sur un banc ou heurté un corps flottant. Cette partie de l'océan Pacifique étant des plus sûres, et le navire n'ayant d'ailleurs aucune trace d'abordage, on a dû attri- buer le phénomène à un tremblement de terre sous-marin. (C. R., t. LXV,p. 871.) — Le 10, 4 h. du soir, à Gallneukirchen (Autriche), petit trem- blement, plus fort à Lindach. (M. Boue.) — Le 10 encore, 4 h. 27 m. du soir, à Java, première secousse d'un tremblement désastreux qui a duré deux minutes. Des vil- lages entiers sont détruits. Au fort Guillaume, plusieurs pendules se sont arrêtées, tandis que l'horloge sest mise à sonner sans in- terruption; les murailles ont été crevassées. A Banjoe Beroe, la caserne d'artillerie s'est écroulée. A Samarang, les cloches se sont mises en branle; des craquements ont été entendus dans les char- pentes des maisons. Les places de Tjandi, Kedirie, Toeloeng et Trengalck ont beaucoup souffert. Djokjocarta est la localité qui a le plus périclité; elle est à moitié détruite; le palais du sultan, réglise et le fort ne sont plus qu'un monceau de ruines. Les pertes sont évaluées à quatre millions de florins, le nombre des morts à trois cents. A Batavia, le tremblement s'est fait sentir sans y causer de grands dégâts. — Le 11 , M. Mauget a fait au Vésuve une excursion dont il i\ communiqué les résultats à M. Ch. Sainte-Claire-Deville. (C.R., t. LXV, p. 898.) — Le 24, 1 h. 5 m. du matin, à Aumale (Algérie) et dans les environs, une secousse brusque et Irès^courte. Le 29, 8 h. 1/4 du soir, à Mouzaïaville, une violente secousse précédée dune détonation terrible. Elle a été ressentie à Blida et dans les environs. (M. Aucapitaine.) On lit dans V Union, du 5 juillet : « Une dépêche d'Aumale, en date du 29 juin, contient ce qui suit: Une vive, mais courte Tome XXL 42 ( 178 ) secousse de iremhlemcnt de terre s'est fait sentir cette nuit, vers 1 h. Pas d'autre dégât que la chute d'une portion de corniche de la caserne de gendarmerie. » (Comni. de 31. le vicomte de Sarcus.) — Le 50, 7 h. 53 m. (sic), h Littai (Illyrie), trois secousses de l'ENE. à rOSO. avec hruit pareil au tonnerre. Durée, un tiers de seconde seulement. La plus forte a été la deuxième. (M. Boue.) — Le 50 encore, heures non indiquées, à San Salvador (Amer, centrale), sept secousses, sans dommages considérables. (>L Ant. d'Abhadie, et Opinion nationale , IG août.) Juillet. — Le 5, 5 h. du soir, à San Salvador, tremblement, communiqué sans détails par M. Rouaud y Paz Soldan. — Le G, à Valence (Espagne), deux légères secousses de Test à l'ouest et de peu de durée, avec bruit souterrain. — Le 7, à Mételin. nouvelles secousses. La peur s'est de nou- veau répandue parmi les habitants. Le 8, on écrit de Syra : « Le travail volcanique dans lîle de Sanlorin n'a pas encore subi de temps d'arrêt; le:s nouveaux ter- rains, qui s'étendent toujours, s'avancent en ce moment vers le sud et sont seulement à une distance de quatre à cinq mètres de Mikra-Kamméni, du côté du nord. La mer, en cet endroit, n'a aujourd hui que trois mètres de profondeur, au lieu de vingt et un qu'elle avait autrefois. » Aphroëssa reste stationnaire , tandis que les îles situées entre Apbroëssa et Palaea-Kamméni subissent incessamment un léger affaissement. Vattia s'est divisée en deux îlots par suite de cet affaissement sur la ligne médiane. » Autour des nouveaux terrains, la mer affecte toujours une couleur jaune verdâtre; la température des eaux est de 20 à GO degrés Réaumur. Les émanations volcaniques ne cessent pas, et, ce qu'il faut surtout déplorer, c'est qu'elles détruisent la végé- tation toutes les fois qu'il survient une pluie légère ou un brouil- lard. C'est ainsi qu'une partie des vignes de Santorin a été dé- truite dernièrement. » M. De Cigalla, le savant-géologue hellène, qui, depuis l'ori- gine, suit le développement de ces phénomènes avec un zèle qui ne se dément pas, et à qui sont dues les observations qui pré- 1 ( 179) cèdent, pense qu'il se préparc une grande éruption dont le résultat sera la formation d'un véritable cratère au sommet de lîlot Georges I". » Le 22, 5 h. 5 m. du soir, à Mételin, une très-violente secousse, suivie à de faibles intervalles de plusieurs autres, à faire craindre un instant les plus graves désastres. Les nombreux ouvriers épou- vantés quittaient aussitôt leurs travaux et semblaient se diriger instinctivement vers le rivage. Au même moment les constructions s'écroulaient dans la ville. On assure qu'à Ipios, village situé à peu de distance de 3Iételin, des maisons, en s'effrondrant, ont fait quelques victimes. Le découragement semble s'emparer de tous les esprits; la plupart des habitants qui avaient fait réparer leurs maisons se sont bâtés de les abandonner pour aller de nouveau vivre dans les baraques et sous des tentes. On signale encore d'autres secousses à 2 h. et à A h. du soir. Le même jour, 5 h. 20 m. du soir, à Smyrne, une secousse. Le 26, il h. 50 m. du soir, à Zante, une forte secousse. Le 50, 5 h. 10 m. du matin, tremblement long et fort. — Le II, 5 h. 44 m. du matin, à Aci-Catena, Santa-Lucia et Carico (Sicile) , fort tremblement sans dégâts sensibles. Il fut léger à Acireale. (M. Grassi.) — Le IG, peu après midi, à Lima, tremblement. (M. Paz Sol- dan ) — Le 19, 4 h. 20 m. du soir, à Sétif (Algérie), une secousse du sud au nord. Pas de dégâts en ville. Elle a été beaucoup plus forte dans le voisinage : le moulin de l'Oued Kerma a éprouvé quelques dommages, cl plusieurs maisons ont été fortement ébranlées aux Eulma. (M. Aucapitaine.) ■ — Le 22, de 10 h. du soir à minuit, à Sainte-Solange (Cher), grande tempête. « Je crois bien, écrit M. Jullien à M. Barrai, avoir ressenti une ou plusieurs secousses dejrcmblcment de terre. » (Journal de l'Agriculture , t. III, p. 443, 3 septembre 18G7.) — Le 22 encore, heure non indiquée, près de Diarbékir (Méso- potamie), seize villages ont été engloutis avec tous leurs habitants, à la suite de violentes secousses, occasionnées probablement par une éruption volcanique. ( 180 ) — Le 25 (n. st), 2 h. 48 m. du soir, à Schemakha, deux secousses de Test à l'ouest. Le même jour et à la même heure, 2 h. 48 m. du soir, à Moukliravane (Caucasie), une secousse de huit secondes de durée. A 1)7 versles de Schemakha, à la station de Geoktchei, une se- cousse le même jour; on n'en indicjuc pas l'heure. Le 23 encore, 5 h. du soir, à Zournabad, trois secousses consé- cutives. La première, qui allait du SE. au SO. [sic), a été accompa- gnée d'un bruit semblable au grondement du tonnerre et a duré environ 50 secondes. Peu après, une deuxième secousse, légère; puis une troisième, accompagnée également d'un court gronde- ment et plus forte que les deux précédeîiles. Les murs de plu- sieurs bâtiments ont été ébranlés. Le même phénomène s'est fait également sentir à Elizabethpol, quatre verstes à l'ouest de Zour- nabad. Ciel nuageux, thermomètre à 19 degrés R. — Le 29, vers G h. du matin, à Oloron. « Depuis quelque temps, dit le Glaneur d'Oloron, des orages violents éclatent presque chaque jour et causent des ravages déplorables Le tremblement de terre s'en mêle aussi, et nous avons senti plu- sieurs secousses lundi dernier (le 29), vers G h. du matin. Mer- credi soir, un nouvel orage a fondu tout à coup sur la ville et les environs Le lendemain, jeudi, il s'est renouvelé avec la même intensité, moins la grêle. » {Courrier de Bayonne, 7 août. Comm. de M. Ant. dAbbadie, de l'Institut.) Août. — Le i*^', 1 h. 30 m. du malin, à Zante, une forte se- cousse. Le 20, G h. 50 m. du matin, une forte secousse encore, et le 2G, 5 h. 15 m. du matin, une secousse. — Le 1" encore, vers 4 h. du soir, k Tarbes (Hautes-Pyrénées), orage épouvantable pendant un quart d'heure, arbres déracinés, murs renversés, etc. « Dans plusieurs maisons, des galeries, bien que situées à des étages inférieurs, se sont écroulées; accidents qui ne peuvent guère s'expliquer, dit lEre impériale, que par des secousses de tremblement de terre qui auraient accompagné les autres phénomènes. » {Courrier de Bayonne, du 9 août.) — Le 7, entre 5 et 4 h. du soir, dans l'ilc de Mindanao (Phi- ( 181 ) lippincs), trcmblcineiit au moins aussi violent que eelui de Manille en 1805. Le mouvement d'oseillation s'est produit du nord au sud. A Missamis, la première seeousse a duré de 25 à 50 seeondes; celle (jui l'a suivie, à 50 seeondes d'intervalle, a eu la même durée et la même force. A 10 1). du soir, le mouvement a recommencé, moins violent, mais plus prolongé, et depuis lors jusqu'au 9 septembre , les se- cousses se sont YQno\\\ii\éQ?> presque tous les jours, en perdant graduellement de leur intensité. A llaya, la durée des oscillations a été la première fois de ()8 secondes. Le sol sest ouvert en plusieurs cjulroits et dans dif- férentes directions. Il sortait de ces fissures un liquide noirâtre et une odeur fétide; et les sables qui forment le fond de la rivière étaient projetés avec force au-dessus de l'eau. Heureusement, il n'y a eu aucun accident à déplorer, attendu quà Mindanao il n'existe pas d'édifice en pierre; toutes les constructions y sont en bois ou en bambou. [ Monileur, du 15 décembre, d'après une lettre de Manille en date du 10 octobre). — Le 18, 10 11. 45 m. du soir, à Serreta (ïerceire), une se- cousse très-violente. C'est la dernière mentionnée par iMM. Devillc et Janssen. (Voir au 1" juin précédent.) — Le 25, M. Diego Franco a fait au Vésuve une ascension dont il a communiqué les résultats à M. Cli. Sainte-Claire-Deville, dans une lettre datée de Naplcs le 24 décembre i A Céphalonie, 5 h. 15 m. du malin, tremblement long et vio- lent; à G h. 45 m. du matin, une secousse encore. On ne men- tionne pas de mouvement dans les eaux de la mer. A Sainte-Maure, 5 h. 50 m. du malin, tremblement long et fort. Même phénomène de la marée qu'à Zante. Les barques, sta- tionnées dans le port, soulevées par le flux, sont montées sur le quai en se heurtant les unes contre les autres. Les secousses de cette matinée paraissent avoir été plus fortes dans la Grèce continentale. A Philiatra (Morée), 4 h. 50 m. du malin, une longue secousse de fouest à l'est. A 5 h., une secousse plus forte avec détonation , mouvement brusque et saccadé; une nouvelle secousse quelques minutes après et, à 5 h. 50 m., une nouvelle secousse de l'ouest à l'est et de quatre secondes de durée; mouvement régulier. A 10 h. du matin, une secousse forte et brusque. A Calamata, 5 h. du matin, [)lusieurs secousses. Flux et reflux de la mer, qui s'est retirée jusqu'à quinze mètres de la côte et davantage à Pélalidi , où elle s'avança jusqu'à deux mèlres sur le ( '84 ) rivage. Dans la commune d'Avia (province de Laeonic), le cou- vent de Marvinitza s'est écroulé et deux religieuses ont péri sous les décombres. A Nauplie (Naples de Roumanie), 5 h. 15 m. du malin, trem- blement avec détonation, qui dura vingt secondes. Flux et rcllux de la mer pendant lesquels le fond de la mer s'est montré à sec. Les canots stationnant au port ont touché à plusieurs reprises. On écrit qu'on n'y avait pas ressenti de secousse aussi forte depuis 185G. Point de dommages. A Chalcis, 5 li. 50 m. du malin, secousses réitérées. Les eaux du moulin et de l'Arétbusc ont disparu pour un instant à deux reprises; elles ont reparu troublées. A Athènes, même heure, légères secousses. A Cythienne, une violente secousse qui fit tomber les tuiles des maisons; flux et reflux de la mer qui recula jusqu'à un mètre du rivage et laissa le fond à sec; elle s'éleva à six mètres au-dessus de son niveau ordi- naire, elle paraissait être en ébullition. Ce phénomène dura jus- qu'à 9 h. du matin. Une ancienne tour s'est écroulée. A Patras, ù h. 50 m. du matin , une secousse et, à G h. 50 m. du matin, une nouvelle secousse plus forte; sans dégâts. A Tripolitza, 5 h. '/'-^ du matin, fort tremblement horizontal du sud au nord et de trente secondes de durée; pas de dégâts. Quelques minutes après , une nouvelle secousse. Les secousses continuent pendant la journée. Elles n'y avaient pas encore cessé jusqu'au 28. A OEsylos (Vitula, Magne occidental), dans la matinée, plu- sieurs fortes secousses avec dégâts; Aréoupolis a le plus souffert. Les secousses ont été le plus violentes au cap Drosos. Plusieurs anciennes tours sont tombées. Des maisons aussi se sont écroulées et quelques personnes ont péri sous les décombres. Les secousses duraient encore au 8 octobre suivant dans cette partie de la Grèce continentale. Du 19 au 20 septembre, sans indication d'heures, à Sparte, diverses secousses. Celle du 20 au matin fut la plus forte de toutes. Mouvement horizontal du sud au nord. Plusieurs maisons lézar- décSi Ces secousses ont été ressenties sur une très-grande étendue ( 18^ ) et en parliculicr dans le Magne occidental, où elles ont l'ait beau- coup dédommages. Trente maisons se sont écroulées à Izetzino, village du canton de Lacédémone; une église très-ancienne dans le village de Petrina s'est lézardée en plusieurs endroits; le clo- cher du couvent de Zarbitza est tombé. Les eaux de plusieurs sources ont augmenté, surtout celles du Prodromos, de Trypa et de Saint-Pantaléon de Mistra. Dans le village de Vourlia une nouvelle source d eau douce a jailli. Le 20, 5 h.'/2 du matin, à Cérigo, une forte secousse. Phéno- mène de la marée qui s'éleva jusqu'à 7 ou 9 pieds et inonda les magasins du port; les barques sont montées snr le quai et y sont restées après le reflux qui dura jusqu'à midi. Les secousses y ont continué jusqu'au 122. Le même jour 20, o h. du malin, à la Canée (Candie), une secousse plus forte que celle de la veille et de même direction. A 5 h. 13 m. du matin , une nouvelle secousse semblable et encore du nord au sud. « Peu après le tremblement, ajoute M'"*' Scar- pellini, on observa dans le port un phénomène jusqu'alors in- connu; la mer monta et baissa instantanément de trois à quatre pieds ; ce double mouvement se renouvela toutes les dix ou quinze minutes p'cndant deux heures. A la reprise du vent ENE., le phénomène se renouvela à de plus longs intervalles et avec une intensité décroissante; il ne cessa que vers 2 h. du soir. Ces soulèvements etces abaissements alternatifs de la merproduisirent un effet singulier en avant du port et dans le port même. C'était une espèce de bouillonnement avec courants tourbillonnants. » Le Galigiuuus Messenger , du 15 novembre, indique la direc- tion de l'est à l'ouest et portera dix secondes la durée de la se- cousse du 20 au matin, qu'il signale comme unique. Il ajoute que le niveau des puits fut également altéré et que le cuivre du fond du Wisard, qui se trouvait dans le port, devint tout à coup clair et brillant. Suivant M. Stephanos,il y eut plusieurs secousses dont il n'in- dique pas les heures; des maisons s'écroulèrent et les murs de la forteresse furent lézardés en plusieurs endroits. Les 10, 20 et 21, à Sanlorin , diverses secousses. On a re- - ( 180 ) maniué que pendant ces Irois jours l'éruption était plus violente. Le i20 encore, 3 h. 54 m. du matin, à Acirealc (Sicile), une secousse légère. A 7 li. 9 m. du matin, autre secousse ondula- toire, très-sensible. Celle-ci fut plus forte à Catane où la mer se retira assez loin du rivage au moment du choc. Le même jour, entre a et C h. du soir, à 3Iessine, autre se- cousse plus forte que celle de la veille. Enfin le 20 encore, heure non indiquée, mais dans la matinée, à Malte , une forte secousse. Le 21 , 9 h. 40 m. du matin, à Corfou , une secousse de l'ouest à l'est et de douze secondes de durée. A 9 h. 55 m. du matin et à 10 h. du soir, deux autres secousses légères. Le même jour, 11 h. 55 m. du malin, à Zante, une secousse. Le 24, heure non indiquée, à Calamata (Morée), une secousse. Le 25, 2 h. 45 m. du matin, à Zante, tremblement très-long. Atmosphère lourde, chaleur étouffante pendant la journée et la nuit. Le même jour, à Calamata, autre secousse dont on n'indique pas l'heure. — Le 5, 2 h. du matin, à Deka (Marmarosh, Hongrie), une secousse assez forte. Minuit du 11 au 12 , à Esseg, une secousse de l'ouest à l'est et de trois secondes de durée. Le 12, 1 h. du matin, deux secousses plus faibles. Le même jour, 4 h. du malin, à Deka, nouvelle secousse, sem- blable à celle du 5; des portes se sont ouvertes ; les lits ont été balancés. (M. Boue.) — Le dimanche 3 , 8 h. '/^ du çiatin, et le lundi 4, 3 h. '/^ du soir, à San Salvador (Amérique centrale), deux tremblements signalés ainsi par M. Rouaud y Paz Soldan. Il y a évidemment erreur de date. Le 3 septembre était un mardi et le 4 un mercredi en 1807. Cependant, à la suite des tremblements rapportés plus haut, au 30 mai, au 16 juillet et au 31 août, M. Paz Soldan ajoute : « Dans cette année même, on a senti le dimanche 5, ete — » Ceux-ci ne scraicnt-ils pas de 18()5, année où le 3 septembre était un dimanche? ( 187 ) — Le 5 à Schcnialiha et à Bakou (Caucasie), Ircmblcrnent. Le 22, à 1 h. du malin, à ïiflis, une secousse a^sez forle. Le Tour du Monde j qui, clans la Chronique de son n" 415, indique ces deux faits, ne dit pas s'il s'agit de l'ancien ou du nouveau st\ le. Il ajoute que le port de Bakou a été inondé par suite des débordements de la mer Caspienne, mais sans donner la date de ce dernier phénomène. — Le 9, à Mindanao, les secousses duraient encore. (Voir au 7 août précédent.) — Le il, à Guayaquil, fort tremblement, précédé de détona- tions volcaniques pendant plusieurs jours. — Le 15, 1 h. du soir, à Arica (Pérou), tremblement. (M. Paz Soldan.) — Le 15, 2 b. du soir, à Caracbe et autres lieux des Andes vénézuéliennes, forte secousse. Le 20, dans la Cordillière centrale de la Nouvelle-Grenade, secousses répétées. 11 y en avait eu déjà les jours précédents, il y en eut encore les jours suivants. Le 22, vers 12 h. de la nuit [sic], à Caracas, petit temblor du SO. Le 28, entre 7 et 8 b. du soir, à Caracbe et aux mômes lieux que le 15 , fort tremblement. — Le 16, 8 11, 15 m. du soir, à Hansdorf, Strasburg, Gurk (Carintbie) , une secousse ondulatoire de deux secondes, précédée d'un bruit pareil au tonnerre. Pluie d'orage à 2 b. du soir; à 6 b., beaucoup d'éclairs. Maisons ébranlées. (M. Boue.) — Le 18, 4 b.. 55 m. du soir, à Bédarrieux (Hérault), une forte secousse. — Le 22, 5 b. du matin, à Terceire (Açores), tremblement très-fort, dirigé est-ouest; il a été ressenti dans toute l'ile, mais surtout dans la partie occidentale. Pas de dommages. (C. R., t. LX'V, p. 9G5.) M. Fouqué, qui le rapporte , ne Ta pas ressenti. Il était en mer et visitait l'endroit où s'est faite l'éruption du I" au 8 juin. J'ai reproduit à cette date la lettre dans laquelle il rend compte de ses observations. — Le même jour, 4 b. du soir, à Turin, à Menton et sur la cote Ligurienne, fort Irembleuient. (M. Boue.) ( 188 ) — Le 22 encore, 3 h. 55 m. du soir, à San Francisco (Cali- fornie), une secousse ressentie par quelques personnes seulement. Oscillations du NO. au SO. (sic), et de deux secondes de durée. — Le 27, à Castellamare, « tremblement qui effraya simple- ment la population, mais qui eut, m'assure-t-on , dit M. Maugct, des effets plus désastreux vers les Calabres. Cette secousse souter- raine produisit instantanément l'engorgement de l'un de nos plus beaux puits artésiens de la vallée du Sebeto (puits Raffaele Mazza), situé au bord et à peu près à mi-cbemin de la route qui, de San Giovanni à Teduccio, conduit à Poggio Reale; au moment de la secousse le produit se trouva réduit des neuf dixièmes environ, » (C. R., t. LXVI, p. IGd.) Le 30, 4 II. 45 m. du matin , à Locorotundo (prov. di Bari délie Puglie), une légère secousse, notée par M. le docteur Alexis Cam- panella. C'est la seule qu'on y ait ressentie dans l'année. (M"'^ Scar- pellini.) Pendant ce mois et le suivant, le nouveau cône adventif du Vésuve a été assez tranquille, donnant à peine des vapeurs. (M. Franco Diego, C. R., t. LXVI , p. iGO.) — Je trouve l'article suivant dans le Courrier de San Francisco, du 10 octobre : « Découverte d'une région volcanique. Le Posl, de Montana , raconte qu'une compagnie d'explorateurs est revenue des sources de la rivière Yellowstone en disant qu'elle avait décou- vert une des plus grandes merveilles du monde. Pendant buit * jours la compagnie a voyagé au milieu d'un pays volcanique, cou- vert de nombreux cratères d'où s'échappaient une flamme bleuâtre et des ruisseaux de soufre. Les cratères, ayant généralement de 4 à 8 pieds de diamètre, se trouvaient également dans la plaine et au sommet de petits mamelons mouvants. Le sol résonnait sous les pieds des voyageurs et semblait prêt à se dérober sous eux. Ils ont donné à ce charmant pays le nom d'Enfer. » Octobre. — Le 1", 9 h. 55 m. du malin , à Lisbonne, petit trem- blement en trois oscillations horizontales, dont la durée n'a pas paru dépasser deux secondes. Les barreaux magnétiques ont con- tinué pendant deux minutes les oscillations verticales que leur a imprimées le tremblement. (M. Fradesso da Silveira.) ( 189 ) — Le même jour, 4 h. 53 m. du soir, à Bcdarricux (Iléiaull), une violiMite secousse. (Comm. de M. le vicomte de Sarcus, d'après V Union j du 5 , qui dit : « Mardi dernier... d .) N'est-ce pas la même secousse que jai citée au 18 du mois préctHlent, d'après le Moni- teur du soir, du 2i septembre? — Le 2, heure non indiquée, à 3Icte]in, une forte secousse. Une heure après, deux secousses as^cz fortes, et deux autres pendant la nuit. La température y était très-haute. Le 5, une nouvelle et forte secousse. Le 4, dO h. 10 m. du matin, à Zante, une secousse légère. Le même jour, M h. du malin, à Calamata, une longue, mais légère secousse. Nuit du 4 au o, en Mcssénie et en Laconie, tremblement plus ou moins fort suivant les lieux. La terre s'est fendue. La mer s'est retirée de trente mètres en laissant à sec des poissons et des coquilles; elle est revenue avec violence en inondant la plage. Cythyuni a été englouti par les eaux. Patras, Chalcis et Athènes nont rien senti. Le 8, 5 h. 15 m. du matin, à Zante, une forte secousse, accom- pagnée dun rombo (bruit), comme l'explosion d'une bombe. Une seconde secousse quelques minutes plus lard. Le même jour, heure non indiquée, à Smyrne, tremblement sans dégâts. Au 8, les secousses continuaient encore dans le Magne occidental. Le 10, matin et soir, à Chalcis, deux secousses violentes, res- senties aux mêmes heures (qu'on n'indique pas) et avec la même intensité à Athènes. Le même jour, 5 h. du soir, à Zante, une forte et longue secousse avec un fort rombo; dix minutes après (5 h. 10 m.), une forte et longue secousse avec rombo fort et long. Le II, 5 h. 15 m. du malin, une longue secousse avec rombo, plus forte que celles de la veille. A 5 h. 25 m., une légère secousse. Puis à 1) h. 15 m. du matin, pduie abondante qui se renouvela à 7 h. '/.j du soir avec éclairs et tonnerre. Le 15,8 h. 25 m. du malin, encore une forte secousse avec rombo. ( 190 ) Le 17, 5 h. 43 m. du matin, h Corfoii, une secousse. A cette date, suivant la Régénération de ce jour, les secousses continuaient encore à Calamata. Le 21, 9 h. 12 m. du matin, à Zante, une secousse avec rombo. Depuis le tremblement du 20 septembre, on entend très-souvent des bruits souterrains qui ressemblent à des coups de canon tirés de loin. Le 22,9 II. du matin, à Tripolitza , tremblement vertical, très-fort et de peu de durée. A Patras, même heure, plusieurs secousses. Les secousses qui ont eu lieu dans la Morée et dans l'Asie Mi- neure, pendant les mois