s. »^^ ^- id MEMOIRES DE LA r f SOCIETE DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. '^ /J^CS GEVEVE. IMPRIMERIE DE BAKBEZAT EX DELARUE. MÉMOIRES DE LA .^.- ' SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. TOME IV, GENEVE. BARBEZAT ET DELARUE, IMPRIMEURS-LIBRAIRES. PABIS. RUE DE GRAMMONT, K° 7. 1828. MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. ■iij'; MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES COMBRETACÉES, PAR M. DE CANDOLLE. (PHÉSEJITÉ A LA SOCIÉTÉ E?f MAHS 1827.) PREMIERE PARTIE. Considérations générales sur lafantille, ainsi que sur les tribus et les genres dont elle se compose. IjA famille des Combrétacées a été établie par M. Rob. Browa en 1810 j sa formation avait clejci été indiquée en i8o4 par M. de Jussieu, dans les Annales du Muséum , et en i8o5 TOM. IV. 1 2 SUR LA FAMILLE par M. Jaume, dans son exposition des familles des plantes, mais en la bornant aux genres sans pétales. M. de Jussieu a admis , en 1 8o4, la circonscription de la famille à peu près telle que 31. Brown l'avait établie, mais en lui donnant le nom de Myrobalanees. Je conserve, à l'exemple de M. Ach. Richard, le nom i|ue lui a imposé M. Brown , qui a le premier reconnu ses caractères et ses limites; mais c'est par égard pour la priorité , et sans me dissimuler que le nom de Combrétace'es est déduit d'un genre excentrique, et qui fait exception à quelques-uns des principaux caractères de la famille. Les Combrétace'es peuvent être presque indifféremment placées auprès des Sautalacées et des Eléagnées, ou près des Onagraires et des Myrtacéesj leurs genres, dépourvus de pétales, s'approchent des premières, et ceux qui en sont munis les lient aux secondes. Je me décide pour ce dernier rapprochement, et je les place dans les Calyciflores, parce que l'absence des pétales est assez, fréquente parmi les Ca- lyciflores, et qu'on paraît ge'néralement convenu de ne re- jeter parmi les Monochlaniydées que les plantes constam- ment dépourvues de corolles. Au reste, cet exemple pourra, avec plusieurs autres , tendre à prouver que les Monochla- jTîydées sont peut-être un groupe tout-à-fait artiriciel, et qui dcit être réparti entre les Calyciflores et Its Thalamillores. Sans vouloir donner ici les caractères détaillés des Com- brétacées, déjà bien exposés par MM. de JussieU, R. Brown et A. liiciiard, je rappellerai que les principaux sont d'avoir un calice dont le tube est adhérent par sa base avec lovaire , et épanoui par le sommet en un limbe à quatre ou cinq (ientsj que les pétales sont petits, insérés sur le calice entre ses dents, DES COMBBÉTACÉES. 3 OU manquent tout-à-fait; que lesétamines sont presque tou- jours en nombre double des pétales ou des dents du calice, in- sérées alternativement devantet entre ces dents ; que l'ovaire est surmonté d'un style simple, et offre à l'intérieur une seule loge, du sommet de laquelle partent deux à cinq ovules pendans et munis d'un cordon ombilical assez long; que le fruit est indhiscent 5 qu'enfin, la graine est dépourvue d'al- bumen, a sa radicule dirigée vers le sommet du fruit, et ses cotylédons tantôt roulés en spirale l'un sur l'autre , tantôt repliés ou ridés de diverses manières. Les Combre'tacées sont toutes des arbres ou des arbustes originaires des pays équatoriaux ; leurs feuilles sont alternes ou opposées, toujours simples ou penninerves , entières ou légèrement dentées, souvent munies de glandes vers le sommet du pétiole , toujours dépourvues de stipules. Les fleurs sont disposées en épis, tantôt grêles et allon- ges, tantôt resserrés en tête : ces épis sont axillaires ou ter- minaux , souvent disposés en panicule. On trouve fréquemment des Combrétacées oi!i les fleurs d un môme épi sont , les unes hermaphrodites , et les autres mâles par l'avortement des parties femelles; souvent sur un grand nombre de fleurs dont un épi se compose, il y en a à peine quelques-unes qui puissent mûrir leurs fruits, et parmi celles mêmes dont le fruit vient à maturité, les graines ten- dent souvent à avorter ; ainsi, non-seulement des deux, trois, quatre ou cmq ovules qu'on y observe, il n'y en a jamais qu'un qui se change en graine, mais souvent ils avortent tous, et le fruit , quoique bien conformé à l'extérieur, se trouve vide à l'intérieur. i SUR Ik FAMILLE Je divise les Combrétacées en deux tribus, savoir : 1°. LesTERMiNALiÉES, qui répondent à peu près aux Ter— miualiacées de Jaume et au groupe indiqué par M. de Jussieu dans les annales du Muséum^ vol. v, pag. 222. Elles ont pour caractère d'avoir l'embryon à peu près cylin- dracé, à cotylédons roulés spiralement l'un sur l'autre autour d'un axe idéal, longitudinal^ les fleurs à cinq dents calycina- les, à étamines, tan tôt dépourvues, et tantôt munies de pétales.' 2°. Les CoiiBRETÉEs, qui diti^rent des précédentes parce que leurs cotylédons , au lieu d être foliacés et contournés en spirale, sont charnus et irrégulièrement contournés dans les divers genres. Les fleurs sont toujours manies de pétales , au nombre de quatre ou cinq. Passons rapidement en revue les genres qu'on doit rap- porter à ces deux tribus. La première, ceUe desTerminaliées, se sousdivise selon que les genres sont dépourvus ou munis de pétales. Parmi les Terminaliées sans pétales, je compte les genres suivans ; 1°. LeBuciDAdeLinné, qui, comme on sait, est le Buceras de Patrick Brown, et auquel je pense qu'on doit rapporter \ Hudsonla de Lunan ( Hort.jam. 11 , p. 3 1 o ) , q«i est entiè- i-ement dilïérent de r//«(/som« de Linné 5 je décrirai dans la seconde partie de ce Mémoire une nouvelle espèce de ce genre, assez analosue au Bucida Buceras. 2°. L AcATHisANTiiiiS indiqué dans le bel ouvrage de M. Biume , sur les plantes de Java. 3'^. Le Terminalia de Linné, où je réunis encore le Ca- tappa de Gaertner, et le Myrobalanus de Lamarck : le pre- mier de ces sous-genies comprend le Tanibouca d'Aublet j ttS' COMERÉTACÉES. h le second comprend le Myrobolanus et la Badamla de GaertncF, le Fatrœa de Jussieu, et la Painca dAubietj i'ai peu de doute que ces deux, groupes, caraciérisés, le pre- mier par ses fruits comprimés ou même ailes sur les bords , et le second par ses fruits ovoïdes, devront un jour fornier deux genres distincts j mais le nombre des espèces dont le fruit est inconnu e.-.t si considérable, que je n'ai pas ose admettre une division oh. plus de la moitié des espèces du genre n'aurait pu trouver place : il est vrai que parmi ces espèces à fruits inconnus, plusieurs devront probablement être exclues du genre Terminalia; ainsi, les 7'. erylhrophylla de Burchell, villosa et discolar de Sprengel, qui ont le calite à quatre dents et huit étamines, paraissent être des Com- bretums, tandis que plusieurs des espèces de l'Inde orientale pourront bien rentrer dans le genre suivant. 4". Le Pkntaptera de Koxburgh est un genre qui nétait connu jusqu'ici que par son nom inséré dans le catalogue du jardin de Calcutta. On pourrait le considérer comme une simple section des Terminaîia; mais les Terminalia de- vant être un jour eux-mêmes divisés, je n'ai pas cru devoir ajouter ce nouvel élément d'hétérogénéité à ceux qui s'y trouvent déjà réunis. Les Pentaptères s'en distinguent, ainsi- que leur nom l'indique, par leur fruit , qui est muni de cinq à sept ailes verticales régulières, coriaces et très-saillantes. Ce sont tous des arbres de l'Inde orientale ; leurs feuilles sont opposées, mais avec une certaine tendance à devenir alternes, toutes pétiolées, entières, coriaces, munies de deux grosses glandes vers leur base; les épis sont axiilaires ou terminaux, le plus souvent disposés en panicule. Je possède quatre 6 SUR LA FAMILLE espèces de ce genre, dont je donne ci-après la description- dctaillée, savoir : les P. tomentosa, paniculata , arjana et ohovala. Outre ces quatre espèces, Roxburgh en indique quatre autres dont il ne donne aucune description, savoir : les P. coriacea, glabra , btaiataet anguslifoUa. Et enfin je dois réunir aux Pentaptères les TerminaUa cuneata et crenulala de Rolh. Ainsi ce genre, tout originaire de l'Inde, se compose déjà de dix espèces. 5". Le Getonia de Roxburgh ou Calycopleris de Lamarck, dont je ferai connaUre ci-après une espèce non décrite, n'offre rien de nouveau, quant au caractère générique. 6". Le Ghuncoa de Pavon et de Jussieu, dont je conserve le nom primitif, quoiqu'il ait plu à son auteur de le dési- gner plus tard sous le nom de Ginibernalta. 7°. Le Ramatuella de Kunth, dont les fleurs sont in- connues , mais qui par son fruit me paraît se rapprocher du Conocarpus plus que d'aucun autre genre de cette fa- mille. 8°. Le Conocarpus, qui mérite de nous arrêter quelques instans. Ce genre avait été établi par Jacquin, et adopté par Linné comme composé des C. erecta (en y réunissant ses variétés) et racemosa. Adanson paraît avoir eu le pre- mier l'idée de les séparer, et a donné au premier de ces groupes le nom de Rudbeckia, et au second celui d'Horau. MM. de Jussieu etGaertner indiquent cette séparation comme un simple soupçon; mais M. Gaertner fils l'établit d'une manière positiveen i8o5, etdonnale nom de Laguncularia au genre formé par le Con. racemosa. Trois ans plus tard M. Richard mentionna ce genre sous le nom de Spheno^ DES C0MBRÉTACÉE5. 7 carpus, mais sans en donner de description : il est donc re- connu que la C. racemosa qui se distingue des autres par la présence de cinq pétales, la constance des étamines au nombre de dix , et la persistance du limbe du calice, forme un genre particulier, et que ce genre doit garder le nom de Lagiincularia , puisque c'est le premier qu'il a reçu, et que Gaertner fils l'a appuyé d'une excellente description. Le vrai Conocarpus reste donc réduit aux espèces sans pétales, où le nombre des étamines varie quelquefois de cinq à dix, oîi le limbe du calice tombe, et où les fleurs sont sen-ées en tête arrondie et les fruits plus ou moins embriqués. Ces fruits sont de consistance coriace, ailés sur les deux bords, de manière à prendre la forme d'une samare ou d'une large écaille , que les premiers observateurs comparaient avec assiz de raison aux fruits de laulne. Quant à l'opinion exprimée par M. de Jussieu, que le Co- nocarpus doit être exclus des Combrétacées, j'avoue que je ne saurais la partager : ce savant respectable se fonde sur l'existence de l'albumen, l'unité des ovules et le nombre quinaire des étamines; mais l'albumen, qui a été indiqué par Gaertner, est très douteux: son père dit formellement qu'il n'y en a point, et la description du fils, faite évidemment d'après des échantillons mal mûrs, mérite peu de confiance. Lui-même avoue qu'il pourrait bien y avoir deux ovules; et lors même qu'on n en verrait qu'un à la maturité, ce ne se- rait pas un motif pour qu'il ne pût y en avoir deux dans une époque moins avancée. J'ai cherché k vérifier ces doutes; mais quoique j'aie ouvert un grand nombre de fruits, je n'ai pas pu en rencontrer qui eussent un embryon mûr, accident s SUR LA FAMILLE qui, comme je l'ai dit plus haut, est fréquent dans cette fa* mille. Le nombre des étamines , qui varie de cinq à dix , prouve que le nombre naturel est dix, et confirme qae ce genre doit rester dans les Combrétacées , dont il a d'ailleurs tous les au-' très caractères : je vois que MM. R. Brown, Kunth et Ach, Richard partagent aussi cette opinion. Une difficulté qui m'a arrêté plus long-temps, c'est de savoir si le Conocarpus acw/wtVzato, que Roxburgh a indiqué sans le caractériser, dans le Catalogue du jardin de Calcutta, et dont je donne ci-après la description et la figure, doit être considéré comme un genre distinct, ainsi queRoxburgh lui- même l'avait e'tabli dans ses premiers herbiers, où il lui donnait le nom àiAndersonia. 11 paraît que c'eit à ce genre que M. Brown fait allusion, en disant à la page 35i de son F rodromus , qu'il faut rapporter aux Combrétacées un genre décandre et inédit, très-voisin du Conocarpus. J'avais atlmis le C. acuininala comme genre distinct jusqu'au moment OÙ j'ai eu connaissance d'une nouvelle espèce {Voy. ci-après la description du C. Icioourpa), originaire d'Afrique, et qui me paraît intermédiaire par sa structure, entre ceux d'A- mérique et de l'Inde. Je crois donc plus conforme aux prin- cipes d'une classification raisonnéede réunir ces trois plantes sous le nom de Conocarpus, en y établissant trois sections. La première, qui comprend les vrais Conocarpes originai- res d'Amérique, recevra le nom de Euconocarpus : elle se distingue en ce que le nombre de ses étamines y varie de cinq à dix, que le limbe du calice est sessile et un peu oblique sur la partie de son tube qui est soudée avec l'ovairej que ses fruits sont dépourvus de pointe à leur sommet, déjetés après DES COMBRÉTACÉES. 9 la fleuraison vers la base de l'épi, et fortement embriqucs les uns sur les autres en sens contraire de la direction natu- relle. C'est ici que se rapporte le C. erecta, dont le C pro- cumbens et le C. acutifolia paraissent n être que des va- riétés. La deuxième section, qui comprend l'espèce d'Afrique, a reçu le nom de Leiocarpœa, pour faire allusion à son fruit parfaitement lisse : elle se distingue de la précédente parce que le tube du calice se prolonge un peu au-dessus de l'o- vaire, et forme, après la fleuraison, une petite pointe au sommet du fruit; mais elle s'en rapproche parce que ses fruits sont rebroussés, étalés et lâchement embriqués dans le même sens à peu près que ceux des Euconocarpes. Enfin, la troisième section, qui est établie d'après l'espèce de llnde découverte par Roxburgh, se distingue, soit à ce que le tube du calice se prolonge au-dessus de l'ovaire de manière à former une pointe allongée, soit à ce que les fruits sont dresses et embriqués dans le sens contraire aux pré- cédens : c'est d'après ce caractère que j'ai donné à cette sec- tion le nom d'^nogeissus. Roxburgh indique une autre espèce sous le nom de C. la- tifolia, dont je crois avoir un e'chantillon suffisant pour reconnaître qu'elle est distincte des trois précédentes, mais point assez pour pouvoir la classer. Ainsi, le genre Conocarpus, dégagé du Laguncularia, com- prend encore trois groupes très prononcés, dont ceux qui aiment à multiplier les genres pourront faire trois genres distincts, mais qui me paraissent trop voisins pour qu'il vaille la peine de les désunir. TOM. IV. 2 10 SUR LA FAMILLE La seconde sous-division des Terminalices comprend le* genres munis de pétales : elle se compose des suivans : 1°. Le Laguncularia de Gaertner fils, genre détaché du Conocarpus, et dont j'ai parlé plus haut. 2°, Le GuiERA de Jussieu et de Lamarck. 3°. Le PoivREA est un genre détaché du Combretum par Commerson ; il comprend les espèces qui, comme les genres précédens, ont cinq pétales et dix étamines. Elles ont aussi les cotylédons très sensiblement roulés l'un sur l'autre, et tiennent un peu à cet égard le milieu entre le Combretum, dont elles se rapprochent par le fruit à ailes membraneuses, et tous les genres précédens, auxquels elles ressemblent par le nombre quinaire des parties de la fleur et l'enroulement des cotylédons. Ce genre Poivrea est d'autant plus conve- nable à admettre, qu'il n'appartient pas même à la tribu des Combretées. Sonnerat avait établi ce genre sous le nom de Cristaria ; mais ce nom ayant été donné par Cavaniiles à un genre de Malvacées généralement admis, il convient de le supprimer ici. M. du Petit-Thouars confirme l'admission du genre de Commerson, et je me plais à conserver aussi avec lui dans les fastes de la botanique le nom du vénérable philan- thrope Poivre, protecteur des travaux de Commerson, et bienfaiteur des cultivateurs des îles de France et de Bourbon. On peut compter actuellement cinq espèces de Poivrea, deux épineuses et trois sans épines. A la première de ces séries ap- partiennent le P. alternijolia ou Combretum alterniJoLium de Persoon et de Kunth, et le P. aculeata ou Combretum aculeatum de Ventenai , dont je donne ci-après la description et la figure. Dans la seconde série viennent se ranger le Pol- DES COMBRETACÉES. It vrea eriopetala, dont je donne ci-jointes la description et la figure, le P. Roxburghii ou Combrelum decandruni de Kox- burgh, très distinct de celui de Jacquin, et le P. coccinea ou Combrelum coccmeum de Lamarck. Tous les autres Combre- tums décrits appartiennent au véritable genre Combrelum, qui fait partie de la tribu suivante. La seconde tribu des Combrétacëes, ou la tribu des Com- bretées, comprend les genres dont les cotylédons ne sont ni foliacés, ni roules en spirale régulière, mais charnus, épais, et plus ou moins irrégulièrement appliqués l'un contre l'autre. Tous les genres qui la composent ont des pétales comme les derniers genres des Terminaliées ; les parties florales y sont en nombre quinaire ou quaternaire. Je rapporte à cette tribu, 1°. Le genre Quisqualis, dont M. Blume nous apprend que les cotylédons sont charnus j 2°. Le genre Lumnitzera de Willdenovw^, qui, publié par ce savant en i8o3, doit conserver son nom de préférence au genre de Labiées auquel M. de Jacquin a donné le même nom en 1817 : les graines de ce Lumnitzera ne sont pas connues; mais je le rapporte ici à cause de son extrême ana- logie avec le Cacouciaj 3°. Le Cacoucia d'Aublet, que les amateurs de change- mens de noms ont désigné de diverses manières ; Scopoli a le premier transformé le nom primitif en Hambergera. Necker l'a nommé Hambergla, et Willdenow trouvant sans doute que ces trois noms ne suffisaient pas encore, lui a donné le nom de Schousbœa. Outre le Cacoucia coccinea d'Aublet, sur lequel le genre a été établi, j'y rapporte, 1°. une 12 SUR LA FAMILLE espèce de Chine dont le fruit m'a été communiqué par M. Ad. de Jussieu, sous le nom de Cacoucia Chinensis , et qui diffère de celui d'Aublet par ses fruits plus petits, et à cinq angles plus saillans; 2°. j'y rapporte le Cornbretuin tri- folialum de Ventenat, qui paraît être le C. lucidum de Blume : il a le fruit plus long et les angles plus saillans encore que le précédent; mais ses angles ne sont point des ailes membraneuses, comme dans les Poivrea ou les Combre- tums. Un ne connaît pas l'embryon de cette dernière espèce. Quant à la première, la grosseur de la graine doit faire pré- sumer que les cotylédons sont charnus, et je lai vu formel- lement dans l'espèce de Chine qui offre la singularité d'avoir deux graines situées l'une au-dessus de lautre. 4.°. Il est probable que c'est à cette tribu qu il faut rappor- ter le Ceratostachys de Blume, dont les cotylédons ne sont pas dt-crits. 5". Enfin, c'est ici qu'appartient le vrai genre Combretum, qui, débarrassé du Poivrea, se caractérise par ses calices à quatre dents, ses quatre pétales, ses huit étamines, ses fruits à quatre ailes, sa graine à quatre angles, et ses cotylédons charnus, plies et un peu ridés, mais n offrant pas de traces de la courbure spirale propre aux Terminaiiées; leur sper- moderme forme des espèces de replis intérieurs qui s'insinuent plus ou moins entre les plissemens des cotylédons, en rappe- lant un peu ce qui se passe dans les Annonacées. Leurs cotyr lédons sont plies en long sur leur cote moyenne, puis repliés par leurs, bords sur eux-mêmes. Ou peut prendre une idée de cet arrangement en consultant la planche 5*^ de ce Mémoire, où j'ai tait représenter les fruits de deux Combretums. On DES COMBRÉTAOèES. 18 peut encore juger de la différence des Combretums et des Poivrea en comparant les deux figures de Gombretum que M. iVlirbel a présentées à la planche 44 de ses élémens. La figure 4 est un vrai Combi tlum , probablement le C j4u- hleUl; la figure 5' est un Poivrea^ probablement le P. acu- leata. La figure que Gaertner a donnée de la graine du Combretum laxum (i, t-36), peut faire connaître aussi la disposition générale des cotylédons ; mais elle ne repré- sente ni les plis des deux bords , ni les rides transversales , ni les replis du spermoderme entre ces rides. J'ignore si réel- lement cette espèce diffère de celles dont j'ai observé la graine, ou si peut-être la figure de Gaertner aurait été faite d'après des échantillons mal mûrs. Le nombre des espèces de Combretum a beaucoup aug- menté dans ces dernières années ; pendant long-temps on n'en a connu que les deux découvertes far Jacquin , les C. laxum et secundum; dès lors M. Richard en a indiqué trois par une simple phrase , parmi les espèces rapportées de Cayenne par Leblond; M. Ventenat en a fait connaître deux du Sénégal, MM. de Humboldt, Bonpland et Kunth en ont décrit cinq espèces d'Amérique, et M. de lieauvois deux d'Afrique; mais surtout M. Don en a fait connaître avec soin un du Napaul, et neuf espèces originaires de Sierra-Leona; après toutes ces additions, il me reste encore huit espèces nouvelles dont je donne ci après la description , en y joignant celles de quelques espèces déjà désignées par une simple phrase, et qui mont paru trop incomplètement connues. Il résuite de cette énumération , qu'après même la sépara- tion des Poivrea , le genre Combretum se trouve composé de 14 SUB LA FAMILLE trente-trois espèces , dont quatorze originaires des parties equinoxiales de l'Amérique, seize de l'Afrique équinoxiale et occidentale, et trois du Napaul ou des îles de llnde. La famille des Gombrélacëes elle-même, considérée dans son ensemble, comprend quatre-vingt-dix-neuf espèces d'ar- bres ou d'arbustes, dont trente six des parties equinoxiales de l'Amérique, trente-six de l'Inde orientale, et vingt-sept de l'Afrique , savoir : cinq des îles de l'Afrique australe , deux du Gap de Bonne-Espérance , et vingt entre le Sénégal et le royaume d'Oware. Ainsi , on peut dire en nombres ap- proximatifs , qu'elle est presque également distribuée par tiers entre les trois grandes parties du monde situées sous les tropiques. Les deux espèces du Napaul qui parviennent jusqu'à environ 3o° de latitude boréale, sont celles qui dans ce sens s'éloignent le plus de léquateur : les deux espèces du Cap de lionne- Espérance parviennent à la même distance de léquateur dans Ihémisphère austral : il est plus difficile de fixer les limites des espèces américaines ; le Combretum mexlcanum , qui paraît la plus septentrio- nale, se trouve à 17° de latitude boréale. Les espèces du Brésil paraissent celles qui s'éloignent le plus de l'équateur en latitude australe, si comme je le présume elles provien- nent des environs de Rio-Janeiro, au tropique du Capricorne ; mais leur station n'est pas exactement connue. Indépendamment des vraies Combrétacées que je viens de mentionner, il est très probable qu'il faudra y rapporter le BriiguieraàeVeût-Thovi&Yii, très différent de celui de La- marck, et le Bohua d'Adanson, qui sont l'un et l'autre encore peu connus. Enfin, il y a trois genres qui ont avec DES COMBRETACÉES. 15 cette famille des rapports assez, curieux pour qu'il soit né- cessaire de les indiquer , savoir : le Memecylon , le Punica et l'Alangium. Les deux premiers ont absolument l'embryon à cotylédons foliacés enroules l'un sur l'autre comme les Combrétacées; le Memecylon, en particulier , ne présente à la maturité qu'une seule graine pendante dans une loge unique j mais dans une époque moins avancée , le fruit paraît divisé en plusieurs loges, ce qui n'a jamais lieu dans les Combrétacées, et la structure entière de la fleur, surtout celle des anthères, est très analogue à celle des Melastomes : je regarde donc ce genre comme intermédiaire entre les Combrétacées et les Mêlas tonéesj mais, plus voisin de ces dernières, il formera une petite famille sous le nom de Mémecylées. ( Voy. Prod. V, 3, p. 5.) Le Grenadier , arbrisseau si connu qu'il semblerait de- voir ne présenter aucun sujet de doute, a aussi l'embryon enroule comme dans les Combrétacées ; mais la multitude de ses graines, leur enveloppe pulpeuse, le nombre et la disposition bizarre des loges du fruit , la structure de son calice, le nombre indéterminé de ses étamines, l'écartent entièrement des Combrétacées: on a coutume de le classer parmi les Myrtacées, dont il semble en effet plus voisin, mais dout il diffère à plusieurs égards. Je considère donc le Gre- nadier comme le type d'une nouvelle famille. M. Don a eu la même opinion, et comme il la publiée avant moi, j'adopte le nom de Granulées, sous lequel il l'a très bien caractérisée. (Voy. prod. v. 3, p. i.) liiifia, l'Alangium est encore un genre remarquable par 16 SUR LA FAMILLE ses analogies avec les Combrétacées ; ce n'est pas par la structure des graines , mais par la disposition générale des parties de la fleur que !e rapport s'établit : son calice a le tube ovoïde , resserré au sommet , puis épanoui en limbe comme les Combrétacées ; les ëtamines sont en nombre double ou quadruple des pétales , à anthères linéaires lon- guement adnées j son fruit est une drupe uniloculaire et ordinairement monosperme ; la graine est pendante , mu- nie d'un albumen charnu et d'un embryon droit à ra» dicule longue et à cotylédons planes. Il est évident d'après ces caractères, et surtout d'après la structure des anthères et celle de la graine, que ce genre ne peut faire partie, ni des Myrtacées ou des Onagraires avec lesquels divers au- teurs l'ont réuni , ni des Combrétacées , quoique la struc- ture de son calice l'en rapproche davantage. Je suis forcé de le considérer comme le type d'une nouvelle famille , les Alangiées (Voy. Prod. v , 3, p.2o3 ), qui se compose de l'A- langium , et peut-être du Diatoma de Loureiro , genre encore mal connu , que je nomme Petalotoma , pour éviter de le confondre avec le Diatoma , admis dans la famille des Algues, (i) (i) Le Diatoma de Loureiro a été long-temps regardé comme une espèce d'AIangium. C'est pendant cette époque que j'ai établi le genre d'algues au- quel j'ai donné le nom de Diatoma : celui-ci a été universellement admis ; le nombre de ses espèces est considérable; il a donné lieu à la formation d'une tribu, peut-être d'une famille nouvelle, sous le nom de Diatomées ; ce nom qui signifie , non pas que la plante est formée de deux atomes , comme le croit M. Bory, mais qu'elle se coupe ea travers ( i:fi/i ,iu-ii/p 1>ENTAI>TE1\A Arjun. I^^V CONOCARPUS Acuminala . /#»% StyLuu/, Je/ . fio.i\ru/ .rcii/p l'OlNR.EA Aculeata Plf^. Iffi/liuui Jef A POIFJEA nwpetuài M. COMMRETUM alùo,i. y.L . Itfitsseuu pef^eJcaiv. jSjiS. C. COMBIRETUM.sfec.ujn. WïïJ DES COMBRETACÉES. 41 5. Un fruit de grandeur naturelle. 6. Ledit grossi. IV. Poivrea aculeata. A. Un rameau en fleurs, de grandeur naturelle. B. Un dit en fruits. 1. Une fleur entière très grossie. 2. Ladite en bouton , ouverte. 3. Etaniine vue du côté intérieur. 4' Ladite du côté extérieur. 6. Un pétale. 6. L'ovaire et le calice. j. La fleur coupée en long , et très grossie pour montrer l'ovaire , les ovules pendants , le limbe du calice étalé , deux des pétales , les dix éiamines et le style. 8. Le fruit coupé en long. 9. L'embryon , de grandeur naturelle. 10 , II et 12. Ledit grossi , vu sous divers aspects. i5. Coupe transversale de l'embryon. V. Poivraea eiiopetala. A. Un rameau de grandeur naturelle. 1. Un fragment de l'épi grossi. 2. Une fleur entière grossie. 5. Une étamine , vue du côté intérieur. 4- Ladite, vue du côté extérieur. 5. Un pétale. 6. La fleur entière ouverte, étalée et très grossie. 7. Une fleur dépouillée de pétales. B. Coinbretum altum. 1. Le fruit entier , de grandeur naturelle. 2. Le même, coupé en long. 3 et 4- L'embryon grossi , vu de deux côtés. 5. Coupe transversale de l'embryon. TOM.> IV. 6 42 SUR LA FAMILLE DES COMBRÉTACÉES. C. Combretum. Espèce inconnue. 1. Le fruit entier j de grandeur naturelle. 2. Le même, coupé en long pour montrer la graine. 5. L'embryon entier. 4. Ledit avec les cotylédons séparés. 5. La coupe transversale de l'embryon. MEMOIRE sus LA COLORATION AUTOMNALE DES FEUILLES. PAR M, MACAIRE-PRINCEP. ( LU EN NOVEMBRE 1826.) Il n'est personne qui n'ait été frappé de surprise , et sou- vent d'admiration, par le nouveau spectacle qu'offrent en automne les couleurs variées et éclatantes dont la nature pare tout-à-coup les végétaux. Il semble qu'après avoir» par une teinte douce et à peu près uniforme, ménagé les yeux de l'homme pendant que le soleil est dans tout son éclat, elle profite des derniers momens qui lui restent pour déployer toute sa puissance , en donnant au paysage les teintes les plus riches et les plus variées, et terminer par ce brillant coup d'œil l'ensemble des phénomènes annuels de la végétation. Ce changement si remarquable a naturelle- ment attiré l'attention des physiologistes ; mais presque tous ne l'ont envisagé qu'en passant, et comme lié à un autre faitj 44 MÉMOIRE la chute des feuilles , dont l'explication leur semblait bien plus importante. Aussi plusieurs, tels que M. de La Mark, n'ont vu dans cette coloration automnale des feuilles qu'un état morbifique; M. Sennebier, une altération où diminu- tion dans leurs sucs nourriciers, qui ne fait que préparer leur chute en paralysant le réseau supérieur de la feuille, etc. Il m'a paru que ces deux phénomènes étaient assez inde'pen» dants l'un de l'autre pour demander à être examinés sépare'- ment, et quoiqu'en général on ne puisse nier que la chute des feuilles ne soit souvent précédée de leur changement de couleur , il existe un grand nombre de cas oii les feuilles tombent vertes , et d'autres où elles changent de couleur sans tomber. Cette distinction a quelque importance, puisque si ce changement de couleur de la feuille ne doit qu'amener sa chute, il doit être considéré comme un commencement de mort, comme l'ont fait la plupart des physiologistes, tandis que je crois qu'on doit l'envisager comme un phéno- mène de la vie du végétal, une suite de l'action continuelle des mêmes agents qui président aux autres fonctions de la plante , opinion que le peu de faits rapportés dans ce Mé- moire pourront peut-être servir à confirmer. C'est, comme chacun sait, à la fin de l'été ou dans le cou- rant de l'automne que s'opère dans les feuilles le changement de couleur qui fait le sujet de notre examen. Quelque va- riées que soient les teintes qu'elles présentent , on peut dire qu'à un petit nombre d'exceptions près, elles ariùvent à des nuances du jaune ou du rouge, qui sont à cette épo- que les couleurs dominantes dans le paysage. Ce n'est point tout-à-coup que le chano;ement devient visible ; pour l'or- SUR LA COLORATION AUTOMNALE DES FEUILLES. ^5 dinaire, la couleur verte disparaît par degrés dans la feuille j beaucoup de feuilles, comme celles de l'acacia, de 1 abrico- tier, commencent à jaunir çà et là et par taches. Dans d'au- tres, comme le poirier, etc. il persiste long-temps des points d'un beau vert sur le fond orange ou jaune des feuilles. Quelques-unes, comme celles du Rhus Coriaria, commen- cent à changer dans leurs bords, et surtout à la pointe. Les nervures et les parties du parenchyme qui les touchent , semblent conserver leur couleur verte le plus long-temps. J'ai cru remarquer que les feuilles dont le vert est foncé prennent la couleur rouge , et celles dont le vert est clair la teinte jaune ou jaunâtre. La plupart cependant des feuilles qui deviennent rouges, passent par le jaune comme inter- médiaire : on peut le remarquer dans le sumac ( Rhus Coriaria ). Jnjluence de la lumière. — Il était facile de voir que l'ac- tion de la lumière exerçait une grande influence sur le changement automnal de la couleur des feuilles, et dans les feuilles qui se recouvrent naturellement en partie, la por- tion découverte étant toujours plus promptement et plus fortement colorée. Il s'agissait de s'assurer si le phénomène pourrait avoir lieu dans l'obscurité, et en mettant entièrement à l'abri de l'action deJa lumière, soit les branches entières , soit des parties de feuilles ; j'ai toujours vu que cette priva- tion empêchait tout changement de coloration. Si la feuille entière était abritée , elle tombait verte 5 si seulement une partie, le reste du parenchyme, se colorait, la portion cou- verte gardait sa couleur primitive. Je me suis assuré de plus que la lumière était nécessaire dans toutes les phases du 46 MÉMOIRE phénomène, et si j'abritais des feuilles ou portions de feuilles qui étaient jaunes avant de rougir, comme le SumHc{R/ius Coria/ia), la feuille tombait jaune, ou la partie couverte conservait cette couleur, tandis que le reste rougissait, ce qui démontre la nécessité de l'actioa de la lumière dans tous les degrés de coloration. action de l'atmosphère. — Chacun sait, et c'est surtout aux belles expériences de notre célèbre collègue le professeur Th. de Saussure qu est due la démonstration de ce fait impor- tant; chacun sait, dis-je, que les parties vertes des plantes absorbent pendant la nuit une quantité d'oxygène variable, selon les espèces des végétaux, et qu'elles expirent une cer- taine proportion de ce gaz lorsqu'on les expose au soleil dans de leau de source. Curieux de connaître les modifica- tions que la coloration automnale des feuilles pourraient ap- porter à ce phénomène, j'ai fait plusieurs séries d'expériences, en suivant le plus scrupuleusement qu'il m'a été possible les indications de M. de Saussure. Je me suis d'abord assuré que les feuilles dt'jà colorées ne dégagent point de gaz. oxygène par leur exposition à la lumière du soleil, et j'ai appris de- puis que ce fait avait été reconnu par M. Sennebier. lin pous- sant plus loin mes recherches, j'ai trouvé que dès que les feuilles étaient, soit colorées en partie, soit sur le point de changer de couleur, lors même qu'à lœil elles paraissaient encore vertes, elles cessaient dès lors de dégager l'oxygène au soleil- J'ai également trouvé, par un grand nombre d'es- sais dont je crois devoir épargner les détails, que les feuilles, arrivées au même point de tendance à la coloration autom- nale, continuaient à inspirer du gaz oxigène pendant la nuit. SUR LA COLORATION AUTOMNALE DES FEUILLES. 47 et en quantité toujours décroissante à mesure que la colo- ration avançait, ce qui permettait de conclure que c'était à la fixation de cet oxygène dans la matière colorante de la feuille que le changement de teinte était dû. Du principe colorant des feuilles.— 11 y a quelques années, MM. Pelletier et Cavantou reconnurent à la substance verte des feuilles des propriétés spéciales , et la rangèrent sous le nom de chlorophyle parmi les produits immédiats ûu règne végétal. Cette substance paraissant être le siège des modifi- cation de couleur des feuilles , devait être le sujet de mon examen. Après en avoir étudié de nouveau les propriétés que je rappellerai bientôt , je m'attachai à examiner la subs- tance correspondante des feuilles colorées en jaune et louge par linfluence automnale. Pour obtenir la chlorophyle , MM. Pelletier et Cavantou emploient 1 alcohol agissant sur le marc des plantes; mais j'ai trouvé que lorsqu'on opérait sur des feuilles, il fallait auparavant les faire bouillir dans léther, pour enlever la cire et les matières grasses qu'elles contien- nent presque toujours.Eu traitant des feuilles jaunies du peu- plier {Populusfastigiata) par léther sulphurique bouillant, il se colore légèrement en jaune , et laisse déposer par le refroi- dissement une substance pulvérulente ayant toutes le^i pro- priétés de la cire. Par levaporation , on obtient une matière grasse, solide, blanche, fusible à douce chaleur, d une forte odeur de peuplier, et laissant exhaler lorsqu'on la chauffe une vapeur acre et piquante. Cette substance se retrouve de même dans les feuilles vertes. Le résidu des feuilles jaunies aété bouilli dans une suffisante quantité d'alcohol à 4o", qui s'est teint d'une belle nuance jaune , et les feuilles ont perdu MEMOmr. ^ leai,, ne se trouble V-' ^''^'^■'"l'f'^^, si, «près lavoir L floco» jaunâtres d'^-^^^rSun! L y ajoute mélangée avec un peu -^^ '^.'^f"''Vl,e laque dun ,aune de la potassepure, » -P'-'P", ^^jt ItionalcohoHque „„ngl Kvaporée à douce chakur > d- ^^_^^^ ^^,y^ ,.„„ des feuilles launes la,sse ^^P»- ™\„,,,,, , .,,„slucide, jaune orangé, dune saveu comme ^^^^^ ^ l.agglutiua„t lorsqu'elle eachau^^^^^ ^^^^ f„,d„ Valcohol qu elle colore en aune ^^^^_^ ^^^_^ j_^^ i„ et se dissolvant un peua larde de ^^-^ ^^.gage étendus; au feu, elle ^' '""^^^^^aUére végétale brûlée. une odeur agréable comme dune m ,^^ .^^^_,^ ^ Chauffée dans ^-^'^^"T ^^t^rééi. d'un blanc boursouffte, puis se dissout ''f j;'„„ oi„t dindices de la jaunâtre , qui , traité par 1 eau 1^^ f^™ / prfé.és lui sont Vésencede 1»«V ,' t^^I v" « retirée par les mêmes communes avec a ''*^™;X j^ „toe arbre, avec les procédés d-feuiUes encore J^t^s^^^^^^^^^^ ^^, Lules modifications de -u ". Les , ^^^^^ ,^_^ , tent ces deu. -f -' .^ lileTe rte . et rinsoUrb.bte de grasses et esseutrelles me estalors eutoutsemblabealacMo P y ^^^, _ ^^^^^ ,^^ ^„p, elle soluble dans es h'.''". » u'^^ ^^^^, ks acides, ou susceptibles de céder leur o.y.eue. SUR LA COLORATION AUTOMNALE DES FEUILLES. 49 l'emploi des moyens qui facilitent la combinaison de ce gaz, comme l'exposition à l'air de la dissolution alcoholique , la chaleur, etc. font passer la chlorophyle à la couleur jaune ou rouge , de sorte que la résine des feuilles qui ont subi la coloration automnale , semble n'être que de la résine verte oxygénée , ou ayant subi une sorte d'acidification. Si on laisse séjourner quelque temps dans la potasse une feuille jaune d'un arbre quelconque, elle redevient d'un beau vert, sans éprouver d'altération sensible; l'ammoniaque et tous les alcalis ont le même effet ; au contraire, le séjour d'une feuille verte dans un acide la jaunit ou rougit bientôt , et la potasse rétablit la couleur verte , etc. Il était impossible de conserver le nom de chlorophyle à une substance qui non-seulement n'était pas toujours verte, mais qui, comme je le dirai bientôt, n'existe ailleurs que dans les feuilles , et j'avais imaginé le mot phytochrome, lorsque M. le professeur De Candolle , qui avait bien voulu me permettre de lui communiquer ces résultats , m'a dit avoir également senti la convenance d'adopter un nouveau mot et avoir fait choix de celui de chromule , que j'emploierai dans la suite de ce Mémoire. Si l'on traite par l'alcohol à 4o" bouillant des feuilles rou- gies de sumac ( R/ius coriaria ) ou de poirier , la liqueur se colore d'un beau rouge de sang, et par l'évaporation dépose une substance résinoïde et redevenant d'un beau vert par l'action des alcalis. Un acide , dans ce cas , rétablit la couleur rouge. Comme l'on voit la chromule verte passer souvent par la nuance jaune avant que d'arriver au rouge , Ton doit naturellement en conclure que cette dernière est à un TQM. IV. 7 50 MÉMOIRE degré un peu plus élevé d'oxygénation. Il résultait de ces faits, que l'on pouvait expliquer aisément le changement automnal dans la couleur de la chromule des feuilles par la fixation de nouvelles doses d'oxygène, qui continuait à être absorbé sans être exhalé. Cette addition produisait des altérations successives de couleur, sans changer notablement les autres propriétés de la chromule. Ou expliquait aussi aisément par là les phénomènes offerts par certaines feuilles, comme celles de V Arum bicoloi\ qui présentent les trois couleurs rouge, jaune et verte à la fois; celles du Tradescantia dis- color qui otîrent une belle couleur rouge à leur surface inférieure, tandis que la supérieure est verte, et l'on peut en effet retirer de ces diverses parties des chromules diffé- remment colorées, les chromules jaune et rouge passant au vert par l'action de la potasse , etc. Ayant trouvé que la partie colorante des feuilles pouvait avec de très légères modifications, présenter les teintes va- riées du vert, du rouge, du jaune et de leurs mélanges, il devenait intéressant de rechercher si , d'après l'analogie que les observations des botanistes ont démontrée entre les divers organes des plantes, telles que les feuilles , les calices, les corolles et leurs dépendances, on pourrait retrouver dans les fleurs le même principe colorant qui se rencontrait dans les feuilles. 11 fut d'abord facile de retrouver dans les calices la chromule verte, telle qu'elle se présentait dans les feuilles; et en prenant pour intermédiaire les calices colorés de la Sak'ia Splendens, j'en ai retiré, au moyen de l'alcohol, une substance d'un beau rouge , résinoïde , ayant tous les ca- SUR LA COLORATION AUTOMNALE DES FEUILLES. 51 ractères que m'avait présentes la chromule des feuilles rou- gies; comme celles-ci, elle était ramenée au vert par les alcalis , redevenait rouge par l'addition d'un acide, était inso- luble dans les huiles, etc. En passant aux pétales des fleurs de la Salvia Splendens, à la portion de la tige qui soutient les fleurs et qui est rouge comme elle, j'ai retrouvé le même produit. Les pétales de géraniums rouges , des roses de Bengale , d'Aster , etc. traités par les mêmes moyens , ont tous donné pour principe colorant la chromule rouge, et les fleurs restaient demi transparentes et sans couleur. Toutes les fleurs jaunes que j'ai pu examiner m'ont aussi présenté ime chromule de cette couleur, ramenée au vert par les alcalis, etc. Les fleurs blanches , le petit nombre du moins que la saison avancée m'a permis de me procurer, paraissent con- tenir une chromule légèrement jaunâtre, modifiée dans sa couleur par quelque procédé naturel qu'il faudra examiner plus tard. Les fleurs bleues rougeâtres, telles que celles du viollier {Cheiranthus) donnèrent une teinture rosée d'abord, puis pourprée, et laissant un résidu d'une belle couleur vio- lette. Les fleurs d'un beau bleu {viola odorata) donnent de la même manière une substance d'un beau bleu , assez sem- blable au précédent. Cette substance verdit par les alcalis , rougit avec les acides , est soluble dans l'eau froide, et pour- rait être conservée à 1 état pulvérulent lorsqu'on voudrait garder la couleur des violettes. Comme on pouvait supposer qu'elle était le résultat de la combinaison de la chromule rouge et d'un alcali végétal, j'ai essayé de l'imiter par une combinaison factice du même genre. J'ai trituré avec une 52. MÉMOIRE petite quantité d'alcali végétal , comme la quinine , la stry^ chnine , etc. la chromule rouge retirée des feuilles de cette couleur, et j'ai trouvé que ce mélange était devenu soluble dans l'eau froide, n'avait plus l'apparence résinoïde de la chromule rouge, et prenait une teinte verte bleuâtre, aussi marquée que j'aurais osé l'attendre d'une expérience imitant de si loin les procédés naturels. Ce mélange rougit avec les acides, redevient bleuâtre par le moyen des alcalis, absolu- ment comme le ferait une teinture bleue végétale. L'ammo- niaque en vapeur donne également une teinte bleuâtre à la chromule rouge; mais , par la chaleur et l'expositionà l'air, le gaz s'évapore et la couleur rouge reparaît. Il me semble d'après ces faits pouvoir conclure que les fleurs bleues et violettes ont pour principe colorant la chromule rouge unie à un alcali végétal, conclusion que je chercherai à appuyer par lanalyse dès que la saison me le permettra. J'avais eu l'occasion au printemps passé d'examiner diffé- rentes variétés dancholie {AquiLegia fi//^a/-is), malheureu- sement avant que de m'occuper des expériences qui font le sujet de ce Mémoire. Cette fleur naturellement bleue varie aisément au rouge en passant par les intermédiaires. Les fleurs bleues et rouges traitées séparément, soit par l'eau, soit par l'alcohol, ont présenté des teintures sûrement neutres, et peut-être même alcalines dans le premier cas, et déci- dément acides dans le second j j'avais même reconnu que c'était de l'acide acétique que les fleurs rouges avaient cédé aux fluides employés. En résumant les faits mentionnés dans ce court travail, je crois pouvoir y trouver les conclusions suivantes : SUR LA COLORATION AUTOMNALE DES FEUILLES. 53 1°. Toutes les parties colorées des végétaux paraissent contenir une substance particulière {lachromidé) suscep- tible de changement de couleur par de légères modifications. 2". C'est à la fixation de l'oxygène et à une sorte d'aci- dification de la chromule qu'est dû le changement autom- nal de la couleur des feuilles. NOTE SUR UN ÉCHANTILLON REMARQUABLE DE LA SUBSTANCE NOMMÉE PAR HAUY CUIVRE HYDRO-SILIC EUX, ET PAR LÉONHARD KIE SE L-MALACHIT: PAR M. L. A. NECKER. Parmi un nombre consiJéraMe de beaux minéraux d'Es- pagne et d'Amériijue envoyés au Musée de Genève par M. le colonel Auguste lîontems, se trouve un échantillon intitulé Malachite du Brésil. Cet échantillon se compose de deux parties distinctes , qui sont , i°, une gangue ferrugineuse dun brun rougeâtre , parsemée de lamelles et de minces incrustations de cuivre carbonate vert 5 a°. une substance siliceuse d'un beau bleu de ciel, qui, par places, passe au vert: elle est translucide, mamelonnée, et dans certains endroits elle offre de petites pointes de cristaux détermi- NOTE SUR UN ÉCHANTILLON DE CUIVRE HYDRO-SILICEUX. 55 iiables. Cette substance revêt une grande portion de l'é- chantillon d'une couverture épaisse de une à trois lignes , et pénètre en petites veines dans la gangue. En examinant avec attention ce minéral bleu, mamelonné, dans les portions oii il est le plus épais, on voit qu'il n'est coloré en bleu que dans une partie de son épaisseur, savoir: dans la partie qui se trouve immédiatement en contact avec la gangue , tandis que la surface mamelonnée et cristal- line qui paraît encore bleue ou verddtre dans les portions dont l'épaisseur n'excède pas une ligne , devient blanchâtre ou incolore dans les plus épaisses. Ce fait s'aperçoit distinc- tement en regardant l'échantillon contre la lumière , dans une direction parallèle au plan de jonction des deux subs- tances : on voit alors que la couleur bleue qui est très vive dans le voisinage immédiat de la gangue, diminue graduel- lement d intensité, pâlit, et se dissipe enfin complètement en s'en éloignant. L'étude des caractères minéralogiques propres à chacune des différentes parties de l'échantillon , ma offert les résul- tats suivants : 1°. La portion superficielle blanchâtre, translucide et mamelonnée , a tous les caractères de la calcédoine : elle raie fortement le verre blanc; au chalumeau, dans le matras, elle blanchit, devient opaque, donne de l'eau, et ne se fond pas, non plus que sur la pnice de platine. Les petites pointes cristallines qui paraissent dans de certaines parties de sa surface , offrent l'aspect et la forme du quartz hyalin prisme bisalterne; souvent les faces primitives dominent presque complètement j ailleurs les pyramides terminales 66 NOTE SUR UN ÉCHANTILLON ont leur six faces égales, comme dans le quartz prisme ordi- naire. 2°. La partie bleue qui est la plus intéressante à ob- server, offre aussi des cristaux de même forme que la pré- cédente; elle raie pareillement fortement le verre, et elle a d'ailleurs , à l'exception de la couleur, tous les caractères physiques, la structure, la cassure, la dureté du quartz ou delà calcédoine, qui l'accompagnent. Un fragment, mis dans l'acide nitrique à froid , n'a produit aucune efferves- cence : il a perdu complètement sa couleur au bout de quel- ques heures, et le fragment est resté semblable à de la calcédoine blanche. L acide a légèrement verdi, et a donné un abondant précipité marron, avec Ihydrocyanate fei-ruré de potasse. Un autre fragment a communiqué à l'ammoniaque une belle couleur bleue. Au chalumeau, dans le matras, elle est devenue d'un brun rouge foncé, et a donné beaucoup d'eau. Sur la pince de platine, elle est restée influsible; mais elle est aussi devenue dun brun rouge, en colorant en vert la flamme extérieure. Avec le sel de phosphore , elle n'a point coloré la flamme, et elle a donné un globule offrant les réactions du cuivre, c'est-à-dire un beau rouge, qui s'est ensuite changé en brun. Tous ces caractères se rapportent exactement à ceux du cuivre hydrate-siliceux de Haiiy , Kiesel Malachlt des Al- lemands, à l'exception cependant de la dureté, qui est beau- coup plus considérable dans notre substance , puisque , sui- vant Léonhard, le Kiesel Malachit ne raierait que le gypse, et se laisserait rayer par la chaux fluatée. DE CUIVRE HYDRO-SILICEUX. 57 Mais, depuis la publication de la seconde édition d'Haiiy , l'existence du cuivre hydro siliceux comme espèce minérale, a été révoquée en doute. M. Beudant affirme que les cris- taux décrits par Haiiy sous le nom de cuivre hydro-siliceux, appartiennent au cuivre carbonate vert ou malachite , comme le prouverait un très bel échantillon donné , par M. Chrichron , à la collection particulière du roi de France (i). En conséquence , M. Beudant n'a point intro- duit cette substance comme espèce dans sa classification, et il s'est contenté de signaler le Kiesel Malachit à la suite de la dioptase , comme présentant des analogies avec cette rare espèce (2). 11 existe cependant entre la dioptase et le Kiesel Mala- chit des différences essentielles. La dioptase a une forme cristalline qui lui est propre; elle présente tous les carac- tères d'une véritable combinaison, une couleur uniforme dans tous les échantillons et dans toutes les parties d'un même échantillon. Cette couleur ne s'évanouit pas par l'effet des acides, même chauffés, ce qui prouve que l'oxide de cuivre est réellement chimiquement combiné, et non pas mécaniquement mélangé, ou seulement juxtaposé aux mo- lécules siliceuses , comme dans le minéral que nous exami- nons. Dans ce corps , en effet, la partie colorée par le cuivre présente les mêmes formes cristallines et la même structure que le quartz hyalin incolore et la calcédoine blanche qu'elle accompagne. Les parties colorées et non colorées , f i) Traité élémentaire de Minéralogie , p. 417. (2) Idem, p. Sjj. TOM. lY. 8 5B NOTE SUR UN ÉCHANTILLON dans les tranches plus épaisses où elles existent ensemble , ne sont pas nettement séparées, et se fondent insensible- ment l'une dans l'autre ; la couleur n'est donc pas unifor- mément répandue dans toute la masse. Enfin, l'oxide de cuivre est si peu combiné avec la silice, qu'une exposition de quelques heures dans un acide à froid et dans Tammo- niaque, suffisent pour enlever entièrement cet oxide, sans attaquer d'ailleurs le fragment siliceux qu'il colorait. Ces observations confirment ce qu'au reste un œil atten- tif aperçoit clairement à la simple vue du minéral dont il est question : c'est qu'il n'y a pas de proportions constantes et déterminées entre l'oxide de cuivre et la silice , que ce n'est par conséquent nullement une combinaison fixe, sus- ceptible d être représentée par une formule minéralogique , mais que cette substance n'est qu'un quartz hyalin, et une calcédoine mécaniquement mélangée d'hydrate de cuivre. En effet , sa couleur , jointe au dégagement considérable d'eau qui s'opère dans le matras et le changement de cou- leur du bleu au rouge brun qui l'accompagne, prouvent que le cuivre est à l'état d'hydrate. Ce n'est pas un carbonate de cuivre, puisque les acides ne produisent aucune efferves- cence; et, malgré la coloration de la flamme au chalumeau , ce n'est pas un muriate de cuivre , car cette coloration n'a pas lieu pendant la fusion avec le sel de phosphore. Des considérations qui précèdent nous pouvons conclure que le cuivre hydro-siliceux de Haûy , ou Kiesel Malachit de Léonhard, ne présentant pas une forme cristalline qui lui soit propre, ni une homogénéité constante dans ses principes constituants, doit être retiré de la liste, non-seu- DE CUIVRE HYDRO-SILICEUX. 59 lement des vraies espèces minérales , mais aussi des combi- naisons chimiques à proportions déterminées. Nous croyons dès lors que ce minéral doit être placé dans la méthode comme variété du quartz hyalin d'une part, et nommé quartz cuprifère bleu , et du quartz agathe cal- cédoine de l'autre 5 et comme toutes les variétés de cou- leur dans la calcédoine ont reçu un nom particulier, que celle qui est colorée en vert foncé par le protoxide de fer a été appelée plasina , en rouge par le peroxide de fer cornaline , en vert de pomme par l'oxide de nickel chry- soprase , nous proposons pour cette calcédoine colorée en bleu de ciel par l'hydrate de cuivre , le nom de cyanoprase qui rappellerait toutes les analogies par lesquelles cette substance se lie à la chrysoprase et aux autres variétés de l'agathe. Il est d'ailleurs possible que ce minéral encore très rare se trouve un jour en pièces d'un volume assez grand pour pouvoir être avantageusement employé dans la joaillerie. Comparable à la turquoise par la pureté et le brillant de sa couleur bleue, il a sur cette pierre l'avantage de la trans- parence et d'une plus grande dureté, qui le rendra suscep- tible d'un poli plus vif. Sa gangue est un fer oxidé , qui devient attirable à l'ai- mant après avoir été exposé au feu du chalumeau , mais qui est mêlé de cuivre, ce qu'on aperçoit à ce qu'il verdit un peu l'acide nitrique, et colore en bleu léger l'ammonia- que. Quelques lames de cuivre carbonate vert traversent çà. et là cette gangue. NOTE SUR LA CIRCULATION DU FOETUS CHEZ LES RUMINANTS. PAR M. LE D.' PREVOST. LiA diiféreiice de diamètre qui existe entre les globules du sang du fœtus et ceux du sang de la mère , me permit il y a deux ans d'en inférer que , chez les mammifères, il n'existait aucune communication directe entre les systèmes sanguins de l'embryon et de sa mère. Une observation que j'ai faite il y a peu de temps, vien- drait confirmer ma première assertion. Au moment où l'on venait de tuer, l'on m'apporta l'utérus d'une brebis peu avancée dans sa gestation; je l'ouvris dans l'eau chaude, j'en retirai le fœtus avec ses membranes intactes : cela était d'au- tant plus facile, qu'à cette époque le chorion ne présente aucune adhérence avec l'utérus. Je m'aperçus que le cœur du fœtus battait encore , et désirant en profiter pour exa- miner la circulation, je Tp\açaiVovum avec précaution sur un carreau de verre réchauffé et exposé aux rayons d'un, soleil d'été ; la chaleur et le contact de l'air animèrent rapi- NOTE SUR LA CIRCXJLATION DU FŒTUS CHEZ LES RUMINANTS. 61 deme nt les mouvements du cœur ; je pris alors le micros- cope , et suivis avec attention la marche du sang dans les vaisseaux : ceux-ci se ramifiaient en un lascis très délié sur certains points du chorion, destinés à former plus tard la portion fœtale du cotylédon ou placenta des ruminants. Après s'être ainsi subdivisés, ces vaisseaux se réunissaient entre eux par d'innombrables anastomoses, et formaient enfin une ou deux veines qui ramenaient au fœtus le sang qui avait circulé dans le lascis dont nous parlons. Cette portion fœtale du cotylédon dans l'état rudimentaire que nous décrivons, n'offrait à la vue aucun de ces prolongements en papilles , qui, plus tard, plongent dans des dépressions correspon- dantes du placenta maternel. La transparence des objets permettait d'apercevoir distinctement que les astérioles se prolongeaient sans interruption du tissu intermédiaire dans les veinules de retour. Aucune hémorrhagie nulle part n'annonçait qu'il se fut fait quelque déchirure en séparant l'ovum de l'utérus où il était renfermé : si l'on pressait le cotylédon, l'on voyait suinter des petites cavités, dont il commençait à se cribler , quelques gouttes d'un liquide blanc, sur lequel nous reviendrons ailleurs^ ce liquide ici ne faisait que paraître à une époque plus avancée de la ges- tation : il est en grande quantité; sa destination est indubi- tablement d'alimenter le fœtus 5 il est sécrété par la surface du cotylédon; il est repris par les vaisseaux de la membrane du chorion : celle - ci se prolonge sous forme de papilles dans les cavités du cotylédon t ainsi que nous l'avons dit plus haut La conséquence nécessaire des observations précédentes 62 NOTE SUR LA CIRCULATION est donc que l'ovum forme un tout isolé de l'utérus , que ce dernier sécrète une substance qui est absorbée par les vais- seaux du fœtus, et l'emploie à l'accroissement de celui-ci. Nous voyons encore combien les modes de développement de l'embryon sont plus semblables chez les mammifères et les oiseaux, que jusqu'à présent on ne l'avait cru : il ne sera peut-être pas sans intérêt de faire sentir cette analogie. Chez les oiseaux, l'ovaire se présente comme une mem- brane repliée en tous sens sur elle-même, et à laquelle se- raient liés des globules de diverses grosseurs. Si l'on exa- mine attentivement sa con texture, l'on verra quil est formé d'un parenchyme celluleux très mince et comprimé entre deux lames de la membrane séreuse abdominale, dont il forme le moyen d'adhérence l'une à l'autre ; dans ce tissu cellulaire sont enchâssés d'innombrables globules, variant de diamètre depuis 0,005", peut-être moins, jusqu'à celui d'un jaune prêt à être pondu. Lorsqu'ils ont atteint quelque volume, l'on trouve sous l'enveloppe qui les forme , en contact par sa face postérieure avec le fluide qu'ils contiennent j l'on trouve, dis-je , un corps circulaire rapplati, formé d'une membrane transparente entourée par un cercle d'albumine coagulée d'un blanc mat, et qui en grossissant devient une glèbe, sur laquelle repose la membrane transparente qui nous occupe ; cette lame membraneuse a été désignée , par M. Pander , sous le nom de blastoderme : c'est la clcatricule des anciens auteurs. Le jaune parvenu à sa maturité se sépare de l'ovaire , et passe dans l'oviducte, où sa cicatricule est fécondée j il ren- contre là d'abord de l'albumine dont il s'enveloppe , puis un enduit qui forme la coquille en se durcissant; ce tout, bien DU FŒTUS CHEZ LES RUMINANTS. 63 connu sous le nom d'œuf, est pondu aussitôt que la co- quille a acquis quelque solidi té. Dès que l'incubation a lieu , Von voit paraître dans le blastoderme les premiers rudiments du foetus^ cette membrane, dans 1 épaisseur de laquelle il paraît se former, s'étend et tapisse tout l'intérieur du jaune; un sys- tème de vaisseaux s'y établit , le sang y circule en abondance, et la membrane devient le siège d'une absorption très active, destinée à nourrir le jeune animal. Le jaune augmente en volume et en poids j son contenu semble délayé par un sé- rum albumineux analogue à celui du sang. Je suis tenté de croire que l'albumine répandue autour du jaune, perd sa viscosité durant l'incubation, et passe à l'état de sérum à l'intérieur du jaune. Chez les mammiferes,l'ovaire, organisé d'ailleurs d'une ma- nière assez semblable à celui des oiseaux, est beaucoup moins volumineux; les globules qui s'y développent sont toujours remplis d'un liquide jaunâtre transparent, sans viscosité; une membrane séreuse en forme l'enveloppe; celle-ci, par sa surface externe, adhère à un kyste appartenant à l'ovaire; le tissu cellulaire, où se ramifient beaucoup de vaisseaux sanguins, forme le moyen d'union entre le kyste et la vési- cule. Arrivée à sa maturité, celle-ci ne se sépare point de l'ovaire comme le jaune, dont elleest l'analogue: elle s'en déta- che chez les oiseaux, et se rompt : le liquide qu'elle contenait s'écoule dans la trompe de l'utérus , sa cavité s'efface peu à peu; elle est comprimée par une substance qui se sécrète alors à la surface interne du kyste de l'ovaire , et le remplit bientôt j la collection de matière forme une masse du vo- lume d'une petite noix, très résistante, et d'un beau jaune 64 SUR LA CIRCULATION DU FŒTUS chez la vache, où l'on en suit très bien le développement. Arrivé à son maximum , le corps jaune est peu à peu résorbé, et il n'en persiste à la fin qu'un filet blanc sale, veiné de jaune, pénétrant de la surface à l'intérieur de l'ovaire 5 cette trace blanche est vraisemblablement une dernière portion des kystes entre lesquels le corps jaune était déposé. Maintenant revenons en arrière. Au moment où la vési- cule de l'ovaire se rompt, il s'en écoule un liquide qui entraîne avec lui dans la trompe de Fallope , et de là dans l'utérus , un globule, qui est l'analogue de la cicatricule des oiseaux , mais entièrement dégagé de toute appendice nutritive ; nous avons déjà parlé de ce globule dans notre Mémoire avec M. Dumas , inséré au 3' volume des Annales des Sciences Naturelles , page 1 13. J'ai désiré l'étudier sur les ovaires des vaches,- en conséquence, j'en ai pris un certain nombre, j'ai ouvert les vésicules qu'ils portaient, recueiUi le liquide contenu sur un porte-objet ; l'on y voyait flotter de petits débris membraneux, que j'ai examinés un à un au micros- cope ; dans plusieurs cas, cette investigation minutieuse m'a réussi; j'ai retrouvé un globule bien dessiné, analogue à ceux que j'avais auparavant observé : il était fixé dans une portion de membrane plus ou moins considérable j il s'est toujours trouvé unique pour chaque vésicule de l'o- vaire j quant à sa grosseur , elle variait suivant les cas entre o,i6-" et o,3o" de diamètre} il était réguUèrement sphéri- que j il offrait à sa surface une portion circulaire plus transparente : c'est le lieu où plus tard se montrent les premiers rudiments du fœtus. Le globule passe dans l'utérus. CHEZ LES RUMINANTS. 65 la fécondation s'opère ; le fœtus parait ; les membranes d'enveloppe s'étendent j elles se forment aux dépens d'un mucus épais , mêlé d'albumine , que sécrète la surface de l'utérus au moment où la gestation va commencer; ces membranes, qui forment des sacs sans ouvertures, se rem- plissent, comme le sac du jaune chez les oiseaux, d'un sérum qui les distend; elles viennent ainsi en contact avec les pa- rois de la matrice ; à cette époque , le chorion se couvre de vaisseaux sanguins ; les cotylédons chez les ruminants . le placenta unique chez les autres mammifères , se développent ; et cet organe temporaire sécrète, comme nous lavons dit, ce liquide blanc, épais , légèrement alcalin, qu'on retrouve mêlé au sérum du sang vers les derniers temps de la gestation ' ce liquide remplace l'appendice nutritive que l'ovaire et Toviducte fournissent à la cicatricule chez les oiseaux ; il serait bien nécessaire d'en étudier les propriétés chimiques d'une manière soignée : je ne sache pas que ce travail ait été fait ; nous sommes maintenant à même de préciser mieux qu'on ne le pouvait la différence qui existe entre les modes de nutrition du fœtus chez les mammifères et les oiseaux. Elle consiste seulement en ce que, i". l'ovaire ne participe en aucune manière à cette alimentation chez les mammitères ; 2". en ce que l'utérus se charge en entier de cette fonction. et l'accomplit non pas en une fois, mais peu à peu par i'in- termédiaire du placenta maternel. Adoptant celte manière de voir, on serait peut-être conduit à regarder les corps jaunes de l'ovaire chez les mammifères, comme l'analogue des jaunes chez les oiseaux : ces corps demeurent inutiles dans le cas que nous observons ; ils ne font que paraître pour être résorbés TOM. IV. 9 66 SUR LA CIRCULATION DU FŒTUS CHEZ LES RUMINANTS. de nouveau j deux observations semblent être favorables à notre opinion: i°. le corps jaune est sécrété par le même lascis de vaisseaux qui sécrète le jaune chez les ovipares; a°. la matière colorante qui teint le corps jaune dans les va- ches , se comporte avec les réactifs précisément comme la matière colorante du jaune d'oeuf. Toutefois nous ne regar- dons point comme preuves , mais comme indices, les raisons que nous mettons en avant ici. NOTE SUR QUELQUES MONSTRUOSITÉS DE BECS D'OISEAUX INDIGÈNES. PAR M. MORICAND. AcTUELLEMRNT qiie l'étude des monstruosités occupe les plus habiles naturalistes, que les déviations des formes or- dinaires des organes dans le règne végétal, sont ramenées à des lois de symétrie normale par M. de Candolle , et que M. Geoffroy de Saint-Hilaire établit une théorie pour celles que nous offrent les animaux, j'ai pensé qu'il pouvait y avoir quelque utilité à signaler des déformations remarquables de bec, que j'ai observées dans quatre oiseaux qui font partie de la collection du Musée d'Histoire Naturelle de Genève^ c'est dans ce but que je vais en donner une courte descrip- tion, accompagnée de dessins qui les feront encore mieux connaître. ( I ) I. Un Qoracias {Pyrrhocorax ^lpinus).ha mandibule (i) Ces numéros sont ceux des figures de la planche SM , qui sont de gran- 68 NOTE SUR QUELQUES MONSTRUOSITÉS inférieure est déjetée à gauche dès sa base; la supérieure n'a point suivi cette direction: par conséquent elles ne s'appli- quent nulle part l'une sur l'autre. 2. A. B. C. Mésange charbonière {Parus major). Dans celle-ci , c'est la mandibule supérieure qui est déjetée aussi à gauche et dès sa base; elle s'est beaucoup allongée et tordue en spirale ; l'inférieure s'est redresse'e et aussi consi- dérablement allongée. 3. Freux {Corvus frugilegus). Ici il n'y a aucun change- ment à la mandibule inférieure ; mais la supérieure s'est prodigieusement allongée en se courbant en bas : elle dépasse au moins d'un pouce et demi la longueur ordinaire du bec dans cette espèce. 4- Bruant des roseaux {Emheriza schœniculus). ha man- dibule supérieure est plus étroite, plus longue, et courbée en arc , et sans déviation ni à droite ni à gauche. Dans les deux premiers exemples, l'on comprend que l'une des mandibules ayant été, par quelque accident, jetée hors de la ligne droite dans la première jeunesse de l'oiseau , elle a dû continuer à croître dans cette direction ^ les deux mandi- bules n'étant plus gênées l'une par l'autre, la partie cornée a pu s'allonger, se recourber d'une manière insolite, et pré- senter les monstruosités que je viens de signaler. Mais dans le Freux et le Bruant il n'y a aucune déviation : le bec est parfaitement symétrique, la mandibule inférieure est recouverte par la supérieure , comme dans l'état ordi- deur naturelle , et qui ont été dessinées par M. Linder avec une exactitude rigoureuse. 2 A. B . C . y^ 4i DE BECS d'oiseaux INDIGÈNES, 69 naire , surtout dans le Freux ; et le prolongement régulier de la pointe du bec ne ferait soupçonner aucune monstruosité, si nous n'avions pas dans d'autres individus de l'espèce un point de comparaison. Dans l'un et l'autre cas, ces animaux doivent avoir été fort gênés pour prendre leur nourriture, le Coracias et la Mésange ne pouvaient nécessairement la saisir que du côté droit; dans le Freux, le bec, un peu plus usé de ce même côté, indique qu'il avait pris la même habitude, quoiqu'il n'y fut pas forcé comme les premiers par la con- formation de son bec. Sous ce rapport, je n'ai rien observé de positif dans le Bruant. Ces quatre individus approchent de l'état d'adultes ; ils ont été tués à différentes époques aux environs de Genève , en pleine liberté , et n'ont jamais été tenus en cage. NOTE SUR LA CONDUCTIBILITÉ RELATIVE POUR LE CALORIQUE DE DIFFÉRENTS BOIS, DANS LE SE>S DE LEURS FIBRES ET DANS LE SEKS CONTRAIRE. Par mm. Aug. DE LARIVEet Alph. DE CANDOLLE. La conductibilité des métaux et de quelques autres subs- tances a été depuis long-temps un sujet de recherches à cause des importants résultats qu'on en tirait pour les arts et pour la science. Il n'en est pas de même de certaines sub- stances moins utiles à connaître sous ce rapport , telles que le verre, la porcelaine et autres produits des arts, ainsi que les bois de diverses espèces. Un Mémoire de M. Desprets, inséré dans les Annales de chimie, a fait connaître les con- ductibilités relatives de quelques-unes de ces substances. Nous avons pensé qu'il ne serait pas sans intérêt de com- pléter les connaissances que l'on a sur ce sujet, en com- parant les facultés conductrices de quelques espèces de bois. SUR LA CONDUCTIBILITÉ RELATIVE POUR LE CALORIQUE, ETC. Cette comparaison peut d'ailleurs conduire à quelques con- sidérations de physiologie végétale. Nous nous sommes servi dans ce but de morceaux de bois bien secs , équarris , longs de i3 centim. (4 pouces i o lig. ) , largesde4centim. ( )8 lig.), et épais de 27 millim. (r pouce). Pour connaître les différences qui pouvaient résulter du sens des couches ligneuses, nous avons fait scier des morceaux dans le sens contraire à celui selon lequel on travaille ordi- nairement le bois , c'est-à-dire les fibres étant transver- sales au lieu d'être dans le sens de la longueur du morceau de bois. C'est cette direction contraire aux fibres ligneuses que suit le calorique lorsqu'il passe de l'atmosphère dans l'intérieur d'un arbre ou vice verset. Sur l'une des faces de la largeur de ces morceaux de bois, à partir de 3 centim. de l'une des extrémités , étaient percés, à des distances égales de 2 centim. (9 lig.), des trous au nombre de cinq, larges de 7 millim., qui n'atteignaient que le milieu de l'épaisseur de la baguette. Dans chaque trou nous versions un peu de mercure, dans lequel plongeait un thermomètre. L'une des extre'mités du morceau de bois était enfoncée dans un étui en fer-blanc , long d'environ 2 centim. 5, de manière à ne recouvrir aucun des trous. Cet appareil était suspendu librement en l'air , et une lampe à esprit-de-vin était placée au-dessous de l'ex- trémité armée de fer-blanc. La flamme ne pouvait frapper que cette partie, à cause de la cheminée de la lampe et des lames de verre que nous placions verticalement entre elle et le morceau de bois, en ayant soin de les renouveler dès que la chaleur commençait à les traverser. De cette manière, la source de chaleur était unique, sans cependant frapper 72 SUR LA CONDUCTIBILITÉ RELATIVE directement le bois de manière à le brûler. Afin que les thermomètres eussent bien la température de l'intérieur de la baguette , nous jetions sur les orifices des trous un peu de poudre de lycopode , qui empêchait tout rayonnement extérieur des boules des thermomètres et du mercure qui les entourait. Au bout d'une à deux heures, chaque thermomètre avait atteint le maximum de température que sa distance de la source de chaleur et la conductibilité du bois, combinés avec le rayonnement, luipei'mettaient de prendre. iNous ne regar- dions l'expérience comme terminée, que lorsque les thermo- mètres avaient atteint leur point fixe depuis dix minutes ou un quart d'heure. Nous avons retranché de toutes les hau- teurs thermométriques la température de l'air ambiant, qui , pour le dire en passant, n'a varié que de 6° à 10° centigrades. Les espèces de bois que nous avons essayées sont au nombre de six, dont trois l'ont été dans les deux sens des fibres. Rangés dans l'ordre de leur conductibilité, à com- mencer par les meilleurs conducteurs , ce sont l'aHier [Cralœgus aria) , le noyer, le chêne, le sapin, le peuplier, tous dans le sens des fibres ligneuses 5 puis le noyer, le chêne et le sapin , dans le sens contraire; et enfin le liège. En comparant les deux extrêmes, on trouve que, dans l'allier , bois très dur et pesant , le premier thermomètre étant à 83°, le 2.^ était a 45 1 un peu plus de la moitié j tandis que, dans le liège, le premier étant à 78°, le 2'* se trouvait seulement à iÇ, un peu plus du cinquième. Les bois les plus denses étaient en général les meilleurs conducteurs. Cependant le noyer est un peu meilleur conducteur que POUR LE CALORIQUE, ETC. '«^ le chêne, quoiqu'il soit plus léger. On voit d'ailleurs, d'après le tableau qui suit , qu'il y a peu de différence entre les bois coupés dans le même sens , et que leur peu d'homogénéité rend les résultats moins réguliers que dans les expérien- ces qui ont été faites sur d'autres substances ; mais il y a line différence considérable suivant la direction du calo- rique, relativement aux couches ligneuses. Les bois sont beaucoup plus mauvais conducteurs dans le sens contraire aux fibres dont ils sont composés, que dans celui de leur longueur. La différence qui résulte de ces directions du ca- lorique est d'autant plus grande, que le bois dont il s'agit est plus mauvais conducteur. Ainsi , en considérant les se- conds thermomètres , et en prenant dans chaque bois les différences résultant de la direction des fibres, on trouve 16° dans le noyer , 2.2.' dans le chêne , et 28' dans le sapin. Dans le chêne , la conductibilité dans le sens des fibres est à celle en sens contraire comme 5 esfà 5. La courbe formée par les hauteurs des thermomètres, qui est une logarithmique dans les corps très bons conducteurs, n'est pas aussi régulière dans les substances qui conduisent mal. Elle décroit d'abord très vite, puis elle devient presque parallèle à la ligne des abscisses. Ainsi , dans le liège , le 2'^ therm. étant à une hauteur six fois plus petite que le 1", le dernier estfortpeadifférentde lavant-dernier; ilest à i,etra- vant-dernierà i°,56, tandisquedansl'allier lesquotients sont presque égaux. Au reste, ces nombres donnés immédiatement par l'expérience, n'expriment pas les pouvoirs conducteurs d'une manière absolue, car ils sont le résultat delà combinaison de plusieurs éléments, tels que les dimensions du corps, leur TOM. IV, 10 74 sua LA CONDUCTIBILITÉ faculté de rayonner , etc. éléments qui devraient être cal- culés, si l'on voulait comparer exactement la conductibilité des bois avec celle des autres substances. La grande différence qui résulte du sens suivant lequel les couches ligneuses se présentent au calorique , peut ex- pliquer en partie comment les arbres conservent si bien dans l'intérieur de leur tronc la température du sol d'où ils pom- pent leur nourriture. D'un côté, cette température se trans- met par l'ascension des liquides et par sa propagation dans le tissu solide du bois , tandis que le peu de conductibilité dans le sens transversal, met un grand obstacle à ce que l'é- quilibre avec la température extérieure puisse s'établir. POUR LE CALORIQUE, ETC. 75 9 ï D 5 = a g o « to -^ S E « O " ^ C Q u -, Cl o 00 - -jh « o o r;. s a S ■a o cl OO ce' o" -•? CI 00 fO tn co in r^ CO r^ r~ c^ rr r* n ■■ U-) co r-. m m o O or c; t-. t^ r- O z a CD X a o a ' -s "^ s S o T3 a ^ TS > S -^ S- I I .a 3, MEMOIRE SUR QUELQUES PARTIES DU SOL DES ENVIRONS DE LYON. PAR M. MACAIRE-PRINCEP. (Lo ES 1824.) liA grande vallée que forment les montagnes de Tarare et du Jura est arrosée par le Rhône, et c'est au fond de cette vallée qu'est placé Lyon. Cette partie inférieure est un terrain entièrement composé de cailloux roulés qu'en- traînent les alluvions du fleuve. On pourrait y voir deux formations distinctes, le terrain d'alluvion ancien , qui, dans plusieurs endroits , forme des collines élevées de plus de cent pieds au-dessus du lit moyen du Rhône , el le terrain d'alluvion moderne sur lequel coule le fleuve. Les cailloux qui le constituent sont de nature très diverse, et les débris de plusieurs formations distinctes : les plus nombreux sont de calcaire coquiller Juratique,à ce que je crois. Je vais MÉMOIRE SUR LE SOL DES ENVIRONS DE LYON. "î 7 maintenant reprendre la description de la route que j'ai suivie depuis les montagnes de Tarare jusqu'au Jura. Les montagnes de Tarare ont environ cinq cents mètres d'élévation au-dessus de cette dernière ville , et sont essen- tiellement composées de couches très inclinées d'une roche formée par une base talqueuse , renfermant du quartz et d'autres minéraux disséminés. Cette roche qu'on pourra nommer avec M. Brongniart stéaschiste stéatiteux ( Tales- chiefer Verner) y est tendre, se laisse rayer au couteau, et a une grande onctuosité au toucher j sa couleur varie du verdâtre au rougeâtre ; elle est tellement fragmentaire, qu'il est très difficile d'obtenir une cassure, et qu'elle se divise sous le marteau en parallélipipèdes d'un très petit volume. Dans quelques endroits, elle contient des cristaux de felspath, et devient porphyroïde. Cette roche, que j'avais vue déjà depuis Roanne , continue encore à se montrer dans la vallée, dont elle forme la couche superficielle. Arrivé à Chessy, j'allai observer les mines de cuivre qui sont à deux lieues de ce village , et qui étaient le but prin- cipal de mon excursion. Je vis sur la droite de la route des carrières assez élevées que je résolue, 4 aller visiter , es- pérant y trouver quelque chose d'intéressant ; je ne fus point trompé dans mon attente , et ces carrières me don- nèrent la clef d'un problème dont M. Brongniart m'avait proposé la solution : savoir, de déterminer les rapports du granité et du calcaire coquiller des environs de Lyon. Il fallait d'abord reconnaître à quelle formation appartenait ce calcaire , et cela me devint très facile par la disposition du lieu très favorable k l'observation ; j'y vis en effet rap- 78 MÉMOIRE Sun LE SOL prochées les trois formations calcaires qui caractérisent la formation du Jura,, et dont je vous présente ici la série de haut en bas : i". Le calcaire gris sublamellaire supérieur , à cristaux spathiques dans les cavités , divisé en assises de plusieurs pieds de puissance , et contenant plusieurs espèces de co- quilles , telles que peignes , belemnites , huîtres , etc. Ce calcaire est dans ce lieu l'objet d'une exploitation très ac- tive , dont les produits servent à faire des pierres de taille, employées aux. constructions de la ville de Lyon. 2.". Le calcaire compacte fin, grisâtre ou rougeàtre, à cassure esquilleuse , contenant des cristaux de chaux car- bonatee et du fer spathique enfilons. C'est le calcaire Ju- ratique proprement dit, et on l'exploite aussi comme pierre à chaux. 3". Le calcaire que l'on désigne sous le nom de calcaire à gryphées , d'après l'immense quantité de ces ostracés qu'il contient entre ses feuillets. Je l'observai à Chàtillon, au fond de la vallée , et au pied de la colline calcaire où étaient les carrières. Il ne me fut pas plus possible de saisir là ses rap- ports avec les aufrés formations Juratiques, qu'il ne la été jusquici dans toute la chaîne du Jura proprement dit. L'on ne sait s'il est inférieur aux autres , et s'étend sous tout le Jura, ou s'il est postérieur et formé seulement au fond des vallées. Ce que je puis dire , c'est que je l'ai vu passer immédiatement sur le stéaschiste, qui, comme je le dirai bientôt, est la roche sur laquelle le calcaire du Jura repose dans ce lieu. Je dois ajouter cependant qu'il faudrait bien se garder d'en conclure quelque chose sur sa position , DES ENVIRONS DE LYON. 79 puisque j'ai également vu le calcaire compacte n" 2 s'ap- puyer directement sur le stéaschiste. 4°. Au-dessous de ce calcaire Juratique, l'on retrouve les mêmes stéaschistes que nous avions vu composer les mon- tagnes de Tarare, et qui n'en diffèrent que par une couleur plus rougeàtre et des feuillets plus rapprochés. L'inclinaison de leurs couches est toujours très considérable. C'est dans cette roche que se trouve le filon de cuivre pyriteux , ou plutôt de fer sulfuré cuprifère, que l'on exploite à Chessy. C'est une roche quartzeuse, pénétrée d'une très grande quan- tité de pyrites, et dont la couleur varie suivant le degré de division du minéral , et peut-être sa nature particulière, La plus estimée est la noire , et les mineurs prétendent qu'elle est plus riche en cuivre que les minerais gris ou jaunes. Je présente à la Société la série des échantillons : ce filon , dont l'exploitation date de plus de soixante ans, a toujours été au pouvoir d'une Compagnie , qui dirigea d'abord très malles travaux, de sorte que les profits étaient ou nuls , ou fort peu considérables. Depuis quelques années , ime meilleure administration et la découverte du cuivre carbonate bleu et vert, ont amené des résultats plus heureux pour les intéressés. L'exploitation coûte annuellement à la Compagnie 5 à 600,000 francs de frais, répartis entre Chessy et Saint-Bel , où l'on travaille le même filon. Elle met dans le commerce 260,000 livres de cuivre , et M. Brongniart a été mal informé en ne portant cette quantité qu'à 1 5,000 kilogrammes ; le filon traverse irrégulièrement les couches de stéaschiste, qui se dirigent du nord au sud, et sont inclinées d'environ 6°. (Voici une esquisse du plan 80 MÉMOIRE SUR LE SOL qui en a été dressé par les mineurs : A^ filon; 5, galeries j C, couches de sléaschiste ,• Z), rognons de cuivre bleu, dans le grès et la stéatite ). Outre le cuivre pyriteux qui fait la partie principale et essentielle du filon , il renferme quelquefois du cuivre natif, engagé dans un quartz laiteux. Ce n'est point, comme l'ont cru quelques minéralogistes , le cuivre de cémentation de Saint-Bal qui fournit ce cuivre natif, car le cuivre aini obtenu est noir et a besoin d'être de nouveau fondu pour être livré au commerce , tandis que le cuivre natif que j'ai vu à Chessy, comme provenant de cette mine, avait tous les caractères de cette espèce minérale. Il serait cependant possible que ce fut du cuivre de cémentation naturel. On trouve quelquefois aussi le sulfate de cuivre , soit tapis- sant les parois du filon, soit dans les eaux qui y coulent. En creusant de nouvelles galeries , on découvrit , il y a cinq à six ans , à côté du filon de cuivre pyriteux et dans des couches de grès , du cuivre carbonate bleu et vert , qui, par la facilité de son traitement, devint une source de richesses pour l'entreprise. Ce minéral se présente ordinai- rertîent en rognons cristallisés plus ou moins volumineux ; quelquefois il est en filons ou plaques minces, dans la roche qui lui sert de gangue. Le cuivre azuré et la malachite s'y trouvent réunis sur le même échantillon , de sorte qu'il est impossible de conserver des doutes sur la réunion de ces deuM anciennes espèces minérales. La malachite s'y montre quelquefois avec un aspect soyeux; mais les échantillons en sont rares, et bien inférieurs en beauté à ceuS de Sibérie- On a aussi trouvé dans le même gissement, surtout en- DES ENVIRONS DE LYON. 81 veloppés dans la stéatite brune, des cristaux tout-à-fait libres de cuivre oxydulé rouge de diverses formes , encroûtés de cuivre carbonate. Ces minéraux se trouvent disséminés dans des couches de grès jaunâtre et friable , et dans des blocs de stcatite blan- châtre ou brunâtre, que l'on a quelquefois pris pour une marne, quoique le défaut d'effervescence dut bien vite faire revenir de cette erreur. Les salbandes du filon contiennent aussi des niasses d'une stéatite jaunâtre, très onctueuse au toucher. Ces couches de grès sont adossées et supérieures à celles du stéaschiste , et paraissent évidemment de forma- tion postérieure, J'ai indiqué dans le plan du filon la po- sition respective de ces roches, autant du moins que le peu de facilité que j'ai eu pour les observer m'a permis de le supposer. Ces mêmes roches de grès et de stéatite contien- nent aussi, en filons peu e'pais, du plomb phosphaté vert, mamelonné , dans quelques échantillons duquel on peut observer de petits cristaux prismatiques terminés par un pointement de trois faces. La découverte de ce minéral dans la mine de Chessy est je crois nouvelle , et je ne sache pas que personne en ait jusqu'ici fait mention. Il m'a présenté tous les caractères qui doivent appartenir à l'espèce à la- quelle je l'attribue. 11 est fusible dans les acides sans effer- vescence, et la solution précipite en noir par les hydrosul- fates, et en blanc par le nitrate d'argent: il se fond au chalumeau , etc. Ce minéral paraît du reste fort peu abon- dant dans cette mine , et je n'en ai rapporté qu'un très petit nombre d'échantillons. Je vais maintenant décrire en peu de mots les procédés TOM. IV. II 82 MÉMOIRE SUR LE SOL d'exploitation suivis à Chessy. Le fer pyrite ux cuprifère, après avoir été bocardé, est soumis au grillage; cette opération se fait en plein air, et sur une très grande quantité de mi- nerai. Une fois allumé , le tas pyramidal de fer pyriteux bride de lui-même au moyen du soufre qu'il contient. On répète le grillage une dixaine de fois , en fondant le minerai en raattes après deux ou trois grillages , le concassant et le grillant de nouveau. La fusion sert à rapprocher les par- ties , à débarrasser les mattes des scories qui enveloppent le cuivre sulfuré, et à rendre les grillages subséquents plus complets. On peut aussi penser que le soufre des parties extérieures du minerai est plus complètement brûlé que celui des parties intérieures , de sorte que la fusion en le répandant de nouveau également dans toute la masse, en facilite la combustion : la dernière matte est fondue de nouveau pour avoir le cuivre noir. Avant la découverte du cuivre carbonate , on fondait la matte avec du quartz, qui, d'après M. Deborn , a la pro- priété, lorsqu'il ne renferme ni chaux, ni alumine, d'en- lever le fer au cuivre et au soufre , de le rendre plus fu- sible , de l'empêcher de se revivifier, et de l'entraîner avec lui dans les scories. L'on a maintenant substitué à ce minéral les scories du cuivre bleu qu'on a fondu immédiatement et sans grillage avec de la chaux, et les scories des fontes pré- cédentes, et l'on a le cuivre noir. Ce cuivre noir contient environ 0,90 de cuivre, et il est nécessaire pour que l'affinage soit facile qu'il ne soit pas plus pur. Le fourneau d'affinage ressemble beaucoup au fourneau de coupelle: c'est un four- neau à réverbère, à sol un peu concave, et brasqué. On fond DES ENVIRONS DE LYON. 83 le cuivi'e noir mis en morceaux , et l'on enlève avec un râteau plein les scories de la surface, puis on dirige dessus le vent des soufflets : le soufre et le fer sont brûles , et au bout de deux heures le cuivre est affiné. On le fait alors couler dans les bassins de réception que l'on a chauffés ; on laisse figer la surface, et on l'asperge d'eau avec un balai. La portion solidifiée se resserre , se détache des parois , et on l'enlève : c'est ce qu'on nomme rosette. A Saint-Bel, où le filon pyriteux est encore appauvri de cuivre , on se con- tente de griller le minerai pour en retirer une partie de soufre, et de laver le résidu pour en dissoudre les sulfates de fer et de cuivre qui se sont formés. On conduit ces eaux dans de grandes fosses qui contiennent de vieilles fer- railles. Le cuivre rnétallique se dépose à la surface du fer, qui lui enlève son acide et son oxygène : ce cuivre est po- reux , friable , noir et couvert d'aspérités. On l'enlève tous les trois ou quatre jours pour ne pas ralentir l'action dé- composante du fer; on l'apporte à Chessy, où il est affiné par une fusion prolongée : c'est ce que l'on nomme cuivre de cémentation. Après avoir examiné avec autant de soin que le temps me le permit les détails de l'exploitation de Chessy , je repris la route de Lyon. On suit d'abord le lit de la Scheffer, qui coule dans une charmante vallée formée par deux collines de calcaires du Jura. A Châtillon, à l'entrée de la vallée, on trouve le calcaire à gryphées , que l'on quitte lors- qu'il est remplacé par le stéaschiste vert ou rouge , sem- blable à ceux que nous avons déjà vus. Après quelque temps , paraît sur une colline élevée un granité commun à 84 MÉMOIRE SUR LE SOL DES ENVIRONS DE LYON. petites paillettes de mica jaunâtre, à felspath gris et à gros grains de quartz. Ce granité très friable est quelquefois remplacé par un granité à très petits grains , dont le feld- spath blanchâtre est en décomposition. Ces granités parais- sent bientôt alterner avec un gneiss grisâtre , à couches très inclinées , contenant des blocs en filons de quartz blanc laiteux. Le granité passe sous le gneiss, qui lui-même s'en- fonce sous le stéaschiste qu'on retrouve en descendant à Dardilly. Cette roche continue à se montrer à nu jusque très près de Lyon , où elle est de nouveau couverte de calcaire du Jura. En résumé, ces roches qui constituent le sol des environs de Lyon du côté de Tarare , sont de bas en haut le granité commun , le gneiss , le stéaschiste , le calcaire compact fin , le calcaire gris sublamellaire et le calcaire à gryphées. Il y a bien loin de cette esquisse incomplète à une de- scription détaillée de cet intéressant terrain : mais on ne peut l'attendre du voyageur. Il faut espérer que l'étude de la géologie , qui fait tant de progrès en France , aura pénétré aussi à Lyon , et qu'un habitant de cette belle ville don- nera un travail complet sur la constitution du sol de ses environs, si peu connu jusqu'ici. I NOTE SUR QUELQUES PLANTES OBSERVÉES EN FLEURS AU MOIS DE JANVIER 1828, DANS LA SERRE DE M. SALADIN, A PREGNY. ParM. DECANDOLLE, prof. Ayant eu occasion de visiter les serres que M. Saladin a e'tablies dans sa belle campagne de Pregny , et qu'il cultive lui-même avec beaucoup de soin, j'y ai observé trois plantes qui m'ont fourni quelques rectifications à l'état actuel de la botanique descriptive, et que j'ai cru devoir soumettre à la Société. La première est la plante qui est répandue dans les jar- dins sous le nom de PUtosporum revolutum , et dont on peut voir une bonne figure à la planche 1 86 du Bolanical Register. Cette jolie espèce paraît avoir été, dit-on, désignée sous ce nom, en 1811 , dans la deuîdème édition du Jardin de Kew, mais par une phrase si peu exacte qu'elle a donné lieu à quelques erreurs. La même année elle a été désignée 86 NOTE SUR QUELQUES PLANTES et figurée par M. Rudge, dans les Transactions de la Société Linnéenne de Londres, vol. x, p. 298, tom. 20, sous le nom de Pittosporuni fulvum (et non Jlavum, comme le cite M. Ker) : ce nom fait allusion à la couleur un peu fauve du duvet de la surface inférieure des feuilles. En i8i3, M. Bonpland, ne reconnaissant pas sans doute la plante aux deux descriptions précédentes, lui donna le nom de P. to- mentosuni {Jardin de Navar., i, p. 67, pi. 21). Enfin, en 1824, j'ai désigné, dans le Prodromus, sous le nom de P. revolutum , une plante trouvée par M. Labillardière à la Nouvelle-Hollande, et qui répond beaucoup plus exacte- ment que celle-ci à la phrase caractéristique du Jardin de Kew , et j'ai conservé les espèces de Bonpland et de Rudge en observant qu'elles pourraient bien ne constituer qu'une seule et même espèce. L'observation de la plante vivante, et sa comparaison avec les échantillons secs delà Nouvelle-Hollande, m'ont prouvé que ces trois espèces devaient en effet se réduire à deux, avec les modifications de caractère et de synonymie suivants : 1 . P. REVOLUTUM ( Ker. Bot. Reg. t. 186) foliis ellipticis , utrinque acuminatis, supernè pubescentibus, subtus pube rufidâ subtomentosis, mollibus, planis, margine vix revo- lutis aut subundulatis; racemo terminali, brevi, 7-8 floro. 