-'^zs. (16/. MEMOIRES DE LA S O CI ET É D'HISTOIEJE NATU DE PARIS. PARIS, BAUDOUIN, Imprimeur du Corps législatif et de l'Institut national, place du Carrousel, n". 662. PRAIRIAL AN VII. Pour les relations commerciales avec les tli^-partemens et avec l'étranger , on trouve aussi cet ouvrage à Paris chez FucHS^ libraire, rue des Mathurins-Sorhoiiiic, AVERTISSEMENT. I I A Société d'histoire naturelle de Paris , désirant re- prendre la publication de ses ti'avaux, interrompue pendant quelques années à cause des circonstances , a chargé un comité choisi dans son sein , et composé de six administrateurs et de six adjoints , de présider au choix des mémoires qui devront former cette collection , et d'en diriger l'impression. On en présente aujourd'hui le premier cahier au public. Le manuscrit est prêt pour en faire paroître successivement plusieurs autres , si la Société y est engagée par l'accueil que recevra celui-ci. Elle a lieu d'attendre que les naturalistes et les amateurs de l'his- toire naturelle, tant de la France que de l'étranger, iv AVERTISSEMENT. voudront bien encourager ses efforts. Le nom de plu- sieurs des membres qui la composent, la richesse des cabinets dans lesquels ils peuvent puiser , en un mot la grande réunion dos moyens que Paris offre en ce genre , sont de sûrs garans de ce que la Société pourra faire si ses travaux sont bien reçus du public. LISTÉ papl ordre alphabétique D£s Membres composant la société d'histoire nftturelle de Paris , le premier prairial an 7 . LES CITOYENS, XX N F R I , vérificateur des essais à la mounoie. AuDEBERT , peintre. Baillet . inspecteiir »!«"artienncnt à chacun de ces genres , et que la riche collection du Muséum d'histoire naturelle m'a mis à poitée d'observer et d'établir. On sait que les sèches, les calmars et les poulpes, sont les pins pai-faits ou les mieux organisés des moUusipies , comme ôeux-ci le sont à l'égard i\o tons les antres animaux sans ver- tèbres. Ainsi les rnp]3orls n.'.tnrcls des sèches et des genres qui les avoislncnt , doivent les luire placer immédiatement après DUCAI.MAn.ETI)UPOtrLPE. o les poissons, en tête des mollusques, comme ceux-ci doivent l'être nécessairement avant les insectes. Enfin on sait que c'est au citoyen Cuvier que nous sommes redevables de ce redres- sement important de nos connoissances sur l'objet dont il s'agit j car auparavant les naturalistes distinguoient, avec Linné, tous les animaux sans vertèbres en deux classes seulement , dont la première comprenoit les insectes, et la seconde, sous le nom do vers , renfermoit tous les autres animaux sans ver- tèbres ; distinction qui intervertissoit évidemiuent l'ordre des rapports natitrels maintenant reconnu parmi ces animaux , et qiù d'ailleurs étoit très-insuffisante. Je ne rappellerai pas ici tout ce qui tient à l'organisation très-curieuse des sèches , des calmars et des poulpes ; cette organisation est maintenant très -connue, et à cet égard le citoyen Cuvier nous a donné des détails auxquels je crois qu'on ne sauroit rien ajouter qui soit bien important. Je passe donc sur-le-champ à l'objet que je me suis proposé dans CG mémoire. Quoique les anciens naturalistes aient constamment distingué les sèches des calmars et des poulpes, Linné, voulant indi(|uer les grands rapports qui se trouvent entre ces animaux , jugea à propos de les réunir en un seul genre. Néanmoins, quelque grands que soient les rapports fpii rapprochent ces mollustiucs entre eux, il m'a semblé plus convenable de ne point adopter la réunion établie par Linné, et j'ai cru qu'il valoit mieux continuer à regarder les animaux dont il s'agit , comme consti- tuant trois genres distincts , puisque chacun de ces genres offre des caractères remarquables qui le différencient des deux autres. On pourra ji'ger du fondement et de l'utilité de ces vues par l'exposition cjuo je vais faire de ces trois genres , et par la comparaison des dllférences qui les caractérisent. Apres leru- exposition , je passerai de suite à la détermination des espèces qu'il faut rapporter à chacun d'eux. A 3 4 SUR LES GENRES DE LA S k C H F. , PREMIER GENRE. S i c H B. Sepia. Caractère. Corps charnu , contenu dans un sac bordé dans toute sa longueur , de chaque côté , d'une aile étioite , et reniîerijiant Ters le dos uu os spongieux , presque friable et opaque. Bouche terminale, entourée de dix bras qui couronnent la tête , sont garnis de suçoirs verrucif'ormes , et dont deux , comme pédoaculés , sont plus longs que les autres. Observation. Ce caractère réduit considérablement le genre sep'ia de Linné , parce qu'il en exclut les espèces qui , au lieu de cet os friable , épais et opaque des sèches, n'ont dans le dos qu'un corps mince, transparent et corné, et qu'il en exclut encore les espèces qui n'ont que huit bras autour de la bouche , et dont le corps , sans 03 ni cartilage dorsal , est contenu dans un sac non ailé. Les sèches sont du nombre des plus grands mollusques que l'on connoisse : il y en a qiu ont jus(|u'à six décimètres, et même plus , de longueur. Ces animaux mollasses , en quclqiie sorte, laids et difformes , ont la partie intérieure de leur corps enveloppée d'un fourreau membraneux et charnu qui ressemble à un sac. Ce fourreau n'est autre chose que le manteau qui est commun à tous les vrais mollusques , mais dont les bords ici sont réunis pardevant dans toute leur longueur et fermés par le bas ; ce qui le transforme en \\n véritable sac. Cette con- formation du manteau des sèches se retrouve à peu près la même dans plusieurs autres genres de la classe des mollusques ( las ascidies , etc. ) ; mais ce n'est que dans les sèches proprement dites, les calmars, les poulpes, et sans doute dans les clios^ nu c A L M A IV ET I) u r au L P E. A qu'on voit sortir hors du manteau transformé en sac une tète soutenant les bras de l'ainmal. En effet , la partie supérieure du corps des sèches sort du sac , et présente une grosse tête munie sur les cotés de deux gros yeux très-remarquables , et presque entièrement conlbnnés comme ceux des animaux à vertèbres. Cette tcte est couronnée de dix bras , dont huit sont plus courts, coniques , poinlus, un peu comprimés sur les côtés , et garnis en leur surface interne de plusieurs rangées de verrues concaves qtii leur servent H s'appliquer et à se fixer contre les corps que l'animal veut embrasser ou saisir , et qui agissent comme des suçoirs ou des ventouses. Les deux autres bras , que je nomme bras pédoncules , sont beaucoup ])lus longs que les autres , entre lesquels ils naissent , quoique véritablement hors de rang. Ces bras sont en effet comme pédoncules , nus dans la plus grande partie de leur longueur , dilatés , et munis de ventouses seu- lement vers leur sommet : ils servent à la sèche pour se tenir comme à l'ancre , pendant qu'elle emploie les autres à attraper et retenir sa proie. Au centre des bras , sur le sommet même de la tête , est située la bouche de l'animal, dont l'orifice circulaire, membra- neux , et plus ou moins frangé , présente dans son intérieur deux mâchoires dures , cornées , semblables pour la forme et la subsiance à celles d'un bec de perroquet , auxquelles Ron- delet les a en effet comparées. Ces mâchoires sont crochues et s'emboîtent l'une dans l'autre. On observe au dedans de la cavité du bec une membrane garnie de plusieurs rangées de petites dents inégales. C'est avec cette arme redoutable que la sèche dévore les crabes, les écrevisses , les coquillages même, qu'elle brise par le moyen de cette espèce de bec , et qu'elle achève de broyer dans son estomac musculeux , qui ressemble presque à un gésier d'oiseau. La circulation , comme on sait , s'effectue dans les sèches par le moyen de trois cœurs. Celui du milieu , qui est le piiii- 6 Sl'R I.ES CKN-nBS DE LA StCKE, cipil , et fjui est placé vers le fond du sac, pousse le sanq diuis tout le corps par les artères. Ce sang revient par les veines qui le ramènent dans la veine-cave. Celle-ci se partage en deux branches pour le porter dans deux autres cœurs places sur les côtés, et ([ui chacun le poussent dans les branchies, d'où il revient ensuite dans le cœur du milieu. Cette conlbr- nialion , quoique bien connue , est trop singulière potir que, malgré mon désir d'être court , j'aie pu la passer sous silence. La suivante est presque dans le môme cas. Dans le ventre , près du cœcum , est une vessie qui renferme une liqueur très-noire, i\ lariuclle on donne le nom d'encre de la sèche. Un petit canal qui part de cette vessie va joindre rcxtrcmilé du canal intestinal , et se terminer à l'anus , dont l'issue aboutit à l'entonnoir qu'on observe dans la partie anté- rienre de l'animal. C'est par ce canal que la sèche répand la li(|ueur noire contenue dans la vessie dont je viens de parler. On prétend que lorsque la sèche se voit poursuivie ou aji- perçue de quelque ennemi qui la menace , elle jette aussitôt sa liqueur noire ; ce qui cause à l'instant dans l'eau une grande obscurité , à la faveur de la(|uelle la sèche , ([vii ne peut être apperçue , se dérobe et parvient à éviter le danger qui la menarolt. On prétend aussi que c'est avec celte matière noire de la sèche , ou peut-être avec celle de quelque espèce voisine de ce genre, que les Chinois préparent leur encre de la Cliine. Les ailes ou espèces de nageoires membraneuses qu'on ob- serve sur les côtés du sac des sèches , sont ibrt étroites , et s'étendent dans toute la longueur du sac qui les porte. Ces ailes font distinguer au premier aspect une sèche d'un calmar. Mais la distinction la plus remarquable qui sépare les sèches des calmars , est celle que l'on lire de l'espèce d'os que con- tiennent les sèches. En efjl'et , l'os de la sèche est un corps ovale ou elliptique dajis sa circonscription , un peu épais dajis sa partie moyenne , aminci et tranchant sur les bords , opaque , DU CALMAR ET DU TOULPH. 7 très-léger , spongieux , friable et blanchâtre. 11 est composé , dit le citoyen Cuvier , de lames minces , dans les intervillles desquelles sont une multitude de petites colonnes creuses , per- pendiculaires à ces lames. Ce corps, dans les calmars, est bien différent , comme nous le verrons tout-à-l'lieure. Les verrues concaves dont les bras des sèclies sont garnis , ne sont pas de simples ventouses charnues , comilie celles des poidpes ; car dans les sèclies le bord interne de chaque verrue est muni d'un anneau cartilagineux et même corné , dont le bord extérieur est armé de dents nombreuses , au moyen des- quelles la ventouse se cramponne aux corps sur lesquels l'animal les applique et s'y maintient, ou y adhère fortement au gré de l'animal. Les liras pédoncules des sèches peuvent quelquefois présenter de l'inégalité et même des variations dans leiu- longueur ; car ces bras sont susceptibles de repousser , comme ceux des écrevisses ou comme la queue des lézards , etc. , lorsque quelque accident les a détruits. Les sèches ne sont pas hermaphrodites comme la plupart des autres mollusques, mais elles ont les sexes séparés sur des individus dllférens. Les femelles font des œui's mous, réunis et disposés en grappe comme des raisins. On prétend que ces ceuis sont d'abord jaunâtres , mais que lorsque le mâle les a arrosés de sa laite , ils sont alors fécondés et acquièrent une couleur noirâtre. Voici l'exposition des espèces qu'on peut maintenant rapporter à ce genre. PREMIÈRE ESPÈCE. Sèche commune. Sepia oJficiaaUs. Sepia corpore utrinque laevi , osse dorsali elliptico. Sepia. Gesn. Aqiiat. p. 1024. ~ Selon , Tisc. p. 338, f. 341. 8 s r n L F. s c r T* n i- s de la s i; c h £ , . — Salvian. Aquat. p. 16/). — Rondelet, Aquap. 1 , p. 498, et ed'it. rrall. p. 3(>.^. — Sepia Sahiaui , Aldrov. de Mollib. p. 49 et 5o. — Scp'ia , lluvsch , Tfiratr. 2 e.ra'/^. t. 1 , f '. 2 et 3. — Jonst. ///5/. «^//. a exaiig. t. 1 , 1. 2 et 3. — Sepia , Seba, 3Ius. 3, ii". 1,4. — ■ Si^pia officinal: s , Lin. Amœn. acad. 1 , p. 326, — Bnig. Encycl. tab. 76. f . 5 , 6 et 7. /S Eu({e;ii? cotylcdonibiis brachïorum conicorumbiser'ialibus. Celte espace est commune , et c'est la plus grande de ce genre. Son corps est ovale, déprimé, lisse des deux côtés, ce qui le distingue principalement de l'espèce suivante, et a l'épitlerme d'une couleur lilanclultre, mais parsemée de petits points do couleur pourpre ou bleuâtre (jui lui donnent une teinte grisâtre ou plombée. Son manteau , conformé en sac , a son orifice libre , légèrement trilobé , et est bordé de chaque côté , dans presque toute sa lon'nicur, d'une aile memljraneuse assez étroite, et qui paroît lui servir de nageoire. Ses deux bras pédoncules sont presque aussi longs que le corps : ils sont munis dans leur partie dilatée, c'est-à-dire vers leur sommet, de suçoirs pédicellés et nombreux. L'os dorsal de cette sèclie est elliptique , épais dans sa partie moyenne, bordé des deux côtés, vers sa base, d'une lame mince , cassante , qui achève le complément de la l'orme ellip- tique de ce corps. Ou trouve celte sèclie dans l'Océan et dans la Méditerranée, lo Ion" des côtes , où elle est fort commune. On prétend (ju'elle est la proie des baleines et de divers poissons. Les individus qu'on voit dans les collections présentent des variétés , au moins pour la grandeur , et qui ont depuis seize centimètres ( ou six pouces ) jusqu'à quatre décimètres et six centimètres ( ou un pied et demi ) de longueur. Mais il s'en trouve qui diflèrent aussi par le nombre de rangées de suçoirs de leurs bras courts ; caria variété /s , (pii est dans la collection du IMuséum , a ses bras courts étroits anlérieuremcnt, et munis seulement de deux DU CALMAR ET DU POULPE. 9 rangées de suçoirs , tandis que les autres individus en ont toujours davantage. Seroit-ce une espèce particulière ? I La chair Je la sèche est coriace , d'assez mauvais goût , et difficile à digérer. On en sert néanmoins sur les tables dans dilïérens pays. Son os spongieux , ses œufs , et sa liqueur noire , sont d'usage dans la médecine et dans les arts. DEUXIÈME ESPÈCE. Sèche tuberculeuse. Sep'ia tuberculata. (PI. I, f. ., a, b.) Sepia dorso caplteque tuberculatis , brachîis pedunculatis breviusculis , osse dorsall spatulato. Je ne trouve pas, dans les ouvrages que J'ai pu consulter , le moindre indice qui me lasse croire que l'espèce dont je parle dans cet article ait été observée par des naturalistes. Elle est cependant très-remarquable par sa forme , ses dimensions , la surface de sa peau , son os dorsal, etc. ; et il sera par consécjuent toujoui'S bien facile de la distinguer de l'espèce précédente. Sa longueur totale , en y comprenant celle de ses deux bras pédoncules, tout-à-fait étendus, est d'environ un décimètre. Son corps est elliptique , un peu applati , large à peu près de cinq centimètres, légèrement ridé sur le ventre dans sa lon- gueur , et parsemé de toutes parts , sur le dos ainsi que sur la tête et sur la face dorsale des bras courts , de quantité Ac verrues ou tubercules conoïdes, serrés et inégaux. Ses huit bras coniques ont à peine deux centimètres de longueur : ils sont garnis, dans toute la longueur de leur face interne , de quatre rangées de ventouses sessiles, semblables à celles de la sèche commune j mais plus petites. Ses deux bras pédoncules ont un peu plus de quatre centimètres de longueur, c'cst-à dire , n'égalent pas entièrement la longueur de la moitié du corps : ils sont lisses , presque cylindriques , et munis de suçoirs sessiles dans la face- 1. a lO SUR LES GENRES UE I.\ sicur, dilntée qui est à leur sommet. Les deux nilos qui bordent le sac de chaque côté dans presque toute sa lonf^uenr , sont fort étroites. TouteJa couleur de l'animal , dans l'état où je l'observe plongé dans la liqueur , est d'un gris brun. Son os dorsal présente dos caractères assez remarqiiables : il est épaissi et dilaté en spatule dans sa partie anléricure , rétréci en pointe postérieurement , et recouvert en sa face externe d'une demi-tuuiquc coriacée , mince , presque mera- liraneuse, et qui le déborde sur les côtés en sa partie postérieure. Cette espèce d'os est c'omjwsée d'environ quarante lames , en forme de croissant , ondées eu leur bord interne , imbrifiuées les unes sur les autres , et qui vont graduellement en diminuant de grandeur depuis la plus antérieure Jusqu'à celle qui termine postérieuremen t. J'ignore dans quel climat cette sèche a été pêchée , et par conséquent dans quelle mer elle habite. On en voit deux Individus dans la collection du Muséum d'histoire naturelle ; ils pro- yiennent de celle du stadliouder , que nous devons aux conquêtes de notre aimée du Nord. DEUXIÈME GENRE. C A L M A B. LoligO. Caractère. Corps charnu, contenu d.ins_un sac muni de chaque côté , vers sa base , d'une aile élargie , et renl'crmant vers le dos un corps mince , transparent , corné , dont la substance est continue. Bouche terminale , entourée de dix bras qui couronnent la tête , et dont deux sont plus longs que les autres. Des ventouses sur ces bras , comme dans les sèches. Observation. Sans doute les calmars ont avec les sèches les rapports les D V CAI.MAR ET DU POULPE.' îï plus procliains , et doivent les siùvi'c immédiatement dans la série la plus naturelle des mollusques. Ce n'est pas néanmoins une raison pour les confondre tous ensemble dans le même genre ; car les calmars présentent des caractères si tranchés qui les distinguent des sèches , qu'on ne sauroit les mécounoître ni s'y méprendre , même au premier aspect. Leur corps alongé et cylindracé est presque toujours pointu inférieurement. Leur sac , par- tout libre à son orifice supérieur, est garni inférieui'ement , ou à sa base , de deux ailes membra- neuses , communément rhom.boïdales , et toujoui-s proportion- nellement plus larges et plus courtes que celles des sèches; ce qui en fait un caractère distinctif extérieur très-remarquable. Mais la différence principale , celle qui ne permet pas , selon moi , de confondre les calmars avec les sèches , est celle que l'on tire de la considération de l'espèce d'épée ou de la lame simple, cornée, transparente et dorsale , que contiennent les calmars. Ce corps est si différent , par sa structure et ses autres qualités essentielles , de l'os lamelleux et spongieux des sèches , que sa seule considération suffiroit à la distinction des calmars , quand même la forme de leur corps et celle de leurs ailes ou nageoires n'en offrlroient pas de bons caractères distinctifs extérieurs. Les calmars ont l'organisation intérieure à peu près semblable à celle des sèches ; et ils contiennent pareillement une liqueur noire qu'ils répandent à leur gré , et vraisemblablement dans les mêmes circonstances. Ils nagent vaguement dans les mers, et se nourrissent de crabes et d'autres animaux marins. PREMIÈRE ESPÈCE. Calmar commun. LoUgo vulgaris. Lol'/go alis semi - rhombeis , limho sacci triloùo , lamind dorsali anlicè augustatd. Loligo magnajRonàel. Fisc. 5o6, eted.gall. p. o68.—Lo//go, la sun LES cr. Nnr, s de la sirnr, Belon , Tisc. p. 342» ic. ]i. 343. — Salvian. Aquat^ p. 169. '-^ Loligo major , AlJrov. de JSIollih. p. 67 {gladius) , 69, 70 et 71 , Ji;:;. an'tmalis. — Gesn. Aquat. p. 58o , etiain p. 583. — Ruysch, Thealr. 2 exang. t. 1 , 1'. 4- — Jonst. Hist. nat. 2 exang. t. 1 , 1'. 4- — List. Aiuitom. t. 9 , f. 1. — Peniiant , Zool. B/h, t. 27 , n° 43 > vu! £5. le casseron. Il est vraisemblaUe que Linné n'a point connu cette espèce ,' ou du moins qu'il ne l'avoit pas observée , lorsqu'il en a fait mention clans ses ouvrages ; car autrement il n'en auroit pas confondu la synonymie avec celle de la smvante qu'il y rapporte. Ce calmar , fort connu des anciens naturalistes , est une des plus grandes espèces do ce genre ; et c'est sans doute la plus commune en Europe, puisqu'ils n'ont connu qu'elle et le calmar subulé ou petit calmar , et que jusqu'à ce jour les naturalistes conibndoient encore avec le calmar commun les deux espèces suivantes figurées par Seba. Au lieu de calmar , on prononçoit autrefois calamar ; nom qui rappeloit l'idée d'un tul)e ou d'une écritoire , parce que l'animal , alongé en quelque sorte en écritoire portative , eembloit contenir dans son intérieur une plume à écrire, une lame tranchante pour la tailler , et de l'encre pour écrire. D'après les individus (|ue j'ai observés dans la collection du Muséum , je vols que le calmar commun acfiuiert jusqu'à cinq décimètres de longueur , en y comprenant ses deux bras pédoncules étendus dans la direction du corps. Sa peau est blanche , lisse , parsemée de ])ctits points pourprés. Le sac que forme le manteau de ce mollusque , a son bord partagé en trois lobes courts , dont le postérieur ou dorsal est le plus saillant. Ce qui l'ait principalement distinguer au premier aspect cette espèce d'avec" la suivante , c'est la forme et la position de ses ailes ou nageoires : elles ont chacune la forme d'un demi- rhouihc, et s'insèrent de chaque côté vers le milieu du sac; en sorte que leur bord supérieur, qui est très-oblique, vient n V CALMAR ET DU POULPE. l3 s'attaclier un peu au-dessus du milieu du sac , tandis que l'infé- rieur se prolonge et se rétrécit insensiblement jusqu'à la pointe qui t.i mine le corps de l'animal. Les bras pédoncules de ce calmar sont à peu près de la longueur du corps. Sa lame cornée et dorsale est assez biea représentée dans l'ouvrage d'Aldrovande , au lieu cité de cet ouvrage. Elle estrétrécie antérieurement, ressemble aune lame d'épée dont la pointe est tournée vers la queue de l'animai ; et au lieu d'être bordée sur les côtés par un cordon brun , comme dans la suivante , elle a ses bords amincis et trans- parens. Ce mollusque se trouve dans la Méditerranée , et sans doute aussi dans l'Océan. On en possède quelques individus dans la collection du Muséum. DEUXIÈME ESPÈCE. CAI.MA.RSAGITTK. Lolim sasnttata. Lol'rgo ails trlangularibiis caudae adnatis , limbo saeci intecrerrlmo . lamina dorsall anticè dllatatâ. ( « ) Corpore oblongo crassissimo , brachiis pedunculatis praelongis. Loliginis species maxima. Seba, Mus. 3, p. 7, t. 4> f- i et 2. { ^ ) Corpore gracUi , brachiis pedunculatis pcrbrevibus. Loligo. Seba , Mus. 3 , t. 4 > f • 3 , 4 et 5 , et t. 3 , fig. 5 et 6. — Brug. Enc\cl. pi. 'jf , f. 1 et 2. Cette espèce est bien distinguée de la précédente par la forme et la position de ses ailes , par le bord entier ou comme tronqué de son sac, et par le caractère de la lame cornée et dorsale qu'elle contient. Elle présente deux variétés assea distinctes , au moins par leur taille. jy( S r R LES C E N n E s DE LA SÈCHE, La première ( var. «) est remarqixablepar sa taille gigantesqitf , l'épaisseur de son corps et les griiïes de ses suçoirs. L'individu que j'ai ol>servc au Muséum, et qui me paroît entièrement appartenir à la même variété figurée dans Seba , a près de quatre décimètres de longueur, sans y comprendre celle de ses de\ix l)ras pédoncules. Son corps est épais , oblong , cylindracé, pointu à sa base, où il est garni de deux grandes ailes ou nageoires triangulaiies. Le bord supérieurde ces ailes est presque perpendiculaire à l'axe du corps, et ne s'insère pas de biais, comme dans le calmar couimun. Ce bord est droit ou presque di-oit dans la plus grande partie de sa longueur ; mais il pré- sente, à sa naissance dans chaqtie aile, une oreillette arrondie. Les deux bras pédoncules sont épais, et presque aussi longs que tout le corps. Tous les suçoirs de ce grand calmar sont pédi- cellés et munis chacun d'un anneau corné , dentelé d'un côté , très^saillant , et qui forme l'espèce de grifl'es dont les ventouses de ce calmar sont armées d'une jnanière plus remarquable que dans les autres. Les bras pédoncules ont deux rangées de grands suçoirs , et en outre de plus petits suçoirs placés en dehors , formant presque deux autres rangées. On prend ce mollusque sur les côtes de l'Océan de l'Europe et de l'Amérique. La variété ^ est bien moins grande, a le corps plus grêle, plus en cylindre , et a toujours ses deux bras pédoncules tellement courts , qu'à peine dépassent-ils la moitié du corps. J'ai été tenté de la distinguer comme espèce : mais commela forme et la position de ses ailes sont absolument les mêmes , comme dans l'vme et l'autre variétés le bord du sac est entier , et que la lame cornée et dorsale est dilatée antérieurement en Ibrme de spatule , ayant sur ses bords latéraux un cordon épais et noirâtre qui règne de chaque côté dans toute la longueur de cette lame , j'ai cru ne devoir les présenter que comme deux variétés remarquables de la même espèce. Je dois dire cependant que la variété ^ a toujouis la peau myins blanche que la DU CALMAR ET Jl V POULPE. ^ iS première ; elle est d'une couleur ccmlrée sur le veu'tre , et bleuâtre sur le dos par le gnmd nombre de petits polntç pourpres dont elle est tachetée. Les plus grands individus de cette variété que l'on possède au Muséum, ont à peine deux décimètres de longueur. TROISIÈME ESPÈCE. Calmar subulé. Lollgo subuîata. Loligo alis angustis caudae suhulatae adnatis , lamina dorsali trinervi iitrinque subacutâ. Loligo parva , Rond. Fisc. 5o8 , et éd. gall. p. 870. — Loligo miner Rond eletii , Aldrov. de Mollib. p. 72. — Gesn. Aquat, p. 58i. — Ruysch, Theatr. 