de septembre et d'octobre, ajoute M. Slc- plianos, se sont propagées aussi dans le bassin de la mer Égéc (archipel grec). Elles ont été ressenties en particulier dans les îles de Sciathos et de Scopilos. Le 23 , 8 h. 43 m. du matin , à Zante, tremblement long et très- fort, précédé de rombo. Ce tremblement est le plus fort de ceux qui ont eu lieu depuis le 19 septembre. Quelques vieilles maisons endommagées et les murs de la plupart des autres lézardés. Pluie à 4 h. du soir. Le 24, 7 h. 45 m. du matin, une légère secousse avec un fort rombo. A C h. du soir, éclairs, tonnerre, foudre et pluie abon- dante. Le 23, G h. 43 m. du malin, encore une légère secousse avec rombo. — Le ô, 2 h., 2 h. Yi t^t 5 h. du matin, à Mistrella (Sicile) et dans loulc la délégation , trois secousses précédées d'un fort brui! pareil au tonnerre. La })remière fut verticale et les deux autres ondulatoires. La seconde fut moindre que la première, et la troi- sième, la plus longue et la plus forte de toutes, ne dura que cinq secondes. (M"'*" Scarpellini.) — Le 10, 3 h. du matin, à Carache et autres lieux des Andes vénézuéliennes, fort tremblement. Le même jour, 2 h. du soir, à Caracas, petit teniblor. Le 24, i h. 34 m. du soir, à Petare, fort tremblement, peu sen- sible à Caracas. ( 191 ) Le 25, 10 11. (lu soir, à Caracas, petit temblor. — Le 15,7 h. V:2du soir, à Paissais (Orne), une violente secousse qui semblait venir des côtes de la 3Ianclie. On l'a resscFitie dans beaucoup de communes voisines; mais on n'a rien remarque à Domfront, qui n'est éloigné de Paissais que de treize kilomètres. — Le 23, vers 2 li. du soir, le cône adventif du Vésuve, assez tranquille depuis le mois d'août, commença à rejeter un peu de cendre noire jusqu'au 5 novembre. (M. Mauget, C. R., t. LXVI, p. 165.) — Nuit du 2o au 20, minuit 25 m., à Aïn-Smara, province de Constantine, une forte secousse qui n'a duré qu'une seconde; après, il s'est fait entendre un bruit sourd, accompagné d'un mouvement léger, partant du nord vers le sud. La même nuit, h Constantine, une secousse dont Ibeure n'est pas indiquée. — Le 20, 1 h. ^l'i du soir, dans le pays des Natchez et la Loui- siane, farte détonation et mouvement du sol, dont le Times de Wieksburg, du jeudi 7 novembre, rend comj)te de la manière sui- vante : « Was il an Earlhquake? Le Natchez- Courrier, de samedi dernier, contient l'article suivant : On n'a pas encore expliqué d'une manière satisfaisante le bruit extraordinaire que nous avons entendu samedi dernier, vers 1 li. ^/-2 de l'après-midi. Ce bruit, semblable à un coup de canon, a fait trembler les meubles et même les maisons. Il a été plus sensible encore du côté de la Louisiane. Deux forts glissements de terrains ont eu lieu au-dessus et au-dessous de la ville sur les bords du Mississipi. Us ont été causés probablement par une légère secousse de tremblement de terre. Nous sommes cependant surpris de n'en voir aucune men- tion dans les journaux de Wieksburg, ni dans les dépéclies télé- graphiques qui nous parviennent des diverses régions où ce phé- nomène remarquable s'est manifesté. » (M. W. Mallet.) — Le 29, 5 h. 5o m. du matin, à Tardés (Carinthie), une secousse du NO. au SE. et d'une seconde de durée, avec bruit pareil au tonnerre. Les verres ont vibré. (M. Boue.) — Le même jour, aux îles Vierges (Antilles), ouragan désas- ( 492 ) trcux, pendant lequel on a constaté, à 1 île Saint-Thomas, deux secousses distinctes, dont plusieurs édifices ont conservé des traces évidentes. Des lettres particulières disent même qu'on a constate trois tremblements. L'île de Tortola a été inondée en partie; on avait dit d'abord que toute la population avait péri. — Vers la même époque, éruption volcanique à l'île Juan Fer- nandez ou dans les environs. Voici le rapport communiqué par le capitaine Simpson, commandant la CoroneUa, entré dans le j)ort de Lota (Pérou), le 1" novembre suivant : « Nous naviguons avec calme ou vents contraires, tout à coup, vent fort, accompagné de sept tremblements de terre (7 temblores). Ceci a lieu à cent milles environ au SE. de Juan Fernandez. » Pendant l'esjiace de deux heures, après lesdites secousses, nous marchons à travers une eau aussi blanche que du lait. Nous jetons la sonde sans trouver de fond à cent pieds. A la surface de la mer se voit une quantité considérable de poissons morts, y handadas de pajaros lanzahan fuertes graznidos per todas partes. » Le capitaine attribue ce phénomène à une éruption volcanique qui aurait eu lieu dans le voisinage de Juan Fernandez ou dans lîle même, dont une partie s'affaissa à la suite d'un tremblement de terre dans le siècle dernier. (Comm. de M. Rouaud y Paz Sol- dan.) — Je lis dans le Courrier de San Francisco, du 50 novembre : « La barque Cornet ^ arrivée de Honolulu, nous apporte des nou- velles de l'archipel Hawaïen jusqu'au 25 octobre Le Cornet avait éprouvé une secousse de tremblement de terre deux jours après avoir quitté San Francisco {sic). Deux chocs distincts eurent lieu à une minute d'intervalle. » La barque Co)net est arrivée le 8 novembre à San Francisco, après 18 jours, de Honolulu. E t-ce au départ ou au retour qu'a eu lieu le tremblement? Aux Sandwich ou près de la côte de Cali- fornie? Novembre. — Le l", 9 h. 45 m. du soir, à Zante, lréj)idations du sol, précédées de mugissement. ( 195 ) Le 3, a Smyrne, une secousse. Le 4, une secousse nouvelle, et le 5, pendant la nuit {sic), encore une secousse légère. Les mêmes jours, à Mételin, à Cydonies et à Phocée (Asie Mi- neure) , fortes secousses dont on n'indique pas les heures. D'après M. Trangudi, consul de Grèce à Janina, des secousses ont été ressenties aussi dans cette ville et dans le reste de l'Épire. Le 18, Il 11. 40 m. du malin, à Zanle, trépidations du sol, sans bruit. — Le 2, 5 h. 35 m. du matin , à Caracas, petit temhlor. Le 10, 10 II. 50 m. du soir, tremblement semblable, suivi dun autre quelques minutes plus tard. Le 15, 4 h. du soir, nouveau temblor léger. Le 19, à l'ilc de Margarita (à l'est de Caracas), légers tremble- ments dans le jour; élévation des eaux de la mer; à Coche, elle fut de deux mètres, ailleurs de quatre et de six mètres. « La direction SE. des petits tremblements que nous avons res- sentis depuis quelques mois jusqu'à ce jour, dit M. le docteur Rojas, prouve que le mouvement vient des Andes; à l'appui de cette opinion, je rappellerai que les fortes secousses qu'on a res- senties en avril dans les pueblos de Merida se propagèrent uni- formément à l'ouest, en ébranlant Maracaïbo, tandis que du côté du nord, elles ne s'étendirent qu'avec intermittence jusqu'à Cara- cas et dans les environs. » La direction qu'a suivie et que suit encore la tempête séis- miquc actuelle est marquée par un cercle qui part des Andes du Chili et du Pérou, suit l'équateur, passe à l'est des Andes de Grenade, coupe le Venezuela à la baie de Barcelona, passe à l'est de Porto-Rico entre celte île et St. -Thomas et poursuit son cours autour du globe. C'est sur les grandes et les petites Antilles qu'elle se décharge maintenant, et ce sont ses commotions dans cette région qui influent à leur tour sur la partie orientale du Venezuela et en- gendrent les secousses de la Margarita et de Carupano, où elles causent l'élévation des eaux au-dessus de leur niveau habituel. » (I^l Federalista, de Caracas, du 50 novembre.) — Le 5, à Salt-Lake City, une secousse très-sensible, mais sans dommages. (M. W. Mallcl.) ToMK XXL 15 ( li>i ) — Le 11, 11 11. 21 m. du soir, à la Jamaïque, fortes secousses qui se sont renouvelées la nuit et le lendemain. Cheminées ren- versées. — Nuit du 1 !2 au 1 3, éruption du Vésuve, annoncée à 1 Académie des sciences par M. Pisani, qui écrit le 1 3 de Résina : « Cette nuit, minuit et demi, à droite des deux cônes de léruption du Vésuve de l'année passée , s'est ouvert un nouveau cratère. A la moitié du grand cône, du côté de Bosco Reale, s'est ouvert également un autre cratère, d'où est sorti un courant de lave. Dans la même direction, et précisément dans le plan de la lave de l'année passée, se sont formés deux autres petits cratères qui lancent beaucoup de pierres. Le cône principal est tout crevassé par suite des fortes secousses qu'il a reçues. « (C. R., t. LXV, p. 871.) « Après le 5 novembre, écrit M. Mauget à IM. Ch. Sainte-Claire- Deville , il y a eu un peu de relâche au cône du Vésuve. Les soirées étaient ])lus tranquilles et on voyait moins de pierres projetées en Tair. Vers le 10, les pierres ont commencé à devenir plus grosses, et le 12, à minuit et quart, on a ressenti à Résina, au moment où le Vésuve a fait explosion , une petite secousse qui a fait tomber quelques pierres el entr'ouvert une maison. Tous les habitants ont fui leur demeure, croyant à un tremblement de terre » (C. R., t. LXVI, p. 1G3.) Le 15, M. Diego Franco a fait au Vésuve une exploration dont le récit se trouve aux Comptes rendus , t. LXV, p. 1C0-1G2. Le 17, M. Palmieri a écrit de Naples à M. Ch. Sainte-Claire-De- ville, une lettre qu'on lira avec un grand intérêt, dans le même volume, p. 897. En voici un extrait : « Le 1 2 novembre courant , l'éruption se réveille et semble con- tinuer les phénomènes précédents. Vers la fin du mois d'octobre, la température des anciennes bouches s'était élevée, et, de temps à autre, il en sortait pendant quelques heures de notables quan- tités de vapeur. Dans les premiers jours de novembre, les déga- gements deviennent continuels et de plus en plus abondants; le sol est agité par de petites secousses signalées par le sismographe de l'Observatoire, et enfin le feu (ou les matières incandescentes), soulevant dénormes masses de lave compacte qui remplissaient ( m ) l'ancien cratère, s'ouvre de nouvelles issues et forme quatre cônes : trois petits , qui , en peu de temps, se rejoignent, et un plus grand, qui , avec des détonations assez fortes, projette dans l'air des frag- ments de lave et donne, par une ouverture inférieure, issue au courant lui-même. Celui-ci, après avoir franchi en quelques points les bords de lancien cratère, se répand sur le plan supérieur du Vésuve, que traversent plusieurs fissures d'où s'échappe la vapeur. » Quelques fumerolles, éloignées d'environ 150 mètres de la bouche de l'éruption, et qui donnaient de l'acide carbonique, continuent à en donner, il semble, en plus grande abondance. » Les petites secousses du sol et les agitations des aiguilles de lappareil de variation de Lamont sont devenues plus fréquentes et plus intenses depuis le commencement de l'éruption. Le sismo- graphe indique j en moyenne , dix secoîisses par jour. » Le 18, M. le professeur Giordano envoie à Yltaliaj de Naples , la relation suivante : « Je viens d'arriver du Vésuve, et je me mets en devoir de vous raconter ce qui s'est passé depuis le commencement de l'éruption actuelle jusqu'à ce jour. Depuis l'année dernière, le volcan était resté parfaitement calme, lorsque tout à coup, sans aucun signe précurseur, il commença le 15, vers 1 h. du matin, à lancer d'abord des roches calcinées et ensuite des matières incandescentes par quatre cratères à la fois. » Il m'est impossible, tout aussi bien qu'à qui que ce soit, de dire si ces cratères se sont ouverts en même temps ou successi- vement, ou dans quel ordre ces premiers phénomènes se sont manifestés, car il n'y avait personne alors sur la montagne, et c'est le matin seulement que les premiers visiteurs trouvèrent ces cratères en éruption. » Voici leur disposition : Le premier est situé à l'orient des deux cônes de l'année dernière; le second, à la moitié du grand cône, au sud-est, du côté de Bosco Reale; deux autres, plus petits, se trouvent sur la coulée même de Tannée dernière. La seconde de ces quatre ouvertures était la seule qui rejetât des matières en fusion ou de la lave proprement dite. Celle-ci s'épan- chait petit à petit et comblait les cavités du sommet de la montagne. ( 190 ) » A en juger par les effets, le premier éclat de l'ériiplion a du être très-grave, quoiqu'il n'y ait eu ni bruit ni secousse qui se soient fait sentir à une grande distance; mais il s'est produit de noiables fissures en sens divers, sur toute la superficie du grand cône. » Le fait a donné lieu de craindre que 1 éruption ne doive être très-sérieuse, et, en effet, dans l'espace de trois jours, tout le grand cratère s'est rempli de lave, si bien que, dans la nuit du 16 au 4 7, celle-ci a commencé à se déverser au nord et au nord- ouest sur la partie extérieure en trois courants qui ont atteint la longueur de 20 à 50 mètres. » Aujourd'hui ces courants de lave sont arrêtés. Mais les quatre cônes en question, auxquels s'en est adjoint un cinquième, sont toujours fortement en crui)tion. Le cône central a gagné plus de dix mètres en hauteur, de sorte qu'on le distingue maintenant de Naplcs. » La nature de la lave est celle qui est ordinaire au Vésuve, c'est-à-dire que c'est de [aiigiloplnjre , et sur les cônes se mon- trent, comme d'habitude, les chlorures panachés qui en tapissent agréablement la surface. Quand la nature intime de la lave aura été mieux étudiée, je vous rendrai compte des résultats ainsi que de tous les autres phénomènes qui pourront se manifester dans l'éruption du volcan. » [Débats, 27 novembre.) Le 24 novembre, on écrit de Naj)les au Movimetito : « L'érup- tion continue. La nuit dernière on voyait descendre la lave avec sa lenteur ordinaire. En ce moment, elle couvre dt^jà, à quelques exceptions près, la pente sablonneuse par laquelle descendaient les gens qui visitaient la montagne. L'ascension du Vésuve est devenue désormais des plus dangereuses, tant à cause de la grande quantité des lapilli rejetés continuellement par le cra- tère, qu'en raison de la dilïiculté de revenir à l'esplanade dei Cavalli. Les guides "eux-mêmes n'osent plus conduire les curieux qui arrivent en grand nombre et qui leur promettent cependant des salaires élevés. » {Débats, 50 novembre.) Le 25, à Torre del Greco, secousses si violentes que la popula- tion craignait de voir se renouveler les désastres de 180 1. ( 197 ) La miit suivante, à Résina, l'esealier d'une maison l'ut ren- versé, une autre maison fut fendue par le milieu. L'éruption continue et grandit; un inuiiense torrent de lave coule toujours. [Moniteur , 7 décembre). La suite au mois suivant. — Le 14, au Nicaragua, éruption volcanique sur laquelle le ministre des Etats-Unis, M. A.-B. Dickerson. a transmis, de Léon, le 4 décembre suivant, au secrétaire d'État, un rapport olTiciel dont voici la traduction intégrale : « Le 14 novembre dernier, un nouveau volcan a fait éruption au Nicaragua, à huit lieues environ à l'est de la ville de Léon, sur une chaîne d'évents volcaniques dont Taxe est parallèle à la côte du Pacifique. » L'éruption a commencé vers 1 h. du matin, par une série d'explosions qu'on a distinctement ressenties et entendues à Léon. Ces explosions ont produit dans la croûte terrestre une fissure d'un demi-mille environ de longueur, commençant à une ancienne fracture située au SO. et passant à peu près à moitié chemin entre les volcans éteints de Las Pilas et d'Orota , deux des nombreux cônes qui s'élèvent sur ces failles anciennes. » Le 14 au matin, avant le point du jour, on vit le feu s'échapper du nouveau volcan en divers endroits. Les explosions se renouvelèrent régulièrement pendant tout le temps que le volcan resta en éruption, se succédant quelquefois à de courts intervalles, et d'autres fois à des intervalles d'une demi-heure. Mais les bruits sourds, les grondements souterrains étaient presque incessants. Dans l'espace de quelques jours, deux cratères s'ou- vrirent sur la nouvelle fissure à une distance d'un millier de pieds l'un de l'antre; l'un, situé à l'extrémité SO., projetait verticale- ment les matières volcaniques; l'autre, placé an NE,, les lançait obliquement sous un angle de 45 degrés. Les flammes (?) s'éle- vaient de ces deux cratères en augmentant de volume et de hau- teur, tandis que de simples jets de flammes et de plus petites décharges s'échappaient de deux ou trois autres fissures latérales. » Dans la matinée du 22, je suis allé visiter ce volcan pour l'examiner de plus près, quoique, jour et nuit, je l'eusse vu et entendu de Léon. La meilleure vue que j'en aie eue, dans cetlc ( l'J8 ) exploration, c'est avant le point du jour, du sommet d'une mon- tagne située à un mille environ au NE. des fissures. Le principal cratère, celui de droite, en pleine activité, projetait des llammcs et des matières à moitié fondues, par un orifice d'environ GO pieds de diamètre; les masses incandescentes le remplissaient continuel- lement et formaient, en retombant à l'entour, un cône régulier qui pouvait bien avoir déjà î200 pieds de bauteur. » Le bord du cône semblait cliaulfé au blanc et l'extérieur au rouge jusqu'à moitié de la hauteur, tandis que plus bas les flancs paraissaient illuminés par une multitude innombrable de points brillants comme des étincelles. Ces jets lumineux se manifestaient avec une régularité tout à fait surprenante, une fois par seconde; ils étaient accompagnés d'une explosion forte et constante, et s'élevaient à une hauteur d'environ 500 pieds au-dessus de la bouche de l'orifice, en formant une colonne dé flammes que sillon- naient des projectiles incandescents. A des intervalles de dix à trente minutes, des détonations plus fortes augmentaient encore l'intensité et le volume de ces décharges, et en projetaient les ])roduits jusqu'aux nuages qui roulaient au-dessus. Les projec- tiles, ainsi lancés dans un état de demi-fusion, en masses de 2 à 5 pieds de diamètre, faisaient entendre un son métallique en retombant sur le cône déjà solidifié. Quand le jour eut paru , las- pect du cône changea; de rouge qu'il était, il devint d'un noir bleuâtre. Le cratère de gauche lançait obliquement, sous un angle de quarante-cinq degrés, ses décharges de flammes d'un caractère semblable; il communiquait évidemment avec le premier par un. canal souterrain, situé à un millier de pieds au-dessous de la surface; leurs décharges avaient lieu simultanément. Le cratère oblique (à moitié horizontal) avait une vingtaine de pieds de dia- mètre. » Le 27, dans l'après-midi, après une série d'explosions qui semblaient faire trembler la terre jusqu'à son centre, le volcan commença à vomir du sable noir en grande quantité et des roches plus pesantes. A la nuit, la colonne de flammes parut avoir pris un accroissement considérable en hauteur. On vit, à l'œil nu, comme de brillants météores s'élancer au milieu des flammes et ( i!)y ) jusqu'à uiiL' hauteur d au moins 3,000 pieds; c'étaient des bombes volcaniques (de grosses pierres spliériqnes) de 4 à 5 pieds de dia- mètre. » Le lendemain matin, les rues et les terrasses des maisons étaient couvertes dune couche de sable lin et noir, vomi par le volcan, et un immense nuage lumineux versait une pluie de sable sur tout le pays environnant. Cette pluie de sable continua jus- qu'au matin du 50, alors que s'éteignit le volcan qui parut épuisé par ses éruptions. » Maintenant, ce sable recouvre tous les alentours du volcan, jusqu'à l'océan Pacifique, sur un rayon de plus de cinquante milles. A Léon il forme une coucbe d'un à deux buitièmes de pouce d'épaisseur. A mesure qu'on se rapproche du volcan, l'épais- seur de cette coucbe augmente graduellement et le sable lui-mcmc devient plus gros. A un mille autour du cratère, le diamètre des grains varie de trois à quatre buitièmes de pouce et la coucbe atteint 1 pied d'épaisseur. Plus près du cône encore, elle varie par degrés et atteint plusieurs pieds et n'est déjà plus formée que de petits fragments déroches. A la base même du cône, ce n'est plus tout à l'cntour qu'un amas informe de blocs énormes de quatre à cinq pieds de diamètre; mais ce sont encore évidemment de simples fragments de rocbes plus considérables. » Le cône lui-même, d'environ :200 pieds de hauteur, est ter- miné par un cratère d'environ 200 pieds de diamètre et de 200 pieds encore de profondeur. Les parois, à lintérieur et à l'extérieur du cratère, sont couvertes de blocs irréguliers qui n'ont pas moins d'un pied de diamètre. Une longue bande de scories noires s'étend du côté du NE. La lave scoriacée, la première issue du cratère principal, est maintenant recouverte de rocbes ignées, compactes , que les dernières décbarges ont arrachées des plus grandes profondeurs. Les forêts ont été endommagées sur un espace de plusieurs lieues autour du volcan par les averses de sable, et près de sa base les arbres sont renversés et brisés en nombreux fragments, à moitié ensevelissons le sable et lesrocbers. Si, pendant ces seize jours d'activité, le volcan a présenté un spec- tacle curieux et intére^^sant, sa vuCjaujourd'bui quil est en repos. ( 200 ) n'ofFre pas un champ moins instructif cl moins riche en observa- tions pour les géologues, il n'est pas, je crois, de pays au monde qui offre un sujet d'études plus intéressantes que celle de la plaine de Léon. A la vue simple, on y distingue vingt cônes volcaniques. Il n'y a pas de sol aussi fertile que ce terrain finement pulvérisé et ondulé en collines comme dans les vallées du Nil et du Mississipi, que ce sédiment dû au feu et non à l'eau. Ce sont les pluies volca- niques qui ont déposé les éléments d'une si riche fertilité. » Avant de mourir, Humboldt exprimait le regret que les savants n'eussent pas encore exploré plus complètement celte remar- quable région d'un pays encore si peu connu : espérons qu'elle ne sera pas plus longtemps négligée. » Cette dernière chute de sable a été suivie d'une averse de pluie; et depuis, quoiqu'il se soit à peine écoulé quelques jours, le blé, le coton et les prairies se sont rapidement développés sous leur heureuse influence; jamais on n'avait vu de semblables pro- grès dans la végétation. Quelques plantes, sans doute, en ont souffert, mais d'autres en ont acquis une nouvelle vigueur. » Je vous adresse un échantillon du sable volcanique recueilli avant la pluie pour que vous puissiez le faire analyser. (L'analyse a montré depuis qu'il consistait en grains de scorie, de chrysolite et de feldspath.) » Je crois devoir, en terminant, appeler l'attention sur celle coïncidence d'ouragans désastreux, de tremblements de terre et d'éruptions volcaniques qui ont eu lieu à l'ile de Saint-Thomas et dans les régions avoisinantes pendant la même période de temps dont je viens de m'occuper.Tous ces phénomènes, comme le trem- blement qu'on ressentit distinctement à Léon , sont dus, sans tml doute, à une cause unique. » {Amer. Journ. of Sci., S*" série, t. XLV, p. 451, janvier 1 808.) — Le d 8, vers 3 h. du soir, aux iles de Saint-Thomas, de Sainte- Croix , de Porto-Rico, etc., tremblement désastreux , qui s'est étendu jusqu'aux Antilles françaises. Peut-être même l'onde séismique s'est-elle propagée d'un côté jusqu'à la côte du Mexique et de l'autre jusque vers les Açores. Outre les différences d'heures, observées généralement d'une manière peu exacte , on en ren- ■( 201 ) conlrc beaucoup ilaulrcs, souvent assez notables, dans les divers récits qu'ont publiés les journaux. Le choix étant difficile et parfois même impossible, je suis forcé de citer les variantes, au risque de paraître diffus et trop long. Un planteur, M. Raupach, quarter officer (quartier-maître?) pour les quatre quartiers de Textrémité orientale de Saint-Thomas, a fait une relation des secousses ressenties dans cette île jusqu'au M décembre suivant. V American Journal of science et plus tard les Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris ont publié le commencement de ce récit que je vais d'abord reproduire : « Le 18 novembre, il faisait un temps superbe, très-clair, et le ciel avait cette belle teinte bleue particulière aux Indes occi- dentales. Le vent était de TEJ/i NE. {East by Norlh). L'océan était calme, le soleil brillant et chaud, et le thermomètre mar- quait, à l'ombre, 124*'R. Aucun signe ne pouvait faire prévoir une révolution de la nature, quand tout à coup, à 2 h. 45 m. après- midi, on entendit un bruit souterrain, comme un roulement sourd, qui fut immédiatement suivi d'un tremblement de terre violent semblant avoir lieu du S. ^liSO.