la h AREA HAN NE M 2. Lo Fa Le - e LL | Me is | L Ms Le r. ‘U n 2 ae | = Al 2 PO DAT AUCLS Fu \! ra “b MEMOIRES SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. re ARIAHÈET MEMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE —_—_—__—__—— () ———ÙÛ—Ù— Coue Dep F4 uLe, e ASS GENEVE. IMPRIMERIE A. L. VIGNIER, RUE DU RHONE, MAISON DE LA POSTE. 1836 sreon FRET OA PEN sant ta 4 si nt: eh nes + EAN û 4 DUC L ET "2 ’ $ A 4 = { 4 Va L de s L Un — à A C: :: Pie … Card ; Le : Es "Es L'UN LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES ÉTRANGÈRES AVEC LESQUELLES LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE ÉCHANGE SES PUBLICATIONS ‘. ALLEMAGNE. Académie des Sciences de Berlin. : j Académie des Sciences de Munich. Académie des Sciences de l’Institut de Bonn. Académie Léopoldino Césarienne des Curieux de la nature. Société Royale de Statistique de Saxe. Société du Muséum Senkenbergianum de Francfort. FRANCE. Académie des Sciences de Paris. Administration du Jardin des Plantes, à Paris. * La Société est disposée à entrer en relation de ce genre avec toutes les sociélés et aca- démies européennes ou étrangères qui publient des Mémoires. Société Philomatique de Paris. Société Géologique de France. Ecole Royale des mines. Société Entomologique de France. Société d'Agriculture de la Seine. Société Linnéenne de Bordeaux. Société d'Histoire naturelle de Strasbourg. Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon. Société Linnéenne de Normandie. Société Royale des Sciences et Lettres de Nancy. Société d'Agriculture, Sciences et Arts du département de l'Ain. Société Industrielle de Mulhausen. GRANDE-BRETAGNE. Société Royale de Londres. Société Royale d'Edimbourg. Académie Royale d'Irlande. Société Linnéenne de Londres. Société Zoologique de Londres. Société Géologique de Londres. Société Astronomique de Londres Société d'Horticulture de Londres. Société pour l'Encouragement des Arts , à Londres. Société Philosophique de Manchester. Société Philosophique de Cambridge. ITALIE. Académie des Sciences de Turin. Académie des Sciences de Naples. Académie des Sciences de Bologne. Société Académique de Savoie. Société des Géorgophiles de Florence. NORD DE L'EUROPE. Académie des Sciences de Pétersbourg. Académie des Sciences de Stockolm. Académie des Sciences de Copenhague. Académie des Sciences de Bruxelles. PAYS D'OUTRE-MER. Société Asiatique de Calcutta. Société des Sciences et Arts de Batavia. Société Royale Patriotique de la Havanne. Qu r Tea LÉ RTS LISTE" GÉNÉRALE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ, PAR ORDRE D'ADMISSION. (19 mans 1835.) Membres ordinaires (x). 1590 * MM. De Saussure (Théodore), professeur de minéralogie. Ù — Vaucher, pasteur et professeur de théologie. 1798 Prevost (Pierre) professeur de philosophie. — Boissier, professeur de littérature et d’archéologie. 1799 De Candolle (Augustin Pyramus), professeur de botanique. — Maunoir aîné, professeur d'anatomie. 1808 Necker (Louis), professeur de minéralogie. — Pictet (Jean-Pierre), professeur de physique. 1812 Deluc (Jean André), membre de l’administ. du musée académique, 1817 Gosse, docteur en médecine. — Mayor (François), docteur en médecine. 1818 Gautier, professeur d'astronomie. — Moricand (Stephano), membre de l’administ. du musée académique. 1819 Dufour, colonel fédéral, ingénieur du canton. 1820 Macaire-Prinsep, chimiste, 1821 Choisy (J. D.), ministre du saint Evangile, professeur de philosophie. — Le Royer, pharmacien. — Prevost (Jean-Louis), docteur en médecine. (1) Depuis la dernière préface imprimée (tome V), la Société a perdu MM. G. Dela Rive professeur, et Berger. * Les dates indiquent l'année de la réception. IL LISTE GÉNÉRALE 1822 MM. De la Rive (Auguste), professeur de physique. 1823 1824 1825 1827 1828 1830 1832 1833 1835 MM. MM. Marcet (François), secrétaire du comité de publication. Maurice (George), professeur de mécanique. Colladon (Daniel), professeur à l'école centrale à Paris. Morin fils, pharmacien. De Candolle (Alphonse), professeur de botanique. Duby fils, pasteur. Lombard, docteur en médecine. Chossat, docteur en médecine. Pictet (François-Jules), secrétaire de la Société. Wartmann (Louis-Francoïs), astronome. Mallet (Edouard), avocat. D'Espine, docteur en médecine, Membres émérites. Huber (Pierre). Perrot (Louis). Soret (Frédéric), précepteur du prince de Saxe-Weimar. Jurine (Sébastien). Bâcle (César), capitaine. Dumas (Jean-André), professeur de chimie à Paris. Colladon (Frédéric), docteur en médecine. Seringe (Nicolas-Charles), professeur de botanique à Lyon. Membres honoraires. De Buch (Léopold), à Berlin. De Humboldt (le baron Alexandre), à Berlin. Dutens, officier du génie, en France. Fleuriau de Belle-Vue, à la Rochelle. Duméril , professeur à la faculté de médecine, à Paris. D’Hombres-Firmas, à Alais. Marcel de Serres, professeur, à Montpellier. Ampère, professeur, à Paris. DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. III 1816 MM. Risso, pharmacien, à Nice. 1817 1818 Boué, docteur en médecine, à Paris. Aimé-Martin, à Paris, Laine , ancien directeur des mines de Servoz, à Lausanne Adams, oculiste, à Londres, Dellcross, ingénieur géographe, à Paris. Dunal (Félix), docteur en médecine, à Montpellier. Johnson, docteur en médecine, à Bristol. Hollandre, professeur d'histoire naturelle, à Metz. Héron de Villefosse, conseiller d'état, à Paris. Breislack (Scipion), inspecteur des poudres et salpêtres, à Milan. De la Bèche, membre de la société géologique, à Londres. Schranck, professeur de botanique, à Munich. Sterler, professeur de botanique, à Nymphembureg. Pelletier, docteur ès sciences, à Paris. Ferrara (l’abbé), à Palerme. Ranzani (l'abbé), professeur d'histoire naturelle, à Bologne. Martius, l'un des directeurs du jardin botanique, à Munich. Bigot de Morogue, à Orléans. Audouin (Victor), professeur au jardin des plantes, à Paris. S. A. R. le prince Christian-Frédérick de Danemarck. Tiedemann, professeur d'anatomie, à Heidelberg. Granville, docteur en médecine, à Londres. S. A. R. Léopold II, grand duc de Toscane. Taddeiï, docteur en médecine, à Florence. Brongniart (Adolphe), professeur de botanique, à Paris. Nicolet, à Paris. Nicati fils, docteur en médecine, à Aubonne. Arago, secrétaire perpétuel de l'académie des sciences, à Paris. Kunth, professeur à l'académie de Berlin. Richard (Achille), professeur de botanique, à Paris. Saint-Hilaire (Auguste), membre de l'académie des sciences, à Paris. Brard, directeur des mines, à Carcassone. Schærer, pasteur, canton de Berne. Amici, professeur, à Modène. LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. Bellani (Angelo), chanoine, à Milan. Desmarets, professeur de zoologie, à Alfort, près Paris. Savi (Paolo), professeur d’histoire naturelle, à Pise, Zamboni, professeur de physique, à Vérone. Bouvard (Alexis), membre du bureau des longitudes, à Paris. Colla (Aloysius), membre de l’académie des sciences, à Turin. Delayser (Louis), minéralogiste, à Clermont. Babbage (Charles), membre de la société royale, à Londres. Nées-d'Esembeck, président de la société des curieux de la na- ture, à Bonn. Cambessedès (Jacques), botaniste, à Paris. Ramon de la Sagra, à la Havanne. Filhon, ingénieur-géographe, à Paris, Gambart, astronome, à Marseille. Daubeny, docteur en médecine et protesseur de chimie, à Oxford. Quetelet, directeur de l'observatoire, à Bruxelles. Guillemin , botaniste, à Paris. Becquerel, membre de l’académie des sciences, à Paris. Des Moulins (Charles), président dela société linnéenne, à Bordeaux. Melloni (Macédoine), physicien, à Parme. Lindley, professeur, à Londres. Rousseau (Emmanuel), docteur en médecine, chef des travaux ana- tomiques au jardin des plantes, à Paris. Forbes, professeur , à Edimbourg. Basil Hall, capitaine de la marine anglaise, à Londres. Gené, professeur et directeur du muséum d'histoire naturelle, à Turin. Matteuci, physicien, à Forli. Madame de Sommerville, à Londres. Mougeot, docteur en médecine et botaniste, à Bruyères (Vosges.) MÉMOIRES SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. Tome VII, I Partie. Genève, IMPRIMERIE A. L. VIGNIER, MAISON DE LA POSTE. _ 4835 MEMOIRES LA SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. FAITS RELATIFS A LA CONSTRUCTION D'UNE ÉCHELLE DES DEGRÉS DE LA CHALEUR ANIMALE, Par M. BERGER, Docreur-Mévecix. SECONDE PARTIE. (1) OVIPARES. À. Oiseaux. $ g1. Quoique les oiseaux aient une chaleur supérieure à celle de tous les autres animaux , ils n’en sont pas moins infé- rieurs aux quadrupèdes dans l'échelle des êtres créés. (1) La première partie de ce Mémoire se trouve dans le tome VI, 2%° part., p. 257. TOME VII, I PARTIE. 1 2 DE LA CHALEUR $ 92. Les petits naissent d’œufs déjà formés dans les femel- les, puisqu'elles les pondent quelquefois sans avoir été cochées ; mais les œufs fécondés n’éclosent qu'après avoir été couvés. Si les œufs d’autruche (struthiocamelus) w’ont pas besoin, dans quelques circonstances, de l’incubation pour éclore (1), malgré leur grosseur, l'épaisseur et la dureté de la coquille (2), la grande chaleur du sable où ils sont déposés compense bien au-delà, dans l’absence des rayons du soleil, la chaleur que la femelle leur aurait communiquée. Nous savons effectivement, par quelques expériences d’Adanson et les remarques de Mungo Park, que la chaleur du sable d'Afrique, entre les tropiques, est quelquefois très-considérable (3), quoiqu’elle n’atteigne probablement jamais le 57" degré de l'échelle commune (R.) du thermomètre, sans quoi le glaire ou l’albumine de ces œufs serait cuit dur (4). La femelle du coucou, dans l'Europe tempérée, ne couve pas non plus ses œufs. En les déposant dans les nids des petits passereaux, est-ce en vue qu'ils jouissent, pour mieux éclore, du plus grand degré de chaleur? les petits oiseaux en ayant en QG) «As-tu fait qu’elle (autruche) abandonne ses œufs à terre, et qu’elle les fasse échauffer sur le sable. » Job. chap. xxxIx, v. 17. (2) La coque de ces œufs durcit néanmoins avec le temps. Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle, t. IT, p. 89. (3) Dans un cas de 47 à 48 degrés de l'échelle commune du thermomètre, Ç 2, p. 6 de ce Mémoire. (4) C’est le degré de chaleur nécessaire à la coagulation de l’albumine, d’après un moyen résultat fondé sur des expériences faites par Martine, Hewson et John Hanter. ANIMALE. 3 effet davantage que les gros. Serait-ce la cause finale pour la- quelle les œufs de coucou sont cinq fois au moins plus petits qu'ils ne devraient être, proportionnellement à la taille de la femelle? Les petits seraient plus tôt prêts à rejoindre ou à ac- compagner leurs parens qui émigrent déjà, suivant Edouard Jenner (1), dans la première semaine de juillet. Les œufs des oiseaux diffèrent bien plus entre eux par la cou- leur de la coquille, que par leur figure et la nature de la ma- tière que la coque renferme; en sorte que ce qui se passe dans le développement des œufs féconds de la poule commune, tandis qu’elle les couve, est essentiellement applicable aux œufs de tous les autres oiseaux. $ 94. John Hunter fit un trou à la coquille d’un œuf, par- venu aux trois quarts environ de son développement, qu'il tira de dessous la poule qui le couvait avec d’autres, et il y intro- duisit un thermomètre qui monta à 99° 1/2 F. — 30° R. La chaleur sous cette poule était la même que dans son cloaque ou rectum, c’est-à-dire de 104° F.—32° R. Dans quelques œufs stériles la chaleur ne s’éleva qu'à 97° 1/2F.= 29° 1/9R., en sorte que le principe de vie dans l’œuf vivant contribuait pour quelque chose, selon la remarque de John Hunter, à soutenir sa propre chaleur (2). $ 95. Les dix-huit à vingt-cinq œufs que couve une fois par an la poule, sont pondus jour par jour. Un œuf couvé sans ae à à MAUR OR NL, LS Le te (1) Phil. Trans. for the year 1824. @) Phil. Trans. 1778, p. 24. 