“ “ e - æw MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES PHYSIQUES DE LAUSANNE NE, 2709 0 PORT tit Fy “ GE VÉUR = a CN (8 à IP DELN TT re Lo re UN AMead enr ME LE MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ D'xELSS SCIENCES PHYSIQUES DE LAUSANNE L FT O:M.EL PK E MIE R. GE — 5 A LAUSANNE, Curzz MOURER, Canet, LIiBRAIRE, <<. RÉ e M: D,CHENERUX /X°T" Vi 3 8 His dix sai je F Î nef plus néceflaire de faire l'apologie des Académies de provinces. Le temps n’eft plus, où l’on fourioit dédai- gneufement de ces Lycées, & où l’on ofoit dire que les grandes Capitales feules étoient le centre des lumières & le berceau des vrais talents. Notre patrie a cté vengée de cet injufte reproche. Depuis long-temps elle offre Fexemple de plufieurs favantes Aca- démies. Berne, Zurich, Bâle, ont leurs Sociétés écono- miques , phyfiques, & médicinales. Les Bernoulli, un Euler, un Haller, & tant d’autres encore, ont prouvé qu’en Suiffe les fciences naturelles pouvoient être cultivées avec autant de fuccès qu’à Paris ou à Londres. A de fi grands hommes ne défefpérons pas de donner des fuccefleurs & des émules. Le travail, l'expérience , le favoir, font de tous les temps & de tous les lieux. Par des effais réitérés, interrogeons la nature; obfervons fes au- guftes merveilles ; fefons peu d’hypothèfes, & n’en fefons que de néceffaires. Rien ne nous manque pour obtenir de nouveaux fuccès en tout genre. Près du fommet des monts, au fond des vallées de glace , la terre offre les produétions des lati. tudes les plus feptentrionales. Dans les fertiles vallons du midi, aux bords du Rhône, à l'extrémité orientale du vj PAR ERA, lac Léman, fur les confins de Fltalies la Nature travaille avec toute la vigueur qu’elle déploie dans les climats les plus chauds. Ici, le temps qui s'envole a laiflé des vef- tiges précieux de fes opérations. Là, au fein de nos monts éternels, la révolution des fiècles amafñfe en filence une foule de tréfors inconnus. Par tout le Naturalifte, le Botanifte, le Géologue, Le Phyficien, l'Agriculteur, trouvent l’occafion d'étudier la nature & de lui arracher plufieurs de fes fecrets. Quelle léthargie nous a donc retenus fi long -temps dans une indigne obfcurité ? Seroit-ce une baffe jaloufie, qui s'élève contre tout ce qui veut fe diftinguer ? Seroit-ce l'amour de légalité en ignorance, qui arré- teroit les talents dans leur courfe, en jetant un faux ridicule fur leurs premiers efforts ou fur leurs premiers faux pas? Malgré les clameurs, ofons faire le bien : offrons au Public inftruit le fruit de nos recherches ; & par des travaux aflidus , tâchons de devenir utiles à la Patrie. @ vi} RAR RER RER RE hr TRS AE DONS MIE MO TLR ES CORNE’ NOU'S PDA NS" CÆ V'OL'UME, ‘ I Mésous [ur la décompofition € la recompofition des pierres, par le moyen des agens naturels. Par M. le Comte de RazOUMOWSKI. Pag. 1 Il. Tagceau des Animaux quadrupèdes, rangés fuivant l'ordre de leurs rapports ; ©ÿ Explication raifonnée de ce Tableau. Par M. J.P.B. vaN BERCHEM. 9 IL Descriprion d’une machine à feu ; pour élever l'eau fans pifton ; pro- polée pour le defféchement des marais qui règnent entre les lacs de Neuchatel , de Bienne, €ÿ de Morat. Par M. François, Profeffeur de Phyfique. pag. fI IV. ConsipéRaTions fwr le Foffile appellé Belemnite, € fur les pétrifica- . cations quartzeufes , avec quelques conjettures fur la formation des Ro- ches primitives. Par M. le Comte de RazoumowsKi. pag. $4 V. DESCRIPTION de quelques efpèces nouvelles ou peu communes de Rofiers, €$ d'une nouvelle efpèce d'Érable. Par M. REYNIER. pag. 67 VI. Description d'un nouvel Oculus Mundi, Par M. le Comte G. de Ra- ZOUMOWSKI. pag. 72 VII. VoyacE aux environs de Vevay, € dans une partie du Bas-Valluis. Par M. le Comte G. de Razoumo wskt. pag. 76 VIIE Des Réacrires, €$ de leur emploi dans l'analyfe des Faux minérales. Par M. SrRUvE, Profelleur en Chymie, &c. pag. 9$ IX. MÉMOIRE fur les Lo pret vus en Juin &$ Juillet 1783; € Jur le tremblement de Berre arrivé à Lavfanne le 6 Juillet de la meme annee. Par M. VERDEIL, Docteur en Médecine, &c. pag. 110 X. OB:ERVATIONS fur la manière de préparer quelques -uns des Réattifs employés dans l'analyfe des Euux minérales. Par M. STRUVE, Profeileur en Chymie, &c. pag. 138 XL DE-cripTION d'une nouvelle mine de fer blanche Par M. le Comte G. de RazOUMOWwSKI. pag, 149 : XIL DE.cRIPTI0N de quelques efpèces de Becs-de-Grue. Par M. REYNIER, pag. 152 vi POABBNIL dE XIIT. OBseRvATIONS & EXPÉRIENCES faites à l'occafion d'un coup de foudre tombe fur l'Eslife Cathédrale de Laufanne. Par M. VERDEIL, Docteur en Médecine, &c. pag. 158 XIV. RÉSUMÉ GÉNÉRAL & OBSERVATIONS NOUVELLES f#7 l'amalyfe des Eaux minérales. Par M. STRUVE, Profefleur en Chymie, &c. pag. 178 XV. Mémoire fur une méthode particulière de cultiver les Pommes de terre €ÿ les Raves. Par M. vAN BERCHEM, père. pag. 211 XVI. OBSERVATIONS GÉNÉRALES fwr le climat de Laufanne, €3 Refultats des obfervations météorologiques faites en cette ville pendant l'efpace de dix ans. Par M. VERDEIL, Docteur en Médecine , &c. pag.218 XVII O8servaTIONS fur la conflitution de l'air € [ur les maladies qui ont règné à Lawfanne pendant l'année 1783. Par M. VERDEIL , Docteur en Médecine, &ec. pag. 24ÿ FICNDELL'A TiA4:B'LE: ; : MÉMOIRE MÉMOIRE Sur la décompofition €5 la recompo/ition des pierres par le moyen des agens naturels. Par Mr. ze Comte G. DE RAZOUMOWSKI. Lu le 22 Mars 1783. j' REY les corps font fufceptibles de décompofition ; & ceux du règne minéral ne font pas plus épargnés que les autres. Il eft deux fortes de décompeñtions pour les fubftances pierreufes du règne minéral; celles opérées par les menftrues ou diflolvans, & celles opérées par les agens naturels ou fimples , tels que l'air , l'eau , & le feu. Je ne parlerai point des premieres , parce qu’elles font trop connues de toutes perfonnes un peu verfées dans la chymie. Quant aux fecondes, les phénomènes qu’elles offrent font trop finguliers & trop variés, pour ne pas mériter l’attention de l’obfervateur. Quoique les Chymiftes ne mettent pas communément au nombre des menftrues les trois élémens dont on vient de faire mention , & qu'ils les regardent comme de fimples agens ; quoiqu'il foit vrai en général que leur fonction fe borne à défunir les parties des corps fans altération effentielle de leur part, au contraire des vrais diflolvans : on ne peut cependant nier que ces agens ne femblent faire auffi quelquefois l'office de menftrues , du moins quant à l’eau. L'expérience paroît mème confirmer affez bien l’opi- nion du célèbre Henckel, qui croyoit que l'air peut aufli fe charger de particules terreufes; car d’où viendroient les végétaux & les arbres que l'on obferve au haut de certains murs & de certains vieux bâtimens ? d’où viendroit cet Aumus que l’on voit à l’un des fommets les plus élevés des hautes Alpes , & dont parle Scheuchger, (a) cité à ce fujet par Mr. Wal- lerius, (b) fi lon n’attribue ces phénomènes À cette caufe ? > —— Ca) Orychtograph. Hely. pag. 99. &c. Cb) Syft. Mineralog. 5. Obf. circa humum atram. Tome I. A 2 MÉmMorxres DE£ LA SOCcrÉTÉ Cependant , en reconnoiffant la vérité de ces faits, on ne peut s’em- ècher de convenir que cette forte de difflolution des parties terreufes par l'air , qui les tranfporte d’un lieu à un autre , & mème la fimple at- ténuation des corps durs par fon moyen, ne fe fait peut-être que par lintermède de lhumidité dont il eft toujours plus ou moins chargé. » Les faces de l'aiguille de Cléopatre, fubfftante à Alexandrie & com- » pofée de granit oriental , fe détruifent à l'air , de façon qu’on ne peut » plus rien connoître aux caractères hiéroglyphiques qu’elle portoit : ” (a) mais cet effet , dit-on, n’eft fenfible qu'aux endroits expofés à certains vents , qui font fans doute humides & pluvieux. Jai de mème eu occafion d’obferver la décompofition d’une forte de grès verdatre , extrèmement dur , dont les couches étoient expofées au vent pluvieux du fud-eft : ce grès fe trouve à Tzaritzinn, au bord du Volga, dans le gouvernement d'Aftracan. Peut-être que d’exaétes obfervations nous apprendroient que la décompofition du flex, obfervée par plufieurs auteurs & par moi- même , n’a lieu que dans des expofitions femblables : en effet , de tous les filexs que l’on ramaffe dans les champs , il n’en eft que peu qui aient fubi cette décompofition , fans doute par une fuite de la rareté des cir- conftances qu’elle exige. Ce n’eft encore, fans doute , qu’au moyen de l'humidité dont Pair eft pénétré , qu'il fe charge de parties falines ou martiales , qu’il dépofe ou dans la terre (b) ou dans les pierres qu'il décompofe , comme l’a fort bien obfervé le favant Jallerius , en parlant des roches cornées , (c) dont l'écorce ferrugineufe ne peut que fervir à confirmer notre théorie. Quant aux décompofitions que les pierres éprouvent de la part de l’eau, elles font ou lentes ou rapides. Les premieres ne font que l'effet du frottement , & demandent fouvent des fiecles pour s’effeétuer : À cette caufe font dûs les fillons que l’on obferve dans les côtes efcarpées , les excavations en forme de grottes & de cavernes, & les exfoliations de cer- tains rochers. Les autres décompofitions ont lieu fur les pierres qui en font plus fufceptibles, fur-tout fur celles qui font de nature calcaire : les eaux fe chargent des particules qu’elles enlevent en paffant deflus, & qu’elles tien- nent réellement fufpendues dans leurs pores, à la manière des diflolvans, fans perdre aucune des propriétés de fluide aqueux. Ces fortes de décom- — a —— — (a) Voyez le Di. d'Hift. nat. de Valmont de Bomare, à l’article Granit. (b ) On trouve du nitre tout formé dans les hauteurs crétacées de la France, dans le voi finage des habitations, | €c) Sy. mineral, 3, Obf, circa corneos lapides, pes Scrences Puys. DE LAUSANKE. 3 pofitions font ordinairement fuivies d’une nouvelle recompofition, qui fait connoître le principe terreux des eaux qui les produifent , & nous indique clairement le procédé de la nature. Ce font des courants ou ruiffeaux , des filets d’eau fouterrains , ou même des eaux de pluie, qui, diftillant goutte à goutte , s’'infiltrent au travers des fentes des rochers, ou gliffent fur un roc taillé à pic; & paffant fur des couches calcaires, argilleufes, marneufes , ou même filicées , (a) détruifent & atténuent confidérable- ment leurs parties , en détachent & entraînent fans ceffe quelques-unes, les tiennent fufpendues un certain tems, & les dépofent enfin , à me- fure que leur cours ou leur chûte fe ralentit, à caufe de la grande pefan- teur fpécifique de ces particules , fous la forme de couches folides & compactes, ou poreufes , ou lamelleufes & comme écailleufes (/qua- mofi): cette forte de recompofition forme ce que l’on nomme concré- tions (concreta). (b) Celles qui font formées de couches planes, font moins une vraie recompofition qu'une fimple précipitation de parties grof- fières , agglutinées enfemble par une forte d’attraétion , puifque par cette expreflion ‘lon ne peut & l’on ne doit entendre qu’une nouvelle combi- naifon intime des principes des corps décompofés ; & telles font ces incruftations groffières qui fe forment dans les fentes des rochers, & contre les parois des cavernes & des baflins de certaines fources. Il n’en eft pas de même , ce me femble , de plufieurs finters lamelleux ou ondulés (concreta per ftllicidium formata) , dépofés par des gouttes, qui, ralenties dans leur chûte, perdent leur fphéricité, s'étendent , & pren- nent une forme plus ou moins ondulée , felon qu’elles ont coulé fur une furface plus ou moins égale. Ces finters, compofés de particules extrè- mement fines & d’un tiffu imperceptible, paroïffent devoir leur origine à quelque chofe de plus qu’à une atténuation produite par la feule aétion de l’eau fans autre intermède. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à les comparer avec les belles oolithes qui fe forment dans les lieux où fe trou- vent des eaux thermales , & qui font des concrétions formées en quelque © —— —— — ——— © ——— —— — (a) Je poffede un fragment de grès groffier (Cos faxofa Wallerii) qui-fait voir fur l’une de fes faces une couche très-mince & trés-diftincte de très-belle agate : morceau que j'ai ramafle aux environs de Sarepta, ville habitée par les freres Moraves, au bord du Volga Cb) Les formes de ces concrétions peuvent beaucoup varier felon les. circonftances de leur production, le local, la figure, & la nature de leur bafe ; & ces formes peuvent être très-bizarres & fingulieres, ainfi qu’on en-voit un exemple dans le tuf dont parle Wallerius ( Tophus turbi- aatus ), lequel eft compofe de cônes qui s’emboitent les uns dans les autres. Mais le caraûère général de ces concrétions eft d'être compofces de couches plus ou moins épaiffes , ou de lamelles très-minces & très-fragiles. A 2 4 MÉMOIRES DE LA SOCtrÉTÉ façon de la même maniere, mais avec des circonftances différentes ; (a) les concrétions ou fiaters qui fe forment le long des murs, dont les pierres font cimentées avec de la chaux ; les finters ou incruftations même en cou- ches, qui fe trouvent dans les environs & contre les parois & le fond du baflia de certaines eaux thermales; & enfin le finter que j'ai obfervé en Franche-Comté , dont on voit un échantillon intéreffant fur un morceau de Breccia , aux fragmens duquel il fert de gluten , & que j'ai remis à la Société des Sciences Phyfiques de Laufanne: l’on verra que leur fubftance, & fouvent leur forme, elt la même. Cette grande reffemblance paroîït donc dénoter à peu-près une mème caufe dans deux effets prefque femblables ; d’où il s’enfuivroit que tous les finters de cette efpece ont éprouvé, outre l'action de l’eau , celle d'un autre agent plus fubul & plus aétif; je veux dire celle d’un feu fecret & fouterrain , ou celle de la chaleur continue des rayons du foleil , qui , avant que leurs molécules défunies aient été entraînées par les eaux , les aura calcinées , & par conféquent tellement atténuées , quelles en feront devenues plus propres à fe combiner : car c’eft un principe conftant en Chymie, que, plus les corps foñt réduits à leurs moindres principes , plus ils approchent de l’état de fimplicité le plus favorable à la recompofition. Dans les cas dont il s’agit , l'aétion continuée de la matiere du feu ou de la chaleur , transformera peu-à-peu la pierre calcaire en chaux , formée de parties poreufes ou fpongieufes, — — (a) Les opinions fur les oolithes font affez partages ; il eft affez étonnant que le grand nombre d'auteurs qui en ont parlé , les aient regardées comme des œufs de crabes ou de poiflons petrifiés ; d’autres ne les ont regardées que comme des concrétions : mais la difficulté etoic alors d'expliquer comment la Nature les forme. Wallerius, dont l’autorite eft fi refpectable en minéralogie , s’y eft pris d’une maniere fort ingénieufe : ;, Videtur ( dit-il en parlant de ces corps) vero generationis » modus triplex poffibilis. 1°. Per fhllicidium, à guttulis aquæ calcareæ in terram molliorem ftil- » lantibus, deinde vero fucceflive coagulatis & induratis , ac tandem cum ipfa terra molliori in » unam fere maflam confolidatis.…... 2°. Per motum, à calcarea terra vel alia aquis motis immixta, 5» eorumdemque motu in minimos globulos redacta, qui nucleos conftituunt, quibus in aqua diu- , tius motis adglutinantur, fucceflivis temporibus, particulæ calcareæ; unde non poteft non » Gcruftacea textura generari & produci, & quamdiu in aqua fluunt, fphæricam affumere figu- » ram , eodem modo ut grando generatur in aere, &c. 3°. Per motum quemdam intrinfecum, » Jermentationi analogum, quo mafla mollior calcarea quali in bullulas minores excitatur, quæ » congelatæ & deinde inde æquali vel alia materia circumrotatæ , non poffunt non cruftaceæ fieri » &{phæricæ”. Syftem. miner.t. Il. p. 386. Mais il eft certain que ni le mouvement d’agitation, ni le mouvement inteftin ou de fermentation que fuppofe ici ce grand homme pour fon troifieme cas, nien un mot aucune efpece de mouvement quelconque dans les eaux, ne peut être favorable à la recompoftion des corps folides & à la formation des couches oolithiques. Cette idee , toute ingénieule qu’elle eft, ne peut par confequent fervir à expliquer la produ@tion des oolithes, Je ne conçois donc, ainfi que je le dirai ailleurs plus en détail, que le gas m=phitique ou air fixe feul , qui ait pu les produire, en s’infinuant au travers des pores de l’eau tenant des particules de chaux fufpendues, & en précipitant fucceffivement les unes fur les autres des couches molles de terre calcaire revivifiée, qui s’arrondifloient par leur propre chûte dans l’eau. = DES Sciences Pays. DE LaAusaAnxez. $ les poins de contact fe trouvant multipliés , elle pourra s'unir à une plus grande quantité.de gas méphitique ou air fixe. De cette combinaifon il réfultera de nouveau une pierre calcaire, que fa forme , fa pureté, un mé- lange plus intime de fes principes, & peut-être les différentes proportions de ceux-ci, feront différer un peu d’une matiere plus épurée , & de A pierre calcaire ordinaire. Cette pierre, ainfi recompofée, fera dans un état plus ou moins approchant de la cryftallifation ; ainfi que cela eft très-remarquable dans le beau finter en couches que je pofféde, & qui a été trouvé aux environs des eaux thermales fituées fur le bord du Tereck. (Sur ces eaux, voyez la defcription de Guldenfledr.) Si la théorie que je tache d'établir ici fur l’obfervation des faits , eft auffi vraie qu’elle eft vraifemblable , on peut en déduire deux principes conftans & certains. 1°. Que l'air, feul & [ans intermède , eft un foible agent fur les corps du règne minéral , & n’eft par conféquent guère propre a les décompofer. 2°. Que les concrétions minces & ondulées qui ornent les rochers ou les murailles , font dues nécef[airement à une décompofition antérieure du rocher ou de la muraille, opérée par l’eau , [ouvent aidée de la matiere du feu. | C’eft par la jufte application de ces principes , que des décompofitions qui paroiffent énigmatiques au premier coup-d’œil , deviendront faciles à expliquer. Un des exemples les plus frappans de pareilles décompofitions finguberes , eft celui qu'offrent quelques murs de la ville de Laufanne. Long - tems je les confidérai avec étonnement , fans pouvoir me rendre raifon de ce que jappercevois. Quoique , dans le pays , on attribut ce phénomène à l'air feul , je ne pus renoncer à l’idée qu'il étoit dû à l’eau: & n’appercevant point alors comment l’eau auroit pu produire cet effet dans l'endroit mème des murs , je fuppofai qu’elle avoit miné ces pierres encore tendres & en confiftance de fable dans la carriere même. La circonftance qu’on ajouta de l’expofition de ces murs à l’oueft & au fud, me fit faire des recherches plus fcrupuleufes fur cet objet; & bientôt lobfervation me fit entièrement abandonner ma premiere opinion. Ces murs, comme tous les édifices de cette ville, font conftruits de molafle , forte de grès argilleux. Ce font ceux de la terraffe hors de la porte du Bovera , fu la cité, & ceux de la terrafle nommée la place d'Etras & de plufieurs maifons derriere la rue de Bourg. Les premiers font tournés du côté du couchant , & les autres entièrement au fud. Or il eft à obferver que ces deux expofñtions font juftement les plus fujettes aux in- fluences des vents deftructeurs ou vents pluvieux ; & qu'il n’y a guère d’en- 6 MéÉmorres DE LA SoctrÉTÉ dommage que la partie de ces murs la plus immédiatement expofée aux vents de fud-oueft. La plüpart des pierres de cette partie font profondé- ment & fingulierement creufées, ou en toutouen partie; de forte qu’elles paroiffent ou inégalement raboteufes , ou creuféesen forme d’ondes ( fluc- tuantes ), de maniere à préfenter le fpectacle le plus extraordinaire qu'il foit poffible de voir. Ce creufage fingulier eft l'effet de la pluie; ce qu'il eft facile de démontrer au moyen d’une infpeétion fcrupuleufe, En effet ces pierres, confidérées de près & avec toute l'attention qu’elles méritent, font voir fur toute la largeur des faces ainfi creufées & dans le fens de la chûte des gouttes de pluie, de diftance en diftance, des dépôs ou fortes de concrétions ondulées & entièrement femblables , quant à leur forme, au inter calcaire que l’on peut obferver le long du mur des Terreaux der- riere St. Jean (a). Ces dépôs font d’autant plus confidérables, qu'ils approchent plus de la partie inférieure du creufage de chacune de ces pierres. Une autre obfervation à faire, c’eft qu'il n’y a guere que les pierres du grain le plus groffer qui offrent les creufages & les dépôts les plus confidérables., Tous ces faits font connoître inconteftablement, que les eaux des pluies pouffées avec violence contre ces murs , déja préparés à la décompofition & plus ou moins dilatés par la matiere du feu ou la chaleur du foleil (B), fe chargent des particules terreufes & pierreufes: dont ces pierres font compofées , & les dépofent prefqu’au même inftant; mais elles coulent & vont fe dépofer d’autant plus loin , que leur viteffe eft plus accélérée par leur chûte & la force proje@tile du vent. Lorfque la pluie fe ralentit, fes gouttes , moins capables d'efforts , fe chargent de moins de particules, qui ne laïflent pas de ralentir fa chûte ; de là des dé- pôts toujours moindres & toujours les uns au-deflus des autres. Ces dépôts n'ont guere lieu que fur les pierres les plus groflieres; parce que leurs parties , déja défunies, offrent plus de prife à l’eau. Quant à leur forme ondulée , ils la-doivent fans doute aux mêmes caufes que j'ai détaillées en parlant de la formation des finters calcaires; il en eft de même du creu- fage qui fait tout l’étonnant de ce phénomène. Comme les vents venans du fud font très-violens ici, ainfi que les pluies qu'ils apportent, & que —— —— —— —— —— (a) Ce finter peut fervir de confirmation à ce que j'ai avancé plus haut fur le procédé employé par la nature pour la formation de plufeurs de ceux de cette efpèce : car, quoique forme de la chaux du ciment du mur, il eft, comme les fubftances calcaires les plus pures, très-effervefcent & très-foluble dans les acides; effet qui n’auroit point lieu , fi la chaux de ce finter n’avoit trouve à s'unir à l'air fixe, foit de l'air, foit de l’eau. - (b\ Quoique les murs expofés à l'oueft ne reçoivent les rayons du foleil qu’obliquement , ils se laiffenc pas de s’échauffer confidérablement dans un endroit où la réflexion du pave au mur & du mur au pavé eft continuelle pendant un certain tems. ; pes Scrences Puys. DE Lausanne. ? les furfaces fur lefquelles ces pluies agiffent font plus ou moins inégales & raboteufes : elles creufent en raifon de la grandeur de ces inégalités ou finuofités , des obftacles qu’elles leur préfentent , & de leur nombre. Ce qui prouve encore que, malgré lefpace immenfe de tems qu’exige à la vérité de la part des eaux de pluie, un creufage tel que nous le voyons aujourd’hui e ces murs, il eft à craindre que , fi on les néglige, ils ne s’écroulent un jour & n’enfeveliffent fous leurs ruines quelques-uns des ha- bitans de la ville ; d’autant plus que les inégalités dont ces pierres font remplies, & qui ne s'étendent point fur leurs faces dans une direëtion déterminée, étant minées de plus en plus jufqu’au ciment, l’eau arrêtée par lobftacle reflue vers celui-ci & le décompofe,comme on peutdéja le remar- quer dans quelques endroits du mur du Bovera.Ces dépôts,mèlés de parties blanches calcaires , (a) font fablonneux & friables ; d’où l’on peut conclure que les pierres creufées dans des endroits inacceffibles où on ne les apperce- voient pas à l'œil, n’en feroient privées que parce que le peu de cohéfion & la friabilité de leurs parties auroient permis aux vents de les entraîner. Du refte il eft encore très-remarquable que ces murs font plus ou moinsendom- magés & rongés par lesagens naturels en raifon des différentes expofitions mentionnées, que de quelques circonftances locales dont je parlerai : ainfile mur du Bovera eft plus creufé fur fa longueur que celui de derriere la rue de Bourg ; & celui-ci a éprouvé aufli un creufage moins confidérable dans le fens de fa hauteur : car le premier eft creufé dans toute fa hauteur jufques à la partie qui, fe prolongeant vers left, fe trouve vis-à-vis d’un mur moins élevé, fur une longueur d'environ 172 piedsi; &le fecond, creufé fur une bonne partie de fa hauteur ,ne s'étend que fur une longueur d’environ 72 pieds :: mais on comprendra mieux les caufes & les ir de tout ceci, par une figure repréfentant à la fois les deux murs avec leur expoñition. Suppofez le mur G 4 fitué à loueft & le mur X K au fud : foitabc la direction du vent, ainfi que celle de la pluie. On fent que, le jet de pluie étant follicité par deux puiffances motrices oppofées, qui font la direction du vent d’une part, & l'effort de fa pefanteur de l’autre, il en doit réfulter un mouvement compofé de ces deux; & de la part du jet, une divergence égale à a mn, lorfquil arrive à la terraffe du Bovera. Et comme ce. mur à fon origine, ou dans fa partie la plus oueft , n’eft à couvert que par les maifons de la ville qui font au mème niveau que lui, la direétion du vent & dela pluie ne recoit qu’un léger changement en y arrivant : mais au- (a) Le mélange de la matiere calcaire dans les mollaffes ne contribue pas peu fans doute à les rendre fi propres à fe calciner à la longue au Soleil. 8 Mémorres p£€ LA SoctÉTÉ delà de la longueur ci-deffus mentionnée , fur laquelle le mur s'étend à left, les fommités de cette partie du Jorat, plus élevées que cette partie de la ville , le tiennent à l'abri; & le creufage y eft prefque nul. Car alorsle jet _ de pluie recouvrant une partie de fa pefanteur quil avoit perdue, & fa chûte approchant davantage de la perpendiculaire qu’elle n’auroit fait fans cela, il n’y en a que la moindre partie qui vient frapper le mur, & feulement à l'endroit le plus élevé. Au contraire le vent qui defcend impétueufement du haut des Âlpes, ne trouvant aucun obftacle pour arriver au mur XL de la terraffe de derriere Bourg , la divergence du jet de pluie augmente fi confidérablement , qu’étant fuppofée égale à o gr, les influences nes’en font fentir qu’à la partie r o du mur, moindre que celle # 7 du mur fitué à loueft; parce qu'il faudroit que fa partie eft fe prolongeat confidéra- blement pour que le creufage s’étendiît fur une furface égale à 1 7. Une partie de ce mur tournée à l'eft a été aufhi creufée par les pluies pouffées du fud-oueft , à caufe de cette grande divergence de leur jet. Mais une chofe remarquable ici , c’eft que ce mur en ayant vis-à-vis de lui un autre bien moins élevé vers fes extrèmités oueft & eft que vers le milieu , le mur de la terraffe a dû éprouver un moindre creufage dans fa partie moyenne & feulement environ à la moitié de fa hauteur : & comme cette hauteur eft fort confidérable , il eft peu creufé à fon fommet ; mais le jet de pluie ayant acquis , ainfi que nous l’avons vu,une grande divergence , recouvre ‘une partie de fa force , & tombe plutôt fur la partie inférieure du mur que fur la fupérieure. 11 eft vrai que plufieurs des pierres des maifons au- deflus de ces terrafles fe trouvent très-peu creufées , & que ce creufage s'étend plus loin que celui que l’on voit ici fur les terrafles : ce qui peut venir des angles faillans & rentrans &c des corps avancés de ces bâtimens, qui forment fans doute obftacle pour certains endroits & renvoient fur d’autres les jets de pluie. Joignez à cela le plus ou le moins de dureté , de compacité , &c. de la pierre; joignez-y encore , que celle qui a un grain entièrement arpilleux , réfifte plus À la décompofition que celle qui eft d’un grain plus groffier, comme nous l'avons dit plus haut. Tels font 7 faits , telles font les obfervations fur quoi je fonde ma théorie de la décompofition & recompofition des pierres: théorie dont il découle une conféquence néceflaire | par laquelle je terminerai ce émoire , favoir : Que les pierres expofées à l’air n’y éprouvent de dé- compofition réelle que de la part de l’eau, & du feu, foit fouterrain foit folaire; a moins que l'air de l'atmofphère ne foit accidentellement chargé de parties falines, corrofives , 6 diffolvantes, j | TABLEAU Re. JU ERNST + TU po Tu a ! QI in nn ne AU OR ANOTEE APAURTHAUANE — | mt Dur a A L ne a A JL M QU] LR Moliere. fectt Ê Des Sciences Puys. DE Lausanne. 9 a PR EG A. U Des Animaux Quadrupédes ; rangés fuivant Pordre de Leurs rapports ; € explication raifonnée de ce Tableau. Par Mr. J. P. BERTHOUT van BERCHEM. Lu à la Société le 26 Avril 1783. gi cs les êtres connus dans la nature ont des rapports & des reffem.. blances les uns avec les autres. Certaines efpèces ont des caractères com- muns avec des efpèces différentes , & femblent par conféquent faire la nuance des unes aux autres : & ces efpèces moyennes font non-feulement le paffage d’une efpèce à une autre, d’un genre à un autre genre ; mais encore hent les différens règnes entre eux. C’eft ainfi que l’orang-outan lie l'homme au finge, que la truffe joint le règne végétal au règne minéral, &c. A ONE Un des principaux objets du naturalifte doitêtre, ce femble, la recher- che de ces rapports & de ces refflemblances ; elle le conduira à une con- noiffance exacte de l’organifation & des propriétés des êtres, & lui fera envifager la nature fous un point de vue vraiment inftruif & intéreffant. Des tableaux qui contiendroïent les différens êtres , rangés fuivant l'ordre de leurs rapports & de leurs reffemblances , feroient donc très- utiles. Par leur moyen on verroit d’un coup d'œil la totalité des êtres , leur enchaînement , les parties de la nature qui font le mieux liées entre elles & celles qui le font moins , les chaïnons par lefquels nous remontons du corps le moins compofé à celui dont l’organifation eft la plus compli- quée; enfin c'eft voir la nature plus en grand, c’eft l'envifager fous une face qui peut aider à la faire mieux connoître. On préfente 1c1 les animaux quadrupèdes (4) rangés de cette manière, (a) Le mot quadrupèdes eft pris ici dans le fens le plus étendu; c’eft-à-dir> qu’il comprend prefque tous les animaux que Linné & Erxleben ont rangés dans les animaux à mamelles, Tome I. in B 10 .. MémoïtreEs DE LA SoOocitÉTÉ On les a réunis dansun même tableau, qui indique ceux qui ont lé plus de reffemblance les uns avec les autres , & les efpèces moyennes ou qui fervent de paffage d’une efpèce à une autre : ce qui forme par conféquent un ordre naturel ;. puifque l'ordre le plus naturel doit être celui des reffemblances. Mais ce tableau , qui ne renferme qu’une petite partie de la zoologie, ne peut être confidéré que comme un effai de cet arrange- ment. On ofe cependant l’offrir au public , dans lefpérance que les natu- raliftes, reconnoiffant l'utilité des tables faites dans ce but, s’occuperont de leur conftruction dans les différentes branches de l’'Hiftoire naturelle. (a) Pour ranger les animaux fuivant l’ordre de leurs rapports & de leurs reffemblances , 1l faut établir ces rapports & ces reffemblances, non-feu- lement fur la comparaifon de leurs parties extérieures, maïs encore fur . celle de leur organifation. C’eft auffi ce que lon a tâché de faire toutes les fois que les animaux ont été affez connus pour cela ; mais il a fallu fouvent fe contenter des caractères extérieurs. Les animaux font placés dans ce tableau de manière que ceux qui ont le plus de reffemblances ou de caraétères communs fe fuivent immédia- tement. Souvent aufli un animal en fuit un autre, moins par des rapports individuels qui fe trouvent entre eux, que par des rapports de genre & de famille, On a eu foin de diftinguer dans le tableau ces différentes fortes de rapports, comme on le verra ci-après. Si l’on examine la totalité des animaux rangés ainfi, on s’apper- cevra qu’elle ne forme point une fuite non interrompue; mais qu’au con- traire elle femble partagée en plufieurs portions, qui ont cependant plus ou moins dé rapports entre elles. On conçoit fix de ces portions, qu’on indique par des caractères com- muns entre les animaux de chacune. Les voici : 1°, Bipedes & bimanes en même temps; c’eft ’efpèce humaine. 2°. Quadrumanes; ce font les animaux appellés communément finges. 3°. Quadrupèdes ambigus fiffipèdes ; ce font tous les animaux qui fe {er- vent de leurs pieds de devant comme de mains pour porter à leur gueule, 4. Quadrupèdes , proprement dits fiffipèdes ; ce font les fiflipèdes qui ne fe fervent pas de leurs pieds de devant comme de mains pour porter à leur gueule. Ca) Mr. Herman, favanc profeffeur à Strasbourg, vient de publier un excellent ouvrage fur les affinités des animaux, auquel il a joint une table qui comprend tout le règne animal. Le but de cet homme celebre a été de faire connoître tous les rapports, même les plus eloi- gnés, qui Le trouvent entre les animaux ; mais il me paroît qu'en les indiquant tous dans fa table , il l'a rendue un peu confufe & difficile à comprendre, , ë DES SCIENCES Pays. DE LAUSANNE. II : \ $°. Quadrupèdes , proprement dits pieds fourchus ; ce font les animaux qui ont la corne du pied divifée en deux. 6°. Quadrupèdes , proprement dits /olipèdes ; ce font les animaux qui ont le pied terminé par un fabot. On à cru devoir indiquer dans ce tableau ces fix portions, pour fervir de points de rapport pour s’y reconnoître. Et comme il y a plufeurs efpèces anomales, c’eft-à-dire ,qui ont peu ou point de reffemblances marquées avec les autres ; & que par conféquent on ne pourroit leur affigner une place dans cet ordre : on les a mifes enfemble à la fin de la table. | . Enfin examinant plus attentivement les animaux quadrupèdes, on voit que plufieurs femblent , par quelques-unes de leurs parties, faire la nuance des quadrupèdes aux oifeaux , aux poiffons , aux cétacées , & aux cruflacées. On a cru devoir faire un tableau à part de ces différentes nuances. Pour rendre cés tableaux plus complets & plus inftru@ifs , on a joint, à chaque efpèce, fes variétés connues : on a, par exemple , indiqué les différentes races des chiens & des bœufs, &c. & de même on a mis toutes les principales variétés de l’efpèçe humaine, dont on donne ici les caractères diftinétifs, d’après les auteurs & voyageurs qui ont le mieux écrit fur cette matiere, & principalement d’après l'excellent difcours de Mr. de Buffon fur les variétés dans l’efpèce humaine. On a cru qu’il feroit utile de faire connoître d’un coup d'œil, les différentes races d'hommes qui couvrent notre globe , avec leurs rapports & leurs différences. À. De l’efpèce humaine. L'homme eft le feul des animaux qui foit bipède & bimane en même tems. Le pied du finge eft plutôt une main qu’un pied : les doigts en font longs & difpofés comme ceux de la main ; celui du milieu eft plus grand que les autres. L'homme, étant répandu fur toute la furface de la terre, doit être fujet à un très-grand nombre de variétés (a). Le climat & la nourriture font (a) Dans les animaux, les efpèces qui font les plus répandues font auffi celles qui font fujettes à un plus grand nombre de variétés : ainfi les chiens , les bœufs , les brebis, &c. varient extrêmement. On doit remarquer cependant que ce n’eft pas feulement le climat & la nourriture qui influent fur ces animaux ; mais que la domefticité empieint fur leur figure,] les ftigmates de la fervitude & du travail : plus la fervitude eft longue, plis les variations B 2 12 MÉMOIRES DE LA Soct:xÉTÉ les grandes & principales caufes de ces divers changemens ; elles doi- vent influer fur plufeurs nations, & par conféquent former les dif- férentes races d'hommes , ou variétés générales. Mais indépendamment de ces variétés générales , il y en a de particulières , qui font, pour ainfi dire , individuelles; telles que les Blafards , nom générique donné aux nègres blancs, Bedas , Chacralas , &c. 1 On va indiquer ces différentes races & variétés: mais auparavant je- tons un coup d'œil rapide fur les mœurs & les coutumes des différens peuples ; cet objet n’eft point étranger au naturalifte obfervateur. Les variétés dans les mœurs & coutumes font aufli nombreufes que celles dans la figure. Quelle différence entre le Lappon & le Samojede, fe nourriffant de poiflons & d’huile de baleine , arrachant de la terre, à peine dégelée & découverte de neige , quelques racines , & fe cou- vrant de peau d’animaux ; entre le ‘lartare, qui fait ramollir fous fa {elle la chair de cheval , dont il fe nourrit : & le Sibarite efféminé, qui, couché fur la plume & l’édredon, étale faftueufement à fa table les produétions des quatre parties du monde; & entouré de tous les rafinemens du luxe , perd la faculté de fentir au milieu des fenfations les plus variées & les plus multipliées ? Mais parmi les peuples civilifés , quelle différence dans la civilifa- tion ? Le Taïtien, placé entre les tropiques , au milieu de la mer du Sud, comblé de bienfaits par la nature , eft parvenu à un grand point de civilifation: mais qu'il eft encore éloigné de la civilifation & de la corruption des Européens ? Que de différences entre notre civilifation & celles du Chinois, de llndien , du Turc, &c.? On ne doit pas s’en étonner : l’induftrie de l’homme a varié comme fes befoins & fes circonftances; placé dans des lieux différens , les produétions de fon génie ont différé. Dans les contrées favorifées par la nature, il s’eft font grandes. Le mélange des races eft une autre caufe de variations chez les animaux; mais qui n'influe que fur les efpèces foibles , & que l'homme s’eft foumifes depuis long-tems- Voilà donc d’autres grandes caufes de diverfités & même de degeneration parmi les animaux. Et ces caufes influent auf {ur les hommes: un travail pénible & continu, foit qu'il provienne de l’efclavage ou d’autres circonftances particulières , doit, ce femble, faire degenerer les in- dividus qui le fupportent, On remarque , par exemple, que les habirans des plaines font en general d’une race moins belle que les habitans des montagnes, & on attribue cela, feulement à la nourriture: mais , fans nier l’efficacité de cette caule , ne pourroit-on pas croire que les grandes fatigues que fupportent les habitans des plaines, & l’efpèce de repos dont jouiffent les montagnards , contribue aufli à la différence de ces races ? Le mélange des races influe auffi beaucoup fur l’homme: les Perfans & les Turcs ont changé leur figure par leur mélange avec les Circafliens & les Géorgiens, . pESs ScreNces Puys. DE LAUSANNE. 13 plus vite policé ; dans celles fujettes à des inondations , des tremblemens de terre, &c. il a acquis plus d'induftrie & a fouvent fübjugué la nature ; dans celles enfin où la nature avare ne produit & ne fournit rien , il eft refté & reftera toujours fauvage. Le Tartare mène une vie errante & vagabonde: monté fur fon che- val , il vit de rapine & de vols; il fe nourrit de lait de jument , & fait fociété avec cet animal. Le plan de la vie du Chinois eft tracé à fa naiflance: foumis à la règle , il ne s’en écarte jamais ; il naît, vit, & meurt en cérémonie, . Les habitans des Indes orientales ont le fang brûlant comme leur climat ; toutes les paflions font extrèmes chez eux; la vengeance, la haine , l'amour y font portés à l’excès. L’Indous vit dans la molleffe & l’inaétivité : la nature a tout fait pour lui, il n’a nullement befoin d’induftrie pour fe procurer fa fubfiftance ; tranquille- & fans génie, il vit & meurt dans fa cafte. L’Arabe fédentaire fume , mâche du bétel , & chante en ftyle oriental fa maîtrefle. L’Arabe errant vit comme le Tartare. Le Negre , foumis à l'empire du defpotifme , eft abruti par la tyrannie , &c. Nous n’entrerons pas dans de plus grands détails ; ce feroit nous écarter de notre objet : & nous venons à la defcription des différentes races d'hommes. a. Première race, ou race Lapponne. (a) Un climat froid & rigoureux , des pays fauvages & agreftes, une nourriture groflière & mal préparée , une manière de vivre de ft à peu-près la même, font que les peuples qui habitent fous le cercle polaire, ou aux environs, ont tous les mêmes traits génériques & prin- cipaux ; & que les fignes de la dégradation de cette race font femblables. Un des premiers effets de ces grandes caufes , eft le rapetiffement de la taille, qui n’excede guère chez tous ces peuples quatre pieds & demi. La couleur bafanée en eft un fecond; car le grand froid, fuivant la remarque très- jufte de Mr. de Buffon , fait fur la peau le même effet qu'une chaleur trop forte. Et en général tous ces peuples ont la tête grofle , le vifage large & plat (b), le nez camus & écrafé, (a) Il eff néceffaire , pour l'intelligence de toùt ce qui fuit, de confulter le tableau ci-joint, où l'on verra, dans la première colonne , les différentes races d'hommes & les nations qui les compofent. On a cru inutile de les répéter ici. . Ch) Hifi. nat. de Buffon, Difc. fur les variétés dans l'efpéce humaine, 14 MÉMOIRES DE LA SOCctÉTÉ : l'iris de l'œil jaune-brun & tirant fur le noir , les joues très-élevées, Ia bouche grande , les levres grofles, les cheveux très-noirs , durs , & liffes. Les femmes font aufh défagréables que les hommes: elles ont les mamelles fi longues qu’elles peuvent facilement donner à teter à leurs enfans par - deflus l'épaule ; laréole de ces mamelles eft noire comme du charbon. On a placé auffi dans cette race les habitans des îles fituées entre l'Afie & l'Amérique, au-deflus du 50 degré de latitude nord. Des détails récens nows montrent que leur figure eft femblable à celle des autres peuples de cette race: leur taille eft médiocre , leurs cheveux font noirs, leur teint eft bafané & couleur de tan. (a) (a) Les habitans de ces îles font encore peu connus; c’eft pourquoi on a cru devoir rap- porter par extrait ce qu’en dit Mr. Coxe, dans fon ouvrage des Nouvelles Découvertes des Ruffes, £ÿc. qui contient les meilleures relations que l’on en ait jufqu’à préfent, Les îles qui fe trouvent entre l'Afie & l'Amérique , au-deffus du 50 deg. de lat. nord , font divifees en deux principaux grouppes ou archipels. 1°. Les isles A/eutiennes , qui font les plus voifines du Kamfchatka. 29. Les isles des Renards, qui font trés - voifines de l'Amérique. Les habitans des. unes & des autres ont à peu-près les mêmes mœurs & les mêmes ufages (Nouv. Déc. p. 184.). Ils fe percent la levre inférieure de plufeurs trous , dans lefquels ils mettent des dents de cheval marin , des grains de verre, ou des. cailloux taillés, &c. Ces ufages ridicules, qui ne paroiflent avoir pour objet que d'augmenter la beauté , font précifément un effet con- traire. On eft étonné de retrouver chez tous les peuples des ufages femblables à ceux-là; mais c’eft ainfi que par-tout les hommes fe defigurent pour fe rendre plus beaux, & qu’ils gà- tent la nature en cherchant à l’embellir. Leur nourriture eft ordinairement crue; c’eft principalement du poiffon ou des animaux ma- rins, & de l’huile de baleine: les fruits de quelques arbuftes , quelques racines, & quelques herbes leur fervent encore d’alimens (idem, p.39, 160, 180.). Leurs habillemens font faits de peaux d'oifeaux & de loutres marins ; ils fe fonc aufli des manteaux avec les boyaux de quelques céta- cées. Dans les îles des Renards, les plus voifines de l'Amérique, les habits font de peaux de rennes (id. p. 39,107, r41.). Leurs habitations font appellées jourtes : ce font de très-grands trous en terre , qui varient en longueur , largeur , & profondeur; ils fichent au bord de ces trous de grandes perches de bois, que les flots ont amene fur les côtes; puis ils pofent fur le haut de ces perches & en travers, des planches , qu’ils couvrent d’herbages & de terre ; ils laiffent au fommet plufeurs trous, par où ils entrent dans leur habitation, au moyen d’une échelle. Ces jourtes font aflez fpacieufes pour contenir ço, 60, & même 150 perfonnes (id. p.95.) Elles reffemblent à celles des Kamfcha- dales ; mais ils n’y font que peu ou point de feu. En général ces peuples font très-fâles ; ils man- gent leur morve & la vermine dont leur corps eft couvert ; ils fe lavent avec de l'urine , avant de fe laver avec de l’eau (p. 60.). ALS Leurs armes font l'arc, le trait, & la lance, dont les pointes font des cailloux aiguifés : ils ont auffi de petites haches dela même matiere. Quelques-uns font des couteaux & des pointes de lances avec des os de rennes. Actuellement leurs lances & leurs dards font armés avec du fer, que les Ruffes leur fourniflent, Ils collent la pointe de leurs traits avec leur fang, qu’ils tirent en {e frappant le nez (id. p. 95, 107, 184.). Leurs canots ou baidars ont du rapport avec ceux des Kamfchadales. Ces peuples font très-groffiers. On voit que plufeurs de leurs ufages ont du rap- port avec ceux des Kamfchadales & des Tfchutchis. Ils ont des forciers ; ils offrent leurs filles à leurs hôtes, ufage que lon trouve chez tous ces peuples du nord; ils ont des fêtes dans certains tems de l’année, &c. 1 pESs Scrences Puvs. DE LAUSANNE. 15 Il en eft de mème des Américains qui habitent la partie la plus voi- fine de VAfie. 1ls ont, fuivant Mr. Krachenninikof , du rapport avec les Kamfchadales , par la figure , les mœurs, & les coutumes. (Hif£. & Defc. du Kamfchatka, Tom. I. pag. 407.) > b. Seconde race, ou race Tartare. Si l’on examine aétuellement les peuples qui habitent des climats plus tempérés , on voit qu'’au-deffous de ces contrées glacées où il n’exifte, pour ainfi dire , que des avortons de la nature vivante , lAfie eft habitée par la race Tartare , qui occupe des pays immenfes, depuis l'empire de Ruffie jufqu’à la Chine. Les Canadiens , & les autres naturels de l’A- mérique feptentrionale jufqu’au Mexique , ont beaucoup de rapport avec ces peuples de l’Afie , & particulièrement avec les Tungufes (a). Ils ont plufieurs ufages femblables , parce qu'ils fe trouvent dans des cir- conftances femblables & fous la mème latitude. Leur couleur eft bafanée , leur taille médiocre ; ils font forts & robuftes; ils ont les cheveux & les yeux noirs, peu de barbe ; ils font courageux , fiers , & modérés : tels font leurs caraétères communs. Mais les Tartares paroiflent plus laids & moins bien faits que les Américains : ils ont le haut du vifage fort large , & ridé , même dans leur jeuneffe; le nez court & gros, les yeux petits & enfoncés, les joues fort élevées , le bas du vifage étroit, le menton long & avancé, la mâchoire fupérieure enfoncée , les dents longues & féparées : les Kalmoucs paroiffent les plus laids de cette race , & les Mongoux les moins laids (b), (c). Les Américains font affez bien faits, ont les dents blanches, plus ferrées, moins longues , & moins plates que les Tartares (d). Les Californiens font aufli de cette race ; ils font forts & bien faits, mais plus bafanés que les autres : ce que l’on peut attribuer à quelques circonftances locales , telles que celle d’habiter un pays découvert & rempli de bancs de fable (e). ——— (a) Voyez Recherches philofophiques fur les Américains. (b) Buffon, D fc. fur les varietés dans l'efpéce humaine. Cc) Parmi les Tartares Kergifli & Tcheremifli, qui habitent entre le 500. & le 60°. de latit, on trouve la nation Kabardinski, qui eft d’une trés-grande beauté : mais elle eft originaire d'U- kraine ; & il n’y a pas deux ficcles que leur tranfplantation a eu lieu. Cd) Recherches philofophiques fur les Américains. (ce) Idem, 16 MÉMotïREs DE LA SoctÉTÉ* c. Troifième race, ou race Chinoife. Les nations qui forment cette troifième race, ou race Chinoife , & que l'on peut voir dans le tableau , Ont, par la figure, beaucoup de rapports avec la feconde ; fur-tout les Chinois , qui font originaire- ment Tartares. Mais la grande différence qu'il y a entre des peuples civilifés & des peuples fauvages dans les coutumes & les ufages, les changemens que cette civilifation doit avoir occafionnés dans leurs traits, tout cela fépare cette race de la feconde. Ces peuples font d’une taille médiocre, mais bien faits & ,pro- portionnés ; ils ont les yeux petits & ovales , le vifage plat dffrgc, le nez écrafé , très - peu de barbe : caractères qui rapprochent leur phyfonomie de celle des Tartares. 1ls ont les cheveux noirs & courts; les dents noires, foit qu'ils les teignent, foit par l’ufage du bétel : mais la couleur de la peau varie fuivant les différentes latitudes. Dans le milieu de l'empire de la Chine, elle eft blanche ; mais dans les pays méridionaux , elle brunit confidérablement. Les habitans de Java font de couleur de cuivre rouge. Ces peuples méridionaux font dans l’ha- bitude de s’agrandir extrèmement les oreilles , au point que ceux de Laos & d’Aracan les font defcendre jufque fur les épaules. On re- trouve cet ufage dans beaucoup d’iles de la mer du Sud , & particu- lièrement dans l'île de Paques. Obfervons que , plus ces peuples s’é- loignent des Tartares, plus leur phyfionomie différe. Les peuples méridionaux ont le vifage ovale , le nez moins plat, &c. F d. Quatrième race. Les rapports des voyageurs fur les habitans de l'ile Formofe & des îles Mariannes , varient extrèmement. On pourroit cependant conclure , d’après leurs rélations, que ces peuples font d’une même race ; qu'ils font très-grands, forts, & robuftes ; qu'ils ont beaucoup d’embonpoint; que leurs dents font blanches ; que , dans les isles des Larrons , ils ont pour la plupart les cheveux crépus & la couleur bafanée. Dans lile Formofe , la couleur eft entre le blanc & le noir , ou d’un brun tirant fur le noir. L'illuftre & favant auteur de l'H'flcire philofophique & politique des deux Indes , croit que les habitans de Formofe fût d’origine Tartare. » Ses habitans, dit-il, à en juger par leurs mœurs » & par leur figure , paroiïffent defcendus des Tartares de la LT e » plus pes Scrences Puys. DE LAUSANNE. 17 » plus feptentrionale de l’Afie. Vraifemblablement la Corée leur avoit » fervi de chemin. Ils vivoient la plupart de pêche ou 4e chafe, & » alloient prefque nuds ” (2). Des obfervations exactes & bien faites fixeront nos incertitudes. Les Habitans des éles Phulippines font extrèmement mêlés par les alliances qu’on faites enfemble les Efpagnols, les Indiens , les Chinois, les Malabares , les Noirs; &c. ainfi on ne peut rien dire de leur figure propre (b). e. Cinquième race , ou race Européenne. Cette cinquième race eff ÿompofée des hommes les plus beaux & les mieux faits (c) : leur couleur eft blanche; mais les peuples mé- ridionaux font plus beaux que les autres ; par exemple, les habitans de la Judée , les Grecs méridionaux, les Napolitains, les Siciliens , les habitans de la Corfe , de la Sardaigne , & les Efpagnols. La petite nation des Akanfans , que l’on a mife dans cette race, eft aujourd’hui prefque entièrement détruite. Elle fe trouvoit en Amé- que , près du détroit de Davis; & étoit très-femblable aux Euro- péens par la figure. « Ils ont fuivant M. Paw (d) la taille & les » traits bien deflinés, fans le moindre veftige de barbe; les yeux bien » fendus, l'iris bleuâtre , & la chevelure fine & blonde”. Leurs princi- paux établiffemens fe trouvoient entre le 40 & 4$ deg. de lat. nord. M. de Buffon dit qu'ils reffemblent aux Finnois. f. Sixième race. On peut confidérer toute cette immenfe étendue de terrain qui comprend les Moluques , PAfie méridionale , & l'Afrique feptentrio- nale jufqu'aux îles du Cap-Verd, comme habitée par une feule & même race. Ces peuples font en général aflez beaux & bien faits ; (a) Hifi. philofoph. & polit. t. I, pag. 319. Cb) Buffon, Hifi. nat. dif. déja cite. (c) On doit cependant remarquer que les maux qui font une fuite de la civilifation ; le luxe, la dépravation des mœurs , ont fait beaucoup dégénérer- la race humaine en Europe ; & que les anciens habitans de ces contrées étoient plus grands, mieux faits, & plus forts que ceux d'aujourd'hui, Cd) Recherches philofophiques fur les Américains, t, 1, pag. 155. Tome I. C 18 MéÉmorr#Æs pr LA SocxÉT*é mais bruns & bafanés, fur-tout les Maures & les Mulètres, qui font prefque noirs (a). On ne connoît pas affez l'intérieur de l'Afrique pour décrire la figure des peuples qui lhabitent : cependant on fait que le peuple de Galles , qui commence dès le 8 deg. de lat. N. & s'étend peut-être jufqu'aux Hottentots , eft, pour la plus grande partie, de couleur blanche. « Dans ces vaftes contrées, dit M. de Buffon , comprifes » entre le 18 deg. lat. N. & le 18 lat. S. on ne trouve de Nègres » que fur les côtes: mais dans l’intérieur , où les terres font élevées » & montagneufes , tous les hommes font blancs ; ils font mème » prefque aufli blancs que les Européens (b)”. g. Septième race, ou race noire. Les Nations qui la compofent habitent des pays bas & chauds. Sur la côte occidentale de Afrique, elles efluyent les vents de left, qui ont acquis une chaleur brûlante en traverfant les déferts de l'Afrique. Dans les parties de la côte où les chaleurs font moins fortes, la teinte noire. des habitans eft moins foncée; & dans l'intérieur de l'Afrique , dans les pays montagneux & par conféquent plus froids, les habitans font blancs, comme on vient de le voir. Ainfi tout concourt à prouver que la cou- leur noire de ces peuples provient de l'excès de la chaleur (c). Ces peuples font en général affez bien faits; ils ont tous les cheveux crépus & courts : ils puent extrêmement quand ils font échauffés , à lexceptiôn des Sénégalois ou Nègres Jalofes, & de quelques autres. Ces Nègres Jalofes n’ont pas, comme les autres , le nez épaté & les levres groffes ; ils font beaux & bien faits. Toutes ces nations font fort noires ; cependant il y a des nuances dans ce noir : les Nègres Jalofes & les habitans de Barberenna font plus noirs que les autres (d). © — — oo a (a) Il eft à remarquer que, dans l’Indoftan, où les habitans font divifes en différentes caftes, qui ne peuvent pas fe mêler entre elles, les membres de chaque cafte ont entre eux la plus grande reffemblance. ;, Ce font, dit A. l'abbé Raynal, les mêmes habitudes, la même taille, le même fon de voix, les mêmes agrémens ou la même difformite ”. Hifi. philof. & polit. des deux Indes, t. T, pag. 95. (b) Buffon, Hif. nat. fupplém. T. VIII, édit. 8°, (ec) Voyez à ce fujet, le difc. de l'Hift. nat. déja cité, & L’'Hiff. philofoph. € polit. des deux Indes, T. VI, pag. 69. (4) Les peuples de Barberenna habitent le haut du fleuve Niger ou Sénégal; ils ne doivent pas être confondus avec les habitans du pays de Barabra qui font voifins des Nubiens. pes Scrences PHys DE LAUSANNE. 19 Les Papous, les habitans de la Nouvelle-Bretagne , & ceux des îles & terres bafles de la mer du Sud , habitent des pays fi chauds, qu'ils font obligés d’aller nuds. Ils font noirs avec la tête laineufe. On peut les confidérer comme étant de cette race Nègre, quoiqu'ils foient fort éloignés de l'Afrique : les Papous en font à 2200 lieues & plus. C’eft encore une forte preuve de leffet de la chaleur fur la couleur des hommes. Quelques habitans de l'archipel des Hébrides, qui eft du nombre des îles bafles de la mer du Sud , ont la figure grêle, comme à Malicolo ; d’autres font bien faits, comme à Tanna : mais tous font d’une taille médiocre (c). Les Habitans de la Calédonie , auffi de la race Négre, font grands & bien faits ; leurs cheveux font frifés , mais tous ne les ont pas laineux (d), h. Huitième race , ou race des Cafres. La côte occidentale de l'Afrique eft habitée par des peuples fort noirs ; mais la côte orientale, moins chaude & dont les vents d’eft doivent être moins brûlans , puifqu'ils n’ont point encore traverfé PAfrique , eft habitée par des peuples beaucoup moins noirs. La plupart ont des cheveux crépus , cependant beaucoup ne les ont pas ainfi : ils ont aufli le nez épaté, mais chez le plus grand nombre ce n’eft pas de naïffance : leur couleur eft olivatre, quoique beau- coup paroiffent noirs ; ce qui vient des graifles qu'ils emploient pour fe teindre. Cependant ceux de Sofala font véritablement noirs, mais jamais comme les Nègres ; ils n’ont pas les traits fi durs ni fi laids, & ils ne puent pas comme eux. On trouve à Madagafcar des hommes de différentes couleurs; des noirs, & des blancs fort bafanés : ces blancs font d’une autre race que les noirs; M. de Buffon les croit de race Européenne. Enfin, lon prétend qu'il exifte dans les montagnes de Madagafcar une na- tion nommée Quimos. : ce font des pygmées, qui n’ont pas quatre pieds de haut. M. Commerfon (e) rapporte ce fait, & aflure avoir vu une femme de cette nation. Elle avoit les mains & les bras fi longs, — —— ee me RE Cc) Second voyage de Cook, T. IV, pag. 98, 187. (d) Second voyage de Cook, T. V, pag. 2. (e) Lettre dé M. de Commerfon à M. de Lalande, imprimée à la fuite du voyage de M. de Bougainville | pag. 216. C 2 20 MÉMOIRES DE LA SoOctÉTÉ qu'ils defcendoient jufqu'aux genoux; & elle n’avoit point de mamel.. les. Mais comme on n’a jamais vu la nation entière , il pourroit fe faire que ce ne feroït que quelques individus nains, & par confé- quent une variété particulière. Après avoir parcouru les nations qui habitent les trois parties de l'ancien monde , l'Europe ; l’Afie , & l'Afrique ; examinons les peu- ples du Nouveau-Monde. | On a vu que l'Amérique Septentrionale étoit habitée fous le cercle polaire par la race Lapponne ; & qu'au deffous , les différentes hordes qui habitent tout ce pays jufqu’au Mexique approchoient des Tartares par la figure. 1, Une feule race dans l’ Amérique Méridionale. Tous les habitans de l'Amérique méridionale , & les Mexicains , font d’une mème race ; ils fe reffemblent tous par la taille & la figu- re : ils font bien faits & de moyenne taille ; tous ont les cheveux noirs & liffes ; beaucoup n’ont point de barbe , d’autres fe l’arrachent (e). Les Péruviens ont le nez aquilin, le front étroit, l'iris de l'œil noir, le blanc un peu battu ( f). Les Brefiliens ont le nez plat; mais cela vient de ce que leurs meres le leur écrafent à leur naiffance. Quant à la couleur , elle va- rie extrèmement : les Caraïbes & les naturels du Mexique font cou- leur d'olive ; les habitans de lifthme , les Péruviens , ainfi que les habitans de la Terre-Ferme , font couleur de cuivre rouge ou jaune ; mais les habitans des Cordilieres font prefque aufli blancs que les Européens ; les Brefiliens font de couleur brune ; les naturels du Ce) Buffon, Hifi. nat. difc. fur les variétés dans Pefpèce humaine. Cf) Recherches philofoph. fur les Américains, T. 1. Suivant A. Paw, T. X, pag. 166, les Péruviens ont extrémement dégénéré : 1] y en a, dit-il, quantité qui font monf- trueux à force d'être petits ; d'autres qui font fourds , imbécilles , aveugles, mucts; © d'autres enfin, à qui il manque quelques membres en naïiffant ”. Terrible & funefte fuite des travaux exceflifs auxquels les Efpagnols ont obligé les malheureux habitans de ces contrées : on ne peut douter que ce ne foit la caufe de cette dégénération. Et puifque la tyrannie eft capable d'opérer d’auffi funeftes changemens dans la figure de l'homme, quelle horreur ne doivent pas nous infpirer les mauvais traitemens que les Européens fe permettent journellement envers les Nègres ! Mais laifons un fujet que les Buffon, les Raynal, les Servan, ont traité fans opérer aucun changement. La force & la vérité de leurs raifons, le cri de l'humanité & des ames fenfibles , tout a échoué jufqu'à prefent contre l’avidité du gain & l'avarice fordide des hommes, ° pes Sciences Puys. DE LAusANxwe. 21 Paraguay font olivâtres ; ceux du Chili font bafanés , tirant fur le cuivre rouge. Toutes ces variétés dans la couleur s'expliquent aifément quand on obferve la latitude & le local du pays que ces peuples habitent, On peut remarquer qu’en Amérique les races d'hommes font en bien plus petit nombre que dans l’ancien continent. M. de Buflon attribue cela, 1°. à ce qu'ils vivent tous à peu-près de la mème manière , puifqu'ils font tous à peu-près fauvages; 2°. à ce que leur * climat n’eft pas aufli inégal par le chaud & par le froid, que celui de l’ancien continent. 3°. Comme les Américains font un peuple nouveau, les caufes qui produifent des variétés n’ont pu agir affez long-temps fur eux pour produire des effets fenfibles (g). Les Patagons habitent entre le 22 & le 45 deg. de lat. S. 1ls font tous plus hauts & beaucoup plus larges & plus carrés que les autres hommes ; nos géans ont 7 & 7: pieds de haut, & les leurs en ont 9 & 10 : c’eft la caufe des différens rapports des voyageurs , & ce que l’on peut conclure de plus certain de leurs relations con- tradiétoires : du refte leur figure reffemble à celle des autres Amé- ricains (A). Les habitans de la Terre de Feu, fuivant le capitaine Cock, font d’une couleur approchante de la rouille de fer mêlée avec de l'huile. Ils ont les cheveux longs & noirs, ils font gros & mal faits ; leur taille eft de cinq pieds 8 à 10 pouces. Le froid dans leur pays eft tolérable, puifqu'ils vont nuds; mais les brouillards humides les incommodent beaucoup (1). Les îles & terres baffes de la mer du Sud font habitées par de vrais Nègres , comme nous lavons vu : mais les autres îles depuis l'ile de Paques jufqu'à la Nouvelle-Zélande , font habitées par des euples grands, beaux , & bien faits ; ils ont les cheveux noirs, & fu couleur eft olivatre. Quelques-uns font d’une haute ftature ; d’au- tres font plus petits, comme à l'ile de Pâques & dans une partie de Taïri (k). On ne s’occupera ici que d’une des principales variétés particulières de Pefpèce humaine; variété qui fe trouve chez tous les peuples : je veux parler des Blafards ; nom générique donné à une efpèce d’hom- A (g) Buffon, Hif. nat. (A) Idem , fupplément, T. VHI, édition g°. (2) Idem. Ce) Voyez fecond voyage du capitaine Cook, T, HI, pag. 14r, 2% MÉMOIRES DE ‘LA SOCctrÉTÉ mes de couleur blanc mat, plus petits & plus foibles que les autres hommes. On en trouve des individus à Javar, où on les nomme Chacrelas, où Kakerlas; à Ceiïlan , où on les nomme Bedas; dans l'ifthme de l'Amérique , où ils font connus fous le nom d’ÆAlbinos ; en Afrique, où ils font appellés Dondos, où Nègres blancs , &c. On en trouve dans les îles de la mer du Sud ; dans la Terre des Pa- pous (7), en Europe (m). On a cru long-temps que les Blafards formoient une race à part; mais il paroït bien prouvé actuellement , par MM. de Buffon & Paw, que ce n’eft qu'une dégénération dans l’efpèce humaine. lis ne for- ment point de nation, on n’en a jamais vu de famille entière ; lon n’en a trouvé que des individus qui proviennent de pere & de mere bien conftitués , foit noirs, foit bafanés , foit blancs. Les femmes font moins dégénérées que les hommes. Elles font propres à la géné- ration ; & l’on prétend que le produit d’un nègre avec unewlafarde eft un enfant pie. Les hommes ont les yeux rouges pour lordinaire, & la peau encore plus blafarde que les femmes. 11 y a des variétés fans nombre dans la figure des Blafards; & ce n’eft qu’en faifant des obfervations nombreufes fur plufieurs indi- vidus , qu'on pourra avoir quelque chofe de certain fur cette fingulière dégradation de l’efpèce humaine. Après avoir décrit l’homme & fes principales variétés, & avoir fait connoître les caractères communs qui fe trouvent entre des na- tions ; paflons aux animaux dont la figure a le plus de rapport à celle de lPhomme. s, B. Quadrumanes. En confidérant la totalité des animaux , on voit que ce font les quadrumanes , & parmi eux les Singes, qui ont le plus de rapport à (1) Second voyage du capitaine Cook. (m) On en trouve dans plufieurs endroîts de la Suiffe, dans la vallée de Chamouny en Faufligny ; ceux de cette vallée paroiffent de: véritables blafards. Ce font deux jeunes gar- cons de ro à 12 ans, nés de pere & de mere bien conftitues. Leur peau elt blanche & douce , ils ont peu ou point de couleur, leurs cheveux & leurs fourcils font d’un blond prefque blanc; leurs yeux font de couleur rouge extrémement claire; ils ont la vue très. foible , ils clignotent fouvent, le clignotement redouble quand ils fixent quelque objet ; Jeurs yeux font ternes & n’expriment rien ; ils voyent mieux les jours ceuverts & après le coucher du Soleil. Les traits de leur vifage font affez gros. mais cela leur ,eft commun avec les autres enfans de, cette vallée? Nose communiquée par M. Reynier. pes Scrences Puys. DE LAusAnwwe. 23 l'homme : leur figure , leur inftin& , leurs mœurs , tous leurs carac- tères, les placént immédiatement aprés l'efpèce humaine ; & les rap- ports intérieurs font plus nombreux encore que les extérieurs (7). 11 y a beaucoup de variétés dans la figure de ces animaux : les uns ont une grande queue prenante (o), d’autres ont une grande queue non-prenante ; les uns ont une face plate & peu avancée, les autres l'ont allongée & pointue ; quelques-uns font fans queue , & ce font ceux qui ont le plus de rapport à l’homme. Plufieurs efpèces ont de chaque côté de la mâchoire un petit fac appellé abajoue, ou fall, dans lequel ils mettent macérer ce qu'ils mangent (p). Ces animaux font, comme tous ceux qui fe nourriflent de végétaux, plus doux & moins forts que les animaux carnafliers (g). Lls vivent en fociété, fe foutiennent les uns les autres ; on diroit même que quelques-uns ont une efpèce de langage : & tout le monde fait qu'il — rs ES manne menée nn nt nt nn RS ns CNE nn NS (n) Voici quelques-uns des caractères communs aux finges & à l’homme : ils ont des cils aux paupieres ; les bras & les jambes du finge reflemblent à ceux de l’homme ; leurs mains reffemblent aux nôtres, mais leurs pieds ont plus de rapports à des mains qu’à des pieds; ils ont des clavicules aux bras, (o) On appelle queues prenantes celles de ces finges qui s'en fervent comme d’une main pour s'accrocher aux branches ; elles font ordinairement nues à l'extrémité de la partie inférieure, (p) L'illuftre abbé Spallanzani, qui a fait des expériences fi nombreufes & fi intéreffan- tes fur la digeftion de la plupart des änimaux, n’en a point fait fur ces efpèces de finges à abajoues. Il feroit cependant curieux d’examiner fi le fuc gaftrique de ces animaux ne peut diffoudre complettement les alimens fans cette maccration préliminaire; ou s'ils rempliffent leurs abajoues uniquement pour fatisfaire leur appétit glouton , qui ne leur permet pas de marger en deux fois les alimens qu’on leur préfente : peut.être aufli font-ils des provifions pour deux repas. (q) Il eft certain qu’en général les animaux carnafliers font, proportionément à leur taille, plus forts que les frugivores. Que l’on fe figure un lion ou un tigre qui feroit de la taille d’un éléphant ou d'un rhinocéros, & que l’on juge de la force d’un pareil animal. Celle de l’eléphant où du rhinocéros réfide plus dans (AA énorme mafle, que dans leur force mul. culaire. Les hommes qui fe nourriffent de viande font plus forts que ceux qui n’en mangent pas; aufli le Tartare eft plus fort que l’Indous. Mais fans-aller fi loin , les montagnards, qui ne fe nourriflent que de laitage, font en général moins forts que les habitans de la plai. ne, quoiqu'ils foient plus grands & plus beaux. La viande eft une nourriture plus fuccu- lente & plus organique que les végétaux; c’eft.à-dire qu’elle contient, fous un même volu- me, plus de parties propres à favorifer l’accroiflement. Si l’on objecte que les plus grands animaux connus font frugivores ; il eft facile de voir que cela vient de ce que ces animaux peuvent plus aifément fe procurer une nourriture abondante que les carnafliers , qui, forcés de s’eloigner des lieux habités, ne fe nourriflent, pour ainfi dire, que par hafard; qui pour un bon repas font obligés d'en jeûner plufeuts ; endurent la faim, la foif, & la fatigue, S'ils avoient une nourriture abondante , il eft probable que ces animaux , qui nous étonnent par leur force, nous frapperoient aufli par leur grandeur,” 24 MÉMOIRES DE ZA SOCTÉTÉ n'y a aucun animal plus adroit & plus intelligent que le Singe (r). Ainfi nous ne nous étendrons pas fur ce fujet. Nous remarquerons feulement que cette intelligence , cette adrefle , en un mot, cette facilité à imiter que l’on trouve chez les finges , tient beaucoup à leur figure ; puifque ceux qui ont le plus de rapports à l’homme, comme l’orang-outang , Pont à un plus haut point que les finges dont la figure fe rapproche plus des quadrupèdes. Elle tient aufh à leur plus ou moins grande foibleffe ; puifque les finges les plus perits vivent plus en fociété que les grands. (a) Paffages entre les bipèdes-bimanes & les quadrumanes. Parmi les finges il y a quelques efpèces qui tiennent le milieu entre l’efpèce humaine & les quadrumanes, & qui font le paffage d’une de ces portions à l’autre ; ce font les orangs-outangs, le pithé- que , le gibbon, & le magot. C’eft pour cela qu’on les a placés dans une colonne intermédiaire entre les bipedes-bimanes & les quadru- manes. Les orangs-outangs (s) ont beaucoup de rapports avec l'homme : 1°. par leur figure; 2°. parce qu'ils marchent debout ; 3°. parce qu'ils ont des mollets; 4”. parce qu'ils n'ont point d’abajoues ; &c. Cependant ils ont des caractères qui les rapprochent des qua- drumanes; tels que ceux d’avoir les doigts des pieds fort longs , le pouce du pied écarté, & le doigt du milieu plus long que les autres , &c. Le pithéque & le finge fans queue d’Allamand fuivent le joko. Ils ont beaucoup de rapports avec lui, mais leur taille eft beaucoup plus ET nn) (r) Voyez dans ?’Hif. nat. de M. de Buffon & dans l’article Singe du Ditfionnaire de Valmont de Bomare , des exemples de fon intelligence & de fon adreffe. (s) On a diftingué dans le tableau plufeurs efpèces d’orangs-outangs , d’après M. le pro- feffeur Allamand, qui a fait voir que les efpcèes de finges fans queue font plus nombreufes qu’on ne le croyoit; ainfivon a : 1°. le grand orang-outang d'Allamand, qui eft probable- ment celui de Bontius , & dont M. Allamand a décrit la tére & une main. Il a donné ja figure de la main T. XV de l’Hiftoire naturelle, édit. d'Hollande, 2°. le joko ou pongo de Buffon. 30. Le Jînge fans queue d'Allamand, dont il a donné la figure & la defcriprion, même T. XV. Ce finge reflemble au pithéque. 40. Le pithéque de M. de Buffon. On ma pas parlé du finge fans queue vu par M. AZay à Surinam, parce qu'il n’eft pas aflez connë & qu'il n’eft, peut-être, qu’une variété du mandrill, p£s Scrences Puvs DE LAUSANNE. 2$ plus petite (#). Le Gibbon, par fes longs bras , fes callofités fur les fefles , fes pieds en forme de mains, s'éloigne un peu plus de Phomme , & fe rapproche des autres finges. Enfin le Magor, ou le Singe commun de Schreber ( Simia fylvanus , Erxleben ) a des abajoues, des callofités fur les fefles, la face relevée ; tous ces caraétères le rapprochent des Babouins , & l’éloignent du Joko : mais il a quel- que rapport au Pithéque (z). Après lui vient le Cynocéphale , ou Simia Inuus de Schreber , qui eft une efpèce très-voifine du Messe (a | es Babouins font les premiers quadrumanes qui doivent fuivre le Magor ; ils ont la face allongée & la queue courte. Le Platipygos de Schreber doit être placé le premier, foit comme babouin, foit comme paffage aux babouins ; il a les grandes callofités du Papion, mais la queue fort courte (y). Le Choras de Schreber, par fa face bleue & fillonnée, fa queue très-courte & velue, doit être placé à côté du Mandrill, qui a les mêmes caractères. (t) On ne doit point confondre ce pithéque de M. de Buffon avec le finge commun de M. Schreber, quoique cet auteur les rapporte l’un à l’autre. Le Pithèque de M. de Buffon, qui eft le méme animal que le Æébés d’Ariftote, eft un finge doux, facile à apprivoifer, qui n'a aucune apparence de queue, point d’abajoues ou falles, & qui eft très-rare. Le finge commun au contraire eft, fuivant M. Schreber ( Hiff. nat. des Quadrupèdes, T. I, p.83.) indomptablé quand il eft adulte ; & lorfqu'il eft jeune, il n’a jamais beaucoup d’adreffe : il eft d’ailleurs fort commun. ]1 me paroït de plus très-probable qu'il a des abajoues, quoi- que M. Schreber ne le dife pas; mais il a tant de rapport au magot, & par les mœurs & par la figure, qu’il me paroït que c’eft le même animal, & que par conféquent il doit en avoir, Il a de plus, comme lui, un petit appendice de peau au lieu de queue. Il eft d’au- tant plus étonnant que M- Schreber foit tombe dans cette erreur, que M. de Buffon aver- tit poñtivement qu'on a fouvent confondu le pithéque & le magot; & il fait voir en quoi ils diffèrent. : (u) Les animaux qui font compris dans un crochet dans la table ont un rapport plus grand entre eux qu'avec les autres, (x Pour éviter de la confufion dans la nomenclature de ces animaux, il eft néceffaire de donner ici une explication. Nous avons fait voir dans la note précédente que le pichéque de Buffon n’eft pas le finge commun de Schreber; ce n’eft pas non plus le fy/oanus de Linné, Schreber, Erxlcben : maïs c'eft le fmia unguibus omnibus planis € rotundatis, Briffon ; phrafe que M. Schreber a donc eu tort de rapporter au finge -commun. Il paroit même que ces trois auteurs n'ont pas connu le pithèque de M. de Buffon, Nous avons vu de plus que le finge Commun eft le magot, c’elt.a-dire, le ffmia Jylvanus de Linné & Q'Érxleben: Quant au cynocéphale de Schreber, T. 1, pag. 84, c’eft une efpèce très-voifine du magot; c'eft'le Simia Inuus de Linné & d'Erxleben. (y) Celle du mâle eft de quatre pouces, & celle de la femelle d’un pouce, fuivant Schreber, T. I, pag. 89. Ce finge paroït être, comme le magot, un des paflages entre les ee proprement dit & les babouins, ou le premier des babouins; c’elt ce que je ne puis gcider. Tome I. D 16 Mémo rer s p'm tx À S'o cMEUTtÉ L'Hamadrias où Babouin gris de Schreber , & l'Ouenderou , fe rap- prochent, par leur grande queue, des Guenons : le premier a je callofités fur les feffes grandes & fanguinolentes, comme le Babouin ; de plus il a fon humeur farouche & fauvage : le fecond a l'humeur plus douce, & peut s’apprivoifer (7) : enfin, le Maimon de M. de Buffon ( Simia nemeflrina ) a la douceur des Guenons, & reffemble au Macaque par fa figure ; mais il a la queue courte & recoquillée. Erxleben place parmi les Papions , lApédia; mais il paroît devoir être placé, fuivant la remarque très-jufte de M. Schreber ( T. I, pag. 152 ) avec le Saimiri ( Cebus fciureus , Erxleben ). On a rangé les Guenons felon l'ordre de leurs plus grands rap- ports, en indiquant les variétés de chaque efpèce. Erxleben (a) fait de l’Aigrette, du Singe nègre , & de l’'Hunds- Kopf ( Cercopithecus Ron Re Erxl.), autant d’efpèces différentes ; mais leurs différences font fi petites , qu'on peut les confidérer comme des variétés. Quant à la Diana ( Cercopithecus diana ) , ce n’eft point l’Exquima de Buffon & de Margrave , parce que ce finge n’a pas la queue prenante; ainfi il paroït qu'on doit féparer ces deux animaux ; & confidérer la Diana de Linné comme une guenon, & V'Exquima de M. de Buffon comme une variété du Coaita : le premier eft un finge d'Afrique , & le fecond un finge d'Amérique. Le Singe blanc nez d’'Allamand doit, par la couleur de fon nez , #uivre- le Mouflac de M. de Buffon. Enfin , les Guenons à feffes entièrement couvertes de poils doivent ètre placées les dernières ; car, par ce caractère, elles Er la nuance aux finges d'Amérique : ainfi le Monkéy ( Cercopithecus niélitans , Erxleben) , qui a le bout du nez blanc & les fefles velues , fuit le blanc nez, puis le Douc. Les finges que l’on a vus jufqu'à préfent ont tous la cloifon des narines étroite , les ouvertures de ces narines au-deflous du nez, des abajoues : mais ceux-ci, au contraire, n’ont point d’abajoues ; ils ont la cloifon des narines épaifle, les ouvertures des narines fur les côtés du nez : les Sapajoux ont la queue prenante , mais les Sagouins ne l'ont pas. Ces caractères font fi conftans, que l’on dif- — — Ca) Suivant M. de Buffon, l’ouenderou a la queue courte, & il eft très-farouche. Mais il paroit , comme le remarque M. Schreber, que cela vient des mauvais traitemens ; de plus il eft probable que cet individu avoit perdu le bout de fa queue, Ca) Syflema regni animalis, Erxleben, pESs SCIENCES Puys. DE LAUSANNE. 27 tinguera toujours par ce moyen un finge d'Amérique d’un finge d'Afrique & d’Afie, La grandeur & la figure de lOuarine, de l'Alouate, & du Coaita, leur donnent la premiere place parmi les Sapajoux. Les Sajous bruns, gris, & cornus, c’eft-à-dire, ayant une aiprette fur la tète, & le Trépide ,ou finge à queue touffue , font autant de varié- tés de la mème efpèce (b). Erxleben (ce) met les Saïs avec les S'ajous ; mais on a füuivi la divifion de MM. de Buffon & Schreber, qui les féparent. Cependant , comme ces animaux ont beaucoup de rapports, on les a joints par un crochet, Le Saëmiri, qui à la queue très-peu renante, fait U nuance aux Sagouins (d). Les Sagouins fuivent mh Sajous , d’après l'ordre de leurs reffemblances, (b). Pafages aux ambigus fiffipèdes. Les animaux ambigus fiflipèdes, c’efl-à-dire , qui fe fervent de leurs pieds de devant comme de mains! pour porter à leur gueule, doivent fuivre les quadrumanes. Mais les animaux qui, avec les mains des quadrumanes , ont la figure & les mœurs des ambigus Ÿ font d’une nature moyenne entre ces deux portions, & font le patlage de l’une à l’autre : on doit les placer dans une colonne intermédiaire. Le Loris eft un des premiers paflages; fon mufeau eft pointu, mais il a la figure des quadrumanes : il a du rapport aux Makis, qui le fuivent ; mais il s’en éloigne par plufieurs caraétères , entre autres, parce qu'il na point de queue (e). Les Makis ont beau- coup de reffemblances avec les Guenons, ce qui fembleroit indi- quer leur place immédiatement après : cependant leur mufeau pointu, Cb)Schreber, Hif. nat. des quadrupèdes, T, T, pag. 144, 146. Il le pourroit cependant que le Trepidus dût être {Cparé, mais cela demande des connoiflunces plus étendues fur cet animal, Cc) Syfliema regni anim. Erxlcben. (d) Le Simia morta de Linné et, fuivant M, Seureber, T, I, pag. 151, de la même efpece que le faimiri , ainfi que l'apédia du méme auteur, Le magou de Schrcher , où Jimia Jurichta, n'eft point encore aflez connu pour lui afligner une place, Voyez ce qu'en dit Schreber , T, 1, pag. 152. Le Lugubris d'Eralchen cit dans le méme cas, & nous n'en dirons rien, (e) Pour faire fentir dans le tableau ces différens rapports, on a placé les mukis après le Joris ; mais on a laiflé quelque diltance entre eux, Le Potto deSchreber, T, 1, pag. 165, qui tient beaucoup au Loris, n'efl cependant pas placé dans le tableau , parce qu'il n'eft pas aflez connu, D 2 28 Mémoires DE LA SoctÉéTÉ qui les allie aux quadrupèdes ambigus , fait qu'ils ont moins de rap- ports à l’homme que les finges d'Amérique (f) , qui doivent par cette raifon les précéder. On les a compris dans un crochet, parce qu'ils ont plus de rapports entre eux qu'avec les animaux qui les avoifinent. Le Wickelfchwantz ( Lemur flavus ) de Schreber, par fa queue prenante , paroît faire la nuance des Makis aux Sarigues ; aufli on j'a placé entre deux. Tous les animaux à poche fous le ventre ou plis entre les cuiffes, font encore autant de nuances qui conduifent aux quadrupèdes am- bigus. On en diftingue plufieurs efpèces. M. de Buffon a éclairci la nomenclature de quelques-unes , mais 1l refte encore beaucoup d’incer- titudes fur plufieurs autres. il eft difficile, par exemple, de favoir à quel animal on doit rapporter le Cos-Coes ou Cu/os des Indes orientales de M. de Buffon. Si c’eft, comme il paroît le croire (g), le Philander maximus orien- talis de Seba , PL 39, fig. 2 ; cet animal a tant de rapport au Sarigue , de laveu même de M. de Buffon (h), qu'il feroit bien étonnant qu'on le trouvät aux Indes orientales, à moins qu'il n’y eût été tranfporté. Mais ce Coes-Coes ou Cufos dont on ne peut nier l'exiftence, paroït être plutôt le Phalanger de M. de Buffon. M. Pallas le fait voir dans fes Mifcellanea (1) , où il le nomme Didelphis orien- talis. Cet animal eft fort commun -dans les cabinets de Hollande ; on le tire d'Amboine , & jamais d'Amérique. Valentin en fait la defcription dans le T. IT, pag. 72 de fon Hifloire nat. des Indes orientales. Cependantil paroît que M. de Buffon le croit Américain ; mais il ne affirme pas ; il dit feulement (k) , qu'il lui a été envoyé fous le nom de Rat de Surinam : ce qui eft probablement une fauffe déno- mination , cet animal aura feulement été tranfporté en Amérique. Ainfi, par un hafard fingulier , le Sarigue d'Amérique, ou Opoflum , a été tranfporté en Afie, & de là envoyé à Seba fous le nom de Coes-Coes ( comme on peut le voir dans l’Hifloire nat. &c. ) ; tandis que le véritable Coes-Coes, tranfporté en Amérique, à été envoyé a Cf) Les fapajoux & les fagouins. (g) Supplément, T. IL, addition à l’article farigue. (2) T. X. pag. 284,286, 286. (i) Mifcellanea, pag. 59 & fuivantes. Ce) T. XII, art. Phalanger. pes Scrences Pays. DE LAUSANNE. 29 à M. de Buffon fous le nom de Rat de Surinam. Ces changemens de demeure & de nom ne font malheureufement que trop communs en Zoologie; & ils viennent ordinairement de lignorance de ceux qui vendent les animaux. | On n’a pas parlé , dans le tableau, du Didelplis Philander, Erxle- ben, parce qu'il eft peu connu & qu’il eft mème douteux sil exifte (7). Quand au Philandre de Surinam ( Didelphis dorfigera ) , ce n’eft autre chofe que la Marmofe, fuivant M. le profeffeur Allamand , qui poffè- de un de ces animaux & qui l’a examiné (7m). Enfin , les Gerboifes & le Crabier approchent encore plus des quadrupèdes ambigus. Dans les Gerboifes , le Tarfier doit fuivre immédiatement les Philandres , à caufe de fes longs doigts & de fa longue queue prefque nue , & que d’ailleurs il a quatre mains (»). Les autres Gerboïfes tiennent beaucoup du Lapin par la figure de la tête, leurs mains reffemblent aufli à des pattes (0). Le Mus Sagitta de Pallas eft , ou une variété du Gerboa, ou une efpèce très-voifine: on a marqué cette affinité plus particulière par un crochet. Le Crabier, qui tient encore plus aux quadrupèdes que les Ger- boifes , fe rapproche cependant par quelques caraétères des Philandres ; (1) Buffon, Hifi. nat. &c. T. X, pag. 296 & fuivantes. (m) Lettre de M. Al/amand à M. Van-Berchem fils. J'ai cenfulté cet homme célèbre fur quelques points de la Zoologie; & il m’a fait l'honneur de me répondre de la maniere la plus fatisfaifante & avec cette bonté qui le caracterife : aufli je fuis charme d’avoir cette occafion de lui témoigner publiquement ma reconnoiffance. (n) Onne doit pas, avec Erxleben, le placer parmi les Lémnur ; car le caractere de la longueur des jambes de derriere, & l’habitus de fon corps, doivent le faire ranger avec les gerboifes, ainfi que l’a fait M. de Buffon. Erxleben croit qu’il doit être placé parmi les Lémur ou parmi les Didelphes, ego aut Lemurem aut Didelphidem credo [ Syft. regni anim. p. 1. ]. Cela feroit vrai fi, à la maniere des nomenclateurs, on ne formoit les genres que d’après un feul caractere, qui eft ici celui des dents, fans s’'embarraffer des autres refflemblances. ? (o) Les Gerboifes ; ces petits animaux, dont les jambes de derrière font fi grandes &@ celles de devant fi courtes qu’elles ne peuvent marcher, ou plutôt fauter , que fur celles de derriere, fe trouvent en Ale, en Afrique ; & M. Cook en a trouvé aufli à la Nouvelle. Hollande : c’eft une très-grande efpèce que l’on nomme Xanguroo. On voit que ces animaux font fort répandus; ainfi l'on ne doit point être étonné qu'ils aient fubi beaucoup de fariétés : mais il eft fngulier qu’ils varient principalement par le nombre & la poñtion des doigts des pieds de derrière, fur-tout le Gerboa ou Gerbo; il a trois doigts aux pieds de derrière, & quatre à ceux de devant. L’Æ/agtaga, qui en eft une variété, a cinq doigts aux pieds de devant & trois à ceux de derrière, avec un éperon, qui fait l’effet du qua- trième doïgt. L'animal que M. Gmclin a trouvé auprès de Voroncfch [ Hift. des Découv. T. I, pag. 76, année 1779, à Berne ] paroit être l’Alagtaga : cependant il varie par le nombre des doigts ; il a cinq doigts aux pieds de devant & cinq aux pieds de derrière, mais rangés de maniere que celui du milieu eft le plus long, & que le quatrième & le cinquième font placés à demi-pouce de fa racine de ce doigt allongé, 30 MÉMotrïREs DE LA SoOctÉTÉ il a la queue prenante & le pouce des pieds de derrière gros & écarté des autres doigts , avec l’ongle plat : mais fa taille eft beau- coup plus grande que celle des Philandres, & il n’a point de poche ou de plis entre les cuifles , comme eux. C. Des Quadrupèdes ambigus. Nous fommes aétuellement atrivés à une des portions les plus nombreufes & les plus variées des animaux quadrupèdes : elle contient les efpèces les plus petites , & n’en contient aucune de bien grande. Tous ces animaux fe diftinguent par deux grandes dents incifives au devant de chaque mâchoire ; tous s’affeyent fur leur derrière pour manger, & fe fervent de leurs pieds de devant comme de mains pour porter à leur gueule. La plupart ont beaucoup d’adreffe & d'intelligence. Ils fe conftruifent des nids ou fe creufent des ter- riers : les uns, comme les marmottes, vivent en fociété ; d’autres vivent ifolés. Ils fe noutriflent de fruits & de végétaux. La plupart fervent de pâture aux animaux carnaflers ; foibles, ils n’ont d’autres reflources que la fuite ou la rufe pour éviter les ennemis dont ils font entourés , & qui en détruifent un grand nombre. Mais il femble que la nature répare ces pertes en les faifant peupler beaucoup : l’on fait que les petits animaux produifent beaucoup plus que les grands ; certaines petites efpèces , telles que les rats, mulots, campagnols , &c. pullulent prodigieufement , & font par-là le fléau du cultiva- teur , dont ils mangent la récolte pendant qu’elle eft encore en terre. Tous les animaux de cette portion ont beaucoup de rapports les uns aux autres, tous ont un air de famille ; & quoique les efpèces en foient nombreufes & variées , elles femblent cependant avoir été formées d’après quatre modèles , dont les traits carattériftiques fe re- trouvent dans chacune : ces quatre modèles font la Marmotte , le Liévre , VEcureuil, & le Rat. La tête plate, le cou court, le corps trapu , les jambes fi baffes que le ventre traîne à terre , la queue courte, mais garnie de longs poils, caractérifent les animaux qui ont du rapport aux Marmottes. Les oreilles pour lordinaire fort grandes, quelquefois cependant petires ; la tète affez longue & arquée en avant; les jambes de de- vant beaucoup plus courtes que celles de derrière ; la queue courte ou nulle ; caractérifent les Lieyres & leurs voifins. : DES ScrENCES PHys. DE LAUSANNE. 