'"**i^|l: Kj^ ^^i FVU . : r ' 1 %jg ^'^ï ^ m ^ f> h: ^Nv W9iiÀ "-<*'," :^' r à V wt Mû3àSÊ^'\ '^^y^ w V^r ,i#v '^>J ^SHI^IBSPjé ^^m"À ■r.*>«ïf'^mi:^ 'lî: H*, tHÉ>, ^-'^'A ;;V„: ^î*^ .^r^ i^l'fe ' #-tt^'^^. iv If . t . L . ACADÉMIE LMPERIALE DE LYON. MÉMOIRES DE LA CLASSE DES SCIENCES. il ^t^S:A.ii. Lyon. Imprini. rie Rcy il Sézanne. rue St-Come, 2. mmu DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS CLASSE DES SCIENCES. TOME NEUVIÈME. LYON, M*^' SAW, Libraire, place Lolis-le-Grand; A. BRUN et €'=■, Libraires, rue Mercière. PARIS, DUUAIVD, 7, RUE DES GrÈS-SoRBONNE. 1859. MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE DE LYON. CLASSE DES SCIENCES. sHâHa©" NOTICE HISTORIQUE SUR l.V. SUCRE DE CAMME, par m. le Doclonr LORTKT. Lu à l'Académifi impériale de Lyon , le G jiiillel 1858. Autant, et peut-être plus qu'aucune autre substance ali- mentaire, le sucre a exercé une grande influence sur l'his- toire de l'humanité. Il a imprimé une activité remarquable et une direction nouvelle au commerce des peuples de l'an- cien continent; il a modifié leurs relations politiques; enfin, pour sa production, des races humaines ont été livrées à un affreux état de dégradation. Je me propose de vous soumettre ici quelques-uns des documents que j'ai pu réunir à son sujet. L'ordre dans lequel je vous les présenterai est encore bien imparfait. Cela tient à la complexité d'une question dans laquelle il faut combiner les recherches géographiques, étymologiques et Acad. lie Lyon, Cl. des Sciences, t. IX. i 2 NOTICE HISTORIQUE histoi'i(iues. L'extension de la canne à sucre n'a pas suivi les mêmes routes que celle du sucre, et, sous ce rapport, il y a encore beaucoup de lacunes dans mes recherches. Les premières notions que les Grecs ont eues sur le sucre datent de l'expédition d'Alexandre dans l'Inde. Ces notions sont bien vagues. Terna mcUis gênera (Pl. XI, 12, 14). Prolinus aerii mellis cœlcstia dona exequar (Virg. Georg. IV, 1). Mel roscidum aëreum (Galien). Ils connaissent aussi une gomme douce qui transsude de quelques végétaux (Strado XI, 509). Dans les fragments deThcophraste (Fragm. XVIII, cdit. Schneider) , il est question de trois espèces de miel : celui des fleurs, celui de la rosée et celui qui découle d'un roseau. Dans un autre fragment, il parle de concrétions dures dans les nœuds du roseau. Chez les auteurs anciens, tels que Dioscorides, Pline, Sénèque, Archigèncs, Varro, il y a sou- vent confusion de noms pour deux substances difîérentcs. Ils s'occupent surtout d'un médicament , venant de l'Inde et de l'Arabie, appelé sakar, saccharon, mais extrait d'un espèce de bambou, connu en Perse sous les noms de sacar-mambu et labaschir. Arrianus (Pcripl. mar. Erythr., p. 9) fait venir ce saccharon de Barygaza, avec les marchandises transportées sur la mer Erithrée. Est-ce de ce saccharon dont parle Pline dans le livre XII ? Saccharon et Arabia fert , scd laudat'ms Indiu. Est aiitem mel in arundinibiis collcctiim , (jumDthnn modo candidum , dentihus frucfile , ampUssimum nucis avellanœ macjnïludïnc , ad medicimr lanlhm usum. Compulser tous ces documents anciens serait un travail long et difTicile, qui nous aiderait peu à trouver la patrie de la canne à sucre, à rechercher la sphère do son extension naturelle ou arliticielle. Dans cette recherche, il ne faut pas perdre de vue ce fait: que le suc de la canne tout brut, ou à l'étal de miel, de li- suit LE SUCllli DE CANNE O queur fcrmcntce, de mêlasse ou sirop, était (run usage gé- néral et très ancien. Il ne faut jamais confondre ces substances avec le véritable sucre, tel qu'il a été préparé plus tard. Le même nom étant souvent appliqué à la plante et à son pro- duit, c'est encore là une cause d'erreurs plus nombreuses. Dans une époque historique assez rapprochée de nous , la canne à sucre a été plantée par les colons , soit dans l'Amérique continentale, soit dans les Antilles. Nous ne devons donc chercher sa patrie que dans l'ancien continent. Des la plus haute antiquité, la canne à sucre paraît étran- gère à l'Europe, à l'Afrique et à l'Asie en deçà de l'Indus. Nous avons donc à rechercher sa patrie dans l'Asie orien- tale, et dans les îles de la Sunde , appendices de ce continent. On pourrait peut-être trouver l'époque de sa culture , assez restreinte, sur l'Indus, à Siraf (golfe persique), et sur l'Eu- phrate. Le nom de canne à sucre [saccharum officinarum. Trian- drie cUgynie de Linn. ) nous servira de guide vers sa patrie. Le sucre est nommé sarkara en sanscrit et sakkara en pra- crit. Cette forme est la même dans le Tamul, sakkara, et chez les Mahrattes, saker. C'est la même qui, de Darijgaza (Baro- che ouCambojo), a fourni aux Grecs, du temps de Dioscorides, le nom ca)t/ap. Il a pu arriver aussi en Occident par la voie des Arabes qui le nomment siikkar. Mais, en sanscrit, la canne à sncre a un autre nom. Elle est appelée ikshu, ikshura, ikshava (d'après Wilson et Bopp). Ces noms, les plus usités, ont fourni une foule de dérivés; tels sont: jk,iik, en Bengali; vga et ak, sur l'île de Ternate. La variété blanche s'appelle, en sanscrit, rusala, et la rouge, jwondra ou kaugiiruka. Ce nom ikslm est même consacré dans une antique légende, relative aux ancêtres de Buddha, et dont le théâtre est le delta du Gange, le Bengale. Cette dénomination de la plante est restée endémique. Il en 4 NOTICE HISTORIQUE a élé tout autrement du nom qui désignait le sucre. Celui-ci a passé, avec la marchandise, dans toutes les langues de l'Oc- cident. L'étyraologie de sarkara est sri, briser, d'où vient la dési- gnation de la concrétion, de la masse grenue du sucre, du sucre cristallisé ou candi. Ce mot a fourni le stikhar des Arabes, le sheker des Persans , le schachara des Arméniens, le sheker des Turcs , le ssachar des Russes , le cukier des Polonais , le tzukur des Hongrois, le ziicchcro des Italiens, ïaçuquar des Espagnols, le zucker des Allemands, le sucre des Français. Môme chez les Tibétains, on l'appelle scliakara, et chez les Mongols, sheker. Mais les Mandchoux ont la dénomi- nation chinoise sha-lancj (sucre-sable). Les Hébreux n'ont connu ni le nom ni la chose. Pour désigner la plante qui fournit le sucre, nous trouvons en arabe khassab-sukkar , roseau à sucre, ou kJiassab-mass , roseau à sucre; en espagnol, canna de açucar; en français, canne à sucre. Enfin, chez tous les peuples de l'Occident, on rencontre un nom composé avec le nom du roseau ou de la canne ajouté à celui de sucre. La langue des Berbères fait une exception : aghanim-azidere est chez eux le nom de la canne à sucre. Ces noms, ainsi composés pour désigner la canne à sucre, font supposer, de prime-abord, qu'elle était exotique dans tous les pays où ils ont été usités [a). (a) Il en est de môme pour le vin dont le nom est en grec: lalin: français: aUcmand: »<-joj, vinum, vin, wein. ay.nilci, cippus, cop, wein-rcbe. vilis, vigne, wein-slock. Les Grecs, les Latins, les Français, ont un nom pour le produit et un nom pour la plante. Les Allemands, chez lesquels celte culture a été introduite plus tard, ont le même nom pour le produit. Quant à la plante, leur nom est composé avec celui du vin : wein-slock, plant de vin. Wein-rebe, rebe désigne toute plante grimpante, cpii s'entortille autour des autres végétaux. SUli LE SUCKE DE CANNE. 5 A l'époque des croisades, on l'appelait canna mellc, calami pleni melle, d'oîi le rad-mez, roseau à miel des Hongrois. Ce nom a été donné à la plante avant la connaissance du sucre fabriqué , ou dans l'ignorance que le sucre en était extrait. On observe tout le contraire dans la région que nous regar- dons comme la patrie première de ce végétal. Ici on trouve, pour la plante et pour le produit, des noms différents chez chacune des peuplades qui l'habitent, et ces noms ne déri- vent pas du sanscrit. Ainsi, chez les Talingas, on appelle la canne pancliadara et cherukoobodl, et chez les Hindis, cheni; dans l'Aracan , kran ; chez les Birmans , kyan ; chez les Cochinchinois, mia; dans le Fokian et le sud de la Chine, kân-tsché. Comme le sanscrit sakkara s'est étendu dans l'Ouest, de même ce nom chinois s'est répandu dans toute la Chine, jusqu'au Japon, où il paraît que la canne à sucre n'a été introduite que vers d770, puisque Tunberg ne l'y a pas vue dans son premier voyage ; mais, dans sa Flore japonica, on trouve les indications suivantes: Saccharum japonica Boo vulgo Tsubanna, in insula Nipon ubique vulgare locis liiiniidis. Saccharum officiiiaruni L. japoiiice Kunsia vulgô sato doke. Tsché est exactement le nom de la canne à sucre en chinois (Rémusat, Schott), auquel on ajoute, comme carac- téristique, kan (doux), kan-ssia dans le dialecte de Canton, où le sucre est nommé tong. A ce groupe de noms indigènes, on peut rattacher ceux de l'archipel de la Sunde , surtout ceux dont la racine se ren- contre dans le Malais, où tiibba est le nom de la canne, et gula celui du sucre. Ce radical se reproduit dans le monde maritime de l'Océan Pacifique. Il s'est probablement répandu ainsi avec la culture de la canne à sucre. Le célèbre Forster assure que dans aucune de ces îles, même à Otahiti, il n'a rencontré la canne à l'état sauvage. 6 NOTICE IlISTOlllQUE Le nom inaUiis se retrouve à Sumatra et dans les îles de la Nouvelle-Guinée. Le nom de la eanne est tubo dans l'île de Tacali ; ielm dans les îles de Java, de Sunda et Madura; tahu dans les îles de Sumenang, Bali et Lampung; tôbu dans l'île de Bugis; tao, lo, dans les îles des Amis; too, sur les îles Sandwisch; /o, à Otahiti et sur les îles de Pâques, der- nier rameau où se présente partout l'abréviation to. Lors môme que la canne serait indigène dans les îles australiennes, où elle est consommée partout comme aliment et comme une boisson rafraîchissante, il n'en serait pas de même du sucre. Ainsi, dans les Philippines, où la canne atteint la hauteur d'un arbre, le nom du sucre açiicar est espagnol. Il y était inconnu avant les Espagnols, et, aujour- d'hui, le sucre y est préparé seulement par les Chinois. Chez les Malais de la Sunda, qui ont reçu leur civilisation des Arabes , le sucre y est appelé shakar. Dans l'ile de Madura et autres, on dit gula-libu (sucre de canne), pour le distinguer de l'extrait du sucre de palmier ou d'autres plantes. Dès la plus haute antiquité, le Bengale est célèbre par sa production de la canne à sucre. En conséquence, il était aussi appelé Gur, Gaiira (pays du sucre); les ruines deGur (la ville du sucre) sont près de Radjamahal. Giira et gula sont un même mot car l'r se change souvent en /. La légende citée et ces diverses étymologies nous portent à regarder le Bengale comme la patrie première de la canne à sucre. Ce n'est pas à dire qu'elle s'y rencontre à l'état sauvage. Aucun botaniste n'a pu l'y constater. Comme pour les céréales et certains animaux domestiques, cette patrie est effacée. {Marlius flora Brasila Forster de plantis esculenlis, Crawford Slnd. arcliip. ïioxhurfjh flora indica.) Roxburgh cite dans le Bengale onze espèces de cannes à sucre, presque toutes indigènes; mais quant au saccliarwn of[icinarum, il ne l'a jamais vu à l'étal sauvage. Le botaniste Royle dit aussi : Smi LE SUCRE DC CANNE. 7 a // en est de la canne comme du bambou; il sont partout cultivés. » Roxburgh reconnaît trois variétés principales qui sont cultivées dans le Bengale : la jaune ou vert pâle (poori) ; la rouge (kajooli) est la plus riche en sucre, mais ce sucre est toujours coloré ; la plus grande (kidlooa) la plus pauvre en sucre, mais croissant dans les marécages où les autres espèces ne peuvent être cultivées. Dans le grand poëme Ramayana, il est question de tables, couvertes de sucreries , de sirops , de cannes destinées à être mâchées et sucées. Dans le livre de Manu, il est question de la boisson enivrante et impure appelée gaudi, rum , de roma en sanscrit. Sous cette forme, les produits de la canne: mélasse, sirop, gula, jagary, ont été d'abord connus dans l'Inde, chez les Grecs et les Romains. C'est sous cette forme que les ermites et les saints des rives du Jourdain s'en nourrissaient à l'é- poque des croisades. D'où est venue la dénomination de canna mellis. (Jacobus de Vitriaco, historia Hieroso lymitano, Bongars gesta Dei per francos, t. II). Dans toute cette zone tropicale, l'emploi de la canne, sous cette forme, est ré- pandu chez toutes les classes, et la consommation de cet aliment est au-dessus de toute évaluation. Humboldt et Brown proposent de regarder, comme la patrie des végétaux aujourd'hui cosmopolites , les pays où l'on rencontre le plus grand nombre d'autres espèces à l'état sauvage. Sous ce point de vue, nous reviendrons encore au Bengale, qui, outre les plus grandes graminées, et les autres végétaux saccharifères , produit onze espèces de cannes à sucre, dont neuf sont à l'état sauvage. Le saccharum officinale y est partout cultivé ainsi que le sinense , qui n'est peut- être qu'une variété. Au sud de l'équateur, on n'en rencontre plus, si ce n'est en Australie, où se montrcntlcsacc/iflrîfmirri7rtnsetlesacc/?./u/iium. 8 NOTICE HISTORIQUE Dans le Bengale, si riche en sucre, la canne n'est cultivée que pour Tusaiïe de chaque famille. Il en est à peu près de même dans toute l'Inde. Par des motifs politiques, et au profit d'autres colonies, le commerce anglais ne demande pas de sucre au pays qui en fournirait le plus. Andipur, dans une vallée alpine du Bhutans, est le point le plus septentrional où l'on rencontre encore la canne avec quelques palmiers. On la cultive depuis les embouchures du Godaweri jusqu'à Rohiikund et dans la vallée de la Nerbudda. A Guzurate, sur les rives de l'Indus, elle s'élève plus haut et plus au nord que le dattier. On la cultive dans les vallées alpines du Népal, à une altitude de 1500 mètres. Elle végète encore dans le pays des Sikhs. On la rencontre sur toute la pente forestière et fiévreuse du Nilgherri, mais non sur ce plateau alpin. Sa culture est répandue sur tout le plateau du Dekan jusqu'à une altitude de 1000 mètres. Dans le sud, à 11" lat., elle s'élève jusqu'à 1700 mètres. Le sultan Babur paraît avoir transplanté jusqu'à Cabul l'oranger, le citron- nier et la canne à sucre. Il la cultivait dans son jardin d'A- dinhapur à une altitude de 2100 mètres. Maintenant elle ne s'élève pas au-dessus de Peschawer. De toute cette plan- tation de Babur, il n'en reste rien, même dans le Badakh- schan. Le voyageur Moorcroft le dit formellement dans une lettre écrite de Bokhara à Calcutta. Elle renferme une indi- cation intéressante pour la France. Voici ce passage : « On » y cultive l'indigo, mais non la canne à sucre, pour laquelle » ils ont une espèce de succédanée. Elle est si riche en suc » qu'on en obtient un beau sucre sous forme solide et trans- » portable. D'après quelques estimations, les environs de >) Bokhara en produisent annuellement 2590000 kil., au prix » de 0,14 le kil. Aussi, dans cette contrée, les mets sucrés » sont des aliments ordinaires de la classe inférieure. Cette » succédanée du sucre est une ancienne découverte des SUR LE SUCRE DE CANNE. 9 » Bokhares. Les Français ne connaissent pas celte plante qui, » cependant, abonde chez eux, tandis que leurs chimistes » tombent en aveugles sur la betterave.... » (a) Serait-ce le hung-tsche des Chinois ? canne à sucre rouge , mais qui n'appartient pas au genre des cannes à sucre. Si nous partons encore une fois de l'Inde, nous observons la canne à sucre cultivée dans l'ile de Ceylan, où elle est nommée iik-gas, mais elle n'y est pas très répandue. Il en est de même à Sumatra oîi elle est restée dans les jardins, comme culture de luxe. Elle y reçoit le nom malais tuhhu. Elle s'est étendue dans le sud-ouest de l'île, depuis que les Chinois soignent cette culture avec la fabrication du sucre. Il en est de même à Java, où l'on rencontre huit variétés de canne. L'une de ces variétés a été apportée de l'Amérique. Bali, Célèbes, les Moluques, Bornéo, Amboina, Ternate, produisent la canne à sucre. Dans la Nouvelle-Calédonie elle est nommée kout et dungiiep. Elle ne se rencontre pas dans la Nouvelle-Zélande. De toutes les îles de la Sunde, les PhiUppines et Java sont les seules où l'on fabrique du sucre. Quant à la partie la plus orientale de l'Inde, nous avons sur elle moins de renseignements. Dans l'Inde aquatique, dans le climat chaud et humide de l'Aracan , la végétation de la canne est vraiment luxuriante. Il en est de même chez les Birmans, où le delta de l'Iravadi est couvert d'une forêt de cannes ; mais on ne la cultive que pour la mâcher crue. Dans cet em- pire, quatre peuplades lui donnent chacune un nom différent. Les Aracans l'appellent kran, les Birmans, kijan, les Kiens, su, les Karyes, tipoh. Ce dernier nom est malais. Les Karyes appartiennent-ils à cette race? ou bien ont-ils reçu la canne des malais? {(i) Moorcrofl lotler iti asiat, journal, 1826. v. XXI. 10 NOTICE HISTOUIQUE De loul temps la canne a été cultivée à Siam, mais depuis un siècle seulement les Chinois ont établi des raffineries à Bankok. En Cochinchine on rencontre trois espèces de cannes dont une, le sacchar-eleplianlinum (mià loi), est consacrée à la nourriture des éléphants. Les Cochinchinois en mangent, en fabriquent du rhum et une grande masse de sucre candi. Mais maintenant les Chinois les ont partout dépassés dans l'art de la raffinerie; et, partant, ces derniers sont réellement les plus habiles raffîneurs. En Chine, la canne est cultivée dans plusieurs provinces, surtout dans la partie méridionale du ffeuve Jon-tse-Kiang, au S.-E. de Nanking, et sur toute la plaine qui entoure le lac Poyang. La vallée du fleuve Ta-Kiang détermine à peu près la limite septentrionale de cette culture. D'après les voyageurs, les Chinois ont porté leurs raffine- ries à une telle perfection, que leur sucre candi (chin-cheu) est le meilleur et le plus beau que l'on puisse voir dans le com- merce. Cependant, les Chinois reconnaissent qu'ils ont tiré de l'Inde l'art de fabriquer le sucre. Leur naturaliste Sukung, qui écrivait dans le vii*^ siècle, le dit formellement. L'empereur Tai-Hung envoya des ouvriers pour apprendre cet art dans le pays de Svijii (l'Inde), dans le Mo-ki-to [le Magado dans le Bengale). Recherchons maintenant où a été pratiqué le plus ancien- nement l'art de la raffinerie, et comment cette fabrication s'est répandue. De cette époque date la transplantation de la canne hors de sa patrie : dans l'Asie occidentale, dans l'Oc- cident des anciens, et enfin dans le Nouveau-Monde. De cette époque date l'influence de cette culture sur l'économie poli- tique, sur le système colonial et sur l'esclavage d'une race humaine. Pour être exporté, le produit de la canne devait être fabri- SUR LE SUCUE DE CANNF. ii que, cl en 1300, M. Polo cite le Bengale comme en fournis- sant une grande quantité. A la même époque, Ferishta cite Delhi comme étant un des grands marchés de sucre. Cette fabrication aurait donc été inventée ou importée dans le xiii® siècle, lorsque les conquérants mahométants se sont emparés du Bengale. Sur toutes les côtes du Decan , les Por- tugais trouvent au xiv** et au xv^ siècle le sucre dans le com- merce, où il circule sous trois formes: 1° le sucre rouge, 2° le sucre en poudre, 5° le sucre cristallisé. Voilà tout ce que nous pouvons savoir sur l'époque où cette fabrication a pris un grand développement dans l'Inde. Quant à la Chine, le père Martin Martini (Novus atlas sinensis, fol. 74) nous fournit un premier renseignement im- portant. Voici ce qu'il dit à l'occasion de la canne cultivée sur le Kiang supérieur : « Quoiqu'ils aient eu la canne de tout temps, ils ne connaissaient pas la manière d'en faire du sucre. Ils l'apprirent d'un prêtre indien, dont l'àne qu'il montait avait brouté les cannes d'un paysan. Celui-ci voulait, en conséquence, retenir la monture. Pour l'indemniser du dommage, ce moine lui enseigna la manière d'extraire le sucre de la canne. Ce prêtre était sans doute un de ces bud- dhistes voyageurs si nombreux à cette époque. Cette histo- riette, racontée au père Martin, est rapportée dans un au- teur chinois, Li-sdii-tschln, leur plus célèbre naturaliste. Il dit : « Nos ancêtres buvaient le suc de la canne brut; ensuite on le cuisait en sirop; enfin on le fit durcir et sécher pour en faire du sucre blanc. Cela eut Ueu dans le temps de la dynastie Tang (de 7GC à 79). Un Bonze nommé ïseu s'établit sur la montagne Pan-Schan, dans le district Sui-Ning. On ne savait d'où il venait. Un jour son âne descendit de la mon- tagne et ravagea la jeune plantation de cannes d'un nommé Hoang-Schi. Pour le dédommager, le Bonze lui enseigna l'art de faire le sucre. » 12 NOTICE lilSTOKlQUT Mais la véritable raffînerie du sucre ne fut connue que plus tai'd. C'est ce qui résulte des renseignements de M. Polo. De son temps, la ville Ungue fournissait le sucre de Pékin. Il ajoute : « Avant la domination des Mongols sous Kublai- Klian (en 1270), les habitants savaient cuire le suc de canne et obtenir un sucre noir. Mais, sous le règne de Kublai-Khan, il arriva ù sa cour des hommes de la Babylonie, qui allèrent à Ungue. Ils y enseignèrent à raffiner le sucre en y jetant une certaine quantité de cendre de certains végétaux (de la potasse). • Depuis lors, les Chinois ont fait des progrès dans cet art qu'ils n'avaient pas inventé, et leur sucre candi est toujours le plus beau. Il est appelé almobarrut par les Arabes, et tarbozed par les Persans. Pour nous, candi ne vient ni de candidus, ni de candie, mais du sanscrit /Jifmrfa, fragment, et du grec Kav^o;, anguleux, à l'instar des crystaux. Les Chinois fabriquaient toutes sortes de ligures en sucre et y mélangeaient souvent du sucre de riz. Mais comment ces babyloniens étaient-ils arrivés à la cour de Chine? Ilulaku Khan, frère de Kublai, avait, en 1258, renversé le kalifat des Abassides sur le Tigre et l'Euphrate ; leur résidence, Bagdad, avait été conquise et pillée. Une partie de ses habitants se dispersa jusque dans l'Inde , et jusque chez les Mongols. En même temps que Hidakii Khan attaquait le kalifat , son frère Knhlai ht la conquête de la Chine et en devint empereur vers l'an 1255. Il conquit en- suite les provinces méridionales où sans doute, à son insti- gation, les Babyloniens fugitifs enseignèrent l'art delà rafi- ncrie aux industrieux habitants du Fun-Kian. Déjà, en 1292, M. Polo trouva les raffineries en pleine activité. Il reste encore une question à résoudre. Comment les Babyloniens ou les habitants de Bagdad étaient-ils arrivés à connaître les procédés de la raffinerie, dans un pays où il n'y SUR LE SUCRE DE CANNE. i3 avait pas encore de traces de la culture des cannes à sucre? La province de Cliusistan, l'antique Susianc, était un in- termédiaire entre l'Orient et l'Occident. Ses deux capitales, Joudisapur et Ahwaz, étaient le séjour des hommes les plus instruits parmi les Nestoriens, les Grecs et les Arabes; là étaient les médecins les plus célèbres. On y cultivait la chimie et l'industrie du sucre. Moses de Chorene signale déjà ce fait au V® siècle : « L'Elymaide , qu'on appelle aussi Khousdi- » Khorasan, est à l'orient du Tigre.... Elle renferme quatre 3> fleuves et cinq villes, dont l'une estKountischabouh, dans » laquelle on prépare le sucre avec art. » (Traduct. de Saint- Martin , Mém. sur V Arménie.) Voici comment on peut supposer que cette culture a été introduite dans le Chusistan. On a reçu la canne, sans doute, par Siraf dans le golfe Persique, port important où arrivaient tous les aromates de l'Inde et le coton, au temps de Theo- phraste, et peut-être aussi du sucre brut ou en sirops. Ebn- haucal dit que dans ce port arrivaient, au x® siècle, les vais- seaux des Arabes, de Malabar, de Ceylan et de la Chine. De là ces marchandises étaient expédiées de toutes parts. La contrée de Siraf était la plus chaude de toute la Perse, et la canne à sucre pouvait bien y être cultivée. Dans un voyage fait en 850 par Ahiizaid cl Hacen, de Siraf, et publié par Renaudot, on trouve ce fait : « qu'il fut tout étonné de ren- » contrer dans l'Inde une canne à sucre en tout semblable à » celle cultivée à Siraf. » D'où leur est arrivée la connaissance de la ratïinerie du sucre? Cet art, qui paraît si simple, a exigé de longues étu- des chimiques et alchimiques, beaucoup d'essais. Peut-être est-il resté longtemps un secret dans quelques pharmacies, où l'on épurait le sucre brut apporté de l'Inde. Dioscoridc et Galien disent que l'on payait le sucre, ce précieux médica- ment, au poids de l'argent. Qui sait si les médecins hippocra- 14 NOTICE HISTORIQUE tiques, de l'ccole de Joudisapur, n'ont pas provoqué la plan- tation de la canne à sucre dans celte conti'ce? Cette école florissait alors au v' siècle, par linfluence des chrétiens nestoriens. On y enseignait la philosophie, l'arithmétique, la dialectique, la musique, la géométrie, l'astronomie, l'aslro- logie et surtout la médecine. Le procédé de la raffinerie a dû se perfectionner dans cette contrée, à cette époque où toutes les études étaient provo- quées par la lihéralité et l'exemple des khalifes. AU Ahhas, médecin à'Adhaeddoida, mort en 923, est le premier qui ait fait connaître l'utilité du sucre et l'ait re- commandé, surtout pour la nourriture des enfants. Al Wiazi et Aviccnne le recommandent aussi dans diverses maladies. A tous ces renseignements nous devons en ajouter encore un. C'est que les ruines d'Ahwaz, dans le Chusistan, renfer- ment une grande quantité de meules et de cylindres en pierre destinés à écraser les cannes à sucre. Les voyageurs auront à les décrire plus exactement, à relever quelques inscriptions qui y sont entaillées. Nous admettons donc que l'antique Susiane a été la con- trée où a été inventée la raffinerie du sucre. Il n'y a pas d'opposition, car aucun peuple, aucun homme ne s'est attri- bué cette découverte. A partir de cette contrée et des rives de l'Euphrate, la culture de la canne et l'industrie du sucre se sont étendues en Afrique, en Europe et dans le Nouveau-Monde. Nous nous bornerons, pour cette histoire toute moderne, à citer quelques dates, à planter quelques jalons. La canne à sucre exige une température moyenne de 24" à 25°, comme le coton. Elle est encore cultivée là où cette température n'est que de 19" à 20", et môme à des altitudes où la température moyenne n'est que de 17", counnc dans la vallée de Mexico. SLR LE SUCRE DE CANNE. 15 La canne à sucre ne dépasse pas en Chine le 50^ lai. N, en Amérique le 52° lat. N et le 22° lat. S. On ne sait à quelle époque la canne à sucre fut apportée de l'Inde ou de Siraf, sur le golfe Persique, en Arabie. 11 paraît qu'elle n'y était pas répandue dans toutes les provinces. Ainsi, Nicbuhr, qui y voyagea de 1761 à 1767, ne la signale pas dans la province d'Oman. Aujourd'hui cette cultiire y est très répandue. Le sucre fabriqué à Nissmva, dans cette pro- vince, et appelé Heliva, est regardé comme le meilleur de l'Orient. C'est sans doute de la Palestine que les Croisés apportèrent la canne à sucre. Elle fut alors cultivée en Sicile et en An- dalousie. Les Espagnols prirent aux Canaries les plants de canne qu'ils transportèrent en Amérique. Dès 1520, Piedro de Atienza cvdtiva la première canne sur l'ile de St-Domingue, d'où elle se répandit à Cuba et sur le continent. Cortcz lit, à 2200"^ d'altitude, la première plantation de cannes dans la vallée de Mexico. Avant cette époque, les Mexicains fai- saient usage d'une mélasse extraite du maïs. La canne d'Otahiti a été transportée à l'Ile-de-France par Bougainville, et à Cayenne par Martin. De là elle est arrivée à la Martinique. Le capitaine Bbghs la transporta avec Tarbre à pain à la Jamaïque. A Cuba et à Caracas, elle est connue sous le nom de bourbon-canne. Malgré la supériorité du rendement de cette canne, son produit à la Havane n'est que la moitié de ce qu'on obtient dans les Indes orientales. Ajoutez à cela que la journée d'un Indien ne coûte que le tiers de la dépense d'un esclave. Eh bien! en vertu de quelle combinaison commerciale ne demande-t-on pas un quintal de sucre à l'Inde? La population y meurt as- phixiée par un produit surabondant, qui sert surtout à nourrir des éléphants. Si l'Inde versait dans le commerce tout le IC NOTICE HISTORIOUE SLR LE SUCRE DE CANNE. sucre qu'elle peut produire , toutes les classes de la société auraient à leur disposition cet aliment précieux et salubre. Nota. — Une grande partie des faits dont je me suis servi sont puisés dans la grande géographie de Ritter. Je voulais vérifier, compléter les citations tirées des voyageurs anglais, allemands, hollandais, ou des travaux de nos grands natura- listes. Il m'a été impossible de le faire ici. Nos bibliothèques sont si maigrement rétribuées, qu'elles ne peuvent acheter les ouvrages capitaux dans chaque branche de la science. Mal- gré les efforts et le zèle de nos bibliothécaires, elles ne sui- vent nullement les sciences dans leurs progrès ; elles n'offrent que des ressources insuffisantes, soit aux professeurs de nos Facultés, soit aux élèves qui suivent les cours, et on les voit avec regret rester fort au-dessous du niveau de l'enseigne- ment actuel. ■o^gesof MOTI^ SUK LES DÉPOTS HOUILLERS DE BRASSAC ET DE LANGEAC (IIaiite-LoikeJ , PRIÎ(]liDl DE ODELOUES CONSIDÉRATIONS SUR LE PLATEAU CENTRAL, par Ifl. J. OOUL.BIA.€% lufitiiiour L'i\il (les Mints . Alombr** dt' la Société gcologif[U(' dr Francp et t\f la Sociélc ai'ailéiiiûju.' (lu Puy. (PréseiUi'c à l'Académie impériale de Lyon, dans la séance du 22 mars 1859). Quand on jette les yeux sur une carte géologique de France , et que l'on examine la composition des terrains qui forment la vaste protubérance qu'on appelle le plateau central, on peut remarquer que, sur presque toute la lisière, de nombreux dépôts bouillers y sont placés. Cette disposition, vraiment littorale, indique par ses bandes souvent étroites, mais prolongées autour du massif grani- tique , les rivages des continents de la fin de l'époque carbonifère. Quoique isolés aujourd'hui, ils ont pu primitivement avoir Acad. de Lyon, Cl. des Sciences, t. IX. i2 18 NOTE SUR LES DÉPÔTS IIOUILLERS des liaisons entre eux. Il est même extrêmement probable ({ue la plus grande partie des contours sinueux du plateau central était formée d'une zone houillère , qui peut-être alors devait être continue, ou ne posséder que des inter- ruptions restreintes. A cette zone venaient de plus aboutir des vallées, péné- trant quelquefois très-avant dans l'intérieur du massif pri- mitif, et dont les directions convergent assez souvent vers le centre. Les soulèvements postérieurs aux dépôts houillers les ont tourmentées , exhaussées et morcelées d'une manière énergique. Ils sont venus interrompre la régularité et la continuité des contours. Des relèvements, souvent très- brusques et saccadés, ont dû former les dépressions pro- fondes, où ils sont enfouis d'une manière si complète. Quant aux parties intermédiaires, brisées violemment et disloquées, non protégées par les roches environnantes et exposées aux dégradations ciimatériques et à la force érosive et dénudante des eaux, dont l'action a joué, pour les ter- rains de sédiment, un si grand rôle , elles ont dû être complètement détruites et entraînées. Nous avons dit que les dépôts houillers se trouvaient gé- néralement sur les bords extérieurs du plateau central. Mais pour la partie occidentale, il n'en est pas tout-à-fait ainsi. La zone littorale s'interrompt et se discontinue. Plusieurs lambeaux carbonifères présentent cette particularité remar- ({uahle, qu'ils sont placés sur le môme alignement. Ils tra- versent le plateau" central lui-même, suivant une direction N. 15° à 46° E — S. \n° à 16° 0. Cette bande houillère, qui se prolonge sur une longueur de 160 kilomètres, est formée par la succession des dépôts houillers de Pleaux, de Mauriac, de Bort, de Pontaumur, de Saint-Gervais, de Sainl-Eloi, du Montet, de Noyant, de Fins, et enfin de De- bE BRASSAf, f;T DE LA>GEA<,. 19 cize. Us ont dû évidemment appartenir à une même vallée houillère. En effet, pour plusieurs d'entre eux, M. Poyel, in- génieur civil des mines, a trouvé des liaisons bien carac- téristiques et indiquant les rapports primitifs. Dans ces parties intermédiaires, sont placés de minces lambeaux liouillers, qui indiquent que, quoique isolés et indépendants aujourd'hui, ils ont dû faire partie d'un même tout. Il devient donc bien évident que, dans cette partie, une vallée houil- lère des plus remarquablestraversait complètement le plateau central, suivant la direction que nous avons indiquée. Elle doit sa formation à un soulèvement antérieur à l'époque houillère, et si on voulait lui appliquer les principes établis par M. Elle de Beaumont, dans ses systèmes de montagnes, on pourrait probablement rapporter son origine aux acci- dents qui ont donné naissance au système du Longmynd. Il est impossible de trouver une vallée houillère mieux caractérisée. Ces faits sont tout-à-lait conformes aux prin- cipes établis par M. Fournet, dans son ouvrage sur VExten- sion des Terrains houUlers, et donnent complètement raison à sa manière de les envisager. Mais en poursuivant notre examen sur le plateau central, nous allons encore montrer un nouvel exemple d'une vallée houillère très-importante. Cependant, avant de quitter la partie du plateau central, dont nous venons de parler, nous ajouterons encore, qu'à gauche de cette longue zone houillère sont placés quelques dépôts sporadiques et isolés, sans relation actuelle géologique. Mais quand on e*kamine le centre du plateau central lui même, on peut constater que le terrain houiller y fait presque complètement défaut. On n'en remaïquc, en effet, que trois dépôts: ce sont ceux de Brassac, de Fressanges et de Langeac, complètement isolés au milieu des terrains gneissiques et granitiques. A quelle circonstance est dû le développement du ()lié 20 NOTE SUR I-ES DÉPÔTS HOUILLEllS noinèiie liouiller au centre même de ce massif montagneux et à une hauteur aussi considérable? Ces dépôts houillers paraissent en effet n'avoir aucune relation géologique avec ceux de la zone littorale, et leur existence paraît même bi- zarre et extraordinaire, surtout par la position exceptionnelle qu'ils occupent. C'est seulement par l'étude de la consti- tution géologique de la contrée où ils sont placés, qu'il sera permis de découvrir et de dévoiler la cause à laquelle est due leur présence. Pour cela, nous jetterons un coup d'œil rapide sur l'orographie du pays environnant, et nous donnerons en quelques mots une idée des principaux traits géognostiques. Avant les dépôts houillers, le relief du plateau central devait présenter une assez grande simplicité de forme. En effet , les terrains émergés ne devaient résulter que d'un petit nombre de soulèvements. Mais sa surface actuelle est des plus tourmentées et fortement accidentée. Les dépôts houillers de Brassac et de Langeac se trou- vent placés précisément au centre de trois massifs mon- tagneux considérables, qui dominent de beaucoup les autres accidents de cette contrée. Ce sont: au sud-ouest, la mon- tagne de la Margeride; à l'est et au nord, le Cézallier, qui se relie d'une part avec la montagne dont nous venons de parler et de l'autre au groupe de celles de la chaîne des monts Dores et du Puy-de-Dôme , et eidiri au nord-est et à l'est, les montagnes du Forez et celles comprises entre l'Allier et la Loire. Chacune d'elle a eu une influence très-marquée sur l'acci- dcntation de cette contrée, et lui a imprimé un cachet particulier. La montagne de la Margeride est, sans contredit, la plus considérable. Cette chaîne, située au nord-est du dépar- tement de la Lozère et sur sa limite avec celui de la Haute- DE liiUSSAC ET DE LANGEAC. il Loire, piend naissance près de Saint-Amans, aux environs de Mende et vient aboutir près de Saint-Flour. La ligne de faîte court sur plus de 40 kilomètres de longueur, suivanl une direction assez uniforme et caractéristique de N. 20" à 25° 0 — S. 20« à 25° E. Son arête culminante s'élève, en certains points, à la hauteur de 1595 mètres au-dessus du niveau de la mer. Aussi elle domine de beaucoup les autres accidents de cette partie de la Lozère et de la Haute-Loire. Au nord, c'est- à-dire près de Saint-Flour, elle subit une déviation pronon- cée, se bifurque et va, par une brusque inflexion, se perdre dans les montagnes du Cantal, suivant une direction appro- ximative est-ouest. Suivant la direction primitive N. N. 0 — S. S. E, la deuxième branche^ formée par les derniers contreforts des chaînons moins élevés , va se relier aux montagnes du Cézallier. La rivière de la Truyère en baigne le pied occidental, tan- dis qu'à l'est, la vallée de l'Allier est établie à sa base et court parallèlement à sa direction. Au nord-est de Mende, c'est-à-dire à son extrémité septen- trionale, à partir de Saint-Amans, le faite élevé de la Mar- geride s'abaisse brusquement; son arête s'infléchit légèrement à l'est, et la montagne se termine par un vaste empâtement qui se prolonge seulement jusqu'aux monts Lozère. Cet empâtement forme un plateau très -élevé et très-étendu, qui porte le nom de Palais du Roi, près de Cliâteau-nenf-Randon, au nord de Langogne. Sa hauteur, reste encore dans ces parties, aune élévation de 900 à iOOO mètres au-dessus du niveau de la mer. Quant à sa constitution minéralogiquc, on peut dire que la chaîne principale est entièrement for- mée par le granité porphyroïde. Cette roche ne constitue jamais de montagnes à pics élancés et aux flancs abruptes. Les contours sont au «'ontraire arrondis et leiu's surfaces très-ondulées. 22 NOTE SUR LES DÉPÔTS IlOLtLLEKS Lage de celte chaîne esl diÛicile à lixer d'une manière précise et nette. On peut y constater tout d'abord l'ab- sence complète de terrains palœozoïques, plus ancien que le terrain houiller. Les micaschistes, les talschistes, les gneiss et les granités à grains lins ont été soulevés et disloqués par l'apparition de cette roche pyrogène. La ligne de sé- paration de ces roches, avec le granité porphyroïde, affecte l'orientation de la chaîne elle-même. L'inlluencc de ce soulèvement a dû se faire sentir au loin et faire naître des fractures à de grandes distances. Mais une circonstance importante à observer, c'est qu'au sud, le prolongement de la Margeride se trouve brusque- ment interrompu et pour ainsi dire barré par une protu- bérance granitique considérable, qui forme la montagne de la Lozère. La direction de cette dernière est 0. 12*> — E. i^". S. Par plusieurs considérations, dans lesquelles je n'en- trerai pas dans une note aussi succincte, on est arrivé à fixer l'époque d'apparition de cette dernière et à rapporter son âge au système des ballons. Elle serait donc postérieure au calcaire carbonifère. Mais un fait fixe cet âge d'une ma- nière à peu près certaine. Dans les terrains schisteux, compris entre la Lozère et l'Aigonal, il existe une grande quantité de fdons métaUifères et de fraidronite ou minette. Cette dernière roche, suivant M. Delesse, ingénieur des mines, aurait été amenée au jour par les dislocations du système du Forez. M. Emilien Dumas, sans préciser d'une manière complète l'époque de son apparition, pense que les filons du Gard sont antérieurs au terrain houiller. Les liions frai- dronitiques de la Lozère paraissent être du même âge. Ils pénètrent dans le granité porphyroïde de la Margeride et de la Lozère. La roche granitique est aussi sillonnée par les nombreux liions métallifères, que l'arrivée au jour de la minette a produits. Ainsi, les monts Lozère sont plus an- DE BKASSAC ET DE LANGEAC. 25 ciens (jue le système du Forez, et datent de l'époque des ballons. Quant à la Margeride, son âge remonterait encore à une époque plus reculée. D'un autre côté, si on considère qu'à Brassac et à Langeac les terrains houillers reposent tou- jours immédiatement sur le gneiss, et qu'on aperçoit nulle part des traces de millstone gris ou de calcaire carbonifère, il devient alors probable que cette contrée, par quelque sou- lèvement ancien , se trouvait placée au-dessus des mers carbonifères. Cet exhaussement du sol devait probablement s'être fait sentir à une distance lointaine, peut-être jusqu'au terrain carbonifère de la Loire, qui indique les rivages des mers de cette époque. On peut, de plus, constater que dans la partie du plateau central dont nous nous occupons, il y a aussi absence com- plète de terrains devoniens , siluriens et cambriens. Cela pourrait faire rapporter son âge à une époque très-reculée. D'un autre côté, une série d'accidents auxquels elle est liée à l'ouest pourrait, si leur âge était déterminé d'une manière positive, fixer son apparition à une date plus précise. Au nord-ouest du département de la Lozère, on trouve, en effet, quelques chaînons de peu de hauteur, formés par le granité porphyroïde, qui se détache du terrain schisteux, et suivant une direction assez régulière S. 'iO'* 0 — N. 22° E. Cette orientation se retrouve dans les micaschistes et les gneiss jusqu'à une grande distance. Cette émission du granité porphyroïde, qui s'est établie à la gauche de cette dernière, paraît avoir coupé l'axe de la Margeride au sud de Saint-Flour, sous une angle de 49° 1/2. Ce point d'intersection est aussi le point le plus culminant. La ligne de contact des deux émissions granitiques est occupée par des pegmatites, des fdons de quartz très-épais et des granités à grains lins. Si on appliquait à ce massif les principes établis par M. Elie 24 NOTE SUR LES DÉPÔTS IIOUILLERS de lîeauiiiont, on devrait rapporter l'arrivée au jour de la roche pyrogène, dans celle partie du département, au sys- tème du Longmynd. La Margeride lui serait encore anté- rieure, et sa direction N. 20° à 25° 0 — S. 20" à 25" E concorderait avec celle du système de la Vendée. Le sou- lèvement de celte montagne, dont la date serait la plus an- cienne, aurait suivi de près la formation des gneiss, des talschisles et des micaschites, qu'il a souvent englobés, quelquefois même en lambeaux considérables. Dans tous les cas, s'il est difficile de préciser d'une ma- nière très-exacte l'apparition de la montagne de la Margeride, on peut cependant conclure de tous les faits précédents qu'elle est antérieure au terrain houiller, ce qui constitue pour nous le point le plus important à constater, celui que nous tenions surtout à signaler pour le but spécial de cette notice. Du reste, M. Dufrenoy, dans l'explication de la carte géologique de France, émet aussi cette opinion. Le deuxième massif montagneux dont nous avons parlé, c'est le Cézallier, qui est composé de diverses chaînes dont quelques-unes sont d'un âge plus récent que la formation houillère. Il résulte du croisement de plusieurs lignes de soulèvements. Comme nous l'avons dit, il se lie au sud à la Margeride par une série d'accidents qui semblent avoir le même âge que cette dernière. Il paraît, du reste, n'avoir eu par lui-même aucune influence marquée sur le relief de la contrée, avant l'époque houillère. Le troisième groupe montagneux que nous avons cité est beaucoup plus important à plus d'un titre. Il est for- mé par les montagnes élevées du Forez et par celles comprises entre la rive droite de l'Allier et la Dore. Les montagnes du Forez sont bien connues, et ont été étudiées par des géologues distingués. Aussi nous n'insis- terons nullement sur leur constitution géologique, ni sur DE nUASSAC ET DE LANGEAC. 25 les causes qui leur onl donné naissance. M. Grnncr , in- i^énieur en chef des mines, a le premier déterminé l'âge de ce soulèvement important qu'on a appelé système du Forez. Ce genre de dislocation a eu une grande influence sur le mode de répartition des dépôts carbonifères, et a souvent donné naissance aux vallées, où immédiatement après s'est développé le phénomène houiller. Le système du Forez, qui a bouleversé le calcaire car- bonifère et même le terrain authraxifère que M. Elle de Beaumont croit représenter le millstone-grit, est donc an- térieur à la formation houillère. Mais ce que nous voulons faire remarquer d'important pour le but que nous voulons atteindre, c'est la manière dont il s'est établi. En effet, sa position et sa direction sont remarquables par rapport à la Margeride. L'orientation des montagnes du Forez, étant N. IS** 0 — S. 15° E, ne présente qu'une différence de S** avec cette dernière. C'est presque du parallélisme. L'axe de soulèvement des montagnes du Forez est établi à une distance d'environ 80 kilomètres, et un peu plus au nord que celui de la Margeride, mais à l'est de ses annexes qui forment son prolongement. L'énergie et l'intensité de ce soulèvement sont attestées par les dislocations sans nombre qu'il a amenées et par la formation de chaînes élevées qui atteignent 1638 mètres d'élévation au-dessus du niveau de la mer, comme à Pierre-sur-FIaute. Son influence a dû se faire sentir à une grande distance et exhausser le sol de la con- trée du côté de la Margeride. Les plans d'intersection de ces deux soulèvements devaient produire, par leur rencontre, une ligne à peu près parallèle à tous les deux. Suivant cette ligne a pris naissance une dépression allongée, qui n'aurait été autre chose qu'une vallée intermédiaire, pla- cée au pied des deux chaînes . Celle-ci devait, en effet, pren- dre naissance vers la partie méridionale de la Margeride 26 NOTE Sllll LES DÉPÔTS IIOUILLERS et se prolonger fort loin au N. N. 0. C'est dans ses bas- fonds que purent commencer à se déposer les sédiments de la formation houillère, et que se développèrent les im- menses végétaux de cette époque. Disloquée postérieurement, il n'en est plus resté que quelques lambeaux, qui attestent sa position et son existence. Telle paraît être la cause de la position des dépôts houillers de Langeac et de Brassac. La vallée houillère à laquelle ils appartenaient se serait établie à une distance beaucoup moins grande de la Margeride. Pourrait-on conclure de là, que celle-ci devait posséder une élévation relative beaucoup moins considérable que celle des montagnes du Forez. Nous ajouterons, en passant, une observation qui, quoique étrangère au sujet qui nous occupe, n'en a pas moins une grande importance géologique. C'est que, quand on examine la ligne que forme les cônes érup- tifs des volcans les plus modernes de la Haute-Loire, on est étonné de la voir placée entre le système du Forez et celui de la Margeride. Leur direction est N. 16° 1/2 0 — S. 16° 1/2 E, et se rapporte assez bien au système du Té- nare. Les éruptions basaltiques ont donc profité des an- ciennes dislocations opérées dans la croûte terrestre. Ainsi l'axe de la Margeride, la ligne formée par les successions des cratères les plus récents , et enfin l'axe de la chaîne du Forez seraient à peu de chose près parallèles. C'est une illustration des plus remarquables de la récurrence des sou- lèvements et de leur superposition. Mais pour en revenir à l'objet qui nous occupe, les faits précédents démontrent évidemment qu'une vallée houillère existait dans cette partie du plateau central, et allait se conjuguer probablement avec la première dont nous avons parlé, qui coupe la partie occidentale. Nous allons maintenant donner quelques détails sur les terrains houillers eux-mêmes. Nous verrons que l'existence DE BIUSS.VC ET DE LANGEAC. 27 d'une vallée houillère peut encore se déduire de considéra- tions d'un autre ordre, qui ne feront que confirmer l'opinion ({ue nous venons d'émettre. Le dépôt houiller de Brassac est enfoui dans une vaste dépression qui s'allonge du nord-nord-ouest au sud-sud-est, et dont la vallée de l'Allier indique assez bien la direction. Il est entouré par des montagnes granitiques, qui le do- minent de toutes parts et forment sur son pourtour une ceinture élevée et presque continue. A leurs pieds le terrain houiller s'appuie directement sur la roche gneissique. A l'est et au nord, des crêtes élevées limitent son étendue d'une manière complète. A l'ouest un bourrelet gneissique assez étroit le sépare des dépôts tertiaires de la vallée de la Limagne. D'Auzat sur Allier à Frugères, le terrain houiller reste à découvert sur près de 9 kilom. de longueur. Au sud de Brassac, à partir d'une ligne se di- rigeant de Lugeac à Lempdes, le dépôt houiller disparaît d'une manière complète sous les assises tertiaires. Plusieurs puits l'ont retrouvé après avoir traversé les terrains récents. En s'avançant au sud, ceux-ci prennent de grandes épaisseurs. A Vergongheon, on a trouvé le terrain houiller à 285 mètres de profondeur. C'est en ce point que la dépression parait être la plus forte. De distance en distance, des deux côtés de la vallée de l'Allier, on voit au jour des points houillers qui sortent de dessous les argiles tertiaires. A Azerat le terrain houiller forme les flancs escarpés du lit de la rivière. Il est émergé au-dessus des alluvions actuelles et disparaît en se prolon- geant au-dessous. Presque vis-à-vis, à l'est, en allant de Bour- noncle à Riomartin , on voit affleurer sur une cinquantaine de mètres de longueur des grès et des schistes houillers. Plus au sud, on trouve près de Lamothe des affleurements houillers débordant les terrains diluviens. Des puits les ont explorés dans ce lieu. 28 NOTE SUK LES DÉPÔTS IIOLILLEUS Eniin , au sud-est de Fontannes, le dépôt houiller repa- raît au jour, et il reste à découvert de Granat à Lavaudieu sur une surface assez considérable. La rivière de la Senouïre fait la limite, et au-delà le gneiss forme des sommets très escarpés . 11 faut ensuite aller à une assez grande dislance, c'est-à-dire à Langeac, pour retrouver un dépôt houiller assez important et isolé au milieu des terrains granitiques. A l'est de Brassac, on trouve encore, au milieu des mon- tagnes gneissiques, près de Fressange, un lambeau houiller, isolé et à une distance de 4 kilomètres. Il n'a aucun rapport actuel avec le dépôt houiller de la vallée de l'Allier. Comme on le voit, le terrain tertiaire recouvre d'une ma- nière presque complète le terrain houiller qui s'étend de l'Alagnon à Lavaudieu, sur les bords de la Senouïre. Ce n'est que la plus petite partie qui a été mise à nu. Les limites du dépôt sont jalonnées par des rebords qui surgissent de dessous les argiles tertiaires ou les alluvions, comme à Rio- martin, à Côte-Rouge près Azerat et à Lamothe. Pris dans son ensemble, ce vaste dépôt affecte une forme allongée et indique une vallée houillère parfaitement carac- térisée. Nulle part on ne peut en voir de mieux établie. La cause de la lacune entre la Senouïre et Langeac, résulte d'un soulèvement postérieur au dépôt houiller, qui aurait apporté une solution dans la continuité de la vallée sur une longueur de 18 kilomètres. Il devient dès lors probable qu'une grande vallée houillère, placée au pied de la Margeride et parallèlement à cette mon- tagne, partait du sud de Langeac. Elle devait s'étendre fort loin ; peut être se prolongeait-elle jusque dans le Bourbon- nais. Sa direction était du sud-sud-est au nord-nord-ouest. Postérieurement , des soulèvements de direction nord , quelques degrés est à sud, quelques degrés ouest, auraient, DE BIIASSAC ET DE LANGEAC. 29 comme nous l'avons déjà dit, coupé la vallée obliquement dans certains points. Les exhaussements qui seraient sur- venus auraient eu pour résultat d'élever à une grande hauteur le fond de la vallée houillère et d'exposer les assises aux dénudations rapides et énergiques des agents atmosphé- riques. En ces points, les roches carbonifères auraient été complètement décapées, de telle sorte qu'il n'en reste aujour- d'hui aucune trace en ces points. Plusieurs axes de soulèvement s'étant établis de distance en distance, il en est résulté également des dépressions plus ou moins allongées, oii sont maintenant encaissés très-pro- fondément les dépôts de Langeac et Brassac , qui ne sont que deux portions de la grande vallée houillère. C'est même grâce à cet enfouissement profond qu'ils ont été conservés et mis à Fabri des érosions postérieures. Plus tard, les dépôts tertiaires sont venus niveler la vallée disloquée et la combler presque complètement. Au-delà de l'Alagnon, les terrains récents remplissent la vallée de la Limagne. Un exhaussement du sol a donné lieu au bourrelet gneissique qui sépare le terrain carbonifère du terrain tertiaire. Que se passe-t-il ensuite sous ces derniers dépôts? Pourrait-il paraître trop hasardé de supposer l'exis- tence du terrain houiller dans la vallée de la Limagne? Si rien ne vient en donner une preuve certaine, du moins cela peut paraître probable. En effet, la vallée houillère est si bien établie, si bien accusée depuis le sud de Langeac jusqu'à Auzat sur Allier, c'est-à-dire sur près de cinquante kilo- mètres, qu'il est rationnel de penser qu'elle devait nécessai- rement se prolonger primitivement beaucoup plus au nord. La vallée tertiaire qui s'étend de Brassac à Moulins, pourrait peut-être recouvrir, dans certains endroits, quelques lambeaux, que l'épaisseur considérable des terrains récents doit dérober à l'œil. Il est possible que des soulèvements 30 NOTE SUR LES DÉPÔTS HOUILLEUS postérieurs aux terrains houillers aient pu opérer des lacunes; mais rien n'empêche d'admettre que certaines portions, qui comblaient la vallée houillère, aient pu être conservées dans certaines dépressions, et nous soient restées inconnues pour cette cause. Quoi qu'il en soit de toutes ces suppositions, on peut constater, d'une manière évidente, l'existence d'une vallée houillère bien caractérisée et bien établie sur une longueur très-considérable, ce qui est sans doute d'une importance remarquable. Mais quand on examine en détail la constitution géolo- gique du terrain houiller de Brassac, et qu'on étudie son allure, on est convaincu qu'il a subi des dislocations et des plissements énergiques. Les zigzags de leurs ennoyages, emboîtés les uns dans les autres, portent l'empreinte de re- foulements violents, qui ont ondulé les assises d'une ma- nière particulière. Le terrain gneissique est même renversé sur le terrain houiller comme à la Chalaide près de Langeac, à Lugeac près de Lavaudieu, à Lamothe près Brioude, enfin près de la Taupe, en un mot sur toute la partie est du dépôt houiller. En certains points le gneiss paraît avoir un surplomb assez considérable. De plus, si on observe attentivement la manière dont la vallée se termine à chaque extrémité, on est loin de re- connaître l'allure et le mode de construction que devrait offrir un bassin circonscrit, tel qu'on l'entendait avant que M. Fournet n'eût mis au jour sa théorie si remarquable sur les dépôts houillers. Près de Lavaudieu , sur les bords de la Senouïrc , le dépôt houiller se termine d'une manière brusque. Les pou- dingues et les bancs de grès, relevés sur les flancs de la vallée, inclinent légèrement au sud, tandis que l'inverse devrait avoir lieu si c'était un bassin circonscrit. Au nord de Bras- DE BRASSAC ET DE LANGEAC. 31 sac, au confluent de l'Alagnon , les cartes géologiques, où sont figurés les affleurements, représentent des contours sinueux, mais à courbes fermées. Cette circonstance pourrait donner l'idée de la terminaison d'un bassin circonscrit. Mais cette apparence n'est que trompeuse, et il est facile de con- cevoir qu'il puisse en être ainsi sans qu'on soit en droit d'en tirer une telle conséquence. En effet, qu'on suppose la vallée houillère, sauf les irré- gularités de détails, représentée par un demi-cylindre , dont la position de l'axe serait relevée et inclinée au midi : en faisant passer un plan horizontal, on opérera une section qui donnera une courbe fermée, ayant une forme ou paraboli- que, ou plus ou moins ellipsoïdale. On se rendra ainsi faci- lement compte de cette terminaison en courbe fermée. Nous ne pousserons pas plus loin, dans cette note, l'étude de la constitution géologique du dépôt de Brassac. Notre but était de démontrer l'existence d'une vallée houillère se prolongeant du sud de Langeac à Brassac, et, de là, se con- tinuant probablement plus loin. Cette idée du prolongement a, du reste, été émise par l'illustre géologue de Lyon, dans son travail sur YExtension des Terrains houillers en France. Quand on applique les idées nouvelles de M. Fournet à l'étude des terrains houillers, on peut voir combien la formation de ces dépôts s'explique bien mieux qu'on ne le faisait autrefois. Par sa sagacité et son expérience pratique, il a su le premier entrevoir et démontrer le véritable mode de leur origine. Ces principes, plus rationnels, sont infini- ment plus conformes à la manière dont tous les terrains de sédiment se sont produits. En effet, il était difficile de con- cevoir le développement et la formation des dépôts houillers circonscrits, dans des dépressions sporadiques et sans liai- son mutuelle. 52 NOTE SUR LES DÉPÔTS IIOUILLERS DE BRASSAC ET DE LANGEAC. En outre de ces considérations, on peut encore con- stater que la nouvelle manière d'envisager ces dépôts peut amener peut-être plus tard des résultats pratiques inipor^ tants et des découvertes considérables, ce qui constitue, de la part de l'éminent géologue, un service immense qu'il aura rendu à l'industrie. MK» entre la force DES MACHINES A VAPEUR ET LES DIMENSIONS DE LEURS CHAUDIÈRES Par m. ESTAUNIÉ, Ingi^iiipur au Corps impérial des Mines. (Mémoire présenté à l'Académie, dans sa séance du 2b janvier 1859.) M. de Pambour a fait voir depuis longtemps que le pro- cédé généralement suivi pour déterminer la force des ma- chines à vapeur est très-inexact, et que la seule méthode rationnelle consiste à rechercher la quantité d'eau vaporisée par la chaudière. Les calculs qu'entraîne l'application, soit de sa méthode, soit de celle qui s'emploie le plus souvent, ne sont pas à la portée de tous ceux qui ont à s'en servir, et les constructeurs éprouvent trop souvent des mécomptes. La cause la plus fréquente provient de ce qu'ils n'établissent aucune relation entre les dimensions du cylindre et celles de la chaudière à vapeur. On oublie trop que la véritable puis- sance de la machine réside dans le générateur, et que la consommation d'eau vaporisée utilement constitue la seule Acad. de Lyon, Cl. des Sciences, t. IX. 3 54 RELATIONS ENTRE I. A FORGE DES MACHINES A VAPEUR mesure du travail développé. Le plus souvent on se borne à constater que la machine donne pendant quelques minutes le nombre de coups de piston nécessaires à la production de l'effet déterminé, sans s'inquiéter de savoir si elle pourra les donner d'une manière continue, quand la quantité de vapeur accumulée dans la chaudière aura été dépensée. Si une machine est construite, le frein de Prony seul peut donner la mesure exacte de sa force; si elle n'est qu'en projet, le travail nécessaire à la mise en jeu des divers mécanismes est toujours connu à l'avance dans chaque cas particulier; il n'y a de difficulté que pour trouver les dimensions de la chaudière qui alimentera une machine d'une espèce et d'une force déterminées. C'est là le problème vraiment usuel, et je me propose ici d'en rechercher une solution pratique. Les constructeurs, après avoir adopté un système de chau- dière déjà usité ailleurs, savent quelle est la quantité d'eau vaporisée par heure et par mètre carré de surface de chauffe; si le générateur est nouveau, il est indispensable de mesurer directement ce nombre. En résumé, j'admettrai que l'on connaît toujours le poids total Q d'eau vaporisée en une heure, par une chaudière d'une surface de chauffe et d'une forme données. Le volume d'un poids connu de vapeur à saturation peut se déduire exactement des lois de Mariotte et de Gay-Lussac, mais cette relation est un peu compUquée. Navier et M. de Pambour ont aussi trouvé des formules qui le donnent très simplement en fonction de la pression ; cependant, pour ar- river à des calculs plus simples, j'aime mieux profiter d'une remarque due à Southern, et admettre, avec ce physicien, que les densités de la vapeur d'eau à saturation sont simple- . , . 1900 ment proportionnelles aux pressions. Je poserai [a = — ^ — , en appelant ij. le volume de la vapeur à saturation par raj)- KT LES DIMENSIONS DE LEURS CHAUDIÈRES. 55 port à celui de l'eau génératrice, et P, la pression exprimée en atmosphères. L'erreur commise en adoptant cette formule est inférieure à 6 7o pour 2 et 8 atmosphères, et presque insignifiante pour les pressions intermédiaires qui sont au- jourd'hui de beaucoup les plus usuelles. On s'en convaincni par le tableau suivant : Volume ro'pi Pressions en atmosphères. ,, . ,. , Volume calculé. •^ (1 après Diilunj. 