{Soiilhby West) et se diriger au N. '/4 NE. {North by East). La terre semblait composée de petites vagues qui s'élevaient et s'abaissaient sous nos pieds , de sorte que si l'on avançait le pied pour marcher, il semblait rencon- trer un terrain plus élevé, et si on le reculait, il trouvait encore le terrain plus élevé. 11 était impossible de se tenir debout dans un endroit fixe, et lorsqu'on essayait de marcher, il semblait qu'on fût retenu en arrière. Ce premier choc a duré environ une minute et demie. Le bruit souterrain, qui continua pendant tout le temps de cette première secousse, était épouvantable [most Dreudful. It terrified every iiving soûl). Le soleil s'obscurcit {seemed at once become dim) et semblait comme éclipsé. Cet obscurcissement continua pendant la première journée jusqu'au coucher du soleil, et tout le jour suivant, mais à un moindre degré. Ce ne fut que deux jours après que la lumière du soleil reprit toute sa clarté. Il semblait jusque-là que le soleil , quoique aussi brillant en apparence qu'il l'est ordinairement, eut perdu quelque partie de sa puissance de lumière et de chaleur. ( -202 ) » Après le [)rcinier terrible ehoc, la Icrre coiiliiiua à trembler et à gémir, pendant dix minutes environ, puis un second clioe violent se fit sentir. Immédiatement après celte seconde secousse, l'océan, qui peu avant la première s'était retirée une centaine de pieds de la terre , s'éleva comme une vague immense et revint vers le port. Il se maintint comme un mur blanc et droit de quinze à vingt pieds de haut et avança très-rapidement dans le port, renversant les petits bateaux devant lui ou passant par-dessus et soulevant sur sa crête les vaisseaux de guerre et autres bâtiments à vapeur. Cette vague avait l'apparence d'un mur blanc en ma- çonnerie, droit et régulier, comme si on l'eût construit à la règle; elle n'avait point de ressemblance avec une vague ordi- naire. Elle se brisa dans la partie basse de la ville à la hauteur de deux pieds (a couple of feet) et s'étendit à deux cents ou deux cent cinquante ])ieds dans l'intérieur des terres suivant que la localité était plus ou moins plate. Ce soulèvement de vague se ré]>éla une seconde l'ois après un intervalle d'environ dix minutes et cette seconde vague parut même un peu plus grosse que la première et s'étendit encore plus loin dans les terres. » Après que ces deux vagues se furent brisées (passed away)^ l'océan redevint aussi calme qu'il l'était avant le premier choc , sur toute retendue que pouvait embrasser la vue. )> Les secousses continuèrent et on les ressentait à peu de minutes d'intervalle {every fetv minutes). Le premier jour, les chocs semblaient s'enchaîner les uns aux autres, mais à partir de 2 h.^/4 du matin le 19 novembre, on les ressentit plus distinc- tement séj)arés. » Depuis i2 h. 45 m. après midi du 18, jusqu'à 2 h. 45 m. du matin le 11), il y eut 89 secousses. » De 2 h. ^/4 du matin le 19, jusqu'à minuit, il y eut 258 se- cousses. » Les secousses devenant alors moins fréquentes, j'ai marqué exactement le moment où elles se firent sentir ainsi que l'instant où l'on entendait des bruits sourds [riimhling noises) non accom- pagnés de secousses. » (Amer Jour., 2""= sér.,J. XLV, p. 134, janv., 1808, et C. U., t. LXVl , p. 280, séance du 10 février 1808.) ( 205 ) La chronique du Tour (la Monde , u" 417, contient une lettre écrite de Saint-Thomas, en date du !20. En voici la (in : « Le vent a passé à l'est; les secousses sont très-faibles. L'espérance renaît Mais quel spectacle désolant que celui de la ville et du port! » Puis elle ajoute : « Ce tremblement a été ressenti à Porto-Rico, à Cuba, dans toutes les Grandes Antilles, sur la côte du Mexique. La capitale de Porlo-Ilico, Saint-Jean, est dévastée. La Havane a beaucoup souffert. La Jamaïque a été pareillement atteinte et l'on signale de grands dégâts à Matamoros. Dans le district de Barras (Porto-Rico), il n'est pas une plantation qui n'ait été ruinée. Ce que l'ouragan du 29 octobre avait épargné a été ba- layé par l'inondation. » L'ile hollandaise de Saba a éprouvé des dégâts considérables; on dit même que les terres ont été envahies par la mer. » Un journal de Caracas, el Federalisla , du 12 décembre, donne l'extrait suivant du journal de Saint-Thomas , le Sainl-Thoinus Tideiide , du '23 novembre : « Le 18, 5 h. 10 m. du soir (à en juger par l'heure à huiuelle notre horloge s'est arrêtée), nous avons éprouvé un des plus violents et des plus longs tremblements de terre qu'on ait jamais ressentis dans cette île. Toutes les oscillations (et elles ont été nombreuses dans le premier moment) semblaient passer sous les pieds et se propager du SO. au NE. comme le bruit qui les ac- compagnait. Les ruines sont immenses; il n'est pas une maison qui n'ait plus ou moins souffert .... » A peine les secousses avaient-elles cessé qu'un océan d'eau (an océan of ivaler), d'une hauteur incalculable, composé d'une multitude de colonnes en formant une seule, fut aperçu au SO. du port, marchant et s'avançant majestueusement vers la terre. Le ciel était pur, l'air calme, le soleil brillant, le port tranquille comme la mer Morte, et l'océan soulevé s'avançait comme pour submerger l'île tout entière. Heureusement il rencontra les récifs avancés qui brisèrent la lame immense et sauvèrent l'île d'une submersion complète. Ses promontoires seuls et le port furent inondés. L'eau monta de quatre à cinq pieds sur le môle du Roi. Toutes les embarcations qui se trouvaient dans le port furent ( -204 ) lancées dans riiiléricur des terres où elles reslèreiit ensuite à sec. j) Depuis lors, les secousses se renouvellent à des intervalles plus ou moins longs. » Le vapeur- poste, la Plata, arrivé le 47 à Saint-Thomas, avait mouillé près de Wqter Island. Le 18, à 2 h. 50 m. du soir, il éprouva une forte secousse. En même temps une immense vague s'avança directement sur le bateau. Heureusement, il n'y avait pas de vent. On put manœuvrer de façon, sinon à l'éviter, du moins à la recevoir dans une meilleure position (in a bélier posi- tion). Cette première vague ne causa aucune avarie importante, mais elle fut suivie immédiatement d'une seconde qui emporta trois embarcations dont une était remplie de nègres; pas un seul ne put être sauvé. Une autre contenant cinq femmes faillit éprouver le même sort. Les secousses se renouvelèrent dans le jour et la nuit suivante, mais la mer resta calme. (Extrait d'une lettre écrite le 19, à bord de la Plata. ) Suivant d'autres récits, il y aurait eu une troisième vague moins forte que les deux premières. Une lettre, en date du 21 , signale la première secousse comme ayant eu lieu à o heures moins quelques minutes; elle était di- rigée du SO. au NE. et a duré deux minutes avec un bruit épou- vantable. De nombreuses maisons ont été renversées surtout au bord de la mer. Vingt minutes après cette première secousse, la mer s'avançait du large comme une muraille d'écume et s'en- gouffrait dans l'entrée du port. Malgré les îlots et les rochers qui abritent le chenal, les eaux se sont élevées de quarante pieds et ont causé de grands dégâts, c Pendant plus de 60 heures, y est-il dit, la terre n'a cessé de trembler et les grondements souterrains de se faire entendre. Depuis ce matin à 8 h., nous sommes assez tranquilles, les secousses ne se font sentir que très-faibles et à de longs intervalles. » Enfin, dans une lettre écrite de Saint-Thomas, le 5 décembre, on lit encore : « Le 18, à 2 h. 47 m. (5 h. moins 15 m.), tremblement qui dura 81) secondes et ruina les qucl([ucs édifices qui avaient échappé à l'ouragan du 20 octobre précédent. ( 205 ) » Dans la nuit du 18 au 19 (en 12 licurcs), la terre a tremblé cent deux fois, et depuis lors, elle n'a pas eessc de le faire. {Desde entonces no ha cesado de hacerlo.) De temps en temps, on ressent de nouvelles secousses aussi fortes que la première et de 50 à 40 secondes de durée. » Trentes minutes après le tremblement du 18, la mer se retira trois fois dans le poi't et, à la dernière, éleva à l'entrée comme une muraille d'eau de quarante pieds de bauteur. Cette immense vague envaliit la plage en entraînant tout ce qui se trouva sur son pas- sage. Le courant, qui est régulier de l'est à l'ouest, prit une direc- tion inverse et avec une telle violence qu'il redressa les bateaux submergés depuis l'ouragan. » On suppose que dans la petite ile de Saba,à une lieue à l'ouest de Saint-Tbomas, il y a eu une éruption volcanique. » A cbaque instant (« cado ralo) , les tremblements se renou- vellent. La population campe sur les bauteurs. Les affaires sont paralysées. » La nouvelle de celte éruption à Tile de Saba n'a pas été confir- mée. Le volcan, éteint depuis longtemps, n'a manifesté aucun signe d'activité. On a dit aussi qu'un nouveau cratère s'était ouvert à lîle deSaint-Bartbélemi et que celle de Saint-Martin avait disparu. Ces on dit ont été démenti* comme l'apparition d'un nouveau volcan dans la baie de Grenada. La première nouvelle «jne Icsjournaux français aient donnée sur ces pbénomènes du 18 novembre, c'est queTilede Tortola.( voisine de Saint-Tbomas) avait été submergée avec tous ses babitants et qu'elle avait complètement disparu sous les flots; ils ne parlaient pas même de tremblement de terre. Mais depuis on a su que toutes les secousses de Saint-Tbomas y avaient été très-fortes et que 1 inondation de la mer y avait fait périr de sept à buit cents per- sonnes. L'île de Sainte-Croix a aussi été violemment ébranlée; les vieil- lards ne se rappellent pas y avoir jamais éprouvé pareil tremble- ment de terre. Toutes les secousses de Saint-Tbomas s'y sont égale- ment fait sentir. La mer a envabi les sept villes de l'île et jeté le Monongahela , vaisseau de guerre (steamship) américain, sur le ( 20(i ) inole où clic Ta laisse à sec. Voici un extrait du rapport que le Commodore Bisscl , commandant du navire, a adresse, en date du 21 , au contre-amiral Palmer sur la perte de ce bâtiment : « Jai le regret de vous informer que le Monongdiela, stcamsliip placé sous mes ordres, gît maintenant échoué [is noio lyùig) sur la baie, en face de la ville de Frederickstadt, Sainte-Croix, où l'a jeté le plus fatal tremblement de terre ici connu jusqu'à présent. La secousse a eu lieu à 5 h. du soir le 18 courant. En ce moment, le temps était serein et aucun signe de changement n'était indique par le baromètre qui se tenait à 30 degrés 15 minutes. La première indication que nous ayons eue du tremblement de terre a été une violente vibration [tremhling) du navire, semblable à Téchappe- ment de la vapeur. Elle a duré trente secondes environ, et , immé- diatement après, on a observé que Teau se relirait rapidement de la baie. Dans un instant, le courant a changé et emporté le bâti- ment vers la baie, en faisant sauter le câble et le boulon de l'ancre, sans qu'ils pussent en ralentir nullement l'épouvantable vitesse. Une autre ancre est aussitôt jetée à Teau qui, en quelques secondes, se trouve trop profonde et la rend inutile. Quand le reflux perd un moment de sa violence à quelques mètres delà baie, une légère brise s'élève de terre et nous donne une courte lueur d'espérance. Mais les manoeuvres que nous nous hâtons de faire, ajoute le commodore dont je supprime les termes techniques, qui, pour d'autres que des marins, seraient aussi peu clairs dans la traduction que dans le texte, ne peuvent nous sauver... Lorsque la mer revint en forme d'une muraille d'eau de 25 à 50 pieds de hauteur, le bâtiment fut emporté par dessus le quai jusqiic dans la première rue de la ville. En se retirant dans la baie, cette vague nous laissa perchés presque verticalement sur le bord d'un récif de corail, où le bâtiment se trouve encore sous une incli- naison de 15 degrés. » Tout cela a été l'alfaire de quehiues instants; bientôt après, les eaux de la baie ont baissé et repris leur état de calme habituel, en nous laissant à sec suspendus au-dessus de la baie. Par un bonheur providentiel, nous n'avons perdu que quatre hommes qui se trouvaient dans les embarcations au moment où a com- ( 20- ) mcnoé la secousse .... Les personnes qui se trouvaient à terre dé- clarent avoir vu dislinclemcnt le fond de la haie à l'endroit où nous étions mouillés et où, présentement, il se trouve 40 brasses d'eau. » {Amer. J.ofscL, ^^ sér., t. XLV, p. 153, janv. 18() Le 14, les détonations deviennent moins fortes et moins Iré- ( 211) ) quciitcs; le séismographe est moins agité; mais partout les auto- rités prennent toutes les préeautions que recommande la pru- dence. » Le 18 et le 1 9, le Vésuve reste eaclié aux yeux des Napolitains dont la vive imagination se représente le travail incessant qui se fait à l'intérieur de la montagne. Tous les instruments scientifi- ques accusent, d'ailleurs, une grande commotion et indiquent une autre éruption de lave comme probable, ce qui se vérifie en effet, car une grande coulée a lieu à l'est. On a observé que quand le séismographe de l'Observatoire se montre le plus actif, on éprouve à Nola et dans tous les environs des secousses i)lus vio- lentes qu'au Vésuve lui-même, de sorte qu'il est difficile de dire où est le centre de l'action volcanique ou d'en conjecturer la fin. Les observateurs scientifiques déclarent que, dansées deux jour- nées, il y a eu à Naples des secousses continuelles, imperceptibles peut-être pour les masses, mais qui néanmoins ont été remar- quées parles hommes qui étudient le phénomène au point de vue de la science. « Mon séismographe, dit l'un d'eux, m'accuse ces mouvements, mon séismographe domestique, qui consiste dans un petit morceau de fer suspendu à ma fenêtre, et j'en observe les vibrations le plus souvent toutes les cinq minutes. » « Du 20 jusqu'à ce jour (le 28, date de la lettre que je traduis) , le Vésuve n'a rien offert de nouveau. D'énormes masses de fumée s'en échappent à chaque minute, s'élèvent dans l'air à une grande hauteur et, emportées par les vents, s'étendent à de grandes dis- tances. Ce matin, c'est le vent du nord qui souille et les masses de fumée se portent jusque sur Capri. » Voici l'état actuel du Vésuve, tel que le dépeint Cozzolino, le principal guide, qui me quitte à l'instant : — Un courant de lave descend vers Ottojano. Au sommet se sont formés deux petits cônes tout près de celui qui s'est élevé dans le cratère, tous les deux projettent des pierres. Ainsi , le grand cône est surmonté de trois orifices dont l'un vomit de la cendre et les deux autres des pierres. » Le 24, les matières projetées ne se composaient guère (jue de cendres; mais depuis, ce ne sont prcscjuc plus (juc des masses ( 220 ) de rurnée. Il faut remarquer que, tandis que les cendres indiquent une tendance au repos, la fumée, au contraire, est rindice d'une grande éruption. C'est du moins ce qu'affirme Cozzolino qui a une grande expérience du volcan. Il décrit ainsi les secousses ressen- ties à Torre del Greco et à Résina , lieu de sa résidence : « Nos fenêtres et nos portes étaient secouées comme par un vent violent, accompagné du sifflement de la tempête. » Son opinion est que l'activité du volcan n'est pas encore parvenue à son plus grand degré d'intensité et qu'avant peu nous aurons quelque grande éruption; ce n'est là que le sentiment d'un homme, non savant, mais qui a vécu au milieu de la lave et des cendres. Si les instru- ments sont calmes un jour, ils manifestent leur activité le lende- main et l'on ne peut faire l'ascension du grand cône sans se dire avec crainte : la montagne entière se soulève sous mes pieds et oscille d'un côté à l'autre. Malgré la neige, la pluie et le vent, les visiteurs sont allés en foule au Vésuve; mais quoique le temps se soit radouci ces derniers jours, personne encore n'a })u atteindre le cratère. » [Galùf. Mess., 4 janvier 1868.) Le Pungolo, de Naples, du 50, donne au sujet de cette éruption les détails suivants : « La lave coule en partie vers les Cognoli di Otlojano et en partie vers le Piano dei Cavalli ; aussi est- il difficile et dangereux d'aller jusqu'au grand torrent qui tend à couler dans la plaine. Les détonations sont parfois très-fortes et les masses de matières embrasées que vomit le cratère retombent sur les ffancs de la montagne. La neige et la glace augmentent en plusieurs endroits les difficultés de Taseension. » [Moniteur , 0 janvier.) — Le l'^'', entre 11 h. et minuit, à Forest City (Californie), une secousse. — Le 2, dans l'Etat de Nicaragua, éruption volcanique qui me semble ne pas différer de celle que j'ai décrite en novembre pré- cédent. Voici d'abord ce qu'en dit M. Ramon de la Sagra dans une lettre à M. Élie de Beaumont : « J'ai l'honneur de vous adresser le numéro du Diario de la Marina, de la Havane, du li janvier dernier, où se trouve la notice d'une forte éruption volcanique qui a eu lieu , au commencement de décembre, au milieu d'une grande plaine dans lEtal de Nicaragua. L'éruption a commencé par des ( m ) llammes suivies de funice, de cendres, puis de sable, en très- grande quantité, qui, après avoir formé un cône régulier de cent ])ieds de hauteur, s'est répandu jusquà une distance de cin- quante milles. A la ville de Corinlo, située dans ces limites, la quantité de sable tombée était si considérable que les travaux et les occupations des habitants dans les rues furent interrompus. » La durée de l'éruption a été de seize jours, depuis le 2 dé- cembre, époque à laquelle on commença à apercevoir les flam- mes. Actuellement le cône de sable, élevé au centre de la plaine, est parfaitement visible de la mer. M. Dickerson, ministre des États-Unis, lui donne une hauteur de deux cents pieds (dans une lettre écrite de Panama), et un diamètre égal au cratère du volcan. Le terrain couvert de sable jusqu'à la mer Pacifique, a une éten- due de cinquante milles. Il paraît que, pendant l'éruption, les flammes s'élevaient à près de trente mètres dans l'atmosphère. » (C. R., t. LXVI, p. 481 , séance du 9 mars 1808.) Je lis encore dans le Times, de la Nouvelle-Orléans, N" du 4 janvier 18G8, d'après des nouvelles de Panama, en date du i 5 décembre : « Grande éruption volcanique. Le nouveau volcan, situé à 2i milles à l'est de Léon (Nicaragua), a eu une éruption extrêmement grande {a violently grand éruption)^ projetant du feu et des matières incandescentes, cinders, par deux cratères; récemment il a vomi de fortes averses d'un sable fin et noir qui est retombé jusque sur Léon et en a recouvert les rues d'un demi-pouce d'épaisseur. » M. Dickinson (su), ministre du Nicaragua [sic), a transmis un rapport détaillé du nouveau volcan. L'éruption a continue pendant seize jours et a formé un cône de deux cents pieds de haut avec un cratère de deux cents pieds de diamètre à son som- met. La cendre recouvre le pays jusqu'au Pacifique à une distance de cinquante milles. Vu la nuit, le bord du cône paraît incandes- cent jusqu'à mi-hauteur, avec la teinte de la chaleur rouge. Les flammes et les cendres s'élèvent au moins à cinq cents pieds. M. Dickinson pense que le volcan s'est épuisé par ses propres dé- charges {was smothered wilh ils own discharges). » Ce dernier article n'est évidemment qu'un résumé peu exact du ( 222 ) r .apport de M. Dickcrson sur Icruption qui a commencé le 14 no- vembre et fini le 50. Elle a, par conséquent, duré seize jours. Comment M. Ramon de la Sagra la place-t-il en décembre? Y a-l-il eu renouvellement d'activité au 2 du mois? — Le 5, 10 11. 