32 La famille des Ecureuils fe reconnoït à une queue grande , pour l'ordinaire relevée , & garnie de longs poils fur les côtés ; aux oreilles , qui ont quelquefois un bouquet de poils au fommet : enfin tous ces animaux ont une figure fveire & agréable. Les Rats ont prefque tous les oreilles nues , courtes, & rondes; la queue très-fouvent garnie d’écailles & de poils ; les jambes cour- tes , & les pattes prefque dénuées de poils; le dos arqué. Il ya, outre cela, plufieurs animaux qui tiennent de deux familles; comme les Loirs , qui tiennent aux Ecureuils & aux Rats. Nous commençons cette portion par les Marmottes; parce que les liévres , les écureuils, & les rats, font liés entre eux & avec la portion fuivante. Comme les Marmottes ont beaucoup de rapports les unes avec les autres, on les a réunies dans un crochet. Le Jewrafchka de Buffon eft le mème animal que le Zizel & le Soulik ( Gljcitellus ), fuivant Erxleben (p) ; & dans ce cas ils appartien- droient aux Rats; car le Soulik, qui eft bien connu, eft de cette famille : mais comme le Jewrafchka & le Zizel ne le font pas affez pour décider la queftion , j'ai féparé ces animaux comme M. de Buffon. Les Liévres n’ont pas des rapports immédiats avec les Marmottes; ainfi nous mettons quelque diftance entre ces deux familles. Nous avons aufli fuivi, pour les Liévres , l’ordre des reffemblan- ces. Le Lapin fuit le Liévre, mais ils font liés lun avec l’autre par le Liévre d'Amérique & le Tapeti, qui participent des deux. Le Pika fuit le Lapin ; il a de grandes oreilles & la queue nulle (g). Le Sulgan a la queue nulle & les orcilles courtes (r); ainfi ces animaux femblent nous conduire aux Damans. Le Damon Ifrael a beaucoup de rapports avec le Lapin ; c’eft à cet animal que le Doéteur Schaw avoit rapporté la Gerboife ; mais M. le Chevalier Bruce a reconnu cette erreur , & a fait connoître la figure & les mœurs de cet animal (s). Le Daman du Cap eft le même animal que MM. Palles & Vofmaer ont décrit fous le nom de Cavia capenfis ; le même que M. de Buffon avoit indiqué fous le nom de Marmotte du Cap (+), Cp) Syf. regn. anim. pag. 367. Cg) Idem, pag. 337. Lepus alpinus. Erxleben. Cr) Idem, pag. 338. Lepus pufillus. Erxleben, Cs) Buffon, Hi. nat. fuppiem, T. VI. CE) Idem, Jup. T, Il. « 32 M'Écm obriaeist io" x | L'A : S'ofctiér té mais qu'il a fait mieux connoître depuis (u). L’Aperea , le Paca, l’Agouti, fuivent ces animaux; ils fe trouvent en Amérique, & ils ont beaucoup de rapports aux Liévres : leur queue eft très -courte ou nulle, & leurs oreilles courtes & arrondies. Le Cochon d'Inde eft couvert de foies, 1l tient beaucoup aux Liévres & aux Cavia. Un crochet réunit tous les animaux de cette famille, & d’autres cro- chets intérieurs indiquent les affinités plus particulières. L’ Animal anonyme participe , fuivant M. de Buffon, du Liévre & de l'Ecureuil : nous le plaçons auffi entre ces deux familles ; mais plus près de l’Ecureuil que du Cavia porcellus , parce qu'il a, avec le premier , des: rapports individuels qu'il n’a pas avec le fecond. 11 paroït que l’Écureuil a beaucoup d’efpèces voifines ou de varié- tés : mais, comme ces efpèces ou variétés ne font pas encore affez connues, nous n’avons placé dans le tableau que celles dont nous étions bien certains; ainfi nous avons omis les Sciurus varius , ni- ger, albus , cacuda laéleo-alba, Hudfonicus , Ceylonicus , 6c. L’Ecureuil fuiffle fe rapproche des Rats par la figure & les mœurs, ainfi que celui de la Nouvelle-Efpagne { Sezurus, Mexicanus Erxleben ),. Le Polatouche , le Taguan , le Sagitta , fe diftinguent par le prolon- gement de la peau du dos & du ventre, qui leur fert pour fe fou- tenir en l'air quand ils fautent. Ce caractère les fait fervir de paflage aux Chauves-fouris ; mais, comme ce n’eft qu’un rapport éloigné & qu'ils tiennent particulièrement aux Loirs par leur figure, ils doivent être placés ici. Les Loirs fiivent : ils tiennent aux Ecureuils & aux Rats. Tous ces animaux nous conduifent infenfiblement aux Rats : famille nombreufe , & dont les individus ont beaucoup de rapports entre eux. Nous les avons rangés ainfi : le Rar eft le premier ; la Souris , le Surmulor, & le Mulor, le fuivent. Le Harmjler tient aux Rars par la figure : mais il a un caractère particulier ; c’eft d’avoir des abajoues. Plufeurs autres efpèces d'animaux fuivent le Harifler , au- quel ils font liés par le même caraétère. Le Leming a du rapport aux Rats & à l’'Hamfter , il a fes mœurs ê&c fa férocité. Il me paroît mème probable qu'il a des abajoues , d’après la defcription qu’en a donné Wormius & que rapporte M. de Buffon —— —_—_——————— —— (u) Buffon, Hiff. nat. fupplém. T. VI. pes Sciences Puys. DE LAUSANNE. 33 Buffon (x). Il dit qu'il avoit des débris d'herbe & de paille dans la gorge (y); ce qui lui fait penfer que cet animal rumine. Cette conjecture eft évidemment faufle , mais il fe pourroit bien que ces débris vinflent des abajoues de cet animal. On a réuni tous ces animaux dans un crochet. Le Rat d’eau & le Campagnol ont du rapport entre eux par la figure de la tête, & fuivent le Soulik, puis le Mus paludofus , le Mus agrarius; &cc. animaux découverts par M. Pallas , & que nous avons rangés fuivant l’ordre d’Erxleben. e. Pafflages aux quadrupèdes proprement dits. Les Mufaraignes , les Spalax , les Taupes , &c. font autant d’ef- pèces moyennes entre les ambigus & les quadrupèdes proprement dits. Les Taupes, qui ont nombre de caraétères qui les lient aux rats, ne peuvent cependant pas fe fervir de leurs pieds de devant comme de mains pour porter à leur gueule. Les Mufaraignes tien- nent de la Souris & du Rat par la figure; mais, par leur mufeau pointu , elles font la nuance de ceux-ci aux taupes; de plus , elles fe fervent moins & plus difficilement de leurs pieds de devant com- me de mains : ainfi elles doivent ètre placées dans les pañfages. Le Defman, qui reflemble à lOndatra par la figure, mais qui a le mufeau allongé de la Mufaraigne, paroît faire la nuance de celle- ci aux Rats; ainfi il doit ètre placé immédiatement après eux. Chez lui, comme chez le Campagnol , le Rat-d’eau, & la Taupe , les organes de la génération fe renouvellent dans le temps du rut & soblité- rent après. Les Spalax minor & major (7) font auffi des paffages : le premier tient à la taupe par fes petits yeux , & parce qu'il n’a point d’oreil- les, mais il reflemble au Rat-d’eau ; le fecond, outre de caractères du premier , tient encore à la Taupe par le mufeau allongé ; ainf nous le plaçons avant le Defman. Les Mufaraignes fuivent le Defman , parce qu’elles font le paflage aux Taupes. On peut voir, dans le tableau, qu’on a beaucoup augmenté le nombre de ces animaux dé- crits par M. le comte de Buffon : plufieurs ont été découverts il n’y Dee de D SR RU A CO MR ee ne eme n MORE de MU OU ee De don ce (x) Buffon, Hif. nat. &c. Vol. XIIL, pag. 314. (y) Idem, pag. 315. Des débris d'herbe €ÿ de paille qui étoient dans la gorge de cet animal doivent faire penfèr qu'il rumine. (2) Syff. regni anim. Erxleben , pag. 377 & fuivantes, Tome I. E 34 MÉéÉmotrïR£s DE LA SOctÉTÉ a pas long-temps; & probablement on en découvrira encore ; car la nature eft extrèmement variée dans ces petits animaux, & géné- ralement dans la nombreufe famille des animaux à deux grandes dents incifives au-devant de chaque mâchoire. Le Sorex aguaticus, Erxleben, où la Taupe de Virginie , & le Sorex criflatus, Erxleben, ont la figure & les mœurs de la Taupe, mais leurs dents reflemblent à celles des Mufaraignes; ainfi ils doi- vent être placés immédiatement après ces dernieres , & fe trouver entre elles & les T'aupes. Les T'aupes nouvellement découvertes au Cap de Bonne-Efpérance doivent fuivre les Taupes d'Europe & d'Amérique. Les Porcs-épics , les Hérifflons , & tous les autres animaux cou- verts de piquants, ont dans leur figure des rapports affez marqués avec les ambigus & les quadrupèdes proprement dits, pour qu'on les confidére comme autant de nuances entre ces portions. Les Hériffons doivent être les premiers; par leur mufeau allongé & terminé par un groin , & leurs jambes courtes , ils tiennent aux taupes. L’Erinaceus malaccenfis, Erxleben, tient des Hiffrix; il a les oreilles pendantes & la queue longue : on trouve auffi un autre hérif fon à longues oreilles dans les jardins d’Aftracan (a); mais ce n’eft qu'une variété du hériffon ordinaire. Les Porcs-épics ont la lévre fupérieure fendue , comme le Liévre & beaucoup d’autres animaux à deux grandes dents incifives au-devant de chaque mâchoire. L’Hif- crix macroura , Erxleben, eft très-voifin & peut-être une variété de PUrfon , fuivant M. de Buffon : auf les a-t-on joints par un crochet. Enfin , les Ours, Ratons , Coatis , Kinkajou , paroiflent ètre encore autant d'animaux moyens entre ces deux portions , mais qui tiennent cependant plus aux quadrupèdes proprement dits qu'aux ambigus. La nature carnivore de ces animaux les rapproche déja beau- coup des quadrupèdes proprement dits; mais ils confervent encore, dans leurs attitudes & leurs mœurs , plufieurs rapports avec les am- bigus. Les pattes de l'Ours ont une reffemblance groflière avec des mains. Les Ratons , Surikate, & Coatis, ont la gentilleffe des ambi- gus & mangent avec leurs pattes de devant. On a rangé ces animaux fuivant leurs plus grands rapports ; leur pofition & les crochets feront (a) Hifi. des Decouv. T. {, pag. 145. DES Sciences Puys, DE LAusanxwe, 35 fentir les différentes affinités. Le Kinkajou doit être le dernier, à caufe de fon grand rapport avec les animaux de la portion fuivante. D. Quadrupèdes proprement dits fiffipèdes. Après avoir parcouru les races douces & frugivores des Singes & des ambigus , nous allons examiner les animaux carnafliers : animaux qui vivent de rapines & de pillages; tantôt attaquant à force ouverte le foible pour le dévorer, tantôt employant la rufe & la fineffe pour furprendre l'animal fort & fans défenfe. Les uns, comme le Lion , ne détruifent que ce qu'il leur faut pour fe repaître : fouvent gé- néreux avec l’animal foible, s'ils n’ont pas faim ils lui donnent la vie. D’autres au contraire, comme les Tigres, quoique repus , n'épargnent rien ; ils femblent ne tuer que pour le plaifir d’affouvir leur rage & leur vengeance , & ne multiplier le carnage que pour le plaifir de le multiplier. La plupart fe nourriffent de viandes fraîches & des membres palpitans de leurs viétimes : d’autres , comme les Chacals, animaux voraces & gloutons , fe nourriflent de cadavres & de chairs corrompues. Les uns, perdant leur naturel fauvage , fe font foumis à l'empire de’ l’homme, & font devenus les appuis & les défenfeurs de leurs maîtres & les inftrumens de leurs plaifirs : d’autres n’ont pu étre foumis qu'à moitié, & confervent encore une partie de leur férocité. En général , l'homme règne peu fur tous ces animaux ; il peut les détruire, mais il ne les foumet pas. La nature s'eft plue à orner de fes plus riches couleurs ces ani- maux ; mais principalement les Tigres, les Léopards , & tous les animaux à ongles retractibles. Ce font eux dont les robes font les plus variées & les mieux nuancées ; ceft fous les dehors les plus beaux & les formes les plus agréables , qu'ils cachent leur férocité & leur humeur fanguinaire : femblables à bien des hommes , qui, fous des dehors aufhi trompeurs, cachent une ame dure, vile, & bafle. Les animaux qui ont le plus de rapport au Kinkajou, qui eft le dernier des animaux fervant de paflage, font ceux qui ont les jambes courtes , le corps & la tète fort allongés |, comme le Grifon, la Belette , le Putois : ils doivent donc être placés les premiers. Le Grifon , décrit par M. le Profeffeur A4/{lamand , reffemble beau- coup à la Belette; & l'Hermine a tant de rapport à cette dernière, se peut les regarder comme des variétés conftantes de la mème efpèce, E 36 MÉMOIRES DE LA SoctÉTÉ Tous les animaux qui fuivent dans le tableau, fe reffemblent à tant d'égards, qu'il eft aflez égal dans quel ordre on les range, Cepen- dant on a mis enfemble les Moffetes d'Amérique , le Putois, & le Furet ; leur figure & leur odeur les réuniffent : on a placé les Moffe- tes avant le Putois , à caufe du rapport de celui-ci au Furet & de-là aux Fouines. Le Nems ou Furet des Indes, le Furet & le Vanfire, fe fuivent; ils conduifent à la Marte & à la Fouine, qui ne diffèrent une de l'autre que par les couleurs. Suivant M. le Profeffeur Alle * mand, la Zibeline ne doit être confidérée que comme une variété de la Marte (b). Le Pekan en eft auffi une variété, fuivant M. de Buffon; & le Muflela pennanti en eft une troifième variété (c). Le Vifon eft une variété de la Fouine , & le Muflela barbara n’eft autre que le Pekan & le Vifon (d). On a réuni tous ces animaux dans un crochet, pour faire fentir la grande affinité qui fe trouve entre eux. La Foffane fuit la Fouine par fon rapport avec elle; & les Ge- nettes , placées après la Foffane , n’en diffèrent prefque, que parce qu'elles ont une poche fous la queue. La Mangoufte, qui fuit, a une poche fous la queue, & lAabitus de la Fouine. 6 Voici à préfent quelques animaux dont les rapports avec les pré- cédens ne Le pas bien nombreux ; le principal caraétère qui leur foit commun avec eux & même entre eux, eft d’avoir une poche fous la queue. Ce font les Civettes , les Hyenes, & le Blaireau. Ces animaux doivent cependant être placés ici : car, outre le caractère commun de la poche fous la queue, lenfemble de la figure des Civettes porte les mêmes caractères que celui des animaux qui précédent ; & de plus la tête de la Civette a du rapport à celle du Renard, que nous allons voir. L’Hyene a aufli des rapports avec les Chiens, qui fuivent; il en eft de même du Blaireau. Aïnfi ces animaux doivent être confi- dérés comme nous conduifant par degrés aux Chiens , Renards , Loups, (b}) 5 Quant à la zibeline, dont j'ai un mâle & une femelle ; clle eft un peu plus longue ,» que la marte : fon poil eft aufli un peu plus long & d’un plus beau brun, tirant fur le noir; elle » a une tache blanche au cou & autour du mufeau. Je la regarde comme une veritable #» marte, dont elle ne différe que par l'influence du climat”. Lettre de M. le profeffeur Allamand à-A1. Van-Berchem, fils. à (ec) Erxlcben, Syft. regni anim. pag. 470. Cette efpèce, quoique peu connue, paroit cepen- dant être la même que la zibeline. (d) Muftela Canadenfs, ubi Pekan © Vifon, habitat in America boreali. Forte varietas eff martis &ÿ fouinae, in unicam fpeciem contrahendae cum Mufiela barbara. pes Scrences Puvys. DE LAUSANNE. Le &c. On peut voir dans-le tableau la manière dont on a fait fentir leurs F7 Casa rapports. L'animal dont on voit la figure fous le nom de Carcajou dans les fupplémens à lHifloire naturelle, &c. T. 11, ne nous paroît être qu'une varièté du Blaireau. Le véritable Carcajou ( Urfus lufcus ) eft, fuivant M. de Buffon , une efpèce voifine du Glouton ( Muflela gulo ) où la mème efpece ; ce qui paroït fondé, à en juger par les defcriptions que lon à de ces animaux (e). Le Glouton de M. de Buffon ( Mufltela gulo ) doit fuivre le Blai- reau, à caufe de fon rapport avec lui; 1l conduit aux Rerards, à Plfatis , aux Chiens , au Chacal, & au Loup. Ces quatre efpèces d'animaux ont beaucoup de rapport enfemble. L’Ifatis, fuivant l’obfer- vation de M. de Buffon , eft lefpèce moyenne entre le Renard & le Chien ; le Chacal eft placé entre le Chien & le Loup; le Canis mefomeles , Erxleben, très-voifin du Chacal, paroït être le même animal ou feulement une variété ; le Canis thous eft aufli très-voifin. On a raflemblé tous ces animaux dans un crochet. On a placé dans le tableau les différentes variétés des Renards & des Loups. Le Loup noir de M. de Buffon eft une efpèce de Renard, fuivant Schreber (ff). qui le rapporte au Renard noir : il paroît effec- tivement que cet animal eft plus petit que le Loup; mais il n’a pas, fuivant la defcription de M. de Buffon (g), le poil auffi beau que le Renard noir. Nous le plaçons dans le tableau comme celui des Renards qui approche le plus des Loups, c’eft-h-dire, comme le dernier des Renards ; car llfatis & les Chiens font avant le Loup. On a placé ici les différentes races de Chiens fous la forme de tableau. Alco eft le nom générique donné aux Chiens en Amérique , mème avant qu’elle fût découverte. Il appartient à quelques efpèces dont on n’a point de bonne defcription. Ces Chiens, fuivant l’opinion fondée de Meffeurs de Buffon (h) & Schreber (i) , viennent originairement (e) Voyez Erxleben, Syf}. regni anim. pag. 168, defcription de l’Urfus lufcus, & la def. cription du Glouton, dans le T. Ill des fupplémens de Buffon, Voyez aufli les articles Carca- jou & Glouton du dictionnaire de Valmont de Bomare. (f) Schreber, T. Il, pag. 88. (g) Buffon, Hiff. nat. T. IX, pag. 363. Sa tête paroît aufli avoir plus de rapport à celle du Loup qu’à celle du Renard. (A) Buffon, Hift. nat. &c. T. XV , pag. 154, Ci) Schreber , T. IL, pag. 79. 38 MÉMOIRES DE LA SOctÉTÉ des Chiens de Lapponie & de Sibérie, qui auront paflé en Améri. que , où ils ont dégénéré par l'influence du climat. Les animaux carnafliers à ongles retractibles font auffi quadrupè- des proprement dits fiflipèdes, & doivent en conféquence trouver place ici. Les caractères qui les lient avec les animaux précédens, ne font pas bien nombreux ; mais ils ont beaucoup de rapports les uns avec les autres (k), Le Lion eft le premier : après lui viennent le Tigre, la Panthère, l'Once, le Léopard , le Guépard , &c. jufqu'aux Chats, qui doivent fuivre le Marguai par le rapport de la figure : après les Chats viennent le Serval, le-Caracal, & le Lynx. Tous ces animaux fe ref- femblent par la figure; leurs yeux font étincellans, leurs ongles retrac- tibles ; ils ont tous, excepté le Lion , le mufeau court & la tète ronde. (d). Paffages aux pieds fourchus. Comment pafferons-nous de ces animaux carnafñers & fiffipèdes aux animaux ruminans & pieds fourchus ? Qu’eft-ce qui liera ces deux grandes portions des quadrupèdes? Le Sanglier, qui, au pre- mier coup-d’œil, paroït pieds fourchus, ne left cependant pas, & doit être une des nuances. Il a quatre doigts à chaque pied, quoi- qu'il ne marche que fur deux doigts ; ainfi il tient aux fiffipèdes par le nombre des doigts, par la forme des jambes, & par le produit nombreux de la génération. D'un autre côté , il tient aux pieds fourchus , par l’appendice qu'il a à l'eftomac, par la pofition des intef- tins , par les parties extérieures de la génération , &c. Mais cet animal , dont la nature eft fi fingulière, pourroit aufh être confidéré comme le paflage des piéds fourchus aux folipèdes ; car, s’il ne tient pas aux folipèdes par les pieds , il y tient par l'allongement des mâchoires , & par les dents, dont l’ordre & l’arrangement diffère moins de celui des folipèdes que des autres animaux. Mais, comme cet animal a moins de rapports avec les folipèdes qu'avec les fiffi- pèdes , nous le confidérons comme une nuance de ceux-ci aux pieds fourchus. Le Cochon de Siam, celui de Guinée, & le Werrat, font ee à à à 1 F (k) On a mis une ligne ponctuée entre ces animaux & les précédens , afin de faire fentir qu'il y a peu de rapport entre eux. DES Sciences Puys. DE LAUSANNE. 39 autant de variétés du fanglier. Le Pecari & le Patira font voifins du Cochon , & font remarquables parce qu'ils n’ont point de queue & qu'ils ont une poche fur le dos. Tous ces animaux font réunis dans un crochet , à caufe de leurs reffemblances. Le Babirouffa fuit : il reffemble au Cochon par la tête, & il a quatre grandes défenfes remarquables; de plus, il a les pieds & les jambes des pieds fourchus. Les Chameaux , Lamas , Giraffes , font encore autant de nuances. Les Chameaux & les Lamas ont les doigts divifés en deux parties, mais ce font proprement deux doigts terminés par des ongles en forme de fabots ; ils ont lencolure en arrière, comme les pieds four- chus ; & ils font ruminans. Tous ces animaux ne font pas fort liés les uns avec les autres : ce ne font que quelques-uns des paffages, que l’on faifit dans la tota- lité des animaux , mais qui laïffent encore de grands vuides À rem- plir. On a fait fentir ici, comme dans tout le refte du tableau, la diftance qui fe trouve entre le Babirouffa & les Chameaux par des lignes ponétuées. Les Lamas, quoiqu'ils foient les Chameaux de l'Amérique & qu'ils aient quelques rapports avec cet animal, en diffè- rent cependant beaucoup. On a fait fentir ces rapports & ces diffé- rences en les joignant par un crochet ponctué. La Giraffe a auffi fort peu de rapports avec les animaux précédens : elle tient aux Cerfs par fes dents & fes cornes pleines. E. Animaux à pieds fourchus. Les animaux qui ont un eftomac court & petit à proportion de leur volume, doivent prendre une nourriture fucculente , telle que la viande ; ceux»au contraire qui ont l’eftomac fort ample, & qui peuvent fuppléer par la quantité à la qualité, fe nourriffent d’herbes & d’autres végétaux : c’eft le cas des animaux de-cette famille, qui ont aufli:la le de* ruminer. Ils fe diftinguent par leur figure agréable & fvelte ; par la fineffe de leurs jambes , qui font termi- nées par deux fabots noirs & d’une forme agréable : leur tête eft ordinairement ornée, ou d’un bois folide & foudivifé en divers ra- meaux , Ou par des cornes creufes , marquées d’anneaux & de ftries, & diverfement contournées : leurs yeux font très- grands & très- beaux : enfin ils ont dans tous leurs mouvemens beaucoup de grace & 40 MrémlommR es np ELA" So CcrTETE d’adreffe. Leurs mœurs font douces : foibles pour la plupart & fans défenfe , la timidité eft leur partage ; ils fuient également la main qui veut les careffer & celle qui veut les faifir ; la rapidité de leur courfe eft la feule défenfe qu'ils peuvent employer contre leurs ennemis. Cependant nous voyons quelquefois que le défefpoir leur donne du courage : le Bouquetin & le Chamois, quand ils font trop pref- fés, s’élancent fur le chaffeur téméraire qui les a fuivis dans leurs retraites prefque inacceflbles , & le précipitent du haut des rochers; ils lui font trouver la mort qu'il vouloit leur donner. Si la plupart de ces animaux font foibles & timides, il en eft cependant, mais en petit nombre , qui ont la force & la férocité en artage. Le Vack & les différentes races de Buffles ne font foumis à bonne qu'en partie, malgré leur long efclavage. Les différens & nombreux rapports qui fe trouvent entre ces ani- maux, nous ont engagés à en faire une efpèce de tableau particulier pour en bien faire fentir la liaifon. Nous confidérons quatre familles principales dans les pieds four- chus. (*) 1°. Les Cerfs, c’eft-à-dire le Cerf & tous les animaux qui ont beaucoup de rapport avec lui: 2°. les Gazelles, où Antilopes ; c’eft- à-dire la Gazelle & tous les animaux voifins. 3°. Les Chévres & Mou- tons ; C’elt-à-dire le Bouquetin , le Mouflon, avec leurs variétés. 4°. Enfin , les Bœufs ; c’eft-d-dire l'Aurochs & fes races fécondaires ; le Yack, & fes variétés. | Les Gazelles n’ont point de bois fur la tète, comme les Cerfs : mais elles en ont le port, l’agilité, & la figure fvelte ; elles ont des cornes creufes, comme les Chèvres. M. de Buffon regarde le Bouquetin , le Chamois , & le Bouc, comme une feule & mème efpèce. Il croit que, dans ces animaux , les mâles ont fubi plus de changemens que les femelles, parce que la femelle du Bouquetin, celle du Chamois, & la Chêvre , ont plus de rapports entre elles que leurs mâles (7). M. Pallas croit au con- traire que le Bouquetin &c le Chamois font des efpèces particulières , & que la fouche des Chêvres eft le Capra ægargus (m). Nous ne déci- derons Ds ae ee me (*) En divifant les pieds fourchus en différentes familles, nous ne voulons pas dire que les animaux de chacune de ces familles peuvent fe méler les uns avec les autres , mais feulement qu’ils ont des rapports extérieurs entre eux. (1) Buffon, Hift. nat. T. XI, article du Bouquetin. Km) Spicilegia Zoologica ; Palias, article de l’Ibex, fafticule XL. DES SCIENCES PHys. DE LAUSANNE. 41 derons pas entre ces deux grands hommes ; mais nous nous propo- fons d’examiner À fond cette queftion dans un autre mémoire : nous remarquerons feulement que , dans le tableau , nous avons fuivi l’idée de M. de Buffon, qui nous paroît jufqu’à préfent la plus probable. Le Mouflon paroït être aufli l’origine de tous les Moutons (7 Le Saiga (o) & le Guib (p) tiennent des Gazelles & des Chèvres; le Saiga, par fon défaut de barbe & par la forme de fes cornes , tient aux Gazelles; mais, par fa taille & fa figure, 1l tient aux Ché- vres. Le Guib , au contraire, tient aux Chèvres par fes cornes , qui ont des arrêtes longitudinales , & aux Gazelles par fa figure. Ces deux animaux font placés entre ces deux familles. On a eu foin de comprendre chaque famille dans un crochet; & comme les trois premières font liées les unes aux autres , un autre grand crochet les comprend toutes trois. , Les Chevrotins & la Grimm font la nuance des Cerfs aux Chèvres. Les Chevrotins , ces jolis & petits animaux , ont en diminutif la figure des Cerfs ; mais les cornes de ceux qui en ont reffemblent à celles des Chèvres, parce qu'elles font creufes. La Grimm & le Mufc lient les Chevrotins aux Chèvres. Le Mufc a les dents plates & en forme de défenfes, qui fortent de la bouche du Chevrotin ; fa figure reflemble à celle de la Chèvre. Ces différens rapports font marqués comme on le voit dans le tableau. On a rangé les Gazelles fuivant l’ordre de leurs rapports ; & l’on a mis enfemble celles qui ont les cornes dirigées ou courbées en avant. Le Biggel, ou Antilope Tragocamelus ( Erxleben ), me paroît une efpèce voifine du Nilgaut ; fa taille & fa figure s'y rapportent. L’Aurochs , où Urus , paroïît être l’origine de tous les Bœufs, & fe divifer en deux principales branches, ou races conftantes , dont lune eft celle de nos Bœufs domeftiques , & l’autre celle des Bifons ou Bœufs à boffe fur le dos. Chacune fe foudivife en plufieurs va- riétés, fuivant les climats ; & comme ces animaux font répandus fur toute la furface de la terre, leurs variétés font nombreufes. Se ne nn ME GE (a) Buffon, Hift. nat. T. X, article Moufon. . Co) Antilope Scythica, Erxleben : voyez Buffon’, fupplém. T. VI, pag. 149. Cp) Antilope Scripta, Erxlcben, Buffon, T. XII, édit, in-4°.. Tome I. F 42 MÉMoïREs DE LA SoctÉTÉ On trouve en Amérique, vers la baye de Baffin , une variété conf- tante du Bifon ; elle fe diftingue par une odeur très-forte de mufc, auffi on a nommé ces animaux Bœufs mufqués. Le père Charlevoix en donne la defcription (g); & M. de Buffon a fait graver la tête d'un de ces animaux (r). Les cornes de ces Bœufs font fort grofles , & ont la mème origine fur le deflus de la tète; elles defcendent à côté des yeux, prefque aufli bas que la gueule ; enfüuite le bout remonte en haut : ils font couverts d’une laine fi longue qu’elle def- cend jufqu'à terre. M. Pallas (s) dit que le Bœuf mufqué doit être confidéré comme une nouvelle efpèce À ajouter au genre des Bœufs; & trouve que M. de Buffon a eu tort d’en faire une variété du Bifon. Il paroït qu'il fonde fon opinion fur la fingulière conformation de fes cornes ( qui font , ainfi que nous venons de le dire , rabattues fur les côtés de la tête ), & fur leur prodigieufe groffeur : mais ces caractères ne nous paroiffent pas fuffifans pour en faire une nouvelle efpèce; on fait qu'il n’y a aucune partie des animaux qui varie plus que les cornes, & que par conféquent leur direction n’eft point un caraétère fpécifique. Quant à la groffeur, on fait combien la groffeur, la grandeur , & la figure du bois du Rhenne , varient dans les différens individus ; & M. de Buffon attribue cela à leur nourriture, qui eft un Lichen ( Li- chen rangiferinus ) extrèmement nourriffant. Or notre Bœuf mufqué fe nourrit précifément avec le mème Lichen, qui pourroit bien être la caufe de la groffeur de fes cornes, dont on a vu qui, fépa- rées du crâne, pefoient 30 liv. chacune. Au refte la conjeture de M. Pallas fur la mue de ces animaux en été, nous paroît affez proba- ble ; d'autant plus que le poil ou la laine du Bifon tombe aufli dans cette faifon-là. M. Pallas a publié (+) des obfervations très-intéreffantes fur l’hif. toire naturelle des Buffles; il a découvert leur race originaire : & voici quelle eft fon opinion à ce fujet ; elle nous paroît très-proba- Ca) Hiff. nat. de la Nouvelle-France , T. IL, pag. 132. Cr) T. VI des fupplém. PL 3, pag. 46. . (s) Dans un mémoire inféré dans le Journal de Rozier, pag. 265 & fuivantes, f'uppl. a l’année 1782. (£) Dans le Journal de M. Rozier , fuppl. à l'année 1782, pag. 260. DES Scrences PHvs DE LAusANNE. 43 ble. Il croit que la race originaire des Buffles fe trouve dans les mon- tagnes élevées du Thibet & du nord de Pnde ; qu’elle eft devenue domeftique dans les autres parties de l’Ajie; qu’elle a été tranfplantée en Egypte, & enfin dans les parties méridionales de l'Europe. Le Buffle fauvage eft connu au Thibet fous le nom de Fack; & M. Pallas a nommé Buffle à queue de Cheval (u), ce mème animal devenu domeftique dans le Thibet, & dont il donne la defcription & la figure. Le Yack & le Bufle à queue de Cheval , font couverts en entier d'un poil gros, long, & crépu ; la queue eft très-touffue & garnie de longs crins, comme celle du Cheval : cet animal, tranfporté dans les climats chauds, a perdu fes longs poils touffus , & eft devenu comme nos Buffles ordinaires. On a donc deux races ou variétés conf tantes dans le Buffle fauvage des montagnes du Thibet, nommé Fack. 1°. Celle du Buffle à queue de Cheval. 2°. Celle du Buffle à poils ras, qui eft le Buffle d'Italie , de Perfe, &c. (e). Paffage aux Solipèdes. Le Gnou femble être une efpèce moyenne entre le Bœuf & le Cheval : il a la queue , la croupe , & même la forme du corps du Cheval; fa tète tient le milieu entre celle du Cheval & du Bœuf ; mais 1l a des cornes comme le Bœuf, & il a le pied fourchu : enfin, cet animal a une crinière, comme le Cheval (x). Il fert de paffage entre ces deux portions. F. Solipèdes. * La famille des folipèdes eft peu nombreufe , elle ne comprend que trois ou quatre efpèces : leur figure eft fort agréable; le Cheval fur-tout a quelque chofe de noble & de fier dans la figure. 11 eft, comme le Chien , l'ami & le compagnon de l’homme : mais , bien plus utile que lui, il aide l’homme dans fes travaux ; partage avec lui fes peines & fes périls; & fupporte avec conftance la fatigue, la faim, & la foif. C’eft fur-tout chez le Tartare & l’Arabe vagabond, nn ne on oo po os ot PME PE C2) Hit nat, du Buffle à queue de Cheval. Cx) Buffon, T. VI des fupplém. à L'Hifi: nat: article Gnon: 44 MémowrRtEtSs. pEe:1r A So:créÉT*É que le Cheval déploie toutes les qualités eftimables qui lui donnent le premier rang parmi les animaux domeftiques. Le Zébre fe fait admirer par la beauté de fa robe; mais fon naturel rétif & indocile fait qu'il eft de peu d'utilité. Le Cheval ne fe trouve prefque plus dans l’état fauvage, fice n’eftdans les déferts de la Tartarie,oùil va en troupe. De tous les animaux domef- tiques , c’eft celui qui a le moins reffenti les effets de l’efclavage. L'Onagre, ou Âne fauvage, fe trouve en Arabie ; fa figure eft très-belle : M. Pallas en a donné une bonne defcription & une figure (y). PRAge & le Cheval produifent enfemble ; mais, comme les Mulets font inféconds , ces animaux ne peuvent être confidérés comme de la même efpèce. Le Cigtzai diffère de lOnagre : c’eft le même animal que les Chi- nois appellent Mulets fauvages ; mais il n’eft pas encore bien connu. Le Kwagga fe rapproche beaucoup du Zébre, mais il n’eft rayé qu'en partie. G. Des animaux anomaux. J’appelle Aromaux, les animaux qui font uniques dans leur efpèce ou dans leur genre, & qui ne font pas liés par des caraétères mar- qués & bien diftinéts avec les autres animaux quadrupèdes, ou qui le font par des rapports très-éloignés. L’Eléphant , le Rhinocéros , le Tapir, l'Hippopotame (7) , font autant d’efpèces anomales; on ne connoît pas leurs rapports avec les autres animaux. La forme des pieds de l’Eléphant pourroit faire croire qu'il fait la nuance entre les fiffipèdes & les folipèdes, puifque fes pieds foli- des ont cependant des divifions en forme de doigts : mais ce carac- tère unique devient nul par les différences fans nombre qui éloignent cet animal de ces deux portions. L’Eléphant a encore quelque forte de rapport ‘avec le Tapir ou Mipouri , par cette efpèce de trompe que celui-ci porte, & auf (y) Journal de M. Rozier , fuppl. à l’année 1782. (3) Nous ne mettons pas parmi les efpèces ifolées, la Girafe, le hameau, le Lama, &c. parce que ces animaux ne peuvent pas être confidéres ici comme véritablement ifoles, puis qu’ils lient, ou les portions entre elles , ou les quadrupèdes avec d’autres animaux, DpEs Sciences Pnys. DE Lausanne. 45 par quelques habitudes femblables : mais ces rapports éloignés n’em- pêchent pas que l’on ne doive confidérer ces animaux comme étant anomaux ; on les a mis à une certaine diftance les uns des autres dans le tableau. Nous joindrons encore à ces animaux les Pareffeux ( Bradypus ) ; c’eft-à-dire l'Unau, Ai, & le Kouri, qui ont beaucoup de rapport entre eux, mais qui diffèrent de tous les autres animaux par la fingu- larité de leur nature. Ils font ruminans, quoiqu’ils n’aient ni bois, ni cornes fur la tête, ni fabots aux pieds, ni dents incifives à la mächoire inférieure; & qu'ils aient les inteftins courts , & même plus courts que les carni- vores : ainfi ces animaux , quoique ruminans , s’éloignent beaucoup des ruminans : ils tiennent aux oifeaux, parce qu’au lieu de deux ou- vertures au dehors, l’une pour les excrémens , l’autre pour l'urine, ils n’en n’ont qu'une , au fond de laquelle eft un égoût commun : ils tiennent aux reptiles par leur infenfibilité : & enfin ils tiennent aux ambigus fiffipèdes par leurs pieds de devant , dont ils fe fervent comme de mains. - Ces pauvres animaux végétent plus qu’ils ne vivent : ils fe traînent lentement au pied d'un arbre, le montent avec beaucoup de peine & de temps , parcourent toutes fes branches , en mangent les bou- tons & les feuilles ; & quand il eft dépouillé , ils n’ont d’autre ref- fource pour redefcendre , que de fe laiffer tomber (a). Ce font les derniers degrés des animaux quadrupèdes ; des êtres qui femblent avoir été oubliés par la nature, & dont la race doit bientôt périr. Paffages aux Oifeaux , aux Poiffons , aux Cétacées , & aux Cruflacées (*). Après avoir fait connoître les liaifons que les animaux quadrupèdes ont fes uns avec les autres , voyons maintenant celles qu’ils ont avec d’autres animaux. Nous avons dit plus haut que plufieurs animaux quadrupèdes fem- blent, par quelques-unes de leurs parties, faire la nuance des quadru- pèdes aux Oifeaux , aux Poiffons , aux Céracées | & aux Cruflacées. (a) Buffon, Hifi. nat. T. XII. (*) On confultera , pour l'intelligence de cetarticle, le fecond tableau, 46 MÉMOIRES DE LA SOCtÉTÉ En effet, ces animaux doivent être confidérés comme les premiers degrés de ces paflages; & quoique plufieurs puffent être placés dans les différentes portions & les autres dans les anomaux , nous avons préféré de les réunir tous dans un tableau ; par ce moyen on voit d’un coup-d’œil les rapports des quadrupèdes avec les autres ani- maux : c’eft une nouvelle manière de les envifager, & par conféquent de les connoître ; car on ne connoît bien la nature que quand on l’a vue fous toutes fes faces. Indiquons ces différens pañlages. a ) Paffages aux Oifeaux. C'eft par le bec, les plumes, & les aïles, que les Oifeaux fe rap- prochent des quadrupèdes. Les Hériffons & les Porc-épics, par leur corps couvert de piquans , font autant de nuances. Is femblent, dit M. de Buffon, nous indiquer que les plumes pourroient appartenir à d’autres qu'aux Oifeaux. En effet, leurs piquans font de la mème nature que les plumes. Mais le Porc-épic a , outre cela, un caractère qui le rapproche encore des Oifeaux ; c’eft la grande force de fes mufcles peauflers. Les Pangolins & les Fourmiliers, par leur efpèce de bec, long, étroit , & fans dents, rapprochent la bouche des quadrupèdes du bec des Oiïfeaux ; & font par conféquent une des premières nuances. Les Pangolins & Phatagins font des animaux couverts d’écailles, qui n'ont de rapport avec les Fourmilliers que par la fingulière con- formation de leur bouche. Aufli a-t-on mis chacun de ces genres à part dans le tableau (b). : Les Ecureuils volans , par l'allongement de leur peau, qui, lorfque ces animaux fautent , les aide à fe foutenir dans l'air , joignent en- core les quadrupèdes aux Oifeaux. Ils fervent de paffage aux Chauve- fouris , qui paroïffent avoir , avec les Oifeaux , des rapports beau- coup plus prochains qu'aucun des animaux que nous avons vus juf- qu'à préfent; elles ont des ailes & elles volent : mais elles n’ont ni (b) Nous avons féparé le Tamandua de M. de Buffon ( décrit T. III des fupplémens ), de celui de Aargrave, quoique M. de Buffon les rapporte l'un à l’autre. Mais la queue prenante de celui de Aargrave, la raie noire qu'il a fur la poitrine & les épaules, le nombre de fes doiets, & l'ouverture de fa bouche , font autant de caractères qui. nous paroiflent fuffifans pour le féparer de celui,de M, de Buffon ; & nous avons £té confirmés dans cette opinion, par M. le Profeffeur Allamand. ; pes Scrences Pays. DE LAUSANNE. 47 plumes ni bec, & diffèrent beaucoup des Oifeaux par la figure. Ces animaux femblent être un affemblage de toutes les difformi- tés, & font une des plus fingulières produétions de la nature. L’allongement prodigieux des doigts des pieds de devant, la mem- brane mince, nue, & tranfparente , qui enveloppe ces doigts & la queue ; la petitefle des yeux, qui font à peine vifibles ; font des difformités qui leur font communes à tous. Mais ils en ont , oùtre cela, de particulières : les uns ont fur le nez une membrane , tantôt rele- vée , tantôt couchée , & toujours bizarrement contournée ; d’autres ont une langue qui dépaffe beaucoup la bouche ; quelques-uns ont le mufeau fi court qu'il eft à peine vifible, d’autres l'ont allongé ; ils ont quelquefois les oreilles aufli grandes que le corps , & d’autres fois très-courtes ; mais elles font prefque toujours doubles ou tri- ples; ‘&c. La Rouffette , la Rougette , & le Vampire , s’éloignent moins des quadrupèdes que les Chauve-fouris proprement dites ; & font par conféquent la nuance entre ces animaux. On les a placées les pre- mières ; & voici l’ordre que nous avons fuivi pour les Chauves-fouris. On à mis enfemble & dans un crochet toutes celles qui ont une membrane fur le nez; elles fuivent le Jampire ( Preropus fpectrum , Erxleben ), qui a aufli une membrane fur le nez. Viennent enfuite ( pareillement dans un crochet) toutes les Chauves-fouris qui n’ont point de membrane fur le nez, mais qui ont une queue ; & dans celles-ci on a mis enfemble celles dont le bout de la queue déborde la membrane des aîles. Tels font les chaînons par lefquels les Quadrupèdes tiennent aux Oifeaux : examinons maintenant ceux qui les lient aux Poiffons. b). Paffages aux Poiffons. LA Tous les animaux amphibies paroiffent nous conduire aux Poiffons. Le Cabiai eft un des premiers : il a des membranes entre les doigts des pieds , & vit beaucoup dans l’eau. Toutes les efpèces de Loutres doivent le fuivre ; on les a réunies dans un crochet , & féparées du Cabiai par une ligne ponétuée. Enfin , le Caffor fe rapproche encore plus des Poiffons : il a des næmbranes entre les doigts des pieds _de derrière , la queue plate & couverte d’écailles, & la chair de fon train de derrière a le goût de poiffon. 438 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ c ). Pafages aux Cétacées. Les Phoques ,. les Morfes, & les Lamentins , paroiffent faire ce pañlage. Ces animaux font tous de grande taille ; leurs bras & leurs cuifles ne font pas apparents. Les mains & les pieds des Phoques reffemblent à des nageoires : ils font enveloppés dans une membrane ; ceux de derrière font dirigés en arrière parallèlement à la queue, & ne peuvent fervir à l’animal pour marcher; enforte qu'ils font proprement bimanes. Les Lamentins le font véritable- ment : ils n'ont point de jambes ni de pieds derrière; mais feu- lement une groffe queue plate & écailleufe , qui termine le corps (c). Nous avons réuni dans le premier crochet les Phoques fans oreilles , & dans le fecond les Phoques à oreilles, d ). Paffages aux Cruflacées. Enfin , les Tatous ( Dafypus }, par leur têt offeux &- couvert d'un cuir life , nous conduifent aux Cruftacées. On a rangé ces animaux fuivant l’ordre de leurs rapports ; & l’on a mis le Tatou à longue queue de M. de Buffon (d) avec le Cachicame , parce qu'ils ne nous paroiflent être que le mème animal. Nous avons parcouru rapidément les différentes efpèces d'animaux quadrupèdes ; les bornes d’un mémoire ne nous permettoient pas de nous étendre davantage : nous avons tâché de fixer la place des animaux , relativement les uns aux autres, en fuivant l’ordre de leurs reffemblances : enfin nous avons fait connoître leurs rapports & leurs refflemblances avec d’autres animaux. Mais nous n’ignorons pas combien ces tableaux font encore remplis d'imperfeétions : nombre de quadrupèdes ne font pas affez connus pour qu’on puifle déterminer a place (c) Buffon, fupplément, T. IT, PL. 25. (d) Peut-être n’aurions-nous pas du féparer les paflages aux poiffons, des paffages aux ccta- cées ; car les cétacées doivent être proprement confidérés eux-mêmes comme paflages aux Poiffons : mais nous nous fommes conformés à la divifion ordinaire. Comme ces pañlages fe nue on peut les confidérer tous deux comme réuniffant les quadrupèdes aux Poiflons en general. DES Sciences Puys. DE LAUSANNE. 49 place d’une manière bien certaine. Dans les ambigus fiffipèdes & les pieds fourchus, par exemple, il y a plufieurs animaux qui deman- dent à être mieux vus : déja M M. d Buffon & Palles ont beaucoup perfectionné leur Hiftoire naturelle; & les travaux de ces hommes illuftres n’ont pas peu contribué à répandre du jour fur cette partie de la Zoologie. Les animaux que l’on découvre journel- lement , doivent aufli être placés dans ces tableaux. Nous ferions charmés qu’ils paruffent affez utiles aux Naturaliftes pour mériter d’être perfectionnés & augmentés : nous nous occupe- rons nous-mêmes à le faire; & ce fera avec bien du plaifir que nous profiterons des avis &c des confeils qu'on voudra bien nous donner là-deffus, Tome I. G so MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ —————— meme D AV. EeRrR T I S°S EE M ENT POUR FACILITER L'INTELLIGENCE DES Î'ABLEAUX. | ME nous ayons déja indiqué, dans le cours de ce mémoire, lufage des crochets & des lignes ponétuées dans le tableau; nous répéterons ici, que les lignes ponétuées horizontales expriment la diftance ou le peu de rapports qui fe trouvent entre les animaux qu’elles féparent : sil y a deux lignes , la diftance eft plus grande que quand il y en a une; elle eft encore plus grande quand il y en atrois. Les crochets marquent le plus ou le moins de reffemblance des animaux qu'ils comprennent, avec les animaux avoifinants. Les lignes droites , tirées entre les différentes familles, indiquent que ces familles ont du rapport l’une avec l’autre. Les crochets ponétués indiquent que les animaux qu’ils compren- nent ont plus de rapports entre eux qu'avec les animaux avoifinants , quoiqu'ils diffèrent les uns d’avec les autres. Voici les abréviations dont nous nous fommes fervis dans ces tableaux. E. ou Erxl. veut dire Erxleben. Bit chu /lForttée Bis … Buffon: Ke ue 3 Kolbe: Mal... . VO ENMuIEe NE mé Margrave S.oùSchr: ;. "PP MSCHENEE RE Ah ! AIL. ss ne SN PAlEMENA: ie Jieb ce DRE: Bale: a MBA 1 =À PRES LE « pes Sciencxs Puys DE LAUSANNE. si DESCRIPTION D'une Machine à feu, pour élever l'eau fans piffon ; propolée pour le defféchement des marais qui régnent entre les lacs de Neuchatel, de Bienne ; & de Morat. Par Mr. FRANÇOIS, PROFESSEUR DE PHYsiQuE. Lu le 3 Mai 1783. Qvsrovrs membres du Gouvernement m’ayant confulté fur le def- féchement d’une étendue confidérable de marais entre les lacs de Neuchatel , de Bienne, & de Morat; j'examinai fi on pouvoit em- ployer pour cet effet la méthode dont les Hollandois fe fervent avec tant de fuccès. Cette méthode confifte à environner de digues le terrain qu'on veut deflécher ; & à placer de diftance en diftance, des moulins à vent, qui épuifent l’eau intérieure & la verfent dans des canaux établis hors de la digue: La fimple infpeétion des lieux me convainquit qu'on ne pourroit faire aucun ufage de ces moulins. Ces marais font bordés , à left & à loueft , par le Jura & le Jorat ; ce qui rend le cours du vent très-irrégulier : outre cela, ces moulins à vent font fujets à deux inconvéniens très-confidérables ; le premier, que, même dans les pays de plaine, ils ne vont pas plus du tiers de l’année ; le fecond, qu'ils ne peuvent élever l’eau qu’à une hauteur médiocre , c’eft-à-dire, à celle du rayon de la roue. On a cherché , il eft vrai, à remédier à cet inconvénient en inclinant laxe de la roue ; mais il en eft réfulté d’autres défauts , qui ont obligé à en revenir à l'axe horizontal. Il me paroït donc que, pour des entreprifes de ce genre, il convien- droit de renoncer aux moulins à vent ;.& qu’il faudroit donner la préfé- rence aux machines à feu. Les Angloisen font depuis long-temps l’ufage le plus avantageux ; les François & les autres Nations commencent G 2 s2 MÉMOIRES DE LA SocrxÉTÉ à s’en fervir. Ces confidérations m’engagent à propofer la machine fuivante , dont je vais donner la conftruétion & décrire les effets. La machine eft compofée du tuyau a b, qui plonge en partie dans Veau. À ce tuyau eft joint le cylindre ou corps de pompe de fera, dont l'orifice inférieur eft fermé par le clapet 2 g, qui s'ouvre de a en c. Le diamètre de a+ eft fextuple du diamètre de à b. r y eft un alambic de cuivre , rempli aux deux tiers d’eau, & pofé fur un fourneau , qui communique par le tube nc à la partie fupérieure de at.N p eft un tube par où Peau eft forcée de monter dans le bacquet BB, fufpendu au point x, autour duquel il tourne. 4 1 eft le con- trepoids du bacquet. En N & » fe trouvent deux robinets. L M N & 1 m n font les branches du régulateur , qui fert à ouvrir & à fermer les robinets. K K canal déférent; k £ tube d’'injeétion , dont l’orifice inférieur eft fermé par le clapet à reflort r #, qui s'ouvre de r en a. Enfin » eft le cliquet reniflant. . Je fuppofe l'eau bouillant dans lalambic , les robinets N & » fer- més , & r a b rempli d’eau (*).Il eft clair que , dès qu’on ouvre les robi- nets, la vapeur s'échappe par #c; elle prefle la furface de l’eau; les clapets a g & rt fe ferment ; l’eau eft forcée de monter de Nen p, où elle fe vuide dans le bacquet à bafcule B B. Ce bacquet , étant rempli, tourne fur fon axe; il fe verfe dans le canal K K; & dès quil eft vuidé , il fe rétablit dans fa pofñtion horizontale, par le contre- poids d L: mais le bacquet, en s'inclinant;, fait mouvoir les deux branches du régulateur , qui ferme les robinets en N & 7 & qui les ouvre en fe relevant. D’un autre côté, le canal K K, qui recoit Veau du bacquet , fournit à chaque reprife de l’eau au tube d’injec- tion K#, qui, en tombant, furmonte la réfiftance du clapet à reflort r t. Cette eau, qui eft froide, tombant dans le cylindre a #, condenfe la vapeur; il fe fait par conféquent un vuide ; & l’eau qui eft dans le tuyau a b, preffée par le poids de Patmofphère , vient la remplacer. Le cylindre a t fe remplit alors de nouveau , les robinets s'ouvrent , la vapeur s'échappe , & l’eau eft chaflée derechef; ce qui fe fait alternativement cinq ou fix fois par nunute. L’infpeétion de cette machine montre fa fimplicité. Elle n’eft fu jette , ni aux frottemens des piftons, ni aux ébranlemens des leviers qui s'élèvent & qui s’abaiflent, comme dans les machines à feu em- : . F : . (7) L'eau montera facilement dans le corps de pompe, en imprimant au bacquet un mouve« ment ofcillatoire, PL. | Page.S 2, Molcre feat: ñ ss£ FAN ES PR O7 DES Scrences Pays. DE LAUSANNE. +7 ployées en Angleterre. Elle a en elle-même le principe de fon mou- vement régulier ; car le bacquet, mis en mouvement par l’eau qui fe verfe, fait agir les régulateurs , qui ouvrent & ferment le robi- net fans le fecours de perfonne. Cette machine peut élever l’eau , au moins à $o pieds , en comp- tant 30 pieds pour le poids de l’atmofphère & feuilement 20 pour laétion de la vapeur. Sa force confifte dans le rapport de la capacité de l'alambic, avec celle du cylindre fupérieur. C’eft d’après ce mème rapport qu'on peut eftimer la quantité d’eau qui fortira à chaque action. Je n’ai pas cru devoir entrer dans tous les détails relatifs À la conf truétion , aux moyens de donner la plus grande folidité à l’alambic & aux cylindres, & à la meilleure forme dont le fourneau eft fuf- ceptible par rapport à l’économie du bois : tous ces objets font fans contredit de la plus grande importance ; mais ils font trop connus pour qu'il foit néceffaire de les répéter ici. s4 Mémoires De LA SoctÉTÉ OS CONSIDÉRATIONS Sur le Foffile appellé Belemnite, 65 fur les Pétrifications quart&eufes ; avec quelques conjectures [ur la forma- tion des Roches primitives. Par MR. ze Comte G. ne RAZOUMOWSKEL Ln le x7 Mai 1783. Des Belemnites. D auteurs ont avancé diverfes opinions fur les Belemnites, d’après un examen peu fcrupuleux de ces corps & feulement d’après Vinfpeétion du caraétère le plus propre à favorifer leur hypothèfe. L'un les a confidérés comme une fubftance végétale (a) , un autre comme des dents de quelque animal marin (b); ceux-ci en ont fait des animaux du genre des Mollufques (c), & ceux-là enfin des coquilles du genre des Tuyaux de mer (4) : fans parler de ceux qui, comme Æ’oodward, fans autre raifon que quelques légères reffemblances , les ont rapportés au règne minéral. De toutes ces opinions , la plus dénuée de fondement eft celle qui confidère la Belemnite comme dent d’un poiflon marin, parce que, dit-on , elle a la forme de celles de la Baleine ( Phyfeter ) ou de lAligator. 11 eft étonnant que M. Bourguet , qui a fort bien obfervé les ver- er Ca) Helving, Lith. Angerb. (db) Lettres philofoph./fur la formation des fels, par Bourguet. {c) Syff. miner. Walleriüi ; Diéfion. Oryét. de Bertrand, à l'art. Belemnite; Elem. d'Oryä. du même. Cd) Gefner, Traët.phyfic. de Pet, H. Klein, de Tub. marinis. OR E TRRE “ DES SctENCES Pays. DE LAUSANNE. 55 miculites & quelquefois des coquilles parafites attachées à la Belem- * nite, ait pu l’adopter. Celle qui en fait une plante, paroît mieux fondée : en effet, ce foflile fait voir diftinétement des fibres longi- tudinales & tranfverfales, comme les plantes; & l’on diftingue de même à fa bafe les cercles annulaires & concentriques qu'offre la coupe tranfverfale de celles-ci ; & ces cercles ne varient pas. moins en nombre que ceux qui font connoître l'age des plantes. Mais no- nobftant ces apparences, la Belemnite , obfervée plus attentivement , ne pourra jamais être regardée comme une fubftance du règne végé- tal, par la même raifon qui fait qu’elle ne peut appartenir à l’oftéo- logie des animaux marins, parce que les coquilles & les vermifleaux marins ne s’attachent guères aux plantes : aufli ne voit-on point de plantes pétrifiées incruftées de ces corps marins. Une raifon plus forte encore eft que la nature de la Belemnite eft invariable & toujours la même ; tandis que j'ai vu des dents & des os pétrifiés en fpath teflulaire (e) & en grès; des plantes pétrifiées en pierre calcaire , en fpath, en grès, en pierre argilleufe , &c. Il n’eft pas plus raifonnable de vouloir exclufivement que toute Belemnite foit un zoophyte du genre des Mollufques ; ou une efpèce de Tuyau de mer, comme l’Orthocératite. Car, d’un côté , il eft certain qu'il ne s’atta- che jamais de corps marins parafites à des fubftances de la nature des Mollufques : & de l’autre , il eft auffi certain qu'un grand nom- bre de Belemnites ont trop, comme lobferve fort bien le favant Vallérius , l'air d’avoir été molles & gélatineufes avant la pétrifica- tion, pour pouvoir être regardées comme des Tuyaux de mer. Tou- tes ces opinions font donc , comme on le voit, erronées : & après un mûr examen , il faudra , ce me femble, confidérer les Belemni- tes fous deux états différens ; ou comme Mollufques libres & non munies d’un tèt, ou comme Mollufques habitantes & couvertes d’un tèt : c’eft ce que je vais tâcher de prouver. La feule raifon qui empêche les Naturaliftes obftinés dans leurs opinions , de regarder la Belemnite comme la pétrification d’une Mol- lufque, eft l’idée où ils font que, non feulement les corps gélati- neux & mous, mais mème les fubftances ligneufes tendres, ne font pas fufceptibles de la pétrification (f) : idée qu'ils fondent fur ce (e) Je pofféde un fragment d'ivoire d'Eléphant pétrifié en fpath teffulaire, (JF) Je poffède un morceau que M. Spengler, directeur des cabinets d'Hift. nat. de S. M. Danoife , m’avoit donué pour des corrallites du Danemarck, &-que j'ai reconnu être indubita- 6 Mémorres DE LA SoctrÉéT*é que ces fortes de corps font très-fujets à une prompte décompofi- tion & putréfaction. Mais, quoique l’on ne puiffe difconvenir de cette vérité, pour peu que l’on ait des yeux & que l'on foit dé- pourvu de’préjugés , l’on ne peut s'empêcher de reconnoître que la nature a des moyens qui nous font inconnus, pour la confervation de ces fortes de fubftances dans les entrailles de la terre. À la vérité, ces moyens fuppofent des circonftances peu communes, & par con- féquent ces fortes de pétrifications doivent ètre fort rares; mais elles n’en exiftent pas moins : n’en a-t-on pas des exemples dans les fa- meufes mafles de St, Pierre à Maftricht, dont tout le monde con- noît les belles pétrifications , & où lon voit une quantité de corps inconnus, qui paroiflent vifiblement avoir été mous? La plupart des Alcyons n'ont-ils pas été également des corps mous? Enfin, ne trouve-t-on pas des pétrifications d’animaux avec toutes leurs parties molles ? témoins les Etoiles de mer proprement dites (g), dont on ne trouve jamais la charpente offeufe feule parmi les pétrifications; les poiffons, dont je pofféde un dans une pierre marneufe de Provén- ce, où l’on diftingue, non-feulement une partie des chairs, mais même une partie des inteftins, qui ont confervé toute la fraîcheur de leurs couleurs ; lé SE Aie dont parle Gefner (h); loifeau pétri- fié décrit par M. le chevalier de Lamanon; (1) la main humaine chan- gée en turquoife, que l'on conferve dans le cabinet du roi à Paris (R); & tant d’autres exemples, dont la lifte grofliroit inutilement ce mé- moire. Si donc l’on n’accorde la poffibilité de la pétrification de ces fortes de corps, ce que lon ne peut nier fans opiniâtreté ; & que lon obferve les Belemnites avec l'attention qu’elles méritent, lon verra qu'il y en a de deux efpèces bien diftinétes & bien reconnoifla- bles. Les unes , toutes creufées à leur fuperficie extérieure, de fillons qui fe croifent en divers fens , & point incruftées de vermiculites ou coquilles parafites, préfentent tous les caractères d’un corps animal a & gélatineux, qui a éprouvé en expirant une forte de contrac- tion, blement des racines de fougère, dont les tiges coupées tranfvetfalement . préfentent parfai- temenc cette efpèce de figure d'aigle dont on amufe les enfans de tous les pays. (g Voyez le Voyage dans les Alpes, &c. pag. 284, PI. 3, & le traité des pctrifications PL ço, fix 438, qui reprefente l’etoile de mer à rayons en forme de queue de lézard. (Ch) Traë. phyf. de Pet. pag. 66. Ci) Journal de Phyf. &ÿ d'Hift. nat. de l’'abbe Rozier, mois de Mars 1782. {k) Voyez le Did. d'Hiff. nat. & la minéralogie de Valmont de Bomare. EE s, Des Sciences Puyvs. DE LAusANnez. 57 tion , laquelle aura occafionné les rides & les fillons que Pon apper- çoit fur toute fa longueur. Les autres font unies fans fillons, ou tra- verfées d’un feul fillon , & recouvertes quelquefois ( quoique rare- ment) d’un refte de tèt; ainfi qu’on le voit dans une Belemnite du Jura Suifle, que je pofléde: ces dernières font encore la pétrifica- tion des mêmes moines: mais renfermées dans leur coquille , & fouvent ornées de vermiculites, de tuyaux de mer, d’huîtres parafi- tes. Leur coquille peut avoir été ufée par le frottement, ou calcinée & détruite de manière À ne laiffer que la fubftance charnue de l’ani- mal, qui, ayant pu fubir la pétrification à couvert dans fon tèt avant la deftruétion de celui-ci , n’aura point éprouvé de contraction de fes parties, comme les Belemnites non douées d’un têt (7). Il fe pour- roit cependant que ce têt, à raifon de fa minceur & de fa fragilité, fût détruit en tout ou en partie avant la mort du Mollufque teftacé, devenu Belemnite ; & alors celle-ci feroit entiérement femblable aux Belemnites non teftacées pétrifiées : c’eft-là le cas d’un individu que je pofléde , & dont je vais donner la defcription. Cette Belemnite eft de la province d'Ukraine : elle eft prefque tranfparente; & placée entre l'œil & le jour, elle a la couleur de la fardoine : à l'endroit correfpondant à l’efpèce de fibre qui la traverfe intérieurement & que l’on diftingue au moyen de fa tranfparence , on voit à l’extérieur des faifceaux de veines creufes, qui, partant prefque du fommet, fe dirigent vers la bafe, mais fans y arriver, & fe divifent de chaque côté en ramifications qui s'étendent fur la circonférence du cône : cette circonférence eft prefque toute fillon- née de fillons plus ou moins parallèles aux premiers : on voit entre eux des cannelures ou ftries, creufes & minces, femblables aux petits plis que l’on apperçoit fur les fubftances fort extenfibles, lorf- qu’elles font tendues : d’autres petits fillons, diverfement recourbés, fuivent diverfes directions , fe croifent de différentes manieres , & préfentent tous enfemble l’idée d’une fubftance molle ou gélatineufe, dont:le corps, par la contraction de fes parties, a pris les différens plis, qui fe font confervés après la pétrification de lanimal. Cette (1) On connoïît l'exemple fameux de ces noix trouvées en creufant un puits en France, dont il n'y avoit que la fubftance pulpeufe de pétrifiée tandis que l'enveloppe ligneufe s’etoit par- faitement confervée fans alrération ; ou celui de ce crâne humain dont parle Henckel, dont tous les os étoient feulement devenus friables, tandis que le cerveau étoit pétrifié au point de donner des étincelles lorfqu'on le frappoit avec un briquet. Tome I. H 53 MÉMOIRES DE LA SOCci1ÉTÉ Belemnite eft recouverte extérieurement d’une enveloppe blanchâtre, très-mince , & fur laquelle paroiffent également tous les plis du corps qu’elle recouvre ; à l’intérieur elle eft également tapiffée d’une enveloppe plus blanchâätre encore, plus épaifle , lamelleufe, & qui paroït, fur-tout avec le fecours d’une loupe , un peu granuleufe ; de maniere qu'il paroït que ces deux enveloppes faifoient les fonétions d’une membrane fur ce corps mou , dont la fubftance diffère, mè- me par fa couleur, qui eft d’un jaune foncé, de celle de la membrane, qui eft mince à l'extérieur , parce que l’animal, garanti par le têt qui le recouvroit , avoit moins à craindre du frottement où du choc des autres corps : au contraire cette membrane étoit plus épaifle à l’intérieur, & formée en apparence comme la peau des grands ani- maux , de membranes minces , appliquées les unes für Îles autres ; parce que la nature n’avoit point recouvert ces parties d’un tèt : ce têt fort mince, & qui a été ufé & détruit avant ou peu après la mort de l'animal, recouvroit fon corps de la mème manière qu’on le voit chez les autres animaux à coquilles : on voit encore des vef- tiges de ce têt, qui fe font confervés très-reconnoiffables, foit vers la bafe, foit vers la pointe du cône. On doit encore remarquer ici un pli longitudinal très-fenfible , qu'a contraété cette Belemnite : ce pli eft apparent fur fes deux faces interne & externe correfpondan- tes ; à l’intérieur il eft en creux; à l’extérieur il eft en relief, en- tre deux fillons en forme de gouttières, qui ne s'étendent que fur une partie de fa longueur. Cette piéce ne fe termine pas fimplement en pointe, comme la plupart des Belemnites coniques ; mais elle s’arrondit à fon fommet , qui eft enfin terminé par une pointe ma- millaire , proëminente & creufe, ainfi qu’on la voit repréfentée dans l'ouvrage de Bourguert ( Lettres philof. fur la format. des fels, fig. 7 6 15.) : cette pointe ne paroît être qu'une continuation de la gran- de cavité qui traverfe tout ce cône. Et puifque l’on ne peut fe refu- fer , d’après cette defcription de la Belemnite d'Ukraine, à la regar- der comme lanimal même teftacé , privé accidentellement de fa co- quille ; l’on peut, ce me femble, fuppofer que cette partie proémi- nente du fommet du cône étoit effeétivement une forte de mamelon ou fuçoir , propre à fixer l'animal fur les corps durs, ou même fur d’autres coquillages , tels que le fameux Ourfin du cabinet du comte de Buffon , qui a fait penfer à bien des gens que la Belemnite étoit une pointe d'Ourfin. L'infpection de ma Belemnite montre claire- pes Scrences Puys. DE LAUSANNE. 59 ment que cette partie proéminente étoit moins capable de contraction ou de dilatation que le refte du corps: en effet, ma Belemnite étant creufe intérieurement , & par conféquent dilarée jufqu'à un certain point; & la partie à laquelle adhère le mamelon n'ayant pu s’éten- dre latéralement avec les autres parties du corps; il en a réfulté une tenfion violente dans le fens de la longueur de lanimal; ce qui a produit des fillons longitudinaux très-ferrés , tendant , comme des rayons divergents d’un même centre, du fommet vers la bafe du cône , & très-fenfibles à l'œil fur toute cette partie de la circonfé- rence extérieure. D’un autre côté, je pofléde une Belemnite du Jura, en forme de fufeau , qui paroït avoir été un animal non teftacé, & qui n’eft traverfée, dans toute fa longueur , d'aucune cavité inté- rieure fenfible : elle ne paroît devoir fa forme qu'à une très-grande contraction de fes parties; de manière que tous les points de fa circonférence intérieure viennent fe toucher & aboutir à un même centre , fans laifler aucun vuide entre eux, & de facon à produire une forte de renflement au point de contact ou à ce centre commun, tandis que la pointe du cône , ne pouvant fe contraéter autant que le refte du corps, a confervé une partie de fon ouverture (*). Il y a apparence que la bafe du cône animal n’étoit point adhé- rente à la coquille; qu’elle étoit douée de la faculté de s’écarter avec facilité de fes parois intérieures; & que, dans toutes les Belem- nites , teftacées ou non teftacées , elle avoit la liberté de fe fermer & de s'ouvrir à fa volonté, pour recevoir ou retenir la proie dont elle fe nourrifloit : ce qui s’exécutoit au moyen de cette méchani- que merveilleufe, dont la fimplicité caraétérife par-tout les ouvrages de la Nature. Nous avons vu que toute Belemnite eft intérieurement compofée de fibres longitudinales &t tranfverfales ; & que celles-ci font circulaires ou annulaires : elles avoient apparemment la propriété de fe rétrécir à volonté; & les premières étant comme les rayons de ces cercles , lorfqu’elles fe contraétoient , elles produifoient auff la contraétion des cercles annulaires dont le diamètre devoit natu- rellement diminuer au moyen de cette plus grande contraétion & convergence de ‘leurs rayons ; & ce diamètre devoit au contraire (*) Ces effets font produits par l’évaporation de l'humidité de l’animal, par fa décompof- tion fubféquente, & par l’affaiflement de fes parties; ce qui produit la contraction, les rides, & les plis ( Voyez la Deftript. d'un zoophyte fingulier de la mer Baltique dans le Journal de Plyf. € d'Hift. nat. du mois de Janvier de l'an 1782). 2 LA 6o MÉéÉmorrxs pe LA SoOocirÉTÉ*É reprendre fon état ordinaire par la plus grande tenfion des fibres annulaires , produite par la plus grande tenfion & divergence de leurs rayons ou des fibres longitudinales. L'animal ne montrant aucun veftige de dents propres à broyer une nourriture folide, ni de vaif- feaux propres à la digérer ; je fuis très-porté à croire que l’enve- loppe membraneufe interne dont nous-avons parlé, & qui eft, com- me je l'ai dit, granuleufe , pouvoit n'être qu'un amas de papilles, effacées en partie par le laps du temps, & formant comme de pe- tits fuçoirs propres à extraire les parties fluides des infeétes dont il fe nourrifloit. 4 La divifion que je fais ici des Belemnites en deux grandes efpèces, n'aura rien d’étrange lors qu’on fera attention que ce ne feroit pas ici le premier exemple d'animaux marins dont les individus, d’efpèce femblable quant au refte, ne différent qu’en ce que les uns font toute leur vie habitants d’un tèt, & que les autres ne le font pas. On fait que le Sacpia , la Scolopendre de mer (m1), les Limaçons, &cc. reftent emprifonnés dans les Tuyaux de mer, les Nautiles, &c. ou voguent libres & fans entraves au fein des flots. Quand aux Belemnites cylindriques , je fuis entièrement de lavis du célèbre Wallérius , qui croit que ce ne font que des Belemnites coniques , tronquées accidentellement à leur extrèmité (7) : & je penfe auffi, comme lui, que les alvéoles que l’on trouve dans les Belem- nites & qui font des dépouilles de l'Orthocératite, ne s’y trouvent encore qu’accidentellement (o); vû que le grand nombre des Belem- nites que l’on voit en eft entièrement dépourvu. Au refte, comme la Belemnite appartient à un genre d'êtres fort difficiles À obferver , qui fe préfentent rarement fous leurs vraies formes , & dont les individus nous font encore très-peu connus; il n’eft pas impofhble que fon analogue marin exifte aétuellement ignoré dans nos mers : & ce ne fera qu'en multipliant les obfervations fur les Zoophytes en général, que lon pourra acquérir des connoiffan- (m) On peut voir dans les ouvrages de MM. d'Argenville & Ellis ( Conchyl. & Effai fur les aies les figures du Sacpia & de la Scolopendre de mer, habitant le Nautile & les Tuyaux e mer. (n) Syf. min. pag. 448. Vindobone. Co) Ibiden, obf. circa Orthocerat. Il paroît que ce qui forme proprement le têt de l'Or- thocératite , devoit être beaucoup plus fragile & plus difficile à fe conferver que les Alvéo- les ; puilque celles.ci fe trouvent beauçoup plus communément que les Orthoceratites mêmes. PT Te CR pes Scrences Pays. DE LAUSANNE. 6x 4) ë ï ces plus exactes fur ces fingulières produétions du règne animal; ce qui ne pourroit guère fe faire qu’en établiffant , à grands frais, des ménageries marines telles que les propofe M. l'abbé Diquemare , à qui nous devons d’excellentes recherches fur les Anémones de mer & quelques autres animaux de même nature. =—_— BOIS PÉTRIFIÉ QUARTZEUX. ei mm), P aRM1 les pétrifications , celles du bois ne font pas les plus com- munes : on en a cependant trouvé en différens pays & de diffé- rentes natures, On voit des troncs d’arbres entiers, avec une partie de leurs raci- nes , agatifés , dans le beau cabinet d’Hift. nat. de l’Académie impé- riale des: fciences de Pétersbourg. J'ai trouvé des bois pétrifiés en pierre argilleufe dans la Finlande fuédoife ; j'en ai trouvé en fubf- tance de grès dans la Ruffie méridionale, &c. mais jufqu’ici l'on n’en avoit point trouvé , que je fache , de nature quartzeufe. Et comme les Naturaliftes , fe fondant fur la divifion imaginaire des Pierres en Pierres ou Roches primitives & fécondaires, étoient dans la ferme perfuafion qu'il ne pouvoit fe trouver aucune pétrification de cette nature ; j'avois long-tems balancé à prononcer fur le morceau que je pofléde. Mais layant obfervé avec la plus fcrupuleufe attention , & l'ayant comparé avec des fragmens de bois; je n’ai plus pu m’empè- cher de le regarder comme un morceau de bois, changé en quartz par la pétrification. Au refte ce n’eft point ici la première pétrifi- cation quartzeufe que l’on ait trouvée ; M. Gefner cite un grouppe de coquilles changé en quartz femblable au fucre le plus blanc de Pile de Cypre. ( Voyez T'raë. phyf. de Pet. cap. 3, pag. 11 ). Le morceau dont je préfente 1ci la defcription eft un fragment de bois vermoulu ou rongé par les vers, changé en un quartz lai- teux : Jen donne ici la figure; & j'y joins celle d’un morceau de fapin , également vermoulu, afin qu’on en puifle faire la comparaifon. Ce morceau , trouvé fort fingulièrement fur les côtes de Hollande , paroïît avoir été un bois fort tendre, en partie pourri & décompofé avant Ja pétrification , ainfi qu'on le voit dans la fig. 1, où il eft 62 MÉMOIRES DE LA SoOcrÉTÉ repréfenté de grandeur naturelle par une de fes faces & par fa partie inférieure. Les lames ligneufes qui compofent fon tiffu y paroiffent s'ètre affaiflées & défunies : on voit dans la fig. 1. comme dans la fig. 2. les fillons creux & réguliers placés les uns à côté & au-deffous des autres, de la même manière que dans le morceau de fapin de la fig. 3, & dans les endroits où les lames formées de laffemblage des fibres ligneufes défunies & décompofées les ont laiffés À décou- vert : au contraire , là où ces lames ligneufes recouvrent encore ces fillons creufés par les infeétes , il ne paroît À l'extérieur qu'un petit trou plus où moins rond, communiquant à l’intérieur avec le boyau creufé dans le bois, & fervant d'ouverture d’entrée ou de fortie À Pinfette mineur; ce qui s’obferve de même dans le fragment de fa- pin qui fert d'objet de comparaifon : dans l’un & dans l’autre le cfèufage eft prefque en ligne droite, comme le corps. de l’infe@te étendu a dù l'être jufqu'à l'ouverture de fortie dont il vient d’être fait mention , où le boyau miné fe recourbe un peu en avant : dans lun & dans l'autre , ces boyaux font plus ou moins longs & étroits, fe- lon la grandeur , la groffeur, & l’âge du ver mineur : dans l’un & dans Vautre on voit à leurs parties inférieures & fupérieures des trous plus ou moins ronds, parce qu’elles préfentent la coupe tranfverfale du bois, où l’on ne voit auffi que la coupe tranfverfale des boyaux mi- nés. Tout ver qui fe change en mouche laiffe, après fa métamorpho- fe , fa dépouille de ver dans le premier endroit de fa naiffance & de fon habitation ; c’eft une règle générale , qui a dû avoir lieu ici comme ailleurs : auf retrouve-t-on les veftiges de ces dépouilles dans les fillons du fragment de fapin & dans ceux du morceau quartzeux. On diftingue à l’extrèmité de ce dernier des taches, ou plutôt des grains noirs pétrifiés de même que tout le refte. Si, après cette defcription , quelqu'un pouvoit encore douter que ce morceau füt un véritable fragment de bois pétrifié; sil étoit plutôt tenté de le regarder comme un morceau de quartz roulé & creufé par les eaux : je répondrois que , filon examine ce fragment avec une attention encore plus fcrupuleufe, le tiflu végétal s’y mon- trera trop évidemment , tant à l’intérieur qu'à l'extérieur , pour qu'on puifle s’y tromper. Car, fi lon mouille la pierre, & qu'on lex- pofe entre l'œil & le jour; on obfervera dans les parties demi-tranf- parentes les fibres ligneufes fort ferrées dans toute fon épaifleur : & entre ces fibres, dans plufieurs endroits , on obfervera aufli des pes. ScrencEes Puvys. DE LAUSANNE. 63 taches jaunâtres, en forme de grains les uns à côté des autres, que l’on reconnoïîtra facilement pour des veftiges des utricules de la plante. J'ajouterai que le creufage de leau eft bien différent & ne fe voit guère que dans le flex ou autres pierres plus tendres encore ; qu'elle n’y produit qu'une ou deux cavités profondes & rondes , au moyen d’une chûte long-temps continuée , au-deffous de laquelle ces pierres , nommées pour lors pierres de Vache ( lapides Vaccini ), fe feront trouvées , &c jamais des canaux plus ou moins profonds, réguliers, & prefque parallèles , comme dans le cas préfent ; que d’ailleurs il eft clair , par ce que je viens de dire, que ces effets ne peuvent avoir lieu dans l’eau des mers, mais uni- quement dans les eaux courantes , qui , coulant toujours fur un plan incliné , font fujettes À des fauts & des chûtes qui donnent à Le la force active des corps durs & folides. . Il fe trouve donc quelquefois des pétrifications dans les pierres primitives , & apparemment dans les roches qui en font formées ; donc les montagnes primitives n’ont pas été formées de toute anti- quité, & leur origine ne remonte guères au-delà de celles des mon- tagnes fecondaires , ou des couches de dépôts. Examinons cette quef- tion plus en détail. Ê (om mm CONJECTURES SUR LA FORMATION DES ROCHES PRIMITIVES. à | RUE Naturaliftes attribuent la formation des roches compo- fées ( Saxa ), & principalement du quartz , à la tranfmutation des eaux en terre. De cette opinion font Boyle(p), Newton, Linneus (g) ; Wallérius attribue la génération du quartz à la tranfmutation de l’eau de.la mer en terre calcaire, & de celle-ci en fubftance quartzeufe (r). D’autres regardent ces roches comme le produit de la vitrification d’une terre vitrifiable préexiftante : cette hypothèfe à: été adoptée par l'illufire comte de Buffon & par tous ceux qui ont écrit D NEC RE RME (Cp) Tracé. de orig. min. (q) Syff. nat. Tom. Ill, pag. 66. Cr) Syff. min. Obf. circa quartzum. 64 MÉMOIRES DE LA SoctÉTÉ d’après lui (s). Mais fi, après les grands noms que je viens de citer, il m’eft aufli permis de hafarder mon opinion; je dirai que rien ne nous démontre une vitrification générale du globe terreftre, comme le prétend lingénieux & favant auteur qui l’a imaginée : que, quoi que je fois très-porté à accorder la tranfmutation de l’eau en terre, je ne penfe cependant point que cette caufe fuffife feule à Pexplication du fait dont il s’agit : & que, pour le bien expliquer, je crois devoir remonter à une époque plus reculée, à celle de la féparation & formation des élémens & des couches terreftres. Notre Globe , ainfi que je le conçois, n’étoit avant la création qu'un tourbillon de matière, qui contenoit tous les principes des corps défunis : la Puiffance infinie , le Principe des principes , imprima le mouvement à ce tourbillon ; & ce mouvement fut rotatoire , parce qu'il ne peut être autre pour les corps d’une fphéricité parfaite : 1l en réfulta une force centrifuge , qui tend toujours à éloigner les corps pefans du centre commun ; une force centripéte , qui tend à rapprocher de ce mème centre les corps légers ; & une certaine condenfation , un certain rapprochement des parties du tourbillon, qui , en occafonnant la réunion de celles de Pair & leur diffipation par ce mouvement fubit, forma peu-à-peu l’atmofphère actuel, mais plus homogène & plus pur qu'il ne left pour nous; parce quil n’étoit point encore mêlé des exhalaifons des corps décompofés. Cet athmofphère, agité par le mouvement rotatoire du tourbillon, pro- duifit du froid (+); & celui-ci une plus grande condenfation du tourbillon , qui occafionna la produétion de l'eau, formée de la réunion de fes principes; à mefure que l’eau fe formoit, une par- tie fe tranfmuoit en terre, qui fe précipitoit au centre, pour lui fervir avec le temps de fond : de-là les couches d’argille & de limon , qui font les plus profondes & les premières fur toute la fur- face du Globe. Des parties aériennes & gazeufes étoient répandues dans (s) M. Gerhard paroît aulfi avoir adopté cêtte opinion ). Beyträge zur Chymie und Gcf- chichte des Mineralreichs , Th. I, S. 90. (t) Qu'il me foit permis de defcendre du grand au petit, en fait de comparaifon, pour préfenter à l’efprit des objets plus à fa portée ; & il fera aile de concevoir combien une malle, comme celle d'un tourbillon tel qu’on le fuppofe , devoit, agiter l'air ambiant , lors que je dirai que j'ai éprouvé qu’un courant d'eau , qui même a peu de volume & de mafle, mais qui fe meut avec vitelle, produit, dans l’athmofphère qui l’environne, un refroïdifle- ment capable de faire defcendre le mercure d’un thermomètre de plufèurs degrés, pes Scrences Pays. DE Lausanne. 6$ dans le tourbillon avec les autres principes , fans fe mèler felon leur plus ou moins grande pefanteur fpécifique & felon d’autres caufes inconnues. Ces parties , abforbées par l’eau à mefure qu’elles fe for- moient , donnèrent naïffance aux particules quartzeufes (1), qui, à caufe de leur plus grande pefanteur , reftèrent fufpendues à la fur- face des eaux foumifes à la force centrifuge , tandis que le limon fe dépofoit au fond. Mais, à force de tranfmutations & de dépôts, le tourbillon fe condenfa de plus en plus, la fphère diminua en diamètre & augmenta en denfité, & le mouvement rotatoire dimi- nua prefque jufqu'au point où il eft aujourd’hui pour notre Globe. Les parties pefantes quartzeufes fe dépofèrent à leur tour, & pro- duifirent des dépôts qui formèrent les premières montagnes du mon- de, recouvertes par les eaux , & dont les couches s’effacèrent par : la fuite des temps ‘à caufe de leur haute antiquité. Dès que l'Uni- vers exifta, dès que le Globe fut formé, & qu'il fe trouva com- pofé de terre & d’eau ; le mouvement de la fphère devint tel quil eft aujourd’hui, & les mers y furent également aflujetties. Ce mou- vement produifit un frottement continu contre les rochers élevés qui arrêtoient une partie de leur mafle; & elles en détachérent des fragmens , qui, roulés par les courans fous-marins qui durent avoir lieu dès-lors , & choqués les uns contre les autres, furent de plus en plus atténués : ainfi ces rochers quartzeux & cornés (x), plus ou moins élevés & formant des chaînes plus ou moins confidérables felon des circonftances locales, furent peu-à-peu prefque entièrement détruits ; & les fragmens , dépofés fucceflivement par les courants, ou reftérent en particules défunies, & de-là les dépôts de gravier, de fable, & de fablon quartzeux , ou formèrent des mafles aggré- gées, dont les parties furent agglutinées au moyen d’un refte de (u ) Depuis les intéreffantes découvertes fur les gas, onne peut guère douter, ce me femble, que la nature ne fe foit originairement fervie de ces fubftances aëriformes pour Ja production de prefque toutes les terres & pierres connues; & jai bien lieu de croire que ce foupçon fe vérifiera de plus en plus, à mefure que l’on multipliera les expériences combina- toires fur les gas & les fubftances du règne minéral. Ain, de même que la nature emploie pour Ja génération de la terre calcaire l'union de la chaux & du gas méphytique, il paroit aufi qu'elle produit la terre quartzeufe de la combinaifon du gas acide fpathique avec le principe terreux des eaux. On ne peut même plus douter de cette vérité depuis que le celébre Bergmann a prouvé, d'une manière inconteftable, la poffibilité de cette combinaïfon. Voyez fou traite de la terre filiceufe, dans le fecond tome de fes Opufcules. (x) 11 y a toute apparence que les-roches cornées font dues aux dépôts argilleux & primi- tifs, & à quelques circonftances difficiles à déterminer , qui ont chargé ces dépôts argilleux en roches cornces. Tome I. ; I 66 MÉMOIRES DE LA SoctrÉTé molleffe & de vifcofité, & de [à les montagnes de roches compofées & granitiques , qui durent néceffairement leur origine aux montagnes quar- tzeufes , dont, malgré tout ce que l’on en a dit, nous avons encore des vef. tiges de nos jours , puis qu'il exifte des quartz en roche en Siléfie(y), en Laponie (7), & peut-être en bien d’autres endroits. C’eft encore de la mè- me manière que l’on peut expliquer les veines & glandes quartzeufes qui fe voient dans ces roches prétendues primitives : car les fragmens entraînés par les courants peuvent avoir été plus ou moins grands felon la force de ceux-ci, & felon certaines circonftances locales, comme des fentes dans cer- taines parties duroc , qui le rendoient plus propre à être attaqué là qu’ail- leurs. Lors que la maffe des eaux s’eft accrue , les particules organiques des végétaux & des animaux quinageoient dans leur fein , fe rapprochèrent, fe réunirent; &c il-en nâquit des végétaux & des animaux marins, qui fe perpétuèrent dès-lors felon les loix établies par la Nature pour les êtres organifés. Ces végétaux, ces animaux , furent englobés dans la débacle des rochers fur lefquels ils croïfloient ou qu'ils avoifinoient : ils furent ou brifés & détruits par le choc & le roulis , ou (mais rarement) confer- vés & dépofés par les courants avec les fragmens quartzeux : dès-lors ils purent fubir la pétrification , & c’eft ce qui arriva. Mais cela ne put avoir lieu que rarement , pour deux raifons : premièrement parce qu'il ne fe trouva que très-peu de fubftances organifées confervées avant d’e- tre dépofées : fecondement , parce que limmenfité des temps écoulés de- puis, na ES permis qu'il reftat des vefliges de ces COrPS , même de ceux qui furent confervés parfaitement lors de leur dépôt ; raifon qui explique auffi pourquoilon-ne-trouve ni foffiles ni pétrifications dans un grand nombre de-montagnes calcaires , & qui prouve que celles où l’on en trouve font de formation bien poftérieure (a). 11 paroît donc décidé qu'il peut fe trouver des pétrifications dans les roches réputées primitives ; que ces roches font dues à des dépôts, comme les autres couches terrefbres; & qu’elles ne doivent conferver la dénomination de roches primitives , que parce que ce font les plus an- ciennes couches de dépôts que nous connoïffions. Cette théorie paroït confirmée parune obfervation de M. de Sauflure, qui croit avoir Re b) çu des reftes de couches dans les montagnes granitiques des Alpes (b). (y) Gerhard, Beit. zur Chym.und Gefchichte des Miner., Th. I, 8. 87. C2) Syff. min. Wallerü, T. I, pag. 219. Vindobonæ. Ce qui prouve encore l'exiftence des premières montagnes quartzeufes. (a) Ce font les fragmens de quartz ifolés que l’on trouve, ou dans les graviers, ou parmi les pierres roulees dans les champs ; & qui ne peuvent avoir été détachés que de males pure- ment quartzeufes, puis qu’on ne les’trouve jamais méles d'aucune hétérogénéite, (b) Voyages dans les Alpes, &c. pag. 502, paragraphe 569. PLUL Py66. Durée feulp LAS ST nes enr aie cer ee > A rm renier mn meme . ren En ST Tes re pes ScieNCcEs Puys. DE LAUSANNE. 67 DESCRIPTION De quelques efpèces nouvelles ou peu connues de Rofiers, €3 d'une nouvelle efpèce d'Erable. a —— Par Mr REYNIER,. Lu le 24 Mai 1783. Le. Rofes ont toujours été le fléau des Botaniftes, ou l’objet de leur indifférence. En vain la Nature à donné à ces fleurs la beauté des couleurs & l'agrément de lodeur & des formes : aucun de ces: avantages n’a pu fixer les regards des Obfervateurs. 11 eft vrai qu’el- les font difficiles à bien diftinguer les unes des autres : ce n’eft que par une comparaifon exacte & fréquente des efpèces fauvages , & par la culture, qu'on peut efpérer de’ connoître cette fimille. Mais ces difficultés augmenteront, fi le Naturalifte , après être parvenu à les connoïître , veut les décrire & les ajouter aux connoiffances acquifes en Botanique. La defcription la plus exa@te d’une efpèce _Jaiffera toujours quelque chofe à défier , fi on ny joint pas les rap- ports plus ou moins éloignés qu’elle a avec les efpèces voifines. Je fuis étonné qu'aucun Botanifte ne fe foit attaché férieufement À cette manière d’envifager l'étude de la nature, puifqw'on ne peut bien connoître un objet que par fes rapports plus ou moins éloignés avec les. autres, C’eft dans cette idée & fur ces principes que j'ai entre- pris une édition françeife de lhiftoire des plantes fuifles:: efpérant que cette méthode abrégera l’étude de cette fcience , & peut-être la rendra plus füre. Les Rofiers paroiflent {éparés par des intervalles aflez confidérables des familles voifines : leur rapport avec les Ronces eft affez marqué par lhabitus , mais la pofñtion & la forme de lovaireles en éloigne. Le Seringat & les arbres à fruit à pepins ont auffi beaucoup de carac- EL 68 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ tères qui les rapprochent des Rofiers. Les Caéliers en feroient auff très-voifins , fi leur fingulière végétation ne les ifoloit pas, ROSIER printanier , PL IV. Rofa minor, rubello flore , que a menfe Maio maialis dicitur: C. B. Pin. 483. Tourn. J. R. H. p. 638. La tige de cette efpèce de Rofier s'élève d'un pied jufques à qua- tre : elle eft droite , très-rameufe dans la partie fupérieure , cou- verte d’une écorce rouge , lifle , & garnie d’aiguiilons recourbés : les pouffes de l’année font vertes. Les feuilles font au nombre de cinq ou fept, ovales-lancéolées, dentées, glabres en deflus , & recouver- tes d’un duvet extrèmement fin à la partie inférieure; ces elles font foutenues par des petioles un peu velus & garnis quelquefois d’aiguillons fort petits. Les fauffes fäpules font d'une grandeur mé- diocre , très-écartées à leur fommet, & garnies fur les bords de poils glanduleux. Les fleurs terminent les rameaux , & reffemblent à celles du Rofier des Alpes ; mais leur couleur eft un peu plus pale: leur odeur eft très-agréable. L’ovaire eft globuleux, de la groffeur d'un pois, glabre ainfi que le péduncule ; & noircit en müriffant. Les feuilles du calice font plus longues que la fleur ou quelquefois de fa longueur , entières où garnies d’une ou deux dentelures, & terminées par une partie plus large ; ces feuilles font cotonneufes fur les bords, & garnies fur le dos de poils glanduleux. Les fleurs font ou folitaires , ou au nombre de deux ou trois, au fommet de cha- que branche. Ces branches font courtes , un peu feuillées, & s’in- férent fans courbure dans le rameau. Lorfque la fleur eft fülitaire , le péduncule eft mince, extrêmement court , & enveloppé d’un côté par les fauffes ftipules d’une feuille & de l'autre par une ftipule fans feuilles : ces ftipules cachent entièrement le péduncule & lovaire. Lorfque les fleurs font plus nombreufes , les péduncules font un peu plus longs ; & alors la ftipule garnie d’une feuille eft fous une des fleurs, & celle fans feuille eft fous l’autre : s’il y a trois fleurs, lin- termédiaire manque de ftipule. Les fleurs extérieures, outre la grande ftipule , en ont deux petites en cœur, glabres, cachées par la gran- de Les pétales de cette efpèce de Rofier font un peu échancrés au ommet, PL:IV Æy 68. UP DAIPX NW nf, NII os dej DR + (HE AIRES 142 N'ÉXN RE ORERne L fai LE LS Eee qu tab VAE) À . RErrrpennes 22 ed regis mc Ted ee L'naer <= qe RE ee PL pes Sciences Puys. DE LAUSANNE. 69 Le Rofer N°. 608 de Scopoli (a) a beaucoup de rapport avec celui- ci : fi la defcription que cet Auteur en donne étoit plus complette , on pourroit décider fi ce font deux efpèces différentes. Cette plante croît dans les terrains montueux & ftériles : on la trouve près de Laufanne , dans un lieu nommé ex Rofiaz au-deflus de Pully. Variété à fleur double. Cette variété, cultivée dans les jardins fous le nom de Rofe de Mai, croît dans plufieurs endroits de la Suiffe ; à Laufanne , fous Sauvabelin & fous le Signal , dans les buiffons ; à Lille, près de la Venoge; dans les précipices qui dominent lAubonne ( M. Curchod ); dans plufieurs endroits des vallées de Chäteau-d’Oex , Rofinière , l'Enivaz ( M. Favrod). Le peu d’épaiffeur du péduncule , & le poids de la fleur , la fait quelquefois pencher. Son odeur eft moins forte que celle de la précédente. Ce Rofier a beaucoup de rapport avec le Rofier des Alpes. Ses feuilles font les mêmes : mais les épines & le fruit globuleux, enve- loppé dans les ftipules de celui-ci , les féparent ; les branches qui foutiennent les fleurs font plus longues & moins nombreufes dans le Rofier des Alpes. ROSTER rampant, PI. V. Rofa campeftris, repens , alba. C. B. Pinax, 484. Tourn. J. R. H. p. 639. Scop. carn. II, N°. 