4 DE LA CHALEUR s'être refroidi depuis qu’il a été pondu, présente les premiers principes de l’embryon quelques heures plus tôt (1) que d’au- tres œufs qui ne sont pas dans le même cas. IL. Chaleur externe. $ 96. Les plumes commencent à pousser au fœtus de la poule vers le dixième jour, d’après les observations de Hal- ler (2), c’est-à-dire, avant que la première moitié de l'entière durée de lincubation soit écoulée. Le poussin en est toutefois encore bien dénué sous l’immédiate protection de sa mère, mais c’est ce qui arrive aux petits oiseaux qui naissent avec l'usage de leurs yeux et de leurs pattes, dont les œufs ont été couvés pendant vingt à trente jours, et dont les parens ne vi- vent point ordinairement par paires. C’est sans doute à la nu- dité des jeunes oiseaux qu'il faut attribuer la basse chaleur ex- térieure de leur corps, soit que vivans sous l'aile de leur mère on les en ait séparés, soit qu'ils en soient naturellement indé- pendans jusqu’à un certain point. D’après sept expériences faites par M. le docteur Edwards, sur autant de moineaux francs (dits pierrots) de huit jours, trois, sur autant d’hirondelles-martinets de quinze jours; dix, sur autant d’éperviers-émouchets, n’ayant que du duvet blanc; cinq, sur autant de pies de trois semaines à-peu-près; deux en- fin sur des geais, d'environ trois semaines; la moyenne cha- (1) Sir Everard Home, Phil. Trans. 1822. (2) Précis des observations sur la formation du cœur dans le poulet. ANIMALE. 5 leur externe de ces vingt-sept jeunes piseaux ne serait que de 36° 7/9 cent. — 29°,42 R.; tandis que d’après quinze expé- riences faites sur autant de moineaux adultes, leur moyenne chaleur extérieure serait de 42° 3/4 cent. —34°,2 R. (1) $ 97. J’ai fait un certain nombre d’expériences pour con- naître le rapport approximatif du poids du plumage au poids du corps garni de ses plumes. ESPÈCES. Poids du corps entier, on grains. Poids du corps Poids proportionnel Pie-grièche grise (Lanius excubitor).... Chouette noctuelle (Stréx noctua)...... P1Es (Picæ). Choucas des Alpes (Corvus pyrrhocoraz). Pie (Corpuspica) ir ERA Lde 0,092 Geai (Corvus glandarius)............. 0,091 Corneille (Corvus corone)............. 0,123 Pic vert (Picus viridis) (2)............ | 0,073 Pic épeiche (Picus major). ........... 1302,64 | 0,086 (1) Ouv. cit, tabl, 37, p. 619; tabl. 35, p. 620; tabl. 39, p. 621; tabl. 40, p.622; tabl. 44, p. 626; tabl. 45, p.627; tabl. 46, p. 628. (2) L’estomac très-dilaté de cet oiseau, que j’eus l’occasion d’ouvrir le 7 décembre 1829, ne contenait rien que des fourmis neulres ou saos ailes, aucunement digérées. 6 DE LA CHALEUR ESPÈCES. 2% MSN ds nb MS AMP = £ CE: OISEAUX D'EAU (A4nseres). Canard sauvage (Anas boschas)........ 25685,57 Canard petite sarcelle (Anas cracca).... 5976 Grèbe castagneux (Co/ymbus minor). . 3168 Mouette cendrée (Larus ridibundus). ... 5904 OISEAUX DE RIVAGE (Grallæ). Barge commune (Scolopax totannus)... 2820 Petite bécassine (Scolopax gallinula)... 2330 Héron butor (4rdea stellaris)......... 10368 PASSEREAUX (Pusseres). Verdier (Loxia chloris) .............. 2551,3r Bouvreuil (Loxia pyrrhula). .......... 1331 Pinson des Ardennes (Fringilla monti- ua U))ene ris td banane té ac 931,8 Moineau (Fringilla domestica)........ 3372,8 Linotte {Fringilla lénaria)............ 1521 Chardonneret (Fringilla carduelis). . 593 Bruant proyer (Emberiza miliaria) . . 1611 Merle (Turdus merula).............. . 4317,58 Grive-litorne (Turdus pélaris)......... 1883 Mésange charbonnière (Parus major)... 357 Petite charbonnière (Parus ater)....... 267,43 Alouette commune (4lauda arvensis). . . 1743,25 Troglodyte (Sybia troglodyta)........ 147,25 Bec-figue (Sylvia ficedula)........,,,. 370 Poids proportionnel des plumes. ANIMALE. i Le poids moyen du plumage, d’après les soixante-deux essais du tableau ci-dessus, s’écarte peu d’être le dixième de celui de l'oiseau, c’est à savoir, les dix-neuf deux centièmes; mais il y a de grandes différences, non-seulement parmi les oiseaux des différens ordres, mais aussi parmi les individus de la même es- pèce, selon que leur plumage était plus ou moins fourni ou complet, qu’on les avait déplumés et pesés avec plus où moins de soin, etc. Les différences extrêmes que j'ai recueillies entre différens individus de la même espèce, ne vont rien moins que des 9/1000%* aux 145/1000%° du poids proportionnel de l'oiseau. Le poids n’est pas, au reste, une exacte indication de la quan- tité du plumage, parce que la proportion de la tige et du tuyau aux barbes des plumes, de même que celle du duvet et sa na- ture, varient beaucoup dans divers oiseaux. Il résulterait des essais que je rapporte, que dans les oiseaux de proie, le poids proportionnel du plumage serait les 1 10/1000" de celui du corps, les 1083/1000" dans les pies, les r00/1000"* dans les passereaux, d’après trente-huit essais ; les 98/1000" dans les oiseaux de rivage, et les 72/1000"%* seulement dans les oiseaux d’eau, dont le plumage est le plus serré, le plus abondant, mais en même temps le plus léger et le plus huilé. Ce n’est pas, on le conçoit aisément, parce que le plu- mage est le principal instrument du vol, que je l'ai pris ici en considération, mais parce que vêtissant les oiseaux il les dé- fend du froid, et qu’il doit puissamment contribuer à tenir au même état leur chaleur naturelle. 8 DE LA CHALEUR Je ferai, dans les deux paragraphes suivans, une digression au sujet de quelques particularités du plumage. $ 08. Table d'expériences concernant lepoids réuni des gros- ses plumes ou pennes des ailes et de la queue des oiseaux, lesquelles leur servent de rames et de gouvernail (Remiges et Rectrices Lin.), relativement au poids de tout le plumage. ESPÈCES. Nombre Poids plumage. et des RECTRICES. des expériences, de tont le Poids réuni des REMIGES et des RECTRICES Poids proportion! des REMIGES OISEAUX DE PROIE. Epervier commun, tiercelet......... fe Pie-sriéche4grnise. 2.5.0 Chouette-noctuelle ...... PIES. Choucas des Alpes........... sERUGUIE Piecommunes 24.25.60 286 te OISEAUX D'EAU. Canard petite sarcelle................ Grébelcastagneux (x)... 00 Mouette cendrée (1) Cet oiseau, non plus que ses congénères, n’a point de plumes à la queue qu’on puisse appeler rectrices, mais lon y voit les tubercules en diminutif d’où sortent ordinairement les pennes. ANIMALE. 9 ä & NES = 8 e Esp Bu Fe k 2 3 8 À 8 © | 2520 ESPECES. EM E ANA E EE A Ÿ © Duel 7 ONE OS = = = El T2 À É ê Fou] OISEAUX DE RIVAGE. Caine) Barsefcommune. 411... #10 a 252 0,262 Petite becassine. 1: -:7:..1...1". Le 152 0,235 Héron -PUtOr .- 0 a demie es een bee ms 1296 0,228 PASSEREAUX. Petite charbonnière..........,...... 0,254 Mésange charbonnière. .............. 0,232 L'OUEST eee A0 0,251 BOUVredile 250... 42 de mers die des 0,205 Bec-figue........... DUREE D RE 0,234 MOMEAUAE CASE TM RENE EE LAS TE 0,233 Pinson des Ardennes....... ELLE 0,222 ME (nu Tacbone caso Dee PE 0,197 Grive Litorne. . 2.4... 0.0.2 rte 0,238 D’après les dix essais fournis par les oiseaux de proie et les pies, le rapport cherché est— 0,32; il n’est que sous-double d’après les trois résultats que donnent les oiseaux d’eau. Enfin les termes du rapport, selon les trente-six essais, sont 2370,85/9004,05 — 0,26. $ 99. Les quatorze expériences tentées sur les onze oiseaux (G) L'un d’eux était un jeune, que je reçus le 31 juillet avant sa première mue. TOME VII, I PARTIE. 2 10 DE LA CHALEUR nommés ci-après, ont pour but le rapport approximatif du poids des Rectrices au poids des Remiges primaires et secondaires. ESPÈCES. Nombre des éxpériences. Poids des REMIGES. Poids des RECTRICES. REMIGES. Grains, Chouette noctuelle............ dont 26 167,25 Pie commure..... LR ee 146,3 Geai...... tee Hobbs op 73,2 0,379 Corneille........... as etes ent seu 241,25 0,356 Petite sarcelle....... LA RÉ OBE ED 10 73 0,301 Mouette cendrée ............4...4.. 0,243 Parge commune. .... ne de celeron 58 0,138 Petite bécassine. . ... Héoaede ot DbdrDe 30 O,19I Héron butor............ Lsaet BAG 0,051 Merle (4)........4........4... ide 0,613 Grive-Litorne. . .... Jcocébre AUOT 0,436 Il est digne de remarque que parmi des différences indivi- duelles considérables, le rapport du poids moyen des Rectrices au poids des Remiges, soit le même sensiblement (0,25) que le rapport du poids réuni des Remiges et des Rectrices au poids de tout le plumage. Un plus grand nombre d’expériences néanmoins semblerait être nécessaire. (1) C'était le jeune individu qui n’avait pas encore mué. ANIMALE. 11 $ 100. Bacon donnait comme une opinion généralement recue de son temps que les oiseaux avaient beaucoup de cha- leur, et que leurs chairs à l'extérieur du corps étaient plus chau- des en particulier que leur sang, dans le moment où ils agis- saient et se donnaient du mouvement (1). John Hunter n’a pas trouvé que la chaleur d’une poule qui couvait fût différente à l'extérieur du corps, sous le plumage, que dans l'intestin rec- tum (2). $ 1or. Sr Isaac Newton avait estimé la chaleur de loi- seau pendant qu’il couve, la même que celle de l’homme à l’ex- térieur; c’est-à-dire de 12 degrés de son thermomètre fait avec Phuile de lin, —95° 1/2 F. = 28° 2/9 R. (3). $ 102. La chaleur extérieure des oiseaux (adultes), disait Martine, est de trois à quatre degrés du thermomètre de Fah- renheit plus élevée que celle des quadrupèdes, c’est-à-dire de 102° ( 34)+3 1/2 — 105 1/2 F.—32° 2/3 R. C’est en effet le moyen résultat de six expériences qu’il rapporte, faites sur un canard, une oïe, une poule, un pigeon, une perdrix et une hirondelle, en placant dans laine de ces oiseaux la boule du thermomètre; c’est à savoir, 103°, 104°, 105°, 106°, 107° et109°F.—31° 5/9, 32°, 32° 4/9, 32° 8/9, 33° 1/3,33° /0R. Une poule qui couvait lui donna l'extrême de la chaleur qui (G) Nov. Org. Aph. 13, Ç 12. « [oquiratur ulterius de calore comparato in eodem animali, secundum partes et membra ejus diversa. » (2) Phil. Trans. 1778, p. 24, exp. xxv et xxvi. (3) Martine, ouv. cit. p. 334, et Phil. Trans. abridg. vol. IV, p. Il, p.1. 12 DE LA CHALEUR n'est pas toujours aussi considérable, selon sa remarque (7). $ 103. Braun estima la chaleur des oiseaux adultes sous l'aile plus basse de deux degrés de l'échelle de De Lisle, que celle du sang, ou dans le ventre; c’est-à-dire qu’il la supposait être de 34°,14 R. dans les petits oiseaux, et de 32°,54 R. dans les gros (2). $ 104. Je trouvai la chaleur sous aile de trois coqs, de 33° 1/4, 33° 1/4, et 33° R..; celle d’un vieux coq et d’un gros poulet, l’une et l’autre de 32° 1/2 R.; d’un dindon, 33° R.; d’une oie de moyenne taille, de 32° 1/3 R.; d’un verdier et d’un pinson, de 32° 1/2 R. pour l’un et l’autre; d’une linote, de 31° 1/2 R.; c’est-à-dire que la moyenne chaleur extérieure de ces dix oiseaux fut de 32° 19/30 ou de 3:°,633. Le résultat fut le même d’après neuf essais, en tenant la boule du thermo- mètre au milieu des plumes du ventre, tandis que sur le ventre déplumé de Voie, la chaleur n’était que de 30° 1/2 R. $ 105. En admettant avec Martine (3) que la chaleur à l'extérieur du corps, soit d’après une moyenne estimation d’un degré et demi du thermomètre de Fahrenheit supérieure à celle de l’extérieur du corps, il en résulterait, d’après ses expériences et les miennes ({ 102 et 104), que la chaleur interne des oi- seaux en général serait de 32° 2/3 + 0° 2/3=— 33° 1/3 R. Nous verrons jusqu’à quel point cette estimation mdirecte sera (x) Ouv. cit. p. 338. (2) Opusc. cit, p. 426 et 427. (3) Our. cit. p. 338 et 339. ANIMALE. 13 conforme à celle déduite directement d’un grand nombre d’ex- périences. Cette différence de chaleur entre l'extérieur et l’inté- rieur du corps, serait, selon si Isaac Newton et le docteur Hales, de dix ou onze degrés du même thermomètre (1), ou de quatre degrés et deux tiers R.; en sorte que par l'effet d’une compensation inexacte, la chaleur interne des oiseaux, selon l'évaluation de Newton, serait notablement rehaussée, puis- qu’elle deviendrait égale à 28° 2/9 ($ 101 )+4° 2/3—32° 8/9. IL CHALEUR INTERNE. (2) B. Oiseaux de prote. $ 106. La chaleur de Pair à Colombo le 24 août, de 77° 1/2 F.—20° 2/9 R.; le docteur John Davy trouva celle d’un milan blessé depuis quelques heures d’un coup de feu qui lui avait cassé les jambes, de 99° F.— 29° 7/9 R. (3). $ 107. Jefis le 6 novembre 1828 au ventre d’un tiercelet, (1) Ouv. cit. p. 33g. (2) On a généralement déterminé la chaleur des gros oiseaux en introduisant le thermomètre dans leur cloaque ou rectum, orifice commun aux excrémens, au peu d’arine sécrétée, et aux organes génitaux ; landis que c’est dans Le ventre des petits oiseaux vivans, où l’on a pris leur chaleur. (3) Bibl. univ. Sc. et Arts, mai 1826. 14 DE LA CHALEUR pris au filet peu d'heures auparavant, une petite ouverture par où J'introduisis un thermomètre, qui monta à 104° 1/2 F.— 32° 2/9 R. J'en fis autant sept jours après à deux autres jeunes tiercelets, pris également au filet, chez l’un desquels le ther- momètre s’éleva à 103° F.