2 exang. t. 1 , f". 5. — Jonst. Hist. nat. 2 exang. t. 1 , f. 5. — Sepia média Lin. Brug. Encjcl. t. 76, £9. Cette espèce est toujours plus petite que les deux précédentes* Elle est remarquable par la partie inférieure de son corps, qui se prolonge en une pointe subulée, garnie de deux ailes plus étroites que dans les autres calmars. La plus grande longueur de ce mollusque n'excède guère douze centimètres , et souvent on en trouve de moins longs. Son corps est oblong, un peu applati , très-pointu inférieurement, et garni de chaque côté , depuis sa partie moyenne jusqu'à sa base , de deux ailes ou nageoires étroites , ayant leur bord supérieur court , un peu oblique , arrondi sur l'angle externe. La peau de ce calmar est blanche et toute parsemée de taches pourpres de diverses grandeurs , qui la fout paroître agréablement tigrée ou mouchetée. Les huit bras courts ont à peine deux centimètres de longueur, se roulent en queue de scorpion , et sont garnis chacun de deux rangées de petites ventouses semi-globuleiises et pédicellées. Les deux bras pédoncules sont au moins deux fois plus longs l6 SVR LES CE^-llES DE LA SïCHE, que les autres ; mais ils n'égalent pas toujours la longueur du corps, comme l'indique la figure donnée par Rondelet. La lame cornée de ce calmar est pointue aux deux bouts, et comme truierve, ou à trois côtes longitudinales. On pèche ce petit calmar sur les eûtes de la Méditerranée et de l'Océan de l'Europe. Rondelet dit que comme les individus vont souvent en troupe, on en prend oïdinnirement plusieurs à la fols. Convenal)lenient apprêté, on le sert sur les tables, et on le mange dans certains pays. QUATRIÈME ESPÈCE. Cai.:mar sépiole. Loligo sepiola. LoUgo corpore basi obtusos, ails subrotundis ^ lamina dorsali lineari minutissimâ. Sepiola, Rond. Fisc. Sic, et éd. gall. p. 3/5. — Sepiola Rondeletii , Aldrov. de MoUib. p. 63. — Gesn. Jquat. p. 1208. — Ruyscli, Tkeatr. 2. exang. t. 1 , f. 8. — Jonston, Hist. nat. 2 exang. t. 1 , f . 8, — Sepia sepiola Lia, Brug. Encjcl. t. 77, f. 3. Rondelet assure que la séplole n'a dans son intérieur ni os spongieux comme les sèches , ni lame cornée comme les calmars; en conséquence il croit que ce mollusque n'est ni du genre des sèches , ni de celui des calmars , et qu'il ne peut être non plus du genre des poulpes , puisqu'il a dix bras , dont deux pédon- cules, plus longs que les autres. J'aurois été du sentiment de Rondelet , si son observation sur le défaut de corps solide dans l'intérieur des sépioles eût été fondée. Pour savoir ce qui en étoit à cet égard , j'ai prié le citoyen Cuvier de disséquer quelques-uns des individus de ce moUusqvie qu'on possède au Muséum d'histoire naturelle. I-e résultat des recherches délicates du citoyen Cuvier est que Rondelet s'est trompé en assurant que la sépiolc ne contient dans son intérieur aucun corps solide DU CALMAIl ETDU rOUXPE. 17 analogue soit à celui des sèches, soit à celui des calmars. Le citoyen Cnvier m'a fait voir que la sépiole avoit réellement une lame cornée tout-à-fait analogue à celle des autres calmars; mais ce corps est si grêle , si petit, qu'il n'est pas étonnant que Bondelet ne l'ait pas appercu. Le calmar sépiole , ou calmar nain , est la plus petite des espèces connues de ce genre. Ce mollusque n'a guère plus de trois ou quatre*centimètres de lotïgtteur , sans y comprendre les deux bras pédoncules. Comme calmar , il est cxtrâmcment remarquable, en ce qu'il a la base de son corps très-obtuse et presque arrondie. Son sac , qui a à peu près douze millimètres de longueur, est entier en son bord , et garni, de chaque côté, d'une aile ou nageoire arrondie , assez grande , et qui commence son insertion à deux ou trois millimètres au-dessous du bord. Le cartilage ou la lame dorsale de la sépiole est un corps solide très-petit, corné, noirâtre, linéaire, un peu dilaté antérieu- rement , long de sept ou huit millimètres , sur un millimètre au plus de largeur. Il paroît que dans tout le reste la conformation de ce petit calmar est à peu près seml)lable à celle des autres espèces de son genre. Rondelet dit que son corps est parsemé de petits points noirs , et que sa chair est plus délicate que celle de la sèche et du poulpe. On le trouve dans la Méditerranée. Au printemps on eu prend une grande quantité avec les autres poissons. TROISIÈME GENRE. Poulpe. Oc top us. Caractère. Corps charini , ol)tus inférieurement , contenu dans un sac dépourvu d'ailes , et n'ayant dans son intérieur ni os spongieux , ni lame cornée. Bouche terminale , entourée de huit bras égaux , munis de ventouses sessilcs et sans griffes. a. 3 •iS SUR LES CXKRES DE EA siciIE, Observation. Quelque grands que soient lés i-apports des poulpes soit avec les sèches , soit avec les calmars , on peut néanmoins les con- sidérer comme constituant un p,cnre particulier, très -diblinct des deux autres. En elfet, tous les poulpes n'ont que huit bras, et leur sac n'est jamais garni d'ailes ou de nqgeoires , au lieu que les sèches et les calmars ont constamment dix bras, dont deux sont plus lon^^s que les autres , et leur sac est toujours allé sur les côtés dans toute ou seulement dans une partie de sa loTiuueur. D'ailleurs aucune espèce de poidpe n'a dans son intérieur , jii l'os spongieux des sèches , ni la lame cornée et transparente des calmars. Dans tous ces genres, la tète de l'animal est toujours saillante hors du sac; et la bouclie, qui est terminale et entourée par les bras, olïre, à son orihce, deux mandibules dures et cornées, tout-à-fait conformées en bec de perroquet. Si les poulpes n'ont que huit bras, tandis que les sèches et les calmars en ont dix, en revanche les huit bras des poulpes sont beaucoup plus alongés que les huit bras courts des sèches et des calmars. Tous les poulpes ont les Ijras gai-nis de ventouses scssiles , simplement charnues , et dépourvues de cet anneau corné et dentelé qui consliluc les grillés des sèches et des calmars. Voici l'exposé succinct des espèces de poulpes jusqu'à présent connues ou déterminables. PREMIÈRE ESPÈCE. P o c E p E c o M M u ^■. Octopus vulgaris. Octopus corpore larvi, cot^lcdotûbus biserialibus distantihus. Tolypus , Gcsn. Aquat. ]■>. 870. — Salvian. jiquat. p. 160. ■ — Aldrov. de Mollib. p. 14 et \i, cùam p. 16. — Rondel. Pwc. n u c A L ar A R E T D u p o u I. p E. 19 p. 5i3. — Ruyscli, Theatr. 2 exang. t. 1 , f. 1. — J onsi, Hist, nat. 2 exang. 1. 1, f. 1. — An po/ypusî'BeX. Aquat. p. 336. — Fo- lypus , Seba, Mus. 3 , t. 2, f". 1 , 2 , 3, et forte f. 4- — Koelreut. ^rt. Peirop. 7 , p. 331 , t. 11 , 2. — Sepia octopus , Lin. Mus. ad.fr. 1 , p. 94- — ' MuUcr, Zool. Dan, Frodr.'i.'àxi. — Brug. Encyclop. pi. jG , f". 1 , 2. Cette espèce est la plus commune , la plus anciennement connue , et en même temps celle qui devient la plus grande : elle acqiiiert jusqu'à 5 décimètres de longueur et même plus, en y comprenant celle de ses bras étendus. Son corps est ovoïde, obtus , un peu déprimé : il est petit proportionnellement à la grandeiu" de la tête et des huit bras qui la couronnent. I-esac qui le contient a son bord supérieur libre et détaché du côté du ventre ; mais du coté du dos il est adhérent et confondu avec la peau de la tête de l'animal. Les huit bras, divergens en rayons , comme ceux d'une astérie ou étoile de mer , sont de longues lanières charnues , qui vont en s'amincissant gra- duellement vers leur sommet, où elles sont aussi menues qu'un fil. Chaque bras est garni dans toute sa longueur, d'un côté, de deux rangées de ventouses sessiles , un peu écartées les unes des autres , et qui vont en diminuant régulièrement de grandeur , à mesure qu'elles sont plus j)rès de l'extrémité grêle et cirrheuse du bras. Chaque ventouse présente un mamelon à double cavité et ouvert en soucoupe. La première cavité, ou l'antérieure , offre un limbe concave , rayonné par des plis en étoile. Au fond de ce limbe on voit une cavité intérieure, anondie , entourée par un rebord annulaire , saillant et cré- nelé. C'est à l'aide de ces mamelons creux , faisant les lonclions de ventouses, que les bras de l'animal s'attaclient fortement aux objets ([u'ils embrassent. On prétend que ce mollusque peut être dangereux pour les personnes qui nagent , parce qu'en s'entortillant au^tour d'elles, il s'attache fortement leur corps en y appliquant ses suçoirs , et qu'il peut les serrer 20 svn I. BS oE^'^lES de i-a sèche, au point d'empêcher les raouvemens nécessaires pour continuer tle iia£»er. On dit en outre que l'application de ses suçoirs sur quelque partie du corps humain y occasionne une inflam- mation et r.iuse de arandes douleurs. Eulin on prétend qu'il r(;j)and quelquefois une lumière vive et phosphorique dans l'obscaj-iié , partii-ullcrcmtnl lorsqu'on l'ouvre. Ce poulpe est commun dans nos mers , et détruit sur nos côtes beaucoup de coquillages , de crabes , et d'autres auimapx marins , dont il fait sa nourriture. Sa chair est coriace et dllïicile à digérer. DEUXIÈME ESPÈCE. Poui-PB GRANULEUX. Oclopus granulutus. Octopus curpore luherculis sparsis granvlato, cot^ledonibus crcbrîs biserialibus. Sepia rugosa ? Bosc. Act. Soc. Hisi. iiat. p. 24 > t^b. 5 , f. 1 , a. Ce poulpe a de si grands rapports avec le précédent , que peut-être n'en esl-il (ju'une variété. Il paroît néanmoins qu'il ne devient pas aussi grand ; et comme ,sa jicau est toute clia- Winée ou gi-anuleuse , oe caractère, si! est constant, sullit am|)l«Mncut pour distinguer le iioulpc granuleux du pouljie commun. Les deux individus de ce poulpe qu'- j'ai observés dans la collection du Muséum, sont plus grands que le scp'ia rugosa du citoyen Pose. Ils paroissent, malgré cela, appartenir à la même espèce , car leur conformation est à peu près la même £. 2.'S corps est un peu déprimé, elliptique , obtus à la base, et à peu près de même grandeur que la tête. Ses huit bras, longs d'environ deux décimètres, ressemblent à des lanières grêles, efHlées et presque filiformes à leur sommet. Les ventouaes de ces bras sont sessiles , serrées les unes contre les autres , et disposées sur une seule rangée dans la longueur de chaque bras. Par-tout la peau de ce mollusque est blanche, fine et très-lisse. L'individu que je viens de décrire fait partie de la collection du Muséum d'histoire naturelle , et provient de celle du stadr- houder. Ce pourroit être cette espèce que Seba a figurée dans son Muséum , vol. 3, t. 2 , f . 6. Mais dans cette figure les bras ne sont pas assez effilés. Tous les auteurs attribuent à cette espèce une forte odeur de musc ou d'ambre , que les individus conservent même après leur mort et étant desséchés. Il paroît que c'est cette même espèce qui très - souvent se rencontre dans la coquille de l'argonaute , où elle s'est logée à la manière du cancer bernardus , sans doute après en avoir dévoré l'animal. Ceux qui y ont trouvé ce poulpe , l'ont pris mal-à-propos pour l'animal même de la coquille , et cette erreur s'est propagée jusque dans les ouvrages des naturalistes. Je vais essayer de la détruire. D E l'a N I m a 1. DE l'a RCONAUTE. Quoique, selon moi, l'on ne connoisse pas encore le véri- table animal de l'argonaxxte , on ne sauroit douter que ce ne soit un mollusque. Mais quelles que soient la nature et la con- formation de cet animal , il faut nécessairement qiî'il ait le corps conformé de manière à avoir pu servir de moule à la coquille qu'il produit et forme par sa transsudation ; or il est certain que l'animal dont il s'agit ne peut être un poulpe. En elï'et , la conformation essentitlle du poulpe est d'avoir le corps coitrt , obtus, droit, ovale ou globuleux, et par con- t2.4 SUR LES CKKRES DE LA SiCHE.' séquent incapable d'avoir pu servii- de moule à la spire involute de la coquille de l'argonaute ; et cependant l'on sait que l'ar- gonaute, connue vulgairement sous Icnora de nautile papyraccc, est contournée sur un même plan avec une spire involute à la manière du nautilus pomplliiis , des ammonites et des planorhes. C'est un fait bien démontré que tous les animaux à coiiuillo spirale, comme les hélices, les turho , et la plupart des animaux à cocmille univalve, ont le corps naturellement et exactement contourné comme la coquille qu'ils forment , en sorte que la l'orme même de la coquille résulte toujours nécessairement de la conl'oruiallon du corps de l'animal qui la produit. Cependant les naturalistes anciens et modernes (i) décrivent tous et représentent un poulpe comme le véritable animal de l'araonaute. L'espèce même en est reconnoissable : car dans V Histoire naturelle des poissons par Selon (p. S-2. , chap. 25) , dans le Tliesaïaus Ac Rumphins (tab. i8, n». i) , enfin dans la Conclf^ liolagle de. d'Argenville ( Zoomorph. pi. 2 , n". 2 ) , on voit que c'est mon octopus moschatns qui est représenté. Belon , en parlant de l'animal de l'argonaute, dit , p. 383 , qu'à Naples on le nomme inuscardino et inuscarolo. 11 est de là très-vraisemblal)le que ce poulpe musqué se loge dans la coquille de l'argonaute lorsqu'il la rencontre vide, ou peut-être après en avoir dévoré l'animal , et qu'alors il habite dans cette coquille comme le cancer bei-nardus habite les co- quilles univalves qu'il rencontre et trouve vides. Ceux qxii auront vu ce poulpe dans la co([uille dont il s'agit, ne faisant pas attention qu'il ne pouvoit avoir formé la coquille qu'il îiabitolt, l'ont pris pour l'animal même de cette coquille. Bien- tôt leur erreur a été transmise et conservée dans les ouvrages (O Aldrov. de Testac. p. =60. — Belon, Hist. d.s poiss. p. 384. — Rond, (/e l'isc. p. 517. — Paimph. Thés. t. 18, n" 1. — D'Argenv. Conch. zoom. t. 2 , n» 2. — Lin. Argonauta. Animal sepia. Syst. nat. 2, V', 1161. i'Iaiiclie l',"'^ J/t-mJ/H- //,u'/ A',i/7/^r//, Fie-, r. o Maiw/w/. M /liii'/y ,ic/i/ii. -JiL'*^ %^ Jfcm ./;><■ //i.r/ .V,t/t,,;-//, Mivvchal de/ Biwrv ^!ciilv. i DU CALMAR ETDlï POULPE. 25 d'iiîstolre naturelle ; et comme dans les relations anciennes on ne négligeoit jamais le merveilleux, on prétendit que ce poulpe se servoit de sa coquille comme d'un petit navire. En effet , on raconte que lorsque ce poulpe s'élève du fond de la mer avec sa coquille , il la tient renversée , afin qu'en bouchant son entrée par le volume de son corps pour qu'elle ne se rem- plisse point d'eau, elle puisse s'élever plus aisément. Mais quand l'animal est à la surface de l'eau , il retourne ou renverse sa coquille pour la mettre à flot ; alors , étendant la membrane mince qui est à la base de ses bras, elle lui sert de voile pour vogiier , tandis que les bras servent les uns de rames et les autres de gouvernail. Tout cela est fort bien imaginé , mais manque de possibilité et par conséquent de vraisemblance. NOTE s ir R la double réfraction de quelques substances minérales, , Par le citoyen Ha u y. Xja propriété de causer une double réfraction aux rayons de la lumière n'avoit été observée jusqu'ici que dans un certain ordre de substances minérales, parmi lesquelles se trouvent celles que nous appelons substances terreuses , parce qu'on n'a reconnu que des terres dans leur composition , avec quel- ques-unes de celles qui , renfermant un acide , ont été réunies pendant long-temps aux premières sous le nom de pierres. Telles sont, d'une part , le quartz transparent , la topaze , l'é- meraude, etc. ; et, de l'autre , la chaux carbonatée , la baryte sulfatée , etc. J'ai ajouté quelques noms sur cette liste , en 4 26 SL'R tA DOUBLE nirHACTIOS' indiquant ha même propriété dans l'enclase , l'idocrase et la strontiaiie sulfatée. i\Iais je ne me suis point arrêté à cette limite, et j'ai iait aussi des reclicrclics sur la réi'raclion de toutes les autres substances minérales dont j'ai pu me procurer des cristaux ou dos l'ragmens diaphanes , et j'ai trouvé qu'il n'y avoit aucune classe qui n'en contînt quelqu'une jouissant de la propriété de doubler les images des objets. Parmi les sels solubles et sapides, j'ai reconnu cette pro- priété dans la soude boratcc , en employant des cristaiix dia- phanes d'une l'orme particulière obtenus par le citoyen Vauque- lin. Elle existe aussi dans la magnésie sulfatée; mais elle y est moins sensible que dans la soude boratée. J'ai soumis aussi à l'expérience la soude muriatée , l'alumine sulfatée alcaline, et la potasse nitratée; mais les images vues à travers ces substances m'ont paru simples. A l'égard des substances combustibles , on savoit que la réfraction du diamant étoit simple. J'ai reconnu que le soufre l'avoit double à un très-haut degré ( i ) , et que l'cnét en avoit lieu même à travers deux faces parallèles comme dans la chaux carbonatée. Je l'ai trouvée simple dans le succin. Restent les substances métalliques , dont je-n'ai pu me pro- curer que eleux dans l'état de transparence bien sensiijie ; savoir , le zinc sulfuré et le plomb carbonate. Le premier n'a qu'iuie seule réfraction , mais le second double fortement les images. J'en ai taillé un fragment qui venolt de Sibérie , en forme de prisme , dont l'angle réfringent étoit de vingt dcrés ; et en me plaçant à deux mètres , ou environ une toise , d'une bougie allumée , je voyois les deux images de la flamme séparées par un intervalle qui étoit à peu près de trente-cinq centimètres, ou treize pouces. De plus, la dilatation des couleurs jjrismatiques de ces images indiquoit une grande (i) Ce rcsult.1t a (llante aussi connue et aussi facile à acquérir que le lygée-sparte. DESCRIPTION DU LYGEE-SPAUTi:. Zt) DESCRIPTION. RACINE Chevelue , vivace. CHAUMES ... Ea touffe, simples , dressés , fermes, cylindriques, lisses, glabres, solides , hauts de douze à dix-huit [louces : ordinai- rement un seul nœud risilde , d'où naît la dernière feuille. FEUILLES ••• • Rapprochées à la partie inférieure de chaque chaume, rarement au-dessus de quatre ; tantôt plus courtes , tantùt plus longues que lui ; dressées ou diversement recourbées , fermes , cylindracées , marquées intérieurement d'un sillon évanescible par l'exsiccation , diminuant insensiblement en pointe très-fine et roide , glabres, d'un verd blanchâtre : la dernière distincte et éloignée des autres. GAINES Enveloppant la partie inférieure du chaume, s'engaî- nant successivement , fort alongées ; terminées par une languette membraneuse , linéaire , derrière laquelle est un très-menu duvet. Celle de la dernière feuille , plus dilatée , engaine quelquefois le pédoncule entier , et même une partie de l'enveloppe florale. ENVELOPPE.» La sommité de chaque chaume, terminée par un nœud , sert comme de pédoncule à une enveloppe solitaire , foliacée , verdàtre, et comme finement striée de lignes longitudinales vertes , dressée , longue d'environ deux pouces , turblnée à sa base , amincie insensiblement par sa partie supérieure , comme fusiforme , terminée intérieurement par une languette membraneuse et extérieurement par une pointe aristiforme , close par l'enroulement et le recouvrement de ses deux bords, laissant sortir les étamines et les stigmates par ôon sommet. FLEURS Cette enveloppe (A) renferme deux fleurs (B), appli- quées l'une contre l'autre dans toute leur longueuK, qui égale à peu près celle de l'enveloppe ; couvertes à leur base com- mune de poils denses , longs , soyeux , blancs. DE CHAQUE FLEUR. I3ALLE A deux valves inégales, membraneuses, pilles : Vcxté- 3o DESCRIPTION rieure (C, D, 2) embrassant l'intérieure, Iin('-airc-IancéoIée, très-aigiit ) carénée, ayant une ligne verte sur la carùne , et une tache bleuâtre - glauque de cliaijue côté près de la base ; V intérieure (C, D, 3) une fois plus longue , étroite, tr;-3-droite , applatie par sa face externe (D, a), comme dihédre par Pinterne ( D , b ) à raison de l'inflexion et con- vergence des deux bords, et fendue par son extrémité en deux pointes grêles et algui-'s. TUBE • • • Les halles des deux fleurs se réunissent par leurs bases comme en un support commun très - velu ( C, 1 ) , oblong- turbiné (D, i ) , un peu contracté au sommet, et aminci par sa base qui se prolonge en un pédoncule court et grêle. Ce support est tubulé et bllociilaire ( F ) : sa coupe transversale ( G ) démontre que sa partie externe est formée par la coalition non interrompue des deux valves exté- rieures (D, 2), et que les deux valves intérieures (D, 3) non seulement constituent la cloison , mais encore tapissent toute la paroi interne par la confluence de leurs bords. Cette observation prouve que ce tube , particulier à ce genre de graminée , est une partie intégrante des balles. ÉTAIMINES • • • Trois : Filets ( E , 2 ) insérés .lu fond de chaque loge du tute (E, 1 ), sous l'ovaire, du c6té de la valve extérieure (E,4); reçus à leur sortie du tube dans la valve inté- rieure (C, 3), qu'ils excèdent de beaucoup en longueur; sétacés, un peu comprimés , i bords obtus , d'abord dressés , ensuite diversement réfléchis par leur partie exerte. An- thères (C, 4) purpurines, longues de dix à douze lignes | épaisses de deux tiers de ligne, comme prismatiques, mar- quées de quatre sillons , fendues par l'une et l'autre extrémité en deux dents aiguL-s , acuminées ; celles de l'inférieure plus grandes , divariquées : elles s'ouvrent par chaque sillon latéral en deux bords qui deviennent onduleux (C,5). Le pollen. eit sulfurin, à molécules (11) , oblong-elliptique , tantôt régulièrement , tantôt irrégulièrement transparent. PISTIL ( E , 3. ) Insertion et situation des filets : Ovaire élevé par un très.petit support qui lui rsr commun avec les étamines, 11c peut être distingué du style que par son opposition à la lumière , qui le définit par une ombre légère : il est DU I.YGEE -SPARTE. 