3 in Nova Hollandiâ. Dryand.in H. Kew. Ed. 2, v. 2, p. 27, (ex test. Hortul. Anglorum). Lodd. Bot. Mag., t. 5o6. P. to- mentosum, Bonpl. Nav. p. 67, t. 21. (V. v. c. et s. sp.) fi.fulvum, foliis subtus nervis exceptis subglabratis. P. ful- vum Rudg. Tr. Soc. lin. Lond. 10 , p. 298, t. 20. (V. s.sp.) 2. P. LEDiFOLiuM, foliis oblongis , utrinque subobtusis OBSERVÉES EN FLEURS, ETC. 87 margine revolutis, coriaceis, supernè glabiis, subtus villoso tomentosis, racemis terminalibus paucifloris.SinNovâ Hol- landià. P. revolutum, DG. Prod., v. i, p. 346. Dryand, 1. c, ex phrasi specif. (V. s. sp. comm. a cl. Labillardière.) La deuxième plante, dont je ne dirai que quelques mots, est une belle légumineuse, que les jardiniers connaissent sous le nom de Kennedy a macrophylla , et qui forme dans la serre tempérée de M. baladin une belle touffe grimpante de huit ou dix pieds de hauteur. Elle tient assez le milieu entre l'état ordinaire du Kennedy a monophylla et le K. ovata ; mais , après l'avoir comparée aux divers états du K. monophylla , je reste persuadé qu elle en est une simple variété à feuilles beaucoup plus grandes et plus larges qu'à l'ordinaire.Elle reste en particulier distincte du K. ovata par ses grappes de fleurs deux ou trois fois plus longues que le pétiole de la feuille, et non égales à sa longueur. On pourra donc la désigner dans les catalogues méthodiques de la manière suivante : Kennèdya monophylla, a macrophylla. K, foliis latè ovato - lanceolatis , apice obtusis emarginatis, latitudine duplo circiter longioribus, — Habitus ferè K. ovatae , sed racemi petiolis duplo triplove longiores. Enfin, la troisième plante sur laquelle je m'étendrai un peu plus , est celle qui porte dans les jardins le nom d'^s- trapea PP^allichii, et qui n'y a encore fleuri qu'un petit nombre de fois. Le genre Astrapea, qui se range dans la famille des By ttné- riacées, a été établien 1 82 1 par M. Lyndley ( Coll. Bot., pi. i4) d'après des échantillons desséchés, envoyés de Calcutta par M. Wallich. Deux ans plus tard, M. Ker inséra dans le 88 NOTE SUR QUELQUES PLANTES JSotanical Regisler une figure d'une plante qui avait fleuri dans le jardin de Kew, mais qu'il n'avait pas observée lui- même. D'après le dessin de son peintre, il la crut identique avec celle deLyndley, admettant un peu légèrement que toutes les différences qui se trouvent entre les deux figures tenaient, soit aux imperfections d'une description faite sur l'herbier, soit à l'influence de la culture. Dès lors il fut admis par les jardiniers, que l'arbuste desserres était ÏAstrcipea T'Vallichii de Lyndley et de Ker. Cependant la connaissance que j'ai de l'exactitude ordi- naire de M. Lyndley, me laissait du doute sur cette opinion, reçue sans examen suffisant. Ayant eu l'occasion de voir l'Astrapea de Ker en fleurs chez M. Saladin, et l'ayant com- parée avec un échantillon desséché de celle de Lindley, pro- venant de M. Wallich même, je me suis assuré de l'exac- titude des deux figures, citées chacune pour leur espèce: je suis resté convaincu que ces deux plantes sont réellement distinctes. C'est ce dont on pourra juger par les considéra- tions suivantes : 1 °. Le pédoncule floral qui, dans l'une et l'autre espèce, est nu, cylindrique, et plus long que le pétiole, est dressé dans l'Astrapea originale, qui doit garder le nom ^A. TVallichii , puisque c'est elle qui provient de Wallich, et à laquelle on l'avait primitivement donné; il est au contraire arqué et com- plètement pendant dans l'Astrapea des jardins, que je nom" merai dorénavant A.penduliflora, pour la désigner d'après son caractère le plus apparent. 2°. L'involucre qui entoure la tête des fleurs^ est presque égal à leur longueur dans \A. JVallich'ù^ de moitié plus OBSERVÉES EN FLEURS, ETC. 89 court qu'elles dans V^. penduliJLora. Ses folioles sont sur deux rangs bien prononces, et les extérieures très larges dans la première espèce ; plus étroites et égales entre elles, mais non disposéessur deux rangs bien réguliers dans \' A.penduUflorcf 3°. Les sépales du calice sont verts, foliacés, et très abon- damment hérissés de poils à leur surface externe dans VA. TVaUichii; étroits, membraneux, d'un blanc un peu rosé, et chargés de poils rares dans \A. penduUflora. 4°. Le style est saillant, hors du tube des étamines de 5 à 9 lignes, dansl'^. TVaUichii; il ne dépasse pas la longueur des anthères dans \ A. penduUflora, 5°. Les pétales de VA. WaUichli sont obtus, entiers ou légèrement échancrés; ceux de \ A. pendullflora sont irrégu- lièrement dentelés ou lobés à leur sommet. 6". Les dentelures des feuilles, bien représentées dans les deux planches, sont plus écartées et plus irrégulières dans ÏA. WaUichii, plus rapprochées et plus régulières dans \'A. penduUflora. 7°. Les stipules de Y A. TVaUichii sont moins longues et moins ondulées sur les bords que celles de Y A . penduUflora. 8°. Les fleurs de la première espèce paraissent, autant qu'on peut l'affirmer sur le sec, d'un rouge plus foncé ou plus pourpre; celles de la deuxième d'un rouge plus clair ou plias rose; en particulier, le bas des pétales, le tube des éta- mines et le stigmate, y sont presque blancs, au lieu d'être aussi colorés que le reste de la fleur, comme cela a lieu dans VA. WalUchii. 9°. Enfin, r^s^/apfea de Wallich est, d'après le témoignage de ce savant, un grand arbre [arbor magna) ; VA. penduli- TOAI. IV. 12 90 NOTE SUR QUELQUES PLANTES OBSERVÉES EN FLEURS, ETC. flora pourrait bien n'être qu'un arbuste, car il fleurit n'ayant que deux ou trois pieds de hauteur. Toutes ces différences ne sont pas, je le sais, également importantes; mais il en est qui me paraissent impossibles à rapporter, soit à la différence des échantillons secs ou frais, soit à celle des individus sauvages ou cultivés. Telles sont la direction dressée ou pendante du pédoncule, la longueur des involucres, la forme des pétales, la consistance des sé- pales, la longueur proportionnelle du style et des étamines, les dentelures des feuilles. Je pense donc qu'il faut établir ici deux espèces au lieu d'une, et je résumerai leurs diffé- rences par les deux phrases suivantes : 1. A. Wallichii (Lindl. Coll. t. i4) , pedunculis erectis, involucro flores subaequante, sepalis foliaceis extus hirsu- tissimis , stylo ultra antheras producto exserto. 5 in Indiâ orientali. Arbor vasta. Stipulae ovatse acutae planaj. Folia distanter et irregulariter serrata. Flores in omnibus partibus (antheris luteis exceptis) intense coccinei ferè purpurei. (V. s. excl. Wallich.) 2. A. PENDULiFLORA, peduuculis arcuato-penduUs, invo- lucro floribus dimidio breviore, sepalis membranaceis pal- lidè coloratis extus subhirsutis, stylo ultra antheras non producto. 3 in Madagascar, aut ins. Mauritii? Ast. Walli- chii Ker in Bot. Reg. t. 6g i, non Lyndl- Frutex in cal- dariis florens, 2-4 pedalis. Stipulée ovato-oblongœ acutée und ulatse. Folia regulari ter serrata. Caly ces, partes petalorum inferiores et sligmata albida. Cœterce floris partes intense ro^ sese, antherce luteae. Petala apice irregulariter serrata aut lo- bata. (V. V. c in cald. H. Saladin. floretin cald. dec. aut jan.) < NOTE SUR L'EMPOISONNEMENT DES VÉGÉTAUX PAR LES SUBSTANCES VÉNÉNEUSES QU'ILS FOURNISSENT EUX-MÊMES. PAR M. MACAIRE-PRINCEP. (LU LE 2 AOUT 1827.) Lorsque nous présentâmes, M. Marcet et moi , le ré- sultat de nos recherches sur l'empoisonnement des plantes , il fut proposé de reconnaître l'effet des poisons végétaux sur les plantes même qui les fournissent. C'est le résultat de mes observations sur ce sujet que j'ai l'honneur de pré- senter à la Société. Pour abréger, je supprimerai les détails des expériences, et me contenterai d'en rapporter les résultats généraux; les plantes qui y ont été soumises sont au nombre de trois : Datura Stramonium , Hyoscamus niger , Mo- mordlca elalerium. 1°. Des branches récemment coupées de ces végétaux , 92 NOTE SUR l'empoisonnement placées dans de l'eau distillée qui contenait en dissolu- tion de un à cinq grains par once des extraits qu'ils four- nissent respectivement , n'ont pas tardé à se flétrir et à périr complètement dans l'espace d'une à deux heures , tandis que des branches conservées dans de l'eau conte- nant la même quantité de gomme , n'avaient nullement souffert. 2**. Des branches plongées dans de l'eau mêlée avec le suc récent des plantes dont on les avait détachées , ont péri à peu près dans le même espace de temps. 3°. Enfin , des plantes des trois végétaux vénéneux que j'ai mentionnés, élevés dans des vases , et lorsqu'ils étaient en pleiue vigueur , arrosés avec de l'eau qui contenait une certaine quantité du suc extrait de leurs propres branches, n'ont pas lardé à se flétrir et à succomber. Il résulte de ces expériences ainsi sommairement an- noncées, que les sucs , vénéneux pour les autres végétaux , de la jusquiame, de l'élaterium , du stramonium, sont éga- lement délétères pour chacune des plantes qui les four- nissent; et le règne végétal présente, sous ce rapport , une nouvelle analogie avec les animaux , puisque l'on sait que les serpents venipieux s'empoisonnent eux-mêmes s'ils viennent à se blesser avec leurs crochets. Il me semble que ce résultat ne peut, pour les végétaux, s'expliquer que par l'une des suppositions suivantes : 1°. L'altération que l'action de l'air fait éprouver aux sucs extraits du végétal , altération qui pourrait les rendre délétères. En effet , les sucs des trois plantes mentionnées plus haut , ont été placés aussitôt après leur extraction DES VÉGÉTAUX, ETC. 93 dans des cloches renfermant une quantité déterminée d'air, sur l'eau et le mercure , et je me suis assuré qu'en quel- ques heures ils en absorbaient tout l'oxigène, qui était rem- placé par une. quantité égale ou supérieure d'acide carbo- nique. Au reste , ce genre d'action est commun aux sucs de plusieurs autres végétaux que j'ai essayés. 2°, La séparation dans divers ordres de canaux des sucs délétères et des sucs séreux proprement dits , dans les vé- gétaux vénéneux. Cette supposition est analogue à ce que Ton remarque chez les serpents venimeux, et le règne vé- gétal lui-même présente des faits semblables. Ainsi, l'on sait que Fabroni s'est assuré que dans le raisin et d'autres fruits fermentescibles , le sucre et le ferment se trouvaient dans des vaisseaux différents, ce qui expliquait pourquoi ce n'était qu'après la désorganisation du fruit que la fermen- tation pouvait s'établir. Il faudrait, si cette idée était ad- mise pour les végétaux doués de propriétés vénéneuses , considérer le suc délétère comme une sorte de suc propre , c'est-à-dire comme une sécrétion. EXPERIENCES ET OBSERVATIONS SUR LE THERMO-MAGNÉTISME PAR LE Docteur TRAILL, DE LIVERPOOL. ( Mémoire communiqué par l'Auteur à la Société de Physique et d'Histoir» Naturelle de Genève, en 1827.) ï'««'®9«'< AVERTISSEMENT. Le mémoire du D'' Traill avait été achevé en décembre 1825 , et lu à la Société Royale d'Edimbourg les 2 et 17 fé- vrier 1824 ; des circonstances indépendantes de la vo- lonté de l'auteur en avaient différé la publication jusqu'à ce jour. Il est résulté de ce retard que quelques parties du travail du physicien anglais ne présentent plus le même intérêt de nouveauté qu'elles auraient offert il y EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS SUR LE THERMO-MAGNÉTISME, g 5 a quatre ou cinq ans : la première partie de ses recher- ches se trouve surtout dans ce cas 5 la seconde, qui ren- ferme des vues nouvelles d'application , ne paraît pas avoir souffert de ce délai. Ce sont ces motifs qui ont engagé la Société de Physique et d'Histoire Naturelle , sur le rap- port de l'un de ses Membres, à n'insérer dans ses Mé- moires qu'un simple extrait de la première partie des recherches du D" Traill, et à imprimer textuellement la traduction entière de la seconde partie de son manuscrit. PREMIERE PARTIE. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES. Dans cette portion de son travail, le D" Traill s'occupe des déviations que peut produire sur une aiguille aimantée un circuit thermo-électrique, et de l'étude des circonstances qui peuvent faire varier le sens et l'intensité de cette déviation. L'appareil dont il se sert dans ses premières expériences consiste en une barre d'antimoine, aux deux bouts de la- quelle sont fixées les deux extrémités d'une lame qui , courbée deux fois à angle droit, forme les trois autres côtés d'un rectangle dont la barre d'antimoine est la base- La chaleur est appliquée au moyen d'une lampe, tantôt à l'un, tantôt à l'autre des points de jonction du cuivre gG EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS et de l'antimoine; et l'aiguille aimantée est placée, soit au dedans , soit au dehors du rectangle. L'auteur étudie avec beaucoup de soin l'influence qu'exercent sur le sens et l'intensité de la déviation de l'aiguille aimantée, i° la ma- nière dont on place l'aiguille , par rapport aux deux lames de cuivre et d'antimoine, 2° l'application de la chaleur à l'un ou l'autre des points de jonction, 3° enfin, les posi- tions diverses que l'on peut donner à l'appareil en le met- tant, tantôt dans le iTiéridien magnétique, tantôt dans une situation perpendiculaire à ce méridien, tantôt dans une direction intermédiaire, tantôt dans une position plus ou moins inclinée à l'horizon. Tous les résultats auxquels conduit l'examen successif de ces différentes circonstances, indiquent qu'il y a un courant électrique qui , partant du point de jonction auquel la chaleur est appliquée, entre dans le cuivre, le traverse, puis passe dans l'antimoine pour revenir au point de départ. L'analyse complète , qu'a faite en 1820 M. Ampère, du mode d'action d'un circuit électrique sur une aiguille aimantée, s'accorde pleinement avec tous les résultais qu'a obtenus le D' Traill , et nous permet de conclure que l'appareil thermo-électrique dont ce savant a fait usage, agit exac- tement comme un circuit électrique fermé dont le courant suivrait une direction semblable à celle que nous venons d'indiquer. Il nous paraît donc inutile d'en umérer chacune des expériences qui toutes rentrent dans le fait général que nous avons énoncé; nous n'insisterons pas non plus pour la même raison sur quelques détails relatifs à des diffé- l'ences de formes données à l'appareil. SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. 97 Les recherches qui suivent celles dont il vient d'être question, ont pour objet l'emploi de subtances diverses pour former l'appareil thermo-magnétique. Les différentes combinaisons soumises à l'expérience sont les suivantes (non compris celle d'antimoine et de cuivre, dont il a été question), cuivre et bismuth, platine et cuivre, platine et argent, argent et cuivre, cuivre et plomb, cuivre et laiton , cuivre et porcelaine , cuivre et zinc , cuivre et fer. Quant au sens de la déviation de l'aiguille, ces combinaisons agissent comme celle d'antimoine et de cuivre ; seulement on a eu soin d'indiquer les substances dans un ordre tel, que la première nommée dans chaque arrangement, est celle qui joue le rôle de l'antimoine , et la seconde le rôle dvi cui- vre. L'intensité du courant n'est pas la même dans toutes les combinaisons , et de'pend de la nature des substances employées. Deux métaux parfaitement homogènes forment un appareil qui ne produit point d'effet : il est possible que cela soit dû à un défaut de sensibilité dans l'appareil ; c'est à la même cause que le D'' Traill attribue l'impossibilité qu'il a éprouvée de produire aucune déviation de l'aiguille en in- terposant un conducteur humide dans le circuit thermo- électrique, ( 1 ) Les formes diverses que l'auteur a données à quelques (j) Les résultats positifs obtenus dans le premier cas par M. Becquerel , et dans le second par M. Nobili, montrent bien que c'est en grande partie à un défaut de sensibilité dans son appareil , et peut-être aussi en partie à la manière de faire l'expérience , que le D' Traill doit attribuer la nullité d'action qu'il a observée. TOM. lY, . l3 98 EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS portions de son appareil n'exercent une influence qu'en tant que la position du courant, par rapport à l'aiguille ai- mantée, doit déterminer une déviation ou inclinaison de cette aiguille dans un sens ou dans un autre , comme . OErsted et Ampère l'ont fait voir. C'est ce qui arrivera par exemple si le fil qui réunit les deux extrémités de la barre d'antimoine est tourné en hélice au lieu d'être rectiligne, et le sens dans lequel cette hélice sera tournée déterminera, d'un côté ou d'un autre, la déviation d'une aiguille aimantée placée intérieurement j au dehors, l'hé- lice agira comme un fil rectiligne ; seulement l'intensité de son action sera plus considérable. Si l'hélice est verticale , l'inclinaison qu'éprouve une aiguille suspendue verticale- ment dans son intérieur, s'accorde aussi parfaitement avec les lois déterminées par M. Ampère. L'auteur a obtenu des résultats analogues à ceux qui précèdent , et qui se trouvent encore d'accord avec les prin- cipes qui ont été exposés plus haut, en rendant mobile le circuit thermo-électrique, et en le soumettant à laction d'un aimant fixe, comme l'avait fait le professeur Cumming • dans ce but, il s'est servi plus particulièrement de deux combinaisons , celle di argent et de plaline , et celle de bis- muth et de platine. Ces appareils mobiles avaient la forme d'un rectangle, comme celui qui a été décrit le premier; mais ils étaient beaucoup plus légers , et suspendus à un fil très flexible de manière à pouvoir obéir à la plus petite force d'attraction et de répulsion 5 la chaleur était toujours appliquée au moyen d'une lampe à l'un des points de jonc- tions des métaux hétérogènes. SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. 99 Enfin, la dernière série d'expériences a pour objet l'ap- plication du froid aux points de contact des substances qui forment le circuit thermo-électrique, et l'examen des effets qui en résultent, lesquels sont exactement inverses de ceux auxquels donne naissance l'application de la chaleur, du moins quant au sens de la déviation qu'éprouve l'aiguille. Une autre différence importante est que l'intensité du phé- nomène est beaucoup moindre , et que même la déviation ne peut être obtenue d'une manière bien distincte qu'avec les combinaisons du cuivre , soit avec l'antimoine, soit avec le bismuth. L'application simultanée du froid et de la chaleur fait aussi l'objet de quelques recherches , qui toutes s'ac- cordent avec les résultats inverses auxquels l'emploi succes- sif des deux procédés a donné naissance. Le D"^ Traill termine cette première partie de son travail par une exposition très abrégée de quelques vues théoriques , d'après lesquelles il serait tenté d'admettre l'existence au- tour des pièces métalliques qui composent l'appareil thermo- magnétique', de courants magnétiques qui suivraient une direction en hélice. 11 nous semble que depuis les recherches de plusieurs physiciens , postérieures à celles dont il est ici question , il ne reste plus aucun doute que l'influence que 1 élévation ou l'abaissement de température détermine dans un circuit tout métallique, est de donner naissance à un véritable courant électrique, dont toutes les propriétés, à 1 intensité près, sont les mêmes que celles des courants que produit un couple ou une pile voltaïque. C'est ce qui fait que nous n'insisterons point sur cette partie du Mémoire du phy- sicien anglais, à laquelle lui-même ne paraît pas attacher lOO EXPERIENCES ET OBSERY AXIONS une grande importance , et que nous passerons immédiate- ment à la second e partie de son Mémoire , que nous tradui- sons textuellement d'après le manuscrit qui nous a été communiqué. SECONDE PARTIE. Application des expériences thermo- magnétiques a l'explication de quelques-uns des phénomènes du magnétisme terrestre. Depuis la publication du traité du D" Gilbert en 1600 jusqu'à ces dernières années, le magnétisme paraît avoir beaucoup moins occupé l'attention des savants qu'on aurait pu le croire, vu l'importance de son application pratique. Aucun progrès marquant ne fut fait dans cette partie de la science , si l'on en excepte le perfectionnement de quelques instruments depuis 1600, jusqu'à la découverte faite par Wales, de la déclinaison qu'éprouve l'aiguille aimantée sur un vaisseau qui parcourt différents parages , et la confirma- tion de ce fait par le capitaine Hinders. Dans ces dernières années cependant, l'attention s'est de nouveau reportée sur le magnétisme j les observations de Scoresby , de Bain , de Beaufoy , de Hansteen , et d'autres, ont beaucoup ajouté à nos connaissances sur ce sujet, et la découverte de l'électro-magnétisme due à OErsted, a donné une impulsion à une étude plus approfondie de ce singulier SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. lOI et mystérieux agent. La curiosité ainsi réveillée a été récom- pense'e de ses recherches par plusieurs intéressantes dé- couvertes, et en particulier par celle de Seebeck, qui a fait voir que l'on peut développer une forte action magnétique en chauffant inégalement certaines combinaisons de métaux. Ces derniers effets sont tellement frappants qu'ils cap- tivent l'attention de tous les physiciens ; et les sources de l'inégalité de la température de notre globe lui-même sont si évidentes, qu'elles suggèrent forcément l'idée que c'est à cette cause que nous pouvons attribuer plusieurs des phé- nomènes du magnétisme terrestre. La tentation de se livrer à quelques spéculations sur la nature de cet agent est assez forte pour engager l'auteur à hasarder les observations suivantes sur ce sujet , quoiqu'il sache que les faits sont peut-être encore trop peu certains pour que l'on puisse actuellement faire une théorie complète du magnétisme j il soumet en conséquence ses idées au ju- gement de la Société avec la plus complète déférence. Avant les découvertes de Seebeck, il y avait plusieurs circonstances qui semblaient indiquer quelque rapport entre le magnétisme terrestre et l'influence de la température sur notre globe. L'augmentation dans la variation diurne de l'aiguille au moment où le soleil est au-dessus de l'horizon, ainsi que celle de la variation mensuelle pendant la période la plus chaude de l'année, la coïncidence des lignes isother- males avec les courbes d'égale variation magnétique, sont des circonstances qui semblent toutes indiquer l'influence dn soleil sur les phénomènes magnétiques. Il y a plusieurs années que le célèbre Troughton observa aussi que l'inten- I 02 EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS site du magnétisme paraissait être plus grande dans une chambre qui était éclairée par la lumière du jour , que lorsque cette lumière en était exclue^ mais toutes ces va- riations e'taient probablement trop minimes pour qu'on pût en déduire quelque vue théorique. Cependant les expé- riences thermo-magnétiques, en montrant que des effets magnétiques très -puissants peuvent être produits par la rupture de l'équilibre de température dans certains corps , indiquent qu'il doit exister une source abondante de ma- gnétisme dans la terre, et peuvent ainsi, si je ne me trompe, donner une explication, plus satisfaisante que les anciennes , de quelques-uns des phénomènes du magnétisme terrestre , et principalement de la déclinaison variable de l'aiguille aimantée. Le philosophe de Colchester, le D'^ Gilbert, est le premier qui ait dit que la terre était un grand aimant^ duquel tous les autres tiraient leurs propriétés. Le magnétisme terrestre a été généralement attribué à des masses ferrugineuses ou à des couches distribuées irrégulièrement dans le globe , et les pôles magnétiques ont été considérés comme " les centres d'action de toutes ces substances magnétiques ferrugi- neuses. « (i) La première conséquence importante que l'on peut dé- duire des découvertes thermo-magnétiques , c'est que nous ne sommes plus obligés de nous renfermer dans la suppo- sition de l'existence de masses ferrugineuses pour expliquer ( I ) Cavallo , sur le Magnétisme. SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. l o3 le développement du magnétisme. Des combinaisons de métaux quelconques scSlt capables d'agir sur laiguille ai- mantée en vertu d'une simple rupture d'équilibre de tem- pérature. Le fait intéressant découvert par Hansteen , concernant la polarité acquise par tout corps placé perpendiculairement dans nos latitudes , montre que la seule position est capable d'exciter le magnétisme dans des substances peu magné- tiques, et il ne semble pas extravagant de supposer que, de la même manière, de grosses masses des substances les moins magnétiques peuvent devenir capables daffecter laiguille quand elles présentent des inégalités dans leur température. Il n'est pas improbable que nous pourrons dans la suite trouver de légers effets magnétiques dans des combinaisons de larges masses de corps pierreux chauffés inégalement : ce sera au moyen d'expériences très délicates, faites avec l'aiguille presque neutralisée du galvanoscope , ou, peut- être mieux encore , en mesurant l'intensité de la force magnétique , par le nombre des oscillations d'une aiguille suspendue à la manière d'Hansteen. Quel que soit le résultat de semblables expéiùences , la découverte de Seebeck a montré une source abondante dinfluence magnétique. L'une des expériences rapportées dans la première partie montre que la simple juxta-position , soit contact de deux métaux, suffit pour produire des effets magnétiques , et que, pour le développement du thermo-magnétisme, un arran- gement régulier et compliqué de divers matériaux n'est pas nécessaire, mais qu'il ne faut pas autre chose que ce que Ion peut supposer exister dans les couches de la tene. I04 EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS 11 n'est plus possible de douter que la direction générale qu'affecte en tous lieux l'aiguille aimantée provient de l'action des matériaux qui composent notre globe. La plu- part des irrégularités locales dépendent évidemment d'accu- mulations partielles de mines de fer. Tels sont les effets extraordinaires exercés sur l'aiguille dans le voisinage de Tarbey en Suède , celui qui a été observé par Basil Hall dans l'Archipel oriental, celui qu'a signalé M. Oxley dans les régions nouvellement découvertes de l'Austrasie, et enfin les déviations remarquables qu'a observées le lieutenant Franklin dans les lacs Point et Knee de l'Amérique sep- tentrionale. Plusieurs rochers que l'on ne regarde pas comme contenant du fer, tels que le basalte, le gneiss, etc. sont souvent capables d'affecter l'aiguille; le thermo-magnétisme nous montre aussi que les métaux en général, sous certaines circonstances, peuvent produire des effets semblables. Des faits nombreux de cette nature , et la coincidenee parfaite qui existe entre les lois du magnétisme terrestre et celles qui régissent l'action d'un aimant artificiel , laissent peu de doute que nous devons chercher la source du premier de ces magnétismes dans les matériaux solides qui composent notre globe. Considérant la terre comme un vaste aimant, nous pouvons regarder le phénomène général comme dé- pendant des matériaux eux-mêmes et de la position de ces masses, et cette influence peut être nommée le magnétisme de composition. Mais il y a d'autres circonstances qui , je crois , modifient cette influence. Il paraît donc raisonnable de considérer en outre la terre comme un vaste appareil thermo- magnétique SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. Io5 • L'action perpétuelle des rayons solaires dans les régions situées entre les tropiques, leur donne une température plus élevée que celle d'aucune autre portion de la surface de la terre 5 l'effet de cette élévation de température, considérée sous le point de vue thermo-magnétique , serait d'accroître le magnétisme des matériaux solides , effet qui serait encore augmenté par les deux énormes capuchons de glace qui entourent les régions polaires. L'on pourrait peut-être ob- jecter que la différence de température qui en résulte est petite ^ mais si nous prenons en considération la faible in- tensité relative du magnétisme terrestre, qui est si peu con- sidérable qu'elle est susceptible d'une influence par la plus petite particule de fer; et d'un autre côté, si nous faisons attention aux énormes masses sur lesquelles agissent sans cesse les causes qui détruisent l'équilibre de température, nous hésiterons moins à reconnaître une action thermo- magnétique sur la terre. L'on sait fort bien que les pôles magnétiques ne coïnci- dent pas avec ceux de la rotation du globe; et l'existence de deux axes magnétiques ,- dirigés suivant quatre pôles également magnétiques , paraît être parfaitement établie par les recherches d'Hansteen. Le D" Halley avait déjà conjecturé l'existence d'un double axe, qu'il imaginait être nécessaire à la solution des phénomènes magnétiques alors connus, et ce que ce physicien déduisit de pures hypothèses, se trouve établi par une comparaison attentive d'un grand nombre d'ob- servations réunies, analysées et combinées par Hansteen. IJne inspection des cartes dHansteen montre que la di- TOM. lY. I^ I o6 EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS rection générale des lignes de non variation est celle du nord et sud ; mais elles sont soumises à diverses inflexions , et présentent quelques sinuosités remarquables qui pro- viennent probablement de la distribution et de la profon- deur inégale des couches les plus fortement magnétiques qui composent la croûte de la terre, et des modifications diverses que peut y produire le thermo- magnétisme qui provient de l'action du soleil et de celle des glaces polaires. Il me semble donc que les forces qui produisent le ma- gnétisme terrestre peuvent être réduites à deux. 1° Lune qui provient de la composition et de la position diverse des matériaux solides du globe , et que nous pou- vons nommer magnétisme de Composition ; 2." L'autre qui est due à l'inégale distribution de la tem- pérature, et que nous appellerons Thermo-magnétisme. Ces forces ne paraissent pas avoir la même direction. Dans toutes nos expériences avec l'appareil métallique , la tendance de l'influence thermo-magnétique était évidem- ment de placer l'aiguille dans toutes les situations et sur toutes les surfaces de l'appareil à angles droits avec son axe , ou à angles droits avec la direction dans laquelle l'inégalité de température avait lieu. Si nous considérons la terre comme un appareil thermo-magnétique chauffé dans ses parties équatoriales , et refroidi vers les pôles , il est clair daprès le même principe que son effet serait de placer l'aiguille de l'est à l'ouest , perpendiculairement à la direction de la propagation des inégalités de tempé- rature. Peut-être alors nous ne nous tromperons pas beaucoup SUR LE THERMO- MAGNÉTISME. 1 o 7 en considérant ces deux forces comme agissant dans des directions opposées , le magnétisme de composition comme donnant à l'aiguille une direction générale du nord au sud, et le thermo- magnétisme comme tendant à dévier l'aiguille à angles droits, par rapport à cette direction. En d'autres termes, nous pouvons considérer la direction ac- tuelle de l'aiguille magnétique comme le résultat de la force du magnétisme de composition, et de l'énergie dé- viatrice du thermo-magnétisme. Que le magnétisme terrestre soit modifié par des chan- gements de température, c'est ce qui résulte de l'examen de plusieurs phénomènes curieux, quoique minutieux, que nous mentionnerons sans trop nous y arrêter. 1° Des expériences répétées ont montré que l'aiguille magnétique est soumise à certaines déviations de peu d'étendue, mais d'une régularité extrême, qui ont lieu plusieurs fois par jour, et dont la grandeur varie avec les différentes saisons de Tannée. a. Le résultat général des expériences de Canton, Cotte, Hansteen et autres, prouve qu'en Europe la déclinaison de l'aiguille est plus ou moins à l'est à huit heures du du matin, puis ensuite qu'elle augmente vers l'ouest jus- qu'à deux heures après midi. Depuis ce moment elle dimi- nue jusqu'à huit ou neuf heures , qu'elle est pendant quelque temps stationnaire ; mais l'aiguille retourne à l'est pendant la nuit, de manière à être à huit heures plutôt moins à l'ouest que le soir précédent. Ceci montre une coïncidence frappante avec la température de la terre, qui est généra- lement à son maximum à deux heures après midi, et à 10 EXPERIENCES ET OBSERVATIONS son minimun à huit heures. Les expériences de Canton ont été refaites par Cavallo pour prouver que les changements de température et de déclinaison ne correspondent pas ; mais elles me paraissent prouver le contraire, en tant du moins que l'on peut mettre quelque confiance dans une simple série d'expériences , quand il s'agit d'un cas où tant de circonstances imprévues peuvent avoir influé sur les ré- sultats en accélérant ou retardant le rayonnement de la terre j il ne faut pas oublier que les températures données sont celles de l'air ambiant , qui sont beaucoup moins stables que celles qui seraient prises très près de la terre, (i) b, La variation ou déclinaison journalière de l'aiguille est, d'après les observations dHansteen, à peu près deux fois aussi forte au solstice dété, quà l'époque correspondante en hiver, étant à la première de i5', et à la seconde seu- lement de 7' 3o". Cela montre évidemment que la décli- naison est augmentée par l'accroissement de température. c. L'aiguille a aussi un léger changement déclinatoire qui s'accroît pendant plusieurs mois , et ensuite décroit. (ij Les expériences de Canton ont été faites le 27 juin 1789 , et ont donné les résultats suivants: MATIN. APRÈS MIDI. HEURE. DÉCLIMAISON. TEMPÉRATURE HEURE. DÉCLINAISON. TEMPÉRÂT. 0 18' 19° 2' 62" 0 5o '9" 9' 70- 6 4 18 58 62 1 38 19 8 70 8 3o i8 55 65 3 10 19 8 68 9 2 18 54 67 7 20 18 59 6r 10 20 18 57 69 9 '2 19 6 %i 1 1 4° •9 4 68i II 4o 18 5i SUR LE THERMO -MAGNÉTISME. 109 D'après Hansteen , elle va graduellement vers l'ouest , c'est-à-dire sa déclinaison s'augmente du solstice d'été à l'équinoxe du printemps, et elle chemine vers l'est depuis l'équinoxe du printemps au solstice d'été. L'extrême lenteur avec laquelle la croûte du globe transmet la chaleur absorbée descendante est bien con- nue : d'après M. De Saussure la plus grande chaleur d'été à Genève met six mois à parvenir à la profondeur de 3 1 pieds ; d'après cela , si nous considérons que la couche magnétique est à une profondeur incommensurable , nous comprendrons comment elle n'est pas promptement affectée par les extrêmes de température de la surface de la terre. La plus grande durée de la déviation mensuelle du côté de l'ouest , peut être attribuée à la position et aux forces des deux axes magnétiques , dont plusieurs autres phéno- mènes montrent que l'énergie est ine'gale. IL L'inclinaison de l'aiguille varie comme on le sait avec la latitude , et elle augmente à mesure q^u'on ap- proche des pôles magnétiques. Elle est sujette aussi à de légères irrégularités locales qui paraissent dépendre du voi- sinage ou de l'éloignement des couches magnétiques. Des recherches récentes ont démontré que l'inclinaison de l'ai- guille est soumise à de légers changements périodiques qui semblent provenir des variations de température. Hansteen rapporte qu'avec une aiguille magnétique très délicate , con- struite par DoUond, il trouva que l'inclinaison était de i5' plus grande en été qu'en liiver. III. L'intensité magnétique , ou la détermination du degré de force avec laquelle la propriété directrice de l'ai- IIO EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS guille s'exerce , est très bien déterminée par la durée d'un certain nombre d'oscillations d'une aiguille suspendue par un simple fil de soie , et cette méthode a fourni à Hansteen quelques résultats curieux , quoique les expériences soient encore trop peu nombreuses pour assigner une date précise à laquelle on puisse rapporter les périodes du maximum et minimum d'intensité. L'intensité magnétique augmente depuis l'équateur au pôle, ce qui peut être attribué principalement à la proxi- mité des pôles magnétiques. L'opinion d'Hansteen, d'après une série d'observations faites avec soin en 1820, est que l'intensité magnétique est sujette à des fluctuations pério- diques: suivant lui, l'intensité journalière augmente depuis dix heures du matin à peu près jusqu'à cinq heures de l'après midi, c'est-à-dire au moment où la surface de la teri-e commence à dégager rapidement le calorique ac- cumulé pendant la partie la plus chaude du jour. Tant de circonstances efficaces ont continuellement lieu pour changer la température de la surface du globe en favo- risant ou en empêchant son rayonnement , qu'ici la coïn- cidence est aussi grande que l'on peut raisonnablement l'attendre. Ces faits peu nombreux, mais intéressants, me semblent démontrer suffisamment l'influence de la température sur la modification du magnétisme terrestre, et nous pouvons en déduire la conclusion que la terre agit non-seulement comme un aimant, mais aussi comme un appareil thermo^ magnétique. Il reste encore à appliquer ces principes à l'un des phé- SUR LE THERMO-MAGNETISME. 1 1 i nomènes les plus intéressants du magnétisme , c'est-à-dire la variation ou déclinaison de l'aiguille. Il est impossible que l'observateur le moins attentif ne voie pas le rapport général qu'il y a entre les lignes isother- males de Humboldt et la direction des lignes isomagnétiques de Hansteen , et il n'y a probablement de même en me'téo- rologie aucun point mieux établi que la non coïncidence des lieux où la température est la moins élevée et des pôles de rotation de la terre. Les observations de plusieurs savants, et particulièrement de Pallas et de ses collaborateurs, de Scoresby, Sabine, Parry et Humboldt, amenèrent le D" Brewster à la conclu- sion, qu'il existait deux pôles (V extrême froid dans l'hé- misphère boréal, et c'est une chose assez, remarquable que la coïncidence des positions de ces deux pôles tels qu'ils sont , déduite par ce même savant d'après une comparaison tirée de nombreuses observations avec les deux points de convergence des lignes de variation sur la carte magnétique d'Hansteen. Cette circonstance suggère naturellement quel- que rapprochement entre les points d'extrême froid , et la propriété directrice de l'aiguille magnétique, et cela dans un temps oii cette propriété a dû paraître le résultat d'un agent aussi obscur que mystérieux : mais aujourd'hui que les expériences thermo- magnétiques ont démontré l'in- fluence évidente de l'application de la glace à une partie de l'appareil , nous pouvons comprendre pourquoi les dévia- tions dans le magnétisme terrestre dérivent d'accumulations locales de glace ,' ou de ce qu'une grande intensité de froid prévaut sur un point plutôt que sur un autre. 112 EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS D'après les principes que nous venons d'énoncer , là con- séquence générale du thermo-magnetisme de la terre devrait être une déviation de l'aiguille , par rapport à la direction du nord au sud , quand même le point d'extrême froid corres- pondrait avec les pôles de rotation : mais, dans la position actuelle des glaces polaires , nous voyons de quelle manière cette déviation peut être augmentée ou diminuée , suivant le rapprochement ou l'éloignement des méridiens du froid. Aucun des phénomènes du magnétisme ne paraît plus surprenant que la déclinaison toujours variable de l'ai- guille. Lors de la découverte de cette variation par Colomb , pendant son voyage en 1492, la déclinaison de laiguille était considérablement à l'est du méridien véritable ; et suivant les observations plus récentes des savants , elle a continué à suivre cette direction jusqu'en i58o , moment où elle devint stationnaire à 1 1 ° 3o' , d'où elle rétrograda jusqu'en lôSy à 0°. Depuis lors, l'aiguille s'est mue gra- duellement à l'ouest jusqu'en 1818, où les nombreuses re- cherches de Beaufoy prouvent qu'elle atteignit chez nous un maximum de 24° 45' 58". Il semble à présent qu'elle rétrograde vers le pôle de la rotation de la terre. Le D"" Halley, pour expliquer cette déclinaison variable, avait proposé une hypothèse nullement satisfaisante , et qui n'était appuyée sur aucune probabilité quelconque, savoir l'existence d'un noyau mouvable dans la terre, supposi- tion qui avait été imaginée uniquement pour expliquer le phénomène du magnétisn>e. D'autres savants ont voulu baser leurs hypothèses sur les changements que produisent sur les couches magnétiques SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. i l o le feu volcanique, l'oxidation, ou d'autres causes agissant dans l'intérieur de la terre ; mais la régularité observée dans les variations de l'aiguille, nous empêchent d'adopter la première supposition , et les alternatives d'approxima- tion et d'éloignement de la ligne méridienne, sont égale- ment contraires à la seconde. 11 est toutefois e'vident que si nous pouvons supposer un changement dans la position des pôles d'extrême froid, un changement correspondant devra avoir lieu dans la déclinaison de l'aiguille magnétique 5 les pôles thermo-magnétiques de la terre devront suljir dans ce cas un dérangement dans leur position. Le D"^ Brewster a allégué de bonnes raisons en faveur de la non fixité des pôles isothermaux(i), et Hansteen a rendu très probable la révolution des pôles magnétiques autour des pôles de la terre. Les phénomènes du magnétisme montrent la position variable des pôles magnétiques, et les différences de climats s'accordent avec une semblable ré- volution des pôles isothermaux , qui semble être confirmée par la tradition et les recherches géologiques. Il serait difficile de concilier les secrets qui nous sont parvenus des anciens sur le climat des environs du Pont- Euxin , de l'Italie , de la France et du centre de l'Allema- gne, avec ce que nous voyons dans un temps plus moderne , si nous considérons les pôles isothermaux comme fixes ^ sans le témoignage positif d'anciens auteurs dignes de foi, nous croirions à peine que , vers le commencement de l'ère chrétienne , le vaste Pont-Euxin était quelquefois (1) Trans. Phil. d Edimbourg. Vol. IX. TOM. IV. l5 Il 4 EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS. gelé(i); que les Sarmates ayant leur barbe et leurs che- veux hérissés de glaçons, faisaient chaque année passer sur la glace solide du Bosphore Cimmérien et sur la partie basse du Danube, leurs lourds chariots attelés de bœufs (2) ; que le Pô, et même quelques-unes des autres rivières de l'Italie, étaient gelées en hiver (3); que la navigation du Tibre était de temps à autre interrompue par les fri- mas (4) , et que les grappes de la vigne ne mûrissaient pas, ainsi que la figue et l'olive, sur les confins du nord de la Gaule Narbonnaise. (5) De si grands changements s'expliquent mieux en sup- posant une révolution dans les pôles isothermaux , qu'en attribuant l'amélioration actuelle aux efforts de l'industrie humaine, qui ne saurait suffire à tout expliquer, puisque le pays autour du Pont-Euxin est resté à peu près dans l'état où l'avait laissé Strabon ; et que l'Italie est probable- ment à tout prendre, moins bien cultivée qu'elle ne l'était dans les premiers temps de l'empire romain. Cette migration des pôles isothermaux peut aussi être considérée comme la cause de quelques-uns des chan- (1) Videmus ingentem glacie consislere Ponluru Lubîicaque immolas testa premebat aquas Nec vidisse satest; durum calcauimus sequor , Undaque non udo sub pede summa fuit, OviD. , Tiisf. in. Eleg. x. (2) Slrab. lib. VU; Ovid. loc. cit. Virgil. Georg. lit. (3) ^iiau. de ^nimalibus , lib. XIV, cap. 29. (4) Livius, lib. V, cap. i5. (5; Sliab. lib. III. SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. 1 1 3 gements qui ont été observés dans l'état des glaces arc- tiques, sur les côtes du Groenland. Au commencement du quinzième siècle, la côte Est de cette contrée, qui était devenue une espèce de colonie qu'avaient formée les Norwé- giens et les Islandais , se trouva tellement encombrée par d'e'normes amas de glaces , qu'elle devint inaccessible pen- dant quatre cents ans, jusqu'à la séparation très étendue qui s'opéra dans cette barrière, et qui fut remarquée en 1817 par le capitaine Scoresby , lorsque plus de deux mille lieues carrées de glace disparurent, ce qui permit à ce navigateur de côtoyer long-temps cette plage perdue jusqu'alors. La coïncidence de l'accumulation et disparition de la glace dans ces mers , avec les changements dans la direction de la variation magnétique, est très curieuse, et paraît être en faveur de la théorie thermo-magnétique. Le moment où le Groenland commença à être entouré par une barrière impénétrable de glaces , arriva à peu près lors de la déclinaison de l'aiguille à l'est , et l'ouverture de cette barrière eut lieu près de la période où l'aiguille avait atteint son maximum de déclinaison vers l'ouest. Il est re- marquable que si nous prenons la période d'à peu près 4oo ans qui , écoulés entre la fermeture et V ouverture de ces glaces , comme le temps périodique des positions opposées du méridien du froid , et que nous nous re- portions en arrière depuis i4o6 , moment où la glace rendit inaccessibles les côtes du Groenland , nous arriverons au commencement du onzième siècle, c'est-à-dire justement au temps où les Islandais découvrirent le Groenland, et furent s'y établir. 1 16 EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS, ETC. Malheureusement nous n'avons aucune date certaine pour assurer l'état de la variation magnétique à cette époque ; mais si nous adoptons la conclusion d'Hansteen concernant la révolution du pôle magnétique Est dans l'hémisphère boréal , révolution à laquelle , par un résultat obtenu d'après des observations fondées sur la progression supposée uniforme de ce pôle , il a assigné une période de 860 ans , la situation du pôle doit avoir été à peu près la même que dans le moment actuel , où nous voyons la côte du Groenland encore dégagée de glaces, comparative- ment à ce qu'elle a été. FIN DE LA PREISIIÈRE PARTIE DU TOME IV. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LA PREMIÈRE PARTIE DU TOME IV. Mémoire sur la famille des Combrétacées. Par M. De Candolle. i Mémoire sur la coloration automnale des feuilles. Par M. Ma- caire Princep 43 Note sur un échantillon remarquable de la substance nommée par Haiiy cuii>re hydro-siliceuT , et par Léonhard hiesels malachit. Par M. L. A. Necker 54 Note sur la circulation du fœtus chez les ruminants. Par M. le Docteur Prévost 60 Note sur quelques monstruosités de becs d'oiseaux indigènes. Par M. Moricand 67 Note sur la conductibilité relative pour le calorique de différents bois, dans le sens de leurs fibres et dans le sens contraire. Par MM.Aug. DeLa PiiveetAlph. De Candolle 70 Mémoire sur quelques parties du sol des environs de Lyon. Par M. Macaire-Princep 76 Note sur quelques plantes observées en fleurs au mois de janvier 1828, dans la serre de M. Saladin, à Pregny. Par M. De Candolle, professeur 85 ( ii8) Note sur l'empoisonnement des végétaux par les substances vénéneuses qu'ils fournissent eux-mêmes. Par M. Macaire- Princep 91 Expériences et observations sur le thermo-magnétisme. Par le Docteur Traill, de Uverpool. 94 MOIVOGRAPHIQUE SUR LE CENRE SCROFULARIA. PAR Henri WYDLER, ■JiEMBRE DE LA SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES, ET DE LA SOCIÉTÉ MINÉRALOGIQUE DE JÉNA ; CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX. Ayant commencé, pendant mon séjour à Genève, en 1826, â m'occuper dîme Monographie du genre Scrofularia, je me hasarde maintenant à la livrer, quoique encore imparfaite, à l'impression , n'ayant d'autre but que de communiquer mes matériaux aux botanistes pour qu'un d'eux finisse avec plus de connaissance ce que je ne puis achever dans ce moment. Je prie tous les botanistes qui s'intéressent à ce genre, et qui en possèdent des espèces authentiques , de vouloir bien me les confier pour quelque temps, ou de me communiquer des notes qui pourraieait perfectionner mon travail. TOJVL. IV. 16 1 22 ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LE GENRE SCROFULARIA. Je dois à la grande obligeance de M. De Candolle les moyens d'exécution de cet essai. Il a bien voulu m'aider de ses conseils, et me permettre, avec cette libéralité qui caractérise toujours le vrai naturaliste , de faire usage de tous ses trésors botaniques. MM. Desfontaines et Delessert m'ont aussi ouvert, pendant mon séjour à Paris, non- seulement leurs importants herbiers , mais le premier aussi ceux du Musée botanique au Jardin Royal. Les conseils de M. Seringa m'ont été très utiles, ainsi que le bon accueil de M. le professeur Balbis , à Lyon , qui a eu la com- plaisance de me permettre d'étudier ses collections botani- ques. L'herbier de Rœmer m'a été aussi ouvert par l'obli- geance de son possesseur actuel , M. Schulthess , à Zurich. Je prie tous ces Messieurs de vouloir bien en agréer ma vive reconnaissance. Si mes divisions et mes diagnoses sont encore trop va- gues , c'est que je n'ai pu observer dans les herbiers que le moindre nombre des espèces, et que les ouvrages des auteurs ne m'ont fourni que des descriptions presque toujours incom- plètes, eu égard au système général de caractères que j'ai adopté. D'ailleurs, il reste encore dans les herbiers plusieurs formes que je n'ai pas pu réduire à des espèces déterminées, et dont je ne ferai pas mention ici. W. lvv^^l^^^^^^^^l^^^^^^^^^^^^^^<^^^^^^^'^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^'^'^<^^^ PREMIÈRE PARTIE. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. IjE genre Scrofularla est au nombre des genres les plus naturels , dont les espèces si voisines les unes des autres sont extrêmement difficiles à distinguer. Il est même pro- bable que quelques-unes d'entre elles sont nées par hybri- dité , comme il y a lieu dans les genres voisins , savoir les f^erhascum , Digitalis. Cependant je ne me permettrai pas d'en décider, n'ayant pas eu l'occasion de voir beau- coup d'espèces vivantes dans leur lieu natal. Le premier auteur qui ait fait mention de quelques es- pèces de Scrofulaires est Dioscoride. Long-temps après , lorsqu'on commença de nouveau à étudier les sciences, et la botanique surtout , sous le rapport de la médecine , les Scrofulaires avaient la réputation de guérir plusieurs ma- ladies , et on les employait en particulier dans les ma- ladies scrofuleuses. Soit que leur nom fût venu de quel- que ressemblance qu'ont les racines de la S. nodosa avec les tumeurs scrofuleuses , soit de la maladie même, à la- quelle les Scrofulaires fournissaient le spécifique , presque tous les auteurs l'ont écrit faussement avec ph. , n'étant pas d'origine grecque , mais venant du latin. Aussi Dios- coride a nommé les espèces dont il parle Galeopsis et Sideritis ; et le nom grec , entièrement différent pour la maladie des scrofules, est x'»^'^^^'^- De nos temps , on n'en fait aucun usage dans la mé- decine ; et l'opinion de Marchant (Mém. de l'Académie de IS4- ïSSAI MONOGRAPHIOHE Paris, 1701), que les feuilles de la S. aquatica, connues sous le nom d'Iquitaye au Brésil , étaient mêlées entre les feuilles des Sénés, pour corriger leur goût nauséeux, est peu probable, vu qu'il est assez incertain que cette plante croisse au Brésil. Dans l'état actuel de la science , on connaît environ quarante-six espèces, qui peut-être, mieux étudiées, se réduiront à un nombre moins considérable. Jusqu'à présent les botanistes et les voyageurs, en décrivant des espèces présentées pour nouvelles, n'ont pas eu assez d'é- gard aux autres déjà connues , d'oii vient que l'on trouve dans leurs ouvrages des espèces qui probablement ne sont que des variétés. G. Bauhin (en 1628 ) a connu huit espèces, Linné (1763) 17, Willdenow (1800) 26, Persoon C1807) 27, Sprengel (i825) 48. Il est fâcheux que M. J. E. Smith n'ait pas donné ( dans Rees Cyclop. ) plus d'éclair- cissements sur les espèces de Linné, Il ne cite pas toutes^ les espèces décrites dans les ouvrages botaniq^ues. ORGANES DE LA VÉGÉTATION. Les racines des Scrofulaires sont, ou ligneuses, ou fibreux-- ses, ou, dans une espèce (la S. iiodosa) , même tuber- culeuses , mais toujours accompagnées de fibrilles. Ces tubercules semblent être très différents des vraies racine* tubéreuses; ils ont le plus de rapport avec les bulbilles du Ficaria ranunculoldes , et avec les corps que l'on ren- contre aux racines du Spircea fdipenduLa. M. Schultz {d. Natur d. lehendigen Pflanze I , igS) les a regardés comme un renflement de la partie corticale de la racine. Ils sont composés toujours d'un tubercule allongé, cylin^ SUR- LE GENRE SCROFULARIA. 1 25 drique , d'où naissent beaucoup d'autres plus petits en di- vers sens , arrondis et de la grosseur d'un oeuf de pigeoni Quelques-uns, transplantés en novembre, hors de terre, dans des vases, la partie fibreuse seule enterrée, et mis dans la serre chaude du Jardin Botanique de Genève, ont poussé de leur sommet chacun un bourgeon dans le courant d'un mois. Dans toutes les racines des Scrofulaires herbacées , on remarque à leur surface des aniieaux, qui sont plus pro- noncés sur le collet et la tige. Parmi le peu d'espèces que i'ai pu observer dans leur lieu natal , j'ai trouvé que le» racines ne s'enfoncent jamais très profondément dans le sol, mais qu'elles croissent plus dans la direction horizon- tale et près de la surface de la terre ; leur longueur est souvent assez considérable. Les Scrofulaires à racines li- gneuses préfèrent un terrain sec, sablonneux ou pierreux; celles à racines tuberculeuses et fibreuses un terrain plus ou moins humide. La plupart des espèces ont les racines vivaces j peu sont annuelles. Les tiges , qui presque taujours sortent plusieurs d'une seule racine, sont ou herbacées ou ligneuses, et dans la plu- part quadrangulaires et droites. Cependant j'ai trouvé des exemplaires cultivés de la S. orientcUis à six et huit angles, et en même temps une augmentation égale du nombre des feuilles. La tige de la S. peregrina doit avoir, d'après les auteurs , six angles. Il arrive quelquefois que la partie su- périeure de la lige se tord , et alors les angles disparais- sent. Ces angles sont pour ainsi dire la première trace de ïa décurrence des feuilles. La tige est ou glabre , au , dans beaucoup d'espèces, couverte de poils. Dans la plupart, la moitié inférieure est garnie de feuilles , et la partie supé- i 26 -ESSAI MONOGRAPHIQUE rieure (le rhachis) est occupée par les bractées, encore très analogues aux feuilles, et par l'inflorescence. Il y a néan- moins un petit nombre d'espèces qui font exception, por- tant des feuilles jusqu'au sommet de la tige. Alors les pé- doncules naissent des aisselles des feuilles, et l'inflorescence est axillaire. Dans quelques espèces, les tiges sont simples j mais dans un grand nombre on trouve des rameaux chargés de feuilles et de fleurs , et entièrement analogues aux tiges. Ces rameaux naissent aussi des aisselles des feuilles j dans quelques espèces qui habitent les pays méridionaux, ils avortent et se transforment en épines. L'intérieur des tiges des espèces herbacées est rempli de moelle : lorsqu'elles ac- quièrent plus de développement , la moelle se déchire lon- gitudinalement, et la tige alors est creuse. Nous avons déjà vu que l'on trouve, à la surface exté'- rieure des racines, des anneaux rapprochés les uns des autres, sm-tout vers le collet : ce sont autant de points de végéta- tion, qui, peut-être, dans des circonstances favorables, développeraient des rameaux et des feuilles. On aperçoit les mêmes anneaux sur les tiges , qui sont produits par les pétioles opposés, se prolongeant à leur base très dilatée vers la partie inférieure de la tige , et formant les angles plus ou moins saillants ou membraneux. Les entre-nœuds sont plus courts à la base de la tige. Les feuilles sont opposées-croisées. La S. orientalis , qui offre des tiges à six ou huit angles , fait exception , ayant les feuilles ver- ticillées. Les pétioles sont, ou plus courts que le limbe de la feuille , ou de même longueur. Quelquefois ils sont si courts, que l'on peut regarder les feuilles comme sessiles. Ainsi que les tiges , les feuilles sont glabres ou poilues , surtout à leur face inférieure , et ciliées. Leur forme est SUR LE GENRE SCROFULARIA. 127 assez difFerente, et elle change souvent dans les individus de la même espèce , ce qui a fait établir des espèces qui ne sont pas même des variétés. Les principales formes sem- blent être celles en cœur et les pinnatifides. On peut voir aisément toutes les transitions , depuis la feuille indivise par les formes des feuilles incisées, pinnatifides, jusqu'aux pinnatisectes , dans ces dernières surtout; mais ce qui a lieu aussi dans les feuilles à limbe indivise , leur base est quelquefois entièrement séparée de la nervure mëdiaire, et paraît alors pétiolulée. Elles sont alors dites auriculées ou appendiculées. Les nervures des feuilles sont pennées et alternes ; elles se terminent dans les crénelures ou dente- lures des bords des feuilles en un petit mucrone. Un phénomène bien digne d'attention est offert par les feuilles de diverses espèces de Scrofulaires : leur paren- chyme est pourvu d'une grande quantité de ces vésicules transparentes que l'on trouve dans les feuilles des Hy- pericum, des Myrtacées. Elles sont assez visibles dans les S. samhucifolia , nodosa , belonicœfolia , Scopolii- glahrata , foetida , aquatiea , lucida et hypericifolia. Dans les autres espèces , elles le sont moins , ou manquent peut-être. Leur grandeur , ainsi que leur forme , est sou- vent différente. La S. nodosa en a de très petites , mais assez nombreuses , tandis qu'elles sont d'une grandeur re- marquable dans les S. hetonicœfolia , Scopolii. Dans ces espèces, leur forme est plus ou moins arrondie; cependant on les trouve aussi elliptiques, ou même très irrégulières. Peut-être est-ce dans ces vésicules que réside la matière qui donne à ces plantes cette odeur ingrate et analogue à celle des feuilles du sureau. Ces vésicules se retrouvent dans les calices et les corolles de diverses espèces. IZS ESSAI MONOGRAPHIQUE Les feuilles inférieures finissent plus tôt leur Vie que les supérieures, et sont flétries quand la plante fleurit. Dans toutes les Scrofulaires, le rhachis, ainsi que ses ra- mifications, les pédoncules et pédicelles, sont couveits de poils glandulifères ; on les trouve aussi quelquefois à la face extérieure du calice , et surtout en grande abondance sur les filets et l'anthère stérile. Toutes les autres parties de la fleur,, excepté l'ovaire du S. vernalis, en sont dé^ pourvues. Ces glandes sont globuleuses, portées par un poil cylindrique transparent, remplies d'un suc de couleur pour- prée, ce qui a lieu dans tous les cas que j'ai observés, surtout à l'épanouissement des anthères. Les poils ne montrent jamais des cloisons- Ayant excrété leur cojitenu, la tête tombe souvent, et il ne reste plus que le poil. Nous en avons vu, M. Heyland et moi, quelquefois des soudures extrême- ment singulières. V cnfLonscence est, dans la plupart des espèces , un thyrse composé d'un axe central (le rhachis) et des branches flo- rales , le plus souvent alternes et disposées en grappe. La seule S. orientalis offre la disposition des branches florales analogue à celle de ses feuilles, presque en verticilles, au nombre de quatre. Chaque branche florale est bifurquée, et même quelquefois trifurquée, portant sur la bifurcation des pédicelles alternes, et dans la dichotomie une fleur axillaire ou primitive , d'où il résulte que les ramifications du rhachis sont des cimes. Dans presque toutes les espèces, Ja partie supérieure de la tige est occupée par le thyrse, et privée de feuilles, n'ayant que des bractées plus ou moins foliacées; dans quelques-unes, les branches .florales naissent des aisselles des feuilles, et alors le thyrse est foliacé, cequi donne lieu à deux divisions des espèces. En peu de cas les pédicelles avortent, et I SUR LE GENRE SCROFULARIA. 1 29 rinflorescence devient une grappe presque simple. 11 y a même une espèce, la S. minima de Bieberstein, qui porte, selon cet auteur, les fleurs en tête. L'épanouissement des branches florales commence de bas en haut, et va dans chaque branche du centre à la circonférence. La fleur axillaire, dans la bifurcation, fleurit la première ; alors suivent les deux laté- rales, etc. et lorsque ces bifurcations continuent dans le même thyrse, c'est toujours la même succession, ce qui explique pourquoi on trouve parmi des fleurs qui vont s'épanouir des capsules déjà mCu-es et ouvertes. Dans plusieurs espèces ( S. orlentalis, betonicœfoUa) , les pédicelles, surtout de la fleur centrale, sont un peu inclinés avant l'épanouissement des fleurs; mais ils se redressent pendant la maturation du fruit. hes bradées ne se distinguent guère des feuilles cauli- naires supérieures qu'en ce qu'elles sont plus courtes et ses- silesj au contraire, les bractéoles sont toujours linéaires, et ne dépassent jamais la longueur des pédicelles. Elles sont ordinairement opposées. Quelquefois elles sont bordées de membranes transparentes dentelées, et nous montrent alors cette gradation de transition des bractées aux calices, ou la métamorphose des parties, qui le plus souvent dans ce genre n'est pas sensible. ORGANES DE LA FRUCTIFICATION. L'estivation du calice est imbriquée; il est presque régu- lier, hémisphérique, gamosépale, à cinq lobes plus ou moins profonds ; il est hypogyne, et toujours plus petit que la co- rolle. Ces lobes sont, ou arrondis, ou rarement aigus, con- vexes à leur face extérieure, concaves intérieurement. Son origine est encore visible sur sa face extérieure, analogue à TOM, IV. 17 l3o ESSAI MONOGRAPHIQUE la face inférieure des feuilles, dans les nervures proémi- nentes. Quelquefois , quoique rarement , on y trouve des glandes stipitées. Dans la plupart des Scrofulaires , ces glandes disparaissent sur les pédicelles, près la base du ca- lice. Les lobes sont bordés de membranes scarieuses, plus ou moins transparentes , de couleur rougeâtre ou ferrugi- neuse, ou d'un blanc pur, elles sont irrégulièrement dente- lées, et pliées transversalement. Il y a un petit nombre d'es- pèces où ces bordures manquent ou ne laissent qu'une lé- gère trace, par exemple dans la S. nodosa, vernalis ^ pe- regrina, etc. Le calice marcescent persite jusqu'à la maturité du fruit. Dans les S.onentalis et beioniccefolia,]' ai observé un petit accroissement du calice , surtout en longueur, après que la corolle est tombée. Chez les unes, les lobes du calice restent ouverts, tandis que chez les autres ils enve- loppent plus ou moins le jeune fruit. La corolle est en estivation imbriquée; le lobe intermé- diaire de la lèvre inférieure est infléchi; il est couvert des lobes latéraux, et ceux-ci des lobes incombants de la lèvre supérieure; elle naît du torus, qui a la forme d'un disque 5 elle est hypogyne , gamopétale , ventrue , plus ou moins ré- trécie à l'orifice (surtout dans les S. vernalis , orienialis), bilabiée. La lèvre supérieure est bilobée; les lobes sont incom- bants, c'est-à-dire l'un couvre à moitié l'autre; puis ils sont droits et arrondis, ou un peu réfléchis en dehors. La lèvre inférieure est trilobée ; les lobes latéraux sont parallèles , droits ; le lobe intermédiaire est plus petit et réfléchi. Dans les S. orie/jialis et ver7ialis , les lobes delà lèvre supérieure et les lobes latéraux de la lèvre inférieure sont infléchis. Lasupposition de M. Cassini (Opusc. phyt. 11, 33o}, que l'irrégularité des corolles soit dans beaucoup de cas dé- I SUH LE GENRE SCROFULARIA. l 3 1 terminée par l'avortement entier ou partiel des étamines , est constatée par la corolle des Scrofulaires , les lobes de la lèvre supérieure des fleurs des Scrofulaires, dans lesquelles existe la cinquième étamine, quoique peu développée, étant remarquables par leur grandeur et leur direction. Dans les S. vernalis et orientalls , où la cinquième étamine manque entièrement, la régularité des lobes de leurs corolles est ce- pendant plus grande que dans les précédentes. Linné a regardé la corolle des Scrofulaires comme ren- versée, ou, d'après le terme usité, résupinée; mais cette ap- parence n'est due qu'à l'inclinaison des étamines fertiles vers la lèvre supérieure. En admettant l'idée de Linné , feu Christ. Conr. Sprengel, lillustre défenseur de la sexualité des plantes, s'est appuyé sur, i° que la glande annulaire ou nectaire est plus épaisse au-dessus de l'ovaire, qu'il l'était communément au-dessous, ou se trouvait sur l'ovaire même; 2° que le nectar s'arrêtait, contre l'ordinaire, à la partie supérieure du tube de la corolle^ 3° que la tache ou marque qui indiquait la présence du nectar, occupait ici la lèvre su- périeure, ne se trouvant communément que sur la lèvre in- férieure. Nous aurons tout-à-l'heure l'occasion d'examiner si l'opinion de Sprengel est vraie ou fausse. Les corolles des Scrofulaires son tassez caduques, et elles tombent à la moindre agitation. Leur couleur est souvent obscure, d'un brun tirant sur le rouge, et mêlé de vert, d'un pourpre foncé-, enfin, dans quelques-unes, de la couleur du jaune d'œuf. La face interne est souvent de couleur diffé- rente de l'externe. La floraison des Scrofulaires a lieu de mars en octobre. La S. cZeser/i fleurit cependant en janvier. Les étamines off^rent plusieurs particularités extraordi- naires. Leur nombre primitif semble être de cinq , dont J 32 ESSAI MONOGRAPHIQUE quatre portent des anthères toujours parfaitement déve- loppées j la cinquième est ou peu développée, ou manque en- tièrement (dans les S. vernalis et orient.). Plusieurs auteurs, comme Moench, Savi, Schlechtendahl , Wahlenberg , etc. ont reconnu la nature de la cinquième, tandis que beau- coup d'autres botanistes, ne sachant qu'en faire, l'ont re- gardée comme un simple appendice ou nectaire. Chr. Conr. Spengel croyait qu'on reconnaissait en elle la marque de la présence du nectar {saftmal) , et d'après sa théorie cette anthère serait même destinée à garantir de la pluie l'inté- rieur de la corolle. Mais sa naissance de la base intérieure de la lèvre supérieure de la corolle , prouve assez évidem- ment que c'est une vraie étamine arrêtée dans son dévelop- pement; puis il est prouvé par plusieurs genres de la famille des Scrofulaz-inces, dont les fleurs offrent des étamines sté- riles, tels que les genres Gratiola, Schwenkia, Schizan- thusR. etP., etc. Dans une stemodia, peui-être inédite et provenant du Mexique, la place de la cinquième étamine avortée est indiquée par une touffe de poils. Chez les Scrofulaires, le filet de 1 étamine stérile est le plus souven t soudé à la corolle dans toute son étendue^ ne laissant libre que l'anthère. Les autres filets, au nombre de quatre, sont presque didynames, libres et alternes avec les lobes de la corolle. Les deux plus petits naissent de la base des lobes latéraux de la lèvre inférieure, les deux plus grands des deux côtés du lobe intermédiaire de la lèvre inférieure. Ils sont presque cylindriques, elliptiques dans la coupe transversale, d'un jaune pâle, parsemés de glandes stipitees, plus e'pais vers l'anthère. Déjà dans le bouton encore jeune les étamines sont considérables, et leurs filets sont courbés autour de l'an- thère. Développées, elles sont droites, un peu courbées à SUR LE GENRE SCROFULÂRIA. I.i3 leur base, ou penchées vers la lèvre supérieure, souvent de la longueur du pistil, à peu près cachées dans la corolle, ou saillantes. Jusqu'à présent je n'ai pu trouver les causes de la diversité dans le développement des étamines. En gé- néral, les deux plus grandes se développent les premières, et il n'est pas rare de voir s'ouvrir les anthères des deux autres, restant courbées au fond de la corolle sans jamais se re- dresser. Il paraît que les filaments croissent encore un peu après leur développement, d'où résulte peut-être l'inégalité de leur longueur, n'étant pas toujours didynames. Les an- thères fertiles sont dans toutes les espèces des Scrofulaires réniformes; elles sont grandes, même déjà dans le bouton, uniloculaires (jamais, comme le veulent quelques botanis- tes, biloculaires), terminales, adhérentes par toute leur base au filet avec lequel elles sont continues, s'ouvrant à leur som- met par une fente transversale, extrorses et persistentes, et toujours dépourvues de glandes stipitees. Après avoir émis le pollen, elles se flétrissent bientôt. Là où les bords de leurs valves se touchent, leur couleur, qui est d'ailleurs jaunâtre, est plus foncée et souvent pourprée. La quantité de pollen est assez considérable, et , sous le microscope , sa forme est elliptique, anguleuse, assez semblable aux grains du riz, et il est d'une couleur pâle. Humecté par l'eau, ses grains prennent la forme globuleuse. L'étamine stérile varie de forme dans différentes espèces. Toute sa partie , plus ou moins soudée avec la corolle, et analogue au filet , présente une cannelure qui a la pro- priété d'attirer le nectar, et de le conduire jusqu'à l'ouver- ture de la corolle , facilité encore par la situation un peu penchée de la fleur, par lequel s'explique bien la théorie de Chr. Conr, Sprengel. On dirait presque que cette éta- l34. ESSAI MONOGRAPHIQUE mine avait été longitudinalement fendue au milieu, ayant laissé pour trace un sillon plus ou moins profond dans le filament et dans l'anthère. Dans la S. canina et les espèces voisines , l'anthère de l'étamine stérile manque entièrement, et le filet est terminé le plus souvent en une pointe , ou denté à son sommet. Dans ces espèces, la partie supérieure du filet est libre et change beaucoup dans sa direction : elle est ou droite, ou courbée, mais, comme les étamines fertiles, toujours cou- verte de glandes stipitées. Dans la plupart des Scrofulaires , la cinquième étamine est terminée par une anthère peu dévelop- pée et réniforme, ou quelquefois arrondie. Elle est échancrée, divisée en deux parties arrondies par un sillon intermé- diaire , un peu épaisse. Alors l'étamine est entièrement soudée avec la corolle , et ne laisse libre que lanthère 3 les glandes stipitées ne trouvant point de place sur le filet soudé , en sont pour ainsi dire chassées en se retirant sur la partie extérieure de l'anthère stérile , où elles se trouvent en grand nombre et toujours dans une position oblique. On pourrait comparer ces étamines stériles à anthères un peu penchées sur la gorge de la corolle , avec les ap- pendices {fornices ) qui couronnent souvent la gorge des corolles des AsperifoUœ. Ce qui est assez remarquable , et qui a déjà été observé par C. G. Sprengel, c'est que les anthères sont encore fer- mées, et quelquefois même cachées dans l'intérieur de la fleur au moment où le stigmate est dans l'état parfait de développement , et où il s'incline avec le style hors de la corolle , sur le lobe intermédiaire de la lèvre inférieure. Sprengel a nommé Dichogamia gynandra ce retard dans la déhiscence des anthères, en comparaison avec l'époque SUR LE GENRE SCROrUL ARIA. l35 du développement parfait du stigmate. Il s'agit ici de sa- voir comment se fait la fécondation ? D'après la théorie de Sprengel, les stigmates des fleurs plus jeunes sont fécondés par le pollen des fleurs plus âgées ,- ce qui peut avoir lieu. 11 cite parmi les insectes qui sont chargés de la fonction de féconder les fleurs , des guêpes et un autre insecte de la famille des abeilles. Moi j'ai vu , au Jardin Botanique de Genève , dans les fleurs des S. orieiitalis et betonicœ- folia, souvent de petites abeilles qui suçaient le nectar, mais qui mangeaient aussi avec beaucoup d'avidité le pollen. Aussi j'ai trouvé souvent, dans l'intérieur de la corolle, des fourmis qui , aimant le nectar , voiît le chercher au fond de _la corolle ; mais je doute qu'elles contribuent en même temps à la fécondation de la plante. 11 arrive quelquefois que les étamines atteignent en même temps la hauteur du pistil avant qu'il s'inchne sur la lèvre inférieure, et alors le contact immédiat entre le pollen et le stigmate peut avoir lieu. Mais, en général, le stigmate est presque tou- jours flétri quand les étamines ont atteint l'orifice de la corolle et ouvrent leurs anthères. Un phénomène assez important est la sécrétion du nectar, très abondante dans le sarcoma, et qui a lieu en même temps avec l'émission du pollen. Est-il quelque rapport entre ces deux phénomènes de la vie végétale ? On trouve quelques analogues , par exemple , chez les Saxifragées et les Ombellifères. Le disque nectarifère des fleurs de ces plantes, duquel se développent plus tard les styles, sécrète un nectar quand les étamines, se courbant l'une après l'autre sur le disque, émettent le pollen- Les styles et les stigmates , qui dans ce moment sont encore presque invi- sibles ou très petits , se développent alors très vite 5 mais l36 ESSAI MONOGRAPHIQUE les étamines se sont retirées vers les pétales, et les an- thères sont vides ou déjà tombées. Au fond de la fleur des Scrofulaires, et entourant l'ovaire, on trouve un nectaire annulaire assez grand , charnu , irrégulièrement pentagone et un peu oblique, et qui est lié à l'ovaire par un prolongement membraneux de ses deux sutures. Comme je viens de le dire, la sécrétion du nectar est assez abondante , et a lieu au même temps où le pollen se détache des anthères j et l'intérieur de la corolle est alors rempli de ce suc mielleux. A mesure que l'ovaire augmente en volume , la glande diminue, et il n'en reste enfin qu'un anneau peu visible et caché par le calice. Le pistil consiste toujours en trois parties distinctes. L'ovaire est composé de deux carpelles : il a la forme d'une poire renvei'sée ; il est arrondi, ou dans quelques espèces oblong , glabre (excepté dans la S. vernalis), ainsi que le style. Celui-ci est cylindrique. Dans la préfloraison, il est courbé et incliné dans le même sens que les étamines vers la lèvre supérieure de la corolle, développé; il prend une position contraire aux étamines en s'inclinant sur la lèvre inférieure. Sa partie supérieure est caduque; mais l'inférieure persiste, ce qui donne à la capsule mûre l'aspect pointu. On voit aisé- ment son origine des parois de l'ovaire. Le stigmate pubescent est bilobé, quoique beaucoup de botanistes laient décrit comme simple, ce qui n'a lieu qu'à son premier âge. 11 paraît alors arrondi j mais bientôt les lobes, qui correspondent aux deux carpelles, s'écartent plus ou moins. Ses poils sont érigés, et paraissent déjà dans le bouton de la fleur dans toute leur fraîcheur. \je fruit est une capsule un peu dure , composée de deux sua LE GENRE SCHOrULARIA. 187 loges et de deux valves, de forme arrondie ou un peu allongée, conique , et toujours pointue. La face extérieure des valves est pourvue de nervures saillantes , analogue à la face in- férieure des feuilles. La déhiscence est septicide , et a lieu de haut en bas. La cloison double est formée par les bords rentrants des valves, et elle est opposée à la lèvre supérieure et le lobe intermédiaire de la lèvre inférieure de la corolle. Les placentas qui se trouvent sur les deux côtés de la cloi- son sont, dans leur jeunesse, spongieux, ovales, un peu al- longés; mais ils se contractent en se desséchant à leur ma- turité, et se détachant des bords rentrants, ils deviennent libres, pyramidaux et pointus au sommet. Les graines^ nombreuses , sont placées horizontalement dans les lacunes de ces placentas: elles sont presque sessiles et imbriquées, petites, ovales, quelquefois allongées et un peu cylindriques; anguleuses dans l'état mûr, sillonnées, ridées dans les deux directions, et d'un brun noirâtre. On voit assez distinctement sortir des pédicelles quatre faisceaux de vaisseaux , dont deux vont à chaque côté du réceptacle : ces faisceaux sont plus rapprochés à la base et vers le sommet de la capsule; dans son milieu , ils sont assez éloignés pour pouvoir bien distinguer leur nombre. En faisant des coupes verticales et excentriques dans une capsule qui n'est pas encore mûre, on les voit se diriger vers les ovules; mais tout près d'eux ils s'enfoncent dans une couche de tissu cellulaire. Le spermo- derme est membraneux, et assez mince. Les graines ont un albumen mol, blanchàtie, tirant sur le jaune, d'un brun noirâtre dans la circonférence. Uembryon est central, cylin- drique : sa racine est dirigée vers le hile. Les cotylédons sont courts. Dans les Scrofularia aquatica et hetonicœfolia que j'ai eu occasion de voir germer, ils sont petits, cordiformes, TOM. IV. 18 1 38 ESSAI MONOGRAPHIQUE arrondis ou réniformes, pétiolulés, glabres, dans la S. aqua- tica; couverts de poils glanduleux dans la betonicœfolia , ainsi que la tigelle et les feuilles primordiales. Celles-ci sont dans les espèces citées cordiformes dentelées. La radicule est épaisse, garnie de 3 — 5 fibrilles allongées. Les graines germent dans le cours de quatre à cinq semaines. DISTRIBUTIO>J GÉOGRAPHIQUE. Le nombre des espèces des Scrofulaires va en augmen- tant du nord au sud. La plupart appartiennent à la flore de la région méditerranéenne , qui est, d'après M. Schouv»^ {Pflanzen-Geogr. , p. ôia), caractérisée aussi par la pré- pondérance des Labiées, etc. et des Caryophyllées. Les pays où les espèces des Scrofulaires sont assez riches, sont la pé- ninsule des Pyrénées , la Grèce , la Crimée , l'Asie mineure et l'Afrique boréale , puis l'Italie et la France méridionale. Des quarante-huit espèces dont la patrie est bien connue, vingt-huit appartiennent à la flore méditerranéenne, trois aux îles Canaries et Madère , qui font la limite méridio- nale de la distribution des Scrofulaires. Les pays septentrionaux ne possèdent que peu d'espèces, mais qui leur sont plus ou moins propres. Ainsi, la Sibérie en compte quatre, l'Amérique septentrionale deux ou trois. En Europe, il s'en trouve trois en Ecosse {S. nod. aquat. vernalis) , la Suède n'a qu'une seule espèce (la S. nod.). L'Europe et la Grèce possèdent également les S. nodosa , aquatica; la vernalis s'étend de l'Ecosse aux Alpes Cauca- siennes. Les espèces les plus répandues semblent être la S. lu- cida, qui croît en Sibérie (d'après des échantillons de M. Fis- cher, dans l'herbier de M. De GandoUe) et dans l'Orient, et SUR LE GENRE SCROFULARIA. I Sg la S. Scorodonia, qui se trouve en Angleterre, en Croatie , en Grèce, en Italie, en Portugal , dans l'Afrique boréale et aux îles Canaries. Les S. ScopoUi, ramosissima et laciniata, ap- partiennent exclusivement à l'Europe. L'étendue qu'occupe la S. canina ne semble commencer qu'avec l'Europe moyenne , et va de la Croatie ( d'après Waldst. et Kit. ) , et du midi de l'Allemagne ( Gniel. fi. bad.) et de la Suisse jusqu'aux côtes de l'Afrique boréale. La S. betoniccefolia est limitée par les pays méridionaux de l'Europe, par la partie européenne de la région méditerranéenne, les îles Canaries et Madère. La S. hispida n'a jusqu'à présent été trouvée que dans l'Afrique boréale, et la S. cretacea en Sibérie. D après M. Hamilton, il se trouve à St.-Domingue une espèce qu'il nomme S. micrantha , la première qui y ait été découverte, mais que je ne sais pas classer parmi les espèces bien con- nues, et dont la diagnose donnée par cet auteur ne ressem- ble guère à l'espèce de M. diUrville, qui porte le même nom. C'est à M. Desvaux, possesseur de cette espèce, à décider si elle est en effet nouvelle, et s'il n'y a point d'erreur dans l'indication de la patrie. La distribution des Scrofulaires , relativement à leur hauteur, n'est pas encore bien connue. Les S. va/iegata, laciniaia, etc. sont citées comme des plantes des mon- tagnes. La S. canina monte depuis le bord de la mer (à Dax en France, et dans l'Afrique boréale) jusqu'à la hau- teur de 1,600 mètres, dans le Jura. (De CandoUe, Mém. d'Arceuil, III, 3 14.) La 5. ScopoUi, qui se trouve vraisem- blablement aussi en Hongrie, commence à paraître dans les Pyrénées françaises, à une hauteur de 900 mètres, et monte jusqu'à 1,800 mètres (De Cand. , 1. c. 5o3.) La S. vernalis est assez fl-équente dans les Basses-Alpes : cependant elle ï^O ESSAI MONOGRAPHIQUE se trouve aussi plus bas , comme , par exemple , aux en- virons de Berlin (Schlechtendahl.). Aux îles Canaries, les S. betonicœfolia et Scorodonia croissent à une hauteur de 2,5oo à 4-1 100 pieds dans une tempe'rature analogue à celle de la Lombardie et de Lyon (+ ii° R.^ v. Buch,. Beschreib. d. Ganar. Ins. p. i8o.) J la S. glahrata atteint, d'après le même auteur, 7 à 8,000 pieds dans une température qui correspond avec celle de Drontheim , en INorwége , ou des montagnes de l'Ecosse (+ 4° I^-) Les 5. nodosa et aquatica ne semblent pas s'ëlever au delà de 1,700 pieds. Presque toutes les Scrofulaires se plaisent dans le voir- sinage de l'eau , même quand elles croissent ( comme , par exemple , la S. canina ) , dans un terrain sec , pierreux ou sablonneux. Quelques-unes aiment beaucoup cependant un terrain humide , et la S. aquatica croît souvent dans des fossés remplis d'eau. Souvent les individus de la même espèce se trouvent en petits groupes. RAPPORTS NATURELS.. Linné, dans ses Classes naturales , a placé le genre Scrofularia parmi les Personatœ. En les divisant en deux familles, MM. de Jussieu et R, Brown ont constitué la famille des Scrofularinées, à laquelle le genre Scrofularia a donné son nom. Si nous comparons les divers genres de cette famille, le genre Hemimeris semble être le plus rapproché d,e celui des Scrofulaires, et fait en même temps la transition aux Celsia et P'erbascum, et de là à la famille des Solanées. Le genre Hemimeris s'en distingue par son calice à cinq lobes étalés, par sa corolle en roue, par la forme des anthères , qui est 5UR LE GENRE SCROFULARIA. l4l plus en cœur; par la cloison de la capsule, qui est, d'après Gaertner, contraire aux valves. Il a de commun avec les Scrofulaires un calice persistant, une corolle à estivation imbriquée et caduque, l'insertion des étamines, qui cepen- dant sont toujours au nombi-e de quatre; la forme extérieure du pistil, et l«s parties de la graine j aussi, la forme de la tige et la disposition des feuilles n'en diffèrent-elles pas. Qu'on s'imagine les lobes de la corolle des Scrofulaires plus pro- fondément divisés, et on aura une corolle en roue et irré- gulière. Le genre Verhascum a aussi beaucoup de rapport avec les Scrofulaires : un calice à cinq lobes, persistant ; une corolle en roue imbriquée dans son estivation, cinq étamines naissant de la base de la corolle, un peu irrégulières, à an- thères presque réniformes, un peu aplaties, et uniloculaires , offrant la même déhiscence et la même forme du pollen (sa couleur est plus intense que chez les Scrofulaires); un ovaire supère, qui se transforme après la floraison en une capsule, laquelle ne se distingue de celle des Scrofulaires que parce que les valves sont bifides, caractère que l'on trouve aussi accidentellement dans la capsule des Scrofulaires , puis par l'albumen et l'embryon semblable à celui des Scro- fulaires. Tels sont les rapports qui lient ces plantes entre elles. La vraie différence des F^erbascum ne consiste d'abord que dans la forme de la corolle, et dans la disposition alterne des feuilles. M. R. Brown remarque très bien que le genre Verhascum, ainsi que ses voisins, seront dans la suite peut- être à exclure de la famille des Solanées. D'un autre côté, le genre Schwenckia offre, d'après les observations de M. De- Candolle (PI. rar. du Jard. de Genève, 2.' livr. p. 87, taf. 10), des rapports avec le genre Nicotlana. Le genre Anlhocercïs LabilL de la famille des Solanées, offre la particularité d'avoir 1 42 ESSAI MONOGÏIAPHIQUE quatre étamines didynames, avec le rudiment d'une cin- quième, qui, par cela, sauf la forme delà corolle et les an- thères biloculaires, offrant dans le fruit les mêmes caractères que le genre Verhascum , le rapprocherait aussi des Scro- fulaires. Les autres genres de la famille des Scrofularinées qui se rapprochent plus ou moins du genre Scrofularia, sont les Anthirrhinum , Lin aria , Digitalis , dont la forme de la corolle est assez différente de celle des Scrofu- laires. Les fruits offrent aussi plusieurs différences: ainsi, les AnthirrJiina s'en distinguent par une capsule oblique à deux loges inégales, s'ouvrant à la sommité par des trous; les Linaria, outre la corolle, par un calice irrégulier et une capsule dressée, qui, dans la déhiscence, s'ouvre par le som- met en trois ou cinq valves. Enfin, le genre Digitalis diffère par un calice à peine gamosépale, par la corolle un peu en cloche, par les anthères biloculaires, et par la semi déhis- cence des cloisons , ainsi que par l'absence d'un torus en forme de disque. D'après M' J. E. Smith (Engl. fl. III, i5o), le genre Calceo- laria montre aussi plusieurs affinités avec les Scrofulaires. PARS SECUNDA. MONOGRAPHIA. SCROFULARIA. ScROPHULARiA. Tournef. Inst. i66, t. ']t\. Linn. gen. 3r2. Ed. Schreb. ii. 4o8. Juss. Gen. 119. Giirtn. de fruct. I. 249- t. 53. Neck. Elem. 1. 343. Lam. dict. VII. 27. lUust. t. 533. Smiih, in Rees cycl. vol. xxxii. SUR LE GENRE SCROFULARU. l^O Scrofularia. Spreng. Anleit. Ed. 2. 11. 1 . p. 394. CHARACTER. NATURALIS. FRUCTIFICATIO. Flores hcrmapbroditi. Calix haemispliœricus , subregularis , gamosepalus^ hypogynus, persistens; plus minus profunde 5 lobus , corolla semper brevior : lobis per œsliva- tionem imbricatis , ovatis vel subrotundis, rarius lanceolatis aculis ; intus con- cavis , corollam arcte claudentibus , extus rarius glandulis stipitalis obsitis , semper nervis prominulis donatis ; margine saepissime membranaceis. Mem- branîe scariosae , diapbanse , saepius splendentes , intégras vel lacero-denti- culatœ , transversim plicatulae , rubrœ , ferrugineœ , albse , argenlese. Corolla toro disciformi inserta , decidua , bypogyna , gamopeiala , tubu- loso-venlricosa; lubo vel ovato, vel subgloboso j limbo bilabiato , 5 lobo , per sestivalionem imbricato , in quibusdam speciebus coarctalo , lobis con- nivenlibus ; laoium superius bilobura , lobis sibi iticumbenlibus erectis vel margine revolutis , rotundaiis s. undulatis ; iuferius brevius i lobum 5 lobis lateralibus ereclis , paralellis , intermedio minore reflexo. Stamina 5, epipetala ; quatuor ferlilia, suLdidynama; quinlum stérile vel abortivura; omnia glandulis slipilatis veslita, vel subinclusa, vel exserta. Filainenla fertilia : libéra, versus labium superius declinata, ante anlhesia involuta, subteretia , apicem versus incrassata. Quintum stérile , corollse labio superioi'i longiludiualiter adnatum , sulcatum , interdum usque ad médium liberuLu , oniUcra cliflbrmi vel nuUa , et tune apiculalum vel denticulatum. Antherce fertiles ante antliesin reniformes , immobiles, subborizoniales , uniloculares , apice rima transversali debiscenlcs , stigmatœ aversa; , persis- tantes. Antbera sterilis forniciformis , pauUo inclinata, crassiuscula , subro- tunda vel reniformis et tune plus minus emarginala , biloba : lobis rotundatis ,• medio sulcata , latere exleriori glandulis stipitalis obliquis obsita. Pollenis granula elliplica, angulata, seminibus Oryzae similia. Nectarium (Sarcoma) annulare , germini adhaerens , irregulariter pen- tagonum, subobliquum , carnosum , ilavesceus. Pistillum. Ovarium carpellis duobus constaos saepissime subrolundo-coni- cum ; rarius oblongo-conicum suturis duabus opposilis recessis et in sarcomam transeuntibus. 