10 m. du matin, à Zante, une secousse précédée d'un grand rombo ou bruit souterrain. Le 8, 3 h. 50 m. du matin , une forte, mais brève secousse avec grand rombo; cinq minutes après, un grand bruit souterrain avec plusieurs secousses presque insensibles. Le iC), 0 h. 5 m. du matin (minuit cinq minutes), grand rombo suivi d'une légère secousse. Les pluies, depuis le mois de novem- bre, ont été très-abondantes et exceptionnelles; elles ont duré quelquefois douze heures sans interruption. — Le 7 , 6 h. du matin, à Teniet-el-Haad (province de Miliana, Algérie), une légère secousse. — Le 13. on mande de New- York qu'un tremblement de terre a été ressenti dans l'Honduras, au Venezuela et dans les îles voi- sines. {Déhals , du 26 décembre.) Dans le Guatemala et dans le Venezuela, secousses signalées, sans dates précises, mais comme récentes, par le Times , de la Nouvelle-Orléans, N° du 14 décembre. (Comm. de M. W. Mallet.) — Le 18, 5 h. du matin, dans les États de Vermont et de New-York, jusqu'à White Hall au sud, et dans le Canada, de Bel- leville à Sackville, New-Brunswick, une secousse très-distincte d'environ 25 secondes de durée. A Burlington, Vt., la plupart des habitants ont été réveillés. A Syracuse, 3 h. dO m., on en a évalué la durée à une minute et demie. Mouvement du sud au nord, plus fort au commence- ment qu'à la fin. A Montréal (Canada), 5 h. du matin, secousse avec bruit. Elle s'est étendue jusqu'à Port Hopc à l'ouest et aux Trois Rivières à Test. A Ogdensburg, N. Y., 5 h. du matin, on a évalué la durée du bruit à deux minutes et celle des vibrations à une minute. Direc- tion de l'ouest à Test; intensité variant graduellement, plus grande au milieu qu'au commencement et à la fin. ( 2^23 ) A Hnmmond, N. Y., la première secousse a eu lien , dil-on, dix minules avant 5 h. et a été suivie d autres })lus légères. A i li. 27 m., il y en a eu une dernière qui a été tout à fait violente. {Mobile Regisler du 29 décembre, et ^ mer. Jour. y 2'' sér., t. XLV, p. 155, janvier I8G8.) — Le 19, 6 h. V4 du malin, à Tacna (Pérou) , deux secousses. — Le 27, 8 h. '/^ du soir, à Lyon , une légère secousse avec bruit souterrain comme celui d'une lourde voiture sur le pavé. Meubles agités et même renversés. En debors de la ville, on ne Ta remar- quée qu'à Oullins. (M. Fournet.) — Nuit du 50 au 51 , à Cbavagnes et à Brouzils (Vendée), trem- blement accompagné d'un bruit sourd, semblable au roulement d'une voiture. La première secousse, qui paraissait venir de l'ouest, a été très-forte et les oscillations qui ont suivi ont toujours été en diminuant. — Le 51, 5 h. 7-2 du matin, à Florence, une légère secousse ondulatoire, suivie d'une autre plus forte quinze minutes après. Perturbation magnétique surtout après ces secousses. A Poggio-Cberici , près de San-Scpolcro (province d'Arezzo) , encore ((oicJie) deux secousses ondulatoires, la première de l'ouest à l'est à 0 b. 40 m. du matin et la deuxième, de 5 secondes de durée, à 5 b. 50 m. {sic). (M™* Scarpellini.) {Sans dates mensuelles). — Le 40 février 18G8, on mande de Londres : « Des secousses de tremblement de terre ont été res- rcnties à Sbanghaï et à Ningapoa. » Et le M, on mande de New- York : « A Sbangbaï, une secousse de tremblement de terre a causé une consternation considérable. » {Times, de la Nouvelle- Orléans, des H et 12 février 4808.) * Lorienl (Morbihan), le 9 juillet 4 8GS. Alexis Perrey. RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LA RÉGÉNÉRATION ANATOMWUE ET FONCTIONNELLE DE LA MOELLE ÉPINIÉRE ; PAR MM. MASIUS ET VANLAIR, PROFESSEURS A L ' UNI Y ER S I T É DE LIEGE. (Mémoire présenté à la classe des sciences le 10 juillet I8fi9.) Tome XXL RECHERCHES EXPERIMEÎSTALES RÉGÉNÉRATION ANATOMIQUE ET FONCTIONNEllE DE LA MOELLE ÉPIMÉRE. Dans le cours de l'année 1807, l'un de nous, poursuivant des recherches qu'il avait entreprises dans le but d'arriver à la dé- termination de nouveaux centres spinaux chez le lapin, le chien et la grenouille, eut l'idée d'exciser, chez celte dernière, un seg- ment de la moelle dans une certaine étendue et d'observer en- suite l'animal , afin de s'assurer s'il ne s'établirait pas dans l'or- gane lésé un travail régénérateur. Contre son attente, il obtint des résultats positifs. Non-seulement les grenouilles survécurent à cette grave muti- lation , mais elles finirent même par rentrer dans le complet exer- cice de leurs fonctions. Les récisions avaient été pratiquées, pour la plupart, dans les deux derniers mois de l'année, et vers le mois de mai de l'année suivante, c'est-à-dire six mois après, la motilité volontaire et la sensibilité consciente s'étaient complète- ment rétablies dans toutes les parties du corps situées au-dessous de la section. (4) Au commencement de celte année, ces expériences furent reprises en commun, et le phénomène fut méthodiquement étudié au double point de vue de la réapparition de la fonction et de la reproduction du tissu. Ce sont les résultats de ces recherches que nous donnons aujourd'hui. Nous avons compris tout d'abord qu'il ne nous serait possible d'arriver à des conclusions précises qu'après avoir préalablement acquis des notions exactes sur la structure intime de la moelle chez la grenouille et sur les fonctions dévolues à ses différentes parties, ainsi qu'aux nerfs qui en émanent. Nous nous sommes livrés dans ce but, tout en observant les animaux opérés , à de nombreuses disquisitions qui parfois n'ont fait que confirmer les données déjà acquises à la science, mais parfois aussi nous ont permis d'élucider certaines questions encore litigieuses, et de rectifier quelques erreurs accréditées. Quelques-unes même nous ont révélé de nouveaux faits. Nous commencerons par consigner les résultats de ces der- nières expériences, puis nous aborderons la partie capitale de notre travail : VHistoire de la régénération anatomiqiie et fonc- tionnelle de la moelle épinière. Notre mémoire sera donc divisé en deux chapitres : Le premier comprendra l'élude de certaines conditions anato- miques et physiologfques de la moelle à 1 état normal; Le second, l'histoire de la reproduction au point de vue histo- logique et fonctionnel. (5) I. Étude de certalnes conditions anatomiques et physiologiques de la moelle épinièue. La structure intime de la moelle épinière de la grenouille a été l'objet, de la part des plus habiles histologistes. d'investigations sans nombre, et l'exposé des opinions émises par chacun d'eux en particulier nous entraînerait, pour peu qu'il fût complet, au- delà des limites que nous nous sommes imposées. Il nous est éga- lement interdit d'entrer ici dans aucune considération au sujet des idées générales qui ont présidé à la traduction physiologique des faits constatés au moyen du microscope. Nous n'aurions même pas à nous prononcer en faveur de l'une ou de l'autre des théories qui dominent l'anatomie physiologique de la moelle, si nous ne devions rencontrer plus tard des faits qui exigeront, de notre part, une interprétation dans l'un ou dans l'autre sens. Disons donc seulement ici que nous partageons les vues de Stilling et de ses adhérents plutôt que celles à la défense des- quelles l'école de Dorpat a attaché son nom. Mais il est un point particulier de la structure de la moelle de la grenouille sur lequel on n'a guère insisté jusqu'ici et qui mérite pourtant une étude toute spéciale : c'est la constitution histolo- gique de la portion de la moelle qui se prolonge en arrière de l'insertion des racines coccygicnnes (tO'' et dernière paire rachi- dienne). On nous permettra donc d'entrer, à ce sujet, dans quel- ques détails dont la plupart sont du reste inédits. On sait qu'au lieu de se terminer, comme chez l'homme, au niveau de la première ou de la deuxième vertèbre lombaire, le cordon médullaire envoie, chez la grenouille, un prolongement jusque dans lintérieur du canal coccygien. Mais ce prolongement diffère sensiblement du reste de la moelle. On voit en effet celle- ci offrir, vers son extrémité postérieure, un prolongement, un (6) renflement conique analogue au cône médullaire de l'homme, et l'extrémilé de ce cône se continuer en un long faisceau beaucoup plus grêle qui figure un second cône à base antérieure, plus aigu que le premier. De plus, on constate, au niveau du point où la moelle s'atténue ainsi brusquement, un changement remarquable dans sa coloration. Blanche et opaque dans tout le reste de son étendue, la moelle devient ici grise et translucide. Cette portion grise de la moelle est le filum terminale. Les sillons de la moelle, marqués par un double trait pigmenté, se prolongent sur les faces dorsale et ventrale du filament. Par une dissection attentive, on parvient toujours à poursuivre ce faisceau jusque vers le milieu du canal prismatique forme par l'écartement des deux lames de la crête coccygienne : là, son ex- trémité contracte avec les parois du canal des adhérences assez intimes pour qu'on éprouve quelque peine à l'en détacher. La substance molle et translucide dont se compose ce filuni ter- minale est-elle constituée par un tissu analogue à celui de la substance grise des centres nerveux , ou bien simplement par du tissu conjonctif? En d'autres termes, avons-nous affaire ici à un véritable prolongement de la moelle épijiièrc , ou bien à un simple faisceau de substance conjonctive fourni par la pie-mère ou par le stroma névrogîique de la moelle? Afin de décider cette question, nous avons examiné un certain nombre de ces prolongements, les uns à l'état frais et dans l'iod- serum, d'autres préalablement soumis à l'action de l'acide hyper- osmique , d'autres, après une courte macération dans l'alcool absolu, d'autres, après un séjour de 48 heures dans une solution modérément concentrée d'acide chromique ou de bichromate de potasse. Les derniers enfin ont été imprégnés de carmin et traités ensuite par l'acide formique. Nous avons procédé par dilacération dans le premier cas, par section dans tous les autres. Nous nous attendions à trouver le filament composé principa- lement d'un tissu névrogîique, parcouru par les fibres nerveuses dont Kôlliker a signalé déjà la présence^, cl enveloppé d'une ^ Handbuch der Getvenbetchre des Mcnscheu , b" édition, 18G7, p. 270. ( 7) membrane de tissu conjonctif vasculaire et pigmenté fourni par la pic-mère. Mais voici les résultats imprévus que nous a donnés notre examen : La portion la plus ténue, la plus reculée du filament terminal , est composée, dans sa plus grande masse, de cellules épithéiiales (pi. I, fig. 2 et 4). . ^ Ces cellules sont disposées de manière à former un tube cylin- dro-conique dont la surface interne est libre , et dont la surface extérieure est tapissée d'une couche excessivement mince de tissu conjonctif qui dérive de la pie-mèr»;. Les parois du tube ne sont pas constituées par une simple couche, mais par deux ou trois couches concentriques de cellules. Les éléments les plus internes, de même que les plus externes, affectent une forme prismatique et ont leur grand diamètre dirigé dans un sens perpendiculaire à l'axe du canal; les cellules intermédiaires sont assez régulière- ment polyédriques. Sur une coupe transversale, on distingue très-aisément ces différentes couches et la disposition radiée des éléments qui les composent. En étudiant de plus près ces cellules épithéiiales, on voit qu'elles se composent d'un noyau assez volumineux, finement granuleux, homogène, sans apparence de nucléole, et d'une couche de protoplasma tellement mince qu'il est très-difïicile d'en constater la présence. Du côté de la cavité, les bases des cellules forment une sorte de mosaïque à surface parfaitement lisse; nous n'y avons pas vu de cils. Le même aspect se reproduit à la surface externe. Les cellules cylindriques mesurent 8 à 9a<^ dans leur plus grand diamètre, et de ^ h 0 u. dans l'autre sens. Ces dernières dimen- sions sont aussi celles des cellules polyédriques intermédiaires. Le diamètre du tube épithélial, y compris les parois, mais abstraction faite de l'épaisseur d'ailleurs presque insignifiante de la pie-mère, est de OOf* environ; la lumière du canal a^O/u; c'est- à-dire que les parois ont exactement la même épaisseur que la cavité même qu'elles circonscrivent. Une couche de tissu conjonctif, avons-nous dit, entoure exté- (8) rieiirement le tube épithélial; mais ce revêtement conjonctif est extrêmement mince : son épaisseur est à peine suffisante pour que deux corpuscules plasmatiques puissent s'y placer de front, comme on peut s'en convaincre en examinant des préparations carminées traitées par l'acide formique. A sa surface s'étalent d'élégantes traînées de cellules pigmen- taires. En poursuivant le filament terminal plus en arrière, on voit le tube épithélial se réduire h iO^i d'épaisseur, et le canal se réduire dans la même proportion. Plus loin encore, le canal se termine en cul-de-sac, puis les cellules perdent leur arrangement régu- lier, et la masse épithéliale se continue enfin, sans ligne de dé- marcation bien nette, en un tractus de tissu conjonctif de 50 à 35 ^ d'épaisseur qui, après un trajet extrêmement court, va se perdre lui-même dans le tissu périostique. Si, au contraire, on examine successivement des portions du filum terminale situées plus en avant, on observe les modifica- tions graduelles que nous allons décrire (pi. 1, fig. 1). Le filament terminal augmente insensiblement d'épaisseur au fur et à mesure qu'il se rapproche de l'entrée du canal coccygien. Lorsqu'il atteint , dans son diamètre transversal , plus de 60 ^, on rencontre déjà, outre la masse épithéliale, quelques cellules plus grandes, multipolaires, à prolongements très-délicats, pourvues d'un beau noyau sphérique et d'un nucléole brillant. Ces cellules sont placées immédiatement sous la pie-mère entre celle-ci et la surface externe du tube épithélial. Lorsqu'on essaye de détacher la pie-mère, ces cellules sont entraînées avec elle. Nous n'avons pas constaté, à ce niveau, de connexion anastomoti(iue entre les prolongements de ces cellules et les cellules plasmatiques de la pie-mère, d'une part, et les cellules épilhéliales, de l'autre. La lumière du canal a ici plus de 20 /x. Plus en avant encore, lorsque la moelle dépasse 110 p., on voit apparaître quelques fib?^es nerveuses qui n'ont pas plus de 1 [j. d'épaisseur; elles sont pâles , variqueuses, dirigées longiludinale- ment et parallèlement les unes aux autres ; elles sont placées entre les cellules multipolaires et la pie-mère. A travers ces fibres (9) et les cellules qui forment une couche très-mince et discontinue, on aperçoit encore très-nettement le tube épithélial. La lumière du canal atteint ici plus de 24 f/, c'est-à-dire qu'elle a augmente d'une manière absolue, tout en subissant une réduction relative par l'addition de nouvelles couches cellulaires dans l'intérieur des parois. Au sortir du canal coccygien , le double stratum de cellules ctoilées et de fibres s'est notablement épaissi et il continue à s'ac- croitre jusqu'au point où le fdum terminale s'unit à la moelle proprement dite, point qui se trouve situé immédiatement en arrière de l'insertion de la 10'' paire. Si, en cet endroit, l'on fait une coupe transversale très-mince et bien perpendiculaire à l'axe du cordon, on trouve la moelle composée des éléments suivants fpl. I , fig. 5) : 1° Dans la partie centrale, un large espace occupé par des éléments cellulaires assez volumineux, à gros noyaux (7 p en moyenne), arrondis ou ovoïdes, le plus souvent simples, quelque- fois doubles, enveloppés d'une couche assez mince mais parfaite- ment appréciable de protoplasma, d'où émanent de nombreux prolongements pâles et ramifiés d'une épaisseur moyenne de 2p. Ces derniers s'anastomosent avec les prolongements correspon- dants des cellules voisines, de manière à former un réseau d'une grande élégance dont les noyaux figurent les nœuds. Ces cellules n'étant qu'en petit nombre, il en résulte qu'il existe entre les filaments du réseau de grandes mailles vides : on a une sorte de reticulum à jour. La présence de ce tissu à claire-voie est utile à noter, car elle donnerait inévitablement lieu à une méprise si l'on se contentait d'examiner les coupes à l'œil nu : nul doute, en effet, qu'on ne prenne cet espace intérieur pour le canal central de la moelle prolongé dans \e fiium terminale. 2° En arrière de cet espace clair, c'esjt-à-dire du côté de la face dorsale de la moelle, et dans la ligne médiane, on trouve la coupe transversale du tube é])iiliélial avec son canal intérieur. C'est là le véritable canal médullaire. Ici , les cellules internes sont tou- jours rangées avec la même régularité et circonscrivent toujours avec la même netteté la lumière du canal; mais les cellules péri- ( 10) phériques n'ont pas une disposition aussi simple. Dans le seg- ment postérieur du tube, ces dernières sont en effet juxtaposées sans ordre bien déterminé, et atteignent en arrière le fond d'une échancrure à direction antéro-postérieure , située dans la ligne médiane et représentant le sulcus posterior. Latéralement, ces mêmes cellules perdent graduellement leur caractère épithélial, s'écartent insensiblement les unes des autres et finissent par disparaître pour faire place à des cellules étoilées et à des fibres : ces dernières sont pour la plupart longitudinales; quelques-unes, les plus grosses , affectent une direction oblique. Le segment antérieur du tube, qui est un peu moins épais que le précédent, vient au contraire en contact, par les cellules les plus péripbériques, avec l'espace occupé parle reticulum central, et l'on peut voir avec une grande netteté des prolongements éma- nant des cellules épithéiiales se continuer avec les prolongements des cellules multipolaires. 5° En avant et sur les côtés de l'espace occupe par le tissu réticulaire, on voit, en allant de l'intérieur vers la péripbérie, les cellules multipolaires se rapprocber les unes des autres, puis admettre dans leurs intervalles rétrécis des fibres longitudinales, puis enfin céder la place à celles-ci. 4" Une coucbe mince de tissu conjonctif (pie-mère) embrasse dans une gaine commune toutes ces parties. En interprétant les données qui précèdent, nous sommes con- duits à reconnaître au filament terminal de la moelle la constitu- tion suivante : a. Le fîlum terminale, chez la grenouille, présente, dans ses parties supérieure et moyenne , les mêmes éléments que la moelle elle-même; mais ils y sont disposés d'une manière un peu diffé- rente. On a bien , à la périphérie, des fibres nerveuses en grande partie longitudinales, qui représentent les cordons, et, au centre, des cellules multipolaires qui représentent la substance grise; mais ces dernières sont clair-semées et occupent un espace assez régulièrement circulaire : ce qui fait qu'on n'a ici ni cornes anté- rieures, ni cornes postérieures, ni par conséquent non plus de cordons. Le canal médullaire s'observe également dans le filament ( I' ) terminal, mais sa situation tout à fait excentrique, son revête- ment épithélial stratifié et les communications anastomotiqucs que contractent les cellules de ses parois avec les cellules multi- })olaires de la partie centrale lui impriment aussi un caractère particulier. b. A mesure qu'on se rapproche de l'extrémité postérieure du filament terminal , celui-ci se dépouille successivement de sa couche de fibres nerveuses, puis de ses cellules ganglionnaires, et finit par se réduire à un cylindre épithélial creux qui repré- sente le canal central. Si nous comparons maintenant la composition du filament ter- minal de la grenouille, telle que nous venons de la formuler, avec celle de la même partie chez l'homme, nous constatons entre ces deux structures de remarquables différences. 11 est bien avéré aujourd'hui que chez Ihomme adulte le fdum terminale doit être considéré, dans son extrémité inférieure , comme Un simple cordon de tissu conjonctif constitué par un prolongement de la pie-mère, par l'extrémité de l'artère spinale antérieure et par des veines (Stilling). Luschka et Kolliker y ont signalé en outre l'existence de fibres nerveuses à double contour. Le canal central s'ouvrirait, d'après Stilling, d'abord à l'extrémité du cône médullaire dans le fond du sillon postérieur, puis il se reconstituerait un peu plus bas au moyen d'une couche de tissu médullaire pour se terminer enfin en cul-de-sac vers le milieu du filum terminale. Vers son origine, le filament terminal de l'homme serait constitué par un prolongement épendymateux de la moelle. 11 se eomjjoserait de cellules rondes, de 1 ! à 15 p, pâles et nucléées, de tubes nerveux assez grêles , situés pour la plupart entre les cellules, et enfin de nombreuses fibres pâles, délicates, sur la nature des- quelles on n'est pas encore fixé. Quant aux rapports que contrac- teraient les cellules épithéliales du canal central avec le tissu propre de la moelle, Gerlach et Kolliker disent avoir vu des pro- longements filiformes émanant des cellules épithéliales se mettre en continuité avec les éléments de la substance stromatique de la moelle. Ces mêmes prolongements ont été observés par Stilling, ( 12 ) Kupffcr, Bidder et Traugott sur la grenouille, par L. Clarke sur le bœuf, par Mauthner sur le brochet et par Reissner sur le Pctromyzon fluviatilis. Les trois derniers se prononcent égale- ment pour l'union de ces filaments épitbéliaux avec le reticulum de la substance grise, tandis que Frey considère cette communi- cation comme invraisemblable. Dans ces derniers temps, Schœnn * a prétendu qu'il n'existait pas d'épithélium dans le canal central de la moelle, et que cette erreur reposait sur une confusion que l'on aurait faite entre les prétendues cellules et des filets nerveux. Mais c'est là une asser- tion qui nous semble bien hasardée et que nous ne pouvons ad- mettre. D'après ce qui précède, il y aurait donc, entre la constitution du filum terminale chez l'homme adulte et celle de la même partie chez la grenouille, d'importantes distinctions à établir. Mais si l'on se reporte au développement emhrijonnaire de la moelle de l'homme, on n'est pas peu surpris de voir les différences s'atté- nuer de plus en plus, et l'examen des faits conduire à cette conclusion que le fdum terminale de la grenouille adulte res- semble à une moelle humaine arrêtée dans son développement. Il y a plus : chacun des segments du fdum terminale, chez la grenouille adulte, représente les phases successives du dévelop- pement de la moelle épinière de l'homme. 11 nous sera facile de démontrei' la légitimité de cette double proposition. La plupart des embryologisles admettent aujourd'hui, avec Bidder, Kunifer et Kôlliker '^, que le premier rudiment de la moelle chez l'embryon humain consiste en un canal dont les parois sont constituées par des cellules disposées avec une grande régularité et affectant autour de la lumière du canal une dispo- sition radiée. Ces cellules, petites et allongées, représentent un épithélinm stratifié, composé d'au moins 5 ou 4 couches. 1 Ueher das angehliclie Einlhel des Ruchenmark-Zentralkanaîes , ISQ^o. 2 Eiitwicklimgsgc'.schichtc des Mensclien und der holieren Thicre. Li'ii>zig, 1861, p. 257. ( 13) Un peu plus tard, on voit se produire dans l'épaisseur de celte paroi du canal une séparation en deux couches. La plus interne reste telle et forme le revêtement épithélial définitif du canal médullaire. La plus externe se métamor])hose en substance grise. Il n'y a plus alors de séparation bien nette entre ce qui est épi- thélium et ce qui est substance médullaire proprement dite. La substance blanche n'apparaît que plus tard autour de la substance grise, et se constitue sans aucun doute aux dépens de celle-ci. Chez un embryon de quatre semaines, où l'on a déjà un dépôt de substance grise et de substance blanche , l'épithéliura du canal arrive, dans la ligne médiane et aussi bien en avant qu'en arrière, jusqu'à la surface même de la moelle où il se trouve tout à fait à découvert. A huit semaines , l'épithélium se trouve encore à nu dans la ligne médiane en arrière; en avant, il est déjà recouvert parla commissure antérieure. A trois mois seulement, le canal central s'est en quelque sorte rétracté vers l'intérieur de la moelle et se trouve alors enveloppé, de toutes parts, de tissu médullaire. En même temps que le canal central se retire vers l'axe du cordon médullaire, il éprouve une espèce d'atrophie progressive. Chez un embryon de quatre se- maines, il occupe à lui seul presque toute la moelle, et son revê- tement épithélial a de 86 pi à 95 /a d'épaisseur. Chez Tadulte , au contraire, les dimensions du canal peuvent descendre à 22^, c'est-à-dire n'occuper qu'un point très -circonscrit de la surface de section delà moelle, — et l'épaisseur de la couche épithéliale, devenue simple , tombe également à 22 /n. Nous demanderons maintenant si, en comparant aux différents segments du filum terminale de la grenouille la série de ces états primordiaux chez l'homme, l'on peut méconnaître leur frappante analogie, et si l'on n'est pas tenté de considérer la figure schématique que nous donnons du filament terminal de la grenouille comme une représentation synchronique des phases successives du développement de la moelle chez l'embryon hu- main ! Nous bornons là nos considérations histologiques sur le filum ( ii ) terminale, la seule partie dont la structure intime présentât pour nous un intérêt direct , et nous passons à l'étude des propriétés physiologiques de certaines parties de la moelle. Pour se rendre un compte exact des effets de la section de la moelle sur la sensibilité et le mouvement, il importait tout d'abord de circonscrire le territoire cutané des principales racines et spé- cialement des racines sensitives. Nous avions, pour nous guider dans cette recherche , des tra- vaux assez nombreux publiés en Allemagne. Ces travaux sont dus à Peyer, qui a expérimenté sur le lapin , à Tiirk, qui l'a fait sur le chien , à Krause qui l'a fait en partie sur le lapin et en partie sur le singe, enfin à Ecklard et à Koschewnikoff, qui ont pris la grenouille pour sujet de leurs expériences *. Nous avions à choisir entre plusieurs procédés d'expérimenta- tion et particulièrement entre celui de Tûrk et celui d'Echkard. Le premier consiste à pratiquer la section de la racine dont on veut reconnaître le domaine cutané et à chercher ensuite les points de la surface tégumentaire qui ont perdu leur sensibilité. La seconde méthode est l'inverse de la précédente. On sectionne toutes les racines à l'exception de celle dont on veut circonscrire le territoire cutané ; puis, cela fait, on cherche à délimiter l'étendue dans laquelle la sensibilité du tégument s'est conservée. Krause atteint le même but par une voie moins directe. Son procédé est une application de la méthode Wallérienne. Il sec- tionne la racine dont il veut reconnaître la circonscription , aban- ^ Peyer, Ueber die peripherischen Endigungen de)' motorischen und sensiblen Fasern der in Plexus brachialis des Kaninchens eintretenden NerveuiDurzebi. Ze\tschr. fur ration. Medicin. N. F. Bd IV. Tûrk, Vorlàufige Ergebnisse von Experimental-Untersuchungen zur ErmiUelung der Haut-Sensibilitdtsbezirke der einzelnen BilckenmarkS' Nervenpaare. Sitzungsber. derK. K. Acad. zu Wien, 1856. Krause, Beilrdge zur Nevrologie der oberen Extremildt. 