=— 31° 5/9 R., et chez l’autre à 102° 1/2 F.—31° 1/3 R. Enfin le 29 du même mois j'enfon- çai dans le gosier d’un quatrième tiercelet, à la profondeur de trois pouces et demi, le même thermomètre qui parvint à 110° F.—3/° 2/3 R.; tandis que dans le ventre du même in- dividu, il ne monta qu’à 108° F.— 33° 7/9 R. La chaleur in- terne du tiercelet, d’après ces cinq essais, serait de 105° 3/5 F. — 32° 32/45 R. La différence des extrêmes de 3° 1/3 R. $ 108. Le 5 janvier 1829, la chaleur dans le ventre d’une pie-grièche grise, de 107° 3/4 F.—33° 2/3 R. $ 109. La température à Londres, de 60° F.=— 12° 4/9 R.; la chaleur d’un chat-huant, de 104° F.—32° KR. $ 110. La chaleur du cloaque et de l’œsophage de la chouette noctuelle, de même que celle de l’intérieur de la poi- trine, de 102° F.— 31° 1/0 R., le 24 mars 1820. Le thermo- mètre ne monta dans ces trois parties du corps que très-lente- ment, vers la fin de sa course; après que cet oiseau eût été tué et plumé, j'en trouvai les chairs fort blanches, et le grand fo- cile (w/na) de l'aile droite cassé en bec de flûte, avec une ec- chymose dans les chairs. Le volume de la vésicule était con- sidérable. $ 111. La chaleur moyenne des oiseaux de cet ordre, d’a- près neuf essais, de 104°,528 F.—32°,234 R. La différence des extrêmes, de 4° 8/9 R. ANIMALE. 15 Tiedemann remarque (1) que les animaux de nuit et les animaux ruminans ont le moins de chaleur, et les carnassiers le plus, le volume des poumons de ceux-ci étant proportion- nément plus considérable. Mais je crois d’un autre côté que l’abstinence, volontaire ou forcée, est une cause très-efficace de l’abaissement de la chaleur, et que la subsistance des animaux carnassiers est souvent assez précaire, et leur digestion prompte. Le nombre des expériences est au reste trop limité, pour s’é- tendre sur ce sujet en conjectures. CG. Pres; $ 112. La chaleur d’un corbeau, pris le 17 janvier 1820 à un appât préparé avec la noix vomique et le mou de bœuf (2), 99° 3/4 F.—30° 1/9 (3); paralysé des pattes et des ailes, il était retombé des airs en tournoyant après avoir ressenti les ef- fets du poison, ce qui ne tarde pas à l'ordinaire. $ 133. La chaleur d’une corneille gardée depuis plusieurs semaines en captivité, le 3 avril 1829, 108°,2 F.=33° 351/405. J’apportai cet oiseau en vie de Carouge à Genève, enveloppé d’un mouchoir; pendant le trajet il ne dit mot et bougeait à G) Fried. Tiedemann, Anatomie und Naturgeschichte der Vôgel. Erster Band (Ç 534). (2) On attend, pour faire cette chasse, qu’une légère neige soit tombée , et l’on y sème l’appât à la surface, en rase campagne. (3) Il est probable que lempoisonnement de cet oiseau fit baisser sa chaleur. 16 DE LA CHALEUR peine, mais aussitôt qu’on l’eût débarrassé du mouchoir qui le recouvrait, il se mit à croasser. Je le noyaï, et il fut près de neuf minutes sous l’eau avant de périr. L'intérieur de l’esto- mac, complètement vide d’alimens, était plem de bile dont il avait l’odeur; il présentait aussi des plis ou froncis très-saillans. $ 114. La chaleur d’un choucas des Alpes, le 6 avril 1829, chez un individu qu’on tenait depuis dix ans en cage à cause de son chant, de 109° F.— 34° 2/9. Il avait été pris à la main pendant l'hiver de 1819, sous un buisson, à la colline de Sous- Terre, près de Genève. Les treize premières pennes de chaque aile toutes blanches, les trois suivantes toutes noires, et les deux d’après, de nouveau toutes blanches. Les dix pennes de la queue tout-à-fait blanches. $ 115. La chaleur d’une jeune pie, du poids d’environ quatre onces, 33° 1/4 R. (1) $ 116. La chaleur d’un geai, le 2 juin, à 4/a Pittia dans le pays de Candi, 107° 3/4 F.— 33° 2/3 KR. ; la température, 85° F.—23° 5/9 R. $ 1197. La chaleur d’un perroquet Kakatoës, à Genève, le 16 novembre 1820, 108° F.— 33 7/9 R. $ 118. La chaleur d’un Psittacus Pullanius, le 29 mai à Candi, 106° F.— 32° 8/9 R. $ 119. La chaleur d’une petite perruche à cou gris, le 16 novembre 1820 à Genève, 108° F.— 33° 5/9 R. (1) Delaroche, expériences sur les effels d’une forte chaleur, etc. p. 23. ANIMALE. 17 6 120. La chaleur moyenne des oiseaux de cet ordre d’après huit essais, 106°,689 F. —33°,195 R. La différence des ter- mes extrêmes — 4° 1/9 R. D. Oïseaux d'eau. $ 121. Le canard sauvagé et domestique à la fois, participe, selon Braun, à la chaleur interne de la plupart des gros oi- seaux (1), — 87° de De l'Isle = 33°,6 R. La chaleur d’un ca- nard, le 14 septembre 1824, 109° 3/4 F.=— 34° 5/0 R.; d’une cane, 110° 2/3 F.=— 34° 26/27 R. Dans le mois de décembre à Colombo, la température, 98 F.— 20° 4/9 R.; la chaleur d’un canard adulte, de deux canes et de quatre petits canards de troïs à cinq semaines, pour tous de 110° F. = 34° 2/3; d’un canard adulte, 111° F.= 35° 1/9; d’un individu qui respirait 21 fois par minute, et dont le pouls battait 110 fois dans le même intervalle, 42° 1/2 cent. —34° R.; le 22 novembre 1828, dans l’œsophage d’un mâle, à la profondeur de cinq pouces et demi, 105° F.—32° 4/9 R.; dans le cloaque, 104° 1/2 F.—32° 2/9; dans le ventre, 105° 1/4 F.—32° 5/0. Ces quinze essais donnent au canard pour chaleur moyenne (1) Calorem anserum inveni in gallinis, gallis gallinaccis, anatibus, gallopavis et gallinis indicis seu Africanis, columbis, scilicet in sbdomine secto et sanguine. » Op cit. p. 426. TOME VII, l'° PARTIE. 3 18 DE LA CHALEUR 108°,81 F. — 34°,138 R. La différence des extrêmes — 2° 8/9 R. $ 122. La chaleur de huit macreuses, mâles et femelles in- distinctement, de 110°, 110°, 109° 2/3, 109° 1/2, 109° 1/2, 109? ‘1/2, 109° 1et-109 F.=34° 2/3,0342/3,0840r4 ler, 34° 4/9, 34° 4/9, 34° 4/9, 34° 2/9, 34° 2/9 R. L'évaluation moyenne — 109° 25/48 F.— 34°,454 R. La différence des ex- trêmes — 0°, 4/9 R. Ces canards faisaient partie de la basse-cour d’une auberge ; les domestiques les appelaient muets, parce qu’ils ne sonnent pas de la trompette comme le mâle de l'espèce ordimaire; ils les croyaient froids, leurs pontes étant moins fréquentes et abon- dantes que celles de la cane domestique. Les deux espèces s’ac- couplent n’a-t-on dit, et leur union produit, tandis que celle de leurs métis est stérile. $ 123. La chaleur de l’oie, d’après Braun, 87° de De Lisle, — 33°,6 R.; de deux individus, le 21 octobre 1824, 109° et 108° 1/2 F.— 34° 2/9 et 34°R. ; celle de deux mdividus à Co- lombo, dans le mois de décembre, 107° F. —33° 1/3 R. Le moyen résultat est 107°,82 F.=—33°,698. La différence des extrêmes — 0° 8/9 R. $ 124. Le8 août, sous la latitude de 2° 3° la température de l'air, 79° F.— 20° 8/9; celle de la mer à la surface, 81° 1/2 F. —22° R.; la chaleur de deux pétrels, de l'espèce dite petrel équinoxial, 103 1/2 et 105°-1/2F.—31° 7/9 et 32° 2/3; résultat moyen, 32° 2/9 R. $ 125. Le 11 mai, sous la latitude sud 34° 1” la tempéra- ture de l'air, 59° F.— 12° R.; celle de la mer à la surface, ANIMALE. 19 Go° F.— 12° 4/9 R.; la chaleur de deux pétrels du cap ( Pro- cella ria Capensis), 105° 1/2 F.— 32° 2/5: $ 126. La chaleur moyenne des oiseaux de cet ordre d’après trente-deux essais, est — 108°,361 F. — 33°,938 R. La diffé- rence des extrèmes— 3 1/3 R. E. Oïseaux de rivage, $ 127. La chaleur d’un héron (1) qui respirait 22 fois par minute, et dont le pouls frappait 200 fois dans le même inter- valle, 41° cent. —32°,8 R. $ 128. Je recus à six heures et demie du matin, le 1° sep- tembre 1829, trois petites bécassines vivantes, prises au lacet la veille, vers cinq à six heures du soir, sur les bords du Rhône, et qui dès lors n’avaient pas eu de nourriture. Je fis avec des ciseaux, au ventre de chacune d'elles, une ou- verture, par où J'introduisis un thermomètre qui se fixa dans l’une d'elles, numéro 1, à 105° F. — 30 4/9 R.; dans l’une des deux autres, numéro 2, à 106° 1/2 F. — 33° 1/9 R.; dans la dernière d’elles enfin, numéro 3, à 108° 3/4 F.—=34° 1 [9R. EE à © UE RES (1) Le’14 septembre 1828, dans la soirée, on a remarqué à Lille un passage con- sidérable de hérons pourprés. C’est un événement assez extraordivaire que lappari- tion en troupes de ces oiseaux dans les déparlemens du nord. Ils habitent d’ordinaire les confins de l'Asie, et on en trouve un grand nombre sur les bords du Danube. On a vu paraître aussi, il ÿ a environ deux mois, dans la Belgique, des vautours- griflons également étrangers à nos contrées septentrionales. On en trouve souvent en Turquie et dans l’Archipel. (Gazette de Lausanne du 26 sept. 1828.) - 20 DE LA CHALEUR __ La bécassine numéro 1 vécut ayant une partie des intestins hors du corps, jusque vers 10 heures 1/4 du matin; elle con- tinua comme les deux autres, mais avec moins de force qu’elles en apparence, à marcher, à volüiger, à hocher la queue et à siffler, perdant d’ailleurs un peu de sang, et n'ayant eu, non plus que les deux autres, rien à manger ni à boire. La bécassine numéro 2, ne périt qu’à trois heures de l’après- midi; la survivañte, paraissant encore pleine de vigueur, j'en repris une heure plus tard la chaleur, —109° F.—34° 2/9R.; elle courait encore assez vite le lendemain matin, quoiqu'elle ne voltigeät presque plus, sa chaleur était alors de 106° 1/2 F. — 33° 1/9; elle périt en prolongeant un peu l'expérience, et dès l’instant de sa mort le thermomètre commença à descendre. Il résulte des cinq essais faits sur ces trois bécassines, que leur chaleur moyenne était de 107°,15 F. —33°,4 R. La différence des extrêmes — 1° 7/9 R: | $ 129. M. J. Davy prit le 20 juillet à Tangalle près ‘de Ceylan, deux fois dans la même journée , la chaleur de la poule ‘dés jungles, que je préstihérais appartenir au genre Fulica, dû mot luncägo, plante qui croît dans les marais ; il la! trouva le matin de°ro7° 1/>F.=—33° 5/9 R°; En tempé- rature, 78° F.— 20° 4/9: tandis que dans l’après-midi, la cha- leur du même oiseau était de 108 1/2 F.—34° R., la tem- pérature, 83° F.—22°2/3 KR. "6 130. La chaleur moyenne des oiseaux de cet ordre d’après huit essais, si la conjecture que j'ai faite.sur la poule des jun- gles est fondée, serait de 107°,194 F:=33°,{19 R. La diffe- rence des termes extrêmes — 1° 7/9 R. \ ANIMALE. 21 EF. Oiseaux de basse-cour. $ 131. La chaleur du coq dans le ventre, selon Braun, 87° de De Lisle — 33°,6 R. John Hunter trouva celle du rectum de trois individus, 104°, 103 1/2 et 103° F.— 32°, 31° 5/9 et 31° 5/9 R; celle dans le ventre de deux individus ouverts vi- vans, 33° 1/2 et 33° 1/3,.R.; d’un vieux coq à trois pouces de profondeur dans le gosier, 33° 1/2. ; d’un coq du poids de 2 liv::3/8, 33° 1/4 R:; d’un)autre, le 2 septembre 1824, 110°,3/4 F:—=35°R. M.J9. Davy, dans ke mois de décembre à Colombo, la témpérature, 38 F.=— 20° 4/0, estima la chaleur d’un vieux!coq, 110° F.— 34° 2/3, et celle d’un coq adulte, LUE, =35° 1/9 R.; je déterminai celle d’un coq de six mois, le 21 octobre 1828, de: 106° F. = 32° 8/9 R. ; :d’un autre de sept mois; le-30 octobre, 105° 1/2F.— 32° 2/3 ; d’un autre de six à septans, le 4 novembre, 105% 1/4F,— 32° 5/9 R° ; d’un jeune dé: l’année , le 5 novembre » 107°1/4F.=—33° 4/9 R:; d'un, adulte, le 27 août, 08° 1/5 F.=—,34° La moyenne cha: leur du coq conformément, x ces seize expériences ; est. de 106,032 F. = 33°, 303 R. =: différence .des extrêmes — 3° 5/9 R. : La: chaleur dans Je véntiie dus 2e foule 87° de De Lisle selon Bhañis, —33°,6 KR. ; de trois poules qui ne couvaïént pas; d’ Em John Hünier, 1d4°,4089 D et 108%F.:=82%, 3x°5/0et31%5/9 R:;Getroispoules qui couvaiet , d'après le! même physiologiste, 22 DE LA CHALEUR 104°, 103° 1/2 et103 F.—32°,31° 7/9 et 31° 5/0 R.; de huit poules qui avaient couvé, le 27 août 1824, 110° 1/2, 108°, 108, 107° 3/4,107°.3/4, 107°1/4, xo7éti107f F.—34° 8/9, 33" 7/9, 33° vi, 34 2f9, 33° 213$ 397" 198918 "et 33° 1/3 R.; de trois poules qui avaient couvé, le 2 septembre 1824, 109° 1/4, 108° et 108° F.—34° 1/3, 33° 5/9 et 33° 7/9 R.; de deux poules à Colombo, dans le mois de dé- cembre, la température 78° F.— 20° 4/9, l’une à la moitié, et l’autre au terme de croissance, 110°, 110° F.—34° 2/3, 34° 2/3 R.; d’une poule à Colombo qui avait couvé trois se- maines, 109 F.—33° 7/9 R.; d’une poule à Edimbourg, pendant l'hiver de 1813, la température, 40° F. —3° 7/9, 108° 1/2 — 34° R.; d’une poule qui respirait 30 fois par minute, et dont le pouls battait 140 fois dans le même intervalle, 41° 1/2 cent. —33°,2 F. ; d’une poule de cinq ans, 105° 3/4 F. — 32° 7/9 R. ; d’une autre de sept mois, 106° 2/3 F.