r 0 tù MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ^ ET D'HISTOIRE NATUPlELLE DE GENÈVE. TOME IL Première Par lie. • ^ /iOJ aEHÉVE, DE L'iMpr.IMEniE DE J.-J. l>ASCno'-C. MÉMOIRES i, DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. ■^^^^^wvs TOME II. Première Partie. GENÈVE, CHEZ J-J. PASCHOUD, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, PARIS, MÊME M.USON DE CO.MMEflCE, JlUï DE SEIXE , X.» 48. 1823. MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE FT D'HISTOIRE NATUREiii^Ji DE GENÈVE. MEMOIRE SUR LA FAMILLE DES VIOLACEES. Par M.' F. DE GINGINS, de Lassaïaz, {Lu dans la Séance du si Novembre /Saj. } .1 jA famille des Violacées , établie par Ventenat dans son jardin de la Malmaison et admise par M. DecandoUe dans sa flore française, a dès lors été adoptée par tous les bota- nistes , qui s'occupent des rapports naturels des végétaux. Cependant les caractères fondamentaux de cet ordre, ses limites et sa véritable place dans l'ordre naturel r>e sont encore qu'imparfaitement connus. Ln seul de ses genres; il est -•'^'ï ^e plus nombreux, s'offre habituellement à notre investigation et nous permet de le soumettre à des observations suivies , tous les autres, étrangers à l'Europe, rares dans les herbiers , sont plus rarement encore analysés par les naturalistes, qui explorent ■^tJ--n. de la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. H. i. Pari. i, 2 SUR LA FAMILLE DES VIOLACEES. les climals sous lesquels ils végètent, et cette famille est encore dans l'enfance. A portée des riches collections de M. De Candolle , aidé de ses notes prëciieiises et de ses conseils, qui le sont encore bien* davantage, j'ai essayé de ^Pter quelque jour sur ce groupe intéressant. Les Violacées ne constituent pas une de ces associations originelles, qui bravent sans se désunir tous les systèmes et toutes les méthodes; elles forment plutôt une famille par enchainemcnt ^ dont les extrêmes oifrent assez de dissemblances, mais dont les intermédiaires, en rapprochant graduellement les genres, font insensiblement disparoître ces différences. De là vient sans doute qae les opinions des plus célèbres naturalistes varient sur la place que cette famille doit occuper dans la série naturelle. -Ces opinions se réuniront probablement quand ce groupe sera mieux connu ; et la découverte des genres et des espèces nou- velles contribuera à hâter ce rapprochement. Examinons dans quelle progression cette augmentation a eu lieu. En 1753 Linnœus ne connoissoit que 19 espèces de Viola. En 1797 Willdenow en mentionna Sg. En iSo5 Persoon en indiqua 55. En 1819 hobmer et Schultes ont donné ii3 espèces de Viola et 3o espèces û'ionidium, soit i43 espèces. Ainsi donc le nombre des espèces connues a triplé dans les i5 dernières années. Quant à leur répartition géographique nous ne la connoissous que par l'indication quelquefois trop gêné- Srn LA FAMILLE DES VIOLACEES. 5 raie des contrées où les espèces ont été découvertes; cependant j'ai essayé de récapituler ces indications des auteurs; il en résulte que le genre Viola occupe presque exclusivement les pays tpmpcics, taui df 1 hémisphère boréal que rl« Thémisphère austral. Excepté quelques espèces , trouvées sur les Andes par MM. Humbolt et Bonpland ; aucune violette proprement dite ne dépasse les tropiques, tandis que les autres genres de cet ordre habitent plus ou moins exclusivement sous la Zone tor- ride. — Des 83 espèces les mieux connues, il y en a 25 en Europe, 16 en Asie, aS dans l'Amérique septen- trionale , I o dans l'Amérique méridionale , 2 à la Nouvelle Hollande et 4 îiLi Cap; d'où il résulte encore, en sup-« posant que toutes les espèces qui habitent le Nouveau continent ne soient pas connues comme celles de lEu- rope, que l'Amérique en renferme réellement un nombr* d espèces plus grand que l'Europe. La famille des Violacées , telle qu'on la connoît au- jourdhui, me paroît devoir renfermer 18 genres, ayant en- tr'eux des rapports plus ou moins intimes ; on a déjà vu que ces genres sont très-inégalement connus ; il me semble même que le genre Viola n'a pas encore été développé" comme il le mérite. Il est d'autant plus intéressant de bien connoître ce type primitif, que vu le grî»mi nombre d espèces dont il se compuse et les variduons qu'elles offrent dans leur port sans s écarter des forwies essentielles, il paroît très-prepre à fournir des caractères d'ordre fondamentaux et à servir de critère pour l'admission et lexclusiou de§ B-^nres , qui ont des rapports avec lui. 4 srR LA FAMILLE DES VIOLACEES. Quoique le caractère le plus apparent des Violacées soif l'irrégularité de leurs fleurs, cela n'empêche point, comme la fort bien observé M. R. Brown ( Cung. p. 21 ) , qu'on y réunisse les genres à fleurs régulières , qui justifient cette association par d'autres rapports d'mi ordre supé- rieur. Voilà déjà deux divisions ou tribus très naturelles dans cette famille; savoir les Violacées à fleurs irrégu- lières ou Plolées et les Violacées à fleurs régulières ou Alsodinées ; nom tiré d'Alsodeia , l'un de ces genres dé- couvert à Madagascar par Du Petit Thouars , qui a senti et indiqué ses rapports avec les Violacées. Il est un 3.° groupe, qui paroît se rapprocher des Vio- lacées et surtout des Alsodinées plus que des autres fa- milles, mais qui en diffère cependant encore par plusieurs caractères importans, tels que la position respective des organes et le mode de déhiscence: c'est le Sauvagesia, que j'y ai provisoirement réuni comme 3.^ tribu sous le nom de Saiwagèes ou fausses Violacées. Je parlerai peu de ce genre, parce que je n ai rien de plus à en dire que ce qu'on en connoît déjà: et parce que je ne le considère pas encore comme faisant définitivement partie inté- grante de cette famille. Les organes de la végétation des Violacées n'offrent aucune particulu.-ité digne de nous arrêter. Je remar- querai seulement que loe espèces du genre Viola, que l'on a considérées comme n'ayant point de tiges (acaulis) ne me paroissent pas en être entièrement dépourvues. Dans la Violette odorante la partie supérieure de ses prétendues racines est couformée comme nue tige, elle porte hf. SUR LA FAMILLE DES VIOLACEES. 5 ■jrudimens des feuilles et des fleurs de l'année précédente* elle s'alonge parconséquent ; elle offre à l'intérieur un fétui médullaire garni de trachées et rempli d'une moelle, dont le diamètre va en décroissant jusque là où com- mence réellemenf '«* racine. Le Viola Canadensjs pousse sous terre des jets étiolés et obliques, qui arrivés à la surface du sol s'élèvent hors de terre à une certaine distance et deviennent des tiges absolument semblables à celles de la plante mère. Aussi ai-je crû devoir 'donner à ces souches le nom de Rhizoma, sous le- quel plusieurs botanistes ont désigné les tiges souter- ji-aines. La plupart des végétaux de cette famille sont des Jierbes vivant par la base de leurs tiges ou par les Rhizomas, dont je viens de parler; quelques uns, tels Ique les Jonidiumsont de petits arbrisseaux; Le genre Noi- settia établi par MM. Humbolt et Bonpland dans leur vingt-deuxième cahier des nouveaux genres de 1 Amérique, dont les planches sans texte ne me sont parvenues que depuis peu de jours, et auquel j'ai cru devoir réunir comme section des végétaux dont j'avois formé un genre, renferme des plantes volubiles. LeCalyptrion, formé principalement du Viola Hybanthus d'Aublet, qui n'est ni la même plante, ni du même genre que IHybanthus de Jacquin, avec lequel on l'avoit jusqu'ici confondu, et qui par son port et ses caractères naturels est digne de constituer un genre, renferme des plantes volubiles. l'Alsodeia, ainsi que le Conohoria d'Aublet sont des arbres .médiocres de 8 à la pieds d'élévation. 6 SUR LA FAMILLE DES vrOLACBFS. Dans les Violettes , j'ai constaminent retrouvé une tige trigone , forme qui me paroît détermiuée par la tendance des vaisseaux , qui se dirgent alternativement vers le côté d'où naissent les organes, qui garnissent la tige et y forment une saillie extérieure, tandis que les borde des stipules , en se prolongeant sur la tige, y produisent deux autres angles; cetie forme s'etFace dans les vieilles tiges, mais alors on la retrouve dans les rameaux et même sur le» stolones des espèces, qui en produisent. Les feuilles des Violacées sont alternes, rarement op- posées dans quelques espèces du genre Jonidium; ou mêmes alternes dans le bas et opposées dans le haut des tiges. Leur h'S-i est toujours munie de deux stipules, quelquefois caduques. Le pétiole, court ou long» est creusé en goutière; forme, qui me semble aussi une suit» de l'arrangement des vaisseaux de ce pétiole, dont les faisceaux sont également rangés en demi cercle. Ces feuilles, dont la vernation est involutive, sont accrescentes dans les espèces herbacées de violettes, c'est-à-dire qu'elles continuent à croître pendant la maturité des fruits, dont le pédoncule ne s'alonge que peu ou point du tout; ce qui souvent renverse absolument le rapport de longueur» qui exisiolt entre les proportions du pédoncule et de la feuille, à l'époqu© de la fleuraison. Les fleurs naissent tantôt en grappes axillaires, tantôt solitaires à l'aisselle des feuilles. Néanmoins le mode d'in- florescence propre à cette famille m'a paru être unifor- mément celui de naître solitaires au sommet d'un pé- dicelle axiUaire, muni de deux bractéoles souvent au^^ SUR LA FAMILLE DES VIOLACÉES. 7 logues aux stipules; aussi dans les genres à fleurs en grappes, les pédicelles naissent-ils sur un pédoncule commun à l'aisselle dune bractée solitaire (jui n'est qu'une feuille avortée. Malgré cette analogip, l'inflorescence ap- parente se maintient tellement uniforme dans les espèces les plus cinomales du genre si nombreux des violettes, qu'elle m'a paru, si non un caractère générique, au moins un intlice de genre. Le pédicelle est tantôt articulé , tantôt inarticulé dans sa longueur, et cette particularité se liant, comme on le verra plus tard, au mode de dissémination Âes graines, paroît par là même acquérir plus d'impor- tance. Un exposé rapide des organes de la végétation des Violacées a suffi pour les faire connoître; il n en sera pas de même des organes de la fleur et du fruit, dont les parties, quoique isolément décrites par plusieurs auteurs, n'ont pas encore été présentées dans leur ensemble, et leur symétrie, et dont la structure, ordinairement assez singulière, mérite dêtre développée. D'après ce que j'ai dit de l'état de nos connoissances, sur les autres genres de cette famille , on sentira que mes observations se rap- portent plus particulièrement aux violettes, dont j'ai pu analyser les parties vivantes et que j'ai pu suivre dans toutes les périodes de leur végétation. Le torus, ou réceptacle de la fleur d'une violette, est assez semblable à un cône renversé, dont la base élargie en disque, plane ou concave, présente la forme d'un pentagone, ayant lun de ses côtés plus large que les quatre autres. Ses angles se prolongent un peu et formeiit 8 SUR LA FAMILLE DES VIOLACÉES. cinq languettes, qui s'appliquent contre la face interne de cinq sépales persistans inégaux, placés sur deux rangs. Dans lestivation, trois forment le rang extérieur et deux le rang intérieur. Au sommet des angles du torus sont placées cinq étamines, opposées aux sépales; entre les cinq étamines dans les échancrures arrondies, qui forment les cinq faces du torus, se trouvent cinq pétales ordinairement marcescents, alternes avec les étamines et les sépales, dont l'onglet occupe exactement l'intervalle, qui sépare les points d'origine des étamines. Au centre de ces organes et du torus se trouve placé un ovaire uniloculaire à ti'ois placentas ptiriétaux , surmonté d'un style et d'un stig- mate : cet ovaire devient une capsule polysperme, renfer- mant des graines ovoïdes et caronculées. L'embryon est droit, à radicule tournée vers la base géométrique delà graine. Telle est la syméti-ie de la fleur des violettes, telle est aussi , généralement parlant, celle de toutes les Violacées, en faisant abstraction du Sauvagesia, qui s'en écarte sur plusieurs points. Le torus est ordinairement plane ; cependant dans la pensée et dans toutes les espèces de la même section, ce to- rus est concave, et la base de l'ovaire est plongée dans cette concavité, presque comme le gland dans sa cupule. Les étamines, qui n'ont icoJlement point changé déplace, ni d'origine, se trouvent alors naître au tiers de la hauteur de l'ovaire, et sont ainsi légèrement périgynes. Ce phéno- mène dans un genre tellement naturel, qu'il m'a paru presque impossible de le diyisejr eu deux, est une nouvelle SUR LA FAMILLE DES VTOL AGEES. 9 preuve de l'extrême importance de se rendre un compte exact de la cause réelle des différences, que nous obser- vons dans la position des organes des végétaux. Dans les Violacées à fleurs ir régulières, peut-être même dans toutes, le calice est persistant, et ses cinq sépales sont plus *ou moins inégaux entr'eux; deux des trois sé- pales extérieurs, ceux qui pendant l'estivation se touchent par un de leurs bords, sont ordinairement plus larges que les autres , et le sépale supérieur est souvent plus court. Dans le genre Viola tous les sépales sont plus ou moins prolongés en arrière, et forment autant d'o- reillettes postérieures foliacées. Ces prolongemens me pa- roissent une suite du renversement de la fleur, qui dé- termine dans ce sens un épanouissement des fibres du calice. Durant l'estivation les cinq sépales sont imbriqués, et leur nombre étant impair, les deux sépales du rang le plus nombreux n'étant pas séparés entr'eux, le bord de l'un recouvre légèrement le bord de lautre , ce qui imite assez lestivation du calice des roses. Les cinq pétales sont fort dissemblables entr'eux dans la tribu des Violées; l'inférieur, celui qui occupe le plus large côté du torus , toujours le plus grand , prend des formes variées assez bizarres. Quoique ces formes se mo- difient plus ou moins dans les espèces d ua même genre et même quelquefois, mais légèrement dans les mêmes espèces, cependant leur forme générale et essentielle se maintient assez dans les plantes du même genre pour four- nir des caractères génériques plus ou moins solides , en attendant qu'on en ait trouvé d'autres. ilifa base se trouve l'an- thère , composée de deux lobes, dont chacun est séparé en deux loges avant l'émission du pollen , par suite de l'enroulement des membranes, qui enveloppent ce pollen, lequel est encore aggloméré en quatre niasses linéaires- oblongues; ces membranes se déroulent au moment de la fécondation et laissent échapper un pollen granuleux , blanc et transparent. Ce sont là ce qu'on appelle des an- thères biloculaires etadnées, s'ouvrant par deux sillons longitudinaux ; mais la coupe transversale des anthères de la Viola odorata, observée avant la lécondation à de très- fortes loupes, ne m' ayant laissé voir aucune solution de contiimilé depuis le centre du filet vasculaire, qui traverse létamine, jusqu'aux extrémités des membranes, qui enveloppent les quatre masses de poUea , je ne puis pas dire que l'anthère et le filet soient ici deux corps distincts, où ce qui revient au même, que l'anthère soit aclnce au filet { les loges de l'anthère ne seroient-elles SUR LA FAMILLE DES VIOLACEES. l3 formres dans ce cas ci que par le dédoublement des membranes du filet (?) Le plus souvent ce filet se di- late brus(juement dès son origine, et l'anthère est alors placée à sa base; ou il ncst dilaté que dans sa partie supérieure, et lanlhc-re très-élevée domine presque l'o- vaire ; les violettes nous offrent l'exemple du premier de ces cas et le genre Pombalia eu est un du second. Dans toute la tribu des Violacées à fleurs irrégulières, les deux étamines les plus voisines du grand pétale sont munies sur leur dos et vers leur base d'appendices ex- trêmement diversifiés. Ces appendices prennent la forme dune queue barbue dans le Calyptrion, d'une corne glabre dans la violette odorante, d'un filet grêle dans la Pensée ^ d une aile charnue dans la F^iola Canadensis, et se réduit dans quelques Jouidium à une simple écaille ou glande. Dans le Jlybanthus les deux appen- dices semblent soudés entr'eux, et ne forment qu'un seul corps. Ces appendices portent tous à leur sommet une glande verdàtre et visqueuse, d'où suinte un sue miel- leux , qui paroît être le but de leur existence ; Schkuhr a remartjué avec raison que ce sont là les vrais nectaires. Ils s'introduisent dans le prolongement postérieur ou bosse du pétale iniérieur, au fond duquel le nectar se ras- semble, aussi le nom de Neclharotheca , que M. Sprengel a doiMié à ce pétale, me paroît très-bien lui convenir. Ces cinq étamines sont ordinairement très-rapprochées les unes des autres de manière à former un tube au- tour du pislil ; ce qui sans doute avoit engagé Linnœus à ranger ic gexire Viola dans sa Syngeuesia inonogamia ^ l4 SUR LA FAMlLTiE DES VIOLACEES. quoique clans ce genre les étamines soient réellement libres, et parfaitement distinctes les unes des autres. Cejendant dans le genre Ilybanthus et dans plusieurs Alsodhiées, elles sont en effet soudées mais monadelplies, et non syngénèses. C'est ici le lieu de rapporter un fait curieux, observé sur les Violettes. Si l'on coupe trans\ersalement l'extré- milé du pédoncule ou le torus, précisément au point où les vaisseaux, qui vont à la fleur, commencent à se sé- parer , on apercevra distinctement qu'ils se divisent en six faisceaux, qui partent en rayonnant du centre vers la circonférence; cinq de ces faisceaux se dirigent vers le milieu des cinq sépales , le sixième court directement vers le milieu du côté du disque, qui est plus grand que les autres et où est attaché le pétale éperonné. Si l'on continue de faire des coupes transversales très-min- ces, on verra toujours ce sixième faisceau plus ou moins distinctement dans la même direction , et on finira par trouver qu'il se sépare en trois filets , dont deux se dirigent à droite et à gauche vers les étamines voisines, et dont le mitoyen continue sa direction pri- mitive , et va former la nervure moyenne du pétale épe- ronné. Si on remarque maintenant l'écartement extraor- dinaire des Heux sépales, qui flanquent le pétale épei'on- né, si on observe en outre que ce pétale est toujours beaucoup plus gros que les autres , que les deux éta- mines nectarifères sont aussi un peu écartées à leur base ; si enfin je ne me suis pas trompé dans mon ob- servation, qui au reste a été vérifiée par mon digne SUR LA FAMILLE DES VIOLACEES. l5 ami M/ Seringe, excellent observateur j on pourra bien croire, i." qu'il y a avortement d'un sépale intérieur, 2.° que le pétale éperonné est composé de deux pétales soudés ensemble , 3.° qu'il y a une étamine avortée , et sommairement que le nombre sexténaire est le nombre primitif de la fleur des violettes ; nombre qui s'accorde bien mieux que le quinaire avec celui des trois car- pelles. Cette hypothèse se trouveroit cependant afFoiblie par ce même nombre quinaire , que nous retrouvons dans les genres à fleurs régulières, qui forment la tribu des Alsodinées , composée du Conohoria d Aublet , et de l'Also- deia de M."^ duPetit-Thouars genres que beaucoup de rap- ports naturels semblent assimiler aux Violacées. Proba- blement ce sixième faisceau est simplement destiné à completter le nombre régulier des filets vasculaires, qui doivent alimenter le fruit ; la coupe transversale de l'o- vaire, peu après la fécondation, ma permis d'y recon- noître distinctement six de ces filets , dont trois répon- dent aux trois placentas , et les trois autres alternes avec ceux-ci. Ce qui sembleroit étayer cette opinion, c'est que ce même nombre de faisceaux s'observe encore plus nettement sur le réceptable à l'époque voisine de la ma- turité du fruit , qu'au moment de la fleuraison. Elle ex- pliqueroit assez bien aussi les irrégularités de la fleur des violacées, qui se trouveroient alors n'être qu'une suite naturelle de la surabondance de sucs nourriciers, que ce sixième faisceau apporte aux organes , vers lesquels il se dirige, lesquels seroient employés de cette manière, jus- l6 SUR LA FAMILLE DES VrOLACEES. qu'à ce que le développement de l'ovaire leur rendit leur destination primitive. Je n'ai au reste nulle raison de douter que les mêmes causes et les mêmes ejfets se re- trouveront dans les autres genres à fleurs irrégulières , quoique je ne l'aie pas vu. Les formes du pistil sont variables dans le même genre. Le style, souvent étranglé et réfracté à sa base , s'élève tantôt en grossis an t, tantôt en se rétrécissant jusqu'au stigmate, dont les formes varient aussi dans les mêmes genres ; cependant elle est très-constante, dans les mêmes espèces , et certaines formes étant communes à plusieurs dentr'elles, j'en ai tiré des caractères pour la division du genre Viola en cinq sections, qui m'ont paru d'autant plus naturelles , que ces caractèi es se lient ordinairement avec le port, le mode de croissance et surtout avec les formes du fruit. Les figures ci-jointes feront bien mieux connoître ces modifications que de longues descriptions. Le fruit des Violacées est une capsule, qui s'ouvre en trois valves, et chacune d'elles porte sur son milieu un placenta nerviforme. Quant aux différentes formes des capsules je renvoyé encore à la planche afin d'abréger. Je remarquerai cependant que cette forme des capsules jointe à celle des graines m'ont paru fournir les caractères spécifiques les plus solides, et que dans la détermination des nombreuses espèces du genre Viola j en ai fait autant usage que je l'ai pu. La maturité du fruit s'annonce dans le genre V^iola par un phénomène assez intéressant : le pédoncule , qui SUR LA TAMILLE des VIOLACKES. 17 ëtoit courbé se redresse, U capsule devient verticale et s'ouvre : ses trois valves restent étalées, en exposant pen- dant quelque temps les graines aux rayons du soleil, en- suite les valves se contractent en rapprochant subitement leurs bords; et ce mouvement a assez de force pour lan- cer les graines à deux ou trois pieds de distance; puis les valves se relâchent et tombent vides. La capsule de la Viola odorata, couchée sur le sol, et toujours humide , laisse tomber ses graines sans contraction par une tem- pérature humide et pluvieuse, les capsules s'ouvrent len- tement et semblent avoir perdu une partie de leur con- tractilité. Dans le genre Jonidium, où le pédoncule est articulé, la capsule tombe à sa maturité avec la partie supérieure du pédoncule, et j'ai lieu de croire que ses val- ves sont privées d élasticité. Les graines sont plus ou moins nombreuses dans cha- que valve, la capsule de la pensée en contient plus de soixante. Celle de ITîymenanthera , genre de la INouvelle- HoUande en contient une seule, qui occupe toute sa cavi- té, (M. R. Browndit deux). Ces graines, de torme ovoïde, sont diagonalement pendues au placenta par leur petit bout, au moyen d'un funicule très-court, qui s'emboîte dans la cavité de la caroncule. Cette caroncule , glandu- leuse et blanche, se trouve au point d'attache de toutes les graines des violacées; elle est très-longue dans les- Viola odorata et hirta, mais le plus souvent elle est courte, et forme simplement un petit godet un peu latéral, là 011 s'insère le funicule. Je ne déciderai pas si cette caroncule est un commencement d'arille où un» ^e/n. de la Soc. de Phys. et d'il. nat. T. II. 1. Part. 5, l8 SUR LA FAMILLE DES VIOLArEES. simple tuméfaction de lépiderme membraneux et quel- quetois euloré en brun, qui forme l'eaveloppe la plus exlérieure de la graine. Le cordon ombilical se pro- longe sous lepidejine du coté inférieur de la graine , en un raphé , qui atteint son sommet géométrique ; là il s épanouit en myte aréole rugueuse un peu déprimée ; c'est dans ce lieu seul que le cordon ombilical pénètrç le testa, aussi cette aréole est-elle le véritable ombilic de la graine, (l'omphalode de Turpin); le point où le funicule s'attache à la caroncule, le bile, n'étant dans ce cas-ci qu un faux ombilic. Dans l'ovule ce prolonge- ment des cordons ombilicaux forme comme une corde sur l'un des côtés de la graine, et est alors tellement appa- rent, qu'il ne laisse aucun doute sur la marche que suivent les vaisseaux nourriciers. Quoique ce prolonge- ment, (ce vasiductus, comme l'appelle M."^ Richard), ait été trouvé sur les graines de plusieurs plantes, telles que les passiflores , le Tilia , les Lasiopétales de M.' Gay , je ne l'en crois pas moins important; il nécessite , il me semble, une définition plus précise des termes om- bilic et hile. y Sous le testa, qui est brun, cr'jstacé et fragile, on trouve une membrane interne extrêmement mince, mais d'un tissu très-serré, qui est fermée de toutes parts; à son sommet on observe une aréole rousse (chalaza de Gaertner) qui répond à lombilic du testa; c'est là que viennent sépanouir les vaisseaux ombilicaux. Cette mem- brane, l'endoplèvre de M." Decandolle, renfe.me un al- tumea charnu très-blanc , au centre duquel se trouve SUn LA FAMILLE DES VIOLACEES, I9 un embryon axile , presque aussi long que 1 albuinf n , à radicule cylindrique, dirigée non pas directement vers le hile, qui est un peu latéral , mais vers la base géométrique de la graine. Les cotylédons sont planes et appliqués par leur face. Us sont plus ou moins oblongs dans les violettes, orbiculaires dans le genre Pombalia et réniformes dans les Jonidium , que j'ai pu analiser. Je soupçonne que cha- cune de ces foi-mes est plus ou moins constamment propre à chaque genre, et qu'elles pourront un jour contribuer à en circonscrire les limites. Cette fabrique de la graine des violettes a été trouvée, autant que je puis en juger par les figures de MM. Humboldt et Bonpland, dans les fruits du Conohoria, et par M."^ Aubert duPetit-Thouars dans ses Alsodeia, ce qui nous permet jusqu'à un certain point d'en déduire un caractère d'ordre très-naturel, quoi- qu'il ne soit pas exclusif. La germination de la graine des violettes a lieu assez promptement dans quelques espèces, 5 à 6 semaines suf- fisent par exemple à la Pensée pour germer. Le premier phénomène , qui se manifeste , est le gonflement de la graine, puis l'épiderme se détruit par plaques, la radi- cule perce l'endoplèvre, brise le testa et s'enfonce en terre: quand le pivot , qui est assez simple , a pris racine , les cotylédons s'élèvent hors de terre, coiffés des téguments de la graine. Quelques jours après ils se débarrassent de ce chapeau , et paroissent sous la forme de feuilles sé- minales oblongues , ovales ou arrondies, suivant les grou- pes , munis de trois nervures. Les feuilles primordiales naissent opposées, mais ne se développent que successi- iO SUR LA FAMILLE DES VIOLACEES. veinent; particularité, qui est peut-être commune à toutes les plantes à feuilles alternes, par opposition aux végé- taux à feuilles opposées , dont les feuilles primordiales se développent simultanément comme dans les labiées. Si cette observation est juste elle pourra servir à distin- guer les végétaux, dont les feuilles, originairement oppo- sées, doivent conserver ce caractère, de celles qui tendent à devenir alternes. Après avoir parlé des genres, qui composent la famille des Violacées, nous dirons un mot de ses rapports natu- rels. Chacun sait que M."' de Jussieu, dans son gênera, avoit placé les violettes dans l'ordre des cistes, mais il les a depuis reconnues comme type d'une famille distincte. M.' de St. Hilaire leur trouvoit de grands rapports avec les Droséracées, M," Aubert du Petit-Thouars enfin les place à côtés des Passiflorées ; il a donné , dans son second cahier des végétaux d'Afrique, un table ;»u de ce rappro- chement , qui me paroît juste. Le Sauvagesia du côté des Violacées, le Paropsia du côté des Passiflorées paroissent devoir former ce rapprochement. Dans l'un et l'autre de ces genres , nous i-etrouvons la même estivation du ca- lice, une corolle à 5 pétales, une couronne de filaments colorés placée devant la corolle, des étamines droites et at- tachées par le dos (suivant l'observation de M."' de St. Hi- laire) un fruit capsulaire à 3 valves et des graines scrobi- culées; cependant le Sauvagesia diffère du Paropsia et des Violacées , par la position des étamines, qui (suivant M.'^ de St. Hilaire) sont alternes avec les sépales et opposées aux pétales; par une capsule, dont la déhiscence est sep-^ SUR LA FAMILLE DES VIOLACEES. 21 ficide et non pas loculicide , comme dans les Violacées, mais ce dernier mode de déhiscence rapproche les vrais Vio- lacées des Passiflorées, et la fabrique de leurs graines a daii- leurs de grands rapports. Dans celle du Passijîora angus-^ tifolia, que j'ai anaiisée, j'ai trouvé la même marche dans les vaisseaux ombilicaux, et le même nombre de téguments séminaux, que dans les Violacées; mais la graine est com- primée et les scrobicules, qui couvrent les semences des Passiflorées , et pénètrent dans l'albumen comme autant de petis cônes , me paroissent un caractère très-particulier propre à cet ordre. Peut-être aussi les Violacées ont-elles quelques affinités avec les Polygalées ? Le Monnina pubescens , de MM. Humboldt et Bonpland , a des Stipules caduques, autant que j'en puis juger parleurs figures, (fascicul. XXII. t. 5o5) sa fleur ressemble un peu à celle de X Hybanlhus Hava- nensis (II. B. et K. , figuré à la tab. 494- 1- c. ) et si le dis- que monadelphe des étamines de IHybanthus, qui d'après la figure ne porte que trois anthères à deux loges et deux à une seule loge, soit huit loges d'anthères, étoit soudé avec les quatre pétales supérieurs, nous aurions une co- rolle , qui ressembleroit à celle du Monnina. Le fruit de l'Hymenanthera est suivant M." Rob. Brown ( Congo. p. 23) une capsule biloculaire et monosperme à graines pendantes. La fabrique de la graine des Polygala a de; l'analogie avec celle des violettes. On pourroit donc il me semble , sans choquer les rap- ports naturels, placer pour le moment les Violacées entre lii famille des Passiflorées et celle des Polygalées, 23 srR 1,\ PAMlLIiF, DES VIOLACÉES. A la planche spécialement destinée à l'analise du genre Viola, j'en ai joint une autre pour faire connoître dans leur ensemble les principaux genres qui composent la t'a- mille des Violacées. La première a été dessinée daprès nature, mais à défaut d'exemplaires secs ou vivants, pro- pres à me fournir des analises pour la seconde planche» je me suis permis de faire copier les figures des auteur» les plus estimés. StTR LA FAMILLE DES VIOLACEES. ^ 85 EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I." Dêvelopjy«ment du genne Viola. Ftg. I. Une portion de tiSe V. tricolor ( grandeurHaftirpTIe ). 3. Coupe transversale (grossie) delà lige de V. tricolor. 5. Coupe transversale ( id. ) du pédoncule de la tûême. 4. Coupe transversale (l'rf. ) du pétiole. Ces coupes sont censées faites à la hauteur de la ligae qui traverse la lige fig. i. 5. Coupe transversale du réceptacle, pour faire voir la posi- tion relative de tous les organes de la fleur sur le torus. a. Sont les 5 sépales , dont 5 extérieurs , le» sépales placen- taires et 2 intérieurs, les sépales valvaires. b. Les 5 pétales alternes, c. Les étamines alternes avec les pétales, d. L'ovaire et ses 3 placenta opposés aux 5 sépales extérieurs. — L'on voit autour de l'ovaire la direction et les ramifications des 6 fais- ceaux vasculaires , dont on a figuré en /3 la direction primi- tive dans le pédoncule. 6. a. Kslivation imbricatire du calice du V. tricolor. h. Coupe transversale du même. 6. bis. Eslivation de la corolle. 7. Aspect de la fleur du Viola odorala , vu de face. 8. Aspect de la fleur du Viola tricolor vu de face , pour indi- quer la différence de cet aspect dans les sections du Nomi- nium et Melanium. g. Position respective des pétales du V. odorala la. le pétale 10. Posiiioa respective des pétales du Y. tricolor J éperoaaé. «4 SUR LA FAMILLE DES VIOLACEES. ( Nectarolheca ) h. l'un des pétales latéraux ( Alée ) c. l'un des pétales supérieurs (vexilla ) , pour faire voir que la diffé- rence d'aspect des deux fleurs vient de ce que le limbe des ailes est réfléchi en dehors dans le V. tricolor et non daas le V. odorata. F'ig. 1 1 .Sépale de V. odorafa. 12. Sépale de V. tricolor. i3. Coupe longitudinale d'une fleur de V. tricolor , pour fair* voir que l'origine des pétales et des étamines est légère- ment périgyne. ^. l'ovaire parlieliemenl plongé dans le torug concave. 14. Coupe longitudinale d'une fleur de V. tricolor, qui montre l'origine parfaitement hypogyne de ces mêines organes et le torus plane. i5. Etamine du V. Canadensis vue en dedans, d^ux fois plus grande que nature , ainsi que les suivantes. 16. Etamine appendiculée de la même ; exemple d'appendices (nectarii) réfléchis en-dessus. 17. Etamine de V. odorata en dehors. 18. Etamine neclarilère de la même , exemple de nectaire cor- niforme. ig. Etamine du V. tricolor , en dehors. 20. Elamlne nectarifère de la môme; exemple» de nectaire sé- lacé. 21. Position et rapprochement des 5 étamines du V. odorata autour du pistil. 22. Etamine de V. stipularis. 23. Etamine de V. odorata , vue en dedans , et dont on a enlevé les masses polliniques a, avant la maturité du- pollen. 24. Etamine, coupée transversalement et vue à de fortes loupes. 25. Pollen mùr et humecté du V. tricolor. 26. Pollen du même vu à sec. SUR LA FATMILLE DES VIOLACEES. 25 Fig. ■?'j.V'isù\ Je V. Iricolor trois fois plus grnnd que nature (ainsi que les suivans ) avec le sommet du style et le stigmate à la gauche , vu à rie fortes loupes ; exemple du stigmate de la section Melaniuin. 28. Pistil de V. Canadensis (le grossissement du stigmate manque). Exemple de la section Chamœmelanium. 29. Pistil de V. biflora ; exemple de Dischidium. 30. Pistil de V. palmata ; exemple de Nomimium. Première sous-division à stigmate marginé. 3i. Pistil de V. odorata; exemple de la même section. Seconde sous-division à stigmate convexe et nu. Sa. Pistil de V. Canina ; exemple de la même section. Seconde sous-division à stigmate convexe , mais papillcux. 53. Pistil de V. stipularis ; exemple de la section Lepticlium. 54- a. Capsule de V. odorata. b. Coupe longitudinale d'un pla- centa et mode d'attache des semences, c. Une valve vue en dedans ; exemple de capsule arrondie. 55. Capsule de V. tricolor arec une valve seule à côlé ; exemple de capsule hexagone. 56. Capsule de V. canina ; exemple de capsule trigone acu- mmée. 37. Capsule de V. pumila ; exemple de capsule trigone ob- tuse ; une valve à côté vue de profil. 58. Capsule de V. palmata; autre exemple de capsule trigone obtuse. 3g. Coupe longitudinale d'un placenta de l'ovaire de la V. odo- rata , pour présenter un ovule au moment de la fécondation. 40. Semence de V. odorata avec sa longue caroncule a. et le vasiduclus b. 41. La mèmej dont on a enlevé la caroncule et l'épisperme, pour montrer le vrai ombilic au sommet de la graine. 42. Semence de V. canina , caroncule petite. Mém. de la Soc. de Phys. et d!H. nat, T- II. i.Part. 4 26 SUR LA FAMILLE DES VIOLACEES. 45. Semence de V. pinnata ; on y voit le microp\Ip en a. 44- Coiioe longilndinale (très-grossie ) d'une seni^-iice de V. ar- borescens a. la caroncule et le point d'atlache de la graine , aaa. l'épispernfje , h. vasiduclus , qui aboulil en c. à l'om- bilic du testa (omphalode) , cl. testa , e. endopièvre ; y. clia- lase , g. albumen, h. embryon; la même semence est figurée de grandeur naturelle à côlé. 45. Semence de V. tricolor en germination , recouverte des lé- gumens brisés, 46. La même , avec l'endoplèvre seulement. 47. La même, privée de ses tégumens. 48. Plantule de V. tricolor ; un cotylédon porle encore ses té- gumens séminaux. 49. La même plus avancée, aq^ les cotylédons, h. feuille pri- mordiale développée, c. seconde feuille primordiale, qui se développe plus tard. TAB. IL Développement de plusieurs genres de lafamUle des Violacées. I. Développement du genre Cal^ytrion , Cg. a. fleurs b. calice c. nectarotheca d. une des ailes e. un des étendard s( calqué sur la lab. 58 de la fl. Mexic. de Moç. et Sessé inéd. ) f. éla- mines rapprochées du pistil ; 2 étamines contigues portant des appendices velus , et les deux voisines portant les rudi- mens velus d'appendices semblables , mais avortés ( d'après nature ). IL Développement du genre Noisetlia (calqué d'après H. B. et K. Nov. gen. et sp. equinox. fascicul. XXIU. III. Développement du genre Pombalia (calqué d'après H. B. et K. /. c. tab. 496. Cg. IL (sauf la fig. h. qui est d'après nature). SUR LA FAMILLE DES vrOLACEES, 2J IV. Développement du n;enre Pigea (annlyse, d'après nature sur le sec , du Pigea filil'ormis. — de l'Iierb. De C. ). V. Développement du genre Jonidium ( calqué d'après H. B. et K. /. c. Les fig. a. h. c. cl. e. f.g. copiées de ï Jonidium micro- pfiflhnn , t. 495 et les fig. h. i. de rJonidium polygalœfolium, t. 496, fig. I. VI. Développement du genre Hybanlhus ( calqué sur le Hy- banthus Havanensis. H. B. et K. l. c. t. 49'i. VII. Développement du genre Conolioria (calqué sur le C. UI- mifolia H. B et K. l. c. t. 491 ). VIII. Développement de l'Alsodeia (calqué d'après du Pelit- Tliouars végét. d'aff. t. XVIII. Le.s fig. a. b. c. sont de l'Alsodeia pubescens , Du Pet. Thouars la fig. d. de l'Alsodeia latifulia Du Petit Thouars. IX. Développement du genre Ilymenanthera d'après l'exemplaire de l'H. anguslifolia de l'herb. de M. DecandoUc;, qui est un fragment de celui de l'herb. de Banks. X. Développement du genre Sauvagesia , fig. a. c. d. e. figuré d'après le Sauvagesia geminiflora de la fl. Mex. de Moç. et Sessé , t. 52 , fig. 6. fig. 9 , d'après le S. erecla de l'herb. De C. YIOLACEARUM GENERLM CONSPECTUS. A. Pericarpia dehiscentia locuUcida, stamina 5 petalis alterna. Trih. I. VIOLEjE. Pelala inter se iniqualia. %■ I. Slarnina dislincta. a. Kectai'otlieca poslice producla. 1. Neclaioiheca pos'ice cucullata , contorta . . . ^ . . I. Calyptrion 2. Keclaroiheca postice luLulosa , reçu , limbo iuvoIu(o (lior. iasciculaii ) . . . . n ■»- 3. Keclarotheca poslice plus -minus calcaraia , llmbo coq- TOlulo,aulheraedemissiÙ5sila;( flores soliia.il]. . . . III. Viola. -f-- Sljlus clavalus. Sect. 1. NoMiMiu^f. Sligma rosiralum , foraminulo ad extremiiatem rosiri silo. ( exempl. V. odoraïa.) ^ect. ir DiscirtDfcv.Sùgm» esro,trat,im , apice plus ininus l.iloljum, forauaiaulo inier lobos sito. (exeiup!. V. JbiUoia ). ' Sec/. Ul. CnAii.^:,tEi.Ayiiu>i. Sligma spIisToliIeo-ca- pualum (foraraniulo-minuio ), capsula S-gona (exempl. V. Canadensis.) ' Sect. ir Melaxium. Sligma urceolalura ( aperlurà magna), capsula 6-gona. (exempl. V. uicolor. ) -\ — f-. Stylus subulalus. Sscl. V. Leptidium. Sligma proboscidciim. fi. Neclarolheca poslice vix gibbosa , aniice non producta. (an- therœ alliuscuie silœ. ) . ^ ixr <^ ,T , ' 1». SoLEA. >. JNeciaroll.ca aniice (nec poslice) producla. *- + . AniherœaliissimèsitE, sepala ecbinaia V. Pomealia. -+--<-. Andiera: dcmissiùsslta;, sepalamcmbranacea. 1. Lobis aniherarum apice in selas produclis; (?) . . . \I. P,gea. S. Lobis anlberarum inulicis -y k r,.._, ^' sîccat"'''.!nr '" '"''° '"•;"=''le'pl>o eonnala (Nectaro-beca posnce" saccala, aniicenue .producla ) . ^ vtri i- %. I. Slaïuiua dislincta. "■ ,?,W M-'" "'''"'"'f "°S"icuIata ; cl ideo anlhcrce alilusculè sua; ( folia opposila) . . . i^^ ^ .i r/'rT ?'" : «^"nS»iculata ; et ideo anlberas dcmissiùs sila; (foiia alterna .... v' r, «• TT c, . , . . ' ^- lUiNOREA. s- 11. Slamina basi interna; urceoli adnala. «. Sl^aminum Claraenla esunguiculala, anlhera demissiùssitte. . XI. Alsode.a. unguiculata ; aniliera; alliu-culè sila;. X. rilamenlis apice dilatatis, capsula 3-vaIvis(?) . . . XII. Cr.RANrnFBA ff IIlÏf-~~ ^■■'"-''«-"5-loba(Lour.). . . . XIII. P...,..oba. S- 111. Maraina inler se plus-minus coalita. a. Capsula 3-valvispolysperma(Vand-^ Yiir r ri ■ n . . ' AlV. I.AVRADIA. ^.- - .nfla.amembranacea(Bro,vn) XV. P.,v...PnoaA. >. - -subbaccata.-.-sperma(..locul.Brown) . . . . XVI. Hvmc.s..,„.ra B. Pericarpia dehiscentia septicidn, slumina 5 {an lo.-^j petalis opposita. Trib. m. SAUVAGE.^:. ^.„„ , A\ II Sauvagesia. h OeNERA AEi'INIA. XVIII r> ANlll. ril'ABEA, etc. Mémoires de la Soc. de Phys. et d'Hàt. mtur. Tom. II. i ." Part. , po^. ai i iePK.Hnaf. V. n. i«fp! p. 2 8. ^Tal. 1. jf ^cj/jtrrA,- lic^r //j ~Wëû7ân^~~ëuZT^ ^J^^^i^^^Ae^zim^ £iui^ae^i^c& TIOIA. LliPh..B_ isif.V.n.i"^p^p.2?. ^iflipf(c/i JCf< Oj =:==j2^JoTembre 1810 aux environs de Genève. DES ENVIRONS DE GENEVE. 55 La Fauvette d'hiver ou traîne buisson {Accenlor mo- dularis) ne se voit clans ce pays qu'en hiver, elle semble n'aimer que le froid, car elle nous quitte dès les premiers beaux jours du printemps. Les Pies et les Geais , ainsi que les divers Pics ( Picus viridis , major, médius et minor) la Sitelle (Sida euro- peu) et le Grimpereau passent aussi l'hiver chez nous. Les Mésanges , dès le commencement de l'automne se sont répandues dans les vergers et les taillis ; plus le 4emps devient froid, plus elles se rapprochent des lieux habités, ce qui fait que ces oiseaux paroissent plus abon- dants en hiver que dans les autres saisons. On a même cru, d'après cette circonstance, que les Mé- sanges étaient des oiseaux de passage , mais c'est à tort, les Mésanges restent toute l'année dans le pays , et si l'on ne les voit pas en abondance au printemps et en été, c'est qu'elles se retirent , pour la plupart, dans le fond des bois de la plaine aussi bien que des montagnes. De toutes les Mésanges la plus sociale c'est la Mésange à longue queue ( Parus caudatus) , elle forme des troupes nom- breuses. On en voit rarement moins de lo et quelque- fois jusqu'à 20 ensemble; elles ne se séparent point et suivent régulièrement une marche commune; elles ont un certain circuit qu'elles parcourent sans se détourner jamais , et souvent ce circuit a près d'une lieue de tour. Tantôt elles occupent à elles seules les branches d'un petit arbre sec , et elles en piquent l'écorce et les bourgeons , tantôt elles mettent à conti'ibution les haies dépouillées de feuilles, et semblent une bande de maraudeurs occupée au pillage. Ô6 SUR LES OISEAUX Les troupes de Mésanges bleues [Parus cœruleus) sont loin dêtre aussi nombreuses, et elles se dispersent plus fréquemment que les précédentes. La Mésange charbonnière et la Nonette cendrée [Parus major et palustris) vivent plus solitaires; elles ne forment point de bandes entre elles , mais elles se mêlent quel- quefois à celles des Mésanges bleues, et des Mésanges à longue queue. Les Corbeaux, les Corneilles , les Freux et avec eux quelques Choucas et quelques Corneilles mantelées, fré^- quentent en hiver, les prés, les champs et les envii-ons immédiats de la ville même. Enfin pour terminer le ta- bleau de Ihiver dans nos plaines, nous n'avons phis à in- diquer que la Cresserelle (jt'alco ILniiuticulus) (i) qui donne la chasse aux petits oiseaux, tandis que l'Autour ( Falco palunibarius ) si bien nommé par Lafontaine « l'Autour aux serres cruelles, » vient, jusque dans la cour des fermes , attaquer les pigeons et les saisir à l'entrée de leur colombier. § IL Monlagnes. Outre les oiseaux de la plaine qui, au lieu de se rendre dans le nord, vont passer l'été dans les lieux élevés, il est bien des espèces qui sont attachées pour ainsi dire à nos montagnes, et qui si elles paroissent quelquefois dans nos plaines, ne le fout qu'accidentellement et pour très-peu de jours, lorsque des froids extraordinaires le» chassent momenianément de leur stiition élevée. (i) CribkUe. DES ENVIRONS DE GENEVE. 57 Sans aller plus loin que le mont Salève, nous voyons cléja quelques oiseaux qui ne se trouvent pas dans le plat pays. Dans les broussailles qui couvrent le pied de cette montagne, réside le Traquet ( Saxicola rubicola ) espèce voisine du Tarier auquel il ressemble par ses couleurs et ses habitudes. Le Merle de roche (i) ( l'urdus saxatUis) fait entendre dans les rochers sa voix flutée et sonore ; mais il est si sauvage qu'on ne peut s'approcher d'assez près pour contempler à loisir, la beauté de son plumage varié de bleu et de roux vif. Sur ces mêmes rochers le Grimpereau de nauraille ( Tic/iodroma phœnicopUra ) dont les ailes sont de couleur de rose, poursuit en grim- pant les petits coléoptères dont il se nourrit. (2) Un ou deux couples d'Alimoches ( Cathartes percnop- terus ) établissent leurs nids dans les rocs escarpés de Salève ainsi que dans ceux du Mole. Ce petit Vautour blanc , bien qu'il se trouve partout, depuis les montagnes, de la Norvège jusqu'à celles du Cap de Bonne Espérance, n'est abondant que dans les contrées méridionales de l'Europe, et septentrionales de l'Afrique; il est en partie culier très-rare et très-difficile à se procurer chez nous. Un couple de Milans noirs {Falco nier) (3) niche depuis quelques années sur cette montagne, et dans la belle sai- son ils viennent pêcher sur notre lac , et y saisir les pois- (i) Moineau solitaire. (.2) Je trouve consigné dans les notes de M. GossC, que le 5i Mars t8o8 uw Grimpereau de muraille mâle a été tué contre les murs des fortifications de Genève. Ci) Vouai, Barbezat. Mém.delaSoc.dePhys.etd'H.nat. T. II. i^'Part, 8 58 SUR LES OISEAUX sons qui nagent près de la surface de l'eau. Cet oiseau a des allures singulièrement régulières, on le voit passer aux mêmes heures au-dessus des mêmes campagnes où il a passé la veille, en se rendant de la montagne au lac ; lors- qu'il a pris quelque gros poisson il l'emporte à son aire éloigné, puis revient dans la même journée renouveller sa ptche. Les mêmes rochers donnent aussi azile à une foule de Martinets à ventre blanc ( Cypselas alpinus ) qui éta- blissent leurs nids dans les fissures , et volent rapide- ment le long des énormes escarpements de la montagne en poussant des cris perçants, et en se poursuivant comme les Martinets noirs, mais avec un vol bien plus rapide encore. Ces oiseaux se voient très-rarement dans les plaines des environs de Genève, et ce n'est guères que dans le moment du passage en Mai et en Septembre , ou par des temps froids, orageux et pluvieux que l'on en aper- çoit quelques uns dans nos campagnes. C'est dans de pa- reilles circonstances qu'ils ont paru en Septembre 1809, en Avril 1819 et plusieurs fois dans le mois de Mai et de Juillet de la désastreuse année de 18 16, et enfin à diverses reprises en Mai 1821, pendant les orages et les pluies qui ont signalé le printems de cette année. Enfin on vient encore tout récemment (1821) d'ajouter au catalogue des oiseaux qui habitent les rochers de Sa-r lève, deux espèces intéressantes, le Mei'le bleu ( Y^/rdus cyaneus ) et l'Hirondelle de rocher ( Hirundo rupestris ) que sa couleur d'un gris de souris pourroit faire con?- fondre avec l'Hirondelle de rivage, si les grandes taches TES ENVIRONS DE GENEVE. 5^9' ovales et blanches qu'elle porte à ciiaque penne de la queue ne l'en distinguoit suffisamment (i). Tous ces oiseaux appartiennent aux contrées méridionales de l'Europe , et pour plusieurs de ces espèces, Saiève est sur la limite sep- tentrionale de la région qu'il habitent. Trouvant dans les rochers nuds, escarpés et exposés au sud et à l'ouest, de cette montagne, une conformation et presqu'un climat d'été analogue à ceux des montagnes qui bordent la Médi- terranée, ils viennent s'y établir et y nicher pendant la sai- son chaude. En hiver Saiève couvert de neige, donne azile à quelques espèces d'oiseaux, chassés par la rigueur du froid, des hautes Alpes où ils vivent le reste de l'année. Ces oiseaux qui appartiennent à la zone boréale, tels que le Lagopède et le Pinçon de neige, viennent donc rempla- cer les habitans du midi qui ont fui, et Saiève grâce à sa position voit ainsi chaque année et à peu de mois de dis- tance, les députés des régions les plus opposées de l'Europe se succéder sur ses roches escarpées. Si maintenant nous nous élevons plus haut, nous trou- verons dans les forêts de sapins des Voirons, du Môle, du Brexon , des monts Vergis , de la vallée du Reposoir» etc. entre 4oo et 900 toises de hauteur absolue, deux es- (i) C'est au zèle éclairé de M. Linder, Garde du Musée de Genève, que l'on doit la découverte de ces deux espèces dans notre voisinage. P'eu M. Gosse s'éloit procuié jadis quelques Hirondelles de rocher de la Savoie, et moi- même j'en ai vu pour la première fois en Juin 1821, sur une colline rocailleusCj à l'entrée de la vallée de Boëge , où elles nicheni; mais le Merle bleu n'avoil ja- mais encore élé vu chez nous. M. Linder s'est assuré aussi qu'il faisoit son nid dans les rochers exposés au Midi, qui s'élèvent au-dessus d* la Bonneville.- 6o 8UR LES OISEAUX pèces de Mésanges qui ne paroissent que rarement et seulement pendant le froid dans nos bois de la plaine , ce sont, la petite Charbonnière et la Mésange huppée {Pa- rus ater et cristatus ). Là se trouve aussi le Venturon {Fringitla cilrinella) qui tient au Chardonneret par la forme et au Serin par la couleur, et le Bec-croisé (Loxia ciirvirostra) qui se nourrit des semences de sapins , et à i'aide de son bec admirablement disposé pour cet objet , sait retirer artistement le pignon , de dessous la dure écaille du cône qui le renferme. Cet oiseau , quoique habitant des montagnes , descend par fois dans la plaine , mais son apparition est rare. J'ai vu en 1806 un nid de Bec-croisés qui fut pris dans un sapin sur le coteau de Boisy, à la fin de Mars ; ce nid composé d herbe , de mousse et de feuilles de sapins , renfermoit trois petits, couverts de plumes et déjà forts. Le plumage de ces petits oiseaux étoit d'un verd foncé moucheté de taches longitudinales noi- râtres. Ce qui me parut surtout remarquable c'est que ces jeunes individus n'avoient point encore les mandibules croisées ; mais que leur bec étoit tout à fait semblable à celui d'un Verdier. Le plumage du père étoit d'un beau rouge et celui de la mère verd. Le 3 Juillet 1816, quatre Bec-croisés, dont deux rouges et deux verds, vinrent se poser sur des mélèzes à Cologny, ils en détachoient les cônes pour en manger la graine. Il est à remarquer que Pété de cette année avoit été extrêmement froid et plu- vieux, et qu'à l'époque de l'apparition des ces oiseaux, les montagnes étoient couvertes de neige récemment tom- Jjée, ce qui avoit probablement chassé ces Bec-croisés des UES ENVIRONS DE GENEVE. ^I hauteurs qu'ils habitent. Cette supposition acquiert un de- gré de probabilité de plus par une nouvelle apparition, le I." Juillet i(S2i, d'une troupe de sept à huit Bec-croisés sur les mélèzes de la même campagne , le printemps de cette année là ayant été si froid sur les montagnes, que la plupart des arbres avoient été gelés, il est évident que c'étoit le défaut de nourriture qui amenoitces oiseaux dans la plaine. Leur séjour se prolongea jusqu'à la fin de Juillet, époque où ils disparurent et où peut-être ils furent tues par des chasseurs. La longueur de leur séjour et la tre- quence des visites qu'ils firent dans la campagne que j'habite , m'ont permis de faire quelques observations sur leur manière de vivre , que je consigne ici. Ces oiseaux se tenoient de préférence sur les petits sa- pins et les mélèzes ; ils étoient si peu sauvages qu'on pou- voit les approcher de très-près , et que le son de la voix ne les faisoit point fuir. On les voyoit se suspendre par les pieds aux branches et aux cônes des mélèzes ou des sapins , en couper avec patience et adresse les jeunes pous- ses ou les tiges qui supportent les cônes, puis les saisis- sant avec leur bec les transporter sur une branche; là, tenant le fruit assujetti avec leurs pieds, ils introduisoient leur bec dans l'intervalle des écailles , et y saisissoient successivement toutes les graines. Dans cette dernière opération ils employent les mandibules divergentes de leur bec à entrouvrir récaille,^et c'est avec leur langue qu'ils détachent la graine. Pendant quils dépouillent ainsi les arbres verds, on les entend se rappeler par un petit sifflement clair et com- 62 SUR LES OISEAUX posé d'un seul ton aigu fréquemment répété ; ils font aussi entendre le même sitfli.ment en volant d'un arbre à l'autre. J'ai observé qu'ils sattaquent souvent de préfé- rence à ces fausses pommes-de-pins formées sur les jeunes pousses par le Chermès du sapin ( Chermes abietis) , et qu'ils en mangent avec avidité les parties charnues. On pouvoit aisément reconnoître les sapins qu'avoient visités les Bec-croisés, à la quantité de bouts de bran- ches coupés dont la terre étoit jonchée vers la base de ces arbres. En tout ces oiseaux ont tout-à-fait l'allure et le port de petits perroquets. Dans les forets de sapins des montagnes, on trouve aussi la Souicie {FrlngiLla petronia) et le Friquet {Fringilla monlana) ^ deux espèces qui pendant les hivers froids des- cendent quelquefois dans la plaine. Le Cassenoix {Corvu& caryocatactts) au plumage couleur de chocolat, moucheté de blanc, remplace le Geay sur les montagnes; aussi les paysans fiappés de cette analogie lui en ont-ils donné le^ nom (i). Le Merle à collier (Tu/dus torquatus) qui a pris son nom du haussecol blanc qui se détache sur sort plumage d'un gris sombre, est aussi un habitant de ces forêts de sapins; son cri ressemble à celui du Merle com- mun, et ses habitudes paroissent se rapprocher de celles de la grive. Enfin dans les bois alpestres se trouvent encore le Pic cendré (Ficus caiiua) (2) qui diffère du Pic verd par (i) Geoy de montagne. (•j) C<'l oiseau descend quelquefois dans la plaine; il y a été trouvé par exemple j en Avril iSi5, et eu Octobre iBig. DES ENVIRONS DE GENÈVE. 63 la couleur grise de son occiput et de sa nuque, et le grand Pie noir (Ficus marlius) qui est abondant dans toutes les Alpes. C'est dans les forêts de sapins et de muièies les plus élevées qu'on l'entend frapper de son bec, à coups redoublés , l'écorce des vieux arbres. Je l'ai vu quelque- fois jusques sur la montagne des Voirons; naais nulle part il n'est plus abondant que dans le bois Magnin que l'on traverse en descendant du Col de Balme au village du Trient. Le Rouge queue (.Sj'/c/a titîiys) se voit dans les lieux pierreux, et se perche en remuant constamment la queue, sur le toit des chalets ou des chaumières des montagnards, d'oîi il fait entendre son petit chant. LeMoteux (i) {Saxi- cola oenanthé) habite les rocailles et les éboulemens au pied des rochers , sur lesquels se perche l'Accenteur des Alpes (Accentor alpinus) oiseau lourd et stupide qu'on peut approcher de très-près, et que les naturalistes mo- dernes ont séparé avec raison du genre des Fauvettes , avec lequel il n'a guères d'autre rapport que le chant. Dans les épais buissons de Rhododendron, qui, à la hau- teur absolue de 6 à 700 toises, embellissent par leurs fleurs couleur de rose l'aspect de la nature, le petit Tétras (2) {Tetrao telrix) élève sa nombreuse famille. La belle cou- leur noire glacée de bleu, du mâle, et sa queue fourchue qu'il se plait à déployer lorsqu'il marche , le font aisément remarquer aux chasseurs des montagnes, qui poursuivent au mois d'Août ce gibier peu recherché dans ce pays. (1) Cul blanc, (j) Faisan. €4 5XTR LBs orsEAtrx Un autre gallinacé le Lagopède (i) {Tetrao lagopiisj plus connu généralement, sous le nom de Perdrix blanclie, à cause du blanc pur de son plumage d'hiver ^ ne quitte pas la neige ou le bord des glaciers. C'est là quil dépose ses œufs sur la terre nue au pied d'un petit saule herbacé. L'attachement de la femelle pour sa couvée esK telle que j'en ai pris une sur ses œufs sans qu'elle pa- rut songer à s'échapper. On trouve en été ces oiseaux, alors revêtus de leur plumage varié , depuis la limite des neiges éternelles jusques à la hauteur de 12 à i3oo toises au- dessus du niveau de la mer, et on ne cesse de les voir que là où finit la végétation. En hiver ils redescendenjt jusqu à 4 ou 5oo toises de hauteur absolue et même plu3 bas encore; mais dès que la neige fond, ils remontent et abandonnent ainsi pendant Tété toutes les montagnes dont les sommets n'atteignent pas la zone des neiges perpé- tuelles. Les Pinçons de neige on Niverolles ( Fringilla n'walis ) habitent la même région que les Lagopèdes , on les voi* voltiger par troupes, de roc en roc, en déployant leurs ailes, et leur queue d'un blanc de neige. Quelques uns de ces jolis oiseaux font leur nid sur le toit du couvent du Grand St. Bernard, et pendant l'hiver les pères prennent plaisir à. les nourrir sur les croisées; c est le seul compa^- gnon que la nature a donné à ces respectables solitaires condamnés à passer dans le plus affreux désert, les hivers les plus rigoureux. Les voyageurs qui- traversent en hi^ (1) Albiiie ou Aibêne. DES ENVIRONS DE GENEVE. 65 ver le Monl Cenis, voient les Pinçons de neige voltiger à la suite de leurs voitures sur la route battue, et le spec- tacle de ces oiseaux anime seul ces immenses solitudes de neiges et de glaces. Les Choquards {Pyrrhocorax pyrrhocorax) vivent en troupes nombreuses sur les plus hautes Alpes; ils tournent, jouent, et se poursuivent au plus haut des airs en faisant entendre un chant assez mélodieux et varié mais sauvage et mélancolique. Ces oiseaux, par leur port, leur bec court, jaune et échancré, ainsi que par leur chant, ont de grands rapports avec les Merles, dont ils ont la couleur; mais ils tiennent aussi aux Corbeaux par leurs mœurs, et surtout par leur taille. Avec eux se mêlent les Coracias ( Pyrrhocorax graculus) autres oiseaux au plu- mage noir qu'on avoit aussi rangés parmi les Corbeaux; leur bec grêle , recourbé, qui est ainsi que leurs pieds du plus beau vermillon, n'est cependant point un bec de Corbeau. Les Coracias sont bien moins nombreux que les Choquards, leur chant tient plutôt du croassement, et ils ne vivent pas en troupes. Ces deux espèces habitent constamment ensemble les mêmes lieux, et les rochers, les pics , les aiguilles les plus escarpées retentissent de leurs cris qui se mêlant au bruit des torrents et des ava- lanches, ajoutent à l'impression de tristesse et de recueil- lement qu'inspirent ces grandes scènes d'une nature sau- vage. Ce sont les seuls oiseaux que M." De Saussure a aperçus sur le Col du Géant. Mais l'Aigle royal {Falcofulvus) et le Pygargue ( Fal- co albicilla) planent à des hauteurs encore plus considé- Mém. de la Soc. de F/>ys. et tl'II. nat. T. II. J ." Part, 9 66 SDR liES OISEAUX rables; et à quelqu'élévatiou que parvienne l'observateur, il voit ces énormes oiseaux de proie comme un point noir au-dessus de sa tète. Un jeune Pygargue ou Urfraye de Buffon, descendu probablement des montagnes, a été tué en Novembre i8i3 dans un bois des environs immédiats de Genève. Le Bécasseau Ijrunette ( Tringa variahilis ) , alors en plumage d'été c'est-à-dire avec le ventre noir , vit sur le bord des petits lacs des Alpes, tandis que le Merle d'eau {Cinclus aquatlcus) plonge dans les torrens, et marche tranquillement sous les cataractes. Voilà quels sont les oiseaux dont j'ai constaté moi-même la présence dans nos Alpes, mais la plus grande partie de nos rochers et de nos bois alpestres , ont encore été si peu parcourus par les Ornithologistes, qu'ils renferment peut-être encore bien des espèces peu ou point connues. J'ai tout lieu de soupçonner qu'on y découvrira un jour le Laemmergeyer ou Gypaète barbu ( Gypaètes barhatus) le géant des oiseaux de proie de l'ancien Continent, qui habite les pics élevés du Valais, et qui au défaut des jeunes chamois dont il fait sa nourriture favorite, descend quel- quefois vers les plus hauts chalets pour enlever les brebis et les chèvres. On trouvera peut-être aussi dans les forêts , le Pic tridactyle ( Piciis Iridactylus ) peu rare au Canton de Berne dans les bois près d'Interlaken. Enfin l'Ortolan de neige [Emberiza nivalis) que je n'ai encore jamais ren- contré chez nous, doit habiter nos plus hautes Alpes puis- que M."" De Saussure en a vu au Col du Bonhomme. [ Voyez § 763 des voyages dans les Alpes. ) DES ENVIRONS DE GENEVE. ^7 Le Jura renferme aussi quelques espèces d'oiseaux mon- tagnards qui ne se trouvent pas dans les Alpes. Ainsi ses forêts de sapins servent de retraite au grand Tétras ( Te- trao urogallus ) le plus grand des gallinacés, dont la taille surpasse celle du Dindon, ainsi qu'à la Gelinotte ( Telrao bonasia) gibier très-rare chez, nous, et de la chair la plus déiioate. Les Bartavelles et les Perdrix rouges {Perdix saxalilis et rubra) habitent les parties rocailleuses de ses bases dans les expositions les plus chaudes. Mais tous ces oiseaux sont surtout fréquents sur le revers du Jura du côté de St. Claude, et sur son prolongement dans la Bresse et le Bugey. rVous venons ainsi devoir passer successivement devant nos yeux, en nous élevant des plaines jusques sur les plus hautes montagnes, plusieurs oiseaux caractéristiques des pays du nord. Depuis le Bec croisé de l'Allemagne , le petit Tétras de l'Ecosse et du Jutland, le Pic cendré de la Nor- vège, le grand Tétras de la Suède et de la Russie, jusqu'au Lagopède, à l'Ortolan de neige et au Pic tridactyle de la Laponie. Nous verrons bientôt également sur notre, lac plusieurs des Palmipèdes de la mer glaciale. § IIL Marais et bords des rivières et du lac. Cependant avant que de passer aux oiseaux d'eau pro- prement dits, nous avons à visiter les marais et les ri- vages où arrivent, dans la saison, des troupes souvent assez considérables d'échassiers. Les Vani>€aux [VaneUus cristatus)et les Pluviers dorés ( Charadruis pluviuUs ) commencent déjà vers le 2,0 de 68 SUR LES OISEAUX Février à revenir du midi, ils se répandent dans les marais et les prairies humides souvent encore couvertes de neige, et après s'y être arrêtés quelque temps, ils gagnent les pays plus septentrionaux où ils nichent, et dans les premiers jours d'Avril, tous ont effectué leur trajet, et il n'en reste plus dans le pays. Dans les derniers jours du passage, on trouve quelquefois des Pluviers dorés mâles dans leur plumage de noces , qu'on nommoit jadis Pluviers dorés à gorge noire. Au commencement de Mars, arrivent les Bécassines (Scolopax galLlnago) (i) et avec elles la petite Bécassine sourde ( Scolopax gallinula ) (2) quelques individus de cette espèce passent l'hiver dans le pays, établis près des sources qui ne gèlent jamais. Plus tard, au milieu de Mars, on commence à voir arri- ver les Hérons gris { Ardea cinerea ) et les Cigognes blanches ( Ciconia alba) qui ne s'arrêtent guères , si ce n'est pour se reposer quelques moments sur les bords des marais ou du lac, et prendre des forces et de la nourriture pour suffire à leur long voyage vers le nord. Dans le même moment on voit passer quelques Grues ( Grus cinerea ) mais celles-ci ne sont pas de passage régulier et annuel , ou plutôt si elles passent annuellement au-dessus de notre pays, du moins elles ne s'y arrêtent pas toujours j car il y a bien des années oii on ne les aperçoit pas. Vers le 20 de Mars arrivent les Combattans ( Tiinga pugnax) (3) on a bien rarement l'occasion de voir parmi (1) Chevixlie. (i) Matias. (3) Pivier. DES ENVIRONS DE GENÈVE. 69 eux des mâles en plumage de printemps, avec leur fraise de plumies longues qu'ils hérissent dans ces combats qui leur ont mérité ce nom. INous ne trouvons guères que des vieux des deux sexes dans leur livrée d hiver , avec des jeunes de Tannée. Dans les derniers jours du même mois , les Hirondelles de rivage {Hlrtindo riparia) au plumage gris de souris, viennent s'établir sur les berges élevées et rocailleuses qui bordent le Rhône et TArve, où elles creusent leur nid ou le placent dans des trous déjà formés. Parmi les échassiers qui à cette même époque traversent notre Canton sans s'y arrêter, et qui se trouvent rarement à portée des chasseurs, je signalerai le Guignard ( Cha~ radrius morinellus ) ; quelques individus de cette espèce furent tués dans les derniers jours de Mars 1818. Ils sont plus abondans et plus réguliers à leur passage de re- tour en automne. Le mois d'Avril est le moment du plus grand pas- sage, soit dans les marais, soit sur les rives sablonneuses du lac et des rivières. Dans les premiers jours de ce mois, les Butors ( Ardea steUaris ) arrivent dans les marais et s'établissent dans l'épaisseur des joncs et des roseaux où ils font entendre leur mugissement. Après que tous les Vanneaux {Vanellus crislatus) et les Pluviers dorés {Charadrius pluvialis) ont terminé leur pas- sage de printems, on voit arriver dans les marais ou sur le bord du lac quelques Barges à queue noire {Liniosa nielanura) mais celles-ci sont peu abondantes, etleur passage n'a pas lieu 70 SUR LES OISEAUX toutes les années. Avec elles paroissent dans les roseaux 1 Ortolan de roseaux [Eniberiza schœniculus); les mâles alors portent leur plumage de noces, c'est-à-dire cette coqueluche noire qui avait engagé Buffon à désigner ainsi cet oiseau , lorsqu'on le regardoit comme une espèce distincte. Je n'ai pas encore pu m'assurer s'il niche dans le pays, si cela étoit, il n'en resteroit du moins qu'un fort petit nombre vu la très-grande rareté de mâles adultes. L'Efïarvate ( Sylvia arundinacea ) arrive à la même époque, et place son nid entre trois roseaux. Elle 1 arrange de manière qu'il peut glisser le long des tige& de ces plantes, de sorte que lorsque les eaux grandisseAt, le nid s'élève avec elles et ne court aucun risque d'être submergé. La Cigogne noire {C'iconia nigra) et le Courlis de terre ( (Edlcneinus crepitans ) qui sont assez abondans à leur passage d'automne , ne passent qu'accidentellement dans nos environs au printemps. Au milieu d Avril, commence le passage régulier et an- nuel des Guignettes ( Totanus hypoleucos), (i) des Gam- bettes ( Tolanus calidris ) (2) et des Bécassaux Brunettes ou Alouettes de mer ( Tiinga variabilis) (3), Aucun de ces oiseaux ne se présente à cette époque en plumage par- fait, mais ils portent à la fois des anciennes plumes de leur Kvrée d'automne et des plumes nouvelles de celle du- printemps. Quelques paires de Guignettes et de Gambettes s'arrêtent dans le pays pour nicher. Les premières s'éta- (l) Bécassioes du lac. (-2) Sifflassoa. (5) Piaule noire el gtiselle^ DES ENVIRONS DE GENEVE. 71 blissent dans les petits islots déserts et incultes que forme l'Arve au-dessous du village de Gaillard. Les Alouettes de mer vont faire leur ponte sur les bords des petits lacs dans les montagnes élevées. Il est à remarquer que les Guiguettes qui, en automne, passent presqu'exciusive- ment sur les bords du lac , ne se voyent au printemps que sur les rives des fleuves et des ruisseaux de notre Canton. Le Chevalier Sylvain {Tôt anus glareola) paroît d'après les renseignemens que je me suis procurés , passer à la même époque. Le Bécasseau ou Cul-blanc ( Totanus ochropus ) se voit aussi quelquefois. C'est également vers le i5 Avril que les petits Pluviers à collier ( Charadrius minor) (i) arrivent en troupes peu nombreuses sur les bords sablonneux des rivières ou sur les grèves qui bordent le lac en quelques endroits. Quelques paires s'y arrêtent pour nicher et déposent leurs œufs sur le sable nud, les autres rejoignent les grandes troupes de leur espèce , qui se rendent à cette époque dans les con- trées septentrionales de l'Europe. A peu près en même temps, on voit arriver les Mar- rouettes (2) et les Poules d'eau naines ( GalUnula porza- na et pusilla ); elles vivent dans les parties les plus four- rées des amas de joncs et de roseaux qui croissent dans les marais. C'est là que les chasseurs au fusil vont les poursuivre. La double Bécassine {Scolopax major) (3) bien plus (i) BîJeaux. (2) Girardiaes. (5) Chevrelle sourde. 72 SUR LES OISEAUX rare et plus estimée que la Bécassine ordinaire, vient, mais en très-petit nombre; clans les mêmes lieux que fréquente celle-ci. On voit assez souvent aussi arriver à la même époque quelques Bihoreaux {Ardea nycticorax). Vers le zS Avril un grand nombre de Courlis (i), de Corlieux (2) ( Numenius arquatus et phœopus ) et en même temps les Chevaliers aboyeurs {Totanus giottis) (3) eîî plumage mi-parti de la livrée dautomne et de celle de printemps, passent en petites troupes de 5 à 10 indi- vidus ou quelquefois isolément sur les grèves le long du lac. La fin de ce mois voit arriver quelques Blongios ( ylr- dea minuta ) les plus petits des Hérons européens; quel- ques paires de ces oiseaux paroissent s'arrêter dans nos environs, et y faire leur ponte, du moins l'on peut le con- jecturer, puisqu'on en rencontre quelquefois des vieux et des jeunes dans le courant de l'été. Avec le mois d'Avril finit le passage des Bécassines et des Bécassines sourdes^ { Scolopax gaUinago et gallinula) commencé au mois de Mars. Et dans les premiers jours de Mai, le passage du printemps, pour les oiseaux de ma- rais et de rivage, est entièrement terminé. Les espèces qui ferment la marche sont les Hérons pourprés ( Ardea purpurea) et les Crabiers {Ardea ralloides) qui passent assez régulièrement, quoicjue en petit nombre, sur les bords de notre lac en se rendant au Nord. Il est à remarquer que le passage du printemps est (i) Sifflet. (2) Crenct ou pelit Sifllet. (3) Tiouliou.. rtS ENVIRONS DE GENÈVE. 