1863 Eckhard , Ueher Reflexbewegungen der vier letzLen Nervenpaare des Fros- ches. Zeitschr. fur ration, Med. Bd. VII. 1847. Koschewnikoff, Ueber die Empfindungsnerven der hinteren Exlremildlen beim Frosche. Archiv. fur Anat. und Physiol. von Reichert und Du Bois- Reymond. 1868. N» 3. (1S) donne l'animal pendant deux à trois semaines, puis recherche au moyen du microscope quels sont les filets de la peau qui ont été envahis par la dégénérescence graisseuse. Koschewnikoff a employé principalement le procédé d'Eckhard. Nous avons, au contraire, donné la préférence à celui de Tûrk, parce que dans des essais préliminaires, nous nous sommes con- vaincus que la section d'un certain nombre de racines sensitives avait pour effet inévitable d'affaiblir l'activité de la moelle et de diminuer, par conséquent, la netteté des réactions quand on venait à irriter les filets sensitifs appartenant aux racines que l'on avait ménagées '. Néanmoins, dans quelques cas, nous avons eu recours aussi au procédé d'Eckhard , comme moyen de contrôle. Quant à la méthode de Krause, elle est trop lente et ne donne pas d'ailleurs de résultats aussi tranchés. Le mode d'irritation que nous avons employé a consisté dans l'application sur le tégument de petits disques de papier trempés dans de l'acide sulfurique très-diiué. La grenouille nous a paru beaucoup plus sensible à cette irritation qu'à celle que l'on j)roduit en pinçant ou en piquant la peau. Train postérieur. Les résultats que nous avons acquis pour le train postérieur ont en partie corroboré ceux que Koschewnikoff a consignés dans ' Voyez sur ce sujet les mémoires suivants : Von Bezold et Uspensky, Ueber den Einfluss der hinteren Rilcken- marksiourzeln auf die Erregbarkeit der vorderen. Centralelatt f. d. Med. Wiss. 1867. Nos 39 et 52. E. Cyon, Même titre, même recueil. 1867. N" 41. Guttmann, Zur Lehre vom Einfluss der hinteren Rilckenmarksicurzeln auf die Erregbarkeit der vorderen. Même recueil. 1867. N" 44. Griinhagen, Ueber den vermeintlichen Einfluss der hinteren Wurzeln des Buckenmarks auf die Erregbarkeit der vorderen. Berliner Klin. Wo- CHENSCHR. 1868. iNo 9. Choumowsky, Sur les propriétés générales des centres cérébro-spinaux. Analyse de Marsicani, in Gaz. média, de Paris. Année 1869. N» 18. ( 16) son travail , mais ont aussi infirme quelques-unes de ses conclu- sions. Ainsi, c'est avec raison qu'il avance que la peau de la circonfé- rence externe de la cuisse est exclusivement animée parla 7^ racine sensitive. Mais les circonscriptions qu'il assigne aux autres racines ne nous ont pas paru aussi nettement limitées qu'il le prétend. S'il est incontestable, par exemple, que toute la partie externe de la cuisse reçoit, ainsi qu'il l'affirme , sa sensibilité de la 1^ racine, il n'est pas aussi exact de dire que la T*" racine ne fournit qu'à cette partie et un peu aussi à la région inguinale et sacrée, ainsi qu'à la partie externe du genou et de la partie supérieure de la jambe. Le domaine de la 7" racine peut en effet s'étendre beaucoup plus loin. Nous avons vu, chez deux grenouilles, disparaître à peu près complètement par la section isolée de la 7" racine du côté droit la sensibilité dans le membre postérieur correspondant , à l'exception seulement de la surface interne et postérieure de la partie supérieure de la cuisse. En coupant ensuite la même racine du côté gauche, nous avons obtenu des résultats équivalents; d'où il suit que, chez ces grenouilles, la 7^ racine fournissait aussi à la jambe et au pied. Nous devons confesser pourtant que dans la plupart des cas, en opérant soit par le procédé de Tiirk, soit par celui d'Eckhard, nous avons trouvé exactement pour la 7^ racine les limites indi- quées par Koschewnikoff. D'après le même auteur, la 8' racine fournirait à la moitié in- terne de la circonférence de la cuisse, à la partie externe du genou, au bord externe et à la face postérieure de la jambe, et à toute la surface du pied, mais principalement à la face dorsale. Or, chez une grenouille des plus vivaces, nous avons vu, par la section directe de la 8^ sensitive, l'abaissement de la sensibilité s'étendre à la jambe et au pied d'une manière à peu près uniforme, tandis que la sensibilité restait très-vive dans la partie supéro-interne de la cuisse. La sensibilité de la partie supéro-externe de la cuisse était naturellement conservée. Les filets de la O*" racine , au dire de Koschewnikoff, se répan- draient dans la circonférence interne de la cuisse, principalement (17) dans sa portion inférieure, au jarret, à la circonférence interne de la janihc, surtout à sa face ventrale, et enfin , à toute la sur- face du pied en y comprenant les orteils, mais j)lus spécialement à la face plantaire et au premier orteil. Cette détermination est- clle plus rigoureuse que les précédentes? Nous ne le pensons pas; car nous avons vu, chez une de nos grenouilles, une section simul- tanée des 8*^ et 0'" racines produire un affaiblissement delà sen- sibilité dans toute l'étendue du membre postérieur, à l'exception de la circonférence tout entière de la partie supérieure de la cuisse, où la sensibilité était restée intacte. Si la partie interne de la cuisse recevait en réalité la plupart de ses nerfs sensitifs de la 9*" racine, on aurait obtenu ici une diminution notable dans la sensibilité de cette partie. Quant à la IC racine, elle se répand, ainsi que Koschewnikoff Ta constaté , dans la peau du pourtour de l'anus et dans la partie supéro-interne de la cuisse. En résumé, s'il est possible d'assigner un territoire assez nette- ment circonscrit à la 7" et à la 10^ racine, on ne peut fixer que d'une manière assez vague les limites de la région animée par les 8' et ^y racines. Il n'est surtout pas possible de tracer le champ d'action respectif de chacune de ces deux dernières racines. Ces variations proviennent, sans aucun doute, des différences individuelles que présente le volume relatif des racines. Train antérieur. Les racines qui fournissent au train antérieur sont, comme on le sait , la deuxième et la troisième. La deuxième est de beaucoup la plus volumineuse. La troisième, après sa sortie du trou de conjugaison , vient en grande partie se confondre avec la précédente. La section de la 2^ racine a fait disparaître à peu près complè- tement la sensibilité dans toute l'étendue du membre antérieur; tandis que la section de la S*' racine ne nous a paru exercer qu'une influence des plus restreintes sur la sensibilité du membre : Tome XXL 2 ( 18) le membre restait presque aussi excitable après qu'avant la section, et cela aussi bien vers son extrémité que vers sa racine. Les résultats qui précèdent renferment implicitement la solu- tion d'une question qui a longtemps divisé et divise encore aujour- d'hui les physiologistes. C'est celle qu'a soulevée Marshall-Hall, quand il a émis sa théorie d'un système de fibres nerveuses pure- rement excito -motrices , c'est-à-dire de fibres exclusivement affectées à l'accomplissement des phénomènes réflexes. Le système excito-moteur de Marshall-Hall, tel qu'il l'entendait, n'est plus admis aujourd'hui. On n'accepte plus cette continuité directe des fibres « excitatrices » avec les fibres motrices réflexes. La plupart des physiologistes pensent que les fibres périphériques centripètes servent à la fois de conducteurs aux excitations ré- flexes et aux impressions sensitives, et que les fibres centrifuges portent également aux muscles l'impulsion réflexe et l'impulsion volontaire : dans la moelle seulement s'opérerait une sorte de décussation de la fibre par l'intermédiaire des cellules nerveuses. Mais il est encore un certain nombre d'auteurs qui croient à l'existence de fibres purement réflexes, et de fibres purement sensitives et volontaires : seulement, ils ont modifié la théorie de Hall en ce sens qu'ils admettent que la communication existante entre les fibres réflexes excitatrices et motrices se fait par l'inter- médiaire de cellules ganglionnaires qui constituent un appareil central de réflexion. On a été plus loin encore. On a cru trouver des racines posté- rieures complètement dépourvues de fibres excitatrices , c'est-à- dire ne possédant que des fibres sensitives proprement dites, et des racines antérieures privées de toute fibre motrice réflexe, c'est-à-dire exclusivement composées de fibres volontaires. Ainsi, Paschulin a prétendu que deux seulement des quatre racines motrices qui fournissent aux membres postérieurs de la grenouille étaient douées d'une activité réflexe : les deux autres seraient uniquement volontaires. Et Beresin ^ a cru découvrir, ■' Ein eœperimenteller Beweis , dass die sensiblen und die excilo-moto- rischen Nervenfasern der Haut des Frosches verschieden sind. Central- BLATT F. DIE MEDIC. WlSSEr^SCIl. N" 9, 1866. (19) dans la première des racines scnsitives qui animent les mêmes parties, une racine exclusivement apte à la transmission des im- pressions sensitives. Sanders-Ezn ' s'est clevë contre l'opinion du premier, et Kos- chewnikoff* a contesté les résultats du second. Nous avons voulu, chemin faisant, voir de quel côté se trouvait la vérité, au moins en ce qui concerne les racines postérieures. Il nous a suffi, pour cela, de sectionner préalablement la moelle vers le milieu de la région dorsale, à une certaine distance de la moelle allongée d'une part, et de l'origine de la 7^ racine posté- rieure de l'autre, — de diviser ensuite toutes les racines posté- rieures concourant au plexus sciatique, à l'exception de la 7% et d'observer alors les phénomènes provoqués par l'irritation de la peau dans le train postérieur. Nous avons répété plusieurs fois cette expérience, et, dans tous les cas, nous avons obtenu des mouvements réflexes manifestes dans les membres posté- rieurs, soit en pinçant la peau, soit en appliquant sur elle un disque de papier imprégné d'acide sulfurique au niveau de la partie supérieure externe de la cuisse. La réaction n'était pas tout à fait aussi prononcée qu'avant la section des racines, mais nous avons déjà dit que la moelle isolée des racines postérieures perdait une bonne partie de son activité. En présence d'un résultat aussi constant, il n'est plus permis de douter de l'illusion de Beresin. Comme le plexus brachial ne reçoit que deux racines posté- rieures, et que leurs dimensions sont très-inégales, nous nous sommes demandé si les propriétés particulières arbitrairement attribuées par Beresin à la première racine du plexus sciatique ne se rencontreraient peut-être pas dans la première racine du plexus brachial. Deux premières expériences, pratiqu^ées avec tout le soin dési- rable, nous avaient donné un résultat positif. Nous avions, dans ces deux cas, sectionné d'abord la moelle au-dessus de l'insertion ^ Vorarbeit fur die Erforschung des Reflex -Mechanismus im Lenden- marke des Frosches. Sitzungsber. der Sachs Gesellsch. der Wiss. 1867. 2 Op. citai. (20) de la première racine du plexus, et nous nous étions assurés que dans ces conditions l'irritation chimique des membres antérieurs provoquait encore des mouvements étendus des deux côtés. Nous avons alors divisé, chez les mêmes grenouilles, la deuxième racine du plexus du côté droit, tout près de son insertion médid- laire, et nous avons vu disparaître à l'instant toute réaction mo- tile dans le membre correspondant , tandis que la réflexibilité persistait pour le membre gauche. Nous avons alors opéré la section de la racine gauche, et, dès ce moment, toute irritabilité réflexe a disparu dans le membre gauche. Mais ce fait était trop contraire à nos prévisions pour que nous l'acceptassions sans contrôle. Les premières grenouilles étaient un peu affaiblies; nous en avons choisi d'autres plus vivaces, et nous avons vu, celte fois, l'excitabilité réflexe persister quand on irritait la peau des membres antérieurs après avoir préala- blement divisé la moelle en arrière du sinus rhomboïdal, et avoir détaché de son insertion la troisième racine rachidienne. La l""* racine postérieure du plexus brachial est donc à la fois sensitive et réflexe. Pas plus que la i'" racine postérieure du plexus sciatique, elle ne jouit de propriétés exclusivement sen- sitives *. Ainsi, l'on peut dire qu'il n'existe, ni dans la série des racines postérieures émanant de la portion brachiale de la moelle, ni dans celle des racines postérieures émergeant de la portion lombaire, des racines exclusivement dévolues à la sensibilité consciente. Toutes doivent être considérées comme également aptes à la transmission des excitations sensitives proprement dites et de l'excitation réflexe. Et si l'on raisonne par induction, on en vien- dra à reconnaître cette double propriété à toutes les racines pos- térieures indistinctement. Cela pourtant ne nous autorise pas à conclure qu'il n'existe * Les premiers résultais peuvent s'expliquer par le défaut de vigueur na- turel des grenouilles opérées, par répuisement excessif causé chez la gre- nouille par une section irès-rapprochée de la moelle allongée, et, enfin, par le peu d'excitabililé réflexe des membres antérieurs en comparaison de celle dont jouissent les membres postérieurs. ( 21 ) pas, chez la grenouille, de fibres cxclusivcinenl excito-molriccs. Nous sommes seulement en droit d'afllrmer que si ces fibres existent, elles ne sont, en aucun cas, réunies en faisceaux isolés au sortir de la moelle, et ne se trouvent })as jdus spécialement renfermées dans une racine que dans une autre. Néanmoins, nous pensons quil est plus rationnel d'admettre que les fibres des racines postérieures sont également propres à remplir les deux fonctions, et que la division des fonctions s'opère seulement dans le centre médullaire. Et encore, l'indépendance entre les appareils réflexes et le cerveau ne doit-elle pas être complète : des fibres longitudinales doivent relier les [)i'emicrs au second, et c'est par Tintermédiaire de ces fibres que les centres euipè- chants du cerveau (Sctschcnow) doivent exercer sur les centres réflexes leur influence déprimante. Nous venons de fixer le territoire cî^fa?îe des racines sensilives qui concourent à la formation du plexus sciatique et du plexus brachial. Il nous reste maintenant à en circonscrire le territoire médullaire. On admet communément ^ qu'une fibre périphérique, douée de la faculté de transmettre une impression destinée à être perçue, doit aboutir directement ou indirectement aux cellules du senso- rium cérébral. Celles-ci peuvent donc être considérées comme le centre commun des fibres qui mettent en action la perceptivité. Mais si l'on décapite l'animal , ou si l'on suspend, par une section transversale, toute communication entre la moelle et le cerveau, les fibres périphériques et médullaires qui servaient antérieure- ment à amener jusqu'au sensorium les impressions extérieures, ces fibres, disons-nous, perdront-elles dès cet instant toute leur activité? D'après ce que nous avons dit précédemment, il y a tout lieu de croire qu'elles vont simplement changer de rôle. Les im- pressions qu'elles vont transmettre alors ne seront plus que des impressions réflexes. '' Nous disons « communément '^ et non « universellement » parce qu'il est un certain nombre de physiologistes qui partagent les idées originales de Pflùger — idées que tout le monde connaît — sur le sensorium de la moelle. (22) Le centre commun des phénomènes réflexes sera évidemment la substance grise de la moelle. Et, de plus, cette substance grise pourra être décomposée virtuellement en un certain nombre de centres particuliers, dont chacun correspondra à une paire de racines ; c'est-à-dire que chaque système de racines a son centre réflexe spécial dans la substance grise de la moelle. Ce sont les limites de ces centres médullaires réflexes que nous avons cherché à fixer avec plus de précision qu'on ne Ta fait jus- qu'ici. Train postérieur. Bien que les expériences auxquelles nous nous sommes livrés dans le but de délimiter les centres réflexes des racines du train postérieur fussent longues et délicates, nous les avons répétées sur un grand nombre de grenouilles afin d'entourer nos résultats de toutes les garanties possibles d'exactitude. Nous avions d'abord cherché h atteindre notre but en décou- vrant la face dorsale de la colonne vertébrale et en pratiqua^it ensuite, à l'exemple de Koschewnikoff, soit dans le cartilage arti- culaire, soit dans le corps même des vertèbres, des sections transversales intéressant la moelle et assez profondes pour la di- viser d'une manière complète, et cela, à différents niveaux. Nous excitions alors les téguments de la grenouille. Nous constations ainsi la disparition ou la persistance de la sensibilité réflexe dans les circonscriptions* cutanées correspondant aux différentes ra- cines, et, par conséquent, la lésion ou l'état d'intégrité de leur centre. A la suite de quelques tâtonnements , nous étions arrivés, en procédant de cette façon, à circonscrire un segment de la colonne entre les limites duquel devait se trouver compris le centre gé- néral des racines du plexus sciatique. Tant qu'on ne sectionnait la colonne — et avec elle le cordon médullaire — qu'en avant de la limite antérieure, ou en arrière de la limite postérieure, on était certain de voir la réflexibilité du train postérieur entièrement conservée. La limite antérieure n'a, pour ainsi dire, jamais dépassé le car- ( ^2Ô ) tilage unissant les 5* et 4" vertèbres, et l'union de la o* avec la G^ vertèbre a presque toujours marqué la limite postérieure. Mais des sections faites entre ces limites ne nous ont donné que des résultats très-variables; et ceux-ci n'ont pas toujours concordé avec ceux de Koscliewnikolf qui, pourtant, n'avait pas suivi d'autre })rocédé. que celui dont nous venons de faire mention. Ainsi, KoschewnikofF dit que la section de la moelle vers le milieu de la 4'' vertèbre fait disparaître l'impressionnabilité réflexe des parties du tégument animées parla 7' racine. La section faite entre la 4'' et la 5'' vertèbre enlèverait de plus toute excitabilité à la région correspondante à la S" racine. Enfin, une section prati- quée un peu au-dessous de la S*' vertèbre anéantirait, suivant lui, l'excitabilité de tout le membre postérieur. Or, nous avons constaté que l'excitabilité réflexe du membre tout entier persistait, dans la plupart des cas, quand on faisait la section au niveau du corps de la 4^ vertèbre; qu'il fallait aller, en général, jusqu'à l'union de la 4" et de la 5% et même quelquefois jusque dans le corps de la 5*^ pour obtenir l'anesthésie des parties animées par la 7^ racine ; et qu'on devait enfin descendre au moins jusqu'au niveau de l'union entre la 5'= et la C'^ vertèbre, parfois même jusqu'au milieu de cette dernière, pour être certain d'insen- sibiliser tout le membre. Les limites indiquées par Koschewnikoff devraient donc en général être reportées en arrière. La cause de ces divergences est facile à saisir. Elle réside dans ce double fait que les racines n'ont pas, ainsi que nous l'avons précédemment établi, une distribution cutanée bien constante, et surtout que leur point d'émergence médullaire n'a rien de fixe par rapport aux vertèbres. Elles sortent bien toutes du canal spi- nal, et d'après un ordre régulier, parles trous de la conjugaison; mais, pour y arriver, elles parcourent dans lintérieur du canal, et plus ou moins parallèlement à la moelle elle-même, un trajet plus ou moins long suivant la hauteur de la vertèbre ou des ver- tèbres interposées entre leur origine et les trous de conjugaison qui doivent leur livrer passage. Cette hauteur n'étant rien moins que constante, ainsi que nous nous en sommes assurés i)ar des ( 24 ) mensurations directes, il va de soi que si l'on prend une vertèbre comme point de repère, celle-ci se trouvera tantôt plus rappro- chée, tantôt plus éloignée de la naissance de la racine. Voici pourtant quelques rapports que nous avons établis d*après un grand nombre de mensurations. i. L'origine de la 7^ racine postérieure se rencontre principale- ment au niveau de l'articulation entre la 3^ et la 6^ vertèbre, mais cette racine peut naître tout du long du corps de la b'' et très- rarement au-dessous. 2. L'émergence de la 8^ racine occupe pour ainsi dire exclusi- vement le corps de la 6' vertèbre ; quelquefois on la rencontre à la partie inférieure du corps de la 5% mais jamais au-dessous de Tarticulalion entre la 6*^ et la 7^ L'insertion la plus fréquente a lieu dans la moitié supérieure de la 6^ vertèbre. 5. Les origines de la 9^ racine s'étendent du milieu du corps de la G^ vertèbre jusqu'au milieu du corps de la 7' ; c'est le plus souvent au niveau même de l'union entre les deux vertèbres précitées qu'émerge cette racine. 