2 896 950 3 619 655 4 476 475 5 389 380 6 528 317 7 286 270 8 254 257 Soit Q le nombre de kilogrammes d'eau vaporisée à la 1 20" 1 pression P par une chaudière; on a reconnu que —de l'eau 1 est entraîné à l'état liquide et -— - est perdu pour diverses 9 causes, de telle sorte que — — Q représente l'eau vaporisée utilement; le volume en litres de la vapeur créée est : — 0 X — -— , soit 1710 X --. Le diamètre et la longueur 10 P P ^ du cylindre étant D et L (en décimètres), 7i étant le nombre de coups de piston par minute, le volume de vapeur dé- pensé en une minute par le cylindre est : — tt n D-L, et en une heure -j- % ii D'L ou 15 - n D-L. Le volume dépensé ne doit pas excéder celui qui est produit, et l'on a p", et en réduisant : n D-L Â: ou p 15 77 n D-L^ 1710 x %-, et en réduisant: n DL  56 56 RELATIONS ENTRE LA FORCE DES MACHINES A VAPEUR Si l'on avait une machine à détente, on laisserait subsister la même condition, en multipliant le premier membre par la fraction de détente — . On aurait : Z. do -p-. Dans le cas de l'égalité, la machine utilise toute la vapeur donnée par la chaudière ; quand le premier membre est inférieur au second, le rapport de la force réellement em- ployée à la force disponible est égal à celui du nombre réel de coups de piston au nombre maximum. Règle. — Le produit du nombre de coups de piston par minute par le carré du diamètre, et la longueur de la partie de la course pendant laquelle on admet la vapeur (exprimés en décimètres), doit être au plus égal à 56 fois le rapport du nombre de kilogrammes d'eau dépensée en une heure au nombre d'atmosphères de pression de la vapeur. Dans l'application, on remarquera que la pression absolue de la vapeur P est toujours un peu inférieure à celle de la chaudière, et quand les soupapes sont bien réglées, celle-ci est un peu au-dessous du timbre. On admettra, en appelant T le timbre : P=T 2 La détermination de la force des machines ne présente pas plus de difficultés. On connaît les formules : (a) T = 10350 V (P — ô)) pour les machines sans détente, (b) Tz= 10330 P V ( 3 — 2 f^L — -^ ) (1) pour les machines à détente. (4) J'ai fait voir ailleurs que celle dernière expression : o — z r 1 - n ô) t peul être subsiiluée utilement à la formule plus connue : 1 + log. nep. l — . Si on l'emploie, il n'est pas nécessaire de recourir à des coefficients de rendement différent , suivant que la macbine est ou n'est pas à détente. ET LES DIMENSIONS DE LEURS CHAUDIÈRES. 57 dans lesquelles T exprime le travail par seconde en kilogram- mètres, V le volume de vapeur dépensé par seconde à la pression P exprimée en atmosphères, G la contrepression , — la fraction de délente. On aura la force en chevaux en t divisant par 75 et ajoutant un coefficient de correction c pour tenir compte des diverses résistances passives : 10330 c V (P — i>) (a')F = 75 1710 Q Le volume de vapeur en litres par heure est — 5 — ; le volume V en mètres cubes par seconde est ,r 1 1 1710 Q 3600 1000 Substituons dans les expressions a et 6', remplaçons c par une valeur moyenne c = 0,69 applicable à une machine en bon état, on trouve, après réduction : (^aVF=0,045-^^^ Q (f) F =: 0,045 (^5- 2 ^r-^^Q Ces formules sont faciles à employer ; quand on connaîtra F, on en déduira bien simplement Q et, partant, la surface de chauffe de la chaudière. Néanmoins, pour en rendre l'application plus rapide, j'ai calculé des tables qui donnent dans tous les cas la force en chevaux correspondant à un kilogramme d'eau vaporisée par heure, et réciproquement le nombre de kilogrammes d'eau à vaporiser pour avoir la force d'un cheval. J'ai distingué quatre cas : l°les machines sans détente ni condensation ; 2" les machines sans détente à con- densation ; 3'' les machines à détente sans condensation ; 58 nELATIOÎSS ENTRE LA FOUCE DES MACHINES A VAPEUR hP les machines à détente et condensation. J'ai admis dans ciiaque cas particulier les pressions et les détentes les plus usuelles. La contrepression est, dans les machines sans condensa- tion, un peu supérieure à un atmosphère à cause de la peti- tesse de l'ouverture du tiroir; en moyenne, l'excès sur la 1 11 pression atmosphérique est de --de sorte que w==——; dans 1 les machines à condensation , di = — d'atmosphère ; la pression motrice est inférieure au timbre d'une demi-unité. On remarquera que dans les machines sans détente et à condensation , l'expression — ^ — varie très peu avec P, parce que la contrepression est très faible et que P varie seulement de 1 à 2 atmosphères. On trouve alors F = 0,04 Q. Dans les machines à détente et à condensation, la force en chevaux s'accroit très peu avec la pression et comme toutes choses égales d'ailleurs, d'après les règlements administratifs, l'épaisseur des parois et, partant, le prix de la chaudière augmente presque proportionnellement à la pression; il y a avantage à ne pas dépasser trois ou quatre atmosphères. RÉSUMÉ. Soit F la force en chevaux d'une machine à vapeur dont la chaudière vaporise (> kilogrammes d'eau par heure; soit P la pression maximum de la vapeur (en général le timbre de la chaudière diminué d'une demi-unité); — le degré de dé- tente ; 0) la contrepression; n le nombre de coups de piston par minute ; D et L le diamètre et la longueur en décimètres du cylindre à vapeur. La force de la machine est donnée par l'une ou l'autre des formules : ET LES DIMENSIONS DE LEUUS CHAliDlÈUES. 59 P — " , , F = 0,045 — 5 — Q (machines sans détente.) F = 0,045 (5 — 2 ^T — ~ ) Q (machines à dclonle.) La quantité d'eau vaporisée est donnée, soit par une me- sure directe pendant que la machine est en activité, et l'on a alors la force réellement consommée, soit par la connais- sance de la surface de chauffe de la chaudière et du nombre maximum de kilogrammes d'eau qu" elle peut vaporiser. Dans ce dernier cas, la force calculée esl la force maximum que peut donner la machine, et l'on doit avoir les relations : n D^ L Z- 36 -^ (machines sans détente.) jé= 36 -jj- (maehmes a détente.) Si le premier membre est égal au second , la machine uti- lise toute la vapeur fournie par la chaudière. S'il lui est inférieur, le rapport de la force réellement consommée à la force disponible est égal au rapport du nombre réel de coups de piston au nombre maximum. Pour éviter de longs calculs, on peut se servir de tables donnant les coeificients de Q pour diverses pressions. Les exemples suivants achèvent d'enlever tout embarras : 1° On veut établir une machine à vapeur sans détente ni condensation, de la force de huit chevaux. La chaudière sera timbrée à quatre atmosphères. Quelle sera la surface de chauffe de la chaudière? La table n" V indique une consommation de 34'' ,5 d'eau par cheval et par heure; pour 8 chevaux, il faudra 276"-. Il résulte d'expériences de M. Gavé que les chaudières cylin- driques avec ou sans bouilleur vaporisent environ 20 kilog. d'eau par mètre carré et par heure. La chaudière à cons- truire aura donc i5'"-,8 de surface de chauffe. 40 RELATIONS ENTRE LA FORCE DES MACHINES A VAPEUR 2° Une machine à condensation, sans détente, doit avoir une force de 25 chevaux; la chaudière sera timbrée à 1 i/2. Quelle sera sa surface de chauffe ? La table n° Yl indique une consommation de 25 kilog. à l'heure par cheval. La machine de 25 chevaux exigera donc 625 kil. de vapeur à Thcure, et si la chaudière évapore 25 kil. par mètre carré et par heure, elle aura 25 mètres carrés de surface de chauffe. 3" Une machine à détente, sans condensation, doit avoir une force de 12 chevaux; la détente est au tiers; la chau- dière sera timbrée à 5 atmosphères 1/2. Quelle sera sa sur- face de chauffe ? La table n" VII indique une consommation de 18''-,5 par cheval, soit 222 kilog. Si la chaudière produit 20 kilog. de vapeur par mètre carré, elle aura 11*"-, 10 de surface de chauffe. 4° Une machine à détente et condensation à un seul cy- lindre est de la force de 40 chevaux; la détente est au cinquième. Quelle doit être la surface de chauffe de la chau- dière timbrée à 5 1/2 atmosphères? Le tableau n° VIII indique une consommation de 10'', 50 par force de cheval, soit de 420 kil. pour 40 chevaux. La surface de chauff'e de la chaudière sera, en admettant tou- jours 20 kilog., de 21 mètres carrés. Réciproquement on pourrait, connaissant les dimensions de la chaudière et sa puissance d'évaporation, en déduire la force maximum de la machine qu'elle alimentera. 5** Une chaudière timbrée à 5 atmosphères 1/2 a une sur- face de chauffe de 11""-, 10 ; elle doit alimenter une machine à détente sans condensation, dont le cylindre a 0™,30 de diamètre et l'",33 de longueur; la détente est du tiers. Quels seront la force maxinmm de la machine et le nombre de coups de piston? ET LES DIMENSIOINS DE LEURS CHAUDIÈUES. M La chaudière évapore 20 kilog. par mètre carré; elle pro- duira en tout 222 kilog. de vapeur; en multipliant ce nom- bre par le coefficient (table III) 0,054, on trouve M^'',988 ou environ 12 chevaux. On a la relation suivante entre les dimensions du cylindre et le nombre de coups de piston : ^ 56 p- . Ici Q _ ^ _ ^^^ ^^^^ ^^ ^,^ Z 5 X 56 X 44,5 Z 4806. Si le diamètre est de 5 décimètres, la longueur de IS^^'^jS, . 4800 on trouvera : n Z- g ^ ^- ^ /. 40, 1 . Quand la machine donne 40 coups de piston par minute, on a toute la force disponible, soit 12 chevaux; si elle ne donne que 50 coups, la force réellement dépensée est de 12 X -— — , soit 9 chevaux. 40 6° Une chaudière timbrée à 5 1/2 atmosphères a une surface de chauffe de 21 mètres carrés; elle alimente une machine à vapeur, à détente et condensation. La détente est au cinquième. Quelles seront la force maximum de la machine et les dimensions à donner au cylindre? La chaudière est supposée évaporer 20 kilog. à l'heure par mètre carré, soit en tout 420 kilog.; en multipliant ce nombre par le coefficient 0,095 (table n° IV), correspondant aux données de la question, on trouve 59''', 90, en nombre rond, 40 chevaux. Le diamètre du cylindre est de 6 décimètres ; le nombre de coups de piston par minute , de 40. Quelle sera la lon- gueur à donner au cylindre? On a toujours Z. d6 -^, ici -^ = = 140. On en tire, après réduction, L Z. 17'''^'^, 5. La longueur du cylindre ne peut excéder 1"',75. 42 RELATIONS ENTRE LA FORCE DES MACHINES A VAPEUR Les applications qui précèdent suffisent pour montrer la simplicité de la méthode exposée. Les différences entre les résultats de mes calculs et ceux des formules ordinaires plus rigoureuses sont peu importantes, et du même ordre que celles qui résulteraient des divers coefficients de rendement indiqués par les auteurs qui ont traité ces matières. Je crois donc que les procédés approximatifs donnés plus haut seront suffisants dans la plupart des cas pour les constructeurs, et peut-être sont-ils assez faciles pour être à la portée des hommes les moins habitués au calcul. TABLES. Détermination de la force en chevaux, correspondant à nn kilogramme d'eau vaporisée par heure. I. Machine sans détente ni condensation. Timbre de la chaudière... 3 3 1/2 à 4 1/2 S 5 1/2 6 Force en chevaux 0,025 0,029 0,031 0,033 0,034 0,03S 0,036 IL Machine sans détente à condensation, 0,04 par kilog. d'eau. III. Machine à détente sans condensation. Degré de détente. TIMBRE. 3 5 1/2 4 4 1/2 5 5 1/2 6 9/10 0,027 0,031 0,035 0,036 0,037 0,058 0,040 4/5 0,050 0,054 0,037 0,040 0,041 0,042 0,043 3/4 0,031 0,055 0,058 0,041 0,042 0,044 0,045 2/3 0,052 0,037 0,040 0,043 0,046 0,047 0,049 3/5 ï 0,038 0,041 0,044 0,047 0,049 0,050 1/2 » r, 0,042 0,046 0,049 0,051 0,053 2/5 » I ') 0,047 0,050 0,054 0,056 d/3 » » '> « » 0,054 0,057 ET LES DIMENSIONS DE LEURS CHAUDIÈRES. 43 IV. Machine à détente et condensation. Degrc de dctenle. timbre. 2 2 1/2 3 3 1/2 4 11/2 5 5 1/2 6 1/2 0,071 0,075 0,071 0,075 0,076 0,076 0,076 0,077 0,077 1/3 0,080 0,083 0,085 0,087 0,087 0,088 0,089 0,089 0,089 1/4 0,083 0,087 0,090 0,092 0,093 0,094 0,094 0,095 0,095 1/5 0,084 0,089 0,092 0,095 0,096 0,097 0,098 0,099 0,099 1/6 0,085 0,091 0,095 0,097 0,099 0,101 0,102 0,102 0,103 1/7 s » » 0,098 0,10 0,102 0,103 0,104 0,105 1/8 ,, 8 » i, 0,101 0,102 0,104 0,105 0,106 1/9 » » » » 3> 0,103 0,104 0,106 0,107 Détermination du nombre de kilogrammes d'eau à vaporiser par forée de cheval. V. Machine sans détente ni condensation. Timbre de la chaudière 3 3 1/2 4 4 1/2 5 5 1/2 6 Consommation en kilogrammes.. 40 54,5 32 30 29,5 28,5 28 VI. Machine sans détente à condensation, 25 kilogrammes d'eau à l'heure. VII. Machine à détente sans condensation. de dclentc 3 3 1/2 4 TIMBRE, 4 1/2 5 5 1/2 6 9/10 37 32,3 30 27,8 27 26,3 25 4/5 33,3 29,4 27 25 24,40 23,8 23,20 3/4 32,3 28,5 26,5 24,40 23,80 22,7 22,20 2/3 31,3 27 25 25,20 21,7 21,5 20,4 3/5 5) 26,3 24,40 22,7 21,3 20,4 20, » 1/2 » » 23,80 21,7 20,4 19,6 18,9 2/5 » » » 21,5 20 18,50 17,8 1/3 y) » » i » 18,5 17,5 M RELATIONS ENTRE LA FORCE DES MACHINES A VAPEUR. VIII. Machine à détente et condensation. Degré de délente. timbre. 2 2 1/2 5 5 1/2 4 4 1/2 5 5 1/2 6 1/2 14 13,7 13,5 13,50 13,2 15,20 13,2 13 13 1/3 12,5 12 11,8 11,50 11,5 H,4 11,2 11,2 11,2 1/4 12 11,5 11, IC 1/5 11,9 11,2 10,9 1/0 1/7 1/8 1/9 11,8 11 10,5 10,90 10,7 10,6 10,6 10,5 10,5 10,50 10,4 10,3 10,2 10,1 10,1 10,3 10,1 9,9 9,8 9,8 9,7 10,2 10 9,8 9,7 9,6 9,5 » 9,9 9,8 9,6 9,5 9,4 )> » 9,7 9,6 9,4 9,3 WOTO SUR LE TRAVAIL DE LA DÉTENTE DANS LES MACHINES A VAPEUR Par m. ESTAUNIÉ, Ingénieur au Corps impérial des Mines. (Mémoire présenté à l'Académie de Lyon, dans sa séance du 25 janvier 1859). On admet généralement, pour déterminer le travail dans les machines à vapeur à détente, la formule suivante: Tm = PV (1 + log. nép. t) dans laquelle Tm est le travail moteur créé par un coup de piston , P la pression de la vapeur avant la détente , V le i volume de vapeur à pleine pression, — la fraction de détente , c'est-à-dire le rapport de la partie de course décrite par le piston pendant l'admission de la vapeur à la course totale. Pour avoir le travail réel , il faudrait retrancher de Tm celui de la contrepression. La formule précédente suppose que la vapeur d'eau suit dans son expansion la loi de Mariotte, mais cette hypothèse n'est pas admissible, puisque la vapeur en se dilatant se re- froidit, et que la loi de Mariotte n'est vraie que si la tem- 46 NOTE SUR LE TRAVAIL DE LA DÉTENTE pérature reste constante. En outre, elle a Tinconvénient de conduire à ce résultat évidemment impossible et qui montre son insuffisance, qu'avec un volume donné de vapeur aune pression connue et par conséquent avec une quantité de chaleur limitée, on pourrait produire une quantité de travail infinie, en poussant assez loin la détente. Quand on calcule théoriquement le travail d'une machine à vapeur, on aiïecte le résultat d'un coefficient de correction destiné à tenir compte des résistances passives de l'appareil, et l'expérience a conduit à choisir un coefficient plus faible dans le cas de la détente, afin d'avoir égard à la perte de force due à l'abaissement de température de la vapeur d'eau pendant la détente. C'est le procédé suivi le plus généra- lement, et cependant il a le défaut évident de ne pas faire varier le coefficient de correction avec le degré de détente, et, partant, l'abaissement de température. On a aussi essayé d'admettre la loi de Mariette en déterminant par elle la pression finale et diminuant la pression calculée d'autant de trentièmes qu'il y a d'unités dans t. Mais cette correction complique le calcul et est d'ailleurs basée sur un trop petit nombre d'expériences pour être appliquée sûrement. On démontre en mécanique que lorsqu'un gaz se détend en conservant la même quantité de chaleur totale, et que par conséquent sa température s'abaisse par la dilatation, la relation qui lie à chaque instant le rapport des volumes et celui des pressions est la suivante: -p- = ( — ) : p et P sont les pressions correspondantes aux volumes v et V de la masse gazeuze, y est le rapport des capacités calorifiques du gaz à pression constante et à volume constant. Il résulte des recherches de Dulong (Péclet, Physique, tome II, 4" édition, page 577) que le rapport y est à très- peu près égal pour la vapeur d'eau à — -. On a dans ce cas : ^ = ( — )t . On DANS LES MACHINES A VAPEUR. 47 pourrait objecter que certains diagrammes relevés sur des machines de Cornwali donnent pour les pressions de la vapeur, au commencement de l'expansion, des valeurs même supérieures à celles déduites de la loi de Mariette ; mais ce fait exceptionnel s'explique, comme l'a fait voir M. Combes, par la présence d'un peu d'eau liquide sur la face motrice du piston; au moment de la détente, la vapeur n'étant plus à saturation , cette eau peut se volatiliser et la chaleur nécessaire est fournie par l'enveloppe de vapeur qui entoure le cylindre. Dans la plupart des machines cette circonstance ne peut avoir lieu ; non seulement, et c'est là le tort de ceux qui les emploient, il n'y a pas restitution par une enveloppe de vapeur ou de gaz chauds de la chaleur absorbée, mais encore il y a déperdition de calorique par rayonnement. On pourra donc appliquer à la vapeur d'eau le théorème précédent et arriver à une expression assez simple du travail. Je conserverai les notations déjà admises et désignerai en outre par V le volume total du cylindre. On sait que le travail de la vapeur, pendant un coup de piston, a pour mesure : rm = yp+/ pdv. On aura successivement JL P 3_ 3 p = PV 2 V —'2 pdv = PV? / t;-| dv=: — 2PV^ i;-? / p(iî; = — 2PV'2 V'-F -{- 2Pvl v-2' = 2Pvri —f^y~) y L'expression du travail total devient en remplaçant -yr par sa valeur — : Tm = PV(^3 — 2 ^l \ 48 NOTE SUR LE TRAVAIL DE LA DÉTENTE Le tableau suivant donne pour des valeurs pratiques de — le calcul comparé des facteurs 5 — 2 J^ ]_ 1 + /. / de la nou- f velle et de l'ancienne formule : -i- = 0,9 0,8 0,7 0,0 0,5 0,i O.ô 0,2 0,1 i 4- /. « = 1,10 1,22 1,36 1,51 1,69 1,92 2,20 2,01 3,50 3— 2^r= ijo 1,21 1,53 1,45 1,58 1,74 1,90 2,11 2,57 t Z:\.Di(r. absolue 0 0,01 0,05 0,00 0,11 0,18 0,50 0,50 0,95 A . i-\- It 0,8% 2,2»/,, 4"/o 6,5% 9,4% 14% 19% 28% La comparaison se ferait mieux en construisant les courbes î/=l -^-l.t /y =5 — 2 ^r" dans lesquelles t varie de 1 à l'infini. Elles partiraient d'un même point dont les coordonnées seraient ï/ = 1, « = 1; elles auraient pour tangente commune la droite joignant ce point à l'origine, et, tandis que l'une s'éloignerait à l'infini , la courbe ?/ = 5 — 2 ^«7 aurait une t asymptote parallèle à l'axe des abcisses et à la distance y = 'ù de l'origine des coordonnées. Il est facile de voir que la droite joignant l'origine au point y = 1 y = \ représente le travail pendant que la vapeur agit à pleine pression. Le tableau précédent montre que la différence entre les résultats des deux formules croît quand la détente est plus considérable, et l'on retrouve ce fait, déjà vérifié par la pratique, qu'il n'est pas toujours avantageux de pousser trop loin la détente. On peut aussi en conclure qu'il est très-utile, quand la détente est considérable, d'entourer le cylindre d'une chemise de vapeur, afin de lui restituer à chaque instant la chaleur perdue par la dilatation du gaz. L'ex- pression nouvelle du travail ne permet plus de croire à un travail infini avec une quantité donnée de chaleur. Elle fixe DANS LES MACHINES A VAPEUR. 41) le maximum à trois fois le travail de la vapeur agissant à pleine pression. En résumé la formule que je propose est théoriquement plus exacte que celle admise ordinairement ; elle est plus simple dans l'application, puisqu'elle ne contient plus un loga- rithme hyperbolique nécessitant une table qu'on n'a pas tou- jours à sa disposition. Enfin elle a l'avantage de ne pas exiger un coefficient de correction différent, suivant que la machine à vapeur considérée est à détente ou sans détente. On pourrait seulement lui reprocher d'être un peu plus difficile à démontrer, mais c'est un léger inconvénient si elle est plus exacte : d'ailleurs les constructeurs s'inquiètent ra- rement de l'origine des formules auxquelles ils sont obUgés de recourir. Arad. de F^yon, Cl. des Sciences, t. IX. INFLUENCES DE LA STRUCTURE ET DU RKGIMK PLUVIAL IIE L\ CONCAVITÉ BOURGUIGNONNE SUR LES INONDATIONS DE LYON, Par M. FOVRIVF.T, Correspondant do l'ïnstitnl , Prnfcsspiir à la Faoulti' des Srienecs (If Lyon. (Lu à l'Académie impériale de Lyon, dans la séance du 25 janvier d8o9). Envisagé d'une manière générale, le bassin de la Saône montre une vaste concavité comprise dans la circonvallation formée par le Jura, les Vosges, par les montagnes occidentales de Langres, de la Côte-d'Or, du Chàlonnais et du Lyonnais. Elle a pour issue les portes rocheuses de la base du Mont-d'Or, de Pierre-Scize et du promontoire bressan à Lyon. Cette concavité a reçu des géographes le nom de Bassin bourguignon; mais, satisfaits de cette indication sommaire, ils n'en ont pas complété la description. Avec plus d'attention, ils auraient trouvé une curieuse dépression centrale, dont j'ai fait mention en 1838 (Ann. de la Soc. d'Agr. de Lyon), et qui a été également observée depuis par M. Raulin. professeur INFLUENCES DE LA CONCAVITÉ BOIIPJÎIICNONNE. k)\ à la Faculté des Sciences de Bordeaux. Ce creux jouant un nMo capital dans nos crues, j'ai jugé à propos d'en faire ressortir les principaux caractères hydrographiques, dans l'espoir d'être utile à ceux d'entre MM. les Iiigénieurs des ponts et chaussées, qu'une heureuse institution appelle à s'occuper spécialement de nos rivières. Mes premiers détails à ce sujet ont été consi- gnés dans les Comptes rendus de l'Institut pour l'année 1856. La partie la plus dilatée de cet enfoncement, qui est, à peu de chose près, comprise entre Verdun et Màcon, devient particulièrement remarquable par suite de la disposition des rivières qui s'y jettent. Elle est telle qu'il en résulte une convergence, d'autant plus singulière qu'elle se lie aux allures rétrogrades de quelques-unes d'entre elles, malgré la déclivité générale du sol. En effet, dans la Saône supérieure, qui est limitée au nord par la chaîne des Ballons et par les collines du Haut-Suntgaw, les cours d'eau tirent, soit du NE au SO, soit vers le S, suivant le plan de pente le plus étendu du bassin. D'au- tre part, le talus formé par les côtes occidentales en fait décliner du NO au SE. C'est pourquoi les cartes montrent la Saône, le Coney, l'Ognon, le Doubs, la Loue, la Braine, obéissant aux premières directions, tandis que l'Apance, l'Amance, le Saulon, la Vingeanne, la Tille et l'Ouche, cou- lent dans le dernier sens. Au sud, on voit, au contraire, le Solnan, un des princi- paux affluents de la Seille, la Reyssouse, la Veyle, la Cha- laronne, courants bressans, remonter du SE au NO et réciproquement sur l'autre versant, quelques parties de la Grande-Grosne et la Brevenne, affluent de l'Âzergues, ten- dent du SO au NE. Enfin, entre les rivières méridionales et septentrionales, la Seille à l'est, la D'Heune à l'ouest, complètent le rayonnement. Il s'ensuit donc que l'ensemble S2 INFLUENCES DE LA STRUCTURE ET DU RÉGIME PLUVIAL de ces directions pourrait, au besoin, figurer une rose hydro- graphique ayant, sinon pour centre, du moins pour axe peu prolongé, une partie de la Grande-Saône, et l'on arrive à conclure qu'ici se trouve un concursus aquariim, à l'inverse des divortia qui s'effectuent autour des lignes de faîte. On conçoit de plus qu'aux moments des fortes pluies , il doit s'établir dans cette concavité une accumulation d'eau, un vaste lac temporaire, dont s'échapperont les grosses ondes faisant de la Saône cette rivière aux crues prodigieuses et complexes, dont la Garonne pyrénéenne et auvergnate, seule en France, dépasse l'ampleur, d'après la juste remarque de notre collègue, M. Bravais. Ces indications générales, fournies par l'inspection hydro- graphique des lieux, conduisent immédiatement à concevoir l'existence d'un vaste amphithéâtre, des bords duquel décou- lent, de toutes parts, des eaux aboutissant à la Saône, et dès ce moment, on est amené à en analyser la forme. Dans ce but, nous allons faire connaître quelques chiffres de nature à donner, avec une précision suffisante, les notions que l'on peut désirer à ce sujet. L'amphithéâtre en question ayant une forme elliptique irrégulière, il s'agit d'abord de tenir compte de l'étendue de ses divers rayons parce qu'ils donnent l'idée approximative de celles des parties qui concourent à l'alimentation de la Saône. En cela, nous prendrons pour centre l'embouchure de la Seille, qui, par sa position, satisfait d'une manière convenable aux conditions requises en pareil cas, et, distin- guant d'ailleurs les lignes de la rive droite de celles de la rive gauche, nous arriverons à composer le tableau suivant : DE LA CONCAVITÉ BOURGUIGNONNE. 55 Rive gauche. Rayons. Longueur. l» Rayon SO-NE , limité par la chaîne des Ballons, vers Plombières 200 kil. 2» Rayon E-0 aboutissant aux hauteurs de Cuiseaux dans le Jura 40 kil. 3o Rayon SE-NO traversant la région des étangs de la Bresse , et arrêté à la ligne de partage entre le Rhône et la Saône vers Chalamont. 60 kil. Rive droite. Rayons. Longueur. lo Rayon SE-NO terminé au bief de partage du canal de Bour- gogne 90 kil. S" RayonO-E borné parla chaîne châlonnaise,prèsdessources de la Guye 33 kil. 3o Rayon NE-SO finissant dans les montagnes lyonnaises, à ■] la source de la Brevenne. . 103 kil.. Rayons. Longueur. Rayon S-N dont l'extrémité se trouve au plateau de Langres, près des sources de la Tille. . 135 kil. Rayon N-S arrêté à Neuville vers l'entrée du goulet de Lyon. . 70 kil. Ces nombres ne laissent aucun doute au sujet de la pré- pondérance du versant gauche de la Saône sur le versant de la droite. Cependant on peut encore leur donner une plus grande importance en mettant en regard les superficies des bassins partiels qui entrent dans la composition du bassin général de la rivière. Ces éléments sont réunis ci-dessous : Bassins de la rive gauche. kil. q. Lanterne 942,27 Ognon 1791,19 Doubs 4955,15 Savoureuse 1561,93 Loue 1331,50 Dorain 258,00 Guyotte 112,60 Seille 2004,75 Reyssouse 462,15 Veyle 690,45 Clialaronne 244,20 14354,19 Bassins de la rive droite. kil. q. Saulon 404,20 Vingeanne 504,77 Tille 1235,67 Ouche 523,30 Vouge 266,30 Meuzin C60,62 Grosne 1117,72 Azergues 870,12 5582,90 54 INILUENCES DE LA STRUCTURE ET DU RÉGIME PLUVIAL kil.q. Saône supérieure avec ses autres petits aflïucnls jusqu'au Doubs. 5805,40 Saône inférieure avec ses autres petits affluents jusqu'à Lyon. . .5582,(52 7186,02 Surface totale 27125,11 Ainsi donc, de la superficie totale du bassin de la Saône, une fraction plus considérable que tout le reste est occupée par la rive gauche. Cette supériorité, combinée avec ce qui a déjà été dit au sujet de l'arrangement rétrograde des vallées de la Bresse, semble tout d'abord devoir dériver de l'interposi- tion de quelque longue et haute arête établie au sud de cette région , de manière à empêcher l'écoulement direct des eaux dans le sens du pendage général. D'ailleurs, cette même arête, combinée avec le pâté du Mont-d'Or, qui lui-même se rattache aux montagnes lyonnaises, composerait de ce côté une clôture hermétique pour la concavité bourguignonne, dans le cas où la porte de Rochetaillée et l'issue des eaux vers le Rhône par le goulet de Pierre-Scize, n'existeraient pas. Eh bien, la barrière en question est purement fictive, du moins avec l'état que l'imagination peut se plaire à lui attribuer par avance. Au premier aspect, la Bresse apparaît comme étant une contrée éminemment plate, horizontale, et il faut examiner attentivement les lieux pour découvrir, à l'extrémité de cette nature spéciale, une large dorsale, doucement déclive vers le NO, escarpée du côté SE, orientée du SO au NE, et partant de Montessuy au nord de la Croix-Rousse , pour aboutir aux premiers chaînons jurassiques vers Chalamont. D'un côté et de l'autre de ce bourrelet, les eaux divergent en étendant un lit plus ou moins prolongé du côté de la Saône, tandis que le trajet de celles qui se jettent dans le Rhône est fort court. Le Solnan, la Reyssouse, la Veyle, la Cha- laronne, sont dans le premier cas. La Toison, le Longerant, la Sereine et divers menus torrents appartiennent à la seconde DE LA CONCAVITÉ BOUUGUIGINOMNE. 55 catégorie. Au surplus, l'obliquité du bourrelet détermine l'obliquité du plan de pente principal, et de là cette direction vers le NO, qui amène les rivières principales de la Bresse à se rendre dans les plaines mâconnaises et chàlonnaises, à la rencontre de celles qui arrivent des parties septentrionales et occidentales de la contrée. Dans le but de préciser encore davantage la spécialité de cette structure, décomposons la région bressane en diverses zones se succédant du sud au nord, parallèlement à l'arête de partage ; groupons de plus les altitudes des points les plus élevés de chacune d'elles, d'après les indications des cartes de l'état-major, afin d'en déduire leurs hauteurs moyennes, et nous obtiendrons les séries suivantes : Ahitudes moyennes. Zone culminante depuis le versant du Rhône jusqu'à la limite des grands étangs ôOl"' Zone des étangs de Trévoux, St-Trivier et Fareins 280 Zone des étangs de Guérins à Bourg 262 Zone de Thoissey au Mont-Juif. 226 Zone de Màcon, Pont-de-Vaux, Varance, St-Sauveur et MoUard. 217 Zone de la Truchère, d'Ouroux, de Châlon et du Rondot. . , . 199 Ainsi donc, l'abaissement progressif, depuis les environs de Lyon jusqu'à la latitude de Châlon, ne peut plus lais- ser aucun sujet de doute. Et pour résumer la question, je dirai que les grands plans qui s'inclinent de toutes parts vers la concavité bourguignonne, depuis les hautes arêtes du Jura, des Ballons et de la chaîne occidentale, aussi bien qu'à partir des simples dorsales du Lyonnais, de la Bresse, du Haut-Sun tgaw, de Langres, constituent un udomètre gigan- tesque, mais inégal, et dont chaque partie devra par consé- quent jouer un rôle distinct dans les grandes inondations. La pluie étant générale, le versant occidental, moins étendu en surface, mais très déclive, produira un flot rapide et de 56 I?(FLLENCES DE LA STKUCTUftE ET DU RÉGIME PLUVIAL minime importance. C'est pourquoi les crues de l'Azergues, de la Grosne et des autres rivières disposées de ce côté sont à peu près insignifiantes par elles-mêmes. Dans le même cas, les Ilots venant du Jura seront plus tardifs, plus soutenus, en raison de la moindre inclinaison du sol, mais aussi plus volumineux. La surface étant plus grande, le Doubs et la Seille joueront, entre autres, un rôle important à ce point de vue. Enfin, la part provenant des Ballons et en général de l'ensemble de la Saône supérieure, sera encore moins accélérée puisque sa superficie est plus développée, en même temps qu'elle est moins inclinée que celles des sections adjacentes. Toutefois, la convergence des affluents ne suffit pas pour expliquer, d'une manière complète, les exaspérations d'une rivière aussi lente que l'est la Saône. Il importe encore de tenir compte des changements qui surviennent dans le régime pluvial , suivant les configurations locales. Il est admis que, toutes choses égales d'ailleurs, la pluie est la plus abondante dans tous les pays où l'évaporation est la plus active. De cette manière, on explique l'énormité des pluies des zones tropicales, de la plupart des contrées chaudes, et l'on peut également faire l'application de cette loi à la Bresse, à cause de ses nombreux étangs. Cependant, ce principe, vrai pour les régions basses, se trouve en quel- que sorte interverti quand il s'agit des plaines comparées aux montagnes. D'après les données de la Commission hydro- métrique et de quelques autres observateurs, les moyennes annuelles des pluies de 12 stations sont distribuées de la manière suivante entre le Jura, la plaine et les montagnes occidentales : Ligne Payi bas Pai/s-bas Montagne! jurassiifue. de ta rive gauche '/f; ta rive droite. occidentales Pluie moyenne. . .l'iHI"""/) 967""", (i 678"'"',8 851'""',9 DE LA CONCAVITÉ BOURGUIGNONNE. 57 D'autres localités hautes et basses, prises à diverses lati- tudes, me fournissent encore les rapprochements suivants : Grand-St-Dernard. Genève. Altitudes 24.91'» 407" Pluie 21o7'"'",0 827""" Joyeuse. Viviers. Orange. 147m 53m 47m '103o'"'»,0 755""",0 641°"",0 Alpes orientales. Plaines du Pô. Apennins. 1496'»'",0 779""°,0 915'»°',0 De pareilles concordances ne permettent pas de mettre en doute l'influence des culminations, et l'on voit de plus que la quantité d'eau pluviale augmente en raison des altitudes. Or, le Jura étant plus élevé que le plateau de Langres, il s'ensuit naturellement qu'il doit y tomber plus d'eau, et qu'à égalité de surface pluviométrique, les rivières jurassiques doivent avoir un plus grand débit que les rivières du versant occidental. Ces conditions suffiraient déjà pour porter à fixer l'attention d'une manière toute spéciale sur nos cours d'eau de la rive gauche de la Saône ; mais on va voir qu'ils se re- commandent encore à d'autres titres. En effet, distinguons les données propres aux régions montagneuses de l'ouest et de l'est; subdivisons de plus la partie basse en plusieurs zones parallèles, et nous aurons les résultats indiqués par le tableau suivant : 58 INFLUENCES DE LA STRUCTURE ET DU RÉGIME PLUVIAL .2 K> u ^ o o i; ^ co »^ es -2J o O C-» To •o c» O Cl c* l^ «j ■o "S e O O s (N ÇO o CO s l" a: Si -! E c»a »f> O ^ ^ ÇÛ ir-. ** »f3 -^ '3 00 lo g -^ o J= — ^ o <: s. '- = =) CJ w « -a .=. O < O «s o -< C - cj "O .« <^ " Branche!. a s t3 « c o a -3 CD o Elytres ordinairement glabres, non tuber- culeuses et peu ou point obliquement coupées sur les côtés de leur base; parfois indistinctement garnies de poils ou finement granuleuses, mais alors soit des antennes à articles 7 à 10 moni- liforraes, soit des tibias antérieurs élargis et dentés. Pentuicaires. ii i o 03 Wl o " -1 '€ s 2 « .5 a> Elytres généralement garnies de soies, de poils ou de tubercules, avec les côtés de leur base plus ou moins obliquement coupés. Antennes n'offrant pas ordi- nairement le ï« article moniliforme. Tibias antérieurs non dentés. Opatraircs. Elytres munies à la base d'un repli prolongé depuis l'angle humerai, au moins jusqu'à la moitié de la largeur de ladite base; à repli marginal égal dans son milieu au tiers de la partie visible de la base du médipectus. BLACODAinEs. Dernier article des palpes maxillaires ordinairement soit ovoïde ou élargi d'arrière en avant jusqu'à la moitié de son côté interne et rétréci ensuite, soit faiblement élargi d'arrière en avant jusqu'à l'extrémité, parfois sécuriforme; mais alors elytres ciliées latéralement et garnies de soies ou d'écaillés en dessus. Tibias antérieurs le plus souvent élargis et dentés. Elytres sans repli basilaire; à repli marginal étroit. CjEDIaires. à grosses facettes, entiers, arrondis ou non entamés par les joues jusqu'au quart de leur côté externe. Elytres ciliées latéralement; garnies en dessus de soies ou d'écaillés. Lf.ichenaires. PREMIÈRE RRâNCHE. PEIVTHICAIRES. Caractères. Yeux entamés par les joues au moins jusqu'au tiers de leur côté externe. Palpes maxillaires à dernier article sécuriforme. Prothorax avsLncé ordinairement jusqu'aux yeux, dont il enclôt un peu la moitié externe postérieure avec le côté interne de ses angles de devant; le plus souvent sans 6B OPATRITES. sinuosités ou à faibles sinuosités ù la base. Elylres sans repli basilaire; glabres ou indistinctement garnies de poils, en général simplement ponctuées ou pointillées ; quelquefois finement granuleuses, mais alors soit des antennes offrant les 7' à lO** articles moniliformes, soit des tibias antérieurs élargis et dentés ; à repli marginal moins large dans son milieu que le quart de la partie visible du médipectus, et non prolongé jusqu'à l'angle suturai. Partie anléro-médiaire du premier arceau ventral large, subparallèle entre les hanches, tronquée ou très-obtusément arquée en devant. Tarses postérieurs à dernier article toujours le plus long. Corps suballongé ou ovalaire, ni garni de soies ou d'écaillés, ni chargé de tubercules, en dessus. Ces insectes peuvent être partagés en deux rameaux. Rameaux. échancré en arc faible mais régulier, à la base, avec les angles postérieurs un peu dirigés en arrière et appuyés sur les élylres. Corps oblong. HÉTÉRorinxATES. non échancré en arc faible mais régulier, à la base, avec les angles postérieurs s'appujant sur les élytres; tantôt en ligne presque droite ou à peine échancrée sur les deux tiers ou trois quarts médiaires, tantôt faiblement bissinué, à la dite base. Penthicates. PREMIER RAMEAU. Hétérophylafes. Caractères. Prothorax échancré en arc faible mais régulier, à sa base, avec les angles postérieurs appuyés sur les élytres. Corps oblong; non cilié latéralement. Cette branche est réduite au genre suivant : o a. HÉTÉROPHYLATES. — Heleropfiylus. 69 Genre Heterophylus , Hétérophyle. {hc/iôouhi, d'une autre tribu, étranger). Caractères. Ajoutez aux précédents : Yeux plus larges que longs; à facettes assez grossières; non coupés jusqu'à la moitié par les joues, qui ne les débordent pas sur les côtés. Epistome échancré en arc. Labre écliancré. Antennes assez courtes; oifrant les quatre derniers articles subcomprimés, graduellement plus gros : le 3^ une fois environ plus long que large ; les 8^ à iO* plus larges que longs. Prolhorax presque tronqué en devant, subarrondi aux angles de devant, sensiblement plus large que la tête au côté externe des joues et des yeux. Elijtres aussi larges en devant que le prothorax à ses angles postérieurs ; à repli ne dépassant pas le bord postérieur du 4*^ arceau ventral. Menton chargé d'une carène médiane; élargi d'arrière en avant : à angles antérieurs vifs. Prosternwn en fer de lance, déclive postérieurement. Partie antéro-médiaire du premier arceau ventral assez étroite, presque parallèle entre les hanches, obtusément arquée en devant. Pieds médiocres. Tibias antérieurs comprimés, mé- diocrement élargis de la base à l'extrémité : les postérieurs non sensiblement râpeux. Obs. L'insecte sur lequel est fondée cette coupe avait été placé, par Dejean, à la fin de son genre Heliopates, composé d'éléments assez divers. Par la forme de son corps et celle du bord postérieur de son prothorax, il se rapproche des Pedines et des Cryptiques. II s'éloigne des derniers par son epistome et par son labre échancré; il se distingue des premiers par ses yeux peu entamés par les joues, par ses tibias, par la partie antéro-médiaire du premier arceau ventral plus étroite, et surtout par le repli des élytres non prolongé au-delà du 4° arceau ventral. Par ces deux derniers 70 OPATRITES. caractères et par ses yeux à facettes assez grosses, il appar- tient aux Opatrides qu'il semble lier aux genres précités. 1. H. picipes; Faldermann. Oblong ; médiocrement convexe; pointillé; çjlabrc et variant du noir brun au brun rouçjeàtre en dessus ; pieds d'un brun rouge ou roiujeàtre. Antennes grossissant plus sensiblement vers V extrémité. Prothorax arrondi aux angles de devant jusqu'au tiers, parallèle ensuite; échancré en arc faible et régulier à la base ; rayé d'une ligne au devant des côtés de celui- ci; à rebord très-étroit et tranchant sur les côtés ; près d'une fois plus large que long. Elytres subparallèles jusqu'à la moitié, siibarrondies ou en ogive à l'extrémité; offrant au pioins sur leur moitié interne les traces plus ou moins distinctes de très-faibles côtes. Prosternum ponctué ; sans rebords. cf. 2® et 5^ articles des tarses antérieurs, et moins forte- ment ceux des intermédiaires, dilates; soyeux en dessous. $ . Tarses non dilatés. Elytres moins parallèles ou plus sensiblement élargies dans leur milieu. Cryptions picipes (Steven). Heliopates picipes (Dejean). Catal. (1833), p. 191. — Id. (1837), p. 212. — Fal- dermann, Faun. entom. transcauc. t. 5, 2' part. p. 55. 324. — Ménétr. Descrip. des Ins. reciieill. par feu M. Lehniann, in. Mém. de l'Acad. d. Se. de Saint- Pélersb. 6<> série (Se. nat.), t. G, p. 238. 458. — Jd. Tiré à part, p. 22. 458. Suivant Dejean, ce serait le Crypticus glaber de quelques auteurs russes. Long. 0,0056 (2 1/2). Larg. 1,0022 (11). Corps oblong ; médiocrement convexe ; glabre ; variant du noir brun au brun rouge ou rougeâtre en dessus. Têle une fois au moins plus large que longue; finement ponctuée; non relevée sur le côté des joues ; creusée d'un sillon assez faible sur la suture frontale. Labiée et palpes bruns ou d'un rouge brun. Antennes de même couleur; prolongées presque jusqu'aux angles postérieurs du prothorax; à 5® article une fois environ plus long que large : les ¥ à T"" un peu obconi- iiÉTÉROPHYLATES. — HcLerophylus. 71 ques : le 4^ plus long que large : le S*' à peine aussi long que large : les G'' et 7" plus larges que longs : les 8^ à 11'^ sub- comprimés, sensiblement plus gros, plus larges que longs : les 8^ à 10® cupiformes : le 11® en ovale obliquement tronqué et anguleusement avancé à sa partie antéro-externe. Pro- thorax tronqué à son bord antérieur, avec les angles subar- rondis ; sensiblement plus large en devant que la tête ; élargi en ligne un peu courbe jusqu'au tiers, subparallèle ou à peine rétréci ensuite ; à angles postérieurs rectangulairement ouverts et appuyés sur les élytres ; échancré en arc régulier assez faible à la base ; rayé au-devant des côtés de celle-ci ; muni latéralement d'un rebord très-étroit, un peu relevé et tranchant; près d'une fois plus large que long; convexeî pointillé ou très-llnement ponctué; ordinairement marqué d'un point enfoncé, un peu au devant de la base, vers chaque cinquième externe de sa largeur ; variant du noir brun au brun rougeâtre, ordinairement plus foncé que les élytres chez les individus imparfaitement colorés. Ecusson en triangle deux fois et demie aussi large à la base qu'il est long sur son milieu. Elytres au moins aussi larges en devant que le prothorax; trois fois au moins aussi longues que lui; sub- parallèles jusqu'à la moitié, faiblement rétrécies ensuite jus- qu'aux trois cinquièmes , en ogive ou subarrondies postérieu- rement; munies latéralement d'un rebord tranchant, étroit et relevé, affaibli vers l'extrémité, visible quand l'insecte est examiné en dessus ; médiocrement ou peu fortement convexes ; variant du brun noir au brun rougeâtre; pointillées ou finement ponctuées; offrant, au moins sur leur moitié interne, les traces de côtes plus ou moins légères et parfois faiblement distinctes. Repli à peine prolongé jusqu'au bord postérieur du 4" arceau ventral; d'un rouge brun. Dessous du corps de couleur analogue; assez linenient ponctué ft marqué de fines rides ponctuées sur les côtés de l'antéppctus, 72 OPATRITES. finement ponctué sur le ventre. Prosternnm en fer de lance; ponctué; un peu déclive postérieurement. Pieds d'un rouge brun ou brunâtre ; peu garnis de poils fins. Cuisses un peu renflées. Tibias antérieurs comprimés, élargis depuis la base jusqu'à l'extrémité, au moins aussi larges à celle-ci que le tiers de leur arête externe, râpeux en dessous: tibias intermédiai- res et postérieurs moins élargis, moins comprimés, faiblement râpeux. Dernier article des tarses postérieurs à peine plus long que le premier. Patrie: La Russie méridionale, la Géorgie, la Perse occi- dentale, les déserts de Kisil-Koum. 2. H. latlasoalas ; MotsCHOULSKY. Oblomj ; médiocrement convexe; pointillé; noir ou d'un noir brun; pieds moins obscurs. Antennes grossissant yraducllement vers l'extrémité. Prothorax arrondi aux angles antérieurs J!iH«fb?, lobe; JV'/ji) cou). Caractères. Yciix entamés, jusqu'à la moitié de leur côté externe, par les joues qui les débordent extérieurement et qui sont obliquement coupées à leur bord postérieur. Epislomc entaillé en angle ouvert. Labre échancré. Prothorax offrant le côté externe de ses angles de devant en ligne correspon- dante avec le côté externe des joues; coupé à la base en ligne droite sur chaque cinquième externe de celui-ci, avec la partie médiaire arquée en arrière. Elylrcs à rebord marginal ordinairement invisible quand l'insecte est examiné en dessus. Tibias intermédiaires et postérieurs très-grêles et non râpeux. Corps suballongé. Obs. L'insecte sur lequel cette coupe a été établie était en assez mauvais état. Il manquait d'antennes et de pieds antérieurs. i. li. rufeiscens. Suballongé ; convexe; fj labre ; d'un brun rou ficaire en dessus, plus clan en dessous. Prolhorax un peu élargi en ligne médiocrcmcnl arquée sur les l'ENTiiiCATES. — Loboderii. 81 côlés; en ligne droite sur chaque cinquième exlerne de an base, avec la partie médiaire arquée en arrière; pointillé sur le dos; ponctué sur les côtes. Elijtres subparallèles jusqu'à la moitié, subarrondies postérieurement ; obso- lètemeul ponctuées; à stries lérjères, étroites et ponctuées, àpeine distinctes sur leur moitié externe. Pieds grêles. Heliopalcs rufescens (Manneriieui) , in liller. Long. O,O0G7 (3'.). Largeur 0,002 (1 1,8). Corps suballongé ou allongé; convexe; glabre; d'un brun rougeâtre, en dessus. Tête finement ponctuée; anguleuse; à peine sillonnée sur la suture frontale. Epislomc entaillé en angle ouvert. Lahre échancré. Yeux noirs ; à fossettes assez grosses. Palpes d'un rouge testaeé. Prolhorax fortement échancré en arc, en devant, avec les angles antérieurs avan- cés en forme de dent jusqu'au bord postérieur des joues; élargi en ligne médiocrement arquée sur les côtés; coupé en ligne droite sur chaque cinquième externe de sa base , avec la partie médiaire arquée en arrière ; à peine rebordé sur les côté; sans rebord à la base; de deux tiers plus large à celle-ci qu'il est long sur son milieu; convexe; un peu arqué longi- tudinalement ; d'un rouge brunâtre ; ponctué sur les côtés, pointillé sur le dos; offrant les f;iibles traces d'une ligne mé- diane à peine élevée. Ecusson en triangle une fois plus large que long. Elytres aussi larges en devant que le prothorax; trois fois environ aussi longues que lui sur son milieu; en ligne droite à la base, avec l'angle humerai rectangulairement ouvert; subparallèles jusqu'à la moitié , en ogive ou subar- rondies postérieurement; munies d'un rebord latéral très- étroit, peu visible quand l'insecte est examiné en dessus; médiocrement convexes sur le dos, convexement déclives sur les côtés; d'un brun rougeâtre ; obsolètement ponctués; mar- quées de rangées strialcs de points ou de légères stries ponc- tuées, peu distinctes sur leur moitié externe et indistinctes à Acad. de Lyon, Cl. des Sciences, i. IX. 6 8:2 OPATP.ITES. rexlrémité. liepli d'un rouge testacé; à peine plus laiiçe que le postépisternum vers l'extrémité postérieure de celui-ci; ré- tréci à partir du bord postérieur du 4® arceau et terminé vers la moitié de la longueur du 5^. Dessous du corps d'un rouge brunâtre ou d'un rouge testacé; faiblement ponctué sur les côtés de l'antépectus et sur le ventre. Prosternum convexe- ment déclive après les hanches ; sillonné sur son milieu. Pieds d'un rouge testacé : les intermédiaires et postérieurs (les seuls existant chez l'individu) très-grêles: tibias non râpeux. Dernier article des tarses postérieurs plus long que le premier. Patrie : Steppes des Kirghises. (Coll. Mannerheim). Genre Pcnlhicus, Penthique ; Faldermann (1). (ic;v$txbi, lugubre) Caractères. Yeux entamés environ jusqu'à la moitié de la longueur de leur côté externe, par les joues qui les débor- dent et qui sont ordinairement coupées d'une manière obli- que à leur bord postérieur. Epislome profondément entaillé ; à côtés de l'entaille en ligne courbe. Labre échancré et cilié. Antennes offrant ordinairement les 7" à 11« articles plus gros, subcomprimés: les 7^ à 10'' submoniliformes. Frolhorax of- frant le côté externe de ses angles de devant ordinairement en ligne correspondante avec le côté externe des joues; fai- blement bissinué h la base, à sinuosités non en ligne courbe (1) Faldermann a établi son genre PcMÏ/u'cus dans le bulletin de la Soc. i. d. Nalur. de Mosc. t. 9 (1856), p. ô84, et dans le t. S, 2» partie (1857), p. Gl des nouv. Méni. do. la Soc. i. d. Naturalistes de Mosc. Ce genre correspondait h peu près à celui (i'Opalroides de M. Urullé; il a ici des limites plus étroites. Faldermann plaf'ait son genre Pcnlhicus dans le voisinage de celui de Tenebrio; il semble plus naturellement appartenir h nos Opalriles. PENTiiicATES. — Peulhicus. 85 régulière, avec les angles dirigés en arrière et la partie mé- diaire en ligne presque droite, à peine aussi prolongé en ar- rière que les angles. Ëcusson de deux tiers au moins plus large que long. EJylres au moins aussi larges en devant que le prothorax; non élargies après l'angle humerai; à rebord marginal au moins en partie invisible quand l'insecte est exa- miné en dessus, ^t/es nulles ou rudimentaires. Partie anléro- mcdiaire du premier arceau ventral large, tronquée. Tibias antérieurs en général assez faiblement élargis ; ni dentés, ni festonnés sur leur tranche externe : les intermédiaires et postérieurs râpeux ou spinosules. Ocs. Les insectes de ce genre se distinguent de ceux qui composent le genre Opatroides, par les joues prolongées jus- qu'à la moitié seulement du côté externe des yeux et ordinai- rement obliquement coupées à leur bord postérieur; par les sinuosités de la base du prothorax non régulièrement arquées; par le rebord des élytres en partie invisible , quand l'insecte est examiné en-dessus, etc. A. Prolhorax n'oCfrant pas sur les côtés un rebord tranchant et relevé. B. Ecusson en demi-hexagone, à peine une fois plus large que long. 1. P. moletstas ; Faldermann. Snhallongé ; noir , avec les tarses d'un rouge brun et les antennes (jrêles, d'un rouge testacé. Tête subanguleuse. Protliorax arqué sur les côtés ; sub- sinué et déprimé vers chaque quart externe, à la base ; relevé en rebord sur la partie médiaire de celle-ci; latéralement rebordé ; convexe ; ponctué, avec quelque tendance à la réticulation sur les côtés, Ecusson en demi- hexagone. Elytres un peu plus larges à la base que le prothorax ; à rebord marginal apparent jusque vers la moitié ; à stries ponctuées. Intervalles plans et peu densement ponctués en devant , à peine convexes cl subgra- nulcusement ponctués postérieurement. Tibias antérieurs sinueusemcnt élar- gis d'arrière en avant , avec l'angle antéro-externe en forme de dent. Penlliirus moteslus, FAi.nFir.M. lîoroiclirning /. Kaefer-Kiindi', etc. in Bullei. de la 84 OPATIUTES. Soc. imp. d. Naliir. clo Mosc. t. ".) (ISôG), p. 538. — Ménétriés, Inseclos re- cueillis par M. Leliiiiniinn, in Mém. de l'Acail. i. d. Se. de Sainl-Pttersb. (> série (Sciences nalur.) t. G, p. 238. 460. — Id. lire à part, p. 22. 460. Long. 0,0100 & 0,0112 {i l/î à 5 ). Lnrg. 0.0045 à 0,0056 ;2 6 2 1/2). Corps obiong; assez convexe; glabre; noir, avec les palpes et les antennes d'un rouge testacé. Antennes d'un rouge tes- tacé ; à peine prolongées jusqu'aux trois cinquièmes des côtés du prothorax ; grêles ; à 5® article deux fois et demie à trois fois aussi long que large , un peu moins long que les deux suivants réunis: les 9'^ à iO®, en ovale transverse. Tête fai- blement déprimée ou subsillonnée transversalement sur la suture frontale. Prothorax près d'une fois plus large à la base que long sur son milieu ; arcnément élargi sur les côtés, offrant vers la moitié de sa longueur, ou un peu après, sa plus grande largeur; à angles postérieurs vifs et un peu ouverts ; en ligne droite, mais un peu obliquement rentrante jusqu'à ta moitié ou moins de l'espace intermédiaire entre chaque angle et la ligne médiane, offrant vers chaque quart externe de la largeur de sa base une sinuosité sensible, avec la moitié médiairc de son bord postérieur en ligne presque droite ou subsinuée dans son milieu et sensiblement relevée en un rebord obtus et épais; ordinairement marqué d'une faible dépression un ])eu après chaque sinuosité postoculaire, plus sensiblement déprimé vers chaque sinuosité basilaire. E'ctisson près d'une fois plus large que long ; presqu'en demi-cercle ou plutôt en demi-hexagone. Elytres un peu plus larges en devant que le prothorax à sa base ; non émoussées à l'angle humerai ; subparallèles jusqu'à la moitié ou un peu plus, en ogive postérieurement. Dessous du corps ruguleusement ponc- tué, même sur les côtés de l'antépectus et sur le ventre, et plus sensiblement sur la partie médiane de la poitrine; tarses antérieurs. Prostcrnnm trisillonné ; à sillons à' peu près égaux. Tibias antérieurs élargis assez fortement d'arrière en avant; PENTHicATES. — Peulhicus. 85 à tranche externe; tranchants; sinués depuis les deux cin- quièmes jusqu'aux quatre cinquièmes; élargis en forme de dent à leur ansle antéro-externe. Tarses d'un rouae brun. Patrie : La Turcomanie. (Collect. Mannerheim). Obs. Cette espèce se distingue du P. pinguis par son corps proportionnellement plus court ; par son prothorax plus sen- siblement arqué, par conséquent plus rétréci en arrière et un peu plus étroit à la base que les élytres; par la forme de son écusson pentagonal ou en demi-hexagone subparallèle sur la moitié basilaire de ses côtés et en angle très-ouvert postérieu- rement; par ses élytres offrant l'angle humerai prononcé, rectangulairement ouvert, muni d'un rebord basilaire et d'un latéral; par son prosternum offrant le sillon médiaire plus large et les intervalles ou côtes étroites séparant les sillons, plus sensiblement crénelées ou onduleuses; par ses élytres à stries assez fortement ponctuées et postérieurement plus profondes , à rebord marginal visible en-dessus jusqu'à la moitié, surtout par la forme des tibias antérieurs. Faldermann n'a pas fait mention de ce caractère si distinctif. Le prothorax offre quelques légères dépressions, mais qui peuvent être individuelles et avoir conséquemment peu d'im- portance. Quelquefois, comme dans l'exemplaire décrit par Faldermann, il est moins déclive ou comme légèrement re- levé en rebord sur les côtés. BB. Cuisses eu triangle souvent plus large que long. C. Bord marginal des élytres en partie apparent en dessus. 2. P. saginatns; Ménétriés. Obloïif) ; convexe; d'un noir mal. Prolhorax un peu élargi en arc sur ler côlés, offrant sur les Irois quarts de ceux-ci sa plus grande largeur; tronqué ou à peine échancrc sur le tiers médiaire de sa base, et sinné en arc assez régulier entre celle partie cl chaque angle ; muni d'un rebord latéral 86' Ol'ATlUTES. €l d'un rebord (rès-élro'U au-devant de chaque sinuosité ; large ; marqué de points peu rapprochés, plus faibles sur le dos. Ecusson en triancjle à côtés curvilignes. Elijlres au moins aussi larges en devant que le prothorax; à rebord marginal à peine apparent en dessus; à rangées striales de points ou à slrics ponctuées légères. Intervalles superficiellement et peu dcnscment ponctuées. Tibias antérieurs régulièrement élargis. Opalrum saginalum, Ménétriés, Catalogue, etc., p. 203. 882. Long. 0,0112 (5). Larg. 0,0051 à 0,0050 (î 1/2 ù î l;î). Patrie: Les environs de Bakou, dans la Russie méridio- nale. (Collect, Ménétriés, ttjpé). 5. p. plnguls; FaLDERMANN. Suballongé ; noir, avec les tarses d'un rouge brun, et les antennes d'un rouge testacé. Tête et prothorax marqués de points offrant sur les côtés une faible tendance à la réticulation : le prothorax, élargi en ligne courbe jusqu'aux deux tiers, à peiné rétréci ensuite; subsinué vei's chaque quart externe de sa hase, avec la partie médiaire de celle-ci en ligne presque droite et peu sensiblement relevée en rebord obtus ; latéralement rebordé ; convexe. Ecusson en triangle une fois plus large que long. Elytres en de- vant que le prothorax; à rebord marginal à peine apparent en dessus jusqu'à la inoitié; obsolètement ruguleuses , à stries légères et faiblement ponctuées. Intervales plans, marqués de points obsolètes. Tibias antérieurs régulièrement élargis d'arrière en avant. Tenebrio pinguis (Faldeuann), (voy. Bullet. d. 1. Soc. d. Nat. d. Mosc. t. 9. p. 586). Penthicut pinguis, Falderm. Bereichcrung z. Kaefer-Kunde , etc. in Bullet. de la Soc. imp. des Nat. de Mosc. l. 9 (1836), p. 386. pi. 8. fig. 1. — Ménétr. ins. recueill. par M. Lehmann, in Mém. de l'Acad. imp. d. se. de Saint-Pétersbourg. 0« série (Sciences nat. ) t. 6. p. 259. 405. — Id. tiré à part. p. 23. 463. Long. 0,0100 à 0,0123 (4 1/2 à 5 1,2). Larg. 0,0015 i\ 0,0056 (2 à 2 1/2). Cor/9s suballongé ; subparallèlc; convexe; glabre; noir, avec les palpes et les antennes d'un rouge lestacé. Anlenncs'^viAcs,; à peine prolongées au-delà de la moitié des côtés du prolhorax, à PENTiiicATES. — Pentkicus. 87 5" article trois fois aussi long que large, presque aussi long que les deux suivants réunis: les 7^ à 10*^ en ovale transverso. Têle déprimée transversalement ou marquée d'un sillon léger à la partie antérieure du front. Prothorax inégalement arqué sur les côtés, c'est-à-dire élargi en ligne courbe depuis les angles antérieurs jusque vers les deux tiers de sa longueur, à peine rétréci ensuite en ligne peu courbe : à angles posté- rieurs vifs et à peu près droits; en ligne droite, mais un peu obliquement rentrante jusqu'à la moitié de l'espace inter- médiaire entre chaque angle postérieur et la ligne médiane, offrant vers chaque quart externe de la largeur de sa base une sinuosité sensible, avec la moitié médiaire un peu plus postérieure, en hgne à peu près droite, peu sensiblement re- levée en rebord épais. Ecusson en triangle au moins une fois plus large que long. Elylves aussi larges en devant que le prothorax à sa base; émoussées à l'angle humerai ; paral- lèles jusqu'aux trois cinquièmes ou un peu plus, en ogive obtuse postérieurement. Dessous du corps lisse et obsolètement ridé longitudinalement sur les côtés de l'antépectus; gra- nuleux sur les parties sternales et sur la partie antéro-mé- diaire du ventre. Pieds ponctués. Prosternum trissillonné , à sillon médiaire notablement plus large. Tibias anléricurs gra- duellement et médiocrement dilatés depuis la base jusqu'à l'extrémité, à peine aussi larges à cette dernière que le tiers de leur côté externe. Tarses d'un rouge brun. Patrie: La Turcomanie. (Collect. Mannerheim); steppes des Kirghises (Ménétriés, type). 4. !•. incrs ; MÉNÉTRIÉS. Suballungé ; noir, avec le dernier article des unlcnnes d'un brun rougcâtre. Télc cl prolliorax marques de points médiocres, séparés par des intervalles notés de points plus petits. Le prothorax un peu arqué et rebordé sur les côtes ; subsinuc vers chaque quart externe dr la base, avec la partie médiaire presque 88 OPATUITES . rn ligiu: droite ; muni à son bord postérieur d'un rebord iiroil, inlcrromim dans son milieu; convexe. Ecusson en Iriamjlc à côtés curvilignes ou anijulcux. Ely- tres à peu près aussi larges en devant que le prolhorax; à rebord marginal à peine fipparcnl en dessus jusqu'au cinquième de sa longueur; à stries légères et faible- ment ponctuées. Intervalles plans, légèrement ponctués. Côtés de Vantépeclus lon- giludinalemenl ridés. Tibias antérieurs réguUèremeul élargis d'arrière en avant. lleliophilus incrs, Ménétriés, Catal. raisonné, etc. p. 202, 871 (type). [Jeliopales iners , Feldermann, Faun. cntom. transcaucas. in nouv. Mcin. de la Soc. imp. des Nalm-. de Mosc. t. 5, 2° part. p. 53. 525. Long. 0,0112 à 0,0123 (5 à 5 1,2). Larg. 0,0045 à 0,0056 (2 à 2 1/2). Corps suballongé; subparallèle ; peu fortement convexe; glabre; noir. Tête marquée de points médiocres, séparés par des intervalles offrant des points plus petits , sur un fond imperceptiblement pointillé; dépuimée sur la suture frontale. Antennes à peine prolongées au-delà des trois cinquièmes des côtés du prothorax; noires, avec le dernier article d'un brun rouge ou testacé; à 3'^ article à peu près égal aux deux sui- vants réunis: les 7° et 8® en ovale transverse: les deux suivants cupiformes: le dernier rétréci dans ses deux tiers postérieurs. Proi/iorao:; inégalement et assez faiblement arqué, c'est-à-dire élargi en ligne un peu courbe jusqu'aux trois septièmes, rétréci ensuite plus faiblement jusqu'aux angles postérieurs ; peu émoussé et en angle un peu ouvert à ceux- ci ; en ligue droite, mais un peu obliquement rentrante jusqu'aux deux tiers ou un peu plus de l'espace intermédiaire entre cbaque angle postérieur et la ligne médiane, offrant vers chaque cinquième externe de la largeur de sa base, une sinuosité sensible, avec les trois cinciuièmcs médiaires un ])eu plus postérieurs, en ligne presque droite ou à peine arquée en arrière ; rebordé latéralement ; rayé au devant du bord postérieur d'une ligne interrompue dans son milieu, qui le fait paraître muni d'un rebord étroit et inter- PENTUiCATES. — Peulkicus. 89 rompu dans le quart ou le cinquième médiaire; une fois plus large à la base que long sur son milieu; marqué d'une ponc- tuation analogue à celle de la tête, légère sur le dos, offrant sur les côtés quelque tendance à la réticulation. Ehjtres à peu près aussi larges en devant que le prothorax, ou à peine plus larges que lui jusqu'aux trois cinquièmes , en ogive postérieurement ; offrant à peine jusqu'au sixième de la longueur le bord interne du repli visible en dessus ; à stries légères et marquées de points peu profonds : les 4° et 5® un peu plus courtes et encloses par les voisins. Intervalles plans; marqués de points légers ou subsolètes. Dessous du corps longitudinalement ridé sur les côtés de l'antépectus : celui-ci offrant latéralement un rebord aplani ; granuleux sur les parties pectorales; ruguleux et peu densement ponctué sur le ventre. Prosiernum trisillonné. Pieds ponctués: tibias antérieurs graduellement élargis, aussi larges à leur extrémité que les deux cinquièmes de leur tranche externe : tibias intermédiaires et postérieurs râpeux. Patrie : Zouvant. (Muséum de Saint-Pétersbourg (type). ce. Bord marginal des élytres invisible en dessus. 5. P. altalcns; Gebler. Suballongé; noir, avec Vexlrémtlé des antennes noire , obscure ou (cslaccc. Tcle cl prolhorax assez finetncnl ponctués : la première, sillonnée transversa- lement à la partie antérieure du front: le prothorax arqué sur les côtés; rebordé cl subsinué à la base vers chaque cinquième externe de celle-ci; subconvexemenl déclive au devantde celui-ci, sans rebord, mais ordinairement moins déclive sur les côtés. Ecusson en triangle une fois plus large que long. Elytres à rebord mar- ginal invisible en dessus; assez flnemvnl ponctuées; rugulosules; obsolètcmcnl striées. Tibias antérieurs régulièrement élargis. Pedinus altaicus, Gebler, Lcdebour's Reise, t. 2. p. 125. Ileliopales altaicus, Gebler, (De.iean), Calai. (1837), p. 212. — Gebler, Noue et adtlil. clc. in Dullct , de la Soc. imp. des Naliir. de Mosc. (18H) , p. CÙÎ). — M. Verzeichniss, etc. in Bullct. de la Soc. irap. des Nalur. de Mo.sc. (18i7), p. 479. 