73 beaucoup plus court ici que le passage d'automne, que les espèces qui s'arrêtent chez nous , et les individus même sont bien moins nombreux, et qu'ils ne s'arrêtent guères que pour prendre quelques momens de repos, ou lorsque les vents les contrarient dans leur voyage. Aussi se hatent- ils de quitter nos contrées avant que les chaleurs de 1 été viennent dessécher nos marais. Si quelques Guignettes , quelques Gambettes, quelques Blongios, et peut-être quel- ques Bécassines sourdes restent dans nos environs pour pondre dans les endroits où l'humidité se conserve plus long-temps, l'immense majorité des échassiers qui tra- versent le pays, dirigent leur vol vers les régions humides du Nord de l'Europe, où ils trouvent pendant la durée de l'été une température douce, et une nourriture assez abondante pour suffire à leurs besoins et à ceux de leur progéniture. Dans la saison chaude, presque tous nos ma- rais desséchés sont complettement déserts, et ceux qui» placés au pied des montagnes, conservent encore quel- ques flaques d'eau, fournissent un az,ile à quelques Ca- nards sauvages {Anas boschas) qui viennent y établir leur nid, y pondre et y élever leur petite famille. Cependant dès les premiers jours de Juillet, les bords^ du lac recommencent à être animés par le passage fré- quent de quelques espèces d'oiseaux de rivage qui descen- dent déjà vers le Midi , tels sont les Courlis et les Cor- lieux {Numenius arqualus et phœopus) (i) qui courent sur les grèves de sable et de gravier, et qui volent eni (i) Sifflets et Crenet5. Mém. de la Soc de Phjs. et d'H. nat. T.lî. i. Part, lo- 7^ S-UR LES OISEAUX faisant entendre un sifflement aigu. Le Bécasseau bru- nette {Tringa variabilis) (i). arrive à la même époque; mais il n'est très-abondant que dans le mois de Septembre. Ce qui me porteroit à croire que ceux qui se voient en été sont des jeunes, nés dans les Alpes, et descendus dans la plaine. Viennent ensuite les Guignettes ( Totanus hy- poleucos) (2.) dont le passage de retour, qui commence ordinairement vers le 7 de Juillet, a été quelquefois assez «vancé pour commencer à la fin de J uin , et d'autrefois assez retardé pour n'avoir lieu que dans les premiers jours d'Aoust. Ces petits échassiers nous arrivent en grande abon- dance , et comme ils sont un gibier délicat , un nombre considérable de chasseurs se mettent à leur poursuite. L'habitude de ces oiseaux est de fréquenter les parties pierreuses des bords du lac, les digues et les murailles qui le bordent aux environs de la ville. C'est là que le chasseur se rend pour les attendre, et profitant de l'ins- tinct qu'ont les Guignettes de se rappeler le matin au lever du soleil, et le soir à son coucher, et de se réunir en grand nombre sur la même pierre ou sur le même mur, il prend son poste à l'un de ces moments de la journée, et se place dans un réduit où il est bien caché, puis, contrefaisant avec un appeau la voix de ces oiseaux, il les voit arriver auprès de lui, et peut aisément en tirer un grand nombre. C'est là la seule manière et la seule heure où l'on puisse espérer une chasse un peu abon- (1) Piaule noire et Grisetle. (s) Bécassine du lac. DES EiNJVlRONS DE GENÈVE. 76 liante, car dans le milieu du jour les Guignettes se dis- persent et se laissent difficilement approcher. On les prend aussi en disposant le soir des gluaux sur le haut des murailles où l'on sait quelles se perchent pour passer la nuit. Ce passage dure ordinairement six semaines. Au commencement d'Aoust arrivent les grands Plu- vier-^ à collier (CAa/«c//t«s hyaticulu) (i) sur les rivages sabloneux du lac. Le passage des Cigognes blanches {Ci- conia alba) a lieu au milieu du même mois , mais il est fort rare que ces oiseaux s'arrêtent; on les voit passer dans les airs à une trop grande hauteur pour que les chasseurs puissent les atteindre. Aussi quoique cet oiseau soit réellement de passage annuel chez nous, rien n'est plus difficile que de se le procurer. Vers le 20 d'Aoust les Chevaliers gambettes {Totanus calidris) {z) , et avec eux quelques Barges à queue no\re{Limosa7nelcmura) {3) commencent à i-edescendre vers le Midi. Le mois de Septembre est le moment de l'année où les oiseaux de marais et de rivage sont le plus abondants. En etïet les passages commencés dans les mois précédens , (à l'exception cependant de celui des Guignettes ) conti- nuent et deviennent même plus nombreux, et à ces oi- seaux arrivés du Nord , se joignent d'abord les jolis Bécas- seaux échasses (Tringa minuta) (4) dont la taille est in- férieure même à celle d'un moineau, et qui sont ainsi les plus petits de la famille des échassiers. Avec eux arrivent les petits Pluviers à collier {Charadrius minor) (5) qui (i) Gros Bideaux. (2) Siffiasson. C5) Grand Tiouiiou. (4) Pilletes.. 5) Biileau x. 76 SUR LES OISEAUX courent rapidement le long des grèves en poussant un petit sifflement aigu. Plus tard ces mêmes grèves se peu- plent de Chevaliers aboyeurs {Totanus glottis) (i) et de Bécasseaux brunettes ( Tr'mga variahilis) (2). Le plumage de ces deux espèces n'est pas plus parfait dans cette saison qu'au printemps , et 1 on y reconnoît le mélange des plu- mes des deux livrées ; mais avec cette différence, que tan- dis qu'au printemps les couleurs de l'hiver dominent en- core, ce sont en automne celles de lété qui prévalent. Quelques Chevaliers arlequins ou Barges brunes {Totanus fuscus) (3) paroissent occasionellement à la même époque, également en plumage mi-parti. Les marais, vers la fin de Septembre, se remplissent de Bécassines (4) et de Bécassines sourdes (5) (Scolopax gallinago et gallinulà), aveclesquelles se mêlent plus tard quelques Bécassines doubles {Scolopax major) (6). En même temps que ces espèces, dont le vol rapide sert ad- mirablement le naturel timide et sauvage, arrivent d'autres oiseaux remarquables au contraire par la pesanteur de leur vol et la rapidité de leur course, ce sont les Raies d'eau {Rallas aquaiicus) (7), les Marouettes {Gallinula •porzana) (8) au plumage gris-brun moucheté de blanc , et les Poules d'eau naines ( Gallinula pusillà). La fin de Septembre amène assez régulièrement de pe- tites troupes de Cigognes noires {Ciconia nigra) dans les (i) Tioutious, (2) Piaules noires et Grisetles. (3) Bizard noir et Pivier. (4) Chevrelles. (5) .Vlalvas. (6} Chevrelles sourdes. (7) Pantalons, (b) Gi- rardines. DES ENVIRONS DE GENEVE. 77 marais et sur les rives du lac, et l'on trouve aussi quel- quefois dans le même mois des Guignards ( Charadrius rnorinelus) qu'on apporte dans les marohts de Genève , en même temps que les Cailles et les autres gibiers de la saison. Le dernier passage des oiseaux de marais commence au milieu d'Octobre, c'est celui des Vanneaux {VanelLus cris- tatus) et des Pluviers dorés [Charadrius pUwLdi.s); mais ces oiseaux ne sont abondans qu'à l'époque des premières chutes de neige. On les voit alors en troupes dans les ma- rais et surtout dans les landes humides. Leur passage se termine à la fin de Novembre, et avec eux celui des Courlis de terre {^Sdicnemus crepitans) dont on trouve des individus isolés dans les mêmes temps que les Plu- viers dorés et à -peu -près aux mêmes lieux. En No- vembre les Ortolans de roseaux {Emberiza schoenicu- lus) quittent également nos marais, et les passages com- mencés en Septembre se terminent tous avec le mois de Novembre. Dans l'hiver, à compter dès le mois de Décembre, il n'y a plus de passage dans les marais, devenus à la suite des pluies de l'automne de véritables lacs, où viennent en abondance les oiseaux d'eau proprement dits. Ceux-ci n'habitent exclusivement le lac de Genève qu'au moment où les froids de l'hiver ont gelé les eaux des marais. Le Raie d'eau {Rallus aquaticus) qui ne quitte pas le pays de toute l'année , et quelques Bécassines sourdes {Scolopax gallinuLa) sont les seuls Echassiers qui bra- vent le froid de nos liivers \ encore vont-ils dans les lieux 78 6Un LES OISEAXTX écartés s'étaWir auprès de quelques eaux courantes, ou vers quelque source d'une température invariable. Le Martin pécheur (^Icedo ispida) dont le plumage est du plus bel azur, est aussi stationnaire toute l'année; on le voit dans toutes les saisons sur les bords du lac , ils se tient caché dans les buissons auprès des eaux, et s'élance sur les petits poissons dont il se nourrit; on le trouve également sur les rives de tous les ruisseaux, des étangs des campagnes et des fossés de la ville. § IV. Lac. Si maintenant nous portons nos regards sur le lac, et que nous le prenions tel qu'il est à la fin de l'hiver, nous le verrons habité par une foule de Canards de diverses espèces, de Grèbes et de Harles qui ont passé sur ses eaux la saison froide. A l'approche du printemps ces nombreux palmipèdes qui redoutent la chaleur, s'empressent de re- gagner les mers et les marais du Nord qu'ils ont été obli- gés de quitter en automne. A la même époque nous voyons passer les oiseaux des mêmes espèces et quel- ques autres d'espèces différentes , qsi avoient passé l'hiver soit sur des lacs, sur des étangs ou des marais plus méri- dionaux, soit sur les bords de la Méditerranée. Dès le 10 de Mars les Canards Pilets, Morillons et Milouins {Anas acula , fuligula e\. fcnna) se mettent en mouvement pour le départ. Vers le 25 les Garrots luttas clangula){\) et les Canards sauvages {Anas bos- (i) Les femelles et les jeune» Gairols jfoileat dans le pays le nom de Noi— DES ENVIRONS DE GENÈVE. 79 chas) qui avoient commencé à partir quelques jours plus tôt, ont presqu entièrement disparu. Alors arrivent les deux espèces de Sarcelles {Anasquerquedula et crecca) et la Foulque {Fullca atra) ainsi que la Poule d'eau [Gal- linula chloropus). Ces deux dernières espèces se tiennent dans les parties du lac où croissent de grands roseaux. On en voit aussi plusieurs dans les fossés de la ville. C'est aussi là que se trouve le Castagneux {Podiceps minor) (i); mais il est rare de voir des vieux de cette espèce , la plupart de ceux que nous trouvons ici , ont le plumnge du pre- mier âge, Les Canards siffleurs {Anas peiielope) passent dans les derniers jours de Mars. Dans le commencement d'Avril, on tue presqu'annviel- lement quelques paires du Canard souchet ( Anas cly~ pea/a) remarquable par son bec large et applati, et les brillantes couleurs du plumage du mâle. Dans les derniers jours d'Avril et les premiers de Mai, le lac se couvre d'une multitude de petits Palmipèdes qui volant toujours, se croisent, se mêlent , plongent sur les petits poissons ou les insectes aquatiques qu'ils dévorent eu l'air après les avoir sortis de l'eau. Ce sont ces oi- seaux, si communs sur les bords de la mer, que la res- semblance de leur vol avec celui de l'Hirondelle a fait nommer Hirondelles de mer (2). Deux espèces de ce genre rel, de pelit Morillon , ou de Plongeon; les autres espèces de Canards sont toutes confondues sous les noms de Canardssauvagesou de Sarcelles. Les jeunes Canards sauvages ordinaires (^nas boschas) se nomment liallebrands, (i) Grébion. (2) Besolels. 8o SUR LES OISEAUX fréquentent notre lac. Celle qui arrive la première, ver» le zS d'Avril, est le Pierre-Garin {Sier/m hirundo), elle n'est jamais fort abondante, et son passage ne dure pas long-temps. L'Epouvantail {Sterna nigra) qui arrive vers le 6 de Mai et se présente alors dans sa livrée noire du printemps en plumage parfait , est beaucoup plus nombreux , on en voit souvent des troupes de plusieurs centaines à la fois sur le lac. Les amateurs de chasse vont quelquefois exercer leur adresse contre ces oiseaux qui nont dautre mérite que d'offrir un point de mire facile, et qui , loin de se laisser effrayer par le bruit des armes à feu, accourent en foule dès qu'on a tiré, et se précipitent sur l'oiseau que le chasseur vient de tuer eomme s'ils vouloient s'en emparer. Quelques-unes de ces Hirondelles de mer nichent sur les sables à lembouchure de la Drance entre Thonon et Kvian, et dans les petites îles que cette rivière forme à son entrée dans le lac. Les autres gagnent pendant l'été les pays septentrionaux. Les Mouettes (i) sont aussi assez abondantes sur notre lac, on croyoit autrefois qu'il y en avoit un grand nombre d'espèces à cause de la grande variété de plumage que nous offrent les individus qui arrivent k diverses époques- dans nos contrées. Mais depuis que le beau travail de M/ Temminck , en démontrant les variations de plumage que l'âge, le sexe, la saison font éprouver au.x oiseaux de ce genre, en a fixé la nomenclature et réduit consi- dérablement les espèces, le nombre des vraies espèces qui; (i) Besules, Bcsus, DES ENVIRONS DE GENÈVE. 8l viennent régulièrement chez nous se borne à deux. La Mouette à pieds bleus (Lan/s canus) qui se trouve principalement en automne et en hiver, et la Mouette rieuse {Lariis ridlbundus) qui est bien plus abondante , et qui se voit dans toutes les saisons, à l'exception ce- pendant du moment de la ponte et de l'incubation. Vers le 10 de Juillet il en arrive ordiiiairement, sur le lac, des troupes assez considérables , composées de vieux des deux sexes en plumage d automne , et des jeunes de l'an- née. C'est au printemps qu on trouve les mâles avec leur capuchon brun. Ces Mouettes volent en général autour des bateaux de pêcheurs , et lorsque le ciel semble an- noncer un orage , on voit ces oiseaux se détacher par leur couleur blanche sur les nuages noirs, et voler en rasant les vagues. Pendant les vents violens du Nord-Est, les Mouettes abandonnent le lac et se rassemblent sur le Rhône près des' ouvrages de fortifications de la ville, elles volent jusques dans la ville même, passent et repassent sur les ponts de llle, et voltigent au-dessus des quais et des maisons. Si dans l'hiver les Mouettes sont plus abon- dantes chez nous, c'est parce qu'à cette époque plusieurs de ces oiseaux affluent du nord de l'Europe et viennent hiverner dans nos parages. Dans le milieu de lété et vers le 25 juillet, les Hiron- delles de mer Pierre garins {Sterna hirundo) (i) commen- cent à redescendre du Nord, ou peut-être des marais de la Suisse septentrionale où elles ont niché. (i) Bezolfls. Méin. dt la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. II. i ." Part. 1 1 8i SUR LES OlSfîAUX Au milieu d'Août on voit assez régulièrement passer sur notre lac, quelques jeunes Glèbes jou^ris {PocUceps ruhri- culUs); il est remarquable qu'à cette «'po ^ue on n'eii a jamais encore tué dadultes. Quelques jours plus tard commence le passage de retour des Epouvantails {Slerna nigra) (i), qui alors sont dans le plumage gris et Liane de la mue d'automne. Ils sont si différents de ceux de la même es- pèce qui ont passé au printemps , qu'on comprend aisé- ment que Buffon ait pu être induit en erreur à leur égard, et qu'il en ait fait une espèce distincte sous le nom de Guilette. Ce passage qui est pour le moins aussi nom- breux que celui du printemps , dure ordinairement tout le mois de Septembre. C'est surtout aux approches de l'hiver que le lac se couvre de Palmipèdes de diverses espèces; et tandis que la terre se dépeuple de ses habitans ailés, l'eau s'anime par l'arrivée d'une multitude d'oiseaux du Nord qui , chassés par la gelée qui a saisi tous les marais , les lacs , les mers mêmes des pays septentrionaux , viennent cher- cher un climat plus doux, et un lac que les hivers les plus rigoureux ne peuvent geler. Les Canards sont de ce nombre. On voit d'abord ar- river au milieu de Septembre, des troupes de Canards sauvages {Anas boschas) qui viennent rejoindre le petit nombre de ceux de la même espèce qui ont niché dans nos marais. Avec eux paroissent les Milouins {Anasferi- na) et les Sarcelles {Anas querquedula et creccà). Dans (i) Bezolets. DE* ENVIRONS DE GENEVE. 83 le milieu d'Octobre, ces troupes sont renforcées par de nouvelles bandes composées de Garrots et de Morillons {Anas clangula etfuligula). Tant que les marais cou- verts d'eau ne sont pas encore gelés, toutes ces espèces de Canards ont coutume de s'y rendre pendant la nuit pour pâturer; à l'approche du jour, ils les quittent et viennent sur le lac , où ils ne courent aucun risque d'être surpris par une gelée inattendue pendant leur sommeil qui a lieu durant le jour. Les chasseurs profitent de cette habitude et ils vont avant le point du jour et au coucher du soleil , se poster à l'afFut sur la rive du lac ou sur les bords des marais, du Rhône , des fossés de la ville, là où l'on sait que passent les Canards. Lorsqu une fois les marais sont gelés, les Canards ne quittent plus le lac. Ils s'y rassemblent en masses considérables et serrées , et se tiennent constamment sur leur garde de peur d'être surpris par les chasseurs. Aussi les voit-on prendre le vol dès qu'un bateau semble vou- loir s'approcher d'eux. Mais lorsqu'ils ne sont pas effrayés et qu'ils croyent n'avoir rien à craindre , ils se rap- prochent des rivages, se plongent, se relèvent et parois- sent jouer ensemble. Cette grande difficulté de les appro- cher fait qu'on n'essaye guères de les chasser avec des bateaux ordinaires. Mais quelques jeunes gens d'un vil- lage voisin du lac, ont coutume d'employer à cet effet de petits canots d'une construction particulière qui leur permettent d'arriver auprès des troupes de Canards sans les effrayer. Ils ont un petit batelet de 6 à 7 pieds de long à fond plat, dont le bordage n'a guères plus de 5 à 6 pouces de haut; un trou percé au milieu du fond de 84 SUR LES OISEAUX ce bateau, et entouré lui-même d'un borJage fort et élevé qui empêclie l'eau dentrer dans le bateau . donne pa^s.ige à une petite rame construite en pale d'oie, et ayant un jeu tout à fait semblable à celui du pied d un Palmipède. Un de ces longs fusils connus sous le nom de canardière est fixé à la proue du canot. Le chasseur s'étend à plat ven're dans le fond du batelet, et fait agir d'une main la jyale d'oie, un simple mouvement de va-et-vient suffit pour la mettre en action. Le bateau ainsi poussé par une rame qui ne sort jamais de l'eau, et n'oftrant aucun mouve- ment extérieur, arrive sans bruit auprès des Canards. Ceux-ci, n'apercevant qu'une caisse qui flotte, n'en sont pas effrayés , et le chasseur dirige la proue de son esquif de manière à ajuster avec le fusil fixe, le Canard le plus rapproché. Cette chasse qui est souvent très-productive , ne peut avoir lieu que dans des temps tout à fait calmes; car la moindre agitation de l'eau non-seulement nuiroit au succès , mais exposeroit le chasseur et son frêle esquif au danger d'être submergé. Avec les Canards viennent les Harles (i) qui vivent aussi en troupes , mais bien moins nombreuses. La seule espèce qui soit commune chez nous est le Harle huppé {Mergus serrator). Cette espèce est polygame, et dans une même bande composée de femelles et de jeunes, on ne voit quun seul mâle. Ces oiseaux qui ont toutes les allures des Canards sont plus vifs et plus animés qu'eux, on les voit toujours plonger et se jouer (i) Séclioùer, DRS ENVIRONS DE GENÈVTE. 85 sur les eanx. Leur cliair détestable les met à l'abri de la poursuite des chasseurs. La l^iette [AJergns alùellus) est très-rare, et quand on la trouve ce n'est que dans son jeune âge. Le grand liarle (Jlc/gus niergaiisvr) est également un des oiseaux les moins communs de ce pays, et quand on en tue ce sont au contraire des mâles et des femelles adultes. Les Grèbes, oiseaux estimés pour la fourrure argentée du dessous de leur corps, arrivent dans les derniers jours d'Octobre. Ce sont les jeunes de l'espèce nommée Grèbe huppé ( Podiceps ciistatus ). Ceux-ci sont fort abon- dants ; les adultes qui portent les oreilles et la colerette de couleur mordorée , sont rares et ne se voyent qu'acci- dentellement au printemps et en été. Les Grèbes sont bien réellement les oiseaux les plus aquatiques qui existent en Europe, car leurs pieds ne leur servent point à mar- cher, mais à ramer; placés à l'extrémité de leur corps ils ne peuvent pas le soutenir sur la terre , aussi ne voit on jamais les Grèbes marcher sur les rivages comme les Ca- nards, les Harles, et d'auti'es palmipèdes. Ils perdent aussi l'usage de leurs ailes peu de temps après leur arrivée , l'abondance de nourriture qu'ils trou- vent dans les eaux de notre lac les engraisse tellement que leur corps devient trop pesant pour pouvoir être supporté par leurs ailes courtes et faibles. Us devieiuient alors de véritables habitans des eaux, car ils passent au moins au- tant de temps sous l'eau qu'à sa surface. La chasse du Grèbe est intéressante en ce qu'elle fait connoître les mœurs de ces animaux. 11 est presqu'impos- 86 SUR LES OISEAUX sible de les tirer depuis le rivage , car dès qu'ils aperçoi- vent le feu du l>assinet, ils plongent si promptement que le plomb ne peut les atteindre. On est donc obligé de les poursuivre sur les eaux et c'est alors une véritable chasse à courre. Les chasseurs profitent d'une journée où le lac est parfaitement calme et montent plusieurs ensemble dans un bateau pourvu de bons rameurs. Dès que l'on aperçoit un Grèbe, on fait force de rames; on avance à portée de fusil, l'un des chasseurs fait feu, le Grèbe plonge à l'instant. C'est alors qu'il faut être actif et vigilant, se transporter au plus vite sur le lieu où le Grèbe a disparu, et ne pas manquer le moment où obligé de respirer, il revient à la surface de l'eau. Dès qu'il paroît on le poursuit et on le force à coup de fusil de replonger. Si l'on le perd de vue un instant et qu'il ait le temps de reprendre haleine , la chasse est man- quée, car il s'échappe et fuit sans qu'on puisse le retrou- ver. Si au contraii'e il est vivement chassé, ses plongeons deviennent toujours plus courts, bientôt il ne montre que son bec hors de l'eau, et enfin accablé de lassitude et d'é- puisement, il paroît en entier à la surface de l'eau et se laisse prendre vivant à la main. Plusieurs bateaux sont occupés pendant l'hiver à cette chasse qui est souvent fort lucrative, car chaque Grèbe se vend 6 à 8 francs aux pelletiers qui en font des garnitures de robes. Quelques jeunes individus de l'espèce du Plongeon Cat- Marin ( Colymhus septentrionales) (i) paraissent en au- (i) Lorgne. DES ENVIRONS DE GENÈVE. 87 tomne et en hiver, en même temps que les Grèbes. On peut également les forcer comme ceux-ci. Mais cette chasse est plus pénible et plus difficile que celle du Grèbe, car le Plongeon n'est pas si vite mis hors d'haleine et son plumage qui n'a pas de lustre argentin n'est pas usité en pelleterie. On trouve alors avec raison , qu'il est loin de valoir la poudre qu'on brûle à cette chasse et le temps qu'on y perd. 11 n'est pas rare en effet de le pour- suivre pendant une matinée entière, et de tirer jusqu'à 120 coups de fusil avant que de s'en rendre maître. Cet oiseau, dont la taille est beaucoup plus considérable que celle du Grèbe, fait entendre à une grande distance sa voix, forte et sonore. Deux autres espèces de Plongeons plus grands que ce- lui dont nous venons de parler , ont été quelquefois trou- vés, dans les hivers les plus rigoureux, accrochés aux ha- meçons placés pour prendre les truites. Ce sont les Plon- geons Lumme et Imbrim ( Colymbus arclicus et glacia- Us). Ces deux espèces, également rares chez, nous, ha- bitent en été les mers boréales, et nichent sur le.s côtes de la mer glaciale. Dans le mois de Novembre et pendant les nuits claires et froides, on entend, plutôt qu'on ne voit passer, de grandes troupes d'Oies sauvages. Elles ne s'arrêtent pas dans ce pays et rien n'est si rare que d'en tuer; j'ai pour- tant la certitude que l'Oie sauvage proprement dite {Anas segetuni) et l'Oie cendrée, ou première {Arias anser férus ) ont été tuées dans les environs de Genève. Je sais aussi que l'on en voit quelquefois pendant l'hiver sur le lac. 88 SUR LES OISEAUX § V. Passages accidenlels et individus isolés. Ici se termine le catalogue des oiseaux que nous pouvons regarder comme indigènes du Canton de Genève et de ses environs, c'est-à-dire des espèces qui y sont stalionaires , ou qui y arrivent chaque année dans leur saison, et qui, lorsqu'elles quittent le pays, ne manquent jamais d'y revenir alors que les circonstances qui les ont de terminées à émigrer ont cessé. Mais, comme je l'ai dit plus haul , il est des espèces qui habitent des pays fort éloi- gnés et qui se trouvent accidentellement portées dans le notre; les unes y arrivent plus ou moins fréquemment et en troupes plus ou moins nombreuses , c'est ce que je désigne sous le nom de passages accidentels. D'autres au contraire ne se montrent que par l'apparition rare et quelquefois unique d'un oiseau soUtaire qui, séparé dans le temps du passage des bandes de son espèce , a per- du sa route et s'est jette comme au hazard dans nos contrées. J'ai déjà signalé occasionnellement dans les parties pré- cédentes du mémoire quelques-uns des passages acciden- tels les plus fréquents, tels que ceux des Martinets à ventre blanc (Cypselus alpinus) , des Becs-ci'oisés ( Loxia curvi- roatra), des Mésanges huppées et des petites Charbonnières (Parus c/istatus et atcr) etc., qui descendent quelque- fois des montagnes dans les plaines. J'ai indiqué les Chou- cas et les Corneilles mantelées ( Corvus monedula et cornix ) comme accompagnant quelquefois les troupes de Corneilles noires et de Jt'reuxj le {^rand Harle et la Pietle DTÎS ENVIRONS DE GENÈVE. 89 {Mergiis merganser et albellus) comme paroissant quel- quefois sur le lac avec les Harles huppés. Enfin nous avons vu aussi les Plongeons Imbrim et Lumme ( Co~ lymhus glaclalis et arclicus) se montrer sur le même lac dans les hivers les plus froids. 11 me reste encore à consigner ici une foule d'autres espèces qui, à ma connois- sance, se sont présentées près de Genève à diverses époques et dans diverses circonstances. Les Jaseurs {Bombycivora garrula) sont de ce nom- bre ; deux passages considérables de ces oiseaux des con- trées boréales et orientales de l'Europe, ont eu lieu chez nous depuis i8o3, époque à laquelle j'ai commencé mes observations; savoir en Janvier 1807 ^^ ^^ Janvier 1814. A cette dernière époque les Jaseurs furent très-abondans et ils passèrent l'hiver dans nos environs; ils disparurent tous au mois de Mars. En 1807 le passage accidentel de Ja- seurs s'étendit sur une grande partie de l'Europe occiden- tale. J'étois à Edimbourg à cette époque et ces oiseaux aussi rares en Ecosse qu'ils le sont en Suisse, parurent également aux environs de cette ville dans les premiers jours de l'année. Des Linottes de montagnes ( Fringilla montiuni ) se sont montrées quelquefois dans les mois de Septembre et d'Octobre; ce sont aussi des oiseaux du nord, nommés par- les auteurs russes Tarins arctiques ou Rika. Le Bruant éperonnier {Emberiza calcarata) égalemenC habitant des régions boréales, a été pris au filet avec les Alouettes en Septembre 18 16. Celui que je me suis pro- cure à cette époque étoit une femelle. La Buse pattue {Falco lagopus) a été tuée près de Mém. de la Soc. de Phys. et dfH. nat. T. H. 1. Part. \% gb SUR LES OISEAUX Copet en Janviei' 1812, le Faucon aux pieds rouges maie ( Falco rufipes ) près de Genève au commencement de Mai 18 16. Cet oiseau n etoit pas entièrement nouveau dans notre Canton, un semblable se trouvoit plus anciennement dans la collection d'oiseaux du pays formée par feu Mr. le Professeur Jurine. On a eu plusieurs fois le grand Duc ( Strix buho) mais je n'en ai reçu moi-même que deux fois. Tune en Octobre 18 18 et l'autre aussi en Octobre 1822. Le premier a été tué dans un jardin près de Cologny, le second pris vivant sur la vieille tour qui domine le village d'Hermance. Le Scops {Strix scops) est beaucoup plus rare ; je ne connois qu'un seul exemple bien authentique de son apparition près de Genève, savoir en Novembre 1808, sans compter celle du Scops qui étoit dans la collection de M. Jurine. Le RoUier {Coracias garrula) ce bel oiseau du midi ■paré des plus brillantes couleurs, s'y trouvoit aussi; il en a reparu depuis deux fois vers les marais de Sionnex, l'un en Septembre i8o5 et l'autre en Septembre 1819. Je n'ai vu qu'une seule fois chez nous la Fauvette aqua- tique ( Sylvia nquatica ) , je la tuai dans des joncs près du Château de Bellerive en Octobre 18 12. Mr. Gosse reçut également un de ces oiseaux en Septembre 1808. L'Outarde ( Otis tarda) que Mr. Jurine s'étoit procurée dans un hiver très-froid et qui avoit été tuée dans des vignes sur le coteau de Cologny, étoit dans sa collection , deux autres ont été vues dès-lors en Août i8i3 et tuées aussi dans des vignes suivant le rapport de Mr. Linder. Enfin la Gannepétière ( Otis tetrax) que M.' Gosse seul DLS ENVIRONS DE GENEVE. 91 avoit réussi à se procurer, vient de paroître en Décem- bre 1822 après une grande ciutte de neige suivie d'un froid de - 4° à - 6'^ R. Deux individus jeunes nous ont été apportés au musée de Genève , l'un pris près d'Aire- la-ville , l'autre près de Chancy. Un nombre plus considérable encore d'espèces appar- tenant à la tribu des oiseaux de marais et de rivages, s'est présenté accidentellement dans nos environs. Un passage accidentel de Sanderlings (Calid/is arenaria) eut lieu en Septembre 1810, et Mr. Linder s'est, une ou deux fois, procuré cette espèce au mois d'Avril. 11 a aussi trouvé le Bécasseau Cocorli ( Tringa subarquata) en plumage mélangé des deux livrées , dans les mois de Mai et d'Août. Quelques Echasses ( Hlmanlopus melanopùerus ) ont été tuées sur les bords du lac en Mai 1818, et en Mai 1822. Le Bécasseau ( Tringa temmincHi) qui est si facile à confondre avec le Bécasseau échasse à cause de sa très- petite taille, de sa forme et de la couleur générale de son plumage, n'avoit jamais encore été vu près de Genève , et ne se trouvoit dans aucune collection de cette ville, lors- que pour la première fois j'en tuai un individu portant le plumage du jeune âge , sur le bord du lac , entre le château de Bellerive et le hameau de la Belotte, le 4 Septembre 1820. \]\\ nouvel oiseau de la même espèce me fut apporté le printemps suivant , à la fin d'Avril 1821 , il avoit été tué au même endroit que le précédent, G'étoit un vieux, dont le plumage était en passage de la- livrée d'hiver à la livrée d'été. ga SUR LES OISEAUX Le Chevalier Stagnatile ( Totanus stagnatilis ) qui se trouve assez fréquemment aux environs de Morges n'a été vu qu'une fois près de Genève, en Avril 1817. Des jeunes Tonrnepierres {Strepsilas collaris) ont passé sur le bord de nos rivières en Avril 1 8 1 8 , et en Septembre 1816. En Mai 1806 on m'apporta un Vanneau pluvier mâle ( VanelLus nielanogasier ) en plumage presque parfait d'été. Cet oiseau étoit autrefois bien improprement nommé Vanneau suisse , car la Suisse est un des pays oii il est le plus rare. Je ne l'ai trouvé qu'une fois dès-lors , savoir en 3Iai 1818. La Perdrix de mer (Glareola torcjuciia) a été vue ra- rement et en particulier en Mai 1821. Dans le même mois de la môme année parurent d'autres espèces habitantes aussi des climats méridionaux et des bords de la mer comme le joli petit Héron blanc, l'Aigrette {Ardea gar- zeita) et l'A voce t te {Recurvirostra avocette) si remar- quable par ses longs pieds bleus et son bec retroussé. L'ar- rivée, à peu près au même moment, de trois espèces mé- ridionales également étrangères à nos climats , est proba- blement due à une seule et même cause, quelque coup de vent extraordinaire dans le midi qui aura dévié ces oi- seaux de leur route accoutumée. Trois autres Avocettes ont été tuées en Juin 18:^2. La Barge rousse {Lirnosa riifa) paroît quelquefois en Mars comme nous lavons vu par exemple en 181 5. Mr. Gosse a consigné dans ses notes qu'un Huitrier {Hematopus ostrahgus) tué dans un des fossés de la ville qui communique au lac, lui fut ap- porté en Mai 1807. J'en ai vu depuis lors un autre qui a DES ENVIRONS DE GENÈVE. gS été tué en Septembre 1820 auprès du château de Belle- rive. Cet oiseau, commun sur les bords de rUcéan , étoife venu se poser sur les rives de notre lac dans un lieu ana- logue à ceux que les Huitriers fréquentent sur les côtes maritimes ; savoir , une longue plage de gravier bordée de gros blocs de pierre à demi ensevelis sous l'eau. Il vol- tigeoit de blocs en blocs et venoit souvent se reposer sur le gi\rvier du rivage. Les jours qui précédèrent l'arrivée de cet oiseau se firent remarquer par des ouragans violens qui souffloient tantôt du nord-est , et tantôt du sud-ouest. Le Pluvier à collier interrompu ( Charadrius cantianus ) a été tué une seule fois sur les bords du lac. Il m'a été pro- curé par Mr. Linder qui n'a pu me dire précisément le mois ni l'année de son apparition. L'individu dont il s'agit est maintenant au Musée de Genève. Enfin , pour ter- miner la liste des Echassiers adventifs dans notre pays, il ne me reste à parler que du beau Courlis vert , 1 Ibis fal- cinelle de Temminck {Ihisfalcinellus). Cet oiseau, sur le plumage duquel se mélangent les plus belles couleurs changeantes et cuivrées avec le brun marron le plus vif, est dit-on une des espèces d'Ibis adorées par les Egyp- tiens et conservées parmi leurs momies. Le seul indi- vidu que j'aie pu me procurer depuis que je m'occupe de ces recheixhes, fut tué en Juin 1810 sur les bords du lac. Les espèces de Palmipèdes étrangères à nos contrées qui arrivent accidentellement sur notre lac ne sont ni moins nombreuses ni moins remarquables. Deux passages considérables de Mouettes tridactyles ou Kutgehefs {Larus gé SUR LES OISEAUX tridactyliis) ont eu lieu à deux époques différentes, l'un dans les derniers jours de Février 1806, l'autre dans les premiers jours de Mars 1S18. Ces Mouettes portoient leur plumage d'hiver, et dans le second passage il y avoit parmi elles quelques jeunes oiseaux. Ces deux passages qui ont eu lieu à la même époque de l'année, furent également pré- i^édés par de violens ouragans du sud-ouest, et dans tous les deux aussi, les oiseaux étoient si fatigués, si désorieiités, qu'ils arrivèrent en grand nombre jusques dans le port même de la ville et qu'on en tua à coups de pierres et de bâtons. Les Canards nyrocas ou Sarcelles d'Egypte de Buffon (^/2«s /eHco/J/^/a//?^os) remarquables par la couleur blan- che de leur iris , et plus encore par la belle teinte d'un marron clair qui couvre uniformément la plus grande partie de leur corps , se sont montrés quelquefois sur le lac. 11 y en eut un passage assez abondant dans les mois de Mars et d'Avril 1818, ainsi que dans les mois de No- vembre i8i3et 1817. On a tué à ces diverses époques des mâles, des femelles et des jeunes. Un passage accidentel de doubles Macreuses ( Anus fiisca) a eu lieu au com- mencement d'Avril 1817. A cette époque un mâle en plu- mage parfait , plusieurs femelles et quelques jeunes me furent apportés. Il en a passé aussi à la fin de Décembre 1822, une jeune a été apportée à Mr. Linder. Les Cormorans {Carbo cormoran us) ont été vus à ma connoissance , quatre fois dans nos environs depuis que j'obsei-ve les oiseaux, et c'est Mr. le Dr. Mayor qui les a procurés au Musée ; le premier q^ui étoit une femelle , a. DES ENVIRONS DE GENÈVE. ^5 été tué vers le lac, à Versoix , à la fin de Mars 1819; le second, un beau mule en plumage parfait, à la fin d'Oc- tobre de la même année a été tué au même endroit que le précédent. Les deux autres ont été tués au bord de l'Arve, l'un à la fin d'Octobre , l'autre au milieu de Novembre 1822. C'étoient tous les deux des femelles. Le Canard millouinan {Anas marila) avoit déjà été pris vers Genève il y a une trentaine d'années , depuis lors je me suis procuré une femelle de cette espèce tuée sur le lac près de Copet, en Décembre i8i5 , et Mr. Linder a trouvé un mâle en Mars 18 19. Un autre Canard, le Chipeau {Anas strepera) paroît aussi occasionellement sur le lac. Je l'ai vu en Janvier 1817 et en Avril 1818. Avec les troupes de Mouettes qui abondent sur nos eaux en automne et en hiver, se trouvent assez fréquemment des jeunes Goélands à manteau bleu {Larus argentatus ) (i) on les distingue aisément des autres Mouettes à leur taille beaucoup plus considérable et à leur couleur grise. Je n'ai jamais trouvé les vieux de cette espèce dans nos contrées. Quelquefois, mais bien plus rarement, on rencontre aussi avec les Mouettes des jeunes oiseaux de deux espèces de Stercoraires (2), savoir, le Stercoraire Labbe [Lestris pa- rasiticus) et le Stercoraire Pomarin (Lestrïs pomarinus) leur couleur d'un brun foncé uniforme qui de loin paroît noir, les fait aisément remarquer. Aussi , quoique rares et accidentelles , ces espèces sont bien connues de nos pê- (i) Gros Bezu. (2) Bezule Hoirç. qG sur les oiseaux cheurs. J'ai été plusieurs fois avertis par quelqu'un d'eux de l'apparition accidentelle d'un de ces oiseaux , mais je n'eu ai reçu qu'une fois , c'étoit un jeune Pomarin en Oc- tobre 1822. Mr. Linder a eu un jeune Labbe en Avril, je ne sais pas précisément de quelle année. Les vieux n'ont jamais été vus dans ce pays. Deux jolies petites espèces de Grèbes ont paru une ou deux fois en plumage complet de printemps. Le Grèbe oreillard ( Poc/iceps auritus) mâle , en Avril 1 8 1 8 , et en Avril 1820, et le Grèbe esclavon mâle ( Podiceps cornuius ) aussi en Avril ; les jeunes de ces deux espèces se trouvent quelquefois en automne en miême temps que les autres Grèbes. Le Canard Macreuse [Anas nigra) a été trouvé ime fois dans le mois de Mai par Mr. Linder. De tous ces oiseaux qui nous arrivent accidentellement il en est peu qui soient plus remarquables que les Phalaro- pes. Ce geni'e semble faire le passage des Echassiers aux Pal- mipèdes. La forme du corps et la longuem- du bec et des jambes de ces oiseaux sont celles d'un Bécasseau , en même temps que leurs doigts bordés de membranes et l'habitude de natation les assimilent aux Foulques. Confinées dans la zone boréale et vivant en été jusques dans les régions po- laires, ces espèces ne sembleroient pas devoir se ti'ouver dans un pays aussi tempéré que le nôtre, et cependant j'en ai eu dans les mains des individus qui venoient d être tués sur noti'e lac. Le Phalarope plathyrinque ( P halaropus platyrincJius) étoit déjà depuis quelques années dans la collection des oiseaux du pays de Mr. Gosse, lorsqu'au mois de Novembre 1817 je me procurai un bel individu de cette DES ENVIRONS DE GENEVE. 97 espèce dans son plumage parfait d'hiver, qui venoit d'être tué sur une muraille, au bord du lac vers Pregny. Cet oi- seau avoit été vu quelques jours auparavant , nageant comme un canard à la surface du lac. Dès-lors, en Sep- tembre 1817, un autre Phalarope de la même espèce a et© apporté à Mr. Marin , il venoit d'être tué sur le lac au- dessous du village de Vesenaz. Le même chasseur qui avoit tué cet oiseau en a tué de nouveau un semblable au moment où il traversoit à la nage un petit marais situé aubord du lac, près du hameau de la Belotte ; l'habitude qu'a ce chasseur de voir et de reconnoître les oiseaux de cette espèce, fait que je puis ajouter foi aux indications qu'il m'a données, à plusieurs «poques, relativement à des oiseaux semblables vus par lui sur le lac; en particulier, il m'a dit en avoir vu un pareil nager long-temps autour d'un bateau oili il étoit à pêcher en Août 1816; et une autre année pendant l'hiver , il m'a assuré en avoir vu un nombre assez considérable à la fois sur le lac. Cet oiseau paroît donc n'être point si rare chez nous qu'on le croyoit d abord , j'ai vu qu'il étoit assez gé- néralement connu des pêcheurs et des chasseurs des bords du lac, sous le nom de Bécassine d'eau. En effet , un si petit oiseau qui ressemble à une Guignette, qui nage et qui se fait remarquer par sa tête blanche , ne sau- roit échapper à l'observation de ceux que leur métier ap— pelle à passer une partie de leur vie sur le lac , surtout lorsque son liaturel peu sauvage fait qu'on s'approche de très-près sans l'effrayer. Mais j'ai trouvé, et une seule fois seulement, une espèce bien plus rare du même genre, le Phalarope hyperboré Mém. de la Sac. de Phya. et à' H. mit. T. II. 1. Part, i3 98 SUR LES OISEAUX i^Phalaropus hyperboreus). C'est en Août 1806 que me fut appox'té, par le chasseur qui venoit de le tuer, cet oiseau le seul de son espèce qui ait été jusqu'ici vu en Suisse, et qui est déposé actuellement dans le Musée de Genève. 11 l'avoit trouvé nageant sur le lac et piquant avec son bec des moucherons et des éphémères sur la surface de l'eau. Enfin un oiseau non moins rare s'est offert à moi une seule fois, l'Hirondelle de mer Tchegrava (iSlerna caspia) nommée par BufFon l'Hirondelle de la mer Caspienne. Cette espèce qui n'avoit encore jamais été vue aux envi- rons de Genève n'a pas reparu dès-lors. L'individu qui me fut apporté en Avril 181::, au moment où on venoit de le tuer dans le port de Versoix, fait maintenant partie du Musée de Genève. C'est un beau mâle adulte en plu- mage de printemps, sa taille beaucoup plus grande que celle du Pierre-Garin , son gros bec de la plus bril- lante couleur de corail, distingue au premier coup-d'œil cette espèce de toutes les autres Hirondelles de mer. Ij'oi- seau dont je parle se trouvoit au milieu d'une troupe de Pierre-Garins, et ce ne fut qu'après une poursuite de deux heures quon par\int à s'en rendre maître. Les chasseurs et les pêcheurs les plus âgés n'avoient jamais vu un oi- seau semblable. 11 y avoit au même moment un autre oiseau de la même espèce et que je suppose être la fe- melle ; quoiqu il reparut de temps en temps les jours suivans dans le port de Versoix, on ne put jamais par- venir à le tuer. A ces espèces rares que je me suis procurées moi-même et dont je puis par conséquent certifier l'apparition dans DES ENVIRONS DE GENEVE. 99 ce pays , je dois joindre quelques autres dont l'arrivée chez nous nest pas moins certaine. Mr. Liuder a trouve et procuré au Musée, le Jean le blanc (Falco brachydac /îj/ws), l'Oiseau St.-Martin (Falco cyaneus) mâle et fe- melle, et il vient (1822) d'ajouter encore deux espèces de Becfins à la collection d'oiseaux du pays, savoir le lîecfin iocustelle jeune ( Sylrla locustella ) tué au mois de Juin près d'un ruisseau à Lancy, et le Becfin natterer {Sylvla nallcrerl) pris vivant le i5 Juillet 1822 dans une mai- son de Genève où cet oiseau étoit entré. Mr. Marin a eu et m'a remis une jeune femelle du Buzard Montagu [Falco cinerncens). Dans la collection d'oiseaux du pays recueillis avec soin par feu Mr. le Professeur Juriue, et préparés par lui-même, on voyoit le Flammant (P/iœnicoplerus raher), le (jucpier (Alerops apiaster), la Spatule (Plaialea leu- corodia), l'Oiseau de tempête (Procellarla pelagica ,} et l'Ortolan {Emberiza hortulana). L'exactitude de ce sa- vant naturaliste est assez connue pour que la circons- tance seule que ces oiseaux avoient été places par lui parmi ceux du pays , prouve qu'ils doivent trouver place dans ce catalogue. Enfin je me sou^iens fort tien d'avoir vu dans mon- enfance empailler à Genève un Pélican gris (Pelccanfi.r onocrolalusy qui avoit été tué sur le lac près cfe ThonoiV et qui est peut-être encore à l'heure qu il est Conservé dans? cette ville de Savoye. Ici se teriïiine la li^^te des espèces d'oiseaux qui se' trouvent ou se sont trouvées à diverses époques dans le lOO SUR LES OISEAUX Canton de Genève et dans les lieux qui l'environnent im- médiatement. Mais il est encore quelques espèces qui ont paru dans des lieux plus éloignés, faisant partie de la même région physique ou du même bassin, et qui par consé- quent pourroient bien un jour être trouvées près de Ge- nève; c'est ce qui m'engage à en donner une courte in- dication pour diriger les observateurs futurs. La Rousserolle ( Sylvia turdoïdes ) qui n'a point encore été vue dans nos marais, est fort abondante dans ceux des autres parties de la Suisse. Lp Canard siffleur huppé ( Anas rufina ) a été tué fréquemment sur le lac auprès de Morges , et dernière- ment encore on vient d'y tuer le Pétrel Puflin ( Procel- laria puffinus). On a tué lEider jeune {Anas niolissi- ma) et un jeune Pingouin {Alca torda) sur le lac près de Vevey. A Ouchy prés de Lausanne, Messieurs Bonjour ont tué eux-mêmes sur le lac, la petite Hirondelle de mer {Ster- na minuta), le Canard de Miclon ( Anas glacialis), jeune , un jeune de la Mouette blanche ( Larus eburneus) et une Mouette pygmée ( Larus pygmeus) en plumage d'hi- ver. Les mêmes naturalistes se sont procuré le Vautour grif- fon (/^«//«/-/«/(^i/s) tué en Juin iSno à Pampigny village situé à deux lieues de Morges. Le Cygne sauvage ( Anas cygnus) a été vu dans les hivers froids aux grands marais de Culle près de Seyssel. LHirondelle de mer Leucoptère {Sterna leucoptera) se voit souvent aux environs de Morges un peu avant le passage des Epouvantails , au printemps; j'en ai aperçu une près de Genève pour la première fois au DES ENVIRONS DE GENEVE. lOl printemps de 1822 dans une troupe d'Epouvantails , mais ne Tayaut point tuée et ne l'ayant vue que de loin, je n'ai pas assez de certitude à cet égard pour la placer dans la liste des oiseaux de notre Canton. Le Merle rose (^Paslor mseus) a paru à deux époques différentes à ma connoissance, au-delà des Alpes qui or- dinairement sont une barrière qu'il ne franchit pas. Je me suis procuré une femelle tuée à St.-Claude dans le département du Jura, et je trouve dans les notes de Mr. Gosse, que Mr. Perrolaz chirurgien à Salanches a tué un mâle dans une troupe de 10 à 12 de ces oiseaux qui pas- sèrent, dans l'automne de 1807, aux environs de Sa- lenches en Faucigny. Un individu de la même espèce, et pareillement un très-beau mâle vieux, tué aussi près de Sa- lenches et faisant probablement partie de la même troupe, a été dans ma collection. La Chouette Tengmalm {Strix tengmalmi) qui a été tuée quelquefois dans la portion de la chaîne du Jura qui fait partie du Canton de Vaud, se trouve peut-être aussi dans celle qui nous avoisine. Enfin Mr. le Dr. Schinz à annoncé il y a peu de temps que la Cresserelette {Falco tinnunculoidea) avoit été tuée dans les environs de Lausanne (i). Quant aux oiseaux trouvés dans des parties plus éloignées de la Suisse, je ren- voyé à la notice que je viens de citer, et à l'ouvrage de Messieurs Meissneret Schinz sur les oiseaux de la Suisse (2). ^ — ■ — — — — — ^ Ci) Nalurwissenchafliger Anzeiger, T. 5. N." 6. (2) Die Vœgel dei- Schweilz. Ziirich , i8i5. IO-2 SUR LES OtSEAt'X Je n'entreprendrai pas de discuter les causes de Tappa- lilion de toutes ces espèces rares dans nos climats. 11 me sutfit pour le présent dindiquer celles qui me paroissent les plus probables. Le manque momentané de subsistance dans leur pays natal |3eut avoir obligé quelques uns dfF ces oiseaux à chercher d'autres contrées. Des coups de vent violents peuvent en avoir poussé d'autres loin de leurs demeures accoutumées, ou les avoir dévié de leur l'oute pendant leur passage. Quelques individus peuvent avoir été chassés et poursuivis par des oiseaux de proie et ainsi séparés de leurs semblables. Peut-être aussi quel- ques oiseaux de mer ou de rivage auront-ils remonté l'un de nos deux grands fleuves le Rhône et le Rhin. Peut- être enfin quelqu'oiseau étranger conservé dans une mé- nagerie, aura-t-il échappé à la captivité, et le hazard l'aura amené sur nos bords. Résumant maintenant en peu de mots l'es faits géné- raux que présente ce mémoire nous signalerons les résul- tats suivans, 1° Le nombre des espèces d'oiseaux reconnues dans- nôtre Canton et dans les montagnes voisines se monte à 242 dont i85 sont à proprement parler indigènes et 57 sont accidentelles. Des i85 espèces indigènes, 95 appartiennent à la plaine ( desquelles Sa sont stationnaires toute l'année et 63 sont des oiseaux de passage); 3i espèces sont propres aux montagnes; 87 aux marais et rivages (sur lesquelles 3- sont stationnaires et 34 de passage) et ts^fin 2.2. habitent le lac (une seule espèce est stationnaire , les 2.1 autres sont de passage ). DES ENVIRONS DE GENÈVE, 1 o5 Des 57 espèces accidentelles 20 appartiennent à !a plaine, 16 aux marais et rivages et 21 au lac. Si, dans la suite des temps, les espèces accidentellement trouvées sur les montagnes, dans les plaines et sur le lac dans les contrées voisines, espèces dont jai signalé i[) dans le courant de ce mémoire, venoient à paroître dans les environs de Genève, le nombre total de nos espèces seroit porté à 261. 2..° Outre les passages généraux qui ont lieu comme partout ailleurs, au printemps du Midi au Nord et en au- tomne du Nord au Midi , il est des passages particuliers qui se font également régulièrement chaque année ; au printemps, delà plnine aux montagnes, et en automne, des montagnes à la plaine , tels que ceux des cailles , des grives, etc. 3." Indépendamment de ces passages constans des lieux bas aux endroits élevés et vice vtrsâ , on voit quelque- fois des individus de certaines espèces qui habitent la montagne, descendre dans la plaine en été; comme les Mar- tinets à ventre blanc et les Becs-croisés , ou en hiver comme les Mésanges huppées, les Sizerins, lesFriquets,etc. Ces apparitions accidentelles sont dues à quelque temps rigoureux, à quelque froid subit qui aura fait périr les plantes ou les fruits dont ces oiseaux se nourrissent , ou à des grandes chutes de neige qui auront momentanément enseveli ces végétaux. 4-° I^es passages généraux du nord au sud et vice versa ^ nous amènent un certain nombre d'espèces qui peuvent être divisés en trois cathégories. I04 SUR LES OISEAUX A. Les oiseaux qui passent dans ce pays au printemps et en automne sans y séjourner ; comme les Gobemouches becfîgues, les Hérons pourprés, les Crabiers , les Hiron- delles de mer Pierre-Garin et Epouvantails , etc. B. Ceux qui arrivent au printemps du midi pour ni- cher, et passer l'été chez nous, et qui repartent en au- tomne , comme les Cailles , les Hirondelles , les Marti- nets , etc. C. Ceux enfin qui n'arrivent chez nous qu'en automne, passent l'hiver dans ce pays , et retournent au nord dès les premiers jours du printemps ; comme les Grèbes , les diverses espèces de Canards, etc. 5.° 11 est des espèces dont quelques individus sont sta- tionnaires toute l'aimée dans le pays , tandis que le gros de l'espèce est de passage , parmi celles-là quelques-unes comme les Alouettes, les Lavandières, etc., sont plus- abondantes en été qu'en hiver, d'autres comme les Mé- sanges^, les Mouettes, etc., sont au contraire plus nom^ breuses en hiver qu'en été. 6." D est quelques espèces qu'on voit fréquemment dans leur passage au printemps et qu'on ne voit point à leur retour en automne , comme les Grues , les Crabiers ;, il en est d'autres , comme les Cigognes blanches et les Cigognes noires, etc. qu'on ne voit qu'en automne et ja" mais au printemps. 7.° En été tous les oiseaux chanteurs perdent leur belle- voix, et il règne un silence complet pendant les grandes^ chaleurs tout comme pendant les froids de l'hiver. 8.° Les Echassiers qui subissent une double mue, ne se' DES ENVIRONS DE GENEVE. ic5 présentent ordinaireoient chez nous que dans un plumage où les couleurs des deux livrées sont mélangées. 9.* Enfin , plusieurs espèces d'Eciiassiers et de Palmi- pèdes qui sont communes chez nous, dans leur jeune Age , né se voient que très-rarement et quelquefois même point du tout dans leur état adulte, 'lels sont les Grèbes , les Plongeons Cat-marins, les Tourne-pierres, les Goélands à manteau bleu , etc. Le Calendrier ornithologique ci-joint, présente le résumé des observations précédentes sur l'époque de l'arrivée et du départ des oiseaux de passage; il ne se rapporte quaux en- virons immédiats de Genève et ne comprend point les mon- tagnes. J'y rassemble les données positives que j'ai pu ac- quérir sur ce sujet, et ce sont ces données qui servent de base au mémoire. Ce Calendrier sert donc en quelque sorte de pièces justificatives des faits avancés dans le mémoire. J'ai cherché , en conséquence, à y mettre toute la préci- sion dont un pareil travail est susceptible. On y trouvera pour chaque mois , d'abord l'indication des passages et événemens ornithologiques réguliers et an- nuels pour la plaine , les marais et le lac; une colonne in- dique l'époque la plus hâtive où le fait consigné au Calen- drier ait été observé, avec la date de l'année où l'observa- tion a eu lieu ; il en est de même pour l'époque la plus tardive. Une troisième colonne montre l'époque où le même fait a lieu le plus communément, la date du jour correspond au mois sous la rubrique duquel elle se trouve placée. Cette Mém. de la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. II. 1 ." Part. i4 io6 SUR LES OISEAUX date a été déterminée non pas en prenant une moyenne entre lépoqiie la plus hâtive et l'époque la plus tardive de l'apparition de l'oiseau , ce qui n'auroit point été con- forme à la marche de la nature, mais plutôt en prenant la moyenne entre les obser\ ations en même temps les plus rapprochées et les plus nombreuses. Il est même arri\ é souvent que le même événement a eu heu plusieurs années différentes au même jour du mois, et dans ce cas c'est ce jour là qui a été indiqué de préférence. 11 est arrivé sou^ vent aussi que l'époque la plus tardive et l'époque la plus hâtive se sont trouvées si rapprochées de l'époque indiquée comm.e la plus ordinaire, quil n'a pis paru convenable d'en faire mentian. En effet, diverses causes contribuent à faire regarder comme nulle, dans des observations de ce genre, une avance ou un retard qui osciUeroit entra des limites distantes de 4 à 5 jours de lépoque tixée comme la plus ordinaire. Après les événemens et les passages annuels et régu- liers, sont signalés les passages accidentels, ceux où des in- dividus d espèces non indigènes , se sont présentés ou en troupes plus ou moins nombreuses, ou bien ont paru plusieurs fois à des époques rapprochées; et enfin, les in- dividus isolés ouïes oiseaux qui se sont présentés solitai- rement et rarement. Dans ces deux divisions également , on a eu soin de distinguer les oiseaux qui ont été vus , pris ou tués dans les plaines, de ceux qui ont paru dans les marais et sur le lac. Lorsque cela a été possible on a in- diqué le jour et l'année où l'oiseau a été pris , et quand on n'a pu se rappeler le jour, on a du moins signalé l'annéç. DES ENVIRONS BE GENEVE. 107 Enfin, dans quelques cas où ces deux données ont échappé, et où l'on a su en gros qu'un tel oiseau avoit été tué dans un tel mois, on s'est contenté d'inscrire le nom de l'oiseau sans y ajouter de date. La lettre G. ajoutée à la suite du nom de l'oiseau, an- nonce que l'observation a été faite par Mr. Gosse et con- signée dans ses notes. La lettre L. indique qu'elle est due à Mr. Linder; toutes les autres observations qui ne por- tent aucune désignation semblable, ont été faites ou véri- fiées par moi.. CALENDRIER ORNITHOLOGIQUE jDES ENVIRONS DE GENÈVE. JANVIER. (Pûint de passage régulier dans ce mois). Passages accidentels. PtAiKE. Sizerios {Fringilla linaria), L. Friquets {Fringilla montana). L. Jaseurs {Bombyciuora garrula). L. 1807 et i8i4, à celle derDière époque ce» oiseaux restèrent jusqu'ea Mars. r Lac. Chipeau {Anas slrepera) 29. 1817. Individus isolés. • ' Buse ganlée [Falco lagopus) 1812. FÉVRIER. Èçénemens et passages réguliers. PLAINE. Epoq, ordi'n i5 20 Ep.la plus Ep.la plus lialive. tardive. Chant du Moineau , du Pinçon {Fringilla domestica et cœlebs) et de l'Alouette [Alauda arvensis). 8 Février 1817 16 Mars lUoâ MARAIS. Arrivée des Vanneaux {Vanellus cristatus) et des Pluviers dorés (Charadrius pluvialis). Passages accidentels. Platkx. Choucas {Corfus monedula) et Corneilles manlelées {Corvus comii) 23. 1818. Lac. Mouettes tridacijles ou KuJgeUefs {Lants tridactylus) 25. 1806. IIO CALENDRIER Epoq. ordio. lO l5 27 1 i5 20 a8 25 25 25 aS MARS. Êvénemens et passages réguliers. PLAINE. Départ des Litbmes et des Dratnes [Turdus pilarts el uiscU'orus), Chant du Merle {Turdus mrrula) du Rouge-gorge el du Pouillol {Sylvia ruberula et trochilus), du Bruant jaune et du Bruant de haie (Emberiza ci' trineila et eirlus). Passage lie Grives et de MauTÎs [Turdus musicus et iliacus) , de Corbeaux el de Coroeilles [Cori'us corax el corene). Arrivée des Bécasses {Scolopax nisticola) el des Ra miers, Bisets et Columbins [Culumba palumbus , livia el œnas\. Passage des Eiourneaux [^Sturnus i>ulgaris\. Arrivée des Hirondelles de cheminée [Hirundo rut- tica^. MARAIS ET RIVAGES, ArrÏTée des Bécassines et Bécassines sourdes [Scolo- pax , gatllnago et gallinula\, Pas»agedeHéronsgris[/^rc/ea cmer?rt],de Bnlors[/^r- deastellaris] el de Cigognes blanches [Clconia albd]. Passage de Combailans [Tringa pugnax^, Ârri\ée des Hirondelles de rivage [Hirundo riparia] LAC. Passage de Pllets, de Milouinset'de Morillons [^nas acuia , ferina et fiiliguta]. Arrivée de» Foulques [J^lica atrn] et des Poules d'eau [Gailinitla chloropus]. Fin du passage des Canards sauvages et des Garrots [j^nas boschas eiclangula\. Passage de Sarcelles d'hiver et d'été [Anas creccetaV quergiiediilaj. Passage de Canards sLflleurs [Anas p^neiope]. Ep.la pTus hati/e. Ep.la plus tardive. i7Février 1817 18 Mars 1806 1 Mars 1817 9 Mars l8o5 16 Avril 1816 SI Mars 10 Avril 1816 8 Avr» 18 là OîlNITHOLOGIQUî^. 111 Passages accidente/s. Plaine. Gorges-bleues {Sjlfia saecica) i5. i8o6. Bec-croisés [Loxia curfirestra) 28. 1806. Chevêches {Slrix jjanserina) ag. 1819. Mabais et Hivag£s. Grues {Grus cincrea) i5. i8o3 et 29. 1817. Guignards {C/taradrius mormeUus) aS. 1818. Lac. Mouelles iriJacl^Jes ou Kulgehefs {Lams tridad^lus) 2. iSlS, . Canards o/ioças {^Anaa leucophtalmos.) 23. 1818. Indmdus isolés. Px-AiNE. Faucon pèlerin {Falco peregrinus) 25. 1817. Tjcliodrome à ailes rouges [Tychodroma phœnicoplera) Si, 1808 G. Marais. Barge-rousse [Limosa rufa) 17. i8i5. Lac. Cormoran {Carbo cormoranus) 25. 1819. Miilouicaa {^Anas marila) l't. 1819. Epoq. ordin. 13 i5 AVRIL. Evénemens et passages réguliers^ PLAINE. Arrivée du Tarier[Saj;ico/a ruJe^/Wa atrica- pilla]. Arrivée du Coucou \_Cuculas canorus[. Fin du passage des BécasseB [Scolopax rusfieolal et des Ramiers, Bisets et Colonibins IColumba pa lumbus, livia et œnas]. Arrivée du Torcol [ Yunx torguilla], de la Pie grièche rousse , de l'Ecorcheur [Lanius rufus et collurio] , de la Huppe [ Upuppa epops] et des Pipit» [An- thus}. Epia plus l)ali\p Ep.Ia plus larilive. l5 Mars 18.7 i5 Mars 1822 ig Avril 1821 39 Mars 1809 4 Avril 1808 lia CALENTRIER Epoq. ordin. «7 20 25 25 i5 i8 i8 25 28 3o 5 25 Ep.la plus'Ep.Ia plus hali\e. tardive. Arrivée des Hirondellesde fenêlre [ffirundo urbica]. i." chant du Rossignol [^Sylria luscinià] et de la Fauvelte grispue [Sylvia ctnerea]. i" chaiil de la Caille [Perdix colurnix'l- Passage des Goberaoucbes becfigues [Muscicapa lue- luosiroslrd\ \, 1821 et 3. 1816. Martinets à ventre blanc [Cypse/us alpinun] 2 1816. Lac. Harle IJJergus merganse/] mâle. 1820. L. Individus isolés. Plaine. Beofia nauerer [Sjlyia nauererii] i5. 1822 L. Ep.la plus lalive. 26 Juin 1821 1 Juin 1816 Ep.la plus tardive. 16 Aoi\t 1816 1 Août 1817 111 CALIiNDRIER Epoq. i5 i5 20 22 3o i5 20 i5 20 AOUT. Evénemens et passages réguliers. PLAINE. Passage Je BecCos à poitrine jaune et de Becfinssif- flcurs [Sj'lvia hipolaïs ei sihilatiix). Départ des Mailinels noirs (C/pselus murarius). Les Perdreaux sont maillés. Passage des Gobemouclies gris ( Muscicapa grl- ieola). Arrivée des Pipils Farlouses , Spioncelles, Rousse- lines et dcsiinissons [ylnthus pratensis,a(juaticus; riijesceiis et arboreus). Sortie du nid des jeunes Hirondelles de clieminée (Tlirundo ruslica) de la seconde ponte. Départ des Loriots [Oriolus galbula) et des Huppes ( f'P"pO' epops). MAPvAIS ET RIVAGES. Passage des grands Pluviers à collier (C/iaradrius hyaticula). Passage des Cigognes blanches {Clconia atha). Passage des Chevaliers gambettes {Totanut calidris) et des Barges à queue noire (Limosa nmlanura). LAC. Passage de Grèbes Jougris(/'of/;cfpsrKi/(ro^//s)jeunes. Passage des Epouvanlails [Sterna nigra) en plumage d'automne. Indii^idus isolés. Ep.la plus Ep.la plus lialive. tardive. 10 Août 1821 17 Août 1819 6 Août i8o4 6 Sept. 1S12 29 Août i8o5 Plaine. Outarde {OtU tarda) i8i3 L. Maiiais et Rivages. Bécasseau cocorll {Tringa siiharquata) L. Lac. Phalarope platjrinche {Plialaropus platyrinchus) 28. 1816. Pbalarope hjperboré {Phalaropus hypeiboreus) jeune 1806. Morillon [Jnas fuligula) 3o. 181G. Ooëland à manteau bleu {^Laras aîgentetos) jeune 3o. 1816. OnNlTHOLOGIQUIÎ, 11' SEPTEMBRE. Epoq. oiJin. 6 G .^ '7 22 23 25 =9 Evénemens et passages réguliers. PLAINE. Départ du Rossignol {Syhia luscinia). Passage des Gobetuoucbes becfigues i^Mascicapa luc- tuosa) en plumage d'hiver. Arrivée des Grives el des Mauvis [Turdas musicus et Hiatus), Commencement du Passage de départ des Cailles {Perdix coturnix) el des Gorges bleues {SyU-ia suecica'). Passage des Raies de genêt {Gallinula crex). Commencement du départ des Fauvettes à léte noire et des FiOssignoU de muraille {JSjlvia atricupilla et pliœnicurus). Coramencement du passage des Bcrgeronettes jaunes, des Lavandières [Motacilla hoariila et alba), des Liuolles, des Chardonnerets [Fringilla cannnbina et carduelis) , des Hobereaux et des Emerillons {I^citco suhhuteo et œsalon), Commencemenl du passage de retour des Hirondelles de cheminée et de fenêtre (Hirundo rustica el itr- bîca). Passage des MoUeux [Saxicola œnanthe). Commencement du passage des Alouettes {Alauda arvensis). MARAIS ET RIVAGES. Fia du passage des Guignettes {Totanus hypoleu- cos). Passage des Bécasseaux échasses [Tringa minuta) et des petits Pluviers à collier {C/taradrius minor). Passage des Chevaliers abojeurs, des Chevalier ar- Ep la plus liative. I Sept. i8o8et 1809 C Sept. 1807 18 Sept. 1820 a8 Août 1817 Ep.la plus tardive. i3 Sept. 1818 21 Sept. i8i3 11 Ocl. 1818 25 Sept. 181 S 21 Oct. 1812 i5 Sept. 1820 ii8 CALENDRIER Fpoq. ordiii. 28 Ep la p' lis iiolive 4 Sept. 1820 Ep.la plus lardive. leqiiins [Tolanus gloltis cX fuacus] et des Bécas- seaux bruiielles \Tringa variaùilis]. Passage des Marroueltes cl des Poules d'eau naines [Galli?iula porzana et pusiUa\ et arrivée des Bé- cassiaes et Bécassines sourdes [Scolopax galUnago et galliiiiila\. Passage de Cigognes noires [Ciconia nigra]. LAC. Arrivée des Canards sauvages, des Milouins [^n«s bosc/icts elfeiind], et des Ilarles huppés [3fe?\jus tfnatorj. Passages accidentels. Plaine. Martinets à ventre blanc [Cypselan alpinus] 12. 1809. Linottes de montagnes ou Tarin rika [Fringilla montium] L. Marais et Rivages. Chevaliers cul-blanc [Totantts ochropus] i. 18 1£ Sanderlings variables [Calidris arenaiia] 28. 18 lo. Guignards [Charadrius murinellus] L. Indiçidus isolés. Plaine. RoUier [Coracias garnda] i8o5 et 28. 1819. Bruant éperonuier [Emberiza calcarata] 1816 L. Faucon pèlerin [Falco peregrinus] i8i2. Marais et Rivages. [Bécasseau tenimia Tringa temminchii] 4, 1820. Tourne-pierre [Strepsilas collaris] jeune 10. 1816. Phalarope plalyrinque \_Phalaropus plalyrinchus] i5. 1817. Fauvette aquatique [^Sylvia aqualica] 18. 1808 G. Huilrier \_Hematopus ostralegus] 20. i8ao. 5 Oct. 1812 3i Oct. i8i€ ORNITHOLOGIQUE. l'9 Epoq. orclin. 12 i5 20 25 3o i5 ]5 OCTOBRE. Efénemens et passages réguliers- PLAINE. Fin du passage des Rossignols de muraille (^S^lvia phœfiicurus). Fin du passage des Hirondelles de fenêtre {Hirundo urhica), et des Hirondelles de cheminée (^imni/o rustica). Passage d'Eloiirneaux [Sturnus vulgaris). Arrivée des Draines et des Litornes {Turdus uisci- i-'orus et pilaris). Passage d'Eperviers (Falco nisut). Arrivée des Bécasses {Scolopax rusUcolà). Fin du passage des Cailles [Perdix coturnix), et des Kalcs de genel [GalUnula crex). Passage de Corneilles {Cori.'us corone). Arrivée des Pinçons d'Ardennes [Fiingilla monti- fiingiltà). Dépari des Grives et des Mauvis [Turdus musicus et iliacus). MARAIS. Passage des Vanneaux {Vanellus crislaâus) , et des Pluviers dorés [Charadrius pluvialis). LAC. Arrivée des troupes de Garrots et de Morillons (Ànas clangula etfuligula), et des Grèbes hup- pés [Podiceps cristalus) jeunes de deux ans ou moins , avec quelques Plongeons Cat- marins jeunes [Coljmbui scptenlrionalis). Ep.la plus lalive. Ep.laplus tardive. 4 0cl. i8i7 7 Oct. iSiti 1/ Sept. i8ii 4 Oct. 1807 9 Oct. 1809 i5 Sept. 1820 3 Oct. i8i3 K, O.-t. 1818 23 Oct. i8i5 igOct. i8i8 21 Oct. 1816 28 Oct. 1808 20 Nov. 1822 120 CALENDRIER Passages accidentels, t*LAiNE. Sizerias [Fringilla UnartaJ 1810 L, Soulcies IFringillii pelronia] L. LiiioUes Je monlngne '[Fnngilla montium] L. Marais. Chevaliers arlequins [Tolnnus/iiscm^ 8. 1820. Courlis de lene [(Edicnemus crepitans] 17. 1818. Fauvettes aquatiques [Solfia aqualica] 10. 1812. Individus isolés. Plaine. Pic cendré [Ficus canus] 20. i8ig. Grand-Duc [Strix luhd] 21. 1818 et 1822. Lac. Stercoraire poiuarin \^Lesiris pomarinus] 1. 1812. Cormoran \^Carbo cormcranus] 25. 182a et 3o. 1819. Epoq. ordin 2 25 27 3o NOVEMBRE. Evénemens et passages réguliers. PLAINE. Passage des Proyers \Emhenza miliaris]. Fin du passage des Bécasses [Scolopax ruslicola] et des Ramiers l_C^lurnba palumhus\. MARAIS. Passage des Ortolans de roseaux [Emberha shœ- niculus]. Fia du passage des Vanneaux [Vanellus cristatus] et des Pluviers dorés [Charadrius pluvialis]. Fin du passage des Marrouetles [GalUnula porzana], des Bécassines et des Bécassiues sourdes [Scolo/iax gallinagu et gailinula]. LAC. Passage d'Oies sauvages [Anas segetu7n\. Ep.laplus halive. Ep.la plus I tardive. onNiTiioi.OGrnuE. 121 Passages acciâeiUels. Plaine. Mésanges huppées (Parus cristatus) 6. 1820, Bec-croisés (f.oxia cun.-iiostra) 23. i8o4. Corneilles mantelées {Curvus cornix) 3o. 1822. Fin du pnssage des Sizeiins [FringUlii linaria) en 18 10 L. AiABAis. Couilis de lene (yEdicnemus crepilans) i8i3. Lac. Canards ujToca (Ànas ieucophtalmos) i8i3 et n. 1817. Individus isolés. Platne. Scops [Slrix scops) 1808 L. Aigle P^-gargue {Falco pygnrgus) iSl3 L. Lac. Plialaropc plaijrinque [P halaropus plalyrinchos) adulte ea plumage d'hi- ver 1811. Cormoran [Carbo cornioranus) i5. 1S22. DÉCEMBRE. (Point de passages dans ce mois). Indiridus isolés. P1.AINE. La Cannepélierre jeune [Otis tetrax) 18 et ao. 1822. Lac. Grèbe csclavon [Podiceps cmritus] jeune 6. i8o3. Milouinan [Anas marila) feuaelle g. i8i5. Double macreuse jeune (Anas fusca) 24. 1822. Plongeon imbrim (Colymbus glacialis) 24. 