3i oblong , triangulaire , aminci par sa base; il se prolonge sans interruption en un style long , crassiuscule , ferme , comme triangulaire à sa partie inférieure et applati ensuite par une do ses faces qui se creuse insensiblement en une légère gout- tière sur le stigmate Le stigmate-, longuement exert , n'est iqu'un prolongement simple et délié du style , glabre, recevant le pollen sur ses deux bords , qui sont d'une substance glandulaire. , FRUCTIFICATION. ENVELOPPE. • (I) Plus ou moins réfléchie, s'ouvre par le cûté inférieur dans presque toute sa longueur pour laisser échapper le fruit, qui paroît d'abord comme un faisceau (K) de longs poils clair-fauves. PÉRICARPE • • faux. Ces poils recouvrent entièrement , comme ci-devant, le tube ci-dessus mentionné j beaucoup augmenté , oblong (L) , cylindracé , aminci par sa base en uu pédoncule court , légèrement contracté à son sommet, et couronné [arles balles tiessécliées et déforniéesi Ce tube , devenu cartilagineux , ressemble alors à un péricarpe biloculaire (M) renfermant ■ dans cliaque loge une graine ( N ) qui en remplit assez exac- tement la cavité , conjointement avec une portion persistante des filets des étamines. GRAINE Chaque graine est oblongue , comme linéaire, terminée par une pointe aiguë un peu comprimée. Sa face extérieure (O) est légèrement convexe , et son intérif urc ( P ) applatie et inarquée dans son milieu d'un sillon longitudinal assez pro- fond ; ses bords sont obtus. A la base de la face extérieure est une aréole (Q) orbiculaire, qui occupe à |icu près la cinquième partie de sa longueur , déprimée en sillon dans son contour , et relevée au militni d'une protubérance oblonnue. — Tégument- » Pellicule roussâlre- claire , mince, membraneuse, fortement adhérente , excepté sur l'aiéole , où elle se sépare assez aisément. — u4mande- ' • • D'une substance ferme et farineuse, Irès-bl.mche , con- forme à la graine, mais sans pointe. Sa DEsrnirTTOv EMBR\ON ••• L'criî.ile (Q) de la base externe indique l'emplacement (le l'embryon, qui n'est recouvert exléricuri'ment que par Ja pellicule générale de la graine. Il est oblong , cylindracé, blanc , d'une seule pièce nuiforme , et adné verticalement par foule sa face interne à un disque légèrement déprimé, qu'il égiile à peu près en longueur en ii'occupanl que le tirrs de sa largeur. Ce disque, faisant corps avec la matière farineuse, s'«n distingue cependant par s.i substance comme cornée et légèrement jaunâtre. OBSERVATIONS. I. Quelquefois l'enveloppe renferme trois fleurs ; et alors le tube est tri- loculaire, etc. II. Cette plante fleurit à Paris au mois de mai. III. L'envtloppe florale est une feuille terminale , dont la gaîne s'est con- sidérablement dilatée aux dépens de sa partie foliacée , qui est alors réduite à une pointe courte aristiforme. IV. Il est clair maintenant que ce que les botanistes (excepté Adanson ) ont pris pour un oVaire infère et commun à deux balles , n est autre cliose que le tube formé par la coalition de celles - ci. Cet ovaire infère disparoissant , et l'insertion des étamlnes et du pistil étant démontrée au fond de ce tube , la distance qu'il paroissoit y avoir entre le lygéc-sparte et les autres graminées , diminue et se réduit à la coalition de deux ou trois balles en un tube bi ou tri-loculaire. Les valves de quelques graminées se réunissent bien par leurs bases , mais pas d'une manière aussi remarquable. V. Le fruit du lygce-sparie n^est \ias plus une no/.r que celui des autres cenres du même ordre : ici c'est seulement la base tubulée des balles qui enveloppe la graine; là c'est ordinairement la balle entière. VI. Un caractère générique stable ne pouvant résulter que de la compa- raison de plusieurs espèces entre elles , je ne donnerai ici qu'une esquisse ie celui du Ijgée-sparte , d'après la seule espèce conaue. Characteris generici Lygei Informatio. INVOLUCRUM oblongum , teres , convoluto -clausum , gcnitaLia tantùm excrëns summitate. ceo- inte- tror- inte- ngis- !doii- lon- sum. suie ïrtec illiu» l'i lie If^i; ■•'■;■ ffiJf,f/ /U.,-ry ,.vwil. DULYGIiESPARTE. OO FLORES ....... Isto inclusi bini : glumis iiiiâ parte in tubum villosissimum | bilocularem, concresccntibus. SINGULI FLORIS. GLUMA Tenui-membranacea : bivaUis; exfen'ore lineari-lanceo- latâ , acutissimà, carinati , amplexanti-incumbente ; inte- riore dujilo longiore, anguslû , extrorsum plana , intror- sum raarginibus inflexis clausâ , apice acutè bifîdà. STAMINA Tria : Filamenta fundo singuli loculi inserta , valvâ inte- riore excepta, promisse exerta. Antlierae angusto -longis- simae , utraque apice acuuiinato-bidentalîe, PISTILLUM ■ . • Situ staminum : Germon vix à stylo distinctura , oblon- gum , subtriqiietrum, continué promittitur in stylum lon- gissimum , desinenteni in stigina longé exertum , flexuosunij sensim tenuissimuni , levissimè canaliculatum , glabrum, PERICARPIUM, SpurÎHm , à tnbo gluinali villosissimum , oblongum, tereSj caitilagineum , includens in singulo loculo, SEMEN Lineari-oblongum , mucronatum , extrorsum convexum ; areolâ basilari orbiculatà , in ambitu sulcato - depressa , in medio oblongo-protuberante : iutrorsum planiusculum , sulco longitudinal! exaratum. — Discus embryonifer suborbiculatus , quintam longitudinis nuclei parten occupans. — Enibryo verticalis, reclus, oblongus, uniformiter teres, longttudine Uliu*- disci, OBSERVATIONES. I. Interdum flores intra involucrum très ; tune tubus trilocularis ^ etc. II. Characteres graminibus communes tacui. M E M O I R. E Sur la mariiùre dont se fait la nutrition dans les insectes. Piiv le citoyen C u -v i r n. Lu à rinslitut national en vendémiaire an 6. Xjes animaux ù sang l)lanc, infiniment plus nombreux en espèces et plus variés en formes (jueccux à sang rouge, et qui s'en écartent tellement, qu'on ponrroit peiit-être, selon l'idée ingénieuse et hardie de notre respcctaljle confrère Daubcnton , les considérer comme un règne à part , jircsque aussi différent des autres animaux que des végétaux , ont été observés , classés, nombres et décrits avec beaucoup de soin , quant à leurs formes extérieures , par les naturalistes ; mais on n'a presque point encore de connoissances un peu générales sur leur organisation. Nous voyons encore dans l'ouvrage de Vicq-d'Azyr, le plus nouveau et le plus parfait que nous a^ons sur l'anatoinie comparée , quoique la mort trop prompte de l'auteur l'ait empêché de le continuer ; nous y voyons , dis-jc , qu'il attribue à tous ces animaux indistinctement un vaisseau longitu- dinal noueux , au lieu de cœur. Gmelin , dans son édition de Linnéus , n'a rien changé aux anciennes erreurs de ce grand homme , qui donnoit pour caractère aux insectes un cœur à un seul ventricule et à une seule oreillette; et aux vers, un cœur à un seul ventricule sans oreillette. C'est pourtant plutôt par négligence que par défaut de faits acquis, que ces assertions erronées se sont glissées dans ces deux ouvrages. On savolt depuis long-temps, par les observa- tions de Monro , que les sèches ont un cœur très-composé , SUR I,A NUTRITION DANS LES INSECTES. 35 et pourvu d'oreillettes ; par celles de S\vaniinerd;im, et do plusieurs autres, que les limaces ont un cœur musculaire avec une seule oreillette ; par celles de Tremljley et de Rœsel, qu'il n'y a rien de semblable nia un cœur , ni à un vaisseau noueux , dans les hydres ou polypes à bras ; en sorte que les formes de cœur attribuées par Lin n eus et Vicq-d'Azyr à leurs vers étoient trop imparfaites pour les uns, trop compliquées pour d'autres , et n'existoient peut-être véritablement dans aucune espèce. Je crois être le premier qui ait distingué les vers en deux grandes familles très-éloignces l'une de l'autre pour la perfec- tion.de l'organisation, celle des mollusques qui a un cœur et un système complet de circulation , et celle des zoophytes qui n'a ni l'un ni l'autre ; et quoique j'aie pu commettre alors quelques erreurs de détail en plaçant certaines espèces ailleurs qu'elles auroient dû l'être, ou en ne les associant point selon leurs véritables affinités , je pense que cette division doit servir de base à toutes les recherches ultérieures qu'on jjourra tenter dans cette partie. J'ai décrit depuis, dans un mémoire qui vous a été lu dans l'une de vos premières séances, les différentes particularités qui s'observent dans les cœurs et les systèmes vasculaires des principaux genres de mollusques , et je crois y avoir paouvé que leurs vaisseaux veineux font en même temps les fonctions de vaisseaux absorljans. Les expériences et les injections que j'ai tentées cette année sur des mollusques bivalves, tels que les huîtres, me font regarder leurs vaisseaiix pulmonaires comme entièrement veineux , c'est-à-dire comme absorbant du dehors un fluide quelconque qu'ils poïpSt dans le cœur , sans rien recevoir de celui-ci. En me réservant de prouver cette opinion dans un autre mémoire , je vous l'annonce ici d'avance , parce qu'elle peut jeter quelque lumière sur l'objet que je vais traiter aujourd'hui. Le premier anatoniiste qui ait parlé avec quelque étendue • 36 MÉMOIRE SCn LA NUTRITION de ce qu'il appeloit le cœnr des insectes , est Malpighi , dans son traité du ver à soie. Cette utile et célèhre chenille a , comme toutes les autres, et comme la plupart des insectes et de leurs larves, un vaisseau transjiarcnt, situé dans le dos, immédia- tement sous la peau , et s'étendant depuis la tête jusqu'à l'extrémité opposée. Les espèces d'épiploon , ou de corps graisseux qui remplissent le cofps des chenilles , sont attachées tout du lon^ aux deux côtés de ce vaisseau ; et comme ils forment , d'espace en espace , de légères saillies qui avancent sur lui , ou qui le compriment , ils lui donnent , au premier coup d'œil , J'alr d'être partagé par des étranglemens en autant de vésicules ovales ou ohlonguos que le coips de l'insecte a d'anneaux ; c'est ce qui avoit fait donner à ce vaisseau le nom de tubas arùculatus aut nodosus : Vicq-d'Azyr le nomme aussi vaisseau dorsal noueux. Cependant Swammerdam et Réaumur nous avoicnt déjà appris que ces étranglemens u'étoient qu'une apparence ; et en effet , lorsqu'on l'a débarrassé des parties qui l'environnent , il paroît tel qu'il est , un simple tube , égal dans toute sa longueur , et seulement plus mince vers les deux bouts. Ce vaisseau, ol)servé dans un insecte vivant, montre une sorte de mouvement péristaltique , une contraction successive de ses diverses parties , qui semble imprimer à la liqueur limpide qu'il contient , un mouvement dajis le même sens. Cela le fit considérer par Malpighi comme une suite de cœurs ou de ventricules , de l'un desquels le sang passe dans l'autre. Les anatomistes modernes ne se sont point nettement expliqués sur ce qu'ils pensoient de cette i^lée ; i^se sont presque tous contentés de rapporter historiqiiement fl|plnion de Malpiglii. Cependant les observations mêmes de cet auteur , et celles que je vais rapporter , la rendent extrêmement improbable , pour ne pas dire plus. Malpighi a constate avec soin , et rapporte avec candeur , wn fait qui lui est très-contraire ; c'est qu'il y a une irrégularité D A N s L E s I N s E C T E s. ,J7 totale clans les mouvemens de ces prétendus cœurs. Le plus souvent le fluide paroît se porter de la tête vers la queue : mais on le voit souvent aussi prendre une marclie conUaire ; ou bien celui d'une partie du vaisseau marche dans un sons , et celui de l'autre partie dans un sens ojiposé : et ces cliunge- inens de directiouv n'ont point de rapport constant avec les difïerens états de l'insecte ; ils n'arrivent point à des époques marquées , ni d'une manière lente et graduelle ; mais ils sont souvent très-sidjits , et se succèdent sans ordre et avec rapidité. Or, je le demande, d'a])rès les idées que nous avons de la circulation du sang, seroit-il possible que de pareilles varia- tions n'altérassent point la santé de l'animal , si ce vaisseau dorsal étoit en effet le centre de la circulation et le principal léservoir du fluide nourricier ? Peut-on même supposer que ces changemens viennent de l'état contre nature où l'obser- vateur met ranimai, objet de ses recherches ? et est-il possible d'imaginer un tel état de douleur ou de convulsion , qui fît , par exemple , changer le cours du sang dans un des animaux que nous connoissons , malgré la disposition des valvules et de toutes les autres puissances qui agissent dans la circulation ordinaire ? D'ailleurs nous ne pouvons appeler cœur qu'un organe propre à chasser dans tout le corps , par des ramifications vasculeuses , la liqueur nourricière , soit que cet organe ait une forme renflée comme le cœur de l'homme , soit qu'il soit simplement tubuleux comme l'artère dorsale des poissons. Or le vaisseau dorsal des insectes n'est rien moins que cela. Le point le mieux constaté de leur anatomie , c'est que ce vaisseau n'a aucune branche , et que les liqueurs qu'on y injecte ne peuvent en sortir qu'en le rompant. Malpighi avoue qu'il n'a vu aucun rameau , et qu'il n'a pu trouver de conti- nuation à ses extrémités. Swammerdam , à la vérité , a dit qu'en insufflant une liqueur colorée dans celui des sauterelles au moyen d'un tube de 38 MÉMOIRE Strn. LA NrTRITIOK verre filé à la lampe de rémailieur, on voyolt se colorer les autres parties du corps. L'autorité de cet homme célèbre , dont la patience dans It's choses utiles est mille l'ois plus étonnante que celle qu'on admire dans les auteurs tant cités de bagatelles dii'liciles ; cette autorité suiïiroit , s'il avoit répété son assertion dans ses derniers mémoires : mais il ne l'a dit qu'en jiassant, dans son petit et imparfait ouvrage qui , sous le titre pompeux à' Histoire géncnile des insectes , n'étoit qu'iuic espèce de prospectus ou de catalogue do son cabinet ; il ne l'a dit qu'à propos de la sauterelle, dont il ne donne point l'anatomie ; et il n'a rien avancé de semblable dans ces belles monographies dont le recueil intercalé par Boerhaave, après fa mort de l'auteur , entre les divers chapitres de cette prétendue histoire généride , constitue le célèlire ouvrage du Bihlia nntiirae. Tous les auteurs postérieurs avouent qu'il ne sort du grand vaisseau dorsal aucun vaisseau plus petit. Lyonnet , qui a donné sur la seule chenille du bois de saule xvn gros volume in-i° , où il n'y a pourtant pas un mot d'inutile , et dont les planches sont, sans contredit, le chef-d'œuvre de l'anatomie et de la gravure , assure qu'il n'y a point de ces vaisseaux parti- culiers; cependant il a disséqué , décrit, dessiné et gravé des parties mille fois plus petites que ces vaisseaux ne serolent , en supposant du moins qu'ils auroicnt dans leurs proportions quelque analogie avec ceux que nous connoissons dans les autres animaux. J'ai fait aussi des expériences pour reconnoître si ce vaisseau n'avoit point quelques ramifications ; j'y ai injecté avec quelque force une liqueur colorée ; j'y ai fait entrer du mercure pi-essé par une colonne de plusieurs pouces ; enfin je l'ai souillé , sans avoir jamais rien trouvé de ce que je cherchois. M'étant ainsi bien assuré que le vaisseau dorsal des insectes n'étoit point le centre ni le principal organe de leur circula- tion , je voulus chercher ce centre ailleurs : pour cet effet, il fallûit commencer par trouver des vaisseaux; car, sans eux. DANS LES INSECTES. Jrt tous les corps creux, plus ou moins contractiles, que j'aurois pu rencontrer, auroient été exposés aux mêmes objections que le vaisseau dorsal. Je savois tléja qu'aucun auteur n'avoit parlé clairement de vaisseaux sanguins dans les insectes : mais je ne désespérois pas encore de les découvrir, tant j'étois accoutumé à la struc- ture connue des classes supérieures , et tant mes siiccès dans la recherche de ceux des mollusques me donnoient d'espérance de voir encore l'analogie triompher ici. Mes ei'forts pour les trouver ayant été vains , il ne me restoit qu'un parti pour échapper à l'horreur du doute qui tourmente tant les hommes qui s'occupent d'un objet avec quelque passion : c'étoit de montrer qu'il n'y en avoit point. Pour cet effet , j'examinai avec soin les parties du corps des insectes où ces vaisseaux eussent dû être le plus sensibles s'ils eussent existé. On sait que les membranes des intestins sont au nombre de celles où il y a le plus de vaisseaux , et où on les voit le mieux. Je pris donc différentes portions de ces membranes dans plusieurs grandes espèces d'insectes ; et les ayant nettoyées, fendues et étendues dans de l'eau, je les exposai, dans des verres légèrement concaves et très-minces , au foyer d'un microscope composé, en les éclairant par -dessous au moyen d'un mii-oir. Il me fut très-facile de voir qu'il n'y avoit absolument d'autres vaisseaux que les trachées , ou vaisseaux aériens, lesquels s'y ramifient comme les vaisseaux sanguins et lymphatiques le font sur les nôtres. Leurs ramifications sont aussi variées , et la transparence des membranes permet de les suivre beaucoup plus loin , parce qu'ils sont opaques. On en voit qui n'ont pas la deux-centième partie d'une ligne en diamètre ; mais, quelque petits qu'ils soient , il est aisé de voir qu'ils finissent tous par se rendre dans les troncs des trachées , et qu'ils sont tous de la même espèce. J'ai représenté , Jig. i , ceux de l'estomac d'une grande 4o M t MOIRE SDR I.A NVTHITION demoiselle {^librllula grandis , Lin.}; ils diminuent uniformé- jneut de diamètre , et leurs plus petites brandies tendent à prendre une direction parallèle et longitudinale. La membrane même , vue avec la plus forte lentille , ne présente aucune apparence d'autres vaisseaux; son tissu paroît demi-transparent, avec des points un peu plus opaques , à peu près comme les pétales les plus fins des fleurs paroissent à l'œil lui dans les intervalles des trachées. •» 1.3. fi g. 2 représente un morceau de la membrane du canal intestinal d'une sauterelle {grelins compestris). Ses trachées ne diminuent point uniformément ; elles sont légèrement renflées d'espace en espace : leurs branches sont plus courbes , et s'unissent par des anastomoses plus fréquentes , en sorte que leurs plus fines ramifications forment une espèce de réseau i mailles rondes. La membrane elle-même ne présente, dans leurs intervalles, qu'un tissu pulpeux, composé comme de très-petites vésicules , serrées les unes contre les autres. D'autres insectes présentent d'autres variétés dans les mem- branes et l'arrangement des trachées ; il y en a sur-tout dont les estomacs sont très-remarquables par leiir texture interne : mais ce n'est pas ici le lieu d'en parler. Il suffit de cette obser- vation générale , qu'on n'y voit aucun autre vaisseau que des trachées. Peut-être croira-t-on que les vaisseaux de l'intestin sont trop petits pour être vus ; mais au moins devroient-ils aboutir à des troncs méscntériques plus gros , qui ensuite se rcn Jroient au centre commun. Or ici il y a encore moins d'équivoque : on ne peut pas même alléguer que leur transparence les fait se perdre pour l'œil dans l'épaisseur du mésentère ; car les insectes n'ont aucun mésentère. Leur canal intestinal n'est retenu en place que par les trachées nombreuses qui l'enveloppent de toutes parts : en le tiraillant , on alonge et on rompt ces trachées j ou les voit toutes distinctement; et on verroit de même d'autres vaisseaux, quelque fins qu'ils fussent , s'ils existoient. DANS I.ES INSECTES. 4* Et qu'on ne croie pas que la petitesse des objets et la gros- sièreté de nos instmmens nous fassent détruire ou méconnoître le tissu si délicat de toutes ces parties. Outre qu'une souris, un roitelet, ou tel aiitre animal à. sang rouge, que nous disséqutms tous les jours, et dont nous distinguons très - Lien tous les genres de vaisseaux, ne sont guère plus grands qu'une chenille , comme celles de plusieurs sphinx, ni qu'une larve, comme celle du scarabée monocéros , ces dernières espèces ])résentont plus de facilités à l'anatomiste. Les insectes n'ont point de ce tissu que nous apjielons cellu- laire ; et c'est une nouvelle preuve eu nia faveur , jjuisque l'on sait aujourd'hui c)ue cette cellulosité ne consiste presque qu'en vaisseaux lymphatiques. Puis leurs trachées étant toujours pleines d'air , donnent à toutes lems parties une grande légèreté spécifique ; en sorte qu'en y versant un peu d'eaii , on les voit se soulever, se développer , et présenter le plus beau spectacle à l'œil de l'observateur par leur variété et leur délicatesse. Enfin la variété des couleurs contribue encore à faciliter l'anatoniic des insectes. Dans les animaux àsangrouge, presque toutes les parties sont teintes de nuances plus ou moins fortes de rouge ou de brun ; celles qui n'ont pas cette couleur la prennent en peu de temps , lorsqu'elles sont exposées à l'air : ici , au contraire , les diverses nuances de blanc pur, de couleur métallique , de verd , de jaune , se marient ou s'opposent de la manière la plus nette ou la plus tranchée. Pour revenir à mes recherches sur les vaisseaux des insectes , après avoir examiné les memlnanes de leurs intestins , j'en soumis à mon microscope de plus fines, et qui, dans les ani- maux à sang rouge, sont encore mieiix pourvues de vaisseaux. Je Jie parlerai ici que de la choroïde de la demoiselle. Son œil est, comme on sait , très-grand ; il occupe près de la moitié de la surface de sa tête ; sa membrane externe est très-dure, et divisée envine multitude étonnante de facettes hexagones. Hook , Hollandais , qui a eu la patience de les compter , 1 6 4a MÉMOIRE SUR LA NUTRITIOW ^irétciul qu'elles sont au nombre de able aujourd'hui qu'il n'y a rien de tout cela , et que les végétaux ne se nourrissent que par ■la succion du tissu spongieux qui fait la base de leur substance. Si cette opinion est encore problématique pour les plantes, nous ayons du moins des exemples bien certains d'une pareillo manière de se notirrir, dans une multitude d'animaux. L'hydre, ou polype à l^ras , n'a bien certainement ni cœur ni vaisseaux ; c'est une espèce de sac pulpeux entièrement homogène , un estomac pourvu de la faculté locomotile , et voilà tout : aussi nulle différence entre ses parties; chacun de ses fragmens est autant susceptible que le tout, de s'assimiler les molécules des corps étrangers par une force de succion , et de redevenir semblable au tout par cette force mystérieuse , accordée aux corps organisés , de reprendre , sous certaines conditions et sous certaines limites, différentes pour chaque espèce, la forme propre à cette espèce , lorsqu'elle a été altérée. Pourquoi le corps un peu plus composé des insectes ne seroit-il pas susceptible de se nourrir aussi par iinljiintion? Supposons que le chyle transjiire au travers des parois du canal intestinal , il pourra se répandre uniformément dans toutes ie« 44 M li M O I n E s U n I- A N TT T R I T I O X parties du corps : car c'est encore une remarque à faire, qu'il n'y a dans le corps des insectes aucune membrane transverse , aucun diaphraj^me ; c'est une cavité continue , qui se rétrécit seulement îi dili'ercns endroits , mais sans s'y diviser. Là cliaquc partie en attirera les portions qui lui conviennent, et se les assimilera par voie d'iml)il>ilii)n , tout comme le polype s'assi- mile la substance des animaux qu'il enlerme dans son estomac. Nous savons que les tubes capillaires de verre qui repoussent le mercure , attirent les li(jucurs]>lus légères. On peut supposer à lÉbs pores plus lins, et dont les parois seront de matières dil'rercntes , une sensibiiité plus grande jiour les dillérences de pesanteur spéci(i(|ue des licjueurs ; et en tenant compte des difiérentes al'liuilés cliiuiiques des substances de ces porcs poul- ies substances iluides (pi'elles peuvent attirer, on peut expli(picr encore une bien plus grande variété et une bien plus grande ])récision dans leurs choix, si toutefois on peut employer ce mt pour exprimer une opération purement ])hysique. Au reste , tout ceci lient à la question générale des sécrétions et de l'assimilation , qui n'est pas de mon sujet. Pour y i-entrer , je vais montrer ici qiie ce n'est pas seulement sur l'argument négatif, que les vaisseaux des insectes n'ont point encore été vus, que se fonde cette opinion. Toute la disposition organique de ces animaux est laite pour en aug- menter la vraisemblance. La respiration , qui leur est aussi nécessaire qu'à nous , se fait cependant chez eux d'une manière bien différente. Tout le monde sait que do petites ouvertures latérales , nommées stigmates, donnent entrée à l'air, qui pénètre par des vaisseaux élastiques, nommés trachées, dans tous les points de leur corps, sans exception. Ce sont même les insectes qui nous montrent le mieux le véritable usage de la respiration, parce que cette opération est débarrassée chez eux de toutes les circonstances accessoires qui ont l'ait illusion aux physiologistes dans les animaux à sang BANS lES INSECTES. 