1 ^^ ESSAI MONOGRAPHIQUE Stylus unicus , teres , longitudine filamentorum , crassus Vel atlenuatus ï ssepe inciinatus , eglandulosus , semipersistens. Stigma bllobum, pubescens, lobis^ubrotupdis plus minus cobaerentibus. Pericai'pium capsulare , durum , ovato-conicum vel subglobosum , stylo semi-persistente apiculatum vel rostratum, extus nervulis prominulk, bilo- cularis , septicido-bivalvis , apice debisceDs. Dissepimeutum duplîcatum ex indexis valvularum niarginibus formatum. Placentœ centrales , ovato-oblongae , celluloso spongiosae , dîssepimento Utrinque adnai;fi , per maturitatem. contractae , exsiccaUB solutseve , liber». Semina numerosa, parva , arcte imbricata , subborizontalia , snbsessilia, ovato-angulaia , interduiu longiuscula, longitudinaliter transversimque sul- cata, rugosa, nigro-fusca. Podospemiium perbreve. Integumenlui7i {Kndo' pleura?) simplex , membranaceum , tenue. ^Ziu/neracarnosum, aqueo-pallidutn, soepenigrocpl&ralum. £'771 Jr^^o .reclus, io axi albuminis ejusque ferè longitudine; radicula umbilicum spectaote. Cotyledones petiolulatœ, brèves, subrotundce , cordatx, reniformei. Radicula longa , crassa , subsimplex. VEGETATIO. Plantœ dicoljledonece , polymorphae , fsetidse , herbacese vel suffruficosse. Radix sSpius lignosa , vel carnoso-nodosa, vel fibrillosa. Caules ex una ra- diée soepe plures , simplices vel ramosi , 4 anguli ; rarius 6 — 8 anguli ; ramis axillaribus foliis-florifprisque, iniprdnm abnrin «pinpsrentibus , bracbiatis. Folia sœpissime petîolata , opposita , rarius verticillata ; interdum prœsertim superiora alterna ; decussata , penninervia , nervis in superficie inferiori prominentrbus pleruraque allernis , glabra vel pilosa , indivisa vel varie di- visa, appendiculata , lyrala , pinnatifida pinnatisectave, margine dentata, cre- Bata : dentibus sœpius mucronulatis. Pelioli supra sulcali , infra carinati , basi dilatati , in caulem decurrentes et ideo angulos formantes , Stipulas nullae. Injlorescentia mixta , ssepissime tbyrso folioso vel aphyllo , stricto vel laxo constans , rachi racemosa, ramis floralibus alternis, raro oppositis aut verticillatis, bi rarius trifidis ; ^edicellis cymosis; floriferis sgepe nutantibus, fructiferis erectis ; flore primario in dicbolomia. Pedicelli interdum abortien- tes et tune dores subracemosi vel perbreves ad summitatem caulis et tune flores jin capitulum congesti. Rhachis ejusque ramificationes ( pedunculî , pedicelli) glandulis stipitatis vestitce. Bracteœ foliis similes, sej minores SUR LE GENRE SCROFULARIA. l45 sessilesve Bracteolœ semper parvaî, lineares, opposiiœ. Flores vernales œsti- valesve, tristes, cernui, obscure-fusci , purpurei , virescentes, flavi. Effores- centia sticcedanea , centrifuga. SYNOPSIS SPECIERUM. §1- CHARACT. Staminibus quatuor fertilibus, quinlo déficiente, styloque ex- sertis; capsulis oblongo-pyriformibus , calycis lobis profunde incisis, coroUis flavis , lobis conniventibus , brevibus. * Thyrso FOLIOSO. I. S. vernalis. L. Hirsuta; foliis subrotundo-cordatis grosse multiplicato-serratis, acutis; pe- dunculis oppositis ; calycis lobis membrana destitutis , lanceolalis. S. flore luteo. C. Baub. prod. 1 12. ic. Riv. mon. irr. t. 107. f. a. Lamium pannonicum II. exoticum : Clus. bist. p. 38. ic. S. montana masima. Column. ecpbr. l. 191. S. lutea magna amplis foliis. J. Bauh. bist. III. 422. ic. Chabr. sciagr. 47°. S. lutea, Tabern. Krœuierb. S. annua folio lamii luteo. Morîs. bist. 482. s. 5. t. 8. f. 2. Galeopsis altéra luteo-pallida. Park. tbeat. 908. ic. n" /\. S. montana maxima lalifolia. Barrel. ic. t. SjB. S. n" 327. Hall, bel V. S. vernalis. Lin. sp. 11 , 864; Scbkubr. Handb. 11 , 197, t. 175; Smith Engl. Bot. t. 567 ; Hook. Lond. t. 70 ex Sm. Sturm. Germ. ic. Flor. Dan. t. 4ii. DC ! FI. fr. m, 679. S. cordata. Waldst. et Kit. hung. i. 76. t. 73. Hab. in Europse umbrosis humidis , prœcipue montants et in Alpibus Caucasicis. fl. Martio-Jun. et iterum Sept. (/(V. v.) Folia superiora alterna , minora. Magnitudo et forma bractearum variabiles. Calycis lobis vel obtusis v. acutis, post anlhesin patentissimis, pellucido punc- tatis , punctis minutissimis. Ovarium glandulis siipitatis vestitum. ** Thyrso Aphyllo. 2. S. orientalis. L, Glabra ; foliis inferioribus pinnatiûdo-incisis , superioribus lanceolatis , TOM. IV. jg l46 ESSAI MONOGRAPHIQUE omnibus regulariter argute serratis ; pedunculis subverticillatis , calycis lobis membranaceis , ovalis. S. orientalis foliis cannabinis. Tourn. cor. o. S. orientalis. Lin. sp. il. 864. Schkubr Handb. II. 196. t. i^S. ? S. ebulifolia ( non Link. ) Bieb. taur. il. 77. m. 4i5. Hab. in Oriente et Sibiiia. ^. in Caucaso , fl. in bonis Europœ Mayo-Aug. Tf. (V. V. c.) Caulis erectus, 3 — 4' altus , glaber , ramosus , 6 vel 8 angularis. Rami axillares, 3,4» verticillati. Folia terna , quaternaque , glabra , inferiora basi vel pinnatifida, vel appendiculala , segmentis petiolulalis; omnia acu- minata. Pedunculi 5 , 4 subverticillati , interdum alterni , bi-trifidi pe- dicellis alternis. Bracteaj interdum verticillatœ. Calycis lobi post antbesin , clausi , et paullo accrescentcs. Corolla extus luteo-viridis , intus loiigitudi- naiiter purpureo-striata ; lobis labii superioris aliis brevioribus, involutis , mi lobi latérales : slylus staminibus longior. Stigma subsimplex, pilosum. Cap- sula ofalongaj conica , acuminata. Obs. Descriptio S. ebulifoliae auct. cit. convenit cum speciminibus meis sub noniine. S, orient. L. descriptis. § H. CHARACT. Staminibus quinque, quatuor fenilibus, quinto rudimentoso, capsulis subglobosis ; calycis lobis subrotundis ovalisve, ore membranaceis; coroliis purpureo-viridibus v. purpureo-albis , rarius lutescentibus. ^. Antbera staminis sterilis , reniformis. Antherai fertiles flavae. Stamina subinclusa. Membranre calicis rufescentes s. albidœ. Capsula in plerisque pisi niagnitudine. — Radix fibrosa , rarius tuberculosa et lignosa. Caulis ssepe herbaceuSj in quibusdam speciebus suflruticosus. Tbyrsus laxus. * Thyrso Folioso. 3. s. grandijlora. DC. Foliis molliter villosis , inferioribus interrupte-lyrato-pinnalifidis, lobis alternis, ovatis, acutis, dentatis, terminali maximo lalo-lanceolato ; summis ovato-lanceolatis. S. grandiflora DC ! Cat. h. monsp. i43. Hab. verosimiliter in America meridionali. ¥ ex auct. cl. DC. (v. s. in lib. DC; SUR LE GENRE SCROFULARIA. i^' Folîa interdum duplicato-dentata , denlibas ciliatis mucronatis. Petioli villosi. Pedunculi quinqueflori , folio multo breviores. Pedicelli uli calyces villosi. Corolla maxima generis , intense rubra. Obs. S. grandiflora, Reichenb. Icoaograph. non "ad noslram , sed ad S. sambucifoliam , var. li. pertinet. 4. S. Sambucifolia, L. Glabra; foliis inferioribus profunde pinnatisectis ; superioribus ternalisectis vel indivisis ; segmentis ovatis , acutis , iuciso-denlalis , terminal! maxime. S. sambucifolia Alp, exot. 2o3 t. 202. Park. theatr. 612. ic. 611 n'^ 8. Munting. Pbyt. 45, f. 238. Mill. ic. 11. i54. t. 281. S. foliis laciniatîs, Bauli. pin. 236. S. sambucifoliis , capsulis maximis. Moris. liist. ir. 485. s. 5. t. 8. f. 6. (excl. verosim syn. Parkins. ) S. hispanica, sambucifolio , glabre. Tourn. inst. 166. S. sambucifolia. Lin. sp. 11. 865. Hill. veg. syst. xix, p. et t. 48. Mirb. elem. bet. (i8i5) t. 3o f. 7. A.c. et f. 7. c. S. mellifera, Valil. symb. 11. 68.* Desf. atl. tt £?. c ito.* S. viridiflora, Polr. Voj. en Barb. n. 194. ~ jS. hirsuta. S. maxima lusitanica , sambucifolio lanuginoso. Tourn. inst. 166. S. lusitanica maxima flore , foliis dissectis. Ray, liist. suppl. Sgô. S. sambucifolia Willd. en. h. ber. 645. Link. fl. pertug. 1. 272. S. grandiflora (non DC.^ Reichenb. Icon. Cent. I. tab. 98 , p. 65, n* 98. y. S. thyrso apliyllo. Hab. in Hispania, Lusitania, Corsica, Africa boreali et Oriente, /s in Lnsi- tania, fl. Majo-Jun. Of (V. s. in lib. DC. et Desf. ^ in hb. Delessert et Rœmer. nunc Scbultbess.) Var. /3. emnino Sambucifol. similis et vis species propria, tamen omnibus partibus birsuta. Foliorum segmenta interdum petiolulata , flores et fructus interdum parvi capsulas valde acuminatae. 5. S. peregrina. L. Glabra, foliis cordatis, lucidis, glabris; pedunculis alternis 2 — 5 floris ; calycis lobis non membi'anaceis , glabris acutis. 1 48 ESSAI MONOGRAPHIQUE raAi'»4"- Diosc. éd. Sarr. ^,q5. ex Sibtli. et Spreng. gesch.d. Bot. I. i54- cf. Anguill. sempl. 278 (ex Spreng.) et Billerb. fl. class. p. 162 et i52. S. peregrina. Malth. com. in Diosc. cf.Sternb. cat. 24. fexcl. syn. Matth. op.) Cam. hort. p. iS^ , t. 43. Park. tbeatr. 611 , n" 4> S. cretica II , Clus. bist. 11. 210? S. flore rubro Camerarii. J. Baub.bist. m. 422, ic. Cbabr. sciag. 470. ic. S. urticœfoHa. C. Bauh. pin. 236. Moris. hist. 11. 48i. s. 5. t. 8. f. 1. S. major altéra elegans. Park. theat. 610. ic ? S. peregrina. Lin. sp. il. 866. DC. ! Fl. fr. m. 58o. in Add. p. 729. S. geminiflora. Latn. Fl. fr. 11. 356. S. sexaugularis. Mocncb. meib. 445. S, minore. Savi fl. pisana 11. 81. S. arguta, Ait Kew. éd. v 11. 3i2? Hab. secus vîas, sepes, locis umbrosis Greciae, ins. Cretse, Italise, in insulis Balearicis (Camb.) et in Gallo-Provincia fl. Majo. Jun. Q (v. s. s. et v. c. ) ; Radix fîbrosa. Caulis simples, i — 2', inferne acutangulus; angullsé, 5,6, superne obtusangulus, sulcato-striaius, glaber, atropurpureus. Folia brevi-pe- liolato , inferiora opposita, superiora alterna, sœpe ovato-cordata , glabra , lucida , denlata, acuta, pelUc;ao-p„nctala. Pedunculi stepissime 2— .') flori, filiformes. Bracteœ parvse. Calyx profunde 5 fidus , lobla Hneari-acutis. Co- rolla parva , purpurea , venosa , lobis omnibus denticulatis , deniicnlis e venis parallelis prodeuntibus. Stylus apicem versus inclinatus. Stigma bilo- bum, lobis subrotundis valde cohœrentibus et capitulum formans. Capsula glabra, subglobosa. Semina rugosa. S. arguta. Ait, non diversa videtur, eadem esse ac. S. betonicaîfolia meminit cl. Liiik. in V. Bucb. , Bescbreib. d. Canar. Insein. p. i43. Foetet ut Géranium Robertianum (ex Schult. Obs.) 6. S. Scorodonia, L. Pilosa ; foliis cordato-triangularibtis , duplicato-dentalis , acutis , rugosis , omnibus opposilis ; calycîs lobis ore albido-membranaceis , extus piloso- glandulosis. S. Scorodoniœfolia. Moris. liist. II , 482. s. 5. t. 35. f. 6. Pluck. alm. 558. pliyt. t. 59. f. 5. S. melisscefulia. Tourn. inst. 166. Petiv. op. II. t. 35. f. 11. S. Scordiifolia. Grisl. vir. Lusit. 76. S. foliis cordaiis du^licaio-serratis, racemo composilo. Gmel. sib. m. igS. SUR LE GENRE SCROFULARIA. l49 S. Scorodonia. Lin. sp. II. 864. Hill. veg. syst. XIX, p. et tab. 45. Lam. illust. t. 533. (ex Poir.) EngU bol. t. 2209 (mediocris.) DC. ! FI. fr. III. 58o. ^. foliis bas! laciniatis. Hab. locis humidis, in sepibus insuloe Jersey (Ray), in Sibiria (Gmel. ) in Galicia (Schulles. J, in agro Nicseensi (Ail.), in Lusilania (Brot. Lk.) et? in regno Tunetano (Desf.) £1. œstale 'if (V. s. in hb. DC. $. in hb. Delesserl). Obs.S. Scorod. a cl. Desf. (FI. ail.) et Poir. Enc. descripta differl a planta Linneana : thyrso apbyllo et corollœ magnitudine et distincta species videtur. 7. S. Castagneana. Nob. Caule angulis subpubescenlîbus ; foliis oblongo-cordatis , dupHcato-insiso- dentatis , acutis , subpubescentibus; inferioribus oppositis , superioribus al- ternis ; calycis lobis ore rubro-membranaceis , extus glabris. Hab. Byzantii ex Lud. Castagne ( v. s. in lib. DC. ) Caulis 1 3' et ultra , simplex, fîstuloâus, siriatus. Folialato-cordata , sensim minora , pellucido-punctata , dentibus subtiliter ciliatis. Petioli foliis bre- viores. Pedunculi ssepius foliis superioribus longiores bifidi pedicellis aequa- libus. Bractese pedunculorum foliis similes , pedicellorum lineares. Calycis lobi ovati. Corolla major quamin S. nod. purpurea. Anthera staminis 5 sub- rotundo-emarginata. Caps.... ? Obs. Planta pauUo ad S. Betonicsefoliam accedens. ** Thyrso aphyllo. 8. S. lanceolata, Pursh? Glabra , foliis inferioribus ovato-lanceolatis , superioribus lanceolatis , omnibus acutis , serratis ; pedunculis bifidis 2 — 5 fforis , capsula subrotunda. S. lanceolata Pursh. FI. am. sept. 11. 4i9?Nutt. Nortb. Am. 11. 44 ? Hab. inCorolina; Bosc. in Pensylvania, Pursb. (V. s. in hb. DC. et Desfont, sub nomineS. marylandicœ. ) Caulis simplicissimus. Folia basi non cordata, Petioli foliis breviores. g. S. nodosa. L. Piadice luberculosa ; caule aculangulo glabro; foliis glabris cordato-trian- gularibus , duplicato- serratis, dentibus basi productis , calycis lobis non menibranaceis ; capsula subglobosa. 1 5o ESSAI MONOGRAPHIQUE S. major. Brunf. herb, i. 2i5. f. 2i3. Lob. adv. 23o. ic. 533. Ger.- em. 716. ic. Tabern. Kr»uterb. gSo ic. 542 Dalech. List. io85. Galeopsis Fucbs bist. 190. ic. 194. Braunvvurtz. Fucbs éd. germ. in fol. cap. 71. t. 108. Trag. éd. germ. Sebitz (i63o), p. 147. ic. Ôcimastrum. Trag. éd. Kyb. 184. ic. Scropbularia. Dod. pempt. 5o. Mattb. Op. p. 791. Conf. Sternb. Cal. pi. in Comin. Mattb. p. u4' ^i'^- mon. irr. t. 107. f. i.Blackw. berb. t. 87. Hall. belv. n° 326. Scrofularia. Mattb. Epit. 866. ic. Durante herb. 4o6. ic. S. vulgaris et major J. Baub. bist. m. 42 1. Cbabr. sciagr. 471. S. nodosa faetida G. Baub. pin. 255. Morand, bist. pr. 65. t. 07. f. 2. S. radiée nodosa. Moris. bist. 482. s. 5. t. 8. f. 3. S. major vulgaris. Park. tbeat. 609. ic. 610. S. minor. Riv. mon. irr. app. Brown Figwort. Petiv. igâ. f. 194. La grande Scropbulaire. E.egn. bot. S. nodosa Lin. sp. II. 863. Scbkubr. HandI). il. 194. Sturm. germ. ic. Engl. bot. t. i544. DC. ! FI. fr. m. 579* fl. dan. 1 167. Gunn. norv. il. 87. n° 732. t. 4. f. 1-3. Svensk. bot. 3i5. Spreng. Gebeimn. p. 322. ic. Hayne Arzneigew. V. p. et tab. 35. jg. foliis ternis. 7. floribus viridibus. Hab. locis umbrosis bumidiusculis ad vias , fos^arum margines per totam Europam , fl. Jun.-Oct. % ( v. v. ). Folia pellucido-punctala , punctis minimis numerosis , interdum basi non cordata. 10. S, marylandica. L. « Gaule obtusangulo ; foliis cordatis serratis acutls , basi rotundatis. » L. S. marilandica, longo profunde serrato urticœfolio. Ray bist. suppl. 096. S. marilandica Lin. sp. 11. 863. S. nodosa : fi. americana. Micb. Fl. bor. Am. 11. 21. Hab. in Amer, septent. et? in Sibiria (Gmel. es synon.), Fl. Jun. Aug. Tp (v. s. in bb. Burmann. nunc Delessert.) Vix a S. nodosa diversa : Caulis altior ; foliorum dentés profundiores. Calyx, coroUa, capsula ut in S. nod. SUR LE GENRE SCROFULARIA, l 5 1 1 1 . 5. ScopoUi. Hoppe. PtrBescens; foliis ovato-cordaiis , regulariter duplicato-crenaiis serratisve , aculis , rugosis; calycis lobis late-ovalis, ore albescenti-membranaceis; cap- sula subglobosa. S. major hirsuta. Tourn. inst. iGG (ex autops ej. herb.) S. aquatica montana mollior. Barr. ic. 274? S. auriculata. Scop. carn. éd. 2. l. 446. t. Sa (raala.) S. Scopolii Hoppe ! cent, exsicc. DC. ! FI. fr. suppl. 406.* Bertol. arnsen. ital. 382.* S. rugosa Willd. en. suppl. 42 ? S. nepetifolia Smilli in Rees cycl. xxxii. n° j. ^. floribus fusco-purpureis. S. glandulosa Waldst. et Kit. bung. III. 258. t. 2i4. y, pedicellis-elongalis Cliformibus. (V. s. in lib. DC. ) ? E. glabra (in humidis circa Burdigalum). (V. s. in berb. Ch. Desmoulins.) Hab. in Alpinis Hungaria;, Caruiolse, Apuanarum Pyrenseorumque; ad sepes, in bonis, pomariis et ruderatis Transilvanice et in nemoribus pro- montorii Caucasi scptentrionalis ; in Tauriae meridionalis inumbratis roscidis. FI. Wajo-Sept. y (V. s. in bb. DC. ei Seringe. ) Folia inferiora permagna sunt et omnia pellucido-punctata. Auriculcc nuUa?. 12. 5. Betonicœfolia. L. Pilosiuscula ; foliis cordato-oblongis , acutis, iuœqualiter dentatis, rugosis; calycis lobis subrotundis, margine ferruginco-membranaceis ; capsula sub- globosa. S. betonicœfolia. Tourn. inst. 166. S. aquatica montana mollior. Barr. ic. 2^4 ? S. betonicsefolia. Lin. mant. 87. Hill. veg.sysl. xix.p. et lab. 46. Spreng. syst. II. 785 (excl. syn. Hornem. ) S. rugosa , bort. Lugd. ex berb. Balb. ! £. glabra ; >. lliyrso folioso. Habitat in Lusitania , in insulis Canariis altid. 25oo— 4ooo' (Ch. Smitb.) et in Madera. (Cf. v. Buch , Beschreib. d. canarischen. Ins. p. i43 et igï.) Floret in bort. Europœ Majo-Aug. f ( V. v. c. et var. (3. in bb. DC.) Caulis 2-5 , erectus, ramosus, pilosiusculus, fistulosus , ssepe purpurec- iSa ESSAI MONOGRAPHIQUE viridis. Pelioli dilauti , carinati , ciliati , foliis dimidio minores. Folia basi vel denlibus productis, vel rotundata , pellucido-punctala , utrinque pilos- siuscula , inxqualiler duplicato dentata , vel rarius crenata , dentibus orse pilis V. glandulis slipitalis , cilialis. Thyrsus SBepissime aphyllus , interdum foliosus. Bracteoe sœpius acute dentatse, ciliatae, foliiformes. Cymae 8 — ii florae. Flos cenlralis longe pedicellalus , pedicello plus minus incrassato. Pe- dicelli ante anthesin nutantes j dein erecti. Calycis lobi interdum subovati, post antbesin pauUo accrescentes, pellucido-punctati. CoroUa viridi-purpurea, V. viridi-ferruginea , magnitudine S. nodosae , lobis evidenter pcllucido- punctatis , praesenim margiuem versus. Ambera sterilis viridis, purpureo- marginata , magna. Stylus ssepissime ante evolutionem staminum revolutus. Stigma bilobum , pubescens , lobis divergentibus , altero erectiusculo , altero horizontali. Glandula ssepe valde irregularis. Semina minima , nigia. Obs. S. Betonicaefol. nec a cl. Brotero nec a cl. Linkio adhuc in Lusi- tania reperta, differt a sequente : capsulce forma et foliis rugosis. An synon. Barrelierii hue référendum ; an ad S. Scopol, ? cf. S. pere- grinam , n" 5. i3. S. Herminiî. Link. « Caule birsuto , foliis cordatis et subcordatis ovalibus , subduplicato-cre- nato-dentatis, non rugosis, pubescentibus ; capsula conica , longa. » Lk. S. Herminii Link. FI. port. i. 266. « Hab. in'Lusitanise montibus : Serra Estrella. FI. Jun. » « Caulis ereclus, 2-3' altus, ramosus. Folia longe petiolata. Calyx brevis , lobis parvis, parum marginatis. Cor. lab. sup. dilute fuscum, inf. virens. Anth. stam 5 lutea. » (Lk.) i4. S. àltiiica, Murr, Pubescens , foliis cordatis , duplicato-dentatis , acutis ; calycis lobis lato- lanceolatis , acutis , non membranaceis ; capsula subrotuuda. S. altaica. Murr. in Comm. Gœtt, 1^81 , p. 35, t. 2. Hab. in Sibiriœ alpibus Altaicis. (V. s. in bb. DC. ) Folia sinuato-dentata , dentibus acutis ; calycis lobis lanceolatis , ciliatis ex specim. in berb. Balb. servatis. i5. S. Smithii. Hornem. Pilosa ; foliis ovato-cordatis , multiplicato-inciso-crenatis , acutis; calycis lobis subrotundis , membranis rubris s. lutescentibus; capsula subovaia. SUR LE GENRE SCROFULAKIA. i 53 S. Smithii , Hornem. h. hafn. suppl.68. Link. en. h. berol. il. log. « Hab. in insulis Canariis : Christ. Smith. 5. » Hornem. ( v. s. in hb. DC.) Caulis quadrangulus , atropurpureus , valde pilosus , ramosus. Folia i 3— a poUices longa, sublus valde pilosa^ pilis adpressis. Pelioli foliis triplo minores , dilatât! , pilosi. Corolla (ex cl. Link.) flava. Capsula venoso-rugosula. — S. Smithii ( ex hort. Lugd. in herb. Balb. ! ) convenit cum specim. mec : Caulis prœaltus, pilosus. Folia magna (Salviœ fol. similia ) cordato-ovata , jnciso-multiplicato-crenata , pilosa. Cymœ bifidœ. Calycis lobi-subrotundi , membranulis lutescentibus. Bractese foliis similes,sed multo minores. Coroll. non vidi. 1 6. S. glabrata. AU. Glabra;caulesuflrulicoso; foliis cordato-lanceolalis, acutis, dupli-lriplicato- dentatis , calycis lobis margine albido-membranaceis ; capsula ovaio-globosa. S. glabrata. Ait. Kew. 11. 34i (ex Willd. ) éd. 2. iv. 22. Jacq. hort. Schoenbr. II. 44 * t- 209. Willd. sp. m. 2^2 ( excl. syn. \ ahl. ) en berol. 644. Hab. inrupibusexcelsisPicodeTeydeIns. Teneriflaeallitud. 7 — 8000 ped. ubiyerba de Curabre dicitur. Cf. L. v. Buch. Beschr- d. Canar. Ins. i43. ( V. s. in hb. DC. c. var. /3.J Floret in hort. Europ. Apr.-Junio. ^ ?i3 pubescens, caule foliisque pubescentibus. S. betonicsefolia DC. el Balb. herb. ! Diflert. a S. betonicaefolia L. caly- cis lobis ovatis non ferrugineo marginatis et magnitudine corollœ. Folia pellucida punctata. Flos primarius longe pedicellatus. Calycis lobi subrotundo-ovati , margine albido-membranacei. Corolla statura et magni- tudine S. caninœ, purpurea, venosa. Stamina et stylus exserta ; Antherse ru- bro-marginataî. — S. glabrata ( ex hort. Taur. in herb. Balb. ! ) dilTert a planta descripta foliis ovato - cordatis (non cordato-lanceolatis) profunde duplicato-dentatis. Obs. Descriptio cl. Jacquini cum speciminibus meis plus convenit , quam ejus icon. 17. S. bîserrata, VTilld. « Foliis oblongo-lanceolatis, profunde cordatis, argute duplicato - serraiis ,' glabris. » Willd. S. biserrata. Willd. en. h. berol. 644. TOM. IV. 20 1 54 ESSAI MONOGRAPHIQUE «Hab.? ¥ ,, W. Similis prœcedenii et forte varietas. 18. S.fœtida.* Glabraj foliis ovato-oblongis , inciso-multiplicato-crenatis. Hab. — fl. in horto : Octobri. Planta fœiida (ex cl. DC. ). Caulis simples, ramnlosus, pedalis et ultra ? striatus. Folia longe petiolata , pellucido-punctata , petiolislongitudine folio- rum. V. paullo ultra. Thyrsus pedunculis allernis bifîdis. Calycis lobi lato- ovatij.estus interdum glandulosi, membranis spadiceis marginali, Corolla magnitudine S. nod. « lutea » ( ex cl. DC. ) C v. s. c. in bb. DC. ) ig. S. trifoliata. L% Glabra; caule snbsimplici ; foliis ovato-vel subrotundo -cordalis, în- ciso-dentatis velsublobato-crenatis; basisjepe appendiculatis (ex aucloribus.) vel profuode incisis , calycis lobis subrotundis , ore membrano rubro-albido ; capsulis ovato-couicis. S. Indica. Ger. cm. 716. S. peregrina altéra. Park. theat. 611 ? S. indica capitulis-maximis J. Bauli. bist. m. 423. ic. ? Chabr. sciagr. 4j2 ic. ? S. subrotundo, crasso et nigricante folio; flore luteo-pallido , capsula, turgida. Bocc. mus. piant. t. 60. p. 65.' (Thyrso folioso. ) S. sambucifolio , flore rubro , luteo , vario pulcbro. Pluck. alm. 558. tab. 5i5. f. 6 ? f Thyrso folioso). S. trifoliata. Lin, sp. 11. 865. DC. ! FI. fr. m. 58 1.* Desf. ! Fl. atl. 11. 54, S. Ixvigata. Vabl. symb.ll . 67,* S. appendiculata, Jacq. hort. Schoenbr. m. ig*, t. 286. /3 foliis laciniatis. Hab. locis momanis Corsicœ (Bocc), in Lusitania, et in Africa boreali. fl. Apr. Majo- (v. s. inhb. DC. et sub nom. S. cucullataî c. descript. iu hb. Ventenat. nuncDeless.) Obs. An bic duoe species confusœ ? Folia nunquam appendiculata ncc ter- nata vidi. Stirps a cl. Link. (en h. berol. ) sub nomine S. appendiculata indi- catus differre videtur : foliis subiuspubescentibus. SUR LE GENRE SCROFULARIA. I DO An synon. J. Bauli. Bocconii, Pluckenelii potius ad S. sumbucifol. refe- renda ? « Planta bipedalis , annua. Caulis lierbaceus , tetragonolobus, angulis in- ferne obtusis , mox acutis , dein evanidis , decumbens , nodosus , nodis ad distant. 2 poil, basi crassus , crassitie sensim minuente , viridis, glaber. Rami oppositi , decussati , axillares , quadianguli , punctis et lineis fuscis internl notati. Folia amplexicaulia (?) petiolata , in petiolum decurrentia , hetero- pbylla, juniora cordata, dentata , dent, rotundis intus et subtus lucida ; adulta obcordata, ad dimidium fera pluries incisa, laciniis acutis , dentatis , rugosa , subtus pubescentia , obscura , superne Isete viridia , nervosa, nervis ad laciniarum apices productis, inferce ampliora 3 — 4 poU. longa , 2 5 poil, lata, superne i ^ poli, et 1 lata. Petiolilongitudine foliorum bine canaliculati, hune convexi. Pedunculi dicbolomiaut pluries divisi, liispidi , pilisalbidis bre- vibus,a!terni, uniuspollicis, basi bracteati, bractealineari, intégra, viridi. Flo- res racemosi , terminales , rubicundi. Cal. 5 fidus , laciniis sequalibus ovatis , concavis, margine membranaceus, persistons , 5 lin. long. Cor. subglobosa, re- supinata, limbo infimo réflexe albido, basi lacinise superioris nect. cordatum minimum subrubrum. (Antb. sterilis. W.) Stam. 4j filam. albida, compressa, sulcata , 2 replicata. Antlierœ lutea; , apice Clamenlorum superne 2 valvis déhiscentes. Germen superum , liispidulum , pyriforme , bilobum. Stylus recurvatus , hispidulus. Stigma capitatum. Intra geruien et recept. circulus luteus (Sarcoma, W.) corolle sedes. )) (Vent. Mspt. In bb. Delessert.) 20. S. hispida. Desf. Hispida ; foliis basi pinnatiseclis , duplicato - crenatis ; lobo teVminali maximo, cordalo ; cymis densifloris; calycis lobis albo-marginatis. S. hispida. Desf. ! Atl. ir. 55.* « Hab. in fissuris rupium Atlantis prope TIemsen. '^. , « Desf. (v. s. in herbt Desfont. ) 21. S. auriculata. L. «Foliis cordato-obîongis basi appendiculatis, subtus tomentosis. » L. S. auriculata Lin. sp. II. 86i ( excl. syn. ) DC. FI. fr. m. 58o, et Desf. Atl. II. 56. (excl. syn. Lob.) « Hab. ad fessas in agro Nicœensi. AU. in Algeria » : Desf. ît . 1 56 ESSAI MONOGRAPHIQUE Obs. Forte varietas S. Scorodoniae ex cl. Smith ( in Rees cycl.) ; an poilus varietas S. aquaticas ex loco magis sicco orta ? En descriptio plantae , an Linnœanse ? « Radix fibrosa. Caulis erectus, i ' ^ subsimplex inferne purpureus , qua- drangulus, faciebus glabris, angulis acule membranaceis ex decursu petiolo- rum formalis (ut in S. aquatica ) pilosiusculis. Folia ima approsimata uli in- ternodii caulis, indivisa; superiora regulariter et remole distanlia , basi auricu- lala; omnia longe petiolala,lato-ovala, subcordala, l'i — 2 poil. longa, crenala : crenis lalis mucronulatis; pilolisuscula prœserliœ ad nervos superficiel inferioris. Aunculœ parvte, crenatse. Petioli foliis paullo breviores , canaliculali, mar- ginibus carinaque piloso-cilialis. Tbyrsus: pedunculis quadrangulis opposi- tis , bifidis. Bracteœ lato-lineares foliarum more in angulos caulis decur- rentes, inlegrae yel subdentatœ , pedunculis paullo breviores. Pedicelli squa- les, allerni. Bracleolce lineares, acuminalœ. Calyx usque ad médium inci- sus, lobis subasqualibus, subrolundis, taargine membranis rubris, extus glan- dulosis. Corolla , slamina , anlliora slerilis, omnino S. aquat. similes. Glan- dula flavescens. Sly lus exserlus, altenuatus : stigmate subbilobo. Caps. S. aquat. (v. V. in horloGenevensi inilio Augusti 1826). Planla mea a S. ScorodoniaLiu. tolocœlo diversa ! Slirps in hb. DC. sub nomine S. glanduliferce Waldst. a cl. Balbisio missus convenit eu m meis speciminibus. 22. S, aquatica. L. Glabra; caule angulis aculis membranaceis; foliis ovalis vel elliplicis basi subcoitlalis , crenalo-denlalis ; inferiorlbus sxpe appendiculalis ; calycis lobis rubro-tnarginalis. Brauavvuriz -i^ Art. Trag. Kroeulerb. éd. Seb. li;. ic. Betonica aquatilis. Dod. penipl. 5o. ic. Betonica aquatica. Dalech.hiit. i556. ic.Tab.Kroeulerb. 934; ic.Eîc. 544, Ger. em. ^i5. Betonica aquatica septcntrionalium. Lob. adv. 200. ic. 553. S, femina. Cam. epil. 867. ic. S. maxima radice fibrosa. J. Bauli. bisl. m. 42i. S, maxima strumosa Chabr. sciagr. 471. ic. 472 (excl. nom.) S. aquatica major. C. Baub. pin. 2 55. S. aquatica major, caule fimbriato. Lœs. pruss. aiS. 1. 75. S. radice fibrosa, betonicsefoliis. Moris. hibt. 11. 4o2. s. 5. t, 8. f. 4. SUR LE GENRE SCROFULARIA. I S'] Water-Figworl. Petiv. op. ii. t. 35. f. lO. S. caule alato. Riv. mon. irr. app. ic. S. radice fibrosa. Morand. Hist. pract. 147. I. 68. f. i. La Scrophulaire ou l'Herbe de siège. Regn. bot- S. n- 325. Hall. Helv. S. aqualica Lin. sp. II. 864. Blackw. herb. t. 86. Schkuhr. Handb. 11. igS. t. 173. Engl. bot. t. 854. DC. ! FI. fr. m, S/g. Sturm. geim. ic. FI. dan. t. 507 (medioc.) Hayne. Arzneigew. V. p. et lab. 36 Cliaumet. FI. médicale, t. 32i. S. Balbisii, Hornem. h. Iiafn. 677. Balb. cal. h. laur. i8i3. p. 69 (exci. syn. Ail.) Spieng. piigill. n. 70. S. appendiculata Balb. heib. 1 S. auriculala, Lsefil. it. 292 ? Asso arrag. 81 ? Schkuhr. Handb. 11. igS. t. 173, ethb. Buim.! in hb. Deless. j3. caule sitnplicij foliis lanceolalo-elliplicisj florîbus minus densis. y. Ihyrso folioso. Habitat locis aquosis per totam Europam, et in Caucaso; /3. in fossis aquat. circa Genevam iuveni. — FI. Mayo-Aug" Tf. (v. \.) Caulis4 — S'.Folia iulerdum inauriculala,semper pellucido-punctata.Cymae sxpius deusiflorx. Bracteolse uou rarum membranaces. a3. S. lyrata. Willd. «Foliis utrinque hirsulis, inferioribus lyrato-iaterrupte-pinnatisectis, su- perioribus ternatisectîs, summis simplicibus auriculalis : terminal! maximo oblongo-ovato , subcordato obtuse-duplicato-dentato , » ex Willd. S. lyrata Willd. En. h. berol. 545; liort. berol. p. et tab. 55* (excl. syn. Link. ) Hab..' Fi. inHorto Berol. Jun.-Aug. O/:.» Willd. « Bracteœ glanduloso-pilosae ex Willd. » — S. lyrata Hort. Taur. ex herb. Balb. 1 ad S. aquaticam accedit, sed lotum pilositate diversa. Folia crenata. 24- S. ehulifolia, Link. (non Bieb.) « Glabra ; foliis inferioribus lyratis, segmentis subduplicate acuteque inciso- crcnatis, superioribus profunde pinnatifidis, segmentis dentato-crenalis.» Lk. S. ebulifolia Link. FI. portug. I, 270. l58 ESSAI MONOGRAPHIQUE ^. foliia splendentibus. « Hab. in Lusitania ad maris littora prope Setuval; /3 in Serra de Gerrèz.» Lk. « AflSnis S. lyratae Willd. » Lk. 25. S. tanacetifolia. Willd. «Glabra, foliis inlerrupte pinnatisectis , segmentis petiolulatis oblongo- ovatisjinciso-denlatis, lobo lerminali majore. » Diagn. ex ic. Willd. S. tanacetifolia , Willd. Hort. Berol. p. et t. 56; Linlt. en b. ber. li , i4o. « Hab. in America boreali ? 2/^ » ex Willd. (v. s. ? in bb. Delessert sub nom. S. cauinse). -B. Antbera staminis sterilis suborbiculaiis , uti lamellata. Anlberae fertiles atro-purpureœ. Stamina stylusque exserla. Calyx parvus, membranis albis , sœpe splendentibus. Capsula parva, leutis magnitudine. — Piadix et caulis sœpe lignosus. Folia plus minus carnosula, raiius indivisa, saepissime pinnatifida , pinnatisectave. Tbyrsus sœpe strictus longus v. abbreviatus. Pedunculi bi- rarius trifidi , v. simplicissimi ramulis dicbotomiarum ssepe geniculatis , pedi- cellis perbrevibus ad geniculos , alternis. 36. S. verbenœjolia. Desf. Caule simplici, glabro, berbaceo ; foliis cordato-oblongis, laciniato-pinnatifi- dis, insequaliler crenatis serralisque, laciniis infîmis profundioribus , saspe auriculatis. S. verbenœfolia. Desf. Cat. h. Paris. ^7; Poir. Enc. Suppl. v. 117. S. laciniata Waldst. et Kit. Hung. 11, i85*, tab. 170*. «Hab. in rupibus calcareis alpinis et subalpinis Croatiœ. FI. Jun. Jul. » % » W. et K. (v. s. in hb. DC.) (i Glandulœ stipitatée nonnunquam in basim calycis ascendunt. » Kit. Obs. Foliorum lobuli in specim. lib. DC. ex bon. bot. Paris, rotundati , flores parvi. Planta a cl. Mùllero sub uomine S. cbrysantbemifolia Willd. ad Fiumo, Mayo lecta et in bb. DC. servata, convenit cum icône Waldst. et Kit. b'olia inferiora pinnatisecta , lobis dentato-pinnatifidis, summis confluentibus om- nibus acutis. Pedunculi 5 flori. Calycis lobi subrotundi , albido-raarginati. Cor. magniludine S. nodosœ , purpurea. SUR LE GENRE SCROFULARIA. l Sg S. laciniata (in herb. Balb. ! ) convenit quoad folia plus cum icoii. c!t. quam cum specim. Paris, in lierb. DC. Caulis glabei- i 3 ped. et ultra, ramosus. Folia petiolata, ovala vel ovato-lanceolata , basi non coidata, glabra, incise dentata, acuta. Inflorescenlia terminalis, cymis bifidis, floribus pedicellatis. Calycis lobi albo-marginati , subrotundi. Coroll. purpur. ad S. caninam accedens. 37. S. Patriniana, * Caule simplici glabre herbacée ; foliis circumscriptione ovaiis , inciso-acute- dentatis, acutis, iuferioribus basi piunatiiidis , lobis acutis. « Hab. in Davuria, una tantum vice 60 stad. ad orientent urbis Schita, Junio. » (Exhb. DG. !) in coUibus ad Ingodani rarissime. Patrin. (exhb. Vent, nunc Delessert ! ) Caulis striatns. Folia brevi-petiolata, glabra. Thyrsus abbreviatus , pedicellis aequalibus. BractesE parvœ , lineares. Pedunculi 3-2 flori. Calycis lobi lato- ovati. CoroUa ut in S. canina. Antbera sterilis subrotunda, alba. 28. S. Olivicriami. * Caule glabro, berbaceo; foliis ovatis incise -dcntato-crenatis, basi plus minus pinnatisectis, segmentis petiolulatis subrotundis. Hab. in Oriente. Caulis pedalis subsimplex basi sublignescens, striatus^ atro - purpurcus. Ramuli folii-Qoriferiquc pauci. Folia lucida ? ima ovata, supcriora subrotundo- ovata, subcordata. Petioli valde dilalati. Bractese inferiores lanceolatse , den- tatse, superiorcs lato-lineares. Bracteolse minulœ. Calycis lobi subrotundi. CoroUa forma, magnitudine et colore S. caninoe. Anth. sterilis alba. Valde accedit ad S. Urvilleanam, sed diflert calycis lobis latioribus et petiolis dilatatis. (v. s. ex hb. Oliyier in hb. DC.) 29. 5. micrantha, d'Uri'. «Caule basi ramoso, glabro , ascendente, ramis debilibus, foliis petiolatis oblongis, obtusis, basi auriculatis grosse dematis, floribus minimis » d'Urv. S. micramba , d'Urv. en arch. 75. « Hab. in rupibus maritimis insul» Ferasiae prope Theram. FI. Majo, ■¥ » d'Urv. 1 6o ESSAI MONOGRAPHIQUE 3o. S. Uri>illeana. * Tab. nostr. II. Caule simplici , glabro , herbaceo ; folils subrotundo-cordatis, sublobatis, rarius crenulatis. R. foliis inferioribus ovatis , superioribus cordaio-ovatis , omnibus lyrato- pinnatisectis , segtnentis cuneato - ovatis , inlerdum petiolulatis , terminali maxiino, omnibus inciso-crenatis. Tab. nostr. m. « Hab. in rupibus et mûris Insul. Melos et ad Theram. FI. Majo » ex cl. d'Urville in bb. DC. (ubi s. v.) Gaules numerosi, simplices, i-i 5 pédales , atropurpurei , glabri. Folia gla-' bra : inferiora in |3 longe petiolata. Braciese inferiores foliis similes. Thyrsus apbyllus : pedunculis allernis, cymis3-6 floris. Calyx parvus, albo-marginatus. CoroUa (ex d'Urv.) parva , purpurea. Capsula subrotunda. A prsecedente vix diversa et forsan cum ea conjungenda. 3i. S,s>ariegata, M.B. « Caule suflruticosa , foliis ovatis , lobalo-dentatis j inferioribus basi pinna-r tiQdis subpubescentibus. » Bieb. S. cappadocica , tenuissime laciniata , flore minimo ex violaceo et albo variegato, bb. Tourn. S. armena minimo folio subrotundo; herb. Tourn. S. variegata Bieb. casp. 1J7 , app. n° 48 ex ej. FI. laur. - cauc. m, 4i6 j Reicbenb. Iconogr. Cent, m, tab. cclvii. « Hab. in saxosis Caucasi circa tbermas Conslantinomontanas frequens. 5 m Bieb. (v. s. in herb, Balb. e Caucaso communicat. a Cl. Steven. 1821. ) «Corolla spadicea, labii superioris lacinia altéra (anthera sterilis) sicut labium inferius albidum.» Reicbenb. 32. S. rupestris. M. B. « Caulibus teretiusculis incano-pubescentibus ; foliis oblongo ovatis utrin- que attenualis dentatis glabris. » Bieb. S. rupestris, Willd. sp. m, 274; BieL. taur. Il , 79. m, 4 '7' Reicbenb- Iconograpb. Cent, iir , tab. cclVIII. S. orientalis Habl. taur. 164, ex Bieb. K Hab. in Tauriae meridionalis rupestribus ; FI. Majo Jun. if. » Bieb. r SUR LE GENRE SCROFULARIA. l6l «Variât: foliis inferioribus basi subincisiset subtus prascipue ad nervos levi- ter pubescentibus , forte cum S. variegata conjungeada. » Bieb. 33. S. Iwida. Smith. (I Foliis pinnatisectis , segmentis angulato-incisis , omnibus conformibus , thyrso virgato. » S. livida. Smith. Prodr. FI. gwec. i. 437. « Hab. in Asia minore, © » Sibth. 34. S. multijida. Willd. Caule simplici? glabro, herbaceo, foliis imis bipinnatisectis ; segmentis lan- ceolatis inciso-dentatis acutis ; superioribus pinnatisectis pinnatifido-incisis ; suramis triparlitis , intermedia locgiore dentata. S. mullifida. Willd. en h. berol. 646. bort. berol. pag. et t. 58. S. silaifolia Clark, voy. ex Spreng. syst. « Hab in Sicilia et Asia minore ex Spreng. « % Willd. 35. S. lucida. L. Caule simplici, glabro, fruticoso, foliis crassiusculis , lucidis, pinnatisectis 5 segmentis pinnatifidis, rotundatis vel acutis de»talis; floribus densis. S/j-DfiV/î TfiTïi. Dioscorid. éd. Sarrac. 4,35 ? ex Sibtb. et Spreng. Gesch. d. Bot. r. 154. Conf. Billerb. FI. class. 162. S. momanseaulvenenatae species tertia. C Gessn. Op. tab. sen. i6.f. l44-'' S. cretica i. Glus. hist. 11. 209. ic. Raij hist. 1. 766. S. indica. Ger. hist. em. 716. ic. ? S. foliis Clicis modo laciniatis vel Ruta canina latifolia. C. Bauh. pin. 23G. Moris. hist. 11. 483' s. 5. t. 9. f. 7. (mala). Tourn. Inst. 167. et hb. ! S. cretica latifolia. Park. theatr. 610. ic. S, saxatilis,lucid.xLaserpitii],Massiliensis foliis. Bocc, mus. di plante 166. t. 117. Raii hist. suppl. SgG. S. glauco folio, in amplas lacinias diviso. Tourn. cor. 9. Voy. (éd. 1717), I. p. et t. 221. S. lucida Lin. sp. 11. 865. DC ! FI. fr. m. 582. Willd. hort. berol. p.* et t. 67. TOM. IV, 21 1 6:i ESSAI MONOGRAPHIQUE 0. Foliis angustioribus. Hab. ia Italia , GrsBcia , in Oriente, Iberia ? ( Fiscb )] et in Africa bor. FI. Majo-Julio. '¥ (v. s. in hb. DC.) Facile dignoscilur ab omnibus hujus divisionis speciebus : pedunculis oe- dicellisve crassis , calyce majore et membrauulis latioribus. Caulis semp.er basi foliosus , ibyrso abbreviato. 36. S.JiUcifolia, SmïtJu Foliis ( radicalibus ) interrupte pinnatisectis , segmentis pinnatifidis lan-' ceolatis lobis acute deutatis, dentibus mucronatisj floribus distantibus. S. crelica. Rivin Irreg. monop. tab. g4. auct. Treviran. in Linnsea ii. I. 1827. p. 53. S. filicifolia IMill. dict. éd. 8. n" 10? Smitb. Prod. FI. grîec. 1. p. 456. Rees cycl. vol. 52. n". 26* Link enum. 2. p. i4o. Hab. iu Grsecia. (V. s. incompl. ex hort. Lugd. in herb. cl. Balbis.) Caulis 2 pedalis et ultra. Folium radicale pédale interrupte pinnatisec- tum , segmentis pinnatifidis, lanceolalis , lobis acute dentatis , dentibus niucronatis. Tbyrsus apbyllus i | pedal. (non abbreviatus ut in S. lucida) , pedunculis alternis, bifidis brevibus, non incrassatis ut in S. lucida; brac- teis bracteolisve oblongo-linearibus , oppositis. Calycis lobi ovati albo mar- ginati , magnitudine ut in S. lucida. CoroUa parva , purpurea. Folia fîlicum modo dissecta ut jam monuit cl. Link 1. c. C. Stamen quintum antbera déficiente. — Cbaracteres ut in sect. prîece-- dente {B). * Thyrso composito, cyjiis multifloris. 37. s. deserti. DeliUe. «Caule basi ramoso-suffruticoso; foliis incisis glabris , marginecartilagineis, inferioribus sublyratis , superioribus pinnatifidis ; laciniis angustis obovatis dentatis. « DeliUe. S. Deserti. Delill. FI. d'Egypte, p. 96, tab. 33, f. 1; ill. FI. .î^gypt. p. 18. « Hab. in déserte .rîlgypti. FI. Januario. 2^ » DeliUe. « Calyces tnarglne cartilaginei. » D. SUR LE GENRE SCROFULARIA. l63 38. S.frutescens. L, Caule fruticoso ; foliis sœpius alternis, cuneato-ovatis lanceolalisve in petio- Inmbrcvem decurrentibus, dentatis. S. lusiianica frutescens, Verbensefolio. Rail hist. suppl. BgS. S. lusitanica Verbenacsefolio. Raii , ib. 396. Tourn. Inst. 167, ex autops. herb. Tourn. S. peregrinîe frutescens, foliis Teucrii crassiusculis. Breyn. prod. 46 ex Herm. hort. Lugdb. 545*, tab. 547. 5. frutescens. Lin. sp. 11 , 866, mant. 4i8 ; Hill. veg.syst. -six , p. et t. 46 (mala). 6. Foliis incisis aut laciniatis. Hab. in arenosismaritimisLusitaniœ; in Africa boreali et Grsecia. Fl.Apr. Majo. 5 (v. s.). 89. 5. pinnatifida. Brot, « Caule suflruticoso ; foliis sessilibus lanceolatis , profunde crenato dentatis vel basi incisis pinnntifidisque, » Lk. S. pinnatifida. Brot. lusit. x, 202.* Link. FI. port, i, 269.* « Hab. in Lusitaniae arenosis , soioque macro » fl. vere : Brot. Jun : Lk. « Intermedia inler S. frutescentem et caninam , forsan prions varietas » ex Brot. et Link. « Caulis erectus, ramosissimus , glaber. Folia pleraque alterna, interdum opposita, basi angustata. » LL' 4o. S. heterophylla. Willd. « Caule frutescente ; foliis longe petiolatis subcarnosis, inferioribus ternati- sectis, superioribus Irilobis ellipticisque, omnibus remote inciso-dentatis ; ihyrso longissimo. » W. S. cretica frutescens, folio vario crassiore Tourn, cor. 9, ex Willd. S. cretica frutescens , folio vario et carnoso. Tourn. cor. 9 , ex d'Urv. et autops. hb, Tourn. S. heterophylla, Willd. sp. ili, 2^4 ; d'Urv. en. arch. ^5; Spreng. sys». II, 785. '64 ESSAI MONOGRAPHIQUE S. frutescens var. ^. Smith. Prod. FI. grsec. i, 4^7 ? et in Rees cycl. sxsir^ n" i8, var. ^? S. Siblhorpiana. Spreng. syst. ii, 786? « Hab. in Creta : Willd. in rupibus insularum Meli et Ferrasise prope Theratn. Majo. d'Urv. 5. W. Tf. d'Urv. » « Accedit ad S. frutescentem , sed omnia folia sunt longe petiolata. Willd. » 41. S. canina, L. Piadice Jignosa ; caule herbaceo ; foliis imis pinnatisectis; superioribus bi-vel pinnatifidisque; segmenlis subrotundis lanceolatisve dentatis. SiJ^vpiTK ïTïpa Diosc? ex Siblb. S. montanaîaut veiienaloi sjieciestertia.C. Gessn. Op. tab. œn. 16, f. i44? Ruia canina. Dalech. bist. 987, ic. Clus. bist. ii, 209;, Lob. adv. Bgi, ic. II. 55. hist. 113. Tabern. ic. i36. Ger. bist. cm. i256 ic. S. lertia dodonïBo tenuifolio , ruta canina quibusdam vocata. J. Baub. hist. III. 425. S. Ruta canina dicta vulgaris. C. Bauh. pin. 235. Moris., bisl. 483. s. 5.- t.g.f.S. S. altéra Ruta canina dicta. Park. theat. 61e ic. Raii. hist. l. 766. S. n'' 328. Hall. helv. S. canina Lin. sp. 11. 865. Hill. veg. syst. xix. p. et t. 48. DC. ! FI. fr.iii. 582. S. mulliûda Lani. FI. fr. il. 557. S. atropurpurea. Morelti in Bibl. ital. 1818. vol. xli. 372. S. chrysantbemifolia herb. Balb, ex hort. Taurin. ! ? /8. chrysantbetnifolia. S. orientalis chrysanlhemifolio , flore minime variegato Tourn. cor. 9 ex autops. ej. herb. auct. Bieb. S. chrysanthemifolia AVilld. hort. berol. p. et t. 69. Poir. Enc. suppl. V. 117. Bieb. taur. il. 78. m. 4i6. Link. en h. ber. 11. i4o. S. canina (3. "Willd. sp. m. 277 (escl. verosim syn. Tourn.) Schult. Obs. 117? S. pinnata Mill. dict. n° i5? Poir. Enc. vu. 36 .' y. caule humilore^ foliis angustissimis; racemo abbreviato ; (loribus densis. S. canina var. ^. nana DC. ! FI. fr. m. 582. S. juratensis , Schleicli. ! cent. exs. n° 67. SUR LE GENRE SCROFULARIA. l65 . in monte Jura pluribus locis ; pro- pre Nicseam ex cl. Rbode et C. Maunoir in lib. DC. re- trouve que des lambeaux sous le microscope. Le jaune con- siste en globules de cette couleur, fort petits puisqu'ils n'ont guère que o™,ooi6 de diamètre, nageant dans un liquide transparent; à la surface supérieure du jaune, se rassemblent quelques gouttelettes d'une huile moins colorée ; 2°. Une glèbe blanche en forme de calotte sphérique , placée au-dessous du jaune : c'est un assemblage de glo- bules blancs , semblables à ceux que l'on rencontre dans le jaune de l'œuf de poule , vers le cinq ou sixième jour de l'incubation. Ils sont enferme's dans un sac particulier, collé à la membrane du jaune : le système que forment ces deux corps est entièrement isolé de l'enveloppe externe , de sorte qu il peut rouler dans la cavité qu'elle comprend ; et la glèbe blanche formant un point plus pesant , re- prend toujours la position la plus déclive alors qu'on re- tourne l'œuf de manière à l'amener au-dessus ; diffèrent en ce qu'ils ne contiennent point de gélatine, mais quelques traces de mucus. L'albumine des œufs de poissons, mise en contact avec l'acide mu- riatique étendu d'eau , ne se prend pas en gelée, comme lorsqu'on fait agir ce réactif sur elle au travers de l'enveloppe de l'œuf : elle se dissout aussi dans l'acide muriatique concentré , le coagule ; mais une nouvelle addition d'eau la redissout. Ce caractère se retrouve encore dans l'albumine du blanc d'œuf de poule; et , si elle est moins soluble, c'est vraisemblablement à l'absence de la matière grasse interposée entre les molécules d'albumine que cette difl'érence doit s'attribuer. Car si l'on triture le blanc d'œuf avec de l'huile d'amande douce, avant de faire agir l'acide mui-iaiique concentré , il s'en dissout aussitôt une grande quantité par l'addition subséquente de l'eau. 176 DE LA GÉNÉRATION 3°. JLa cicatricuîe , cette partie la plus importante de toutes , est si diaphane qu'elle échappe aux regards ; sa si- tuation est moins constante que dans l'œuf des oiseaux 5 elle est placée sous la membrane du jaune , et en général vers le bord de la glèbe blanche ; pour la retrouver au moment de la ponte , et préalablement à tout développe- ment , nous sommes obligés d'immerger l'œuf dans une solution d'acide muriatique étendu d'eau : le jaune durcit sans perdre sa transparence , la cicatricuîe blanchit , et prend un peu de consistance : elle s'offre à la vue sous la forme d'un disque ovalaire de o"°,6 de longueur ; alors que le fœtus commence à se développer , la cicatricuîe prend des dimensions plus considérables , se lacère moins aisément , et il convient de s'abstenir de cette préparation. La fécondation chez les Séchots a lieu comme chez les Batraciens : au moment où les œufs sortent de l'oviducte, le mâle répand sa semence dans l'eau 5 l'œuf qui tombe dans ce milieu en absorbe une portion , et le courant qui résulte de cette absorption porte les animalcules à la sur- face de l'œuf. Je me suis assuré de ce fait en prenant un œuf dans l'oviducte, et le plaçant dans une eau sperma- tisée j si dans le moment on examinait au microscope , l'on voyait les animalcules portés à la périphérie de l'œuf par un courant très fort , et le fœtus manquait rarement de se développer. Nous devons avertir toutefois ceux qui voudraient répéter cette expérience, qu'elle ne réussit qu'en tant qu'on replace l'œuf immédiatement en eau courante : il se détériorerait bientôt, si l'on en agissait autrement. Le fœtus se montre, comme chez les oiseaux , au centre CHEZ LE SECHOT. 177 delà cicatricule, sous la forme d'un trait renflé à l'une de ces extrémités, un peu effilé vers l'autre, qui est la posté- rieure ; il ne m'a pas été possible de la distinguer nette- ment avant qu'il eût atteint de o'",i5 à o'",2 de longueur. Un peu plus tard , nous voyons se dessiner le bord an- térieur de la tête : il offre une ligne disposée comme la courbe d'une parabole; lorsque le jeune animal a acquis une longueur de i"', on voit les cercles des yeux , et la trace de la moelle épinière sous la forme d'un canal renflé postérieurement ; l'animal est encore très peu consistant : il repose sur le porte objet , comme ferait une gelée , et ne se courbant de préférence en aucun sens^ un peu plus tard il en est tout différemment. A cette époque , la cicatricule a augmenté en surface et en transparence; elle s'avance peu à. peu, de manière à envelopper finalement le jaune : elle ne présente encore aucune vascularité. Chez le fœtus de 2", les vésicules qui forment les yeux se prononcent, ainsi que le cercle noirâtre de l'iris; l'on distingue les vésicules cérébrales postérieures : leur cavité est maintenant bien petite ; mais dans les périodes sub- séquentes, on la verra augmenter rapidement. Chez celui de 3", les rudiments du système osseux de- viennent très visibles: l'épine, les arêtes, se dessinent net- tement ; les cavités du cerveau ont beaucoup augmenté ; les os operculaires prennent leur place en arrière de l'œil: c'est l'orbiculaire qu'on aperçoit le premier; le cœur est en mouvement ; mais on ne saurait suivre de circulation ; le cœur est encore un boyau presque droit , à chaque extré- TOM. IV. 23 178 DE LA GÉNÉRATION mité duquel est un renflement. L'antérieur, peu percep- tible, est le bulbe de l'aorte; le postérieur, beaucoup plus considérable , est l'oreillette. Lorsque l'embryon a pris da- vantage d'accroissement, que sa longueur est entre 5'" et6"\ on peut reconnaître presque toutes les parties qui consti- tueront l'animal parfait; on le voit s'agiter vivement dans l'œuf, et avec un peu d'attention l'on divise celui-ci sans toucher à son contenu,- le jeune poisson sort, et se met à nager dans l'eau avec assez de vitesse , entraînant avec lui le jaune sur lequel il est placé : il n'est point , comme les mammifères et les oiseaux , renfermé dans un amnios : cette membrane n'existe pas , à moins qu'on ne veuille donner ce nom au feuillet qui, se prolongeant du péri- toine , enveloppe le jaune. Le poisson , à l'égard des mem- branes , se rapproche des Batraciens ; il s'en éloigne par rapport à l'enveloppe de l'œuf, qu'il perce, et dont il se sé- pare au lieu de s'en revêtir comme eux. Quant au cerveau, les vésicules cérébrales, qui jusqu'à présent avaient beaucoup grossi, se dépriment, et sont pro- portionnellement moins volumineuses que dans les âges précédents ; cette marche de diminution coexiste avec la- bord du sans; autour de ces cavités. Elles s'étaient formées par l'afflux dn liquide ambiant au travers de leurs tissus : ce liquide est réabsorbé par le système veineux. C'est dans les lois qui règlent le mouvement des liquides au travers des membranes , que nous devons chercher la solution des problèmes de ce genre et tout ce qui a rapport à la for- mation des cavités; mais un pareil travail doit être l'objet d'une investigation spéciale , dont pour le présent je ne CHEZ LE SECHOT. 179 veux point m'occuper. L'œil éprouve le même sort que les vésicules cérébrales; son accroissement s'arrête. Les os du cerveau sont tous reconnaissables , les operculaires aussi- l'on eu voit descendre en avant les cartilages de la membrane périostége , qu'un peu plus tôt on entrevoyait à peine ; l'animal meut les nageoires brachiales et pecto- rales , et s'en sert pour se tenir en équilibre ; une lame membraneuse , munie et transparente, assez large, entoure le poisson dans le sens de sa longueur : elle part de la partie postérieure de la tête , et vient aboutir à l'anus ; plus tard elle s'efface,- les écailles se dessinent sur la peau: la transparence de celle-ci permet de suivre la formation de toute la charpente osseuse, ainsi que celle des viscères 5 le canal alimentaire présente l'estomac, et les circonvo- lutions des intestins ; derrière le rectum , on voit sous l'apparence d un corps rouge un peu allongé , les reins : leur vascularité est extrême. Lorsque, pour le mieux ob- server, on a placé le fœtus sur le côté , le cœur un peu tiré en bas est très bien placé pour être observé ; le ven- tricule s'est un peu recourbé , et le bulbe de l'aorte à la partie antérieure se déjette de gauche à droite, et se dirige en avant et en haut; on le perd de vue sous la membrane périostége, à laquelle il donne de nombreux rameaux, que l'on suit le long des bandes caiftiiagineuses de cette mem- brane ; il se porte aux branchies, dans lesquelles il se sub- divise en un lascis infiniment volumineux. Ln peu au- dessous du point ùii la membrane périostége est en contact avec les os operculaires , on voit sortir l'aorte descen- l8o DE LA GÉNÉRATION dante (i), formée par la réunion des divisions branchiales; elle descend le long de la colonne vertébrale jusque vers l'extrémité de la queue ; l'aorte se replie ici sur elle-même , et devient la veine de retour , qui rapporte au cœur le sang qui a circulé : elle forme un angle très aigu avec sa première portion, et marche parallèlement et immédiate- ment au-dessous d'elle ; elle s'en écarte en arrivant près du cœur pour descendre dans l'oricule ; dans son trajet , l'aorte donne des vaisseaux aux diverses parties du corps. Je n'entrerai dans aucun détail à cet égard, et me conten- terai de dire un mot de ce qui concerne la circulation du jaune : assez en arrière de la nageoire pectorale , se détache une grosse artère , qui croise la direction du rectum près de l'anus, et remonte le long du bord inférieur de cet in- testin jusque vers une masse granuleuse , rougeâtre , , soutenue immédiatement parle jaune; ce corps, dont la position se rapporte à celle du foie , est très volumineux : il reçoit dans son parenchyme le vaisseau dont nous dé- crivons la marche, et qui s'y ramifie beaucoup; les capil- laires qui en résultent se prolongent à la face interne de la membrane du jaune , surtout postérieurement et à droite ; arrivés à la partie inférieure , ils se réunissent de nouveau en une grosse veine qui remonte en avant, et un peu à (i) Nous retrouvons des vestiges de cet arrangement chez le fœtus de tous les vertébrés: du bulbe de l'aorte partent un certain nombre de rameaux, qui se réunissent de nouveau pour former l'aorte descendante ; mais cette disposi- tion demeure à son état le plus rudimentaire , ou même disparaît entièrement chez ceux où les branchies ne se développent pas. CHEZ LE SECHOT. l8l droite, et vient s'ouvrir dans l'auriculej les globules du sang commencent à devenir elliptiques : ils n'ont point toute- fois encore ces formes régulières qui distinguent le globule sanguin de l'animal adulte ; un peu plus tôt , lorsque le fœtus n'avait que 3'" de long , les globules étaient sphe- riques : le diamètre des plus réguliers était o"',oi3 ; l'en- veloppe du noyau central présentait un aspect granuleux comme dans le globule du têtard, et, comme chez celui-ci, cette apparence s'est bientôt effacée, (i) Le jaune diminue sensiblement lorsque le fœtus com- mence à acquérir du volume ; il rentre dans l'abdomen , ainsi que cela a lieu chez les oiseaux , et le jeune poisson perce l'œuf et commence à nager en liberté : ses mouve- ments sont d'abord embarrassés par son gros ventre ; mais au bout de quelques jours le jaune est absorbé, et la vie fœtale entièrement terminée. (i) Le Protée anguiforme est le seul animal adulte sur les globules sanguins duquel j'aie retrouvé celte granulation de la matière coloranle; on peut, à cet égard, consulterlafig. 2 que j'en ai donnée dans la planche jointe à ce Mémoire. Ces globules sont encore remarquables pni' leur grosseur; je les ai placés à côté de ceux du Secliot, pour qu'on put s'en faire une idée : les uns et le« autres sont grossis cinq cents fois linéairement. iSa DE LA GÉKÉRATION EXPLICATION DE LA PLANCHE. 1. Sechot mâle, ouvert de manière à laisser roir les organes de la génération contenos dans Tabdomen. 2. L'appareil générateur : dans sa position , à l'égard des reins, de la vessie et du rectum , on a figuré en avant la papille , qui termine antérienrement le conduit nrinaire. 3. La liqueur spermatiqne examinée au microscope : le grossissement linéair« est 5oo. 4- Une portion du testicule et du canal déférent, grossis vingt fois, pour montrer la disposilion des cnls-de-sac. 5. Le Sechot femelle : l'abdomen ouvert laisse voir les deux portions d« lovaire. 6. Des œnfs fixés à une portion d'oviducte. -. Une masse d'œufs pondus liés enlr'eui. 8. Un œuf de Scchol grossi six fois linéairement, de manière a présenter la glèbe blanche. 9. Autre œuf, sur lequel le fœtus commence à se développer. 10. Œlnf sur lequel on voit un Sechot foetus bien développé. 11. Gcatricnle, examinée au moment de la ponte, grossie vingt fois. Antre cicatricule, sur laquelle on voit le foetus commençant à se déve- lopper; grossissement linéaire ao. 13. Foetus de S'" de longueur, placé sur le côté gauche , et vu avec un gros- sissement linéaire de 10. L'on distingue les yeux, les os operculaires, et les vésicules du cerveau sont très-développées. i3. Fœtus de 5=", grossi dix fois linéairement, placé snr le côté droit : au- dessous de la tète, on voit le coeur, le bulbe antérieurement: l'auricule en arrière : elle est dessous la membrane périostége; on voit sortir deux vaisseaux : le supérieur est l'aorte descendante, l'inférieur la veine de CHEZ LE SECHOT. l83 retour; Tarière qui se sépare de l'aorte descendante est celle dont nous avons décrit le trajet dans le jaune. 16. Globules sanguins sphériques du sang du fœtus; globules elliptiques du sang du Sechot adulte-, grands globules elliptiques appartenant au sang du Protée anguiforme. Un gros globule sphérique : c'est le globule central du globule sanguin du Protée. Tous ces objets sont vus avec un grossisse- ment linéaire de 5oo. Les dimensions du globule sanguin du Protée soDt les suivantes : long axe. o'",o4i petit axe. ù'",ooi9 diamètre du globule central. 0^,009. AMAILTSl DE LA IVEIGE ROUGE DU POLE, PAR MM. MAGAIRE PRINSEP et MARGET. On a déjà fréquemment appelé l'attention de la Société sur le phénomène remarquable de la neige rouge qui a été rapportée des régions polaires par ks officiers de l'expédition du capitaine Parry. Cette apparence, moins nouvelle qu'elle leur paraissait être, avait déjà été observée par De Saussure dans les Alpes, en 1760, et plus récemment en 1806, dans plusieurs lieux dltalie , par Sementini. Après la fonte de la neige qui offrait la couleur rouge, l'eau qui en provient paraît claire et pure, et il se dépose au fond du flacon une matière d'un rouge obscur, qui, vue au microscope, s'est toujours montrée sous forme de glo- bules arrondis fort petits, de couleur rouge, entremêlés de filaments blanchâtres et rameux. La nature de ces globules a donné naissance à un grand nombre d'hypothèses diverses. TOM. IV. 24 1 86 ANAEYSE M. Bauer, qui en a donné une bonne figure, les regarde comme une espèce particulière de champignons , à laquelle il a donné le nom d'Vredo nivalis. MM. WoUaston et De CandoUe croient probable qu'ils appartiennent à la classe des algues , et non à celle des champignons^ et ce dernier savant fonde son opinion à ce sujet, 1° sur ce que l'intérieur des globules n'est pas pulvéru- lent comme les ureclo et trichia^ 2° sur ce qu'ils manquent de pédicelles, 3" quils sont inégaux, 4° que leur localité les rapproche des algues; 5° sur la non réussite des essais de sir J. Banks, pour les faire végéter en les semant sur des matières fermentescibles. Fries les place auprès des oscillatoires, sous le nom de Prolococcus nivalis. Le baron Wrangel les considère comme une des plantes confondues par Linné sous le nom de Byssus lolithus, et propose pour celle-ci le nom de Lepraria kermesina. Agardh les regarde comme une algue animalisée, et les appelle Protococcus kerniesinus. Ayant en notre possession une petite quantité de cette substance, rapportée par Franklin, nous avons été curieux de l'examiner sous le point de vue chimique qui nous parais- sait pouvoir jeter quelque jour sur la question de savoir s'il fallait en faire des plantes ou des animaux. Les globules, vus au microscope, ne nous ont rien présenté de différent de ce qui avait été observé. Leur volume est très petit : Bauer les- time 1/1600 de pouce anglais, WoUaston et De CandoUe de 1 à 3/1000 : de sorte que, d'après Bauer, 2,660,000 pourraient tenir dans un pouce quarré. En débouchant le flacon qui les contenait, nous fûmes frappés de l'odeur fétide qui s'en DE LA NEIGE ROUGE DU PÔLE. 1 87 exhalait, et qui semblait annoncer un commencement de putréfaction. En chauffant fortement cette matière rouge dans un petit tube de verre, où l'on avait placé des papiers réactifs jaune et bleu, le produit de la distillation fut un liquide huileux, empyreuma tique , et suffisamment chargé de S. carbonate ammoniacal pour l'ougir fortement le papier de curcuma. Un peu dépotasse en dégage l'ammoniaque. In- cinérée à l'air libre, la matière rouge briile avec une flamme blanche et une odeur animale; les cendres, traitées par un acide, laissent dissoudre un peu de fer. Traitée par l'éther bouillant, la matière s'est décolorée, et a xionné à ce fluide une teinte d'un rouge orangé ; elle s'est alors montrée d'une couleur verdàtre; par 1 evaporation de 1 éther, on a recueilli la matière colorante, qui est soluble dans l'al- cohol, l'ëther, les huiles essentielles , la potasse pure, et pré- sente tous les caractères d'une matière de nature résinoïde. La matière, épuisée par l'alcohol, est restée blanchâtre 5 l'eau surnageant la matière rouge donnait , comme nous l'avons dit , une odeur fétide ; l'évaporation lente en a laissé déposer une substance jaunâtre ayant une forte odeur de colle ani- male, donnant avec l'infusion de noix de galle un préci- pité gélatineux , et ayant tous les caractères de la gélatine animale. L'ébulUtion dans l'eau de la matière rouge donne également une nouvelle dissolution de gélatine. L'un de nous, qui avait eu l'occasion d'analyser la matière rouge du lac de Morat, ne put s'empêcher d'être frappé de la remar- quable analogie que présentaient ces deux corps, que l'ana- lyse chimique pourrait faire regarder comme identiques s'ils n'étaient d'ailleurs complètement distincts par la diflfé- lS8 ANALYSE DE LA NEIGE ROUGE DU PÔLE. rence de leur organisation. Il nous semble pourtant que cette analogie doit tendre à fortifier l'opinion de ceux des natu- ralistes qui ont vu dans la matière rouge des neiges polaires des êtres organises voisins des oscillatoires, et leur assignent un rang dans la série de la création animale. Nous sommes loin d'accorder à l'analyse chimique le droit de décider dé- finitivement la question du règne naturel auquel un corps douteux peut appartenir, puisqu'il est certain que beaucoup de véritables végétaux ont donné des produits de nature animale. Mais peut-être trouverait-on que certains des pro- duits immédiats danimaux ne se sont jamais rencontrés dans le règne végétal; et si, comme nous le croyons, il en était ainsi de la gélatine (qu'il faut bien distinguer de la gelée qui ne contient pas d'azote), l'analyse que nous rap- portons de la neige rouge aurait quelque intérêt de plus. M. a!€j*4. JI. na/. V JV. Q't)' p.jgQ m' y ^'r^i^. / \-i 9 yo /Ô y yQ /^' ^rÀ^/T '^ i^/Ùà^fie/- . U AlAILTSl DES FEUILLES DU REDOUL A FEUILLES DE MYRTE (CORIARIA MYRTIFOLIA LINN.) Les feuilles du Redoul ayant été soupçonnées d'avoir oc- casioné des accidents fâcheux, par suite de leur mélange avec le grâbeau de séné(i), et ce soupçon n'ayant pas été confirmé par des recherches qui pussent être envisagées comme décisives, nous nous sommes occupé à reconnaître l'action comparative des réactifs sur les infusions des feuilles de séné et de redoul , et avons ensuite analysé les feuilles de ce dei'nier. Le redoul appartient à la division des fleurs dioïques ou polygames. Il s'élève à la hauteur de quatre à cinq pieds j (i) Histoire des drogues simples , par Guibourt , lom. II, p. 8i ; Journal de chimie médicale, tom. I, p. 283; tom. II, p. 43i. igo ANALYSE ses feuilles sont opposées , ovales, sessiles, fixées sur des ra^ meaux flexibles ; ses fleurs, situées à l'extrémité des jeunes branches, les terminent en forme de grappes, et se conver- tissent en baies noirâtres. Toutes les parties de la plante sont assez astringentes pour être employées à tanner les cuirs. Gouan observe dans sa Matière médicale, que les fruits du redoul sont vénéneux lorsqu'on en mange un certain nombre; et De CandoUe cite à l'appui de cette observation, que plusieurs soldats fran- çais en furent empoisonnés à l'époque de la guerre en Catalogne, après avoir éprouvé tous les accidens du nar- cotisme. Action des réactifs sur les infusions de séné et de redoul. Les infusions des feuilles de séné et de redoul, préparées dans les mêmes proportions à l'aide de la chaleur, et traitées par les réactifs, ont offiert les résultats suivants : Celle du séné, qui avait une teinte jaune rougeâtre et une saveur amère, a légèrement fait passer au rouge la teinture de tournesol; a fourni avec le persulfate de fer un précipité noir peu abondant, avec le nitrate d'argent un précipité violet, qui s'est développé lentement, et a résisté à l'acide ni- trique; avec l'acétate de plomb un précipité blanc, qui s'est dissout dans cet acide; et elle n'a pas éprouvé de changement avec la gélatine, le protosulfate de fer, le tartrate de potasse et d'antimoine, et l'hydrochlorate de baryte. L'infusion du redoul, qui était d'un jaune verdâtre, et avait une saveur astringente, a eu le même efi'et que la précédente DES FEUILtES DU REDOUL. igi sur la teinture de tournesol; elle a occasioné des précipites abondants avec tous les réactifs indiqués, et montré parti- culièrement, par la teinte violette foncée du précipité qui s'est formé au moment de son mélange avec le nitrate d'ar- gent et la résistance de ce précipité à l'action de l'acide ni- trique, qu'un gallate s'y trouvait abondamment répandu; les précipités forme's avec les sels de plomb, de baryte et le tartre émétique , se sont dissous dans l'acide nitrique , résultats qui présentent dans le séné une petite quantité d'acide gallique libre et combiné, une grande accompagnée de tannin dans le redoul, et qui offrent un moyen de recon- naître la falsification du séné par le redoul, Analyse des feuilles du redoul. Les feuilles que nous avions reçues du midi de la France ayant une saveur plus forte que celles recueillies dans notre jardin de botanique, nous les avons examinées comparati- vement. Les unes et les autres ont été successivement traitées par l'éther sulfurique, par l'alcohol et par l'eau, et les produits ont été repris par les procédés propres à en isoler les prin- cipes immédiats. L'examen des produits fournis par les deux premiers li- quides nous y a fait reconnaître une petite quantité d'acide gallique libre, le gallate et l'hydrochlorate de potasse j une huile fixe, soluble dans l'alcohol j une résine, un principe colorant jaune, la chlorophylle et le tannin. Celui du pro- duit du troisième liquide nous a fourni le tannin, le même ig? ANALYSE principe colorant j plus, un principe gommeux légèrement amilacé, qui, jeté sur les charbons ardents, a, ainsi que la fibre ligneuse, répandu l'odeur du pain grillé; et nous n'avons observe d autre différence dans ces produits, que celle d'un quart en moins dans la quantité des principes contenus dans les feuilles de notre jardin de botanique. La saveur et l'odeur des principes gras et résineux (ainsi que l'effet sur eux de la chaleur) ne nous ayant point paru caractériser celles des substances délétères, nous avons sou- mis la décoction de ces feuilles à l'action de la magnésie, dans le but d'y rechercher un principe alcalin, et, s'il s'en présentait un, d'en reconnaître les propriétés 5 nous avoxis en effet obtenu une substance cristalline, qui a ramené au bleu le papier de tournesol rouge, qui n'a pas éprouvé de changement avec l'acide nitrique, qui a faiblement attiré l'humidité, qui, exposée à la chaleur, a laissé dégager une odeur analogue à celle de la cire, puis à celle du pain grillé, et qui, par conséquent, n'a présenté aucune identité avec les alcaloïdes que fournissent les narcotiques et les plantes vénéneuses. Mais si les principes gras et résineux des feuilles du redoul ne possèdent pas des propriétés nuisibles à l'économie animale, traités parle chlore et l'acide nitrique ils nous en ont fait reconnaître une que nous ne pouvons passer sous silence. N'ayant pu séparer la chlorophylle de l'huile grasse, parce l'une et l'autre étaient solubles dans l'alcohol, nous avions jeté une certaine quantité de ces principes mêlés de chloro- phylle dans de l'eau chargée de chlore, avec l'intention de DES FKUILLES DU REDOUL. igS montrer à un jeune élève l'action du chlore sur la chloro- phylle. Comme on devait s'y attendre, la matière est passée du vert foncé au jaune pâle; mais loin de conserver sa con- sistance visqueuse, ainsi qu'il arrive en pareil cas, elle est devenue friable ; l'ayant lavée et placée à une température de 3o° R. , elle y a pris une teinte brune foncée en se ramol- lissant, et, par une chaleur plus élevée, a répandu l'odeur des substances tannées : elle était restée huit à dix jours dans le chlore. Une autre portion qui avait été jetée dapisr^e Tacsde nitri- que, qui y avait pris la même consistîince et une teinte citron, lave'e et exposée sur une lame de métal, à la flamme d'une bougie, a répandu d'abord des vapeurs nitriques, est entrée en fusion sans changer de couleur, et a laissé dégager l'odeur aromatique ambrée que prend l'huile de succin traitée par l'acide nitrique. Des parties qui avaient séjourné trois à quatre semaines dans le chlore, se sont conduites de la même manière sous le rapport de cette odeur ; mais encore dans ce cas la couleur brune a reparu. Les différentes qualités de gallate de fer obtenues dans le mélange des sels de fer avec les infusions du redoul , nous ayant paru, au rapport du gallate de potasse que ces feuilles renfermaient, être le point essentiel à déterminer, nous avons réduit en cendres cent grains de feuilles du midi, et autant de celles de notre jardin de botanique, et avons reconnu que le produit du lavage des cendres des premières, évaporé à siccité, pesait treize grains, et contenait cinq grains de sous-carbonate de potasse ; que celui du lavage des cendres des secondes, qui pesait sept grains et demi, ne contenait que TOM. IV. zS 104 ANALYSE deux grains et trois quarts de ce sel; en sorte que la propor- tion dugallate dépotasse, présent dans les feuilles du midi, est à peu près double de celle qu'on rencontre dans les feuilles de notre jardin, et que cette différence, jointe à une moindre quantité de tannin dans ces dernières , explique celle de leur saveur. Les autres principes constituants de ces cendres sont l'hy- drochlorate de potasse , la silice , l'alumine , la chaux et une trace de fer. Les tiges ligneuses ont présenté les mêmes principes im- médiats que les feuilles, mais en moindre quantité. D'après ce que nous venons de rapporter , les tiges et les feuilles du redoul sont composées D'une huile grasse soluble dans l'alcohol , D'une résine. D'un principe alcalin particulier, D'un principe colorant jaune , Du gommeux , De la chlorophylle , D'acide gallique libre, De gallate de potasse , D'hydrochlorate de potasse , De tannin. Et d'une fibre ligneuse ; Et comme il est impossible d'admettre que l'une ou l'autre de ces substances soit vénéneuse, quoique les fruits aient cette propriété; que l'expérience nous a d'ailleurs confirmé que la décoction d'un quart d'once, même d'une once des feuilles du midi, n'avait aucune action délétère sur des ani- DES FEUILLES DU REDOUL. igS maux de races différentes, tels que des poulets , des chiens et des hommes, et que nous avons appris d'un médecin du Midi de la France, que les ouvriers tanneurs y buvaient par jour quatre à cinq verres d infusion de redoul dans les blen- norrhagies, nous sommes portés à croire que les accidents survenus après l'usage du grabeau de séné ont eu lieu par la présence de feuilles de plantes narcotiques , ou par celle de quelque préparation vénéneuse accidentellement mélan- gée avec lui , ce qui ne surprend pas quand on connaît l'in- souciance avec laquelle les poisons se trouvent placés dans certains magasins , et surtout lignoi-ance delà plupart des personnes qui, n'étant pas autorisées à vendre des médi- caments , se permettent de le faire. DE LA GEIVERATION CHEZ LE LYMNÉE (HELIX PALUSTRIS), Mémoire lu par le D' Prévost en i 82L I L/Es observations renfermées dans ce Mémoire ont la généra- tion des Lymnées pour objet. La transparence de leurs œufs permet d'y voir les développements de l'embryon, et cet avantage m'a déterminé dans le choix que j'en ai fait entre les autres mollusques. Bien que les Lymnées soient hermaphrodites, nous adop- terons pour décrire leurs organes sexuels le même ordre que nous avons suivi ailleurs, et nous commencerons par ceux du sexe masculin. Le testicule est placé à la partie postérieure de l'animal, enchâssé dans la spirale que forme le foie ^ il se présente sous la forme d'une grappe de culs-de-sacs très courts, mais d'un diamètre proportionnellement considérable. Ces culs-de-sacs s'abouchent entre eux, et versent la liqueur spermatique lÇ)ii DE LA GÉNÉRATION qu'ils contiennent dans un conduit unique, le conduit effé- rent; celui-ci, légèrement flexueux , laisse voir quelques traces de ces rameaux canaliculés qui lui donnent l'appa- rence que les vésicules séminales prennent chez les ron- geurs; il se dirige au-dessous de l'ovaire, et y adhère d'une façon si intime, qu'au premier coup d'œil l'on croirait qu'il se divise dans cet organe; mais, au moyen d'une dissec- tion délicate, l'erreur se reconnaît aisément, et l'on suit notre canal jusqu'au point où il s'ouvre dans un second con- duit, dont l'apparence est entièrement différente. Plus large que le précédent, de couleur orangée, celui-ci se fixe dans la plus grande partie de son trajet le long de l'oviducte, auquel il adhère par un tissu cellulaire assez résistant; son enveloppe extérieure semble composée de grains jaunâtres enveloppés dans un tissu cellulaire piqueté de noir : il est tapissé intérieurement par une membrane muqueuse très mince , dont la sécrétion lubréfie la surface libre. Cette por- tion du canal de la semence est placée dans le sens de sa longueur, et susceptible d'une assez grande dilatation; son extrémité antérieure se termine par un col arrondi plus étroit, qui porte un renflement sphérique assez volumineux ; sa membrane externe est brune-verdàtre, et ne présente plus les grains jaunes dont nous avons parlé; de ce renflement l'on voit se détacher un autre conduit très mince, dont le diamètre n'est guère au-dessus de o,""^6, et la longueur environ 7 cent. ; sa couleur est d'un blanc perlé : il est élastique et friable comme les tissus cartilagineux; ce canal vient s'ouvrir à l'extrémité de la verge : ce dernier organe forme un cul-de-sac qui peut avoir deux positions très différentes: dans la première, en- CHEZ LE LYMNÉE. 199 tièrement rentré dans le corps de l'animal, il se place au- dessus et un peu à droite du canal alimentaire, et sa cavité s'ouvre à l'extérieur au-dessous de la tentacule droite. Dans la seconde, l'état d'érection, la verge se renverse comme le ferait un doigt de gant dont on retournerait le dedans en dehors; elle fait saillie à l'extérieur; au-dessous de cette même tentacule, où l'on i-emarquait auparavant l'orifice de sa cavité, à sa pointe, on observe l'ouverture du canal de la semence, qui verse celle-ci immédiatement à l'extérieur. La verge, dans son état de l'étraction, a )4 ^ ^5 millimètres de longueur; elle forme un sac cylindrique d'un blanc jaunâtre, sur lequel on remarque une ligne transparente longitudi- nale, d'oi!i part un plan de fibres concentriques très marquée- ces fibres en croisent d'autres disposées longitudinalement; sur la verge se fixent des faisceaux déliés, mais nombreux, de fibres musculaires qui y prennent l'une de leui's attaches, tandis que l'autre s'insèx-e sur l'enveloppe charnue de l'ani- mal. Ces fibres , en se contractant , poussent la verge en- dehors; elles sont favorisées dans cette action par la con- traction de tout le corps, qui maintient cet organe en posi- tion, et l'empêche de se plier d'un ou d autre côté. Quand le Lymnée veut rentrer le pœnis , il fait agir deux faisceaux musculaires , qui prennent leur ori- gine à l'intérieur du corps , près de l'endroit où l'oviducte en perce l'enveloppe charnue, et qui vont s'implanter par leur extrémité opposée à la pointe de la verge , vers la droite de l'insertion du canal déférent. Le testicule et la première partie du canal déférent renferment toujours un liquide blanc , épais , un peu 2.00 DE LA GÉNÉRATION gluant , qui , examiné au microscope , n'ofiVe que des animalcules spermatiques , sans mélange d'autres corps; leur longueur est beaucoup plus grande que celle de leurs analogues chez les vertébrés: ils ont o,™°'35j leur corps est très effilé , et se termine en avant par un renflement pyriforme , raplati de droite à gauche de telle sorte qu'il échappe à l'observateur lorsque les animalcules nagent. Le mouvement de ceux-ci n'est jamais bien vif, sauf lorsqu'ils sont émis pendant l'acte de la reproduction: si dans ce moment vous ouvrez la dernière partie du canal speritia- tique , vous les trouvez fort agités , délayés dans un liquide moins épais, et mélangés à des globules incolores de gros- seurs variables : ces globules se rencontrent seuls dans la vésicule sphérique qui précède le canal dont nous parlons, lorsque le temps de l'accouplement est passé. L appareil générateur femelle se compose d'un ovaire et d'un oviducte; l'ovaire est un corps jaune, brun , assez vo- lumineux , ayant la forme d'un haricot : il est placé au-des- sus du canal intestinal , en arrière de l'oviducte. Son parenchyme , à l'œil nu , présente une masse homo- gène; mais, si on l'examine à la loupe, l'on voit qu'il se compose de culs-de-sacs adhérents entre eux, formés d'une membrane très-mince , et remplis d'une substance jaune qui donne à l'ovaire sa consistance et sa couleur. Les culs- de-sacs viennent s'ouvrir dans l'oviducte. Ce canal peut se diviser en cinq portions très distinctes, que nous décri- rons dans l'ordre selon lequel elles se succèdent, à partir de l'ovaire. La première est un canal assez large semi-transparent. CHEZ LE LYHNÉE. 20l replié en festons , et qui naît de la partie antérieure du bord concave de l'ovaire, suit sur tout ce bord, et va s'ouvrir dans la seconde : celle-ci est un renflement sphérique de quatre à cinq millimètres de diamètre, de couleur verdàtre, et dont les tissus sont épais et faciles à déchirer: sa cavité est toujours remplie de mucus. La troisième portion est un col arrondi , de deux à trois millimètres de longueur. Les membranes qui le for- ment n'ont point l'épaisseur et la mollesse de celles du ï'enflement qui le précède. La quatrième et la plus vaste a douze millimètres de longueur sur quatre de largeur : l'on y remarque un raphé,qui n'est que la prolongation d'une partie du canal que nous venons de décrire; de ce raphé partent des faisceaux volumineux de fibres concentriques , bien détaches les uns des autres , et qui donnent à l'appareil un aspect gauffré ; au-dessous se trouve un plan de fibres longitudinales; les contractions alternatives de ces deux systèmes muscu- laires exécutent tous les mouvemens nécessaires à l'expul- sion des corps engagés dans la cavité , bien que leur vo- lume soit considérable. Enfin , la cinquième et dernière partie de l'oviducte est un canal membraneux assez mince, mais dont les tissus peuvent beaucoup s'étendre ; il se dé- tourne à droite, et va s'ouvrir dans le sillon que le pli du manteau forme par sa rencontre avec la partie antérieure du corps; un petit cercle blanc, qui entoure son orifice, le fait reconnaître à l'instant; cette ouverture verse encore au dehors les contenus d'un annexe de l'oviducte, la vé- sicule au long col ; cette vésicule , placée en arrière du ren- TOM. IV. 26 202 DE LA GÉNÉRATION flement sphérique du conduit séminal , a 2 millimètres de diamètre : c'est un cul -de -sac, dont le col, de g milli- mètres de long, vient s'ouvrir à l'extérieur, immédiatement au-dessus de l'orifice de l'oviducte, dans ce petit cercle blanc que nous avons indiqué ; la vésicule au long col est remplie à l'ordinaire d'un liquide fort épais d'un blanc taché de rouille, et qui, examiné au microscope, présente en gé- néral un détritus insignifiant. J'y ai toutefois retrouvé les animalcules spermatiques, ainsi que je le dirai plus bas. La substance jaune que reiiferment les culs-de-sacs de l'ovaire , est composée de grains arrondis de diverses gros- seurs : les plus gros ont o,"""2. Ces corps se brisent avec facilité , et l'on voit qu'ils sont, comme les jaunes des œufs d'oiseau, composés d'une enveloppe qui contient de très petits globules plus ou moins colorés , dont le diamètre n'excède pas o,"™oo2. Les jaunes franchissent la première portion de l'oviducte , qu'on pourrait comparer à la trompe de Fallope ; ils s'y joignent à une portion de mucus , et dans le renflement sphérique ^ ils s'en enveloppent plus complètement encore dans le col qui suit le renflement; l'œuf se façonne, et prend l'enveloppe externe qui l'isole ; dans la grande cavité de l'oviducte, les œufs s'agglomèrent les uns aux autres entre eux, forment une masse allongée, cylindrique, re- vêtue à l'extérieur par une couche de mucus plus dense, bien qu'également transparent j cette masse s'attache au moment où elle est pondue, ou à la coquille du Lymnée, ou sur la première plante qui se trouve aux environs. La disposition des appareils générateurs s'oppose à ce CHEZ LE LYMNÉE. 2o3 que le Lymnée se féconde lui-même ; elle l'empêche encore de se féconder mutuellement avec un second. En effet , le Lymnée qui doit remplir la fonction mascu- line, monté sur l'autre individu, développe sa verge, et l'introduit dans l'oviducte de celui-ci en exécutant une demi-révolution, qui le place à son égard dans une position renversée; de cette manière, l'animal fécondé n'a plus son pœnis en rapport avec l'oviducte de celui qui le féconde j mais chacun d'eux peut s'accoupler séparément avec un troisième. Dans les marais où ces mollusques abondent , il n'est point rare d'en rencontrer ainsi de longues chaînes, où, à l'exception des deux qui en occupent les extrémités , tous sont ainsi alternativement fécondants ou fécondés. L'oviducte et la vésicule au long col s'ouvrent à l'extérieur par un même orifice. J'avais retrouvé la liqueur spermatique dans la vésicule au long col , et son conduit m'avait souvent paru assez dilaté pour admettre la verge. J'ai tenté quelques expériences dans le but de reconnaître si cet organe y était introduit , ou s'il se logeait dans l'oviducte- J'ai pris deux Lymnées accouplés, et j'ai divisé le pœnis du mâle avec des ciseaux bien tranchants ; la dissection m'a montré que la portion ainsi séparée demeurait engagée dans le canal de la vésicule au long col, pour la plupart des cas j toutefois la chose n'était pas constante, et je l'ai retrouvée aussi dans l'oviducte. Les œufs peuvent donc être fécondés de deux manières, ou immédiatement dans l'oviducte, ou à leur passage au dehors; et, dans ce dernier cas, la vésicule au long col verserait sur eux la liqueur séminale qu'elle con- tiendrait en réserve. 204 DE LA GÉNÉRATION Examinons maintenant les œufs tels qu'on les rencontre après la ponte , et suivons-y les développemens du fœtus. Les œufs sont elliptiques 5 leur plus grand axe a i,"'"'3 de longueur, le plus petit o,™"'9; ils sont fort transpa- rents , et leur contenu est une albumine très fluide , plus un jaune spherique de o,°""i5 de diamètre; quelquefois le même œuf renferme deux jaunes parfaitement isolés l'un de l'autre , et sur chacun desquels l'on voit se dévelop- per un fœtus. Pendant les deux premiers jours après la ponte , l'on n'aperçoit pas de changement; le jaune est toujours im- mobile , peut-être un peu gonflé. Le troisième jour , le jaune a grossi , et il paraît en- touré par un bord transparent qui l'environne de tous côtés, comme ferait un anneau j on remarque à ce bord deux légères dépressions. Le cinquième jour , le volume du jaune s'est beaucoup augmenté , le bord transparent a piis de la consistance , et l'on commence à distinguer que cette partie sera le pied de l'animal ; une petite protubérance marque le lieu où se trouvera la tête. Le fœtus est animé , et il imprime au jaune un mouvement rotatoire de gauche à droite, qui ne cesse presque pas ; il se contracte encore sur lui-même. Le septième jour , l'on distingue très bien le pied du jeune animal , son extrémité antérieure ; la coquille se dé- ^ eloppe , mais elle est encore molle ; l'on voit la spirale du foie commencer à se contourner; la coquille lui per- met divers raouvemens ; l'organisation lobuleuse du foie est très perceptible j le cœur bat, mais irrégulièrement, CHEZ LE LYMNÉE. 20"/ et d'une manière peu appréciable ; les mouvemens de ro- tation ont fait place à ceux de translation ; le fœtus s'agite dans l'œuf, et rampe à la surface interne de son enve- loppe j on ne distingue plus le jaune sur lequel il a com- mencé à paraître : ce corps est maintenant en partie ab- sorbé, et en partie contenu dans la région abdominale. IjB neuvième jour , toutes les formes se sont dessinées plus complètement; deux taches noires sobservent sur la partie antérieure : elles sont ari'ondies , très grandes , pro- portionnellement à ce qu'elles seront plus tard : ce sont les yeux ; et l'on peut ici A-oir que chez les mollusques , comme chez les vertébrés , l'œil est comparativement plus gros dans le fœtus que dans l'animal adulte ; le cœur est très apparent, il bat quarante à cinquante fois par minute. Le onzième jour , l'animal prend la forme qu'il con- servera plus tard; sa coquille acquiert de la solidité, elle s'allonge; et à la partie postérieure, projette, sous la forme d une éminence arrondie , l'extrémité de la spirale du foie ; la coquille, durcie partout ailleurs, est encore membraneuse dans ce point, et on l'aperçoit céder aux mouvemens du fœtus: bientôt après l'époque qui nous occupe, l'œuf se déchire, et le jeune Lymnée, se débarrassant du mucus qui l'enveloppe, s'attache aux herbes environnantes, et cherche sa pâture dans la vase sur laquelle celles-ci s'élèvent. Les obsei'vations ci-dessus rapportées me semblent prou- ver que chez les Hélix la génération suit les mêmes lois générales que chez les vertébrés ; l'on aurait pu nous ob- jecte v, d'après les ouvrages d'un grand nombre desavants, que l'organisation de ces mollusques renversait totalement zoij D-E LA GÉNÉRATION notre système, puisque nous rencontrions les animalcules spermatiques dans l'ovaire même de ces animaux ; mes dis- sections, ainsi que mes injections, réfutent complètement cette objection : elles montrent que le corps quel'on avait regardé comme l'ovaire , est bien vraiment le testicule , et que l'ovaire est cette appendice graisseuse sur les fonctions de laquelle il y avait eu jusqu'ici de l'incertitude chez les naturalistes. CHEZ LE LYMNÉE. 207 EXPLICATION DE LA PLANCHE. FiG. I. Lymnée renversé, le corps jeté à gauche : a. La verge , développée en dehors; b. L'orifice extérieur de l'appareil femelle de la génération. Fir,. 2. Les deux appareils générateurs mâle et femelle, dans leurs rapports naturels : a. Lieu où se terminent à l'extérieur les conduits de l'oviducte et de la vésicule à long col ; /). Lieu où s'ouvre l'orifice extérieur de la verge , en état de rétraction ; c. Portion large du conduit spermatique; d. Portion large de l'oviducte ; e. L'ovaire ; f. Le testicule engagé dans le foie , et le conduit qui s'en détache; g. La verge rentrée au dedans ; i. Renflement sphérique du conduit spermatique; A". Renflement de la vésicule au long col. FiG. 3. Les animalcules spermatiques grossis linéairement 5oo fois , quelques globules qui se rencontrent avec eux dans le renflement du conduit spermatique. FiG, 4. L'ovaire et le commencement du canal de l'oviducte. PiG. 5. Le commencement du conduit transparent, qui se rend du renflement à la verge; la portion large du conduit spermatique, le conduit mince et en zig-zag qui va de cette portion au testicule. FiG. 6. Un paquet d'œufs fraîchement pondus. FiG. 7. Qîufs de grosseur naturelle. FiG. 8. Un œuf grossi 5o fois linéairement; il porte deux jaunes isolés l'un de l'autre. FiG. 9. Un jaune grossi 100 fois linéairement : on n'y dislingue encore aucune altération de forme. 2o8 DE LA GÉNÉRATION CHEZ Lli LYMNÉE. FiG. 10. (Même grossissement); le jaune du même œuf pondu depuis trois jours, environné de ce bord transparent qui est le premier rudi- ment du pied du Lymnée. FiG. 1 1 . (Même grossissement) ; le jaune du même œuf (le cinquième jour de ponte). FiG. : 2. Le fœtus (le septième jour après la ponte) grossi 5o fois linéairement. FiG. i5. (Grossissement linéaire , 5o) ; le fœtus , neuf jours après la ponte. FiG. i4- (Même grossissement); le fœtus, au moment où il sort de l'œuf. FIN. l ^/^ /^d.^.x^^/^. V. JF. S y? ■z' 807. IQ 10 •"-'■■ ^k.. -'~! ^tA^r ft "V>«î; ^ ^f^m / ^: "A t»z^d^ aice . ^^/ ' L. A. NECKER. (lu A LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET d'hISTOIKE NATURELLE SE GEHÈTE, LE 17 AVRIL 1828.) Lorsque je publiai en 1826, dans la Bibliothèque Uni- verselle (Sciences et Arts, vol. xxxiir, page 62, sep- tembre 1826), le résultat des observations que je venais de faire dans la vallée de Valorsine , observations qui m'a- vaient conduit à reconnaître l'existence de grandes masses non stratifiées au - dessous des terrains anciens de nos Alpes, je m'engageai à décrire avec plus de détails ces remarquables phénomènes, et à faire connaître les dessins que j'avais pris sur les lieux mêmes. Désirant cependant, avant de publier ces esquisses, revoir les endroits que j'avais déjà visités; confirmer ou rectifier, si cela était TOM. IV. 27 2 I O SUR LA VALLEE DE VALORSINE. nécessaire, les premiers aperçus, et compléter ce travail par l'examen de diverses localités dans la vallée de Va- lorsine ou dans ses environs , je me suis de nouveau rendu , au mois d'août 1827, dans cette vallée, au col de Salen- ton et dans la chaîne des Aiguilles - Rougf s. Quoique souvent dérangé par les neiges hâtives qui ont l'été passé couvert à plusieurs reprises ces hautes sommités, j'ai poux- tant réussi à recueillir des données suffisantes pour com- pléter l'exécution de la carte géologique que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société. Tour le tracé de cette carte, je me suis servi avec avantage de la carte des environs du Mont-Blanc, de Raymond, dont j'ai eu plus d'une fois l'occasion de vérifier sur place lexacti- tude générale : je n'ai pas laissé cependant que d'y faire les corrections de détail et les additions dont l'expérience m'a fait sentir la nécessité. Cette seconde visite à Va- lorsine m'a présenté de nouveaux exemples, plus frappants encore que les premiers que j'avais observés, d intrusion de la masse granitique non stratifiée dans les roches di- visées en couches qui lui sont superposées j elle m'a aussi procuré la connaissance d'un mode nouveau et bien singulier de superposition immédiate des roches stratifiées sur les masses amorphes du granité. Enfin, j'ai constaté de la manière la plus évidente un fait que je n'avais pré- senté d'abord que comme une hypothèse probable, savoir qu'une seule grande masse granitique occupait le fond de la vallée de Valorsine, et réunissait par leur pied les trois protubérances de granité qui se montrent au jour à la base et sur les flancs des montagnes qui la bordent. SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. 