—33 5/27; d’une de six à sept mois qui n’avait jamais encore pondu, 105° 1/4 F. = 32° 5/9 R.; d’une de six à sept ans, 105° F.—32° 4/0; de dix poules bien nourries et bien entretenues, le 5 novembre 1828, 108° 1/3, 108°, 108, 107° 3/4, ao 1/4, 1059" 2/4, ao ro6°! rl2er06?, 104° 3/4 F. — 33° 25/27, 33° 7/0, 33° 7/0, 33° 2/3, 33° 4/9, 33° 4/9, 33° 1/3, 33° 1/9, 32° 8/9, 32° 1/3 R. La chaleur moyenne de la poule d’après ces trente-sept essais, est 106°,859 F, —33°,271 R. La différence des extré- mes — 3° 1/3 R. Dans le mois de décembre à Colombo, la température, 78° F. — 20° 4/9; la chaleur de deux poulets âgés de deux ANIMALE. 23 mois (1), pour l’un et l’autre, de 111° F. — 35° 1/9 R. Les cinquante-cinq essais que contient cet article sur la cha- leur du coq, de la poule et du poulet, donnent pour celle de l'espèce entière, 107°,031 F. —33°,347 R. $ 132. La chaleur dupigeon dans le ventre, 87° de De Lisle, selon Braun, — 33°,6 KR. ; d’un pigeonneau, 33° 3/4 R.; de trois pigeons, 42°,5 41°,9 et 41°,8 cent. — 34°, 33°,52 et 33°,44 R. (2); d’un autre qui respirait 34 fois par minute, et dont le pouls frappait 136 fois dans le même intervalle, 42° cent. —33°,6 R.; de deux pigeonneaux de quinze jours 107° 1/2 F.—33° 5/9 R. pour l’un et pour l’autre; de deux autres de trois semaines, près de Colombo, comme les deux pré- cédens, 109° F. — 34° 2/9 R. pour chacun; d’un pigeon à Londres, 108° F. —33° 7/9 R.; la température à Colombo et à Londres, respectivement de 78° et 6o° F.—20 4/9 et 12° 4/9 R. La chaleur moyenne d’après ces onze essais — 107°,936 F. == 33°,749 R. La différence des extrêmes — 0°,78 R. $ 133. La chaleur dans le ventre d’une peintade ( Numida meleagris), 87° de De Lisle, d’après Braun, — 33°,6 R. M. J. Davy trouva celle d’un individu, dans le mois de décembre à Colombo , de 110° F. — 34° 2/3 R.; elle était dans un mâle, le 21 octobre 1828, 105° 1/2 F. —32° 2/3. La chaleur moyenne d’après ces trois essais est 107° 21/30 F. —33°,6445 R.; la différence des extrêmes — 2° R. (1) Les poulets ne peuvent faire des petits qu’à six mois. (2) Delaroche, Journal de Physique, etc. 1809. 24 DE -LA! CHALEUR $ 134. Braun à assigné aucoq d'Inde ( Meleagris Gallo- pavus) pour sa chaleur dans le ventre; 87° de De Lisle, —33°,6 R: ; la chaleur d’un individu dans le gosier, à trois pouces de profondeur, — 33°. ; et 33° 1/2 R. dans le ventre. M. J. Davy trouve celle du rectum d’un de ces oiseaux adultes, dans le mois de décembre à Colombo, 109°F. — 34° 2/9 KR. ; celle de deux autres du même âge, 108° 1/2 F. —34° R. pour chacun. Une femelle était à 108° — 33° 7/9 KR; et un dindonneau de deux mois, à 109° 1/2 F. =34° 4/9 R.; celle d’un dindon, le 27 octobre 1828, 10° 3/4 F. = 32° 7/9 R.; d’une dinde à plu- mage entièrement blanc, le 27 octobre, 105° 2/3 F. = 32° 20/27 R. ; d’un dindon, le 1‘ et le 4 décembre, 105° 1/2 et 106° 1/2 F.—32°.2/3 et 33° 1/9 R. La chaleur moyenne d’après les douze essais, est = 107°,345 FE. — 33°,487.R. La différence des extrêmes — 1° 7/9 R. $ 135. La chaleur d’un paon et de sa femelle (Pavo crista- tus), le 27 octobre 1828, 105° 2/3 et 106° F. respectivement — 32° 20/27 et 32° 8/9 R.; c'est à savoir pour la chaleur moyenne de l’espèce, 105° 5/6 F. —32°,815 R. $ 136. La chaleur de deux cailles (Perdrix cothurnix) l'une et l’autre apprivoisées, le 22 octobre (1) 1828, 109° 3/4 et (1) Nous averasmes à Ancône, 27 avril 1581 , que les cailles passent deçà de la Sclavonie à grand foison, et que toutes les nuits on Lant des rets au bord de decà, et les apele-t-on a tout {avec) cete leur voix contrefaicte, et les rapele-t-on du haut de Pair où elles sont sur leur passage; et disent que sur le mois de septembre elles re- passent la mer en Sclavonie, (Voyage de Montaigne, 1: IE, p. 116, ANIMALE. 25 108° 3/4 F. — 34° 5/0 et 34° 1/9 R.; leur chaleur moyenne, 100%!1/4 F:=—=34 1/3 R. $ 137. La chaleur moyenne des oiseaux de cet ordre, d’a- près quatre-vingt-cinq essais, est de 107°,24 F. — 33,44 R. La différence des extrêmes — 3° 5/9 KR. G. Passereaux. $ 138. La chaleur dans le rectum d’une grive commune, 109° F. — 34° 2/9; la température, 60° F. — 12° 4/0 R. $ 139. La chaleur dans le rectum d’un jeune merle, le 31 juillet 1829, 104° 1/4 F. — 32° 1/9 R. $ 140. La chaleur dans le gosier d’un pinson, 33° R.; la température, 9° R. $ 141. La chaleur dans le gosier d’un verdier, 33° R. la température, 10° R.; desix autres individus dans le ventre, le 1 décembre 1825, le 5 et le 10 janvier 1829, 111° 1/2, 107° 3/4, 107° 1/2, 107° 1/4, 106° 3/4 et 106° 1/2 F. — 35° 1/3:388%0/3; :33°5/0, 33% 4/9, 38° 2/0, 33°:1/9 R. La chaleur moyenne, 107°,643 F. —33°,619 R. La diffé- rence des extrêmes — 2° 1/3 R. $ 142. La chaleur dans le gosier d’une linotte, 32° R. ; la température, 8° R. ; de dix autres dans le ventre, le 7, le 17 et le 20 novembre 1828, 111° 3/4, 111° 3/4, 112°, 111° 1/2, 111° 1/4, 110° 3/4, 110°, 109°, 109° et 108° 1/2 F. — 35° 4/9, 35° 40. 35° 5/9, 35° 1/3, 35° 2/9, 35°, 34° 2/3, 34° 2Jo, 34° 2/9 et 34° R. TOME VII, [© PARTIE. 4 26 DE LA CHALEUR La chaleur moyenre, 109°,955 F. —3/°,6463 R. La diffé- rence des extrêmes, 3° 5/9 R. $ 143. La chaleur de deux rouge-gorges (sy/oia rubicula), d’après Braun, 84° de De Lisle —35°,2 R. $ 144. La chaleur de dix-sept chardonnerets, tous pris au filet et ouverts vivans le 20 octobre 1824, 113° 1/3, 112°, Ron ne nee Cire MELON 34, Er6 RFO 10°, rr0°, 100° 1/23 1091/2400"; #09", 108°, 107° 3/4 ebrosu—=36 14/2535" 5/0, 85%10/8135%/5; 3519/0358, 34° 8/0, 34° 213, 34° 3/3, 34° 213, 849 4lo, 34° 4lo, 34° 2/0, 34° 2/9, 33 7/0, 33° 2/3 et 33° 1/3 R. La chaleur de deux mâles, pris au filet quelques jours avant le 28 novembre 1825 où je les ouvris, 1 10° 3/4 et 110° F. — 35° et 34° 2/3 R. La chaleur moyenne, d’après les dix-neuf individus, 1 10°,070 FE. — 3/°,698 R. La différence des extrêmes, 2° 22/27 KR. $ 145. La chaleur dans le ventre d’un moineau qui venait d'être étouffé, 33° R.; celle d’un autre au moment aussi où il venait d’être tué, à Gompala, dans le pays de Candi, le 3 juin, 108° F. — 33° 7/9 R. ; la température, 80° F. — 21° 1/3 R.; celle de deux mâles le 23 novembre 1828, 1 13° 3/4 et 109° 3/4 F.— 36° 1/3 et 34° 5/9 R. ; de cinq individus, le 1° et le 7 décembre de la même année, 113° 1/4, 112° 1/2, 110° 3/4, 06° 3/4 et 102° 3/4 FE. —36° 1/9, 35° 3/9, 35°, 33° 2/9, 31° 4/9 K. La chaleur moyenne, 109°,306 F. —34°,358 R. La diffé- rence des extrêmes, 4° 5/9 K. ÿ 146. La chaleur de dix-sept serins et tarinces (/rzgilla serinus et F. spinus\ indistinctement, tous pris au filet et ou- ANIMALE. 27 verts le même jour, 20 octobre 1824, 114°, 113°, 112° 1/4; pp, nr 2P4inu2%, 1 01° 3/43va mifgen 10:38] 4qura 0° 5/3; 10°, 109°, 108° 1/2, 109°, 107°, 106° 1/2 et 106° F. — 36° 4/9, 36°,135°.2/3,,35° 59, 35° lo, 35° 5/9,:35° 4/9,:35° 1/0, 35°, 34° 26/27, 34° 2/3, 34° 2/9, 34°, 33 lo, 33° 113, 33 1/9 et 32° 8/9 R. La chaleur moyenne, 110°,259 F.=—3/°,782 R. La diffé- rence des extrêmes — 3° 5/9 R. $ 147. La chaleur de cinq alouettes, le 23 octobre 1828, 108°,1/2,1108°, 108°, 106° 1/2, 206° 1/2 F: — 34°, 33° 5/0, 33° 7/9, 33° 1/9, 33° 1/9R.; de neuf individus, le 7 novembre de la même année, 114° 1/4, 113° 1/2, 113° 1/2, 1192° 1/2 dress na nr dés amrilesmamonltEss26blo, 36.2/pr667 0/0; 36%a/louta 719 30° 5/954352,4/0, 35,3/3; 35° 1/3 R.; d’un individu treize jours après, 110° 1/4 F.— 34 7/9 R. La chaleur moyenne des quinze individus, 110°,717 F. — 34°,985 R. La différence des extrêmes, 3° 4/9 R. $ 148. La chaleur d’un pinson d’Ardennes, le 10 janvier 1820, 105° 3/4 F.— 32° 7/0 R. $ 149. La chaleur d’un bec-figue, le 10 janvier 1829, 104 4/28. — 32°,9/3,R. $ 150. La chaleur d’un bruant-proyer, le 20 novembre 1BaBquiagua)2 F:=—33%6)/0R: $ 151. La chaleur d’un bouvreuil, le 9 janvier 1829, 109° EF. — 34° 2/9 R. $ 152. La chaleur d’une mésange charbonnière, le 1° dé- cembre 1828, 111° 3/4 F. —35° 4/9 R. ? 28 DE LA CHALEUR $ 153. La chaleur moyenne des oiseaux de cet ordre, d’a- près quatre-vingt-huit essais sur seize différentes espèces , 109°,701 F. — 34°,5336 R. Les termes extrêmes sont 114° 1/4 F.—36° 5/9 R. (S.147), et 102° 3/4 EF. — 31° 4/9 R. (S 145), ce qui fait une différence de 5° 1/9 R. $ 154. Braun a uniformément porté au 87" degré de lé- chelle de De Lisle, c’est-à-dire à 107°,6 F. ou à 4 33°,6 de Péchelle commune du thermomètre, la chaleur de l’intérieur du ventre des gros oiseaux, tels en particulier que de Foie, du canard domestique, du coq-d’Inde, de la peintade, du coq, de la poule et du pigeon. D’après quinze essais que j'ai faits sur sept espèces appartenantes à d’autres ordres qu’à celui des pies et à celui des passereaux , J'ai trouvé, pour résultat moyen, 106°,033 F. —32°,9036 KR. ; mais les résultats individuels ne présentent pas l’uniformité mentionnée par Braun. Les termes extrêmes sont 109° et 102° F.; ce qui fait une différence équi- valente à 3° 1/9 de l'échelle commune du thermomètre. Mes es- sais en comprennent cinq sur la petite bécassine, quatre sur le tiercelet d’épervier commun, deux sur le coq, un sur la chouette noctuelle (1), la pie-grièche grise, le canard mâle domestique et le coq-d'Inde. G) Le thermomètre fut plus particulièrement dirigé dans la poitrine de cet oiseau, que dans le ventre. ANIMALE. 29 Braun parle dans sa dissertation de deux expériences sur autant de rouge-corges (sy/ia rubicula\, dont il ouvrit le ventre pendant qu’ils vivaient, dans le but d’en connaître la chaleur : il la trouva de 84 degrés de l'échelle du thermomètre de De Lisle, ce qui correspond à 111°,2 du thermomètre de Fahrenheit, ou à 35°,2 de l'échelle commune du thermomètre. M. le docteur John Davy étant à Gompala dans le pays de Candi, trouva la chaleur de l’intérieur du ventre d’un moi- neau (fringilla domestica), au moment où il venait d’être tué, le 3 juin, de 108° F. — 33° ;/9 R., la température étant alors de + 1° 1/3 R. J’ai fait sur douze espèces de passereaux, à qui J'ai ouvert le ventre pendant qu’ils étaient pleins de vie, quatre-vingts expé- riences qui, jointes aux trois qui viennent d’être mentionnées, m'ont donné pour la chaleur moyenne de cette partie de leur corps, 109°,927 F. —3/°,6342 R. Mes essais s'étendent à dix- neuf chardonnerets, dix-sept serins et tarins indistinctement, quinze alouettes, dix linottes, huit moineaux, six verdiers, et à un individu des cinq espèces suivantes, du pinson d’Ardennes , du bec-figue, du bruant-proyer, du bouvreuil, de la mésange charbonnière. Les termes extrêmes de la chaleur interne de tous ces passe- reaux sont 114° 1/4 F. = 36° 5/9 R.: et 102° 3/4 F. —3r° 49 R., ce qui donne, pour la différence entre ces deux termes extré- mes de la chaleur, 5° 1/9 R. La chaleur moyenne du rectum ou cloaque de cent-dix-sept oiseaux répartis dans les cinq autres ordres que celui des passe- reaux, est de 107°,358 F. —33°,5058 R. Je pense qu'il con- 30 DE LA CHALEUR vient d’écarter comme terme du minimum, la chaleur du milan et de la chouette noctuelle blessés, de même que celle du cor- beau paralysé (99°, 102° et 99°,75 F.); 103 EF. =—31° 5/9 KR. serait alors la limite inférieure, qui s’est présentée trois fois : deux fois chez la poule commune, et l’autre fois chez un coq; la limite supérieure = 111° F. 35° 1/9 R., a été atteinte quatre fois en tout, par un canard, par un coq et par deux poulets. La différence est de 3° 5/9 R. Parmi les cent-dix-sept expériences sur lesquelles est fondée la chaleur moyenne du cloaque des oiseaux différens des passe- reaux, il y en a cinquante-quatre qui appartiennent à d’autres que moi, à John Hunter, à Delaroche, et surtout à M. le doc- teur John Davy. Vingt-quatre espèces d'oiseaux, et dans des proportions très- inégales, ont contribué aux cent-dix-sept expériences : la poule, le coq et le poulet pour cinquante; le mâle du canard ordinaire, la cane et le caneton pour douze; le pigeon mâle, sa femelle et le pigeonneau, pour dix; le dindon, la dinde et le dindonneau, pour neuf; le canard macreuse indistinctement, pour huit; le jars et l’oie, pour quatre; la peintade, la caille, le paon et la paonne, la poule des jungles, le pétrel équinoxial et le pétrel du cap, chacun pour deux; le héron, la petite perruche à cou eris, le psittacus pullanius, le perroquet kakatoës, le geai, la pie, le choucas des Alpes, la corneille, le corbeau, la chouette noctuelle, le chat-huant et le milan, chacun pour une. La chaleur moyenne dans l’œsophage ou le gosier de cinq gros oiseaux, à la profondeur de quatre à cinq pouces, se trouve être de 106°,125 F. —32°,944 R. ANIMALE. 