4^ rouge. La nouvelle tliéorie , qui attribue la mort des asphyxiés à la cessation de l'irritabilité du cœur , ne trouve pas même d'application ici , puisqu'il n'y a point de poumon ni de cœur , que l'air agit sur tous les points du corps immédiatement , et que cependant les insectes meurent aussi prompteraent et avec les mêmes symptômes que les autres animaux, soit lorsqu'on les prive d'air en huilant leurs stigmates , selon les anciennes expériences de Malplglii et de Réaumur ; soit lorsqu'on les place dans des gaz dilïérens de l'air vital , selon les nouvelles expériences de notre confrère Vauquelin. La respiration est donc réduite ici à son usage essentiel seu- lement , c'est-à-dire au comjilément de l'animalisation par l'action de l'oxygène , soit qu'il ait besoin de se combiner avec toute luolécide avant qu'elle aille se placer au poiiU où la nu- trition l'appelle, soit qu'il doive sinq)lement débarrasser ces molécules des portions superflues de carbone et d'hvdroeène. en les faisant exhaler en eau et en gaz acide carbonifjne ; et il est bien clair que cette opération chimique est de toute nécessité , puisque tous les animaux ont été tellement disposés, qu'une prompte mort est la suite constante de son internuition. Mais pourquoi la nature a-t-elie employé pour la respiration des insectes un appareil si différent de tout ce que nous con- noissons dans les autres animaux ? C'est précisément dans l'absence du cœur et des vaisseaux qu'il faut en chercher la raison. Dans les animaux qui ont ces organes , le fluide nourricier se rassemble continuellement dans un réservoir central , d'où il est lancé avec force vers toutes les parties ; c'est toiijours du cœur qu'il y arrive, et il retourne toujours au cœur avant d'y revenir. Il pouvoit donc être modifié dès sa source jiar l'action de l'air ; et en effet avant de se rendre par l'aorte et ses rameaux aux parties qu'il doit nourrir , il commence par faire un tour dans le poumon , ou daus les branchies , pour y être exposé à l'air ou à l'eau dont l'action est du mcme genre sur lui , soit qu'elle se 4<î MÉMOIRE SUR LA VUTRITIOW décompose , ou qu'elle laisse simplement se précipiter l'air qui y est en dissolution ou en simple mélange. Mais il n'en étoit pas de même dans les insectes : leur fluide nourricier n'a point de mouvement régidier ; il n'est point contenu tlans des vaisseaux , et il n'étoit pas possible que sa pn'']iaratlon s'opéràl dans un organe séparé avant qu'il se rendit aux parties. Il ne part point d'une source commune ; sorti comme une rosée des porcs du canal alimentaire , il baigne continuellement toutes les parties qui y puisent sans cesse les molécules qui doivent s'interposer entre celles qui les constituoient déjà. L'action de l'air ne pouvoit donc s'exercer qu'au lieu et au moment même de cette interposition; et c'est ce qui arrive très-pariaitement par la disposition des tra- chées , n'y ayant aucun point solide du corps des insectes où les fines ramifications de ces vaisseaux n'aboutissent , et où l'air n'aille immédiatement exercer son action chimique. En un mot , le fluide nourricier ne pouvant aller chercher l'air, c'est l'air qui le vient chercher pour se combiner avec lui. Nous pouvons remarquer ici la même analogie entre la res- piration des insectes et celle des plantes qu'entre leurs nutri- tions. Les plantes , également dépourvues de vaisseaux et de circulation, ont de même des trachées ou vaisseaux aériens qui pénètrent dans leur tronc , leurs racines , etc. Les feuilles ne sont que des réseaux de trachées enveloppés de membranes , et ont leur analogue dans ces feuillets des larves d'éphémère que j'ai déjà cités. L'analogie existe jusque dans la texture ; et cela à un point étonnant , car les trachées des plantes et des insectes sont fijrmées les unes et les autres de fils élas- tiques contournés en spirale , comme l'ont remarqué tous les atueurs qui se sont occupés de l'anatomie de ces deux sortes de corps organiques. H seroit très-curieux de décrire les différentes stmctui'es de ces trachées , l'arrangement de leurs principaux troncs , les renilemcns et les dilatations qu'on y observe , les divers DANS I. ES INSECTES. 4? écartemens de leurs branches ; on en tireroit une mnltilucle de caractères pour reconnoître et distinguer les familles na- turelles des insectes : ainsi parmi les coléoptères les seuls genres à antennes lamelleuses ont des trachées vésicu- laires , etc. On reconnoîtroit aussi ce singulier i'ait , que sovi- vent les trachées d'une larve n'ont rien de commun avec celles de l'insecte pariait qui en sort. Mais tous ces détails en- treront dans les descriptions particulières que je me propose de publier dans un ouvrage détaillé. Je remarquerai seulement ici qu'il y a des insectes aqua- tiques , savoir les écrevisses et les monocles , qui n'ont aucune trachée ; et ce sont précisément ceux chez lesquels on trouve un cœur, ou du moins un organe de structure semblable. Il faut pourtant observer qu'il n'existe peut-être pas entre eux et les autres insectes une différence aussi grande qu'on le croiroit d'abord : ils ont, à chaque côté du corselet, des paquets de vaisseaux capillaires rangés d'une manière très - régu- lière sur deux des faces de certains corps en forme de py- ramides triangulaires ; toutes ces pyramides sont comprimées et dilatées alternativement par le moyen de quelques feuillets membraneux que l'écrevisse meut à volonté. Mes essais d'injection m'ont bien permis de porter la li- queur de ces branchies vers le cœur , mais jamais je n'ai pu la diriger en sens contraire ; tandis que du cœur on peut la faire parvenir par tout le corps au moyen de vaisseaux nom- breux et très - visibles dans certaines espèces , notamment dans le bernard - l' liermite , où ils sont colorés en un blanc opaque. S'il se trouvoit par des recherches ultérieures qu'il n'y eût ni second cœur , ni tronc commun veineux , qiù, de- venant artériel , portât le sang aux branchies par une opé- ration à peu près inverse de celle qui a lieu dans les poissons, alors on pourroit croire que les branchies ne font autre chose qu'absorber une partie du fluide aqueux, et le porter au cœur , qui le transmettre it ù tout le corps. Ce prétendu cœur et ses 48 MBMOInr SITB I. A NUTRITION vaisseaux ne seruicnt donc, en deriiK-re analyse , qu'un ap-. pareil respiratoire, <\m no ilifféreroit de celui des insectes ordinaires que par cet organe musculaire qu'il auroit reçu de plus. Et on conccvrolt aisément la raison de cette diflé- rence, attendu que la substance respirée étant sous forme li- quide , et ne |)0uvant se précipiter , comme l'air le fait, dans les trachées par l'elfet de son élasticité , il lui falloit un mo- bile étranger, qui est cet organe qu'on a pris jjour ini c la digestion et la production de certaines liqueurs excrémenti- tielles, se trouvent aussi dans les larves. Les organes internes de la génération consistent toujours au moins dans deux paires oloiiilitll(^. CnlitmlK Un. IVliir(;/iiipllr. A7ar/.;irii /fa. CiuH (jlldirc (\ifiit//aria. Vmirprc. Purpura. BiKciu. JiuLcinum» Vi». 'J'rrehra, lliiriM'. Jlarpa* Onvipie. CanM's. Siriiiiilic. Sfrtutthn. IMornn^ir. Pfcrocrra. RosirlIniiT. Jiostilhria. lloctirr, Murtx, Fiisnnu. Fusus. Pynilo. Pyruia, Fnn« uiloirc. Fascîniiria, TitriiiiirUc. TurhinvUn. IMiurotomc Plvurotoma, Cciitc. Cvrithium, >3, lù. ïf> yy. ]8 '9 ai. !l3. a/i, aC a; Ouverture entière.^ n'ayant à ta base ni échancrurt ni canal. 36. Toufite. Trochut, 29. C'iilran. Solarium. 30. S;il)ol. I^urbo. 3i, A1onrii)ont«. Monodonta. 32. Cycloftimnc. Cydoitoma. 33, Turrik'IIe. TurrilcHa. 34* Janihine. Janthina. 35. Bulle. ^/i//a. 36. niilinic. liulimus. 37. Agatliinr. Àchatina, 3fl. Lyniiit^e. ï^ymniua. 39. Mildnir, hh-ïania. i)0. l'yrfliiiidrllp. P y ramifie lia, 41. Aiiiiinlr. Âuricula. 4?. Am|tullairr. Ampullaria, 43. rinnorhc. Planorbts, 44. ÏItlirc. y/f//.r. 45. IK-lirinc. Hclicina. 4^'. Nrrito. Nerita» 47. Ntiticc. Aatictt, 4H. Si^nrct. Si^rr/us7 49> Stoiiinlc. Stomafia, 5o. llallotidc. Ilnliotis. Al. l'altlK-. /'.j/.V/d. Aa. l'ijiMircllc. Fissurvlla. 53. CiC[>iJulc. CrrpicntAliuin, 56. Vcrmiciiltiir*. Vennicularia, 57. Siliqimiio. Siliquana. 58. Arrosoir. Pcnicillus. 59. Argonautfl. Argonauta* COO. MLLTILOCULAIKES. 60. NflutiU. NautiluM, 61. Nautilitr. Nautilites, 63. Arninoolte. .Ammonites* 63. Planorbit**. PlanorbiUs. 64* Camerinc. Camerina, iiS. Spirulc. Spirula. 66. Baciilite. Barulitei. 67. Oriliotère. OrtHocera. 68. Orihoccriititc. Orthoceratites, 69. BclcniBÎle. Bclcmnitcs, COQUILLES BWALVES. COQUILLES MULTIVALVES. COQ. IKRïGULlfjlES. COQ. HLGlLIUntS. 70. Acardc. Acardo. 81. 7'- Ostricite. Ostrccitet. 8a. 7>- Came. Chama. 83. 73. Huitrc. Ostrra. 84. 74- Vulselle. ru/ic/Ai. 85. 7i. Marteau. Mai/eus* 86. 76. Aricule. Avicula. 87. 77- Pcrne. Perna. 88. 78. Placunc. Placuna. 8,. 71,. Anomic. Anomia* 90. 80. Crimio. Crania. ça. ,3. V4- ,5. 96. 97- 98. 99. JOO. 101. >03. io3. 104. io5. 106. 107. 108. 109. 1 10. 111. 1 13. J.3. ..4. llî. ii6. J17. 118. Page 91 119. Mye. Mya* Solco. Solvn. Glycimerc. Gîycimeris. SanguinoUire. Sangtiinolaria, Capse. Capsa, Telline. TcUina, Lurine. Lucina- Cyclade. Cyclas* Venu». J^enus. Merrlrice. Aîcrctn'x. Donace. Donar. Martre. ATiicrra. Liitraire. J.utrarta, Piiphip. Paphia. Crasïatclle. Crassatella* Biicarde. Cardium. Isocarde, fsocardia. Carditc. Cardita. Tridacne. Tridacna. llippope. Ilippopus. Trigonie. 'i'rigonia. Arche. Arca, Pi-toncle. Ptctunçulut. Nuculc. Nucula. Mulctto. Unio. Anodonte. Anodonta. Modifie. Modiolus. Moule. Mytilus. Pinne. Pinna. Houlette. Pedum, Lime. Lima, Peigne. Pecten. Pandore. Pandora. Corbule. Corbula, Terebratule. Tcrcbratula. Calccole. Calccola. Hyalc. Ifyalaca. Orbicule. Orbicula, Lingulc. JLingula, 130. lat. laa. ia3. ii4< ia5. ia6. ThoUde. Pholas. Char. Oiwnia- Taret. 'Pcrrdo. Fiitulane. J'istulana. * * * tr Oscftbrinn. Ckiton, A * * >r ]lalanp. Bnlanus, Anatife. Anati/a. DESCOQUILLES. 71 11. Cancellaire. Cancellaria. Cofj. ovale ou subturriculée , à bord droit sillonné intérieu- rement ; base de l'ouverture presqu'entière et en canal très-court j quelques plis comprimés et tranchons sur la columelle. Voluta reticulata. Lin. 12. Nasse. Nassa. Coq. ovale ; ouverture se terminant inférîeureraent par une échancrure oblique , subcanaliculée ; base de la co- lumelle , cachant en partie l'échancrure , et paroissant tronquée obliqiiement. Buccinum mutahile. Lin. i3. Pourthe. Furpura. Coq. ovale , le plus souvent tuberculeuse ou épineuse ^ ouverture se terminant inférieurement en un canal très- court , échancré à son extrémité j base de la columelle , finissant en pointe. Buccinum persicum. Lin, 14. Buccin. Buccinum. Coq. ovale ou bombée ; ouverture se terminant inférieu- rement par une écliancrure découverte et sans canal. Buccinum vndatum. Lin. i5. Vis. Terebra. Coq. turrictdée; ouverture échancrée inférieurement j basg de la columelle torse ou oblique. Buccinum suhulatum. Lin. 16. Harpe. Harpa. Coq. ovale ou Ijombée , munie de côtes longitudinales pa- rallèles et tranchantes ; ouverture échancrée inférieure- ya. NOUVELLE CLASSiriCATlON ment et sans canal ; columelle lisse , à base tcrrauiée en pointe. Buccinum harpa. Lin. 17. Casqhe. Cassis. Coq. bombée; ouverture plus longue que large, terminée à sa base par un canal court , recourbe vers le dos de la coquille ; columelle plissée inféricurement. Buccinum comutum. Lis. 18. Stuombe. Strornhus. Coq- ventrue , terminée à sa base par un canal court , écbaiicré ou tronqué ; bord droit se dilatant avec l'âge, en aile simple, entière ou à un seul lobe, et ayant infé- rieurement un sinus distinct de l'échancrure de sa base. Strombus pi'gi/is. Lin. 19. Pterocère. Plerocera. Coq. ventrue , terminée inféricurement par un canal alongé ; Ijord droit se dilatant avec l'âge , en aile di- gitée, et ayant un sinus vers sa base. Strornhus lambis. Lin. 20. RosTELLAiBE. Rostellaria. Coq. fusiforme , terminée inféricurement par un canal en pointe ; bord droit entier ou denté , plus ou moins dilaté en aile avec l'âge , et ayant un sinus contigu au canal. Strornhus fusus. Lin. 21. Rocher. Ulurex. Coq. ovale ou oljlongue, canaliciilée à sa base , et ayant constamnjent à l'extérieur des bourrelets , le plus sou- ■vent tuberculeux ou épineu'x. Murex ramosus. Lin. la chicorée. DESCOQPlI.r.ES. 73 22. Fuseau. Fusus. Coq. fusifbrme , canaliculée à sa base, sans bourclets cons- tans , et ayant sa partie ventrue , soit également distante des extrémités , soit plus voisine de sa base ; spire alongée ; columelle lisse , bord droit sans écliaucrure. Murex colus. Lin. 23. Pyrule. Pjrula. Coq. subpyriforme , canaliculée à sa base , sans bourelets constans, et ayant sa partie ventrue plus voisine de son sommet que de sa base ; spire courte , columelle lisse , bord droit sans écliancrure. Bulla ficus. Lin. 24. Fasciolaire. Fasciolaria. Coq. subfusifbrme , canaliculée à sa base , sans boureîet , et ayant sur la columelle deux du trois plis égaux , très- obliques. Murex tulipa. Lin. ■2.5. TiTRBiNELLE. Turbinella. Coq. Subturbinée , canaliculée à sa base , et ayant siu* la columelle trois à cinq plis inégaux , comprimés , trans- verses. Voluta pyrum. Lin.' 26. Pleurotome. Pleurotoma. Coq. fusiforme ou tnrrlculée, canaliculée à sa base , sans bourelet , et ayant une écliancrure ou un sinus vers le sommet de son bord droit. Murex Bahylonius. Lin, 27. Cerite. Cerithium. Coq. turrlculée ; l'ouverture terminée à sa base par un ca- nal court , brusquement recourbé , ou subitement tronqué. Murex aluco. Lia. 1 10 y4 NOUVEL T. E CLASSIFÏCATION Ouverture entière ^ n'ayant à sa base ni échancrure ni canal, 28. Toupie. Trochus. ' Coq. conique; l'ouverture presque quadrangulalrc ou ap- platie transversalement ; coluincUe oblique sur le plan de la baie. Trochus nilaticus. Lin. 29. Cadrax. Solarium. Coq. conique déprimée , ayant un omliillc ouvert et cré- nelé sur le bord interne des tours de spire ; ouverture presque quadrangiilaire. Trochus pcrspcctivus. Lin. 30. Sabot. Turbo. Coq. conoïde ou turriculéo ; l'ouverture entière arrondie , sans aucune dent; les deux bords disjoints dans leur partie supérieure. Turbo marmoratus. Lin. Le BUrgau. 31 • MoKODONTE. Monodonta. Coq. ovale ou conoïde ; l'ouverture entière , arrondie et munie d'une dent formée par la base tronquée et sail- lante de la columelle ; les deux bords' disjoints. TrocJiua labio. Lin. ■ 02. Cycxostome. C\clostoma. Coq. de diverse forme ; l'ouverture ronde ou preque ronde ; les deux bords réunis clrculalr émeut. Turbo scalaris. Lin. Le scalata. 33. TuRBiTELLE. Tutritella. Coc^. turriculée ; l'ouverture arrondie, enllcre , mais ayant un slmis au bord droit. Turbo terebra. Lin. DES COQUILLES, 75 34- Janthine. Janthina. Coq. siibglobulense , cliapliane j l'ouverture triangulaire j un sinus anguleux au Lord droit. Hélix jajilhhia. Lin. 35. Bulle. Bulla. Coq. bombée , à spire non saillante , et à bord droit tran- chant ; ouverture aussi longue que la coqiiille 5 point d'ombilic infërieurement. Huila ampulla. Lin. La muscade. 36. BuLiME. Bullmus. Coq. ovale ou oblongue ; l'ouverture entière , plus longue que large , à columelle lisse , sans plis , sans troncature et sans évasement de sa Imse. Bullmus hœmastomus. Scop. délie, i. t. 23 , f. i , 3, 37. AoATiiiNE. Achatina. Coq. ovale ou oblongue ; l'ouverture entière , plus longue que large ; la columelle lisse , sans plis , mais tronquée à sa base. Bulla achatina. Lin; 08. Lymnée. Lymiiœa. Coq. oblongue , submrriculée 5 l'ouverture entière , plus longue que large ; partie inférieure du bord droit , re- montant en rentrant dans l'ouverture , et formant sur la columelle un pli très-oblique. Hélix stagnalis. Lin. 3g. Melanie. Melania. Coq. turriculée ; l'ouverture entière ,. ovale ou oblongue, évasée à la base de la columelle. Hélix ainamla. Lin. "6 IfOrVEllï CLASSIFICATION 40. PyRAMiDELLi:. T\ramidella. Coq. turrlculée ; l'ouvertiire entière , demi-ovale j la columelle saillante, munie de trois plis transverses , et perforée ù sa base. Trochus dolabratus. Lia. 41. AvaicOLE. Auricula. Coq. ovale ou oblongue ; l'ouverture entière plus longue que large , retrécie supérieurement ; un ou plusieurs plis sm- la columelle , indépeudans du bord droit remon- tant sur le gauche. Voluta auris midœ. Lin. ^42. Ampullaire. Ampullarla. Coq. globuleuse , ventrue , ombiiiquée à sa base , sans callosité à la lèvre gauche ; ouverture entière, plus longue que large. Hélix ampullacea. Lin. Le cordon bleu. ^3. Planoheb. Flanorbis, Coq. discoïde, à spire non saillante, applatie on enfoncée; l'ouverture entière , ])lus longue que large , échancrée latéralement par la saillie convexe de l'avant-dernier tour. Helij: cornu arirth. Lm. 44. Hélice. Hélix. Coq. globuleuse ou orblculairc , à spire convexe ou co- noïde ; l'ouverture entière , plus l.irge que longue , échancrée supérieurement par la saillie convexe de l'avant-dernier tour. Hélix nemoralis. Lin, 45. IIelicine. HelUina. Coq. subglobuleuse , non ombiiiquée j l'ouverture entière DESCOQUILLES. 'J1 demi-ovale j columelle calleuse , compiimée inférieu-; rement. • • • • \6, Nehite. Neriia. Coq. sémi-globuleuse , applatie eii' dessous , non omLili- quée ; ouverture entière , demi-ronde j la columelle sub- transverse. Nerita exuvia. Lin. '/^j. Natice. Natica. Coq. subglobuleuse , omblliquée , à lèvre gauclie calleuse vers l'ombilic 5 ouverture demi-ronde ; la coluiueUe oblique non dentée. Nerita caiirena- Lin. 48. SiGARET. Sigaretus. Coq. ovale , déprimée , presqu'auriforme , à columelle courte et en spirale ; ouverture entière , très - amjile , évasée vers le sommet de la lèvre droite , plus longue que large. Hélix haliotoidea. Lin. '4^. Stomate. Stomatia. Coq. ovale , aurif'orme , à spire prominente ; ouverture ample , entière , plus longue que large 5 disque imjier- f'oré. Haliotis imperferata. Chemn. Xjt. 166, f. 1600, 1601-. 5o. Haeiotide. H-aliotis. Coq. applatie , aurilbrme , à spire très-basse ; ouverture très-ample , plus longue que large ; disque percé de trous, dispBsés sur une ligne parallèle au bord gaucbe, Haliotis tuhenuhta. Lin. Oreille de mci. l/U-i-xC-iA-.'^ '^;" 78 NOCVEI. LE CtASSIrtC.VTION 5i. PATELLr. PateUcT. Coq. en bouclier ou en bonnet, sans spire compleUe , en- tière à son sommet , concave et simple en-dessous. Fatella granularis. Lin. L'œil de bouc. •52. FissiTRELLE. F'issurella. Con. en bouclier , sans spire quelconque , concave en- dessous , et percée au sommet d'un trou ovale ou oblong. Fatella ninihosa. Lin. Le trou de serrure. 53. CnEriDUi.E. Crepidula. Coq. ovale ou oblongue, convexe en-dessus, et à spire in~ complette, inclinée sur le bord ; la cavité interrompue partiellement par un diaphragme simple , non en spirale. Patella fomicata. Lin. 5.-(. C^LYPTRÉE. Cal^ptrœa. Coq. conoïde, à sommet vertical , entier et en pointe ; la cavité munie d'une languette en cornet , ou d'un dia- pliragme en spirale. Fatella chincnsis. Lin. 55. Dentale. Dcntalium. Coq. tubuleuse , régulière , en cône alongé , légèrement arquée , et ouvert© atut deux bouts. Detttalium elephantinum. Lin. se. Vermicolaire. Vermicularia. Coq. tubuleuse, contournée régulièrement en spirale à son origine, et entière dans toute sa longueur j ouvcrtuic suborbiculaire. Serpula lumbricalis. Lin. 5j. SiLiQCAiRE. SWiquaria. Coq. tubuleuse , contournée en spirale vers son origine , DESCÛQUILLES.' nq et divisée latéralement sur toute sa longueur par une fente étroite ; ouverture suborbiculaire. Serpuîa angtiina* Lin, 58. Arrosoir. Penlcillus. Coq. tiibuleuse, grêle et un peu en spirale- à son origine ; ayant l'extrcmité antérieure en massue , et terminée par par un disque convexe , garni de petits tubes peribrés. Serpula pénis. Lin. 59. Argonaute. Argonauta. Coq. très-mince , naviculaire , involute , à spire rentrant dans l'ouverture , à carène double et tuberculeuse. ArgoTiauta argo. Lin. La Nautile 2>apyracée. (i) COQUILLES MULTIL OCULAIRE S. Co. Nautile.- Nautilus. Coq. en spirale , subdiscoïde , dont le dernier tour enve- loppe les autres , et dont les parois sont simples ; logea nombreuses , formées par des .cloisons transverses simples, et dont le disque est perforé par un tube. Nautilus Pompilius. Lin. la Nautile chambrée. 61. Nautii^iiis. ]SauùiiCf;^. Coq. en spirale , suljdiscoïde , dont le dernier tour enve- loppe les autres , et dont les parois sont articulées par des sutures sinueuses ; cloisons transverses , lobées dans leur contour , et percées par un tid^e marginal. N. Cl. Ammonite. Aininoiùtes. Coq. en spirale , discoïde , à tours contigus , et ayant les parois articulées par des sutures sinueuses j cloisons 8o N O U V E I ». E C I. * S S r ? I C A T I O TT transverses , lobées et découpées dans leur contour , et percées par un tube marginal. Ammonites. . . Briig. dict. Ust. Conch. t. io44. 63. Planorditb. Planorbites. Coq. en spirale, discoïde, à tours contîgus , et ayant les parois simples ; cloisons transverses , entières, peu écar- tées les unes des autres. PL 64. Camerine. Camerina. Coq. lenticulaire , discoïde, à parois simples , recouvrant tous les tours ; loges nombreuses , formées par des cloi- sons transverses imperforées. Cumcrina Icevigata. Brug. Pierre numismalfi. 65. Spirule. Spirula. Coq. partiellement ou complètement en spirale , et dont au moins le dernier tour est séparé ; loges transverses, simples , dont le disque est percé par un tube. Nautilus spirula. Lin. 66. Baculite. Baculkes. Coq. droite, cylindracée, légèrement conique , à parois articulées par des sutures sinueuses ; cloisons trans- verses , Imperforées , lobées et découpées dans leur con- tour ; point de tube ni de gouttière à l'extérieur. B. 67. Orthocère. Orthocera. Coq. droite ou arquée, plus ou moins conique ; loges dis- tinctes , formées par des cloisons transverses , simples, perforées par un tube , soit central , soit latéral. K«utilus Raphanus. Lin. DESCOQUILLES. 8t 68. Outhoceratite. 'Orthoceratites. Coq. conique , droite ou arquée , munie intérieurement de cloisons transverses , et de deux arrêtes longitudinales oljtuses , convergentes j la dernière loge lermée par un opercule. 69. Belemnite. Belemnites. Co([. droite , en cône alongé , pointue , pleine au sommet , et munie d'une gouttière latérale ; une seule loge appa- rente et conique, les anciennes ayant été successivement effacées par la contigTiité et l'empilement des cloisons. ** COQUILLES BIVALVES, (a) COQUILLES IRRÉGULIÈRES. 70. AcARDB. u4cardo. Coq. composée de deux valves horizontales et égales, n'ayant ni charnière ni ligament. Acarde comprimée, Brug. dict. p. i, t. 173. 71. Ostracitj:. Ostracites. Coq. inéquivalve, striée à l'extérieur ; la valve inférieure turbinée ; la supérieure convexe ou conique ; point de charnière ni de ligament. 72, Came. Chaîna. Coq. adhérente, inéquivalve ; charnière composée d'une seule dent très-épaisse et oblique. Chama lazanis. Lin. Le gâteau feuilleté. 73. Huître. Ostrea. Coq. adhérente , iuéquiyalve ; charnière sans dent 5 une Ca WOUVEI.I.E CLASSIFICATION fossette oblongue, sillonnée en travers , donnant attache au ligament. Ostrea edulis. Lin. 74. VuLSELLE. Vulsella. Coq. libre, longitudinale, subéquivalve ; cbamière sans dent, calleuse, déprimée ; fossette du ligament arrondie ou conique, terminée par un bec arqué très-court. Mya vuUella- Lin. 75. Marteau. Maliens. Coq. libre, un peu bâillante près de ses crocliets, se fixant par un byssus , et ayant ses valves de même grandeur j charnière sans dent , calleuse j munie d'une fossette co- nique , posée obliquement; sur le bord de chaque valve. Ostrea malleus, Lio. 76. AvicuLE. Avicula. Coq. libre, un peu bâillante vers ses crochets, se fixant par un byssus , et ayant ses valves d'inégale grandeur ; charnière sans dent , calleuse ; fossette du ligament oblongue, marginale, et parallèle au bord qui la sou- tient. Mytilus hirundo. Lin. 77. Pebxe. Periia. Coq. libre, applatle ; charnière composée de plusieurs dents linéaires, parallèles, non articulées, rangées siur une ligne droite , transverse. Ostrea cphipium. Lin. 78. PiAcuKE. Placuna. Coq. libre , applatie ; charnière intérieure , composée de deux côtes tranchantes et divergentes en forme de V. Anomia placenta. Lin. DESCOQUII.I.ES. 83 79' Anomie. Anomia. Coq. inéqnivalve , adhérente par son opercule ; la valve inférieure percée ou[échancrée à son crochet , se fermant par un petit opercule fixé sur des corps étrangers, et qui donne attache au ligament. Anomia ephipium. Lin. La pelure d'oigaon. 80. Cranie. Crania. Coq. composée de deux valves inégales ; l'inférieure presque plane et suborbiculaire , est percée , en sa face interne , de trois trous inégaux et obliques ; la supé- rieure , très-convexe , est munie intérieurement de deux callosités saillantes. Anomia craniolaris . Lin. (i) COQUILLES RÉGULIÈRES. 81. Mye. Mya. Coq. transverse , bâillante ; valve gauche munie d'une dent cardinale , comprimée , arrondie , perpendiculaire à la valve, donnant attache au ligament. Mya truncata. Lin. 8a. SoLSN. Solen. Coq. transverse , à bord supérieur droit ou presque droit , bâillante aux deux extrémités ; deux ou trois dents en tout à la charnière , fournies par les deux valves. Solen -vagina. Lin. Manche à couteau. 83. Glycimère. Glycînieris. Coq. transverse, 1)âillante aux deux extrémités ; charnière sans dents , calleuse , protubérante. Mya glycimeris. Boin, mus. t. j, f. 8. 84 KOTTA'ELLE CI-ASSiriCATION B4- Sancdinolaire. Sanguinolaria. Coq. transverse, à bord supérieur arqué, un peu hùlllante atix extrémités ; deux dents cardinales articulées et rapprochées sur chaque valye. Solen sangvinolcntus. Gmel. syst. nat. 5, p. Su?. 9>5. Catsk. Capsa. Coq. transverse ; deux dents cardinales sur une valve ; «ne dent interposée ou intrante sur la valve opposée. Tellina angulata. Lin. 86. Telline. Tellina. Coq. transverse ou orbiculaire, ayant un pli sur le côté antérieur ; une ou deux dents cardinales j deux dents latérales écartées. Tellina virgata. Lin. 87. LcciNE. Luc'ina. Coq. suborbiculaire , n'ayant point de pli sur le côté anté- rieur ; dents cardinales variables ; deux dents latérales écartées. Venus edentula. Lin. 88. Ctceade. Cyclas. Coq. suborbiculaire ou un peu tr.insvcrse, équlvalve, sanS pli sur le côté antérieur; deux ou trois dents cardinales; dents latérales alongées , lamelliformes et intrantes. Tellina cornca. Lin. 89. VÉNUS. Venus. Coq. suborbicidaire ou trnnsverse ; trois dents cardinales rapprochées, dont les latérales sont plus ou moins di- vergentes. Venus mcrcenaàa. Lin. «ESCOQUTLLES. 