4. La 10*= racine offre des insertions plus variables que toutes les autres. On peut la voir naître, en effet, depuis le milieu de la 0*= vertèbre jusqu'au milieu de la 8*'; mais ces deux insertions sont exceptioimelles; généralement, la 10^ racine naît à peu près uni- formément dans toute la hauteur du corps de la 1" vertèbre et n'en dépasse pas les limites. Les mensurations ont été faites au moyen d'un procédé parti- culier qui nous paraît de nature à être employé avec le plus grand avantage toutes les fois que, dans des reclicrches anatomiques un peu délicates portant sur les racines nerveuses, on voudra tracer une ligne de démarcation bien nette entre ce qui est tissu nerveux radiculaire et ce qui est tissu nerveux central. Il est fondé sur l'application d'un réactif usité depuis quelques années en mi- croscopie : Yacide hyperosmique. En trempant la moelle pourvue deses racines dans une solution au centième d'acide, et en exposant ensuite pendant quelques minutes le tissu imprégné à la clarté du jour, les racines se colo- lent en gris d'abord, puis en Jioir, jusqu'à leur insertion , tandis ( -'5 ) que la moelle acquiert à peine une teinte grisâtre. Le point d'im- plantation des racines se trouve ainsi admirablement indiqué, et il devient alors très-facile de mesurer les relations de niveau qui existent entre l'insertion de chaque racine et un point quelconque de la moelle ou de la colonne vertébrale. Les moyennes que nous avons données plus haut et qui ont été recueillies à l'aide de ce procédé s'écartent sensiblement de celles de Koschewnikoff ; Là où cet auteur fixe l'origine de la 8*" racine, nous plaçons celle delà 7' (articulation entre les S*" et 6^ vertèbres), — et la 8*= racine descend, pour nous, dans le corps de la 6" vertèbre. Le niveau qu'il assigne h l'insertion de la 9*" racine est également trop en avant : du corps de la 6% nous le reculons jusqu'à l'articulation entre la G*' et la 7^ vertèbre. La 10*' racine est la seule que nous ayons vue naître au même niveau que lui : dans toute l'étendue du corps de la 7*" vertèbre. Ici encore, on voit que Koschewnikoff a porté ses niveaux trop en avant. Mais, nous le répétons de nouveau, les insertions des racines se font, par rapport aux vertèbres, à des niveaux si variables que l'on peut considérer comme vaine toute expérience dans laquelle il n'est tenu compte que de ces niveaux *. Ajoutons que certaines grenouilles ne possèdent que huit ver- tèbres, y compris la vertèbre sacrée, mais abstraction faite du coccyx; et Ton comprend que cette anomalie, si elle passe ina- perçue , donne lieu à de fausses appréciations. Ce qu'il fallait donc ici, c'était fixer avec la plus parfaite exac- titude, pour chaque grenouille opérée ^V intervalle qui sépare les ^ L'éleclricilé petit èlre employée avec succès pour déterminer approxima- tivement Torigine des premières racines du traii\ postérieur, sans léser rani- mai. Nous avons observé, en effet, que lorqu'on fait usage d'un cour anl faible et qu'on appli([uo un électrode de Tappareil à tétaniser de Dubois-Roymond sur la partie antérieure du corps , et qu'on porte successivement l'autre électrode en arrière, on obtient des mouvements dans le train postérieur dès qu'on atteint les environs du i)oint au niveau dtuiuel prennent ordinairement nais- sance les premières racines du plexus. ( 20 ) insertions de chaque racine en particulier du point de la moelle oii la section a été pratiquée. Mais comment y parvenir? Une première méthode, très-simple et en apparence très-rigou- reuse, consistait h ouvrir tout d'abord le canal spinal en enlevant les apophyses épineuses et les arcs vertébraux, — à reconnaître sur la moelle ainsi mise à nu Forigine de chaque racine posté- rieure,— à sectionner la moelle au-devant de chacune de ces racines à une distance déterminée de leur origine respective , et à constater les effets produits par ces sections sur l'excilabilité réflexe dans les différents territoires cutanés. Mais à peine avions- nous procédé à nos premières recherches, en suivant la méthode que nous venons d'indiquer, que nous nous sommes aperçus de son insuffisance. Nous avons vu, en effet, que l'hémorragie occa- sionnée par la division des vaisseaux spinaux , la douleur de l'opé- ration , les froissements inévitables que subit la moelle par l'ac- tion des instruments, enfin, les altérations déterminées par le contact de l'air atmosphérique, ne tardaient pas à affaiblir et même parfois à annihiler l'activité de l'organe. Force nous fut donc de chercher une autre méthode. Voici celle que nous nous décidâmes à suivre, bien qu'elle offrît l'inconvénient de ne donner de résultats bien précis qu'au prix d'expériences multipliées, aussi longues que fastidieuses. Sur la grenouille intacte , une section transversale unique était l)ratiquée en un point de la colonne, section s'étendant à toute l'épaisseur de la moelle contenue dans le canal vertébral, et l'on notait immédiatement les modifications apportées par cette sec- tion dans l'excitabilité réflexe des différentes régions du train postérieur. Puis on faisait sur-le-champ l'autopsie de la grenouille opérée, et l'on voyait à quelle distance de Vorigine des racines la section avait été pratiquée. Cette distance était mesurée au moyen d'une règle millimétrique, après avoir coloré les racines par l'acide hyperosmique. Nous nous bornerons à indiquer ici les résultats généraux de nos recherches : 1" Les centres réflexes (jui relient aux fibres motrices corrcs- (27) pondantes les fibres qui composent les quatre racines postérieures du plexus sciatique (7% 8% 9"" et lO*" racines rachidiennes) sont compris dans un segment de moelle qui s'étend depuis un peu moins de deux millimètres en avant de l'insertion de la y racine jusques immédiatement en arrière de linsertion de la lO''. 2° Ce segment peut se décomposer en une suite de centres ré- flexes dont chacun correspond à une paire de racines, et qui se succèdent dans le même ordre que les racines elles-mêmes. 5° Il est incontestable qu'il existe un centre particulier pour la 7" et aussi pour la iO*' racine. Aux 8*" et 9^ racines répond aussi un appareil réflexe; mais il n'est pas démontré, bien que le fait soit pour ainsi dire indubitable, que cet appareil se décompose en deux centres, l'un pour la 8% l'autre pour la 9' racine. L'existence de cette lacune, que nous considérons comme inipossible à com- bler dans les conditions actuelles, tient à ce que les territoires cutanés de ces deux racines sont, comme nous l'avons dit précé- demment, très-peu distincts Fun de l'autre. 4" Pour les centres qui ont pu être fixés directement et isolé- meut, il est établi que chacun d'eux, pour une paire de racines donnée, occupe un segment de moelle qui commence immé- diatement en arrière de l'insertion de cette même paire et se prolonge, vers l'extrémité céphalique de la moelle, jusques im- médiatement en arrière de l'insertion de la paire rachidienne précédente. C'est-à-dire qu'on peut limiter exactement les centres en réunissant par des lignes transversales, d'un côté à l'autre, les sommets des angles aigus que forment avec la surface de la moelle les bords postéro-internes des racines : les centres seront compris dans les intervalles laissés entre ces lignes. D'après cela , on ne peut sortir d'un centre sans tomber inévitablement dans un autre. 5° Pour ce qui concerne les dimensions absolues de ces centres , elles ne sont autres, si l'on fait abstraction de la variabilité de volume des racines, que celles des intervalles qui séparent les insertions radiculaires les unes des autres. Cesdimensions sont pour la 7'' racine un peu moins de 2 milli- mètres. Pour les 8'" et 9' racines réunies, 2 ','2 millimètres. Pour la 10' racine, 2 minimètres. ( 28 ) 6" La portion de moelle située en arrière de la 10" paire ne paraît être le siège daiicun centre réflexe. Son ablation ne mo- difie en efFct en rien l'excitabilité du train postérieur. Mais quelle est donc alors la fonction de cette partie de la moelle ? Il est au moins étrange que Ton rencontre dans une portion de moelle qui ne donne plus naissance à aucune racine des fibres et des cellules nerveuses, — et pourtant, l'existence de ces fibres et de ces cellules ne peut pas être contestée. D'après la succession darrière en avant des cellules et des fibres*, d'après l'analogie que nous avons signalée entre le fiiiim terminale de la grenouille et la moelle liumaine en voie de déve- loppement, nous croyons pouvoir admettre déjà que les fibres longitudinales que l'on rencontre dans notre portion grise sont constituées i)ar les prolongements de Deilers des cellules, et que ces fibres doivent remonter au moins jusqu'au niveau du point d'émergence de la 10' paire. Mais de quelle nature sont ces fibres et quels sont les autres rapports qu'elles contractent avec les cel- lules dans l'intérieur du filum terminale? Cette question a déjà été soulevée mais non résolue par Kos- cbewnikoff. Nous croyons pourtant qu'il n'est pas impossible d'y répondre en se rendant un compte exact des })bénomènes que l'on peut développer expérimentalement, et en les interprétant d'après les données généralement admises sur la constitution pliysiologiquc du système nerveux. Nous avons constaté d'abord, comme KoscliewnikolT l'avait fait avant nous, que si l'on sectionne la portion grise de la moelle en arrière de l'insertion de la lO*" |)aire, en ménageant naturellement toutes les racines, et sans interrompre la continuité de Taxe cé- rébro-spinal, on détermine au moment même de la section des mouvements irréguliers non-seulement dans le train postérieur, mais aussi dans la partie antérieure du corps et même dans la tête. Après la section, on produit encore des mouvements quand on irrite la peau autour de l'anus. Si l'on a, au contraire, sec- tionné préalablement la moelle, soit dans la région cervicale, soit 1 Voi/. pages 9 cl 10. ( 29 ) dans la région dorsale, on oI)tient un mouvement brusque de rétraction dan^; les membres postérieurs à l'instant où Ton opère la section en arrière de la 10*" rafine. De plus, dans un cas, nous avons obtenu des mouvements fibrillaires dans les cuisses en irri- tant la ])ortion grise avant d'en opérer la section. Ces phénomènes ne nous paraissent guère explicables que par Ihypotbèse suivante : Les cellules ganglionnaires contenues dans le filament termi- nal émettraient des prolongements qui se dirigeraient en avant et qui, après avoir parcouru l'intervalle qui sépare ces cellules de l'insertion de la dO" paire, s'uniraient aux fibres venues de la partie antérieure de la moelle pour former la dernière paire ra- chidienne et émergeraient de la moelle avec ces dernières. Il y aurait, au niveau de linsertion de la 10*' paire, une sorte de confluence entre les fibres provenant des cellules situées en avant de la 10'^ paire et celles qui sont fournies par les cellules situées en arrière de la même paire. Les cellules du plum terminale fourniraient ainsi à la fois aux racines sensitives et motrices de la 10' paire, — et des deux côtés, — des fibres respectivement sensitives et motrices. Les cellules sen- sitives enverraient en outre au cerveau des fibres sensitives, et les cellules motrices recevraient également des filaments moteurs issus des centres volontaires du cerveau. Mais les cellules motrices resteraient indépendantes des cellules sensitives : il n'existerait pas d'anastomoses, ou tout au moins de communication fonction- nelle entre les deux espèces de cellules (pi. I, fig. S). Il y aurait donc, en résumé, communication d'une partie des cel- lules du filament terminal à la fois avec la peau et avec le cerveau par l'intermédiaire de filets sensitifs, et de l'autre partie des cel- lules du même filament terminal avec les muscles et avec le cerveau. Mais il n'y aurait pas de communication mutuelle entre ces deux groupes de cellules, c'est-à-dire entre les éléments sensitifs et les éléments moteurs. Ce serait, en un mot, une moelle dans laquelle les cornes antérieure et postérieure seraient fonctionnellement isolées Tune de l'autre. On peut s'expliquer ainsi comment il se fait : ( 30) 1° Que le pouvoir réflexe de la moelle n'est nullement modifié par la section de la parlie située en arrière de la 10^ paire et même par la destruction complète de cette partie; c'est parce qu'il n'existe pas de centre réflexe en arrière de la 10^ paire. 2° Que la section de la même partie, pratiquée après une divi- sion préalable de la moelle en avant de l'origine des racines du plexus sciatique, provoque instantanément une contraction dans les membres postérieurs; c'est qu'on irrite inévitablemeat, par cette section, des fibres motrices intramédiillaires. 5° Que l'animal est pris de mouvements irréguliers de tout le corps quand on fait la section de la partie grise sans avoir divisé préalablement la moelle dans la région dorsale; les fibres sensi- tives dirigées vers le cerveau sont là, en effet, pour transmettre à ce dernier les impressions douloureuses. On pourrait nous objecter que les cordons blancs de la moelle et, par conséquent, les fibres qui les représentent dans le fila- ment terminal ne sont pas par eux-mêmes des conducteurs de la sensibilité ni de la motilité. Mais nous admettons, avec la plupart des physiologistes au nombre desquels nous citerons Ch. Bell, Magendie, Bellingeri, et, parmi les contemporains, Longet *, Vu!- pian 2 et Engelken ^, que les faisceaux antérieurs et les faisceaux postérieurs sont directement excitables. Rien ne s'oppose donc à la transmission vers le cerveau ou vers les muscles de firritation provoquée par la section de la portion terminale de la moelle. Les phénomènes que nous avons observés pourraient encore trouver une seconde interprétation qui serait beaucoup plus simple, mais qui s'écarterait davantage de l'idée que l'on se fait généralement des relations anatomo-physiologiques des éléments nerveux. Il suffirait, en effet, pour expliquer tous les phénomènes, de supposer dans la portion grise de la moelle une seule espèce de cellules nerveuses qui enverraient invariablement deux prolonge- * Traité de physiologie. Paris, 1869, 5^ édition. 2 Leçons sur la physiologie générale et comparée du système nerveux. Paris, 1866. 5 Ueber die Empfîndlichkeit des Ruckenmarks gegen electrische Reizung, Archiv. F. Anat. V. Phys. v. Reichert und Du Bois-Reymond. 1867, s. 198. ( 31 ) ments : l'un vers la 10^ racine anlérieure, soit à droite, soit à gauche; l'autre vers le cerveau; c'est-à-dire que de chaque cel- lule naîtraient à la fois une fibre motrice centrifuge et une fibre sensilive centripète, l^nc section pratiquée en arrière de la 10" ra- cine sur une moelle intacte déterminerait, en intéressant à la fois les deux genres de fibres, des mouvements de douleur dans tout le corps par l'irritation de la fibre centripète, tandis que, précédée d'une division de la moelle dans la région dorsale, la section du filum termitiale ne produirait plus de mouvements que dans les membres postérieurs. On comprendrait aussi par là pourquoi cette partie de la moelle est dépourvue de réflexibililé. Nous ne voulons pourtant pas admettre cette hypothèse, quelque séduisante qu'elle puisse être, car on concevrait alors difiicilement la fonction, pendant la vie, du tissu nerveux contenu dans le fdum terminale. On devrait en induire, en effet, que pendant toute la durée de l'existence, tant que cette partie de la moelle ne s'écar- terait pas des conditions normales, elle ne trouverait jamais l'occa- sion de manifester son activité et serait, par conséquent, tout à fait inutile, à moins toutefois qu'elle ne fût douée d'une activité automatique '. Dans la première hypothèse, au contraire, cette fonction se conçoit très-bien ; les éléments du fiktni terminale se- raient destinés à renforcer les systèmes sensilif et moteur de la moelle, spécialement dans la partie correspondante à la lO'' paire. Train antérieur. Le centre réflexe du train antérieur commence entre 1 et 1 '/s™'" en avant de l'insertion de la 2^ racine, et cesse immédiatement en dessous de la o" racine. Son étendue est de 5 à 3 1/2'"'". Par rapport aux vertèbres, le centre de la racine du nerf bra- chial se trouvera généralement dans le corps de la 2^ vertèbre, et le centre du 'ù" nerf, dans la partie supérieure du corps de la 5^ ' Nous nous sommes assurés que la section ou la destruction de la partie grise de la moelle ne produit — au moins pendant les quelques jours qui sui- vent l'opération, — aucune influence manifeste sur les mouvements des cœurs lymphatiques postérieurs. (52) On voit qu'ici la limite antérieure du centre est un peu plu^ rapprochée de l'insertion des racines correspondantes que pour le train postérieur, et que, par conséquent, l'étendue relative de ce centre est moins considérable que celle des centres des ra- cines qui fournissent aux extrémités postérieures. Cette différence dépend, sans aucun doute, de la direction des racines qui n'est pas la même dans les deux cas. Dans le premier, en effet, les racines sont, pour ainsi dire , parallèles à l'axe de la moelle, tandis que dans le second, leur direction est presque perpendiculaire à celle du cordon spinal. De là, la conclusion que les fibres des racines à direction trans- versale parcourent dans la moelle, pour atteindre la limite anté- rieure de leurs centres, un trajet sensiblement plus court que les fibres des racines à direction longitudinale. C'est là un fait qui nous a paru digne d'être signalé. II. ETUDE DE LA REPRODUCTION DE LA MOELLE AU POINT DE VUE HISTOLOGIQUE ET FONCTIONNEL. Nous sommes arrivés à la partie la plus importante de notre travail : celle qui a trait directement à la régénération de la moelle. Nous diviserons cette partie, comme la précédente, en deux sections. Dans la première, nous relaterons nos constatations anatomiques ; dans la seconde, nos expériences physiologiques. A. - FAITS ANATOMIQUES. Observation I. — Une grenouille grise, bien vivace, assez petite, est opérée le 25 mars 1869. Le canal vertébral est ouvert entre la ô*" et la 4" vertèbre, et un segment de moelle de 2 millimètres est enlevé. Puis la plaie (53) (lu dos est réunie au moyen de trois points de suture, et la gre- nouille abandonnée à elle-même jusqu'au 22 avril suivant, c'est- à-dire pendant près d'un mois. Elle est alors sacrifiée et examinée. La plaie de la peau n'est pas encore tout à fait réunie; il existe une sorte d'ulcération au niveau des points occupés par les su- tures. Les arcs vertébraux ne se sont pas reproduits, en sorte que l'intérieur du canal vertébral est facilement mis à découvert. La solution de continuité de la moelle est encore très-apparente. On distingue encore nettement, à leur coloration blancbe, les deux bouts de la moelle. Entre eux existe un intervalle plus large vers la face dorsale (2™™) que vers la face ventrale (1 */2"""), coml)lé par une substance jaunâtre, translucide, d'aspect gélatineux. Cette substance gélatineuse remplit non-seulement l'espace irré- gulièrement cunéiforme laissé entre les deux bouts de la moelle, mais encore se prolonge un peu en avant et en arrière entre les parois du canal et les faces latérales des deux bouts, de manière à déterminer entre ces derniers et les parois une certaine adhé- rence. Cette disposition rappelle celle qu'affecte le cal provisoire dans les divisions osseuses (pi. II, fig, i). Si l'on examine de plus près les deux bouts, on voit que le seg- ment supérieur est coupé un peu obliquement de haut en bas et d'avant en arrière (la grenouille étant dans sa position natu- relle). La surface de section esta peu près plane; son diamètre dépasse sensiblement celui de la portion du segment qui se trouve immé- diatement en avant: la moelle paraît s'être étalée par sa surface libre à peu près comme on l'observe sur une moelle fraîche que l'on vient de diviser. Le bout inférieur aiïecie, au contraire, la forme d'un cône arrondi, régulier, rejeté un peu vers la gauche, et figure une sorte de moignon. Une racine qui s'insère un peu en avant de la base du cône s'incurve pour suivre l'inflexion de la surface (pi. H, fig. 2). La substance gélatineuse qui unit les deux surfaces de section dans l'axe du canal offre une consistance un peu plus grande que celle qui occupe une situation plus périphéricpie. Tome XXI. 5 ( 3M Examen microscopique, — Substance gélatineuse. L'étude en a été faite au moyen de l'iodserum et aussi de l'acide hyperosmique, immédiatement après l'ouverture du canal. 1° On y rencontre, comme éléments dominants, de belles cel- lules dont voici les principaux caractères : Les unes paraissent parfaitement spliériqucs ou ovoïdes et sans prolongements; d'autres émettent un prolongement; d'autres sont fusiformes sans jamais être très-allongées, et bipolaires ; d'autres enfin sont multipolaires , et dans ce cas , on peut suivre certains prolongements d'une cellule à l'autre (pi. II, fig. S). Le corps de la cellule est composé d'une couche de protoplasma enveloppant inégalement un noyau qui renferme lui-même un nucléole; pas de membrane apparente. Le protoplasma est fine- ment granuleux; le noyau, toujours relativement volumineux, est sphérique ou légèrement ovoïde et formé d'une substance lim- pide assez réfringente, renfermée dans une membrane à double contour et très-nettement limitée. Le nucléole est brillant, petit, sphérique et toujours bien apparent, he^ prolongements cellulaires sont fins et pâles; ils procèdent du protoplasma (pi. II , fig. 5). Voici les dimensions moyennes de ces éléments : mm. Cellules sphéroïdes et étoilées : Diamètre de la cellule . 0,0128 _ _ _ du noyau . . 0,0096 — — — du nucléole. . 0,0016 Cellules fusiformes bipolaires : Grand diamètre .... 0,0208 — — Petit diamètre .... 0,0080 Ces cellules sont évidemment des cellules nerveuses. Nous nous sommes du reste assurés de leur parfaite identité avec des cellules prises dans la substance grise de la moelle d'une autre grenouille. Elles ne diffèrent guère des cellules humaines que par quelques caractères secondaires. Elles sont relativement plus petites, at- tendu que leur diamètre ne dépasse guère celui des plus petites cellules nerveuses de l'homme. Le noyau de nos cellules possède des dimensions moyennes à peu près égales à celles des cellules ( 55 ) de riiommc : c'est donc principalement sur le protoplasma et sur le nucléole que portent les différences; le protoplasma forme une couche moins épaisse et le nucléole est très-petit, relativement au noyau. 