31 Dans le seul cas où j'aie pu faire une tentative fructueuse pour démêler l'influence du sexe sur la chaleur interne, dans le cas du coq et de la poule ($ 131), la différence a été insigni- fiante ou nulle; c’est à savoir, des trois centièmes d’un degré du thermomètre de l'échelle commune, dont la chaleur du coq ex- céderait celle de la poule. D’après les faits observés par John Hunter, que J'ai rapportés (Ç131), il ne semblerait pas que la chaleur des poules qui cou- vent, soit plus considérable que celle des poules qui ne couvent pas. Sans prétendre donc que la chaleur de Pair, selon l’heure de la journée et la saison (1), que la différence de la partie du corps dont on éprouve la chaleur interne, que la différence du sexe, de l’âge, de la nourriture sous le rapport de la qualité et de la quantité, que l’acte de couver, etc. soient sans influence quelconque pour faire varier la chaleur interne des individus de la même espèce; j’observerai seulement qu’un grand nombre de fois, dans des circonstances aussi précisément semblables qu'on en pouvait juger, les différences qu’on aurait pu être tenté d'attribuer à quelques-unes de ces causes, ont été considérable- (1) M. le docteur Edwards pense (Ouv. cit. p. 488 et 489) que la température de Phomme et celle des animaux à sang chaud varie suivant les saisons d’une manière uniforme. La moyenne des observations qu’il a faites sur des moineaux adultes lui a appris qu’au mois de février, elle était de 40°,8 cent.— 329,64 R.; en avril, de 42° cent.=— 33°,6 R.; en juillet de 43°,77 cent. —35°,016R. La marche est inverse, sui- vant lui, dans le déclin de l’année, on DE LA CHALEUR ment surpassées par des différences inhérentes aux individus, passagères ou permanentes , d’où résulte la convenance de s’at- tacher surtout aux résultats les plus généraux. 6 155. La table suivante présente la quotité des différences extrêmes de la chaleur interne, parmi des individus de même espèce. Le cas de la chouette noctuelle excepté, le nombre in- diqué des essais a eu lieu sur autant d'individus différens. ESPÈCES. des extrêmes chaleur interne, Momeau-s Entente crte nca: resOrEe Er Coq Re no 586006 der 0086 008 Hinotte tee. PA PO C UE 2 Serin et tarin..... SN istete Sole à os alers ie Alouette. ..... RARE LEA PTS HALO RACALEEAS SX Poulet: ste PE : Epervier commun. Canard ordinaire..,...,.... Chardonneret.......... E A AOC Vérdier. "1. PO DC OU CDR Peintade. .... re lee alle rie ue Pétité DéLASSINOS. sera ce ste see ec ee Dinde, -.,... ee sienne cie c'e ere ie OÉELr-cepecee serre. Pétrel équinoxial.,............ Pigeon .........,....pe. Canard macreuse.......... ° Poule des jungles.......... ANIMALE. 33 LS ST © mn. © rm 2 £ É 4 4 3 ESPECES. ERSN e S x = 3 Æ © pe 2 Ar Caisse dass aardargre 0°,44 R. PaGR el /paonne 1 MATELAS EMEA ANT RAR 0,15 Chouette noctuelle.............. no. 34.450 MASSE 05 0,00 Retro dcr ES EE Le RARE 45e 0,00 POUIGLE AE ER IAE 0e ces ee self es. - 4-2 jte 0,00 Rouge-gorge. ..#......s.senesresserspeeteeeesssse 0,00 C’est parmi les passereaux que les plus grandes différences indi- viduelles se rencontrent. $ 126. La récapitulation qui va après, est relative au degré moyen de chaleur interne des différens ordres d’oiseaux. ESPÈCES. Nombre CHALEUR MOYENNE INTERNE. Différences des termes extrêmes de la chaleur des expériences. :1Passereaug-®l 32) le 109°,701 F.<+ 349,533 R.] 5°,11 R. IT. Oiseaux d'eau............ | 32 | 108,361 33,938 3,33 LIL. Oiseaux de basse-cour..... | 85 | 107,240 33,440 3,96 IV. Oiseaux de rivage......... 8 | 107,194 33,419 1,78 NA Pie ones 8 | 106,689 33,195 4,11 VI. Oiseaux de proie. .... aie te 104,528 32,234 4,88 On doit naturellement accorder plus de confiance aux résul- tats fondés sur le plus grand nombre d'expériences. J’observerai TOME VII, L'° PARTIE. 5 34 DE LA CHALEUR aussi que la différence des termes extrêmes de la chaleur, pour ce qui concerne l’ordre des oiseaux de proie et celui des pies, paraît ici plus considérable, probablement, que dans la réalité; les termes inférieurs étant trop bas, je présume, comme je l'ai conjecturé Ç 154. On voit que les petits oiseaux sont les plus chauds. C’est bien moins, Comme on aurait pu le croire, parce qu'on a déterminé leur chaleur en leur ouvrant le ventre pendant qu'ils vivaient, que par une faculté inséparable de leur nature, $ 154. Cet excès de chaleur des petits oiseaux, d’un degré R. au moins en sus de la chaleur des oiseaux de basse-cour, est-il lié à ce qu'ils ne couvent que pendant onze à dix-sept jours tout au plus, à ce que leurs petits naissent faibles, le corps essentiel- lement dépourvu de plumes, aveugles , incapables de marcher et de saisir leurs alimens ? La plupart au reste de ces passereaux ou oiseaux de passage se retirent l'hiver dans des climats chauds, où se ferait, selon les idées de Jenner, le développement des testicules dans les mâles, et des ovaires dans les femelles, qui les porte surtout à émigrer au printemps ; de même que la désenflure de ces orga- ues et l’'accomplissement du vœu de la nature, leur ferait quit- ter les régions tempérées plus ou moins tôt en automme, ou sur la fin de l'été (1). (1) Philos. Trans. 1824, p. 11 — 44. ANIMALE. 35 Û 157. Tableau des expériences rapportées dans ce Mémoire, relatives à la chaleur interne des oiseaux de différens or- dres. Degrés 2 de l'échelle ESPECES. du thermomètre de Fshrenheit. I. OISEAUX DE PROIE. Lean Eee dead nie iplersrsr L'épervier commun tiercelet. .…...:. #41 br Rite 5 Eapie-mieche pEiSé.L 20e arret 1 Dercha An A eee no even ae sie pions 3 moitie cs 01e I La chouette noctuelle (1).........., ÉBA ARE CRE EE 1 II. PIES. LE nee 26 CRE ane ec RARE AE I 99,7 La corneille. ...,...... LEE. 2er CO. AL 1 108,2 Le choucas des Alpes......... asie si brodt nns v8 de I 109 ONE à PE 0e Dee OU CPE PO CT TC 1 106,812 PESTE NS CES CEE CORRE TOC TOC TOO Eee 1 107,75 Le perroquetkakatoës. .......................... I 108 PSiTaCUS DUUIRHIUS EE neesne eee -eser-ecu nee I 106 La petite perruche à cou gris............,..,,..... 1 108 (1) D’entre trois expériences faites dans autant de différentes parties du corps, qui toutes ont accusé le même résultat, jai regardé celui-ci eonvme simple, dans la crainte qu’en letriplant, la chaleur moyenne de Pordre w’en {ût trop rabaissér, 36 DE LA CHALEUR RE ESPÈCES. III. OISEAUX D EAU. Le canard domestique................., Le canard macteused., . esse oc e ve LÉ Co 7 08 à Te DOTE Le pétrel équinoxial...,........,.... Lepétreldu pret. --0-----"008 1V. OISEAUX DE RIVAGE. Le heron... La.petité"bécassined 1:20... La poule des jungles...::::::::::222: V. OISEAUX DE BASSE-COUR. NS 450 T0 ouest ÉrodiopTaeococ Le coq, la poule et le poulet. .......: La peintade, ou poule de Numidie. . : Le dindon, la dinde et le dindonneau. Le paon et la paonne..:.::......:. Lalcalé ee ete ere VI. PASSEREAUX. La grive commune.....,.......... LD 1515 N (OSEO RM TEE RATE DemOinEARt seu se R ion das eee Le pinson........ ss... Le pinson d'Ardennes..... La linotte. Ancenis satire tire Lechardonneret ss see eseeacetse s . Degrés de l'échelle du thermomètre Nombre des expériences de Fabrenheit. 1632°,27 876,17 539,1 209 211 D D Or © ot 11 | 1187,2979 55 | 5886,7125 3 323,1 12 | 1288,1417 2 211,6667 2 218,9 I 109 1 104,25 9 | 983,75 1 106,25 I 109,75 11 | 1209, 19 | 2091,33334 ANIMALE. Ji Degrés F de l'échelle ESPECES. da thermomètre de Fahrenheit. Le tarin et le serin, indistinctement................ Le verdier....,......... s pus à. uasr buste Le bouvreuil, .............. SRE PRET TO OC Le rouge-gorge..... rep CAVE ACID SOUS, CCE PRPURE Le bec-figue......, ne raies RÉ RS ATEL. HCS Pe EE Le DFHANEPIOYET 2 renebeaa ee ee Dolce ne L'alouette, .........21421 #2} RTORSES < tract dass La mésange charbonnière...................... 7e 111,79 La plupart des expériences originales ayant été faites avec le thermomètre de Fahrenheit, il était plus expéditif d’y ramener les observations moins nombreuses pour lesquelles on s'était servi de quelque autre thermomètre; mais je crois maintenant convenable, pour les raisons données aïlleurs ({ 85), de conver- tir les degrés de Fahrenheït en ceux de l’échelle commune du thermomètre, en n’opérant cependant que sur les diverses som- mes d’après lesquelles a été évaluée la chaleur spéciale moyenne des six ordres d'oiseaux. EEE RE DELLE 2 TI RL PE LED D : Ë Echelle Echelle h È £ ESPECES, £ ei de commune du * E 8 Fahrenheit. thermomètre. T Oiseaux de proie. ..........., ‘SE Fe 9 | 940,75 290°,112 PES Re ne SO see nn ne etes mers sa 8 853,512 265,561 OISEAU EAN ee PLEMET Pass ..., | 32 | 3467,94 1086,02 Oiseaux de rivage..... Ed OEM {2 1 8 859,55 267,356 Oiseaux de basse-cour......,.... Fine dede 85 | 9115,4184 | 2842,4r PASSETEAUX Eee. NS0N0052:00 3038,96 39 DE LA CHALEUR $ 158. Nous apprenons que deux cent trente expériences fai- à) tes sur des oiseaux compris dans les six ordres de la classe en- tière, afin de connaître leur chaleur interne, donnent pour ré- i nono 2188842 119041 mn oO: eg sultat général, = F.= ER. = 108°,21 F. — 53 37 R. Je pense que nous pouvons y mettre une pleine confiance, x et J'observerai à cet égard que d’après quatre-vingt-deux expé- “ Le riences que j'avais faites sur des oiseaux de différens ordres, de- puis le 21 octobre 1828 jusqu’au moment où je les ai closes, j'ai EURE F., ce qui est identique avec le résultat des deux cent trente expériences (1). Cette chaleur moyenne de la classe des oiseaux surpasse celle qui est propre à la classe des mammifères, de 2°,14 R. ({ 36). Cette conclusion semblerait assez sûre pour inviter à rechercher la cause de cette supériorité de chaleur sur tous les autres ani- obtenu pour le résultat QG) Eu admettant (Ç 102, 104 et 105) que la chaleur interne des oiseaux soit supé- rieure des deux tiers d’un degré R. à leur chaleur externe, celle ci serait pour la classe entière ($ 158) de 33°,21 R. Or c’est précisément l’evaluation moyenne que donnent les estimations rapportées 96, 102, 103 et 104. La chaleur interne de cent quarante-deux oiseaux hors de l’ordre des passereaux, que pour celle raison j’appellerai gros oiseaux, est de 53°,46 R. ( 157); celle de quatre-vivgt-huit passereaux étant de 349,53 R. ($ 156), nous aurious: CHALEUR INTERNE. CHALEUR EXTERNE. Petils oiseaux........ 34,63 R. 33°,87 R. Gros oïiseaux........ 33,46 32,80 Le plumage pourrait néanmoins influer diversement sur la chaleur externe des oiseaux, et Les petits ne pas maintenir toujours leur supériorité proportionnelle vis-à- vis des gros, de ceux d’eau surtout, ANIMALE. 39 maux. Dans le but d’être utile à ceux qui s’y livreraient, je rapporterai ( 162 ) un certain nombre d'expériences que j'ai faites sur le poids des poumons et du foie des oiseaux propor- tionnément au poids de leur corps. Les uns auront à voir si c'est surtout dans les poumons et le foie, dernier viscère qu’ils regardent comme un poumon secondaire, qu’il faut placer le foyer de cette chaleur active ; ou si la vaste circulation de l'air, dans toutes les parties du corps de ces animaux, n’y a pas la meilleure part. $ 159. L'oiseau respire deux fois et demi environ aussi sou- vent que l’homme, dans le même espace de temps. Et comme le développement de la chaleur animale, dont je me suis essen- tiellement proposé de déterminer la mesure, paraît être propor- tionné à l’étendue et à la fréquence de la respiration, on en a conclu que c'était à la plénitude de cette fonction dans les oi- seaux, qu'il fallait attribuer non-seulement la chaleur supérieure de leur sang, et sa couleur très-rouge , mais encore leur acti- vité, la rapidité et l’énergie de leurs mouvemens, la prompti- tude de leur digestion , leur ardeur pour le coït, la force et la durée de leur chant, etc. $ 160. Les poumons des oiseaux sont des corps longuets, adhérens à l’épine du dos, ayant des entaillures où pénètrent les bords saillans des côtes, mais qui sont bien loin de remplir la cavité de la poitrine, ni d’atteindre le sternum. Des trous qu'on y remarque, permettent à l'air de communiquer libre- ment avec des poches, des vessies ou des cellules membraneu- ses, qui sont de véritables réservoirs; fournissent d’air presque toutes les parties de l'oiseau, même les cavités de ses os. 40 DE LA CHALEUR $ 161. Le foie remplit plus ou moins les deux hypocondres ; il est toujours divisé en deux lobes, souvent eux-mêmes décou- pés. Tous les oiseaux ne sont pas pourvus d’une vésicule, mais il faut remarquer que parmi un certain nombre d'individus de la même espèce, les uns en manquent, et d’autres Font. Per- rault n’en trouve, par exemple, que dans quatre des six de- moiselles de Numidie ( 4rdea virgo) dont il nous a laissé la description anatomique; et sur dix poules de Guinée (Numida meleagris) qu'il disséqua , iln’y en avait que deux qui eussent la vésicule (1). $ 162. Tableau comparatif du poids des poumons et du Joie des oiseaux de cinq ordres, avec le poids du corps, le plumage compris. Poids Poids Poids des poumons du foie ESPÈCES. du corps Nombre des expériences. en grains. en grains. en grains, OISEAUX DE PROIE Epervier commun................. | 4 Pie-grièche gnise.. mere | Chouette noctuelle.................. | 1 205,36 (1) F. Tiedemann, ouv. cit. t. I, p. 507. ANIMALE. 