1822. Méin. de la Soc. de Phys. et d'H, nat. Ï.Il. 1. Part. iG TABLE SYSTÉMATIQUE DES ESPÈCES MENTIONNÉES DANS LE MÉMOIRE. NB. — Les espèces marquées en lettres italiques ne se sont pas encore trouvées dans les environs de Genève , quoiqu'elles aient été vues dans les contrées voisinea. fultur fulfzts , p. 100. Cypaëlos harbalus p. 66. Catharles percnoplerus, p. 5'j. Falco fulïus , p. 65. albicilla , p. 65. peregrinus, p. 5i. subbuteo , p. 5i. xsaloD , p. 5i. rufipes, p. go. tinaunculus , p. 56. tinntiticuloïdes , p. ici. paluiubarius, p. 56. nis»s , p. 5i. mllvus , p. 4o^ 5|. aler , p. 5j. buteo, p. 53. lagopus, p. 8g. brach^daclilus, p. 99. c^aneus, p. gg. cineraceus , p. 99. Slrix bubo, p. go. dus , p. 35. scops , p. go. brachiolos , p. 35. Mém. de la Soc. de Phjs. Strix aluco, p. Sg, 4f. ilamniea , p. 59. passerina , p. 59. tengmalmi , p. loiv Corvuscorax, p. 52, 56. corone, p, 52 , 5S. cornix, p. 53, 56. frugilegus, p. 52, 56. mouediila , p. 53 , 56. glandarius, p. 34. pica , p. 34. Niicifraga carjocalacles, p. 62. P^irhocorax p^rrhocorax, p. 64- graculus, p. 65. Bombycivora garrula, p. 89. Coracias garrula , p. go. Oriolus galbula , p. 4o , 43,46. Slurmis Tulgaris, p. 36, 49. Paslor roseus , p. loi. Turdus merula , p. 34, 43, 48. saxalilis, p. 5/. musicus, p. 47 , Sa. iliacus , p. 4/ , 52. pilaris, p. 52. viscivorus, p. 52. et d'Hist. nat. T. IL i . Part. 1 6 * 2 TABLE Turclus cyancus, p. 58. loiqualus , p. Ga. Cinclus arjualicus, p. 66. Lauius excubilor, p. 54. collurio, p. 38 , 44. riifus, p. 38 , 44. Muscicapa giiseola , p. 40j 4;. luciuosa , p. 4o, 46. alrïcapïllci , p 4 o. Sjlvia luscinia, p. 38, 42, 44. orphea, p. 4i . IiorteDsis, p. 3/. ciaerea , p. 3/. ati'icapiila , p- 3/. pliœaicurus, p. 3/, 49. ihjlis , p. 37 , 63. hipolais, p. 46. suecica , p. 48. rubecula , p. 34, 54i aiundinacea, p. 70. locustella, p. 9g. turdoides , p. 100- aquatica , p. go. naltereri , p. gg. regulus, p. 34, 54. Iroglodjles, p. 34, 54. Irocliilus, p. 34 , 54. sibilalrii , p. 46. Saxicola uenanlhe, p. 38, 5o, 63. rubelra, p. 38, 44, 4g. rubicola , p. 5/. Accenloi- alpinus p. 63. modularis , p. 55. Motacilla alba , p. 34 , 36 s 5o. boarula , p. 34 , 36. flava , p. 34 , 36 , 52. Anlhus arboieus p. 38, 46. SYSTEMATIQUE. pralensis, p. 38, 46. rufescens , p. 38. aquaticus , p. 38. Alauda aivcnsis, p. 34, 36, 5o. aiborea, p. 36, 5o. Parus major, p. 34, 56. aler , p. 34, 60. cœruleus, p. 34, 56. paluslris, p. 34, 56. coudotus, p. 34, 55. ci'istatus , p. 60. Embcriza citrinella, p. 33. cirlus, p. 34. cia , p. 5o. mllliaiia , p. 5o. Ectioeuiculus, p. 70,77. calcarala , p. 8g. nivalis , p. 66. liorlulana , p. gg. Loxia curvirosira, p. 60. Pjrrhula Yulgaris, p. 34, 54. Fringilla domestica , p. 33. cœlebs, p. Ttl). monlana , p. 54, 6a. pelrunia , 54, 62. nivalis p. 64. cannabina , 34, 5o. linai ia , p. 54. taoQtiuin, p. 8ç^. spinus , p. 5o. carduelis, p. 5o. citriiiella , p. 60. niontifi ingilla, p. 53. coccollirausles, p. 34. chloris, p. 34. Cuculus ranorus, p. 38, 43. PicMS marlius, p. 63. Picus canus, p. G2. ■viiirlis , p. 34, 55. major, p. 34, 55. nieilius, p. 34, 55. minor, p. 34 , 55. tridaclylus , p. 66. YuDx loiqiiilla, p. 38, 43. Silla europea, p. 34. Cerlliia familiaris, p. 34, 45. Ticliodroma pliœnicoptera, p. 5/. TJpupa cpops, p. 38, 44. Merops apiasler, p. gg. Alceclo Ispicla , p. 78. Hiruado rusiica, p. 36, 45 , 49, 5i urbica , p. 3/ , 4g, 5i. rupesiris, p. 58. ripaiia , p. 6j. C^pselus muiarius, p. Sg , 45, 46. alpÏDus, p. 58. Caprimulgus europœus, p. 3g. Columba palunibus, p. 35, 5i. livia, p. 35, 5i. œnas, p. 35, 5i. turlur, p. 5i. Telrao urogallus, p. 67. lelris, p. 63. lagopus , p. 64. bonasia , p. 67. Perdix saxalilis , p. 67. rubra , p. 67. ciiierea, p. 43. cotuinix , p. 3g , 43, 48, 5i Glareola torquata , p. g2. Olis tarda , p. 90. letrax , p go. JEilicneoius crcpitans , p. 70 , 77. Cdlidris areaaria, p-gi. TABLE SYSTÉMATIQUE. 3 Ilimanlopus mclanoplerus, p-Qi- riemalopus osliairgus, p. 92. Ctiaïadilus pliivlalis, p. 67, 69, 77. niorinellus , p. 6g, 77. Lialicula , p. 75. niiaor, 7 1 , 75. caiilianus, p. 93. Vanellus ciistalus, p. 67, 6g, 77. nielanogasler , p. 92. Slrepsilas collaiis, p. 92. Gius cinerea, p. 68. Ardea ciiierea , p. 68. purpurea p. 72. n^clicorax , p. 72. slellaris , p. 69. ralloïiles, p. 72. garzelta , p. 92. minuta , p. 72. Ciconia alba , p. 68, 75. nigra, p. 70, 76. Pbœnicoplerus ruber, 99. Rccurviiosira avocette , p. 92. Platalea leucorodia , p. gg. Ibis ralcinellus, p. g3. Mumenius arqualus, p. 72, 73. pbœopus, p. 72, 73. Tringa pugnas , p. 68. \ariabilis, p. 66, 70, 74, 76, subarquata , p. 91. minuta , p. 75. leaimiD< kii , p. gi. Totanus glollis, p. 72, 76. calidris, p. 70, yS. glareola, p. 71. tlagnalills, p. g2. fubcus, p. 7''. h^poleucos, p. 70, 74. 4 TABLE Tolanosocliropus, p. 71. Limosa raelanura, p. Cg , j5. riifa , p. 92. Scolopax rusiicola , p 34. gallinngo, p. 68, 72, 76. gallinula , 68, 72, 76, 77 major , p. 71 , 76. Ballus aqiialicus, p. 76, 77. Gallinula crex , p. Sg, 49, 5i. chloropus, p. 7g. porzana , p. 71 , 76. pu«illa , p. 71 , 7S. Fiilica alra, p. 7g. Plialaiopus plal^rinchus, p. 96. hjperboreus, p. 98. Podiceps cristatus, p 85. rubrîcoUis, p. 82. auritus , p. g6. coroulus, p. 96. minor, p. 79. Sterna caspia, p. 98. hirondo, p 80, 81. nigra, p. 80, 82. leucoptera , p. loo. minuta, p. 100. Larus argenlatus, p. 94. triilact^lus , p. g5. canus, p. 81. ridibundus, p. 81; ehurneus , p. 100. pygmeus, p. 100. Leslris parasilicus, p. 96. SYSTEMATIQUE. I^eslris pornarinui! , p. g5. Procellaria pelagica, p. gg, pujjînus , p. 100. Aaas Cyg"ns, p. 100. mollissimn , p lOO. segPlura , p. 87. anser férus, , p. 87. fusca, p. 94. nigra > P- 96- strepera , p. gS. Tujîna , p. 100. boschas,p. 73,78,82. maiila, p. gS. acula , p. 78. feiina ,p. 78 , 82. fuligula , p. 78 , 83. peaelope, p. 79. clj:peala , p. 79. clangula , p. 78, 83. glacialis , p. loo. querquedula, p. 79 , 82. crecca , p. 79 , 82. leucopbtalmos, p. g4. Mergus merganser, p. 85. sprrator , p. 84. albellus, p. 85. Pelecanus onocrolalus , gg. Carbo cormoranus , p. g4. Col^mbus arclicas, p. 87. glacialis, p. 87. seplenliionalis, p. 86. Alca torda , p. 100. ERRAT UM. p. 62, lig. i5. Cort'us , lisez Nuafraga. Ajoutes, p. 120, lig.3. Bruants de neige (£m6enzan:w2/i«), Octobre 1810. L. EXPERIENCES SUR LA FORCE DES FILS DE FER. Par M.' le Colonel Dufour. { lin dans la Séance du ao Février i8i>3,') i/i fii JLiES expériences suivantes ont- eu pour objet de déter- miner la force absolue des fils de fer de différentes gros- seurs pris dans les fabriques de notre voisinage, leur allon- gement sous le poids , les effets des secousses , l'influence du recuit: et surtout de vérifier jusqu'à quel point les plis et les attaches peuvent déterminer une rupture sous des charges données; toutes choses importantes pour la prati- que, et qui ont acquis un grand degré d'intérêt depuis qu'on songe à employer la force du fil de fer dans la construc- tioii des ponts suspendus. Pour nous, en particulier , qui sommes à la veille de jeter un pareil pont, ces essais étaient indispensables. Je les ai faits dans le local de la machine hydraulique où toutes les commodités sont réunies, et j'ai pu en conséquence y mettre de lexactitude. Le diamètre des fils a été mesuré avec un petit compas de l'invention de Mr. Paul, donnant immédiatement les dixièmes de milli- mètres, et au moyen duquel on peut avec un peu d'habi»- JJ!4 EXPÉRIENCES SUR LA FOnCE tude apprécier les vingtièmes de millimètres ; Mr. le Prof. Pic te t m'a en outre procuré l'avantage de vérifier ces me- sures au moyen d'un micromètre qui donne les dix mil- lièmes du pouce anglais. Art. 1." Force absolue et relative des fils. Les premiers fils soumis à l'expérience ont été tirés de la fabrique de Laferrière et choisis dans les numéros 4i i3 , 17 et 19 qui correspondent à des grosseurs de un, deux trois et quatre millimètres environ. Fil, n.° 4- Ce fil a o,85 millimètres de grosseur, sa sec- tion est de 0,569 millimètres carrés. Il a été d'abord soumis I à six expériences desquelles il est résulté : i." que la force est indépendante de la longueur, ce qu'il était facile de prévoir , et que je ne consigne ici que pour répondre aux personnes peu versées dans la théorie qui ne manquent pas, quand elles raisonnent sur ce sujet, d'avancer le con- traire. J'ai choisi le fil le plus fin comme le plus propre à démontrer l'égalité de résistance dans des longueurs qui ont varié d'un demi mètre à trois mètres et demi; 2.° Le fil ne s'est rompu que sous le poids moyen de 48 kilogrammes qui mesure &di force absolue ; cette force s'est élevée jusqu'à Bokil., et n'a eu pour minimum que 4? k'I-; ensorte que ce fil montre beaucoup d'égalité. La force relative du même fil, c'est-à-dire, celle dont il est capable par millimètre carré est de 84,4 kil. : on la trouve en divisant les 48 kil. trouvés par o,"" 569 , section du fil. Le même fil recuit, n'a plus porté que 21 kil. , c'est moins de n>oitié de ce qu'il portait auparavant. Cette di- DES riLS DE FCn. 125 minution de force que nous allons voir être sensiblement la même pour les autres fils, est toujours accompagnée d une plus grande ductilité. L'industrie a su mettre à profit cette circonstance pour livrer au commerce des fils d'une extrême ténuité parmi lesquels se distinguent ceux de la fabrique de St.-Gingolf établie par nos compatriotes MM. Duroveray et Carteret. Fil, n.° i3. Le diamètre de ce fil est de i,°"°9o, et sa section de 2,'°"835. Dix expériences ont donné ig6 kil. pour force absolue, mais les extrêmes se sont écartés con- sidérablement, le maximum s'est élevé à 207, et le mi- nimum est descendu jusqu'à 180. Gela tient à la qualité du fil qui, quelquefois montrait de légères pailles, et dans d'autres parties était parfaitement sain. La force relative est de 6g, I kilogrammes, celle du précédent était de 84,4 d'où résulte que le fil d'un millimètre de grosseur environ, a, proportion gardée, près d'\in sepùième de force de plus que le fil d un diamètre double; mais cette déperdition de ténacité ne se propage heureusement pas dans le même rapport sur les fils suivans. Le fil recuit de même grosseur , a porté en moyenne loi kil. au moment de se rompre. Sa force absolue est ainsi un peu plus de moitié de celle du même fil non re- venu : le rapport exact de ces deux forces est celui de 100 à 194. Fil, n." 17. Diamètre z,'"'']5 , section 5,°"'g4i. Ce fil s'est montré assez égal , ensorte que je me suis contenté de six expériences; il a donné pour force absolue 382 kil. , d'où résulte pour force relative 64,3 kil, ; c'est a,8 kil. de moins que pour le numéro précédent. 126 EXPÉRIENCES SUR LA. I-ORCB Le fil recuit ne porte que 19O kil, moyenne cle huit expériences. C'est encore un peu plus de moitié de la force du même iii avant qu'on l'eut remis au teu. Le rapport exact de leurs forces est celui des nombres 100 et igô. >;.i'7/, n.'^ 19. Diamètre 3,"""7o , section io,'""'']Sz. La différence entre le maKimum et le minimum de tbrce n'a été que de deux kilogrammes, et trois expériences ont suffi pour fixer à 77G kil. la force absolue de ce fil. et à 72,3 kil. sa force relative. .Ou est surpris de voir cette der- nière, surpasser celles des: deux; fils précédens, quand la progression des forces relatives est jusque-là si visible- ment décroissante. Cette anomalie m.'a engagé à x'ecom- mencer une autre série d'expériences sur les fils des mêmes ftum.éros pris dans une autre fabrique, celle de St.-Gingolf, o_ii je pouvais mieux m'assurer que les fers avaient une flieme origine. Mais je dois dire encore que le fil qui nous occupe n'a plus porté que 4o3 kil. quand il a été recuit. Le rapport de cette force à la précédente est 100 à 192. Tableau des foi-ces pour les fils de Lnforrière, Numéros des fiis Forces absolueg Forces relatives — Ji Ifls ■ '■•■/> ■ , 4 • do o,""" 85 1.5 — i , 90 17 — u, 75 '»9.Ii^ .^S, ; 70 48 Lil. «96, 382, 77''' 8i , 4 kil. h' ' (j4,3 72 , a Je me^- Contenterai, pour être bref , de présenter le ta- bleau pareil au précédent qui fera connaître le résultat des DES FILS DE TER. 12? expériences faites sur les fils de St.-GingoU', et je dirai que les fils recuits ont également montré une force moindre de moitié dans ^es mêmes numéi'os ; ce fait est ainsi suf- ûsamment constaté. Tableau des forces pour les fils de St.-GingolJ. Numéros des fils Forces absolues Forces relatives 4 de o.^^SS i3 — 1 , 90 »7 — 2, 75 19 — 3, 70 38,5 kil. 178 549 644 67,7 kil. 63,8 49,4 59,9 11 y a aussi au n." 17 une anomalie en sens inverse de celle que présente le n.° 19 dans le tableau précédent , c'est-à-dire, que sa force est évidemment trop faible com- parée aux autres ; elle diffère de 10 kil. de celle qui précède et de celle qui suit. Le fil ne paraissait pas avoir subi tout son tirage, son diamètre était de 3,°"° 00 au lieu de 3,""" 75 d'où résultait une section plus forte, et par conséq^uent une force relative moindre. Mais tous ceux qui se sont occupés de la résistance des solides ont trouvé, dans leurs recherches , de pareilles inégalités dont il est souvent bien, difficile de se rendre compte. Les fils de St.-Gingolf sont en général moins forts que ceux de Laferrière, mais plus doux, d'une résistance plus égale, et mieux capables de supporter des forces vives. Un peut conclure de ce qui précède quç les fils de un, db lit 128 EXPKRfENCES SUR LA FORCE jusqu'à quatre ou cinq millimètres de grosseur , qui sont ceux qu'on employera le plus fréquemment , portent en moyenne 60 kil. , au moins, par millimètre carré. ( Ployez le tableau à la fin du niènioire )• Or , il paraît , d'après les expériences nombreuses, faites déjà sur le fer forgé, que des barres qui ne dépassent pas six millimètres d'e- quarrjssage ne portent que 4o à 45 kil- et que, pour de plus grosses, il ne faut compter que sur 25 ou 3o kil. On voit par là l'immense avantage qu'il y a à employer le fer tiré en fils, plutôt que forgé en barres : il est plus ma- niable et sa force est double ; on peut proportionner ri- goureusement la résistance à TelFort qu'on a à vaincre, en mettant le nombre de fils convenable ; et on est rassuré contre le danger des pailles intérieures que rien ne décèle à la vue dans de grosses barres. Il semble d'abord que c'est sur le minimum de la force du fil de fer, et non sur la moyenne, qu'il faut comp- ter ; mais en réfléchissant que l'on forme des faisceaux de plusieurs fils, et même d'un grand nombre de fils, on verra que si dans le faisceau il y a des fils d'une force moindre , il en est d'autres capables d une plus grande résistance; et qu'ainsi c'est par une moyenne qu'on peut apprécier la force du faisceau. Il n'en serait pas ainsi, si l'on voulait employer les fils isolément; il faudrait estimer leur force d'après le minimum , ce qui la réduirait à 49 kil,, selon nos expériences. Fils de laiton. On a proposé de substituer dans la construction des ponts suspendus, le fiil de laiton au fil de fer, comme DES PILS DE PER. 1 2f) moîns altérable par l'humidité de l'air. Jespère qu'avec le secours d'un vernis , nous parviendrons à garantir de la rouille nos fils de fer, et qu'ainsi nous n'aurons pas be- soin de recourir aux fils de laiton qui coûtent d'achat cinq fois autant et qui sont plus difficiles à mettre en œuvre. Cependant, j'ai trouvé curieux de faire quelques essais , en voici les résultats. Le fil n.° 4i soit de o,"°'85 de dia- mètre, aurait une force relative de 85,4 kil. si l'on pou- vait compter sur une moyenne de quatre expériences ; c'est-à-dire qu'il porterait par millimètre carré , un kilo- gramme de plus que le fil de fer de même grosseur tiré de Laferrière, et 17,6 kil. de plus que le fil de la fabrique de St.-Gingolf. Ce résultat ma surpris , car le laiton a une ténacité bien inférieure à celle du fer forgé. Le ti- rage aurait-il la propriété d'agir plus efficacement sur le laiton que sur le fer , et de lui donner proportionnelle- ment plus de nerf, au point de compenser et au-delà, son défaut de ténacité? Line même opération mécanique pourrait-elle, influer avec tant d'inégalité sur deux mé- taux très-malléables ? Il n'y a rien d'impossible, quand on voit une même opération chimique produire des effets absolument contraires sur le fer et sur le bronze, la trempe ôte de la ténacité à l'un et en donne à l'autre. Je ne puis pas supposer pour expliquer le fait , que le hasard m'ait fait rencontrer chez deux marchands différens des fils d'une force au-delà de la moyenne. Au reste , on ne peut prononcer qu'après avoir fait un grand nombre d'expé- riences. Je dirai encore, que pour le n.° i3 dont le dia- mètre est de i,°'°yo, la force relative , trouvée seulement Mém. de la Soe.de Pays, et cru. nat, T. IL i." Pari. 17 130 EXPÉRIENCES SUR LA FORCE par quatre expériences est de 6Q,\ kil. , c'est trois kilo- grammes de moins que le fil de fer même grosseur de La ferrière , et 3,3 kil. de plus que celui de St.-Gingolf ; il est donc à peu près de même force, résultat qui semble- i"ait confirmer ce qui a été avancé plus haut. Car, on peut dire, en suivant le raisomiement, que lefFet du tirage se fait d'autant moins sentir que le fil est plus gros, et que peut-être on atteindrait bientôt la limite où le laiton re- deviendrait inférieur au fer , et un point oili les téna- cités des fils seraient dans le même rapport que pour les métaux en barres. Len mêmes fils de laiton recuits n'ont plus porté qu'en- viron la moitié , comme on pourra le voir par le tableau que je joins à ce mémoire. Je n en dirai pas davantage sur un objet en quelque sorte étranger à mon sujet. Art. 2. u4llongeine?it des fils. Les fils s'allongent toujours de quantités plus ou moins appréciables avant de se rompre. Cet effet est important à connaître dans la pratique où il faut nécessairement y avoir égard , comme on fait pour le tassement des ponts de pierre. Voici les faits que j ai recueillis sur ce point. Les fils les plus minces sont ceux qui s'allongent da- vantage, et à mesure qu'ils deviennent plus gros, les dif- férences dans leurs accroissemens sont moins sensibles ; ainsi le n.° 4 s'allonge avant de se rompre de t^^J^t, de sa longueur primitive ; et la fraction correspondante pour le fil n.° ig, n'est que 7^'^. Cet allongement est, comme on voit, très-peu considérable , même dans le cas le plus dé- DES FILS DE FEH. 131 favorable , c'est o,"'58 pour cent mètres ; mais il faut prendre garde de ne pas ie confondre avec celui qui ré- sulte de la simple disparation de tous les jarets du fil quand on le tend par un poids convenable. J'estime, quoi- que la mesure exacte de ce dernier effet soit difficile à donner, qu'un fil de moyenne grosseur du n.° i3 ou i4t par exemple, présentera, lorsqu'on l'aura tendu suffisam- ment , pour lui faire rendre un son en le pinçant et le voir parfaitement en ligne droite, une augmentation d'au- moins ^^-^^ de la longueur qu'on lui aura assignée en le tendant simplement à la main ; et du double s'il y a un grand nombre de fils re'unis , comme de quinze ou vingt et au-dessus. On doit donc compter , dans la pratique , qu'une corde en fil de fer donnera, lorsqu'elle sera chargée, un allongement de un mètre et demi pour cent mètres , ou en d'autres termes de 757,-0 ^ ^^ longueur primitive. C'est du moins ce que j'ai trouvé en suspendant un poids de trois mille kil. à une corde de douze fils , n.° i3 , et de dix mètres de longueur. On ne parviendra à diminuer ce défaut des cordes de suspension , qu'en employant quelque moyen puissant de tendre leurs fils lorsqu'on les réunit en faisceaux. On n'aura plus à se précautionnet alors que contre le premier allongement dont j'ai parlé , lequel est beaucoup moins considéi"abIe et ne se fait véri- tablement apercevoir que lorsque la charge arrive aux deux tiers de ce que le fil peut porter; or, on se gardera bien de jamais aller jusque là. Tant qu'.on n'a pas dépassé la moitié de la charge l'allongement est presque insen- sible; aux deux tiers et aux trois quaijtsj, il est fort peu l32 EXPÉRIENCES SUR LA FORCE de chose , et ce n'est qu'aux neuf dixièmes qu'il approche d'être aussi grand que nous l'avons dit. Il m'a paru que lorsqu'on charge un fil lentement et en n'augmentant le poids que d une petite quantité chaque t'ois , l'allongement est un peu plus grand que lorsqu'on procède d'une manière plus expéditive. Cependant, un fil qu'on a laissé chargé des neuf dixièmes du maximum pendant seize heures , une fois , et une autre fois pen- dant vingt heures n'a pas donné de différence bien ap- préciable , ni dans sa force ni dans son allongement ; il s'est montré à peu près égal à celui qui ne supportait l'épreuve que quelques minutes. Un fil déjà étiré jusqu'à la rupture ne s'allonge plus que très-faiblement quand on le soumet de nouveau à l'ex- périence; et le poids qu'il porte la seconde fois ne diffère pas sensiblement, de celui sous lequel il s'est rompu la première. Quant aux fils recuits , leur allongement est très-con- sidérable; il est à peu près le même pour tous les numéros, savoir, des 75'— de la longueur totale; et pour les fils de laiton il va jusqu'au tiers. On voit donc que dans le but que nous nous proposons des fils recuits ne peuvent servir que comme attaches. Art. 3. De la cassure. L'étranglement qui se manifeste instantanément dans tous les fils de fer à l'endroit de leur rupture n'est, sans doute, d'aucune importance sous le point de vue de l'art; mais il mérite l'attention du physisien. En considérant DES FILS DE FER. . '- l35 Textrémité d'un fil rompu par le poids , on la voit sensi- blement arrondie et retrécie , quelle que soit la grosseur du fil; mais l'étranglement est , proportion gardée , plus grand pour les fils du plus fort diamètre , ce qui semble- rait annoncer pour ceux-ci une plus grande ductilité , et pourtant leur allongement sous le poids est moins consi- dérable, Je n'ai jamais pu apercevoir d'avance le point où devait se faire la rupture d'un fil , bien que la contraction soit assez sensible pour que l'œil la saisisse , si elle a lieu avant la séparation ; d'un autre côté je la remarquai encore quand le fil était rompu par une force vive qui ne permettait pas d'allongement progressif; je fus donc conduit à croire que le phénomène est instantané et ne se manifeste qu'au moment de la rupture. Pour m'en assurer je soumis de gros fils au tirage d'un cric placé horizontalement à une hauteur commode, de manière que les fils , se détachant sur une feuille de papier blanc , les moindres inégalités de leur surface fussent facilement aperçues; ces fils n'ayant que dix à douze centimètres de longueur et étant observés par deux personnes à la fois, il était impossible que l'étran- glement échappât, s'il devait indiquer d'avance le point de rupture. Jamais on n'a pu l'apercevoir, malgré la lenteur avec laquelle le cric agissait, mais au moment de la sé- paration le fil subissait la contraction et le phénomène montrait beaucoup d'analogie avec celui de deux gouttes d'eau qui, raf>prochées jusqu'à un certain point, se pré- cipitent subitement l'une contre l'autre quand elles sont arrivées au degré de proximité , qui suffit à la force d'at- traction pour exercer son empire. l34 EXPÉRIENCES SUR LA FORCE Le phénomène de l'étranglement instantané des fils est pour nous difficile à expliquer , mais il n'aurait point em- barrassé les anciens philosophes ; ils n'y auraient vu que le regret que peuvent avoir à se quitter les molécules métalliques. jL.-./i^ ;i,, Quoiqu'il eri soit',' ie joins ici un dessin (i^i^. i."),qui montre sur une échelle octuple la forme et les dimen- tions de l'étranglement d'un fil, n.° 19, étudié à la loupe. On f verra que la contraction ne commence à se faire sentir qu'à une distance de la rupture égale au dia- mètre du fil; que la forme de l'étranglement est celle d'une courbe , ayant quelqu'analogie avec le conchoïde de Ni- comède ; et que son diamètre est à celui du fil comme 2 : 3. Ce rapport va en diminuant pour les fils inférieurs et il devient par cela même toujours plus difficile à ap- précier exactement. Le laiton ne présente le même phénomène que quand il est recuit ; autrement, sa cassure est un simple arra- chement en biseau de forme irrégulière ( Voyez lafig. 2."). Cette circonstance ne tend pas peu à rendre difficile l'ex- plication de l'étranglement. La plus légère inégalité à la surface affaiblit le fil et modifie la forme de l'étranglement , tandis que des fis- sures longitudinales même assez considérables et péné- trant jusqu'au centre ont peu d'influence sur la force absolue ; les trois expériences suivantes serviront à le prouver ; elles ont été choisies parmi celles qui ont été faites sur le fil n." 17 St.-Gingolf. i.""^ Expérience. Le fil s'est rompu sous le poids de 364 ^^^-t DES PILS TIE TER, uS VU à la loupe, il s'est montré sain d'un côté et fendillé longitudinalement de l'autre ; une fissure allait jusqu'au centre du fil et s'y rélargissait pour y dégénérer en cy- lindre creux d'un quart de millimètre de largeur ; la sec- tion se présentant comme celle d'un petit tuyau de pipe. La même cavité paraissait encore à dix centimètres de la cassure. L'étranglement ne s'est opéré que du côté de la partie saine; de l'autre, la rupture s'est faite eu esquilles sans que le fil s'y soit resserré d une manière sensible. 2.* Expérience. Lefil s'est rompu sous le poids de 383 kil., il était très-sain dans sa cassure et a porté le maximum de la charge ; l'étranglement était régulier tout autour du fil. 3.* Expérience. 334 ^- ont suffi pour rompre le fil ; une légère paille à la surface a déterminé la rupture ; l'étranglement ne s'est point manifesté du côté de cette paille, et il n'a pas été aussi prononcé que de coutume de l'autre côté. On explique l'influence de la plus légère inégalité à la surface pour diminuer notablement la force d'un fil , et le peu d'effet d'une fissure longitudinale , en considérant le fil comme un assemblage de fibrilles parallèles : une fissure longitudinale n'en diminue pas le nombre, elle ne fait que les séparer en deux faisceaux qui présentent à peu près la même force que le faisceau primitif; mais la moindre paille ou fissure transversale rompt nécessai- rement la continuité d'un certain nombre de fibrilles et par conséquent affaiblit d'autant le faisceau. l36 EXPÉRIENCES SUR LA FORCE Art. 4-' Plis, nœuds et ligatures. Il était extrêmement important de s'assurer que le fil métallique ne s'affaiblit point par le pli lorsqu'on le fait passer sur un barreau ou sur une poulie pour le dou- bler, et qu'il se comporte comme le fil mathématique, c'est-à-dire, que si les deux extrémités viennent s'atta- cher au même poids, il faut que celui-ci pour opérer la rupture soit double du poids qui rompt le fil simple. Toute la théorie des faisceaux est en effet fondée sur la supposition que les plis n'ont pas d'influence. Le fil numéro i3 passant dans un anneau de i5 mil- limètres de grosseur s'est constamment cassé au pli sous un poids très-inférieur à celui qu'il peut porter; le n." 4 lui même ne soutenait pas l'épreuve ; je parle de fils non recuits, car avec les fils revenus au feu on peiit faire sans crainte toute espèce de ligature. J'ai substitué à l'anneau une barre plus forte d environ seize lignes de diamètre, et dès-lors le fil n.° i5 dont je parle ne s'est plus rompu de préférence à l'endroit du pli, et il a cons- tamment porté un poids double de celui qui mesure sa force absolue; et non-seulement le fil n.° i3 se compor^ tait de la sorte, mais encore les fils supérieurs éprouvés jusqu'au n.° 19 supportaient la ligature. On peut donc conclure delà que pourvu qu'on se serve de barres ou d'an- neaux de un pouce et demi de grosseur soit 40 millimètres, la force des fils ne sera point diminuée par le pli, et que l@s calculs de leur résistance collective ne seront point en défaut. Si l'on peut ainsi faire passer un fil sur un barreau^ DES FILS DE FER. 1.^7 sans cramte de l'affaiblir , il faut se garder de lui faire faire une ou plusieurs révolutions sur la même barre ; celles-ci ne manquent presque jamais de déterminer la rupture sous une charge moindre; parce que le frottement qui résulte de cette disposition s'oppose à ce que tirage se fasse également; le brin qui a le plus à porter se rompt, et presque toujours vers le pli. Le moyen d'attache n'est pas non plus indifférent pour les fils non revenus, car ils se cassent toujours quand on leur fait faire un pli anguleux ou d une courbure trop forte. Ainsi lorsqu'on voulait attacher à la barre lés fils soumis à l'épreuve, en entortillant l'extrémité libre au- tour du brin qui devait être chargé, le poids occasion- nait un pli à l'attache, et c'est-là que se faisait toujours la rupture. Il fallait pour empêcher cet accident allonger la boucle et employer l'espèce de ligature dont je vais parler, au moyen de laquelle on évite toute espèce de pli. J'y ai été conduit eu tâchant de lier ensemble les deux extrémités d'un fil double de manière à conserver le pa- rallélisme des brins; comme on le voit dans la figure 3.'" où la lettre A indique la barre de suspension, B une autre barre de même grosseur à laquelle on attachait le poids P ; m est le point de ligature. Différens nœuds ont été essayés pour cette ligature , aucun n'a réussi. On a pensé alors à tordre ensemble les deux brins , en rccQur- ■ haut leurs extrémités {figure 4-^) et on a fait par dessus une ligature continue de six à huit centimètres de lon- gueur depuis le crochet A au crochet li; cette ligature était en fil recuit u." 4- Le procédé a parfaitement réussi, Mém. de la Soc. de Phys. et d'il. nat. T. II. i. Part. 1 8 l38 EXPÉRIENCES SUR LA FORCE le nœud a tenu, et la rupture s'est faite au milieu du fil. Ceci m'a engagé à rechercher jusqu'à quel point on pourrait réduire la ligature; je suis descendu à cinq à trois centimètres. J'ai supprimé les crochets et le nœud tenait toujours. A la longueur de trois centimètres les fils se tordaient difficilement ce qui faisait craindre une rup- ture; j'ai alors essayé de les juxtaposer simplement {fi- gure 5,^) et de faire la ligature de six centimètres. Le succès a été complet, et j'ai pu réduire cette ligature jusqu'à deux centimètres et demi sans la voir céder , ni sous le poids , ni sous le choc. Rien de plus heureux pour la pratique que de voir le moyen le plus simple de ligature être en même temps le plus solide. > Quoique j'aie trouvé qu'une ligature faite avec le n." 4 pût se réduire à 2.5 millimètres, je ne pense pas que dans l'application il faille lui donner moins de 45 millimètres, car il est arrivé quelquefois, surtout par un froid de sept degrés , que les fils glissaient sous la charge quand la li- gature n'avait que 3o millimètres. Cependant par ce froid, les attaches qui avaient résisté antérieurement à l'épreuve ne cédaient pas. Je fixei'ai donc la longueur de l'attache à 5o millimètres , ou un pouce et neuf lignes en compte rond. (,)uand on défait la ligature on voit sur la surface du fil une légère empreinte spirale, qui explique la force de l'attache. Le fil de laiton recuit s'allonge trop pour être propre aux ligatures; et le fil de fer déjà étiré est meilleur pour cet objet que celui qui ne l'est pas. Observations qui ont toutes leur degré d'utilité. DES FILS DE FER. I09 Enfin j'ai vérifié dans les essais du n." i4 qu'une liga- gature de 5o millimètres de longueur, faite avec le fil n.° 4 recuit et non tiré , ne cède pas non plus quand on la couvre d'huile ; ensorte qu'on est sûr que les fils ainsi liés , supporteront toute espèce de vernis sans glisser ni se défaire. Art. 5. Du choc. Les fils employés à la construction des ponts suspen- dus ne seront , il est vrai , jamais chargés que d'une partie du poids qu'ils peuvent porter au moment de se rompre ; mais ils seront exposés à des forces vives qui sont d'autant plus dangereuses que les fils sont plus aigres ou qu ils manifestent plus de résistance à la simple traction. J'ai donc cherché à apprécier ce dont ils sont capables pour résister aux forces vives ou de choc lors-^ que déjà ils sont chargés de la moitié ou du tiers du poids qui les fait rompre. Un fil n.° i3. St. Gingolf a d'abord été chargé de 70 kil. c'est environ les ^ de sa force absolue. On a fait tomber sur la caisse qui portait les poids une masse de fer pe- sant dix kilogrammes , d'abord de deux centimètres , puis de quatre, puis de six, et ainsi de suite jusqu'à un mètre sans produire aucun effet. La charge a alors été portée à 100 kil. , dépassant ainsi la moitié du maximum et, dans plusieurs expériences, la masse a occasionné la rup- ture en tombant de 55 centimètres. Les ligatures de 4o millimètres ont très-bien résisté quand elles étaient en fil de fer, mais en fil de laiton elles cédaient. La hauteur l4o EXPÉRIENCES SUR LA FORCE de chute que nous venons de trouver donne par la for- mule connue l^V^/i une vitesse de 3^8,5 centimètres {g étant égala ^"ytiog pour la seconde sexagésimale ) d'où résulte une quantité de mouvement exprimée par le nombre 3285 à laquelle le fil chargé , comme nous l'a- voiis dit , n'a pu résister ; d'oîi nous pouvons conclure que le fil n.",i3 , ne portant plus que la moitié du poids qui peut le faire rompre, pourra soutenir sans danger -une quantité de mouvement exprimée par le nombre rond 3ooo ; les poids élaiit donnés en kilogrammes et les vi- tesses étant mesurées en centimètres. Le fil n." i4 St.-Gingolf soulenant la moitié du poids maximum s'est rompu à différentes reprises sous le choc des dix kilogrammes tombant de gS centimètres , d'où résulte une vitesse de 432 centimètres, et une quantité de mouvement de 43^0 : d'où je conclus que ce fil ainsi cliargé peut résister sans se i-ompre à une quantité de mouvement exprimée par le nombre rond 4ooo ; c'est looo de plus que pour le n.° i3. Le même fil ne soute- nant plus que le tiers du poids maximum n'a, dans plu- sieurs épreuves , cédé qu'à une chute moyenne de i38 centimètres qui correspond à une vitesse de 52o centi- mètres et donne 520o pour la quantité de nriouvement. Un peut donc avancer que le nombre 480 >, au moins, est la mesure de la force vive que peut supporter sans danger le fil chargé au tiers. Je n'ai pas fait d'épreuves sur des fils plus forts, parce que ceux qu'il est question d'employer au nouveau pont ne dépasseront pas ee numéro. Le pont sera soutenu par DES FILS DU FER. Hl 600 fils qui ne seront chargés que du tiers de ce qaiis peuvent porter, dans le cas le plus défavorable, cesl-à- dire, quand le pont seroit couvert de :!.So personnes, cha- cune estimée à 70 kil. Supposons donc que ces 280 per- sonnes marchent au pas redoublé ou tombent toutes à la fois d'une hauteur de 10 centimètres, la quantité de mouvement qui en résultera sera 9800 par homme, et 2744000 pour les 280. Mais chaque fd peut supporter une force vive d'au moins 48oo; nous en avons 600; la résistance quils opposent collectivement au choc est donc de 2880 000, nombre qui surpasse le précédent de i36ooo. Le pont résisterait donc à l'épreuve , mais il est plus prudent de ne pas l'y soumettre , parce que l'ébranle- ment est nuisible aux maçonneries, Af.t. 6. Effets de la température. Il me reste à dire que quelques expériences faites par une température assez froide me portent à croire que les hls sont notablement plus faibles que par une température moins rigoureuse. Le fait devrait être cependant constaté par un plus grand nombre d'expériences avant que d'être affirmé. Le fil n.° i3 St.-Gingolf éprouvé par un froid de 8 ^ degrés centigrades n'a donné que 166 kil. en moyenne au lieu de 180 qui est sa force absolue. Il se pourrait cependant que la différence ne fut due qu'à une inégalité dans le fil quoiqu'on l'eut autant que possible choisi de la même qualité. Le fil n.° 17 Laferrière, par une tem- pérature de six degrés au-dessous de zéro, s'est rompu l43 EXPÉRIENCES SUR LA FORCE SOUS le poids de o6^ kil. en moyenne, et s'est montré plus faible de i5 kil. que par une température -f- 4. Les fils éprouvés étaient sains , et la différence observée ne ne peut pas être attribuée k des pailles ou autres défauts du même genre (i). Je borne ici l'exposé de mes travaux , bien insuffisans , sans doute, quand on considère tout ce qu'il reste à faire (i) Le fait de raflaililisscment apparent du fil par le froid a paru assez extraordinaire pour que quelques membres de notre société désirassent que de nouvelles expériences fussent faites au mo3'eu d'un froid artiûcicl. Mr. Macaire proposa pour cela de faire passer le fil dans un manclion rempli d'un mélange frigorifique : si le froid a l'influence présumée, le fil se cassera dans le manchon , et en faisant varier les degrés de température depuis les froids que la chimie peut produire jusqu'à lu chaleur de l'eau bouillante , or pourra suivre la marche de l'augmentation ou de la diminution de force avec les variations de température. Cette idée heureuse a été réalisée. Nous avons fait en commun, Mr. Ma- caire et moi une douzaine d'expériences sur le fil Laferrière , n.° 4- Les cinq premières ont été faites par la température zéro et ont confirmé ce qui a été dit dans le mémoire , que la force absolue de ce fil est en moyenne de 48 kil. Dans les trois suivantes, on a mis dans le manchon que traversait le û\ un mélange de glace et de sel commun , portant le froid à 22 | degrés centi- grades, et le fil s'est cassé deux fois à 46 kil. et une fois à 4? > poids moindres il est vrai que celui qui rassure la force absolue moyenne , mais dont on ne peut pas conclure un alFaiblissement, parce qu'ils restent dans les limites des variations ordinaires et surtout parce que la rupture ne s'est jamais faite dans le manchon. Il nous a paru dès-lors démontré qu'un fil soumis .î un froid assez rigoureux ne perd pas de sa ténacité et que les résultats des expé- riences citées dans le mémoire ne peuvent être attribuées qu'à une diflTé- rence dans la qualité des fils. La théorie dit en e/Fet, que le froid en res- serrant les métaux peut les rendre à la vérité plus fragiles , mais aussi doit augmenter leur ténacité ; elle dit aussi , que par un effet contraire la chH- DES FILS DE FER. l45 pour connaître la force des métaux , mais , qui cependant sont de quelqu'intérêt pour l'ingénieur. leur les rend plus souples, moins cassans et en même temps moins capables de résister à une simple force de traction. Nous avons fait à cet égard deux expériences avec l'eau chaude , portant 1« température du manchon à 92 -„ degrés. Le fil s'est rompu une fois sous le poids de 45 3 kil. en dehors du manchon , et la seconde fois dans le manchon, sous le poids de 46 ^ kil. Ce qui montre bien clairement le peu d'effet de l'augmentation de température dans la limite indiquée Si l'on voulait attri- buer à la chaleur de l'eau bouillante plutôt qu'aux inégalités du fil la dimi- nution apparente de deux kil. en moyenne sur la force absolue , il faudrait conclure pour Être conséquent que c'est entre zéro et 9^ à degrés qu'a lieu le minimum de force , puisque dans le manchon la rupture s'est faite sous le poids le plus fort : résultat impossible à admettre. Une dernière expérience confirme ce qui est dit plus haut, sur le peu d'influence du chaud et du froid relativement à la force de traction. On a fait passer le fil dans deux manchons , dont l'un était à la température de — 225, l'autre à celle de -f 92 ^ et à la distance de 60 centimètres. Le fil s'est rompu entre les deux sous le poids de 45 ^ kil. Il paraît d'après cela que pour le n.** 4 > 1* température n'a pas d'effet sensible sur la force du fil de fer à la traction depuis — 22 5 centigrades jusqu'à 4-923 , c'est-à-dire daas un espace de 125 degrés. Le froid alhmosphérique et profongé aurail-il plus d'infiueace , et des fils plus gros y seraient-ils plus sensibles ? C'est ce qui ne peut s'éclaircii" qu« par de nouvelles expériences faites par un froid rigoureux, ÇV'qyez le Tableau ci- derrière.") i44 EXPERIENCES SUR LA. FOHCE Moyennes de toutes les Expériences. Fils deftr. Numéros de fabrique. -ï s -Si s « .S fl — 3 'i ïft t- Forces ab- solues en ki- logrammes. Ô S s ^-3 Observations. 4 .),85 0,56g 43,5 76,4 o,oo58 25 i3 i4 i,go 2, 10 2,825- 3,464 187 aog 66,0 60,3 0,0047 o,oo4o 23 7 Od c'a essayé ce fil que 17 2,75 5,9 4 1 3C6 6i,6 o,oo35 10 sur une seule qualité. 19 1 3,70 10,752 680 64,5 o,oo33 10 Tîls de laiton. 4 0,85 0, 56g 48,5 85,2 0,0072 4 id. rec. » » 23,5 )) 0,3421 2 i3 1,9° 3,835 117,5 4i,4 0,0067 4 Fil mou, peut se nouer. id. rec. )) » 84,o » o,238i 2 i3 1) î) 187,5 66,1 0,0069 4 Fil dur, cassant. id. rec. » » 100,5 » 0,2817 2 lE.dePli.H.naf.T.II. l"^p^ p. 144. ^~tfxyiJ^f.e^^e<) ,Jr^/' //r/y-^'rr .J/ifKk .JCL'J/I NOTE Sur la Douce à long cou (Fasciola liicii ). Par Louis Jukise , Professeur. \ vJn ne tarda pas à découvrir en étudiant un seul ver in- testinal que la partie systématique de l'Histoire naturelle devance rapidement celle dont l'objet essentiel est l'élude plus approfondie des êtres créés : les naturalistes nomen- clateurs ont dans moins du vingt ans triplé les genres des vers intestinaux et plus que décuplé le nombre des es- pèces, sans que nos connoissances relatives à l'organisa- tion de ces animaux se soient à beaucoup près accrues dans la même proportion. Les détails suivans sur la Douve à long cou , sans doute très-imparfaits , pourroient servir de preuve , s'il étoit nécessaire, à la justesse de cette remarque critique. Le nom générique de Fasciola a été donné par difFérens auteurs, entr'autres par Linnaeus, à certains vers intes- tinaux dont le corps généralement aplati quelquefois au gré de l'animal, ressemble alors à un ruban (i). (i) « Corpus planiusculum , poro duplici rariùs Solilario » ; telle est la plirase que donne LInnœus au genre Fasciola; il ajoiue assez souvent à la suite de la description des espèces : <- ^n hujus generis » ? ( G. M. 1 3 édil.) Mém. de la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. T. II. i . Part. 1 9 l46 NOTE L'espèce dont je vais esquisser l'organisa lion est connue sous les noms de Douve à long cou , Douve du Brochet , (Fasciola lucii) (i). liloch est de tous les auteurs dont | ai eu connoissance , celui qui en a donné la description la |)lus complète : il l'appelle ver à double trou ( das Doppeltlocli ) : il dit que Linnaeus n a pas connu cette espèce , mais que Muller en a parlé, soit dans son Prodrome de la Zoo- logie Danoise, n.° 2718 , soit aussi dans sa Zoologie Da- noise où il l'a figuré, Table 3o, fig. 7 (2). La dénomina- tion spécifique que Muller a donnée à ce ver pourroit faire croire qu'on ne le trouve que dans le brochet, cepen- dant , on le rencontre en aussi grande quantité dans la truite : ceci prouve , en passant, que la méthode qui semble avoir prévalu de donner aux vers intestinaux pour nom spécifique celui de l'animal où on les a trouvés la première fois n'est pas exacte , et qu'elle peut même souvent induire en erreur. C'est surtout dans l'estomac du brochet, ou dans les appendices aveugles {cœca) , improprement appelés //ze- sentère , du canal intestinal de ce poisson qu'habite la Douve à long cou : elle se loge entre les plis que forme la membrane interne de ces cavités; souvent enveloppé dans le suc épais et visqueux qui recouvre ces parties, il n'y a (1^ jP. lanceolata 1 margine depresso crenalo , collo elongato tereti ; telle est la phrase spécifique. ( Même édit.) (2) Beytrag zur Naturgeschichie der Wûrmer welcbe in andern Thieren leben , pag. 534 de la Collection qui a pour titre : Beschaftigungen der BeiliniscLen Gesellscliaft naturforscliender Freunde. Vierter Band. SUR LA DOUVE A LONG COU, l47 que les mouvemens de ce ver et l'habitude de le voir qui le fassent reconnoître. Il est rare qu'il n'y ait pas dans un brochet quelque Douve à long cou , depuis un jusqu'à trente individus à la fois. La forme de ce ver est essentiellement cylindrique dans la partie antérieure du corps , comprise entre les deux suçoirs: sa couleur est d'un rouge brun dans les adultes, mais dans les jeunes individus elle est beaucoup plus claire et presque transparente : la longueur varie depuis deux à six lignes : la progression de l'animal , laquelle dépend de la position relative des suçoirs, est d'environ une ligne pour chacun des mouvemens progressifs qu'il exécute : sa démarche ressemble un peu à celle des chenilles arpen- teuses. On ne voit bien les suçoirs de ce ver que lorsqu'il est couché sur le dos: ce sont deux trous circulaires, dont l'un est à l'extrémité antérieure du corps , et l'autre au tiers ou au quart de sa longueur totale, à partir de la tête : ces trous sont entourés d'un bourrelet musculaire, à fibres rayonnantes , dont la contraction plus ou moins grande agrandit ou rétrécit d'autant les ouvertures des suçoirs. L'action adhésive des suçoirs est assez forte pour qu'on ne puisse arracher un de ces vers d'un endroit oii il s'est fixé, qu'en employant un certain degré de force : quand la Douve à long cou veut se mouvoir, elle fait d'abord lâcher prise au suçoir antérieur qu'elle porte ensuite en avant, en alongeant, autant que possible, la partie de son corps comprise entre les deux suçoirs; le premier de ces suçoirs étant fixé, le postérieur lâche prise à son tour, et l48 NOTE se rapproche de l'antérieur : non-seulement ces vers s'at- tachent les uns aux autres , quand on en met dans l'eau, mais ils fixent même leur suçoir antérieur sur quelque partie de leur propre corps, qui se trouve alors arqué ou recourbé. Si l'on plonge dans l'eau tiède quelques Douves à long cou , elles s'agitent , s'allongent , se contractent, et dans l'exécution de ces divers mouvemens, leur corps au- paravant cylindrique , se développe et s'applatit comme un ruban. 11 sembleroit donc que la forme de leur corps est à l'ordinaire cylindrique , car la chaleur propre des poissons, qui recèlent ces vers, excède à peine celle du li- quide où ils vivent; et l'on sait que les poissons périssent assez promptement dans l'içau dont la température est de vingt-cinq ou vingt-six degrés, au-dessus de zéro, de l'é- chelle du thermomètre divisé en huitant/î parties (i), Bloch dit que quelques-uns de ces vers mis dans l'eau pure y ont vécu pendant huit jours , sans autre nourri- ture ; j'en ai conservé qui y ont vécu pendant un mois (du i4 Février au 1 4 Mars) : le corps de trois d'entr'eux, au bout de quatorze jours , avoit blanchi dans la partie antérieure seulement; la couleur rougeâtre des autres s'é- toit un peu afFoiblie : dix jours plus tard tous avoient blanchi , hormis deux qui avoient sucé les humeurs de leurs compagnons , et qui paroissoient avoir presque au- (i) La Douve de la brebis (Fasciola hepalica ) qui habite dans les veines hépatiques du foie de cet animal a son corps, au contraire, presque aplati comme une petite feuille d'arbre , mais courbé en demi-cornet. Ces vers sont cause , ou elTet , de la maladie des moutons appelée la pourriture. SUR LA DOUVE A LONG COU. l49 tant de vie que si on les eût récemment sortis de l'estomac d'un brochet. 11 y a le long des parties latérales du corps de la Douve à long cou deux lignes d'un brun foncé , fréquemment interrompues, qu'on n'aperçoit quelquefois qu'à peine. Ces deux lignes forment le canal intestinal du ver : le sphincter de ce canal est à la partie convexe et postérieure du suçoir antérieur, où il forme un bourrelet un peu dilaté dans sa partie moyenne, et qui communique avec l'intérieur du suçoir par un petit trou qu'on voit au fond de la cavité de cet organe: le canal alimentaire, immédiatement après le sphincter , se dirige d'abord en travers du corps , et se contourne ensuite pour en suivre la longueur , parallèle- ment à ses bords , en faisant de légères ondulations. Ses deux brapches se terminent en cul-de-sac à l'extrémité postérieure du corps, sans que j'aie pu y reconnoître au- cune issue. Les matières renfermées dans ce canal paroissent n'^être composées que de filamens très-fins qui , vus au micros- cope ressemblent à du duvet ou à de la bourre , et se dis- solvent facilement dans l'eau ; elles ne remplissent pas à l'ordinaire tout le canal , mais elles sont entrecoupées ou disséminées par fragmens plus ou moins longs : elles ont un mouvement très-apparent, qui doit dépendre de la con- traction du canal , et qui s'effectue assez souvent à la fois, en sens contraire , mais dans des parties différentes ; en sorte qu'on voit des matières ^qui montent et d'autres qui des- cendent : tantôt elles suivent une route commune en se rencontrant , d'autre fois elles se repoussent et prennent l5o NOTE une direction rétrograde, ou l)ien enfin une partie des ma- tières reste stalioniiaires , tandis q.K^ l'autre reljrousse chemin. Cette singulière oscillation des matières présente lui spectacle assex curieux, (^uand l'animal veut s'en décharger, il en réunit autant qud peut dans la partie transversale du canal, ce qui la distend assez, pour l'orccr la résistance qu'opposoit k l'issue des matières la con- traction du sphincter. Si ces matières sortent tandis que l'animal est couché sur le dos , elles tombent au tond du su«;oir qui, se contractant avec force, les jette au de- hors. Cette opération se répète plusieurs fois jusqu'à ce que la partie transversale du canal soit à peu près vide: mais si l'on irrite un peu le ver, il évacue en une seule fois toutes les matières contenues dans les deux branches de son canal alimentaire; elles filent alors sans interru|>- tion et forment un boudin qui conserve la forme du moule qui leur a donné passage. Le canal ahisi vide n'est plus visible à l'œil nu , mais vu au microscope il est recouvert à l'extérieur d'un petit réseau de vaisseaux blanchâtres , extrêmement fins et délicats. J'ai souvent injecté le canal alin)entaire de la Douve à long cou , par le suçoir an- térieur , soit avec du mercure , soit avec des liquides colorés. J'ignore comment la Douve à long cou prend sa nour- riture, mais je présume que c'est par le suçoir antérieur et qu'il y a un conduit particulier , situé au devant de l'extrémité de l'intestin , qui porte les sucs alimentaires dans le canal intestinal , en sorte que la bouche et l'anus seroient très-voisins 1 un de l'autre. SUR LA DOUVE A LONG COU, l5l ïl existe dans la partie interne de chacune des divisions du canal alimentaire , mais seulement dans l'espace de ce canal compris entre les deux suçoirs , un petit cordon demi-transparent, qui tire son origine de la partie anté- rieure du ver et va se ramifier, en cessant d'être visible, sur les parties de l'intérieur du corps situées au-delà du suçoir postéx'ieur. C'est probablement un nerf, car jamais il ne paroît coloré et les injections n'y ont point accès (i). On voit derrière le suçoir postérieur un amas de vais- seaux repliés et contournés sur eux-mêmes, remplis d'une matière en apparence homogène. C'est le canal des œufs ou l'ovaire, dont les replis cessent près de ce suçoir pour ne plus présenter qu'un filet qui se termine , après avoir contourné et ensuite dépassé le suçoir , par un sac alongé très-transparent, percé d'une petite ouverture circulaire, laquelle communique avec l'extérieur du corps. C'est par cette ouverture que le ver pousse ses œufs au - dehors quand le sac en est plein, et c'est à la contraction seule de la membrane du sac qu'est due l'expulsion des œufs qui ne sortent pas isolément, mais liés les uns aux autres comme les grains d'un chapelet.La ponte ne cesse que quand le sac ne contient plus d'œufs; mais quoique chaque opéra- tion fournisse une quantité d œufs considérable, 1 ovaire ne reste pas moins toujours garni de la matière aux œufs ; c'est vraisemblablement là qu ils se mûrissent, avant de passer dans le sac transparent {ovi ductus) où ils séjournent peu (a). (r) Bloch paroît croire que c'est le canal où circulent les humeurs du ver. (a) Bloch a pris l'ovaire de la Douve à long cou pour le canal alimentaire de cet animal. i5a KOTE Les œufs ont une coiiiiguration uniforme : ils sont ovales , et leur couleur plus ou moins foncée dépend de ce que leur maturité est plus ou moins avancée : d'abord blanchâtres, ils deviennent d'un brun clair qui passe au brun foncé quand ils sont près detre pondus : chacun d'eux, vu au microscope , paroît opaque dans le centre et transparent dans son contour. 11 y a derrière lovaire trois boules sphériques blanchâtres et assez grosses pour faire une sallie en-dessus et en-dessous du corps lorsqu'on regarde l'animal en profil. Si l'on examine la plus antérieure de ces boules quand le ver présente le dos à l'observateur , on voit sur sa partie la plus bombée un vaisseau blanchâtre, légèrement ondulé, qui s'avance vers chacun des côtés du corps et produit, en s'y ramifiant , les festons d'un blanc jaunâtre qu'on y remarque. Ces festons, qui ne s'étendent pas au de là du suçoir postérieur , se terminent à l'extré- mité de la queue du ver par une ouverture. La boule intermédiaire et la postérieure ne laissent apercevoir au microscope que de petits globules blanchâtres, d'une forme irrégulière , qu'on croiroit enveloppés dans une membrane blanchâtre qui est peut-être la continuation de celle de l'ovaire. Les globules qu'on voit dans l'intérieur des boules se remarquent également dans la partie festonnée des bords du corps de l'animal , en sorte qu'il sembleroit y avoir une communication entre ces parties. On découvre au devant de la poche des œufs , qu'on pourroit appeler oviductus , un corps vasculaise assez gros , entrelacé sur lui-même, d'une figure ovale et d'une couleur blanchâtre: il se porte davantage à l'arrière du corps de l'animal quand SUR ïiA DOUVE A LONG COU. l53 Voviâuctus est plein que lorsqu'il est vide. On n'aperçoit rien dans l'intérieur de cet organe, qui conserve toujours sa même forme. Explication des Figures. Fig. I. 2. 3. représentant la Douve à long cou, de gran- deur naturelle, mais avec difïérens degrés d'extension. Fig. 4- 5. le ver grandi et grossi ving-cinq fois environ au- delà de ses dimensions naturelles ; il est vu par-dessous dans la fig. 4."^ et par- dessus dans la fig. 5."" Fig. 4- ûî- suçoir antérieur. b. suçoir postérieur. ce ce ce. canal intestinal. dd. ovaires. eee boule , dont les deux qui sont le plus près de la queue du ver contiennent des globules blancbàtres. ff Jj. cordon nerveux qui se distribue dans les parties de l'intérieur du corps situées au-delà du suçoir postérieur. Fig. 5. aa. filet blanchâtre qui produit en se rami- fiant sur chacun des bords du corps les festons qu'on y remarque depuis le suçoir postérieur. Mém. de la Soc. de Phys, et d'Hist. nat. T. II. i.Part. 20 -\1 JePli H.iLaf.Y.ir. i^'^p^ p.l5i. Mf 1 Fnf. S. ^ ^---.^0 Ct-/lOpar/i Jcrr/^p 1^^^ WVW^^«^%% V MEMOIRE SUR LE MONT-SOMMA5 Par L. A. Necker. {Lu à la Soc. de Phys. et d'Hist. Natur. le ai Novembre iSm). ) J-JA Somma, cette montagne tle forme semi- circulaire, qui entoure la portion septentrionale du grand cône du Vésuve, et qui en est séparée par la petite plaine en forme décroissant, nommée l'^^rio del Cavallo , a déjà attiré l'attention de quelques naturalistes. Tous ceux qui s'en sont occupés ont reconnu unanimement que la Somma étoit une portion de l'ancien Vésuve , de cette montagne renommée chez les anciens par la beauté et la fertilité de ses bases, et dont le sommet portoit encore, suivant Strabon et Silius Italiens, des marques de l'an- cienne action des feux souterrains. Ce T^esuvius, Vese- vius ou Vesbius ( car il est ainsi nommé par difîérens auteurs ), quoiqu'il parut à quelques écrivains avoir été une fois travaillé par le feu, n'en fut pas moins, jusqu'à l'année 79 de notre ère, un volcan éteint qui sembloit ne devoir jamais se rallumer. La fameuse éruption qui eut l56 MÉMOIRE lieu à cette époque , sous le règne de l'empereur Titus , éruption si bien décrite par Pline le jeune, et dans laquelle son oncle Pline le naturaliste trouva la mort , fut celle qui engloutit, sous une grêle de cendres et de pierres ponces, les villes de Pompeia, d'Herculanum et de Stabia. Ce fut aussi , suivant l'opinion générale des naturalistes , celle, qui en détruisant toute la partie méridionale et oc- cidentale de l'ancien Vésm e , transporta le siège des érup- tions à la place qu'occupe aujourd hui le cône du Vésuve qui s'est élevé sur les ruines de l'ancienne montagne, et qui dès-lors s'est augmenté et s'accroît encore tous les '' jours des produits de ses fréquentes éruptions. Les raisons qui portent à croire que le V ésuve actuel n'existoit pas avant l'éruption de l'année 79 , et que la Somma est une portion de l'ancien cône, sont : i.° qu'aucun auteur ancien ne fait mention de la division du Vésuve en deux montagnes distinctes , telles qu'on les voit au- jourd'hui, et cependant un aspect aussi remarquable n'eut pas manqué d'attirer l'attention. Il sembleroit , au con- ti'aire , d'après la description de Strabon, qu'il n'y avoit qu'un seul cône terminé par une plaine stérile et formé d'un terrain couleur de cendres et de pierres calcinées par le feu ; 2.° la distance que les anciens comptoient entre le pied du Vésuve et les villes de Pompeia et de Stabia ne correspond plus à leur éloignement du pied de notre Vésuve actuel , mais bien à leur distance de la base d'un cône situé plus au nord et dont la montagne de Somma feroit partie. Si ces argumens historiques ne suffisoient pas pour mettre au jour cette vérité , l'examea de la struc- SUR LE MONT-SOMMA. iS? tiire même de la Somma démontreroit évidemment, ainsi que nous le verrons plus tard que cette montagne doit avoir joiié jadis le même rôle que joue aujourdhui le Vésuve. Une fois donc qu'il est reconnu que la Somma est un ancien volcan, dont la dernière éruption, en le dé- chirant, a mis au jour l'intérieur, il devient du plus grand intéiêt pour les géologues de chercher là des données sur la structure intérieure d'un volcan, car dans les volcans brûlants, il n'est guères possible d'en voir autre chose que la surface irrégulièrement couverte d'amas de cendres, de sable et de laves. Cependant, à un petit nombre d'exceptions près, les observateurs ont étudié avec plus de soin le Vésuve, où tous les intéressans et brillans phénomènes qu'offre une montagne ignivome en pleine activité attiroient de préfé- rence leur attention. Et la Somma , malgré sa structure remarquable et instructive n'étoit presque point visitée. Breislak , dans ses voyages physiques et lithologiques dans la Campanie ( Tom. I, Chap, IV), a donné sur le Mont-Somma une notice courte et peu détaillée ; son attention s'est principalement portée sur les causes et les résultats de la catastrophe qui en a détruit une partie , ainsi que sur lenumération et la description des minéraux simples, nombreux et variés qui recouvrent ses pentes, sous la forme de caillons ou de blocs épais. Sir James Hall a cité occasionellement quelques - uns des phénomènes géologiques que présente cette montagne, dans son Mémoire sur le whinstone et la lave j et dans l58 MÉMOIRE celui sur la chaleur modifiée par la compression (i'^, il a si- gnalé les filons de la lave basalliijue de laSomma, en les com- parant aux filons trapéens de basalte et de griinstein, si (Com- muns en Ecosse, et si bien connus sous le nom de TVhin- Dykes. La même analogie avoit frappé le minéralogiste Irlan- dais, M. Graytion , et dans sa lettre à Lord Charlemont, imprimée dans le 3/ volume des Transactions de la So- ciété géologique , il t'ait de nombreux, rapprochemens entre les filons de lave de la Somma et les JJykes basalti- ques du Comté d'Antrim en Irlande. Le désir de vérifier les observations de Sir James Hall et de M. Graydon, celui de comparer encore plus scrupuleu- sement les filons de lave avec les Dykes que j'avois étudiés dans plusieurs parties de TEcosse , et l'espoir dacquérir sur la structure intérieure d'une montagne décidément volcanique des lumières qui pussent jeter quelque jour sur ces terrains dont l'origine ignée est encore probléma- tique, tels sont les motifs qui m'ont engagé pendant un séjour à Naples , en Avril 1.S20, à parcourir avec quel- que soin la Somma, après avoir visité le Vésuve. Je com- mençai mon inspection , en suivant la crête de la mon- tagne , après être monté par sa partie occidentale près de rHermitage de St.- Salvador , puis je redescendis du côté escarpé de la montagne tourné vers le Vésuve-, par un passage difficile dans les rochers et le long d'une pente rapide qui fait le fond d'un profond couloir, jusques à (1) Cel ouvrage est iinpriiiié à Geuève, chez J.-J. Pasclioiid, SUR LE MONT-SOMMA. iS») i'Atrîo del Cavallo, entre la Somma et le Vésuve. Enfin , comme j'avois suivi de l'occident à lorient la crèle de la montagne, je revins en sens contraire le long du pied de ses rochers à pic , jusqu'à l'endroit où j'avois commencé à monter, ayant ainsi passé en revue tous les filons qui se trouvent entre le Mont-Otejano et la fosse de la Vé- trane , où l'on peut dire que commence le Mont-Somma. Ce sont les résultats de ces observations qui font le sujet de ce Mémoire. §. I. Siluation et configuration extérieure de la Somma. La montagne, ou (si l'on peut appeler ainsi la réunion de deux sommités distinctes qui se tiennent par la base ) le groupe formé par le Vésuve et la Somma , s'élève in- sensiblement d'abord , puis bientôt d'une manière plus rapide, des bords de la mer. Les eaux de la baie de Naples baignent le côté occidental de sa base, et de grandes plaines s'étendent à ses pieds de tous les autres côtés ; en sorte que de quelque part qu'on regarde cette montagne isolée, on la voit s'élever tout d'un coup et sans intermédiaire , au-dessus des contrées environnantes. La sommité la plus méridionale , qui a la figure d'un cône tronqué fort régulier, est le Vésuve j sa hauteur qui varie à chaque instant suivant l'état du cratère se tient en général aux environs de 600 toises au-dessus de la mer. La Somma, qui est la cime la plus septentrionale, commence à se détacher de la masse générale et à devenir une sommité distincte, à un point situé à peu piès au milieu de la hauteur totale et environ à la hauteur de l6o MÉMOIRE l'Hermitage de St.-Salvador. Elle se présente alors sous la forme d'un croissant qui entoure la face septentrionale du Vésuve. L'Atrio del Cavallo , vallon circulaire et à fond plat qui la sépare de ce volcan peut avoir un mille de large. Les escarpemens de la Somma sont tournés vers le midi et elle présente au Vésuve un mur de rochers à pic , tandis que sa pente vers le nord est peu rapide et forme un angle de 3o" avec l'horizon. La crête aigiie qui forme partout la sommité de cette montagne est loin d'avoir une hauteur uniforme ; sa plus grande élévation qui n'est que d'une cinquantaine de toises inférieure à celle du Vésuve, se trouve au milieu du croissant, de là le faite s'abaisse progressivement des deuK côtés , de ma- nière qu'aux deux bouts du croissant , dont l'un est au nord et l'autre au sud-est, il arrive au niveau de l'Atrio del Cavallo. La vue qu'on a du fond de ce vallon, abso- lument désert et stérile, est bien frappante par son caractère sombre et sauvage; d'un côté paroissent les pentes douces et unies du cône volcanique du Vésuve toutes couvertes, ainsi que le fond même du vallon , d'un sable ou d'une cendre noire , sillonnée ça et là par des amas de lave d un brun foncé ; de l'autre , les masses perpendiculaires et élevées des rochers de la Somma , colorées de diverses nuances et déchirées par de profondes ravines, mais éga- lement dénuées d'arbres et de toute espèce de végéta- tion. Dans cette triste vallée rien ne vit, rien ne se meut, si ce n'est la cendre que lance le V^ésuve , ou les scories qui roulent sur son flanc, llien ne s'y fait entendre que le mugissement souterrain du volcan. La pente septen- SUR LE MONT-SOMMA. l6l trionale de la Somma présente un aspect plus riant , sa partie supérieure est couverte de graminées , plus bas sont des broussailles et des taillis , plus bas encore des terrains cultivés qui se joignent insensiblement aux plaines riches et fertiles de la belle Campanie. . Tel est l'aspect général que présente la Somma; mais il est nécessaire d'entrer dans quelques détails sur la confi- guration de cette montagne pour mieux faire comprendre les remarques qui suivront. La face méridionale , que j'ai représentée comme un mur perpendiculaire, non plus que la pente septentrio- nale, ne sont pas des surfaces unies comme on pourroit le croire en ne les voyant qu'à distance, mais elles pré- sentent des saillies et des enfoncemens très - prononcés. Ainsi, la face escarpée qui regarde le Vésuve offre quatre ou cinq protubérances bien distinctes, qui ont chacune leur nom propre et qui sont séparées par de profonds ra- vins ou couloirs , nommés canaux par les gens du pays. Ces ravins descendent depuis la crête jusqu'à l'Atrio del Cavallo à la base du rocher. Dans leur partie supérieure, ils présentent des rochers à pic, et dans l'inférieure de grands talus de débris anguleux , provenus des rochers environnans et mêlés de cendres rejettes par le Vésuve. Voici les noms des principales protubérances qui font saillie en allant d'occident en orient, le Primo Monte, la pointe delNasone, la sommité de Somma proprement dite, et le Mont-Utajano. Les ravius principaux font le canal de l'â:,nfer , entre la pointe del Masone et la sommité de Somma , et le canal de la Reine entre ce dernier Mém. de la Soc. de Phjs. et d'Hisl. nat. T. II. i . Fart. 2 1 l6a MÉMOIRE rocher et le Mont-Otajano. Ces canaux vus d'en haut , paroissent des gouffres eil'rayans entourés de rochers à pic et d'affreuK précipices. Le Canal de lËnfer a une pente si rapide qu'on ne peut y pénétrer, et ce ne fut qu'avec beaucoup de peine que je parvins à me dévaler par le Canal de la Reine du haut de la crête jusques dans lAtrio del Cavallo. Les mêmes apparences se trouvent également, quoique bien adoucies , sur la pente septentrionale qui est aussi divisée en saillies et en creux. Mais ici les saillies ne sont plus des masses énormes et perpendiculaires, ce sont des arrêtes de rocliers peu élevés, qui, en forme d'arc-boutans se prolongent du haut de la crête jusques dans la plaine, avec une inclinaison de So". Ces arrêtes ne sont pas non plus séparées par des gorges profondes et escarpées, mais par de petits vallons en pente peu rapide qui prennent dans le pays le nom de Fosses. Chaque fosse est désignée par le nom du village de la plaine, qui correspond à son débouché. Ainsi, il y a la Fosse de Massa, celle de Somma-\ ecchia, etc. De semblables valions se trouvent aussi sur la face occidentale du Vésuve , et le monticule au sommet du- quel est bâti 1 Hermitage de St.-Salvador , est situé entre deux grandes fosses; la Fossa Grande, renommée chez les minéralogistes par la variété et la beauté de ses pro- ductions, fosse dans laquelle ont coulé les deux grands courans de lave de 1767, et de 1810, et la fosse de la A'étrane, qui s'ouvre à l'endroit où la crête de la S mima commence à s'élever, et dans laquelle le torrent de lave qui coula en 178G se précipita en cascade. SUR LE MONT-SOMMA. l63 Les fosses du versant hepleutrional de la Somma cor- respondent toutes aux canaux du versant méridional et leur sont opposées au sommet. A chacune de ces ren- contres de deux vallons opposés, le faîte sabaisse et forme un col entre deux sommités plus élevées qui correspon- dent aux arrêtes de la pente septentrionale et aux rochers en saillie de l'escarpement méridional. 11 y a donc dans le faîte des élévations et des abaisse- mens successifs; aussi, ensuivant toujours la crête, il me falloit monter pour redescendre, puis remonter et redes- cendre ensuite. §. 2. Structure géologique de la Somma. Le terrain de tulF volcanique dont se composent tous les environs de Naples, forme aussi la base de la Somma ainsi que celle du Vésuve , et ce n'est guères qu'à l'endroit où il cesse, que les deux montagnes se séparent en deux cimes distinctes 5 IHermitage et l'arrête nommée Cantar- reni di St.