2 1 i Je ne reviendrai point ici sur la nécessité de distinguer les formations en couches régulières, de celles qui ne sont pas stratifiées : j'en ai assez fait sentir l'importance dans mon voyage en Ecosse et dans la notice citée plus haut; je renvoie également à ces deux écrits pour montrer l'a- nalogie des phénomènes que présentent les granités de Valorsine avec ceux des granités d'Arran et du Cornouail- les. Je renvoie aussi à ma lettre dans la Bibliothèque Uni- verselle, pour les caractères minéralogiques et géologiques qui distinguent les vrais granités, encore si peu communs dans nos Alpes, d'avec les protogines, qui y tiennent une si grande place. La vallée de Valorsine est une petite et profonde vallée longitudinale, dont le fond est à 600 toises de hauteur absolue j elle est séparée de la vallée de l'Arve par le chaînon des Belles-Places et des Céblancs, qui s'élève à environ i25o toises à l'ouest du col de Balme, et de- scend graduellement jusque vers Argentière. Là, le petit vallon de Trèlechan ou des Montées offre dans son milieu une arrête peu élevée, qui partage les eaux entre les bas- sins de l'Arve et du Rhône. Ce point de partage se relève presquimmédiatement au-dessus de i3oo toises dans la chaîne des Aiguilles-Rouges, qui, jusqu'au col de Bérard, sépare la vallée de Chamouny de la partie supérieure de celle de 'Valorsine. Celle-ci vient aboutir au S. O. contre les rochers et les glaciers qui, à i3oo toises de hauteur absolue, dominent les cols de Bérard 212 SUL LA VALLÉE DE VALORSINE. et de Salenton, chaîne de hautes montagnes qui, s'éle- vant encore en s étendant vers le nord, pénètre dans la zone des neiges éternelles, et forme ce mur à pic dont le Buet est le point culminant à iSyS toises , et qui sépare la vallée de Valorsine de celle de Sixt. Les cimes du Cheval-Blanc, de la Tour Solie et de Taneverge, sont au N. E. du Buet, et après lui les points les plus élevés de cette chaîne presqu'inaccessihle , les hases de ce mur à pic étant partout occupées par d'énormes champs de glaces. En avant de cette haute chaîne et de ces glaciers , s'élève à lest, immédiatement au-dessus de Valorsine et de Couteraye, un chaînon qui lui est parallèle, et qui est formé par les Aiguilles du mont Oreh, de Loguia et du Gros-Perron , dont l'élévation est entre i3oo et i4oo toises. C'est entre ce chaînon et celui des Belles - Places qu'est comprise la partie habitée et cultivée qui est plus généralement connue sous le nom de vallée de Valorsine, et c'est cette portion seulement que traverse la route qui de Chamouny se rend par Argentière, Trèlechan, Valorsine et la Tête-Noire, à Martigny. L'Eau-Noire traverse cette vallée : elle descend du Buet et du col de Salenton, et reçoit l'Eau-de-Bérard qui vient du glacier et du col de ce nom 5 après Valorsine elle reçoit de nouveau le torrent de la Barberine , qui descend du glacier de Taneverge, et se précipite dans une profonde échancrure, par laquelle le chaînon du Gros-Perron se sépare de celui de Bel-Uiseau, qui semble n'être que son prolongement, puisqu'il a la même hauteur, la même forme et la même SUR LA VALLÉE DE YALORSINE. 3l3 direction. Celui-ci se termine à la grande vallée du Rhône, entre Martigny et Pissevache. L'Eau-Noire, après sa jonction avec la Barberine, resserrée dans une vallée étroite, court rapidement se précipiter dans des gouffres profonds et inac- cessibles , où , se joignant avec le Trient , et prenant le nom de cette rivière , elle va ressortir près de Martigny du fond de l'étroite et longue fissure dans laquelle elle n'a cessé de couler depuis sa sortie de la vallée de Valorsine. La partie la plus considérable du bassin de l'Eau- Noire jusqu'à sa jonction avec la Barberine, est occupée par des terrains anciens, primordiaux et de cristallisation. Ce n'est que sur les crêtes qui lui servent de limite que l'on voit à l'ouest dans celle du Buet, de la Tour Solie et de Taneverge, à l'est dans celle des Céblancs et des Belles-Places, et seule- ment vers le faite de ces chaînes, des terrains plus récents et de sédiment recouvrir les formations anciennes. La forma- tion de protogine avec ses couches subordonnées, occupe- rait toute l'étendue du terrain ancien, si, près de laPoyaz, de Valorsine et de Barberine, on ne voyait paraître trois masses de granité non stratifié , qui supportent les couches du ter- rain de protogine, et s'enfoncent, l'une sous la chaîne des Aiguilles-Rouges, la seconde sous celle du mont Loguia, et la troisième sous celle de Bel-Oiseau. Ces trois protubé- rances distinctes dans le haut, sont liées à leur base par un granité de même nature, et font partie d'une seule et même masse qui reparaît dans le fond de la vallée, partout où le terrain d'alluvion qui le recouvre laisse voir le rocher sur lequel coule la rivière. On aperçoit encore les indices d'une quatrième de ces protubérances granitiques au pied de la 2l4 SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. chaîne des Céblancs, vis-à-vis de Valorsine; mais cette pente est tellement couverte de végétation, qu'il est difficile d'en constater létendue et les limites. Je commencerai la description de ces terrains par celle de la formation de protogine, qui est la plus basse des forma- tions stratifiées , et qui constitue ici avec ses couches su- bordonnées la grande masse du sol primordial. La roche do- minante de cette formation est une protogine, c'est-à-dire un mélange de feldspath grenu ou cristallin en général do- minant, de quartz et de talc ou de chlorite; quelquefois le mica se joint à ces trois élémens comme partie acciden- telle. La proportion de ces éiémens varie souvent , ce qui, joint à une variation de couleur dans le feldspath, donne à ces roches une grande varie'té d aspects. Dans les couches inférieures de la formation , le feldspath est toujours blanc ou gris 5 il devient d'une belle couleur de fleur de pêche dans les parties supérieures, et ces protogines rouges dont la couleur les fait distinguer de loin dans les rochers, forment une couche épaisse qui s'étend depuis les chalets du mont Loguia, sous les bases du Buet, jusqu'au-dessous du col de Salenton, de là par le col de Bérard, aux Aiguilles-Rouges et au Breven; elle paraît aussi dans les montagnes qui bor- dent la rive droite de la Diosa au-dessous des chalets de Moïde. — La structui-e de toutes les roches de cette forma- tion est plus ou moins distinctement schistoïde; les lamelles de talc ou de chlorite sont disposées parallèlement entre elles, et parallèlement aussi à la stratification de ce terrain, stra- tification qui est on ne peut pas plus distincte. — Il y a de certaines portions de la couche de protogine rouge où les SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. 2 1 5 lamelles de talc sont remplacées par de petites lames de fer oligiste, qui sont ainsi parties constituantes de la roche, et qui sont disposées parallèlement à la stratification du ter- rain. On en voit ainsi au nord du col de Salenton, immédia- tement au-dessous de la Pierre-au-CJianlre. Les couches subordonnées à la formation de protogine dans la vallée de Valorsine et dans ses environs sont, 1°. Une couche puissante de gneiss à grain très fin, d'un brun violâtre, à très petites plaques de mica noir, et formée de feuillets très minces et fortement adhérents entre eux : c'est la Roche de Corne de De Saussure, et le véritable Hornfels des Allemands. Il en existe une couche considéra- ble à la base du Gros-Perron, immédiatement au-dessus de Valorsine. 2". Des gneiss à gros grains, très feldspatiques, et remplis de plaques assez, grandes de mica noir, blanc ou brun. Ces gneiss paraissent dans les couches supérieures de la formation , comme dans les rochers du sommet du mont Loguia et du Gros-Perron , ainsi que dans les rochers qui forment la base des Frètes de Villy, au-dessus des chalets de ce nom. Dans ces parties les plus récentes de la formation, ces gneiss sont si abondants qu'ils excluent presqu'entièrement la protogine. Au col de Salenton, immédiatement au-dessous des terrains secondaires, et sur les protogines roses, on voit une couche mince d'un micaschiste, couleur de lie de vin, à mica blanc. Des gneiss chloriteux, à plaques assez, grandes de mica blanc, paraissent aussi sous les protogines roses du iireven, et se voient au-dessus et au-dessous des chalets de Pliampra. La formation de protogine renferme aussi des amas non 2l6 SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. Stratifiés contemporains des couches ; j e les appelle ainsi parce que les couches de la protogine se contournent régulièrement autour de ces amas sans jamais être coupées par eux. Ce sont des amphibolites et des diorites compactes ou schistoïdes, contenant parfois de lepidote (dans le haut du mont Lo- guia, à l'Aiguille de la Fleuria, dans les rochers du lac Noir et du lac Cornu) , des éclogites formées d'un mélange d'amphibole noir, de diallage vert d'herbe, de quarz blanc, et renfermant des grenats rouges (au lac Cornu). Des filons de un à deux pieds de puissance, de quartz compacte et de feldspath blanc lamellaire, traversent à la fois les cou- ches de protogine et les amas d'amphibolite et d'éclogite, qu'elles renferment ( au lac Cornu ). On trouve dans cette même formation des amas ou filons de pegmatite à grandes plaques de mica blanc, et renfermant de la tourmaline noire, en descendant du lac Cornu aux chalets d'Arlevey, ainsi que des amas plus ou moins considérables d'une stéatite ollaire, verte, très tendre, exploitée pour en fabriquer avec le couteau divers petits ouvrages, paraissant passer à une chlorite com- pacte ou lamellaire, très teiiace, et même dure dans les envi- rons du lac Cornu. Les strates et les feuillets de la protogine schistoïde se contournent autour de ces amas de stéatite comme autour de ceux d'amphibolite et d'éclogite. On a anciennement fait quelques tentatives d'exploitation sur un gîte de minerai de plomb sulfuré, accompagné de zinc sulfuré, dans la protogine verte à grain fin , du mont Oreb. Avant de parler des terrains plus récents qui recouvrent la formation de protogine , je vais m'occuper du terraiq SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. ai 7 granitique non stratifié, qui, quoique placé au-dessous de la protogine, est bien certainement plus nouveau qu'elle , puisquil la traverse et la pénètre sous forme de filons. Le terrain granitique de Valorsine est très simple dans sa composition , puisqu'il ne présente partout qu'une seule roche de même couleur et de même nature , savoir un gra- nité à feldspath blanc dominant, à quartz gris, à mica noir, dont les feuillets sont irre'gulièrement disséminés dans toute la masse. De grands cristaux hémitropes de feldspath nacré , translucide, empâtés dans le granité, lui donnent la struc- ture porphyrique. Dans certaines circonstances dont nous allons parler bientôt, ce granité, par la diminution graduelle du grain , passe à un véritable porphyre micacé et quartzi- fère gris, lequel, par suite des mêmes circonstances, devient parfois lui-même un simple eurite ou pétrosilex, empâtant de petits grains de quartz hyalin et de très petits cristaux de feldspath. Lorsqu'on a suivi attentivement les passages insensibles qui ont lieu du granité au porphyre, et de celui- ci à l'eurite confusément porphyroïde, on se persuade que ces trois roches , si distinctes dans des échantillons séparés, ne sont réellement que trois états ou formes différentes d'une seule et même roche, qui presque toujoui'S a la struc- ture granitique, et ne prend la structure porphyrique ou compacte que dans certains cas bien déterminés. Les trois masses de granité dont j'ai déjà indiqué la posi- tion, ainsi que celle qui occupe le fond de la vallée, et lie entre elles les trois autres, ne présentent aucune couche ni division régulière quelconque : elles n'alternent avec aucune TOM. IV. a8 21 8 SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. roche, ne renferment aucun amas ni substance étrangère, du moins partout où je les ai étudiées. La masse qui s'élève au-dessus de V alorsine , au pied du Gros-Perron, semble être la moins considérable des trois protubérances 5 mais il paraît qu'une portion en a été dé- truite pour faire place à la vallée, et que le granité qu'on trouve sur la rive opposée de la rivière, à la base des Céblancs, en faisait originairement partie. C'est cette masse dont la jonction avec les roches stratifiées , dans sa partie septen- trionale, ainsi que dans son extrémité supérieure, est le plus distinctement visible, et offre la collection la plus instruc- tive des phénomènes que je vais bientôt décrire. Ses limites méridionales sont plus ou moins cachées par la végétation. La masse de la Poyaz est bien plus considérable : elle con- stitue un sol moutonné, de forme hémisphérique, qui s'en- fonce sous les Aiguilles-Rouges. Elle occupe la rive droite de l'Eau- Noire, à la cascade de la Poyaz : la protogine oc- cupe la rive opposée : ainsi , ce torrent lui sert de limite du côté du nord-ouest. Partout ailleurs la jonction immédiate du granité et de la protogine ne peut se découvrir, tant à cause que ces rochers sont inaccessibles dans plusieurs parties, que parce que dans celles que l'on peut atteindre, la décomposition de la surface de ces rocs a tellement favorisé la propagation des Lchens, que la nature minéralogique en est entièrement cachée. Ce- pendant l'absence de stratification dans le granité et ses formes arrondies, qui contrastent avec les couches et les formes anguleuses de la protogine, aident à se former une idée de l'étendue de cette masse. SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. 21 9 La protubérance la plus grande est celle de la masse gra- nitique de la Barbérine; mais son étendue même, sa hauteur, car elle paraît atteindre jusqu'au tiers de la hau- teur totale du Gros-Perron sur la rive droite de la Barbé- rine et jusqu'au - delà de la moitié de celle du Bel -Oiseau, ainsi que la complète inaccessibilité de ces rocs énormes, empêchent d'en suivre pied à pied les limites ; mais on peut en étudier la nature au pied de ces rochers, de même que dans tout l'espace compris entre la cascade supérieure de la Barbérine, et la jonction de ce torrent avec l'Eau-Noire. Auprès de la cascade, on voit la jonction du granité avec la protogine en couches verticales, et là on voit le granité se changer en eurite porphyroïde blanc , contenant du fer sulfuré. Le lit de la rivière est tout entier dans le granité porphyrique. Le hameau de Barbérine est bâti sur des ro- chers de cette nature , et la même roche se continue sans interruption sous le lit de l'Eau-Noire et à la base de la mon- tagne des Belles-Places, Mais c'est dans la partie de la base du Bel-Oiseau, qui do- mine Baibérine au nord, que la masse granitique paraît la plus vaste et la plus éievéej tout un immense roc de plusieurs centaines de toises en est formé : c'est un dôme ou une coupole massive et indivise. Une illusion assez singulière ni' avait dabord, en voyant ce rocher de loin, fait croire qu'il était divisé en couches verticales, et qu'il devait appartenir au terrain de protogine ; cependant l'examen des fragmens ac- cumulés à ses pieds, et qui s'étaient détachés à différentes hauteurs, ne me montraient que du granité bien caracté- risé. En sondant toutes les parties accessibles, je ne trouvai iao SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. ehcore que du granité; mais, en examinant cette base du rocher , je ne tardai pas à m'apercevoir que ces lignes noires verticales, que je prenais pour des indices de stratification, et qui en effet y ressemblaient de loin de la manière la plus frappante, n'étaient autre chose qu'une teinte obscure laissée par la filtration des eaux qui avaient glissé le long de la surface escarpée de ce roc , depuis son sommet jus- qu'à sa base , en suivant les lignes de plus grande pente. Je signale ce fait pour que d'autres observateurs se tiennent en garde contre l'illusion qui m'avait d'abord trompé. J'en viens maintenant à l'exposé le plus bref possible des phénomènes qui se présentent à la jonction du granité et de la protogine dans la masse de Valorsine. En préseutant et en expliquant les dessins que j'ai faits dans les lieux mêmes, je crois atteindre mon but de la manière la plus prompte, et en même temps la plus facilement intelligible. Lorsqu'on approche de la limite septentrionale de cette masse granitique, en s'avançant vers les étables appelées les Rupes, on voit le granité, à son approche du gneiss ou hornfels, faire place à un eurite porphyroïde violàtre, entre lequel et le granité le plus caractérisé, on n'aper- çoit aucune limite tranchée. Là commence le ravin des Rupes, où l'on voit un amas droit ou très grand filon de porphyre et d'eurite porphyrique, de 5o à l^o toises de longueur, remonter au milieu du gneiss, et en couper les couches. Ce filon , dont j'ai représenté l'ensemble et la position dans la planche II, figure i'"', est des- siné plus en grand dans la planche i" . Cette vue est prise depuis le milieu du ravin des Rupes. L'amas ou I SUR LA VALLÉE DE VALOUSINE. 321 filon de porphyre reposant sur le gneiss, et en étant recouvert, a dans le bas une puissance de plus de deux toises, et s'étend en remontant dans les rochers, et en s'amincissant toujours plus sur une longueur de 20 à 3o toises. Il plonge d'un petit nombre de degrés à l'O. N.O. Les lignes mathématiques qui limitent le schiste et le porphyre ne sont pas parallèles entre elles; mais le filon éprouve des renflemens et des rétréeissemens successifs. — Le gneiss n'a éprouvé au contact avec le porphyre d'autre altération qu'une augmentation de ténacité et d'en- durcissement. Les couches plongent au S. O. de 70° à 75°; elles sont dirigées sur 5 à 6 heures, ou du N. O. au S. E. , tandis que le plan de superposition, du porphyrç au gneiss, est dirigé sur 7 heures. Partout ailleurs, à dis- tance des masses granitiques et porphyriques , la direc- tion des strates de la formation de protogine est comme celle de toutes les roches des Alpes de la Savoie, du N. E. au S. O. Dans le milieu de l'amas non stratifié, la roche est un vrai porphyre; on y voit des parallélipipèdes de feldspath blanc de 6 à 9 lignes de longueur, dispersés dans une pâte compacte grise ; mais, sur les bords et vers les points de contact avec le gneiss, le grain de la roche est plus fin, on ne voit plus de grands cristaux de feldspath, et la roche est devenue un eurite porphyroïde, ne contenant que de petites lamelles de feldspath; et au contact même c'est un eurite compacte ou pétrosilex , où l'on ne distingue plus même de lames feldspatiques. Cet eurite participe à la ôouleur brune du gneiss, dont il coupe les strates, et 3.22, SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. il pénètre parfois, en petits filons de quelques lignes de puissance, dans les fissures de la roche stratifiée. — J'ai de nouveau constaté en 1827, où j'ai encore étudié cet amas avec plus de soin sous ce point de vue particulier, que la diminution du grain et le changement de porphyre en eurite porphyroïde au contact avec le gneiss, a lieu également sur les deux salbandes du filon, vers le toit et vers le lit, au contact du gneiss qui est au-dessous, tout comme à celui du gneiss qui le recouvre. Dans la portion des couches du gneiss, placée immé- diatement sous l'amas de porphyre , on voit d autres filons plus petits, désignés dans le dessin par des numéros. Ce sont les filons découverts et décrits par De Saussure. Ils sont à peu près parallèles, coupent presqu'à angle droit les strates du hornfels , et plongent presque tous de l^o° à 45° au N. O. Le n^ 1 a simplement l'aspect d'une masse de granité à petit grain enclavée dans le gneiss. Les n" 2, 5, 4, 5 et 6, sont de granit blanc ou gris clair à petit grain. Les n°^ 7 et 8, qui n'ont guère qu'un demi -pouce ou trois quarts de pouce de puissance, sont d'une pegmatite à gros grains très cristallins , dans laquelle le mica blanc €St en grande lames parallèles disposées par paquets. — Le n" 3 est très mince (6 lignes), et divisé par plusieurs failles en six parties distinctes, qui ne se correspon- dent plus dans leur direction. — Le n" 4 ^^t le plus in- téressant: il a 2 pieds 3 pouces et demi d'épaisseur, et 1 1 pieds et un quart de longueur; mais il ne ge tpriniiie SUR LA VALLÉE DE YALORSINE. 223 pas à la berge méridionale du ravin; on peut suivre son. cours à travers les éboulis du ravin, par de petites masses saillantes du même granité, en C et en B, et on le voit reparaître sur la berge septentrionale, augmenter de puis- sance, et se prolonger horizontalement à travers les strates du gneiss jusqu'à environ 5o pieds du ravin. Ce filon, dans sa partie méridionale n° 4' contient un long frag- ment de gneiss très micacé, marqué A. Sur la berge septentrionale, où il est marqué n" 5 , il en part un petit rameau (en 5 bis), qui s'étend à peu de distance pa- rallèlement aux strates du gneiss. Dans tous ces filons, le grain ne varie pas de grosseur d'une partie à l'autre; les salbandes sont à peu près parallèles, et la sépara- tion est complète entre la matière du filon et les couches qu'elle traverse : une ligne mathématique leur sert de limite. Si maintenant, en partant du ravin des Rupes, et nous dirigeant le long de la limite supérieure de la masse granitique, nous visitons les alentours du sentier qui monte aux chalets du mont Loguia, nous voyons se dé- ployer successivement une série de faits plus remarqua- bles encore que ceux que nous venons de décrire. U'a- bord, dans le ravin ou crose d'Avanchet, on voit les gneiss, en couches parfaitement verticales, reposer sur la surface irrégulière de la grande masse granitique. (PI. II,fig. 4)' Près de là, dans ce même ravin, deux grands bras de granité à grain fin partent de la masse granitique, en- clavent des masses de gneiss à strates verticaux, et s'é- lèvent en se repliant dans la masse schisteuse (PI. II, 2»4 SUR LA VAtLÉE DE VALORSINE. fig. 3). Au delà, un filon de granité incliné traverse les couches verticales du schiste (PI. U , fig. 2)3 son centre est de granité à grains fins, et ses deux salbandes sont formées d'une pegmatite semblable à celle des filons n°' 7 et 8 des Rupes : son épaisseur totale est de 7 pieds. Enfin, en s'avançant encore plus vers le sud, on arrive au pied d'un énorme rocher nommé Nixet. Ce rocher (PL II, fig. 5 ) est de schiste à couches verticales, por- tant à son sommet une masse de granité à gros grains , semblable au granité inférieur, de plus de 100 pieds de longueur, et d'environ 60 pieds dans la plus grande épais- seur. De cette masse partent deux gros filons verticaux de granité à grains moyens, qui, comme des racines, vont rejoindre la grande masse granitique qu'un rapide talus, couvert de gazon et de broussailles, sépare du Nixet. En s'élevant de là vers le haut de la montagne, et sui- vant le sentier qui conduit aux chalets de Loguia ou Loria, on ne voit plus à chaque pas que des filons de granité qui traversent le schiste : les uns ont cinq , d'autres SLx, d'autres jusqu'à douze pieds d'épaisseur; ils sont to- talement enclavés dans le schiste, et ressemblent à des filons contemporains. Leur forme la plus ordinaire est celle d'un fuseau allongé. La figure 6, planche II, repré- sente un de ces filons, qui se partage en deux portions fort inégales en épaisseur, et dont la plus mince se termine en pointe aiguë. Mais plus haut, on cesse de voir paraître du granité. Déjà, depuis quelque temps, le horn- fels a pris la structure d'un gneiss plus distinct; il ^'entremêle de schiste talqueux ; plus haut , on n'aperçoit PLJn. ^P 22J et 238. Buet N.O. Sa/fytcû/i F.5.1. Mont^ Locficca S£. L&J CéùlancJ q^^ JBaii ^erm (^ hrotôai/i yfatutc Fiq.2 ^^uiaramim^ aerif-nd- d/u) hhe/wmèiu. 'acœmhaarmtdr mw TmJ^e q^amtéufiU' ^^ F15.3. S.E. 'yecùfiri nahi !•('//• rm io/ de tya/e-'i iù)ri . Mont- -arvi>-&rt B ecu&n n-all//e.lic au cù/ji/J drJ LAcde» --._ dcj L harniox. ^-MJ^.o.j/Ù'mi dcj œitchi-.J lU la c/iaine œnira/t' au Uiul c/r- C/w LAN» de b SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. 225 plus que de la protogine; les couches qui étaient verti- cales ont repris peu à peu une inclinaison; vers les cha- lets de Loguia, elles plongent i-egulièrement au N. O. de 65' à 70", et, autour de ces chalets, ainsi que dans les rocs qui les dominent, on voit la protogine rose et les autres membres de ce terrain dans la même disposition que partout ailleurs, loin des masses granitiques. J'ai essayé de représenter dans la fig. 2 , pi. III , cette disposition générale des couches autour d'une masse gra- nitique , d'abord plongeant contre cette masse dans les parties latérales, puis placées verticalement sur ses par- ties supérieures, puis reprenant leur inclinaison constante en s'en éloignant. Lorsque les masses granitiques touchent immédiatement la protogine, on remarque, non pas précisément un pas- sage entre ces deux roches, mais une influence réciproque des unes sur les autres. Ainsi on voit le granité en s'ap- prochant de la protogine, sans cesser d'être non strati- fié et isomère, se charger de parties vertes, et la proto- gine, tout en étant distinctement stratifiée, prendre un aspect plus granitoïde, et devenir plus feldspathique. C'est ce que l'on remarque à la Poyaz, à la Barbérine et sur la rive droite de lEau-Noire, vis-à-vis de Couteraie. On remarque encore qu'il semble y avoir une espèce de pro- portion entre la grosseur du grain des masses granitiques et l'étendue de ces masses. Ainsi les cristaux de feldspath, empâtés dans le granité, sont plus volumineux à la Poyaz qu'à Valorsine, et plus grands encore à la Bar- bérine. Entre le pont sur lequel la route de Chamouny M. IV. 29 2^6 SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. à Valorsine traverse l'Eau-Noire, et le hameau de Cou- teraie, on voit dans les murs de pierre sèche qui bordent cette route, ainsi que dans les murailles des maisons de Couteraie , quelques blocs d'un porphyre euritique le plus beau et le mieux caractérisé quon trouve dans la val- lée de Valorsine. Il est formé d'une pâte d'eurite gris, dans laquelle sont renfermés de grands cristaux de feldspath blanc et opaque, et où sont irrégulièrement disséminées des lames de mica noir. J'ai cherché avec le plus grand soin , mais en vain, dans les montagnes voisines, et surtout vers les confins des masses granitiques, le lieu où ce beau por- phyre doit être en place: il me paraît probable que la masse d'oîi il provient n'est pas éloignée du lieu où se trouvent ces débris, et qu'elle est recouverte par le sol végétal, qui occupe là tout le fond de la vallée. Du moins l'état de la surface de ces blocs porphyriques semble an- noncer qu'ils ont été fort longtemps recouverts de terre. Après avoir décrit les terrains cristallins inférieurs, je dirai maintenant quelques mots des terrains de sédiment qui les recouvrent au faîte de la plupart des montagnes qui bordent la vallée de Valorsine. Ayant en 1827 visité de nouveau le col de Salenton, et l'ayant trouvé plus complètement dé- garni de neige que l'année précédente, J'ai pu y suivre avec plus d'exactitude la succession des couches, et je puis au- jourd hui décrire la série complète qui s'est présentée à mes yeux de la manière la plus claire et sans aucune interrup- tion. D'ailleurs, j'ai eu occasion, dans cette même course, de donner plus d'étendue à mes observations sur ces terrains , et de les retrouver en diverses localités dont je n'avais pas SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. 227 fait mention dans la notice insérée en 1826 dans la Biblio- thèque universelle. Nous remarquerons d'abord que, quoique les terrains de sédiment dans cette partie des Alpes, vus en détail dans chaque localité séparée, paraissent se conformer , du moins dans leurs couches inférieures, à la stratification des terrains de cristallisation qu'ils recouvrent, il n'en est pas moins vrai que dans l'ensemble on peut dire qu'ils reposent sur eux en stratification non concordante. En effet, lorsqu'on observe avec quelque attention la ligne de jonction de ces deux ordres de terrains , on ne tarde pas à s'apercevoir que ce ne sont pas partout les mêmes couches qui viennent en con- tact réciproquement. Ainsi, par exemple, en prenant pour horizon géognos- tique, suivant l'heureuse expression de M. de Humboldt, la couche de protogine rose qui, dans ce terrain , se fait ai- sément distinguer des autres, et qui se prolonge au loin dans une direction uniforme, on s'apercevra qu'au col de Salenton cest presque immédiatement sur elle que s'ap- puient les couches de sédiment les plus anciennes, tandis que de lautre côté de la Diose, sous les frètes de Viliy, ce sont des couches fort supérieures à celles de protogine rose qui sont immédiatement recouvertes par les terrains plus récents. Là on ne voit plus cette couche épaisse de mica- schiste d'un rouge sombre ou couleur de lie de vin, qui sup- porte les grès les plus bas du col de Salenton ( pi. IJ , fig. 3 ) ; elle manque sous les frètes de Villy et à la jonction qu'on observe au-dessus des chalets de lEcuelie et de Moide (pi. II, fig. 4)> ce sont des protogines vertes qui en tiennent ^228 SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. la place , et qui , renfermant à leur surface supérieure quelques cailloux étrangers, prennent l'apparence d'un poudingue. Dans la chaîne qui borde à l'est la vallée de Valorsine au-dessous des Céblancs, le micaschiste rougeâtre ou lie de vin de Salenton forme une couche très épaisse, et c'est là la plus haute du terrain de protogine; il y est re- couvert par d'épaisses masses de la roche, depuis long-temps connue sous le nom de poudingue de Valorsine, roche for- mée d'une base de schiste rouge luisant, micacé, qui sou- vent empâte des cailloux arrondis de quartz , de gneiss et d'autres roches cristallines. Des couches de schiste rouge sans cailloux alternent avec celles qui en sont remplies. La couleur et l'aspect de cette roche schisteuse, qui est secondaire, se rapproche tellement de celle du gneiss rouge sur lequel, elle repose, qu'il est impossible d'assigner la limite exacte entre les deux ordres de terrain; mais, au col de Salenton, le poudingue de Valorsine est représenté par une couche de trois à quatre pieds d épaisseur, du même schiste luisant micacé', à grain très fin et sans cailloux, que deux couches de grès séparent du micaschiste lie de vin. Ces deux couches de grès manquent entièrement aux Céblancs. Au bas des frètes de Villy, sur les chalets de Moide, c'est une autre variété de grès qui recouvre immédiatement les couches de protogine. Enfin , au nord de Valorsine , sur la route de la Tête-Noire, des masses considérables d'un grès gris, alternant avec des schistes noirs, à empreintes de fougères, recouvrent presqu'immédiatement la masse granitique du Bel-Oiseau , et n'en sont séparées que par une mince bande de protogine. K-1 .ï c- -^ r^ ''v ? s ODIB CD w 0; 3 H H CM - M 1 — 1 '—I •ë ^ ^- < I — 1 O ce 1 — 1 1 ^^ il DD ►4 Ni ^' KSS^ <^f/, SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. 229 ' On voit par la diversité des couches des deux ordres de terrain qui viennent en contact en différents points de ce district, que la concordance dans la pente des couches, entre les deux terrains, ne suffit pas pour faire prononcer leur superposition parallèle. Faisons maintenant lenumération des diverses couches de ces terrains de sédiment, en commençant par les plus basses , et en nous élevant de bas en haut dans l'ordre de superposition. i*. La couche la plus ancienne, et qui repose toujours im- médiatement sur les terrains de protogine , est un grès à grains moyens, formé de nombreux grains de quartz mêlés à quelques grains cristallins de feldspath, et quelquefois à un peu de talc ou chlorite verdâtre; le ciment est quartzeux, mais renferme quelquefois des particules calcaires qui font effervescence avec les acides. Au col de Salenton, ce grès forme deux strates : l'un inférieur, remarquable par ses grains de feldspath rose , fait une légère effervescence avec les acides: il contient quelques pyrites; sa puissance est d'environ six pieds. Au-dessus, vient le second strate, égale- ment de six pieds d'épaisseur, et d'un grès semblable au pre- mier, mais à tissu plus lâche, non effervescent, et en grande partie teint en brun foncé ou en noir métalloïde par du fer hydraté. Ce même grès se retrouve aux frètes de Moide, immédiatement sur la protogine. Il forme une masse très épaisse et distinctement stratifiée, vers le lac de Pormenaz, sur la montagne de ce nom. Là le feldspath y est blanc et opaque : c'est le miniophyre quarlzeux de Brongniart ; il est souvent à très gros grains , et devient 23o SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. un poudingue à ciment quartzeux et à cailloux de quartz et de feldspath gris ou blanc. Quelques couches d'un grès à grain très fin, d'un gris très foncé, presque noir, mat, à structure schistoïde, mais dont les feuillets ne sont pas séparables, alterne avec ce grès mimophyre. Près du village et des bains de St.-Gervais, il y a de grandes masses d'un grès parfaitement semblable à celui du strate inférieur du col de Salenton. Dans ses parties inférieures, il prend tout-à-fait l'apparence d'une roche cristalline ou primitive, d'un schiste talqueux à feuillets épais, et il renferme des rognons d'un beau jaspe rouge. 2". Au col de Salenton, on voit cette couche de grès recouverte par une couche de trois à quatre pieds d'é- paisseur d'un schiste argilo- ferrugineux, rouge et vert, à surface légèrement luisante, à grain très fin, parsemé de très petites lamelles de mica. C est un psammite schis- toïde de Brongniart, à grains si fins, qu'il paraît une roche homogène, un pliyllade pailleté du même auteur. Cette couche, qui est là si mince, manque entièrement aux frètes de Moide et à Pormenazj mais elle reparaît sur les montagnes qui bordent au levant la vallée de Valorsine, dans la chaîne des Céblancs et des Belles- Places. Là, alternant à plusieurs reprises avec des couches du poudingue de Valorsine, qui n'est autre chose qu'un schiste semblable rempli de cailloux arrondis de gneiss, de micaschiste, de protogine, etc. parmi lesquels on ne trouve (ce qui est bien remarquable) ni vrai granité, ni calcaire, elle forme une masse de plusieurs centaines de pieds de puissance, composée d'une alternance de schiste SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. 23 1 rouge ou psammite schisioïde, et de poudingue ou anà- génite variée àe Brongniart, au-dessus de laquelle repose 3". Un schiste noir à empreintes de fougères ou phyl- lade carburé, passant à un psammite schistoïde noir, con- tenant des empreintes végétales, des feuilles de fougère, des portions de tiges, des folioles séparées ou des feuilles de végétaux indéterminables, tous convertis en une mince pellicule de talc blanchâtre et luisant. Cette couche, qui est peu puissante aux Céblancs, qui manque tout-à-fait au col de Salenton, n'est qu'un des membres d'une for- mation très épaisse qui se voit dans tout son dévelop- pement, d'une part à Servez et sur le mont Pormenaz, de l'autre au Chatelard, sur la route de Valorsine à la Tête-IVoire, et dans les districts valaisans de Finio et de Salvan. Là, ce schiste, qui est une véritable ardoise tégulaiie, alterne à plusieurs reprises avec un grès gris à grains plus ou moins gros, et devenant parfois un poudingue, grès presqu'entièrement quartzeux, et ne fai- sant que rarement une légère effervescence avec les acides. Il renferme en abondance de très petites lamelles de schiste gris, disséminées au milieu des grains de quartz qui le composent 5 il contient aussi quelques pyrites: c'est une roche très compacte et très dure. On la voit à la colline que couronnent les ruines du vieux château de Servez traversée de filons de quartz cristallisé, et alternant avec des lits d'un schiste luisant à grain très fin, comme talqueux, dont chaque feuillet présente à sa surface des empreintes de fougères presquégales en beauté à celles de IMoutiers en ïarantaise, et comme elles formées d'un 233 SDR LA VALLÉE DE VALOflSINE. talc blanc, brillant, lequel remplace ici la pellicule char- bonneuse, qui, dans les terrains hpuillers, revêt ordinai- rement de pareilles empreintes. Avec ces grès et ces ardoises, alternent des couches d'un grès schisteux, à grains peu fins, parsemé de la- melles de mica blanc, auquel un mélange de fragmens de schiste donne une couleur noire; ce grès, quelque- fois fortement carburé, renferme, dans la partie moyenne de cette masse de couches, des lits ou plutôt des amas lenticulaires d'anthracite exploités au IVloillasson , au-dessus de Servoz , et au Coupeau, à l'entrée de la vallée de Chamouny, pour l'usage des forges du pays. La partie supérieure de la formation se compose d'une succession très épaisse de couches minces de grès schis- teux micacé, d'un gris foncé ou noir, rempli d'empreintes végétales fort indistinctes, et toujours de nature talqueuse. Au milieu de ces couches , qui forment la sommité de la montagne de Pormenaz, sommité nommée aiguille ou Pointe-Noire , on voit quelquefois des couches subor- données de schiste siliceux (phtanite) noir ou brun foncé, qui paraît parfois se mêler et passer au grès schisteux. Les couches de grès noir schisteux à empreintes végétales des frètes de Moide, appartiennent aux portions les plus éle- vées ou les plus récentes de cette formation. Une couche mince de calcaire gris foncé, arénacé, sur laquelle elles reposent, paraît, comme couche subordonnée, préluder à une formation dont ce même calcaire forme la roche dominante, et dont nous parlerons bientôt. L'Eau-Noire, après avoir reçu l'affluent de la Barbé- StIR LA VALLÉE DE VALORSINE. 233 rine, coule au milieu de rochers formés des grès gris à gros grains de la formation qui nous occupe, qui tantôt forment de vrais poudingues ressemblant beaucoup au poudingue à ciment rouge de Valorsine, et tantôt alter- nent avec des grès schisteux et des ardoises ou phyllades, avec ou sans empreintes de fougères. Le ravin, profond de plusieurs centaines de toises, où s'engouffre la rivière, entre Finio et la Tête-Noire, paraît presque partout creusé dans cette formation de grès qui, dans le haut, forme les plateaux de Finio et de Salvan, paroisses les plus éle- vées du Valais. Là, ces roches ont tout-à-fait l'aspect moutonné des roches primitives; partout le solest hérissé de protubérances arrondies, de rochers de grès, dans les interstices desquelles les industrieux habitants de ces ré- gions montueuses ont établi de petits champs de blé et de pommes-de-terre, et planté de petits vergers qui se- lèvent comme en gradins les uns au-dessus des autres. Dans tout ce district, la formation des grès gris repose immédiatement sur le terrain primordial, tantôt sur la protogiiie, et le plus souvent sur le granité; il y a des lieux où le grès et le granité se rapprochent tellement, qu'on croirait pouvoir en trouver la jonction immédiate: mais je n'ai pu jusqu'à présent réussir à trouver ce point de contact. 11 est dans une pareille recherche une difficulté à surmonter, qui tient à la ressemblance très frappante qui existe dans la configuration extérieure entre les ro- chers de granité et ceux de ces grès de Finio et du Cha- telard. En effet, ils ont la même couleur, les mêmes formes arrondies; ils sont également recouverts à l'exté- TOM. IV. 3o 234 SUR LA VALLÉE DE VALORSINË. rieur d'une croûte épaisse de lichen. Dans un pareil cas, il deviendrait nécessaire de sonder péniblement, le marteau à la main, chaque bloc de rocher, et pour ainsi dire chaque partie du même bloc; et de pareilles recherches, quoique pouvant amener à des résultats importants, exi- geraient un temps extrêmement considérable. 4°. Au-dessus des grès et des schistes à empreintes de fougères, on trouve, aux Céblancs et aux frètes de Moide, des couches d'un calcaire noir ou d'un gris bleuâtre très foncé, rempli de grains de quartz. Ces grains restent en saillie dans les portions exposées à l'action des élémens, et, dans les parties de la roche où ils sont les plus abon- dants, ils forment de petites moulures à la surface de la pierre. Ces moulures, de couleur grise claire ou blanche, alternent avec des raies d'un gris fonce, qui est la cou- leur naturelle du calcaire lorsqu'il ne contient pas beaucoup de grains de quartz, et cet ensemble donne à cette roche un aspect rubanné qui la fait particulièrement remarquer. De grands rochers de ce calcaire, dont les couches sont fortement contournées, paraissent, au col de Salenton, au-dessus du schiste rouge n° 2. On en voit aussi en de- scendant du col de Balme aux chalets des Herbagères. Je n'ai jamais trouvé de corps organisés dans cette couche. Entre ce calcaire et le grès scliisteux à empreintes de fougères, qui est au-dessous, on trouve, aux frètes de Moide, deux couches peu épaisses, qui sembleraient appar- tenir à la même formation. La phis basse est un quartz en masses grenues de couleur blanche, tachetées de petits points jaunes dus à de l'oxide de fer. Ce quartz pur forme SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. 235 une suite d'amas lenticulaires disposés sur un même plan et dans une même direction, plutôt qu'une véritable couche. Au-dessus se trouvent des masses plus ou moins épaisses d'un calcaire terreux à la surface, jaune, caverneux et celluleux, et intérieurement formé d'une pâte subcristal- line; il est dur et difficile à casser, ce qui le distingue d'un tuf. 11 a de grands rapports avec la rauhwakke qui accompagne le gypse; mais il fait avec l'acide nitrique une effervescence vive, quoique peu prolongée. 11 empâte par- fois des fragmens de calcaire noir et de schiste rouge ou gris. 5°. Au-dessus de la couche calcaire n° 4' repose au Buet un schiste argileux, noir, onctueux, non effervescent, contenant des rognons de lydienne souvent remplie de pyrites. Ce schiste contient, quoique rarement , des am- moniles, de même qu'un schiste argilo-talqueux de cou- leur grise ou verdâtre, qui alterne avec celui-ci. Il pa- raît qu'on doit rapporter à la même formation le schiste talqueux, gris et luisant, souvent noir et carburé, qui forme le col de Balme et la sommité qui domine ce col au N. O. Ce schiste ne contient ni fossiles, ni empreintes végétales ; il est traversé dans tous les sens par d'épais filons de quartz. 11 constitue les berges des profonds ra- vins creusés par les ruisseaux qui forment les sources de l'Arve. La sommité des frètes de Villy et de Moide est formée du même schiste argilo-talqueux non effervescent. On y a trouvé quelques atnmoniles , ainsi qu'un corps organisé fossile, incomplet et indéterminable, mais qui a une sorte de ressemblance très éloignée avec la colonne vertébrale d'un 336 SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. reptile ou d'un poisson. Ce fossile est dans la collection de M. de Luc. -i Aux frètes de Moide, les strates inférieures de ces schistes alternent à plusieurs reprises avec les calcaires arénacés n° 4, sur lesquels ils reposent. 6°. Un schiste calcaire, gris clair, arénacé, renfermant des bélemnites de couleur noire, repose sur les schistes précédents, et forme la sommité du Buet, à 1578 toises de hauteur absolue (i). On trouve encore dans cette roche, avec les bélemnites, de très longues et minces masses cylindroïdes, dans quelques-unes desquelles on croirait re- connaître une structure analogue à celle des tiges d'en- crines. Ces cylindres sont noirs comme les bélemnites j ils sont, ainsi qu'elles, traversés par des filons de spath calcaire et de quartz, qui sont parallèles entre eux, et perpendiculaires à l'axe des fossiles, et qui ne pénètrent pas dans le schiste qui les renferme. Les bélemnites sont ■ l, '". (1) Je saisis celte occasion pour recotniuander aux naturalistes quî Toudraicot monter le Bues, d'éviter cVenlreprendie celle ascension depuis Sixt, où les guide» sont mauvais, et connaissent en généra! mal celte montagne. Le côlé N. O. du BuétoiTre d'ailleurs, vers la sommilc, un glacier Iriis dangereux, sur lequel il faut se garder de s'engager. En parlant de Chamouny , et surtout de Servez; en passant par les châlels de Villy, par le col de Salenion , et en montant te Buet par sa pente tournée au S. E., l'ascension est peu pénible et sans danger, lorsqu'on est accom- pagné par de bons guides. A Servez, les frères Descharaps, dont l'un fait le com- merce des minéraux et des roches de celle partie des Alpes, et l'autre tient une fort bonne auberge, conduisent eux-mêmes les voyageurs, ou leur procurent des guides bùrs. Le nommé Félisa, cordonnierà Servez, m'a accompagné dans presque toutes lés localités mentionnées dans ce mémoire, ainsi qu'aux montagnes des Fizs, de Sales et de Platet, et il conduirait les géologues qui seraient tentés da vérifier mes observations. SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. zSj converties en spath calcaire, et ont intérieurement la structure rayonnée. De grands filons d'un quartz blanc, qui a l'air carié, et qui est mêlé de spath calcaire, traversent les couches de ce schiste calcaire supérieur. Le sommet du mont Joli, situé au S. O. du village de St.-Gervais, et élevé de i368 toises au-dessus de la mer, est formé d'un schiste semblable à celui de la sommité du Buet; il renferme des bélemnites mieux caractérise'e s que celles de cette dernière montagne, également traver- sées par des filons quarlzeux et spathiques. Le schiste du mont Joli a parfois l'aspect d'un calcaire grenu micacé à grains très fins; il repose sur un schiste argileux noir à animoniies , semblable au n° 5. Il ne me reste plus qu'à observer de nouveau que la place qu'occupe le granité non stratifié du fond de la vallée de Valorsine, et les porphyres qui l'accompagnent, est une ligne particulièrement remarquable dans l'ensemble de la structure géologique de cette partie des Alpes, puisqu'elle semble avoir déterminé la stratification de tout ce système de couches. En effet, on voit les couches les plus rappro- chées des amas granitiques , converger vers le centre de ces amas, puis les plus éloignées, tant dans les terrains de cristallisation que dans ceux de sédiment, s'élever des deux côtés de la vallée contre ces masses granitiques fonda- mentales, et s'abaisser du côté opposé. C'est ce qu'on pourra juger d'un seul coup-d'œil par l'inspection de la section" naturelle des deux versans de la vallée de Valorsine, rcr présentée dans la figure I, planche 3. La hauteur respec- 238 SUR LA VALLÉE DE VALORSIÇIE. tive des montagnes, la position relative des terrains et de leurs diverses couches, ainsi que leur inclinaison, y ont été indiquées d'une manière aussi conforme que possible à la nature. Je terminerais ici ce mémoire, si je ne croyais devoir essayer de comparer en peu de mots la structure de la haute chaîne centrale avec celle des Aiguilles-Rouges et des chaînons du Loguia et du Gros-Perron, qui non-seulement sont parallèles à la chaîne du Mont-Blanc et des Aiguilles de Chamouny, mais offrent des traits frappants d'analo- gie dans la disposition de leurs couches avec ces masses gigantesques. J indiquerai comment il me paraît qu'on peut profiter des données que nous ont fournies les obser- vations précédentes, pour jeter quelque jour sur la struc- ture si remarquable, et en même temps si anomale, de cette longue arrête de rochers, la plus élevée de la portion occi- dentale de l'ancien continent. En étudiant la stratification de cette haute chaîne qui borde au sud-est la vallée de Chamouny, on voit que, dans toute la longueur de cette vallée, c'est-à-dire sur une éten- due de près de huit lieues, depuis le col de Balme au nord-est, jusqu'au mont Lâcha au sud-ouest, la disposi- tion des couches dont se compose cette chaîne, est partout la même, et semblable à la représentation que j'en donne planche lll, figure 5. Les couches presque horizontales, dans le bas du massif, s'inclinent toujours davantage, à mesure qu'on s'élève, en se relevant contre la vallée, et plon- geant vers l'intérieur de la montagne, jusqu'à ce que, devenant tout-à-fait verticales, elles forment au sommet SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. 289 ces pics hardis , ces gigantesques pyramides , ces aiguilles toutes composées de feuillets verticaux qui impriment à la vallée de Chamouny ce caractère de grandeur pittoresque que viennent contempler avec admiration une foule de cu- rieux accourus chaque année de toutes les parties du monde civilisé. Cette singulière structure n'avait pas échappé à De Saussure, et il la décrite dans les § 656, yoS et ii4odes Voyages dans les Alpes. Tous les géologues voyageurs qui sont venus après lui dans ces contrées, ont dû également en être frappés, et cependant, soit qu'on regardât cette structure comme entièrement accidentelle, soit qu'elle pré- sentât de telles anomalies qu'on ne pouvait l'expliquer par les théories admises alors, il est de fait qu'on a renoncé à signaler ce trait caractéristique de cette partie, la plus éle- vée de la chaîne des Alpes. La principale de ces anomalies est dans la superposition des terrains qui composent ce massif. Dans les environs de Chamouny, au Montanvert, par exemple, la montagne dans toute sa hauteur est formée de couches primordiales ou cristallines, dont les inférieures, qui correspondent aux lettres A li de la figure 5, sont des schistes talqueux, des micaschistes et des gneiss, avec quelques leptinites. Elles sont inclinées j mais, en approchant toujours plus de la verticale, elles passent en s'élevant à des protogines tou- jours plus caractérisées, qui deviennent enfin des protogines granitoïdes à très gros grains dans les feuillets verticaux des Aiguilles des Charmoz, dans L'Aiguille-Verte, le Dru et toutes les cimes qui environnent la Mer de Glace, indiquées dans la figure sous la lettre C. 2^0 SUR LA VALLÉE DE VALORSINE, Mais aux deux extrémités de la vallée , vers le col de Balme d'une part, et vers le mont Lâcha de l'autre, il n'en est plus de même : les couches verticales supérieures, correspondantes à G, sont toujours des protogines. Celles du milieu, correspondantes à B, sont encore des schistes pri- mordiaux; mais les plus inférieures A sont toute autre chose. Ce sont, au col de Balme, les couches de sédiment dont j'ai déjà donné la description ci-dessus, et la section à la figure 1""°, planche 3. Au mont Lâcha, ce sont des cal- caires bleus arénacés, des calcaires celluleux ; des schistes ardoises, de la même formation que ceux qui renferment des empreintes de fougères, et des gypses. Ce sont, à l'excep- tion des gypses , les mêmes couches que nous avons vues en divers endroits, et particulièrement aux frètes de Villy et de Moide, et au mont Pormenaz, recouvrir la protogine. Ici elles en sont évidemment recouvertes; mais la disposi- tion singulière de la stratification de cette chaîne prouve que cette bizarre superposition, qui est précisément inverse de ce qui se voit partout ailleurs, est tout-à-fait accidentelle, et qu'elle tient à un déplacement de ces couches. Telle a été l'opi- nion de De Saus!?ure (i) lorsque, décrivant le mont Lâcha et les lambeaux de ces terrains de sédiment épars dans quel- ques parties du fond de la vallée de Chamouny, et pareille- ment recouverts par les schistes primordiaux, il s'exprime ainsi : «La question la plus intéressante est de savoir si ces rochers secondaires ont été formés avant ou après la grande révolution qui a donné aux montagnes la forme qu'elles (i) Voyages dans les Alpes, J 7 la. Voyez aussi les 5S 7°^ à 710. SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. 24 1 ont actuellement, qui a changé la situation originelle des couches, etc. «Quant aux ardoises proprement dites, et aux pierres calcaires bleuâtres ou noirâtres, mêlées de mica ou de grains de quartz, la question ne me paraît pas douteuse: je les crois fort antérieures à cette révolution. En effet, on les trouve dans un désordre qui prouve que la même révolution a troublé leur situation primordiale, ou dans des positions analogues à celles des montagnes dont elles ont suivi la destinée. » • Quant aux gypses et aux calcaires poreux semblables à des tufs. De Saussure les croit beaucoup plus modernes, quoi- qu'elles ne contiennent aucun vestige de corps marins. Il semblerait cependant excepter de cette règle les calcaires celluleux du Biolay, dont les couches sont engagées sous celles de la montagne primitive. En voyant De Saussure séparer les gypses et les calcaires poreux des schistes et des calcaires avec lesquels ils sont intimement unis, il faut se rappeler qu à l'époque où il écrivait , on croyait universellement que le gypse était toujours une roche de formation très récente, et l'on ne distinguait pas encore les calcaires celluleux d'avec les tufs qui se forment journellement sous nos yeux. Mais ces schistes, ces calcaires arénacés ou celluleux, et ces gypses, paraissent appartenir à des formations regardées par quelques géologues comme les plus anciennes des terrains secondaires, et par d'autres comme les plus modernes du terrain de transition, puisqu'elles reposent ( comme nous l'avons vu dans les lieux où leur situation originelle n'a TOM. IV, 3i 2^2. SUR LA VALLÉE DE YALORSINE. pas été matéi'iellement altérée) sur le conglomérat de Va- lorsine et sur les schistes rouges, conglomérat qui appar- tient vraisemblablement à la formation du grès rouge an- cien des Anglais, an grès rouge intermédiaire des géologues du continent. Quelle est donc la cause qui a tellement reployé les cou- ches des terrains primordiaux que de les amener au-dessus de couches comparativement bien plus récentes? Tout ce que nous pouvons dire pour le présent à cet égard, c'est que ianomalie dans la superposition des terrains est inti- mement liée à l'anomalie dans la stratification de cette chaîne des montagnes, et que la cause, quelle qu'elle soit qui a agi dans cette occasion , a produit les deux effets si- multanément. Mais nous avons vu dans la vallée- de Valorsine, sur une échelle beaucoup plus petite, il est vrai, les couches du gneiss ou Jiornfels qui avoisinent immédiatement les masses de granité non stratifiées, présenter la même disposition dans la stratification que les montagnes de la chaîne cen- trale. On pourra se convaincre de cette analogie en com- parant les figures 2 et 5 de la planche 111. Il ne serait donc pas invraisemblable que, dans la vallée de Chamouny, une masse centrale de granité non stratifié eût déterminé, comme dans celle de Valorsine , la position des couches ambiantes. Cependant ce granité ne se montre nulle part au jour. Aucune coupure naturelle ne pénètre, il est vrai, jusque dans les parties centrales ou voisines de l'axe de ce grand système de couches. Ainsi , si son existence est encore fort SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. 243 problématique, elle n'est du moins contredite par aucun fait positif. Quelques considérations tirées des phénomènes obser\és dans le voisinage des masses granitiques de Valorsine, en se joignant avec la remarquable analogie dans la stratification, ajouteront peut-être quelques degrés de plus de vraisem- blance à l'opinion qu'on peut entretenir de l'existence de cette masse granitique centrale au-dessous de la chaîne du Mont-Blanc, Nous avons dit que, dans le voisinage du granité, la pro- togine stratifiée prend un aspect granitoïde, et devient plus feldspathique. Or, on voit dans les fragmens des Aiguilles de Chamouny, détachés par l'action des élémens, et entraînés par les glaciers, soit dans leurs moraines, soit dans le bas de la vallée, de nombreuses variétés de protogine à structure complètement granitoïde, et très abondantes en feldspath. Il y a même de ces variétés auxquelles il ne manque, pour être de vrais granités en masse , que de contenir du mica au lieu de la chlorite. Ceci nous rappelle ces granités de Valor- sine, chargés de parties vertes dans les portions les plus rapprochées de la protogine. Les blocs énormes répandus dans la vallée de la Drance, entre Orsières et Martigny, et détachés de la pointe d'Ornex, la plus orientale des aiguilles de protogine dans la chaîne du Mont-Blanc, aiguille qui termine en même temps et cette chaîne, et le terrain de protogine, sont de toutes les roches de cette partie des Alpes celles qui se rapprochent le plus de la nature des vrais gra- nités; et il est à remarquer que la pointe d'Ornex est placée précisément là où la chaîne du Mont-Blanc est entaillée par 244 SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. la plus profonde coupure transversale, là enfin où l'on pour- rait s'attendre avec le plus de vraisemblance à trouver en place le granité central, (i) 11 y a plus , en remontant il y a quelques années dans le cœur de la chaîne centrale par une coupure moins profonde, il est vrai , que celle qui termine cette chaîne à la pointe d'Ornex,et en suivant la Mer de Glace depuis le Montanvert jusqu'au Tacul, j'observai que le pied des Aiguilles des Charmoz, du côté du glacier des bois, offrait une masse énorme de rochers arrondis, moutonnes, sans stratification apparente, servant de base aux feuillets verticaux, très dis- tinctement stratifiés, dont la sommité de ces aiguilles est formée. C'était précise'ment le même aspect que présentent les Aiguilles-Rouges, au-dessus de la Poyaz, avec les rochers de granité, arrondis et non stratifiés à leur base. Enfin, lorsque sortant de la vallée de Valorsine, l'esprit encore préoccupé des observations que je venais d'y faire sur la nature et les variations de la protogine dans les lieux rap- prochés des amas de granité, sur la proportion entre la gran- dem" des amas et la grosseur du grain des roches qui les composent, j'entrai dans la vallée de Chamouny, en face du glacier d'Argentière, et lorsque je me trouvai environné des nombreux débris des aiguilles amenés par le glacier, je fus vivement frappé en retrouvant là des roches parfaitement (i) Voyez, sur celle aiguille d'Ortiex el sur Tes blocs qui en onl élé délacliés, les Observations de M. Muirilli, cilées par M. De Saussure ( yoyagedans les Alpes, § j022,Note). M. Esclierde la Liiuli a parLiculièreoient signalé ce poÎDt à l'allen- liou des géologues, comme étant l'origine probable des blocs de protogine gra- nitoïde répandus dans le bassin du lac de Geacve et sur les pentes du Jura, SUR LA VALLÉE DE VALORSINE. ^45 semblables dans leur nature minéralogique à celles que je venais de quitter, mais surpassant autant celles-ci dans le développement de cristallisation de leurs élémens, que les montagnes même dont elles sont détachées surpassent par leurs masses énormes les chaînes comparativement basses et étroites des Aiguilles-Rouges, du Loguia et du Gros-Perron. Voilà quelques faits que je signale à l'attention des géolo- gues pour les diriger dans la recherche de ce granité central dont l'existence, qui ne repose jusqu'ici que sur de simples présomptions, serait bien importante à constater par des observations directes, puisqu'on y trouvex'ait, suivant moi, la clé de la structure si remarquable de la chaîne des Hautes- Alpes. Quoi qu'il en soit, il n'en reste pas moins, ce me semble, comme l'ésultat des observations qui précèdent, que l'étude de la stratification générale et particulière des teriains dans celte chaîne, doit être le premier et le plus important objet du géologue, avant d'émettre aucune opinion sur la position relative des terrains qui la composent, puisque nous voyons avec évidence, ce que d'ailleurs j'ai observé dans bien d'au- tres parties des Alpes de la Sa\'oie, que des masses considé- rables de couches peuvent être tellement déplacées , que les couches les plus anciennes soient venues, dans des espaces de plusieurs lieues d'étendue, recouvrir les plus nouvelles avec une apparence trompeuse de régularité et d'ordre. RECHERCHES SUR hA (OOITIAILII FAB M» PESCHIER. Berz.élius ayant fait connaître dans son Annuaire pour l'année 1827, que Wachenroder avait découvert un principe alcalin particulier dans les racines de la fumeterre bulbeuse, corydalis tuherosa de De Candolle, qu'il avait nommé cory- daline, et les propriétés de ce principe m'ayant paru très intéressantes, je me suis occupé à le rechercher, à voir s'il se rencontrait aussi dans les feuilles, et à reconnaître si un principe de même nature existait dans la fumeterre officinelle. 248 BECHERCHES Pour retirer ce principe des racines fraîches , on doit les concasser, les entretenir en ébullition pendant quelques heu- res dans une suffisante quantité d'eau, et, après avoir passé le liquide par un linge, y jeter une solution de sous-carbo- nate de potasse ou de soude, jusqu'à ce qu'il ait pris un ca- ractère alcalin. Cette solution y occasione un précipité gri- sâtre, abondant, qui, lavé, reçu sur un filtre, et desséché, a une teinte vert de bouteille et une cassure un peu résineuse. On soumet le résidu à une nouvelle ébullition dans une eau rendue légèrement acide par l'acide sulfurique;on supersa- ture le liquide, et on obtient un précipité, comme dans la première opération. On reprend ces précipités par l'ébullition avec l'alcool de 36°, aussi long-temps qu'il agit sur eux; on concentre les liquides, on en enlève le principe colorant, et, par une éva- poration bien ménagée, on obtient la corydaline à l'état de houppes cristallines ou de paillettes brillantes; quelquefois elle se présente sous la forme de prismes rhomboidaux d'un jaune pâle verdâtre ou incolores, ayant deux faces larges et deux étroites, et étant terminés par des pyramides en biseau. Les évaporations subséquentes la fournissent plus colorée et poisseuse 5 les dernières portions du liquide abandonnent une matière extractive d'un jaune brun foncé, ayant une saveur brûlante. La corydaline est inodore, légèrement amère, ne se dissout dans l'eau qu'en très petite quantité. L'alcool et l'éther sulfurique la dissolvent, et ces dissolu- tions, qui ramènent au bleu le papier de tournesol rougi, l'abandonnent, par leur mélange avec l'eau, dans un état SUR LA CORYDALINE. 249 pulvérulent, avec une teinte d'un blanc verdàtre et le tou- cher des résines. -•i, Exposée à une chaleur de 60 à 80° R., elle se fond, prend une couleur verdàtre foncée, répand une odeur analogue à celle de la cire, et forme par le l'efroidissement une matière cristalline, cassante, qui a un aspect résineux. Si l'on élève le degré de température, elle brunit en laissant dégager une odeur ammoniacale. Elle se dissout dans les acides, les neutralise, forme avec quelques-uns des sels cristallisables , mais qui sont plutôt disposés à se réunir en masse avec une apparence résineuse. Combinée avec l'acide sulfurique étendu, elle fournit une masse brillante, couleur vert de bouteille jaunâtre et cas- sante j quelquefois on obtient des petits cristaux prismatiques d'un jaune citron; mais il faut pour cela que levaporation soit très lente. Jetée dans l'acide nitrique, elle lui donne une teinte jaune isafran, qui passe au rouge vif, et redevient jaunâtre avec le temps; comme elle éprouve en cela une décomposition com- plète, Wackenroder en a tiré la conséquence que le nitrate de corydaline ne pouvait être obtenu; cependant, si l'on pré- pare ce sel par la voie d une double décomposition , comme celle du sulfate de corydaline par le nitrate de baryte, on l'obtient très facilement sous une forme prismatique, ou avec le caractère résineux du sulfate. Les acides hydrochlorique et acétique se conduisent avec elle de la même manière que les précédents. Les sels de corydaline sont solubles dans l'eau et dans l'alcool : leur saveur, qui est d'abord très amère , fait éprouver TOM. IV. 32 25o RECHERCHES dans la bouche une sensation acre et particulière, qu'on ne peut caractériser que par l'expression de métallique. Gomme le tannin, ils forment une combinaison insoluble avec la gé- latine; ils n'ont pas d'action sur les sels de fer, de cuivre, d'argent, d'arsenic, d'antimoine, le pernitrate et le deuto- chlorure de mercure 5 ils précipitent les dissolutions de tannin, donnent des précipités blancs abondants avec le protonitrate de mercure, les sels de plomb et d'iode, et des précipités jaune pâle avec ceux d'or et de platine^ décom- posés par des solutions alcalines, ils laissent déposer la cory- daline dans le même état que sa dissolution alcoolique par son mélange avec l'eau. Quant à la propriété de précipiter le tannin que ces sels possèdent, je n'ai eu d'autre but en l'indiquant, que de re- lever l'inexactitude d'une expression de Wackenroder, par laquelle il fait envisager le tannin comme étant le réactif le plus sensible pour reconnaître un sel à base salifiable du règne végétal, tandis que l'expérience démontre que tout sel à base d'ammoniaque, de potasse, de soude, ainsi que ceux à base des substances terreuses ou métalliques, et, dirai-je, tous les sels en général, exercent la même action sur la so- lution de ce principe. L'analogie avec les substances résineuses que présente la corydaline m'ayant engagé à rechercher si , comme ces sub- stances, elle se dissolvait dans les solutions alcalines pures et les huiles grasses et volatiles, j'ai trouvé qu'elle possédait aussi cette propriété, en sorte qu'elle ne diffère des résines que dans celle de former des sels avec les acides. Curieux d appliquer ce genre de recherches à la quinine. SUR LA CORYDALINE. 25l la morphine, la brucine, la strychnine et l'aconitine, j'ai obtenu les mêmes résultats, et confirmé par là que la pro- priété de se dissoudre dans les huiles grasses et volatiles, ainsi que dans les solutions alcalines pures, appartenait en com- mun à ce genre de principes. Mais puisque j'ai dit un mot de l'action que les sels de corydaline exercent sur quelques solutions métalliques, je crois qu'il ne sera pas hors de place de rapporter celle que ces mêmes solutions éprouvent avec divers sels ayant pour base des principes du règne végétal. Le sulfate de quinine fournit des précipités jaunâtres avec les sels d'or et de platine, et n'a pas d'action sur ceux d'iode et le protonitrate de mercure. L'acétate de même base n'oc- casione pas de changement sur les sels d'argent. L'acétate de morphine précipite les sels d'or 5 mais il n'a pas d'action sur ceux de platine, d'argent, de fer et de mercure. L'acétate d'aconitine donne des précipités avec le nitrate d'argent et le protonitrate de mercure, mais n'occasione pas de changement sur les sels d'or , de platine et d'iode. Les acétates de brucine et de strychnine fournissent avec les sels d'or, de platine, d'argent et de mercure, des préci- pités dont ceux formés sur les sels mercuriels se redissolvent promptement. Ceux d'atropine et d'hyosciamine décomposent les sels d'argent, mais n'ont pas d'action sur les sels d'or et de platine. Les précipités formés avec les sels d'or ont offert de gran- des différences dans leur teinte. Celui fourni par les sels de corydaline est passé en peu 252 RECHERCHES de temps, ainsi que le liquide qui le recouvrait, de la teinte orangée au violet foncé, et, jeté sur un filtre, il y a pris le brillant métallique. Avec les sels de morphine, le précipité a conserve parfois une teinte orangée ; d'autres fois il est de- venu violet, et s'est offert, après vingt-quatre heures, avec le brillant métallique contre les parois duven-e, en même temps que la partie du précipité, qui occupait le fond du vase, était recouverte d'une couche d'un rouge très vif. La teinte jaune du précipité par la quinine est devenue grise par les lavages; quelquefois les précipités formés parla corydaline et la morphine, ont disparu de dessus les filtres en les lavant , et se sont montrés de nouveau dans les liquides par l'addition de la dissolution d'or. Revenant à notre sujet, je dirai que l'on peut retirer la corydaline des bulbes sèches, en les faisant digérer dans l'éther sulfurique, et qu'en les traitant ensuite par l'alcool et par l'eau, le premier en dissout une substance résineuse, . insoluble dans l'éther, et conjointement avec le second, un principe colorant jaune, une matière brune très amère, que j'appelerai l'extractif, plus un acide dont je n'ai pas déter- miné la nature. La partie des bulbes qui résiste à ces diverses opérations est composée de fécule amylacée, de carbonate de chaux, et d'une fibre ligneuse, et dans cette dernière ont été reconnus la silice, l'alumine, la magnésie, la chaux, le fer, le. sulfate et l'hydrochlorate de soude, et Une trace de potasse. Le SUC des feuilles du corydalis, traité comme la décoction des bulbes, m'a fourni la corydaline sous la forme de petites houppes cristallines, mais en petite quantité. ' luhif SUR LA -CORYDALINE. 253 Wackeiiroder ayant refusé la corydaline à la fumeterre otïicinelle, et l'expérience faisant connaître que des princi- pes immédiats de même nature se rencontraient dans les individus d'une même famille de végétaux, j'ai désiré m'as- surer de l'exactitude de ce rapport. Dans ce but j'ai traité d'une part le suc de cette plante comme celui du corydalis , et fait digérer d'autre part dans l'éther sulfurique cette plante, qui avait été préalablement desséchée; et , dans l'une et l'autre de ces opérations, j'ai mis à nu un principe alcalin ayant une saveur amère, mais différent de la corydaline en ce qu'il ne précipite pas la gélatine, qu'il est visqueux, soluble dans l'eau et l'alcool, et insoluble dans l'éther lorsqu'il est parfai- tement pur. A ce principe se joignent, parmi ceux reconnus dans la fumeterre officinelle, une substance résineuse, l'extractif, le carbonate de chaux, et un acide cristallisable , qui a mon- tré les propriétés suivantes : il ne précipite pas les sels de chaux ; il forme avec la potasse des prismes à quatre faces striés et terminés par une pyramide aiguë, avec l'ammo- niaque un sel prismatique, et, d'après ces premiers aperçus, paraît devoir être envisagé comme un acide sui generis. Examen d'après lequel la plupart des principes immédiats de la fumeterre officinelle ont beaucoup d'analogie avec ceux des bulbes du corydalis tuberosa. ® lî s (0 10 s s a © M DE QUELQUES EXPERIENCES KELATIVES A L'I]\FLUE]«CE DE LA DE]\SITÉ SUR LA CHALEUR SPÉCIFIQUE DES GAZ', Par M. P. PREVOST, Pk07&SSiro& ÉUÉ&1T2. (tDE A lA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET d'hISTOIEE NATURELLE DE GENÈVE, LE 4 SEPT. 1828.) § I. MM. Aug. De la Rive et F. Marget ont obtenu les résultats suivants (avec le même appareil qui leur a servi à reconnaître la chaleur spécifique de différents gaz) : « Toutes « les autres circonstances l'estant les mêmes , la chaleur spé- « cifique diminue en même temps que la pression, et égale- « ment pour tous les gaz, suivant une progression très peu «convergente, et dans un rapport beaucoup moindre que « celui des pressions. » (i) (.1) Annales de chim. et dephys. Mai 1827. \.\>XUi-iUi aiv iO'' ioà'lâtiù t'J^ 256 INFLUENCE DE LA DENSITÉ Voici les faits qui établissent cette loi : Le gaz étant d'abord à 20°, on chauffait à 3o° l'eau dans laquelle il était plongé. En cinq minutes, sous la pression de 65 centimètres, ce même volume d'air s'échauffait de 6°,3o; tandis que, dans le même temps, sous la pression de 25,8 centimètres, il s'échauffait de 7°,3o. Ces échauffemens, et ceux qui avaient lieu à des pressions intermédiaires, pré- sentent cette progression (1) : Pressions (es centimètres). Échlotremeni m S' (en de^ MnlieMda). 65 6,3o 59 6,55 48,7 6,90 37 7,01 25,8 7,3o § 2. Par une louable réserve, les auteurs ne se livrent à aucune conjecture sur la cause du phénomène. J'ai tâché d'y appliquer la théorie du calorique impulsif, telle que je l'ai exposée dans un mémoire ««/• /a Constitution mécanique des fluides élastiques , théorie qui se réduit à ce peu de mots : « L'intensité du rayonnement d'une seule molécule du « gaz est comme la distance mutuelle des molécules. La « partie de ce rayonnement qui atteint une autre molécule « est inversement comme le carré de cette même distance. « Donc la force qui les entr'écarte est inversement comme " la distance mutuelle des molécules; principe duquel dérive « la loi de Mariotte. » Nous n'entrons dans aucun détail sui- cette théorie. ' ^^' ^/ \ ' § 3. Il s'agit maintenant d'en déduire les temps d'échauf- ",■ ■ ■ \ (i) Les degrés ont été mesarés par la force élastique da gaz. SUR LA CHALEUR SPÉCIFIQUE DU GAZ. sS; fement d'un gaz à différents degrés de densité, afin de com- parer les résultats du calcul avec ceux de l'observation. C'est un sujet étranger au mémoire d'oii j'ai tiré les propositions théoriques que je viens d'énoncer. Ces propositions y sont établies d'une manière régulière, mais sans application au temps. Commençons par écarter d'inutiles recherches. La chaleur spécifique des molécules d'un même gaz ne semble pas pou- voir différer par le seul effet d'un changement de densité. Or, dans nos principes, la chaleur qui cause l'expansion du gaz est uniquement celle qui, émanant des molécules, produit de l'une à l'autre un mutuel rayonnement. Nous n'avons donc point à nous occuper ici de la chaleur errante qui pro- vient de quelqu'autre source, et qui joue librement entre ces petits corps. Cette exclusion est fondée sur un raisonne- ment développé dans le mémoire auquel je me réfère (i). Nous n'avons à considérer que le rayonnement moléculaire et son accroissement, en temps donné, dans un même gaz à différentes densités. Cette recherche, je le répète, est toute différente de celle dont nous nous sommes précédemment occupés, puisque dans ceile-ci nous supposions la température du milieu am- biant constamment maintenue au même degré, sans aucun échauffement, et par conséquent sans aucun emploi de temps pour le produire. Il résultait de là un constant équilibre (i) Mém. sur la Consl. méc. des FI. élast- §21. Voir, à la snile de la Discussion aclaelle^ le § ii , n° i. TOM. IV. 33 258 INFLUENCE DE LA DENSITÉ entre les courans entrant et sortant. Le cas actuel présente une rupture d'équilibre permanente. Nous ne suivions la route du courant entrant, que pour l'atteindre à sa sortie^ et maintenant nous l'observons pour saisir des rapports de temps dans son accumulation. § 4- Placés ainsi dans une situation nouvelle, jetons d'a- bord sur le sujet un coup-d'œil général. Le temps de réchauffement, à chaque petit instant suc- cessif, doit être en rapport direct avec les obstacles qui s'op- posent au rayonnement réciproque. S'il n'y avait aucun obstacle, c'est-à-dire si le récipient était vide, réchauffement y serait infiniment rapide. Si, réciproquement, l'obstacle au rayonnement était insurmontable, c'est-à-dire si la densité était au maximum, le temps requis pour réchauffement, par le seul rayonnement, serait infiniment grand. De là on peut inférer que , dans les cas intermédiaires, le temps requis pour réchauffement des molécules est, en quelque rapport, direct de la densité. § 5. Et véritablement les passages sont d'autant plus ou- verts au calorique, pour pénétrer dans l'intérieur du récipient, que les molécules sont plus entr'écartées, et cela en raison doublée de leur distance mutuelle (i). A cet égard, donc les temps d'échauffement seraient en raison inverse du carré de cette distance. 5 6. Mais, d'autre part, les molécules (à même tempéra- (i) Vojez, à la suile de celte Discussion , le ^ 1 1 , n" 3. SUR LA. CHALEUR SPÉCIFIQUE DU GAZ. zSg ture du gaz) ont une chaleur proportionnelle à leur mutuelle distance, et il en résulte un échaufFement progressif d'autant moins rapide. Car, puisqu'à toute température du gaz la chaleur des molécules est à la densité dans un certain rap- port inverse constant, une même quantité de calorique répandue sur elles doit exiger plus de temps pour avoir le même effet manométrique (i); et cette durée doit être pré- cisément dans le rapport direct de la chaleur ou de la distance mutuelle des molécules. § 7. Le temps de réchauffement est donc (en composant les deux rapports) simplement et inversement comme cette même distance. Par conséquent réchauffement en temps donné est dans le même rapport simple et direct, c'est-à-dire comme la distance mutuelle des molécules, ou inversement comme la racine cubique des densités. § 8. J'ai donc été conduit à faire, à l'expérience citée, l'ap- plication de cette simple formule. L'expérience ayant fait voir qu'à 65° de pression, réchauf- fement produit en cinq minutes (par une chaleur de 3o° sur un gaz à 20°) était 6°,3o, on déterminera réchauffement x, du même gaz soumis à une autre pression p, par cette pro- portion K/? :K65=6°,3o : x. On obtient ainsi le tableau sui- vant : (i) Mém. sur la Const. méc. des FI. élast. ^ 28. Voyei aussi, à la suite de la Dis- cussion actuelle, le ^ 11, n° 2. 26o INFLUENCE DE LA DENSITÉ TABLEAU (ou chaque échauffement est déduit de celui qui A lieu sous la pression la plus forte ). NUMÉROS PRESSIONS ÉCHAUFFEMENS EK 5 MIKCTES , RAPPORT des (en dixièmes de (en centièmes du degré centigrade). DIFFERENCES. PBE OtFPÉKZSCU OBSERVATIONS. ceatimètres). Degrés calcalés. Degrés observes. SEGVïS CALCDLÉS. I 65o * 63o * * 2 Sgo 65i 655 - 4 0,006 3 487 694 690 + 4 0,006 4 370 760 701 + 59 0,077 5 258 858 700 + .nS 0,1 49 Les deux premiers échauffemens calculés (ceux qui ont eu lieu sous les deux plus fortes pressions, de 59 et de 4^,7 centimètres) montrent un grand accord entre le calcul et l'expérience. Les derniers attestent l'intervention d'une cause étrangère, qui, dans les pressions inférieures, retarde ré- chauffement du gaz le moins dense. § 9. Notre calcul, dans ce premier tableau, suppose au contraire que rien ne trouble l'action de la cause principale, puisque l'on y a pris constamment pour premier terme de chaque rapport, le degré (63o) qui répond à une même pres- sion (65o). On obtiendra peut-être une comparaison plus exacte, dans le calcul de chaque échauffement, en substi- tuant au premier terme fixe (employé ci-dessus dans chaque rapport) celui qu'a donné l'observation au point de pression immédiatement précédent. Ainsi, par exemple, au n° 5, au lieu de dire (comme ci-devant) K258:K65o=:63o:a;, nous dirons ^258:^370=701:0:, d'où résulte réchauffement cal- culé 790, au lieu de 858. — Voici le résultat de ce change- ment : SLR LA CHALEUR SPÉCIFIQUE DU GAZ. 261 NUMÉROS ÉaiACFFEMENS EN 5 MDiCTES , RAPPORT des PRESSIONS. DIFFÉRENCES. DES SJFFÉEEXCZS OBSERVATIONS. calcules. obserrés. SEGBÉS CALCTLÉS. t 65o * 63o * * 2 530 65 1 655 - 4 o,ooG 3 487 634 690 + 4 0,006 4 370 7S6 701 + 55 0,073 5 2:8 790 730 + 60 0,076 Au n° 3, on aurait dû écrire 699, en partant de réchauffe- ment précédent 655. On a cru devoir conserver 694 résultant du précédent nombre calculé, 65 1 , parce que les deux petites différences, qui ne diffèrent entre elles que par le signe, autorisent à négliger la première, — 4> dont le sens est opposé à celui de toutes celles qui suivent. Du reste, cette substi- tution n'a aucune importance; et, soit que l'on écrive 694 ou 699 (qu'en conséquence, les différences soient 4 ou 9), il est certain qu'à ces deux termes de comparaison (n°' 2 et 3), les échauffemens calculés et observés sont bien d'accord. Dans les deux dernières pressions (n°^ 4 ^t 5), nos tableau.x indiquent l'un et l'autre des échauffemens observés inférieurs à ceux que l'on pouvait attendre, toutefois avec moins d'é- cart dans le second. Et cet écart, dans celui-ci, ne passe pas une treizième partie de réchauffement calculé. § 10. Je me suis contenté de comparer les observations au calcul appliqué à l'action d'une seule cause. Les écarts ré- sultants de cette abstraction sont assez peu considérables, tels peut-être que les observateurs seraient portés à les attri- buer en grande partie à des circonstances étrangères à la science. J'ai cru devoir toutefois examiner le sujet de plus 262 INFLUENCE DE LA DENSITÉ près, dans le but de reconnaître les causes constantes qui ont pu développer leur action en même temps que celle dont nous nous sommes occupés. Je hasarderai d'en indiquer deux : 1°. Nous avons négligé une loi d'échauffement , qui a peut- être ici quelque influence. A chaque temps égal, le milieu chaud verse, il est vrai, d'égales quantités de calorique sur les molécules. Mais les e'chauffemens produits par ces verse- mens vont diminuant avec les différences de température (des molécules et du milieu), selon une progression géomé- trique, tandis que les temps croissent arithmétiquement. Puis donc qu'à égale température du gaz, les molécules du plus rare sont plus chaudes, la différence de leur chaleur à celle de la source est moindre que celle qui a lieu pour un gaz plus dense. Elle doit donc produire dans les faibles den- sités quelque diminution d'échauffement, c'est-à-dire un effet dans le même sens que celui qui s'est manifesté dans les observations. 2°. Cet effet ne doit-il point plutôt être attribué à une loi du rayonnement, reconnue par De la Roche, Dulokg et autres habiles physiciens, en vertu de laquelle le rayonnement croît avec réchauffement plus qu'en rapport simple ? — Tout ce qui a été dit dans notre précédent mémoire, sur le rayonnement du calorique, est indépendant de cette loi. Or, il est facile de voir qu'ayant calculé la cha- leur, en la supposant proportionnelle au rayonnement, on a du obtenir, dans les densités fort petites, des nombres cal- culés plus grands que les nombres observés, si du moins dans ces limites les chaleuis que ces nombres expriment produisent un rayonnement plus que proportionnel. Pour vérifier et apprécier l'action de ces deux causes, il ï SUR LA CHALEUR SPÉCIFIQUE DU GAZ. 263 faudrait sans doute multiplier et varier les expériences. 5 II. Nous terminerons cette discussion par quelques re- marques explicatives, principalement destinées à suppléer aux renvois faits à un précédent mémoire, (i) Rem. I. Nous avons dit que l'expansion des gaz par l'im- pulsion du calorique, ne pouvait être attribuée qu'au rayon- nement réciproque des molécules. En effet, les autres rayons ne les atteignent point, ou n'en atteignent qu'une. Or, dans ce dernier cas, ils ont d'égaux antagonistes, parce qu'en vertu du rayonnement réciproque, chaque point de l'espace chaud émet et reçoit en toutes directions des rayons qui, dans l'état d'équilibre, sont égaux en force. (2) Kem. 2. Nous sommes partis ensuite du principe, que les passages ouverts au calorique, pour pénétrer dans l'intérieur du récipient, étaient proportionnels au carré de la distance mutuelle des molécules. Ces passages en effet sont des sur- faces que l'on doit envisager comme semblables à divers degrés de densité, et dont les côtés homologues sont les distances des molécules. Il est du reste facile de voir que l'emploi fait ici de cette proposition diffère par son objet de celui que nous en faisions, lorsque nous n avions aucune raison de déterminer la vitesse de réchauffement, et qu'il n'était question que d'évaluer les pertes éprouvées par le courant sortant. (1) Ce Mémoire (publié à Genève, Bar'oezat el Delanie, 1828) peul d'ailleurs eue remplacé par l'exlrail inséré dans les Annales-, mal 182S. (2) I^ous n'oublions pas, mais nous jugeons sansopplicalion à l'objet acluel,rim- porlanie toi relaùve à l'inclinaison des la^ons sur la surface qui les émet. 264 INFLUENCE DE LA DENSITÉ, ETC. Rem. 3. B pourrait naître une difficulté relativement à une de nos précédentes assertions, qu'il importe d'autant plus de prévenir, qu'elle ne peut guère s'offiur qu'à ceux qui auront médité le sujet. Nous avons dit qu'une même quan- tité de calorique, répandue sur les molécules, exige plus de temps pour élever à un même degré le gaz dont les molé- cules sont les plus chaudes. Or, la différence de chaleur des molécules pour produire le même effet manométrique, tient à cette circonstance, que le nombre des rayonnemens com- pense leur intensité (i). On serait donc porté à croire qu'il ne faudrait pas plus de temps pour échauffer les unes que les autres. Mais, en y réfléchissant, on voit que le nombre des corps à échauffer n'influe pas sur le temps de réchauffe- ment, lorsque (comme en ce cas) le calorique abonde tout autour au même degré. Rem. 4- Les expériences que nous avons discutées nous ont offert un avantage inespéré. Elles sont faites avec le même appareil que nous nous étions contentés de feindre. La seule différence (bien importante, sans doute) consiste dans les procédés ingénieux employés pour réaliser ce que nous avions conçu hypothétiquement. 11 est superflu de parler des autres emplois du même appareil, qui sont étran- gers à nos propres recherches. 11 l'est sans doute également de dire que celles-ci ont rencontré l'expérience sans l'avoir provoquée. (i) Sous une moclificailon qui réduit ce rapport à la racine cubique du nombre, comme il a été abondamment expliqué dans le Mémoire sur la Const. méc. des PI. Hast , en particulier aux §§ Sj cl 'IS. Celle modification est la plus grande facilité des muuiemeos du calorique dans le gaz le plus rare. RELATIFS Ai REFROIDISSEMEI^T D'UN CORPS DANS UN GAZ, • PAR M. P. PREVOST, PAOFES5EO& EKEBITl. (iD A lA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET d'hISTOIRE NATCKELLE DE CEHÈVE, LE l8 DÉCEMBRE l8a8}. § 1. Quand on estime la chaleur spécifique d'un corps par la vitesse avec laquelle il change de température dans un milieu plus chaud ou plus froid que lui, on part du principe que ce corps absorbe tout le calorique qui n'est pas employé à l'échauffer, ou qu'il possède une chaleur latente, qui re- tarde son refroidissement. Ce principe s'applique aux gaz comme aux solides; mais la conductibilité peut influer sur la vitesse du changement de température, soit en accélérant la diffusion du calorique dans le gaz, soit en le répandant au dehors. TOM. IV. 34 266 REFROIDIS^MENT D'uN CORPS $ 2. Indépendamment de cette réserve, exprimée ou sous- entendue, il faut, en s'occupant des gaz, distinguer deux cas sous le rapport de la capacité : l'un , dans lequel on com- pare des gaz de différente nature; l'autre, où il s'agit d'un seul et même gaz à différents degrés de densité. Les gaz de nature différente sont composés d'élémens qui jouissent, par rapport à la chaleur, de différentes propriétés^ tandis que la pression, qui rapproche les élémens, n'en change pas la nature, (i) <5 3. Ces remarques trouvent leur application dans la théo- rie du refroidissement. Cette théorie repose sur une expé- rience simple et facile à concevoir, quoiqu'il ait fallu, pour la rendre sûre et concluante, vaincre bien des difficultés. Elle consiste à plonger, dans un gaz de température con- stante, un corps d'une température plus élevée, en faisant varier le milieu, sa densité, sa température et celle du corps, tenant note exacte du temps nécessaire pour amener le corps à la température du gaz. (2) § 4- Cette expérience, employée pour comparer entr'eux des gaz de nature différente, ne peut servir à déterminer leur capacité relative, parce que l'un et l'autre ont acquis , avant l'observation, la chaleur latente que comporte le degré constant auquel ils sont maintenus, et qu'ils ne peuvent, à (1) 11 n'est pas question ici des cas particuliers où la pression pourrait faire passer un gaz de i elat fluide à l'état liquide, ou d'un certain état gazeux à un autre état gazeux de nom diflërent. (3) Voir à la fin la note A. DANS UN GAZ. 267 ce degré, en absorber ou en consommer davantage. En vain l'un serait-il plus capable de chaleur que l'autre, il n'en ré- sulterait aucune variation dans le refroidissement du corps qu'ils entourent- $ 5. A un égard, il en est de même du cas oîi il s'agit de deux pressions différentes d'un même gaz. Aux deux den- sités, le gaz maintenu à la même température ne s'enrichit pas des émissions du corps chaud : il ne peut rien recevoir par cette voie au-delà de ce qu'il a déjà absorbé. Mais il s'ouvre une autre source de variation, qui était fermée aux gaz de dirTérente nature : c'est le contact entre le corps chaud et les molécules condensées du fluide. Deux gaz différents par leur nature, maintenus dans le même, récipient à la même température, peuvent différer par le nombre et par la capacité de leurs élémens. Dans l'impossibilité de distin- guer les effets de ces deux causes, nous les comprenons sous la simple dénomination de capacité du fluide. Mais lorsqu'il s'agit de densité, nous savons que la différence quelconque entre les effets ne tient qu'au nombre des molécules. Or, il est certain que si ce nombre croît, le refroidissement produit par le contact immédiat croît aussi; et l'on connaît la quan- tité de cet effet. Pour une seule application des molécules au corps, le refroidissement (dépendant du nombre des points de contact) est proportionnel au carré de la racine cubique de la densité, (i) (1) Prévenons une difficulté. En consul lanl. les utiles Iravaui du Mémoire de MM. DuLONG et PiTiT ( quSj dans un tel appareil, la vitesse de refroidissement est plus grande dans l'air le plus dense. Par exemple, l'air étant au o du (i) Mémoirci de Berlin, pour ij8S. (2) Annales de Chimie et de Physique, fom. vu, pag. 240. (3) La boule d'un thermomètre. (4) -dnn. de Ch. et de Phys. tom. vu, pag. 345. En ajoutant à chaque terme du tableau, pour un même excès de température, la. quantité constante qui exprime le refroidissement du vide, on obtient le refroidissement total. 