85 90. Mérêtrice. Meretrlx. Coq. subtransverse ou orbicnlaire ; trois dents cardinales rapprochées , et une dent isolée située sous la lunule. Venus meretrix. Lin. 91. DoNACE. Donax. Coq. transverse , inéquilatérale ; deux dents cardinales sur la valve gauche , et une ou deux dents latérales écartées sur chaque valve. Donax trunculus. Lin. 92. Mactre. Alactra. Coq. transverse, inéquilatérale et un peu bâillante 5 dent ^ cardinale pliée en gouttière , s'articulant sur celle de la valve opposée , et accompagnant une • fossette pour le ligament ; deux dents latérales comprime» et intrantes. Altictja stuitorum. Lin, 90. LuTRAiRE. Lutrarîa, «. Coq. transverse f inéquilatérale , bâillante aux extrémités ; deux dents cardinales obliques et divergentes, accom- pagnant une large fossette pour le ligament; dents laté- rales nulles , ou contiguës à la fossette., T^actra îutraria. Lin. 94- Paphie. Taj)hia. Coq. subtransverse, inéquilatérale, à valves closes; fos- sette du ligament située sous les crochets entre les dents de la charnière , ou près d'elles. 95. Crassatelle. Crassatella. Coq. inéquilatérale, subtransverse , à valves closes , munie d'une lunule et d'un corselet enfoncés ; fossette du liga- S6 N o i' V E ;. I. E, c j. A s s r fi C'A t i o h ment placée sous les crochets, au-dessus des dents do la charnière. Mactm cygnea. Chemn. 6 , t. 21 , f. 207. 96. EcCARDE. Cardium. Coq. subcordil'orme , à valves dentées en leur bord ; char- nière à quatre dents, dont deux cardinales rapprochées et obli(|uès dur chad[ue valve , s'articulent en croix avec leurs correspondantes ; denta latérales écartées et in- trantes. Cardium aculeatum. Lin. 97. IsocAKDE. Isocardia. Coq. cordiibrme , à crochets écartés , unilatéraux , roulés et divertrens ; deux dents cardinales applaties et intrantes ; une dent latérale isolée , située sous le corcelet. Chama cor. Lin. 98. Cardite. Cardita. Coq. inéquilatérale ; charnière à deux dents inégales, dont une courte, située sous les crochets, et une longitudinale , se pi'olongeant sous le corcelet. Chama calyculata. Lin. 99. Tridacne Tridacna. Coq. inéquilatérale, subtransverso ; cliarnîère à deux dents comprimées et intrantes ; Ituiule bâillante. Chama gigas. Lin. La tuilée. 100. HippoPE. Hippopus. Coq. inéquilatérale, subtransversc ; charnière à deux dents comprimées et intrantes ; lunule pleine. Chama hippopus. Lin. Le chou. loi. Triconie. Trigonia. Coq. inéquilatérale , subtrigone ; charnière à deux grosses DESCOQUILtES. 87 dents plates, divergentes, et sillonnées transversalement. Trigonia... Eiicycl. t, oZj. Naturforsch. i5= livraison , t. iv. 102. Akche. Arca. Coq. transverse, inéquilatérale ; cliàrnière en ligne droite; garnie de dents nombreuses , sériales , parallèles et arti- culées ; ligament extérieiir. Arca. Noe, Lin. io3. PÉTONCLE. Tectunculus, Coq. orbiculaire, subéqullatérale ; cliàrnière en ligne courije , garnie de dents nombreuses, sériales , obliques, et articulées ; ligament extérieur. Arca pectunculus . Lin. 104. NucuLE. Nucula. Coq. presque triangidaire , inéquilatérale ; cliàrnière en ligne brisée, garnie de dents nombreuses, traaisverses , parallèles ; une dent cardinale oblique, en gouttière et bors de rangs; les crocliets contigus, tournés en arrière, Arca nucîeus* Lin. 105. MuLETTE. Unio. Coq. transverse , ayant trois impressions musculaires ; une dent cardinale irrégulière , calleuse , artiçu.lée , se pro- longeant sous le corcelet. Mya margaritifera. Lin. Î06. Anodonte. Anodonta. Coq. transverse , ayant trois impressions musculaires ; charnière simple , sans aucune dent. Mytilus cygncus. Lin. 107. MoDiOLE. Modiolus. Coq. subtransverse , à côté postérieur extrêmement court, et à crochets abaissés sur le côté court de la coquille ; Ç8 NOUVET. T, KOI. ASSTriRATIOH une seule impression inuscuhiirc j clianiitïre simple, sans dent. Mytilus modiolus. 108. Mûui/E. Mytilus. Gxj. longitudinale, à crochets terminaux, saillans et en pointe , et se lixant par un hyssus ; une seule lni[iression muscidiiire ; charnière le plus souvent édcniée. Mytilus edulis. Lin. 109. PiNNE. Puma. Coq. longitudinale, cunéiforme, pointue à sa base, hâll- lante en son hord supérieur , et se lixant par un byssus ; charnière sans dent ; ligament latéral , fort long. Pinna rudis. Lin. ,, 110. Houlette. Pedum. Coq. inéquivalve ; charnière sans dent ; ligament extérieur, attaché dans une goiittière ; valve inférieure échancrée. Ostrea spondyloîdea. Chemn. 8, t. 72, f. 669 et 670. Jii. Lime. Lima. Coq. inéquilatérale , auriculée ,un peu bâillante d'un côté . charnière sans dent, ligament extérieur, crochets écartés. Ostrea lima. Lin. lis. Peigne. Pecten. Coq. auriculée , subinéquivalve , à crocliets contîgus ; charnière sans dent ; ligament intérieur , fixé dans une fossette. Ostrea Jacobaca. Lin. ji3. Pandore. Pandora. Cof|. inéquivalve et inéquilatérale ; deux dents cardinaleg oblongues et divergentes , à la valve stq^éricure j deux fossettes oblongues à l'autre valve. Tellina inacquivalvis. Lin. DESCOQUILIES. 89 ii4- CoRBui.E. Corbula. Coq. inéquivalve , subtransverse , libre; une dent cardi- nale , conique , courbe , articulée. Corbula. . . Encyclop. t. 23o. 11 5. Terebratule. Terebratula. Coq. inéquivale, se fixant par un ligament ou un tube court ; la plus grande valve perforée ou échancrée à sou crochet . qui est prominent , presqu'en forme de bec } charnière à deux dents. Anomia terebratula. Lin, 116. Calceoi.e. Calceola, Coq. inéquivale , turbinée , applatie sur le dos \ la plus grande valve en demi - sandale , ayant à la charnière une à trois petites dents; la plus petite valve plane, sémi- orbiculaire, en forme d'opercule. Anomia sandalium. Gmel. syst. nat. 4> p- 349. 117. IIyale. Hyalœa. Coq. inéquivalve , bomljée , transparente , baillante sous son crochet , tricuspidée à sa base , et ayant ses valves connées. Anomia tridcntata- Fotsk. p. 124. et ic. t. ^o. f. 6. 118. Oreicule. Orbicula. Coq. orbiculaire , applatie , fixée ; valve inférieure très- mince, adhérente aux corps marins; charnière inconnue. Patella anomala. Mull. zool. dan. 1. p. 14. t. 5, f. i — 7. 119. LiNcuLE. Lingula. Coq. longitudinale, applatie , tronquée antérieurement; charnière sans dent ; les crochets pointus , droits , réunis à un tube tendineux qui sert de ligament aux valves et à fixer la coquille. Patella un£uis. Lin. Seba mus, 3 } t. 16 , n». 4- ï. 12 90 XOCVELLK CI-ASSiriCATIOV, CtC. *♦* COQUILLES MULTIVAL\*ES. 120. Pholade. Tholas. Deux grandes valves transversos , bâillantes , et une on plusieurs petites valves articulées avec les grandes , et placées sur le ligament ou à la charnière. Pholas dactylos. Lin. 121. Char. Giœtila. Trois valves inégales, concaves en-dehors , écartées par leurs extrémités, et réunies par leur centre à l'animal qui tient lieu d'axe commun. Giœnia. . . . Encyclop. t. 170. 122. Tabet. Teredo. Coq. tuhulée , cylindrique , ouverte aux deux bouts ; l'ori- fice inférieur , muni de deux valves en losange , et le supérieur de deux opercules spatules. Teredo navalis. Lin. 123. FiSTULANE. Fistulana. Coq. tubulée , en massue , ouverte à son extrémité grôle , et contenant dans sa cavité deux valves non adhérentes. Teredo clava. Gmel. syst. nat. 4- p. 3748. J24. OsCABRIOK. ChitOll. Coq. elliptique, composée de plusieurs valves transverses, imbriquées, et réunies à leurs extrémités par un liga- ment circulaire. Chiton tubcrculatui. Lin. ïaS. BALAyE. Balanus. Coq. conique, fixée par sa base, et composée de' six alves SUR LES P R O LO N G EÎM E N S FRONTAUX, etC. 9I articulées; l'ouverture feimée par un opercule q^uadri- valve. Lepas Balanus. Lin, 126, Anatife. Anailfa. Coq. cunéiforme, composée de plusieurs valves inégales, réunies à l'extrémité d'un tube tendineux , fixé par sa base ; ouverture sans opercule. Lepas Analifira. Lin. MEMOIRE SUR LES PROLONGEMENS FRONTAUX DES ANIMAUX RUMINANS. Par le citoyen Geoffroy , professeur de zoologie au muséum national d'histoire naturelle. \j N des résultats les plus utiles où doivent tendre les efforts des naturalistes , est l'avancement de la science sublime des fonctions animales. Dans l'état actuel de nos connolssances on ne peut plus guère se contenter de faire des observations sur l'homme, et d'é- tudier dans ses diverses maladies les causes et les effets de l'organisation humaine : le physiologiste est obligé de i'aire de tous les animaux l'objet de ses études. C'est là qu'il trou- vera mille formes diverses qui lui feront mieux connoître le mécanisme et le jeu des organes. C'est ainsi que j'ai imaginé (|u'en faisant des recherches sur les prolongemens de l'os frontal 02 SIR LES rROLOXCEJIENS TP. ON TAUX des ruCTiinans on pouvoit parvenir à jeter quelque jour sur la formation des os. Je vais vous exposer toutes les observations que j'ai faites dans cette vue : j'avertis que je suis bien loin de me croire parvenu au but auquel j'entrevois que des liommcs de eénie pourront arriver , et que je n'ai pas moi-mOme fait toutes les recherches dont je crois mon sujet susceptilile ; je vais cependant vous présenter quelques observations et vous soumettre quelques points de théorie , dans la vue de m'eu- tonrer de vos lumières. Les runiinans se divisent , comme on sait , en ])lusieurs oenrcs , dont trois entr' autres se distinguent par la nature des cornes dont leur tète est ornée. Le premier de ces genres est le cerf ( cervus , L. ) , dont les cornes ou le bois tombent et se renouvellent tous les ans, et qui, au jnomcnt de la pousse , sont recouverts par de la psau et du poil. Le second genre , est la giralfe {^giraffa ^ L. ) , dont les cornes sont permanentes et recouvertes par des téginnens semblables à ceux du cerf. Le troisième genre est celui qui comprend les antilopes , les bœuis , les brebis, etc. que je désignerai sous le nom d'animaux cornus : ceux - ci ont , comme la giraffe , le prolongement frontal toujours permanent ; mais il est enveloppé par une corne , continuation de l'éplderme et de même nature que les ongles cl les poils. On a cru jusqu'ici que ces trois familles étoient très-éloî- snées dans leurs ra]iports, et que leurs princi])ales différences, considérées dans les cornes , n'avoient entre elles aucune ana- logie. Bulfon qui est le seul , que je sache , qui ait cherché à expliquer la formation des cornes de cerf, la compare à celle du bois, d'un arbre. « La corne ou le bois de cerf, dit-il , ne 55 s'étend que par l'une de ses extrémités 5 l'autre lui sert de » point d'appui. 11 est d'aljord tendre comme l'herbe et se 5> durcit ensuite comme le Ijois : la peau qui s'étend et qui » croît avec lui est son ëcorce, et il s'en dépouille lorsqu'il a i> pris son entier accroissement ; tant qu'il croît , l'extrémité DES \ ~< 1 jI a t" X K V ÎI I K A N S. 90 » supérieure demeure toujours molle. Il se divise aussi en ])lu- " sieurs rameaux : le merain est l'arbre , les andouilltrs en » sout les branches. En un mot , tout est semblable , tout est » conforme dans le développement et dans l'accroissement de » l'un et de l'autre , et dès-lors les molécules organicpies re- >' tiennent encore l'empreinte du végétal , parce qu'elles s'ar- >» rangent de la même façon que dans les végétaux jj. Autant vaudroit-il dire que les coraux sont de la nature du bois , parce qu'ils se ramillent comme lui. On se persuade aisément , d'après cette explication, que Buffon avait négligé d'oljservcr la contexture intérieure du bois de cerf, et qu'il n'en avait jugé que par son port et sa physionomie , ainsi qu'en ont toujours agi les premiers ob- servateurs. Je suis Inen loin de blâmer ces premiers savans : ayant tout à observer , ils dévoient naturellement ne s'atta- cher qu'aux seules parties extérieures. On abandonna leur métliodc dès qu'on sut qu'elle ue doimeroit pas une idée assez précise des êtres. De même, si dans la vue de clierclier à connoître l'orsani- sation du bois de cerf, nous faisons faire des coupes , nous trouverons que ce bois est un os parfaitement semljlaijle à celui des os longs des animaux j qu'il est composé, du moins à l'intérieur, de la partie réticulaire et extérieurement de la partie compacte qui a la dureté, la consistance et la Ijlanckeur de l'ivoire. Dans le cerf ordinaire , dont le merain a généralement un pouce et demi de diamètre, la partie compacte n'a que trois lignes , la partie réticulaire est noirâtre , et d'un tissu assez, serré ; cette partie réticulaire , au moment de la chute du bois , semble être sur le point de devenir compacte. Dans le daim , la partie compacte est beaucoup plus con- sidérable que dans le cerf ; elle l'est même bien davantage que la partie réticulaire noirâtre et d'un tissu assez serré. Dans le chevreuil, le volume comparatif de l'une et de l'autre 9i slR lES rnÛLONGE.MJSNS FRONTAUX est i\ pou |uôs le niCiiiej cependant la piirtic rcLiculaire paroît avoir plus de durctc. Danslo ronne, l'ornanisation ihi bois est la uiî*iiio «me danslo daim ; la jiaitie compacte l'emporte de l)eaiicoup sur la partie rétîculaire : on remarque cependant une iliiiërence assez sen- sible , c'est que la couche interne de la partie compacte est brune ; j'ai éprouvé qu'elle n'était pas aussi dure que la couche externe. Je présiune que c'est une portion de la partie réti- culaire qui est devenue en partie compacte. Des observations qui seront raj)portées dans la suite de ce mémoire , m'ont con- vaincu que l'expression de substance conqiacte et de subs- tance ivtioulaire , employée par les physioloj^istes , est vicieuse ; qu'il n'y a qu'une sexde substance osseuse qui pivnd un arran- gement, \m tissu dillérent et dépendant de l'accroissement de l'os ; et qti'enliii il est des circonstances où la partie réticulaire acquiert de la compacité , comme cet exemple tiré du renne semble l'indiquer , et comme je le prouverai dans la suite. La texture du bois de lelan , diilère entièrement de celle des bois dont nous venons de parler ; il est entièrement com- pact : on dislinjtie cependant une partie noirâtre un peu plus tendre , qui n'a pas deux lignes d'épaisseur , et qui est placée .\ deux lignes de la couche externe. La partie compacté de celte couche a plus de dureté que l'extérieur du bois. Nous ne devons plus i^trc étonnés du poids ënonuo du bois des élans, toute celle masse étant entièrement solide. Mais il ne suffit pas , pour démontrer que les bois des es- pèces du genre cenus sont entièrement osseux , de se borner i\ l'examen de leur contexture. La preuve en sera évidente , si , en les comparant à des os bien reconnus pour tels , ils leur sont entièrement semblables. On n'est sûrement pas tenté de me nier que les pvolonge- mens de l'os coronal des animaux cornus no soient osseux : ces prolongemens se manifestent sur-tont de deux man.ières , \). l'extérieur oix ils sont entièrement creux , comme dans les Ses animaux r ir ji i tî a n s. 9^ bœufs , les béliers , les bouquetins , ou complettement solides, comme clans le condoma ( antilope strepci.ceros ) ; le tzeiran , ( ant. pygarga ) ; le pasan , ( anC. or^x ) ; le coudous , ( ant. orcas ). Les prolongeniens osseux dans les bœufs, etc. sont en com- munication avec les siiuis frontaux ; leur intérieur est divisé par des lames osseuses plus ou moins nombreuses , suivant les espèces, et tout-à-fait semblables à celles des sinus frontaux : au contraire toute la masse du prolongement osseux qui est complettement solide, est composée , comme dans le cerf, de partie compacte et de partie réticulaire. Il paroit que ce n'est qu'avec le temps que la partie compacte , par un dépôt continuel de phosphate calcaire , acquiert assez d'étendue pour l'emporter du double sur la partie réticulaire , et assez de du- reté pour offrir une contexture qui ne dilïère en rien de l'ivoire. J'ai observé plusieurs prolongemens osseux de condomas, je les ai vus plus ou moins durs , plus ou moins réticulaircs : l'intérieur de la partie réticulaire paroît percé de trous pour le passage des vaisseaux sanguins. Pour avoir une idée complette de l'organisation des prolonge - meus osseux , il fallait connoître ceux de la giralfe : j'en ai fait scier un , et je l'ai trouvé complettement compact ; sa contexture paroît très- semblable à l'ivoire , et sa dureté la surpasse. Cet os de la corne étoit remarquable par un grand nombre de trous plus ou moùis gros , pour le passage des vaisseaux sanguins , et c'est un fait dont je ne puis douter , puisque j'ai détaché de leur cavité longitudinale quelques artères qui y étoient desséchés. Cependant Allamand a voit fait scier des cornes de giraffe, il les avoit trouvées entièrement scmblaUes au bois des cerfs , formées d'une lame dure qui en fait la surface extérieure, et qui renferme au-dedans un tissu spongieux. Son observation n'offre rien de contradictoire à la mienne , car il vit une gi- plî S0R LES PnOlONCEMENS FROîfTAUX raiï'e très-jeune , et celle que j'ai observée étoit entièrement adulte. Les prolongemens osseux de la gîraffe n'ont point de mus- cles ; ils ne sont pas remarquables i)ar de longs sillons qui sont l'empreinte du passage dos vaisseaux sanguins : mais ces prolongemens sont très tuljcrculeux et percés de trous , pour le passage des vaisseaux qui pénètrent dans l'intérieur en re- montant vers le liaut ; enfin le quart inlérieur de la corne de la giraf'fe est creux et en connnunication avec les sinus fron- taux ; les parois de cette cavité sont lisses. Il y a quelques lames osseuses rares et épaisses , comme dans les sinus. Des cornes survenues ù une chevrette , persistantes comme dans la giraffe , entourées de même par de la peau, avaient à l'intérieur la laème contexture que les cornes de la giraffe. Il suit de ces observations sur les cornes des giraffés , i». que la partie réticidalre et spongieuse acquiert avec l'âge assez de consistance pour devenir compacte : 2.". qu'une vieille corne de giraffe est toute semblable aux grandes dents des éléphans , des morses et des iilppopotamcs j 3". que cette corne est en- core dans un rapport parfait aveo les bois des cerfs et les pro- longemens osseux des animaux cornus , puisque jeune elle leur ressemble j que nous avons d'ailleurs remarqué dans l'es- pèce du cerf que le temps seid manquoit pour que toute la partie réticulaire l'ût soUdltiée ; que cette partie réticulaire est entièrement dans l'élan ; et qu'enlin dans la giraffe, elle se rem- plit peu à peu de la même manière que dans le condomas. 4". Que ja même différence de la corne de la giraffe et du bois des cerfs provient de ce que celle-là persiste sm- la tête de l'animal et que le i)ois du cerf tombe chaque année ; mais ceci tient à la ma- nière dont les vaisseaux nourriciers tapissent les côtés ou pé- nètrent l'intérieur , comme j'essaierai d'en donner la dé- monstration. Je crois , d'après ces observations , avoir établi que les IjùIs des cerfs , les cornes de la giraffe , et les prolongemens DES A N r II A. u X n u M r N A N S. 97 osseux des animaux corirus sont absolument de même na- ture. Actuellement je me propose de rechercher à quoi tient la chute et le renouvellement du bois des ceri's ; je sens de combien de difficultés un semblable sujet est susceptible , et qu'il nie sera pins aise d'exclure la plujiart des explications les plus vrai- semblables que d'apporter une solution complette du pi-oblèmc j mais comptant sur votre indulgence , je vais l'entreprendre. J'ai disséqué un refait de cerf; le premier objet de ma re- cherche a été de savoir si la partie réticulaire commmiiquoit immédiatement avec l'os coronal , et je m'en suis complette- ment assuré : au contraire , les bases des vieux bois sont , un peu au-dessous de la meule, entièrement compactes ; nouvelle preuve que la partie réticulaire passe à l'état comiiacte lors- qu'elle y est déterminée par des circonstances favorables. Je me suis assuré en outre qu'on ne pouvoit pas attribuer la formation de cette lame compacte , ni même celle de la meule, au retour du sang qui , éprouvant autour delà base da bois un engorgement , se seroit extravasé et anroit formé une exostose naturelle à ce même endroit , tout comme l'inter- ruption de la sève produit des bourrelets; car oiitre que j'avais' supposé un engorgement dont j'ignorais la cause , je deva's me rappeler que les vaisseaux veineux ne charient point de phosphate calcaire. Il fallait sur -tout abandonner cette idée qui m'avait séduit au premier abord parce 'qu'elle me four- nissoit l'occasion de tout expliquer, quand je trouvai que la meule étoit formée dès la première époque de l'accroissement du Ijois. Le refait n'ayant jamais été décrit , et me paroissant offri des faits assez curieux et à l'appui de mon opinion sur la na- ture du bois des cerfs , je vais publier la description d'un refait de l'espèce du cerf ( ceruizs eïaphus). Ce refait étoit lono- de 18 centimètres ; il avoit déjà fourni le premier andouiller qui avoit 9 centimètres de longueur ; la circonférence à !a r g^ s f n I K « r R o I, o N c F. SI E î« s frontaux lutule étoit de 18 centimètres ; de 1 3 au-dessus du inemicr andouillcr ; de i5 à l'extrémité , et la ciiconfércnce de l'an- douiiler étoit de 9 ponces. Une peau recouverte par un poil ti'ès - court , doux , assez fourni et de co\ileur gris-brun , enveloppe tout le refait ; cette peau est épaisse de 3 à 4 millimètres dans toute sa longueur ; elle n'avait que le tiers de cette épaisseur sur la meule , ensorte que celle-ci s'appercevoit à peine en d?hors ; la peau à l'in- • térieur étoit composée de lames appliquées les unes sur les autres ; l'épaisseur de ces lames internes qu'on détachoit très-lacilement , étoit d'un blanc jaunâtre et paroissoit des- tinée à former la partie compacte du bois ; la coiileur grise de la peau se distinguoit de la couleur de ces lames: c'est entre elles que se ramifient les vaisseaux sanguins , après avoir percé la meule. Dans le relait, la partie réticulaire est plus dure que la couche extérieure destinée à former la partie compacte ; elle l'est sur-tout bien davantage près de la meule , et ce n'est qu'en s'en éloignant qu'elle devient molle de plus en plus , au point qu'à l'extrémité elle cède aisément sous les efl'orts des doigts ; sa couleur est d'un jaune rougeâtre , tirant sur colle de la tuile. Je ne chercherai point à expliquer la cause de l'accroisse- ment des andouillers, mais je dirai qu'ils existent dans le refait; ils s'y manifestent par de grands cul-de-sacs qui m'ont paru vides, mais qui vraisemblablement doivent être remplis de sang dans les animaux vivans. Le haut de ces cul-de-sacs fait une poussée latérale qui est sensible par une légère éminence , c'est le rudiment de l'andouiller : l'extrémité du refait étoit ter- minée par une grande cavité placée à la partie postérieure ; aucun de ces cul-de-sacs ne communiquoit entr'eux : telle est l'organisation d'un refait Je cerf. Quand il vient à croître , on sait qu'il perd les tégumens qui le recouvroient à sa nais- sance , que cette peau tombe par lambeaux desséchés , dont le cerf accélère la chute , en frottant sa tête : cette chute de la DES ANIMAUX R U SI I N A N f. 99 peati a sa cause dans l'accroissement du bois qui l'étend à un tel point qu'elle finit par se déchirer, et dans la privation des vaisseaux sanguins qui ne vont plus l'humecter ni la nourrir. La cause de la disparution des vaisseaux ne me paroît pas aussi évidente : cependant on pourroit l'attribuer , non pas à une oblitération déterminée par l'accroissement de la meule , puis- que les trous des vaisseaux restent toujours ouverts ; mais à la consistance que prennent les lames destinées à former la partie compacte du bois. On se rappelle que les vaisseaux san- guins sont placés au milieu d'elles : lorsqu'elles se nourrissent et s'endurcissent , ainsi qu'il arrive aux lames du périoste dans les os longs , elles compriment les vaisseaux sanguins , empê- chent le sang de continuer son mouvement d'ascension, et le forcent à prendre une autre route. Enfin , au printemps , lorsque les feuilles naissent et com- mencent à parer les forêts , et que 'la terre se couvre d'herbe , le bois tombe. Quelle en peut être la cause ? Peut-on l'attri- buer à une exibliatiou naturelle ? Peut-on penser que le bois , après le sixième mois , découvert de ses tégumens , sans aucune communication avec les vaisseaux nourriciers, meure enfin sur la tête de l'animal ; se détache peu à peu avec le secours du contact de l'air, et