610, _Ce Rofier a des tiges foibles , minces , longues de deux à cinq pieds, rampantes fi aucun obftacle ne l’oblige à fe redreffer , ra- meufes, garnies d’aiguillons un peu recourbés , & couvertes d’une écorce verdàtre qui devient grife en vieilliffant. Les branches qui foutiennent les fleurs & les péduncules ont une teinte de rouge, qui s'étend quelquefois jufques {ur l’ovaire. Les feuilles font au nombre de cinq ou fept, ovales, à dentelures , très-aiguës , glabres, d’un vert clair en deffus & terne en deffous. Les pétioles font glabres ; couverts de quelques aiguillons très-foibles ; & garnis de faufles Ça) Scopoli, Flora carniolica ; cdit, fecunda. 79 MÉMOIRES DE EA SoOciÉéTÉ flipules , étroites , écartées au fommet , & ciliées de poils glandu- leux. Les fleurs font blanches, de la grandeur de celle du Rofer des hayes , moins odorantes. Les pétales font en cœur , & ont une échancture très-profonde. Leurs fhles font entortillés & de la lon- gueur des étamines. L’ovaire eft ovale , quelquefois un peu globu- eux, glabre; & rougit en müriffant. Les feuilles du calice font gla- bres , ovales, terminées par une pointe , & garnies d’une ou deux dentelures. Les fleurs font ou folitaires ou plufieurs enfemble au fommet de chaque branche : elles font foutenues par des péduncules affez longs, hériffés de poils courts & épais, garnis à leur bafe d’une braëtée lancéolée : quelquefois ces fleurs font très-nombreufes; & alors elles forment une efpèce de grappe, comme on le voit dans la figure. Cette plante eft très-voifine de la Rofe N°. 1102 de Haller(b}, mais cet auteur ne dit pas que la plante dont il parle rampe : de plus, fuivant lui, les files font garnis de poils; caractère que le Rofier rampant wa pas. Cette plante croît dans les terrains ftériles & près des hayes. ROSIER muliflore, PL VI. Sa tige eft haute de trois à fix pieds, droite , recouverte d’une écorce rouge qui tire fur le gris en vieilliffant , & garnie d’aiguil- lons affez forts & recourbés. Les feuilles font au nombre de fept, ovales , à dentelures aigues; d’un vert bleuâtre foncé, un peu plus pâle dans la partie inférieure ; & foutenues par un pétiole glabre , garni quelquefois d’aiguillons fort petits. Les fauffes flipules font très-grandes , larges , arrondies, & rapprochées au fommet. Les fleurs font incarnates , de la grandeur de celles du Rofier rouillé; & forment une efpèce de corymbe. Les péduncules font glabres , &c fe fubdivifent dans toute leur longueur. Le corymbe eft ordinairement de quatre à douze fleurs. Les ovaires font ovales, un peu globuleux, glabres. Les feuilles du calice font fimples , beaucoup plus longues ‘que les pétales, cotonneufes fur les bords , & terminées par une efpèce de feuille elliptique; elles font , ainfi que les dernières divifions du péduncule , recouvertes de poils glanduleux. Les étamines font °(b) Haller, Hifforia Skirpium Helveticarum. RES os a à : x à Don D Le ne = cé Ê ne DES Scrences Pays. DE LAUSANNE. 71 très-courtes, & les ftigmates feffiles. Les pétales font prefque entiers, & très-peu émarginés. Sous les divifions du péduncule , on trouve une braëtée ovale, fort grande , dentée fur les bords. Cette plante croît dans les hayes & les bofquets des vallées alpi- nes, dans les vallées du Trient & de Walorfine , dans celle de Pra- borgne ( M. Thomas ) ; dans les vallées de Rofinière , Chäteau-d'Oex , PEtivaz ( M. Favrod ). £ Ce Rofier a, par fon habitus, beaucoup de rapport avec le Rofier des hayes : fes feuilles font d’un verd plus foncé. Ses fleurs en co- rymbe ne refflemblent à celles d'aucune autre efpèce; celles du Rofier toujours verd & celles du Rofier rampant forment plutôt uge grappe qu'un corymbe. ERABLE printanier. La tige de cette’efpèce d’Erable s'élève jufqu'à la hauteur de dix pieds : elle eft droite , rameufe, couverte d’une écorce grife. Les rameaux font d’une fubftance flexible. Les feuilles font d’une oran- deur médiocre , minces , divifées en trois ou cinq lobes, à dentelu- res, arrondies : dans leur jeuneffe , ces feuilles font velues vers la divifion des nervures. Les fleurs forment une grappe pendante, extrè- mement lâche ; & font foutenues par des péduncules rameux , fort longs , & très-fluets : ces fleurs font en cloche, plus grandes que celles des autres efpèces, & compofées de cinq pétales lancéolés , de couleur jaunâtre, & veinés. Le calice eft très-petit , & tombe long-temps avant la corolle. Les étamines , au nombre de huit, font le double plus longues que la corolle. Le fruit eft compofé, comme à l’ordinaire , de deux capfules monofpermes , terminées par une efpèce d’aile elliptique. La pofñtion de ces afles eft différente dans cette efpèce : au lieu d’être adhérentes aux côtés de la capfule, comme dans les autres Erables, elles font pofées au fommet & peu écartées l’une de l'autre. Cette plante croît fur les rochers au pied des Alpes : elle a été découverte au pied du mont Croix , dans la vallée de l'Etivaz ; par M. Favrod : depuis. que cet obfervateur exaét me l’a fait connoître, je lai vue en quantité près de Piffevache & dans la vallée du Trient ; & M. Thomas Va cueillie près d’Olon. 72 Mémoires DE LA SoctÉTÉ DESCRIPTION D'un nouvel Ocvirvs Munor. FE 2 ae mer emmemene Par Mr. 1e Comte G De RAZOUMOWSKI. Lu le $ Juillet 1783. 112 DANT mon féjour en Hollande, j'achetai un Oculus Mundi, très-fingulier par fes propriétés, & très-propre à fairé voir combien cette pierre eft encore peu connue , & combien les auteurs qui Vont décrite , ont fouvent été peu d’accord avec la vérité. Cette confufion vient fans doute , de ce que chacun n’a parlé que de lefpèce qu'il avoit fous les yeux. Je fuis du moins perfuadé qu'il en exifte main- tenant bien des variétés différentes & mème peu connues; comme, par exemple, lOculus Mundi verd de M. Van-der-Wen-perfe, que Jai vû (a); & le bleu, dont le même m'a parlé. Cronfled (b) dit que œil! du Monde doit paroître dans l’eau brillant comme un charbon ardent. Wallerius dit qu'il eft de couleur d’onyx (c). Walmont de Bomare le décrit ainfi (d) : « L’œil du Monde tire ordinairement » fur la couleur du Benjoin , grife, rouffatre , ou cendrée, & en- » trecoupée de veines jaunâtres”. Dans une note il parle de la mê- me pierre quil a vue à Londres & à la Haye en 1766, & il s'exprime en ces termes : « L'une & autre refflemblent à une » petite lentille onglée, ou couleur de corne, & un peu laiteufe au » centre ”. La ee ee mn ce a Ca) Obferv. de Lap. Mutabili , five Oculo Mundi, in nov. Aëis Phyf. med. Acad. Cacs. Lcop. Car, nat. Curios. pag. 114. (b) Effai d'une nouvelle Mincralogie, traduit de l'allemand. Cc) Syff. min. (d) Voyez (a Mineralogie. Brukman a auf donné la defcription de l'Oculus Mundi dans une brochure iatitulée Abhand!ung von dem Welt-Auge, oder lapide mutabil, pes Sciences PHvs. DE LaAusANNE. 73 La mienne , lorfque je la reçus , n’étoit de couleur ni d’onyx, ni de corne, ni de benjoin; mais elle étoit entièrement laiteufe & affez femblable à un petit fragment des beaux cailloux blancs du Palati- nat. Voici les propriétés que je lui ai reconnues , tant celles qui lui font communes avec les autres Oculus Mundi, que celles qui lui font particulières. $ 1°. Cette pierre , entièrement opaque à l'air, devient, dans l'eau, de la plus belle tranfparence;.& de la couleur , non du fuccin tranf- parent d’un rouge jaunâtre , comme le prétend Wallérius , mais d'un beau jaune : il n’eft pas mème néceffaire de la plonger en entier dans l’eau pour que cet effet ait lieu. | 2°. Retirée de l’eau , elle reprend peu à peu fon opacité, mais en bien plus de temps quil ne lui en faut pour acquérir de la tranf- parence. Sa tranfparence naît à la partie plongée dans l’eau, & s'étend peu à peu à celle qui en eft dehors: fon opacité, au contraire , commen- ce toujours à reparoître dans un point de la pierre qui n’y eft pas fenfible en tout temps, par une tache de couleur plus claire, comme dans la pierre de M. Van-der-Wein-perfe. 3°. On peut hâter ou retarder ce defféchement , qui lui rend fon opacité, en lefluyant au fortir de l’eau ou en la laiffant humide ; on peut encore en accélérer le defléchement en lui procurant un certain degré de chaleur : propriétés qui prouvent affez fa grande porofité & fa dilatabilité; ce qui me fait auffi préfumer qu’en hiver, ou dans les lieux où l'air eft plus froid que celui de notre athmofphère, le paffage de l’opacité À la tranfparence, & celui de la tranfparence à l’opacité, demande plus de temps. De tous les œils du Monde que j'ai connus ci-devant celui qui devenoit tranfparent le plus promptement, ne le devenoit jamais en moins d’une demi-heure ; & encore cela dépendoit-il toujours du plus ou du moins de temps qu’on laifloit la pierre fans la mouiller. La mienne devient tranf- arente en moins de cinq minutes ; & avant l'accident dont je vais par- L , il fuffifoit prefque de la tremper dans l’eau, ou même fimple- ment de l’humeéter un peu, pour obtenir ce phénomène. 4. Cette pierre ayant été plongée dans une infufion de thé encore chaude , devint , pendant fa tranfparence:, d’un jaune un peu rou- geatre ; & en fe defléchant elle prit une couleur de corne un peu obfcure , traverfée d’une feule veine ovale, oblongue, laiteufe. Je voulus effayer fi, en replongeant la pierre dans l’eau pure & en lui Tome I. 74 MÉMOIRES DE LA SoctÉTÉ. procurant enfuite un certain degré de chaleur, je parviendrois à lui rendre fon premier état. Je parvins en effet à lui faire perdre cette cou- leur légèrement rougeñtre qu’elle avoit acquife toutes les fois qu’on lui rendoit fa tranfparence , & à faire reparoïître dans la pierre deffé- chée quelques taches laiteufes , outre la veine dont j'ai parlé & qui y fubfifte toujours : mais quant au fond de la couleur de la pierre, au lieu de redevenir Laitéuté ou cornée, elle a pris une teinte tirant fur le violet. Que penfer de ce changement fingulier, de cette couleur développée dans ma pierre par la chaleur ? On fait que le fer fe reconnoît dans les eaux martiales par la teinte plus où moins rouge qu'elles prennent lorfqu'on y verfe une infufion de noix de galles, de thé, ou d’autres plantes «aftringentes quelconques. Pourroit-on préfumer qu'il exifte ici une caufe femblable? Depuis cette expé- rience , la pierre ne s’éclaircit & ne devient pas fi facilement tranf- parente qu'auparavant. 5”. Cette pierre furnage dans l’eau , lorfqu’on l'y plonge par fa plus grande furface ; mais , pour peu qu’on l'incline , elle tombe au fond du vafe. 6°. Elle fe colle à la langue , comme les terres bolaires ou marneufes. 7”. Lors qu'elle a été affez long-temps fans être plongée dans l'eau , elle y laïffe échapper une quantité de bulles d’air, dont elle eft toute couverte. 8. Un féjour de plufieurs heures dans l’eau en détache de petits éclats à fes angles les plus aigus; & même ces petits éclats fe déta- chent en frottant fimplement avec les doigts la pierre defféchée : ce qui vient peut-être autant du paffage fubit de la température de lathmofphère à celle de lean, toujours un peu plus froide, ou de celle-ci à celle de l'air, lorfqu'on la retire de l’eau; que de la gran- de dilatation de fes parties dans le fluide qui s’infinue entre fes pores , & de leur peu de cohérence entre elles ; ce qui prouve le peu de dureté de la maffe entiere ; car c’eft un principe aflez conf- tant en Phyfique, que les corps font d’autant plus durs que leur denfité eft plus grande, & par conféquent leur porofité moindre. 9°. Il eft remarquable que cette pierre offre des éclats concaves ou convexes, comme toutes les pierres filicées. Voilà toutes les expériences que j'ai pu & ofé entreprendre fur cette pierre. Perfuadé, fur la foi d'autrui, qu’elle ne devoit fubir aucune altération confidérable dans toutes les épreuves auxquelles pes Scrences Puvs. DE LAUSANNE. 7$ on pourroit la foumettre, je ne voulois que vérifier ce que d’au- tres en avoient dit avant moi. Mais, sl étoit intéreffant de con- noître jufqu’à quel point ces Oculus Mundi , décrits par les Miné- ralogiftes, ont pu réfifter aux liqueurs corrofives & colorées ; il ne feroit fans doute pas moins intéreffant de connoître aufli jufqu’à quel point les Oculus Mundi de la nature du mien pourroient n’y as réfifter. Malheureufement je n’en pofléde qu'un feul, que je n'ofe facrifier à des expériencès qui, je n’en doute pas, y cauferoient de grandes altérations. Au refte , le peu que j'en ai fait fuffit, ce me femble , pour prouver que mon Oculus Mundi diffère entié- rement de tous ceux connus jufqu’ici, non-feulement par fa couleur, mais encore par fa dureté, fa pefanteur, & fes autres propriétés ; & qu'il n’appartient pas uniquement au genre des agates, ainfi que les autres opales, mais qu'il femble aufli participer en même temps de la nature des fubftances marneufes & filicées. K * 76 MÉMOïRESs DE LA SoOct:ÉTÉ EEE, NO: YA Gr: Aux environs de Vevay, € dans une partie du Bas. Vallais. Par Mer. 1e Comte G. De RAZOUMOWSKI. — Lu le 12 Juillet 1783. - ; M premier but, en entreprenant ce voyage , avoit été de vifi- ter les environs de Vevay; mais tout en marchant nous nous trou- vâmes entraînés jufque dans le Vallais. Ce fut vers la fin d'Avril 1783 , que nous partimes de Laufanne à pied, M M. Reynier, van-Berchem , & moi. Nous côtoyames agréablement le lac de Genève jufqu'à Vevay : cette route char- mante , & le riant & beau coup d'œil qu’elle offre , font trop con- nus pour que je m'y arrête. Le voyageur enchanté voit à fa gauche des côteaux couverts de vignobles; & à fa droite, ce réfervoir im- menfe , ce lac fuperbe , femblable à une petite mer, à la côte occi- dentale duquel on apperçoit une échappée du Jura, le mont Salève, & le lieu où eft fitué Genève. Sa côte orientale fait voir l’entrée de la belle vallée du Rhône & l’embouchure de ce fleuve. Au fud, il préfente le fpeétacle impofant des chaînes hautes & efcarpées des Alpes. Au refte les côteaux qui bordent le chemin de Laufanne à Vevay, compofés intérieurement de bancs de mollafle, comme toute la chaîne du Jorät dont ils font partie, n’offrent rien de bien inté- reffant pour le naturalifte , jufqu'aux environs de St. Saphorin. Mais entre ce village & la jolie ville de Cully, s'élèvent des ro- - chers de Breccia, qui s'enfoncent dans le lac, forment fon fond dans leur voifinage , & fe prolongent prefque jufqu'à Vevay. Ces Breccia font compofés de fragmens de différentes grandeurs de mar- bre blanchatre & jaune , femblable à celui qui compofe les mon- L pes Scrences Puys. DE LAUSANNE. 77 tagnes du Jura françois, que jai vifitées ; de marbre verd, de bafalte, de petrofilex, & fur-tout de mollaffe, cimentés & à lutinés par la matière de la mollaffe mème : quelquefois , fur-tout nu près de Vevay , ces fragmens font clair-femés dans le roc auquel ils fer- vent de gluten; & alors il eft prefque pure mollaffe. Ces rochers préfentent le coup-d’œil fingulier de pointes ou crêtes , s'élevant les unes au- deffus des autres en forme de gradins, & couronnées de diftance en diftance de verdure & de vignobles. Elles ne peu- vent donner d’autre idée fur leur formation , que celle d'un attérif- fement ou dépôt, formé par un courant de la mer. Or ce courant n’eft certainement pas le mème que M. de Sauflure fuppofe, fi ingé- nieufement & avec tant de vraifemblance, être venu du fond de la grande vallée qu'il appelle vallée du Rhône; car ce prodigieux cou- rant a dépofé dans la vallée du lac de Genève, fur le Jorat, dans les plaines entre le Jorat & le Jura, fur les fommets, dans les gor- ges & les vallées du Jura, des blocs de rochers & des cailloux rou- lés , d’une toute autre nature que les fragmens en queftion , qui font tous des décombres de montagnes fecondaires & même tertiaires. Il me paroïît donc , à l’infpection de la belle carte de M. Mallet, que ce courant a pu venir des chaînes du Jura qui bordent la vallée où eft fitué le lac de Morat, & qui font en grande partie calcaires. Ce courant, arrivant avec impétuofité, aura Pré une érofion dans la chaîne du Jorat mème ; il en aura atténué les couches ; les aur réduites en forme de fable, ou en aura détaché des fragmens plus ou moins gros , qui fe font arrondis par le choc & le roulis & ont été dépofés fur une étendue d’un peu plus d’une lieue entre Caully & Vevay (a). Selon toute apparence, le Jorat étoit formé lors de l’'éruption de ce courant fous-marin dans les terres : ce qui le confirme d’une manière évidente , c’eft que l’on voit, en certains endroits en- dech & en-delà de St. Saphorin , la mafle de Breccia ayant pour bafe des couches de mollaffe , entre lefquelles & le Breccia fe trouvent quelquefois des couches affez épaifles d’une pierre marneufe , rou- geatre, & au-deffus de celles-là, une couche fort mince d’une autre Ca) Depuisique j'ai écrit ceci, les courfes que j'ai été obligé de faire dans différentes parties du Jorat , mont mis enfin à même de reconnoitre plus exactement que je n’avois pu le faire jufqu alors, le lieu où le courant qui a formé les rochers dont il elt ici queftion, a pris fon origine. Les details des obfervations qui ont rapport à cet objet trouveront leur place dans REai Jr l'Hifioire Naturelle du bailliage de Laufanne € de fes environs , que je me propofe & publier dans le fecond volume de ces Mémoires, qui paroitra l'an 1785, 78 MÉMOIïRES DE LA SOocr1ÉTÉ pierre marneufe , bleuatre , lamelleufe , & fragile. Il paroît: donc que ces couches de mollaffe & de pierres marneufes ne font que la prolongation des bancs du Jorat, interrompus , comme nous l’avons dit, par le Breccia. Le grand courant du cœur des Alpes, arrivant le premier par une route où il avoit détruit tous les obftacles qu'il avoit rencontrés , avoit pu dépofer une bonne partie des fables & des cailloux roulés qu'il Charioit ; tandis que l’autre courant , n’arrivant qu'après le pre- mier , a dû être arrêté par les couches , à la vérité molles encore, du fablon argilleux & calcaire qui a formé le Jorat, & a été obligé de s’y creufer un pañlage. C’eit dans fa courfe précipitée jufqu'au grand courant, qu'il a roulé les morceaux de mollaffe , que l’on voit fi fréquemment dans ce Breccia, & qui étoient peut-être plus confolidés que le refte : il les a enfuite dépofés avec les autres petits cailloux, où on les voit aujourd’hui ; parce que, felon les loix du mouvement compofé, ce fecond courant formant avec le grand un angle peu confidérable à fon embouchure , le dépôt a dù s’arrèter à la pointe de cet angle; & c’eft en effet ce qui eft arrivé; ainfi cette maffle de Breccia peut faire connoître la largeur du courant auquel elle doit fon origine. Cette idée fe trouve encore confirmée par linfpeétion mème de cette montagne. Elle préfente le fpeétacle vraiment pittorefque d’un amas e ruines; des pointes plus ou moins ifolées , couronnent cette maffe de cailloux roulés & aglutinés enfemble ; quelquefois elles reffem- blent à des crénelures de vieux murs de villes, qu'on auroit déran- gées, plus ou moins déplacées , ou fingulièrement contournées ; d’au- tres fois, & fur-tout à une lieue en-decà de Vevay , on voit qu’elles font fillonnées prefque tout à l’entour, tandis que d’autres font comme foulevées par quelque effort. En un mot tout retrace ici l’image d’une puiffance pour ainfi dire retrograde; d’un courant refoulé par l’obfta- cle que nous avons décrit, & qui, agiffant dans tous les. fens fur cette montagne qu'il avoit formée, dérangeoit ou détruifoit peu à peu fon propre ouvrage. » On pourroit peut-être m’objeéter que le grand courant, arrivant de la plus haute chaîne des Alpes, devoit avoir plus de force que le dernier , & par conféquent l’entraîner. Mais il faut confidérer que le grand courant , fort éloigné ici de fa fource, devoit avoir un peu perdu de fa vitefle & de fa rapidité ; tandis que le fecond courant, peut-être plus près de fa fource, & reflerré par des montagnes ES +. pes Sciences Puys. DE LAusANNE. 79 qu'il avoit dû ronger, avoit acquis une force & une viteffle nou- velles, qui pouvoient peut-être équivaloir au manque de hauteur dont il a été parlé. Lors que nous en fümes près, nous tournämes au nord-eft de Vevay ; & nous montèmes prefque au fommet du mont Thomay , qui appartient déjà aux Alpes , pour voir les phénomène connu dans le pays fous le nom de Sé-que-pliau ( le Rocher qui pleut ). Le Thomay eft une montagne calcaire : la pente douce qu'il forme du côté du lac, eft embellie d’une riante verdure & de l’émail de mille fleurs ; elle offre des fites pittorefques , .un coup-d’æil ravif- fant , & des fources limpides & fraîches, que l’on eft bien heureux de trouver dans un lieu prefque entièrement dénué de bois & d’om- brage ; elle eft traverfée par le torrent nommé , felon les lieux dont il eft voifin, baye de Bren, de Clarens , de Chailly : ce torrent, qui coule avec une très-grande rapidité dans un lit rempli de cailloux roulés, eft fujet à des débordemens fi confidérables , qu'il inonde quelque- fois prefque tout le plat pays entre Montreux & Vevay; de manière qu'alors on ne peut aller de lun de ces endroits à l’autre, qu'en batteau ou par un long détour (b). Le Sé-que-pliau , où l’on ne parvient qu'avec quelque peine , eft en effet un roc de tuf, excavé par l’eau qui tombe par-tout du haut du rocher en forme de pluie, & qui fe raffemble dans un baflin au pied du roc. C’eft dans ce baflin que l’on trouve les concrétions de différentes formes & grandeurs, fi femblables aux dragées, & connues vulgairement fous le nom de Confetti di Tivoli, du nom du lieu où elles furent obfervées pour la première fois. C’eft par une exacte infpection du rocher dont il eft ici queftion , que je crois m'être affuré de la manière dont fe forment ces dragées de pierre. Ce roc eft recouvert extérieurement de moufle à tige, branchue, comme les Aypnums ; ou fans tige & à feuilles molles , comme les briums. Lors que l’eau qui en fuinte vient à tomber en forme de gouttes , ces gouttes gliffent le long des parois du roc & y dé- pofent les particules pierreufes dont elles font chargées. Ce dépôt fe fait, tantôt fur les Aypriums , tantôt fur les briums. Si c’eft fur les hypnums , il en réfulte de fort belles incruftations , qui (by eft à obferver qu’au delà de la baye de Clarens, le roc, qui elt calcaire & s'enfonce . dans le lac, eft peu à peu décompofé par les eaux de ce baflin & s’y exfolie, 80 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ confervent parfaitement la forme des fubftances incruftées, & qui font d’autant plus belles & plus diftinétes , que les gouttes qui les produifent fe fuccédent moins rapidément , & donnent à la matière calcaire le temps de s'étendre plus uniformément. Si le dépôt fe fait fur les briums , il réfulte de l’appoñtion fucceflive des couches pier- reufes les unes au-deflus des autres, des concrétions plus ou moins globuleufes , unies & luifantes : mais ces concrétions fe trouvant expofées à la chûte des gouttes d’eau qui tombent toujours dans le mème endroit , il en réfulte un frottement continuel & une augmen- tation de poids, qui parviennent, au bout de quelque temps , à les déta- cher de la bafe pierreufe où elles fe font formées & à les entraîner dans le baflin, où j'ai dit que fe raffemble l’eau qui découle du rocher ; & où on les ramafle alors fous la forme de dragées. Ces eaux fe font auffi creufé un grand réfervoir dans lintérieur du roc même. Non loin de ce roc coule un ruiffeau, au bord duquel on trouve une peau femblable à celle dont parle M. Pallas & qu'il obferva dans le Tchernoje ozéro ( Lac noir ) (c). La fubftance que l’on trouve ici eft jaunâtre , demi-tranfparente , filamenteufe, fe defléchant faci- lement lorfqu’on la déchire & qu’on la met en un lieu un peu chaud, & devenant alors informe (d). Expofée à la flamme de la chandelle, elle brûle comme une fubftance animale ou végétale , en exhalant cependant une odeur végétale : ce qui fit que je la pris pour une efpèce particulière de conferve. En defcendant vers Montreux, on trouve entre deux hauteurs cou- vertes de bois de fapin, un plateau fort élevé & marécageux, nommé les marais de Chaulin, où fe montre une eau foufrée, qui, n'ayant qu'un écoulement prefque infenfible, forme en fortant de terre une petite mare : cette eau, avec peu d’odeur, a un goût de foie de fou- fre affez marqué. En allant au Sé-que-pliau, nous avons auffi trouvé dans un endroit de la montagne nommé les Dragues, fous Chailly, à une demi-lieue de Vevay , une carrière d’une efpèce de marne à foulon, grife, en couches aflez épaiffes, que Pon a ouverte à environ quinze pieds de profondeur , pour y chercher du charbon de pierre. On à 1 1 en (c) Extraits des découvertes faites par divers favans voyageurs, Tom. Il, pag. 390 È 397. (d) Ayant déchire un morceau de cette fubitance , je l'enveloppaï dans du papier, & la ferrai dans ma poche, où elle fe deffécha trés.vite. tr 20 Een je à à is té def DES Scrences Puvs. DE LAUSANNE. 8r y a en effet découvert une foible veine d’un charbon compa@te , noir, & bon à brûler ; mais de peu de produit : ce qui a été caufe qu’on en a abandonné l'exploitation. Notre première couchée fut à Montreux , à une lieue de Vevay. Ce petit bourg eft fitué fur le penchant de la montagne. Au deffous de fon églife eft un rocher d’une quinzaine de toifes d’élévation , compofé d’un tuf calcaire bleu. Aux environs de fon fommet on voit deux excavations ou cavernes, formées par les eaux qui s’y infil- trent. 11 y pleut comme au Sé-que-pliau ; & il s'y forme , de même & par les mèmes raifons , des concrétions en forme de dragées. Le roc éft ici garni de mouffe , comme au Sée-que-pliau ; & les incruftations qui s'y forment font encore plus ie Je plaçai un morceau de bois dans un endroit du roc où les gouttes d’eau tom- boient peu à peu, & l'y laiffai pendant une demi-heure : après Pévaporation de l'humidité , lincruftation commençoit déja à y être fenfible ; d’où je conclus que l’on pourroit tirer parti de cette infil- tration des eaux au travers des couches calcaires, & qu’en expofant pendant quelques jours des portraits ou des médailles antiques à la chûte des gouttes incruftantes, on pourroit lever des empreintes auffi belles que celles qui nous viennent d’italie , où on les fait de la même manière (a). Tous les ruiffeaux qui coulent du haut de la montagne jufqu’aux environs du chäteau de Chillon, font fi chargés de parties calcaires, qu’elles forment par-tout des incruflations : aufli voit-on ici beau- coup de carrières de tuf. Entre le petit hameau de Goïta &#le château de Chillon , fitué à la pointe orientale du lac, la côte eft compofée de marbre noir & grofher , en couches minces & fragiles, & fingulierement inclinées du fud au nord , fous un angle d'environ 40 degrés au-deflus de’ l’horifon : mais plus loin , elles perdent cette inclinaifon , & forment des bancs épais, quoique peu réguliers , d’un marbre noir, veiné de blanc, fem- blable à celui de Roche. Entre le château de Chillon & le moulin de Grand-Chämp , ces couches reprénnent à peu près leur première minceur & inclinaifon à l’horifon. Des couches plus ou moins épaiffes de pierres aroilleufes, lamelleufes, grifes, formées de lamelles minces Ca Voyez à ce fujet une note de M, /e Baron de Dietrich, dans fa traduétion ‘des Lettres de M. F:rber, pag. 373. | Tome I. L 82 MÉmotïrRes DE LA SocréTé & fraoiles, fe trouvent ici interpofées entre celles de la pierre calcaire. Nous ceffames bientôt de fuivre le lac pour nous enfoncer dans la vallée du Rhône, & nous paffames par Villeneuve, vilaine petite ville fituée à l’extrèmité la plus orientale du lac , & près de la- quelle coule, dans un fol marécageux , le ruiffeau nommé les Euux froides , à caufe de fa fraîcheur. Ce ruifleau fe jette dans le lac de Genève , ainfi que le torrent de la baie de Villeneuve , qui coule avec impétuofité au delà de cette ville. Il en eft de ce torrent comme de tous ceux qui, ainfi que lui, viennent du haut de quelque montagne voifine ; tels font la We- vayfe, la baie de Clarens , &c. Dans les temps de fécherefle , ils n'offrent fouvent qu'un petit filet d’eau , & laifflent même quelquefois leur lit prefque entièrement à fec. Mais lors de la fonte des neiges ou après de grandes pluies , ils grofliffent fi prodigieu- fement que rien n’eft capable de les contenir : ils dévaftent les prés & les champs voifins , ils déracinent & emportent les arbres, ils élar- giffent leurs lits en minant de plus en plus leurs bords; c’eft de cette manière que quelques maifonnettes, fituées autrefois fur la rive droite du torrent de la baie de Willeneuve , furent emportées il y a quel- que temps. Ils charient le gravier & les cailloux roulés dont leur lit eft rempli, jufque fur les bords du lac & dans le lac même fur une largeur immenfe ; & ces terribles torrens, comblant peu à peu celui-ci, en prolongent de plus en plus les bords; aufhi\ voit-on, à l'embouchure de chacun d’eux , un cap plus ou moins confidérable s'avancer dans le lac. Pour contenir ces torrens, on reflerre leurs lits par des murs de cailloux entaflés les uns fur les autres. Un particulier a fu habilement profiter des dépôts de la baie de V’illeneuve : il a enfermé un terrain de quelques toifes en quarré, entre ces mêmes murs de cailloux roulés & attenans à celui de la rive droite du torrent ; de manière que , lors que celui-ci déborde, ces murs arrêtent & contiennent dans fon lit les débris les plus pefans qu'il charioit & les cailloux roulés ; mais les parties les Die légères, le fable fin, & fur-tout le limon , dont les eaux font chargées, dépañent ce premier mur & fe dépofent en partie dans l'enceinte que ce particulier s’eft appropriée & dont il fait valoir le fol. Ici eft l'entrée de la belle vallée du Rhône. Nous nous rendimes à Noville, petite ville fituée près du Rhône , à une lieue fud-eft de Ville- neuve, Les marais quienvironnent cette ville en rendent l'air fort mal fain. SR tj . LUS pes Scrences Puvs. DE LAUSANNE. 83 La vallée qui, à fon entrée, eft large d’environ deux lieues, eft ici fort marécageufe en général ; parce que toutes les eaux des deux chaînes de montagnes , venant s’y rendre en une infinité de petits ruifleaux , & y trouvant un fol argilleux & fans pente , l’inondent par-tout lors de leur crue, & y croupiffent. Aufli y a-t-il apparence que les habitans trouveroient ici autant de tourbes qu'ils en voudroient, s'ils en avoient befoin & qu'ils fuffent en faire ufage. Lors que l’on côtoie les montagnes en allant à Aïgle, on obferve qu’elles préfentent des couches, dont les unes font prefque perpen- diculaires à l'horizon, & les autres plus ou moins inclinées du nord-oueft au fud-eft. De Noville nous allâmes coucher à Aigle, ville fituée au pied des Alpes, & où pañle le torrent très-rapide de la Grande - Eau. C’eft dans fon voifinage que fe trouvent les batimens de Graduation. Les débordemens de la Grande-Eau font confidérables , & ils létoient bien plus autrefois ; mais on a refferré fon lit par des murs ‘ épais de gros cailloux , qui ne réfiftent cependant pas toujours à leffort de fes eaux. Les veftiges que l’on voit encore au-delà de ces murs, prouvent que l’ancien lit de cette rivière étoit environ trois ou quatre fois plus large qu'il ne left aujourd’hui , & très- finueux & irrégulier. Le Botanifte , comme le Minéralogifte, en fe promenant au bord de la Grande-Eau , reconnoiflent indubitabie- ment que cette riviére fillonne avec impétuofité les hauteurs des Alpes, dont on trouve ici les dépouilles : le dernier ne peut méconnoïtre dans les cailloux roulés qui fe préfentent à lui, les fragmens de ces montagnes ; & le premier ne voit point fans admiration les plantes _alpines, dont les femences ont été entraïînées dans la plaine, croître & profpérer aux environs de cette rivière, qu’elles embelliffent : c’eft de M. le Doyen de Coppet, bon botanifte , que je tiens cette der- nière obfervation. Tout le fol de la plaine qui avoifine Aigle, s’exhauffe peu à peu par les débordemens de la Grande-Eau. D’Aigle nous nous rendimes à Bex, autre ville du gouvernement d'Aigle , près de laquelle coule la Gryone : plus loin coule avec rapidité lAvancon. Ces deux rivières vont fe jeter dans le Rhône. La vallée du Rhône , fi large à fon entrée ainfi que nous l'avons vü , fe rétrécit de plus en plus jufqu'à St. Maurice: de manière qu'à Aigle elle paroît déja n'avoir guère plus d’une lieue de large; qu’à Bexelle L'2 84 MÉMOIRES DE LA SOcIiÉTÉ a moins d’une lieue ; & qu’à St. Maurice , les deux chaînes fe rappro- chent tellement qu’elles fervent chacune d’appui à l’une des extrémités du pont du Château, qui les joint par une feule arche. À la vérité elle s’élargit un peu de nouveau jufqu’aux environs de Martigny, où elle fe rétrécit encore. L'ancien château de St. Maurice appartient au Vallais, & fert de limite entre le gouvernement d’Aigle & le Bas- Vallais. Le Rhône, qui y pafle, ronge fans ceffe fes bords, fur-tout à fa rive gauche. Là, à quelques pieds au-deflus de l'endroit du roc que le fleuve mine actuellement, fe voyent les veftiges d’un ancien creufage qui prouvent que fon niveau étoit autrefois auf élevé qu'il fe trouve aujourd’hui abaiffé , & qu'il s’abaïffera de plus en plus à lalongue, en creufant toujours fon lit, dont les bords font d’un marbre blanchatre. À un quart de lieue de St. Maurice , coule avec impétuofité le torrent le Bon MUR fort large & chariant des cailloux & d'immen- fes blocs roulés de roches & de granit. À demi-lieue de là coule le torrent de St. Barthelémi , aflez large , & traïinant également des blocs & cailloux roulés ; & à un quart de lieue de là en coule un pareil , fans nom. Tous trois vont groflir les eaux du Rhône , & offrent la mème particularité , favoir , des eaux noirâtres & amè- res : & comme ils fuivent tous trois une mème direction ( de l’oueft à left) , ils traverfent apparemment les mêmes couches, qui font fans doute ou un fchifte bitumineux ou quelque mine de charbon. En continuant notre route, nous paflames près du village nom- mé Vionne , au-delà duquel finit la roche calcaire qui compofe les chaînes alpines dont j'ai parlé jufqu’ici, & où l’on commence à voir la roche primitive, quartzeufe , micacée , lamelleufe ( Saxum for- nacum Wall. Sp. 203 ) , grife, avec du mica rouge. 1l eft à obfer- ver que depuis À c’eft la même roche qui compofe prefque toutes les lifiéres alpines , qui contribuent à former les vallées du Rhône, celles de Sion, de Bagnes , & les vallées latérales aboutiffant à cel- les-R. Cette roche varie en différens endroits , mais feulement par. la couleur & la dureté. Ici elle fera d’un gris clair, mélé de mica rouge ; là elle fera mèlée de mica noir, ou d’un gris foncé mélé de mica blanc : dans un endroit elle fera compofée de plus de par- ties dures quartzeufes , que de parties micacées ; & par conféquent elle fera plus compa@te ; ailleurs elle fera prefque entièrement com- pofée de mica , & par conféquent elle fera fort tendre : dans d’autres endroits elle fera, ou coupée de veines de granit , ou couronnée d’une pes Sciences Pays. DE LAUSANNE. 85 bande d’ardoife ou de fchifte : aux environs du village de Vionne, par exemple , une fente de roc fe trouve remplie d’une veine d’un beau granit blanc avec du mica noir ( granites Wall. Spec. 201 ), laquelle eft épaifle de quelques pouces & perpendiculaire ; & plus loin , aux environs de la cafcade de Piflevache , eft une belle veine du même granit , horizontale, bien encaiflée dans la même roche ,'& épaiffe de trois pieds. Plus près de la cafcade de Piffevache, & entre elle & le hameau de Miville , où nous avions paflé, la roche fe trouve coupée par une veine d’un quartz greun blanc ( Quartzum fragile Wall. fpec. 94.), élevée de cinq à fix pieds, remplie de crevafles & de fentes , dans lef- quelles nous avons trouvé de l’afphalte (_A4/phaltum impurum Wall. Jpec. 263.). Cet afphalte paroît être une infiltration des eaux bitumineufes au travers du roc. Il eft très-impur , mélangé de terre & de fable , & fe trouve, ou en maffes luifantes & folides, femblables à un amas de gouttes figées adhérentes au quartz même, ou en grumeaux plus ou moins luifants & poreux, friables, & à peine adhérens aux pa- rois des cavités du quartz. 1l préfente , dans certains endroits, des parties pyriteufes, dorées ou couleur de gorge de pigeon. Ces deux efpèces d’afphalte s’enflamment au feu, malgré leur impureté , don- nent de la fumée après leur combuftion , exhalent l’odeur propre à ce bitume, & laiflent, après l’uftion, un réfidu charbonneux : mais l'afphalte folide donne une petite flamme bleue , peu de fumée, & pour l'ordinaire un charbon noir fcoriacé, & quelquefois blanc ; tandis que l’afphalte friable donne une flamme plus vive, & prefque point bleue, mais de la couleur ordinaire de la flamme, beaucoup de fumée , &c un réfidu terreux blanc & friable. 11 paroît, au refte, que, comme je lai déjà dit, cette mine d’afphalte eft purement fuperficielle, & l'effet de l'infiltration d’eaux chargées de bitume, au travers des cre- vafles du roc, qui ne font qu’extérieures ; & ce feroit, à ce quil me femble, rifquer des frais inutiles , que de tenter des recherches ultérieures eh creufant dans l'endroit où on le trouve. Près de cette mine d’afphalte , eft la cafrade de Piffevache, que lon voit d'ici. C’eft un torrent qui tombe & fe précipite avec fracas de deffus un roc élevé de quarante à cinquante toifes, au pied duquel coule le Rhône, C’eft fur-tout lors des grandes eaux, que le fpec- tacle de cette cafcade eft réellement impofant : car le jet qu’elle 86 MÉMOIRES DE LA SocxÉTé forme acquiert alors une telle force, qu’il préfente un arc immenfe , derrière lequel il eft facile de fe tenir appuyé contre le rocher, & dont l’extrèmité inférieure , s’élargiffant extraordinairerement , fe divife en parties fi tenues qu'il femble fe réduire en poudre. Le moment le plus favorable pour voir cet intéreffant phénomène , eft celui du lever du Soleil, lorfque fes rayons, venant à frapper obli- quement les parties du jet les plus atténuées, y produifent, par leurs réfractions , les couleurs de l’arc-en-ciel : ce qui ajoute encore au charme du fpeétacle. Arrivé au bas de fa chûte, le Piflevache fe jette dans le Rhône. Ici ce fleuve eft peu large & fon lit peu profond, quoiqu'il y dépofe beaucoup de fable. À moins d'un quart de lieue de là, coule avec rapidité le Trienr, torrent. aflez large, qui vient du glacier de même nom; il fe dirige de l’oueft à left, & va tomber dans le Rhône, en dépofant là où 1l paffe beaucoup de fable & de gravier. Dans lendroit où on le tra- verfe fur un pont , on le voit fortir du fond d’une grande crevañle du roc. À fa rive droite, on a élevé une digue fort longue, qui fe pro- longe jufqu’au pont. Plus loin encore coule lAvançon , plus étroit , mais fort rapide; dirigeant fa courfe de l’oueft à left; jetant & dé- pofant au loin beaucoup de fable , de gravier, & de limon, dont il couvrits il y a quelque temps , des champs qu'il a rendus fertiles. À une demi-lieue de Pifflevache eft Martigny, à l’extrèmité de la vallée du Rhône. Cette belle vallée s’étend fur une longueur de huit lieues, depuis Villeneuve jufqu'a Martigny. Elle fe dirige du nord-oueft au fud. Le Rhône la parcourt en ferpentant dans toute fa longueur, tantôt s’éloi- gnant , tantôt s’approchant de lune des deux chaînes, & fe divifant en pluñeurs branches. Son lit eft peu profond, & pour lordinaire fes bords ne s'élèvent guère au-deffus de fa furface; &, comme la vallée n’a qu'une pente infenfible, il coule en général lentement & déborde faci- lement. Ses débordemens s'étendent au loin, & font marqués par des dépôts immenfes de fable. Dans quelques endroits où fes bords font plus élevés, & où fon lit a, par conféquent , plus de pente, fon cours eft plus rapide : un des endroits où les bords de ce fleuve font le plus élevés, c’eft dans le gouvernement d’Aigle, à une demi-lieue de St. Maurice, où ils s'élèvent de cinq à fix toifes au-deffus de fon niveau. Où conçoit quels doivent être fes débordements, lorfqu’on faitattention à la prodigieufe quantité de rivières , de torrents, & de ruifieaux , qui, pes Scrences Pays DE LAusANNr. 87 venant des deux chaînes , vont augmenter la maffe de fes eaux, & qui font eux-mêmes confidérablement enflés & groffis par les eaux pluviales & par celles provenant de la fonte des neiges. Ces torrents, ces rivières charient continuellement leurs fables & leurs graviers dans le Rhône, dont , au moyen de cette accrétion perpétuelle, le lit doit naturellement s’exhauffer de plus en plus. Du vieux château de la Batia, fitué fur la hauteur près de Martigny, on voit les deux chaînes qui formoient la vallée du Rhône s’écarter l’une de l’autre, &, avec une troifième chaîne qui eft vis-à-vis de cette vallée, en former deux autres. Une plus confidérable encore , eft la vallée de Sion, dans le fond de laquelle nous pouvions à peine diftinguer la ville du même nom, & qui, formant le Haut-Vallais, tourne à la droite de celle du Rhône, & fe dirige vers l’eft. L'autre, moins confidérable, & qui tourne à la gauche de celle du Rhône, eft la vallée d’Entremont, qui fait toujours partie du Bas-Vallais, & fe dirige au fud-oueft, On voit d’un côté le Rhône, dont la fource eft au mont de la Fourche, près du St, Gothard , & qui continue à ferpenter dans toute la longueur de la vallée de Sion ou du Haut-Vallais : de l’autre côté, l’on voit la Dranfe ferpenter dans la vallée d'Entremont ; pafler par Martigny, fitué dans la plaine entre les trois vallées; & venir fe joindre au Rhône, à l'entrée de la vallée de Sion, en formant un coude vers le nord-eft. Ici, au pied des Alpes, vers le fud , le fol eft rempli de marais; & le milieu des plaines entre les trois vallées fe montre par tout fertile, riant , & cultivé : ce qui vient de ce que, lors de la crue des eaux , la Dranfe fait ici, à l'égard du Rhône, ce que l'Arve fait en pareil cas à l'égard du mème fleuve aux environs de Genève. L’Arve venant avec impétuofité contre le cours du Rhône, celui-ci eft obligé de refluer & de déborder avec violence, fon lit, devenu trop étroit, ne pouvant plus contenir le volume de fes eaux. Ce fleuve couvre alors de fes eaux toutes les plaines adjacentes : de manière qu’en fe retirant, il laifle des marais dans les lieux bas, & dépofe par-tout ailleurs , à l’inftar du Nil , un limon fi gras & fi fertile, que le Vallais eft peut-être un des pays du monde dont le fol exige le moins de culture & de foin. Auffi le Vallaifan, riche des dons de jo nature, qu'il laïfle agir pour lui, fommeille -t-il dans l'indolence au fein de fes foyers. La même caufe qui change une partie de cette contrée en marais & fertilife autre, produit encore les grands amas de fable que l’on voit à la jonction de la Dranfe & du Rhône, Ces amas font ici plus confidéra- 88 MÉMOIRES DE LA SoOct:ÉTE bles que par-tout ailleurs , & leur blancheur contrafte fingulièrement avec la charmante verdure qui les environne. | Les montagnes aux environs de Martigny font compofées d’une roche fchifteufe micacée ( Saxum Cotarium Wall. [p. 209), formée d’une pierre argilleufe grife , avec un mica blanc, coupée de veines d’une pierre calcaire , lamelleufe , noire , veinée de blanc. Au fommet de la hauteur où eft fitué le château de la Batia, on trouve des couches d'un faux albâtre, blanc & tendre : cette hauteur fait partie-de la chaîne alpine, qui, après avoir bordé d’un côté la vallée du Rhône, fait un angle & borde encore la vallée d'Entremont. Une platriere qui eft au-deflus du village de Charraz , à une lieue de Martigny . fournit un très-beau gypfe à petits grains (Gyp/um arenarium Wall. fp. 69.). De Martigny à St. Branchier , nous fimes deux lieues : nous mar- chames pendant une demi-heure dans la vallée d'Entremont. Des deux chaînes de montagnes qui la forment , celle qui eft à la rive gauche de la Dranfe tourne derrière l’autre , qui, comme nous l’avons vu , borde cette vallée & celle de Sion. Toutes deux enfemble forment la vallée de Bagnes. Cette dernière eft encore plus étroite & plus fauvage que la première. Ce font, de côté & d’autre, des rocs pelés, s'élevant à pic, & couverts d’une verdure fombre , & de triftes & vaftes forêts, pour la plupart de melèzes , de broffailles , on de décombres & débris de rochers ; peu cultivée, peu habitée : lon y oublieroit bientôt l’exiftence de la nature organifée, fi, de loin en loin, le fou- venir n’en étoit encore retracé par quelques voyageurs , par quelques chèvres groupées d’une maniere pittorefque fur les fommets les plus hauts & les moins acceflibles de ces chaînes efcarpées, & par quel- ques pafteurs auffi fauvages & auffi adroits que leurs troupeaux. La Dranfe traverfe ces deux vallées dans toute leur longueur; & lors de la crue des eaux, elle déborde comme les autres torrents & rivières de ces contrées : elle dot mème grofhir encore plus confi- dérablement, fon lit étant refferré par les deux chaïnes de monta- gnes qui forment la vallée. Cette vallée s’abaifle en forme de gra- dins; elle a par-tout affez de pente pour l’écoulement des eaux; & ni celles des pluies & des neiges fondues , qui viennent du haut des montagnes fe rendre dans la Dranfe, ni celles de cette rivière ; n'y trouvent aucun plateau où elles puiffent croupir. De là, point de marais ni d’exhalaifons pernicieufes, & , par conféquent , un air pur ne EE" DES SCIENCES Pays. DE LAUSANNE. 89 & fain , à la falubrité duquel doit encore contribuer une certaine élévation de la vallée : ce dont on s’apperçoit facilement par la rapi- dité du cours de la Dranfe, qui augmente fi confidérablement lors des grandes eaux , par les raifons détaillées ci-deffus , & lui donne une telle force, mis charie, depuis fa fource jufqu’à la vallée de Bagnes, de prodigieux blocs de rochers détachés des montagnes : telles font des maffes immenfes de granit gris ,avec du /chorl noir & du feldpath en grofles lames, dont font fans doute compofées les montagnes des laciers de Charmontana , où la Dranfe prend fa fource, & qui eft ke même granit que l’on trouve en blocs roulés dans les torrents aux environs de Laufanne. Les montagnes qui bordent la Dranfe font toujours compofées de la même roche Éuilletée , quartzeufe, & micacée, que celle dont il a été queftion en parlant des montagnes qui bordent le Rhône ; mais elle varie encore en couleur, & tantôt elle eft grife avec du mica noir, tantôt rouge avec du mica rouge , & tantôt blanche , formée de lames minces de quartz blanc , avec de beau mica d’argent. Nous vimes fur notre route plufieurs petits torrents fe décharger dans la Dranfe; & à une lieue & demie de Martigny, nous trouvames un refte de fourneau dans le voifinage d’une mine de cuivre aban- donnée & comblée. Jy trouvai des fcories, qui annonçoient que cette mine avoit été travaillée, & des échantillons de minérai : ceux que je ramaffai m'offrirent du verd de cuivre, de l’ochre jaune , des vef- tiges de pyrites cuivreufes jaunes, & des grains & paillettes de cuivre natif dans une ochre rouge , ayant pour matrice la roche feuilletée , quartzeufe, & micacée, qui compofe toutes ces monta- gnes. En général , les échantillons que je vis ici me parurent fi peu riches en métal, que je ne m’étonnai point qu’on eût abandonné lex- ploitation de cette mine. On nous avoit annoncé à Martigny, qu'entre cette ville & St. Branchier nous ferions affaillis par les avalanches qui roulent du haut de la montagne dans ‘la vallée : mais nous n’en efluièmes point; feulement nous trouvames dans notre route les reftes de trois ou quatre, c'eft-à-dire, des amas confidérables de neige au pied des montagnes ; ils avoient été percés par ordre de la magif- trature des lieux circonvoifins pour laifler le libre ufage des grands chemins, sie rendoient humides par leur fonte. Nous vimes les Tome I. » 90 MÉMoIREes DE LA SOCIÉTÉ débris des arbres emportés & brifés par la chûte de ces avalanches. Toutes les montagnes au bas defquelles nous tronvames ces neiges accumulées par les avalanches étoient couvertes de fable, de terres éboulées, de déblais, parmi lefquels on voyoit de groffes mafles détachées des rochers : le poids de ces mafles les entraîne fouvent jufques dans la Dranfe. Plufieurs autres montagnes, fans nous préfenter aucun veftige d’avalanches, nous offrirent le même fpectacle, des déblais couvrant leurs flancs , & des mafles énormes qui en ont été détachées ; mais 1l y a apparence que c’étoit des avalanches des années précédentes , qui avoient ainfi couvert les flancs de ces mon- tagnes de leurs propres débris. Au refte , quoi qu'il foit très-con- cevable que des amas de neige tels que les avalanches, tombant d’une très - grande hauteur , & acquérant toujours plus de mafle & de vitefle, puiflent achever de détacher des rochers déjà défunis, ou emporter dans leur chûte de grofles piéces de roc qui ne tiennent plus à rien; il ne feroit cependant pas auffi facile de concevoir com- ment ces mêmes amas de neige auroient pu , feulement par leur chûte & leur pefanteur , détacher de la montagne des mafles auffi énormes, en aufli grand nombre , & d’une roche aufli dure que celle qu'on voit à fon pied, fi ces rochers n’avoient pas été auparavant préparés à cela, fendus , brifés par quelque révolution , quelque fécouffe violente , telle que le tremblement de terre de 1714 ou d’au- tres, qui avoient peut-être ébranlé la mafle totale de ces montagnes. St. Branchier , à deux lieues de Martigny, eft un vilain petit bourg , fitué fur la rive gauche de la Dranfe. Nous y logeames chez le châtelain de Leuder, qui a entrepris, en fociété avec d’autres parti- culiers , l'exploitation des mines de cobalt dont il fera parlé. Son beau- fils, M. Baflian , médecin du lieu, nous mena voir une mine de plomb ; qui eft à une demi-lieue en decà de St. Branchier, près des villages de Vence & Levron, fur la rive droite de la Dranfe. La difficulté de l'accès À cette mine, la rend prefque inexploitable. Elle fe trouve dans la montagne , à une quarantaine de toifes au-deflus du niveau de la Dranfe. File offre un filon perpendiculaire, dont Pépaifleur varie d’un demi-pied à deux pieds. C’eft une galène de plomb à points brillans (Galena areismicans Wall. fpec. 367), & tenant argent diffeminé dans fa guangue, qui eft un quartz grenu demi-tranfparent. D'ici, nous dirigeames notre route vers Bagnes, à une lieue de DES SciENCESs PHys. DE LaAusaAnve. 91 St. Branchier , accompagnés du Sr. Baftian. Nous vimes encore ici plufieurs torrents &c ruifleaux , qui venoient des deux chaînes alpines qui bordent la Dranfe, fe rendre dans cette rivière. Entre autres, nous vimes, environ à moitié chemin, le torrent de Merdinfon , dont les eaux font fàles & bourbeufes , couler avec rapidité du nord-oueft au fud-eft, en defcendant du haut des montagnes à la rive droite de la Dranfe. Ce torrent groflit tellement l’année dernière , & courut avec une telle force fe décharger dans cette rivière, qu'il enlevoit le gravier & le limon qui en forment le lit, & l’alloit dépofer au côté oppofé à celui de fon embouchure. Ces dépôts s’accumiuloient d'autant plus que, par le creufage continuel du Merdinfon, la Dranfe s’eft plus jetée de ce côté que de tout autre. Ainfi cette rivière, arrêtée dans fon cours par.ce torrent furieux, étoit refoulée avec violence en arrière, minoit à fon tour fon propre lit, & dépofoit ce qu’elle en emportoit vers les parties les plus reculées de fes bords, qu’elle avoit rongés. De à, lorfque les eaux du torrent & de la rivière fe font abaïffées À leur premier niveau , les bords de la Dranfe fe font trouvés exhauflés & fon lit excavé & agrandi : de forte que, depuis ce temps, l’on ne voit fur une étendue d’environ un quart- de - lieue en longueur , qu'une maffe d’eau prefque ftagnante & fans cours fenfible. Cependant on commence maintenant à voir de nou- veau un petit filet d’eau courir dans l’enfoncement vis-à-vis de l’em- bouchure du Merdinfon; & il y a toute apparence que la Dranfe, fe jetant & creufant toujours de plus en plus vers ce côté, s’y formera avec le temps un nouveau lit. 3 De St. Branchier à Bagnes , la vallée du même nom tourne en forme de S du nord-eft au fud-oueft. Les montagnes des environs de ces villes font couronnées par une bande fchifteufe , compofée de Vardoife des toits, d’un gris bleuâtre ( Ardefia tegularis, Wall. fpec. 257), dont on couvre les toits à St. Branchier, à Bagnes, & dans d’autres endroits du Bas-Vallais. À Bagnes, on pañle un torrent rapide, qui, venant des chaînes à la rive droite de la Dranfe, va encore groflir les eaux de cette rivière Nous pourfuivimes notre route jufqu'aux mines, à une lieue de Bagnes. La mine de Sarrayé, ainfi que la montagne où elle fe trouve, nu fon nom du village nommé Chaux de Sarrayé. Cette montagne ait partie des chaînes qui font à la rive droite de la Dranfe, au M 2 92 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ deflus de laquelle la mine eft élevée d’environ foixante toifes. En montant au mont de Sarrayé, nous eûmes une très-belle vue : d'un feul coup-d’œil nous embraflions une grande partie de la vallée & des chaînes qui la bordent , & la Dranfe, qui les baigne, avec fes environs. On nous dit que le filon de cette mine avoit été dé- couvert par les éboulemens du rocher & des terres, occafionnés par le torrent nommé Derrey la Chaux (Derriere le Rocher), qui coule du haut de la montagne. Ces éboulemens ont lieu parce que la roche dont la montagne eft compofée eft ici très-mèlée de mica : ce qui rend les lames ou feuillets dont elle eft formée très- fragiles & faciles à être entamés. Aufli, pour arriver jufqu'’aux premiers travaux de cette mine, qui font à environ quinze toifes au deflus du niveau du torrent mentionné , dans l’efcarpement formé par les éboulemens en queftion , il faut defcendre le nb d’une pente affez rapide , couverte de ces débris rocailleux, qui gliffent fans ceffe fous les pas mal affurés du voyageur curieux. Nous y trouvames , à une profondeur de neuf toifes , une galerie horizontale , de fept à huit pieds de hauteur. Cette mine offre un filon perpendiculaire , de peu d’épaiffeur , avec du cobalt gris diffeminé dans fa matrice, qui eft proprement la roche quartzeufe & fort micacée de toutes ces mon- tagnes, & des veinules de cobalt arfénical (Min. cob. teffularis gra- nularis Wall. fpec. 292.). Une veine moins épaifle que le filon va s’y joindre & former angle avec celui-ci, en courant de left à loueft, & parallèlement à l'inclinaifon des couches de la montagne. Cette veine contient du cobalt vitreux, folide, & fpongieux (Min. cob. fco- riaeformis, dura, & fpongio[a Wall. fpec. 296); & de l’ochre noire & jaune : le tout fort fuperficiel & fort mêlé de pierres. Jai cepen- dant vu, chez M. le châtelain de Leuder, un fuperbe échantillon de mine de cobalt, grife, folide (Min. cob. cinerea, folida Wall. fpec. 293 ), & qui prouve bien que l’on ne doit point juger de la richeffe des mines par des échantillons ifolés. Il y a encore une troifième veine , à peu près de la mème nature & épaiffeur que le filon, laquelle court entre ce dernier & la première veine dont j'ai parlé, & fait angle avec l’un & l’autre. Outre la galerie dont j'ai fait men- tion , on en a creufé une autre dix toifes plus bas; mais on la abandonnée , À caufe du peu de produit qu’elle donnoit. On avoit encore creufé une troifième galerie au deflus de la première, un peu vers le nord, dans un endroit où des indices mal fondés avoient pes Scrences Puys. DE LAUSANNE. 93 apparemment fait efpérer que lon découvriroit un fecond filon ; mais, la galerie faite, ces efpérances ont été trompées, & la galerie abandonnée. Ainfi, quand même la richefle de cette mine devroit la rendre profitable à fes entrepreneurs , elle feroit toujours de peu de rapport par les travaux mal dirigés & les faux frais que lon y fait. (”) Cette mine de cobalt eft la feule connue dans les montagnes du Bas- Vallais. Cependant, à un quart de lieue de St. Branchier ,entre cette ville & celle de Martigny, au pied d’une montagne, j'ai vu une belle piéce de roc détachée du fommet , qui promettroit , ce me femble , un beau filon bien règlé, contenant un cobalt gris, compacte , mêlé de fer ,ayant pour falbandes un quartz gras. Plufieurs des montagnes des vallées d'Entre- mont & de Bagnes , & même de la vallée du Rhône, jufqu’aux en- virons de la cafcade de Piffevache , me paroiffent montrer des vef- tiges de mine de cobalt de cuivre pyriteufe , & fur-tout de mine de fer. Vis-à-vis de la mine de Sarrayé, de lautre côté de la Dranfe , prefqu’au fommet du mont Srhiau ( Roc blanc), à trois quarts de lieue au-deffus du village de Brejan , on avoit découvert une mine de plomb, que l’on prétendoit être très-riche en argent, mais que l’on a abandonnée , parce que l'accès en étoit trop difficile. Outre ces mines, le Bas-Vallais en contient encore d’autres que je n’ai pu voir. Telle eft la mine de. mercure , entre St. Branchier & Bagnes , à la rive gauche de la Dranfe; jen ai vu un échan- tillon chez M. Wagner , directeur de la verrerie & de la mine de charbon de Paudex. Telle eft encore la mine d’or au-deffus de Liddes. (*) Depuis que j'ai quitte le Vallais, M. Baflian m'a envoyé une petite caille des mor- ceaux de minerai que j'avois choifis, parmi lefquels fai trouvé un morceau qui venoit d’une mine decouverte le 25 Août de cette année, laguelle, à en juger par l'échantillon envoyé, doit être plus riche que celle de Sarrayé. C’eft une guanguede quartAgrenu, qui contient une galene de cobalt obfcure( Ain. cobalti obfcure nitens. Hall. Spec. 292.) , non fuperficielle , comme les morceaux de mine ci-deflus mentionnés. De plus, j'ai requ) par le même envoi, une mine de cobalt cryftallifée, polyèdre , des environs de Liddes dans la vallée que borde le St. Ber. nard; & cinq morceaux de mine d’Arfenicteftacé ( Arfénicum teflaceum , Wall. Spec. 284) , dont la fuperficie offre non feulementdes eflorefcences de coùleur gorge de pigeon, qui prou- vent qu'ils contiennent du foufre , mais aufli quelques veinules de mine d’Arfenic fulphureufe ou pyriteufe, dans une guangue de quartz gras, où quelques fleurs rouges, difperfées par-ci par-la, prouvent la préfence du cobalt. Il eft donc évident, par les morceaux que l’on m'a envoyés, que le cobalt ne doit point étre rare dans les Alpes. 94 MÉMOïRES DE LA SOCIÉTÉ Le Haut-Vallais offre auffi des mines dignes d’ètre examinées. Telles font une mine de plomb, & une de cobalt, dont l’exploita- tion , entreprife par M. l’Evèque de Sion & le Général de Court, a été abandonnée à caufe de quelques difcuffions furvenues entre eux. Comme un de nos compagnons de voyage fe trouvoit fort pref- fé de retourner à Laufanne, nous fimes cette excurfion un peu à la hâte, & nous nous prefsàmes de revenir fur nos pas. Mais, quoique : les obfervations qu’elle m’a fournies foient en petit nombre, je les ai crues dignes d’être préfentées à la Société , en attendant que , comme je me le propofe, je puiffe publier, foit dans fes Mémoires , foit dans un volume à part, la relation plus détaillée d’un fecond voyage dans le Vallais (*). (*) Ce voyage a paru & fe vend chez Mourer, cadet, Libraire à Laufanne. < 7 *æ) ) Ÿ pES Sciences Pays. DE LaAusanvxe. 95 DES REACTIFS Et de leur emploi dans l'analyfe des Eaux Minérales. Par Mr. STRUVE, Proresseur EN CHYM1E, &c. Lu le 19 Juillet 1783. LE nom de Réaif, introduit dans la langue françoife par les Chymiftes modernes, eft compofé de la prépofition latine re ( qui paroît être formée de retro ) & du mot latin aéhio ; ainfi le verbe reago fignifie viciffim agere, agir à fon tour. En prenant cette étymologie pour bafe de la vraie fignification du nom de Réachf, 1] en réfulte qu'en général on doit appeller ainfi tout moyen d’aétion, qui, étant appliqué fur une eau minérale quelconque , produit une réaétion ou aétion oppofée, dont les phé- nomènes font propres à faire connoître les fubftances qui entrent dans la compofition de cette eau. Cette définition générale étant pofée, on pourra divifer les Réac- tifs en univerfels & particuliers. Jappelle Réadtifs univerfels , ces moyens qui, n’étant pas deftinés d’une façon particulière à lanalyfe des eaux, produifent cependant, lors qu'on les y applique , des effets propres à faire connoître leur nature. Les Réa@ifs particuliers, au contraire , font les fubftances ou les préparations chymiques qui, étant mêlées avec les eaux minérales , produifent certains changemens, qui font autant d'indices propres à faire connoître les principes qui entrent dans leur compofition. Les Réactifs univerfels, dont on pourroit aifément groflir la life, me paroiffent devoir être réduits au nombre de trois , favoir : l’agi- tation mécanique, V’air, & le feu. L'agitation mécanique, en éloignant les unes des autres & en pouf- 96 MÉMOIRES DE LA SoctrÉéTÉ fant en tous fens les molécules aqueufes , permet aux principes ga- zeux de s'échapper & de manifefter , non feulement leur préfence, mais mème leur nature; &, jufqu’à un certain point , leur quantité. L'air & le feu produifent à peu près les mêmes effets : ils ont en outre da propriété de précipiter les terres & le fer, tenus en diflolution au moyen de Pair fixe ou acide aérien. En effet, lors qu’une eau contient des terres ou du fer diffous par l'acide aérien, & qu’on l’expofe à l'air ou à la chaleur : ces fubftances s’en fépa- rent bientôt ; & l’eau, foumife enfuite à l’aétion des Réa@tifs, ne préfente plus les phénomènes qu’elle offroit auparavant. Quant aux Réaétifs particuliers, ou proprement dits , leur nombre a beaucoup varié. D'abord , on en a employé un très-grand nombre, dont la plu- part ne répondoient en aucune manière au but qu’on fe propofoit. La Chymie étoit alors à peine ébauchée, & les inftrumens dont elle fe fervoit devoient être néceffairement grofliers. Mais les progrès de l'art en ont amené la réforme. Dans ces derniers temps, des chymiftes du plus grand nom ont réduit tous ces Réactifs à un très-petit nombre de choifis. 11 faut leur rendre la juftice de dire, que ceux qu'ils propofent fuffifent en effet pour la plupart des cas qui fe préfentent. Cependant il fe préfente plufieurs circonftances où ces Réa@ifs ne fauroient fuffire. M. Bergmann a parfaitement fenti cet inconvé- nient; & pour y remédier , il a fourni une lifte de Réactifs beau- coup plus nombreufe que celle qu’on étoit accoutumé à voir. Son mérite ne s’eft pas borné à Hole & à perfectionner lufage des Réadtifs qu'on avoit négligés : la Chymie lui doit encore la décou- verte de plufieurs nouveaux moyens , qui font de la plus grande importance. Perfonne ne refpeéte plus que moi les connoiffances de ce grand chymifte; fes differtations fur l’analyfe des eaux font fans contredit des ouvrages claffiques dans leur genre. Mais je dois auff à la vérité de convenir que , quelque complette que foit en apparence la lifte des Réactifs qu'il propofe , il fe rencontre cependant des cas où 1l eft néceffaire d’en employer un plus grand nombre encore. Tous ceux qui ont analyfé des eaux, fe feront fans doute apperçus , comme moi , que tel ou tel Réactif eft quelquefois préférable à un autre, qui lui eft en général fupérieur : c’eft ainfi, par exemple que, dans certains uns, — ns ét ds pgs Sciences Pays. pe Lausanne. 97 certains cas, la diffolution de mercure dans l’acide nitreux donne des indices plus certains de la préfence de l'acide vitriolique , que la diflolution de ‘terre pefante dans l'acide nitreux ou marin. D'un autre côté, quoique le nombre des bons Réaëtifs ne foit pas petit, & qu’on en ait découvert de nouveaux dont l'effet paroïît bien marqué, on ne defire encore que trop fouvent des moyens d’obtenir des effets plus tranchans que ceux qu’on peut obtenir par les Réa@ifs connus. En conféquence de ces faits, que perfonne , fi je ne me trompe, ne révoquera en doute; je crois qu'aux Réactifs propofés par M. Bergmann , je puis en ajouter un certain nombre de nouveaux dont il ne parle pas. Je penfe que l'emploi de ces nouveaux moyens ne fera rien moins qu'indifférent à ceux qui voudront analyfer des eaux. Du moins leur dois-je la folution de beaucoup de difficultés , dont il m'auroit été impoflible de me tirer fans leur fecours. RÉAcTirs DE Mr. BERGmANN. t. La teinture de tournefol. Lors qu'on verfe quelques gouttes de cette teinture délayée dans une eau qui contient de lacide aérien ; le mélange devient plus ou moins rouge. M. Bergmann a trouvé qu'une partie d’eau faturée d’acide aérien, rougit cinquante parties de teinture de tournefol ; & qu'une trop petite portion d’acide aérien ne fait aucun effet fur elle. Le papier coloré par cette teinture , & que M. Bergmann n’a pas adopté , devient aufli rouge , lors qu’on le trempe dans’une eau qui contient le mème acide. Ce même papier, altéré par le vinaigre, de rougeatre qu'il étoit , devient bleu par les fels alcalis & les terres aérées. 2. La teinture de terre-mérite. Cette teinture. & le papier qui en eft coloré, font plus ou moins altérés par l’alcali fixe aéré; leur couleur jaune s’obfcurcit alors & fe change en rouge-brun. Les terres calcai- res aérées n’y produifent aucun changement. 3°. La teinture de Fernambouc. Cette teinture devient violette par l'effet des fels alcalis : il en eft de même des papiers colorés avec cette teinture. Remarquez que les terres alcalines aérées, tellés que la terre calcaire & la magnéfie, ne changent point la couleur du pa- pier teint par la terre-mérite (a). En échange , ces mêmes terres changent le papier coloré par le Fernambouc , de même que celui qui eft teint par le tournefol & altéré par le vinaigre ; comme on Ca) Bergmann , de aquis.frigidis , 93. a. Tome I. N 98 MÉMOIRES DE LA SoctrtÉéÉTéÉ peut le voir dans l’analyfe de l'eau de Scheïdfchütz , faite par M. Bergmann (b). Ainfi le papier teint par la terre-mérite eft le Réac- tif le plus propre à découvrir la préfence de l’alcali fixe aéré ; quoi- que, d’après les eftimations de M. Bergmann , il n’ait pas le cinquiè- me de la force de celui qui eft teint par le Fernambouc. 4. La teinture de galles, faite a lefprit de vin. Elle montre la préfence du fer, foit qu'il foit diffous dans l'acide aérien , ou qu'il fe trouve dans l’état de vitriol, en colorant l’eau en pourpre, en violet, ou en noir. Mais lors que le fer s’y trouve dans l'état de déphlogiftication, elle n’y produit aucun changement. On fait que de l'eau diftillée qui contient du fer déplogiftiqué , diffous dans l'acide de fel, ne fouffre aucune altération par linfufion de galles. Mais , pour que leffet de la teinture de galles foit bien marqué dans les cas où elle doit avoir lieu, il faut qu'on ait l’attention de n’en mettre qu'un peu dans beaucoup d’eau. Cette attention eft fur - tout néceffaire lorf- que les eaux font peu ferrugineufes , comme Va très-bien obfervé M. le Comte de Razoumowsk:, dans l’analy{e qu'il a faite des eaux de Loefche en Vallais. De plus, il importe de connoître les effets de cette teinture fur les eaux, lorfqu'’on lemploie feule, ou mélée avec d’autres Réa@ifs. En effet, il eft des cas où 1l ne faut employer la tein- ture de galles qu'après avoir mêlé un autre Réaëtif avec l’eau. Ainfi, par exemple, après avoir verfé de l’eau de chaux dans une eau ferru- gineufe aérée, en aflez grande quantité pour en féparer tout l'acide aérien , il faut y mettre de l’infufion de galles pour favoir fi l'eau de chaux en a précipité tout le fer. Or, fi l’on ne connoiffoit pas les effets que produit une furabondance d’eau de chaux fur l'infufion de galles, on pourroit facilement fe méprendre dans cette expérience, en attri- buant au fer la couleur brune-rougeatre, ou bleue- verdätre , que l’eau prend dans certaines circonftances. | Il importe encore de favoir d'avance quelles modifications fouffre Vemploi de la teinture de galles, en raifon des différentes combinai- fons qui peuvent fe rencontrer naturellement dans les eaux. C’eft ainfi, par exemple, que l’infufion de galles colore bien autrement une eau ferrugineufe aérée alcaline , qu’une eau ferrugineufe aérée non- alcaline. Dans ce dernier cas, l’eau devient violette; tandis que, dans le premier , elle devient pourpre. C’eft ainfi encore qu'avec l'in- fuñon de galles, une eau ferrugineufe aérée , contenant beaucoup de (Bb) Bergmann, 1, c. pes Sciences Puys. DE Lausanne. 99 félénite , donne un précipité plus confidérable, que lorfqu’elle n’en contient point. , hip $°. L’alcali phlogiftiqué , ou la leffive du bleu de Berlin. Ce Réatif du comme on fait, la propriété de précipiter en bleu le fer qui fe trouve diflous dans l’eau par l'intermède d’un acide minéral. M. Bergmann aflure qu'il eft des cas où la même précipitation a lieu , lorfque le fer eft diffous au moyen de l’acide aérien. J’avoue que je n’ai jamais eu occafion de l’obferver : & fans le révoquer entièrement en doute, je ferois porté à croire que cet effet n’a lieu que lorfque l’alcali phlo- giftiqué n’a pas été bien préparé; & fur - tout lorfqu’on l’a fait fans alcali cauftique. JU à : D'ailleurs, quand mème cette précipitation pourroit avoir lieu, je ne vois pas qu’il fallût pour cela exclure lalcali phlogiftiqué du nombre - des Réactifs utiles , comme l'ont fait quelques chymiftes. Tout ce qui réfulteroit de la vérité de ce fair, ce feroit que, pour conclure que le précipité bleu, obtenu par lalcali phlogiftiqué , eft dû au fer combiné à un acide minéral , il faudroit faire l’expérience fur l’eau fraîchement puifée, & fur celle qui auroit bouilli : fi lon obtenoit le même préci- ité dans lun & autre cas, il n’y auroit point de doute que le fer ne Fr combiné à un acide minéral. Et comme tout prudent analyfte fait fes expériences, aufli bien avec l’eau fraiche qu'avec l’eau bouillie, il ne peut rifquer d’être induit en erreur par ce Réaëif, Jai montré ci-defflus que l’infufion de noix de galles n’étoit point changée par le fer dépourvu de phlogiftique : il n’en eft pas de mème de l'alca phlogiftiqué. Que le fer ait du phlogiftique ou non, pourvu qu'il foit diflous dans un acide minéral, ce Réaëtif le précipite toujours en bleu. Obfervons en paflant, qu'il n’y a que l’acide de fà qui puiffe dif- foudre le fer déphlogiftiqué, & que lacide vitriolique ne fauroit s’u- nir à ce métal qu’autant qu'il conferve une certaine portion de fon phlogiftique. | Une attention bien importante dans l'emploi de ce Réa@if, pour découvrir la préfence du fer, c’eft de n’en mettre qu'une petite quan- tité fur une grande quantité d’eau. Cette précaution eft füur-tout néceffaire lorfque lalcali phlogiftiqué eft bien préparé. Son ation ne s'exerce alors que fucceflivement; & pour qu'il donne un précipité, il faut qu'il fe combine avec une portion de fer, avant de pouvoir agir fur une autre. Au refte, le fer n’eft pas le feul métal que Me phlogiftiqué 2 100 MÉéÉmorrEes DE LA SoOctÉTÉ précipite : il produit le mème effet fur plufieurs autres fubftances métalliques. Mais les couleurs qui réfultent de ces précipitations ne font pas les mêmes que celles qui ont lieu avec le fer. C’eft ainfi que le cuivre fe préçipite en rouge - brun , le zinc en blanc, &c. 6°. L’acide de fucre. S'il exifte un Réa@if utile & fenfible , c’eft fans contredit l'acide du fucre. Il fert à découvrir jufqu'aux plus pe- tites traces de terre calcaire , en formant avec cette terre un fel très- peu foluble, qui tombe en nuages ou flocons nébuleux , & fe dépofe fous la forme d’une poudre blanche. Mais, pour que cet effet ait lieu, il faut que l'acide de fucre foit très - pur : car, s’il contenoiït un peu d’acide nitreux, la précipitation n’auroit pas lieu, au moins dans les cas ou la quantité de terre calcaire ou de fel calcaire feroit très-petite. Au’ refte il faut obferver, avec M. Bergmann, que toutes les eaux contiennent de la terre calcaire, & que les plus pures forment un pré- cipité au bout de vingt - quatre heures. Me: 7°. L'alcali fixe aéré. 11 précipite toutes les terres & tous les mé- taux qui fe trouvent en diflolution dans les eaux. L’alcali, par fa grande affinité aux acides , s'empare de ceux qui tiennent les métaux & les terres en diffolution; & produit, de cette manière, des précipités, fans indiquer cependant d’une manière bien précife la nature de la fubftance précipitéer 8. La terre pefante falée , ou le fel marin à bafe de terre pefante. Ce Réafif eft un des plus fenfibles. Pour peu qu'une eau contienne de fel vitriolique quelconque, 1l s’y forme un précipité, produit par la combinaifon de l'acide vitriolique avec la terre pefante. Ce précipité eft un véritable fpath pefant, dont l’eau ne peut prefque rien diffoudre. Souvent il fe manifefte fous la forme d’une pouflière blanche, & quel- quefois il ne paroît qu'après bien du temps & en petite quantité. Ce dernier cas n’a lieu que lorfque l’eau ne contient point d’acide vitrio- lique , ou qu’elle n’en a qu’une quantité infiniment petite. Cependant, quoique ce Réa@tif foit des plus fenfibles, comme je viens de le dire, il ne faut pas le croire abfolument infaillible. Je montrerai plus bas qu'il eft des circonftances où le nitre mercuriel doit lui ètre préféré. 9°. Le nitre lunaire , ou la diffolution d'argent acidulée. Ce Réatif mérite à jufte titre un des premiers rangs. 1] eft fur - tout utile pour . découvrir la préfence des fels formés par l'acide marin. Mais, comme Pacide vitriolique & les fubftances alcalines le précipitent auffi , il im- porte de connoître les moyens propres à rendre ce Réa&if plus décifif, DES Sciences Puys. DE LAUSANNE. 101 ou à dévoiler la nature du précipité qu'il donne dans l’un ou l’autre cas. Pour cet effet, il faut ajouter , foit à l’eau, foit au nitre lunaire , un peu d’acide nitreux pur : s'il fe trouve une fubftance alcaline dans l’eau, cet acide excédent la neutralife , & empêche qu’elle n’influe dans la pré- cipitation. Quant aux marques auxquelles on peut reconnoître la na- ture du précipité , il faut obferver , 1°. que le nitre lunaire acidulé forme , avec l'acide marin, un précipité très -apparent , indiffoluble par Pacide nitreux , & qui prend la forme de flocons, qui s’attachent les uns aux autres, & forment un mucilage ou caillet blanc, qui nage dans la liqueur ; 2°. que les fels vitrioliques précipitent auffi la diflo- lution d'argent, mais plus lentement, par un précipité très-peu appa- rent, en forme de poudre blahche , lequel, étant examiné à la loupe, préfente de petits cryftaux de vitriol d’argent. M. Bergmann a obfervé qu'il ne falloit qu'un grain de fel commun fur deux pintes & trois quarts d'eau, pour former des ftries blanches à la premiere goutte de nitre lunaire acidulé, tandis qu'il en faut quatre - vingt dix-huit de fel de Glauber, pour produire un changement qui fe manifefte fur le champ. Quoiqu'il en foit, ce Réaëtif eft encore très- propre À faire connoître la préfence du foufre dans les eaux minérales: dans ce cas, il donne un précipité plus ou moins noir. | 10°. L'Eau de chaux. Cette eau , qui eft une diffolution de terre cal- caire, privée d’air fixe par la calcination , reprend de cet air lorfqu’on en verfe dans une eau aérée ; & 1l fe forme un précipité de terre cal- caire infoluble. Mais il faut bien fe garder de regarder ce moyen comme infaillible, puifque lalcali fixe aéré produit le mème effet fur leau de chaux. { 11°. L’Alcohol, ou l’Efprit de vin très - reclifié. L’alcohol , mélé en fuffifante quantité avec une eau, en précipite, felon M. Bergmann (a), tous les fels qu’elle peut contenir & qui font indiflolubles par lui. La raifon de cette précipitation fe trouve dans laffinité de l’eau à lefprit de vin ; je conviens qu’elle eft bien intéreffante : mais on fe tromperoit, fi l’on s’'imaginoit que la précipitation qui a lieu dans ces cas foit complette ; l’efprit de vin ne produit cet effet qu’en partie; . & il refte encore des expériences à faire fur ce liquide, confidéré comme Réa@if. En attendant, je fuis porté à croire qu'il ne précipite que la terre vitriolée, la félénite, & le fel de Glauber. S'il, produit cet Se © —— te cé ee Rennes Ie Me nn (a) Bergmann, de anal, aquur. p. 107. 102 MÉMOIRES DE LA SoctréTÉ effet fur les autres fels indiffolubles par lefprit de vin, ce n’eft que lorfque la quantité qu'on en emploie furpaffe un grand nombre de fois celle de l’eau dans laquelle on la verfe. Et quoique la félénire, le tartre vitriolé, & le fel de Glauber , fe précipitent aflez facilement; cette précipitation ne paroît cependant pas complette, au moins quant au fel de Glauber, ainfi que j'ai eu occafion de m'en aflurer plufieurs fois. Il feroit donc à fouhaiter que l’on examinàt de plus près l'effet de ce Réaëtif, & qu'on fit des effais pour déterminer jufqu'à quel oint il peut être utile. Au refte, on doit compter parmi les fels fur Dee lalcohol n’a point d’aétion : 1°. tous les fels vitrioliques, ou dont lacide vitriolique eft une des parties conftituantes; 2°. tous les vrais fels neutres, formés par les acides minéraux; & enfin, 3°. les alcalis fixes aérés. 12°, Le nitre mercuriel, où diffolution à froid de mercure dans l'acide nitreux. Le nitre mercuriel forme un précipité avec les eaux qui con- tiennent des fels marins, des fels vitrioliques, des fubftances alcalines difloutes à la faveur de l’acide aérien, & des matieres extractives ou mucilagineufes. Le précipité produit par l’alcali fixe aéré eft jaune ; mais il devient bientôt blanchàtre. Cet effet eft fi fenfible , felon M. Bergmann , qu'une goutte de nitre mercuriel forme des nuages avec deux pintes & trois quarts d’eau, chargée feulement de trois grains de foude. Le précipité formé par les fels marins eft abondant, blanc , & de forme caféufe , ou reffemblant au caillet de lait. Celui qui eft formé par les fels vitrioliques eft en poudre blanche, grenée, peu abondante, & que l’on ne commence d’appercevoir qu’au bout d’une heure, quand il ny a qu'une petite quantité de la fubftance précipitante. 11 a d’ailleurs la propriété de jaunir lorfqu’on y verfe deflus de l’eau bouillante. Comme les fubftances alcalines aérées ont auffi la propriété de pré- cipiter le nitre mercuriel, il importe d’ajouter, foit à l’eau , foit au nitre mercuriel, un peu d’acide nitreux très-pur , qui, en neutralifant les fubftances alcalines, prévient leur action fur lé nitre mercuriel , & ne permet que celle des fels vitrioliques & marins. Obe le nitre mercuriel paroiffe plus propre à manifefter la pré- fence de l’acide marin que celle du vitriolique , & que mème, rélative- ment à Pacide marin, il foit inférieur au nitre lunaire; il eft cependant des circonftances où il fe montre très-fenfible, & mème plus que le fel marin à bafe de terre pefante. En effet , lorfqu’on en verfe dans une - F . . DES Sciences Pays. DE LAUSANNE. 103 eau fi peu chargée de félénite, que le fel marin à bafe de terre pefante n’y produit aucun changement, il sy forme un nuage tirant fur le jaune , & qui difparoït par l'agitation : ce nuage eft l'effet de la com- binaifon de l'acide vitriolique avec le mercure. Cette combinaifon étant eu foluble , elle ne fe diffout point dans la couche d’eau où elle fe die mais , lorfqu’on l’agite , elle éprouve l’action fucceflive d’une plus grande quantité d’eau, & la af Da peut s’en faire. Je dois obferver que , pour que cette expérience réufhifle , il faut ajouter au nitre mercuriel un peu d’acide nitreux. Au refte, il paroït que le nuage qui fe forme dans ce mêlange eft d'autant plus jaune , que l’eau contient plus de matière extraétive, Cependant, quoique la diffolution de mercure forme un précipité avec la matière extraétive, cet effet n’a pas lieu lorfque l’eau eft acidulée & qu’elle ne contient point de fels vitrioliques. 13°. Le nitre mercuriel avec excès d’acide, diffous à la chaleur. Ce Réactif fe trouve auffi dans la lifte de ceux dont parle M. Beremann. 11 faut remarquer qu'il forme un précipité jaune avec les eaux qui contiennent des fels vitrioliques, & que ce précipité devient blanc fur le champ pour peu d’acide qu'on y ajoute. Il convient auffi d’ob- ferver que les eaux qui charient du foie de foufre font les feules qui le précipitent en noir, tandis que le nitre lunaire diffous à froid eft pré- cipité en noir par toutes les eaux fulfureufes quelconques. 14. Mercure fublimé corrofif. Ce Réadtif a la propriété d’être pré- cipité en jaune par l’alcali fixe aéré , la chaux , & la magnéfie aérée, M. Bergmann obferve avec raifon que la décompofition du fublimé cor- rofif ne s’opère que lentement par la chaux & la magnéfie, tandis qu'un petit morceau de fublimé corrofif, jeté dans une eau qui contient de lalcali fixe aéré, y occafionne fur le champ un précipité rougeitre, On peut encore fe fervir du fublimé pour diftinguer les eaux garo/ul- fureufes de celles qui font vraiment /ulfureufes : car , avec les premiè- res , il produit un précipité blanc; & avec les dernières , un précipité noir. 15°. L’arfenic blanc. Un peu d’arfenic blanc, réduit en poudre, fait jaunir infenfiblement l’eau qui contient du gas fulfureux, parce qu’il fe change en orpiment par fon union avec le foufre qui entre dans la compofition de ce gas. Le même phénomène à lieu avec une eau vrai ment fulfureufe; mais le changement ne fe fait pas fi promptement. M. Verdeil a vu une eau qui contenoit du gas hépatique fenfible aux 104 MÉmotïrREes DE LA SocreTé autres Réaëtifs , & qui ne produifoit aucun effet fur l’arfenic , parce que le gas hépatique s’évaporoit avant qu'il pût agir fur lui. 16°. Chaux falée, ou fel ammoniac fixe. La chaux falée a la propriété de précipiter lalcali fixe aéré : cependant, fi l’eau contenoit une quan- : tité confidérable de quelque fel vitriolique , le réfultat feroit douteux; car l'acide vitriolique change la terre calcaire en gyps, qui eft affez peu foiuble dans l’eau. 17. Foie de foufre ordinaire. Comme il fe décompofe très -facile- ment, tant par l'acide aérien que par les fels terreux & les fels mé- talliques ; je penfe qu'il ne fauroit être d’une grande utilité dans l’e- xamen des eaux minérales. Le principal ufage qu'on en peut tirer, c’eft de reconnoître la préfence des fubftances métalliques , quil pré cipite toutes en noir ou en brun, à l'exception du zinc; & comme il précipite larfenic en jaune , il peut fervir à le découvrir là où on a lieu de le foupconner. Quant aux terres, il les précipite toutes en blanc. 18. L’alcali volatil aéré. Ce Réa@if poffède la propriété de colorer en bleu les eaux cuivreufes, pourvu qu'on lemploie en fuffifante quan- tité. M. Bergmann a trouvé que quelques gouttes de cet alcali produi- foient un léger nuage avec deux pintes & trois quarts d’eau, dans laquelle on avoit diflous fix grains & demi de vitriol cuivreux; que, lorfque le vitriol étoit en plus grande quantité, ce nuage pafloit bientôt du çendré au bleu; qu’en agitant l'eau , elle prenoit une teinte foible & trouble; qu'enfin tout le cuivre précipité étoit rediflous, & que la liqueur devenoit azurée. Le même auteur a encore trouvé que l’eau diftillée , imprégnée de fer aéré, donnoit auffi une couleur bleue, mais plus lentement. Au refte, ce Réactif a les mèmes propriétés que lalcali fixe aéré. 19°. L’alcali volatil cauftique. M. Bergmann a montré que ce Réaëtif précipitoit toutes les diffolutions terreufes , excepté la chaux & la terre pefante , qui ne fe trouve peut-être jamais dans les eaux minérales, 11 paroît donc que l’alcali volatil cauftique eft très- propre à faire découvrir la préfence des fels terreux , à tout autre bafe qu’à celle de terre calcaire. Mais, outre cette propriété affez importante en elle- même, il poffède encore celle de précipiter le fer fous forme métal- lique ; & je crois qu'à cet égard, il doit être utile dans l’analyfe des eaux ferrugineufes. D'un autre côté, comme il rend les eaux cuivreufes beaucoup plus vite bleues que ne le fait lalcali volatilaéré , dont je viens mr“ 0-0 ns-ibdtt DES Sciences Pnys. DE LAusANNE. 10$ de parler, je penfe quil doit lui ètre préféré pour l’examen de ces eaux. | 20°. Le fucre de Saturne, ou le vinaigre de plomb. I forme un pré- cipité avec l’acide marin & vitriolique, mais fur-tout avec ce dernier. Le précipité que forment les fels vitrioliques eft peu diffoluble ; celui que fournit l'acide marin left au contraire aflez. Ce Réa@if donne un précipité avec la chaux, la magnéfie , & fur-tout avec les fels vitrioli- ques & marins. Les fels vitrioliques forment, avec le fucre de faturne, un précipité en petits grains, à peu près infoluble dans Peau & le vinaigre. Par fon moyen, les fels marins donnent un précipité en forme de poudre blanche, qui eft très-foluble dans le vinaigre. Dans l’em- loi du vinaigre de plomb, il faut obferver que les fubftances alcalines e décompofent; & que, pour tirer des conclufions de fon effet, il convient d’ajouter à l’eau qu’on examine un peu de vinaigre diftillé con- centré, ou d’acide nitreux très - pur : de cette manière, ces fubftances alcalines fe ttouvent fatürées, & ne peuvent produire aucun effet fur le Réadtif. Lorfque les eaux contiennent du foufre , le vinaigre de plomb forme un précipité brun, ou les colore en brun. Au refte, M. Beromann ne regarde pas ce Réactif comme aflez für, parce que le plomb corné fe diffout aufli en grande eau. Quant à mot, je penfe qu’on peut s’en pafler fans aucun inconvénient , & qu'il faut lui fubftituer la diflo- lution de plomb dans l'acide nitreux , comme je le montrerai dans la fuite. 21°, Le vitriol de Mars. Ce Réa@if eft du nombre de ceux qui ne font point utiles. On l’emploie principalement pour découvrir fi une eau contient des fubftances alcalines. 1l a aufi la propriété d’être dé- compofé lorfque, dans les eaux minérales, l’acide marin fe trouve uni à la chaux. Mais, comme on a plufieurs autres Réa@ifs qui rem- pliffent les mêmes buts, on peut aifément fe pafler de celui-ci; d’au- tant plus qu’il s’altère aifément par l’action de l'air, qui déphlogiftique le fer qui entre dans le vitriol , & l’en fépare en partie : ce qui rend fon emploi embarraffant. 11 eft vrai que M. Bergmann fe fert du vitriol de mars pour découvrir l'air déphlogiftiqué : mais il refte encore des re- cherches à faire , tant fur les moyens de l’employer d’une manière propre à éviter toute erreur , que fur le cas qu’on doit faire des phénomènes que ce Réactif peut préfenter. | Me Le à Le favon fert à montrer la préfence des fels à bafe ome I, 106 MÉMOIRES DE LA SOC1:ETÉ terreufe ou métallique. Une eau qui contient de ces fels, ne diffout qu'avec peine le favon; & il refte fufpendu fous la forme de grumeaux, qui fe dépofent par le repos. Je trouve ce moyen incommode , &. je penfe qu'on peut fe difpenfer de lemploÿer. Je préfère l’efprit de favon. 23°. L’acide vitriolique concentré. 1] fert principalement à faire con- noître la préfence de la terre de fpath pefant, ou des fels à bafe de terre pefante : 1l produit alors un précipité , qui fe forme auffi-tôr. Mais, comine il doit être très-rare de rencontrer ces principes dans les eaux , il en réfulte qu'on ne fauroit mettre l'acide vitriolique au nombre des principaux Réaë@ifs. 1! eft encore des chymiftes qui le croient propre à dégager l'acide aérien. Je ne fuis point de cet avis. Souvent il ne fe fait aucun déga- gement ; & lorfqu'il a lieu , ce n’eft pas d’une manière aufli prompte qu’on le penfe. Je crois que l'épreuve avec l’eau de chaux aura induit en erreur dans ce cas; & voici comment. Si, dans une eau aérée, on met un peu d'huile de vitriol, & enfuite de l’eau de chaux, il n’en réfulte d’abord aucun effet : d’un côté, parce que l'acide vitriolique s’unit à la chaux; de l'autre, parce que la quantité d’eau eft aflez grande pour difloudre la félénite, & empêcher le précipité. Mais, en continuant d’ajouter de l’eau de chaux au mêlange , l’eau fe trouble; & l'acide vitriolique étant faturé , l'air fixe reparoît de nouveau. DE QuEiQuEs RÉACTIFS NOUVEAUX. 