41 : É Poids Poids Poids ESPÈCES. E À du corps des poumons du foie F o en grains. en grains. en grains. L PIES. Choucas des Alpes................ ‘ 450,05 Pie... ANSE DRE AE 219,15 Geait 1}. "06 DoDo Du Hood Poe 48 Corneille. ....... ne Pace ele corne 218,4 PIC VERS MIRE ER RUE SEUL 117,19 Piciépeiche Pete re se osttie OISEAUX D'EAU. Canard sauvage Canard petite sarcelle................ Grèbe castagneux Mouette cendrée CR OISEAUX DE RIVAGE. Barge commune Petite bécassine CC Héron butor.. CC CCC CCC CCC dla siais on in elelstalelala ais sais is ielele 0 «= CCC CCC CE TOME VII, 1 PARTIE. 6 rs > DE LA. CHALEUR e : Poids Poids Poids ESPÈCES. Ê 5 du corps des poumons du foie É = en grains. engrains. | en grains. < Grive-litorne. PAPE EEEL EN 2059 28 94 Petite charbonnière................. 291 3,75 8 Mésange charbonnière.....:......... 381,12 5 21 Alouette commune....... 1E-. le Se der 2003 39. 73,5 Frostodyte. 4067 .t' Ted HUE EE 163,5 1,79 725 TUE DE SN CUS ni COUP 0 IC UCE 417 5 20 $ 163. En admettant que le poids du corps des oiseaux avec le plumage soit de dix mille parties, celui des poumons (sépa- rés à la racine des bronches) et du foie sera dans la proportion des nombres ci-après. POUMONS. FOIE. LTYeS Cencos céoe rs ste sols Passereaux...... ecseer-- 3080 2 Passereaux. ..... An DL Dee dé cr, DE 3 Oiéeaux d'eau.:1... 208.2 Oiseaux de proie........... 284 4 Oiseaux de rivage. ......... Oiscated'eaur it ect e-0200 5 Oiseaux de proie.....,,... Oiseaux de rivage. ,........ 229 $ 164. Le rapport du poids des poumons au poids du foie pris pour mille, est comme suit : 1 Oiseaux de rivage....... 5og HUBIES : eee eee -. AOÛ 3 Oiseaux d'eau........ .. 458 AUPASSEREAUX.e eee me O7 5 Oiseaux de proie........ 263 ANIMALE. 43 $ 165. Les différences individuelles, sur lesquelles sont éta- blis ces différens rapports, sont assurément grandes, comme on pouvait s’y attendre; mais l’on peut dire sans craindre de se tromper beaucoup, (1) d’après les soixante-deux essais contenus dans le tableau précédent (4 162), que les poumons des oi- seaux pèsent les douze millièmes de leur corps (2); le foie, les vingt-neuf millièmes; et que le rapport surtout du poids des poumons au poids du foie, est celui de dix-sept à quarante. Les poumons et le foie ayant toujours été pesés au trébuchet, le rapport direct qu’il y a entre eux doit être plus exact que celui entre les poumons et le corps, ou entre le foie et le corps. Il faut néanmoins excepter les passereaux, qui ont tous été pesés au trébuchet, en même temps que ce sont eux qui présentent les plus nombreux essais. (1) Mes expériences, d’abord au nombre de cinquante trois, ayant été plus tard augmentées de neuf autres, qui comprenaient des oiseaux appartenant à lous les or- dres que les premières renfermaient, je n’ai pas trouvé que cette augmentation intro- duisit une différence notable dans les résultats. (2) Les poumous sains d’un homme de taille ordinaire, pesaient vingt-ueuf onces, Le poids moyen:du corps de l’homme étant, suivant Haller de 138 livres poids de marc, lespoumons en seraientiles treize millièmes. D'après vingt-neuf rapports individuels donnés par Tiedemann (1°° vol., p. 491 et 492) du poids du foie à celui du corps, le rapport moyen serait celui de 1 à 27,08 — 369/10000°, Conformément à l’eslimation moyenne de deux rapports individuels concernant les oiseaux de proie , et à celle de sept rapports individuels touchant les oiseaux de rivage et d’eau, donnés encore les uns et les autres par Tiedemann, il en résulterait pour les premiers le rapport entre le poids du foie et du corps, de 1 à 39,05 — 256/10000%!€ ; et pour les seconds, le rapport de 1 à 20,87 —47g9/10000*, 44 DE LA CHALEUR A. Amphibies. $ 166. Les tortues de terre et les grenouilles ont une cha- leur d'environ 5° F. — 2° 5/9 R., plus élevée que la tempéra- ture de l’air où elles vivent, ce qui est propre à la plupart des animaux dont les vésicules pulmonaires ont quelque étendue ; tels sont, en outre des précédens, les tortues de mer, les cra- pauds, les vipères, et toute la famille des serpens (1). $ 167. « Animalia frigida sic dicta, secundum experimenta nostra, omni calore addititio carent, et tantum calorem habent medii ambientis, fluidi aquæ et aëris. . . . Porro ad animalia calore additivo carentia quoque pertinent rance quas explo- ravi.» (2) B. Reptiles. $ 168. Le mercure d’un thermomètre introduit par John Hunter dans l’anus d’une tortue, se fixa à 65° F— 14° 2/3R., température de l'air ambiant. L’animal étant suspendu par les pieds de derrière, on lui coupe la tête d’un seul coup. Le sang qu'on reçut dans un bassin était en coulant à 65° F.; à 66° F. (1) Martine ouv. cit. p. 332. (2) Braun, ouv. cit. p. 427 et 428. ANIMALE. 45 = 15° 1/9 R. quand il fut rassemblé; et derechef à 65° F., tant après que pendant tout le temps de sa coagulation, qui fut très-lente (1). $ 169. On saigna à mort vers la fin de l'hiver une tortue de terre commune, qui respirait trois fois par minute, et qui n’a- vait bu ni mangé depuis cinq mois. La chaleur du sang fut la même que celle de l’air. Le canal intestinal, à quelques paquets de vers près, était parfaitement vide (2). $ 170. Le 19 mars, latitude 2° 27! N., la température étant de 79° 1/2 F.—21° 1/9 R., on prit dans le rectum la chaleur d’une grosse tortue franche (testudo mydas) capturée une se- maine auparavant à l’île de l’Ascension, latitude 7° 56° S.; la chaleur en fut de 84° F.— 25° 1/9 R. Le 23 du même mois, latitude 2° 29° S., la température étant de 80° F.—21° 1/3 R., la chaleur du sang du même animal, jaillissant des gros vaisseaux de son col, était de 88° 1/2 F.— 25° 1/9 R. La chaleur élevée de la tortue dépendait pro- bablement de ce qu’elle n’était pas bien portante. $ 171. Le 4 mai à Colombo, température de 86° F.— 24° R., la chaleur du sang d’une tortue prise la veille, fut de SE. — 25" 6h, $ 172. La température dans la ville du cap de Bonne-Es- pérance, latitude 34° 29' S., étant dans le mois de mai de 61° (1) À Treatise on the Blood, Bibl. Brit. Sciences et Arts 1796, L. III. (2) Bibl. Univ. Sciences et Arts, t. XVII, p. 294—317. 46 DE LA CHALEUR F.— 12° 8/9 R., la chaleur d’une tortue géométrique (testudo geometrica) fut de 62° 1/2 F.— 13 5/9 R. $ 173. Le 3 mars à Colombo, la température étant de 80° F.—21° 1/3 R., la chaleur d’un plus gros individu de la même ee de tortue (testudo geometrica), fut de 87° F. — 24° + 1) NE: sil 1% avril 1819 à 8 h. o m., la température du de- hors rs de 48 F.—7° 1/9 R., et celle du dedans ou de fa chambre de 55°,8 F.— 10°,58 R., on enleva le plastron à une tortue bourbeuse (testudo luteria), et Yon mit en évidence le cœur, qui avait plus de largeur que de longueur, et qui se con- tractait et se dilatait trente-trois à trente-quatre fois par minute, ses mouvemens de systole et de diastole attenant avec ceux des oreillettes ; la droite était plus volumineuse que la gauche, et sa couleur d’un rouge foncé ressemblait à celle du foie, tandis que l oreillette gauche était d’un rouge très-vermeil. Lorsqu'on inclinait à shiche le corps de valid) d’abord reposant sur le dos ou la carapace, le sang vermeil de l'oreillette gauche sem- blait se porter vers la partie droite du cœur proprement dit, et le sang foncé vers sa partie gauche, jusque même dans loreil- lette gauche. La chaleur du rectum à la profondeur d’un pouce et demi à deux pouces, était de 54° F.—9° 5/9 R.; celle de la sérosité épanchée dans le péricarde, de 57° F.=— 11° 1/9 R.; celle du sang renfermé dans le cœur, d’abord à65°F.—1/° 2/5 R., baissa (1) John Davy, Bibl, Univ. Sciences et Arts 1826. ANIMALE. 17 dans peu de temps au 61° 3/4 F.—13° 2/9.R., et ensuite très lentement. La chaleur du sang dans l'oreillette droite, après l'ouverture du cœur et l'écoulement du sang qui y était, de 63 F. — 15° 7/9 R. Il résulte des cinq essais rapportés dans ce paragraphe, que la chaleur moyenne de l’animal était de Care 13% D 1nR;: $ 175. La chaleur propre des tortues d’après huit essais ($ 168 à 1794 inclusivement), est de 1°,38 R. $ 176. La température à Candi étant de 80° F. — 21° 1/3 R., le 31 mai, la chaleur de deux grenouilles ventrues (rana ventricosa) fut de 77° F.— 20° R. On les soumit à l’expérience au moment où on venait de les retirer d’un endroit humide et ombrage. $ 177. Dans les diverses expériences qu'a faites sur les ore- nouilles M. le docteur Edwards, il a trouvé que leur chaleur ne dépassait que de 1°,5 ou de 2° cent. — 1°,2 ou 1°,6 R. la température de l'atmosphère (x). $ 178. Je pris bien avant dans l’œsophage et le rectum, le 19 novembre 1820, la chaleur d’un gros crapaud épineux qui venait du Vallais. Il était dans un bocal ouvert, placé dans une chambre où l’on avait fait du feu la veille, La chaleur de l'air du dehors était de 33° F.—0° 4/9 R., celle de l'air de la chambrede/0°,8 F.—3°,9R.; la chaleur dans l’œsophage était de 44 F.—5° 1/3 R., et celle dans le rectum de 44° 1/2 F. — 5° 5/9 R. G) Our. cit. p. 30. 48 DE LA CHALEUR $ 179. La chaleur dans l’œsophage de trois grenouilles, le 5 avril 1818, tenues depuis vingt-quatre heures dans un vase où il y avait de l’eau avec la faculté de respirer l’air à la surface, fut pour toutes de 51° 1/4 F. —8° 5/9 R., la température de l'air ambiant était de 49° F. — 7° 5/9 R. $ 180. La température moyenne de l’atmosphère ambiante, le 12 avril 1818 à 7 heures du matin, étant de 43° 7/8 F. — 5° 5/18 R., la chaleur dans l’œsophage de huit grenouilles con- servées dans un vase exposé depuis quatre ou cinq jours à Pair libre, fut de 47° 1/2, 47° 1/4, 47°; pour les cinq autres gre- nouilles, de 46° F.—6° 8/9, 6° 7/9, 6° 2/3 et 6° 2/9 KR. $ 181. La chaleur propre des grenouilles comparativement à l'atmosphère ambiante, est d’après les seize évaluations rap- portées (( 176 à 180 inclusivement), de 0°,8675 R. $ 182. La chaleur d’une grenouille qui respirait vingt fois par minute, dans de l’eau à 5° 1/2 cent. —6° R., était de 9° Cent 001 (r) Ç 133. La température de l’eau du vase où étaient les trois orenouilles mentionnées (( 179), allait à 51° F. —8° 4/9 R. 6 184. La température de l’eau du vase où l’on avait gardé les huit grenouilles indiquées (( 180), était de 45° 1/2 F.— 6 R. $ 185. La chaleur propre de douze grenouilles, relativement à la température de l’eau des vases où elles vivaient temporai- rement (( 179, 183, 180, 184 et 182), se trouve être de (1) Bibl, Univ. Sciences et Arts, t. XVII. ANIMALE. 49 0°,415 R. (x): comparativement aux deux milieux, l'air et l’eau, cette chaleur propre d’après vingt-huit évaluations, est de 0°,67 R. $ 186. La température étant de 82° F. — 22° 2/9 R. le 4 septembre à Colombo, la chaleur d’un igouane vulgaire (/acerta iguana) fut de 82° 1/2 F.— 22° 4/9 R. (2) $ 187. J’eus l’occasion de prendre à Genève, le 16 novem- bre 1820, la chaleur de trois crocodiles à museau de brochet, qu’y faisaient voir des gens forains. Cette variété du caïman ou crocodile d'Amérique (/acerta alligator) se trouve surtout vers l’embouchure du Mississipi, latitude 29° 13° N. La température de l’air extérieur était dans ce moment de 2° 1/4 R. —37° 1/16 F., et la chaleur dans le rectum du plus long des trois crocodiles (trois pieds et un pouce) de 6o° F. — 12°,44 R.; celle des deux autres était la même, 58° F. — 11,5 R.; le plus long de ces deux-ci avait deux pieds et un tiers, et le plus petit deux pieds et un quart. Je ne pense pas que les changemens prompts de température puissent sur-le- champ se communiquer à des animaux qu’on tient avec quel- que soin enfermés dans des caisses garnies de foin ou de paille. Ce n’est donc pas avec la température du moment d’alors que (1) Delaroche obtint le même résultat de deux grenouilles qu’il tint exposées pen- dant une heure à une atmosphère chargée de vapeurs aqueuses ($ 31 de ce Mé- moire). (2) I est douteux, selon la remarque de Bosc, si l’igouane vulgaire de PAsie et de PAfrique, est la même espèce que celle d'Amérique (Nouv. Dict. d'Hist. Nat., Lt XVI, p. 114.) TOME VII, 1° PARTIE. 