-Salvador , sont situés à sa limite supérieure. De dessous les masses de tuff , sortent les roches ou laves anciennes dont toute la Somma est composée , en sorte que la formation de tuff est superposée à celle des anciennes laves en place à la Somma , tandis qu'elle est recouverte par les courans de lave plus modernes du Vé- suve. Cette observation confirme ce que l'examen miné- raiogique de ces deux espèces de laves et les notions his- toriques avoient fait présumer sur la différence d'ancien- neté relative qui existe entre les laves mêrne les plus an- ciennes du Vésuve et les laves de la Somma. l64 MÉMOIRE Sans parler ici du terrain de tafF(i), j'en viens à cette masse de laves anciennes qui forment la partie la plus élevée de la Somma. Ce grand rocher est divisé, non en couches proprement dites , puisque la même assise na pas toujours une épaisseur uniforme, mais en lits qui ont souvent une étendue assez considérable et une position assez constante pour être pris au premier coup-d'œil pour des couches. Comme nous n'avons pas de nom pour de semblables masses, qui ont tous les caractères de dépôts successifs , sans avoir le parallélisme exact de leurs faces opposées, qui caractérise les vraies couches, je les désignerai toujours ici sous le nom de lits. Vus du Vésuve ou de l'Atrio del Cavallo, ces lits pa- roissent tous horizontaux ou à peu près tels , et ils se distinguent les uns des autres par des couleurs diffé- rentes , par une épaisseur plus ou moins grande , et enfin par leur aspect qui est tantôt celui d'une roche très-com- pacte , tantôt d un amas de matière terreuse , ou d un tas de fragmens incohérens , tantôt enfin , d'une lave légère et très -poreuse. Cette apparence d'horizontalité n'est qu'illusoire , car tous ces lits descendent vers la plaine, sous un angle de 3o" et se relèvent contre le Vésuve (2). Or , comme le rocher de la Somma forme une espèce de demi-cercle ou de croissant autour du Vésuve et que de (i) Voyez note A à la fin du Mëmoire, (2) Les inclinaisons ont ëlé mesurées avec l'insli-ument de'ciit dans l'Agenda du Voyageur Géologue. (De Saussure, ^oj-a^es dans leê Alpes , SUR LE MONT-SOMMA. l65 toutes parts on voit de même les lits se relever contre le centre de ce demi-cercle, il s'en suit que tout en ayant un angle de pente uniforme ( celui de 3o° ), cette pente est dirigée successivement vers tous les points compris entre le nord-ouest et le nord et entre le nord et le nord- est. Par conséquent, la direction de ces lits ou leur com- mune section avec un plan horizontal , n'est pas comme dans les vraies couches une ligne droite , mais un arc de cercle. Ces lits ne doivent donc pas être considérés abstrai- tement comme des plans superposés les uns aux autres, mais comme des segmens concentriques d'une masse co- nique en recouvrement les uns sur les autres. D'après cela , on comprendra pourquoi ces divisions ou lits vus du Vésuve sur la face semi circulaire et concave de la Somma , paroissent horizontaux , en se rappelant que des couches très -inclinées paroîtront horizontales lorsqu'on les voit sur la tranche formée par un plan parallèle à la commune section de leurs plans avec un plan horizontal ; et qu'ici la tranche est circulaire et con- centrique ou parallèle à la direction de ces lits. Voilà quant à la structure de la Somma ; structure bien remarquable, mais non pas unique, ainsi que nous le verrons plus tard. Quant à la nature des lits dont elle est formée, à en juger par tous ceux que jai examinés, la plus grande partie sont des laves basaltiques plus ou moins poreuses et remplies dune prodigieuse quantité d'amphigène en cristaux , de la grosseur d un pois et même quelquefois d'une noisette, et presque toujours fort réguliers. Cette lave est formée d'une pâte d'un gris de l66 MÉMOIRE cendres , bomosène en appaience à l'œil nnd , mais qui , examinée avec une toi te ioupe , paroît coinjiotiée dua mélaiige damphigene et de pyioxène ; cette pâte ren- ferme. comme je viens de le dire, des ampbigènes en cristaux plus ou moins gros et toujours fort réguliers , ainsi que des cristaux indéterminables de pyroxènes noirs, et des grains microscopi|ues , translucides, brillaus et d'une coult'ur jaune, qui ressemblent à l'ulivine , mais qui pourroient bien nêtre qu'une variété de pyroxène. Cest cette lave qui m'a paru constituer la plus grande masse de la Somma, mais elle est plus ou moins compacte dans les diiïérens lits; souvent elle n'a que des cavités fort rares et fort petites, ailleurs, elle est tout-à-fait poreuse et cellulaire. La décomposition qui a plus où muins tra- vaillé les différens lits , leur a aussi donné divers aspects. Ici, la lave a pris une croûte blanche et une apparence ter- reuse ; les amphigènes qui résistent davantage à la dé- composition que la pâte qui les renferme, sont tombés et ont laissé leur place vide. Cest pour cela que sur toute la crête de la Somma on trouve des amas considérables d'amphigènes isolés et on en rencontre de très- réguliè- rement cristallisés. Ailleurs , la lave se trouvant plus im- prégnée de fer , l'action des élémens a oxidé les parties métalliques et la lave a pris une couleur rougeàtre ou jaunâtre. Quoiqu'on puisse supposer que la grande diversité qui se manifeste dans la consistance et dans la couleur des dilf.rentes couches qui se montrent sur la surface per- pendiculaire de la Somma , n'est due qu'à une décompo- SUR LE MONT-SOMMA, 1 G'7 sitiun plus ou moins avancée , cependant , je suis fuit porté à croire qu'il y a réellement des lits de nalure dif- férente, et que plusieurs de ceux qui ont 1 aspect terreux, sont des espèces de tufFs volcaniques , formés par des cendres noires , tassées , serrées et unies entr'eiles par quelque ciment. Ceci n'est qu'une conjecture , mais à cet égard , on ne peut acquérir aucune certitude , vu que la face absolument verticale des rochers, les rend inac- cessibles, soit par en haut , soit par en bas. Klle acquiert cependant quelque probabilité, par la circonstance qu'eu montant la Somma au-dessus de la Fosse de la Vétrane et le long de l'arrête occidentale du Primo Monte, je trouvai cinq lits bien distincts formés de la lave ordinaire de la Somma , et séparés entr'eux par des lits d'une matière presque terreuse , friable et d'une couleur noire , qui me parut être un tuf formé par des cendres noires. Partout ailleurs je ne pus atteindre que des laves sem- blables à celles que j'ai décrites plus haut et qui ne dif- féroient entr'eiles que par le nombre et le volume des amphigènes, ainsi que par le plus ou moins de porosité. Au IMont-Otajano , par exemple , on voit plusieurs lits d'une lave fort poreuse , alternant très - régulièrement avec autant de lits d'une lave complètement compacte et semblable au basalte. En examinant pourtant quelques blocs détachés de ces précipices et tombés dans l'Alrio del Cavallo , je trouvai des laves un peu différentes des autres, et en particulier une lave poreuse sans ampliigcnes , dont les cavités sont remplies d'un ochre ou oxide de fer d'un jaune orangé. l68 MÉMOIRE Je serois fort porté à admettre que quelques-unes des laves qui se trouvent en blocs épars et roulés dans les fosses ou ravins qui descendent de la Somma dans les plaines, et en particulier celles qui sont nommées laves brèches , parce qu'elles sont formées d'une pâte renfer- mant des fraigmens anguleux d'autres laves ou de chaux carbonatée saccharoïde, que ces laves, dis-je , n'ont pas été rejetées par la bouche du Volcan , comme on le croit communément , mais qu'elles faisoient originairement partie de masses de laves qui avoient coulé en forme de courant. En admettant cette idée, il devient très-pro- bable que les lits dont ces blocs proviennent doivent se trouver quelque part dans la Somma , et que ces blocs en ayant été détachés auront ensuite été apportés par les eaux dans le bas des ravins, comme il arrive dans toutes les montagnes (i). J'ai déjà dit que les divers lits dont se compose la Somma, n'ont pas une épaisseur uniforme dans toute leur étendue, et en effet , on les voit après s'être maintenus sur un espace assez considérable, avec une certaine épaisseur, diminuer progressivement et finir par disparoître en en- tier- Quelquefois on les voit remplacés par des masses fort épaisses qui ne présentent aucune division naturelle; une pareille masse recouvre les cinq lits de lave dont j ai parlé plus haut et se prolonge jusqu'au sommet du Primo Monte, avec une épaisseur de plusieurs toises, en par- ticipant toujours à linclinaison de 3o° des lits sur lesquels (i) Voyez noie A. SUR LE MONT-SOMMA. 169 elle repose. Un autre exemple du même fait se voit près de la pointe du Nasone , où le rocher du haut en bas ne présente qu'une énorme masse de lave très- poreuse , mêlée de fort petites amphigènes , qui paroît homogène dans toute son étendue , et n'offre aucune trace de divi- sions régulières. Sur la crête même de la montagne, j'ai trouvé des blocs d'anciennes laves, formées d'un mélange de pyroxène et de mica, ainsi que des morceaux de chaux carbonatée contenant de la haiiyne, enfin, des fragmens de lave po- reuse couverte de petits cristaux de fer oligiste, et des tas épais de pierres ponces , de cendres et de scories légères lancées dans les dernières éruptions du Vésuve , et en particulier dans celle de 18 17. Il y eut alors tellement de pierres jetées par le volcan sur la Somma, quelle en parut enflammée et qu'aujourd'hui elle est encore, en plu- sieurs endroits , couverte d'une épaisse couche de cendres dans lesquelles on enfonce jusqu'à mi-jambe. §. 3. Filons de la Somma. Lorsque du haut du Vésuve on embrasse d'un seul coup* d'œil l'immense muraille semi circulaire des rochers de la Somma, on est frappé de la prodigieuse quantité de filons qui traversent à peu près verticalement \qs lits de cette montagne. Quelques-uns de ces filons coupent les rochers du haut en bas , d'autres s'arrêtent dans le milieu de la masse, d'autres enfin, n'atteignent ni le sol de l'Atrio del Gavallo, ni la crête de la Somma, et restent enfermés en Mém. de la Soc. de Phys. et d'FIist. nat..T. II, i.Part. 22 170 MEMOIRE entier dans la partie visible du rocher. Pour bien observer ces fiions, il faut suivre la base de la montagne dans lAtrio del Cavallo , c'est en effet ce que je fis. La direction des filons est partout perpendiculaire à celle des lits, or, la direction des lits étant, comme nous 1 avons dit , un arc de cercle , les directions des divers filons peuvent être représentées comme les rayons de cet arc , et l'on peut se figurer ces filons comme partant ori- ginairement d'un centre commun , et divergeant vers tous les points d'une demi-circonférence. Quant à linclinaison , je viens de dire qu ils étoient à peu près verticaux , et en effet , la plupart le sont réel- lement et les autres ont une pente , dans un sens ou dans un autre , qui dévie rarement de plus de zo° de la verticale. A une seule exception près , que je signalerai bientôt, tous les filons que j'ai examinés m'ont présenté la même composition et la même structure. Tous sont formés d'une roche très-compacte et en cela différente des laves qui forment les lits et qui sont toutes plus ou moins poreuses. La lave des filons est d'ailleurs com.posée des mêmes élémens ijue celle des lits, mais les proportions paroissent un peu différentes, car ici le pyroxène paroît plus abon- dant que dans les lits, tandis que l'amphigène, si commun dans ceux-ci , ne se montre pas en grande quantité dans les fiions: si l'on en excepte cependant un filon du Mont- Otajano et un autre au pied de la Pointe del Nasone, qui tous deux renferment d'assez gros cristaux d'ampliigène , empâtés et disséminés largement dans une pâte à grain SUR LE MONT-SOMMÀ. I71 fin , ce qui flonne à cette lave une structure porphyrique. Dans la plupart dos autres filous , I.i structure porphy- ri.^ue est occasiouce par des cristaux de pyroxèue bien n'guliers et d un volume assez considérable, qui se trouvent disséminés dans la masse grise de la roche. Un aperçoit aussi dans la lave compacte dont sont formés les filons, quelques lames microscopiques qui paroissent être du teld spath vitreux, une quantité assez considérable d'une subs- tance jaunâtre qui pourroit être du péridot , et une subs- tance vitrifiée, dont la petite quantité empêche aussi de déterminer lespèce. Un des caractères , qui est commun à tous les filons que j'ai examinés , c'est d'avoir le grain très-fin aux deux côtés du filon, tandis qu'il est beaucoup plus grossier dans le milieu. Quelque différente que paroisse alors la roche, c'est cependant bien la même lave, composée des mêmes élémens, mais dont la cristallisation s'est déve- loppée davantage dans le centre et est restée plus confuse dans les bords. Dans ce dernier état , la roche a une apparence toiit- à-fait homogène , un grain fin , une cassure inégale et terreuse , un éclat un peu scintillant , une couleur d'un gris clair. Vue à la loupe, on y reconnoît une cassure écailleuse à très-petites écailles blanches et translucides , et une ressemblance avec certaines variétés de phonolite {Klingsteln). Dans celte pâte homogène, du moins en apparence, on aperçoit quelques cristaux indéterminables de pyroxène , disséminés à de grandes distances les uns des autres. Cet état cesse à cinq ou six pouces de la sal- 172 MEMOIRE bande et passe par degrés insensibles à l'état de cristalli- sation plus parfaite. Mais il n'y a ni mélange , ni passage gradué entre la lave des filons et celle des lits qu'ils traversent. Il n'y a non plus aucune lisière argileuse ou besleg qui les sépare comme dans les filons métallifères, cependant , la démar- cation entre le filon et ses parois est rigoureusement tranchée. La roche qui compose les filons se divise naturelle- ment , par des fissures perpendiculaires aux bords du filon , en prismes fort irréguliers , épais et courts qui , lorsque le filon est vertical, ce qui est le cas le plus or- dinaire , sont couchés horizontalement et empilés les uns sur les autres de haut en bas. J'observai, en particulier, un grand filon , dans le Canal de l'Enfer , dont les divi- sions sont semblables à des degrés ; l'on croiroit voir un véritable escalier construit pour escalader le rocher du bas en haut. On doit aussi observer le parallélisme remarquable que conservent souvent , pendant un long espace , les deux côtés du filon. Lorsque le filon se termine en pointe , cela a lieu presque toujours brusquement, et il est rare que sa puissance diminue graduellement. Ce parallélisme se maintient lors -même que l'allure du filon vient à changer. Lnfin , la substance du filon étant par sa nature , moins accessible à laction décomposanle des élémens que la roche qui la renferme, il est presque toujours arrivé que la roche s'est détruite et que le filon est resté en saillie SUR LE MONT-SOMMA. I?^ OU en relief. Quelquefois cette saillie n'est que de quel- ques pouces , mais souvent le filon se projette en avant de plusieurs pieds et paroît un mur. C'est surtout en re- gardant du haut de la Somma les rochers au-dessous de soi, qu'on voit ces fiions sortir du milieu des précipices, sous la forme de hautes, longues et épaisses murailles qui à leur plomb et au parallélisme de leurs faces, semblent avoir été élevées par la main des hommes. Tels sont les caractères que j'ai trouvés les mêmes dans tous les filons. Quant à leur puissance et leur lon- gueur elles varient beaucoup ; il y en a de lo à 12 pieds de puissance et de 4oo à 5oo pieds de longueur ; il y en a aussi qui ont à peine un pied de large et qui se ter-' minent au bout de deux ou trois toises. La position de leur pointe est également très-variable, les uns sont ouverts en haut et fermés en bas, d'autres et surtout les plus con- sidérables et les plus nombreux , sont larges en bas et se terminent en pointe par le haut, enfin , il y en a beaucoup qui sont tout-à-fait renfermés dans la roche, et parmi ceux- ci, quelques-uns ont deux pointes et d'autres n'en ont qu'une et se terminent carrément du coté opposé. Pour donner une idée des particularités que présentent quelques filons , je vais citer ici ceux qui m'ont offert quelque apparence remarquable. Au Mont-Utajano , j'observai à la base du rocher, un filon de 10^ pieds de largeur, qui s'élève perpendiculai- rement jusquau faîte de la montagne, avec quelques in- flexions dans son allure ; il semble se rétrécir considéra- blement vers le haut. 11 traverse des couches de lave po- 174 MÉMOIRE relise, alternant avec des couches de lave compacte, et ces lits qui paroisseiil ailleurs si'paré.-» par des trauclies ou fissures horizontales, sont redressés aux environs du filon. frayez planche 2 , Jîg. 2. La roche qui les compose n'a cependant éprouvé aucune altération. C'est là le seul exemple que j'aie vu à la Somma , où un filon paroisse avoir redressé les couches environnantes. Les rochers qui sont entre le Canal de la Reinre et le Canal de l Enfer, sont traversés par une multitude très- considérable de filons qui olîient tous une grande variété dans leur structure. 11 y en a qui partent d en bas et se ter- minent par une pointe dans le milieu du rocher, d'autres descendent de la crête et se terminent en pointe par le bas, j'en ai vu un, qui après avoir cheminé verticale- ment pendant plusieurs toises, change de direction, puis s'interrompt tout-à-coup et reparoît un peu plus loin, non pas vis-à-vis de l'endroit où il sest terminé et sur le prolongement de sa dernière route, mais à quelques pieds latéralement à cette direction, comme si il eut été poussé de côté. On en voit un qui se divise en deux branches et c'est le seul que j'aie vu se bifurquer. Enfin , je re- marquai un filon qui en coupe un autre et produit ce que les mineurs nomment uvat faille, tant dans le filon coupé que dans les lits environnans. Mais rien ne présente un spectacle plus extraordinaire que trois groupes de filons qui se cioisent , placés à côté les uns des autres, au pied du rocher de la pointe del Na^one. Je ne les décrirai point, un dessin que j'ai fait d'après nature, planche ^,fig' 3 , et où j'ai représenté exac- SUR LE MONT-SOMMA. lyS tement ce curieux phénomène, en donnera une idée bien plus juste que je ne pourrois le faire par une longue et minutieuse description. Le dernier filon dont il me reste à parler, est d'autant plus remarquable qu'il est unique dans son espèce et qu'il dilïere de tous les autres par sa composition et sa struc- ture. C'est un filon A ertical dans les rochers du Primo- Monte. 11 est formé d'une roche en apparence homogène, d'une couleur grise , légèrement verdâtre , à grain fin , ressemblant à un griinstein à grain fin et passant à la wakke. Sa cassure est inégale et terreuse. Avec la loupe, on y distingue quelques taches blanches brillant d'un éclat vitreux et qui paroissent être de l'amphigène j il donne par insufflation une forte odeur argileuse. Ce filon , à sa base qui est aussi celle de la mon- tagne , a onze pouces de puissance , et à partir de ce point jusqu'à douze pieds plus haut, il est bordé de chaque côté d'une lisière, de six lignes de large, d'une lave vi- treuse bien caractérisée; il traverse un large lit d'une lave brèche poreuse et décomposée, et les parties de ce lit, voisines du filon , renferment quelques fragmens épars de la lave vitreuse qui en forme les côtés. Mais au-dessus de ces douze pieds, la lave vitreuse cesse entièrement , le filon s'élargit d'autant et remonte verticalement en s'élar- gissant encore un peu, planche 2 , fig. 1. On ne voit ici aucune différence dans le grain , entre les échantillons pris au milieu et sur les bords du filon. Tous ces caractères le distinguent de tous les autres filons de la Somma, et il est , coiume je l'ai dit plus haut. 176 MÉMOIRE la seule exception à cette uniformité cle composition que j'ai remarqué dans tous ceux que j'ai observés. On voit par ce qui précède, que les filons de la Somma ne ressemblent ni aux filons métallifères , ni aux filons stériles qui se trouvent dans la plupart des montagnes. Mais ils [)résentent quelques rapports frappans avec les filons ou dykes de basalte et de grunstein, qui abondent en Ecosse, dans les îles Hébrides et dans le nord de l'Ir- lande. M. le D." Berger a donné de précieux détails sur ces derniers (i) , et j'ai eu moi-même occasion d'exa- miner et de décrire les autres {2) , de sorte que je pouvois les comparer avec ceux de la Somma. Cependant , s'il existe, en efFet, de grands rapports entre ces deux classes de filons, il y a aussi entr'eux de notables différences. Voici quels sont les rapports. — Comme les filons de la Somma, les dykes sont remarquables par le parallélisme de leurs faces opposées ; par la séparation tranchée qui existe entr'eux et les roches qu'ils traversent ; par l'abs- sence de toute substance interposée ou lisière entre les couches et le filon ; par leur tendance à se projetter en avant des rochers, sous forme de murailles, et par celle qu'ils ont à se diviser, perpendiculairement à leurs bords , en prismes plus ou moins réguliers ; par l'uniformité de leur composition dans un district limité; par la rareté des embranchemens et des bifurcations ; enfin , par la différence dans la finesse du grain ou dans le développe^ ment de la cristallisation entre leur centre et leurs bords. (i) Transactions of the Geological Soviely of London y T. III. (•i) (^ oyage en Ecosse et aux iles Hibriil3s. A Paris el ù Genève , ckez J.-J. Pasclujud, injjjiijaeur-iibiaire. SUR. LE MONT-SOMMA. 177 Voici maintenant les principales différences. — Tandis qnelesfilonsdeiaSomma traversent uniquement des masses inconlestablement volcaniques ou des laves , d'une origine comparativement assez récente, les dykcs traversent in- différemment toutes les roches, depuis les plus nouvelles jusques aux plus anciennes. Le basalte , les porphyres trapéens , la craye , les calcaires et grès stratiformes , le grès rouge, le terrain houiller , les roches de transition, le micaschiste, le gneiss, les porphyres, les syenites , les granits sont traversés par les cljkes. La roche qui com- pose les filons de la Somma est une vraie lave , renfer- mant par fois de l'amphigène, tandis que celle des dykes est un basalte , un grunstein , une wakke. Il est très- rare que les dylcs se terminent en pointe ou en coin, et j'ai dit que cela avoit quelquefois lieu dans les filons de la Somma. La roche dans laquelle courent les dykes a sou- vent éprouvé une altération remarquable au point de con- tact ; ainsi , le grès rouge a perdu sa couleur et a pris un haut degré de ténacité , l'argile schisteuse et le cal- caire argileux ont pris tous les caractères d'une lydienne ou d'un schiste siliceux, la craie est devenue un marbre salin un calcaire grenu, saccharoïde , la houille est changée en une espèce d'anthracite, et a perdu, en grande partie, sa subs- tance bitumineuse et sa combustibilité. Aucun effet sem- blable n'a lieu auprès des filons delà Somma, et les lits de laves ont au contact avec les filons , absolument la même apparence que dans tout le i-este de leur étendue. Cette différence, cependant, n'est peut-être pas aussi réelle qu'elle le paroît , puisque toutes les roches en con- Mc'in. de la Soc. dcPJns. etd'Hist. iiat. T. II. i. Part. 23 lyS MÉMOIRE tact avec les dyhes n'éprouvent pas ces singuliers effets , et que les granits, les gneiss, les micaschistes, les por- phyres, les basaltes et autres roches composées, cristal- lisées et formées en grande partie de pierres siliceuses, ne montrent aucune altération au contact. Ur les laves, dont la Somma se compose, se rapprochent par leur nature , bien plus des roches dont je viens de parler que des cal- caires, des grès, des argiles schisteuses, etc., qui se modi- fient par la proximité des dyhes basaltiques. — Eufin , on remarque souvent que les couches qui environnent les dykes présentent des inflexions et des contorsions très- remarquables; j'ai cité le seul exemple d'un tait semblable que j'aie vu dans les filons de la Somma, et cela sutîit pour prouver sa rareté. §. 4- Résultats. Après avoir exposé les faits que j'ai eu occasion d'ob- server à la Somma , il me reste à voir quelles consé- quences on peut en tirer relativement à la manière dont s'est formée cette montagne et au rôle qu'elle a joue an- ciennement, enfin , à rechercher les données qu'elle peut nous fournir sur la formation des montagnes volcani- ques en général. Je n'entends pas par formation des mon- tagnes volcaniques, le procédé chimique par lequel se pro- duisent l'assemblage , fignition , la fluidité , l'épanche- ment, puis enfin le refroidissement et la consolidation en masses pierreuses, des élémens minéraux qui forment les laves; sujet qui semble avoir presque exclusivement oc- cupé les savans géologues , dont les recherches se sont di- SUR LE MONT-SOMMA. 179 rigées sur les phénomènes volcaniques ; le peu de temps que j ai séjourné à Naples ne ma pas permis de me livrer à aucune étude suivie sur cet objet , et les travaux de Dolomieu , Spallanzani , Breislak , Cordier , Humboldt , de iiuch , Davy , etc. , qui ont eu pour but la décou- verte des causes de ces phénomènes, sont connus de tous les géologues. Mais les laves une fois formées , la matière minérale fondue étant donnée , je vais essayer de faire comprendre comment elle s'arrange pour former sur la surface de notre globe , ces élévations coniques que nous appelons volcans, et comment cet arrangement détermine une struc- ture particulière , qui distinguera toujours de toutes les autres, les montagnes élevées par le feu. Cest au Vé- suve même que j'ai puisé les idées que je vais développer , idées si simples que je m'étonnerois de ne les pas voir énoncées ailleurs, si leur simplicité méjne ne devoit pas les avoir fait considérer , par ceux qui ont écrit sur les volcans, comme devant s'offrir d'elles-mêmes, et par conséquent comme superflues à rappeler. Mais l'étude de la structure physique des volcans pouvant conduire à plus de résultats qu'on ne le pense, je crois devoir ni'ar- rêler un moment à la développer. Que se passe- t-il lorsque après un intervalle de repos, un volcan commence à redonner par son sommet , des indices dune nouvelle activité, ou, ce qui revient au même, lorsque dans un lieu où jusqu'alors, les f?ux souterrains n'avoient pas agi , on voit se produire un volcan, comme auMonte-Nuovo , près de Pouz.z,ole , au l8o MÉMOIRE Monti-ilossi au pied de l'Etna, à Jorullo dans le Mexique ? La lave qui s'est ouvert un débouché à la surface du sol, ou qui a été portée au haut du canal ou cheminée déjà existante, n étant plus comprimée comme auparavant, les fluides élastiques, soit gaz, soit vapeur aqueuse qu'elle renferme, tendent à s échapper. Ils se forment en bulles plus ou moins considérables , dont plusieurs viennnent crever à la surface , lançant au loin les portions de la lave liquide qui les renfermoient, comme les bulles de gaz qui crèvent à la surface de l'eau, jettent en haut les débris de la pellicule d'eau qui les environnoit , ces débris partis sous forme liquide se solidifient en l'air par le re- froidissement et retombent autour de l'orifice qui les a rejetés. Les uns sont en masses poreuses plus ou moins volumineuses, ce sont les scories, d'autres en menue poussière , semblable à un sable fin , forment les cendres. Tous s'entassent autour de la bouche , comme le feroit dans de pareilles circonstances une masse de sable ou de matières incohérentes qui en prenant leur pente natu- relle se disposeroient en talus de forme conique , ou en monticule arrondi, avec des pentes tant à l'extérieur quà l'intérieur. Voilà la première origine d un cône volcanique et de la coupe ou cratère qu'il renferme. De nouvelles matières sont rejetées par la bouche , le cône s exhausse, tandis que le cratère s'élargit. Main- tenant, la masse liquide de lave, toujours poussée de bas en haut , rempht la coupe et bientôt la déborde et coule le long de son talus extérieur en en suivant la pente ; cette lave une fois refroidie , forme un lit qui recouvre SUR LE M03S-T-SOMMA. l8l le lit de cendres et de scories , avec une inclinaison égale à la sienne, et devient le segment d'un cône concentrique avec le cône déjà existant. Ces laves qui se déversent de touteti parts des bords du cratère, ont l'eiiet de consolider le cône volcanique et de changer en une masse solide et immuable ce qui nétoit auparavant qu'un tas de trag- mens incohérens. Le même effet a lieu aussi , lorsqu'un cône de cendres est lecouvert par une éjection considé- rable de scories , ainsi que Ta observé le che\ alier lïa- milton dans l'éruptio'i du Vésuve de 1779 , où une grande partie du cône fut incrustée d'une couche de scories durcies, quil estime avoir plus de 100 pieds d'épaisseur (i). De nouvelles éruptions augmentent encore la hauteur et la largeur du cône, en le recouvrant dune succession de lits ou couches irrégulières alternativemeat de centlres ou matières incohérentes et de lave ou matière solide. Telle est la manière , et à ce qu'il me paroît la seule ma- nière dont se forment et s'accroissent les cônes volcani- ques , jusqu'au moment où leur trop grande hauteur em- pêche les laves de s'élever jusqu'aux, bords du cratère. Alors elles se font jour vers la base de la montagne et coulent dans les districts voisins en suivant les pentes des coteaux et celles des vallons; mais elles ne forment point de mon- tagnes , à moins que, ce qui arrive quelquefois au Véjsuve et souvent à l'Etna, il ne s'ouvre une nouvelle bouche à l'orifice qui vomit la la\ e ; alors il se forme un nouveau (i) Voyez PhilosophicaL Transactions , T. 70 , ou Abrégé des Traa- sactioQs philosophiques , T. I , pag. 220. l8l> MKMomE cùuc par la mémo voie qui a lormé celui du volcan d'où la lave est sorhc. liO volcan i]ni uc vorso plus de laAos par le craloro, cesse de croilic en liaiilcur , car les pierres tjue rejelle la bouche .sulliseul à peine |)our entretenir au jn»'nie niveau la cime de la montagne , poM' maiulenant une section faite paral- lèlement à Li\e du ciuie volcanique, de nianière à mettre an jour sa siructiuv intérieure , on verra partout nue succession de lils de lave soliile el de cendres ou île sco- ries, séparés entrVux par dos tissures paralU-les et in- SUR LE MONT-SOMMA. I(S3 cli'nces fie 3o", ploiij;eant de tous côtes contre la plaine et se reievant contre le centre de la montagne; la lon- gueur et l'épai-^seur de ces ditïérens lits , qui dépendent de la quanlilé de matière rejetée à chaque éruption, seront aa-si \ariables (]iie la force de ces éruptions. J-a direction île tous ces lits qui se déversent de toutes parts , en parlant des points situés sur l'axe comme de centres , ou , ce qui revient au même , leur intersection a\ec un plan horizonltd , sera une ligne circulaire (i). Enfin, on relrou\cra là exactement la même structure que nous avons observée dans la Somma dont les lits , comme on se le rappelle , ont aussi 3o" d'inclinaison. Ainsi , Ion retrouve dans la structure de cette mon- tagne , comme dans sa composition , la confirmation de lidée que la Somma a fait partie d'un cône volcanique. Mais ce n'est pas là, ce me semble, le plus important résultat que l'on peut tirer des observations qui précèdent. La structure des cônes volcaniques une fois bien déter- minée , on pourra reconnoitre par des caractères certains , les restes de cônes et de cratères qui se montrent en- core dans des lieux où les feux souterrains ont cessé de brûler depuis long-temps, et l'on ne courra plus le risque de confondre dé simples enfoncemens du sol , a\ec de véritables cratères comme cela a eu lieu plus d luie fois. Ainsi , lorsque nous verrons ime élévation percée vertica- lement à son sommet, d'une cavité en forme d'entonnoir, nous ne nous croirons autorisés à regarder cette cavité (i) Voyez aole B à la fm du Mémoire, l84 MÉMOIRE comme un vrai cratère, et cette montagne comme im cône volcanique (et cela lors-m-jme que cette élévation seroit formée de lave, de basalte ou de tut" basaltique) , quau- fctnt que des lits irrégulièrement disposés en segmens de cône concentriques, avec une direction circulaire , se re- lèveroient de toute part contre le centre de la montagne avec une inclinaison d'environ 3o°. Ayant trouvé une paieiUe structure dans les collines qui entourent la Soltatarre et le lac d Agnanoet dans celles, pi i.s régulièx'es encore, qui forment une enceinte autour du grand creuK iniundibuliforme du Mont-Astruni , creux mauitenant couveil de superbes forêts, où le I\oi de Naples renferjTie des sangliers , je n'ai plus de doute que ce ne soient là d anciens cratères , en partie comblés par les débris détachés den haut ou bouchés par le refroidissement de la lave qui remplissoit la clieminée. Au contrane , bien des creux donnés pom* de véritables cratères et qui en effet y ressemblent par leur figure arrondie et régulière, ne sont phis à mes yeux que des enfoncemens accidentels. Ainsi , par exemple , le petit lac de Monterosi , entre Bac- cano et Ronciglione , dans les environs de Rome , cité comme un cratère par quelques auteurs , me paroît, quoi- que en appaicnce fort régulier, quoique entouré de laves et de tufs volcaniques , n être qu une dépression acciden- telle du sol , piusque les couches de ces laAes et de ces tufs sont tout-à-fait horizontales. De semblables dépres- sions doivent être fréquentes dans des terrains de tuf, percés de nombreuses et grandes grottes , comme ceux des environs de Rome; on en voit même souvent dans / SUR LE MONT-SOMMA. l85 ces formations calcaires renommées pour leurs cavernes, on ea leiiconîre plusieurs et de très-régulières dans le Jura, sur le liaul du Mont-Salève , et surtout dans ime partie de la Carniole où se trouve une formation de calcaire à cavernes. Que sont maintenant les filons de la Somma ? si ce n'est des fentes remplies par la lave qui remplissoit aussi la chemin^'e du volcan. Un sait que de violentes secousses, de forts tremblemens de terre , causés par la la\ e qui cherche à se faire jour , précèdent toujours les éruptions. 11 est hors de doute que des fentes dans la montagne doivent être le résultat de telles commotions , et que c'est par de pareilles fentes que les laves coulent sm* les côtés du cône lorsqu'elles ne peuvent plus se verser par le cra- tère. Fortement comprimées dans d'étroites fissures , ces laves restent complètement compactes, puisque le déga- gement des fluides élastiques , qui occasionne leur poro- sité, ne peut s'etïectuer dans de pareilles circonstances. Un refroidissement plus prompt dans les portions de la lave rapprochées des parois du rocher, fait que la cristal- lisation y est plus confuse que dans le milieu de la fente , oii les molécules, à cause de la fluidité plus prolongée conservent la faculté de se momoir , de s'assortir et de se disposer d'après les lois de la cristallisation. Cest-là , ce me semble , l'explication la plus naturelle de la différence si marquée qui se fait apercevoir partout entre les bords et le milieu du filon. On peut présumer que plusieurs des grands filons qui traversent la montagne du haut en bas , ont été des ca- 3Iém. de la Soc. de Fhys. et d'Hist. nat. T. II. i. Part. 2.1 l86 MÉMOIRE iiaux dans lesquels la lave étoit poussée avec force, jus- quau moment où elle se f;ùsuit jour sur les flancs du volcan. Une observation, faite par le chevalier Hamiiton , sur les laves quil avoit vu couler, obser\'ation que j'ai eu occasion de vérifier sur des courans de lave du Vésuve refroidis (i) , nous servira à rendre raison du parallélisme remarquable que présentent les côtés de ces grands filons , et de la séparation si tranchée qui existe entre le filon et les couches quil traverse. La circonstance à laquelle je fais allusion est que, toutes les fois qu'une lave coule dans une fente ou dans un canal, ainsi que les nomment les gens du pays , on trouve que les parois de ces fentes sont pa- rallèles. Hamiiton compare ces canaax à des aqueducs an- tiques , et il dit : Quêtant entré dans un canal ou gallerie couverte dans laquelle des courans de matière en fusion n'avoient cessé de couler pendant plusieurs semaines , il en avoit trouvé les côtés , le fond et le toit parfaitement unis et lissés presque partout (2). Si l'on se demande comment ces filons ont été remplis , je crois qu'on peut répondre, que ceiLK qui traversent la montagne depuis sa base jusqu'à son sommet ont été remplis d'en bas , de même que ceux qui étant larges dans le bas se terminent en pointe vers le haut ; que ceux qui atteignent la partie supérieure de la montagne, qui sont larges en haut et se terminent en pointe par le b;is, peu- ^i) Voyez noie B. (^) /Vo/c. \ oyez F/tilosophicanrRusicûons. T. 70, ou Abrégé des Tran- saclious piiiiosopliiques , T. I, pag. 191. I SUR LE MONT-SOMMA. 187 vent avoir été des fentes ouvertes sur les flancs extérieurs du cône, qui ont été remplies par des courans de lave supérieurs et par conséquent den haut. Mais il est une troisième classe de filons qui ne rentre dans aucun de ces deux cas , c'est celle des riions qui sont fermés aux deux bouts et qui , par conséquent, n'ont pu être remplis ni d en haut ni den bas. On ne peut pas les considérer comme des filons contemporains au rocher quils traversent, puisque ce rocher est composé de lits formés à des époques très- diiférentes, et qu'il est impossible de déterminer auquel de tous ces lits il faudroit attribuer une formation contempo- raine à celle du filon. 11 est donc nécessaire de regarder le filon comme formé postérieurement à tous ces lits et comme rempli dune autre manière , c'est-à-dire par mi épanchement latéral. 11 faut alors supposer que lorsque la cheminée ou le cratère étoient pleins de lave en fusion, il s'est formé sur les parois de cette cheminée ou de ce cratère des fissures , en général peu étendues , qui auront été à linstant remplies de lave. Telle me paroît être la seule manière d'expliquer le curieux aspect que présentent plusieurs filons de la Somma; et peut-être trouveroit-on que bien des filons qui offrent , dans letat actuel de la montagne, l'apparence d avoir été remplis d'en haut ou d'en bas , ont aussi été i-emplis par le côté. On pourroit donc dire, en général, que tous les filons de la Somma remplissent les canaux par lesquels la lave s'est fait jour, de l'intérieur du cône à l'extérieur. D'énormes mîisses de îave peuvent avoir passé par ces canaux , comme une masse d'eau considérable peut passer par mi éti'oit l88 MÉMOIRE goulot. Renfermée dans ces fentes, peut-être originaire- ment très-étroites, et pressée de toutes paits , la laAe en mouvement en a rongé les bords et a aggrandi les fissures. Tant qu'elle restoit ainsi prisonnière entre d'aussi fortes parois , elle demeuroit parfaitement compacte , ainsi que nous la voyons à présent ; mais dès que , parvenue à l'air libre, elle se versoit sur les flancs du cône , le déga- gement des fluides élastiques la rendoit poreuse , scorifiée et boursouiïlée. Deux circonstances nous paroissent démontrer que ces fentes ont du offrir un passage à de grandes masses de lave. i.° Le parallélisme de leurs côtés qui ne peut provenir que d'mie érosion uniforme et long-temps prolongée; 2..° La structure complètement lithoïde de la matière du filon , structure qui se fait remarquer même au point de contact aA ec les lits de la montagne , là , où le grain est le plus petit. Mais cet état lithoïde prouve que le refroi- dissement n'a pas été rapide, car, dans ce cas, la structure eut été si non vitreuse, du moins d'apparence homogène, et la cristallisation seroit demeurée très-confuse. Or , le passage continu et prolongé d une grande masse de lave in- candescente a pu seul réchauffer assez les parois de la fente, pour que le refroidissement des parties de la lave voisine fut lent et gradué. Et ceci nous amèneroit à soupçonner que dans le filon duPrimoMonte.qui se fait remarquer par sa salbande vitreuse, les circonstances ont été différentes, et qu'il se pourroit qu'il n'eut pas servi de canal à la lave cou- lante, mais qu'il neut été qu'une fente , ouverte à l'exté- I SUR LE MONT-SOMMA. 189 rieur, sur le chemin dîme coulée de lave qui l'aura remplie dans son cours , en descendant sur les flancs du cône. J'ai cru devoir signaler les frappantes an;Uogies qui existent entre les filons de lave de la Somma et les fiions ba- saltiques; anîdogies qui portent bien plus sur des cas-actères généraux que sur les caractères spéciaux des deux espèces de produits. Je me contente pour ce moment de ce résidtat. J usqu'à présent on n'av oit pu assimiler les filons biisal- tiques aux pi'oduits volcaniques que par la ressemblance , je pourrois , dans quelques cas , presque dire lidentité de leur nature minéralogique. Voici maintenant des caractères géologiques communs à tous les deiLX, et des caractères assez, remarquables pour mériter dètre pris en considéra- tion. Aller plus loin, et conclure de là immédiatement à la volcanicité des filons basaltiques, seroit non -seulement pré- maturé, mais nous ne pourrions le faire : i.° sans nous ex- poser à ce qu'on nous objectât, et avec raison, la différence minéralogique qui existe entre les laves amphigéniques du Vésuve et de la Somma, et les basaltes feldspathiques des filons trapéens: 2." Sans entrer dans des questions de théorie et entasser des hypothèses que nous devons par-dessus tout éviter. Si nous avons pu, en elfet, par une induction naturelle et légitime, comparer les filons de la Somma aux coulées de lave du Vésuve qui courent dans des canaux, et tirer de ciHte comparaison quelques lumières sur le mode de for- mation des filons de la Somma , la volcanicité reconnue de cette monlagne, sa proximité d'un volcan encore en acti- vité, qLii emprunte ses produits iila même soui'ce et dérive 190 MÉMOIRE SUR LE MONT-SOMMA. du même foyer, tout enfin nous autorisoit à identifier des objets réellement identiques. i\l;us il nen seroit plus de même lorsque nous voudrions assimiler les phénomènes de la Somma à ceox des filons basaltiques, pour arriver à une conclusion semblable, relativement à ceux-ci. Loin de tout volcan en activité, lom de tout cône volcmiique et même de tout volcan éteint, incontestable, ces filons traversent des terrains compiètement étrangers à l'action du fi;u. II nous faudroit donc former des conjectures sur la nature , la position, la gnmdeur des foyers d'où ils dérivent, et ces conjectures, qai ne seroient appuyées d'aucmi fait , nous nous les sommes toujom-s interdites. NOTES. Note A. Sur les tufs volcaniques et les Iwes et minéraux en cailloux isolés. Je n'ai pas demeuré assez long-temps à Naples pour étu^lier avec fruit les intéressans dépôts improprement nommés tufs volcaniques. J'en ai cependant vu suirisammeiit pour me convaincre combien ces terrains étoieiil encore mal connus , combien de variétés de produits étoieut confondues ensemble sous celte dénomination aussi vague que mal fondée, pour me montrer enfin qu'une t'tude approtontlie de ces terrains étoit indispensable soit pour la connoissance de la géographie minéralogique des environs de Naples , soit surtout pour la géoguosie générale et la connoissance de tout ce qui est relatif aux effets de la décomposition et du remaniement par l'eau des divers produits volcaniques. En altendant que quelque géologue entreprenne ces importantes re- clierches, je crois devoir signaler ici en peu de mots le résultat de me-s propres observations. On a réuni sous le nom générique de tufs volcaniques, des roches dont les caracU'res iiinéralogiques , le gisement et prububleraent aussi le mode de formation sont fort dilférens. Ainsi, on doit distinguer: 1." Les laves altérées par les exhalaisons de la Solfatarre et d'Astruni , et réduites les unes en une terre Irès-fine, très-blanche, les auties, encore en masses, mais tendres et friables, ou n'ont pas été assez long- temps sou- mises à la décomposition pour être complètement réduites à l'élat terreux qui en est le dernier degré, ou bien après avoir subi cette transformation , elles ont été de nouveau réagregées au moyen des sels ou du souflie sublimés par les furaaroles. Ces altérations, dont l'histoire a été tracée de main de uiaitie, et dans les plus grands délaili par le .'avant Breisslak , occupent le fond des cratèi-es et la surface des laves solides en place sur les flaïas iulé- ( '92 ) rieurs des cônes volcaniques de la Solfalaire el d'Astruni. Les unes forment des lil6 hinizoulaux siii' le fond , les aulies se piéseiilont en niasses irrégu- lièies qui péiièlteut plus ou moins profondement dans les couches solides de laves. •x." Dans ces mêmes volcans éteints on trouve une autre espèce de roche terreuse à structure areiiacée, une sorte de coiiglymérat à grain fin dont le ciment nVsl [jas visible. Cette roche allerno avec les laves solides ou forme quelquefois seule des lils assez considérables divisés en assises de difieienles épai-seurs, sa nature est feldspalhique, elle paroit formée de débris de ponces ou ds C(-ndres tassf-es, el renferme de petils cailloux arrondis ou lapilli de pj riiNèiii's, de laves pyroxéuiques , de scories, de ponces et d'obsidienne noue pnrphy I ique, disséminés dans ses couches. Le principal caractère géolo- gique di' ces dépôts est de former une partie intégrante des cônes volcaniques el de pailiciper à l'inclinaisou de 3o° que présentent de toute part les lits de lave stilide avec lesquels ils alternent. Ce qui montre qu ils sont encore à la place mêaie où ils sont tombés immédiatement après être sortis de la bouche du volcan. 3.° L'espèce la plus abondamment répandue dans tous les environs de Naples et celle qui mérite le mieux le nom de conglomérat volcanique , a aussi «ne structure arenacée à grain fin qui la fait i-essembler beaucoup, soit dans ras|)ect extérieur soit dans la forme des rochers qui en sont composés, au grés tertiaire ou molasse. Sa couleur varie du gris de cendre au gris jaunâtre ou au blanc sale. Elle est aussi en grande partie composée du fragmens pouceus quelquefois assez volumineux pour qu'on puisse encore y reconuoîlre le tissu fibreux. Ses caractères miuéralogiques ne suffiroient pas, dans plus d'un cas, pour la faire distinguer d'avec l'espèce précédente. Mais elle se reconnoîlra toujours géologiquemenl en ce qu'elle ne Ciil pas partie des cônes volcaniques, en ce qu'elle-u'alterne pas avec des laves solides, et en ce que ses couches, lorsqu'elle est stratifiée, ont une inclinaison toujours moindie de ,So.° Celte formation entoure ordinairement comme une zone plus ou moins large la partie inférieure et extérieure des cônes vol- caniques. Tantôt elle forme de grandes masses épaisses avec des divisions rares et irrégulières, comme on le voit à la grotte de Pausilippe , aux rochers qui supportent les châteaux de Pizzi-Falcone et de St. -Lime , el le palais de Capo di Monte. Le peu de ténacité de celte roche a permis qu'on la ( '93 ) travaillai comme une pâle molle, aussi présenle-l-elle des escarpemens ar- tificiels parfaileraenl verticaux et qui semblent avoir été taillés d'un seul coup avec un intrumeut tranchant. Ailleurs, comme dans les rochers au-dessous de l'Hermilage du Vésuve, elle se présente en lits plus ou moins épais , ho- lizonlaux ou du moins foiblemenl inclinés en suivaut la pente naturelle du terrain; ces lits sont séparés enir'eux par des lits très-minces formés de frag- mens de laves, de petites scories noires, de pierres ponces blanchâtres, mêlés à de petits cailloux de calcaire grenu très-blanc et d'un gralti Irès-crislallin. Cette roche tient à un véritable grés marin , micacé , dont j'ai trouvé, si non des couches, du moins des fragmens assez gros dans le voisinage des rochers de conglomérat volcanique le long de la Fossa Grande, et de ceux que traverse le sentier qui conduit à l'Hermitage. On a aussi trouvé dans les mêmes lieux des empreintes de bivalves marins dans le conglomérat même , je possède une empreinte semblable mais trop peu ca- ractérisée pour qu'on puisse en déterminer le genre. La stratification fré- quente de ces dépôts, leur disposition par masses ou couches horizontales, leur mélange avec un vrai grès marin , les coquilles marines qu'ils renferment, indiquent assez que les produits volcaniques dont ils sont formés ont été rema- niés par les eaux, puis déposés dans le fond de la mer, ce qui les dislingue essenliellemenl de l'espèce précédente de dépôts. Cependant dans plusieurs lieux les conglomérats volcaniques dont il est ici question se rattachent telle- ment en apparence aux dépôts plus récents produits par les éjections de cen- dres, de sables et de ponces qui sont continuellement lancés par la bouche du volcan, qu'il est souvent difficile de dire où les uns commencent elles autres finissent. En efFel ces dépôts que je puis nommer dépôts historiques puisque ils datent tous d'époques connues et mentionnées dans l'histoire du Tolcan , ces dépôts dont les deux couches qui ont recouvert Pompeia sont l'exemple le plus frappant et le plus mémorable, placés souvent horizon- talement sur la surface horizontale des couches de conglomérat volcanique sous marin, se confondent à la jonction , surtout loisque le tassement des particules d'abord incohérentes qui les composent ou leur réunion parqnel- qu'infiltration ont ôlé à ces roches ce caractère d'incoliérence qui les dis- tingue ordinairement, 4.'' Enfin je signalerai ici un autre dépôt qui a été appelé par les uns li/f vokaitique et par d'autres /ate décomposée , mais qui me paroit n'appartenir Méin. de la Spc. de P/ijs. el d'Hist. nat. T. II. i . Part. 25 (194) à aucune de ces deux classes mais plutôt devoir être considéré coninic un produit rolcanique particulier dont les causes rjui oui concouru à sa for- inatioii ne sont pas encore bien connues. Je veux parler de cette grande masse de roclie à strucUire grenue prcsqu'aréuacée à giain fin sub-crisiallin , de couleur lunn clair, renfermant des fragraeiis de lave poreuse, dont est lormée la plaine de Sorrento , au midi de la baye de Naples. Cette formation qui occupe le fond d'un bassin ouvert au milieu des mon- tognes calcaires de 1" Apennin , a une épaisseur considérable , à en juger par la hauteur des falaises à pic qui bordent la côte de Sorrento. La roclieu'a aucune division régulière quelconque, luaiâ elle présente à la surface des falaises, de profondes cannelures ou goulières verticales qui semblent partager la masse en gros prismes tros-irréguliers et verticaux, bien diSérens dans leur forme des vérital)les prismes basaltiques avec lesquels ils ont été confondus. Ces di- visions purement superficielles ne pénétrant point dans l'intérieur el me pa- roissenl être l'ouvrage des eaux pluviales qui découlent de la plaine au-desiMS tt rongent . en glissant le K-ug de ces falaises ^ la roche très-friable dont elles sont composées : roche si peu cohéienle qu'on y a fucilement taillé en plu- sieurs endroits des degrés et des voûtes souterraines poin- arriver du rivage de la mer au haut du plateau où sont les h.Tbilalions el les jardins. Les fragmeiis de lave poreuse empalés à de grandes distances les uns des autres dans la masse de cette roche varient pour la grosseur depuis celle de la tête jusqu'à celle d'un œuf, et ce qu'il y a de bien remarquable, c'est que leur séparation du reste de la masse n'est point nette et tranchée comme seroit celle d'un caillou roulé, mais ils passent insensiblement sur leurs bords à la roche qui les contient et se fondent pour ainsi dire dans la masse grenue. Ce qui semble prouver une simultanéité de formation. Je rappot terois à cette espèce , les laves anciennes de la Scala et des Grana- telles qui forment de petites falaises près de Portici ; on a cru y remarquer aussi une apparence déstructure prismatique. Ces laves exploitées po\ir les pavés de Naples se font remarquer parleur pâte grenue , d'un gris tirant sur le lilas, dan.- laquelle sont disséniir)és eu grand nombre des parallèlipipède'^ allongés de ftidspalli blanc qui font de cette roche un véritable porphyre. ^Verne^ avoit connu la lave de la Scala et en avoit fait le type de l'espèce de roche qu'il avoil Moninié Grauslem , il la regardoit comme un mélange iutim(?de feldspath et de hornblende. Telles sont à m? counoissance , les diverses es- > ( 195 ) pèces do Formalions qui ont élp conrondues sons le nom de lulls volcanl- ijUM , toi iiuiliuns f|iii, comme je i"ji iJil, me semblent méiiler délie de nou- veau exaruinéH.s el d'criles avec suiii. On en peiil dire uuljnt de ces roches si variées où se lron%'ent mélangées en tant de m;iiiièi'es diverses Tidoci'ase , la iiepheliue , la rneionile , rci^S|)alli, le pléoîuisle , le zlixon , etc. , etc. Ces roches , dont la présence semble distin- guer le Vésuve dos autres volcans , se trouvent dans tous les vallons ou fosses ui\ pied du Vésuve et de la Soroma, el plus parliculièrement à la Fossa Grande où les niinéralogisles vont ordinairement les recueillir. Elles s'y Irou- VPiilen blocset en cailloux arrondis, mélangés avec d'autres blocs ou cailloux de diverses variélés de laves ainsi qu'avec des calcaires saccliaroïdes. C'est sou- Tenl dans l'intérieur de ces blocs de lave que se trouvent en forme de géodes les plus beaux cristaux de ces diverses espèces. Jusqu'à présent les géologues de même que les guides du pays ont considéré ces divers cailloux arrondis comme des pierres anciennement rejetées par la bouche du Volcan. Mais en leclierchanl les preuves de celle opinion , je n'ai pu parvenir à trouver dans l'histoire des érujjlions aucune citation authentique qui molivâl une origine pareille. Le Vésuve ne paroît pas avoir jamais rejeté par son cralère des laves de cette nature. La composilion el la forme des scories el des laves scoriacées que lance le Volcan dans ses éruptions el dont j'ai eu occasion de voir de gros blocs sortis seulement peu d'heures auparavant de la bouche dn Vésuve , ont une tout autre apparence. D'un autre côté, parmi les nombreux cailloux que j'ai eu occasion d'exa- miner et de recueillir dans les diverses fois que j'ai parcouru le chemin qui conduit de Résina à l'Hermilage de St.-Salvalore, j'en ai Irouvé un très-grand nombre qui rcssembloient aux laves poreuses ninphigéniques de la Somma et d'autres également abondans , qui éloienl des laves compactes parfailemcnt analogues pour la composition el la structure à celles dont sont formés les filons de cetlR montagne. En cassant de pareils cailloux ou blocs , j'y ai plu- sieurs fois Irouvé de petites géodes de ncpheline «it de inciouite , ce (iiii nie feroit supposer que les morceaux épais où ces beaux minéraux vésuvieiisse trouvent isolés et séparés de leur gangue ont été originairement renfermés dans des laves semblables. Si maintenant nous considérons que depuis u;ie époque antérieure aux temps historiques, la Somma comme tontes les antre» montagnes a été soumise à l'aclion délétère des ék'iiiens , que des traces jjro- (T96) fondes de cette action se font i-emarquer dans les inégalités de la surface de celte montagne , dans ses fosses profondes et ses canaux ou ravins rapides , si nous nous rapelons les déluges de pluie qui accoirpagaenl ou suivent ordinai- rement les grandes éruptions du Vésuve , et comme les torrcns des Alpes en- traînent dans les plaines voisines des cailloux et des blocs arrachés aux mon- tagnes, nous ne pourons plus regarder ces cailloux adventifs comme lancés, par les agents volcaniques , du fond d'un cratère embrasé; mais nous y re- connoîtrons un véritable dépôt d'alluviou , amené par les eaux alhmosphéti- ques à la place où on le trouve maintenant. D'après ces observations , si la Somma étoil étudiée avec le soin qu'elle mérite , si l'on parvenoil à se frayer un chemin dans les rochers escarpés qui la composent, il ne serait pas improbable qu'on y trouvât en place et ren- fermés eu géodes dans les litsou^J35 M.aePli.H.nat.T.ir. i'^.'^'^p'^ p 2U4:. îl.2. J'e:o.J ^^. \ ^ V ^ i V \^ ^ ^ .^ X ^ N \\ 'A Ni V i t 5^ II ^' >l V iiiiiiîiiiiliiii&i'"^ ■■iiiiiiiiiiiMiiiiiiiif B i -1 #] illliiiiilllllliilllllilit lilllllllllllllllllllfflMlUlilllN'l' iiiiiiiliiiiiiifiiiiiflituiifiiiiiiiiw llipi Ijllllllîi llllllllllllllllllllllll[lllllllilMII!l'%'j B lllllll; ' >^/^?tt Otet/G^tto rW/^T? €//y j:3Î^'e'»to ^é. : 3^ • •^nynyiAe.. è,i m,i&mj>r/i/u,. s M.dtl^AM nai r jt £^ ' j)^2 'l*^. ùurw^ ■6*t' tie^aà . .^#%\ tm^'^% c=>2'<î!^^g'lC'. O'uzfie/ • ■nai' : Lo : -^t)?^: &rA>fiM' m tÂ/,ieM . (_^eKjn/iHH> : Vt/?' : Qyiei^<. etvûUi^ud . (j>r/i/)-iH-/(mtu in>itta>. ytMit^. nr/il m s EMOIRE SUE. LES DIPSACÉES. i_jE fut le printemps dernier que j'entrepris d'étudier la petite famille des Uipsacées pour l'insérer dans le pro- dromus auquel M. De CandoUe travaille actuelleme,.t. Mon intention n'a été que d'exprimer par le seul moyen qui fut en mon pouvoir ma reconnoissance pour l'ac- cueil flatteur qu'il a bien voulu me faire et la libéralité avec laquelle il m'a permis de jouir de ses riches collec- tion et bibliothèque. Je m'aperçus bientôt que je ne pourrois mettre fin de suite au travail que j'avois entrepris j l'insuffisance com- plète des caractè es spécifiques et même génériques ad- mis me força d'en chercher d'autres plus fixes et plus naturels, que je crois avoir trouvés principalement dans ces parties accessoires des organes de la fructification con- nus généralement sous les noms de calyx proprius exle- rior eL Inttrlor. La notice suivante ne contient guère que l'histoire de ces deux organes, et même comme telle , je la crois encore très incoio.plète. J'y ajoute une esquisse des genres et des espèces caractérisés principalement par ces organes ainsi que la synonymie que j'ai pu examiner, mais qui est encore en grande partie extrêmement dou- teux, et comme il ne seroit pas possible de la vérifier sans l4 MÉMOIRE teux, et comme il ne seroit pas possiljle de la vérifier sans l'examen des exemplaires originaux, je prie instamment les personnes qui les possèdent de vouloir bien m'indi- qiier les erreurs que j'aurois commises. Mais c'est cette môme imperfection qui me force cà la publier, comme un moyen de me procurer les matériaux qui me manquent , et de déterminer jusquà quel point j'ai tiré parti de ceux que j'ai eu. Le superbe herbier de M. De Candulle con- tient piès des deux tiers de la famille , ce que je regarde comme suffisant pour l'investigation des caractères géné- riques, et j espère que ceux que je propose nous aideront à disposer les espèces dans des groupes naturels. Je n ai pas tuut-à-fait la même confiance dans l'exactitude de quelques-uns de mes caractères spécifi]ues, dépendans , comme ils le sont, de la grandeur relative et du nombre de parties min.itieuses et souvent décrites sur un seul exemplaire dont le fruit étoit mûr, condition en gé- nérai essen'ieiie dans cette famille , mais non toujours observée par ceux qui n'y ont pas cherché des caractères. Par constituent je n'ose pas encore avancer que les formes que je regarde comme distinctives soient absolument fixes, mais je reviendrai sur ce sujet en parlant de Vlnvolucelle. Avant d'entrer dans l'examen des détails, je noterai briè- vement l'histoire de la famille, et ensuite je dirai un mot de sa position et de ses rapports avec les familles voisines. Vaillant le premier dans les Mémoires de la société royale des sciences, année 1722, a établi formellement la famille, mais avec un caractère si vague, que la Belle- de-nuit et l'Uiivier , le Giroflier et le Frêne y entrent avec beaucoup d'autres également mal rapprochés. 11 la divise en quatre sections, qui sont beaucoup moins anomales, la première surtout est très-bonne^ elle est caractérisée par : « une fleur complète, une corolle irréguhère, portée SUR LES DIPSACÉIÎS. l5 sur un ovaire, qui devient un capsule. » Ce groupe ne con- tient que des genres appartenant aux Dipsacées et aux Valériaiiées, comme elles sont admises actuellement et n'a reçu que peu de modifications jusqu'à la publication de la troisième édition de la flore Françoise. Les trois au- tres sections ne renferment rien qui ait rapport aux Dip- sacées; elles en ont été séparées par Adanson ( dans ses familles des plantes, imprimées en 1763 ) qui a réduit la famille à la première section de Vaillant , à laquelle ce- pendant il ajouta le genre Allionia, et la caractérisa par des feuilles opposées exstipulées, des fleurs hermaphro- dites ou femelles supérieures , une corolle monopétale portée sur le calice, un ovaire unique, et une graine so- litaire et pendante. Il la divisa en deux sections , dont la première contient les vraies Dipsacées et le genre Allionia j la seconde, les Valérianées. En 1789, M. de Jussieu laissa la famille comme il l'a- voit trouvée dans l'ouvrage d'Adanson 5 mais il y ajouta que Tembrion est dépourvu de périsperme, caractère qui ne s'applique qu'à la seconde section^ savoir, aux Valé- rianées , et il exprime des doutes quant à ladhérence du calyx proprius exterior. Enfin, dans la troisièine édition de la flore françoise les Valérianées ont été établies comme famille distincte , l'Aiiionia comme genre exotique n'est pas mentionné, mais il avoit déjà été rapporté aux Nycta- giiiées. Cette disposition établit, je conçois , les vraies li- mites de la famille, qui par conséquent, ne contient que les genres Linnéens : Morina , JJipsacinH , KiiauLla et Scabinsa , dont les deux derniers demandent à être re- fondus, malgré les changemens fréquen's qu ds avoient subi, (^uant au iMorina , comme je liai pu examiner son fruit je ne décide pas définitivement de sa place dans la l6 MÉMOIRE famille; cependant je ne la regarde guère comme douteuse, malgré quelle diffère en plusieurs circonstajices remar- quables du leste de la famille. Des anthères libres, une graine solitaire, et un calice adhérant muni d'un tégument extérieur suffisent pour distinguer cette famille de toute autre; mais son carac- tère essentiel embrasse encore plusieurs circonstances im- portantes, telles sont une corolle monopétale supérieure naissant du calice, un embryon entouré de l'albumen, une radicule supérieure, et des feuilles opposées ou verticiliées et exstipulées. L'organisation des fleurons a été le sujet de beaucoup de discussions qu'on auroit probablement évitées si l'on avoit bien défini les termes, dont on s etoit servi. La ques- tion de l'adhérence ou de la non adhérence du calice pa- roît clairement dépendre d'im mésentendu \ ceux qui pré- tendent qu'il n'est pas adhérent ont certainement pris l'in- volucelle pour le calice : je reviendrai bientôt sur ce sujet, et pour éviter, à l'avenir, de pareilles méprises , je Tais examiner individuellement les organes principaux. INVOLUCRE. C'est cet organe, que M. de Jussieu appelle Calyx coni- munis , conformément à la terminologie adopté dans les composées : en effet il ne diffère en rien du prétendu calice de cette famille, mais ce nom dans lun et l'autre cas n'est nullement exact. Gœrtner a plus forte raison le nomme Involucruni commune , car son auidogie avec l'involucre des ombeilifères est rigoureuse; dans \Eryn- giuni surtout la ressemblance est frappante ; mais lad- jectif commune eat superdu actuellenient car son invo~ SUR LES DIPSACÉES. l7 îucrum propr'mm devoit recevoir un autre nom. La dis- position des folioles de l'involucre dans ujie ou plusieurs séries ne me paroît pas assez importante pour faire par- tie des caractères génériques, malgré qu'on s'en soit servi quelquefois pour cet objet; mais elle dérange les rapports naturels entre les espèces. Par exemple ceux qui s'en ser- vent placent la 6'caôiOàa sz^cctsa et le Knaulia arvtnsis ^ dans le même genre j cependant il n'y a pas dans la fa- mille deux plantes plus disparates j comme caractère spé- cifique, elle peut être assez commode dims le cas où elle est bien marquée, ce qui n'arrive pas toujours. BRACTÉES. Sous ce titre , je comprends tout ce qui reste attaché au réceptacle après la chute de la graine mure ; quel que soit feon état, elles ne sont que des modifications du même organe qui forme l'involucre. Elles sont le plus souvent paléacées comme dans les Dipsacées, Cephalaria, et la plu- part des Scabieuses , et dans ce cas chaque paillette con- tient à son aiselle une fleur. Dans le Alorina, il est clair qu'on ne doit pas chercher cet organe vu que le récep- tacle n'existe pas j mais dans le reste de la famille il est réduit à des poils le plus souvent courts et ayant leur dis- position relativement aux fleurs plus ou moins dérangées. IKVOLUCELLE. La circonstance la plus frappante dans les Dipsacées est qu'elles possèdent au tégument extérieur au calice , m lis tombant avec la graine qu'il entoure, et à laquelle il reste attaché. C'est cet organe qui a été nommé par M. de Jussieu culyx proprius exterior , et par Gœrtuer Mém. de la Soc. de Phys. et d'Hist. nul. T. II. 2.' Par/. 3 r8 MÉMOIRE imolucrum seniinis , ou involitcruin proprium : Je prc'fcre le nommer in\^olucellujn , comme l'a déjà fait AI. Desvaux ( en parlant du genre Lagasca , Journ. de botanique, tom. i, pag. 26), le regardant plutôt ana- logue à llnvolucelle des Ombellifères. La ressemblance nest pas au premier coup- d œil très - frappante , mais elle le devient un peu plus par les considérations sui- vantes, savoir : Il est situé entre Tinvolucre et le calice; il n'est pas nécessairement monoph} lie , comme dans cer- taines composées où l'organe existe; et même dans les Dip- sacées il conti(,^nt quelquefois plus d'un fleuron , circons- tance que j'ai observée dans le Uipsacus fuLlonuin et la Scabiosa coluniharia. ♦ Je suis porté à croire que c'est cet organe qui forme le tégument extérieur des graines des composées ; il est vrai que dans la plus grande partie des graines de cette dernière famUle , il nest pas facile de le démontrer. Exa- minons cependant les cas oi!i il est peu ou nullement ad- hérent au calice , car je suppose qu'aucmi botaniste ne refusera pas de donner ce nom à l'organe qui est l'appui de la corolle et dont le limbe est le pappus. En partant de cette supposition , il est clair que \ Eclilnops est muni d'un tégument polyphylle extérieur au calice , car je ne fais aucun cas de l'idée extraordinaire que ce tégu- ment doit être regardé comme le pappus ( Dict. scienc. nat. , 14, pag. 200, art. Echinopsées ) , vu que je ne puis concevoir comment le limbe d un calice adhéreut , ou , comme on le prétend vraiment épigyne , peut être placé au-dessous du friu't. Il est également clair que ce tégu- ment n'est pas les paillettes du réceptacle , vu qu'il tombe aA'ec le fruit, avec lequel il reste attaché et qu'il entoure de tous côtés , tandis que les paillettes , quand . SUR T.t:S DIPSACEES. IQ elles existent , ne quittent en général le réceptacle que par suite de décompositiuu , et n'embrassent la graine que du côté extéro- intérieur. Je ne puis donc adinettre de doute de l'identité de lorgane dans les Dipsacées et les Echinopsidées. Dans la Lagasca mollis Cav. , fort bien décrite par M. Desvaux ( Journ. de botan. i. p. 23. tom. 2 ) , et actuellement vivant au Jardin de Genève , linvolucelle est précisément dans le même état que dans les Dipsacées; il est monophylle , complètement libre , et ne contient qu'un seul tieuron. Je n ai pu examiner le Gundelia , mais il paroît cer- tain , d'après la figure qu'en donne Gœrtner , tab. i63 , que ce qu'il nomme receptaculum partiale {cl) n'est qu'un involucelle monophylle , qui contient plusieurs fleurons , dont un seul paroit être fertile j que sa palea propria (c) est une bractée ; enfin , que son pappus cupularis (G) est le limbe du vrai calice adhérent (jT). Je ne connois aucune autre Composée oi!i linvolu- celle existe non-adhérent au calice , mais il y a bien des cas oÎL ses restes sont très-faciles à découvrir. Dans les Centaurées, par exemple, il me paroît très-probable que les bourrelets apicilaire et basilaire du péricarpe ( dé- cris par M. Cassini, dans le Diction, des scien. natur. 10, pag. i53, art. Composées) sont plutôt des restes de lin- volucelle adhérent que des productions du calice j ils ne sont certainement pas des parties du vrai péricarpe dont la macération les détache. Les paillettes de certaines composées , comme dans la S/gesbeckia , paroissent être la transition de l'involucelle aux paillettes daus leur état ordinaire; elles tombent avec le fruit , mais elles ne l'entourent pas complètement. 20 MÉMOIRE Pour le moment je ne suis pas préparé pour pousser cette question plus loin ; revenons donc à la considération de l'organe dans les Dispsacées. On trouve dans tous les auteurs qui ont fait mention des Scabieuses , des phrases telles que : Calyx proprius duplex varie divisas , mais personne n'a eu 1 idée d'exa- miner jusqu'à quel point cette variation remarquable dans l'organe est fixe dans chaque espèce , ou pourroit con- tribuer à la distinction des individus d'une famille, qui, vu le petit nombre de ses espèces, est extrêmement em- brouillée. La diversité des formes est en effet très-grande d'une espèce à lautre, mais j'ai lieu de croire que chaque espèce en particulier oîïre un grand degré de fixité ; j'ai cependant rencontré quelques légères aberrations, que je signale à leur place. Cet organe ne donne que peu de caractères génériques , à moins qu'on n'établisse comme genre les sections de Scabiosa. Quant à son adhérence, ou sa non - adhérence avec le calice dans la grande majorité des cas , l'involucelle est certainement libre; il est cependant très-souvent im- médiatement appliqué sur le calice , d'oili leur adhésion partielle devient possible , et je crois même qu'elle a lieu quelquefois, mais jamais complètement. Je suis porté à admettre cette possibilité , ayant vu une légère adhésion vers la base de l'involucelle dans quelques graines de la Cephalaria aLpina. Il est en général sessile sur le récep- tacle mais dans le Knautia , il est muni d'un court pivot ( Stipes ) , apparemment glanduleux et dans la Ma- rina, où la fleur est presque toujours sessile, j'ai fait fi- gurer un fruit mûr, dont le pédicelle est très-alongé , ce qui arrive quelquefois accidentellement dans d'autres es- srR LES DIPSACÉE?. 