1. — M. lire à pail p. 189. d. 90 OPATUITES. Long. 0,0101 à 0,0100 {i 1/2 à 4 3/4). Larg. 0,0033 à 0,0042 (1 1/2 à 1 7,8) à la base ilcs clytl-es ; 0,0042 à 0,0048 (1 7/8 à 2 1/8 vers le milieu de celles-ci. Corps suballongé; médiocrement convexe; noir, peu lui- sant. Têle ponctuée assez finement, d'une manière plus serrée sur l'cpistome, moins serrée et avec tendance à la réticulation sur le front; déprimée ou transversalement sillon- née sur le front. Antennes hérissées de poils peu épais ; noires ou brunes à la base, testacées à l'extrémité, sur les deux à cinq derniers articles : le 3® grêle, trois fois et demie aussi long que large, aussi long que les deux suivants réunis; les 7'' à 10®, en ovale transverse. Prothorax arqué sur les côtés, offrant vers la moitié de sa longueur sa plus grande largeur; à peine plus large aux angles postérieurs qu'aux an- térieurs ; en ligne transversale, droite ou à peine rentrante depuis les angles postérieurs jusqu'au cinquième externe de sa largeur, à la base, subsinuée vers chaque cinquième ex- terne, avec la partie médiaire à peine arquée en arrière; muni à la base d'un rebord plus marqué sur la partie mé- diaire que sur les latérales ; peu fortement convexe ; subcon- vexement déclive au-devant du tiers médiaire de la base ; sans rebord latéral ou à peine rebordé, mais ordinairement moins déclive et formant ainsi sur les côtés une sorte de rebord plus ou moins aplani, égal au dixième et au huitième de sa largeur totale vers la moitié de sa longueur; ponctué un peu moins finement que la tête, moins finement et avec quelque tendance à la réticulation, sur les côtés; parfois marqué de deux fossettes. Ecusson en triangle au moins une fois plus large que long. Elytres tantôt émoussées à l'angle humerai (surtout chez le çf), tantôt paraissant offrir une très-petite dent; un peu élargies jusque vers la moitié de leur longueur , en ogive subsinuée , postérieurement ; très- médiocrement convexes sur le dos; ruguleuses ou rugulo- sules; assez finement ponctuées; à stries obsolètes. Dessous PENTDICATES. — PoilhicUS. di du corps obsolètement garni de rides indistinctes sur les côtés de l'antépectus ; granuleux sur la partie raédiaire de celui-ci; ponctué sur les autres parties pectorales; plus fine- ment ponctué et rugulosule sur le ventre. Prostcrniim fai- blement trisillonné. Pieds ponctués. Tibias antérieurs gra- duellement élargis de la base à l'extrémité ; à peine plus large à celle-ci que le tiers de leur arête externe: celui-ci un peu crénelé. Tarses moins obscurs. Patrie: Les montagnes de l'Altaï. (Collect. Chevrolat, Man- nerheim, Ménétriés, Motschoulsky). Obs. Le prolhorax, ordinairement moins déclive sur les côtés, n'offre quelquefois point de traces de celte sorte de rebord presque aplani. Cette espèce se distingue facilement des P. pingids et molestus par le bord interne du repli des élytres entièrement indistinct quand l'insecte est examiné en dessus, etc. A A. Prolhorax offrant sur les côtés une gouttière suivie d'un rebord relevé et tranchant. 6. P. bypollthas; Gebler. Suballongé, noir, avec Vcxlrémité des antennes moins obscure. Tôle el prolho- rax ponctués : la première, d'une manière un peu rude ; sillonnée en arc obtus sur la suture frontale: le prothorax arqué sur les calés et léger emenl sinué près des angles postérieurs ; muni sur les côtés d'un rebord relevé en gouttière, assez faiblement rebordé à la base et sinué vers chaque cinquième externe de celle-ci. Ecusson presque en demi-cercle une fois plus large que long. Elytres munies d'une petite dent obtuse à l'angle humerai; à rebord marginal invisible en dessus; rugulosulcs ; à stries ou lignes légères et en partie peu disliîiclcs. Tibias antérieurs régulièrement élargis. neliophiius hypolithus , Geblkr, Coléopt. tria nova, m Ballet, de la Soc. inip. des Nalur. de Mosc. t. 9 C183à; p. 341, pi. 5, fig. 5. Ileliopales hypolitus, Gebler, Verzeicb der. im. Siid-West Sibiricns beobach. Kaef. in BuUet. de la Soc. imp. des Natur. de Mosc. (1841; p. 47y. 3. — Id. tiré à part, p. 189. 3. Lung. 0,0078 à 0,0090 (3 1/2 à 41). Larg. 0,0033 à 0,0036 (l lj2 à 1 2/3; à la base des cljtrcs; 0,00a0 il 0,00'«7 (1 2/3 à 21)" vers le milieu des clytrcs. 92 OPATUITES. Patrie: Les montagnes au sud-ouest de la Sibérie. Suivant Gebler elle est commune sous les pierres. Obs. Cette espèce a le corps moins parallèle que les espè- ces précédentes ; les élytres plus sensiblement élargies vers la moitié de la longueur. Elle semble faire pressentir la forme plus ovalaire que présentera le P. (jibhidus , dont elle s'éloigne par ses élytres munies d'une petite dent à l'angle humerai et régulièrement élargies après celui-ci, et par ses tibias antérieurs non terminés par une dent dirigée en dehors. Elle se distingue de toutes les espèces précédentes par son prothorax oQ'rant sur les côtés une gouttière suivie d'un re- bord relevé et tranchant. Le P. lujpolilhus a l'écusson en triangle ou en demi-cercle une fois plus large que long; les côtés de l'antépectus iine- ment granuleux ; le prosternum rayé de trois sillons, dont le juxta-médiaire plus faible. 7. P. gibbulns ; Faldermann. Ovalaire; noir. Tcle dcnsemcnl cl assez finemenl ponctuée ; déprimée sur le milieu de la suture frontale et ordinairement sur celui du front. Prothorax arqué sur les côtés, offrant vers les trois cinquièmes sa plus grande largeur ; re- levé sur les côtés en rebord étroit et tranchant; à peine rehordé et faiblement bissinué vers chaque cinquième externe, àla base, avec la partie médiaire arquée en arrière ; ponctué. Ecusson presque en demi-cercle deux fois aussi large que long. Elytres légèrement élargies en ligne un peu courbe et à rebord visible après l'angle humerai; presque indistinctement granuleuses; à stries légères, en partie interrompues. Tibias antérieurs élargis d'une manière sinuée, armés d'une dent à l'angle anléro-externe et crénelés Ueliophilus gibbulus, Faldermann, Coléopi. ab illustr. Dungio etc. (1855). p. 76. Ihiiopalcs gibbulus, Gf-blep., Verzeicb. der. im. Sïtd-Wosl Sibiiieiis beob. Kacf. m Bullet. de la Soc. i. desNat. de Mosc. (18i7),p. -iï7. 2. — W. lire à part p. 189.2. Long. 0,0009 (3). Larg. 0,0033 (1 1/2). Patrie : Les montagnes du sud-ouest de la Sibérie. Ors. Celte espèce semble former la transition avec les insectes du genre suivant. Elle s'en rapproche par la forme PEiNTïHCATES. — MeUmcslhcs. 95 (le son corps; parle rebord de son prolhorax; par ses ély- tres s'élargissant un peu en ligne courbe depuis l'angle hu- merai jusqu'au douzième ou dixième de leur longueur; par les tibias antérieurs denticulés et offrant l'angle antéro- externe terminé par une dent ; mais elle s'en éloigne par son prothorax bissinué à la base. Chaque sinuosité est en courbe assez régulière, offrant le point le plus avancé vers le hui- tième externe du bord postérieur, avec les trois quarts médiaires arqués assez régulièrement en arrière et plus prolongé dans leur milieu que les angles postérieurs. Ces caractères suffisent pour séparer cette espèce de toutes les précédentes. Les côtés de l'antépectus sont superliciellement ridés; le ventre est ponctué, ruguleux; le prosternum tri- sillonné. Genre Melanesthes ; Melanesthe (4). {/j.i).K-j, noir; iSSin, vêtement). Caractère. Yeux entamés environ jusqu'à la moitié de la longueur de leur côté externe , par les joues qui les débor- dent et qui sont ordinairement coupées d'une manière oblique à leur bord postérieur. Epislome profondément entaillé ; à côtés de l'entaille en ligne courbe. Lo&re échancré et cilié. Antennes ordinairement assez grêles ; à "ù" article deux fois et demie à trois fois aussi long que large : les cinq derniers plus gros , subcomprimés : les 7*^ à 10" généralement submoniliformes ou plus larges que longs. Prolhorax offrant généralement le côté externe de ses angles de devant en ligne correspondante avec le côté externe des joues; tronque à la base ou à peine arqué en devant sur les trois cinquièmes médiaires de celle-ci, et sans sinuosités sensibles, ou n'offrant que de faibles traces [\) (DE.IEAN), Calai. (183j), p. l'Jl. — Id. (1832), p. 2d3. 94 OPATIUTES. (l'un angle icnlrant très ouvert; fortement arqué sur les côtés, moins déclive ou relevé en gouttière près de ceux-ci ; deux fois au moins aussi large à la base qu'il est long sur son mi- lieu. Ehjtres au moins aussi larges en devant que le pro- tliorax à ses angles postérieurs; élargies après l'angle hu- merai et offrant le rebord marginal cilié et visible après cet angle; sinuées près de l'extrémité; souvent gibbeuses, con- vexement déclives sur les deux cinquièmes postérieurs. Ailes nulles ou rudimentaires. Partie antéro-médiairc du premier arceau ventral» tronquée ou en arc. Tibias antérieurs soit arqués et festonnés ou multidentés à leur tranche externe, soit armés de deux fortes dents : la première, vers les deux cinquièmes: l'autre, à l'extrémité antérieure: tibias posté- rieurs et intermédiaires fortement râpeux: les intermédiaires prismatiques. Obs. Les insectes de ce genre sont faciles à distinguer des précédents par leur prolhorax ordinairement sans sinuosités sensibles à sa base ou n'en offrant que de faibles traces, et for- tement arqué et moins déclive ou en gouttière sur les côtés, puis par les dents des tibias extérieurs. A. Tibias anléricurs festonnés ou munis au moins de quatre ou cinq dents sur leur tranche externe. 1. m. latScollIs; Gebler. Oblong; convexe; d'un noir un peu luisanl. Antennes d'un rouge brun. Pro- lhorax un peu élargi sur les côtés en ligne très-arquée, et sinué près des angles, offrant vers les trois septièmes de ceux-ci sa plus grande largeur ; en ligne droite ou à peine arquée en devant, à la base, avec les angles un peu dirigés en arrière, offrant ainsi vers chaque cinquième externe les traces d'un angle rentrant très- ouvert; muni à la base d'un rebord affaibli dans son milieu, et marqué au devant de celui-ci d'une raie plus profonde au-devant de chaque cinquième externe ; ponctué, avec tendance à la rcliculalion sur les côtés ; moins déclive ou un peu relevé en gouttière latéralement. Elylres à rebord marginal cilié, élargi en arc et visible en dessus jusqu'au sixième de leur longueur ; granuleuses ; offrant de légères traces de stries ou rangées striâtes de points. Tibias antérieurs arqués et festonnés sur leur tranche externe. PENTiiicATES. — Mclaucstlics. 95 Pedinus laiicollis, Gebleb, Ledebour's, Reise, p. d25. Melanesthes tofeco^w (Dejean), Catal. (1833), p. 191.— M. (1837), p. 213. Gebler, Verzeichn. elc. in BiiUet. de la Soc. imp. des Nat. de Mosc. (1847), p. 480. — Id. lire à part, p. 190. Long. 0,0100 (4 1/2). Larg. O.OO'iS (2 1/8). Corps ovale-oblong ; convexe ; d'un noir un peu luisant. Tête ponctuée; obsolètement sillonnée sur la suture frontale; labre brun ou d'un brun rouge. Palpes et antennes de même couleur. Celles-ci prolongées jusqu'aux deux tiers des côtés du prothorax; subcomprimées et grossissant un peu à partir du 6** ou 7® article : le 5*^ trois fois aussi long que large : le 7« obconique : les 9** à 1 0" submoniliformes. Prothorax échancré en arc obtus en devant; en ligne faiblement arquée en devant sur les trois cinquièmes médiaires de sa base, avec les angles postérieurs un peu dirigés en arrière, offrant ainsi, vers chaque cinquième externe , les traces d'un angle rentrant très-ouvert; offrant vers ses deux cinquièmes ou trois septiè- mes sa plus grande largeur; deux fois au moins aussi large à la base qu'il est long sur son milieu; muni d'un rebord basilaire un peu plus large sur les trois cinquièmes médiaires et un peu affaibli dans le milieu de ceux-ci; offrant au de- vant de ce rebord une raie sulciforme plus profonde vers chaque cinquième externe de la largeur; à peine rebordé sur les côtés, qui sont moins déclives. Eciisson en triangle ou en demi-cercle deux fois et demie aussi large que long; ponctué. Ehjtrcs offrant le rebord marginal cilié , élargi en arc et visible jusqu'au sixième de leur longueur; assez fai- blement rétrécies ensuite jusqu'aux trois cinquièmes, et plus fortement ensuite jusqu'à l'extrémité; sinuées près de celle- ci; longitudinalement arquées, convexement déclives à partir des trois cinquièmes. Repli ^arni de poils fauves. Dessous du corpsno'iv; ridé et garni de poils sur les côtés del'antépectus; ponctué et ruguleux sur le ventre. Prosternum à trois sillons. 96 OPATIUTES. Pieds noirs avec les libias et surtout les taises un peu moins obscurs. Cuisses intermédiaires et postérieures assez grossiè- rement ponctuées. Tibias antérieurs arqués et festonnés et à six ou sept dents sur leur tranche externe: les autres râ- peux. Dernier article des tarses postérieurs le plus long. Patrie: Les steppes de Kirguises. (Col. Mannerheim ) ; Russie méridionale (de Kiesenwetter). Obs. Cette espèce se distingue facilement des suivantes par ses tibias antérieurs arqués , festonnés ou multidentés. Nous avons vu dans la collection de M. V. de Motchoulky, sous le nom de M. acuminatus, deux exemplaires provenant de la Sibérie occidentale, offrant sur les élytres des traces de stries, mais ayant d'ailleurs tant d'analogie avec cette espèce qu'ils n'en sont peut-être que de faibles variété^. AÂ. Tibias antérieurs armés de deux fortes dents à leur côté externe: l'une vers les deux cinquièmes: l'autre vers l'angle antéro-externe. 2. ns. niaxiiuas ; MoiSCHOULSKY. Oblonq ; convexe; (Vtin noir luisanl. Prothorax élargi en lignes trcs- arquées sur les côtés et sinué près des angles postérieurs ; offrant vers les trois quarts de sa longueur sa plus grande largeur ; légèrement arqué en devant, avec ses angles postérieurs dirigés en arrière, offrant ainsi les traces sensibles d'un angle rentrant très-ouvert vers chaque cinquième ex- terne, à la base; muni d'un rebord hasilaire plus prononcé sur les trois cinquièmes médiaires; ponctué avec tendance à la réticulation près des côtés; un peu relevé en gouttière à ceux-ci. Elytres à rebord marginal cilié, élargi en arc et visible en dessus jusqu'au sixième; granuleuses, presque sans traces de stries. Tibias antérieurs armés de deux fortes dents. Melaneslhes maximiis, (Ménétriés), Motschoulsky, Etud. cntoni. an. 1834. Long. 0,0112 (5). Larg. 0,005G (2 1/2). Corps oblong; convexe; d'un noir luisanl. Tête ruguleuse- ment ponctuée; transversalement sillonnée ou déjjrimée sur PENTHicATES. — Mclmu'allies. 9" la suluie liontale : labre noir. Falpcs d'un brun rouge. An- tennes noires, avec les trois ou quatre derniers articles gra- duellement moins obscurs : le dernier, en partie fauve; prolongées environ jusqu'aux deux tiers des côtés du protho- rax; grêles, avec les cinq derniers articles subcomprimés, un peu plus gros : le 5®, trois ou quatre fois aussi long que large, au moins aussi long que les deux suivants réunis ; le 1^ obco- nique et les 8^ à 10^ submoniliformes. Prolhorax très-échan- cré en devant, presque en ligne droite derrière la tête, avec les angles avancés; offrant vers les deux tiers ou trois quarts de sa longueur sa plus grande largeur; en ligne presque droite ou à peine arquée en devant sur les trois cinquièmes médiaires de sa base, avec les angles plus sensiblement di- rigés en arrière, offrant ainsi, vers chaque cinquième basi- laire externe les traces assez distinctes d'un angle rentrant très-ouvert; muni à la base d'un rebord plus large sur ses trois cinquièmes médiaires, rayé au-devant de ce rebord d'un sillon plus profond vers chaque cinquième externe et faisant pa- raître le prothorax creusé dans ce point d'une sorte de fossette en triangle très-élargi; plus de deux fois aussi large à la base qu'il est long sur son milieu. Ecusson en triangle ou en demi-cercle deux fois et demie aussi large à la base qu'il est long sur son milieu; ponctué. Elytres offrant leur rebord marginal cilié, élargi en arc et visible jusqu'au sixième de leur longueur, rétrécies ensuite jusqu'aux trois cinquièmes, puis plus fortement jusqu'à l'extrémité; sinuées près de celle- ci; longitudinalement un peu arquées, convexement déclives à partir des trois cinquièmes. Repli granuleux, garni de poils fauves. Dessous du corps noir; ridé, un peu granuleux et garni de poils fauves sur les côtés de l'antépectus; ponctué et ruguleux sur le ventre. Frosiernum trisillonné. Pieds noirs. Cuisses intermédiaires et postérieures grossièrement ponc- tuées, un peu râpeuses. Tibias antérieurs, armés de deux Acad. de Lyon, Cl. des Sciences, t. IX. ï 98 OPAIKITES. fortes dents sur leur tranche externe: les autres fortement râpeux. Patrie : La Mongolie. (Collecl. Mannerheim.) 5. II. Faldcrgnanni; Mannerheim. Ovale-oblong ; convexe; d'un noir luisant. Antennes noires . Prothorax peu élargi sur les côtés en ligne très-arquée el simiée près des angles posté- rieurs; offrant vers les deux cinquièmes ou la moitié sa plus grande largeur; en ligne droite, ou à peine arquée en devant sur ses trois cinquièmes mé- diaires à la base; 7nuni à celle-ci d'un rebord plus prononcé ; pondue, presque réticulé ou granuleux sur les côtés ; aplani ou un peu relevé en gouttière latéralement. Elytres à rebord marginal non élargi en arc, el vi- sible jusqu'au tiers de leur longueur ; gibbeuses ; granuleuses ; à stries légères. Tibias antérieurs armés de deux fortes dents sur leur tranche externe. Melanesthes lalicollis (Paldermann), (Dejean), Calai. (1853), p. 191. — /d. (1837). p. 215. — Faldermann, Lettres sur deux nouveaux Mélasomes, in Bullet. de la Soc. imp. des Natur. de Mosc. t. 8 (183?;), p. 167, pi. 6, flg. 2. Melanesthes Faldermanni (Mannerheim), in litler. Melanesthes erosus (V. de MoTSCHOur.SKv). Long. 0,0078 à 0,0087 (3 1,2 à 3 7/8). Larg. 0,0045 à 0,0048 (2 à 2 1/8). Corps ovale-oblong; convexe^ d'un noir luisant. Tête rn- guleusement ponctuée, souvent un peu granuleuse ; déprimée ou sillonnée transversalement sur la suture frontale. Labre et palpes noirs ou obscurs. Antennes prolongées jusqu'aux deux tiers ou un peu plus des côtés du prothorax ; noires, moins obscures vers l'extrémité, avec le dernier article en partie fauve ; assez grêles avec les cinq derniers articles subcom- primés, graduellement un peu plus gros: le 5^ trois fois aussi long que large, aussi long que les deux suivants réunis ; les 6® et 7° obtriangulaires ; les S** à 10" submoniliformes. Pro- ihorax échancré en arc obtus en devant; offrant vers les deux PENTHicATEs. — Mclaueslkes. 99 cinquièmes ou près de la moitié de sa longueur sa plus grande largeur; au moins deux fois aussi large à la base qu'il est long sur son milieu; en ligne presque droite à la base, ou à peine arqué en devant sur les trois cinquièmes médiaires de celle-ci, et en ligne droite sur chaque cinquième externe ; muni d'un rebord basilaire moins large sur chaque cinquième externe; rayé au-devant de ce rebord d'un sillon ou d'une ligne sulciforme, plus profonde vers chaque cinquième exter- ne et faisant paraître le prothorax comme creusé dans ce point d'une fossette en triangle très -élargi; à peine rebordé sur les côtés , qui sont un peu relevés en gouttière assez large et peu profonde. Ecusson en triangle ou en demi-cercle une fois plus large que long; ponctué. Elyti^es à rebord mar- ginal cilié régulièrement un peu élargi et visible jusqu'aux tiers de leur longueur; subparallèles presque jusqu'aux deux tiers ou à peine plus large dans leur milieu, rétrécies ensuite à partir des deux tiers jusqu'à l'angle suturai ; sinuées près de l'extrémité ; longitudinalement relevées jusqu'aux trois cinquièmes, subconvexement déclives postérieurement. Repli granuleux; un peu garni de poils. Dessous du corps noir; obsolèlement ridé et un peu granuleux sur les côtés de l'an- tépectus; ponctué etruguleux sur le ventre. Pros/enn/m trisil- lonné. Pieds noirs; tarses moins obscurs ou brun. Cuisses grossièrement ponctuées. Tibias antérieurs armés de deux fortes dents sur leur tranche externe : les postérieures forte- ment râpeuses. Patrie: La Mongolie. (Collect. Mannerheim (type), Che- vrolat, DeyroUes, de Motschoulsky). Obs. Le nom de lalicollis ayant été plus anciennement donné par Gebler, à une autre espèce, M. le comte Mannerheim a dédié celle-ci à Faldermann,qui l'avait décrite sous le nom de laticoUis. Elle se distingue de l'espèce précédente par sa taille moindre; par son prothorax n'ayant pas les angles postérieurs 1 00 oi>Ai un ES. ilii'igés en arrière, n'olTraut pas vers chaque cinquième exter- ne les traces d'un angle rentrant; par ses élytres subparallèles jusqu'aux deux tiers, à peine plus large vers la moitié de leur longueur, et n'offrant pas le rebord marginal élargi en arc après l'angle humerai. i. M. sllilricus ; FaLDERMANN. Ovale-oblo)Uj ; convexe ; d'un noir mat et souvent îin peu cendré. Pro- thorax un peu élargi siir les côtés en ligne arquée et simiée près des angles; offrant vers les quatre septièmes de sa longueur sa plus grande largeur; en ligne droite à su base ou à peine arquée en devant sur ses trois cinquièmes médiaires ; muni audevant de ceux-ci d'un rebord prononcé, affaibli cl plus grêle extérieurement ; ruguleusement ponctué surtout près des côtés; assez fortement relevé en gouttière latéralement. Elijlres gibbeuses ; à rebord marginal élargi en ligne oblique jusqii au septième de leur longueur et visi- ble jusqu'au tiers ; garnies de poils clairsemés indistincts ; finement cl uni- formément granuleuses ; à stries légères cl finement ponctuées. Tibias an- térieurs munis de deux dents à leur côté externe. Opatrum sibiricum , Faldermann, Spec. nov. Coleopt. in BuUet. de la Soc. imp. des Natur. de Mosc. l. 6 (1835), p. 55, pi. ô, fig. 5. Melanestlies sibiricus (Dejfan) , Gâtai. (1B33) , p. 191. — M. (1837), p. 215, — Faldermann, Lettres sur deux nouv. Mélasomes, in BuUet. de la Soc. imp. des Natur. de Mo.sc. t. 8 (1835). p. ITO LoiiR. 0,007K à 0,009.5 (3 1/-2 à 4 1,2). Lui;,'. 0,004.5 (31). Corps ovale-oblong ; convexe ; d'un noir mat , et parfois d'un noir cendré. Têle rugueusement ponctuée; déprimée ou largement sillonnée sur la suture frontale. Labre noir. Palpes bruns. Anteniies prolongées jusqu'aux trois quarts environ des côtés du prothorax ; noires, avec le dernier article d'un brun fauve, et parfois les deux premiers d'un rouge brun; assez grêles, avec les cinq derniers articles subcomprimés, grossis- sant graduellement un peu : le 3® deux fois et demie aussi long que large , presque aussi long que les deux suivants réunis : les 7« à 10" submoniliformes, plus longs que larges. Proihorax PENTHICA.TES. — Melauestlies. 101 fortement échaiicré en devant , avec la partie médiaire pres- que en ligne droite , et les angles antérieurs avancés ; offrant vers la moitié sa plus grande largeur; en ligne presque droite à sa base , ou paraissant à peine arqué en devant sur les trois cinquièmes médiaires, parfois légèrement en- taillé dans le milieu de ceux-ci, en ligne droite sur chaque cinquième externe , ou avec les angles très-faiblement di- rigés en arrière ; numi sur les trois cinquièmes médiaires d'un rebord prononcé , très-étroit extérieurement ; rayé au devant de la partie prononcée de ce rebord d'un sillon un peu plus approfondi vers les extrémités et paraissant former, dans ce point, une petite fossette, puis se rapprochant de la base en s'affaiblissanl , et ne laissant sur chaque cinquième externe qu'un très-étroit rebord ; à peine rebordé sur les côtés qui sont assez fortement relevés en gouttière. Ecusson en triangle une fois plus long que large; ponctué. Elylres offrant le rebord marginal cilié et assez régulièrement élargi en ligne courbe jusqu'au sixième, visible en dessus presque jusqu'au tiers; faiblement rétrécies jusqu'aux trois cinquiè- mes, rétrécies ensuite jusqu'à l'angle suturai; sinuées près de l'extrémité ; gibbeuses ou longitudinalement arquées jus- qu'aux trois cinquièmes, subconvexement déclives postérieu- rement; couvertes en dessus de petits grains, d'une petitesse égale; garnies de poils clairsemés et indistincts; à rangées striales de points, ou stries plus ou moins marquées. Repli garni de poils fauves. Dessous du corps noir, luisant; légère- ment ridé et garni de quelques points granuleux sur les côtés de l'antépectus; ruguleusement ponctué et presque granu- leux sur les premiers arceaux du ventre. Prostermim à trois sillons. Pieds noirs, avec les tarses bruns. Cuisses grossière- ment ponctuées. Tibias antérieurs armés à leur tranche ex- terne de deux fortes denfs; les intermédiaires et postérieurs fortement râpeux. d02 OPATIUTES. Patrie: La Sibérie orientale. (Coilect. Mannerheini, V. de Motsclioulsky.) Obs. Cette espèce se distingue de toutes les précédentes par ses antennes offrant le 5^ article proportionnellement un peu moins long: le 6^ à peine plus long ou aussi long que large : le 5^ souvent à peine aussi long que large : le 7^ cupi- forme, plus large que long; par son prothorax à rebord ba- silaire très-affaibli et rétréci sur chaque cinquième externe ; presque rëticuleux ou granuleux sur les côtés; par leurs cuisses proportionnellement moins larges et moins courtes ; par ses élytres couvertes de grains plus fins , uniformément petits, et garnies de poils clairsemés et indistincts à la simple vue. Nous avons reçu en communication de feu M. le comte Mannerheim et de M. V. de Molschoulsky, sous le nom de M. aleiitaceiis , Ménétriés, deux exemplaires s'éloignant du M. sibiricus par les élytres couvertes de grains un peu inéga- lement petits, et par quelques autres caractères assez faibles et peut-être variables. Un exemplaire offrant des stries sulciformes apparentes , portait dans la collection de M. de Molschoulsky le nom de M. strialidus. Nous n'avons pas vu un assez grand nombre d'exemplaires des M. uleutaceus et slnaiuliis, pour émettre une opinion sur leur valeur spécifique. DEUXIÈME BRANCHE. OPATRAlRi:!^. Caractères. Yeux entamés par les joues, formant à leur côté externe un canthus à peine prolongé jusqu'à la moitié OPATRATES. 105 de leur longueur, el obliquement coupé d'avant en arrière, pour permettre au côté interne des angles antérieurs du pro- thorax de venir ordinairement s'appliquer contre le bord postérieur de ce canthus. Palpes maxillaires à dernier article sécuriforme. Antennes à 7^ article rarement moniliforme. Pro- thorax le plus souvent bissinué à sa base; généralement re- bordé ou relevé en gouttière sur les côtés. Elytres ordinaire- ment coupées plus ou moins obliquement sur les côtés de leur base ; sans repli basilaire sur celle-ci ; rarement ciliées sur les côtés; ordinairement garnies en dessus de poils ou de soies, ou chargées de tubercules; à repli marginal moins large que le tiers de sa partie visible du médipectus. Tibias anté- rieurs non dentés. Partie antéro-médiaire du 1*"^ arceau ven- tral tronquée ou en ogive. Ces insectes se partagent en cinq rameaux: Rameaux. Un peu plus étroites en devant que le prothorax à ses angles postérieurs. Prothorax bissinué à sa base. Opatrates. Repli marginal des élytres non prolongé jusqu'à l'angle suturai. Prothorax bissinué à la base. Gonocephalat^s. Tibias antérieurs comprimés et élargis en triangle. Prothorax bissinué à sa base. Sclerates. ^Nbog^ltoglÈS^^ ./ Prolhorax bissinué à la base. \cso<'^=is .'ni pfemier article des tarses posté- rieurs moins long que le dernier. Pachvpterates. Prothorax en ligne droite à la base. Premier article des tarses postérieurs plus long que le dernier. Apatalates. PREMIER RAMEAU. Opatrates. Caractères. Elytres un peu plus étroites en devant que le prothorax à ses angles postérieurs. Prothorax bissinué à sa 104 OPATUITKS. base. Menton oïdinaircineiit moins long ou à peine aussi long qu'il est large dans son diamètre transversal le plus grand ; élargi d'arrière en avant jusqu'aux deux tiers ou un peu plus de sa longueur à partir de sa base ; tronqué ou échancré à son bord antérieur, avec les angles parfois subarrondis. Ailes nulles ou rudimentaires. Premier article des tarses postérieurs moins long que le dernier. Ce rameau se divise en deux genres : (ienre. I mm prolongé jusqu'à l'angle suturai Opairum. Repli des élylres < ( inolongé jusqu'à l'angle suturiil. Tricholum. Genre Opairuui, Opatre ; Fabricius (I). Cauactèkes. Elylres un peu plus étroites en devant que le prothorax à ses angles postérieurs ; plus ou moins oblique- ment coupées d'avant en arrière de dedans en dehors sur le côté externe de leur base; à bord marginal le plus souvent invisible quand l'insecte est examiné en dessus; à reph non prolongé jusqu'à la moitié du 5" arceau ventral. Epistome profondément entaillé. Antennes assez courtes; subcompri- mées et grossissant plus ou moins à partir du 7*= au 8® arti- cle : le 0® moins long ou à peine aussi long que les deux sui- vants réunis : les 6"^ et 1" ordinairement moins longs ou à peine aussi longs que larges: les 8^ à iO® généralement plus larges que longs. Palpes maxillaires à dernier article obtrian- , gulaire ou sécuriforme. Prothorax transverse ; embrassant la tête jusqu'aux yeux ; à deux entailles ou sinuosités basilaires, dont le point le plus avancé correspond au 5^ intervalle des élytres ou plus extérieurement. Eeusson plus large que long. Menton ordinairement moins long ou à peine aussi long qu'il (1) FAnnicius, Sysl. Enlomol. (1775), p- W- Genre 23. oi'ATKATES. — Opcitruni. 105 est large dans son diamètre transversal le plus grand ; élargi d'arrière en avant, jusqu'aux deux tiers ou un peu plus de la longueur de ses côtés à partir de la base, tronqué ou échan- cré à son bord antérieur , avec les angles parfois émoussés ou subarrondis. Ailes nulles ou rudinientaires. Tibias anté- rieurs comprimés ; graduellement et médiocrement élargis de la base à l'extrémité ; râpeux en dessous : les intermédiaires et postérieurs droits, peu ou point comprimés; râpeux, sou- vent glabres ou à peu près. Corps oblong, convexe. Le genre Opalre est un de ceux qui réclameraient le plus un travail monographique. Parmi les nombreuses espèces qui figurent dans les collections, il en est encore un certain nom- bre d'inédites , et la plupart de celles qui ont été décrites l'ont été souvent d'une manière assez incomplète , pour en rendre la détermination difficile ou très-douteuse. On a séné- ralement négligé certains caractères ayant une importance réelle par les distinctions spécifiques. Ainsi , la forme et la profondeur des sinuosités basilaires du prothorax olTrent des différences parfois utiles à signaler. Le point le plus avancé de ces sinuosités correspond à une strie ou à un intervalle de ces stries qui paraît constant chez les mêmes espèces, mais qui varie chez des espèces rapprochées. Le repli des élytres est, chez plusieurs, la seule partie des étuis qui soit visible, quand l'insecte est examiné perpendiculairement en dessous ; chez des espèces à corps plus bombé , l'intervalle juxta-marginal est au contraire apparent en partie ou même en totalité. Ce même repli se termine parfois au niveau de l'extrémité du -¥ arceau ventral ; d'autrefois il se rétrécit à partir de ce point et se prolonge jusqu'à la moitié du 5* ar- ceau. Les formes du menton, du sternum et de diverses autres partiels ont été ordinairement trop négligées. N'ayant pas à notre disposition un assez grand nombre de matériaux, pour signaler tout le parti qu'on pourrait tirer des caractères qui 106 OPATRITES. correspondent aux modifications dans les formes extérieures, nous nous bornerons aux indications suivantes : A. Inlervalle juxta-niargiual des élytres en partie au moins visible sur toute sa longueur, quand l'insecte est examiné perpendiculairement en-dessous, (s. g. Col- pophorus). B. Sixième ou presque septième intervalle des élytres, à partir de la suture, cor- respondant au point le plus avancé de la sinuosité basilaire du prothorax : celte si- nuosité, en angle rentrant presque rectangulairement ouvert, laissant un intervalle vide assez notable, entre cette partie du bord postérieur du prothorax et la base des éljtres, dont la partie anguleuse est au 5» intervalle: le juxta-marginal entièrement visible ou à peu près quand l'insecte est examiné perpendiculairement en dessous. C. Partie anguleuse de la base des élytres laissant vide un espace de la sinuo- sité basilaire du prothorax. 1 . O. emarginaf am ; LuCAS. Oblong ; médiocrement convexe; noir, un peu luisant; glabre en dessus. Front à trois lignes saillantes. Prothorax fortement arqué sur les côtés ; pro- fondément entaillé vers chaque sixième externe de sa base, avec la partie intermédiaire arquée en arrière et àpeuprès aussi prolongée que les angles ; médiocrement convexe sur le dos, moins déclive sur les côtés; granuleux ; chargé sur son disque de sept empâtements presque lisses : le mùdiaire sublinéaire jusqu'aux trois cinquièmes de la longueur, puis presque en carré large. Elytres chargées de cinq côtes couronnées de petits points gra- nuleux; offrant entre chaque côte une double rangée de tubercules, longi- ludinalemenl séparés par une ligne de points tuberculeux: la 3" de ces lignes ou le 6^ intervalle à partir de la suture correspondant au point le plus avancé de chaque sinuosité. Intervalle juxta-marginal visible en dessous. Opalrum emarginalum (Lucas), Explor. se. de l'Alger, p. 555. 907, pi. 29, fig. 8. Long. 0,0100 à0,0112 (4l;2à5'). Larg. 0,0017(2 l,8l)à la base des élytres ; 0,0056 (2 1/2) vers la moitié de la longueur du prothorax et de celle des élytres. Patrie : L'Algérie, dans les environs de Philippeville ; dé- couverte par M. le général Ch. Levaillant. (Muséum de Paris, type décrit par M. Lucas). Obs. Le prothorax est fortement élargi en arc, sur les côtés; presque aussi profondément entaillé à sa base que le quart OPATRATES. — Opalvum. 107 de sa longueur; chargé sur son disque de sept empâtements presque lisses, granuleux sur le reste : l'empâtement médiaire sublinéaire, presque en forme de carène obtuse, naissant un peu après le bord antérieur et prolongé jusqu'aux trois cin- quièmes de la longueur, où il est suivi d'un empâtement pres- que en carré une fois plus large que long, échancré posté- rieurement; offrant, de chaque côté de cette partie sublinéaire, trois autres empâtements: le juxta-médiaire, une fois plus large que long, prolongé depuis le quart jusqu'aux trois cin- quièmes de sa longueur : l'intermédiaire , échancré dans sa moitié antéro-externe : l'externe , subtuberculeux, naissant vers le quart de sa longueur , à peine prolongé au-delà de sa moitié ; rayé d'un faible sillon longitudinal, en dehors de ce dernier empâtement. CC- Partie anguleuse de la base des élylres remplissant l'entaille ou la sinuosité basilaire du prothorax. 2. O. porcatain ; FâBRICIUS. Obloncj ; noir, terreux. Front caréné longitudhialement . Prothorax élargi en arc sur les côtés; etitaillé à cliaque cinquième externe de sa base ; con- vexe sur ses six huitièmes médiaires ; planiuscule sur les côtés ; granuleux. Ecusson large échancré. Ebjtres anguleuses sur les deux septièmes externes de leur base, et remplissant V entaille prothoracique ; ornées chacune de cinq côtes assez faibles , chargées d'une rangée de points tuberculeux ; parées entre chacune de ces côtes de deux rangées de tubercules plus gros, surtout depuis la moitié jusqu'aux deux tiers, ces rangées séparées par une rangée longitudinale irrégulièrement double de petits points tubercu- leux : la 3^ côte à partir de la suture correspondant au point le plus avancé de chaque entaille basilaire du prothorax. Intervalle juxla-marginal visi- ble en dessous. Opatrum porcaluni , Fabricius, Enlom. syst. l. 1. l, p. 89. 2. — Jd. Syst. éleuth. 1. 1, p. dl6. 4. — Herbst, Nalurs. t. 5, p. 215.2. — Schoenh. Syn. ins. t. i, p. d21. 6. Long. O.OOIÏ (5). Larg. 0 0056 (î l/î) vois la moitié de la longcur dos «'Ivlrcs. 108 OPATIUTES. Corps oblong; médiocrement convexe; noir mais oi'dinai- lemenl terreux et cendré; glabre. Tele p\us large que longue; à peine moins courte sur le front que sur le milieu de Tcpis- tome; ponctuée; râpeuse; chargée d'une carène longitudinale sur le milieu du front. Suture (rontale creusée d'un sillon transverse. Epislom e [notondémcnt entaillé. Lahrebvun noir; entaillé à son bord antérieur. Anteunes prolongées environ jusqu'aux deux tiers des côtés du prothorax ; d'un noir terreux; peu garnies de poils; grêles à la base, avec les cinq derniers articles subcomprimés ; grossissant graduellement; le 3®, fihforme, trois fois aussi long que large; les 4", 5* et 6" un peu plus longs que larges : les 7" et 8^ suborbiculaires, au moins aussi larges que longs: les 9'' et 10*^ transverses: le 11' en ogive. Prothorax échancré presqu'en demi-cercle ou plutôt en demi-hexagone, en devant; avec les angles de devant prononcés , avancés au-delà des yeux jusqu'à la partie latéralement anguleuse des joues; élargi en arc d'avant en arrière, offrant vers les deux tiers de ses côtés sa plus grande largeur; bissinué à la base, c'est-à-dire vers chaque cinquième externe de la largeur de celle-ci, avec les trois cinquièmes médiaires arqués en arrière et au moins aussi prolongés en arrière dans leur milieu que les angles posté- rieurs : chaque entaille égale en profondeur au sixième environ de sa longueur; à peine rebordé sur les côtés, sans rebord à la base ; deux fois et demie aussi large à son bord postérieur qu'il est long sur son milieu; planiuscule ou assez convexe sur les six huitièmes médiaires de sa largeur, légèrement relevé en large gouttière sur chaque huitième externe de celle-ci; d'un noir terreux; chagriné, c'est-à-dire couvert de poils tuberculeux, généralement séparés les uns des autres par un diamètre au moins égal au diamètre de leur base, ^cmsso» transverse ; deux fois et demie environ aussi large qu'il est long sur son milieu; un peu arqué en oPATUATES. — Opalnim. 409 arrière à son bord postérieur, échancré à l'antérieur ; noir, terreux. Elytres un peu moins larges en devant que le pro- thorax à ses angles postérieurs ; près de trois fois aussi longues que lui; obliquement coupées sur les deux septièmes externes de leur base ; échancrées en arc dirigé en arrière (prises ensemble) sur les cinq septièmes médiaires : la partie anguleuse de leur base s'adaptant parfaitement à l'entaille basilaire du prothorax; subparallèles jusqu'aux deux tiers, ou plutôt faiblement élargies en ligne peu courbe jusque vers la moitié et légèrement rétrécies ensuite jusqu'aux deux tiers; en ogive obtuse postérieurement; planiuscules longi- tudinalement sur le dos presque jusqu'aux quatre cinquièmes de leur longueur, puis convexement déclives d'abord, ensuite subperpendiculaires; peu convexes sur le dos, convexes laté- ralement; munies sur les côtés d'un rebord invisible quand l'insecte est examiné en dessus; d'un noir terreux; ornées chacune de cinq côtes longitudinalement assez faibles (com- prises la suturale et la marginale), chargées sur leur arête d'une rangée de petits points tuberculeux rapprochés (environ 70 à 75 sur la 5^); parées sur le milieu de l'espace compris entre chacune de ces côtes, c'est-à-dire sur les intervalles alternes, d'une rangée longitudinale de petits points tuber- culeux semblables, généralement disposés sur deux lignes inégalement rapprochées; chargées, entre chacune de ces rangées et chaque côte, d'une rangée longitudinale de tuber- cules ou points tuberculeux sublinéaires, un peu moins petits près de la base que près des côtés, peu rapprochés les uns des autres, graduellement plus gros jusqu'à la moitié de la longueur des étuis, oîi ils se maintiennent jusqu'aux deux tiers ou trois quarts, pour s'affaiblir ensuite : chacun de ces tubercules aussi long dans ce dernier espace que trois des points tuberculeux des côtes, y compris les intervalles qui les séparent (environ 45 de ces tubercules sur leso® et 4" rangées. no OPATIVITES. comprises entre les 2* et 5° côtes). Repli à peine plus large vers le mileu de sa longueur que la largeur d'un intervalle ; assez brusquement terminé un peu après le 4^ arceau ventral ; noir, obscur ou terreux ; finement granuleux. Dessous du corps noir ou terreux ; chargé de points tuberculeux assez petits ou médiocres sur l'antépectus et le métasternum; ponctué sur le reste. Prosternum un peu élargi d'avant en arrière jusqu'à l'extrémité des hanches, anguleuscment prolongé après celle-ci. Mésosternum entaillé. Postépisternums parallèles; trois fois à trois fois et demie aussi longs que larges. Pieds médiocres , noirs ou terreux ; granuleux sur les cuisses , râpeux sur les tibias : ceux-ci subgraduellement élargis depuis la base jusqu'à l'extrémité: les antérieurs comprimés, un peu crénelés sur l'arête externe. Tarses grêles; garnis en dessous de poils spinosules: le premier article des postérieurs aussi long que les deux suivants réunis, un peu moins long que le dernier. Patrie: La Barbarie. (Muséum de Copenhague, type de la collection de Walil, décrit par Fabricius). Obs. Olivier a dit à tort (Encycl. Méth. t. 8 (18il), p. 502, article Opatre, que YO. porcatum appartient au genre Asida ; cette erreur a été reproduite par M. Hope (Coléopter. Manual, 5" part. p. 69). BB. ÎJo intervalle ou 4» strie des éiytres, à partir de la suture, correspondant au point le plus avancé de la sinuosité basilaire du prothorax : celte sinuosité moins profonde , plus n^gulièremeut en arc , ne laissant souvent qu'un faible espace vide, entre elles et la base des éiytres. 5. O. ItœtlcuBU; ROSENHAUER. Opatrum bœlicum (Ramburj (Dejean), Gâtai. (1833), p. d93. —Id. (,1857), p. 214. — RoSENHAUEB, Die Thieri; Aiidalus. p. 206. OPATRATES. OpcUrum. \\\ A A. Intervalle juxla-marginal des élytres invisible , quand l'insecte est examiné perpendiculairement en dessous , ou visible seulement en partie vers son extrémité postérieure, (s. g. Opalruvi). D. Sixième intervalle des élytres correspondant au point le plus avancé de la sinuosité basilaire du prothorax. E. Elytres obliquement coupées à la base, seulement à partir de la S" strie, à compter de la suture; convexes, même à la base. Corps épais. Partie an- guleuse de la base du prothorax ne remplissant pas exactement la sinuosité basilaire du prothorax. 4. O. obcsuni; Olivier. Oblong ; convexe; noir, souvent un peu terreux; garni de poils courts couchés , d'un blanc cendré. Antennes et palpes d'un brun rougeâtre. Pro- thorax élargi en ligne courbe jusqu'à la moitié, subparallèle ensuite ; bissi- nué à la base, avec les deux tiers médiaires arqués en arrière; faiblement relevé en gouttière sur les côtés; finement granuleux ; chargé d'une ligne longitudinale médiane. Elijlres à neuf sillons peu profonds, séparés par des intervalles subconvexes : le 5' correspondant au point le plus avancé de chaque sinuosité basilaire du prothorax ; offrant la partie anguleuse de leur baseun peu plus en dehors. Repli ne dépassant pas le 4' arceau ventral. Opatrum obesum, Olivier, Encycl. mélh. t. 8 (18dl) p. 497. f> (type). Long. 0,C090 (4). Larg. 0,0045 (21). Corps oblong; convexe; noir ou noir brun, garni de soies ou de poils apparents, courts, d'un blanc cendré. Tête un peu granuleuse et garnie de poils sur le front, grossièrement ponctuée sur l'épistome; creusée d'un sillon transverse sur la suture frontale. Labre brun; échancré. Palpes d'un brun rougeâtre. Antennes de même couleur; prolongées jusqu'à la moitié des côtés du prothorax ; à 5« article une fois plus long que large, moins long que les deux suivants réunis ; le 4= plus long que large: les 9^ et 6" à peine aussi longs que larges: les 1" h 10" subcomprimés, grossissant graduel- lement: les 7^ à 10" plus larges que longs. Prothorax forte- ment échancré en devant; élargi en Ugne courbe jusqu'à la H 2 OPATRITES- moitié, puis suhpaiallèle ou laibltunenl élargi en ligue droite jusqu'aux angles postérieurs; bissinué à la base, offrant vers eliaque sixième externe de celle-ci le point le plus avancé de chaque sinuosité, avec les deux tiers niédiaires arqués en arrière et plus prolongés que les angles, qui sont aigus et vifs; presque sans rebord sur les côtés, sans rebord à la base; deux fois et quart aussi large à celle-ci qu'il est long sur son milieu; convexe, avec les côtés relevés en gouttière assez étroite, peu profonde ou peuaff'aiblie d'avant en arrière; noir ou noir brun, souvent terreux; finement granuleux; garni de poils peu serrés, courts et couchés, d'un blanc cendré ou jaunâtre; chargé sur la ligne médiane d'une saillie linéaire ou ligne élevée. Ecusson presque en demi-cercle une fois plus long que large; noir; garni de poils. Ehjlres à peine aussi larges en devant que le prothorax à son bord posté- rieur; un peu obliquement coupées sur les côtés de la base seulement à partir de la 5® strie ou presque du 6^ intervalle à partir de la suture, de telle sorte que leur partie anguleuse est plus en dehors que le point le plus avancé de la sinuosité prothoracique, et laisse dans ce point un petit espace vide entre elle et le bord postérieur du prothorax ; subparallèles ou à peine élargies jusqu'à la moitié ou aux trois cinquièmes, en ogive postérieurement; munies d'un rebord marginal fine- ment denticulé et à peu près visible, quand l'insecte est vu en dessus ; assez régulièrement convexes, même à la base, un peu gibbeuses , fortement déclives en pente peu courbe sur le tiers postérieur; à neuf faibles sillons chacune, séparés par des intervalles subconvexes de largeur à peu près égale ; les 4® et 5** sillons plus courts postérieurement, prolongés au moins jusqu'aux quatre cinquièmes de la longueur des étuis: le 5'' correspondant en devant au point le plus avancé de la sinuosité basilaire du prothorax; noires, parfois terreuses; garnies sur les intervalles de poils plus courts, couchés, d'un OPATRATES. — Opcitrum. WS blanc cendré, apparents, assez rapprochés. Repli prolongé jusqu'à l'extrémité du 4" arceau ventral. Dessous du corps noir ou noir brun; garni de poils d'un blanc cendré ou jau- nâtre, peu serrés ; à peine garni de quelques poils granuleux sur les côtés de l'antépectus, ruguleux sur le ventre. Proster- num déclive après les hanches; légèrement relevé à son extrémité; rayé de trois lignes. Pieds noirs ou d'un noir brun; finement granuleux sur les cuisses; râpeux sur les tibias antérieurs et sur les autres : les antérieurs, droits, comprimés, graduellement et médiocrement élargis de la base à l'extrémité, aussi larges à celle-ci que le tiers environ de leur tranche externe: les autres à peine élargis. Patrie : L'île de Scio (Muséum de Paris, type d'Olivier). 5. O. verrucosnin, Germar. Oblong; noir ou noir brun. Prolhorax élargi en arc sni- les côtés; en- taillé profondémeiil vera chaque cinquième externe de sa base ; convexe, relevé en large gouttière sur ses côtés ; presque rêticuleusemcnt gramdeux. Elijlres médiocrement convexes; ornées chacune de cinq côtes assez faibles, chargées de points tuberculeux disposés deux ou trois de front; parées entre chacune de ces côtes de deux rangées de tubercules arrondis assez gros , séparés par une rangée de petits points tubercideux de la grosseur de ceux des côtes : la 3'^ de ces rangées ou 6" intervalle correspondant au point le plus avancé de chaque sinuosité basilaire , que la partie anguleuse de leur base ne remplit pas. Opalrum verrucosum. Germar, Reise nach Dalmat. p. 188. 48. (type.) Long. 0,0090 (4). Larg. 0,0045 (2) vers la moitié de la lon;). Larg. 0,0056 à 0,00C7 (2 1/2 à 31) Corps oblong; obtusément arqué longiludinalement; con- vexe; d'un noir mat; hérissé de poils sur les côtés des cly- tres. Tête noire; assez finement poncluée sur le vertex; marquée de gros points sur le front et surtout sur l'épistome ; légèrement râpeuse; à peine relevée sur le côté des joues. Suture frontale creusée d'un sillon. Epis/ome entaillé jusqu'au milieu de sa longueur; à côtés de l'entaille presque un peu courbes. Labre échancré ; noir, garni de poils moins obscurs. Prt/pes noirs ou d'un noir brun. Antennes prolongéesjusqu'aux deux tiers ou aux trois quarts des côtés du prothorax ; brunes ou d'un brun de sanguine ; garnies de poils un peu rigides; subfdiformes jusqu'au 6' article, avec les quatre ou cinq der- niers un peu plus gros : le 2« court : le 5^ trois fois au moins aussi long que large, visiblement plus long que les deux suivants réunis : le ¥ d'un quart environ plus long que large : les 5^ à 7® à peu près aussi longs que larges: les quatre der- GONOCEPUALATES. — Tvichopodus. 123 niers subcomprimés : le 8* monilirorme : les 9® et iO® plus larges que longs, cupiformes : le 11* plus long que large, rétréci en angle tronqué à partir du tiers de sa longueur. Prothorax échancré en arc en devant ; à angles antérieurs assez prononcés ; élargi en ligne courbe jusqu'à la moitié, rétréci ensuite d'une manière un peu sinuée en se rapprochant des angles postérieurs; bissinué ou presque trisinué à la base, tronqué ou sinueusement tronqué sur le tiers médiaire ou un peuplusde celle-ci, et à sinuosité régulière en arc assez faible vers chaque sixième externe , avec les angles postérieurs dirigés en arrière et à peine aussi prolongés que la partie mé- diaire; une fois au moins plus large à la base qu'il est long sur son milieu ; très-étroitement rebordé à la base ; reborde sur les côtés; convexe sur ses trois quarts médiaires au moins de sa largeur plus ou moins sensiblement, relevé sur les côtés ; noir; marqué de points un peu râpeux et médio- crement rapprochés, plus légers sur le dos, plus marqués ensuite, très-finement granuleux près des bords latéraux; cilié assez brièvement à ceux-ci. Ecusson en triangle une fois au moins plus large que long; noir. Elytrcs un peu plus larges en devant que le pro thorax à ses angles pos- térieurs ; près de trois fois aussi longues que lui ; à peine élargies jusqu'aux trois cinquièmes de leur longueur, ré- trécies ensuite jusqu'à l'angle suturai; obliquement cou- pées en arrière chacune sur le tiers externe de leur base ; un peu obtusément anguleuses dans la partie de leur base correspondant à la sinuosité basilaire du prothorax; munies d'un rebord latéral étroit, visible en dessus; convexes; con- vexement déchves longitudinalement sur leur deux cinquièmes postérieurs ; d'un noir mat ; paraissant à une forte loupe ornées de points à peine saillants et un peu luisants; à neuf sillons postérieurement affaiblis et séparés par des intervalles plus larges et peu fortement convexes; le 4" sillon à partir 124 OPATUITES. de la suture correspondant au point le plus avancé de la sinuosité du prothorax: le 5® intervalle postérieurement pro- loniçé jusqu'aux cinq sixièmes ou un peu moins et peu dis- tinctement enclos par les voisins: le S" un peu plus court: parsemées de petits points granuleux, plus faibles sur le dos , plus marqués et plus rapprochés près des côtés et donnant, près de ceux-ci, naissance à un poil hérissé, obscur. Repli brun ou d'un brun rougeâtre; à peine marqué de petits points granuleux; rétréci depuis la base jusqu'à l'extrémité du 4^ arceau, puis plus sensiblement jusque près de l'angle suturai ; près d'une fois plus large que les postépisternums vers la moitié delà longueur de ceux-ci. Dessous du corps noir, noir brun ou brun; finement granuleux sur les côtés de l'antépectus; garni de points râpeux et finement granu- leux sur le ventre; garni, surtout sur le prosternum et sur le ventre, de poils d'un brun roussàtre. Prosternum finement granuleux; non sillonné. Postépisternums subparallèles ou à peine élargis d'avant en arrière. Pieds médiocres; noirs sur les cuisses, paraissant moins obscurs, brun ou d'un brun roussàtre sur les tibias, par l'effet des poils plus nombreux et moins courts dont ils sont garnis; subsquamuleux sur les cuisses, granuleux sur les tibias. Cuisses antérieures à peine plus grosses. Tibias comprimés: les intermédiaires et pos- térieurs faiblement élargis depuis la base jusqu'à l'extrémité: les antérieurs plus sensiblement élargis , surtout sur leur derniers tiers, aussi larges à l'extrémité que les deux cin- quièmes de leur largeur. Tarses postérieurs, à 1" article aussi longs que les deux suivants réunis, moins long que le dernier. Patrie : Les îles du Cap-Vert (Deyrolle; muséum de Paris; Perroud). GONOCRPHALATES. — HùdrilS 125 Genre Hadriis, Hadre; Wollaston (i). («c/> Si tS a o — c. faiblement élargis vers leur extrémité. Elytres au moins aussi larges en devant que le prothorax à ses angles postérieurs. triangulairement élargis sur leurs deux cinquièmes posté- rieurs. Elytres un peu moins larges en devant que le prothorax à ses angles postérieurs. Genres. Sclerum. Plalysum. Genre: Sclerum, Sclère. (i). (ffxXij/os, rude). Caractères. Tibias antérieurs comprimés; triangulairement élargis depuis la base jusqu'à l'extrémité, aussi larges à celle- ci que sur leur tranche externe: les intermédiaires et pos- (1). (Dejean) , Catal. (1835) , p. J93. — Id. (1852). p. 213. Dénomination que M. Hope a changée en celle de Scleron (Coléopt. Man. S» partie, p. 111 , voyez: MuLSANT, Opuscules entom. i» cah. p. 20). (Nous avons cru devoir rendre à ce nom sa terminaison latine). — Rosenhauer, die. Thie. Andalus. p. 209. 1 56 OPATRITES. lérieiii's faiblement élargis. Tête notablement plus large que longue. Joues oITrant leur plus grande largeur ou leur angle externe au niveau du boi'd antérieur des yeux, ré- trécies ensuite en ligne droite jusqu'à la moitié du côté externe de ces organes, que n'embrassent pas les tempes. Yeux suborbiculaires , en dessus. Epistomc ordinairement chargé d'une carène transversale; entaillé en angle aigu. Labre échancré et cilié. Palpes maxillaires à dernier article obtriangulaire ou sécuriforme. Anlennes courtes; grossissant graduellement à partir du 5® ou du 6® article: le 3" une fois plus long que les deux suivants réunis: les o" à 10° plus larges que longs. Prothorax sinué près de chaque angle postérieur, à la base, avec la partie intermédiaire arquée en arrière et plus prolongée que les angles. Elytrcs contiguës ou à peu près à la partie médiaire de la base du prothorax; obliquement coupées sur le tiers environ du côté externe de leur base, échancrées (prises ensemble) sur leur partie médiaire; subparallèles au moins jusqu'aux deux tiers; à neuf stries ou rangées striales de points. Repli, seule partie des élylres visible, quand l'insecte est vu en dessous; à peine aussi large en devant que le sixième visible du mé- dipectus, anguleusement un peu élargi vers l'extrémité du 4"^ arceau ventral , rétréci ensuite graduellement jusqu'à l'angle suturai. Menton élargi d'arrière en avant en ligne faiblement arquée; plus large en devant qu'il est long sur son milieu; échancré à son bord antérieur; concave. Pros- ternum déclive et non comprimé postérieurement, ne dé- passant pas le bord postérieur de l'antépectus. Poslépislernums parallèles; trois à cinq fois aussi longs que larges, partie antéro-médiaire ou premier arceau ventral en ogive. Pieds assez courts. Tibias antérieurs comme il a été dit : les intermédiaires et postérieurs comprimés, râpeux, un peu anguleusement élargis à leur extrémité. Tarses antérieurs scLÉRATES. — Sclcrum. 157 repliés, dans le repos, sous ses tibias: dernier article des postérieurs presque aussi long que les trois précédents réunis. i. s. orientale; Fabricius. Allongé; snbiHirallèlc ; convexe ; cendré; (jarnï de soies courtes, livides, couchées. Episloine chargé d'une saillie transversale. Prothorax élargi jusqu'aux deux cinquièmes, rétréci ensuite et sinué près des angles pos- térieurs qui sont dirigés en arrière; sinué vers chaque sixième externe de sa base ; offrant au 7noins sur le milieu de sa ligne médiane un point tuberculeux. Elijtres plus de deux fo'is aussi longues qu'elles sont larges, réunies; chargées de trois ou quatre lignes élevées {la submarginale peu marquée), formées de petits points saillants ; offrant entre celles-ci une ligne pareille, non saillante, indistincte ; chargées sur chaque intervalle de tubercules arrondis et couvrant toute sa largeur, longitudinalement peu rapprochés. Tibias antérieurs triangulaires. Opatrum orientale, Faer. Syst. cnloiii. p. ï6, 4. — Id. Spec. Ins. t. 1, p. 90, 6. — Id. Mant. Insec. t. d,p. 51. G. — Id. Enlom. syst. t. l. 2, p. 91. ii. — Id. Syst. Eleiith. t. i, p. J19. 20. — Gmel. C. Linn. Syst. Natur. t. J, p. 1630. 6. — Id. Heubst, Naturs. t. 5. p. 220. 12. — Schoenh. Syst. 1ns. l. 1, p. 125. (en excluant la synonymie de Forskal). — Oliv. Encycl méth. t. 8, p. 500 , 19. (suivant le type de cet auteur, conservé au muséum de Paris). Scleron orientale (Hope), Coleopt. Manual, 5« part. p. 110. Long. 0,0090 (4). Larg. 0,0033 (1 1,2). Corps oblong; convexe; généralement cendré. Tête gra- nuleuse; rayée sur la suture frontale d'un sillon terminé à chacune de ses extrémités par un petit tubercule peu saillant, offrant après les yeux un sillon transversal peu affaibli : ces deux sillons faisant paraître souvent le front chargé d'une faible saillie transversale et granuleuse ; chargée sur l'é- pistome d'une élévation transversale plus marquée. Eins- tome entaillé. Labre échancré et cilié de poils d'un fauve livide. Antennes brunes ou d'un brun rouge; prolongées jusqu'aux deux tiers des côtés du prolhorax; grossissant i38 OPATRITES. presqu'à partir du 6*^ article: le 3*, deux fois et demie aussi long que large: le ¥ un peu plus long que large: le5« submo- niliforme: les 6* à 10^ plus larges que longs: les quatre ou cinq derniers subcomprimés: les 8* à 10' et surtout les 9° et 10'^ plus longs: le H" arrondi en devant. Prothorax en ligne unpeu arquée en devant à son bord antérieur, entre les faibles sinuosités postoculaires; avec les angles antérieurs avan- cés; élargi en ligne courbe jusqu'aux deux cinquièmes, rétréci ensuite en olîrant une sinuosité assez marquée près des angles postérieurs; bissinué à la base, c'est-à-dire sinué vers chaque sixième externe de celle-ci, avec les angles en forme de dent dirigée en arrière et la partie médiaire arquée en arrière et un peu plus prolongée que les angles; peu ou point sensiblement rebordé sur les côtés et à la base ; cilié à cette dernière de courtes soies, livides; plus large que long; convexe; déprimé au-devant de chaque sinuosité basilaire ; chagriné ou chargé de petits points élevés mé- diocrement serrés; garni de soies ou poils livides, courts et couchés; chargé sur le dos de trois tubercules: l'un sur le miheu de la ligne médiane: un de chaque côté de celte ligne un peu plus en avant; déprimé près de la base, de chaque côté de la ligne médiane , et offrant souvent sur celle-ci et à chaque côté externe des dépressions une légère saillie. Ecussou assez petit; au moins aussi long qu'il est large à la base; en triangle à côtés curvilignes; cendré fauve. Elylres un peu ou à peine plus larges en devant que le prothorax à ses angles postérieurs; deux fois et demie aussi longues que lui sur son milieu; échancrées à la base (prises ensemble) sur leurs trois cinquièmes ou deux tiers médiaires , en ligne presque droite , ou peu obliquement coupées en arrière chacune sur le sixième externe de leur base, et peu anguleuses vers chaque sixième externe; subpa- rallèles jusqu'aux trois quarts de leur longueur, subarrondics M scLÉUATEs — Sclenim. 159 postérieurement; munies latéralement d'un rebord étroit; convexes; cendrées; garnies de soies courtes, livides et cou- chées; offrant outre la suture et le bord marginal, quatre lignes longitudinales élevées, formées d'une rangée de petits points élevés et garnis d'une soie; la 4* ou subexterne, plus faible et indistincte en devant, offrant (à une forte loupe, et surtout en les examinant de côté), entre chacune de ces lignes élevées, c'est-à-dire sur les intervalles alternes, les traces d'une ligne semblable non saillante; chargées enfin sur chaque intervalle de tubercules arrondis et obscurs cou- vrant toute la largeur de chaque intervalle, liés aux lignes longitudinales saillantes et non saillantes, un peu irrégu- lièrement disposés , souvent accolés deux à deux d'une manière oblique, et longitudinalement séparés les uns des autres par un espace double de leur diamètre: la l'^'^des lignes élevées, postérieurement unie à la 5^ vers les neuf dixièmes de la longueur des étuis, en enclosant la 2^ qui est plus courte. Repli à peine plus large que les postépisternums vers l'extrémité postérieure de ceux-ci, brusquement un peu dilaté après le 4^ arceau ventral et prolongé jusqu'à l'angle suturai. Dessous du corps cendré ou d'un fauve cendré; gra- nuleux sur les côtés de l'antépectus, assez finement ponctué et garni de soies courtes, livides , couchées sur le ventre. Prosternum convexement déclive après les hanches. Poslé- pisternums subparallèles; six fois environ aussi longs qu'ils sont larges dans leur milieu. Pieds médiocres ou assez courts ; cendrés ou d'un cendré fauve ou brunâtre ; garni de soies courtes, livides et couchées, naissant de points un peu râ- peux. Tibias antérieurs comprimés, triangulairement élargis, à peu près aussi larges à l'extrémité que longs sur leur tranche externe: les intermédiaires et postérieurs très-légè- rement arqués en dedans, graduellement et assez faiblement élargis de la base à l'extrémité. Tarses grêles ; garnis de 140 OPATRITES. soies, et en dessous de poils spinosules : dernier arlicle des postérieurs presque aussi longs que les trois précédents réunis. Patrie: L'Egypte (muséum de Paris, type décritpar Olivier). 