2° A côté des cellules précédentes, on trouve des corpuscules de différentes dimensions, pour la plupart plus volumineux que les cellules, h forme généralement arrondie, mais parfois un peu allongée ou irrégulière, constitués par un agglomérat de granu- lations assez grossières , anguleuses, d'un jaune brun foncé, quel- quefois même tout à fait noires. Ces corpuscules ne présentent jamais de prolongements. Ce sont des cellules nerveuses atteintes de dégénérescence picjmentaire(\)\. II, fig. 4); 5° Des éléments intermédiaires aux deux' précédents se pré- sentent aussi dans le champ du microscope. Ce sont des cellules nerveuses encore pourvues de leurs prolongements, mais pré- sentant déjà autour du noyau des granulations semblables à celles qui composent exclusivement. les gros corpuscules, et des cellules nerveuses dont tout le protoplasma a été envahi par la matière pigmentaire et où Ton ne distingue plus le noyau que comme une tache circulaire incolore. Le nucléole a déjà disparu. Elles sont déjà un peu plus volumineuses que les premières et n'ont déjà plus de prolongements (pi. II, fig. 4) ; ¥ Dans une matière granuleuse très-ténue qui forme la sub- stance fondamentale de la masse gélatineuse, on trouve aussi des fibres aplaties, irrégulières, beaucoup plus épaisses que les procès cellulaires et présentant des noyaux sur leur trajet.' Ces fibres offrent avec les /?6res de Remak la plus complète analogie. Nous avons cherché en vain des fibres à moelle, mais nous avons rencontré quelques fibres grêles et variqueuses (pi. II, fig, 6). Segments de la moelle. L'examen microscopique du segment antérieur de la moelle nous y a fait découvrir d'abord des fibres nerveuses ordinaires dont les plus fines présentaient des varicosités plus prononcées ( 5C) qu'à l'élat normal. Un certain nombre se décomposaient complè- tement en globules de myéline. Puis des cellules et des corpuscules en tout semblables à ceux que nous avons décrits à propos de la substance gélatineuse. A S""" de la surface de section, les corpuscules pigmenlaires disparaissent et les fibres deviennent beaucoup moins vari- queuses. Le sQ^menl postéineur nous a offert une structure tout à fait identique à celle du segmenf précédent. Observation II. — Une seconde grenouille est opérée le 22 mars. Le canal vertébral étant ouvert, on divise d'abord la moelle au niveau de l'articulation entre la 4'' et la Ij" vertèbre. On fait en- suite une seconde section entre la 5^ et la 6^ vertèbre, puis on détruit toute la portion de la moelle située en arrière de cette dernière section. On a donc un tronçon de moelle au delà duquel la moelle est entièrement détruite. La grenouille ayant succombé le 24 avril suivant , c'est-à-dire un mois après, l'autopsie en est immédiatement pratiquée. On distingue encore la trace de la première section située à 2 '/g'"" environ en avant du point à partir duquel la moelle a été détruite. La soudure est complète; il n'existe plus d'autre trace de l'opération qu'un sillon circulaire en avant duquel le segment céphalique delà moelle offre un renflement assez prononcé. Plus en arrière, là où la moelle a été dilacérée, on ne trouve plus qu'une cavité cylindrique dont le fond est formé en avant par la surface de section excavée du segment médullaire, et dont les parois sont formées par les corps et les arcs vertébrxmx. Le fond et les parois sont recouverts d'une coucbe Irès-mince de substance gélatiniforuie jaunâtre qui fait adhérer à la surface intérieure du canal, en les prolongeant, les bords latéraux de- venus tranchants de la surface de section (pi. II, fig. 7). Sur la portion de la paroi qui est constituée par les corps verté- braux, on distingue encore quelques fibres blanchâtres dirigées obliquement d'avant en arrière et de gauche à droite et qui sont sans doute un restant des racines antérieures. ( 57 ) Nous n'avons pas trouve de cellules nerveuses dans les par- celles de substance gélatineuse que nous avons détachées des pa- rois latérales du canal. Nous avons rencontré dans celle qui était adhérente à la surface de section des corpuscules pigmentaires et graisseux; mais la couche de matière gélatineuse était si mince en ce point, que nous n'oserions pas anîrmer que nous n'avons pas enlevé, en même temps qu'elle , un peu de la substance sous- jacente. Des corpuscules de Gluge existaient en abondance dans le seg- ment médullaire jusqu'à une petite distance de la section. Des coupes que nous avons faites au niveau de la soudure ne nous ont pas montré d'autres éléments que ceux qu'on rencontre dans une moelle ordinaire. La réunion était donc parfaite. Observation Ilï. — Grenouille vigoureuse opérée le 50 mars 48G9 au niveau de l'union entre la 5'' et la i*' vertèbre. La moelle est enlevée dans une étendue dau moins 1 Y2""". Le 4 mai, l'animal succombe. Ici, la moelle était tout à fait ramollie en arrière de la section. Ce n'était plus qu'une substance quasi difïluente qui, au micros- cope, se montre chargée de corps granuleux, dont la plupart ont lui diamètre de 20 à 24 /x; quelques-uns vont jusqu'à 44/7.. Les granulations qui composent ces corps granuleux ne. sont plus des granulations pigmentaires comme dans la première observation, mais des granulations graisseuses. On a donc bien affaire ici à des corpuscules de Gluge. Il est cependant par-ci par-là une de ces masses qui offre des granulations évidemment pigmentaires au milieu de granulations graisseuses. Quelques-unes montrent en- core une tache claire et mal limitée qui marque la place de l'au- cien noyau. A coté de ces corpuscules granuleux se trouvent des amas irréguliers de globules graisseux et des granulations grais- seuses libres. Au milieu de corpuscules et de granulations ram- pent des vaisseaux. On ne rencontre aucune trace de fibres ni de cellules nerveuses (pLn,fig.8). Telles sont les observations anuloniiqucs que nous avons re- (38) cueillies. Nous aurions voulu pouvoir en présenter une plus longue série; mais, de toutes les grenouilles qui avaient été opé- rées vers la fin du mois de mars de cette année , et de toutes celles qui l'ont été ultérieurement, ce sont les seules qui aient résisté quelque temps à l'opération. Les autres n'ont survécu que peu de jours. Beaucoup même ont succombé le lendemain. Bon nombre de grenouilles avaient été opérées avec un plein succès à la fin de l'année 1867 et au commencement de 18G8. Mais on s'est contenté, à cette époque, de faire sur elles des observations physiologiques, comptant, mais à tort, pouvoir repro- duire à volonté les mêmes phénomènes et étudier alors la régéné- ration au point de vue anatomique. C'est par ce motif que le chapitre des Mis physiologiques sera beaucoup plus étendu que celui-ci. B. - PHÉNOMÈNES PHYSIOLOGIQUES. Nous avons observé ces phénomènes avec un soin particulier sur la grenouille qui fait le sujet de notre première observation, avant d'en pratiquer l'autopsie. L'opération avait produit chez elle, comme phénomène immé- diat, une suppression complète de la sensibilité consciente et de la motilité volontaire, avec conservation de l'excitabilité réflexe dans le train postérieur. Au bout d'un mois, lorsque nous lavons sacrifié, voici les phénomènes que présentait l'animal. Mouvements volontaires. Lorsque la grenouille est placée sur une table dans sa position naturelle, les membres postérieurs dans l'extension , elle ne tarde pas à ramener d'elle-même ces membres vers le tronc, de ma- nière à prendre la position qu'afi"ectionncnt les grenouilles au repos; les articulations du membre sont fortement fléchies, 'les genoux sont portés en haut et en dehors, le })ied se place en dehors de la jambe et s'engage sous le genou ou la cuisse, les orteils se dirigent en avant et un peu en dehors. Le membre postérieur figure ainsi une sorte de spirale très-anguleuse. ( 39) Si l'on suspend en l'air la grenouille par une de ses pattes an- térieures/elle opère spontanément des mouvements lents d'ex- tension et de flexion des membres postérieurs. Quand on la couche sur le dos, elle efl'ectue quelques mouve- ments des membres antérieurs et postérieurs pour se retourner, mais elle ne peut y parvenir. Sensibilité. La peau des membres postérieurs est encore anesthésiée : on ne provoque en effet en la pinçant ou en l'irritant chimiquement aucun mouvement de douleur , tandis que celle des membres antérieurs a conservé sa sensibilité normale; seulement ici, au lieu de sauter en avant comme le ferait une grenouille saine quand on irrite la peau du train antérieur, notre grenouille ma- nifeste sa douleur en se soulevant sur ses pattes antérieures et en dressant la tête. De plus, des mouvements se produisent simulta- nément dans le train postérieur. Phénomènes réflexes. Si l'on pince vivement le dos au niveau de l'union dé la ver- tèbre sacrée avec la vertèbre eoccygienne, on n'obtient aucune réaction pas plus réflexe que volontaire. Si l'on irrite un peu plus en arrière, à peu près au niveau de l'union entre le tiers supérieur et le tiers moyen du coccyx , le genou dirigé à peu près horizontalement en dehors se relève fortement et se rapproche de la ligne médiane. 11 y a en même temps projection de l'anus au dehors. En irritant la peau plus en arrière , on obtient des mouvements dans toute l'étendue des membres postérieurs. Si ceux-ci sont en extension, ils se fléchissent; s'ils sont déjà fléchis, les articula- lions se fléchissent davantage encore. Quand on arrive immédiatement en avant de l'anus , les mou- vements sont plus rapides et plus étendus. Si l'on porte lirritation sur le membre postérieur, on observe (40) que la promptitude, l'énergie et l'étendue des mouvements vont en s'accroissant progressivement à mesure qu'on se rapproche des extrémités. Pour le pied, le plus léger contact suffît pour dé- terminer un mouvement des plus rapides dans le membre tout entier *. Si, au lieu de placer la grenouille sur le ventre, on la retourne sur le dos et qu'on pince alors les membres antérieurs, la gre- nouille meut vivement tout le train antérieur et ces mouvements se prolongent pendant quelques instants. Cette sensibilité persiste jusqu'à quelques millimètres en arrière du cartilage hyposlernal. A partir de ce niveau jusqu'au pli inguinal, toute sensibilité consciente et réflexe disparaît. Depuis l'aine jusqu'aux orteils, on obtient de nouveau des mouvements réflexes bien caractérisés. L'application d'un courant électrique faible à l'aide de l'appa- reil à tétaniser de Dubois-Reymond donne, au point de vue des phénomènes douloureux et des phénomènes réflexes, des résultats qui conflrment en tout point ceux que nous venons de men- tionner. La seconde des grenouilles que nous avons examinées et dont les mouvements réflexes avaient disparu à la suite de la destruc- tion du segment i)Ostérieur de la moelle n'a recouvré ni sensibilité ni mouvement, soit spontané, soit réflexe, dans les parties para- lysées. Il n'existait en effet, comme on l'a vu, aucune trace posi- tive de reproduction. Pour la troisième grenouille, les mouvements réflexes qui se montraient encore a[)rès la section de la moelle ont persisté jusque ([uelques jours avant la mort qui a eu lieu au bout dun mois, mais la sensibilité proprement dite et les mouvements volontaires n'ont pas reparu. Si l'on en excepte notre première grenouille, on voit que cette première série d'observations n'offre pas un bien grand intérêt * Ce phénomène n'a ici rien de particulier. On sait en efî'el (lue les phéno- mènes réflexes des membres postérieurs chez la grenouille sont beaucoup plus marciués (juand on irrite la peau des orteils que lurs(iu'on [)orte l'irriianl sur .les autres parties du membre. ( 41 ) au point de vue physiologique, puisque les résultats ont été né- gatifs. Mais nous avons à relater maintenant tout un autre groupe d'observations antérieures aux précédentes, et ([ui nous parais- sent de nature à prouver d'une manière irréfutable la régénéra- tion fonclionnelle de la moelle épinière chez la grenouille. Observation IV. — Un segment de moelle est enlevé dans une étendue de i™"' à partir de l'union de la 5*= et de la G'" vertèbre, et en arrière de cette articulation. Cette grenouille a été opérée le 15 novembre 1867. Immédiatementaprès l'opération, on constate une perte delà sen- sibilité et de la motilité volontaire et réflexe dans les membres pos- térieurs. Les membres sont dans un état de flaccidité permanente. Le 14 mars de l'année suivante, donc quatre mois après, on ne constate encore aucune trace d'excitabilité ni de motilité ré- flexes, pas plus que de sensibilité à la douleur dans le train posté- rieur. Maïs l'animal a recouvré en partie la motilité volontaire dans les parties primitivement paralysées. Les cuisses qui déjà deux mois auparavant présentaient de petites contractions fibril- laires toutes spontanées se rapprochent maintenant du tronc, et cela d'elles-mêmes. La jambe peut se fléchir aussi spontanément, mais pas au même degré que la cuisse. Le pied demeure toujours immobile. Les mouvements d'extension sont encore interdits à l'animal. Les mouvements sont un peu plus prononcés à gauche qu'à droite. Au mois de mai 1808, les mouvements volontaires et réflexes des membres postérieurs étaient complètement revenus, et la sensibilité cutanée était redevenue aussi vive que dans les condi- tions normales, à ce point que la grenouille sautait aussi vigou- reusement que ses voisines. Observation V. — Grenouille opérée de la même façon et à la même époque que la précédente. Le 14 mars, on constate le retour de la motilité volontaire, non-seulement dans la cuisse et la jambe, mais aussi dans le pied (42) Ce sont surtout des mouvements spontanés de flexion qu'effectue l'animal, mais aussi parfois des mouvements d'extension. Le membre gauche est moins avancé que le droit; on n'y observe encore que de faibles mouvements de flexion et seulement dans la cuisse et la jambe. Si l'on irrite vivement le train antérieur de la grenouille, elle fait un effort pour sauter en avant, ramène, pour effectuer ce mouvement, le membre postérieur droit, mais ne peut imprimer à la cuisse gauche qu'un mouvement très-limité. La sensibilité et la molilité réflexes n'ont pas encore reparu. Deux mois plus tard, la grenouille avait recouvré complètement l'usage de ses membres postérieurs et se comportait absolument comme si elle n'eiU jamais subi d'opération. Observation VL — Grenouille opérée dans les premiers jours de décembre 1867, de façon à anéantir toute espèce de sensibilité et de motilité dans les membres postérieurs. Le retour progressif des fonctions a suivi les mêmes phases que chez les grenouilles précédentes. D'abord des mouvements fibril- laires spontanés dans les cuisses ; puis des mouvements de totalité s'étendant successivement à la jambe et au pied. C'est le membre droit qui, ici, a repris le premier sa motilité. Pas encore, à cette époque, de sensibilité ni de motilité réflexes. Vers la fin du mois de mai 18C8, cette grenouille, comme les précédentes, percevait les impressions extérieures et se déplaçait spontanément exactement comme avant l'opération. Observation VII. — Grenouille opérée le 6 février 1868. Une section est faite au niveau du corps de la 5*^ vertèbre, et un tronçon de moelle de 4 */2"'"' environ est enlevé en arrière de la section. L'intervalle entre les deux surfaces de section correspond donc approximativement à la moitié inférieure de la 5^ vertèbre. Per- sistance des mouvements réflexes dans le membre postérieur sei<- lement quand on pince les orteils. Le 15 mars, donc un peu plus d'un mois après l'opération, on constate déjà des mouvements volontaires dans les deux cuisses. Pas de sensibilité, ni consciente, ni réflexe, à ce niveau. Le 1" mai, c'est-à-dire après un intervalle de \ 72 mois, on voit se ( 43 ) produire des mouvements volontaires assez étendus de la euisse et de la jambe; mais la sensibilité n'est pas eneore revenue. Le 22 mai, la grenouille a gagné davantage encore; les mou- vements sont revenus dans les pieds; elle commence même à sauter. Il se manifeste, à cette époque, un peu de sensibilité dans le train postérieur. Les chaleurs brûlantes du mois d'août de l'année dernière ont fait périr toutes ces grenouilles, — pas plus pourtant que d'au- tres qui n'avaient subi aucune opération. Sur plusieurs d'entre elles, il s'était montré, dans les der- niers temps, une tumeur qui, chez quelques-unes, atteignait le volume d'une petite noisette, à la place où se trouvent les cœurs lymphatiques postérieurs. C'étaient des vésicules à parois forte- ment vascularisées, à contenu liquide et transparent. Nous les avons rapportées à une dilatation énorme des cœurs lympha- tiques postérieurs. Quelques-unes de ces vésicules, cédant à une distension excessive , avaient même fini par crever. Une troisième série de grenouilles ont été opérées au commen- cement de cette anné, pendant le mois de mars; mais, ainsi que nous l'avons dit, ces derniers essais ont à peu près complètement échoué, si l'on en excepte les expériences faites sur la grenouille mentionnée dans notre première observation. Analyse criticiiie des faits. Les observations tant anatomiques que physiologi(jues que nous venons de rapporter ne nous paraissent susceptibles que d'une seule interprétation rationnelle. La déduction capitale qui en découle est celle-ci : La moelle èpinière, chez la grenouille-, possède le pouvoir de réparer spontanément une perte de substance opérée dans son propre tissu , et de récupérer par là ses propriétés anatomiques et physiologiques primitives. C'est là, pensons-nous, une découverte nouvelle dont nous croyons pouvoir revendiquer la priorité. ( 44 ) Nous nous sommes livrés on vain à des reclierclics bibliogra- pliiques étendues; nous n'avons rencontré, dans les auteurs, que des faits de réparation concernant le tissu nerveux de Vencéphale et celui des cordons nerveux. Quelques observations ayant trait au rétablissement de la neu- rilité de la moelle ont été faites dans le but de résoudre la ques- tion de Virr Habilité musculaire. Mais, entre ces observations et les nôtres, il existe des différences radicales. D'abord on ne parle, dans les expériences positives, que de la réapparition de Virritabililé musculaire dans les parties paralysées par une section de la moelle. Ensuite, c'est seulement une divi- sion et non une rescision de la moelle qui a été pratiquée. Enfin, l'état anatomique de la moelle n'a jamais été constaté. Dans un certain nombre d'expériences négatives , on avait résé- qué une portion de la moelleépinière;mais toujours alors l'animal a succombé au bout de peu de jours, et Ton n'a même pas chercbé à voir s'il y avait ou non une tendance à la reproduction. 11 nous suffira de passer rapidement en revue ces diverses expériences pour montrer combien elles diffèrent des nôtres, et par leur but et par leur résultat. Au commencement du siècle, Procbaska ' avait imaginé de diviser par une simple section transversale la moelle épinière de la région dorsale chez une grenouille, afin de voir si des mouve- ments s'effectueraient encore dans les membres inférieurs en irii- tant la moelle au-dessous du point de section. Ces mouvements, il dit les avoir obtenus pendant toute la vie de l'animal; mais l'animal n'a survécu que quelques jours. Lcgallois '^ rapporte qu'il a détruit la moelle lombaire cbez un très-jeune lapin et qu'il a trouvé Virritabililé conservée dans le train postérieur. Mais il omet de dire combien de temps l'animal a survécu à l'opération. Et l'eùt-il indiqué, il serait encore impos- sible de trouver dans cette observation un exemple de reproduction de la moelle. Opéra minora , elc. Vienne, 1800, p. 84. OEuvres comylèles , 1850, p. 24. ( ^^^ ) Enfin Marshall-Hall ^ a fait également chez la grenouille une section, mais une simple section, de la moelle c])inière au-dessous de l'origine du plexus brachial, et a réséqué en même temps le nerf sciatique droit. Il a constaté qu'au bout de six semaines en- viron , V irrUabililé musculaire du membre postérieur gauche avait sensiblement augmenté, tandis que Tirritabilité du membre droit avait graduellement diminué. Mais encore une fois, cette irritabilité iia rien à faire avec nos mouvements volontaires. Il s'agit ici , d'ailleurs, d'une simple division. Les faits de cicatrisation de la moelle qui ont été observés chez le pigeon ^ se rapportent également à une simple division et non à ïexcision dun segment médullaire. A côté de ces expériences qui ne peuvent préjuger qu'une chose au sujet de la reproduction anatomique et fonctionnelle de la moelle : à savoir que la réunion des deux segments d'une moelle simplement divisée est déjà diflicile à obtenir, nous pou- vons citer une affirmation catégorique de Jean Mùller ^ dont voici les propres expressions : « Eu égard à la reproduction du cerveau et de la moelle êpi- nière, il n'existe aucun fait qui prouve que la destruction d'une partie de la masse de ces organes se soit jamais réparée complète- ment par une formation nouvelle de matière nerveuse. » « On sait, ajoute-t-il plus loin, que les lésions de la moelle éj)inière sont malheureusement incurables. » Pour ce qui concerne le cerveau, la science a aujourd'hui comblé en partie la lacune signalée par J. Miiller. Mais, par contre, Ihistoire de la régénération de la moelle attend encore ses premiers documents. Si Ion veut s'en rapporter seulement au témoignage d'un contemporain , nous pouvons citer un aveu de Longet '* qui nous paraît propre à faire ressortir l'originalité ' Memoirs on some Priîiciples of PalJtohgy of ihe lierions sijsiem. Lon- i!on,1859. ^ Van Kempen, Manuel d'analomie générale. Louvain, 1860, p. 244. 3 Manuel de physiologie. Tradiiclioii de Jourdan, 2« édit., Paris, 1851, t. I , p. 539. ^ Traité de physiologie. Paris, 1860; 5' édit., l. f! , pp. 612 et 613. ( 4C ) de nos résultais. Le savant physiologiste français dit en effet qu'il a divisé et réséqué bien des fois la moelle, chez des gre- nouilles, dans la région dorsale, en vue de contrôler les obser- vations de Marshall-Hall, sans parvenir jrt»m/s , pas plus que Prochaska, à conserver ses grenouilles vivantes au delà de quel- ques Jours. La question préalable ainsi vidée, nous passons aux faits qui se rapportent, non à la moelle, mais au cerveau et aux cordons nerveux, dans le but de trouver, entre ces faits et ceux que nous avons observés, certaines analogies qu'il ne serait pas sans in- térêt d'établir. Cerveau. D'après Jean Millier, Arnemann ' aurait vu des pertes de sub~ stance du cerveau opérées chez des chiens se combler à l'aide d'une substance jaunâtre et gélaliniforme, qui se désagrégeait dans l'eau avec plus de facilité que la substance cérébrale. Mais Arnemann n'a pas constaté au moyen du microscope que ce fût là de la véritable substance cérébrale. Flourens ^ admet bien qu'il puisse se produire dans les lésions du cerveau avec perte de substance une cicatrisation; mais il n'y aurait pas, d'après lui, de véritable reproduction de la substance cérébrale. Une observation de H. Demme ^, faite plus récemment sur l'homme même, tend cependant à prouver qu'il peut se faire dans le cerveau une véritable régénération du tissu nerveux. Il se pro- duirait, d'après lui. par formation libre, des tubes nerveux pri- mitifs dans 1 intérieur de la névroglie. Les recherches plus récentes encore de Voit ^ sur les effets de l'ablation des hémisphères cérébraux chez le pigeon ont fourni * Versuche uber die Régénération. Gôtlingue, i797, 2 Recherches expérimentales sur le système nerveux. Paris, 1843 ; 2« édit., pp. 109 et suiv. 5 Militàr chirurg. Studien. iSGi. * Beime des cours scientifiques. Année 1869, n" 16, p. 256. ( 47 ) à cet auteur l'occasion de constater la reproduction du tissu cérébral. Voit donne le cas dont il a entretenu dernièrement l'Académie de Munich comme le premier qui ait offert une régé- nération de la masse cérébrale avec rétablissement de son activité. Sur un pigeon qui avait survécu cinq mois à l'ablation des hé- misphères, et qui avait récupéré d'une manière à peu près com- plète ses fonctions cérébrales *, le professeur de Munich trouva , à la place des portions du cerveau qu'il avait enlevées une masse blanche qui avait tout l'aspect de la substance blanche du cerveau. Cette masse se continuait sans ligne de démarcation bien nette avec les pédoncules cérébraux qui avaient été épargnés. Elle reprodui- sait la forme des deux hémisphères séparés par un septuni, et dans son intérieur on trouvait un petit espace rempli de liquide qui représentait la cavité ventriculaire. Cette masse examinée par lui et par Kollmann présentait, dans toutes ses parties, des tubes nerveux complets, k double contour, et des cellules ganglionnaires manifestes. Chez d'autres pigeons opérés de la même manière, et étiez les- quels les fonctions cérébrales supprimées n'avaient pas reparu, Voit n'a trouvé dans le crâne qu'un tissu fibreux, ou un liquide séreux, ou simplement un déplacement en avant du cervelet avec dépression du crâne. Cordons nerveux. La régénération des cordons nerveux est connue depuis assez longtemps, et parmi les noms des premiers physiologistes qui ont scientifiquement démontré la réalité de ce phénomène, nous trou- vons, uni comme toujours à la découverte d'un fait original, le nom de Scliwann, notre illustre maître. 