21 pèces , comme dans les Scabiosa ucranica var. wnbel- lata, etc. On remarque dans linvolucelle , la couronne et le tube : ce dernier est quelquefois divisé en base et en fossettes {foveolœ). La base, quand elle existe distincte de la gorge du tube , dans lequel les foveolae sont creusées , comme dans la première section des Scabiosa , la base , dis-je , est cette portion du tube qui entoure immédiatement la graine, et dans les cas indiqués elle est unie et sans aucun sillons ni plis. Les foveolae , sont ces fossettes ou sillons disposés symétriquement autour de la gorge du tube et qui sont le plus souvent continus jusqu'au point d'at- tache de l'involucelle au réceptacle , excepté , comme je l'ai déjà dit , dans la première section des Scabieuses , oii ils s'arrêtent brusquement. Dans cette section leur forme et leur longueur relativement à la base donne de très-jolis caractères spécifiques , si on les trouve aussi fixes que je les crois. Dans la Morina seule les foveolae n'existent pas , dans tout le reste de la famille , sauf dans les cas de mons- truosités manifestes, elles sont au nombre de quatre ou de huit et symétriques : il paroit que huit est le nombre ré- gulier , car on trouve quelquefois dans le Knaulia , où elles ne sont ordinairement que quatre, des graines qui de- venant tetrahédres acquèrent les huit foveolae. On trouve généralement dans le fond des fossettes une lignée de glandes stipitées qui disparoissent à la maturité de la graine : c'est particulièrement dans la troisième section des Scabieuses que je les ai remarquées. Le tube est en général cylindrique , à moins qu'il ne soit gêné par les fruits voisins , ce qui arrive très -sou- vent : il est alors plus ou moins tetrahèdre , comme dans les genres Dipsacus et Cephakiriat et on retrouve cette 22 MÉMOIRE même rlisposltion , mais peu marquée, dans quelques es- pères de la troisième section des Scîdiieuses , surtout dans la Scabinsa urceolata; mais dans le genre Knautia, oii les graines ne sont nullement gênées, l invo lu ce Ile est comprimé et n'a que quatre ybteo/œ, circonstances qui, dépeuilaut manifeslement de quelques dispositions pri- mordiales, { lutôt que daccidens, deviennent avec les slipes assez, importantes pour caractériser le genre. CORONA. Persoon (ench. i , pag. 122.) s'est servi de ce terme, en parlant du calice àeXa Knautia propontica. 11 est ce- pendant nécessaire qu il ne soit appliqué qu'à cette pro- duction de i'involuceUuin qui est supérieure Aiwfuveolœ et continu avec les colonnes qui les séparent. La manière dont je m'en suis servi paroîtroit assez claire dans les descriptions des espèces , mais il faut dire que le nombre de ses nervures ne paroît pas rigoureusement fixe; il doit être un multiple de huit , la portion de la gorge du tube qui répond à chaque fossette donnant naissance à un certain nombre , mais il arrive souvent que chaque fossette en a une de moins sur le côté gêné de la graine que sur le côté libre. Lirrégularité totale ne dépasse guère 3 ou 4 . et même elle est assez fixée. Cependant, cest cette circonstance dans l'organisation de l'involucelle qui a plus besoin de confirmation. La corona n'est jamais appliquée très-près du col de la graine , mais cette der- nière est engaînée dans une production tubuleuse de la surface interne de l'involucelle. Ceci est surtout remai*- quable dans quelques espèces de la première section des Scabicuses. SUR LES BIPSACÉES. ^3 CALICE. Calyx prcprius interior , Juss, Ca//* G œrt. J'ai déjà dit que la question de l'adhérence du calice dépendoit de leireur d'avoir ainsi nommé 1 involucelle. Si l'on considère qu'il est l'appui. d'ane corolle monopé- tale et supérieure , on aura quelque difficulté à conce- voir comment il peut être libre. L'examen de la graine ne laisse aucun doute sur ce sujet. L'adhésion, il est vrai, n'est pas assez forte pour empêcher qu'on ne les détache facilement des enveloppes propres du fruit après l'avoir fendu , ce n'est pas là un critère exact ; mais il est clos en haut , ce qui est la considération essentielle. On a supposé que l'examen du Morina vivant , éclairciroit cette question , mais après avoir soigneusement examiné la plante sèche , je ne crois pas que cela soit probable , et je suis sur que l'on peut s'en passer, la chose étant cons- tatée sans cela. M. Gassini a dernièrement mis en avant une autre idée assez singulière sur le calice , j'en réfère à la définition de l'aigrette (Dict. des scien. nat. , art. Gom- posées), il y dit : «L'aigrette est un calice d'une nature » particulière , propre à la famille des Synanthérées , » c'est selon nous un calice réellement épigyne et non » point un calice adhérent. « Gette définition me paroît sujette à de graves objections : i." L'aigrette n'est pas par- ticulière aux Synanthérés , car le même organe existe et dans le même état dans les Dipsacées et dans les Valé- rianées ; 2.° un calice réellement épigyne ne peut pas exister, vu qu'aucun organe extérieur ne peut naître d'un autre qui lui est vraiment intérieur. De plus , M. Gassini a subséquemment décrit dans les Ecliinopsidées , une ai- 24 MÉMOIRE grettf quadruple dont la troisième et la quatrième naissent < du pied de l'ovaire : ici donc nous avons « un calice rèelle~ » ment épigyne » , situé (xtérieurenient à la corolle et au-dessous du fiuit. Quant aux parties dont il regarde cette aigrette quadruple composée , j'ai déjà dit que je considcrois la troisième et quatrième comme analogue à l'involucelle des Dipsacées; la seconde n'est que les poils qui revêlent le tube du calice , la première seule est la vraie aigrette, c'est-à-dire le limbe d'un calice adhérent. Pendant la fleuraison le limbe du calice est le plus souvent sessile sur la gorge du tube, mais après la fécon- dation le col souvent s'alonge et se montre au - dessus de la gorge j c'est dans ce dernier cas seulement que je regarde le calice comme pédicellé , car , c'est dans ce cas seulement que le fait est visible , à moins qu'on n'ôte linvolucelle. Ce nest qu'avec doute que je me sers de cette circonstance , dans la description des espèces : Je sens qu'il faut une observation plus soutenue pour dé- terminer sa valeur. Le Umbe du calice me paroît l'organe dont les modifi- cations donnent les meilleurs caractères génériques , elles ne sont sujettes qu'à des variations très-légères et très- faciles à déterminer; ainsi, dans quelques Scabieuses, qui doivent avoir cinq setae également longues , on trouve quelquefois qu'une ou plusieurs où toutes avortent. Il y a des cas oii cet avortement est constant , le limbe du ca- lice étant réduit à un petit disque , comme dans la Sca~ hiosa australis. 11 arrive aussi quelquefois que la longueur absolue de toutes les cinq varie , et ceci ii est pas un cas aussi facile à coastafer. Gœrtner prétend que dans les individus de cette famille qu'il a décrits , la graine n'a pas d'autre péricarpe que SUR LES DIPSACÉES. sS Y'mvolucrum floris proprium (iiivolucellum) , plus, un tégument propre, simple, membraneux 5 ce dernier est le calice; mais s'il n'y a point de tégument entre le calice et lalhumen , d'oi!i naît donc le style ? D'après cette con- sidération , je ne puis concevoir que la vraie enveloppe des organes femelles soient jamais complètement obli- térée , et dans le cas dont il s'agit le fait est bien autre- ment. Je n'ai jamais trouvé une graine dans laquelle j'aie eu de la difficulté à démontrer une membrane plus ou moins épaisse, ou quelquefois double entre le tube du ca- lice et l'albumen. Si , par exemple , on fend longitudina- lement une graine de Cephalaria alpina, un peu avant sa maturité, et si l'on ôte lembryon , puis l'albumen, on trouvera une membrane peu épaisse avant d'arriver au tube du calice et très-facile à détacher surtout vers le col. Dans la Scabiosa Caucasica , cette mambrane est encore plus remarquable, le tube du calice dans ce cas étant moins sujet à être déchiré par le développement excessif de l'embryon. C'est dans la graine bien développée de cette espèce que j'ai le plus facilement séparé sans déchirure cet organe en deux lames. Ici donc, les vraies enveloppes de l'organe femelle ne sont pas oblitérées , elles existent toujours et forment un troisième tégument entre le calice adhérent et l'albumen. Quant à ce dernier organe on n'est pas étonné de trouver dans le gênera de Jussieu l'assertion que lembryon des Dip- sacées en est dépourvu 5 en effet comme les Valérianées , qui alors faisoient partie de la famille, en sont dépourvues, et comme dans quelques Scabienses même, il est peu con- sidérable, l'erreur étoit facile, mais elle a été corrige'e de- puis long-temps j l'ouvrage de Gœrtner ne laisse aucun Mém. de la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. T. II. 2..° Part. 4 zQ MÉMOIRE doute sur ce sujet, et dans la majorité des espères, que j'ai pu examiner mures, il surpasse de beaucoup 1 em- bryon en volume. 11 est donc un peu surprenant de trou- ver la même assertion dans le dictionnaire des sciences naturelles , article Dipsacces ( 1819 ). Dans le même ar- ticle on dit que M. Auguste St. Hilaire a obsené que plusieurs Dipsacées avoient la radicule intérieure , mais 1 ouvrage original n "est pas cité , et je n'ai pu vérifier le fEiit. La chose peut être possible, mais elle doit être un accident rare. L'embryon n'est pas toujours solitaire, j'ai trouvé dans une graine de Cep/ialaria alpin a , que j'avois fait ger- mer, deux embryons complets et vivans, renfermés dans le même albumen. COROLLE. 11 n'y a rien de remarquable dans la corolle que son e»- tivation qui est cochléaire, le lobe extérieur, qui est tou- jours un peu plus grand que les autres les couvrant comme un casque. Les lobes à la fleuraison sont étalés, et laissent le tube ouvert. Les nervures des corolles répondent au milieu des lobes et n'en suivent pas le bord comme cela a lieu dans les Composées. Linné divisoit les Scabieuses en deux sections , d'après la corolle quadrilîde ou quinquefidej la majeure partie de la première appartient actuellement aux Cep/ialaria, et dans le reste cette division est devenue beaucoup moins impor^ tante , et le nombre des lobes ne paroît pas même très- û\e , sauf dans deux ou trois espèces que j'indiquerai à leur place. 11 est très-essentiel de se rappeler que la condition de la •orollii , coinme rayonnante ou non , etc. n'est en goacral SUR LES DIPSACÉES. ^7 nullement f\xe. Il y a quelques espèces comme la ScaLiosa caucasica où le rayou est constant , d'autres comme la Scabiosa succica où il n'existe peut-être jamais. Mais dans une très-grande majorité des espèces la circonstance est très-variable et ne mérite aucune confiance. EXAMINES, Les étamines, ordinairement au nombre de quatre, sont alternes avec les nervures de la corolle^ mais comme il ar- rive quelquefois que cette dernière a une nei-yure de plus ou de moins selon qu elle est plus ou moins gênée , il s'en suit que le nombre des étamines varie aussi un peu, aussi sont-elles quelquefois au nombre de cinq ou rarement même de six, et quelquefois réduites à deux, comme dans le Plerocephalus papposus diandrus. Les filaments sont arrondis et insérés au milieu du dos des anthères , ils sont plus longs que la corolle et a> ant la floraison sont plies dans son tube. Quand celle-ci s'épa- nouit , ils se dressent et deviennent exsertes. Cet état de choses n'est pas fixe, j'ai souvent trouvé des filamens avor- tés , et couséquemment les anthères restent incluses et probablement participent au dérangement; il y en a tou- jours quelques-unes qui sortent, mais la plante ainsi mal- conformée partit être stérile, malgré que le stigmate soit bien développé. Les anthères sont en général blanchâtres striées en lilas le long de leur déhiscence et ici la couleur est moins su- jette à ciianger qae dans la corolle : dans la Ceph. alpina , et /a^a/-/ca où la corolle est toujours jaune, les anthères sont striées d'un vert jaunâtre. Je conçois que dans tous les cas où, dans cette famille, la couleur de la corolle ditîère de 28 MÉMOIRE celui des anthères on devoit la regarder comme changée. Les anthères sont biloculaires et leurs loges simples. Leiu' connectif qui est très-mince , est souvent incomplet , ce qui fait que les loges une fois éclatées se tordent 5 mais il y a dans \eMorina une déviation frappante de cette dis- position. On dit généralement qu'elle na que deux an- thères; frappé de leur apparence extraordidaire , je les ai examinées soigneusement et j'ai trouvé en eiîet quelle en avoit quatre, mais intimement soudées deux à deux. Les argumens qui appuient cette supposition sont : i.° cha- que loge^ au heu d'être simple est divisée dans toute sa lon- gueur par une cloison , de sorte que chacune des préten- dues anthères est quadriloculaire, ce qui fait que le nombre des loges de chaque fleur est de huit, comme dans le reste de la famille; 2." Le filament n'est pas arrondi, mais plat comme un ruban , comme cela arrive toujours lorsque deux sont soudés eu un; 3.° leurs dispositions relatives aux nervures de la corolle me paroît plutôt subopposée qu'al- terne, suite inévitable de la soudure de deux filamens alternes; mais ceci est rendu moins clair par la nervation iri'égulière de la corolle. STIGMATE. Le Stigmate varie beaucoup dans cette famille: dans leTI/b- rina il est pelle et entier ; dans les Dipsacus et CephaLaria il Cit longitudinal et très-peu ou nullement renflé; dans, le reste de la famille, il est un peu renflé, bifide ou émar- giné et souvent obliquement tromiué. Il ne paroît pas que ce Stigmate soit fécondé par les anthères de son pro- pre fleuron, car au moment où les anthères éclatent le Stigmate est caché dans la corolle , de manière à ne pas SUR LES DIPSACEES. 29, pouvoir recevoir de pollen. Ceci est surtout remarquable dans les Dipsacus et Cephalaria, qui ont le sligmale lon- gitudinal et courbé vers le grand lobe de la curoUe , i]ui est inférieur, de manière à être complètement caché. Après la chute du pollen des étamines de son fleuron il sort , se dresse, se recourbe et ses bords s'étalent j circonstances qui n'arriveroient guère si la fécondation avoit eu lieu. De plus on ne trouve point de pollen sur la surtace stig- matique , malgré que les loges des anthères soient déjà vides 5 mais il est probable que dans le Moiina cela arrive autrement , le style se trouvant engagé dans la houpe de poils frisés dont les bouts des filamens sont munis. FEUILLES. Elles sont opposées ou verticillées , dépourvues de sti- pules et penninerves, mais outre cela elles n'ont rien de fixe. Dans aucune famille on ne peut moins se fier à elles comme source de distinction spécifique ; toute variété de forme , toute variété de glabréité et de pubescence se rencontrent, non -seulement dans la même espèce, mais encore dans le même individu. Une grande partie des confusions entre les espèces de cette famille , comme dans plusieurs autres , proviennent de limportance déraison- nable attach'e à cet organe. Chaque poil, chaque nuance de couleur , chaque petite différence de forme et de gran- deur a produit des espèces, que bien examinées on a beau- coup de répugnance à recevoir comme des variétés; quelle foule d'espèces na-t-on pas fait des variétés ou plutôt de variations et même très-mal marquées de la Scabiosa columbaria. Je pioleste donc contre l'usage de cet organe, pour les 3o MÉMOIRE distinctions d'espèces dans cette famille , sauf d'une ma- nière extrêmement large et jamais seul , à moins que ce ne soit dans les cas de diitéi-ence extrême et sans grada- tion. Je suis persuadé que tout ce qu'on fait en se fiant aux modifications de cet organe seul ne fera qu'ajouter à cette masse affreuse de synonymie , qui risque un jour d ensevelir les travaux de nos prédécesseurs et les nôtres. RAPPORTS. Les rapports de cette famille sont si frappans que peu de mots suffiront là dessus. Adanson lavoit placée entre les Caprifoliacces et les Ru- biacées ; mais je crois que c'est avec pleine laison que M. de Jussieu la rapproche davantage des Composées : En effet, il n'y a que ses anthères libres qui soient com- plètement distinctives d'avec cette funille, tous les autres caractères paroissent sujets à quelques exceptions. La transition des Dipsacées aux Composées par les Caly- cérées une fois marquée, paroît fixée pour toujours j mais de l'autre côté , la position relative des Vaiérianées , Ru- biacées et Caprifoliacées n'étant pas indiquée par des tran- sitions aussi naturelles , sera peut-être encore le sujet de discussions. Pour le moment je me contenterai d'indi- quer brièvement les diiTcrences principales entre les Dip- sacées et ces cinq familles : Elles se distinguent des Com- posées par leurs anthèx-es libres, parleur radicule supé- rieure, leur albumen, etc.; des Calycérées , par des an- thères libres et des feuilles opposées ; des Vaiérianées par leur albumen , leur involucelle et par leurs Heurs en tête; St'R LES DTPSACÉES. 3l des Rubiace'es , par leur radicule supérieure , etc. Il n'y a que peu de difficulté de les distinguer des Capri foliacées, qui sont des arbrisseaux, dont les fleurs sont souvent en corymbe , et l'embryon dans la sommité de l'albumen. Elles ont cependant bien des caractères importans en commun; tels sont le calice adhérent , la corolle mono- pétale , l'albumen charnu et la radicule supérieure. Les INyctaginées , dont le genre Allionia est long-temps resté dans cette famille , sont distinguées par leur albumen central. USAGES. Leurs usages ne sont pas très-importans , si on en ex- cepte le Dipsacus fullonum , employé pour débourrer les draps. On leur a attribué des vertus fébrifuges , et on dit qu'elles guérissent des maladies cutanées , doi!i il paroît que le genre Scabieuse a reçu son nom. Linné dit : (itin. œland. p. 97 et loi ) que la Scabiosa succisa sert à teindre en verd, et Gmelin ( fl. bad. i. p. Sig ) dit que cette même plante est astringente et mérite 1 attention des taneurs, DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. Le nombre des espèces de cette famille est limité , ne dépassant guère 70 , dont je connois 4° ~ 4^- Mais on en a décrit un bien plus grand nombre , dont probable- ment beaucoup resteront long-temps mal connues, faute d'exemplaires ou de détails bien choisis. Elles habitent principalement le midi de l'Europe, la Barbarie, l'Orient et le Cap-de-Bonne-Ëspérance , sans paroître tiès-fixées dans leurs localités , si l'on peut se fier à celles qu'on trouve citées ; mais en général elles évitent le froid et n'atteignent guère de grandes élévations. SUR LES DirsACÉEg. 33 DIPSACEAK. Jiiss. gen. excl. Allionia et Valeriana. Calyx adhaerens , limbus pappiformis varie divisus. Co- rolla gamosepala supera calyce inserta , asstivatione co- chlearis. Stamina definita saepissime 4-5 distiucta co- rolla? adnata , nervisque ejiisdein alternantia. Fructus achainimn. Embiyonis recti albumiiieque carnoso tecli ra~ dicula supera. Involucelliun monophyllum sœpissime 4-8- foveolatum, iVuctum arcte cingens. — Ilerbae aut siiffru- tices , foliis oppositis verticillatisve. Flores saepissime ia receptaciilo communi aggregata?. I. MORINA. Diototheca Vaill. Mem. Soc. Roy. 1722, Morina Lin, gen.n. 4l- Calycis limbus bilobatus, I. M. Persica (Lin. sp. 3g. ) Siblh. et Smith fl. gra;c. t. 28. ex prod. 1. p. 18. M. Orientalis Wi'll. dict. M. vci'ticillala Mœncli melli. suppl. 186. Diototheca, etc. \'aill. inem. soc. roy. 1722. % [lab. in l'crsia ad Hispahan Lin. , in mont. Parnasso et Cjlleni Srnilh. Calyx bilobatus foliaccus , iuvoluccllum deutato- spiuosum , l'ruclu ma- turante pedicellalum ? Stamina duo anlhcris quadrilocularibus , vel poiius quatuor diadclpha. Stigma capitato-peltalum. Corolla lor.gissima dcfkxa bilabiatè quiuquelida ; f'olia veilitillata , sinuato-spinosa. (v. s. s.) IL DiPSACUS. Lin. gen. n. 1 14- Calycis limbus subcy.ithiformis. Involucellum tetraedrum 8 -foveolahim. Srigma longitudinale, involucri^foliola bracteas superantia. Mém. ae la Soc. de Phys. et cVIiàt. mit. T. IL 2.' Part. 5 9^ Mi'^Mornr; 0!/s, Nec fdcilis nec eqiiiûem prîenahiralis esl di.ignosis Di(i.t;aciitTi iiiler et Ceplialariarn , seriem unicam . sed rite ob extremi- talu.n discrepantiatn secandam , consliliientes : Acl hoc nullus in;ijus coiiveiiit cliaracter quam qui ab iiivolucro deductus gê- nera commode denriit, speciebus in série naturali reliclis. 1. D. SYLYESTRiS ( Miil. dicf. n. 2.) corona obsolela , capitulo cyiindrico, bracteis redis, iiivolucro debili capitulo longiori ? foliis connatis iritegriî laciiiiatisve. fl. dan. l. 965. D. fullonum ». Lin. sp. j 4o. D. rullonum Thore clilor. p. 56. 1). vulgaris Gmel. il. Lad. 1. p. 5j2.- @ in Europa passim. (v.v. s.) li. palJidus ( Cesser ) « calycis communis pliyllis brevioribus, vix » adscendenlibus. Besser » e.v Piœm. et Schult. syst. 3. p. 41- >' y, hcincatus , involucri foliolis lineari-lanceolatis rigidis capitulo subaequalibus, foliis saspius sinualo-iacinialis. T). laciniatus Lin. sp. i4i. d) in Europa et Siberia. ( v. s. s.") cT. comosus « paleis recurvis cilialis. » D. laciniatusBrot.fi. lus 1. p. i47.D.comosusHonms. ctLinkfl.port. a. p. 81. Rita ut credo, mouente Brotero , ut varieias D. ijlvestris habenda. ® in Lusilanià. 2. D. FULLONUM (Mill. dict. n. 1.) corona obsoleta, capitulo cyiin- drico, bracteis recurvis, foliis connatis integris subcoriaceis. Plenck ofl". t. 5o. ex Rœm. et Schult. D. fullonum S Lin. sp. i4o. D. sativus Gmel. il. Lad. 1. p. 5i4 Thore chlor. 5G. @ Hab. in Europa austral!, (v. v. c. ) Obs. Nidlo charactere pretii a D. sylveslrl distinguenda , cujus Linneo judice varietas. Monent Hoflms. et Link. D. fullonum maie cultuni in D. sylvestrenai transira : Schmidt etiam in fl. bohcm. cent. 3. p. 72. hune ab ipso cultum characteres illius indiusse. ôi' I>. siNUATUS ( Willd. mss. e.\; Rœm. et Schult. syst. 3. p. Si 9) « foliis pinuatifido-siniKitis , laciniis laciniato-dentatis. » (Char, ex Rœm. et Schult. ) -f. — in Alpibus Ghilan. SUR LES DIPSACÉES. 55 4- D. FEROX (Lois. fl. gall. p. 719. t. 3.) corona perbreve mem- branacea , capitulo central! cylindrico lateralibus debililate saepius rolundatis. Traiiin. tabul. t. 255 ex Rœm. et Scliult. (?) Hab. in Corsica cii'ca Ajacio , in Austria , Boliemia et Moravia. ( v. s. s. ) Folia piiinatiilda , pinnis distantibus , radicalia ovalo-oblonga margine cre- nata. Plaota aculeis v.ilidis honiJa. 5. D. GMELiNi (Bieb. fl. laur. 1. p. 92) corona membranacea, capiliiio ov.ilf) , involucro debili deflexo. Dipsacus , etc. Gmel. fl. sib. 2. p. 20g. 11. 1. (2; Iliib. ad Kumam circa ruinas Maschar. (v. s. s. et v. c. ) Capitulum semper ovalum , centrale maturaus so'pe D. piloso duplo niajus ; folia vix coiinata intégra lacinialave. G. D. PILOSUS ( Lin. horl. up?. =5. ) corona obsoleta , capitulo globo.so , involucro deflexo br.ncleas vix superanti. il. d«n. t. i»i48. Cephalaria appendiculata Sclurad. in ^cat. sem. goet-> ling. 181 4. @ Hab. in Europa passini. ( v. v. s.) Folia in petiola appendiculata. 7. D. STRiGOSus (VYilld. rnss. ex Rœm. et Schult. syst. 3. p. Sao) « foliis dentalis integrisqiie appendiciilatis, siimmis basi laci- » natis cilinlis , paleJs involucrisque flosculis mullo longio- ribus. » — Hab. in provin. Gliiifln. Pallns. « Affinis î). piloso, sod diflerl ; foliis cilitatis, palcis setaceis ucc subu- » latis , duplo longioribus flosculis et calyci , laciniis paleas lougitudine » superantibus. >i (Char.'cx Rœm. et Schult.) -j- 8. D. iNFAMis ( Waliicli in RoxIj. fl. ind. 36; ) corona obsoleta, c.npilnlo globoso, involucro bracîeas vix superanti deflexo, foliis peliolalis appendiculalis (sublobalis Waii. } — Hab. in India. ( v. s.) Spécimen in lierb. DC. a W.illicli commmiicatum difEcillime a piloso cjuo paulo niilius , dislinguenduni ; forsilan non vci'e diversum. ^\alli- chio varietales sunt duœ forma foliorum dislintlx. oG MÉMOIRE III. Cephalaria. Scabiosa; sp. Lin. Cephalaria Schrad. cat. sem. gœtting. 18 1 4- Lejiicephalus Lng. gen. et sp. Cerionanlhus Sciioll mss. ex Rœm. et Schult. Succisœ sp. Mœnch nicth. Calycis limbus subcyathiformis discoideusve, involucel- lum tetracclrum 8 - foveolatiim interdum compressum, involucrum imbricatum bracteis brevius , stigma lon- gitudinale. 3 G. ALPiKA (Schrad. cat. sem. gœlt. i8j4) coronœ denlibus 8 aristatis subxqualibus; anlheris ad dehiscentiam viride striatis ; bracleis acuminalis pubescentibus ; corollulis subcequalibus flavis. Scabiosa alpiaa Lin. sp. i4i. Lcpicephalus alp. Lag. gen. .el sp. Cerio- nantVius alp. Schott luss. ex Rœm. ci Scliuh. % in Alpibus Europœ. (v. v. s.) Folia pinnatifida , foliola decurrentia grosse serrala. 2. C. TATARICA (Schrad. cat. sem. gœtt. i8i4) coronae dentibus 8 arista(is subœqualibus, antheris ad dehiscentiam viride striatis, bracteis. acuminatis pubescentibus, apicibus spiiacelatis ? co- rollulis radiantibus flavis. % Hab. in Sibiria et Caucaso. (v. v. c. ) Scabiosa talarica Gmel. it. I. p. iSg. Se. elata Ilorn. liort. liafn, I. p. 126. Se. atiala eleucli. h. R. Matr. i8o5. Cephalaria clala Schrad. cat. sem. gœlt. i8i4- Lcpicephalus atralus Lag. gen. et sp. Cerionanlhus tataritus Schot. mss. ex Rœm. et Schult. Ceph. alpinre valde atîluis, a qua nisi radio diflicillime distiuguenda ; for- sitan non vej-e diversa. (8. giga'itea, 12-pedalis. Scsbiosa tatarica Lin. sp. i'i3. Se. altissima Mill. dict. n.° 6. Se. gigantea Ledeb. cat. hort. dorp. suppl. 181 1 ex Rœm. et Schult. Linneus monet bracteas deciduas esse , sed minus recte. Utrajque varietati folia C. alpinoe. ( v. v. c. ). 3, C. TRANSYLYANXCA (Schrad. cat. sem. gœlt. 1814} coronœ ^^en- SUR LES DIPSAGÉES. 37 tibiis 8 requalibus brevibus, bracteis aiislalis, arislis purpureo- iiigrescenlibus. Scabiosa iransylvanica Lin. p. i4t.SuccisapentapliyllaMœnch rnctli. p. 488. Scabiosa altissima anmia , etc. Tourn. inst. p. 464 ex Rœm. et Schult. Se. syriaca D'Uiville in lieib. DC. Se. trenta Hacquet pi. alp. p. i/\ t. 4) i; ex Viviani ann. bot. et inde. Se. Hacqueli Lam. ill. p. aSo. Se. la- tarica Viviani in herb. DC. (Jj in Europa australi. Foba sœpius pinnali Cda. ( v. s. s. ). 4- C. SYRIACA (Scbrad. cat. sem. goeth i8]4) coronîE dcnlibus 8, quorum 4 aristatis , 4 "s alternantibtis perbrevibus , bracteis aristatis, aristis rufescenlibus, corollulis aequalibrus. d) lîab. in Iberia, ex Aleppo misit Michaux et e Bagdad Olivier. a. tapituUs pedunculatis. Scabiosa sjriaca /3 Lin. sp. i4i. Se. syriaca > DC. cat. monsp. i43. Se.' sibirica Lam. ill. n. i3o2 ex DC. fl. fr. Se. persicaefolio , etc. Vaill act. par. 1722 p. 233. Cerionaullius Vaillantii Scbott mss. ex Rœm. et Schult. Ceplialaria Vaillanlii Rœm. et Schult. syst. 3. p. 4.6. Succisa lancifolia Mœnch Meth. 488. Lepicephalus syriacus Lag. gen. et sp. 8. ( v. s. s. ). j3. capitulis sessilihus. Scabiosa syriaca Lin. sp. i4i. Se. dicliotoma Lam. ill. n. i3o3 non Willd. ex DC. Cerionanihus syriacus Schott mss. ex Rœm. Schult. Scabiosa si- birica Lam. ex Poiret , enc. meth. suppl. 5. p. 77. Utraeque varietati folia sœpius intégra, (v. s. s.) 5. C. CENTAUROiDES (P>œm. et SchulL syst. 5. p. 49) corona» den- libus 4 — 8 obsoletisve , bracteis muticis luteo-albidis, exterio- ribus obtusis, interioribus acuminalis. If. Hab. ill Bannatu, in Gallo-provincia, etc. Foliis piiinalindis. a. denlibus 4 — 8 erectis. Scabiosa centauroides Lam. ill. n. i3i2. Se. lœvigata Wald. et Kit. pi. rar. hung. 3. p. 255. t. 23o. Se. iransylvanica Ail. pedera. n. 5o4. t. 48. Se. tatariea Beaupré in herb. DC. Cerionanthus lœvigatus Scholt mss. ex Rœm. et Schult. Lepicephalus centauroides Lag. geu. et sp. 7. Cephalaria Isevigata Scrhad. sem. gœu. i8i4. (v. s.) 3S MÉMOIRE fi. cornlculala , denlibus dislorlis. Scabiosa corniculala Wald. et Kit. pi. rar. liung. l. p. IT. t. l3. Cepliakn'a corniculata Rœm. et ScLult. syst. 3. p, 49. Lepicephalus corn, Lag. gen. et sp. Corionanthua, Scliolt mss, ex Rœm. et Scliult. Scabiosa uralensis Murr. comm. goelt. 1702. p. i3. t. 4. Lepiceplialus uralensis Lag. gen. et sp. Ceplialaria lirai. Schrad. cal. sera. gœlt. i3i4 Cde spociuiiûis iu herb. DC. iu Caucaso a Steven lecti. (v. s. s. etv. c.) y. crelacea, denlibus omnino aborlientibus. Scabiosa ci-etacca Bieb. fl. taur 1. p. 91 n. 2ÔG Cde spccirainis in lierb. DC. iuCaticasoa Stevenlecll. Cephalaria cretaceaRœni. etScliiilt. syst. 3. p. 5i. Cerionanlliiis crot. Scholt mss. ex Rœm. et Sciiult. Lepicephalus coria- ceus Lag. gcii. et sp. Scabiosa coriacea Willd. euum. liort. beroL i p. l45. (v. s. s.) 6. C. LEUCANTHA (Schrad. cat. sem. gœlt. i8i4) coroiia membra- nacea, bracleis exterioribus oblusis inlerioribu5 vi.x acuminalis, foliis pinnalifidis. ¥ Hab. in Europa et Siberia , elc. Sabiosa leucantha Lin. sp. »4a. Se. fructescens. etc. Tourn. inst. p. 464. Se. ieucocepLala alioruinexRœm. etSchult. Se. albcscens Willd. enum. bort. berol. I. p. i44. Cephalaria albcscens Rœm. et Schult. syst. 3. Ceph. leu- canlhema Rœm. et Schult. syst. 3. p.48. Lepicephalus leucantbus Lag. gen. et sp, j. Lepiceph. leucanthemus Lag. gen. et sp. 7. Cerionanthus leucan- tbus Schott mss. ex Rœm. et Schult. Succisa leucantha Moench Meih. 489. (v. V. c. et s. s.) 7. C. RiGiDA (Scbrad. cat. sem, gcett. 1814 ) corona membranacea, bracteis oblusis, foliis ovalis serralis. Scabiosa rigida Lin. sp. i42. Lepicephalus rigidus Lag. gen. et sp. 8. Ceph, leucanthœ valde affinis. (v. s. c.) If Hab. in OEthiopia. ^ Mlhl ignotœ. 8. C. griBca (Rœm. et Scbult, syst, 3, p. 43) « coroliulis quadrifidis « aequalibus, calycibus imbricalis, foiiis piaiinlis, foliolis décur- « rentibus, » SUR LES DIPSACÉES. 3^ Scablost Jeciirrcns Sibth. et Smiih prod. fl. gr. i. p. 80. Se. flava Siblh. et Smith piod. fl. gr. 2 p. 556. Se. orienialis , etc. Toum. cor. 3i et herb. ex Siblh et Smith. (1. c.) ^ ia monte Athone cum G. Âlpina ut videtur lecia et confusa. Quoin a C. alpinadiversa minime apparat. (Char, ex Sibth. et Smith.) g. C? bideiis (Rœm. et Schult. syst. 3. p. 4^- )• « corollulis 4-fiJ's « radiantibus, foliis inferioribus lyratis serralis, fructibus coin- « pressis bicornibus. » Scabiosa bidens Siblh. et Smith fl. grœc. t. io4 ex prod. 1. p. 80. @ Hab. iu Asia minore. An Cephalaria , an Rnautia ? ( Char, ex Siblh et Smilh.) 10. a decun-ens (Piœm. et Schult. syst. 3. p. 5o) « corollis 4'^id\s n inxqualibus, calycis squamis ovatis, foliis pinnatiiidis, piniiis « divergenlibus. » Scabiosa decurrens Thunb. fl. cap.i. p. Sa;. Lepicephalus decurrens Lag. gen. et sp. 8. (Char, ex Tliunb.) -|" (î) Hab. in Promontorio Bouae-Spei. 1 1 . C ? humilis ( Raem. et Schult. syst. 3. p. 5o. ) « corollis 4-fidis « inasqualibus, calycis squamis obtusis, foliis linearibus dentato- « pinnatifidis. » Scabiosa humih's Thunb. fl. cap. i. p. 626. Lepicephalus humilis Lag. gen. et sp. 8 (Char, ex ïhunb.) + ..— Hab. iu Promontorio Bonae-Spei. 13. C ? usiulata (Rœm. et Schult. syst. 3 p. 43. ) « corollis 4-fidis « aequalibus, calycis squamis acuiis, foliis lyratis dentatis. m Scabiosa ustulata Thunb. fl. cap. i. p. 628. Lepicephalus ustulatus Lag. gen. et sp. p. 8. (Char ex Thunb.) « Calyx imbricalus : squamœ ovatœ, acutse, concava;, villosoe , albae , apice (( purpufasentes. » (|) Hab. in Bocklands Berg , Promontorio Bonse-Spei. i3. C? attenuata ( Rœm. et Schult. syst. 3. p. 44') « corollis « 4-fidis œqualibus , calycis squamis oblusis , foliis linearibus « integris 3-fidisque. » Scabiosa altenuala Willd. sp. i. p. 546. Se. trifida Thunl). fl. cap. 1 . p. 526. (2; Hab. in Promontorio Bonœ-Spei. 4o McMornE Lepiceplialus altenuatus Lag. gcn et sp. 8. (Cliar. ex Thuiib). ^. c€ çerbenacea, foliis obloDgis dentalis basique .sujjpinnalifidis » Scabiosa vcibciiacea Lam. ill, n. i3i4. ex Rœm et Schult. 14. C? scabra ( Piœm. et Scliult. syst. 3. p. 44- ) « coroilis 4-fii''s K aequalibus , caîycis squamis obtusis, foliis pinnatifidis scabris « rigidls. » Scabiosa scabra Tliunb. fl. cap. i, p. 629. Lepicephalus scaber Lag. gcn, et sp. 8. (Char, ex Thuub). •v Hab. in Promontorio Bonre-Spci. i5. C. ainhrosioides ( Rœn). et Scîiult. syst. 3. p. 4-t') " corollulis « 4-fidis œqualibiis, caiycibijs imbricalis aculis, foliis iiilerrupte « bipinnatifidis incisis pubescenlibus. » Scabiosa ambrosioidcs Sibth. et Smitli fl. grœc. t. io5. es prod. i. p. 80. '^ Hab. in Paruasso. Forsitan a Cepb. centauroide non diversa. (Cliar. ex Siblk. et Smith.) 16. Scabiosa ? marina (Lin. mant. Sag). « Caiyx iinbricatus hemis- « pliocricus , squamis ovalis obtusis. » Scabiosx non convcuit character. IV. Knautia, Knautioeet Scabiosae 5;?. Lin. Trichera Schrad. cat.sem.gœft. a 'Si 4. Scabiosa Lag. gen. et sp. 8. Calycis limbus subcyathiformis , involucellam compres- sum 4- foveolatum semen arcte cingens , stipite brevi munitum. I. K. ORiENTALis (Lin. sp. i46. ) capitulis 5-8 floris corollulis ra- dianlibus rubris involucro cyiiiidrico longioribu-: , coroiiae den- tibus i3-i5 perbrevibus , calycis ciliis obsolelis, foliis subi 11- tegris. Knaulia liichotoni» Mœnch tnelh. 487. Scabiosa oiieulalis Lag. gen et sp. 9. (D Hab. in Oiienle. ( v. v. c. ) 3. K. PROPONTICA (Lin. sp. éd. 2. p. 1G66) « foliis superioribus )) liinceolalis indivisis, coroilis calyce aequalibus, corollulis 10, « etc. » SUR LES DIPSACÉES. 4l Scabiosa propontica Lag. gen. et sp. 9. Se. oiientalis ïill. pis i53. t. 'iS tx Lii). — «Hub. in Oriente. Milii igiiola al verosimililcr a K. orienlali non diversa : Linneus cilat Sca- biosarn orienlalem Till. pis. l53. t. 48, ad Knauliani proponlicain suam ; at illoe coroiliilte involiicro duplo longioies sunt , nuiiotjue Kn. orienlali non couvenit. (Char ex Lin. ) 3. K. URYiLLEr (nohis) corollulis subaequalibiis cliliite cœrnlcis involucro patulo vix longioribus , coronœ denliljus iluo suba- ristafis. ® in iiiâiila [ieii. Knaulia oiicnlalis D'Urville enutn. 1 1. n. 119 fide spcc. in heib. D. C. ab ipso coramiinicali. Calycis ciliie perbieves , caiiles divaricali , folia inferiora pinnalifida, su- pei lora lincaiia. Species ab ori»nlali tliversis-sima. 4. K. ARVENSis. Capitulis muUifloris , coronas denlibus minimis, calycis ciliis 8-16 subarislalis. ■¥ in Eurupa passim. Scabiosa polymurpha Scbnildl Q. boiiem. cent. 3. p. 76. Bene a Schtuidt polyinorpham appella'a sine lege variât. «. vulgaris foliis pubesceiilibus hispiJisve, pinnatifidis subintegrisve. Scabiosa arveusis Lin. sp. i4i. Se. pratensis Tour. inst. p. 465. Se. colllna Requien fide spec. in herb. D. C. ab ipso communieali. Se. campestris. Vahl pod. p. 7. n. 147. Se. inonlana Bieb. fl. cauc. 1. p. gS ? elinde Se. taiaiiea Hoin. horl. liafu. (. p. 126 ex Rœm et Scliult. Tiicliera ai- veosis Schrad. cal. sein. Golt. i8i4. Trichera montana Schrad. cat. seni Gott. i8i4. Varictas fàciUime in plurimas alias seeaada quoad slaturne folioiuoi que va- rialiones, curollulas cequales radianlesve , coeruleas rubias albasve , an- lliera exserla inclausave, etc., etc. (v. v. s. ) (8. canescens foliis hirsute canescenlibus , nervis albidis. Scabiosa canescens , hoit. bol. Taurin fide speciminis in heib. D. C. a Bâibis commuuieali. (y. s. c. ) y. integrifolia corollulis radiantibusporpurascenlibus? Ibljis inf egris. Scabiosa integri folla Lin. sp. i4î. Se. dipsacie folin Schott fidé spec. in herb. Ser. a Fanzer cuinm. Se. pubeseens Willd. hort beroi. i. p. i46 Mtm. de la Soc, de Phys, ei d'Hist. nat. T. JI. 2.' Part. 6 4^ M!;moire ex Roeiti. el Sclialt. 'i'i icîieia puÎK'scens SciiruJ, cal seni.Goll. iSii. Tri- rlirra iiilegii folia Raem. et Scinilt Svsl. 5. p. 5g. AsIororqJialus inlpgii- fiiliiis Lag. gen. el sp. 8. Scabiosa bellidlfulij Lain. Q. fi'. 2. p. 34-? Se. serr;ilii Lara. ill. n. i5o6? Se. legioTiensis Lag. geii. el sp. gpelinde TricUera legioneasis Rœm. et Scli. syel. 3. p. 5i. Scabiosa Salcedi. Tii- chei-a salcedi Kaem. et Schtiit. syt. 3. p. 55 ? cT. syh'atica corollulis rubris subajqualibus , foilis integerrimis pu- besceiilibus. £U'abiu:a sylvalica. Lin. sp. 14^- f'<". inlpgrirclia Savi 1. p. iGi. t. 2. f. 1. fide spec. in herb. B. C. a iierloloiii couimunicali. Se. jij brida Boiichet in lierb. D. C.Sc. aiveiisis g OC. il. ff. ex herb. Se. paniionica Jac. Se. lyrala , elc Lain. i!l. n. i3io. » Scabiosœ integrifoUœ affinis Lin. an inde Kuauli» arvcobis vaiielas? V^ Pterogepiialus. Sc.ibiosae et Kiiaulice sp. Lui. Pteroceplialus et Knau[ia Lag. Calycis limbus papposo-plumosus. 1. P. l'AL.ESTiNus ? calycis plumis 8-io subulatis , lateribus- pilo.sis, corona membranacea. Kaautia palaesliiia Lin. mant. 19^. Scabiosa brachiala Sibth. et Smilh fl. gri£u. t. 109 es prod. 1. p. 85. Se. SiblLorpiuaa Siblh. et Sniilli Q. graec. I. iioexprod. i.p. 8i? (D Hab. in Orictile. Ob!=. an P. palieslinte perlinet Seabiosa pluraosa Hoffin. et Link. fl. port. qiice Se. giamiintia Bio(. fl. his. etCeplialaiia ? ptiimosa Roeni. et Schult. .lyst 3. p. 55. ( T. s. s. iu heib. DC. iiinorainala ex heib. Olivleii in in- sula Scio lecla. ) 2. P. PLUMOSL'S, calycis plumis 11 -i3 linearibus undirjue piîosis involucello vix duplu loDgioribus, corona obsoleïa. Knaulia plumosa Lin. mant. 197. Seabiosa plumosa Siblli. el Smiih fl. graec. t. ni. ex prod. 1. p. 8i. Se. crelien, elc. Touin. cor. 34- fide heib. ex Smilh I. c. Se. Willichii Link ap Rœin. coll. p. 2. et Se. crelica , elc. Willich ill. n. 62. ex Rœm. et Scliull. Se. papposa Willd. in Reich. syl, opus. I. p. 161. Se. papposa Gœit. t. 86. non Lin. Cephalaria Wil- lichii Rœm. el Schull. syst. 5. p. 53. Pleroccphalus marcescens Mcencfa melh. 491. excl. syn. Lin. (v. v. c.) Cl Jlab. ÏQ Oriente, et in Ibcria, 4+ MÉMOIRE 5. P. SPATauLATUs, a foiiis inlegris ro[unda!o-spa(!;uIatis tomcn- » losis? corolla radianle , pappo coîoralo raciiis 14.» Krwiifia spalhulala Lag. gen. cl sp. 9. CChar. etc., ex. Lag.) — Hab. in Muicia. 4. P. NIVKUS, « foliis inferioribus orbiculatis , caulinis obo\'ato- » spatiiuiatis , omnibus integerrimis cauleque niveo-lomen- » tosis. » Scabiosa nivea Rœm. el Scbull. sysl. 5. p. 81. (Char. €x Rœm. et Scluill. ) « Seiuina pilusa radiis 12-ij sciiiine triplu longiuiibuscleganler plurnosls. » "K Ilab. ifi Iberia. 5. P. BRKvis (iiobis) calycis plumis i4-i6 liiienribus linéique pilosis involucello paulo loiigioribus , corona membranacea perbreve palula. — Palria ignota. Iii herb. DC. cura P, plumoso conFusa cui valJe aflînis. Folia pinnalifida cauliaque pubescentes, corolulte œquales inyolucrum vis superanles. 6. P. DUMETORUM, cal/cls plumis 20-24. linearibus undique pilosis involucello vix duplo longloribus , corona obsoleta , involu- cello pubescenti , foliis integerrimis peliolalis. Scabiosa diinielonim Brouss. "Willd. enum. boit, berol. i. p. i46. Tri- chera dumelorum Rœm. el Sch'alt. syst, 3. p. 56. 'if Hab. in TeueiiSj , el iii Orienlc. Spécimen in berb, DC. ex herb. Broussoneti, in Tenerifla leclum capitula subcoiymbosa liabel : Allero ex Oiiente prorenienli et in heib. Olivitii innomiualo subsolilaria suul ; in cœleris slmillinia sunt. ( v. s. s. ) ;S. pufiUa nana, capilulis solitaiiis. Scabiosa dumetorum & pusilla CIu'. Smith ia heib. DC. at sine dore nec frucla. % Hab. in Tenerifla. n. P. PAPPOSUS, calycis plumis 20-24 linearibus undique pilosis involucello aequalibus, invoîucelii pilosi nervibus2-3 ve in aristam prjelongara coronce vice gerentem sœpius productis. Plei-ocephalus diandrus Lag. gen. et sp. 9. fide speciniis in berb. DC. ab ipso comtnunicali. Scabiosa diaudra Lag. varied. de cien. ann. 2. n. 19. p. 59. Cephalaiia diaadra Rœm. et SchuU. 5. p. 52. Pterocephalus an- SVK J>ES DIPSACÉES. 4^ mius lulifoliiis Vaill. ad. par. 1722, p. i83. Pler. Waillanlii Lag. gen. et sp. 9. Scabio^a pappota Lin. sp. i46 et syst veg. éd. Murr. lïô.'* Se. diraricata Spreag. neue eotd. 3. p. i63. Sc> iarolucrala Siblh. et Smilli fl. gi-sec. t.iiaex prod. 84. (T) Hal). in Crela Linn. iii Hispania Lag, Obs. Sape debililatc diandrus, et inde Pler. dlan. Lag. (v. s. s. ) 8. P. PEFiENNis (Vaill. act. par. 1723. p. i84) «corroIulisS -fidis » caule procumbente fructicoso , foliis laciniatis hirsutis , pappo » plumoso. » ^ Hiib. in Grsecia. Scabiosse ptei'ocephala Lio. sp. i46. ( char, ex Lin.) VI. ScABIOSA. Scabiosce sp. Lin, Aslerocephali sp. Lag^ Calycis limbussetis sub— 5, hinc inde abortientibus , mu- nitus; involucellum 8-fovealatumsaepiussubcylindricum. Secl. I. ASTEROCEPHALUS. ïnvolucelli basis teres nec plicala. 1. S. CAicASiCA (Bieb. cauc. i p. 98. n. 2. 24f>) involucelli basi elongata foveolis ovatis longiore ; coronîe ereclae basi brevioris nervis 24 j calycis limbo sessile setis exserlis- "^ in caucaso. «. foliis caulinis pinnatijidis, Scleroslemma caucasicuta Scholt Mss. ex Rœm. el ScliulU (v. v. c et s. s.) !i. elegans foliis omnibus subintegris. Scabiosa elegans Spreng. pug, 2. p. 24. Scleroslemma conuatum Scbolt Mss. ex Rcem. el Schult. Asteroceplialus elegans Lag. gen. eL sp. 8. n. 110. Scabiosa connata Hora. horl. hafa, i. p. 128 ex Log. tJlraeque varielali radius maximus est. 2. S. CRETXCA (Lin. sp. i45) involucelli basi elongata foveolis li- nearibus sequale, corona patula oblique f runcata basi vix duplo lon- giore , nervis circiter 24 (20 — 28) calycis limbo sessile , selis 4 — 6 albidis inclausis ; foliis lanceolatis integerrimis pubesentibus. Hab. in Crela, et in Sicilia. 4G MÉMOIRE Seabiosa ai-borea Piosp. Alpin, exo^. t. !îi. ex Rii;ni. et Schult. Se. sicllala elc. Bauli. pin. 271 ex Liii. Aslei'oct'ph.iUis fiiUescens elc. Vaill. acl. par. 1722. p. 247 ex Lin. ( v. s. s. ) 3. S. GRAMlNiFOLiA (Lin. sp. i4û) Involucelli basj elongata foveo- lis iinearibus œquale , corona pahila basia vix snperanfe, ner- vis 2-fj calycis limbo pedunculalo , selis coron.ie rerpialibus: fo^ liis Iinearibus integerrimis iiolosericeis. if in Ilali:i su{ieriore. Se. argenlea auguslifolia Bauh. pin. 270. proil 27 ciim incone ex Micneli. Succisa graœiui l'olia Ma'nch Mdii. siippi. loJ. (v. s, s. ) 4' S. PROLIFERA (Lin. sp. 144) Involucelli obconici basi eloiigata foveolis obovalis aequale, corona painla basin superaiile, nervis 62 — 36; calycis liinbo pedunculato, selis corona- vix a;(jiiali- bus , foliis integris , capituiis in dicholomia saepius subsesilibiis. (j) in Oriente. Se. slellala liiim. elc. Herra. parad. 22.Î t. i25. ex Lin. Se. slellala annua etc. Toiun. init 465 ex Rœm. et Schult. (v. s. c. ) 5. S. STELLATA (Lin. sp. i44) involocelii basi elongala, foveolis obovalis basi a?qualibus, coronae palulœ basi duplo longiorsi nervis 4-0 ; calyce litnbo pedunculalo , selis cliscum versus in- crassalis, superne nigris, coronae œqualibus at rationé pedirelli exsertis. (ï) in Gallia meriJ. in Hispania. Succisa slellala Maench mclli. égo. Seabiosa rotala Bieb. cauc. supp. 102. Folia intégra senala lacinialave , coroUiike radiantes? ( v. s, s. ) fi. Jo/us pinnatijidis , setis discum versus fuscis corollis subrequa- libus. (v. s. s. ast fruclibus imrnaturis nescio an rile liujusce loci. ) y. simplex, caulibus subunifloris foliis pinnalifidis. Seabiosa simplex Desf. fl. ail. 1. p. i25. t. Sg. t. 1. Se. slellala y Lin. sp. i4'i. Se. slellala g. Pers. syn. i. p. 121. J". simplex D. C. fl. fr. A 53i2. 6. S. MONSPELiENSis (Jacq. Mise. Aust. 2. p. Sso.) involucelli basi vix elongata foveolis Iinearibus apertis îequale ; corona basi du- plo longioris nervis 82 — 36, calycis limbo pedunculalo, setis longe exserlis. ^ ? in Gallia merid. in Barbaria. SUR LES DIPÔAGÉES. 4? J.icq. Je. rai'. 1 . I. 2 t. Foliis pinnatiGdis corollulis siiliGEqualibus. (v. s. s.) 7. S. VAHLii (nobis) involuceîli basi vix elongala foveolis obovalo- linearibus seqnale, coroiia patula basi dupio longiore et ultra, nervis 02 — 3G, calycis limbo longe pediinculalo , selis corona bievioribus inclausis. — e Barbaria Hispaiiiave miait Yalil. Cofollulas radiantes, caules divaricaire allioiès argenliae glabriusculœ, foli» subiiilegra dcnlata in peliola auriculala lacitiiatave. ( v. s, s. ) 8. S. ALEPiCA (nobis) Involuceîli basi vix elongala foveolis linea- ribus aequaie , coronœ palulœ basi 1er longioris nervis 20 — 24', calycis limbo longe pedunculato, selis corona brevioribus inclau- sis.— inter Bagdat et Aleppo legit Olivier. Corollulas radiantes , caules humiles divaricalas argentcœ glabriuscul» , folia laciiiiata laciaiae integies. fv. s. s.) g. S. uCRANiCA (Lin. sp. i44) involuceîli basi hemisphaericâ fo- veolis ovato-lincaribus aequaie , coronœ nervis 20 — 24. ^ in Europa australi, in Oriente et Barbaria. et. iiwolucri foUolis brevihus. Sc-abiosa gmeliiii St. Ilil. nouv. biiU. 6j. p. 149. l» 5. Se. alba scop. del. 3. p. 55. l. 16 ex Morctti obs.iii bibl. liai. g.Scleiosleœma ScopoliScholt. inss. in Rœra et Schult. Asterocephalus pilosus Lag. gea. et. sp. 8. Se. pi- losa Rsem. et Schiill. sysl. 3. p. 80. Se. argentea Liu. sp. i45. exMoretti. Desf. aiin. Mus. 11. p. 167. Scleroslemma aigentea ScliolLmss. iii Rœm. ex Scliult. Se. Biebersteiiili Rœm. es Scliul. syst. 5. p. 75. je. umbellata , flosculis pedunculo proprio instructis , involucello setisque foliaceis. — ad \enetiani legit Moricand. Varietas vel potius aceidens notas dignissiina. y sicula învolucri foliolis elongalis Sc.sieula Lin.mant. igG.ScleroslemmasiciiluinScbottœss.exRœtn.etSchuIt. Succisa macrocalycina Mœncb. melh. 48g. Scabiosa divaricata Jacq. liort. •vind. 1. p. 5. t. i5. Se. marilima W'ulf in Raem. arch. 5. p. 617 et herb. ejusd. ex Moietti , et fide spec. in herb. Seringa a Rœm. coinm. — Poiret cnc. G. p. 716 n. 27. excl. syn. é". micrantha flosculis oequalibus capitulisque ovatis. 4^8 MÉMOIRE Se. mici-anlha Desf. ann. mus. il. p. 167. I. coronâ lacera , nervis ultra membranam prodnclis ( f. 2 ) Ç. coronœ margine subaequali nervis non proflucli*. ». coronâ brève , semine minori fauce coiistriclo. (t. 2,) Vaiietales minime bene inler se distii)giiend;e , silicet una olleiave alj Involii- cello deduclarum , caeleris , ab invulucro coiollaye, indisliiicle comliinula. 10. S. OLiviERi (nobis) involucelli basi hemisphœricd foveolis obo- valis aequale, coronâ intégra patula basin vix superante, nervis 20 — 24, caiyce snbsessili selis longe exseitis. — inter Bagdat et Kermanclia legit Olivier. Capilula miuiiuapaucinora caules pédales decies usque didiolomi !iileo-ai- geiilei gLibii; folia iiilegra auriculatave sessilia. Piaula qu'à tuilla Dip- sacearuiu graciliur. ]\Iihi ignotœ. II. S. palœstina (Lin- Maut. Sy ) « corollulis 5 — fiJis radianlibus, « laciniis omnibus Irifidis , foliis indivisis subserralis; summis « basi pinnatifidis in Palœslina , Hasselquist. Fructus omnino « S. stellatœ. » (Char, ex Lin. ) 12. S. isctensis (Gmel. sib. 2. p. 214, t. 88. f. 1. ex Lin. ) corol- .< lulis 5 — fidis radiantibus caiyce longioribus , foliis bipinna- « tis linearibus. — seinina ut in S. slellata. iu Siberiae Iselensis « rupibus. » Scabiosa rupesU-is Bieb, cauc, 1. p. gS. Scleroslemma isetense Schoil Mss. ex Raem. el Sclmlt. (char, ex Lia.) i3. S. crenata (Cyrill. fl. rar. neap. fasc j. p. 11. t. 3. ex Vxxm. etSchult.) " Corollulis radiaulibus crenatis, foliis radicalibus « spathulatis (crenatis vel ) Iridenlatis, caulinis pinnalis , pin- « nulis plerumque tripartitis. >> % in Sicilia. Se. coronopifolia Siblh. el Smilli fl. giœc l. i il ex prod. 1. p. 85. (S- foliis hirsufis. y. nana , uniflora. i4. S. pecLimta ( Lag. Elench. h. malr. ann. i8o3. p. 33. } « foliis SUR LES DIPSACÉES. 49 « carnosuljs piniiatifido-peclinalis canaliculalls : caule palulo. » (D in Arabia. Asteroceplialus pectinains Lag. gen, et sp. 8. Scabiosa ucranicse afRnis (Char, ex Lag. geii.) i5. S. eburnea , Sibth. et Smilh fl. gia-c. t. loG ex prod. i. p-8a) « corollulis quinquefidis radiaulibus fimbriato — dentatis calyce i< brevioribus , foliis pinnatifidis; summis linearibus indivisis. » (D inler Smyrnarn et Bursam. (Char, ex Raeiu. et Scbult). iC. S. lyrala. (Forsk. descr. 2o3 j y corollulii radianlibus, laci- niis integris , foliis inferioribus obloiigis (grosse et obtuse) ser- ratis, superioribus basi pinnatifidis. (D ad Dardanellos. Non. Se. lyrata Lam. ill. n. i3io. ex Rasm. el Schull. ( Char, ex Rsm. et Schull. Sect. II. V^iDUA. Involiicelli basis rofuridata plicata. 17. S. ATROPURPUREA (Lio. sp. 1 44 } involucclli basi globosa striata, tubi obconici fovealis oblileralis , corona iiiflexa , setis longe ex- sertis. (I) in India, in Galba meridionali, in Ilalia. Se. calyplocarpa St. Amans fl. agin. p. 61 Se. setifera Lara, ill, n. i32i. Se, mailliiua Lin. araœii. ac. 4. p, 5o i. et pp. pi, 1 44. fide specimiuls ad Mons- peliem lecti. Se. rosea hort. par. Sclerosteaima airopurpureum Schott Mss. ex Raem. et Schull. Succisa alrop. Maench meth. 490. Color corollte variabilis , capitulis ovatis globosisve. (v. T. c. et s. s.) (6. proliféra. y. coronâ -eo ta, in Mogadore fide speciminis sine nomine in herb. DC. et a Broussoiiet lecti. Sect. m. Succisa. Involucelii basis nulla a lubo distinguenda. 18. S. AFRiCANA (Lin. sp. 143) involucelii tubo obconico, corona lubo dimidio breviore , nervis 2^ — 28, calyce sessili, setis ex- sertis. % in prom. b. spei. Se. indtuata Lin. el Poiret encycl. 6. p. 721, n. 56. Se. aliissima Jacq. hort, 2. I. iu5. Scieroslerama aliissimum Schott Mss. ex Raem. et Schult, JVtin. de la 5oc. de Phys. el dllist, nat. T, IL 2.' Part. 7 5o MlÎMOIRE Folia siiliinlpgr.'i vm-'ipve incisa eros;)ve , pubesceiilia ; caulis fiulicosus ? sla- tiira variabilis. ( v. s. c. ) 19. S. cOLur.iBARi\ (Lin. sp. ]430 involucelli tubo subc^lindrico , coroiià tubo dimidio breviore nervis saepius 20, calyce sessiii , setis exseitis abortieiitibusre. y: in Europa passim. Folia infériora subintogra, su peiiora saepius piniialifida laciniatave corollulae ladiaiites. et. hicida selis longe exsertis saepius nigris, foliis glabris , capitulis subglobosis. Se. lucida Vill. Daoph. 2. p. 29Ô. Se. slricla Wald. et Kit. luing. 2. t. i33. Se. silenifolia Wald. et Kil. buiig. 3. t. iSy. Se. nilens Raem. et Schult. 5. p. 32. ( V. V. s. ^ j8. amcciia foliis laciniatis , corollulis lilacinis. Se. amœiia Jacq, eclog. i. p. 06. t. Sg. Se, nilida Benih. cat, h. Erfoid. suppl. 5. 1807. ex llœrn. el Schult, •y. ochroleuca , foliis laciniatis pinnalifidisve , corollulis luteo-albidis* Se. ochroleuca Lin. sp. 146. Se. heterophyllos Ginel. it. l. p. i5o. l. 459. Se. tenuifolia Rolh. germ. i. p. .'ig. el 2. p. 167. Se. polymorpha f. Wieg. obs. 24. (v. s. c. — syn. ex Rœm. et Schult.) «T. i'ulgaris, selis exserlis, capitulis ovatis globosisve, foliis infe- rioribus subintegris pubescentibus, superioribus pinnatifidis. Se. cohimbaria Lin. sp. i43. Se. polymorpha a et ^ Wieg. obs, 23. ex DC. ll.fr. Scleroslerama coluujbaiia Schotl mss. ex Roem et Schult. Scabiosa coinmulala Rsein, et Schult. syst. 3. p. 65. Se, grandiflora Scop. del. insnb, 3. p. 29. t, i4. Se. banatica Wald. et Kil, hung, 1. t, 12. Se. agreslis Wald. et Kit. hung. 3. t. 2o4. Sclerostemina agreste Schott Mss. ex Rœm. el Schult. Scabiosa coluinnse Tenorefl. nap. t. 7 el inde Se. longepednn- culata Donnani judice Balbis cat. taurin. i8i4 ex Rœni. et Schult. Se. ceralophyllaTeuore fl. nap. l. 8. Se. norieaWulf. II. noiic. mss. ex Rœm. el Schult. e, gramuntia flosculis quadrifidis. Se. gramuntia Lin, sp. i45. Se. eolumbaria ^ D. C, fl, n. 33o5 a Varielas maie a f vulgare dislincla. Cultam vidi in hort, Genevensi flosculis 4—6 fidis, selis al raiius irregularibus , nervisque coronae purpurascea- libus. ( V. V, e et s. s. ) SUR LES DIPSACÉES. 5l ^. paucisefa selis ex parte omninove aborLientibus. Scabiosa unisela Savi. fl. pis. i. p. 167. t. 2. f. 6. ». pyrcnaica caulibus paucifloris foliis tomeritosis. Se. pyrennica Allioni fl. ped. i. p. 4o.n. 5n. t. 25. f. a. et t. 216. f. i. Scle- roslemma pyreiiaica Scholl mss. ex. llœm. el ScliuU. Scabiosa catiescens Wald. et Kil. huiig. 1. p. 53. t. 55. et inde Se. astei'ocephala Thuil. fl. paris. 2. éd. i. p. 72 ex R.'cra et Schult. Asterocephalus canescens L.ng. gen. el sp. Scabiosa daucoides Desf. (1. atti. i. p. a."), t. 38. Se. incana Schult. obs. but. jg. Se. toinentosa Cav. ic. a. p. 66. t. i83. fi. Jioloserù'ea foliis dense tomentosis albidis — iii Italia superiore. Se. lioloseiicea Bert. dec. 3. p. 49. ex D. C. fl. IV. suppl. -ISg u. 53ob. 20. S. SUAVEOLENS (Desf. cat. hort. paris p. iio) involucelli tiibo subeyliiulrico, corona brevissima nervis 16, calyce sessili, setis patulis brevibus vix exserlis, capilulis ovalis, canlibiis slrictis- siinis, foliis caulinis piiinalifidis pinulis linearibus longis, radica- libus inlegerriniis ovalo-elongatis. % Fontainebleau. Se. columburia adorala Thuil. fl. paris. 2 éd. 1. p. 72. Se. média Ger. hiit, 720 etc. Se. capitule globosa n. 4- C. Bauch. pin. 271. ( v. s. s. — syn. ex D. C. fl. fr. n. 5507.) 21. S. DiCHOTOMA (Willd. hort. berol. i. p. i44 ex Raem. et Schull.) involucelli tubo subiylindrico, coronà tubo dimidio breviore nervis 20 — 24, calyce sessili selis patulis brevissimis inclausis , capitulis globosis in dicbotomia sessilibus, flosculis 4-fidis foliis inlegris inférioribus crenatls. (g in Algeria. 5c. parviflora Desf, fl. ail. 1. p. 119. Asterocephalus dicholomus Lag. gen. cl sp. 8. 22. S. URCEOLATA (Desf. atl. ]. p. 122) involucelli tujpo tetrahe- dro, corona absolefa, cal}'cis sessilis setis aborlientibus, invo- liicri foliolis coaïitis , foliis pinnalifidis. % \n Europa merid. et in Barbaria. Se. divaricnla La;n.ill. n. iji 1. ex R.oem.et Schul. Se. rutaefolia Vahl. symb. 2, p. 26. Se. maiilina ruloe elc. Boocone Sic. p. "j^. l. 4o. f. 3. ex Roem. et Schult. Pycnoccmon jutaTolium Hofî'm. el Link fl. poil. i. class. 2. p. gi. 5a MÉMOIRE 23. s. SfCClSA (I.in. sp. i-î-) involucelli lubo j^-eAvo , corona pei'- brevc uiidiilafa, sclis exserlis coniiivenfibus , foliis integris, flos- culis œrjualibus, involucri foliolis :; — 5 serialis. if in Europa pas siin ; in Caucaso. Succisa pralensis Miencb. Melh. 489. Suc. glabra Bawcli. pin 269. Asleroce- plnlus succisiis Lag. gen. et sp. Scebiosa glabpala Scboll ex Rœin, et Scbult. syst. 5. p. 61. Variai glabiilie hirsulieve foliorum, colore floiura, etc. (v. v. s, ) 24. S. AUSTRÀLis (VVulf. in Raem. arcli. 3. p. 21G.) involucelli tnbo lagenceformi, corona obsoleta, caiyce sessili selis abortienliijns, capilulis ovalis , floscnlis requalibus, involucri foliolis 2-serialis? foliis ovato-elongatis acuminatis suljinlegris, inferioribus srepe in peliola appendiculatis. if in paludosisMonfaiconii, circa Papiam et in Styria. Se. psend-ausiralis Rrem. el Scbult. syst. 3. p. 61. Se. ropeiis Brignol fasc. i?i-, plant, foro. jul. p. 19. Se. triuiufelli, Moretli es Raeai. et Scbult. Jkfihi ignotœ. 25. s. nngulata. (Rafiii. cairalei'i. 81. ) « caule angulalo solido , foliis ra- n diealil'iaà obliangiâ cniieiroriuibiis serialis aciilis villosis, fuliis cauliiiisH- ■ "'« nearibus inlegris corollis caiyce longioiiljus. If in Montlljus di Ma- « donna. » 26. S. capillata (Rceui. el Scbult. syst. 5. p. 6i.) « corolîiilis railiantibiis , « fuliis caulinis inféiioribus supradtcomposilis , supi'euits bipiiinalis; la- _(,«-« ciuHs oniiiiuni teiiissiitiij fililbrmibus glabiiu.'culis , iiurgiue bubpi- « lobis , pediinculis loiigissiujis scabris , caiyce coinmuni luiigiludùie ieie « flosculorum. » Se. mollis ^illd. supp. b. beroi. p. 7. (Cliar. cl syii. ex Rœm. elScluiîl. 1. c.) 27. S. ceralophylLi (Rœm. cl Stbuil. sysl. 3. p. oat.) «corollulis 5-fiJis « radianlibus, foliis radiealibus lancealalo spalbulalis ai-gvile denlalis et pin- « na!o-laciiiiatis , caulinis pinnalis , pinnis divaricalis lineaiibus. — e Si- « beiia, Piillas. » ■ (( Se. coionopifolia , heib. Willd.. « ( Cbar. etc. ex Rrem. et Scliidl. 1. c.) 28. S. coc/u'«c'iwe/z.s«i. (Lour. fl. Cocb. i.p. 85.J « foliis laaceolalisindivisiï « undulatis, caule subnudo , ^(t^j/jo piloso, » SUU LES DrPSACÉES. 53 Semen i , coronaliim pilis quinqne longiusculis. lu Cochir.cha el China. C( pflinis purpu/eœ. » (Char. etc. ex RœLn..fcl Schull.) içj. S. comosa « ( Fisrh ). corollulis radianlibiis , calycls conimunis foliulis « linearibus glabiis flosculos aequautibus, foliis omnibus pinnalifidis ftie « glabiis nilidis, li'ciiiiis liueaiibiis caule Minplici. » % in Dahuria. (Char. ex Rœtn. et Sthull. ) .; , cib ,> 5o. S? dai'urùxi (Rœm. et Schiilt. syst. â. p. Sai.) « corollulis 4-fidis'ïa- « dianlibus , foliis piniialis, piunls linearibus piniiulifido-lacinialis , caule « que subloraeiilosis. W. tu6s. — e Dahuria, Pallas. » Au Scabiosa ? (Char, ex Rœm. et Schult. ) 3i. S, diversijolia ( Baumgart. fl. Iransylv. i.p. 75.) « foliis radicalibus « oblongis crenalis, siiperioribus lyrali>, fi^iiimls laneeolalis inlfgerr^'inis , « pappo setaceo. » — « in prulis monlosis '1 rarl^ylvauile. Corollulie 4-lidsB « radiat^e. » Succisa diversifolia Spreng, neue Eiild. i. p- 2rg. .02. S. dubia ( Nîoench bass. n. 116. t. 3. « corollulis S-fidis radian^ibus « asqualibiis , iuvolucio lelraph^ llo.. — in Hassia. » / 3J>. S. gracilif (Rœm. et Schull. sysl. 5. p. 6r.) «*x>rollulis radianiibiis M foiiis radicalibus oblongis creriatia ca.uiinis interijaedlis ba;.i , supei;ioiibus « es lolo pintialifidis cauleque simplicifsiii-o hirsulissiniis clllalis, cal.y.cis « communis folio'is coroUuIis dnplo brevioribus, "if. in Gallo-provincia. » An a Se. coluniljaria divcrsa ? (Char, ex Rorm, et Schull.) 5i. S. Ileravlea ( Rœiu. et Scj>ult.,,sysl.^^. j).,^3l. ) «.p.ojYjltulis-.i^-fidis,^- « dianllbus , foliis inféi ioribus bipiunaliiidis ,, superiori)j^s. pinna.lis., ^y. « uiss. — ad fielum Gadilaiiura. » ; p 55. S. hlrla (Kœm. etSchujt. syst. p.p. 52 1.) ,<( cofallulis ,4-.fidis jiadiaii- « libus, foliis orniiibus pinnatis caiîleque lHrlf^,^,[|iiiiijiji!>]liugj^ri-jf|nj:t^ylaiis « aculis. \V". rass e Sibcria,, Pitilas. »; , ^ ^^^\ .^^^ ^,. , . 36. S. liispank-a (Rœm. et Schull. .«yst. 5.î5aï>5! «Jff'wUuJis i-ffidiiiSi^â^i^"" « libus calyce longioribus , foljia^piunalls ji pjfiii^itfnij|iij) — ad prora. b. spei. *S'c. a airain. 36 33 alropurpurea. 49 allenuata. ^9 44 aiisiralis. 52 44 hanalica. 5o U hellidiJuHn^ 42 44 bidens. H 43 Biebersleinii, 47 44 brachiala. 43 43 calyplocarpa. 49 ii eampeel/is. 4« 45 eanescens. 4. 43 canescens. "W. et K. 5i 4-i capiilala. 52 *s caucasica. 45 ceiilauroides. 57 5i ceralophylla. Ten. Sa ceralopbylla. Pi. «l Se. 52 54 eilîala. 42 et erilist. 77C/. T. II. 2.*Pflr/. 8 58 IKDEX, cochinchIneDsis. 53 Gmelini. 47 coUina. 4i gracilis. 53 columbaria. Lin. 5o graminifolia. 46 columbaria. Jhuil. 5i gramuntia. Brot. 45 csluninœ. 5o gramuniia. Lin. 5o commutaCa, 5o Hacqueti. 37 coinosa. 53 heraclea. 55 connata. 45 heterophyllos. 5o cophanen»is. 54 hirla. 55 coriacea. 38 hispanica. 53 comieulata. 38 hispida. 43 coronopifolia. Siblh. 48 holosericea. 5i coronopifolia, Willd. 52 humilis. 59 crenala. 48 hybrida. Bouch. 4« cretacea. 38 hybrida. AU. 4^ crelica. 43 incana Schult. • 5i crelica. Lin. 45 incana. R. cl Se. 55 daiicoides . 5i indurata. 49 davurica. 53 integrala. 55 decurrens. Siblli. 39 inlegrifolia. Lin. 4i decurrens. Thunb. 39 integrifolia. Sari. 42 diandra. 44 integrijolia. Sut. 43 dichotoma. WilId. 53 inlegrifolia. Horlul. 42 dichotoma. Lam, 37 iiilermedia. 54 dipsacœfolia. 4i involucrata. 45 divarkata. Spreng. 45 iselensis. 48 dwaricala. Jacq. 47 Kitaibelii, 42 divaricata, Lam. 5i laciiiiala 34 divei'sifolia. 53 Icevigata. 37 dubia. 53 legioneusis. 42 dumelorum. 44 leucantha. 58 eburnea. 49 leucocephala. 58 data. 36 limonifolia. 54 elegans. - 45 longijolia. 42 flava. 39 longepedunculata 5o frulescens. • 38 lucida. 5o gigantea. 36 lyrata. Lam. 43 glabrata. 5a lyi-ala. Jui'ik. ^ T7 i^K\^,, oVt. A/U^'>'^^cv^ * 2f.eU,JPA. M. ri£ub. T. JT 2'p'^ p 60 . DTPSACEES % y. ccuwa^tca^. tT. ote&ca^. c/f a/ufininif. •J/'. ,A^o-&Ç^ui/^. 6r. Jt^^ia.'. c^ '/nff?iJ/'u/^. <9\ a^e^^ca/^. \, w w y. iMyt^i^uoay . y^ Y' Mo/ jv-toté'nâ . /S ? 1:7 . e^ùi4-(>-ùi9na^ . /e % f I /7 S/.^tfn,ceûAita. \ J. y/icocà€u. \ i/. auôi>ialid /f JiÛY^nm^, là ^ ,/oce/k' .' EXPÉRIENCES POUR SERVIR A L HISTOIRE DE L ACIDE MURIATIQUE ( HFDROCHL ORIQ UE ) Par mm. MACAIRE et Auguste DE LA PJVE. iJémoire la à la Société de Physique et d'Hiatoire Naturelle , le i(!i liispidi. Jnftor. Flores spicali scssiles bracteali ; spiculœ plusminusve elon- galœ , modo solitariœ terminales, niodo pedunculalœ paniculam corjinbum aut lacemum , modo sessiles spicam generalem ef- formanles. Hist. Liiinœus veras Selagineas tanlum m noscebat; postea ejus filius clarissimusque Thunbergius harum numerum multo auxe- runt, non sine quâdam incertiludine ex eorum brevissimis phra- sibus nalâ ; nos vero nova nomina imponenles speciebus novis aut incerlioris synonimiœ , iiunc 82 Selagineas recensemus , quibusdam minus notis ad calcem rejectis. — Omnes istœ species habitant Caput bonœ spei. 'AJfin. Affinis est haec familia corollà slaminibusque Verbenaceis,Per- sonatis, Acanfhaceis et Labialis; ab omnibus differt embryone suo inverso. Prœtereà difFert 1,° a Verbenaceis (quibus aflînis me- diante Verbenà et Aloysià) par albuminis existentiam , folia alter na, flores semper bracteatos. 2..° a Personatis (quibus afïinis me- diante Manuleci etErino) per loculos monospermos. 3.* ab Acan- thaceis quibus aftïnis mediante Erantiiemo (i), quoque per locu- los monospermos. /^.^ a Labiatis per albumen, folia alterna, se- mina tantum duo. 5.° a Stilbe (génère incertœ sedis cui habitu maxime affinis est), floribus hermaphroditis, stylo unico, etc. (1) Non Erantbemum saUoloides vera esl Acanihacea. SUR LA FAMILLE DES SELAGliJEES. Ql I. GENUS. POLYCEjNIA. Char. FRUCT. CaTyx monophyllus spathaeformis floris superiiis lalus lenens. Corolla basi tiibulosa, apice subanilabiata. Slainina 4 corollœ lirnbo breviora. Capsula 4-angularis, loculis non spoiite separabiiibuj moiiospermis utririque inllalis. Nutr. Ilerba; fo!ia alterna linearia dentata. Flores spicati. Obs. In herbariis confusa jacet hase species cutn Ilebeiislrelia den- tata. Nomen ex tcXi^c, multus, et Ksioç, i>acuus ob quatuor fruc- tùs vacuas cavilales. ( V. Tab. 2. ) I. P. hebenslrelioides. Caulis herbaceus ascendens ramosus vix pe- dalis teres rubricans subpruiiioso-pubescens ; ramuli nuincrosi patuli aut recli. Folia linearia obliqua 4 — 8 lineas longa glabra apice denlata aculiiiscula, foliis II. dentalœ similliina. Spicœ ter- minales plusquani poUicares densiflorœ numerosœ ; flores al- terni et quasi biserialim disposili. Bractea ovato-laticeolata acuta glaberrima 1 j lineain longa. Cal}x monosepalus spalhœformis floris superius lalus occupans lineari-lanceolatus glaberritnus non scariosus bracteà paulo brevior. Corolla calyce bracteàque du- plô longior tubo brevi donata , limbo unilabialo basi 2. denticu- lis lateralibus instructo , apice breviter 3-lobo , lobis obtusissi- mis. Stamina 4 corollœ limbo breviora ; 2 lateralia denficulis corollœ insidentia fiiamento semilineara longo donata ; 2. inter- media paulo longiora. Capsula globoso-quadrangularis 4-sulcata , a- locularis, loculis non sponte separabilibus moiiospermis utrinque per cavitates duas vacuas inflatis ita ut fruclus quasi 6-locularis videatur- capsula cœlerum glaberrima et calyce paulo brevior. Ad Cap. bonœ Spei. O, (v. s.sp. h. Burm. Del. et h. Mus. Par.) QZ MEMOIRE II. GENUS. HEBENSTRETIA. Hebenstretia. L. gen. 770. Juss. gcn, p. 110. Hebenàlretiœ sp. Auct. Char, fruct. Calyx spathœformis tnonosepalus superius fioris Jafus occupans apice emarginatus. CoroUa basi tubulosa, apice subunilabiafa. Starnina 4 corollam filamentis fere snperanlia. Capsula 2-locularis , loculis ovalo-cyliiidiicis non sponte separa- bilibus non infiatis. Nutr. Suffrutices ; folia alterna aut sparsa. Flores spicati. Bracteœ integrœ glabrœ. 1. H. dentata. H. foiiis linearibus glabris. a. foliis ubifjue dentatis. PedicuIarSs foliis angustissimis dentatis , floribus spicatis. Burm ! afr. 1 14. t. ^"i'f' 2. Valerianella africana foliis angnstis flore macula rubricante no- tato. Comni. hort. 2. p. 217. t. 109. Hebenstretia foliis dentatis. L. h. cllff. 497. 826. Hebenstretia dentata. L, sp. 878. Berg. cap. i53. La?n, Eue. 3. p. 77, ///. t. 521. Gœrtn. Jr. i. p. i38. t. 5i. Th. prod. p. i85. Wild. sp. 3. p. 33o. Bot. Mag. t. 483. Hebenstretia aurea. Andr. rep. t. 232, Poir. supp. Enc. 3. p. 7. Hebenstretia friilicosa? L. supp. 287. lM?n. Enc. 3. p. 78. îVild. sp. 5. p. 33 1. Sùns. Bot. mag. 1970. {Jtbenstretia pulchella. Sal. prod. p. g3. i8. foiiis apice tantuin dentatis. y. foliis integris, Hebenstretia foliis integerrimis. L. ludiff. 497- Hebenstretia integrifoiia. L. sp, 878. Lam. Eue. 5. p. 78. Wild. sp. 3. p. 33 1. SUR LA FAMILLE DES SÉLAGINÉES. gc) Caulis suffruticosus ramosus ; ramuli erecli. Bracteœ lineari-Ian- ceolatœ. Calyx subscariosus infrà longitudinaliter fissus, apice vix emarginatus. Corolla calyce multo longior multicolor unila- biata. Stanima diclynama longis filamentis prœdita. Flores lon- gissimè plusminusve laxè spicati. Ad Cap. bonœ Spei. 5. (v. v. et in omn. herb.) 2. H. icabra. H. foliis linearibus ciliato-scabris. Hebenstretia scabra. Th. prod, p. i83. Poir. suppl. Eue. 3. p. 7. Folia intégra. Flores spicati. Ad Cap. bonœ spei. (Th.) 3. H. cordaUl. H. foliis cordatis subamplexicaulibus carnosulis glabris" Hebenstretia cordata. Z. mant. 420. Th. prod. p. 1 83. Wiîd. sp. 3. p. 332. Poir. supp. Eue. 3. p. 7. Caulis teres suffruticosus incano-griseus erectus ramosus; ramuiï foliorum rudimentis cicatrisati erecli apice hispiduli pllis brevis- simis retroflexis. Folia cordata sessilia alterna aut sine ordine dense conferta glabra carnosula acutiuscula subamplexicaulia 1 ^ lineam longa tolidemque lata internodiis breviora. Flores in spicis terminalibus densifloris siti ; bractea ovata breviler aris- tata 2 — 3 liiieas longa. Calyx subscariosus bractea paulo brevior glaberrimus. Corolla bractea paulô longior, (alba fauce incarnata. Antheroe compressoe luteœ. V\'ild.) Ad Cap bonœ spei. 5. (v. s. sp. spécimen quoad flores imperfec- tum h. Burm. Del.) III. GENUS. DISCHISMA. Hebenstretiœ sp. Auct. Char, fruct. Calyx disepalus , sepalis lateralibus linearibus. Co- 94 MÉMOIRE rolla basi liibulosa, apice aut unilaLiala, aut simpliciler lobata. Slair.ina 4 siibsessilia. Capsula prœcedeiilis. Nu/r. HerLœ; fulia alterna aut subopposita dentata. Bracteœ villosœ ant ciiialœ. Obs. Nomen ex alum, M. floribus 'dense spicatis, bracteis ovato-rotan- dalis in foliaceum appendicem elongatis, foliis linearibus. Selago ovata. Ait. Kew. 2.' éd. 3. p. 432. Lam. III. t. ^j.\ f. i. Curt. mag. 186. Wild. sp. 3. p. i83. Poir. Enc. 7. p. Sg. 2h. prod^ p. 98. Mém. de la Soc. de Fliys. et d'Hist. nat, T. 11. 3.' Part. ï3 f)8 MÉMOIRE Lippia ovala. L. mant. 89. SL^Iago cnpilala. Derg. cap. iSy. L. mant. 568. Wild. sp. 3. p. 184. Pair. Eue. 7. p. 58. Sal. prod, p. c)3. Dalea lippiastrum. Gwrtn, fr. 1. p. 253. 1. 5i. Caulis teres sub lente pubesceiis. Folia lincaria fcisciculala intégra glabra. Flores dense spicati , quaiidoqiie siibcapilati. Bractea membranacea glabra ovalo-roliindata iii obtiisiiiscu- lum foliaceam acumen producta. Calyx tubulosus 5-dentatus meinbranaceus glaber. Corolla vix tiibo calycem snpernns apicè 5-loba , lobis subaequalibus obtosis. Starnina didyiiama e lubo exserla; anlherae 2-loculares, loculis juxtà lineam inserliouis fi- lamenli sese aperientibus. Semen 1 sajpiiis abortivurn. Ad Cap. bonœ spei. 5. ( v. s. sp. in omn. herb. ) VI. GENU8. SELÂGO. Selago. L. gen. 7C9. Juss, gen. 110. Char, fruct. Calyx monosepalus o valus aut campanulalus 3 — 5 fiilus aut 3 — 5 dentatus. Corolla tubulosa 4 — S loba. Slatnina 4- Capsula 2-locularis , loculis spontè separabilibus monospennis. iSWr. SuftVutices ; folia nutic latiuscula , nunc saepius liiiearia, intégra aut denlata , glabra aut villosa. Flores spicati. §. I. Caîyce irregulai'i suhhilahiato. 1. S. micrantha, S. caule glaberrimo, foliis linearibus obtnsiuscnlis cariiosuiis , spiculis lateralibus brevissimis densifloris pedmicu- lalisjbracteâ ovato-lanceolalâ glabrà. Fiamulus teres teiiuis glaberrimus basi luidus. Folia linearia ob- tusiuscula carnosula glaberrima 1 — 5 lineas longa ^ lineam lala SUR LA FAMILLE DES SÉLAGINÉES. 99 sœpe reflexa intégra quandoque in axillâ fasciculata. Spiculœ flo- rum latérales brevissiinœ densiilorce 3 — 4 lineas longœ brevissitnè peduiiculalcB ramuli semipedaîein longitudiiiem occupantes, sae- piusin foliis axillares tereliusculœ i — 3 linearum internodiis sepa- ralce. Flores adpressi miniini. Bractea vix lineani longa ovalo- lanceolata glabra aculiuscula subcarinata. Calyx minimus se- milineam loiigus quasi bilabiatus, labio superiore longiore 2-Iobo nul 2-dentato hispido-ciliato inira bracleain subiiicluso, labio inferiore brevioie albido bispido-ciliato acuto. Corolla bracleâ. bi evior basi scariosaapice brevissimè 4-deiitata lutea glaberririia, denlibus acutiusculis rectis. Stamina minima in fauce subses- silia. Stylus corollà paulo longior. Capsulae loculi semilineam longi ovati glaberrimi. Ad Cap. bon.-e spei. 5. (v^. s. sp. herb. Juss. ab ipso Tbunberg sub nomine Sel. geniculalœ niissam ; cœlerum vide meam Sel. geniculatam ). §. 2. Calyce regxdari l\ — ^-fido aut l^ — 5--dentaio. A. Foliis mirnmis subulalis aut carnosulis cauli adpressis , flori- . bus suLc.'qiilalis. 