2. S. Mariae. Suballongé; médiocremenl convexe; brun, garni de soies courtes et livides; front chargé d'une carène transversale interrompue. Prolhorax étroitement cl assez profondément sinué près de chaque angle postérieur, celui-ci en forme de dent, avec les deux tiers médiaires arqués de la base cl plusprolongès en arriè- re ; chargé de grains râpeux. Elytres chargées chacune de trois côtes un peu ondulcuses couronnées par des grains, entre lesquels naissent des soies courtes : la 2", moins longue: l'interne, interrompue. Intervalles creusés d\me double rangée de fossettes larges, contiguës et peu profondes. Long. 0,0047 (3). Larg. 0,0027 (1 1/2). Corps suballongé; subparallèle; médiocrement convexe; brun. Têlc chargée sur le milieu du front d'une carène trans- verse, interrompue dans son milieu, et d'une autre sur l'épis- tome. Antennes courtes; brunes; à 5*^ article le plus grand, une fois plus long que large : les suivants plus larges que longs : les quatre derniers subcomprimés, plus gros, compo- sant une massue. Prothorax obtusément échancré en devant; un peu émoussé aux angles antérieurs ; élargi en ligne courbe jusqu'au tiers ou un peu moins, subparallèle ou faiblement rétréci ensuite jusqu'aux angles postérieurs; profondément et étroitement sinué, à la base, près de chaque angle posté- rieur, qui est dirigé en arrière en forme de dent, arqué en arrière sur les deux tiers médiaires de ladite base, et sensiblement plus prolongé en arrière dans le milieu de celle- ci qu'aux angles; plus large que long; convexe; longitu- dinalement déprimé ou creusé d'un sillon inégal, avance depuis chaque sinuosité basilaire, jusque vers le milieu de scLÉRATES. — Sclentm. I M sa longueur; chargé de grains râpeux, près de chacun des- quels naît une soie courte et livide. Ecusson petit; triangu- laire. Ehjtres faiblement plus larges en devant que le prollio- rax à ses angles postérieurs; une fois à peine plus longues que lui; parallèles jusqu'aux deux tiers; arrondies à l'extré- mité; déprimées sur le dos, convexement déclives sur les côtés ; à suture pourvue d'un rebord granuleux ; chargées chacune de trois côtes longitudinales un peu onduleuses, couronnées par des grains entre chacun desquels naît une soie courte, livide et couchée: la 1"^% vers le quart in- terne ou un peu plus de la largeur, prolongée jusqu'aux sept huitièmes, un peu plus saillante postérieurement: la 2% plus courte, à peine prolongée au-delà des deux tiers de la longueur des étuis, vers les deux cinquièmes de leur largeur: la 5", entre la 2^ et le bord externe, interrompue, un peu moins longuement prolongée que la l'"''. Intervalles compris entre les côtes, creusés de deux rangées de fossettes suborbicu- laires, larges, peu profondes, contiguës ou parfois confondues. Dessous du corps et Pieds bruns ou d'un brun noir; garnis de soies courtes et livides. Patuie: ïarsous. Nous avons consacré cette espèce à rappeler le souvenir de cette bonne Marie Wachanru, à qui l'Entomologie est redevable de diverses découvertes. 5. s. arinratiiin ; Waltl. Sclerum scuUgerum (Bedeau), in mus. Paris. Sclerum Uneatum (Dejean), Catal. 1833, p. l'J3. — Id. (183Ï) p. 213. Opalrum armalum, Waltl, Reise nach Span. p. 72. Opalrnm, (Sclerum) algiricum, Lucas, Explor. se. de l'Algérie, p. 535. 911, pi. 29, fig. 10. Patrie: L'Espagne méridionale, le nord de l'Afrique. 1 42 OPATRITES. 4. S. rovcolatum : Olivier. Oblong , subparallèle; peu fortement convexe; d'un noir cendre. Epislome presque sans saillie transversale. Prothorax élargi en ligne courbe jusqu'au tiers, faiblement rétréci ensuite; arqué en arrière à la base, avec de faibles sinuosités près des angles postérieurs; crénelé sur les côlés; ponctué et gra- nuleux, marqué de deux ou quatre fossettes près de la base. Ebjtres moins de deux fois aussi longues qu'elles sont larges, réunies; chargées chacune (non comprise la suture et le bord marginal) de trois ou quatre lignes éle- vées et oblusémcnl crénelées (la submarginale peu marquée), avec les intervalles alternes peu ou point saillants ; marqués entre les côtes de deux rangées de points séparés longiludinalemenl par des espaces s ubluberculeux. Tibias an- térieurs tri an gu la ires . Sylpha MuUislriala, Fokskal, Descripl. Anini. p. 77. 1. Opalrum foveolatum, Olivier, Encycl. Mélh. t. 8 (i8H). p. 500. 20. Long. 0,0009 (3). Larg. 0,0028 (I 1/4). Patrie : Les lieux incultes de l'Egyple (muséum de Paris, type d'Olivier). Obs. Cette espèce se distingue de la précédente par sa taille plus faible, ses élytres proportionnellement moins longues; son épistome presque sans carène transversale ; son prolhorax non sinué sur les côtés près des angles postérieurs, assez fortement arqué en arrière et à peine sinué près des angles postérieurs, à la base; marqué au devant de sa base de deux fossettes: l'une, près de la ligne médiane: l'autre, entre celle-ci et le bord marginal ; par les élytres marquées de stries ou rangées slriales de points longitudinalement séparés par des espaces subtuberculeux, avec les intervalles alternes relevés en forme de côtes subdenticulées sur l'arête ; la 1"^% postérieurement unie à la 3% en enclosant la S*": la 4e moins marquée; par ses tibias intermédiaires et posté- rieurs dilatés en dent très-marquée à l'extrémité de leur arête externe. siLECATEs. — Platysum. 145 Nous n'avons pu découvrir des soies sur l'exemplaire un peu terreux que nous avons eu sous les yeux. Genre: Platijsum, Platyse. Caractères. Tibias antérieurs comprimés, triangulairement élargis depuis la base jusqu'à l'extrémité; aussi larges à celle-ci que sur leur tranche externe: les intermédiaires et postérieurs, triangulairement élargis sur leurs deux cin- quièmes postérieurs. Joues relevées sur les côtés; enclosant les yeux. Antennes courtes; à 5® article plus long que large : les 4^ à 8^ très-courts: les 9" à 11" brusquement plus larges et comprimés. Prothorax en arc bissubsinué et dirigé en arrière, à la base, Ehjlres un peu moins larges en devant que le prothorax à ses angles postérieurs; de moitié à peine plus longues que lui; échancrées en devant, prises ensemble, presque en demi-cercle, avec l'angle humerai avancé et assez vif. Repli, seule partie des élytres visible en dessous. Dernier article des tarses postérieurs presque aussi grand que tous les précédents réunis. 1. P. Pnnliuae. Oblong ; subparallèle; médiocrement convexe ; brun, souvent poudré de blanc. Tête rjranuleuse ; chargée sur le front de deux tubercules ar- rondis. Epistome quatre fois atissi large que long. Prolhorax snbparal- lèle sur les côtés; en demi-cercle, bissubsinué et dirigé en arrière à la base, aussi longuement prolongé que sur les côtés ; couvert de points gra- nuleux; ragé dedetix lignes longitudinales raccourcies à leurs extrémités. Elgtres garnies de soies courtes ; à huit stries marquées de gros points, crénelant les intervalles : ceux-ci subtubereuleux. Tibias triangulairement élargis : les antérieurs depuis la base : les autres à partir des trois cin- quièmes de leur longueur. LoriR. 0,0033 (1 1/2). Larg. 0,0011 (1/3). 144 OPATUITES. Corps subparallèle; médiocrement «convexe, brun, noir, ordinairement poudré de blanc. Tcle granuleuse; chargée sur le milieu du front de deux gros tubercules arrondis , séparés par un sillon. E/j/s/omc transverse, quatre fois aussi large qu'il est long; échancré dans le milieu de son bord antérieur. Labre court. Antennes à peine prolongées jusqu'aux deux tiers des côtés du prothorax ; d'un rouge brun, avec les derniers articles plus pâles; à 5® article plus long que large: les 4® à 8' très-courts; les 9'' à 11^ brusquement plus larges, comprimés: les 9° et 10'' une fois plus larges que longs: le 11" moins court. Yeux noirs; enclos par les joues: celles-ci relevées sur les côtés. Prolliorax échancré en devant; élargi en ligne courbe aux angles de devant, puis à peu près en ligne droite jusqu'aux angles postérieurs ; en demi-cercle, subsinué près des angles et dirigé en arrière à la base: en demi-cercle aussi prolongé que les bords latéraux ; sans rebords ; un peu plus large dans son diamètre transversal et plus grand qu'il est long sur son milieu ; médiocrement convexe; chargé de points tuberculeux assez rapprochés; rayé de deux sillons ou lignes longitudinales, voisines de la partie médiane et raccourcies à leur extré- mité ; marqué , en dehors de ces lignes , d'une ligne ou dépression transverse, vers le milieu de sa longueur. Eciis- son peu apparent. Ehjlres un peu moins larges en devant que le prothorax à ses angles postérieurs ; de moitié à peine plus longues que lui; subparallèles jusqu'aux deux tiers, arrondies postérieurement: de moitié plus longues qu'elles sont larges, réunies; médiocrement convexes; con- vexement perpendiculaires à leur extrémité; garnies de soies couchées, courtes et peu apparentes; à huit stries, marquées de gros points séparés par des espaces subconvexes (environ 17 de ces points de la 4'): la 1" terminale: la 2" posté- rieurement unie à la 7": la 5" à la 6": les 4' et 5= plus courtes PACHYPTÉnATKS. 145 et encloses parles voisines. /«./o'm//6's crénelés par les points des stries et rendus, par là, tuberculeux. Repli prolongé jusqu'à l'angle suturai; granuleux. Dessous du corps d'un brun rouge sur la poitrine, brun ou brnn noir sur le ventre; garni de soies courtes et livides. Proslermim ovalaire; con- cave longitudinalement. Pieds bruns ou d'un brun rougeâtre ; garnis de soies courtes et livides. Cuisses subcomprimées, peu renflées. Tibias antérieurs ti'iangulairement élargis ; presque aussi larges à leur extrémité qu'ils sont longs sur leur tranche externe ; subsinués à celle-ci : tibias intermé- diaires et postérieurs triangulairement élargis sur leurs deux cinquièmes postérieurs. laisses grêles, spinosules: dernier article des postérieurs presque aussi grand que tous les précédents réunis. Patrie : Les environs de Nazareth, en Galilée. Cette espèce a été découverte par M' Pauline Mulsant, religieuse à Nazareth , à qui nous nous faisons un plaisir de la dédier. QUATRIÈME RAMEAU. Paebyptératcsi. Caractères. Élyires au moins aussi larges en devant que le prothorax à ses angles postérieurs; en ovale allongé; à repli prolongé à l'angle suturai; à intervalle juxta-marginal en partie visible quand l'insecte est vu en dessous. Pro- thorax sinué ou échancré aux deux extrémités de sa base, avec les angles moins prolongés en arrière que la partie médiaire. Tibias antérieurs comprimés assez faiblement élargis de la base à l'extrémité; échancré à cette dernière. Dernier article des tarses postérieurs plus long que le premier. Corps allongé; convexe; granuleux. Acad, de Lyon, Cl. des Sciences, t. IX. lU iAQ oi'ATiinKS. Genre Pachyptcrus , Pachyptère. (1). [ixyyi, épais; nr.'/ov, élylre). Caractères. Tibias antérieurs comprimés et l'aiblcment élargis depuis la base jusqu'à l'extrémité. Têle notablement plus large que longue. Joues olTrant leur plus grande largeur ou leur angle externe au niveau du bord antérieur des yeux, rétrécics ensuite jusqu'à la moitié ou un peu plus du côté externe de ces organes, où elles se lient ou à peu près aux tempes, pour les enclore. Yeux transverses. Epistome échancré en angle très-ouvert. Labre trans verse ; peu cache par l'épistome; échancré en devant. Palpes maxillaires à dernier article ob triangulaire ou sécuriforme. Antennes cour- tes ou très-médiocres ; grossissant à parlir du 5" ou 6* article: le 3" moins long que les deux suivants réunis. Pro- thorax sinué ou échancré près de chaque angle postérieur, avec la partie intermédiaire de sa base à peu près en ligne droite et plus prolongée en arrière que les angles. Elijlres séparées du prothorax par une sorte de pédoncule; non anguleuses à la base, ni obliquement coupées au côté externe de celle-ci; ovalairement allongées; à neuf stries. Repli et partie de l'intervalle juxta-marginal visibles quand l'insecte est vu en dessous: le repli à peine aussi large en devant que le sixième de la partie visible du médipectus; rétréci à partir de l'extrémité du 4" arceau ventral et prolongé jusqu'à l'angle suturai. Menton plus long que large; tridcnté en d,evant, avec la dent médiane notablement plus avancée (1) (SOUER), (Dejean), Calai. (1835), p. 192. — M. (1837), p. 214. — Lucas. E.xplor. se. de l'Alger, p. 525. PACHYPTÉiUTES. — Pachijplerus. 147 que les latérales ; caréné longitudinalement. Proslcrnum déclive et comprimé après les hanches; ne dépassant pas le bord postériem' de l'antépectus. Postépisternums subparal- lèles ; trois fois aussi longs que larges. Parlie antéro-mé- diaire du premier arceau ventral subarrondie ou en ogive. Pieds peu épais. Tibias antérieurs comme il a été dit: les autres subcylindriques, médiocrement râpeux. Tarses à pre_ mier article des intermédiaires et postérieurs visiblement plus court que le dernier. Cor/}s allongé ; étroit; convexe. A. p. clougatits. Allongé; convexe; d'un noir gris; garni de soies ou poils grossiers d'un livide fauve. Prolhorax arqué et denUculé sur les côtés et brièvement sinuc près des angles ■postérieurs; échancré près de ceux-ci, à la base, avec les trois cinquièmes médiaires en ligne à peu près droite et plus prolongée en arrière ; réliculeuscment ponctué. Elytres ovalairemcnt allongées; à neuf sillons; gra- nuleuses même dans les sillons. Intervalles assez convexes; le juxta-marginal visible en dessus. Menton anguleux en devant; caréné- Tibias antérieurs peu élargis, comprimés. cf. Tibias antérieurs incourbés à l'extrémité de leur arête inférieure et constituant une sorte de talon: les intermé- diaires légèrement échancrés entre le milieu et l'extrémité de leur arête inférieure. Ç. Tibias antérieurs et intermédiaires presque en ligne droite sur leur arête inférieure. Pachypterus clongalus (Dejiîan), Caial. (!833), p. 192. — Id. (1837), p. 214. Lont;. 0,0112 (5). Larg. 0.0033(1 1,2) ;. lu iiasf ilos élytrcs ; 0,003G à 0,0039 (1 Î/S à 1 3/4) vers la iMoilié do la lonf^ucurdc crlles-oi. Corps allongé; épais; convexe; d'un noir gris; garni de poils peu épais, d'un livide fauve, rigidiuscules, mi-relevés. Tête granuleuse; garnie de poils ; sans traces de sillon sur la suture frontale. Epistomc entaillé en angle ouvert. Lo^rc large, en majeure partie apparent; échancré; noir ou noir brun ; 148 OPATRITES. cilié de fauve, cii devant. Valpca bruns. Antennes de même couleur ; prolongées jusqu'aux deux tiers des côtés du pro- lliorax; subcomprimées et grossissant graduellement à partir du 5* au 6" article ; le 3' à peine une fois plus long que large, une fois plus long que le 2': le ¥ un peu plus long (jue large : les 5" à 10" submoniliformes, plus larges que long. Prothorax obtusément échancré en devant, avec les angles de devant avancés en forme de dent et embrassant les côtés de la tête jusqu'au milieu des yeux; arqué ou subarrondi sur les côtés et brièvement sinué près des angles postérieurs, qui, par là, sont rectangulairement ouverts ; à peine plus large à ceux-ci qu'aux antérieurs; échancré à sa base sur chaque cinquième externe de celle-ci , avec les trois cinquièmes médiaires à peu près en ligne droite et visiblement plus prolongés que les an- gles, qui sont rectangulairement ouverts ou en forme de dent un peu dirigée en dehors; un peu plus large à la base, d'un angle à l'autre, qu'il est long sur son milieu, notablement plus large dans son diamètre transversal le plus grand ; sans re- bords; denticulé sur les côtés; convexe; d'un noir gris ; pro- fondément ponctué, presque réticulé, c'est-à-dire marqué de points profonds, séparés par des intervalles saillants, garnis de soies couchées , d'un livide roussâtre. Ecusson en triangle ^m peu plus large que long ; confondu en devant avec le reste du dos du mésothorax ; pointillé ; garni de soies cendrées. Elytres à peine plus larges en devant que le prothorax à ses angles postérieurs ; deux fois et demie à trois fois aussi longues que lui; en ligne presque droite, à la base; armées d'une petite dent dirigée en dehors, à l'angle humerai; graduelle- ment et faiblement renflées dans leur milieu, rétrécies ensuite et plus sensiblement dans leur tiers postérieur; obtuses à l'extrémité ; munies d'un rebord latéral invisible quand Tin- secte est examiné en dessus ; convexes; à neuf stries ou sil- lons, garnies dans le fond de petites granulations: la 7" abou- APATÈLATES. iAd tissant au côté interne de l'angle humerai : la 8^ n'arrivant pas à cet angle: la 4*' postérieurement raccourcie, prolongée jusqu'aux sept huitièmes, enclose parles 3® et 5*. tniervalles assez convexes; garnis de granulations assez rapprochées, donnant chacune naissance à une soie ou poil grossier mi- hérissé, d'un livide fauve : intervalle juxta-marginal presque entièrement visible, quand l'insecte est examiné perpendi- culairement en dessous. Repli rétréci à partir de l'extrémité du 4" arceau ventral et prolongé jusqu'à l'angle suturai. Jien- fon anguleux en devant; caréné. Dessous du corps d'unnoirgris; garni de poils d'un livide fauve; ponctué comme le prothorax, sur les côtés de l'antépectus, moins grossièrement ponctué sur le ventre. Prostcrnum ponctué; convexement déclive et comprimé après les hanches, denticulé sur la tranche; dé- passant à peine le bord postérieur de l'arceau. Pieds peu épais; d'un noir gris; garnis de poils. Cuisses peu ou point renflées; réticuleusement ponctuées. Tibias antérieurs com- primés, assez faiblement ou faiblement élargis de la base à l'extrémité : tibias intermédiaires et postérieurs finement granuleux; à peine élargis. Tarses postérieurs à dernier ar- ticle presque aussi long que les trois précédents réunis. Patrie : Le Sénégal (Muséum de Paris). CINQUIÈME RAMEAU. Apatèlates. Caractères. E'/î/fres plus larges en devant que le prothorax à ses angles postérieurs; à repli prolongé jusqu'à l'angle suturai, en se rétrécissant presque graduellement: ce repli la seule partie des élytres visible en dessous. Antennes grêles. Yeux transverses, peu entamés par les joues. Angle i 50 OPATUITES. externe de celles-ci correspondant plus avant que le niveau du bord antérieur des yeux. Prothorax en ligne droite à la base. Premier article des tarses postérieurs moins long que le dernier. Corps oblong; garni de poils. Genres, tn / Grossissant seulement à partir du 9^ article. Tibias antérieurs O 1 g \ subcylindriques. Prionotus. ^ j Grossissant h partir du !« ou du 8» article. Tibias antérifurs "^ \ comprimés. Apalelus. Genre Prionotus; Prionote. Caractères. Tibias antérieurs subcylindriques. Tête plus large que longue. Joues offrant leur plus grande largeur ou leur angle externe au niveau de la suture frontale; rétrécies ensuite jusqu'aux yeux qu'elles échancrent à peine. Yeux transverses dans leur partie visible sur la tête. Epistome échancré en arc ou en angle très-ouvert. Labre transverse ; peu caché par l'épistome; échancré en devant. Palpes maxil- laires à dernier article sécuriforme ou obtriangulaire. An- tennes très-médiocres ; grossissant assez faiblement et seule- ment à partir du 9" article : le 5* plus long que les deux sui- vants réunis. Prolhorax en ligne droite à la base; plus large c]ue\ong. Élijlres un peu séparées du prothorax par une sorte de pédoncule ; non anguleuses à la base ; à cinq intervalles doubles, représentant chacun dix intervalles ordinaires; char- gées (outre la suture et le rebord marginal) de quatre côtes longitudinales. Repli, seule partie des élytres visible en des- sous ; aussi large en devant que le tiers de la partie visible du médipectus, trois fois aussi large que les postépisternums vers l'extrémité postérieurs de ceux-ci; prolongé jusqu'à l'an- gle suturai, en se rétrécissant graduellement depuis le niveau de la moitié du l**"^ arceau ventral. Menton obtriangulaire; plus large en devant qu'il est long sur son milieu. Proslernum convexement déclive après les hanches , ne dépassant pas le APATÈLATES. — PrloUOtllS. ÎM boi'd postérieur de Ya.nté\iccins.Postcpisternnms subparallèles, trois fois ou trois fois et demie aussi longs que larges. Partie antéro-médiaire du premier arceau ventral subarrondie ou en ogive. Pieds grêles. Tibias antérieurs comme il a été dit:, les autres médiocrement râpeux. Tarses à premier article des intermédiaires et des postérieurs plus long que le dernier. Corps large ; peu convexe. Les insectes de ce genre semblent rappeler les formes et certains caractères des Eurynotaires, dont ils s'éloignent par les élytres n'offrant aucune partie de l'intervalle juxta- marginal visible quand l'insecte est examiné en dessous ; par la forme du prosternum et quelques autres caractères. Ils s'éloignent de tous les autres Opatrates par leurs joues plus antérieurement anguleuses, entamant à peine leurs yeux ; par le prothorax en ligne droite à la base ; par les élytres à dix intervalles ; par la forme du menton ; par les tibias antérieurs cylindriques ; par le dernier article des tarses intermédiaires et postérieurs moins long que le premier. 1. p. dcnticollls ; BLANCHARD. Oblong; peu convexe; d'un noir brun; garni de poils peu épais el peu apparents. Prolliorax arque et crénelé sur les cùlés; en ligne droite à la base; rcliculeuscmenl ponctué; relevé uniformément sur les côtés, sur une largeur égale au cinquième de la base. Elytres un peu séparées du prolliorax; sub- arrondies aux épaules: subparallèlcs jusqxi'aux trois cinquièmes, en ogive postérieurement ; à rebord marginal denliculé, invisible après les épaules ; granuleuses et garnies de poils obscurs; chargées chacune (outre la suture et le bord marginal) de quatre lignes saillantes et granuleuses; rayées d'une strie juxta-sulurale . Tibias antérieurs cylindriques. Opalrum dcnticolle , E. Blancuard, Voyage au pôle sud el dans rOcéaiiie , sur les corvettes V Astrolabe et la Zélée, (Zoologie), t. 4, p. 1j4, pi. 10, lig. 15. Long. 0,0100 (1 I/ïl)- Larg. 0,0045 [i^). Corps oblong ; peu convexe ; d'un noir biun ; garni de 1 5^ OPATKH ES. poils lins, peu épais, presque indistincts. Tête presque réti- culeusenient ponctuée ou marquée de points séparés par des intervalles saillants; peu garnie de poils; creusée d'un sillon transversc sur la suture frontale ; un peu relevée sur les côtés des joues. Ëpistome échancré en arc ou en angle très-ouvert dirigé en arrière. Labre transverse; échancré. Palpes d'un rouge brun. Antennes prolongées presque jusqu'aux angles postérieurs du prothorax; brunes; garnies de j)oils; filiformes jusqu'à l'extrémité du 8^ article, avec les trois derniers gra- duellement un peu plus gros : le 3' trois fois aussi long que large , plus long que les deux suivants réunis : les 4' à 10' au moins aussi longs que larges: les ¥ à 8' subovalaires : les 9* et 10' obtriangulaires: le 10' à peu près aussi long que large : le 11' ovalairc, plus grand. Prolhorax échancré en de- vant, c'est-à-dire faiblement échancré en arc derrière la tête, avec les angles avancés en forme de dent ; arqué et denticulé sur les côtés ; un peu plus large aux angles postérieurs qu'à ceux de devant; en ligne droite à la base; de moitié plus large à celle-ci qu'il est long sur son milieu ; médiocrement convexe, avec les côtés relevés sur une largeur uniforme, égale au cinquième de la largeur de la base, et constituant par là une sorte de gouttière; d'un noir brun ; marqué de points grossiers, irréguliers, plutôt carrés qu'arrondis, séparés par des intervalles saillants et tranchants, paraissant ainsi râpeux, réticuleusement ponctué; garni dans chacun de ces points d'un poil livide ou d'un livide-fauve, court, couché, peu ap- parent. Ecusson en triangle subéquilatéral , confondu en de- vant avec le reste du dos du mésothorax ; ponctué ; râpeux. Êlytres séparées du pro thorax par un intervalle ou sorte de pédoncule égal à la moitié de leur largeur ; émoussées ou subarrondies aux épaules, subparallèles ensuite jusqu'aux trois cinquièmes, puis rélrécies en ligne courbe jusqu'à l'an- gle suturai qui semble un peu prolongé; munies d'un rebord APATÈLATES. Apulelus. i55 marginal denticulé, invisible après les épaules, quand l'in- secte est examiné en dessus ; peu convexes sur le dos , con- vexement déclives sur les côtés ; garnies de poils obscurs, peu apparents, mi-relevés; marqués de points précédés cba- cun d'une granulation, ou ruguleusement granuleuses; char- gées, outre la suture et le bord marginal, de quatre côtes ou lignes longitudinales, également granuleuses et paraissant ainsi denticulées : ces lignes saillantes constituant les limites des intervalles alternes: la 1'" ou juxta-suturale postérieu- rement liée à la 5* en enclosant la 2% qui est un peu plus courte: la 4' isolée, à peu près aussi longue que la 2'; rayées d'une strie apparente entre la suture et la première côte, sans stries entre les autres signes saillants. Intervalles existant entre les côtés, plans. Repli, seule partie des élytres visible en dessous ; prolongé à peu près jusqu'à l'angle suturai. Des- sous du corps d'un noir brun ; grossièrement et râpeusement ou presque réticuleusement ponctué ; garni de poils noirs in- distincts sur le ventre. Proslermim convexement déclive après les hanches ; un peu prolongé après le bord postérieur de l'antépectus ; faiblement sillonné postérieurement. Pieds d'un brun noir, avec les tarses bruns; grêles. Cuisses non renflées. Tibias surtout les antérieurs, subcylindriques. Pre- mier article des Tarses intermédiaires et postérieurs plus long que le dernier. Patrie: La Tasmanie (muséum de Paris, tijpe décrit par M. Blanchard). Genre Apatelus; Apatèle. (air«7i)Voç, trompeur.) Caractères. Tibias antérieurs subcomprimés. Joues offrant leur angle externe un peu plus avant que le bord antérieur 154 • OPATllIÏES. des yeux qu'elles coupent en se rétrécissant jusqu'à la moitié. Yeux à grosses facettes; subarrondis, dans leur partie visible en dessus. Antoines grossissant assez faiblement à partir du 7® ou du 8'' article : le 5° deux fois et demie aussi long que large; un peu moins long que les deux suivants réunis : les 4^ à 7^ un peu plus longs que larges : le 7" faiblement obco- nique : les 8® à 9" plus fortement obconiques, à peine plus longs qu'ils sont larges à l'extrémité : le 10° plus large que long, submoniliforme : le 11*^ obtusément conique, notable- ment plus long que large. Élytres peu ou point séparées du protborax, à deux stries ou rangées striales de points. Repli à peine plus large en devant que le quart de la partie visible du médipectus. Tibias antérieurs comme il a été dit. Premier arliclc des tarses postérieurs à peine moins long ou aussi long que le dernier. Corps peu convexe; peu large. Les autres caractères comme dans le genre précédent. i. A. llopii. Oblong ; peu convexe ; d'un 7ioir brun; garni de soies peu épaisses. Antennes d'un brun rouge. Prolhorax assez faiblement arque sur les côtés et subsinué près des angles postérieurs; en ligne droite à la base; déprimé à celle-ci près des angles; faiblement convexe, à peine étroitement relevé sur les côtés ; presque réiiculcusement ponctué. Elytres à peine séparées du prothorax; à peine émoussées aux épaules; subparallèles jnsqu'aux trois cinquièmes, en ogive postérieurement; à rebord marginal invisible en dessus; à dix stries assez fortement ponctuées. Intervalles subconvexes; granuleux; garnis desoies courtes: les o« et 6'e un peu saillants. Tibias antérieurs subcylindriques. cT- Tibias antérieurs très-étroits à la base, graduellement et faiblement élargis jusqu'aux deux tiers de leur arête interne, plus légèrement rétréci ensuite, à peine plus larges à celle- ci que le sixième de la longueur de leur tranche externe; canaliculés sur leur tranche interne ou inférieure. Ç . Tibias graduellement et faiblement élargis en ligne APATÈLATES. — Apatelus. 155 droite sur leur tranche inférieure ou interne, depuis la base jusqu'à l'extrémité; peu ou point sensiblement canaliculés sur ladite tranche. Long. 0,00-S (3 1,2). Larj;. 0,0028 (1 1/3). Corps oblong; peu convexe; d'un noir brun; garni de soies courtes, couchées, peu serrées; d'un livide ïauyc. Protliorax écliancré en arc régulier en devant; faiblement arqué sur les côtés jusqu'aux quatre cinquièmes de leur longueur, si- nué ensuite peu profondément jusqu'aux angles postérieurs qui sont rectangulairement ouverts; d'un quart plus large à sa base qu'il est long sur son milieu; à peine relevé en gout- tière étroite sur les cotés. Ecusson en triangle au moins aussi large que long. Elylres plus larges en devant que le prothorax; non anguleuses à la base; peu émoussées k l'angle humerai; à rebord latéral à peine denticulé, à peine visible aux épaules, invisible ensuite en dessus; à 40 stries marquées de points médiocres ou assez gros : les 5' et 6- plus courtes et en- closes par les 5' et 7'' intervalles. Ceux-ci subconvexes ou un peu en toit; garnis de granulations peu saillantes et garnis de soies courtes. Menton plus large que long; obtriangulaire, avec les angles de devant un peu déclives; à peine caréné. Prostermim rayé de deux lignes. Cuisses antérieures et in- termédiaires rayées de deux lignes. Premier ariiele des tarses postérieurs à peine aussi long ou moins long que le postérieur. Patrie : La Nouvelle -Hollande. (Collect. Hope). (La suite nu prochain volume). NOUVELLES OBSERVATIONS SLR LE BLEIJISSËIIE^T DES ASTRES Par H. FOVRIVET, Correspondant de l'Institul, Professeur à la Faculté des Sciences de Lyon. (Mémoire présenté it l'Acacléinie de LyoD, dans sa séance du b avril 1859). Virgile ayant avancé, dans ses Géorgiques, que le soleil bleui est un pronostic de pluie: Cœruleus phiviam demmtiat, j'ai d'abord regardé cette indication comme inutile pour nos pays septentrionaux, attendu le petit nombre d'exemples mentionnés par les météorologistes. Cependant, en réflé- chissant que la France possède par moments de fort beaux ciels, et que l'Italie se montre très-nuageuse dans certaines saisons , je me décidai à étudier cet astre , concurremment avec la lune, en m'attachant à saisir les nuances les plus délicates dont, selon toute apparence, les physiciens ont jugé à propos de faire abstraction. Mes études prolongées depuis le mois d'octobre 1858 jusqu'à la fin de mars 1859, m'ont amené à reconnaître que, durant les atmosphères vaporeuses, ces deux flambeaux célestes ne se présentent pour ainsi dire jamais avec une blancheur parfaite. Abstraction faite de la rubéfaction bien NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LE BLEUISSEMENT DES ASTRES. 157 connue des soirées ou des matinées, leur teinte vire tantôt à l'orangé plus ou moins foncé, tantôt au bleu, selon diverses conditions dont il importe de tenir compte. Cependant, je laisserai actuellement de côté la première de ces colorations, qui est presque habituelle pendant les époques brumeuses ou nuageuses, pour ne faire ressortir que la fréquence du bleuis- sement. En même temps j'insisterai sur les circonstances dans lesquelles il s'est manifesté, et de plus, je tiendrai compte des indications relatives à la pluie, afin de ne rien laisser à désirer à l'égard du pronostic virgilien. Quoique les six mois de l'automne , de l'hiver et du printemps aient été entrecoupés par les épaisses brumes , hautes ou basses, de novembre, et malgré les occupations qui occasionnèrent des lacunes dans mes séries , je pus noter vingt cas de colorations cyaniques, dont neuf sont re- latives au soleil; les onze autres affectèrent par conséquent la lune. Si cette différence était constante, on serait en droit de conclure que la nuit est plus favorable que le jour pour la visibilité du phénomène; l'on trouverait, en outre, la cause du fait dans l'annulation qui doit être la conséquence d'une trop vive clarté. Mais on admettra sans peine qu'avant de se prononcer dans ce sens, on devra être muni d'obser- vations plus nombreuses et plus régulièrement soutenues. De même, on comprendra facilement qu'à l'égard du degré de confiance qu'il convient d'accorder au signe du poëte, il faut avoir détaillé ses relations avec les états atmosphé- riques sous l'influence desquels il s'est manifesté. Les rap- prochements établis dans ce sens conduisent aux conclusions suivantes: Neuf fois, l'apparition du bleu a été suivie de pluies dans la soirée ou le lendemain. Sept fois , elle a été précédée d'une pluie de la veille , ou de la journée ; mais le beau temps survint le lendemain. 158 NOUVELLES OBSERVATIONS. Deux journées pluvieuses furent entrecoupées d'éclaircies pendant lesquelles le phénomène put se manifester. Deux autres journées sans pluies , quoique nuageuses , précédées et suivies également de temps nuageux , ont pareillement fait développer le bleu. De cette indifférence il sera facile de conclure, pour nos climats, que l'aspect bleu ne peut pas plus être accepté, à titre d'indice absolu , que la présence des rayons crépus- culaires, des halos, des nuages irisés, des arcs- en-ciel, dont l'apparition s'efl'ectue aussi bien au moment où les vapeurs atmosphériques se condensent en couches pluvieuses, qu'aux instants ou celles-ci se morcellent sous les iniluences com- binées de leur épuisement et de l'action d'un air dissolvant. En d'autres termes, il sulTit que les nébulosités atteignent, d'une façon ou de l'autre , une certaine épaisseur , pour qu'aussitôt le bleuissement se produise , mais cette densité n'est pas une cause nécessaire de pluie. Afin d'aborder actuellemenlle côté physique de la question, il me faut au préalable résumer les divers détails du phéno- mène. On vient de voir que l'intervention des nuages est indis- pensable , et qu'ils ne doivent être ni assez denses pour mas- quer trop fortement les astres , ni raréfiés au point de laisser tamiser leurs rayons en trop grande abondance. En cela l'état cumuleux du ciel se prête avec elTicacité à la production de la couleur, sans doute par la raison que ces flocons pré- sentent habituellement des différences très-prononcées entre l'opacité de leurs parties centrales et l'atténuation de leurs bords. D'un autre côté, il faut observer que rarement le bleu se manifeste seul. D'habitude il est accouipagné d'illuminations plus ou moins orangées, placées au-delà de l'espace azuré dont l'astre occupe le centre. En suivant, en outre, les SUR LE BLEUISSEMENT DES ASTRES. 159 diversités des apparitions, on arrive à distingue! plusieurs cas qu'il s'agit de réduire d'abord à une formule générale: les effets accidentels s'expliqueront ensuite facilement. Imaginant donc des nuées mobiles et capables de produire le résultat le plus complet, on verra l'astre, d'abord parfai- tement éclipsé , trouver bientôt , quelque part autour de ses flancs , une partie translucide par laquelle il émettra des rayons qui doreront aussitôt les globosités de l'un ou de l'au- tre des cumulus voisins. Ceux-ci étant emportés par lèvent, laisseront à son tour apparaître, entre la dorure et le foyer encore imaginaire, un bleu indécis dans ses contours. Puis au moment où le voile sera en quelque sorte réduit à l'état d'une simple gaze vaporeuse, on pourra distinguer à la fois les fa- cules orangées des nuages éloignés, une zone bleue inter- médiaire, et les orbes tantôt bleuis, tantôt blanchis ou jaunis, du soleil ou de la lune, placés au centre de ces irisations. En passant actuellement de ce caractère normal à l'énu- mération des variétés de détail, nous aurons à citer le cas où l'astre est bleui en même temps que son entourage im- médiat, la frange orangée des flocons étant toujours main- tenue à distance. Je puis encore faire remarquer qu'à la date du 21 décembre, la lune se montrait fréquemment à l'état cyanictère, c'est-à-dire à moitié bleue, à moitié jaune, aux moments où elle émergeait du centre opaque d'un flocon, pour passer dans la lisière raréfiée. Alors également des reliefs orangés, pâles ou prononcés, diversifiaient les nuelles placées sur les contours de la partie la plus claire du tableau. Dans certaines journées seulement, le globe, étant fortement terni , est devenu bleu sans faire naître les franges orangées normales. Réciproquement il arrive que ces ornementations du cadre ne se montrent point, quand même le disque est revêtu d'or. Si d'ailleurs la densité des nuées est suflisante, l'astre n'est plus nettement circonscrit. Sa place est simple- 160 NOUVELLES OBSERVATIONS nient indiquée par une tache bleue, irrégulière, aux contours indécis, et capable de laisser un moment dans le doute de sa- voir s'il s'agit réellement de sa présence en arrière du rideau, ou d'un point indifférent , éclairé par une cause quelconque. En pareille occurrence, les nuages ambiants peuvent être privés de leur bordure dorée. Toutefois, il arrive aussi qu'à partir de cette surface ambiguë, le bleu tourne subitement à l'irisation orangée. Enfin , un cumulus opaque, annulant le bleu, l'orangé éloigné persiste, malgré la disparition com- plète de tout indice d'un foyer lumineux. Ces diverses évolutions qui simulent assez bien les cha- toiements de certaines opales laiteuses, où l'azur pâle se marie avec les feux émanés de leur intérieur, surviennent souvent dans un court intervalle de temps. Elles s'effectuent d'ailleurs avec une promptitude proportionnée à l'irrégulière condensation des vapeurs, à la complication du groupement cumuleux, à la dimension des vésicules composantes, à l'é- tendue des lacunes intermédiaires et à la vitesse dont le vent anime le système. Au surplus, qu'on ne s'y trompe point, ces coloris orangés ou azurés sont habituellement très-pàles , et, pour le dire en passant, c'est cette circonstance qui les a fait méconnaître. D'un ciel nuageux, terni sous l'influence d'une intempérie pluvieuse, traversé de fugitifs rayons solaires ou lunaires, il ne faut attendre , ni les tons embrasés d'un pur couchant, ni les royales splendeurs de l'aurore , ni encore les magiques irisations de l'arc-en-ciel, car celui-ci même exige l'accord simultané d'un soleil perçant et d'une forte ondée. Ici , au contraire, où l'éclat n'est qu'un accident, l'orangé se dégrade souvent en une teinte fauve, Isabelle, ou blême, presque blanche, et le bleu affadi devient parfois encore moins ap- parent. Il convient donc quelquefois de recourir à des moyens artificiels afin de saisir ces mornes clartés. Dans ce but, il est SUR LE BLEUISSEMENT DES ASTRES. i6I à propos de se servir d'un miroir noirci, ou, ce qui revient au même et est en sus d'un usage bien plus facile, il suffit de recevoir l'image réfléchie par les flaques d'eau. Elles afîai- blissent la lumière environnante au degré convenable pour rendre les efTets cherchés beaucoup plus perceptibles. Peu importe du reste que le phénomène ait été vu directe- ment ou par réflexion, les couleurs propres à chacune de ses parties persistent quand on les examine au travers du tube dont M. Chevreul a si justement recommandé l'emploi dans les études au sujet de l'optique météorologique. L'intensité varie seule, en vertu de causes qui seront discutées dans une autre occasion. Pour le moment, je me contente d'ajouter que si l'instrument conserve alors les derniers indices d'un bleu livide, il n'en est pas complètement de même à l'égard de l'orangé extérieur, qui, selon son degré de faiblesse, ne se laisse plus apprécier que d'une manière vague, ou bien s'évanouit d'une manière indéfinissable. Celte petite diffé- rence me paraît résider dans le caractère plus tranché du bleu; mais quelle que soit la cause de cette dégradation, il suffit qu'en dehors de ces limites extrêmes les nuances per- sistent pour qu'il faille exclure le rôle absolu des effets du contraste. Sans doute les couleurs juxtaposées s'exaltent en raison de leur vivacité , car le bleu est complémentaire de l'orangé; aussi suis-je actuellement porté à croire que cette circonstance a contribué pour une large part à l'intensité du phénomène observé au Mont-Cenis, le 15 mars 185G. Il faut en effet ne pas oublier que l'astre passait alors par intervalles du bleu au vert glauque, selon les modifications plus ou moins rubigineuses de l'orangé. En tous cas, des expériences bien simples mettront chacun à même d'apprécier les résul- tats d'une juxtaposition de ce genre. Plaçons-nous, par exemple, de telle sorte que l'œil reçoive simultanément, par la réflexion d'une surface mouillée, la lu- Acad. de Lyon, Cl. des Sciences, t. IX. M 162 NOUVELLES OBSEUVATIONS mière orangée d'un bec à gaz et la lumière jaune-clair de la lune. Eh bien, celle-ci se montrera revêtue d'un joli bleu; mais ce cyanisme s'effacera dès que l'on s'arrangera de façon à soustraire l'organe de la vision à l'influence du contraste. On arrivera, de plus, à percevoir d'ime seule et même place le reflet orangé du réverbère, le reflet bleui de la lune et la clarté blanche ou blême émise directement par celle-ci. Or, l'astre plus ou moins incolore ne pouvant laisser miroiter qu'un blanc correspondant, s'il montre dans ce cas la teinte supplémentaire de la flamme, ce doit être en vertu d'une in- fluence de voisinage. Regardant comme inutile d'insister sur les diversités qui seront les conséquences du degré d'intensité des lumières juxtaposées, je vais sans plus tarder mettre les faits fonda- mentaux en rapport avec une autre manifestation céleste. A cet égard, il importe tout d'abord de rappeler la corrélation du bleu central avec l'orangé extérieur, corrélation qui avait échappé aux observateurs témoins du bleuissement en ques- tion, et dont j'ai pu enfin étabUr l'existence. Elle se mani- feste en cïïei également dans le phénomène si connu des cou- ronnes, car dans celui-ci l'anneau en contact avec l'astre est d'un blanc mat, dégradant en bleu, lequel est enfin suivi du cercle orangé plus ou moins rouge. Tel est du moins le cas habitue] oîi il ne s'agit pas de certaines brillantes complications, composées de plusieurs récurrences de pourpre, de carmin, de bleu, de vert et de jaune. Tel est encore l'assortiment des couronnes artificielles que l'on obtient si facilement durant l'hiver, en laissant déposer la vapeur aqueuse, provenant d'une enceinte tiède, contre un morceau de verre refroidi par l'atmosphère extérieure. Celui-ci se recouvre alors de goutte- lettes au travers desqueUes l'observateur examinant du dehors en dedans la flamme d'une bougie, recevra du même coup sa clarté orangée, le bleu de l'écusson environnant, enfin la do- rure du grand cercle qui limite cet ensemble. SUR LE BLEUISSEMENT DES ASTRES. 163 Ceci posé, j'ajoute qu'en étudiant les diverses phases de mes astres bleuis, j'ai reconnu que dans les instants où leur lumière se dégage avec une certaine intensité, elle est pareil- lement environnée par Tébauche plus ou moins complète de la rosace bleue, qu'enveloppe finalement la circonférence orangée, celle-ci pouvant d'ailleurs être intégrale ou par- tielle. Que le nuage flottant devienne ensuite difforme et plus dense, aussitôt l'irrégularité remplacera les mathématiques courbures des anneaux précédents; le blanc mat, le bleu couvriront tour à tour la face du corps céleste qui, enfin, sera complètement obscurci pour repasser à l'état le plus lumi- neux par une suite de gradations inverses. En dernière analyse, la théorie de la diffraction appliquée par Fraunhoffer à la formation des couronnes, doit se concilier également avec le cyanisme des astres, dans lequel les effets du contraste se trouvent ainsi réduits à n'être plus que de sim- ples accessoires. J'aurai d'ailleurs à faire connaître par la suite d'autres modifications du phénomène en question ; car dans ses jeux coquets la gracieuse Iris groupe de mille ma- nières l'or , l'argent , les perles et les pierreries de son écharpe. Pour le moment, je m'empresse de témoigner à M.Chevreul ma reconnaissance pour le service qu'il m'a rendu en me donnant l'avertissement tacite de ne point me livrer à cet égard aux indications de MM. Arago et Babinet (Comptes rendus, 1858). Je puis môme saisir l'occasion, pour déclarer immédiatement que Jupiter n'a pas un aspect bleuâtre, par la simple raison que les habitants de la capitale le voient à la clarté contrastante de leurs becs de gaz , comme l'a avancé l'illustre physicien auquel la science est entre autres redeva- ble des Recherches sur les couleurs des réseaux (1857). La planète possède cette nuance en rase campagne, pendant les nuits les plus variées, et elle la conserve au tube, ainsi que je m'en suis assuré à plusieurs reprises en Provence aussi 164 NOUVELLES 0BSEUVAT10^S SLR LK BLEUISSEMENT DES ASTRES. bien qu'à Lyon. Au surplus, j'aurais dû ne pas oublier que les anciens blasonneurs, que les alchimistes faisaient l'applica- tion de sa nuance à Vaziir de leurs émaux et à l'apparence livide de Tétain, de même qu'ils établissaient un rapproche- ment syuibolique entre le fer, base du colcolhar, entre leurs champs de gueules, et Mars, par la raison que cette planète est douée d'une teinte rouge. En cela, bien certainement leur jugement n'a pas pu être influencé par la cause qu'indique M. Babinet. Mais si je laisse dès à présent de côté la théorie du contraste à l'égard de Jupiter et de Mars, il n'en est pas de même pour les lunes verdies au milieu de l'arc crépusculaire. Cette nuance smaragdine est surtout prononcée quand l'astre n'est encore qu'à l'état de croissant, parce que ce mince filet se laisse plus fortement influencer parla coloration céleste que la masse totale de l'astre dans son plein. D'ailleurs le tube suffit pour rectifier l'appréciation de l'organe visuel, et j'en ai fait l'expérience assez récemment pendant deux soirées con- sécutives. Enfin, l'arc rouge s'évanouissant rapidement, on voit à mesure de sa disparition, la lune reprendre sa blancheur. »» Ol RECHERCHES SUR LES OMBRES COLORÉES gui SE MANIFESTENT A DIVERSES HEURES, EN DIVERSES SAISONS , et SUR LES APPLICATIOIVS M PUËIVOMËM, Par M. J. FOURNET, (jorresponjant de l'institul. Professeur à la Faculté des Sciences de Lyon. (Lu à l'Académie impériale de Lyon, dans la séance du 5 juillet i859). L'exacte appréciation des couleurs étalées sur la voûte céleste, ou répandues entre l'horizon et le zénith, doit néces- sairement être un objet d'études pour le météorologiste ; il en tire des présages au sujet des vicissitudes atmosphériques. Leurs modifications, selon les heures, les climats et l'état de l'air préoccupent parfois aussi les peintres ; mais il n'est pas toujours facile de distinguer ces diverses teintes. Les influences du contraste simultané peuvent d'abord nuire à la juste détermination des effets qu'il s'agit de préciser. Tantôt l'éclat du soleil offusque la vue. Dans un moment différent, certains rayons s'effacent au miUeu de la splendeur des autres. 166 UECIIERCIIES SUR LES OMBRES COLORÉES Il arrive encore que toutes les nuances se confondent dans une pâleur commune, ou réciproquement, la blancheur de certaines zones est équivoque, malgré la vive sensation qu'elles produisent sur les organes visuels, de façon que , livres aux hésitations si bien exprimées par Sainte-Beuve: Elail-ce une blanche atmosphère. Le brouillard doré du niatia. Ou du soir la rougeur légère ? les observateurs ont dû chercher les moyens de lever les difficultés inhérentes à ce genre d'études. A cet égard, le géologue De Saussure, auquel la météorologie est redevable de ses principales bases, amena un premier pas en imaginant son cyanomètre, dont un autre géologue, M. de Humboldt, a fait un si fréquent usage dans ses voyages en Amérique. Malheureusement l'emploi de l'instrument, réduit à la distinction de l'intensité de l'azur aérien, n'est en aucune façon applicable aux jaspures plus ou moins tourmentées dont le ciel se décore dans certains moments. D'un autre côté, l'on sait parfaitement que des colorations bleues, orangées, rouges ou vertes, largement étalées, diffuses, se fondent de la manière la plus insensible sur la concavité de la voûte cé- leste, de sorte qu'en définitive la solution du problème com- plexe, dont je viens d'indiquer les éléments, se laissait désirer. Adonné aux études météorologiques , depuis plusieurs an- nées, j'ai cherché à répondre à celte partie des besoins de la science, et je crois être arrive à des moyens d'appréciation, dont l'emploi me paraît de nature assez satisfaisante pour mériter quelque attention. En première ligne , il faut ran- ger le tube indiqué par M. Chevreul , dont les résultats se- ront détaillés dans une autre occasion. Pour le moment, je me borne à mentionner les indications déduites de la colo- ration des ombres ; mais comme j'aime à faire connaître ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. 167 les découvertes antérieures, je vais récapituler, au préalable, les principales conclusions de mes devanciers, que je divise en deux classes, savoir: les expérimentateurs de cabinet et les simples observateurs de la nature. La connaissance des ombres colorées est déjà fort ancienne. Le célèbre peintre et météorologiste Léonard de Vinci, indé- pendamment de ses principes au sujet de la perspective aérienne, posait quelques règles à leur sujet. Ainsi les lu- mières rouges produisent des ombres verdâtres ; celles qui proviennent du soleil couchant sont toujours azurées ; l'om- bre projetée sur le blanc, par le soleil et par l'air, est d'un bleu d'autant plus noir que le corps est lui-même plus blanc. Enfin, il reconnaissait qu'aucune chose ne se montre avec sa véritable couleur, à moins qu'elle ne soit éclairée par une lumière semblable à la sienne, Bouguer et Buffon remarquè- rent également que les ombres bleues se manifestent surtout aux heures où le soleil est près de l'horizon. M. l'abbé Millot parvint ensuite à les obtenir en plein jour, en obliquant les surfaces sur lesquelles elles se projettent. Buffon fut d'ail- leurs ramené à constater la production des ombres vertes sous l'influence des vapeurs rouges flottantes dans l'air, tandis que De Saussure, au col du Géant, obtenait des colorations jaunâtres, bleues, violet pâle, incolores, c'est-à-dire noires, qu'il attribuait, avec les physiciens de son temps , soit à la couleur même de l'atmosphère, soit à celle des vapeurs qui ré- fléchissent sur l'ombre leurs couleurs propres. Oubliant cepen- dant son exactitude habituelle, le précis observateur omit cette fois de mettre ses résultats en rapport avec l'état de l'espace aérien et d'indiquer les heures de ses expérimentations. Reste encore M. Bravais. Dans la soirée du 7 août 1 841 , au Faulhorn, le ciel étant à peu près purifié, mais la ceinture des vapeurs de l'horizon prenant une teinte rouge, dont le reflet colorait l'atmosphère et le sol, il remarquait autour de l'ombre de sa 168 UECIIEUCIIES SUR LES OMBRES COLORÉES main, projetée sur un papier blanc, une auréole rougeàtre qui , à une certaine distance , se fondait avec le papier. Alors aussi, des cercles lumineux, concentriques et vibrants, paraissaient se détacher de la circonférence du disque so- laire. Mongez, d'autre part, s'assurait que les teintes bleues ne sont pas dues à l'azur du ciel. Combinant l'éclairage d'une lampe avec celui de l'atmosphère, il obtint constamment deux ombres: l'une bleue, provenant de son luminaire; l'autre plus ou moins rouge, étant déterminée par la clarté aérienne. D'ailleurs , en vertu de la disposition de ses foyers lumi- neux, l'intensité de l'une augmentant lorsque celle de l'autre diminuait , il conclut que les ombres bleues sont en raison inverse de la quantité de lumière naturelle, et en raison di- recte de la lumière artificielle [Journ. de Phys., t. XII). Au surplus, après avoir varié ses expériences avec des lumières diverses, il aboutit à admettre que les ombres bleues ou au- tres sont dues à de vrais rayons , qu'elles sont de véritables couleurs. Rumfort fit intervenir les effets du contraste. En dirigeant, par exemple, une quantité suffisante de lumière blanche sur une ombre formée aux dépens d'un rayon rouge, cette ombre ne se montre en aucune façon blanche. Elle est verte, c'est- à-dire qu'elle paraît revêtue de la complémentaire du rayon rouge, pourvu qu'elle soit près d'une ombre égale produite dans le rayon blanc, cette dernière étant éclairée par le rayon rouge et étant, par conséquent, affectée de cette cou- leur. Depuis ces expériences, il a été constamment répété que la nuance de l'ombre est complémentaire de celle de la lu- mière au milieu de laquelle elle est produite. Cependant, M. Chevreul a parfaitement combattu cette erreur en faisant voir que les diverses parties d'un objet blanc, tel qu'un buste ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. 169 de plâtre, éclairé par une lumière colorée, n'offrent à la vue qu'une coloration du même genre. Mais du moment oii l'on fait intervenir la lumière blanche dilTuse, on aperçoit simul- tanément les parties blanches et les ombres teintes de la complémentaire du rayon colorée. L'illustre physicien a en- core fait ressortir cette influence exercée par la lumière diffuse dans la perception des teintes complémentaires , en répétant que les effets du contraste, devenant peu sensibles à une vive clarté, on peut alors commettre de graves erreurs dans l'appréciation des phénomènes du contraste. Il ajoute, en outre, que ceux-ci sont les plus distincts possibles, préci- sément lorsque la lumière, étant très-faible, l'œil a le plus grand besoin de ce même contraste pour apprécier nettement les parties diverses sur lesquelles il est fixé. Ces vérités vont trouver leurs applications dans mes recherches au sujet des colorations atmosphériques ; elles me dispensent en sus de discuter les récentes expériences de M. Babinet, dont le dé- tail est consigné dans le Compte rendu de la séance du 50 mai 1859. En résumé, des colorations très-variées avaient déjà été observées ; d'excellentes bases étaient posées au sujet de l'expérimentation, et il me restait à les approprier à mon ')ut. Après divers essais effectués à l'aide de tubes garnis e verres dépolis, armés ou non de lentilles planes-convexes dindriques, noircis intérieurement, j'arrivai à me contenter Qn chromatmoscope des plus simples: il se réduit à mon cinet, dont le crayon remplit la fonction de porte-ombre. e carnet, étant ouvert à l'endroit d'une page blanche que 1 Oimaintient dans la situation verticale, joue le rôle d'un ™i^r mat sur lequel se réunissent, à peu de chose près, 16S yons émanés des divers points de l'espace placé au- devai compris entre l'horizon et le zénith, depuis la gauche jusqu ]a droite de l'observateur. Grâce au pli du carnet 170 RECHERCHES SUR LES OMBRES COLORÉES que l'on ouvre à volonté, l'une de ses moitiés remplit les fonctions d'un écran à l'aide duquel on interceptera ou on lais- sera affluer, à volonté, les teintes envoyées par certains points du ciel ou du sol. En cas de besoin, il est non moins facile d'incliner, de placer horizontalement, ou même de renverser complètement le côté qui doit recevoir les impressions lu- mineuses. Le plus souvent ce miroir paraîtra demeurer parfaitement incolore ; mais bien qu'elle puisse être im- perceptible , sa colorisation n'en est pas moins réelle , et , pour s'assurer du fait, il suffira de se mettre, une première fois, en regard d'un objet vivement teinté. Le reflet d'un bosquet i par exemple , projettera une telle quantité de vert, que le papier en sera manifestement affecté. En s'é- loignant ensuite pas à pas de l'amas de verdure, on arrivera à constater une décroissance d'intensité qui, mathématique- ment parlant, s'effectue en raison inverse du carré des dis- tances. Or, le zéro n'étant pas au bout de celte progression, le raisonnement fera admettre sans peine qu'il ne s'agit ici que d'une question d'impressionnabilité des organes visuels dont d'autres conditions peuvent modifier la portée. Le porte-ombre doit être enduit de noir mat, afin d'éviter autant que possible l'influence de ses propres reflets. On le place parallèlement ou obliquement au papier ; on l'en éloigne on le rapproche jusqu'au contact, suivant la nécessité d'étab ou de concentrer les ombres afin de les rendre plus pr ceptibles. Dans certains cas de colorisations noyées dans des cla^s étrangères et relativement trop intenses, on arrivera à ^- pérer les effets de celles-ci en se plaçant dans une cour, ans une rue étroite bordée de hautes murailles, dans une cb ï1*''6 dont les ouvertures seront convenablement orientées p^r "^ livrer passage qu'aux seuls rayons venant des parties '" ^ ^~ git d'examiner. Pendant les voyages, le corps de l'obs^'^'^"''' ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNES. 17! son manteau, un rocher procureront à divers degrés le même demi-jour dont les avantages ressortent des études de M. Chevreul. En cela, l'animation des excursions fait impro- viser une foule de ressources, que l'encombrement des grands cabinets de physique laisse arriver au point voulu, trop tar- divement pour rétude d'un phénomène transitoire. L'expé- rience apprend d'ailleurs bientôt à distinguer les nuances les plus délicates; cependant j'ai souvent été peiné en me voyant dans la nécessité de me priver du cercle chromatique, avec lequel je serais arrivé arrivé à des indications précises. Si cet instrument de M. Chevreul ne peut point faire partie du bagage géologique , il doit du moins être placé parmi ceux des observatoires météorologiques, de même que des musées d'histoire naturelle. Par contre, un polariscope portatif m'a été utile quand il a été question d'acquérir des notions exactes sur la cause de divers phénomènes équivoques. En effet , la lumière bleue du ciel étant partiellement polarisée, tandis que celle qui émane des nuages ne se trouve pas affectée de cette manière, on est entre autres autorisé à évaluer le degré de translucidité d'un amas vésiculaire en se basant sur la quantité de lumière polarisée qu'il laisse tamiser. Il complète ainsi les éléments fournis par le chromatmoscope, et tous deux viennent en aide à la vision directe, si sujette aux méprises, si inhabile à établir certaines différences. Après tout , la nécessité m'a amené à coordonner mes observations, de manière à éviter les confusions. L'ordre suivant m'a paru le plus rationnel, en ayant toutefois égard aux heures, aux saisons, ainsi qu'aux complications occa- sionnées parles ciels brumeux et ternes, nuageux et enrichis de leurs plus fastueux ornements. 1° Lumière réfléchie par les objets terrestres. 2" Lumière zénithale. 3° Lumière de l'opposite. 172 RECHERCHES SUR LES OMBRES COLORÉES 4° Lumière de l'espace circumsolaire, ou directe. 5° Lumière des cieLs complexes. Ces distinctions étant arrêtées, il me faut encore chercher à éviter, par la suite, d'entrer dans des explications qui seraient embarrassantes au moment de l'exposé des détails. Il suffira pour cela de résumer immédiatement certains faits, sans doute en partie connus, mais qui, se trouvant groupés, acquerront une simplicité qu'on ne leur reconnaît pas tou- jours dans les traités scientifiques. Au surplus, ils sont liés de la manière la plus intime avec notre sujet. D'abord, durant l'été, en plein jour et par des ciels que l'on peut considérer comme purs, les mesures cyanométri- ques mettent en relief l'accroissement d'intensité que subit l'azur aérien, depuis l'horizon jusqu'au faîte de la coupole céleste. Sans doute ce résultat général éprouve des modifi- cations, si l'on se transporte des régions basses sur les gran- des hauteurs, de la surface des steppes chaudes sur celles des océans. En effet, les vapeurs aqueuses, les corpuscules sans nombre qui flottent dans les bas-fonds troublent la transpa- rence de l'air et occasionnent, chez les rayons lumineux, des absorptions et des dispersions irrégulières dont la consé- quence est d'affadir le bleu normal. Dans les cas extrêmes, cette dégradation se traduit par le blanc, ou même par le gris brumeux si remarquable de certaines journées. Les phénomènes ne sont plus complètement les mêmes dans les soirées ou dans les matinées, quand le soleil se trouvant près de l'horizon, ses traits sont assujettis à faire route au travers des couches aériennes, à la fois plus étendues, plus denses et plus surchargées de particules étrangères. Alors les rayons bleus étant amortis, tandis que les rayons rouges ou orangés à grandes ondes, suivant Fresnel, se frayent un passage, ces dernières teintes acquerront la pré- dominance dans les parties inférieures de l'atmosphère. De-là ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. 