1°. L’acide nitreux concentré. M. Beromann parle, à la vérité, de Pacide nitreux concentré , comme d’un Réactif : mais il ne lui a pas affigné un rang particulier dans la lifte qû’il en a donnée, & il n’en tire pas tout lufage qu'il pourroit. Pour moi, je l'ai trouvé très-utile pour reftreindre dans diverfes circonftances l’aétion de certains Réaétfs : on peut confulter ce que j'ai dit à cet égard dans les articles précé- dents. 1] faut feulement obferver que, pour qu'il rempliffe utilement le but de reftreindre l’aétion des autres Réaébfs , il doit être de la plus grande pureté. Du refte , l'acide nitreux concentré eft très-pro- pre, ainfi que le dit M. Beromann, pour découvrir la préfence du foufre dans les eaux thermales. Verfé en fuffifante quantité fur les-eaux qui contiennent du véritable foie de foufre, il en précipite le foufre , : & détruit fur le champ leur odeur , en s'emparant du gas auquel elles DES SCIENCES Pays. DE LAUSANNE. 107 la doivent. M. Scheele, célèbre Chymifte Suédois , a fait des expé- riences intéreffantes fur la décompofition de ce gas. On peut les voir dans fon Traité [ur le feu & fur l’air. À 2°. Le el cathartique amer, ou le vitriol de magnéfie. Ce fel peut être employé d’une manière utile pour découvrir la préfence de Pal. cali fixe. Quoique cette qualité lui foit commune avec tous les fels terreux , il y joint cependant certaines prérogatives qui lui font par- ticulières. Jai trouvé que ni les terres, ni les fels vitrioliques conte. nus dans l’eau , ne pouvoient le décompofer; tandis que les terres décompofoient l’alun, les fels vitrioliques, & le fel marin à bafe cal caire. Dans les cas où l’on . demande que le Réaëtif ne contienne point d'acide vitriolique, comme lorfqu'on veut employer la diffolution de terre pefante , immédiatement après s'être afluré de la préfence de Valcali fixe; alors on peut prendre le fel marin à bafe de magnéfie, ou la diffolution de magnéfie de fel, & les fubftituer avec avantage au vitriol de magnéfie. La quantité de magnéfie qui fe fépare dans ces cas, indique celle de lalcali contenu dans l’eau. ”. Le fél ammontac. Lorfqu'on met du fel ammoniac dans une dif. folution d’alcali fixe, l’alcali volatil que contient le fel ammoniac, fe dégage & fe fait fentir par fon odeur. Le fel ammoniac peut donc fervir à reconnoître les eaux alcalines. Mais, pour que l'effet en foit marqué, il convient d’évaporer l’eau à moitié, avant de l’employer. 11 eft bien rare qu’une eau contienne affez d’alcali fixe, pour que le dégagement de : l'alcali volatil fe faffe fans cette opération préliminaire; & fi cela arri- voit , ce feroit une preuve que la quantité de l’alcali feroit confidérable, On n'objeétera peut-être qu'on ne voit pas pourquoi j'aug- mente la lifte, déja aflez nombreufe, des Réaëifs propres à faire connoître l’alcali qui eft dans les eaux. Je répondrai à cela, que, lorf- qu'on travaille en Chymie fur des infiniment petits , comme c’eft le cas dans l’analyfe des eaux minérales, il importe d’avoir plufieurs moyens de s’aflurer de la préfence d’une fubftance : d’ailleurs, le fel ammoniac eft un des Réaétifs les plus décififs; puifqu’il n’eft aucune fubftance contenue dans les eaux , excèpté l’alcali fixe aéré, qui foit capable de le décompofer. Quoiqu'il en foit , ce Réa@if préfente dans fon emploi un phénomène curieux , qu'il eft intéreffant d’obferver. Si l'on met dans un bocal de verre, de l’eau diftillée , dont la température eft égale à celle de l'eau minérale ; & dans un autre bocal, dela mème eau minérale, qu’on croit O 2 108 MÉMOIRES DE LA SoOctrIÉTÉ alcaline ; qu’enfuite on place un thermomètre dans chacun de ces bo- caux , & qu'on y jette du fel ammoniac : le thermomètre trempé dans Veau minérale defcendra beaucoup plus bas, fi elle eft véritablement -alcaline | que celui qui fe trouve dans l’eau diftillée. 11 arrive quelquefois que Palcali volatil ne fe dégage pas d’une manière aflez marquée. Pour s’aflurer qu'un tel dégagement a eu lieu, il faut tenir, au-deffus du bocal qui contient de l’eau minérale mêlée avec du fel marin, au moment que l’on fait ce mélange, un bouchon de cryftal mouillé avec de l'acide marin foible. Si le bouchon fume, ce fera une preuve qu'il s’eft développé de Palcali volatil, & que l’eau contient par conféquent de lalcali fixe aéré. î 4. L’alcali fucré. Ce Réa@if eft une combinaifon de l'acide du fucre avec l’alcali fixe végétal. 11 poffède , dans le fond , les mêmes pro- priétés que l'acide qui entre dans fa compofition : mais, comme il décompofe les fels à bafe calcaire avec beaucoup plus de facilité que l'acide de fucre , à caufe de la double affinité qui a lieu dans ces cas; je crois pouvoir le recommander comme préférable à cet acide, dans les cas où l’on a lieu de croire qu’une eau contienne des fels à bafe de terre calcaire. Jai mème trouvé qu'il faifoit un effet bien marqué , lorfque l'acide de fucre n’en. faifoit aucun : ce qui doit être remarqué. Cependant, quoique l’alcali fucré foit plus propre que Pacide de fucre pour décompofer les fels calcaires, “ef échange celui-ci vaut mieux pour découvrir la préfence de la terre-calcaire aérée. s°. Le cuivre. On fait ; en Chymie, que ce métal a la propriété de décompofer l’alun , & d’en féparer la terre. Je crois donc qu'il peut fervir dans l’analyfe des éaux, pour découvrir la préfence de l’alun. Pour cet effet, il faut faire bouillir, dans un vafe de cuivre bien net, Veau qu'on foupconne d’être alumineufe : elle devient pour lors bleue. Je conviens volontiers que cet effai n’auroit pas tout le fuccès defiré, dans le cas où l’alun, contenu ‘dans une eau minérale, feroit parfaitement faturé & fans le moindre excès d’acide. Alors il fau- droit mettre de l’alcali fixe dans l’eau, & en féparer le précipité : s'il devenoit ftyptique en le faturant avec lacide vitriolique, ce feroit une preuve que l'eau étoit alumineufe. 6°. Le foie de foufre volatil, où l’Efprit de Beguin. Cet efprit me paroît très-propre à découvrir larfenic qui pourroit être contenu dans les eaux minérales. Je crois qu'il mérite en général une grande préférence fur le foie de foufre ordinaire, 1°, On eft afluré, par la na- nn on) LÉ pes Sciences Pays. DE LAUSANNE. 109 ture mème de fa préparation, que Palcali volatil qui entre dans fa compofition , eft très-pur ; tandis qu'il n’eft pas fi facile d’avoir du foie de foufre ordinaire dont lalcahi foit pur. 2°. Sa préparation ne permet pas qu'il contienne un excès de foufre, ni par conféquent qu’il ait les inconvéniens auxquels cet excès rend le foie de foufre ordinaire plus où moins fujet. 3°. Son effet eft plus marqué & plus prompt que celui du foie de foufre ordinaire, À caufe de la volatilité de Palcali qui entre dans fa compofition. Il me paroït donc qu'à tous ces égards, le foie. de foufre volatil mérite d’être placé dans le rang des Réadifs propres à l’analyfe des eaux minérales. 7. L’Efprit de favon, ou la diffolution de favon dans l'Efprit de vin. Cette diflolution a, dans le fond, les mêmes propriétés que le favon en nature; & je n’en fers comme M. Bergmann & autres fe fervent du favon , pour découvrir les fels à bafe terreufe ou métallique. Je crois devoir donner la préférence à l'efprit de favon fur le favon en nature : parce qu'il eft incommode de diffoudre du favon dans une eau qu’on veut examiner; parce qu'il eft difficile, finon impoffible, de déter- miner la quantité de favon qu'on emploie; & parce qu’enfin cette manière ne fauroit préfenter des réfultats nets, comme la diffolution de favon. Cette diflolution produit, fans aucun embarras, un effet très - marqué lorfqu’on en verfe dans les eaux qui contiennent des fels terreux & métalliques : on voit alors qu’elle les trouble fur le champ, & forme un précipité très-vifible & très - fenfible. 8°. Le nitre de plomb, ou:la diffolution de plomb dans l’acide nitreux. Ce Réactif produit exaétement les mêmes effets que le vinaigre de plomb, ou le fucre de faturne. Cependant , je le trouve préférable à ce vinaigre & à ce fucre; parce que le plomb s’unit d’une manière plus intime à Pacide de nitre, qu’à celui du vinaigre. D'ailleurs, il n’eft pas auffi fujet que le vinaigre de plomb , à s’altérer par des caufes étrangères. 9°. Le vitriol de cuivre. La diffolution de vitriol de cuivre fert à dé- couvrir fi une eau contient des fubftances alcalines. Une eau de cette nature fe trouble &.il s’y forme un précipité. Je conviens qu’en général on peut fe pañler de ce Réaëtif : mais comme, dans tous les cas, il eft préférable au vitriol de mars, je crois devoir en confeiller l'ufage. Jai trouvé qu'il poffédoit tous les avantages du vitriol de mars, fans en avoir les inconvéniens ; puifqu'il ne fe décompofe pas, comme lui, par l’action de l'air. Plus-on fera dans le cas d’examiner des eaux miné- ‘ rales, plus on verra quil convient d'augmenter le nombre des Réactifs, A "4 même à vertus égales, 110 MÉMOï:RES DE LA SocrÉéTÉ Sur les brouillards électriques vus en Juin & Juillet 1783 ; ES fur le tremblement de terre arrivé 4 Laufanne le 6° Juillet de la même année. Par Mr. VERDEIL, Docteur EN MÉpecine, &c. Lu le 19 Juillet 1783. $.I. AGE de parler du météore nébuleux qui vient de règner avec une perfévérance bien extraordinaire pour a faifon ,'je défirois un PLE grand nombre de faits; j'attendois de la part des Phyficiens de l’Europe, de plus amples informations , des lumières nouvelles, lorfque ce phénomène eft devenu un objet de curiofité pour les favants & d’allarmes pour le vulgaire. Quelques perfonnes, trompées par une faufle apparence de fumée , fe font imaginées, je ne fais pourquoi , que nos brouillards étoient les fumées de labyme dont parle PApocalypfe (a) comme d’un préfage de la fin du monde, Jai vu une Eee qui en a été épouvantée, au point de devenir férieu- fement malade. Cette terreur panique, plus où moins répandue, m'a fait prendre la plume. Mes idées fe font multipliées : elles forment le Mémoire que j'ai l'honneur d'offrir à la Société. $. IL. Depuis environ dix ans, toute l’athmofphère de notre Globe : éprouve une grande féchereffe. 11 eft vrai pourtant que , dans lefpace d'un an, il eft tombé, fur plufeurs contrées, plus d’eau qu'à Por- dinaire. Selon le calcul qu'en a fait M. Jeaurat à lObfervatoire de Paris, la quantité d’eau tombée en cette ville pendant les fix premiers (a) Chap. IX, ®. 12. | \ DES Scrences Puys. DE LAUSANNE. III mois de 1782 , fut de 11 pouces 3 lignes & &; c’eft-à-dire, à deux pouces prés , auffi grande que durant l'année entière 1781. Mais ces exceptions ne font rien à la règle générale; & ces pluies , prefque toujours foudaines, n’ont pu s'imbiber bien avant dans la terre. La fécherefle a été extrème pendant l’année 1782, fur-tout en Italie & dans les provinces méridionales de France, où plufeurs perfonnes font mortes de l'excès de la chaleur. $. LIL. Cependant l'automne de 1782 a été froide & humide. L’hiver a été humide, & fi doux, qu'on n’a pu remplir les glacières que de neige. Le mois d'Avril a été beau, & agréable par fa chaleur & fa férénité. Le temps a perfévéré dans cet état jufqu’au 26 Mai. Alors les pluies ont commencé & ont été prefque continuelles jufqu’au 22 Juin. La quantité d’eau, tombée ici pendant ce temps, a été très-confidé- rable. Je ne l'ai pas mefurée bien exaétement ; mais je préfume quil en eft tombé au moins trois fois plus qu'il n’en tombe , année moyenne, dans le printemps entier. L $. IV. Ces pluies étoient ordinairement accompagnées de brouil- Jards plus ou moins épais, fur-tout le 18 Juin & les jours fuivants. Le 22 au matin, elles ont ceflé tout-à-coup, & ont laiffé les brouil- Jlards qui font le fujet de ce Mémoire. $. V. On fait que les brouillards ordinaires font d’un gris cendré : ceux dont nous parlons m'ont paru bleuâtres ; beaucoup de perfonnes leur ont trouvé une couleur de fumée ; quelquefois ils m'ont paru un peu roux, Les objets, de même que leurs ombres, participoient alors > de lune ou de l’autre de ces couleurs. ; | $. VI. La denfité de nos brouillards étoit beaucoup moins confi- “dérable que celle des ‘brouillards d'automne, Dans cette faifon , lorfque les brouillards font le moins épais, nous ne diftinguons ère les objets éloignés de plus d’un quart de lieue; nos brouil- us du mois de Juin nous ont fouvent permis de les diftinguer à trois - lieues au moins. J'ai obfervé que les vues les plus ordinaires pou- voient appercevoir, depuis la promenade de Montbenon , la pointe de terre qui s’avance dans le lac, auprès du village de Sr. Sulpice (b); mais il étoit impoffible de voir la moindre chofe des premières chaïnes des Alpes de la Savoie , moins encore de celles du Jura ou des Alpes du Vallais. On voyoit auffi d’une manière affez diftine le — 4 “ (b) Voyez la Carte du Pays de Vaud, par M. Mallet, 112 MÉMOIïRES DE LA SoOctÉT*É Soleil , la Lune, & les Étoiles de la première grandeur , fur - tout lorfque ces aftres approchoïent du point le plus élevé de leur révo- lution diurne. $. VIE Cette denfité étoit fujette à plufieurs variations. Quel- quefois la maffe entière fe condenfoit ou fe raréfioit plus ou moins :: fouvent elle s’éclaircifloit en de certains endroits, ou s’épaiffiffoit en d’autres; comme, par exemple, vers les Alpes ou le Jura. Fai auffi apperçu des efpèces de clairs, qui perçoient la maffe vaporeufe : c’eft ainfi qu'une fois j'ai entrevu la ville d'Evian, fituée de l’autre côté du lac ; tandis qu'il m’étoit impoffble de rien diftinguer de la campagne des environs, ni des Alpes qui la couronnent. Toutes ces variations s’opéroient par des caufes que je ne connois pas. Elles m'ont paru indépendantes de l’action des vents, de celle de la cha- leur , & de celle du poids de Pair. J'ai cependant cru appercevoir. quelques rapports entre les différentes denfités des brouillards & leur électricité. Je ne l’affurerai pourtant pas d’une manière bien poftive; d'autant moins qu'il y avoit fouvent des nuages orageux, qui influoient fur les conduéteurs , indépendamment de l'électricité des vapeurs. $. VIIT. Outre ces variations indéterminées, 1] y en avoit d’autres qui paroifloient foumifes à des loix conftantes. La partie la*plus baffle des brouillards , & par conféquent celle qui touchoit la terre, étoit toujours la plus épaifle; & à mefure qu'ils s’'élevoient, ils fe | raréfioient : cette gradation, dont il eft facile de comprendre la - : caufe , fe voyoit clairement en allant fur les montagnes. J'ai ob- fervé aufh que le brouillard paroïfloit d’ordinaire moins denfe au. milieu du jour; qu'il fembloit être le plus épais au matin vers les 8 ou 9 heures, & le foir vers les $ ou 6; & que, pendant la nuit, il" étoit fouvent plus raréfié qu'au milieu du jour. La denfité des brouil- lards étoit-elle réellement foumife À toutes ces variations diurnes? Je ne l’aflurerai pas. On comprend à la vérité que laction des rayons du Soleil , prefque verpendiculaires au milieu du jour, pouvoit raréfier les vapeurs : mais il a pu fe faire auffi que la raréfaétion qu’on voyoit pendant la nuit, & la condenfation qu’on croyoit remarquer le matin & le foir, ne fuffent en grande partie qu’une illufion optique. En effet, le foir & le matin, les rayons du Soleil devant percer une plus grande étendue de vapeurs qu'au milieu du jour , leur lumière avoit moins d'éclat, & les brouillards ont dû paroître plus épais. Pendant la nuit, au contraire, comme il ne vient aucune lumière du côté de la terre, - & DES Sciences Pays. DE LAUSANNE. 113 & que le peu qu’en donnent les étoiles & la Lune, fur- tout lorfqu’elle n’eft pas dans fon plein, ne fauroit percer toute l’étendue des va- peurs qui fe trouvent près de l’horizon; ces vapeurs doivent néceffaire- ment y ètre plus fombres, & par conféquent y paroïtre plus denfes : tandis que, vers le zénith, les rayons lumineux perçant avec plus de facilité, & n'y fouffrant qu'une légère réfraétion , répandoient plus de lumière dans la maffe des vapeurs, & la faifoient paroître moins épaiffe. $. IX. Le Soleil, qui fe lève à nos yeux au deflus d’affez hautes montagnes voifines, paroïfloit alors d’un rouge de feu ; & l'œil pou- voit le fixer fans en être ébloui. A mefüure qu'il s’élevoit , fa couleur rouge palifloit; il devenoit enfin pâle & blanc; & quand il étoit au . plus haut de fa courfe , il ne rayonnoit que foiblement. Mais dès qu'il - commençoit à baifler, il cefloit de rayonner, & reprenoit fa couleur ” rouge : cette couleur devenoit de plus en plus foncée, jufqu’à ce que laftre füt defcendu environ au dixième degré au-deffus de lhorizon ; @lors il fe plongeoit entièrement dans le plus épais des vapeurs, & difparoïfloit à nos yeux. La Lune paroifloit auffi d’un rouge pourpré, "& étoit fans éclat. Les étoiles fixes qu’on pouvoit appercevoir avoient la même couleur, felon qu’elles étoient plus ou moins près de lho- rizon : celles qui fe trouvoient au zénith avoient une couleur plus pale, & ne donnoient point de fcintillation. $.X. Les brouillards avoient pendant la nuit une lumière foible, ‘qui permettoit de voir les objets à une certaine diftance, & qui s'étendoit également fur tout lhorizon : elle refflembloit affez à celle de la Lune, lorfqu'étant dans fon plein , elle fe cache der- rière un nuage épais, ou que le ciel eft couvert. Cette clarté ne pou- voit venir de celle de la Lune, qui ne donnoit alors aucune lumière. Je ne crois pas non plus qu’elle füt l'effet de quelque météore igné, tel qu'une aurore boréale ; parce qu’elle embrafloit également tout Phémifphère célefte, & qu'elle duroit toute la nuit. Il me paroît qu'il faut lattribuer uniquement aux brouillards. Ce phénomène, qui n’étoit pas toujours également vifible , ma paru très - apparent vers la fin de Juin & au commencement de Juillet. Le degré de fon intenfité n’étoit pas toujours proportionné à celui de l’éleétricité aérienne, indiquée par les conducteurs , d'autant que les effets varioient beaucoup, à caufe de la fréquence des nuages orageux qui fe trouvoient dans l'air. Il m'a Tome I. Pl 114 MÉMOtrïRES DE LA SOCctïÉTÉ femblé qu'il devenoit beaucoup plus vifible par un vent fort, & par la grande chaleur du jour. $. XI. Un grand nombre d’expériences m'ont affuré que nos brouil- lards étoient ce électriques. Un petit appareil que j'ai imaginé, & dont je donnerai peut-être la defcription, n’a produit chaque jour beaucoup d'électricité. Il en a été de même d’un conduéteur que jai fouvent vifité, & qui eft placé hors de la ville fur un monticule. Une petite machine éleétrique, qui donne de fortes étincelles relativement à fes dimenfons, n’en a fourni que de très-foibles pendant toute la durée des brouillards; fouvent elle n’en a point donné du tout. Mais je dois aufli convenir qu'il ne m'a pas été poflible de découvrir le moindre rapport entre la denfité de nos brouillards & l’électricité aérienne. Peut-être cela venoit-il de la fréquence des tonnerres & de la quantité des nuages orageux qui flottoient dans l'air. Peut-être auffi qu'avec des inftrumens plus parfaits, ÿaurois pu mettre plus d’exactitude dans ces expériences. $. XIT. Il ne s’eft prefque point paflé de jour, qu’on n’ait entendu gronder le tonnerre , fur-tout vers le foir; ou qu’on n'ait vu des nuages orageux dans Pair. Le 26 Juin a été très-remarquable par la” force & par la durée de l'orage. La foudre tomba ce jour -là fur l'Eglife de Willars-le-Terroy, dont on fonnoit les cloches; tua onze perfonnes, & en bleffa treize : elle tomba auffi tout près d'ici, fur un des arbres de la premiere allée de Montbenon. Il falloit que la maffe de nuées qui nous a donné cet orage fût extrèmement étendue & prodigieufement chargée d'électricité, puifqu’elle nous fut apportée par un vent d’oueft, & que la foudre tomba le même jour en plufieurs endroits fur les bords du Rhin & du Necker, ainfi que nous l'ont appris les nou- velles publiques. Au refte , je n’ai pas remarqué que ces orages nom- breux, ordinairement longs & quelquefois très-forts, aient influé d'une manière marquée fur la qualité ni fur la denfité des brouillards, Je ferois pourtant porté à croire qu’ils étoient plus denfes avant chaque orage, & qu'immédiatement après ils paroifloient un peu plus raréfiés ; fur -tout lorfque les tonnerres avoient été forts, & que les orages avoient duré long-temps. : F $. XIII. Mais un effet bien remarquable de nos brouillards, c’eft qu'ils n’ont paru que peu ou point humides. L’inftrument dont je me fuis fervi pour mefurer cette humidité étoit trop imparfait pour me donner des réfultats bien précis : je crois cependant pouvoir affirmer pes Sciences PHys. DE LAUSANNE. 115 en général, qu'au commencement l'air étoit fort humide, & que cette humidité eft allée en diminuant, fans fe difliper tout-à-fait. Le fel de tartre, expofé à l’air , en a conftamment attiré plus ou moins d’eau; &c la quantité de cette eau étoit beaucoup plus confidérable au com- mencement qu’À la fin : en cela il y avoit un accord parfait avec la marche de mon hygromètre. Cependant, comme lhumidité de Pair indiquée par ces deux moyens n’étoit pas toujours en raifon directe de la denfité réelle des brouillards, je n’oferois pas affurer qu’elle en ait été l'effet. On fait que l'air, quoique parfaitement tranfparent, indique quelquefois des degrés confidérables d'humidité ; parce que l'eau difloute dans l'air n’en trouble en aucune manière la tranfpa- rence (c). Il pourroit donc fe faire que, pendant la durée de nos brouillards, l'air ait tenu en diffolution plus ou moins d’eau, indé- pendamment des vapeurs vifibles; & que cette eau invifible ait influé fur lhygromètre & fur le fel de tartre. Quoiqu'il en foit, tous les matins les plantes étoient très-mouillées par a rofée. J'ai expofé, pendant la nuit, des plaques de verre à quelque diftance de la partie -fupérieure du mur d’une terraffe ; le lendemain je les ai trouvées auffi mouillées à leur partie fupérieure qu’à leur partie inférieure : de forte qu'il paroît que cette rofée venoit autant de l’air que de la terre (d). Le fel de tartre qui avoit paffé la nuit à l'air, étoit toujours réduit en eau le lendemain. $. XIV. Je n’ai trouvé -aucun caractère pernicieux dans nos brouil- lards. Ils n’avoient abfolument aucune odeur , quoique des perfonnes fe foient imaginées qu'ils fentoient le foufre. La rofée qui s’attachoit aux plaques de verre dont je viens de parler, n’avoit ni goût ni odeur. Des papiers colorés avec le tournefol, expofés as jours & plufieurs nuits de fuite à lation de nos brouillards, n’en ont point été altérés : il en a été de mème des papiers colorés par le fernambouc & la terre- mérite. Ces mêmes papiers, altérés par le vinaigre, n’ont pas non plus fouffert de changement. 11 eft vrai que, lorfque ces papiers, altérés ou non par le vinaigre, reftoient expofés aux rayons du foleil, ils blanchifloient confidérablement, quoi que ces rayons euffent peu de force : mais cet effet eft ordinaire au © © © —— — Cc) Mém. fur l'élévation € la fufpenfon de l'eau dans l'air, par. M. le Roy. Voyez les Mélanges de Phyfique, &gc. du même auteur, pag. 8 & fuivantes. (d) Le Roy, 1, c. p. 43. P 2 “ x:6" : -. MÉMoOrRESs DE LA SOCIÉTÉ Soleil dans toutes les faifons (e), & n’a quoique ce foit de commun avec nos brouillards. J’ai mis en cryftallifation le deliquium du fel de tartre qui avoit paflé plufeurs jours & plufieurs nuits à l'air, fans en avoir obtenu autre chofe que du fel de tartre. De l’eau de chaux, expofée dans un large vafe , n’a donné aucun précipité de terre cal- caire, & ne s’eft pas recouverte d’une pellicule plus épaifle que de coutume, du moins autant que j'ai pu m'en appercevoir. M. Reynier & mon frère, m’ayant apporté de l'air des brouillards pris pendant la nuit au bord du lac & au Signal (f) , je l'ai éprouvé avec Pair ni- treux le plus pur. J’ai pris dans mon expérience , autant que je l'ai pu, toutes les précautions recommandées par M. Ingen-Houfz. Deux mefures de brouillards pris au bord du lac, mêlées avec une mefure d’air nitreux, fe font abforbées d’environ un quart. Les brouillards du Signal m'ont donné le même réfultat. J’avois fait la mème expérience quelque temps auparavant, avec des brouillards pris fur la terraffe où j'avois expofé les papiers colorés : il s’étoit abforbé un peu moins d'un quart. Le 28 Juin, ayant effayé de la même manière des brouillards pris à midi fur un pré au nord-eft de la ville, il s’eft fait une abforption confidérable, que j'ai eftimée d’environ un tiers : peut-être s’élevoit-il un peu d’air inflammable de ce pré. $. XV. Pendant tout le règne de nos brouillards, le baromètre n’a pas été au-deffous de 26 pouces. Sa moindre élévation a eu lieu le 15 Juin, & étoit égale à 26 pouces 3 lignes & # : or il eft à remarquer que , fur dix années d’obfervations faites à Laufanne , & que je commu- niquerai à la Société, la moindre hauteur du baromètre à cette époque n’a pas été une feule fois auffi confidérable que cette année. La plus grande hauteur du baromètre , obfervée le 4 Juillet, a été égale à 26 pouces 10 lignes # : ce qui eft aufli beaucoup plus que pendant les dix années dont je viens de parler. Quant à l'élévation moyenne du mer- cure dans le baromètre, on voit en général qu’elle furpañle confidé- rablement celle de l’année moyenne. Je n’ai pas cru devoir la cal- culer ; parce que la hauteur moyenne étant un réfultat de plufieurs années d’obfervations , on ne fauroit la comparer à celle d’un cas particulier. La table fuivante contient la marche du baromètre pendant Ce) Mém. Phyfico-Chymiques, ÿc. par M. Séncbier. T. Il. p. 219. (f) Lieu éleve prés de Laufanne, pes Sciences Pays. DE LAUSANNE, 117 la durée de nos brouillards. La première colonne contient les hau- teurs moyennes calculées fur dix ans d’obfervations. Élévations , ME | , moyen.pour| Date | Matinée | Aprés-midi | Soirée ann. moyen. Juin | 18 Ê 7.01 26 7. 9. | 26. 6. G. Plus grande élé- 19 CPGE N ARS 0 5100 ETS Em vationmoyenne| oo À 26. $.10. | 26. $. Oo. | 26. 3. 6. CNT a1 | 26. 4. o. | 26. 5. o. | 26. 6. $. Moindre ui. 22 À 26. 7. 8. | 26: 8. 4. | 26. 8. 6. tion moyenne 23 26.19, 10 nr 2619.10 MI 26:19 74: 26. 0. 0. 24 De TON As TT 267718. 10. 126208. 6. net 25 26:78. 14, 1026.18. 10. | 26... 8.3. 26, 4. 0. 26 | 26. 8. 4. | 26. 8. oO. | 26. 8. o. 27 | 26. 8.0. | 26. 7. 8. | 26. 9: o. 28 | 26. 8. o. | 26. 8. o. | 26. 8. o. 29 DB M ONNARECS. 110 20. RL. 30 26. 8. 6. | 26. 8. 6. | 26. $. S$. Ju:iLrer I 26.:9." 0. l26: 18 "9. l'26: 9: 0. PL. gr. élév. moy. 2 26. 9. O0. | 26. 9. 6. | 26. 9. 6. 6. 5. 6. 34 em ro;"0. 1126. 19.161260: 6. 4 26.10. O. | 26.10. 8. ! 26.10. 6. < (Po0:10. 0; l'a6. 9.114 | 26. 9. 8. Él. moy. 26.3.3. 6» |'26. 9: 0: 1} 26. 8.160 26:78. 6 $. XVI. Le thermomètre que j'obferve eft au mercure, & fait par moi-même avec beaucoup de foin, d’après les principes de M. de Luc. 1] eft au nord d’une fenêtre au premier étage, tournée du côté de loueft, & qui fe trouve garantie par les maifons voifines, de manière que le Soleil n’y donne qu'environ une heure & demie dans les grands jours d'été. Voici un tableau des variations du ther- momètre , pareil à celui que je viens de donner pour le baromètre, x18 Mémoires pg LA Soci:1ÉéTé Deg. moyen | pour l’année moyenne. Date | 8 heures du mat. 2 heures 9 heures apr.mid. | du foir. ER Juin 18 | fa 14. O. TE ee Plus grand degré| 19 II. $. II. 2. 9. $. Hype ca 20 lite Ue. es HÉEIS T7 21 1H ONCE ox TE 9. ©. Moindre degré | 22 9. o. 12: 5. ROUTE moyen 23 IT Ufe 15. 8. LI. 6. 6.1 24 : à QE 17: ç: 14: 2. Desre 25 14. 6. AN 15.5: ee 26 EN E PTS ES 27 I4. ©. 16. 0. 13. $. 28 AE | LUE 14. O | 29 Hiver: IS: If. oO. 30 TA 16. ©. 16. O JurrLer ï 15. 8. | 20. o. 17. $. PL gr. deg.moy. 2 16. $. 2I. ©. LR 7 TS fe ch.4 23: 3. 3 17: 0. 22. O. I7 0 Moind.deg.moy. 4 16218: DOS TÉSSS 8.1. s 17. 0. 19. Oo. 162.0 Deg.moy. 14.6. 6 16. o. SES 16. © IL réfulte de ce tableau, que le moindre degré de chaleur a eu lieu le 21 Juin au foir &le 22 au matin, époques où il étroit à 9 de- grés; & que le plus grand degré de chaleur, obfervé le 3 Juillet, a été égal à 22 degrés. On peut remarquer que, quoique le degré de chaleur le plus cn n'ait pas feulement égalé le plus grand degré moyen de chaleur , calculé pour l’année moyenne fur dix années d’ob- fervations; le moindre degré de chaleur l’a emporté de 3: degrés environ fur le moindre degré moyen du mois de Juin de l’année moyenne , & d'environ un degré fur celui du mois de Juillet année moyenne. Il eft encore à remarquer que, quoique la chaleur indiquée par le thermomètre n’ait pas été bien confidérable , on ne DES Scrences Puys. pe LAUSANNE. 119 laifoit pourtant pas d'en être accablé, comme en Italie lorfque le firoco fouffle, ou dans notre pays à l'approche d’un orage & lorfqw'il y a beaucoup d'électricité dans Pair. 6. XVII. Les’ vents ont été variables au commencement de Juin, & prefque toujours au nord-eft, pendant que les brouillards ont duré. Les pluies de la fin de Mai & du commencement de Juin, nous ont été amenées par un vent du fud-oueft ou d’oueft : ce qui eft ordi- naire dans ce pays. Depuis le 14 Juin jufqu'au 22, le vent a foufilé du fud ou du fud-oueft, & il a plu prefque fans relâche pendant tout ce temps. Lorfque les pluies ont eu ceflé, & que les brouillards ont été une fois bien établis, c’eft-à-dire, depuis le 22 Jun jufqu’au 6 Juillet; le vent dominant a été celui du nord - eft. Il a règné toutes les nuits, excepté celle du 27 Juin, où il a foufflé du côté du nord, parce que le ciel y étoit chargé de gros nuages orageux. Il à auffi règné toutes les matinées, excepté le 26 & le 27 Juin, qu'il nous eff venu du fud-oueft par de grands orages. Pendant les après-midis & les foirées, les vents ont été plus irréguliers : c'étoit le moment de la journée où il y avoit le plus d'orages & de nuées orageufes. Cependant , durant les quatorze après-midis & foirées de nos brouillards, le nord-eft a foufflé neuf fois , le nord-oueft trois fois, & le nord & fud -eft chacun une fois. Ainfi, fur quarante - deux obfervations faites pendant les quatorze jours confécutifs qu'ont dyré nos brouillards, il s’en eft trouvé trente-quatre où le vent du nord-eft a foufflé. Il eft à remarquer que le vent n’eft jamais venu pendant tout ce temps, ni de l’oueft, ni de left, ni dû fud, ni du fud-eft. $.XVilL. Les brouillards dont je viens de faire l’hiftoire me paroif- fent avoir ocqup£ une étendue immenfe en longueur , largeur , & hauteur. Jufqu’à préfent, il me feroit impoflible de fixer l’efpace de pays qu'ils ont couvert : maïs fi nous devons en croire les nouvelles pu- bliques , & des lettres venues de divers endroits oppofés, il eft peu de pays en Furope où on ne, les ait vus; &, chofe bien remarqua- ble , il paroît qu'ils fe font montrés par tout à peu près à la même époque. Je crois auf qu'ils fe font élevés à une très- grande hauteur. J'ai parlé à des perfonnes qui revenoient de la vallée de Chamouny : elles m'ont dit qu’elles ont trouvé ces brouillards au pied des Gla- ciers, fur le Montanvert & le Col- de- Balme; & que les chaffeurs de chamois & les guides leur avoient affuré qu'ils avoient vu ce mé- téore fur toutes les montagnes. S'il m'étoit permis de hafarder là- 120 MÉmMorres DE LA Soci:ÉéTé deffus des conjectures, je dirois que nos brouillards ont pu couvrir prefque toute l’Europe, & qu'ils fe font élevés au-deflus des plus hautes montagnes. Le temps aprendra fi je me fuis trompé ou non. 6. XIX. Enfin le 6 Juillet , environ dix heures un quart du matin, on a fenti ici deux fecouffes de tremblement de terre. Elles n’ont pas été par tout de la même force : en de certains endroits, elles ont été prefque imperceptibles; en d’autres aflez fortes. Dans une campagne fituée à Cour , près du lac, il s’eft fait une longue fiflure dans un mur qui avoit peu de liaifon avec le refte du batiment. Le propriétaire de la maifon, qui lifoit dans fon cabinet, la tète appuyée contre ce mur, éprouva deux fecouffes très-fortes, qui le firent fortir de fa maifon. Je ne fache pas d’ailleurs que l’ébranlement de la terre ait été nulle part affez confidérable pour endommager les bâtimens, ou pour caufer d’autres dégats. Du refte, j'ignore jufqu’à préfent la diftance à laquelle les fecouffes fe font fait fentir, & les endroits où elles ont été les plus fortes. On m'a dit qu'on ne s’en étoit point appercu dans le Vallais n1à Berne; plufieurs perfonnes m'ont auffi mandé de Genève qu'on n’y avoit rien fenti : mais j'ai vu un gentilhomme de la Franche- Comté, qui m'a certifié qu’on avoit éprouvé de très-fortes fecoufles dans cette province, fur-tout à Salins, où il étoit alors; & que c’étoit environ à la même heure qu'ici. $. XX. Il ne paroît pas que l’ébranlement de la terre ait influé ici d’une manière fenfible fur le mercure dans le baromètre. 1l avoit com- mencé à baïfler depuis la veille, & il a continué à s’abaiffer jufqu’au 10 du même mois, où il a commencé à monter. Dans cet intervalle, il étoit defcendu de 3 lignes 5. Cet abaïflement s’eft fait par deprés, & avec une lenteur qui permettoit au mercure de femonter quelque- fois d’un ou de deux douzièmes de ligne : afcenfion momentanée, qui s’obfervoit fur- tout vers midi. Comme je ne me fuis point ap- perçu du tremblement de terre, je nai pas obfervé mes baromètres dans le moment de la fecoufle, ou au moins immédiatement après; mais des perfonnes dignes de foi, qui les ont regardés, n'ont afluré qu'il ne s’étoit pas fait le moindre changement dans la hauteur du mercure. Voici une table de la marche du baromètre avant & après Ja commotion, pendant l’efpace de onze jours. Le jour de la com- motion eft marqué par un aftérifque, Date DES Scrences Puvs. DE LAUSANNE. 121 8 heures du| 2heures |9 heures du Date matin après midi foir I 26. 9. O. | DO 1820 1 26000 2 26. 9. 6. | 26. 9. 6. | 26. 9. 6. 3 26.19. O. | 26. 9. 6. | 26.10. 0. 4 | 26.10. o. | 26.10. 0. | 26.10. 6. f | 26.10. o. | 26. 9. 6. | 26. 9. 6. 16:1:26-49- 0: 1 26: 8.16. 1 26: 97 0: 7 26.18. D. | 126 9% 6.11 26." 8.16: 8 | 26. 8. o. ! 06. 7. 6. | 26. 7. 6. | 9 2e WTA O0: IT 42 10 PLUIE om ind II Le MR RATE | 6. XXI. Quant au thermomètre , on a remarqué que, le jour du tremblement, le mercure y étoit un peu plus condenfé que les jours précédents. Mon thermomètre s’eft tenu le matin & l'après-midi de ce jour-là, à un degré, environ, plus bas que la veille. Mais ce re- froidiflement de l'air ne fauroit être attribué au tremblement de terre : il me paroït plutôt qu'il a été l'effet du vent de nord-eft, qui, depuis la veille , avoit été affez fort & affez frais, fans doute parce qu'il avoit plu ou grèlé ce jour-là du côté du nord. Voici la table des degrés du ther- momètre : elle eft fur le modèle de celle que je viens de donner pour le baromètre. Tome I. Q —. 122 Mémoires DE LA SocrEeTé RS 8 heures | 2 heures | 9 heures Date | du matin |'après midi] dufoir » | I s:t0: 20-10. | T7 5 2 16, 5. 1 Ro E 1740 2 LOS SIM LEE M 4 16. 8. 20. 4. 1625: $ 17 0! 19. 0. 16. o. "Orab ETO, EE else le Too! 7e LRBE df. "0. 1749 | 9 ESC de 2 dos L7H5- 9 7. 5. LAN: 18. O. 10 LEE 22:70. 19. 0. 11 18. 8. PL:5: 18. 6 6. XXIL. L’ébranlement de la terre n’a pas non plus influé fur le vent, ni à l’égard de fa direction, ni à celui de fon intenfité appa- rente. Depuis le 4 au foir, il n’avoit pas ceflé de fouffler du côté du nord -eft ; il fouffla du même point tout le jour de la commo- tion, c’eft-àh-dire le 6; & il conferva cette direction pendant les quatre jours fuivants. Quant à la force du vent, j'ai déjà dit quil avoit été aflez fort la veille du tremblement : cependant il n’avoit rien d’extrordinaire; d’autant-qu'on en avoit fouvent vu de plus forts durant le cours de nos brouillards. Le vent conferva à peu près la même force pendant tout le jour du tremblement , excepté le foir, où il s’appaïifa un peu. Le lendemain fut prefque calme; mais le vent fe . leva fur le foir avec une force aflez égale à celle qu’il avoit eue l’avant-veille, $. XXIIT. Un fait bien digne d’être remarqué, & que tout le monde ‘ a obfervé ici, c’eft la difparition totale des vapeurs dont l’athmofphère étoit remplie. La veille, dans le courant de l’après- midi, on avoit un peu apperçu les Alpes ; j’avois auffi entrevu les montagnes de la Gruyère depuis un château aux environs de Moudon : mais le Jura étoit très- couvert , & il paroifloit que les vapeurs s’étoient portées de ce côté. Ce n'a été que le 6 au matin, après le tremblement de terre, les brouillards étant par-tout affez rares, qu'ils fe font diffipés au point DES Sciences PHYs. bE LAUSANNE. 113 point que, dans le courant de la journée, on n’en voyoit que de très - foibles reftes du côté du Vallais, & que les Alpes, & fur-tout le Jura , étoient très- vifibles. 3 . 6. XXIV. Quelle eft la caufe du météore nébuleux dont je viens de montrer la nature & les effets ? Bien des gens font dans l'idée qu'ils nous a été apporté dé la Calabre par les vents. Je l’ai cru moi-mème au commencement : un examen réfléchi m'a convaincu enfuite , que cette opinion étoit deftituée de tout fondement, On fait que le bou- leverfement de la Calabre eft arrivé le $ Février de cette année, & que nos brouillards n’ont paru que le 18 Juin au plutôt. Voilà donc un laps de quatre mois & demi, avant que les vapeurs aïent pu arriver jufqu'à nous. Tirées dans des chars par quatre bœufs tardifs , elles auroient eu quatre fois le temps d’arriver:de la Calabre en Suiffe ; en lair, un vent ordinaire les auroit apportées en peu de jours. Je conviens qu’elles auroient pu effuyer des vents contraires fur leur route : mais le retard qui en feroit réfulté, mauroit-il pas été une caufe néceffaire de leur anéantiffement ? & arrivées ici, n’auroient- elles pas dû être bientôt diflipées par le vent du nord? Il faut avouer qu’il eft bien difficile de concevoir que, dans un intervalle de temps aufli long, & dans une faifon fi peu favorable à la durée des vapeurs, des brouillards venant de la Calabre aient pu arriver en Suifle au bout de quatre mois & demi, fans rencontrer chemin faifant quelque caufe capable de les diffiper. Souvent l'Emna & le Véfuve vomiffent, avec la flamme, des torrens énormes de fumée; l'air eft entièrement obfcurci autour de ces volcans ; on n’apperçoit plus le Soleil : mais cer effet ne s'étend pas bien loin. Le Père Dellz-Torre, qui a beaucoup obfervé les phénomènes du Véfuve, croit que les vapeurs & les exhalaifons qui en fortent, quelle que foit la force du vent, ne s'étendent jamais À plus de trente milles à lentour (#). En effet, ces vapeurs & ces fumées étant compofées de parties minérales plus où moins calcinées & de fubftances gazeufes plus pefantes que lair & très-mifcibles avec cet élément & avec Veau (A), -elles doivent difparoïtre dans peu, foït en s’abaiffent, foit en fe mélant & fe décompofant dans l'air. On dira peut-être que les :1 Cg) Hifloire € Pheénomenes du Véfuve, &c. par le P: Della-Torre; p. 127 & fuiv. (2) Œuvres complettes de A1. le Chevalier Hamilton ; pag. 184. \Voyez aufli la note de M. Vabbé Giraud. Soulavic, pag. 384. Q 2 124 Mémoires DE LA SoOcitÉTÉ fumées & les vapeurs. qui peuvent s'élever du fein de la terre après les violentes fecouffes dont elle eft agitée, ne reffemblent pas toujours à celles qui fortent des volcans ouverts. Mais quelle que foit la na- ture de ces vapeurs, elles fe réduifent probablement à quelqu'une des fubftances gazeufes que nous connoiffons. Or-les unes font plus pefantes que l'air, & s’abforbent par l'eau; les autres font plus légères que l'air, & s’y décompofent : il eft donc impoffible que les vapeurs qui s'élèvent de la terre puiffent s'étendre bien loin; & par confé- quent que les brouillards que nous-avons vus ici & qui ont occupé une étendue aufi immenfe, foient fortis de la terre en Calabre, & aient été portés dans toute l'Europe par les vents. 6. XXV. Mais fuppofons un moment que des vapeurs formées en Calabre puffent couvrir l’Europe entière. Ces vapeurs auroient eu fans doute quelque caraétère particulier, tenant de celui des fubftances gazeufes. Elles auroient changé les papiers colorés; elles auroient fur- tout produit, par leur mélange avec l'air nitreux, une abforption différente de celle de l'air ordinaire. D'ailleurs, n’auroient - elles pas dû s'étendre fucceffivement fur tous les pays qui font entre la Calabre & nous? d’abord fur toute l'Italie, la Sardaigne, la Corfe, & la mer de Tofcane; enfuite fur la mer de Gènes, le duché de Milan, la Provence, le Piémont, & la Savoie? 11 faudroit qu'on pôt tracer, pour ainfi dire, leur route. Rien de tout cela n’eft arrivé. Au lieu de fuivre cette marche fucceffive, ils fe font montrés par-tout au même inftant & en des lieux fort oppofés les uns aux autres. Les nouvelles d'Allemagne portent que les brouillards y ont paru aux environs du 16 Jum, & j'ai vu des lettres de Hollande qui en fixent l'apparition dans ce pays-là à peu près à la même époque. Or sil étoit vrai que ces brouillards nous euffent été amenés de la Calabre , ils n’auroient pu fe montrer deux jours plutôt en Allemagne & en Hollande qu’en Suifle. 6. XXVI. On dira fans doute que, fi les brouillards ne nous ont pas été apportés de la Calabre tout formés , le bouleverfement de ce pays aura donné à l’athmofphère une difpofition propre à les former par - tout où on les a vus. On citera l’année 1721, où, après de grands tremblemens de terre qui renverfèrent la ville de Tauris, on apperçut aufh des brouillards qui couvrirent toute la Perfe pendant deux mois confécutifs (i), & qui probablement s’étendirent jufqu’en G) Hifloire naturelle de l'air & des météores, par M. l'Abbé Richard. T. V. pag. 164. pes S$Scrences Puvs DE LAUSANNE. 125 Europe (k). Il y eut même alors en Suifle, pendant le mois de Juillet, des tremblemens de terre pour le moins aufli étendus que ceux de cette année 1783 (/). s 6. XXVIL. Mais obfervons, en premier lieu, qu’on a vu des brouil- lards d'été tout aufñ confidérables que ceux des années 1721 & 1783, & qui n’avoient été précédés d’aucun tremblement de terre. “ Parmi » les chofes divines qui arrivèrent après la mort de Céfar, ce fut » encore, dit Plutarque , lobfcurciffement de la lumière du Soleil , dont » le globe fut très-pâle pendant cette année-là, & qui, fe levant » tous les matins fans fes rayons étincellans , ne jetoit plus qu'une » chaleur foible & impuillänte : de forte que l'air fut toujours épais, » groffier, & ténébreux, par la débilité de la chaleur , qui feule le » fubtilife & le raréfie; & que les fruits, à caufe de cette froidure » de l'air, demeurèrent imparfaits, fe flétrirent, & périrent avant que » de parvenir à leur maturité (m)». On lit dans les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris, que le commencement du mois de Juillet 1764 a été humide, & la fin fort féche ; que, depuis le 2 jufqu’au 9, le vent a toujours été au nord. « Les matins, dit-on, » il fefoit des brouillards; & pendant le jour le ciel étoit comme en » fumée (7) ». Cependant je ne fache pas que de grands tremble- mens de terre aient précédé les brouillards qui fe font montrés à ces deux époques. Le compilateur Julius-Obfequens parle, à la vérité, de quelques tremblemens de terre arrivés à celle des brouillards vus après la mort de Jules-Céfar ; mais il ne dit pas s'ils les ont précédés ou non : d’ailleurs, ces tremblemens de terre, quoiqu’affez fréquents, n’ont pas été bien forts, & n’ont pu ouvrir la terre affez profondé- ment pour en faire fortir une pareille quantité de vapeurs (0). ILeft probable qu’on pourroit ramafler plufieurs faits analogues à ceux que je viens de rapporter. Dans les Obfervations botanico-météorolopi- ques de M. du Hamel, inférées dans les volumes de l'Académie Royale des Sciences de Paris , il eft fouvent queftion de brouillards fecs d'été, qui ont duré plus ou moins de temps. L'abbé Richard parle aufñ C#) Mémoires de l Académie Royale des Sciences de Paris, ann. 1730. (2) Mémoires hifloriques €? phyfiques fur Les tremblemens de terre, pat M. Bertrand. Voyez Recueil de divers traités fur l'Hiflore naturelle de la terre, ÿc. pag. 270. (m) Vies des Hommes illufires. Trad. de Dacier. T. VII. pag. 317. (n) Mémoires de l Académie Royale des Sciénces, ann. 1765. Co) Julii Ohfequentis, De prodigüs. Art. M. Ant, P. Dolab, Coff. Bafil. 1538. A: 126 MÉmorrEes DE LA SOCi®TÉ d’un pareil phénomène, qu'il a vu durer plufieurs jours de fuite (p). 6. XXVIIT. D'un autre côté, une multitude de tremblemens de terre ont bouleverfé le Globe à une grande profondeur, fans qu’on ait obfervé qu'ils aient été fuivis de longs brouillards d’été. On en a mème vu de très-défaftreux en Sicile & en Calabre : jamais des brouillards durables ne leur ont fuccédé. En 1170, un affreux trem- blement de terre fit périr beaucoup de monde en Sicile; plufieurs villes de l'Allemagne en furent très- ébranlées; & il caufa quelques dommages en Suifle (g). En 1638, la Calabre fut abymée par des fecouffes horribles , qui durèrent quatorze jours. Le P. Kircher, qui penfa y perdre la vie, rapporte que la mer bouilloit comme l’eau fur le feu; que l’'Etna & le Stromboli vomifloient des torrents de umée comme des montagnes, moñtium ad inftar, qui lui cachèrent la vue de toutes les îles Lipariennes & de la Sicile. Dans ce défaftre affreux , la ville de Ste. Euphémie fut entièrement engloutie; & dans’ l'efpace de deux cents mille pas, que le P. Kircher parcourut le long de la côte, il ne vit que des débris de villes, de villages, & de chà- teaux (r). Le 9 Janvier 1693 , la même chofe arriva dans la Bañfe- Calabre & dans toute la Sicile. M. Bertrand dit que fept villes, plu- fieurs bourgs, & grand nombre de châteaux, furent renverfés ; que St. Agoufte devint un lac ; que la mer fe fit une ouverture dans ce lieu KR ; & que le mème jour on fentit quelques fecoufles à Lau- fanne , à Orbé, à Yverdon, & en d’autres lieux du Pays-de-Vaud (s). On pourroit citer une multitude de tremblemens de terre arrivés dans ces pays volcaniques : pas un feul n’a été fuivi de brouillards pareils à ceux qu'on a vus en Perfe , & tout récemment dans notre ays. « Ë $. XXIX. Mais , dira-t-on, les exemples que vous rapportez ne prouvent rien. La terre ne donne pas des vapeurs à chaque trem- blement , quoique très- violent; il n’eft pas dit non plus que, lorf qu'il en fort, elles foient toujours de la même nature & propres à former des brouillards. La réponfe à cette objeétion fe trouve en partie dans ce que j'ai dit ci-deffus. Le dernier tremblement de terre Cp) Hifloire naturelle de Pair. P. V. p. 163. (q) À. Bertrand, Mémoire fur les tremblemens deterre. |. c. pag. 242. C7) Kircher mund. fubterr.fin pref. C. I. : Cs) Mémoire fur les tremblemens de terre , &c. 1, c: pag. 265 & 266. DES SGIENCES Puys. DE LAUSANNE. 127 de la Calabre a été caufé par un volcan, qui cherche à percer la mañle qui le charge, & qui ne tardera pas à fe faire jour. Un de mes amis, qui voyage, a mandé de Naples que cette vérité fe trouve claire- ment établie dans un Mémoire que M. Hamilton fe propofe d'en- voyer à la Société Royale de Londres. Il ajoute qu'un gentilhomme Anglois , nommé Parker, qui a parcouru la Calabre comme M. He- milton , eft dans la même idée; & qu'il a trouvé dans les énormes cre- vaffes nouvelles de la terre, des matières volcaniques qui lui ont paru récemment rejetées. Enfin , il affure que tous les volcans du royaume de Naples & de la Sicile fument à peine ; & qu'ils font, depuis le tremblement de terre de la Calabre , dans un état de calme tel qu’on n’en a pas vu de femblable depuis long-temps. Or les tremblemens de terre dont j'ai parlé ci-deflus, ainfi que tous ceux qui font arrivés en Sicile & en Calabre , venant certainement de la fermentation des volcans fouterrains, auroient auf dû produire des vapeurs femblables à celles qu’on fuppofe être forties de la Calabre. Les volcans qui fe trouvent dans les différentes parties du Globe, caufent des boulever- femens effroyables , fréquents, & très - étendus ; pourquoi ne devroient- ils pas donner auffli des vapeurs durables, vifibles, & parfaitement femblables au météore nébuleux dont on attribue aujourd’hui lexif- tence aux mêmes vapeurs? Convenons plutôt qu'il eft impoñlible que toutes ces exhalaifons, quelles qu’elles foient , puiflent: produire un . pareil effet (4. XXIV.). Si des brouillards d’été ont quelquefois fuc- cédé à de grands tremblemens de terre, ce n’eft point parce que les tremblemens les ont produits; mais par la raifon que ces brouillards & les tremblemens de terre ont fouvent les mêmes caufes, & qu'il peut arriver que, dans des circonftances favorables , elles produifent les deux effets à la fois. Cette vérité eft une conféquence de l’hif- toire des tremblemens de terre , & de ce qui me refte à dire fur les caufes des brouillards qui font le fujet de ce Mémoire. $. XXX. Les opinions des Phyfciens qui ont cherché la nature & les caufes des vapeurs aqueufes, ont totalement différé entre elles. Cependant, plufieurs paroïfloient s’ètre déjà réunis à regarder les particules vaporeufes comme des bulles ou de petites fphères creufes , lorfque M. Kratzenflein (+) a mis cette vérité dans toute fon évidence. ( f ) Théorie de l'élévation des vapeurs € des exhalaifons démontrée math, &ÿc. par M. Xra- tzenfrein. + - 128 MÉMOIRES be LA SOCIÉTÉ Je ne donnerai point ici les preuves qu'il allègue en faveur de ce fyftème: il fuffit de pofer en fait que les vapeurs, für-tout celles qui forment les brouillards, font un aflemblage de petites fphères creufes, qui fe forment par des caufes trop longues à rapporter, mais dont la prin- cipale & la plus commune eft l'action du feu, ou de la chaleur en général. Ces vapeurs flottent dans l’air avec une très-grande facilité ; elles peuvent s'élever à des hauteurs prodigieufes au deffus du fommet des plus hautes montagnes : elles {ont donc beaucoup plus légères que le fluide dans lequel elles nagent. Je ne puis comprendre que l’élé- vation des vapeurs foit due uniquement à la vifcofité de Pair, & aux autres caufes alléguées dans la favante Differtation de M. Kretzenflein. 41 me femble plutôt que le fluide éleétrique , cet agent répandu dans toute la nature, & dont la legèreté eft extrème, qui tend toujcurs à s'élever dans les plus hautes régions de lair, & qui fe meut avec une inconcevable facilité, fur-tout dans le vuide; il me fembie, dis-je, qu'il n’y a dans la nature que ce fluide qui puiffe remplir les petites fphères aqueufes , comme l'air que les enfans foufflent dans les builes de favon ; les rendre d’une légèreté fpécifique , pour ainfi dire, infinie, & les entourer d’une athmofphère qui empêche leur contaét immédiat & s'oppofe en conféquence à leur deftruétion. Les raifons qui me font préférer cette opinion à celle de M. Kratzenflein ont été apper- cues en bonne partie par De/aguliers (vw), & par les autres Phyficiens qui n’attribuent l’évaporation qu'à léleétricité. 6. XXXI. Ceci étant pofé, fi je prouve qu'à l’époque où nos brouillards fe font formés , il devoit y avoir dans l'air & la terre une affez grande quantité d'humidité pour fournir l’eau néceffaire aux vapeurs ; que la chaleur de la Terre & du Soleil étoit alors fuffifante pour produire une évaporation confidérable ; & qu’enfin il y avoit dans les régions fupérieures de Pair aflez de fluide éleétrique pour donner à ces vapeurs la forme de fphères creufes, pour les entourer d’une athmofphère , leur prèter des aîles, fi j'ofe m’exprimer ainfi, & leur faire produire tous les phénomènes obfervés pendant leur durée, & dont j'ai donné les détails au commencement de ce Mémoire : j'aurai expliqué , fi je ne°me trompe, la formation de nos brouillards, & dé- terminé par conféquent leur nature. Cv) Expér. Philof. T. IL Let. X, Il eft peut-être à propos de remarquer ici, que les raifonnemens de Défaguliers pour prouver que les vapeurs ne font pas de petites fpheres creufes, ne font rien contre les faits allégués par M. Xratzenffein. : — pes Sciences Pays. DE LAUSANNE. 129 $. XKXXIL. J'ai dit quil étoit tombé à la fin de Mai & au commen- cement de Juin une très-grande quantité d’eau. Comme elle étoit en- viron trois fois plus confidérable que celle qui tombe, année com- mune , pendant le printemps entier (G. IL. ); la quantité qui en a été abforbée par la terre pouvoit fuffire à l’évaporation même la plus forte. Ainfi la matière première des bulles vaporeufes , l’eau, fe trouvoit en affez grande quantité à la furface de la terre, lorfque nos brouillards ont commencé. D'un autre côté, ces pluies étoient accompagnées de brouillards plus ou moins épais, fur-tout celles qui ont précédé immé- diatement nos brouillards ($.1V.). Il y avoit donc déjà dans Pair des vapeurs globuleufes toutes formées , lorfque nos brouillards fe font fait remarquer. Elles devoient fans doute leur exiftence aux caufes ordinaires des nuages, dont elles étoient comme la prolongation fur la terre. 11 eft probable que ces vapeurs, toutes formées en fphères creufes, n’ont pu fe diffiper, parce que, les nuées à la füite defquelles elles venoient s'étant entièrement condenfées , elles font reftées expofées à l’action des rayons du Soleil & à la chaleur des couches fupérieures de l'air , que les eaux de la pluie n’avoient pas refroidies. $. XX XII. Il en étoit de la chaleur néceffaire à l’évaporation comme de l’eau qui devoit en fournir la matière. L'hiver avoit été fort doux ; les premiers mois plus chauds qu'ils ne le font ordinairement : il devoit donc fe faire une évaporation plus forte que de coutume, À cette cha- leur de la terre il faut encore joindre celle du Soleil , alors dans fa plus rande aétivité : les nuages qui couvroient le haut de lathmofphére s'étant diflipés le 22 Juin, la région inférieure de l'air, qu'ils avoient rafraîchie & faturée d’eau, s’eft réchauffée ; la furface de la terre eft auffi devenue plus chaude : il en eft réfulté une plus grande évaporation. Ainfi les globules vaporeux , déjà répandus dans lair, feront devenus plus nombreux; & leur pefanteur aura diminué par la dilatation du fluide éleétrique qui remplifloit leurs cavités, & par l’aminciffement de la pellicule aqueufe qui les formoit. Cet effet du Soleil a été d’autant plus grand, que fes rayons étoient alors à peu près perpendiculaires. Perfonne n'ignore que c’eft dans cette direction aile ont le plus de force , & qu'il faut attribuer à cette caufe les vapeurs qui couvrent ordinairement les régions fituées fous l'équateur. $. XXXIV. Quant au fluide éleétrique néceffaire à la formation des Tome I. R LA 130 MÉMOIRES DE LA SoOoct:xÉTÉ fphères vaporeufes , il eft prouvé qu'il en exifte toujours dans les ré- gions fupérieures de Pair. Mais on fait auffi que la quantité de ce fluide n’eft pas la même dans tous les temps. 1l eft vrai que les caufes qui la font varier ne font pas toutes connues; mais on fait en général, que la fécherefle de l'air eft une des caufes les plus propres à accu- muler ce fluide dans les couches les plus élevées de l’'athmofphèré. Or telle étoit précifément la conftitution générale de l'air avant lap- parition de nos brouillards. La matière électrique, dont la formation nous eft jufqu'à préfent inconnue, aura été mieux ifolée de la terre que de coutume; il s’en fera beaucoup ramaffé au plus haut, & peut-être au delà de notre athmofphère. Si les inftrumens avec lefquels on mefure Pélectricité de l'air, n’ont pas indiqué qu'il s’en trouvât une bien grande quantité dans ce fluide; fi lon n’a point vu de grande aurore boréale, aucun météore igné, &c. ce n’eft pas une preuve qu'il n’y eût point de matière électrique dans les régions où j'en fuppofe. Les moyens que nous pouvons employer pour connoître l'électricité aérienne , ne fauroient atteindre au plus haut de l’athmofphère; & les météores électriques ne peuvent fe montrer que lorfque la matière eft mife en mouvement par quelque caufe, qui fans doute n’aura pas eu lieu. Quoiqu'il en foit, on ne fauroit douter que les conditions les plus propres à former un amas de fluide électrique au deffus de Pair n’aient eu lieu. D'ailleurs, les expériences & les obfervations que j'ai faites pendant la durée des brouillards (6. XI, XIL.), prouvent que ce météore en étoit chargé, & qu'il s’en trouvoit en outre une très- grande quantité dans la male de Pair. 6. XXXV. Toutes les circonftances requifes pour la formation des vapeurs fe trouvant donc réunies à la même époque, eft-1l étonnant ue Pair en ait été rempli malgré la faifon? Les particules aqueufes ournies par la terre, ainfi que les brouillards compagnons des pluies, fe font élevés à une hauteur confidérable par l’aétion énergique & fou- daine du Soleil; un courant d’air perpendiculaire , effet de cette afcen- fion , leur a prèté de nouvelles aîles : elles font parvenues à des hau- teurs immenfes par l’action réunie de ces caufes. LA elles ont trouvé locéan du fluide élettrique. Jouiffant d’une très - grande liberté, avide d’eau, ce fluide s’eft porté fur nos petites fphères à mefure qu’elles fe font préfentées. Ces fphères étoient extrêmement écartées les unes des autres; la lame aqueufe qui les formoit étoit infiniment mince; il ne s’eft point précipité fur elles avec cette impétuofité deftruétive pes Sciences Puys. DE LAUSANNE. 131 qui lui eft ordinaire; il s’eft, pour ainfi dire, infiltré (:°); une partie a pénétré dans l'intérieur des fphères ; une autre s’eft fixée autour , en a étendu l’athmofphère, & les a écartées d'avantage les unes des autres. Cependant, tandis que les chofes fe pafloient ainfi à de très - grandes hauteurs dans l'air , & que nos brouillards s’éle&rifoient de proche en proche avec une tranquillité qui n’eft compréhenfible que dans un agrégat très-raréfié ; une partie des vapeurs qui étoient au deflous fe précipitoit fous la forme de rofée , & faifoit marcher les hygromètres à l'humide. Une autre partie, attirée tant par les caufes rapportées ci-deflus que par l’attraétion des globules fupérieurs faturés d’élec- tricité , continuoit à s'élever; & fe chargeoït , chemin faifant , de tout le fluide électrique qu’elle pouvoit recevoir. Or ce méchanifme s’opé- rant fans relâche à mefure qu'il s’élevoit des vapeurs de la terre, la mafñle entière s’eft chargée d'électricité. 11 n’a pu y refter un feul globule qui ne fe foit bientôt faturé de ce fluide fubtil. î Dans cet état des’ chofes , il s’eft établi une forte d’équilibre entre l'électricité des plus hautes régions de l'air, & celle de la mafle vapo- reufe. Raréfiée par la répulfion mutuelle des globules électriques, elle a permis de voir à des diftances affez confidérables ; le diamètre de chaque fphère s'eft agrandi autant qu'il a été poffible ; la lame aqueufe ‘ qui la formoit eft devenue extrêmement mince; les brouillards ont paru fecs; & la mafle entière. ainfi modifiée, eft reftée dans un état d'ifolement , imparfait à la vérité, mais bien fuffifant pour em- pêcher que fon éleétricité s’échappât, fe répandit dans la terre, & permit aux vapeurs de fe condenfer. S 6. XXXVI. Quelques Phyficiens diront fans doute, qu'un fluide très-életrifé, appuyé à la terre de tous côtés, doit perdre néceffai- rement fon électricité. 11 faut avouer que cette objetion eft conforme (#*) Il y a quelques corps qui femblent tenir un milieu entre les deux manières dont les » conducteurs & non- conducteurs fe comportent avec le fluide électrique qu’ils ont reçu. Dans » les corps de cette troifième clafle, le fluide électrique fe propage, fe répand comme dans les » bons conducteurs, mais lentement : ce qui arrive au boïs commun, à l'air humide, & à plu- » fieurs autres corps. [1 femble que l'électricité fe répande dans ces corps à peu près comme # le fucre & le fel s'étendent d'eux - mêmes dans l’eau en chargeant ou faturant de plus en plus » ce liquide”. Expoftion de plufieurs loix qui paroiffent s'obférver confflamment dans les divers mouvemens du fluide éleérique., €ÿc. par M. Ingen- Houzs. Voyez Obfervations Jur la Phyfique., Ejc. T. XVI. pag. 119. | R > 122 MÉMOIRES DE LA SOCctÉTÉ aux principes réfultants des expériences faites avec nos appareils. Mais convenons auffi qu'il s’en faut de beaucoup que nous connoiffons toutes les modifications que le fluide électrique peut recevoir, fur-tout des mains de la nature. Qui croiroit, par sale , qu'un animal vivant dans le fein des eaux, compofé de fibres molles & humides, d'un affem- blage innombrable de vaiffeaux remplis de fluides de diverfes efpèces, puiffe contenir en foi une grande quantité de matière électrique , la concentrer, en répandre à volonté par toutes les parties de fon corps, & s’en procurer de nouvelle lorfqu’il en a befoin ? L'expérience a pour- tant mis ce fait hors de doute. C’eft elle auffi qui nous apprend qu’une maffe vaporeufe peut conferver fon éleétricité, quoiqu’elle foit en contaét avec la terre. J’ai vu, dans les montagnes, que certains nuages chargés d'électricité s’approchoient de ces mafles électriques par com- munication , s’y attachoient par l'un de leurs bords, y reftoient fixés; & que les éclairs en partoient de différens points, tout comme sils euffent flotté dans l'air avec liberté. Or, puifqu'un nuage fort denfe qui touche la terre ne perd pas fon éle@ricité pour cela , pourquoi nos brouillards, qui n’étoient dans le fond qu'un immenfe nuage, n’au- roient-ils pu la conferver auffi ? Leur extrème raréfaétion ne rend -elle pas la chofe plus poffible dans la théorie ? 11 eft du moins certain que nos brouillards ont toujours été fort éleétriques, & que par conféquent ils ont pu conferver leur éleétricité fans la verfer dans la terre : les expé- riences faites avec les conducteurs , le peu d'effet des machines élec- triques , en font, fi je ne me trompe , une preuve évidente ($. XI. ). S'il eft arrivé quelquefois, & la chofe eft bien croyable , que nos brouil- lards aient verfé dans la terre une portion du fluide électrique dont ils étoient faturés, les fréquents orages qui ont eu lieu pendant leur durée , étoient bien propres à la leur rendre. Compofés d’eau & de matière électrique, É font nés par tout où on les a vus règner ; ils n’ont pu avoir aucun caractère pernicieux, comme ceux qui feroient fortis du fein de la terre en Calabre ou autre part; & tous leurs effets, quelque extraordinaires qu'ils aient paru , n’étoient qu’une fuite nécef- faire de leur nature aqueufe & éleétrique. À $. XXXVII. On comprend d’abord comment, après la condenfation des nuages qui couvroient l'air, les brouillards ont dû fe former fur toute l'étendue qu'ils ont couverte. Si le moment de leur apparition paroît avoir différé, mème en des contrées voifines; cela vient de ce qu'il eft difficile de fixer l’époque à laquelle ils ont commencé, & de DES SCIENCES Puys. DE LAUSANNE. 133 ce que des caufes locales, impoffibles à déterminer, ont pu l’avancer ou la retarder. 6. XXXVIIT. Nos brouillards étoient fort électriques : je crois lavoir prouvé. Le vent du nord a foufflé pendant tout le temps qu'ils ont duré, & fouvent avec affez de force : les {phères dont ils étoient compofés éprouvoient par conféquent un frottement plus ou moins confidérable; & la matière électrique renfermée dans leurs cavités vuides d'air, étoit mife en mouvement. Or cette matière ne fe met jamais en mouvement dans le vuide, qu'il n’en réfulte une lu- mière. On comprend donc comment nos brouillards ont pu donner une clarté , infenfible le jour, mais qui paroifloit la nuit comme celle de la Lune lorfque les nuages la couvrent; & comment cette clarté étoit plus grande lorfque le vent étoit fort & le temps chaud (6. X.). Une expérience très-connue vient à l'appui de cette explication. On charge d’éleétricité un tube de verre vuide d’air : lorfque la charge fe trouve À un certain degré, on ne voit point de lumière dans le tube ; mais lorfqu’on le porte dans lobfcurité & qu’on le frotte, il s'y forme une lumière quelquefois très-vive, & qui diminue à mefure que l’éleétricité fe perd. Je n’ai vu nulle part que les fumées ou va- peurs volcaniques aient donné une pareille lumière. 6. XXXIX. Le peu de denfité de nos brouillards, leur couleur , celle qu'ils prêtoient aux objets, s'explique aufli très-bien dans mon hy- pothèfe. Lorfqu'on éleétrife de petites balles de moëlle de fureau, fufpendues à des fils de foie pour les ifoler ; elles-fe repouffent les unes les autres : les globules électrifés qui compofoient nos brouillards , de- voient donc aufli fe repoufler; & leur mafle entière fe raréfier, de manière à permettre la vue d’objets affez éloignés. Quant aux couleurs, on fait qu'en général elles font l’effet de la lumière. Or une mafle -compofée de vapeurs très-raréfées, très -chargées d’élericité, doit faire éprouver aux rayons d’autres réfraétions que ne feroit une mafle de vapeurs denfes & peu électriques : ainfi les rayons bleus auront paflé quelquefois ; d’autres fois les rayons rouges & les orangés auront feuls pu percer : & comme ces rayons ne fe feront pas réfractés avec la netteté du prifme, il en fera réfulté ces teintes bleuâtres & rouffatres de nos brouillards, & des corps qui en étoient environnés. C’eft fans doute à elles , ainfi qu’à la raréfaétion , qu'il faut attribuer cette appa- rence de fumée qui a répandu la terreur & fait naître tant de con- jures, 134 MémotrRes DE LA SOCIÉTÉ 6. XL. La rougeur du Soleil eft également une conféquence de la nature aqueufe & éleétrique de nos brouillards. Lorfque le Soleil étoit près du zénith, les rayons pafloient prefque perpendiculairement par les brouillards; ils n’y éprouvoient prefque aucune réfraétion , & l’aître paroifloit fous la couleur blanche qui lui eft ordinaire. Mais à mefure qu'il s’abaifloit vers l'horizon, fes rayons, ayant plus de vapeurs à traverfer , trouvoient aufli plus de réfiftance, & fa couleur devenoit rouge par degrés. Arrivé au dixième degré environ au deffus de l'ho- rizon , il n’y avoit que les rayons les plus forts qui puffent percer, jufqu'à ce qu'enfin il n’en pañloit plus du tout, & que le difque du Soleil étoit effacé à nos yeux. Or ces rayons les plus forts font préci- fément ceux de la couleur que le Soleil avoit alors; c’eft-à-dire , les rouges. Cette couleur eft ce qui a le plus épouvanté le peuple. Quel- ques perfonnes y ont vu une grande raifon de croire que les broutilards qui la caufoient étoient des fumées volcaniques. Mais tout milieu dont la denfité eft telle que les rayons rouges peuvent feuls le traverfer, fera paroïître le Soleil plus ou moins rouge. Les vapeurs aqueufes , comme toutes autres, pourront donc produire cet effet, pourvu qu’elles aient la denfité requife pour cela. Sans doute, en fait de brouillards, il n’y a que ceux d’été qui puiffent lavoir; mais il n’eft pas rare de trouver , en toute faifon, des nuages qui en foient doués, & qui par conféquent faflent paroître le Soleil rouge. Ici nous voyons affez fouvent cette efpèce de phénomène , dans les fuperbes accidents de lumière que le Soleil produit à fon coucher derrière les montagnes du Jura. $.XLI. Quant à la féchereffe de nos brouillards aqueux, voici com- ment je l'explique. J'ai dit que les petites fphères étoient environnées d’une athmofphère électrique, denfe, fort étendue; & que la lame d’eau qui les formoit étoit extrèmement mince. Cette athmofphère étoit attirée par la lame aqueufe , & peut-être encore par quelque force inconnue qui réfidoit dans le centre de la fphère; elle devoit donc empêcher nos globules vaporeux de s'attacher aux corps. Les idioéleétriques ne pouvoient pas les attirer, parce que cela auroit été contraire à leur nature; & les corps conduéteurs n’exercoient fur ces globules qu’une force d'attraction inférieure à celle qui réfidoit dans l’intérieur de chaque fphère. Ainfi ces petites fphères, portées contre les corps, en auront été repouffées à la manière des balles élaftiques. Si quelques-unes écla- toient dans ce choc (ce qui arrivoit à un bien petit nombre), la quan- ee te mu ut DES Sciences Pays. DE LAUSANNE. 135 tité du fluide aqueux épanché étoit infenfible, à caufe de l’extrème minceur de la lame aqueufe. Donc les globules vaporeux , quoique de nature aqueufe , ne pouvoient caufer aucune imprefhon d'humidité; & il n’eft point étonnant que celle de l'air , marquée par les hygromètres, n'ait pas été en raifon de la denfité de nos brouillards. Je conviens, à la vérité, que je ne connois aucune expérience par laquelle on puifle prouver d’une manière directe ce que je viens de dire. Mais fi l'on fait attention aux propriétés des athmofphères électriques en général; fi lon fe rappelle que la rofée ne s'attache pas indiftinétement à tous les corps ; qu'un carreau de verre, qui fe mouille à la rofée , ne le fait plus lorfqu'il eft armé : il faudra convenir qu'il n’eft point impoflible que des vapeurs très -éleétriques foient repouflées de tous les corps, ou roulent fur leur furface fans.s’y attacher. En attendant qu’on puifle démontrer par des expériences décifives, que des vapeurs aqueufes, très — raréfiées & fort électriques, font conftamment marcher les hygromètres à l’humide ; rien ne doit, ce me femble, empêcher de penfer qu'il eft des circonftances où elles ne fauroient le faire, & que la raifon en eft celle qui vient d’être alléguée. 6. XLII. Quelle eft la caufe du tremblement de terre arrivé le 6 Juillet de cette année? Il me paroïît affez naturel de croire que l’élec- tricité de nos brouillards ne devoit pas conftamment être la même. Elle pouvoit être augmentée par plufieurs caufes, dont il feroit trop long de faire l’énumération , & qu'ileft facile d'imaginer ; comme, par exemple, des vents, des nuages, l'élévation de quelque colonne de vapeurs , &c. Je fuppofe donc qu’une de ces caufes, furvenant tout-à-coup le 6 Juillet, ait augmenté l'électricité ordinaire de nos brouillards , au point qu'ils en fufflent, pour ainfi dire, fuperfaturés. Alors cet excédent de fluide électrique, ne pouvant refter attaché aux globules vaporeux, fera entré fubitement dans la terre, les aura entraînés avec lui, & aura caufé une commotion en paflant dans les diverfes matières recélées dans le fein de la terre , comme il arrive dans un édifice que la foudre ébranle & renverfe lorfqu’elle pale des corps électriques par commu- nication à ceux qui ne le font pas. Si cet ébranlement de la terre ne s’eft pas fait fentir par tout où lon a vu des brouillards : il faut en chercher la raifon dans des caufes locales , qui ont verfé l'excès addi- tionel de matière életrique dans la mafñle des brouillards ; & dans l'état de la terre, plus ou moins difpofée , felon les lieux, à la recevoir. Quelques colonnes de vapeurs fe feront élevées par exemple au delà 136 MÉMOïREs DE LA SOCIÉTÉ de leur niveau; elles auront foutiré la matière électrique des régions où le refte des vapeurs n’a pu atteindre; & cette matière, defcendue fur la terre, s’y fera précipitée comme je viens de le dire. Cette élévation de quelques colonnes n’a rien d’incroyable pour ceux qui ont vu des brouillards depuis le fommet des montagnes; & il eft d’autant plus probable qu’elle a eu lieu , que nos brouillards ont paru moins denfes quelques inftans avant la commotion. En admettant donc qu'il foit poflible que notre tremblement de terre du 6 Juillet ait été produit comme je viens de le dire, il en réfulteroit que la terre a tremblé ici parce qu’elle y a été foudroyée. Flamfléed, & après lui Hales, ont cru que la caufe des tremblemens de terre fe trouvoit toujours dans Vair; mais leur bypothèfe ne me paroît avoir aucun rapport avec celle que jofe hafarder ici (1), & j'ignore fi quelqu'un a eu avant moi la même idée. 6. XLIII. Je terminerai ce Mémoire en répondant à une queftion qu'on doit fe faire dans ce moment. Les brouillards recommencent à paroïtre : ils font, felon toutes les apparences, de la même nature que ceux dont j'ai parlé d’une manière fi détaillée. Aurons-nous encore un tremblement de terre? ou qu’arrivera-t-il? Je crois quil eft im- poffible de le prévoir. Les effets que des brouillards éleétrifés peu- vent produire, tiennent à beaucoup de circonftances que rien ne donne lieu de prévoir. En 1764, les brouillards ne produifirent que des orages & de la grèle. La terre a tremblé ici par le concours des circonftances que j'ai rapportées ci-deffus. En d’autres pays, il fera arrivé autre chofe. On écrit d'Allemagne qu’un violent orage étant furvenw pen- dant la nuit, la foudre avoit grondé d’une manière incroyable, & que les brouillards avoient difparu. La même chofe feroit proba- blement arrivée ici, sil étoit pafñé de grands nuages électrifés autrement que les brouillards. On auroit vu, felon toutes les appa- rences , des orages d’une force proportionnelle à la quantité de matière électrique d’une part, & à fon défaut de l’autre; les brouil- lards fe feroient fubitement condenfés ; & l'air auroit été éclairci, fans caufer le moindre ébranlement à la terre. . $-XLIV. Ce que je dis ici vient en effet d'arriver le 15 Juillet, il y à aujourd’hui deux jours. Dépuis quelques jours l'air s’étoit rempli (u) AL Bertrand, 1. c. p.233 & 316. de DES ScrENCES Pays. DE LaAusAnwe. 137 de brouillards, comme à la fin de Juin. Tout - à - coup il s’eft élevé, pendant la nuit, un orage qui a répandu lallarme; la foudre écla- toit avec un bruit effroyable, & les nuages verfoient des torrents d’eau : le lendemain on a trouvé lair entièrement nettoyé. Les brouillards reviennent maintenant de nouveau, fans doute par les vents, qui nous les amènent des contrées voifines ; mais je crois quil feroit fort imprudent de vouloir prédire ce qui en arrivera, & comment ils fe diffiperont. Je me réferve d’en préfenter l’hiftoire à la Société , lorfque j'aurai l’honneur de lui remettre le Tableau des obfervations météorologiques qu’elle m'a chargé de faire pendant le courant de cette année 1783. Tome I, S 138 MÉMOIRES DE LA SOciÉTÉ QE — Le OBSERVATIONS Sur la maniere de préparer quelques-uns des Réadifs employés dans l'analyfe des eaux minérales. Par Mr. STRUVE, PrRoresseur EN CHymie, &c. Lu le 26 Juillet 1783. Eure des Réactifs fur les fubftances contenues dans les eaux minérales , dépend beaucoup de la manière dont on les prépare. Je crois donc rendre un fervice important aux Phyficiens qui s'occupent de Panalyfe des eaux , en leur communiquant quelques obfervations , qu’une ne longue expérience dans ce genre de travaux n’a mis à même de faire, TL Alcal phlogifliqué, ou leffive de Bleu de Berlin. Plufieurs Chymiftes ont regardé lalcali phlogiftiqué commeun réadtif infufifant & incertain , parce qu'il contient toujours du fer , & qu’il donne par conféquent un précipité bleu avec les acides. Pour éviter cet incon- vénient, on a eu recours à des moyens trop compliqués, que je me difpenferai de rapporter ici. Voici celui que j'ai découvert, & qui m’a conftamment fourni un alcali phlogiftiqué, parfaitement privé de fer. Je mets digérer du bleu de hs dans une leflive cauftique, en obfervant de prendre plus de ce bleu qu’il n’en faut pour faturer Palcali. Je filtre enfuite la liqueur, & j'y verfe un peu d’acide , qui la rend bleue. Alors je la mets fur de la chaux vive en poudre, & je remue le tout de temps en temps. Au bout de quelques heures, je filtre de nouveau la liqueur par un triple papier gris; & fielle a de la peine à paffer, je la délaie avec un peu d’eau chaude. Ce qui pañle par le filtre eft une leffive parfaitement pure, qui ne change pes Scrences PHys. DE LausAnve. 139 en aucune manière avec les acides, parce qu’elle ne contient pas le moindre atôme de fer. Quelquefois cependant , lorfque le papier gris qui fert de filtre n’eft pas bien bon, il paffe quelques molécules fer- rugineufes ; mais elles fe dépofent bientôt, & il faut filtrer de nouveau la liqueur. Je crois inutile de m’arrèter à donner ici les raifons qui m'ont fait adopter ce procédé , de préférence à tous ceux qu'on à imaginés. M. Scopoli fe fert d’un moyen bien fimple, pour féparer le bleu de Berlin contenu pour l'ordinaire dans la leffive de fang. 11 mêle un peu de vinaigre diftillé avec cette leffive, & l’expofe au Soleil. Le mélange devient d’abord verd , enfuite bleu ; on filtre alors la liqueur, & on réitère cette opération jufqu’à ce qu'il ne fe faffe plus de précipité. Une chofe digne de remarque. dans cette méthode, c’eft que la cha- leur du feu ne produit aucun effet, & qu'il n’y a que celle des rayons du Soleil qui puiffe opérer la précipitation. Une autre attention qu'il faut apporter À la préparation de l’alcali phlogiftiqué , c’eft de n’employer que du fel alcali fixe parfaitement pur. Pour cet effet, il faut abfolument le préparer foi- même. On fait qu'il n’y a que le tartre qui puiffle fournir un alcali fixe qui ne con- tienne aucun mélange. Peut-être même vaudroit-1il mieux prendre de l’alcali volatil cauf- tique , à la place de lalcali fixe. On l’obtient plus aifément que le fixe, au degré de pureté requis pour la préparation de l’alcali phlo- giftiqué; 1l extrait le bleu de Berlin avec beaucoup plus d'énergie que ne peut le faire l’alcali fixe; & 1l donne une liqueur qui eft beaucoup moins fujette à s’altérer. Si l’on n’avoit ni alcali fixe, ni alcali volatil cauftique , on pourroit à la rigueur fe fervir d’eau de chaux. Elle n’extrait pas mal le bleu de Berlin , & donne un alcali phlogiftiqué affez pur. L’alcah phlogiftiqué , de quelque manière qu'on le prépare, eft fort fujet à s’altérer. Pour éviter ce défagrément, je le fais évaporer à ficcité, & le conferve fous forme féche dans des flacons de cryfkal bien bouchés. Lorfque je veux m'en férvir , j'en délaie un peu dans de l’eau de pluie diftillée. Jobtiens de cette manière une liqueur qui a toutes les propriétés de Palcali phlogiftiqué fous forme liquide. Il ne faut pas Len que Pefprit dé vin reétifié empêche la corruption de Palcali phlogiftiqué. liquide. Outre quil ne l’em- pêche pas , il a l'inconvénient de dénaturer cet alcali jufqu'à un certain point ;: en y caufant un précipité mucilagineux. 11 eft dans Sy2 140 MÉMOIRES DE LA SOctïÉTÉ l'analyfe des eaux minérales, des circonftances où il convient d’ajouterun peu d’acide à lalcali phlogiftiqué avant de s’en fervir, afin qu'il précipite complettement les métaux. L’acide dont on fe fert pour cet effet, fur- tout fi c’eft du vitriolique ou du marin, doit être auparavant reétifié. Tous ces acides contiennent une petite quantité de fer; & lorfqu'on s’en fert fans les rectifier, ils produifent un précipité bleu. C’eft fans doute à ce défaut d'attention , qu’on doit attribuer en bonne partie la méprife de quelques Chymiftes, qui ont afluré que les acides fépa- roient toujours du bleu de Berlin , de l’alcali phlogiftiqué. Je puis aflurer très-pofitivement que cela n'arrive point, lorfque l’acide eft pur & la lefive de fang bien préparée. Le fer que contient l'acide vitriolique Vient de ce que, dans les manufaétures, on fe fert d’entonnoirs de fer pour le tranfvafer d’un vafe dans l’autre : ufage fondé fur ce que l'acide vitriolique concentré a très-peu d’aétion fur le fer. Celui qui. fe trouve dans l'acide de fel vient de l'acide vitriolique avec lequel on le diftille, & de ce que l'acide marin a la propriété de volatilifer les métaux. Pour ce qui eft de l'acide nitreux;, la fimple reétification ne fuffit pas ; il faut abfolument le préparer foi-mème pour lavoir au degré de pureté néceffaire dans l’analyfe des eaux. On obtient un acide ni- treux très-pur & qu'il n’eft pas néceflaire de retifier, en le préparant avec une partie de nitre très-puriñé & un tiers d'huile de vitriol. On ne doit pas craindre qu’un acide nitreux, fait de cette manière, con- tienne du fer. Au refte, il ne faut pas croire que la plus grande pureté de lalcali phlogiftiqué foit abfolument néceffaire dans tous les cas de l’analyfe des eaux minérales. Cet alcali s'emploie dans l’analyfe proprement dite, & dans l’examen par les Réactifs. Dans le premier cas, il faut abfolument qu'il foit très-pur & entièrement privé de particules de bleu de Berlin. Dans le fecond , cette grande pureté n’eft pas néceffaire ; car, comme les eaux ne contiennent point d’acide à nud , on ne doit pas craindre que celles qui n’ont pas du fer diflous dans un acide minéral produifent un précipité. L’alcali phlogiftiqué non dépuré a mème, fur l’autre, l'avantage d’être plus fenfible; parce que le premier fe pré- cipite fur le champ, tandis que lautre doit fe charger d’une certaine portion de fer pour pouvoir produire cet effet. Il. L’Acide de fucre. La méthode que donne M, Bergmann pour la préparation de l'acide LE g— EC, oo : dé dsciiééié fé dés dr pes Sciences Pays. DE LAUSANNE. 141 de fücre , eft généralement fuivie. Cet habile Chymifte diflout une partie de fucre dans trois d’un acide nitreux affez fort, pour que fa gravité fpécifique foit À celle de l'eau, comme 1,567 à 1,000. Il fait bouillir ce mélange dans une cornue, jufqu’à ce qu'il prenne une cou- leur marron claire. Alors il ajoute trois parties du même acide nitreux, & continue l'ébullition , jufqu’à ce qu'on n’apperçoive plus de vapeurs rouges. Quand elles ont ceffé, il fait cryftallifer la liqueur ; & traite derechef avec l’acide nitreux le liquide qui furnage les cryftaux. Voici , quelques obfervations que j'ai faites fur ce procédé. Je prends fix à huit parties (plutôt plus que moins) d’acide nitreux ordinaire , pour une de fucre : je dis d'acide nitreux ordinaire; parce que, dans le procédé de M. Bergmann, la perte de Pacide nitreux augmente trop le prix de l'acide de fucre; & que cette perte eft de peu de conféquence, lorfqu’on n’emploie que de l'acide nitreux ordinaire. Après avoir mis le fucre & l’acide dans une cornue, j'y adapte un réci- pient , fans le luter; je mets l'appareil dans le fable, & laiffe le tout dans cet état pendant fix heures. Au bout de ce temps, je trouve dans le récipient une portion aflez confidérable d’acide nitreux , qui a pañlé fans feu. Enfuite, fans rien changer à mon appareil, je donne un feu fi doux qu'il fuffife à peine pour faire boutonner la liqueur; & j'arrête mon opération dès que les vapeurs nitreufes ont ceflé , ou lorfque je juge que la cryftallifation peut fe faire. Un feu un peu plus fort, fur- tout fi on le donne avant que le fucre foit diffous, rend le mélange brun & charbonneux , à caufe de la réaétion trop violente de l'acide fur les parties huileufes du fucre. Les parois de la cornue fe couvrent d’un enduit prefque charbonneux, diffoluble par l’alcohol , mais peu foluble par l’eau; & la liqueur devient noire, vifqueufe, & incryftallifable (a). Cette diffolution étant achevée , je fais cryftallifer le réfidu qui fe trouve dans ma cornue, & j'en fépare la liqueur qui furnage. Alors j'ajoute à volonté une portion nouvelle d’acide nitreux ; je fais de nouveau diftiller & cryftallifer, comme je viens de le dire; & je réitère cete opération autant de fois que cela fe trouve néceffaire. Enfin (a) Lorfque cet accident arrive, l’on ne doit pas craindre que tout foit perdu. Une nou- velle portion d'acide nitreux diflout la matière charbonneufe, & en change la couleur noire en Eale ou vin blanc vieux. En diftillant alors une partie du liquide, celle qui refte fe cryltallife tres-bien, 142 MÉMOIïRES DE LA SoctrÉTÉ je mêle enfemble les cryftaux de toutes ces cryftallifations; je les délivre de acide nitreux qui pourroit y adhérer , en les diffolvant dans de l’eau, & en les faifant cryftallifer de nouveau; & je répète cette opération jufqu'à ce que j'obtienne des cryftaux qui n’aient plus la moindre odeur nitreufe. Ces cryftallifations répétées font abfolument néceffaires : car il eft très-important que l'acide de fucre ne contienne pas_la plus petite portion d’acide nitreux, parce qu’elle empêcheroit fon action dans les eaux où la félénite ne fe trouve qu’en très - petite quantité, par la raifon que la chaux fucrée eft affez foluble dans les acides , fur -tout dans celui de nitre. Cependant, sil arrivoit que l’on n'eût pas le temps de faire toutes ces cryftallifations, ou qu’on crai- gnit de perdre fon acide de fucre par quelque accident; on pourroit alors prendre les cryftaux de la première cryftallifation , les laiffer bien égoutter fur un filtre, les mettre enfuite fur un autre, verfer deffus au- tant d’eau froide qu'il en faut pour couvrir les cryftaux , & les rechanger de filtre & d’eau autant que cela feroit néceffaire pour les priver entière- ment de l'acide nitreux adhérent. On comprend que l’eau doit emporter dans cette opération une portion d’acide de fucre qui pañle par le filtre avec l'acide nitreux adhérent. Pour ne pas le perdre , il faut évaporer & cryftallifer cette eau, ou l'ajouter au mêlange deftiné pour faire de nouvel acide de fucre. L’acide de fucre bien pur peut s’employer fous forme liquide ou fous forme concrète. Je préfère la forme concrète, parce qu’elle offre plus d'acide fous un mème volume , & que fes effets font par confé- quent plus marqués & plus fenfibles. IIT. Acide nitreux concentré. L'on ne fauroit trop infifter fur la néceflité de n’employer dans Vanalyfe des eaux minérales, que de l'acide nitreux le plus pur quil foit pofhble de fe procurer. Cet acide fert dans l'examen par les Réaëtifs, ainfi que dans l’analyfe proprement dite. Dans tous ces cas, il peut fe rencontrer mille circonftances où le moindre mêlange d'acide vitriolique ou marin, jetteroit de l'incertitude fur les conféquences qu'on voudroit tirer des effets -de lacide nitreux concentré. & de ceux des autres Réactifs auxquels on l’auroit combiné. Par exemple, lorfqwon conjecture qu'une eau contient des feis vitrio- ques où marins , on commence par y verfer une portion d’acide nitreux, DES Sciences PHys. DE LAUSANNE. 