celui de son poids et des chocs ? Non , sans doute , puisque le bois persiste toute la vie sur la tête du cerf qui a été soumis à la castration dans le temps où. il étoit muni de son bois. Ce fait nous apprend , sans que nous puissions le bien comprendre , qu'il y a des rapports frappans entre le bois de cerf et les organes de la génération , tout comme dans l'homme entre les organes de la génération et la barbe. Toutes les exjiériences faites dans la vue d'éclairer ce point très-curieux de physiologie , rendent très - vraisemblable l'explication de Buffbn sur l'existence du bois des cerfs. II me paroît que c'est aux mêmes causes qiï'il en faut rapjDor- ter la chute. La surabondance de la nourriture cherchant à s'ouvrir tm passage parles os frontaux, et entraînant avec loo SUR I- r S r K o 1. (1 N f. i; M K N s r n o x t a (■ x elle les té^uiiens formant un Ijois sous le premier , et entourant la base de celui - ci d'humidité , doit délerminer sa chute ; néanmoins cette chute doit être accompagnée de circonstances doit être conservé , et quels sont les caractères qui doivent le distinguer du j?sora/ea. J'observai l'année dernière , dans le jardin du citoyen Cels, une plante légumineuse provenue de graines envoyées de l'Amérique septentrionale par le citoyen Michaux. Cette plante, herbacée , vivace , remarquable par l'élégance de son port , pousse d'une racine rameuse et fibreuse plusieurs tiges simples , cylindriques, glabres, striées, feuillées dans presque toute leur étendue , tombantes , de la grosseur d'une plume de corbeau , et longues environ de sept décimètres. Ses feuilles sont ternées ou ailées avec un petit nombre de folioles linéaires et parsemées de quelques points. Les fleurs , d'une belle couleur pourpre , situées au sommet des tiges , sont d'abord ramassées en tête 5 mais, à mesure qu'elles approchent de leur développement, la tête s'alonge et forme un épi serré , cylindrique. Ces fleurs sont munies d'une bractée ovale , acuminée , concave et ciliée. Leur calyce tubuleux , renflé , soyeux , est divisé à son limbe en cinq dents. La corolle est formée de cinq pétales. Ccku qui représente l'étendard est onguiculé et situé à la base de l'ovaire, tandis que les autres , dont la forme est semblalîle , sont portés sur la gaine formée par la réunion des étamines qui sont au nombre de cinq. L'ovaire , situé entre le pétale libre et la gaîne H2 SDR LE CENnE DALEA. des étamines, est arrondi , comprimé. Le style latéral se termine en uu stigmate pointu. La structure de la corolle de cette plante , si difîérente de celle des autres légumineuses , me parut indiquer l'existence d'un genre nouveau. Néanmoins , comme la plante avoit une grande aflinité avec le psoralea , je crus devoir observer avec attention toutes les espèces que les auteurs ont rapportées à ce genre , et sur-tout le psoralea dalca. Je remanjuai que la structure de la corolle de cette dernière espèce ctoit parfaite- ment conforme à celle de la plante cultivée chez Cels. J'examinai alors si les Botanistes qui ont rétaliU le genre dalea , avoient insisté sur le caractère fourni par la corolle ; mais il suffit de lire leur description pour être convaincu qu'ils se sont attachés uniquement au caractère Iburni par le noml)re des étamines , et qu'ils ont cru que les fleurs du dalea étoient pentandres , tandis qu'il est certain , même d'après la ligure de Vhprtus cliffortianus , qu'elles sont décandres. Nous convenons cepen- dant qu'on trouve quelques espèces de psoralea qui n'ont que cinq étamines: mais, comme ces espèces ont la plus grande affinité avec d'autres qui ont dix étamines , nous pensons que si l'on veut rétablir le genre dalea , il faut s'attacher au caractère fourni par la structure de la corolle qui est exacte- ment la même dans les espèces congénères , quoique ces espèces varient néanmoins entre elles par le nombre des étamines. P s o R A I, E A. Calyce 5-fide. Corolle papilionacée ; pétales 5 , onguiculés , libres et distincts. Étamines lo, monadclphes ou diadelphes. Léqume i-speimc. — Feuilles ailées ou ternées, rarement simples, ponctuées; fleurs quelquefois solitaires et axillalres, plus souvent terminales et di.sposées en lète ou en é{>i. D A I, E A. Calyce 5-ficlc ou 5-dcnié. Pétales 5 , onguiculés; étendard SUR LE GENRE DALEA. 113 libre et distinct , inséré à la base de la gaîne ; ailes et carène dipliylle , attachées au tube formé par la réunion des étamines. Etamines 5-10, monadelphes. Style latéral. Légume i-sperme. — Feuilles ailées , ponctuées ; fleurs disposées en épis serrés. Parmi les espèces qui nous paroissent devoir être rapportées à ce dernier genre, les unes sont connues des Botanistes , telles que les psoralea dalea L. ( spec. pi. ) , lagopus , nutans , tomentosa et citriodora Cav. pi. Hisp. pi. 86, 201 , 1^0 , 2,71 ; les autres , qui sont cultivées chez Cels , ou qui existent dans l'herbier de Jussieu , ne sont pas encore décrites et figurées. La plante dont Jussieu donne une courte description , après avoir exposé les caractères du dalea , est , comme nous l'a appris Michaux , Vanonymos kuhn'icie affinis de Waltlier , (7?. carol. p. 102 ). Lamarck , qui a écrit d'après Walther , en a fait un genre auquel il a donné le nom de kuhnistera. Cette plante a beaucoup d'afïinité avec le dalea ; néanmoins , comme elle présente quelques différences dans son inflorescence et dans les organes de la fructification , ne pourroit-on pas eu former un genre nouveau ? UHNISTERA. Calyce à 5 découpures linéaires et plumeuses. Corolle formée de 5 pétales ; étendard comme dans le dalea ; ailes et carène portées au sommet de la gaîne staminifère. Étamines 5 , mona- delphes. Légume i-sperme, recouvert par le calyce dont les découpures forment une espèce d'aigrette. — Feuilles ailées, ponctuées ; fleurs agrégées , disposées en corymbe ; chaque tête de fleurs environnée d'un grand nombre de bractées qui représentent un calyce commun j port de Veupatoire. / JM E M O I R E Sur les formes cristallines du mercure sulfuré, ou cinabre. Par le citoyen H a u y. Xj e s minéralogistes ont cité des cristaux de mercure sulfuré en cubes (i), en octaèdres (2) et en tétraèdres ou pyramides triangulaires (3). Suivant Rome de l'Isle , les formes cristal- lines de ce minéral paroissent dériver du tétraèdre, ou plutôt de deux tétraèdres réunis par leurs bases (4), et ce célèbre naturaliste dit avoir observé deux modifications de cette forme , l'une où les jiyramides étoient tronquées au sommet , l'autre où ces mêmes pyramides , toujours tronquées , étoient séparées par un prisme triangulaire. D'une autre part , le citoyen Pelletier avoit obtenu de petits cristaux très-distincts de cinabre artificiel , qu'il jugea être des tétraèdres réguliers (5) , et que Rome de l'Isle reconnut pour tels (6). Quoique ces observations parussent annoncer le tétraèdre régulier pour la forme primitive du mercure sulfuré , et qu'il ne fût pas difficile de déduire de cette forme , par des lois simples de décroissement , celles du cube et de l'octaëdre (1) Waller , édit. 1778, t. II, p. i5i. — Linnxiis , Syst. nai. f edit. '77° t P" ''9* — ^^ Born, Catal., t. II, p. 394. ( 3 ) De Born , ibi'd. p. SçS et 394- (3) Id. Lithophyl. 1 , p. 128. (4) T. m, p. .54. (5) Mirii. et observât, de chimie, t. I , p. 32. (6) Cristal., t. m, p. i55,note6. SUR 1.E CINABRE. ni) régulier, j'avois suspendu mon jugement, en attendant une indication plus sûre , celle qui se tire de la division mé- canique. Aussi, ayant divisé depuis des fragmens lamelleux de mercure sulfuré, ai- je reconnu que la véritable forme primitive des cristaux de cette espèce étoit le prisme hexaè- dre régulier , fg: I , nonce dans le Journal J'ai acquis plus ré E tal de mercure suliriré, tement cette même duite par la nature ; est comprimé parallèle ainsi que je l'ai an- des Mines (i). cemment un petit cris- qui présente assez net- forme primitive, pro- seulement le prisme ment à deux de ses pans opposés. D'après la nomenclature que j'ai adoptée, cette variété portera le nom de mercure sulfuré primitif, et son signe représentatif sera M P. II restoit à trouver quelque forme secondaire qui se prê- tât , par sa régularité , à l'application de la théorie. Je suis parvenu à en acquérir un groupe qui venoit de Hongrie, et sur lequel j'ai apperçu très - distinctement la forme re- présentée fgure II. posée de vingt faces, comme les pans d'un gulier ; au-dessus de lèvent , de part et de facettes temées , si Sa surface est com- dont six sont sitviées prisme hexaèdre ré- ces mêmes pans s'é- d'autre , deux rangs tuées alternativement par rapport aux pans et par rapport aux facettes du sommet opposé. Le cristal se termine, de chaque côté , par une face per- pendiculaire à l'axe. La double alternative des facettes dont je viens de parler , m'a suggéré le nom de cette variété , que j'ai ajjpeh-e mercure sulfuré bibisalterne. Son signe représentatif MBicCBAcCP^r.., , .. i_ .g . VOICI la mesure de ses principaux est ( 1 ) N°. XXX , p. 499. 11^ SPHIECINABRE. angles : Incidence de r sur M', i.f^^ 44' 8"; de r sur r , 9o<' ; tle M sur M', 120'' j de z sur M', i33'' 18' 5o'j de zsurP, \'h(i'^ 41' 10". A régarddes dimensions delà molécule Intégrante, qui estun prisme triangulaire équilatéral, j'ai trouvé que, dansl'hyiiothèse fies décroissemens les plus simples, la perpendiculaire menée d'un des angles du triangle de la base sur le côté opposé, étoit à la liautciir du prisme comme 1 à \/^2. 11 est facile de juger , d'après les mesures d'angles qui viennent d'être citées , que la variété dont il s'agit a six de ses faces disposées comme celles d'un cube , savoir les faces r, r. En examinant deptiis d'autres cristaux qui se trouvent dans diverses collections, j'ai conçu qu'ils n'étolent qu'une altération de cette même variété , dans laquelle les faces M,P étoient peu sensibles, elles faces r, z se réunissoient en une seule légèrement curvi- ligne j en sorte que l'ensemble de la forme présentolt , au premier coup d'œil , de l'analogie avec le cube. J'en ai lait une troisième variété , sous le nom de mercure sulfuré curvi- ligne. Ces mêmes cristaux étoient chargés de stries parallèlement aux diagonales horizontales du cube , ce qui servoit encore à déceler la marche de la cristallisation. J'ai retrouvé des indices de la même variété sur des morceaux qui ne présentoient que des pointes de cristaux, saillantes au-dessus de leur gangue. Ainsi une vue nette des objets bien prononcés, semble donner des yeux pour reconnoître ensuite la même forme sous des traits qui ne sont qu'ébauchés. Lorsque les cristaux dont il s'agit sont engagés en grande partie dans leur gangue , de manière qu'il n'y a que leur base supérieure et les trois facettes obliques adjacentes qui soient à découvert, on serolt tenté de les prendre pour une pyramide triangulaire tronquée au sommet. Ne seroit-ce pas une obser- vation de ce genre qui aurolt suggéré à Rome de l'Islc l'idée de rapporter à cette forme la cristallisation du mercure sulfuré. s U R L E C I N A » a E. ] 1^ en supposant , dans la partie inférieure, une seconde pyramide dont les plans répondissent à ceux de la première ? au lieu que sur les cristaux complets cjvie j'ai observés , les plans des deux pyramides alternoient entre eux. A l'égard de l'octaëdre régulier cité par de Born , cette forme est possible dans le mercure sulfuré , en vertu des décroissemens exprimes par g 't ' '^^ p > ^' ®^ * on suppose une forme re- présentée par ^ "^ nV") ^^ aura le tétraèdre régulier an- noncé par Pelletier. Mais ici les décroissemens n'auroient pas lieu de la même manière sur des parties du noyau sembla- blement situées , ce qui est ime exception très-rare aux résul- tats de la cristallisation. Au reste , je ne puis dire si ces formes ont une existence réelle , ou si l'on n'en a pas encore puisé l'idée dans certains aspects de notre seconde variété. Il me sufiit d'en avoir montré la possibilité. Je terminerai ces réflexions , en remarquant que le cube et l'octaëdre régidier dérivent ici d'une forme de molécule , dont aucune autre espèce de minéral n'avoit offert jusqu'alors d'exemple en pareil cas ; je veux dire le prisme triangulaire ëquilatéral, et c'est une nouvelle preuve de la fécondité des lois auxquelles est soumise la structure des cristaus. .AI E M O I R E SUR LES ARAIGNÉES MINEUSES, Par P. A. L A T R El t r. E , associé do l'Inslllut national de France. Un connoïssoït depuis long-temps une famille d'araignées qui vivent dans des terriers qu'elles se sont creusés , soit pour leur servir de retraite contre leurs ennemis , soit encore pour être l'antre et le repaire de leiu- brigandage. Consolider les parois intérieures de leurs habitations avec quelques fils de soie , ou tout au plus avec une toile légère , telle est leur iridustrie la plus remarquable. Deux illustres naturalistes , Brown et l'abbé Sauvages , nous ont paa'lé les premiers de deux ai'aignées , pratiquant comme les précédentes une gale- rie souterraine , mais qui la fortifient avec beaucoup d'art , et en ferment l'issue par le moyen d'un opercule singulier. L'araignée maçonne sur-tout est devenue célèbre j mais son historien, son premier ol)servatcur , ne l'a presque vue que sous les rapports de l'iiidusirie et sous ceux des mœurs ; car nous dire qu'elle ressemble beaucoup à celle des caves , qu'elle en a la forme et le velouté, c'est nous la dépeindre bien vague- ment. Cette lacune de son histoire n'a pas encore été remplie. M. Rossi , qui a publié luie entomologie de la Toscane , a cru reconnoître l'araignée maronne de Montpellier dans une autre araignée maronne qu'il avoit reçue de Corse. Je ferai voir plus bas que ce sont deux espèces bien séparées. Le ci- toyen Olivier qui , dans ses recberclies sur les insectes du nddi de la France , auroit pu découvrir l'araignée dont parle San- SUR LES ARAIGîCEES MINEUSES. Ugf va i rc e u s e s. Caractères de la Jamille des araignées mineures. Les araignées mineuses ont, pour l'ensemble du corps, assez de ressemblance avec les araignées loups. Les pattes m'ont paru simplement un peu plus courtes. Le corselet ollrc une coupe presque ovale , tronquée eu devant , déprimée à sa jonction avec l'abdomen , s'élevant en- suite longimdinalement et au milieu en carène obtuse , por- tant les veux à son extrémité. L'abdomen est ovale. Son premier anneau est écalUeux en dessous. On remarque sur le second deux j)laques écailleuses, aiTondies , une de chaque côté. Je préviens cependant qu'on voit ([uelque cliese d'assez semblable dans d'autres espèces , notamment l'araignée ioj'eaiff , l'araignée enfumée de Linné. J'ai cru remarquer que ces plaques pouvoient se soulever, du moins dans les araignées mineuses , et je présmncrois qu'elles ont une fonction importante dans le mystèxe de la génération de ces animaux. Les pattes dont les antérieures , et les postérieures sur-tout, sont les plus alongécs , frappent plus par leur grosseur que par leur longueur. Elles sont robustes , velues , terminées par deux crochets très- courbés. Les derniers articles des dcu-x; paires de pattes antérieures sont hérissées de piquans très-forts dans l'araignée de Sauvages. On ne sauroit nier que ces pointes particulières aux araignées de cette famille , n'aient quelque lÎH relative à leurs travaux. Telle est d'abord la forme géné- rale de leur corps. L'arrangement et la disposition des yeux , la forme des mandibtdes et leurs accessoires, les palpes fotu- nissent des caractères non-équivoques et qui ne conviennent qu'à ces sortes d'araignées. Pour se faire une idée de l'arrangement symétrique des veux ( dont le nombre est de huit ) , que l'on se représente un quadrilatère , dons les angles antérieurs sont occupés cha- SUR LES ARAIGNÉES MINEUSES. 12.1 cun par un gros œil, les postérieurs par deux petits, accolés l'un à l'autre , et dont le milieu est rempli par deux yeux d'une grosseur moyenne entre les précédens , et séparés. Voyez les figures i 2 , B B. Les mandibules des autres araignées ont leur première pièce,' celle de la base ou le support de la griffe, d'une forme co- nique tronquée ou presque cylindrique , et ordinairement dans une position verticale. Elles sont en outre peu velues. Cette pièce , dans les araignées mineuses , est coupée perpendicu- lairement au côté interne , arrondie et fort convexe à l'exté- rieur, avancée, très- obtuse , fortement hérissée de poils ou de cils presque par-tout. Mais ce qui mérite singulièrement d'être observé est une suite de dents parallèles et avancées, placée au-dessus de l'insertion des griffes. C'est un peigne ou un râteau , qui sert probablement aux mêmes usages. Voyez les fig. 1 2 , C C. J'ai examiné une quantité considérable d'arai- gnées de toutes les familles , et je ne leur ai jioint découvert un tel instrument. Les palpes, par leur grandeur, ont l'air de pattes un peu plus petites. Ils sont armés, à leur extrémité et en dessous, d'épines nombreuses plus ou moins fortes. Le bout est muni d'un seul crochet. Dans cet ensemble de caractères, dans l'identité et la con- formité de mœurs et d'habitudes de ces araignées , qui pour- roit ne pas appercevoir des Ijases assez solides pour y établir une coupe naturelle ? qui n'adopteroit pas avec moi la distinc- tion de cette famille d'araignées , que j'ai appelées , avec le citoyen Olivier, mineuses ? ESPÈCES. I. Araignée maronne. Fig. i , A. Aranea cacmentaria. Araignée brune; carène du corselet, son contour et les pattes plus clairs; yeux très-rapprochés , sur xuie élévation. 1 ifî 122 SUR I.ES ARAIGNEES MINEUSES. Avança brunnea ; thoracis carina , amb'uu pedihusque dilu- tioribus ; ocuHs subcontiguis, tuberculo insidentibus. Lon^. o met. 017. Cette espèce paroît peu s'écarter , au premier coup d'œil , de la suivante j mais , en l'examinant avec soin , on apperçoU des dilïérences très-frappaaites. L'araignée maçonne est brune , luisante. Les piquans dont les palpes sont hérissés, sont cachés entre les poils, et Wen moins sensibles que dans ceux de l'espèce qui suit. Les yeux sont groupés et tellement rapprochés, que les latéraux sont pres- que conti2,us. Ils sont placés sur une élévation , ce qui n'a pas lieu dans l'autre. Ceux du milieu sont proportionnellement plus gros que les mêmes dans l'araignée de Sauvages. ( Fig. 1 , et Jid. 2, B B. ) Cette espèce de peigne à carder dont nous avons parlé , a ici cinq dents étroites , alongées , presque égales , dont les deux plus éloignées plus courtes. (Fig. 1 , C. ) Les pointes dont cet ùistnunent est composé dans l'araignée de Sauvages sont plus larges , phis courtes, au nombre de quatre, et difïé- rerainent inégales. (Fig. a, C. ) Le corselet a un enfoncement transversal et postérieur j sa carène , ses l)ords sont d'un brun plus clair. L'abdomen est obscur en desius , moins foncé sur les côtés et en dessous , tomenteux. Les mamelons au bout desquels sont les fdières ne sont ])olnt saillans et aIong<îs, comme dans l'araignée de Sauvages. Les pattes sont velues , d'un brun plus clair que le reste du corps , ainsi que la poitrine. N'ayant pu observer sur les lieux l'araignée maronne , j'ai cherché à recueillir de bouche en bouche les différentes par- ticularités de sa vie : mais je n'ai point eu de nouvelles ins- tructions , et toutes celles qu'on a eu la bonté de me com- munl(]iH'r ont été simplement confirmatives des renseigncmcns déjà publiés jiar l'abbé Sauvages, histoire de l'académie, pag. 6. Soit que la nuit soit plus favorable à l'araignée maçonne , soit que la solitude la plus absolue lui soit nécessaire pour ses tra- SUR LES ARAIGNÉES MINEUSES. laj vaux , et que la présence d'un observateur , situé même à quelque distance d'elle , l'intimide , il paroît très-difficile de la voir en œuvre. Je ne nie permettrai ici aucunes réflexions pour remplir le vuide de son histoire , en cherchant à décou- vrir la marche de ses opérations. Des conjectures ne seroient pas des faits. Mais je peux annoncer avec assez de certitude que les particularités que nous avons vues dans ses organes , ce peigne , ces mandibules plates d'un côté et fortement hé- rissées , ces piquans des palpes et des pattes antérieures , sont les instrumens qu'elle emploie dans ses travaux. Leur forme nous indique assez leur destination primitive. La figure i, EF, représente le nid , ou plutôt la maison de l'araignée maçonne. Là elle est fermée ; ici elle est ouverte. Un canal cylindrique , creusé dans un terreln calcaire et nud le jilus souvent , situé en pente ou coupé à pic, afin d'empêcher le séjour des eaux , do deux à sept décimètres de profondeur, sur un centimètre environ de largeur , dont la voûte est con- solidée par une toile qui la tapisse avec adhérence , telle est sa retraite. Son issue est fermée par une porte circulaire , formée de plusieurs couches de terre détrempées , et liées en- semble par des fils do soie , raboteuse et inégale en-dessus , unie , plane et très-lisse en-dessovis , tapissée de soie sur la sur- iace Inférieure, fixée par une espèce de charnière à la partie la plus élevée du bord de l'ouverture , afin de se fermer par sa propre pesanteur , reçue dans son contour dans une feuil- lure , tellement appliquée qu'elle ne se déborde point , et que, se confondant par le nivellement , par sa couleur , ses aspé- rités , avec le terrain environnant, elle ne puisse pas attirer les regards de l'observateur. Cette modestie de notre architecte doit garantir ses jours. Sa sage prévoyance lui suggère d'autres moyens de défense. Retirée dans son habitation , toutes les secousses , tous les ébranlemens qui ne portent pas atteinte à cette porte qui la dérobe aux yeux de ses ennemis , ne peuvent Tol^liger à sortir : mais si l'on menace de forcer la porte , si ia4 SUR LES AKAIlr^i.l;s mineuses. quelque bruit s'y l'ait entendre , elle accourt aussitôt du fond de sa retraite , et le corps renversé , accrochée par les pattes d'un côté aux parois de l'ouverture , de l'autre à la toile qui tapisse le dessous de l'opercule, elle le tire fortement à elle, et si on livre le combat , il en résulte un jeu alternatif de pulsion et de répulsion. Obligée de céder à une force supé- rieure, elle se précipite dans le foud de son habitation; mais sortie de ses foyers , craignant, à ce qu'il paroît , la lumière du jour , au lieu de ce courage , elle ne montre plus que de l'abattement et de la tristesse. Los efforts que l'on a faits pour la nourrir ont été inutiles. La liberté et la vie sont pour elles deux biens inséparables. Cette habitation , préparée et construite avec tant d'art, me semble avoir une destination encore plus importante, celle de mettre à l'abri de toute insulte les précieuses espérances de la postérité de nos araignées. Une toile épaisse que j'ai trouvée au fond doit être regardée comme l'enveloppe qui a recouvert les œufs, lin cacliant si soigneusement sa retraite , l'araignée a moins en vue sa propre conservation que celle de ses seml>lables , auxquels elle doit donner la vie ; car la nature ne fut jamais plus prévoyante et plus tutélaire que dans la garde de ces dépôts. Cette conjecture est d'autant plus fon- dée , que M. Rossi a trouvé dans le nid de l'araignée suivante la nombreuse famille de cette dernière espèce , dont la ma- nière de vivre est la même que celle de la nôtre. La construction de la charnière de la*rappe m'a paru fort simple. Les couches circulaires de la soie qui couvre le des- sous de cet opercule , s'applitiuent en grand nombre , au point où est la charnière , sur celles qui tapissent les bords de l'en- trée , et lui font ainsi une espèce de ligament. L'araignée tarentule ferme aussi son habitation ; mais cet opercule n'est pas mobile et n'est construit que poiu- l'hiver. SUR LES A K A I O N É E S MINEUSES. 