2. S. di'raricata. S. caule ramosissimo , foliis triquelris subulatis inibricalis, spiculis terminalibus brevissiinis deusifloris , bracteâ li- neari glabrà, coroHà cal)'cem iniilto superante. Selago triquetra. Pair. Eue. 7. p. 5g. non Tliunb. /3. caule foliisque subpubescenlibus. Stlago divaricata. Th! prod. p. 9g. Potr. supp, Enc, 5. p. 12.S. Wild. sp. 3. p. 184. Caulis tures ramosissiinus, ramulis divaricaiis. Folia vix ij li- neam longa iaibricatiin alterna apice exlrorsum adunca trique- tra fcubulata cauli adpressa. Flores in tenninalibus brevis.simis den- sis spiculis sili. Bractea linean-subulata vix 1 à- liueatn longa. lOO MEMOIRE- Caly\' 4-fiJiis gîaber vis j lineam longiis acutus. Corolla calyce multo longior tubo fiiitbrmi longitudinaliter infeinè fisso, limbo 4-lobo lohis obtusis. Stamina didynama. Ad Cap. bonae spei. j. ( v, s. sp. et var. h. DC.) 3. S. fruticosa. S. caule alto, foliis linearibus obtusis inœqualibus, lloriim capitulis subrotundis terminalibus sessilibus. Selago frulicosa. L, matit. 87. Wdd. sp. 3. p. i85. Poir. Enc. 7. p. 60. non Thunb. Frutex albus ramis inœqualibus. Folia parva integerrima sparsa conferta nuda. (Wild), Ad Cap. bonae spei. 5. /j,. S. minutissiina. S. caule demisso, foliis obtusis carnosulis vix 1 lineam longis infernè reflexis, ilorutn capitulis sessilibus ro- tundis , bracleis foliis simiiibus, corolià calycem vix superante. Caulis suffruticosus teres demissus ramosus ; ramuli div'aricati cinerei sub lente puberuli. Folia carnosula obtusa glabra vix li- neam longa,infernareflexa cauli adpressa, alterna aut opposita,in axillis fasciculos juniorum foliorum continentia internodiis brevio- ra. Flores in capitulis terminalibus aut laleralibus sessilibus arctis- simis 2. — 3 lineas in diametrohabentibus. Bracteae foliis similes. Calyx pubescens vix 1 lineam longus 5-lûbus acutus subinœ- qualis dorso virjdis margine membranaceus ciliatus. Corolla au- rantiaca tubo calycem non superante , limbo ^-lobo obtuso. Sta- mina lobos corollas superantia didynama; fîlamenta tenuia. Ova- rium minimum. Stylus unicus. Ad Cap. bonae spei. Burchell. à- C^* s* *P' ^' DC.) V. Tab. 5. B. Foliis minimis linearibus, aut rarissime ovatis, floribus spi- catis, tubo coroUae non filiformi. i;, S. corymbosa. S. caule subpubescente , florum spicuHs corym- bum efformantibus , bracteis linearibus cilialis, calyce minime St-fido liispido, corolla tubo vix calycem superante. 3UR LA FAMILLE DES SELAGINEES. 10 1 Camphorata africana umbellata frutescens. Comm. hort. a. p. 79. t. 42. Millefolio affinis maderaspatana camphorata foliis radiatim nas- centibus. Moris. oxon. hist. 3. p. Sg. Raisupp. 219, Valerianoldes œthiopicum thymeleœ affine umbellalum psyllii crebrioribus crenatis foliis ramosissimum. Pluk. amalth. p. 2.0. t. 445./ 7- Selago caule erecto corymbo terminali. L. h. cUff. 32 1. Dill. gen. i52. Selago corymbosa. L. sp. 876. Berg. cap. ]56. Wild. sp. 3. p. 181. En. p. 635. Pair. Enc. 7. p. 56. Ait. Kew. 2." éd. 3. p. 43i. Jacq, fragm. p. 5. Th. prod. p. 99. Caulis teres sabpubescens. Folia fasciculata fîliformia brevissima. Flores par spiculas coryinbutn multiplicem efFormantes dispositi minimi. Bractea linearis minima ciliala. Calyx minimus margine membranaceus 5-fidus hispidulus. CoroUa tiibo vix calycem su- perans , limbo lobis obtusis siibœqualibus. Stamina didynama. Ad Cap. bonœ spei. 5. (v. s. sp. in omn. herb.) 6. S. cînerea. S. caule hispidiilo , florum spiculis paiiiculam elîor- manlibus, bracteis et calyce precedentis , corollâ tubo calycem multo superante. Selago citierea. L. supp. p. 285. Wild. sp. 3. p. 181. Th. prod. p. 99. Fers. Enc. 2. p. 146. Selago corymbosa /8. Pair. Enc. 7. p. 56. Caulis hispidulus ramosus. Folia linearia margine reflexa. Florei in densis terminalibus paniculatis spicis dispositi. Calyx hispidus ciliatus. Corolla limbo obluso 5-lobo irregulari, tubo calycem multo superante. Ad Cap. boDcC spei. 3. (v. s. sp. h. DC.) 7. 5. hispiJa. S. caule dense folioso hispido, foliis Hnearibus his- pidis approximatis inferne reflexis, spicis terminalibus simplici- 103 MEMOIRE bus , bracf eâ liiiearl - subulata liispi Ja , calyce ovalo flavo - his- pido. Selago hiipida. L. supp. 284. Tii! prod. 99. Wild. sp. 3. p. i85. Pair. supp. Enc. 7. p. Co. Caalis suffrulicosus leres reclus ramosus basi nudus, in ramulis dense folîosus bispidiis ; ramuli teretes recti vix sexpuUicares. Folia approximala iiumerosissima lineari-subulala bispida aciî- tissima 3 lineas longa omnia infernè aduuca et reflexa, alterna aut sine ordine. Spicœ terminales simplices pollicares aut longio- res ; flores 2-serialim dispositi approximali sessiles borizontaljes alterni; braclea litieari-subulata 1 | lineam longa bispida acula borizonfalis. Calyx ovalus 1 lineam longiis subinHalus profundè 5-ilenlatus flavo-iiispidus acuUis. Corolla tubuloso-infiindibulifor- mis tubo calycem pauîo superans, limbo profundè 5-lobo, lobis obloDgis obtusiusculis 1 lineam longis patulis glabris suLsequali- bus. Slamina 4 exserta ; filamenta longiora lobis limbi corollise aequalia recta; anlherœ minutée. Stylus paulo loiigior aduncus tenuis acutus. Ad Cap. bcnœ spei. 3. ( v. s. sp. h. Burm. Del. et h. Juss. ex ipso Tliunberg). 8. S. geiiLCuIata. S. foliis linearibus fasciculalis glabris, floribus ner spiculas elongalas peduncuiaîas latérales laxifloras magnam laxissimam terminalem divaricatam paniculam constiluentes dis- positis , bractea ovato-lanceolafâ, calyce villoso. Selago geniculata. L. supp. 284. IVild. sp, 3. p. i84. Poi'r. Enc. 7. p. 60. Thlprod. p. gg. Caulis suffrulicosus teres apice prœsertim hisnidulus. Folia li- nearla fasciculala glabra 3 lineas longa. Florurn spicn'a3 eloDgalx laxiflorœ latérales pedunculaîœ, pedunculo fjiformi quandoque bracteato ; panicula terminalis divaricata laxa ; flores sa;pius ad lalus superius speclantes. Bractea ciliata viilosa nigra 1 — 2. li- neas longa ovalo-Ianceolala. Calyx villosus bracte.T paulo brevior SUR LA FAMILLE DES SÉLAGINÉES. Io3 5-{Iei!fatii5 œqualis. Corolla lubo calycem siiperanle filiformi , lobis 5 oblusls ovalls subaequalibus. Stainina corollam superaii- tia subœqualia. ,8. corolià pau!o minore, foliis minus fasciculalis magisque lalis. Obs, Quamdarn sine dubio ob confusioiiem in herbariis duas toto cœlo diversas plantas cum suscriplione Sel. geniculatœ ab ipso clar. Thunberg missas observavi , nempe in herbario CandoL- Iseano meam S. geniculalam , et in herbario Jussiœano meam S. micranlham ; incertus nec auctorum phrasibus specificis salis edoctus rem ut videtur disposui. Ad Cap. bonae spei. 5. ( v. s. sp. et (i. h. DC. ex ill. Thunberg ). g. 5. stricta. S. foliis filiformibus fasciculalis , floribus per spiculas subcapitatas breviter pedunculatas terminales aut latérales laxam paniculalam spicam generalem constituenles dispositis, bracteâ ovato-elliplicâ, calyce villoso. Selago stricta. Berg. cap. 1 55. Poir. Eue. 7. p. 5g. Selago paniculata ? Th. prod. 99. Poir. supp. Eue. 5. p. 120. Caulis leres ramosus ; ramuli erecti villosiusculi. Foiia filifor- inia fasciculala inlernodiis longiora 3 — 4 lineas longa nigra glabra aut raris pilis hispidula. Bractea 1 \ lineain longa ovato-eliiptica subacuta. Florutn spiculœ subcapitatoe breviter pedunculatse ter- minales aut latérales; paniculata spica generalis laxa. Calyx mini- inus-5 dentatus villosus aculus sequalis. Corolla calycem tubo supe- ranSjlimbo 5-lobo, lobis parvis obi usissubœqualibus.Floraiium spi- cularnm peduncnli 4 — 6" lineaslongi filiformes villosiusculi iœpe in medio 2-bracteati. Ad Cap. bonaî spei. 3. (v. s. sp. h. DC.) 10. S. adpressa. S. foliis filiformibus fasciculalis, fioribus per ca- pitula sessilia adpressa spicam lerminalem densam conslituen- lia dis])0sitis, bracteâ ovàto-lanceolaiâ , calyce villoso. Caulis fruticosus leres ramosus; ramuli basi geniculali sub lente villosiusculi. Folia filiformia fasciculala glabra i 3 llneam longa I04 MÉMOIRE Flornm spiculae subcapi'afoe sessiles approxîmatœ; spica gene- ra'is ttimiiialis 6 — 18 liiieas longa subcylindrica. Bractea acuta nigra glabi lu.scula 1 liiieam longa ovalo-Ianceolata. Calyx villosus vix bractt;. aiinor 5-ileiilalus acutus subaequalis. Corolla calycem - vix superan^ , limbo brevissime 5-Iobo, lobis œqualibus. Slamina limbi lobos aequantia , filamenta crassiuscula. Ad Cap. bonae spei. Lambert, j. (v. s. sp. h. DC. ) V. Tab. 4- II. 5. cephalophora. S. foliis dentatis radicalibus ovatis , caulinis liiieaiibus, floriLus per pauca tenninalia longe pedunculata ca- pitula disposilis , bracteâ ovato-lanceolalâ, caiyce hirsuto. Selago cephalophora/' Th. prod. 99. Poir. supp. Eue. 5. p. 125. Caulis herbaceus? semipedalis teres apice angulosus hirsutus sim- plex. Folia radicalia ovata sinuato-denlala semipoUicaria in petio- lum aequalem attenuata hispida , petiolo compresso ciliato ; folia cauiina liiiearia dentafa 3 — 6 lineas longa erecta birsula acutius- cula allerna ; internodia varia. Capitula florum pauca (apud me 3), lorge pedunculala densitîora subcernua 4 hneas diamelri ha- bentia, pedunculi 1 — 1 | pollicem longi angulosi tenues alterni basi 2 — 3 bracteis alternij integris linearibus hirsutis 2 — 3 lineas longis muniti. Bractea floris ovato-lanceolata basi latior acutius- cula i i lineam longa hirsutula. Calyx 1 lineam longus scarioso- membranaceus hirsutus 5 viridibus lineis notatus 5-denlatus , dentibus acutis. Corolla regularis calyce bracteâque paulo lon- gior tube cylindrico aeqiiali membranaceo , lobis 4 linearibus obtusiusculis semilineam longis luteis regularibus. Stamina aequa- lia, filamento semilineand longo. Ad Cap. bonae spei. V (v. s. sp. h. Juss. ex Thunberg et sine nomine). 12. S. glabrata.S. foliis fasciculatis linearibus glabris, floribus per spiculas laxas laxam racemosam lenninalem spicam elTormantes dispositis , bracteâ ovato-aculâ , cah ce glhbro. Selago triquetra. Th! prod. 99. L. f. iupp, 288? Wild, sp, 3. p. 184. SUR LA FAMILLE DES SÉLAGIJSÉES. Io5 Selago canescens. Tfi / L.fl et Wild. h c. Poir. Enc. 7. p. Go. /3. Foliis lalioribus ininusque fasciculalis. Selago frulicosa. Tli! prod. 99. Caulis glaber teres ramosus frulicosus. Folia glabra lineaiia fas- ciculata 2 — 3 lineas longa. Braclea acuta glabra ovata 1 ^ li- neam longa intégra. Calyx glaber ininunus /^-ÇiAas margine mem~ branaceus aculus œqualis. CoroUa calyce longior lubulosa ; lim- bus 4-lobus obtusus subœqualis. Stamina coroUam superanlia ; filamenta longa ; anllierae luleae. Slylus lubum paulo superans. Florum spicuice laxœ lerminalem laxam spicanr» efformanles. Obs. Iluic speciei novum iinposui nomen ob numerosa Thunber- giana synonyma ex ipsissimis illius celeberrimî Aucloris speci- minibus expressa; au lue qutedam in berbariis confiisio? An for- san quoque ad eamdem speciem referre debemus Sel. diffusam? 2'A. prod. 99. Poir. supp. Enc, 5. p. 1 2 5. Ad Cap. bonœ spei. 5. ( v. s. sp. et ^ m h. DC. ex Tbunberg). C. Foliis dentalis Unearibusautsœpius lalioribus, floribus spica- lis, lubo corollœ filiformi longissimo. i3. S. rapunculoides. S. caulibus subsimplicibus , foliis linearibus denlatis , floribus brèves spicas terminalein corymbum consti- luentes efformantibus, bracteis linearibus glabris, calyce glabra. Ilapunculus foliis anguslissimis dentalis , floribus umbellatis. Burni! njr. p. 1 13. t. 4^2.. J~. 1. Selago rapunculoides. L. Ain. ac. 4- p. 3ig. 6. p. 89. Sp. p. 877,. Wild. sp. 3. p. 182. Poir. Enc. 7. p. 67. Th. prod, 99. Ait. Kesv^ 2.* éd. 3. p. 432. Selago pulchella. Sal. prod. p. 53, Gaules teretes recli subsimplices. Folia linearia dentaf ' corymbî florum subinlegra. Spiculœ florum breviusculae termina., xi saepe vastum corymbum eft'ormantes. Bracleae acutce lineares ^ ibrae» 3Jêm. de la Soc. de Phys, et d'Hist. nnt. T. II. z,' Part. 1 4 I06 MÉMOIRE Calyx sublubulosHs lineam longtis 5-den!afus glaber bracfeâ bre- vior, dentibus aculus. Corolla tubo longissimo fiiiformi glabro, limbo breviter obtuse 5-lobato. Stamina vix iiiœqualia. Ad Cap. bonœ spei, 5. (v. s. sp. h. Burm. Del. h. DC. etc.) i4. S. spuria. S. caulibus ramosis basi saspe fasciculalis, foliis li- nearibusdentatis, floribus longas densas spicas cymam termiria- lem constituentes efFormanlibus , bracteis linearibus glabris, ca- Ijce glabro. Melampyrum africanum spicatum foliis angustissimis. Burm ! ajr. p. ii3. t. 42./. 3. Selago spuria. L. sp. 877. Wild. sp. 3. p. 182. Poir. Enc. 7. p. 57. Jacq.Jragm. p. 5. n.° 19. t. 3. y. \. Th. prod. 98. Lodd. Bot. cat. t. 391 ? Ait. Kew. 2.." éd. 3, p. 432. Selago pallida. Soi. prod. p. g3. Caulis aliquando hispidulus. Folia praecedentis aliquando apice distantiora , dentibus acutioribus. Flores non corymbosi , par longas spicas dispositi. Cœtera prœcedenlis. /3. caule magis ramoso , foliis obtuse dentatis. Selago dentata. Poir. Enc. 7. p. 67. ( excl. syn. Piuk). Obs. Simillima praecedenti , habilu tamen constans. Icon Loddiges forsan meliùs referenda ad S. cineream. Ad Cap. bonaî spei. 5. ( v. s. sp. h. Burm. Del. h. DC. , etc.) i5. S. coccinea. S. caule ramoso, foliis lineari-lanceolatis dentatis quandnque integris carnosulis , floribus plusminusve longe spi- catis, bracteis linearibus quandoque lanceolatis. Selago coccinea. L. Am. ac. 6. p. 8g. Sp. 877. Wild. sp. 3. p. i84. Poir. Enc. 7. p. 59. Simillima prcccedenlibus ; differt foliis muUo longioribus, inferio- ribiis sœpe plusquam poUicaribus ssepeque integris , superiori- bus latioribus crassioribusque; bracteae aliquando paulo latiores caiilisque crassior. Intermedia prîecedenlibns et S. fasciculalae. Ad Cap. bonœ spei. 5.(v. s. sp. h. Burm. Del.) SUR LA FAMILLE DES SELAGINEES. I07 16. S. fasciculata. S. foliis obovato-ellipticis acutis serratis decur- reiilibus glabiis , floribus per longas terminales spicas corym- l)utn fasciculatum latiim efformantes dispoâitis, bracleci lineari- laiiceolalà , calyce glabro. Tilhymali facie planta œlhiopica brevibus serratis foliis ad cau- lein imbricatis , flosculis plurimas in spicas summo ratnulo dis- posais. Pluk. auuihli. p. 202.. t. 446. f. 4- Selago fasciculata. L. inant. 200. Jacq. ic. far. 3. t. 496. Col- lect. 3. p. 2, Selaginea ignota. <^tiid Hebenslrelia albiflora. Ze)h. cat. hort. 112 MEMOIRE EXPLICATION DES FIGURES. J. Fleur, avec sa bractée, de grandeur naturelle. 2. La même grossie. 3'. Calyce, avec les graines , grossi. 3. Bradée grossie. 4. Calyce grossi. l\ Le même de grandeur naturelle. 5. Corolle, vue par dehors, grossie. 5' La même vue dans l"ntérieur. 6. Capsule ou graines de grandeur naturelle. G' Une graine de graiideur naturelle séparée. 6" Deux graines grossies dont l'une avorte. 7. Une graine grossie, vue de face. ^' La même vue du dos. 8. Une graine grossie , coupée transversalement. 9. La même coupée longitudinalement. 10. Embryon de grandeur naturelle. 10' Le même grossi. 11. Rameau grossi. 12. Corolle de grandeur naturelle. 1 3. Eiamine grossie, 14. Pistil grossi. i5. Fruit grossi. 16 et i6' Fruit coupé transversalement , plus on Moins grossr. 17. Une graine séparée, coupée transversalement et grossie. ot^tv LA FAMILLE DES SELACINEES. n3 INDEX GENERIIM ET SPECIERUM. Page Page AGATIIELPIS. Chois. 95 pulcliella. Saf. 9* parvifolia. Chois. 96 scabra. Tii. 93 angustifolia. Chois. 95 spicata. Th. 94 DISCHISVIA. Chois. 9^ LiPPiA. L. 97 capitaliim. Chois. 94 ofata. L. 98 ciliatum. Chois. 94 MICRODON. Chois. 97 spicatum. Chois. 94 hicidum. Chois. 97 ErASTHEMI-M. L, 95 ovaliiin. Chois. 97 angustatum. L. 95 POLYCEMA. Chois. 91 anguttifoUum, L. 95 hebenslrelioides. Chois. 91 parvijloruin. L. 96 SELAGIXE.î;. Juss. 89 parvijolium. L. 96 SELAGO. L. 98 Dalea. Goertn. 97 adpressa. Chois. io3 l'ppiastrum. Gœitii. 98 anguslifolia. Th. 95 HEBENSTREl'IA. L. 92 articulais. 'J"h. 110 albijlora. Zejh. m hracleata. Th. I II aurea. Andr. 92 •Burmaniiî. Chois. 108 capitakt. Th. 95 canescens. Th. io5 ciliala. Th. 94 capilata. Berg. 98 corda ta. L. 95 cephalophoia. Th. io4 denlala. L. 9a cihata. L. f. 109 erinoides. L. 94 cinerca. L. JOl frulicoia. L. f. 92 coccinea. L. 106 hispula. La m. 94 cairulea. Bernh. XII integrifolia. L. 92 cordata. Th. lie Mém. de ta Soc, de Php. et d'Hist. nat. T. II. 2.' Part. i5 Il4. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE D2S SELAGINEES. P..SO corynibosa. L. loo decunibens. Th. iio denlala. Poir. io6 diffusa. Th. io5 divaricala. Th. 99 ditbia. L. 9J ericoides. L. - m fasciculala. L. 107 fi-uticosa. L. 100 frulicosa. Th. lo5 geniculala. L. f. 102 glabrala. Chois. lo4 herbacea. Chois. 109 helerophylla. Th. iio hirla. L. f. 107 hispida. L. f. JOi lucida. Vent. 97 lychnidea. L. m micraiilha. Chois. 98 minulissima. Chois. 100 ovala. Lam. pnllkLu Siil. poniculnla. Th. jjinaaira. L. polygaloidfs. I^. polysluchya. L. pnlclulld. Sal. piirpurea, Cels. pusilla. Tii. rapunciilûides. L. rolundifoUn. L. f. serrata. Berg. scahrida. Th. spuria. L. slricla. lierg. iomentosa. L. triquelra. Poir. triquetra. Th. veibenacea. L. f. Page 97 106 io5 1 1 1 96 I 10 io5 II I iii io5 97 107 II I 106 io5 ii{ 99 io4 io3 P. S. Je viens de trouver dans le BuUelia scienlifiqiie de M. de Férussac, T. III. p. 6'i , l'annonce de 4 espèces nouvelles d'Hebenstielia qui me sont inconnues, savoir les Hebenstrelia cliamœdiyjolia, raniosissima, Jastigiosa et repens. (Jai'osz, plantse novsè capenses. Berlin.) Errata. Pag. 78, lig. 20. les premières, lisez la première. — 81, lig. 1. que. Usez ce que. IL cU FA.. JI.?ta/;. T. 21. 2 ^jj :^ » u^. I f &' 3 » jo T^Jy.l''' JO' H in C ai i 3 U ""^ip hP f//Ùl£^'^. d^J/tff^urt. T.H.S'-p'' ^ lU: TaJ}.2' i-d. Attlofi- cù'C'. I 31 Je J'/t JSr.Hut. r Jl 2^j>' jj 1/4 Ia6. 3. \^ i ^#. • tjwa^W SELAGO MISTITISSIMA . (^ IL de £A. Mrutt V. JI i'.'jD ' j> LU:. Tah. 4' S Kl. A G 0 A3) L'il K S SjL . (-JXoà . <0^:?h cIe£A SEI-\-GO ClI.tATA SUR LES BOLETS BLEUISSANS. Lu à la Société de Physique et (F Histoire naturelle, le i5 Mai i8i3. Par m/ J. MAC AIRE, Membre de cette Société. 1 ALLAS, dans la relation de ses voyages, fait remarquer, comme un tait singulier , la propriété qu'il a découverte dans un champignon des Indes , de bleuir lorsqu'il est brisé. Il ignoroit sans doute , que ce phénomène se re- trouve dans plusieurs des espèces les plus communes des champignons de notre Europe , comme notre compa- triote, le célèbre Bonnet, l'a fait, je crois, remarquer le premier. Ce savant, dans un de ses écrits, sur divers ob- jets dJiistoire naturelle , rapporte quelques expériences faites sur les cham,>ignons bleuissans par M. Saladin , d après lesquelles il se croit fondé à conclure que l'air ni la lumière n'ont aucune part à la production du phénomène. Ces expériences , néanmoins , racontées succinctement par Bonnet, paroissent laisser beaucoup à désirer, car leur auteur s'est borné à déchirer des champignons sous l'eau, Il6 MÉMOIRE SOUS l'huile et dans une cave, et à serrer entre deux verres le corps bleui pour le soustraire à l'action de l'air. 15ul- liard, s'appuyant sur l'autorité de Bonnet, adopte, dans son beau travail sur les champignons de la France, l'o- pinion de cet illustre naturaliste, et pour expliquer le bleuis- sement , il l'attribue à l'extravasion d'un suc coloré qui n'é- toit point visible auparavant, à cause de la ténuité des vais- seaux qui le renferment. Voilà, du moins à ma connois- sance, tout le peu quia été fait sur les champignons bleuis- sans ^ et comme il me paroissoit de quelque intérêt d'é- tudier d'un peu plus près ce singulier phénomène , j'ai cru pomoir espérer que les nouveaux moyens que les progrès de la science nicttoient à ma disposition , nie per- mettroient de faire quelques pas de plus que mes devan- ciers, et j'ai entrepris les recherches dont je vais avoir Ihonneur de vous lire les résultats. Les deux espèces de champignons qui ont servi à mes expériences sont les Boletus cyanescens et chrysenthe- rou , qui donnent lieu à des phénomènes un peu diffé- rens, comme on le veri'a dans la suite de ce mémoire. §. I." Description des phénomènes. Lorsqu'avec un instrument bien tranchant, l'on par- tage entièrement le chapeau d'un boletus cyanescens en pleine végétation , la chair paroît d'abord d'un jaune vif vers les tubes, et d'un jaune blanchâtre dans le reste du chapeau. Après une ou deux secondes d'exposition à l'air, la couleur bleue commence à paroître , en augmentaut [ SUR LES CHAMPIGNONS ELEUISSANS. II7 graduellement d'intensité, jusqu'à ce quelle arrive à ime belle teinte indigo. Lorsqu'on soulïle sur la surface du chapeau découverte, l'on voit la chair bleuir plus vite et plus fortement. La couleur bleue parvenue à son maxi- mum d'intensité, on remarque que les fibres de la partie supérieure de la tige ont pris la couleur la plus foncée, et que la teinte va de là en décroissant jusquà la partie supérieure du chapeau. Le bleuissement dans tous les cas, ne s'étend pas au-delà de la surface, et quelque mince que soit la tranche que l'on enlève , la chair reparoît au- dessous avec sa couleur primitive. Quelque léger et gra- dué que soit le déchirement de la chair et son exposition à lair, le bleuissement n'en a pas moins lieu ; ainsi par exemple , la morsure lente et insensible de quelques in- sectes et de mollusques très- friands de ce genre de pâ- ture, laisse, tout aussi bien qu'une rupture subite, bleuir les parties de la chair qu'ils ont découverte. Une légère pression bleuit toute la partie de la pulpe du bolet qui y est soumise, et en coupant le chapeau l'on retrouve la marque tracée en bleu , du corps compri- mant, ce qui semble indiquer ou l'expression d'un suc, ou bien le mélange de ce suc avec l'air contenu dans les cellules de la chair du bolet. Si Ion exprime forte- ment des morceaux de bolet, il en découle un suc abon- dant, d'un beau bleu céleste, et la pulpe reste jaune et incapable de bleuir de nouveau à lair. Ce suc agit sur la peau et la rend lude et douloureuse. 11 colore lé linge et le papier d'un beau bleu qui devient bientôt verdàtre , puis jaune brunâtre. Il8 MÉMOIRE La pulpe non pressée et bleuie abandonnée à l'air, se décolore aussi bientôt et prend une teinte jaunâtre à la surface, quoique cependant , si le temps n'est pas trop long, les parties inférieures conserv^ent la faculté de bleuir. Si , au contraire , le bolet est cueilli de la veille ou ra- molli par le cours de la végétation, il ne donne plus de suc bleu par expression, et bleuit à peine, et quelquefois pas du tout, par la rupture de sa chair. La partie qui bleuit le plus long-temps est celle placée vers les tubes, et le bleuis- sement alnrc iio actcnd poiut vers le reste de la chair. Le Boletus chrysenlheron offre à peu près les mêmes phénomènes:^ seulement lorsqu'on le ron-pt il prend d'a- bord une couleur d'un gris verdàtre, puis bleuâtre, puis il arrive à la teinte bleue du bleu de Prusse , sans jamais prendre, comme le boletus cyanescens , une belle couleur indigo. Son suc est aussi moins abondant, d'une couleur plus verdàtre, quoique pour le reste il se comporte avec les réactifs à peu près comme celui de 1 indigotier, à quel- ques anomalies près , dont la différence de composition donne facilement la clef. §. 2.. De VeJJlt des réactifs sur te bleuissement. Après mètre assuré que la lumière n'avoit aucune in- fluence sur la production de la couleur bleue, j'ai dû ni'attacher à reconnoître l'action de l'air. Je rompis d'a- bord sans précautions plusieurs bolets sous différens gaz , les uns oxygénés, les autres sans oxygène, et quoiqu'il me parût moins iiitense , le bleuissement n'avoit pas moins SUR LES CHAMPIGNONS BLRUISSANS. II9 lieu dans ceux-ci que clans les premiers. En plongeant clans i eau la pulpe du hoiet, je m'aperçus, par uns légère pression, fjuii s'en dégageoit une très-grande cjuautité de bulles d un gaz que je reconnus pour de l'air atmosphé- rique, ce qui me porta à croire que le mélange de cet air avec le suc jaune, au moment de la rupture, produisoit seul ie bieuissement dans les gaz non oxygénés. Pour vé- l'jfier ce soupçon, j'exposai les bolets dans une grande quantité de ces gaz, ou dans le vide renouvelle plusieurs fois, jusqu'à ce que je crusse tout l'air expiré^ et alors, cou^ pés dans le gaz hydrogène , dans l'acide carbonique , dans l'azote, ils ne bleuirent point ^ dans l'oxygène, au con- traire , le bleuissement me parut plus prompt et plus in- tense que dans l'air. Dans l'oxicle d'azote de même. Dans le chlore l'on vit d'abord un léger bleuissement qui cessa bientôt, et toute couleur fut détruite. Des morceaux déjà bleus introduits dans ce gaz y furent très-promptement décolorés. Coupé sous l'eau à 20° le bolet bleuit comme dans l'airj la couleur paroît cependant moins intense, et le suc se mêle avec le liquide. Dans de l'eau bouillie et refroidie à 2.0", le bleu paroît encore moins foncé que dans l'eau aërée. Dans l'eau à Go°, la couleur bleue ne paroît point et la surface du bolet reste blanche^ cependant l'intérieur de la pulpe est toujours susceptible de bleuir à lair. Des morceaux bleus jettes dans de leau entre Go et 80." blan- chissent promptement. A la chaleur de f ébuliition , la fa- culté de bleuir est détruite dans toute la pulpe, de ma- nière à ne pouvoir reparoître par le refroidissement. I20 MEMOIRE Coupés dans l'alcohol, les bolets bleuissent très-légère- ment et beaucoup moins que dans l'air et dans l'eau, quoi- que rien ne paraisse se dissoudre. §. 3. L)u suc. Le suc exprimé récemment du bolet indigotier, est, comme je l'ai dit, d'un bleu intense; il est acide et rougit le papier de tournesol. Je crois que cet acide libre est de l'acide acétique, car en le saturant par le carbonate de potasse, on obtient un sel déliquescent par l'évaporation , soluble dans l'alcohol, et qui ressemble tout-à-fait à l'acé- tate de potasse. Après une ou deux heures de repos, ce suc se df'culore et devient jaune brunâtre; le même effet a lieu instantanément s'il est chauffé à la température de rébuilitiun. Les acides sulturique , muriatique, le chlore, le décolorent en le troublant^ l'acide nitrique donne un abondant précipité d'un blanc orangé, comme l'acétate de plomb et la noix de galle; la potasse pure le rougit assez, fortement 5 l'ammoniaque le précipite et le colore en brun rougeàtre. Les sels de chaux et de plomb y indiquent la présence d'un phosphate ; ceux dargent, d'un muriate 5 ceux de baryte troublent à peine la liqueur. L'alcohol le décolore peu à peu, et en sépare un muci- lage consistant, blanchâtre, ressemblant au frai de gre- nouille, et bridant sur les charbons avec une odeur am- moniacale. Il présentoit d'ailleurs toutes les propriétés du mucus animal. Le suc du boletus chrysentheron con- tient une beaucoup plus grande quantité de ce mucus et SUR LES CHAMPIGNONS BLEUISSANS. 121 les réactifs y indiquent aussi une plus forte proportiou d'albumine. Abandonné à lui-même , le suc de l'indigotier, à la tem- pérature de i8ou 20. °, après s'être décoloré, comme nous l'avons vu, fermente, seclaircit, et ^ après deux ou trois jours, exhale une forte odeur d'éther acétique dont on peut même recueillir quelques gouttes dans un petit appareil distiilatoire. La grande quantité de sucre fermentescible que contient ce suc, donne lieu à assez d'alcohol pour arrêter la fermentation des produits animaux, et sa com- binaison avec l'acide acétique libre de la liqueur, paroît produire cette odeiu- marquée d'éther. Le suc du bolet chrysentheron , au contraire , dans lequel dominent les produits animaux, passe sur-le-champ à la fermentation putride, et donne l'odeur désagréable des substances ani- males en décomposition. Evaporé à une douce chaleur, le stic laisse un résidu brunâtre, visqueux, déliquescent, duquel l'alcohol sé- pare de losmazome , beaucoup de sucre rayonné, séti- forme, et de l'acétate de potasse. En traitant le résidu par la chaleur, il brûle, se tuméfie, en donnant une forte odeur de produits animaux brûlés , puis une abondante fumée avec l'odeur du café rôti. En incinérant le produit charbonneux que l'on obtient , il reste un résidu salin assez abondant, soluble avec lé- gère effervescence dans l'acide nitrique. Ce résidu a paru composé de phosphate de chaux, d'un peu de carbonate de potasse, de muriate de la même base, et enfin dmie Mcm. de la Soc. de Fhj-s. et d'Hist. nat. T. II. 2.' Part. 1 6 122 MÉMOIRE quantité assez notable de fer, probablement combiné avec l'acide phosphorique ou l'acide acétique. La décoction du bolet dans leau , prend une forte odeur de bouillon, légèrement piquante et nauséeuse, et contient beaucoup d'osmazomej traitée par la magnésie calcinée, on obtient en filtrant un liquide d'une sa\eur forte et très-alcalin , tandis que la magnésie légèrement lavée, séchée et traitée parlaicohol bouillant, ne le rend point alcalin et ne lui communique aucune saveur, ce qui indique qu il n'existe dans la liqueur d'autre alcali que la potasse. La présence d'une quantité assez considérable de fer, pro- bablement à l'état de phosphate ou d'acétate, dans les bolets bleuissans, me paroît rendre plausible la supposition que ce métal est la cause immédiate de la coloration de leur chair. L'ensemble du phénomène peut, en effet, s expliquer as- sez bien, par une oxydation, qui, au second degré, donne le bleu, et au troisième la teinte jaune brunâtre à la- quelle le suc arrive toujours, par un contact prolongé avec l'air. Rien, sans doute , ne paroît plus analogue aux effets que les sels de fer offrent au chimiste dans son labo- ratoire ,• mais les choses se passent-elles réellement ainsi dans le laboratoire de la nature, où des forces vitales apportent aux actions chimiques de si importantes modifications ? c'est ce que je n'oserois prétendre d'affirmer. Je me borne- rai donc à indiquer comme faits résultant de ce court mémoire : SUR LES CHAMPIGNONS BLEUISSANS. 123 i.° La production spontanée d'éther acétique par la fermentation du suc du boletus cyanescens (i). 2.° La nécessité de la présence d'un gaz oxygéné pour la production du bleuissement. 3.° La présence du fer dans le suc et la chair des cham- pignons bleuissans. (i) Ua suc découlant spontanément d'un vaste Agaricus quercinus, m'a- Toit bien donné une assez grande quantité d'alcoliol ; mais comme il ne con- tenoit pas d'acide acétique libre , l'éther n'avoit pu se former. Les cham- pignons irès-animalisés, au contraire, comme le boletus chryseutlieron , donnent sur-le-champ des produits ammoniacaux» NOTE. Je prends occasion de la publication de ce mémoire, pour faire connoître quelques observations et expériences relatives aux corps étrangers que certains cbampignons présentent souvent dans l'in- térieur de leur chapeau. J'ai remarqué que, durant la rapide végé- tation du champignon , tout corps étranger qui venoit acciden- tellement à toucher le bord du chapeau, y produisoit une espèce d'irritation , laquelle , à peu près comme l'inflammation dans l'é- conomie animale, laissoit pénétrer et entouroit d'un petit bourre- let le corps qui eri étoit la cause. J'ai pu introduire ainsi, par le simple contact, dans la chair de plusieurs agarics sessiles, du boletus obliquatus , etc., des épingles, des pièces de monnoie , et d'autres corps , que j'ai montrés, à diverses reprises , à la société , solidement engagés dans le tissu même des champignons. RAPPORT SUR LES PLANTES RARES OU NOUVELLES QUI ONT FLEURI DANS LE JARDIN DE BOTANIQUE DE GENÈVE pendant les années 1822 et 1025 5 Pae ÎSL" de CANDOLLE, Professeur d'histoire naturelle et Directeur du jardin. LiL à la Société de Physique et d'Histoire naturelle, te 2 Octobre <3i3. Dans le premier volume de ses Mémoires , la Société a désiré insérer une notice sur les plantes intéressantes qui ont fleuri dans le Jardin. Je me conforme à ses intentions en continuant à lui présenter, pour -le second volume, une notice des plantes sur lesquelles mon attention a été plus particulièrement diiigée depuis deux ans. Je suivrai le même plan que dans la notice précédente, à laquelle je me réfère à cet égard. 126 RAPPORT I. Papaver hractealum. Lindl. coll. t. aS. Pavot à bractées. P. Floribus bracteatis /\ — 6-petalis , cypsulcs glalris glohosO'ohoi'aiis , sepalis adpressè pilosis, cauUbus inifloris scabris foliosis , Joliis brac- leisqne pinnatiparlitis hispidis , lobis oblongis serratis. %, Cette belle espèce, née dans le jardin de graines en- voyées par M. Fischer sous le nom de Fapaver orientale involucraluni , a été déjà décrite, comme espèce distincte, et figurée par MM. Lindley et Ker; jai seulement quelques notes à ajouter à leurs excellentes descriptions. Elle ressemble beaucoup au Pavot d'Orient , mais cul- tivée à côté de ce dernier pendant deux années, elle a offert des différences qui ne pennettent pas de la regarder comme une simple variété. i.° Le Pavot à bractées fleurit huit à dix jours plus tôt que le Pavot d'Orient, quoique dans des circonstance* semblables. 2.° Sa tige s'élève droite et ferme à environ trois pieds de hauteur, tandis que l'autre ne passait pas dans le môme terrain un pied et demi à deux pieds. 3.° Les poils de la partie inférieure de la tige sont éta- lée comme dans le Pavot d'Orient ; mais ceux de la par- tie supérieure, et surtout ceux du calice, sont absolument appliqués, tandis que dans le Pavot d'Orient ils sont tous étalés et héi'issés. 4.° Les feuilles ont le pétiole plus court dans le Pavot SUR LES PLANTES RARES OU HOUVELLES. I27 à bractées 3 leui" couleur générale est verte et non glau- que; elles se divisent de chaque côté en un plus grand nombre de lobes (10 — 12 au lieu de 7—8) j ces lobes sont plus acuminés, presque toujours courbés en carène, au lieu d'être planes. 5.° La fleur , qui dans le Pavot d'Orient est absolu- ment nue, est enveloppée, dans la nouvelle espèce, d'une collerette persistante très - rapprochée d'elle , composée de deux rangs de trois bractées chacun ; trois , inégale- ment incisées et foliacées; trois, plus intérieures ovales, entières, obtuses, assez semblables aux sépales. Ce ca- ractère, quoique le plus apparent , n'est cependant pas le plus sur; car le nombre de ces bractées est variable dans le Pavot à bractées, et j'en ai quelquefois trouvé une ou deux sous les fleurs du Pavot d'Orient. 6° Les pétales , qui sont rouges et marqués à leur base d'une large tache noire, sont encore plus grands et plus beaux que ceux du Pavot d'Orient. 7.° Lbvaire, qui est obové presqu'en toupie et non presque globuleux, est couronné d'environ 18 stigmates rayonnans. Ces deux espèces ofl"rent indifféremment des fleurs à deux sépales et quatre pétales, ce qui est le cas le plus ordinaire parmi les Pavots, et a trois sépales et six pétales, ce qui se rencontre rarement chez les autres espèces. J'ai, en particulier , presque toujours trouvé le nombre ter- naire dans le Pavot à bractées. xslS rapport 2. ^scuLUs ruhicunda herb. amat. t. SGy, Maronnier rubicond. ^. CapauUs ecldnalis , florihus ^-p?laUa S-andris , uiguihus calyce hre-^ vioribus, foliolis 5-"] obovcUa-cunealls aculis inœiiualiler biserratis. 5. Cette belle espèce de Maronnier est cultivée depuis quelques années dans divers jardins, sans que Ton connoisse sa patrie. Je lai reçue jadis de M. Bauman sous le nom à'jEsculus carnca. L'ayant vue en fleur, il y a dix ans, dans le jnrdin de Montpellier, je lui donnai, mais sans en publier la description, le nom d'^sculus coccinca, et enfin la première description publiée est celle de 1 herbier de l'amateur, où elle porte le nom à^^Esculus rublcunda,. qui doit être adopté. Cet arbre ressemble beaucoup au Maronnier commun, mais il en diffère par des caractères sulïisans. i.° Il fleurit beaucoup plus jeune et moins grand ^ j'ai vu, soit à Montpellier, soit ici, des individus de 7 à 10 pieds de hauteur fleurir à coté d'individus du Maronnier commun qui ne fleurissoient point encore , quoique plus ,âgés et bien plus grands. Cette circonstance indique que notre nouvelle espèce ne viendra pas aussi grande que l'espèce commune, sur laquelle, au reste, elle se greffe avec facilité , ce qui donnera le moyen d'en avoir de grands indi^ idus. Les feuilles sont très-glabres et dun vert très-foncé j elles ont cinq à sept folioles, tandis que Tespèce commune ï SÛR LES PLANTES RARES OU NOUVELLES. I29 en a rarement cinq, et presque toujours sept; leurs den- telures sont plus aiguës que celles du Maronnier dinde, plus irrégulières, et les folioles peuvent presque être dites deux fois dentées. Les fleurs forment un thyrse à peu près semblable à celui du Maronnier dinde, mais elles sont remarquables par leur belle couleur d un rose vif ou presque rouge. Le calice lui-même est de couleur rouge et moins profon- dément découpé : les pétales sont chargés de petits poils courts de coideur rouge, et quelques-uns de ces pétales sont tachés de jaune k leur base. Ce que la fleur offre de plus remarquable, c'est quau lieu d'être a cinq pétales et à sept étamines, comme dans l'i^sculus Hippocastanum, elle est à quatre pétales et à huit étamines, c'est-à-dire, qu'elle présente le type régu- lier naturel de la famille des Hippocastanées, dont le Ma- ronnier dinde s'écarte très-probablement par la transfor-; mation d'une étamine en pétale. Cette transformation indiquoit la possibilité d'avoir des fleurs doubles de Maronnier ordinaire, et c'est ce qui a été trouvé récemment dans nos environs. M. Saladin de Budé, l'un des membres de l'administration du Jardin et des bienfaiteurs de cet établissement, dont nous avons à regretter la perte, avoit observé dans sa campagne de Frontenex un Maronnier dont une branche portoit des fleurs doubles et par conséquent stériles 5 il en a fait gref- fer les bourgeons sur de jeunes pieds , et si, comme plu- sieurs exemples autoi'isent à lespérer , ces individus gref* fés forment des pieds à fleurs toutes doubles , ou devra; Mem. de la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. T. II. 2.* Part. ij l3o RAPPORT ainsi à M. Saladin une variété nouvelle, qiii, à la beauté ordinaire du JVlaronnier , joindra l'avantage de rester eu fleurs plus long-temps et de ne pas salir les promenades par la chute des marrons. 3. Cassis diffusa. Casse diffuse. C. Diffuso-pvoeumbens glabriuscuîa ,foliis 8 — i5-jugis , folioUs linea- ribus mucronalis , glandulû pedicellatd infra par inifimum , pedicellia supra-axiliaribiis unijloris solilariis medio bibracleolatis peliolo fnulio hrevioribus , leguminibus glabris, (î) Cette plante est née dans le jardin de Genève de grai- nes recueillies dans l'ile de Porto-Ricco , par M. le doc- teur Bertero , et qui m'ont été communiquées par mon excellent ami Balbis. Elle est annuelle, comme presque toutes celles de la section à laquelle elle appartient, et s'approche assez du Cassla procumbens, avec laquelle on pourrait être tenté de la réunir 5 mais la Cassia procum- bens est une plante fort mal connue^ Linné paroît avoir çu en vue , sous ce nom , deux plantes différentes ^ celle de la première édition du species, qui auroit dû conserver le nom primitif, a dès-lors été décrite par Lamarck sous le nom de Cassia pumila ; celle de la seconde édition pa- roît, quoiqu'à peine décrite, se rapporter à l'espèce in- diquée sous le nom de Cassia procumbens par Willdenow qui dit formellement qu'elle a les feuilles dépourvues de glandes. Dans cet état de choses, ma nouvelle espèce se SUR LES PLANTES RARES OU NOUVELLES. l3l distingue du Cassia procumbens de WillJenow, parce qu'elle a une glande pedicelle placée sur le pétiole au- dessous de la dernière paire de t'oiioles, et du Cassia piimila de Lamarclv soit par ses rameaux et ses gousses glabres et non puhescentes, soit par ses pedicèlles naissant au- dessus et non dans l'aisselle des feuilles. Si l'on se rapporte à la classification des Casses que j'ai proposée, et que M. Colladon a publiée dans sa monographie de ce genre , notre espèce se range évidemment dans la section des chamécristes et parmi les chamécristes mimo- soïdes, c'est-à-dire, qui ont plus de quatre paires de fo- lioles à chaque feuille. J'ai reçu de divers voyageurs, et notamment de ce même M. Bertero auquel je dois la con- noissance du Cassia cZf^wsa, quelques autres espèces de la même division, que je ferai connoître ici en peu démets d'après mon herbier^ CjssIjI PYGM^J, C. prostrala , fol'ds 4 — G-jugis petiolis ramisque pubescenti-hirtis , foliolis linearibui mncronidalis , glandulà subpedi- callata ad basin pelioli, pedicellissolilariis axiUaribus i-fforis folio ton- gioribus supra médium bibracleolalia , leguminibus subpiibescertr^ tlbus. If. Elle a été trouvé à St.-Domingue par M. Bertero. Ses fleurs sont jaunes, de quatre lignes environ de diamètre Ses gousses renferment six à sept graines j elles sont li- néaires, très-comprimées, longues de g à lo lignes. Elle diffère du Cassia serpens, avec laquelle on pourroit être tenté de la conlondre : i.° par ses pédoncules qui nais- l32 RAPPORT sent à l'aisselle même des feuilles et non au-dessus de l'ais- selle; 2.° par la glande du pétiole un peu pedicuUée et non sessile. CassiA Poi.YjnnifA. C. erecta, foliis 6 —9-/rigis ramis peliolis- que glahris , foliolis ohlongis oblusis basi cuneatis , glandulii 2 — 4 sessilibus infra et iiiler Joliorum paria sparsis , pedicellis 1 — 3 Jàs- ciculatitn supra-axillanbus petiolo brevioribus supra médium bibrac- teolalis , bracteis stipulisque acutis minimis. Q ? Cette belle espèce a été découverte à la Guadeloupe par les soins actifs et intelligens de M. Bertero. Elle a quel- ques rapports avec le Cassia glandulosa de Linné, mais elle en dilïère par ses glandes plus nombreuses, sessiles et non pediculées 3 par ses paires de folioles au nombre de six à huit et non de 10 à 12. Ses gousses sont un peu pubescentes dans l'âge adulte, glabres à leur maturité, linéaires, comprimées, longues de près de deux pouces, et renferment une douzaine de graines. Les faisceaux sont , comme dans l'espèce précédente, dits supra- axillaires , c'est-à-dire , que la base du pédicule est soudée avec la tige dans une partie de sa longueur; cette disposition est re- marquablement visible dans cette espèce, Cassia Lechena'itltiana. c. erecia , foliis -xo — i5-Jugis , foliolis oblongo-linearibus ulrinque oblusis aristato-mucronatis, peliolo infra par imfimumglandulam. sessilem geretile apice in aristam foliolis sub- cequalem desinenle cuni raniis pubescenle , pedicellis supra-axillaribus fasciculatis , Jloribus <]-andris. (î) ? Cette plante m'a été communiquée par mon ami M. Lechenault, qui l'a découverte au Bengale. Elle ressemble à ma Cassia patellaria figurée par M. GoUadon dans sa SUR LES ÎLANTES RAHES OU NOUVELLES. l35 Monographie, pi. i6; mais elle est presque glabre clans toutes ses parties^ ces pédicelles même, lorsqaiis portent les fruits^ n'ont que trois à quatre lignes de longueur : les étamines sont au nombre de sept, très-inégales : les sti- pules fort aiguës, longues de huit lignes et marquées de plusieurs nervures près de leur base. Les gousses sont presque glabres , linéaires , comprimées , longues d'un pouce et demi environ, et renferment une douzaine de graines comprimées et en forme de parallélogramme. Cassia TF ALLICHI A1^ a. C. erecta , foUis 20 — i5-Jugis , folioUs oh- longo-linsaribiis lUriiirjue oblusis mitcronatis , peliolo infra par im- Jiinum glandiilam sessilem gerenle apice breveter aristato ciim ramis calycibusque pubescenlî-hirlis , pedicellis suprâ-axillaribua fasciculalis, floribus 10-andris. (î) ? J'ai reçu cette espèce de M. Wallich, directeur du jar- din de Calcutta, qui l'a recueillie dans le Napaul. Elle est remarquable par ses dix étamines presqu'égales entr elles j ses stipules sont longues de 4 — 5 lignes seulement. On trouve une glande sessile sur le pétiole , et très-rarement une ou deux autx-es entre les paires inférieures de folioles. 4. QooDiA polysperma. GouDiE polysperme. Cr. FolioUs ovalibus iitrinqiie acutlnscuUs calycibusque pubescentibus,le- guinine 8 — 10-spermo. 5 L'espèce qui fait le sujet de cet article est un très-petit sous-arbrisseau de la Nouvelle-Hollande, que nous avons l34 RAPPORT reçu de divers jardins , tantôt sous le nom , évidemment faux, de Loddigesia, tantôt sous celui, moins erroné, de Goodia lotIfoUa. Il appartient, en effet, par son port, au genre Goodia; mais son admission dans ce genre en- traîne quelques modifications dans son caractère. Le genre Goodia a été établi par M. Salisbury (parad, lond. t. 40i et adopté par M. Rob. Brown (hort. kew. éd. 2. V. 4- P- 269)3 ^"" et l'autre y ont admis pour carac- tère , vm calice à deux lèvres presque égales en longueur, la supérieure divisée en deux lobes aigus 5 une corolle papilionacée, dont l'étendard est étalé, plus grand que les autres pétales; une gousse pedicellée, comprimée, et des graines munies d'une strophiole ou appendice du cordon ombilical : sur tous ces points, je suis d'accord avec eux, mais il en est deux qui méritent une légère mention. i.° Les deux espèces connues jusqu'ici, le Goodia lutlfo- lia, de Salisbury, et le Goodia pubescens, de Sims, ont une gousse qui ne renferme que deux ovules et une à deux graines à la maturité j ma nouvelle espèce renferme 8 à 10 ovules et presque autant de graines, caractère tellement important que j'ai hésité à la considérer comme un genre nouveau. 2.° M. Salisbury dit que le Goodia a les étamines dia- delphes, M. Brown qu'elles sont monadelphes ; jai trouvé que dans le Goodia lolifolia elles sont, en effet, monadel- phes avec la gaine fendue iongitudinalement du côté de 1 étendard, tandis que dans le Goodia polysperma elles sont monadelphes avec la gaine entière daiis toute la Ion- SUR LES PLANTES RARES OU KOI LLES. l35 gueur : second caractère qui pourroit motiver sa sépara- tion générique. Enfin, notre nouvelle espèce difïère du Goodia loii/b- lla par sa gousse réellement linéaire , très-peu pédicellée; par son calice dont la lèvre supérieure est à deux parties et l'inférieure à trois dentsj par ses fleurs complètement jaunes et non tachées de rouge; par ses feuilles et ses ca- lices pubescens, comme dans le Goodia pubcscens. Il diffère de celui-ci par ses folioles ovales et pointues , et par les mêmes caractères de fruit que j'ai indiqué tout à l'heure. C'est, comme les deux espèces connues, un petit sous-ar- brisseau très-i-ameux , haut à peine d'un pied. 5. Trigonella calUceras Fischer in Bieb. Jl. taur. supl. p. ôi5. Trigonelle à beau bec. T. Caulihus adscendenlihus , foUolLs ohovaio-cunealis apîce argule den~ talls , stipules lineari-subulalis , denlibus calycinis aculis longiludine tubi, leguminibus falcalis subspiraliler slriatis longe roslralls striis nu/nerosis , seminibus 5 — 8 ovalis punctato-rugulosis. (J) Cette plante est provenue de graines envoyées soit de Crimée par M. Steven, soit du jardin de Gorenki par M. Fischer. Elle est originaire de l'ibérie, d'après M. Steven, et en particulier des environs de Tiflis, d'après M. de Bie- berstein. Elle paroît avoir été primitivement décrite par Retzius (obs. fasc. 1. p. i3), sous le nom de Lolus mcdicagi~ t3& rapport, noides ; sa description s'y rapporte , et il observe même qu'elle pourroit être placée dans le genre Trigonella. Dès- lors cette espèce oubliée probablement parce que personne n'a eu l'idée de la cliercher parmi les Lotus, a été reconnue de nouveau par M. Fischer , qui lui donnoit le nom de Trigonella oxyrincha^ sous lequel il men a adressé un échantillon ; enfin , M. Marschall de Bieberstein l'a dé- crite sous celui de Trigonella caLUceras qui , malgré la priorité des deux précédens, me paroît devoir être admis, parce que le premier étoit relatit à un genre auquel les- pèce n'appartient pas, et que le second n'étoit accompa- gné d'aucune description publiée. Elle fait partie d une section des Trigonelles à laquelle M. Seringe a donné le nom de Graniniocarpus , qui se distingue par ses gousses ovales ou oblongues, marquées de stries longitudinales et prolongées en un long bec. Cette section tient le milieu entre le genre des Melilots et la section des Fenu-grecs qui appartient au Trigonella. Notre espèce, par la longueur de son fruit, est celle de tou- tes les Grammocarpes qid approche le plus près des Fénu- grecs. 6. Sesbania paludosa. Sesbane des marais. S. Racemulis axiîlaribus siibbif loris ^foliolis ohlongis mucronulatisgTo' bris , leguiniiLibua compresso-lerelibus subtoruiosis. J'indique cette plante sous le nom sous lequel j'en ai reçu les graines, dalx)rd du jardin de Vienne, puis de di- SUR LES PLANTES RARES OU NOUVELLES. iSf vers autres jardins d'Allemagne. J'ignore son pays natal, et ne puis assurer par conséquent jusqu'à quel point il lui convient. La plante paroît artnuelle : semée en avril, elle a deux an- nées de suite fleuri en septembre et est morte ensuite. Elle est entièrement glabre, haute de i — 2 pieds, droite et ra- meuse. Ses feuilles sont composées de i5 à 20 paires de fo- lioles oblongues obtuses mucronées et qui dorment embri- quées et dirigées vers le sommet du pétiole. Les fleurs sont d'un jaune sale , solitaires ou 2 — 3 ensemble en très-petites grappes à l'aissele des feuilles j leur calice est à cinq dents égales, aiguës à sinus arrondis; leur corolle papilionacée; l'étendard un peu brun et la caréné pourpre au sommet; les étamines diadelplies (neuf et ime) ; la gousse a jusqu'à ti'ois pouces de longueur ,• elle est cylindrique , un peu toru- leuse et comme faussement divisée en loges par les res- serremens qui séparent les graines ; celles-ci sont au nombre de 14 à 18, d'un roux pale et comme tronquées aux deux extrémités Nous avons cultivé une autre espèce de ce genre , le Sesbania picta; mais notre individu difîéroit cependant im peu de la figure de Ca vanilles (ic. 4- t. 3 14) en ce qu'au lieu d'oftVir une grappe de fleurs bien prononcée , elle navoit qu'une ou deux fleurs à chaque aisseîej il paroissoit que les fleurs inférieures de chaque grappe avoient avorté, et que les supérieures étaient seules venues à bien : ces fleurs ressemblent à celle de l'espèce décrite ci- dessus , mais elles sont remarquables par leur couleur, jaunâtre toute tachetée de petites lignes noirâtres. Menu de la Soc. de Phys. et d'Wsl. nat. T. II. 2." Part. 18 l38 RAPPORT, 7. G EU M ranunculoides. (Ser. ined.) Benoîte renoncule. Caille ereclo ramoso , foliit radicalibus inieMhup/è pinnnliseclls , lohis bijldis denlads , cautinis siibi/iterruple pinnaliseciis , lobis obovalu-cu- iieatis denlatis , slipidls ovalis magnis lobalis i'el grosse serralis , pe- dunculis longis filiformibits , Jloribus ascenderilibus, calycibiis dejltxis, petalis siibrolundis magnin aiireis calyre ferè duplo longioribas , ca- pitula carpellorum subovoïdeo , carpellis numcrcsis , appendicibus fere longUudine styli. %, , G. lieteropliyllum horlul. uou Desf. (v. v.) Cette espèce, qae Ton rencontre fréquemment clans les jardins sous le nom de Geuni helerophyllum, est cer- tainement très-distincte de la plante de M.. Desfontaines (hort. par.). Sa tige est très-haute , terminée vers le sommet par une panicule de fleurs longuement pédunculées, de la grandeur de celles du Ranunculus bulbosus, doù lui est venu son nom. Ses feuilles radicales, sont interrompues- pinnatifides, à lobes petits et bilobés^ les caulinaires sonC à trois grands lobes obovés doublement et obtusément den- tés en scie; les stipules sont grandes et dentées j les sépales réfléchis, presque une fois plus courts que les pétales, qui sont très-étalés, circulaires , à peine émoussés au sommet. Le torus est en forme de massue, oblong, à peine pédicelléj la tête de fruits globuleuse-ovoïde j les carpelles ovoïdes - comprimés poilus j le style est glabre au-dessus de la gé- niculation, et son appendice est plus courte et poilue. Le genre Geum a été divisé par M. Seriiige en quatre sections ou sous-genres , savoir : 1.° Caryophvllastrum. Les fleurs sont «ascendantes et non penchées j les calyces réfléchis, les styles déclinés, SUR LES PLANTES RARES OU NOUVELLES. iSg genouillés, terminés par une appendice ordinairement plus courte que le style. C'est ici qu'appartiennent les Geuin, Canadense, niacrophylluffi, etc., et l'espèce ci-dessus décrite. 2.° Caryophyllata. Les fleurs sont droites ou penchées^ les calyces droits ; les styles déclinés , genouillés , termi- nés par une appendice égale à leur propre longueur. C'est ici qu'appartiennent les Gciini rivale , Pyrenaicuni ^ etc. 3. Oreoceum. Les fleurs et les calyces sont droits, les styles non genouillés, étalés et poilus. 11 rapporte ici les Geurn reptans , monlanum etc., et le genre Adamsia de M. Fischer. 4.° Stigtogeum. Les fleurs sont ascendantes j les ca- lyces en cloches ■> les carpelles ponctués-ridésj les styles alloiîgés glahres, non genouillés. Cette section se compose des Geuni Laxnianni et Pockokii , qui ont été considérés, peut-être avec raison , par Fischer comme un genre par- ticulier sous le nom de Laxmannia, mais qui n'est pas le Laxmaunia de Brown. 8. Gjec/m hrachypetalum. Benoîte à pétales courts. Pilosum, caulibus ereclis simpUcihus i — d-floris , foliis injeriorihus in^ ierruplè pinnatiseclis , ullimis appioxitnatis i-lobis lanceo/atia, omni- bus biserralit , slipulis inferionbus mngnis siiboi biculalls grosse ser- ralis ifluribus axillaribus cernuis , petalis obovalis Iaxis , calyce mullo brevioribus , capilulo carpeltonim erecto glvboso sesiili, carpeLlis pi~ losis , appciiduilus longiiudiiie slyli. Cette espcce voisine du Geum rivale en est certaine- l4o RAPPORT ment distincte; sa tige s'élève à un pied et demi , et est terminée au sommet comme dans le Qeum rivale par 2-4 fleurs penchées assez courtement pedonculées. Les feuilles radicales sont interrompues pinnatisequées, à lobes large- ment dentés, les caulinaires trilobées 5 leur stipules sont lancéolées dentées en scie. Les bractées sont refléchies (ascen- dantes dans le Geuni rivale), les lobes du calyce demi- ctalés (parallèles dans le Geum rivale). Les pétales jau- nâtres, veinés de rose, sont obovés, presque de moitié plus courts que les sépales (obcordés et de la longueur des sé- pales dans le Geum rivale); Le torus est oblong , linéaire , presque sessile dans le calyce (longuement pédicellé et écarté du calyce dans le G.um rivale). Style aussi long au-dessous de la géniculation qu'au-dessus ( plus court au-dessus dans le Geum rivale.) ¥ Cette espèce appartient à la section des Cariophyllala indiquée dans les notes de l'article précédent. 11 ne faut pas la confondre avec une espèce nouvelle de la lïiême section que M. Seriiîge nomnie et caractérise comme suit : Geum ThOMASIANUM , pilosum, cauUhus ereclis i — 3-f/oris , Jbliis radicalibiis subinlerruplè pinnalisectis , lobis subcequalibus obovatis subduplicalo-serralis , Jloribus adscendentibux , lobis calycinis ovatia hrefibus , petalis obovatis calyce vix longioribus , capilulo carpello- rum subspliœrico , stylis appendiculatis. Cette espèce a été découverte par M. Philippe Thomas, dans les Pyrénées, orientales entre iViont-Louis et Finestre. Ses fleurs sont jaunes , petites. SUR LES PLANTES RAP.ES OU NOUVELLES. 1^1 Q. Jv'ssTJDA longlfolla. Jussi^EE à longues feuilles. J. gîahra, caule Iriqaelro stricto simpllci , Joliis Uneaii-lanceolatls acu- Tninatis sublus ad mxrgines gLmdalosia , flunbus axUlaribus solila- riis pedicelLalis , oyarlo triquelro. Cette plante est provenue clans le Jardin de graines en- voyées du Brésil par M. Auguste de St.-riilaire, et d'après un échantillon de mon herbier, qui, quoiqu'en mauvais état , paroît s'y rapporter j je présume qu'elle est aussi originaire de la Guiane. Elle a des analogies avec le Jus- siœa octovalvis figuré par Jacquin (amer. t. 70)5 mais elle en est bien distincte; i.° par sa tige à trois angles aigus et à trois faces planesj 2.° par son ovaire triangulaire et non presqu arrondi; 3.° par ses feuilles beaucoup plus lon- gues. Elle offre quelques particularités remarquables \ la première est la disposition des feuilles qui naissent en spi- rale autour delà tige, solitaires sur chacune des trois faces, tellement que la quatrième recouvre la première, la cin- quième la seconde , etc , disposition qui n'a pas encore que je sache été mentionnée dans les feuilles dites si im- proprement éparses ; 2." le pollen est composé de grains assez gros, très-visqueux j 3." la fleur s'ouvre environ à onze heures du matin, et ses pétales tombent vers le soir, de sorte qu'elle appartient à la série des éphémères diur- nes j 4-" le calyce, quoique triangulaire , à sa base d'une l42 RAPPORT manière prononcée, se partage à son sommet en quatre lobes triangulaires allongés à estivation valvaire ^ 5." les quatre pétales sont à nervures pennées et à estivation contournée en spirale j G.° enfin les feuilles portent en dessous sur leurs bords de très-petites glandes un peu tu- berculeuses. lo. ScHi^ENKiA Hllarlana. ScHAVENKiA de St.-Hilaii"e. S. Caille ramoso grncillimo glabriusciilo , foliis lanceolalls acuminatis glabris , floribus glandulaa 5 clavatas gerentibus laxissimè panicu- lulin- Q La graine de cette plante m'a été obligeamment commu- niquée par M. Auguste de St.-Hilaire , qui la découverte dans les pâturages sur St. -Paul au Brésil 5 semée sous couche en avril, elle a fleuri au commencement de sep- tembre. Quoique son aspect soit loin d'être brillant, elle a de l'intérêt pour le botaniste , vu qu'il est fort rare de voir vivante dans les jardins d Europe aucune espèce deSclivveii- kia. Ce genre de Linné étoit fort mal connu avant que M. Kunth eût puJjlié la description des quatre espèces rappor- tées par MM. deHumboltd et Bonpland. 11 est même encore difficile de reconnoitre formellement quelle a été l'espèce à laquelle Linné a donné le nom de Sc/iwenkla aniencana, et il est douteux que Willdenow et Vahl aient donné ce nom à la même plante. M. Kunth ayant publié sous SUR T.ES PL.iNTES RARES OU NOUVELLES. l43 le nom de Schwenkia americana la description et la fi- gure dune plante de lOrénoque , c'est elle qui , selon toute apparence, conservera ce nom: or, notre espèce du Bre'sil, quoique très -voisine de celle de l'Oréiioque, en pa- x'oît certainement distincte. Elle en diffère, i.° par sa tige à peine pubescente, et par ses feuilles glabres, tandis qu'elles sont hérissées dans l'espèce de M. Kunth ; 2.° par ses feuilles plus grandes et évidemment acuminées au lieu d être obtuses 5 3.° par les lobes de la corolle refléchis et non dressés, comme l'indique la figure qui, au reste, est faite d'après le sec ; l^..° notre plante a les rameaux encore beaucoup plus grêles et plus allongés que la figure de MM, Humboltd et Kunth ne le représente 5 5.° son calyce est parfaitement glabre et non pubescent comme le décrivent les auteurs qui ont parlé du Schwenkia americana. Le genre Schwenkia, auquel M. Kunth a réuni le Choelo- cJiilus de Vahl, est très-remarquable par la régularité de son calyce et de sa corolle, comparée avec l'irrégularité de ses étamines; il tend, avec plusieurs autres exemples, à prouver que les familles des Scrophularinées et des Solanées ne peuvent pas être séparées , et malgré l'avortement de trois anthères, le Schwenkia me paroît plus voisin du ISicoLiana que d'aucun des genres rapportés aujourd'hui aux Scrophularinées. HISTOIRE DU TRACHUSE DORÉ (^^pis aurûlenta pajs'zeri.) (l) Par Pierre HUBER. LU A LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GEXÈ'S'ïr, EN SÉANCE GÉNÉRALE, LE t8 DECEMBRE l82.3. JLj'insecte dont je vais donner l'histoire est une espèce d'a- beille solitaire, placée par J urine, ce savant insectologue , dans le genre Trachusa. Le principal caractère de ce genre est tiré de l'égalité des deux cellules cubilates de l'aile. Dans la première des deux familles dont il se compose, celle à laquelle cette abeille appartient , la seconde cellule est ondulée extérieurement et reçoit les deux nervures ré- currentes. La forme des mandicules a été judicieusement négligée par cet auteur, vu la variété qu elle présente, même entre les sexes. (i) CoafroDté sur la collectioD de M. Jarloe ù GeoÈTe. Mém. de la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. T. II. 2.' Part. 1 9 l^S MÉMOIRE Les antennes sont filiformes , brisées , et composées de douze articles chez les femelles, et de treize chez les mâles. Le bout de la trompe est replié. *Le nom de cette abeille, Trac/iusa aurulentut annonce déjà sa couleur. Cette jolie mouche, très-velue, aie ventre et les pattes d'un roux doré 5 sa tête et son corcellet sont ordinairement d'un beau noir. Il y a pourtant une variété, dans laquelle les teintes do- rées, étant répandues sur toutes les parties du corps, et peut-être étant un peu moins vives , ont induit les insecto- logues en erreur, et leur ont fait prendre pour une espèce particulière , sous le nom de Apisfusca , Trachusafusca , un insecte qui ne diffère du nôtre que par un caractère très- variable en lui-même, celui delà couleur. Le mâle ressemble à la première variété. L'identité absolue des mœurs , est à mes yeux une assez bonne garantie de la spécialité , lorsqu'il n'y a de différence que dans les nuances du duvet, qui recouvre les insectes de cette famille : il n'en seroit pas de même dans toutes les classes. Cest pourquoi j'ai cru devoir réunir ces deux indi- vidus, assez différens à la vérité, en une seule espèce , sous la dénomination à' A urulenta, qui convient à l'une et à l'au- tre, quoique je n'eusse pas encore la preuve matérielle de leur identité, preuve qui ne peut être tirée que de leur gé- nération. Cette jolie msuche est plus remarquable par ses mœurs que par ses traits extérieurs j je vais raconter de quelle ma- nière je découvris ceux qui la particularisent, et je dirai en passant que je sentis alors toute la justesse de cette recom^ SUR LE TRACHUSE DORÉ. l47 mandation de M/ J urine , dans son bel ouvrage sur les Hynienoptens , et à larticle même du Trachusa, de s'at- tacher à observer les moeurs de cette nombreuse classe d'a- beilles solitaires , qui promettent les plus heureuses décou- vertes. « Quoique d'illustres naturalistes nous aient donné Ihîs- « toire délaillée de quelques espèces appartenant à ce genre " {Trachusa) , il en reste, » dit-il, " encore beaucoup « sur lesquelles nous n'avons aucune connnaissance. Que « les amateurs, et surtout ceux qui habitent la campagne, « s'appliquent donc à étudier des insectes aussi intéressans, »* et ils acquerront des droits à notre reconnaissance , en « publiant leurs découvertes. » Mais les insectologues qui n'ont pas étudié ces animaux sous le rapport des moeurs , ignorent peut-être qu'on ne peut pas toujours aller au devant de certaines recherches : souvent le seul mérite du naturaliste consiste à saisir à la volée un petit fait dont il pressent l'importance, et à sui- vre une lueur qui peut le conduire a des vérités nouvelles. C'est exactement là l'histoire des observations que je pré- sente en ce moment. J'étois à la promenade : attentif à saisir tout ce qui me paroît nouveau ou singulier , dans les objets quis'oftient à mesyeax, je fus frappé de voir un insecte porter en l'air une longue paiile, comme l'auroit fait un oiseau qui tra- vailleroit à son nid , avec cette différence, qu'elle étoit bien plus longue, et que l'insecte paroîssoit la porter entre ses jambes, et dans le sens du vol. Je marrêtai jx)ur observer quelle direction il pi-enoit. l48 MÉMOIRE et je venois à peine de le perdre de vue, lorsque je revis la même mouche , posée à mes pieds , saisir entre ses dents un autre brin de paille sur le chemin, s'élever en l'air et partir dans la même direction : je reconnus alors que cetoit une espèce d'abeille, et ma curiosité n'en fut que mieux éveillée , par la singularité du procédé qu'elle venoit de m'offrir. Elle ne fut pas long-temps sans revenir s'approvisionner au bord du sentier cii je l'attendois; mais cette fois., je la suivis au milieu d'une prairie voisine , où elle s'arrêta un instant j)our déposer son fardeau et repartir incontinent. Ayant cherché la place où elle pouvoit avoir l'intention de faire son nid, je découvris dans l'herbe un petit tas de chaume, que je reconnus, par la longueur des brins, pour devoir faire partie de l'ouvrage de cette abeJUe. J'ignorois aloi's à quel période de son travail elle pou- voit être arrivée; étoit-ce le commencement ou la fin de ses opérations ? J'aurois pu le savoir en dérangeant le tas de chaume j mais j'aurois couru le risque de gâter un édi- tée à peine commencé; j'aurois peut-être découragé l'ou- vrière industrieuse, dont je voulois étudier les mœurs , et je pris Le parti de ne rien déranger encore 5 mais l'opéra- tion commencée ëtoit de nature, par sa longueur , à exer^ cer ma patience , et appelé ailleurs , je fus obligé de laisser pour le moment l'abeille et son nid, avec la seule précau- tion de remarquer la place où il étoit situé dans la prairie. Le lendemain , étant retourné sur le lieu de la scène , je n'y trouvai plus mon abeille; mais en prolongeant le même sentier, j'en apperçus d'autres , de la même espèce ? SUR LE TRACHUSE DORE. l49 qui rodoient au pied d'un arbre : elles n'étoient point oc- cupées , comme la première que j'avois vue, à enlever des brins de chaumes. Elles choisissoient sur le terrein desgx'ains de sable dune certaine grosseur, et les emportoient dans la même prairie où j'avois suivi la veille cette autre mou- che; mais chacune d'elles suivoit une direction particulière, ce qui indiquoit déjà qu'elles ne travailloient point en com- mun. Leur vol étoit si rapide, que je les perdois de vue presque aussitôt qu'elles étoient parties. Je me mis alors à chercher dans la prairie si je ne dé- couvrirois point leur gîte, et j'en vis effectivement quel- ques-unes voltiger lentement dans l'herbe, s'arrêter par-ci par-là , sur les plantes basses , et enfin, à mon grand éton- nement, entrer dans des coquilles d'escargots. Qu'alloient-elles faire dans les demeures inhabitées des colimaçons ? Etoit-ce pour elles un abri, im gîte? Y avoit- il là quelque provision utile à leurs petits, ou plutôt, ces coquilles devoient-elles leur servir de berceau? Prévenu de cette dernière idée , qui me parut la plus vraisemblable , j'allai auprès du tas de chaume que j'avois observé la veille , et ayant dérangé les brins dont il étoit formé , je mis à découvert une coquille d'escargot que je n'avois pas même entrevue le jour précédent, tant elle étoit bien cachée. Cette petite découverte stimula ma curiosité. J'établis mon poste d'observation auprès d'un des escargots , dans lesquels j'avois vu entrer une de ces abeilles, et j'épiai delà toutes ses démarches. Cette mouche ne faisoit pas de longs séjours dans la co- l5o MÉMOIRE quille 5 elle repartoit ordinairement quelques minutes après y être entrée; cependant, quelquefois elle y resioit un quart d'heure. Je ne pouvois voir ce quelle y faisoit j mais je n avois nul cloute que l'escargot ne renfermât pour elle des objets d'un grand intérêt. Qu'alloit-elle chercher au dehors dans les fréquentes excursions que je lui voyois faire? Je Pavois vue ramasser du chaume et du sable ; je savois que les larves des autres abeilles de toute espèce sont ix)urries avec le pollen et le miel 5 il étoit donc naturel de penser que c'étoit là l'objet de ses recherches actuelles : mais je me trompois; car, ayant suivi l'abeille dorée dans quelques-unes de ses com'ses , je la vis se poser sur des feuilles , et non sur des fleurs ; elle s'arrêtoit plus particulièrement sur celles de la potentille rampante, et sur quelques gramens 5 et ce qu'il y avoit de très-curieux , c'est qu'elle enlevoit des portions de leurs- feuilles, après les avc«r coupées avec ses dents; c'étoit sur- tout de la potentille qu'elle prenoit le plus volontiers5 dès qu'elle avoit fait sa petite provision, on la voyoit repar- tir ; quelquefois , cependant , elle s'arrêtoit un instant sur les fleurs de quelques labiées éparses dans la même prai- rie;, mais après y avoir plongé sa trompe, elle coiu-oit à l'objet principal , la récolte des feuilles de la potentille. Tout cela se faisoit avec une rapidité dont la description ne peut donner nulle idée ; mais comme ces abeilles n'étoient point craintives, je pouvois m'approcher d'elles sans leur faire le moindre ombrage. Enfin, l'abeille que j'observois alors , termina ses opéra- tions , par recouvrir de chaume la coquille qui probable- ment ser\ oit d'asile à ses petits. SUR LE TRACHCSE DORÉ, i5i 11 me restoit à reconnoître l'emploi que ces insectes no- mades font des divers matériaux dont je les avois vu faire la récolte. Je devois trouver l'ouvrage terminé dans les co- quilles qui avoient été recouvertes de chaume , puisque c'é- toit là l'opération pai- laquelle ces abeilles achèvent leurs travaux 5 j'en avois à cette époque plusieurs en observation; je pus donc me résoudre à en sacrifier quelques-unes à une curiosité long-temps réprimée. Les escargots employés par l'abeille dorée {fig. 2. 3. 