143 avant d’en venir aux Réa@ifs propres à découvrir l’acide caché. Ce mélange préliminaire eft abfolument néceffaire, pour que les Réaétifs ne foient point altérés par les fubftances alcalines contenues d’ailleurs dans l’eau. Or, fi l'acide nitreux lui-même contient de l'acide vitrio- lique ou marin, il eft bien clair qu’on ne fauroit tirer des conféquences certaines de l'emploi de ces Réa@ifs. La meilleure manière de rectifier ou d’épurer l'acide nitreux , c’eft d’y mettre de la diffolution d’argent jufqu’à ce qu'il ne s’y forme plus de précipité , & de diftiller ce mêlange : l'acide nitreux qu'on obtient de cette manière eft parfaitement pur. Si on aimoit mieux faire foi-mème fon acide nitreux, il faudroit obferver de ne pas employer trop d’acide vitriolique, de ne prendre que du nitre purifié par une nouvelle cryftallifation, & de ne point laiffer d'acide vitriolique dans le col de la cornue. Pour favoir fi le nitre qu'on veut Sen eft affez pur après la cryftallifation , il faut en diffoudre une petite portion dans de l’eau diftillée , & verfer là-deflus de la diffolution d'argent. Si la liqueur n’en eft pas troublée, c’eft une marque que le nitre eft très-pur. IV. Nitre lunaire , ou diffolution d’argent. Il arrive fouvent que cette diffolution , au lieu d’être claire & lim- pide, fe trouve colorée. Pour éviter cet inconvénient, il faut prendre de l'argent réduit de la lune cornée , ce qui eft le mieux; ou au moins de l'argent en feuille, ou bien affiné. L'argent de départ, ou la chaux d'argent obtenue par le cuivre , contient trop de ce dernier métal pour pouvoir donner une diflolution fans couleur. Je n’étois imaginé qu'on pourroit féparer le cuivre de cette diffo.. lution , au moyen du vinaigre ou de lalcali volatil cauftique, qui, felon le fentiment général des Chymiftes , ne diffout point l'argent fous forme métallique. Mais lexpérience m’a fait voir dans ce cas, comme en plufieurs autres, qu'il ne falloit pas trop compter fur les autorités dans les fciences expérimentales. Lorfque l'argent fous forme métal- lique eft fuffifamment divifé, & qu’il préfente, comme dans celui du départ , un très-grand nombre de furfaces; alors il fe diffout également par le vinaigre & par l’alcali volatil, & il eft important par conféquent que le cuivre puifle en être féparé par lun ou l’autre de ces agens. Pour que cet effet pût avoir lieu, il faudroit que le vinaigre ou 144 MÉMoïREs DE LA SoOciÉTÉ V'alcali volatil n’euffent aucune aétion fur l'argent : ce qui n’eft pas, comme je viens de le montrer. Au refte, l'argent diflous dans l’alcali volatil peut en ètre féparé par le cuivre, Ce métal, en s’uniffant à l’alcali volatil, précipite l'argent fous forme métallique. V. Nitre de plomb, ou diffolution de plomb dans l'acide nitreux. Lorfque l'acide nitreux eft condenfé, il corrode le plomb fans le diffoudre. 11 faut abfolument que cet acide foit délayé pour qu'il fe faffe une diffolution complette. Après plufieurs effais, j'ai trouvé que, fur une partie d’acide nitreux capable de diffoudre la moitié de fon poids d'argent , il falloit ajouter une partie & demie À deux d’eau, pour qu'il acquière toute la force qu'il peut avoir pour diffoudre le plomb. L’acide nitreux , à ce degré de force, diffout le plomb à l’aide du feu, ou à froid. Jemploie toujours la diffolution à froid, parce que celle qui fe fait au feu produit de tout autres effets fur les eaux, à caufe des particules ignées qu’elle contient. VI. Acide vitriolique. Li Cet acide s'emploie dans l’examen par les Réatifs, & dans l’analyfe proprement dite. Pour le premier cas, il n’eft pas néceffaire en général de le reétifier : cependant on ne peut fe paffer de le reétifier pour découvrir l’exiftence des fels à bafe de terre pefante. 1l faut abfolument qu'il foit tiré du vitriol. Celui qu’on fait venir dans ce pays des fabriques de Nordhaufen , eft le meilleur de tous. Lorfqu'on prend un acide tiré du foufre, il fe forme un précipité dans Veau la plus pure, à caufe du vitriol de plomb , ou peut-être mème du foufre que contient cet acide. Le vitriol de plomb lui vient des baflines qu’on emploie pour le rectifier. i Quant à lacide vitriolique qu'on prend dans l’analyfe proprement dite , il faut le concentrer avant de l’'employer. Pour cet effet on le diftille à un feu violent, mais gradué, dans des cornues de verre très- petites. Si lon en prenoit de grandes, on rifqueroit de les caffer par le choc de la liqueur dans fon ébullition : car on fait que l'acide vitriolique eft fpécifiquement très - pefant, VII. DES Sciences PHvs. DE LAUSANNE. 14$ T7 VIL Vitriol de magnéfie, ou [el cathartique amer. Le vitriol de magnéfie qu’on trouve dans le commerce ne peut fervir à l’analyfe des eaux, parce qu'il contient du fel de Glauber. 11 eft vrai qu'on peut le purifier par des cryftallifations répétées : mais, outre que ce moyen eft fort embarraflant , il ne füuffit pas, à la rigueur, pour avoir un vitriol parfaitement pur. Il vaut mieux faire ce vitriol foi- même, en prenant de la magnéfie qu’on aura extrait du fel d’Epfom au moyen de l’alcali fixe : car celle qu’on trouve dans le commerce eft ordinairement fophiftiquée. VIIL. Alcohol. Il faut être bien für que l’efprit de vin qu’on veut employer foit par- faitement pur. Celui qui fe tire des lies & du marc eft chargé d’une quantité confidérable d'huile éthérée. Lorfqu’on le mêle avec de l’eau, il fe trouble ; parce que, l’efprit ardent ayant plus d’affinité À l’eau qu'aux huiles , il fe fépare de celles-ci pour s’unir à celle-là. Pour prévenir cet inconvénient, il faut tirer l’alcohol direétement du vin, & le diftiller quelquefois avec de l’eau, felon la manière de M. Ludoff. - IX. Efprit de favon. Tout le monde connoît la manière de préparer l’efprit de favon qui eft employé dans les toilettes; & il feroit inutile d'entrer là-deflus dans de longs détails. Je crois cependant devoir faire obferver que, pour que l’efprit de favon , ou la diffolution de favon dans l’efprit de vin, relte fluide & ne fe coagule pas par le froid , il ne faut prendre que lefpèce de favon dans la compofition duquel il entre une huile : tel eft, par exemple, le vrai favon de Venife. Tout autre favon à sraiffe folide, ne donne qu'un efprit de favon qui devient folide dès linftant que la chaleur n’agit plus fur lui. , X. Des papiers teints. Ces papiers fe colorent avec la teinture de tournefol, avec celle de fernambouc, & avec celle de terre-mérite. Ils ont au-moins toutes les propriétés de ces trois teintures , & n’en ont certainement pas les inconvéniens, Pourvu qu’on ne les tienne pas au Soleil, ils ne HA Tome I, 146 MÉMOIRES DE LA SoOcrÉTÉ jamais ; au lieu que les teintures, quelques moyens qu’on emploie pour les conferver , ne tardent pas à fe gâter, outre que ces moyens mèmes les altèrent du plus au moins. Pour préparer ces papiers, on fait cuire de l’'amidon avec de l’eau, tout comme fi on vouloit faire de la colle de relieur. Lorfque l’amidon eft fuffifamment cuit, & qu'il a la confiftance convenable, on y mèle, pendant qu’il eft encore chaud, la teinture avec laquelle on défire colorer le papier; & on l’étend fur le papier au moyen d’un pinceau. Ces papiers ainfi colorés doivent quelquefois être altérés par le vinaigre. Pour cet effet, il faut les tremper dans du bon vinaigre jufqu’à ce qu'ils aient entièrement changé de couleur, Alors on les met fécher à l'ombre, & on les conferve pour l’ufage. XI. Teinture de galles. Une attention affez importante dans la préparation de cette tein- ture , c’eft de ne pas la faire trop chargée. Moins elle eft foncée , mieux on apperçoit les nuances qu’elle préfente lorfqu'on la méle avec une eau. XII. Sels à bafe de terre pefante. L'objet le plus important par rapport à ces fels , c’eft la préparation de la terre pefante qui en eft la bafe. Pour cet effet, M. Beromann fait calciner une partie de fpath pefant , avec deux d’alcali fixe & une de charbon : il regarde le charbon comme abfolument néceffaire pour opérer la décompoftion du foath pefant. M. Wiegleb n’eft pas de ce fentiment : il confeille de ne point employer de charbon, aui, felon lui , eft parfaitement inutile. On ne peut certainement pas imaginer une plus grande différence d'opinions. Pour moi, j'ai trouvé que l'addition du charbon étoit néceffaire , lorfqu’on fe fervoit de l’alcali cauftique pour la décompofition du fpath pefant; & qu'on pouvoit s’en paffer fi l’on y fubftituoit de lalcall fixe aéré, qui décompofe le fpath pefant par le jeu d’une double affinité. Quoiqu'il en foit, lorfque cette calcination eft faite , il faut extraire la terre pefante du mélange calciné. M. Bere- mann dit , dans fa Sciagraphie du règne minéral, qu'on opère cette fépa- ration en fefant diffoudre ce mèlange calciné dans l'acide nitreux, & en en précipitant enfuite la terre pefante au moyen d’un alcah. 1l y Des Sciences PHys. DE LAusANNE. 147 a fans doute quelque faute effentielle d'impreflion dans cet endroit de Pouvrage de M. Bergmann. 1] faut abfolument édulcorer , autant que poffble, le mêlange calciné avant d'y ajouter un acide, afin d’en féparer tout le foie de foufre & le tartre vitriolié. Sans cela, il fe formeroit du fpath pefant dès linftant qu'on y ajouteroit un acide, & toute l'opération feroit inutile. XIII. Diffolution de vitriol de Mars. Cette diffolution , lorfqw'on veut l'employer , doit être très-con- centrée, & contenir du fer auffi phlogiftiqué qu'il fera poflible. Pour cet effet, je fais cuire dans quatre parties d’eau , une partie de vitriol de mars & un quart de limaille de fer; & je filtre la décoétion au bout de huit à dix minutes. Le fer qui fe déphlogiftique dans cette opération fe trouve remplacé par une portion de limaille de fer; & la diffolution contient, par conféquent, autant de fer phlogiftiqué qu'il eft poffible. XIV. Alcali fixe aéré. Cet alcali doit être très-pur & blanc. Pour lavoir pur, il faut abfolument le tirer du tartre; & pour qu'il foit blanc, il ne faut mettre le charbon de tartre dans l’eau, que lorfqu'il eft entièrement froid. Alors on fait cuire ce charbon avec de l’eau, on filtre la liqueur, & on l’évapore à ficcité. Le fel alcali qu’on obtient de cette manière doit être enfuite diffous dans de l’eau faturée d’air fixe, & cryftallifé. XV. Alcali volatil aéré. L'objet le plus important dans la préparation de cet alcali , c’eft la proportion des ingrédiens dont on le compofe. Je prends quatre parties d’alcali fixe ordinaire , contre une de fel ammoniac. De cette “ep , j'ai un fel alcali volatil auffi parfaitement aéré quil eft poffible de l'avoir. XVI. A lcali volatil cauflique. Les Chymiftes fe fervent ordinairement de la chaux vive, pour a préparation de l’alcali volatil cauftique. Je prends d'ordinaire de la chaux , que je fais éteindre avec la quantité précife d’eau qu'il faut : L:2 148 MÉMOIïRES DE LA SOCIÉTÉ pour réduire la: chaux vive en poudre, De cette manière, je préviens le danger de la rupture des vaifleaux, qui n’eft que trop fréquente dans la préparation de l’alcali volatil cauftique felon la méthode ordi- naire. Il ne faut pas s’imaginer qu'on püt également fe fervir de la chaux éteinte depuis long-temps : car l'air fixe qn’elle a attiré de lathmofphère pourroit en communiquer à lalcali qu’elle dégage du el ammoniac. Quant à la proportion de la chaux au fel ammoniac, on ne peut guère la déterminer, parce qu’elle dépend de la bonté de la chaux. Cependant on peut dire en général que, pour avoir un alcali volatil parfaitement cauftique , il convient de prendre quatre parties de chaux contre une partie de fel ammoniac. Pour ce qui ft de l’eau, on en règle la quantité fur le plus ou le moins de con- centration qu'on veut donner à l’alcali volatil. S FAR SERRES ESS < Ÿ eZ LLC N AO Or a Qu pes Scrences Pays. DE LAUSANNE. 149 ELLE nn DESCRIPTION D'une nouvelle mine de fer blanche. Par Mr. ce Comte G. DE RAZOUMOWSKI. Lu le 23 Août 1783. : 5 mine dont j'offre ici la defcription à la Société m'a été donnée lannée pañlée, comme venant de la Chine, par M. Wofmaër, direc- teur des cabinets d’hiftoire naturelle du Prince d'Orange. Elle lui étoit inconnue ; & ce n’eft que par mes propres effais que je fuis parvenu à la connoître. À la première vue, elle n’a que l'apparence d’une pierre, ou pref- qu’entièrement verte, comme l’un des échantillons que je poflede ; ou coupée de veines blanches , rouges, ou brunes, comme dans un autre échantillon que je poffede auffi. Sa pefanteur fpécifique eft confidé- rable. Son tiffu , qui paroït d’abord compacte & femblable à celui de la fléatite (plufieurs Minéralogiftes Hollandois l'ont aufli regardée comme telle à la fimple infpection), examiné avec plus d'attention , paroïît fenfiblement fibreux, comme le gyp/e ffrié : les ftries verticales font fouvent traverfées par d’autres dans le fens des couches de la pierre : peu fenfibles à l'œil , elles le deviennent davantage au feu, & forment alors des veines de couleur différente : dans certains endroits cependant, ce tiffu eft plus écailleux & brillant, comme celui de certains jafpes. Lorfque cette pierre eft polie, fes furfaces graffes la font reflembler beaucoup à la pierre néphrétique ; & peut - être eft-ce celle que certains auteurs ont prife pour le nephreticus, ne connoiffant pas le véritable (Voyez le Diélionn. Oryé. univ. de Ber- trand , à Varticle Pierre néphrétique.). Maïs, outre les propriétés dont je viens de parler & qui l’en diftinguent , le poli dont elle eft fuf- ceptible eit plus éclatant & femblable à celui de certains albâtres, 150 MÉMOIRES DE LA SoOctÉTÉ pour quoi je l’avois d’abord prife , & fa demi - tranfparence eft plus grande : d’ailleurs elle eft bien moins dure que la pierre néphrétique; puifqu’elle n’a que la dureté des marbres, ou plutôt celle des albätres, avec lefquels elle me paroît avoir beaucoup de rapport, rendant, lorfqu’elle eft frappée , le même fon que ceux-ci. 1°, Cette pierre, traitée à feu ouvert, décrépite avec autant de vio- lence que le fel marin ou le fpath : elle noircit & devient attirable à lPaiman, comme font , en pareil cas, les mines de fer blanches : fi lon continue de [a calciner , elle perd fa couleur noire; fes ftries verticales deviennent d’un rouge d’ochre, fe féparent facilement les unes des autres, & deviennent friables ; mais les longues ftries tranf- verfales fe changent en une fubftance dure & vitreufe, qui forme une veine blanche dans la pierre : ce qui prouve évidemment que fes couches ne font point homogènes dans toute leur épaiffeur. 2°. Cette pierre pulvérifée donne une poudre de la plus grande blancheur, qui, au goût & au ta, refflemble à la craie, & qui fe diflout dans l’eau forte avec une violente effervefcence, en exhalant des vapeurs rougeàtres : cette diffolution a pris une belle couleur verte. 3°. Difloute dans l’efprit de fel marin, elle a préfenté les mêmes phénomènes , & a pris la mème couleur. 4’. Dans lefprit de vitriol, la diffolution s’eft faite également avec une violente fr : mais elle a pris une couleur laiteufe, au lieu de devenir verte comme je m'y attendois; & au bout de quel- ques heures, il s’eft précipité une terre blanche & indifloluble. 5’. Cette pierre , réduite par la calcination à l’état que j'ai décrit plus haut , fe diffout également avec une forte effervefcence dans l’eau forte : mais il y a aufli une partie qui refte indiffoluble, 6°. Ayant verfé dans toutes ces diffolutions du deliquium de tartre, elles ont laiffé précipiter de lochre. 7. Toutes ces ochres; la terre précipitée de lefprit de vitriol, qui, édulcorée & féchée, a pris également la couleur de l'ochre ; & le produit de la pierre calcinée, traité avec l'addition d’une ma- tière inflammable fixe ; m'ont donné des particules de fer attirables à l’aiman, dont je n’ai pu déterminer la quantité ; parce que celles fur lefquelles jétois obligé de travailler , étoient elles - mêmes trop peu confidérables : mais il m'a paru qu'après la réduétion , il y en avoit au moins la moitié pefant des mafles mifes à l’effai, s one utile pes Sciences PHys. DE LAUSANNE. IS 8°. Cette pierre, traitée au feu avec le borax , donne un verre verd ou noirätre , felon le plus ou le moins de fer qui entre dans fa compofition. Cette matière pierreufe de la Chine ayant tous les caraétères des fubftances ferrugineufes de la nature des mines de fer blanches , on ne peut en effet la confidérer que comme une mine de fer blanche particulière, où le fer fe trouve minéralifé dans une pierre calcaire de la nature des albâtres. Il fe pourroit, au refte, que cette pierre ne fe trouvât pas toujours aufh riche en fer, & qu’elle n’en contint pas toujours aflez pour mériter le nom de mine, comme cela arrive au flos ferri & au finople; & alors ce ne feroit fimplement qu'un albâtre ferrugineux , comme ceux-ci ne font, en pareil cas, que des con- crétions ou des Ja/pes ferrugineux. | RS ee (bi S S 2 RU (\s PyT jui PRON S * e y 7 = Le Ma 1 52 MÉMoïREs DE La SocréÉTÉ PE —— ——_ (2 Cr a DESCRIPTION De quelques efpèces de Becs - de - Grues. Par Mr REYNIER. Lu le 30 Août 1783. Qi eft la manière la plus fûre de parvenir à des connoiffances certaines en Hiftoire naturelle? Ce problème de tous les temps, pro- pofé par tous les Naturaliftes, eft enfin réfolu. Le favant Peintre de la nature nous dit : [1 faut décrire, & ne jamais définir. On me permettra quelques réflexions à ce fujet. epuis la renaiffance des lettres , les Naturaliftes ont cherché à claffer la nature : leurs fyftèmes étoient formés avant que des connoiffances approfondies euffent pu les guider. Delà cette multitude de fyftèmes, dont le dernier renverfoit ceux qui le précédoient , pour céder enfuite la place à d’autres dont les fondemens n’étoient pas plus folides. Quelques modernes, ayant confacré plus de temps à l’obfervation, ont reconnu le peu de confiftance des fyftèmes de leurs prédéceffeurs : une étude fuivie de la nature leur a prouvé qu’elle fe joue de nos claffifications. Au bout de deux fiècles on s’eft enfin déterminé à füivre fes traces plutôt qu’à la forcer de fe plier À nos vues. Les efpèces n’étoient pas défignées plus heureufement que les objets r'étoient claffés : on fe contentoit de les faire connoître par des phrafes : efpèces de définitions , qui très-fouvent n’avoient rapport qu’à des acci- dents ou à des caractères peu effentiels. ee On a cherché à perfeétionner ces phrafes : mais quelle ef leur utilité? Ou elles font jointes à un nom fpécifique , ou elles ne le font pas. Dans ce fecond cas , la mémoire eft furchargée inutilement , un nom ré- veillant aufli bien l’idée d’un objet connu qu'une définition. La phrafe jointe à un nom eft ou feule ou accompagnée d’une RUE ans DES Sciences Puvs, DE LausaAnxw£. 153 Dans ce cas, on ne doit l’envifager que comme une récapitulation des principaux caractères répandus dans la defcription : c’eft donc une répétition inutile. Si la phrafe eft feule , comment reconnoître lefpèce dont fauteur veut parler ? Qui pourra fe flatter de connoîïtre affez bien un être pour le définir? Le petit nom- bre des phrafes qui nous donnent une idée claire de l’ètre qu’elles défignent, & qui en renferment toutes les variétés, eft une preuve de ce que j'avance. La Botanique n’eft pas encore fortie de cette no- menclature, refte des ténèbres qui ont fi long-temps offufqué nos lumières; & elle n’en fortira que lorfqu'un Buffon la traitera avec le génie qui règne dans l’Hifloire des animaux. Comme c’eft à ce défaut que j'attribue l’obfcurité qui règne dans lhiftoire des Becs-de-Grues, qui font le fujet de ce Mémoire, je me propofois d’abord de traiter ici plus à fond de la vraie manière de décrire : mais comme ce fujet doit entrer néceffairement dans un Mémoire fur les moyens de perfectionner l’étude de la Botanique, que je me propofe de remettre à la Société, je ne m’étendrai pas davantage [à - deflus. Les Becs-de-Grues, à qui le plus grand nombre des Botaniftes a donné le nom latin de Geranium, font répandus fur une grande partie de notre Globe : on les trouve fous la zone torride , dans les pays tempérés de l’Europe & de l'Amérique ; mais ils paroiffent craindre les climats glacés du Nord. Leur caraétère générique eft facile à faifir : tous ont cinq feuilles au calice, cinq pétales, cinq à dix éta- mines, un feul ftyle terminé par cinq ftigmates; l'ovaire devient une capfule à cinq loges monofpermes , furmontées du ftyle perfiftant; les enveloppes en maturité s'ouvrent & reftent adhérentes à l'axe par lextrèmité fupérieure. Ces caraétères font communs à tous les Becs-de-Grues : les fuivants font particuliers aux efpèces qui feront l'objet de ce Mémoire. D’une racine cylindrique , fucculente , aflez longue, & garnie de fibres , naiffent plufieurs feuilles couchées fur la terre dans la jeuneffe de la plante, & foutenues par des pétioles garnis à leur bafe de deux fauffes ftipules. Du milieu de ces feuilles s'élèvent une ou plufieurs tiges, feuillées , & garnies à la divifion des rameaux & à linfertion des pétioles de quatre ftipules entières ou bifides. Les fleurs font portées par des péduncules bifides & biflores, garnis de quatre braétées, & coudés vers leur divifion & fous la fleur. Quant la plante eft adulte, les périoles des feuilles radicales Tome I. V 154 MÉMOIRES DE LA SOctÉéTÉé s'alongent; fa maturité amène leur dépérifflement, & les dernières lueurs de végétation paroïflent dans les extrémités de la plante. Tous ces Becs - de - Grues font annuels, excepté celui à feuilles de mauve, qui eft très - fouvent bifannuel. Bec - pe - Grue diffléqué. Lam. fl. fr. 672. Geranium diffeétum Linn. ed. Murr. p. 515. Geranium 937 Hall. Hifi Suirp. Bec - DE - GRuE colombin. Lam. fl. fr. 672. Geranium columbinum Linn. ed. Murr. p. 515. Geranium 938 Hall. Hiff. Surp. Ces deux efpèces fe reffemblent beaucoup : ce qui m’a engagé à les comparer, plutôt que de les décrire féparément, Toutes deux ont les feuilles divifées jufqu'au pétiole en cinq lobes, fubdivifés en trois piéces à deux ou trois divifions. Cependant on peut les diftin- guer : celles du colombin forment une efpèce de pentagone, dont les cinq angles font marqués par l’extrèmité des cinq lobes; celles du difféqué ont une forme circulaire. On les reconnoîtra auffi par la lon- gueur du péduncule : celui du difféqué eft de la longueur des feuilles, & a moins de deux pouces; celui du colombin eft plus long que les feuilles, & a plus de trois pouces. Dans l’une & l’autre efpece les feuilles du calice font terminées par une pointe, & creufées en gouttière : ces Caraétères font moins marqués dans le difféque. La fleur du colombin eft plus grande, & fa capfule glabre : celle du difféqué eft velue. Quelques Botaniftes (b) donnent au Bec-de-Grue colombin une tige couchée , & au dfféqué une tige droite : je n’ai pu trouver de diffé- rence dans le port de ces deux plantes. Bec-DE-GRuE fluet. Geranium malvæ folium Scop. FI. carn. II. N°. 847. Geranium 940 Hall. Hift. Surp. Geranium columbinum majus flore minore cæruleo. Tourn. Inft. R. H. 268. Vaill. Paris. T. XV. f. z. Geranium pufillum, Linn. ed. Murr. p. 515. Bec-de-Grue mauvin, Lam. fl. fr. 67 2. (b) Hall. Hifi, Süirp. p. 405. DpEs Sciences Pnys. DE LAusANNE. 155 Cette plante a les tiges redreffées , rameufes, hautes d’une coudée dans une variété, @& dans une autre à peine d’un pied ; noueufes fous linfertion des péduncules & à la divifion des rameaux : ces der- niers font peu écartés , & forment des angles aigus avec la tige. Les feuilles font réniformes , oppofées , velues, à fept ou neuf lobes bifides ou trifides, obtus; le pétiole des feuilles radicales eft tres- long , de mème que les entre - nœuds inférieurs de la tige. Les fleurs font petites, de couleur violet-päle, foutenues par des pédun- cules biflores & coudés. Les pétales ont une ligne & demie ou environ de longueur , & font veinés & émarginés. Les étamines font au nombre de cinq, & leurs anthères violettes (c) : l'ovaire eft velu , & garni d’un ftyle épais & court. On le trouve très - fréquemment au bord des chemins, dans les lieux un peu humides. Bec - pe - GRUE à feuilles de mauve. Geranium folo malvæ rotundo , flore majori cæruleo. Tourn. Infl. R. H. 268.C. Bauh. Pin. p. 318. Cette plante paroït avoir été oubliée , ou confondue avec la pré- cédente, par les auteurs qui ont écrit depuis Tournefort. M. Garcin de Cottens Va tirée de cette obfcurité; & l’auroit fait connoître , fi fa mort ne nous avoit pas privés du fruit précieux de fes travaux. Les tiges de cette plante font ordinairement hautes d’un à trois pieds, droites, noueufes fous l’infertion des pétioles & à la divifion des rameaux. Les entre-nœuds inférieurs ont fréquemment jufquà un pied de long. Les feuilles font réniformes, oppofées , velues, à fept ou neuf lobes trifides ou quadrifides , quelquefois dentés : les radicales ont un pétiole fort long. Les fleurs font grandes, d’une couleur plus foncée que celles de lefpèce précédente, & portées par un péduncule biflore & coudé. Les pétales ont plus de deux Cc) Je nai jamais vu plus de cinq étamines dans chaque fleur, ni appercu les filamens fiériles dont, parle Linné; mais, comme le nombre des étamines eft aflez variable, voici des caractères qui diftinguent cette efpèce des autres. Le Bec-de. Grue fluct a les feuilles oppo- fées fur la tige : caractère qui le diftingue du mollet, qui les a alternes. Ses rameaux forment -des angles aigus avec la tige, ceux des Becs-de- Grues à feuilles rondes forment des angles droits & même obtus ; l'onglet des pétales du Bec-de- Grue à feuilles de mauve eft cilié, celui des pétales du fluct ne l’eft pas. Va _156 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ lignes de longueur, & font émarginés , veinés , & garnis à leur onglet de quatre ou cinq cils blancs. Les étamines font au nombre de dix dans chaque fleur ; & les cinq extérieures fe recourbent en dehors en vieilliffant. Les anthères font violettes , l'ovaire velu, & le ftyle: affez long. Cette plante fe diftingue toujours de la précédente au premier coup d'œil par la grandeur de fa fleur & par la groffeur de toutes fes parties. On la trouve au bord des chemins & dans les vergers : je lai cueillie très - fouvent dans les vallées alpines; & même fur les Alpes, à des hauteurs affez confidérables. At BEC-DE-GRUE à feuilles rondes. Lam. fl. fr. 672. Geranium rotundifolium. Linn. ed. Murr. p. $15. Geranium 941. Hall. Hifi. Stirp. Geranium folio malve rotundo. Tourn. Inft. R. H. 268. Toutes les phrafes & les defcriptions que l’on a données jufqu’à pré- fent de cette plante font fautives , les auteurs n’ayant pas fait attention aux variations qu’elle éprouve. Haller lui donne pour caractère la vifcidité ; parce qu'il a examinée à Aigle, à Montreux, en Vallais, & en généfal dans les lieux les plus chauds de la Suiffe : mais on la trouve très- fréquemment fans vifcidité dans les lieux médiocrement chauds, &c fur -tout dans les terrains humides. Linné dit que cette plante a les pétales entiers & de la longueur du calice. Dans les terrains fecs, elle eft conforme à la phrafe de cet auteur; mais dans les terrains humides , & quand la plante eft très-avancée, les pétales font le double plus longs que le calice. Ils ne font pas non plus toujours entiers : on les trouve quelquefois bifides, & très-fouvent émarginés. Les feuls caractères conftans font les fuivants. Les tiges velues, ra- meufes, diffufes , fans nœuds bien fenfibles, forment avec leurs rameaux des angles droits & mème obtus. Les feuilles font rénifor- mes, velues, arrondies, glauques aïnfi que toute la plante, & garnies dans leur jeunefle de points rouges. Les radicales font légèrement divifées en cinq ou fept, lobes, bifides ou trifides, & foutenues par un pétiole plus court que celui des efpèces précédentes. Les cauli- naires font oppofées , inégales (lune d'elles eft plus petite), divifées en cinq ou ÉUE lobes , plus profonds que ceux des radicales, tri- fides & aigus, Ces feuilles ont la forme d’un demi - cercle, dont le DES Scrences'Pays. DE LAUSANNE. 157 diamètre eft du côté du pétiole. Les fleurs font petites, rofe-pale, moins ouvertes que celles des autres efpèces, & portées par un pétiole biflore & coudé , affez court. Les étamines font au nombre de dix, les anthères violettes, & la capfule velue. 11 croit très-fréquemment au bord des chemins, & dans les lieux fablonneux. Bec-DE-GRuE mollet. Lam. fl. fr. 672. Geranium molle. Linn. ed. Murr. p. 515. Geranium 939. Hall. Hift. Surp. - Cette plante a les tiges panchées & même couchées ,. rondes, velues. Les feuilles, recouvertes d’un duvet fort doux, font arrondies, à fept ou neuf lobes, dont chacun eft bifide ou trifide & obtus. Les caulinaires font alternes (d), ceppofées au péduncule , à cinq lobes trifides ou entiers. Les fleurs font rouges, incarnates , affez grandes , & foutenues par un péduncule biflore & coudé. Les pétales {ont ordinairement bifides & plus longs que le calice ; les étamines au -nombre de dix, & l'ovaire un peu velu. On le trouve par tout au bord des chemins. (d) Ce caractère feul auroit fufi pour diftinguer cette plante des efpèces voilines, qui les ont oppofees. : 158 MÉMOIïREs DE LA SoctÉTÉé OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES Faites à loccafion d'un coup de foudre tombé fur l’'Eglife. Cathédrale de Laufanne. Par Mr VERDEIL, Docteur EN MÉDECINE, &c. — Lu le 27 Septembre 1783. DESCRIPTION DU COUP DE FOUDRE. \ L: 12 Août 1783 , environ les quatre heures & demie du foir, le tonnerre tomba fur l’églife cathédrale de Laufanne. Cet édifice eft au nord-eft de la ville, fur le penchant d’une colline, 11 domine fur tous les autres édifices , fur-tout à l’oueft & au fud-oueft : de manière que fa bafe y eft plus élevée que les toits des maifons. Dans la campagne, au nord , fe trouve une colline couronnée d’un bois : elle eft de beaucoup plus élevée que le clocher. Voici les circonftances de la chûte du tonnerre fur cet édifice. 1°. Depuis la veille, le temps étoit couvert, & il pleuvoit par intervalles. Au moment du coup, le ciel étoit par-tout également couvert, excepté au nord , où les nuages étoient plus épais. La mafle entière des nuées paroifloit fort élevée au deflus de la pointe du clo- cher; & depuis une demi-heure il pleuvoit beaucoup. Le vent fouf- floit du fud-oueft, & les nuages s’avançoient lentement de ce côté. Le mercure, dans le baromètre, étoit à 26 pouces 8 lignes & #, & le thermomètre de Réaumur À 14 degrés & %. 2°. On n’entendit qu'un feul coup de tonnerre. Il étoit fort & fans roulement. Une perfonne qui, dans ce moment, regardoit le ciel, vit l'éclair s’élancer du fud au nord, depuis un nuage qui fe trouvoit au fud-oueft du clocher. AB ( fig. L.) marque à peu près la direétion de cet éclair. pes Sciences PHys, DE LAUSANNE, 159 3°. Aux deux tiers environ de la hauteur du clocher, fe trouve une barre de fer tranfverfale CD. Elle fert de lien aux deux petites colonnes, F & G. Sa longueur eft d'environ deux pieds & demi; fa largeur d’un pouce & demi; & fon épaiffeur de 8 hoes environ. Par fon extrèmité feptentrionale , elle pafle fur le chapiteau I de la colonne F appuyée contre la tourelle £. Son bout CI eft recourbé en forme de crochet , & entre dans le chapiteau ; de manière que la portion dI eft toute entière dans le grès de la colonne , & qu'il n’y a que trois côtés de la partie C4 qui touchent le grès, le côté fupérieur étant recouvert d’un morceau de planche de fapin. L'autre extrèmité s'accroche en D , à une large bande de fer 1, qui entoure la corniche du chapiteau de la colonne G. C’eft fur cette barre CD que la foudre eft tombée du premier coup. Il eft à remarquer qu’au moyen de la bande de fer m qui entoure la corniche du chapiteau, elle communique immédiatement avec plufeurs autres barres K, L, &cc. qui fervent de lien & d’appui aux colonnes. Ces barres , de la mème groffeur que la barre foudroyée CD, font le tour du clocher : plufieurs communiquent immédiatement entr’elles ; d’autres font très voifines; plufieurs paflent auprès de deux conduits de métal, qui aboutiffent dans une pompe à feu, & qui, lorfqul pleut, font l’of- fice de paratonnerre , comme on le verra dans la fuite. æ. Je n'ai pu découvrir, fur la partie C D, la moindre trace du paffage de la foudre. Il paroît que l’éclair venant de 4 en B tomba fur le point C, & fuivit le fer de C'en I. La partie C dT étoit brûlée à l’épaiffeur d’un demi-pouce environ, & le chapiteau de la colonne F partagé en deux grandes portions latérales. _ÿ. Le tonnerre, après avoir brifé ce chapiteau, defcendit dans Pintérieur du clocher , le long du fût de la colonne F. 11 fit tomber le mortier qui lioit cetre colonne avec la tourelle E. 6. Ayant trouvé à deux pieds & demi environ du fût de la colonne une pierre M, plus garnie de mortier que les autres, il perça le mortier , fendit la pierre M ainfi que deux autres qu’elle touchoit, : & entra dans l’intérieur de la tourelle E, en fefant une ouverture longitudinale d'environ un pouce & demi. 7. Là il fuivit, le long du mur, le bord extérieur de fix marches de lefcalier de grès qui monte au clocher (Voyez la ligne ponduée M n.). Ces fix marches furent détachées, & il emporta le mortier qui les lioit au mur de la tourelle E, le long de la ligne ponétuée M 7, 160 Mémoires Drift À 4S 0 ciriéer € 8°. Après s'être fait jour en x, entre le mortier de deux pierres contigues , 1l fit le tour z0p N d’une de ces pierres; &, fans l’en- dommager.,, il reffortit en N, au nord de la tourelle E. 9°”. Depuis N, la trace de fon paffage eit perdue. Comme il pleu- voit beaucoup dans ce moment, il aura gliffé le long du mur NO, en fuivant l'eau qui s’en écouloit. Ce mur defcend fur la galerie fu- périeure © V du grand portail de léglife. Un petit toit O y eft appuyé : il eft de tuiles, & garni de diftance en diftance de plaques recourbées de tôle r & r, fervant de gouttière aux eaux de pluie qui s’écoulent de ce mur. La baluftrade de la galerie y eft auffi appuyée. Les pierres dont elle eft faite font affermies par des crampons de fer r,t, +, &c. : le premier eft tout près de ce mur N Q. Toutes ces parties métalliques n’avoient pas la moindre marque du paflage du tonnerre. 10°. Au bas de ce mème mur fe trouve l'ouverture Q d’une gout- tière de tôle OR. Elle conduit les eaux de pluie fur la galerie STR, qui fe trouve immédiatement au deflus du grand portail. C’eft là où le tonnerre s’élança, en fefant un faut N © de plus de vingt pieds. 11 defcendit le long de cette gouttière Q R, & la perça en plufieurs endroits. 11°, La trace de fon pañlage s’eft perdue de nouveau au bas de la gouttière, en Q. Mais on voyoit au milieu de la plate-forme, dans le ciment qui fert de jonction à deux pierres, une ouverture $, longue de trois pouces & large d’un demi-pouce. Il paroït que c’eft à que l'éclair eft entré. 12°. Alors, ayant traverfé du haut en bas un folide de maçonnerie d'une quinzaine de pieds de hauteur, il eft reflorti à la pointe de Parc du grand portail, par une ouverture longue d’environ quatre pouces & large d’un pouce. On voit à cet endroit une trace noire de la mème largeur. 13°. Dans l'intérieur de cet arc fe trouve un vitrage de petits carreaux, liés enfemble par du plomb & des traverfes de fer, & re- couverts en partie d’un grillage de fil d’archal : au deffus du tout on voit des ornemens de grès travaillés à jour. Le tonnerre fuivit ce vitrage du haut en bas, & caffa plufieurs carreaux & ornemens de grès. Les fraêtures, tant des ornemens de grès que des carreaux de vitre, occupent de haut en bas un efpace d'environ un pied de arge. 14°, DES Scrences Pays. DE LAUSANNE. 161 14°. Au bas de ce vitrage il s’en trouve un autre , où il y a plus de plomb & des barreaux de fer plus confidérables. Il paroït que le tonnerre fuivit le métal : car on n’a pu découvrir au verre aucun vef- tige de fon paflage. On ne voit pas la moinde chofe non plus ni au plomb ni au fer; mais on apperçoit, tout au bas du vitrage , un petit carreau qu'il rompit avec fon plomb. Il fendit aufli une corniche de grès, qui fe trouve immédiatement deffous. 15°. Alors il fe porta dans l’intérieur de l’églife, fur le revers d’une longue pierre de marbre qui porte une infcription. Là fe trouvent deux crampons de fer, fixés avec du plomb & fervant à fermer la porte. Il fe divifa en deux, comme on le voit aux marques noires qu'il a laïffées; fondit légèrement le plomb'en plufieurs endroits; & fuivit les efpagnolettes & les gonds de la porte. On n’a pu remarquer aucune trace de fon paflage fur tout ce métal, fi ce n’eft au plomb qui tient les gonds dans la muraille. On n’en a pu voir non plus fur le pavé aux environs de la porte, ni fur les murs, ni dans la muraille. Il paroît que la matière du tonnerre , en fe répandant fur le fer, s’affoiblit & enfin fe difperfa dans la terre. RÉFLEXIONS SUR LA MARCHE DE LA FOUDRE. L'éclair , en partant de la nuée , s’élançca fur une barre de fer hori- zontale € D (fig. 1.), & fe dirigea de C en 1. Voilà donc , du premier coup , le fluide électrique fur le métal. Selon les principés reçus , ce fluide parcourt le métal, ou en raifon des maffes, ou en raifon des furfaces, ou en raifon des iffues qu'il trouve pour s'échapper. 1l auroit donc dû fuivre les barreaux CD, L, K, &c., faire tout le tour du clocher , entrer enfin dans la pompe à feu, & füuivre l’eau qui s’en écouloit alors avec force par la gouttière (voyez 3".). Dans cette marche il auroit trouvé certainement plus de mafle, plus de furface, plus d'ifflue. 11 n’y a, fi jé ne me trompe, qu'une manière de concevoir pourquoi la foudre na pas fuivi cette direction : c’eft de füppofer que la matière élec- trique, lorfqwelle eft abondante! & lancée avec violence, fuit quel- quefois dans fa marche par le métal, limpulfion que lui donne la direétion de l'étincelle, haie que l’attraétion de la maffe, des furfaces, Lou des iffues. Dans ce cas là il ne feroit plus étonnant que le ton- netre ayant frappé la barre dans la direction 4 B, il fe foit porté de C'en I plutôt que de C en D, &c, Tome 1. X 162 MÉMOIRES DE LA SOCiÉTÉ Après avoir fuivi le fer C dI, le tonnerre defcendit le long du fût 1 F (voyez 5°.) Qu’auroit penfé un Phyficien, s'il avoit pu voir cette marche? Je me trompe très-fort; ou il auroit cru que le ton- nerre, ne trouvant par tout que du grès de la même nature que celui du fût, n’auroit dû fe détourner ni d’un côté ni de l’autre. Mais point du tout. 1] quitte ce fût & fe porte latéralement en M (voyez6°.). 1] faut de deux chofes lune : ou qu'il y ait des grès plus propres que d’autres à attirer l’étincelle éle@rique, & que ce fût le cas de la pierre M à Pégard' du fût; ou bien que le mortier foit un meilleur conducteur que le grès, & même que le grès mouillé : car il pleuvoit beaucoup. Cette dernière fuppoftion paroït une conféquence: de ce qui a été dit ci-deffus; puifque le tonnerre a toujours percé le mortier de préfé- rence au grès. Il faut cependant remarquer qu'il y avoit beaucoup plus de mortier du côté du füt que l'éclair n’a pas fuivi, que de celui où. il a paffé. Peut-être pourroit - on croire que la pierre M eft plus fpongieufe que les autres, qu’elle s’imbiba d’une plus grande quantité d’eau, & devint par là un meilleur conduéteur que le mortier du fût. Mais cette fuppoñition ne paroît pas devoir être préférée aux autres ; puifque le tonnerre a traverfé le mortier qui lie cette pierre avec les autres, & non la pierre même. On peut être für quil n’y avoit par là aucun métal. On a vu (voyez 6” & 7°.) qu'alors le tonnerre gagna l'intérieur de la tourelle, qu'il fuivit plufieurs marches de M en N, & qu’il les détacha du mur aux endroits où elles étoient liées avec du mortier. Comme il fe trouvoit encore une fuite de marches liées de la mème manière & avec, beaucoup de mortier , il paroïfloit naturel qu'il les fuivit, jufqu'à ce qu'il eût trouvé quelque meilleur conducteur. Au lieu de faire cela, il perce le mur en N, pour gagner de nouveau l’extérieur de la tourelle ; il fait tout le tour d’une pierre qui avoit moins de mortier que les efcaliers. Toutes mes recherches pour trouver les caufes qui lui ont fait prendre cette route ont été inutiles. Y avoit-il dans le mortier qui entoure cette pierre, quelque chofe qui le rendit meilleur conducteur ? Eft - il fait de quelque fable métallique? 1] feroit bien fingulier qu'il ne s’en trouvât que dans le mortier de cette pierre; & il faudroït que ce fable fût bien métallique pour attirer ainfi la matière du tonnerre. à Mais voilà le tonnerre hors de la tourelle en N, au deflus d'un: mur de plus de vingt pieds de hauteur , mouillé par la pluie & DES Sciences Pays. DE LAUSANNE. 163 fait de pierres de grès liées avec du mortier ordinaire. L'éclair gliffa le long de ce mur fans y laiffer de trace, & tomba fur une gouttière de tôle (voyez 9°. & 10°.). Dira-t-on que le mur, étant mouillé, devenoit conducteur; & que par conféquent la foudre devoit le fuivre? Mais le fût Z Fétoit aufli mouillé, & cependant elle l’a quitté. Si le mortier attire la matière éleétrique plus que le grès même mouillé, - ainfi qu'on doit le fuppofer après ce qui eft arrivé fur ce fût; il s’agit de favoir d’où vient que le tonnerre n’a pas paflé quelque part au travers du mortier des pierres de ce mur. Si le mortier n’a pas cette force attraétive, je demande pourquoi il a quitté le fût d’une colonne de grès, mouillée comme ce mur, pour paffer au travers du mortier dans l’intérieur d’une tourelle qui ne contenoit que du grès & du mortier très - fecs ? Peut-être dira-t-on que la gouttière de tôle attira le tonnerre depuis le haut du mur, de N en Q. Mais, par la même raifon, les barres de fer C D, L, &c. qui font le tour du clocher & qui aboutiflent à un véritable conducteur, auroient auffi dû attirer la foudre de M ou de Nn en 1 C D, &c. Le tonnerre tomba le 26 Juin de cette année fur le clocher de Villars-le-Terroy. Après avoir confidérablement endommagé l'édifice & tué plufieurs perfonnes , il fauta de bas en haut fur une barre de fer, tout comme 1l auroit fait ici, sil eût fauté de Men. Quoiqu'il en foit, le tonnerre tomba fur la gouttière. Elle étoit pleine d’eau; & l’on comprend comment il y a été attiré, plutôt que fur les autres parties métalliques environnantes (voyez 9°.). Mais au bas de cette gouttière il y avoit un courant d’eau RT, d'autant plus fort qu'il étoit formé par l’eau qui s’écouloit en R de la gouttière, & par celle de toute la plateforme. La matière électrique fembloit devoir fuivre ce courant ; d’autant plus qu'il fe rendoit à peu de dif- tance dans une autre gouttière T', beaucoup moins longue, mais beaucoup plus ample que celle de tôle OR, & qui, verfant beaucoup plus d’eau , la laifloit tomber en terre, où fe trouve le grand réfervoir de la matière électrique. 11 paroît donc que, foit DT conducteurs agiffent felon leurs maffles, felon leurs furfaces , ou felca leurs iflues, la foudre auroit dû fe diriger de KR en T', & fuivre la chûte de l’eau de la pluie jufqu'à terre. Âu lieu de fuivre cette marche, elle alla bien loin en S percer la plateforme & un folide de quinze pieds de maçonnerie , comme je l'ai dit ci- deflus (11°. 12°.). L'examen de cette plateforme a montré que les pierres en, font unies par un ciment X 2 .. 164 -MÉmorres De 14 SoctÉéTé compofé de poix, d'huile, de brique pilée, & de limaille de fer. Cette petite quantité de limaille, difféminée cà & là dans un mêlange qui contient d’ailleurs des matières non - conductrices’, auroit -elle pu détourner de fa première direction l’éclair qui naturellement devoit être plus attiré par une grande maffe d’eau & par la gouttière mé- tallique T? Je ne le crois pas. Il y a bien apparence que cette marche fingulière s’eft faite en vertu d’une loi qui n’a pas encore été re- connue. Si quelqu'un prétendoit que ce ciment eft un meilleur con- ducteur que lea, on lui. demanderoit pourquoi la foudre æ donc quitté ce bon conduéteur en $ pour traverfer un folide de: maçon nerie, que rien né donne lieu de regarder -comme propre à lui fervit de conducteur. D'abord jai cru qu'il y avoit en cet endroit quelque crampon de fer, une longue barre, ou quelque autre fubftance conduc= trice : mais quelques recherches que ÿaie faites, je n’ai pu découvrir aucun corps de cette elpèce ; & je me fuis convaincu , en:confidé- rant la nature de cette maçonnerie, qu'il n’y en avoit point. Après que le tonnerre eut traverfé ce folide, il fuivit un vitrage * L A LE 3 2 garni de plomb & de fer. 1l paroït qu'il ne s’eft pas répandu fur toutes les parties métalliques qu'il a rencontrées fur fon pañlage. Les traces qu'il a laïflées prouvent qu'il ghffa de haut en bas dans une largeur d'environ un pied (voyez 13.). Ce fait feroit-il une nou- velle preuve que, dans un’ coup fulminant, la matière électrique perfévère quelquefois ‘dans ‘fa direétion ? qu’elle peut traverfer le métal comme un torrent , fans fe répandre dans toute fa mafle? Enfin le tonnerre, arrivé fur le marbre de Finfcription , s’eft porté vers l'intérieur de l’églife, fur le fer de la grande porte. lci, conime en une multitude de cas, on voit les effets du pouvoir conducteur du métal. La maffe de ce fer, ainfi que l'iflue qu'il offroit à la matière électrique, dût naturellement attirer le tonnerre. 11 brifa donc un carreau du vitrage, entra dans l'intérieur de Péglife, fe partagea en deux, & gliffa fur tout le métal jufqu'en terre. À lextérieur de la porte il n'y a que très-peu de métal, qui ne donne aucune 1flue en comparaifoif de celui qui fe trouve intérieurement:1l eft donc clair par les principes reçus depuis long-temps, qu'il ne put pas conti- nuer fa route extérieure, & qu'il dut prendre le chemin de lintérieur. En confidérant avec attention Îles marques qu'il a laiffées au revers du marbre (voyez 1$’.), on y voit une nouvelle preuve du pouvoir de direction dont jai parlé quelquefois. La marque du côté: droit, RON A de née ot, ete pes Sciences Pays. DE LAUSANNE. 165 qui étoit celui d’où venoit la foudre, eft plus large que celle du côté gauche ; & prouve par conféquent que le fluide y pañla en plus grande quantité. De toutes ces réflexions il réfulte plufieurs conféquences plus ou moins importantes. En voici trois, qui me paroiflent dignes de l’'at- tention des Phyficiens électrifants. I. Corozrarrr. Lorfque la matière du tonnerre parcourt des corps non - conducteurs , elle ne fuit pas, à la rigueur, les loix qui réfultent des expériences de l’éleétricité. Ce corollaire eft une conféquence de cette efpèce de bizarrerie fouvent obfervée dans la marche de la foudre, & qu'on a vue dans le coup qui a frappé le clocher. Il peut donner lieu à une fuite d’ex- périences narelles fur les forces conduétrices, tant par rapport aux fubftances mèmes, qu'aux mafles, aux furfaces , &c fur - tout aux pofitions refpedives des corps. 11 y a tout lieu de croire qu’on feroit plufieurs découvertes intéreffantes ; qu'on trouveroit des loix nou- velles; & que ce qui nous femble aujourd’hui une bizarrerie, ne feroit qu'une fuite naturelle de ces loix. On verroit que des caufes foibles en appargpce , & auxquelles on ne fait point attention parce qu'on les croit peu importantes, ont fouvent un degré d'énergie qui emporte fur ces loix générales, qu'on croit n’admettre aucune excep- tion parce qu’elles font la conféquence d’un grand nombre. de faits. IL. Coroirarre. La matière du tonnerre tend à conferver la direction qu’elle avoit dans fa chüte. Jappellerois le principe énoncé dans ce corollaire, la Loi, ou le pouvoir de direction. Plufñeurs circonftances rapportées dans ce Mé- moire fe réuniffent pour létablir. On comprend comment elle peut avoir lieu avec les corps non-éleétriques par communication. Mais il n’en eft pas de même lorfque les corps font électriques par commu- nication. Ceux qui les regardent comme un affemblage de canaux ouverts ; par lefquels le fluide électrique paffe avec facilité, pour- ront expliquer la. loi de direélion par les principes de l'Hydroft:- tique. Mais en Phyfique il n’y a qu'une feule bonne explication : c'eit celle de l'expérience. 11 me paroït encore que, dans certains 166 MÉMOIRES DE LA SoctÉéTé cas, le pouvoir de direélion peut l'emporter fur celui de l’attra@tion. C’eft auffi de lexpérience qu'on doit attendre la connoïffance de ces cas. S'il m'étoit permis de hafarder une conjè@ure, je dirois que le cas le plus ordinaire eft celui d’une grande force & viteffe dans létincelle fulminante. III. CororrAïrE. La matière du tonnerre, dans fon paflage au = . \ ci La travers des corps conduéleurs , paroît foumife à une loi compofée de celle de la direchon de Péclair, de la maffe des corps, & de l’iffue qu’elle trouve pour fe répandre dans la terre. La direétion de l'éclair paroît contribuer, pour fa part, à la manière dont le tonnerre traverfe les corps conduéteurs; fa plus grande énergie a lieu à linftant où la foudre eft entrée dans les corps : c’eft une fuite du corollaire précédent. La mafle des corps conducteurs jouit aufli d’un grand pouvoir ; puifque, toutes chofes d’ailleurs égales, la matière éleétrique fe porte de préférence fur les “corps qui ont le plus de mafle. Enfin, la facilité que trouve la matière à fe répandre dans la terre en fuivant tel conduéteur plutôt que tel autre, influe auffi fur fa marche. N’a-t-on pas fouvent vu léclair changer fa première route dans des corps conduékeurs, pour venir chercher les plus petits fils de fonnettes ; & les fuivre dans tous leurs détours , quoique ces fils, trop minces pour contenir toute la matière électrique, en fuffent détruits en grande partie? El paroît qu'à égalité d'iffue la matière électrique fuivra le conducteur le plus maffif ; mais que le plus mince la détournera fi fon iflue eft meil- leure. Cette Loi des iffues n’a pas encore été fuffifamment approfondie. 1! feroit d’autant plus intéreffant d'y travailler , que cela pourroit conduire à des découvertes utiles. OBSERVATION SUR LES PARATONNERRES. On fe rappellera que le tonnerre, en tombant fur le clocher, frappa du premier coup une barre de fer horizontale CD), environ aux deux tiers de la hauteur de l'édifice (voyez 3”.). Cette entrée de la matière éleétrique parut incroyable à quelques Phyficiens. Afin de n'engager à donner à ce fait toute l'attention poffble, on eut Ja complaifance de me communiquer l'obfervation fuivante. pes Sciences PHys. DE LAUSANNE. 167 Le 3 Août de cette année 783, plufieurs perfonnes virent tomber un coup de foudre à Morges , fur le pavé & affez près d’une maifon. Ce coup leur parut reffembler à une bombe qui éclateroit un peu au deffus de la furface de la terre; & le trait de feu leur parut fe divifer en plufeurs autres, dont l’un entra dans une des boutiques de la maifon, qu'occupoit un confifeur, en fefanr un trou à une vitre vis-à-vis d’une petite verge de fer fervant à fufpendre un rideau. Il füivit cette verge en traçant un fiflon parallele à la traverfe fu= périeure du chafñis qui la portoit. Au point où la verge fimiffoit , on voyoit le bois plus profondément entamé. On obfervoit aufli la trace de la matière fur lun des montants du même chaflis, dans une ligne perpendiculaire à la précédente direétion. Ce montant portoit plufieurs piéces de fer éloignées les unes des autres de quel- ques pouces; & l’on remarquoit que c’étoit précifément aux points où finifloit le fer, que le bois étoit le plus entamé. Arrivé au bas de ce montant, le trait fulminant le quitta brufquement , traverfa la boutique, caufa en paffant une fenfation de chaleur à la jambe d’un homme , & alla faire un trou rond d’environ deux pouces & demi de diamètre à un des carreaux d’un autre vitrage, qui donne dans une efpèce de cuifine où le confifeur fe trouvoit dans ce mo- ment. Ce dernier dit avoir vu diftinétement le trait de feu entrer dans la cuifine & fe perdre près de la cheminée. L'on n’eut d’abord aucun doute fur la route apparente de la foudre : & l’on crut ferme- ment qu’elle étoit parvenue immédiatement dans la rue fans toucher la maifon ; fur-tout lorfqu'en examinant celle-ci on n’y apperçut aucun défordre, pas même dans fa partie fupérieure. Ce ne fut que quelque temps après qu’un couvreur, raccommodant le toit, remarqua trois ou quatre tuiles du faîte un peu dérangées de leur place. Les ayant levées , il trouva la piéce de bois entamée à environ un pouce de profondeur ; & en fuivant cette trace, il vit qu’elle continuoit fur un chevron jufqu’au bord du toit, où la gouttière de tôle fe trouva percée auprès de l'égout. 11 eft donc évident que, dans ce cas , la foudre eft entrée par le faite; & que, fuivant un chevron, elle eft parvenue à l'égout, d’où partoit dans ce moment un gros fil d’eau, qui a bien pu conduire la matière électrique jufque fur le pavé. Il eft encore évident que, fans ce couvreur , on s'en feroit tenu à la première apparence , en s’empreffant d'en tirer de puiffantes objections contre les idées qu’on s’étoit faites jufqu’à préfent de la propagation de la foudre. 168 MéÉémorres De LA SocréTÉ Quelque difficile qu'il foit, dans bien des cas, de s’aflurer de la matière dont le tonnerre entre dans les édifices; quelque extraor- dinaire que paroïflé celle dont il a frappé notre cathédrale : il n’en eft pas moins vrai que la foudre y eft tombée de la nue fur la barre de dia qui fe trouve aux deux tiers de fa hauteur. Une perfonne digne de foi, qui regardoit le ciel dans cet inftant , l’a vu d’une manière diftinéte; & lon ne comprend pas comment elle auroit pu s'y méprendre. D'ailleurs, quelques recherches que j'aie faites en conféquence de lobfervation que ‘je viens de rapporter , je n’ai pu découvrir au deffus de la barre de fer, rien qui annonçat le paf fage du tonnerre. Je crois pourtant y avoir apporté toute l’attention poffible. Ce fait, je le répète, eft fort fingulier. Mais que dira-t-on fi je prouve encore que, par hafard, comme il eft’arrivé à bien d’autres clochers, celui de notre cathédrale eft un véritable conduéteur? Au deffus d’une efpèce de pommeau À huit faces longitudinales , fe trouve une longue verge de fer, qui fert de pivot à la girouette, & qui fe termine en forme de fer de pique. Ce pommeau, placé au bout de la fleche , eft recouvert de plaques de cuivre dans toute fa cir- conférence. Huit bandes du même métal defcendent depuis ce pom- meau le long des angles de la fleche, qui eft couverte de tuiles vernies, au four. Ces bandes vont aboutir à une gouttière horizontale, qui fait tout le tour de la bafe de la fleche, & fe vuide, au moyen de deux tuyaux de métal fort épais, dans deux grands réfervoirs de cuivre, qui font toujours pleins d’eau. Du fond de ces réfervoirs partent deux longs tuyaux de cuivre, qui defcendent du haut en bas, fe réuniflent dans un réfervoir commun , & de [à vont fe rendre dans une pompe à feu, qu'ils rempliffent toutes les fois qu'il pleut. Cette pompe communique par des égouts de métal, avec celui qui verfe Peau de la pluie fur le pavé. ” Je conviendrai volontiers que tout cet appareil ne forme point un paratonnerre fait felon toutes les règles de l'art : cependant il doit fufire, fur-tout lorfquil pleut beaucoup. Dans ce cas il règne de- puis la pointe de la fleche qui foutire le fluide électrique, jufqu’au pavé où fe trouve le réfervoir de ce fluide, uné continuité de matières conduétrices , très- propres à lui donner iflue, & à préferver par conféquent l’edifice. Cela eft fi vrai que, malgré la fituation de ce clocher, qui domine fur toute la ville par fes faces oueft & me s éux DES ScreNces Puvs. DE LAUSANNE. 169 deux points de l'horizon d’où les orages viennent le plus fouvent, rien n’eft pourtant plus rare que de le voir frappé par la foudre: Je me trompe donc très-fort; ou il réfulte de ce qui eft arrivé à notre clocher, que les paratonnerres conftruits & appliqués felon la manière généralement adoptée , ne font pas, ainfi que fe limaginent quelques perfonnes , entièrement infaillibles. Qu'on ne me dife pas que notre clocher nauroit point été frappé, sil avoit eu un meilleur conducteur , ou fi du moins le pivot de la girouette , au lieu de former comme un fer de pique peu acéré & rouillé, s’étoit terminé en une longue pointe fort aiguë & dorée. N’a-t-on M des exemples que, malgré les paratonnerres les mieux faits, la foudre eft tombée fur les édifices qu'ils devoient garantir ? Je ne citerai que celui du ma- gafn de Purfleét, qui donna lieu à des difcuffions fi intéreffantes. Ce magafn avoit un paratonnerre parfaitement bien établi. Cependant la Pidre tomba fur l’un des angles du larmier , à quarante-fix piés de la pointe conduétrice. Heureufement qu’elle y trouva la verge de fer du conduéteur , qu’elle la fuivit , & n’endommagea guère l'édifice. S'il s’étoit trouvé par [à quelque groffe barre de fer comme à notre clocher, & que le coup eut été dirigé de ce côté; cette barre l’auroit fans doute attiré, & le coup auroit peut-être caufé beaucoup de dommage. On ne fauroit douter du pouvoir des pointes dans bien des cas. Mais on fait aufh qu’elles ne font point d’effet fur une mafle dont aucune portion ne fe trouve fur elles, ou immédiatement, ou du moins médiatement par quelque autre nuée. Si donc un nuage qui mauroit pas pafñlé dans la fphère d’aétivité d’un conducteur, alloit fe décharger fpontanément , il eft tout fimple que léclair , quoique venant de loin, pourroit atteindre l'édifice, & le frapper comme sil n’y avoit pas de paratonnerre. Or c’eft probablement ce qui eft arrivé au magafin de Purfleét, & ici au clocher de notre cathédrale. Un nuage venant du fud-oueft, fans avoir pañlé au deflus de la fleche conduétrice du clocher, fe fera déchargé fpontanément , & fera tombé obliquement fur la barre de fer dont j'ai parlé ci - deffus. L'expérience fuivante que j'ai faite il y a quelques années , avec une machine éleétrique très- forte , confirme ce que je viens de dire fur limpuiffance des conduéteurs ordinaires dans certains cas. À l’un des angles de cet appareil, qu'on appelle la maifon du petit tonnerre, je mis une boule métallique un peu élevée, mais moins cependant Tome I, 170 MÉMOIRES DE LA SocIÉTÉ que la pointe qui étoit fur le faîte. Je fufpendis par des cordons de foie un plateau de cuivre, de manière que ni la pointe, ni la boule de cuivre , ne fe trouvèrent immédiatement au deflus ; la boule étant pourtant moins éloignée que la pointe. Alors ayant fortement élec- trifé mon plateau, je vis que la pointe n’eut aucune action fur lui, & quil fe déchargea fur la boule par une forte étincelle. Je ne prétends pas décider la queftion fouvent agitée fur la pré- férence des conduéteurs en pointe ou en boule. 11 me fuffit de faire obferver que le plateau de mon expérience peut repréfenter un nuage ou une malle de nuages fortement éle@trifés ; le pommeau de cuivre, un corps métallique attaché au bâtiment, comme par exemple la barre de fer de notre clocher ; & la pointe, un conduéteur fans effet. Il feroit fans doute fort intéreflant que les Phyficiens qui s'occupent encore de l'électricité vouluffent faire de nouvelles expériences dans la vue de perfectionner les paratonnerres. Ce fujet, dont on s’eft beaucoup occupé, offre encore des difcuffions bien intéreffantes. 11 y a tout lieu de croire qu'il faudroit multiplier les 1ffues fupérieures & inférieures, & environner un édifice de manière qu'un nuage négatif ou poftif ne pût en approcher fans rencontrer du métal. Les iflues fupérieures feroient pour ces tonnerres afcendants caufés par des nuages négatifs, dont on a vu plufieurs exemples cette année : elles conduiroient la matière afcendante dans la mafle des nuages, comme les inférieures conduifent la matière defcendante dans la terre. Au refte les paratonnerres, tels qu’ils font ordinairement, ne laiffent pas de produire fouvent des effets marqués. Je comparerois vo- lontiers leur utilité à celle de l’inoculation de la petite vérole. On a trouvé que la petite vérole naturelle emportoit au moins un ma- lade fur dix, & l’inoculée un au plus fur deux cents; & lon en a conclu, avec raifon, que linoculation étoit une pratique fort avan tageufe au genre humain. On n’a pas encore foumis au calcul l’effet ‘ des paratonnerres ordinaires : maïs on ne fauroit douter que les cas où ils n’ont aucun effet font très- rares; & que ceux dans lefquels ils ont préfervé des édifices font fort communs & ont lieu tous les jours. DES Sciences Puys. DE LAUSANNE. 171 EXPERIENCES FAITES SUR UN MORCEAU DE FER FRAPPÉ DU TONNERRE. La barre de fer qui unifloit les chapiteaux des deux colonnes voifines , n’offroit dans toute fa longueur, ainfi que je l'ai dit au commencement, aucune trace du paflage de la matière éle@trique : mais la portion qui entroit dans la colonne, & qui traverfoit le chapiteau dans toute fa largeur, paroifloit brûlée. En la frappant du bout de ma canne, elle fe rompit en plufieurs morceaux. L'intérieur n’en paroïfloit pas aufli altéré que Pextérieur. J'ai defliné un de ces fragmens ( fig. 2.). Examiné à l'œil nu, il paroïfloit brûlé : fa couleur étoit d’un brun foncé, tirant un peu fur le bleu. On voyoit à fa furface extérieure une couche de rouille, mince en quelques endroits, & aflez épaïffe en d’autres. 11 paroifloit mème que la rouille avoit pénétré dans l’intérieur du fer, à la faveur de quelques pailles , ou fiflures écailleufes; & il y a tout lieu de croire que ce fer étoit pailleux lorfqu'il fut mis en œuvre dans cet ancien bâtiment. Une très-petite force füuffifoit pour rompre ce fer. L'endroit de la fraéture n’étoit point grené, mais écailleux. La maffe même étoit écailleufe & par couches longitudinales plus ou moins épaiffes : les fragmens, mème les plus petits, affeétoient cette forme écailleufe. La première queftion qui fe préfente eft de favoir fi la foudre a dépouillé le fer d’une partie de fon phlogiftique, comme on a lieu de le croire d’après l’infpetion. On fait que l'acide vitriolique ne diflout qu’en partie le fer déphlogiftiqué. Ayant pris quatre grains de fer de St. Hélène, & autant de notre fer foudroyé, je les mis chacun féparément dans un flacon rempli d’acide vitriolique , mêlé avec le fextuple d’eau. Après les avoir bien bouchés pour empècher Paccès de l'air, je les pofai dans une cave très-fraîche. Au bout de vingt-quatre heures , le fer de St. Hélène fut diffous, à l’exception d’une quantité inappréciable , qui fans doute fe feroit difloute à la longue. Le fer foudroyé fut à la vérité aufli diffous; mais il laiffa au fond du flacon un dépôt jaune aflez confidérable. Je ne le féparai pas; car la deffication l’auroit réduit à une quantité inappréciable : Molem expeclata longe minorem, comme le difoit Boerhaave. Je conclus de Y 2 172, MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ cette expérience que notre fer brûlé du tonnerre avoit perdu de fon phlogiftique. | Quelle eft la quantité de phlogiftique dont le tonnerre lavoit rivé? Pour répondre à cette queftion j'ai fait l’obfervation fuivante, fondée fur ce principe, que le métal qui fert à en précipiter un autre, doit contenir affez de phlogiftique pour phlogiftiquer celui qu'on veut précipiter. J'ai donc pris 113 grains de précipité de cuivre, bien édulcoré & bien féché; & l'ai fait diffoudre dans 100 grains d'huile de vitriol, mêlée avec 600 grains d’eau : la diflolution étoit d'un beau bleu, & n’avoit qu'un léger excès d’acide. Afin de faturer cet acide, j'y ajoutai, avec beaucoup de précaution, quelques gouttes de liqueur de nitre fixe. Alors je divifai la liqueur en deux portions: dans lune je mis 20 grains de fer de St. Hélène; dans l’autre 20 grains de fer brûlé par le tonnerre. Au bout de quarante-huit heures, jeus un précipité de cuivre dans chacun des flacons où j'avois mis la liqueur , & que j'avois eu foin de bien boucher. Après avoir féparé les liqueurs qui furnageoient, j'en précipitai le fer au moyen d’une lame d’acier poli. La liqueur qui avoit été fur le fer de St. Hélène, donna un grain & demi de cuivre; celle qui avoit été fur le fer frappé de la foudre, en donna au contraire cinq grains. Or comme 11$ grains de précipité de cuivre contiennent 60 grains & ; de ce métal, & que j'avois partagé la diflolution de ces 11$ grains en deux portions égales, 1l s’enfuit que chaque flacon contenoit 30 grains & : de cuivre. Aïnfi 20 grains de fer de St. Hélène ont précipité 28 grains à de cuivre, qui, avec 1 grain & : refté dans la liqueur, font les 30 grains & ;. Au contraire, 20 grains de fer brûlé par le tonnerre, ont précipité 25. grains & 3 de cuivre, qui, avec les 5 grains reftés dans la liqueur, font aufli les 30 grains & :. Donc, le rapport du phlogiftique du fer pur de St. Hélène au phlogiftique contenu dans le fer brûlé par le tonnerre, eft comme 28 &ià2s &;: c'eft-à-dire que, fi la quantité de phlogiftique du fer pur étoit de 28 & , celle de notre fer brûlé par le tonnerre ne feroit que 25 & 2. On connoît l’analogie qui exifte entre le magnétifme & Péleétricité ; on fait que des barreaux de fer fur lefquels la foudre étoit tombée, fe font trouvés aimantés. En conféquence de ces faits, ttop connus pour que je les rapporte ici; j'ai examiné notre fer, pour “voir s’il avoit acquis quelque vertu magnétique. Jai pris de la limaille de fer, telle qu'on la trouve chez les RL D CNT DES Sciences PHys. DE LAUSANNE. 173 ferruriers ; & au moyen d’un aimant affez foible, j'en ai extrait la portion la plus pure. Notre fer foudroyé , tenu fur cette limaille, n'en a pas attiré le moindre atôme : je l’en ai mème faupoudré; mais toute la limaille tomboit en le fecouant, au point quil n’en reftoit pas la moindre portion. Cependant ce mème fer , approché d’un morceau de fil d’archal un peu fort, fufpendu à un cheveu, lattiroit en quelques endroits & ne l'attiroit point en d’autres. Je n’entrerai pas dans tous les détails de cette diverfité d'attraction. 11 fuffit de faire obferver qu'il y avoit des places qui nétoient point aimantées, & que celles qui l'étoient ne poflédoient pas la vertu magnétique à un bien haut degré. On a vu des aimants affez forts pour attirer à leurs pôles de petits clous, & qui n’auroient pu lever les plus petits atômes de limaille par leur équateur. Après ces expériences, j'ai préfenté notre fer à un barreau aimanté, tournant fur un pivot. L’un de fes bouts 4 B ( fig. 2.), qui fe termi- noit en pointe, approché du pôle fud du barreau, produifit en B un mouvement de -répulfion très-léger ; tandis qu’approché du pôle nord, il lattira. La portion 4 de ce mème bout attira le pôle fud , tandis qu'il repouffa le pôle nord. Comme on fait que les pôles de même nom fe repouffent, il réfulte de cette expérience qu'il y avoit à cette extrèmité de notre fer deux petits pôles; en 4, un pôle nord; & en B, un pôle fud. Le bout oppofé, qui étoit mouffe , attira en CDE le pôle fud, & repoufla le pôle nord: de manière qu'il y avoit là un pôle nord. La partie faillante D, F attiroit’foiblement le pôle fud, fans doute à caufe du voifinage du pôle nord, qui fe trouvoit en C D E. Elle attira de même, & plus fortement, le pôle nord. Ainfi, comme:il y avoit un effet égal fur les deux pôles, on peut croire que cette ortion n’étoit point aimantée : d'autant mieux qu’elle n’attiroit ni la Enaille de fer, ni le fil d’archal fufpendu. Cependant, vers F, il fe trouva une petite pointe qui étoit un foible pôle fud, puifqu'’elle repouffa légèrement ce pôle de mon barreau aimanté. Notre fer foudroyé ayant quatre faces latérales, de figure irré- gulières , très-raboteufes, & couvertes en partie de rouille; je les préfentai fucceffivement aux deux pôles du barreau aimanté. La face qui étoit la plus grande & la plus écailleufe ne fe voit pas dans la figure : elle étoit rouillée , particulièrement à lun de fes 174 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ bords, où il fe trouvoit des portions du mortier qui avoit fervi à lier le barreau au chapiteau de la colonne. Je préfentai diverfes par- ties de cette face au pôle fud du barreau aimanté, & je trouvai que l'attraction augmentoit graduellement du bout mince aw bout épais. La même chofe arriva en préfentant cette face au pôle nord. De plus, ayant préfenté cette face à de la limaille de fer bien pure, elle n'en attira pas la moindre portion; elle n’attira pas non plus la verge de fer fufpendue À un cheveu. Il paroît donc que cette face n’avoit pas été aimantée : & que, fi l'attraction du barreau alloit en aug- mentant du bout mince au bout épais, cela venoit, d’un côté , de ce que lattraétion fe fait en raifon directe des mafles; & de l’autre, de ce qu'il y avoit peut-être un peu plus de déphlogiftication au bout mince & écailleux qu'à l'autre. La face latérale oppofée à celle-ci, & qui, dans notre figure , eft la partie fupérieure À, étoit beaucoup moins raboteufe , un peu plus couverte de rouille, & la moitié moins large. La portion 4BGH vers le bout mince & écailleux attira le pôle fud, auffi bien que le pôle nord; & comme elle n’attiroit point le fil d’archal du côté de la face À, je jugeai qu'elle n’étoit point aimantée. Mais à fix lignes environ, en H G, commençoient plufeurs couches, qui toutes, dans l'étendue d’environ huit lignes, de H en T, repouffèrent le pôle fud. Alors vint une autre couche 1, qui attira ce pôle. Cette même portion préfentée au pôle nord, lattira avec aflez de force. Ainfi toute la portion comprife entre H, G, & I, avoit un pôle fud. En K, com- mençoit une nouvelle couche écailleufe, qui s’'étendoit de Ken EF. Toute cette portion attira le pôle nord, & repouffa le pôle fud : elle formoit donc un pôle fud. Mais la portion comprife entre K & T attira également les deux pôles ; & comme elle ne fit aucun effet fur le fil d’archal, je crois pouvoir en conclure qu’elle n’étoit point aimantée. Il réfulte de ces expériences, que les pôles n’ont changé fur cette furface que lorfqu'il s’eft trouvé de nouvelles couches, la même couche attirant le même pôle dans toute fon étendue; & qu'entre deux couches de divers pôles, il s’en eft trouvé une qui n'étoit point aimantée, La face latérale FIBG, préfentée dans toute fa longueur au pôle fud, le repouffa. La répulfion fut plus forte vers le bout pointu & écalleux B, que vers l'extrémité plate F; de ce côté elle alloit toujours en diminuant, Ce même côté C, préfenté au pole nord, DES ScrENCES PHys. DE LAusaAnxe. 175 l'attiroit au contraire dans toute fa longueur. Ainfi toute cette face étoit aimantée en fud. Quant à la face oppofée, plus large & moins écailleufe , elle re- poufla dans touté fon étendue le pôle fud ; excepté de J'en Æ, partie écailleufe faillante, où le pôle fud fut un peu attiré. Vers l'extrémité moufle, le pôle fud fut attiré avec plus de vivacité. Cette même face , préfentée au pôle nord, fit à peu près l'effet contraire. La portion comprife entre C E MN repoufloit le pôle nord, & tout le refte l’attiroit. Ainfi la portion À H L n’étoit point aimantée ; la portion écailleufe L M l'étoit en fud, & toute la portion ÂNCE l'étoit en nord. De toutes ces expériences il réfulte les faits fuivants. 1°. La matière de la foudre, en paffant par le fer, lui a com- muniqué une vertu magnétique trop foible pour attirer la limaille de fer, mais fufifante pour exercer fon action fur un barreau de fer fufpendu. On connoït depuis longtemps le pouvoir magnétique du tonnerre ; & cette obfervation concourt avec une multitude d’au- tres , pour prouver l’analogie entre la matière éleétrique, la matière de la foudre, & la matière magnétique. 2°. La matière du tonnerre paflant par un morceau de fer écailleux, l’a aimanté de diverfes manières ; tantôt en fud , tantôt en nord. Je viens de dire qu’on avoit obfervé que la foudre aimantoit quelquefois le fer; il n’eft donc point extraordinaire qu’elle ait aufhi aimanté notre barreau: mais ce qu'il y a de très - particulier dans notre cas, c’eft la diverfité du magnétifme. Entre deux écailles, dont l'une étoit aimantée en nord, & l’autre en fud, il s’en trouvoit une moyenne qui ne l’étoit ni en nord ni en fud, & qui peut-être ne l’étoit point du tout. On fait qu'un morceau de fer, appliqué entre deux aimants, acquiert la vertu magnétique. D'où vient donc que cette couche intermédiaire ne l’avoit pas? Ce fait ne peut fe concevoir que par la foibleffe du magnétifme des deux couches latérales. On a vu ci-deflus que le magnétifme de notre fer foudroyé étoit très - foible. Il eft donc pofhble que deux écailles n’aient pu communiquer une vertu magnétique à une troifième intermédiaire. Mais il n’eft point auffi facile de comprendre comment la ma- tière de la foudre , en paffant par le barreau de fer, en a aimanté certaines écailles , & non pas d’autres. Par exemple, en 4 B, en EH G, il y avoit plufieurs écailles dont aucune n’étoit aimantée ; de 176 Mémoires DE LA SocrÉéTé Gen I, il s’en trouvoit plufieurs aimantées en fud; enfüuite en ve- noient quelques - unes qui n’étoient point aimantées; & en X jufqu’en E F fe trouvoit une fuite d’écailles toutes aimantées en nord, Quelle cft la caufe de cette étonnante variété de magnétifme? J'ai dit qu’il ef probable que le fer étoit pailleux lorfqu'il fut mis en œuvre; jai encore fait obferver que la rouille avoit pénétré en plufieurs endroits de ces écailles. Ne pourroit-on pas croire que les écailles non aimantées avoient été aflez altérées par la rouille pour que leurs pores ne puflent être difpofés de manière à devenir magnétiques? Il y auroit à ce fujet une fuite d'expériences curieufes à faire. D'un autre côté, diverfes expériences , dont on doit les premières à M. Francklin, nous ont appris que, felon que le fluide éleétrique pañloit par le fer, il le rendoit magnétique en fud ou en nord. Il paroït que la bout d'une aiguille par lequel entre le fluide élec- trique, fe tourne au nord; & que celui par lequel il fort, fe tourne au fud. La diverfité du magnétifme de notre fer Ant prouveroit, d’après ces expériences , que la matière du tonnerre ne l’a pas tra- verfé en ligne droite, mais en paffant d’écailles en écailles , en divers fens fouvent oppofés les uns aux autres. On ne comprend pas trop comment un torrent de feu électrique , affez ravide & affez abondant pour brûler en partie le fer, a pu être modifié & détourné de cette ma- nière dans fon cours. Si les expériences qu’on a faites fur l’éleétricité & que je viens de rapporter font vraies dans toutes leurs circonftances , il faut qu'il fe foit trouvé dans notre fer quelque caufe puiffante qui ait opéré ces modifications. Je n’ai pu y voir qu'un peu de rouille, qui avoit pénétré dans les pailles. Auroit-elle pu produire cet effet ? J'avouerai qu'il eft difficile de croire qu’elle ait pu oppofer une digue aflez puiffante au torrent fulminant , pour en détourner le cours , & mème pour le faire rebrouffer en fens contraire. L’extrèmité de notre barreau de fer étoit enchaflée, comme je l'ai dit ci- defus, dans le chapiteau de la colonne : de manière que trois de fes côtés étoient dans le grès, & que le quatrième, qui fe trouvoit au deflus, étoit appuyé contre une planche de fapin. La partie du barreau hors du chapiteau n’avoit fouffert aucune altération, & fa pofition ne n'a pas permis de voir sil étoit aimanté ou non. Mais la partie qui fe trouvoit dans le chapiteau fut altéréé de la manière que j'ai dite ci-deflus. Deux circonftances me paroiffent avoir concouru pour produire cet effet, | si a DEs Sciences PHys. DE LaAusANNE. 177 La première , c’eft que le barreau de fer étoit pailleux. 1l eft clair que, toutes ces pailles étant minces & féparées par de la rouille, elles ne pouvoient réfifter à l’aétion décompofante du feu électrique, comme fi elles avoient été réunies en une feule maffe compacte & homogène. . La feconde , c’eft que, le grès de la cathédrale n'étant point életrique par communication, la matière du tonnerre fut concentrée dans l'intérieur du fer, fans pouvoir gliffer fur fa furface. Son action doit donc avoir été plus forte qu’elle ne l’auroit été fans cela; & elle a pu l'être affez pour brûler le fer , & le dépouiller en conféquence d’une partie de fon phlogiftique. 11 eft du moins certain qu’on réuflit mieux à fondre du métal par l’étincelle éleétrique , en le ferrant entre deux morceaux de verre; & que cet effet exige une moindre charge d'électricité. Tome IT, 7 r1 178 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ Te EM a TS RÉSUMÉ GÉNÉRAL ET OBSERVATIONS NOUVELLES Sur l'analyfe des Eaux minérales. Par Mr. STRUVE, ProresseEur EN CuyMi1E, &c. : Lu le 8 Novembre 1783. A développé dans mon premier Mémoire, la manière dont les réactifs agifloient fur les diverfes fubftances que les eaux minérales peuvent contenir. J’ai donné, dans un autre Mémoire, quelques obfer- vations qui m'ont paru néceffaires pour qu'on püût fe procurer des réactifs dont les effets fuffent certains. Celui que je préfente aujour- d’hui contiendra la manière de faire l’analyfe même des eaux miné- rales. Ce füujet, quoique fouvent traité, ne left pas, à beaucoup près, auf complettement quil pourroit l'être & qu’on fe l’imagine com- munément. J'ai donc cru pouvoir encore effayer de fournir une carrière dans laquelle plufieurs habiles chymiftes £ font diftingués. Pour cet effet, je vais donner , non - feulement un réfumé de ce que les auteurs les plus graves ont dit fur les différentes manières d’analyfer les eaux minérales, mais encore tout ce que mes diverfes expériences m'ont fait découvrir & donné lieu d'imaginer. J’ofe me flatter, fans me croire coupable de préfomption, que mon travail pourra mériter l’attention des chymiftes les plus verfés dans la pratique de l’analyfe des eaux. 6. OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. Les eaux minérales contiennent un grand nombre de principes qui quelquefois font de nature contraire. 1] importe donc que le chymiite fache d'avance quelles fubftances peuvent exifter dans les eaux. Cette DES Sciences PHys. DE LAUsANrxe. 179 connoiffance lui fervira comme d’un fil, pour fe diriger dans les expériences qu'il devra faire. Les eaux minérales, en s’infiltrant dans les terres & en ferpentant à leur furface, doivent entraîner avec elles des parties terreufes de différente nature , que leur extrème divifion rend propres à refter fufpendues dans le fluide qui leur fert de véhicule. En effet, il n’eft pas rare de trouver des eaux minérales qui contiennent des molé- cules filiceufes, calcaires , argilleufes; quelquefois mème , quoique rare- ment, du foufre en nature, de la terre de magnéfie, ou de l’ochre de fer réfultant de la décompoftion du fer aéré (a). Indépendamment de ces fubftances, qui ne font que fufpendues comme je lai dit, les eaux en contiennent beaucoup dans un état de véritable diffolution. Celles qu'on y trouve le plus fréquemment font l'air fixe ou acide aérien, l’alcall minéral, le fel de Glauber, le nitre, la chaux, la magnéfie aérée, la chaux vitriolée , la chaux nitrée , le vitriol & le fel de magnéfie , l’alun, le fer aéré, le vitriol de fer plus ou moins phlogiftiqué, la combinaifon de fer à l'acide de fel , le foie de foufre, Ê gas fulfureux , & enfin des matières extrac- tives fournies par la terre limonneufe dans laquelle elles s’infiltrent avant de paroître fous la forme de fources. Le vitriol de cuivre fe trouve affez rarement dans les eaux : il n’y a, pour ainfi dire, que les eaux fouterraines, coulant près des mines de cuivre , qui en contiennent des veftiges plus ou moins confi- dérables. Le fel fédatif ne s’eft trouvé jufqu'ici que dans les eaux du lac de Monrerotondo. L’arfenic eft encore plus rare, quoique les anciens aient cru l'avoir trouvé dans nombre d’eaux. Comme Pair inflammable eft pour Pordinaire le produit de la putréfadtion des végétaux, & ne fe mêle pas aifément avec l’eau ; il ne fe trouve guère dans les eaux minérales , quoiqu'on le rencontre fouvent dans le limon lorfque les eaux coulent fur un terrain marécageux. L’alcali fixe végétal , étant le produit de la décompofition des vé- gétaux, ne s’y trouve non plus qu’accidentellement. 11 en eft de mème (a) L'ochre de fer, refultant de la décompofition du fer aéré, fe trouve quelquefois dans les eaux thermales. M. le Comte de Razoumotwski a fait à ce fujet une obfervation inté- reMante. Il a trouve que les eaux de Locfth en Vallais contiennent du fer aéré, qui, fe décompofant trés - facilement à caufe de la chaleur de l’eau, refte fufpendu en partie par le mouvement inteftin que la chaleur occafionne & enduit d’une couche jaune l’argent qu’on y plonge. 22 180 MÉMOIRES DE LA Soct:ÉTÉ des fels à bafe d’alcali végétal , du tartre vitriolé, & du nitre. Ce dernier cependant fe rencontre plus fouvent que les autres. L’alcali volatil eft le produit d’une décompofition , fur-tout de celle des fubftances animales : il.eft donc naturel qu'on ne l'y rencontre que bien rarement. La terre pefante, la magnéfie, & les combinaifons de ces fubftances, n’ont point été trouvées jufqu’ici dans les eaux. Enfin, comme les acides tendent toujours à fe combiner , il n’eft guère poflible qu’on puiffe les trouver ifolés. À En confidérant ce tableau abrégé des contenus des eaux minérales, on voit que les fubftances qui entrent dans leur compofition s’y trouvent dans deux états bien diftinéts; favoir, dans celui de fuf- penfon, & dans celui de fel ou de diffolution. IL y a peu de chofes à obferver fur les fubftances minérales dans Pérat de fufpenfon. Quant à celui de diffolution, il faut remarquer que les agens par lefquels elle s'opère fe partagent en deux clafles, dont l’une renferme les acides minéraux, & l’autre l'acide aérien. Cette diftinction eft d’autant plus importante, que chaque fubftance réfente des phénomènes différents, felon que l’union s’eft faite par fn ou l’autre de ces agens. C’eft ainfi, par exemple, que les diflo- lutions faites au moyen de l’acide aérien ne font point permanentes: car, dès qu'il s'échappe, les terres & les métaux qu'il tenoit en dif- folution fe féparent ; tandis que les diffolutions opérées par les acides minéraux font permanentes. Après ce préliminaire, dont l'utilité eft fenfible, je vais pañer aux différens moyens que l’on met en ufage pour faire l’analyfe des eaux. / Le premier de ces moyens eft celui des Jens : il fert à découvrir, jufqu’à un certain point, les fubftances contenues dans les eaux. Le fecond eft celui des réaëlifs : il confifte à méler les eaux avec différentes fubftances, à obferver les changemens qui furviennent dans ces fubftances, & à en tirer des conféquences, non fur la quantité, mais fur la nature de leurs contenus. Le troifième moyen eft celui de lanalyfe proprement dite : c’eft par elle qu'on fépare les contenus mêmes, & qu'on en détermine la quantité abfolue & les divers rapports. pes Sciences Puvs. DE LAaAusAnwz. 181 QUIL, EXAMENS PAR LES SENS. L'analyfe des eaux minérales ne doit pas fe faire au hafard. Il faut, autant qu'on le peut, fe former, un plan d'opérations; & ce plan doit être fondé fur les conjettures que les fens DR fournir. Ainfi, avant d’en venir à l’examen par les réactifs, qui précède lanalyfe proprement dite, on cherchera à découvrir par la vue, Po- dorat, ou le goût, quelles peuvent être les fubftances qui fe trouvent dans l’eau qu'on veut analyfer. On appelle cette efpèce d’épreuve, l'examen par les [ens. 1°. L'infpetion de l’eau fournit nombre d'indices , fur - tout en lVexaminant au moment où elle vient d’être puifée, & après lavoir gardée quelque temps. Si leau eft trouble à fa fource, c’eft une preuve que les fubftances qui la rendent telle, s’y trouvent dans un état de fimple fufpenfion. Si, au contraire, elle eft claire; & que, quelque temps après avoir été puifée, elle fe trouble : il faut en inférer qu’elle contient des fubftances diffoutes par l'acide aérien. Si lon appercoit de petites bulles s’élevant du fond du baffin de la fource, & qui s’échappent en pétillant; c’eft une preuve de lexif- tence de lacide aérien , quand même les eaux ne feroient pas d’ail- leurs acidules : telles font, au rapport de M. le Comte de Razou- mowsk:, les eaux thermales du Vallais; & les eaux froides, vitrio- liques - martiales - aérées, du gouvernement d’Aftracan. Mais la marque vifible , la plus certaine, de lacide aérien, c’eft les bulles qui fe forment lorfqu'on agite l’eau, & qui s’échappent avec plus ou moins de bruit. La vue fert aufli à découvrir les contenus mêmes des eaux , du moins de celles qui font aérées. Pour cela il faut obferver les fub{- tances qui s’en féparent, ou les dépôts qu’elles forment aux fources, S1 les fubftances qui s’en féparent font jaunes, c’eft une marque de fer; fi elles font noires, c’en eft une de fer mêlé au foufre. Quant à la couleur des dépôts, la jaune indique auffi la préfence du fer; & rien n’eft plus commun, que de voir des eaux martiales former un dépôt jaune aux endroits où elles coulent. Il n’en eft pas de mème des dépôts noirs, qui indiquent la préfence du fer mêlé au foufre. Ces dépôts fe rencontrent très-peu, parce que les eaux martiales font rarement foufrées, < 182 MÉMoïtïtRESs DE LA SOctrÉTÉ Quant à la couleur de l’eau même, il y a bien des cas où elle ne fauroit fervir d'indication, parce que plufieurs fubftances ne colorent pas l’eau. D'ailleurs l’expérience à montré que le vitriol de mars & celui de cuivre ne fe trouvent guère en aflez grande quantité dans les eaux pour pouvoir les colorer. 2°. L'odorat eft fur-tout utile pour reconnoïtre la préfence du foufre. Dans ce cas les eaux exhalent une odeur de foie de foufre, qui reflemble à celle des œufs pourris. Ce même fens peut encore fervir à confirmer les conjeétures que la vue à fait naître. C’eft ainfi, par exemple, que la vue d’un dépôt noir ayant donné lieu de foupçonner du fer & du foufre, cette conjecture fe trouve confirmée par l'odeur fulfureufe qui s’exhale de ce dépôt lorfqu’on le jette fur un fer rouge. 3°. Le goût peut être très-utile lorfqu'on l’a exercé & rendu fenfible aux moindres nuances. La fineffe de ce fens eft d’autant plus néceffaire que, les fubftances minérales ne fe trouvant jamais dans les eaux qu’en très-petite quantité, elles n’affeétent l'organe que foiblement. On peut acquérir cette fineffe du goût, en favou- rant quelquefois de l’eau dans laquelle on a fait diffoudre , en di- verfes proportions , les différentes fubftances falines que les eaux minérales peuvent contenir. Mais il ne faut pas simaginer qu'on puifle lacquérir en favourant les fels en nature : car limprefion que fait un fel pur & fec fur la langue, eft trop violente pour pouvoir affez bien le diftinguer ; & d’ailleurs les fs ne fe trouvent jamais en cet État dans Îles eaux minérales. Cependant, quelque exercé que foit le fens du goût, il convient de ne pas trop s'y fier : car il arrive fouvent que la faveur d’un fel mafque celle d’un autre ; comme on le voit par l'exemple du fel commun, qui mafque le goût de celui de Glauber. Quoiqu'il en foit, il ne fuffit pas de goûter les eaux à leur fource : 1l faut encore en faire de mème après qu’elles ont été gardées quelque temps. Cette précaution eft fur - tout néceffaire pour les eaux acidules : car ce n’eft qu'après que l'acide aérien s’en eft échappé, que les autres contenus impriment fur la langue une fa- veur fenfible. Il convient aufli d’évaporer les eaux en partie , & de les goûter enfuite : les fels, qui fe trouvent alors en plus grande quantité fous un même volume , doivent néceffairement affecter da- vantage lorgane du goût. DES Scrences Puvs. DE LAUSANNE. 