175 ces colons si manifestes quand l'astre est éloigné du mé- ridien, et il en est de même, à midi, dans l'arrière-saison où les conditions de position du corps céleste sont à peu près identiques à celles qui viennent d'être admises. Toutefois, ces indications sont trop élémentaires à notre point de vue, et pour pénétrer plus avant dans la question, il importe de préciser certains effets plus complexes qui se manifestent non seulement aux heures susdites, mais encore antérieurement ou postérieurement, selon que l'on procède aux observations le matin ou le soir. Enfin, je me donnerai toute la latitude désirable en remontant à celles que De Saussure faisait sur le col du Géant, au milieu même des nuits de juillet. Du haut de son belvédère, le grand physicien distinguait, sur tout le tour de l'horizon, une lueur pâle qui s'affaibhssait graduellement vers 20 ou 25" dans le bleu du ciel. Indépen- damment de cette clarté générale, il voyait du côté du couchant saillir une lumière du même genre, mais sensible- ment plus forte, et qui surmontait la précédente d'environ 8 à 10". Cette proéminence passait successivement du N 0 au N qu'elle atteignait à minuit; puis elle tirait vers l'E. Evidemment cet ensemble ne pouvait être que l'aube qui, pour les culminances alpines, ne s'efface point en juillet, qui est également très -perceptible à minuit sur l'horizon de Lyon, durant le solstice, et dont les apparitions m'ont encore si souvent frappé dans mes voyages d'hiver, à cause de leur précocité ou de leur tardivité. Produit par des réflexions complexes, effectuées dans des parties infiniment déliées de l'atmosphère, cette blanche phosphorescence ne peut certai- nement donner naissance à aucune ombre appréciable; mais à cet état primitif vont succéder diverses évolutions dont voici les phases habituelles. ' Environ une heure avant le lever du soleil, le segment de 174 RECBERCHES SUR LES OMDRES COLORÉES l'aube matinale, déjà notablement agrandi, acquiert une teinte bleuâtre claire, en même temps que sa base se garnit d'un liseré orangé. Celui-ci se dilate en répandant du jaune dans l'espace supérieur, et, de progrès en progrès, le ciel ne tarde pas à verdir jusqu'à une certaine hauteur, par suite de l'in- terposition des rayons jaunes qui, venant d'en bas, se mê- lent au bleu du ciel. Le vert s'étale d'ailleurs de plus en plus aux dépends de ce bleu circum-zénithal, et bientôt le soleil, resplendissant d'or, apparaît au bas de cette tenture. Enlin, à mesure que l'astre s'élève, ses rayons s'argentcnt, et dès-lors toute cette coloration de l'espace oriental s'eiïace insensible- ment dans la blancheur qu'ils disséminent autour de leur foyer, dont ils éloignent même le bleu, d'ailleurs si persistant. A la suite de leurs lentes expansions en clarté et en surface, ces illuminations orientales subissent une sorte de contre- façon à l'occident, dont l'état crépusculaire, s'étant maintenu pendant les premières phases de l'aube, ne laisse découvrir un éclairage vraiment net qu'à partir d'un moment qui pré- cède de peu le lever du soleil. Enfin, quand celui-ci surgit, ses rayons orangés , directement dardés sur cette marge op- posée, lui impriment leur nuance, et au même moment celle-ci se trouve surmontée du vert allant se délayer dans l'azur des parties supérieures de l'atmosphère. Du reste , ce côté blan- chit ou bleuit également pendant le jour, en raison de l'élé- vation ou de la distance du foyer lumineux. Cependant ce n'est pas tout, car sur la moire placidement changeante de ces panneaux opposés se superposent les fio- ritures de l'aurore empourprée des poètes, de l'arc crépuscu- laire de Mairan, effet de diffraction selon une ancienne ex- plication de M. Babinet. Succédant à l'aube déjà nuancée, et devançant le soleil, cet arc vient, avec ses allures indépendan- tes, rehausser d'abord de son feu l'écharpe safranée de l'horizon oriental. Son transparent incarnat se dégrade ensuite à me- ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. 175 sure de l'ascension vers le zénith, où il se trouve amorti sous le gros bleu de cette partie. Sa débilitation n'est d'ailleurs que passagère. Emergeant bientôt, il continue à refouler devant lui l'ombre crépusculaire, en colorant progressivement la partie occidentale, dont il atteint la limite vers l'instant de l'appari- tion du flambeau céleste. Au surplus, inégale dans sa marche, l'avant-courrière du jour arrive à sa culminalion avec plus de promptitude qu'elle n'en met à descendre. Enfin sa vitesse, ainsi que son développement, se modifiant encore selon les saisons et avec l'état plus ou moins brumeux de l'air, laisse- ront comprendre de suite les difficultés auxquelles sont assu- jetties les mensurations exactes dont elle peut être l'objet. Pour compléter ces détails, il me reste à retracer les évo- lutions de ces phénomènes durant la soirée. Elles sont in- verses de celles de la matinée. Ainsi, le soleil, approchant de son déclin, envoie vers l'orient des rayons de plus en plus orangés , qui développent leur vert concomittant. Puis, au moment solennel où l'astre se couche, une sorte de trans- figuration s'établit à l'opposite. L'arc rouge, changeant de rôle, devient alors la brillante clôture du cortège royal. Il s'é- lève sur l'horizon, jette en passant son éclat sur la tenture cé- leste que voile immédiatement la grisaille crépusculaire qu'il semble soulever avec lui et disséminer dans l'espace en mon- tant au zénith. S'abaissant enfin suivant son orbite , il laisse en arrière, sur le fond occidental, l'orangé, le jaune, le vert qui s'effacent à leur tour, envahis par la pâleur de l'aube nocturne, transitoire intermittence des splendeurs que les heures ramèneraient le lendemain , si ce n'était l'interven- tion des vicissitudes atmosphériques. Dans la saison des so- leils , les contrées intertropicales possèdent seules un ciel dont l'inflexible sérénité laisse un libre cours à la régularité astronomique. Un nuage y devient alors une curiosité dont s'occupe la population , comme elle pourrait le faire à l'oc- i76 RECHERCHES SUR LES OMBRES COLORÉES casion du passage d'un aérolitlie. Nos climats variables sont loin d'èlre alïeclés d'une pareille monotonie. Les vapeurs soulevées par la chaleur du jour, groupées sous mille for- mes par les vents, tour à tour condensées ou dissoutes, in- fluent d'une façon perpétuelle en tempérant tantôt l'aube, tantôt l'arc crépusculaire, et en éclipsant fort souvent tous les deux à la fois. L'hiver maintenant le soleil plus longtemps sous l'horizon , laisse la nuit se prolonger entre les aubes du soir et du matin. L'été, au contraire, accorde à peine au cré- puscule le temps d'apparaître sur certaines latitudes. Aussi, dans le but d'introduire dans mes énoncés la précision exigi- ble en pareil cas, dois-je ajouter qu'il me paraît essentiel de ne pas confondre l'aurore, le crépuscule et l'aube, comme on le fait habituellement. Celle-ci est une première ou une dernière émanation du soleil, dont la blanche protubérance de De Saussure décèle les positions successives. Le crépuscule, plus diffus de sa nature, n'est qu'une sorte de pénombre de l'obscu- rité nocturne, pénombre dans laquelle disparaissent les étoiles de 5™^ et de G"*^ grandeur. Enfin l'aurore est un assortiment régulier de rayons pourpres, rouges et orangés, produit par des causes indépendantes des précédentes. Sans doute, dans certains états vagues, indécis du ciel, l'un peut se dissoudre dans les autres; mais cet accident ne doit pas être pris pour base, et, en tous cas, le sentiment exquis des masses a par- faitement exprimé les sensations fort différentes qui naissent de chacun des trois phénomènes. Laissant d'ailleurs aux physiciens le soin de chercher dans les observations de M. Bravais (Ann. Met., 1850) les données numériques relatives à ces diverses phases, je passe à l'emploi du cliromatmoscope qui, si chétif qu'il puisse paraître, n'en est pas moins capable de se prêter à l'analyse de certains co- loris , dont les yeux seuls ne parviennent à découvrir ni la nature , ni même l'existence, qu'avec une extrême difTiculté. ET SUR TES APPLICATIOISS DU PHt:NOMÈNE. 177 -/*' Reflet des objets terrestres. Au premier aspect, les objets terrestres peuvent sembler étrangers à la question qui m'occupe, puisqu'il s'agit des co- lorations du ciel et non de celles de la terre. Cependant, l'expérience rectifie bientôt les idées de ce genre. Je dois même déclarer que l'inlluence de la lumière, reflétée par la terre , n'a pas écbappée à l'attention de Léonard de Vinci , puisqu'il recommande de dessiner le paysage quand le soleil est à demi-couvert de nuages. « Alors, dit-il, les arbres re- » çoivent une lumière universelle de l'air et une ombre uni- B verselle de la terre, et les parties des arbres deviennent » d'autant plus sombres, qu'elles se vont approcbant de la » terre, w Sans doute ces expressions laissent à désirer ; mais si l'on se reporte à l'époque où elles ont été inspirées , on com- prendra facilement qu'il ne faut pas montrer trop d'exigences à l'endroit de la précision du langage scientifique , et l'on ad- mettra que l'ombre universelle de la terre n'est autre chose qu'un vaste reflet. Moins éclatant que la lumière zénithale, il doit laisser s'établir, entre les parties hautes et les parties basses, une diff'érence d'intensité , laquelle fera l'eff'et d'une ombre inférieure. En cherchant d'ailleurs dans la géométrie descriptive de M. Vallée, qui s'est fréquemment appuyé des idées de l'artiste, on y trouvera le passage suivant, plus con- forme aux énonciations actuelles, relatif à une autre condi- tion et par cela même de nature à compléter la proposition précédente : « Après la précipitation du serein et de la rosée, » au lever du soleil , les couches inférieures de l'atmosphère » ont toute leur transparence. La couleur verte des campa- » gnes, éclairées par le soleil, doit donc se refléter fort haut ') dans l'atmosphère. » Acad. de Lyon, CI des Sciences, t. IX. l'i i78 KECIIEIICIIES SUR LES OMBRES COLORÉES En somme, ccpcndanl, ces aperçus laissaient l'espiil dans de graves incertitudes, et, pour attaquer la question d'une manière à la fois large et rationnelle, il m"a paru à propos de procéder aux analyses partielles des divers effets admis- sibles dans la nature. Ceijx-ci peuvent résulter d'un sol nu, d'une terre couverte de neige, de larges étendues revêtues du duvet végétal, des grands horizons de la mer. Voulant, en outre , donner à mes résultats toute la consistance que l'on est en droit d'exiger , j'ai examiné d'abord l'influence des parties isolées, ou nettement circonscrites, et voici les indi- cations auxquelles j'ai été amené. Des murailles à surfaces mates, badigeonnées de jaune ocreux, éclairées par un soleil assez pâle pour que l'œil put le fixer pendant un moment, m'ont donné des ombres bleues à des distances qui ne me paraissaient pas admissibles lors de mes débuts. D'essais en essais , je fus conduit à m'en éloi- gner de 50, de 100 et même de 500 à 600 pas. Il y avait d'ailleurs d'autant moins lieu à mettre en doute la prove- nance de mes ombres, qu'indépendamment des précautions prises pour me soustraire aux influences étrangères, elles deve- naient de plus en plus teintées à mesure que je me rapprochais de ces réflecteurs, ou bien encore selon que leurs surfaces étaient plus étendues. En cela, un simple point brillant, tel qu'un vitrage jouant le rôle d'un miroir, est infiniment moins efficace qu'une paroi terne, mais largement développée, pourvu que les distances soient convenablement ménagées. C'est qu'a- lors, comme en d'autres circonstances, les détails sont écrasés par l'action prépondérante des masses. En procédant de même , durant l'hiver et à la fin de l'été, à l'égard des champs pentifs ou des rampes de montagnes naturellement ocreuses, j'arrivai aux mêmes résultats. Outre cela, par le ciel le plus opaque qu'il soit possible d'imaginer, à quelques décimètres d'écartemcnt, j'obtenais encore, de la ET SUIl LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. 179 part des berges fauves d'un chemin creux, Iracc dans un gneiss kaolinisé, une ombre bleue très-perceptible. De l'ensemble de mes observations, je conclus que la su- perficie terrestre, toujours raboteuse, remplie de creux et d'aspérités, produit jusqu'aux limites de l'horizon une multi- tude infinie de reflets dispersés dans tous les sens. Ils doivent nécessairement se combiner avec les lumières atmosphéri- ques, et jouer avec elles un rôle dans les perpétuels chan- gements d'un même paysage qui se montre froid, sombre, empreint de monotonie, ou riant, pompeux, heurté, selon les fugaces conditions d'éclairage et de contraste auxquelles il est soumis, conditions dont l'analyse est souvent fort diflicilc. Ces observations sur la terre nue ont dû être généralement faites en hiver. Il s'agissait cependant d'apprécier aussi le rôle de la végétation ; il fallait par conséquent les pour- suivre durant le printemps et l'été, et, pour plus de sû- reté , je m'assurai au préalable que l'ombre produite en face d'une muraille tapissée d'un papier de belle et pure nuance verte est décidément rose. Eh bien , il n'en est pas toujours de même dans la campagne. Quelques conditions spéciales permettent, il est vrai, d'obtenir le rose carminé; mais, en général, on remarque chez cette couleur une apti- tude singulière à passer du carmin au violet, au bleu -violet, puis au bleu, par suite de très-légères modifications dans le genre de l'illumination et dans l'état de la culture. En elfet, quelque serrés que soient, par exemple, les éjjis d'un champ de blé, ils laissent toujours des espaces par lesquels la terre peut envoyer son orangé, dont la combinai- son avec le vert occasionne un résultat mixte, de nature à se traduire nécessairement par une ombre violacée. D'im autre côté, rien n'est plus varié que la verdure d'un terrain étendu. Tantôt on aura devant soi le vert sombre de l'été ou de l'automne , tantôt ce sera le vert gai du printemps (pii ISO iiF,cnEP.cnEs sun les ombres colorées dominora. Oiiantl les rayons sortis du soleil tamiseront au travers du feuillage des arbres , les frondes les plus translu- cides seront jaunies, et l'inverse aura lieu là où les torrents azAirés du ciel pénétreront dans ces masses touffues. Encore, les tiges polies des graminées, ainsi que les surfaces réflé- chissantes d'une foule d'autres plantes, enverront de l'orangé dans l'espace. Ailleurs, les groupes nombreux des fleurs rouges, blanches, jaunes, dont les capricieux assortiments ornementent les prés, modifieront à leur fantaisie tout l'ac- cord générateur des ombres purpurines. Enfin, même par un ciel nébuleux, on obtiendra, selon la masse, selon la con- tinuité des nuages, du violet pale, grisonnant à divers degrés ; puis le gris, devenant prédominant, la disparition du rose sera à peu près complète. L'importance de ces indications devant d'ailleurs ressortir plus complètement de nos détails subséquents, il suffira pour le moment de faire remarquer qu'il convient de se soustraire à ces causes de perturbation, quand il s'agira d'expérimenter sur les lumières colorées de l'atmosphère, tout comme pour arriver aux résultats précédents il a fallu faire la défalcation des effets aériens. L'influence d'un sol couvert de son linceuil d'hiver devait nécessairement être étudiée; mais bien que pendant les deux dernières saisons j'aie guetté les occasions de me rendre compte des effets que la neige peut produire, leur douceur exceptionnelle ne m'a ])oint été complètement propice. Je crois cependant devoir rendre compte des résultats obtenus, parce qu'ils pourront mettre d'autres observateurs, mieux favorisés, à même de compléter ma tâche. Conformément à ma coutume , j'ai d'abord examiné un effet produit à proximité, j'ai opéré sur une large flaque étalée contre une pente du Mont-Ceindrc près de Lyon. C'était le ^4 janvier i858, à 5 heures de l'après-midi. ET SUll LES APPLICATIONS DU PIIÉINOMÈINE. \S\ Avec une tempéraluie de — 0°,9, j'avais alors un ciel qu'une nuigissante tempête du nord s'elTorçait d'épurer, mais qui con- servait obstinément une suffisante vapeur pour que le soleil fût légèrement jauni. Les concavités de la neige jouissaient d'une demi-transparence indiquée par un joli bleu , car dans cet état de congélation, l'eau participe des propriétés qu'elle possède étant à l'état liquide. Cependant l'ombre qui résul- tait de l'ensemble était d'un bleu pur, sans doute parce que la nappe reflétait sur le papier la masse abondante de l'o- rangé qu'elle recevait du soleil. Le 27 février suivant il était tombé une forte quantité de neige; mais elle fondait sous l'intluence d'un vent fort du sud qui éleva rapidement la température à 8", 5 en cbas- sant vivement une quantité de nuées blanches et vapo- reuses, débris du stratus neigeux. A i h. s. je montai sur une terrasse de la Croix-Rousse afin d'utiliser dans mon sens la plaine qui s'étend de Lyon au Jura. Là , j'obtenais encore une ombre d'un bleu caractérisé dans les moments où ce vaste espace était éclairé par le soleil que j'avais der- rière moi, et elle passait au gris (juand la face de l'astre était voilée. Ces phénomènes se soutenaient d'ailleurs malgré les précautions dont je cherchais à m'entourer pour éliminer les influences étrangères; mais l'interposition d'assez larges surfaces du sol, déjà dénudées, compliquait nécessairement l'elTet de la neige. Cet inconvénient était sans doute grave, et pourtant en rapj)rochant le résultat d'alors avec celui du 24 janvier, j'arrive à admettre que, malgré son apparente blancheur générale, la neige reflète une quantité suffisante de l'orangé solaire pour produire des ombres bleues, et qu'en cela son effet est analogue à celui d'une terre nue. Léonard de Yinci déclare qu'une mer agitée n'a point d'ondjre universelle. On conçoit en effet que les facettes de celte nap])c, dont les rides inconstantes se déforment conti- 182 RECIIEUCIIES SUR LES OMBRES COLORÉES uuellement, doivent singulièrement modifier les apparences optiques selon les caprices des vents et selon les positions de l'observateur. S'il a le soleil devant lui, les rayons réflé- chis par ces milliers de miroirs concaves, convexes, dilatent prodigieusement l'effet qui serait résulté d'une simple mer d'huile. S'il tourne le dos au soleil, il retrouvera encore une réflexion subdivisée et formant une large traînée de paillettes brillantes. Le clapotage et l'eau moutonnée, blanche d'écume, ne produiront point les phénomènes de la grosse houle. D'ailleurs, selon les troubles du rivage, selon les profondeurs, l'eau est tantôt verte, tantôt azurée. Enfin un ciel couvert ne peut qu'atténuer les ombres qu'aurait produit un ciel pur. En butte à ces variations incessantes, j'ai pensé qu'il fallait me contenter de noter les phénomènes tels qu'ils se sont suc- cessivement manifestés, et j'ajoute que je me tournais à 90° de la verticale du soleil toutes les fois qu'il me fallait éviter les reflets trop ardents, dont je n'avais à attendre que les ombres noires ou peu déterminables. Le 2 mars 1858, à 11 h. du matin, le ciel bleu étant par- semé de cumulus blancs , une partie de l'étang de Berre, où l'eau se montrait passablement bleuâtre, m'a donné du rose légèrement empourpré et fort beau. Un peu plus loin , une branche de cette mer intérieure se trouvant fortement souillée par le limon ocreux que les rivières débordées y introduisaient , et qui y formaient des espèces de larges nuages flottants, les ombres étaient alterna- tivement d'un gris-verdàlre et d'un jaune mélangé de vert, selon l'irrégulière distribution des troubles. En ce moment , d'ail- leurs, il m'était impossible de me soustraire à l'irradiation des rayons solaires, de sorte qu'il ne faut voir dans ces résultats que l'effet complexe d'une combinaison donnant naissance à une lumière suffisamment rouge pour déterminer le produit ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. 185 du vert en question. Celle tendance, fort curieuse, se mani- festera d'ailleurs dans d'autres occasions. Le 28 mars suivant, entre 6 et 7 h- m. , le soleil éclairant assez fortement en jaune, malgré les brumes de l'atmosphère et les nuages du ciel, la surface de la même pièce d'eau donnait une ombre rose pure, mais pâle. Dans l'après-midi , à 5 heures , au Prado près de Mar- seille, je pus choisir une position convenablement ombragée, à 20™ au-dessus de la surface de l'eau, et aux 90" déjà indi- ([ués, le soleil étant fort vif. L'eau se trouvait d'ailleurs ver- dàtre près du rivage, bleue au large, et de plus, elle était Irès-mouvementée. Néanmoins, l'ombre affectait une teinle rose purpurine fort jolie. Le 2 avril 1858, à 7 h. 1/2 du matin, le long du cordon littoral qui sépare l'étang de Thau de la mer, celle-ci avait un aspect bleu-verdâtre. De rares nuages erraient épars sous la voûte céleste. Les ombres étaient roses , vivement tein- tées. Le 4 avril 1858, à Agde, vers 11 h. du malin, l'atmo- sphère, d'une transparence parfaite, laissait voir parfaitement les Pyrénées. Au fort de Briscou, que j'avais choisi pour mes observations, à cause de sa situation éloignée du rivage, sur un écueil basaltique, noir, l'ombre était rose légèrement purpurine quand je me plaçais au bas des imtis. Du haut du phare, elle était rose plus décidément violacée. Le 9 avril 1859, étant à bord du Kabyle, à la lat. 59» 40' N, long. 5"* 57' E, à 9 h. mat. , le ciel méditerranéen était cir- reux et la mer d'un bleu indigo foncé. Du haut du pont, en retournant le carnet, de manière qu'étant presque horizontal il reçût de bas en haut le reflet de la mer, l'ombre affectait une nuance gris-jaunâtre. Dans quelques autres promenades maritimes, le temps et la mer furent trop défavorables , trop couverts, trop toui - 184 UECHEUCHES SUR LES OMBUES COLORÉES mentes pour se prêter à quelque chose de suffisamment expli- cite, de sorte qu'il reste pour le moment acquis qu'il peut émaner de la mer des clartés capables de faire naître des ombres vertes, roses plus ou moins carminées ou violacées, et entîn jaunes. Malgré sa vaste étendue, elle n'a donc point d'ombre universelle , ainsi que l'a dit Léonard de Vinci ; mais aussi , au rebours du monotone monochronisme de la terre nue , la surface diaprée de notre Méditerranée se prête aux apparitions les plus variées, et tant pis pour les touristes qui, imbus d'une équivoque poésie, ne trouvent dans cette coquetterie qu'une invariable mer bleue, surmontée d'un ciel bleu , et dans laquelle un rocher lointain baigne son pied bleu. Encore, pour éviter les confusions dans une question purement scientifique, ai-je dû faire, comme précédemment, abstraction de toutes les colorations provenant du ciel et des rivages. 5" Lumière circum- zénithale. Durant les belles journées, le haut du ciel étant bleu, les ombres sont nécessairement orangées. Le 13 février 1858, il m'est arrivé de rencontrer un zénith revêtu d'un azur foncé au point que sa teinte se trouvait très-manifestement repro- duite sur le papier. Alors aussi la couleur de l'ombre s'exal- tant à proportion, et étant de qualité plus voyante que le bleu, prenait l'apparence d'un rayon solaire qui, échappé au travers d'une fente, serait venu jeter son trait de feu sur le fond obscur du papier. Cet effet excitaitune véritable surprise. Cei)endant, ce n'était pas à des observations d'une pareille simplicité qu'il s'agissait de s'arrêter; je devais encore étu- dier les phénomènes produits par les ciels nuageux, par les atmosphères brouiîlc(!S. Eh bien, tant qu'un voile vaporeux, en apparence incolore ou gris , est assez peu dense pour laisser passer les rayons bleus, les ombres sont teintées^ ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. 185 sinon avec la même netteté, du moins dans le même sens que par un ciel pur. Arrivent à leur tour les stratus blancs ou grisâtres, à peine translucides. Sous leur influence les om- bres orangées deviennent blafardes, mélangées d'un gris qui naturellement prédomine en raison de l'épaisseur des nuages. On aboutit ainsi aux couches de vapeurs qui ne laissent plus apparaître les indices de la lumière polarisée. Cependant, elles peuvent encore être traversées par une quantité de bleu suffisante pour produire sur le carnet un gris virant au fauve, et, si en plein air, le gris apparaît seul, il suffil d'annihiler l'excès de la clarté ambiante , en se plaçant dans une loge obscure, dont le plafond est percé d'un simple trou. Alors l'orangé reparait, certainement très-faible, impur, mais pour- tant reconnaissable. Enfin, durant les brumes excessives , pendant les temps pluvieux très-sombres , sous des ciels ten- dus, fermés de toutes parts, assez bas pour couvrir les mon- tagnes lyonnaises et les cîmes du Mont-d'Or , l'horizon se trouvant en outre rétréci, cerclé de brouillards passablement épais, j'ai obtenu des ombres zénithales purement grises. Au surplus, l'ensemble de mes recherches aboutit à faire déclarer que dans les soirées, au moment où le crépuscule s'établit après le passage de Tare deMairan, on n'obtient que des ombres ternes. Les rayons solaires ne dorent plus la con- cavité du dais céleste , et son bleu est inefficace contre fen- vahissement de l'obscurité nocturne. De ces effets simples , passons actuellement à des appari- tions provenant de causes plus complexes. Dans certaines journées, les nuées étant fort denses, le chromatmoscope montre des ombres bleues, salies par du gris, et non moins amorties que le fauve précédent, en sorte qu'au premier abord, Ton se croit en droit d'accuser f instru- ment d'une fâcheuse imperfection. Cependant, en y regardant de plus près, l'on constate que la tapisserie du ciel est alors 180 RECHERCHES SLR LES OMBRES COLORÉES réellement isabcllc pùlc ou IHafarde, et non pas blanche on grise. On s'en assurera d'ailleurs dans les moments douteux, en s'établissant au milieu d'une cour, autour de laquelle s'élè- vent des murailles suffisamment hautes pour intercepter une partie de la clarté ambiante. Cette coloration insolite se ma- nifeste parfois quand le nuage ne déverse qu'une pluie ré- duite à quelques gouttes. Elle se reproduit plus particulière- ment le soir, lorsque le stratus s'amincissant, laisse tamiser les rayons orangés du soleil couchant. Dans le cas encore, où par suite du progrès de l'éclaircie, les nuages fauves se par- sèment de trouées diffuses, la masse et l'éclat de l'orangé l'emportant sur les échappées azurées, ce sont de nouveau les indices de l'ombre bleue qui apparaissent. Toutefois, quand le ciel est irréguher, quand la couche vaporeuse vivement chassée par le vent, s'entr'ouvre de toutes parts, la décoration devenant changeante, les ombres le sont également, et elles tournent du bleu à l'orangé pour revenir au bleu en passant par le gris, ou inversement. La poursuite assidue de mes observations m'a permis de noter une troisième coloration zénithale, qui survient indiffé - remment dans les différentes saisons et aux diverses heures de la journée. Son existence est mise en évidence par le dé- veloppement d'ombres vertes, d'intensité variable et généra- lement ternies par du gris. Cet effet, d'ordinaire passager, s'accorde en cela avec le déplacement des nuages, sous l'in- fluencc desquels il se produit. Pour le faire naître , il suffit quelquefois d'un simple cumulus; dans d'autres moments, on le découvre quand le ciel est tapissé d'un cirro-stratus ; mais ce que l'on est loin de distinguer avec la même netteté, c'est la teinte aérienne dont il est nécessairement la traducUon. Il ne s'agit pas ici des vapeurs rouges indiquées par BulTon. Il faut au contraire être bien et dûment averti avant de s'aviser de chercher dans le ciel une nuance rose,lellemcnt peu pcr ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. i87 ceplible qu'elle est resiée inconnue aux autres observateurs, et que, pour la discerner d'une manière positive, il m'a plu- sieurs fois fallu recourir au moyen déjà indiqué à l'occa- sion des ombres azurées. L'importance de la question me détermine donc à détailler quelques exemples de nature à mettre sur la voie de l'explication du phénomène. 75 Février 1858, Lyon. — Un brouillard assez dense rè- gne dans la matinée sous un cumulo-stratus blanc, troué cà et là. Le vent du sud pousse assez vivement les nuées. La polarisation est nulle ou simplement locale, et l'ombre zénithale grise, incertaine, vire plutôt à l'orangé qu'au bleu. Midi. Brume en grande partie dissipée; il ne reste que de rares et gros cumulus dispersés sur un fond céleste blan- châtre, le soleil acquiert un éclat insoutenable pour les yeux, et l'ombre zénithale prend une teinte orangée très-pâle , à peine perceptible en dehors des abris ombrageux. 3 h. s. Quelques flocons ébouriffés cheminent assez vite du S E, sous un beau ciel bleu au zénith, et l'ombre pro- venant de cette partie reste orangée pâle, mais plus pure qu'auparavant. 5 h. s. Le soleil étant à peine éclipsé par nos collines occidentales, et le ciel se trouvant vivement orangé de ce côté, l'ombre zénithale prend une nuance orangée grise, toujours pâle. Mais en tournant le carnet de manière à re- cevoir la lumière de l'espace circumsolaire, à environ 45" au- dessus de l'horizon, on obtient une ombre verte, et non pas bleue, contrairement à ce que l'on aurait supposé à priori. C'est qu'en effet, toute vérification faite, une légère coloration rose s'étend de ce côté. Au surplus le phénomène n'est que très-momentané, car au bout de quelques minutes à peine, l'ombre tourne déjà au bleu. 15 Février 1858, Lyon. — A 9 h. m., une très-grosse panne constitue une sorte de cumulo-stratus blanc parsemé de i88 RECHERCHES SUU LES OMBRES COLORÉES petits intervalles bleuâtres et diffus. L'ombre zénilbalc pré- sente une teinte d'un gris fauve décidé. i\ h. m. Le soleil s'environne de couronnes, tantôt uni- ques, tantôt multiples; mais l'ombre n'est pas dénaturée. 1 h. s. L'horizon élant très-brumeux, l'astre orangé Irès- pâle, la clarté zénithale affectée par cet état produit une ombre plus pâle. 5 h. 1/4 s. Les nuées ayant été successivement dissoutes, j'obtiens, au moment oia le soleil disparait derrière Fourvières, une ombre zénithale d'un vert louche. Le ciel offre alors une nuance rose à peine perceptible au milieu du bleu en- vironnant. La nuit est pure, étoilée et alors une faible brise N 0, qui avait régné toute la journée, se renforce sensiblement. 48 Février 4858, Lyon. — Le ciel, très-pur avant 9 h. m., se couvre bientôt de cumulus blancs, vaporeux, venant du S avec une assez grande vitesse. 3 h. s. Les nuages , déviés par le S 0 , se sont réunis en cumulo-stralus percé à jour çà et là. 5 h. L'éclaircie du soir étant prononcée , le ciel a acquis une assez jolie couleur verte au nord. Au même moment, les cumulus zénithaux, étalés sur un ciel bleu, se trouvent fortement orangés, et pourtant l'ombre affecte la nuance bleu- verdàtre de l'aiguë marine, bien que l'on ne puisse aper- cevoir aucun indice de rouge. Les nuages se condensent d'ailleurs à la nuit, par suite du retour de la brise du nord. Sl6 Juillet 1858, route de Marseille a Lyon. — Matinée pure et brise 0 assez forte. 3 h. s. DoNzÈRE. Quelques cumulus lointains sur les mon- tagnes subalpines. 4 h. s. Valence. Soleil pâle. Larges louiïes cirro-cunni- leuses au zénith, ciel bleu à l'horizon. Oud)res offrant la succession suivante du haut vers le bas : rose, orangé, bleu et vert. Cependant on ne distingue aucune tracer de rose ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNES. 189 dans les nuées zénithales; leur blancheur est parfaite, et de plus , elles sont traversées par une grande quantité de lu- mière polarisée. La partie verte du système persiste jusqu'à 4 h. l/'2 s., quoi({u'elle soit devenue moins intense. Elle s'elïace ensuite rapidement par suite de la dissolution des nuées, de façon qu'il reste une ombre horizontale bleue sujette à sauter au rose, suivant que l'on passe , tour à tour , le long de cam- pagnes nues ou verdoyantes. Elle est suivie d'une ombre inférieure jaune provenant du zénith, qui auparavant jetait du vert sur le papier. 5 h. Eclaircie complète. Ciel pur dans la nuit à Lyon. Brise N à N E assez forte. 2l5 Juillet "1859, Lyon. — Matin et après midi, ciel plus ou moins couvert, dont les nuages cheminent successivement du NO, du N et de l'O. Brise inférieure N forte. 6 h. s. Cumulo-stratus assez mince, très-varié, blafard, ar- doisé, gris fumeux. Longue trouée au SE, en apparence bleue. L'ombre provenant de cette partie est rose terne , sa com- pagne inférieure étant verte, très-pâle. 8 h. s. Espace circumsolaire cumuleux. Ombres violette et jaune, tournant bientôt au gris. 36 Juillet 4859, Lyon. — Baisse barométrique. Ciel pur le matin par une brise N assez forte. Midi. Tout le tour de l'horizon est nuageux, le zénith étant pur. 3 h. s. Ciel à peu près dans le même état. 6 h. 1/4 s. Quelques cumulus établis au zénith présen- tent une coloration blafarde et le soleil est environné d'une gloire jaune assez large. Les ombres produites par l'opposite sont complexes en ce sens que le violet supérieur est sur- monté par une bande rose , et que l'orangé inférieur est suivi en dessous par une pénombre glauque pâle. i90 UECIIERCIIES SUR LES OMBRES COLORÉES 7 11. 1/2 S. L'arc rouge se détache de Thorizon oriental, et dans la nuit on a un ciel pur, la brise N persistant avec force. 5 Aoûl 1859, Lyon. — Légère baisse barométrique , au milieu des chaleurs soutenues et désordonnées de la saison. 9 h. m. Ciel blanchâtre, soleil pâle; temps calme. Région sud brumeuse. Midi. Brise S faible, intermittente et quelques fdes de petits cumulus à point du vent 0. 3 h. s. Brise SO faible, intermittente. Horizon sud encore plus rembruni. La région occidentale est entièrement cou- verte d'une ligne de nuages condensés dont se détachent des colonnes orageuses s'avançant assez vite du SO et arri- vant au zénith. Les têtes de ces colonnes sont composées depommelures translucides, blanches, dont les parties éclai- rées par le soleil produisent une ombre verte. 4 h. s. Le N 0 arrive et commence à dissoudre ces masses menaçantes. 5 h. s. Ciel assez pur. L'ombre de l'opposite est bleue, suivie d'une pénombre inférieure, jaune, et toutes deux sont pâles. 6 h. s. Même ciel. L'ombre bleue est devenue violette. 7 h. AO s. On n'a point vu l'arc rouge à l'opposite qui est voilé. L'espace circumsolaire présente de larges trouées orangées dans un fond nuageux, gris. Ombre de cette partie, bleue, et suivie de l'orangé inférieur assez pur, mais terne. Nuit couverte jusqu'à 5 h. du matin. Le ciel s'épure alors et l'orage ne survient à Lyon que le lendemain soir. Ces détails suffisent pour établir une liaison entre ces om- bres vertes et celles que produit l'arc rouge crépusculaire. En effet, aux dates des 13, 15 et 18 février, le soleil se cou- chant vers 5 h., on conçoit que les ombres glaucescentes en question ont pu être la conséquence d'actions physiques du ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. 491 genre de celles qui donnent naissance aux aurores du soir ou du matin. Sans doute ces ombres se sont montrées un peu hâtives; mais les différences des temps étant trop mi- nimes pour obliger à chercher des causes premières d'une nature distincte, on est en droit d'imaginer que leur précocité a été simplement provoquée par l'état spécial des vapeurs du moment. Or, le résultat du 5 août ne différant de celui de l'hiver que par une plus grande prémalurité, il est ra- tionnel de se maintenir dans la même hypothèse à son sujet, malgré la grande discordance des heures. D'ailleurs, en fai- sant la part des saisons, on voit que les ombres glauques des 25, 26 juillet 1858 et 1859 fournissent des termes inter- médiaires entre les heures précédentes. Elles donnent donc à cette conclusion l'autorité qui résulte des affiliations basées sur une loi de continuité. En un mot, je ne trouve jusqu'à présent, entre l'arc crépusculaire et ces ombres, d'autres dif- férences que celles qui résultent des heures, de l'intensité et d'une configuration moins déterminée chez l'une des appari- tions que dans l'autre. Je pense, en outre, que cette décou- verte, uniquement due à l'emploi si expéditif du chromatmo- scope, lui fera accorder l'importance qu'il me paraît de plus en plus mériter. Par suite d'une ancienne habitude à établir des rappro- chements, j'ai encore été conduit à examiner si ces ombres vertes ne se seraient pas manifestées durant des périodes froides, faisant partie de celles dont j'ai fait connaître la dis- tribution annuelle d'après le calcul des températures moyennes de chaque jour de l'année, obtenues à l'Observatoire de Paris (Ann. Met. 'iSSS). En cas de coïncidence, le phéno- mène optique acquérait sa part de l'intérêt que l'on est amené à attacher à tout ce qui concerne les lois météorologiques, trop négligées jusqu'à présent, et déjà par avance il m'avait été facile de voir que sa production, dans les cas cités, était 192 IIECIIERCHES SUR LES OMBRES COLORÉES. liée à des pertiubalions atmosphériques dont les conséquen- ces habituelles sont des tempêtes, des pluies, des orages. Mon idée n'avait donc au fond rien d'illogique, mais il s'agissait de la soumettre au contrôle de l'observation, et, par consé- quent, de compulser les registres où je consigne les faits recueillis de côté et d'autre. Voici les résultats de ces rappro- chements : PÉRIODE FROIDE DU 10 AU 15 FÉVRIER. OMBRES VERTES DES 13 ET 15 FÉV. 1858. -/O Fév. Lat. N 39°-45'. Long. 0 35°-25'. Tempête NO. 'JO ail iô Fév. Bassin de la Saône. Temps variables. Le 15 Fév. Besançon, Dôle, Gray, Lons-le-Saulnier. Pluies. 40 au lu Fév. Port-Vendres, La Nouvelle, Agde, Ajaccio. Tempêtes. Le 15, Constantinople. Des neiges nouvelles remplacent celles qui ont disparu. 15 Fév. Falmouth. Pluie. Eddystone. Il vente de plus belle. Bouen. Violent coup de tonnerre suivie d'une petite pluie orage. PÉRIODE FROIDE DU 17 AU 22 FÉVRIER. OMBRE VERTE DU 18 FÉVRIER 1858. 16 au 21 Fév. AçoRES. Tempête terrible. 17 Fév. Cork. Tempête S. Naufrages. 18 Fév. Atlantique. A peu près à mi-distance entre Greenock et Nev^-York. Foudre sur un bâtiment. Lyon. Neige dans la journée du 19. Bourg. Id. 19 Fév. Aigues-Mortes, Toulon, Hyères. Violentes tempêtes d'E et de S. 20 Fév. Cardiff. Bourrasque violente. ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉiNOMÈNE. 195 Ces intempéries s'étendent à Alcp, à Brousse, à Damas, où il tombe des neiges si abondantes qu'elles écrasent les toitures. PÉRIODE FROIDE DU 24 AU 28 JUILLET 1858. OMBRE VERTE DU 26 JUILLET 1858, j35 Juillet. Lille. Ouragan violent. Prusse rhénane. Tem- pête sèche, mais désastreuse pour les campagnes. Marseille. Mer très-forte. 26 Juin. Journée calme. 27 Juin. Bordeaux. Violentes bourrasques d'O, naufrages. Lyon. Tonnerre. Saint-Ciiamond. Foudre. Monestier-de- Clermont. La foudre tue 162 moutons dans un troupeau. Agde. Tonnerre et pluie. Naples. Température caniculaire rendue plus accablante encore par le sirocco. 28 Juil. Vesoul, Gray, Ciialon, Lons-le-Saulnier, Bourg, Tonnerre. . En somme, cette époque fut très-orageuse. MÊME PÉRIODE EN 1859. OMBRES VERTES DES 25 ET 26 JUILLET 1859. 2i Juil. Lyon. Eclairs. Savigny-en-Revermont. Foudre. Ve- soul, Besançon, Bourg. Tonnerre, averses. Bourdonne, Ciialon, Lons-le-Saulnier. Pluie. Dijon. Giboulées. Mont- béliard. Gros nuages. Dôle, Gray. Nuageux. Lat. N 47°-57'. Long. 0 25°-ol'. Bourrasques. 25 et 26 Juil. Lyon. Temps orageux caractérisé par ses nuées, mais le NO les balaye, et les effets lointains sont inconnus jusqu'à présent. A Bourronne, Gray, Montbéliard, Besançon, Dôle, Chalon, ces nuages se font remarquer spécialement dans la journée du 25. Acad. (le Lyon, Cl. des Sciences, t. IX. 13 194 RECHERCHES SUR LES OMBRES COLORÉES 57 Juil. Dax. Orage qui s'étend sur un grand rayon. Grêle d'une violence inouïe.. Bourdonne. Halo solaire à A h. s. PERIODE FROIDE DU 1" AU A AOUT. OMBRE VERTE DU 3 AOUT 1859. 5 Aoiit. Lyon. Colonnes orageuses que le N 0 dissout mo- mentanément dans la soirée. 4 AoiV.. Lyon. Tonnerre et pluie dans la nuit. Aux mêmes moments, Liergues près de Villefranche, est ravagé par une grêle formidable. Saint-Georges (Forêt-Noire). Fort orage. Nombreux arbres déracinés. Ces détails tendent à établir une concordance entre les ombres vertes et les intempéries orageuses, puisque l'on voit les unes et les autres survenir simultanément en hiver comme en été. Toutefois, sachant fort bien que le nombre des phénomènes mentionnés est loin de suffire pour faire accorder aux colorations susdites une valeur égale à celle de quelques autres pronostics, je me propose de poursuivre ces observations. Si je me suis attaché avec tant d'insistance à relater les précédentes, c'est dans l'espoir qu'un autre météorologiste voudra bien également attaquer la question. Encore plus que la géologie, la météorologie doit réclamer le concours des amis de la science, car le champ où s'élaborent les phénomènes optiques est immense. Divers physiciens et astronomes sont disposés à réduire l'atmosphère à une épaisseur de 75 à 100 kilom. M. Liais vient delà porter à environ 400 kilom. Quelle que soit l'hypothèse que l'on voudra adopter, il n'en reste pas moins acquis que l'espace dans lequel jouent les rayons lumineux est d'une extrême étendue. De Saussure a cru apercevoir le Monl-Rlanc du haut de la montagne de Caumc près Toulon. Il admet d'autre part que la mer de Gênes pourrait être visible du sommet ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE 195 du Mont-Blanc, dont l'altitude n'est pourtant que de 4810™. Eh bien, le rayon M' Blanc-Touloli, dont le centre serait transporté à Lyon, aboutit à peu de chose près à Milan, à Strasbourg, à Paris, à Limoges, à Montauban. Or, ces distances étant vraiment insignifiantes en présence du gran- diose théâtre qui se développe autour de l'observateur, placé au milieu du bassin du Rhône, il est en droit de conclure qu'il perçoit des clartés émanées des ciels italique, germain, océanique et méditerranéen. Pourquoi donc les modifications lumineuses qui surviennent dans l'océan aérien ne paraî- traient-elles pas mériter, à l'égard des pronostications, une attention au moins égale à celle que l'on pourrait accorder au baromètre ou autres instruments de cette catégorie. Et pourquoi le chromatmoscope en particulier serait-il éliminé, en admettant même que sa sphère de perception soit beau- coup plus restreinte que celle du polariscope. 5° Lumière de Vapposile. En aucune saison, sous nos latitudes, le soleil n'est placé de telle sorte qu'il puisse envoyer, vers tous les points de l'horizon, des rayons d'égale longueur; il en résulte que, même par les plus grandes et les plus belles journées , les divers quartiers de notre espace sont inégalement éclairés et colorés. Quelque prononcée que devienne d'ailleurs cette irré- gularité , par suite des troubles météorologiques, le coloris zénithal manifeste un caractère de stabilité qui n'existe pas au même degré chez les autres parties, et cette circonstance dépend de plusieurs causes. En effet, le sommet de l'empyrée se trouve autant que possible en dehors de l'influence des vapeurs basses étalées au-dessus de la surface terrestre. Sa distance angulaire le soustrait à la vivacité des impressions qui, dans la région circumsolaire, résultent du voisinage trop 196 RECHERCHES SUR LES OMBRES COLORÉES immédiat de l'astre. Enfin, pour y aboutir, la lumière de celui- ci n'étant point assujettie aux longs trajets tpi'elle doit elTec- tuei* pour parvenir jusqu'à l'opposite, se trouve par cela même moins soumise aux causes d'altération qu'elle ren- contre d'autant plus infailliblement que l'étendue à parcourir est plus prolongée. De ce dernier côté, durant les matinées et les soirées entre autres, il n'arrive plus que des effluves chez lesquels l'orangé a acquis la prépondérance. Que l'on examine alors compara- tivement les vapeurs, les nuelles dispersées eà et là sur deux points, dont l'un est à la plus grande proximité, l'autre étant aussi éloigné que possible du soleil , et l'on verra celles-ci ornées de teintes plus bronzées que les autres. Cette grada- tion, surtout manifeste durant les journées légèrement em- brumées, a pour résultat d'établir, même en plein midi, entre l'orangé inférieur et le bleu zénithal, la zone verte dont il a été fait mention dans l'exposé des généralités préliminaires. Dès-lors, chacune des trois parties devant nécessairement produire son ombre spéciale, celles-ci se traduiront sur le chromalmoscope placé verticalement en regard, par la suc- cession suivante, savoir: 1" Ombre bleue supérieure, résul- tante de l'orangé établi au niveau le plus bas. 2° Ombre rose, engendrée par la bande verte mitoyenne. 5^ Enfin, au bas de l'échelle chromatique, viendra l'orangé, dérivé du bleu céleste supérieur. Telle est du moins l'ordonnance complète. Cependant, il est facile d'imaginer qu'elle doit éprouver des modifications en rapport avec les saisons, avec l'état hygrométrique du moment, et, à cet égard, la récapitulation de mes observations faites pendant les états vaporeux, cirreux et cumuleux de l'atmosphère, me conduit à fornuder, de la manière suivante, les divers cas particuliers qui rompent la monotonie dont seraient affectés des régimes uniformes. ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. 197 a. Le vert céleste est souvent confondu dans une sorte de blancheur équivoque; mais son existence virtuelle sera infailliblement démontrée par les ombres, et d'ordinaire leurs indications sont confirmées par un surcroit d'intensité qu'ac- quiert la couleur à l'approche et au départ de l'aube. b. Certains ciels, en apparence purs, sont cependant cons- titués de manière à ne permettre que l'établissement des ombres fondamentales bleue et orangée. c. Avec d'autres états de condensation des vapeurs, les rayons solaires étant éminemment jaunes, on obtient une ombre violette qui peut dégénérer en rose tendre, et dans l'un comme dans l'autre cas, elle est suivie de l'orangé. d. Cette dernière ombre étant pareillement modifiable en tirant vers le rouge, l'on arrive à avoir, indépendamment du bleu pur supérieur, une ombre aurore dégradant vers le bas en orangé pâle. e. Le zénith se trouvant parfois blanchi par de légères vapeurs , son ombre orangée se modifie en sens inverse , c'est-à-dire qu'en dessous du bleu on ne voit qu'un (ilet blême à peine perceptible. Cette sorte de pénombre tourne d'ailleurs au jaune pur, l'ombre supérieure étant indifférem- ment bleue ou violette. /". Des trois couleurs, la rose est la plus fugace. g. L'arc rouge jette quelquefois en passant, du vert sur l'orangé; cependant, il est habituellement trop raréfié pour agir dans ce sens. h. Enfin l'ensemble du spectre chromatmoscopiquc des ciels de plomb s'estompe de leur gris fumeux. A titre d'indications plus larges , j'ajoute que si pendant les beaux jours de fêté, même en plein solstice, on peut rencontrer l'arrangement ternaire, il n'en est pas moins vrai que normalement un soleil trop élevé, ne dispersant pas une quantité d'orangé suffisante pour faire naître un vert céleste 198 KECIIEKCIIES SUR LES OMBRES COLORÉES. capable de donner une ombre appréciable, l'effet se réduit à l'établissement du bleu et de l'orangé. D'ailleurs, pendant les temps les plus chauds , l'état particulier des vapeurs se refuse également à la production du vert, même à la chute 32.5 Abheville. Grcle exlraorilinairc, foudre. Bruxei 34.0 Us. Foudre en 20 emlroils, D^bordenienls. Gratj. Orai;c dans la nuit. 34,0 Lyon, Bourij. Eclairs. Eu, Paris, Londres. Orai;es, foudre, prèles énormes, ouragans. Sofia près Conslanïinopfe. l*luie torrentielle. ïielle-lsle. Tenijièle. j6,5 Trévoux, L>ion , Bourg, Lons-h Snulnier, Be- sancon , Fort de-Joux , Vesoui , Bourbonne. Pluie. 20.6 Bourbonne, Chiilon, Lons-le-Saulnier, Trévoux. Pluie. 31,5 » » Pclile période chaude du 2 au 8 Juillet. — 6 jours. 2 Assez pur .... Bleu et jaune . 3 Cirreux Bleu et rose. . 41 33,0 44 34,0 (Vaporeux et eu- ) g,j,^j ^j . ^^^ 34 33 g ^ j,|^i,, ,^ „^ii„ ( mulus ) •■ ^ p (Bleu, orangé, rouge ). gj 301 iyon. Temps rafraîchi comme à la suite d'une ' '^'"' ( et jauue J ' grêle lointaine. Gray. Eclairs. Du 5 au 8 sur le Sund. Très-mauvais temps. Côte d'Alger. Temps brumeux, naufrage. 6 Pur {^'eï'aun""^^' '""^"IsS 32,5 Vai^jj/o. Nuit du 6 au 7, orage. 7 Quelq. cum. . . . Bleu et jaune 54 32,0 » Bleu, orangé et jaune. 47 31,5 » » Bleu et jaune 44 33,5 « " Bleu et jaune 30 34,5 " » Bleu et jaune. ... 41 35,1 » » Violetvifct jaunepàlc. ) .„ ,, „ iyon. Petite pluie. 6rfiio6/c. Foudre. /ioujY/. Omb. zénith. vert-gris. ) ' Amhronay , Montagnat Tonnerre et foudre. ET SUK LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈINE. 217 Petite période chaude du 16 au 19 Juillet. — 4 jours. DATES. BTAT Juillet. DU CIEL. LYON. Esrtce cmcoHsoiAiRE. OMBRES. STATIONS DIVERSES. 18 Pur Bleu cl jaune 40 30,3 » » 17 Quelques nuages. Bleu violacé et orangé. 43 34,2 Plusieurs communes indéterminées. Foudre, trombe. 18 Quelques nuages. Bleu, rose et orangé. . 40 33,0 Bar/Icur. Violent orage, ies Cosjuels. Temps orageux. Paris, Violent orage dans la nuit. Alençon. Ouragan, Tonnerre. 19 Cirrus et vapeurs. P''" ^'°'='i''"'='T!l 37 33,5 Saint Thierry prés Uon. Foy,Av,. Lapalisse. '^ l Rayons crépuscul. .f Orage, trombe terrible, grêle énorme. Cray. Pluie. Verdun-sur-Saone. Eclairs. Grande période froide du 19 juillet au 3 aoxït. — IS jours. SBIeu violacé , rose , \ orangé. Rayons cré- \ 34 34,0 pusculaires blancs.. ) 21 Couvert Non observables ... 41 33,6 22 Couvert Non observables ... 48 30,0 23 Couvert Non observables ... 63 29,8 24 Couvert Non observables ... 58 25,0 ' 6 11. 1/2 s. ropposite\ donne rose et vert. I 25 Nuageux ^ 8 h. s. circumsolaire >67 violet et jaune grisa- | ire / 6 h. 1/4 s. l'opposite^ donne de baut en bas. 26 Quelques nuages. < Ilt^L^ t'i^^ TvS: ^ " 26,2 pace circumsolaire violetet jaune pâles. , 27 Cir 28 Ciel pur 29 Rares nuelles. . . 30 Ciellrès-nuageux. 31 Ciel pur 23,8 Lyon, Bourg, Verdun. Eclairs. Gray. Pluie. Port Sle.Varie. Grêle extraordinaire. Nantes. Orage. Lyon, Bourg, Lons-le-Saulnier , Châlon, Dôle, Besançon , Dijon , Bourbonne. Tonnerre. Lantfeais. Orage. Carcassonne- Foudre. Noî rétable. Saint Just-en-Chevalet, Saint-Marcel (VUrphé. Fouiire,grèle d'une violence inouïe. Lyon, Gray, Bourhonne. Pluie. Montbéliard, Fort'de-Joux , Lons-le-Saulnier. Tonnerre. Pau, Epouvantable orage qui s'étend au loin. Cologne. Pluie d'orage. Lyon, Bourg, Saint-Jean-de-Losne. Tonnerre. Bourbonne, Montbéliard, Lons-le-Saulnier. Pluii;. Beaucaire. Foudre. Ouin- Theboul. Pluie, Prague. Tempête. Lyon. Eclairs. Vesoul , Besançon. Tonnerre. Savigny-en-Bevertnont . Foudre. Bourbonne , Lons-le-Saulnier. Pluie. Dijon. Giboulées. Bourbonne, Gray, Montbéliard, Besançon, Dôle, Châlon. Nuageux. Verdun. Pluie. Bleu et jaune 51 27,8 Bassin de la Saône. Nuageux ou serein selon les stations. Un journal mentionne pour cette date )]uc les orages ressentis dans l'ouest de la France se sont également manifestés en Angleterre, où ils ont causé beaucoup de mal sur une l'oulc de points. Cette indica- tion manque d'ailleurs de précision. Dax. Orage sur une grande surface , grêle d'une violence inouïe. Bassin de la Saône Beau temps. Violet, rose et orangé. 44 31,2 Bleu violacé et jaune, . 57 33,5 Non observables. ... 52 34,8 Lyon, Bourbonne, Vesoul. Dijon. Monthéliard, Châlon, Lojis le-Saulnier, Bourg. Tonnerre. iHkirch et environs. Vicdeiii onige, grêle qui hache tout Ojfcnbonrg. Ouragan, tonnerre, grêle désastreuse. Bleu et jaune 44 32,8 2l8 IIECUEUCHES SUR LES OMBRES COLORÉES Les données ultérieures ne m'étant pas encore parvenues, je dois arrêter ici ce tableau ; mais j'engage l'observateur qui aurait le désir d'étendre ses connaissances sur cette partie , à revoir, dans le Cours de Méléovoloijie de Kaemlz, les détails concernant les altérations que peut subir le crépuscule aux moments des grandes perturbations atmosphériques (pag. àïi). 5" Lumières des ciels complexes. Ayant dû mentionner à plusieurs reprises certaines com- plications provenant delà présence des nuages, mes nouveaux détails à leur sujet doivent être forcément bornés. Cependant, ces constitutions embrouillées m'offrant l'occasion de faire ressortir Tinfluence des masses, au sujet de laquelle je n'ai pu dire que quelques mots quand il fut question des reflets terrestres, je crois ne devoir pas passer entièrement sous si- lence les conditions analogues qui se rencontrent sur la con- cavité céleste. Supposons d'abord un cirrus enflammé, reposant le soir sur l'horizon au milieu du fauve momentanément stationnaire sur cette partie, qui, de son côté, est surmontée de la plage faïencée, imperceptiblement fondue dans le bleu supérieur, conformément aux dispositions ordinaires dans ces heures tardives. A la première vue de ce morne étalage, dont le rôle paraît réduit à celui d'un simple fond destiné à faire rejaillir la brillante parure de la nuellc , on se ligure inévitabiemenl que son action sur le feuillet chromatmoscopique sera annulée par l'effet de la vive lumière que doit fournir la masse incan- descente. Point du tout ! Malgré cet éclat local, le zénith fera naître son ombre nettement orangée; l'espace faïence, sim- ple dégradation de la zone fauve inférieure, s'unira à celle-ci pour produire une ombre azurée; mais à l'inverse de ce que l'on voit sur le ciel, le trait, si vigoureusement teinté que ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. 219 Ton attendait du cirrus, se trouvera perdu dans ce même bleu. L'exiguité de i'intluence du flocon sera d'ailleurs démon- trée par suite de sa décoloration qui, s'opérant avec beaucoup plus de rapidité que celle de l'espace environnant, laisse ce dernier sur la scène avec sa teinte , ainsi que son ombre correspondante sur le papier. Dans ce changement à vue, l'œil ne saisira aucune modification dans l'intensité de la couleur chromatmoscopique. A part donc les moyens d'évaluation plus précis que l'ave- nir pourra amener , les légers nuages du genre des cirrus se comportent à peu près comme l'aurore, comme les irisations opalines de certains flocons translucides déjà mentionnés. Sans plus tarder , je puis ajouter qu'il en est de même à l'é- gard des rayons crépusculaires, rubans de feu qui, échappés du soleil, se prolongent au travers des airs, et parfois aussi de ces palmettes vaporeuses dont le rouge violent tranche si crûment sur l'azur du céleste pavillon. Ainsi donc, on ne devra pas toujours suspendre ses observations dans la crainte que les résultats ne soient faussés par la féerie de ces appa- ritions. Elles sont plus fantastiques que corporifiées. La question change de face quand on est en présence de cu- mulus denses. Non seulement l'interposition de leurs rideaux noirs, opaques, découpant l'espace, peut faire naître plusieurs systèmes d'ombres , mais encore leurs amas dont les lobes profonds , capricieux , sont saturés d'argent, d'or, de cuivre, constituent des fouillis étincelants , desquels s'élancent des rayons suffisamment nourris pour produire des ombres tran- chées. Mêlés à ceux que le ciel envoie par les percées de son lambrissage, ik établissent une bigarrure désordonnée, verte, bleue, rouge, rose, orangée, jaune, d'intensité variée selon les jaspures plus ou moins éclatantes des parties aériennes dont ils émanent. D'ailleurs ces nuages, changeant de place, les scènes se transforment, et par suite les dispositions, ainsi 220 RECHERCHES SUR LES OMBRES COLORÉES que les nuances des ombres, se modifient d'instants en ins- tants. Dans de pareilles conditions, l'enceinte atmosphérique n'est pas sans analogie avec l'intérieur d'une cathédrale. Ses vitraux coloriés laissent pareillement couler, sous les voûtes du vaste vaisseau, des filets qui, éparpillés dans un demi- jour, rehaussés par les effets du contraste, répandent ces tons chauds, iridescents, ineffables, dont les reflets magiques contribuent à l'exaltation de la majesté religieuse si profon- dément empreinte dans le cœur de ces sanctuaires. Là aussi, l'observateur, accomphssant sa paisible mission, pourra, de pas en pas, et aux heures convenables, contrôler ses théories sans troubler les effusions des âmes pieuses. 6° Aperçus sur quelques cas de colorisation des ombres dans la nature. Je me suis étendu longuement sur les diverses colorations des ombres et sur les conclusions que l'on en peut tirer au point de vue météorologique. Il me reste donc à rappeler que la lumière , rencontrant partout des corps opaques, ré- pand aussi partout, sur la surface terrestre, des ombres qui doivent affecter, avec leurs rayons générateurs, les rapports que l'on observe dans les expériences. A cet égard, les pein- tres italiens ont de bonne heure constaté leur état bleu ha- bituel. Les indications de Léonard de Vinci en donnent la preuve. Mais l'existence de ce bleu parait avoir été longtemps méconnue par une certaine classe d'artistes français ; je trouve du moins, dans l'ouvrage de M. Vallée , un exemple à l'appui de cette présomption. Napoléon, en Egypte, voulut avoir le porlrail de l'un des chefs qui s'étaient rangés de notre parti. L'exactitude du travail fut généralement admirée, et pourtant le bey, dont on demanda l'avis, répondit : Mon lurhan a été sali. Toute véri- ET SUR LKS APPLICATIONS DU PHÉNOMÈINE. 221 llcation faite, on ciiil avoir trouvé la cause de celte exclama- tion dans un défaut d'attention du peintre qui d'ailleurs était un homme de talent. Il avait noirci les ombres des plis de la coiffure au lieu de leur donner la teinte azurée si saillante dans le pays, et l'inadvertance dut choquer l'Africain, rirré- prochable propreté de la draperie étant pour lui, comme pour les siens, un objet capital. Cependant, la solution trouvée par les savants de l'expédi- tion n'était que le rudiment de la question, et je crois que même en ajoutant une quantité convenable de bleu au blanc de l'image du turban , l'œuvre devait être d'une crudité à faire exclamer de nouveau le bey, assez peu civilisé pour ne pas savoir dissimuler ses impressions. On imaginera l'exi- stence d'une lacune rien qu'en tenant compte des éléments en présence. D'une part, la voûte céleste envoie son azur, tandis que la terre calcinée réfléchit son roux pâle sur l'étoffe. Celle-ci doit donc présenter à la fois les deux teintes con- trastantes, plus ou moins fondues dans sa blancheur géné- rale. Tel est à mon sens l'assortiment le plus simple dont le peintre devait se préoccuper tout d'abord, dans l'hypo- thèse des conditions normales de la situation. Quant à moi, sans aller au loin chercher les preuves à l'appui de mes con- jectures, je puis citer les rideaux de ma fenêtre. Non seu- lement ils me donnent, pendant les belles journées, des types variés de ces sortes de combinaisons, mais encore ces mous- selines me conduisent à de remarquables complications, toutes les fois qu'il me plaît de mettre en ligne de compte leur translucidité, leur tissure, ainsi que leurs plis. Passons actuellement à des indications d'un ordre plus général. Dans les éclatantes natures méridionales, en plein midi, les objets surmontés par le soleil produisent souvent des ombres criardes, d'un noir mat , mais peu étendues. Alors leur nMe ^22 RECHERCHES SUR LES OMBRES COLORÉES se borne souvent à découper un paysage en parties limitées par des arêtes vives, à la façon des silhouettes. Sous leur influence exaspérée par l'éclat général, tout est dur, heurté. Les moindres dentelures du profil d'une montagne, les menus branchages d'un pin ou d'un palmier sç tranchent nettement sur le fond azuré du ciel. Les distances s'apprécient mieux d'après la sèche succession des plans qui s'enfuient dans l'é- loignement, qu'à l'aide de la douce dégradation des teintes, selon les lois de la perspective aérienne, telle qu'elle se ma- nifeste dans les contrées tempérées. Un habitant du nord, transporté dans ces régions, doit en quelque sorte refaire son éducation pour arriver à distinguer ce qui est proche ou lointain. Viennent maintenant les soirées durant lesquelles le soleil se revêt de ses ors du meilleur aloi. Les ombres sont plus étendues ; en même temps leur indigo, rehaussé par un ri- goureux contraste avec l'éclairage orangé des rochers du voisinage, déjà naturellement fauves, arrive au bleu- noir de l'encre. Dans ce cas, celles qui sont projetées contre une rampe font croire que l'on va pénétrer dans une ténébreuse caverne; les replis des gorges laissent éprouver des illusions analogues, et pourtant ces inconsistantes obscurités n'existent plus dès l'instant où on les traverse. Dans leur placide inté- rieur, la perception des menus détails est plus nette qu'en dehors où l'œil succombe sous de fallacieux miroitements. J'ai surtout joui de ces curieux spectacles, le 12Nov. 1856, en parcourant les rambla, les barancos et les cucsla des Sierra de Mingrano et d'Almazarron près de Carthagènc. Alors aussi les flancs des montagnes reculées se coloriaient de ce gros bleu dont se couvrent les chaînes lyonnaises, sous des ciels très-chargés, quelques instants avant la })luie. Encore ces effets allaient en s'aggravanl à mesure que le nimbe ardent, dont s'environnait le soleil sur son déclin, devenait lui-môme ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. 225 plus leinté. Il faut d'ailleurs le dire : des phénomènes analo- gues, entre certaines limites, se produisent dans quelques soirées de nos climats moyens, et j'ajoute qu'il est inutile de chercher à faire comprendre , par de longs détails, combien peu, ces heures tardives, si remplies de féeriques surprises, se prêtent aux investigations du géologue. Il chemine alors dans un monde anomal. La couleur des minéraux est si complète- ment faussée que la pâle lumière crépusculaire lui devient préférable à ces trompeuses illuminations. Que sait-on? D'é- tranges désignations de terrains ont peut-être été provoquées par des causes de ce genre contre lesquelles l'observateur n'était point prémuni. A plusieurs reprises, en de pareils mo- ments, j'ai reconnu la nécessité de laisser de côté certains objets de mes études. Des phénomènes en tout opposés se manifestent dans les mêmes contrées. Plus d'une fois les peintres dont s'honore Marseille ont insisté sur la splendide harmonie des teintes violettes et lilacées qui parent quelquefois les chaînes pro- vençales , à la naissance et à la fin du jour. Un exact observateur, M. Fromentin, mentionne pareillement l'a- méthyste, les tons carminés, le rose, le violet, le bleu verdàtre et le lilas tendre, se développant et s'unissant sous rintluence des brumes ardentes du soir ou des demi-rougeurs du matin, pour répandre une teinture de la plus exquise délicatesse sur les hauteurs voisines du désert algérien. Je devais aussi jouir de ce spectacle, et ce fut le 5 janvier 1 859, lorsque à 4 h. s., après une belle journée, je débouchais du rocheux défilé de Mirabeau dans la partie dilatée du bassin de la Durance, dont Manosque est le chef-lieu. La conca- vité est circonscrite par les rampes du Léberon, par une suite de gradins riverains que domine le vaste hémicycle des montagnes saccadées de Sisteron, de Digne, de Castel- lane, de Moustiers, surmontées à leur tour par les cimes 224 RECHERCHES SUR LES OMBRES COLORÉES subalpines de la Haute-Provence. Ce théâtre est beau, il est grandiose, môme en temps ordinaire; mais les feux lan- guissants de la soirée répandaient sur lui un charme tout particulier. Le soleil sur son déclin, éteignant un à un ses rayons, ne conservait plus que ceux qui lui étaient nécessaires pour inonder le lointain d'une suave lumière, et pour frapper d'un vernis d'or les côtes les plus rapprochées. Ici se pré- sentaient naturellement quelques contacts heurtés entre le bleu des creux et l'orangé des saillies; mais, sur les autres plans, celles-ci s'ornaient de rose pendant que le bleu amé- thyste des concavités ombreuses s'adoucissait dans un gris dont l'intensité allait décroissant avec les distances. Plus loin encore , les bandes violettes et rosées fondues sur leurs bords se traduisaient en nuances, dont le moelleux gagnait àêtre rehaussé par les taches sombres de quelques bosquels. Enfin le soleil s'abaissant, le gris tendre crépusculaire, sur- monté d'un pourpre attiédi, envahit le pied des montagnes, dont les sommets ne demeurèrent carminés que jusqu'au moment où ils furent à leur tour noyés dans le ilux de l'om- bre sans cesse montante. A titre de renseignements accessoires, j'ajoute qu'une gelée nocturne, assez forte, avait produit un givre dont les restes, ainsi que des lambeaux d'une nappe de neige tombée à la fin de décembre, persistaient dans les abris. La tem- pérature, après s'être élevée à 10°, 0 vers midi, se soutenait à 5 h. s. encore à S°,àf. Les causes d'une abondante éva- poration étaient donc patentes. Outre cela, grâce au calme de la journée , les vapeurs stationnaient sur les montagnes sous la forme de llocons , tandis qu'elles constituaient une brume légère au-dessus des parties basses de la contrée. Les rayons solaires, obligés à traverser celles-ci, devaient donc nécessairement subir l'extinction partielle qui ne laisse ET SLR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. 