7 50 DE LA CHALEUR je comparerai la chaleur des trois crocodiles, mais avec la tem- pérature moyenne des seize premiers jours de novembre, re- haussée d’une certaine quantité. Or cette température à Ge- nève, d’après deux observations faites chaque jour au lever du soleil et à deux heures du soir, fut de 3°,82 R. ; mais d’après quelques recherches qui me sont propres, je crois devoir la porter, dans ce cas, pour l’intérieur des appartemens habités à 7°,85 R. C’est avec cette dernière évaluation de la tempéra- ture que je comparerai la chaleur interne des trois crocodiles , qui fut prise posément. Ces animaux n'étaient pas encore en- gourdis, ce qui ne pouvait pas, je présume, tarder beaucoup ; car cette espèce d’engourdissement, dont la durée est de quatre à cinq mois (1), ne paraît pas différer dans sa nature, ni arri- ver qu’à peu près à la même époque, aussi bien pour les espè- ces qui vivent dans les régions équinoxiales que pour celles qui sont éloignées d’une trentaine de degrés de l’équateur. $ 188. La chaleur dans l’intérieur du ventre du lézard gris (lacerta agilis), le 12 mai 1830 à 5h.s., fut de 71° 1/2 F.— 17° 5/9 R., la température était alors de 14° R. — 63PF/2 ME $ 189. Le 22 mai 1830 à8 h. 1/2 m., je recus un lézard vert (/acerta viridis), de dix pouces de longueur d’une extré- mité du corps à l’autre, pris la surveille, et renfermé depuis (1) Vers la fin de mars les crocodiles de l’Orénoque se réveillent de leur engour- dissement, car les grandes sécheresses des contrées équinoxiales, et l’hiver de la zone tempéréese correspondent. (Voyage aux régions équinoxiales- du nouveau continent, par MM. Alex. de Humboldt et Bonpland, t. VI, p. 304.) ANIMALE. 51 dans une boîte percée de quelques trous. Je séparai d’un coup avec des ciseaux la tête d'avec le corps, introduisant aussitôt le thermomètre à un pouce de profondeur dans les chairs sanglan- tes baignées d’un sang clair et séreux qui s’en écoulait, le mer- cure resta fixe à 68° 1/2 F. — 16° 2/9 R. La température était au même moment de 16° R.—68° F. Le sujet de cette expé- rience était une femelle qui avait douze œufs (1) de figure ovale, de six lignes et demie dans le plus grand diamètre sur trois et demie dans l’autre, renfermant une matière de quelque consis- tance, orangée, dont la couleur ne paraissait pas au travers de l'enveloppe blanchâtre; dix d’entre eux pesaient 118 grains; le foie découpé avec sa vésicule d’un vert bleuâtre, 20 grains 1/2; les deux poumons dans le paranchyme desquels on distinguait un grand nombre de bulles d’air, 4 grains 1/2; et le cœur vide de sang, 1 grain 1/2. $ 190. La chaleur propre de six individus du genre lézard de Linné (( 186 à 189 inclusivement), est de 2°,67 R. $ 191. M. Etienne Moricand était parvenu à transporter vivans d'Italie à Genève, sur la fin de l’année 1817, deux pro- tées-serpens (proteus anguinus), qu'il tenait dans un bocal à moitié plein d’eau. Ayant remarqué dans le courant de l’année suivante que ces animaux paraissaient languir, M. Moricand me permit de faire sur eux les expériences que je rapporterai. Le 5 mai 1818 à 9 h. 0 m. M. Moricand versadans un sala- dier l’eau du bocal, renouvelée vingt-quatre heures auparavant, (1) I en existait{uo petit nombre d’autres beaucoup plus petits. 52 DE LA CHALEUR sans que J'en eusse encore pris la température, ce que je ne fis qu'un quart d’heure après qu’elle eût été transvasée; la tempé- rature de cette eau était alors de 60° 3/4 F. — 12° 5/9 R., celle de l'air ambiant étant de 59° F. — 12° R. Nous tirâmes le plus gros des protées hors de l’eau, et j'introduisis dans son œæsophage un thermomètre jusqu’à la profondeur d’un pouce et trois quarts. L'animal continuant à être dans l'air, le thermomètre des- cendit assez lentement d'environ 65° F. — 14° 2/3 R. où il était d’abord, à 59° F.— 12° R. Si la chaleur du pro- tée sembla surpasser celle de l’air, ce ne fut pas dans ce cas de plus d’un quart de degré du thermomètre de Fahrenheit — 0° 1/9 R. (1) Pendant l'exposition du protée à l’air, ses branchies ne pa- raissaient pas, et son cœur battait très-vite par intervalles. Je conjecturai qu'il avait un peu souffert de l’expérience, parce qu'après avoir été replacé dans le bocal avec de l’eau, il y resta quelque temps immobile; il tenait la bouche ouverte, dont il sortit d’abord deux assez grosses bulles d’air, et ensuite une matière filandreuse. Mais un quart d'heure s’était à peine écoulé, que l’animal paraissait être rentré dans l’état où il était avant l'expérience. $ 192. M. Moricand ayant perdu l’un de ses protées, me fit remettre le survivant, qui me servit le 9 août 1818 à l’expé- rience suivante. QG) Aucun reptile, d’après M. G. Cuvier, n’a moins de poumons que le protée-ser- pent. Recherches sur les reptiles douteux. (Vid. Recueil d’obs, de Zool. et d’Anat, comp. par Humboldt et Bonpland, Paris 1805.) ANIMALE, 53 L'animal fut mis dans un seau avec de Peau dont la tempé- rature, depuis onze heures avant midi jusqu’à une heure après midi, se maintint environ à 74° 3/4 F.— 19° R. (1) À onze heures et dix minutes la température de l'air ambiant étant de 79° 1/2 F.— 1° 1/0 R., Je sortis de l’eau le protée, dans l’'œsophage duquel je tins le thermomètre pendant vingt minu- tes à la profondeur d’un pouce et un tiers. CHALEUR DU PROTÉE (proteus anguinus.) Therm. F. Therm. R. 11 h. 10 m. 19° 2/3 12 19 4/9 15 19 1/9 20 18 8/9 25 18 28/45 30 18 4/9 La chaleur moyenne du protée pendant les vingt minutes qu'il passa dans l’air fut de 74°,8167 F.— 19°,0206 R. ; il re- tira ses branchies restant d’ailleurs tranquille, sauf qu’il cher- chait à rejeter le thermomètre engagé dans son œsophage ; remis dans l’eau il s’agita d’abord beaucoup, et ses branchies, très- pâles avant l’expérience, se développèrent et devinrent d’un rouge plus vif. On fit un peu baisser [a température de l’eau du seau en y jetant quelques morceaux de glace, en sorte qu’à trois (1) Mauro Rusconi ne croit pas que le protée-serpent puisse supporter long-temps une eau plus chaude que 20 degrés R., ni qu’il puisse vivre plus de trois ou quatre heures hors de l’eau. (Bibl, Univ. 1819, Sciences et Arts, t, XIT, p. 270.) 54 DE LA CHALEUR heures et demie du soir, elle n’était plus que de 69° 1/4F.— 16° 5/9 R. A cette époque je sortis le protée du seau pour le placer dans un vase avec de l’eau refroidie, où il séjourna pen- dant trois heures de suite, c’est-à-dire jusqu’à six heures et demie du soir. La température moyenne de l’eau du vase à la surface fut de 4°,87 R. D’après sept observations faites durant le laps de temps indiqué, cette température varia un peu selon qu'il y eut plus ou moins de glace non fondue, car on y en mettait à mesure qu’elle fondait. Je trouvai la température de l’eau du fond au moment où J'en retirai le protée de 4° R. , et je ne crois pas qu’elle y ait beaucoup varié (1). Or l'animal s’y tint coi, n’essayant pas de venir à la surface; quand je le sortis pour en prendre la chaleur à l'air et l'y laisser vingt minutes , le dessous de son corps avait pris une temte bleuâtre, et il ne faisait aucun mouvement. La température de l'air ambiant était alors de GORE IE BCD UE LEON à CHALEUR DU PROTÉE (proteus anguinus.) G) Cette température est probablement plus élevée que celle de l’eau de plusieurs lacs où il y a du poisson, des truites surtout, dans les montagnes de la Suisse ; mais elle doit être plus basse que celle des cavernes ou des lacs souterrains de la Carniole qu’habite le protée-serpent. ANIMALE. 55 A 6 h. 48 m. les branchies avaient de la rougeur sans s'être pourtant épanouies, l’animal n’ayant pas fait encore de mou- vement. Quand je le replacai dans l’eau froide dont la tempé- rature n’était alors plus que de 6° R., il n’y fut pas sans se mouvoir d’abord assez vivement, mais bientôt ses mouvemens se ralentirent, et ses pattes de derrière étendues parallèlement à la longueur du corps étaient immobiles. Je cessai de refroidir l’eau du vase, et à sept heures du soir il y rampait sur le fond, se servant de ses quatre pattes. La température moyenne de Pair ambiant, depuis trois heu- res et demie jusqu’à sept heures après midi, fut de 21°,88 R., d’après cinq observations faites durant cet intervalle. C. Serpens. $ 193. John Hunter prit une vipère bien portante dans l’es- tomac et l’anus de laquelle le thermomètre s’éleva du 58° de- gré F.— 11° 5/9 R., température de l'atmosphère où était la vipère, au 68" deoré— 16° R., en sorte que l’animal avait dix degrés F. de plus de chaleur — 4° 4/9 R. que l'air ambiant (7). $ 194. Le 27 août, l'air étant à 81°,5 F.— 22° R. la cha- leur dans l’œsophage d’un beau serpent vert, espèce de couleu- vre, était de 88° 1/2 F.— 25° 1/9 R. Q) Phil, Trans, 1778, p.25, exp. xXVII. 56 DE LA CHALEUR $ 195. Le 24 août, l’air étant à 82° 1/2 F.— 22° 4/9 R., un petit serpent brun, autre sorte de couleuvre que la précé- dente, était à 84° 1/2 F.— 23° 1/3 R. On en prit la chaleur dans le ventre. $ 196. Le 23 septembre, diverses espèces de serpens bruns , appartenant toutes au genre couleuvre, avaient dans loœeso- phage 90° F. de chaleur — 25° 7/9 R. M. le docteur Davy a omis cette fois d'indiquer la température de Patmosphère am- biante. $ 197. Le 19 novembre 1820 je pris la chaleur de deux cou- leuvres d'espèce différente, qui n’avaient pas eu de nourriture depuis trois mois qu’on les avait mises dans un bocal fermé avec un bouchon en bois recouvert d’une feuille d’étain; la tempéra- ture de l'air extérieur était de 33° F. — 0° 4/9 R., et celle du bocal de 41° 3/4 F.—#° 1/3 R. On introduisit bien avant le thermomètre dans l’œsophage et le rectum, en ly laissant le temps nécessaire. La chaleur de la couleuvre verte et jaune était dans le rectum de 44° F.—5° 1/3 R., et dans l’œsophage de 49° 1/2 F. — 7° 7/19 R. La chaleur dans l’œsophage de la couleuvre chatoyante était de 54 F. — 9° 7/9 R. L’anus trop petit de ce serpent ne per- mit pas d’y introduire le thermomètre. $ 198. L’excès moyen de la chaleur de six serpens (( 193, 194, 195 et 197) sur celle de l'air ambiant, est de 3° 1/18 R. Ces expériences présentent des différences considérables, dans des circonstances aussi semblables qu’il est possible. $ 199. Malgré quelques irrégularités, les expériences renfer- ANIMALE. 27 mées dans cette section suffisent à montrer que l’opinion de Braun ( 167) et de ses sectateurs n’est pas fondée; c’est-à-dire, que les amphibies jouissent d’une chaleur propre (calor addi- titius). D'un autre côté ces expériences ne permettent pas en- core de décider si c’est, comme je suis enclin à le croire, parmi les espèces qui ont deux oreillettes, et sinon deux ventricules au cœur, au moins deux cavités qui communiquent, que la cha- leur propre est surtout plus marquante. $ 00. «In gradû 111°F. = 35° 1/9 KR. ranæ adhuc vivere possent. » (1) Crawford vit une grenouille survivre à huit minutes d’im- mersion dans de Peau d’abord à 95° F.—27° 1/9 R., puis bientôt après à 91° 1/2 F. — 26° 4/9 R.; la chaleur de l'animal monta de 55° F,=— 19° 1/9 R. à 89° F.— 25° 1/3 R. (2) Une grenouille tirée d’une eau froide ayant été plongée dans de l’eau d’abord à 28° R., puis à 28° 1/2 R., y acquit huit mi- nutes après la chaleur de 27° 1/2 R., et quatre minutes plus tard, celle de l’eau, — 28° 1/2 ; elle était alors raide et sans mou- vement; mais huit minutes plus tard, au bout de vingt minutes en tout, elle était décidément morte. Une grenouille plongée dans de eau à 28° R. , y parut morte à la fin d’un quart-d’heure, et, en y prolongeant son séjour de cinq minutes, ses muscles ne se contractaient plus par l'effet des commotions galvaniques. Deux grenouilles plongées à la fois dans de Veau à 29° R., (1) Braun, ouv. cit, p. 432. (2) Phil. Trans. 1781, p. 485. TOME VII, I PARTIE. 