4.), étoient du nombre des plus communs et de petite dimension, soit qu'ils appartiennent à une petite espèce (Hélix Mor- tensis), soit, ce que je croirois plus probable, a des in- dividus de l'elix de la vigne, fort répandue dans cette prairie, mais dont les habitans n'auroient pas acquis tout leur développement (1). La prairie dans laquelle on les trouvoit étoit très-hu- mide et tapissée de mousse ; dans le nombre , on en voyait d'haliitéespar leur véritable propriétaire; mais lesTrachuses dorés n'employoient que les coquilles vides: je vis, cepen- dant, l'un d'eux entrer dans une coquille habitée , mais aussitôt il en ressortit et n'y revint pas ; et effectivement, puisqu'ils trouvent si facilement des coquilles désertes , pourquoi se mettroient-ils en peine d'expulser les habitans des coquilles pleines ; tout ce qu'il leur faut, c'est de trou- ver un logement d'une grandeur proportionnée au but qu'ils se proposent : ils peuvent y satisfaire, sans nuire • (1) Ayant consulté sur ce point un jeune naturaliste Genevois, très-versé clans la connoissance des coquillages, M. £. Mallet, il m'a appris que c'éloit l'Hélice Porphyre, He/ix ylrbustorum. l5û WÉRfOIBE aux mollusques testacés vivans , qui sans doute , et comme depuis peu le Comte J. Mielzinsky l'a démontré , four- nissent une pâture abondante à une espèce d'insecte entiè- rement nouvelle pour nous (le cochleotone vorace) (i). La nature, dans sa profusion môme, est économe de ses ressources : elle n'a point instruit les abeilles dont il est question, à faire la guerre aux escargots, mais simple- ment à profiter des coquilles que le hasard , ou plutôt dif- férentes causes , ont rendues désertes. Je dirai, par parenthèse, c[ae ces coquillages, après la mort de leurs habitans naturels, servent d'asile à quantité d'insectes : j ai vu même des œufs de lézard dans quelques coquilles du colimaçon de la vigne, et effectivement , ces- coquillages présentent des retraites très-bien adaptées aux besoins de plusieurs animaux de petite taille. Mais revenons à nos abeilles , et voyons l'usage qu'elle» sgvent faire de la cavité spirale de l'escargot. En regardant par l'ouverture l'aspect intérieur de la coquille {fig. 3. ) , on remarquoit , à quelque distance de son bord, une cloison transversale plane, d'une couleur sombre, et de la même forme que les opercules appartenans aux colimaçons. Mais on ne pouvoit y voir autre chose. Il n'y avoit qu'un seul moyen de pénétrer plus avant sans gâter l'édifice j c'étoit de casser brin à brin le bord de la coquille, jusquà l'endroit oii commençoit l'ouvrage des petites abeilles, et successivement de descendre plus bas à mesure qu'on auroit découvert une partie de leur travail. Cette opération n'exigeoit d'autres instrumens qu'une paire de ciseaux; et le premier escargot que j'examinai, me _ « -" -■■ — ■■■■■ ■■ ■ ■ »^? (i) Âncsles d«s sciences ualurelles T. i"'- SUR LE TRACHUSE DORE, 1 53 révéla presque tout le secret de l'abeille qui en avoit pris possession. La première chose qui se présenta fut cette cloison trans- versale que i'avois apperçue de dehors ; elle étoit d'un vert obscur; elle remplisboit entièrement le vide entre les parois de la coquille et son axe; son épaisseur étoit à peu près celle d'une carte à jouer, et son élasticité un peu moindre (a/^a..3). Ayant enlevé cette première cloison , je la trouvai ados- sée à une espèce de maçonnerie {àfig. 3 ), composée de plu- sieurs rangées de petites pierres, situées les unes au-dessus des autres, dételle manière, que leurs interstices étoient soigneusement garnis de pierres plus petites encore 5 le tout netenoit que par la simple dispoaition des parties j cette pre- mière rangée en cachoit plusieui's autres , qui toutes étoient maintenues avec le même art, et formoient une espèce de mur sec, de 4 à 5 lignes d'épaisseur. 11 n'étoit pas douteux, que ce mur ne fût une précau- tion pour la sûreté du trésor caché des Trachuses dorés ; car ces abeilles navoient pas travaillé avec tant d'ardeur pour renfermer des pierres dans une coquille ; aussi ne m'arrêtai- je pas à ce premier aperçu. Derrière le mur sec, je trouvai une seconde cloison verte, semblable, à tous égards, à la première que j'avois observée; il ne fut pas difficile de 1 enlever 5 et ce fut avec un plaisir mêlé d'adjïiiration , que je découvris une nouvelle loge , parfaitement propre, au fond de laquelle un oeuf de deux lignes de longueur , et d'un blanc de lait , étoit déposé sur Mc'm. delaSoc. dePhys. etd'Hisf.naf.T.U. 2.''Par/. 20 l54 MEMOIRE un lit très-abondant de pâtée jaune , composée de la pous- sière des fleurs et de miel {o fig. 3). G etoient là les provisions dont la petite larve, qui devoit bientôt éclore , avoit besoin pour subsister j usqu'à l'épo- que de sa transformation. La loge dans laquelle elle étoit renfermée, n'atteignoit point le fond de la spirale du colimaçon. Proportionnée à la taille de l'insecte pour lequel elle avoit été construite , elle étoit fermée au fond par une seconde tapisserie , ou plutôt par une seconde cloison , de la même matière que celle dont javois dû la dégager pour voir son intérieur. J'enlevai celte cloison verte , la troisième que j'eusse trouvée dans cette investigation, et je fus bien surpris, lors- que je découvris qu'elle c*:hoit une nouvelle loge , occupée par un œuf déposé au milieu des approvisionnemens que sa mère avoit accumulés au fond de la cavité spirale ( ofig. 5 ). Ainsi donc, en récapitulant les choses dans l'ordre ou elles s'étoient passées , la première opération de l'abeille do- l'ée consistoit à chercher un asile pour ses petits ^ elle vol- tigeoit pour cela dans la prairie, d'escargots en escargots , jusqu'à ce qu'elle eût trouvé une coquille abandonnée de son propriétaire , et d'une grandeur proportiomiée à l'usage quelle devoit en faire. Elle se pourvoyoit ensuite du pollen des plantes , qui , mêlé avec un peu de miel, devoit fournir la nourriture à ses petits 5 elle étendoit cette pâtée sur le fond de la cavité de l'escargot ; puis y pondoit un œuf. Voulant ensuite fermer cette case , elle y employoit une niatière qu'un observateur eût aisément reconnue pourjé- SUR LE TRACHU3E DORE. 1 55 gétale , à sa couleur et à sa saveur , mais qui n'avoit ni la consistance naturelle, ni la contexturc des productions vé- gétales. Notre abeille n'étoit donc point une coupouse de feuilles dans le sens ordinaire de ce mot, qui suppose à cet insecte l'art de tailler dans les membranes de la feuille une pièce d'une forme particulière , et propre, par sa consislence , à ser- vir d'euN'eloppe a son nid. Une circonstance que je rapporterai fout-à-l"heure , me fit connoître exactement le mode d'action que ces abeilles mettent en œuvre ; il consiste simplement à mâcher des portions delà feuille de potentille, et à étendre cette ma- tière en une couche assez mince, à l'aide de leurs dents et de leurs pattes. Mais elles exécutent cet ouvrage avec plus de propreté que les guêpes cartonnières ne construisent l'en- veloppe de leur nid; car on n'y aperçoit point ces bandes si marquées dans les guêpiers, et je crois qu'elles n'y em- ploient aucune substance étrangère à ces feuilles. Il eût été fort à désirer de pouvoir s'assurer si elles y joignent, ou non, quelque ciment issu de leur propre corpsj je n'oserois en répondre, mais j'aurois tout lieu de me prononcer pour la négative , vu la quantité prodigieuse de cette matière , que j'ai vu employer par l'une de ces abeilles, dans une circonstance particulière , et la rapidité des démarches que cela nécessitoit, ce qui n'eût pas permis, ce me sem- ble, au renouvellement d'une sécrétion animale, de s'opérer en si peu de temps , dans une proportion suffisante pour cet emploi. D'ailleurs, quoique je fusse très-près de l'ouvrière, je ne l56 MÉHOIRE vis sortir aucune goutte de liqueur de sa bouche , pendant tout le temps de l'observation. Après avoir renfermé ce premier œuf, l'abeille prépa- roit les voies à l'éducation d'un second individu , en pon- dant un second œuf, qu'elle pourvoyoit de vivres et qu'elle renfermoit de la même manière , dans une cellule particu- lière. Mais celle-ci étoit formée par les parois du tube spi- ral de l'escargot, et par les cloisons inférieures et supérieu- res, que l'abeille dorée lui avoit donnée, à l'aide d'une in- dustrie dont nous n'avons aucun exemple chez les insectes de cette famille. Ce n'étoit pas assez encore pour sa sollicitude , ou pour parler sérieusement, pour la sollicitude de cette Providence infinie , qui étend ses soins aux petites comme aux grandes choses : i'alieille sait murer l'entrée de la coquille oii sont renfermés ses œufs j elle sait construire un véritable mur sec avec des pierres de différente grosseur, et elle re- vêt encore cette muraille d'une dernière cloison qui sert à empêcher qu'elle ne se dégrade. Enfin, comnje si l'existence de cette petite mouche in- téressoit particulièrement la création , une précaution des plus marquées est mise en œuvre pour cacher à tous les yeux l'escargot même qui renferme déjà tant de preuves de sa prévoyance; et c'est en recouvrant de chaume la mai- son de ses petits j c'est en ramassant avec soin cette matière brin a brin , et souvent à une grande distance , que cette active et prudente mère donne la dernière main à son ouvrage. Ordinairement, les coquilles d escargot employées par les SUR LE TRAGHUSE DORE. l57 abeilles de cette espèce , sont placées de manière que lori- fice ou lentrée en est tournée vers la terre ; et c'est une précaution de plus, que nous devons admirer chez ces in- sectes, que celle de choisir de préférence les coquilles dis- posées de la sorte; car elles sont moins exposées à recevoir l'eau des pluies ; mais il n'est pas sans exemple de voirie con- traire , et l'on va se convaincre , que si l'abeille dorée a com- mis en cela une imprudence, elle la répare par des soins particuliers. Une des coquilles oîi j'avois vu entrer une abeille , étoit eifeetivement tournée l'orifice en haut : apellé ailleurs , je n'avois pas suivi toutes ses opérations; mais lorsque je revins auprès de cette coquille, je la trouvai fermée par une dose de matière verte , qui ne se bornoit pas à une simple coucheétendue sur le mur sec. D'ordinaire, il reste un pouce de videentre cette cloison et l'orifice de la coquille ; ici , l'a- beille nes'étoit pas contentée de ses précautions oïdinaires, elle avoit accumulé la matière verte jusqu'à la bouche de l'escargot, et je pus la voir travailler, pendant plus de s'ix heu- res , à entasser cette matière encore beaucoup au-dessus du niveau , de sorte qu'elle débordoit l'orifice de tous les côtés, et cachoit presque toutes les parties supérieures et visibles de l'escargot [fig- 4)- Ce fut pendant ce travail extérieur que je pus observer, à de nombreuses reprises, la manière dont cette abeille mà- choit les feuilles qu'elle apportoit de temps en temps par parcelles à sa bouche, etla manière dont elle étendoit cette pâtée verte, tandis que ses pattes contenoient le morceau de feuille auquel elle s'approvisionnoit. l5S MÉMOIRE Il en résulta une masse assez compacte, qui , grâce au talus qu'elle offroit de tous côtés, étoit très-propre à l'é- coiilement de l'eau, et cachoit'si bien la coquille, que si je ne l'avois vue au paravant en ce lieu, je n'eusse point de- viné son existence. L'abeille fut peut-être un peu dérangée par ma présence continue; car elle abandonna son ouvrage avant de l'avoir recouvert d& chaume 5 au surplus, celte précaution étoit devenue moins nécessaire, par le soin qu'elle avoit pris de couvrir de mastic la partie la plus visible de l'escargot , et peut-être étoit-ce là la raison de cette négligence appa- rente. Ces traits viennent donc en confirmation de ce que j'ai si souvent observé chez les insectes : de cette faculté qu'il» ont de varier leurs procédés selon les circonstances. Sans doute, elle a ses bornes, qu'il seroit important d'é- fudierj mais elle doit changer l'opinion que l'on se fait communément de l'instinct de ces animaux , qu'un grand naturaliste, auquel on ne peut pas faire le reproche de se livrer ordinairement aux rêveries de l'imagination , appelle assez légèrement des espèces de somnambules. Il me resteroit encore bien des faits a décrire 5 comme l'époque où les jeunes abeilles sortent de leur coquille; leurs allures habituelles 5 leur demeure^ leurs amours 5 car tout ce qui respire, et même par delà bien loin, jus- qu'aux dernières plantes; tous les êtres ressentent son in- fluence. Mais mes observations ne s'étendent pas au delà des faits contenus dans ce rnémoix-e ; il ne sera pas difficile , au SVh. LE TP,.ACHUSE DORK. I iJC) printemps, t!e combler les lacunes que les circonstances m'ont forcé à laisser dans mes recherches , et j'espère m'en acquitter aussitôt que la saison me permettra d'aller à la dé-- couverte. Je puis cependant ajouter encore nn trait à l'esquisse que je viens de tracer, et ce trait explique tort bien la manière dont les jeunes abeilles dorées sortent de la coquille , dans laquelle leur mère les a logées. A peu près à l'époque des observations précédentes, voyant entrer une abeille dans une coquille, je saisis la coquille , et je l'enveloppai dans une lettre d'un papier très-fort, pour pouvoir examiner la mouche qu'elle renfermoit plus à mon aise 5 je mis le tout dans ma poche de veste. Deux heures après, je voulus montrer à une personne qui aime l'histoire naturelle, le petit phénomène que je croyois avoir en ma possession; mais j'entendis et je vis voler un insecte qui passa tout près de moi , et je crus le reconnoître pour mon abeille ; cependant , comme je l'avois soigneusement enfermée dans un papier double, je pensai qu'un autre insecte de la même espèce auroit probablement pris cette direction ; mais je me flattois; car lorsque je pris le rouleau dans ma poche, j eus la preuve de l'évasion de ma prisonnière; un trou parfaite- ment circulaire , pratiqué dans les deux doubles de papier, ne me laissa aucun doute sur le parti qu'avoit pris cette mouche pourvue de bonnes dents , et je pus alors me faire une juste idée des moyens employés par les jeunes abeilles, parvenues au terme de leur développement , pour se pro- curer leur liberté et les jouissances que la nature promet à tous les êtres auxquels elle a accordé l'existence. 11 reste -ïSo MÉMOIRE SUR LE TRACHUSE DORE. cependant à s'assurer de l'endroit par lequel elles sortent de leur prison 5 ce pourroit être en faisant un trou à la coquille, et jeserois tenté de le croire, parce que l'aînée des deux abeilles , habitant la loge la plus inférieure, dérangeroit sa voisine, sa sœur cadette, si elle rompoit la cloison qui les sé- pare, pour s'ouvrir un passage le long du tube spiral; d'au- tre part, elle trouveroit bien moins de résistance, ce me sem- ble, de cette manière, et c'est ce qu'il ne sera pas difficile de véi'ifiej', lorsqu'il en sera temps. M dtl'A Jï nat r. JZ 2^j>'' j> jr6o <;<■* y/^€U!Auà^^ cc^n'e'^ DE QUELQUES PHÉNOMÈNES DÉPZNDANS DE LA RADIATION DU CALORIQUE. Par p. PREVOST, Prof. émér. Lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle, le j Août tSiS, A. mesure que les observations s'accumulent , il devient plus nécessaire de les discuter. J'ai cru, par cette raison, qu'il ne seroit pas inutile de rapprocher des faits isolés et de les réunir, en quelque sorte, en les rapportant à des lois déjà suffisamment reconnues. Tel est l'objet de ce mémoire; j'y présente sous le ûXxq S expériences ^ plusieurs observations dues à d'habiles physiciens , et je montre leur liaison à la théorie du calorique rayonnant. Je commence par rappeler brièvement cette théorie^ j'en fais ensuite l'ap- plication à divers phénomènes, en me bornant à indiquer ceux qui ont déjà été analysés sous ce point de vue , et en examinant de plus près quelques faits nouveaux (i). Parmi (i) La plupart de ces faits sont emprunte's d'un Mémoire de Mr. Leslie, intitulé : On certain iinpreasions of cold , transmilted from, the higlier atmosphère , qui fait partie du vol. 8 des Trans. R. S. Edinb., lu en 1817. Mém. de la Soc. de Phys. et d'FIist. mt, ï, II. 3.' Part. 21 162. MÉMOIRE ceux que je discute , plusieurs ont été présentés sous for- me d'objection. J'évite toute controverse, et je m'en tiens à de simples explications. PARTIE I." THEORIE. §, I. La théorie de l'équilibre mobile établit que le calori- que traverse en tout sens un espace entouré de corps chauds, lorsque cet espace est vide, ou occupé par quelque gaz. Cette théorie suppose un tel mouvement du calorique à toute température ( égale ou inégale ) des corps environ- nans. Ainsi, tous les corps sont considérés comme émet- tans du calorique par tous les points de leur surface; plus ou moins, selon leur nature et selon leur degré de chaleur. Indé- pendamment de quelques expériences directes à ce sujet (i), cette théorie repose sur une preuve qui, bien qu'indirecte, inspire et mérite beaucoup de confiance. En vertu des prin- cipes qui la constituent, on explique correctement plusieurs phénomènes inexplicables sans leur secours; et s'il y eu a (i) En particulier celles de Mr. Tluhiaud, Journ. de Phys. Nov. iSio. — On peut aussi envisager comme directes les expériences éthrioscopiques , qui prouvent qu'au moment où le soleil échauffe le plus la terre , celle-ci reçoit beaucoup moins de rayoas calorifiques du ciel , qu'elle ne lui en renvoie (§.18). SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. l63 dont rexplication reste imparfaite, on peut raisonnable- ment l'attribuer à leur complication, ou à la foiblesse des- efforts faits pour dénouer de tels noeuds. §. 2, Les émissions du calorique, considérées d'abord comme égales en toutes directions, ne sont pas telles lors- qu'on envisage la totalité d'une surface plane d'où elles éma- nent. L'influence d'une telle surface sur le thermomètre est proportionnelle à l'angle sous lequel elle est vue de la boule de cet instrument, (i) Cette loi paroît s'expliquer par l'obstacle qu'opposent, à l'émission d'un point quelconque de la surface , les points de la même surface dont il est en- touré (2). §. 3. En conséquence de ces principes , tout point d'un espace plus ou moins chaud, qui est vide ou occupé par un gaz, doit être envisagé comme un centre, où tendent et d'où partent en tout sens des émanations calorifiques. Ce mode de communication de la chaleur porte le nom de rayonnement. Il se combine avec d'autres , et l'effet en est moins simple qu'il ne le paroît au premier coup-d'œil. C'est ce qui résultera de l'éiiumération que nous .liions faire des différentes manières dont la chaleur se propage (3). (i) Leslie , Expérimental Inquiry , etc. . c'est-à-dire, Recherches expé- rimentales sur la nature et la propagatiou de la chaleur, trad. dans mon li aité- du calorique rayonnant , page 21g ( chez J. J. Paschoud , impr. lib.}.. (2) Ou en substituant , comme il convient, la considération d'une surface physique à l'hypothèse d'une surface mathématique , substitutfon due à Mr, FoiEiER , de qui la théorie de la chaleur a reçu divers perfectionnemens, (3) En suivant de près Leslie , sans tonlefois adoptef toutes ses expres- sions. l64 MÉMOIRE §.4- Premièrement. Dans les solides, la communication se fait sans aucun mouvement des particules du corps. Le ca- lorique passe d'une particule à l'autre, et tend à se répandre ainsi dans toute la substance dont elles sont les élémens. C'est ce qui dans le corps constitue la conduclibiùué. Cette propriété varie en diiïérens corps. 11 y a une limite qu'elle ne peut franchir, puisque la chaleur dans le fer, à une très-haute température , ne paroît pas pouvoir s'étendre sensiblement , le long dune barre mince de ce mé- tal, au delà de deux mètres (i). On peut concevoir deux causes à cet effet j l'une, quelque difficulté, pour le calori- que, de se mouvoir dans le corps solide ( difficidté que sem- ble attester la différence de conductibilité en diflférens corps ) ; l'autre , la déperdition de chaleur par la surface extérieure du corps. La conception la plus simple delà con- ductibilité est celle dun fluide discret qui se répand. On a tenté dy substituer un mouvement ondulatoire , par la difficulté de concevoir, dans l'acte de la propagation du calorique, chaque partie élémentaire du corps, comme recevant d'un côté et donnant de l'autre (2). 11 semble ce- pendant que cela n'est pas plus difficile à concevoir , qu'il ne l'est de comprendre comment l'eau pénètre et se ré- pand dans une substance hygroscopique ; ou comment l'argent sorti d'un trésor central se répand au loin de caisse en caisse (3). (i) BiOT , Traité de Priys,, t. 4, p. SjS. (2) Leslie , On certain impressions , Trans. R. S. Edinb. t. S. p. 468. (5) Du reste, si l'objection avoit quelque force, elle s'appliqueroit aussi bien au mouvement ondulatoire qu'à rémission. SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. l65 5. 5. Secondement. Dans les liquides, la chaleur se propage de deux façons; i.° par conductibilité , comme dans les solides ; 2..° par translation des particules du li- quide. Ce second moyen de propagation, nécessairement lié à la mobilité des particides , est mis en action toutes les fois que la chaleur opère quelque changement dans leur pesanteur spécifique. La partie chaude du liquide, étant dilatée , devient spécifiquement moins pesante ; elle prend un mouvement d'ascension, et les parties froides la rem- placent. Il résulte de là des courans , qui deviennent , dans les corps de cette espèce , le moyen principal de propaga- tion de la chaleur. L'effet en est si rapide et si efficace , qu'il est quelquefois le seul sensible (i). Ce sera aussi celui que nous aurons principalement en vue, en parlant du mode de propagation de la chaleur dans les liquides, ou de la pro- pagation Uquidiforme (2), §. 6. Si l'on applique un corps solide à un liquide , ils se communiquent mutuellement leur température. Si le liquide se renouvelle, le solide en reçoit plus rapidement l'impression. Expér. (3) Un courant d'eau , faisant un mille en trois (i) Rumford, Mém. sur la chaleur, Bibl. Brit. et ailleurs. (2) Il y a dans les liquides quelque passage ouvert au calorique , et par con- séquent (autant que celte transmission le suppose) , il y a quelque rayonne- ment , mais très-petit en comparaison de celui qui a lieu dans les gaz. Journ. de plvys. t. 72, p. 178 et i85. (V) Cette expérience et la suivante sont de Leslie , On certain impres- sions, etc. l66 MÉMOIRE heures, enlève la chaleur d'un corps qui y est plongé, deux fois aussi vite que lorsque l'eau est stagnante. §. 7. Cette expérience, donnée sans détail, n'autorise peut- êti-e pas des conséquences très-générales; mais elle indi- que assez, que le liquide, conduisant mal la chaleur, agit principalement au contact, pour enlever ou pour transmet- tre le calorique au corps qu'il rencontre. §. 8. Expér. Des expériences directes ont fait voir que, dans les liquides, la nature de la surface, qui sépare le chaud du froid , n'a aucune influence sur la communica- tion des températures. Deux surfaces, l'une de métal poli, l'autre de verre , séparant une eau froide d'une eau bouil- lante, agissent précisément de même, pour rapprocher les températures de ces deux portions de liquide. §. 9. Troisièmement. Dans les gaz, la propagation de la chaleur se fait comme dans les liquides, par conséquent, de deux façons (§. 5.); mais elle s'opère en outre d'une troisième manière , dont le caractère est d'être si rapide , que , dans plusieurs expériences , elle paroît instantanée. Elle ressemble en tout à celle qui a lieu dans les espaces vides ( ou réputés tels ). Cette espèce de propagation se fait en toute direction, et jouit de toutes les propriétés catop- triques de la lumière. C'est donc à bon droit que nous la désignons par le nom de rayonnement. §. 10. A la différence de la propagation qui a lieu dans les liquides, la propagation par rayonnement varie selon la nature des surfaces qui séparent les milieux diuégale température \ et cette variation dépend essentiellement de la qualité plus ou moins réfléchissante de ces surfaces , ou SUR LA RADIATION DU CALORIQUE, 167 ( ce qui revient au même ) de leur qualité d'être moins ou plus disposées à transmettre le calorique. §. 11. Les surfaces réfléchissantes, pour le calorique comme pour la lumière , doivent être naturellement su- posées telles des deux côtés de l'espace ( en dedans et en dehors du corps qu'elles terminent ). C'est aussi ce qu'at- teste l'expérience. §. 12. Expér. (i) Lessurfacesqui rayonnent le plus abon- damment ( comme le verre, ou mieux encore, la toile, le papier, un enduit végétal ) sont aussi celles qui reçoivent le plus abondamment le calorique qui leur arrive par voie de rayonnement. Une surface de métal poli réfléchit les — du calorique rayonnant qui lui arrive du dehors, et ne perd que le ^ du calorique contenu dans le corps qu'elle termine. %. i3. Nous aurons besoin d'un mot pour exprimer cette propriété de permettre plus ou moins l'entrée et la sortie du calorique rayonnant; propriété très-différente de la conductibilité, puisqu'elle ne s'applique qu'aux surfaces. Nous dirons radiable et radiabillté. §. 1 4- Considérons de plus près les effets des trois moyens de communiquer la chaleur, qui sont à la fois en action dans un gaz. i.° La chaleur passe lentement, par voie de contact , d'une particule à l'autre ; c'est un effet borné sur lequel nous n'avons rien de particulier à remarquer (2). 2.° Dans tout état de température , il y a rayonnement d'une (i) Leslie , W^lls, et autres. (■i) Sinon peut-être que c'est un vrai rayonnement à distance infiniment petite. l68 MÉMOIRE partie à l'autre , même à de grandes distances 5 il se fait en- tre toutes les parties de mutuels échanges, égaux ou iné- gaux. 3.° Il y a en outre un mouvement de translation du gaz chaud au gaz froid. Ce mouvement est principale- ment de bas en haut pour le chaud , et de haut en bas pour le froid ; d'où il résulte des courans ascendans et des- cendans. 11 y a aussi nécessairement quelque mouvement latéral , non-seulement pour opérer la liaison entre deux courans opposés j mais encore par le seul effet de l'expan- sion du gaz chaud et de la contraction du froid. Si donc une source de chaleur est appliquée au gaz d'un côté , il doit en résulter un mouvement constant jusqu à une cer- taine limite dans la totalité de l'espace qu il occupe ; car les parties échauffées sont remplacées par leurs voisines ^ et la même action, se propageant de proche en proche, pro- duit de constans déplacemens, §. i5. Dans un vase clos, ces effets se compliquent par l'influence de l'enveloppe , plus ou moins pénétrable au calorique et plus ou moins disposée à le transmettre. §. 16. Une grande masse de gaz libre présente quelques circonstances différentes. Sous cet aspect , nous n'avons à considérer que l'atmosphère. A égale température, ses cou- ches sont d'inégale densité. La loi , selon laquelle cette densité diminue en s' élevant , a été dès long-temps déter- minée. La chaleur, diminuant en général aussi dans les couches les plus élevées , doit raréfier les plus basses. Ces deux causes opposées doivent se compenser en partie , et à une certaine hauteur arriver à un maximum, auquel leur action devient insensible. Un corps exposé à l'inHuence SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. 1 69 de cette atmosphère doit communiquer de plusieurs ma- nièies avec ses couches sous le rapport de la température ; et il en doit résulter un effet moyen. §. 17. L'atmosphère terrestre repose sur un sol dont la température varie en chaque climat, et se modifie par 1 influence, annuelle et diurne, du soleil. A la vérité, l at- mosphère semble devoir être immédiatement soumise aux mêmes variations et modifications. Mais ( sans parler des causes locales, dont nous n'avons pas à nous occuper) il y a au moins deux causes générales de différences entre le sol et l'air quant à la température : i.° La mobilité de lair le fait communiquer avec les parties latérales tout autrement que le sol. 2." En supposant tout-à-fait suspendues ces communications latérales , il ne laisseroit pas d"y avoir une différence considérable dans réchauffement et le refroidis- sement de l'air et du sol, dépendant de leur nature propre. Le sol, surtout le sol humide, est en général plus radiahle ( §. i3. ) que l'air. Il s'échauffe et se refroidit plus vite par voie de rayonnement. Ainsi , lorsque le soleil répand le calorique sur l'un et sur l'autre, le sol contracte, pen- dant un temps donné, plus de chaleur que l'air; et en conséquence aussi il rayonne davantage. 11 fait avec les couches superposées des échanges désavantageux. A la vé- rité, la couche qui repose immédiatement sur le sol , com- munique a\'ec lui des trois manières que nous avons énu- méreés (§. 4i 5, 9). 11 doit se former des courans, à l'aide desquels s'établit une communication Uquidifornie ( §. 5. ) entre les différentes couches. Mais les faits prou- Mém. de la Soc. de Phjs. et d'Hist. nat. T. II. 2/Part- 22 lyo MÉMOIRE vent que cette communication a lieu aussi par voie de rayonnement. % i8. Cette dernière forme de propagation delà chaleur doit être conçue de la sorte. Des rayons émanés du sol, les uns rencontrent des particules d'air, qui les interceptent et q:ii rayonnent elles-mêmes en conséquence; d'autres ne fout point de telles rencontres, et vont se perdre dans l'es- pace. Il en est précisément de même des rayons émanés d'une couche quelconque. Los rayons quelle dirige vers le ciel éprouvent le même sort que ceux qui émanent du sol. Les rayons que la couche envoie vers la terre arrivent ' au sol si rien ne les arrête ; ou s'ils sont arrêtés par les par- ticules des couches inférieures, ils en accroissent le rayon- nement. 11 se fait donc des échanges , médiats ou immé- diats, entre le soleil et une couche quelconque; la plus élevée, ou l'espace vide, reçoit sans renvoyer. Et cette perte finale compense le gain provenant de linfluence so- laire. §. 19. De cette disposition doivent résulter les phénomè- nes siUvans : i.° Dans une grande étendue de terre, les lieux plus ou moins abrités, et de nature plus ou moins radiable , doivent exercer des influences variées. L air plus ou moins radiahle et transcaloreux , doit en être plus ou moins affecté. Il doit s'y former des courans en diverses directions. 2.° Au milieu de ces variétés anomales, il doit y avoir un rayonnement réciproque du sol et de l'air. 3.° Pendant la première partie du jour, ce rayonnement doit être plus considérable de la part du sol, parce quil reçoit et émet plus vite. 4-° Cet excès de rayonnement , produit SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. I7I far un excès d cchauffement , doit avoir un maximum. 5." H doit avoir ensuite son déclin; savoir, à l'époque oh lair se trouve avoir reçu ( à la faveur des courans et du rayon- nement) une chaleur supérieure à celle du sol. Celle su- périorité provient du défaut relatif de radiabilité de lair ; de sa lenteur à rayonner, à recevoir et à émettre. G.° Vers la fin du jour et pendant la ])lu3 grande partie de la nuit , l'air, jusqu'à une certaine hauteur, doit être plus chaud que le sol. 7.° Parles échanges, qui ont lieu constam- ment, un nouveau maximum doit être atteint 5 puis de suite un nouvel cchauffement relatif du sol par l'eilet de l'influence solaire ; et ainsi de suite. §. 20. Tout ce que nous venons de dire pourroit être vrai , lors même que les particules de 1 air se toucheroient, pourvu qu'elles fussent très-poreuses et suffisamment per- méables au calorique. On pourroit aussi concevoir la pro- pagation sous forme d'ondulation, et dire à peu-près les mêmes choses que nous avons présentées sous forme d'é- mission. Mais indépendamment des raisons tirées de la physique générale, ily a, danslasimplicité de l'explication, un motif de préférence en faveur de l'émission, et en faveur de la conception d'un fluide discret , dont les particules très- déliées sont séparées par des intervidles bien plus grands que leurs diamètres. C'est à cette conception qu'ont eu recours de grands géomètre» (1), et nous croyons devoir nous y tenir. (1) Voyez cnlr'aiilres le beau mémoire de Laplace sur la répulsion des Jluides élastique», Anu. de phys. cl de «h. i, j8. Oct. 1821. — Indt'pen- 172 MÉMOIRE §.2 1. Elle facilite singulièrement l'explication des phé^ nomènes relatifs à la propagation du froid. Ces phénomè- nes à la vérité sont quelquefois expliqués en apparence par l'introduction d'expressions, qui attribuent au froid une existence positive. Les inconvéniens attachés à une telle supposition doivent la fairerejeter, et il nous semble inutile de nous arrêter à les déduire. Du reste , s il n'est question que des mots , soit pour le froid soit pour les ondes , ce n'est pas la peine de chercher à se mettre d'accord. Pour nous, nous croyons devoir rester attachés au langage qui nous jîaroît représenter de plus près la nature. PARTIE IL APPLICATIONS. Les applications auxquelles nous nous bornerons ici , sont celles qui ont rapport à la propagation du froid, à l'in- fluence des surfaces de diverse nature sur le rayonnement du calorique, et à la température comparative du sol et de 1 atmosphère. (lamment de l'objet particulier pour lequel je le cite, on y trouve une savante et judicieuse application de la lliéorie de Féquilibre mobile aux pliénomènes relatifs à la capacité de chaleur des gaz plus ou moius raréfiés , et nombre d'autres spéculations utiles» SUR LA RADIATION DU CALORIQUE, lyS SECTION I. Propagation du froid. §. 22. La théorie de l'équilibre mobile, ou de la radiation à toute température, explique correctement les phénomè- nes relatifs à la propagation du froid ; en particidier ceux qui sont liés à la réflexion, et que d'autres théories n'ex- pliquent point. §. 2.3. Expcr. Dans un lieu de température uniforme , un réflecteur ne produit aucun changement de tempéra- ture. Mais s'il réfléchit les rayons d'un corps plus chaud (ou plus froid) que le local , il accroit la chaleur (ou le froid) (i) des points exposés à son influence, §. 24. Explication. Puisque des i-ayons se meuvent en tout sens 3 dans un lieu de température uniforme , cha- que rayon réfléchi remplace un rayon dii'ect que le réflec- teur intercepte, Mais si les rayons qu'il réflécliit émanent d'un corps plus chaud ( ou plus froid j que le local, chacun d'eux remplace un rayon moins chaud (ou plus chaud) que lui (2). §. 25. Expér. L'appareil des deux miroirs concaves prouve que la réflexion du froid est assujettie à la même loi que celle de la chaleur. (i) Respectivement. (2) Je crois, dans cette section, devoir être fort bref, et éviter de déve- lopper ce que j ai suffisamment dit ailleurs, en particulier sur cette expé- rience, dans les Mémoires de Berlin pour i8o4 , et aux §§. io5 et lo8 de mou traité du Calorique rayonnant. 174 MÉMOIRE §. 26. Cette expérience n'est qu'un cas particulier de la précédente, et par conséquent se trouve expliquée. §. 27. lienianjue. Cette explication est la même que je donnai en 1791, dans un mémoire inséré au Journal de Physique d Avril de cette année-là; que j'exposai de nou- veau en 1792, dans mes licclierches sur la chaleur; et, avec plus de détail, en 1809, dans mon traité du Calori- que rayonnant (i). Dans ce dernier ouvrage , j'ai fait voir que l'explication donnée par le docteur Hutlon, en 1794 » (2) nest pas la même que la mienne, et quelle repose sur des principes erronés (3). Cette explication huttnnienne se retrouve dans un extrait , qui fait partie de l'iiistoire de la Société royale d'Edimbourg, sous la date d'Avril i794- Elle y est présentée sous une meilleure forme , mais non sans un mélange d'erreur vers la fin du développement succinct que lui donne l'ingénieux historien (4). H paroît avoir ignoré , ainsi que le docteur Ilutton lui-même , que j'avois publié trois ans plus tôt l'explication qu'il sembloit entrevoir (5). (1) Caîvr. rnj. §§. 99 et 100. (■-') Dans quelques mémoires lus à laSocicléEovale d'EJimbourg en 179/)» cl daus un ouvrage public la même année sOus ce litre , A Disaerlalion on ihe phUosopliy oflight, heat andfire, Edinburglt , i^gi. (5) Calot: rcty. Noie D, p. 4^9- (4j II suppose que le thermomètre, qui occupe un des foyers tandis que l'autre est occupé par la glace, arrive à la température de l'air ambiant par le seul cficl de cet air en contact avec lui. (S) Il l'a probablement su plus tard. Et c'est peut-être la raison qui lui a fii'A emièrenieul supprimer la mention de cette prétendue explication dans la /'ic du Dr. Hiilton (lue en 181 3, ei insérée au tome 5 des Trans. de la Soc.Pi. d'Edimbourg), où il rassemble soigneusement lous les services rendus à la science par l'ami respecté dont il fait l'éloge. SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. lyS Postérieurement, MM. Trémery (i) , Davenport (2) , eh Holland (3), lont ingénieusement développée, de manière ^ la présenter sous une i'orme sensible ju=ques dans les moindres détails j et ont rendu par là un service important à cette branche de la science (4). §: 28. Expèr. La surface intérieure d'un cornet conique de métal poli réfléchit à sa pointe en contact avec lui le froid que l'on présente à sa base (5). §. 29. Cest encore une conséquence assez évidente de l'explication donnée ci-dessus (§. 2.!^.) ^ et je l'ai suffisam- ment développée ailleurs (6). §. 3o. Expér. Cette expérience du cornet conique a été variée , en substituant au cône droit de métal une suite d'an- neaux coniques de carton, inclinés successivement, de ma- nière à. former une espèce de corne, ou de trompe 5 un cône recourbé. En tournant l'ouverture de la trompe vers le feu , le thermomètre placé à la pointe a été notablement affecté (7). §. 3i. Cette expérience est sommairement indiquée. On ne dit pas qu'elle ait été variée , en substituant au feu un (1) Nouveau Bulletin des sciencesj Août i8i5 , N.° 71 , p. SaS. (^) Thoruson's Annale of phil. , May i8i5 , vol. 5, p. 358. (5^ Trans. R. Soc. Edinb. , vol. 9 , part 1 , p. 179, On the radiation of calorie, by tlie Rev. Thomas Crompton Holland. (i) Voyez aussi dans les Annals oj'pîiil. i8i5, eidansleJoiirn. dep/iys. 18 16, Quelques Remarques à ce sujet. (5) Rumford , Mém. sur la chaleur, p. i46. (6) Calor. rayonn. §. n 3. ij) Leslie , On certain impressions , etc. Trans. R. Soc. Edinb. t. 9. 176 MÉMOIRE corps froid. On ne donne d'ailleurs aucun détail compa- ratif de réchauffement, ni aucune autre circonstance. Voici donc ce que nous croyons devoir dire à ce sujet , à la suite des explications précédentes : i." Le carton, étant mauvais réflecteur, l'effet n'a pas dû dépendre des ré- flexions successives des parois intérieures (i). 2..° Mais- ces parois ont dû s'échauffer , et, par des échanges directs et in- direts, affecter le thermomètre. 3." Il a du aussi se former des courans d'air du chaud au fi'oid, et des courans de re- tour du froid au chaud. §. 3a. Cette expérience ne présente pas un cas de propa- gation du froid, et par conséquent fait ici digression^ mais elle devoit être placée à la suite de la précédente, dont elle est une variation. Une raison analogue nous fera ranger sous les chefs suivans, quelques expériences qui, sous ua certain rapport» appartiennent à celui-ci. SECTION n. ■ Influence des surfaces. §. 33. Nous rappelons que les phénomènes de cette classe appartiennent exclusivement à la propagation de la cha- leur dans les gaz, et dans le vide (§. 9). (Quelques sur- faces sont plus radiables que d'autres , c est-à-dire, plus susceptibles de s'échauffer ou de se refroidir par le rayon- nement. Celles qui réfléchissent le calorique en abon- (1) A moins toutefois qu'il ne fût tapissé intérieurement d'une surface polie et l'éiléchissante. SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. I77 dance, lui permettent plus difficilement le passage. Les métaux polis sont moins radiables que le verre j et celui- ci l'est moins que le papier, la toile, le noir de fumée et di- vers enduits végétaux. On verra , dans une section sui- vante, que le gazon est moins radiable que la terre fraî- chement labourée , et qu'il Test bien plus que l'air. Les expériences qui le prouvent sont nombreuses, et quelques- unes déjà anciennes. Un en a obtenu ce résultat. Le corps dont la surface est plus réfléchissanle malnlient plus long" temps sa température , et a moins de pouvoir pour la propager à distance. Le C.*" Rumford a fait plusieurs ex- périences à ce sujet (i), qui s expliquent aisément par la théorie du rayonnement (2). II est remarquable que cet ingénieux physicien ait jugé inexplicable 1 une de celles dont l'explication semble la plus simple (5). Celte circonstance m'engage à la mettre ici de nouveau sous les yeux des physiciens, §. 34. Expér. Deux vases cylindriques , exactement pa- reils , sont placés de manière à présenter chacun une base à un même thermoscope, également éloigné de l'une et de l'autre. Ces vases, chauffés ou refroidis intérieurement à volonté sont d'inégale température. L'un est à 4o° F. au- dessus j l'autre, à 40° F. au-dessous de la température du local. Soit que les bases des deux vases ( que Ion présente; (1) Mémoires sur la chaleur, Paris, Didot, 1804. [%) Du calorique rayounant, Paris et Genève, J.J. Pasctoud, 1809. §, iife (5) iM«in. sur la chai. p. 1 19 et 60. — Calor. ray. §. i38.^ Mém, de la Soc. de Fhys. et d'Hist. mi. T. II. s.' Part, z^ I7'8 ■ MÉMOIRK à la fois au thermomètre) aient tout l éclat d'nn métal bril- lant et poli, soit qu'on les ait recouvertes lune et l'antre d'iin enduit de noir de fumée 5 le thermoscope reste immo- bile. '^. 35. Gela paroit étrange au premier coup-d oeil , parce (ftte dans le premier cas , le thermoscope reçoit peu , et dans le second, beaucoup, de calorique émané de l'intérieur des vases. ■ Mais dès que l'on admet le rayonnement réciproque, la difficulté disparoît. En effet , dans les deux cas également, le thermoscope rend d'un côté ce qu'il reçoit de l'autre, au delà de léquilibre mobile établi dans tout le local , tant par voie de réflexion que par voie d'émanation. §. 36. Après avoir rappelé les expériences anciennes , il convient d'en rapprocher d'autres plus récentes et plus pré- cises. Ces expériences sont dues à M. Leslie, et sont pos- térieui'es à ses Recherches expérimentales sur la nature et la propagation de la chaleur (i) , que j'ai extraites et dis- cutées dans un autre écrit (2). Elles font partie du mémoire, inséré dans ceux de la Société royale d'Edimbourg (3), dont j'ai dit ci-dessus que j'emprunterois fréquemment les faits que je soumettrois à la discussion ($. i, notej. Dans ces expé- riences , les degrés indiqués sont des degrés millésimaux. (1) Experimeutal Inquiry , etc., by J. Leslie, London, i8o4. (aj Du calorique rayonnant, §. i43 et suiv. (5) On certain, etc., c'est-à-dire, sur certaines impressions de froid transmises des régions élevées de Calmosphère , avec la description d^un ifistrunient adapté à la mesure de ces impressions , far J. Lbslie , 1817. SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. I79 c'est-à-dire, des millièmes de l'espace compris entre le point de congélation et eeliii de l'eau bouillante , ou des dixiè- mes du thermomètre centigrade. §. 37. Expér. Deux globes creux très-minces , d'argent poli , pareils à tous égards , mais dont l'un est nu , et l'au- tre revêtu d'une enveloppe de papier ou de batiste ( exacte- ment appliquée à sa surface extérieure ), sont remplis d'eau bouillante, et suspendus dans unecbambre fermée. Le pre- mier (le nu ) ne perd que 1 1 degrés , dans le même temps pendant lequel le second (le revêtu) en perd 2.0 (i). §. 38. Expér. Deux globes creux de verre tout pareils , l'un nu, lautre recouvert dune feuille d'or ou d'argent, sont remplis d'eau bouillante, et suspendus dans une cham- bre fermée. Le nu perd 13" dans le même temps pen- dant lequel celui qui est doré ou argenté ne perd que 7°. §. 39. Expér. Les mêmes ditïérences , dépendant de la nature des surfaces dirimantes, ont Lieu pour le réchauffe- ment. Ainsi, les deux mêmes globes d argent, l'un nu, l'autre revêtu de papier ou de batiste, qui ont été employés dans la première des deux expériences précédentes ( §. 37. ), étant remplis dune eau plus froide que le local , et dan* les mêmes circonstances, acquerront dans le temps donné, de la chaleur, dans le même rapport dans lequel ils l'ont perdue, lorsqu'ils étoient remplis deau chaude. Le globe nu n'acquerra que 11° dans le même temps pendant le- quel le revêtu en acquerra 20. (.1 ) Dans celte expérience et les suivantes , l'observateur n*a pas indiqué ce' temps, duquel à la vérité oe dépend pas la comparaisoa de la radiabilité des surfaces. l8o MÉMOIRE §. 4^0. Ces expériences peuvent faire espérer un moyen de distinguer l'action des deux causes qui, dans un gaz, opèrent les changernens de température. Celle qui agit à la manière des liquides (la liquidiforme, §. 5.), n'étant point soumise à l'influence des surfaces (§. 8.), produit des ef- fets égaux sur deux globes pareils et de même température. Le rayonnement varie en faisant varier les surfaces 5 c'est à cette cause seule qu'est due la différence observée entre le refroidissement opéré dans le même temps sous l'or et sous le verre. §. 4i- Il sepourroit, par exemple, que sur les 11 et 20 degrés de la première expérience {§. 37.), il yen eût 10 pro- duits par la cause commune aux deux globes { la liquidi- forme )j ce qui réduiroit l'effet du rayonnement à 1° dans le globe nu, et à 10° dans le revêtu j et établiroit le rap- port de 1 à 10 entre l'effet du rayonnement, en un même temps , pour les deux espèces de surfaces ( de métal et de papier ). Mais une telle détermination n est pas autorisée. Tout nombre compris entre o et 11, offre une solution analogue. Un tel nombre pris arbitrairement pour dési- gner l'effet constant , puis retranché des nombres 1 1 et 20 , donnera, pour chaque surface , une valeur de leffet varia- ble, abstraitement possible. §. 42. De même, dans la seconde expérience (§. 38.), tout nombre compris entre 0° et 7° pourra représenter l'effet de la cause constante (liquidiforme). Par exemple , 6° j d'où, par soustraction, on auroit pour la cause variable (le rayonnement ) , par la surface de verre nu 7°, et par celle de verre doré 1°. Maison pourroit également (en con- SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. l8 1 sidérant le sujet d'une manière abstraite) attribuer à la cause constante une influence de 5°, ou de 4. ou de 3, etc. Pour faire un choix entre ces possibilités abstraites , il fau- droit des expériences comparatives très-variées. Nous n'en avons que deux à notre portée, que nous allons tenter d'employer. §. 45- Expêr. Plongez les globes de verre pleins d'eau bouillante ( l'un nu , lautre recouvert d'une surface métal- lique ) dans l'air atmosphérique raréfié 200 fois plus que dans son état naturel. Le globe de verre nu perdra 65 de- grés (au lieu de i3° qu'il perdoit dans l'air à son état na- turel ) , et le globe à surface métallique en perdra 2^ ( au lieu de 7). (i) §. 44- Observons ici , qu'en passant d'un milieu dans un autre, p.ex. d'un milieu dense dans un rare, il doit sans doute arriver un changement quelconque aux effets de l'une et de l'autre causes , de la constante et de la variable; mais que les rapports des deux effets produits par la variable ne doivent en éprouver aucun 5 puisque ces effets dépendent de la na- ture des surfaces , qui reste la môme dans les deux milieux. Le rayonnement peut augmenter ou dirtiinuer j mais le rapport du rayonnement du verre à celui du métal ( lié a leur qualité moins ou plus réfléchissante ) ne paroît pas devoir changer. §. 45. Dans l'air naturel, nous avons vu que, si l'effet constant (commun aux deux globes) étoit de 6°, le rap- port des deux rayonnemens étoit celui de 7 à 1 (§. 42). En (1 ) Toujours dans le même temps que ci-devant> Cela est sous-entendu. 182 MÉMOIRE s'attachant à cet exemple , et employant ce même rapport , on trouvera que, dans le vide, l'effet constant (liquiditoime) a été réduit à i^f ; car, en soustrayant cet effet (commun aux deux globes) des deux refroidissemens observés (6^ et 2^), on obtient pour le rayonnement du verre, 4||; et pour ce- lui du métal, ^; qui sont bien dans le i-apport de 7 à i. §. 46. En usant successivement des diverses suppositions possibles pour l'effet constant ( liquidiforme ) dans lair na- turel, et partant du principe, que le rapport des rayonne- mens qui résulte de chacune de ces suppositions doit sub- sister dans le vide, on arrive (i) aux résultais contenus dans la table suivante. En y exprimant la valeur de l'effet liquidiforme dans 1 air , on s'en est tenu aux nombres en- tiers, et l'on s'est borné à trois de ces nombres, parce que les autres donnent des quantités négatives pour l'effet dans le vide, et sont par là même exclus par lanature du sujet. (i) Soient, dans l'air, les refroidissemens observés, par la surface la plus radiable( le verre), p ; par la surface la moins radiable (le métal), m; et dans ce refroidissement , TinQuence liquidiforme , / ; on aura pour le rayon- nement delà. plus radiable, jj — /; et pour celui delà moins radiable , m — Z; tontes quantités connues, deux par l'observation, el une déterminée arbitrai- rement. Soient, dans le vide, ks quantités analogues , p' ,ni' , l',p' — i' ,m' — i', desquelles p' et m' sont données par observation. Employant le principe , on dira jj — l : m — l<=p' — i' -.ni' — Z' 5 {p — l)m'+(l—m)p' dou l' = — ; ce qui donne »' — i' et ni' — e^ SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. l83 Table donnant le rapport de Vinjluence des deux causes de change- ment de température d'un corps suspendu dans un gaz. -n > u ■^■^ -M 3 3 3 '^ •^ a MILIEUX ÉPROUVÉS. 1 g E ^ s = w .0 1^. a 1 i 5 3 ÉNONCÉ M~ 'a 3 c ^ p =^ eC n |- ■p =■ 0 p UK 2 SrPÎOSITIONS. Dans l'air i3 7 5 8 2 4:1 1 • ** 0' 1 -2 l-S ■*.i 1 .■*» ^ «• •-â 1 "* .a a li Dans le vide Cl 5 6 H 'è 4:i 1 "o a .a ,^ 1 ,3 s s • Cl Différence + * 4i 4 7 42 4:i ^ ai- •1 Dans l'air i3 7 4 9 3 3:i 1 -2 à^ ^••^i M ."^ -r^ . 1 *(sa 'S ^ << 1 '^ 'â 3 0 Dans le vide 6| oi "'4 8 6| 2^ 3:1 S i 1 ,•* H <3 •^ D f Différence * * 3î •^8 o5 "8 7 8 3:i 1 -. «:2 liL l I (-0 ■-- ". §. 47- Ainsi, dans toutes les suppositions possibles, l'ef- fet iiquidiforme (la propagation de la chaleur par le mou- vement intérieur du fluide ) a été moindre que le rayonne- l84 MÉMOIRE ment du verre nu. Nous ignorons sur quels faits, ou sur quels raisonnemens , se fonde l'auteur de ces expériences, pour présenter le rayonnement comme ayant des effets moindres, (^uoiquil en soit , des trois suppositions de cette table , la seconde est peut-être celle qui approche le plus de la vérité. Elle donne dans le vide un effet liquidiforme très-petit, comme il convient , et cependant ne tombe pas dans des fractions aussi petites que la troisième, ce qui pré- vient peut-être quelques doutes. §. 43- Par la suppression, ou la grande raréfaction de l'air , toutes les causes de refroidissement ont perdu de leur énergie, mais principalement la liquidiforme (comme l'atteste , dans la table ( §. 46. ) , la ligne des différences ). C'est aussi ce que l'on pouvoit attendre: car, i.° dans le vide, la liquidiforme n'a point d'action; dans l'intérieur du récipient , la chaleur ne peut pas être propagée par le mouvement de l'air que l'on en a ôté. 2.° Quant au rayon- nement, il doit avoir lieu dans le vide sous sa forme immé- diate; mais il ne peut exister sous sa forme médiate j le ca- lorique ne peut, dans le vide, être transporté de molécule à molécule. 3.° Bien que le rayonnement immédiat s'exé- cute librement dans le vide, il est finalement intercepté par l'enveloppe matérielle quelconque , qui entoure lespace vide dans lequel sont suspendus les globes chauffés ou re- froidis. §. 49- Ce dernier point doit être considéré de plus près. Quelle que soit la nature de l'enveloppe , ou de lenceinte matérielle qui entoure l'espace vide oii les globes se re- froidissent j que ce soit une enceinte vaste et irréguUère, SUR LA RADIATION DU CALORIQUE, l85 comme une chambre , ou une enveloppe sphérique homo- gène de peu d'étendue, telle qu'un ballon de verre 5 il est certain que sa température réagit sur celle du globe qui est suspendu dans son intérieur. Cet effet, dans un grand local, où l'équilibre de température a lieu, est lout- à-fait insensible. Mais si on diminue le local, et qu'on le ré- duise à devenir une enveloppe sphérique de quelques pou- ces , il n'en sera pas tout-à-fait de même j cette enveloppe pourra être réchauffée, et rayonner de la chaleur sur le globe qui en occupe le centre. Si cependant l'enveloppe est remplie d'air à l'état naturel, l'effet du rayonnement de l'enveloppe se confondra avec celui de l'impression pro- duite par l'air intérieur, qu'échauffe aussi le globe qui y est suspendu 5 cette dernière impression sera probablement beaucoup plus sensible , parce que le rayonnement immé- diat est fort diminué par la présence de l'air. 11 y aura donc une grandeur déterminée pour rendre sensible l'effet de l'enveloppe pleine d'air. §. 5o. Expér. Un globe creux de verre, de 3 pouces de diamètre, et rempli d'eau bouillante ( ou d'un mélange fri- gorifique), est suspendu au centre d'un ballon de 18 pouces de diamètre. En cet état, on le voit changer de température, à peu prèsaumême taux, que dans une chambre renfermée. 5. 5i. Expér. Si le ballon étoit beaucoup plus petit, l ef- fet seroit sensiblement diminué. §. 52. Expér. Due modification pareille auroit lieu, si le globe creux du centre étpit d'argent. §. 5.H. Dans ces expériences (données sans détail), il n'est question que d'un changement de température dans Màn. de la Soc. de Phys. et d'HUt. nat. T. II. 2.« Part. 24 186 ' MÉMOIRE lair à Fétat naturel. On n'y détermine que d'une manière un peu vague , la grandeur du récipient requise pour que l'olfet de l'enveloppe soit insensible. Mais au moins, on voit que cette grandeur aune limite. Et l'elfet de l'argent subs- titué au verre prouve que réchauffement de l'air intérieur, en particulier son effet liquidiforme, a ici la principale influencé. Dans le vide, cette cause nagit pas, mais l'en- veloppe réagit par voie de rayonnement immédiat, et i-e- tarde le refroidissement du globe. Si l'on reculoit indéfini- ment cette enveloppe, le rayonnement seul refroidiroit le globe central ^ ce refroidissement seroit sans doute moindre que lorsquil concourt avec l'action de la cause liquidi- forme, mais il seroit plus rapide que dans un ballon dont J'enveloppe contracte quelque échauffement. Dans un pe- tit récipient (dans un ballon de verre), il y a bien quelque communication immédiate avec l'air extérieur, parce que le verre en permet un peu (1)3 mais la principale commu- nication a lieu d'une manière médiate, par la radiation de l'enveloppe du côté du globe central. §. 54. Expér. Les mêmes globes de verre, pleins d'eau bouil- lante, qui ont été employés dans les premières expériences ((î§. 38, Sg , 43 ) , sont successivement plongés dans du gaz hydrogène. Ils y perdent, dans un même temps, lun (le nu ) 3i°, l'autre (le doré) 25. §. 55. Expér. Ce gaz hydrogène étant ensuite raréfié 200 fois plus que dans l'expérience précédente , les globes n'y perdent plus que i3° et 8° |. (1) Journ. de phys. T. 72 ( Février 1811 ) , p. 181 , §. 34. SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. 187 §. 56. On peut concevoir aisément que la cause liquidi- fonne varie d'un gaz à l'autre. Cela peut dépendre de la mobilité de leurs parties, ou de la rapidité de leurs parti- cules élémentaires ( si on les considère comme séparées et douées d'une vitesse propre), ou de toute autre manière. Mais , comme que Ion conçoive le milieu où est plongé un corps chaud ou froid, sa radiabilité ne paroît pas devoir changer. §. 57. Puis donc que les radiabilités des globes de verre ( nu et doré ) , employés dans ces expériences peuvent être supposées dans le rapport de l^ k i , dans le vide et dans 1 air commun (§. 47-) > il convient de les supposer telles dans tout autre gaz. §. 58. Dans le gaz hydrogène, où les changemens de température par les deux espèces de surfaces, ont été de 5i'' et 26° respectivement, la valeur des causes qui ont concouru pour opérer ce changement sera expi'imée par les nombres suivans •■ Cause commune ( liquidi forme ) .... 23°. Cause propre au verre nu (rayonnement ) . 8°. Cause pi'opre à la surface métallique (rayonn.) 2°. Après qu'on a fait le vide, les changemens, opérés dans le même temps, ont été réduits à i3° et 8° f. Ainsi , sup- posant toujours les rayonnemens dans le même rapport de 4 à I, on a, pour l'influence des causes les nombres suivans : Cause commune ( liquidiforme ) .... 7'|. Rayonnement du verre 5f, Rayonnement du métal i~. l88 MÉMOIRE Dans le gaz atmosphérique, la cause commune (llquî- diforme) étoit à celle qui a lieu dans le vide comme 6 à I. Dans le gaz hydrogène, comme c3 à 7^, ou un peu plus que de 3 à I. §. 59. Qu'est cette cause commune (liquidiforme) qui se manifeste dans le vide, et qui diffère d'un vide à l'autre, n étant point la même dans le vide représenté parla grande raréfaction de l'air commun, et dans celui qui est repré- senté par la même raréfaction du gaz hydrogène ? C'est un point de fait que l'observateur n'explique pas. 11 est diffi- cile de croire que de Ffiir commun, ou du gaz hydrogène , raréfié 200 fois plus que dans l'état naturel, puisse aider au refroidissement à la manière des liquides , et produire un effet sensible. Y auroit-il quelque différence dans les ap- pareils, si sommairement décrits ? Ou enfin, par quelle raison un vide agit-il plus ou moins qu'un autre vide? — Du reste, si les airs raréfiés ont dû avoir quelque influence, elle a du produire des effets analogues à ceux qui ont réel- lement eu lieu. — Il faut enfin .ajouter que l'influence qui donne lieu à la difficulté actuelle, quoiqu'elle soit devenue sensible dans ces expériences délicates , est néanmoins bien peu considérable , puisqu'elle n'atteint pas les | d'un degré du thermomètre centigrade. — Il est sans doute à dé- sirer que ces expériences soient répétées et variées. Quel qu'en soit le dernier résultat, on eu sera redevable, en par- tie au moins , au célèbre physicien qui les a le premier en- treprises. SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. 189 SECTION III. Phénomènes relatifs à la température du sol et de V at- mosphère. Les phénomènes de la rosée avoient été soumis, par Bé- nédict Prévost à d'ingénieuses expériences (i). Wells, en les observant d'une manière plus simple et plus directe , les a clairement expliqués, et a fixé nos idées sur la tem- pérature de l'atmosphère à différentes hauteurs. M. Leslie, à l'aide d'un instrument de son invention, a multiplié et varié les observations , leur a donné un nouveau degré de précision , et a présenté le sujet dans toute son étendue. (i) Bénédict Prévost avoit étudié, comme on sait, avec le plus grand soin, la préférence de la rosée pour certains corps , en particulier l'effet d'une armure métallique sur le dépôt de la vapeur dout se charge une lame de verre. Ces expériences avoient été en quelque sorte demandées par H. B. de Sacs- sure. A l'occasion de l'inégale disposition des corps de diverse espèce à con- denser les vapeurs aqueuses , ce physicien observe « qu'un carreau de verre , « qui se charge de rosée lorsqu'il est nu , n'en prend point du tout si l'une de « ses surfaces est armée d'une feuille métallique. » {Ensuis sur l'Iiygromélrie, §. i^i , note.) Il attribuoit à l'électricité ce phénomène alors imparfaitement analysé ; et , à l'époque où il écrivoit ( i^85), il ne pouvoit sans doute le rap- porter à sa vraie cause , si intimement liée à une théorie plus récente ; mais l'importance du sujet n'échappoit pas à sa sagacité. « Ce fait ( dit-il ) déjà ob- « serve par Mr. Du Faï , mais pourtant peu connu , pourroit être le sujet de « recherches bien intéressantes. » — Je ne crois pas que les expériences de BÉNÉDICT PnEvosT aient été provoquées par cette phrase; mais,, si elle avoit fixé plus tôt l'attention des physiciens, le progrès de la science en eût été peui-ètie accéléré. igo MÉMOIRE Il importe de discuter ces nouvelles données , et d'exami- ner jusqu'à quel point elles sont d'accord avec la théorie. Le soleil répand la chaleur sur la terre. L'air et le sol la reçoivent , mais ils n'en sont pas également affectés. §. 60. Expérience photoméLiique (1;.^ Par un ciel très- serein^ de toute la lumière du soleil, émise sous un angle de a5", la moitié seulement atteint la surface de la terre. Sous un angle de i5", seulement un vingtième. iJ. 61. Expér. De ces rayons qui atteignent le sol, très- peu sont réfléchis. Une plaine de sable ou même de craie , quelque soit son éclat, réfléchit à peine dans l'air la cin- ijuième partie de la lumière qui l'atteint. Un gazon vert, ou un sol noir, l'absorbe presque en entier. §. 62. De cette chaleur accumulée à la surface de la terre, une petite partie pénètre dans le sol; la plus grande se ré- pand dans l'air, par les moyens de propagation qui lui sont propres. Le sol s'échauffe plus que l'air dans le cours du jour; mais les nuages et le vent troublent cet effet. ^. 65. Expér. Par un soleil clair et un temps calme, la surface de la terre s'est trouvée quelquefois de3o°(2) plus chaude que l'air, à la hauteur seulement d'un petit nom- bre de pouces au-dessus d'elle. $. 64. Expér. Avec un ciel couvert, ou par un vent fort à la surface delà terre, cette différence alloit à peine à 5°. (i) Leslie, on certain impressions etc. C'est toujours dans cet auteur, et en particnlier dans ce mémoire, que nous puisons les faits dont la discussio» fait l'objet de cette ho'isième section. (2) .Millcsimaiiv(§. 36). SUR. LA RADIATION DU CALORIQUE. ir)l §. C5. La radia) jili Lé dus diverses espèces de sols, est fort différente. §. 6G. Expér. Dans les diverses circonstances énoncées ci-dessus (§$. 63. 64.), mais surtout par un temps calme, l'effet sur une terre fraîchement labaurée étoit plus que double de ce qu'il étoit sur un beau gazon. §. 67. Expér. Sur une place de la terre fraîchement la- bourée, on étendit une couche de foin sec. — En peu de minutes, la température de cette couche fut réduite au même degré que celle du gazon. §. 68. Expér. Une couche de laine donnale même résultat. §. 6g. Ces deux dernières expériences prouvent, que l'infériorité de chaleur du gazon n'est pas due à une supé- riorité d evaporation. §. 70. Expér. Par un temps couvert et dans un air. calme, la surface de la terre, dans un bois de sapins, avoit à peine 2° de chaleur. Dans une clairière voisine, elle eii avoit 8 ou 10. §. 71. Expér. A Edimbourg, environ deux heures après le lever du Soleil, le sol est de la même température que la couche d'air voisine. Depuis ce moment, il devient ordi- nairement plus chaud qu'elle jusqu'à n heures après-midi. Depuis cette époque, il se refroidit , et devient enfin moins chaud que l'air à peu près 2, heures avant le coucher du soleil. Pendant la nuit, ce refroidissement relatif ^a crois- sant. §. 72. Il faut observer que l'auteur, en parlant ici de la couche d'air voisine du sol , n'entend pas sans doute bor- ner l'effet à un point, au-delà duquel on Ta vu se réaliser. iga MEMOIRE A 220 pieds au-dessus du sol , dans les nuits calmes et se- reines, on a reconnu que l'air avoit communément une cha- leur supérieure à celle de la surface delà terre (i). C'est ce qu'explique bien la théorie du rayonnement d'après les don- née fournies par l'observation , c'est-à-dire , d'après la radia- bilité compai'ée du sol et de l'air ( §. 19). §. 73. Expér. Les différences de température entre le sol et les couches d'air contiguës sont comparativement très- petites; elles s'élèvent rarement au-dessus de la ^ème, peut-être même de la j^ème, de tout le changement diurne. §. 74- 11 résulte de là que, quand la différence du sol à l'air étoit de 3o° (comme dans l'expérience du §. 63), le changement de température qui avoit eu lieu pendant le cours des 24 heures, dans le sol seul, ou dans l'air seul , (ou la moyenne ) avoit été de i5o ou de 3oo degrés mil- lésimaux, c'est-à-dire, de i5 ou 3o degrés du thermo- mètre centigrade ; changement remarquable. Il est dom- mage que l'auteur ait supprimé le détail d'une obser- vation, ou plutôt sans doute d'une suite d'observations, à laquelle ce détail auroit ajouté de l'intérêt. §. 75. Quoiqu'il en soit de la grandeur de l'effet, sa réa- lité ne peut être mise en doute; et M. Leslie a contribué a le constater et à en déterminer l'étendue. Cet effet s'ex- plique par le rayonnement {§. 72.), mais sans exclusion de l'action des courans. Cette dernière cause, sur laquelle M. Leslie insiste, et qui est une suite nécessaire de la cons- (i) El dans ces limites la couclie d'air la plus liante est ordinairement la plus chaude. y^tWs, on de w, Two Essajs etc. London , 1818, p. ^21. SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. igS titution des gaz, est d'une difficile appréciation. La cha- leur que contractent les couches inférieures , compensant leur plus grande densité , produit un courant ascendant. Ce courant ne peut avoir lieu sans forcer les couches supé- rieures à descendre. Il y a action de deux causes opposées ^ aune certaine hauteur, elles doivent se compenser (§. i6- 19). Le rayminement, au contraire, n'a pas de bornes j et dans les plus grandes hauteurs on en éprouve les effets. Ce sont ces effets que mesure l'observateur, sous quelque nom qu'il les désigne. §. 76. Wells avoit bien compris et exposé l'effet du rayon- nement dans la production de la rosée. Il avoit reconnu l'influence d'un ciel serein et celle des nuages. Mais , dans le cours de ses nombreuses et utiles expériences, il n'avoit pas tenté de borner avec précision le rayonnement de l'air à certaines plages du ciel. C'est à M. Leslie, qu'en est due l'heureuse idée^ et il y a appliqué l'instrument de son in- vention , auquel il a donné le nom d'élhrioscope. C'est un thermomètre dont la boule occupe le foyer d'un réflecteur sphéroïdal. Ce réflecteur condense les rayons émis par la région de l'atmosphère vers laquelle se dirige son axe. Au- tour de cet axe, la région, dont l'instrument reçoit, con- dense et mesure l'influence, s'étend à 10 ou 1 5 degrés 5 mais c'est surtout de l'influence directe qu'il est affecté. Il est mutile d'ajouter que l'auteur donne à cet instru- ment diverses formes j qu'il y adapte son thermomètre dif- férentiel ; qu'à laide des deux boules de ce thermomètre , il compare immédiatement la température du ciel , tantôt à celle du sol, tantôt à celle de la couche d'air contiguë, etc. Mcm. de la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. T. II. a." Part. -S .ig^ MÉMOIRE NoLre dessoin n'est pas, en ce moment, de nous arrêter aux moyens d'observation, mais bien aux observations mêmes. Nous devons cependant ajouter qu'avant chaque expé- rience, le thermomètre est maintenu à l'état du local, par un couvercle qui réfléchit en dehors les rayons de l'air et qui renvoie en dedans sa chaleur propre, la même que celle du local. §. 77. Expér. Par un temps très-serein , l'instrument, dirigé vers le ciel, tantôt verticalement, tantôt sous tou- tes les inclinaisons, jusqu'à la hauteur de 20° au-dessus de l'horizon, accusa constamment 40 ou 5o° de refroidis- sement. §. 78. Expér. Temps tout-à-fait couvert : léthrioscope dirigé au zénith n'indique que 5° de refroidissement. Et sous toute inclinaison , jusqu'à 3o° de hauteur au-dessus de l'horison, il indique le même degré de température. $. 79. 11 résulte de ces deux expériences {%. 77, 78.) que lim pression theimométrique d'une partie de l'atmos- phère, comprise entre un petit nombre de degrés, est la même sous toute inclinaison jusqu'à 20 ou 5o° de hau- teur au-dessus de l'horizon. L'observateur explique le fait par la loi relative à l'obliquité de la surface , d'oili la cha- leur émane {§. 2)- Cette loi n'est pas moins d'accord avec la théorie du rayonnement qu avec toute autre. PeiU-être y auroit-il lieu d'examiner si elle s'applique aussi correc- tement à la sui'face irrégulière d'une nuée, qu'à une sur-^ face planée exprès avec soin. Quoiqu'il en soit , je propo- serai une explication plus immédiatement relative au rayonnement ($. 81 ). Elle m'est suggérée par une remar- I SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. 1 gS que de l'auteur, faite à 1 occasion de l'expérience sui- vante : §. 