225 que l'orangé ou le rouge , selon les épaisseurs ou les distan- ces. Le reste s'explique facilement par le mélange de ces clartés placides avec les ombres et les demi-jours provenant des replis du terrain. Les physiciens fixeront sans doute un jour leur attention sur la ressemblance générale du phénomène avec celui que produit l'arc rouge, quand il éclaire une couche de nuages placée à l'opposite. On voit en effet, de part et d'autre, d'abord la même zone purpurine sur la ligne de contact du rose avec le bleu grisâtre crépusculaire inférieur, puis la même marche ascendante, aboutissant à l'extinction quand le rideau a dépassé les sommités. Ils seront encore frappés de l'identité qui réunit l'apparition méridionale avec celles que les montagnards suisses ou savoyards désignent sous les dénominations de romjeur des Alpes, et de résurreclion du }P Blanc. Ici, sauf la surexcitation occasionnée par les causes locales, et notamment par l'opposition des champs de neige, la hiérarchie subsiste dans les évolutions lumineuses, à cette différence près qu'elle paraît se compliquer de l'action du second arc rouge. En voici un exemple dont je fus le témoin à l'époque des séances du Congrès helvétique, à Genève, où je fus accueilli avec la plus gracieuse hospitalité par M. De La Rive. Outre l'avantage que je trouvais, dans sa campagne, d'être parfaitement en face du M* Blanc, j'eus celui de pouvoir suivre les indications de l'illustre physi- cien, au sujet delà marche générale du phénomène, de sorte qu'il m'est possible de les combiner avec les résultats de mes propres observations. Le 9 août 1845, durant la matinée, un long cordon de brouillard tendu sur le Rhône, fut soulevé dès que le soleil eut échauffé la terre. Des cirrus tapissèrent le ciel, et la vapeur, entraînée par la brise ascendante, se groupant au- tour des cimes, s'arrangea spécialement de manière à garnir Acad. de Lyon, Cl. des Sciences, i. IX. i^ 22G RECHERCHES SUR LES OMBRES COLORÉES le M' Blanc d'une immense collerette. Au coucher du soleil, le premier îirc versa sur la montagne son rouge aurore, qui, gagnant les parties supérieures de l'atmosphère, en laissa les flancs sans autre coloration que celle du léger gris bleuâtre crépusculaire provenant de l'ombre terrestre. Dès lors, le M^ Blanc était mort, pour me servir de l'expres- sion usitée en pareil cas. Les premiers symptômes de sa résurrection^ déterminée par l'arrivée du second arc rouge, se manifestèrent bientôt après, sur le pied même du massif, et la nouvelle rubéfaction, s'étendant vers les cimes pour les dépasser non moins rapidement que la précédente, l'a- bandonna d'une manière définitive aux ombres grisâtres de la mort. Le luxe de ces illuminations successives fut d'une rare magnificence. Par sa sublimité, l'écharpe de feu du second arc surtout dépassait, dans cette soirée, les idées les plus exagérées que l'on se fait au sujet d'une transfiguration raphaëlesque. Que peut être en effet un simple tableau en comparaison de l'écrasant colosse diaphane par ces lumières ardentes, dont les reflets retombaient à plomb sur les géants de son cortège? La grandeur du spectacle sera du reste mieux comprise quand j'aurai ajouté qu'il est encore distinct pour un observateur placé sur les hauteurs qui dominent Lyon, car j'ai pu en suivre les phases à diverses reprises, sans m'é- loigner davantage de la ville. A titre d'accessoires météorologiques, je mentionne l'c- claircie qui se compléta durant ces phases, sans être suivie de beau temps le lendemain. Il plut dans toute l'étendue du bassin de la Saône, ainsi que sur la partie supérieure de celui du Rhône jusqu'à Grenoble , et à Genève nous re- çûmes une part de cette distribution. Il faut donc ranger, avec les habitants du pays, le fait de la rubéfaction intense des Alpes parmi les bons pronostics d'une pluie prochaine. On a quelquefois parlé d'une teinte verdàtre, cadavéreuse. ET SUR LES APPLICATIOINS DU PHÉNOMÈNE. 227 occasionnée par l'influence contrastante du rouge, qui, parvenu sur la partie superposée de la voûte céleste, revê- tirait de sa complémentaire les rampes neigeuses du Mont- Blanc. Cette nuance, dit-on, est le signe de son état mort. Certes, l'occasion était propice pour le développement de ce vert. Cependant il me fut impossible de distinguer autre chose que le bleu grisâtre provenant de l'ombre terrestre projetée sur ces surfaces, et j'insiste à dessein sur ce détail afin d'empêcher quelques exagérations théoriques. Une dernière observation relative à ces illuminations m'a démontré que, dans le moment où elles répandaient les rubis de leurs feux du côté de l'orient, les lumières de l'occident étaient purement orangées. De là, nécessairement, une gradation de l'orangé au rouge, pareille à celle dont je viens de faire mention, soit à l'occasion du phénomène de Manosque et du Mont-Blanc, soit quand il fut question de la rubéfaction des nuées de l'opposite, et tout bien pesé, je suis amené à demander si, pour la formation de l'arc crépusculaire, il faut l'intervention delà diffraction à laquelle M. Babinet croit devoir recourir. Il me semble que l'en- semble de mes résultats se concilie d'une manière si simple avec ce que l'on admet au sujet de l'extinction successive qu'éprouvent les rayons à petites ondes, quand ils ont à traverser des épaisseurs aériennes de plus en plus considé- rables, qu'il est inutile de compliquer davantage une question déjà grevée des réflexions et des réfractions admises par les physiciens et par les astronomes. Au surplus, il m'est actuellement démontré que des effets en tout pareils se manifestent également autour de Lyon, non seulement le soir, mais encore le malin. Le 9 Sept. J859, me trouvant à Thizy, je pus voir les montagnes riveraines de la Loire embelUes de la douce teinte rose de l'aurore. Le soleil levant était de nouveau d'un orangé ardent, malgré 228 RECHERCHES SUR LES OMBRES COLORÉES la limpidité du ciel ; les perles adamantines d'une abon- dante rosée, faisaient étinceler les herbes et les arbrisseaux; la pluie tombait le soir, et le tout avait été précédé la veille par l'apparition de nombreux rayons crépusculaires s'élevant de dessus des culminances de la France centrale, qu'une ten- ture céleste, d'un vert intense, ne tarda pas à surmonter. Je termine, en faisant remarquer qu'à l'égard du système général de mon travail, j'ai laissé de côté les données qu'au- raient pu me fournir les heures matinales. Cette lacune provient de ce qu'étant assujetti à divers devoirs, il m'est impossible de consacrer à Lyon tout mon temps à un ensem- ble complet de recherches au sujet des ombres. D'ailleurs, les observations faites pendant mes excursions , sont trop décousues pour se prêter à des déductions de nature à mé- riter la peine de tenter des raccordements assez pénibles. Je laisse donc à d'autres la tâche de combler cette lacune. Peut-être arriveront-ils à des résultats plus intéressants que ceux qui dérivent de mes études faites dans les soirées, et, dans ce cas, je m'estimerai heureux de leur avoir facilité la voie. J'avais aussi l'intention de parler des perquisitions aux- quelles je me suis livré pendant le printemps et l'automne; mais , tout bien considéré , j'ai trouvé convenable d'ajourner l'exposé de ces détails jusqu'à plus ample informé. En atten- dant, je puis annoncer qu'ils laissent entrevoir un état chro- matique mixte fort concevable d'ailleurs, puisque les susdites saisons établissent la transition entre l'été et l'hiver. En gé- néral, pour l'automne, le début de la substitution paraît sur- venir au commencement de septembre, et l'on en trouvera la raison dans l'abaissement des températures déclinant alors rapidement vers celles de l'hiver. ET SUR LES APPLICATIONS DU PHÉNOMÈNE. 229 Enfin, sauf un petit nombre de cas, j'ai fait abstraction des résultats obtenus dans les climats chauds de la Provence, de l'Espagne et de l'Algérie. Ici encore mes notes présentent des solutions de continuité prononcées au point de me dé- cider à abandonner aux observateurs de ces contrées le soin de faire connaître les jeux de lumière qui, chez eux, font la pompe sans égale des levers et des couchers. L'arc crépus- culaire, dont le mouvement anime alors la scène céleste, atteignant en particulier un degré de majesté et de splen- deur parfaitement inconnu dans nos latitudes, leur fournira indubitablement des éléments entièrement neufs à introduire dans l'optique météorologique. MÉMOIRES DIVERS LES MÉLÂPHYRES, LES SPILITES, LES BASALTES ET LES TRAPPS, Par M. J. FOURNET, Correspuiuliinl Je l'Iiistitul, Professeur ô la Facullc des Seienecs de Lyon, (Présentés à rAcadéinic impériale de Lyon, dans la séance du 29 juillet 1859). CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES CARACTÈRES ET SUR LA FORMATION DES MÉLÂPHYRES. Les mélaphyres sont souvent relégués dans un ensemble de roches dit trappéen, dénomination évidemment trop vague pour devoir être conservée dans la science. D'autre part, leur réunion avec les basaltes occasionne une confusion qui tend particulièrement à jeter une grande obscurité sur la géologie du Tyrol, pays où les deux roches se montrent si- multanément. Enlin, quelques géologues persistent encore à ne voir dans les mélaphyres autre chose que des masses éruptives du genre des porphyres. MÉMOIRES DIVERS SLR LES MÉLAPUYRES, ETC. 231 Ces indécisions, contre lesquelles j'ai déjà eu occasion de réclamer, nie déterminent à produire de nouvelles expli- cations, et pour entrer en matière, je rappellerai immédia- tement que les basaltes tyroliens se caractérisent par leurs pyroxènes parfaitement identiques à ceux que l'on rencontre dans toutes les autres laves basaltiques de la France ou de l'étranger. Ils ne renferment ni les feldspaths, ni les épi- dotes , ni les idocrases que l'on rencontre si iréquennnent dans les mélaphyres. Les pâtes des deux rocbes n'ont d'ailleurs aucune ressemblance minéralogique. Eniin les ba- saltes percent au travers des roches sédimentaires récen- tes du pays, sous la l'orme de filons minces ou puissants, tandis que les débris des mélaphyres, roulés par les eaux, amenés à l'état de cailloux, entrent dans la composition des grès, placés sous les dolomies et sousles autres roches secon- daires de la contrée. Ainsi donc , les masses respectives diffèrent complètement par leur âge, comme par la plupart de leurs propriétés physiques ou chimiques. Le rapprochement des mélaphyres avec les porphyres est en apparence plus fondé. En effet, dans le Tessin et mieux encore dans la vallée de l'Azergues, j'ai vu des filons de porphyre rouge dont quelques branches possèdent la teinte noire, qui forme le caractère le plus frappant des autres. Mais j'ai expliqué cette circonstance accidentelle en ayant recours aux résultats de la dissolution par voie sèche, ou autrement dit, en admettant ce que j'appelle des effets endomorphiqucs. Je suppose d'ailleurs (pie toute autre hypothèse rendrait diffi- cilement compte de cette coloration purement locale, à moins que l'on ne veuille faire intervenir le rôle des agents atmo sphériques qui auraient occasionné la rubéfaction postérieure d'un mélaphyre éruptif. Cependant cette explication serait immédiatement contredite par la considération que la rubé- faction aurait dû atteindre d'abord les parties les plus minces 252 MÉMOlllLS DIVEUS SUR LES MÉLAPIIYHES, et les plus superficielles de la masse , tandis que c'est l'in- verse qui a lieu. Le corps du (ilon est rouge, et ses menues diramations ont conservé la couleur noire , bien qu'elles s'avancent jusque près de la surface du sol. Ainsi donc , j'admets que certains mélaphyres ne sont autre chose que des porphyres, dont la constitution chimique a élé modifiée par la combinaison ou par la dissolution de quelques parties des roches encaissantes. J'ajoute de plus que ces formations sont purement accidentelles, très-rares, et que les grandes masses mélaphyriques ont une origine bien autrement complexe. Je vais d'ailleurs baser cette indication sur divers résultats de mes observations. D'abord les mélaphyres, en grandes masses, alTectent des positions essentiellement caractéristiques , et qui auraient dû frapper tout d'abord les géologues, car elles sont mani- festes dans le Lyonnais, dans les Vosges, dans le Tessin, dans le Tyrol et même en Sibérie. Partout ces roches constituent des nappes superficielles qui, très-souvent même, occupent des positions cuhin'nantes , où elles forment tantôt des plateaux, tantôt des pitons, selon l'ampleur des surfaces qu'elles recou- vrent. Jamais je ne les ai vues disposées en filons nettement définis , ou pareils à ceux des basaltes par exemple ; les par- ties qui ont pu être considérées comme telles m'ont toujours présenté les caractères de simples lambeaux, empâtés dans les roches soulevantes. Ce n'est qu'en l'absence de dénu- dations suffisamment étendues qu'il arrive des confusions à cet égard, et, dans ce cas, la prudence veut que l'on se tienne sur la réserve, si l'on n'a pas le temps ou l'occasion d'étendre suffisamment le champ de ses observations. En prenant comme point de départ, pour les formations de ce genre, le grand lambeau qui couvre le plateau d'A- venas en Beaujolais, nous trouverons d'abord qu'en descen- dant indiff'éremment vers Beaujcu , vers Chiroubles, vers LES SPILITES, LES BASALTES ET LES TRAPPS. 253 Vaux-Renard, vers Ouroiix, son passage à la syénite sous- jacente est assez brusque et que, suivant chacun de ces versants, il y a un abrupte, évidemment formé par l'é- paisseur de la nappe supérieure, absolument comme cela arrive quand un système de couches sédimentaires solides repose sur un granit. D'ailleurs quelques lambeaux, étalés sur les rampes , suffisent pour indiquer l'ancienne liaison du lambeau supérieur avec les autres parties disséminées dans le reste de la contrée. En parcourant ensuite la surface du plateau, on rencontre dans la nappe les mélanges ordinaires des pâtes noires avec des pâtes rouges confuses, et celles-ci, passant fréquemment à l'état granitique , rappellent par cela même l'une des modifications cristallines de la syénite inférieure. Bien plus, ces colorations rougeâtres ou brunes et endomorphiques, pré- dominent dans les dépressions du plateau, parce qu'en effet elles s'y trouvent en relation plus immédiate avec cette même syénite. Les saillies, au contraire, sont presque exclusivement constituées par des roches noires. D'ailleurs je ne puis dépeindre l'arrangement rocheux de la station d'une manière plus expressive qu'en le comparant aux glaçons d'un bassin qui, après avoir été disloqués et culbutés pendant une dé- bâcle, auraient été fixés en place par l'eau solidifiée à son tour au moment d'une gelée subséquente. Les complications minéralogiques du système s'expliquent du reste par la pénétration si naturellement variable de la matière métamorphisante. Sur un point il ne s'est dé- veloppé que du feldspath disséminé dans une pâte dure et noire; plus loin celle-ci a également subi les effets de la cristallisation , de sorte qu'il en est résulté des dissémi- nations amphiboliques et par suite des masses dioritiques plus ou moins schisteuses. Quelquefois le ramollissement de ces parties dioritisées a été tel que l'amphibole pur a 254 MÉMOIRES DIVEUS SLU LES MÉLAPIIYRES, pu se sécréter dans les tissures de retrait où il forme de petits filons. Parmi les magmas plus impurs, l'épidote à l'état nuageux ou subcristallin , compagnon ordinaire des gâchis géologiques , marie sa couleur jaune verdàtre avec celle des pâtes rouges et noires. Ailleurs on n'a (ju'une masse noire homogène. Enfin, on pourra, çà et là, mettre la main sur des fragments de schistes échappés à ces trans- formations diverses. Ceux-ci naturellement viennent à l'ap- pui de l'origine sédimentaire de la masse, origine déjà in- diquée par les dispositions générales de l'ensemble , en sorte que tout s'accorde pour démontrer qu'il ne s'agit pas ici de nappes d'épanchement du genre des coulées basaltiques, mais véritablement de couches atteintes à divers degrés par une cause modificatrice. La butte des Brouilly, espèce d'avant-poste établi entre la terrasse du Bas-Beaujolais et les montagnes occidentales près deSaint-Lager, présente encore des accidents du même ordre. La nappe mélaphyrique y est également appliquée contre un granit que l'on peut regarder comme appartenant à la formation syénitique. Cependant sa disposition n'est plus horizontale; le redressement est tel qu'elle plonge vers l'est, de façon que sa tranche apparaît sur toute l'étendue du front occidental du pâté. Il en résulte donc une allure bien distincte de la précédente , dont je devais naturel- lement faire mention ici , afin de mettre en opposition deux manières d'être , qui d'ailleurs se renconlreiit dans tous les terrains sédimentaires. Au surplus, la nappe de Brouilly présente à peu près les mêmes accidents de struc- ture que la précédente , c'est-à-dire que l'on y peut trouver des parties noires amphiboliques et des cristallisations feld- spalhiques. On remarque plus spécialement de grosses veines blanchâtres, tantôt parallèles , lanlol convergenles ou divei- ;PS. 245 sont indiquées comme étant des niasses hydratées, peu cris- tallines et dont plusieurs montrent des rapports très-intimes avec les laves qui leur sont associées. Leur base est un feld- spath du 6" système, c'est-à-dire l'anorthite, le labrador, l'an- désite, l'oligoklase , la vosgite. Sous cette même définition, il réunit les basaltes, les dolériles, les mélaphyres, les hypé- rites, les euphotides, les diorites, les kersantites, auxquels il ajoute, au besoin, les lerzolithes et les serpentines. Observons maintenant que ce groupement présente cer- taines complications de détail d'un effet assez fâcheux. Les analyses de M. Delesse aboutissent, par exemple, à donner pour le mélaphyre-type de Belfahy, un feldspath d'une for- mule fort peu simple, mais de laquelle il n'en conclut pas moins que ce minéral est un labrador. Ailleurs, un méla- phyrepris entre Colmann etBotzen lui offre un labrador diffé- rent du précédent. Outre cela, M. Delesse annonce que dans les feldspaths appartenant à une même roche, les variations de composition paraissent dépendre de l'inlluence exercée sur eux, soit au moment de leur formation, soit postérieurement à leur formation, parles roches voisines, ou par les roches encaissantes. Quant à moi, la vue de la multitude des résultats fournis par les feldspaths, résultats que les hommes des laboratoires voudraient encadrer dans leurs formules, me porte à me demander sérieusement si en cela il n'y aurait pas au con- traire quelque chose d'analogue à ce qui arrive d'une façon moins compliquée, entre les carbonates de chaux, de man- ganèse, de magnésie et de fer, lesquels se substituent les uns aux autres, en donnant heu à toutes les combinaisons ima- ginables, tant chimiques que crislallométriques. Espérons que le jour luira bientôt où les savants analystes de la capitale reconnaîtront que la puissance de la nature n'est pas limi- tée par leurs règles, et qu'elle sait fort bien on rompre la 246 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLAPHYRES, monotonie, pour semer partout cette infinie variété qui ré- pand tant de charmes autour de nous. Des remarques d'un ordre différent pourraient être faites au sujet du rôle de l'eau comprimée avec laquelle les chi- mistes, partisans des doctrines de M. Schéerer, confondent trop facilement les bitumes ou autres corps hydro-carburés, la brewstoline, la cryptoline, dont la présence a cependant été signalée par MM. Knox , Braconnot et surtout par M. Brewster qui s'est livré, à leur sujet, à une très-inté- ressante suite d'observations microscopiques. Cependant je laisse de côté ces menus détails chimiques pour faire observer que la valeur attachée à la classe des roches trappéennes s'amoindrit singulièrement quand on s'at- tache au point de vue géologique. A cet égard, on com- prendra de suite l'état d'hésitation dans lequel doivent se trouver les pétralogistes et les géologues, réduits à étendre leurs conjectures du basalte moderne au mélaphyre, roches généralement très-anciennes. Les unes sont d'ailleurs méta- morphiques, les autres étant souvent éruptives. Si même l'on ne veut concentrer son attention que sur les seules masses éruptives, on constate que tout tend actuel- lement à un groupement dont le résultat sera profondément discordant, par rapport à celui qui a été admis d'après les anciennes habitudes trappéennes. En effet, dans de précédentes occasions, me basant sur mes propres observations aussi bien que sur celles de M. Elle de Beaumont et autres géologues, j'ai donné à entendre que ma première classification des roches plutoniques, d'après leur richesse en sihcc (Jahrbuch 1827), subit d'importantes modifications. Plus j'avance dans l'étude de ces masses, plus aussi je m'assure qu'il est néces- saire d'admettre parmi elles de nombreuses récurrences très- siliceuses, correspondantes à différentes époques géologiques. Ainsi, on connaît un granit ancien, passant de l'état homo- LES SPILITES , LES BASALTES ET LES TRAPPS. 247 gène à l'état porphyroïde et aboutissant, par une suite de dégradations, aux états pegmatitiques, granulitiques et lepty- nitiques. On peut en outre constater l'existence de granits assez modernes pour avoir affecté les terrains houillers. Etant aussi bien développés que les précédents sur certains points, ils passent ailleurs à des porphyres quarzifères, qui eux- mêmes aboutissent à des minettes d'un caractère quelquefois éminemment trappéen. D'autres granits ne sont que des modifications de la syé- nite, roche assujettie à perdre son amphibole, mais qui ne doit pas pour cela être confondue avec les granits précé- dents , ainsi que l'ont fait quelques géologues. Mais ces syéniles ont pour satellites des diorites et des amphiboiites éruptifs, ou bien autrement dit, des trapps. Certaines protogines, très-granitiques, qui ont bouleversé les calcaires jurassiques , ont également un cortège plus ou moins confus et trappéen. Il est encore des granits et des porphyres quarzifères, qui sont postérieurs aux éruptions scrpentineuses auxquelles se lient les euphotides, masses encore réunies aux Irapps. On voit de même des granits à hypcrsthène, très-récents et passant aux hypérites ordinaires, pareillement confondues sous la rubrique des trapps. Dans cette hiérarchie, les trachytes bien développés sont à considérer comme étant des granits de la période volca- nique. Mais les trachytes tendent souvent aux basaltes, par l'intermédiaire des dolérites, et celles-ci rentrent encore dans le capharnaiim trappéen. Cependant ce n'est pas tout, car suivant M. Delesse, le trapp proprement dit, tournant au basalte, la composition élémentaire de ces deux roches peut être absolument la même, et leurs différences tiennent surtout aux conditioiis 248 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLAPUYRES, de leur éruption Ainsi le trapp forme des filons, des dykes, et surtout des nappes extrêmement étendues Ses filons ont quelquefois une structure bréehiforme Le trapp est souvent prismatique Sa structure est fré- quemment celluleuse et ses cavités sont généralement rem- plies par les minéraux habituels des amygdoloïdes Bien qu'il se relie au basalte de la manière la plus intime, M. De- lesse pense qu'il en différait par une température moins élevée Il regarde comme probable que le trapp formait au moment de son éruption une sorte de mortier ou de pâte boueuse Les filons de trapp peuvent très-bien être plus ou moins argileux ; il en est même qui ont tous les carac- tères de véritables argiles. On a toujours admis dans ce cas qu'ils avaient été décomposés et changés en une es- pèce de kaolin; cependant il lui paraît que le trapp a pu con- server aussi l'état de pâte boueuse. [Bull, tjéol. 1. 15, p. 765.) En dernière analyse, l'abus d'un mot barbare amène M. Delesse à établir les réunions les plus étranges, et à poser des disjonctions, que certainement bien peu de géo- logues voudront accepter. La conséquence naturelle de ces aperçus est donc l'impossibilité de comprendre ce que la science peut gagner par la conservation du mot en litige. A l'époque actuelle surtout, où l'on connaît des gites métalli- fères inclus dans les mélaphyres proprement dits, tandis que d'autres touchent de près aux vrais basaltes volcaniques, comme par exemple dans la Sierra de Carthagène et en Toscane, de pareilles indécisions ne sont évidemment plus tolérables. En tout cas, l'influence que des classifications moins élastiques sont appelées à exercer sur la théorie des filons , étant facile à saisir , nous devons espérer que , M. Delesse aidant, nous verrons disparaître de la nomencla- ture, les loadstones, les trapps, de même que les ivhinstones, ainsi que d'autres dénominations adoptées dans l'enfance de LES SPILITES , LES BASALTES ET LES TRAPPS. 249 la géologie , et qu'une anglomanie invétérée pourrait seule s'obstiner à conserver. Remarquons d'ailleurs que la valeur attribuée à l'ensemble trappéen est également applicable à d'autres masses rocheu- ses. Les calcaires, par exemple, constituent certainement un groupe très-essentiel. Cependant, que dirait-on d'un géologue qui viendrait annoncer que les sommités du M*^ Ceindre aux environs de Lyon, de Cabrières près de Neffiez, du M' du Chat sur le lac du Bourget, etc., etc., sont calcaires. Evi- demment, on l'inviterait à dire au moins s'il s'agit de calcaires siluriens, dévoniens, carbonifères, triasiques, jurassiques, crétacés ou tertiaires. Poussant même les exigences au-delà, les stratigraphes seraient en droit de réclamer de l'observa- teur quelques explications au sujet des étages auxquels ap- partiennent les calcaires des cimes en question. Eh bien! par la même raison, le plutoniste doit être mis en demeure d'é- noncer s'il entend parler d'un trapp-basalte, d'un trapp-do- lérite, d'untrapp-mélaphyre, d'un trapp-hypérite, d'un trapp- euphotide, d'un trapp-diorite, ou d'un trapp-kersantite. Mais à quoi bon ici la superfétation de la syllabe trapp. N'étant d'aucune importance, l'économie du temps motive sa sup- pression immédiate , de même qu'en mathématiques on re- tranche le facteur inutile d'une formule algébrique. Quant aux difficultés inhérentes à la détermination des roches en question, difficultés qui proviennent de la confuse cristallisation qu'elles présentent assez souvent, on peut ré- pondre que les obstacles ne sont pas des motifs à faire valoir auprès des géologues. De Saussure n'a-t-il pas déclaré que l'étude de la géologie n'est point faite pour des paresseux! Nous devons donc savoir supporter les fatigues attachées à notre science , sinon nous mériterons d'être exclus du rang de ses partisans. Pour ma part, il m'a rarement fallu rester dans le vague toutes les fois qu'un mobile quelconque m'a 250 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLAPHYRES, porté à connaître exactement la masse ambiguë placée sous mes yeux. Cassant des blocs, portant mes recherches sur le centre ou vers les limites de l'ensemble, poussant quelquefois mes investigations à distance, afin de rencontrer des produits assimilables, j'ai d'ordinaire bientôt vu, comme l'a fort bien dit M. Delesse , « ces masses prendre peu à peu la structure « porphyrique par l'apparition de cristaux de feldspath , et » même par la formation de péridot, d'augite, d'hypersthène, » de diallage, de hoinblende et de mica. » Après tout, en cas de non réussite, je ne me suis nullement senti honteux quand j'ai été forcé de faire l'aveu de mon impuissance de- vant certains mystères de la nature. Je les laisse parmi les incertœ sedis , attendant la rencontre de parties convenable- ment cristallisées, de même que les botanistes guettent le développement des pistils et des étamines pour classer leurs plantes nouvelles. De cette façon, l'on se garde de donner de l'importance à un nom qui n'en a aucune; personne n'est in- duit en erreur; l'on a l'avantage d'appeler l'attention sur les circonstances obscures, et c'est dans ce sens que j'ai traité la question des spilites du Drac, dont il sera question plus loin. LES SPILITES, LES BALSATES ET LES TRAITS. 251 DÉTAILS HISTORIQUES AU SUJET DES MÉLAPHYRES. Indépendamment de ses objections contre mes énoncés au sujet des trapps, M. Delesse a aussi attaqué mes indi- cations relatives aux mélaphyres. Admettant tout d'abord qu'il y a quelque malentendu dans la définition, il juge à propos d'indiquer la suivante, qui est à peu près celle que M. Naumann a a.do\>tée. [Bull, géolog., 2^ série, tome 15, pag. 295.) Le mélaphyre est une roche qui est à base de feldspath du 6" système et qui contient de l'augite. Ces deux miné- raux sont disséminés dans une pâte feldspathique, renfermant encore souvent du fer oxydulé et des carbonates. Le feld- spath est hydraté , et c'est ordinairement du labrador. Sa couleur est extrêmement variable; c'est seulement par ex- ception qu'il passe au noir. Bien que la structure porphy- rique y soit fréquente, elle peut aussi disparaître. Si actuellement, Ton étudie le mélaphyre sous le rapport de son gisement, on trouve qu'il est tantôt en fdons, tantôt en amas ou en couches. On ne saurait douter qu'il forme des filons bien caractérisés quand on visite la Thuringe, le Palatinat, les bords de la Sarre et différents points de l'An- gleterre. D'un autre côté, le mélaphyre se montre aussi en couches, comme le fait remarquer M. Fournet. M. Delesse a eu occasion de signaler lui-même son passage à une ro- che sédimentaire bien caractérisée. En effet, à Ternuay, dans les Vosges, on voit un beau mélaphyre, bien porphyrique, qui passe à un schiste de transition. Ces anomalies se re- trouvent d'ailleurs dans la série des roches éruptives. La 252 MÉMOIRES DIVEUS SUR LES MÉLAPUYRES , serpentine, la dioiitc, le granit lui-inôme sont souvent stra- tifiés. C'est dans le métamorphisme qu'il faut chercher l'explication de cette anomalie. Cette citation fait ressortir plusieurs idées capitales de M. Delesse, au sujet desquelles il s'agit de s'entendre. Ainsi il admet que le mélaphyre forme des liions bien caracté- risés dans le Palatinat et dans la Sarre, ce qui me paraît ne pas être. Il aurait pu ajouter, selon ses définitions, qu'il forme aussi des filons dans le Tyrol, et alors nous eussions été d'accord à cette différence près que les mélaphyres ty- roliens de M, de Buch sont, selon moi, des basaltes et non pas des mélaphyres. Il est vrai que la définition chimique de M. Delesse, étant très-élastique, il peut faire rentrer dans son cadre des roches très-disparates, géologiquement parlant. Quant à ce qu'il dit au sujet des roches éruptives qui , prenant souvent une apparence stratifiée de manière à de- venir anomales , exigent l'intervention du métamorphisme pour être expliquées, je ne crois pas avoir besoin de cet avis. En effet, mes énoncés sur la feldspathisation, sur l'en- domorphisme, sur l'exomorphisme , et en général sur les divers clïets métamorphiques, bien antérieurs à ceux de mon savant adversaire, me mettent parfaitement à l'abri de tout soupçon d'ignorance à cet égard. Je reviendrai d'ailleurs successivement sur ces diverses parties. Dans la notice actuelle il s'agit spécialement du malentendu relativement à la définition du mélaphyre admis par M. Delesse. Il lui est impossible, dit-il, d'expliquer autre- ment plusieurs des résultats dont j'ai fait l'énoncé. Eh bien, c'est précisément contre l'idée de cette confusion que je m'élève, et, pour entamer la discussion d'une manière rationnelle, il importe de remonter aux sources. Dans ce but, il me faut établir tout d'abord une distinction entre les indica lions pétralogiques de M. Brongniard, de M. Buch, et celles de LES SPILITES, LES BASALTES ET LES TRAPPS. 255 M. Delesse. J'exposerai ensuite quelques détails relatifs à mes propres travaux, à ceux de divers autres géologues. Enfin, de cet ensemble, je tirerai diverses conclusions, de façon que ma notice actuelle va se trouver naturellement divisée en plusieurs chapitres. a. Aperçus historiques sur les travaux de MM. Brongniard , de Buch et Delesse. Dès l'année 1816, dans le Dictionn. des Sciences naturelles de Levrault, M. Brongniard préludait à ses classifications des roches. Il donnait alors les définitions des basaltes, qu'il dépeint suivant l'ordinaire comme étant des roches noires , grenues, presque compactes, à cassure matte, très-tenaces, magnétiques et quelquefois magnéti-polaires , contenant des pyroxènes, des péridots, des feldspaths, et du fer titane. Enfin il les range parmi les produits volcaniques. Parmi leurs variétés, il trouve des passages à l'état por- phyritique. En 1819, l'ordre alphabétique du dictionnaire amène l'il- lustre géologue à traiter des dolérites. Les caractères qu'il leur assigne sont les suivants : Roches noires, piquetées de blanc sale, et différentes du diabase qui tire sur le verdâtre ; elles sont essentiellement composées de pyroxène et de feldspath, tous deux bien re- connaissables, habituellement très-serrés, et même mêlés les uns aux autres. Les accessoires sont encore le fer titane et le péridot; quelquefois le mica et l'amphigène. Cette roche, étant imparfaitement cristallisée, passe au basalte pyroxénique et au basalte feldspathique. C'est môme ce passage de la doléritc au basalte qui, saisi avec perspicacité, a mis M. Cordier sur la voie de découvrir que le basalte n'est 254 MÉMOIUES DIVERS SUR LES MÉLAPHYRES , qu'une dolérite pyroxénique à parties indiscernables à l'œil nu , visibles quelquefois à la loupe ; mais séparables par les moyens ingénieux qu'il a mis en usage. Parmi les variétés cristallines, on distingue les suivantes : Dolérite granitoïde. Dolérite porphyroïde. Dolérite subvitreuse. L'espèce appartient aux terrains pyrogènes ; c'est une roche volcanique dans l'acception la plus claire de ce terme. Elle est une des plus nouvelles, puisqu'elle se trouve presque toujours vers la surface des plateaux recouvrant le basalte et pénétrant dans ses fissures. Continuant ses déterminations, M. Brongniard arrive, en 1823, aumélaphyre, qui n'est autre chose que le trapp- porphyr des allemands. C'est, ajoute-t-il, la même roche que l'on désigne encore sous le nom de porphyre noir. Elle a une texture compacte à parties fines très-serrées. Très-dure et susceptible de recevoir un poU égal et brillant. Pâte le plus souvent translucide. Cassure droite ou imparfaitement con- choïde, peu écailleuse, le plus souvent unie, quelquefois ra- boteuse. Assez facile à casser. La roche est composée , ayant pour base une pâte noire , dure, d'amphibole pétrosiliceux qui enveloppe des cristaux de feldspath blancs-grisâtres, rougeâtres , quelquefois verdâ- tres. Ses éléments accessoires sont l'amphibole, le mica et le quartz en petite quantité. Fusible en émail noir ou grisâtre. Couleur noire. Mais elle passe par des nuances rougeâtres , au porphyre ; par la finesse de ses parties, à l'euritc; par l'opacité et la grosseur de ses parties, au basalte. Ses variétés sont: Mélaphyre demi-deuil. Mélapliyre sanguin. Mélaphyre taches vertes, ou porphyre noir antique, LES SPILITES, LES BASALTES ET LES TRAPPS. 255 Le savant professeur considère cette roche comme étant surtout subordonnée au porphijre quarzifcre et se trouvant sou- vent avec les porphyres verts. Parmi ses gisements, il indique ceux de la Suède, des Vosges, de Tarare et des sources de l'Yonne. On le voit, de ces descriptions qui ne pèchent en aucune façon du côté de la précision pratique , résultent l'existence de deux roches, l'une ancienne, se rapprochant des porphyres; l'autre moderne, liée aux basaltes, et dont le faciès est très- différent. Elles ne devraient donc pas avoir été confondues, ni minéralogiquement, ni géologiquement. Cependant, ainsi que je vais l'expliquer, ce désastre est survenu à la suite des travaux de M. de Buch. A l'égard de ceux-ci, je mentionne d'abord une notice lue à l'académie de Berlin, le 25 mars 1815. Il s'agissait des caractères du trapp-porphyr que le grand géologue considé- rait comme étant une roche récente , passant aux basaltes, appartenant aux volcans éteints et aux volcans bridants, et à laquelle il réunit les phonolites, les perlites et les obsi- diennes. On la rencontre au M' Dore en Auvergne, ainsi qu'au Drachenfels sur les bords du Bhin. Elle contient en outre une grande partie des filons de la Hongrie. Au surplus, il a été avancé depuis que cette roche n'est autre chose que le trachyte de Haûy, et si elle est indiquée ici, c'est plutôt pour mettre en relief une nouvelle exagération de l'abus du mot trapp, que pour donner un appui quelconque à cette assertion. En 1823 [Ann. de chimie et physique, p. 261 et 396), dans des lettres adressées à M. de Humboldt, M. de Buch a traité du porphyre pyroxénique, roche qui traverse le porphyre rouge quarzifère aussi bien que les terrains secondaires, et à laquelle il attribue la dolomisation des calcaires. Sous ce nom géné- rique, il réunit toutes les masses noires de la vallée de Fassa, savoir : les amygdaloïdes, les tufs et môme les vrais basaltes ; 256 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLAPIIYRES, il y a vu de véritables scories au Seisser-Alp. Cependant, il admet que son porphyre pyroxénique mériterait d'être séparé comme une formation intermédiaire et sous une dénomination convenable, d'un côté des basaltes proprement dits, de l'au- tre des porphyres rouges quarzifères, qu'il distingue d'ailleurs fort bien d'avec la roche en question. En 1827 [Auji. des Sciences naturelles), notre géologue revient sur le même sujet à l'occasion de ses études sur la contrée de Lugano, rappelant d'abord qu'en 4784, Lamanon classait les roches des bords du lac parmi les laves , appré- ciation qu'il modifia depuis en les rangeant avec les trapps. M. Lardy les ayant à son tour assimilées aux porphyres augiti- ques, M. de Buch, séduit par cette indication, et procédant au rebours de Lamanon, jugea à propos de les réunir à celles de Passa. Néanmoins, il avoue que l'on peut constater ici qu'elles ne sont pas des basaltes; il y reconnaît même la présence de l'épidote. Entrant d'ailleurs dans divers détails au sujet des intercalations de ce porphyre augitique et du porphyre rouge quarzifère, il ajoute à l'ensemble de ses consi- dérations, de nouvelles indications relatives à la dolomisation. Enfin, en 1829 (Ann. des Se. natnr.), embrassant la géolo- gie de l'ensemble du terrain compris entre Lugano et Orta, M. de Buch déclare de nouveau qu'il importe de ne pas assi- miler les porphyres pyroxéniques avec les laves, tout en per- sistant à les regarder comme éruptifs. Toutefois, chose plus essentielle encore au point de vue du moment, c'est alors que dans une heure malheureuse, se laissant entraîner à une fausse interprétation du mot mélaphyre, proposé par M. Bron- gniard, il a fait naitre une des plus déplorables erreurs scien- tifiques. Réduit à défendre ma part, il me faut actuellement rappeler les travaux de M. Delesse. Ce savant ingénieur s'est surtout occupé des roches au LES SPILITES , LES BASALTES ET LES TRAPPS. 257 point de vue de leur composition chimique, et vraiment l'on ne sait ce qu'il faut plus admirer de sa persévérance à toute épreuve, ou de la délicatesse de ses opérations. Cependant, en procédant ainsi, il a dû principalement, au début de ses études , accepter souvent les données d'au- trui, et de là le motif de quelques surprises parmi lesquelles je range en particulier celle qui concerne les basaltes et les mélaphyres. A cet égard, je puiserai mes données dans un travail capital, publié en 1847 [Ann. de la Soc. d'émulation du Doubs), sur la constitution minéralogique et chimique des roches des Vosges. Ayant alors des idées fort différentes de celles qu'il admet aujourd'hui, il avançait, au milieu de très-intéressantes gé- néralités géologiques, que la dénomination de trapp est en quelque sorte négative, et qu'on doit plutôt la considérer comme un aveu de l'ignorance où l'on se trouve, relative- ment à la nature de la roche, que comme une véritable qua- lification. Partant ensuite de la nécessité d'étudier des types choisis au milieu de la variabilité générale, il prit pour sujet d'ana- lyse le porphyre de Belfahy , que l'on a désigné tantôt sous le nom d'ophite, tantôt sous celui de mélaphyre. Il le dépeint comme étant une masse très-bien cristallisée, dont on retrouve d'ailleurs les analogues au Puix, à Giromagny, à Horben et à Bitschwiller. Le feldspath qui caractérise ces roches est le labrador dont j'ai déjà parlé dans la note précédente. Elles contiennent en outre des parties silicatées, vertes, qu'il rapproche ou tend à rapprocher de l'amphibole? Un fragment de mélaphyre de Belfahy, traité par l'acide muriatique, se décolore presque complètement en laissant inattaqués les cristaux d'augite qui se distinguent très-bien de la pâte par leur couleur noire. Cet effet n'aurait pas lieu, Acad. de Lyon, Cl. des Sciences, l. IX. lï "258 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLAPIIYRES, si celte pâte devait sa couleur verte à uu mélange intime d'amphibole ou d'augite {Bull, fjéol., tom. 6, p. 655.) Les mômes roches contiennent des chlorites, du quartz, et de plus, des c'pidotes qui y sont disséminées en filets ou môme quelquefois cristallisées. Les caractères des masses vosgiennes sont d'ailleurs va- riables, car leurs couleurs passent du vert au rouge violacé. Elles contiennent des parties hréchoïdes et elles offrent des passages aux spilites contenant des amygdales calcaires. Enfin , ces transitions l'amcnent à comparer ces mélaphyres avec le porphyre vert antique, où il retrouve encore du la- brador. Partant de ces résultats , M. Delesse étabUt ses rappro- chements avec les roches du Tyrol, qu'il n'a malheureuse- ment pu voir que dans les collections. Néanmoins, il arrive à reconnaître , choses très-vraies, que les mélaphyres tyro- liens sont généralement plus celluleux et moins denses que ceux des Vosges; qu'ils sont plus pyroxéniques ; que leur composition minéralogique est plus complexe ; qu'ils con- tiennent une quantité d'eau moitié moindre que celle du porphyre vosgien ; que les pyroxènes sont très-abondants dans ceux de la vallée de Fassa, si bien qu'en vertu de toutes ces discordances, il n'a rencontré aucun échantillon qu'il pût regarder comme étant identique au porphyre-type de Belfahy. A la lecture de ces lignes, on s'imagine que M. Delesse va accepter les distinctions de M. Brongniard, d'autant plus volontiers que M. de Buch a établi que l'un des caractères de son porphyre de Fassa est de ne pas contenir de quartz, tandis que cet élément est assez commun dans le groupe vosgien. On se persuade d'avance qu'il rangera Fassa parmi les dolérites, Belfahy restant au rang des mélaphyres pro- prement dits. Loin de là, subjugué par l'ascendant de M. de Buch, ou LES SPILITES , LES BASALTES ET LES TRAPPS. 259 entravé par l'insuffisance des collections, il se trouve entraîné à le suivre dans ses errements au sujet des roches de Lugano, de Ghirla, de Grantola, de Cunardo, bien que l'analyse, ou l'aspect d'un échantillon pris entre Colmann etBotzen (éten- due dépourvue de dolérites), dans lequel il retrouve encore un labrador, eût dû le retenir sur cette pente glissante. Lancé ainsi dans la voie des rapprochements , il passe du Tyrol, des Vosges, au Palatinat, où il trouve, avec M. Jacquot, les roches dites éruptives d'Oberstein, et, arrivant de là à d'autres contrées, il confond, toujours à la suite de M. deBuch, ce que je tends à séparer. Toutefois , à la décharge de M. Delesse, on voudra bien considérer que mes observations de 1845, alors contestées, ne pouvaient pas encore prévaloir chez lui sur l'assentiment des géologues qui, d'un commun accord, consentaient à subir le joug des mêmes doctrines. b. Détails historiques au sujet de mes recherches sur les mélaphyrcs et les basaltes. En abordant l'exposé de mes propres études, je dois faire remarquer qu'elles ont été rendues excessivement lentes et pénibles par suite de certaines conditions de ma position, aussi bien que par les temps d'arrêt auxquels m'assujettis- saient les propositions de mes devanciers. Et je le dis à dessein, afin que l'on ne se méprenne pas sur la cause de mes hésitations au sujet des mélapliyres proprement dits, que j'ai toujours la prétention de ne pas confondre avec les roches volcaniques. Cependant, à l'égard de ces dernières, j'ai été plus heu- reux. Un séjour de six années (1827-55) en Auvergne, me donna naturellement le loisir d'en apprécier les caractères. D'ailleurs des savants du premier ordre me sont parfois venus en aide, et, parmi ceux-ci, il me faut citer M. Mitscherlich 260 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLAPIIYRES , que j'eus le bonheur d'accompagner non seulement autour de Pont-Gibaud, mais encore dans le Mont-Dore. Il me fit distinguer en particulier, en 1852, les laves grises labrado- riques des coulées du volcan de Côme, etc., et j'eus soin de consigner ses indications dans les Ann. scient, de l'Auvergne, (juin 1852). En cela donc, je n'étais pas en arrière des plus éminents minéralogistes de la capitale. M. Dufrcnoy me de- manda diverses explications à ce sujet, et M. Elie de Beau- mont, de son côté, déclare que c'est en étudiant les laves de l'Etna, en 1854, avec M. de Buch, qu'il a pu se familiariser avec le labrador [Exp. de la carte géoL, p. 566). Il résulte en- core de quelques détails consignés dans ma notice sur le Mont-Dore {Ann. des Mines, 1854, tom. 5), que la dolérite des plateaux de la Banne d'Ordenche , ainsi que de la Croix- Morand, avait passée sous mes yeux, et cela suffît pour la partie de la pétralogie dont il s'agit en ce moment. D'un autre côté, pendant la même période, je pus observer les empâtements des débris de gneuss dans les granits, et j'appris à apprécier les effets des infiltrations granitiques dans les micaschistes. On trouvera des traces de ces aperçus dans mon travail intitulé Etudes sur les gites mélallifcres (1854), et aussi parmi les lectures faites au congrès de Clermont (^25 août 1855). En effet, M. Peghoux, après être entré dans divers détails au sujet des injections successives des granits et des modifications qu'elles provoquèrent, s'est empressé de reconnaître les avantages qu'il avait retiré de mes communi- cations. Sans doute ces phénomènes d'imbibition plus ou moins intime, n'avaient jusque là aucun caractère de généralité ; mais ils constituaient pour moi des rudiments qui ne devaient pas tarder à se développer. En effet, je fus casé en 1854 à Lyon, dont les environs possèdent un champ métamorphique varié et fécond. Outre les ressources que la station m'of- LES SPILITES , LES BASALTES ET LES TRAPPS. 261 fi'ait pour continuer mes recherches sur les granits et les mi- caschistes, elle me mit particulièrement à même de régulariser et d'étendre rapidement mes précédents aperçus au sujet de la dissémination feldspathique dans diverses autres roches schis- teuses. En cela je fus surtout favorisé par la rencontre inces- sante des remarquables effets qui étaient résultés de l'action des syénites et des porphyres sur les schistes argileux des terrains siluriens et carbonifères. En même temps je décou- vrais d'autres modifications exercées sur les grès des mêmes formations. A la suite des découvertes faites sur ce sol, je me décidai à proposer, dans mes cours, une nouvelle classification des roches cristallines, en la basant sur leur âge et sur leur mé- tamorphisme, arrangement qui m'entraînait hors du cadre purement pétralogique, adopté jusque là par la plupart des géologues. M. de Leonhard daigna accueillir cet imparfait essai qui lui fut présenté par mon ami M. Lortet, dans une lettre datée du 21 Dec. 1857, laquelle fut insérée dans le Jahrhuch, en 1838. D'ailleurs, je m'étais hasardé à soumettre au jugement de l'Institut (15 février 1857) la première de mes notices au sujet des phénomènes métamorphiques. Ce travail, intitulé : Mémoire sur les filons mélalUfères et sur les terrains des environs de l'Arbresle, faisait entre autres ressortir les deux systèmes de filons du pays, savoir : ceux de cuivre, orientés NE-SO, et ceux de plomb ou quarzo-barytiques, bien distincts des précédents par leur allure NO- SE. J'entrais, en outre, dans des détails sur l'ordre d'apparition des groupes de nos ro- ches siliceuses, en le mettant en rapport avec leur richesse en silice. La part des soulèvements lut également énoncée. Enfin , abordant la question du métamorphisme des roches sédimentaires , j'indiquais divers genres de transformation par calcination, par ramollissement, par soudure ou brasure. 202 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLA.PHYRES, par cristallisation, et finalement par pénétration cl cémenta- tion. Les résultats de ces actions sur les schistes argileux en particulier, ont été la production de diverses masses mi- cacées, clîloriteuses, amphiboliques, contenant des idocrases, des épidotes, et composant l'ensemble des schistes verts ou autrement dit des cornes vertes de nos mineurs. Naturellement la métallisation des parois des filons de Sain-Bel, de Chessy, ainsi que la feldspathisatipn des roches environnantes (cornes rouges) étaient rangée parmi les faits essentiels de mes re- cherches. Diverses expériences, fort élémentaires, démontrèrent que la hardiesse de mes énoncés n'était au fond que la simplicité à laquelle il faut toujours aboutir en géologie. En effet, les roches en général sont poreuses et par conséquent perméa- bles aux corps fondus; les schistes, étant spécialement exfo- liables dans certaines conditions, se prêtent avec plus d'effi- cacité encore à ces pénétrations. Enfin, des collections venant à l'appui de mes propositions furent adressées à l'Ecole des Mines, ainsi qu'à M. Bronn de Ileidelberg, qui s'est em- pressé d'entrer dans divers détails à ce sujet , dans son Histoire de la Nature (tome 1, 1841). Ma notice, reuNoyée à une commission composée de MM. Elle de Bcaumont, Becquerel et Brongniard, fut l'objet d'un rapport rédigé par le dernier de ces savants. Et pour intro- duire ici toute l'authenticité désirable , il me faut relater textuellement ses énoncés relatifs à la question du métamor- phisme , qu'il aborde en rappelant les travaux de Watt, de Mac-Culloch et de M. Virlet, afin d'arriver à établir ma part de la manière suivante : « Les faits qui ont conduit à admettre ces singulières » transformations, et les hypothèses qu'on a créées pour les » expliquer, sont généralement beaucoup plus vagues que * la théorie que M. Fournet a déduite de ses observations. LES SPILITES , LES BASALTES ET LES TUAPPS. 265 » Les idées de la plupart des physiciens et des géologues » qui l'ont précédé, à l'exception peut-être de Hall et de » Mac-Cullocli, partent d'un tout autre point de vue et ne » s'appuient pas sur des faits de la valeur de ceux que » M. Fournet a fait connaître. Les conséquences auxquelles » arrive M. Fournet, les théories qu'il en déduit nous ont » donc semblé fondées sur des observations plus nombreu- » ses, plus spéciales et plus précises que celles de ses pré- » décesseurs. Il y a par exemple, dans le travail dont nous » rendons compte, une suite d'observations des plus détail- » lées , faites sur vingt-six sortes de roches traversées par » la grande galerie d'écoulement des mines de Sain-Bel. Elles •» prouvent dans M. Fournet une persévérance, etc., etc....» On excusera cette citation en faveur de circonstances où je me trouve. Devant l'attaque il s'agit d'user de ses armes pour la défense-, dénaturé, falsifié par certains historiens, je dois opposer de puissantes barrières contre les dégrada- tions de ces inlerprétateurs scientifiques. Il me faut en outre appeler l'attention sur l'inconséquence de certaines prétentions , sur lesquelles j'aurai à revenir en d'autres oc- casions, et, après tout, on va voir que j'ai été moins indul- gent à mon égard que mon juge, dont les bienveillantes paroles se traduisirent chez moi en un ordre formel de compléter ma tâche. Parmi les imperfections de mon travail, on pourra remar- quer une certaine arkose mentionnée dans le Jalirbiicli avec un point d'interrogation. Sous cette dénomination douteuse, je rangeais les grès carbonifères, au nombre desquels il en est qui, conservant encore à divers degrés leur texture ori- ginaire, quoique déjà atteints par les rudiments de la cris- laUisation feldspathi([ue, devaient nécessairement recevoir un nom. Pour le moment, je trouvai à proi)Os de me servir d'une expression passablement élasUque comme l'on sait, :264 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLAPIIYRES, et cependant je reconnaissais tout ce qu'il y avait de vicieux dans mon choix, puisque d'une part il introduisait dans la nomenclature quelque chose d'analogue au vague trappéen , et que d'autre part ces mêmes grès, aussi bien que les schistes, aboutissent par une suite de métamorphismes par- faitement continus à ce que l'on appelait déjà des mélaphyres. J'aurais donc pu recourir à cette dernière dénomination en la tempérant plus ou moins; mais en cela, et malgré les caractères si bien établis par M. Brongniard, j'étais contenu par l'autorité des autres géologues. Je voyais entre autres MM. Voltz et Thirria, en 1828 et 1853, désigner ces roches noires feldspathiques comme étant éruplives dans les Vosges et dans la Haute-Saône. Plus tard encore, en 1841, M. Elie de Beaumont (Exp. de la carte géol.) admettait le même principe, si bien que, craignant quelque ambiguïté, je jugeai à propos d'attendre une occasion qui me mît à même de trancher définitivement la question. Elle se présenta en 1845, quand il me fallut étudier la dolomisation autour de Lugano et dans le Tyrol méridional. {Bull, géol.) Arrivé dans la vallée de Fassa , à Trente , et sur le M*" Baldo, ma surprise fut vraiment grande au moment oîi je me vis en présence de basaltes plus ou moins doléritiques, granitoïdes, compactes et même scoriacés, tels que j'avais appris à les connaître en Auveignc. D'ailleurs ces masses traversaient les calcaires jurassiques et les autres roches plus récentes de la contrée. Les environs de Lugano m'offri- rent au contraire le gâchis métamorphique des montagnes lyonnaises, avec tous les caractères assignés aux mélaphyres par M. Brongniard. En outre, je pus remarquer que les débris roulés de ces anciennes roches feUlspathisces entraient dans la composition des grès rouges triasiques du voisinage, de façon que, réduit à l'impossibilité de confondre l'un des groupes avec l'autre, je dus forcément admettre chez LES SPIUTES, LES BASALTES ET LES TRAPPS. 265 M. Biich un moment d'oubli. El aliquando dormitat Homeriis! Mes énoncés ne pouvaient évidemment pas passer sans subir quelques objections. Le 5 avril 1847 (Bull. géoL), M. de CoUegno, mettant en avant le peu de temps consacré à mes recherches, entama une discussion dans laquelle il avoue cependant le progrès qu'avait fait, depuis ses propres études, la question du système triasique alpin. Il déplore en sus le renversement de la grande théorie dolomitique, l'une des conséquences forcées de mes indications. Un autre regret porte sur les calcaires magnésiens de Varèse et sur les masses éruptives du Val Gana, que tous les géologues ont retenues pour telles jusqu'en 1845! Enfin, il désire qu'un nouveau voyage me mette à même de rectifier mes indications. Ne pouvant rester insensible devant la réclamation si pleine de courtoisie d'un ancien ami, je repris aussitôt le chemin de l'Italie, et, concentrant mon attention sur l'espace occupé parles stations de Lugano, Grantola, Gana, Brinzio, Sacro -Monte, Induno, Gavirate (Sept. 1847), j'y trouvai la confirmation de mes précédentes observations sur les méla- phyres. Elle fut même d'autant plus pleine et plus entière, que le champ se trouvant agrandi, les phénomènes étaient plus variés. Jusqu'à ce jour je n'ai point parlé de ce second voyage, non plus que de divers autres, parce qu'ils n'ajoutent rien d'essentiellement neuf aux faits antérieurs. Cependant, pour plus de sûreté, à l'endroit de ma théorie des mélaphyres, j'avais précédemment visité les Vosges: car, là aussi, je devais retrouver des types, ces montagnes ayant été l'objet des études successives de MM. Voitz, Thirria et Elie de Beaumont. On trouvera l'exposé de mes résultats dans une notice présentée à la Société géologique le 7 Dec. {Bull. 1846). Il suffit de rappeler ici que je fis alors connaître mes idées 2G6 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLAPIIYRES, au sujet des actions endomorpliiques et exomorphiqucs, ac- tions que M. Cotta désigna depuis sous les noms de méta- morphisme éverse et de métamorpliisme inverse. Elles ont été jusqu'à présent la dernière expression de mes déductions théoriques, mais non de mes recherches , parce que j'aurai sans doute encore à répondre à d'autres réclamations du genre de celles que vient de susciter ma récente publication sur les mélaphyres. c. Rapprochements entre mes observations et celles de divers géolognes. Pour résumer actuellement les détails précédents, je dirai d'abord que la vallée do Fassa renferme des liions et des nappes basaltiques d'une puissance quelquefois énorme. Ces roches ont traversé et bouleversé les terrains secondaires. Leurs caractères sont ceux des dolériles porphyroïdes ou gra- nulitiques, des basaltes compactes ou bulleux, et des scories à peu près telles qu'on les voit en Auvergne. Ces masses, vé- ritablement volcaniques, sont identiques aux dolérites, aux basaltes du Vicentin et du Véronèse. J'ajoute qu'en cela je ne suis pas seul de mon opinion, car je la vois déjà en partie admise en 1822 par M. Brongniard qui, ayant visité les gites de Vicentin , décrivit les roches injectées dans le bianconc (craie), en les appelant tantôt des basaltes, tantôt des trapps, mais jamais des mélaphyres, bien qu'il soit l'inventeur de ce nom, et précisément parce que, mieux que tout autre, il en connaissait h; véritable sens péti'alogique. Cette opinion était également admise par le célèbre lîrocchi qui avait parcouru la vallée de Fassa en 1811. Et pour qu'on ne se méprenne point sur la valeur de ses énoncés, il me faut rappeler ici que dans la relation de son voyage inq)rimée à Milan, le savant italien saisit l'occasion de faire observer LES SPILITES , LES BASALTES ET LES TRAPPS. 