183 Quelques auteurs ont placé la gravité fpécifique au rang des indices fournis par les fens. Mais on conçoit que, par nombre de raifons, ce moyen ne doit fournir que des indices très-équivoques. Cependant il n’eff point inutile de s’affurer , non-feulement de la gravité fpéci- fique d’une eau, mais auffi de fon degré de chaleur, de la nature du local, de celle du dépôt, &c. du moins autant que les fens en donnent le moyen. Tous ces moyens, quelque foibles qu'ils foient en eux-mêmes, peuvent néanmoins fervir à former des conjeétures utiles pour lanalyfe. $. IL _ EXAMEN PAR LES RÉACTIFS. Après avoir examiné les eaux par les fens, & formé en confé- quence des conjectures plus ou moins fondées fur leurs contenus, il faut en venir à l'examen par les réactifs. On fe contente ordinairement de faire une feule fois cet examen; c’eft-à-dire, à la fource même ou chez foi. Je trouve qu'il eft abfolument néceffaire, pour avoir une bonne analyfe, de le faire au moment où l’eau vient d'être puifée , & après qu’elle a féjourné quelques heures à l'air libre. Il ai mème fouvent utile de la’ faire bouillir & de la filtrer auparavant. On fentira la néceflité de ces épreuves répétées, pour peu qu'on connoifle les effets de Pair fixe , & le rôle qu'il joue dans les eaux minérales. Mais il eft une attention bien importante , fur-tout lorfqu’on veut examiner une eau très-peu chargée de parties falines; c’eft de la réduire en un moindre volume par lévaporation. L'expérience a montré que les réactifs même les plus fenfibles , tels que la diffo- lution d’argent & les fels à bafe de terre pefante, ne produifoient aucun effet, lorfque les fels dont ils devoient manifefter la préfence fe trouvoient étendus dans une trop grande quantité d’eau. Or, comme il arrive fouvent qu'une eau, quoiqu’affez chargée de parties falines , ne contienne cependant quelques-uns des fels dont elle eft com- pofée, que dans une très - petite quantité à l'égard des autres ; 1l convient toujours de ne pas fe borner À employer les réactifs fur Veau telle qu'elle vient de la fource ; mais de l’éprouver de nouveau après qu'on laura fait évaporer aux trois quarts. Ces conditions, fans lefquelles on ne fauroit faire en général un » 184 MÉMOIRES DE LA SoctÉTÉ bon examen par les réaétifs, étant pofées; je pañle à la manière particulière dont il faut les employer pour découvrir les divers principes contenus dans les eaux minérales. Je commencerai par les fubftances alcalines ; je pafferai enfuite aux fels neutres, puis aux fels nitreux, & aux fels métalliques; & je terminerai cette partie de mon Mémoire par les gas ou fubftances aériformes, qu'il m'a paru convenable de placer à la fin, par des raifons qu'il feroit inutile d’alléguer. A. SUBSTANCES ALCALINES EN GÉNÉRAL. J'appelle fubftances alcalines, non -feulement les vrais fels alcalis, mais encore toutes les terres alcalines aérées. Pour favoir fi une fubfttance de cette nature fe trouve dans l’eau qu'on veut analyfer , il faut y tremper du papier teint par le fer- nambouc, & Vy laifler quelque temps. Ce papier indique jufqu'à la moindre quantité de fubftances alcalines, en devenant plus ou moins violet. Mais cette fubftance peut sy trouver en plus ou moins grande quantité. Pour favoir donc fi elle y eft dans une quantité fenfible, il faut employer de la mème manière le papier teint par le tournefol & altéré par le vinaigre. Ce papier a la propriété de ne devenir bleu, que lorfque la fubftance alcaline fe trouve en une certaine quantité. 1°. Sel alcali. La faveur indique quelquefois la préfence du fel alcali même dans les eaux acidules, pourvu qu'on les ait auparavant expofées à Pair. Afin de s’affurer d’une manière indubitable de lexiftence de ce fel , il faut tremper dans l’eau du papier teint par la terre-mérite. Ce papier a la propriété de changer de couleur par l’action des fels alcalis , & d’ètre inaltérable par celle des terres alcalines aérées. Le fuccès de cette expérience devient plus für, en fefant chauf- fer l’eau auparavant. Si elle change alors la couleur du papier teint par la terre- mérite ; & fi, en y verfant de la diffolution de fel ammoniac, elle en dégage de lalcali volatil ; on peut être afluré qu'elle contient de l’alcali fixe. 11 faut cependant obferver que, pour DES Sciences Pays. DE LAusAnNxe. 185 pour que le dégagement de lalcali volatil foit plus fenfible, il convient d’évaporer l'eau à moitié avant d'y mêler le fel ammoniac. 2°, Terre alcaline. * L'eau nouvellement puifée, qui change les papiers colorés par le fernambouc & le tournefol, & qui, après avoir bouilli, ne précipite plus l’eau de chaux, & ne produit aucun effet fur ces papiers, con- tient à coup für une terre alcaline. 3°. Mélange de fel alcali & de terre alcaline. Il arrive quelquefois qu'une eau contient en mème temps une terre alcaline & de l’alcali fixe. On commence par chercher le fel alcali, felon la manière indiquée. Enfuite on fait chauffer une certaine quantité de cette eau dans un vafe bien net : fi elle fe trouble, on peut être affuré qu’elle contient , outre lalcali, une terre difloute au moyen de l’air fixe. Il n’eft fans doute pas néceffaire d’avertir que je ne parle ici que des terres difloutes au moyen de l'air fixe, & non de cette terre qui accompagne toujours l'alcali fixe, & qui lui eft inti- mément unie, B. VRAIS SEIS NEUTRES EN GÉNÉRAI. J'entends par vrais [els neutres, les fels compofés d’alcali fixe & d'acide. On a vu, dans le premier Mémoire, que l’alcohol précipite les fels. vitrioliques, tous les vrais fels neutres, & les alcalis fixes. Il peut donc fervir à découvrir ces fubftances dans les eaux. Mais, afin de s’affurer que le précipité occafionné par lalcohol eft un vrai fel neutre, & pour tirer tout le parti poflible de l'effet de ce réactif, il faut filtrer l’eau dès que le précipité s’eft formé; l’expofer enfuite dans une taffe de porcelaine à une légère chaleur ; afin d’en chaffer Pefprit de vin qui y adhère; & goûter le fel reftant. La faveur don- pera, fur la nature de ce fel, des foupcons qui pourront guider le chymifte dans le choix des réactifs qu'il conviendra d’employer. Tome I. : A a 186 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ 1°, Sels vitrioliques en général. Verfez dans votre eau quelques gouttes de diffolution de [el marin ‘a bafe de terre pefante, acidulée. Si Veau contient un fel formé par l'acide vitriolique, cette diffolution fe décompofera ; l'acide vitrio- lique formant du fpath pefant, par fon union avec la terre pefante, l 2°. Sels marins en général. appelle /els marins tous ceux dont l'acide marin forme une des parties conftituantes. Dans ce cas, la diffolution d’argent acidulée donne un précipité très - apparent & indiffoluble par l'acide nitreux. Il prend la forme de flocons, qui s’attachent les uns aux autres comme un caillet blanc, & qui nagent dans la liqueur. Les fels vitrioliques que l'eau peut contenir, précipitent aufli la diffolution d’argent, mais avec des phénomènes dférents D'ailleurs le précipité qui en réfulte eft difloluble par l’acide nitreux étendu dans beaucoup d’eau. 3°. Mélange de [els marins & de [els vitrioliques. Pour s’affurer fi une eau contient à la fois des fels marins & vitrio- liques , il n’y a qu'à y mettre, jufqu’à ce qu'il ne fe forme plus de précipité, du nitre de terre pefante acidulé où de la diffolurion acidulée de terre pefante dans l'acide nitreux. Après que le dépôt de cette eau en aura été féparé, on y verfera aflez d’une d'ffolution d’arcent dans l'acide nitreux, pour quil ne fe forme plus de précipité. Celui qui réfulte de la première opération, indique les fels vitrioliques ; celui qui réfulte de la feconde, indique les fels marins lorfqu’il a les carac- tères énoncés dans l’article précédent. La différence qui fe trouve dans la quantité des deux précipités fait connoître en gros le rapport des deux fels. C. SELS TERREUX. L’alcali fixe aéré précipite la bafe de tous les fels neutres terreux & métalliques. Mais, comme la précipitation ne montre pas fi la bafe . précipitée eft métallique ou terreufe, il convient de faire encore l'épreuve de l’alcali phlogifliqué. S'il ne fe fait alors aucun précipité, DES SCciENCES PHys. DE LAUSANNE 187 on peut être für que celui qui a été l'effet de l’alcali fixe aéré, n’eft autre chofe que de la terre; & que par conféquent l'eau contient un fel terreux. D. TERRE CALCAIRE AÉRÉE. L’acide de fucre, avec l’eau fraîchement puifée, produit un pré- cipité qui contient de la terre calcaire aérée : il n’en produit aucun avec l’eau qu'on a fait bouillir, à moins qu’elle ne contienne en même temps des fels à bafe calcaire. Dans ce cas le dernier pré- cipité eft beaucoup moins copieux que le premier. Il convient donc de faire cette double épreuve. 1°, Sels calcaires. Je nomme /els calcaires les fels à .bafe de terre calcaire. Pour $’aflurer de la préfence de ces fels, il faut faire bouillir Peau , & y verfer quelques gouttes d'acide de fucre. S'il fe forme un précipité, c'eft une marque certaine qu’elle contient un fel à bafe de terre calcaire. 2°. Mélange de terre calcaire aérée & de [els calcaires. Une eau qui contient des fels à bafe de terre calcaire , peut auffi contenir de la terre calcaire aérée. Pour s’en aflurer il faut bouillir de cette eau. S'il s'en fépare alors une terre qui, diffoute dans du vinaigre, fe précipite par l’acide de fucre; on en peut conclure que . Peau contient, outre les fels calcaires, une terre calcaire ifolée ou unie À l'acide aérien. Une pareille eau , fraîchement puifée à fa fource, produira, avec l’acide de fucre, un précipité plus copieux qu'après qu’on l'aura fait bouillir. 3°. Mélange de terre calcaire € de fels à bafe d’autres terres. Verfez dans votre eau dé l'acide de fucre. Si elle contient de la terre calcaire , il s'y forme un précipité. Décantez l’eau qui refte claire après cette précipitation, & mêlez-y de l’alcali fixe oére. S'il #e forme un nouveau précipité, ce fera une preuve qu'’outre la terre calcaire, l’eau contenoit encore un fel À bafe différente de la terre calcaire. Pour connoître la nature de la terre qui fert de bafe à ce A'a % 188 MÉMOIRES DE LA Soc1ÉTÉ fel , il faut employer lacide vitriolique délayé, qui, fi on n’en met-pas ‘trop, forme un fel amer avec la magnéfie, un fel infoluble avec la terre pefante, un fel ftiptique avec la terre d’alun , &c. 1l faut obferver qu'il ne fe fait point d’effervefcence dans cette dernière combinaifon (voyez plus bas l’article ÆAlun. ). 4°. Sel marin à bafe de terre pefante, & terre pefante aérée. L’acide vitriolique a la propriété de précipiter la terre pefante aérée en fpath pefant. Pour favoir fi cette terre fe trouve dans l’état falin, il ny a qu'à chauffer l'eau. S'il fe fait alors également un préci- pité avec l’acide vitriolique, ce fera une preuve que l'eau contient un fel à bafe de terre pefante. Dans le cas où on foupçonne que l’eau contienne à la fois de la terre pefante aérée, & de la mème terre dans l’état vraiment falin; il faut mettre en ufage des moyens analogues à ceux qu’on emploie pour la terre calcaire : c’eft-à- dire qu'il faut faire bouillir l’eau; diffoudre , avec l'acide de fel, la terre qui fe précipite; & voir fi l'acide vitriolique forme de nouveau un précipité. Dans ce cas l’eau contient de la terre pefante aérée. Enfuite mêlez de lacide vitrio- lique avec l’eau bouillie & filtrée : s’il fe forme un précipité, 1l fera dû au fel marin de terre pefante contenu dans l’eau. s. Alun. Le moyen le plus fimple pour découvrir fi une eau contient de l'alun, c’eft d’en faire bouillir dans un vafe de Cuivre bien propre: dans ce cas elle fe colorera en bleu. Lorfque la quantité d’alun eft petite, la couleur bleue n’eft pas fenfible; mais elle fe montre clai- rement en y ajoutant de l’alcali volatil cauftique. Cette manière de découvrir lalun au moyen du cuivre eft fondée fur la propriété de ce fel, d’ètre toujours avec excès d’acide : c’eft cet acide excédent qui attaque le cuivre. Un moyen moins fimple, mais plus fûr & par con- fiquent préférable , c’eft de mettre de l’alcali fixe dans l’eau, de féparer le précipité, & de voir sil fe diflout dans de l’eau faturée d’air fixe: on peut être für alors que ce précipité n’eft pas de la terre d’alun. DpEs Scrences Puys. DE LAUSANNE. 189 E. FER AÉRÉ, où FER DISSOUS AU MOYEN DE L'AIR FIXE. L'eau qui contient du fer aéré, lorfquwelle vient d’être puifée, change de couleur avec P’infufion de noix de galles, & non avec la leffive de bleu de Berlin : maïs après qu'on l’a tenue quelque temps à l'air, le fer s’en précipite; & cette infufon ne fait plus aucun effet fur elle, Lorfquune eau contient, outre le fer aéré, du fel alcali; la couleyr que donne l'infufion de galles approche plus du rouge que du violet (a). F. SES MÉTAILIQUES. Rien n’eft plus propre à manifefter la préfence des fels métal- liques, que la leffive de fang acidulée. Lorfqu'on en verfe dans l’eau après qu'elle a été expofée quelque temps à l'air & filtrée, il s’y forme un précipité, qui eft bleu fi elle contient du fer, brun fi c’eft du cuivre, blanc fi c’eft du zinc. À la rigueur, on pourroit employer l’'aleali fixe en liqueur. Avec le fer, il donne un précipité jaune; avec le cuivre, un précipité vert; & avec le zinc , un précipité blanc: ce dernier précipité, expofé à l'action du feu, devient jaune, & donne un fel dont la faveur eft métallique lorfqu'il eft diflous dans un acide. à 1°. Fer phlogifliqué diffous dans un acide minéral. Le fer dans cet état a la propriété de changer en pourpre & en noir , l’infufion de noix de galles; & en bleu, la leffive de fang : effet qu'il ne laiffe pas de produire, quoiqu'il ait été gardé. Lorfque la couleur de ce mélange n’eft pas décidée ; 1l faut expofer l’eau à Pair pendant quelque temps , la filtrer, & y verfer enfuite de la leffive de bleu de Berlin acidulée : le mélange devient alors bleu. (a) On fera peut-être étonné que je ne parle pas des moyens de reconnoitre le fer diffous dans les eaux fans aucun intermède : mais l'expérience n'a prouvé que le fer ne fe trouve jamais dans cet état dans les eaux; & en voici une des principales preuves : c’eft que toute eau qu'on s'imagine contenir du fer diffous fans aucun intermède, abandonne ce métal de la manière la plus complette dès qu’on y ajoute de l’eau de chaux. Or cela n'arriveroit pas fi le fer n'y étoit pas diffous par l'air fixe, dont l’eau de chaux s'empare, 190 MÉMOIRES DE LA SoctÉTÉ 2”. Fer déphlogifliqué diffous dans un acide, Le fer que contiennent les eaux minérales, quoique diffous par un acide , peut avoir plus ou moins perdu de fon phlogiftique. Un peu déphlogiftiqué , il eft diffoluble par lacide vitriolique : trop déphlo- giftiqué, il ne l’eft plus par cet acide ; mais il l’eft encore par celui de /el. Pour favoir fi le fer qui fe trouve dans l’état falin a perdu de fon phlogiftique , il faut employer Pinfufion de galles & l’alcali phlogiftiqué : dans ce cas l’alcali phlogiftiqué devient bleu; mais l'infufion de galles ne produit aucun effet. Alors on trempe dans l’eau une lame d’acier polie, & on évapore l’eau à moitié. Comme les acides ont plus d’affinité avec le fer phlogiftiqué qu'avec celui qui ne left pas, le fer phlo- giftiqué de la lame remplace le fer déphlogiftiqué : & l'infufion. de galles fe change comme avec les eaux dont il a été queftion dans l'article précédent. Veut-on favoir enfuite quel eft l'acide qui tient le fer en diffolution ? On verfera dans de l’eau de La diffolution de nitre de terre pefante. Si Von obtient un précipité jaune & que l’eau perde fon goût vitriolique , c’'eft une marque que le fer s'y trouve uni à l'acide vitriolique : mais, s’il ne perd pas fon goût, ce fera une preuve que le fer eft uni à l’acide de fel. 11 faut donc, dans cette expérience , filtrer l’eau quelque temps après que le précipité fe fera formé, pour être bien für que lacide aérien qu’elle peut contenir s’eft échappé : le-principal reftera fur le filtre. Alors on y verfe deffus de l'acide de fel. Cet acide diffout le précipité partie à raifon du fer aéré qu'il contient; & d’olivètre qu'il étoit , il de- viendra d’un beau bleu. NX 3". Fer fous deux états dans la même eau. Il eft des eaux qui contiennent en même temps du fer diffous par Pacide aérien, & du fer diffous par l’intermède d’un acide minéral. Voici les phénomènes que préfentent ces eaux. 1°. Expofées à l'air, elles dépofent de l'ochre de fer au bout de peu de temps. 2°. Frai- chement puifées, elles donnent, avec la leffive de bleu de Pruffe, un précipité vert ou olivatre. pes Sciences Puys. DE LAUSANNE. 191 G. CUIrRE. L'eau qui contient du cuivre devient bleue lorfqw'on y verfe quel- ques gouttes d’alcali volatil. Elle donne au contraire un précipité brun , lorfqu'on y verfe de la leflive de fang. H. Zinc. . La lefive de bleu de Pruffe donne un précipité blanc, lorfque l’eau dans laquelle on la verfe contient du zinc (a). Le précipité, étant expofé au feu, devient jaune & blanchit à mefure qu'il fe refroidit. I. ARSENIc. Si lon foupconnoit qu'une eau contint de l’arfenic; il faudroit, pour s’en affurer, y verfer du foie de foufre volatil : il fe précipitéroit en jaune. On pourroit auf employer la diffolution d’or : car , dans une telle eau , l’or fe précipite au bout de quelque temps fous forme métal- lique. La d'ffolution de vitriol de fer donne un précipité noir avec une eau arfénicale. On peut auffi connoître la préfence de l’arfenic en fefant éva- porer l’eau jufqu’à ficcité, & en jetant le réfidu fur des charbons ardens: sil répand une odeur d'ail, c’eft une preuve certaine que l’eau contient de larfenic. ’ K. MAancankss. Pour favoir fi l’eau qu'on veut analyfer contient de la manganèfe, il faut y verfer un peu de diffolution d’alcali fixe. S'il fe fait alors un précipité blanc; & que ce précipité devienne noir, & ne fe dif- folve alors ni par l’acide nitreux n1 par l'acide vitriolique pur : ce féra une preuve que l’eau contient de la manganèfe. L. Forr DE SOUFRE. L’acide nitreux a la propriété de détruire l'odeur des eaux vraiment fulfureufes , & d’en féparer le foufre : l’acide witriolique & l’acide de [el phlogiftiqué augmentent au contraire l'odeur , en même temps qu'ils (a) Dans cette experience, l'acide vitriolique abandonne le fer pour s'unir à la terre pefante du nitre de terre pelante : le fer, écanc indifluluble par l'acide nitreux de ce fel, tombe de fon câté avec le {path pelant qui a été produit, & forme un précipité jaune, 192 MÉMOIRES DE LA SOctrÉTÉ féparent le foufre. Mais il faut obferver que, pour rendre le foufre vifible, il convient de faire l'épreuve fur une quantité confidérable d'eau, & de la laiffer repofer pendant quelque temps. La diffolution de mercure , faite à chaud ou à froid ; les diffolutions de mercure fublimé , de plomb, & d'argent; produifent auffi, avec ces eaux, un précipité qui eft coloré en brun ou en noir. Lorfqu’on le féche, & qu’on le jette fur une pelle chaude dans un endroit obfcur; il brûle avec une flamme bleue , & répand une odeur fulfureufe, M. GAS SULPHUREUX , où GAS HÉPATIQUE. L’acide vitriolique pur & l'acide de fel phlogifliqué n’exaltent ni ne diminuent l’odeur des eaux qui ne contiennent qu'un gas fulfureux; ils ne les troublent pas non plus , ni n’en féparent du foufre. Lorfque les eaux font gazo-fulfureufes , l’acide nitreux & l'acide de [el déphlo- giftiqué féparent, à la vérité, du foufre, mais en très-petite quan- tité ; ils détruifent auffi leur odeur fulfureufe. Les diffolutions de mer- cure, de plomb , & d'argent, ne donnent , avec ces eaux, un précipité coloré, que quand le gas eft très-abondant : mais le précipité qu’on obtient, jeté fur ‘une pelle chaude, ne brûle point avec une flamme bleue. La diffolution de mercure fublimé, & celle de mercure dans l'acide nitreux , faites à chaud, donnent avec ces eaux un précipité blanc. Les chaux d'argent, & même la lune cornée, noirciflent, & font perdre l'odeur. Verfées dans un vafe de cuivre, ces eaux perdent auffi leur odeur au bout d’une minute ou deux. Au refte les eaux dont il eft queftion dans cet article, font plus communes en Suiffe que celles qui contiennent du foie de ioufre : cependant on ne laiffe pas d'en trouver plufieurs qui font vraiment fulfureufes. N. ACIDE AÉRIEN , Où AIR FIXE. Les eaux qui contiennent de l'acide aérien ont la propriété de colorer en rouge la seinture de tournefol. Mais il faut prendre garde de ne pas fe tromper en fefant cette expérience; puifque la tein- ture de tournefol, étendue, dans une aflez orande quantité d’eau, prend un coup d’œil rougeätre, bien différent toutefois de la couleur rouge que produit acide aérien. On peut aufli fe fervir de l’eau de chaux , au moyen de lappareil décrit par M. Bergmann. Mais cet appareil a befoin d’être corrigé. Lorfque Pair fixe eft Énm 7 aturé DES Sciences PHys. DE LAUSANNE. 193 faturé de fer ou d’une terre quelconque, il ne change pas, dit-on, la teinture de tournefol : ce fait mérite d’ètre examiné. On peut avoir été induit en erreur en fefant l’expérience fur des eaux trop peu aérées pour changer l’infufion de tournefol. S'il arrivoit que, dans l’analyfe, on en rencontrat de pareilles; il faudroit s’aflurer de la préfence de Pair fixe, au moyen d’un appareil pour les gas, & de l’eau de chaux. Au refte le goût, qu'on pourroit regarder comme très- propre à reconnoître la préfence de l'air fixe, ne fert d'indice que lorfque Veau en contient une certaine quantité : car il ne faut pas croire qu’une eau qui n’eft pas acidulée, ne contienne point d’acide aérien. Les eaux peuvent être, & font pour l’ordinaire , gafeufes fans être acidules. Alors elles offrent le se fouvent , à l'infpection feule, un caractère non équivoque, & qui leur eft particulier : c’eft de laiffer échapper avec bruit & pétillement, du fond du baflin de leur fource, une quan- tité de petites bulles, qui s'élèvent quelquefois fort haut. Telles font, au rapport de M. le comte de Razoumowski, les eaux thermales du Vallais, & les eaux froides vitrioliques aérées du gouvernement d’'Aftracan. $. IV. DE L’'ANALYSE PROPREMENT DITE: Les moyens que jai donnés jufqu'à préfent ne fervent , comme on la pu voir, qu'à reconnoïtre la nature des fubftances qui entrent dans une eau minérale donnée. Mais cela ne fuffit pas : il faut encore déterminer combien il y entre de chacune de ces fubftances, & quelles en font les quantités refpectives. Il n’y a qu’une manière de parvenir à cette connoiffance : c’eft d’évaporer l’eau. Par ce moyen on extrait les principes les uns après les autres, & on les pèfe chacun fépa- rément. é En jetant un coup d’œil fur la nature des diverfes eaux minérales, on comprendra fans peine qu'il en eft qui contiennent des principes volatils & fugaces, qui s’échappent & fe perdent dans lair à mefure que l’évaporation fe fait; que d’autres contiennent des fubf tances de nature à être décompofées par l’aéte évaporatoire , ou à nuire plus ou moins au développement des autres fubftances; & cote toutes contiennent des principes fixes, immuables , & qui ournifflent un réfidu folide, Tome I. - Bb 194 MÉMOIRES DE LA SOctÉTÉ Je commencera donc ce que j'ai à dire fur l'analyfe, par indiquer les moyens propres à obtenir, examiner, & mefurer les fubftances fugaces. J’indiquerai enfuite la manière de féparer les fubftances qui peuvent nuire au développement des autres. Je terminerai ce que jai à dire fur lanalyfe , par donner les moyens de féparer & d'évaluer toutes les fubftances qui entrent dans la compofition du MERE réfidu fec que les eaux laïffent après leur évaporation. À. SÉPARATION DES PRINCIPES FOLATILS. Les eaux qui contiennent des principes fugaces font les gafo- fulfureufes, les aérées , & les alcalino - volatiles. Voici comment il \ faut procéder à l’analyfe des eaux que Vexamen par les réactifs aura montré appartenir à l’une ou à l'autre de ces trois claffes. 1°. Eau gafo-fulfureufe. Si l'eau eft gafo - fulfureufe, on en prend deux portions. On décompofe le gas de l'une en y verfant de l'acide nitreux. La quantité de foufre obtenue fert à indiquer celle du gas hépatique : car on compte que chaque pouce de gas hépatique contient un quart de grain de foufre. Quant à l’autre portion de l’eau, on la foumet à l'évaporation de la manière qui fera indiquée plus bas. 2°, Eau aëérée. Si l'eau eft aérée, on en prend aufli deux portions. De l'une on dégage l'air felon la méthode de M. Bergmann, & on le mèle avec de l’eau de chaux pour en pouvoir évaluer la quantité. L'autre por- tion , on la foumet à l’évaporation , comme il fera indiqué plus bas. En fuivant à la lettre le procédé de M. Bergmann , l'air fixe fe charge de vapeurs aqueufes ; elles paflent avec lui au travers du mercure , fe condenfent fur fa furface, & abforbent enfuite une partie de cet air. Ajoutez à cela que la partie vuide de la cornue fe rempliffant d'air fixe , il ne pafle pas à travers le mercure, & ne fauroit être évalué. Je préfère donc de faire pafler l'air immédiatement par l'eau de chaux. Une partie de cet air fe précipite, en pañant; & le refte , fi l’on agite l'appareil , fe mêle avec l’eau de chaux, & fe précipite aufh, Ces deux précipitations fe font fous la forme de terre calcaire, pEs Sciences PHys. DE LAUSANNE. 195 qu’on fépare enfüuite au moyen d'un filtre. Or comme on fait la quantité d'air fixe contenu dans la terre calcaire , & fa denfité; on fait par conféquent combien leau contient d'air fixe. Si, par exemple, on obtient 30 grains de terre calcaire , il faut en conclure que leau contient 18 & à de grains d’air fixe ou 32 res pouces cubes, en fup- pofant, avec M. Kirwan, que le pouce d'air fixe pèfe 15 de grains. Mais on n’eft pas toujours à mème d’avoir un appareil pour lair fixe. Dans ce cas on peut procéder de la manière fuivante. Lorfqu'on s'eft affuré, au moyen des réaétifs, que l’eau ne contient point d’alcali fixe; on n'a qu'à la mêler avec le quadruple d’eau de chaux , & filtrer le mêlange. La quantité de terre calcaire obtenue détermine la quantité d’air fixe que contenoit l’eau. Si l’eau eft alca- line, on peut employer le mème moyen : avec cette différence qu'il faut alors faire deux opérations ; l’une fur l’eau à la fource, l’autre fur l'eau bouillie; & fouftraire de la quantité de terre calcaire obtenue dans la première opération, celle qu'on obtient dans la feconde. Par ce moyen on faura exactement quelle eft la quantité de précipité dûe à l'air fixe. _ Il eft vrai que, dans la précipitation avec l’eau de chaux, les terres diffoutes par l'air fixe, & la magnéfie diffoute par un acide minéral, fe précipitent auffi. Mais l’analyfe indique la quantité de ces prin- cipes; &.il eft facile de redreffer l’erreur qu'ils pourroient occafioner dans l'évaluation de la quantité d’air fixe. 3°. Analyfe des eaux alcalino - volatiles. Quant aux eaux qui contiennent de l’alcali volatil, s'il en exifte; voici la manière dont il faut opérer fur elles pour en obtenir ce principe volatil. Mettez dans une cornue une quantité quelconque de votre eau, que vous aurez pefée auparavant. Diftillez-en une petite portion ; comme, par exemple , un trentième, Verfez enfuite de l’acide de [el fur ce produit de la diftiilation , jufqu'à ce qu'il ne faffe plus d’effervefcence. Faites cryftallifer ce mélange; & vous obtiendrez du fel ammoniac, que vous * péferez après l'avoir bien fait fécher. Connoiffant le poids de l'acide qui entre dans une quantité donnée de fel ammoniac, il eft bien clair qu'on connoîtra celui de l'alcali volatil qui étoit contenu dans l’eau. Pour cet effet , il faut retrancher du poids trouvé du fel ammoniaC, Bb 2 196 MÉMOIRES DE LA SocrÉTÉ celui de l'acide qui entre dans fa compofition : ce qui reftera fera celui de Palcali volatil. Je confeille de fuivre dans ce calcul l’évalua- tion de M. Wengel, que je trouve plus jufte que celle de M. Bergmann. AprËs avoir fait fur les eaux gafeufes, gafo- fulfureufes, & alcalino- volatiles, les diverfes expériences que je viens de rapporter; il faut, fi elles contiennent des parties qui puiffent fe décompofer dans l’ana- lyfe ou en altérerles produits, les foumettre, ainfi que toutes les eaux qui font dans ce cas, aux diverfes opérations que je vais rapporter. B. SÉPARATION DES PRINCIPES QUI SE DÉCOMPOSENT PAR L'ÉVAPORATION; OU QUI EMPÉCHENT LA SÉPARATION DES AUTRES PRINCIPES. Ces principes font le foie de foufre & les [els métalliques. L’acide de foufre, dégagé par l’évaporation, fe joint aux fubftances alca- : Lee DA EN > ] ; lines que peut contenir l’eau, & en change la nature; & le métal : d P 2 : , re , CRE qui forme les fels métalliques, fe déphlogiftique, fe fépare de l'acide qui le tenoit en difflolution, & forme de nouvelles combinaifons avec les autres contenus des eaux. Pour éviter ces inconvéniens , il convient . . 2 , de décompofer & le foie de foufre & les fels métalliques; & d’en évaluer la quantité avant de procéder à l’évaporation. 1°. Eau hépatique. Si l’on veut analyfer une eau qui contient du foie de foufre, il faut d’abord y verfer autant d’acide nitreux pur qu'il en faut pour précipiter tout le foufre. Alors on fépare le précipité, & on le pèfe. Cela fait, on traite ces eaux ainfi dégagées par l’évaporation, de la manière indiquée plus bas. 2°.- Eau qui contient un [el métallique. Verfez dans cette eau de la /eflive de [ang acidulée avec un peu d'acide nitreux très-pur. Lorfqu'il ne fe formera plus de précipité, vous pañlerez l’eau par un filtre; & pèferez le précipité, après lavoir fait fécher : fon poids indiquera la quantité du fel métallique. On trouvera dans les tables , à la fin de ce Mémoire ,combien 1l faut de fel métallique pour donner une quantité d.terininée de précipité, pes Scrences, Pnvs. DE Lausanne. 197 Au refte , il convient de fe rappeller ce qui a déjà été dit à l’article des réactifs : c’eft que la couleur du précipité eft différente felon le métal contenu dans le fel métallique. Ainfi le fer donne , avec la leffive de fang, un précipité bleu; le cuivre, un précipité brun ; le zinc, un précipité blanc. Avant de finir cet article de la féparation des principes qui fe décompofent par l’'évaporation , ou qui nuifent à la féparation des autres principes, je dois faire une remarque bien importante :.c’eft qu’il fe forme, dans ces procédés, quelques fels produits par lPunion des moyens employés avec les principes exiftants d’ailleurs dans les eaux. Les fels ainfi produits font du nitre À bafe d’alcali minéral & à bafe terreufe, du cartre viriolé, & du fel digefhf. Mais, comme jufqu’ici on n’a pas trouvé ces fels dans les eaux qui font dans le cas d'être foumifes aux opérations indiquées dans cet article, ils ne peuvent embarrafler l’artifte. Par exemple, fi, après avoir fini l'a- nalyfe d'une eau foufrée, on y a trouvé telle ou telle quantité de nitré; comme ce nitre eft un produit de l’alcali fixe minéral contenu dans l’eau , il faut chercher, dans les tables qui fuivront, combien le nitre contient d’alcali : la quantité trouvée fera celle que l’eau con- tient naturellement. 1l en fèra de mème des autres produits faétices, favoir le tartre vitriolé & le fel digeftif. C. SÉPARATION DES PRINCIPES FIXES ET IMMUABLES. Après s'être afluré de la quantité des principes volatils, & avoir décompofé les fubftances qui pouvoient gêner dans la féparation des principes fixes & immuables ; on pèfe une quantité quelconque d’eau ainfi préparée, & on la met en évaporation. Cette évaporation doit être pouflée jufqu'à ce que l’on obtienne un réfidu fec. On pèfe alors ce réfidu , afin de favoir combien la quantité d’eau qu’on a re en contient, & d'établir en ‘conféquence le rapport des différens principes. On eft affez dans lufage de prendre des vafes de fer pour l'éva- pos Mais ces vafes, quoique commodes à bien des égards, ont inconvénient de donner des parties métalliques étrangères , qu'il faut enfuite évaluer. 1l eft même des eaux, comme les alumineufes, qu'on ne peut évaporer dans aucun métal. Les meilleurs vafes qu’on puiffe employer pour l’évaporation font ceux de verre; & après eux, ceux de porcelaine, 1left vrai que , dans de tels vafes , l’évaporation ne peut 198 MÉMOIRES DE LA SoOCctïÉTÉ fe faire qu'à une chaleur très - douce au bain de fable, & qu’elle fe fait par conféquent fort lentement. Mais on eft'bien dédommagé de cet inconvément par la certitude que de pareils vafes ne fauroient communiquer aux eaux aucune qualité étrangère. Si cependant on étoit dans la néceflité d'employer des vafes de fer , faute d’autres; il faudroit faire abftraction du fer que peut contenir le réfidu. Aïnfi, fi l’eau contient du fer diffous par l'acide aérien ou autrement, on en évalue la quantité au moyen de la leffive de [ang acidulée, qui donne un précipité dont la quantité indique celle du fer. La quantité du fer une fois déterminée, on évapore une _ autre portion d'eau. Comme on fait ce qu’elle contient effetivement de fer, celui qui fe détache du vafe ne rend point l'évaluation fautive ; puifque, comme nous l'avons déjà dit, on fait alors abftraction du fer fourni par le vafe. | DE quelque manière qu’on faffe l’évaporation, le réfidu fec qu’elle donne ne peut être compofé que de /els diffolubles par l’alcohol ; de els infolubles par l’alcohol, mais folubles par l’eau froide; & enfin de fubftances également infolubles par l’alcohol & l’eau froide. La première chofe qu'il convient donc de faire pour la féparation des principes fixes & immuables qui entrent dans les eaux, c’eft de mettre le réfidu de leur évaporation dans de l’alcohol, & de le faire digérer pendant quelques heures à une chaleur douce. Cet alcohol diffoudra tous les fels contenus dans ce réfidu, à l'exception des fels vitrioliques, des vrais fels neutres formés par un acide minéral, &c même des alcalis fixes aérés. On verfe cet efprit de vin dans une phiole pour Panalyfer enfnite, & l’on fait en attendant la féparation des autres principes reftants dans le réfidu & que l’alcohol n’a pu diffoudre. Pour cet effet, après avoir pefé le réfidu , dont l’efprit de vin a extrait tout ce qu'il pouvoit extraire , on y verfe deflus de l’eau froide difillée, & on laifle digérer le tout pendant cinq à fix heures, ayant foin de l’agiter quelquefois. Au bout de ce temps, on verfe dans une phiole l’eau qui furnage , & on en ajoute de la nouvelle fur le mème réfidu, afin de diffoudre les dernières portions folubles qui pourroient y être reftées. Au bout d’une heure ou deux, on filtre les deux folutions, on les mêle enfembles, & on les conferve pour en féparer les principes dont elles ont pu fe charger. Ces principes font tous les véritables fels neutres, & tous les fels vitrioliques, à lexception de la félénite. pEs Scrences Pays. DE LAUSANNE. 199 Pour ce qui eft des principes qui ne peuvent fe diffoudre ni par Veau froide ni par l’alcohol, il eft clair qu'ils fe trouvent dans le réfidu après les digeftions avec ces deux menftrues. 11 faut donc le faire fécher à une douce chaleur, le pefer, & le conferver pour en extraire les principes de la manière indiquée ci-deffous. Ces prin- cipes font différentes terres, la félénite, & le fer qui avoit été tenu en diffolution au moyen-de l'air fixe. Ces diverfes opérations étant faites, il faut féparer les principes contenus dans les deux menftrues avec lefquels on a fait digérer le réfidu de l’évaporation, & ceux que contient le réfidu infoluble par ces deux menftrues. 1”. Séparation des principes contenus dans l’alcohol. On à vu ci-deffus que, de toutes les fubftances contenues dans une eau minérale , l’alcohol ou l’efprit de vin ne diffolvoit que le fel fédatif, les fels marins À bafe terreufe, les nitres À bafe terreufe, l’arfenic, & la matière extraétive, 11 y a trois manières de féparer ces principes. Première manière. 1°, Le [el fédatif. On mêle à l’alcohol le double d’eau diflillée ; on évapore une partie de ce mêlange; on le met enfuite cryftal. lifer ; & on en fépare le fel fédarif, qui s’eft formé en cryftaux. De tous les fels folubles par l'alcohol, il ny a que le fel fédatif qui fe cryftallife. 2. Les els a bafe de terre calcaire. Si Yépreuve par les réa@ifs a montré que l’eau contient un fel À bafe de terre calcaire, il faut en féparer la terre calcaire par le moyen de l'acide de fucre alcalifé. La quantité de chaux fucrée qu'on obrient par cette opération indique celle du fel calcaire contenu dans l'eau. Le nitre ou le fel digeftif, obtenu par cryftailifation ou par précipitation , indique quel étoit l’acide qui tenoit la terre calcaire en diffolution. Pour féparer avec plus d’exac- titude ce nitre ou ce fel digeftif, on peut évaporer la liqueur à ficcité & extraire le réfidu avec de l’efprit de vin. Il refte alors le fel digeftif & le nitre à bafe terreufe, qui font indiffolubles dans lalcohol. Après les avoir féparés, on délaye avec de l’eau difllée Palcohol chargé des autres principes , & on les fépare de la manière indiquée ci-après, 200 MÉMOIRES DE LA Société 3". Les [els à bafe de terre pefante. Si Vexamen par les réadtifs montre que l'eau contient du fel à bafe de terre pefante, on com- mencera par féparer la terre pefante de l’acide de fel; ce qui fe fera par une diffolution de tartre vitriolé ou de fel de Glauber. La quantité du précipité indiquera , à l’aide des tables qui fuivront , la quantité du fel à bafe de terre pefante contenue dans l’eau. Après cela il faut féparer le fel digeftif ou le nitre produit de cette décompofition. Pour cet effet, on opérera comme il vient d’être dit à l’article précédent. . 4°. Les Jels à bafe de magnéfie. Lorfque l’eau contiendra quelques fels à bafe de magnéfie, on prendra la liqueur qui refte après lo- pération précédente, & on y mêlera de l’alcali fixe. La magnélfie fe précipitera; & les cryftaux de fel digeftif ou de nitre, obtenus par la cryftallifation ou par la précipitation au moyen de l’alcohol, montreront à quels acides la magnéfie étoit unie. La quantité de ces fels, ou celle de la magnéfie précipitée , une fois connue; on faura par le calcul, à laide des tables, la quantité de fel À bafe de magnéfe que contient l’eau. s°. L’arfenic. Si l'eau contient de l’arfenic, on verfera du foie de Joufre volatil dans la liqueur précédente. avant de la faire cryftal- lfer. L’arfenic fe féparera alors en s’uniffant au foufre. Après quoi, on féparera le fel digeftif ou le nitre contenu dans la liqueur, ainfi qu'il a été dit ci-deflus. 6°. La matière extractive. La matière extractive eft la dernière chofe qu'il faille féparer de lefprit de vin. On évaporera donc la liqueur reftante après les diverfes opérations ; ce qui reftera au fond du vaifleau fera la matière extractive. On doit obferver qu'on n'obtient pourtant pas la totalité de cette matière ; parce qu’une partie refte unie aux autres fels cryftallifés. On ne l'obtient pas non Far entièrement pure : car elle efk toujours unie à quelques parties alines. Seconde manière. Les fels que alcohol tient en diffolution n'étant, outre l’arfenic & le fel fédatif, que des fels à bafé terreufe; on peut encore parvenir à en évaluer la quantité, en opérant de la manière fuivante. Après avoir ajouté de l’eau difhllée à alcohol chargé des principes qu'il tient en diffolution , & féparé le fel fédatif &l’arfenic de la ou . indiquée DES Sciences PHys DE LAUSANNE. 207 indiquée plus haut; on verfe dans la liqueur une diffolution d'argent aci- dulée , afin de décompofer les fels terreux formés par l'acide de fel. Le précipité obtenu indique la quantité d’acide de fel unie aux terres. On précipite enfuite la liqueur avec un alcali fixe; & l'examen chy- mique de la terre qu'on obtient, indique la nature & la quantité des fels dans la compoñition defquels elle entroit. Si, indépendamment des fels contenant l'acide marin, il s’en trouvoit encore de terreux nitreux ; pour lors la quantité de terre obtenue ne feroit pas proportionnelle à la quantité d’acide de fel indiquée par la diflolution d'argent. Mais, comme tous les fels marins terreux contiennent, à très-peu de chofe près, la mème quantité de terre; on n’auroit qu'à déduire de la terre obtenue, la quantité propre à faturer l'acide marin de la liqueur : le furplus indiqueroit la quantité de terre que l'acide nitreux tenoit en diffolution. Quant à la manière d'examiner la nature des terres obtenues dans ces procédés , & d’évaluer la quantité refpeétive de chacune ; voici ce qu’il faut faire. Il faut d’abord obferver que, quelque cempofé que foit le mélange des diverfes terres, il ne peut contenir que de la terre calcaire , de la magnéfie, & de la terre d’alun. Faites donc diffoudre ce mélange dans de l'acide nitreux : verfez- y enfuite, goutte à goutte, de la diffolution d’alcali fucré. La terre calcaire fe préci- pitera en formant de la chaux fucrée , dont le poids indiquera celui de la terre calcaire. Prenez alors la liqueur reftante, & verfez - y de l’alcali de aéré : les terres de magnéfie & d’alun fe précipiteront. Enfin verfez fur ce précipité de l’eau faturée d’air fixe : la magnéfie fe diffoudra, & la terre d’alun reftera. Troifième manière. Après avoir féparé de l’alcohol, larfenic & le fel fédatif, fglon la première manière; on peut mêler à la liqueur reftante le double d’eau, en précipiter les terres par l’alcali fixe , examiner ces terres de la manière indiquée, & précipiter la liqueur reftante avec une diffolution d'argent : la quantité de précipité indiquera celle de l'acide de fel qui fe trouvoit unie aux terres, Ce procédé n’eft, comme on le voit, que l'inverfe du précédent, Tome I. Ce \ 202 MÉMOIRES DE LA SocrÉéÉTé 2°, Séparation des principes contenus dans l’eau froide dfhllée. Les fels que l’eau froide peut extraire du réfidu de l'évaporation, font lalcali fixe aéré, tous les vrais fels neutres, l’alun, le vitriol de magnéfie , &c. STE 1. L’alcali fixe. 11 n’eft guère poffible d'évaluer au jufte, par la voie de la cryftallifation , la quantité d’alcali fixe minéral contenu dans une eau : car une portion de ce fel fe joint aux autres, & on ne peut l'obtenir fans mèlange. Pefez donc une quantité arbitraire de Jel cathartique amer, mais plus que fuffifante pour faturer l’alcali contenu dans l’eau; diffolvez - le dans le triple d’eau chaude difkllée ; & verfez cette diffolution dans votre eau. Ce mêlange fe troublera; & au bout de cinq ou fix heures, il {e féparera de la terre de magnéfie , provenue de la décompofition du fel amer pe l'alcali de Veau. Or comme l'on peut, à l'aide des tables, évaluer combien il faut d’alcali pour décompofer le fel amer , & combien il donne de terre ; il s'enfuit que la quantité de terre obtenue fervira à dé- terminer la quantité de fel amer décompofé, & enfin combien Veau contient d’alcali. On pourra aufli trouver la quantité de fel de Glauber produite par cette décompofition. On doit avoir égard , dans Panalyfe, à ce furplus de fel de Glauber, & au furplus de fel amer qui n'a pas été décompofé. La méthode qui vient d’ètre indiquée eft la feule qui doive être employée pour une eau alcaline. Pour peu qu’on ait travaillé fur les eaux, On aura eu occafion de voir l’infuffifance de la méthode or- dinaire, 2°, L’alun & le vitriol de magnéfie. Lorfque lalun & le vitriol de magnéfie fe trouvent réunis dans une eau, foit feuls , foit avec d’au- tres fubftances falines ; le plus court moyen d’en évaluer la quantité eft de les décompofer. Pour cet effet, verfez goutte à goutte, dans l'eau, de l’alcali fixe en liqueur, en continuant jufqu'à ce qu'il ne fe fafle plus de précipité. Édulcorez le précipité; &, après l'avoir féché, pefez-le. Enfuite, fur ce précipité (compofé de terre d’alun & de terre de magnéfie}, verfez de l’eau diflllée faturée d’air fixe. La magnéfie fe diffoudra , & la terre d’alun reftera. Le poids de cette dernière , déduit du poids total du précipité, donnera le poids de la terre de magnéfie ; & il fera aifé de voir, au moyen des tables, pes Sciences Puvs.. DE LaAusaAnnx. 203 la quantité d’alun & de vitriol de magnéfie que forment ces terres. Pour continuer l’analyfe , 1l faut féparer le tartre vitriolé formé par ces décompofitions : ce qui fe fait très-facilement-par cryftallifation ; parce que, de tous les fels neutres, le tartre vitriolé eft le moins foluble , & par conféquent celui qui fe cryftallife le plus vite. ® Sile vitriol de magnéfie fe trouvoit uni avec le fel de Glauber, il feroit prefque impoihble de les féparer par cryftallifation, parce que ces deux fels fe cryftallifent prefque en mème temps. Pour lors il faut avoir recours à la décompofition , comme dans le cas ci-deffus. Le poids de la terre précipitée indiquera celui du vitriol de magnéfie, L’alun , uni à d’autres fels, s’évalue auffi par la décompolition. 3°. Le fel de Glauber, le [el commun , & le nitre. 1°. Dans l’eau ‘difbillée avec laquelle on a fait l'extraction du réfidu de lévaporation, verfez de la diffolution de nitre à bafe de terre pefante : il fe fera un pré- cipité ; lequel, étant féparé par le filtre, féché, & pefé, indiquera la quantité de fel de Glauber. 2°. Verfez enfuite dans l’eau qui aura afflé, de la dffolution d'argent : s'il fe forme encore un précipité; il Fe le féparer, le pefer, & par ce moyen on connoîtra la quantité du fel commun contenu dans l’eau. 3”. Si le poids du fel de Glauber & du fel commun , indiqué par ces procédés , n’égaloit point celui du réfidu qui s’étoit diffous dans l’eau froide diftillée ; ce feroit une preuve de la préfence du nitre, & la différence de ces poids indi- queroit fa quantité. .. On ne doit pas craindre que l'addition fucceflive de ces deux réa@ifs ne donne lieu à une complication d’effets qui rende les réfultats infidelles. Car le nitre à bafe de terre pefante, & la diffolution d'argent, ayant le mème acide; il n’eft pas probable qu'il puifle arriver de décompofition , en les employant fucceflivement. L'expérience prouve que la diflolution de nitre d'argent & celle de nitre de terre pefante, ne fe décompofent point quand on les mele enfemble. 3°. Séparation des principes contenus dans le réfidu infoluble par l’alcohol & l’eau froide. Les principes qui entrent dans le réfidu infoluble font la félé- nite , le fer, la poudre filiceufe , la terre d’alun, la terre de ma- gnéfie, la terre de fpath pefant, & la terre calcaire. Voici le procédé que l’on peut fuivre pour analyfer un mélange de toutes ces fubftances. Cc2 204 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ S'il y avoit moins de ces terres unies au fer ou à la félénite , le procédé en feroit plus fimple fans être différent. 1°. La [élénite. Pour féparer la félénite du fer & des terres avec lefquelles elle eft unie, on doit, après avoir pefé le mêlange, le faire bouillir avec $o0 parties d’eau diflillée. La félénite fe difloudra; en filtrant le mêlange, elle pañfera; & il ne reftera fur le filtre que le -fer & les terres. Ce qui fera refté fur le filtre étant féché, & déduit du poids du mélange primitif, indiquera la quantité de félé- nite. Jai effayé de féparer la félénite , en mettant fur un filtre le mêlange qui en contenoit, & en y verfant, à plufieurs reprifes, juf- qu'à 2000 parties d’eau bouillante : il ne m'a pas été pofhble de la diffoudre toute par ce moyen. Au lieu de féparer la félénite de la manière indiquée, on peut verfer de l’acide de [el pur fur le réfidu infoluble. Cet acide diffoudra les terres & le fer, & la félénite reftera, mais jointe à un peu de poudre filiceufe. Pour déterminer la quantité de poudre filiceufe jointe à la félénite, il n’y aura qu'à la faire bouillir dans de l’eau dif- tillée ; ce qui reftera, fera la poudre filiceufe unie à la félénite. 2°. La poudre fiticeufe. Après avoir féparé la félénite, on en vient aux autres principes. Si l’on a fait la féparation felon la première méthode, on prendra la poudre reftée fur le filtre; on la féchera; on la pefera ; & on la jettera dans de l'acide de [el pur. Tout ce que cette poudre peut contenir fe difloudra, à l’exception de la terre filiceufe : la différence des poids indiquera la quantité de cette terre. Si l’on a fait la féparation par le fecond moyen , on tiendra compte de la poudre filiceufe. L’acide de {el employé dans cette opération, contient tous les autres principes, & doit être confervé pour les en féparer. On ne doit pas craindre que le fer, fous l’état où il fe trouve dans le réfidu , n’ait pas confervé aflez de phlogiftique pour être diffoluble dans lacide de fel. L'expérience paouve que cet acide diffout le fer, mème dans le cas où il eft prefque entièrement dé- pourvu de phlogiftique. Quelque méthode qu’on ait employée pour féparer la félénite & la poudre filiceufe, on obtient une diffolution de terre & de fer dans lPacide de fel. 3°. Le fer. Pour féparer le fer qui fe trouve diffous dans lacide de fel, verfez-y de la leflive de [ang acidulée avec de l'acide marin pur :le fer fe précipitera fous la forme de‘bleu de Berlin, 1l fera Æ DES Sciences PHys. DE LAUSANNE. 20$ facile de favoir combien ce bleu contient de fer, en fuivant les évaluations de M. Bergmann ou mes tables. La leffive de fang doit être acidulée, pour éviter la précipitation des fels terreux & pour que celle qu'elle forme réuffifle mieux & fe charge plus complétement . du principe colorant : paradoxe apparent, dont ce n’eft pas ici le lieu de s'occuper. M. Bergmann indique un autre moyen pour évaluer la quantité de fer. Il commence par calciner le réfidu ; il y verfe du vinaigre, qui laiffe le fer calciné fans le diffoudre. Dans cette méthode, la terre filiceufe refte unie au fer; & il eft difficile d’en déterminer la quantité. Après avoir féparé le fer au moyen de la leffive de fang, il reftera une liqueur chargée des différentes terres contenues dans le réfidu, favoir de la terre calcaire, de la terre de magnéfie, & de la terre d’alun. 4. La terre calcaire. Pour féparer la terre calcaire, ajoutez à la liqueur une diffolution d’alcali fucré, que vous verferez goutte à re : par ce moyen, la terre calcaire fe précipitera en chaux ucrée. s. La terre de magnéfie & la terre d’alun. Pour obtenir les deux autres terres que contient la liqueur qui furnage , verfez-y goutte à goutte une dffolution de [el de tartre, jufqu'à ce qu'il ne fe forme plus de précipité. Le précipité fera compofé de terre de magnéfie & de terre d’alun, feules, ou mêlées enfemble. Il faut donc l’édulcorer, le laver , le fécher , & le pefer. Après cela mettez - le dans un grand flacon qui bouche bien, & rempliffez-le d’eau faturée d'air fixe, Cette eau diffoudra la terre de magnéfie, & celle d’alun reftera. Je terminerai ce Mémoire par les tables fuivantes , auxquelles j'ai fouvent renvoyé, & qui doivent fervir à l'évaluation des principes fournis par l’analyfe. Ces tables ne font dans le fonds que des fragmens incomplets , où je n’ai fait entrer que les évaluations de M. Bergmann & celles de M. /enzel. Comme les calculs de ces deux célèbres chymiftes ne font pas exactement les mêmes, je les ai rapprochés, après les avoir réduits au mème terme commun. Je crois qu’on ne s’éloignera pas fenfiblement de la vérité, en prenant, dans les cal- culs qu’on féra, une quantité moyenne entre ces deux évaluations. 206 MÉMOIRES DE LA SoctrÉTÉ For TON A 8 L'E INDIQUANT LE RAPPORT DES PARTIES CONSTITUANTES DES SELS. TEL LS Der ——— © ——— A contiennent ASE » RER EE D —————— d’alcali d'acide d’eau * Tartre Vithiole, felen Berne ç2. .00 0 HU MON RINEENNTE Idem , {elon Wenzel . . . .. Se LS Dies de ete cu IAE Cie 5 Selde Glauber, {elonrBeremenn EME EE 0 ON EEE Idem, felon Werzel . . .. . .. DUO 0 ULTRA NRA INitre: Helbn Beremann NN EN EI PE Os 7 ANUEREREENS Tdenratelon Nen2el en EE PAL NET: Le ÿ Sel digeftif, felon Bergmann . . . . . . .. GE LAN A UE Ep Ne EEE 8 Idem Télon NVienigel, LRU ENL ARS LMGLE Pr ALLER À 33 Sel'commun; felon:Berermanne 4". 0 C2 NL TU ONE Idem, felon Wenzel:. .!. .4 ... ... Sister Ets TE ARE Sélénite, {lon-Bergmann 42/10 terres) 32,7 NAGER Idem , felon Wenzel. . . .. Ma IE PAZ a MONA HSE UAE Sel cathartique amer, felon Bergmann . . . 19 . . . . 33 .. .. 48 Idem, felon Wenzel. . . . . ER en ane RL GI SEL RUN © lAlun , felon Bergemann. . . . . Be alt Dior à MD BL Ua M IS ES EAUT l'en, flan Nenzeli en dt, 709% 41 2: 247.1: RARES INitre calcaire, felon net SRE RE AMEN OC MERE PEL &] Idem, felon Wenzel. ..,...... DRE TS UT LRO CERN ©-\Nitre de magnélie, felon Bergmann . . . . 27 .... 43 .... 30 ? Et nrmitelon: Nyenzekuts hear it mo as eu it OS NT ele @ [Sel marin calcaire, felon Bergmann . . .. 44 . . . . 31 .... 2$ ? Idem, felon Wenzel . . 41... .. MTV a CNT BR : LIN TIRER Sel marin à bafe de magnéfie, felon Bergm. . 41 . . . . 34 . ... 925$ ? Temielon Nenzel Tee Aie Fe MMA AUS FEMME Aie 5) Vitriol de cuivre, felon Bergmann . métal. 26 . . . : 46 . . . . 28 Idem, felon Wenzel . . . . : . . . .. DO à «ts | 32ERES 0. NN Vatriol de fer, felon Bergmann . . . .. MX NE RE CE Deere Le M 2er Idem , felon Wenzel . . . . ... SENTE RPREMER DL ON AE Vitriol de zine, felon Bergmann . . . . .. 201 _ M MAO PHASE) Tdem-Helon NVenzel :,: 1251. Re 29 after SIMBAUN MES ea Chaux fucrée, felon Bergmann . . terre . 46 .. 48 sad 110 Magnéfie fucrée, felon Bergmann . : . . . MERE cie & pau ON Argille fucrée, felon Bergmann : . . . .. 44 , CE: Tartre tartarifé, felon Bergmann . . alcali . 332 “AdAË? 6: M.) Eau 4 Crème de tartre, {elon AR ee 423 0)Atidefatué 43: Acide exc.34. Lune cornée, e, felon Wenzel . j . métal . 75% Acide. 224 Fc , Eau. . 0 7 + J'admets sr part parties d’eau dans c cent parties “de vitriol de fer ;. & jy ai mis un figne d'in= terrogation, parce que Wenzel n’a point déterminé la quantité d’eau de cryftallifation du vitriol, & s’'eft contenté de donner le rapport de l'acide au fer. DES Sciences Pays. DE LAUSANNE. 207 9 mu Ÿ AA BE IATE INDIQUANT LA QUANTITÉ D'EAU DE CRYSTALLISATION QUE CONTIENNENT DIFFÉRENS SELS. TARTRENMENOR 26 ES Me io D. 2 8 $ NAEOR PE ie Le Le Qt anse Ueilie ent jte 6 18 5 SeicammunA eat eat Meta ee Date 6 25 Chaus {nereë à 10e M De de ie dire ) : œ =] : SÉMRRE LOL Von ne ee ne eng . S 33 . à n" 3 Nitre cubique RO Re RCA E ‘A e À Tartrentartantés IRON CN: 7e MR “ 4% © bo e £ |SUCre de Saturne. 4. 5 ee 4e Tr ET > 143 Re ASClERIEE FUN me dette eMusAlien Es 22 Ss 20 un Le = . - E (Se lélanette die Sara Uni) Site: js are É 25 M TO LOLDIEN LOS Ces UN Let et VARIE 2 28 «© 4I ET & À à MhViétiolde me LL UMR TA date, 40 UNSEE . © La S à Box su A RSI Er anLNe sue Eee À Sel cathartique amer. |, , .. .-. E 48 ‘5 40 ., Le ee Eerresalice déftartre st, (8 "MERE Te 6 (4% DH ete ve de ni r Re MUC) OT ° 463 VADTIONVEE A RS RE RME une E 29 2 38 13 POTTER Nr ENS 58 S5é Alcahinnitérale; 2e NOR is URL 13 62% “ A oo ER * Ceft mon évaluation : car M. Wenzel n’en donne point, 208 CENT parties de Alcali végétal complétement aéré , felon Bergmann. Nitre fixe fondu, felon Wenzel . JAlcali du tartre , felon Wenzel . MÉMOIRES PRES NREEREETPNN CRÉENT EE EEE a ———— — D E meme entr ve LA SoctrÉéÉTÉé URL BR: LUE INDIQUANT LA QUANTITÉ D'AIR QUI ENTRE DANS LES SUBSTANCES ALCALINES AÉRÉES. Alcali minéral aéré, felon Bergmann . Terre‘pefante aérée, felon Bergmann Chaux aérée, felon Bergmann Idem, felon Wenzel Magnéfie aérée, felon Wenzel .. . Idem, felon Wenzel . *. contiennent Te CNE CREER 067 NES EEE DE TPRPREAE EE—., . Magnéfie aérée de commerce, felon Bergm. L Magnéfie complétement aérée, felon Bergm. Argille aérée , felon Bergmann \ lcali volatil concret, felon Bergmann. . Idem, {elon Wenzel air fixe. alcah pur. 20; 1 LIUL 148 Ta MODEMS 30 . - 163 MNSeE xs: . 22 Terre pure . NAN: 66 34e nel e 55 433 + + 526 « 32%: MES ET 25, 1048 30 . ha ze - 97 Mi nee 48 Alcali pur . eau. terre. 51132008 EURE Co EURE) 64 624 . _ 8 = II À $ 5 25% $ 30 PR E2 | 127$ ? | TABLE DES Scrences Pays. DE LAUSANNE. 209, | PA BILE INDIQUANT LA QUANTITÉ DE SUBSTANCES ALCALINES NÉCESSAIRE POUR SATURER QUELQUES ACIDES. Selon .. Selon Bergm. .. Wenzel alcali végétal pur . 1278 scrièn TOXE RÉESRT EE ar. rt Er D 2 CENT parties d'acide vitriolique) cl; minéral CNE MENT TR 79 Troie alcalt voltibpueeus tif :: 42 #70 argille pure. 20 o LI . . . L CENT ‘ patties d’acide aérien |magnélie pure . ÉCART exigent chauxipurele Aisne 162 FUUEZT cerre pefante pure . . . . 926 aleali végétal aéré . . . . 200 alcali minéral ain VE - 200 alcali volatil cauftique , retiré] du felammoniacavec 4 par-} 600 CENT parties d'acide de fucre exigent ties de chaux & 3 d’eau. fpath calcaire. . . 122 ou 82 parties d’acide " Ro en faturent 100 de fpath, Tome I, D d 210 Mémoires DE LA SoOoctÉTÉ INDIQUANT LA QUANTITÉ D'ACIDE NÉCESSAIRE POUR SATURER DES SUBSTANCES ALCALINES. Selon .. Selon Bergm. .. Wenel acdeNIftIO lue Ni NL MMA G CENT parties d’alcali minéral facide nitreux , . . . . 1352 +. 167 pur exigent ACIdE MATIN IEEE" 12f . 834 Wacide AMEN MEN. 1080 Le 53 acide vitriolique. ,.-. . . #78; .. 827 CENT parties d’alcali végétal facide nitreux . . . . . . 64 .. 108 pur exigent acide marin® "147700 000 ee ON AS) HEIN f4s acide aéten UPPER az Ni 425 INDIQUANT LA QUANTITÉ DE MÉTAI CONTENUE DANS DIVERS PRÉCIPITÉS. Selon M. Bergmann. CENT parties des métaux fui- vans, diflous dans les acides qui leur font propres, Donnent de précipité avec tes [ubf tances fuivantes : PR ON OR Qt PRES RAS * VAcide vitriolique . . . . 134 MERE. OM Cie) vit oiquE M TN RENTE Plomb tn: SN OM MAMA TIdeNVI EL O QUE ESNCRRTEIAAUT He Alcali phlogiftiqué 500 Fe ORNE AE AICAL ARTE ENT 22 Oe. Alcali cauftique . . . . ïIto let atietie tes © © d°e de Alcali are mat. , |, 10x06: DES Sciences Pmyvs. DE LAUSANNE. 2IT MÉMOIRE Sur une méthode particuliére de cultiver les Pommes de terre. £5 les Raves. FE Par Mr. vaws-BERCHEM, PÈRE. Lu le 13 Décembre 1783. Travaillez, prenez de la peine: C’eft le fonds qui manque le moins. La Fontaine, L.V.EF. IX. De que l’on appelle miner, en Agriculture, a été reconnu jufqu'ici pour le plus für moyen de donner, pour long-temps, à la terre, toute la fertilité dont elle eft fufceptible. Mais ce moyen eft fi difpendieux, que les cultivateurs même les plus entreprenans ne le pratiquent jamais fur un efpace de plufieurs arpens. En réfléchiffant fur la manière la plus économique de miner un pareil efpace , j'ai trouvé que la culture des pommes de terre, telle qu’elle fe pratique en grand, c’eft-à-dire, avec la charrue, y répondoit, du moins en partie ; & que, pour donner à peu de frais, à une certaine étendue de terrain, la façon de miner, ilne falloit que perfectionner cette culture. Je crois avoir atteint ce but par la méthode que je me propofe de faire connoître, & que je pratique depuis trois ans. Mais , avant de Îa décrire, je dirai un mot fur les avantages de la culture en grand des pommes de terres; je dirai comment elle fatisfait en partie à la facon de miner avec le plus d'économie , & ce qui lui manque pour ÿ fatisfaire entièrement. La grande culture des pommes de terre confifte à les planter en fuivant la charrue, & à les recouvrir en formant le fillon fuivant: bien entendu qu'on ait auparavant répandu beaucoup de fumier dans D d 2 212 Mémoires DE LA Soc1ÉTÉ le champ deftiné à cette culture, & qu’il ait reçu un labour profond avant lhiver. Lorfque les plantes font parvenues à une hauteur con- venable , le cultivateur Es ne néglige point de les butter; mais les frais ou le temps que demande cette facon rebutent le cultivateur pauvre, ou la lui rendent impraticable. L'opération de les arracher eft bien plus coûteufe : mais le cultivateur n’y regrette pas fes frais; la récolte de cette racine & la culture profonde que la terre reçoit par ce travail, l'en dédommagent amplement & immédiatement, En effet, le bled, la luzerne, le fainfoin ou l’efparcette, toutes les produétions, profpèrent vifiblement dans un champ qui a été planté en pommes de terre l’année d’auparavant; & la fertilité de ce champ eft aflurée pour long-temps. Le fuccès qui a toujours accom- pagné cette manière de fertilifer les terres, devroit, ce me femble, en- gager le cultivateur à la pratiquer beaucoup plus fouvent qu'il ne fait. Peut-être mème lui feroit-1l facile d'en faire une pratique conf- tante fans rien déranger à fa culture ordinaire; du moins dans les champs non fujets au parcours. Après la récolte des Mars, il donneroit une culture profonde à fon champ ; il y répandroit tout fon fumier deftiné au bled dès le printemps ; auquel il ajouteroit tout le terreau qu'il pourroit fe pro- curer. 1l planteroit enfuite les pommes de terre après la charrue; butteroit Fe plantes, fi fon temps & fes facultés le lui permettoient; enfin il les arracheroit d’affez bonne heure pour y faire fuccéder fes femailles d’hiver : ce feroit remplacer par un grand profit la perte de fon année de jachère. À cela on répondra que l’on arrache tou- jours les pommes de terre après les femailles d'hiver. Cela eft vrai, & doit tre dans la petite culture : mais j'ai vu pratiquer le con- traire dans la grande, fans inconvénient. L’on verra bientôt d’où vient cette différence. Le profond labour à bras que la terre reçoit pour en tirer les pommes de terre, eft une efpèce de facon de miner. L'opération de les butter, s'il eft poflible; la profonde culture avant l'hiver; la grande quantité d’engrais qu'on y emploie ; la néceflité où lon eft fouvent d’émerrer; enfin tous les foins qu'exige cette culture de plus que toutes les autres ; tout cela travaille la terre, en divife les mo- Kécules , la fertilife , & la rapproche beaucoup de l'état où elle eft aprés avoir été minée : & cela fans que le cultivateur ait à faire des avances trop fortes ni trop longues , puifqu’elles font fuivies & payées DES SciENCES PHys. DE LAUSANNE. 213 immédiatement & amplement par le produit, Mais voici ce qui manque à cette culture, pour qu’elle procure, à peu de frais, tous les avan- tages de la facon de miner complettement un grand efpace de terre. S'il y falloit planter des arbres, cette culture ne fuffiroit pas : elle n’eft pas aflez profonde. 11 faut de grands creux profonds; ou, ce qui yaut infiniment mieux , il faut miner le terrain à la manière or- dinaire. D'ailleurs, quoique la luzerne, le fainfoin ou l'efparcette, profpèrent par cette culture, elles profpèrent bien davantage, & elles durent plus long-temps , dans une terre minée. De plus, quoi- qu'on en penfe dans ce pays, j'ai éprouvé que le fumier ne leur convient point : c’eft à l'emploi du fumier que j'attribue l'herbe qui détruit à la fin la luzerne. En un mot, cette culture n’eft pas ee profonde pour produire tous les avantages que donne la façon de miner; & fi elle exige quelquefois d’épierrer , ce n’eft jamais auffi exattement qu'en runant : grandes & petites, toutes les pierres font Ôtées & amoncelées par le mineur. Dans la culture en grand , le produit dédommage amplement des frais : mais ce produit n’eft pas à beaucoup près auffi grand (toutes chofes égales d’ailleurs), que dans la culture en petit; & cela eft naturel. La plupart des cultivateurs n’ont pas le temps ou les moyens de butter une grande plantation; tandis qu'ils n’y manquent jamais lorfqu’elle eft renfermée dans leur potager. Plus on creufe, plus on travaille la terre, plus on farcle, plus on butte la plante ; plus elle produit : comme l’a fait voir M. Engel. “ Le rapport, dit-il, eft toujours en proportion du travail ». Travaillez, prenez de la peine : C’eft le fonds qui manque le moins. Les pommes de terre, dit encore M. Engel, demandent beaucoup d’efpace : on doit les planter au moins à trois pieds de diftance les unes des autres, en tout fens. Et, fi je ne me trompe, il affure qu’en les éloignant encore beaucoup plus, ce ne feroit pas perdre du terrain. Placées ainfi dans un bon fonds, leurs racines s'étendent en proportion & fe chargent de plus grofles pommes. Mais elles de- mandent alors plus de temps pour prendre tout leur accroifflement , que lorfqu’elles font plus ferrées & moins bien travaillées. Et c’eft ici la raifon pourquoi, dans la culture en grand, les pommes de terre müûriflent plus vite & produifent moins, que dans la culture en petit. 214 MÉMOTRES DE LA SOCIÉTÉ JE pafñle maintenant à ma méthode, que lon peut définir : Manière de miner un grand efpace de terre par le culture la plus complette des Pommes de terre & des Raves. Dans le courant de l'été, je commence par un profond labour dans le champ deftiné à la culture des pommes de térre. En automne (2), après tous les travaux de la campagne , mais pendant que la terre eft encore feche; je fais creufer dans ce champ des foffés parallèles, à trois pieds de diftance l’un de l’autre, & dans la direction de fa ente. La profondeur & la largeur de ces foflés dépend de la nature du fol (b). Ici commence l'opération de miner. La terre des foflés eft jetée dans les intervalles. Là, expofée tout l'hiver aux influences de l'air, de la pluie, de la neige, du gel, & de tous les méréores humides, elle fe gonfle, fe brife, fe décompofe , & acquiert peu à peu la difpofition la meilleure & la plus durable à favorifer la végé- tation. Ce temps fera d’autant plus court, que cette terre approchera lus de la marne, ou qu’elle contiendra plus de terre végétale : mais telle qu’elle foit, on peut, dès le printemps fuivant, ÿ planter avec fuccès des pommes de ‘terre. Alors on rejette une partie de cette terre dans les foffés, on y plante les pommes de terre à trois pieds de diftance lune de l’autre ; après quoi on les recouvre de ce qui refte de terre. Si la terre eft encore un peu compaéte, ce qui arrivera cette première année dans les terres fortes; on enterre les pommes de terre peu profondément : maïs il eft avantageux de les enterrer profondément dans les bons terrains, & fur-tout dans les terres légères. Cette méthode de planter les pommes de terre eft très-expéditive : c'eft un avantage qui mérite d’être ‘obfervé. Dans la grande culture ordinaire, de cette racine , comme dans la petite, tous les travaux qu’elle demande fe font au printemps, & fe rencontrent avec la faïfon des Mars, & avec plufieurs occupations effentiellés & indifpenfables: Dans la grande culture, on charie les fumiers, on les étend, on laboure , on plante, on fait tout à la même époque. Elle demande le double de, temps de la culture des Mars. 11 faut deux charrues , fi (a) On choïifit cette époque pour économifer le temps : plutôt les Foffès font creufés, mieux C’elt. On peut en creufer une partie dans les intervalles des travaux @ ‘durant : le temps que le pay{an appellet mal à propos, temps perdu. Cb) Il eft difficile, par la même raifon, de fixer le prix de ces foffes. DEs Sciences Pays. DE LAUSANNE. Z1$ on veut faire ces deux cultures à la fois; & il eft très-dificile de les faire fuccéder lune À l’autre dans une faifon aufli variable que le printemps : car il eft inutile de penfer à planter des pommes de terre dans. un terrain humide. Dans la petite culture, on fait les creux, on charie les fumiers, on plante, & on recouvre, auffi dans le. même temps. J'ai trouvé qu'un bon ouvrier, sil eft feul à cet ou- vrage , peut à peine planter dix toifes quarrées dans un jour : c’eft fans doute une: des raifons qui empêchent la plupart des cultivateurs d'étendre cette culture au-delà de leur potager. L'emploi, & , je puis dire, l'abus qu'ils font du fumier pour cette culture, eft encore une de ces raifons. C’eft donc untrès-grand avantage de ma méthode, de pouvoir faire en automne, & après tous les travaux de la cam- pagne , tout ce qui demande le plus de temps & de peine; &, au moyen de la terre entaflée entre les foffés , d'épargner les fumiers & le temps pour les charier. Le cultivateur qui fe borneroit à la petite culture & ne fe pro- poferoit point de miner fon terrain , feroit donc encore très-bien de fuivre en céci ma méthode. 1l feroit les creux avant l'hiver, jetteroit la: terre au bord; & tout fon ouvrage au printemps fe réduiroit à - rejeter cette terre dans les creux , & à planter. Et, comme ce feroit de la terre de potager, il pourroit être afluré qu’elle furpañleroit de beau- coup en qualité les fumiers qu'il a coutume d’emploier pour cette culture, Revenons à ma méthode. Depuis le temps de la plantation des pommes de terre jufqu’à celui de les butter, il fe paffe plus d’un mois , & quelquefois même jufqu’à fix femaines. Dans cet intervalle, on s’appercoit de la néceflité de les farcler. Cette opération fe fait promptement & facilement dans ma méthode, en paflant entre les rangées. Dans les méthodes ordinaires, il n’eft guère poflible de farcler aufli exaétement , ni auffi promptement : auffi la plupart des cultivateurs s’en difpenfent. Je conviens que, dans ma méthode, il eft indifpenfable de farcler , comme on le verra bientôt : mais ceft juftement un de fes avantages ; puifqu'on éft obligé , ou à y renoncer, ou à faire & à bien faire tout ce qui contribue à la bo- nification de la terre & à l’accroiflement de la plante. Ce n’eft point un avantage de pouvoir être négligent : on ne left jamais impu- nément. Les mauvaifes herbes arrachées, je butte immédiatement après , mais d’une manière fort économique, # 216 MÉMOIRES DE LA SoctrÉTÉ Pour butter un feul arpent de terre à bras, fuivant la méthode ordinaire , il faudroit vingt-cinq journées d’un bon ouvrier , ou une journée de vingt-cinq ouvriers. Que feroit-ce d’un champ de plu- fieurs arpens? Auffi ne butte-t-on conftamment que dans la petite culture. Mes rangées de pommes de terre étant bien débarraffées de mauvaifes herbes, je me fers, pour les butter, de la petite charrue de M. de Châteauvieux , décrite dans le Traité de la culture des terres Juivant les principes de M. Tull, par M. du Hamel du Monceau , 1753, T. IL. p. 380. P. VI. VIL Je Plattelle d’un feul cheval, ou de deux dans les terres fortes & dans la première année. Si l’on fe figure un champ de pommes de terre plantées par rangées, il fera aifé de comprendre le mécanifme & la facilité de l'opération de butter par le moyen de cette charrue. On côtoie d’abord l’une des deux rives du champ, en approchant autant que poflible de la première rangée des pommes de terre , que l’on veut butter, Pendant cette marche, le petit foc aiîlé de la charrue coupe la terre au pied des plantes , & fon verfoir les butte d’un côté. Au bout de la rive, on la place entre la première & la feconde rangée; & l’on butte la remière de l’autre côté : après quoi , on tourne pour butter un des côtés de la feconde rangée ; puis on pañfe entre la feconde & la troifième, pour achever de butter la feconde rangée : & ainfi de füite. Deux hommes, l’un pour tenir les cornes de la charrue, l’autre pour conduire le cheval, buttent de cette manière, fans beaucoup de fatigue , deux arpens dans un jour : ce qui fe fait avec tant de pré- cifion & d’uniformité, qu'il eft impofñlible de limiter par la culture à bras. Indépendamment des avantages qui réfultent de cette uni- formité pour l’accroifflement de la plante, il eft aifé de voir combien elle favorife l'écoulement des eaux. On a vu, dans les années plu- vieufes , les pommes de terre pourrir dans les plantetions. 11 me aroît impoffiple que cela arrive en fuivant ma méthode. Si la faifon É permet , c’eft-à-dire, que la terre ne foit pas trop humide, je fais butter deux fois : dans les années de grande fécherefle , cette feconde facon devient indifpenfable. On fait leffet que produit la terre fraîche autour d’une plante qui languit; & que, plus la terre eft féche, mieux elle fe divife par les labours. Immédiatement après qu'on a butté pour la dernière fois, je fais femer des raves fur une ligne droite, tracée entre les rangées des pommes de terre, Indépendamment du profit d’une double récolte dans ° pes Scrences*Puvs. DE LAUSANNE. 217 dans un mème champ, cette méthode renferme trois autres avantages, Le premier eft l'abondance ; puifqu’on peut aufli appeller cette cul- ture , la grande culture des raves : plantes: non, moins utiles que les pommes de terre , & qu'il étoit bien temps de'tirer des potagers & des chenevières. Le fecond avantage eft une récolte plus aflurée que dans la culture ordinaire. La plante. de la rave eft fort délicate en fortant de terre : le hale ou la fécherefle la détruit fort fouvent. Sa première feuille étant la pâture des infeétes, il eft effentiel d’en häter Paccroiffement : devenue plus grande , ces infeétes l’abandonnent ; mais alors la fécherefle retarde les progrès de la plante. Dans notre cul- ture , les rameaux des pommes de ‘terre couvrent la jeune plante & la préfervent du hàle; &, après qu'on a butté, ils entretiennent la fraîcheur de la terre, du moins aflez long-temps pour les raves. Le troifième avantage eft dans l’épargne du fumier , du terrain , & du temps. Après avoir donné tant de façons & de foins aux pommes de terre, on n’a plus à craindre que les raves manquent par défaut de culture. Enfin, dans cette méthode, l’efpace de trois pieds de largeur, que lon ménage entre les rangées , & que quelques cultivateurs pour- roient encore regretter, eft employé d’une manière doublement utile. Les raves, ainfi femées entre les rangées, n’embarraflent point dans la récolte des pommes de terre : celle-ci fe fait dans la faifon & à la manière accoutumée , de même que célle des raves. Le labour à bras donné pour la récolte des pommes de terre, furpaffe de beaucoup en mérite le premier labour donné avec la charrue l’année d’auparavant. Immédiatement après les deux récoltes, on s’oc- cupe à creufer les foffés pour la plantation de la feconde année. Mais ce n’eft plus à la place des pommes de terre qu’on les creufe: c’'eft à celle des raves, en obfervant que par ce moyen tout le champ foit miné. Il eft effentiel de changer ainfi, d'année en année, la place des foffés, & de continuer cette culture au moins quatre ans de fuite : par où cette terre recevra tout le défrichement & la façon la plus complette que l’on connoiffe dans l’agriculture. Combien cet art , le premier de tous, feroit plus floriflant , fi le cultivateur ne femoit ou ne plantoit que dans une terre ainfi préparée ! LAS Tome I. Fe LA 218 MÉMOIRES DE LA SocitÉTÉ OBSERVATIONS GÉNÉRALES Sur le climat de Laufanne ; €5 Réfultats des obfervations météorologiques faites en cette ville pendant l'efpace de dix ans. Par Mr VERDEIL, Docteur EN MÉDecine, &c, — Lu le 27 Décembre 2783. : ville de Laufanne , fondée felon toutes les apparences par les Gaulois de la Celtique (1), eft fituée au 46° degré 31 minutes & s fecondes de latitude feptentrionale, & au 4° degré 25 minutes & 1$ fecondes de longitude orientale depuis le méridien de Paris. On doit la connoïffance de la pofition géographique de Laufanne aux obfervations faites par les foins de É royale des Sciences de Paris (2), Cette ville fe trouve environ au quart de la hauteur & fur la pente méridionale & occidentale d’une colline, qui fait partie de cette chaîne de montagnes grèfeufes appellée /e Jorat, & qu'il ne faut pas confondre avec la chaîne calcaire du Jura, qui de tout temps a formé les bornes occidentales de la Suifle (3). La colline du Jorat eft élevée d’environ 278 toifes au deflus du niveau du lac, pris en été à Genève. Cette eftimation tient à peu-près le milieu entre celle de M. de Luc & celle de M. Picler. Le premier évalue la hauteur de cette colline à 270 toifes au deflus du mème niveau (4); C1) Mém. critig. pour fervir d’éclairciffemens fur divers points de l'Hifi. ancienne de la Suiffe, par M. Loys de Bochat. T. IL. p. 527. (2) Connoiffance des Temps pour l'année 1784, p. 334. (3) C. J. Cefar. De Bello Gallico. C. II. ; (4) Recherches fur les modifications de l’'athmofphere. T. Il. pag. 221. DES Sciences PHys. DE LAusANNE. 219 & le fecond, à 283 toifes (5). La partie méridionale de cette colline eft baignée par le lac de Genève (6). En cet endroit il eft de deux toifes plus élevé qu'à Genève : ce qui donne une élévation de 190 toifes au deffus du niveau de la Méditerranée ; en fuppofant le lac, à Genève, de 1126 pieds de roi, ou environ 188 toifes, au deffus du même niveau (7). À l’oueft, cette même colline va fe perdre dans la belle & riche vallée particulièrement appelée le Pays-de- Vaud, qui s'élève en amphithéatre depuis le lac de Genève à celui de Neuchatel, & qui eft comprife entre la cnaïîne du Jura & le Jorat. Dans cette pofition , la ville de Laufanne embraffe dans fon enceinte trois collines, coupées par deux ruiffeaux, nommés, l'un le Flon d’o- rient , & l’autre le Flon d’occident, Ces collines font fort inégales en hauteur. Les deux plus élevées fe trouvent au nord & au nord-eft de la ville. En prenant le milieu entre la plus grande hauteur de Lau- fanne, mefurée dans la cour du Château , & la plus petite, prife fur le pont de St. Jean; nous eftimons que fa hauteur moyenne eft de 74 toifes au deffus du niveau du lac à Genève, ou de 262 toifes au deflus de la Méditerranée. Le 26 Juin 1764, M. de Luc mefura la hauteur du premier étage de l’auberge du Lion d’or ; il le trouva de 72 toifes au deflus du niveau du lac, ou de 260 toifes au deflus de celui de la Méditerranée (8 ). Au midi de la ville, à la diftance d'environ une demi - lieue, fe trouve le lac de Genève. 11 forme, dans une étendue d’environ 14 lieues & ?, mefurée en ligne droite depuis une extrémité du lac à l'autre (9), une mafle d’eau qui s'étend de left au fud-oueft, & dont la furface eft évaluée à 26 lieues communes quarrées (9*). De l'autre côté du lac , dont la largeur, vis-à-vis de Laufanne , eft d’envi- ron $65o toifes, ou 2 grandes lieues (16) ; lhorizon eft terminé par k C5) Voyages dans les Alpes , &c. par M. de Saufure. T. I. p. 349 (6) Du temps de Jules-Céfar, le lac de Genève s’appelloit lac Léman. Strabon, Pline, & Lucain, lui donnent le même nom. Mais dans l’Itinéraire publié fous le nom d’Antonin, ouvrage du troifñième ou quatrième fiècle felon les meilleurs critiques, le lac s'appelle lacus Laufone. La carte de Peutinger lui donne le nom de /acus Laufannete ; le Rhône même a porté le nom de la ville de Laufanne, Rhodanus Laufonnenfis.. E"C7) Recherches fur les modifications de lathmofphére, par M. de Luc. T. IL. p. rç6. (8) De Luc, 1. c. p. 221. | C9) De Sauure. 1. c. p. s. (9*) Diéionnaire geographique, hiflorique €ÿ politique de la Suiffe, T. IT. p. 63. (10) Mefure prife fur-la carte de M. Æallet , depuis Ouchi à l'autre côté du lac, entre la Grand-Rive & Maxilli : les lieues font de 20 au degré. , Fe 2 220 MÉmMOïRES DE LA SOGIrÉTÉ la première chaîne calcaire des Alpes & par les immenfes glaciers du Faucipny. Au nord, fe trouve une partie du Pays-de- Vaud : elle eft fort découverte & garnie de petites collines, qui vont aboutir d’un côté au Jura & de-lautre au Jorat. Du fud-eft au nord-eft, la colline du Jorat s'élève d'environ 204 toifes au deffus de la hauteur moyenne de la ville. Touté cette partie eft garnie de forêts plus ou moins épaifles. Au fud-eft , elle va fe terminer à Vevay , aux derniers gradins des Alpes de Gruyères. Plus loin, la partie orientale du lac eft terminée par l'entrée de la vallée du Rhône, formée d’un côté par les montagnes du gouvernement d’Aigle, & de l’autre par celles du Vallais. Les côtés du fud-oueft & de l’oueft font découverts dans une étendue affez confidérable. À l’oueft eft le Pays-de-Vaud & la Côte, qui aboutiflent à la chaîne des monts Jura. Cette chaîne s’é- tend du nord-eft au fud-eft jufqu’au fort la Clufe. Dans fa moindre diftance, prife à Montricher, au pied du mont Tendre, elle eft au plus à quatre lieues , de vingt au degré, mefure prife en ligne droite fur la carte de M. Maller. Au fud - oueft fe trouve l’extrèmité du lac, qui va fe terminer à la ville de Genève, au delà de laquelle nous voyons l’extrèmité du Jura au fort la Clufe, & celle des Alpes vis-à-vis de ce fort. Sur dix années d’obfervations faites à Laufanne, la plus grande élévation du mercure dans le baromètre n’a pas excédé 26 pouces 11 lignes (11 ) : elle n’a pas non plus été au deffous de 2$ pouces 2 lignes & demie : fa hauteur moyenne, calculée fur ces dix années, eft de 26 pouces 3 lignes & . Les variations de cet inftrument fe font dans un efpace de 20 lignes. C’eft en Mai, Juin, Juillet, Août, & Septembre, qu'il sé lève le plus & qu'il s’abaiffe le moins. Ses variations , en Août, ne font, année moyenne, que de 4 lignes & ;. En Janvier, il eft en général le plus bas ; & c’eft le mois de toute l’année où fes variations font les plus grandes, puifqu’elles font d'environ un pouce , année moyenne. Après le mois de Janvier, les plus grandes variations s’obfervent en Mars : il s’agit toujours de l’année moyenne. C’eft auffi le mois de l’année où les variations font les plus fréquentes & les plus foudaines. Dans ce mois, auffi bien que dans celui d'Avril, les prognoftics tirés des baromètres font fort incertains. (11) Voyez les tables ci-après. pEs Scrences Pays. DE LaAusANN#. 221 La température moyenne de Laufanne , calculée fur la même période d’obfervations , eft de 7 ? degrés du thermomètre de Réaumur. La plus grande chaleur moyenne y eft de 24 % degrés, & la moindre chaleur moyenne de 11 degrés au deffous du point de la congélation. Ainfi la plus grande chaleur moyenne furpaffe la température moyenne de 174 degrés, & le plus grand froid moyen la furpafle de 3 5 degrés. Les plus grandes chaleurs ont lieu en Juin, Juillet, & Août. C’eft en Juin qu'on éprouve les plus vives chaleurs : en 1764, le thermomètre étoit monté à 28 degrés; année moyenne, la plus grande chaleur eft dans ce mois de 23 # degrés ; tandis qu’en Juillet elle eft de ;: de degrés moins forte; & en Août, d’un demi-degré. Mais, à tout prendre, le mois d’Août eft le plus chaud ; après lui, c’eft celui de Juillet, & enfuite celui de Juin. Cependant la différence de la chaleur moyenne de ces trois mois eft bien petite : année moyenne, celui d’Août n’eft que d’un dixième de degré plus-chaud que celui de Juillet , & celui-ci de quatre dixièmes plus que celui de Juin; de forte que, année commune , la chaleur moyenne de l’un de ces trois mois ne diffère pas d’un demi-degré de celle de l'autre. À compter de ces trois mois, ceux qui précèdent & qui fuivent à égale diftance, font de température femblable : Mai & Septembre, Avril & Octobre, Mars & Novembre, Février & Décembre, ont à peu près la même température. La première neige fe voit au milieu du mois d'Oëtobre, mais rarement; & elle fond en tombant. Elle fond même dans ce mois fur les plus hautes montagnes. 11 arrive quelquefois qu’à la mi-Août ou à lafin, il tombe un peu de neige fur la première chaîne des Alpes , & qu’elle y refte quelques jours. Ordinairement la neige ne prend pied fur les Alpes qu’à la fin d’Oétobre ou au commencement de Novembre. Les premières montagnes fe découvrent en Avril. Les gelées blanches fe voient au milieu d'Oétobre; mais elles ne font pas fréquentes. On en voit quelquefois en Août fur la colline du Jorat. Au bord du lac elles ne paroiïffent guère avant la mi- Novembre. Le gel commence au plutôt vers la fin d'Oétobre. Ordinairement c'eft au milieu, & mème à la fin de Novembre, que l’on voit les premiers glaçons. De dix années il y en a eu fept confécutives où il n’a pas gelé en Otobre, & deux où il n’a gelé qu'une fois. Les dernières gelées ont lieu en Avril. Il eft plus ordinaire de voir geler dans ce mois que dans celui d'Octobre ; mais le gel d’Oétobre 222. MÉMOIRES DE LA SoctÉTÉ cft un peu plus fort que celui d'Avril, du moins felon les degrés de condenfation marqués par le thermomètre. 11 fait, en O&@obre, . des jours plus chauds qu’en Avril. Cependant la température moyenne de ces deux mois eft à peu près la même. Le mois le plus froid de l’année eft celui de Janvier. Pendant notre période de dix ans, il n’eft pas arrivé une feule fois dans ce mois que le thermomètre ait été au tempéré ; tandis qu'en Dé- cembre il eft allé au 11° degré, & en Février au 13 3. Le plus grand froid de Janvier, année moyenne , eft d'environ 9 degrés au deffous du point de la congélation. C’eft le feul mois de l’année où le moindre degré moyen de chaleur furpafñle le plus grand degré moyen de chia- leur : excédent eft d'environ trois degrés. Les vents dominans à Laufanne font ceux du nord-eft & du fud-oueft; parce que ce font les deux vents auxquels la fituation de la vallée lexpefe le plus. Celui du nord-eft eft plus fréquent que lautre, & c’eft pendant Phiver qu'il règne le plus. 1l domine auffi en automne, felon le réfultat de nos obfervations. Au prin- temps, il a dominé pendant les mois de Mars & de Mai. En Avril, il n'a pas régné plus que celui du fud-oueft. Mais en été, c’eft le vent du fud-oueft qui domine fur celui du nord-eft. Selon nos obfervations , il a dominé fept fois en Juin, huit fois en Juillet, fept fois en Août, & cinq fois en Septembre. Au refte il faut ob- ferver que, dans cette faifon, lorfque le temps eft au beau, le vent vient ordinairement du fud-oueft pendant le jour, & du nord -eft pendant la nuit : cette efpèce de flux & reflux de Pair eft ce qui nous affure le plus la durée du beau. Après les vents du nord-eft & du füd-oueft, les plus communs font ceux de loueft, du nord-oueft, & du nord : cependant ils ne fe foutiennent jamais affez pour do- miner pendant l’efpace d’un mois. Les vents ont plus où moins de force felon les points de Phorizon d’où ils foufflent : ce qui eft encore une fuite de la pofition de notre vallée. Celui du fud-oueft pafle fur le fort de la Clufe, entre lex- trèmité de la chaîne ‘des Alpes & celle du Jura. C’eft le plus fort de tous : il agite les eaux du lac à une plus grande profondeur que les autres; c’eft celui qui caufe ici les ouragans; fouvent il forme des ourbillons plus où moins rapides. Après le vent du fud-oueft, celui du nord-eft eft le plus fort. En général fon impétuofité ne le cède guère à celle du fud-oueft; mais il eft rare qu'il foufile en tour- Des Sciences Pays. DE LAUSANNE. 223 billons , & plus rare encore quil occafionne ici des ouragans. La force des autres vents diminue de plus en plus felon l’ordre fuivant : nord - oueft, nord, eft, fud-eft, & enfin fud; il eft infiniment rare que ce dernier ait une certaine force. ñ … Quant aux qualités des vents, celui du nord -eft, le plus fréquent de tous, eft ordinairement le moins chaud & le plus fec. Comme il traverfe de vaftes continens avant de parvenir jufqu'à nous, il fe dépouille, chemin fefant, de fon humidité : ce qui non - feulement le rend fec, mais-encore moins chaud. On comprend qu'en été il doit amener le beau temps & la féchereffle, & en hiver le beau temps & le froid. Le vent du fud-oueft eft ordinairement humide & plu- vieux. Comme il nous vient de très-vaftes mers , il fe charge de beaucoup de particules aqueufes , & apporte une grande quantité de nuages, qui fe condenfent à mefure qu'ils parviennent à des latitudes moins chaudes. Obfervons en paffant que c’eft dans cette qualité du vent de fud-oueft, qu'il faut chercher les caufes qui le rendent fort & orageux. Les vents de l’oueft & du fud participent des qua- lités humides de celui du fud-oueft. Celui de l’oueft amène plus fouvent la pluie que celui du fud, & même que tous les autres. Mais le vent du fudeft rarement bien chaud ; & il n’a rien de ces mauvaifes qua- lités qu’on lui remarque en Italie , & même dans le Vallais. Seroit-ce aux énormes mafles de montagnes & de glaces par deflus lefquelles il pafle pour arriver jufqu’à nous, que nous ferions redevables de cet avantage? Le vent du nord-oueft eft ordinairement froid & accompagné d’un ciel couvert : il eft le plus défagréable de tous nos vents. Enfin celui du nord, très- froid en hiver, prefque toujours frais en été, eft bien rarement humide.Les autres vents font doux & calmes, & n’ont d’ailleurs aucune qualité qui mérite d’être remarquée. Il tombe ici, année commune, plus d’eau que dans la plupart des pays tempérés : cependant le nombre des jours où il pleut n’y eft pas plus grand. La quantité d’eau vient de ce que les pluies, fans être de longue durée, font fortes & verfent par conféquent beaucoup d’eau. C’eft en automne & au printemps qu'il pleut le plus. Depuis plufieurs années, les automnes font belles & les printemps très- pluvieux. Du refte l'humidité de ce pays eft moyenne , année com- mune. Il eft très-rare qu'il y ait des fécherefles extrêmes : mais quelquefois Phumidité eft très- grande , fur-tout en automne. Dans cette faifon on voit fouvent des brouillards fort épais, qui s'élèvent 224 MéÉmotRres DE LA SoctréTÉ du lac : ils commencent ordinairement en Oétobre. On en voit auffi au printemps ; mais ils ne font pas, à beaucoup près, auffi communs qu’en automne. Dans toutes les faifons nos brouillards ne font jamais que de l’eau pure. S'il leur arrive d’avoir une mauvaife odeur, elle n'eft accompagnée d’aucune qualité nuifible. 