80. Expér. Par un ciel couvert de nuées élevées et toisonnées (1), l'instrument marquoit un refroidissement de 20"^ mais avec des vapeurs amassées, qui descendoient jusqu'à couvrir les pentes des collines, il ne mai-quoit pas plus de 5°. L'auteur infère de là que l'action réfrigérante dépend uniquement de la température du nuage, laquelle se rè- gle sur celle de la région où il est. Cette opinion paroît bien fondée. §. 81. Envisageons donc sous cet aspect une couche de l'atmosphère, parallèle au sol. Du thermomètre, à la sur- face supérieure de la couche , si l'on mène une ligne droitej la partie de cette ligue qui se trouvera comprise dans la couche sera proportionnelle à la ligne entière (2). Or , la partie comprise dans la couche représente le nombre des particules d'air , ou des points radians de cette couche , d'où émane le calorique qui atteint le thermomètre j et la ligne entière (3) représente les points qui intercep- tent la radiation de cette couche. Ainsi , tout change- ment d'inchnaison, ou de hauteur au-dessus de l'horizon, affecte de même la cause d'augmentation et la cause de di- (i) Fleecy- (2) Par conséquent proportionnelle à la co-sécanle de la bautenr. (3j l^a ligne entière moins la partie comprise dans la couche ; mais , outre que celte soustraction ne change rien à la proportion, on voit assez que la portion comprise dans la couche est fort petite relativement à loule la ligue. ,^6 'S'SrMP, MÉMOIRE rniniilion dû rayonnement de la couche au thermomètre. Donc, ce rayonnement est une quantité constante 5 et le thermomètre n'y doit point indiquer de variation. Mon but, en hasardant cette explication, est de mon- titr que le rayonnement pom-ra, mieux que toute autre théorie, résoudre les questions qui naissent des faits obser- ves. Mais peut-être des expériences répétées et variées jet- teront un nouveau pur sur ce sujet. §. 82. Les faits que nous avons rassemblés , et tous ceux qui sont consignés dans la belle dissertation de Wells sur la rosée , s'accordent pour présenter l'air sous l'aspect que nous offre , pour ainsi dire , spontanément la tliéorie du rayonnement réciproque ou de l'équilibre mobile ( §. 19). î'endant le jour, le soleil échauffe la terre plus que l'air, parce que celui-ci est moins radiable; et la terre fait avec lair des échanges à perte. Le contraire a lieu pendant la nuit. L'air débite lentement le calorique qu'il a lentement emmagasiné. Il rend à l'espace et à la terre ce qu'il en a reçu. Entre ces deux influences opposées , il y a deux maximumsj l'un , peu après la culmination du sgleilj l'autre, peu après son lever. SECTION IV. Faits analogues. A la suite des phénomènes relatifs à la température du «ol et de l'atmosphère, nous croyons devoir placer quelques faits analogues , cités occasionnellement dans le mémoire d'oiiles précédens sont extraits, et qui dépendent des mêmes causes. SUR LA RADIATION DU CALORIQUE. Ï97 §. 83. Expér. En hiver, dans une chambre où on eii- <îfetenoit un feu constant, on plaça, sur la tablette inté- rieure de la fenêtre, un éthrioscope, dirigé vers le haut du mur opposé. En ouvrant la fenêtre, l'instrument se trouvoit plongé dans un air froid, qui ne pénétroit pas bien avant dans la chambre. — L'instrument accusa 5 ou 6" de chaleur, causés par l'excès de température de l'air éloigné. — Cet ef- fet se proportionnoit au froid extérieur. (J. 84. Expér. Dans un appartement clos , où l'on en- tretient un feu constant, on trouve, avec l'éthrioscope , l'air supérieur plus chaud que l'inférieur 5 le plancher et le plafond sont chacun à la température de la couche qui lui est contiguë. L'instrument accuse la moyenne des tem- pératures des couches vers lesquelles il est dirigé. §. 85. Expér. Un thermomètre est dirigé vers la terre à la distance de quelques pieds. Par un ciel serein, on passe sous cet instrument un baquet d'argent. L'instrument in- dique un refroidissement de 26°. — C'est la réflexion du ciel. §. 86. Expér. On interpose une feuille de verre. — L'ins- trument ne marque plus que 2° de refroidissement. §. 87. Expér. On ôte la feuille de verre, et l'on verse dans le baquet assez d'eau seulement pour le recouvrir d'une mince couche de liquide. — Tout l'effet réfrigérant est détruit. §. 88. C'est peu la peine d'entrer dans le détail du mé- lange de rayonnement et de conductibilité, qui produit ces divers effets. §. 89. La plupart des expériences contenues dans le mé- 1(^8 MÉMOIRE moire de M. Leslie, dont nous avons fait emploi (i), fu- rent faites en Septembre et Octobre 1817, au sommet de la tour de Raith. §. 90. Le résultat de la discussion de ces nombreuses ex- périences est, si je ne me trompe, d'ajouter quelque force aux argumens sur lesquels repose la théorie de l'équilibre mobile. Pour plusieurs corps, en particulier pour les gaz, le rayonnement immédiat (cette portion du calorique qui se meut sans obstacle), comparé à la chaleur interne, est probablement une quantité assez petite. Elle est accrue par le rayonnement médiat (celui qui a lieu d'une par- ticule à une autre qui en est plus ou moins éloignée ). Indépendamment de ces roouvemens du calorique, il se forme, dans les gaz comme dans les liquides , des cou- rans qui propagent la chaleur. On doit attribuer principalement au rayonnement im- médiat les phénomènes qui supposent une propagation très-rapide , tels que la propagation du froid dans l'appa- reil des deux miroirs concaves. Ces phénomènes et cer- tains effets de la nature des surfaces ne peuvent s'expli- quer que par la théorie du rayonnement réciproque , ou de réquUibre mobile. (i) On certain impressions, etc. Trans. R. S. E. t. SUR tA RADIATION T3U CALORiqUE, 199 Ceux qui tiennentàla température respective du sol et de l'atmosplière , sont d'une nature plus compliquée , et pro- bablement dépendent à la fois des courans et du rayonne- ment , tant médiat qu'immédiat. En y appliquant la théo- rie du rayonnement réciproque, on réussit, mieux que par toute autre, aies expliquer d'une manière intelligible. MEMOIRE SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION SE LA LONGITUDE DE GENÈVE , PRÉCÉDÉ d'un COUP-D'ŒIL SUR CELLES QUI ONT ÉTÉ OBTENUES ANTÉRIEUREMENT J Par Alfred GAUTIER, Prof. X« à la Société de Physique et d'Histoire ?iaturelle , le so 3Iars t8s3 (i). L/A plus ancienne observation astronomique faite à Genève, à ma counoissance, et d'où l'on ait pu déduire la longitude de cette ville , est celle de l'éclipsé totale de soleil du 12 Mai (1) Ce Mémoire a été revu dans riniervalle de sa lecture à son impression, qui a eu lieu en Mars 1 824' Mém. de la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. T. II. 2* Part. -6 202 MEMOIRE 1706, qui y fut faite par le professeur de philosophie Jean- Antoine Gautier, mon ancêtre, et par Pierre Violier, qui fut depuis professeur de géographie. Cette éclipse fut observée aussi au château de Duiilier, près Genève, par Jean-Chris- tophe Fatio, membre de la Société Royale de Londres , qui en rendit compte à son frère, Nicolas Fatio de Duiilier, dans une lettre , assez curieuse , publiée en anglais dans le n.° 3o6 des Transactions Philosophiques^ vol. ^5, p. 2241 , et où la longitude de l'Eglise de St. Pierre à Genève est évaluée à 4° 8' 43", soit 16"' 35' de temps à l'est de Paris (1). On trouve la même observation consignée dans les Mé- vioires de l'académie Royale des Sciences de Paris pour 1706, p. 466; et Jacques Cassini y déduit de la comparai- son des instans du commencement et de la fin de l'éclipsé totale à Genève, où elle dura trois minutes, et à Paris, où elle ne dura que deux minutes et demie , la différence en, temps des longitudes des deux lieux, savoir 16"" 82^ d'a- près le commencement, et 17"" 2= d'après la fin. Le volume suivant des mêmes mémoires contient encore, p. 359, l'observation d'une éclipse de lune, faite à Genève par M. Gautier, le 16 Avril 1707 ; et la différence des ins- tans de l'émersion à Genève et à Paris , donne à Cassini 17™ 28' pour la longitude de Genève. Cette longitude est évaluée 317"" dans la table des posi- tions géographiques de la Connoissance des 2'emps de (i) La valeur de 46° 1 2' qu'on y trouve de la latitude de Genève est encore celle adoptée maintenant» SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 2o3 l'année 1686, qui est la première où on la trouve; elle ne l'est plus qu'à 16" 36^ dans celle de 1706, et à 16"" dans celles de 1708 à 1748* où cette valeur est présentée comme déduite d'observations astronomiques . La table de la pi. 1 5 de l'atlas céleste de Doppelmayer, publié à Nuremberg en 1742 , donne aussi la longitude de Genève de j G"" 2% en in- diquant qu'elle résulte des observations d éclipses de Lune et de Soleil de MM. Gautier et Violier. Dès-lorsle professeur Jean- Louis Calandrini, et d'autres peut-être, ont fait à Genève quelques observations isolées, comme on peut le conclure de la lettre que le premier adressa à l'Astronome de Loys de Cheseaux de Lausanne , à l'occasion de la Comète de i744» ainsi que de la proposi- tion qui fut faite au Conseil d'Etat, dès 1741, d'établir un ob- servatoire à Genève (i). Mais ce n'est que depuis l'époque ©ù commencèrent les observations faites régulièrement et avec de bons instrumens, par le professeur Jacques- André Mallet, secondé de M. Jean-Louis Pictet-Mallet son beau- frère, de M. Jean Trembley et de M. le professeur Marc- Auguste Pictet, que la longitude de cette ville a pu être dé- terminée avec quelque précision. Dès l'année 1768, quatre immersions du premier Satel- lite de Jupiter, observées à Genève par M. Mallet , et à Paris, Stockholm, Schwezingen et Cremsmunster par Mes- sier , Wargentin, Mayer et Fixlmillner, donnoient cette longitude de i4"' Sg', valeur bien plus rapprochée de la (i) Voyez Traité de la Comète de 1744 ! par M. de Cheseaux , p. 92 . et Fragmens Biogr. et HLst. sur Genèfe , par M. Greuus, p. 807. 2o4 MÉMOIRE véritable que les précédentes , mais qui s'en écartoitensens contraire. Les observations d éclipses de Satellites de Jupiter, faites à Genève, de 1771 à 1780, par MlM. Mallet, Pictet et Trembley, et depuis 1773 à l'observatoire, muni d'une lu- nette méridienne, ont été publiées en partie dans le Re- cueil pour les astronomes, de J. Bernoulli , t. 2, p. 322 , ainsi que dans les Ephérnérides de Berlin pour 1778 et 1781, et comparées avec soin par M. Mallet, dans un cahier manuscrit, avec celles des principaux, astronomes de ce temps. Elles donnent , en se bornant aux résultats déduits du premier Satellite, comme étant les plus exacts: d'après 29 immersions iS"" 11', t 24 émersions iS"* i8\ 4 ce qui fait en moyenne iS" i4''75 M. Mallet s'étant établi dans sa maison de campagne à Avully , près Genève, et y ayant fait transporter ses ins- trumensen 1782, y observa encore, de 1788 à 1785, quel- ques éclipses de Satellites. La moyenne de quatre im- mersions et de quatre émersions du premier Satellite , comparées avec les observations correspondantes faites à Paris, Greenwich et Marseille, donne 14"^ 4i'<45 pour la longitude d' Avully, et par conséquent i5'" 17% 4^ pour celle de Genève , en adoptant 36^ pour la différence en temps des méridiens des deux lieux, telle qu'il lavoit con- clue avec M. le professeur Pictet, d'une mesure trigonomé- trique. (Voyez Acla Academiœ Scientiarum Imperialis Petropolitanœ pour 1782 , P. i , p. 336.) (i) (1) La triaDgiUatiou faite eij 1818 et 1819, aux environi de Genève, par SUR LA LONGITUDE DE GENÈ\^. 2o5 Mais les occultations d'étoiles par la Lune observées par cet estimable et laborieux astronome, lui fournirent en- core un moyeu plus précis de déterminer la longitude de Genève, et ses registres , tenus avec l'ordre et l'exactitude qui le distinguoient , contiennent : 1° Seize observations d occultations faites à Genève , de 1774 à 1780, outre celles de l'éclipsé du Soleil du 24 Juin 1778, et de deux éclipses de Lune observées en 1776 et 1780, la dernière par M. le professeur Pictet. 2." Les observations de sept occultations d'étoiles faites à Avully de 1783 à 1786, l'éclipsé de Lune du 10 Septem- bre 1783, l'occultation de Vénus du 12 Avril 1785, obser- vée à Genève, le passage de Mercure sur le Soleil du 4 Mai 1 786 , que M. Mallet observa à Avully , avec MM. les professeurs Pictet et Picot, et l'éclipsé de Soleil du i5 Juin 1787, dont il observa le commencement avec M, le Baron de Zach et M. Trembley. Il neparoît pas, cependant, que M. Mallet ait déduit du calcul de toutes ces observations la longitude de Genève et d' Avully , dans bien des cas, probablement, faute d'ob- Mr. de Lostende , officier au corps royal d'état-major français , avec un théo- dolite répétiteur de Schenck , à l'occasion de la délimitation des territoires français et suisse , ayant permis de lier de nouveau l'observatoire d' Avully avec le clocher de St. Pierre à Genève , j'en ai déduit 35', 4 pour la quantité dont le premier de ces points est a l'ouest du second en secondes de temps ; et comme le clocher de St. Pierre est d'environ o', 66 à l'ouest de l'obser- vatoire de Genève, ainsi que nous le verrous plus bas, il en résulte 56', o6 pour la dJEférence des deux observatoires, ce qui confirme d'une manière sa- tbfaisante l'évaluation de Mr. Mallet. 2o6 MÉMOIRE servations correspondantes; et quoiqu'il eût envoyé à l'Aca- démie de Pétersbourg, eu 1779 et 1786, les calculs de quinze de ces occultations et la comparaison des lieux de la Lune qui en résultent , avec ceux donnés par les Tables de Mayer (Voy. Acta Acad. Petrop. 1778 P. 1 , pp. 280- 296, et levol.de 1782 déjà cité), je ne trouve , d'après les notes de lui que j'ai entre les mains, l'indication que de sept observations de ce genre dont il paroisse avoir pu con- clure la longitude de Genève , tant d'après ses calculs que d'après ceux d'autres astronomes. Je vais énumérer suc- cessivement ces observations et leurs résultats. La première est l'occultation d'Aldébarandu 1 4 Avril 1774» calculée par Lexell dans le t. xix des Novi Comment. Pe- tropol. , d'après les observations faites à Paris , Péters- bourg et Genève. Il en déduit, p. ôgS, pour cette der- nière ville, une longitude à l'Orient de Paris de 1 5™ 1 4' d après 1 immersion, et de i5™ 1 5^ d'après l'émersion , en ne considérant que les observations de Paris et de Genève, et de 15" 16* en y faisant entrer comme intermédiaires celles de Pétersbourg , ce qui donne pour résultat moyen iS"- I5^ La seconde est l'éclipsé de Soleil de 1778, calculée pour divers lieux de la Terre : soit par Lexell , dans la seconde partie des Acta Petrop. pour 1778 , p. 3o3, soit par Reg- gio et M. Oriani, dans les Ephéméridcs de Milan pouc 1780, pp. 267 et 259. Il en résulte, selon les calculs de Lexell, Reggio , Oriani. d'après l'observât, du commenc. 1 5"" 28', 5, 1 5" 2 1 . 1 5'" 2 1 ^ i . de la fm i5 16, 5.1 5 18. 1 5 16,8. SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 207 en adoptant, d'après la Conn. des Temps de 1825 , p. 36o, 9°' 20', 5 pour la diflférence des méridiens de Paris et de Greenwich, au dernier desquels les déterminations de Lexell et de M. Oriani sont rapportées, et 27"° 25^ P9Hr ^^ différence des méridiens de Paris et de Milan , afin de ré- duire les résultats de Reggio rapportés à ce dernier méri- dien. La troisième est 1 emersion de 1 étoile » du Scorpion le 5 Juillet 1778, observée et calculée par M. Mallet pour Ge- nève, et par M. Qriani pour Milan {Ephém. de 1780, p. 266). En comparant les- instans de la conjonction pour cha- que lieu, etadoptant toujours la même longitude pour Mi- lan , on trouve pour celle de Genève . . 1 5™ 22% 4. La quatrième est l'occultation de>- du Cancer du 27 Fé- vrier 1779, observée et calculée par M. Mallet pour Ge- nève, et par Reggio pour Milan {^Ephém. de 1781, p. i65). Il en résulte , par l'immersion . . . . 1 5"" 6^ 8. par lemersionjtxir. . . 14"" ^g. La cinquième est l'occultation de 4. du Sagittaire, obser- vée à Paris et à AvuUy , le 22 Juin 1785. Elle donne, d"a- près une note de M. Mallet , une différence des méridiens de 14"" 4o% dV)ii résulte pour la longitude de Genève une valeur de i5" ^6^ La sixième est l'occultation de « des Gémeaux du 22 Oc- tobre de la même année , qui donne de même , selon M. Mallet, l5'"l3^ La septième est le passage de Mercure de 1786, dont les 208 MEMOIRE observations faites à Paris et Avully donnent , selon M. Mallet, pour la longitude de Genève, iS"" l7^ Il paroît qu'il attachoit une valeur particulière à ce der- nief^ï'ésultat j car après avoir adopté, d'abord, d'après ses pre- mières observations d éclipses de Satellites, l4™4o^ puis 3 4"" 5o% puis 15"" pour la longitude de Genève, il dit qu'il s'en tiendra pour celle d'AvuUy à la valeur de 14™ 4^^ qi^i résulte de ce même passage. M. Mallet cite enfin , comme une dernière vérification , la comparaison , qu'il fît probablement en 1787, d'une montre marine , réglée à Londres un an auparavant par M. le Baron de Zach, et qui lui donna, en admettant g"" 16^ pour la différence des méridiens de Paris et de Green- wicb, i5™ II' pour la longitude de Genève. Manquant en ce moment des moyens et du temps néces- saires pour discuter plus amplement chacun des résultats précédens, pour apprécier leur valeur, en repassant les calculs sur lesquels ils sont fondés, et pour chercher à les rendre plus nombreux, s'il est possible, par le calcul de quelques autres observations , je me bornerai , provisoire- ment du moins , à prendre le milieu de ces résultats comme devant offrir déjà une évaluation assez exacte de la longi- tude de Genève, quoique plusieurs s'écartent plus de la moyenne quil ne seroit à désirer. Résumant donc ce qui précède, et éliminant seulement le résultat des quatre immersions du premier Satellite de 1768, comme différant trop de la valeur moyenne, ainsi que celui déduit de la montre marine, comme paraissant fondé sur un moyen d un genre trop incertain : SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 209 Les éclipses du premier Satellite de Jupiter de 1771 à 1780 donnent iS" i4%75. Celles de 1783.^11785 i5 17, 45- L'occultation dAldébaran de 1774, • • i5 i5. La fin de Icclipse de Soleil de 1778, d'après Lexell et Uriani 1 5 1 6,6. L'émersion de V du Scorpion de j 778 , . i5 22,4' L'immersion de î- du Cancer de 1779, . i5 6,8. L occultation de 41 du Sagittairede 1785, . i5 x6, — — 6 des Gémeaux , . . . i5 i3. Le passage de Mercure de 1786, . . . i5 17. Et le résultat moyen entre les 9 précédens est i5'" i5',44' Les opérations géodésiques exécutées dans la partie orien- tale de la France et occidentale de la Suisse , vers l'année 1809, par le corps des ingénieurs géographes Français, et spécialement par M. le Colonel Henry et M. le Capi- taine Delcros , ont fourni un autre moyen très-avantageux de déterminer la longitude de Genève , dont il a été rendu compte dans le l^i.^ vol. de la Bibliothèque Britannique , pp. 3o5-323. Le clocher de l'église de St. Pierre s'est trouvé lié ainsi à celui de la cathédrale de Strasbourg, par une chaîne de douze grands triangles , dont les trois angles ont été obser- vés par quarante à cent duplications au moins, avec un cercle répétiteur de Borda, de 18 pouces de diamètre. Cette chaîne a été appuyée sur une base de plus de dix mille toi- ses, mesurée près d'Ensisheim, en Alsace , avec des règles de piatine envoyées pour cet effet par llnstitut de France. Mém. de la Soc. de Phys. et d'Misi. mt, T. II. a.' Part. 27 210 MÉMOIRE Elle a été orientée par l'azimuth du côté Strasbourg-Donon, déterminé à l'aide d'une suite de séries angulaires entre Donon et l'étoile polaire, observées de jour. 11 en est résulté, pour la différence de longitude entre Strasbourg et Genève, un arc de 1 6'-,78u747- soit i°36'9",62 dont la première ville est à l'Est de la seconde. Et comme la longitude de Strasbourg, telle qu'elle a été adoptée par les Ingénieurs Fran- çais, est de 5''25'o",28 on tire de là , pour celle de la Tour de l'horloge de St. Pierre 3°48'5o".66. Mais l'observatoire est placé à l'Est de cette Tour d'une quantité évaluée par M. le professeur Pictet à 9'', 84 d'après une petite triangulation faite avec soin à cette occasion. Il en résulte donc pour la longitude de l'ob- servatoire 3°49'o"'5 soit: iS^'iôSoS valeur qui ne surpasse la moyenne précédenteque d'environ une demi-seconde. Le résultat donné dans la BibL Brit. n'était que de i5"' i4S4' parce qu'on n'avoitpu y faire entrer pour la longitude de Strasbourg qu'une valeur provisoire. Mais le résultat actuel coïncide avec celui qui se trouve consigné dans les registres du dépôt de la guerre à Paris, ainsi que l'obligeance de l'un des officiers supérieurs attachés à ce dé- pôt m'a permis de m'en assurer moi-même (1). Il paroît , (1) La longitude de la station de Genève y est évaluée à 3° 48' 5i", ce qui donne iS"" i6', o5 pour celle de l'observatoire en temps. SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 211 d'ailleurs , que les opérations qui ont été exécutées récem- ment pour la mesure delà perpendiculaire à la méridienne de Paris, comprise entre Brest et Strasbourg, et qui ont été dirigées par M. le Colon. Henry pour cette dernière ville, n'ont pas indiqué de changemens à faire à la valeur de sa longitude. 11 restoit à lier les opérations géodésiques de l'Est de la France , avec celles d'Italie d'un côté et du centre de la France de l'autre j et Genève étoit devenue , pour ainsi dire, le chaînon intermédiaire naturel de cette liaison. Aussi MM. Henry et Delcros, qui y étoient venus en i8i3, pour en déterminer de nouveau la latitude, étoient-ils chargés def- fectuer alors cette jonction , lorsque les événemens politi- ques obligèrent à y renoncer pour le moment. 11 eut été tort à regretter qu'un projet aussi utile en lui- même qu'intéressant pour nous, n'eût pas été réalisé. Heureusemt«t , des circonstances favorables se sont de nouveau présentées pour 1 exécuter d'une autre manière ; et je vais maintenant rendre compte de la part que M. le professeur Pictet et moi avons été appelés à y prendre , ainsi que des résultats que j'en ai déduits pour ce qui con- cerne notre longitude. C'est vers la fin de l'été de 1823 que se sont réunis à Chambérydes Commissaires Français et Italiens, chargés par leurs gouvernemens respectifs de compléter, par des opérations astronomiques, la liaison des grandes triangu- lations de France et d'Italie, pendant que des Ingénieurs Piémontais et Autrichiens en exécutoient, chacun de leur côté, lajonGtion géodésique, à travers les montagnes de la 312 MÉMOIRE Savoie- Ces Commissaires étoieiit '• M. Cailini , l'un des directeurs de l'Observatoire Impérial et Royal de Milau; M. Plana, Astronome Royal à Turin; M. le Colonel Brous- seaud, du Corps Royal des Ingénieurs Géographes Français et M.iS'icollet, Astronome-Adjoint de l'Observatoire Royal de Paris. Le but scientifique principal de ces opérations, pour les- quelles ces Commissaires ont été munis de tous les moyens nécessaires et spécialement d'instrumens des plus habiles artistes, est, en rattachant les triangulations l'une à lautre, gëodésiquement et astronomiquement , de déduire de là finalement la longueur et l'amplitude de Tare terrestre de longitude de près de qLiinze degrés et demi, compris en- tre les rives orientales de 1 Océan Atlantique et de la mer Adriatique . depuis les environs de Bordeaux, jusqu'à Fiume en Istrie ; et d'en conclure par conséquent la cour- bure delà Terre dans le sens des parallèles , où. elle n'a pas encore été suffisamment déterminée, sous le parallèle de 45°, moyen entre le pôle et l'équateur- La proximité de Genève de ce parallèle et sa liaison avec le réseau trigonométrique de lEst de la France, rendoient convenable qu'on la rattachât à cette opération. Mais cette «adjonction étoit surtout importante pour nous, en nous permettant de liera la fois notre position en longitude à celle des principaux observatoires de France et d'Italie , et de coopérer en quelque manière à un aussi beau travail , confié à des mains si habiles. Aussi acceptâmes-nous avec empressement, M. Pictet et moi, l'obligeante invitation que M. Nicollet voulut bien SUR LA LONGITUDE DE GENÈVE. 2l3 nous venir faire lui-même à Genève, de nous joindre à la Commission et de nous rendre à la conférence de Cham- béry, pour assistera la détermination du plan de campagne définitif. Les astronomes Italiens avoient déjà mis la main à l'œu- vre l'année précédente , en établissant un petit observatoire près de l'hospice duMont-Cenis, et déterminant, à l'aide de signaux de feu donnés sur la montagne de Rocca Melone ou la Roche Melon (élevéede 1792 toises au-dessus du niveau delà mer et distante de Milan de 86000 toises), la diffé- rence de longitude entre l'Observatoire du Mont-Cenis et celui de Milan , par trois séries consécutives de dix signaux, dont les résultats moyens s'accordoient entr'eux à deux ou trois dixièmes de seconde près (Voy. les Ephém. de Milan pour 1823, p. 28, de V Appendice). 11 ne restoit donc plus qu'à lier la station du Mont-Cenis avec lune de celles de la grande triangulation du centre de la France dans le sens des parallèles, exécutée en grande partie par M. le Co- lonel lirousseaiid lui-même, et poussée d'un côté jusqu'à l'Océan Atlantique, et de l'autre jusqu'au Mont-Colombier. Cette montagne est située en France , près des bords du Rhône, au-dessus de CuUeset de Seyssel, vers l'extrémité mé- ridionale de lachaîne du Jura, et sa sommité, élevée d'environ 800 toises au-dessus delà mer, se trouve heureusement vi- sible de Genève, à travers une échancrure du Mont de Sion. En conséquence il fut arrêté : 1.° Que MM. Plana et Carlini s'établixoient, le premier sur le Mont-Cenis et le second sur le Mont-Colombier ; et qu'ils y observeroient simultanément l'un et l'autre, des 2l4 MÉMOIRE signaux de feu à poudre, allumés par un offi> ier, muni d'un chronomètre, sur lei\iont-Tabor en Maurienne, élevé, d'environ ib'oo toises au dessus du niveau de la mer, et si- tué de manière à être visible à la fois du Colombier et du Col delà llella, près du lac du Mont-Cenis. 2..° Que MM. Brousseaud et INicollet se rendroient sur ime montagne d'Auvergne appelée le Puy d'Isson, près d'is- soire, l'une des stations de la triangulation Française, et y observeroient, conjointement avec M. Carliniau Colombier, des signaux de feu , du même genre que les premiers , don- nés sur la montagne de Pierre sur Autre , près du Mont- Brison en Forez, 3." Que M. Carlini feroit encore allumer près de son ob- servatoire du Colombier, de pareils signaux, qui seroient observés par lui ainsi que par nous à Genève. On convint aussi de quelques signaux d'avertissement , qui annonceroient le commencement et la fin des opéra- tions. Nous reçûmes une copie du programme détaillé de ce qu'il y avoit à faire sur chaque point , dressé de manière à ce que chaque observation pût avoir lieu commodément , sans se nuire lune à l'autre ; et, de retour à Genève, nous nous préparâmes à exécuter de notre mieux ce dont nous avions été chargés. Nous jouissions, en cette occasion, d'un grand avantage : celui d'opérer dans notre Observatoire , où nous avions une pendule et une lunette méridienne tout établies , avec les- quelles nous pouvions déterminer exactement le temps ab- solu; et des lunettes achromatiques que nous pouvions fi- xement diriger sur le Colombier pour y observer chacun SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 2l5 des feux, dont nous connoissions l'époque d avance par le programme. Nous eûmes de plus un temps très-favoraljle pendant les cinq jours où les signaux furent donnés, du 3 au 7 Septembre. Ils le furent au nombre de six chaque jour, de trois en trois minutes, depuis S*" Si"" jusqu'à g'' 6" du soir; et quoique chacun ne fût que d'une livre de poudre, plusieurs personnes les distinguèrent très-bien à la vue simple, malgré la distance d'environ 24000 toises qui nous en séparoit. Nous étions trois à les observer , M. le professeur Pic- tet , son petit-fils M. Edouard Prévost et moi "■ le premier avec un chercheur de nuit de 19 lignes d'ouverture, grossis- sant 20 fois environ , le second avec une lunette de Du- motier de 27 lignes d'ouverture, grossissant 5o fois, et moi avec ma lunette de Dollond, de trois pouces et demi d'ouverture et avec un grossissement de 72 fois. Un comp- teur de Lepaute, placé à côté de notre pendule de temps moyen de Shelton et bien réglé sur elle , nous permettoit à tous d'entendre distinctement battre les secondes ; et nous écrivions immédiatement les instans de l'apparition des si- gnaux, qui étoient presqu'instantanés , à mesure que cha- cun de nous les observoit. Le tableau ci-joint n.° i, comprend toute la suite de ces observations, au nombre de trente. On y voit que les instans déterminés par les trois observateurs sont en gé- néral bien d'accord, et que leur moyenne ne diffère de cha- cun d'eux que de quelques dixièmes de seconde , sauf dans le cas de la première observation , où celle de M. Prévost doit être éliminée. 2l6 MÉMOIRE Mais ces instans ne sont encore exprimés qu'en temps de la pendule qui a servi à les déterminer, et pour les ré- duire en temps moyen, il faut connoître exactement de combien cette pendule avançoit ou retardoit sur ce temps, à l'époque de chaque série de signaux. Pour cet effet, outre les passages du Soleil, j'observai chaque jour à la lunette méridienne, après l'avoir nivelée et réglée sur la mire de Salève , un assez grand nombre de passages d'étoiles , principalement un peu avant et un peu après 1 heure des signaux. Je les ai ensuite tous calcîîlés , en adoptant : i.° les ascensions droites moyennes de M. Pond rapportées dans les ^stronomisc/ie U ù(fstafelndelSl.Sch\x- mâcher pour 1821 , ou celles du catalogue de Piazzi pour les étoiles non-déterminées par M. Pond 5 2.° les ascensions droites apparentes calculées pour chaque jour de l'année 1822 , par le Rev. J. Grooby, d'après les Tables de M Bes- sel , dans les vol. Bg et 60 du PhilosopJiical Magazine de Tilloch , pour les étoiles faisant partie des 36 dites de Maskeline, et, pour les autres étoiles , celles déduites des Tables particulières d'aberration et de nutation, pu- bliées à Marseille en 1812 par M. le Baron de Zach; 3.° les distances de l'équinoxe au Soleil et les temps moyens à midi vrai delà Connaissance des Temps, en tenant compte de la petite différence provenant de celle des méridiens de Paris et de Genève. Le tableau ci-joint n.° 2, divisé en deux séries, com- prend : 1." les instans des passages pour chaque jour , au nombre de 21 le 3 Septembre, de 19 le 4, de 28 les 5 et 6, et de 17 le 7 Septembre , déduits de la moyenne des ob- SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 217 servations faites aux cinq fils d'araignée du réticule de notre lunette méridienne, corrigée de l'erreur des fils qui mon- toit à peine en général à un dixième de seconde j 2.° les instans de ces mômes passages calculés d'après les élémens indiqués ci-dessus; 3.° la différence entre chaque passage observé et calculé , qui correspond à l'erreur de la pendule. On voit à l'inspection dece tableau , que ces derniers résul- tats s'accordent assez bien pour les passages des 3, 6 et 7 Septembre, tonnant la première séi'ie (a) , en sorte que la moyenne de ceux fournis par les passages les plus rapprochés du moment des feux, donne immédiatement l'erreur de la pendule à cette époque: mais que les passages du 4 et du 5 Septembre, qui forment la seconde série (b), présentent dans leurs résultats de légères discordances, et que les différences sont un peu plus grandes, surtout le 5, pour les étoiles hautes que pour les basses. Cela tient à ce qu'il existoit, ces deux jours-là, dans la lu- nette méridienne, une petite déviation orientale de son axe optique, dont l'effet, nul à l'horizon, du côté du Midi où se trouve la mire et à son maximum du côté du Nord, devoit produire ces différences, et qui n'a été aperçue et cor- rigée que le 6 , après le passage du Soleil. Mais il est facile de faire servir , par une formule trigo- nométrique , ces différences elles-mêmes, à la correction des résultats précédens ; et je trouve qu'en désignant par i la déviation orientale de l'axe optique de la lunette, ou du fil central de son réticule , t l'avance du passage de l'étoile qui en résulte, D la déclinaison de l'étoile , Mtm. de la Soc. de Phjs. el d'Hist. nat. T. II. 2." Part. 28 2l8 MÉMOIRE et par h sa hauteur au-dessus de l'horizon , on a, k très-peu de chose près, dans le cas d'une petite déviation , et en supposant la lunette rectifiée d'ailleurs : t = " ' ^'''^ — I-i, lorsque l'étoile passe au méridien du côté du Sud, ou au Sud du Zénith, et i = - ^ ^°^ 1— ^ , lorsqu'elle passe au méridien du côté cos JJ du Nord (i). (i) En efTet, soient, dans la figure ci-jointe, Pie pôle, ^le zénith , A et S les points nord et sud de l'horizon , e une étoile au sud du zénith , passant par le petit cercle vertical S e k àe la sphère céleste, incliné au méridien S Z P N du petit angle A^iSiV=i, en sorte qu'on ait e /*6'=: <. Si Ton mène du point Z Yarc vertical de grand cercle O^ A/ parallèlement àSeK, et qu'on abaisse du point e , perpendiculairement au méridien , l'arc de grand cercle e f, en le prolongeant jusqu'à la rencontre ^tt de O M en g : l'angle S Z O =z e S Z= i , étant mesuré par l'arc OS, auquel e g est, à très-peu de chose près, égal , on aura aussi , à très-peu près : 'g=^i,fg=i-ef,PJ==QO°-D,Zf=^o''-h. Les triangles sphériques e P f, g Z f, rectangles en/, donneront, d'après une analogie connue : tangey=tangeP/sinP/, tang/^ = lang/Zg- sin Z f, ou , en substituant les petits arcs à leurs tangentes , et mettant pour chaque arc sa valeur : <"/= t cos D , fg ou i — ^ f^ i cos h ; et delà en égalant les deux valeurs de e/qui enr résultent : i(i — cos /O 2 J sin2 i Ji cos D cos D Pour une étoile e', passant au nord du zénitli , on aurait/' ^' = e' J' — i , et il résulterait du ce changement de signe : SUR LA LONGITUDE DE GENÈVE. 21 9 Si l'on suppose donc deux étoiles passant du côté du Sud et qu'on désigne par t\ h', lï pour la seconde, ce que nous avons désigné par ;, A,Z?pourla preiT)ière, on aura à la fois: , 2 1 ,sm^ \ Il -, __ 2 i siri^ \ K _ cos JJ cos JJ et on tirera de là en prenant la différence de ces deux équa- tions , et résolvant par rapport à /;', L = sm^ r^ h sin^ \ fi! cos JJ cos ly Cette formule permet de déterminer la déviation cherchée, à Taide de la différence connue t — t' des résultats des pas- sages de deux étoiles voisines en ascension droite, l'une haute, l'autre basse,- et d'en conclure ensuite immédiate- ment, à l'aide des premières équations., les valeurs des corrections /, L' à faire à chacun de ces résultats. Jai appliqué ces formules aux observations du 4 Sep- tembre, et j'en ai déduit, en prenant la moyenne des ré- sultats fournis par six couples d'étoiles convenables pour cet objet, une déviation de l'axe optique de o% 56. J'en ai tiré la correction à appliquer chaque passage; et prenant ensuite la moyenne des résultats de 17 de ces passages ainsi ! ( I -}■ COS h) 2 t cos^ i II cos V cos J) Ces formules se déduisent aussi , comme me l'a fait remarquer !Mr. Carlinî , i -f- m cos h de l'expression connue -^ ^ qui sert à corriger les passages ( et où m désigne la déviation de la lunette hors du méridien ) en y posant m=^ + i. 2 20 MEMOIRE corrigés, j'en ai conclu i5% 24 pour le retard de la pendule le 4i à l'époque des feux. J'ai procédé de la même manière pour les passages du 5. La moyenne des résultats du calcul de 1 1 couples d'étoiles m'a donné i% 76 pour la correction de i'axe optique; et l'ap- plication faite à i5 passages de la correction qui en résul- tait pour chacun d'eux, m'a donné i5% 24 pour le retard moyen de la pendule. Mais M. le professeur Pictet ayant mesuré directement, avec son micromèti'e de Troughton, l'arc de déviation de l'axe optique, déterminé à l'aide du retournement de la lunette, et l'ayant trouvé de 3j" de degré soit 2^, 5 de temps, j'ai de nouveau calculé la cor- rection qui en résultoit pour les mêmes passages, et j'en ai déduit un retard moyen de la pendule de l4^92. Et quoique les résultats pai'tiels s'accordassent moins bien en- tr'eux avec cette déviation de 2^ 5 qu'avec celle de iSyS, ce qui indiqueroit qu'elle avoit encore un peu, augmenté, depuis les passages du 5 au soir jusqu'au 6 à irjdi où nous la corigeàmes, j'ai cru devoir cependant adopter la moyenne i5, 08 des deux retards précédens, en accordant ainsi au- tant de poids à l'un et à l'autre procédé , dont les re'sultats sont d'ailleurs peu différens. Après avoir rapporté dans le tableau (b) n.° 2 tous les passages des 4 et 5 Septembre, avec les corrections à y ap- pliquer provenant des déviations respectives de o\ 56 et i%76, et les retards de la pendule qui en résultent, j'ai ras- semblé les valeurs de ces retards à l'époque des signaux de chaque jour; et on voit par ce rapprochement, que la mar- che de lapendulenes'estécartéede celle du temps moyen, que SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 2 21 de quelques dixièmes de seconde, pendant tout le cours de ■nos observations , en restant uniforme dans sa marche. Pou\ant alors réduire en temps moyen absolu de notre observatoire les instans des signaux , j'avais complété le travail relatif à notre station. Mais avant d'en tirer quel- que résultat utile pour nous, il falloit dabord les compa- rer à ceux des mêmes signaux observés par M. Carlini , à défaut desquels tous les nôtres n'eussent servi à rien. 11 falloit aussi connoître : d'un côté le résultat des observa- tions du Tabor et de la Roche Melon , pour compléter la liaison en longitude de notre observatoire avec celui de Milan; et de l'autre , la position du Colombier, l'ésultant des opérations Françaises, pour exécuter la même liaison par rapport à lObservatoire de Paris , auquel se rattachent les stations du centre de la France, par l'intermédiaire de la chaîne des triangles de la méridienne. C'est à quoi je suis déjà parvenu en grande partie, grâ- ces à l'empressement obligeant que MM. Carlini , Plana et NicoUet ont bien voulu mettre à nous communiquer leurs observations et leurs calculs encore inédits. M. Carlini a d'abord adressé à M. Pictet ses observations des signaux du Colombier, faites par lui, ainsi que par l'un de ses neveux, M. Capelli, jeune Astronome, et par M. Barbante, mécanicien distingué, avec une pendule de temps sidéral et un chronomètre de Barwis. 11 les a réduites en temps sidéral du Colombier : soit à l'aide de hauteurs abso- lues d'étoiles et du Soleil, prises avec un cercle répétiteur de Reichembach de 12 pouces, soit, principalement, à l'aide de passages d'étoiles , observés avec une lunette méiùdienne 222 MEMOIRE de Grindel, fixement établie sur deux piliers de pierre fon- dés sur le sol, dans le petit Observatoire construit sur cette station, à coté d'un signal trigonométrique. 11 en résulte pour la marche de la pendule, un retard de J2 à i4 secon- des de douze en douze heures. Nos instans des signaux étant évalués en temps moyen de Genève , j'ai converti ceux de M. Carlini en temps moyen du Colombier, à l'aide des Tables de réduction de temps sidéral en temps moyen, données à la fin du se- cond volume du Trailéde Géodésie de M. Puissant, se- conde édition. Le tableau ci-joint n.° 3, présente à la fois les instans rapportés par M. Carlini, ceux que j'en ai déduits, les nô- tres correspondans , et les différences de ces instans respec- tifs , qui donnent, en teinps, la quantité dont le méii- dien du Colombier est à l'Occident de celui de l'Observa- toire de Genève. On y voit que les résultats des observations des mêmes jours s'accordent bien en général, ensorte que la moyenne des six résultats de chaque jour diffère très-peu de cha- cun d'eux. La comparaison des moyennes de chaque jour entr'elles offre aussi assez d'accord, saui celle du premier jour, ou du 4 Septembre, qui diffère de toutes les autres de plus d une seconde. M. Carlini, que j'ai consulté à ce sujet, est d'avis de rejeter tout-à-tait les observations du 4 • parce que, ce jour-là, il n'avoit pu encore déterminer la marche de sa pendule et le temps de son observatoire du Colombier d'une manière assei sûre. Mais ce résultat éliminé , il reste SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 2 23 encore 24 observations, faites de part et d'autre par trois personnes, et dont la moyenne générale i" 35% 29 ne diffère que dans un seul cas d'environ un tiers de seconde des résul- tats moyens de chacun des quatre jours qui les comprennent. Si l'on réfléchit que ces observations au Mont-Colombier se faisoient dans un observatoire à peine bâti, avec de pe- tits instrumens portatifs et une pendule exposée à tous les ravages de la pluie, du vent, de la poussière; avec une mire méridienne peu solide, que les bergers du voisinage, d'accord avec leurs vaches, s'amusoient souvent à renver- ser, et avec des orages qui obligeoient quelquefois à se traî- ner par terre pour pouvoir passer d'un endroit à un au- tre , sans risquer d'être enlevé par le vent. Si l'on ajoute à cela que, tandis qu'on n avoit à diriger son attention que sur un seul point dans chacune des autres stations, M. Carlini avoit dans la sienne , outre les observations astro- nomiques , des séries consécutives de signaux de feu à ob- server sur trois points différents : on concevra une haute idée de la sagacité et de la courageuse persévérance de l'astronome, qui est parvenu à des résultats aussi exacts , à travers de telles difficultés. M. Plana m'a envoyé ses observations des signaux du Mont-Tabor , qu'il a faites, au nombre de 29 , les 5, 7, 8, II et 12 Septembre, depuis le Col de la Relia, avec un excellent chronomètre d'Earnshaw, qu'on réglait exacte- ment sur une pendule de temps moyen de Martin de l'Obs- servatoire du Mont-Cenis, par plusieurs comparaisons fai- tes avant le départ pour le lieu d'observation , et après le retour. On répétoit aussi cette comparaison à la station 2 24 MÉMOIRE même de la Relia, en brûlant, de trois en trois minutes, trois onces de poudre sur un point visible à la lois du lieu de la station et de celui de la pendule. Celle-ci éloit réglée : soit par des passages d "étoiles à la lunette méritlienne, soit par des hauteurs absolues, observées avec un beau cercle ré- pétiteur de Reichembach de ] 6 pouces, nouvellement achevé. J'ai reçu aussi les observations correspondantes de M. Carlini faites les 5, 7, 8 et 11 Septembre; et les unes et les autres, étant réduites en temps sidéral des observatoires respectifs, je n'ai eu qu'à prendre les différences pour en con- clure celle des méridiens ; et la moyenne des 24 résultats communs m'a donné 4" 42^6I de temps pour la quantité dont l'Observatoire du Colombier étoit à l'Ouest de celui du Mont-Cenis. Enfin, M. Plana m'a mandé que le résultat moyen de leurs observations de 1821 , pour déterminer la ditférence de longitude entre l'hospice du Mont-Cenis et l'Observatoire de Milan, donnoit pour cette différence 9'" i%2 en temps. Ajoutant donc ces deux dernières valeui's et retranchant de leur somme la différence des méridiens du Colom- bier et de Genève rapportée ci-dessus, j'en ai déduit im- médiatement 12™ 8^ 62 pour la difféi'ence des méridiens des observatoires de Milan et de Genève, et delà iS"" 16', 48 pour la longitude de Genève , en prenant 27'" 25^ pour celle de Milan , telle qu'elle est adoptée généralement. M. Carlini a eu la bonté de m'envoyer encore ses obser- vations des signaux de Pierre sur Autre, ainsi que celles de MM. Brousseandet iNicoUet. Ces derniers ont observé tous les feux d'annonces et les signaux des 5, 6 et 7 Sep- SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 2 25 tembre, tandis que M. Carlini, placé à une dislance de Pierre-sur-Autre d'environ 76000 toises, n'a pu observer que les signaux du 6 et du 7. Le temps étoit réglé à Solignat , près le Puy dlsson , par des séries de hauteurs absolues d'étoiles, prises, en général au nombre de sept par jour, avec un cercle répétiteur de Gam- bey de 14 pouces; et il résulte du calcul définitif de ces hauteurs , dont M. NicoUet a bien voulu me donner le ta- bleau, très-satisfaisant par son accord , que la pendule de temps moyen de Berthoud, dont ils se sont servis, a eu une marche singulièrement régulière, son retard diurne n'ayant varié que de 3", 87 à 3", 45 dans l'intervalle du 2 au 8 Sep- tembre. D en est de même de celle employée par M. Plana , dont la marclîfi n'a varié, de douze en douze heures , du 1." au 18 Septembre, que de 5%5 à 6%45. MM. Brousseaud et Nicollet ont déterminé aussi très- exactement , par des opérations trigononiétriques , la diffé- rence des méridiens d'isson et de Solignat; et ils l'ont trou- vée de 5%85 de temps , dont la station du Puy d'isson étoit à l'Occident de l'Observatoire de Solignat. En comparant les onze observations correspondantes des signaux de Pierre-sur-Autre, qui s'accordent fortbien entre elles, après avoir réduit celles de M. Carlini en temps moyen , et ajoutant 3\ 85 à la moyenne des résultats , je trouve lo"" 22^,7 de temps, soit 2° 35' 4o">5 pour l'are de longitude compris entre le Mont Colombier et le Puy d Isson , qui a été déterminé ainsi immédiatement. Mcm. de la Soc.de Phys. et d'Hist. Tint. T. II. 2..' Part. 29 2 26 MÉMOIRE t Mais cet arc ne nous est pas nécessaire pour rattacher l'Ob- servatoire de Genève à celui de Paris; et il nous suliit pour cela d'avoir la longitude du signal du Colombier , telle qu'elle résulte des opérations géodésiques de la méridienne et du centre de la France. M. iNicoUet a bien voulu me four- nir cet élément qui est de 3s^8oo999, ou3°25'i5",2 soit: iS"' 4i% 07 dans l'hypothèse d'un Sio""" d'aplatissement. Si l'on y ajoute la différence des méridiens du Colombier et de Genève, ci-dessus déterminée i. 35, 29 il en résulte pour la longitude de Genève par Paris i5'"i6%35 Nous venons de trouver par Milan . . . i5. 16, 4^ La différence n'est que de o%ia dont cette dernière valeur surpasse l'autre. L'accord de ces résultats entr eux et avec celui que don- nent les opérations géodésiques de l'Est de la France est re- marquable et bien satisfaisant , surtout quand on pense à tous lesélémens différens qui entrent dans chacune de ces déterminations , à toutes les observations , à toutes les sta- tions intermédiaires et à tous les calculs sur lesquels elles reposent. Les observations de M. Mallet ne nous ont donné que 15"" i5%44. Mais les résultats précédens nous auto- risent pleinement à en éliminer maintenant l'occultation de y du Cancer, dont M. Mallet ne paraît pas avoir fait usage pour la détermination de la longitude de Ge- nève et dont le résultat s'écarte seul de la moyenne SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 227 précédente de plus de 8^ ^. Cette moyenne devient alors i5"' i6%52; et la moyenne générale des quatre détermi- nations différentes donne i5"' 16', 35 soit 3° 49' 5", ^5 pour la longitude de l'Observatoire de Genève. Quoique j'aie rapporté cette valeur jusqu'aux centièmes de seconde, je suis loin de croire qu'elle ait encore ce de- gré de précision et qu'il n'y ait désormais rien à y chan- ger. Si l'on trouvoit , par exemple , une petite cori-ection à faire à la longitude de Strasbourg, elle devroit être ap- pliquée tout entière à celle de Genève déduite des opéra- tions géodésiques de l'Est de la France j et il en seroit de même de celle qui résulteroit d'un petit changement dans l'hypothèse d'aplatissement du sphéroïde terrestre, adoptée pour l'évaluation de l'arc de longitude compris entre Stras- bourg et Genève. Les déterminations déduites des signaux de feu du Colombier pourroient aussi être sujettes à quelques petites corrections provenant de calculs ultérieurs des obser- vations qui ont servi à déterminer le temps absolu. Celle qui s'appuye sur Milan dépend en outre de la longitude de 1 Ob- servatoire du collège de Brera, et l'autre de la longitude du Colombier déterminée trigonométriquement. Enfin , la valeur fondée sur des observations d'éclipsés et d'occulta- tions d'étoiles , est sujette aussi à plus d'un genre d incer- titudes et demande à être appuyée sur un plus grand nom- bre d'observations. On pourroit pour cela faire usage de cel- les de M. Mallet non calculées encore et qui auroient des correspondantes, ainsi que de quelques autres, faites , de- puis sa mort, par MM. les professeurs Pictet, Picot et Maurice, et entr autres des occultations de Jupiter par la 928 MEMOIRE Lune du 28 Juin 1792 et du 28 Septembre 1795. J'en ai aussi rapporté quelques-unes, que nous avons faites, M. Pic- tet et moi , dans la INote qui termine le tome premier des Mémoires de notre Société ; et l'une délies , celle de l"é- clipse de Soleil du 7 Septembre 1820, a déjà été calculée par deux personnes. Nous continuons ce genre d'obser- vations. J'ai commencé à y joindre , dans le même but , celles de passages de la Lune et d'étoiles très-voisines de son parallèle, selon la méthode, pour déterminer les diffé- rences de longitude, suivie maintenant dans plusieurs Observatoires d'Allemagne, ainsi que dans celui de Paris, d'après les catalogues donnés pour cet objet par M. Schu- macher dans ses Astrononiische Nachrichten. Mais les étoiles de comparaison qui y sont rapportées sont souvent, parleur petitesse, assez difficiles à observer avec notre lu- nette méridienne. En attendant des déterminations ultérieures , je crois qu'on peut adopter en nombres ronds i5"" i6% soit 3° 49'» pour la longitude de l'Observatoire de Genève à l'Est de celui de Paris 5 et cette valeur n'est inférieure que d'une se- conde à celle donnée depuis 1812, pour cet élément, dans la Table des positions géographiques de la Connoissanca des Temps. L'obsenation dessignaux de feu ayant complètement réussi sur toutes les lignes le 7 Septembre, celles du Colombier n'entrent ce jour-là dans le calcul que comme un moyen de transmission, ainsi que l'a remarqué M. Carlini^ et comme le temps absolu a pu être déterminé à Genève plus facile- ment et exactement que dans des observatoires tempo- SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 229 raires construits sur des montagnes, il en résulte que nos observations pourront, jusqu'à un certain point , servir de contrôle et de vérification à celles des autres stations. Depuis la lecture de ce Mémoire , M. le Colonel Brous- seaud et M. Nicollet ont été chargés de continuer, dans le courant de l'été de iS^S , leurs opérations astronomi- ques, sur la ligne du parallèle moyen daiis le centre de la France, à partir du Puy d'Isson, jusqu'où ils les avoient portées Tannée précédente. On apprendra avec satisfac- tion qu'il les ont heureusement complétées , en les pous- sant jusqu'aux bords de l'Océan Atlantique, dans la pe- tite ville de Marennes , Département de la Charente infé- rieure. Ils y ont établi un observatoire et placé un cer- cle répétiteur de Gambev de 18 pouces, ainsi qu'une lu- nette méridienne de 4 pieds du même artiste, avec une mire méridienne à environ 1 1000 mètres de distance, éclairée de nuit, pour servira orienter toute la chaîne trigono- métrique. Ils ont eu deux stations astronomiques intermédiaires : l'une au Puy de Sauvagnat en Limousin , au-dessus du village de la Jonchère, à environ 35 lieues du Mont d'Or, sur la cîme duquel on a allumé des feux observés à la fois de ce point etdu Puy d'Isson^ l'autre au moulin à vent de St. Preuil, Canton de Jarnac, Département de la Charente, à 4 lieues d'Angoulême. On a observé de cette dernière station , les signaux de feu donnés en deux points intermédiaires en- tre elle et celles de Sauvagnat et de Marennes : savoir, au Mont Puy-Gogneux, Département de la Haute- Vienne» p aSo MÉMOIRE et au signal de la Ferlanderie près de la ville de Saintes. Les deux premières stations astronomiques (celles d'Isson et de Sauvagnat) étoient distantes entr'elles d'environ 4- lieues, les deux secondes (celles de Sauvagnat et de St. Preuil ) de 35 , et les deux dernières ( celles de St. Preuil et de Ma- . rennes) de 24- ^^^ feux à poudre n'avoient lieu qu'après plusieurs jours d observations , relatives à la détermination du temps et à la marche de la pendule. Ces feux étoient observés , de chaque côté , par deux personnes au moins et donnes pendant trois ou quatre soirées. MM. Brousseaud et Nicollet ont constaté de plus en plus dans le cours de ces pénibles et importans travaux, la pe- tite quantité de poudre qui est nécessaire pour ce genre de signaux. Ils ont vérifie , par exemple, que pour une dis- tance de 3o à 4o lieues , il suffit d'en employer un quart à une demi-livre^ que sur une distance de lo lieues, on observe parfaitement à l'œil nu des feux produits par une demi et même un quart d'once et qu'on voit, à l'aide d'une lunette de nuit, les éclairs obtenus en brûlant l'amorce d'un fusil; résultats d'autant plus intéressans pour la géodésie et l'as- tronomie , que plus la quantité de poudre est petite, plus l'inflammation est instantanée. Il est fort à désirer , que cette belle opération soit bientôt complètement terminée aussi en Italie, jusqu'à Fiume, et qu'elle soit ensuite promptement publiée. Car on pourra en tirer des conséquences du plus haut in- térêt pour la théorie de la figure de la Terre. On pourra constater si, comme cela est probable, cette figure est SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 23 1 circulaire dans le sens des parallèles j et , dans le cas oîi elle présenteroit des irrégularités, on pourra déterminer, par dévaluation astronomique des arcs partiels de longitude, dans (juelles parties de l'arc total elles ont lieu. 2^2 MEMOIRE N." I. Tableau des instans des signaux de feu du Mont-Colom- bier, observés à Genève, en temps de la pendule de temps moyen, par MAI. Pictet, Gautier et Prévost. NB. Les observations douteuses sont désignées par un ?. 1822 N.° Moyenne des Observalions en temps de Septembre. feux. ae MM. PiCTîT. Gautier. Prévost, la pendule. I à 8' ' 52™ i8%a 18* 20' ? Sh 52'"iS%i 2, 55. •9'7 '9'7 ï9'9 55. 19,77 3 J 3 58. 20,9 20,8 20,8 58. 2o,83 4 9- !• 18,2 18,1 18,1 g. I. 18,1 3 5 4. 18,8 19,0 19,2 4. 19,0 , 6 7* 19,5 •9'7 .9,8 7. 19,67 I 8. 5i. 16,5 16,6 16,4 8. 5i. 16,5 2 54. 17,2 17,5 i7'2 54. 17,3 A 3 57. ï7'' •7,7 17.4 57. 17,4 9- 0. 18,8 19,0 18,5 9. 0. 18,77 5 3. 17,0 17,3 17,2 3. 17,17 6 6. 16,7 16,8 .6,8 6. 16,77 1 8. 5i. 0,5 0,8? 0,8 8. 5i. 0,7 0 54. . 7'7 8,0 7,8 54> 7,83 5 0 0 57. 0,0: .,8? 1,2 57. 1,17 4 9- 0. 0,5 0,6 0,2 9. 0. 0,43 5 0,2 0,5 0,2 0 0 0. 0,J 6 6. 1,0 1,1 1,0 6. i,o3 SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 233 i82:i N/^ Moyenne des Observations en temps tle S sptembre. feux. de MM. PicTET. Gautier. Prévost. la pendule. I à 8'' Si'" i3%5 i3%5 i3%4 S'' 5i'"i3=,47 n 54. i5,8 i5,6 nOQ TU. 54. i5,7 6 i 3 57. 16,5 16,7 16,3 57. 16,47 4 9- 0. 16,7 .6,7 16,6 9. 0. 16,67 5 3. i4,2 i5,o "4,9 3. 14,7 6 6. 1 3,3 i3,7 i3,4 6. i3,47 I 8. 5i. 38,5 DOn TU. 38,4 8.5i. 38,45 2, 54. 37,2 37,5 37,3 54. 37,33 3 57. 34,2 0. 36, 0 35.0 34,8. 57. 34,67 9. 0. 36,07 7 < 4 9- 36,1 36,1 5 3. 36,9 37,0 36,9 3. 36,93 . 6 6. 36,9 37,1 37,1 6. 37,03 ■ -"^^ï^aF wrfujp** Mém. de la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. T. II. 2.' rart. «34 MEMOIRE N.° II. Tableau de la marche de la pendule de temps m,oyen de r Observatoire de Genève , déduite de la comparaison des passages d'étoiles et du Soleil, observés à la lunette méridienne , avec les mêmes passages calculés. N^B, On a indiqué le nombre des fils observés quand il a été moindre que 5. (a) Passages des 3 , 6 et y Septembre. Re- Nom- 1822 Passage ob- Passage cal- tard bre de Nom de l'Astre. servé en temps culé en temps de la fils ob- Sept. 0 de la pendule. moyen. pend.' servés a. Lyre . . . 7''4i"i8So4 7^>4^'"32^78 I-t 5/'+ y Lyre . , . 8. 2. 37,02 8. 3. 5i,38 i4,36 T Sagittaire . 8. 6. 10,45 8. 6. 24,98 14,53 Tt Sagittaire . 8. 9. 30,89 8. 9. 4-^,^ i4,3i y Cj'gne . . 9. 25. 56,54 9. 26. 11,38 i4,84 4 a Cygne . . 9. 45. 24,43 9. 45. 4o, i3 i5,7 /* Verseau . . 9. 53. 5,65 9. 53. 20,56 '4,91 V Cygne . . 10. 0. 33,11 10. 0. 47»9 ■4,79 3 ? Cygne . . 10. 8. 26,6 10. 8. 41556 14,9*^ « petit Cheval. 10. 16. 54,3 1 10. 17. 9,o3 14,7:^ f Cygne . . 10. 20. 22,74 10. 20. 37,5 14,76 a Céphée . . 10. 24. 14,42 10. 24. 3o,58 16,16 4 (8 Verseau . . lo. 32. 7,55 10. 32. 22,3 1 14,7e i Capricorne . 10. 37. 2,18 10. 37. 16,94 14,76 4 M Cygne . . lo. 46- 4^85 10. 46. 19,89 i5,o4 SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. !35 1822 Nom de l'Astre. Passag serve en e ob- temps Passage cal- culé en temps Re- tard de la Nom- bre de fils ob- Sept. de la pendule. moyen. pend. servés y Grue . » . 10'' 53" i%o4 10'' 53'" i5%97 i4%93 Clièvre . . . 18. 12. i3,4i 18.. 12. 28,8 i5,39 Rigel . . . 18. 14. 38,72 18. i4- 53,08 i4,36 4 jS Taureau. • 18. 23. 40,81 18. 23. 55,79 '4,9^ 4 a Orion. . . 18. 54. 5,i3 .8. 54. 19,/ 14,57 Soleil . . . 23. 58. 46,1 5 23. 59. 0,59 1444 6 a Cjgne . . 9- 33. 37,1 5 9. 33. 52,29 i5,i4 fjt Verseau . . 9- 41. 18,01 9. 4i. 32,72 '•^'Zn 1 Cygne . . 9- 56, 39,26 9. 56. 53,79 14,53 a petit Cheval. 10. 5. 6,49 10. 5. 21,29 14,8 a. Céphce . . 10. 12. 28,02 10. 12. 42,66 .4,64 4 /8 Verseau . 10. 20. i9'9' 10. 20. 34,57 14,6 P Cygne . . 10. 25. 24,73 10. 25. 39,42 1 4,69 / Poiss. Âustr. 10. 32. 26,24 10. 32. 4'5'6 i4>92 a Verseau . . 10. 54. 4>,6^ 10. 54. 56,3o ■ 4,66 ■+ ;8 Poiss. Austr. • 1 1. '9- 21,02 II. 19. 36,68 i5,66 7 Lézard . . 1 1. 21. 56,55 1 1. 22. 1 1,56 1 5,01 ■+ 6 Poiss. Austr. 1 1. 28. 45, 1 9 1 1. 29. 0,54 K>,35 » Pégase . . 1 1. 32. 36,77 1 1. 32. 5 1,33 i4,56 fA. Pégase . . [ I. 3t). 20,97 1 1. 39. 35,06 .4,1 Fomalhaut. . 1 1. 45. 42,5 1 II. 45. 58,13 i5,6i ^ Pégase . . 1 1. 53. 3,09 11. 53. 17,38 14,29 ■y Eridan . . 16. 46. 47'4i 16. 47. 2,73 i5,32 3 Aldébaran . . ■7- 22. 41,09 .7. 22. 56,44 i5,o5 Clièvre . . . 18. 0. 25,95 18. 0. 4'7'4 i5,i9 3 Rigel . . . .8. 0, 5o,o5 1 8. 3. 5,38 I OpOO ^ Taureau. . 18. 1 1. 52,79 18. 12. 8,18 r- 0 i 0,09 0 0 J^ Orioji. . . 18. '9- 4^,85 18. 19. 58,42 i5,57 n C Orion. . . 18. 28. 33,32 18. 28. 48,83 i5,5i a Orion. . . 18. 42. 16,97 18. 42. 3i,97 i5,o 25(> MEMOIRE Nom de l'Astre, Passage Siriiis Procyon PoUiix . . Soleil . . e Sagittaire a Ljre . a- Sagittaire /3 C) grie . 2 h Sagittaire a Aigle . . /3 Aigle . . a Cygne . fx Verseau . $ Cygne . a petit Cheval a. Cephée . /3 Verseau . p Cygne . . I Poiss. Austr. Sirius .. . . Soleil . . . ob- servé en temps de la pendule. Passage cal- culé en temps moyen. I9•>33"'53^2o 20. 26. 25,85 20. 3o. 5 1,21 3. 57. 46598 7' :5. 7. 38, 18, 20. 36. 4>. 29- 37. 52. I. 8. 9- 9- 9- 10. 10. 10. lO. 10. 19- 23. 29- 57. 5,38 34,5 52,4i 3,97 24,53 35,09 2,65 41,73 22,35 43,8 10,87 32,5 24,3 1 29,07 3o,o 58,47 37,38 igt z/r 8,54 20. 2.^. 40,86 20. 3i. 6,44 23. 58. 1,1 9- 9- 9- 10. 10. 10. lO. 10. 29 37 52, I ^8. 16, 21. 20,21 7 20. 49,0 39. 1,01 18. 18,4 20. 38,76 36. 49,39 4i. 17,04 56,5- 36,82 57,8 25,3i 46,63 38,59 43,49 28. 45,22 3o. 12,6 57. 40,9 Re- tard delà pend.' Nom bre d fils ob serves 5=,25 5,01 5,23 4,83 4,52 4,6 -+,'+•3 4,39 4,84 / /r- ^î-f / 4,0 4,44 4,1 3 4,28 4,4- 5,28? 4,i3 3,52 SUR LA LONGITUDE DE GENEVE. 207 (h) Passages des 4 et 5 Septembre. 182 Sepl. Nom de l'Astre Lyre . . Sagiltaire L} re . . Sai>;ittaire Sagittaire Dragon . Aigle. . Cygne prec h Sagittaire, Aigle . . . « Capricorne . li Capricorne . y Cygne . . e Dauphin. ? Daupliin . . a Cygne . . fj. Verseau . . Chèvre . Rigel . . CL Lyre . . ff- Sagittaire y Lyre . . T Sagittaire TT Sagittaire J" Aigle. . ^ Cygne . ■J. h Sagittaire, a Cygne fj. Verseau . Passage ob- servé en temp- de la pendule. 7-37 2 I % I O 7. i>o. 09,71 7. 58. 40,12 8. 2. i3,5c) 8. 5. 34,11 8. 18. 45,04 8. 22. 5i,ii 8. 29. 50,87 8. 82. 1 1 8. 44- 9- 9- 9- 9- 9- 9- Passage cal- culé en temps moyen. -h q_m o 1-, ■ /■ 54- 4,25 22,55 12,34 21. 59,78 3o. 5 1,49 00. 7,83 4i- 27,78 9. 49- 9,3 1 18. 8.' 16,47 18. 10. 42,2 7. 33. 28,54 7. 46. 43,65 7. 54. 43,0 7. 58. 17,69 8. I. 38,23 8. 18. 55,23 8. 25. 5.3,85 8. 28. 15,07 9- 37- 29,97 9. 45- i3,i5 ,i6%8^ , ^7 7. 5o. 54,83 7. 58. 55,45 8. 2. 29,1 8. 5 8. 19 8. 23. 8. .3o. 8. 32. 44, i4. I 8 9 9' 9' 9- 9- 9. 4i. 4418 9- 49- 24,6 18. 8. 82,97 18. 10. 57,23 22. '^ ÙI. ') '^ 00, ^9,26 3, 1 li 6,72 6,26 26,6 •9'92 38,o6 27,73 1 5,5 6,74 22,96 Ditr. cale, et obs '/-+ Con.' de soustr. oj. 40,92 46. 58,91 lo l5,I2 1 5,33 1 5,5 1 i5, i5 18, 1 1 1 5,61 15,39 .5,2 15,67 !5,5i r.5,39 15,72 i5,25 i5,i3 ■6,4 i5,3 16,5 i5,o; ■7,38 15,26 7. 54. 59,52 i6,52 0,^62 o,o3 0,5 1 0,02 i),o5 1,98 u,34 0,43 0,0 3 o 0,20 ■,08 ,07 n,65 0,24 0,27 '^»77 0,1 0,8 0,1 I Re- tard de la pend.' i5,'l2 1 5,09 14,82 1 5,49 I 5, 1 Cl 16, 1 3 i5,27 14,96 i5, 1 7. 58. ,33; 8. I. 53,39 8. 19. 10,8 8. 26. 10,35 8. 28. 3o,68 9. 87. 48,28 9. 45. 28,68 1 5,48 i5,i6 ■5,57 16,5 r5,6i i8,3i 15,78 ,90 0,09 39 0,08 0,14 0,43 1,35 0,1 ■ 5,44 — / '1 I Oî-fO r '* I 0,0:2 1 5.0 1 14,86 1 5,63 1 5.2 i5,7 14,92 [ 5, 1 7 14,98 ■5,4 i5,02 i5,i4 1 5, 1 5 i5,5i i5,9 ■5,42 258 MEMome 1822 Nom de l'Astre. Passag serve en 2 Ob- temps P«s3ag culé en 2 cal- temps Diff. cale. Corr.° Je l'axe P»e- tard delà pend. Sept. de la pendule. mo}' en. et obi. souslr. 97 0,4; 8. 49- 52. 55. 56,76 57,57 57,38 58. 58,49 1. 57,41 4. 56,92 8. 49. 40,24 52. 47.^3 55. 40,56 58. 39,76 9. j. 39,67 4. 40,48 Temps moyen à Genève. S'' 52'"32S88 58. 35,81 9. I. 32,91 4» 33,78 7. o4>43 8. Di. 31,74 54. 32,54 57. 32,64 9. G. 34,01 o. 02,41 6. 32,01 8. 5i. 15,78 54. 22,91 57. 16,25 9. o. i5,5i 3. i5,38 6. 16,11 Différence des méridiens en temps. Al ?TS _ O Moyenne de cliacpie jour. ^4,97 35,68 35,69 o5,7 5 35,71 35,63 '33S99 35,1 4 55,6' 24o MEMOIRE Temps sidéral au Colombier. / 5i'"i8',7 54. 31,8 *7. 22,9 20. O. 23,C 3. 21,9 6. 21,0 >9- 53. 89,8 58. 39,9 I. 37,2 4. 39,6 7.. 40,6 10. 4ij4 Temps moyen au Colombier, 52. 55. 58. I . 4- ' 52',8f 55,46 56,07 56,28 54,09 5^,69 8. 5o. 1 7,33 53. 16,94 56. 13,75 5g. i5,65 9. 2. 16,16 5. 16,47 Temps moyen à Genève. SI" 5 oi"" 28% 18 54. 3o,4i 57. 3 1,1 8 o. 3 1,38 3, 29,41 6. 28,18 5. 5i. 52,87 54. 51,75 ^7- 49'09 ). o. 5o,49 6. 5 1,45 Diflérence des méridiens en temps. . 34,95 . 35,11 . 35,1 . 35,32 . 35,49 o - - / . oo,o4 . 34,81 . 35,34 . 34>84 • 35,19 .34,98 Moyenne de cliaque jour. 35%2- Moyenne générale des sur le bleuissement, 1 18. Analyse du suc, 120. Calorique (DeqiU'lques phénomènes dépcndantdela radiation dn), 2.cP. i6t— 19g. Théorie du Calorique rayonnant , 162. Applications de celle théorie, 17a. Propagation du froid, 173. Influence des surfaces, 176. Table donnant le rapport de l'influence des deux causes de changement de température d'un corps suspendu dans un gaz, 1 83. Phénomènes relatifs à la tempérdlure du sol et de l'atmosphère, 189. Faits analogues à cette température, 196. Coj*- clusion, 198. Carsia diQiisa,2.ePart. i3o; pygmoea, i3f; polyadena, iSs j Lechenaultiana, iSî; Wallicliiana , i33. Gephalaria, 2.= Part. , albescens, 58; alpina, 36; ambrosioides, 4o, etc. Voyez table des Dipsacées. Cerion^iiilhns, 2.« Part., alpinus, 56; corniculalus, 33 , etc. Voyez table des Dip-'-acées. Cothleoloiies (Geure des), a.^Part.g. C. vorace, 9. 252 TABLE. D. Dalea, 2.' Part. 97; lippiaslrum Goeiln. , 98. Voyez table des Sélagînées. Diolotlipca , 2.e Part. j3. Dipsacées(V[émoii-esui- les), a.'Part. i3— 61. Histoire de lafamille elaffinités, i4. Involucre, 16. Braclëes et luvoluoelle, 17. Coioiia, -22. Calice, 25. Co- rolle, 26. Elamines, 37. Stigmate, 28. Feuillcb, 29. Rappoits, 5o. Usages et distribution géographique, 5i. Monographie, 55. Dipsacus, 3.* Part. , comosus, 34; ferox, 55; fullonum, 54; Gnielini, 35 , etc. Voyez table des Dipsacées. Dischisiua , 2.° Part. gS , eapitalutn, 94, etc. Voyez table des Sélaginées. Douve à long col (Note sur la), 1." Part. liô — 153; délenainaliou de l'espèce j 116; description anatomique , 147. E. Eranlhemum, 2.' Pari. gS; anguslatum, gS, etc. Voyez table des Sélagine'es; iîlsculus rubicunda, 2.* Part. J28. F. Fils de fer ( Expériences sur la force des) , i ." Part. 1 23 — 1 44- Force absolue et relative des fils, i24. Tableau des forces pour les fils de Laferrière, 126. Tableau des forces pour les fils de St. Gingolph, 127. Fils de laiton , 128. Allongement des fils, i5o. De la cassure, i52. Plis, nœuds et ligatures, i56. Du choc, iSg. Effets de la température, i4i. Moyennes des expériences, i44« G. Gaz inflammables ( Noie sur quelques faits relatifs à l'action des métaux sur les), 2.«Part. 24i — 24? 5 ^'^^' l'hydrogène, sia: sur l'hydrogène peicar- buré, 243 ; sur l'hydrogène sulfuré, 244 » *"i' '*' 8"^ oxide de carbone, 244. Conclusion, 246. Geum ranunculoides, 2.* Part. i38; brachypelalum, iSg; thomasiauum, i4o. Goodia polysperma, a.° Part. i33, H. Hebenslretia, 2.' Part. 92; albiflora Zeyh, 111 ; aurea, 92; capitala, gS; etc. Voyez table des Sélaginées. TABLE, S.-yO J. Jardin bolanique de Genève (Plantes rares ou noiiyelles du), 2. e Part. 125 — 1/(5. Jussiaea longifolia, 2/ Pari. lii. K. Knaulia arvensis, 2.° Part. 4i; hvbrida, ^2; orientalis LiUt , 4o>ctc.,etc. Voyez table des Dipsacées. L. Larve qui dévore les Hélix nemoralis (Mémoire sur une) , 2.« Part. 1 — 12. Sa description, 2. Ses mœurs, 4 — 11. Sa classification , 8. Lippia , 2.« Part. 97; ovata, 98. Voyez table des Sélagi nées. Longitude de Genève (Mémoire sur une nouvelle détermination de la), 2.<= Part. 201 — 240; celles obtenues antérieurement 201. Travaux récents pour déterminer la longueur et l'amplitude de l'arc de longitude, et pour y ratlacher l'observatoire de Genève ,211. Tableau des instans des signaux du Mont - Colombier , observés à Genève, en temps de la pendule de temps moyen , aâa. Tableau de la marche de la pendule de temps moyea de l'observatoire de Genève , déduite de la comparaison des passages d'étoiles et du soleil, observés à la lunette méridienne , avec les mêmes passages cal- culés , 234. Différence de loiiglUide entre les observations de Genève et du Mont -Colombier , déduite de la comparaison des instans des signaux de feu de Colombier , observés à chacune des deux stations , 239. M. Microdon , 2.« Part. 97 ; lucidum , 97 , etc. Voyez table des Sélaginées. Mont-Somma f Mémoire sur le) , 2. « Part. i55 — 2o3; Historique de la mon- tagne, i53 ; situation et configuialioii exk'rleiire de la Somma , iSy ; struc- ture géologique de la Somma , i65; filons de la Somma , 169 ; rapports et différence de ces fiions avec les c()'^'6's de Basalleet deGrunslein, 176 — 177; résultais , 178 ; note A. sur les tufes volcaniques et laves et minéraux en cailloux isolés, 191 ; note B. sur le Vésuve , 197. Morina orientalis , 2.* Part. 53. Voyez table des Dipsacées. a54 TABLE. o. Oiseaux des environs de Genève (Mémoire sur les) , i."Part. 29 — 121. Oi- seaux de la plaine, 53; des montagnes, 56; du lac, 78. Passages acci- dentels el individus isolés , 88. Autres espèces rencontrées dans le bassin du lac, 100. Conclusion , 102. Calendrier oriiitliologique des environs de Genève , 1 09. Table systématique des espèces raeationuées dans le mémoire. P. Papaver bracteatum , 2.« Part, 126. Polycenia, 2.^ Part. 91; liebenstretioides, 91. Voyez table des Sélaginées. Pteroophalus , annuus, 3.« Part. 44 5 brevis, 4i, etc., etc. Voyez table des Dipsacées. Pycnocomon rutœfulium , 2.« Part. 5i. Voyez table des Dipsacées. Scabiosa , acaulis, 2.« Part. 54; africana , ég ; agreslis , Sg ; alba , 4? # etc. , etc. Voyez tuble des Dipsacées. Schweiikia Hilariana , 2.« Part. 1*2. Sclerobtemma , agreste, a.e Pari. 56; allisaimum , 49! argenteum , 4/ y etc. , etc. Voyez table des Dipsacées. Selaginese , a.« Part. 8g. Sélaginées ( Mémoire sur la fiimille des), 2.« Part. 71. Histoire générale de la fcimille, 75. Description des organes, id. Histoire physique et chronolo- gique , 77. AlTuiités naturelles, 78. Histoire des genres , 82. Polycenia et; Hebenslretia , 83. Dischisma , 84. Agathelpis, So.Microdon, 86. Se- lago , 87. Monographia, 89. Selago, 2.e Part. 98; adpressa, lo.î; anguslifolia, etc. Voyez table desSélaginées. Sesbania paludosa; 2.« Part. i56. Succisa airopurpnrea , 2. e Part. ^9; diversifolia, 55; glabra 52, etc. etc. Voyez table des Dipsacées. T. Trachuse doré (Histoire du) 2.« Part. i45— 160. Détermination de l'es- pèce , i45 — t46. Mœurs de cet insecte , 147 — 160. Trichera ai-rensis, a.» Part. 4i; ciliata, 42 , etc. Voyez table des Dipsacées. TABLE. a55 Trigonella calllceras, a.e Part. i35. V. Violacfe ( Mémoire sur la famille des) i.« Part. 1 — 27. Histoire de la famille , 2. Distribution géographique , 5. Caraclère botanique de la famille et des genres qui la composent , 4- Rapports naturels , 20. Explication des planches, aS. Tableau des genres des Violacées, 25. a^- /