278 REFROIDISSEMENT D'uN CORPS manomètre (i), et par conséquent sous la pression atmosphérique, a refroidi la boule échauffée du thermomètre de 80° à 20° en 265 secondes, tandis que, sous une pression à peu près sous-double (le manomètre à i5 pouces), ce même refroidissement (de 80° à 20) ne se fit qu'en 729 secondes (2). Les appareils de cet observateur ne peuvent être envisagés comme assez exacts pour y chercher des applications délicates de théorie ; d'autant plus qu'en faisant varier le temps, au lieu de faire varier la vitesse de refroidissement, l'observateur n'a pas évité une difficulté qu'ont su prévenir les physiciens postérieurs. On peut cependant, en choisissant, dans ses tables, les cas où les durées égales se ren- contrent, y trouver l'expression des vitesses de refroidissement en temps donné. Par exemple, — A o du manomètre (que nous pou- vons caractériser par le nombre 3o en pouces, comme étant une ap- proximation suffisante), on voit, par la table, qu'en 99 secondes, la vitesse de refroidissement a été de 80° à 45, c'est-à-dire xle 35**; tandis qu'en 100 secondes (c'est-à-dire, sensiblement dans le même temps), sous la pression de i5 pouces, cette vitesse n'a été que de 20° (de 80° à 60). — A 3o p. de pression, en 218 secondes, la vi- tesse de refroidissement fut de 80° à 25, c'est-à-dire de 55°, tandis que, sous i5 p. de pression, en 21 5 secondes, la vitesse de refroidis- sement ne fut que de 35" (de 80° à 45). — On voit ( comme, avec (i) Ce manomètre, qui mesure la densité de l'air du récipient, est divisé en pou- ces , de o à 3o. (2) Indépendamment des variations dans la hauteur du baromètre que nous né- gligeons ici, il importe de remarquer que l'ej-cès de température du corps sur l'air n'était pas le même sous les deux pressions; sous celle de 3o p., il était de 84°; et de 68°, 5 sous celle de i5 p. Il en résultait un accroissement de différence entre les nombres qui expriment les durées de refroidissement. Mais il est facile de voir que, déduction faite de cet accroissement, la différence reste toujours dans le même sens qu'indiquent les nombres des secondes observées. DANS CN GAZ. 279 cet appareil, on devait s'y attendre) que, dans le même temps, la vitesse de refroidissement a été plus grande dans l'air le plus dense (i). Note B (5 12, p. 274). Les deux tableaux, que nous avons employés pour construire le nôtre, sont ceux qui se trouvent au 7' vol. des Ann. de Chim. et de Phys. p. 338 et 345, faisant partie du Mémoire de MM. Dulong et Petit. Dans l'un et l'autre, il s'agit de l'air à 20°. Dans le premier, la pression est de o",72; dans le second, elle varie de colonne en colonne dans la progression o°',72; o",36j o^jiS; o^g; o'°,45, dont l'exposant est ^. De ce tableau, nous ne transcrirons que les six pre- mières lignes, les seulejs dont nous ayons fait emploi. TABLEAU DE LA PAGE 538 (,Ann. t. m). o m (l'air à 20, sous la pression 0,72). EXCÈS VITESSES VITESSES DIFFÉRENCES DE TEMPÉRATURE TOTALES DE REFROIDISSEMENT OU VITESSES du Thermomètre de refroidissement qui auraient lieu de refroidissement à surface vitreose. de ce thermomètre. dans le vide. dues 3i l'air senl. 0 200 14° 04 8°56 •<,48 180 11,76 7,01 4,75 160 Q,85 5,68 4,>7 i4o Ô,o5 4,54 3,5 1 I20 6,46 3,.S6 2,90 lOO 4)99 2,72 2,27 (i) Il faut appliquer à ces résultats comparés la restriction de la note précé- dente, et se rappeler que ces simples exemples seraient très-insuffisants pour toute autre application; dans celle-ci même, ils n'ont de valeur que pour indiquer le sens dans lequel a lieu le plus rapide refroidissement, relativement à la densité du milieu. 28o REFROIDISSEMENT D'ON CORPS DANS UN GAZ. TABLEAU DE LA PAGE 345 {Ann. t. m), (les pressioDs en progression binaire). EXCÈS VITESSES VITESSES VITESSES VITESSES VITESSES de de de de de de température reEroidissement refroidissement refroidissement refroidissement refroidissement da daes an contact dues aa contact daes au contact does an contact does an contact tbeimomèlre senl de l'air , de l'air, de l'air. de l'air, de l'air. m m m m m Gor l'air commOD. à la pression 0,72. à la pression 0,36. & la pression 0,18. à la pression 0,9. à la pression o,45. o 200 5;48 4°oi a:^s e 2,20 A59 i8o 4,75 3,52 2,61 1.90 1,37 i6o 4,17 3,o3 2,31 1,62 1,20 i4o 3,5 1 *3,62 1,9' 1,40 1,02 120 2)90 2,12 1,57 i,i5 0,84 100 2,27 '169 1^3 0,90 0,65 * 262? aËFROÎDISSEMEMT d'UN CORPS DANS UN GAZ. 280 v^ Note sur les $$ 9 et lo- La marche mivie dans la Note symbolique de la page 272, aurait pu être suivie ici. Je vais donc la rappeler et la substituer à celle de ces deux articles. S 9. J'ai pris pour base le rapport indiqué à la fin du § 5 , qui , pour une seule couche du fluide, est le carré de la racine cubique de la densité directement. Ayant égard ensuite à la conductibilité qui naît de la facilité des passages du calorique à trayers les molécules du gaz , on voit que cette facilité est inversement dans ce même rapport de la racine cubique de la densité ( Voy. la Rem. 2 du § 1 1 de la Discus- sion, etc., p. 263). Ainsi, jusque-là, il y a exacte compensation, et la densité reste sans influence sur le refroidissement. C'est ce qui a lieu en considérant les molé- cules du gaz comme immobiles. Mais puisque ces molécules se meuvent et forment des courans , considérons le cas le plus simple; celui d'un courant régulier, composé d'une suite de couches égales, équidistantes , mues avec une vitesse uniforme, et s'appliquant, par une succession réglée, à la boule échauffée du thermomètre; la fréquence des applica- tions, et par là même le re&oidissemeut, sera directement comme la racine cubique de la densité. Tel est le résultat d'un courant régulier. § 10. Calculé d'après cette loi, le refroidissement offre des écarts ou des diffé- rences des nombres donnés par l'observation , trop grands pour que l'on puisse s'y arrêter, et dont la moyenne surpasse une dixième du degré ainsi calculé. Mais ces écarts sont tous dans le même sens. Le nombi'e calculé est partout inférieur à celui qui a été observé ; et cela dans des rapports qui , bien que très-diflerens à raison de la différence de chaleur relative du corps échauffé , laissent apercevoir l'action d'une autre cause constante qui contrarie la loi relative à la densité.] Or, cette cause est très-évidente. C'est la résultante des mouvemens irrégulier» dont nous n'avons pas tenu compte. Ils tendent en effet à diminuer l'influence de la densité , et agissent eu sens contraire de la formule adoptée. Qu'une couche reste quelques instans appliquée, elle s'échauffera; et son effet refroidissant sur la boule échauffée ira diminuant; si la couche suivante l'atteint, elle participera à son échaufement avant d'être au contact du corps qu'elle doit refroidir. Et si une même TOM, IV. 35 ku. 28o tCT.) REFROIDISSEMENT D'UN CORPS DANS UN GAZ. coache retourne dans le courant eu cet état , faisant plus d'une application au corps c'.iaud; le refroidissement sera moins actif. Or, l'effet de ces ii régularités croît avec la densité, et agit de manière à diminuer le rapport qui a été établi sans y avoir égard. Il semble donc que l'on pourrait trouver un nombre qui, employé comme ficteur de notre formule, la rendrait propre à représenter à la fois, d'une ma- nière approchée, la loi générale du courant régulier et l'ensemble des modifications dues aui irrégularités. J'appelle ce nombre un coefficient, parce que, dans tous les cas qui offrent des circonstances variables, il doit être , je pense, déterminé ou empi- riquement (comme l'a été celui que j'emploie), ou scientifiquement, lorsqu'on pourra le faire. J'ai donc reconnu qu'en multipliant le rapport de la simple racine cubique par un rapport inverse beaucoup moindre, on obtenait un nouveau rapport qui satisfai- sait mieux au but proposé. Ce dernier rapport est celui de la racine septième de la densité. J'ai cru devoir faire remarquer les rapprochemens qui en résultent §11. Indication des objets contenus dans le tableau suivant (i). (i) Le lecteur, qui aura bien voulu douner quelque aUeotion à ce qui précédCi en trouvera la suito à la page 18, sous le titre ici lépété^ formant le ^ 11. ERRATA. Page 267 , lignes 3 et 4, dans le refroidissement du corps qu'ils entourent- Lisez , dans le refroidissement du corps qu'ils entourent : refroidissement variable par d'autres cau- ses , en particulier par la différence de cette partie de la conductibilité qui naît de l'entr'écartement des molécules du gaz. MOïl SUR L'ACTION MUTUELLE DE L'AMMONIAQUE ET DU PHOSPHORE , PAR MM. MACAIRE et MARGET. (lue â la société de physique et d'hISTOIKE NATDRELIE DE GERÈVE, LE l8 DÉC£MBB£ 1828). 11 n'est aucun physicien qui n'ait souvent eu occasion de regretter que les philosophes modernes aient cru devoir abandonner l'usage utile des anciens alchimistes, de rendre compte du résultat des expériences de recherche qui n'attei- gnaient pas le but qu'ils s'étaient proposé- On épargnerait sans doute bien des travaux inutiles si, parmi tant de jour- naux scientifiques, destinés à rendre compte des expériences qui réussissent, il y en avait un qui parlât de celles qui ne réussissent pas. 11 est rare, en effet, que lors même que le succès ne couronne pas les efforts du philosophe, il ne se trouve dans le courant de recherches , qu'on pourrait regar- TOM. IV. 36 283 NOTE SUR l'action MUTUELLE der comme inutiles, quelque fait nouveau qui puisse mériter quelque attention- C'est ce qui nous engage à rendre un compte sommaire à la Société de quelques recherches entre- prises dans le but de former une combinaison binaire, qui probablement aura été tentée précédemment sans plus de succès que nous n'en avons obtenu- 11 s'agit de la combinai- son du phosphore et de l'azote- i°- Du gaz hydrogène perphosphoré a été passé à travers une dissolution d'ammoniaque- Beaucoup de gaz a été ab- sorbé avec élévation considérable de température et dépôt de phosphore fondu en gouttelettes- Dans 1 une des expériences il y a eu détonation et projection du liquide hors du vase, sans que nous ayons pu en déterminer la cause- 2°. On a introduit dans différentes cloches , contenant du gaz hydrogène phosphore sec sur le mercure, du gaz ammo- niacal également desséché, du sous-carbonate d'ammoniaque et de l'ammoniaque liquide , sans qu'il se soit formé de nou- veaux produits. 3°. On a préparé une certaine quantité de proto-chlorure de phosphore, en faisant passer du phosphore sur du sublimé corrosif, chauffé au rouge, et l'on a saturé ce liquide par du gaz ammoniacal sec. Nous pensions que l'hydrogène de lam- moniaque, s'unissant au chlore du chlorure, laisserait l'a- zote libre de se combiner avec le phosphore. — Dès que le gaz ammoniaque agit sur le chlorure, il se produit d'épaisses fu- mées blanches, et tout le liquide se convertit en une matière pulvérulente de la même couleur. Cette matière a une forte pdeur d'acide muriatique, et rougit le papier de tournesol. £)E l'ammoniaque et du phosphore. 283 Exposée à l'air , elle laisse dégager des fumées d'acide mu- riatique, et se couvre çà et là de points rougeâtres, effet qui est produit plus vite au soleil qu'à l'ombre- Cette substance, mise dans l'eau, laisse dégager lentement des bulles d'un gaz qui a une odeur marquée d'hydrogène phosphore. De même, laissée à l'air, elle donne bientôt une odeur semblable à celle du phosphure de chaux, faits qui tous deux semblent indiquer la présence d'un phosphore, qui, par ses propriétés, comme on le verra, se rapprocherait des phosphures alcalins , et n'aurait aucun rapport avec les combinaisons ordinairement si formidables de l'azote- Après avoir reconnu que notre poudre blanche contenait du muriate, et peut-être une très -petite quantité de phos- phate d'ammoniaque, nous les avons séparés par l'éljuUition de la matière, dans de l'eau distillée. Il nous est resté une petite quantité de résidu insoluble, formant à peu près le quart de la masse totale, qui a été recueilli sur un filti'e, et desséché- C'était une poudre jaunâtre qui, chauffée, n'é- prouva aucune action jusque près de la chaleur rouge- Alors elle détonne, ou plutôt pétille avec éclat et lumière, à peu près comme nous avons trouvé, par comparaison, qu'il arri- vait au phosphure de chaux. 11 restait un résidu salin qui se boursoufflait, et dont la plus grande partie se dissipait au moyen d'une forte chaleur rouge, en laissant mi petit ré- sidu vitreux, qu'on a reconnu être de l'acide phosphorique; ce qui paraît indiquer qu'après l'explosion , la poudre s'est convertie en phosphate d'ammoniaque- Il semble résulter de ces faits, en particulier du dégage- 284 NOTE SUR l'action MUTUELLE DE L'AMMONIAQUE , ETC. ment du gaz hydrogène phosphore par le contact de la matière jaunâtre avec l'eau, et de la manière dont elle se comporte au feu, qu'elle ne peut être qu'une combinaison de phosphore et d'ammoniaque , ou un phosphure d ammo- niaque y combinaison qui, à notre connaissance, n'a pas été annoncée jusqu'ici. N@ i RECHERCHES SUR LA CAUSE DE L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE, PAR M. LE Prof'^ Aug. de la rive. (jaÉMOIRE LD A LA SOCIÉTÉ DE PSTSKiCE ET d'hISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE, LE 20 NOVEjUBRE 1828.) (•M**\*«*«*%»»***l\*^**%***»**»*VM**%*%»V»V*»**»*»»**»****»»l*»V*»\%»*%»W»*« Le contact de deux substances hétérogènes est -il une source d'électricité, ou la séparation des deux principes élec- triques, qui se manifeste quand deux corps de nature diffé- rente se touchent, est-elle exclusivement due à des causes étrangères au contact? Telle est la question générale que je me propose d'examiner dans ce Me'moire, en étudiant les di- verses circonstances dans lesquelles est développée l'électri- cité que l'on a coutume d'attribuer au contact. Déjà, dans un précédent travail, j'ai cherché à montrer que le courant qui est produit par un élément voltaïque ne dépend , ni quant à sa direction , ni quant à son intensité, du contact des deux ^86 RECHERCHES SUR LA. CAUSE portions solides du couple, mais bien exclusivement de l'ac- tion chimique du liquide sur ces parties solidesj ce résultat ne suffit pas cependant pour la solution de la question qui nous occupe. En effet, tout en reconnaissant, ce que l'on ne peut nier actuellement, que l'action chimique produit de l'électricité, on peut admettre que le contact en produit aussi, et que, lorsque ces deux causes agissent simultané- ment, c'est tantôt l'une, tantôt l'autre qui l'emporte. 11 faut donc aller plus loin, et s'assurer si le contact seul et sans action chimique , sans frottement , sans pression, isolé, en im mot, de toute action propre à développer de l'électricité, peut pan lui-même donner lieu à la séparation des deux principes électriques. 11 faut examiner de plus si, dans les cas où la production de l'électricité semble être due au con- tact, elle ne provient pas réellement de l'action de causes étrangères, telles que celles que nous venons d'énumérer, ou d'autres encore; et il faut chercher quels sont ces causes dont on a pu négliger l'action, faute de les avoir aperçues. Tel est le double but que je me suis proposé dans le cours de ce travail, où je ne m'occupe, comme je prie qu'on veuille bien l'observer, que de l'électricité voltàique , de celle à laquelle ont donné naissance la découverte de Gal- vani et les travaux de Volta, et nullement de l'électricité que peuvent développer le frottement , la pression , la cha- leur, et d'autres actions, tant physiques que mécaniques- 11 me serait facile, en jetant un coup-d'œil rapide sur les travaux de Volta et sur ceux des autres physiciens qui se sont occupés de ce sujet, de montrer que les expériences d'après lesquelles on a conclu que le contact est une source \ DE l'Électricité voltaïque. 287 d'électricité, ne sont point tout-à-fait décisives et propres à trancher la question sans laisser aucune incertitude 5 mais qu'au contraire, il existe toujours dans chaque cas une cause ou une autre, différente du contact, à laquelle on peut attri- buer l'électricité qui est développée. Ces détails historiques seraient trop longs pour un Mémoire, et je les réserve pour un ouvrage spécial, dans lequel je compte exposer les diffé- rents résultats que l'on a oTitenus jusqu'à ce jour sur la pile voltaïque, considérée tant en elle-même que dans les prin- cipaux phénomènes qu'elle présente. Pour le moment, je me bornerai à rappeler dans le cours de ce travail, et quand l'occasion s'en présentera , les faits antérieurs qui me sem- bleront le plus intimement liés avec l'objet que j'ai particu- lièrement en vue. L'électricité voltaïque, dite de contact, peut se présenter sous deux formes, ou à l'état de courant, ou à celui de ten- sion; le galvanomètre multiplicateur, et le condensateur de Volta, sont deux instrumens éminemment propres à nous accuser la plus faible quantité d'électricité, sous laquelle de ces deux formes qu'elle s'offre à nous dans nos expériences. Ce sont ces deux instrumens dont j'ai fait usage dans le cours de ces recherches, et les résultats auxquels je suis par- venu peuvent être facilement classés sous deux chefs dis- tincts, suivant que je les ai obtenus avec l'un ou avec l'autre. Ainsi, la première partie de ce Mémoire aura pour objet les expériences que j'ai faites avec le galvanomètre sur l'électri- cité qui se présente sous forme de courant; la seconde, les expériences faites avec l'électroscope condensateur sur l'élec- tricité de tension ; une troisième partie comprendra les 288 RECHERCHES SUR LA CAUSE conséquences que l'on peut tirer des recherches conte- nues dans les deux premières parties , soit sous le rapport de la théorie électrochimique , soit sous le rapport de la théorie de la pile , eu égard aux différentes classes d'effets qu'elle produit, (i) ( : ) J'ai cru devoir commeocer par l'expositiou des faits qui sont relatife à l'élec- tricité que l'on obtient sous forme de courant, parce que ce sont ces faits qui m'ont mis sur la Toie de la théorie purement chimique, et qui par conséquent m'ont con- duit aux expériences que j'ai entreprises sur l'électricité de tension, dans le but de vérifier cette théorie. Il eut été peut-être préférable, pour suivre l'ordre sj-ntliéti- que accoutumé , de commencer par cette même classe d'expériences. Mais indé- pendamment de l'avantage qu'il y a de suivre dans un mémoire Tordre purement analytique des recherches , je crois que la connaissance de la première partie de ce travail est nécessaire pour TintelUgence de la seconde, telles que je les ai disposées l'une à la suite de l'autre. Dans la première partie , j'examine donc les causes qui déterminent la production des courants hydroélectriques, les seuls dont il s'agisse ici , et je cherche à montrer qu'ils sont exclusivement dus à l'action chimique du liquide. Dans la seconde partie, je m'occupe à étudier les causes qui donnent naisr sauce a l'électricité de tension dans le contact de deux corps hétérogènes ; et je cherche à démontrer que c'est l'action chimique, soit du liquide, lorsqu'il y en a un, soit des vapeurs ou des gaz ambiants lorsqu'il n'y a pas de liquide, qui pro» duit sur le corps solide la séparation des deux principes électriques. DE l'Électricité voltaïque. 289 PREMIERE PARTIE. RECHERCHE DES CAUSES QUI DETERMINEKT LA PRODUCTION DE l'Électricité voltaïque sous forme de courant. Le galvanomètre multiplicateur dont je me suis princi- palement servi dans les expériences qui suivent, est un gal- vanomètre à deux aiguilles; il est assez sensible pour indi- quer la présence des courants les plus faibles, mais il ne l'est cependant pas au point d'éprouver des déviations très-consi- dérables par l'efFet de ces courants. Chacune des aiguilles étant longue de cinq pouces environ , les degrés qu'elles dé- crivent sont assez grands, pour qu'il soit facile de les appré- cier ainsi que leurs subdivisions. J'ai fait également usage, pour étudier les courants plus intenses, d'un galvanomètre moins sensible et à une seule aiguille. Avant d'aller plus loin, et pour mettre de l'ordre dans l'exposition des faits, nous distinguerons dans la produc- tion des courants hydro-électriques les seuls dont nous ayons à nous occuper ici (i), trois cas différents: ( l ) ]\ous ne parlerons point dans ce mémoire des courants ihermo-ëlectriques dans lesquels la chaleur est l'agent essentiel, et que l'on n'a jamais d'ailleurs attribués au contact ; 'c'est seulement de ceux dans la production desquels on a cru voir un effet du contact de deux, substances hétérogènes , que nous nous occupons. TOM. IV. 37 290 RECHERCHES SLR LA CAUSE i°- Le liquide dans lequel plongent les extrémités des arcs homogènes ou hétérogènes , est le même- 2.°. Les extrémités du galvanomètre (l'une et l'autre de platine) plongent dans deux liquides différents qui com- muniquent entr'eux; le courant dépend alors uniquement de l'action mutuelle des deux liquides. - 3°, Les extrémités des arcs, soit homogènes , soit hétéro- gènes^ qui produisent le courant, plongent chacune dans un liquide différent, les deiix liquides étant mis directement en communication l'un avec l'autre, ■ If .a'ii r Premier cas. Courant produit par un arc homogène ou hétérogène dont les extrémités plongent chacune dans le même liquide. Nous ne nous arrêterons pas long-temps sur les courants que l'on obtient en fixant à chacune des extrémités du gal- vanomètre une pièce du même métal, et en les plongeant; lune et l'autre dans le même liquide. 11 est généralement reconnu que le contact ne peut jouer ici aucun rôle, puisque tout est semblable de part et d'autre 5 et le sens très-variable du courant qui s'établit dans ce cas, paraît dépendre des causes diverses et nombreuses qui peuvent rendre l'action chimique plus forte sur l'un des élémens métalliques du couple que sur l'autre, telles par exemple que l'étendue, la forme, la nature de la surface, etc. On remarque toujours que celle des deux pièces métalliques qui est la plus forte- ment attaquée, est positive par rapport à lautre, circons- DE l'Électricité voltaïque. 291 tance tout-à-fait d'accord avec notre manière d'envisager le développement de l'électricité par l'action chimique (i). Il n'est peut-être pas nécessaire d'observer que lorsqu'il n'y a pas d'action chimique, il n'y a pas non plus de courant, que deux lames de platine, par exemple, plongées dans de l'acide nitrique très pur, ne produisent aucun effet, excepté quelquefois au premier moment de l'immersion, à cause des molécules hétérogènes et attaquables par l'acide qui se trouvent souvent adhérentes à leur surface, malgré toutes les précautions qu'on a pii prendre pour éviter cet incon- vénient. Mais passons aux courants qui sont produits par un arc composé de deux substances solides hétérogènes que l'on plonge dans le même liquide^ c'est le cas ordinaire de la pile de Voll-a, et par conséquent, celui qui mérite plus particu- lièrement un examen attentif. J'ai déjà cherché à prouver dans mon précédent mémoire, que c'est toujours celui des deux élémens du couple qui est le plus attaqué, qui est po- sitif, et j'ai cité un grand nombre d'exemples qui montrent qu'une même substance peut être tantôt positive, tantôt né- gative, par rapport à une autre, suivant que le liquide dans lequel on les plonge toutes les deux, exerce une action chi- mique plus forte sur la première ou sur la seconde- Depuis la publication du travail que je viens de rappeler, j'ai eu ( i) VoyezmoDprécédeiit mémoire, ^jj/ia/eii^e Chimie et de Physique , t. xxx.vii, pag. 225. J'aurai , au reste , l'occasion de revenir plus loin sur l'explication de cette manière d'envisager la production de l'électricilé. 2Ç)2 RECHERCHES SUR LA CAUSE l'occasion de m'assurer que Davy avait déjà remarqué ce changement de polarité entre deux mêmes métaux, et qu'il en avait cité un exemple dans sa Philosophie chimique. C'est celui d'une pile dont les couples sont deyè/-et de cuivre; si on la plonge dans un acide étendu, le fer est positif et le cuivre négatif; si le liquide interposé est du sulfure de po- tasse, le rôle des deux métaux change, et le cuivre devient positif par rapport au fer qui est alors négatif Davy sup- pose que ce changement de polarité est dû à l'influence du contact du sulfure de potasse avec les deux métaux , qui l'emporterait sur l'effet opposé du contact des deux mé- taux entr'eux; mais il est plus naturel d'admettre qu'il pro- vient de ce cjue le sulfure alcalin attaque plus fortement le cuivre que le fer, tandis que l'acide étendu exerce au con- traire une action chimique plus vive sur le fer que sur le cui\re. Les exemples nombreux que j'ai déjà cités de chan- gemens analogues viennent à l'appui de cette seconde ma- nière d'envisager le phénomène, et sont impossibles à conci- lier avec l'explication de Davy. En effet, par exemple, Vé- tàin est positif par rapport au cuivre dans l'acide étendu ; il est négatif au contraire dans l'ammoniaque; si ce change- ment était dû, non à la différence que présente l'énergie relative de l'action chimique dans ces deux cas, mais à l'effet du contact du liquide alcalin avec les deux métaux du cou- ple, une dissolution de potasse devrait présenter le même phénomène que l'ammoniaque; l'expérience montre au con- traire que l'étain reste positif par rapport au cuivre dans une dissolution de potasse, comme dans un acide étendu. Ce résultat est tout-à-fait d'accord avec ce qui doit DE l'électricité voltaïque. 293 avoir lieu si, comme nous l'avons supposé, la polarité rela- tive des deux métaux dépend effectivement de la plus ou moins grande intensité de l'action chimique qu'exercent sur chacun d'eux les différents liquides. De même encore, com- ment expliquer autrement que deux mêmes métaux puis- sent être tantôt positifs, tantôt négatifs, l'un par rapport à l'autre, suivant que l'acide dans lequel on les plonge ren- ferme une proportion d'eau plus ou moins considérable. Si le cuivre qui dans l'acide nitrique étendu est négatif par rap- port au plomb, devient positif par rapport à ce même mé- tal dans l'acide nitrique concentré, c'est que dans le pre- mier cas il est moins attaqué, et dans le second plus atta- qué que le plomb. Le contact du conducteur humide avec les deux métaux ne peut ici avoir aucune influence sur le chan- gement de polarité, puisque le liquide est le même, au degré de concentration près, et que le seul effet qui pourrait résul- ter, suivant la théorie du contact, de cette différence dans le degré de concentration, consisterait dans une variation d'in- tensité. Je ne m étendrai pas davantage sur ce fait important que, dans la production d'un courant par un même couple, ime simple différence, non-seulement dans la nature, mais aussi dans le degré de concentration de l'élément liquide, peut faire changer le sens de ce courant, et par conséquent, lés polarités relatives des deux élémens solides hétérogènes. J'ai déjà consigné dans le mémoire cité ci-dessus, plusieurs exemples de ces cliangemens que j'ai cherché à obtenir dans des circonstances fort diverses j j'ai réussi depuis lors à en produire encore d autres j on en trouvera l'énumération com- 294 RECHERCHES SUR LA CAUSE plète à la fin de ce mémoire, dans un tableau où je les ai tous réunis. Il me paraît résulter de ce qui précède, et l'on ne peut, je crois, se refuser à admettre cette conséquence, que c'est à l'influence seule de l'action chimique que sont dus les chan- gemens de polarité dont je viens de parler. Comme, d'un autre côté, toutes les fois qu'un courant est produit par un couple dont les élémens plongent dans un même liquide, je n'ai trouve' aucune exception au fait général, que l'élément positif est celui qui est le plus attaqué, il me semble naturel d'admettre que c'est à l'action chimique qui est toujours d accord avec ce qui se passe , qu'est dû le développement du courant que le contact ne peut pas expliquer dans tous les cas, puisqu'il ne peut rendre compte des changemens de po- larité que nous avons observés. L'action chimique, dira-t-on peut-être, produit il est vrai de l'électricité, mais le contact en produit aussi; ces deux causes se trouvent presque toujours d'accord dans le sens qu'elles tendent à imprimer au courant, et lorsque par hasard elles sont opposées, c'est tantôt l'une, tantôt l'au- tre qui l'emporte. A cette objection on peut répondre d'abord, que si les deux causes tendent à agir en sens contraires , c'est tou- jours l'action chimique qui détermine la direction du cou- rant et jamais le contact, puisque, lorsque le liquide dans lequel plongent les deux élémens du couple est le même, il n'existe pas un seul cas dans lequel on ait vu le mé- tal le moins attaqué être positif Jmr rapport à l'autre. De DE l'électricité VÛLTAÏQUE. 2^5 plus, dans tous les cas où l'action chimique et le contact tendent à produire un courant dirigé dans le même sens, un grand nombre de faits démontrent que ce sont toutes les circonstances qui favorisent l'effet de la première de ces deux causes, bien plus que celles qui favorisent l'effet de la seconde, qui augmentent l'intensité de ce courant- Ainsi, par exemple, de deux liquides interposés successivement entre les élémens d'un même couple, si l'un est meilleur conduc- teur, et que lautre exerce une action chimique plus vive sur les pièces métalliques , c est le dernier , et non le pre- mier, qui donnera naissance au courant le plus fort. Pour achever de démontrer l'influence exclusive de lac- tion chimique dans la production de lelectricité voltaïque, et de prouver que le contact , en réduisant même au plus faible degré la part qu'il peut avoir dans le développement de cette électricité, ne coopère point à la produire, il nous reste une seule chose à faire, c'est de montrer que seul,' sans action cliimique, il ne peut pas donner naissance à un courant électrique. Dans ce but, je fixe une lame de platine à l'une des extrémités du galvanomètre et une lame d'or à l'autre extrémité; il faut avoir soin que les deux métaux, et surtout l'or, soient bien purifiés et dé- pouillés de tout alliage; je plonge ensuite les deux lames dans de l'acide nitrique très pur et dégagé de tout acide hydrochlorique , et il ne se manifeste aucune trace sensible d'électricité ; du moins , le léger courant que l'on aperçoit au premier moment de l'immersion, n'est pas plus fort que celui qui a lieu quand on se sert de deux lames ho- mogènes de platine , et il est dû aux impuretés dont il est agG RECHERCHES SUR LA CAUSE impossible de préserver complètement les surfaces métal- liques; aussi disparaît-il très promptement, et quoique les deux métaux restent dans le liquide , on n'en voit bien- tôt plus aucune trace. Cependant toutes les circonstances les plus favorables suivant la théorie du contact, sont réu- nies dans cette expérience ; deux métaux très différents l'or et le platine se trouvent en contact , et de tous les liquides le plus conducteur l'acide nitrique est inter- posé entr'eux ; si donc l'on n'obtient pas d'électricité , c'est qu'il n'y a pas d'action chimique. Il suffit en effet d'en créer une , pour voir naître un courant j c'est ce qu'il est facile de faire en versant dans l'acide nitrique quelques gouttes d'acide hydro - chlorique , de manière qu'il y en ait en quantité suffisante pour attaquer l'or sans que le platine en éprouve d'action sensible; aussitôt on voit se dé- velopper un courant intense dans lequel l'or est positif. Cette petite quantité d'acide hydrochlorique ne change point la conductibilité de l'acide nitrique; c'est ce que l'expérience démontre directement , et ce qu'il était facile de concevoir ; c'est donc à cette seule circonstance qu'elle crée une action chimique qui n'existait pas auparavant, qu'est due la production de l'électricité. Plusieurs autres exemples sur lesquels nous ne nous arrê- terons pas , conduisent aux rpêmes résultats. Le platine et le palladium ne donnent naissance à aucun courant dans l'acide sulfurique étendu; quelques gouttes d'acide nitrique versées dans la solution acide, en développent aussitôt un dans lequel le palladium qui est attaqué est positif. Le rhodium et le platine présentent encore le même phé- DE l'Électricité voltaïque. 297 noniène : courant nul dans l'acide nitrique, et courant tel que le platine est positif dans l'eau régale. — Le platine et l'a/- gent très pur placés dans des solutions salines ou alcalines qui n'attaquent pas ce dernier métal, ne donnent aucun signe d'électricité ; ils en donnent aussitôt qu'on verse dans le li- quide quelques gouttes d'un acide ou d'une solution quel- conque, qui puisse déterminer sur l'argent l'action chimi- que même la plus légère. 11 serait facile de citer encore plusieurs cas semblables à ceux qui précèdent; mais ce serait inutile. Il suffit même d'un exemple bien clair, dans lequel on ait démontré que, dans les circonstances les plus favorables, mais sans action chimique, le simple contact de deux substances hé- térogènes n'a point produit de courant électrique, pour ré- soudre la question que nous nous étions proposée. 11 résulte donc de l'examen des faits contenus dans ce premier paragraphe: 1°. Que le contact seul de deux substances hétérogènes que l'on plonge dans le même liquide conducteur, ne pro- duit point de courant électrique, même dans les circon- stances les plus favorables, suivant la théorie voltaïque du pouvoir éiectromoteur. 2°. Que l'action chimique seule peut toujours donner naissance à un courant électrique, sans qu'il soit néces- saire qu'il y ait contact de substances hétérogènes, comme, par exemple, lorsque les deux métaux qui forment l'arc TOM. IV. 38 298 RECHERCHES SUR LA CAUSE voltaïque sont homogènes , et que de plus elle peut pro- duire souvent un courant dirigé dans un sens contraire à celui que le contact aurait dû développer. 3°. Que par conséquent, dans les cas où il y a à la fois contact de substances hétérogènes et action chimique, c'est à cette dernière cause , et non à la première , que doit être attribué en totalité le développement du courant électrique; d'autant plus que le sens de ce courant n'est pas toujours tel qu'il devrait l'être dans la théorie du contact, tandis qu'il est toujours d'accord avec la théorie chimique. • 4°. Que, dans le cas dont nous venons de nous occuper, c'est-à-dire celui dans lequel les élémens solides du couple plongent l'un et l'autre dans le même liquide , la direction du courant est telle, que l'on peut en conclure que le métal sur lequel l'action chimique du liquide est la plus vive, est toujours positif par rapport à l'autre. Deuxième cas. Courant produit par l'action mutuelle de . deux liquides. Nous avons toujours supposé , dans ce qui précède , que les deux métaux qui forment le couple voltaïque , plon- geaient dans un même liquide ; mais il peut arriver que chacun d'eux plonge dans un liquide différent , et alors le résultat se complique de l'action de chacun des liquides sur les métaux qui y plongent respectivement, et de l'action mutuelle des deux liquides l'un sur l'autre- Il faut donc DE l'Électricité voltaïque. 299 commencer par étudier l'effet de cette dernière action avant de passer à l'examen de la première ; et c'est ce qui fait l'objet de ce paragraphe. Les expériences qui ont été faites sur le développement de l'électricité qui résulte de l'action mutuelle de deux li- quides , semblent toutes indiquer que c'est à l'action chi- mique qu'ils exercent l'un sur l'autre, qu'est due la produc- tion du courant auquel ils donnent naissance. Cependant il est quelques cas où ce courant semblerait provenir de l'ef- fet du contact, et avoir lieu sans action chimique appa- rente. En voici un exemple qui a été présenté comme une objection à la théorie chimique de l'électricité voltaïque. Je suppose que l'on ait fixé, aux deux extrémités du fil d'un galvanomètre (fig- 1), deux lames de platine a et b ; que l'une de ces lames, la lame a par exemple, plonge dans une capsule de verre c remplie d acide nitrique pur, et la lame h dans une seconde capsule d pleine d'une solution concentrée de potasse caustique ; une mèche de coton m , bien imprégnée d'une solution de sulfate de soude , sert à réunir les deux liquides, et plonge par son extrémité p dans l'acide nitrique et par son extrémité q dans la potasse. Aussitôt que le circuit est fermé au moyen de la mèche, l'aiguille du galvanomètre est déviée de plusieurs degrés, et le sens de sa déviation indique la présence d'un courant qui va de la potasse à l'acide au travers de la mèche de co- ton, et de l'acide à la potasse au travers du fil du galvano- mètre. 11 n'y a, dit-on, dans cette expérience aucune action chimique 5 les lames a et 6 de platine ne peuvent être atta- 3oo RECHERCHES SUR LA CAUSE qiiées ni par l'acide nitrique, ni par la potasse; et le sulfate de soude dont la mèche est imprégnée, ne peut être décom- posé ni par l'un ni par l'autre des deux liquides avec les- quels il communique. C'est donc au contact, ou des deux liquides l'un avec l'autre, ou du platine avec chacun d'eux, qu il semble d'abord que l'on doit attribuer la production de l'électricité. En réfléchissant sur ce phénomène, et en l'étu- diant avec soin, on voit néanmoins que c'est dans l'action de l'acide nitrique et de la potasse sur le sulfate de soude, que réside la cause première du courant; car, quoique ce sel ne puisse être décomposé ni par l'acide nitrique, ni par la potasse, l'influence de la masse fait qu'il y a toujours décomposition partielle, et par conséquent action chimique, suffisante pour donner naissance à l'électricité (i). Nous verrons d'ailleurs plus loin que ce ne sont pas toujours les actions chimiques les plus vives , mais souvent les plus len- tes et les plus continues, qui développent les courants les plus intenses. Pour vérifier cette explication, je substituai dans l'expé- rience précédente, tantôt à l'acide, tantôt à la potasse, une simple solution de sulfate de soude, et j'obtins dans chacun de ces deux cas un courant dirigé dans le même sens que celui que j'avais obtenu en premier lieu , mais ( I ) En effet, dans le cas qui nous occupe, la petite quantité de sulfate de soude dont l'eitréniité p de la mècbe est imprégnée, se trouve entourée d'une masse con- sidérable d'acide nitrique qui doit par celte raison agir sur elle et la décomposer en partie; il en est de même pour le sulfate de soude de l'extrémité q de la mèche, qui plonge dans la solution concentrée de potasse dont la capsule d est remplie. 1 DE l'Électricité voltaïque. 3oi d'une intensité environ moitié moindre. Ce résultat me prouva que c'était bien à la somme des actions individuelles et indépendantes l'une de l'autre, de l'acide et de l'alcali sur le sulfate de potasse, qu'était due la production du courant électrique dont le galvanomètre indiquait la présence. En effet, l'action chimique de l'acide sur le sulfate de soude détermine un courant qui va de l'extrémité p de la mèche dans l'acide de la capsule c dans lequel elle plonge , et l'ac- tion de la potasse sur l'autre bout de la mèche , donne nais- sance à un courant qui va, au contraire, de la potasse de la capsule d dans l'extrémité q de la mèche; c'est ce que l'ex- périence directe, faite séparément dans ces deux cas, vient de nous démontrer. Il se trouve, par la manière dont l'ap- pareil est disposé , comme il est facile de s'en convaincre par la simple inspection de la figure, que ces deux courants par- courent dans le même sens le fil du galvanomètre , et que parconséquent , lorsqu'ils ont lieu simultanément, ils s'ajou- tent l'un à l'autre et produisent un courant définitif qui est égal à leur somme- Telle est , je crois , l'analyse exacte de ce qui se passe dans l'expérience dont nous venons de nous occuper, expérience dont l'explication que nous avons donnée se trouve être confirmée encore par plusieurs autres preuves déduites de faits analogues. Mais, avant d'entrer dans le détail de ces preuves que je rapporterai plus bas, arrêtons-nous un ins- tant sur un fait remarquable dont il est bon de déterminer exactement la cause, afin de connaître l'influence qu'il peut exercer sur l'objet principal de cette recherche. 11 arrive souvent que le courant qui est développé dans 3o^ RECHERCHES SUR lA CAUSE l'expérience que nous avons rapportée ci-dessus, après avoir produit une déviation constante de 5 à 6 degrés, augmente tout d'un coup d'intensité, et finit par faire dévier l'aiguille du galvanomètre de 20 degrés au moins. Cette augmenta- tion dépend de la longueur de la mèche de coton, et n'a lieu que lorsque cette mèche n'est pas très longue, comme, par exemple, de deux ou trois pouces seulement; elle est due à ce que l'acide nitrique et la potasse s'infiltrant le long de la mèche imprégnée de sulfate de soude, finissent par se ren- contrer, et déterminent ainsi une action chimique beaucoup plus vive que celle qui a lieu entre la potasse ou l'acide et la solution sahne. Mais comme cette action produit un courant qui va de la potasse directement à l'acide, c'est-à-dire de q H p dans la mèche de coton , et qui par conséquent che-- mine dans le même sens que les deux autres , il s'ajoute à eux, et augmente l'intensité du courant défiuitif, sans en changer la direction. Ainsi, ce dernier, c'est-à-dire le courant total, est finalement composé de trois courants in- dépendants et distincts : 1" celui qui résulte de l'action de l'acide sur le sulfate de soude dont l'extrémité p de la mè- che est imprégnée; 2° celui qui résulte de l'action analogue de la potasse sur le sulfate de soude de l'extrémité q de la mèche; 3° enfin, celui beaucoup plus intense qui est pro- duit, au bout de quelques instants après que l'expérience est commencée, par l'action mutuelle de l'acide et de lai- cali qui s'infiltrant le long du tissu de coton, finisseut par se rencontrer si la mèche est assez courte pour le leur per-^ mettre. 4-vant de revenir ayx deux premiers courants par les- DE l'Électricité vOltaïque. 3o3 quels nous avions commencé , achevons l'examen des cir- constances qui déterminent et favorisent la production du dernier. Il est très facile de s'apercevoir de cette infiltra- tion de l'acide et de l'alcali le long de la mèche ; en par- ticulier, si l'on substitue de l'acide hydro-chlorique et de l'ammoniaque à l'acide nitrique et à la potasse, et qu'on les réunisse par une mèche imprégnée de muriate d'ammo- niaque, on voit au bout de quelques instants, comme dans l'expérience précédente, le courant augmenter d intensité, et les vapeurs blanchâtres qui s'élèvent du milieu de la mè- che , indiquent évidemment la combinaison qui a lieu en- tre l'acide hydro-chlorique et l'ammoniaque qui se sont infiltrés dans le tissu de coton jusqu'au point de leur ren- contre. Tous les liquides ne favorisent pas également cette infiltration; celui qui semble la produire avec le plus de rapidité dans chaque cas , c'est une solution du sel qui résulte de la combinaison de l'alcali et de l'acide que la mèche de coton doit unir. Ainsi une solution de nitrate de potasse déterminera plus vite l'ascension de l'acide ni- trique et de la potasse le long de la mèche, qu'une solu- tion de sulfate de soude 5 ce sera l'inverse pour l'acide sul- furique et la soude. De l'eau pure est le liquide qui favo- rise le moins l'infiltration; quand la mèche en est humec- tée, on n'aperçoit d'abord aucun courant, parce qu'il n'y a aucune action chimique 5 mais peu à peu la déviation commence, et ce n'est qu'au bout de dix ou douze mi- nutes qu'elle atteint son maximum de 20 degrés environ; tandis qu'avec une solution saline, elle y arrive beaucoup plus vite, surtout si, comme je l'ai déjà fait remarquer. ^A 004 RECHERCHES SUR LA CAUSE le sel dissout est composé déjà de l'acide et de l'alcali qu'il s'agit de réunir et de faire combiner. Ces derniers résultats sont faciles à expliquer , car ils paraissent dé- pendre de l'attraction moléculaire plus ou moins forte qu'exerce le liquide dont la mèche est mouillée sur chacun de ceux dans lesquels elle plonge. Quand on veut étudier les circonstances qui favorisent et déterminent les deux premiers courants dont nous avons parlé, savoir ceux qui résultent de l'action de l'acide et de l'alcali sur le liquide dont la mèche de coton est impré- gnée, il est important de donner à cette mèche une longueur un peu considérable, de six pouces environ ; l'infiltration ne peut pas alors avoir lieu assez loin pour que l'acide et l'alcali se rencontrent, et on évite ainsi la production de ce troisième courant qui résulte de leur combinaison et qui compliquerait inutilement le phénomène- Avec cette précaution, on arrive à mieux analyser la cause du cou- rant qui se développe au premier instant où le circuit est fermé , et que l'on avait mal à propos attribué au contact. On peut ajouter aux preuves que nous avons déjà données pour démontrer que c'est à l'action chimique qu'il est dû , les suivantes qui me paraissent ne point laisser d'incer- titude à cet égard. Ce courant est d'autant plus intense que la solution saline dont la mèche est imprégnée est plus attaquable par l'acide et l'alcali qu'elle sert à unir; c'est ce qu'on démontre en se servant de différents sels pour unir le même acide et le même alcali ; en employant de leau pure, on n'a pas la plus légère trace de courant, jusqu'à ce du moins que l'infiltration ait eu lieu, si elle peut s'opérer. DE l'Électricité voltaïque. 3o5 Une seconde preuve à ajouter aux autres , c'est que , en supposant toujours que l'infiltration ne puisse avoir lieu à cause de la longueur de la mèche , l'intensité du cou- rant, après avoir été constante pendant quelques minu- tes, commence à diminuer et finit par devenir tout-à-fait nulle au bout d'un temps plus ou moins long. Or le contact devrait rendre le courant permanent et constant dans son énergie, tandis que l'on conçoit que l'action chimique ve- nant à s'affaiblir et à cesser, le courant, s'il est dû à cette cause, doit suivre les mêmes phases. L'expérience montre aussi que plus le courant est intense, plus il diminue rapi- dement, ce, qui provient de ce que les actions chimiques les plus vives sont celles qui durent le moins long-temps. Parmi les expériences assez nombreuses que J'ai faites pour arriver aux résultats qui précèdent , je citerai les suivantes qui me paraissent tout-à-fait propres à confir- mer les conclusions que j'en ai tirées, et à donner une idée exacte des phénomènes que je viens de chercher à analyser. Pour éviter les longueurs et les répétitions , je commence dans l'exposition de chaque expérience, par in- diquer les deux liquides placés aux deux extrémités du galvanomètre dans les capsules c et cl, et je me contente de nommer le sel qui doit les réunir, en entendant par là que c'est une solution saturée de ce sel qui les unit au moyen toujours dune mèche de coton qui en est impré- gnée autant que possible. <^uand je nomme les deux sub- 'stances sans en indiquer une troisième qui les unit, cela signifie que la mèche de coton est iinprégnée de l'une ou de l'autre , et que par conséquent elles sont en contact TOM. IV, 3q 3o6 RECHERCHES SUR LA CAUSE immédiat. J'ai eu soin , dans le tableau qui suit , de nom- mer la première la solution de laquelle part le courant pour aller rejoindre la seconde au travers du lil du galva- nomètre, ou, ce qui revient au même, la solution à laquelle arrive le courant parti de la seconde après avoir traversé la mèche de coton. ^cide nitrique et potasse , unis par le sulfate de soude: déviation constante de 5 à 6°. Au bout de quelques ins- tans , si la mèche n'est pas trop longue, déviation de 20°. Acide nitrique et sulfate de soude : déviation de 3 à 4°. Sulfate de soude et potasse : déviation de 5°. Acide nitrique et potasse, unis par le nitrate de potasse: déviation de 4 à 5°. (i) Acide nitrique et nitrate de potasse : déviation de 2 à 5". Nitrate de potasse et potasse : déviation de 2 à 3°. Acide sulfurique étendu (2) et soude concentrée , unis par le sulfate de soude : déviation constante de 5°- Au bout (1) L'influence de la masse fait qu'il y a toujours action chimique entre un acide ou un alcali et un sel formé par cet acide et cet alcali; il se forme alors un sel plus acide ou plus alcaliu. C'est un des résultats des travaux, de BcrllioUet , sur lequel on peut trouver des détails circonstanciés dans presque tous les Traités de Chimie. (2) L'acide sulfurique dont on s'est servi dans celte expérience et dans toute* les suivantes , était toujours étendu d'eau d'environ la moitié de son volume. DE l'Électricité voltaïque. 807 de quelques instans, si la mèche n'est pas trop longue, déviation de i5°- ^cide sulfurique et sulfate de soude : déviation de 3". Sulfate de soude et soude : déviation de 2°. Acide sulfurique et soude, unis par une solution de nitrate de potasse : déviation de 12°, sans qu'il y eût d'in- filtration ni par conséquent de combinaison entre l'acide et l'alcali. Au bout de dix minutes, la déviation était réduite à 6° , et elle allait toujours en diminuant, parce que le nitrate de potasse était presque tout décomposé. Acide sulfurique et nitrate de potasse : déviation cons- tante de 5 à 6°. Nitrate de potasse et soude : déviation de 3° environ- La somme de ces deux dernières déviations est moindre que celle qui est due au courant produit par laclion réu- nie de l'acide et de l'alcali sur le nitrate de potasse. Cette différence provient de la difficulté qu'éprouve le courant à passer de la solution du nitrate dans le platine, difficulté qui est plus grande que celle qu'il a à surmonter pour pas- ser de la soude ou de l'acide dans ce même métal. Acide sulfurique et soude , unis par le muriate d'ammoniaque : déviation de 16 à 18°, sans qu'il y eût combinaison de l'acide et de l'alcali. Au bout de deux ou trois minutes, le courant avait déjà diminué d'inten- sité; et la déviation, réduite à 8 ou 10°, continuait à dé- croître. Ce courant, plus intense, mais moins permanent, 3o8 RECHERCHES SUR LA CAUSE s'explique par raction plus vive , et par conséquent moins continue, qu'exercent l'acide et l'alcali sur le muriate d'am- moniaque. uâcide sulfurique et muriale d'ammoniaque; muriate d' ammoniaque et soude : déviation dans chaque cas un peu moindre que la moitié de ce qu'elle était dans l'ex- périence précédente, de 6 à 7° environ. — Cette différence peut s'expliquer de la même manière que celle qui a été déjà observée avec le nitrate de potasse, par la difficulté du passage du courant plus grande quand la lame de pla- tine, au lieu de plonger dans l'acide ou l'alcali, plonge dans la solution saline. Il me parait résidter de l'examen des faits contenus dans ce second paragraphe : 1°. Que le courant qui se développe quand on" réunit par une solution saline un acide et un alcali sans qu'il y ait combinaison entre ces deux derniers liquides, est dû à l'action chimique de cet acide et de cet alcali sur la solution saline, et nullement au contact des liquides, soit entr'eux, soit avec les lames de platine qui y plongent. 2° . Que le courant suit , quant à son intensité , les mêmes phases que cette action chimique j que plus elle est vive, plus il est fort, et qu'il s'affaiblit d autant plus rapidement que cette action va plus vite en diminuant. 5°. Qu'il suffit des actions chimiques les plus faibles , comme de celles qui proviennent des décompositions opé- DÉ l'Électricité voltaïqde. Sog rees par l'inflLience de la masse , pour donner naissance à un courant sensible 5 que par conséquent il faut tenir compte de cette circonstance dans toutes les expéiiences où l'on emploie , pour établir les communications , des mèches de coton imprégnées de quelque solution saline ; précaution à laquelle la plupart des physiciens qui se sont occupés de ce sujet n'ont peut-être pas eu assez égard- 4°. Que le courant qui est développé par l'action chimi- que de deux liquides, va toujours directement, c'est-à- dire au travers de la mèche de coton qui les unit, de l'alcali ou de la solution saline à l'acide , et de l'alcali à la solution saline. C'est linverse si l'on considère le courant comme allant d'un liquide à l'autre au travers du fil du galvano- mètre. En deux mots, le courant est toujours dirigé dans le circuit comme il l'est dans la fig- I, en supposant que l'acide, soit dans la capsule c, et l'alcali dans la capsule cl. Les solutions salines jouent toujours le rôle d'acides par rapport aux alcalis , et d'alcalis par rapport aux acides, (i) (i) Les expériences que j'ai rapportées ci-dessus , avaient ilc'ji cte faites, du moins en grande partie, par d autres physiciens : sir II. Uavy en tînumère plusieurs du même genre, dans ses Bticherehes sur lés Relations c/ui exiUenl entre les actions électriques et les actions chimiques ( Ann. de Chini. et de Phys. T. xxxiii , p. 296 ). Si donc je les ai répétées et variées, c'est pour clicrelier à démontrer que tous les effets électriques qui résultent de ractiou des liquides les uns sur \ei autres , sont dus k l'action chiuiiqvJe, et non au contact, comme le célèbre cliiniiste anglais avait voulu le prouver dans le Mémoire que je viens de rappeler. Il m'a paru inutile d'insister davantage sur ce point, après les recherches de M. Cccquerel {Ann, de Cltim, et de Pliys. T. xxxr, p. ii3), et celles de M. INobili {Bihliolli. Univers. 3lO RECHERCHES SUR LA CAUSE Troisième cas. Courant produit par un arc homogène ou hétérogène j dont les extrémités plojjgent chacune dans un liquide différent, les deux liquides étant mis direc- tement en communication l'un avec l'autre. En continuant les recherches qui sont relatives au développement de l'électricité par l'action des liquides sur les métaux, j'avais été conduit à reconnaître qu'il peut arriver quelquefois que des deux élémens d'un couple , celui surlequellaction chimique est la moins forte, soit positif par rapport à l'autre 5 j'avais remarqué par exemple, que le zinc plongé dans l'acide sulfurique concentré, est positif par rapport au cuivre plongé dans l'acide nitrique, quoique ce dernier métal soit bien plus fortement attaqué que le premier. Ce résultat et d'autres analogues semblent au pre- mier coup d'œil être dus au contact dont le pouvoir l'em- porterait sur l'influence opposée de l'action chimique; mais en étudiant de plus près le phénomène, on est conduit à une conséquence toute difïérente. Un fait important à re- marquer, c'est que les anomalies, telles que celles que nous venons de citer, n'ont lieu qu'autant que chacun des élé- mens du couple plonge dans un liquide différent, les deux liquides étant mis directement en communication l'un avec T, xxxvii^ p. 24) , qui '"e semblent ne pas laisser de doute à cet égard. J'aurai d'ailleurs l'occasion d'j' revenir dans la troisième partie de mon Mémoire, en m'oc- cupaut de la théorie électro-chimique, considérée dans ses rapports avec les faits que je viens d'exposer. DE l'Électricité voltaïque. Six l'autrej dans les recherches muUipliées que j'ai faites sur ce su- jet, je n'ai pas observé une seule fois que, lorsque les deux métaux sont dans le même liquide, celui qui est le moins attaqué soit positif par rapport à l'autre. Ainsi l'hétérogé- néité du liquide interposé paraît être la cause du phénomène qui nous occupe, ou du moins lui être intimement liéej c'est donc sur cette circonstance que nous devons principa- lement porter notre attention dans l'examen auquel nous allons nous livrer. Pour faire l'expérience dont nous venons de parler , je me sers d'un tube recourbé c d (fig. 2) dans l'une des branches duquel je verse de 1 acide sulfurique concentré, tandis que dans l'autre je mets de l'acide nitrique ; j'ai soin que les deux liquides ne fassent que se toucher sans se mélanger, ce qui est facile à cause de leur différence de densité; la ligne ni n marque la séparation des deux acides. Je fixe à l'extrémité a du galvanomètre une lame de cuivre, et je la plonge dans l'acide nitrique j à l'extrémité b, je fixe une lame de zinc que je plonge dans l'acide sulfurique; aussitôt il y a production d'un courant dirigé, comme on le voit sur la figure, du zinc au cuivre au travers des liquides, et du cuivre au zinc au travers du fil du galvanomètre, ce qui indique que le zinc est positif, et le cuivre négatif. Il est facile de démontrer que ce n'est pas au contact des deux métaux hétérogènes qu'est du le courant qui est déve- loppé dans l'expérience que nous venons de rapporter; en effet, en fixant à l'extrémité a du galvanomètre une lame de zinc à la place de celle de cuivre, on produit un coui'ant encore plus intense que le premier, et dirigé dans le même 3l2 RECHERCHES SUR LA CAUSE sens; c'est-à-dire que le zinc qui plonge dans l'acide sulfu- rique est positif par rapport au zinc qui plonge dans l'acide nitrique. On obtient des résultats parfaitement semblables à celui qui précède , en fixant successivement aux extrémités du galvanomètre; des lames homogènes de différens métaux; dans tous les cas, la lame qui plonge dans l'acide sulfurique est positive par rapport à celle qui plonge dans l'acide ni- trique; le courant seulement varie d'intensité avec la na- ture du métal. Ainsi, avec deux lames de cuivre il est plus fort qu'avec deux lames ^argent; avec deux lames de fer il est plus intense qu'avec deux lames de cuivre, et ainsi de suite j mais il est toujours dirigé dans le même sens. Puis donc que dans un couple parfaitement homogène, la surface métallique la moins attaquée peut être positive par rap- port à Tautre, il n'est pas étonnant qu'il en soit de même avec deux métaux hétérogènes; ou du moins, on ne peut pas en faire un argument en faveur de la théorie du contact. Si ce n'est pas à l'hétérogénéité des deux ëlémens solides du couple qu'est du le courant, ne serait-il point produit par 1 action mutuelle des deux acides en contact ? Pour résoudre cette question , fixons aux deux extrémités du galvanomètre des lames de platine, et plongeons l'une dans l'acide ni" trique, et l'autre dans l'acide sulfurique; le courant qui est alors développé n'est pas si intense que dans le cas où les mé- taux peuvent être attaqués par les acides, et de plus, il est dirigé en sens contraire, c'est-à-dire qu'il va directement de l'acide nitrique au sulfurique, et de l'acide sulfurique au ni- trique au travers du fil du galvanomètre. Ce n'est donc pas à la même cause que peuvent être attribués ces deux cou- DE l'Électricité voltaïque. 3i3 rants dont les directions sont précisément opposées. Remar- quons en passant que, dans le courant qui résulte de l'action des deux acides l'un sur l'autre, l'acide nitrique paraît jouer le rôle d'une base par rapport au sulfurique. Une manière très simple et plus commode de produire ce dernier courant , consiste à placer dans une capsule pleine de l'un des acides , l'acide sulfurique, par exemple, l'une des extrémités en pla- tine du galvanomètre,, et de tremper l'autre extrémité qui est aussi en platine dans l'acide nitrique, avant de la plon- ger dans. le sulfurique 3 l'action qui a lieu entre les deux acides, au moment de l'immersion, donne naissance à un courant dont la direction est telle que la lame qui a trempé dans l'acide nitrique , semble être positive par rapport à celle qui a été plongée immédiatement dans l'acide sulfurique, résultat qui indique bien que le courant va directement de l'acide nitrique au sulfurique. Quoiqu'il soit bien prouvé que l'action mutuelle des deux acides ne contribue en rien au développement du courant dans l'expérience qui nous occupe, et qu'elle tend plutôt à en diminuer l'intensité puisqu'elle donne naissance à un courant opposé, il vaut mieux cependant se débarrasser tout-à-fait de cette source d'électricité qui ne sert qu'à com- pliquer les résultats. Dans ce but, au lieu de placer les lames métalliques homogènes aux deux extrémités du galvano- mètre, il faut y fixer deux lames de platine a et b (fig. 3) , dont l'une plonge dans la capsule c pleine d'acide sulfurique, et l'autre dans la capsule d pleine d'acide nitrique; on réunit les deux capsules par un arc métallique m, dont les extré- mités plongent l'une dans le premier acide, l'autre dans le TOM. IV. 40 3l4 RECHERCHES SLR LA CAUSE second. Les deux liquides ne peuvent agir l'un sur l'autre puisqu'ils sont complètement séparés, et les deux extrémi- tés du galvanomètre étant parfaitement semblables et non susceptibles d'être attaquées par les acides, le courant ne peut provenir que de l'action de ces acides sur lare métal- lique qui plonge dans chacun d'eux. En se servant succes- sivement d'arcs homogènes A' argent , de cuivre , de laiton, àe plomb , diétain, àe fer et de zinc , on trouve que le cou- rant est constamment dirigé, comme l'indique la figure, de la capsule cZ à la capsule c au travers de l'arc qui les unit, et de la capsule c à la capsule d au travers du fil du galvano- mètre; ce qui indique que l'extrémité p qui plonge dans l'a- cide sulfurique est positive par rapport à l'extrémité q qui plonge dans l'acide nitrique; résultat parfaitement daccord avec celui auquel nous avait conduit la première manière de faire l'expérience. Avant d'entrer plus avant dans le détail des faits analo- gues à ceux qui précèdent, cherchons, s il est possible, une explication satisfaisante des anomalies sur lesquelles nous venons de nous arrêter; puis nous examinerons si les consé- quences qu'on peut en tirer sont vérifiées par l'expérience. Dans ee but, nous sommes obligés de remonter un peu haut, et de commencer par exposer quelques détails sur la manière dont nous envisageons la production de l'électricité par l'ac- tion chimique- Explication de la production de V électricité par l'action chimique. Le principe qui nous sert de base dans la théorie chimique DE l'Électricité voltaïque. 3i5 de 1 électricité voltaïque est que, toutes les fois qu'un corps est attaqué par un autre, il y a séparation des deux électri- cités j que si les deux corps sont, par exemple, l'un un acide et l'autre un métal, l'électricité positive se répand dans le liquide, et la négative reste dans le métal; ce fait démontré par l'expérience , est admis actuellement par tous les physi- ciens. Mais les deux principes électriques ainsi séparés ten- dent aussitôt à se réunir en vertu de leur attraction mu- tuelle; comme leur séparation a lieu tant que dure l'action chimique, leur réunion doit avoir lieu de même tout aussi long-temps. Four fixer les idées, soit z (fig. 4) une lame métallique, de zinc par exemple, que je suppose plongée dans un acide étendu a; l'action chimique, en séparant l'un de l'autre les deux principes électriques, rend constam- ment la lame z. négative et le liquide a positif; il doit donc y avoir constamment courant direct de l'acide au métal, c'est-à-dire réunion continue de l'électricité positive du pre- mier avec l'électricité ne'gative du second. Cette réunion doit s'opérer au travers de la surface même du zinc, sur la- quelle s'exerce l'action chimique qui produit la séparation des deux principes électriques, car il n'y a pas d'autre che- min; de plus, elle doit avoir lieu constamment, sinon, comme il y a production continuelle d'électricité, il arrive- rait un moment où , en vertu de l'accumulation de chacune des électricités, la tension serait énorme. Or, l'expérience démontre que la tension est nulle ou très faible, ce qui n'est pas étonnant puisque les deux principes électriques qui ne sont séparés l'un de l'autre que par une couche conductrice, doivent, immédiatement après leur séparation, se neutra- 3l6 RECHERCHES SUR LA CAUSE liser. Nous verrons plus loin que cette tension ne peut être sensible que lorsque la surface en contact avec le liquide , devient un peu isolante, ou lorsque l'action chimique est si vive que les deux principes électriques ne peuvent pas se réunir avec une promptitude égale à celle avec laquelle ils sont séparés. Pour passer du cas qui précède à celui d'un couple vol- taïque, nous supposerons que la lame de zinc, au lieu d'être isolée, est soudée en un ou plusieurs de ses points avec l'une des extrémités d'un conducteur dont l'autre bout plonge dans le même liquide. Ce conducteur peut être ou attaquable ou non attaquable par le liquide j exami- nons successivement ces deux cas, en commençant par le second qui est le plus simple. Le conducteur amp (fig. 5) est un fil ou une lame de platine, qui fixée en a à la placjue de zinc, sort du li- quide , et y plonge par sou extrémité p. Les deux principes électriques, séparés par l'action chimique sur la plaque z, pourront, pour se réunir, suivre deux routes diflférentes, ou la route directe au travers de la surface du zinc, la seule qui leur était offerte dans le cas précédent, ou celle que leur présente le nouveau conducteur qui déterminera ainsi un couranT dirigé suivant p m a comme l'indique la figure. En effet, l'électricité positive qui est dans le liquide, entre dans la lame de platine, et la traverse pour venir neutraliser l'électricité négative qui est dans la lame s , et comme on est convenu de regarder la direction de Télectricité positive comme étant celle du courant, le sens de celui-ci sera bien dans le conducteur tel que nous venons de l'indiquer. La OE L'ÉLEeTRICITÉ VOLTAÏQUE. 3îJ proportion plus ou moins grande d'électricité qui suivra l'un ou l'autre de ces deux chemins, dépendra de diverses circons- tances, et en particulier de la facilité ou de la difficulté qu'éprouvera le courant électrique à passer de chacun des deux métaux dans le liquide qui les unit (i). On peut seu- lement affirmer qu'en général la portion des deux principes électriques qui suit, pour se réunir, la route du conducteur, est très petite par rapport à celle qui se réunit directement au travers de la lame de zinc. Il est vrai que le galvanomètre ne peut rendre perceptible pour nous que la première de ces deux quantités d'électricité , tandis que la seconde échappe à tous nos moyens d'observation; cependant, il est une circonstance qui semble pouvoir fixer un peu nos idées sur le rapport qui existe entre ces deux quantités , et qui , en nous en donnant une mesure assez exacte, confirme l'as- sertion que nous venons d'énoncer. Quand la lame de zinc est seule, comme dans la figure 4i il se dégage à sa surface une très grande quantité d'hydro- gène, surtout si l'acide est étendu d'une proportion d'eau convenable ; mais si le zinc est soudé ,-comme dans la fig. 5 , à un conducteur de platine, une portion du gaz est portée (i) J'ai démontré dans un précédent mémoire {Ann. de Chimie et de Physique, lom. xxxrii, p. saS), que celte facilité dépend de la nature relative du métal et du liquide, de l'étendue de la surface métallique en contact avec le liquide, et de l'intensité même de l'électricité qui doit Être transmise, ainsi que des modifications qu'elle a éprouvées dans le circuit qu'elle a déjà parcouru. Dans le cas dont il s'agit, plus la surface de la lame de platine plongée dans l'eau acidulée sera grande, plus sera considérable la portion des deui principes électriques qui suivra , pour se réunir, la route p m a z. 3l8 RECHERCHES SUR LA CAUSE par le courant sur ce métal , et se dégage tout autour de sa surface. Des mesures précises démontrent que la portion de l'hydrogène qui, abandonnant le zinc, se porte sur le platine, est d'autant plus grande que le courant qui suit la l'oute indi- recte p m az est plus fort. Or, la somme totale d'électricité qui est dégagée par l'action chimique sur la plaque de zinc étant constante, plus le courant p maz sera fort, plus celui qui résulte de la réunion immédiate des deux principes élec- triques sera faible; par conséquent les quantités de gaz ac- cumulées sur chacune des deux surfaces métalliques repré- senteront, d'une manière assez exacte, les quantités d'élec- tricité qui suivent l'une ou l'autre des deux routes. Si toute l'électricité passait par p m a z ,'\\ n'y aurait plus de déga- gement de gaz sur la surface du zinc; il serait tout porté sur le platine; mais comme la quantité d hydrogène qui s'accumule autour de ce dernier métal est beaucoup moindre que celle qui est dégagée à la surface du premier, il en ré- sulte bien, comme nous l'avions dit, que le courant qui suit la route indirecte est toujours plus faible que celui qui résulte de la réunion des deux électricités au travers de la lame de zinc elle-même. Nous voyons donc par ce qui précède que le métal qui est soudé au zinc ne contribue en rien à la production de l'électricité; qu'il sert uniquement à la conduire, et que si nous continuons à l'appeler négatif, ce n'est point que nous entendions par là que ce soit à sa présence qu'est due l'élec- tricité négative dont il se charge; mais nous exprimons simplement par cette qualification qu'il transmet l'électri- cité positive du liquide où l'action chimique l'a portée, dans DE l'Électricité voltaïque. Sig le zinc où est restée accumulée l'électricité négative; ou si l'on préfère, qu'il reçoit du zinc avec lequel il est en con- tact, l'électricité négative qui s'y trouvait en excès en vertu de 1 action chimique, et qui va ainsi neutraliser l'électricité positive répandue dans le liquide. Examinons actuellement ce qui se passe lorsque le con- ducteur qui est soudé au zinc est susceptible d'être attaqué par le liquide. Soit anibc(hg. 6) ce conducteur-, l'action chimique qui a lieu à sa surface développera une certaine quantité d'électricité comme cela a lieu pour la lame z; nous aurons donc pour la plaque c comme pour z un courant non perceptible résultant de la réunion immédiate des deux principes électriques, et un autre courant susceptible d'être accusé par le galvanomètre, et qui suit la route cbmaz.La. plaque z fait l'office de conducteur pour ce dernier courant, comme la plaque c pour le courant qui, provenant de l'action qui a lieu sur s, suit la route z a m b c ; l'expérience démontre en effet qu'une substance métallique, attaquée par un acide, peut transmettre un courant électrique dans le liquide qui agit sur elle, sans que l'électricité qui provient de l'action chimique change en lien le courant transmis (i). Nous avons donc dans le conducteur (i) C'est un résultat facile 'a démontrer en faisant passer un courant électrique au travers d'une lame métallique plongée dans un liquide qui agit chimiquement sur elle; on voit que, quel que soit le sens suivant lequel ce courant est dirige, son intensité ne varie pas. Or, si l'électricilé développée sur la lame par l'action chimi- que , modifiait d'une manière quelconque le courant transmis, elle devrait augmenter son intensité lorsqu'il chemine dans un certain sens, et la diminuer lorsqu'il che- 320 RECHERCHES SUR LA CAUSE amh deux courants distincts et dirigés en sens contraire , qui proviennent de la réunion des électricités développées séparément sur chacune des surfaces z et c, et qui sont marqués sur la figure 6 par de petites flèches sans plumes 5 celui qui provient de la surface z est marqué en dedans, et l'autre qui provient de la surface c en dehors. Si le conduc- teur amh est le fil d'un galvanomètre, on verra l'aiguille dévier sous l'action d'un seul courant égal à la différence des deux courants élémentaii'es; si ceux-ci étaient égaux en force, leur différence, c'est-à-dire l'intensité du courant définitif se- rait nulle, et par conséquent l'aiguille ne serait point déviée. Supposons que les lames « et c de la figure 6 soient des pla- ques de zinc et de cuivre plongeant dans un acide étendu, le courant qui provient de s, c'est-à-dire l'intérieur, étant plus fort que l'extérieur qui provient de c, le courant défi- nitif qui affectera le galvanomètre sera dirigé dans le même sens que le premier des deux élémentaires ; il ira , ainsi que l'indiquent les grosses flèches les plus extérieures, de c en z au travers du conducteur, et de s en c au travers du liquide; la plaque c est alors dite négative par rapport à z qu'on ap- pelle positive. Il nous reste actuellement à étudier les causes qui peuvent faire que l'un des courants élémentaires soit plus fort que l'autre. L'intensité de l'action chimique est ici en première mine en sens contraire; et l'expérience démontre que cette intensité ne varie pas. II faut, pour faire cette expérience, avoir deux verres remplis d'une solution acide ou saline, plonger les pôles d'une pile dans chacun d'eux, et les réunir par un are homogène d'un métal susceptible d'être attaqué par la solution. DE l'Électricité voltaïque. Sai ligne; en effet, puisque c'est à cette action qu'est due l'élec- tricité, plus elle sera vive, plus la quantité totale d'électri- cité développée sera considérable, et plus, par conséquent, la partie aliquote des deux principes électriques qui se réu- nissent à travers le conducteur sera considérable, en sup- posant cependant que toutes les autres circonstances restent les mêmes. C'est donc parce que la lame z est plus forte- ment attaquée que c que le courant élémentaire qui provient de la première de ces deux plaques, est plus fort que celui qui provient de la seconde, et que le courant définitif est dirigé comme l'indique la figure 6. Quant aux circonstances qui peuvent faire cjue Tune des plaques soit plus attaquée que l'autre, il faut, si elles plongent dans le même liquide, qu'elles soient d'une nature différente, ensorte que l'action chimique soit moins forte sur c que sur s; et si elles sont de même nature, on pourra, en donnant aux surfaces une étendue différente^ ou en les modifiant de telle manière que l'une soit oxidée et l'autre décapée, soit de toute autre façon, rendre inégale l'action chimique qui a lieu sur cha- cune d'elles, et produire ainsi un courant définitif qui ne soit pas nul. Mais en général l'hétérogénéité donne lieu à une différence plus sensible. Dans le cas où les deux lames sont parfaitement homo- gènes et identiques , soit par l'étendue , soit par la nature de leur surface, on peut encore rendre l'action chimique différente, et produire par conséquent un courant, en plon- geant chacune d'elles dans un liquide différent, comme l'indique la figure 7, les deux liquides étant mis directe- ment en communication l'un avec l'autre, li résulte de l'ac- TOM. IV. 41 323 RECHERCHES SUR LA CAUSE tion chimique de chacun des liquides sur la lame métallique qui y plonge, un courant élémentaire de force différente, à cause de l'hétérogénéité de ces deux liquides , et par consé- quent on obtient un courant définitif qui est accusé par le galvanomètre. Mais il arrive souvent dans ce cas que le courant définitif ne correspond pas à la plaque la plus at- taquée, ou en d'autres termes, que le courant élémentaire qui provient de la lame métallique sur laquelle l'action chi- mique est la plus vive, n'est pas aussi intense que celui qui résulte de l'action moins forte qui a lieu sur 1 autre lame. 11 y a donc ici une autre circonstance outre l'action chi- mique, qui exerce une influence sur lintensité des courants élémentaires, et c'est cette circonstance quil nous faut ac- tuellement chercher à étudier pour pouvoir en apprécier la valeur- Cette nouvelle circonstance qui doit influer sur l'inten- sité absolue des courants élémentaires, c'est la conducti- bilité du trajet que chacun d'eux est obligé de parcourir j conductibilité de laquelle doit dépendre la proportion plus ou moins considérable des deux électricités qui, au lieu de se réunir directement à la surface de la lame attaquée, sui- vent pour se neutraliser la route moins directe z anib c. 11 semble au premier coup d'œil que, ce trajet étant le même pour les deux courants élémentaires, sa conducti- bilité ne peut exercer dinfluence que sur leur intensité absolue, et doit la faire varier dans la même proportion ; on ne comprend pas comment cette circonstance peut agir de telle façon que le courant originairement îe plus fort de- vienne le plus faible. C'est cependant ce qui a lieu quelque- DE l'Électricité voltaïque. SaS fois, et c'est, comme pous allons le voir, une conséquence des principes que nous avons exposes plus haut- Supposons, pour fixer nos idées, que les deux lames c et c (fig. 7 ) soient de cuivre et parfaitement semblables sous tous les rapports, et qu'elles plongent, c dans l'acide nitrique et g' dans l'acide sulfurique concentre , les deux acides étant mis directement en communication l'un avec l'autre par une mèche d'amiante p^y imprégnée d'acide nitrique. L'électricité développée à la surface de la plaque c, sera beaucoup plus intense que celle qui est développée à la surface de la plaque c', à cause de la plus grande vivacité de l'action chimique; mais l'électricité positive répandue dans l'acide nitrique pré- férera pour rejoindre la négative qui est restée dans le métal, suivre en totalité ou du moins en très grande partie la route directe au travers de la surface c elle-même, au lieu de parcourir la route p qd b mac. En effet, dans le premier cas, les deux principes électriques n'ont pour se neutraliser qu'à passer de l'acide nitrique dans le métal, transmission que l'expérience directe démontre être très facile, tandis que dans le second cas, indépendamment de la plus grande lon- gueur du trajet, le courant est obligé de passer de l'acide sulfurique dans le métal, passage que l'expérience démontre au contraire être très difficile. Quant à l'électricité déve- loppée sur la surface c par l'action de l'acide sulfurique , les deux mêmes causes agiront ici de manière à produire un résultat précisément inverse du premier^ car les deux prin- cipes électriques portés par l'action chimique , l'un dans l'acide et l'autre dans le métal, préféreront suivre pour se réunir, la route plus longue mais plus facile qpcamb & 324 RECHERCHES SUR LA CAUSE que de se neutraliser en passant directement de l'acide sul- furique dans la plaque c- Ainsi, quoique la quantité ab- solue délectricité développée par l'action des acides soit beaucoup moindre sur c que sur c, comme la presque totalité de celle qui est développée sur c suit la route plus longue, tandis qu'une très faible portion seulement de celle qui est développée sur c suit cette même route, on conçoit maintenant comment il peut se faire que le courant élémen- taire qui provient de c', et qui parcourt qpcanibc soit plus fort que celui qui provient de c et qui parcourt le môme chemin, mais en sens contraire. La direction du courant définitif sera donc la même que celle du courant élémentaire auquel donne naissance l'action chimique de l'acide sulfu- rique sur c ; c'est-à-dire que c plongé dans l'acide sulfu- rique sera positif par rapport à c plongé dans Tacide ni- trique. Les explications qui pre'cèdent me paraissent suffisantes; revenons donc actuellement aux faits , et cherchons à varier les expériences que nous avons rapportées. Dans ce but, au lieu de mettre les deux lames c et c comme l'indique la figure 7 , arrangeons-les comme nous 1 avions fait en com- mençant, et comme on le voit dans les figures 2 et 3. L'ex- plication que nous avons donnée de la direction du courant définitif dans le cas de la figure 7, s'applique tout aussi bien a ces deux autres manières de disposer les clémens du couple; c'est ce dont il est facile de s'assurer avec un peu d'attention. Néanmoins, nous supposerons pour plus de simplicité dans lenoncé des résultats, qu'on ait toujours sous les yeux la dernière figure- DE l'Électricité voltaïque. 32d Si les plaques c et d au lieu d'être de cuivre, sont de zinc ou de tout autre métal , le phénomène aura lieu de la même manière, ainsi que nous l'avons déjà vu, et l'explication sera la même. Les deux plaques peuvent encore être hétéro- gènes, par exemple, c de cuivre et c de zinc ou même c' de zinc et c de cuivre, c' est cependant toujours positif par rap- port à c; ainsi le cuivre plongé dans l'acide sulfurique con- centré est positif par rapport au zinc plongé dans lacide nitrique, fait qui paraît d'abord également contraire à la théorie chimique et à celle du contact, mais qui n'est qu'une simple conséquence de la première de ces deux théo- ries telle que nous venons de l'exposer. Nous devons cepen- dant remarquer que Ion rencontre de temps à autre, dans la série de ces expériences, quelques légères anomalies ; ainsi en me servant de deux lames de zinc, j'ai vu quelquefois celle qui plongeait dans lacide nitrique, de négativ'e qu'elle était devenir positive ; ce changement n'avait lieu que lorsque l'expérience durait un certain temps, et il paraissait être dû à ce que l'action chimique de l'acide sulfurique avait diminué d'inlensité, tandis qu'au contraire celle de l'acide nitrique était devenue très forte; peut-être aussi la grande chaleur que cette dernière action développe donne-t-elle lieu à un courant qui vient compliquer les résultats. En gé- néral, toutes les fois, dans les expériences précédentes, que l'action de l'acide nitrique sur la lame métallique qui y plonge devient très violente, le courant diminue un peu d'intensité; quelquefois il devient à peu près nul, et dans des cas très rares tels que celui que j'ai cité, il change de direction 5 mais toujours dans les premiers momens de l'ina- 326 RECHERCHES SUR LA CAUSE mersion la lame métallique que l'on plonge dans l'acide sul- furiqLie est positive par rapport à celle qui est plongée dans iacide nitrique, pourvu qu'elles soient l'une et l'autre éga- lement bien de'capëes. Je rapporterai encore ici avec quelques détails une expé- rience qui me paraît propre à confirmer d'une manière re- marquable les explications que nous avons données plus haut. Supposons (fig. 5 ) que les capsules c et d soient rem- plies, la première d'acide sulfurique concentré et la seconde d'acide nitrique, que les lames a et 6 qui terminent le fil du galvanomètre soient de platine, et que l'arc pmq soit un arc hétérogène de platine et de cuivre j si le platine plonge dans l'acide sulfurique et le cuivre dans l'acide nitrique, le courant n'est que de 5° (i) ; dans le cas, au contraii'e, où le cuivre plonge dans l'acide sulfurique et le platine dans l'acide nitrique, le courant est de 3o à 4o°, quoique 1 ac- tion chimique qui a lieu sur le cuivre soit bien moins forte dans ce cas que dans le premier. Il faut observer que le pla- tine n'étant pas susceptible d'être attaqué ni par l'un ni par l'autre des deux acides, nous n'avons plus qu'un seul cou- rant élémentaire qui est celui qui provient de l'action de l'un ou de l'autre acide sur le cuivre; ce courant devient ainsi le courant définitif accusé par le galvanomètre. Nous voyons (i) Dans ce cas, a'msi que dans tous ceus. qui précèdent et qui suivent, en disant que le courant est d'un certain nombre de degrés, j'entends que l'aiguille du gal- vanomètre subit, sous l'inûuence de ce courant, une déviation constante de ce même nombre de degrés. DE l'Électricité voltaïque. 327 donc ici, comme nous l'avions affirmé plus haut quand nous avions deux courants élémentaires oppose's, que celui de ces courants qui est du à l'action de l'acide sulfurique sur le métal, est plus fort que celui qui provient de l'action de l'acide nitrique, lorsque le conducteur que 1 un et l'autre sont appelés à traverser, est un conducteur mixte disposé comme il lest dans la figure 3 ou dans les figures 2 et 7. Il nous i-este à prouver qu'il y a néanmoins plus d électri- cité développée par l'action de l'acide nitrique que par celle de l'acide sulfui'ique; dans ce but, nous n'avons qu'à fixer aux extrémités d'un galvanomètre une lame de platine et une lame de cuivre ; en les plongeant l'une et l'autre dans l'acide nitrique on obtient un courant de 90° ; dans l'acide sul- furique, le courant n'est que de 4o°. Ainsi, dans l'expérience précédente , la presque totalité des deux principes élec- triques développés par l'action de l'acide nitrique sur le cuivre se réunissaient immédiatement, ne pouvant faire le tour du circuit à cause de sa conductibilité imparfaite; tan- dis que ces deux mêmes principes séparés par l'action de l'acide snlfurique, suivaient pour se réunir la route plus longue mais plus facile que leur oiîrait tout le circuit dans lequel se trouvait compris l'acide nitrique, au lieu de se neutraliser en passant directement de l'acide sulfurique dans le métal, transmission pour eux plus difficile quoique plus courte. Rendons le circuit meilleur conducteur comme dans la seconde expérience 5 aussitôt le courant qui est dû à l'action de l'acide nitrique devient beaucoup plus intense que celui qui provient de l'action de l'acide sulfurique ; ce dernier , au contraire , n'éprouve aucune influence de ce 338 RECHERCHES SUR LA CAUSE changement, ce qui résulte de ce que le premier circuit of- frait déjà à l'électricité développée dans ce cas, une route plus facile que celle que lui présentait la transmission directe. Dans les expériences qui précèdent , nous avons toujours fait usage seulement des acides sulfurique et nitrique; on trouve en employant aussi d'autres liquides des résultats analogues. Il est néanmoins impossible de prévoir dans tous les cas la direction que doit avoir le courant définitif quand on plonge chacun des élémens du couple dans un liquide différent 5 car, si d'un côté l'action chimique la plus vive doit déterminer le sens du courant en développant une quantité plus considérable d'électricité, d'un autre côté, en augmentant la facilité de transmission , elle permet aux deux principes électriques de se réunir immédiatement en plus grande proportion, et favorise au contraire la transmission au travers du circuit du courant dégagé par l'action chimique la plus faible- Il faudrait, pour pouvoir poser une règle fixe, connaître exactement d'une part le rapport exact qui existe entre l'intensité de l'action chi- mique et celle de l'électricité qui est développée par cette action, et d autre part la facilité relative que possèdent les différentes substances solides et liquides à transmettre le courant électrique des unes aux autres. Mais nos instrumens sont encore trop imparfaits et nos moyens de recherches trop inexacts, pour pouvoir fixer numériquement ces diffé- rents rapports; nous ne pouvons actuellement les détermi- ner que d'une manière générale et tout-à-fait approxima- tive^ ce n'est cependant que lorsque ces nombres seront connus qu'on pourra assigner d'avance et avec exactitude DE l'Électricité voltaïque. 