2G7 que la découverte des volcans éteints, dont se glorifient les géologues français en l'attribuant à Guettard et à Dcsmarets, était déjà faite depuis longtemps dans son pays. En effet, le botaniste Michieli, parcourant la Toscane en 1755, ren- contra dans les montagnes de Santa-Fiora et de Radicofani, des ponces, des pouzzolones et des laves poreuses. Il soute- nait en même temps que les pépérino sont des produits volcaniques, et tous les détails à ce sujet sont consignés dans l'ouvrage de Targioni. Bien plus, hors de l'Italie, Yalerio Cordo, botaniste allemand avait, de son côté, déjà en I56I [Annotationcs in Dioscoriden, Zurich), fait mention de ponces analogues à celles de la Sicile , qui se trouvent près de Coblentz. Le même observateur qualifie du titre de volcani- ques, les sols de Falkenow, de Gulm et d'Egra en Bohème. On voit d'après cela que les idées de Brocchi, au sujet de la volcanicité des roches de Fassa, étaient parfaitement arrêtées! Qu'il me soit donc permis d'exprimer le regret que j'ai éprouvé "envoyant les géologues italiens, abandonnant le fruit de leurs découvertes, laisser de côté une voie parfaitement tracée, pour s'attachera suivre les errements d'une science étrangère. Au surplus, celui qui se livrera à l'étude des détails con- tenus dans le mémoire de M. Delesse (1847), sera bientôt aussi convaincu queje le suis, qu'il y a dans Fassa toute autre chose que des mélapliyres, c'est-à-dire que l'on y voit de simples produits volcaniques dont la cristallisation s'est plus ou moins développée par suite de la puissance des masses et aussi par suite de leur encaissement en forme de filons. Ces circonstances, ralentissant le refroidissement, ont con- tribué, au moins en partie, à prolonger les mouvements moléculaires dont la perfection de l'état cristallin est le ré- sultat. En second lieu , je déclare que les roches de Lugano et de l'espace compris entre le lac de Tugano et le lac d'Orta, sont 268 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLAPHYRES, des niélaphyres identiques à ceux des Vosges, du Morvan, du Forez, du Languedoc et du Lyonnais. De plus, ces méla- phyres sont beaucoup plus anciens que les basaltes de Fassa, puisque l'on trouve leurs cailloux roulés dans les grès bi- garrés de la contrée. En cela, je suis, jusqu'à un certain point, appuyé par M. Elie de Beaumont, qui n'est nullement dis- posé à admettre que les niélaphyres vosgiens aient surgi après les dépôts jurassiques. Possédant d'ailleurs le caractère éminemment euritique si bien indiqué par M. Brongniard, il m'est parfaitement impossible de confondre ces matériaux compactes, souvent translucides , avec les masses rugueuses et opaques qui constituent les basaltes. Je soutiens encore que ces niélaphyres sont les produits d'un métamorphisme plus ou moins avancé, tantôt endomor- phique, tantôt exoniorphique , provenant principalement de la réaction des syénites et des porphyres quarzifères sur les roches siluriennes, dévoniennes et carbonifères. J'en trouve une première preuve dans la position habituellement super- ficielle de ces mélaphyres. S'ils ne sont pas placés en forme de lambeaux ou de calottes sur les croupes des roches mé- tamorphisantes , ils leur sont au moins adossés à peu près comme le seraient les restes démantelés d'un grès houilier ou d'un calcaire secondaire quelconque. Une autre preuve de l'état métamorphique de ces masses se déduit de leur hétérogénéité, de leur caractère souvent bréchoïde, de leur tendance à affecter l'état schisteux, et de leur passage à des grès ou à des schistes. Laissant d'ailleurs de côté mes nombreuses observations à ce sujet, je vais rap- porter celles de divers autres observateurs, que l'on ne sera pas en droit de supposer inlluencés par mes idées. En 1828, M. Voltz faisait rcmai^quer que le pori)hyrc brun du terrain de transition des Vosges est accompagné de psé- files , de mimophyres {irummcr-porplnjr) et de roches qui LES SPILITES, LES BASALTES ET LES TRAPPS. 269 paraissent tenir le milieu entre le porphyre et la grauwacke. La pâte de ces dernières roches est presque compacte ; on y voit encore des cristaux de feldspath et beaucoup de grains de quartz.... Plusieurs grunsteins paraissent n'être que le por- phyre précédent, ayant une teinte verte due à l'amphibole ou à du mica. D'autres ne sont peut-être que des roches aréna- cées du terrain de transition , dont le grain est tellement fin que leur cassure est presque compacte. Ce grunstein n'a été observé que dans le terrain de transition Le porphyre pyroxénique présente pour ainsi dire un passage aux roches fragmentaires à pâte euritique. A Moosch, on trouve quel- ques entroques dans une roche» fragmentaire dont le ciment paraît euritique Enfin, outre ces aperçus, M. Yoltz fit connaître dans le Jahrbuch (4854), la tendance des schistes de Framont à prendre l'état euritique au contact des por- phyres. En 1855, M. Thirria établit, pour la H*" Saône, un groupe comprenant le porphyre noir, le porphyre-brèche et l'ophite, masses que lient ensemble d'évidents passages. Son porphyre noir est quelquefois fissile comme s'il avait éprouvé une multitude de fêlures Dans le porphyre -brèche, les frag- ments de pétrosilex se présentent, tantôt détachés nettement de la pâte qui les enveloppe, tout en y adhérant très-forte- ment, et tantôt comme fondus avec cette pâte Les roches de ce groupe paraissent s'identifier avec le terrain de tran- sition par une sorte de passage aux points de contact, et par une apparence d'alternances. En 1822, M. Elie de Beaumont considérait le terrain de transition qui contient les filons de Framont, comme étant composé de grunstein passant quelquefois au pétrosilex et présentant des cristaux de feldspath. En 1841, le môme géo- logue, complétant ses premiers aperçus [Caj^t. gcoL, p. 542, etc.), indique à Schirmeck des eurites verdâtres avec grains de ^70 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLAPIIYRES, quartz hyalin, perçant au travers des schistes, formant même le ciment ou la pâte des roches arénacées, et notamment des poudingues fort remarquables Il en est dont la pâte a toute l'apparence d'un pétrosilex quarzifcre; cependant, en quelques points elle passe à la grauwacke On voit aussi là des porphyres dioritiques passant à l'état de pâtes pétro- siliceuses, noires ou verdàtres, offrant des cristaux albitiques, et, dans ce cas, la roche est un porphyre diorilique bien prononce Près d'Urmatt, les roches présentent une ten- dance à la schistosité A Framont, on voit des schistes argileux endurcis. Les enchevêtrements des roches éruptives et des roches schisteuses, souvent presque compactes, et quel- quefois assez difficiles à distinguer des roches éruptives, dé- cidèrent M. Elle de Beaumont à colorier le tout sur la carte comme étant un terrain de transition ancien et indéterminé. Dans la partie méridionale des Vosges, il regarde les por- phyres bruns comme éruptifs; il paraît porté à les assimiler aux porphyres granitoïdes de M. Gruner, ainsi qu'aux por- phyres quarzifères du Tyrol Ils passent aux pétrosilex par la disparition de l'albite; mais ils passent fréquemment à de simples conglomérats , tantôt grossiers, tantôt à grains plus ou moins fins et ressemblant à du grès houiller. En 1858 [Bull, fjéol. , 48 janvier), M. Delesse déclare n'avoir jamais rencontré à Framont de véritables mélaphyres. Il s'y trouve bien, il est vrai, des roches feldspathisécs et pétrosiliceuscs qui ont une couleur verte ou noirâtre, mais elles n'ont pas le caractère des mélaphyres. Ce sont essen- tiellement des roches métamorphiques qui conservent les traces de leur stratification et quelquefois leur structure aré- nacée. Elles ont été feldspathisécs, et il s'y est développé un feldspath du 6^ système. On les désigne dans les Vosges sous le nom de grauwacke feldspathique M. Delesse en a fait une étude spéciale {Ann. des Mines, 1858, p. 7C4), et il a LES SPILITES , LES DASALTES ET LES TRAPPS. 27i donné notamment la composition de l'une d'elles qui est por- phyrique et qui se montre à Derlingoutte dans la vallée de Framont. Il est facile de constater par sa composition qu'on ne saurait la considérer comme un mélaphyre Voilà ce qui a été dit dernièrement par M. Delesse; mais si je remonte à son mémoire de 1855 {Aiui. de Min., 5" série, tom. 5), je vois qu'il appelle grauwacke toute roche sédimen- taire, quelle que soit sa structure et son âge, dans laquelle il se sera développé des cristaux de feldspath du 6*' système. Ce feldspath n'a pas été transporté et déposé par les eaux ; il s'est développé dans la roche elle-même après son dépôt. On conçoit d'après cela qu'elle doit présenter à la fois les caractères d'un porphyre et d'une roche stratifiée Cette gramvacke varie d'ailleurs quant au grain. Il s'y développe de la hornblende , et, dans ce cas, elle passe déjà à de vé- ritables porphyres. On y trouve en outre du mica vert ana- logue à celui de la protogine, du mica blanc, de la chlorite, de l'épidote Elle passe au pétrosilex, à des schistes ar- gileux métamorphiques plus ou moins pétrosiliceux et même jaspés, au porphyre brun, notamment àSchirmeck, à Chagey, et ailleurs au porphyre rouge antique dont la composition mi- néralogique s'applique, à peu de chose près, à la variété de grauwacke dont la structure cristalline est la plus dévelop- pée Si d'ailleurs ces schistes argileux sont souvent restés à l'état normal, c'est que lamassequi les compose, étant peu alcaline , ne contient généralement pas les bases nécessaires au développement des feldspatlis. Eh bien! je le demande maintenant, était-ce réellement bien à tort, quand, en 1857, embarrassé de trouver un nom convenable pour ces grès feldspathisés, je proposais timide- ment celui d'arkose, que M. Delesse a été amené à remplacer récemment par celui de grauwacke. Et puis, qui ne voit dans les détails qu'il fournit, l'énumération d'une bonne partie des 272 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLAPHYRES, diverses modifications pétrosiliceuses, jaspiques, ampliiboli- ques, micacées, cpidoteuses, porphyroïdes des roches lyon- naises, y compris l'indication de l'état métamorphiqne des porphyres bruns vosgiens que j'ai annoncé le premier en 1846. Je puis d'ailleurs mettre en évidence, à l'occassion de la résistance de certains schistes argileux, une cause parfai- tement indépendante de la présence des alcalis. Elle consiste dans l'infusibilité qui leur est assez souvent communiquée par la dissémination du carbone entre leurs .parties consti- tuantes. Ce mélange doit jouer le même rôle que le graphite dans les terres réfractaires avec lesquelles on confectionne les creusets d'Ips ou de Passau. Allant plus loin , je dis que M. Delesse a vu en grande partie ce qu'ont vu à Framont tous les géologues, c'est-à- dire une extrême confusion. J'ajoute en sus, d'après mes propres observations (Didl. géol. 1846J, qu'il n'y a pas là seulement les roches désignées dans les Vosges sous le nom de grauwacke feldspathique. On y peut rencontrer aussi des porphyres noirs d'une extrême compacité, à gros cristaux feldspathiques comme à Belfahy, et j'en possède un échan- tillon dont je suis redevable à l'amitié de M. Voltz. Indépen- damment de cette roche très-développée, j'ai vu dans la localité des masses noires porphyroïdes dont il serait im- possible de discerner les vestiges de la schistosité primitive, si les agents atmosphériques n'avaient pas en quelque sorte subtilement disséqué la roche, de manière à mettre cette texture en évidence. Donc, l'analyse de la grauwacke feld- spathique ne représente que la composition d'un cas particu- lier. Elle ne suffit en aucune façon pour porter à réduire au néant ce que tous les observateurs se sont accordés, malgré les variations, à considérer comme constituant lesmélaphyres pris dans l'acception géologique du mot , acception qu'il im- porte de ne pas confondre avec le caractère pétralogique d'un seul ou même de plusieurs individus. LES SPILITES, LES BASALTES ET LES TRAPPS. 275 Prenons d'ailleurs, en passant, bonne note de ce qu'a dit M. Delesse au sujet du passage de la grauwacke au phorphyre brun et même au porphyre rouge antique. C'est un im- mense pas en faveur d'un [rapprochement entre nos idées, puisqu'on 1846 j'énonçais déjà l'état métamorphique des por- phyres bruns du sud des Vosges, jusqu'alors considérés comme étant décidément érnptifs. En dernière analyse, d'éminents géologues s'accordent pour étabhr que rien n'est plus complexe que ces masses cristallines ou pierreuses, homogènes ou bréchoïdes, euri- tiques et jaspisées. Et cela se conçoit parfaitement, si l'on considère qu'elles sont les produits d'effets variés. Pour les composer, la caléfaction, le ramollissement, la fusion, ont atteint non pas seulement une seule couche, mais encore les débris de plusieurs assises hétérogènes. Ce sont tantôt les schistes, tantôt les bancs sablo-argileux, des terrains de transition qui ont été transpercés, morcelés, et plus ou moins imbibés de la substance des syénites ou des porphyres. Leurs passages à des roches schisteuses, à des grès , leurs relations accidentelles avec les roches éruptives normales expliquent le reste. Il arrive encore que là où un porphyre quarzifère, par exemple, a pu se charger des éléments de la masse schisteuse traversée, il est devenu noir, brun ou vert, en conservant plus ou moins sa forme filonienne. J'ai signalé ailleurs, comme se trouvant dans la vallée de l'A- zergues, près de Ternand, un de ces liions dont le tronc possède tous les caractères du porphyre parfait; mais ses menues branches, étant surchargées de la matière des parois, ont pris par endomorphisme la couleur noire. D'ailleurs les couleurs de ces produits varient du noir au vert clair, au gris blanc, au rouge, selon l'abondance ou la rareté du fer, selon le degré d'oxidation, selon l'impureté du composé sédimentaire, et selon la quantité locale de la i oclie AcaJ. de Lyon, Cl. ilcs Sciences, t. IX. 18 274 MÉMOIRES DIVEUS SUR LES MÉLAPUYRES, plutoiiique injectée. Enfin il faut noter que ce noir n'est souvent qu'un vert très-foncé , ainsi que le faisait déjà remarquer M. de Buch, en 1827. Mais au milieu de toutes ces complications, domine une physionomie euritique générale, une cristallisation feldspa- tliique passablement développée, une teinte habituellement foncée; et cette réunion de caractères a été adoptée par les géologues pour établir leur groupe des mélaphyres, y compris les ophites, les porphyres bruns, ainsi que les autres acci- dents pétralogiques de l'ensemble. C'est du moins ce qui résulte clairement des extraits précédents, et c'est dans ce sens que j'ai raisonné, tout en remplaçant l'essence éruptive par la qualité métamorphique. Observons encore , que tout ce qui a été dit par M. de Buch, au sujet des porphyres pyroxéniques passant au travers des porphyres quarzifères et du granit de Baveno, dans la vallée de Brinzio , aussi bien que sur la partie riveraine comprise entre Melide et Morcote, n'est nullement évident. Selon moi, la disposition contraire est fréquente, manifeste, et il en est de même partout ailleurs, à l'exception des gites où le mélaphyre est simplement couché ou adossé contre les porphyres, dont il est le produit par réaction. Toutefois, pour qu'on n'aille pas supposer qu'en ce moment je parle d'après des théories de ma façon, je juge à propos derenvoyer le lecteur aux observations de M. Studer qui, bien que partisan des théories de M. de Buch sur la dolomisation, n'en a pas moins combattu les énoncés au sujet du passage des mélaphyres au travers des porphyres rouges de Morcote. L'inverse ayant lieu, le savant professeur de Berne se rangea du côté de la vérité, qu'en définitive nous cherchons tous , M. Delesse et mes autres honorables adversaires scientifiques aussi bien que moi. LES SPILITES, LES BASALTES ET LES TRAPPS. 275 c. Associations de certains spilites avec les mélaphijres. Il ne me reste plus qu'à insister sur les roches connues sous le nom de spilites, et cela pour lever certaines difficultés aussi peu fondées que les précédentes, mais qui ne s'en trou- vent pas moins reproduites dans divers mémoires. Afin d'évi- ter d'ailleurs toute ambiguité, je commence par déclarer qu'il ne sera question ici que des spilites de la période porphyrique ancienne, et nullement des spilites de Drac , qui sont tout autre chose, ainsi qu'on le comprendra à la lecture do ma notice sur ceux d'Aspres-les -Corps. Ceci posé , je rappelle immédiatement que les géologues qui ont étudié les mélaphyres ont pu voir qu'ils affectent sou- vent l'état particulier indiqué par la dénomination de spilite. M. Yoltz, par exemple, fait remarquer que le porphyre pyro- xénique est quelquefois amygdaloïde, que ses veinules sont vides, ou enduites d'une légère couche de matière chloriteuse, ou remplies de spath calcaire et plus rarement de quartz. En cela, M. Yoltz a donc parfaitement reconnu l'association des deux roches. D'après M. Thirria , le spilite prend quelquefois une pâte porphyrique , de manière à ressembler à un porphyre noir. En général cette pâte est une cornéenne compacte, et les noyaux consistent en spath calcaire. Il arrive que beaucoup de vacuoles sont vides, et qu'alors la masse possède l'appa- rence boursouffïée d'une roche volcanique. Le spilite est évidemment contemporain du porphyre-brèche ctdel'ophite. Quant à moi , j'ajoute, en passant, qu'évidemment encore l'identité géologique des spilites et des mélaphyres ne saurait être mieux exprimée que par les détails précédents de M. Thirria. M. Elie de Deaumonl place au rang des mélaphyres plus 276 MÉMOIRES DIVERS SLR LES MÉLAPHYRES , OU moins noirs, verts ou bruns, les roches de Rimbach, de Bitschwiller, de Horben, de Giromagny, de la H'" Saône, en indiquant également leurs passages aux spilites par la sur- charge en globules calcaires, en cellules quarzifères, en ma- tière verte chloriteuse. Ces passages ont lieu sur de grandes étendues à Servance, à Presse, à Belonchamp, à Esmou- lière, à Faucogney, où se trouve aussi le mélapliyre ordi- naire. Ce spilite, ajoute l'illustre géologue, n'est qu'une mo- dification du mélaphyre auquel il se lie par des passages insensibles, prenant quelquefois un aspect bréchoïde. Ces mêmes spilites offrent de grands rapports avec les roches des environs d'Oberstein. Or, ce sont précisément les mêmes relations, les mêmes caractères normaux, la même hétérogénéité de détail indi- qués par les savants explorateurs des Vosges, qui m'ont conduit, à la suite d'une excursion faite en 1840, à conclure que les roches d'Oberstein sont principalement des produits métamorphiques provenant de l'action exercée par les por- phyres quarzifères sur les couches d'un terrain antérieur au grès rouge, et qui ne peut être que le houiller ou le carbo- nifère [Ànn. de la Soc. cVAgr. de Lyon, lom. 4, l''" série, p. 523, 1841 , et tom. 10, 1^^ série, p. 564, 1847). En cela , je ine basais sur les indices conservés de la stra- tification, et sur les empâtements de débris modifiés ou non. En effet, je vois M. Delesse déclarer d'une manière positive que les mélaphyres, qui jouent un rôle si important dans la géologie du Palatinat, contiennent à Oberstein des fragments de calcaire carbonifère. J'ajoute qu'ils renferment bien d'au- tres débris de roches , même des lambeaux de schistes suffi- samment intacts pour avoir conservé des empreintes vé- gétales , d'après quelques observations plus récentes de M. Jourdan. L'eau, certains bitumes, l'acide carbonique ont contribué à l'œuvre en faisant naître les boursoufflures qui, LES SPILITES, LES BASALTES ET LES TRAPPS. 277 servant de réceptacles aux produits de la ségrégation, ont permis le développement des amygdales et des géodes tant calcaires que siliceuses, y compris celui de tous leurs miné- raux accessoires. Enfin, les tassements des masses molles complétèrent l'opération en effectuant l'étirement de ces noyaux surfondus, de manière à leur donner çà et là cette fausse apparence filonienne qui a pu séduire quelques obser- vateurs. Etant d'ailleurs déjà revenu à plusieurs reprises sur ces phénomènes, je crois devoir arrêter ici mes détails, quitte à développer plus amplement, par la suite , les parties qui pourront encore présenter quelques ambiguïtés. Il me suffira pour cela de faire des extraits des carnets où sont consignées mes observations quotidiennes; et, dans tous les cas, on com- prendra que des études suivies, pendant une trentaine d'années, avec la plus imperturbable persévérance, depuis le Palatinat jusque dans le Languedoc, depuis l'Auvergne jusqu'en Tos- cane, pourront me prêter d'amples matériaux pour les répli- ques , toutes les fois que les objections me paraîtront valoir la peine d'une discussion. d. Bécapitiilation , généralisations et observations diverses. A. Je persiste à demander l'exclusion du mot trapp parce qu'il est inutile ; parce qu'il laisse un vague dont on profite pour se débarrasser d'études parfois difficiles , et parce qu'en définitive il ne dit rien. M. Delesse, de son côté, a déclaré, en d847, que cette expression est en quelque sorte négative, et qu'on doit plutôt la considérer comme un aveu d'ignorance que comme une véritable qualification. Quant à moi qui ne comprends pas en quoi il peut y avoir de la honte dans l'aveu de notre impuissance devant certains problèmes de la nature, j'admets qu'il est préférable de recourir à une pé- riphrase explicative, en restant dans le doute, que d'énoncer un mot qui semble trancher une question. 278 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLAPIIYRES, B. Sous le nom de mélaphyre, on a confondu deux clio- ses, savoir: diverses variétés de roches basaltiques et les mélaphyres proprement dits. Dans les Alpes orientales, les premières sont concentrées sur quelques points, tels que la vallée de Fassa, le Vicen- tin, le Véronèse. Elles ont été distinguées avant moi par divers observateurs, MM. Brocchi, Brongniard et le prince De Borromée. Ce sont des roches volcaniques dans l'accep- tion la plus claire de ce terme. Les mélaphyres ont été suffisamment spécifiés par M. Brongniard, dont j'ai adopté les définitions de préférence à celles de tous les autres pélralogistes plus récents, parce qu'il n'a pas été influencé comme ceux-ci par une première confusion de M. de Buch. D'ailleurs, le nom de mélaphyre offre l'avantage d'une consonnance avec les mots porphyre, prasophyre, argilophyre, qui s'appliquent à des roches gé- néralement de la même époque, tandis qu'un mélaphyre de l'époque basaltique est pour ainsi dire un contre-sens. Il faut remarquer en outre, que les indications de M. Brongniard s'accordent amplement avec ce qu'ont dit d'autres excellents observateurs, MM. Elle de Beaumont, Thirria et Yoltz, qui n'ont jamais rangé leurs mélaphyres parmi les laves. Bien plus, M. Lamanon qui, primitivement, les avait assimilés aux produits volcaniques, a ensuite rétracté son erreur. M. de Buch, de son côté, a parfaitement reconnu que les porphyres pyroxéniques de Brinzio, du Val-Gana, de Mélide, ne sont pas des basaltes. Enfin M. Elie de Beaumont n'admet point que les mélaphyres soient des roches récentes. Il me semble donc que c'en est assez pour me confirmer dans ma manière d'envisager les faits. C. Nonobstant certains caractères communs, parfaitement indiqués par M. Brongniard, l'ensemble des mélaphyres n'en présente pas moins une extrême complication qui tend à LES SPILIÏËS, LES BASALTES ET LES TRAPPS. *279 déjouer les efforts de l'analyse chimique. Autant celle-ci me semble utile quand il s'agit de déterminer la composition de certaines roches éruptives normales, autant elle me paraît dangereuse quand on veut partir de quelques roches typéales pour caractériser un ensemble métamorphique. Le mélaphyre de Belfahy ne donne pas plus que la grauwacke feldspalhique des environs de Framont, une idée chimique du système mélaphyrique dans lequel domine une extrême complication provenant de toutes les modifications qui peuvent résulter de la dissémination, de la réaction et de la diffusion, plus ou moins parfaites, des parties provenant de roches sédimentaires et de roches éruptives. Il ne reste donc ici que le coup d'œil du géologue, qui ne confondra pas des masses chez lesquelles domine le carac- tère euritique, avec l'état plus rugueux des masses basal- tiques. L'explorateur du terrain, se laissant d'ailleurs guider par les relations de rencontre, verra bientôt les superposi- tions du mélaphyre sur les roches éruptives ; il reconnaîtra les liions de celles-ci semés au travers des couches phis ou moins modifiées des dépôts sédimentaires ; d'associations en associations, il arrivera par degrés, des mélaphyres les plus compactes et les mieux cristallisés aux roches huileuses, vacuolaires, géodiques, dont celles d'Oberstein sont un type, type du reste aussi variable que les extrêmes opposés dé- signés, suivant les circonstances, sous les noms de porphyre noir, de porphyre brun, d'argilophyre , de prasophyre, d'o- phite, etc., etc. D. Dans les modifications susdites, je ne vois que la repro- duction, sous une forme particulière, des imbibitions et autres changements survenus entre les granits anciens et les mica- schistes. La différence ne tient qu'à la nature des masses qui se sont trouvées mises en contact par suite des diverses révo- lutions du globe. En cela mes recherches sur les mêla- 280 MÉMOIRES DIVERS SUR LES MÉLAPIiYRES, phyres n'ont été que la conséquence et que la généralisation de mes observations antérieures, ou concomitantes, faites sur les masses modifiées par les granits dont j'ai fait l'étude non seulement en Auvergne [Bull. fjéoL, 1855, 6 sept.), mais encore dans l'étendue de nos montagnes occidentales, depuis le canal du Centre jusqu'au Tanargue (Bull. géol. 9 sep. \SM,ct Ann. des Conduc. des Pontset Chaussées, i858j. Les Alpes m'ont d'ail- leurs offert des résultats du même ordre, non seulement (juant aux granits anciens, mais encore à l'égard des protogines, qui ont produit d'autres magmas endomorphiques et exomor- plîiques non moins complexes que les précédents. Le contact des roches serpentineuses peut encore exhiber des réactions similaires ; la Toscane, l'île d'Elbe, les Alpes, quelques parties des Vosges et du Lyonnais en fournissent des exemples, de façon qu'on arrive à conclure que les roches éruptives nor- males ne sont pas aussi abondantes qu'on le suppose d'or- dinaire. E. Ces modifications sont, en grande partie, les produits de la pénétration par voie de capillarité, par voie d'injection, de matières fondues dans les couches poreuses et exfoliables des terrains sédimentaires qu'elles ont ramollies, et au sein desquelles elles se sont solidifiées en cristallisant de diverses manières. J'en ai donné la preuve dès le début de mes études, en mentionnant de plus les actions de calcination, de cuisson, de ramollissement, de fusion, de cristallisations feldspathiques et autres, produites indépendamment de l'im- bibition, ou accompagnant les infiltrations précédentes. Celles- ci n'ont acquis une certaine prédominance qu'autant que les assises sédimentaires ont été perméables. Toutefois la tritu- ration, effectuée au moment de l'injection , a souvent amené les parties compactes au degré de division convenable pour que leurs débris aient pu subir des métamorphismes analogues à ceux des parties criblées d'interstices. D'ailleurs les fragments LES SPILITES, LES BASALTES ET LES TRAPPS. 281 trop volumineux, ou trop réfractaires pour subir la fusion complète, sont demeurés à l'état de brèches disséminées au milieu des autres produits. Enfin, de son côté, la roche qui fonctionnait en qualité de fondant, s'étant chargée des par- ties dissoutes de la roche qu'elle attaquait, donna lieu aux phénomènes d'endomorphisme , compléments naturels de cet ensemble de réactions chimiques» Au surplus, M. De- lesse ayant promis de fournir de nouveaux documents à l'appui de la théorie de l'imbibition, rendra un véritable service en donnant à mes idées toute la force qui peut ré- sulter de son autorité. (Bull. cjéoL, 18 janv. 1858, page 295.J F. En reportant actuellement mon attention sur le méta- morphisme dit normal, je dois avouer qu'il me paraît assez restreint au point de vue de l'intensité. En d'autres termes, il se trouve étrangement compliqué de tous les effets résultant du contact. Sans doute les micaschistes-types peuvent hypothétiquement être considérés comme étant des roches modifiées en masse; mais, à l'égard de la formation de leur uniforme pellicule, les données sont encore en dehors des ressources de Ifi géologie. Par contre, les chan- gements locaux de leur physionomie, les conversions en gneuss plus ou moins granitoïdes, les sursaturations par les imbibitions feldspathiques et siliceuses, s'expliquent faci- lement quand on a vu que ces accidents sont habituellement placés auprès des granités. Une autre grande pellicule constitue l'ensemble des schistes chloriteux. De mes observations, je crois pouvoir me hasar- der à conclure, qu'une de leurs principales nappes, plus ou moins morcelée, se prolonge du Lyonnais jusque vers les Alpes tyroliennes en traversant les Alpes occidentales, où elle subit le changement qui constitue les prétendus schistes talqueux des géologues dauphinois. C'est assez faire pressentir l'existence d'une foule d'autres modifications plus Acad. de Lyon, CI. des Sciences, t. IX. 19 282 MÊMOIUES OiVEUS SUR LES MÉLAPIIYRES, restreintes, et celles-ci se dessinent de la manière la plus nette dans |les vallées de l'Azergues et de la Brevenne, toujours là où les couches sont traversées par les granits, par les syénites et par les porphyres. Il en résulte çà et là des conversions en schisles chloriteux feldspathiqucs, en schistes amphiboliques, en schistes présentant des lamelles «le mica, de graphite, des cristaux de grenat, des veinules de feldspath, dépidoto, d'idocrase, avec des lentilles quar- zeuses. Mais aussi dans le Lyonnais comme dans les Alpes, on voit assez souvent ces mêmes roches présenter l'aspect simplement ardoisier. J'en ai conclu que l'ensemble chloriteux est un produit du schiste argileux ancien, soumis à l'influence des roches éruptives susmentionnées, et cette manière de voir ramène encore à accorder aux actions du contact la prédominance sur les effets dits normaux, toutes les fois qu'il s'agit de phénomènes prononcés. Poursuivant d'ailleurs mes études à cet égard, j'ai examiné les effets subis sous l'influence d'actions calorifiques moins intenses. En cela, l'étude des bitumes contenus dans les roches, et de leur altération par carbonisation pouvait m' être de quelque secours. Partant de cette idée , je suis arrivé à mettre en évidence la dissémination intime d'une matière noire, anthraciteuse, dans les roches alpines les plus rapprochées des centres d'action plutonique. A des distances plus grandes, ce carbone se trouvant remplacé par des huiles pétroléennes, ou autres produits de ce genre, j'ai pu admettre, sans trop me lancer dans la voie des con- jectures, que les roches dont elles modifient la couleur n'ont éprouvé aucun effet notable de la part du calorique. Un autre effet faible se traduit par une sorte de dâjourdl que paraissent avoir éprouvé celles d'entre les marnes ju- rassiques alpines qui ont passé à l'état ardoisier. J'en ai également tiré parti pour la question qui m'occupe en ce moment. LES SPILITES, LES BASALTES ET LES TRAPPS. 285 Si donc je récapitule la somme des aperçus auxquels j'ai été conduit successivement par ces recherches de la- boratoire, combinées avec les observations faites sur le terrain, j'arrive à conclure que le système stratigraphique des Alpes occidentales en particulier, se compose d'éléments qui présentent de bas en haut le décroissement suivant : 1° Micaschistes souvent très-feldspathiques, devenant même plus ou moins granitoïdes et formant alors une partie des granits veinés de De Saussure. 2° Schistes chloriteux également très-modifiés, tournant à l'état de schistes amphiboliques, etc., etc. 3° Terrain houiller dont les schistes sont souvent calcinés de manière à passer à l'état des pétrosilex de De'Saussure (Cascade de Pissevache). 4° Terrain triasique dont les parties inférieures sont encore endurcies au point de paraître fondues. 5° Lias et schistes liassiques chauffés. Leur bitume a été souvent réduit à l'ctiit de carbone pulvérulent; leurs béiem- nitesont cristallisé de façon à pcrdie leur cassure rayonnée. 6° Enfin, étage oxfordien plus habituellement intact ou à peu près intact surtout vers la lisière de la chaîne et of- frant, par conséquent, des bitumes ou des huiles. Cet arrangement est d'ailleurs confirmé par les phénomè- nes liloniens , car les éruptions de fer spatliique , de spath calcaire dolomitique , de fer oligîste, d'albite , de pyrites ferrugineuses ou cuivreuses, de titane ruthlle , ont pénétré jusque dans le lias. Encore n'ai-je pas l'idée d'exclure, d'une manière absolue, les filons du sein des masses oxfordiennes, car étant souvent associés aux serpentines, roches récentes, il arrive qu'ils se sont injectés avec elles jusqu'à leur niveau. Je ne mentionne donc ici que l'arrangement général indiqué par les grandes masses, quitte à abandonner les menus dé- tails à ceux que leur goût pourra diriger vers ce genre d'études. 284 MÉMOIRES DIVERS Sl'K LES MÉLAPIIYRES, Quant aux Alpes orientales, indépendamment des effets du granit, les phénomènes se compliquent d'abord des érup- tions porphyriques qui ont façonné les mélaphyres ordi- naires. Viennent ensuite celles des syénites hypersthéniques qui ont également produit des mélaphyres distincts des précédents et dont j'ai dit quelques mots parmi les autres questions traitées à l'occasion de mon excursion dans le Tyrol. (Bull. (jéol. 1845). Enfin, l'on rencontre les basaltes dont l'influence, extrêmement peu prononcée, ne se traduit géné- ralement que par des modifications de contact immédiat. G. Je ne terminerai pas sans avoir fait remarquer que M. de Buch, frappé de la continuité des porphyres noirs, le long des Alpes et des montagnes en général, là où leur pente s abaisse vers le pays plat, n'hésite pas à déclarer qu'ils ne sont pas des laves. Un volcan, dit-il, n'exerce son influence que sur un espace limité et du centre à la circonférence. Les mélaphyres, au contraire, se touchentet reparaissent partout au pied des Alpes, par l'effet d'un soulèvement de toute la chaîne et d'une déjection produite au travers d'une immense fente. Ce sont eux qui ont soulevé les montagnes. Dans ma manière de voir, il faut admettre que les méla- phyres n'occupent pas le centre des chaînes , parce que sur les parties faibles de l'écorce terrestre, des îles furent d'abord formées aux dépens de la croûte primordiale des mica-gneuss, soulevée et remaniée par les granits. Autour de ces saillies primordiales , les mers de transition déposèrent leurs sédi- ments, puis les porphyres et les syénites, cherchant à s'épan- cher parles mêmes plages, et ne pouvant point transpercer les masses compactes des granits, jaillirent autour de leur base. Mais sur cette périphérie s'étendaient déjà les lisières silu- riennes et carbonifères. Celles-ci ont donc été attaquées, bri- sées, de même que la nappe ancienne avait été bouleversée par les éruptions de son temps, et la différence chimique des LES SPILITES, LES BASALTES ET LES TRAPPS. 285 matériaux faisant le reste, l'enceinte mélaphyrique se trouva constituée. Cette explication, on le voit, est bien plus un complément qu'un renversement de la grande idée de M. de Buch. J'espère donc qu'à ce titre, ses nombreux partisans et amis ne la rejetteront pas sans examen, et, pour ma part, je m'estimerais heureux s'il m'était accordé d'avoir pu, de cette manière , établir que, loin de chercher les occasions de renverser les énoncés des autres, je m'efforce au con- traire d'en régulariser la portée. Les idées nouvelles ne sont pas toujours complètes. L'histoire de la science, montrant chaque siècle amoncelant ses matériaux pour compléter l'œuvre d'un génie inventif, en donne sulïisamment la preuve. Souhaitons d'ailleurs que M. Delesse saisisse l'oc- casion qui s'olfre à lui d'apporter son contingent en disposant sa théorie des variations de la quantité de silice , du centre à la périphérie des massifs vosgiens , de manière à la faire concorder avec les aperçus précédents. H. Il me reste à témoigner à M. Delesse la satisfaction que me font éprouver ses efforts pour l'amélioration et la propa- gation de la partie saine des théories proposées au sujet du métamorphisme. J'espère même que, grâces à la concor- dance de quelqus-unes de ses vues avec les miennes , nous nous entendrons finalement à l'égard de ceux de mes énoncés anciens qui pourraient lui sembler encore douteux. En tout cas, je suis prêt à entrer dans les détails sur les gisements vosgiens qui lui paraissent encore offrir quelques difficultés au sujet de ma manière d'envisager les faits. Une solution définitive du problème des mélaphyres est même d'autant plus urgente qu'il est également à l'ordre du jour en Alle- magne, ainsi qu'on pourra s'en assurer, par exemple, dans le journal de MM. Giebel et Heintz (mai 1858). A part ces difficultés, la principale impression de regret que laisse la lecture de la nombreuse collection de détails 286 MÉMOlIlELi DIVERS SUR LES MÉLAPHYRES, ETC. réunis dans les Annales des mines (1857) provient de la rareté des données historiques, et surtout des dates relatives aux diverses propositions émises jusqu'à présent. Ces indications auraient dignement complété le travail de M. Delcsse, en mettant en évidence les progrès successifs de cette branche de la science, et en faisant connaître la part de chacun à l'égard des idées qui ont été réellement profitables à la géologie. Espérons que cette lacune sera comblée par un historien véridique ! Bil'X'UI^UCBIK^^ CONSTITUTION GÉOLOGIQUE DES iOSTAGHES BD PAlATffiAT DO EHiN ET SUR LA FORMATION DES SPIUTES AGATIFÈIIES >^i>&<8 ftg-ii Les terrains de l'extrémité septentrionale des Vosges m'ont occupé à diverses reprises depuis le début de ma carrière de mineur. C'est là que, entre les années i824-27, chargé de lutter avec des exploitations déjà ébréchéos , contre l'abondante production des riches et jeunes mines de l'Espagne, j'apportais quelques adoucissements aux déboires de ma position, en employant aux études minéralogiques et géologiques les loisirs que me procurait la solitude forestière du Katzenthal. Les traces de ces distractions sont dissémi- nées dans les Annales des Mines (1826), dans les Annales de V Auvergne (1850 et 1852), dans mes Essais sur les gîtes mé- lalli fèves (1854), dans mes Recherches sur V extension des ter- rains houillers en Frajîce (1855), et, de plus, j'ai eu la sa- tisfaction de voir M. Elie de Beaumont utiliser mes tracés pour la partie de la carte géologique de France qui comprend les environs de ma station. On concevra facilement que, lié à celte contrée par tant de vieux souvenirs, j'y sois retourné à dessein de compléter d'anciens aperçus, ou bien de chercher des données nou- 288 UECIIERCilES SUR LA CONSTITUTION GÉOLOGIQUE velles.En 1840, laissant de côté les dépendances immédiates de mon chaînon ferro-plombifère, je visitai, sur son prolonge- ment au nord, les gîtes de mercure du Palatinat, que j'imagi- nais pouvoir être liés plus ou moins intimement avec ceux des environs de Wissembourg. Je supposais en outre que la for- mation des agates me conduirait à d'utiles données pour la théorie des filons. A cet égard, il me semble que j'ai été tout d'abord assez heureusement servi, car j'ai pu voir les félici- tations adressées à M. Angelot pour avoir émis, non seulement à l'égard des dépôts métallifères, mais encore des volcans, des propositions qui au fond ne sont qu'une copie des miennes. Il sera du reste facile de constater le fait en mettant en parallèle les aperçus consignés de mon côté dans les Bulletins géologiques (1854, page 200) , dans la Géologie de d'Aubuisson (1854, page 277), dans les Annales de la Société d'Agriculture de Lyon (1841 , page 542), et, de la part de M. Angelot, dans les Bulletins géologiques (1842, pages 178-194, 599-402; 1845, pages 22-29; et 1847, page 496). Je revins encore sur le terrain en 1846, à la fin d'une vi- site, qui, de l'extrémité méridionale des Vosges, fut dirigée successivement jusqu'au Katzenthal. Il me fut alors permis de donner un caractère plus précisa mes premières idées sur les spilites d'Oberstein (Bull. géol. 1846J. De précédentes études sur les mélaphyres du Lyonnais (1854), du Tyrol (1845), du Languedoc (1840-42), de l'Autunois (1844), du Forez (1845), sans compter celles qui ont eu pour objet les phénomènes du même ordre, occasionnés par les serpentines de la Tos- cane; ces études, dis-je, m'avaient alors suffisamment ins- truit sur divers points. Cependant l'espace, qui, au nord, comprend les formations spilitiques , olïre une réunion de phénomènes si remarquables, que l'on ne risquera pas de se perdre dans de fastidieuses répétitions, toutes les fois que l'on voudra remanier de primitives indications. Je vais DES MONTAGNES DU PALATINAT DU RHIN. 289 donc poser d'abord quelques aperçus généraux auxquels je rattacherai les axes de dislocation de la contrée ; procédant ensuite à un rapide examen de ses roches diverses, je serai conduit tout naturellement à la révision des spilites agatifères. A. Aperçus généraux. Les cartes géologiques du Palatinat, de l'Oldenbourg et de la Prusse Rhénane, fixent la position des principaux massifs porphyritiques entre les terrains de transition du Hundsruck et l'ensemble des grès qui, sur le prolongement septentrional des Vosges, compose les arêtes montagneuses de la Haardt et du M' Tonnerre. En d'autres termes , les roches de la classe des porphyres sont en vue dans une longue dépression orientée NE-SO, suivant laquelle laNahe, avec ses principaux affluents, l'Appelbach, l'Alzens et la Glane, tirent au NE pour se jeter dans le Rhin à Bingen, tandis qu'à partir de Tholey et de S'-Wendel, d'autres cours d'eau de moindre importance, le Schwarzbach, le Wiesbach, la Brems et la Blies, sont conduits, par une pente inverse, au SO vers la Sarre. A ce point de vue purement géographique, l'espace sur lequel nous aurons principalement à nous arrêter prend la forme d'un rectangle, limité au NO par le Hundsruck, au SE par la Haardt, au NE par le Rhin entre Oppenheim et Bacha- rach, puis au SO par la Sarre entre Sarrebruck et S'-Gangolf près de Merzig. La largeur de cette surface est d'environ 42 kil. pour une longueur presque quadruple. Enfin l'arête de partage, qui mène les rivières en sens contraire, au SO et au NE, se trouve au quart de la longueur totale à partir de la Sarre. Au surplus , cette distribution anticlinale des eaux a permis de considérer la dépression générale comme étant composée de deux parties juxtaposées. L'une prend le "iOO RKCIIEUCUES StU L\ CONSTITUTION nom de Bassin de la Glane, l'autre celui de Basain de (a Saire. Tout en offrant des phénomènes géologiques com- muns, chacun d'eux possède cependant certaines spécialités, de façon que la distinction hydrographicpie étant appuyée par divers détails de la constitution du sol, devient parfai- tement acceptable. Les roches essentielles à notre point de vue, contenues dans ce périmètre, peuvent être rangées dans l'ordre suivant: „ , , ,. . / l" Terrain silurien et dévonien. Roches sedimcntaires, i ^ . ^2'^ Terrain houiiler. peu ou point denalu- 1 ^ . / n» Tprr:im nniiil pp < rees par les actions métamorphiques: Roches éruptives et ro- ches très-métamor- <, phiques: / 3» Terrain houiller supérieur. -4" Nouveau çrès roui^e. a' 5° Grès vosgien. 6° Syénites avec leurs granits. 7» Porphyres quarzifères , porphyres bruns, verts, spilites agatifères, etc. 8" Roches métamorphiques. J'ai dit que telles sont les formations comprises dans le rectangle indiqué; mais il est bien entendu qu'à l'instar de toutes les masses stratifiées, les unes et les autres peuvent s'étendre hors des limites du cadre précédent. De même aussi les roches éruptives surgissent çà et là sur le prolongement de certains axes, et comme la recherche de ces sortes d'extensions amène toujours à d'intéressantes conclusions, il importe, dès à présent, d'entrer dans le détail des soulè- vements qui façonnèrent la charpente de la contrée. B. DislrïbiUion des principaux axes de soulèvement des mon- tagnes de la llaardl , du M' Tonnerre et du Ilundsruck. Les soulèvements les plus essentiels parmi ceux dont nous avons à nous occuper se réduisent à trois systèmes. Deux pa- rallèles étant établies à angle droit de deux autres, constituent notre grand espace. Une troisième ligne est oblique , cl , DES MONTAGNES DU PALATINAT DU RHIN. 291 quoique d'une moindre importance à l'égard de la partie essentielle du périmètre indiqué, elle n'intervient pas moins d'une manière capitale du moment où l'on veut généraliser les faits. Ces systèmes affectent les orientations et les dispositions qui vont être indiquées. \° Sijstème NE-SO. Ce système est manifestement tracé par la direction de deux bourrelets dont le premier part de Thionville, où il aligne dans son sens le cours de la Moselle jusqu'à Sierck. Traversant ensuite la Sarre près de S*-Gangolf, il comprend les hauteurs du Hochwald à Scheiden, puis celles de l'Idarwald au NO de Birkenfeld et d'Idar. Vient enfin la croupe du Hundsruck, dont l'arête culminante s'arrête au Rhin vers Bacharach. II serait d'ailleurs facile de suivre l'extension de cet axe entre la Lahn et le crochet du Rhin qui, après avoir passé entre Bingen et Mayence, va se coordonner avec le Main, également soumis à la même direction jusqu'à Hanau ; mais les rapprochements de ce genre étant de nature à nous entraîner trop en dehors de notre but, il faut se borner à cet aperçu. Le second bourrelet est placé au SE du précédent. Il se prolonge depuis Phalsbourg jusqu'à Durckheim , et sa trace est jalonnée par les hauteurs de Bitsche, du Hohe-List; de Pirmasens, du Grosse-Boll, du Heltersberg, du Bloskilb et du Drachenfels. Cet ensemble constitue la Haardt, qui ter- mine la chaîne des Vosges au NE. 2° Système N-S. Une ligne montagneuse, soudée à la Haardt vers Dahn, au NO de Bergzabern, complète l'encais- sement SE de notre dépression, dont elle tronque obliquement l'angle NE du côté de Kreulznach.On la distingue facilement en examinant le partage des eaux, qui découlent d'un côté vers les plaines rhénanes du Palatinat et de l'autre vers l'in- térieur du duché de Deux-Ponts. Elle est surtout mise en évidence par le surexhaussement du M' Tonnerre, dont l'Alzens 292 RECHERCHES SUR LA CONSTITUTION GÉOLOGIQUE ainsi que l'Appelbach longent la base en courant également du nord au sud. D'ailleurs cette même direction se retrouve dans les Vosges, malgré quelques perturbations, entre Saales et la Petite-Pierre près de Phalsbourg, étendue sur laquelle le Gros-Rougemont paraît être le résultat d'un entrecroisement complexe. 5" Système NO-SE. Moins saillants que les accidents dus aux deux soulèvements précédents, ceux de ce nouveau groupe n'en jouent pas moins un rôle capital au double point de vue hydrographique et géologique. II faut d'abord y rattacher la grande inflexion SE-NO de la Sarre, qui, entre Sarreguemines etS'^-Gangolf, coupe carrément les axes NE-SO indiqués en premier lieu. Une déviation du même ordre, mais plus importante en raison de son étendue, est celle qui, au NE, limite le rec- tangle par la longue crevasse dans laquelle le Rhin a établi son lit entre Bingen et Cologne. La Nahe, à partir d'Ippesheim en aval de Kreutznach, la Wiesbach et la Selzbach, aux extrémités de leurs cours, obéissent à la même direction aussi bien que le Rhin entre Gernsheim et Mayence, avant qu'il ne pénètre dans le défdé du Binger-loch, produit de la cas- sure NE-SO déjà mentionnée. La troisième représentation du système est fournie par la dorsale qui, dans notre espace, fait déverser les eaux d'un côté vers le Rhin et de l'autre vers la Sarre. Peu ca- ractérisée par sa hauteur, elle semble n'être qu'un simple pli survenu dans le terrain au moment de rétablissement des deux crevasses latérales NO-SE. Cependant divers symptômes en décèlent la position d'une façon suffisamment nette, pour qu'il soit impossible de la méconnaître au milieu de l'engrenage des rivières qui prennent naissance sur sa large croupe. A Wissembourg, de même qu'à Anweiler, la Lauter et la Queich suivent à peu près sa direction qui, en grande DES MONTAGNES DU PALATINAT DU RHIN. 295 partie, est déterminée ici par l'interposition du massif vosgien compris entre Bergzabren, Erlenbach, Dalin, Hauenstein et les grandes forêts du Hochstett. Plus loin, le bombement file par le Landsthul, par les tourbières du Waldmoor au nord de Homburg. Il passe également au nord de St-Wendel, puis à Birkenfeld, oii jetant la perturbation dans les aligne- ments NE-SO de la bordure NO du rectangle, il sépare le Hochwald d'avec l'Idarwald, tourmente le lit de la Moselle entre Trêves et Berncastel, et va enfin se perdre du côté de Vianden, d'Ecliternach, de Bittburg, dans les lignes de la Sure , de la Kyll, rivières venant des montagnes du Luxem- bourg, en obéissant à des mouvements du sol dérivés de la même cause. Une dernière parallèle, plus essentiellement stratigraphi- que, établit la démarcation des terrains anciens du Palatinat et des terrains tertiaires de Mayence, depuis Kreutznach jusqu'à Grunstadt. Cette séparation tranchée fait , pour ainsi dire, naître l'idée de quelque grande faille prolongée sur cette étendue. Je complète les détails concernant ces directions fonda- mentales, en faisant remarquer que leslignesNO-SE abondent dans les Vosges, témoin le cours de la Meurthe entre St-Dié et Nancy, quelques fractions de celui de la Moselle et, par- dessous tout, le groupe des Ballons de Giromagny, qui domine cet ensemble. 4" Système NNE-SSO. Quelle que soit l'importance de ce grand soulèvement vosgien, dont les traces se soutiennent depuis Alzey près de Mayence, jusqu'à Champagney à l'ouest de Belfort, il n'a pourtant exercé qu'une minime action dans les détails dont j'ai à m'occuper. Je puis donc me con- tenter de l'avoir indiqué, en renvoyant aux travaux de M. Elie de Beaumont, qui satisferont le lecteur plus que ne pourraient le faire mes modestes additions. 294 RECHERCHES SUR r.,V CONSTITUTION GÉOLOGIQUE 5° Sijstème ENE-OSO. Ce qui vient d'être dit au sujet de l'axe vosgien, s'applique également à ce dernier type. A peu près insignifiant au point de vue orographique général, il ne se manifeste pour ainsi dire que par les directions de certaines couches. On conçoit d'ailleurs qu'en raison de la proximité, les soulèvements de cet ordre qui ont affecté les roches de la Belgique, ne devaient pas s'être produits sans étendre leur influence sur la région dont nous avons précisé les con- tours. De là divers phénomènes dont l'importance ressortira du moment oîi il s'agira d'établir certaines distinctions entre les formations avec lesquelles il nous faut faire connaissance. Le tableau suivant résume les positions des divers axes, les altitudes des principaux points établis sur leurs directions, et à litre de complément, j'ajoute le tracé nivelé de quelques lignes remarquables. Les nombres résultent, en partie, des opérations de M. Dechen. AxeNE-SO du Hochwald, de l'Idarwald et du Hundsruck Axe NE-SO de la Haardt Axe N-S du M' Tonnerre. Moyenne 422-454.. Idarkopf 755. Erbsenkopf (Hundsruck). . 821 Pigeonnier près de Wis- sembourg 507. Sommité près de Pirma- sens 400. Trifels près d"Anweiler.. . 462. Grosse-Bol! 515. Kalmiick 674. Bloskilb 639. Drachenfcls 574. Forêt de Trippsiad. . . . 471. Spitzkopf 438. M' Tonnerre 678. Dannenfels .572. Entre Dannenfels et Kir- cheimboland 51C. DES MONTAGNES DU PALATINAT DU RHIN. 295 Pirmasens 559. Kaiserslauteni 240. Axe NO-SE représenté par la dorsale ) Honiburg, château 293. de partage des eaux ] S' Wendel 261. I Tholey 585. V Birkenfeld 399. 1 Sarreguemines 201. Axe NO-SE représenté par le cours j Sarrebruck 187. de la Sarre 1 Saarlouis 170. 162. 1 Saarlouis ' Merzig . . Manheim 92. . ,,^ o„ ,. , , Kreutznach 121. Axe NO-SE passant par Krculznach et i „. ' . . < Bingeu 76. autres ponits riverains 1 „ ^ ' S'Goar 79. y Boppart o 77. ( Trêves 124. Pente suivant les bords de la Moselle ) Bernkastel 102. SO-NE ) Trarbach 114. \ Coblentz 45. f Birkenfeld 399. Pente suivant les bords de la Nahe j Kirn 172. SO-NE 1 Kreutznach 121. 1^^ Bingen 76. Pente suivant les bords de la Glane et stations voisines SO-NE ] Moschellandsberg Kaiserslautern 246. ( châleau . 325. (ville... 513. o Pente vers Saarlouis NE-SO Wadern 277. Tholey 383. Lebach 225. Saarlouis 170. / S' Wendel 261. i Ottweiler 265. Pente vers Sarrebruck NE-SO < Duttweiler 220. / Neuhauss 587. l Sarrebruck 187. 296 RECHERCHES SUR LA CONSTITUTION GÉOLOGIQUE / Sommité près de Pirma- [ sens 400. l Pirmasens 559. Coupe transversale SE-NO de Pirma- ) Homburg, château 295. sens à Wadern ^ Ottweiler 263. S' Wendel 2C1. Wadern 277. Culminances 422. M' Tonnerre 678. Entre Marienthal et Fal- Coupe transversale SE-NO du M' Ton- } kenstein 462. nerre à l'Idarkopf ] Moscliellandsberff 52 o. Kirn 172. Idarkopf 735. Malgré leur état incomplet, ces données interviendront utilement dans la question des mélaphyres, dans celle des terrains houillers inférieurs et supérieurs, enfin dans les aperçus au sujet de réapparitions plus ou moins lointaines de ces diverses formations. C. Indications sommaires sur les roches sédimentaires. 1° Le terrain silurien du Hundsruck, qui forme la limite NO de nos bassins, depuis la Sarre jusqu'au Rhin, s'enfonce sous les dépôts plus récents de la Sarre et de la Glane. Cet ensemble, composé de schistes argileux, siliceux, chloriteux, de grès schisteux et de quarzites analogues à ceux de l'Ardenne, se reproduit vers le NE, bien au-delà des rives du Rhin. Même sans aller si loin, M. Elle de Reaumont indique, déjà pour Ringen, des calcaires, des schistes verdâtres, alternant avec des grauwackes et quarzites qu'il assimile à ceux des bords de la Meuse , circonstance par laquelle on est amené à soupçonner le passage de ces roches anciennes au travers des bassins de la Sarre et de la Glane, dont la position est inter- DES MONTAGNES DU PALATINaT DU UHIN. 297 médiaire entre le Hundsmck et le fleuve. C'est donc sans surprise que l'on voit l'accord unanime avec lequel nos an- ciens géologues français établissaient l'existence de roches du même ordre que les précédentes, sur divers points où la carte de M. Steininger n'indique que des mélaphyres et des porphyres. Toutefois, avant d'aller plus loin, il me paraît nécessaire de faire observer que je ne me rends pas garant de l'exact classement de ces roches. Elles viennent d'être décrites sous le titre de Stjfitème silurien ; mais déjà sur les bords du Rhin et de la Lahn, les grès, les psammites, les schistes ressemblent aux couches à anthracites du Devonshire. On y trouve un calcaire à goniatites et à posidonies. En outre, dans l'Eifel, si voisin du Hundsmck, les schistes et les quarzites sont recouverts par les lambeaux dévoniens d'un vieux grès rouge fort analogue à celui de l'Angleterre ; il est accompagné de calcaires, de dolomies riches en fossiles, et formant des bancs épais au point de dessiner çà et là des précipices. Ce même assemblage semble avoir rempli .l'espace qui relie l'Ar- denne, l'Eifel et le Hundsruck. Reparaissant au sud dans les environs de Schirmeck, où M. Jourdan a trouvé des fossiles dévoniens, il n'est pas irrationnel d'admettre que les couches de la formation s'étendent jusqu'ici sous les terrains houillers et secondaires qui remplissent l'espace intermé- diaire. D'ailleurs les assises carbonifères, si intimement liées à celles du terrain dévonien, l'ont peut-être escorté dans une partie de cette étendue. Ces schistes et les grauwackes car- bonifères abondent en Belgique comme dans diverses parties des Vosges. Espérons donc qu'un jour les roches du même rang seront reconnues parmi les masses du Palalinat réunies sous les dénominations de terrains silurien et dévonien. 2° Le terrain houiUer ne commence à se montrer nette- Acad. (le Lyon, Cl. des Sciences, t. IX. 20 298 uEcriEuciiES sur la constitution géologique ment dans le bassin de la Sarre, qu'à partir de Hochfelden et de Neunkirchen, c'est-à-dire à peu près à la moitié de la distance comprise entre la rivière et la dorsale qui coupe en deux la dépression du Palatinat. Il acquiert bientôt toute sa puissance et toute sa richesse en se rapprochant de Duttwei- 1er, de St-Ingbert, de Sarrebruck, où il va s'effacer sous les terrains secondaires. Rien n'étant d'ailleurs plus familier aux. géologues que les roches qui composent cet étage , tout détail pétralogique à leur sujet devient parfaitement inutile ici. 5° Le terrain houiller supérieur est un assemblage, assez mal déterminé, de grès rouges, gris ou blancs, à ciment sou- vent argileux, de poudingues quarzeux à gros grains, dont le ciment d'un brun rougeàtre semble souvent provenir de la destruction des spilites. Ces couches alternent avec des calcaires magnésiens compactes, de couleur foncée ; on trouve même ces carbonates à la base de la formation. Près de Wolfstein et de Rothseelberg, le système contient du fer carbonate, des argiles schisteuses ou non, des schistes marno- bitumineux et des schistes alumiueux. Au pied du Hundsruck, entre Nonweiler et Birkenfeld, où les argiles houillères su- périeures sont très-développées, on exploite leur minerai de fer, sur divers points. Elles sont recouvertes par le nouveau grès rouge, qui forme des montagnes dont le sommet atteint 600-" d'altitude. L'enscmbie ne renferme que des bancs de combustible de peu d'importance, parfois étages les uns au-dessus des autres, au nombre de deux ou de trois. Leur puissance n'est souvent que de quelques centimètres, et encore sont- ils souvent divisés par un nerf calcaire. Une si faible épais- seur exige le genre d'exploitation dit le travaildes coiis-tordiis. Le charbon, rarement doué d'un aspect gras, habitucllemenl terne, est, par suite de sa nature sulfureuse, impropre à divers usages ; ainsi il ne vaut rien pour la forge ; cependant on DES MONTAGISES DU FALATINAT DU UUIN. 299 l'emploie au chauffage domeslique, pour la distillation du mercure et pour les évaporations des salines de Kreutznach. Les cantons dans lesquels ce combustible se montre en plus grande abondance constituent une bande transversale, établie dans le bassin de la Glane, sur les districts de Wolfstein, Lauterecken, Odcnbacli, Landsberg et Ober-Moschel. Toutefois, les masses de cet étage ne sont pas absolument dépourvues d'intérêt. Les schistes de Munster-Appel sont particulièrement recherchés par les collecteurs depuis que MM. Collini et Beurard ont fait connaître leurs empreintes de poissons mouchetés de cinabre. Parmi les autres stations que l'on est dans l'habitude de mentionner à cause de leurs fos- siles, il faut citer Mœrsfeld, localité dont les collines on- dulées, recouvertes d'une excellente terre végétale provenant de la désagrégation des grès et des argiles schisteuses , pré- sentent des tiges analogues à celles des prêles houillères et autres végétaux de la même période. Enfin, il convient de ne pas oublier le riche gisement de Lebach, dans lequel se trouvent les rognons de fer carbonate lithoïde contenant des poissons variés, tels que les Amhhjpterus latiis ^ lateralis, eupterygiiis, macroplenis, V Achanldides Bronnii, le Gampsonix fimbrialus, petit crustacé offrant quelque ressemblance avec une grosse crevette, Y Archœgoaaurus Decheni^ ctdes coprolites. Toutes ces localités appartiennent à une large zone orien- tale qui s'étend de Kreutznach à Lebach, et qui paraît tout d'abord distincte d'un ruban étroit et parallèle appliqué contre les roches anciennes du Hochvald et du îîundsruck. Cette séparation sera réduite à sa véritable valeur quand il sera question des roches plutoniques et plutonisées. Il existe chez divers géologues de notre époque, une certaine tendance à faire passer les terrains houillers supé- rieurs dans le groupe permien, et l'on peut croire qu'ils généraliseront leurs indications en les étendant aux couches 500 heciikrciies slk la constitution géologique de la Glane. En effet, ces assises, presque dépourvues de combustible, affectent une disposition tellement transgressive qu'elles dépassent de bien loin au NE, les couches houillères de Sarrebruck. Franchissant la dorsale NO-SE de Pirmasens à Birkenfcld, par laquelle la houille vraiment exploitable est maintenue sur le versant du bassin de la Sarre, elles acquiè- rent un caractère d'indépendance qui milite certainement en faveur de leur classement dans le groupe distinct et plus récent dont je viens d'indiquer le rang géologique. Cependant cette conclusion ne se concilie pas avec les superpositions admises pour le terrain classique de Mansfeld, qui présente spécialement le zechsteiu, composé de calcaires, tous magnésifères, accompagné de rauhwakes et de schistes marno-bitumineux reposant sur le rothe-todliegendc , ou autrement dit le nouveau grès rouge, assortiment confus de conglomérats, de brèches, de grès plus ou moins fins, alter- nant avec des argiles schisteuses. Mais on sait aussi que le rothliegende se transforme singulièrement en Angleterre et même déjà en Saxe, où il se trouve généralement représenté par des grès blancs ou gris , et où de plus le zechstein est réduit à l'état d'une simple couche subordonnée de 10 à 20"^ de puissance. M. Naumann a fait connaître de plus une dis- position intercalaire du grès rouge, en ce sens que l'on aurait à Oscbatz , un rothligende très-complexe , puisqu'il offre successivement: Etage inférieur. Grès blancs, argiles, schistes grisâtres, schistes bitumineux formant une puissance totale de 27()'", dans laquelle on a cherché du combustible. Les empreintes consistent en Spheuopteris erosa , Odonloplcris , Neuropteris, Calamités gigas, ]VaîcJiia, avec lesquels se trouvent des Pa- lœonisciis ou Amhhjplerus, des Xenacanthes et des Cypris. 