11 n’y a point d’exemple qu'ils aient produit quelque effet extraordinaire, ou qu'ils aient donné naïffance à des maladies épidémiques. Nos maladies d’automne font celles qu'on rencontre dans tous les climats tempérés. On comprend que, fous un ciel tel que celui dont nous venons d’efquiffer le tableau, & fur un fol fertile , les produétions de la terre doivent être bonnes, favoureufes , & affez hatives. Près de Laufanne, le froment épie &c fleurit au commencement de Juin, & on le fcieau milieu de Juillet. Le feigle monte en tuyaux en Avril, épie à la fin du même mois ou au commencement de Mai, fleurit à la fin de Mai, & on le coupe à la fin de Juillet. Les avoines épient au milieu de Juin, & on les coupe immédiatement après les bleds à la fin de Juillet. La vigne commence à pouffer & à pleurer à la fin de Février ; elle eft en ‘pleine fleur au milieu de Juin, & on vendange ordinairement au commencement d'Oétobre. Les prés verdiffent à la fin de Février ou au commencement de Mars; on en coupe lherbe les premiers jours de Juin, & le regain à la mi-Août. Au refte, il faut remarquer que, dans les environs de Laufanne , un endroit diffère fi fort de l’autre, qu'ils femblent être éloignés de plufieurs degrés en latitude. Toutes les récoltes fe font environ quinze jours plutôt au pied de la colline que fur fon fommet. Au bord du lac, à Cour, les lauriers croiffent en plein air; les melons , les figues, y mürifflent vite & parfaitement ; les ananas mème y viennent dans des ferres ordinaires, qu’on ne chauffe jamais. Au haut de la colline, il vient à peine quelques noix: tous les figuiers y périffent; les pêches en plein vent ne parviennent jamais à leur maturité; il ny a que les pommiers & les poiriers dont les fruits puiffent mürir. Pour ce qui eft du climat de Laufanne par rapport à la fanté, il paroît qu'en général on doit le regarder comme fain. À toute heure du jour & de la nuiton peut s’expofer au grand air fans en avoir à craindre aucune dangereufe influence. On n’y connoïît aticune maladie endémique. II eft très-rare que celles qui règnent épidémiquement aient un caractère malin. L'auteur de /’Avis au peuple , en traitant des maladies qui font les plus communes , a fait le tableau de celles que nous voyons ordinairement ici. Beaucoup x DES Sciences Pnys. DE LAUSANNE. 225$ Beaucoup de gens fe plaignent ici de l’inconftance du temps, & la regardent comme une caufe de maladie particuhère à notre pays. Nous. ferons à cet égard la mème obfervation que M. de Sauflure a faite pour le climat de Genève. C’eft que cette plainte eft Ji gené- rale dans tous les pays fitués au deffus du 43 ou du 44 degré de latitude, qu’il ne paroit pas qu’il ÿ ait la rien de particulier a notre pays (12). Quant aux maladies que les fréquentes variations de Pair peuvent occafionner, nous avons tout lieu de croire qu’on attribue ordinairement à cette caufe des maux qui en ont une bien différente. Depuis dix ans environ que nous pratiquons la médecine à Laufanne, nous avons noté avec aflez d’exactirude les conftiturions de l'air qui ont précédé les diverfes épidémies. Nous pouvons affurer que nous n’en avons pas vu une feule qui pût être attribuée à la fréquence des variations de l'air, Il eft vrai que de fubites variations peuvent, dans des circonftances particulières, occafionner quelques accidens. Mais nous ne faurions concevoir comment elles pourroient produire une épidémie générale : car, fi l'une des variations difpofe Pair à pro- duire une maladie épidémique quelconque, celle qui lui fuccède doit la détruire bientôt. Ainfi, loin que ces alternatives de températures, dont les effets fe détruifent mutuellement, puiffent produire des mala- dies épidémiques ; nous croyons au contraire que rien n’eft plus propre à les empécher & à rendre l'air fain. Il en eft de même des effets immédiats de la variation de l'air fur la machine animale. Un rand médecin Anglois, qui a beaucoup obfervé les conftitutions de Pair & les maladies, a dit : La où la température de l’air eft changeante, il peut arriver qu'aujourd'hui un vent du nord, fec & froid, contraîle trop les fibres; mais demain , peut-étre, un vent humide du fud les relâchera exceffivement : ce qui entretient une forte d’équilibre , en quoi confifle la fanté; fur-tout fi quelqu'un fe garde bien de ces change- ments fubits (13). On dit aufli que les maladies bilieufes font très- fréquentes dans ce pays. Il faut avouer que cette plainte n’eft pas deftituée de tout fondement. Mais, comme il paroït que, depuis plufieurs années, le caratère bilieux eft celui de la plupart des épidémies qui règnent …612):Voyage dans les Alpes, Etc. Tape TT b 4 (13) Æuxhami. Op. Phyfico - medica. cur. KeicheL'T. TX. p. 34. Tome I. EE 226 MÉMOIRES DE -LA SoOciÉTÉ en Europe, nous croyons qu'il n’y a rien là qui foit particulier à notre climat. M. Tiffot a fait, en 1766 , un relevé des régiftres mortuaires. Il a trouvé que, dans lefpace de cinquante- fix ans, il étoit mort à Laufanne 11119 perfonnes. Le terme moyen de la mortalité y feroit donc de 198 4. Or comme, felon le dernier dénombrement , Laufanne contenoit 7230 habitans; il en réfultoit qu'il y mouroit, par an, quinze perfonnes de moins quil n’en devroit mourir d’après les obfervations faites fur les régiftres mortuaires des grandes villes, & que la vie moyenne s'y trouve d'un quatorzième plus longue (14). Depuis le calcul de M. Tiffor, les chofes femblent avoir changé. Dans les dix-fept années qui fe font écoulées depuis, il eft mort 3902 perfonnes. En fefant le calcul {ur cette période de 17 années, le terme moyen de la mortalité feroit aujourd’hui de 229 3, c’eft- à-dire de 31 perfonnes plus grand qu'il ne l’'étoit en 1766. Mais fi le terme moyen de la mortalité eft plus confidérable aujourd’hui , il n’en faut pas conclure que le climat de Laufanne foit devenu moins fain. Cette augmentation vient de ce que la population seft fort accrue dans cette ville. D’ailleurs, dans ces 17 années, fe trouve celle de 1766, dans laquelle il mourut 360 perfonnes. Il règnoit alors tne épidémie fort meurtrière, dont M. Tiffot a écrit l’hiftoire (15). En omettant donc cette année, le nombre des morts, pendant feize ans , feroit de 3542 perfonnes; & par conféquent le terme moyen de la mortalité feroit de 221 à, année commune. Les obfervations météorologiques dont nous allons donner les réful. tats , ont été faites avec beaucoup d’exaétitude par un gentilhomme de ce pays, élève , comme nous , des célèbres Bernoulli. Son baromètre étoit fait d’un tube fimple, bien calibré , d'environ quatre lignes de diamètre : ce tube étoit rempli de mercure, diftillé du cinabre ; il avoit été purgé d’air par l’ébullition , & trempoit dans un vafe d’un pouce & demi de diamètre. Le tout étoit fixé fur une planche de noyer fort épaiffe. La ligne de niveau avoit été prife avec beaucoup de foin depuis la furface (14) Seconde Lettre à A1. Zimmerman fur l'épidémie de 1766. p. 3. & foiv.. (15) Seconde Lettre à M. Zimmerman, fur l'épidémie de 1766, par M. Tiffot, &c: Laufanne 1766, DES Sciences Puys. DE Lausanxe. 227 du mercure dans le vafe. Nous eftimons que cet inftrument étoit fufpendu à la hauteur d'environ 75 toifes au deffus du niveau du lac pris à Ouchi. Quant au thermomètre , il étoit à l'efprit de vin, & gradué felon l'échelle de M. de Réaumur. Il étoit attaché hors d'une fenêtre qui donnoit au nord fur un jardin. Les obfervations ont été faites quatre fois par jour; deux fois dans la matinée , & deux fois dans l’après-midi. Nous avons adopté, pour le calcul des täbles, la méthode propofée par le P. Corte, & approuvée par la Société royale de Médecine de Paris (16). Les hauteurs du baromètre font marquées en pouces, lignes, & dou- zièmes de lignes ; & les degrés du thermomètre en deorés & dixièmes de degrés. (16) Voyez Méthode que l'on peut fuivre dans la rédaëtion des obfervations météorolog. pour établir la température moyenne de chaque mois €ÿ de chaque année, €ÿc. publice par la Societe royale de Médecine. Paris 1781. 228 M £ mrozsrèr æés DE La; -S-0 CE ÉST Cl (éme =— ff") ANNÉE 1763. T'oNUrvReS UD" E A ! =— = —— ; ; ai ES Pis Moindre À Elévation Mors Plus grande Moindre giantle … |elévation. | moyenne. élévation. élévation. élévation. Pout. Lig. | Pouc.Lig. | louc.Lig Jabber). CAIN MENU 1420 Sandi el » 26.4. o | 25. 10.0 | 26. o. 10 Février ..\170x8 19 . … 13 CE TE 26. 2, Oo :| 25. 7.6 | 25-4712 MOIS NOR LIU MA 2220 Rares 26. 3. 6 25-10. 6 | 26. 1. o AOL FACE 30 CRETE Pitt 26. 3. o 26.46. 0 ,1226-Mot6 Mare aie sr ON] | Ve VOD PI Ar EN 26202 Pr to et JU er NES dep e a dre CAP AGE PES 26:13:06 125.710. 0 1N26, HOME Juillet UNE MDENE A, TONNES Bters 26. 4, o 25. 10.6-| 26.22: 4 AOL nl EE D'ART LT ee ASE TANT CUS 26. 5. 6 | 26.:1.6- | 26. 3-16 Septembre | 6. 22 ST Con SCA 2 PSS PCA Là 26. 4: 0 25.11.0 26. 2048 Octobre ..| 13 . near ft) = nue CPP Le 26.05.1611 025: 19 01126-10280 Novembre |15 . . 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Degrcs. net 1763...) 26. 3. 6! 265.10. o | 26. 0.11 || 1963 .. | 23.0. | 7. ©. |14. 9 S.O0 1764.. | 26. 4. 6} 26. 0. 0 | 26. 2. || 1764... | 28. o . 4 0! 165. 8. | SO 1765.04 | 26. 4. 0! 26. 1. 0| 26. 2.11|] 1765:. | 22. 0. 7:0-|14 4. | SO 1766.. | 26. 6. 0 26. 2. 0| 26. ç. o|| 1566.. | 23. 0. | 70.16.65. | NE 1767.. | 26. 8. o | 25.10. 6 | 26. 4. 41] 1767..| 24. 5 . | 4 5. ; 13. 8. | NE 1768.. | 26. 6. 6 26. o 6|2 5. 41] 1768..| 24 o . | 4 0. 14. 2 . | S.O 260 A NAËS 8. © 26. 2. 0! 26. 6. o|| 1769... | 23. o . 8 a. 142. s.O 1770... | 26. 8. o 26.10. o | 26. 4. 2] 1770.. | 22. 0 . 6. 5.1137.0.| SO 4 1971...) 26. 8. o! 26.11. 0°! 26. 4. OÙ 1771... | 21. $ . | 5 0. 13. 4. | SO 1772... ! 26. 8. 6 26. 3. 0 | 26. 5. 7 |] 1772..| 25. 0 . | 8 $- 15.9 .| NE RS A | —— — — — === ! | | | Juin 26. 6. 6! 26. 0. 2 | 26. 4. 2 Juin |23. 6.1 @1.!314 5.180 de l'annee dé Pannee moyenne. moyenne. | ca oh DES Sciences PHys. DE LAUSANNE. 241 UE -dU a" — 1) BAROMETRE.*? THERMOMETRE. MOIS DE JUILLET. MURS DIE SYULEL ENT Plus Moindre | Elévation | Plus | Moindre | Chaleur [ven Ts| ANNÉES.| grande |élévation. | moyenne. || ANNÉES. grande | chaleur. | moyenne \dominans. élévation. jé chaleur. ve Pouc. Lig. | Pouc.Lig. | Pouc. Lio ig: | Deorés. L Degrés. | Degrér. 1763 .. |.26. 4 Oo | 25.10. 6] 26. 2. 4 |: 1763. 2 No anot. toésss | SO 1764 .1. | 26. $. o | 26. 1. o HS 2 | 1764. 26.504 fror.obeiliré. 72 | SO 1766.51. | 26. 4 0 | 26. 0. o | 26. 2 7! 1765. 20. O0 . pion nie 6e NE 1766 .% | 26. ,5- 0 | 25.11. © | 26, 2. 9 | 1766. 22 501 Sn Hess n OA SO 1767 -. |.26. 4. 0 | 26. 0. © | 26. 2.10 || 1767. JT A crimsnos- Hoi ene) SO 1768 .. | 26. 6. 6 | 26. 0. 0 | 26. 3. 81] 1768..| 22. 5. So durserte SO 1769 .. | 26. 8. o | 26. 1. 6 | 26. 4. 4 |] 1760. | DEA SE SO IA GA DNE 17706 | 26.7: 0! 26.11. 6 | 26,13, 4 | n7701 ZOO NON SAULT 2 NES O 1772.. | 26. 6. 6| 26 5. 0! 26.5. 211 5376. -| 2 s.| 8& 0.116 0.|S0 1772 .. | 26. 6. 0 | 26. 0 0, 26. 3. 6|| 1772. 2 #4 | 5: 5. [14 9 . | S.O Juillet | 26. $. 7 | 26. 0. o 26. 3. 4Ï] Juillet | 23. 3. gun. Josd'roë: LS;O de l'année de l'année moyenne. moyenne MOIS D’AOUT. | M*OLIsS" ID ANOEUTT. ! Pius | Moindre | Elévation Plus | Moindre| Chaleur | VENTSs ANNÉES. grande |élévation. | moyenne. || AnN£es| grande | chaleur. | moyenne \dominans. : élévation. chaleur. ———s | | | pou. Lig |Pouc. Dig. Pouc. Lig. Degrés. | Degrés. | Degrés. 1763.. | 26. 5. 6| 26. à. 6| 26. 3. 6|| 1763..| 26,0 . | 7. d. | 17.03 S.O 1764.. 1 26. 4. 6 | 26. 0. 0 | 26. 2. 6|| 1764.. | 23: o . | 5.0. | 13. 6 S.0 1765.. | 26. 5. 0# 26. 0. 0 | 26. 2. 9 || 1765.. | 22, 5 . | 7.0 14. S.O 1766... | 26.6. 81 26. 4. 9 | 26. 6. 1] 1766...| 23: o . | 12: ©. | 17. 3 N.E 1767.. | 26. 6. 8} 26. 2. 0 | 26.3. 81]-1767..| 22. 8. | 7. o . | 14. 8 N.E 1768... | 26. 6. 0 ! 26: 2. 0 | 26.44. 41] 1768... | 22. 0 . | 8: o . 142 ç . | S.O,N.E 1769... | 26. 5. © | 26.10. © | 26. 3. 9 || 1769. 2RMEUONEET OS LM 2 S.O 1770.. | 26. 6. Oo :26. 2-0 | 26. 3. 9.|lor770:. | 23. 5 . | 7 o 14. $ N.E 1771. | 26. 6. 0 26. 0. 0 | 26. 3.10 1971.. | 23. ç . | 5. o 14. 3 S.O 17972 .. 26. 5. 0: 26. 1. o | 26. 3. 9] 1772 23008 5 2 bases O 1 ! ! Août 26.5. 7! 26. .2. 4 | 26. 3. 0 Août | 23.2. Loy3 :l5 0. | SO de l’année l * de l'annce moyenne, | moyenne, $ É LA 242 M é wo names tp Æ"L'at0Sidicir MTEE a ROME BAROMETRE. T THERMOMETRE. MOIS DE SEPTEMBRE. MOIS DE SEPTEMBRE. è | LE. Les, RES | V Plus Moindre } Elévation Plus Moindre | Chaleur IVENTS ANNÉES. grande |élcvation. | moyenne. || AnNÉES.| grande À chaleur. moyenne. \dominans. j élévation. chaleur. | obe: Lig. |Pouc.Lig. | Pouc. Li 9. | Degrés. | Degrés. Degrés. | 19632. : 26, 4 Oo! 265. 11. 0126. 2. 8 lu 17634. | 19. ç . 1. 0, { 10, 8. | N.E,S.O | 1764. 26. 7. 0 | .26. 11. 6 26. 2. 7.| HEUYA A ET COTES 1. ©. | 10. 6.1|N.E 196$ ep 26%15:1611126: 11-01) 26.03.27 Mx76ç He Mao ton 1,10 tr 12. SU INE 1766... 26. 8 8] 26. 2.9126. 4 711 1766..|2r.0 . 7.0.4 12. 41 [NN 1767... 26. 8. 61 26. 3.626. 6.11]! 1767.. {20 5. 610.15 IN E 1768.. | 26. 9. 0} 26. 0.0|26. 4. 5 1768 %A1118:200e CHONTN AMUIISIO 1769.. } 26. 9. 0| 26. 2.0|26. 6. 6|! 1769.. | 19. 5. MONA UT NMANAE 1770 .. | 26: 7: 0!" 25. nr. 0126. 43, 6 er7zos + |N21.10 | 6:404:KR 13. DANS 0 197É 2260 7%01)26 10161268. P2libr7rre en Nar- ue n son 12 ENS O 17724 26. $: 6] 26. 5.101 26. 2.10] 19772. .1| 22.00 . 645.1 14. 4.) 5.0 ——— —_— — | | | Septembre. 26. 7. 1| 26. 1.0 | 26. 4. o À Septembre] 50. 4 . 4. G. | 12. 4 N.E de l'année. de l'annet pére) moyenne. MOIS D'OCTOBRE. | MOIS D'OCTOBRE. | Plus Moindre | Elévation Plus | Moindre | Chaleur | VENTS ANNÉES.| grande élévation. | moyenne. || Années. grande | chaleur. lmoyenne. \donunanr. élevation. | chaleur. Pouc.Lig. \Pouc.Lig. | Pouc.Lig. Denee Degrés. | Degres. 1963..1 26. ç. 6| 25. 9.6| 26. 2. 91 5563... | 16. o . | — 1.0 72 | S. O 1764..| 26. 5. 6| 25.10.0| 26. 1.10!) 1964.. | 15. o . | 4.5 SE7ANS- 0 1765..| 26. 5. 0 | 25. 9.0| 26. 1.11, 1566... | 20. 0. 2. 0 TH ANIRSIO 1766:.| 26.11. 0 | 26. 1.6| 26. 6. 4 1766..| 15.0. ne 9. 11 N.E 1767... | 26. 8. 6| 26. 2.0| 26. 7. 3|| 1767... 13. 5 . 4.0 8. 715.0 1768.. | 26. 7. 0 | 26. 0.6| 26. 1.0 1968..| 16. ç. TRE 7.19 N.E,8. 0 1769... | 26. 9. 0 | 26. 4.0| 26. 6.9 17692] 1285 . 1.0 55 | NE 1770... | 26. 6. 0 | 25. 7.0 | 26. 2. 2] 1350.21 15. o . | -— os 6,811 SO 1771.. | 26. 9. 6| 26, 1.0 | 26. 6.10 1-75 DONEIE 2.0 8 9!N.E 1772.. | 26. 9.0 | 26 2.0! 26. 6. 2 1972 1 5.0 10, 5 | NE | a | po Û—U À ne. Oëfobre | 26.8. 6} 25:19 | 26.4. 5 | Ocfobre | 15.15 : | a. x | .:72 8 | SO de l'année de l'année 4 moyenne. moyenne. ——————_———_———_ _—___ "t —— —————— DES SCrÉNCES Ev B:ARO METRE. MOIS DE NOVEMBRE. ; Plus Moindre. | Elcvation ANNEES grande lélévation. | moyenne. Ë Pouc.Lig. |Pouc.Lig. | Pouc.Lig. 1763... 25.10.0.| 26. 1. 6 à 17644. 25. 8. 6|26: o. 7 Î 766. 25.11.0126. ©. oO À.1766.. 26. 0.0|26. 6. 3 E 1767 .: 25.11, 6126. 7. o È 1768. . 25. 4 0126. 2. o 1769. 26. 0.0126. 4. 9 ÿ 1770... 26. 2.6126. 0. 6 ÿ 177P-. | 26. 4:0|26. 7. 4 {1772 lrnare 26. 3. © RS ES Novembr 25.10,10 | 26. 3. 3 de l'annec | moyenne. MOIS DE DÉCEMBRE. Plus Moindie : Elévation ANNÉES.| grande |élévativn. |! moyenne. élévation. Pouc.Lig. |Pouc.Lig. | Pouc.Lig. 1763.. | 26. 6. O| 25. 9. 01 26. o. 1 1764.. | 26. 6. 3} 25. 6. 6] 25.11. 2 17661 26513 7| 25. 6. © 26:12. 1 1766... ! 26. 8. 0 | 25. 9. 6! 26. 4. 2 1767.. | 26. 7. G| 25. 9. 6! 26. 4. 3 1768 .. 26.10, 0 | 26. 1. ol 26. 6. 6 1769... 20: 185 ON 267610 26. 1. 4 1770 .. 1 2 0.126. à. 0 26. 3. 9 1771.. { 26. 7. O | 25. 9. 0} 26. 2. 9 172% | 26. 9. 0 | 26. 1, 01 26. 6. 6 TOR RE — — ] = Décenbre| 26.7 811025,09. 3 | 12611217 de l’annce; moyenne.| + THERMOMETRE., Puvs DE LAUSANNE. 243° — (4) MOIS DE NOVEMBRE. Plus Moindre | Chaleur \VENTS ANNÉES.| grande | chaleur. moyenne. lominans. | chaleur. Degré. |- Degrés. Degré. 1763 13,45 Ur2,roi 62.6. IN. 1764 Ia, O1 (E 4 lot 'ALAESTe I] 1765 ROGERS 1. 4. | NE 1766 SES 0e 4 5. | NE 1767 OX. Miro $- 6. | NE 1768 Che HALO! dSatbsnl SO 1769 0 : (3m 0 » HORS O 1770 PUS - 0: 0 3.0 115,0 IT NÉ 5 Ga. 2rret NINTE 1772 $ce FT CPC 5. 8. | NE Novembre] 11. o . -- 4. 6 3. 6. | NE de l’anneë | moyenne THERMOMETRE. MOIS DE DÉCÉMBRE. Plus Moindre | Chaleur | VENTS ANNÉES. grande | chaleur: |\moyenne. donunans. | chaleur. Degrés. | Degrés. | Degres 1763.. | 10. 0 . |--- 6. 0. 204.01 SO | 1764...) 11. oO . |--- ç. ©. 0. 5. | S.O 1765 20 u7-xs 120 |-—3 1. | NE 1766... Hope 2. 0. [NE 1767.:| 7 0.9. $. |.….1. 2 . | NE | 1768 6. SAME HO ET OU IINÉE 1769... 6 00/1=-18: 5. 0. 5 . | S'O IL x77o..1l,7. $ 7.0. | 0. 7. | NE LATE TS te O2. oO IUNE Il 1772. (0 AI D 3. 0. | 1. 8...) NE ; ———— 2 = Re | | | Decembre| 7. 8 . -—- 6. 7 o. © NE de l’année N moyenne il 244 MémorrEes DE LA SOctréTé Ga L (4) RÉSULTATS DES OBSERVATIONS Faites chaque année à Lausanne, fur le Baromètre & le Thermomètre, depuis 1763 jufqu'en 1772. BAROMETRE. | THERMOMETRE. | n [l Plus Mointre |; | Eté, vation ; | Pis | Moindre | Chaleur | VENXTS ANNÉES.| grande |élévation. | moyenne. | ANNÉES. ! grande ? chaleur. |moyenne. dominans. chaleur, élévation. Pouc. DA Pouc. Lig:\ Pouc. Lig Degres. | Dégrés. HEUEA 1M63-.:-1-26: ©] 25 6.0|26.-.1, 21] -1763., | 26. o . |--- 12.0. 8. o S.O 1764... 166: ; o| 26. 6.626. 2, 3H r764.4 | 28 o , |[--- 5.0. 7:9 + 1S.O 17965: 26. 5,7 6| 25..15.6| 26 x, $ 176%... | 22. 5. |--12:0. 79 . [N.ESO 1966... | 26.11. 0125. 9.026. 4. 4 1966... | 23: © . |--- 14.0. 77 : | NE 1767..|126. 9. 6| 25. 8.226. 4. 51 1767... | 24. 5 . [—12.0.| 7.6 . | NE 1768..| 26.10. 0 | 25. 4.0{26. 4.1 1768. | 24. © . — 16.0. 7. 7 + |IS.O-N:E 1769..| 26:11. 0! 25. 65.0)26. 4. 5] 1769.. | 24 0. |--- 9.0, | 7.3 . | SO 1770... 126.10. o| 25. 2.61 26. 3. 0] 1%70.. | 23: $ . |-æ11. 6. 6,9 . LS 0 171. | 206. 9. 6] 25. 90126. 4. x]! 1771.46 | 265,157 9,6. 0704, ANNE 1772. | 26. 9. 0| 25. 6.026. 3. ‘I 1772.4 | 25. 0 . Le 9.0 8-7 . |NE ——— | ———_— | — me ms eme ————— Annce: |,26: 9.1] 264 6.2 | 263: 2]l Annee, | 24. 7 Ï 1140: || 7: 6.0] NE, SO moyenne. moyenne. 1 & — | ! | OBSERVATIONS ” DES ScrEnNcEs PHys. DE LAUSANNE. 24$ OBSERVATIONS Sur la conffitution de Pair 65 Jur les maladies qui ont régné à Laufanne pendant l'année 1783. Par Mr. VERDEIL, Docreur EN MÉDECINE, &c. ’ D... un Mémoire précédent (1) nous avons donné une idée générale de la fituation géographique & phyfique de la ville de Laufanne. 11 nous femble que ce que nous en avons dit doit fuffire pour l'intelligence des obfervations que nous allons préfenter à la Société, Mais il refte À déterminer la hauteur du lieu où les obfer- vations ont été faites durant le cours de lan 1783. Pour parvenir à cette détermination, nous avons fait les obfervations fuivantes , dans lefquelles M. de Razoumowski, dont le but étoit de prendre la hauteur de quelques montagnes, & M. van-Berchem, fils, ont bien voulu nous aider. Au bord du lac, près d'Ouchi, étoit placé un baromètre portatif de la conftruétion du fieur Ramsden. Un autre baromètre , dont la marche correfpondoit parfaitement avec celle de celui-ci , étoit fuf- pendu dans notre cabinet à Laufanne. Il étoit à bouteille, & fait avec beaucoup d’exactitude d’après les principes de M. de Luc. Nos ther- momètres de correction , & ceux à l’air, étoient divifésfelon la méthode du même auteur, M. de Razoumowski & M. van- Berchem fils fefoient les obfervations au bord du lac, & nous celles dans notre cabinet. Au moment de l’obfervation , & mème depuis quelques. jours , le ciel étoit pur & ferein, & le temps calme. C1) Obfervations générales fur le climat de Laufanne, &ÿc. Voyez ci-devant p. 218. Tome I. br 1 246 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ OBSERVATIONS AU BORD DU LAC PRÈS D'OUCHI. CS ES Heures des Obfervations. Baromètre. Therm. de correëf.| Therm. à l'air. £ (ii h. 30 m. 27, 2 5 13, O $» © SZ J1xh.4$ m. CHERE DEAN) 550 E (12 h. Oo m. 27, D 13, O ÿ» © ES : | 27 o TSÉ00 FL 0 245$ h: 30m. 27502170 140 LEO LU cn 270200 Es © 11, © OBSERVATIONS DANS NOTRE CABINET À LAUSANNE. ES GS Heures des Obfervations. Baromètre. Therm. de correët.| Therm. à Pair. E {11 h. 30 m. 26, 9, 12 9, à 240 Et ame 26, 9, 2 9, 5 2, 0 Er) hi ofm- 26, 9, + 9 + 23 O :fShism 26, 9, À 10, & EM 8 ts h. 30m 26, 9; + 10, $, © 5h. 45 m 26, 9, + 10, 5 $, © Il réfulte de ces obfervations, en fefant le calcul d’après la formule de M, de Luc, que notre cabinet à Laufanne eft élevé de 61 Æ toi- fes, de 6 pieds de roi chacune , au deffus du niveau du lac près d'Ouchi En fuppofant que le lac eft de deux toifes plus élevé à Ouchi qu'à la renaiffance du Rhône à Genève (2), notre cabinet feroit à la hauteur de plus de 63 toifes au deflus du niveau du lac à Genève, ou de 251 toifes au deflus de celui de la Méditerranée. C’eft dans ce cabinet que nous avons fait, trois fois par jour , nos obfervations fur le baromètre & le thermomètre. Notre baromètre eft à bouteille, & conftruit , comme nous l'avons déjà dit, avec {a plus fcrupuleufe exactitude felon tous les principes donnés par M. de Luc. Nous croyons pouvoir répondre de la perfection de cet 1nf- EEE (2) Obférvations générales fur le climat de Laufanne, &ÿc. Voyez ci-devant p. 219: DES SCIENCES Pays. DE LAUSANNE. 247 trument. C’eft le même dont nous nous fommes fervis pour mefurer la hauteur de notre cabinet. Nous lavons tenu à la place où il étoit lorfqué nous avons fait les obfervations comparatives avec celles du baromètre de Ram/den au bord du lac. Quant à notre thermomètre, il eft au mercure, & fait par nous-même , avec autant d’exactitude que notre baromètre, & felon les principes du même auteur. Sa divifion eft celle de l'échelle de M. de Réaumur. Nous l'avons fuf- pendu au nord, à une fenêtre de notre cabinet, tournée à l’oueft 4 nord-oueft, & garantie par les maifons vis-à-vis, de manière que le foleil n'y donne dans les grands jours que depuis 11 heures à midi & demi. Nos obfervations météorologiques ont été faites trois fois par jour ; favoir, à 8 heures du matin, à 2 heures après midi, & à 9 heures du foir. Les hauteurs du mercure dans le baromètre font marquées en pouces , lignes, & douzièmes de lignes. Les dilatations & condenfations de la liqueur du thermomètre font en degrés & dixièmes de degrés. MOIS DE JANVIER 1783. THERMOMÈTRE. BAROMÈTRE. Jours Li Ce LOL Pedehs © du 8heur.|2heur.| 9 heur. 8 heures du | 2 heures |9 heures du nors.\du mat.| après- |du foir. I matin. |après-midi.| forr. : midi. 12 | Degr.| Degr.| Degr. Pouc. Lig. | Pouc. Lig. | Pouc. Lig. 241:3%/2 125407 ll Ta 2 26, 1, O | 26, 1, 6 | 26, 4, 6 24 |-0,..$th rs cs0l 176 | 2606,10U 2607001126: 7,10 DSL RO T3 AE PE Il | 26, 756126710426, 6, o D Po Me Où | 26, 6, 6 | 26, 6, 9 | 26, 7, 0 27 | 1,0 | 3» Ÿ | 2 | 26, $, 6 | 26, 4 © 26, 2, O 281#3, 2 | 44%] "33%a AO AIUAI Ma 6e, 10: M'a6x fo 29H0311.01| AO |3304 26 60 26: 6 0 | 26 6, 6 EE SN éreliérelsns 30012503 das 5 26, 7; 3,1 26, 6, 6 | 26, 7 © Li2 248 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ VE NATASNEIT ET AïT D Ut CH EUL Jours du Le matin. L'après - midi. | Le foir. TTLOLS RP Un Eu as CRE AMAR: PT A ON 2) 23 [s. O. couv. hum. brouil. | O. nuag. couv. N.E, c. un peu de neige. 24 [N- O. un peu couvert. | O. couvert. O. couvert. 2$ |E. peu de nuages. S. E. ferein. chaud. N. ferein. 26 |S.E. brouil. nuag. couv. | S.E. couvert. N.E. nuages. 27 |S.E. plde g.mat.b.nuag.c. | S.O. v. fort. c. peu de pl. | N.E. nuages. 28 |S.O. pluie. couv. nuag.|S. O. pluie. S. ©. pl. par intervalles, 29 |S. O. couv. pl. parinterv. | S. O. idem. S. O. pluie abondante. 30 |S.E. couv. nuages. S.E. nuages. | N.E. très-peu de sut] 31 IS.E. nuag. foleil. chaud. | S.E. nuages. S. O. v. fort. nuag. pluie. 1% RÉCAPITULATION. Le mois de Janvier a été doux & humide. Des raïfons qu'il im- porte peu de favoir nous ont empêchés de commencer nos obfer- vations avant le 23 du mois. Depuis ce jour inclufivement, le plus grand degré de chaleur a eu lieu le 30 à 2 heures après-midi : notre thermomètre étoit alors à ÿ 5 degrés au deflus du point de la congé- lation. Le moindre degré, obfervé le 24 à 8 heures du matin, a été de -; degré au deffous du mème point. f La plus grande hauteur du mercure dans le baromètre a été de 26 pouces 7 £& lignes; & fon plus grand abaifflement de 26 pou- ces 1 ligne. Dans ce même intervalle, le vent a foufflé 1 fois du nord, 4 fois du nord vers left, une fois de left, 7 fois du fud vers left, 9 fois du fud vers l’oueft, 3 fois de l’oueft, 1 fois du nord à loueft. Nous avons obfervé 1 fois le ciel parfaitement ferein , 7 jours de couvert , 7 jours de nuages plus ou moins épais, 3 jours de vent , 3 jours de brouillards , 4 jours de pluie, & 1 jour de neige. Les hygromètres ont marqué de l’humidité tout le mois. 2°... I A NA DAT ES Pendant l’antomne de 1782 , il n’y avoit point de petite vérole en ville; mais elle règnoit dans les villages & les hameaux du Jorat, Quel- DES Sciences. Pays. DE LAUSANNE. 249 qu'un fit inoculer fes enfans : il les mena à la campagne; & on laiffa un enfant fans linoculer, parce qu'il avoit un peu mal au nez. On s'imagina qu'étant préparé avec beaucoup de foin , il auroit une petite vérole naturelle heureufe. Les inoculés eurent la maladie comme cela arrive toujours dans cette pratique. Mais l'enfant qui m’avoit pas été inoculé ayant pris la maladie, il en mourut. Une demoifelle, qui croyoit avoir eu la petite vérole , avoit foigné ces enfans. De retour en: ville, le mal fe manifefta bientôt. Elle fut aflez mal. La contagion fe répandit de proche en proche, & bientot l’épidémie varioleufe devint générale. Beaucoup d’enfans en furent les viétimes. En Janvier de cétte année , l’épidémie a femblé devenir un peu moins meurtrière : il n’en eft mort que neuf enfans. Cette maladie avoit fon caraétère ordinaire. Nous nous fommes très-bien trouvés de la méthode fouverainement rafraïchiffante ; & quoique nous ne foyons pas portés à outrer dans ce genre, nous avons effayé d’ex- pofer à l'air froid des enfans dont la petite vérole indiquoit que le fang étoit diffous. Cette pratique nous a complétement réuffi. Il pa- roifloit que l'air frais fefoit plus que le quinquina & les acides, fur- tout lorfqwon lemployoit dès le commencement de la maladie. Indépendamment de la petite vérole , il a règné dans le courant du même mois des fièvres catarrhales, des fluxions & douleurs du mème genre. Nous avons avons aufli vu quelques pleuréfies & maux de gorge effentiellement inflammatoires. Toutes ces maladies tenoient du caraétère bilieux. Les évacuans en accéléroient fingulièrement la guérifon. Dans les pleuréfies & les maux de gorge , après les fai- gnées fuffifamment répétées , l'émétique a fait un grand bien. Il éva- cuoit des matières vertes bilieufes, & produifoit , ou l’expeétoration , ou des fueurs. Lorfque l'état bilieux ne paroifloit pas exiger un émétique, & que le point de côté réfiftoit aux faignées; un large véficatoire , appliqué fur le point , l'enlevoit bientôt entièrement, & produifoit lexpeétoration & d’autres évacuations critiques. ALIM, OR TRES Il eft mort , dans ce mois, 32 perfonnes : favoir, 6 hommes, pref- que tous fort âgés; $ femmes; & 21 enfans, dont 9 du fexe maf- culin & 12 du fexe féminin. Sur ce nombre d’enfans, 9 ont péri de la petite vérole, © ——————— ———————— © ——————— ————————— —————— ———— ——_————— —————— Jours| — du |Sheur.\2 heur.|9 heur. mois.| du | aprés-|du foir. matin. | midr. | Degr.| Degr.|\ Degr. rbae 55358 2 E 8 l 4 ÿ 1, 2 3 O, O 4, O EL: 2 4 | 1, 2 | f» 2 | 3 ÿ SE 3N Sens AIS 6 | 6, ÿ | 6, Oo | 4; © 713: 5155 | 4 5 S1113-80 4. ea hr2s ns CHAN APT A ES Te 6, © 10./ 3: 9 | $> $ | à ÿ L1e| 4 011 580320) 124174,101N6, "0530 13 | 3, © $ | 3; © 14 | 2, © 2 | 2 2 15 | 2,0 EE ÊE PR) 16 Equg $ 0, $ 17 |-1, © Ce) Ce] 18 |-2, O (o) $ 19 |-£, oO 8 (o) 207, 10: (o) (e) 21 f-2, © $ 3 22 2 O 11% O 1220104;tQ 2 o 24 | 6, 3 [e) 2 2 | TER) $ $ TOME: 40 Oo (a) 27 |-2,1Q 2 9 28 | ©, G o $ Le mn 7 | MÉMmMoOoïRrREzs DE THERMOMÈTRE. | 26, L'AVNS ONCE TE BAROMÈTRE. 8 heures du matin. \ “Pouce. Lig.| Pouc. Lre. 26, 9, 26,10, 26; 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 6 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 93 O OO A w BE » © MmOWERYS 0000 ANE OO NOnNO —— —————— —————— ——_—_— —_——— ———— “A —— —— 2 heures après-mide. 26, 9, 26,10, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 2$; 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, SNOL DL NO NAN OW m0 ma O O AN O Au MO AU ON 9 heures du Joir. Pouc. Lig. 26,10, 26, 9, 26, 8, NOOVLORNR OL mOOBOWOO0OnANNAVARNO NO | EP: Loft. DES Sciences Puys, DE LAUSANNE, 251 1 EN TISMENTEUTA TD U: CIE L PC Le matin. L’aprés-midi. | Le foir. 115 2 IN.E. nuag. peu de neige. [N.E. vent.tr, peu de nuag.[N.E. vent. fer. gel la nuit. Ë 3 [N.E. peu de vent. ferein.IN.E. ferein. N. peu de nuag. g. la nuit.f 4 IN.E. nuages plus épais. |O. couvert & humide. lO. couv. un peu de pluie. À $ |S.O. couv. hum. défagr. |S.O. couvert & humide. |O. couv.un peu de pluie. À 6 |S.O. couv. pluie. brouill. |S.O. brouill, épais. pluie. {S.O. idem. È 7 |O. couv. br. moins épais. |O: couv. br. enc. m. épais.IS,O. vent fort. pl. forte. À 8 |S.O. c. pl. neige fur les m. |S. nuag. n. parintervalles.|S. nuages aflez épais. . 9 |S.O. nuages épais. S.O. couv. hum. défagr. |S.O. v. pl. forte & cont. 10 |S.O. couv. pl. moins forte.|O. couvert. brouillards. |S.O, v. fort. pluie forte. £1 IN.O. qlq. n. c. de fol. ch, O. nuag. plus épais. couv.|O. couvert. ; 12 |O. couvert. vapeurs. N.O. ideni. S.O. petite pl. dev. forte. Ê 13 |O. pl. contin. & forte. br.|O. pluie. couv. vapeurs. [N.O. couv. fol. au couch. 14 [N:O. couv. neïg. fur le J. |O. nuages. ferein. N.O. nuages. j 1$ |N.O. quelques nuages, (IN.E. v. fort & fr. ferein. [N.E. v. fort. qlq. n. gel. à 16 [N.E. v. tr. f. quelq. nuag. IN.E. des. NE. idem. froid piquant. À 17 IN.E. v. fort. quelq. nuag.IN.E. vent. fer. fr.piquant.[N.E. v. fort. ferein. gel. À 18 [N.E. v. fr. fer. fol. chaud. IN.E. idem & gel. NE. idem. È 19 [N.E. fer. peu de n. fol. ch. IN.E. n. en pl. gr. nombre.INLE, br. peu de nuages. À 20 |N.E. couv. peu de brouil. IN.E. v. fort. peu de n. fer.lE. ferein. 21 IN.E, ferein. E. ferein. E. ferein. 22 IN. couvert. neigefine. IN. couvert. brouillards. [N. pluie. 23 IN. couv. brouill. hum. |O. pluie. brouillards. O. idem. 24 |O. pluie. couvert. O. pluie. couv. nuag. ép. [N.O. peu de pl. couv. 2$ [N.O. neige. nuages. ©. peu de nuages. O. couv. nuages. 26 !N. neige. nuages épais. [N. neige. couv. N. neige. nuages. 27 IN.E. couv. nuages. O. nuages. N.O. nuages. j 12810 neige. O. v. fort. br. neige ab. 1S.O. neige. dégel enf. l CE RÉSAPITUTAITPON: LE froid à été très-peu confidérable pendant le cours de cé mois. Depuis le 1 au 17, la liqueur du thermomètre n’eft pas defcendue au deffous du terme de la congélation. Le 17 il s’eft élevé un vent du nord-eft. Auffi long-temps qu'il a duré, c’eft-à-dire jufqu’au 2r, il a conftamment gelé, fur-tout pendant la nuit, L'effet refroidif. 252 MÉMorRrEs DE LA SoctÉTÉ fant de ce vent a eu lieu d’une manière bien marquée dans le courant de ce mois. La plus grande chaleur a été obfervée le 6 à 8 heures du matin ; elle étoit de 6 % degrés au deflus du terme de la con- gélation. Depuis la veille le vent étoit au fud-oueft, le temps cou- vert; & il pleuvoit. La moindre chaleur a été obfervée le 18, le 21, & le 27, à 8 heures du matin, le vent étant au nord-eft & le ciel ferein ou peu chargé de nuages. La liqueur du thermomètre étoit alors à 2 degrés au deflous du terme de la congélation. La différence entre ces deux termes eft de 8 & degrés. Nous avons trouvé 2 :5 degrés pour la chaleur moyenne de ce mois. Le baromètre a varié fréquemment, mais d’une quantité peu con- fidérable, En général 1l s’eft tenu plus haut qu'on ne le voit durant ce mois. Sur dix années d’obfervations dont nous avons préfenté les réfultats à la Société, il n’eft pas arrivé une feule fois que le mercure dans le baromètre fe foit tenu aufli haut. Sa plus grande élévation a été de 26 pouces 10 # lignes ; elle a été obfervée le 2, pendant la matinée, le ciel étant ferein & le vent au nord-eft. Sa moindre élévation a eu lieu le 9, pendant toute l'après-midi & la foirée ; elle étoit de 253 pouces 11 £& lignes. La différence entre ces deux termes eft de 11 lignes. Nous avons trouvé la hauteur moyenne du mercure dans le baromètre , de 26 pouces lignes. Le vent a été affez variable pendant le cours de ce mois. Depuis le 16 au 21, il a toujours été au nord-eft; mais, durant le refte du mois, à peine-a-t-il foufflé deux jours de fuite du même point. Nous avons obfervé qu'il a foufflé 8 fois du nord, 25 fois du nord vers left, 3 fois de left, 2 fois du fud , 13 fois du fud vers loueft, 22 fois de l’oueft , & 11 fois du nord vers l’oueft. Le temps a été généralement couvert, pluvieux, & humide. Il y a eu 9 jours où l’on a vu le ciel parfaitement ferein, 18 jours couverts, 16 jours où le ciel étoit plus ou moins chargé de nua- ges , 9 jours où il a fait du vent, 9 jours de brouillards , 12 jours de pluie, & 8 jours où il a neigé. Les hygromètres ont marqué une grande humidité tout le mois. 26. M ANT AA D (NE 0e Les maladies ont été les mêmes que durant le mois pañlé. L’é- pidémie de petite vérole eft devenue plus généräle & plus meur- trière DES SciH#NcEs Puys. DE LAUSANNE. 253 trière. Nous avons vu plufieurs petites véroles pourprées dans lef- quelles le quinquina , les acides minéraux, & fur-tout l'air frais, ont fait tout le bien imaginable. Les fièvres catarrhales ont pris un caraétère plus décidément bilieux. Nous avons vu plufeurs rhumatifmes , à la fois inflammatoires & très- bilieux. Les émétiques & les autres évacuans des premières voies , ont fouvent fait plus d’effet que les faignées. Un homme très-robufte & à la fleur de fon âge, avoit été faigné quatre fois fans que les douleurs ni la fièvre vouluffent diminuer, malgré l'abondance des fueurs qui furvinrent le feptième jour de fa maladie; le tartre émé- tique lui fit rendre beaucoup de bile , le purgea abondamment, fit ceffer les fueurs, & emporta le mal prefque fur le champ : quelques légers évacuans achevèrent la guérifon. Cette obfervation nous paroît inté- reffante à plufeurs égards ; elle fournit fur-tout une nouvelle preuve de la fympathie, fouvent méconnue, des premières voies avec les extrè- mités, r 3 Mo ir + si Il eft mort, pendant ce mois, 29 perfonnes : 10 enfans ont péri de la petite vérole. Sur le nombre total des morts, il y a eu 4 hommes, 6 fem- mes, & 19 enfans de lun & de l’autre fexe, dont 8 garçons & 11 filles, Tome I. , M m 254 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ZE MOIS DE MARS 1783. nn | ITHERMOMÈTRE. L BAROMÈTRE. H/OUTS N du 8 Beur. 2 heur:| 9 heur. | a lente lai | 8 heures du\ 2heures |9 heures du Ë matin.| mide. | for. | rnatin. |après-midi, Or. Degr. | Degr.| Der. i Pouc. Lig.| Pouc. Lig.| Pouc. Lrg. 2 sn eeultaLa 262 MONE26 11 615264 0110 Lena ti2, Sr DST SAN 26 2001267228 CH to ARNO MENTON TEXTE EN) O | 4, CE) 2 MON 20 OR ON F20 210 o | 4, DANS 2621 01 202408 26 01206 $ l'E 4; O | 2%,10, 4 2%, 8, 9 25; 9; O 8 | 4; Le) 2ÉTTS ON 2S T3 26 NONE 8 | 4, 4, © 262,001 26,73; 0 | 26, 4, 6 ONE, | 21 | 262531614265 N6 26 9 | $» 4; 2658 434014 26031602 Gr 2 NO O | fs 4 | 26,02; 0..1:26,.0,,9 | SSL E 2 | 2, 1; 25, 8, 9 | 25,10, 6 | 26, O, oO SAR ro" | 26, 003 6 | 26, 1, © 1832 F, | 26) 1:16 9 | 2ET2 NO $ 26, 3, © 6 | 26, 4, o 2 (o} 6 | 26, 6, 9 S 8 o | 26, 9, 8 $ 6 4 | 26, 9, 9 3 3 6 | 26, 8, 6 [e] 9 G | 26, 6, © 8 | 9 9 | 26, o 9 (e) [e) 6 8 (o) (e) 9 (o) $ (e) 4 (o) (o) 9 6 6 (e] 9 (e) 6 o|$ 4 (eo) | (eo) $ (o] 6 © O (o] (e] 6 O 6 6 6 2% 6 O 6 Des ScrenNces Puys. DE LAUSANNE. 255 VE NOT SNETTOE TA TUD'U CT'E L. ours du Le matin. L'après - midi. Le foir. IT201S SION ENTRE TRES TN NT NT CNRS 1 jO. forte pluie. S.O,. idem, S.O. idem & grand vent. 2 - N. nuages épais. N. idem. N. vent fort. couv. gel. 3 |O: nuages épais. N.O. nuages épais. neige.[N O. couv. neige. ù 4 |S.O.couv. air étouffé. ÎNE. idem. coup. defol. [N.E. v. fort. nuag. g de pl $ IN.E. couv. neige, nuages. qe nuages épais. NE. c. neige. pl. v. fort. 6 |O. pl. forte & continue. |O. idem. vent fort. lO. idem. grêle & éclairs. 7 |O. v. tr. fort. pl. f. & cont.|O. idem. O. idem. 8 10. pl. moins forte. nuag. O. nuages épais. O. couvert. pl. par int. 9 [N.O. peu depl. nuages, |S.O. nuages. foleil ch. |S. nuages. 1 10 |S.E. nuages aflez épais. S.E. cobvert & pluie. S.E. forte pluie. 4 11 ©. couvert. O. couvert, O. idem. peu de pluie. | 12 |O. pl. mélée de neige. |S.O. idem. vent fort. S.O. idem. 13 |O. vent fort. couvert. O. idem. un peu de neige.[O. v. fort. couvert. | 14 |O. vent fort. couvert. |O. idem. un peu de neige. |O. v. fort. couvert. 15 IN.E. v. fort. nuag. épais. N E. v. fort, n. moins ép.[N.E. vent fort. peu de n 16 NE. ventfort. ferein. [N.E. idemr. NE. idem. 17 IN.E. vent fort. ferein. [N.E. à. N.E. idem. 18 IN.E. vent moins fort. fer.IN.E. frein. N:x. ferein. 19 [N.E. ferein. foleil. chaud. N.E. idem. N.E. ferein. 20 IN.E. ferein. fol. chaud. IN.E. idem. N.E. ferein, 21 [N.E. frein. fol. chaud. N.E, idem. N.E. ferein. 22 ÎN.E. ferein. fol. très-ch. IN.E. idem, N.E, ferein, 23 |N. is ferein. fol. très-ch. |S.O. quelques nuages. 1S.O. couv. un peu de pl} N 24 |O. v. un peu fort. couv. |O. idem. O. vent très-fort. pl.gr. À Hi 25 IN. E nuages peu nombr. [N O. ferein. quelq. nuag.IN. br. quelq. nuages. 1 26 IN. ferein. S.O. v. fort. fol. t. ch. fec.|S.O. vent fort. nuages. à 27 |O. vent fort. pluie. O. vent fort. pl. forte. lO. idem. 4 28 |[O. v. fort, pl. & neige. |O. idem. O. couvert. | 29 IN. neige. NE. v. fort. bourr. den. IN E. idem. Ë 30 [N.E. v. fort. peu de nuag.(N.E,. vent fort. ferein, [N.E. idem. l 31 E. vent fort. ferein. IE: idem. E. idem. 256 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ SRE GC ALPIT TO LATE QUNe Le mois de Mars a été tempéré. On n’a point obfervé de chaleur au delà du degré du tempéré, ni au deffous du fecond degré fous le point de la congélation. Pendant 29 jours, le thermomètre n’a été que trois fois au deffous de la glace, par le vent du nord & du nord-eft. Le plus grand degré de chaleur marqué par le thermomètre a été de 10 degrés précis; il a été obfervé le 25 à 2 heures après-midi, par un vent du nord-oueft, le ciel étant ferein : il avoit plu pendant À nuit par un vent d’oueft. Le moindre degré de chaleur a été de 2 degrés précis fous le point de la congéla- tion : il a eu lieu le 29 à 9 heures du foir, & le 30 à 8 heures du matin : le vent étoit au nord-eft,.& fouffloit avec force; il avoit un peu neigé, & le ciel étoit devenu ferein pendant la nuit. La différence entre le plus grand & le moindre degré de chaleur a été de 12 degrés. Nous avons trouvé 3 % degrés pour la chaleur moyenne de ce mois. Les variations du baromètre ont été extrémement fréquentes. Il n’a été ftationnaire que deux fois, favoir le 9 & le 30, & feulement pendant la journée. Du $ au matin au 6 après-midi, il y a eu une variation de 6 3 lignes; le mercure étant defcendu, dans cet intervalle, ‘de 26 pouces 3 lignes à 25 pouces 8 Z lignes. Le $ le vent étoit au nord -eft, le temps un peu couvert, & il étoit tombé un peu de neige. Pendant la nuit, le vent de l’oueft s’eft tout-à-coup élevé; il a foufflé avec impétuofité, & a amené des torrens de pluie accompagnés de grèle & d’éclairs. Les nou- velles publiques nous ont appris qu'à cette époque la terre avoit tremblé dans lAngoumois ; & que, dans toute l’étendue depuis cette province jufqu'au Rouffllon, il y avoit eu des pluies affreufes, accompagnées d’un vent impétueux, de tonnerres, & de débor- demens de la plupart des rivières. 11 eft probable que nous avons eu ici les reftes de cet orage, & que c’étoit la caufe d’un abaïffe- ment du baromètre auffi confidérable & auffi prompt. La feconde chüte du mercure dans le baromètre a eu lieu du 11 au 12. Il s'eft abaiffé, dans l'efpace de 24 heures, de ÿ 3 lignes. Le 11, le vent étoit à l’oueft & le ciel couvert. Le 12, dans l'après-midi , il fe leva un vent du fud-oueft très - fort , accompagné de pluie DES SCIENCES PHYSs. DE LAUSANNE. 257 mêlée de neige; & ce temps a duré jufqu'au 14, que le vent du nord-eft s’eft élevé avec force. Cet abaïflement du mercure dans le baromètre paroïît auffi l’effet d’un ouragan. Les nouvelles publiques nous ont appris les détails d’une tempête affreufe, arrivée à Naples & dans le golfe de Venife pendant la nuit du 11 au 12. Plus de 300 bätimens_ ont péri, dit-on, dans le golfe de Venife ; & à Naples, jamais on n’avoit vu la mer monter fi haut ni battre fes rives avec une telle fureur. La plus grande hauteur du mercure dans le baromètre a été de 26 pouces, 10 © lignes; elle a eu lieu le 18 à 8 heures du matin. Le plus grand abaïffement du mercure dans cet inftrument a été de 25 pouces 8 # lignes; il a été obfervé le 6 à 2 heures après-midi. La différence entre ces deux termes eft de 1 pouce 1 ligne. La hauteur moyenne du mercure dans le baromètre eft, pour ce mois, égale à 26 pouces 9 £& lignes. Le vent aété très-fort & très-fréquent durant le courant de Mars. Il a foufflé $ fois du nord, 36 fois du nord vers left, 3 fois de left, 1 fois du fud , 8 fois du fud vers l’oueft , 30 fois de l’oueft, & 3 fois du nord vers l’oueft. Au commencement du mois le temps a été humide, pluvieux, froid , & défagréable. Au milieu, le ciel eft devenu ferein; & le temps auroit été fort agréable fans le vent du nord-eft, qui fouffla alors avec force & fans relâche. Le 24 le temps changea, devint humide, pluvieux , & froid. Nous avons obfervé. 12 fois le ciel parfaitement ferein, 10 fois le temps a été couvert, 13 fois il y a eu plus ou moins de nuages, 18 fois le vent a foufflé avec une force fouvent confidérable, 1 fois l'air étoit rempli de brouil- lards; il a plu 14 jours, neigé 8 jours, grêlé 2 jours , & fait 1 fois des éclairs. Les hygromètres ont marqué une grande huntdité jufqu’au milieu du mois; alors ils ont marqué un moindre degré d'humidité : à la fin le degré d'humidité a été prefque aufli grand qu'au com- mencement. 20 0 MAT -ANDITNANS: La petite vérole a été, ce mois, encore plus générale & plus meurtrière que le mois paflé : feize enfans en ont été les viétimes, r 258 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ Souvent le fang étoit dans un état de diflolution qui éludoit tous les efforts de l’art, & rendoit la maladie mortelle. Le quinquina , les acides minéraux, & l'air froid, font les remèdes que nous avons employés dans ces cas. Un enfant de trois ans, dont la confti- tution paroifloit faine & le fang dans un bon état, prit la petite vérole. L’éruption fe montra dès le fecond jour de linvafion, & étoit accompagnée de taches pourprées & de faignemens de nez. Nous prévimes le danger & perfuadames les parens de tenter un moyen extrème. ls y confentirent d’autant plus facilement qu'ils venoient de perdre deux enfans qui s'étoient trouvés dans le même état. Nous mîmes donc, pendant un grand quart d'heure, le malade dans un bain très - froid. La petite vérole & le pourpre rentrèrent. L’ayant enfuite couché dans un lit chaud, & lui ayant donné du vin d'Efpagne un peu tiéde; la petite vérole fortit, mais fans pourpre , le pouls s’éleva, il n’y eut plus d’hémorragie : & la ma- ladie , traitée felon la méthode ordinaire, parcourut fort heureu- fement tous fes périodes. Cette expérience eft fans doute fort har- die, & ne fauroit être généralement confeillée. Elle tient à une théorie trop longue à détailler ici. Qu'il nous foit encore permis de rapporter ici une obfervation qui, fans être unique, eft cepen- dant aflez rare. Dans un village dit le Mont, près de la ville, une femme enceinte foïgna quelques-uns de fes enfans qui avoient la petite vérole. Élle avoit eu la maladie dans fon en- fance, & ne Îa prit par conféquent pas. Mais ayant accouché au terme ordinaire , elle mit au monde un enfant couvert de boutons de petite vérole. Nous avons examiné ces boutons avec beaucoup d’atten- tion , & nous y avons trouvé tous les caractères de puftules vérita- blement varioliques. On fe rappellera fans doute à cette occafion lhiftoire rapportée par M. Watfon dans les Tranfaéliors philofo- phiques (3) Les autres maladies qui ont règné durant ce mois, étoient des fiè- vres catarrhales bilieufes, & des rhumatifmes inflammatoires & bilieux. Ces maladies ont cédé aux remèdes ordinaires combinés avec les évacuans. (3) Philof. Tranf. abridg' d. T. II. p. 308. DES Sciences PHys. DE LAusAnNNe, 259 DOTUM MER PS; Il eft mort dans le courant de ce mois 43 perfonnes ; favoir ro hommes, 7 femmes, & 26 enfans. Sur ce nombre d’enfans, il y avoit 15 filles & 11 garçons. La petite vérole en a fait périr 16 de l’un & de l'autre fexe, dont le plus âgé étoit une fille de dix ans. Cinq billets d’enterremens ont été demandés le 1 du mois pour des enfans morts de cette maladie, k 260 MÉMoOoïrïRES DE LA Soc:1ÉTÉ*É © ——————— —— ———— ———— —— — ——— ——————— ——— MOTS D AP RALT 783: THERMOMÈTRE. | BAROMÈTRE. OUTS| — ————— à du |8heur.\2 heur.|9 heur. 8 heures du| 2 heures |9 heures du mois.| du | aprés-|du foir. matin. | après-midi. Joir. matin. | midi. | | | Degr. | Degr. Degr. | Poue, Lig.| Pouc. Lig. Dbbue. Lis Pole: LE Lie. Pa NON EEE 26,195 :8 11120629, «601182619506 24 IN MONTE NON RASE 26,10, O | 26,10, 4 | 26,10, 6 D) EE ARTE CH ON RE | 26,11, © | 26,10, 9.|126,10, 6 ANS eo IN | 26,10, 4 | 26,10, 4 76 10, © sU|76 7 Fes o | 9, $ | 26,10, © | 26, 9, 6 | 26, 9, Oo GN|L8 OUT 26 26,09..6.1126,:9, 0112619110 A AIO US AIO 7 26,10, O | 26, 9, 3 | 26, 9, 2 8 | 6 x |12, © | 8, 0 26, 9, 3 | 26, 8, 8 | 26, $, 6 9 | 8 o 13, o | 8, o 26, 9, © | 26, 9, 3 | 26, 8,10 10 | 6, 7 |13;, O 8, 2 | 26, 8: :60|:26, 8,101) 26, 7,16 11 | 7,81 |12, O1], 1f | 262611021126 uON 265240 126 NB SI ONE SNO 26, 4, 9 | 26, 6, 3 | 26, 6, O0 13/6, 8 |10,. 16 fs 26, 6, 6 | 26, 6, © | 26, 7, 0 1411 66h12 sui 70e 264708 u126:-81)0 | 26830 15 | 7 8 |13, Oo F9, $ ï 26, 8, Oo | 26, 7, 8 | 26, 7, 8 MR Ne TOI de) 26,08, 101| 26 181011126:19,10 E7HIRG 2711-01] TGS 26, 9, © | 26, 9, © | 26, 9, o 182|#710 |14 0 1Mou2 26, 9, 9 | 26, 9, 9 | 26, 9, 6 TONRSNS T3 18 MITOME | 26,9: 6 | 26, 8, 8 | 26, 8, 3 20 |1®, © ,1$, oO NI, 8 | 26, 8, 6 | 26, 8, 3 |.26, 8, © 21 9, 5 | 8 2 | 3; © 26700 26, 6, $ | 26, 6, © 22 4, 5 6, 8 3; O 26, ÿ; 8 26, 4 6 26, 4; 6 22113 00; 18, © | 41 26, 4, 6 | 264, 6 126, 4:16 24 | 4, 8 |I0, 0 | $,8 26, ÿ, © | 2 26, $, O | 26, ÿ, 6 2$ , 6, O |10, o | 9, 2 26, 6, 6 116, 0" |126:"6;70 26 MONO 9, 2 | 26, 7, O We COMITE ‘| 27 SLT LOS | 26 7010 … 6, 6 fa 6, 9 28 D [e] 14, 2 9; 2 | 26, TE ë | 26, 7» © PE » 7 Oo 29 |-9, o |16, 6 9» $ 26, 7 “Ua 7: © > 7 6 30. 148, =0/112310H7uS Î] 26, 7. 9 26, 7, 9 ER + 8, © VENTS DES SCIENCES Pays. DE LAUSANNE. 261 ME N° T.S ÆITUET AT D U CUEL. 1 |E. ferein. 2 IN.E. ferein. 3 [N-E. ferein. 4 [N.E. ferein. $ LE. ferein. 6 7 8 N.E. vent fort. ferein. N.E. ferein. N.E. ferein. 9 IN.E. ferein. E. ferein. N. couvert. O. couvert. pluie. N.E. ferein. N.E. ferein. N.E. ferein, N.E. ferein. E. ferein. N.E. vent très-fort.ferein.IN.E. v. très-fort. ferein. NE ferein. N.E. ferein. NE. ferein. E. ferein. O. couvert. O. couvert. N.E. vent fort. nuages. N.E. v. fort. peu de nuag.IN.E. ferein. 13 14 [N.E. ferein. N:E. ferein, 15 IN.E. nuages. N. couvert. 16 |O. pluie. . couvert. 17 |S. ferein. N. ferein, 18 [N.E. ferein: IN.E. ferein, 19 |E. ferein. E. ferein. | 20 |N.E. ferein. E: quelques nuages. 21 [N.O. couvert. N:O. couvert. 22 |[N.O. couvert. neige. S. couvert. nuages, 23 INLE. tres-peu de nuages. IN.E. ferein. 24 [N.E. ferein. N.E. ferein. si N.O: ferein, N.O. ferein. N.E,.: ferein. 24 N.E. ferein. 28 IN.E. ferein. 29 |N.E. nuag.au oil dim.'N.O. nuag, qui dev. dk ép.|S. pluie. tonnerre. N. couvert. 30 IN.E. quelques nuages. NE. frein, E. ferein. NE. ferein. —— Le foir. NE. ferein. NE, ferein. NE. ferein. N.E. ferein. N.E. ferein. NE, ferein. N.E. fercin. NE, ferein. N.E. ferein. S.O. couvert. N.E. couvert. N.E. ferein. N; nuages aflez épais, N.E. nuages. N.E. vent fort. ferein. N.E. ferein. N.E. ferein. S.O. pluie, N.0. pluie, S. quelques nuages. N.E. férein. N.E. ferein. N.O. ferein. IN.E. ferein. E. ferein. N:E ferein. N.E. couvert. "1 RÉCAPITULATION. On ne fe rappelle pas d’avoir jamais vu un mois d'Avril aufli beau que celui-ci. L'air a prefque toujours été ferem , calme; & le temips abréable. La chaleur a été conftante, & :plus forte qu'elle ne left Tome I. N n 262 MÉéMorREs DE LA SOCIÉTÉ ordinairement dans ce mois. Le thermomètre a été obfervé 22 fois au delh du tempéré, 2 fois au tempéré mème, & le refte du temps au delà ou.aux environs du cinquième degré au deflus du point de la congélation. Sans le vent du nord, qui a foufflé prefque pendant tout le mois, & qui tempéroit la chaleur des rayons du Soleil, il auroit fait beaucoup plus chaud encore. Ce mois a été auffi plus fec qu'il n’a coutume de l’ètre. 11 n’a plu que quatre fois dans tout le courant de ce mois, & les pluies n’ont duré au plus que quelques heures. Toutes ces caufes ont fait que le baromètre s’eft tenu à une hau- teur confidérable , & n’a varié en tout que d’un demi-pouce. Sur les dix années d’obfervations dont nous avons préfenté les réfultats à la Société, il n'y en a pas une feule où le baromètre fe foit tenu à une élévation auffi confidérable. Cependant, malgré la conftante beauté du temps, cet inftrument n’a pas été ftationnaïre au delà d’un jour: mais fes varia- tions, quoique très-fréquentes, n’ont pas été au delà de 1 = ligne dans l’efpace de 24 heures. Depuis le ro à 2 heures après-midi juf- qu'au 11 à la,mème heure, il s’y fit un abaïflement de 3 + lignes : dans cet intervalle le vent changea, le temps fe couvrit; & il plut un peu: dans la matinée du 12. C’eft dans ce mois qu’on a entendu gronder le tonnerre pour la première fois. La plus grande chaleur de ce mois, marquée par le thermomètre, a été de 155% degrés au deffus du terme de la congélation ; elle a été obfervée le 29, à:2 heures après-midi. La moindre chaleur a été obfervée le 1 du mois , à 9 heures du foir; & étoit. de 1 % degré au defus du terme de la congélation. La différence de ces deux termes eft de 14 déorés. La chaleur moyenne calculée pour ce mois eft de 8 & degrés. La plus grande hauteur du mercure dans le baromètre a été de 26 pouces 11 Tignes ; elle a été obfervée le 3, à 8 heures du matin : C’'eft le maximum dela hauteur du mercure dans le baromètre à Lau- fanne (4). Le plus grand abaiffement du mercure a été feulement de 26 pouces 4 < lignes : il a eu lieu le 22, à 2 heures après-midi &c à 9 heures du foir; & le 23, pendant tout le jour. La différence entre ces deux termes .eft de 6 lignes. Nous avons trouvé la hau- teur moyenne du mercure dans le baromètre égale à 26 pouces 7 % lignes. LS) 21 © ANR D PUR 0e RE Q4) Voyez ci-devant mes Obférvations générales fur le climat de Laufanne, Cc. pag. 420. pes Sciences Pnys. DE LAusANNE. 263 Les vents n’ont point été forts, & n’ont prefque pas varié dans leur direction. Celui du nord-eft a dominé d’une manière peu com- mune ; & celui du fud-oueft.n’a foufflé que deux, fois : ce qui eft peut-être fans exemple dans ce pays. Nous avons obfervé que le vent eft venu $ fois du nord, 56 fois du nord. vers l’eft,. 7 fois de left, 4 fois du fud, 22fois du fud vers loueft, 4 fois de loueft , & 7 fois du nord vers l’oueft. La durée du beau temps eft un autre phénomène. Il mérite fur- tout d’être remarqué dans un mois où le temps eft ordinairement fort variable & très- mauvais. Il n’y a pas eu une feule fois des brouillards. Nous avons trouvé 24 jours où l'air a été parfaitement ferein; 7 de temps couvert, 8 où 1l y a eu plus ou moins de nuages, 3 de vent, s de pluie, 1 de neige, & 1 de tonnerre. Les hygromètres ont marqué un peu d’humidité pendant tout le mois. 2, EMMAN LAND I Es! L’épidémie de petite vérole a été plus générale ce mois que le pré- cédent ; mais elle n’a pas caufé autant de ravages : le relevé des régiftres mortuaires nous apprend qu'il en eft mort 7 enfans de moins que lemois précédenr. Cette diminution dans le danger de la maladie eft venue de ce que fon caractère a changé dès la fin du mois paffé. Nous n’avons vu que: très-peu de pétéchies, & elles cédoient aux remèdes ordinaires. Mais rien n’a été plus commun que de voir, dès l'invafion, des vomiffemens & des diarrhées bilieufes. Dans ces cas nous avons donné le tartre ftibié avec beaucoup de fuccès. Nous l'avons mème fait prendre dans la troi- fième période de la maladie. Ce remède, en évacuant une grande quantité de matières bilieufes , prévenoit la diarrhée ou l’emportoit lorf- qu'elle exiftoit déja, Il favorifoit auffi l’éruption & le développement des puftules. Nous l'avons fouvent donné en petite dofe pendant toute la maladie, Nous avons encore obfervé un petit nombre de fièvres bilieufes. Elles étoient peu dangereufes, & cédoient aux remèdes ordinaires. Il y a eu auffi quelques apoplexies. 38 M LOT R !T ÎSe Le nombre des morts a été, ce mois, de 31 perfonnes : favoir, 6 hommes , 7 femmies, & 17 enfans, dont 11 garçons & 6 filles. 1l eft mort, de la petite vérole ; 9 enfans de l’un & de l’autre fexe. Nn2 264 MÉMOIRES DE LA SoOctÉTÉ ADO 2 EM AN ru Rte THERMOMÈTRE. BAROMÈTRE. ours | pers ar 2 joe pue | 8 heures du| 2 heures: |9 heures du matin. | midi. Soir. mitin. après-midi. Joir. Degrés.| Degres.| Degres. | Pouc. Lig.| Pouc. Lig. Far I 9, 2 | I4, O |, 10, o 26, 7, 9 | 26, 7, Oo | 26, 6, 9 | 2, 9,0 /:1$, 0 | 9,$ 26, 6,.3 | 26, $, o | 26, 5, o 31195 f'igsro [In go 26, 4, 6 | 26, 3, 9 | 26, 3,10 4| 9, $ [14 2| 9,0 26, 4, 9 | 26, 4, 9 | 26, 5, 3 SALES AT ELLES 26, $, 9 | 26, $, 9 | 26, 6, 3 6 |NTr où M4 O1) T4, 8 | 26,16n3:1 126,76, 0 126606 7012, 100 US 9, 5 | 26, 4, 8 | 26, 4, Oo | 26, 4, © 8 9, © 9, 8 4, 8 26, 4, O | 26, 3, 9 | 26, $, 3 9 | 4 $ FROM GO | 266,101 2690026 610 10 7, © 9, © à 26,26, 0 1,26, 6, 3 | 26,679 I! 9, 12: PIC Q DO nb Del 20 MO NIR2E. at 12 | 10, : 16, O | 12, o | 26, 6, O | 26, 6,001726:101 10) 13/| #1, 4° | F6, 0!|.#2, 2 26, 6, 9 | 26, 6,10 | 26, 7, © 14 | 11, 3 | 17, $ | 14, © 26, 7, 4 | 26, 6, 9 | 26, 7, © f$ | 14, 0 | 15, 2 | 12, © 26, 75 © | 26, 7, Oo | 26, 7, 3 16 |.13, o | 16, 0 | 14, © 26,-7,113 1:26,.7; O1 26; 9 17 183340. Las 2 l'AS O 26, 6, 9 | 26, 6,.0 È 18 | 13, O | 15, O | 12, $ … | 26 5: 6 | 26,4, 9 19 | 13, O | 18, © | £2, $ 26, 4, 6 | 26, 4, 6 ) 20 | 13, O | T7, O1 12,7 | 26, $: © 26, 4 9 o 21 | 14,0 | 17, O°| 14, © 26,14, 2 |:26; $,12 6 2211 23502 | 17 $ Pris 26, 4, 9 | 26, 4, O© 9 230 AT, 02: | ITA INT 2 26,13: 04|.26; 2,.16 : 241| 12, 2 |116, O | 14, 0 26, 4,.01|126,.4, 0 2$ | 12,5 1,16, 5 | 12, 9 26; 4,,6 | 26, 4, 3 (o) 26 | 10, 9 | 14, 5 | 11, $ | Se 3 à Et ke ë | È 2 II, 8 12, © 8; $ 26, 2, 1 AD E) : | 8; $ 9; 8 8;, Q | 26, 3; O | 26, 3 (e) C 2 | 8, $ | 13, 2 | 10, $ 26, 5, © |.26, $, O o 30 | 10, 2 3 7 | 9, 2 265: O2 Gr US,10 o 7 D PO EP ON 158 | 9,2 26, 6, © | 26. 6, o o BR LE RER 20 Ze PAT RER, à “6 4 D OUTRE? ST 1 2 RSS LS BRU MINE En GSMES ET DEL ESP DES Sciences Pays, DE LaAusanxé. 265 VEN TSRECIMA TA TD U. C'I EL, ours du Le matin. | L'après - midi. | Le foir. ofs. 1 NE. ferein. N.E. quelques nuages. |E. couvert. tonnerre. 2 [N.E. ferein. N.E. un peu de v. ferein.[O. vent. nuages épais. 3 [N.E. ferein. S.E. nuag. au fomm. d. m.[S.E. pl. d'orage. tonnerre. 4 |N.E. couvert. N.E. couvert. N.E. couvert. s INE. couvert. N.E. nuages affez grands.|O. £. pl. un peu de tonn. 6 IN.O. nuages. [N-O. couvert. nuages. |O. gros nuages. 7 |O. pluie. O. pluie. O, pluie. 8 IN.E. pluie, S.O. pluie, O. pl. peu de tonnerre. 9 |O. couvert. O. couv. gros nuages. |N.E. vent fort. gros nuag. 10 [N.E. vent fort. couv. N.E. vent, couvert. N.E. vent. couvert. 11 IN.E. couvert, doux, N.O. nuages affez gros. IN.O. nuages moins gros. 12 IN. ferein. N.O. ferein. N.E. ferein. 13 [N.E. ferein. N.E. ferein. nuages orag.[N.E. ferein. 14 |N.E. ferein. N.E, ferein. nuages orag. IN.E. ferein. 15 IN.E. nuages. N.O. couv. averfe depl. [N.O. nuages. 16 [N.E. peu de nuages. S. ferein. N.E. ferein. 17 [NE. ferein. S.E. ferein. nuag. orageux.[N.E. vent fort. ferein. 18 [N.E. nuages, N.O. couvert. O. couvert. 19 |S.E. couvert. brouillards. (S.E. idem. S.O, idem. 20 |S.O. nuages. 21 [N.E. nuages. fol. chaud. 22 IN. nuages. foleil. chaud. 23 0: pluie. 24 |E. nuages. 25 [N.E. nuages. ferein. S.O. c. un peu de brouill. |S.O. idem. N.E. idem. N.E. idem. N. nuages orageux, iS.O. pluie forte. tonnerre. O. nuages. O. c. écl. tonn. éloignés. S.O. c. écl. tonn, éloignés. O. nuages. N.E. ferein. nuages orag. 26 |O. pluie. O. grands nuages. O. couvert. 27 |5.O. pluie. N.E. v. fort. pluie. couv. |S.O. pluie. 28 "|O. pluie. O. pluie. O. pluie. NE. couvert. ©. forte pluie. brouillards. NE, idem. 29 |O. gros nuages. 30 |S. pluie. brouillards. 31 |5. forte pluie. brouillards. ! O. gros nuages. O. idem. . pl. moins fotte. brouil]. 1 RÉCAPITULATION. Les premiers jours du mois de Mai ont été agréables, & parfai- tement femblables à ceux d'Avril. L'air étoit afflez frais le matin & le foir ; au milieu du jour il étoit chaud & agréable ; le foir 1l ton- 266 Mémotrres DE LA SocrÉT* noit. Le 4 le temps a commencé à changer, & il eft refté couvert, humide, & pluvieux, jufqu'au 11 , que le vent du nord-eft à com- mencé à foufler. Alors les matinées & les foirées étoient belles, tandis que l’après-midi le ciel fe couvroit de nuages orageux. Pendant ce temps-là, la chaleur a augmenté, fur-tout le matin & le foir; mais elle n’a jamais été bien forte, puifqu’elle n’a pas furpaflé le moindre degré de chaleur d’entre les plus grands qui ont été obfervés à Laufanne pendant dix années. confécutives. Vers le 18 le temps a commencé de nouveau à changer : les vents & l’état du ciel ont varié; il a beaucoup plu les deux derniers jours : en général il n’avoit guère fait auparavant que des pluies d'orage. Souvent il a tonné & fait des éclairs; plus fouvent encore le ciel étoit chargé de gros nuages orageux. Les conduéteurs donnoient prefque toujours des marques d’é- leétricité (s ). Tout cela paroît avoir peu influé fur le mercure dans le baromètre, fi ce n’eft peut-être la caufe qu'il s’eft tenu fort bas pendant tout le mois à peu près. À la fin du mois, au plus fort de la cs D © mercure montoit; 1l avoit commencé à baïfler le 2$ au foir, le ciel s'étant alors couvert, & le vent ayant changé du nord vers left, au fud vers l’oueft. Le mercure a été ftationnaire 2 fois feulement; mais fes ofcillations , quoique fréquentes, n’ont jamais été ni brufques ni fortes. La plus grande chaleur de ce mois, marquée par le thermomètre, a été de 18 degrés au deflus du terme de la congélation; elle a eu lieu le 19 à 2 heures après-midi. La moindre chaleur a été de 4 $ degrés au deflus du même terme, & a été obfervée le 9 à 8 heures du matin. La différence entre ces deux termes eft de 1 3 5 degrés. Le degré moyen de chaleur calculé pour le mois entier eft de 11 & degrés. La plus grande hauteur du mercure dans le baromètre a été de 26 pouces 7 : lignes; elle a été obfervée le 1 à 8 heures du matin, le ciel étant ferein depuis la nuit précédente, & le vent au nord vers left. Son plus grand abaiffement a été de 26 pouces 1 £ ligne; il a eu lieu le 27 à 2 heures après-midi, le temps étant à la pluie & couvert depuis la veille. La pluie a continué le refte du mois, & les (5) Cette obfervation mérite d’être remarquée pour l’hiftoire des brouillards electriques vus dans ce pays pendant les mois de Juin & de Juillet de cette année. DES : Sciences Puvs. DE LAUSANNE. 267 vents ont été affez variables. La différence entre la plus grande hauteur du mercure dans le baromètre & fon plus grand abaiffement eft de 6 À lignes. Sa hauteur moyenne , calculée pour tout le mois, eft de 26 pouces $ + lignes. Le vent à foufflé 2 fois du nord , 37 fois du nord vers left, 4 fois du fud, 9 fois du fud vers l’oueft , 25 fois de l’oueft, & 8 fois du nord vers l’oueft. Nous avons trouvé 9 fois l'air parfaitement ferein , 16 fois le temps a été couvert, 20 fois il y a eu plus ou moins de nuages, s fois le vent a foufflé avec plus ou moins de force, 4 fois l'air étoit rempli de brouillards; il a plu 13 jours, & tonné 7 fois. Les hygromètres ont marqué tout le mois de l'humidité : à la fin du mois elle a été très- grande, 20 MM APE NA ND I ES, La petite vérole a été, ce mois, moins générale & moins meurtrière que les mois paflés. Il y a eu quelques fièvres catarrhales & bilieufes. Ces maladies ont reffemblé parfaitement à celles des mois paflés|, & ont été guéries par les mèmes remèdes, Le ALT oËR. rs: Il eft mort, ce mois, 22 perfonnes : 6 enfans ont fuccombé À la petite vérole. Sur le nombre des morts il y a eu 6 hommes, 7 fem. mes , & 9 enfans de l’un & de l’autre fexe, dont 6 garçons & 3 filles. 268 MÉMOIRES DE zA Soci:1ÉTé PRRORCAT SE MOREL PE PAT INT TES EVENE TELNET ICONE ELEC D MEDICINE D CR ne MOIS DE JUIN 1783. THERMOMÈTRE. | BAROMÈTRE. ours (74 moës.| 8 heures ste 9 heures 8 heures du | 2 heures |o heures du du mat. | midi. du foir. matin. après-midi. | midi.| foir. io Perél Degré. Degres.|\ Degres. | Pouc. Lig. Douce Lie (LE Lig. | Pouc. Lig. sl 150 20-1672 26, 5: 6 | 26h Ou e26 15300 21MO SAIT NS 2:22 26,44 010266 ONNÉG UNE RIRE RENE 26: 0, OLP26, 051918261618 APT ASS Tant 2 ll TT" O 26, 6; © | 26, 6, 6 | 26,7, pla 5, 2 | Le PET 4 26; LT: 19026; 7,09 1|H2 6,083 GRETA SAIT ER Er TE Oo 26,58 08426: ZAUONIN2GNLZ NS FIG, SONT 20 I SUT 0 | 26,173 G11n26:17,:611| 1267.06 sh ohrégco 1210 26, 7» 8 | 26, 7, 3 | 26, 7, 0 DAEL HSE L5 128 NRE 2 | 26, 70-1126 6,46 :102611616 TOM ARTS NS TS 26, 6, 6 | 26, 6, 6 | 26, 6, 9 II IT, © 16, 2 | 11, $ 26, 6, 4 26, f: 4 26, $; © | 12, | 12, 2 | 17, 0 | 12, 8 26, $: 3 | 26, $, O | 26, 5, 5 NIMES ZT INT NS | 13, $ 26, 6, O | 26, 6, 6 | 26, 6, : 14 | 14, O | 16, $ | 14, 2 26, 6, 6 | 26, 5, 9 | 26, 5, 6 15 If, 2 15, 8 10, $ 26, 4 o 26, 3 3 26; 3» 9 161]: E8, ou 6 ot AirX oO | 26; 4,113 |1 26, 4,10 .| 26, LE 12109958 À 13,00 |. 10,28 26, 6, 3 | 26, 6, 9 | 26, SA AT | 0121; ONE | 26,17, 0226700 |M26 ë è 19 11, ÿ 11, 2 9; ÿ 26, $» 3 | 26, $; 3 26, ÿ> : 29 AUS 2] "IS 20e 18 | 26, 5510020, 4 ONN26 3516 DÉMPIIMIONIEI CIE 9, © DÉrA ON 26 SR ONIVR 66, ÿ 22 | JE OUEN | 10, $ 26,,7, 8 | 26, 8, 4 | 26, 8, 6 paninesnT Sul rite 6 26,:9, © | 26, 9, © | 26,9, 4 24 lun, $ | 17, 5 | 14, 2 26, 9, 4 | 26, 8, 6 | 26, 8, 6 250 AS A 17,2 5.| 15,6 26, 8, 4 | 26, 8, © | 26, 8, 3 26 13, $ | 17, $ | 13; 8 | 26, 8, 4 | 2/65 8 01268510 Ë 14, O AE $ NNAENS No, RSR], 18, 10 28 | 14, $ | 17, $ | 14, oO 26, 8, © | 26, 8, O | 26, 8, oO 29 | 15, O | #5, $ | 15, o© 26 so 36 8:03" |"26;"8;%4 | 201 TS SM OdE16..0 | 26,:8,16 126,18; 6 |: 26,N8588 VENTS DES Sciences Puys. DE LAUSANNE." 269 PI EUN TPS MENTNSE TUAÎTN DU CI ET Le forr. 1 [N.E. nuages. N.E. vent. nuages. N.E. v. fort. petits nuag. 2 |N.E. petits nuages. N.E. nuag.aflez gros. |S.E. n.orag, éc. ton. éloig. 3 [N.E. nuages. S. idem. S. idem. 4 |S.O. nuages. couv. pluie. [O. pluie. brouillards. O. idem. $ |O. pluie. légers brouill. |O. idem. ©. idem. 6 |O. pluie. O. idem. br. légers. IN. idem. 7 IN. forte pluie. N. idem. brouill. épais. [N.E. couvert. brouillards, 8 |E. couvert. lég. brouill. [N.E. gros nuages. N.E. vent fort. nuages. 9 |E. couvert. E. couvert. IN.E. couv.goutt, de pluie, 10 |E. nuages épais. pluie. [N. couvert. pluie. E. nuages épais. couv. pl, II |E. nuages. E. petits nuages. E. v.fort, n. au f.des mont, 12 |N. nuages. O. nuages épais. S.O. couvert. 13 |O. nuages. O. gros nuag. lég. brouill, |O. pluie. brouillards. 14 |S. nuages. S. nuag. au fomm. desm. |S. idem, 1$ |S. couvert. S. pluie. brouillards. S. idem. 16 |S.O. couvert. S.©. vent fort. pluie. S.O. couvert, pluie. 17 |[S.O. couvert. légers br. !S.O. v. fort. couv. pluie. |s.O. idem. . 18 |S.O. couv. légers brouill. IS.O. rem. pluie. S.O. idem. & vent fort. 19 [S.O, pluie forte. brouill. |S.O. pl. forte. br. épais. 1S.O.pl.br.pet.aur.boréale, 20 |S.O. couv. brouillards. |S.O. n. épais. pl. br. épais.| N.E. c. br. ton, éloig. écl. 21 |S.O. pluie. brouill. épais. |S.O. pluie. brouill. épais. |S.O. pl. br. épais. t. él. écl. 22 |S.O. pluie. brouillards. N.£. couvert. brouillards.IN.E. couvert, brouillards. 23 |N.E. br. comme une fum.|N.E. c. br.que j'app.éleétr.IN.E, brouill. électriques, 24: [N.E. brouillards électriq. IN.E. idemz. N.E. idem. 2$ |N.E. brouillards électriq. NE. gros n. peudebr. [N.E. gr. n. br. éledt. t. pl. 26 |O. petits nuages. brouiil./S.O. c. br. éleét. tonn.fort,IN.E. petits nuag. br. éle&. électriques. | quielttombéenpl.end.| lumineux la nuit. S.O. petits nuag. br. élect. IN. couv. peu de br. tonn. :N. dem. br.ép.lum. la nuit. N.E. petits nuag. br. élect.IN.E. gr. n. orageux. br. /N.E. vent. br. éle@riques, 29 [N.E. v. fort. br. élect. ép. IN.E. idem. br.moins épais.IN.E. v. br. ép. & peu [um. N.E. brouill. électriques. IN.E. idem. N.E. v. £ br. ép. fortlum 122-R É CA PPT Ü I AUT I OÙUN: Depuis le 1 du mois jufqu'au 22, le temps a été défagréable, humide, & pluvieux. Jamais on n’a vu l’air parfaitement fer:in : lorfqu'il ne pleuvoit pas, le ciel étoit ou couvert ou chargé de Tome I. O o 270 Mu mrouiRiets bn ET à HSoN TE) réf nuages. La pluie étoit ordinairement accompagnée de brouillards épais & fort humides, fur-tout depuis le 19. Du 1 au 16, le vent a été variable. Alors il a tourné au fud vers loueft; & à l’exception d’une feule fois, il a conftamment foufflé de ce côté jufqu'au 22, quil s'eft fixé au nord vers left. Durant les pluies du 16 au 21 il y à eu quelques orages éloignés êc une petite aurore boréale. Le mercure dans le baromètre a éprouvé des variations fréquentes ; mais elles n'ont été ni brufques ni bien grandes : en général il s’efttenu affez bas. La chaleur a auffi été foible. On n’a point vu la liqueur dans le thermomètre au-delà de 17 5% degrés au-deffus du terme de la congélation, & plufieurs fois elle a été au-deffous du tempéré. Le 22 du mois le temps a tout-à-fait changé. Depuis ce jour jufqu'à la fin du mois, le thermomètre a indiqué un plus grand degré de chaleur. Le mercure dans le baromètre s’eft tenu plus haut. Le vent, quelquefois affez fort, a prefque toujours foufflé du nord vers left. Tous les jours à peu-près il y a eu des orages plus ou moins forts. Enfin les pluies ayant ceflé le 22, les brouillards dont elles étoient accompagnées font reftés. Nous avons déja eu lhon- neur de préfenter à la Société une partie de lhiftoire de ces brouil- lards (6) : nos obfervations fucceflives vont maintenant la compléter. La plus grande chaleur de ce mois, marquée par le thermomé- tre, a été de 17 »5 degrés au deflus du terme de la congélation; nous lavons obfervée le 3, le 24, le 25, le 26, & le 27, à 2 heures après-midi. Le moindre degré de chaleur a été de 9 degrés précis au deffus du point de la congélation ; il a été obfervé le 21 à 9 heures du foir, & le 22 à 8 heures du matin. La différence entre ces deux termes eft de 8 5% degrés. La chaleur moyenne a été, ce mois, de 13 % degrés. La plus grande hauteur du mercure dans le baromètre a été de 26 pouces 9 :: lignes; nous l'avons obfervée le 23 à 9 heures du foir, & le 24 à 8 heures du matin. Son plus grand abaiffement a été de 26 pouces 3 + lignes ; il a eu lieu Ê 15 à 2 heures après-midi. La différence entre ces deux termes eft de 6 + lignes. La hauteur moyenne du mercure dans le baromètre a été, de 26 pouces 6 # lignes. (6) Voyez ci-devant Mémoire fur les brouillards électriques vus en Juin €ÿ Juillet 1783, €ÿc.-pag. rio. ; DEs Sciences Puys. DE LAUSANNE. 271 Le vent a foufflé 6 fois du nord, 32 fois du nord vers left, 1 fois du fud vers left, 8 fois du fud, 21 fois du fud vers l’oueft, & 12 fois de l’oueft. Nous avons obfervé 12 jours où le temps a été couvert, 1$ jours où le ciel a été chargé de nuages plus ou moins épais, 9 jours où le vent a foufflé avec plus ou moins de force, 6 jours où le tonnerre a grondé ; il y a eu 20 jours de brouillards & 16 de pluie. On a vu une petite aurore boréale. Les hygromètres ont marqué une humidité extrème pendant tout le mois; elle a pourtant un peu diminué vers la fin. 20 OMAN ENA D I ES La petite vérole a confidérablement diminué ce mois. Il n’a plus été queftion de pourpre; mais on a encore obfervé des vomif- femens & des diarrhées bilieufes. Deux enfans font morts des fuites d'un mauvais régime. Nous avons auffi vu quelques fièvres tierces gaftriques ou bilieufes, qui ont cédé à l'émétique & à quelques purgatifs. Il y a eu plufieurs couches facheufes, & le nombre des enfans venus morts au monde a été plus grand que de coutume. FSU obRipus Il eft mort, ce mois, 22 perfonnes ; favoir $ hommes , 7 femmes, & 10 enfans de l’un & de l’autre fexe, dont 7 garçons & 3 filles. ° 17 FA EA ré 0 ’e Oo: La 272 MÉéÉmotrïres Dr LA SoctrÉéÉTé RCE LTD PA ONNÉEIREEO CEE RENTE IS ONE VSREN LE IENS RECETTE RREE EEE ———— ML OS EDSE: JU LIEN ne: THERMOMÈTRE. ___ BaRroOnmÈTRE. orale rates Li AL SET ENE 4] du |8 heures|2 heures |9 heures Seul heures du| 2 heures |9 heures du mois. du après- du foir. matin. |après-midr. Joir. matin. | midi. | Degrés.| Degrés.| Degrés. | Pouce. RE VPN Lie | Pa Le Pouc. Lig.| Pouc. Lig. THIS NSMNU2O MON T7: 0 26, 9, O | 26, 8, 8 | 26, 9, o 2HIh ré Slar, © [7 26, 9, 6 | 26, 9, 6 | 26, 9, 6 31|0172011122; Grhler 7. ds 26,10, O | 26, 9, 6 | 26,10, © ATOME I2ONS AE |NTEN | 26,10, O | 26,10, oO | 26,10, 6 1E7 to MTS No!) TEEN 26,10, O | 26, 9, 6 | 26, 9, 8 6 | 16, o | 18, $ | 16, o 26, 9, O | 26, 8, 6 | 26, 8, 6 7163, 1 27,101) 07.5 26, 8 9 | 26, 8, 6 | 26, 8, 6 M CORP LP EI 2 26, 8 o |: 26, 7, 6 | 26, 7» 6 9 17; $ 21, 8 18, [e} 26, 7 9 26, 7 O 26, 7 4 TOM 18,5 122, 10 T9, © | 26,17: 6 [026471011126 7283 nr) TS 10 MAI UMTS 1 26, 8; o | 26, 7, 9 | 26, 7,10 12 | 16, $ | 20, 0! |-r6, 8 26, 8, o | 26, 7, 9 | 26, 7, 6 131 LS ON 108 ÉTÉ: 10 26,07 NOUN26 M6, 06 N2GS UE 14 | 15, O | If, O | 13, 5 26, ÿ» 3 | 26, 6, O | 26, $,11 INIST 2 T9 alto 26,6, o 126, f;6:| 26,56 16 | 15, O | 18, $’| 16, o 26,270 126.8 100102648216 17 Qui; 20 | 197 8164 26, 8: 3 | 26, 8, 9 | 26, 9, 4 NéA#I6 7120 ler 26, 9 $ | 26, 8, 6 | 26, 9, 3 19 | 15, 5 | 20, $ | 17 5 | | | 26, 9, o | 26, 7, o | 26, 8, 4 201|P16512 0019 482 US 26, 8; 7 | 26, 8, o | 26, 7, 6 21/16 7,19, 516, 5) | | 26, 7 9 | 26, 7, 6 | 26, zu 22UINTE, S | 16, $ [14 o 26, 7» 6 | 26, 6, 6 | 26, 7, 3 PAIE OI ONE 263 7» O || 26,06, 06 126, 8,00 24 13, © 16, $ 15; O 26; 9» O | 26, 950$ 26, 9 6 25, ]N16, Oo | 18, © | 6,5 26, 9, 6 | 26, 8, 6 | 26, 8, 8 26 | 14, 6 | 18, $ | 16, 4 | 26, 74 9MN 26. W7 Us 7 6;"7 YA DT UE CCR CT | 26, 6 3 | 26, $, $ 5,10 28 | 15, $ | 18, 7 | 16, 8 26, $, 9 | 26, 5, 9 6 4 29 N'FMSNNES Lo. | 17, 0 | 26, 6, 6 | 26, 6, 0 le GS 30 | 16, © | 20, 8 | 18, o 26,07. 6112607, 08 É ; 8 6 17, O | 21, Oo | 18, $ | 26, 8, 9 | 26, 7, 6 8 26,,7,,6 1 26, 8, 9 À Es Scrences Pays. DE LAUSANNE. 273 DE NI ASIE NE HA, T. DU. C,I'E.L: ours Le matin. 5 L'après - midr. | Le foir. nos. N.E. idem. aflez lum. lan. N.E. brouillards électriq. NE. v. br. ép. très-lumin. NE, v. f br. él. très-lum. N.E. fer. br. ép. au Jura. NE, ferein. [} N.E. brouillards éleétrig. N.E. idem. N.E. brouill. élect. denfes. N.O. deis. nuag. tonn. N.E. brouillards électriq. IN.O. id. v.n.tonn.àl'E.O. N.E. brouillards éleétriq. IN.O. idem.couv.al O.ton. N.E. vent. br. éle&riq. [N.E.d. br, clairs aux Alp. N.E. br. lég. tremb.de ter.IN.E. ferein. D CO On HR V2 D mm N.E. ferein. NE, dem. NE. idem. vent fort, N.E. ferein. N.E. idem. vent. NE. idem. N.E. ferein. N.E. idem. N.E. idem. 10 [N.E. ferein. N.E. idem. N.E, n. blancs. coup det. It IN.E. gros n. br.éleét.épais. NE. br. ch.accab. n. orag.IN.E. vap. à l'O. & à l'E. 12 5.0. c. pl. ton.aff. de gr.m. S. gros nuages. S. b. él. aux Alp. & J. n. or. 13 |S br. élect. n. tonn. à l’O.S. nuages. brouillards. [N.E. br. élect. aflez épais. 14 |S.O. br. hum. couv. pl. |S. idem. N.E. br. bas, fort humides.! 15 |S.O. br. électrig. nuag. |S.O. br.éle@. au J. n.orag.|S.O. c. br. ton. affr. grêle. 16 |N.plusdebr.gr.nua.gt.depl. N. gr.nuag.br.couv. à l'O IN. vent froid. couvert. 17 ÎN.E. v. nuag. lég. brouill. N E. pet.nu. br.aux mont. [NLE. v. fort. br. ép. aux m. 18 [N.E. brouillards. EE. pet. n. br. peu denfes. [N.K. br. auxAlp. & au Jur. 19 |S.O. brouillards denfes. NE. v. F. pet. n. br. denf. IN.E. v.f.&frais. br. d.&bas. 20 [N.E. brouillards denfes, (N.E. moins de brouillards.|O. idem. nuages à l'O. 21 |O. nuages. brouillards. (SO. g: ton. pl.& gr. br.ép.\O. c.écl.br. moins denfes. O. br. n. pl. ton. £. à midi. [O.ton. cont. pl. br.plusécl.|O.c-ton-ond.depl.br.pluscl. O.cou.ond d.pl.coupd.ton.|S.O. v. f. couv. ond. de pl.IS.O. vent fort. & froid. O. plu la nuit. nuag. épais lO. gros nuages. O. gros nuag. plus nombr. 2$ |S.E. vent fort, petits nuag. N.E. idem. N.E. idem. 26 IN.E. v-pet.nu.tr.peunomb.N E. idem. N.E. v.£ fer. écl. au S.E. 27. IN.E. petits n. très peu n. [N.E. nuag. au f des mont.{S.E. idem. éclairs au nord. 28 |O. nuages. IO. g. n. ond.de pl. le foir. O. couv. ond. de pluie. 29 IN.E. nuages. N.E. très-peu de nuages. IN.E. id. écau N.E. & S.O. 30 |E. per. n. gr. au f. des m. IN. idem. foleil chaud. NE. idem. NE. idem. 31 IN.£. petits nuag. fol. ch. IN.E. ferein, foleil chaud. 1. RÉCAPITULATEION. On a vu les brouillards éleétriques depuis le 1 du mois jufqu’au 6 fans aucune interruption ; alors un tremblement de terre s’eft fait fentir, & les brouillards ont difparu jufqu’au 10 : Phiftoire de ces 274 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ brouillards & du tremblement de terre qui les a diffipés, fe trouve dans le Mémoire que nous avons écrit fur ce fujet. La nuit du 10 au 11 des nuages orageux fe tenoient au fud—oueft & à loueft , le long de a chaîne du Jura, & nos brouillards fe font montrés de nouveau; mais un orage, accompagné de grands coups de tonnerre, les a fait difparoïître pendant 7 ou 8 heures. Alors ils font revenus par un vent du nord-eft affez fort, lair étant chargé de quelques nuages. Ils ont conf- tamment règné jufquà la nuit du 153 au 16, que FA to tonnerres les ont encore diflipés. Cependant de gros nuages les ont ramenés le lendemain. Mais le 21 après-midi il y eut un grand orage; il tonna toute laprès-midi; & le foir il fefoit encore des éclairs : pendant ce temps les brouillards s’abaiffèrent, & fur le foir on vit afflez clairement les Alpes & le Jura. Enfin, le 22, après qu'il eut tonné prefque tout le jour, les brouillards ont difparu , fans qu'on en ait apperçu pendant le refte du mois. Qu'on nous permette une réflexion fur ces brouillards. L'effet du tremblement de terre, celui des grands orages que nous avons vus ce mois; tout prouve que ce qui peut difliper le fluide électrique , diffipe auffi les brouillards. Leur exiftence dépend donc effentiellement ‘du fluide éleétrique ; nous avons donc eu raifon de les qualifier d’électriques , & l'explication que nous en avons donnée paroït être conforme à leur nature. Au refte ces brouillards ont été fecs pendant les premiers jours du mois: à la fin ils ont paru humides. La rofée a été peu confidérable les premiers jours ; elle eft devenue plus abondante enfuite. La lumière ou le phofphorifme des brouillards a été confidérable avant le tremblement de terre : il a diminué enfuite, & les derniers brouillards n’étoient point lumineux. Il eft bon d’obferver qu’alors ils étoient devenus humides, & que c’eft. fans doute ce qui les a empèchés de luire. De long-temps on n’avoit vu des tonnerres aufli fréquens ni auf forts que ceux qu'on a obfervés pendant ce mois, Le 12, de grand matin, il fit des tonnerres extrêmement forts, qui durè- rent pendant toute la matinée & tombèrent en plufieurs endroits. Trois jours après, à 11 heures du foir, il s’éleva un nouvel orage. Les nuées venoient du fud - oueft & du fud-eft, & la foudre éclatoit à chaque inftant avec un fracas épouvantable. Avant l’orage le mercure dans le baromètre étoit tombé de plus de deux lignes em pes Scrences Puys. DE LAUSANNE. 275$ dans l’efpace d’une heure & demie ; à minuit, au plus fort de l’o- rage , il étoit déjà remonté de 3 lignes. Nous ne nous fouvenons pas d’avoir obfervé un mouvement aufli brufque & auf confidérable. Ïl tonna encore le 21, le 22, & le 23. L’orage dura pendant tout le-jour du 22 : il ne fut pas extrèmement fort ici; on dit qu'il l'a été davantage à Genève. Le mercure dans le baromètre baïffa toute la journée, mais lentement; de manière que le foir nous Île trouvâmes feulement de 2 à lignes plus bas qu'il ne Pavoit ‘été 12 heures auparavant. Outre ces grands tonnerres , il s’eft pañlé peu de jours fans qu’on en ait entendu quelque coup ; ou fans qu’on ait vu des éclairs A ou moins nombreux, plus ou moins grands. Nous obferverons , en paffant, qu'un pareil mouvement de la matière électrique prouve qu’elle s’eft accumulée quelque part, & qu'elle tend à fe mettre en équilibre. Pendant tout le mois, le mercure dans le baromètre s’eft tenu fort haut. Sa moindre élévation a été de 26 pouces $ À lignes; fa plus grande, de 26 pouces 10 # lignes. Sur dix années d’obferva- tions dont nous avons préfenté les réfultats à la Société , 11 n’eft pas arrivé une feule fois que le mercure dans le baromètre fe foit tenu à une auffi grande hauteur. Sa hauteur moyenne a été de 1 lignes plus grande que la plus grande hauteur moyenne calculée fur ces dix années d’obfervations. Cette efpèce de phénomène mé- rite d’ètre remarquée. Peut-être fournit-elle une nouvelle preuve de la nature électrique de nos brouillards. Quant à la chaleur du mois, elle a été en général plus ou moins accablante; ce qui pourroit aufli venir de la préfence du fluide électrique. Elle a été continue & fans beaucoup de variations. Le plus grand degré de chaleur, à la vérité , a été de 1 à degrés moin- dre que le plus grand degré de l'année moyenne; mais aufli le moindre a excédé de 4 #; degrés, le moindre degré de chaleur de l'année moyenne. Le degré moyen l'emporte de 2 # degrés fur celui de l’année moyenne. y Le vent dominant a été celui du nord-eft. 11 a foufflé prefque fans relâche les 11 premiers jours du mois ; fouvent il étoit aflez fort. Pendant fon règne le mercure dans le baromètre s’eft tenu plus haut que: pendant celui des autres -vents ;- mais ce n’a pas été de beaucoup ; & il paroït qu'il faut en chercher la caufe autre part queldans le vent. Le vent du nord-eft fouffloit, lorfque le mercure 276 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ dans le baromètre étoit à fa plus grande hauteur ; & celui du fud- oueft, lorfqu'il étoit à fa moindre élévation. Le plus grand degré de chaleur, obfervé le 3 à 2 ‘heures après- midi, a été de 22 > degrés au-deflus du terme de la congélation; & le moindre degré de chaleur, obfervé le 24 à 8 heures du matin, a été de 13 degrés précis au-deflus du mème terme. La différence entre ces deux termes eft de 9 + degrés. La chaleur moyenne eft égale à 17 & deoré. La plus grande hauteur du mercure dans le baromètre, obfervée le 4 À 9 heures du foir, a été de 26 pouces 10 £ lignes; & fon plus grand abaiflement , de 26 pouces $ # lignes. La différence entre ces deux termes eft de ÿ à lignes. L’élévation moyenne, calculée fur tout le mois, eft égale à 26 pouces 7 : lignes. Le vent a foufflé 3 fois du nord, $6 fois du nord vers left, 2 fois de left, 1 fois du fud vers left, $ fois du fud, 9 fois du fud vers l’oueft, 13 fois de l’oueft, & 3 fois du nord vers l’oueft. Nous avons obfervé 6 jours le ciel parfaitement ferein, 6 jours le temps étoit couvert , 23 jours le ciel étoit chargé de nuages plus ou mois épais , 12 jours ila fait du vent, 17 jours l'air étoit rempli de brouillards , 8 jours il a plu, 10 fois il a fait des tonnerres plus ou moins forts, 4 fois nous avons vu des éclairs fans tonnerre; il a grèlé 2 fois, & 1 fois la terre a un peu tremblé. Les hygromètres ont marqué de la féchereffe tout le mois, moins cependant à la fin qu'au commencement. 2% OM Arr AND) riens L’épidémie de petite vérole a été, ce mois, moins générale en- core que le précédent. Deux enfans en font morts. Nous avons auffi vu quelques fièvres tierces bilieufes. Elles ont cédé aux mêmes remèdes que le mois précédent. Depuis le mois d'Oétobre 1782, il règnoit dans plufieurs parties de l'Allemagne , fur - tout en Franconie, de ces fièvres Scarlatines décrites au long par MM. Storch, Plenciz, de Haen, Navier, &c. L'épidémie avoit été prefque générale parmi les enfans , & beaucoup en étoient morts. On dit qu'avant que la maladie fe für montrée en Allemagne, on l’avoit obfervée dans le Nord , où elle avoit fait affez DES Sciences PHys. DE LAusANNE 27 affez de ravages. L’épidémie a duré en Franconie jufqu'au mois de Février de la préfente année. Le mois de Juin pañlé, plufieurs perfonnes de Warrens, village du Pays-de-Vaud, prirent des maux de gorge d’un caraétère gan- greneux , accompagnés d’une éruption écarlatine fur tout le corps. Quelques adultes en font morts au bout de peu de jours. Nous n’a- vons eu occafion d’en voir aucun. Cependant , au milieu de ce mois de Juillet , nous fûmes appelés à Lau- fanne chez un homme de 30 ans, qui avoit, difoit-on , la même maladie. Au bout d’un jour de forte fièvre , avec un goût amer dans la bouche, des naufées, & des vomiffemens bilieux ; fa gorge s’enflamma, toutes les glan- des du cou, en particulier les parotides, s’enflèrent confidérablement. Bientôt la gorge fe remplit d’ulcères, dont plufieurs étoient gangre- neux. Au bout de ÿ jours on apperçut au cou & au vifage une légère éruption fcarlatine, qui couvrit bientôt tout le corps. Les ulcères de la bouche fe détergèrent peu à peu; léruption pâlit d’abord au vifage , & enfuite fucceflivement fur tout le corps; les glandes du cou fe défenflèrent. Au bout de 9 jours environ l’épiderme commença à s’enlever par bandes. Ê À la même époque à peu près, un feigneur Anglois, qui demeu- roit dans un château à 8 petites lieues à l’oueft de Laufanne, s'étant rendu aux eaux d'Évian, y prit, dès le lendemain de fon arrivée, un peu de fièvre avec un mal de gorge en apparence fort léger. Au bout de quelques jours la gorge, qui d’abord avoit été rouge, fe garnit de petits ulcères; bientôt ils devinrent plus grands : ils fe couvrirent enfin d’une efcarre gangreneufe. Au bout du huitième jour l’épiderme fe détacha des mains, comme sil y avoit eu une éruption. DR aMrotR "ss! Il eft mort à Laufanne , pendant le mois de Juillet, feulement 12 perfonnes : favoir 2 hommes, dont l’un s’eft tué en tombant; 2 femmes ; & 8 enfans, dont s garçons & 3 filles. Sur ce nombre d’enfans 2 font morts en venant au monde, & 2 ont péri de la petite vérole, De Tome I. LE 278 Mémoires DE LA SoctrÉTÉ a — DU RS TT A QUE EL TIR THERMOMÈTRE. | BAROMÈTRE. ni | 8 heures|2 h h Los nl “ ARE HA A LA | 8 heures du| 2 heures |9 heures du É matin. | midi. foir. | mitin. après-mide.| foir. Degrés.| Degrés.| Depres. | Pouc. Lig.| Pouc. Lig.| Pouc. Lie. Fr 7e Moro tres 26, 9, 6 | 26, 8, 8 | 26, 9, 6 2 1 17; $ | 20, 8 | 17, 8 26, 9, 3 | 26, 8, 6 | 26, 8, 8 3uu28, toulk2r. 8IOr US 2619, 0 \0266716"M26) 17, 1 4 | 17, 8 | 19, 4 | 14, $ 26,167 160126:%619h12607502 $ If; $ 18; $ 16, [e] 26, 73 6 26, 6, 6 26, 7: 6 6 | 16, $ | 19, 8 | 17.5 | 26: 07,061126,17 9012674049 7 | 16, 8 | 18, Oo | #5, 26/7, 112681326000 SA AIG ON MTS ON UTT 270 26,.8; 0 1|26,8: 01826, #700 9 17; 8 19, O | 17: $ | 26, 8, 9 | 26, 8, C1 26, 18-09 10 , 18, O | 19, $ | 14, 2 26, 9, 6 | 26, 9, O | 26, 8, 6 List id 5:28 Où! r3, $ | 26, 7; © | 26, 6, 6 | 26, 6, 3 12 | 13, O | 14, $ | 10, © 26,6; O | 26, 1$,.3 | 26: 15303 13 |:10, o D QUES 26, $, O | 26, 6, 2 | 26, 6, 6 MIO NO BEI L0 9, 8 26, 6491026207 Gala GT RO LT T1, 2 tt 9, 8 26, 8, 9 26, 9,3 26, 9; 9 néon ur, to Pr ir 26, 9, 9 | 26, 9, 9 | 26, 9, 3 17:\htimor| 161421013580 | 26, 8, 9 | 26, 8, 8 | 26, 8,10 18 12: $ 17, [e] } 3 26, 9; [e] 26, 8; 9 26, 8, 9 A 19 | 12, 8 Co] me ; 26, 8, 7 | 26, 7, 6 | 26, 7, 6 Î 20 | ru $ 7.2 12,,0 | 25 7 < M és : 7 ; à 21I » © 1502 15, oO CE] > 0, » 9; 220410 M8; Oo INT 26, 7; Oo | 26, 6, 9-| 26, 7, 4 LUNEAE RETRAIT 26, 7; 9 |*26,-7,:9 | 26,:7>.6 } 24 | 14, o | 18, o | 15, o 26; 7» (21826, 6,10 | 2620540 25 | 15, $ | 16, 5 | 14, 26, 6, 8 | 25, 6, Oo | 26, 6, © PC MN TN D ri ; | 26, 6, 3 | 26, 6, 6 | 26, 6, 6 27 12, $ 1f, 2 13, O 26, 6, 9 { 26, 6, 9 26, 8, © 28 12, 0505 | 110$ 26, 8, Oo | 26, 6, 6 | 26, 6, 6 29 | 13 MBMMO MONET, ÿ 26, 7, 9 | 26, 8, o | 25, 8, 6 30 | 13, © 7 0 | ER) 26,19: 1611126,18; 0 | 26.316 213,57 AMGMONIRE ES 26,18, 1201426778; oO | 26,16,16 EL DES Sciences PHys. DE LAUSANNE. 279 VO LONOTOUPTIINENT À TI D Ù, C l'ÉL Jours à du Le matin. | L'après - midi. | Le foir. VTIOLS 1 [N.E. ferein. N.E. idem. fol. très-ch. [N.E. ferein. éclairsauS. ÿ 2 [N.E. ferein. S.O. nuages. couvert. |S. nuages. éclairs auS. À 3 |N.E: ferein. N.E. nuag. chal, accabl. 1S.O. couv. ourag.t. méd. à 4 |S.O. couv. pluieparint. |O. idem. O. couvert. $ IN.E. nuages. N.E. petits nuages. KE idem, 6 |N.E. petits nuages. N.E. idem. N.E. couvert, écl. à l'O. & 7 |O. 3 or. pl. forte par int.t. (0: couv. peu de pluie. _ [N. couvert. 3 8 |S.O. nuages épais. N. nuages. N. nuages. 9 IN. petits nuages &peu. |N. idem. N. idem. ro IN. quelques nuages. N. idem. IN. idem. 11 |O. couvert, vent. O. vent très-fort. pluie. |O. idem. 12 |E. couvert. S.O. forte pluie. tonnerre.|S.O. pluie, 13 |O. couvert. pluie. O. idem. ©. idem. 14 |E. couv. peu de brouill. |E. couv. pluie.brouillards.|E. pluie. brouill. épais. 1$ [N.E. couvert. brouillards.[N. quelques nuages. br. [N. couvert. brouillards. | 16 |N.E. nuages. brouillards, [N.E. nuag. brouillards. [N.E. idem & vent fort. 17 |N.E. brouillards. NE, nuages. brouillards. IN.E. petits nuages. 18 [N.E. petits nuages. N.E. idem. N.E. ferein. 19 [N.E. très-peu de nuages. IN.E. idem. N.E. idem. 20 [N.E. nuages. [O. nuag. ép. pl. tonnerre.IN.E. gr. n. en pet, nomb.f N.O. quelques nuages. [N.O. idem. tonn. au N. 22 |[N.E. quelques nuages. |S.O.n. orag. & t. au S.O. IN.E. nuages. éclairs. 23 |N.O. pet. n. br. aux Alpes.'N.O. petits nuag. brouill. N.O. idem. 24 [N.O. n. lég. br. aux Alpes. O. idem. S.O. gros & épais nuages.} 25 |S.O. nuages. pluie. S.O. c. pl. par ond. tonn. S.O. idem. 4 26 }S.O. couv. pluie. brouill. !S.O, 54e. S.O. nuages. brouillards. £ 27 |S.O. pluie. brouillards. |S.O. gros n. br. aux mont. S.O. n: m. gr. br. aux m. B 28 |S.O. nuages. brouillards, [N.O. idem. IN.O. idem. b 29 |O. pluie. peu de brouill. |O. nuag. peu de brouill. |O. idem. plus épais au Jur.k .30 |S.O. nuag. brouillards. |S.O. nuag. br. al O. ÉASE ident. 31 |O. brouillards fans nuag. [O. nuag. br. pl. épais. !N.E. vent fort. pluie, ton. | 21 IN.O. ferein. 