829 la direction et l'intensité du courant. Il me paraît donc inutile de rendre compte ici des essais divers que j'ai faits en substituant dans les expériences précédentes différents li- quides aux acides sulfurique et nitrique 5 les résultats aux- quels je suis parvenu sur ce point particulier de recherche, pourront trouver place à la fin du mémoire, à la suite de ceux que j'ai obtenus par l'emploi d'un seul liquide. Je ne terminerai pas cependant cette partie du Mémoire sans rappeler une expérience de Berzélius qui s'y rapporte, et qui semblait d'abord tout-à-fait contraire à la théorie pu- rement chimique de l'électricité voltaïque, mais qui devient facile cl expliquer dans cette théorie, d'après les principes que nous venons d'exposer. Le nom de son auteur et les conséquences qu'on en a tirées en faveur de la théorie du contact, rendent cette expérience également importante et digne d'un examen attentif. Un certain nombre de capsules de verre a, h, c, cl (fig. 8) sont remplies à moitié d'une solution concentrée de mu- riate de chaux, et à moitié d'une couche d'acide nitrique étendu, qui, plus légère, ne se mélange point avec la solu- tion saline et reste suspendue au-dessus d'elle. Des arcs de cuivre c, c, c", c" terminés à une de leurs extrémités par de petites pièces de zinc Zj z , z , z'" servent à réunir les capsules , et sont disposés de telle façon que l'extrémité zinc de chacun plonge entièrement dans la solution de mu- riate de chaux, et l'extrémité cuivre dans la couche supé- rieure d'acide de la capsule suivante. Cette pile à couronne de tasses est capable de développer un courant dirigé de telle manière que le zinc, quoique non ou presque point at- TOM. lY, 42 33o RECHERCHES SUR LA CAUSE " taqué, est positif, tandis que l'extrémité cuivre qui éprouve de la part de l'acide nitrique une action assez vive est néga- tive. De plus, au moment où l'on ferme le circuit en faisant communiquer par un conducteur métallique l'extrémité p de la pile avec l'extrémité n, on remarque que les pièces de zinc z, z , z" , etc. qui étaient restées parfaitement nettes et brillantes dans la solution de muriate de chaux, perdent leur éclat, et s'oxident aussitôt que le courant est établi; preuve, dit-on, que c'est le contact du zinc et du cuivre qui produit le courant électrique dont l'effet chimique n'est qu une conséquence; on observe aussi en même temps que les extrémités c, c , c' , etc. de cuivre, cessent d'être atta- quées , et que le cuivre déjà dissout dans l'acide nitrique vient se déposer sur elles, fait d'oii l'on tire la même consé- quence que du premier. Remarquons d'abord qu'on oublie de tenir compte, dans cette expérience, de l'action mutuelle des deux liquides en contact, action à laquelle est due la plus grande portion du courant électrique, ainsi que je m'en suis assuré. En effet, si l'on met dans le tube recourbé de la figure 2, d'un côté la solution concentrée de muriate de chaux, et de l'autre de l'acide nitrique étendu, et qu'on plonge dans les deux li- quides les extrémités a et 6 du galvanomètre terminées par des lames homogènes, tantôt de zinc, tantôt de cuivre, tan- tôt de platine, on trouve toujours un courant dirigé dans un sens tel que la lame métallique qui plonge dans la solution saline semble être positive par rapport à l'autre, résultat tout-à-fait d'accord avec ce qui doit se passer si le courant est réellement dû à l'action chimique de l'acide sur la solu- i DE l'Électricité voltaïque. 33 1 tion. En disposant l'appareil comme il l'est dans la figure i, on est conduit à la même conséquence; en mettant le mu- riate dans la capsule cl et 1 acide dans la capsule c, on trouve un courant dirigé comme l'indique la figure, et dans lequel la lame h est positive par rapport à a. Si c'est bien à la cause que nous venons d'assigner qu'est dû le courant dans l'expérience de Berzélius , nous devons obtenir les mêmes résultats en substituant aux arcs hétérogènes zc, z'c, z"c" , etc. des arcs homogènes placés de la même manière; l'expérience directe confirme tout-à-fait cette conséquence; seulement l'intensité du courant varie avec la nature des ai'cs métalliques. Ainsi, avec des arcs entière- ment de zinc il est plus fort qu'avec des arcs mixtes de zinc et de cuivre; un galvanomètre très peu sensible marquait 45° dans le premier cas, et seulement 4o° dans le second; avec des arcs entièi-ement de cuivre, le courant est moins fort qu'avec les arcs hétérogènes , et avec des arcs de platine il est plus faible qu'avec tous les autres. Ces résultats sont faciles à expliquer; ils dépendent de la facilité plus ou moins grande qu'éprouve le courant électrique développé par l'ac- tion mutuelle des deux liquides en contact, à passer du li- quide dans le métal qui doit lui servir de conducteur; or, cette transmission étant d'autant plus facile que le métal est plus attaquable par le liquide dans lequel il plonge, on conçoit que le courant sera plus intense lorsque les deux extrémités de l'arc métallique seront de zinc que si Tune est de zinc et l'autre de cuivre, ou que si elles sont toutes les deux de cuivre et à plus forte raison de platine. Quant au sens du courant dans l'appareil de Berzélius, il est dû à 332 RECHERCHES SUR LA CAUSE ce que dans l'action de l'acide sur la solution saline, le cou- rant va directement de cette solution à l'acide, comme nous l'avons démontré dans l'examen du second cas, et par con- séquent il semble sortir du zinc qui plonge dans le muriate de chaux pour entrer dans le cuivre placé dans l'acide ni- trique ; les effets chimiques qui ont lieu sur le zinc et le cuivre, sont dus à ce courant et conformes à sa direction; on en observe de semblables, sur les extrémités des arcs homogènes ; seulement leur intensité varie avec celle du courant auquel ils servent de conducteurs. Quoique l'action mutuelle des deux liquides soit la cause principale de l'électricité développée dans l'expérience de Berzélius , il ne faut pas négliger l'action de la petite couche d'acide nitromuriatique qui doit se trouver entre les deux liquides superposés et qui, en attaquant celle des deux lames métalliques qui plonge dans la solution, contribue à la rendre positive. Quant à l'action de l'acide nitrique sur le cuivre, l'électricité qu'elle développe ne donne pas naissance à un courant sensible, les deux principes électriques ne pou- vant pour se réunir traverser tout le circuit qui leur offre un trajet trop difficile, et préférant se réunir immédiate- ment au travers de la lame de cuivre elle-même. En effet, si l'on dispose l'appareil comme il lest dans la figure 5, de manière que les deux liquides ne puissent agir l'un sur l'autre; on trouve en réunissant par des arcs soit homogènes, soit hétérogènes les deux capsules c et d remplies l'une de muriate de chaux dissout, l'autre d'acide nitrique étendu, que le courant est à peine sensible, et que sa direction est assez variable et paraît dépendre de la nature des métaux DE l'Électricité yoltaïque. 333 employés, parce que dans quelques cas l'action chimique très faible du muriate sur le métal peut donner naissance à un courant perceptible, quoique celle plus forte de l'acide niti-ique n'en produise point, comme nous en avons plus haut expliqué la cause. Mais dans les cas beaucoup plus nombreux oh. l'action du muriate sur le métal est nulle ou à peiue sensible, une petite portion de l'électricité produite par la forte action de l'acide nitrique, donne naissance à un courant très faible en parcourant tout le circuit. Quelles que soient les causes qui concourent à la pro- duction du courant dans l'expérience de Berzélius, le fait seul qu'avec des arcs homogènes on oijtient un courant semblable à celui que produisent des arcs hétérogènes, tan- tôt plus fort, tantôt plus fiiible, démontre que ce n'est pas au contact des deux métaux qu'on doit attribuer le résultat observé. Il résulte des faits contenus dans ce troisième para- graphe : 1°. Que, lorsque deux substances homogènes ou hétéro- gènes formant un couple voltaïque, plongent dans deux liquides différents qui communiquent enlr'eux, il peut ar- river que l'élément qui éprouve l'action chimique la moins forte, soit positif par rapport à l'autre, 2.". Que ce fait ne peut être expliqué dans la théorie du contact, mais qu'il est une conséquence de la théorie chi- mique, et qu'il dépend en particulier de la facilité plus ou moins grande que présentent à la transmission du courant électrique les différentes combinaisons de conducteurs so- lides et liquides. 334 RECHERCHES SUR LA CAUSE DE L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 3°. Qu'il est impossible dans l'état actuel de la science , et tant que des rapports numériques n'auront pas été dé' terminés avec exactitude, de pouvoir d'avance prévoir dans chacun des cas analogues à celui qui nous occupe, quel sera l'élément positif ou négatif d'un couple formé avec un ou deux métaux et avec deux liquides différents. FIN DE LA TROISIÈME PARTIE DU TOME IV. i I TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS LA 3"^ PARTIE DU TOME IV. Pages MÉMOIRE sur la vallée âe Valorsine. Par M. Z. A, Necker.. . . 209 PiECHERCHES sur la Corydaline. Par M. Pescln'er 247 Discussion de quelques Expériences relatives à l'influence de la Densité sur la Chaleur spécifique des Gaz. Par M. P. Preçost , Professeur émérite 255 Quelques rapprochemens relatifs au Piefroidissement d'un Corps dans un Gaz. Par le même 260 Note sur l'Action mutuelle de l'Ammoniaque et du Phosphore. Par MM. Macaire et Marcel 281 PxECHERCHES sur la Cause de l'Electricité voltaïque. Par M. le Prof Aug. De la Rwe 285 — Première Partie. Recherche des Causes qui déterminent la Production de l'Electricité voltaïque sous forme de courant 289 33Ç . TABLE. Premier Cas. Courant produit par un arc homogène ou hétérogène, dont les extrémités plongent chacune dans le même liquide . . 290 Deuxième Cas. Courant produit par l'action mutuelle de deux liquides. . 290 Troisième Cas. Courant produit par un arc homogène ou hétérogène, dont les extrémités plongent chacune dans un liquide ditférent, les deux liquides étant mis directement en communication l'une avec l'autre 3 1 0 ERRATA. Dans le Mémoire sur la Vallée de Valorsine, page 22.-], lignes 2G et 29, au lieu de pi. II, lisez pi. III. MEMOIRE SUR LA FAMILLE DES PAR M. N. C. SERINGE. (lu a la société de PHTSIQOE et d'histoire MATTJREILE DE GENÈVE, LE 21 JUIN 1827.) Les Mélastomacëes , presque toutes propres aux tro- piques, étaient à peine inconnues des anciens botanistes Elles renferment probablement de sept à huit cents es- pèces- Elles forment l'une de ces familles dont il suf- fit d'avoir vu quelques espèces pour pouvoir y rapporter facilement les autres- Malgré un port assez uniforme , elles présentent cependant des différences dans leur inflorescence, dans leur calice, corolle], et surtout dans les organes géné- rateurs. La distance qui nous sépare du lieu où croissent ces végétaux , la diflSculté de nous en procurer et de les cultiver dans nos jardins, ont rendu leur étude encore très incom- plète à beaucoup d égards, malgré les travaux d'Aublet, de TOM. IV. 43 338 MEMOIRE SUR LA FAMILLE Vahl, de MM. de Humboldt, Bon plan et Kunth; malgré ceux de MM. Smith, Jack, tout récemment de M. Don, etc. Je tâcherai , par ce premier Mémoire, et par les planches qui y sont jointes, de donner une idée générale des modifica- tions qu'offrent les organes, afin de faciliter les recherches ultérieures à faire sur cette famille, qui n'est encore qu'ébau- chée, du moins quant aux caractères des genres et au grou- pement des espèces, (i) Ce Mémoire est divisé en trois paragraphes. Le premier contient l histoire des organes des plantes de cette famille, le second des remarques générales sur la famille, le troi- sième quelques notes sur les usages des Mëlastomacées. Ce travail est terminé par un tableau des divisions que j'avais établies et leurs caractères, malgré qu'il soit devenu beau- coup moins utile depuis le beau travail de M. De CandoUe: je livre à l'impression ce Mémoire tel qu'il a été écrit en 1827. D'ailleurs, on trouvera dans l'explication des planches plusieurs notes sur les modifications des divers organes. J'ai préféré renvoyer à cette place, pour ne pas faire dans le texte des citations trop fréquentes. (i) Depuis la lecture de ce Mémoire, M. De Candolle a travaillé celte famille pour son Prodromus. Je n'ai rien retouché à mon Mémoire; mais, malgré l'impor- tance de son travail, il se trouvera encore à glaner abondamment quand ou pourra avoir dans les herbiers un grand nombre d'échantillons, et les disséquer. DES MELASTOMACÉES. SSg 15 1- HISTOIRE DES ORGANES. RACINE. Un grand nombre d'espèces étant ligneuses, leurs racines nous sont inconnues. Nous ne connaissons guère mieux celles des herbacées vivaces ou annuelles. Celles des espèces que j'ai eu occasion de voir dans les herbiers sont toutes fibreuses. TIGES ET RAMEAUX. Les liges sont cylindriques ou tétragones. Ce dernier ca- ractère n'est fixe que dans les espèces herbacées ou annuel- les; car les ligneuses, qui la première année sont tétragones, deviennent le plus souvent cylindriques la seconde ou la troisième année de leur existence- Ainsi, il est nécessaire dans les descriptions d'indiquer la forme des uns et des au- ties. Dans un petit nombre d'espèces, les angles sont garnis d'ailes, dues au parenchyme des feuilles prolongé sur les ra- meaux- Ce dernier caractère m'a paru très fixe ; mais il est rare. Les rameaux sont aplatis dans un petit nombre d'es- pèces- PUBESCENCE. La glabréité et la pubescence offrent des caractères de 34o MÉMOIRE SUR LA. FAMILLE quelque importance, si l'on a égard à la nature, à la texture et à la disposition des poils, mais non à leur nombre. Dans quelques espèces couvertes de poils entrelacés ou étoiles, on trouve les feuilles âgées presque glabres. Il faut indiquer cet état de la plante, mais ne pas y attacher trop d'importance j les bonnes espèces se distinguent ordinairement par des ca- ractères moins variables que ceux tirés de la pubescence. Malgré qu'une espèce, couverte quelquefois de gros poils lai- neux , les perde rarement tous à la fois ; la quantité de ces poils donne souvent un aspect très différent a la partie qui les porte. La différence est encore très grande lorsqu'elle est couverte de poils courts et étoiles, qui donnent alors une apparence grenue à la surface, et qui sont encore plus ca- ducs j mais comme les plantes ligneuses de cette famille croissent pour ainsi dire indéfiniment, on trouve assez sou- vent les jeunes feuilles très poilues, et les inférieures entiè- rement chauves, au moins sur l'une des deux surfaces, et c'est la supérieure qui s'en dégarnit le plus promptement. Les poils épars, gros et durs, sont moins caducs; cepen- dant ils varient aussi beaucoup en nombre d'un individu de la même espèce à l'autre. Ceux qui naissent sur une buUa- tion de la feuille, et qui la terminent, sont très serrés dans la jeunesse de la feuille, et alors on ne peut voir leur basej mais lorsque cette feuille a pris tout son développement, les bullations sont très distinctes , et chacune est terminée par un poil. Les Mélastomacées offrent aussi des poils qui ont quelques rapports avec ceux des Malpighiacées, c'est-à-dire qui, sans être libres par leurs deux extrémités , sont couchés et DES MÉLASTOMACÉES. 34 ^ nême soudés à la feuille , de manière à n'avoir que l'une de leurs extrémités libres j ils sont alors d'une nature épineuse, mais se rencontrent rarement. Les poils lymphatiques ne sont pas les seuls que l'on ob- serve dans cette famille; on trouve souvent sur les pédon- cules, les pédicelles et les calices, des poils capités, dont les glandes qui les terminent sont plus souvent allongées que globuleuses. FEUILLES. Les feuilles sont très régulièrement opposées, ou rare- ment verticillées ; constamment privées de stipules. Ces feuilles sont ordinairement de la même dimension dans chaque paire j il n'y a qu'un petit nombre de cas où l'une des deux est beaucoup plus petite que l'autre. Leurs nervures • primaires sont palmées, rarement pennées. Ce n'est que dans les feuilles très étroites qu'on n'aperçoit quelquefois point de nervation. Ordinairement les nervures sont au nombre de trois à sept; mais ce nombre n'est jamais bien fixe dans la même espèce, il varie de 3 à 5, de 5 à 7, bien plus rarement de 7 à g- Ces nervures primitives sont ordi- nairement convergentes vers le sommet de la feuille, et en cela les feuilles des Mélastomacées ressemblent un peu à celles de quelques endogènes ( Convaliaria) ; mais la dispo- sition des nervures secondaires et tertiaires ne peut lais- ser aucun doute que les feuilles ne soient réellement anguli- nerves. Les nervures secondaires de la nervure médiaire vont en général rejoindre la nervure latérale principale, à laquelle 342 MÉMOIRE SUR LA FAMILLE elles s'anastomosent, et les nervures primitives latérales semblent n'avoir d'embranchement que du seul côté exté- rieur. Ces nervures secondaires tendent en général à former des carrés assez réguliers. Dans un très petit nombre de cas, les feuilles sont à nervures pennées et très divergentes à la base, tandis qu'au tiers inférieur elles reprennent leur disposition normale. La forme des feuilles, quoique assez variable, conserve cependant presque toujours un certain air de famille, plutôt dû à leur nervation qu'à leur similitude réelle. En général elles sont lancéolées, ovales, oblongues, plus rarement li- néaires, quelquefois échancrées à leur base, jamais à leur sommet, oii elles sont aiguës ou plus rarement obtuses, sou- vent acuminées. Leurs bords sont rarement denticulés, ja- mais dentés ni pinnatiséqués, le plus souvent parfaitement entiers, lors même que leurs deux nervures les plus exté- rieures ne sont i-éellement pas marginales. Leur texture, au moins dans les espèces ligneuses, qui sont les plus nom- breuses, est assez coriace. Leur parenchyme est ordinai- rement plat entre le réseau vasculaire; mais parfois il s'élève en papilles coniques, creusées en dessous, et terminées cha- cune en dessus par un poil, ce qui donne à la feuille une ludesse très remarquable, soit en dessus soit même en des- sous. Les deux faces sont quelquefois assez semblables, d'autres fois très différentes; quelquefois elles sont égale- ment pubescentes , surtout loi'squ'elles sont laineuses ; d'autres fois quoique très poilues sur leurs deux faces dans leur jeunesse, la supérieure se dénude complètement par DES MÉLASTOMACÉES. 343 l'âge, et elle devient entièrement glabre et même lustrée à la manière de \ A melanchier vulgaris. Le pétiole, toujours assez régulièrement cylindrique, est ordinairement peu prolongé, et dans un très petit nombre de cas il est muni d'une vessie, qui, dans d'autres espèces, se trouve à la base du limbe, ce qui, dans l'un et Tautre cas, donne à la feuille un aspect très remarquable. Les feuilles ont très rarement des glandes dans leur pa- renchyme; je ne les ai remarquées qu'à une seule espèce: elles ne sont visibles qu'à la loupe, et non par transparence. INFLORESCENCE. Le thyrse est le type de l'inflorescence des Mélastomacées : il se présente souvent sous l'aspect paniculiforme, et ter- mine ordinairement la tige. Ce thyrse est quelquefois si serré et si simple, qu'il a mérité le nom d'épi, nom qui ne peut jamais lui convenir: car dans le thyrse l'inflorescence générale est toujours indéfinie ou centripète, et celle des rameaux centrifuge, tandis que, dans l'épi vrai, les inflores- cences générale et partielle sont centripètes. Quelquefois le thyrse est réduit à l'état le plus simple possible, et alors ces fleurs sont solitaires à l'aisselle des feuilles. Souvent les rameaux du thyrse sont entièrement privés de bractées; d'autres fois on les aperçoit à l'état rudimen- taire; d'autres fois elles sont aussi longues que la fleur, et, dans ce dernier cas, l'entourent quelquefois entièrement. La forme des bractées varie beaucoup du linéaire à l'ovale, et à 344 MÉMOIRE SUR LA FAMILLE l'obové. Leur longueur et leur forme doivent être prises en considération dans les caractères spécifiques. CALICE. Le calice , d'une forme très fixe dans chaque espèce , est très variable dans les genres ; mais l'on pourra , probable- ment par la suite, en tirer de bons caractères dégroupes, lorsque cette intéressante famille sera mieux connue- Le nombre de ses sépales est quelquefois de quatre, ordinaire- ment de cinq, et plus rarement de six, qui semblerait devoir être le nombre normal, car probablement le calice est formé de trois paires de feuilles, dont une seule avorte. Les sépales sont constamment soudés entre eux dans une plus ou moins grande étendue, qui n'est presque jamais moindre que la moitié; d'autres fois la soudure a lieu si haut, que le calice paraît quelquefois comme tronqué. D'autres fois même il est rigoureusement gamosépale, car il se rompt circulairement plus ou moins régulièrement, comme dans le genre Conos- tegia; dans tous les cas , il est en tout ou en partie persistant; son limbe ordinairement à lobes très étroits, paraît être plus généralement en estivation valvaire; cependant lorsque les lobes ont un peu plus de largeur ils sont en estivation tordue dans le sens opposé à la torsion de la corolle. (Quelquefois le limbe du calice présente, outre ces cinq lobes, autant de petits appendices intermédiaires, semblables à ceux des Potentilles. Quelques espèces perdent leur limbe, à la manière des (EnoUiera , peu de temps après la fleuraison. DES MÉLASTOMACÉES. 345 Ces différentes modifications du calice offrent une source féconde en caractères d'espèces et quelquefois de genres; mais on en trouve encore dans l'adhérence ou la non adhé- rence du calice avec l'ovaire, et même dans le mode de cette adhérence- Dans un grand nombre d'espèces, surtout de Rhexia , le calice n'a contracté aucune cohésion avec l'ovaire; dans d'autres, ces deux organes sont soudés l'un à l'autre, au moyen de la glande circulaire (torus glanduliforme) qui tapisse toujours le calice dans cette famille et dans toutes les caliciflores, jusqu'au point oh. les étamines et la corolle en naissent. C'est ce qui a lieu dans le genre Melastoma, dans lequel le calice, le torus et les parois des carpelles, charnus et adhérents les uns aux autres, constituent un fruit bacci- forme. Le tube du calice offre, dans ses diverses modifications, des caractères non moins importants, au moins pour les es- pèces. Non-seulement il se présente sous la forme tubulée , campanulée ou ovoïde j il est lisse ou strié; mais encore il est glabre ou poilu, ou laineux, garni de poils très roides ou étoiles, muni d'écaillés ciliées, de manière à imiter l'in- volucre des Centaurea. Ce dernier caractère m'a servi à for- mer la section Centaurantha , dans le genre V*.hexia , etc- D'ailleurs, dans les descriptions, il est nécessaire d'indiquer si l'on décrit ce tube pendant la fleuraison ou la fructifica- tion, car il change beaucoup de forme dans ces deux épo- ques de développement. TOM. IV. 44 346 MÉMOIRE SUR LA FAMILLE COROLLE. La corolle, toujours régulière, très variable dans la forme de ses pétales, ofïre constamment l'estivation ou préflorai- son tordue; mais dans le sens inverse du calice, si celui-ci (comme je l'ai déjà dit) a ses lobes assez larges pour pouvoir être imbriqués. Les pétales sont constamment alternes avec les sépales , même probablement lorsque les sépales sont soudes dans toute leur longueur, comme dans le genre Cojîostegia ; tantôt ils sont étales, plus rarement ascen- dants. Leur onglet est toujours peu prononcé, et leur lame varie de la forme circulaire à l'obové, l'ové, le lan- céolé, et enfin le linéaire obtus ou aigu, rarement acu- niiné , ou plus rarement courtement mucroné. Quelques naturalistes disent avoir vu un manque de symétrie dans le nombre des organes floraux j je n'en ai jamais rencontré d'exemple. ÉTAMINES, Cet organe n'ofTre pas moins Je modifications que les enveloppes sexuelles; leur nombre est souvent de cinq, nombre qui, le plus souvent, double. On rencontre rarement le nombre quatre ou six. Le premier est moins rare que le second 5 mais dans tous ces cas j'ai toujours observé une exacte symétrie. Dans les espèces oii le nombre des étamines est double de celui des pe'tales et des sépales, les plus exté- rieures, souvent les plus grandes, sont opposées aux scpales» et le rang intérieur est opposé aux pétales. DES MÉLASTOMACÈES. 3^7 Leur filet ne m'a paru avoir que trois formes principales, la cylindrique, un peu amincie au sommet, ou un peu ren- flée supérieurement j l'aplatie, beaucoup plus rare; et la troi- sième, fusiforme. Ce filet est rarement couvert de longs poils. L'anthère, l'un des organes les plus polymorphes dans la famille, est, ainsi que beaucoup d'autres, fixe dans l'espèce. Ces anthères sont en estivation inflexe, et placées ou dans les loges entracarpellaires , ou entre le calice et le jeune ovaire j ou, si le calice est adhérent, leur sommet touche au point de ces deux organes où cesse leur adhérence. Leur forme la plus simple est ovoïde, égale aux deux extrémités, sans que le connectif les dépasse 5 alors le filet vient s'insérer à la base, ou un peu au-dessus de cette base. D'au- tres fois l'anthère, amincie vers son sommet, tend à se ter- miner en bec, et, dans ce cas, elle est souvent arquée ou falquée en dedans ou sur ses loges, rarement sur le connec- tif Dans les trois plus grandes sections de la famille , elle s'ouvre par un ou deux pores apiculaires. Quand il existe deux pores, l'anthère a rarement un bec; si au contraire la déhiscence se fait par un seul trou, le bec existe, et alors à sa base on trouve la déhiscence réelle des deux loges : ce bec est souvent tronqué obliquement. Dans la quatrième section des Mélastomacées , la déhiscence a lieu longitudi- nalement. Les loges paraissent dans quelques cas offrir des prolon- gemens très marqués à leur base; mais je ne puis en juger que par des figures. Leur sommet, dans un très petit nombre de cas, est couronné par une étoile de poils. D'ailleurs, l'an- thère est constamment glabre. 348 MÉMOIRE SUR LA FAMILLE Le connectif ou articulation du filet est la partie qui pré- sente le plus de modifications. Comme je l'ai déjà dit, il n'est souvent que de la longueur de l'anthère; mais fréquemment il la dépasse à sa base. La partie inférieure de ce connectif est ou dilatée, pour recevoir la pointe du filet, ou diverse- ment tuberculeuse, ou appendiculée, ce qui présente un grand nombre de combinaisons de caractères. Ordinairement ce prolongement du connectif est cylindrique, plus rarement aplati. PISTIL. Le pistil offre les trois parties de l'organe femelle toujours assez distinctes. L'ovaire, ordinairement ovoïde, est formé par la partie séminifère de trois, quatre ou cinq carpelles soudés. La colonne des styles est formée par un nombre de styles égal à celui des carpelles, et le stigmate, ou plutôt la réunion des stigmates, est tellement intime qu'on ne peut, dans aucun cas, en conclure le nombre des carpelles formant le fruit. Tantôt le style et le stigmate dépassent à peine le calice, d'autres fois ce style est plus long que tous les au- tres organes floraux. Quelquefois le stigmate est en trompe ou entonnoir, d'autres fois si petit qu'à peine on peut affir- mer qu'il existe. Rarement le style est poilu. FRUIT. Si je n'ai fait jusqu'ici que bien légèrement mention des connexions du calice avec l'ovaire, c'était dans l'intention de tâcher de présenter un ensemble plus complet du fruit j je DES MÉLASTOMACÉES. 849 vais donc remplir à cet égard quelques lacunes laissées jus- qu'à présent à dessein. Le fruit est, comme je l'ai dit, formé de trois, quatre, cinq, rarement six carpelles, soudés entre eux dans toute leur étendue. Chaque carpelle est plié sur lui-même de ma- nière à former dans sa coupe un oval ou un obové. Tous ces carpelles forment une verticille très régulier. D'après ce que j'ai dit, on doit conclure que les placentas partiels, soudés ensemble, forment un réceptacle central j tantôt ces récep- tacles réunis sont sessiles, et forment une colonne massive (columelle); d'autres fois, au contraire, ces placentas res- sortent un peu du centre, ont leur bord renflé et comme charnu, pour ainsi dire flottants, ou, pour mieux me faire comprendre, les placentas sont pédoncules ou plutôt portés sur une membrane longitudinale, qui n'est qu'une partie du carpelle amincie. La cohésion des carpelles entre eux est si grande, que l'on doit s'attendi'e que la déhiscence ne peut être septicide, mais bien loculicide quand le fruit est capsu- laire , et indéhiscent quand il est charnu : j'y reviendrai bientôt. Dans les cas où le fruit est capsulaire, les placentas, soit soudés en columelle, soit pédicellés, restent soudés, et les parois des carpelles se rompent sur la nervure médiane; mais comme la déhiscence est loculicide, et que deux car- pelles sont soudés intimement par une partie de leurs pa- rois, chaque valve, formée de deux demi-carpelles, porte une cloison longitudinale à son centre. Je crois avoir bien fait comprendre l'ovaire ; mais il me reste à faire connaître les parties accessoirss du fruit. Dans un grand nombre de cas , l'ovaire est libre dans le calice , et 35o MÉMOIRE SUR LA FAMILLE c'est le cas le plus fréquent dans le genre Rhexia. Dans d'au- tres, il adhère un peu par sa base, ou par toute l'étendue du torus, qui tapisse une partie du calice jusqu'au point où il se transforme peut-être en étamines et en pétales , ou bien , ce qui est plus rare, le calice est soudé à l'ovaire par des cloisons entracarpellaires, qui sont ou des prolongemens de la grosse nervure de chaque carpelle, ou des parties du torus tapissant toujours nécessairement une partie du calice. C'est dans ces loges, que j'ai nommées entracarpellaires, ou entre l'espace vide et non soudé que laissent le calice et l'ovaire, que sont nichées les étamines pendant l'estivation , et cette estiva- tion est ordinairement inflexe, rarement déflexe. Voici bien les modifications que présentent les Mélasto- macées déhiscentes; voyons ce qui arrive dans les indéhis- centes ou bacciformes. Dans ce dernier cas, le calice adhère à l'ovaire par le moyen du torus, et de cette adhérence in- time naît probablement la carnositë de ces fruits; et quoique ce caractère soit difficile à trouver sur le sec, il restera pro- bablement comme l'une des distinctions principales du genre Melastoma. GRAINES. Les graines, de formes non moins variées que les autres organes, sont les unes obconiques, ou ovoïdes-tétragones , rarement trigones, souvent tronquées au sommet, ou ovoï- des , ou enfin en limaçon. Dans cette dernière forme le hile est circulaire, et occupe la partie la plus évasée de la graine (ou la bouche de la coquille du limaçon) , tandis que dans DES MÉLASTOMACÉES. 35 1 les autres cas il m'a paru être placé à la pointe basillaire. Dans d'autres cas, elles sont hémisphériques comprimées, et ont alors un grand hile oblong; plus rarement elles forment irrégulièrement un croissant. Ces formes serviront certai- nement un jour à caractériser solidement les genres ; mais le lisse ou le rugueux de leur surface et d'autres modi- fications de formes, ne seront pas moins intéressantes lors- qu'on aura pu les observer dans toutes les espèces. L'embryon, trop peu étudié encore, droit ou courbé, of- frira des caractères non moins importants. Il présente une assez grosse radicule, dirigée vers le hile, et deux cotylédons demi-charnus. Les graines sont très petites, très difficiles à observer, ce qui a empêché de s'en occuper comme cet or- gane le mérite. La germination de ces plantes, peu connue jusqu'ici, est, comme j'ai eu occasion de l'observer dans le Melastoma macrophylla , assez semblable à celle des Rosacées. Les co- tylédons sont courtement obcordés, presque orbiculaires, dans cette espèce, et les feuilles primordiales ovales et poi- lues. § 2. OBSERVATIONS GÉNÉRALES SVH LA FAMII.I.E. Les Mélastomacées ont de très grands rapports avec les Myrtacées et les Ljtharièes. Elles se distinguent essentiel- 352 MÉMOIRE SUR LA FAMILLE lement de toutes les deux par le mode de déhiscence des anthères, qui est terminal dans la grande majorité des es- pèces, tandis que, dans les Myrtacées et les Lythariées , la déhiscence a lieu longitudinalement, comme dans le genre Charianthus , qui forme la dernière tribu des Mélasto- macées, et qui lie ces deux familles. La nervation et la glandulation les distinguent encore fort bien dans leurs feuilles. D'ailleurs, ces deux familles sont très distinctes des Lythariées , en ce que dans celle-ci les anthères sont adnées sur le filet, etc. Les fruits, la forme des placentas, les graines, les éta- mines et les calices de la plupart des espèces, sont trop peu connus par les descriptions ouïes figures, pour qu'on puisse encore s'en servir pour appuyer les caractères donnés jus- qu'ici des genres, et voir s'il faudra multiplier ces genres autant que l'a fait M. Don. Je ne reviendrai pas sur les différents organes des Mélas- tomacées ; mais , sans négliger la description des feuilles , il sera à jamais impossible, dans cette famille surtout , de se servir de ces organes seuls 5 conséquemment, ce que l'on peut faire de plus utile pour l'avancer, est de donner des analyses soignées de tous les organes floraux; sans eux, de long- temps on ne pourra bien connaître cette famille, qui est l'une de celles où l'on peut, je crois , moins que dans tout autre, se servir d'un seul organe pour former les caractères spécifiques. J'ai rapporté aux genres que j'ai adoptés toutes les epàces que j'ai pu y placer avec quelque certitude 5 cepen- dant je suis loin de croire l'avoir toujours fait avec justesse, beaucoup d'entre elles étant ou trop mal décrites ou trop DES MÉLASTOMACÉES. 353 incomplètes dans les collections. J'ai préféré établir un assez grand nombre de groupes, en partie malheureusement en- core seulement projetés, que d'adopter plusieurs genres nou- veaux qui ne me semblent pas assez bien caractérisés. Cette marche , employée par M- De CandoUe , offre le très-grand avantage de retrouver facilement les espèces, de les rappro- cher naturellement , et surtout d'empêcher de multiplier sans fin la masse des synonymes. J'ai cependant adopté plusieurs genres nouveaux de M. Don; ils sont si bien caractérisés, qu'ils ne peuvent rentrer dans d'autres. Malgré les nombreuses divisions que j'ai établies dans les grands genres Melastoma et Rhexia , je me suis vu contraint d'employer d'assez longues diagnoses, non seulement parce que j'ai dû conserver celles tirées des feuilles que j'ai souvent un peu modifiées ou complétées , mais je n'ai pu me dis- penser de me servir de beaucoup d'autres organes non moins importants, non -seulement pour caractériser une foule d'espèces nouvelles, rapportées par M. Martius, mais encore pour engager les botanistes à tirer parti de la prodigieuse diversité des formes des organes dans une famille cependant très-naturelle. Je me suis vu forcé de rejeter à la fin des genres les espèces trop incomplètement connues pour pouvoir être placées dans les groupes ; c'est particulièrement sur elles que les voyageurs ou les possesseurs des grands herbiers doivent porter leur attention. Comme, malgré tous mes soins, ce nombre est encore assez considérable, je les ai rangées en paragraphes d'après la modification de l'inflorescence et des TOM. IV. 4^ 354 MÉMOIRE SUR LA FASIILLE feuilles, afin qu'on puisse au moins les retrouver dans un ordre trop artificiel. J'espère par ce premier travail engager les naturalistes à porter toute leur attention sur cette élégante famille , qui réclame encore tous leurs efforts , pour la mener au point oii sont actuellement tant d'autres familles du règne vé- gétal. § 5. USAGE DES MÉLASTOMACÉES. J'ignore si les troncs des grandes espèces de Mélastomacées qui s'élèvent jusqu'à 60 pieds , et qui ont un pied ou un pied et un quart de diamètre , sont d'une texture assez solide pour pouvoir servir aux constructions; mais quelques espèces {MelasL aspergillaris) servent au Pérou à faire des fagots. Les rameaux du Rhexia sco/?a/'/a( vulgairement Vassora da Serra, ou balai de montagne) servent à faire des balais- Les habitants de l'Amérique équinoxiale retirent du Melasù. holosericea un duvet blanchâtre ou roussâtre, qui recouvre les rameaux et la face inférieure des feuilles , et qui leur sert d amadou. Les habitants de Panama font avec la Havane un commerce assez, important d'une substance végétale qui paraît être retirée de cette espèce , et dont on fabrique des mèches pour allumer les cigarres. Les habitants de la Guiane mangent souvent des fruits d'un assez grand nombre d'es- pèces du genre Melastoma , particulièrement du ruhrum DES MÉLASTOMACÉES. 555 arborescens, flavcscens, spicatum, argenteuni , elegans et nialahatrlciiin. Ces fruits ont beaucoup de ressemblance avec les myrtils ou airelles ( Vaccinium niyrlillus)- Les singes s'en nourrissent souvent. Je ne crois pas que quelque espèce soit vénéneuse. Plusieurs autres servent de remèdes. Les fleurs du Rliexia grandiflora sont employées par les habitants de la Guiaue française comme pectorales, et les autres parties de la plante comme vulnéraires. Les fleurs du Melast. tibouchina sont aromatiques et pectorales ; le Melast. malabatrica est as- tringent et employé contre la dyssenterie. Les habitants de la ville de Popayan font, avec les feuilles du Melastonia theœzans , une infusion qui a toutes les pro- priétés du thé , et qui est employée aux mêmes usages. M. Quijano père , habitant distingué de cette ville , est l'auteur de cette découverte. Trouvant de grandes analo- gies entre les feuilles de ce Mélaslome et celles du thé {thea hohea), il pensa que son pays possédait le vrai thé de la Chine- 11 s'empressa de recueillir un grand nombre de feuilles de cette plante, les prépara comme les Chinois préparent celles de leur thé, et en fit une infusion qui lui prouva bientôt que la plante de son pays était différente de celle des Chinois; mais elle lui apprit en même temps qu'elle pouvait être employée aux mêmes usages , et y suppléer dans bien des circonstances, et même souvent lui être supérieure. Cette infusion est beaucoup moins astringente que le thé, de la même couleur, mais plus aromatique. Le Mélastome thé, au rapport de M. Bon^^land , pourrait très bien croître à Toulon , cl Hyères et autres climats semblables. 356 MÉMOIRE SUR LA FAMILLE La Rhexia canescens , connue par les naturels du pays sous le nom de Sarzilejo , est employée contre les rétentions d'urine et contre toutes les affections du système urinaire , par les habitants de la province dePopayan, de Quito et du royaume de Santa-Fé. Ce sont les feuilles que l'on emploie en décoction, et on leur attribue même des propriétés lithon- triptiques. Le Melastoma lutescens pourrait être employé à la tein- ture ainsi que plusieurs autres, et les Melast. longifolia et parviflora , nommés généralement /j'/zc/a par les habitants, servent à la teinture en noir. DES MELiSTOMACEES. i)t)7 »*«»»»«*^^V»*»^«»» »»»■»■» »»X»»V»»»-«i**^»\«*V»'»»*\**^*^«V»»Ml*\.»**»l MELASTOMACEAE. SuBORDO 1. TOCOCEjE. Anlherœ apice univelbi porosœ. Thib. I. TIBOUCHINE^. Cafyx limho non coalito. Fructus bac- catus. 1. Melastoma. 2. Blakea. 3. Majeta. 4. Diplosiegium, Tbib. 2. RHEXIEjE. Calyx limho non coalito. Fructus capsularis, 5. Rhexia. 6. Axinea. y. Centronia. 8. Salpinga. Trib. 3. CONOSTEGIE^. Ca/jx limbo coalito, plus minus irre- gulariter circumcisso. Fructus bac- catus. g. Conostegia. SuBORDO 2. CEXBlANTiiEJE. Jntherœrima duplicilongitudinaliler déhiscentes. 10. Charianthus. GSNERA NON SAIIS NOTA. 11. Miconia. 12. Leandra. 13. Thenardia. 558 MÉBIOIRE SUR LA FAMILLE • • 4««9ft« »«•«*«»•»«»««•••««*«•«•«•« ««»»0«««»«««««««a«»«9««« ««««««,« 90 g^^^g^, <•«»«»« «a B« »«»«•«•« *• EXPLICATION DES PLANCHES. Table I. Osbeckia Napaulensis Hook. Plante de grandeur naturelle. Fig. I. Bractée ovoïde, entière, ciliée, enveloppant une grande partie du calice. h'ig. 2. Bouton. — A. Bractées enveloppant la fleur. — B. Ecailles ciliées, imitant les bractées de l'involucre des Centaurca, qui garnissent le tube du c.ilice. — C. Eslivalion tordue du c.dice (de droite à gauclip). i'Vg. 3. Fleur de grandeur naturelle, dont le tube du calice est muni d'écaillés ci- liées; ce limbe a ses lobes lancéolés, et la corolle est en eslivalion tordue. Fig. 4- Un lobe du calice grossi. Fig. 5. Un pétale obové. Fig. 6. Etamines. — A. Etamije de grandeur naturelle. — B. Etamine grossie, à filet en massue, à aullière oblongue arquée, à bec obliquement tronqué et uniperforé. — C. Fragment du filet et de l'anthère grossis, pour mon- trer la forme du conneclif épais et lobé où aboutit le sommet du filet et les deux loges. — D. Fragment d'anthère , grossie , avec son connectif quadrilobé et son filet, vus de profil. — E. Etamine vue de face , el grossie. Fig. 7. Coupe longitudinale d'un bouton grossi, dont les pétales ont été enlevées, et qui montre en — A. la coupe du calice. — B. L'étamine en eslivalion ioflexe, dans sa loge extra-carpellaire. — C. Filet d'une etamine. — D. Graines disposées dans deux des loges. — E. Style. Fig. 7* Coupe transversale d'un fruit grossi, pour montrer les dix anthères dans leurs loges extra-carpellaires. r/g. 7" Coupe longitudinale d'un bouton, dont une moitié a été enlevée, et qui est privée de l'oï aire, pour montrer les loges exira-carpellaires, dans lesquelles sont engagées les anthères. — A. Anthère dans la loge. — B. Calice. — C. Filet. M. à^Phy.H. izat'SJ . IV. p 358 . Tab. I. c~ /,^ X .^^Z (I^'. ■^?Z^f?i^!^ ■ ^M f .^P> ^ ? 7 • 7-? ^ t DES MÉLASTOMACÉES. Z5g Fig. 8. Coupe idéale ou à vol d'oiseau, pour montrer la position relative des orga- nes. — A. Rangée supérieure d'écaillés calycinales ciliées. — B. Sépales en estivation tordue de gauche à droite, et de dedaus en-dehors. — C. Corolle en eslivation tordue de droite à gauche , et de dedans en-de- liors. — D. Etamines placces devant les cloisons et devant la grosse ner- vure de chaque carpelle. — E. Cinq carpelles soudés. Fig. g. Fruit de grandeur n.iturelle, dont le limbe du calice est tombé. Fig. lo. Fruit poilu ^ grossi, et terminé par une petite rosette à lobes arrondis et obtus, due à la base persistante des styles. Fig. 1 1. Fruit grossi, vu de trois quarts. Fig. 12. Coupe grossie du fruit, montrant les placentas prolongés dans les loges, et leur déhiscence sur leur grosse nervure. Table II. Etamines. Fig. I. Ckœtogastra canescens De C. — A. Anthère (grossie) cordifornie, obloo- gue , terminée par un bec très-court. — F. Filet cylindrique, arqué, con- tinu au dos du conneclif, non prolongé au-delà de l'anthère. Fig. 2. Cremanium vaccinioides Don. — A. Etamine (grossie) vue par-devant. — B. Elamlne (grossie) vue par le dos. Fig. 3. Miconia caudata De C. — Fleur grossie. — A. Anthère. — C. Corolle. — Cal. Calice. — F. Filet. — S. Style. — St. Stigmate. — * Anthère (grossie, vue par derrière) cordiforme-linéaire, à deux porcs, à connec- lif bilobé, et à la base duquel s'insère le Clet, — ** Anthère grossie, vue par-devant. Fig. 4- Miconia pyramidalis De C. — Elamine grossie, et dont le conneclif, oblique à sa base, est prolongé au-dtlà de la base de l'anUière, où il reçoit le sommet du Glet. Fig. 5. Chcctognstra Havancnsis De C. — - A. Anthères (grossies) ondulées sur les flancs, et terminées par un bec uniperforé. — C. Conneclif cordiforme à sa base, et prolongé au-dessous de l'anthère. — F. Filet inséré près l'échancrure du conneclif. Fig. 6. Ossœa mullijlora De C. — Etamine (grossie) biperforée au sommet, comme tronqué. Fig. 7. Appendicularia thyniifolia De C. — Etamine grossie. — A. Anthère. — C. Conneclif longuement bifurqué. — F. Filet. 56o MÉMOIRE SUR LA. FAMILLE Fig. 8. lihcjcia Mariana Linn. — Fleur grossie. — A. Anthère munie à sa base d'un petit appendice onguiforme. — L. Lobes du calice. — P. Pëlale. — S. Stigmate. Yig. g. Cliœlogaslra speciosa De C. — Etamine (grossie) à sommet renversé. Fig. 10. AithroUemmamulliJlorum De C. — Fragment d'une fieur grossie. — A. Anthère, dont le conneclif est prolongé en un long appendice 61i- l'orme. — Lobes linéaires lancéolés du calice, une fois plus longs que le lube. — O. Ovaire. — P. Pétale obové, beaucoup plus court que les lobes du calice. Fig. 11. Spennera indecora De C. — Fleur et étamine grossies. — A. Elamines de deux grandeurs différentes, mais toutes également conforuiées. — P. Pélales lancéolés aigus. — A.* Deux étamines de grandeur inégale, grossies, et dont le filet vient s'articuler à la base du conneclif prolongé au-dessous de l'anthère, d'une forme ovoïde et oblougue. Fig. J2. Tihynchanlhera grandijlora De C. — Fleur an peu grossie. — A. Anthère surmontée d'un long bec. — C. Conneclif filiforme indivis, prolongé, et dont la base reçoit le sommet du filet. — L. Lobe linéaire du calice. — P. Pétale obové , dépassant le calice. Fig. i3. Chœtogaslra muricala De C. — Etamine grossie. — A. Anthère dont le bec a été tronqué pour montrer les deux loges. — C. Conneclif aplati , hilohéà sa base. — V. Filet aplali, dout le sommet s'unit au conneclif, au-dessus de sa base. Fi?. i4. Chœlogaslra reticulata De C. — Fleur un peu grossie. — A. Anthère ovoïde, sans bec. — C. Conneclif indivis , prolongé en-dessous de l.i base de l'anthère. — F. Filet cylindrique, s'unissant au milieu delà pro- longation du conneclif. — L. Lobe lancéolé du calice. — O. Ovaire, surmonté d'un long style filiforme et d'un stigmate en trompe. — P. Pé- tale obové, dépassant de beaucoup le calice. Fig. i5. Osbeckia repens De C. — Deux étamines (grossies) de la même fleur. — A. Etamine dont le filet s'articule à la base indivise du conneclif prolongé. — B. Etamine dont le filet est continu au conneclif, et dont l'anthère porte deux petits appendices à sa base. Fi^. iG. Microlicia scoparia De C. — Deux étamines peu dissemblables (Irès-gros- sies), dont le bec de l'anthère oblongue est court et très-distinct des loges, et dont le conneclif s'insère an-dessus de la base, plus ou moins lobée du conneclif, longuement prolongée au-dessous de l'anthère. A 36i. '^ ^ o ■r 19 , lit «^ ^1 M 23 23' ^r^^?\i, yÇiT^f^ e^e^iag?i^^-tj a^ O '//^V^.i/^ « > ^ '■ • DES MÉLASTOMACÉES. 36 1 Fig. 17. Davya Gtnnnensis De C. — Etsmine (très grossie) à aullière ondulée, ter- niiiiéo en bec, et Jont le connectif, piolongé en crochet, reçoit l'estré- iiiilé du filet, tandis que, sur le dos, ce connectif s'étend en une longue queue trifurquéc. ïig. 18. Miirci'tia scrtularia De C. ~ Étamines (très grossies) à peine dissemblables entre elles, à anllitres oblongues linéaires, et à connccllt' prolongé à sa base en deux appendices laminés et retroussés. Fig. 19. IMaiairca itdcnosicnion De C. — Fleur (grossie) privée de pétales, et à étamines dissemblables. — A. Anthère oblongue linéaire uniperforée. — C. Connectif prolongé au delà de l'insertion du fdet dans les gran- des étamines, — F. Filet d'une graude étaminc opposée au sépale (1 e- tamine courte a sou lilet implanté à la base toruleuse du connectif). — G. Glandes stipitées, qui ne s'observent qu'au sommet du filet des lon- gues étamines. — L. Lobes lancéolés, subulés et ciliés du calice. — 0. Ovaire surmonté de soies et d'un long style. — T. Torus tapissant le tube du calice, et se terminant en feston dans l'eudroit où les éta- mines en naissent. Fig- 20. Lasiandra Cniidolleana De C. — Etamines (grossies) munies de poils nom- breux sur leur filet; et dont le connectif prolongé porte une houpe de poils capités. Anthères lancéolées oblongues, terminées par un long bec. Table IIï. Calices. Fig. 1 . Spennera indecora De C. — Calice (grandi ) campanule, couvert de poils glan- duleux, relevé de dix nervures, dont cinq répondent au milieu de cha- que sépale soudé avec ses voisins, et cinq autres indiquant les points de soudures de ces sépales entre eux , et dont le limbe est réduit à de très petites dents. Fig. 2. Crentanium vaccinioides Don. — Fleur (grossie) préseulanl un calice eam- paniformc à limbe à peine denté, et à pétales circulaires. Fig. 3 et 3*. Cainhessedcsia Espora De C. — Calice (grossi) dont le limbe à dents étroites est étalé pendant la fleuraison, puis devient ascendant pendant la maturation (3*), époque où le tube se gonfle, et devient presque glo- buleux. Fig. 4. Clidemia obsciira De C. — Fleur (grossie), à calice campaniforme , à limbe largement crénelé, et un style et stigmate de la longueur des pétales. TOM. IV, 46 362 MÉMOIRE SUR LA FAMILLE Fig. 5. Appendicularia ihymifolia De C. — Calice (grossi) campaiiiforme alloDgé, anguleux, à quatre lobes circulaires, et couvert de poils capités. Fig. 6. Heterotrichum niveum De C. — Calice (peu grossi) campanule pendant la fleuraison , et à six lobes linéaires , tandis qu'il devient sphérique à la maturité du fruit. Fig. j. Clidemia lacera De C. — Calice (grossi) dont on a déchiré une partie du limbe, pour montrer la manière dont ses lobes sont frangés. Fig. 8. Osbeckia rcpens De C. — Calice (de grandeur naturelle) représenté au mo- ment de la fleuraison, privé de sa corolle et de son androcée, pour mon- trer les écailles qui se trouvent entre ses cinq ou sept lobes. Fig.<^. Conostegia Mulisii Ser. — Bouton (de grandeur naturelle) indiquant l'épa- nouissement de la fleur par la rupture circulaire de son calice ^ dont les sépales sont soudés entre eux dans toute leur étendue. Fig. 10. Conostegia Mcxicaiia Ser. — Autre mode de rupture du calice dans le genre Conoitegia. Fruits. Fig. II. Chœtogastra Havanensis De C. — Fruit (grossi) enveloppé de son calice dans la i'" figure, et privé, dans la r;'", de la moitié de ce même calice, pour montrer la débiscence du fruit. Fig. 12. Appendicularia thymifolia De C. — Fruit (grossi) à trois valves , à graines fixées sur des placentas soudés en une columelle oblongue. Fig. i3. Marcctia taxifolia De C. — Coupe (grossie) d'un û'uit obtusément tétra- gone, formé de quatre carpelles soudés, et dont les bords placentaires renflés sont soudés en une colonne massive. Fig. i4. Cambesscderia Esposa De C. — Coupe (grossie) d'un fruit obtusément trigone, formé de trois carpelles soudes, et dont les bords placentaires renflés sont soudés en une colonne m.issive. Fig. i5. Lasiandra Langsdorjiana De C. — Coupe (grossie) d'un fruit oblong ca- naliculé, formé de cinq carpelles soudés, ot dont les bords placentaires sont sessiles et obovés dans chaque loge. Fig. i6. Microlicia scoparia De C. — Coupe (grossie) d'un fruit obtusément létra- gone, formé de quatre carpelles soudés, et dont les bords placentaires sont prolongés en membrane, puis toruleux dans chaque loge, au milieu de laquelle se trouvent les graines. nES MÉLASTOMACÉES. 363 Fig. 17, Cambessedesia Hilariana De C Fruits ( grossis ). — A. Fruit couronné par les dents du calice. — B. Fruit privé de son calice. — C. Coupe transversale d'un fruit obtusémenl Irigone, dont les placentas, placés au milieu des loges, sont portés par une double lame étiolée et rentrante du carpelle. — D. Fruit dont on a enlevé l'une des valves formées de deux, demi - carpelles , afin de montrer la forme des placentas. — E. L'une des valves munie de son médiastin. Fig. 18. Chœlogaslra inuricata De C. — A. Placentas (grossis) privés des parois de \ii. capsule, .tGu de montrer la manière dout le bord rentrant aminci et rétréci du carpelle les porte. — B. Coupe transversale des placentas adossés à l'axe, qui n'est probablement qu'une prolongation du pédicelle. Graines. FIg. 19. Diplochita serrulata ^ latifolia De C. — A. Graine ovoïde rugueuse grossie. — B. Coupe de la graine. Fig. 20. Osbcckia microphylla De C. — Coupe de la graine grossie. Fig. SI. Salpiiiga secunda Scbrank et Mart. — Graine grossie. — A. Graine vue de profil ; — B. vue pour montrer son bile. — C. Coupe tranversale. Fig. 22. Cambessedesia Hilariana De C. — Graines et embryon considérablement grossis. — A. B. C. Dilférentes formes qu'alFectent les graines prises dans le même fruit. — D. Deux embryons observés dans des graines provenant du même fruit. Fig. 23. Osbeckia Napaulensis Hook. — Graines en hélices très grossies, et dont le bile est circulaire. Fig. 24. Tschudia riifcscens De C. — Graines très amplifiées dont le hile est oblong, et qui sont surmontées d'un appendice celluleiix. Fig. 25. Melasloma paradoxum Mart. — Graine pyramidale triquètre; — A. Gran- deur naturelle ; — B. Considérablement grossie ; — C. sa Coupe trans- versale; — D. sa Coupe longitudinale. Fig. 26. Miconia hotosericea D. C. — Graine (grossie) pyramidale tétragone, dont le hile occupe la pointe. Fig. 27. Miconia inipctiotaris Don. — A. Germination. — J{, Cotylédon obcordé- réniforme. — C. Cotylédons Terticillés-ternés. 364 MÉMOIRE SUR LA FAMILLE I)ES MÉLASTOMACÉES. Table lY. Feuilles. Fig. t. Clideniia huUosa De C. — A. Feuille palniinerve de grandeur naturelle. — B. Face supérieure de la feuille , dont on a grossi les buUalions pour mon- trer leur forme et leur terminaison par un mucrone dur. — C. Face in- féi-ieure de la même feuille grossie, pour montrer les eicavations qui répondent aux buUations de la face supérieure. Fig. 2. Macairea adenostemon De C. — A. Feuille de grandeur naturelle. — B. Grossissement d'une portion de la feuille, pour montrer la forme des hull.ilions terminées par des papilles moins prononcées que dans l'exem- ple précédent. Fig. 3. Cliœlognstra strigosa De C. — A. Feuille de grandeur naturelle B. Feuille grossie, pour mieux faire comprendre la position de ses poils. — C. Frag- ment grossi de la fenille, pour mieux montrer la forme et l'adhérence de ses poils, ainsi que ses glandes, visibles seulement par transparence. Fig-i. Tococa bulli fera Narl. el Sc\iT. — Feuille lancéolée-acuminée, à nervures primitives palmées, et munie à sa base d'une vessie (de grandeur na- turelle). Fi". S. Tococa hcleropIij-Ua De C. — Deux feuilles du même nœud, de grandeur naturelle, et à nervures pennées. Fi^-Q). Miconia tomentosa Don. — Feuille ovoïde acuminée (de demi -grandeur naturelle) , dont deux nervures primaires pennées naissent opposées l'une à l'autre. P ?>6/t. Tat IV MEMOIRE SUR UNE ]\OUVELLE DÉTERHimATIO:^ DE LA LATITUDE DE GENÈVE, PRÉCÉDÉ d'un COCP d'oEIL SUR CELLES QUI OST ÉTÉ OBTENUES ANTÉRIEUBEMENT ; par M. le Professeur GAUTIER. (l) (lu a la SOCIÉTK DK PHlSK^Lt tr u'hiSTOIHK KATUEELLE de GENÈVE, LE l6 OCTOEEE 1828. ) ï Il existe peu de vestiges des observations astronomiques qui ont été faites à Genève avant l'époque de la fondation de son Observatoire, en 1 778. J'ai parlé dans mon Mémoire sur la longitude de Genève, de celles relatives à ce dernier élément, qui ont pu venir à ma connaissance. Quant à la latitude , on la trouve estimée dans le volume de la Connais- (i) Ce Mémoire est destiné à faire suite à celui sur la longitude de Genève, qui a paru dans le tome II du même recueil. Il n'a été imprimé qu'en Octobre 1829. 366 SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION sance des Tems pour 1686, à 46° 23' j dans ceux de 1687 ^ ^7°" ^ ^6. 20 ; et, depuis 170S, elle l'est à 46. 12. Cette dernière valeur, que nous verrons plus bas être sin- gulièrement voisine de la véritable, est celle donnée par M. Jean Christophe Fatiode Duillier, soit dans sa lettre sur l'éclipsé totale de soleil de 1706, insérée dans le N° 3o6 des Transactions Philosophiques , soit dans ses Remarques sur l'Histoire Naturelle des environs de Genève, qui se trouvent à la suite de l Histoire de Genève, par Spon ( t. 2, p. 459 de l'édition de 1780, in-4°). Mais il n'indique nulle part sur quelles observations se fonde cette détermination. 11 est probable qu'il l'obtint lui-même avec le Quart-de- cercle de Butterfield, de trois pieds de rayon, qu'il donna à notre Bibliothèque publique , Quart-de-cercle qui servit ensuite, vers 1760, au célèbre Jean-André Deluc, à véri- fier sa formule pour la mesure des hauteurs par le baro- mètre, en comparant les résultats de cette formule avec ceux d'opérations trigonométriques directes, effectuées en i5 stations du mont Salève. (1) (i) Voyez Rccherclies sur les Moiliji calions de L'almosplière , loin. Il, pag. 44 ^^ l'édition in-4° de 1772. Je n'ai pu savoir ce que ce grand Quarl-de-cercle était de- Tenu ; mais notre Bibliothèque publique possède encore un petit instrument en bon état, destiné à la mesure des angles de hauteur, qui porte le nom de Butterfield à Paris, et qui a probablement la même origine. Il se compose d'un demi -cercle de laiton de 8 pouces de rayon , muni de deux, lunettes , divisé en degrés avec des trans- versales qui donnent les subdivisions de trois en trois minutes, et d'un grand pied vertical en fer, sur lequel s'ajuste le demi-cercle au moyen d'un axe horizontal, et autour duquel il peut tourner. DE LA LATITUDE DE GENÈVE. 867 Vers 1744, Cassini de Thury, dans le cours de ses opéra- tions trigonométriques pour la construction de la grande carte de France, qui porte à juste titre le nom de sa famille, lia la tour de l'horloge de la cathédrale de Saint-Pierre à Genève au clocher de Gex ; il en déduisit ensuite les di- stances de cette tour à la méridienne et à la perpendi- culaire de Paris, qui sont rapportées dans sa Description géométrique de la France, imprimée en 1783. En prenant des moyennes entre les doubles valeurs qu'on trouve dans cet ouvrage, pp. 85 et 97, on obtient pour la distance de la tour de l'horloge à la méridienne de Paris : i5io3o "°"^% 5=2943G3 "'"", 95 , à la perpendiculaire i46652 =28583o, i3. D'après ces données, M. le capitaine Filhon, sur les opé- rations duquel j'aurai l'occasion de revenir, a trouvé , à l'aide des formules d'Oriani et en adoptant pour les demi-axes terrestres les valeurs a=6376986", b=^6356323", les résultats suivants pour la longitude et la latitude du clocher de St.- Pierre : longitude à l'Est de Paris 3° 48' 58", 98, latitude Nord 46.12. 8, 32. (1) Dès l'année 1773, 31. le professeur Jaques-Aiidre Malîet chercha à déterminer astronomiquement la latitude de son (1) Ces résultats sont lires il'un Mémoire uiauuscvil 49 poi^n' 1^ différence en latitude des centres de l'Observatoire et de la tour, (i) Les opérations géodésiques, exécutées à plusieurs reprises par les ingénieurs géographes français, dans les parties de la France, de la Suisse et de la Savoie voisines de Genève, ont fbui'ni de favorables occasions de déterminer de nouveau la latitude de cette ville (2). L'une des principales de ces opé- rations, effectuée par M. le colonel Henry et M. le capitaine Delcros, a lié les cathédrales de Strasbourg et de Genève par une chaîne de douze grands trianglesj et j'ai été déjà dans le cas d'en parler dans le mémoire cité ci-dessus. Tous les sommets de cette chaîne avaient été d'abord rapportés à la latitude de Strasbourg, déterminée par un grand nombre de séries de hauteurs méridiennes de l'étoile polaire, en suppo- sant l'aplatissement de notre globe d'un 334". La moyenne de trois séries de triangles différentes, dont les résultats ne s'écartaient pas entre eux d'une seconde, donnait alors pour la latitude du clocher de Saint-Pierre de Genève, la valeur ( ! ) MM. Henrj et Delcros ont trouvé plus tard 4"544 avec un cercle rtîpéliteur de iG pouces. Voyez Bibi. Brit., tom. 4' et 5G. (2) M. le lieutenant-colonel Corabœuf donue, dans sa Notice sur la Hauteur géo- métrique de quelques sommités des Alpes, publiée en iSzS dans le tome II des Mé- moires de la Société de Géographie de Paris, la position suivante de l'Observatoire de Genève: latitude lfi° 12.' o" , longitude 3° 4i^' 3o", valeurs qui résultent peut- être des opérations géodésiques eu Fiance et eu Savoie auxquelles c§t Ingénieur distingué a coopéré en i8o3 et 1804. TOM. IV. 47 370 SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION 46° 12' 4", 92 rapportée p. Sig du t. 4i de la Bibliothèque Britannique. Dès-lors une nouvelle chaîne de triangles a été mesurée pour lier la cathédrale de Strasbourg à TObser- vatoire de Paris, et on a adopté définitivement, dans le cal- cul de toute cette opération, l'aplatissement d'un 3o8,64. En appliquant à la valeur précédente une correction de -+-i",go due à la différence d'aplatissement pour l'arc de Strasbourg à Genève seulement, elle devient 46° 12'6",82 (i)j et d'après la différence en latitude, de 4,44, ci-dessus indiquée entre la tour de St. -Pierre et l'Observa- toire de Genève, il en résulte pour la latitude de ce dernier point 46' 12' ^",58. C est celle qui se trouve rapportée dans le tableau com- paratif donné par MM. Plana et Carlini, tom. II, p. 35o, du bel ouvrage sur les Opérations géodésiques et astro- nomiques pour la Mesure d'un Arc du parallèle moyen , publié à Milan en 1827. D'après les registres officiels du colonel Henry, au Dépôt de la Guerre, la latitude de la tour de St. -Pierre est de 5i%555o47 soit 46' 12'5",552 j et en y faisant les deux corrections précédentes, il en ré- sulterait pour celle de l'Observatoire 46° i2'3",oi. MM. Henry et Delcros ne se bornèrent pas à rattacher géodésiquement Genève à leur grande triangulation. Munis d'un cercle répétiteur de Lenoir, de seize pouces de dia- mètre, ils l'établirent dans l'Observatoire de Genève, à en- viron douze pieds au nord du Quart-de-cercle de Sisson , et y firent en août et septembre 181 3, une suite d'observations (i) Cette valeur ne diffère, comme on Toit, que d'une seconde et demie de celle résultant des opérations de Cassini. DE LA LATITUDE DE GENÈVE. 871 des distances au zénith circomméridiennes de l'étoile polaire à ses passages supérieur et inférieur, dont le tableau détaillé et les résultats se trouvent consignés dans le t. 56 de la Bi- bliothèque Britannique. Douze séries, comprenant 280 ob- servations de l'étoile polaire à son passage supérieur, leur ont donné pour la latitude de l'Observatoire 46° 11' Sy"» 9; ou en rejetant deux des séries moins concordantes avec les autres 46° 11' 58", 8. D'un autre côté , six séries, comprenant 120 observations de l'étoile polaire à son passage inférieur , donnent pour la latitude 46° II' 58", 5; et ils adoptent pour valeur moyenne, résultant de 872 ob- servations: 4^- lï- 58, 6. Les plus grandes différences entre les résidtats de chaque série et le résultat moyen , ne montent qu'à deux ou trois secondes; et Ihabileté reconnue des observateurs est très propre à inspirer de la confiance dans leurs résultats, qui s'accordent fort bien avec celui des observations de M. Pictet au (^uart-de-cercle de Sisson. En comparant ces valeurs astronomiques avec les valeurs géodésiques rapportées ci-dessus, on est surpris de trouver entre elles une différence de près de quatre secondes; et quoique ce ne soit plus maintenant une chose très extraor- dinaire qu'une telle différence entre une latitude astrono- mique et une latitude géodésique, résultant d'une longue chaîne de triangles, calculée dans une certaine hypothèse d'aplatissement, il n'en est que plus important de constater aussi positivement que possible ces différences, et de n'en négliger aucune occasion. Aussi ai-je regardé comme le pre- 073 SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION mier emploi que j'avais à faire du cercle répétiteur de Gam- bey, de 20 pouces de diamètre, nouvellement acquis par notre Gouvernement pour l'Observatoire , la détermination aussi précise que possible, de la latitude astronomique de ce pointj et je m'en suis occupé dès l'année 1824 où ce cercle fut mis en place. Cet instrument, dont on trouvera à la fin de ce mémoire le dessin, accompagné d'une explication détaillée, se compose, comme les cercles répétiteurs de la construction de Rei- chenbach, d'un cercle vertical, qui est double pour ainsi dire, c'est-k-dire qui est formé par l'assemblage de deux cercles concentriques de laiton évidés, fondus chacun d'un seul jet, et enchâssés l'un dans l'autre. Chacun de ces cercles se com- pose d'un limbe et de huit rayons aboutissant à un collet central, traversé par un axe horizontal d'acier enchâssé dans la monture de l'instrument, et qui sert à porter le cercle. La circonférence du plus grand de ces cercles présente un rebord extérieur qui permet d'établir son limbe sur le même plan que celui du cercle intérieur, de manière à ce que ce dernier soit enchâssé dans le premier, et que les rayons soient en avant de ceux de l'autre cercle, quoique les limbes soient exactement en contact. Le limbe extérieur porte sur une lame d'argent une division tracée de cinq en cinq minutes de degré sexagésimal, et l'intérieur porte quatre verniers à angle droit, divisés chacun sur une lame d'argent en joo parties pour 99 parties du limbe. Chaque vernier donne ainsi directement les arcs de trois en trois se- condes, quoique ces arcs ne correspondent, sur un cercle de 20 pouces de diamètre, quà une longueur réelle d'un 675* DE LA LATITUDE DE GENÈVE. 87$ de ligne. La lecture des verniers se fait à l'aide de loupes, mu- nies de points de repères pour éviter les erreurs dues à un effet de parallaxe. La comparaison des lectures au moyen des quatre ver- niers , faites à diverses époques , peut servir à montrer tout à la fois, la bonté de la division du limbe extérieur, la con- centricité des deux cercles, et la permanence de la position des quatre verniers sur le limbe intérieur. 4'-^ lectures com- plètes de ce genre, faites en mars et avril 1825, à l'occasion des observations de l'étoile polaire, m'ont donné en moyenne pour les différences, évaluées en parties du vernier de trois secondes, entre la moyenne des quatre lectures et chacune d'elles en particulier: vernier n° 1 n° 5 n° 2 n" 4 partie p. — 0,776 -t-o, io5 +1,788 — 1,117 nombres dont la somme se réduit à o. Les écarts extrêmes de part et d'autre de ces valeurs moyennes ont été , +i'9o -i-il'64: -m'',46 +/,87. -1,93 —1,85 -1,54 -1,88. Ce qui correspond en général comme on voit à une partie et trois quarts du vernier, ou à un arc de cinq secondes et un quart. Quarante-deux lectures du même genre, faites du 19 avril au II mai 1828, à l'occasion d'observations d'étoiles, m'ont donné pour les différences moyennes entre l'indication de chaque vernier et la moyenne des quatre verniers : vernier n° 1 n° 3 n" 2 n° 4 p. p. p. p. — 1,011 4-0,244 ~*~i)973 — 1,206 5-] 4- SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION et pour les écarts extrêmes de part et d'autre de ces valeurs, p. j. p. p. -4-1,261 -}-i, 63i -+-1,027 H-1,456 —1,614 —0,994 —1,323 —2,394 c'est-à-dire environ ip,4 ou 4", 2 en moyenne. Enfin 34 lectures, faites du i4 juin au i*" juillet 1826, à l'occasion des observations du soleil, m'ont donné pour les différences moyennes n° 1 n° 5 n° 2 n° 4 — iro68 -^o',396 +2,1 58 — i", 486 et pour les écarts extrêmes de part et d'autre de ces valeurs, p- p. p. p- -4-2, 068 -hl, 854 4-1,092 -f-1,764 — 0,807 — 1,646 — i,4o8 ^ — 1,256 soit 1'' , 5 ou 4", 5 en moyenne. Ces différences tiennent bien plus, soit aux erreurs de lecture, soit aux différences de température des diverses par- ties du limbe, qu'aux erreurs de division de ce limbe : puis- qu'il y en a eu souvent de sensibles, lorsqu'on recommençait une nouvelle série, à partir des mêmes points de la division où l'on avait fi.ni la précédente, et qu'à cette occasion, on faisait une nouvelle lecture en ces points. On trouvera dans les tableaux d'observations ci-dessous, plusieurs séries où l'on n'a observé que deux doubles distances au zénith, et dont le résultat ne diffère, en général, que très peu de celui des autres séries. La lunette de notre cercle répétiteur a environ 25 lignes 5 d'ouverture et 29 pouces de distance focale; elle est munie d'un oculaire ordinaire, grossissant 56 fois, et d'un oculaire prismatique, grossissant 5o fois. Elle est assez forte pour DE LA LATITUDE DE GENÈVE. SyS permettre d'observer l'étoile polaire et ^ de la petite Ourse à toute heure du Jou r par un temps clair, et « de la grande Ourse de jour à son passage inférieur au méridien. Elle porte à son foyer un réticule composé d'un fil vertical et de deux fils horizontaux, dont l'un très fin est destiné aux observations de jour, et l'autre, un peu plus gros, à celles faites de nuit. Dans ce dernier cas, les fils sont éclairés au moyen d'une ouverture latérale, pratiquée vers le milieu de la lunette, et d'une petite lampe extérieure e'i indépendante, dont la lu- mière, passant à travers une lentille, est réfléchie sur les fils du réticuie par un disque intérieur incliné à 45 degrés. J'ai observé souvent avec la lunette ainsi éclairée, ou dans le crépuscule, plusieurs des très petites étoiles qui accompa- gnent la plupart des étoiles principales j et il m'a paru qu'on les distinguait alors plus facilement que lorsque le champ de la lunette n'était point éclairé, probablement à cause de ta diminution produite par 1 éclairage dans l'éclat de l'étoile principale et dans l'espèce d'éblouissement qui en résulte. La lunette se compose de deux tubes cylindriques, dont l'un porte l'oculaire et l'autre l'objectif, et qui sont assemblés l'un à l'autre par l'intermédiaire d'un dé cubique central, auquel ils sont fortement vissés, et qui est fixé lui même au cercle qui porte les verniers. L'extrémité antérieure du bout de la lunette qui porte l'oculaire est aussi attachée à ce cercle au moyen d'un montant particulier; mais l'extrémité de la lunette du côté de l'objectif reste librement suspendue au dé central, et se trouve équilibrée au moyen d'un petit contre-poids d environ trois onces, placé sur un bras de le- vier qui multiplie son effet environ quatre fois, et l'augr 376 SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION mente en outre du poids de ce bras. Un autre contre-poids, pesant sept livres, est suspendu, au moyen d'un levier et d'un bras intermédiaire passant entre le bout objectif de la lunette et le cercle, à l'axe horizontal qui porte le système du cercle et de la lunette , afin de l'équilibrer et d'en faciliter les mouvemens. Le massif métallique dans lequel cet axe horizontal est engagé dans un collet d'acier repose, au moyen de deux tourillons ou pivots horizontaux d acier , sur des coussinets de laiton en forme d'y, dont la base est sup- portée par un grand axe vertical en fer forgé, d'environ 5 pieds i de haut, enchâssé dans un fort trépied en fer fondu, de 4 pieds de haut, qui sert de support à tout l'instrument. Ce trépied est porté par trois grandes vis destinées à le caler, et dont les têtes sont divisées pour faciliter la rectification de l'axe vertical. Cet axe, mobile sur lui-môme, porte à sa partie inférieure un cercle horizontal à lame d'argent , destiné à la mesure des azimuts, et dont le vernier donne les minutes de degré. L'instrument est muni de trois niveaux à bulle d'air» dont le principal, long d'environ 11 pouces, est établi der- rière le cercle sur le système porté par l'axe vertical, et sert à faire les observations à niveau fixe. Ce niveau porte une division dont chaque partie, longue d'environ trois quarts de ligne, correspond, d'après des épreuves réitérées, à un arc de 1", o5. Le second niveau, beaucoup plus court que le premier, est placé perpendiculairement à celui-ci le long de la monture extérieure du collet de l'axe du cercle verti- cal; il sert à s'assurer de la permanence de la verticalité de ce cercle, verticalité qu'on obtient préalablement, comme I DE LA LATITUDE DE GENÈVE. 877 dans les cercles de Borda, h l'aide de deux pinces a vis, qu'on fixe sur le limbe dans des positions presque diamétralement opposées, et d'un fil à plomb, suspendu successivement à chacune d'elles et battant sur l'autre. Le troisième niveau , destiné aux observations à niveau mobile, est établi derrièr le cercle, où il est suspendu d'un côté à l'axe du cercle ver- tical, et fixé à volonté de l'autre à la circonférence au moyen d'une pince à vis, qu'on relâche ou qu'on serre alternative- ment quand on se sert de ce niveau , et qu'on tient constam- ment relâchée lorsqu'on t'ait usage du grand niveau fixe. La permanence satisfaisante de la verticalité du grand axe de l'instrument, qui résulte de la manière avantageuse dont il se trouve monté dans son pied, m'a engagé à faire toutes mes observations à niveau fixe, ce mode étant alors dun usage plus commode et aussi sûr que l'autre, et permettant, lorsqu'on a acquis l'habitude des observations, de les faire seul sans difficulté, (i) Le cercle répétiteur a été placé au centre de notre Obser- vatoire sur un massif cylindrique en pierres de tailles , isolé , reposant sur la voûte d'une tourelle à toit hémisphérique tournant, à côté d'une pendule à compensation de Lepaute, (i) J'ai eu le bonheur d'être aidé, dans mes premières séries, par M. le professeur Pictet, qui prenait, comme on sait, un très vif intérêt à tout ce qui se rapportait à l'astronomie -pratique, et avait une grande dextérité dans les observations. Je l'ai été ensuite quelquefois par MiM. Edouard Prévost et Théodore Bourdillon, qui donnaient de grandes espérances, et dont j'ai vivement regretté la mort prématurée. Quelques autres de MM. les Étudians ont aussi fait avec moi plusieurs observations au cercle répétiteur; mais cependant j'en ai fait seul la plus grande partie. TOM. IV. 48 378 SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION réglée sur le temps sidéral. Cette pendule était comparée soigneusement avant ou après chaque série avec la pendule de Shelton (réglée au moyen de la lunette méridienne de Sis- son de notre Observatoire, par linterinédiaire d'un comp- teur à secondes de Lepaute, établi au bas de la tourelle, et qu'on entend depuis le haut au moyen dune ouverture pra- tiquée dans la voûte. Le baromètre d'observation était placé près de ce compteur, et j'ai toujours noté aussi sa tempéra- ture et celle de lair libre au iNord et à 1 ombre. Il était naturel de commencer mes observations avec cet instrument par des séries de léloile polaire, qui présente tant d'avantages pour ce genre de déterminations- Aussi, dès la fin de 1824 et dans le courant de l'année 1826, j'ai ob- servé un grand nombre de séries de cette étoile à ses passa- ges supérieur et intérieur au méridien 5 et 1 accord satis- faisant de ces observations m'a engagé à en présenter immédiatement le résultat, le 28 juillet 1825, à la réunion de la Société Helvétique des Sciences Naturelles, à Soleure. 34 Séries, comprenant 44o observations de l'étoile polaire à son passage supérieur , me donnaient pour latitude moyenne 4^"*^' 2", 74. Je trouvais par 22 séries, comprenant 268 observalions de la même étoile à son passage inférieur 46. 12. 2, 3i. La moyenne générale des 56 séries, com- prenant 708 répétitions, était de 46. 12. 2, 67; et les écarts extrêmes des résultats de chaque série de part et d'autre de cette moyenne ne s'élevaient qu'à -4-i", 62 et —2 , 77. DE LA LATITUDE DE GENÈVE. Syg Quoique j'eusse déjà fait à cette époque un certain nombre d'observations solsticiales du soleil, je n'avais pas encore suffisamment constaté leur résultat. La grande habi- leté de M. Gambey , les soins qu'il apporte dans la construc- tion de chaque partie de ses instrumens, les expériences qu'il m'avait dit avoir faites, en suspendant des poids aux tubes de ses lunettes , le long desquels était placé un niveau, et qui ne lui avaient indiqué d'etfet de flexion sensible qu'avec des poids très considérables j la petitesse du poids de l'objectif de la lunette, qui n'est que de trois onces eiîviron avec sa monture, et l'espèce d équilibre qui semblait exister entre le bout objectif de la lunette, et son contre-poids, pe- sant en tout 27 onces, lorsqu'on relâchait les vis qui fixaient ce bout au dé central delà lunette: tout cela me faisait espé- rer qu'il ny as ait point h craindre d'erreur constante dans notre instrument, et que les observations faites du côté du Midi donneraient pour la latitude la même valeur que celles du côté du [Noid. Mais il en a été malheureusement tout autrement. Le résultat des observations du soleil, faites au solstice d'été, s'est déjà sensiblement écarté de celui des observations de l'étoile polaiie. Les observations du soleil faites au solstice d hiver, et celles détoiles faites du côté du Miili, et calculées à laide des mêmes tables, ont donné des résultais plus différens encore, et des latitudes d'autant plus petites que f astre était plus austral et plus bas, par conséquent, à son passage au méridien; les résultats des di- verses séries du même astre présentant d'ailleurs un accord aussi satisfaisant que celui des observations de 1 étoile polaire. La seule source probable de ces anomalies était une flexion 38o SUR tNE NOUVELLE DÉTERMINATION dans la lunette, dont la partie postérieure, librement sus- pendue, pouvait nêtre pas suffisamment équilibrée par son contre-poids. 11 est évident, en effet, quune telle fiexion doit abaisser un peu le centre de l'objectit de la lunette au- dessous du diamètre du cercle vertical passant parle centre de 1 oculaire, et faire lire, par conséquent, sur le limbe du cercle , des distances au zénith plus petites qu'elles ne le sont réellement. De là résultent des latitudes trop grandes par les observations faites du côté du Nord, et trop petites par celles faites du côté du Sud, de tout leflFet de la flexion correspon- dant à la distance au zénith de l'étoile. Cet effet est dans le rapport des sinus de ces distances au zénith, puisque la composante de la pesanteur qui agit perpendiculairement à la direction de la lunette, et qui tend seule à changer cette direction, est proportionnelle à ces sinus. Linspection des résultats de mes observations était trop favorable à cette explication pour ne pas lui donner un haut degré de probabilité- J'en ai obtenu facilement une confir- mation directe, en appliquant successivement des poids dif- férens au levier du contre-poids de la lunette, et mesurant avec la lunette ainsi modifiée la distance au zénith d'un même objet terrestre; j'ai trouvé de cette manière des diffé- rences extrêmes d un quart de minute de degré, suivant que la lunette était sans contre-poids ou qu'elle en avait un d'en- viron une livre. 11 suffit même de diriger la lunette vers un objet terrestre déterminé, et de placer ou d ôter des poids sur le levier de son contre-poids, ou simplement de presser légè- rement de haut en bas ou de bas en haut l'extrémité de ce levier avec le doigt, pour s'assurer immédiatement par le DE LA LATJTUDK DE GENÈVE. 081 déplacement sensible du fil horizontal de la lunette reiali- vement à l'objet, de la grande influence que le poids des di- verses parties d une lunette peut exercer sur ia direction de son axe optique. Une fois convaincu, il ne m est plus resté qu'à trouver, soit par le calcul, soit par le tâtonnement, le poids qui devait équilibrer exactement ia lunette et remé- dier ainsi à cette cause d'erreur. Cela a beaucoup prolongé pour moi la détermination qui lait 1 objet de ce Mémoire; mais j'ose espérer que le concours d'un grand nombre d'ob- servations la rendra aussi plus digne de confiance, et que les essais que cela m'a donné occasion de faire, ne seront pas entièrement inutiles à la science, en prémunissant de plus en plus les observateurs contre les effets de flexion dans les instrumens de géodésie et d'astronomie. J'ai fait usage dans le calcul de mes observations, de la for- mule connue de Delambre pour la réduction au méridien des distances zénithales observées, d'après les angles ho- raiies correspondant à chacune d'elles, et résultant de la détermination des instans de chaque observation en temps de la pendule. J'ai calculé, d'après cette formule, une table particulière de réductions au méridien pour l'étoile polaire; et j'ai employé pour les autres astres la table générale qui se trouve dans le Tom. 1" de l'ouvrage sur V ^ itraclion des Montagnes^ de M. le baron de Zach. On verra dans les ta- bleaux ci-joints, que les réductions au méridien ont été en général peu considérables, de manière à ne pas exiger dans le plus grand nombre de cas, le calcul du second ferme de la formule. J'ai adopté pour les réfractions les Tables du i uj . .ni des 382 SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION Longitudes de France, et pour les positions apparentes des étoiles en déclinaison, celles données, depuis 1826, dans le Naulical Almanac , et fondées sur les observations de M. Pond, à Greenwich. J'ai employé pour les observations de la Polaire antérieures à cette époque, ainsi que pour toutes les observations du soleil, les positions données dans les Astrononiisclie Hiilfstafeln publiées par M. Schuma- cher, à Altona. Les déclinaisons des étoiles y sont fondées sur les déterminations de M. Bessel, et sont presque iden- tiques avec celles du Naullcal A linanac pour l'étoile po- laire j mais elles en diffèrent souvent de plusieurs secondes pour les autres étoiles, et il ma semblé, en général, autant qu'on peut en juger dans une recherche aussi délicate, que les valeurs du Ncnitical AUnanac me donnaient des résultats un peu plus concordans entre eux. Les positions du soleil des Hïiljtilajeln sont fondées sur les Tahles du Soleil de M. Carlini, et je nai pu y appliquer les petites corrections que M. liessel y a apportées récemment, faute de les con- naître encore pour les années où j ai fait mes observations. Mais les tableaux détaillés des résultats de mes observations, donnes ci-dessous, permettront toujours de les recalculer toutes au besoin sur de nouveaux élémens. Pour évaluer, dans le calcul de chaque s'iie, l'effet de l'inclinaison de l'axe vertical de l'instiumeut, j'ai noté à chaque observation , à côté de i instant de l'observation en temps de la pendule, la position de chacune des extrémités de la bulle d'air du grand niveau, d'après la division tracée sur ce niveau de part et d'autre de son milieu; en plaçant à gauche le nombre de divisions ou de parties de i échelle du DE LA LATITUDE DE GENÈVE. 383 niveau correspondant à la position de l'extrémité gauche de la bulle (pour l'observateur placé derrière le cercle vertical), et a droite celui relatif à l'extrémité droite. Il résulte de là , dans chaque série, une colonne verticale de nombres relatifs à chacune des extrémités de la bulle. J'ai pris ensuite les dif- férences entre le premier et le second nombre dans chaque colonne, en les faisant précéder du signe -+■ lorsque le pre- mier nombre de la colonne de gauche est plus giand que le second, ou, ce qui revient au même, lorsque le premier nombre de la colonne de droite est plus petit que le premier, et en lui donnant le signe — dans le cas contraire, et j'ai inscrit la moyenne de ces différences entre les deux couples. J'ai pris de même la différence entre le troisième et le qua- trième nombre dans chaque colonne, et inscrit la moyenne de ces différences avec son signe au-dessou- de la première moyenne, et ainsi de suite jusqu'à la fin des deux colonnes. Prenant ensuite la somme arithmétique de ces moyennes, et la divisant par le nombre des répétitions, j'ai obtenu en par- ties du niveau, la correction à appliquer avec son signe à la moyenne distance observée au zénith; et il ne reste plus qu à la réduire en secondes, en la multipliant par la valeur angulaire de chaque partie du niveau (i). En adoptant i", o5 pour cette valeur, la réduction s'opérait facilement, en ajou- tant à la correction évaluée en parties du niveau, la moitié de cette même correction reculée dune place plus à la droite. (I) Voyez, pour plus de développement sur ce point, le Traite élcmentairi: d'Astronomie physique, par M. Biot, 2""= édition , tome I, Note de la page 342- 3(S4 suit UNE NOUVELLE DÉTERMINATION J'ai cherché, en général, à n'avoir que de petites corrections de ce genre, en tâchant de bien rectifier l'axe à l'avance, et éliminant quelquefois l'effet de son inclinaison au commen- cement d'une série, en rendant à la fin l'inclinaison de sens contraire- Le tableau suivant, comprenant tout le détail d'une série de l'étoile polaire et de son calcul, éclaircira et complétera les explications précédentes , et montrera qu il m'a été facile de calculer chaque série sur la même page oh j'en avais in- crit l'observation complète. DE LA LATITUDE DE GENÈVE. 385 A^. ^. Observation faite de jour, vent du nord- est fort , étoile tremblante. 1828. SI MARS. PASSAGE SUPÉRIEUR DE LA POLAIRE AU MÉRIDIEN, à I h. 12 m. 10 S. de la pendule de Lepaute. Lectures au commencement Verniers. de la Série. N»!, 353° 28' 5^5 N»3, 173 28 7, 5 N»2, 83 28 7, o N°4, 263 28 5, 5 à la lin de la Série. 55° 16' 4,* 235 16 6, 5 i45 16 8, o 325 16 4i o Différence moyenne des lectures, 6i"'47' ■9»'' 25 36o 3 Arc multiple observé 42i°47'57,"75 Nombre des répétitions, 10) Arc simple observé 42° >o'47i"775 Correction du niveau — i, 627 Réduction au méridien. 46, .48 I, 1 16 Somme dos div. 25, 5 Moyenne. . . 6, 375 22, 5 5, 625 Réfraction . 42°io'45,"o3 -)-5i, 26 Distance au zénitb, corrigée .... 42° 1 1' 36",29 Distance au Pôle (Naut. Alm.) .. i 36 24, 5 INSTANS BULLE DU NIVEAU des OBSERVATIONS. k GAUCBE. A DROITE b. m 0 55 57 S. 32 33 p»rt. p. 33, 7 -^'75 ,8, 4 59 I 0 22 42 26 26,2 33, 7 ~7' 75, 8, 4(1) 2 3 3i 56 3i,5 , 20,5 — 2,4 29,1 22,9 5 6 i3 45 3o,2+°'^ 21,8 8 9 9 •4 3i 21 30,.+°' 9 2,, 85 p- Somme, — 15, 5 Moyenne, — i, 55 77 -^%7 Distance du Pôle au zénith 43° 48' o,"79 Latitude Ifi 11 59, 21 ANGLES HORAIRES RÉDUCTIONS en AU MÉRIDIEN TEMPS SIDÉRAI. Tab. Part. «r 2,52 1,22 0,45 o, 12 0,01 0,18 0,53 J,2I 2,06 2,86 —6 38 4 37 2 48 I 28 +° 21 I 46 3 3 4 36 5 59 7 4 11,16 1, 116 Bar. 26 10,9 à 4,iR..Tab. Fr. 728,7. . .9.9817 Air à 5 6°,3c... 0.0061 42°! 1'. . . 1.7220 5 .",263... 1.7098 i) Après la quatrième obsei-vation , on a un peu tourné la vis de l'un des pieds , pour rétablir la Tcrticalité de l'axe , et *p1mer même légèrement en sens contraire. TOM. IV. 49 386 SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION Je vais rassembler maintenant les résultats de mes obser- vations faites avec le contre-poids primitif delà lunette, pour chercher à en déduire la véritable latitude de notre Ob- f": servatoire. J'ai éliminé dans cette recherche les observations, en très petit nombre, qui s écartent notablement de la \sLu ,,_nioyenne, et celles où le nombre des répétitions n'a été que r~~~F ^^ quatre, tout en les conservant, comme on le verra, dans . ,; les tableaux définitifs. Co^iilii " L>u côté du Nord, ■J^ t'^'4i séries de l'e'loile pokire, h son passage supérieur au méridien, donnaient, pour la latitude du centre de l'Observatoire 46° '-' -"i734 3o séries de la même étoile, à son passage inférieur 4^ 12 2, i45 — — — — - 4 séries de if de la petite Ourse ^ à son passage inférieur 46 12 3, 353 Du côté du Sud, 33 séries d'Observations du soleil, au solstice d'été, donnaient, pour la latitude du ' '' mêmepoinl 46"' 11' 58",i58 20 séries du soleil, au solstice d'hiver ... .rî?i?»vr-rè>4'»«^'î'" 46 11 53, 54 1 1 séries de a Orion : 46 1 1 55, 68 5 séries de Procy on , . 46 1 1 56, o38 2 séries de Siri us ...... „ „. j,j., . 46 i J 55, 84 Pour employer ces résultats à la recherche de la flexion horizontale de la lunette et de la véritable latitude de l'Ob- servatoire, désignons par x cette flexion évaluée en secon- des de degré, et par 46° 12'— y la véritable latitude: il est évident que chaque valeur de la latitude obtenue par l'obser- vation directe , devra être égale à la véritable latitude , plus ou moins l'effet de la flexion. Cet effet est le produit de X par le sinus de la distance apparente de l'astre au zénith, pris avec le signe -t- si l'astre est du côté du nord et avec le signe — s'il est du côté du sud, puisque, dans le premier cas, on retranche la distance au zénith de la déclinaison , pour .^,«£7 .l'i .dsl . icU n, ..-.i...r;'=," .: DE LA LATITUDE DE GENÈVE. 387- avoir la latitude, tandis que, dans le second cas, on ajoute ces deux quantités. On aura, par exemple, pour l'étoile polaire, à son passage supérieur au méridien: 46° la' V,734 = 46° 12' — r + ^ si°- 4^° 10'; OU X sin. 42° lû' — y — -"iT^i = o; et, pour le soleil, au solstice d'été: 46» 11' 5S",i58 = 46° 12' — y — x sin. 22° 5o', OU jc sin. 22" 5o' -\- j^ — 1)84- = o- Mais comme le nombre des observations n'est pas le même pour chaque astre, et que le poids du résultat doit être, tou- tes choses égales d'ailleurs, proportionnel à ce nombre, on doit multiplier chaque équation de condition par le nombre des séries qui ont servi à l'obtenir, ce qui revient à ajouter entr'elles toutes les équations de condition relatives à chaque série du même astre en particulier. 