11 est bien avéré aujourd'hui que si Ton opère la rescision d'un tronçon de nerf, que ce nerf soit sensitif, moteur ou mixte, une réunion s'effectue entre les deux bouts à l'aide d'un tissu qui finit par acquérir toutes les propriétés anatomiques des nerfs et qui ^ Il ne se distinguait plus des autres pigeons que par l'impossibililé dans laquelle il se trouvait de prendre lui-même sa nourriture. ( 48 ) rétablit ainsi de la manière la plus parfaite la continuité du cor- don. On a vu des intervalles de six centimètres se combler par l'inlerposition d'un tissu nerveux. En général, la régénération s'opère d'autant plus rapidement que la distance entre les deux bouts coupés est moins grande, ({ue les animaux sont plus jeunes, et, s'il s'agit d'animaux à sang froid, que la température atmosphérique est plus élevée. Quelques jours après la section, on trouve entre les deux bouts du nerf coupé une substance très-molle, rougeâtrc, gris-rougeàtrc ou jaune-rougeâtre qui couvre d'abord les surfaces de section et s'étend ensuite dans l'intervalle des deux segments. Au bout de quelques semaines, l'espace est comblé, et comme rudiment du faisceau nerveux qui unira plus tard les deux bouts, on trouve un cordon grisâtre déjà assez consistant qui va en s'amincissant du bout central — lequel est un peu renflé à son extrémité — vers le bout périphérique. Ce cordon s'observe déjà chez un animal adulte au bout de six semaines à deux mois quand on a excisé un tronçon de un centimètre. D'abord mince et comme translucide, il devient graduellement plus épais, plus blanc et plus opaque, et, au bout de cinq à six mois, il a presque atteint un volume égal à celui des deux bouts dont il a la consistance et l'aspect. Quelquefois, le bout périphérique de la portion nouvelle reste plus mince que son extrémité opposée. On a remarqué aussi que le bout central du segment primitif conservait, longtemps encore après la réunion, son renflement terminal, — ce qui rappelle les névrômcs des extrémités terminales des nerfs dans les membres amputés. Sur ces phénomènes macroscopiques, tout le monde est d'ac- cord. Sur la constitution microscopique définitive du segment de nouvelle foimation, les opinions ne diffèrent pas davantage. Chacun peut, en effet, constater que les éléments de ce cordon finissent par présenter tous les caractères des fibres nerveuses périphériques. Mais celte unanimité, trop rare parmi les micrographes, cesse ( '►« ) dès qu'on touche à la question de la genèse de ces fibres. Le mode de génération le plus simple, — et que plusieurs auteurs admettent, — consisterait en une véritable végétation des fibres du bout central qui subiraient un accroissement plus ou moins considérable dans le sens de leur axe, et \iendraicnt ainsi rejoindre les fibres appartenant au bout périphérique. Il nous est pourtant difficile de partager celte manière de voir qui nous paraît peu conforme aux lois histogéniques. Nous nous rangeons plus volontiers à l'opinion qui fait naître les tubes ner- veux d'éléments cellulaires nouveaux déposés —par prolifération sans doute des éléments préexistants — dans la substance exsu- dative qui remplit lintcrvalle des deux segments. La perte de substance serait d'abord comblée par un tissu très-riche en éléments cellulaires jeunes qui résulterait, soit de l'organisation du coagulum sanguin (Laveran ' ), soit d'une méta- morphose du tissu conjonctif interstitiel des bouts en un tissu embryonnaire qui s'avancerait ensuite entre les deux segments (Robin ^). Puis, dans ce tissu embryonnaire se formeraient des tubes ner- veux aux dépens des jeunes éléments. Ceux-ci s'allongent, devien- nent plus petits et plus pâles et se rangent en séries longitudinales; mais ils laissent entre eux de petits intervalles qui se comblent au moyen d'une masse paie et finement granuleuse. Il se forme ainsi des espèces de bandelettes très-étroites, à bords parallèles, qui s'élargissent graduellement pendant que les noyaux qu'elles con- tiennent s'écartent les uns des autres. Ce sont là des fibres de Remak qui vont se transformer en tubes nerveux définitifs comme cela se fait chez l'embryon. Voici les métamorphoses que subissent pour cela les fibres de Remak. Au milieu d'un faisceau de ces fibres, on voit la substance finement granuleuse disparaître dans les ban- delettes; celles-ci deviennent plus pâles cl plus transparentes dans la ligne médiane et l'on voit se dessiner de chaque côté deux lignes isolées et parallèles. ' Recherches expérimentales sur la régénération des nerfs. Thèse de Strasbourg, 1868. ^ Journal de l'Anatomie et de la Physiologie. Mai et juin 18C8. Tome XXI. 4 ( ^0 ) A partir de ce moment, la fibre de Remak est devenue un tube nerveux. Ce tube augmente alors d'épaisseur, les noyaux se reti- rent dans la gaine, et celle-ci se remplit d une substance liquide, homogène et réfringente qui est la myéline. Vers la fin de la neu- vième semaine, ces fibres commencent à montrer des varicosités. Le cylindraxe ne commencerait à se dessiner que trois ou quatre mois après l'opération. Si donc les observations de Robin sont exactes, — et il ne nous est pas permis d'en douter, — les tubes nerveux de nouvelle for- mation procéderaient de fibres de Remak, et celles-ci commence- raient par constituer la gaine deSchwann qui à son tour forme- rait la moelle et ultérieurement le cylindre de l'axe. Mais tous les phénomènes ne se bornent pas à la production d un tissu nerveux entre les deux bouts du nerf divisé. Le seg- ment périphérique du nerf devient aussi le siège d'un processus particulier. 11 subit d'abord jusque dans ses ramifications les plus reculées une dégénération incomplète qu'on peut considérer comme une métamorphose graisseuse suivie de la résorption de la gaine médullaire, puis devient, bientôt après, le siège d'un pro- cessus restaurateur qui ne tarde pas à restituer aux filets nerveux altérés leurs caractères primitifs. Le processus nécrobiotique se déclare ordinairement peu de jours après l'opération et reconnaît pour cause l'isolement dans lequel on a placé le bout périphérique du nerf par rapport à ses centres trophiques.Msàs aussitôt que la communication est rétablie entre les fibres et leur centre, la restauration des fibres s'accom- plit (Laveran). Elle peut même, comme Tout montré Vulpian et Philippeaux s'opérer sans que cette condition soit remplie : dans des nerfs non ressoudés et même dans des tronçons transplantés. En sorte que si c'est Tisolement des centres trophiques qui déter- mine l'altération, l'intervention de ceux-ci n'est pas absolument indispensable à la restauration des fibres altérées. Quant aux phénomènes intimes de cette dégénérescence et de cette restauration, on peut ramener la première, comme nous l'avons dit, a une dégénérescence graisseuse progressive de la gaine médullaire et à une résorption plus ou moins complète du détritus graisseux; il ne reste plus alors du tube nerveux que le (51 ) cylindre d'axe qui paraît persister, et, appliquée autour de lui, la gaine de Schwann. La restauration se fait simplement par une sécrétion nouvelle de substance médullaire à l'inférieur de celte gaine. Elle ne se fait pas dans toutes les fibres à la fois; à côté de fibres complètement dégénérées ou en voie de régénération, on en trouve d'autres qui sont encore atrophiées au plus haut degré. On la j^oursuit géné- ralement du centre vers la périphérie. On n'admet plus guère aujourd'hui, ou au moins on se refuse à généraliser l'interprétation de Remak qui prétendait avoir vu, chez le lapin, le cylindre d'axe se diviser longitudinalement en plusieurs fibrilles secondaires dont chacune formait ensuite une fibre nerveuse complète. On n'accepte pas non plus l'opinion de Waller qui faisait naître de nouvelles fibres dans le tissu inter- stitiel du nerf pour remplacer les vides occasionnés par l'atrophie des anciennes. Les conditions qui rendent j)lus active la dégénération sont les mêmes que celles qui favorisent la réparation de la perte de sub- stance par un nouveau tissu nerveux. Au fur et à mesure que le double travail de réparation et de restauration s'opère, le nerf reprend peu à peu sa conductibilité, et il arrive un moment où il redevient apte à transmettre, dans toute sa longueur, tout aussi bien qu'auparavant, les impressions qui lui viennent soit de la périphérie, soit du centre. En un mot, la neurilité est reconstituée. En jetant un coup d'œil d'ensemble sur les précédentes données relatives à la reproduction du cerveau et des nerfs, et les met- tant en parallèle avec celles que nous avons acquises pour la moelle épinière, on leur trouvera certainement des points com- muns, et la constatation de ces analogies nous conduira peut-être à une théorie satisfaisante de la régénération de la moelle. Si, d'une part, la substance gélatiniforme que nous avons ren- contrée entre les deux bouts de la moelle rappelle par son aspect et sa consistance celle qu'Arnemann a observée au cerveau, d'autre part, la forme funiculaire qu'imposaient à cette substance les parois du canal vertébral sur lesquels elle devait nécessairement ( 32 ) se mouler, jointe à la forme eylindrique de la moelle elle-même, l'assimile, jusqu'à un certain point, à la masse cylindrique qui réunit provisoirement les deux segments d'un nerf en voie de réparation. Si, d'une part encore, la présence de cellules nerveuses dans le tissu nouveau établit une analogie entre celui-ci et le tissu ré- parateur du cerveau décrit par Voit, dautre part aussi, la pré- sence de fibres de Remak dans notre substance gélatineuse, la manière dont se comportent les deux bouts de la moelle et spé- cialement l'existence d'un renflement terminal au bout cépba- lique, rattachent étroitement le processus de la reproduction de la moelle à celui de la régénération des cordons nerveux. La régénération de la moelle, sous le rapport de ses conditions anatomiques, se place donc entre celle du cerveau et celle des nerfs. Au point de vue des phénomènes physiologiques, la réappari- tion de la conductibilité de la moelle pour les impressions volon- taires fait de la partie nouvelle de la moelle une sorte de racine ou de nerf moteur. Mais, par contre aussi, les altérations consta- tées dans les deux segments de la moelle prouvent que la portion correspondant au tronçon de nouvelle formation remplissait par rapport aux éléments situés aussi bien en avant qu'en arrière du point réséqué le rôle de centre nutritif. Donc, encore ici , on rencontre des phénomènes physiologiques intermédiaires entre ceux qui sont propres à la régénération des nerfs et ceux qu'on arrivera sans doute plus tard à constater dans la régénération du cerveau. Pourtant, en tenant compte surtout de la configuration géné- rale de la moelle, de la différence de forme si nettement accusée des deux moignons; en se rappelant que les phénomènes initiaux, ceux à l'aide desquels nous avons reconnu chez la grenouille vivante qu'une réunion nerveuse s'était effectuée entre les deux bouts de la moelle, étaient presque exclusivement des phéno- mènes de conductibilité; eu égard entin à cette considération que les cordons blancs de la moelle peuvent être assimilés jusqu'à un certain point à desfaisceaux de racines, on sera plus incliné à ( oô ) rapprocher la régénération de la moelle do celle des nerfs, que de celle des hémisphères cérébraux. Le bout céphalique serait celui des deux qui jouerait ici le rôle le plus actif — comme le bout central dans la régénération des nerfs. On pourrait dire ainsi que le cerveau remplit par rapport à la moelle f pour ce qui regarde la régénération de cette dernière , le même office que la moelle par rapport aux cordons nerveux. Il ne nous reste, pour terminer notre travail, qu'à analyser quelques-uns des faits que nous avons recueillis, afin d'en trou- ver l'explication, d'en formuler les applications physiologiques, ou de prévenir quelques objections qui pourraient nous être faites. \. On se demandera d'abord comment il se fait que nous soyons parvenus si aisément à obtenir une régénération de la moelle alors que tant d'autres avant nous avaient itérativement échoué. Notre succès, ce nous semble, n'a qu'une raison d'être : V époque à laquelle nous avons opéré. Peut-être faut-il ajouter, comme condition subsidiaire, la qualité de nos grenouilles. On a déjà constaté, en effet, que la dégénération des nerfs — dont nous avons rapproché celle de la moelle — se faisait beau- coup plus lentement en hiver qu'en été. La lenteur du processus nécrobiotique a permis à l'animal de s'accoutumer insensiblement aux perturbations croissantes qu'il devait nécessairement amener dans ses fonctions, d'en ressentir moins vivement les effets, et d'atteindre ainsi le moment où devait commencer le travail régé- nérateur. Il est vrai que la régénération est aussi d'autant plus tardive que la température est plus basse. Mais peu importait ici que cette régénération mît du temps à se faire : l'essentiel était seu- lement que l'animal restât en vie jusqu'à l'époque fixée pour l'évolution du travail néoformateur. Ajoutez à cela l'engourdissement bien connu, l'espèce de som- meil hibernal dans lequel sont plongées les grenouilles lors- qu'elles habitent un milieu dont la température est très-basse , et qui, en déprimant l'activité nerveuse, rend 1 animal moins ( 54 ) sensible aux ébranlements physiques et atténue par là le danger des opérations perturbatrices pratiquées sur lui. Une dernière circonstance parle encore en faveur de l'influence exercée par la température atmosphérique sur Tissue de nos opé- rations : c'est rinsuccès de nos dernières épreuves. On se souvient que nous avons dit avoir opéré un grand nombre de grenouilles après l'hiver, et n'avoir obtenu que chez un seul de ces animaux le phénomène — encore même incomplet — de la régénération. Quant à la qualité de nos grenouilles, c'étaient des grenouilles grises, petites et vivaces. Toutes venaient de la province de Luxem- bourg. 2. On pourrait élever quelques doutes sur la nature nerveuse que nous avons attribuée à nos cellules. Mais les caractères que nous avons décrits et figurés suffisent déjà pour résoudre affir- mativement la question. Nous savons que les cellules nerveuses sont des éléments qui occupent un rang irès-élevé dans la série hiérarchique des orga- nites et que, par suite, leur génération exige pour s'effectuer des conditions on ne peut plus favorables. Mais ces conditions se trouvent précisément réunies ici; la production est en effet toute homoplastique; les parties lésées sont contenues dans un canal osseux qui les préserve de toute pression et de tout tiraillement; rien ne vient entraver le travail réparateur ou le détourner de son but. . Qu'y a-t-il d'ailleurs d'étonnant à ce que la moelle engendre des cellules nerveuses quand on voit le cerveau , au témoignage de Voit, reproduire les cellules de la substance grise, — et qu'on croit avec Beale à la formation continue de cellules nerveuses dans les ganglions, même chez la grenouille tout à fait adulte? 5. Nous avons rencontré dans la substance interposée entre les deux segments beaucoup plus de cellules que de fibres; et les cellules affectaient toutes les caractères de cellules nerveuses arri- vées à maturité, tandis que la plupart des fibres se présentaient à l'état embryonnaire. C'est-à-dire que les secondes paraissaient postérieures aux pre- mières. (bîi ) Pour trouver de ce fait une explication — que nous ne donnons pourtant pas comme entièrement satisfaisante — il faut se repor- ter à ce que nous avons dit à propos de la structure embryoïde de la portion grise de la moelle et des métamorphoses qui caracté- risent l'évolution du tissu médullaire chez l'homme. On y verra, en effet, que dans le développement embryonnaire de la moelle, ce sont les cellules de la substance grise qui se foiment d'abord, puis les filets des cordons. 4. Une question plus épineuse encore est celle qui concerne la différence de date constatée entre le retour de la motilité volon- laire et celui de la sensibilité. Le premier, dans nos expériences , a précédé le second. On pourrait au premier abord attribuer cette circonstance à certaines conditions anatomiques de la plaie médullaire : suppo- ser, par exemple, que le segment enlevé se trouvait plus mince au niveau des cordons antérieurs et que le rapprochement des surfaces a favorisé de ce côté la réunion des parties divisées. Mais ces conditions, si elles se sont rencontrées, n'ont pu être que for- tuites, tandis que le fait dont nous parlons nous a frappés par sa constance. Il faut donc lui trouver une explication plus générale. Cette explication, nous la baserons sur la théorie des centres nutritifs. Les fibres sensitives ont leur centre trophique dans les gan- glions spinaux, tandis que la moelle est le centre trophique com- mun, mais décomposable en centres secondaires, des racines antérieures. Il est probable qu'il en est de même pour les deux espèces de fibres intramédullaires qu'on peut considérer, en raison de leur conductibilité, comme des prolongements directs ou indirects des racines. Or, chez nos grenouilles opérées, les fibres sensitives intramédullaires qui partent de la surface de section du bout central pour se rendre directement ou indirectCr ment au cerveau, cesseront d'être en communication avec leur centre nutritif tandis que les fibres motrices intramédullaires échapperont à ce malheureux sort. Prenons, par exemple, la 1^ racine postérieure. Elle ne reçoit ( îiC ) son ganglion qu'au moment où elle sort du canal vertébral, entre la 7' et la 8^ vertèbre, c'est-à-dire beaucoup plus bas que son point d'origine. Supposons maintenant que la section ait été faite immé- diatement en avant du niveau occupé par le ganglion (trou de conjugaison des 7*" et 8** vertèbres), et ail intéressé la portion intra- vertébrale de la 7^ racine, toutes les fibres de la 7^ racine cl toutes celles qui leur correspondent dans le centre médullaire seront alors privées de leur centre nutritif et tendront à dégénérer; tandis que, au contraire, les fibres de la 7^ racine antérieure et celles qui les continuent dans l'intérieur de la moelle trouveront tou- jours dans la substance grise de celle-ci, soit au niveau même de l'insertion de la racine, soit plus en avant, leur centre Irophique intact. Ce centre fùt-il situé — ce qui n'est guère probable — plus en arrière que l'insertion de la racine antérieure, il y aurait encore là un segment de substance grise assez étendu pour le contenir. Dès lors, il est bien naturel que les fibres motrices intramédul- laires dégénèrent moins et se régénèrent plus vite que leurs voi- sines. 5. Pourquoi les mouvements volontaires ont-ils repris d'abord dans la cuisse, puis dans la jambe, puis en dernier lieu seulement dans le pied? — Nous ne sommes pas en état de donner l'explica- tion de ce phénomène — car il ne peut dépendre du fait que dans les nerfs la régénération se fasse du centre vers la périphérie. G. On pourrait enfin s'étonner de voir au milieu de cellules de nouvelle formation {laraissant en pleine activité des cellules char- gées de pigment et en apparence inertes. Mais il faut observer d'abord qu'un grand nombre de cellules nerveuses sont pigmen- tées à l'état normal, et que quelques-unes d'elles sont même char- gées de granulations pigmentaires au point que celles-ci occupent presque entièrement la place du protoplasma. D'ailleurs, considérât-on, comme nous inclinons à le croire, ces cellules aussi bien que celles qui dans les dernières grenouilles s'étaient métamorphosées en corps granuleux, comme des élé- ments dégénérés^ on n'aurait là qu'un exemple de plus de l'union intime des processus nécrobiotiques avec les processus néofor- mateurs. Ne voyons-nous pas, sans aller plus loin, les deux pro- cessus marcher côte à côte dans la régénération des nerfs? ( ^T ) Résumons maintenant en quelques propositions aphoristiques les données nouvelles qui font l'objet capital de notre mémoire : 4" La moelle épinière, ehez la grenouille, peut réparer sponta- nément les pertes de substance opérées dans son propre tissu à l'aide d'un nouveau tissu médullaire ; 2° Le retour des fonctions de la moelle épinière suspendues par le fait de la lésion coïncide avec la régénération de ses élé- ments anatomiques; 5° Cette régénération à la fois anatomique et fonctionnelle ne s'opère que graduellement. Pour la reproduction des éléments histologiques, la formation des cellules précède celle des fibres. Pour les propriétés physiologiques, c'est la motilité volontaire qui reparaît en première ligne. EXPLICATION DES PLANCHES. iTtUCHIO I. Fig. 1. — Figure schémalique repiésentant la coniposilion hislologique du filum terminale de la grenouille à différents niveaux. La pointe est formée de tissu épilhélial; plus en avant, les cellules ner- veuses apparaissent; plus en avant eiieore les fibres. Un canal parcourt l'organe dans toute sa longueur (canal central). La couche externe engainante est la pie-mère. — 2. — Tube épitliélial constituant l'extrémité postérieure du filum ter- minale. Il est contourné et légèrement déprimé. On Ta isolé de la pie-mère. Dans l'axe du tube, une partie plus claire correspon- dant à la lumière du canal. — Grossissement : 450 diamètres. — 5. — Coupe transversale de la partie moyenne du filum terminale. — 4. — Extrémité du filum terminale. Le canal intérieur n'est pas visible. — 5. — Schéma interprétatif de la fonction attribuée par nous à la portion grise de la moelle. II représente un segment de la moelle com- prenant l'insertion de la 10« paire et vu latéralement. Les flèches indiquent le sens du courant dans les fibres. PI.y!li\CUK II. Fig. 1. — Canal vertébral de la grenouille qui fait le sujet de robscrvation I. Il est ouvert par sa région dorsale au niveau de la récision. On a essayé de représenter la substance gélatiniforme qui unit les deux segments de la moelle. — Un peu amplifié. — ^- — Les bouts de la moelle débarrassés de la substance gélalineu.se unissante. — ô. — Cellules nerveuses de toute forme rencontrées dans la substance gélatineuse. — Grossissement : 550 diamètres. ( 60 ) Kig. i. — Les iiièmes cellules en dégénérescence pigmentaire, atleinles à ditrérenls degrés. — Grossissement: ooO diamètres. — 5. — Les cellules nerveuses de la substance gélatini forme avec leurs anastomoses. — Grossissement : 5o0 diamètres. — 0. — Fibres de Remak et libres variqueuses trouvées dans la substance gélatineuse. — 7. — Moelle épinière de la grenouille de Tobservalion II On voit Télran- glement qui marque la place de la première section; et un peu plus bas, la cavité résultant de la destruction de la moelle. — 8. — Corpuscules de Gluge trouvés dans le segment postérieur de la moelle chez la grenouille de l'observalion III.— Grossissement : 350 diamètres. tn Cour et autres Tome YX ■rLuiz^ a^izny. Piluni terniinale Centres réflexes. MercL. Cour et, a.utres Tome XX V. ^***^\ ^^^- û. VômZcar deiin^ litJr. r7^ ZA'.iÂ- Roo'é ne ration de la moelle éi-)inier( 6 ' TABLE MEMOIRES COURONNÉS ET AUTRES. TOME XXI. MÉMOIRES COURONNÉS. 1. Mémoire en réponse à la question suivante du programme de concours de 1868 (classe des lettres) : « Apprécier Jean Lemaire (de Belges) comme prosateur et comme poëte; »> par M. Ch. Fétis. 2. Statislische verhandeling over den voormaligen en liedendaagschen stof- felijken en zedelijken toestand der gemeente Nazareth; door Fransde Potter en Jan Broeckaerl (bekrooul door de klas der letteren, 1869). MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS. 1. Sur le problème des partis ; par P. Mansion. 2. Études sur les coordonnées tétraédriques ; par M. P. Neuberg. 3. Études de mécanique abstraite; par M. J.-M. de Tilly. 4. Mémoire sur les expériences faites à l'établissement de M. Krupp, à Essen, au mois de novembre 1867, pour déterminer les pressions des gaz de lay- 0^ poudre dans Tàme des bouches à feu; par M. N. Mayevski, avec 3 planches. Jj \J Ù)^ 5. Note sur les tremblements de terre en 1866 et 1867, avec suppléments pour les années antérieures de 1843 à 1865; par M. Alexis Perrey. 6. Recherches expérimentales sur la régénération anatomKjue et fonction- nelle de la moelle épinière; par MM. Masius et Vanlair, avec'^ planches.