10, RÉ CA4)P IT UiL ANT OUN. Les brouillards, qui s’étoient diffipés à la fin du mois paflé, ne font revenus que le 14 de celui-ci. On en a dû le retour à un orage & à quelques jours de pluie. Amenés par un vent. d’eft, ils-n’ont Pp2 280 Mémoires DE LA SocirÉTÉ cédé ni à celui du nord ni à celui du nord-eft ; quoique ce dernier ait été une fois très-fort. Ils ne fe font diflipés que le 17 au foir, le vent du nord-eft foufflant toujours, fans être fort. Il faut obferver que ce mois ils n’ont pas été aufli épais que le précédent. Nous ne faurions affigner aucune caufe de leur dernière difparition. Lorfqu’ils parurent, le baromètre monta & le temps fe mit au beau; lorfquls fe diffipèrent, le baromètre avoit un peu baiflé ; au commencement les foirées étoient affez fraîches ; vers la fin le degré de chaleur indiqué par le thermomètre augmenta, de manière qu’on ne fauroit croire que la fraîcheur de Pair les ait condenfés. Nous n'avons non plus rien remarqué de particulier par rapport à l'électricité aérienne. Ces brouillards fe feroient - ils jetés fur des nuages d’une éleétricité différente de la leur? L'air étoit chargé de nuages lorfqu'ils difpa- rurent ; & comme ils étoient peu électriques, cette union a pu fe faire d’une manière infenfible. Quoiqu'il en foit, après deux jours de tonnerres , d’éclairs, & d’aflez gros nuages, notre météore né- buleux s’eft montré de nouveau le 2$ au matin. Il fe tenoit alors près des Alpes du Chablais; le Jura en étoit très-peu garni. Il fe maintint dans cet état pendant deux jours de fuite. Alors (par les raifons fans doute que nous venons d'indiquer ) de gros & épais nuages le diflipèrent ; & le lendemain ces nuages amenèrent de la pluie & des tonnerres. Mais la pluie ayant continué par un vent du fud - oueft , les brouillards revinrent de nouveau ; & ils durèrent jufqu'au 31 après-midi, qu'un vent fort du nord-eft, accompagné de pluie & de tonnerre, les fit difparoïître. Pendant toute cette pé- riode du 26 au 31, ils éprouvèrent différentes viciflitudes, que nous avons notées dans nos tables , & qu'il feroit inutile de répéter ici. Du refte les brouillards ont été ce mois très - peu électriques & fort humides : ils avoient auffi quelque chofe de moins reffemblant à de la famée, Nous n’avons pas obfervé une feule fois qu'ils aient été phof- phoriques. On peut encore remarquer que l’hiftoire de leurs appari- tions , de leur durée, & de la manière dont ils fe font diflipés chaque fois , eft entièrement conforme à la théorie que nous en avons donnée dans notre Mémoire. Pendant ce ‘mois , le ciel a été prefque toujours chargé de nuages plus ou moins grands & épais. Il a plu fouvent, & en général l'air a été plus humide qu'il ne l’eft ordinairement dans le mois d'Août, Il a fait peu de vents forts; &, contre l'ordinaire, Des Sciences Puvs. DE LAUSANNE. 281 celui du nord-eft a dominé. Il y a eu plufieurs orages, mais moins que le mois pañlé. Les fonnerres ont aufli été moins forts, & la foudre eft moins fouvent tombée. Nous avons préfenté à la Société quelques obfervations fur un coup de foudre tombé le 12 fur l'É- glife cathédrale de Laufanne (7). Pendant ces divers orages, le mercure dans le baromètre n’a éprouvé aucune ofcillation remar- quable. Excepté les premiers jours, la chaleur n’a été n1 acca- blante ni forte. Le plus grand degré de chaleur, marqué par le thermomètre, a été moindre qu'il ne left ordinairement : & fon moindre degré a été plus confidérable qu'on ne l’a vu pendant les dix années dont nous avons donné les réfultats; excepté pourtant année 1766 , qui a été extraordinaire. Le degré moyen de chaleur de ce mois-ci a été à peu près égal à celui du mois d’Août de l'année moyenne. Quant à la hauteur moyenne où le mercure s’eft élevé ce mois-ci dans le baromètre, elle mérite d’être remarquée; purelle excède d'environ 1 ligne la plus grande hauteur à laquelle e mercure foit parvenu pendant ce mois dans l’efpace de dix ans. Ses -ofcillations, qui n’ont jamais été brufques , fe font faites dans un efpace de 4 : lignes. La plus grande chaleur de ce mois, marquée par le thermomètre, a été de 21 # degrés au deflus du terme de la congélation; elle a été obfervée le 3, à 2 heures après- midi. La moindre chaleur , obfervée le 13 à 9 heures du foir, a été de 9 ; degrés au deflus de ce terme. La différence entre ces deux termes eft de 12 à de- grés. La chaleur moyenne, calculée fur tout le mois, eft de 15 # degrés. La plus grande hauteur du mercure dans le baromètre, obfervée le 15 & le 16, a été de 26 pouces 9 *; lignes; & fon plus grand abaiffement , obfervé le 13 à 8 heures du matin, a été de 26 pouces s lignes. La différence entre ces deux termes eft de 4 * lignes. Nous avons trouvé la hauteur moyenne du mercure égale à 26 ‘pouces 7 Z lignes. Le vent a foufflé 11 fois du nord, 30 fois du nord vers left, 9 fois du nord vers l’oueft, 4 fois de left, 21 fois du fud vers l’oueft, 1 fois du fud, & 17 fois de loueft. Nous avons obfervé 6 fois le ciel parfaitement ferein, 12 fois C7) Voyez ci.devant pag. 158. 282 MÉMOIRES DE LA SOctrÉTÉ couvert, 24 fois chargé de plus ou moins de nuages; 3 fois nous avons obfervé du vent, 12 fois des brouillards, 12 fois de la pluie, 8 fois des tonnerres, & 3 fois des éclairs fans tonnerre. Un ouragan a rompu quelques arbres. Les hygromètres ont marqué affez d'humidité pendant tout ce mois. DS MU ra Vip LITENS. Au commencement de ce mois, un enfant de cinq ans prit un mal de gorge avec une éruption fcarlatine. Sa maladie me parut pas dangereufe. Quelques délayans, & une douce purgation à la fin, fufhrent pour le rétablir en apparence. Mais, à la fin du mois, il lui furvint une enflure de tout le corps, laquelle fit des progrès rapides malgré tous les remèdes qui furent employés ; & cet infortuné périt d’une hydropifie générale, au milieu des plus grandes fouffrances. Nous obtîinmes des parens l'ouverture du ca- davre. Le bas- ventre contenoit beaucoup d’eau. Le foie, & fur- tout le méfentère , étoient obftrués , les inteftins enflammés & en partie gangrenés. Nous les ouvrimes, ainfi que leftomac ; & nous trouvèmes qu'ils contenoient une matière abondante & très-fétide, reffemblant aflez à des morceaux de viande corrompue. La cavité de la poitrine contenoit aufli de l’eau , de mème que le péricarde; les poumons étoient adhérens en plufieurs endroits, & leur fubftance un peu infiltrée. Nous avons aufli trouvé un peu d’eau dans la cavité du crâne; les ventricules du cerveau n’en contenoient point. Cet enfant avoit été à lair pendant tout le temps de fa maladie. Outre l'enfant dont nous venons de faire la malheureufe hiftoire, nous avons eu occafion d’en voir deux autres atteints de maux de gorge avec une éruption fcarlatine. Les évacuans, & en particulier le petit lait dans lequel nous fefions diffoudre du tartre émérique à petite dofe, ont parfaitement réufli dans ces cas. Nous avons auffi eu foin de tenir les malades à l'abri du grand air. Les ulcrèes de la gorge ont été peu confidérables, lenflure des parotides médiocre ; & la maladie, ayant parcouru fes diverfes périodes, n’a point été fuivie d’hydropifie. La petire vérole a été, quant àce mois, moins générale encore que le mois paflé; mais il nous a paru que les vomiffemens & les diar- rhées bilieufes qui viennent au commencement de la maladie, ont été Des ScrENCESs Pays. DE LAUSANNE. 283 plus communes. Dans ces cas nous avons donné l’émétique avec tout le fuccès poffible. Quelques diarrhées , mal traitées dans leur principe, ont enfin dégénéré en cours de ventre fereux , produits & entretenus par une fimple irritation des premières voies. Nous nous fommes bien trouvés alors des narcotiques, donnés en aflez forte dofe. Leur ufage diminuoit la fréquence des felles, rappeloit la tranfpiration fup- primée, & fefoit que les boutons fe remplifloient de pus. Un enfant de trois ans prit, au commencement de la petite vérole, des vomiffe- mens bilieux & une diarrhée forte, Le chirurgien qui le voyoit, lui donna beaucoup d’abforbans & d’aftringens; il lui mit mème les véfica- toires aux cuifles. La diarrhée devint toujours plus fréquente, le ventre fe gonfla , les felles furent affez douloureufes, la peau féche, & les boutons reftèrent plats & vides. Dans cet état nous fimes mettre le malade dans un bain tiéde; nous lui donnâmes de l’opium diffous dans de Veau, rendue acide au moyen de lefprit de vitriol, & adoucie avec le firop de guimauve. Le lendemain la diarrhée s'arrêta , la tranf- piration fe rétablit, les puftules s’élevèrent; & les véficatoires, qui ne donnoïient rien, commencèrent à fuppurer. Nous continuâmes les bains & l’opium pendant trois jours; & la maladie, qui étoit alors à la fin de fa feconde période, parcourut les fuivantes fans qu'il arrivàt le moindre accident. Nous avons encore eu un affez grand nombre de fièvres tierces. Elles reflembloient parfaitement à celles du mois pañlé, & cédoient aux mêmes remèdes. 0 28 MORT 6. Il eft mort ce mois 1$ perfonnes; favoir 3 hommes, $ femmes, & feulement 7 enfans, dont $ garçons & 2 filles, Un feul enfant eft . mort de la petite vérole, 284 Mémoires DE LA [SocrérTé MOTSIMERSEPTEMPRETI7ESR Lonsns ocre .. 6 26, TZ 26, 6, Oo a 8 ee À 12, 9 26, 6, 21/26, 16,16" | 26:07 12, $ | 14, $ | 12, 2 26, 6, 2 | 26, 6, 9 | 26, 6, 9 12, $ | 12,,3 | 10, S | 26, $, 9 | 26, 5, 3 | 26, 5, 9 10, 2 | 10, $ 8, 8 268574 265: Guln26 6514 CORRE RE ES 2 M TO) 26,07: 611.26, 7590120, 7,08 12, O | 12, $ 9, 2 26, 7; 6 | 26, 8, 6 | 26, 9, 8 10, Oo 13, 4 10, © 26, 9, 7 26, 9, © 26, 8; 9 9, 2 14, 6 IT, 8 26, 7 6 26, $ÿ; 9 26, 5; 9 12, O | 14, 2 | 11, 8 26, 6, 3 | 26, 6, 6 | 26, 6, 6 LTS SUIS, 20 | 14,79 26, 7, 6 | 26, 6, 6 | 26, 6, 9 T2 AAL7. 0 13, 10 26, 6, © | 26, 4, 9 | 26, 6, 6 12,400 |N1r45 05 | 10, $ 26,840 11268. 64126016 10, © | 13, 8 10, 3 26, 9; 4 | 26, 8, 6 | 26, 8, 6 10, 4 14, 2 Fi ARE 26, 8; O 26, 6, 6 26, 6,10 IT, 4 1$» 3 12, 6 | 26, 6; 9 26, 6, 9 26, 7 6 11, 7 | 16, $ | 12, 5=I 26, 9:0 1126 7:09026:1810 12, $ | 16, $ | 13, 2 26, 7 9 | 26, 6, 9 | 26, 7, 6 D2-MOMNE, CAIN 2580 26, 6, 3 | 26, 5, 3 | 26, 5: 3 LES Os ASUS 2 US | 26, 5 6 | 26, $, © | 26, $,10 LS TE TR ON 2 26,7: 3 | 26; 7:.9 | 26, 7, 6 HT OL MI2,0 | 10, $ 2616: 11120, 12 Gi 2 67466 MÉNONUIZ, OL G:RO 26, ÿ:.0 | 265,45: 301026, 14,19 TO UML 7, 31117000 26, 6, 0 261701260813 TONI, OPTION 26, 9: © |N26; 9, x | 26, 9,7 9, 8 | 13, 8 | 12, O | 26, 9, 6 | 26, 9, o | 26, 8, 6 11, O If, 2 13; [e] | | 26, 9» 3 26, 8» 6 26; 8; 9 T5 MONME NO, TT, t2 26,08 101268 60026, 19,04 ICO HS NEA AIRIO, 2 | 26810. 2608 311126,.,8,19 A PR M GE TES 26, 9, 6 | 26, 9, O | 26, 8, 9 DRE TROIE DLL DEP LE D 7 A RNA SEE EE CM RENE DES SCIENCES PHys. DE LAUSANNE, 285$ VENTS ET ÉTAT DU CIEL. Le matin. | L'après - midi. | Le foir. E. couvert. pluie. [E. pluie. N.E. idem. O. idem. E. couv. brouillards. E. nuages épais. E. couv. brouillards. O. couv. un peu de pluie. |O. pluie continue. O. couv. pl.par int. éclairs. 1 |O. plu toute la nuit. couv. 2 3 Æ ; $ |O. forte pluie. brouillards.[N. v#ort.cou. averfe de pl.IN. nuag. ép. fréq. averfes. 6 T4 8 9 N.E. pluie. O. vent fort. pluie contin. S.O. couv. pl. parinterv. [N.O. vent. nuages, épais. S.O. gros nuages. S.O. v. fort. pluie contin..S.O. idem. N. nuages. IN.E. nuag. un peu de br. [N.E. peu de nuages. N.E. peu denuag. br, lég. IN.E. peu de nuag.br.àl’O.:O. v. fort. idem. 10 |S.O. pluie. vent. S.O. vent. couvert, S.O. vent. gros nuages. 11 |[N.E. couvert. N.E. nuages. N.E. peu de nuages. 12 [N.E. nuages. S.n. ép. couv. pl. éclairs. |S. vent fort. pluie forte. 13 |S.O. gros nuages. S.O. nuages moinsgros. |[N.E. petits nuages. 14 [N.E. peu de nuages. N.E. très-peu de nuages. IN.E. ferein. 15 [N.E. ferein. INLE. idem. N.E. idem. quelq. nuages 16 |N.E. ferein, . grands nuag. peu nomb.[S. idem. _17 |E. ferein. E. nuages peu nombr. |E. gros nuages. 18 |S.E. couvert. brouillards. |S.O. pluie. S.O. idem. éclairs. 19 |O. pluie. S.O. pluie. nuages épais. |S.O. n. ép. pl. par interv. 20 |S.O. quelques nuages. |S.O. plusgros nuages. LE. quelques nuages. 21 |[N. pluie. N. couv. pl. parintervall. IN. idem. 22 |S.O. vent. forte pluie. |S.O. idem, S.O. idem. 23 Lo. pluie continuelle. |S.O. idem. S.O. v. forte pl. & contin. NE. gr.nua. & n.au f.d. MINE. dem. N.E. v.fort. n.au fom.d.m. 25 [N.E. couvert. peude pluie.[N.E. couv. défagréable. [N.E. idem. 26 |N.E. nuag. brouill. frais. IN.E. nuages aflez gros. |N.E. idem. 27 !S.O. couvert. S.E. ép nuag. br. aux Alp.IN.E. idem. 28 IN.E. couvert, NE. idem. IN.E. id. peu de br.aux Alp. 29 [N.E, couvert. NE. idem. N.E. couvert. br, af. épais. 30 IN.E. couvert. NE. gros nuages, N.E. idem. & un peu de pl} TRE CA PI TNT DEANT TION. Le mois de Septembre a été froid, humide, & fort défagréable par fon inconftance. Sa température a été moyenne, & a paru froide. Âu commencement du mois, il ne s’eft preique pas paflé de jour Tome I. Q q 286 MÉMOIRES DE LA SoOCctÉTÉ où il n'ait plus ou moins plu; fouvent il a fait de fortes pluies, & il eft tombé en général beaucoup d’eau dans ce mois. Le temps a paru fe remettre un peu au miheu du mois; mais bientôt les pluies & le mauvais temps ont recommencé. Le vent a fouvent foufflé , & quelquefois aflez fort. Celui qui a dominé étoit le nord- eft; &, après lui, celui du fud-oueft. Jufqu'au milieu du mois fa direétion changeoit à tout moment : alors 1l a foufllé du nord vers left pendant quelques jours : après cela il a encore varié, de manière cependant qu'il a fouvent foufflé du fud vers loueft : enfin le 24 il s’eft décidément tourné au nord vers left, & il a prefque toujours foufflé de ce point jufqu’à la fin du mois. On comprend que dans cet état de l'air le mercure dans le baromètre n’a pas été une feule fois ftationnaire. En général fes ofcillations ont été de 1 ligne environ dans lefpace de 24 heures. On en a pourtant obfervé de plus confidérables. Il remonta de 3 lignes dans lefpace de 24 heures, lorfque le temps fe mit au beau vers la fin du mois, & que le vent commença à fouffler du nord vers left. Le 25, il remonta de 4 + lignes, depuis 2 heures après - midi à 9 heures du foir. Cette élévation eft bien confidérable , & ne fut d’aucune conféquence pour le temps qu'il fit après. La chaleur indiquée par le thermomètre a été à peu-près telle quon lobferve dans ce mois, année moyenne. Elle na point éprouvé de grandes variations. Jamais la liqueur du thermomètre ne s’eft autant élevée au deffus du terme de la congélation, que cela arrive ordinai- rement dans ce mois; & jamais elle n’a été auffi près de ce terme qu'on a coutume de lobferver. Quant aux brouillards électriques, on en a vu très-peu durant ce mois. Le 3 ils fe font montrés d’une manière affez diftincte. Ceux qui font venus enfuite reflembloient parfaitement aux brouil- lards ordinaires de l'automne, & en avoient tous les caractères. Il y a tout lieu de croire que ce météore ne reparoïîtra plus cette année tel qu'il étoit; c’eft du moins une chofe impofhble dans notre hypothèfe. Depuis que nous avons eu lPhonneur de la pré- fenter à la Société , nous avons fait à ce fujet un très- grand nombre d’obfervations & d'expériences : on a pu voir que ces obfervations n’y ont point été contraires. Pour ce qui eft des expériences, il fufft de dire que nous n’avons jamais pu trouver à ces vapeurs quoique ce foit de fulfureux, de vitriolique , ou de méphitique. Ces carac- pes Scixnces Puys. DE LAUSANNE. 287 tères , obfervés dans quelques contrées , ne leur étoient donc pas effentiels. Ainfi les raifons que nous ayons alléguées pour prouver qu'elles n’ont pu nous être apportées de la Calabre fubfiftent dans toute leur force; & ont également lieu par rapport à l’Iflande, où la terre a éprouvé des convulfons plus vio- lentes encore, Qu'il nous foit aufli permis de faire obferver que l'explication que nous avons hafardée, s'accorde parfaitement avec la théorie de M. de Sauflure fur les vapeurs (8). Si nous avions connu alors les découvertes de ce favant phyfcien, notre travail auroit été moins imparfait ; & fur plufieurs articles nous aurions fubftitué des preuves à de fimples conjeétures. Mais il étoit fini long-temps avant que l'excellent Effai fur l’Hygromètrie nous tombât entre les mains, & que nous nous fuflions procuré linf- trument qui en fait le fujet. La plus grande chaleur de ce mois, marquée par le thermo- mètre, a été de 17 degrés précis au defflus du terme de la con- élation ; elle a été obfervée le 12, à 2 heures après- midi. La moindre chaleur, qui a eu lieu le $ à 9 heures du foir, a été de 8 # degrés au deffus de ce terme. La différence entre ces deux termes eft de 8 % degrés. La chaleur moyenne de ce mois a été de 12 5 degrés au deflus du terme de la congélation. La plus grande élévation du mercure dans le baromètre , obfer- vée le 7 à 9 heures du foir, a été de 26 pouces 9 & lignes ; & fon plus grand abaiflement, obfervé le $ à 2 heures après-midi, a été de 26 pouces 1 # lignes. La différence entre ces deux ter- mes eft de 8 # lignes, La hauteur moyenne du mercure a été de 26 pouces 7 + lignes. Le vent a foufflé $ fois du nord, 37 fois du nord vers left, 9 fois de left, 9 fois de l’oueft, 22 fois du fud vers l’oueft , 2 fois du fud vers left, & 4 fois du fud. Nous avons trouvé 4 jours où l’air a été parfaitement ferein, 14 fois le temps a été couvert, 20 jours il y a eu plus ou moins de nuages, 8 jours le vent a fouflé avec plus ou moins de force , 9 jours l'air étoit chargé de brouillards; il a plu 1$ jours, & 3 jours il a fait des éclairs, Les hygromètres ont marqué, tout le mois, une humidité ex- trème. (8) Æffai Jur PHygrométrie. Effai LIL. Théorie de l'évaporation.. Qq2 288 MémorrEes DE LA SociÉTÉ 2, MArzADIESs. Les maladies bilieufes ont été très-communes pendant ce mois. Nous avons vu un affez grand nombre de fièvres tierces. La couleur jaune de la RES , lamertume de la bouche, les naufées & les vomiffemens bilieux pendant l'accès , indiquoient fufffamment leur caractère. Comme le mois précédent , nous ne nous fommes fervis que de l'émétique & des purgatifs. Dans un feul cas nous avons cru devoir faire prendre le quinquina, & nous y avons joint le fel d'Angleterre & le féné : ce mélange nous a paru faire un bon effet. Nous avons trouvé que l’émétique, donné après le friflon, lorfque la chaleur étoit répandue jufqu'aux extrèmités , fefoit un meilleur effet que lorfqu’on le donnoit dans tout autre moment. Outre les fièvres tierces , il a règné ce mois des fièvres remittentes bilieufes. Elles avoient un caraétère putride, & étoient accompagnées d’une éruption de miliaire blanc. Le miliaire nous a paru fymptomatique. Les fueurs, la chaleur du lit, & les boif- fons chaudes , augmentoient la foiblefle , prolongeoient la durée du mal, & rendoient la convalefcence longue & pénible. Il fur- venoit aufli dans ces cas plufieurs éruptions fucceflives, qui ne diminuoient en rien la maladie. Nous avons donc cru devoir nous oppofer aux fueurs & à léruption du miliaire par des boiflons froides , le grand air, & des couvertures légères. Les remèdes que nous avons adminiftrés felon les circonftances, étoient une tifane froide d’une forte décoction de racine de chiendent & de taraxacum, mêlé avec l’oxymel fimple très - acide; des lavemens d’une très - forte décoétion de chicorée fauvage ; quelques éméti- ques doux à la fin des paroxyfmes; les véficatoires ; & enfin le quinquina dans les jours de rémiflion , & après que les pre- mières voies ont été un peu débarraffées par un ou deux éméti- ques. Trop de purgations n’ont pas réufli dans ces maladies. Nous avons encore obfervé plufeurs jauniffes. Elles ont cédé à lufage des délayans favonneux & des évacuans. Les émériques à petite dofe & fouvent répétés ont produit un très-bon effet. Les malades attaqués de la petite vérole ont été un peu plus nombreux ce mois que le précédent. Il en eft mort deux; dont lun étoit àgé. de 6 ans, & l'autre de 14 mois, Nous ignorons la DES Scrences PuHvs DE LAUSANNE. 289 caufe de leur mort. Peut-être étoit-ce l'effet des diarrhées bilieufes, fréquentes le mois pañlé , & dont nous avons vu quelques exem- pies ce mois-ci. Nous avons aufli vu un petit nombre d’enfans attaqués de la fièvre fcarlatine avec mal de gorge. Cette maladie a cédé aux mèmes remèdes que nous avons employés le mois pañié. Li AU OR HS Il eft mort ce mois 26 perfonnes; favoir 6 hommes, ÿ femmes, & 15 enfans, dont 9 garçons & 6 filles, * Ë Abe ; SSI} ET D =) He pa 7) a — — ———— “———— ————————"— “———————— ————————— ———" ——— —————————— —"——————— du V CO-J O1 ww D = mors. Jours MÉMOIRES 8 heures du matin. AE 10, 8, 8, 9 10, 0 On 0 0 0 5 0 œ Nm mp w mA O O BAIN D À OA con 6e | NE SE NN 1. Des. 2 heures après- midi. 13, 12, 13, F2, HS | Degrés. | Degres. _— 9 heures du for. Depgres. 10, 9; THERMOMÈ TRE. On RDA HA 00 O O O O © 9 On D À À LD © 1% R D m1 mn coco co où D E | RE LA SOocrÉTÉ F4) heures du matin. Pouc. Lig:| Pouc. Lig. 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26 26, 26, 26, 26, 26, . 26; 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 9, O S ENTE Ê —_— 2 heures après-midi. 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26, 26; 26, 26, 26, 8; 7, si Fa LA TR ei CP ee ns sert ____ BaroMÈTRE. 9 ñeures du Jorr. Pouc. Lip. 26, 8, 6 26, 8, oO 26, 8, 3 26, 8, ji] 26, 26,17,16 26, 5: 3 26, 8, 6 26, 8, G 26, 8, 6 126, 70e 26, 7> 3 26, 26, 8: 9 26, 9, O 26, 9 ÿ 26, 9, 7 26, 93 I 26, 9, © 26, II 26, 6, oO 26, 6, FA Des Scrences PHys. DE LAUSANNE. 291 PEN DS MB ENT AT ID U .CTEL, Jours TT du Le matin. | L'après - midi. Le foir. TIOIS, I [E. couvert. brouillards. IE. couv, peude brouill. |O. couv. pluie. tonnerre, 2 lo. pluie, couvert, O. gros nuages. O. nuages. 3 ,S. ferein. S. idem, S. idem. 4 |S. ferein. S. idem. S. idem, f |S. quelques nuages. S. idem. S. idem, 6 |E. quelques nuages. N.E. idem. S.E. idem. 7 18.0. peu de nuages. SO. nuages plus gros. |S.O. idem. 8 IN.O. pluie. N.O. couv. peu depluie. [N.E. vent. couvert, 9 IN.E. v. très-fort. couv. fr.IN.E. idem. N.E. idem. 10 IN.E. v. tr. fort. gr. nua. fr.IN.E. idem. NE. idem. 11 [N.E. vent fort. nuages. [N.E. idem. N.E. vent fort. couvert. 12 |IN.E. couvert. N.E. gros nuages. E. couvert. 13 |E. couv. un peu de pluie. |E. très. gr.nuag. peu de fol.|E. couvert L 14 |N.O. peu couvert, N.O. idem. N.O. idem. 15 IN O. gr.nuag. coup defol.\O. nuages moins gros, |O. un peu couvert. 16 IN.O. couvert. N.O. idem. N.O. idem. 17 [N.E. couvert. N.E. nuages. N.E. peu de nuages. 18 |N.E. très-peu denuages. [N.E. ferein. N.E. idem. 19 [N.E. quelques nuages. [N.E. ferein. NE. idem. 20 [N.E. nuages. N.E. nuages plus épais. {N.E. couvert, 21 O. couvert. O. gros nuages. O. couvert. 22 |IN.O. couvert. N.O. très-gros nuages. [N.O. couvert. 23 IN.O. couvert. S.O. couv. pluie tres-fine.[N.E. nuages épais. 24 |O. gros nuages. O. peu de nuages. O. ferein. 2$ |O. quelques nuages. O. ferein. O. idem. 26 |O. nuages. brouillards. |O. nuages. O. nuages. brouillards. 27 IN.O. nuages. brouillards. |S.O. nuages. S.O. idem. ; 28 |S.O. pluie. (8-0. idem, N.E. couvert. 29 IN.E. nuages aux montag.N_E. nuages, N.E. peu de nuages. o :N.E. ferein, frais. IN.E. ide. NE idem. 31 IN.E. vent froid. ferein. N.E. idem. N.E. idem. EU CR ÉCAPIT VILA TE ON. La température de ce mois a été douce, féche, & affez agréable Il a fait très-peu de vent; affez rarement il a plu, & les pluies n'ont jamais été fortes, Souvent l'air a été parfaitement ferein ou 292 MÉmMoiïrREs DE LA SOCIÉTÉ chargé de peu de nuages. Le vent n’a pas foufilé une feule fois du nord, ce qui n’eft pas commun. Ordinairement il a foufflé du nord vers left ou vers l’oueft : c’eft celui du-nord vers left qui a dominé; &, après lui, celui de loueft : rarement le vent eft venu du fud vers l’oueft. Le plus grand degré de chaleur, marqué par le thermomètre, a été au deflous de ce qu'il eft dans ce mois, année moyenne; mais, en revanche, fon moindre degré a été un des. plus forts qu'on ait vus : aufli la chaleur moyenne a - t-elle furpaflé d'un degré celle du mois d'Octobre de l’année moyenne. La beauté du temps, & la fréquence du vent du nord-eft, ont fans doute été caufe que le mercure dans le baromètre s’eft tenu en général fort haut. Jamais nous ne lavons vu dans ce mois à une hauteur moyenne aufli confidérable , & jamais il ne s’eft auff peu abaiffé. On la pourtant obfervé à une plus grande hauteur, mais bien rarement. La plus grande chaleur de ce mois, marquée par le thermo- mètre, a été de 14 % degrés au deflus du terme de la congélation; elle a été obfervée le 7, à 2 heures après-midi. La moindre cha- leur a été de 4 degrés précis au-deflus de ce terme; elle a eu lieu le 30 à 8 heures du matin, & le 31 à 8 heures du matin & à 9 heures du foir. La différence entre ces deux termes eft de 10 & degrés. Nous avons trouvé le degré moyen de chaleur égal à 8 :; degrés au deffus du terme de la congélation. La plus grande hauteur du mercure dans le: baromètre, obfervée le 17 à 8 heures du matin, a été de 26 pouces 9 & lignes. Son plus grand abaiffement a été de 26 pouces 4 & lignes; il a eu lieu le 2$ à 2 heures après-midi, & le 28 à 8 heures du matin. La différence entre ces deux termes eft de $ % lignes. L’élévation moyenne du mercure dans le baromètre a été ce mois de 26 pouces 7 # lignes. Le vent a foufflé 3$ fois du nord vers left, 14 fois du nord vers loueft, 7 fois de left, 18 fois de l’oueft, 9 fois du füud, deux fois du fud vers left, & 7 fois du fud vers l’oueft. Il y a eu 8 jours où l’on a vu le ciel parfaitement ferein, 17 de couverts, 22 où l'air a été chargé de nuages plus ou moins grands, ÿ où il a fait du vent; 3 fois lair a été rempli de brouil- laëds; il a plu 6 jours, & il a fait 1 fois des tonnerres, à 9 es Des Scrences Puys, DE LAUSANNE 293 Les hygromètres ont marqué un peu d'humidité pendant tout le mois ; quelquefois elle a été afflez confidérable, 2, MATADIES. Les maux de gorge gangreneux avec éruption fcarlatine ont été fort communs durant ce mois. Nous avons vu un grand nombre d’enfans & quelques adultes qui en ont été attaqués. 11 paroît que l'épidémie, après avoir eu de la peine à s'établir , va devenir. bien générale, Cette maladie prend ordinairement le foir par du mal-aife, un défaur d’appétit, & un léger friflon; la nuit qui fuccede eft agitée ; le pouls s'élève; il bat avec vitefle; 1l:y a des anxiétés, de la cha- leur, des naufées, & des vomiflemens bilieux. Vers le matin la fièvre & la chaleur diminuent ; lesvomiffemens ceffent; les malades fe trouvent mieux : ils fe plaignent pourtant d’une cha- leur dans le gofier & d’un peu de difficulté d’avaler. En examinant l'intérieur de la bouche, on le trouve d’un rouge plus foncé que de coutume; les amygdales font un peu enflées, quelquefois on y voit une légère ulcération longitudinale ; la langue eft fale, & on y remarque des points rouges produits par le gonflement des mame- lons. Au milieu du jour les malades prennent plus de dégoût ; la laflitude augmente; ils ont de petits fniffons. A mefure que la nuit approche, la fièvre, la chaleur , les anxiétés, & le mal de gorge augmentent. Ils paflent encore une fort mauvaife nuit. | Le fecond jour les malades font plus foibles ; ils ne peuvent plus fe tenir debout; ils ont un mauvais goût dans la bouche , des naufées , & quelquefois des vomiffemens ; la région de l’eftomac eft gonflée ; le pouls vite, afflez dur, peu élevé, & cependant tel qu'on le voit dans la plupart des fièvres exanthématiques ; la cha- leur de la peau eft aflez forte & plus où moins âcre ; la foif n’eft pas grande ; quelques malades fe plaignent de maux de tête; la plupart font conftipés, quelques-uns ont le ventre libre, très - peu font relachés; ils fe plaignent d’une plus grande difficulté d’avaler ; la falive eft devenue vifqueufe ; lulcération & le gonflement des amygdales ont augmenté ; toutes les glandes du cou, & fur-tout les parotides, commencent à s’engorger; chez quelques-uns il fürvient de loppreflion , d’autres font plus où moins afloupis; il y en a qui Tome I. FPANDERIE — 294 MÉMorREs DE LA SoctÉTÉ ont des rèveries ou des mouvemens convulfifs. Les affoupiflemens & les convulfions font d’un très - mauvais augure. Cependant À la fin du fecond jour, mais plus fouvent dans la nuit du fecond au troifième, on apperçoit quelques plaques rouges: les premières fe voyent au cou; elles paroiffent enfuite au vifage, à la poitrine, & au dos; on en voit après cela aux mains & aux bras; & tout le corps s’en couvre fucceflivement jufqu’aux pieds. Un petit nombre de malades ont eu le blanc des yeux très-rouge, & un peu fenfible à la lumière. L’éruption reffemble aflez à la rougeole ; elle n’eft point élevée; fa couleur eft d’un rouge d’é- carlate, tirant un peu fur le violet; elle vient par plaques d’une figure irrégulière , & plus ou moins grandes : nous en avons vu qui couvroient une grande partie du corps : il faut ordinairement trois à quatre jours pour que toute l’éruption fe faffe. Pendant ce temps , le pouls perd peu à peu fon caraétère exanthéma- tique, mais il conferve fa viteffle & il devient foible ; nous l’avons trouvé fi foible & fi vite , qu'on avoit de la peine à le fentir & à compter fes battemens : cet état du pouls eft d’un mauvais auguie. L’agitation & la chaleur diminuent auffi à mefure que l’éruption fe fat; ce- pendant elles ne fe diffipent pas entièrement. On remarque auff que léruption emporte fouvent, ou du moins diminue quelques autres fymptômes, tels que l’oppreffion & les fpafmes. Les urines deviennent un peu louches ; rarement elles dépofent un fédiment. Souvent le ventre eft refferré & gonflé; alors les malades fe plaignent de tranchées : nous en avons vu peu qui aient eu de la diarrhée; dans ces cas les felles étoient fréquentes, bilieufes, fétides, & âcres. Chez quelques-uns il furvient, vers la fin de l’éruption , une tranfpiration douce & même des fueurs afflez fortes. Ces fueurs font bonnes ;. fur - tout lorfqu’elles durent, qu’elles font douces, & égales par tout le corps : elles rendent le pouls moins vite, plus élevé, & plus mou ; elles font fur-tout très-efficaces pour difhiper l’oppreffon , les fpafmes , le délire, & les affeétions foporeufes. Mais, pour ce qui eft des ulcères des amygdales, ni l’éruption ni les fueurs n’y apportent aucun changement avantageux; ils s'étendent au contraire & creufent toujours davantage; fouvent mème il s’en forme de nou- veaux ; lés anciens fe couvrent d'une croute grife, livide, ou noiràtre; la falive devient de plus en plus gluante, & le gofer s’emplit de glaires vifqueufes & femblables à de [a colle, Tout l'intérieur de la bou- DES Sciences Puys. DE LAUSANNE. 295 che & du gofier eft d’un rouge foncé ; toutes les glandes, jufqu’aux plus petites, en font extrèmement faillantes; l'épiderme de la langue s’enlève ; fes divers mamelons paroiffent à nud, & font fort faillans, fur-tout les mamelons coniques ; alors la langue eft entièrement nette, luifante, & d’un rouge très-vif; ordinairement elle eft fort humide; quelquefois elle paroît comme couverte d’un vernis, & en la touchant le bout du doigt s’y colle : les glandes maxillaires, & fur-tout les parotides, fe gonflent de plus en plus ; nous les avons vues fort enflées & extrèmement douloureufes ; & nous avons obfervé que, plus elles enfloient dans cette période de la maladie, moins il venoit d’ul- cères dans la bouche. Cependant vers le quatrième ou cinquième jour, quelquefois mème plutôt, léruption commence à pälir, d’abord au vifage , enfuite à la oitrine , aux mains, aux bras, & fucceffivement à tout le corps, dans l'ordre de léruption : les jambes font la dernière partie où l’éruption difparoït; & fouvent le vifage eft dans fon état naturel qu’elles font encore toutes rouges. Enfin vers le neuvième jour lépiderme fe fépare par tout où il y a eu des rougeurs: 1l fe détache par écailles au vifage & au corps, & s’enlève aux extrémités par longues bandes; nous avons mème obfervé cette defquamation des extrémités fans qu'il y ait eu d’éruption. Pendant toute cette période les ulcères de la bouche vont leur train. S'ilne doit pas s’en faire de nouveaux, ceux qui exiftent fe détergent peu à peu; lefcarre dont ils éroient couverts tombe plus où moins vite (il n’y a rien de fixe à cet égard); les chairs croiffent, la falive devient moins gluante & fétide, les paroxyfmes du foir deviennent moins forts, les nuits font meilleures, le pouls fe rallentit , fe déve- loppe, & prend infenfiblement fa marche naturelle, fur-tout sil fe fait vers le douzième ou quinzième jour une crife par les fueurs, ou, ce qui eft plus ordinaire, par les felles. Les glandes maxillaires fe défenflent à mefure que les ulcères du gofier fe détergent. Il en eft de mème des parotides , mais leur réfolution s'opère plus lentement : nous en avons vu qui avoient entièrement défenflé au bout du di- xième jour de la maladie, quoiqu’elles fuffent aflez groffes & dou- loureufes ; d’autres ont duré jufqu'au vingtième jour, & cepen- dant elles étoient petites, quelquefois douloureufes , d’autres fois prefqu’entièrement infenfibles. Mais lorfque toute l’humeur ne s’eft pas dépofée fur le gofier ou RES 296 MÉMmMoïREes DE LA SOCIÉTÉ les parotides , le pouls refte petit & vite; les paroxyfmes reviennent tous les foirs avec la mème force; la foibleffe ne diminue pas; la falive refte vifqueufe , & même le devient davantage ; fa féuidité augmente; il fe forme de nouveaux ulcères dans le gofier, au voile du palais, à la luerre, ou aux gencives; ceux qui exifloient déjà fe couvrent d’une efcarre plus épaifle; ils creufent davantage. Alors l'état du malade commence à s’amender fans autre crife, les efcarres fe détachent aux environs du quinzième au vingtième jour , & la fanté fe rétablit peu à peu. Une diarrhée qui furyient à cette époque eft ordinairement très — falutaire. Nous n'avons pas obfervé qu'il foit ‘venu de fueur. Il arrive, quoiqu’affez rarement, qu'il ne fe forme pas de nou- veaux ulcères, mais que le dépôt fe fait fur l'une ou autre parotide, | Alors celle où il fe forme devient plus douloureufe ; elle groflit da- vantage, quelquefois d’une manière incroyable; & après être reftée plus ou moins de temps dans cet état , elle fe défenfle infenfiblement. Les plus groffes & les plus dures n’ont pas duré au delà de trois femaines.. Nous avons obfervé que, plus elles étoient douloureufes, plutôt elles s’en alloient. Les fueurs qui viennent pendant que les parorides en- flent, les empèchent d’être fort dures, & les rendent moins opiniâtres. La diarrhée ne fait pas un grand effet fur ces glandes; mais elle eft fort avantageufe pour les autres fymptômes. Au refte, le dépôt fur les parotides produit le même effet falutaire que celui qui fe fait en ul- cères dans la gorge ou la bouche. Mais fouvent la convalefcence eft longue, pénible, & dangereufe. Alors le pouls refte petit & vite; il fe fait tous les foirs un léger redou- blement de fièvre ; quelquefois les nuits font un peu inquiétes; l’appé- tit diminue au lieu d’augmenter ; la langue devient un peu blanche; les malades ont foif; enfin au bout de huit ou quinze jours , quelquefois de trois femaines , on apperçoit un peu d’enflure aux paupières inférieures; bientôt elle s'étend fur tout le corps; les cavités du ventre & de la poi- trine fe rempliffent aufli d’eau, & les malades périffent hydropiques. Les vomifflemens, loppreflion, & les faignemens de nez, font des fymptômes dangereux. 1l en eft de mème des urines brunes, noi- res , fanguinolentes , & peu abondantes; c’eft au contraire une bonne marque lorfque les urines font affez abondantes, peu colorées, & que la foif n’eft pas grande. Cette maladie fe diffipe ordinairement par les urines; elles font prefque toujours accompagnées de quelques feiles Î DES SCIENCES Pays. DE LAUSANNE. 297 fétides bilieufes. On a quelquefois beaucoup de peine à la guérir; ce- endant nous l'avons vu durer pendant trois femaines, & fe guérir, enfuite d’elle -même. Au refte , cette hydropifie générale n’eft pas toujours une fuite natu- relle de la maladie : elle eft fouvent l'effet de l’air froid , & même du grand air, quoique tempéré. Nous l'avons obfervé de manière à n’en pouvoir douter. Dans ces cas elle fuit la même marche, & produit à peu près les mêmes effets. Mais elle eft moins dangereufe; & elle fe borne erdinairement à une fimple anafarque, que la nature guérit fouvent d’elle - même. 11 nous a auffi paru qu’elle fe déclaroit plus promptement. M. T'iffot, qui a vu plufieurs fois dans ce pays la maladie dont nous venons d’ébaucher l’hiftoire , obferve avec raïfon qu’elle a beaucoup de rapport avec le mal de gorge gangreneux qui a été épidémique, depuis lan 1740, dans plufeurs endroits de l'Europe ; & qu’on peut auff le re- garder comme une fièvre fcarlatine d'un mauvais caractère. Nous penfons qu'on pourroit lui donner le nom de /carlatine angineufe. 1 faut convenir qu’elle a un caraétère particulier, qui fait que la contagion fe porte tou- jours fur la gorge, & qui n’eft pas propre à la fièvre fcarlatine ordi- paire; puifqu’on l’a vu règner fans le moindre mal à la gorge. Quel- ques auteurs l'ont appelée fcarlatine compliquée d’angine : c’eft trop long. Cette maladie attaque particulièrement les enfans. Nous l'avons pourtant obfervée chez quelques adultes. Elle ef contagieufe, au point que , lorfqu’un enfant la prend , elle fe communique bientôt à tous les autres enfans de la mème maifon. Les remèdes qui paroiffent les plus convenables, font : 1°. Les vomitifs , fur-tout lorfque la langue eft fort chargée , que la région épi- gaftrique eft gonflée , & que les malades vomiffent beaucoup. L’ipé- cacuanha irrite la gorge, & n’évacue pas affez les matières vifqueufes ; nous préférons le tartre émétique. 2. Les lavemens émolliens, donnés tous les foirs avant le paro- xyfme; fur-tout lorfque le ventre eft refferré, & que les malades fe plaignent de tranchées ou de gonflemens. 3”. Le petit lait pour boiflon ordinaire. Lorfquil purge beaucoup, fans que les fymprômes diminuent; nous lui fubfhituons une forte dé- coction de racine de chiendent. 11 faut que le ventre foit libre; mais nous avons trouvé qu'en général les diarrhées un peu fortes étoient nuifbles, 298 MÉMorïREes DE LA SoOcitÉTÉ 4. Le tartre émétique à petite dofe , de manière qu'il produlfe feulement des naufées. Ce remède fait de très-bons effets, après avoir débarraffé les premières voies par le vomiflement & les felles. Il follicite alors toutes les excrétions, & produit fouvent des fueurs avantageufes. De temps en temps il fait vomir quelques gorgées de bile verte; ce qui foulage beaucoup. Il agit auf quelquefois par les felles, en évacuant des matières bilieufes & épaifles; mais il faut s’en abftenir lorfque les felles deviennent claires, peu abondantes, & qu’elles font accompagnées de tranchées & de tenefme : nous n’avons vu qu'un feul cas où ce remède ait produit un pareil effet. s’. Les gargarifmes. émolliens & déterffs. Ordinairement nous fefons ufage d’une affez forte décoétion de racines de guimauve, dans laquelle on met plus ou moins d’alcali fixe aéré, felon l'irritation & la fenfibilité de la gorge. Nous avons employé ce mélange en gargarifme & en injection. Îl débarraffe fingulièrement la gorge des matières glaireufes , déterge les ulcères , & accélère la chûte des efcarres. Lorfque les efcarres font toutes tombées, il arrive quelquefois que les malades ne peuvent fupporter les gargarifmes les moins irritans : le miel même leur fait mal. Dans ce cas nous employons l’eau d'orge, feule ou coupée avec du lait. Souvent nous nous abftenons de tout gargarifme, 6°. Les cataplafmes émolliens & réfolutifs , appliqués fur les parotides, Lorfque les parotides font fort enflées & douloureufes, nous nous fer- vons d’un cataplafme fait de parties égales de mie de pain & de poudre de fleurs de mélilot, cuites dans une fuffifante quantité d’eau végéto- minérale de Goulard. ; 7°. Les véficatoires. Nous les mettons fur la nuque, de manière qu'ils faffent à peu près le tour du cou. Rien ne nous a paru plus efficace pour donner une iffue aux humeurs qui fe portent fur la gorge & fur les _glandes du cou. Les parotides ne deviennent pas alors aufli groffes, & il ne fe forme pas autant d’ulcères dans le gofier. Nous avons encore recours À ce remède dans les cas de convulfions & d’affections coma- teufes ; il apporte fouvent un prompt foulagement. Quant à l’hydropifie ou bouffiflure , ileft ordinairement plus facile de la prévenir que de la guérir lorfqu’elle eft une fois formée. Pour cet effet nous confeillons aux malades de fe garantir du grand air & du froid ; nous leur fefons frotter , foir & matin , tout le corps avec des flanelles ; & nous les purgeons de temps en temps avec un éleétuaire compofé de crème de tartre, de tartre émétique, & de firop de framboifes. pESs Scrences PHys. DE LAUSANNE. 299 Mais lorfque l’hydropifie eft une fois formée ,nous la traitons comme on traite ordinairement cette maladie , avec les diurétiques & les purgatifs. Notreélectuaire nous afouvent réufli dans ce cas. Dans quelques occafions nous avons donné de fortes dofes de tartre émétique, délayé dans un peu d’eau. Ce-remède a fait vomir beaucoup de bile verte & épaiffe, a évacué par les felles des matières de la même nature , & a rétabli le cours des urines. L’oxymel fcillitique fuffit dans les fimples bouffiflures. Souvent la nature les guérit, aidée d’un peu de chaleur & de quelques friétions douces. Les fièvres rémittentes qui ont règné le mois pañlé, font devenues plus dangereufes ce mois-ci. Elles ont eu des fymptômes facheux, tels que des délires continuels , des fpafmes, des affeétions comateufes. Les émétiques & les véficatoires font les remèdes dont on s’eft le mieux trouvé. Les éruptions miliaires ont été très-rares & point critiques. Nous n'avons vu qu'un très- petit nombre de fièvres tierces. La plupart étoient des récidives de celles qui avoient été déjà guéries. Il n’y a prefque point eu de petites véroles; mais le peu qu'il y en avoit , étoit d’un afflez mauvais caractère. Un enfant de quatre ans eft mort d’une petite vérole confluente pourprée. HUM OR TS. Il eft mort, dans ce mois, 20 perfonnes ; favoir 2 hommes, 8 femmes, & 10 enfans, dont $ garçons & 5 filles. cp? MÉMOIRES DE LA SOC1ÉTÉ À A du D CO 1 BR ww RD = Jours dr712015. 8 heures 2 heures aprés- du mat. | midi. Degres.| Degrés. 4 5 6, 5 $: 0.1, 6,.7 $» 5 6, © 6 0} 7, 4 G2 | 8513 ÿ> 8 7; 2 far10 6, 1 O, $ | 3 O --3; $ | --1, O 4, O --O; 7 -—2, $ 4, O 1570 2210 35 81100. 2 ‘02 6, o 7; © 7530 7 9 7 8 73 Oo 9; (eo) 7 2 8, 4 1e) 9, © 6, © FA) ÿ;, © 6, 5 3: $ 4 5 1, $ 2: ÿ --0, 2 Ortÿ: O0, 4 2, $ 2, ÿ 4 O0 2, o 3; O 2: $ 3» © Fil 4, 5 > 2 » 3 9heures du foir. 4 $» THERMOMÈTRE. Degrés. 00n000O0OnOmn-1 NA O D D O OR On AO O OL O OO LAB BAROMÈTRE. | 8 heures du | 2 heures | 9 heures du matin. ne j | foie 10 Pouc. Li | Pouc. L 26, Pre | 26, 7 À 26, os] PASNÈT ES; VE 26, ÿ,10 26, k , 26, 5, 4 26/16, 1401P26,*6, 150 |l 26, 6, ÿ 26, 6; O 26, 411 26, ÿ, © 26, $» 6,| 26; 5, © 26,5: 2 | 26, 4, ÿ 26,14: 13 | 26, 4.1 263100 2603570 26, 2,191: 26, 2) 6 26, 4; 9 | 26, 4,6 26, 13:10 | 26, 3,10 26:6.-0-l26,,,6:16 26, 7 3 | 26, 8, O© 26, 9, 6 | 26, 9, $ 26, 9: 4 | 25, 9; 4 26, 8; 8 | 26, 8, O 265075 07 26, 73 6 26, 73 6 26, 6, 2 26, ÿ> 6 26, S 7. 26, 8 1 | 26, 8, 6 26, 9» 6 26, 9, 6 26, 9 6 | 26, 8, 6 26, 716 | 26, 7, 6 26,10; 6 | 26,10, 8 27,05 101|027:10,10 26415 $u0IN2611.16 26,11: 6 | 26,11, 6 DES Scrences Pays. VEN) 18e ATP E TL 4 D D U\C'IE I: ours Re nd du Le matin. | … L'après - midi. | Le foir. V7101S I [N.E. nuages. N.E* peu de nuages. N.E. ferein. 2 |N.E. couvert. brouillards.IN.E, gros nuag. vapeurs, [N.E. couvert. brouillards. 3 |S.E. couvert. brouillards. |S.E. couv. peu de brouill.IS.E. couv. brouillards. 4 |S.E. couvert. brouillards. |S.E. couv. pluie. brouill. |S.E. couv. brouillards. $ [N.O. couvert. brouillards.N.O. idem. N.O. idem. 6 IN.O. couvert. brouillards.IN.O. gros nuages. N.E. très-gros n. brouill, 7 IN.E. couvert. N.E. couvert. vent. N.E. couv. vent très.fort. 8 [N.E, v. fort. nuag. aux m.[N.E. idem. NE. v. tr.fort. ferein. gel. 9 [NLE. v.tr.fort. nuag. froid.IN.E. idem. N.E. idem. gel. 10 |N.E. vent fort. gel.nuages.[N.E. iderr. N.E. idem. II NE, vent. nuages. N.E. nuag. foleil chaud. |N.E. couvert. 12 |O. couvert. ©. idem. O. v. fort. couv. pl. doux. 13 |O. couv. peu de pluie, |O. couvert. O. idem. 14 |O. vent fort. pluie. O. v. fort. forte pluie. |O. couvert. pluie. 15 |O. pluie, ©. idem. ©. idem. 16 |O. pluie. O. idem. O. couv. br. très-humid. 17 |O. couvert. O. gros nuages, O. couvert. 18 |O. gros nuages. O. idem. O. couvert, pluie. 19 |S.O. pluie. 1S-O. idem. S.O. idem. 20 |N. gros nuages. pluie, IN. dem. NE. gros nuages. éclairs. 21 |S.O. pluie. ©. idem. O. gros nuages. 22 |N.E,. gros nuages. NE. idem, N.E. v. fort, nuages. 23 IE vent, nuages. N.E. v. fort. nuages. N.E. v. fort. ferein, 24 IN.E. vent fort. ferein. N.E. idem. N.E. idem. 25 |N.E. ferein. N.E. quelques nuages. [N.E. idem. 26 |N.E. v. fort. peu de nuag. IN.E. idem. N.E. idem. 27 N.E. v. fort. peu de nuag. IN.E. idem. N.E. idem. 28 |N.E. brouillards épais. |N.E. idem. NE. idem. 29:[N.E. brouillards épais. NE idem. N.E. idem, 30 |E. gros nuages. E. idem. E. idem. Tome I. / DE LAUSANNE. 301 Ge 302 MéÉmotrrEes DE LA SoctrÉéTÉ I. RÉCAPITULATION. Le mois de Novembre a été humide & affez pluvieux. Souvent on a vu des brouillards, & il a fait beaucoup de vent. Celui du nord vers left a foufflé prefqu’autant que tous les autres enfem- ble , & il a fouvent été très-fort. Celui de l’oueit a règné d’une manière peu commune, La chaleur a été en général affez tem- pérée. Il a tout-à-coup gelé le 8 au foir, par un gros vent du nord-eft, le ciel étant ferein; ce vent étoit fi froid, que le mercure dans le thermomètre fe condenfa, en peu d'heures, de 8 degrés, de manière qu’à 9 heures du foir nous le trouvames à s degrés au deffous du terme de la congélation. Le gel a duré pendant 3 jours; alors il seft élevé un vent d’oueft, le temps set adouci, il a fait une petite pluie affez chaude, & dans peu de jours on a vu le mercure dans le thermomètre fe dilater jufqu’auprès du tempéré. Le mercure dans le baromètre s’eft tenu fort haut durant ce mois. Sa hauteur moyenne a été précifément égale à la plus grande élévation moyenne , calculée fur dix années d’obfervations. Il s’eft auf élevé plus haut que nous ne lavons jamais obfervé. Le mercure avoit commencé à baifler depuis le 25 au matin, le vent foufflant du nord vers left, & le ciel étant chargé de quelques nuages. Le 26 au matin il fe leva un gros vent du nord-eft : le ciel étoit chargé d’un petit nombre de nuages légers : le mercure refta fta- tionnaire jufqu’au foir , que nous le trouvàmes monté de plus de 2 li- gnes. 1l continua de monter pendant tout le 27,lé temps étant pré- cifément le mème. Enfin le 28, au matin , nous le trouvames à la hauteur de 27 pouces précis. Le-vent fouffloit toujours du mème point, mais 1l n'avoit plus de force; & l'air étoit rempli de brouillards épais , de manière que le temps paroïfloit couvert. Nous avons examiné ces brouillards. Ils étoient plus tranfparens que de coutume, fort humides; & ne. contenoient que de l’eau ordinaire. L’électricité de Vair étoit petite, & la machine élec- trique de la Société ne donnoit que peu d’étincelles. Cette grande élévation du mercure dans le baromètre, feroit- elle une fuite de la quantité de véficules aqueufes contenues dans l'air, & de la grandeur de leur diamètre? Ou bien faut-il Pattribuer à quelque pes Sciences Pys. DE LAUSANNE, 303 grand mouvement dans une partie de l'atmofphère? La plus grande chaleur de ce mois, marquée par le ther- momètre , a été de 9 3 degrés au deflus du terme de la con- gélation ; elle a été obfervée le 19, à 9 heures du foir. La moindre chaleur a été de $ degrés précis au deffous de ce terme; elle a eu lieu le 8, à 9 heures du foir. La différence entre ces deux termes eft de 14 3 degrés. La chaleur moyenne eft de 4 + degrés au deffus du terme de la congélarion. La plus grande hauteur du mercure dans le baromètre, obfervée le 28 pendant tout le jour, a été de 27 pouces précis. Son plus grand abaiflement , obfervé le 12 À 2 heures après- midi, a été de 26 pouces 2 £& lignes. La différence entre ces deux termes eft de 9 & lignes. Nous avons trouvé la hauteur moyenne du mercure dans le baromètre , égale à 26 pouces 6 # lignes. Le vent a foufflé 1 fois du nord, 47 fois du nord vers l’eft, 6 fois du nord vers l’oueft, 3 fois de l’eft, 23 fois de loueft, 4 fois du fud vers l’oueft, & 6 fois du fud vers left. Nous avons trouvé $ jours où l'air a été parfaitement ferein, 13 de temps couvert, 17 où il y a eu plus ou moins de nua- ges, 12 de vent, 8 de brouillards, 10 de pluie, & 1 où il a fait. des éclairs. Les hygromètres ont marqué beaucoup d’humidité pendant tout e mois. 20: UV VANEVAPDITDIENS, La fcarlatine ‘angineufe a beaucoup règné pendant ce mois Elle a pris un caraétère feptique &. plus malin que de couture. Le $ Novembre, deux petites filles, l’une âgée de 8 ans &. l'autre de 6, prennent enfemble mal par de petits friffons, du dé- prie & des maux de cœur. Le lendemain elles font affoupies : e pouls eft fort vite, la région épigaftrique un peu tendue, la langue jaune, la gorge fort rouge, mais fans ulcères : les paro- tides commencent un peu à enfler; on apperçoit quelques’ rou- geurs au vifage; les maux de cœur & les vomiffemens font comme la veille. On donne un vomitif, qui fait rendre, par le haut, une bile épaifle & vifqueufe, & produit une felle. Le troifième jour Jaînée de ces enfans fe trouve, quant à laffoupifflement &-à la SH 304 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ marche du pouls, dans le mème état que la veille. La gorge eft un peu ulcérée, & les parotides plus enflées & plus douloureufes. On lui donne quelques cuillerées d’un életuaire de manne, de crème de tartre, & de firop de guimauve. Ce remède n’ayant produit aucun effet, on fait prendre un lavement émollient : tout- à-coup les felles viennent; elles font précipitées, fétides , très abondantes; & l'enfant meurt fubitement pendant la nuit en faifant une felle. La mème chofe faillit arriver à la plus jeune de ces enfans. Elle eut aufli des évacuations abondantes & précipitées par les felles, & élle fut attaquée de convulfons affez fortes. L’affoupif- fement fut le même pendant tout le quatrième jour ; le pouls étoit foible & très- vite, la chaleur acre, l'agitation très - forte par momens; les parotides n’avoient pas enflé davantage ; lérup- tion étoit un peu plus confidérable. On fit prendre le tartre émétique à petite dofe , & on donna du petit lait tiède pour boiffon ordinaire. Ces remèdes firent vomir une feule gorgée de bile toute pure. Le cinquième jour léruption avoit confidérable- ment augmenté fur tout le corps; mais tous les autres fympto- mes étoient les mêmes. On fit appliquer un grand véficatoire fur la nuque ; on continua l’ufage des autres remèdes; &, comme le ventre étoit reflerré, on fit prendre un lavement émollient, qui produifit une felle. Le fixième jour léruption fut plus con- fidérable encore; il fe forma un plus grand nombre d’ulcères dans le gofer; les anciens devinrent plus larges; les parotides enflèrent beaucoup ; le ventre étoit un peu gonflé & douloureux; lafoupiflement & le pouls étoient les mêmes. On continua les remèdes de la veille; & l’on donna deux lavemens, dont l’un étoit purgatif & l’autre émollient : ils produifirent peu d'effet. Le feptième jour l’éruption pâlit au vifage, qui fe défenfla un peu : mais les parotides groflirent beaucoup ; la bouche fe remplit de glaires brunes & fétides; il fortit des narines une matière puru- lente, qui les excoria; les ulcères du gofier devinrent livides, & il s’en forma de nouveaux à la langue & aux gencives; le ventre étoit plus gonflé , plus tendu , & plus douloureux ; le pouls exceffivement vite & foible; l’affoupiflement affez grand. On ap- pliqua dès le matin de nouveaux véficatoires aux jambes; on mit fur le ventre des fomentations tièdes avec loxycrat; on fit prendre pES Sciences Puvs. DE LAUSANNE. 395 des lavemens antifeptiques & légèrement purgatifs; on donna le camphre diffous dans de huile d'amandes douces, & de fortes dofes de quinquina. Tout fut inutile : il furvint pendant la nuit de violentes douleurs d’entrailles ; le ventre enfla beaucoup; & l'enfant mourut au matin du huitième jour. Une petite fille agée de fix ans & demi,-très-vive, ayant le genre nerveux mobile, prit, au foir du 24, de légers frif- fons & des vomiffemens. La nuit fuivante fut très-agitée. Le fecond jour, au matin, nous lui trouvames le pouls vite & affez fort, la peau chaude & humide, & la langue blanche; elle vomifloit fouvent des matières porifatres, & fefoit des felles bilieufes, peu fétides; les urines étoient blanches; on appercevoit un commencement d’éruption au vifage, au cou, & aux bras. Nous ordonnames le petit lait, & une potion ni- treufe avec loxymel. La malade refufa le petit lait, & ne prit que très-peu de la potion. Le troifième jour la diarrhée fut très - forte; il fortit-par les felles des matières jaunes, très- férides ; léruption avoit diminué; le pouls étoit foible & très- vite ; les amyodales rouges & un peu enflées. La malade refufa tout remède. Le quatrième jour la diarrhée fut comme la veille, mais le pouls étoit encore plus foible ; il y avoit de laffou- piflement, quelques grincements de dents, beaucoup d’agitation ; léruption augmenta ; les yeux devinrent rouges, comme dans la rougeole , fans être cependant auffi fenfibles à la lumière; les lèvres étoient féches , les amygdales un peu ulcérées, la langue chargée, les glandes maxillaires & la parotide gauche un peu enflées : la malade büvoit beaucoup d’eau froide. Nous lui fîmes appliquer un grand véficatoire fur la. nuque. Cependant la nuit du quatrième au cinquième jour fut exceflivement agitée; la diarrhée étoit extrèmement forte & horriblement fétide; on trouva dans les linges un lombril mort; laffoupiflement étoit continuel, les grincements de dents très - fréquents; la langue étoit nette le matin, & fes mamelons fort apparens ; la rougeur des yeux n’avoit pas changé; l’éruption étoit d’un rouge extrêmement vif, fur-tout autour du cou; la foif très - grande , & le pouls imperceptible : la malade demandoit du vin; nous le lui accordämes ; & quoique le véficatoire du cou eût bien opéré , nous en fimes mettre encore à chaque jambe, À notre 306 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ vifite du foir nous trouvèmes que la diarrhée avoit ceflé; le pouls étoit plus lent & plus élevé; il y avoit moins d’affou- piflement & plus de connoiïffance : mais la foif étoit la mème, la parotide avoit un peu plus enflé, & la malade fe plaignoit de mal au ventre. Nous ordonnèmes un lavement, qu’on eut beau- coup de peine à faire prendre, & qui produifit très- peu d'effet. La nuit du cinquième au fixième jour fut aufli agitée que la précédente ; il y avoit eu une feule felle jaune & fétide; nous trouvâmes au matin le pouls extrêmement vite & foible; la gorge & toute la bouche étoient remplies d’ulcères, la dé- “ glutition prefque entièrement fupprimée , & l’afloupiffement fort grand ; les véficatoires fuppuroient beaucoup ; léruption avoit pali au vifage, mais elle étoit plus forte aux pieds & aux mains, & ces extrèmités du corps paroifloient violettes & enflées; le ventre nous fembla un peu météorifé. A notre vifite du foir nous trouvames la malade dans le même état que le matin : mais le pouls étoit plus foible & plus vite encore; léruption avoit tellement augmenté que tout le corps en étoit couvert; les mains & les pieds étoient exceffivement violets & fort enflés. La nuit du fixième au feptième jour fut un peu moins agitée que les autres; il y eut une felle brune & féride. La malade voulut enfin prendre une décoétion de quinquina, rendue acide avec lefprit de foufre, & quon ne cefloit de lui offrir depuis plufieurs jours; elle en avala affez pour prendre la décoction d'environ trois gros de cette écorce, & une cinquantaine de gout- tes d’efprit de foufre : on n’apperçut pas la moindre difficulté dans la déglutition. À notre vifite du matin nous trouvämes le pouls prefque imperceptible ; le vifage étroit pale, les yeux caves & éteints; tout le corps nous parut violet, mais les mains & les pieds létoient d’une manière incroyable ; il fortoit de lune des narines un peu de fang ; lagitation étoit très - grande : enfin Penfant mourut fubitement fur les genoux de fa mere, vers la dixième heure du feptième jour. Son cadavre conferva fa chaleur pendant long -temps ; il enfla beaucoup, fur- tout au ventre; il devint tout noir; le fang ne cela de couler par le nez ; & bientôt il répandit une odeur infoutenable. Outre la fcarlatine angineufe, il y a eu durant ce mois beau- coup de maux de gorge ordinaires ; ils étoient plus catarrheux DES Sciences. PHys.. DE LAUSANNE. 307. qu'inflammatoires. Les rhumes ont aufli été aflez communs. \ Nous n'avons vu qu'une feule perfonne attaquée de la fièvre bilieufe rémittente. La maladie a cédé aux remèdes ordinaires. 11 n’y a plus de petite vérole en ville. L’épidémie a ceflé depuis la fin du mois pañlé. P PM o R 7-5: Il eft mort, pendant le mois de Novembre, 24 perfonnes; favoir 6 hommes, 4 femmes, & 14 enfans de lun & de lautre fexe, dont 8 garçons & 6 filles, 308 MÉmMorres px LA SocréTé THERMOMÈTRE. BAROMÈTRE. Jours Dit dl du 8 heures|2 heures 9 heures | 8 heures du| 2 heures |9 heures du mois.| du après- | du for. matin. |après-midi.| forr. matin. midi. | | Degrés.] Degrés. Degres. Pouc. Lig. ST A Te Lig. | Pouc. Lrg. t'as ire 79 0) | 26,11, © | 26,10, 9 | 26,10, 6 2 2, 3 4; O 3; 8 26, 9; 9 26, 9; 3 26, 9: $ 241 UE Ca AU 26, 9, 2 | 26, 8,10 | 26, 8, 6 47209 113510010630 26, 8:10 |, 26, 7:10) | 26: 7356 SONNERIE SEEN MRC 26, 6, 6 | 26, 6, © | 26, 6, 9 6,|° 3, 2,| 4, 3 | 4 3 26, 7, 6 | 26, 7, 8 | 26, & 1 7 3» 9 $» 4 $» © 26, 8, o | 26, 8, O | 26, 8, © SIREN UMTS AE 207 26.780 |026,1 7: 191 | 26 USA SM tot aNcaUs 26, 7, 9 | 26, 7, © | 26, 8, 4 LOMME: 10© 2, 9 I, $ | 26, 8, 6 | 26, 8, $ | 26, 9, O IT 1, $ 2, $ 0, 2 26, 9, o | 26, 8, 9 | 26, 8, 9 12412000 o 7e 26, 8, 8 | 26, 8,10 | 26, 9, O 13 | -0, $ o, o | -I1, 0 26, 9, 6 | 26, 9, O | 26, 9, 6 VANNES O 2 0, oO 0, Oo 26,10, © | 26, 9, 9. | 26,10, © 15 | 0, 4| 0,7] 0,0 26, 9, 9 | 26, 9, $ | 26, 9, 6 161-200 |1 0 IN 26, 9, 3 | 26, 8, 6 | 26, 8, 3 197 1, 2 2:0© D 7 DE 7 NONIN2 GRETA || 2 60710 18 12 160 INUT Gr NOM 26, 6, 9 | 26, 6,10 | 26, 6, 6 19,1 4,0,,7.|: 1.45 lo 26, 8, © | 26, 8, 0. | 26, 8, 4 H 20 O, 2 25 1© O; 4 267, 90) 26. 7: 6 | 26,17: 6 ATH 0 | 10, 0110, 12 | 26, 6, 9 | 26, 6, $ | 26, $, 6 22 O, 4 HAT 110 26, 4, 4 | 26, 3: $ | 26, 2,10 D Er to) 6, V2 K& 26, 3, o | 26, 3, 6 | 26, 4, 6 Lez lea 0, Soir 26, 4,10 | 26, 4, $ | 26, 3, 6 25 Oo, $ 2:18 1, 6 26 12,n3 251 I TOMN Aero À 26 3, © A3 3,9 2$,11, O spin à | 2$:11; 3 Ù 27 4 7 S5adu | LISse 4 | 2,11, 4 | 2$:11, | 26,00, 0) D28 0 ane "sS | 04,08 25,11, 2 | 25,10, 6 | 2$,10, 6 D 20 NEO MU IEC ANT | 26, 8, Oo | 26, 2, oO | 26, 2,10 8 30 | -3, $ | -3, o | -4, o 26, 1,10 | 26, 1,10 | 26, 3, UNS ES Eee EM | 2603748 | 26, 3; $ 26, 4,10 VENTS pes Scrences Puys. DE LAUSANNE. V'E NTI SMEMPOÉ PAT D U CIE L. du Le matin. L'après - mide. Le foir. rois 1 |E. couvert. pluie. E. pluie. E. idem, 2 |S.O. couvert S.O. idem. S.O. idem, 3 |E. gros nuages. E. idem. E. idem. 4 |E. couvert. E. idem. E. idem. $ IN.O. couv. brouillards. [N.O. couvert. E. couvert. brouillards. 6 |E. couv. brouill. E. couv. gouttes de pluie.|E. couvert. 7 |E. couvert. E. gros nuages. S.E. pluie. 8 |O. nuages. O. idem. O. idem. 9 |O. couvert. O. idern. ©. idem. 10 |O: nuages. O. idem. O. idem, 11 |N.E. couvert, N.E. idem. N E. gros nuages. 12 |[N.E. couvert. N.E. gros nuages. N.E. idem. 13 |IN.E. couvert. N.E. idem. N.E, idem. 14 [N.E, couvert. NE. idem. IN.E. idem. 1$ ÎN.E. couvert. N.E. idem. N.E. idem. 16 [N.E. brouillards épais. [N.E. idem. N.E. idem. 17 |IN.E. brouillards. N.E. idem. S.O. idem. 18 |[N E. nuages. N.E. idem. NE. vent fort. couvert. À 19 ÎN.E. couvert. brouillards.IN.E. couvert. N.E. idem. 20 |N.E. couvert. brouillards.IN.E. couvert. N.E. idem. 21 |N.E. couvert, N.E. gros nuages. N.E. couvert, 22 [N.E. couvert. NE. idem. N.E. idem. 23 |N.E. couvert. N.E. idem. N.E couv. un peu de neig. 24 ÎN.E. couvert, S. nuages. S. neige. 2$ |S. beaucoup de neige. E. neige. pluie. E. pluie. 26 |E. couvert. E. pluie. E. idem. 27 !S.O. pluie forte. brouill. |S.O. pluie forte & contin.[S.O. pluiecontinuelle. À 28 Is.O. v. fort. grofe pl. br. 1S.O. pluie forte & contin. |S.O. v.fort. pl.fort.& cont. 29 IN. froid, couvert. N.E. vent fort. couvert.. IN.E. idem. 30 IN.E. couvert. NE. neige. M E. idem. 31 S.O. couvert. S.O. idem. S ©. pluie & verglas. ÉNNRTEC API TU LAIT ON. Le mois de Décembre a été humide & tempéré. Jamais on n’a vu Vair parfaitement ferein ; il contenoit toujours quelques nuages , & le nombre des jours couverts a été très -confidérable, Cependant il Tome I. IE 310 MÉMOIRES DE LA SoOctÉéÉTÉ n’a pas beaucoup plu pendant ce mois, & les pluies n’ont point été fortes ; il n’a fait que deux jours de grandes pluies , favoir le 27 & le 28. Le temps a auffi été fort calme. Le vent dominant eft venu du nord vers left; celui de left a foufflé beaucoup plus fouvent que de coutume, & celui du nord a foufflé feule- ment pendant quelques heures :il nous a amené le froid. La conftance du vent du nord-eft mérite d’être remarquée ; il commença le 11, & dura jufqu’au 24. Pendant tout ce temps il ne fut ni fort ni froid; il gela pour- tant quelquefois ; cependant la liqueur du thermomètre ne defcendit guère au deflous de 1 + degré fous le terme de la congélation. Auparavant elle s’étoit prefque toujours tenue entre le deuxième & le fixième degré au deffus de ce terme. Remarquons encore que le temps fut prefque toujours couvert pendant que ce vent fouffloit, & que le mercure dans le baromètre ne fut jamais ftationnaire ; il fe tint en général affez haut, & il ne baiffa à la fin que lorfque le vent fut près de fe tourner au fud. Alors il vint de la neige par un vent d’eft; le mercure s’abaiffa beau- coup , & il fe tint affez bas pendant le refte du mois. À cette époque il éprouva une élévation momentanée & fort confidérable, dont voici lhiftoire. Depuis trois jours le vent étoit au fud-oueft, & il pleuvoit beau- coup ; le mercure dans le baromètre avoit tellement baïflé, que, le 28 à 9 heures du foir, nous le trouvames à 2$ pouces 10 £ lignes. Pendant la nuit du 28 au 29, un vent froid du nord fe leva, & nous trouvames le mercure à 26 pouces 8 lignes; à 2 heures après- midi il avoit déjà baïffé de 6 lignes. Cette élévation fubite de 9 : lignes, qui n’a peut-être jamais été obfervée , n’a été produite par aucune caufe fenfible. Elle vient fans doute d’un grand mouvement qui s’eft fait quelque part dans la maffe de l’atmofphère. Quoiqu'il en foit, le mercure dans le baromètre s’eft tenu en général fort haut , & fes mouvemens fe font faits dans un efpace de 1 pouce À ligne. C’eft vers la fin du mois qu’on a vu la première neige; le 25 au matin il en eft tombé plus de quatre pouces. La plus grande chaleur de ce mois, marquée par le thermomètre, a été de 6 £ degrés au deffus du terme de la congélation ; elle a été obfervée le 8 à 8 heures du matin , après une pluie, le vent étant à l’oueft , & l’air chargé de nuages. La moindre chaleur a été de 4 degrés précis au deflous du mème terme de. la congélation; pes Scrences PHys. DE LAUSANNE. 311 elle a été obfervée le 30 à g heures du foir, pendant qu'il neigeoït & que le vent étoit au nord-eft. La différence entre ces deux termes eft de 10 $ degrés. La chaleur moyenne eft de 1 # degré. La plus grande hauteur du mercure dans le baromètre , obfervée le x à 8 heures du matin, a été de 26 pouces 10 lignes; & fon plus grand abaiffement a été de 25 pouces 10 # lignes : il a eu lieu pendant toute l’après - midi & la foirée du 28. La différence entre ces deux termes eft de 11 ; lignes. Nous avons trouvé la hauteur moyenne du mercure dans le baromètre égale à 26 pouces 6 :: lignes. Le vent a foufflé 1 fois du nord, 44 fois du nord vers leit, 2 fois du nord vers loueft, 20 fois de left, 14 fois du fud vers l’oueft , 1 fois du fud vers left, 3 fois du fud, & 9 fois de loueft. Nous avons obfervé, dans 23 jours, le temps couvert; dans 10, l'air chargé de plus ou moins de nuages : dans 3, il a fait du vent; dans 8, des brouillards; dans 8, de la pluie; & dans 3, de Îa neige. Les hygromètres ont marqué une humidité extrème pendant prefque tout le mois. Aou MATRA Di EhEnS. La fcarlatine angineufe a beaucoup règné pendant ce mois. Elle a confervé fon caraétère putride. Les premiers jours de Décembre nous fimes appelés dans une campagne près de la ville, où quatre enfans étoient attaqués de cette maladie. Le plus jeune, qui étoit encore à la mamelle , fe trouvoit au fixième jour. 11 avoit le corps tout rouge : fes mains & fes pieds étoient un peu violets & enflés. Il avoit [a parotide gauche extré- mement groffe & douloureufe. De fa bouche, remplie d’ulcères, for- toient des glaires tenaces, puantes, & un peu brunes. Son nez cou- loit beaucoup ; & la matière qui en fortoit étoit purulente, fétide, & fi àcre qu'elle excorioit la peau. Cet enfant mourut pendant la nuit du fixième au feptième jour. Nous le fimes ouvrir. La gorge & toute la bouche étoient remplies d’ulcères, & de glaires horriblement puantes. Une partie de ces ulcères étoit couverte d’une efcarre blanche & peu épaifle; une autre l'étoit d’efcarres, A ENT LA 312 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ épaiffes , ou livides, où brunes, difficiles à enlever. Vers le fond du palais fe trouvoit un ulcère affez grand , de figure irrégulière , & d’un brun très- foncé ; il pénétroit jufque fur los du palais, & paroifloit l’avoir attaqué. Sur les gencives, dans l’intérieur des joues, & aux parties latérales de la racine de la langue , on voyoit plufieurs boutons applatis, blancs, & tranfparens ; en les ouvrant il en fortoit un peu de férofité rouffatre , & le fond en paroiïfloit enflammé. Les amygdales étoient fort enflées & rongées d’ulcères. Les arrière-narines étoient auffi remplies d’uicères. On apper- cevoit au pharynx & au larynx un peu d’inflammation , qui s’étendoit affez bas. Nous trouvèmes la glande parotide fort enflammée ; en plufieurs endroits elle étoit gangrenée; en d’autres il y avoit un commencement de fuppuration. Tous les vaiffeaux du cerveau étoient engorgés, & remplis d’un fang noir & diffous. Les poumons , tous les vifcères du bas-ventre, & particulièrement les boyaux, étoient aufli remplis d’un fang putride, diffous, & fphacelé. On ne fauroit douter que, depuis le mois pañlé, la fcarlatine angi- neufe n’ait eu fouvent le plus grand rapport poffble avec le mal de gorge gangreneux. Dans ces cas le traitement fouverainement anti- feptique elt celui qui nous a paru le mieux réufhir. Nous avons donné le quinquina en fubftance dès les premiers jours. Ordinairement nous en fefons précéder l'ufage d’un vomitif; mais, lorfqu'il y a lieu de craindre une trop prompte diflolution du fang , nous le donnons fur le champ, fans autre préparation, & à très-forte dofe : c’eft le remède dont, en général , nous avons éprouvé les meilleurs effets. Nous avons encore employé les acides minéraux , en aufh forte dofe que poffble. Le camphre a fait beaucoup de bien , lorfque le pouls étoit très-foible, & qu'il y avoit un grand abattement, des fpafmes, & des convulfions. Le vin & la ferpentaire de Virginie font des re- mèdes dont nous nous fommes aufli très-bien trouvés. 11 nous a paru que les rubéfians, appliqués autour du cou, valoient mieux que les véficatoires. Dans les cas où il y a beaucoup d’humeurs , & que les parotides com- mencent à enfler , nous y appliquons des irritans ; & , par toute forte de moyens , nous cherchons à les faire tomber en fuppuration.Dès l’inftant que nous appercevons le moindre indice de fuppuration, nous les fefons ouvrir & fuppurer par des digeftifs convenables. Notre gargarifme ordinaire eft une forte décoétion de quinquina, dans laquelle on met un peu d’alun , & qu’on adoucit avec du miel. Nousfefons pes ScrencEs Puys. DE Lausanne. 313 auffi toucher les ulcères avec de l’efprit de fel & du miel. La boiffon ordinaire eft une décoétion de crème de tartre , aromatifée avec l'écorce de citron, & adoucie avec du miel. La faignée , fi fort confeillée par quelques auteurs, a été nuifñible , même dès le principe, & lorfque le fang avoit encore un caractère inflammatoire. Cependant la fcarlatine angineufe n’a pas été auffi facheufe chez tous les malades, & n’a par conféquent pas exigé le mème traite- ment. Nous avons vu un grand nombre d’enfans qui l'ont eue telle que nous l'avons décrite au commencement de l’épidémie, & nous les avons traités avec les mêmes remèdes. Plus la maladie avoit un caractère putride & gangreneux , plus nous rendions notre traitement antifeptique & analogue à celui que nous venons d’ef- quiffer. = Nous avons vu un affez grand nombre d’enfans enflés des fuites de la fcarlatine angineufe. Outre ces maladies, il y a eu beaucoup de rhumes, de maux de gorge ordinaires , & de douleurs catarrhales. Il y a eu auffi quelques “fièvres bilieufes. Nous ne croyons pas que perfonne en foit mort. Plufieurs vieillards ont fuccombé à leurs infirmités, où font morts fubitement. LJ 3 MorrTs. Il eft mort , pendant ce mois, 28 perfonnes; favoir 6 hommes, 9 femmes, & 13 enfans, dont 6 garçons & 7 filles. É 314 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ (EDR mm DD D, BIDENVC LT SON Late 1783 eft auffi remarquable pour le phyficien météoro- logue, que pour le médecin clinique. Le mercure dans le baromètre s’eft élevé cette année à 27 pouces précis. Jamais, depuis que nous en obfervons les mouvemens , nous ne l'avons vu à une hauteur aufñ confidérable. Pendant les dix années d'obfervations dont nous avons préfenté les réfultats à la Société, le mercure ne s’étoit pas élevé au delà de 26 pouces 11 lignes (9). Le plus grand abaïffement du mercure n’a été cette année que de 25 pouces 8 lignes. On en a vu de moins grands encore. En 176$ & 1771, il ne fut que de 25 pouces 9 lignes (10). Le plus grand abaiflement de cette année eft de 2 Z lignes, moindre que celui de l’année moyenne (11). L'élévation moyenne du mercure, calculée depuis le mois de Février de cette année (12),a été de 26-pouces 6 lignes. Jamais nous n'en avons obfervé une auffi grande. Entre toutes les éléva- tions moyennes du mercure, qui ont eu lieu depuis 1763 à 1772, la plus grande a été de 26 pouces 4 5 lignes (13), & par conféquent de 1 À, lignes moindre que celle de cette année. L’élévation moyenne de cette année l'emporte aufli de 3 lignes fur l'élévation moyenne de l'année commune , que nous avons trouvée égale à 26 pouces 3 & li- gnes (14). Les variations du mercure dans le baromètre, durant cette année, ont été bornées à un intervalle de 153 À lignes : ce qui n’eft pas bien confidérable. Nous avons trouvé que le plus grand efpace des va- riations du mercure étoit, pour notre pays, de 20 % lignes (15 ): celui de cette année a donc été de $ Æ lignes moins grand. D RS RER mens (9) Voyez ci-devant pag. 244. (10) ibidem. (xs) bidem. (12) ihidem. pag. 248. (13) ibidem. pag. 244. (14) ibidem. pag. 244. (15) shbidem. pag. 220- pes Sciences Puys. DE LAUSANxN£z. 315 Rarement le mercure dans le baromètre a été ftationnaire, & jamais ce n’a été pour long-temps. Il a éprouvé quelques brufques & grandes ofcillations ; la plus forte a été de 6 lignes dans lefpace de quelques heures (16). Le degré moyen de chaleur , marqué par le thermomètre , a été cette année de 8 & degrés au deffus du terme de la congélation. Donc elle a été de 1 % degrés plus chaude que n’eft l’année moyenne (17). La plus grande chaleur moyenne que nous con- noiflons eft celle de 1772; elle eft de % degré moindre que la chaleur moyenne de cette année. Le plus grand degré de chaleur de cette année a été de 22 5% de- grés au deflus du terme de la congélation. Jamais nous ne l'avons vu aufli foible. Le moindre degré que nous connoiffions eft celui de l'an 1765 ; il étoit de 22 $ degrés. Le plus grand degré de chaleur de cette année eft de 2 ;5 degrés moindre que le plus grand degré de chaleur, année commune. Le moindre degré de chaleur a été cette année de $ degrés précis au deffous du terme de la congélation. Nous ne connoïiflons que lannée 1764 où il ait fait auffi peu froid. Le moindre degré de chaleur de cette année a été de 6 degrés au deflus de celui de l’année moyenne , que nous avons trouvé égal à 11 degrés au. deffous du terme de la congélation (18). Les variations de la chaleur ne fe font faites cette année que dans un efpace de 27 % degrés. Celui de l’année moyenne eft de 35 % de- grés. Le plus grand que nous connoiflions eft de 40 degrés, & le plus petit de 33 degrés. n a éprouvé, comme de coutume, plufeurs variations foudaines dans le degré de la chaleur; mais elles n’ont été ni plus fubites ni plus grandes qu’on ne les voit ordinairement. LE vent dominant de cette année a été celui du nord vers left. Après lui le vent de l’oueft a le plus foufflé Nous avons trouvé (16: Voyez ci-devant pag. 310, (17) ibidem. pag. 244. (18) ibidem. pag. 244. 316 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ que celui du fud vers loueft, qui dans ce pays domine autant que le vent du nord vers left, a foufflé cette année environ $o fois de moins que le vent de l’oueft. Les autres vents ont dominé dans l’ordre fuivant : eft, nord-oueft, nord, fud, & fud-eft. C’eft dans le mois d'Avril que le vent du nord vers left a foufflé le plus fouvent : celui de l'oueft a foufflé le plus fouvent en Mars; celui du fud - oueft en Juin & en Septembre; celui de left en Dé- cembre ; celui du nord vers l’oueft en Oétobre ; celui du nord en Août; celui du fud en O&tobre; & celui du fud vers l’eft en No- vembre. Le vent du nord vers left a foufflé le moins fouvent en Février; celui de l’oueft en Avril; celui du fud vers l’oueft en Avril auffi; celui de left en Mai & Juillet; celui du nord vers l’oueft n’a pas fouflé en Juin : il en a été de même en Oétobre pour celui du nord ; en Novembre pour celui du fud ; en Février, Avril, & Août, pour celui du fud vers left. De tous les vents obfervés pendant cette année, celui qui a foufilé avec le plus de perfévérance a été le vent du nord vers left. Les autres n’ont jamais duré bien longtemps, & ont beaucoup changé. Le ciel a été en général couvert & chargé de nuages, & l'air humide & rempli de brouillards. Souvent il a plu; & il eft tombé une fort grande quantité d’eau, fur-tout au commencement de l’année. Les orages ont été fréquents ; leur force & leur durée ont furpafé ce qu'on a coutume de voir dans ce pays. Jamais la foudre n’étoit tom- bée autant de fois, & n’avoit caufé d’aufh grands ravages. 1] n’a prefque point grèlé. Une fois on a vu une petite aurore boréale, & une fois la terre a éprouvé une légère fecoufle. Mais le phé- nomène qui a fixé l'attention de tout le monde, & fur les caufes duquel les phyficiens font partagés, c’eft ce brouillard extraordinaire que nous avons nommé électrique, & qui a duré pendant la ma- jeure partie de l'été (19). Les maladies qui ont règné pendant cètte année ont eu toutes, du plus au moins, un caractère bilieux. (49) Voyez ci-devant pag, 110, 270 , 273, 279, & 286. Deux pes Scixnces Pays. D£ LAUSANNE. 317 Deux fléaux contagieux ont exercé leurs ravages parmi les enfans. L'un a commencé pendant l'automne de 1782, & a duré jufqu’au mois d'Octobre de cette année 1783 : c’eft la petite vérole. L'autre, que nous avons appelé fcarlatine angineufe (20), a commencé en Juin, s'eft propagé avec lenteur , & a duré pendant tout le refle de l’année. Au commencement la petite vérole n’avoit d’autre caraétère que celui qu’on lui voit toujours; elle eft devenue enfuite pourprée & pu- tride, & à la fin elle étoit accompagnée d’amas bilieux dans les pre- mières voies. Plus de la moitié des enfans morts pendant cette année ont été les victimes de cette cruelle maladie (21 ). La fcarlatine angineufe a d’abord eu un caraétère bilieux ; enfuite elle eft devenue putride & gangreneufe : cet état a perfévéré jufqu’à la fin de l’année. On n’a pas noté les enfans qui ont fuccombé à cette maladie; mais nous fommes perfuadés que le nombre en a été con- fidérable. Les autres maladies les plus fréquentes pendant cette année ont été les fièvres gaftriques ou bilieufes, les fièvres tierces gaftriques ou bilieufes, les fièvres catarrhales, les fluxions & douleurs catarrha- les, les rhumes, les rhumatifmes inflammatoires & bilieux, les pleu- réfies inflammatoires , les efquinancies, les apoplexies , & les jauniffes : il y a eu auffi des couches malheureufes, tant pour les femmes que pour les enfans. La plus grande mortalité à Laufanne eft de 229 perfonnes, an- née moyenne (22)5% & la plus petite , de 182 (23). Dans la préfente année 1783 , elle eft allée à 303 perfonnes. Ainfi il eft mort cette année 74 perfonnes de plus que dans l’année de la plus grande morta- lité moyenne, & 121 de plus que dans l’année de ila plus petite mortalité moyenne. De toutes les années écoulées depuis 1709, qu'on tient ici les régiftres mortuaires, celle-ci (1783) doit être regardée comme une des plus meurtrières. Dans cette période de 74 ans, il ne fe trouve (20) Voyez ci- devant pag. 297. (217) On n’eft point ici dans l'habitude d'infcrire les caufes des morts fur les régiftres mortuaires. Le fecretaire du Confeil, frappé du grand nombre d’enfans qui, mouruient de la petite vérole, s’eft avifé, de fon propre mouvement, de les noter. Il croit en avoir omis beaucoup. El (22) Voyez ci- devant pag. 226. (23 » Seconde Lettre a M. Zimmerman, &c. par M. Tiffot. pag. 6. Tome I. V v 318 + MÉMOIRES DE LA SOCcTÉTÉ que cinq années où le nombre des morts ait été plus grand. En 1710 il mourut le nombre prodigieux de 381 perfonnes ; 327 perfonnes moururent en 1719; 310 moururent en 1736; 360, en 1766; 310,en 1771. Dans toutes les autres années le plus grand nombre des: morts n’eft guère allé au delà de 250 perfonnes par an. Nous allons terminer ces Obfervations fur la conftitution de Pair & fur les maladies de l’année 1783, par les Tables fuivantes, qui contiennent les Réfultats généraux de toutes nos Obfervations. DES Sciences PHys. DE LAUSANNE. 319 ————_—_— RESULTAT DES OBSERVATIONS faites fur le Baromètre & fur le Thermomètre depuis le mois de Février 1783. BA RICO MMESTR E. JOURS DE LA s LU | Mo 15. | =xe No 0 e—, Plus grande Moindre Elevation plus grande moindre élévation. élévation. moyenne. élévation. élévation. Pouc. Lignes. | Pouc. Lignes. | Pouc. Lignes. A Pévrier:. | 2) - 7. Logh | 126,10,16 2 DE 6 2610779 Ars ie. lRDTe ER. GR | 1 26:10;16 25, $ 9 26 AN Aorsl.:4. AR) 221022), 22 26,11, O 26, 4, 6 26, 7,10 Mie EE 1 27 26, 7, 9 | 26,116 26, 5, 2 uin.. | 23, La Sons 26) 9; 4 26:48 2 26, 6, 9 raer \.| VER 41: ‘140 | 26,10, 6 26,807 26, 7,11 Août . be 16. 120 110261 9,419 26, ÿ3 0 DENT Septemb.|. « 7. 6.5 26, 9, 8 26,38 ç 267302 Oëlobre..j. . 17 . .| 25, 28 26, 9, 9 26, 4, 6 26, 7, 8 Novemb.|. . 28 . Labs 47 Ko e) 26, 2, 6 26, 6, 9 Décemb..|. . 1 29.41" 26:10:.0 25,10, 6 26,642 Se ———— Ï — — Réfultats| 28 ; delann.| Novembre] 6 Mars. DR ORO 25, 8 9 26, 6, 2 CR TEE LS LL ER. M 'OPMNESERT.R Æ, J'OFU R SNDART-PrA ; | REA Se Plus grande] Moindre Chaleur gl plus grande chaleur. moindre A cdi EAP RS] 7278 Ho | Dégrés. | Degrés. | Degrés Æoner...| 006.119. . 1842192714 6, ÿ | --2, © 2, 6 Mars .....: 2$ 29 31 30.1: 10, O | --2, O 3, 4 Avril... 29 I 15, 6 |11, 61 8,2 Mai 19. 1109 | 18; © 4; $ 11, 8 Ju... |. 3, 24. 25: 26: 27 C5 0 72 175$ 9, O | 13; 2 Juillet .:.. 30. 24 22 ANR 13, O,| 17: 4 Aofte...….. 3 13 . 21, 8 95 $- Hs 1 Septembre. 12 |: 1720 8, 8 | 12, 2 fé Air Art O1 30) 31 146 4; © 8; 8 NOTÉE EN NUE AO het A ERA er ART 9, 2 | --f; © 4, O Décenbret|\L EORALS 1504 PR TON AUARE 6, $ | --4, O 1, 6 R éfultat de l'année 3 Juillet. 1 8 Novembre. 2 0h qui NET Pre 8 9 320 Mémorres DE LA SociËTé GEL RESULTAT DES OBSERVATIONS faites fur les Vents depuis le mois de Février 1783. ne). Mors. NÉMINN EI GE S.E | S:01p 60: 1 N 0; Février... 8 2$ 3 o 2 13 22 II Mars... 6 36 3 3 I 10 30 4 Avril $ $6 10 (e] $ ë 4 8 Mai... 3 37 2 ÿ 4 9 2$ 8 Juin, 0. 7 32 8 I 8 22 12 (o) Juillet... 4 $5 2 2 si 9 13 3 Août... IL 30 4 (e] 1 21 FN7 9 Septembre. 6 37 9 2 4 22 9 | 1 Oclubre … o 36 7 2 9 7 18 14 Novembre. I 47 3 6 (] 4 23 6 D:cembre.. I 44 19 1 | 3 14 9 2 Fi lonc 2, 43 70 22 42 | r33 ‘| 182 66 RESULTAT DESWOBSERVATIONS Jaites fur l'Etat du Ciel depuis Le mois de Février 1783. | . l'auror. | tr. tonn. | éclair. Paré | a d ET PNR fus | se; Mors. |Jérein | couv. | nuag. | vents. | broui. | pluie. | grêle. | neige. ET TT) TS 6 NT ol Mgilriz Lo IRAQ RON OT MO Mars...| 12 10 | 13 | 8 ONE NE 8 (o) : | (o) o Avril. ..| 24 7 8 2: Por ES ao 27 I oo | 0 Mai....| 9 16 | 20 $ 410311 O o 7 o!o (e) Han | to 12 |, ïf 9| 20| 16| o [e] 6 ° | I [e) Juillet ..| 6 6231112 |. 07 Be GMToNMEANNINO 1 At. 16 [1 12 2m! 3| 12/1120 | o|..8 SRE NE Septemb. | 4 | 14] 20] 8| 9|:1sl 0 oNmo 3.4 9040 Octobre. | 8 | 17 | 22] $ 3| 60 o I o| o | o Novemb. | $ | 13 | 17| 121 810! o oo 1,0 |o Décemb. | Oo | 23 | 10 3111088 8| o 3: | 08 ON SO) 10 tante, | 83 [1481188 | 87! oulu9 | 4 | 201 35112) 1 là pxs Sciences Puys. DE LaAusAnve. 321 <_— LE ——_— a RESULTAT DES OBSERVATIONS faites fur l Humidité de l'air pendant toute l'année 1583. DEGRÉS LS MONS, || AN ro Zone ie, Sécherefe. Janvier... [e) [e) I [e) o Février... o I oO (e) [e] Mars: ...…. (o] 2 1 (e) le) Avril... le] (e) [e) I o Mai... [e) I I 1 O D LE MORE 1 I 1 I [e] Juillet o o o I I Août :... (e) O I o o Septembre. 1 [e) le) [e) o for me [o)] (o] I | I O | * Novembre. o I [e) (e] le) Décembre. [e) I oO | o re] | mé | 2 7 6 Ù | I Eee —_— —_———— — ren — RESULTAIT DES OBSERVATIONS Jaites fur le nombre des morts pendant toute l'annce 1783 ER ER PES : bal re hr er Mors. ÆAomswes. | Femmes. Enfans Enfans mâles. du fexe: | Janvier... Février ... 4 Oitobre …. Novembre. [' rembre. Se & > ND AS bn AnAOR a 0 PB 00 An DIT II Es ON O0 en O0 A A SJ Où #1 mt 00 \D nl CR LS É ANA ON D © SOU Ori m D l'an: ée : 62 72 90 —— —_— Décembre . | Réutat de PA 1:4 Adultes. cl an Le] [7 a ————————— 5 “à ES RCE ETES | | 322 Mémotïres DE LA SOCIÉTÉ en A (Emme comment I PAL SES AQU des Maladies qui ont rèrné pendant l’année 1783. + Fluxions &5 Petite Vévole. \Scarlatine angi.| Fièvres bilieu- |\Fièures tierces Fièvres cœ| douleurs catar-| Rhumes neufe. Jes. bilieufes. tarrhales. rhales. < £ Maladies. Janvier. . | .....1..... 1... [Janvier [Janvier Hévier.& | st.) M COTE PORRE JFévaer (FEVER 4 Mare. ET 3: Ed 0 MR ENTMatsl Er RUE laval. BI ee Monk 28 ee TOI: ee + "20 ÿ [Mai ..t nts Be Mai Ole M ne ER EE ain Et 2 une Loir PE CA: ee $ (Juillet . . (Juillet . . +. 0, DEEE Es AE OT, | OR c ape Le ar PAS E Pre |: FaAile 27 LS Septembre Septembre [Septembre [Septembre |. .% .|"..1..340) : . . (Octobre . |O étobre . (Octobre. [Otobre. |... PPT | er: PUNovembre Novembre. VI M: 0: :.. . [Novemb. Décembre [Décembre |. 4. |... Dlocmbee Décemb. 2 Mois. 3 Mois. 10 Mois. | 6 Mois. | 6 Mois. | $ Mois. | à ox Réfultat del leur durée. Ve LAaludies.s ® Rhuinatifines PI inflammatoires euréfes in | Efqnimancies Apoplexies Jauniffes 9 bilieux flarsmatoires Mauvaifes couches Février, . | Février. pile de) nie Fe es Janvier, . | Janvier. | ET | So Ÿ 29 F iso + CCE ne . È DFE A: DE. 16 4: Lu =: INEPEMPEE le EE re ME. ; Novembre DER EN L Rare 0 || Em r. Pise Vs. L'OTTURRR 7 E-PRécembrel I DEcenbre | salle. + -2 EE F7 ne à. 2 Mois. 2 Mois. 2 Mois. 2 Mois. | 1 Mois. | 1 Mois. S à Le fret iso NT, sise] ARR h AU VIA TENTE EMRÉ: DATE EUR L'inattention d’un Copifle eff caufe qu'il s’efl gliffé plufieurs erreurs : , dans l’impreffion , particulèremeut aux nombres. On prie le leéleur d'y avoir égard. EUR, KLANT Æ Pog. Lig. | Pag. 3. 31 quien font plus fufceptibles, X/éz,quien | 20. 25. glignes 1°, lifez, 3 lignes En font les plus iufceptibles. TR à $+ S. feront différer un peu d'une matière plus|221. 2. 73, lifez, ÿ $- épurée & dela pierre calcaire ordinaire; | 6 A RE lifez, feront différer de la pierre calcaire RE TT GEL A 7 To* ordinaire. Les mots intermédiaires doivent | — Sa. lifez 3 55- étreretranchés, Juivant l'avis de l Auteur. id. 8. dans le beau finter , Z/ez, dans un beau finter. 7. 18. par lesagens naturels en raifon, &c. Lez, | par les agens naturels, tanten railon, &c. | 8. 32. fur quoi je fon te mathéorie, {i/ez, fur lef- quels je fonde ma théorie. 24. 1.dela note (r) au lieu de, €7 dans, lilez, ES à. 26. 26. Ainf le mouckay; H/ez, Ainf le monkay | ou finge poudié (Cercopithecus nietitans). 32. 16. Cacuda, liféz, Cauda. 41. 26. Aprèsles mots, s’yrupportent, on doit ajou- ter: Zl tient avec le canna, coudons, con- doma , &c. aux quatre fumilles, les cerfs , gazelles, chévres, ET bœufs, aiufi que l'indique le Tableau. 48. — La note ( d ) doit être à la place de la note = EE vice verfa. | - B. Ze trépide qui eft dans la Table con- É -f : Jidéré pis, “Lu res dé étre placé +. 5. 2 fois dunord, H/ez, 3 Fois Are La pou la variété ( à) du fajou 7 6. MES D 2 fois de left, s fois du e. loup du Canada, ow canis iycaon, placé Lt e : Fire la variété, = ) du renard , min dé |271. 2. 6fois du nord, lifez, 7 fois du nord. de être placé comme variété £7 non comme| — 2 21 Foisdu fud vers l'oucit, lÿ/ez, 22 fois du NN trs J 36. ourbillons. Afez, tourbillons. 1. ici, effacez ce mot. 20. 26,1, 4; lifez, 26, x, Se dern. 7,85 biz, 7,7: 20. 26,2,2; lilez, 26, 3» ©. 26, 4. 6; lifez, 26, 4,1. dern. 8,135 lifez, 8, 7- 15. 26,9, 23 Hfez, 26, 4, TL | 17. $ fois du nord, lifez, 6 fois du nord. — après 3 foisde l’et , ajoutez 3 Fois du fud-eff, 18. S& Fois du fud vers l’oueft, //ez, 10 fois du fud vers l'ouett. 1 — G foisdu nord, lifez, 4 Fois du nord. 5. 7foisdel’eft, Zfez, 10 Foisdel’eft. — 4foisdufud, lfez, s Fois du fud. ; 6. 7 fois du nord vers l'ouelt, #/ez , 8 fois du notd vers l’ouelt. bhhbhbhhnohb 1 1 5 22 82 25 52 00 » »# IlIRaers our Lo (o] efpèce. fud vers pu : 166. — Les notes (2) & (a) n’en font qu'une, &| — 3. ajoutez, 8 Fois del’eft. É doivent Ke iues pr fuite. “Neue 276. 14. 3 fois du nord, 56 fois du nord vers l'eft; 89. 10. d'un quartz greun, &c. lifez, d'un quartz Le 4 fois du nord , 55 fois du nord vers grenur. "ef. : À PS9." 7 &'du Feld- path, lifez, & du feld-fpath 276. 15. 1 fois du fud vers l’elt, li/ez, 2 Fois du fud go. 31. de l'accès àcette mine, /i/rz, de l'accès de Vers l'eft. s à cette mine. 287. 28 5 fois du nord, Zifez, 6 Fois du nord. #17. 25. & c'eft pour cela que : on doit mettre cette | — 31. ajoutez, 1 fois du nord vers l'oue k plrale avunt immédiatement après les {292 31 35 fois du nord, lifez, 36 fois du nord. deux récoltes. (2 | (Pee Sr AA CHARTES SUra me A ur nm À RATS L ‘+ tour sfieet nd séist CS dec sal 4 | : 0 U : ik 2 chprbt nr front ke A STE Xe er RS n ù &4 , 7" do Dim, st Mali: vi éhoe Te: ; |. solde autant « » 78 ns Fan 14e sh ut ur + D LE Ttstbelto afro rte k Û | D gone ç CRE LE EURE , Apauatée por bas tes Non ; OT à Sh st sit rar se | JE luebione, añb”, et. 1944, ui 91 srb Æ : id 5° se ,958 ,noliér. as étargtst shens tri Bucarest alta dtagmest ie En, | Fe st EuvE CÉMULLE LR LU UULEREE | Ahodi'# (CHUTES DES 7 a. sr { Shen x À + 2e + SN EN Je : 02 , MF der De eS oO ris Ar Ta TAN Fu LR ; CRE TE EPA RS da Rare RES al RQiA 22 48 4 ve se rs «2 @Ac 50446 Yan 110 dés n° ss) ch ai déchet Dos mine v ps M 2 ET l El ut bé . 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