11 faut substi- tuer aussi dans ces équations à la place des sinus , leurs va- leurs en parties du rayon des tables, savoir: pour l'étoile Polaire, pass. sup. , sin. 4^° lo' = 0,67129 — pass. iuf, sin. 45° 24' = 0,71203 f Petite Ourse, sin. 47» 12' = 0,78373 a Orion, sin. 38°5o'g= 0,62717; pour le soleil, en été, sin. 22° 5o' = o,388o5 — en hiver, sin. 69° 20' = 0,93565 Procyon, sin. 4°° 32'i=: o,65 Sirius, sin. 62" 4'' = 0,88848. C'est ainsi que j'ai obtenu le système d'équations de condi- tion suivant : 27,523 X — 4' y — 'l'iSg = o 2i,36i X — io y — 64,36 = o 388 SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION 2,g35 ôc — 4t — i3,4i = o 12,806 X -f- 33 y — 60,8 = o 18^713 X -\- 20 y — 129,3 = o 6,899 ^ + " r — 47.47 = ° 3,25 j: -\- S y — 19,81 = o '.777 ^ + 2 r — 8,32 = o. En combinant ces huit équations par la méthode des moindres carrés, on arrive aux deux équations finales : 1797,92 X — 888,486^ — 8098,59 = o — 888,486 a: 4- 4236 ^ -f 1341,67 = o, d'où l'on tire 3c = 4"i85o8; y ^ o",-jooy; et de là, pour la valeur la plus probable de la latitude résul- tant des i47 séries, 46" II' 59",3. Si l'on applique aux latitudes affectées de la flexion, qui résultent des observations de chaque astre, la correction provenant de la valeur précédente de x, multipliée par le si- nus des distances au zénith respectives, on trouvera pour la véritable latitude : Par l'étoile Polaire, passage supérieur 46° 1 1' 59",48 — inférieur 53, 69 / Petite Ourse, passage inférieur Sg, 79 le Soleil , solstice d'été 60, 04 — d'hiver 58, 08 « Orion 58, 72 Procy on Sg, 1 9 Sirius 60, 1 5. Quoique l'accord entre ces valeurs ne soit pas aussi par- fait qu'on pourrait le désirer, il est évident que cest bien à la flexion que les différences précédentes devaient être at- tribuées eu très grande partie, puisque le résultat moyen des observations du côté du nord, ainsi corrigé, au lieu de diff'érer, comme précédemment, d'environ six secondes de DE LA LATITUDE DE GENÈVE. 889 celui des observations du côté du sud, n'en diffère plus que d'à peine un dixième de seconde; les différences restantes entre les résultats partiels, qui ne sont au maximum que d'environ une seconde de part et d'autre de la moyenne (au lieu d'être d'environ cinq secondes comme précédemment), sont tout-à-fait de l'ordre de celles qu'on peut attribuer aux erreurs d observation ou de calcul, ainsi qu'aux valeurs des réfractions et des déclinaisons adoptées. Les observations de l'étoile polaire, à son passage supérieur, donnent, comme cela est arrive en d'autres occasions, des latitudes un peu plus grandes que celles faites au passage inférieur. Les observa- tions du soleil au solstice d'été donnent la latitude et l'obli- quité de l'écliptique plus grandes d'environ deux secondes que celles faites au solstice d'hiver, ce qui s'accorde aussi avec les résultats obtenus par un grand nombre d'astro- nomes munis des meilleurs instrumens. Les tableaux détaillés n°^ i — 3 placés à la fin de ce Mé- moire, renferment les observations d'étoiles et de soleil faites avec le contre-poids primitif de la lunette du cercle, et leurs re'sultats, corrigés de l'effet de la flexion que nous venons de déterminer par leur ensemble. On y verra que les écarts extrêmes des résultats partiels, de part et d'autre de la moyenne, s'élèvent à environ 2." \ pour l'étoile polaire, 1" ^ pour les autres étoiles, et 4" \ pour le soleil. Quoique les résultats précédens fussent déjà très con- cluans, il n'était pas inutile de faire encore un nouvel essai afin de constater de plus en plus l'influence de la flexion de la lunette, et de parvenir à déterminer par les observations elles-mêmes l'augmentation de charge qu'il fallait appliquer 390 SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION au contre-poids de la lunette, pour qu'il remplît exactement son but. Pour cet effet, j'ai enlevé le contre-poids primitif delà lunette, et j'ai observé, en avril 1827, un certain nombre de séries d'étoiles, soit du côté du nord, soit du côté du midi, la lunette n'ayant plus de contre-poids proprement dit, ou n'étant contre-balancée que par l'excès de poids de la portion du levier destinée à porter son contre -poids or- dinaire. Du côté du Nord, 10 séries de l'étoile Polaire, à son passage supérieur, m'ont donné, en moyenne, une latitude de 46» 12' 4", 42 1 série de a de la Grande Ourse, à son passage intérieur.. . 46 12 6, 71. Du côté du Sud, G séries de a Orion m'ont donné 46" ' 1' 54", Sa j Procyon 4^ 11 54, i4 5 Sirius 46 II 5i, 84 En procédant de la même manière que je l'ai indiqué ci- dessus, et désignant par x' la nouvelle flexion horizontale, j'ai obtenu les cinq équations de condition suivantes : 6,714 -<•' — 10^ — 44^24 = o o,g46 x' — y — 6,71 = o 3,763 x' + 6 y — 32,9 ^ o 4,55 x' + 7 y — 4° 99 = o 4,442 jc' -\- s y — 4o,Si = o. J'en ai tiré par la méthode des moindres carrés, les deux équations finales : 100,565 x' + 8,557 y — 794,945 = o 8,557 •^' + 211 r — 23g,27 = o; et il en est résulté, par l'élimination , «' c= 7",8353}>- c= o",8i63j DE LA LATITUDE DE GENÈVE. Sgi ce qui donne, pour la vraie latitude moyenne, conclue des 29 séries, la valeur 46° II' 5y",i84; La valeur de x' donne pour les latitudes corrigées, résul- tant des observations de chaque astre, les nombres suivans : Par les. observations de l'étoile Polaire 46° ii' 59",i6 — a Grande Ourse Sg, 3 — a. Orion Sg, 43 — Procyon Sg, 23 — Sirius 58, 8 valeurs qui s'accordent, comme on voit, d'une manière sa- tisfaisante. Le tableau n° 4 présente toutes les observations faites sans contre-poids, avec les élémens du calcul et leurs résultats corrigés de l'effet de la flexion, telle que nous venons de la déterminer. Le principal avantage de cette détermination est de per- mettre, par sa comparaison avec celle obtenue avec la lu- nette munie de son contre-poids ordinaire, d'en déduire, au moyen d'une simple proportion, l'augmentation qu'il faut apporter à la charge de ce contre-poids pour détruire la flexion de la lunette. En eff'et, puisque la suppression d'un poids de 3°""%07G4 a augmenté la flexion horizontale de la quantité x'— x=2",9845, il s'ensuit que pour faire dispa- raître une flexion x'=7",8353 il faudra un poids de 8°°"%o766 placé de la même manière que le premier. C'est, en effet, un poids à très peu de chose près égal à celui-ci que j'ai appliqué avec succès au levier de la lunette. Il pèse 8°"", 2878, c'est-à-dire environ un sixième d'once de plus que celui que nous venons de déterminer j mais outre 392 SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION que cette différence est très petite, j'ai placé, en général, le nouveau contre-poids plus près du point d'appui du levier que le contre-poids primitif, de manière à diminuer un peu son effet. Il me reste maintenant à faire voir quel a été le résultat de l'application de ce nouveau contre-poids. Les tableaux n° 5 et n° 5 bis présentent une nombreuse suite de séries d'étoiles , observe'es en diverses saisons et le plus souvent de jour, en 1827 et 1828, avec le nouveau contre-poids, soit du côté du nord, soit du côté du midi, et contiennent tous les élémens de leur calcul et leurs ré- sultats , sans quil s'y trouve aucune correction due à un effet de flexion de la lunette. Du côté du Nord, 40 séries de l'étoile Polaire , à son passage supérieur , y donnent une latitude moyenne de 4*^° 1 1' Sg", 25 Avec des écarts eitrènies de part et d'autre de cette moyenne, de -j- 2", 91 et — 2", 11. 12 séries de la même étoile, à son passage inférieur. . .x- • • . • 4^ ' ' ■''9> ^^ Ecarts ex.trèmes, -|- i",37 et — i",6. 10 séries de /S de la Petite Ourse, à son passage supérieur .... 46 12 o, 08 Ecarts extrêmes, -|- 2",49 et — i",25. 8 séries de la même étoile, à son passage inférieur 46 11 Sg, gS Ecarts extrêmes, -j- i",38 et — 2.",o. La moyenne générale de ces 70 séries, observées du côté du Nord , donne, pour la latitude , 46° 11' 59",5i Du côté du Sud , 17 séries d'A-ldébaran donnent, pour latitude moyenne 46° n' Sg", 22 Avec des écarts extrêmes de -j- 2", 21 et — 2",02. 8 séries d'Arcturus 46 11 Sg, 68 Ecarts extrêmes, -|- 2", 58 et — 2",oS. •J séries de l'Epi de la V ierge , 46 il Sg, 33 Ecarts extrêmes, -}- i",62 et — i",3g, DE LA 3;^TITUDE DE GENÈVE. SgS 7 séries de Sirius 46" ' i 58 ,5 Écarts extrêmes, -(- i")47 et — i",56. 7 séries «l'Autares 46 il 59,78 Écarts extrênjes, -\- 3'\o2 et — 3",4o. 6 séries de a Serpent 46 12 0,42 Ecarts extrêmes, -|- 2", 12 et — 3",28. 5 séries de Fomalhaut ( i ) 46 1 1 5y,02 Ecarts extrêmes, -)- 2",Gg et — o",92. 5 séries de a. Orion 46 11 58, 5 Écarts extrêmes, -j- o",84 et — i",33. 5 séries de Procyon 46 11 58, 18 Ecarts extrêmes, -(- i", i el — i",o8. 2 séries de a. Verseau 46 11 5g,98 La moyenne générale de ces 69 séries, observées du côté du Midi, donne, pour la latitude 46° 11' -jy",53 L'identité de cette valeur avec celle provenant des séries du côté du Nord est plutôt, il faut en convenir, l'effet d'un heureux hasard, qu'un résultat sur lequel on puisse réelle- ment compter, à ce degré de précision près. Il est facile de voir, en etïet, en examinant soit les résultats partiels ci- dessus, soit les tableaux eux-mêmes, que les nombreuses chances d'erreur auxquelles l'observation et le calcul de ces séries sont exposés, s'y font sentir. On peut remarquer, entr'autres, que les observations faites en 1^27, soit du côté du Nord, soit du côté du Midi, donnent une latitude un peu plus forte que celles de 1828, ce qui peut tenir^ en ( I ) Les positions apparentes de Fomalliaut ne se trouvant pas indiquées dans le Naiiliail Alinanac, ont été calculées d'après les Tables du grand Catalogue d'étoiles publié par M. F. Baily , dans le tome II des BIcmoires de la So.-ic'lii astronoriiiijuj (le Lonilres. TOM. IV. 5o 394 SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION partie, à la différence de saisons, et à ce que toutes les ob- servations de 1828 ont été faites de jour, ce qui n'a pas eu lieu aussi généralement pour celles de 1827. Quoi qu'il en soit, il est cependant satisfaisant de voir les résultats d'un aussi grand nombre d'observations et d'étoiles différentes s'accorder, en général, aussi bienj et cela démontre, ce me semble, que la modification apportée au contre-poids de la lunette, suffit pour rectifier linstrument, sans qu'il y ait besoin de recourir à autre chose. Si nous combinons ces derniers résultats avec ceux obte- nus précédemment avec le même instrument, soit avec le contre-poids primitif, soit sans contre-poids, tels que nous les avons rectifiés par leur ensemble, en donnant, comme nous l'avons toujours fait, à chacun des systèmes un poids proportionnel au nombre de séries qui ont servi à l'obtenir, nous trouverons pour la latitude du centre de l'Observatoire de Genève, telle qu'elle résulte de 5 1 4 séries d'étoiles et du so- leil, comprenant 3538 répétitions, en employant les réfrac- tions françaises et les positions d'étoiles du Naitticai Alnia- nac , la valeur définitive 46" 1 1'59",4. J ai adressé à M. Arago, au commencement de juillet 1827, le résumé de mes observations jusquà cette époque, ainsi que de leurs résultats; et cet astronome célèbre a bien voulu me donnner une marque flatteuse d'approbation, en com- muniquant ma lettre au Bureau des Longitudes de France. Je ne connaissais pas alors le travail de M. Brioschi sur la flexion dans les cercles répétiteurs, publié en 1826, dans ses Comentarj astronomici délia Specola Keale dt Napoli, travail dans lequel il a analysé, avec le plus grand DE LA LATITUDE DE GENÈVE. SgS soin et à l'aide d'expériences délicates, tous les effets de ce genre qui pouvaient exister dans les deux cercles répétiteurs de Keichenbach, de trois pieds de diamètre, dont est muni l'Observatoire de Naples. C'est probablement à la petitesse comparative des dimensions de notre cercle de Gambey que je dois de n'avoir pas trouvé, comme M. Brioschi, d'effet de flexion sensible dans les rayons du cercle qui porte les ver- niers, et d'avoir pu, par conséquent, faire disparaître les anomalies observées par une simple addition de charge au contre-poids de la lunette. M. Gambart, qui possède depuis peu a l'Observatoire de Marseille, un cercle répétiteur de Gambey semblable à celui de Genève, a douté d'abord que les discordances entre mes premiers résultats, que je lui avais signalées comme tenant à une flexion de la lunette, dussent être attribuées à cette cause; et ce qui l'en faisait principalement douter, était les expériences de M. Gambey, dont j'ai fait mention plus haut. Mais il n'a pas tardé à revenir de cette opinion. Ayant trouvé, avec son cercle répétiteur, des différences de lati- tude analogues aux miennes, quoique plus petites, il a réussi à les faire disparaître presque entièrement, en augmen- tant le contre-poids de la lunette, de manière à ce qu'il fît précisément équilibre au poids du bout objectif de la lunette librement suspendu. M. Arago a bien voulu me faire part d'un moyen ingé- nieux d'éliminer les causes d'erreur de ce genre qui peuvent exister dans le cercle répétiteur, c'est d'observer dans le cours de chaque série, alternativement par vision directe et par réflexion , au moyen d'un horizon artificiel. La flexion agit SgG SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION alors également, mais en sens contraire, dans l'une etl'autre manièx'e d'observer, et les effets se détruisent, par consé- quent, dans les résultats. M. Carliui indique aussi pour la détermination de la flexion des lunettes, dans les Ephénié- ricles de Milan pour 182g (p. 68 de l'Appendix) , un procédé gui est une simplification de celui proposé par M. Bessel,cest d'établir le centre de son cercle répétiteur sur le prolonge- ment de l'axe optique d'une lunette, munie à son foyer d'une croisée de fils, et dirigée sur un objet terrestre, le cercle étant situé entre la lunette et lobjet, et de mesurer à plusieurs reprises sur le cercle, sans retourner son limbe, l'angle com- pris entre l'objet et la croisée de fils, vue à travers l'objectif- 11 est clair que cet angle sera de 180 degrés, augmentés ou diminués du double de la flexion horizontale, selon que le tube de l'objectif s'abaisse plus ou moins par son élasticité que le tube de l'oculaire. Mais quelque avantageux que soient ces procédés pour corriger l'effet de la flexion des lunettes, lorsqu'il a lieu , il me paraîtrait fort désirable, pour détruire cette cause fâcheuse d'erreurs et d'incertitudes, que l'artiste trouvât moyen de fixer sur le cercle-vernier le bout objectif delà lunette, aussi bien que le bout oculaire, comme cela avait lieu dans les premiers cercles répétiteurs de Borda, dans les cercles mo- biles de Ramsden et les cercles muraux de Troughton. La difficulté dans le cas actuel tient à la pièce qui sert dinter- médiaire entre l'axe du cercle vertical et son contrepoids, et qui ne permettrait pas au bout objectif de la lunette de pas- ser vers le haut de l'instrument , s il était attaché par un montant au cercle des verniers, comme l'est le bout oculaire. DE LA LATITUDE DE GENÈVE. 897 Si l'on était obligé d'opter, il me paraîtrait préférable que ce tùt le bout objectif, comme le plus pesant, qui fût fixé; mais il me semble qu'on pourrait les fixer tous les deux, en établissant le bras de communication entre l'axe du cercle et son contrepoids derrière le cercle par rapport à la lunette, au lieu de le placer entre deux. L'effet du contrepoids serait alors un peu diminué, mais on pourrait augmenter le poids, et c'est ainsi que se trouvent appliqués les contrepoids au cercle mural de Troughton, à Greenvvich. Cette modifica- tion aurait l'avantage, dans les cercles répétiteurs, de rap- procher la lunette du cercle, et de diminuer l'excentricité dans les retournemens. Cela rendrait peut-être, il est vrai, moins facile rétablissement du troisième niveau dont notre instrument est pourvu j mais n'ayant fait encore aucun usage de ce niveau, je ne regarde pas sa conservation comme importante, (i) On est beaucoup revenu , dans ces derniers temps , de l'espèce d'enthousiasme que le cercle répétiteur avait excité sur le continent, et on est peut-être tombé maintenant dans l'excès contraire. Les observations avec cet instrument sont plus longues et plus pénibles à faire et à calculer, qu'avec les autres instrumens destinés à mesurer les distances au zénith; les mouvemens qu'on imprime successivement à ses diverses parties , dans le cours de chaque série , peuvent y (1) Il faudrait, à la ligueur, deus coutre-poids, dont un pour le cercle divisé serait placé derrière ce cercle, et dont l'autre, plus petit, pour le cercie-vernier, pourrait être établi peut-être en avant de ce cercle, sans gêner ses mouvemens. 398 SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION donner lieu, plus facilement que dans d autres, à de petits dérangemens; enfin, plus on perfectionnera la division des cercles, et on en augmentera les dimensions, moins le prin- cipe de la répétition des angles deviendra d'une application nécessaire. Mais je n'en suis pas moins disposé à croire que cet instrument sera toujours précieux dans les cas nombreux oii, avec de petites dimensions et un transport facile, on dé- sire obtenir un degré suffisant d'exactitude, comme cela se présente dans Jes Observatoires du second ordre, dans les voyages astronomiques, dans les opérations géodésiques et hydrographiques. Les erreurs de pointé y sont éliminées, aussi-bien que celles de division et de lecture. La mobilité de cet instrument, qui peut donner lieu quelquefois à des erreurs, peut servir, dans d autres cas, à en détruire, par un effet de compensation. Elle permet de l'employer hors du méridien , à la détermination du temps par les hauteurs correspondantes ou absolues, à la rectification de la direction méridienne et à l'observation des comètes, sans parler de la détermination des azimuts, des opérations trigonométriques et des autres usages auxquels il peut servir aussi. Les obser- vations contenues dans ce Mémjire, me semblent prouver, par les limites entre lesquelles leurs différences sont compri- ses, qu'avec un instrumentde ce genre, de médiocre dimen- sion, on peut lutter avec d'autres bien plus grands, maniés par de très habiles astronomes. Je ne doute pas qu'avec un cercle répétiteur bien construit et convenablemeiit rectifié, on ne puisse obtenir assez promptement une bonne latitude, déterminer avec exactitude l'obliquité de lécliptique, et construire même un catalogue d'étoiles en déclinaison , di- DE LA LATITUDE DE GENÈVE. Sgg gne de confiance. On devra cependant préférer, en général, pour ce dernier point , les grands instrumens fixes, vu 1 éco- nomie de temps et de peine qu'ils procurent. Je pourrai revenir, dans une autre occasion, sur mes ob- servations au cercle répétiteur, pour chercher à en déduire quelques-uns des élémens astronomiques qu'elles sont sus- ceptibles de donner; mais je dois me borner, dans ce Mé- moire, à ce qui concerne notre latitude géographique. Une nouvelle détermination géodésique de la position de Genève vient dêtre obtenue par M. Filhon , capitaine de première classe au Corps royal des Ingénieurs-géographes français, chargé en chef des opérations astronomiques et géodcsiques du preaiier ordre relalives à l'exécution de la grande carte de France, dans les six départemensdu Doubs, du Jura, de 1 Ain, de la Côte-d'Or, de Saône-et-Loire et du Rhône. Cet officier distingué a rattaché de nouveau- avec le plus grand soin, en 1827, 1828 et 1829, conjointement avec M. le lieutenant Olivier appartenant au même corps, la tour de l'horloge de St. -Pierre à plusieurs autres stations sur les principales sommités du Jura, par des triangles dont ils ont mesuré chacun des angles horizontaux par trois séries de soixante répétitions, avec un beau théodolite doublement répétiteur, de Gambey, de treize pouces de diamètre. Il a ef- fectuéaussi, avec cet instrument, la liaison trigonométrique de la tour de St.-Pierre et de l'Observatoire. Le calcul de ses triangles, appuyés sur les grandes bases qui servent de fon- dement à la nouvelle carte de France, en adoptant l'aplatis- sement d'un 308,64, donne à M. le capitaine Filhon, se- lon la communication qu'il a bien voulu m'en faire en me- 4oO SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION sures centésimales, que j'ai converties en sexagésimales , les valeurs suivantes : Latitude. Longitude. Tour de l'Horloge de S'-Pierre 46" 12' 4", 78 3° 48' 45", 10 Observatoire 46 12 o, 33 3 48 54,85 Différences 4"i45 9") 7^ Les différences entre ces deux stations sont presque iden- tiques avec celles qui avaient été déterminées précédem- ment, et la latitude géodésique de l'Observatoire ne sur- passe que d'un peu moins d'une seconde celle que j'ai déter- minée astronomiquement. La valeur en nombres ronds 46° 12' est à peu près la moyenne entre les deux, et peut être adoptée en définitive dans le plus grand nombre de cas, de même que la valeur 3° 49', soit iS'" 16^ de temps, pour la longitude de l'Observatoire de Genève à 1 Est de Paris. Le changement prochain du local de notre Observatoire ne diminuera en rien futilité des déterminations précéden- tes : car une simple mesure de la distance exacte entre le nouveau et l ancien bâtiment, suffira pour permettre de réduire de fun à 1 autre tous les élémens déjà obtenus 5 et la grande proximité de ces deux points facilitera beaucoup cette réduction. D'après des données provisoires , le centre du nouvel Observatoire, situé comme l'autre sur le terre-plein du bastion de St.- Antoine, mais plus près de 1 angle saillant du bastion, ne sera éloigné que d'environ 12 pieds au Sud, et 219 pieds à lEst, du centre de l ancien, dont on conser- vera la position exacte, par une borne, si le bâtiment est abattu, vu son état de dégradation actuel. Le nouvel Obser- vatoire jouira de nombreux avantages sur l'ancien, sous le W" 1. - Des Observations de Distances au zénith circomii à r Observatoire de Genève, avec un cercle N. B. Luaelle a\ i Passages supÉaisims av Mérioieh. DATE des OBSERVAT. DIST. AD ZKMTH observées. EFFET de la TLEXIOX delà laaette. U3 UMITU OECUKAIS. apparentes SI LA POLtUlE, Tables deScbumacher. l'Obseb ■ deG< « 1824 NOVEMB. 1825 Mars Avril 1 2 5 6 Mai Juin 1826 Mahs 42° 9'58",4 9 56,3 10 17,5 10 0,4 10 9 7'0 58,9 58,1 58.0 55,8 58,5 0 2,0 3,5 9 53,7 59,0 58,o 54,5 57,. 5oj 5 5 49 4,9 48, 48,8 t % 49 +o".3 -0,4 —l-à ■9 —0,6 — 1,2 , 0,6 +0.5 -o;5 — 0,1 -0,6 ~o, 0,1 -o,,8 -0,5 +0,7 .1 •4,9 1,5 ,5 46,0 44,2 43,4 43,4 4 1.0 4.,7 4o,b 4 1,3 4i,i 37,7 -0.5 ■0,5 -o ,5 -oU ■0,6 •1,2 ,9 —0,1 ,0 +0,7 :5 —0,4 •0,4 i,5 — 0,2 — o,a +0,5 —0,7 -f-0,2 — 1,0 +0,0 +0,2 + 1,0 +0,5 — 0,3 10 17,9 +0, i4,8 +2,0 û,9 5,4 5,8 5,3 5,9 8.8 11,2 2-9 7'' 9» 5,5 «'9 5,2 3,5 5,4 5,2 2,9 5,0 5,2 6.8 3,8 3,6 f 2.6 "^,(> 5,5 5,0 3,5 5,4 4,2 j,g 2,7 2,2 3,9 5o",3 52,7 5o,4 5o,8 5i 5i,4 5o,4 49,4 00,0 49,5 49,8 49,8 5o, 1 ^^;4 5o 5o 49,9 49 49' 49.6 49,0 49,ti 48.2 49,2 4S,8 49.i 49'i 49,j 49,J 5l,2 5o,6 5o,2 5o,2 49=2 00,5 5o,5 5l.2 +3",26 42''io'3o",4 49,8 48,9 5o,9 49.9 47,4 46,9 45,3 45,4 45,4 45.7 44,6 44,0 44,0 42,9 40,3 41,5 ■;9,9 40,2 39,6 58,4 58,8 38,2 27' in ■^7'9 04,9 Jo,5 33,9 04,1 54,4 3i,6 .32,9 01,4 32,1 3o,8 5i,5 5o,2 28,6 Il 9,6 8,4 i''22'48",5 48,9 49,4 52,9 48,5 46,5 46,0 44,9 44,6 44,3 43,7 43,4 45,0 42.0 41,7 4i,4 4., 4o,8 40,6 59'Z ^9,4 39,1 38,7 57,8 37,5 55,7 35,1 34,5 54 34,0 35,5 52,5 32,2 3o,6 3o,5 5o,4 3o,2 ^9,9 28,0 23 8,2 7>o 46™ •55 5ï9 a- 5(|.b 58,- li 58,6 JS.iJ Total , 4i Séries , comprenant 490 repe'tilions ; !atitude moyenne.. . 4^" 11 9' "ABLEAU •ridiennes de l'Etoile Polaire , faites en 1824 et 1828, épétiteur de Gambey, de 20 pouces de diamètre. iTi son conlrB-poids primllif. Passages IMFÉalEIIBS AD MÉRIDIEN. 2 0 3 o 50 a G DIST.VNCES r lE DATE es » PI MOYENNES en n n H EFF. de la DISTANCES an Pôle LATITUDE 1 des » BIST. AO 2KMITM 3 n. FLEX. J.U ZtMITH apparentes de elle. ? D T 3 "^ DE LA POLAlBE, t'OflSEavATOiaE OBSERVAT. h" observées. G 3! ^ r IJ delà laDctte corrigées. Tables de Genève, S M £ deScbumacher. i8a4 •■"'9 NoviMB. 12 6 45° 24' 7",I +2",6 î"'7 56",6 5",45 45<'25'i2",5 1° 37' I2",2 46<'ii'59",7 9-' 16 8 5,2 +o,8 J,2 58,1 10,^ 11,3 12 0,6 îO,5 17 i4 4,4 — 0,2 3,0 59.6 10,J 11,0 0,7 '.7 '9 6 3,2 — 0,2 7.4 56,8 10,6 10,4 11 59,8 29 4 0,5 +5,3 5,1 57,8 10,0 7,4 57,5 i|8,4 Decehb. 9 2,5 — 0,2 4.0 59,1 8,6 5,0 56,5 18,1 11 6 4.2 1,> 2,6 59,9 ?'S 4,6 55,6 9.'. 12 10 0,9 — o,6 2,1 59,9 5,8 4,2 58,4 i.g.b 1825 19.J Mai 10 16 25,7 -0,4 3,7 55,5 28,0 27,7 597 19,0 11 i6 27,8 — o,6 J,2 55,7 29,5 27,9 58,4 ^,0 12 12 29,2 +o,7 1,9 54,8 3o,o 28,. 58,2 |.8..S 18 10 ^Z'i — i,o 3,9 57,2 3',i 29,4 58,4 :,9,„ 20 12 28,6 -0,7 3,2 30,7 3o,o 29'7 59,5 .8,0 22 10 3o,Q -0,4 2.9 55,6 32,4 3o,o 57,6 ;.8,8 23 12 3., 5 —1,0 2,8 54,8 3i,z 3o,2 58,5 .8,1 24 10 28,4 +0,4 4,1 55,0 3i,â 3o,3 5q,0 5q,8 Ig.G Juin 2 10 33,5 -3,2 2,1 56,1 3i,9 3i,G o,q 8 16 33,8 —0,7 2.6 54,4 Jj,5 32,1 58,7 0,4 9 18 32,5 -0,4 's 54,8 5fi 32,3 58,2 0,1 11 16 34,4 -0,8 54,3 .^4,0 32,5 58,4 1,0 12 l4 3o,6 — 0 5,1 54,1 33,2 52,5 5q,4 o,j i4 12 53,9 -0,8 2,9 54,5 34,0 32,6 5&,7 58,J 0,5 16 12 û4,9 —1,0 2,8 54,1 34,3 32,7 0,6 18 10 34,1 -2,4 8,0 53,8 36,9 J2,7 55,8 0,4 23 10 3i,i — 1,2 8,1 55,0 36,5 32,8 56.3 '7'7 2^ 12 36,2 —0,8 3,4 54,2 36,4 32,8 56,4 0,2 Juillet ij 6 34,7 — 0.3 i'7 54,1 53,7 3i.7 58.0 0,9 '4 8 32,6 -0,4 1,8 o4,2 32,0 3i,5 5q,5 59,2 12 0,0 0,3 '9'9 i5 16 12 8 32,4 33,6 +0,4 — 0,1 1,8 1,5 3i,8 32,0 3i,3 28,5 ■9,1 NOVEMB. 24 8 23 43,9 — 0,2 4,0 59,4 24 5o,7 36 5o,7 0,8 DÉCEMB. 1 6 48,4 — 2,0 0,5 57,3 47,7 48,6 0,9 '9.5 3,3 >8,4 Total, 02 Se ries, comprenant 554 repe'lilions; latitude m oyeune . . l 6"ii'58",6 '9-7 N. B. Les élcm eus de ces Tableaux ont c'tc calcules ea cenLièm es de second ;, eL réduits "J>4 en diiièines [ïo ur rimpression. ;8,6 i8,(; )"p [Alcr/i. sur la Latiliulc de Genève.) N ° 2. Des Observations solsticlales du soleil, faites en i8-24; répétiteur de Ganibey, N. B. Lunetle ave( SOLSTICES D'EIVSR. a c n - s ARC 0 i "" DISTANCES DÉCLINAIS. LATITI •w z = » EFF. DATE. ^ simple n ■3 !- delà Xn ZÉSITB da de ô en obscm-. Z corrigées. SOLEIL. l'Obsert. I 1824 DÉCEME. 12 6 69° 17' 2",4 +i",3 0' 2l".7 2'24".0 4"p4 69»i9'io",5 23° 7'll",l 46011';^ 18 6 37 36,o +2.7 2 57,7 2 24,3 08 26,0 25 5,5 12 1! '9 10 3G 56,6 +0,5 0 09,9 2 24,3 26 25,5 ,3 20 8 b 7'^ +4.9 0 17,4 2 20.0 59 i9^' û9 o3,D 38 2,5 27 .7,8 .5 22 16 07 4o,i — 1,1 0 29,2 2 19,4 27 07.0 26 0,6 Il ,0 24 12 ob 11,8 +1,1 0 42,1 2 27,2 ,( 1825 Janvier 2 10 5 55,5 +0,8 0 35,6 2 l3,l 7 46,5 22 55 49.6 .( 5 16 0 52,8 4-1,0 1 8,7 2 20,4 2 10,0 5o 11,4 ,i DÉCEMB. 9 8 0 56,3 +1,2 0 45,0 2 i3,7 2 3o,7 5o 33,1 .1 10 10 6 14.9 -(-0,5 0 27,3 2 16,5 8 _8,9 56 9.9 .t 17 12 33 42,1 +0,3 1 3i,3 2 23,1 54 38,7 23 22 4o,8 .( 22 12 38 14,1 +'.3 1 7'j 2 20.8 39 33,^ 2I 'li .i 26 10 33 i5,7 —0,7 0 38,8 2 22,5 35 3,2 ,8 3i .4 17 28,1 —0,1 1 7,4 2 23,2 18 48,4 6 5i,2 1826 Janvier 1 i4 12 32,8 -0,9 0 53,9 2 28,5 i4 10,9 2 12,8 il 7 iG 68 35 9,5 +0,8 0 47,4 2 l5,0 68 36 42,J 22 24 45,4 !,o 182G DÉCEMB. 10 i4 69 7 28 +2,0 3 12,1 2 19,4 69 6 40^9 54 44,5 II 11 ■ 4 10 17,9 +0,4 0 43,4 2 20,9 12 0,3 23 0 3,8 l,fc 23 12 37 l4,2 +0-9 0 33.0 2 24,9 39 ji,4 27 17,7 ?" 28 12 3o 42,4 — 0,5 2 34.8 2 26.2; ÔO J^^Q 18 4o,o 5o 8 25 12,1 —1,5 1 47.6 2 25,0 23 5j,5 11 54,6 k 1827 Janvier 1 '4 i3 24,3 -0,8 0 35,0 2 23.5 i5 16,3 3 17.7 u Total, 22 Séries , comprenant 254 répe'lilions ; latitude moyenne 46°ii'5iiô N. B. La parallaxe du soleil a été évaluée à 8'', 5 au solstice d'hiver, el à 5", 3 au solstice le. Ou a éliminé, pour déterminer Teflet de la ilexion , tes deux séries marquées d'un ? On a m compte du second terme de la formule pour la réduction au méridien dans le calcul b plupart des séries. ABLEAU 1826 et 1826, à r Observatoire de Genève, avec un cercle e 20 pouces de diamètre. n contre-poids prirail'iF. ■ Solstices d'été. s Ane ■X 3 C n 2 5_ Ti 1 ^ EFF. DIST.HKCES DÉCLINAIS. LATITUDE DATE. H simple < PI > ■3 > 1 " clcla »OZi3ITn Ju de ^^ s observé. a 3 FLEX. corrigées. SOLEIL. L'OûSEaVATOIRE 1825 4 Juin i4 8 22°57'55",9 +i",6 3-1/:, 5 '9".4 ■"'9 22° 55' 17",! 25° 16' 4i"-4 46''ii'58",5 ? i5 20 57 55,9 +0,1 5 44,6 19,2 52 02,5 19 28,8 12 1,3 5 16 16 52 36,4 +0,6 2 5l,3 19,1 5o 6,6 21 52,9 11 59,5 .:i 17 18 5o 5o,2 -0,4 3 0.7 19,1 48 1^0.5 23 5 1.8 12 2,0 J iH 20 49 59,8 +0,1 2 46,9 18,9 46 00.7 25 26.0 11 59,7 9 '0 16 47 4o.g +0,1 2 40,5 ■9-S 45 26.7 26 35,5 12 2,2 22 12 45 16,2 —0,6 1 11,4 '9'4 44 23,5 27 34.8 12 0,3 ■'1 23 20 49 48,4 +0,1 5 14.6 '9-^ 44 53,3 27 5.2 12 0,5 -,ii 24 18 48 6,3 +0,2 2 38,4 lq,J 45 49.3 26 10.6 11 59,9 ■G 25 i4 48 3o,5 + 1:J 1 44,5 18,8 47 7,8 24 5i,5 11 59,5 .0 27 i4 53 53,6 — o>7 2 52,8 lq,2 5i ,,1 20 5q,2 12 0,0 -q 28 12 55 53,1 +0.9 2 42,5 19,1 53 32,7 i8 26.4 11 5g, 1 ,1 5o 12 23 2 24ii +0,8 2 49' 7 '9'/ 59 56,9 12 6,5 12 0,1 .8 Juillet 2 16 11 4,3 -0,7 3 35,3 19,0 23 7 49,6 4 _9'4 11 59.0 ,2 5 10 12 5i +0,1 0 45,6 '9-9 12 27,2 22 59 34,5 12 1,7 5 i4 24 7'' +0,2 1 37,1 20,2 22 52,2 49 12,6 12 4,8 .1 1826 .r) JulX i4 12 22 57 5o,6 54 21,8 +1,3 2 4.8 '9.4 22 56 8,3 23 i5 52,4 46 12 0.7 i5 12 +0,7 1 28.7 19.4 53 i5,o 18 46,9 12 1,9 "-'1 16 8 5. 47 +o,b 1 26,1 19,1 5o 42,6 21 16.7 Il 59,3 .6 17 1^ 5o 26,1 — 1)1 2 6.9 .9.8 48 59.8 23 21.8 12 1,6 7'' ,0 18 10 5o iJ-4 — iji 3 5o.4 19.8 46 54,7 40 4o,o 25 2,5 ,1 57,. '9 8 47 JO.', +2,7 2 ,5.8 19,6 26 18,5 11 38,8 '9 20 i4 46 iJ,6 + 1.2 1 45.2 19.6 44 5i,i 27 8,9 12 0,0 21 10 45 5o,3 + !.,2 1 47.8 '9-7 44 25,5 "^1 ii-'è 12 0,2 ,6 22 12 45 16,0 4-3,0 1 16,7 i9,b 44 23,7 27 0D,2 11 59.9 23 12 45 26,4 — 0,1 [ 2,2 '9'4 44 45,4 27 12,8 Il 58,2 — 24 12 46 2,5 +0,2 0 5i,o 19,3 4o J2.9 26 24,4 11 57,3 - 25 j6 47 4i:i +1,2 r 17,3 19.2 46 46,1 25 11.2 11 57,3 !^* 2C i4 4f| 20,9 —0,7 1 14,6 19,1 48 26,6 23 33,3 11 59.9 28 12 5o 29,1 — 1,0 5l.q '9 52 57,3 ig 3,5 16 12,0 12 o,b é. 29 12 56 55,4 — 1,1 1 8,> 19,1 55 46,7 11 58,7 ÏU 3o i4 23 0 4J9 — 0,2 1 21,2 19,2 59 4,6 12 55,5 12 0,1 '•' Juillet 1 8 5 28,5 -fi,4 3 5,5 19,1 23 2 45,2 9 i3,5 11 58,5 Total , 33 Séri es, comprenant 44° ''t'pt'tllions; latitude moye nne. ... 46 ° 1 2' 0", o5 {Dla'/ii. sur ta Lalilnde de Genève.) W° 3. — TABLEAU Des Observations de distances au zénith circomniéridiennes d'Etoiles fixes , faites en 1826^ à l' Observatoire de Genève, avec un cercle répétiteur de Gambey, de 20 pouces de diamètre. N. B. Lunette avec son contre-poids primitif. 0 S n û- 2 0 w 59 n H 0 V 0- NOM DATE arcs es ARCS SIMPLES -T3 :2 §"3 0*0 DISTANCES DISTA^XES polaires LATITUDE U" Ô) * w 0 w > g- 3.» apparentes des des MULTIPLES î^- ou :? 0 AD ZBKITH DES ETOILES, Tables de BIOIUS. OnSEHVATIOS obseivés. DIST. *0 2BHITII m. i 0 0 0 t- corrigées. du l'Osseevatoire II S apparentes. 0 £ D PI Z 5 Z Nautical Alm. 1826 f a Oiion. FÉVB. 27 Mars i 253° 5'5i"8 6 38° 5o' 58" ,6 +i",6 i'42",4 46",6 58° 5o'7".5 82°38' 8",5 46° II' 5q",o jio 42 34,7 8 38 5o 18,1 + 2,1 t 1,7 46,1 \ 7:6 8,6 2 .388 28 42,7 388 25 36,8 10 ,38 5o 52,3 4-1,0 I .52,2 45,4 9.6 8,6 12 0,9 Il 58,5 S 10 38 5o 33,7 + 1,3 1 17,7 45,8i 7,0 8,8 0 388 25 5 1,4 10 58 5o 35,1 + 1,8 1 18,1 45,3/ • 7," 8,8 58,5 388 28 11,6 10 38 5o 49,2 +0,8 1 3o,8 45,il ,„ Si 8,8 58.4 < J 3io 3o 7,5 388 21 3j 8 38 49 53,4 +0,6 35,4 8,9 59,3 " 1 14 10 38 5o 9,3 + i>9 52,7 45,71 7,2 8,9 58,5 0' H a B 18 1827 Mars 25 388 23 32,3 10 38 5o 21,2 1 2,8 45,4V 6,5 9,0 57,6 pf 621 37 18,7 16 .38 5i 4.9 +0,4 1 43.6 44,5 9,3 10,6 58,6 fi' ' 28 543 5i 22,5 i4 38 5o 48,8 -0,7 1 26,4 44,./ 8,8 10,6 58,2 ^1 1826 «, ■ Procyon. Mabs g 4o5 26 10,5 10 4o 32 2^ 38 49 5j,4 + 1,6 1 8,5 48,0"] 4o 32 21,5 84 20 23,4 46 Il 58,1 S- a iS 3io 3c) 7,5 8 +0,5 35,4 '^9-9 / , i3,i 23,5 59.6 0- 1 i4 4o5 2a 4-5 10 4o 32 5o,4 + 2,1 I 1 40,4 ) 3".2 24,1 23,5 12 0,3 c y 18 324 18 _o,4 8 4o 32 i5 —0,8 44,3 48,8 1 21.8 23,6 11 58,5 c ' '7 4o5 25 58,3 10 40 32 33,8 + 1,8 1 4,5 48,8J 23,1 23,6 59,5 \ Sirius. .827 Mars 25 877 39 39,8 i4 62 4i 24,5 —1,2 .42,4 :'i7^;eh"'^ 62 41 27,9 106 29 28,5 46 1 1 59,6 28 752 8 0,5 12 62 4o 4i,G —0,8 I J,o 29,' 28,4 12 0,7 1826 1 ( cT />ei/7e Mars i5 472 0 57,8 10 47 12 5,8 — 0 5,1 1' 2",4 47 i3 16,8 3 25 17,2 46 12 0,4 J; 0«r5^, i4 472 t 35,6 10 47 12 9,6 -1,3 3,2 . .)3 v'fi . .,3p'^ .7,4 18,2 i7„3 Il 59,2 B pass. infer. >7 472 1 5o,2 10 47 12 11 —1,3 3,5 .7,5 59,j 13 0 \^ 18 472 I 24 10 47 12 8,4 +0,7 4,1 1 1,2] 18,0 .7.5 39,5 Total, 2'' ■'^''•■'«•^•ï- rrumirpimiit ■>•>/! rHn('titinn< • iatitii^lp ninv^nn c*. •••••••-••••••••••.••••• 46" ii'59",2 W° 4. - TABLEAU Des Observations de distances au zénith circomniéridiennes d' Etoiles fixes , faites en 1827 , à l'Observatoire de Genève, avec un cercle répétiteur de Ganibey, de 20 pouces de diamètre. N. B. Luuelle sans contre-poids. •X. 0 =.§ sa 0 -m no:m DATE ARCS 3 ARCS SIMPL. 1 § - 0 0 DISTANCES DISTANCES polaires LATITUDE =■ s; ou % 0 V3 5 p' 1-3.° apparentes dts des MULTIPLES u a, a " >■ :-> n 5 i-P 10 ZÊ.VITK DES e'toiles, de % rt. Il § 5 -H 3 » n Tables hTnjLES. OBSEaVATIOSS observés. ~- H - z PI- ï% ont" corrijws. du t'OBSEaVATOIBB .^ apparentes. - ' < ia ■ w " g X 0 M a s g Nautical Alm. 0 a, 5- • c: 5 3 5! 1827 /a Orion. Avril 4 466° 9' 22", I 12 38°5o'46",8 -o",7 j6,i 44",5\ 38° 5o' 8", 2 82°38'lo",6 46° II' 57",6 l 5 388 19 34.9 10 38 4q 57,5 — 0,2 44,9 10,9 10,6 12 0,3 0 cr 6 388 21 ll,ïi 10 38 56 7,2 +0,2 45,8 44,6 f ,,, 44,2 4 ,9 11,1 10,5 0,5 7 388 28 4,5 10 38 5o 48,5 +0,2 I 29 8,7 10,5 Il 58,2 3 12 466 1 38,3 12 38 5o 8,2 +2,2 48,6 43,8 \ 10,4 10,5 12 0,0 < 1. •7 388 19 28,1 10 38 49 54,8 +0,7 34,3 44,37 10,4 10,4 0,0 s a Vrocyon. Avril 3 486 39 19,5 12 4o 33 16,6 +o,Z 1 35 47.8-\ 4o 32 35,2 84 20 34,7 46 12 0,5 5» 4 4o5 20 49,5 10 4o 02 54,9 —1,0 52,7 47.7 33,8 34,7 11 5g, 1 5 324 29 __2,6 8 40 53 37,8 -0,4 1 56,1 ti r. 34,3 34,7 11 59,6 l\ 6 486 2g 32,6 12 4o 32 27,7 +0.8 46,4 34,9 34,7 12 0,2 G 0 8 486 .)0 34,2 12 4o 32 32,y —0,3 02,5 47,5 32,g 34,7 11 58,2 12 486 28 56,3 12 4o 32 24,7 — 0,3 43 47>o 33,5 .34,6 58,q 0» '7 243 i5 i4,6 6 4o 02 52,4 +0,4 52,6 47-5^ 32,6 34,5 58,5 eu c Sinus. Avp.li 4 75» 3 52,5 12 62 4o iq,4 —0,5 43,8 1 46,6\ 62 4i 28.7 106 29 28.3 46 12 0,4 c 6 626 4o 3o,4 10 62 4o 5 +0,9 3o.4 ' 4G,9 27,^ 28,3 11 59,1 Q' 8 702 2 07,4 12 62 4o 14,8 +o,'i 44,5 1 4C,6 > 7",o 20,7 28,2 57.5 12 626 4o 6 10 62 40 0,6 +0,7 27,8 < 45,3 25,7 28,1 57,6 \ '7 7J2 I 54 12 62 40 g. 5 + ■,1 37,4 1 47.0 ' 27,2 27.9 59,4 ^ r Polaire, 1827 AVHIL 4 421 44 4G,8 10 42 10 28,7 +0,3 5,4 5o,2 42 11 19,1 1 36 42,3 46 II 58,6 -* p;iss sujir-r. 5 421 44 10,9 10 42 10 25,1 +2,5 2,6 5o,3 \ 21,0 42,6 58,8 g 6 421 44 2,5 10 42 10 24,2 —0,6 1,6 5o,i j i7'7 42,8 59'9 tî 7 5o6 4 57,4 421 43 33,4 12 42 10 24,8 0,1 1,8 ^9^5/ „, 17,9 43,2 59,2 i'< 12 10 42 10 21,3 +0,3 1,5 5o,o\^ 5",j i5,8 44,9 59-7 si 16 421 43 27,4 10 42 10 20,7 +0,5 1,4 5o,i ( i3.8 46,0 58,8 ^ '7 3,53 1 57,4 6 42 10 19,6 0,4 5o,i^ 12,3 46,3 12 0,1 S:f 18 l^->.\_ 43 i4,3 10 42 10 19,4 +2,7 2,3 5o,o 1 i5,5 46,6 11 58,3 Mai 4 253 1 40,9 6 42 10 16,8 — 0,5 1,6 48.7 7.3 .5l.2 12 0,1 1 V 5 253 2 7,9 6 42 10 21,3 + J,i 7'4 48,5/ 9=' 5i ,2 n.i 3. a. Gianrle Ourse j Avril 16 426 20 46,8 6 71 3 27,8 +5,7 44,5 2 4i,5 -",4 71 7 5,8 27 19 4,1 46 11 59,5 pass. infér. Total, 2Q Séries, comnrenanl 288rfinf?t.itimis: latitiuïp i loyeiin e '.( 3" ir59",25 s: ^1 }es Observations de distances c de Genève . Observations faites dit NOM des DATE des O&SCKTillOXS n Sî o » s PI D a Cl MOYENNES O o H ; El ! DIST. m EÉ3ITB > a c: 5 ■ observées. 3e S 3 , sa' ■< tn D 3! H" 5. TABLEAU ^,.5 observations de distances au zénith circommcridicnncs d'Etoiles fixes, faites en 1827 et 1838, à l' Observatoire de Genève, avec un cercle répétiteur de Gainbey, de 20 pouces de diamètre. n noiivrau Contre -poiil». i. , 7a Si'iu^siliiLflti?(ius\nl, coniiH'iiin"' 7"^ iq)(?lilioiis; liititiulc moy. 'l'oTAL, 71 S(?ries(Iii côte' (In nord, coniprciirint 7oori']»?lilions; lut. moy.. . .{^t" 1 r5c(",5 N. B. On a J(.'ilgiid jiar un ? dans ce 7'nlilciiii Ici Ki;iie^ ilnul Ir nimiltiit cM doutons. DE LA LATITUDE DE GENÈVE. 4o I rapport de la position , de l'assiette et du plan du bâtiment. On doit mettre au premier rang celui de pouvoir y établir commodément deux nouveaux instrumens de grande dimen- sion, qui ont été commandés à M. Gambey, au nom de la ville de Genève, savoir: une Lunette méridienne de quatre pouces d'ouverture, munie d'un cercle méridien de trois pieds, et un Equatorial dont les cercles auront trente pouces de diamètre, et la lunette quatre pouces d'ouverture. Ces instrumens, joints à notre cercle répétiteur, à nos pendules , à nos lunettes mobiles et à nos instrumens météorologiques, magnétiques, etc., formeront une collection suffisante pour rendre de plus en plus notre Observatoire utile à la science, et honorable pour la petite république aux frais de laquelle il sera fondé et entretenu. TOM. IV. 5i 402 SUR UNE NOUVELLE DÉTERMINATION — tmtmtm»m9mtm«»»m*mumumuutvv*iè9*»mvmt^inêiiminàiim99i.ifV'»«'a'i9i sont entre eux dans le rapport de 100 à 84. Le carbonate a été obtenu en décom- posant par un courant d'acide carbonique, l'eau de baryte, préparée avec de l'hydrate de baryte pur et cristallisé. 100 de ce carbonate séché à l'eau bouillante ont perdu 0,88 par l'in- candescence (1); 100 de ce sulfate de baryte, traité de même, ont perdu i,225. Le sulfate de baryte qu'on obtient de la décomposition du carbonate de baryte, formé par l'analyse de l'air dans l'appareil portatif, subit, par la rougeur, une perte moyenne de 5 pour 100, ou qui varie entre 2,5 et 3,5 j elle est due à l'eau et à la combustion d'une matière organi- que que ce sulfate entraîne dans sa précipitation ; en raison de cette perte moyenne de 3 pour 100, le sulfate de baryte, séché à la température de l'eau bouillante, est au carbonate pur, séché au rouge, dans le rapport de 100 à 81,48. (i) Cette perte n'est pas constante : elle ne s'est élevée, dans une autre opération , qu'à 0,66; elle dépend de l'état d'agrégation du carbonate, qui ne reprend pas à l'air l'eau qu'il a perdue. DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 429 (p) Quoiqu'il importe peu pour chacune de mes observa- tions qu'on adopte le rapport de loo à 84,5 1, préférable- ment à celui de loo : 84, entre le sulfate et le carbonate de baryte, et qu'il en soit de même pour le choix entre les com- positions très rapprochées que différens chimistes assignent au carbonate de baryte, je vais donner les raisons qui m'ont déterminé à cet égard. M. Berzélius (Théorie des prop. chimiques) a admis 22,34 d'acide carbonique dans loo de carbonate de baryte j mais ce résultat est théorique, et l'on n'est pas parvenu à un nom- bre aussi élevé, par l'expérience directe dont les indications doivent être préférées dans la pratique, parce qu'elles tien- nent compte des impuretés inséparables du corps qu'on dé- compose. La plupart des chimistes ont trouvé 22 d'acide dans ce carbonate; j'ai obtenu à très peu près la même propor- tion, par le procédé suivant: il consiste à renfermer dans un petit ballon, pourvu d'un robinet, environ 100 grammes d'eau de baryte, qui est saturée de carbonate de baryte, et qui remplit ce vase à moitié : j'ai vissé sur ce vase un autre ballon à robinet, contenant 280 centimètres cubes d'acide carbonique, soit une quantité de ce gaz fort inférieure à celle qui pouvait saturer l'eau de baryte. 11 avait été (avant sa transmission dans le ballon vide d'air) recueilli sur le mer- cure et desséché par du chlorure de chaux. L'eau de baryte a été fréquemment agitée pour rompre la croûte qui s'y for- mait. Au bout de dix jours, ou long-temps après que cette formation avait cessé, le ballon, qui avait été rempli d'acide carbonique, n'en contenait aucune trace. Le cai-bonate, sé- paré par décantation, et lavé avec de l'eau saturée de carbo- 43o SUR LES VARIATIONS nate, a fourni, après la dessicalion au rouge, un poids qui, comparé à celui des aSo cent. c. d'acide carbonique, d'après la densité attribuée à ce gaz par Berzélius et Dulong, indi- quait que le sel contenait 21,9 pour 100 de cet acide. J'ai porté ce nombre à 22 , pour me conformer au résultat qu'on a généralement trouvé. En adoptant cette proportion et le rapport de 100: 84 entre le sulfate et le carbonate, 100 de sulfate de baryte doivent contenir : baryte 65,52 j acide sulfurique. . . . 34,48. J'ai préféré, pour l'analyse du carbonate, le procédé pré- cédent à celui qui consiste à évaluer le déchet que ce sel su- bit en se dissolvant dans un acide, parce que cette opération présente plusieurs difficultés, et en particulier celle d'évaluer la vaporisation de cet acide, dans l'ébullition qu'on fait subir à la liqueur, pour en chasser l'acide carbonique. Les observations sur les variations de l'acide carbonique atmosphérique, publiées en forme d'extrait (Annales de chimie et de phys. , t. 58, et Bibhoth. univ., t. Sg.) , avaient été calculées en admettant : 1° le rapport de 100 : 84, 5i entre le sulfate et le carbonate de baryte; 2° en supposant que le précipité qui se forme dans les ballons destinés à mes expériences est du carbonate pur; 3° que ce sel contient 0,2 234 d'acide carbonique; mais les corrections que j'ai faites, depuis dix-huit mois, à ces déterminations, m'ont obhgé à calculer d après les bases que j'ai définitivement adoptées, les observations antérieures, et à les représenter par des nom- bres , qui diffèrent, il est vrai , des premiers , mais qui n'in- DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 43 1 troduisent pas un changement important dans leurs quanti- tés relatives et dans les autres résultats. $ IV. Des Quantités moyennes et extrêmes du Gaz acide carbo- nique atmosphérique à Chamheisj. (i) Les résultats que je présenterai ici se rapportent aux ob- servations qui ont été faites dans les années 1827, 1828 et 1829, par le procédé décrit § III, et qui sont détaillées suivant l'ordre des dates, à la fin de ce mémoire. Quoique je me sois occupé de ces recherches, chaque année , depuis 180g, je me suis borné aux résultats des trois dernières, parce que j'ai commencé seulement en 1827 à faire des ob- servations pendant la nuit, qui est, en exceptant celles de l'hi- ver, une circonstance importante pour les déterminations dont il s'agit, et parce qu'elles ont acquis, à d'autres égards , plus de précision. 10000 d'air en volume contiennent 4, 1 5 d'acide carbonique, (i) L'emplacement que j'ai appelé Chainbeisj-, dans les tableaux de mes expérien- ces, est une prairie voisine du hameau qui porte ce nom ; elle est située à trois quarts de lieue de Genève; elle est élevée de i6 mètres au-dessus du lac, et elle en est éloignée de aSo mètres. Son élévation au-dessus de la mer est de 388 mètres; elle est sèche, découverte, aérée, et elfe repose sur un sol argileux, légèrement incliné. 432 SUR LES VARIATIONS par une moyenne entre io4 observations faites de jour et de nuit dans toutes les saisons, à quatre pieds au-dessus du sol, à Chambeisy. La plus grande quantité de ce gaz dans le volume d'air précédent, et dans cet emplacement, s'élève à 5,74; le mi- nimum est 3,i5. Je n'indique ces nombres que pour fournir des termes de comparaison aux observations multipliées que j'ai faites dans cette contrée; car on verra qu'on ne peut pas déduire de ces données la quantité précise d'acide carbonique qui se trouve dans l'air atmosphérique en général. Trois années ne peu- vent pas mieux servir à déterminer des moyennes constantes pour ce gaz, que s'il s'agissait de la pluie, ou de quelques au- tres circonstances almosphériques. Influence de la pluie sur les variations de l'acide carbo- nique atmosphérique. Une des causes qui influe le plus sur les variations de l'a- cide carbonique en différentes saisons, ou dans les mêmes saisons de différentes années, est l'humectation accidentelle du sol par les pluies qui diminuent probablement ce gaz(i). (i) Je ne m'occupe ici que de l'effet produit par les pluies prolongées, après leur pénétration dans le sol ; car je n'ai pas fait assez d'expériences pour déterminer si l'effet qui s'opère pendant et immédiatement après la chute d'une forte averse, n'est pas une augmentation d'acide carbonique, soit par le déplacement que l'eau fait de ce gaz, en pénétrant dans le terrain; soit par le déplacement des couches atmosphé- DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 433 soit en l'absorbant, soit en le faisant absorber par le terrain. Pour juger de l'influence de la pluie , il faut comparer, en été ou en automne, une saison ou un mois de sécheresse, avec une saison ou un mois dans l'état pluvieux; on obtien- drait des résultats insignifians si l'on se contentait de com- parer deux ou ti'ois jours consécutifs sans pluie, avec deux ou trois jours pluvieux : la pluie n'agit que lentement sur l'air j et une forte averse, après une saison sèche, ne paraît pas diminuer immédiatement lacide carbonique. Les exemples que je vais donner de l'effet des pluies, of- frent des anomalies; mais elles s'expliquent souvent en con- sidérant que la quantité d'acide carbonique d'un mois, est subordonnée à celle des mois précédens. L'action des pluies ne paraît pas pouvoir être bien appré- ciée en hiver et au printemps, dans le climat de Genève, parce qu'elle est modifiée par la congélation et par le dégel, qui produit une diminution d'acide, lors même qu'il ne tombe pas de pluie. riques supérieures. Mes observations , trop peu nombreuses à ce sujet, indiquent cette augmentation. Un litre d'eau de pluie rdcente, qui ne troublait pas l'eau de chaux, m'a fourni , en été, par une heure d"ébullition , ao,5 centimètres cubes d'air, qui contenaient i3,46 centimètres cubes d'azote, 6,j'6 centimètres cubes d'oxigène, eto,3i cenlimè- Ire cube d'acide carbonique. Le mélange de l'eau avec le terrain augmente l'ab- sorption de ce dernier gaz, soit parce que l'addition d'une petite quantité d'eau dans les corps poreux secs, accroît leurs facultés de condenser cet acide (ainsi que je l'ai reconnu pour la magnésie silicifère spongieuse), soit parce qu'il éprouve une plus grande pression , soit t nfin parce qu'il trouve des bases ( telles que les carbo- pates) auxquelles il se combine momentanément, sous l'influence de l'eau. TOM. IV, 55 434 SUR LES VARIATIONS Mes observations sur ce gaz se rapportent ici à l'heure de midi, qui est celle oh elles ont été les plus nombreuses; ce moment n'a d'ailleurs aucune influence sur le résultat gé- néral. Lorsque je n'ai pu observer à Chambeisy les quantités de pluie indiquées dans le tableau suivant , Je me suis servi de celles qu'on obtient à Genève pour la Bibliothèque univer- selle; nos résultats à cet égard ne s'accordent pas toujours, quoique les emplacemens soient à la même hauteur et à trois quarts de lieue de distance, mais les différences ne sont pas assez grandes (i) pour changer un effet qui doit avoir lieu surtout entre des quantités de pluie qui contrastent beaucoup entre elles. La quantité moyenne de pluie qui tombe à Genève dans (i) J'en ex-ceple surtout le mois de novembre 182g, où l'on a évalué, pour Ge- nève, la quantité de pluie à 3i,4 ligues, tandis que j'en ai trouvé 60,7 lignes à Chambeisy. Cette grande difTérence porte presque uniquement sur les neiges du 24 et du 25 novembre, pour lesquelles on a compté 7,8 lignes d'eau dans le premier emplacement, et 34,7 lignes dans le second, et elle tient à ce que la quantité d'eau a été évaluée, pour la Bibliothèque uni\'erselle, par le procédé ordinaire, en réduisant la neige à la douzième de son volume. Cette neige abondante, mêlée de pluie, fondait en partie en tombant, et elle formait une couche dense et épaisse qui laissera long-temps des traces dans nos campagnes , par les arbres qu'elle a rompus et renversés. Mon évaluation a été faite par le poids de cette neige reçue dans un grand vase cylindrique, soit par la hauteur de l'eau dans ce cylindre, après la fonte de la neige. Il est k désirer qu'on renonce au procédé de réduire cette der- nière à la douzième de son volume, puisqu'on s'expose à une erreur très variable, et qui peut indiquer une quantité d'eau quatre ou cinq fois moindre que sa valeur réelle. On commet d'autres fois une erreur inverse. DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 435 le cours d'une année, s'élève à 77g millimètres, par une moyenne de Sa années. [Bibliothèque universelle, t. XL.) Juin. Pluie en juin 1828 10 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans loooo d'air, à midi. . . 4)79' Pluie en juin 182g 77 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans lOooo d'air, à midi.. . . 4,07. Juilkl. Pluie en juillet 1 827 9 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans loooo d'air, à midi.. . . 5, 18. Pluie en juillet 1828 178 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans lOooo d'air, à midi.. . . 4i56. Pluie en juillet 1 829 52 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans loooo d'air, à midi.. . . 4i3-'2' Août. Pluie en août 1827 70 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10000 d'air, à midi. . . . 5,oi. Pluie en août 1828 128 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10000 d'air, à midi. . . 4,28. Pluie en août 1829 116 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10000 d'air, à midi.. . . 3,8. Septembre. Pluie en septembre 1 827 3o millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 1 0000 d'air, à midi .... 5, i . Pluie en septembre 1828 104 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10000 d'air, à midi.. . 4)'8. 436 SUR LES VARIATIONS Pluie en seplembre 182g 264 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans loooo d'air, à midi.. . . 3,5j'. Octobre. Pluie en octobre 1828 yS millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 1 0000 d'air, à midi 3,94. Pluie en octobre 1829 1 13 millimètres. Quantité moyenne d'acide cai'bonlque dans 1 0000 d'air, à midi. . . . 0,75. Noi'Cfnbrc, Pluie eu novembre 1828 81 niillimèlres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10000 d'air, à midi.. . . 4)i '• Pluie en novembre 1829 i38 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans lOOOO d'air, à midi.. . . Sj-Sg. Dccefiibrc. Pluie en décembre 1828 9 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans loooo d'air, à midi. . . . 4>'4. Pluie en décembre 1829 34 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans lOooo d'air, à midi. . . . 3,72. Le mois de juillet 1828 a e'té extraordinairemeiit pluvieux, et sa quantité d acide, quoique moindre que dans un mois de juillet très sec, paraît cependant plus grande qu'elle n'au- rait dû l'être d'après d'autres résultats; mais le mois de juin ayant été très sec, a influé sur l'acide du mois suivant. La forte sécheresse du mois de juillet 1827 a influé sur la quan- tité considérable d'acide du mois d'août suivant , qui a été pluvieux. La proportion de cet acide se rapporte plus à l'humecta- DE l'acide carbonique atmosphérique. 457 tion prolongée du sol par les pluies, qu'à la quantité d'eau qu'elles y versent. Un sol humide diminue plus l'acide car- bonique, par l'effet d'une basse température , accompagnée de pluies faibles, mais répétées, que par l'effet momentané d'une quantité décuple d'eau répandue dans une seule averse. Il conviendra de rechercher si l'on ne peut pas présumer des pluies prochaines lorsque l'acide carbonique, après avoir augmenté par la sécheresse, diminue pendant sa continua- tion; car cette diminution peut indiquer qu'elles existent déjà dans les contrées environnantes. De V Influence de la congélation du terrain , sur l'acide carbonique atmosphérique. Les observations suivantes, qui ont été faites àChambeisy, dans l'hiver de 1829, indiquent que la gelée continue du ter- rain augmente la proportion de l'acide carbonique, et elles offrent une nouvelle preuve de l'influence de la sécheresse du sol, pour augmenter cet acide. Dans le mois de décembre (de 1828), pendant lequel il n'est presque pas tombé de pluie, mais oîi le sol est resté très humide par l'effet des bi'ouillards et d'une température qui n'excédait que peu celle de la congélation, la quantité d'acide carbonique de'io,ooo parties d'air, avarié entre 3,85 et 4,25, dans dix observations de jour et de nuit. Au commencement de janvier, le sol s'est couvert d'une légère couche de neige , et au bout de quinze jours pendant lesquels le terrain à été constamment gelé, la quantité d'à- 438 SUR LES VARIATIONS cide s'est élevée à ^.Sj; sur la fin du mois, le dégel est sur- venu, il a duré plusieurs jours, et l'acide s'est réduit alors à 4,27. Au commencement de février, la gelée continue a re- commencé j au milieu du mois elle pénétrait dans le terrain (i) à huit pouces de profondeur, et la quantité d'acide s'est élevée alors à 4,62; le dégel est survenu ensuite, et l'acide carbonique s'est réduit k 3,66. La quantité de pluie ou de neige qui est tombée dans les mois de décembre, janvier et fé- vrier a été trop petite pour avoir influé sur les variations pré- cédentes. On voit que l'élévation de la température doit con- tribuer à augmenter l'acide carbonique pendant l'été, en ac- célérant le dessèchement du sol; on voit encore que l'excès de ce gaz, dans plusieurs de mes résultats pour cette saison, peut être accidentel, et qu'on trouvera probablement plus d'acide carbonique dans les hivers des contrées où le terrain est constamment gelé , que dans les hivers humides des cli- mats tempérés. Gaz acide carbonique de l'air atmosphérique du lac Léman et de l'air de Chambeisj. L'air du lac a été pris à quatre pieds au-dessus de sa sur- face, à trois quarts de lieue de son extrémité méridionale, et dans le milieu de sa largeur, qui, dans cet emplacement, voisin de Chambeisy, a environ une demi-lieue. Ce lac est élevé de 872,4 mètres au-dessus de la mer. {Mesure de M. Roger, Biblloth. univers., vol. 38, pag. 52. (1) Une gelée courte et superficielle, ou qui ne pénètre dans le terrain qu'à un pouce de profondeur, n'agit pas sur les variations de l'acide carbonique. DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 439 NUMÉROS» ET DATES GAZ Idem, DES acide carboniqae, dans 10000 d'air, sua OBSERVATIONS. A CHAMBEISÏ. le lac Léman. N°' 17 et 18. — 29 décembre 1826, à midi sS et 26. — 22 mai 1827, à midi 29 et 3i. — 2 juillet, même année, à midi 37 et 38. — g août^ même année, à midi 44 et 45 28 septembre , même année, à midi .... 5oet5i. — 19 janvier 1838, à midi 63 et 64. — 7 juillet, même année, à raidi 71 et 72. — 12 août, même année, à midi 74 et 75. — 26 août, même année, à midi 85 et 86. — 26 septembre, même année, à midi. . . . 88 et 89. — 26 septembre, à 8 beuresi du soir .... 122 et 123. — 5 février 1829, à midi i3o et i3i. — 7 mars, même année, à midi i38et 139. — 18 avril, même année, à midi 1 6 1 et 162. — 7 juillet, même année, à 1 1 b. ^ du soir i63et 164. — 8 juillet, même année, à midi 1 97 et 1 98 1 3 octobre, même année, à midi 199 et 200. — i3 octob. même année, à 1 1 b. du soir. Moyennes 4,21 3,85 5,40 5,02 5,23 5,78 5,21 5,42 4,95 4,74 4,91 4,46 4.81 4,4' 4,08 3,9» 4,22 4,10 4, '4 3,20 4,93 4,3o 4,45 4,7G 4,«3 4,65 4i29 4,22 5,34 5,1 4,35 4,08 3,54 3,42 4,16 3,68 4,60 4,39 Il résulte des observations précédentes, j° que l'air, sur le lac , contient en général moins d'acide carbonique que l'air sur le terrain j 2° que ces deux airs éprouvent en * Les Numéros des Observations correspondent à ceux, du tableau qui est placé à la fin de ce Mémoire, et qui contient les principales circonstances de chaque expérience. 44o SUR LES VARIATIONS moyenne, à peu près, les mêmes variations à l'égard de la saison , et à celui des effets opposés de la nuit et du jour. On voit que l'influence des pluies, pour diminuer l'acide carbonique sur le terrain , est confirmée par celle du lac , dans un temps sec. On ne sera pas surpris que la différence moyenne de 100 à g5, entre les quantités d'acide de cette station, et de celle de Chambeisy, soit peu considérable , puisque la dis- tance de ces deux emplacemens (qui sont en vue l'un de l'autre, et presqu'à la même hauteur) n'est pas d'une demi- lieue : on doit s'attendre encore à trouver des anomalies ; elles peuvent souvent dépendre de l'erreur des observations j car la différence moyenne des résultats est comprise dans 1 inéga- lité des produits que peut présenter une même espèce d'air, lorsqu'on se borne à deux expériences. La différence générale qui se trouve entre l'atmosphère du lac et celle de ses rives, est d'accord avec une expé- rience (i) que M. Vogel a faite sur la mer Baltique; il a jugé à l'œil que le carbonate de baryte qui s'est formé dans un ballon, était beaucoup moins abondantavec l'air pris à une lieue en mer, qu'avec celui du rivage; mais ce résultat n'est accompagné d'aucun détail et d'aucune pesée qui en mon- trent l'exactitude; il sera sans doute constaté par des ob- servations précises qui aui'ont un grand intérêt lorsqu'elles seront faites de jour et de nuit, en pleine mer. 11 est sans doute superflu d'ajouter qu'on ne doit pas in- (i) Journal de Pharmacie , tom. Vil, pag. 461. DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 44» férer des résultats à peu près semblables qu'offrent les moyennes des variations de l'acide carbonique sur le lac et à Chambeisy, qu'il en soit de même à un plus grand éloignement des rivages : on remarquera que la seule opé- ration (n°' 198 et 200) qui ait été faite dans un air par- faitement calme, indique, entre le jour et la nuit, une variation moindre sur le lac que sur le terrain , et que les autres résultats ont été obtenus dans un air dont l'a- gitation , quoique faible , a pu produire le mélange de l'atmosphère du lac avec celle des terres environnantes. Les expériences que j'ai rapportées ici, sont surtout impor- tantes , parce qu'elles montrent que les variations anté- rieures, et les suivantes, ne se bornent pas à celles qui ont lieu à une grande proximité de la terre végétale, soit â une distance de quatre ou cinq pieds. l TOM. IV. 55 443 SUR LES VARIATIONS Gaz acide carbonique de Vair de Genève et de V air de Clianibeisy. L'air de Genève a été pris dans une grande cour , rue de la Cité, à ig mètres au-dessus du lac. L'air de Chambeisy a été recueilli en rase campagne , à très peu près à la hau- teur précédente , et à i, 3 mètre au-dessus du sol , ainsi que dans les autres observations. NUMÉROS ET DATES GAZ acide carbonique , Idem DES en volume , A OBSERVATIONS. dans 10000 d'air, à CHAMEEISY. Genève. N"^ aSetay. — 52 69 et 70. — 120 124 127 i36 169 171 182 184 igS lyS et 22 et27. et 3o. et 53. et70 et 121 et 125 et 128 et 137 et 170 et 172 et i83 et 180 et I f)4 et 196 12 février 1827, à midi 22 mai, même année, à midi 2 juillet, même année, à midi 26 mai 1 828, à midi 9 août, même année, à midi — 28 janvier 1829, à midi — 19 février, même année, à midi — 26 février, même année, à midi — 10 avril, même année, à midi — 25 juillet, même année, à midi — 25 juillet, même année, à minuit — 4 septemb. même ann., à 1 1 h. du soir. — 5 septembre, même année, à midi. . . . — 1 " oclobr. même année, i 1 b. du soir. — 2 octobre, même année, à midi Moyennes 3,58 4,55 5,4o 5,69 5,23 5,65 4,7- 5,28 4,53 4,76 4,26 4,27 4,62 4,82 4,65 5 3,90 4,43 4,44 4,93 4,07 3,85 4,4- 4,39 3,82 4,20 4,'4 4,23 3,67 4,o5 4v^7 4,08 Ces expériences montrent, i" que la quantité d'acide DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 4^3 carbonique atmosphérique, est plus grande, pendant le jour, à la ville qu'à la campagne^ 2" que les variations de cet acide, relativement aux saisons, sont analogues dans les deux stations; 3° que l'acide carbonique augmente plus (i), par l'influence de la nuit, à la campagne qua la ville. Du Gaz acide carbonique atmosphérique sur les montagnes. J "expose ici les résultats que j'ai obtenus à quatre pieds au-dessus du sol, sur les montagnes calcaires du Jura et de Salève , qui sont environ à trois lieues de Chambeisy, oili l'on a fait des observations correspondantes. Ces monta- gnes bordent deux côtés de la plaine où Chambeisy est situe'- Le résultat obtenu simultanément au pied même de la montagne , a été à peu près le même qu'à Chambeisy- (1) Le 2.5 juillet 182g, par une exception très rare en été, l'acide carbonique diurne a diminué dans un temps calme, pendant la nuit, à Chambeisy ; la diminu- tion s'est opéiée simultanément à la ville, et elle y a été plus grande parce que, suivant la règle, l'émanation nocturne de ce gaz était plus abondante à la campagne. Ce résultat a été obtenu avec un ciel clair, un air sec et cbaud, la terre sèche, et une nuit sans rosée; mais, une heure après l'introduction de l'air dans le ballon, le ciel s'est couvert de nuages, qui ont versé quelques gouttes de pluie. 444 SUR LES VARIATIONS Gaz acide carbonique atmosphérique, à différentes hauteurs. B- > S < ta NOUS SES MONTAGNES, P 5 « c o ACIDE CARBONIQTTE ' s - z RB01 ns 1 r la ET ÉPOQUES ,g-g 3 oio o o a m- r £ son s. ï a ^ =^g DES OBSEBVATIOnS. VOLUM ur, ne. dans 10000 d'air de la plaine- H H Tvi/, O / C _i .1 l_ r\iî.. IN" 34. Sommet de la Dôle, 20 juillet 1827 ' ^ '"''^ 1267 4i6i 4i74' Chambeisy , à midi. N° ûc). Grand Salève-sur-Crevin, ^ 2S août 1827, à midi. 877 5,57 4,82. Cliambeisy, à midi. ]N° 40. Hermitage ( petit Salève , 28 août 18:^7, trois heures après midi. 33 1 5,44 4>82. Cliambeisy, à midi. ]X° 60. Sommet de la Dôle, 28 juin 1828, à midi. .267 4,91 4,46. Chambeisy, à midi. N"6i. Vasserode-sous-la-Uùle, 28 juin i8:i8, trois heures après midi. 908 4,83 4,4'5- Chambeisy, à midi. N° 147. Grand Salève- sur-Grange-Tournier, aS mai 1823, à midi. 945 4,i3 3,67. Colonge, pied de Salève, à midi. 3,59. Chambeisy, à midi. IS» iB5. Col delà Faucille, sur le Jura , i4 juillet 1 829, onze heur, du soir. 963 4,43 4, 1 4- Chambeisy, à 1 1 h. du soir. N" 167. Col de la Faucille, iS juillet , à midi. 963 4,54 4,1 5. Chambeisy, à midi- N" 174. Col de la Faucille, 7 août, h I 1 heures du soir. g63 3,69 3,87. Chambeisy, ài ih. du soir. N" 176. Col de la Faucille, 8 août, à midi. 963 3,60 3,22. Chambeisy, à midi. N" iSr|. Co\ do la Faucille, 2C) septemhre, à 1 1 h. du soir. 963 4,22 3,55. Chambeisy, ài i h. du soir. .N" igo. Col de la Faucille, 3o septembre, à midi. 963 3,g5 3,1 5. Chambeisy, à midi. DE l'acide carbonique ATiMOSPHÉRIQUE. 445 On voit, d'après ces résultats, que la quantité dacide carbonique atmosphérique est plus grande sur les mon- tagnes que dans la plaine. Cette différence peut être expliquée en considérant, i° que la décomposition de cet acide s'opère principalement dans les couches inférieures où la végétation est plus abondante; 2° que ce gaz doit être plus absorbé par le terrain des plaines , 011 les eaux pluviales ont un moins prompt écoulement. La première observation (qui offre seule une exception aux résultats obtenus pendant le jour) a eu lieu par une sécheresse très prolongée, et par un vent violent. La plus grande différence entre lair de la plaine et celui de la montagne, se rapporte à la dernière observation ; elle a été faite dans un temps extraordinaire par l'abondance des pluies. L'air de la montagne présente un autre résultat remar- quable; c'est que la quantité diurne d'acide carbonique n'y est que peu ou point augmentée par l'influence de la nuit. L'atmosphère des lieux élevés paraît participer en géné- ral à la variation qui tient à la saison ou à 1 humectation du sol dans la plaine 3 mais tous ces résultats doivent être subordonnés au degré d'élévation et à l'étendue souvent inconnue de l'humectation. Influence du vent sur V acide carbonique atmosphérique , pendant le jour. Pour trouver l'influence dont il s'agit ici, j'ai comparé les quantités diurnes de ce gaz à Chambeisy , dans un air calme. 446 SUR LES VARIATIONS et clans un air violemment agité. Cette comparaison n'a été faite que lorsque l'intervalle qui séparait ces deux circon- stances n'excédait pas treize jours : s'il eût été moindre, mes observations auraient été trop peu nombreuses; s il eût été plus grand, les résultats auraient été trop influencés par la différence de la saison. Variations de l'acide carbonique par l'effet du vent, pendant le jour, à Chambeisy. ACIDE CARBONIQUE EN VOIiUBIE , dans lOOOO d'air calme ou faiblement agité , A MIDI. ACIDE CARBONIQUE EN VOI.UME , dans 10000 d'air, par un vent fort, A MIDI. N" 56. 92- I 10. 1 1. 149- i56. iGo. 175. iSi. i84. 188. '97- 205. 205. 209. 2 19. - i3 juin 1828 4j75 - i4 octobre 3,8 1 - 5 décembre 4,o6 ■ 27 décembre, 4i'3 - 25 mai 1 82g 3,59 - 17 juin 3,80 ■ 3o juin 4i39 - 8 août 3,22 ■ 3i août 4î3o - 5 septembre ..... 3,82 ■ ig septembre 3,87 ■ i3 octobre 3,54 - 2 novembre 3,35 - 2 novembre 3,35 • 25 novembre 3,43 • 24 décembre 3,36 3o décembre 3,66 Moyennes 3,76 N» 58. — 26 juin 1828 5,09 95. — i5 octobre , 3;82 log. — 2 décembre 4;29 118. — 3i décembre 4, 18 1 5 1 . — 3 1 mai 1 829 3,6a I 52. — 7 juin 4io4 i58. — 29 juin 4,4 1 177. — 19 août 3,44 '77- — '9 ao"' 3'44 1 86. — 1 5 septembre 3,95 186. — i5 septembre 3,95 201. — 26 octobre 3,76 201. — 26 octobre 3,76 2o3. — 2q octobre 4,o4 207. — 1 7 novembre 3,4o 221. — 26 décembre 4i22 221. — 26 décembre 4,22 Moyennes. 3,y8 Ces résultats indiquent que la quantité diurne de l'acide DE l'acide carbonique atmosphérique:. 447 carbonique dans la plaine en rase campagne, est augmentée ordinairement par l'effet du vent 5 mais que cette augmen- tation est trop petite pour qu'elle puisse être appréciée autre- ment que par un terme moyen entre plusieurs observations. Cet effet est d'ailleurs vraisemblable, parce qu'il doit ré- sulter du mélange des couches inférieures avec les supérieures, qui contiennent, en général, pendant le jour, une plus grande proportion de ce gaz. Les anomalies doivent être surtout fréquentes dans ce genre de variation. L'augmentation diurne de l'acide carbo- nique par le vent est probable d'après la considération pré- cédente, en la bornant aux couches supérieures, et à l'uni- formité des inférieures 5 mais si l'on a égard aux influences accidentelles latérales, si la station de l'observateur est sèche, tandis que la contrée voisine est inondée par les pluies, l'ac- tion du vent doit être souvent modifiée. Le mélange des airs qui sont à la même hauteur, s'opère plus promptement que celui des couches supérieures avec les inférieures, parce que tair libre se meut le plus souvent à peu près horizontalement, ainsi qu'on le voit par la direc- tion des nuages ; voilà pourquoi une variation aussi prompte que l'est celle de l'acide carbonique entre la nuit et le jour, n'est que peu ou point sensible sur les montagnes, tandis qu'elle est considérable au milieu du lac, quoique la distance qui sépare cet emplacement du terrain qui exhale ce gaz, soit plus grande que celle du sommet de la montagne à la plaine. Par la même raison, cette variation est nulle ou peu inarquée à Genève; l'élévation des maisons y intercepte la circulation latérale de l'air de la campagne- 448 SUR LES VARIATIONS Différentes quantités de gaz acide carbonique , contenues dans l'air pendant le jour et pendant la nuit. Ingenhousz, qui a découvert, par des expériences en vases clos, que les plantes vertes forment de l'acide carbonique à l'obscurité, s'attendait à trouver dans l'air libre une plus grande proportion de ce gaz pendant la nuit que pendant le jour; mais il n'y aperçut aucune différence (i), quoiqu'il fît ses recherches dans les circonstances les plus propres à la faire observer. Les résultats que j'ai obtenus à ce sujet sont exposés dans le tableau suivant : les exceptions y sont dis- tinguées par une étoile * ; lorsque je n'y ai pas fait mention de la présence du vent, l'air était calme ou faiblement agité. (1) Espér. sur les végétaux, vol. II, p. 64- DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 449 Variations du gaz acide carbonique atmosphérique , par l'effet du jour et de la nuit, à Chamheisy. NUMEROS ET DATES DES OBSERVATIONS. "'25 et 28. — 22 mai 1827. 42 et 43. — 3 septembre. 47 et 48. — 6 novembre. 54 et 55 3i mai 1828. 56 et57. — i3 juin. 58 et Sg. — 26 juin. 67 et 68. — i"aoùt. 74 et 7 7 26 août. 74 et 78. — 26 août. 74 et 7g. — 26 et 27 août. 82 et 84 1 4 septembre. 85 et 88. — 26 septembre. 85 et g I . — 26 septembre. 85 et 9 1 . — 26 et 27 septembre. 93 et g4. — 1 4 octobre. 96 et 97 22 octobre. io3et io5. — i4 novembre. 106 et 107 21 novembre. 1 1 1 et 1 1 2. — 5 décembre. I i4et I iS. — 22 décembre. 116 et 117. — 27 décembre. 126 iw ig février 1829. i32et i33.— 12 mars i38et i4o. — 18 avril. 1 44 6t 1 46. — 10 mai. i54et i53 — 12 et II juin. i54et i55 — 12 juin. TOM. IV. GAZ ACIDE CARBONIQUE en volume, D&KB 10,000 D'AIB, GAZ ACIDE CARBONIQUE EN VOLUME , DANS 10,000 D'AU, PENDANT LA NUIT. 5,4- 5,72, à onze heures du soir. 5,25. 5,62. 4,06. 4,54. 4,5o. 4,82. 4,75- 5,40. 5,0g, * vent fort. 4,85, vent très fort.* 4,09. 5,6g. • 4,22. 4,76, huit heures du soir. 4,22. 4,6g, minuit. 4,22. 5,74, trois heures et j du matin. 4,22. 4,9 li onze heures du soir. 4,14. 4,g3, huit heures j du soir. 4,14. 4,98, onze heures | du soir. 4,1 4. 5,0g, quatre heures du matin. 3,81,* vent très fort 3,58, * onze h. du soir, vent très fort 4,20. 4,4g> onze heures du soir. 4,1 6. 4,5i. 3,gi. 4,3o. 4,06.* 3,92.» 4,18.* 4,25.* 4,-3.* 4,03.» 3,66.* 3,70.* 4,25. 4,80, 4,29.* 3,go, * vent médiocre. .3,54. 4,63. 3,72. 4,4i, pluie. 3,72. 4,25. 57 45o SUR LES VARIATIONS Suite des Variations du gaz acide carbonique atmosphérique , par Vejf'et du jour et de la nuit, à Chambeisy. NUMEROS ET DATES DES OBSERVATIONS. ' 1 56 et 167 17 juin 182'). 160 et iSg 3oet 21^ juin. i63et 161 8 et 7 juillet. 168 et 166. — i5et i4 juillet. 1 69 et 171. — 25 juillet. 175 et 173. — 8 et 7 août. 177 et 178. — I g août. 1 79 et 180. — 22 août. j84et 182. — 5 et 4 septembre. 186 et 187. — 1 5 septembre. 1 92 et 1 90 3o et 29 septembre. 195 et 193. — 2 et i"^ octobre. 1 97 et 1 99. — 1 3 octobre. 20 1 et 202 26 octobre. 2o3 et 204. — 29 octobre. 2o5 et 206. — 2 novembre. 207 et 208. — 17 novembre. 209 et 2 1 G. — 25 novembre. 211 et 2 1 2. — 3 décembre. 2 1 3 et 2 1 4. — 7 décembre. 2 1 5 et 2 1 6, — 1 5 décembre. ai7et2i8. — 18 décembre. 2iget22o. — 24 décembre. 222 et 223. — 3o décembre. 224 et 225. — 3janvler i83o. GAZ ACIDE CARBONIQUE en volume, DANS 10,000 D'AIR, A MIDI. GAZ ACIDE CARBONIQUE EN VOLUME, DANS 10,000 d'air , PENDANT LA NUIT. 3,80. 4. 39, pluie. 4,35. 4,i5.* 4,44. * 3,22. 3,44- 3,85. 3,82. 3,95, * vent très fort. 3,1 5. 3,67. 3,54. 3,76, * vent fort. 4,o4, * vent fort. 3,35. * 3.40, vent très fort. 3,43.» 3,53. 3,5o. 3,74.» 4.04-* 3,36. 3,66. 3,71.* 4,3o, vent médiocre, 1 1 beures du soir. 4,67, vent médiocre, pluie. 5,35. 4,14.* 4,07.* 3,87. 3,94, vent fort. 4,32. 4,4 1- 3,21.* 3,55. 4,i4. 4,16. 3,77-* 3,29, * vent fort. 3,38.* 3,63, vent très fort. 3,40.* 3,70. 3,73. 3,75.* 3,96.* 3,77- 4,02. 3,76. » Moyennes t^. 3,g8. 4,32. DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 45 « D'après ces observations, l'air contient en gênerai, dans la plaine en rase campagne, plus d'acide carbonique pendant la nuit que pendant le jour. Cette variation s'affaiblit beau- coup en hiver 5 elle y disparaît souvent, et elle s'y trouve rarement indépendante des erreurs du procédé; mais quel- ques résultats montrent qu'elle s'opère dans cette saison, même lorsque la terre est couverte d'une épaisse couche de neige, et que la température esta plusieurs degrés au-des- sous de la congélation. La plupart de mes expériences, pendant la nuit, ont été faites à onze heures ; mais la variation dont il s'agit est déjà très prononcée en été à huit heures du soir. Le maxi- mum de la quantité d'acide, dans vingt-quatre heures, a lieu sur la fin de la nuit, et le minimum, dans le milieu du jour. La plus grande augmentation nocturne de ce gaz, s'est élevée au tiers de sa quantité diurne. Les changemens les plus considérables ou les plus prompts s'opèrent entre la fin de la nuit et les premières heures du jour, et entre quatre heures et huit heures du soir j ceux qui sont compris entre neuf heures du matin et trois heures après midi, peuvent se confondre avec les er- reurs de l'expérience. L'obscurcissement du soleil par les nuages n'empêche pas que l'augmentation nocturne de l'acide carbonique ne puisse être observée 5 elle a lieu pendant des pluies légères et per- sistantes, et lorsque la terre est gorgée d'eau après des pluies prolongées; l'augmentation est seulement moins grande dans ces circonstances. Quoique cette variarion s'opère sans qu'il y ait de rosée. 452 SUR LES VARIATIONS les plus grands accroissemens de l'acide carbonique ont été observés lorsqu'elle était très abondante , et que la chaleur du jour contrastait beaucoup avec la fraîcheur de la nuit. Une vive agitation dans 1 air diminue ou fait disparaître entièrement la variation dont il s'agit; voyez, les numéros 58 et 59, 93 et 94, i38 et i4o, 186 et 187, 201 et 202, 2o3 et 2o4. Cet effet, qui peut dépendre en partie du mé- lange des couches supérieures avec les inférieures, indique qu'elle n'existe pas à une très grande élévation. La différence générale entre les quantités d'acide du jour et de la nuit, s explique facilement par la végétation qui ne décompose qu'à la lumière ce gaz que mille agens divers , et surtout la terre végétale forment continuellement: on con- çoit comment cette variation peut s'affaibUr ou disparaître par le vent et pendant l'hiver; mais elle a été soumise (le 14 et le 25 juillet de l'année 1829, numéros i66 et \ni), à des exceptions qui ne tenaient ni à la saison, ni à l'agitation de l'air 3 elles étaient l'effet d'une cause générale, car elles ont eu lieu simultanément dans des emplacemens éloignés les uns des autres. La sécheresse de l'air qui, dans l'un de ces cas, a été plus grande pendant la nuit que pendant le jour, paraît être une circonstance ordinaire de ces irrégularités , et elle suffit pour affaiblir la force végétative, et par consé- quent la variation dont il s'agit , mais non pas pour la faire disparaître entièrement. Comme on voit dans ces exceptions , que non-seulement l'acide carbonique n'augmente pas pen- dant la nuit, mais qu'il y diminue, nous devons admettre qu'une action indépendante de la végétation contribue à détruire ce gaz., nous y sommes conduits encore en considé- DE l'acide carbonique atmosphérique. 453 rant que sa proportion est souvent moindre en hiver , et que la variation diurne se fait apercevoir quelquefois dans cette saison , lorsque la végétation n'a point d'activité. Nous allons rechercher quel est cet agent, et s'il ne se trouve pas dans l'électricité qui décompose l'acide carbo- nique, et qui se manifeste principalement par un temps sec. Dans la nuit du 2 novembre 1829, pendant laquelle l'aug- mentation de l'acide carbonique n'avait pas lieu par un temps calme, on ne pouvait pas placer en plein air, le ballon sur la tresse de paille qui le soutenait, sans qu'elle en fît jaillir une vive lumière; il en était de même lorsqu'on le touchait avec la main. Cet effet qui ne s'était pas encore produit, même dans un air plus sec que celui dont je m'oc- cupe , m'engagea à rechercher l'électricité atmosphérique avec l'électromètre de mon père (Voyages dans les Alpes § 791). Les boules de cet instrument divergèrent de deux lignes, à une hauteur de cinq pieds : cet écartement qui d'après l'emplacement et l'heure de l'observation, indiquait une forte électricité, est éloigné de montrer l'influence de ce fluide dans mes recherches; mais si l'on compare la marche connue et générale de l'électricité atmosphérique, avec les variations de 1 acide carbonique, il est difficile de ne pas être frappé de la co'incidence de ces deux fonctions, et de ne pas admettre que la quantité de ce gaz en rase cam- pagne, est en raison inverse de cette électricité, en excep- tant les cas 011 la diminution de l'acide est due évidemment à son absorption par l'eau. Pour faire ce rapprochement, il suffit de citer les observations suivantes qui se rapportent à un ciel serein : 454 SUR LES VARIATIONS 1° L'électricité atmosphérique est plus forte pendant le jour que pendant la nuit (i) ; 2° L électricité est plus forte en hiver qu'en été (2) ; 3° Il est beaucoup plus rare de trouver de l'électricité dans les nuits d'été que dans les nuits d'hiver (3) ; 4° L'électricité est moins forte sur les montagnes que dans la plaine (4) ; 5" Les vents violens diminuent ordinairement lintensité de l'électricité atmosphérique (5) j Les trois premiers résultats qui tiennent à la saison, à la nuit et au jour, peuvent être attribués en partie à la vapeur aqueuse qui, étant plus abondante pendant l'été et pendant la nuit, détruit l'isolement de l'électromètre , et y rend l'élec- tricité moins sensible, quoiqu'elle n'ait peut-être pas varié; mais il convient de s'en rapporter aux indications de cet in- strument, en considérant que, dans nos laboratoires, l'acide carbonique est décomposé (6) seulement par scintillation, (1) Le Monnier, Mémoires de l'Académie, année lySa. Beccaria, Elettricita ter- restre atmospherica , § 1087. De Saussure, Vo^^ages dans les Alpes, § 8o3, (2) De Saussure, Voyages , ibid. (3) Beccaria, § 1090. (4) De Saussure, Voyages, § ao55. (5) Beccaria, § 1124. De Saussure, Voyages, § 801. (6) Les résultats de cette décomposition sont, comme on le sait, l'oxigène et l'oxide de cai-bone. Je dirai à cette occasion , qu'en faisant détoner , d'une part , l'hydrogène avec l'oxigène pur en excès, et, d'autre part, l'hydrogène avec l'oxi- gène et l'air, privé d'acide carbonique , on trouve , par la différence des produits de ces deux opérations (car la combustion de l'hydrogène inodore et réputé pur, fournit de l'acide carbonique); on trouve, dis-je , que 2000 parties d'air, privé DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 4^5 et que la sécheresse de l'air contribue éminemment à aug- menter cet effet. La scintillation de l'air atmosphérique est insensible; mais les molécules imperceptibles qui y sont suspendues, ne doivent-elles pas produire par leur collision, des effets électriques et lumineux qui sont proportionnés à leur volume, et qui sont évidens dans un air sec, par le frot- tement de tant d'autres corps ? Il résulte des considérations précédentes, que les 'in- fluences de la végétation, de la température et de l'humidité du sol, sont insuffisantes pour rendre raison de quelques- unes des variations de l'acide carbonique en rase campagne , et qu'elles s'expliquent d'une manière satisfaisante, en ajou- tant à ces influences celles qu'il doit éprouver par l'électri- cité atmosphérique. On n'a pas encore observé que l'acide carbonique agisse sur l'économie animale par des variations aussi restreintes que les précédentes, et l'on pourrait croire qu'elles ne mé- ritent pas, à d autres égards, de fixer notre attention; mais si l'on considère qu'elles fournissent à la météorologie une nouvelle source d'observations, et qu'elles font connaître la progression du mélange des couches atmosphériques; si l'on d'acide , fournissent en moyenne , par la combustion, près d'une partie, ou 0^94 p. d'acide carbonique. Ce résultat, qui indique l'existence des gaz inflammables carbonés dans l'air, y rend l'existence de l'oxide de carbone plus probable qu'elle ne l'était auparavant. Les opérations dont il s'agit ont été multipliées et faites avec soin sur une grande éclielle; mais elles exigent de longues manipulations et trop de détails , pour que je les décrive ici. L'eudiométrie atmosphérique ne peut être utile qu'en la fondant sur des observations minutieuses , et elle est encore une science à créer. jiS6 SUR LES VARIATIONS admet que cet acide, malgré sa petite proportion dans l'air, est un des principaux aliniens des végétaux, et que sa dis- parition plus ou moins grande pendant le jour, peut être subordonnée en partie à leur nutrition; si l'on trouve que les proportions de l'acide carbonique se rapportent à la na- ture du terrain, à son degré d'humidité, et par conséquent à la salubrité du climat j si l'on reconnaît enfin que ces ob- servations sont, quant à présent, les seules qui signalent de la variété dans la composition de latmosphère considérée dans l'état sec, et que cette variété elle-même présente en général de la régularité ; on leur accordera une importance qu'elles étaient loin d'annoncer. RÉSUME. Les variations que j'ai observées dans l'acide carbonique atmosphérique en rase campagne , sont dues à deux causes principales : 1° aux changemens qu'éprouve le sol, soit par son hu- mectation qui soustrait ce gaz, soit par la sécheresse qui le développe ; 2° aux influences opposées de la nuit et du jour, ou de l'obscurité qui augmente, et de la lumière qui diminue la proportion de cet acide. Les couches atmosphériques supérieures contiennent plus d'acide carbonique que les inférieures. La variation de ce gaz, par l'effet opposé du jour et de la nuit, n'est que peu ou point sensible dans les couches supé- DE l'acide carbonique atmosphérique. 4^7 rieures ; elles paraissent participer plus fortement à la varia- tion moins brusque qui s'opère par l'humectation ge'nérale du sol dans les couches inférieures. La variation relative au jour et à la nuit est peu prononcée dans les rues de Genève; mais elle est considérable sur le lac adjacent , qui n'offre aucun obstacle à la circulation latérale de l'air de la campagne. Un vent violent augmente ordinairement pendant le jour l'acide carbonique dans les couches atmosphériques infé- rieures, et il y détruit, en tout ou en partie, l'augmentation que ce gaz éprouve, dans un temps calme, par l'influence de la nuit. TOM. IV. 58 458 SUR LES VARIATIONS »^»C9aae«cca<» TABLEAU DES VARIATIONS DE l'aGIDE CARBONIQUE ATMOSPHÉRIQUE. Poids &CÎDX NUMEROS, Baroin. u- ^ Volume du carbonique Thermom. n 05 VENT, d'air C«rboDate en LIEUX ET ÉPOQUES à 0°. " £ de volume, centigr. " S. CIEL, etc. en Baryte. dans dei Observations. mlilim. • "î litres. — 10000 railligram. d'air. 'S"' 1. Cliambeisy, 12 mai, à midi, iSiG. 2. Cliambeisy, 27 juin, midi. 3. Cliambeisy^ 25 août, midi. 4. Chambeisy, i4octob. midi. 5. Chambeisy, 6 janvier, midi, 1817. G.CoUine dePregny , 26 février, midi. ■7. Chambeisy, 21 avril, midi. 8. Lac Léma'i, 1 juillet, midi. g. Colline de Pregny, 00 août, midi. 10. Lac Léman, 27 décemb. midi. 1 1 . Chambeisy, 16 décemb. midi, .818. -j- 6,20 719,6 94 S. O. fort, couvert. i5,i4o 60,8 4)85 s + 14,12 725,2 96 S. 0. fort, couvert. i5,i4o 67,45 5,49 s + 16,6 732 85 N.E. très fort, clair. 15,140, 66,5 5,4" s -j- 16,9 731,4 92 calme, clair. i5,i4o 49)4 4)03 s + 5 731,4 79 ^o^„"rf """'' '5,.4o 43,7 3,4= s + 8,1 725,3 8S S. O. fort, clair. i5,i4o 43,7 3,48 s , o2 r N. E. très fort, clair, c /„ t-, , r + 9,1 733,1 75 terre sèche. '^'"^° ^7, 4,5. s + 22,2 728,6 88 N. E. faible, clair. i5,i4o 69,82 5,82 s + i8,i 725,3 84 N. E. faible, clair. i5,i4o 71,25 5,88 s + 2,5 730,3 85 S. 0. faible, clair. i5,r4o 47,5 3,69 s r or N. E. faible, couvert, ,- o,„ ce , ?.«!?<= 727,5 85 terre sèche. '^'^^° ^^'' ^'^^ ' DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 45g Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. NUMÉROS, LIEUX ET ÉPOQUES des Obietvations . Thermora. centigr. Barom. à 0°. millim. VENT, CIEL, etc. Volume d'air en litres. Poids du Carbonate de Baryte. milligram. ACIDE carbonique en volume, dans 10000 d'air. N»' 12. Chambeisjr, 2 mars, midi, -\^ 9,4 18. g. i3. Chambeisy, aafévrier, raidi, -}- i5,8i 1820. iL. Chambeisy, , - -Ml • 1- + 21,25 9]uiilet, midi. ' ' 711,7 gS N.E. faible, couvert. i6,84o nt. ext. 1 5. Chambeisy, . .. i3déc. midi, \ „ 1826. -rhi>e 16. Chambeisy, -j- 4,7 int. 24déc.midi. -[-i,6eit. 17. Chambeisy, 29 décembre, o midi. 18. Lac Léman, ag décembre, o midi. 19. Chambeisy, , 5 5 |„t, iSjaDVier If j'^j ^^t. 20. Chambeisy, , 3,75 int. 31 lanvier, ! V . midi. +2,5ext. 2.. Chambeisy, , ^gj^t,, 12 lévrier, . . ' midi. +2,5ext. 22. Genève, 12 fé- 4- i5 int. vrier, midi. -j- 2,5 est. 727,5 782 723,5 728,2 735,8 735,8 732 727,5 727,5 727,5 59 calme, clair. 78 N. E. faible, clair. 16,840 100 calme, brouillard. g^ N.E. tris fort, couvert. ne S. 0. faible j éclair, cies. . S. 0. faible, éclalr- 86 N. E. faible, éclair- ' cies, terre humide. calme, couvert, 96 terre couverte de / S. E. faible, cou- ■^ vert, terre humide; , S. E. faible, cou- ■J vert, terre humide. i6,84o 60,8 4,46 s 14,240 55,08 4.78 s 16,840 75,05 5,58 s 1 3,420 5o,35 4,49 s 13,780 49,4 4,26 s 26,784 92,99 4,2. 31,928 io6,i6 3,85 12,646 43,22 4,o5 s i3,685 4i,3i 3,67 s 31,928 92,76 3,58 26,784 98,76 4,55 46o SUR LES VARIATIONS Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. NUMÉROS, LIEUX ET ÉPOQUES Therraom. Barom. à 0°. IX VENT, ▼olume d'air Poids du Carbonate de ACIDE carbonique volume. des Observations. centigr. rnillim. c CIEL, etc. litres. Baryte, milligram. daos 10000 d'air. N'-'aS. Chambeisy, i c r • ^ ■' î ,■ + 6,20 int. ^r 20 mars, midi, o ,- . 706 1827. ' + ^:=oest. ' 24. Chambeisy , -\- 2/^,1 int. ^ ~ 6 mai, midi. -j-i8,75ext. ' ' 25. Chambeisy, _L iR 7-^ 720 S 22 mai, midi. + ^°'l^ 729>3 83 N. E. fort, clair. 1 3,420 S. O. très fort, ■} roc 77 , , . . ' 13,003 ' ' eclaircies. ' N. E. médiocre, cl. 7" ap. pluie Citraord. 43,682 729,3 729,3 728,8 26. Lac Léman , roc • 1. + 18,73 22 mai, midi. ' " 27. Geuève, , „ . 22 mai, midi. ' " 28. Chambeisy, 22 mai, 11 h. -J- i5 soir. 20. Chambeisy, 1 q c -> ■ -M . • 1- +25,75 700 2 juillet, midi, i^ ^ "" /'^" 730 73o 3o. Genève. _i •> c 2 juillet, midi. +^■^'7^ 3i. Lac Léman, r 3 c 2 juillet, midi. + ^^'7^ 32. Chambeisy , j_ a - /juillet, midi, r^'^'"^ 33. Chambeisy , 7 juillet, II h. + 19,4 soir. 732 732,2 34. Dole, monta- j^ o e- ► gne, 20 juillet, T ^■^' 7^ , 627,: midi. '+^',a5est. /' , N. E. médiocre, , ^qo 74 1 ■ 42,000 '^ clair. ^ ' o N. E. médiocre , no/ 73 clair. ^"^'78+ 88 calme, eclaircies. 12,646 nr. N.E. médiocre, , „ clair, terre sèche. "~ o, N. E. médiocre, ç. „, '* clair, terre sèche. '' ** Q, N. E. médiocre, ,, ■* clair, terre sèche. '" „- N. E. faible, éclair- , ror 8.-, ^,jgj_ i3,b8^ o N. E. médiocre, o o ^9 eclaircies. '3,780 ^„ O. Fort, eclaircies, , „oo 72 terre sèche. ^^'''^^ 49,27 4,40 s 54, 1 5 5, i8 s 189,38 5,4o 169,63 5,02 121,90 5,69 58,82 5,72 s 1 3 1,85 5,23 119,62 5,65 i34,8i 5,78 58,9 5,43 s 63,49 5,73 s i33,i4 4)6 1 DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. ' 46 1 Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. Poids ACIDE NUMÉROS, Barom. i>S Volume du carbonique en Thermom. VENT, d'air Carbonate LIEUX ET ÉPOQUES à 0°. S o r E c gr • 2 de volume, des Observations. centigr. millim. CIEL, etc. en litres. baryte. dass 10000 d'air. milligram. 35. Pied delaDôle, près de Gex , 20 juillet, 5 h. du soir, 1827. 36. Chambeisy , 20 juillet, midi. 37. Chambeisj, g août, midi. 38. Lac Léman, g août midi. 3g. Grand Salève, a8 août, midi. 4o. Ermitage, pe- tit Salève, 28 août , 3 heures après midi. 4i. Chambeisy, 28 août, midi. 42. Chambeisy, 3 septembre, midi. -j-27,5int. -|- 25,9 ex'- -|-27,5 int. -\- 3o,3 est. -|- 3o,6 int. -|- 26,g ext. -\- 3o,6 int. -\- i3,i int. -|- 10,3 ext. + ■6,g int. -j- i5 ext. + '8,75 -\- 24,4 int. -j- 20,6 ext. _ o O. médiocre, clair, ,jro c o / q 709.5 82 t,,,^ .,' '43,682 .60,28 4,82 43. Chambeisy , 3 septembre, -|" '4>4 n h. du soir. 44- Chambeisy , 28 septembre, midi. 45. Lac Léman, 28 septembre, midi. + .8,4 + 18,4 727,5 726,8 726,8 657,3 7o3,6 732 729.3 729.3 724,7 724,7 o o. fort, éclaircies , ,, ^, ,., r 11 «^ terre sèche. '^^'^^'^ '64,26 4,74 calme, voilé, terre roi „_ „/ c „ 77 sèche. ^'^'7^^ '°7>o4 5,2o 79 "]^^;/°"^' '^"^ 3.,828 .32,82 83 N. E. très fort clair. N. E. très fort, ,-> f-o c- terre humide. ^^'^82 .6g,77 N. E. médiocre, 8g terre sèche, éclair- 3., 828 i3i,2g cies. 5,42 o N. E. très fort , /ou -, oa rr 80 . . 42,088 .73,88 5,57 44,547 189,27 5,44 4,82 5,25 s an N. E. médiocre, ., „ , «^ éclaircies. '^'78° ^7 , „ calme, pluvieux, 3 /-qc c rr 9« éclaircies. '^'^^^ 62,7 5,62 s 4,95 Q N. E. médiocre , eco/ r c/ , , 87 éclaircies. ^^'^^^ ■''5,54 4,74 4^2 SUR LES VARIATIONS Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. NUMÉROS, LIEUX ET ÉPOQUES des Observations. Thermom. centigr. Barom. à 0". miillm. octa " 3 VENT, CIEL , etc. Volume d'air litres. Poids du Carbonate de baryte. milligram. ACIDE carbonique volume , dans 10000 d'air. N°' 46. Chambeisy , 12 octobre, -)- i6,6 midi, 1827. 47. Chambeisy, -j- i5 int. 6 novembre, midi. -j-ii,25ext. 48. Chambeisy , 6 novembre , -\- 6,6 II h. du soir. 49. Chambeisy , 19 janvier, midi, 4- 4 1828. 50. Chambeisy, 19 janvier, -)-3,75 midi. 5i. Lac Léman , 19 janvier, -)- 3,7-5 midi. S. O. médiocre, clair 722,4 77 après pluie abon- 21,882 76 4i33 s dante. 736.7 79 calme , éclaircies. i3,685 45,6 4>o6 s 734.8 96 calme , couvert. 13,780 52,72 4)54 s 739,4 95 calme, couvert. i3,68o 55,8 4j76 s 739,4 95 calme, couvert. 26,684 112,4 4,91 739,4 95 calme, couvert. 81,828 i2i,65 4,46 Sa. Chambeisy , 1 o r o o • • I- + '8,75 72t,b 2D mai, midi. 1 " ' ' 53. Genève, 26 1 q c, mai, midi. "T" '' 54. Chambeisy, _, ,, 3i mai, midi. + ^°'^ 55. Chambeisy , 3 1 mai , 1 1 h. -|- 20,3 soir. 56. Chambeisy , , i3juin,inidi.