1 Grès rouge. Etage supérieur. Zechstein. f Grès, arifiles routes et bigarrées. DES MOINTAGISES DU PALATOAT DL I\H[N. 501 Dès ce moment donc, dira-t-on, l'ancienne ordonnance pétralogiqno étant incapable de servir de règle, il faut prendre pour base l'espèce de discordance qui existe entre les assises houillères et les bancs charbonneux pauvres. Eli bien, malgré cela , l'ensemble des deux dépôts présente des difficultés de nature à mériter une sérieuse attention. En effet, à Sarrebruck, les couches supérieures sont paral- lèles à celles du terrain houiller inférieur. De plus, elles se trouvent liées ensemble d'une manière inséparable par des argiles schisteuses et par de petits bancs de calcaire ma- gnésifère, alternant avec d'épaisses assises d'un grès rouge qui forme une grosse masse établie au-dessus des der- nières parties de l'ensemble. Enfin à Lebach , ainsi qu'à Bœrschweiler, des lits de fer carbonate lithoïde, compris entre les argiles schisteuses, renferment des fougères pareilles à celles de la partie inférieure du terrain houiller avec les empreintes de poissons appartenant aux espèces Âmbh/p- teriis macropterns, A. euptcrygius, A. lateralis, A. latus, Py- gopterus liiciiis, Acantoides Brounii. De même, dans le bassin de la Glane, on retrouve des calcaires noirs, compactes, îi la base du groupe des houilles sèches et maigres. Les schistes alumineux se montrent à Kirn comme à Sarrebruck. Je puis d'ailleurs compléter les indications relatives à l'hétérooénéité des roches en faisant observer qu'à Munster-Appel, les schistes noirs, marno- bitumineux, dirigés N-S , inclinant de 6** à 12° vers E, et contenant de nombreux végétaux, ainsi que les poissons cinnabarisés appartenant aux espèces Palœonisus Duvernoij et P. minutiis, sont intercalés dans des grès bigarrés de rouge et autres nuances, et escortés de lames de charbon également mouchetées de mercure sulfuré. Ces bigarrures peuvent sans doute s'accorder avec celles qui ont été mentionnées précédemment à l'occasion du per- 502 RECHERCHES SUR LA CONSTITUTION GÉOLOGIQUE mien d'Oschatz ; mais ces circonstances de coloration, celte plus grande extension de la nappe supérieure doivent-elles prévaloir contre la liaison intime des deux divisions? Je pense qu'une jpareille conclusion serait dès à présent trop absolue, et que s'il faut un jour admettre la scission, ce ne sera qu'après avoir accepté des passages du genre de ceux qui se manifestent entre d'autres formations contiguës, passages dont les géologues ont eu à se préoccuper vivement. Au surplus, le grès rouge avec le grès vosgien susciteront bientôt d'autres embarras aux partisans de l'assimilation du houiller supérieur avec le permien. ■i" Le terrain du nouveau grès rouge, dont quelques lames varient au violacé, au gris et au verdâtre, se compose de grès argilo-quarzeux , plus ou moins micacés, d'argilolites, d'ar- giles schisteuses et de conglomérats dont les cailloux très- diversifiés sont quelquefois de véritables blocs dépassant la grosseur de la tête. On remarque parmi eux des quarzites verdâtres ou brunâtres , des débris de porphyre quarzifère plus ou moins altéré, des fragments spilitiqucs, bruns ou rouge sombre, avec des amygdales calcaires , et de plus, une grande quantité de morceaux de quartz laiteux, quelquefois géodique, détachés des fdons qui traversent les terrains de transition du Hundsruck. Enfin quelques plaques ou nœuds de dolomies, avec des veinules de jaspe, se montrent encore çà et là dans la partie inférieure du système. Toutes ces ma- tières sont liées par un ciment argileux foitement teinté en rouge, ce qui, pour le cas présent, ne surprend en aucune façon du moment oîi l'on observe, avec M. Boue, qu'il est formé en grande partie aux dépens des détritus porphyriques. La faible cohérence du grès rouge a facilité l'action des agents atmosphériques et torrentiels, au point qu'il est sou- vent réduit à l'état de lambeaux. On voit des restes de ce genre auprès d'Obcrstein. Cependant le dépôt se soutient DES MOINTAGNËS DU PALATINAT DU UIIIN. 505 d'une manière plus suivie dans la plaine de Tholev , d'où il s'étend jusqu'à Wadern et Nonweiler où le terrain houillcr \ient se montrer avec les caractères qu'il affecte à Lcbach. Le gîte manganésien de Crettnich est compris dans les amon- cèlements du grès qui, en regard du Hundsruck, forment des montagnes de GOO"" d'altitude. On découvre le môme terrain entre Kirn, Eckweiler, Rokenau, etc. D'ailleurs, du côté du îlundsruck, de même que de celui de la Haardt et de la France, on le voit disparaître sous les masses du grès vosgien , dont il forme en quelque sorte la base , et avec lequel on le con- fond assez facilement. C'est dans cette position qu'on le re- trouve sur les syénites du Jeegerthal, sur les bords de la Lauter près de Wissembourg. Il faut même croire qu'un grand nombre d'autres affleurements ont été passés sous silence à cause de l'analogie des couleurs de l'une et de l'autre de ces formations détritiques, et je suppose que cette réticence existe spécialement à l'égard des environs de Sarrebruck. 5° Le grès vosgien est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'insister sur ses caractères pétralogiques. Il suffu'a donc d'en indiquer la position. Il forme d'abord la masse du bourrelet de la Haardt qui, à partir de Sarrebruck, s'étend par Hom- burg et Kaiserslautern jusqu'à Kircheimboland, ens'abaissant vers les plaines de la Bavière rhénane, et en masquant ainsi presque continuellement les formations préexistantes. Si d'ail- leurs on jette les yeux sur la carie géologique de la France, on reconnaît de suite l'existence d'une autre grande nappe prolongée vis-à-vis de la précédente, le long de la Nahe, depuis Oberstein jusqu'aux bords du Rhin. Elle est flanquée de lambeaux détachés ; puis plus loin, au SO, d'autres parties, de dimensions variées, sont distribuées près de Sarrelouis, entre Sarrebruck et Neuenkirchen ; enfin on en rencontre de pareilles auprès de St-Wendel. Ce sont autant de témoins de l'ancienne extension de ces roches, et la présence de tant de 304 RECHERCHES SUR LA CONSTITUTIOIN GÉOLOGIQUE morceaux grands ou petits, vient naturellement généraliser le rôle des érosions, dont la puissance destructive a déjà été admise à l'égard du grès rouge. D. Détails siu' les roches éruptives, sijénUes et porphyres quarzifères. Du moment où l'on se trouve en présence de métamor- phismes intenses, on doit s'attendre à rencontrer bientôt des roches éruptives. Quelquefois, il est vrai, les condi- tions locales se sont opposées au surgisscment de celles- ci ; mais à l'encontre de ces exceptions viennent s'offrir tant d'exemples de leur apparition radicale que vraiment Ton ne tarde pas à admettre, au rang des lois générales, celle d'un contact plus ou moins inmiédiat, même dans les cas d'occultation absolue de la roche plutonique. Ainsi donc, poussé pai' l'intime conviction de la nécessité do ces relations, j'ai dû m'altacher à faire la recherche des masses dont l'ancienne chaleur est rendue évidente par divers phéno- mènes subsidiaires. A cet égard, je n'ai jusqu'à présent pu découvrir, dans le champ actuel de mes éludes, que les syé- nites et les porphyres divers. Le rôle de ces derniers est plus patent que celui des autres. Cependant, si je considère que l'influence des syénites est énorme dans les Vosges, (|u'aucune raison fondée ne peut-être alléguée contre leur extension, en dessous des masses métamorphiquesou intactes du Palatinat, que même l'idée de cette extension est presque justifiée par l'apparition d'une roche graniloïdc avec les aniyg- daloïdes, au travers d'une crevasse du grès vosgicn, dans la vallée de la Queich près de Sebeldingen et d'Albersweiler, il me paraît rationnel d'entrer au moins dans quelques détails au sujet de leurs caractères, ne fût-ce que pour fixer l'atten- DES MONTAGNES DU PALATINAT DU UIIIN. 305 tion des futurs observateurs qui voudront s'occuper de la contrée. 6" La sî/é»j^e est en évidence auprès du Jregerthal. Elle s'é- carte peu des deux berges de la rivière et elle ne s'élève qu'à 30 ou 40™ au-dessus de son niveau, vers le vieux châ- teau du Windstein, où elle s'altère à son contact avec le grès rouge. Cette altération est poussée au point que la roche se divise en feuillets, et se laisse émietter entre les doigts, sans compter la kaolinisation rubéfiante qui tend à la faire confondre avec le détritus du grès rouge superposé. La roche est d'ailleurs très-variée dans sa composition et dans sa texture, soit sous le rapport de la nature des grains du quartz et des cristaux du feldspath, soit sous celui de l'abondance du mica et de l'amphibole. Le quartz y est tantôt blanc, tantôt rose ou même rouge. Cette dernière nuance avait porté M. Calmelet à avancer qu'il pourrait bien être du grenat ou du zircon; mais sa cassure conchoïdale vitreuse, son infusibiUté, sa dureté égale à celle du quartz ordinaire excluent tout rapprochement de ce genre. De plus, la couleur rouge y est disséminée d'une manière inégale dans un seul et même grain au lieu d'être uniforme. Elle semble y être infiltrée en forme de petites ondes analogues à celles qui se produisent dans les mélanges de deux liqueurs inégalement visqueuses. Les feldspaths appartiennent aux divers types actuelle- ment bien connus pour être propres à celte roche. Quel- quefois les cristaux atteignent d'assez belles dimensions pour la faire passer à l'état de syénite porphyroïde. Le mica est noir, et l'amphibole, d'un vert sombre, est sujet à manquer selon l'ordinaire. Enfin l'on y trouve quelques cristaux de sphène. L'amphibole disparaissant, il reste en place un véritable granit dont les grains, allant en dimi- nuant, conduisent insensiblement à des granulites assez ha- 506 r.EciiKuciiES sur la constitution géologique bituellemcnt roses, soit à cause de la couleur du quartz, soit parce que telle est la nuance de l'ortliose. Ces dégé- nérescences sont d'ailleurs si fréquentes, qu'elles ont porté quelques géologues à ne pas séparer les syénites des granits proprement dits. Les ayant retrouvées dans les environs de Plombières, autour des ballons de Giromagny, au Champ-du- Feu, et même dans le Lyonnais cl dans le Beaujolais, j'ai dû les regarder comme étant au contraire si parfaitement liées au sys- tème syénitique, qu'elles constituent un de ses caractères d'as- sociation. D'ailleurs, il est souvent fort difficile, sinon impossible de trouver la ligne de disjonction de ces granits, plus ou moins granulitiques, et de la syénite normale. Mais il ne s'ensuit pas que je sois d'avis de réunir, avec MM. Daubrée et Gruner, cette rocbc à l'ensemble des granits, du genre de ceux qui occupent le centre de la chaîne des Vosges, aux environs de Colmar. Indépendamment de ces passages, la roche est entrecoupée de petits liions doués d'allures variées, contenant le feldspath, le quartz et le mica à l'état d'agrégation qui spécifie les peg- matites, et celles-ci passent même au granit graphique, dont la présence au Jœgerthal a été signalée par mon ancien ami M. Drion [Tasch. Leonh. 10^ année). Des structures du même ordre, se montrant d'ailleurs indifféremment dans les syénites et dans les granits d'autres pays, deviennent par cela même des accidents communs à diverses roches éruptives. Enfin , dans la même syénite , on rencontre çà et là des nœuds d'un granit très-micacé , à petits grains, offrant l'ap- parence d'un granit plus ancien, dont les morceaux auraient été empâtés lors de l'éruption. Cet accident, également fré- quent dans d'autres locaUtés , m'a paru être le résultat d'une action complexe , en ce sens qu'un fragment de micaschiste ou de schiste argileux, saisi lors de l'éruption granitique , a été non seulement ramolli au point de pouvoir prendre une DES MONTAGNES DU PALATINAT DU RHIN. 307 forme sphéroïdale, mais encore imprégné de la substance du granit qui l'englobe. De là d'abord, et en grande partie, le feldspath qui apparaît dans ces boules. Quant à l'excès du mica, il faut distinguer deux cas. S'agit-il de schistes argileux? Eh bien ! diverses observations , dont quelques-unes sont déjà anciennes, comme l'on pourra le constater dans le Jahrbuch de M. deLéonhard (1857 et 1838), m'ont démontré que la transformation micacée est un phé- nomène très-habituel chez certaines roches de cette catégorie. Pour la produire, il suffit qu'elles aient été mises en contact avec un granit, avec une syénite, ou même avec un porphyre, et par la même raison, cette cristallisation doit suivre son cours dans le cas d'un empâtement complet. Si d'ailleurs les morceaux enveloppés sont très-gros, il a pu se faire qu'ils ont conservé un caractère schisteux au centre , tandis que leur périphérie est devenue complètement micacée. En même temps, les parties intermédiaires participant de l'un et de l'autre état, suivant les distances de l'enveloppe métamorphi- sante, laissent voir un centre schisteux, passant insensible- ment à une zone durcie, demi-fondue, jaspique. Celle-ci , à son tour, se charge de paillettes brillantes, puis, de transi- tion en transition, arrive l'écorce micacée, contenant' souvent des cristaux feldspathiques. S'agit-il simplement d'un débris de micaschiste, on com- prendra facilement que les éléments du mica ont dû se con- server au milieu de roches qui sont elles-mêmes micacées. Le changement le plus évident qui se manifeste alors me paraît résulter, en grande partie, d'une simple recristallisation, par suite de laquelle la dimension des lamelles s'est ordinai- rement amoindrie. De là, en même temps, le tissu particulier de ces productions. 11 est généralement plus serré et plus confus que celui des micaschistes et des gneuss provenant des métamorphismes dits normaux. 508 RECHERCHES sur la CONSTITUTIOM GÉOLOGIQtJE Rien n'est d'ailleurs plus familier que le fait pur et simple de la dispersion de ces parties étrangères dans les masses éruptives. Déjà Werner, signalant les fragments de mica- schiste inclus dans les granits , en déduisait l'antériorité de la formation des premiers. D'autres observateurs se sont éga- lement occupés de la question. Pour ma part , j'ai d'abord constaté la reproduction de ces détails dans l'Auvergne {Et. sur les dépôts met., 1854 , page 526). Certain que ces dissé- minations sont fréquentes dans les petits filons, je suis arrivé par degrés, à voir que, dansles amas puissants, elles se mani- festent à l'approche des lisières, beaucoup plus fréquemment que vers les parties centrales. En gravissant par exemple une montagne dont le dos est recouvert d'un lambeau schisteux, il pourra se faire qu'à sa base, on ne rencontrera aucun de ces blocs. Peu à peu, on en verra apparaître quelques-uns. Puis, augmentant progressivement en nombre , ils seront en quelque sorte condensés près du joint de contact, partie dont leur abondance peut même quelquefois dénaturer la cristal- lisation. Si donc je ne me trompe, ces gradations sont l'expres- sion la plus grandiose du phénomène des brèches filoniennes, phénomène si intéressant par lui-même et pourtant si dénaturé dans certaines théories. Me réservant d'ailleurs le soin de reprendre la question dans d'autres occasions, je me contente de faire remai-quer que jusqu'à présent, elle n'a pas été envi- sagée à ce point de vue. Avant de compléter le résumé de mes aperçus sur les ro- ches du Jsegerthal , il me reste à mentionner un filon déjà indiqué par MM. Drion et Voltz, comme passant d'un côté à l'autre de la rivière, en aval du Martinet. Ce gîte, d'environ 4 à 5 mètres de puissance, était très-masqué de mon temps par les constructions et par la culture. Aussi n'en est-il plus question dans la Géologie du Bas-llhin de M. Daubrée. Cependant, en coordonnant mes aperçus avec les indications DES MONTAGNES DU PALATINAT DU RHIN. 7)09 de M. Drion, j'arrive à établir que sa partie euritique, brunâ- tre, privée de mica, renferme, avec quelques globules de quartz hyalin , des cristaux d'un feldspath blanc, vitreux et sujet à subir la décomposition kaolinique. Ailleurs, où la pâte est moins compacte , le feldspath perd de sa netteté ; enfin, le tout passant à l'état d'une roche un peu micacée , brune, analogue à celle qui traverse les schistes de transition de Weiler, rappelle que sur les deux points il ne s'agit que d'une seule et même formation. 7° Le porphyre quarzlfère avec les argilophyres et ses autres dégradations doivent nécessairement être réunis dans un même chapitre. Quant à l'ordonnance des détails endomor- phiques, elle s'obtient sans grande difficulté, du moment où l'on a étudié un grand ensemble; car, dès ce moment, la nature devient un guide bien autrement infaillible que les résultats des analyses ou des autres opérations du labora- toire. Tout se réduit d'ailleurs à se conformer à la règle qui veut que l'on procède du simple au composé, et ici nous sommes assez favorablement servis, car l'on trouve çà et là une roche fondamentale dont dérivent toutes les autres. C'est le porphyre quarzifère. Celui-ci est généralement bien caractérisé autour de Kreutznach, quoique cependant il n'offre point les larges cristallisations si remarquables en d'autres pays. Ses parties normales présentent une pâte dont l'état euritique est par- fait, avec une finesse de grain qui, la rendant parfois aussi lisse que le verre, lui communique de plus une tendance à donner des cassures largement conchoïdales. Cette com- pacité, combinée avec l'absence des cristaux habituels, a quelquefois valu à la roche le nom de pélrordlex ou de por- phyre pétrosiliceux. La pâte en question est rose, grise ou blanche, et fusible en émail blanc. Elle ne renferme que de rares globules 510 RECIIEIICIIES SUU L\ CONSTITUTION GÉOLOGIQUE de quartz hyalin et ils sont petits. Une cxiguitc analogue se fait remarquer chez le feldspath, qui est vitreux, blanc ou rose. Le mica ne brille généralement que par son absence. Cependant on en cite dans quelques localités. De nombreuses fissures partagent la masse, tantôt en prismes irréguliers, généralement minces, parfois plus gros- siers, tantôt en plaques, simulacres d'une sorte de stratifica- tion. Quelques-unes des fentes servent de réceptacles pour la portion de la silice, éliminée lors de la cristallisation de la roche. Elle est allée se ranger dans ces vides en y formant des croûtes minces ou des pellicules de quartz hyalin laiteux. Indépendamment de ce phénomène, il en est un autre égale- ment remarquable. Son existence est indiquée sur divers points par ledéveloppement de nombreuses veinules d'un jaspe siliceux, qui, par la couleur rouge, tranche sur le fond rose de l'eurite. Leur assemblage constitue de véritables marbrures, imperceptiblement fondues avec la pâte, apparaissant à la surface comme dans l'intérieur, sans affecter des directions déterminées, ou bien courant dans le sens du plus grand diamètre des masses. II est à croire que ces fdandres sont le produit des parties hétérogènes, englobées après coup, par- faitement fondues, mais dont la viscosité s'est opposée à une complète dissolution. En tout cas, l'on remarquera que les mêmes porphyres empâtent aussi çà et là des fragments de roches schisteuses qu'ils ont plus ou moins modifiées. Et parmi ceux-ci, il en est qui, étant longés, entourés, presque pénétrés par les bandes ou par les filaments ondulés, rami- fiés de la substance jaspoïde en question, tendent à appuyer l'idée de son origine métamorphique. Ces empâtements bréchoïdes, porlés au degré d'une diffu- sion intime, conduisent à l'endomorphisme de nos porphyres, et celui-ci se traduit essentiellement parla colorisation fon- cée ((ui caractérise les porphyres bruns du genre de ceux DES MONTAGNES DU PALATINAT DU RHIN. 51 S que j'ai définis en 1840 (BuU. géoL, tom. 4, p. 240, etc.) En 1840, M. Schweitzer a publié, au sujet du porphyre de Kreutznach, une analyse dont les résultats sont d'une grande importance, parce qu'elle a dévoilé la présence du chlore combiné avec le sodium, le calcium et le magnésium. Les divers composants sont : Silice 70,50 Alumine 13,50 Oxide feiriqiie. ... 5,50 Potasse 5,50 Soucie 5,55 ) 100,07 Magnésie 0,40 Chaux 0,25 Chlore 0,10 Eau 0,77 ' Ce pétrosilex est moins riche en silice que ceux de Nantes et de Salberg en Suède, analysés par M. Berthier; il se rapproche en cela de la constitution normale des orthoses. Ses chlorures, qui peuvent être totalement enlevés par un simple lavage à l'eau, expliquent l'origine des sources salées de la localité; ils constituent un lien d'analogie entre les émissions de certaines laves et porphyres. Ils conduisent enfin à demander s'ils n'auraient pas joué un rôle dans la formation des agates, et surtout à l'égard de la tendance des roches si dures du Palatinat à passer à l'état d'argilo- phyres. Sans doute, tant de conclusions devraient être appuyées sur un ensemble de recherches convenablement dirigées; mais, dans l'impossibilité où je me trouve de m'occuper actuellement de pareilles études, il faut me borner à ces indications. 8" Je viens d'énoncer le mot argilophyrc. Les roches dé- signées sous ce nom, sont en quelque sorte les Trachyies. 512 UECIIERCHES SUR LA CONSTITUTION GÉOLOGIQUE de la période porpbyrilique, et l'on peut prendre pour type le porphyre terreux de Kreutznach. Sa pâle argilolitique, rude, pierreuse, d'un blanc sale, est irrégulièrement mou- chetée de parties rosées. Sur ce fond ressortent des taches blanches, passant à des cristaux d'un feldspath terreux, terne ou nacré, quelquefois miroitant et clivable, tantôt régulier, tantôt irrégulier. Ils sont accompagnés d'exiguës lamelles de mica brun, dispersées çà et là, et de globules de quartz hyalin enfumé, encore plus clairsemés que le mica. Cet état normal dégénère en masses uniformément ter- reuses, finement grenues, et peu cohérentes, si bien que sans leur association avec la roche précédente, on serait fort embarrassé d'établir leur classement. A peine y trouve- t-on quelques menues lamelles de mica, ou des points quarzeux, et il faut être bien prévenu pour distinguer dans certaines taches blanches les rudiments d'un feldspath abortif. Du reste, le fond blanc de la masse se teint parfois de veines roses ou rouges; quelquefois encore, ces roches terreuses prennent des teintes brunâtres. Ces diverses physionomies, qui rappellent celles des /)om<7es, se rencontrent à Kreutznach, au M'^-ïonnerre, au Kœnigsberg, au Schaumbourg près de Tholey et à Ulmet sur la Glane, où la roche forme entre autres une nappe d'environ 2*", 5 d'épaisseur, La contrée présente en outre des conglomérats porphyriques qui se composent quelquefois de débris angu- leux et de cailloux arrondis de l'argilophyre typai , réunis dans le même échantillon. Ces parties sont soudées entre elles par une pâte brune, dont l'interposition n'a pas modifié sensiblement l'étal naturel des fragments empâtés. 9" Les porphyres bruns et les spilites constituent un en- semble excessivement hétérogène, variable dans sa dureté, dans sa couleur, dans sa texture. Delà les noms de méla- pJiyrcs, de porphyres bruns ^ de porphyre amygdaloide , de DES MONTAGNES DU PALATINAÏ OU ftllIN. 515 mandehlehi , de cornéennc, de pierre de corne, de vake et de trapp qui ont été imposés à ces roches. Pour en débrouiller la complication, il s'agissait avant tout de rattacher les ro- ches brunes à des roches normales , et à cet égard j'ai été assez heureux, ayant trouvé les passages du spilite le plus complexe au porphyre pétrosihceux le plus simple. Le point de départ est un porphyre pétrosiliceux, assez commun aux environs de Kreutznach et d'Oberstein. Sa cou- leur n'est guère plus foncée que celle de la roche pure déjà décrite, et il contient quelques globules de quartz avec des taches blanches indiquant un feldspath rudimentaire. De ces masses, déjà sensiblement brunâtres, on peut passer à d'autres dont la teinte est plus foncée , mais dont l'état reste pétrosiliceux et dont la cristallisation est aussi mal dé- veloppée que précédemment. Vient ensuite à Oberstein même, le porphyre brun typai, quelquefois désigné sous le nom de mélaphyre. Il est forte- ment teinté. Sa compacité est euritique, et cependant elle n'arrive pas au degré de celle du porphyre pur, de façon que ce tissu plus grossier, combiné avec une cohésion spéciale, rendant les roches impropres à recevoir le beau poli de l'a- gate, rebute les ouvriers, qui les désignent sous le nom de cVeisenstein (pierre de fer). Dans cette pâte sont disséminés de nombreux cristaux d'un labrador de petite dimension , parfaitement réguliers pour certains échantillons. Ils se groupent ailleurs par hémi- tropie ou entrecroisement, de manière à constituer finale- ment des nodules irréguliers, oblongs, offrant dans leur clivage transversal plusieurs plans qui réfléchissent la lu- mière dans autant de sens différents. Les observations de M. Jacquot établissent que l'appari- tion de ces porphyres bruns se répète au Schaumbourg près Aond. (Il- Lyon, Cl. des Sciences, t. IX. 21 514 UECIIEUCIIES SUR LA CONSTITUTION GÉOLOGIQUE de Tholey, à Duppemveiler, et sur d'autres points du bassin de Sarrebruck. 10° Imaginons actuellement une homogénéité moindre, les cristaux labradoriqucs demeurant généralement blancs sont assez souvent charges de la matière colorante de la pâte. On en voit même qui, à l'une de leurs extrémités, ou bien sur une partie notable de leur longueur , possèdent une couleur rouge intense , le reste étant incolore. Au milieu de CCS groupements crislalUns du feldspath, surviennent des nodules complètement sphériques, sans clivage visible à l'œil nu, mais qui, se trouvant dans des échantillons analogues aux précédents, déterminent le passage de la texture porphyroïde à la texture amygdaloide. Bien que leur diamètre ne dépasse guère celui d'un pois, on y découvre cependant déjà des indices de zones concentriques, composées d'un quartz blanc et rouge enveloppant des pâtes grenues, indéfinissables. Ailleurs, on est amené à croire que le quartz même du por- phyre, par suite d'un obstacle quelconque, a pris simplement la forme sphérique, au lieu d'affecter celle du dodécaèdre bi pyramidal si fréquent dans les cas ordinaires et si rare ici. Enfin , il arrive que la chaux carbonatée remplace complè- tement les substances précédentes, en affectant la même disposition. Ce carbonate est d'ailleurs disséminé dans la pâte, où il s'associe à une forte proportion de carbonate de fer, dont la présence a été signalée par MM. Steininger, Bischof et Bergemann. Sujet à se rubéfier, par décomposition, il com- munique à la roche ses couleurs rouge sombre, brune, lie de vin, et pénétrant jusque dans les clivages du labrador, il donne à ses lamelles la jolie teinte grenatique mentionnée précédemment. En même temps, la roche légèrement kao- linisée, exhale une odeur argileuse par l'insufflation. Ces porphyres bruns offrent, du reste, les passages les DES MONTAGNES DU PALATINAT DL HHIN. 515 plus insensibles à une texture rude et terreuse. Alors la masse présente d'ordinaire un aspect lâche, mat, ou bien quel- que chose du caractère grossièrement cristallin des argilo- phyres, quoique une forte loupe permette de découvrir encore un fond de cassure vitreuse, dans un assez grand nombre de pièces. Très-souvent cette rudesse a été exaltée par l'inter- position de l'eau et de l'acide carbonique, dont la présence ne doit pas plus surprendre que celle du chlore dans le porphyre de Kreutznach et que les disséminations du car- bonate de fer dans le porphyre en litige. Tendant à se dégager, ces gaz ou vapeurs rendirent sa pâte éminemment poreuse, huileuse et même parfois presque caverneuse, car certaines ampoules atteignent parfois la grosseur de la tète. Etant devenues les réceptacles des silices agalisées, des car- bonates, de l'oligiste, de l'hydroxide de fer, des zéolithes, ces cavités grandes ou petites, contiennent les noyaux qui constituent le spilite, le mandelslein, \e porphyre amygdaldide, proprement dit, que l'on rencontre en si grande abondance dans tout le bassin, entre Kreutznach et Sarrebruck, et no- tamment dans l'espace embrassé par Oberstein , Cusel et St-Wendel , au Dagsthul , à Fisbach , à Reichenbach , à Mettloch près de Merzig, ainsi qu'à Baumholder. On verra d'ailleurs que la formation s'étend beaucoup plus loin, soit dans les Vosges, soit du côté de l'Allemagne. Rarement ces roches sont demeurées à l'état semi-vitreux, comme au Weiselberg près de Cusel ; elles montrent au contraire une certaine tendance à passer à un état tufacé désigné sous le nom de tuftrappéen. D'ailleurs, les gaz et les vapeurs, le calcaire, le fer carbonate et le labrador ne sont pas les seuls éléments qui jouent un rôle dans les mo- difications de ces roches. On y trouve de plus de la chlorile, du fer titane, de la pyrite et de l'augite. H° Quand ce dernier minéral acquiert une certaine pré- 51 G RECllEKCIIES SUU LA CONSTITUTION GftOF.OGIQUE pondt'i'ance, la texture restant décidément grenue, rude, Tap- parence devient celle d'un basalte. Quoique prévenu de l'exis- tence de cette nouvelle variété, ce ne fut pas sans une certaine surprise que je la rencontrai autour de Mœrsfeld. Le labrador, compliquant encore cette composition, fait ap- paraître les dolérites ou mélaphyres demi-deuil, roches plus ou moins feldspathiques ou argilolitiques des collines au nord de Lichtenberg et de Korborn. M. de Bonnard avait, dès 1821, observé cette tendance vers l'état basaltique, aux environs de Kirn, au-dessous des grès et schistes houillers qui traversent la Nahe à plusieurs reprises. Ces mêmes basaltes, accompagnés d'amygdaloïdes, pénètrent dans le houiller, et de plus M. Steinheimer avait constaté leur in- trusion dans le terrain de transition des environs de Brauns- hausen, entre Birkeiifeld et Wadern. 12" Quelques variétés du porphyre brun contiennent des paillettes de mica bronzé, dont la présence n'est pas sans importance. Il arrive, en effet, que la multiplication de ces folioles fait passer le porphyre brun à l'état de masses qui se rapprochent parfaitement des minettes. Quelquefois encore, ce mica, réduit en lamelles presque microscopiques, devient le seul minéral distinct. 11 donne alors naissance à une variété surmicacée, remarquable par son lustre spécial. Les gise- ments se trouvent au Jaegerthal et surtout à Weiler près de Wissembourg. Les porphyres bruns compactes , ainsi que ceux qui sont poreux, sont souvent divisés en prismes grossiers, et fissurés perpendiculairement à leurs axes. D'autres sont simplement schistoïdes. Ces divisions facilitent l'exfoliaiion de la roche et sa granulation subséquente , qui est analogue à celle qu'éprouvent les basaltes quand ils passent à l'état de division dit avellauairc. La désagrégation aboutit d'ailleurs à l'altéra- tion kaolini({ne , dont résultent habitucHoment des terres I)n.S MONTAGNES DU PALATINAT DU ItlIIiV. 517 rouges grumeleuses, qui recouvrent le dos des collines com- posées de ces roches. Il arrive encore que la décomposition produit des argiles blanchâtres, molles ou onctueuses, suscep- tibles d'être exploitées pour servir de terre à foulon, ou bien les masses, profondément altérées, se laissent facilement écraser entre les doigts, en donnant un sable vert un peu jaunâtre. Au surplus, ces dégénérescences n'empêchent pas la har- diesse des formes de l'ensemble. Autour d'Oberstein, et même au-delà, une partie du lit de la Nahe est creusée entre des berges dont le caractère profondément pittoresque ne le cède à celui d'aucune autre contrée renommée à cet égard ; et si ces masses porphyritiques couronnent les crêtes, elles leur donnent des formes ardues, dont on peut admirer les types, par exemple, au Schaumbourg, qui en est entièrement formé jusqu'à l'allitude de 594 mètres. 15° Les porphyres verts ne constituent qu'un accident par- ticulier des roches précédentes; leurs caractères généraux, sont à peu près les mêmes, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas plus précis. Ils sont d'ailleurs associés avec elles, dans les mêmes gisements; ils s'y rattachent par diverses transitions, et la différence des couleurs ne paraît dépendre que de la présence ou de l'absence du carbonate colorant et oxidable. On pourra, du moins, accepter cette indication en attendant qu'elle soit confirmée ou infirmée par l'analyse. Suivant leur physionomie, ils reçoivent les noms de diorite, de xérasite, de dioritine, de diabase, de grunstein, de cor- néenne, de trapp, d'aphanite et de vake. S'il faut s'en rap- porter aux livres, la couleur serait due à la dissémination intime de l'amphibole; mais rien n'étant rigoureusement dé- montré à cet égard, il est plus prudent d'admettre qu'elle pro- vient de la combinaison du protoxide de fer avec l'ensemble des siUcates de ces roches. Ces combinaisons ou dissolutions 318 RECHERCHES SUR LA CONSTITUTION GÉOLOGIQUE étant en proportions indéterminées, les quantités variables de l'oxide permettraient d'expliquer très-bien les différences d'in- tensité delà coloration , Le vague qu'elles laissent dans l'esprit a tout au moins l'avantage de ne pas porter le débutant à croire que ses maîtres, quand ils citent des espèces définies, ont réellement tranché la question de la constitution des magmas dont elles sont supposées faire partie, et par suite, son ardeur vers leur étude ne sera pas amortie. Ajoutons, toutefois, à titre de renseignements, que d'après M. Delesse, certaines variétés vertes proviennent des nodules microscopiques d'une sorte de chlorite, qui d'ailleurs peut être fondue, d'une ma- nière insensible, dans la masse de la pâte ; mais il ne s'ensuit pas que cette circonstance suffise pour expliquer la généra- lité des phénomènes. Je suis même porté à admettre que la pinite, minéral fort commun dans les porphyres, est souvent intervenue dans la question. Je quitte actuellement ces aperçus généraux pour exa- miner divers cas particuliers. 14" La physionomie dioritoïde est, jusqu'à présent, la plus parfaite de celles qui ont été observées parmi ces masses, et comme type en ce genre, on peut citer une roche qui affecte presque l'apparence d'une diallagite. Elle se dessine sous la forme d'une grosse crête, dont la partie abrupte do- mine les schistes à poissons et les grès à empreintes végé- tales houillères de Munster-Appel. Viennent ensuite les xérasites, que Haûy considère comme étant des mélanges d'amphibole et de feldspath; mais déjà leur caractère dioritoïde est moins prononcé; leur aspect est plus terne, plus aride, et d'ailleurs ces xérasites étant souvent fissurées, présentent des datolithes et des prehnites, qui semblent avoir transsudé hors de la pâte dans laquelle elles auraient laissé une partie de leur substance, tandis que la matière excédante se serait condensée à l'état de veinules, DES MONTAGNES DU PALATINAT DU RHIN. 519 dont les géodes sont garnies de mamelons, radiés ou non, souvent recouverts d'une sorte de stiibite. Telles sont du moins les apparences que l'on remarque à Niederkirchen, dans le canton d'Otterberg près de Kaiserslautern. On cite encore la xérasite prelinitifère de Reichenbach, dans le même pays. D'ailleurs, l'une et l'autre sont spécialement remarquables à cause du cuivre natif qui accompagne les minéraux pré- cédents. Les roches susdites passent, par dégénérescences cristal- lines, aux diabases, aux aphanites compactes , c'est-à-dire aux cornéennes, aux vakes, aux Irapps, aux grunstcins ou autres roches plus ou moins dures, quelquefois presque pé- trosiliceuses, ternes ou luisantes, tenaces ou friables, mais toutes caractérisées par leur couleur verte, qui d'ailleurs peut varier du clair au sombre et passer ainsi au noir, qui domine spécialement dans le grunstein-basalt des Allemands, lequel n'est autre chose que le basalte déjà mentionné. Celui-ci, ramenant aux spilites et autres roches brunes déjà men- tionnées, on comprend comment ces diorites se trouvent intimement liées aux porphyres. Celte extrême mutabilité a été observée par tous les géo- logues qui on fait l'étude de la contrée. D'après M. de Bonnard, sur les bords de la Brems et de la Nahe, la formation se compose principalement de cor- néennes, de vakes, de diabases, de spilites ou amygdaloïdes, et toutes ces roches deviennent entièrement analogues aux basaltes. M. Omalius d'Halloy complète les détails précédents en ajoutant que la roche du Martinstein paraît être le grunstein des Allemands, car on y observe quelques petites taches où. les parties constituantes semblent s'être isolées de manière à montrer des indices d'amphibole noire et de feldspath blanc. On trouve beaucoup d'intermédiaires entre cette roche cl les cornéeunc.s lie de vin. 520 RECHERCHES SUR LA CONSTITUTION GÉOLOGIQUE De même , M. Jacquot , citant le mélaphyre du Schaum- bouig, y ajoute une roche du même ordre, d'un noir brunâtre ou verdàtre, à cristaux de labrador et d'augite, avec un peu de fer titane. Il me reste à détailler quelques aperçus provenant de mes propres observations. Le grunstein ou la diorite qui couvre toute la contrée de Moschellandsberg se présente avec une physionomie très- variable. Tantôt c'est une roche noire, semblable à une argile endurcie. Tantôt sa nuance est le vert sombre; en même temps elle devient subcristalline, sans cependant arriver à affecter un caractère précis, circonstance qui me porte à la reléguer parmi les aphanites de Haùy. Conservant d'ailleurs cet état, avec sa couleur plus ou moins foncée , on la voit néanmoins se charger, sur divers points, de taches variées dans leurs di- mensions, blanches ou noires, presque fondues dans la masse, de façon qu'elle acquiert quelque ressemblance avec le spilite d'Aspres-les-Gorps. Entre Oberstein et Algenroth , le Galgenberg, d'où l'on extrait l'agate, se compose d'une partie supérieure brune, quelquefois porphyroïde avec labrador vitreux , mais aussi plus généralement privée de ces cristallisations et pourtant dure. Cette roche n'est point exploitable. Au-dessous vient la partie productive qui est verte, terreuse, par conséquent plus tendre que la précédente ; mais toutes deux affectent une grande ressemblance avec les autres diabases ou aphanites. 15*^ J'ai parlé de passages à un état presque pétrosiliceux. En voici un exemple qui va conduire à d'autres rapproche- ments. A Mœrsfeld, à une centaine de pas au sud des filons, la roche verte, toujours sombre, rude, pierreuse, est semblable à la pâte métamorphique de beaucoup de mélaphyres. 11 s'y est en outre développé des rudiments felsjjalhiques, en nom- DES MONTAGNES DU PALATINAT DU RHIN. 321 bre suffisant pour la rendre porphyroïde au point d'affecter quelque chose de l'aspect d'un basalte demi-deuil du Mont- Dore. D'autres étendues diffèrent des précédentes par leur tissu qui est très-compacte , subcristallin , avec un léger brillant, malgré l'état esquilleux de la cassure. Dans ce cas la ténacité est moindre et la dureté est plus grande que chez la serpentine , quoique cependant l'acier raye le tout. Enfin, malgré l'homogénéité de la pâte provenant de l'absence des cristaux feldspathiques, ces parties n'en contiennent pas moins des veinules de cacholong. Elles conduisent à imagi- ner que, suivant la nature des matières mises en présence, c'est tantôt la silice, tantôt le feldspath qui s'est développé. La comparaison avec certaines serpentines, à laquelle j'ai été amené par la roche verte précédente, rappelle tout na- turellement un autre phénomène observé par M. de Bonnard, dans plusieurs localités, et particulièrement près de S'-Wendel, ainsi que dans la vallée d'Oberwiesen, non loin de Mœrsfeld, au nord du M' Tonnerre. Sur ces divers points , les cor- néennes lui ont offert une quantité notable de parties tal- queuses, accompagnées de filets d'asbeste soyeuse. Au fond, cette association n'est pas plus surprenante que celle qui se manifeste à proximité de Lyon, entre les serpentines du Bourbouret et de S*-Julien-MoUn-Molette , la roche noire réputée amphibolique des bords du Célon près du Pont-la- Terrasse, la serpentine diallagique découverte par M. Drian à la Sibartière près de St-Christot, et les porphyres verts ou bruns observés par M. Leseure dans l'espace compris entre Montrond et le Pont-de-la-Madeleine aux environs de Rive- de-Gier. Bien plus, ces masses suivent la traînée de filons métallifères qui depuis Etheize, sur le revers sud du Pilât, se prolonge au NO au travers du terrain houillcr , pour pénétrer dans la chaîne du Forez, entre Arconsat et Saint- Just-en-Chevalet, où reparaissent également les porphyres sombres, multicolores , les diorites et les anivird»b>ïdps. 322 RECdEUCIIKS SUR L\ CONSTITUTION GÉOLOGIQUE Pendant les séances de la réunion géologique à Lyon, j'ai déjà développé mes idées au sujet de la possibilité de l'appa- rition, à diverses époques, des roches réputées serpenti- neuses. Les exemples qui viennent d'être cités seront sans doute considérés comme un contingent essentiel à l'appui de ma proposition ; mais pensant que la chimie doit intervenir dans la question, elle sera reprise plus loin avec le concours de ses lumières. En attendant donc la confirmation ou le rejet des aperçus précédents, je crois devoir insister sur une cir- constance non moins importante. Je veux parler de la tendance des porphyres à passer d'un côté par les pétrosilex compactes aux argilophyres porphyroïdes ou domitoïdes , et de l'autre aux roches basaltoïdes par l'intermédiaire des porphyres bruns. Ne voit-on pas en cela une sorte de simulacre de la forma- lion volcanique ? Dans celle-ci, les phonolites se rattachent aux trachytes et aux domites, de même que les pétrosilex de la Nahe s'associent aux argilophyres plus ou moins trachy- toïdes , plus ou moins domitoïdes. Pareillement encore, les trachytes ne sont pas plus susceptibles d'être séparés des do- lérites que les porphyres quarzifères d'avec les porphyres bruns. Ceux-ci passent finalement à des masses basaltoïdes, à des amygdaloïdes , réceptacles des minéraux zéolithiques, tels que laharmotome, la chabasie, la prehnite, la datholilhe, tout comme les dolérites dégénèrent en vrais basaltes, lesquels à leur tour, devenant buUeux, peuvent également se sur- charger d'analcimes , de stilbites, de heulandites, de méso- types, etc. Enfin la chlorite intervenant, de part et d'autre, occupe indifféremment les cavités des roches brunes du Pala- tinat et des basaltes du M'® Baldo. Il faut d'ailleurs reconnaître que ces relations de rencontre, jointes à certains caractères physiques communs, ont exercé une grande influence sur les classifications, dans lesquelles on DES MONTAGNES DU PALATINAT DU RIUN. 5^5 voll spécialement les dolériles, les mélaphyres, lesaphanites, les trapps, les basaltes, les vakes et les spilites rangés à la file les uns des autres, n'étant, le plus souvent, séparés que par des coupures insignifiantes. Cependant les minéraux sub- sidiaires auraient dû mettre en ^arde contre ces sortes de rapprochements. Ils diffèrent, en effet, en ce sens que le quartz abonde dans les bullosités des roches du groupe por- phyrique, où il prend la forme de l'agate, témoin Oberstein, Klausen, etc., tandis que les zéolithes prédominent dans les roches volcaniques proprement dites, comme par exemple, dans les gorges du Cipit au Seisser-Âlp. Et si quelquefois la silice apparaît dans celles-ci, elle y prend une physionomie différente de celle de l'agate, ainsi que j'ai pu m'en assurer, notamment au M' Baldo. En cela, du reste, tout s'accorde parfaitement avec la nature des masses respectives, les plus anciennes se trouvant abondamment pourvues de silice et les plus modernes étant moins chargées de cette substance. Prenant d'ailleurs en considération l'état huileux de di- verses roches de la période porphyrique , il me semble ra- tionnel de conclure que, dès son début, l'influence des gaz est devenue manifeste, ainsi que le démontrent les caverno- sités du granité de Baveno, les porosités des porphyres du Val Gana, le tissu lâche des argilophyres de Fabiasco, de Grantola et des argiloUtes de Kreutznach. Mais surtout à la fin de cette époque, le foyer central épanchant des composés fusibles, plus ou moins basiques, ferreux et chargés d'élé- ments gazéifiables, tentait une représentation des phénomènes de la grande phase qui a vu naître l'espèce humaine, en présence de laquelle se développe, dans toute sa plénitude, la gigantesque effervescence dont résultent, et nos laves hui- leuses, et nos explosions volcaniques. 524 UECHERCIIES SUK LA CONSTITUTION GÉOLOGIQUlî K Recherches sur la densité des roches éruptives dît Palatinat. Voulant donner aux considérations précédentes tout le développement possible, dans l'état actuel de la science, je jugeai à propos de rassembler les résultais des expériences faites pour déterminer la densité et le magnétisme des ro- ches du Palatinat; mais n'ayant pu me procurer qu'un nombre de données très-reslreint, je conçus, tout d'abord, des doutes sur la valeur des inductions que j'espérais en tirer. Toutefois leur concordance , non seulement entre elles, mais encore avec les propriétés chimiques, m'ayant porté à ne pas rejeter mes premières idées, je vais établir les conditions et les rapprochements nécessaires pour at- teindre mon but, en ajoutant au besoin mes propres essais à ceux des autres. En cela, je débuterai par l'étude des densités. 16° A priori, l'hétérogénéité apparente des roches d'O- berstein semble devoir s'opposer à tout parallèle avec les masses volcaniques, auxquelles divers géologues sont portés à les réunir. Le tableau suivant ne confirmera pas cette présomption. Densités. 1 Orlhose 2,40 à 2,60 Feldspatlis. . .) Labrador , 2,75 Moî/ejme, 2,655.] Labrador du porpliyre vert antique (Delesse). 2,884 f Labrador du porphyre d'Oberstein (Delesse). . 2,642 _, ( Augite 3,10 à 5,15 ./'"^^'^"^t ■ ■ ■ ! I»yroxène du mélaphyre de la Planche-des- •' ' ( Belles-Filles (Delesse) o,27o Basalte sonnant de Rocliefort (Lecoq el Bouillet). 5, 1 1 Basalte compact de Monlaudou ( id. ). 5,07 Basaltes. . . . ^ Basalte du plateau de Prudelles ( id. ). 2,82 Jtfoj/enjje, 3,129. ] Basalte (de Léonhard) 2,8 à 5,2 Lave basaltique de Fogo (Deville) 3,005 \ Lave basaltique du Majorquincs (Deville) 3,900 DES MONTAGNES DU PALATIN\T DU RHIN. 325 Laves 3/oj/enne, 2,494. Trachyles . . Moyenne, 2,511. Obsidiennes . . . Moijenne, 2,464. Porphyres . . . Moyentie, ''1,125. Lave de Chahorra (Devjlle) Lave du Portillo (Deville) Lave grise de Volvic (Brisson) Lave grise de Volvic (BoujLLET et Lecoq). 2,0 à Lave de l'Hécla (Descloiseaux) Lave vitreuse du Pic (Deville) Trachyte de Chahorra (Deville) Trachyte rougeâlre du M' Dore (Douillet et Lecoq ) 2, i 0 à Trachyte grisâtre compacte (Douillet et Lecoq). Phonolite compacte de Sanadoire (Douillet et Lecoq) 2,50 à Pétrosilex . . . Moj/ewne, 2,688. Mélaphyre . • • ( Moyenne, '2,115.1 Porphyres bruns, cornéennes , trapps, amygdaloïdes. Moyenne, 'i,5M. Obsidiennes du Pic (Deville) , Obsidiennes de Piedras Dlancas (Deville)., Obsidiennes de TénérifTe (Abisch) , Ponce de TénérifTe (Abisch) Porphyre rouge antique (Delesse) Porphyre rouge antique (Drard) Porphyre rouge brun d'Elfdalen (Delesse) . Porphyre rouge du Dauphiné (Drisson) Porphyre rouge id Porphyre vert id Pétrosilex rougeâtre (Drisson) Pétrosilex veiné (Drisson) Pétrosilex gris brun de Ternuay (Delesse) . 2,486 2,671 2,320 2,65 2,762 2,570 2,727 2,75 2,75 2,60 2,481 2,569 2,528 2,477 2,765 2,727 2,623 2,793 2,765 2,676 2,673 2,746 2,646 Mélaphyre de Belfahy 2,775 Trapp (Duisson) 2,745 Pierre de corne (Drisson) 2,708 Amygdaloïde d'Oberstein (Delesse) 2,070 Porphyre brun d'Oberstein ( id. ) 2,680 Verre du porphyre précédent (Delesse) 2,603 Ces résultats obtenus, en mettant dherses roches feld- spathiques en parallèle avec les porphyres bruns et les ba- saltes, suffisent déjà pour démontrer que les basaltes se rapprochent de l'augite, tandis que les porphyres bruns, les cornéennes, etc., possèdent des densités voisines de celles des o2G RECHERCEIES SUR LA CONSTITUTION GÉOLOGIQUL fcldspaths. La couleur foncée de ces porphyres, leur tissu plus OU moinsporeux ne sont donc en aucune façon des motifs pour les confondre avec les roches pyroxéniques, soiis la ruhrique de mclaphyres. Enfin, l'on remarque que le mélaphyre typai de M. Delesse, n'étant pas plus dense que les porphyres ordi- naires, achève de motiver cette séparation. Du reste, ces nombres suffisent pour dénoter l'exubérance du fer dans les véritables basaltes, et cette indication va se trouver confirmée par les expériences sur le magnétisme de nos diverses roches. F. Recherches sur le magnétisme des roches du Palatinat. Le magnétisme des minéraux et des roches a été, pour M. Delesse, l'objet d'expérimentations très-intéressantes. Sa méthode étant d'ailleurs fort connue, n'a pas besoin d'être indiquée ici; cependant, il convient de rappeler qu'au nombre de ses perfectionnements se trouve le choix d'un terme de comparaison, qui est l'acier styrien. Grâce à cette unité, on acquiert de suite une idée nette de la puissance des divers corps, et, pour ne rien laisser à désirer, j'ai jugé à propos de réunir, dans un même tableau, diverses combinaisons de nature à faire convenablement apprécier la portée des dé- croissements qu'elles présentent. [Acier styrien dOOOOO Fer oxidulé 64121 Pyrite magnétique 4718 Oligiste du Vésuve 2352 Minéraux di-j Certains pyroxènes et chlorites 106 vers \ Labrador du porphyre vert antique 77 I Hornblende de Montabaur (Nassau) 57 Hornblende d'Arendal (Norwège) 33 Diallage d'Odern (H'-Rhin) 22 Quartz 0 Lave I Lave de l'Hécla 765 DES MONTAGNES DU PALATIN AT DU RHIN. 527 ., ,, 1 .: Mélanhvres du Marlinslein (l'alalinal) G40 Melaphyresel .,,, ^, , r^ , • > . o . , , ., ( Mélanhvres du Bellinaf , près de Sarrebruck. 115 amygdaloides. .1 . ' . , .. , _„^, . /^ , . x ^° (Amygdaloide d'Oberstein (Palatinai) 93 Ces résultats s'accordent, tout d'abord, pour établir d'é- normes différences entre les vertus magnétiques des méla- pliyres du Palatlnat. L'on remarque de plus, combien sont faibles les pouvoirs des roches de Belting, ainsi que d'Ober- stein, puisque chez la première la force dépasse guère celle des pyroxènes les plus énergiques, et que chez la seconde elle est tellement insignifiante que la roche doit être casée entre ceux-ci et le labrador. Aussi M. Delesse ne peut-il s'empêcher de déclarer que ce pouvoir est moindre que celui des laves, et qu'il est même faible pour une roche d'origine volcanique. Cependant, cette conclusion est en contradiction avec ses autres propositions, émises à l'occasion de son grand travail sur les serpentines des Vosges (Ann. des Mines, 4850). Alors il formait avec celles-ci et avec les mélaphyres, le por- phyre amygdaloïde d'Oberstein, les basaltes, les trapps ainsi que les roches volcaniques, une catégorie générale de masses douées d'un pouvoir magnétique élevé, en faisant toutefois remarquer que les minéraux constitutifs des amandes et ceux qui se trouvent dans la pâte, présentent, dans leurs propriétés magnétiques, des diff'érences non moins tranchées que celles que l'on observe dans la serpentine. Ces incertitudes ne pouvant, en aucune façon, me satis- faire, j'ai jugé à propos de procéder à une vérification des faits, à l'aide de mes échantillons. N'ayant d'ailleurs nulle- ment l'intention d'aspirer à la savante précision de M. Delesse, je me contentai d'opérer conformément aux indications don- nées dans mes recherches sur le magnétisme des minéraux et des roches [Ann. de la Soc. d'agr. de Lyon, 18â8). La méthode élémentaire dont je fis usage alors, aura toujours 528 UECHERCIIES SUR LA CONSTITUTION GÉOLOGIQUE le grand avantage d'être d'une application immédiate pendant le cours même des excursions qu'un géologue ne fait jamais sans sa boussole. Dans rénumération qui va suivre, je place en lête, comme précédemment, quelques minéraux et roches de divers pays, afin de servir de terme de comparaison. MINÉRAUX ET ROCHES DE DIVERSES LOCALITÉS. Hagnélisme. Augite du Bufauro (Tyrol) assez fort. Augite du Pny de la Rodde (Auvergne) assez fort. Pyroxènes frittes du Puy de la Meye (Auvergne) faible. Pyroxènesà demi refondus du PuydeCorent (Auvergne), nul. Hornblende et feldspaths divers. Magnétiques quand ils contiennent du fer oxidulé. Granits et syénites. Ne sont magnétiques qu'autant qu'ils contiennent du fer, La syénite du Jacgerthal eu particu- lier n'attire l'aiguille quepar les points où elle contient de l'amphibole, et encore l'attraction n'est pas constante. Porphyre rouge antique faible. Porphyres quarzifères en général nul. Basalte à gros cristaux d'augite de Bufauro (Tyrol).. assez fort. Basaltes divers et laves noires pyroxéniques. Générale- lementfort et même magnéti-poiaire. Laves grises labradoriques de l'Auvergne, de l'Etna. . . . assez fort. Porphyres bruns du Ja?gerthal et de Weiler nul. Porphyrebrun terreuxde Lutzelhausen et d'Oberhaslach. nul. Porphyre brun de S'-Aniarin très-fort. Autres porphyres bruns des Vosges nul. Mélaphyrc agalifère de Rimbachzell (H'-Rhin) très-fort. Roche brune agalifère de Clausen (Tyrol) nul. Argilophyre de Lutzelhausen (Vosges) nul. Argilophyre de Grantola et de Fabiasco (Lombardio). . nul. ROCHES DU PALATINAT. Porphyre rose pétrosiliceux. Kreutznach nul. Argilophyre rose. Kreutznach nul. Argilophyre brun. Kreutznach nul. Argilophyre rouge. M' Tonnerre nul. Porphyre brun foncé (Eisenkiesel), Oberslein nul. DES MONTAGNES DU PALATINAT DU RHIN. 329 45 échantillons de spilites plus ou moins cristallins et amygdaloides , durs ou terreux. Oberstein nul. Spilite brun, à gros noyaux d'agate. Oberstein faible. Spilite brun, chargé de veines d'agate. Oberstein . . . faible. Cornéenne brune agatifère. Galgenberg assez fort. Cornéenne verdàtre, subcristalline, agatifère. Galgenberg. nul. Aphanite subcristalline, vert sombre. Moschellandsberg. assez fort. Aphanites vertes et noires, plus ou moins sombres, em- pâtant de nombreux débris comme le spilite d'Aspres- les-Corps. Moschellandsberg nul. Diorite prehnitifère. Niederkirchen nul. Spilite avec très-petits, mais nombreux nodules blancs. Waldhambach nul. Porphyres bruns micacés. Jsegerthal et Weiler Conglomérat rouge au contact du spilite, endurci et imprégné de veines siliceuses. Oberstein nul. Roche noire paraissant être une argile endurcie. Mos- chellandsberg nul. Grès à demi-fondus, porcelanisés en jaspes blancs ou bruns. Moschellandsberg nul. Ces résultats, réunis à ceux de M. Delesse , établissent la faiblesse générale du magnétisme des roches porphyritiques du Palatinat. Cette vertu y est purement accidentelle , de même que dans les granités , les syénites , les porphyres et dans certains mélaphyres. Elle est même moins énergique que chez les tufs volcaniques où je l'ai encore rencontrée, malgré leur état de décomposition, aussi bien que Dolomieu, Breislack et M. Breithaupt. Il n'est donc pas permis d'assi- miler les masses en question avec les produits volcaniques normaux , dans la classe desquels il en existe un si grand nombre, où la propriété est développée à un très-haut degré, non seulement d'après mes propres expériences, mais encore d'après celles de MM. De Buch, De Humboldt, Giraud de Soulavic, Fleuriau de Bellevue, De Léonhard , Boudant, et en un mot , de tous les géologues qui se sont occupés de ces produits des éruptions récentes. Acad. Oe Lyon, Cl. des Sciences, l. IX. 22 330 KECn. SUR h\ CONST. GÉOL. DES MONTAG. DU PALAT. DU RIllN. Admettant d'ailleurs que mon porphyre brun d'Oberstein (Eisenkiesel), ainsi que mes spilites amygdalins, sont congé- nères de l'amygdaloïde essayée par M. Delesse, je puis risquer un rapprochement entre ses résultats et les miens en compa- rant les taux trouvés par chacun de nous. Cette amygdaloïde a donné à M. Delesse 0,00093, tandis que mes nombreux échantillons ont abouti à 0,00000. La différence devient à peu près nulle, du moment où l'on met en opposition la simplicité du procédé dont je me suis contenté, avec l'énergique moyen employé par notre habile chimiste, et surtout si l'on a égard au terme de comparaison repré- senté par 100000, en présence duquel le nombre 95 devient vraiment insignifiant. Concluons donc encore une fois que la réunion de ces masses à l'ensemble volcanique doit être considérée comme étant une de ces violences que l'on est autorisé à faire à la nalure seulement dans les périodes de tâtonnements, quand les plus grossières ressources, pour en effectuer un classement, sont encore tolérables, pourvu qu'elles aboutissent à mettre en rapport quelques traits communs. Mais du moment où il est démontré que les densités, que les puissances magnétiques, que les minéraux des amygdales, et qu'enfin les associations générales tendent à établir des différences caractérisées entre les roches des deux groupes j)orphyritique et volcanique, les géologues ne doivent plus hésiter à modifier leurs arrangements. Toutefois , il reste à savoir si les caractères chimiques seront assez explicites pour appuyer complètement les doutes qui viennent d'être opposés à d'anciennes et invétérées habitudes. (Lft suite an prucliain volume). Fl^ DU NEUVIÈME VOLUME. ERRATA. Page 20, ligne 22: au lieu de î à l'est », lisez « à l'ouest ». Page 21, lignes 20 et 21 : au lieu de « septentrionale » , lisez « méri- dionale ». Page 2,'!, ligne 6: au lieu de « millstone gris », lisez « millslonegrilt s. Id. , ligne 2i : au lieu de « S. 29» », lisez « S. 22" ». Page 26, ligne 50: au lieu de << conjuguer », lisez « converger ». Page 51, ligne 5: au lieu de « courbes fermées », lisez « courbes demi-fermées ». Id. , ligne 12 : au lieu de >( courbe fermée », lisez i courbe demi- fermée ». Id. , ligne 13 : au lieu de « ellipsoïdale », lisez « demi-ellipsoïdale ». Id. , ligne 14. : au lieu de « courbe fermée », lisez « courbe demi- fermée ■). Page 143, titre supérieur: au lieu de « Silecates. — Platysum », lisez « SCLÉRATES. — Vlalijnosum ». Id. , ligne 5 : au lieu de « Platijsnm, Platyse », lisez « Platynosiim, Platynose ». Page 275, ligne 1 : au lieu de « c. Associations », lisez « d. Associations ». Page 277, ligne 20 : au lieu de «t d. Récapitulation » lisez : « e. Récapi- tulation ». Page 287, après le titre, lisez : par M. J. FOURNRT. TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DES AUTEURS DES MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. DORLHAC. Note sur les dépôts houillers de Brassac et de Langeac (Haute- Loire), précédée de quelques considérations sur le plateau central, p. 17. ESTAUNIÉ. Relations entre la force des machines à vapeur et les dimen- sions de leurs chaudières p. 33. — Note sur le travail de la détente dans les machines à vapeur, p. 45. FOURNET. Influences de la structure et du régime pluvial de la concavité Bourguignonne sur les inondations de Lyon p. 50. — Nouvelles observations sur le bleuissement des astres. . . p. 156. — Recherches sur les ombres colorées qui se manifestent à diverses heures, en diverses saisons, et sur les applications du phénomène, p. 165. 1» Reflets des objets terrestres, p. 177. — 1° Lumière circum-zéni- thale, p. 184. — o» Lumière de Topposile, p. 195. — 4° Lumière di- recte et circum-solaire, p. 199. — 5" Lumières des ciels complexes, p. 218. — 6° Aperçus sur quelques cas de colorisation des ombres dans la nature, p. 220. — Mémoires divers sur les mélaphyres, les spilites, les basaltes et les trapps p. 230. 1" Considérations générales sur les caractères et la formation des mé- laphyres, p. 250. — 2» Sur l'inutilité et les inconvénients de l'emploi des mots trapp et roches irappéennes, p. 243. — 3° Détails histori- ques au sujet des mélaphyres, p. 251. — a. Aperçus historiques sur les travaux de MM. Brongniard, de Buch et Delesse, p. 255. — b. Dé- tails historiques au sujet de mes recherches sur les mélaphyres et les basaltes, p. 259. — c. Rapprochements entre mes observations et celles de divers géologues, p. 266. — d. Associations de certains spi- lites avec les mélaphyres, p. 275. — e. Récapitulation, généralisa- tions et observations diverses, p. 277. ^ Recherches sur la constitution géologique des montagnes du Palatinat du Rhin et sur la formation des spilites agatifères p. 287. A. Aperçus généraux, p. 289. — B. Distribution des principaux axes 554 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DAUTELUS. de soulèvement des moniagnes de la Haardt, du M' Tonnerre et du Hundsruck, p. 290. — C. Indications sommaires sur les roches sédi- mentaires, p. 290. — D. Détails sur les roches éruptives, syénites et porphyres quarzifères, p. 504. — E. Recherches sur la densité des roches éruptives du Palatinat, p. 32i. — F. Recherches sur le magné- tisme des roches du Palatinat, p. 326. LORTET. Notice historique sur le sucre de canne p. 1. E. MULSANT & Cl. REY. Essai dune division des derniers mélasomes, famille des parvilabres, quatrième tribu, opatrites p. 6.'<. (Pour les détails, voyez la Table du volume suivant, p. 67). REY. Voir E. MULSANT et Cl. REY. FIN DE LA TABLE DES NOMS D'AUTëURS. TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS LE NEUVIEME VOLUME. Page Notice sur le sucre de canne, par M. le docteur Lortet 1 Note sur les dépôts houillers de Brassac et de Langeac (Haute- Loire), précédée de quelques considérations sur le plateau central, par M. J. Dorlhac 17 Relations entre la force des machines à vapeur et les dimensions de leurs chaudières, par M. Estaunié 53 Note sur le travail de la détente dans les machines à vapeur, par M. Estaunié 45 Inlïuences de la structure et du régime pluvial de la concavité Bourguignonne sur les inondations de Lyon, par M. Fournet. 50 Essai d'une division des derniers mélasomes, famille de parvi- labres, quatrième tribu, opatrites, par E. Mulsant et Cl. Rey. G5 Nouvelles observations sur le bleuissement des astres , par M. Fournet 156 [5echerches sur les ombres colorées qui se manifestent à diverses heures, en diverses saisons, et sur les applications du piiéno- méne, par M. J. Fournet 1G5 Mémoires divers sur les mélaphyres, les spilites, les basaltes et les trapps, par M. .1. FouiiNET 230 Recherches sur la constitution géologique des montagnes du Palalinat du Rhin et sur la formation des spilites agalilères, par M. J. Fournet 287 Errata , . . 33 i Table alphabétique des noms des auteurs des mémoires contenus dans ce volume 353 ITN de la TARLE des MATIERES. ^i.,#^ m>:.wyigi^rp^^^'.^^rs. -*i'»fer_.- i9!%. riS" ^^•* . ^' u • ^--lu .-^ ■ . i« ^ *»?*■'