12.5 II. Araignée de Sauvages. Fig. 2 , A. Aranea Sauvasesii, Araignée d'wn brun noirâtre ; palpes grands , fort épineux j deux mamelons alongés à l'abdomen. Aranea Jiisco-brunnea ; palpis magnîs , valdè spinosis f appendiculis duobus ad abdominis apiceni , elongatis. Aranea Sauvagesii. Rossi , Faun. etr. , tom. II, pag. i38 j tab. IX, fg. 11. — Act. soc. ital. , tom. IF, pag. \'6^,Jig. 7-10.1 Long, o met. 022. Le nom donné à cette espèce ne devroit être appliqué à la rigueur qu'à la précédente. Je le conserve alla de ne pas emljrouiller la synonymie. J'ai fait remarquer que cette araignée est très-distincte de la précédente. Les yeux ne sont point placés sur une éléva- tion, comme dans l'autre; ils sont moins rapprochés. Les palpes sont plus épineux , et la rangée de dents que l'on voit à l'ex- trémité de la première pièce de chaque mandibule , n'offre que quatre pointes au plus, courtes et différemment inégales. (Fig. 2, C. ) Cette araignée est encore d'un ([uart plus grande , presque entièrement d'un brun noirâtre. Les yeux dans cette espèce sont rougeâtres (1). On voit derrière eux un petit bou- quet de poils noirs. L'abdomen est brun i'oncé, plus clair en dessous et sur les côtés , touienteux. Son anus a deux mame- lons alongés , de l'extrémité desquels sortent, suivant 3ûssi, quatre fils séparés. Les pattes sont de la couleur du corps , un peu velues , à poils noirs. J'avois d'abord sou])çonné que cette espèce étolt l'araignée qui construit le nid différent un peu de celui de l'araignée maçonne , dont a parlé le citoyen Olivier. Encyc. méth. , Hist. nat. , tom. IV, pag. 228. ( 1 ) La figure de leur disposition , donnée par M. Rossi , est inexacte. 12<î SUR LES ARAICÎ*i.ES MINEUSES. « J'ai eu deux fols occasion de voir , dit-il , dans la par- n tie méridionale de la Provence , aux îles d'Hières et à jî Saint-Tropès , un pareil nid , dont la porte faite en terre , » resseinbloit à un cercle auquel on auroit retranché une » petite portion. Elle étoit attachée à l'un des côtés de l'ou- »> verture dii nid , et elle s'ouvroit et se iermoit comme une « véritable porte. Elle étoit ouverte lorsque je la vis , et je » n'y trouvai point l'araignée ; elle étoit sans doute sortie » pour aller à la chasse. Cette espèce ne ferme vraisembla- 31 blement la porte que lorsqu'elle est dans son terrier , et « la laisse ouverte lorsqu'elle en sort , au lieu que celle que j> M. l'abbé Sauvages a eu occasion d'observer avoit toujours » sa porte fermée. L'araignée du Languedoc diffère encore >» de celle de la Provence, en ce que l'une construit son nid » dans un terrain en pente ou coupé verticalement , et l'autre »> dans un terrain horizontal. » Mais ayant lu les observations de M. Rossî , ^ce. soc. ital. , tom. X, pag. 149 j j'ai 'Vi que l'araignée de Sauvages avoit des mœurs et un caractère tout-à-fait semblai)les à ceux de l'araigaée maçonne , et que l'espèce dont le citoyen Olivier avoit découvert l'habitation , devoit , par cela même , diiférer des précédentes. L'histoire de l'araignée de Sauvages , publiée par M. Rossi dans l'ouvrage que je viens de citer , présente peu de faits nouveaux. Le dessin qu'il donne de son nid , Jig. 9 et 10 , est à-peu-près le même que celui du nid de l'araignée maçonne. Fig. 1 , E F de ce mémoire. On n'en voit ici que le commence- ment , tandis qu'il est plus prolongé dans le dessin de M. Rossi. C'est dans un terrain formé de déljris de couches schisteuses, en pente ou coupé à pic , le moins pierreux et le plus stérile qu'il est possible , dans un lieu frais o\\ humide , que l'arai- gnée de Sauvages fixe son domicile. L'industrie de l'araignée maronne , son acliarnement à défendre ses propriétés , sa timidité après avoir été vaincue, se trouvent dans cette espèce. SUnl BS ARAIGNÉES MINEUSES. lij Elle fait comme elle de la nuit le jour. Toutes les tentatives qu'on a employées pour l'élever ont été inutiles ou imparfaites. De toutes les observations de M. Rossi , "une sur-tovit me paroît vraiment neuve et digne de remarque : il avance que l'araignée reconstruit l'opercule de sa maison qu'on a dé- truit (dans l'espace d'un peu plus d'un jour) ; mais que celui-ci n'est plus mobile. Il faut donc qu'elle y ménage alors une ouverture. Car comment pourroit-elle y entrer et sortir à volonté? Peut-être fixe-t-elle cet, opercule après la ponte et aux approches de l'hiver ; car c'est à la fin de fructidor qu'on trouve plus communément ces araignées ; c'est aussi le temns de leurs amours. Le naturaliste duquel j'avois extrait ces faits curieux , avoit eu cette espèce de l'île de Corse. Je présume qu'elle ne lui est point particulière. Un nid semblable pour la construction aux précédens avoit été observé dans l'île de Candie , et cette dé- couvei-te avoit été communiquée vaguement au citoyen Des- fontalnes , qui m'en a fait part. La troisième et dernière espèce d'araignée mineuse est celle que M. Fabricius a nommée nidularis , maiit. ins. , totn. /, pag. 343 , n". 5 , et dont Brown a parlé le premier. Hist, nat. of Jam. , tab. 44 > ^S- 4- Je ne m'étendrai pas sur cette espèce , ne l'ayant pas vue en nature. J'observerai seulement que les yeux étant disposés sur deux lignes parallèles , d'après M. Fabricius qui a décrit cette araignée dans le cabinet de M. Banks , et qui remarque même que les deux yeux du milieu de la ligne antérieure sont un peu plus distans que dans les autres espèces , que ressem- blant pour la forme et la manière de vivre aux espèces pré- cédentes , on ne peut lui refuser une place dans cette famille. Sa grandeur , l'impression en croissant qu'elle a sur le corse- let , la différence de couleurs , étant noire , suffisent pour la séparer des araignées que que je viens de décrire. Que ce soit dans un lieu pierreux qu'elle établisse , suivant Biown , son. Ïft8 STJR LES ARAIGNÉESMINEtrSES. habitation , on qtie ce soit dans un lieu argillenx , au t«moi- gnage de Badicr , toujours est-il avéré qu'elle pratique dans la terre une cavité cylindrique, dont elle tapisse l'intérieur, et dont elle ferme l'entrée avec un opercule tellement fixé , qu'il se remet constamment de lui - même dans sa position ordinaire. La piqûre de cette araignée est accompagnée d'une douleur des plus vives , et qui se l'ait sentir long-temps. Elle est même suivie quelquefois de la lièvre et du délire. Les liqueurs spiritueuses , telles que le tafia , le rum , ou des sudo- riiiques , en excitant la transpiration et en provoquant le sommeil, dissipent les symptômes fâcheux. M. Fabricius a changé d'opinion sur son araignée nidulans , dont je viens de parler. Il la confond , dans son Entomologie systématique, îom. Il , pag. 408, avec Va.reASj'néa chasseuse de Linné. Mais qu'il compare les ligures de M"' Mérian , de Sloane , la description de Gronovius , avec le dessin de l'araignée de Brown , pi. ^\ , fig- "i , et non fig. 2, et il ju- gera sans peine que celle-ci est une espèce très-distinguée de l'araignée chasseuse de Linné , tant par sa forme que par sa manière de vivre. EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1. A. Araignée maçonne. B. Ses yeux. C. Dents ou râteau au-dessus de l'origine des grifi'es. D. Extrémité des pattes. E. Nid lerraé. F. Nid ouvert. Fig. 2. A. Araignée de Sauvages, B. Ses yeux. C. Dents au-dessus de l'insertion des griffes. D. Extrémité des pattes. J'Iunc/ic l'I -Ifi'rn ./'(/(■, ÎJi.ff . /ujfttit'//,' J'ut , J , /<■„, ^' ^u>*4f .^.mi^tu .V. t'o^ufSert. /■.,»-— -1;? \w .■ \ MEMOIRE Sur la comparaison des cristaux de stroiitlane sulfatée^ avec ceux de baryte sulfatée j nommés communément spaths pesaiis. Par le citoyen. H a u y. J_;a première substance dans laquelle on ait reconnu l'existence de la strontiane , est celle qu'on a appelée strontianite , et qre nous nommons strontiane carbonatée. On l'avoit d'abord prise pour une variété de la witlierite ou de la baryte carbonatée ; niais l'examen comparatif des deux substances, fait successi- vement par Hope, Klaprotli et Pelletier (i), a conduit ces chimistes célèbres à i-egarder la strontiane comme une terre particulière , distinguée de la baryte, avec laquelle elle a cepen- dant beaucoup de rapports. La nature nous oflre aussi la strontiane unie avec l'acide sulliirique, ou à l'état de strontiane sulfatée. Klaproth reconnut cette combinaison dans une pierre liljreuse, d'un bleu clair, qui vcnoit de Pensylvanie, et que l'on avoit rangée d'abord dans l'espèce de la chaux sulfatée, et ensuite dans celle de la baryte sulfatée (2). Tandis que Pelletier mettoit tout son art à économiser xme petite quantité de strontiane retirée d'un morceau qu'il avoit reçu d'un pays étranger, et qui , bientôt épuisée, lui laissa le regret de n'avoir pu pousser plus loin ses résultats , nos (1 ) Voyez le Journal tics mines., n" XXI, p. 33, et n° XXII, p. 21. (2) Journal de physique, mars 1798, !>• 214. 1 17 lOO SUR lA STRONTIAKB collections rcnfcrinoient, h notre insu, un assez grand nombre de cristaux de strontiane sulfatée, provenus de dilTérens pays. Ils s'y trouvoicnt confondus avec des cristaux de baryte sul- fatée. Tels étoient ceux dont le citoyen Dolomieu avoit Tait une riche collection en Sicile , et dont plusieurs avoient vingt-sept juillunètres ou nn pouce de lonoueur sur un centimètre ou environ quatre lii^nes f de largeur. Le citoyen Gillot en avoit aussi rapporté du département de la Meurthe (i), et d'autres provcnoient des recherches laites en Espagne par le clioyeii Launoy. Ce n'est point aux expériences faites immédiatement sur ces cristaux qu'est due la connoissancc de leur véritable nature. Pour appeler l'attention des chimistes sur cet objet, il a fallu la découverte d'une nouvelle variété de strontiane sulfatée en masses striées , qui existoit dans la glacière de la commune de Bouveron , près de Toul , département de la Mem-the (?.). L'examen de quelques échantillons de cette substance, envoyés au conseil des mines par le citoyen Matthieu, de Nanci, toujours sous le faux nom de sulfate de baryte , indiqua au citoyen Lelièvre que la terre qui en faisoit la base étoit la strontiane ; et l'analyse qu'en fit ensuite le citoyen Vauquelin prouva que le rapport entre la quantité de cette terre et celle de l'acide étoit celui de 54 à S(>. Bientôt après^, le citoyen Dolomieu, à qui Pelletier avoit dit nue plusieurs spaths pesans pouvoient contenir de la strontiane jntdée avec la baryte, et qui avoit soupçonné que si ce mélange avoit lieu, ce devoit être sur-tout dans les cristaux de Sicile, en remit au citoyen Vauquelin pour les analyser (3), et ce sa-vant trouva que la strontiane , qu'on avoit cru n'y exister ( j ) Ces cristaux sont engages dans v-ne. carrière de chaux sulfatée située près et au nord de la commune de Saint- Mudard. (3) Journal de physique , mars 1798, p. 299- (3) Ibid. p. ao5. ET I-A BARYTE SULFATEES. i3l que secondairement , y étolt seule combinée avec l'acide sul- furiqvie, dans les proportions indiquées ci-dessus. Pendant que la chimie enlevoit ainsi à la baryte sulfatée une partie des corps qu'on lui avoit associés sans fondement, elle rendoit à la cristallographie un service particulier. J'avois annoncé depuis long-temps à l'école des mines que dans les cristaux de Sicile , regardés jusqu'alors comme variétés de la baryte sull'atée, l'angle obtus de la forme primitive étoit plus ouvert d'environ 3*^ ~ que dans ceux de Roya, de Hongrie et du Derbyshire (i). Les cristaux de Dolomieu sur-tout, bien supérieurs, par la netteté de leur forme et par leur volume, à tous ceux que j'avois eus jusqu'alors entre les mains , ne me laissoient aucun doute à cet égard. Cette différence , que ja ne savois à quoi attribuer, me jetoit dans l'embarras et dans l'incertitude ; et l'on juge aisément combien je dus être flatté d'apprendre le résultat d'une analyse qui mettoit la cristallo- graphie d'accord avec la chimie et avec elle-même. On sait au reste que la strontiane est si voisine de la baryte par ses propriétés, que d'habiles chimistes ont douté pendant quelque temps si c'étoient deiix terres réellement différentes; et il semble que la cristallisation , eu travaillant sur les subs- tances composées de ces terres avec un acide commun , ait voulu représenter par l'analogie des formes celle des principes constituans. Les caractères physiques se tiennent également de ]5rès , et j'ai pensé qu'il pourroit être intéressant, dans un. moment où ce sujet est encore neuf, d'établir une comparaison suivie entre l'une et l'autre substance. Je rapporterai cette comparaison à quatre termes principaux , la densité , la dureté, la réfraction et la cristallisation ; et j'essayerai de démêler quelques points de séparation , à travers les nombreux rapports ' ( ' ) Voyez le Bulletin de la Société pliilomathique, ventôse m 6 , p. 90 ; elle Journ. de phys. ■) mars 1798, p. 205. l32 Srn I. A. STO-VTIANE qui lient les deux espèces envisagées sous ces divers points de vue. Densité. l,a pesaTîtenr spécifique dos cristaux de baryte sulihtée, «uVant les rxpcncnros dn citoyen Brisson , varie entre ^,4^28 et 4,47iu. Celle de la strontiane sulfatée de Bouveron n'est «pie de 3,6827: mais celle des cristaux de Sicile, qui sont beaucoup plus purs, m'a donné 3, 9.581. D'après ces résidtata, le rapport entre les densités des deux substances est au moins celui de 10 à 9. Ainsi on peut employer cette propriété pour les disùngtxer l'une de l'autre , en opérant avec l'exactitude convenable. Duretef. La strontiane sulfatée m'a paru être un peu plus tendre que la baryte stdfatée : mais la différence n'est ]ias assez sensible pour fournir entre elks un caractère distiiictif Elles dilièrent davantage relativement à une autre cjualitc qui a quelque rapport avec la dureté. Ayant essayé de les polir pour mieux observer leur réfraction ,' j'ai trouvé (pie la ban'te sulfatée reccvolt facilement le poli vif, tandis ports avec les ■variétés de baryte sulfatée qui s'en rapprochent le plus. 1. Strontiane sulfatée unitaire M E (y%". 2). Octaèdre cunéiforme dans lequel les faces 0,0, produites par le décrois- scmcnt, ont les mêmes inclinaisons, à quelque chiiwe près, que les faces primitives M, M. De l'isle , t. i, p. 087 ; spath séléniteux à sommets cunéiformes , pi. 3 , ^g. 53. Incidence de M sur M , 104*' 4^ 5 ^^ ° sur o , y^'^ 2' ; de o ^ur la face de retour , loz"! 58'. Cette forme est du même genre que celle de la variété de (1) Dans la molëctile soustractive de l,i baryte sulfatée, In moitié de la. grande diagonale , celle de la petite et la hauteur sont entre elles comme les les trois nombres 2\/3, aj/a et\/2i. Les dimensions analogues, dans la molécule de la strontiane sulfatée , suivent le rapport des nombre 9 , 4V'3et8\/â. ET LA BARYTE SULFATÉES. l35 baryte sulfatée àlaspelle j'ai donné le nom de binaire, et dont le signe est M A. En supposant, comme je Pavois fait autre- fois, que le noyau fût le même de part et d'avitre , on conçoit que l'incidence des faces M, M, qui, dans la strontiane sulfatée unitaire, est égale à l'angle piimitif obtus , seroit au contraire égale à l'angle primitif aigu dans la baryte stdfatée binaire. Mais, d'après ce qui a été dit, il s'en faut de S^ -!■ que l'incidence dont il s'agit, considérée sur la baryte sulfatée ne soit le supplément de celle qui lui correspond sur la stron- tiane sulfatée ; ce qui suffit pour empêcher de rapporter les deux cristaiix octaèdres à la même espèce. Plusieurs cristaux de Sicile ont la forme de la variété que nous • venons de décrire. I 2. Strontiane sulfatée émoussée M E P {fig- 3). La forme primitive dont les quatre angles solides aigus sont interceptés par des trapèzes 0,0; incidence de o sur P , xi'iA 3i'. Cette forme est celle des cristaux rapportés du département de la Meurthe par le citoyen Gillet. Elle se retrouve sur ceux qui viennent de Sicile. Elle ne diffère de la précédente que par la face P parallèle à la base du noyau. La baryte sulfatée offre une variété analogue qui a pour signe représentatif MAP. 3. Strontiane sulfatée bis- unitaire 'H' E P (/"^t. ^). Prisme liexaëdre ordinairement très-court, dont les bases s répondejit aux arêtes latérales du noyau. Les cristaux de cette variété, qui vient d'Espagne, sont d'autant plus faciles à confondre avec ceux de baryte sulfatée en lames hexagonales obtuses , que les faces latérales primi- tives s'y trouvent entièrement masquées par l'effet des décrois- semens, et que l'angle de 102'' 58', formé par les faces o, o, ne diffère que de i** 26' au plus de celui que forment les faces analogues sur les cristaux de baryte sulfatée , et qui est de loi'' 3a'. La différence entre les autres angles est une fois 136 SUR LA SIRONTIANK pins petite, c'est-à-dire qu'elle n'est que de 43'. Mais les Cl istaux de baryte siilfatée ont les faces latérales de leur iurme primitive situées par^lèlement aux faces o , o. Ceux de stron- tiane sulfatée , au contraire, n'ont aucun joint dans ce sens, et se divisent sur les arêtes a: , jc , par des coupes inclinées aux hexagones s, lesquelles sont d'a.illeurs sen»lljlenient moins nettes que celles qui ont lieu dans la baryte sulfatée. Le citoyen Lelièvre ayant soimiis à l'épreuve du chalumeau mi fragment d'un cristal de cette variété , a apperçu la teinte rouge qui colore la partie bleue du dard de flanune , lorsqu'on fait cette expérience avec la strontiane sulJatée ; ce qui cou- firme le résultat de la division mécanique. I 1 4. Strontiane sulfatée dodécaèdre M E A {^g. 5 ). La var. 1 augmentée des facettes //, d. De l'Isle , t. 1, p. 693. Spath séléniteux , var. 4. Incidence de d sur d , yiS^ 28', et sur t/, 101'' 3a'. Il est remarquable que les incidences des facettes d, d, qui caractérisent cette variété, soient sensiblement les mêmes que celles des faces latérales de la baryte sulfatée primitive ; et nous déduirons bientôt de cette conformité d'angles rui rap- prochement entre les deux substances , qui est général pour toutes les formes cristallines dont elles sont susceptibles. Il suffira d'observer ici que , si l'on a égard à la division méca- nique qui se fait parallèlement aux faces M, M, dont l'inci- dence est d'environ io5'', il sera facile de reconnoître cette variété pour apjiartenir à la strontiane sulfatée. On trouve des cristaux de cette l'orme parmi ceux de Sicile ; et le citoyen I^aunoy en a rapporté d'Espagne qui ont une teinte bleuâtre. T 1 5. Strontiane sulfatée épolntéeM E A P. La forme primitive dont tous les angles solides sont intercej)tés par des faces secondaires. C'est la variété précédente augmentée de deux T. T lA BARYTE SUI.FATÈEs3 loj rectangles à la place de l'arête C (Jrg. 5) et de son opposée. L'incidence de o , o sur ces rectangles est de i4o^ 4^' Cette variété a de l'analogie avec une modification de la baryte sulfatée nommée spath pesant e/i tables, dans laquelle les quatre angles solides latéraux sont remplacés par des facettes parallèles aux pans de la forme primitive. De l'Isle, t. i, p. 594 et sviiv. Var. 5, 6, 7. L'incidence de ces facettes, comparée à celle des faces M , M (_/%• 5 ) , prévlendi'a encore ici la méprise. 6. Stroiitianc sulfatée entourée jvxî È A P ^fiS"-^^ ^)" ^'^^ décroissemens sur tous les angles et toutes les arêtes du contour de la base. Incidence de z sur M, i54'' ô'j de z sur z , 12.8'' la'. On voit dans plusieurs collections une variété de baryte sul- fatée en cristaux limpides, qui se trouve au Derbysliire , et dont le signe est ,q, .jii ^ £ 4. v-^^ ^'^^ nommée baryte sulfatée pantogène , parce que la forme primitive y subit des décrois- semens Bur toutes ses parties. La strontiane sulfatée entourée seroit exactement en rapport avec elle, sans les facettes exprimées par 'G' et 'H', qui interceptent les arêtes analogues à k, n, et qui souvent sont peu sensiljles. Du reste, c'est le même aspect, et le même assortiment de laces. On diroit que l'une est, à quelques nuances près, une copie de l'autre ; et cette confor- mité est d'autant plus remarquable, que les deux variétés ont vingt-deux faces communes : mais l'angle primitif subsiste dans l'une et l'autre. C'est comme la boussole, qu'il faut toujours consulter pour éviter de s'égarer. Il existe une autre forme cristalline que j'ai décrite dans les Annales de Chimie (1) , sous le nom de spath pesant sphal- loïde , et c[ui conduit à un rapprochement assez curieux, que j'ai fait connoître au mCnie endroit. Elle est représentée ici (O Janvier 1792, p. 3 et suiv. 1 \ j38 gWB 1. À. STRONTIANB (firr. r) avcC son iioyau , dont les bases sont situées vertica- lement. Son signé représentatif est ,jj, ^ lî i p- ^'^^ ^°^^ ^^^^ Je présumer que les cristaux de cette forme appartiennent à la strontiane suU'alée ; mais je me propose de les examiner avec une attention plus sévère , avant de prononcer sur cette réunion. Dans le parallèle que je viens de faire des cristaux de l'une et l'autre espèce, j'ai pris la structure pour j^uide , et j'ai com- paré les incidences des faces semblablement situées relativement aux deux formes primitives. Mais il y a d'autres incidences qui sont à-peu-près égales à celles-ci ; et l'on peut voir dans la Cristallo^^raphie de Rome De l'Isle , de quelle manière cet habile naturaliste , en se dirigeant par la seule mesure des angles , et en supposant que l'octaëdre, qu'il regardoit comme la forme primitive , s'alongeàt tantôt dans un sens et tantôt dans l'autre , étoit parvenu à établir entre les formes origi- naires des deux substances une relation qui faisolt disparoîtro en partie les différences extérieures qu'elles présentent, lorsque l'on a égard à la structure. Ce n'est pas tout , et l'on pourroic avoir un rapprochement plus précis encore que celui de ce savant célèbre, en faisant toujours abstraction de la division mécanique , et en sup])osant que dans la strontiane sidfatée les faces latérales primitives fussent les faces r/ , d {fy. b et 6) , qui font entre elles un ant^lc de 78'! ; , sensiblement égal à l'incidence mutuelle des fac°es correspondantes sur le noyau de la baryte sulfatée. Pour mieux concevoir ce rapprochement , substituons ce dernier noyau :\ celui de la strontiane sulfatée, et donnons- lui la position indiquée par \^fig. 9, où l'on voit que l'angle aigu E se présente en avant. Choisissons la variété entourée qui renferme toutes les autres, et disposons-la comme on le voit (/fi,-. 8), de manière que les faces M, M, les mêmes qui sont mar//in<7/t//i/<' '^o\\m//,r////i/ir . /iat'/l/ rl.V/A' OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES Sur le gissenient et la forme des replis successifs que Von remarque dans certaines couches de substances minérales^ et particulièrement de mines de houille, suivies de conjectures sur l^ origine de ces replis. Par G11.LET - L AUMONT, associé de l'Institut national des sciences et arts , et membre de la société d'histoire naturelle. XJepuis long-temps on a remarqué que Ijeaucoup de couches de substances minérales, et particulièrement de houille, in- dépendamment des dispositions générales qu'elles paroissent devoir aux bassins qui les renferment , afFectoient des ressauts subits , des plis alternatifs qui se propageoient sur de grands espaces. En considérant la coupe de ces couches , on a observé que souvent une même couche inclinée A, pl.X, fig. £, après avoir pris une moindre inclinaison B, fkisoit un crochet C en se reployant, puis faisoit un second ci-ochet D en s'abaissant pour reprendre une inclinaison pareille à la première , dirigée du même côté ; et qu'enfin , après l'avoir conservée sur quel- ques espaces , elle formoit de nouveaux crochets successifs qui se prolongeoient quelquefois sur une grande étendue de pays , imitant assez bien les traits dont les peintres se servent pour représenter la chute de la foudre. Ces replis sont très-lléqueus au nord de la France, sur-tout l4S SUR ï. ES REPITS SUCCESSIFS dans les mines de liôuille de Valenciennes : on les nonuno crachons ou crochets. On les y observe non-seulement dans une couche , mais dans 4 , 5 , 6 , et souvent davantage , voi- sines l'une de l'autre : ils y conservent tons un parallélisme remarquable^ quoiqu'ils forment quel(|ucl'ois des an<;,les un peu plus ouverts dans les couches inférieures que dans les supé- rieures. Il est aussi à observer que l'on ne trouve jamais deux plis opposés l'un à l'autre dans une couche, tant qu'elle con- serve la même inclinaison générale. Ces couches sont quelquefois tellement repliées sur elles- mêmes , qu'un seul puits vertical peut traverser trois fois la mémo couche dans deux crochets, et l'on a observé que, si lors de la première rencontre , elle avoit tm grès pour toit E , ft^. 