+=^°''^ 729,3 729,3 73o,i 80 palme, couvert. 33,8oo 126,59 4i7i 80 calme , couvert. 26,684 112,11 5,28 o, N. E. faible, éclair- , , ., , „ , ^ 81 ç;gj_ 44)547 i59,8 4,5o N. E. faible, éclair- ,, co c qq / a„ 91 ^jg^_ 43,682 167,88 4,82 , N. E. faible, éclair- , 00 1- ,■ / r 7^ des, terre sèche. ^='°^^ '^9'^^ ^^'7^ DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 463 Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. Poids ACIDE NUMEROS, Barom. N» Volume du Thermom. O r,: VENT, Carbonate eu LIEUX ET ÉPOQUES à 0°. Oi O d air de volume. ceutisr. 2 ?- CIEL, etc. en Daryte. dans des Observations. inillini. litres. milligram. 10000 d'air. N°' Sy.Chambeisy, i3 juin, II h. -)- i5 soir, 1828. 780,4 92 N. E. faible , clair. 33,8oo i48,53 ^^' Ms'ii'dù^'raidi +^'^'5 73»'6 74 N.E.trèsfort, clair. 26,684 io8,4i 729,8 84 N.E, très fort, clair. 33, 35o 180,76 26 juiil. 59. Chambeisy, 26 juin. Il h. -|- 17,5 du soir. 6o.Sommet dela^^ ;^j Dole, 28,mn,q:^5J^^,_62,,5 midi. ' ' 6 1 . Vasserode sous laDôle, 28juin, 4- 21,6 int. gg, 3 h. après -j- 20 ext. midi. 62. Chaïubeisy , 28 juin, midi .+21,6 63. Chambeisy , 4- 29,4 i 7 juillet, raidi, -j- 2i,5 t nt. ext. 724,1 7^4,1 64- Lac Léman, -|- 29,4 int. / 7 juillet, midi, -j- i8,5 est. '""+'' 65. Chambeisy , 1 t^ 3 , 9 juillet, midi. + ""^'^ 72^>4 66. Chambeisy , , r • -M •. ■ I- + I7P 721 20 juillet, midi. ' " ' 67. Chambeisy , -[-21,25 int. ^ I" août, midi. -j- 19,4 ext. 727'7 68. Chambeisy , . c ,. ,T «v 1 + 10,0 int. 1" août, 1 1 h. ! ' . 727 , ' . -1- 1 1,9 ext. ' ' du soir. I '^ 5,40 .5,09 4,85 N. E. faible, éclair- ,, m ,r- , Pl„, ' 43,682 1 46,79 4,9' o N.E. faible, éclair- , , r, c / o 1 o-> 89 cjes. 44,547 154,28 4,83 a, N.E. faible, éclair- / «q /oc i rc 84 ^jg^_ ' 42,088 1 48,1 5 4,46 û N.E. médiocre, -za n- -j o / o 80 J 1 • • 36,o56 1 30.32 4,81 eclaircies. ' ' ' a N. E. médiocre, / /q or r 11 87 eclaircies. ^''^^^ '^6,67 4,4' S.O. médiocre, quel- 7.5 ques nuages, terre 33,8oo 118,71 4,47 très humide. calme, couvert, par 00 or / ,0 100 I •„ 33,35o ii4,70 4,3q grosse pluie. ' " ' -^ c N. E. faible , clair , , ,02/ / 76 terre humide. '^^'^''^ '^'^ ""'"^ 100 calme, clair, rosée. 42,088 197,27 5,6g 464 SUR LES VARIATIONS Suite du. Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. ■ Poids ACIDX NUMÉROS , Barom. O en Volume du carbonique Thermom. VENT, d'air Carbonate CD LIEUX ET ÉPOQUES ào». Œi O de volume. des Observations. centigr. millim. CIEL, etc. en baryte. dans 10000 milligram. d'air. N»>69.Chambeisy , g^^e int. 'TsVs. ' + ^6,25ezt. 70. Genève, . n a • ► -j- + 26,6 9 août, midi. ' ' 7 I , Chambeisy , _ 1 ^3 2 12 aoiit, midi. ' ' 72. Lac Léman , , "t -j -t-22,2 12 août, midi. ' ' 73. Chambeisy, 12 août, 1 1 h. -)-9,9 du soir. 74. Chambeisy , . 2b août, midi. ' '-^ 75. Lac Léman , . -, 26 août, midi, "r" ' 76. Chambeisy, 26 août, 4 h. -j-2i,6 après midi. 77. Chambeisy, 26 août, 8 h. -j- i5,3 du soir. 78. Chambeisy, 26 août , mi- -j- 1 1,25 Duit. 79. Chambeisy, 27 août, 3 h. I -J- 10 du matin. 722,5 78 S. E. faible, clair. 33,35o 722.5 80 S. E. faible, clair. 33,8oo 728.6 71 ^•,^- ^^*'^'./'^''"' 43,682 / -'">" / ' tgiTe humide. ^ ' 728,6 73 S. E. faible, clair. 44,547 728,1 96 calme, clair, rosée. 26,684 _ c a N. E. médiocre, ,, oi:„ 701,5 01 I • . 1 „-j oo,abo /" ,- " clair, terre humide. ' 2 t. a, N. E. médiocre , ,(- ^rr- 73 ''5 83 j,,^;^. 36,o56 o r N. E. mddiocre, 0,0 701,1 7b , • 1 1 -J 00,000 ' ' ' clair, terre humide. N. E. faible , clair ,//,-/ 9° rosée faible. ^^'^^^ 73i,8 732,2 73i,4 100 calme, clair, rosée. 37,629 179,26 N. E. faible, clair, , ,0 9' rosfie faible. ^ ' ^ 1 15,52 4,53 124,77 4,76 14. ,43 4,08 1 38,69 3,92 1.9,43 5,42 112,04 4,22 117,33 4,10 113,26 4,20 172,74 4,76 1 60,0 1 4,69 "79.26 5,74 DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 46f> Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. NUMÉROS, Thermom. Barom. VENT, Volume d'air Poids du Carbonate ACIDE cai'booique en LIEUX ET ÉPOQUES à o". S d il n de volume, des Observations. centigr. millim. CIEL, etc. en litres. baryte, milligram. dans 10000 d'air. N°' 80. Cliambeisy , , r ■ ^ .. -Q 1 + iq.o int. 27 août, 8 h. T p'' r i j .00+ iD.aSest du mat. 1828. ' ' 81 . Chanibeisy , j^ 2y août, midi. ~r ~~'~ 82. Cbamljeisy , 14 septembre, -f- 23,4 midi. 83. Chambeisy , i4 sept., 4 b. -j- 20 après raidi. 84. Chambeisy , 1 4 septembre , -)- 16 I 1 b. soir. 85. Cbarabeisy , 26 septembre , -j- 21, G midi. 86. Lac Léman, 26 septembre, -{-21,9 midi. 87. Cbambeisy , 26 sept. 4 11- -|-'9i' après midi. 88. Chambeisy, 26 sept. 8 h. i -|- i3,75 du soir. 89. Lac Léman, 26 sept,, 8 h.i-f-i3,25 du soir. 90. Chambeisy, 26sept., II h.i-{- 10,9 du soir. TOM. IV. T r I N. E. médiocre , ,, ^■"'^ 9^^ éclaircies. ^5,2.2 726,. 81 N.E.. médiocre, ' ' clair. ' „ Q Q S. 0. faible, voilé, ,, „ 726,8 81 • 1 • 03,800 ' ' saison pluvieuse. ' 726,8 82 S.O. faible, couvert. 33,35o »o „ „ calme, couvert, ro- or / <- 728,2 .00 3^^ 'faible. 35,476 Q , „2 N. E. faible, clair, , ,. 7=^8,4 93 terre humide. ^y.^^^g 728,4 95 N. E. faible, clair. 36,o56 o N. E. faible, clair, „ ,, 728,2 QQ . 1-1 32,44o / > 33 terre humide. '^^ oc N. E. faible, clair, rroi 728,6 .00 t,rre humide. ^«^'^^^ 728,6 ,00 V", '"'''''''"''''■' 45,2.2 ' ' forte rosée. ^ ' 728,2 too calme, clair, rosée. 42,088 59 i49,i 4,1. 141,78 4,26 112,44 4,22 IIO 4,21 140,96 4,9 > 123,85 4,i4 1 ooj63 3,20 111,63 4,.37 107,55 4,93 1 58,89 4,3o '72,74 4,9« 466 SUR LES VARIATIONS Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. Poids ACIDE NUMÉROS, Barom. Œ Volume du caibonique Thermom. VENT, Carbonate en LIEUX ET ÉPOQUES à 0". 5 i d'air de volume , des Observations. cenligr. millim. g S: a CIEL, etc. on litres. baryte. dans 10000 d'air. milligram. N"' gi. Chambeisy, 27 sept. , 4 ''■ matin, 1828. 92. Chambeisy , i4 octobre, midi. gS. Chambeisy , i4 octobre, midi. 94- Chambeisy, i4 oct., 1 1 h. du soir. gS. Chambeisy, i5 octobre, midi. 96. Chambeisy , 22 octobre, midi. 97. Chambeisy, 22 oct. 1 1 h. du soir. 98. Chambeisy , 4 novembre, 8 h. matin. 99. Chambeisy, 4 novembre, niidi. 100. Chambeisy , 4 novembre , midi. + ,S,75 7-8 .00 N.^E;,fl^'^' «='-■•' 44,547 .88,22 5,09 -(-i8,i 730 82 calme, couvert. 35,476 108,78 3,8t -\- 18,1 730 82 caUne, couvert. 33,55o 102,26 3, 81 -fio 730^4 82 N.E. très fort, clair. 37,629 iii,63 3,58 4- i3,G 729,1 77 N.E. trèsfort, clair. 36,o56 112,44 3,82 calme, légers brouil- -f- 11,2 732,7 100 lards,soleilfalble, 4',248 i43 '^j-" terre sèche. 4- 7 int- 9 calme, éclaircies, /r„,„ .fx /. /,n îd.Lt. 73o>9 '00 rosée. ^^'^'^ '^^ ^'^^ N. E. médiocre , -f 5,e 732 87 couvert, saison 36,o56 i25,48 4,i3 sèche. + 7,25 730,9 87 N.E. médioc, COUT. 35,476 11 6,52 3,92 + 7,25 730,9 87 N.E. médioc, couY. 37,629 126,32 4)0i DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. ^By- Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. NUMÉROS, Thermom. Barom. X VENT, Volume Poids du Carbonate ACIDi: carbonique LIEUX ET ÉPOQUES à 0°. re"g de volume, des Observations. centigr. millini. CIEL, etc. litres. Baryte. milligram. dnDS 10000 cVair. N"' 101. Clianibcisy , 4 Doveiiibre, midi, 1828 102. Chambeisy , 14 novembre, 9 h. matin. io3. Chambeisy, i4 novembre, midi. 104. Chambeisy , i4 nov., 3 h, ap. midi. 105. Chambeisy , i4 nov. 1 1 h. soir. 106. Chambeisy , 2 1 novembre , midi. 107. Chambeisy, 21 nov., 1 1 h. soir. 108. Chambeisy, 26 novembre , midi. log. Chambeisy, 2 décembre, midi. 1 10. Chambeisy, 5 décembre, midi. + 7^25 + 8,. +8,5 + 9,4 + 6,6 + 12,25iut. + 7,2eit. + 6,25 int. + 3,1 est. + 4,6int. + 2,8 est. + 4,7 '°t- + 2,3 eit. o Q N. E. médiocre, 73°'9 87 co„^ert. calme, couvert. 72:, 2 100 terre humide. temps pluvieux, calme, couvert. 721,6 97 terre humide, temps pluvieux. calme, couvert. 721 95 terre humide, temps pkivieux. 4i,248 143 4,14 33,800 ii8j55 4,26 33,35o ii3,a6 4,16 36,o56 120,59 4,08 721,6 100 S. O. faible, couv. 35,476 129,58 4)5i o, , o calme, soleil faible, ,- ,r or -7 7^3,4 82 terre humide. ^5,2.2 .45,85 3,91 732 100 calme, clair, rosée. 37,629 i39,33 4?3o -, (, calme, brouillard, or / ^ ■> n , -rr- 733.6 97 terre sèche. ^5,476 i3.,.8 4,36 _ ^r a N. E. très fort, oc ac t 1 > 7^9'S S' clair, terre sèche. '^'^^^ '30,47 4,^9 733.7 98 calme, brouillard, 45,2i2 i5i,58 3,95 468 SUR LES VARIATIONS Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. NUMÉROS, LIEUX ET ÉPOQUES Thermom. Barom. à 0°. VENT, Volume d'air Poids du Carbonate de ACIDE carbonique en volume, des Observations. cenligr. millim. 2 a- " 2 CIEL, etc. litres. Baryte, niilligram. dans 10000 d'air. N" III. Chambeisy, 5 déc. midi. 1828. 112. Chambeisy, 5 décembre, 1 1 h. du soir. 1 1.3. Chambeisy, 5 décciiibre, II h. du soir. 1 14. Chambeisy, 22 décembre , midi. 1 1 5. Chambeisy , 22 décembre, 1 1 b. du soir. I 16. Chambeisy, 27 décembre , midi. 1 17. Chambeisy, 27 décembre, II h. du soir. I 18. Chambeisy, 3i décembre, midi. 1 19. Chambeisy , 16 janvier, midi, i8ag. 120. Chambeisy, 28 janvier, midi. + 4,7 i°t- -j- 2,.3 ext. 733,7 98 calme, brouillard. 33,8oo 120,2 4,'^ o 733,7 100 calme, couvert. 37,629 129,36 3,99 o 733,7 100 calme , couvert. 4',248 i36,89 10 .yr n calme, couvert, ,- -r- + ^,. 73o,6 97 terre humide. '^^'^^^ '^7'9^ ,0 oc c calme, couvert, ir r r + .3,1 735,6 100 terre humide. ^5'*7<^ -27,92 -{-3,1 726,4 94 calme, couv. pluv. 35,476 124,66 -)- 3,1 726,4 100 calme , couvert. 4>)248 i43,4i -j- 3,9 int. -j- 1,35 ext. -\- 1,7 int. — 3, 1 ext. + 5,3 726.8 85 N. E. fort, clair. 36,o56 127,11 S. O. faible, couv. 722,5 90 terre couverte de 33,35o 128,74 neige. S. O. médiocre, 721.9 83 clair, terre à 36,o56 127,93 moit. couv. de ueig. 3,85 4,18 4,25 4,'3 4.09 4,. 8 4,57 4,26 DE l'acide carbonique atmosphérique, 469 Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. NUMÉROS, LIEUX ET ÉPOQUES des Observations. Thermom. centigr. Barom. à 0». millim. n CTQ il VENT, CIEL, etc. Volume d'air en litres. Poids du Carbonate de baryte. milligram. ACIDE caiboniquc en volume, dans 10000 d'air. N°' 121. Genève, 28 janvier, -}- 5,3 midi, 182g. 122. Chambeisy , -j- 2,2 int. 5 février, midi. — 2 ext. ia3. Lac Léman', , . . r f- • + 2,2 mt. 5 levrier, ' ' . . ,. ' — 0,2 ext. midi. ' 124- Chambeisy , .0 ,- . . i3 février, "'" ,/ . ' midi. -4,4ext. .25. Genève, , 3 5 ;„(. .3fevner, Z I^X^- midi. ' ,26. Chambeisy, , 5 3 j^j, iq lévrier, ., , . midi. ' '^ 1^6 bis. Chambei- sy, 19 février, -|- 2,5 1 1 h. soir. 127. Chambeisy, -|- i3,25int. 26 fév., midi. -j-ii,2Sext. 128. Genève, -|-i3,25int. 26 fév., midi. -|- i ij25ext. 12g. Chambeisy, 4-4,75 int. 2 mars, midi, -j- o,3i ext. i3o. Chambeisy, . ^ . 7 mars, midi. ' '' 1 3 1. Lac Léman, ,0 _ 7 mars J midi. "•" '7 721,9 732,4 732,4 73.,8 73i,8 724,1 724,1 73i,6 73i,6 726,4 724,1 724,1 83 S. E.médioc, clair. 41,248 146,66 4,27 i42>59 4,45 t35,26 4*76 i36,07 4,52 84 N. E. faiblt, voilé. 37,629 N. E. faible, voilé. 33,35o S. E. faible, soleil 82 faible, terre cou- 35,476 verte de neige. S. E. faible, soleil ~r rr faible. ^'^'°56 e N. E. faible, cou-, ,q 9^ vert, terre hum. 4',248 N. E. faible, cou- 97 vert, terre hu- 37,629 mide. 83 N.E. faible, éclair- 33 cies. -j-^,^/^ N. E. faible , éclair- o r cies. /3" J S. 0. faible, soleil 87 faible, terre ge- 41,248 lée à la surface. 86 N. E. faible, clair. 36,o56 88 N.E. faible, clair. 33,35o 147,48 4,82 126,29 3,66 117,42 3,70 1 35,26 4,65 167,26 5 148,29 4,28 1 4o, 1 4 4,63 1 30,37 4,^ 470 SUR LES VARIATIONS Suite du Tableau des Variations de F acide carbonique atmosphérique. NUMÉROS, LIEUX ET ÉPOQUES des Obsecvations. Thermom. centigr. Barom. ào". millim. te il VENT, CIEL, etc. Volume d'air en litres. Poids du Carbonate de baryte. milligram. ACIDE cavbOQÏque en volume , dans 10000 d'air. N°' i32. Chambeisy, 12 mars, midi, -\- i3, i 1829. i33. Chambeisy, 12 mars, 1 1 h. -j- 10 du soir. 1 34- Chambeisy , -j-8,75int. 26 mars, midi, -j- i i,2.Tes.t. 1 35. Chambeisy, -|-i4,75int. ' "i. -]- 10 I 2 avril, midi. I est. i36. Chambeisy , ^- 11,9 inl. 10 avril, midi. -\- g,i ext. iSy. Genève, -|- ii,9int. 10 avril, midi, -j- 9,1 ext. i38. Chambeisy , -j- i5 int. 18 avril, midi. -|- 12,26 ex. i3g. Lac Léman, -[- i5 int. 18 avril, midi. -|- 9,6 ext. i4o. Chambeisy, i8 avril, 1 1. h. -|- 8,4 du soir. i4i. Chambeisy, , ^^ 26 avril, midi, "f" ~ ' i42. Genève, . ,- , ^ P . '. J. 4- i5 3 5 mai, midi. ' ' 143. Genève, . 5 mai, minuit. ' i44' Chambeisy, \oi lomai, minuit. ~r" " 719,4 74 S. 0. faible, couv. 4i,248 i4o,i5 4,25 719,4 81 S. O. faible, couv. 35,476 „„/ . N. E. faible, cou- ^r / n 724,1 79 vert. ^^'^76 , Q N. E. faible, éclair- ,0 , ,- 717,4 02 . . ,' ., 33,35o ' " cies, terre humide. ' , o, S. 0. médiocre, oti / r 7^''4 84 brouil., terre hûm. 35>476 721.4 84 S-0-"^.fdioçre, 3335 ' ' ^ brouillard. ' 726.5 84 N.O faible, soleil 35 ' ' ^ voue, terre hum, '^' r r oc N. O. faible, soleil o,- r,- 726,5 86 •,, ' 35,o5b S. O. médiocre, 728,9 87 éclaircies, légère 41,248 pluie dans la soirée. 723 65 S- O. faible, clair, 33 g ' terre humide. „a_ N.E. faible, clair, 2^. rr- 702 72 , Il o6,o5b ' ' terre humide. ' 3 o N. E. faible, clair, or r. r ' " terre humide. ■* ' _„o / „o calme, clair, terre ,, ,[.„ ^''^'^ 98 hum., légère rosée. 33,350 139,02 4,80 116,52 3,98 105,94 3,94 112,44 3,90 1 20,69 4,45 120,59 4,29 120^59 4,22 1 33,63 3,90 II 4,80 4,33 126,3 4,3o 140,96 ^,79 127,92 4,63 DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 47 1 Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. Poids ACIDE NUMEROS, Barom. ...a Volume du carbonique Thermom. VENT, Carbonate eu LIEUX ET ÉPOQUES à 0°. — 1 a o d'air de volume, des Observations. centigr. milliiu. ■ S CIEL, etc. litres. Baryte, milligram. dans 10000 d'air. K°' i45. Chambeisy, 10 mai, 8 h. -f- i5 matin, 182g. 1 46, Chambeisy, , / 10 mai, midi. '^ ^'^ .47.MontSalève, , ^^ 5j^, surGrange-Tour-T, 'se^t. mer,20 mai, midi. ' 148. Colonge, pied , ,35;^^ deSalève, T^s'aSexi. 20 mai, midi. 1 149. Chambeisy, 1 ^^ 4 25 mai, midi. ' ' i5o. Chambeisy, 3o mai , -|- 13,75 11 h. du soir. 1 5 1. Chambeisy , -f-i9,75int. 3i mai, midi. -["'yj^Sext. 1 Sa. Chambeisy, . .r:„ 7 juiu, midi. ' •' i53. Chambeisy, 1 1 juin. Il h. -)~ 10,25 du soir. i54' Chambeisy, , „ 12 juin, midi. ' ' iS5. Chambeisy , 12 juin, II h. i -j- 11,75 \ du soir. 1 56. Chambeisy , . » 17 juin, midi. I " n f o N. E. faible , clair , „ ,- 7^6,4 87 terre humide. '37^^29 724,5 78 V' *''!'''' '■^"''''''33,800 ' ' ' terre humide. ' 65i,7 94 N.E. faible, couvert. 3.5,476 718,7 92 calme, couvert. 33,35o 727,0 calme, couvert. 36,o56 c , N. E. faible, clair, / 00 7">5 94 légère rosée. '^^'"^^ r o N. E. fort, clair, , r 725,0 87 terre humide. ^y-G^Q 726.4 89 N.E. très fort, clair. 36,o56 732.5 100 calme, légère pluie. 35,476 2 „ „ N. E. médiocre, „ ^ 730.9 90 soleil, ciel nuàg. ^7.629 73i,8 96 N.E. faillie, clair. 33,35o P , . S. O. faible, COUV. or m 7='6.4 9^* tempspluv.,ter.h.36>o56 ii7>74 3,86 95,33 3,54 io5,ii 4,.3 96,96 3,67 io5,ii 3,59 '49,92 4,4o 108,37 3,62 i 17,33 4,o4 128,74 4,4' 112,44 3,72 116,92 4,25 IIO 3,80 ■4^2 SUR LES VARIATIONS Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. NUMÉROS, LIEUX ET ÉPOQUES des ObservatioDs. Thermom. centigr. Barom. ào». luillim. «-a S i g s. * "-s VENT, CIEL, etc. Volume d'air litres. Poids du Carbonate de baryte. milligram. ACISE carbonique en volume^ dans 10000 d'air. N»' iSy. Chambeisy^ 17 juin, 1 1 h. _|- i5,3 soir, 1829. i58. Chambeisy, , , - - • '-j- + '4.73 29 )uin, midi. ' ^" iSg. Chambeisy, 29 juin, 1 1 h 5 -f- I2j8 du soir. 725 90 S.O. médioc, COUT. 33,800 117,33 4i3o 7.1 98 S-O.fort couvert,^ gg ^^ ^g 4^, ' •' légère pluie. ^ ' ' r / o S. 0. médiocre, lé- ,, o oc 10 7 A4 98 gère pluie. 33,8oo .28,75 4,67 728,2 85 S.O. faible, soleil, 3 g ^55 ^3 ' ' nuag., terre hum. " -' -" ' -" Q N. E. faible , clair ,223r ,.r -> r-j, 1^1-n 98 rosée. '33,35o i45,oo 5,34 o N. E. faible, clair, o,- , ^ t 727.7 98 j.og^g_ ' ' 35,476 147,07 .1,1 ,63 Chambeisy, +29,4 int 3 S. O. faible , clair. 42,088 ,40,96 8 juillet, midi. -)- 27,5 est. / ^' ' ' ^ ' ^ '=" ,60. Chambeisy , -f- 25 int, 3o juin, midi. -)- 20 est. 161. Chambeisy, 7 juillet, 11 -|" '4 h. 5 soir. 162. Lac Léman, 7 juillet, I, h.i -|- i4 du soir. ,64' Lac Léman, 8 juillet, midi. + ^9'* + ,5 l65.Colde la Fau- cille,surle Jura, i4 juillet. Il h. du soir. 166. Chambeisy, ,4 juillet, 11 -|- 21,25 n. du soir. 724,3 77 S. O. faible, clair. 36,o56 ii3,26 654)2 79 O. médiocre , clair. 33,35o 108,37 729,3 87 0. faible , clair. 45,2i2 i49)ii 167. Col de la Fau- cille, sur le Ju- + 25» int. g^ gj S.O médiocre, ciel ^^^^g ^33^^ ra, i5 juillet, -)- 22j5 ext, ' yapor., pommelé. ^ ' midi. 4,35 4,08 4,43 4,14 4,?4 DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 4 78 Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. NUMÉROS, Therraom. Barom. VENT, Volume d'air Poids du Carbonate ACIBZ carljoniquc LIEUX ET ÉPOQUES à 0". de volume. des Observations. centigr. mlUim. CIEL, etc. en litres. Baryte. dans lOOOÛ miUigram. d'air. N°' 168. Chambeisy , 1 o • i c /-. r ui • 1 c • -Ml j- + 28,1 int. r S. O. taible, ciel va- o e iSiuillet, Diidi. , r c ^ 72Q,i qo,5 ■/ 07,620 ' o -|" -5i6 ex.t. ' =' -' ■" por,, pommelé. " •' 169. Chambeisy, , 25 juillet, i25èx.t' 7^^'9 ^^ N.E. très faib., clair. 36,o56 170. Genève, 25 juillet, -[-27 725,9 76 N.E. très faib., clair. 33,35o midi. 171. Cliambeisy, . o c • i r- • Il . ■' -+- 10,5 inf. Cl-- I 1 ■ rf , 20 juillet, I,Q 75ext. 7^°'^ 79 calme, clair. 30,479 miuuit. ' -*'' 172. Genève, 25 juillet, -}- 18,5 726,6 75 calme, clair. 33, 800 minuit. 173. Chambeisy, , , . . 73061, 1 1 h. T î \ 731,45 94 calme, clair, rosée. 37,629 du soir. ' '^ 174. Faucille, sur . .^^ le Jura, 7 août, 7^ „^t, ' 655,6 95 calme, clair, rosée. 36,o56 1 1 h. soir. ' 175. Chambeisy, -4- 23,i int. „ _ , , . ,_ ' o -i ■ I- » 701,07 79 calme, clair. 45, 212 8 août, midi. -|- 21,9 est. ' ' ' 'a ' ' 176. Faucille, sur , r • . ni /-> -j- '11 o „•. + i9i7oint. „rr 3 r N. U. médiocre, , ,0 le Jura,oaout, ^ '. . 655,02 q2,5 i ., ' 41.248 ■ ',. ' -j- ib,b Cit. ' ^ ' soleil, nuages. ^ ' ^ 177. Chambeisy, 4- 27,6 int. „„ „ S. O. très fort, _„ -^ ^' 19 août, midi. 4-26 e:.t. 7=5,2 70 ^,^.^ ' 36,o56 ,78. Chambeisy .^^^ S. O. très fort, 19 août, 1 1 h. T 22 I ext ^^'^g 79 clair, quelqi du soir. 1^ •'^ ■ nuaees. ues 33,35o nuages. TOM. IV. 121, 4i 4,1 5 124,66 4,445 127,92 4,93 110,7 4,07 104,29 3,85 118,96 3,873 100,22 3,69 110,7 3,22 107,55 3,60 96,10 3,44 io3,48 3,94 60 474 SUR LES VARIATIONS Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. Poids ACISX NUMEROS, Œ Volume du carbonique en Thermom. ooa VENT, d'air Carbonate LIEUX ET ÉPOQUES à 0». S = de volume. des Obserrattons. centigr. milllm. CIEL, etc. en litres. Baryte. milligram. dans 10000 d'air. N"" 179. Chambeisy , 22 août, midi, -\- 20,3 1829. N. E. médiocre, 729,8 77 clair, terre hu- 35,476 tog,i8 3^85 mide. 180. Chambeisy, 22 août, 1 1 h. du soir. 181. Chambeisy , 3i août, midi. 182. Chambeisy, 4 sept. 1 1 h. du soir. i83. Genève, 4 septembre, 1 1 h. du soir. 184. Chambeisy , 5 septeuibre, midi. i85. Genève, 5 septembre, midi. ,186. Chambeisy, i5 seplembrî, midi. 187. Chambeisy, 1 5 septembre , 1 1 h. soir. 188. Chambeisy, ig septembre, midi. 10 or- calme, clair, légère „ „ ,, + 8,9 729,8 96 ? ' ^ A800 121 4,32 + i8,75int. -4- 1 5 ext. 5 int. 5 ext. ut. eit. + 9.7 + i'. + '3,9 ■\- 20,6 -\- 16,5 int. -\- i5 ext. + 9.4 int- + 10 ext. 4- 18,6 int. + i5eit. _c calme , couvert, 3 //„ „„ / î„ 723,6 Q7 , • • , •,, . 32,44° iii,a2 4ijo ' ' -"' pluie mtermittente. "^ ' ^' 0. très faible, clair, 728,4 95 terre humide, 36,o56 i3i,59 4i4' légère rosée. 728,4 91 0. très faible, clair. 33,35o 119,37 4,39 724,1 86 calme, clair. 42,088 126^7 ^'^* 724,1 79 calme, clair. 33,8oo 112,44 4j2o S. 0. violent, éclair- 728,1 91 oies, pluie inter- 33,800 107,96 0,95 mittente. S. O. très faible, 732 100 clair, terre gorgée 33,35o 89,22 3, 21 d'eau. S. O. fuible , cou- 720,3 98 vert, pluie inteiv 32,440 86,78 3,37 mittente. DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 4? 5 Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. NUMÉROS, LIEUX ET ÉPOQUES Thermotn. Barom. à 0". ri VEM, Volume d'air Poids du Carbonate de ACIDE carbonique en volume, des Obserrations. ceiitigr. millim. CIEL, etc. en litres. baryte, milligram. dam 10000 d'air. N*" 189. Faucille, sur leJura,29sept. II b. du soir, 1829. -f- 4- int. id. Bit. 649,9 85 5. 0. médiocre, ciel à moitié cou- vert, terre hu- mide. 35,476 112,85 4,22 190. Chanibeisy , 29 septembre,-!- 'o,g I i h. soir. 726,83 calme, ciel à moitié 90 couvert, terre humide. 36,o5G io5,i I 3,55 191. Faucille , sur leJura,3osept. -|- 1 1,1 midi. 65 1,7 , N. E. faible, clair, 7 terre humide. 4 1,248 120,59 3,95 192. Chambeisy , 3o septembre, midi. -f- 16,25 729,08 70 >î. E. faible, clair, terre humide. 45,212 "5,29 3,i5 "ïqi. Chambeisy, , r • . t" octobre, | '_ 1 • +12,5 est. 1 1 h. soir. ' ' iq4. Genève, 1 •? • . er i u + '3,1 lot. i'^ octobre , ■ ', ; , 1 '■ id. ext. 1 1 11. du soir. iq5. Chainbeisv, , -. ^ 2 octobre,^ t^„''f'°- midi. +'8,75 Cit. 196. Genève, 2 octobre , midi. -\- 17,25 int. -j- i6,:i5ext. 197. Chambeisy, , .> ^ . ^ 1 3 octobre, +'^.75.n. midi. +'i,25ext. 198. l.ac Léman, i3 octobre, -|- i3,75 midi. r3o 730 729^8 729,8 73. ,8 731,8 cahne, clair, rosée, ,, o r , . '<'° terre hun^ide. 33,8oo 1.5,29 4,i4 g calme, clair, légère o, o, - , „ 9^ rosée. ^^'^^o "5,7 4,28 00 calme, soleil voilé, ,00 t ., ^8 terre humide. ^='°^» »=3.°3 3,67 95 calme , soleil voilé. 37,629 i23,o3 4,o5 „5 calme, clair, terre g c nr- , ,,~ 9^ humide. 2^'°^^ «o4,46 3,54 90 calme, clair. 4'>248 ii5,7 3,4^ 476 SUR LES VARIATIONS Suite du Tableau dex Variations de l'acide carbonique atmosphérique. NUMÉROS, LIEUX ET ÉPOQUES des Observations. Thermom. cenligr. Barom. S ooa à 0". S S ■< 3 miliiiu. g S- c: VENT, CIEL, etc. Volume Poids du d'ail- Carbonate de en baryte. litres. miiligram. ACIDE carbonique ea volume, daDS 10000 d'air. N"" igg. Chambeisy, i3octob.j 1 1 h. soir, 1S29. 200. Lac Le'man , i3 octobre, -|- 4>7 729,8 Il h. du soir. 201. Chambeisy , 26 octobre, midi. 202. Chambeisy, 26 octobre, 1 1 h. du soir. 203. Chambeisy , 29 octobre, midi. 204. Chambeisy, 29 octobre, II h. du soir. 205. Chambeisy, 2 novembre, midi. 206. Chambeisy, 2 novembre, I I h. soir. 207. Chambeisy, i-j novembre, midi. 208. Chambeisy , 17 novembre, 1 1 h. soir. + 9 '°'- 72Û 3 id. ext. 729,^ -4- 4>7 «nt- o calme, clair, terre o, ,- r -l-6;25eit.729'8 '°° humide, rosée. ^^,400 1.6,92 calme, brouillard, 100 seulement sur le 35,476 110 lac. - N. E. fort, couvert, , ,- ^^ 9'" terre humide. ^7,6^9 ..7,33 97 N.E.taible,couv. ■'' terre humide. ' ' or N. E. très fort, cou- 3, o„ _ „ 85 Tert,éclaircies. 33,8oo 1 13,26 82 N. E. très fort, clair. 36,oS6 100,22 72 calme, clair. 41,248 114,89 + 7,75int. 3 4-8,5ext. 7-52 -|-7,5ext. 728,2 id. est. ^^°'^ -\- 10,25 int. 3, , + 7,5ext. 733,4 — 2,4 int. -\- 0,6 est. 734 îi:9-t 725,9 1,6 int. ,9 exl. „ calme, clair, air oc / r , 87 très électrique. ^5,476 104,29 N. E. très violent, 76 clair, quelq.nua., 4i, 248 Il8,i5 terre humide. -:'%5int ,6^ 86,5N-E;'rèsWolent,35^^^6 ,,„^8 — 1,75 ex.t 4,16 3,68 3,76 3,77 4,o4 3,29 3,35 3,38 3,4o 3,63 DE l'acide carbonique ATMOSPHÉRIQUE. 477 Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. Poids ACIDE NUMÉROS, Barom. S Volume du carbonique Thermotn. VENT, d'air Carbonate LIEUX ET ÉPOQUES à 0". n £ de volume. centigr. ^^. CIEL, etc. en Barvte. dani des Observations. millim. d litres. — 10000 milligram. d air. N"' 209. Chambeisy ,12 » 2FI nnvRmVirp. TV ' N. E. faible, couv., 25 novembre, nr ' " 722,3 98 terre humide , 37,629 108,37 3,43 midi, 182g. ' " couverte de neig. 210. Chambeisy, \ ^ c- ^ N. E. faible, cour., 25 nov., II ii'Tï'.,c > 724)8 98 terre humide, 36,o56 io3,48 3,4o "r '" ' couverte de neig. du soir. "V£'""k'''^ +5,3int. 6 décembre , , ' . •j- + 4i' est. midi. '^ ^' , o N. E. faible, couv., oc q , rn 723,2 93 terre humide. ^7,629 iio,8. 3,53 212. Chambeisy, , . . ivt c r -i 1 3 i. 1 •' ' + 2,2 inf. ,0 r N. E. laible, couv., op , c 00 3 décembre, Hj-^^^ 724,6 gS terre humide. ^5,476 .10,8. 3,70 1 1 h. soir. 2 1 3. Chambeisy , . N. E. faible, couv. 7 décembre, ^'""^Sext 7^^^'^ 9'^ terre gelée, lég. 41,248 124,67 3,5o midi ' ■ couche de neige. 21 4. Chambeisy, -><; ' f calme, couvert, 7 décembre, ., '"■" ' 734,3 98,5 terre gelée, lég. 36,o56 ii6,52 3,73 Il h. soir. ■ ■ couche de neige. 21 5. Chambeisy, ■ o- . c r\ c •^.^ ri. 1 ■' +05JIDI- o / a. U. taiDle , couv., 0 r t 1 ■ 5 décembre, ;t- g ^^^_ 732 94 terre gelék ^'^ '^^'^ ' = ' ^^^^ micii. ' ^ 216. Chambeisy, ., • .. i-. r -ui . ri. , ■' — 3,1 int. » -5 U. taiDle, couvert , , ,„ nr 1/ or 1 5 décembre, ., '. 73i,3 100 ,, ,' .., ,' 4ii248 i34,44 3,75 1, • id. ext. ' ' légers brouillards. ^ ' ^ ^'^^ " 1 1 h. soir. ° '''\ft^e2ll'^-^f^^l- 7-.4 87 "'g^,*^/-'-' '"'«36,056 .22,68 4,04 21 8. Chambeisy, o • . 1 1 • . Q 1^ r-' — 2,0 int. r o calme, clair, terre ,r / r- o t n 18 décembre, jj ^j 720,6 98 ,; ' 35,476 120,18 3,96 1 I h. soir. ■ ■ ° ■ 219. Chambeisy, i c • t S. O. faible, couv., 24 décembre, "^ ô '. 7 "918 89 qq. éclaircies, terre 37,629 io5,ii 3,36 -j- 0,3 ext. couverte de neiçe. 478 SUR LES VARIATIONS DE l'aCIDE CARBON. ATMOSPHÉR. Suite du Tableau des Variations de l'acide carbonique atmosphérique. Poids ACIDE NUMÉROS, Barora. . a Volume du carbonique en Thermom. VENT, Carbonate LIEUX KT ÉPOQUES ào". n o d air de volume, de< Observations. centigr. inillim. c et ■ * "^ a CIEL, etc. en litres. baryte, milligram. dans 10000 d'air. N"' 230. Chambeisy , a4 àéc 1 II h. ■ 1 soir, 1829. a21< Chambeisy , 26 décembre, midi. 222. Chambeisy , 3o décembre, midi. aaî. Chambeisy, 3o décembre, • ■ I i h. soir. 224- Chambeisy, 3 janvier, midi, i83o. ~ aaS. Chambeisy, 3 janvier, 1 1 h. . ■ du soir. 7,9 int. e&t. 5 int. 5,9 Cit. 4.4 int. 7.5 Bit. 7.6 int. ex.t. 6,1 int. 7,8 ext. 9,6 int. e&t. o „ cahne, clair, terre , ,0 ar _r 2 -_ 7'9'8 89 couverte de neig.^' '=^8 '^^''"^ ^'^7 N. E. très violent, 720,5 88 couvert, terre 33j8oo i23,o3 4i22 couverte de neig. N. 0. faible, soleil, 728,4 86 voilé, terre COUT. 37,639 ï 19,78 3,66 de neige. calme, couvert, 730,9 88 terre couverte de 36, o5G 127,92 4^02 neige. N. 0. faible, couv., 73a 87 terre couverte de 4 1 ,a48 1 34,44 3,71 neige. N. 0. faible, couv., 732,9 89 terre couverte de 35,476 118,96 3,76 neige. Ce Mémoire a été lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le t8 février i83o. SUITE DE LA DISCUSSION DE QUELQUES EXPÉRIENCES "ceïcdwed +46 8,80 8,j3 -47 7,00 » * 7,40 7,64 é,59 + 24 8,10 +49 8.60 9'>7 -1-37 0,006 0,006 0,073 0,076 0,0H 0,087 0,027 0,024 o,o65 0,037 0,024 o.o58 0,007 0,0J1 0,057 0,062 RESULTATS. !■■" EXPERIENCES. Sur 4 différences , 3 positives , I ne'g. MOYEUNE DES RAPPORTS. 0,040. 2''« EXPÉRIENCES. Sur 1 2 différences , 9 posit. 3 ne'gativ. Moyenne des Rapports. 0,04S on ( par une substitution requisf ) à peu près 0,040. (i) Discussion de quelques Expériences relatives à l'Influence de la Densité sur la Chaleur spécifique des gaz , § 7, page 25g de ce volume. 61 / 482 INFLUENCE DE LA DENSITÉ § 4. Remarques. i'^. Le plus grand écart que présente ce tableau est une différence de 81 centièmes du degré centigrade, dont le rapport au degré calculé correspondant est 0,087 (0- 2"^ Le moindre écart est une différence de 8 centièmes , donnant un rapport de 1 1 millièmes. 3""'. Sur les douze échauffemens comparés de la nou- velle série d'expériences, il y a trois différences où le degré calculé est en défaut, et neuf où il est en excès. Ce rapport du nombre des différences en moins et en plus , est ici pré- cisément le même que dans les quatre expériences précé- demment discutées. 4™^ La moyenne des rapports des différences aux degrés calculés qui leur correspondent est o,o45. Cette moyenne surpasse de cinq millièmes celle que donnent les quatre expériences calculées précédemment. Quoique cette di- stance entre les résultats moyens des deux séries soit bien peu considérable, elle l'est moins encore, si l'on a égard à une correction suggérée par les observateurs ( §^ 5 et 6 ). § 5. A ces remarques relatives à la totalité des expé- riences, nous en joindrons une particulière occasionée par celle des auteurs sur le résultat obtenu avec le protoxide d'azote sous la pression de 3 7 centimètres. L'échauffement en cinq minutes a été, d'après leur table, de 7°,5o- Mais ces observateurs estiment qu'il s'est glissé une erreur dans la détermination de ce nombre, et qu'il doit être plus élevé. (i) Ce grand écart, et la plupart des écarts les plus cousidérables ont eu lieu sous les moindres pressions , ainsi qu'ils s'étaient manifestés dans la première suite d'eipériences. SUR LA CHALEUR SPÉCIFIQUE DES GAZ. 483 Cette conjecture, impartiale sur leur propre observation, se trouve confirmée par le calcul. i° L'ëchauflFement qui leur est suspect (7°,5o) est précédé au tableau par le degré ob- servé 7,20, auquel répond le calcul 7,38 , qui en diffère assez peu (différence -+-18, rapport 0,024). Mais entre le degré suspect et le calcul qui lui correspond (7°,5o et 7°,96), la différence est +46 et le rapport o,o58, plus que double du précédent. C'est bien ce que l'on avait lieu d'attendre de la supposition que le nombre 7,60 (faisant office de soustrac- teur) devrait être plus élevé. 1° Par une conséquence inévi- table, la différence des deux degrés subséquens (l'un observé, l'autre calculé) doit être trop grande, en sens contraire (puis- 33 que dans la proportion V27 : V5'] = 7,5o : x, si le troi- sième terme est inférieur à ce qu'il devrait être, le quatrième aura le même sort). En effet, les deux nombres à comparer, S,8o et 8,33 , ont une différence négative (—47), dont le rap- port au degré calculé est o,oo36. 3° Si , pour corriger ce nombre calculé, on substituait, dans la proportion d'où il dérive, au nombre observé suspect (7,5o), celui qui lui cor- respond sur le tableau comme résultat du calcul (7,96), on obtiendrait un résultat satisfaisant, c'est-à-dire, un degré calculé presque coïncidant avec l'observé. Voici le résultat de ces opérations successives: ;ressio2is ECHAUFFEMENS OBSERVES. CALCULES. DIFFEBENCES RAPPORTS des diH'e'r. aux dfgr. cale. Sans changement au nombre marque d'un ? ûo 37 7°, 20 y.ôo? 8.80 7°.58 7-96 8,jj +46 -47 0,024 o.o58 o,oj6 Substituant le calcule'au degré' \ ~° suspect (savoir 7,9637,50). I ''J \ ■'7 7°, 20 (7-96) . 8,&o 7°,58 4-18 * + 4 0,024 o,oo4 484 INFLUENCE DE LA DENSITÉ Les nombres 8,80 et 8,84 sont bien près de coïncider. On peut même remarquer que dans les échauffemens précédens, l'observé étant inférieur au calculé, il aurait convenu de diminuer un peu le nombre substitué. Or, si au lieu de 7 ",96 (donné par le calcul sous la pression de 67 centimètres) on avait employé le nombre 7,90, on aurait obtenu par le cal- cul 8°,8o et par conséquent une parfaite coïncidence avec l'observation. § 6. Une telle coïncidence toutefois est moins analogue aux résultats généraux de la comparaison qui nous occupe, que ne serait une succession, sinon régulière, du moins approximative , des rapports qui mesurent les écarts de la loi, et d'où finalement résulteraient des moyennes de ces rapports qui, dans les deux séries d'expériences, furent si peu divergentes qu'on ne put élever aucun doute sur l'in- fluence d'une cause commune. Ces conditions se trouvent remplies en substituant , dans le protoxide d'azote sous la pression de 3 7 centimètres, au nombre de degrés qui est devenu un objet de défiance (7°,5o), le nombre 7°,70. Voici le résultat de ce léger changement : PRESSIONS. ECHAUFFE OBSERVÉ. MENS EN 5' CALCULÉ. DIFFÉRENCES. RAPPORTS Jes différences au degré calculé. 5o 27 7°, 20 0,00 7",38 7 '96 8,55 + i8 + 26 — 25 0,024 o,o33 0,029 (*) Substitué à 7,5o. SUR LA CHALEUR SPÉCIFIQUE DES GAZ. 485 L'effet de cette substitution serait de rapprocher les moyennes des deux séries d'expériences dans leurs écarts ( mesurés par les rapports des différences aux nombres cal- culés )j car, dans la dernière série, cette moyenne serait = o,o4o, et par conséquent la même que dans la ., . U.IDl - . , première, savoir : — — = o,o4o ; rigoureusement dans o,i6i T lune o,o4o5o, et dans l'autre o,o4o25; quantités qui, dans un objet de ce genre, peuvent bien être réputées égales. 5 7. En dernier résultat , la loi, à laquelle nous avons été conduits théoriquement, paraît ici s'être vérifiée dans des limites qui , malgré bien des écarts, présentent en sa faveur un argument de quelque poids. Les observations sur les- quelles repose une telle vérification sont d'une nature déli- cate; et d'ailleurs l'action de la cause d'oi!i la loi dépend est soumise à l'influence de quelques autres causes , ou de quel- ques circonstances plus ou moins indétermine'es , qui peuvent servir à expliquer certaines irrégularités. Peut-être enfin, dans un sujet difficile et compliqué, doit-on donner quelque attention à une loi, dont les appli- cations (au nombre de seize) présentent des résultats assez d'accord avec elle. La moyenne des écarts , à. peu près égale dans deux séries d'expériences, s'élève bien peu au-dessus de la vingt-cinquième du degré calculé- Sur le nombre total de 16 une seule expérience présente un écart de près d'un onzième du degré calculé auquel il se rapporte. Les écarts sont en sens opposés, avec un penchant marqué et uni- forme pour l'un de ces sens. Cette circonstance ne laisse- 486 INFLUENCE DE LA DENS. SUR LA CHAL. SPÉCIF. DES GAZ. t-elle pas l'espérance de pénétrer au-delà , et de parvenir à démêler les causes de ces deux espèces d'anomalies qui semblent être entre elles dans un rapport constant? FIN, 1 TROISIEME ]\OTICE SUR qui ont fleuri dans le jardin botanique de genève ; Par m. de CANDOLLE, ÏROrESSEUK ET DIRECTEUB DU JAEDIN. [Lue à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le -ijuin 182g.] Déjà, dans deux Notices insérées aux volumes I et II de la collection des Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle,]^ ai fait connaître quelques-unes des plantes qui ont fleuri dans notre Jardin botanique, et je continuerai ici ce recueil d'observations. Cette Notice sera principalement relative aux espèces d'ombellifères dont j'ai réuni un grand nombre depuis quelques années. L'ensemble des résultats que j'ai obtenus sur cette famille, a déjà été consigné, soit dans un Mémoire spécial qui fait le N° V de la collection de mes mémoires, soit dans le IV« Vol. du Pro- 488 SUR LES PLANTES RARES dromus , prêt à paraître. Je me bornerai à présenter ici les observations isolées sur les espèces que j'ai observées vivantes, et qui n'ont putrouver place dans des ouvrages plusgénéraux. La principale acquisition que notre Jardin a faite dans ces dernières années, est une collection de cinquante Cactées nouvelles, que M. le docteur Coulter a découvertes au Mexi- que, et qu'il a bien voulu nous adresser; j'en ai donné l'énu- mération et le caractère abrégé dans ma revue des Cactées (Mémoires du Musée d'Histoire Naturelle, 1829), et je ne les mentionne ici que pour avoir occasion de réitérer l'expres- sion de noti'e reconnaissance pour ce bel envoi. I. Platylobium triangulare R. Br. h. kew. IV. p. 266; DC. prod. II, p. 116. Ce petit sous-arbrisseau se trouve souvent dans les jar- dins sous le nom de Podolobium triangulare : mais cette dénomination est inexacte^ les Podolobium ont les élamines libres et appartiennent à la tribu des Sophorées; le Platylo- bium a les étamines monadelphes^, et appartient à la tribu des Lotées : il faut cependant ajouter que la partie soudée des étamines n'y était guère que le tiers de leur longueur, et que le faisceau offre une fente du côté supérieur. Cette fleur est encore remarquable par son étendard jaune en dedans et d'un pourpre brun à lexteneur, de sorte que le bouton est fort différent par sa couleur de la fleur épanouie. Outre la figure du Botan. Magazin. pi. i5o8, que j'ai citée dans le Prodromus^ on en trouve une autre à la pi. i4i4 du Bota- jiical Cabinet. DU JARDJN BOTANIQUE DE GENÈVE. 489 2. UmBELICUS HORIZONTALIS DC. PrOfl. III. p. 4oo. Cette espèce, confondue comme quelques autres , avec VUmhilicus pencluUnus (Cotylédon umbilicus, Lin.), en a été avec raison séparée par M" Gussone et Tenore^ le pre- mier de ces botanistes l'a découverte en Sicile , et l'a designée en 1826, dans le catalogue des graines du jardin de Palerme, sous le nom de Cotylédon horizonlalis; ce nom spécifique exprime la position des fleurs horizontales et non pendantes, comme dans V Umbilicus penduUnus, ni redressées comme dans r Umbilicus erectus- Quant aux motifs qui m'ont engagé à diviser le genre Cotylédon de Linné, à conserver le nom Linnéen aux espèces du Cap, et à reprendre le nom des an- ciens pour celle d'Europe ou d'Asie, je me réfère à mon Mé- moire sur les Crassulacées (Coll. Mém. II ), et je me borne à donner ici une description de cette espèce, dont on n'a encore que le diagnostic abrégé. La plante que j'ai sous les yeux a été semée au printemps de 1827, de graines provenant du jardin de Palerme, et con- servée dès-lors en orangerie; elle a fleuri à la troisième an- née, c'est-à-dire en mai 1829. Pendant les deux premières années, sa racine, qui est épaisse et irrégulièrement tubé- reuse, donnait naissance à une rosette de feuilles radicales d'un vert clair^ ces feuilles ont un pétiole presque cylindri- que de 3 à 4 lignes d'épaisseur, long de 4 pouces, terminé par un limbe pelté, concave, orbiculaire, un peu charnu, et à dentelures larges obtuses peu régulières j ce limbe a un pouce et demi de diamètre, il est parfaitement glabre, ainsi que tout le reste de la plante. TOM. IV. 62 490 SUR LES PLANTES RARl'.S Dès la troisième année, la tige florale s'est alongée, et at- teint, sans se ramifier, deux pieds de hauteur j elle est cylin- drique, garnie de feuilles dans la moitié inférieure de sa lon- gueur, et de fleurs dans la moitié supérieure. Les feuilles radicales se sont peu à peu desséchées; les inférieures leur ressemblent beaucoup, mais ont le pétiole déprimé un peu sillonné en dessusj ce pétiole diminue graduellement de lon- gueur, et la dix-huitième ou vingtième feuille commence à avoir le limbe sessile : le limbe des feuilles inférieures est arrondi, non pelté mais attaché au pétiole par le bord, muni des mêmes dentelures que les feuilles radicales; ce limbe de- vient graduellement plus ovale et plus entier. Puis d'ovale ce limbe devient plus petit, oblong et pointu, et on suit ainsi sa transformation graduelle jusques aux bractées ou feuilles florales qui sont lancéolées, entières, aiguës, longues de trois à cinq lignes. 11 est vraisemblable que le type de l'ordre de ces feuilles , et par conséquent des fleurs, est une spi- rale quinconciale , mais je n'ai su la reconnaître avec précision. Tout le feuillage devient d'un vert jaunâtre au moment de la fleu raison. Les fleurs forment un épi alongé cy- lindrique qui commence à fleurir par le bas; elles sontsessi- les ou munies d'un pédicelle peu apparent, et toujours plus court que la bractée. Les fleurs sont horizontales, même avant leur développement complet, et conservent cette position après la fleuraison. Chaque fleur est solitaire à l'aisselle d'une bractée j elle se compose d'un calice à cinq sépales légèrement soudés par leurs bases, lancéolés, aigus, et si semblables en petit aux bractées, que leur analogie est évidente. La corolle est d'un blanc sale, tirant sur le jaunâtre ou le verdàtre; tu- DU JARDIN BOTANIQUE DE GENÈVE. 49' huleuse, longue de trois lignes, terminée par cinq dents cour- tes, dressées, triangulaires, aiguës en estivation embriquée presque spirale. Les dix étamines ont leurs filets collés avec le tube de la corolle et les anthères sessiles vers l'entrée de ce tube, cinq devant, cinq entre les lobes de la corolle; ces dernières sont situées un peu plus bas, et sont un peu plus précoces que les autres 5 toutes sont arrondies, très petites, presque didymes, à deux loges pleines de pollen 5 celui-ci est d'un blanc jaunâtre. Le pistil se compose de cinq carpelles dressés , rapprochés , d'un vert foncé, à trois faces, dont lextérieur est convexe : ces carpelles sont aussi longs que le tube de la corolle; ils n'ont point de style, et se terminent par un stigmate sessile jaunâtre arrondi , et garni de papilles peu saillantes. A la base externe de chaque carpelle, on voit unee'caille oblongue, plane, longue d'une demi-ligne, terminée par une échancrure à peine visible à la loupe. Cette écaille ne paraît pas necta- rifère, et sa consistance est analogue à la corolle. Les cinq carpelles se transforment en autant de follicules courts , épais, polyspermes, dressés , et qui portent les graines sur les deux côtés du bord rentrant : ces graines sont très petites, et ne m'ont rien offert digne dêtre note'. 3. Sempervivu.m barbatum var. b. hybridum Salm-Dyck in DC. prod. III. p. /^^2.. J'ai reçu de M. Haworth, sous le nom de Sempervivum hy- bridum , une plante qui est très probablement celle que M. le prince de Salm-Dyck a désignée sous le même nom, en la rapportant comme variété au S. barbatum de C. Smith. 492 SUR LES PLANTES RARES Est-elle rëelleinent une variété du 6\ barbatum dont elle diffère par ses feuilles linéaires oblongues , et non spatulées, ou une variété du S. cœspitosuin, dont elle se distingue par 1 absence de toute rosette de feuilles et par sa tige rameuse et tortueuse, ou enfin une hybride produite par ces deux espè- ces ? C'est ce que je n'oserai décider. Je me bornerai donc à la décrire sans rien affirmer sur son origine. Sa tige est ligneuse à sa base , cylindrique et terminée par quatre ou cinq rameaux verts tortueux , couverts surtout dans leur jeunesse par de très petits poils serrés , et assez sem- blables, par leur apparence blanchâtre, à de petites glandes. Les rameaux se divisent iri'égulièrement vers le sommet. Les feuilles sont éparses, linéaires-oblongues, presque pointues, légèrement charnues, sessiles, vertes dans leur jeunesse, puis marquées en dessus d'une raie brune longi- tudinale qui représente la nervure moyenne : on trouve aussi quelques autres raies courtes et brunes sur l'une et l'autre surface. Le bord de la feuille est muni de petits cils glandu- leux, blancs, très courts et plus près de la nature des glandes que les poils des branches. Les fleurs sont disposées d'après deux systèmes : i° on trouve vers le bas des branches florales, soit à leur bifurcation, soit latéralement et hors de l'aisselle d'aucune feuille, quel- ques pédicelles solitaires nus et uniflores qui fleurissent les premiers; 2" après ces pédicelles épars, il se développe au som- met de chaque rameau une véritable cyme corymbiforme, à fleuraison centrifuge, composée de vingt à vingt-cinq fleurs pédicellées et dépourvues de bractées. Les fleurs sont à huit sépales verts, oblongs, très légère- DU JARDIN BOTANIQUE DE GENÈVE. 493 inent réunis par la base, à huit pétales jaunes ovales- longs, un peu pointus et en estivation contournée en spi- rale de droite à gauche avant l'épanouissement, à seize éta- inines à peu près égales à la longueur des pétales, enfin à six carpelles libres, dont les styles égalent la longueur des étamines , et se terminent par un stigmate en tête et un peu hérissé. Je ne vois aucune glande à la base externe des ovaires. 4. ZiZIA INTEGERRIMA DC. Cette jolie ombellifère est connue des botanistes sous le nom de Smyrnium integerrimum. Lin. sp. 1 468 ; et sous celui de Sison integerriinus, Spreng. syst. I. p. 887. Mais elle ap- partient certainement au genre Zizia de Koch, comme on pouvait déjà le présumer d'après la couleur jaune de ses fleurs, qui indique leur analogie avec les deux espèces de Zizia déjà rapportées par Koch, savoir les Z. aurea et cor- data. Elle s'en distingue très bien par ses feuilles deux fois trifides, à segmens ovés très entiers, un peu glauques, et qui ressemblent un peu à ceux de certaines clématites. L'ombelle n'a point d'involucre; les ombellules ont un invo- lucelle à une seule foliole très courte. Cette espèce , origi- naire de l'Amérique septentrionale et notamment des monts Alléghany, a fleuri dans le Jardin au mois d'août, mais n'a pas mûri ses graines- 5. Helosciadum leptophyllum DC. Le jardin de Genève a reçu des graines de cette espèce sous divers noms, tels que Seseli ammoides, Fimpinella laterL- 494 SUR LES PLANTES RARES fiora, etc. 11 aurait pu en recevoir sous plusieurs autres, car il est peu de plantes qui présentent une synonymie aussi longue parmi celles qui n'ont été connues que des modernes- Ainsi, il est possible que ce soit le Sison ainini de Linné, mais tout au moins il est certain que c'est celui de Jaquin (hort. vind. t. 209); c'est encore la Pimpinella leptophyLla de Persoon (Ench. 1 , p. 224), Xj^tliusa awffZiSprang. Umb. prod. 22, et aussi son j^thusa leptophylla, c'est le Pimpinella laterlflora de Link enum. hort. ber. I. p. 285 (mais en excluant la synonymie), et par conséquent V Helosciadium laterifloruin de Koch. Outre tous cesnoms déjà publiés, il faut rapporter ici plusieurs noms inédits répandus dans les collections , tels que Pim- pinella Domingensis Willd. , Pimpinella capillacea Poit. Sison fasciculatum Pohl. , Sison Haenkei Presl. ; au mi- lieu de cette confusion, qui donne une idée de celle qu'on trouve dans les ombellitères, M. Koch a très bien rapporté cette espèce à son genre Helosciadum. Quant au nom d'es- pèce , le droit de priorité aurait dû faire admettre celui à'^mmi, s'il était sûr que le nom de Linné sy référât, et si ce nom ne causait pas d'autres erreurs, puisque les synonymes sur lesquels il se fonde, sont pour la plupart erronnés. Le nom qui vient après, dans l'ordre des dates, est celui de leplophyllum, et j'ai du l'admettre soit par sa plus grande ancienneté, soit parce qu'il peint très bien la plante , soit parce que le nom de laterijloriim, pi'éféré par M. Koch, se rapporte à une désignation inexacte, et fait allusion à un caractère com- mun à plusieurs espèces. La confusion de nomenclature de cette plante ne tient pas à ce que ses caractères sont difficiles à saisir, car ils sont DU JARDIN BOTANIQUE DE GENÈVK. 49^ au contraire extrêmement clairs 5 mais à ce qu'elle a été dé- couverte presqu'à la fois dans plusieurs pays très éloignés les uns des autres- Ainsi, j'en ai vu des échantillons prove- nant de la Louisiane, de Tampico dans le golfe du Mexique^ de Saint-Domingue, du Brésil, du Chili, et même de la Nou- velle-Hollande, s'il n'y a aucune erreur dans le N° 48 1 des Plantes de la Nouvelle-Hollande de Sieber. Cette plante est annuelle; sa racine est grêle, peu rami- fiée, sa surface est entièrement glabre, sa tige tantôt droite, tantôt diffuse ou même couchée, et c'est dans ce dernier état qu'elle a été décrite par Link , comme une espèce dis- tincte de celle de Jaquin. Ses feuilles sont découpées en lobes nombreux, multifides, étroits, linéaires ; les ombelles naissent opposées aux feuilles, tantôt sessiles, tantôt pédonculées; elles se composent de deux ou trois rayons à ombellules pé- donculées : les involucres et les involucelles manquent complètement. Les détails de la fleur répondent à la figure de Jaquin, ceux du fruit à la description de Koch. Je possède une plante très voisine de la précédente, qui a été trouvée dans le Chili par M. Pœppig, et dans le Pérou par Dombey. Elle ressemble beaucoup à \.H. leptophyllum-, mais les lobes de ses feuilles sont plus larges, plutôt oblongs que linéaires. Les feuilles de la tige> au lieu d'être ses- siles ou presque sessiles comme dans la précédente, sont évidemment pétiolées ; sa tige est droite dans tous les échan- tillons que j'ai vus. Cette espèce est désignée par Lhéritier, dans l'herbier de Dombey, sous le nom de Sison laciniatum, et je la désigne sous celui de Helosciudiuin laciniatum. Peut-être n'est-elle qu'une variété de la précédente. 49*5 SUR LES PLANTES RARES 6. Ptychotls CoPTiCA DC. Cette espèce est une de celles sur lesquelles il y a le plus d'erreurs et de divergences d'opinions ; il n'y a aucun doute que c'est celle que Linné et Jaquin ont désignée sous le nom à' Ammi Copticum; mais en même temps j'ai peu de douteque Linné ne l'ait désignée dans le même ouvrage sous le nom de Buniuni aromaticum, au moins daprès les figures qu'il en cite. Dès-lors elle a été appelée Daucus copticus par Persoon, Bunium Coplicum par Sprengel, et enfin M. Link en a fait un genre nouveau sous le nom de Trachispermum Copticum. Ce genre ne me paraît être qu'une simple section duPtychotis de Koch ; le Ptychotis se distingue, au milieu de toutes les Amminées par un caractère singulier; savoir, que la nervure moyenne du pétale semble donner naissance en dessus à deux petites lames de nature pétaloïde; si on com- pare ces pétales avec ceux des autres ombellifères, on restera, je pense, convaincu que la languette ou partie extrême du pétale, qui dans les autres ombellifères se replie fréquem- ment sur la nervure moyenne, offre ici cette singularité, qu'elle se soude avec elle , et forme ainsi une espèce de double crête sur le disque du pétale. Ce caractère se retrouve dans notre plante, quoique peu prononcé. Le Trachispennum a reçu ce nom, parce que les fruits y sont légèrement muri- qués ou chagrinés au lieu d'être lisses comme dans le Ptycho- tis; mais M. Koch a très bien montré que ces petites aspérités de la surface du fruit des ombellifères ne méritent point de déterminer des genres, quand elles ne font pas partie des cô- tes primaires ou secondaires du fruit. Enfin le Traclùsper- DU JARDIN BOTANIQUE DE GENÈVE. ^97 mum offre quelques folioles linéaires , entières ou trifides , soit à linvolucre, soit àl'involucelle, tandis que les vrais Pty- chotis n'ont ni involucre ni involucelles. On sait encore main- tenant que ce caractère, déduit de l'inflorescence, ne peut servir à distinguer les genres. Il résulte donc de ces considé- rations, que le Trachyspermuin ne peut être considéré que comme une section du Ptychotis, et que la plante doit prendre en conséquence le nom de Ptychotis Coptica. Il me paraît que la plante appelée Seseli animoides par Jac- quin, ou Seseli fœnicuUfoUum par Poiret, peut à peine être distinguée de celle-ci; la première a des ombelles à dix ou douze rayons, la variété à feuilles de fenouil n'en a que six à sept. J'ai vu l'une et l'autre vivantes dans le Jardin. C'est à cette même section des Ptychotis qu'on doit rap- porter le Ligusticum ajowan de Roxburgh, plante de l'Inde, dont les graines aromatiques sont célèbres sous les noms de ajowan, Ajoiice , ^jawax , ou Juvanee. Je m'en suis assuré par l'examen d'échantillons provenant de Roxburgh même, et qui m'ont été communiqués par M. Lambert. Cette plante devra donc prendre le nom de Ptychotis ajowan. 7. BUNIUM VIRESCENS DC. Cette plante paradoxale, et qui a tant occupé les botanistes depuis quelques années, a été envoyée au Jardin de Genève, dès 1820, par M. le docteur Lorey , botaniste habile, qui l'a découverte au mont Afrique, près Dijon. J'en ai' aussi reçu des échantillons desséchés de MM. Cordienne, Balbis, Ste- van et du Jardin de Paris. Il ne fallait rien moins que ces TOM. IV. 63 498 SUR LES PLANTES RARES diverses communications pour reconnaître cette espèce, sur laquelle des erreurs de divers genres ont été commises. La plante du mont Afrique a été confrontée dans le Jardin de Paris avec une plante de Crimée, qui , je ne sais comment, a été prise pour le Pcucedanum Tauricuni^ mais la seule lecture de la phrase spécifique suffisait pour prouver que la plante de Bourgogne ne pouvait appartenir à cette espèce, outre que la vue de son fruit démontrait qu'elle n apparte- nait pas au genre. Malgré cela, elle fut admise au Jardin de Paris, sous le nom de Peucedanuni Tauricum , et d'après cette autorité, MM. Lorey et Duret l'admirent sous ce nom dans leur catalogue des plantes de la Côte d'Ur. Cependant M. Sprengel, en ayant reçu des échantillons qui probable- ment provenaient aussi de M. Lorey, décrivit cette plante sous le nom de Siiim virescens, la rapportant ainsi à un genre dont elle est plus voisine que du Peucedanum. Je suis assuré de ce nom de Sprengel par un échantillon étiquete' par lui dans l'herbier de Balbis. D'un autre côté, M Cor- dienne ayant trouvé cette plante en Bourgogne, en 1B24, m'en envoya des échantillons que je jugeai identiques avec ceux de M. Lorey, mais M. Loiseleur pensa autrement, et tout en admettant dans sa nouvelle Flora Gallica le Siani virescens , il admit aussi un Siuni Cordieni- Une fois cette filiation de synonymes établie par des échan- tillons authentiques, il restait à déterminer à quel genre cette espèce appartient, et avec quelle espèce on doit le comparer. " La plante du mont Afrique n'appartient évidemment ni au genre Peucedanum, ni à la tribu des Peucedanées, mais DU JARDIN BOTANIQUE DE GENÈVE. 499 elle se range parmi les Amminees ; ses caractères 1 éloignent peu des Sium, cependant son fruit est plus long. Les deux parties de ce fruit ne sont pas resserrées vers la commissure; sa graine est décidément plane du côté intérieur, et surtout sonport est très difFërentde celui desSium. On nepeuthésiter selon moi à la placer que dans le genre Carum ou dans le genre Bunium. Ces deux genres sont si voisins qu'on pourrait presque les réunir , cependant M- Koch les sépare encore, en admettant que le Carum n'a qu'un canal oléifère dans cha- que vallécule , et le Bunium en a deux ou trois. Les fruits de la plante de Bourgogne offrent encore de l'ambiguité sous ce rapport; on y trouve en général deux ou trois canaux dans les vallécules latérales, et un dans les vallécules dor- sales; mais je penche à la placer dans les Bunium: i" par- ce que j'ai vu plusieurs fois les rudimens de trois canaux dans les vallécules dorsales; et 2.° parce que les affinités de cette espèce sont évidentes avec les Bunium peucedanoides et luteum , qui ont trois canaux avec plus de constance dans toutes les vallécules. Ces trois plantes, remarquables parmi les Bunium, par leurs fleurs jaunes et non blanches , forment une petite sec- tion dans le genre: je la nomme Cliryseuni. Cest à elle que se rapporte la plante du mont Afrique, mais son his- toire n'est pas encore complètement éclaircie : elle a de tels rapports avec le Bunium peucedanoides de Bieberstein , qu'il est encore douteux si elle doit être considérée comme une espèce distincte. Après un examen plusieurs fois répété , je ne vois, pour les distinguer, d'autres différences, sinon que: 1° le Bunium 5oO SUR LES PLANTES RARES peucedanoides a les segmens et les lanières des feuilles infé- rieures sensiblement plus larges que celles des feuilles supé- rieures , tandis que les lanières du Bunium virescens sont toutes étroites et linéaires; 2" les fruits du Bunium peuceda- noides sont un peu plus courts que ceux du Bunium vires- cens ; 3° les canaux oléifères du Bunium peucedanoides sont plus évidemment au nombre de deux ou trois dans toutes les vallécules. Je conserve donc ces deux espèces comme distinc- tes, mais avec beaucoup de doute; j'en ai d'autant plus, que je possède des échantillons de Crimée , qui par le feuillage se rapprochent tout-à-fait de ceux de Bourgogne. Les détails dans lesquels je viens d'entrer suffiront pour éclaircir l'histoire de cette plante, en les joignant à la des- cription de M. Sprengel. Je n'en donne pas ici la description complète , sachant que M. Lorey la donnera, ainsi que la figure, dans la Flore de la Côte d'Or qu'il va publier. 8. BUPLEVRUM MULTINERVE. DC! Cette plante est provenue de graines envoyées en 1826 par M. Fischer, et qui avaient été recueillies aux monts Al- taï. Elle constitue une espèce voisine du Bunium longifo- lium et du Bunium aureum, mais bien distincte de l'une et de l'autre. Elle estvivace, complètement glabre ; la tige est droite , haute d'un pied, cylindrique , rameuse, dichotome, à peine fistuleuse. Les feuilles radicales sont oblongues, lancéolées, rétrécies aux deux extrémités, marquées de 7 ou 9 nervures longitudinales, longues de quatre pouces sur cinq à six DU JARDIN BOTANIQUE DE GENÈVE. 5ol lignes de largeur. Celles de la tige sont dilatées et embrassan- tes à leur base, acuminées au sommet, et marquées de près de quarante petites veines parallèles très fines. Les ombelles sont composées de neuf à treize rayons filiformes beaucoup plus longs que les folioles de l'involucre. Celles-ci sont au nombre de quatre à six , ovales, planes, inégales, étalées, pointues, d'un vert jaunâtre, marquées d'environ quinze veines parallèles presque simples. Les ombellules présentent quinze à vingt pédicelles égaux àlalongueur des fruits; l'in- volucre partiel se compose de cinq folioles ovales, acuminées, jaunes, plus longues que l'ombellule même à la maturité du fruit, et marquées de veines très fines. Chaque fleur présente un calice soudé avec l'ovaire, et dont les dents sont à peine visibles, cinq pétales jaunes, arrondis, un peu roulés en de- dans vers le sommet 5 cinq ëtamines qui tombent de bonne heure; deux styles courts d'abord dressés, puis divergens et réfléchis, dilatés à leur base en deux stylopodes planes et demi-orbiculaires. Le fruit est glabre, un peu glauque, légè- rement comprimé , à cinq côtes peu saillantes sur chaque méricarpe, séparées par des vallécules lisses. .l'ai reçu des échantillons desséchés de deux variétés de la même plante, provenant à peu près du même pays; l'une à feuilles plus étroites, plus glauques, à involucre composé de deux folioles seulement. Elle croît, d'après M. Prescott, sur les hauteurs delà Dahourie, près du fleuve Onone. L'autre a la tige presque simple, les feuilles plus étroi- tesj l'involucre atrois ou quatre folioles. M. Fischer, qui me la transmise, l'avait reçue des monts Altaï. 5oa SUR LES PLANTES RARES 9. Œnanthe silaïfolia Bieb. Le genre OEnanthe, tel qu'il est constitué aujourd'hui (c'est- à-dire, en y réunissant l'ancien genre Phellandrium , et en séparant le Lichtensteinia de Cham. et Schl., le Scleroscia- dium de Koch et i'Anesorhiza de Cham. et Schl. auquel plusieurs espèces du Cap devront peut-être appartenir), le genre OEnanthe, dis-je, est un des plus naturels de la famille des ombellifères, et par conséquent l'un de ceux où les es- pèces offrent le plus de difficultés. Une des causes de leur ambiguïté est qu'on y a en général trop négligé la descrip- tion des racines. En les examinant, on trouve que le genre se divise en deux sections, selon que les racines sont fibreuses, comme dans VŒnanthe phellandrium et deux nouvelles espèces de l'Inde, ou composées de fibres tubé- reuses et fasciculées comme dans toutes les autres espèces européennes; parmi celles-ci la forme de ces tubercules détermine un bon moyen de reconnaître les espèces. Ainsi VŒ. fistulosa est stolonifère, et a ses racines composées de fibres cylindriques , entremêlées de tubercules oblongs ; l'Œ. pimpinelloides a les fibres de la racine cylindriques , renflées abruptement vers leur extrémité en un tuber- cule ovale-globuleux; \'Œ. Cl ocata ,\'Œ. proliféra., etc., ont des faisceaux de tubercules oblongs , sessiles au collet; VŒ,. globulosa a ses tubercules oblongs, sessiles, mais prolongés en un long filet grêle 5 \CE. peucedanifolia a des tubercules ovales ou un peu oblongs, sessiles au collet 5 et Vœ. Lache- naliinn faisceau de fibres cylindriques un peu charnues. En- tre ces deux espèces on doit placer celle qui fait le sujet de cet DU JARUIN BOTANIQUE DE GENÈVE. 5o3 article, et qui se distingue par ses fibres ou tubercules radi- caux, oblongs, presque fusiformes, plusëpaiset plus évidem- ment tubéreux que dans l'Œ. Lachenalii , plus longs et beaucoup plus rétrécis à la base que dans l'Œ. peucedani- folia. J'avais jadis observé cette espèce dans les prés humi- des de Mireval près de Montpellier, et je l'avais admise dans le jardin de cette ville , sous le nom inédit à'Œ- glauca. M. Smith l'avait décrite et figurée (Engl. bot. t- 348), comme étant le vrai Œ. peucedanifolia; et enfin, M. de Bieberstein l'a admise comme espèce distincte sous le nom d'Œ. sildifolia ; je l'ai aussi reçue de M. Koch sous le nom d'Œ. virgata, mais il n'est pas suffisamment prouvé que ce soit \'Œ. virgata de Poiret,et dans ce doute, il convient mieux d'admettre le nom de Bieberstein; cette plante est probablement plus ré- pandue qu'on ne le pense, caria voilà connue en Angleterre, à Montpellier et en Crimée, et elle vient dêtre retrouvée aux environs de Genève, par MM. Seringe et Duby, aux marais de Sionnet ; et par M. Mercier, à ceux deRosset. Elle se distingue de l'Œ. pe«cec7a/20jc^es; i° par la structure des racines décrites plus haut ; 2° par la teinte pâle et glau- que de son feuillage 5 5° par ses fruits plutôt ovales qu'ob- longs, et qui ne sont ni rétrécis à la base, ni resserrés au sommet sous le limbe du calice. 10. SESEU PALLASii Bess. cat. hort. Crem. 1816, p. i3o. Cetteespèce, très voisine des variétés du Seseli montanum, est assez répandue dans les jardins botaniques , d'oii ses graines me sont provenues , tantôt sous le nom de Seseli cras- sifolium , tantôt sous celui de Seseli Pallasii que lui a im- ?io4 SUR LES PLANTES RARES posé M. Besser: le premier de ces noms peint assez bien son aspect, mais le second, étant seul imprimé, doit être admis. Ce Seseliest entièrement glabre et de couleur glauque. Sa tige est droite, cylindrique, rameuse vers le haut. Les feuilles sont deux ou trois fois pinnatiséquées , à lobes linéaires , planes, un peu épais, entiers sur les bords, légèrement poin- tus j les feuilles du haut sont à trois lobes linéaires ou même entièrement simples; l'ombelle générale est dépourvue d'in- volucre, penchée avant la fleuraison, puis dressée, composée de dix à douze rayons : chacun de ceux-ci porte uneombel- lule de dix-huit à vingt fleurs blanches, et est munie d'un involucelle composé de dix folioles linéaires subulées , libres entre elles, et un peu plus courtes que les pédicelles des fleurs. Chaque fleur offre un calice dont le tube est obové, ad- hérent à l'ovaire, et marqué de dix côtes : il se termine par cinq dents courtes et pointues; deux prennent naissance sur le méricarpe extérieur, et trois sur l'intérieur. Les pétales sontovés, à pointe infléchie, égaux entre eux, trois situés sur le méricarpe extérieur, et trois sur l'extérieur. Les étamines sont alternes avec les pétales, comme ceux-ci avec les dents du calice. Les styles sont au nombre de deux, épanouis à leur base en un stylopode épais, en forme de coussinet, et divisé en deux par un sillon transversal, indiquant la séparation des méricarpes. Dans les ombelles latérales, qui sont souvent stériles, les styles sont courts et en forme de tubercules; ils sont alongés et déjetés, l'un en dehors, et l'autre en dedans de l'ombelle; dans l'ombelle centrale le fruit est de forme DU JAEIDIN BOTANIQUE DE GENÈVE. 5o5 ovée, à cinq dents calycinales» à dix côtes égales distribuées sur les deux méricarpes, d'après la loi générale indiquée dans mon mémoire sur les ombelliferes (DG- Coll. Mém. V), les vallécules sont munies chacune d'une raie brune qui in- dique la place des canaux oléifères; on en compte deux sur la commissure. Cette espèce ressemble au S. leucospermum , dont elle diffère par son fruit complètement glabre^ au Se- seli elatum, dont elle se distingue par son fruit non tuber- culeux, même dans sa jeunesse : elle s'approche surtout du Seseli niontanum , dont, au jugement de quelques-uns, elle est une simple variété; mais elle se conserve si tranchée dans la culture, que j'aurais peine à ne pas l'admettre comme distincte. 1 1 . LlBANOTIS BUCHTORMENSIS DC. Il existe encore à peine une description complète de cette plante, et déjà elle a été placée dans plusieurs genres différens. M. Fischer, qui l'a reconnue le premier, l'a placée d'abord parmi les Athamantha de Linné, puis parmi les Bubon de Sprengel, à raison de son fruit velu ; M. Koch, considérant de plus près la structure du fruit, l'a rangée parmi les Seseli : mais le port de cette plante, aussi bien que la nature deson calice, la rapprochent du Libanotis; et j'ai exposé ailleurs les motifs (Coll. Mém. V. p. 4? ) qui m'ont décidé à Conserver, séparé des vrais Seseli, le genre Libanotis de Crantz et de Goertner. On avait cru qu'il n'existait d'autre différence entre ces deux genres, que l'absence ou la présence de l'invo- lucre , et alors malgré la différence du port, on était obligé de les réunir; mais le Libanotis se distingue et du Seseli, et TOM. IV. 64 5o6 SUR LES PLANTES RARES de toutes les ombellifères, parce que les dents du calice sont grêles, filiformes, molles et caduques. Ce genre se divise en deux sections : VEriotisy qui a les pétales velus, et le vrai Libanotis, qui a les pétales glabres; notre espèce appartient à la première. Cette espèce s'élève à deux pieds et plus de hauteur. Sa tige est solide, droite, rameuse, munie de dix à quinze petites côtes, qui sous les ombelles deviennent autant de petites crê- tes ailées; les feuilles sont deux fois pinnatiséquées, portées sur un pétiole épais, muni en dessous, à sa base, de neuf à dix stries saillantes : les segmens sont pinnatifides, en forme de coin à leur base, incisés en scie vers le haut, roides , glabres et luisans. Les ombelles générales sont presqu'entièrement dépourvues d'involucre, oun'en ont que les rudimens. Celle du sommet de la tige se compose d'environ quarante rayons; les latérales n'en ont que vingt ou trente; les rayons sont anguleux; vus à la loupe, ils paraissent munis de très petits poils : chacun d'eux porte une ombellule à 4o — 5o fleurs portées sur des pédicelles un peu pubescens; l'involucre par- tiel se compose de dix à quinze folioles linéaires pointues, un peu pubescentes et égales à peu près à la longueur des pédicelles. Chaque fleur a le tube du calice adhérent à l'ovaire, cou- vert dun 'duvet velouté et marqué de dix stries, terminé par cinq lobes grêles, subulés, mois, poilus, d'un blanc analogue à celui des pétales, et qui tombent de bonne heure. Les pétales sont blancs, ovales, un peu échancrés à pointe infléchie, veloutés en dehors. Les étamines tombent de très bonne heure. Le stylopode est déprimé, bordé dedix dentelu- DU JARDIN BOTANIQUE DE GENÈVE. 5o7 res; les deux styles sont courts, de couleur blanche. Le fruit est ovale, tout hérissé d'un duvet court, à poils en faisceau, dépourvu de dents calycinales au sommet, composé de deux méricarpes comprimes par le dos. Chacun d'eux offre cinq côtes filiformes obtuses, cinq vallécules concaves, dans chacune desquelles on trouve un canal oléifère brun^ la commissure est plane à deux canaux j le carpopode a deux filets distincts; la graine est comprimée par le dos. Cette belle ombellifère a été découverte, par le voyageur Helm, en Sibérie près de Cuchtorma ou Buchtorminsk, d'oi!i elle a été envoyéeà M. Fischer, qui l'a répandue avec tant d'autres pro- ductions de l'empire russe dans les jardins d'Europe. C'est par erreur que son nom a été quelquefois écrit Buchlornen- sis. Les échantillons spontanés que j'ai reçus de M. Fischer ne diffèrent pas sensiblement de ceux que nous cultivons. 12. Cnidium Petroselinum DC. Cette plante est le Peucedanum Petroselinum du Jardin de Paris, comme j'en suis assuré par des échantillons que j'y ai récoltés sous ce nom, en 181.S et en 1821. Cette dénomi- nation semble bien motivée par le port, le feuillage, et mêmelafleuraisonde cette plante; mais la vue du fruit mûr prouve qu'on doit la placer parmi les Cnidiums. Sa patrie est inconnue, mais ses graines l'ont propagée dans les jar- dins botaniques. Comme il n'en a été publié aucune descrip- tion, je la rapporterai ici. La plante est entièrement glabre, et s'élève à un pied et demi ou deux pieds de hauteur; sa tige est droite, rameuse, pleine, cylindrique, marquée de stries alternativement 5o8 SUR, LES PLANTES RARES blanches et vertes j les feuilles inférieures ont le pétiole trifide, et chaque branche porte un limbe deux ou trois fois pinna- tiséqué, à lanières linéaires-lancéolées entières ou trifides^ dans les feuilles supérieures, les divisions sont moins nom- breuses, et les lanières presque toutes entières. Le pédoncule qui soutient l'ombelle générale est nu, long d'un pied, et marqué de quinze stries. L'ombelle générale se compose de vingt-cinq à trente rayons anguleux, presque égaux entreeux, et longs d'un pouce et demi à deux pouces; l'involucre géné- ral est formé de une à trois folioles linéaires-subulées, et qui tombent de bonne heure. Les ombelles partielles se com- posent de vingt à trente fleurs pédicellées, et sont entourées par un involucelle de dix à douze folioles semblables à celles de l'involucre, et plus courtes que les pédicelles. Le calice a le tube adhéren t à l'ovaire , marqué de dix côtes ; ses dents sont visibles pendant la fleuraison , quoique très petites et obtuses, mais elles disparaissent dans le fruit. Les pétales sont ovés, un peu dilatés à la base, échancrés ausom- metavec la pointe infléchie, d'un blanc tirant sur le verdâtre , ayant la côte moyenne un peu saillante en dessus. Les éta- mines tombent de bonne heure j le stylopode est en forme de coussinet, à dix angles, plus large que l'ovaire pendant la fleuraison; les styles sont blanchâtres, d'abord dressés, puis un peu divergens. Le fruit est ové, marqué sur cha- que méricarpe par cinq côtes égales, saillantes et aiguës ; les vallécules ont chacune un canal oléifère, et la commissure en a deux 5 la graine est plane du côté interne, bombée à l'extérieur. DU JARDIN BOTANIQUE DE GENEVE. Ôog l3. SiLAUS TENUIFOLIUS DC. 11 est peu de plantes, même parmi les ombellifères, qui présentent plus de sujets de doute que celle-ci. Et d'abord, quant à sa classification et sa nomenclature, qui en est la conséquence, il parait bien certain, d'après des échantillons recueillis par moi, en 1819, au Jardin de Paris, qu'elle est le Peucedanum tenuifolium àe Desfontaines (cat. 1823. p 120) et de Poiret (dict. 5. p. 228) , mais non de Thunberg. Il ré- sulte encore d'un échantillon reçu de M. Koch, que cette plante est son Silaus Alathioli, et par conséquent le Peuce- danum Mathioll de Sprengel (in Schult. syst. 6. p. 56o),- mais il est fort douteux que le synonyme de Mathiole, d'oii le nom spécifique est déduit, puisse s'y rapporter. Enfin il ré- sulte d'échantillons reçus, soit de M. Fischer, soit du Musée Royal de Berlin, que cette plante est le Mèuni Sibiricum de Sprengel. Je l'ai obtenue de graines qui m'avaient été en- voyées sous le nom faux de Peucedanum serotinum. Quant à sa patrie, il paraît, d'après le témoignage de M. Fischer, qu'elle ne croît point en Sibérie, mais que peut- être elle est provenue, dans le jardin de Gorenki, de graines envoyées par Kitaibel , et serait originaire de Hongrie. D'autre part, je possède un fragment que je crois appartenir à cette espèce, et que M. Ledru m'a donné comme recueilli à TénérifFe. Cette dernière assertion paraît due à quelque erreur , car la plante passe l'hiver en pleine terre , ce qui n'arrive pas dans nos climats aux plantes des Canaries. Après avoir exposé les ambiguïtés dont Ihistoire de ce 5lo SUR LES PLANTES RARES Silaus est encore entourée, j'en donnerai ici une description qui pourra peut-être en éviter quelqu'autre à l'avenir. Toute la plante est complètement glabre^ la tige est droite, presque simple, à peine striée, de la grosseur d'une plume d'oie, et haute de trois pieds. Les feuilles radicales ont un pé- tiole d'un pied et demi de longueur, un peu engainant à sa base, cylindrique au-dessus de la gaîne, et quelquefois pin- uatiséquéj les lanières sont étroites, linéaires, entières ou irrégulièrement trifides. Les feuilles de la tige sont sembla- bles aux précédentes, mais elles ont le pétiole graduellement plus court, et le limbe moins ample et moins souvent di- visé; celles du sommet ne sont qu'une ou deux fois pin- natiséquées à lobes courts. Les ombelles sont droites, et terminent la tige et les ra- meaux; elles manquent d'involucre et se composent de vingt à vingt-cinq rayons presque égaux, filiformes, un peu anguleux, longs d'un pouce: ceux-ci portent des ombellules à dix rayons et un involucelle à dix folioles subuiées, très légèrement soudées par la base, et un peu plus courtes que les pédicelles des fleurs. Le bord du calice ne présente pas de dents visibles même à l'époque de la fleuraisouj les pétales sont jaunes, dilatés et comme appendiculés à la base, ovés, avec le sommet en- tier un peu roulé en dessus. Les étamines sont un peu plus longues que les pétales; le stylopode est jaune, en forme de coussinet, un peu plus large que l'ovaire; les deux âtyles sont courts, jaunes, filiformes, d'abord dressés, puis un peu divergens. Le fruit est ovale, à dix côtes saillantes d'abord obtuses, puis un peu en forme de crête, séparées par des DU JARDIN BOTANIQUE DE GENÈVE. 5 1 1 vallécules étroites à plusieurs canaux. La graine a la coupe demi-cylindrique. i4- Pastinaca latifolia DC. CetteespècedePanaisa de grands rapports, d'un côté avec le P. sativa, de l'autre avec le P. cUvaricata, maiselle me paraît différer suffisamment de l'une et de l'autre- Elle se distingue de toutes les variétés du Panais cultivé, parce qu'elle a la tige cylindrique un peu striée, mais non cannelée et anguleuse; elle se sépare du Panais divariqué, parce que son fruit est ovale et non orbiculaire, et qu'elle n'a que deux canaux oléifères sur la commissure, au lieu de quatre à six. Je connais de cette espèce deux variétés : l'une, toute cou- verte d'un duvet velouté, a été recueillie , prèsde St.-Florent dans riledeCorse,pariM. Soleii'ol, qui me l'a communiquée, avec plusieurs autres plantes rares de cette île; c'est celle-ci que M. Duby a désignée dans le Botanicon Gallicum sous le nom de P. Kochii var. latifolia. Ma seconde variété a les feuilles glabres en dessus et un peu pubescentes en dessous 3 je la connais par un individu quia fleuri au Jardin, en 1828, mais dont l'origine ne m'est pas bien connue. Elle pourrait bien devoir son apparence seulement à ce qu'elle a crû dans un jardin. Les segmens des feuilles de ces deux variétés sont ovales, dilatés à la base, un peu en cœur et presque doubles en grandeur de ceux du Panais cultivé et du P. di- variqué, ce qui motive le nom que j'ai adopté d'après M. Duby. J'ajouterai ici que l'on trouve en Corse une autre espèce qui a été long-temps méconnue, et qui est aujourd'hui bien 5l2 SUR LES PLANTES RARES distincte. M. Desfontaines l'a désignée dans le catalogue de Paris de i8i5, sous le nom de Past. divaricata, comme j'en suis assuré par un échantillon qu'il a bien voulu m'en don- ner. Malheureusement , n'ayant publié alors aucune descrip- tion, il était impossible de la reconnaître. M. Koch signala son principal caractère dans sa dissertation sur les ombellifères, sans lui donner de nom, puis m'en envoya un échantillon sous la dénomination de Paslin. velutiua. M. Duby l'a dé- signée dans le botanicon gallicum sous le nom de Pastinaca Kochii var. B. Je pense que, pour éviter toute ambiguité, il convient de conserver le nom le plus ancien, celui deiP, di- varicata Desf. Elle est facile à reconnaître à ses feuilles ve- loutées sur les deux surfaces, à sa tige cylindrique et striée, à ses fruits orbiculaires, dont la commissure porte quatre à six canaux, dont deux plus longs que les autres. Elle est très distincte du P. graveolens de Crimée , avec lequel oi; l'avait d'abord confondue. i5. Heracleum flavescens Baumg. fl. trans. I. p. 214. Ayant cultivé, dans le Jardin, V Heracleum sibiricum et Y H. angusllfoUum de Linné, je suis resté convaincu que ces deux plantes sont deux variétés de la même espèce; des échantillons desséchés, qui paraissent authentiques, m'ont conduit au même résultat. Déjà MM. Baumgarten, Gold- bach et Prescot avaient eu la même idée, et M. Koch a obtenu l 'Heracleum sibiricum de graines récoltées sur l'i/. angusti- folium. Ces deux plantes ne diffèrent absolument que par la largeur des segmens ovales ou oblongs dans \'H. sibiricum, oblongs ou linéaires dans V angustifolium. Réunies en une DU JARDIN BOTANIQUE DE GENÈVE, 5l3 seule espèce, elles se distinguent de tous lesHeracleums, dont la commissure ne porte que deux canaux, par ses ombelles égales et non rayonnantes sur les bords, et par ses pétales jaunâtres aulieu d'être blancs. Ce dernier caractère a suggéré à M- Baumgarten le nom A' H. flavescens qui me paraît devoir être adopté en désignant les variétés par les noms de latifolium et d' angustifolium. if). Anthriscus sylvestris Hoffm. Cette plante, plus connue sous son ancien nom de Chœ- rophyllum sylvestre , et fort commune dans toute l'Eu- rope, mérite ici une courte mention pour faire connaître ses variétés : i° je pense, après bien des doutes, que le Chœro- phyllum alpinum de Villars n'en est qu'une variété glabre et à lobes plus étroits et plus menus. Cependant je n'en juge que par l'analogie des formes et ne l'ai pas cultivée. 2° Le Jardin de Genève a reçu, sous le nom deChoero- phyllum augustmn , des graines qui ont donné naissance à une plante qu'après mûr examen je ne puis rapporter qu'à cette espèce. Elle diffère de l'état ordinaire, parce que ses pétioles et les nervures de ses feuilles sont revêtus en des- sous de poils un peu hérissés. Je n'ai d'ailleurs pu y trouver d'autres différences, et je la désigne sous le nom ^Anthris- cus sylvestris var. puberula. 3° Enfin j'ai reçu de M. Tenore, sous le nom de Chœro - phyllum Magellense var A; et de M. Koch , sous celui àî Anthriscus nemorosa, une plante qui ne me paraît différer de \ Anthriscus sylvestris que par ses fruits un peu hérissés de petites aspérités aiguës. Cette différence nesuffit point dans TOM. IV. 65 5l4 SUR LES PLANTES RARES ce genre pour caractériser les espèces, et nous avons d'autres exemples de la variabilité de ce caractère : ainsi V Anthris- cus sicula {Chœrophyllum siculum, Guss.) présente deux variétés, lune à fruit lisse, l'autre à fruit rude. Il en est de même du vrai Anthriscus nemorosa, qui a ordinairement les fruits rudes , mais dont le Chœrophyllum Luciduni de Desfontaines est une variété à fruits presque lisses. \J Anthris- cus Cerefolium, ouïe Cerfeuil commun, a, commeon sait, les fruits habituellement lisses 5 mais le Chœrophyllum trichos- permum de Schultes (très différent de celui de Lamarck,qui est unCaucalis) est, d'après l'observation de M. Koch, une variété du Cerfeuil à fruit rude- D'après ces exemples, on peut admettre sans difficulté une troisième variété di Anthris- cus sylvestris, que j'appellerai Scabrida, et qui se distingue par ses fruits scabres. Elle diffère du vrai Anthriscus nemo- rosa d'Asie par ses fruits plus alongés, et de la var. B. du Chœrophyllum Magellense (que je conserve sous ce nom), parce qu'elle n'est pas du même genre. 17. Oldenlandia corymbosa Linn. Cette petite Rubiacée est provenue, dans le Jardin, de graines reçues, tantôt sous le nom de à! Hedyotis lactea, tantôt sous celui d' Hedyotis herbacea , et paraît avoir souvent causé de la confusion , à raison de la difficulté de ses caractères. Semée au mois d'avril, elle fleurit déjà au mois de juin, et sa vie entière dure à peine trois mois. Sa racine est grêle, blanchâtre; sa tige herbacée, droite, dichotome à rameaux , divergens et diffus ; elle est parfaite- ment glabre, un peu rougeâtre à sa base, cylindrique vers DU JARDIN BOTANIQUE DE GENÈVE. 5l5 la partie inférieure , à quatre angles aigus vers le sommet des rameaux; des quatre faces de ces rameaux, il y en a ^ deux plus larges et planes, tandis que les deux autres sont plus étroites et canaliculées. Les feuilles sont opposées , réunies par leur base au moyen d'une stipule ovale , large , membraneuse, et qui se prolonge en deux ou trois soies grêles et dressées. Les feuilles sont glabres, lancéolées, amin- cies aux deux bouts, planes, d'un vert gai, un peu pâles en dessous, longues de douze à quinze lignes, sur trois de lar- geur. Des aisselles de chaque paire de feuilles, il y en a une qui donne naissance à un rameau feuille , et Tautre à un pé- doncule. Celui-ci est long de six à neuf lignes, c est-à-dire plus court de moitié environ que la feuille j il est très grêle et porte à son sommet une, deux ou trois fleurs pédicellëes. Ces pédicelles ont deux ou trois lignes de largeur, et ont à leur base un rudiment de bractées à peine visible. Le tube du calice qui adhère à 1 ovaire est arrondi , et se termine par quatre petits lobes lancéolés, aigus, un peu rudes sur les bords, séparés par un sinus obtus qui s'élargit beaucoup à mesure que le fruit grossit. La corolle est blan- che, petite, mais un peu plus longue que les dents du ca- lice; presque en entonnoir, son tube n'a qu'une ligne de lon- gueur 3 la gorge est barbue, le limbe a quatre lobes ovales- oblongs. Les quatre anthères sont très petites, sessiles sur le tube, cachées dans la barbe de la gorge, alternes avec les lobes de la corolle, à deux loges, d'un blanc jaunâtre. L'ovaire est tronqué au sommet, surmonté d'un style court, caduc, et qui se termine par un stigmate glanduleux, un peu en tête. 5l6 SUR LES PLANTES RARES La capsule est arrondie, légèrement comprimée, couron-^ née par les quatre dents du calice très écartées, divisée en deux loges qui s'ouvrent au sommet par une fente qui coupe la cloison à angle droit , ou en d'autres termes par une dé- hiscence loculicide. Les placentas sont dans chaque loge adhérens à la cloison dans toute leur longueur, et portent à leur superficie une multitude de petites graines arrondies, qui sont comme nichées dans de petites cavités ou entre de petites dentelures du placenta. L'espèce que je viens de décrire a été, comme beaucoup d'autres, désignée tantôt sous le nom d'Hedyotis, tantôt sous celui d'Oldenlandia, selon l'opinion diverse que les bo- tanistes s'étaient faite de ces deux genres. Linné les avait séparés par un caractère à peu près nul, et avoit distribué les espèces d'après leur port. Celle-ci se trouvait donc rap- prochée de celles qui lui ressemblent réellement sous le nom d'Oldenlandia. La plupart des botanistes et M. Sprengel en particulier, ne trouvant aucune limite précise, réunirent les deux genres de Linné en un seul. Roxburgh sentit leur dis- tinction, et sépara toutes les vraies Oldenlandia des Hedyotis, d'après leur port et sans leur assigner de vrai caractère. Der- nièrement MM. de Chamisso et de SchlectendahL dans un ex- cellent travail sur les Hédyotidées inséré dans le Linnœa ( 1829 deuxième cah. ), ont reconnu que sous le nom d'He- dyotis, ilexistait aujourd'hui des formes tout à fait distinctes; et ils ont établi quatre genres avec beaucoup d'exactitude et de sagacité^ ces genres sont V HedyotisàontlHecUolis au- ricularia est le type ; le Kohautia , le Kadua et le Geron- ùogea : ce dernier genre correspond exactement aux Olden- DU JARDIN BOTANIQUE DE GENÈVE. 317 landia deRoxburgh et à la masse de celles de Linné j je ne vois donc aucune raison pour ne pas conserver le nom Lin- néen: en effet, i° les plantes auxquelles Smith a voulu le transporter rentrent dans le genre Vahlia; z° le nom de Ge- ro«^o^ea qui signifie, je présume, ancien continent, ne con- vient qu'imparfaitement à notre genre, dont la plupart des espèces sont bien, il est vrai, de l'Inde ou de l'Afrique, mais qui en a aussi quelques-unes en Amérique. Je conserve ce nom comme adjectif pour les cas fréquens où l'on a besoin d'opposer les plantes de l'ancien à celles du nouveau monde. 18. Caladium bicolor. Le Jardin de Genève a reçu dejM. Fulchiron, sous les noms d'Arum pictum el ^ Arum pellucidum , deux Caladiums qui ont fleuri l'un et l'autre en juin 1827, et que je re- garde comme deux variétés remarquables du Caladium bi- color que j'ai eu aussi en fleurs avec celles-ci. On en pourra juger par les comparaisons suivantes ; B. Caladium bicolor pictum. 11 diffère de l'espèce ordinaire ; 1° par la grandeur dou- ble de toutes ses parties; 2.° par ses pétioles d'un pourpre brun; parle limbe de sa feuille, vert dans toute son étendue, mais marqué çà et là de taches rouges un peu transparentes; 3* parsaspathe verte à sa base, blanche au dessus de l'étran- glement, pâle à l'intérieur et à peine rougeâtre vers la base. Tous les caractères de forme et de structure sont d'ailleurs semblables. Au reste, cette plante est tout à fait différente du véritable Arum pictum. C. Caladium bicolor pellucidum- 5l8 SUR LES PLANTES RARES DU JARD. BOTAN. DE GEN. Il aies feuilles de la variété commune, mais plus grandes et marquées çà et là de taches sphacélées, transparentes , et non colorées. Sa hampe est droite, cylindrique, égale à la lon- gueur du pétiole, un peu rougeâtre, et marquée de petites stries et de deux raies brunes opposées. Sa spathe est uni- valve, ovée àlabase, resserrée au milieu, ovale et pointue au sommet 5 à l'extérieur au-dessous de l'étranglement, coriace, et d'un vert un peu brunâtre; au-dessus papyracée presque couleur de chair; sa surface interne est d'un pourpre noir vers la hase, et d'uu blanc rosé au sommet. Elle se prolonge à sa base, en une espèce de sac élargi de telle sorte , que le spadix semble latéral. Celui-ci est cylindrique , un peu res- serré au milieu, plus court que la spathe ; il porte des ovai- res à sa base, et des anthères dans tout le reste de son éten- due; la partie couverte d'ovaires est courte en forme d'œuf; celle couverte d'anthères est trois fois plus longue , cylindri- que, un peu en massue. Les ovaires (ou fleurs femelles) sont nus, très serrés, roses, à stigmate blanc ponctiforme; les anthères ( ou fleurs mâles) sont aussi très serrées, et présen- tent en dessus un disque trapéziforme, anguleux, plane j elles émettent un pollen blanc. FIN DU QUATRIEME VOLCiME DES MÉMOIRES DE PHYSIQUE. TABLE DES MATJÉRES CONTENUES DANS LE QUATRIÈME \0LUME. Pages. Mémoire sur la famille desCombretacées, par M. le professeur DeCandolIe. i Mémoire sur la Coloration automnale des feuilles, par M. Ma- caire Princep. 43 Note sur un Échantillon remarquable de cuivre hydrosiliceux, par M. L, A. Necker. fi^ Note sur la Circulation du fœtus chez les ruminans, par M. le docteur Prévost. 60 Note sur quelques monstruosités de becs d'oiseaux indigènes, par M. S. Moricand. 67 Note sur la Conductibilité relative pour le Calorique de diffé- rens bois , par MM. A. De La P«ive et A. De Candoile. 70 Mémoire sur quelques parties du sol des environs de Lyon, par M. Macaire-Princep. 76 Note sur quelques plantes observées en fleurs, chez M. Saladin, par M. De Candoile, professeur. 85 Note sur l'Empoisonnement des végétaux par les substances vénéneuses qu'ils fournissent eux-mêmes, par M. Macaire- Princep. . Cjl Expériences et obsërvatfcn's sTIr le Therm%rnàgneïîsme , par le docteur Traill de Liverpool. 94 Essai monographique sur le genre Scrophularia, par M.Henri "Wydler. 121 De la génération chez le Séchot {Mulus Gobio), par M. le doc- teur Prévost. 171 Analyse de la neige rouge du Pôle, par MM. Macaire-Princep et Marcet. 1 85 Analyse des feuilles du redoul à feuilles de myrthe, par M. Pes- chier (i). 189 (1) On a omis, par erreur, le nom de l'auteur dans le teste. bao TABLE. rase» De la génération chez le Cynnnée, par le docteur Prévost. 197 Mémoire sur la vallée de Valorsine, par M. Necker. 209 Recherclies sur la Corydaline, par M. Peschier. 247 Discussion de quelques expériences relatives à l'influence de la densité sur la chaleur spécifique des gaz, par M. P. Prévost. 255 Quelques rapprochemens relatifs au refroidissement d'un corps dans un gaz, par M. P. Prévost. 260 Note sur l'action mutuelle de l'ammoniaque et du phosphore , par MM. Macaire-Princep et Marcet. 281 Recherches sur la cause de l'électricité voltaïque , par M. le professeur A. De La Rive. 285 Mémoire sur la famille des Mélastomacées, par M. N. C. Seringe. 387 Mémoire sur une nouvelle détermination de la latitude de Ge- nève, par M. le professeur Gautier. 365 Mémoire sur les variations de l'acide carbonique atmosphéri- que, par M. Théod. De Saussure. 407 Suite de la discussion de quelques expériences relatives à l'in- fluence de la densité sur la chaleur spécifique des gaz, par M. P. Prévost, professeur émérite 479 Troisième notice sur les plantes rares qui ont fleuri dans le Jardin de Botanique de Genève , par M. De Candolle. 487 ERRATA. Page 483, ligne 17, o,oo36, lisez o,o56. Et au bas de cette même page, à la troisième ligne du petit ta- bleau, o,o36, lisez o,o56. Nota. Ces fautes typographiques n'altèrent nullement les résul- tats contenus dans les remarques des § § 4 et suivans. Page 484, ligne 14, furent, lisez fussent. 3