6 , et un schiste pour mur F , on trouve lors de la seconde , que le schiste sert de toit et le grès de mur à la couche , et qu'enfin lors de la troisième rencontre , ou trouve lf> gi-i^v f■^ lo cr-Ji'ittt) rlanç la même position que celle de la première ( 1 )• Ce désordre apparent pourroit tromper le mineur qui croiroit traverser des couches différentes; mais dans les mines sujettes à ces accidens, ils sont ordinairement prévus , et c'est sur la connoissance que l'on acquiert de ces inflexions successives , sur le plus ou le moins d'ouvertui-e de leurs angles, sur la relation avec l'horizon des arêtes saillantes et rentrantes formées par ces replis, que sont établis les divers travaux de recherche et que sont fondées les espérances rela- tives à la découverte de nouvelles couches. S'il est important pour le mineur de parvenir à connoître la marche cachée des couches qu'il exploite, il seroit avanta- geux sans doi-.te de pouvoir découvrir les causes qui ont pu (1) Le citoyen Mathieu, l'atné, ingénieur des mine», .1 observé qu'une j^orlion du grès ou du schiste servant de toit , est facile i distinguer du grès ou du schiste servant de mur , en re que ce dernier est toujours plu» xunpact , plus lourd et plus imprégné de bitume. DE CERTAINES COUCHES MINÉRALES. l4>) leur faire prendre des ] ositions souvent si opposées à l'uiii- formité du sol cjui les recouvre ; on pourroit en tirer des probabilités relatives à la cessation ou au voisinage de ces irrégularités, et, en combinant ces conjectures avec des obser- vations multipliées sur une même réunion de couches , on pourroit peut-être parvenir à des certitudes sur la position réelle , l'étendue et la profondeur de celles qui sont sujettes à ces accidens. l'iusieurs géologues se sont occupés de cette recherche : les uns ont attribué ces replis à la forme irrégulière du fond des vallées dans lesquelles ces couches se sont déposées ; d'autres ont cru qu'ils avoient été occasionnés tantôt par des enfbn- ceniens , dans lesquels les couches voisines étant entraînées , avoient pris des positions verticales ou fortement inclinées, tantôt par des soulèvemens qui avoient produit des effets ana- logues ; quelques-uns enfin ont pensé que ces couches avoient été formées par dos dépote sTicceectPc , ouiiboUdcs pur une es- pèce de cristallisation, sur des plans inclinés, lesquels auroient aussi quelquefois sidji des changemens de position à raison des iDOuleversemens arrivés depuis leur l'ormation. Ces diverses hypothèses, admissibles dans plusieurs cas, ne paroissent pas pouvoir expliquer la suite et la régularité des replis successifs observés dans les mines du nord de la France: sans avoir la prétention de présenter un système général sur la formation de ces couches , qiù seroit peut - être bientôt démenti par des faits particuliers , je crois pouvoir rendre raison de cette position singulière dans quelques circonstances qu'une recherche plus exacte pourra étendre encore. Voici ce qui m'en donna l'idée. En 1788, je venois de visiter les riches houillières du pays élevé de Nassau-Sarre- bruck, d'où je descendois en suivant le cours de la Sarre an niilieu de la masse de sable micacée, au travers de laquelle elle a creusé son lit; je remarquai, entre la ci-devant abbaye de Vatlgassen et Sarre - Louis (actuellement Sarre -Libre, l5o SUR I.ES REPLIS SUCCESSIFS clûijortcment de la Moselle) , que la rivière qui coule du sud au nord, avoit coupé des bancs de pierre de sable micacés grisâtres, qui coiiteuoient des couclies minces et brunes de mine de fer limoneuse devenues très - solides ; ces couches étoient très-apparentes sur la rive droite de la Sarre , et se jiropageoient sur un grand espace. Elles y étoient disposées en replis successifs profondément ondes ^«". 7 , et tous les plis étoient décidément inclinés au nord suivant le cours de la rivière et la pente générale du terrain. Je m'arrêtai à considérer cette position singulière i je me reportai par la jiensée à l'époque où s'écoulèrent les eaux que je crois avoir jadis rempli le bassin de la ci-devant Lorraine, et par conséquent celui particulier de la Sarre j je me repré- sentai cet assemblage de couches, encore dans l'état de mol- lesse , glissant sur le plan incliné indiqué par la position du terrain ; je m'imaginai qu'un obstacle dans la partie infé- rieure, ou uno prcaslun ciibiff» iLins l.i partie oupciieure, avOlt fait prendre à plusieurs portions de cette masse une vitesse plus grande qu'aux autres , et avoit obligé ces dernières à se replier sur elles-mêmes; je conçus alors comment ces couches, d'abord parallèles au terrain , avolent pu se plisser ainsi sm- toute leur surface. Je parcourus attentivement cette partie du bassin de la Sarre ; je trouvai dans plusieurs endroits et jus- que sur le Calvaire de Vaudrevange , plus de 70 mètres au- dessus du lit actuel de la rivière, des couches plissées d'une manière analogue , et je n'observai jamais deux plis opposés l'un à l'autre. Portant alors mes idées sur les couches de houille dont la coupe présente de grands crochets successifs , je crus y recon- noître le glissement de plusieurs de ces couches parallèles et encore molles, sur les plans inclinés qu'elles recouvroicnt. Je ciiis en trouver la cause dans la retraite successive, mais de peu de durée , de quelques grands amas d'eau , jointe à la pression des couches supérieures déjà découvertes , qui les au- DE CERTAINES COUCHES 51 I X K R A L K S. iSl roient fait obéir aux diverses piiissances qui les sollicitoient, combinées avec les résistances produites par' les irrégularités du sol sur lequel elles glissoient. J'ai long-temps gardé cette idée, espérant pouvoir la vérifier dans d'autres contrées et l'asseoir sur un plus grand nombre de faits: mais n'ayant plus l'avantage de voyager, je hasarde de la publier dans l'espoir qu'elle pourra être vérifiée par les géologues voyageurs. Les raisons qui me paroissent lui donner quelques fondc- mens , sont que les angles , les replis successifs des couches de houille, conservant leur parallélisme et leur inclinaison sous des degrés à-peu-jjrès constans , ont été observés par beaucoup de mineurs éclairés : quelques-uns, à la vérité, les ont trouvés quelquefois brouillés à leurs inflexions ; mais cela paroît pro- venir naturellement de la force du pli , de l'épaisseur de la couche , et surtout du défaut de mollesse , soit de cette même couche , soit de sou mur ou dt; sou toit. Il ine semble aussi que l'on explique facilement par ce moyen l'inversion appa- rente du toit et du mur des couches de houille (lue l'on ob- serve fréquemment dans les mines du nord de la France , ainsi qu'ime infinité d'autres faits relatifs à la position des arêtes saillantes et rentrantes. L'histoire nous fournit encore beaiicoup d'exemples de ter- rains qui ont glissé sur des espaces considérables à la suite de fonte de neige et de tremblement de terre, ou simplement par l'effet du délaiement des couches d'argile sur lesquelles elles reposoient; j'en ai vu beaucoup d'exemples aux Pyrénées, et j'ai été témoin en 1779 d'un fait de ce genre, près et au nord- ouest du Hâvre-de-Grace, où un grand espace de terrain glissa vers la mer, emporta une partie de l'aqueduc qui alimentoit les fontaines de la ville , et laissa à découvert une couclie inclinée d'argile , délayée par des sources. Le citoyen Baillet , membre de cette société, auquel j'ai fait part de ces observations , m'a dit dernièrement avoir l52 60R LES REPLIS StTCCES-SirS, CtC. remarqué plusieurs laits analogues dans des montagnes calcaires, dans des mines de houille des bords de la Meuse, et les avoir fait connoître depuis deux ans dans ses cours à l'école des raànes. Je l'invite à faire part à la société de son travail à cet égard, qui paroît devoir embrasser une grande étendue de ])ays , et doit être d'un intérêt majeur ^our la recherche et l'exploitation des mines de houille dans ces contrées. DE LA LEPIDOLITHE. Parle citoyen liF.riÈvn e , membre de l'Institut national et du conseil des mines. V_JETTE suljstance n'est connue que depuis peu de temps en France, où elle est encore assez rare. 11 y a environ (|uatre ans qu'ayant rencontré chez le citoyen Launoy un échantillon que je ne pouvois rapporter à aucune substance connue , j'en lis l'emplette dans l'intention de l'exa- œiner. Lui ayant demandé des renseignemens sur la localité, il ne put m'en donner d'autres, sinon qu'ill'avoit eu, à Vienne, de M. Jacquin. Elle est de couleur lilas et paroît composée de petites lames brillantes que l'on prendroit pour du mica ; de manière que par ce seul caractère on diroit que c'est une roche micacée. Sa dureté est peu considéraljle ; elle est entre celle de la baryte sulfatée et de la chaux fluatce : elle prend un poli qui n'est pas très-vif", et aloi's elle ressemble aune aventurine. Sa pesanteur spécifique , prise par le citoyen Haiiy, est de 2,8549. Sa jious- sière est blanche, légèrement rosacée, et est composée de lames qui jouissent d'une sorte de ténacité , ce qui occasionne de la difficulté pour la diviser en poudre fine. Au chalumeau elle est d'une très-grande fusibilité, sans bour- souflement : à peine rougie , elle bouillonne , donne un émail blanc demi-transparent et rempli de bulles. Avec le verre de borax , elle se dissout sans effervescence et ne colore point , oïl du moins d'une manière insensible ; elle n'est électrique ni par le frottement, ni par la chaleur. Tous ces caractères me firent penser que ce pourroit être une suljstance nouvelle , et je me proposois d'engager le citoyen Vauquelin d'en entreprendre l'analyse, lorsque le citoyen Haiiy me communiqua unetraduc- 1 20 1^4 DE LA LtriDOI. ITIIE. tion des analyses de Klaproth , parmi lesquelles je trouvai celle d'une substance décrite par ce célèbre chimiste sons le nom de Ivpidolithc , à laquelle je cms pouvoir rapj)Orter ma subs- tance. Je lus cdulirnié dans mon opinion en retrouvant dans la collection du citoyen Miotte la même substance sous le m^me jiom, et sur-tout par les échantillons remis au conseil dvs mines ])ar ]\I. Ingershcin , Danois, et correspondant de la société phi- loniatliifjue. Ce fossile est connu en Allemagne depuis plus de huit ans , d'abord sous le nom de lilalithe , en raison de sa couleur : on l'a regardé comme un sulfate de chaux , puis comme une espèce de zéolithe. Il paroît que c'est l'abbé Poda, de Neuhaus , qui l'a trouvé le premier, et que de Born est le premier qui en ait donné la description dans les Annales de chimie 1791 , tom. 2 , page 196. Voici ce qu'il en dit : « A Kozcna, dans la Moravie , on trouve, dans des blocs do » granit , de gros inorcoaux, pesant plusieurs quintaux , d'une » zéolithe compacte, de couleur violette, qui a , comme l'aven- M turine , de petits feuillets brillans que l'on prendroit au 3> jiremier asjiect pour du mica ; mais en les considéi ant atten- » livement, on reconnoît que ce sont de petits feuillets d'une » zéolithe d'un brillant nacré. Exposée sur les chaibons , elle » se boursoufle et se fond eu uno scorie poreuse^ à un feu « plus violent, elle donne un verre compacte blanc qui a l'ao- 3> p.irence de la cire : la couleur, qui se perd à un feu violent , « semble n'être due qu'au manganèse. Il y a des morceaux qui « tiennent fortement au quartz , d'autres qui sont mêlés de « grajiit ; mais ordinairement on la trouve très-pure : sa partie 3> dominante est la silice. » 51. Karsten a aussi donné une description des caractères exlérieurs de la lé])idolithe , dans un ouvrage ayant pour titre : Jxcmari^ucs et découvertes en histoire naturelle ,v. 5 , c;;h. 1 j pag. 5c. On trouve dans les Mémoires minéralogiques de Fichtel , * . /î; DE 1 A L li P I D O I^ I T H E. J 6.) Vienne 1794» des descriptions fort étendues des lieux où se trouve la lépidolithe , et de ses caractères extérieurs. M. Emmerling, inspecteur des mines, parle de ce fossile dans son ouvrage sur la minéi'alogie, partie troisième , page 328. Klaproth , à qui la minéralogie doit déjà tant de reconnois- sance pour la précision et l'exactitude qu'il rnet dans ses tra- vaux, entreprit l'analyse de cette substance pour fixer l'opinion des minéralogistes sur ce fossile. Il reconnut que ce n'étoit ni dvi sulfate de chaux , ni une zéolitlie , et qu'elle devoit faire un genre particulier. Convaincu que les noms tirés des coideurs sont très-mauvais , puisque l'on a trouvé de la lépidolithe de couleur violette , améthyste et blanche, il l'a nommée lépido- lithe , ou pierre d'écaillés , parce que la cassure de ce fossile res- semble à un morceau d'écaillé de poisson. Il a trouvé que sa pesanteur spécifique étoit de 2,816, qu'elle perdoit au feu dix -sept pour cent , et qu'elle étoit composée de silice . . • 54,5o.\ alumine 38 , zS. > gS , 5o. manganèse et oxlde de fer y 5.) perte 6 , 5o. Total . . • 100. La grande fusibilité, sans addition , de la lépidolithe avoit fait soupçonner à Klaproth que ce fossile devoit contenir de la chaux : il répéta son analyse sans en trouver la moindre trace • ce qui hii fit faire l'observation suivante , qu'il est utile de faire connoître. « ha. silice et l'alumine , dans l'état le plus pur , mêlés en j> quelque proportion que ce soit , sont absolument infusibles • » leur fusion n'a lieu qu'en y ajoutant de la terre calcaire. 5> Cependant la lépidolithe , qui n'est composée que de silice et » d'alumine , sans la moindre trace de terre calcaire , est telle- « ment fusible , que l'on peut la ranger au nombre des pierres i56 DE I.A x-iriDOLiTiiE. » qui le sont le plus. II est vrai que les oxides métalliques » agissent comme f'ontlans; mais la quantité d'oxide est trop 35 petite dans ce l'ossile pour lui comniniiiquer cette propriété. 3> Les jnerres argileuses se fondent au leu , et on ne peut » reconnoître dajis leur composition ni terre absorbante , ni » oxide métallique. Contiendroient-elles un principe fusible de » nature volatile r le Ibld-spatli en fournit un exemple. Dans *• son état naturel il se fond en verre, et l'argile obtenue par " sa décomposition est très-réfractaire. Il ne faudroit pas reje- » ter tout-à-1'ait cette opinion, que le feld-spath perd un prin- 5î cipe volatil en se décomposant, si l'expérience ne nous appre- 3> noit que cette pierre , après avoir été fondue , exposée de » nouveau au feu, se fond aussi bien que la première fois. » Ce principe ([ue Klaproth a soup(^'onné volatil , ne l'est cer- tainement pas , puisqu'il résiste au feu ; mais il est peut-être soluble : c'est ce que l'analyse exacte du feld-spatli et du pé- tunzé pourra nous apprendre. Depuis cette époque , le chimiste de Berlin ayant découvert la présence de la potasse dans la leucite ou grenat blanc , il annonça que les 6,5 de perte qu'il avoit éprouvés dans l'analyse de la lépidoiithe , étoient dus à l'existence de la potasse dans cette pierre. On a trouvé dans le volalnagc de la lépiJoliilic en masse , un fossile que l'on a regardé comme de la lilalithe cristallisée. Le morceau ) La li(iueur nniriatique fut décomposée par le carbonate tic potasse du commerce ; on lit bouillir ces substances , puis on filtra : il resta sur le filtre une matière brune qui fut traitée par la potasse caustique ; elle ne laissa que quatre parties d'un résidu rouge brunâtre. (c) Ces quatre parties furent dissoutes dans l'acide muria- tique ; on étendit la ]i([ucur d'une suffisante quantité d'eau puis on y versa une dissolution de carbonate de potasse qui y produisit un précipité rougeâtrc pesant une partie : c'étoit de l'oîtide de fer. DB LA llirinOLITHE. l65 (d) Après avoir ajouté un peu de potasse caustique à la li- queur alkaline séparée de l'oxide de fer (exp. c) , on la lit Ijouillir : il s'y forma sur-le-champ un précipité blanc qui de- vint Ijrun à l'air , et qui présenta tous les caractères de l'oxide de manganèse : son poids étoit de trois parties. {e) Laliqueur alkaline, séparée des oxides métalliques ('exp. d), sursaturée d'acide sulfuric[ue, et décomposée par l'ammoniac, fournit un précipité blanc très-abondant qui , rassemblé , lavé et calciné, pesoit vingt parties. Pour s'assurer si ce précipité étoit de l'alumine pure , on le fit dissoudre dans l'acide sul- furique ; et après avoir ajouté quelques gouttes de -dissolution de potasse , on obtint des ci'lstaux octaèdres d'alun , mêlés d'une certaine quantité de sulfate de chaux en aiguilles soyeuses : on ajouta du carbonate de potasse à la liqueur d'où l'alumine avoit été séparée par l'ammoniac ; mais il ne s'y manifesta aucun changement malgré l'ébullition. Cela prouve que quand la chaux se trouve en petite quantité en dissohttioii avec l'alu- mine , celle-ci favorise sa précipitation par l'ammoniac, en vertu , sans doute , d'une affinité particulière. En estimant la chaux contenue dans le sulfate de chaux à deux ou trois parties , on aura pour les proportions des principes contenus dans la lépidolithe ; savoir , GUlcc .' \ . 54. Alumine 20. Fluate de chaux .... 4. Oxide de manganèse . • 3. Oxide de fer 1, /' Potasse 18. Total ...... 100. Remarques sur les résultats de cette analyse. On voit que les résultats fournis par l'analyse de la lépido- lithe sont très-différens , et par leur nature, et par les rapports \ l66 1>E t.V. laiPIDOLITHE. qu'ils ont entre eux , île ceux qu'a obtenus le cluiniste de Berlin de la mémo pierre j i». en ce qu'il n'a nullement ap- pcrçu la présence du lluate de chaux qui a été constamment retrouvé dans tous les échantillons de la lépiJolithe , et dans celle de Rozena même, sur laquelle Klaprotli a travaillé ; a", en ce qu'il n'anjionce dans ce fossile que 6,5 de jiotasse , tandis que dans les expériences ci-dessus on en a retiré ao,8, si ce n'est même davantage : car, quoique légèrement dessé- ché , on a regardé le sull'ate de potasse comme étant cristal- lisé ; 3". en ce qu'il a trouvé 38, 2j d'alumine , tandis qu'on n'eu a obtenu que 20 : diiï'érence considérable ; 4"' enlln , en. ce qu'il n'a obtenu que 0,70 d'oxide métallique, et que l'on en a trouvé de 3,5 à 4- Une contradiction qui étonne quand on connoît l'exactitude et la sévérité que Klaproth apporte ordinairement dans ses travaux , c'est qu'avant éprouvé une perte de dix-sept en ex- posant cent parties de cette pierre à un icu -violent , il n'ait eu dans son analyse que 6,5 de déficit : il est présuraable que cette perte n'est pas due à la volatilisation des substances ter- reuses , puisque Vauquelin , quoique ayant eu la même perte par la calcination, a constamment éprouvé 17 ù 18 de déchet, quelque soin qu'il ait pris de son travail. Il parOÎt que la (Wfi^ronca c|mÎ 00 tro-w-r» onlio loo lObultats de ces deux chimistes provient principalement de ce que Kla- protli n'aura sans doute pas suffisamment desséché les produits de son analyse , et qu'ainsi, à l'aide de l'humidité, il aura re- trouvé , à 6,5 près dans ces mêmes produits , la somme totale de la matière employée. DESCRIPTION D'un groupe de cristaux de chaux caibonatéç triforme , présentant la disposition des molécules qui composent ces cristaux. .Par le tltoyen Gillet-Laumont., associe de l'institut national des sciences et arts, et memlire du conseil des mines. Lu à la Sociëtc d'iiistoire naturelle , le 28 fructidor an 6. VJ E n'est ordinairement que par les fractures faites axis cristaux des diverst-s subbtances minérales , que l'un peut y reconnoître la disposition des molécules intégrantes, soit dans les formes primitives où les joints naturels sont pai'allèles aux faces , soit dans les formes secondaires où il faut faire des coupes inclinées aux laces pour mettre le noyaii à découvert. Le groupe que je me propose de décrire est dotiblement reinarqizu.lslo £:ii. 1^ ixiâiiie pcir la ii-rllllfsï Je 000 cri<ïhîln^ ciuî présente une variété nouvelle , et relativement à la théorie par une interruption accidentelle dans la cristallisation , qui dévoile les positions successives que les molécules ont prises pour faire passer ces cristaux de la fonue primitive à une forme secondaire. Forme. Tous les cristaux qui composent ce groupe tendent a. passer au prisme droit hexaèdre , et ofiient à chacun de leurs som- mets sept faces plus ou moins visiljles , dont trois obliques hexagonales , trois rectangulaires intermédiaires , et une ter- l68 SUR LA CIIAfX CARBOXATÉE TRIFORME. uiinale hexagonale , lesquelles ajoutées aux six pans du prisme en formeroieiit des polyèdres à vùigt faces s'ils étoient com- plets. Pi. X, Jïg. 2. Ces cristaux offrent la réunion de trois l'ormes principales déjà connues, savoir : 1». La forme du rhomboïde primitif ( représenté séparé- ment,7%-. i"., avec les lettres indicatives des décroissemens ) , dans les six faces hexagonales , P , P , etc. , Jig. 2 , 3 «f 4 » des pyramides inférieures et supérieures. Cette forme primitive est facile à reconnoître par le sens des lames composantes ])arallèles aux faces de ces pyramides, et par les angles de' i35 degrés qu'elles font avec les pans du prisme (i). 2". La forme secondaire du prisme droit hexaèdre , dans jes six faces hexagonales irrégulières parallèles à l'axe , mar- 1 I î quées e , e , e , etc. , et dans les deux faces hexagonales régu- lières extrêmes, marquées A, A, etc. , remplaçant les sommets des pyramides ( a ). 3". Ils présentent enfin la forme secondaire du spath len- ticulaire de Dclisle dans les six faces marginales rectangulaires légèrement striées suivant leur longueur , marquées B , B , etc. , I I remplaçant les arêtes des deux pyramides , et qui , prolongées , formeroient If* cpextl» icntio^iiciiiv; ( l'ci^ï^ici-nr. *i'v-raiiy ^. Romé-Delisle a décrit la réunion du spath calcaire primitif avec le lenticulaire et un commencement de prisme sous la variété 3o , représentée, FI. IV^ , Jig- 61 et 62, de sa cris- tallotTaphie ; mais les faces dépendantes de son spath lenti- culaire étoient curvilignes, ici elles sont planes : les sommets angulaires des pyramides étoient persistans , ici ils sont rem- (1) C'est de cette mesure que l'on a conclu, à l'aide du calcul, le rapport V/3 à \/2 entre les deux diagonales de chaque face du rhomboïde. (a) La réunion de ces deux formes , la primitive et la prismatiqua , est assez rare. SUR LA CHAUX carbonatiIe TRiroRME. 169 placés par des facettes hexagonales , qui complètent l'incli- cation de toutes les faces du prisme droit hexaèdre. C'est donc une variété nouvelle et non encore décrite par Delisle , ni par Haiiy , dont l'expression aljrégée est , suivant sa mé- thode, e A [P] B , où l'on a partagé, par des lignes verticales, les signes appartenans à une même forme. Accidens dans la cristallisation. Ce groupe présente en outre un accident très-remartpiabic dans quatre cristaux qui le composent, par une interruption et une opacité dans les lames cristallines additionnelles qui permettent d'y suivre de l'œil la superposition des molécules , lesquelles , d'après les principes d'Haiiy , ont fait passer le rhomboïde primitif à la forme secondaire du prisme droit hexaèdre. Le plus gros de ces cristaux , en partie engagé dans hi masse , Jîg- 3 , présente une addition de molécules qui com- mence à couvrir une des grandes faces P de la pyianiide par des lames de superposition décroissantes, dont un des bords, qui fait continuité avec un des pans du prisme, décroît par deux rangées sur l'angle inférieur du noyau; et l'autre bord , qui est dans un plan parallèle à la face terminale A , décroît par une rangée sur l'angle supérieur du noyau , de manière que l'intersection des deux nouvelles faces forme l'arête z. Le cristal , Jîg. 4 » présente la pyramide plus de moitié recouverte par des molécules qui l'enveloppent sur deux faces, et tendent encore plus visiblement à faire prendre au cristal la forme d'un prisme droit. Le troisième cristal du groupe présente une des bases du prisme , où l'on volt encore au centre l'indice du sommet d« cristal intérieur. IJO s OR JLA CHAUX CARE ONATEE T II 1 r O R M £. Enfin le quatrième cristal du même' groupe présente une des bases du prisme entièrement formée. Il étoit diliicile de trouver un morceau où la nature oll'rît d'une manière aussi distincte l'addition successive des mo- lécules, si bien calculée et si bien décrite par Haiiy. Ordi- nairement la formation masque la structure : on peut dire que dans ce groupe la formation a suivi l'ordre de la struc- ture. J'ignorois le Heu d'où venoit ce morceau précieux que J'ai trouvé dans le cabinet de Romé-Dellsle ; mais je viens d'ac- quérir le groupe dont il a été détaché , et qui paroît venir du Hartz. Ce sont les seuls de cette variété que je connoisse encore , et où l'on puisse suivre sans fracture ( à raison de l'opacité bien tranchante des molécules superposées ) le passage d'une forme primitive à une forme secondaire. La variété dont il s'agit ici, a été nommée tri/orme , à raison des trois formes ifmnrqiiahles, /n fiiniUlva y l'dquiaxc et la ■prismatique , dont elle présente la réunion. Je voulois lui donner un nom qui retraçât l'hommage rendu par la nature à la tliéorie ; mais cette disposition heureuse n'étant qu'acci- dentelle , ce nom n'auroit convenu qu'à ce seul groupe : j'ai d'ailleurs été arrêté par l'auteur même de la théorie qu'il conlivme. Kùta. Les parties inférieures