8 25 DE LA CHALEUR étaient entièrement immobiles, et paraissaient mortes au bout de six minutes. Le corps de l’une d'elles , à la fin de la huitième minute, était très-souple, ses muscles se contractant fortement par l’action de la pile galvanique. Le corps de l’autre, à l’expi- ration de la quatorzième minute, était dans le même état que celui de la première; ses muscles se contractaient également. Une très-grosse grenouille mourut, après deux minutes, dans de l’eau à 34° R. ; elle en fut retirée une demi-minute plus tard, les commotions galvaniques ne faisant contracter ses museles que très-légèrement. Une grenouille parut morte une minute et demie après son immersion dans de l’eau à 36° R. ; retirée à la fin de la deuxième minute, son corps était raide, un peu raccorni, ses muscles insen- siblesà l’action d’une pile galvanique qui marchait très-bien (1). Je conclus des cinq dernières expériences, que des grenouilles plongées dans de l’eau, dont la température est de 30° R., avec la faculté de respirer l'air à la surface, n’y vivent pas plus de sept minutes (2). ! $ 201. Je terminerai cette section par la recherche du rap- port approximatif entre le poids des parties osseuses et des parties molles, dans le corps de la grenouille et dans celui de l’homme. (1) Delaroche, Expériences sur les effets, ete. Exp. 46, 71,70, 69 et 68. (2) Les grenouilles trouvent pour ainsi dire une mort subite dans de l’eau à 42° cent. — 33°,6 R. Edwards, ouv. cit. p. 28 et 29. Les grenouilles quisautent, chassées par des serpens, dans les sources chaudes de Mariara à l’ouest de Caracas, y périssent incontinent. La température de ces sources est de 589,9 cent.— 47°,12 R. (Voyage aux Régions équinoxiales du nouveau Conti- sent, par MM. Al. de Humboldt et Bonpland, t, V, édit, in-8e, p. 63.) ANIMALE. 59 Le poids moyen de la grenouille, d’après quatre-vingt-qua- torze pesées individuelles faites par M. le docteur Edwards, et trois autres que J'avais faites avant que j'eusse connaissance des siennes, est de 593,064 grains, ou d’une once et dix-sept grains. Deux squelettes de grenouille, préparés avec soin par feu Guillaume Antoine De Luc, pesaient l’un 31,15 et l’autre 31,8 grains; en sorte que le squelette de la grenouille, pèserait les cnquante-trois millièmes du cerps entier, sensiblement; ou que le poids de ce dernier étant mille, le rapport entre les parties molles et les parties dures, serait celui de 947 à 53; tandis que nous avons vu ( 30) qu'il était dans l’homme comme 919 à 81, en sorte qu'il y aurait proportionnément vingt-buit parties molles de plus sur mille, dans le corps de la grenouille, qu’il n’y en a dans le corps de l’homme. Poiïssons. $ 202. « La chaleur propre des poissons osseux et pourvus de branchies , n’est que très-peu considérable; à peine surpas- sait-elle d’un degré F. la température de la mer où ils nageaient (même lorsque cette dernière n’était que de 41° F. —/° R.) dans le carrelet (pleuronectes rhombus), le merlan (gadus mer- langus), le merlus (gadus merluccius), et le cabillaud ou ca- beliau (gadus monhua). Le cyprin (cyprinus auratus) n’en a guère davantage (1). (1) Martine, ouv. cit. p. 332. 60 DE LA CHALEUR $ 203. «Pisces varii generis fuere, circa quos cepi experi- menta, ut luci, anguille bramæ (braxen, cyprinus brama), carpiones sive cyprini, lampretæ et alii. Omnes hospices calore additivo carere, innumeris reperi experimentis, adeuratissimè institutis…. Summa cautio fuit adhibita, quum pisces aperiren- tur, ne calor manûs afficeret thermometrum ; foramen feci tan- tum in ventre piscium, ut bulbus thermometri inseri possit, quo facto semper observavi eumdem caloris gradum fuisse piscis, ac aquæ ambientis. » (1) $ 204. Le 11 mars 1826, sous/la latitude 8° 23° N., la tem- pérature de l'air étant de 71° 3/4 F. = 17° 2/3 R. , et celle de la mer — 74° 3/4 F.— 19° R., on prit une femelle de requin [squalus carcharias (2) 1 de grande dimension dont on éprouva la chaleur, pendant que ce poisson vivait encore, en engageant entre les gros muscles qui environnent sa queue, le thermomè- tre qui s’éleva à 77° F. — 20° R. (3) $ 205. La chaleur d’une anguille (muræna anguilla) sur- passait à peine celle de l’eau où on l’examina , laquelle était de 54 F.=—9° 7/9 R. (4) $ 206. La chaleur dans l’estomac d’une très-faible anguille était de 44° F.—5° 1/3 R., celle de l'atmosphère appro- chant (5). (1) Brauv, ouv. cit. p. 428. (2) C’est un des genres, parmi les poissons cartilagineux , dont Linné avait com- posé l’ordre troisième (Nantes) de sa classe des amphibies, (3) John Davy, ouv. cit. (4) Martine, p.332. (5) John Hunter, Phil. Trans. 1778, p. 27: ANIMALE. 61 $ 207. La chaleur d’une lotte (gadus lota) qui respirait 36 fois par minute, était celle du milieu (1). $ 208. Le 29 juillet, sous la latitude 1° 14° S. la tempéra- ture de air étant de 78° F.— 20° 4/9 R., et celle de la mer de 80° 1/2 F. —21° 5/0'R., la chaleur du cœur d’une bonite (scumber pelamis) était de 89° F. = 22° 2/9 R., et celle de ses muscles internes de 99° F: = 29° 7/9 R. On fit ces expériences au moment où l’animal fut pris. $ 209. Le 12 mars, sous la latitude 6° 57 N., la tempé- rature de lair étant de 77° EF. — 0° R. , celle de la mer de 77° 1/2F:—20° 2/9 R., la chaleur d’un poisson volant au mo- ment où il tomba surile tillac (2),-était de 78° F. — 20° 4/9 R. $ 210. Quelques truites, dont Martine prit la chaleur, lui donnèrent 62° F.— 15° 1/3 R., la température de l’eau de la rivière, où elles nageaient tout-à-lheure, étant de G1° F. — 12° 8/9 R. La chaleur dans le rectum d’un mâle de la truite pesant vingt- une livres, à quatre ou cinq pouces de profondeur, était, le 20. février 1821, de 39°3/4F.=— 3° 4/9R., la température de l’eau du Rhône d’où on venait de sortir le poisson étant de 39° F. — 3 1/9 R. (1) Bibl. Univ. Sciences et Arts, t, XVII. (2) Trigla volitans? Exocetus exiliens ou evolans ? Le poisson volant saute plutôt qu'il ne vole, et ce n’est qu'après avoir pris de l’élan, en nageant rapidement, qu’il par- vient à s’élever assez, à l’aide de ses grandes nageoires pectorales, pour tomber sur les navires. (Bosc. Nouv. Dict. d’Hist. Nat,, t. X, p. 587 et 588.) 62 DE LA CHALEUR La chaleur d’une truite commune fut de 58° F. — 11° 5/9 R., la température de l’eau de la rivière où on Favait prise, près d’Edimbourg, étant de 56° F. — 10° 2 J9 R. (à). $ 211. La chaleur d’une carpe (cyprinus carpio) surpassait à peine celle de l’eau où elle était, 54° F. — 9° 7/9 R. (2). John Hunter trouva la température de l’eau d’un vivier, où l’on conservait des carpes, de 65° 1/2 F. — 14° 8/9 R.; il tira hors de l’eau l’une d’elles, dont la chaleur dans l’estomac fut de 69° F.— 16° 4/9 R. $ 212. Je pris le 9 juin 1830 la chaleur de neuf rosses (cy- prinus el , dont la moyenne fut de 60° F. — 12° 4/9 R.; celle de Pair à l'ombre était alors de 58° 1/2 F. — 11° 7/9, à Ke de l’eau tant au fond qu'à la surface, de 59 ol ° 2/9 R. La chaleur du poisson me parut être un peu plus élevée en portant l'instrument du côté du cœur, que du côté de la queue. $ 213. La chaleur propre des poissons, d’après lesexpérien- ces que j'ai pu rassembler, s’élèverait, suivant une évaluation moyenne, à 0°,38 R. $ 214. « Emmisi pisces in diversas aquas, diversæ temperie, et semper observavi pisceni eam temperiem aquæ adsumsisse, in (1) John Davy, ouv. cit. (2) Martine, ouv. cit. ANIMALE. 63 quâ satis diu fuit detentus, quamvis differentia temperiei sat magna erat. » (1) $ 215. On laissa dix minutes dans de Peau à 65° F.— 14° 2/3 R. une ns tinca) dont la chaleur était de 41° F.=—/° R.; celle-ci s’éleva au bout du temps indique, dans le rectum comme dans l’estomac, à 55° F.— 10° 2/9 R. L'expérience fut répétée avec le même résultat, appro- chant (2). On peut croire que dix minutes ne suffisent pas à la tanche pour se conformer à une différence de température égale à 24° F. ou 10° 2/3 R. $ 216. La chaleur dans l’estomac de l’anguille citée Ÿ 206, s’éleva au bout d’un quart d'heure de 44° F.— 5° 1/3 R. à 65° F.— 14° 2/3 R., température de l’eau où on l'avait mise. $ 217. Deux carpes de petite taille furent plongées dans de l’eau à 20° K., dont une heure après elles avaient aussi la cha- leur. La température de l’eau fut élevée à 25° R., ce qui fit pé- rir les carpes au bout de seize minutes. Leur chaleur dans l’œso- phage fut encore la même que celle de Feau (3). $ 218. Une anguille vivante et une anguille morte, une tan- che vivante et une tanche morte, mises ensemble deux à deux, tour à tour dans de l’eau chaude et de l’eau froide, se réchauffè- rent et se refroidirent également vite (4). (1) Braun, ouv. cit. p. 428. (2) Joho Hunter. Phil. Trans. 1778, p. 27. (3) Delaroche, Expériences sur les effets, etc., p. 57. (4) John Hunter, Phil. Trans. 1778. 64 DE LA CHALEUR Ç 219. «Les poissons peuvent vivre dans de eau à peine plus chaude que celle qui gèle, c’est-à-dire qui excède de très- peu de chose le 32" degré F., ou le _ l'échelle commune du thermomètre. » (x) L $ 220. Je vis une loche franche (cobrlis barbatula), dans le mois de décembre 1822, conserver toute son agilité dans Peau d’un vase en partie gelée. La température de la portion demeu- rée liquide, n’était que d’un quart de degré R. au-dessus de la congélation, et des rayons de glace descendaient depuis la sur- face jusque sur le corps du poisson qui, sans aucun préjudice apparent, s’est trouvé depuis encore dans une circonstance semblable. 6 221. Le lac et le Rhône, dans la proximité de Genève, ge- lèrent pendant l'hiver 1788/89 , le thermomètre étant descendu le 31 décembre au moins à — 14° KR. L'établissement de la pêcherie sur le Rhône à sa sortie du lac, en existence depuis l’année 1827, comprend trois bara- ques servant de réservoirs, où Pon dépose le poisson pris dans les nasses. Le lit du fleuve sert-de’plancher ou de fond à ces baraques ; dont la plus proche de la rive gauche est destinée aux truites qui ne pèsent pas au-delà de huit à dix livres, et les deux autres, construites à peu près dans le milieu du Rhône, aux grosses truites. Tout le poisson qu’il y avait en dépôt dans la première des trois baraques gela , parce que l’eau n’ayant là (1) Martine, ouv. cit, p. 332. ANIMALE. 65 que peu de profondeur, se glaca presqu'en totalités" tandis qu'aucune des truites ne périt dans les deux autres baraques où l’eau ne gela que superficiellement, quoiqu'on patinât sur le Rhône à peu de distance. Ce ne fut sûrement pas la chaleur propre des grosses’ truites qui s’opposa à une plus complète congélation de l’eau dans leur babitation!, mais essentiellement la tranquillité qu'y maintint la clôture faite de forts madriers; et il est permis de éroire que l’eau de ces baraques fut, pendant quelque temps; liquide avec ‘üné température plus basse à sa surface que celle qui sufhit, en général, à la congélation ; la- quelle n'aurait pas manqué d’être aussi forte là qu’en-dehors de l'encemte, si l'intensité du froid eût duré davantage. AL faut ensuite ajouter que le renouvellement de l’eau du Rhône près du fond, où se tenaient les truites, continuant à se faire, leur suflisait amplement sans le surplus que leur refusait momenta- nément l'air ambiant. $ 222. John Hunter gela la queue d’une tanche jusqu’à l'a- nus. La partie gelée devint aussi dure qu’une planche, ét de- meura plus blanche après avoir été dégelée qu’elle n’était au- paravant ; elle semblait être tout d’une pièce dans les mouve- mens de l’animal, la séparation entre la partie gelée et celle qui ne l’avait pas été étant comme la jointure d’où partaient tous les mouvemens. On gela aussi la queué à deux poissons dorés de la Chine qui parurent se bien porter quelques jours après, quoique leur queue n’eût pas repris non plus sa couleur naturelle. Mais la nageoire de la queue commenca bientôt à se garnir de franges, et une sorte de bourse à recouvrir toute la partie gelée. La TOME VII, l'® PARTIE. 9 66 DE LA CHALEUR queue devint alors plus légère, les poissons la portaient perpen- diculairement dans Peau, la traînant après eux plutôt qu'ils ne la mouvaient. L'un et l’autre de ces poissons périrent au bout de trois semaines, malgré la précaution de renouveler journellement l’eau du vase où on les gardait. Hunter se servit pour geler des parties du corps de divers animaux, d’un vase à l’une des parois duquel était un trou qui permettait l'introduction dans un mélange frigorifique de la partie qui devait être gelée, laquelle était retenue forcément en place par une pince plate en fer. La température du mé- lange frigorifique fut, dans quelques cas, de quatorze degrés plus bas que le zéro R. (1) $ 223. « Cyprini vivere possunt in aquà calidà 92° et 94° = p62)3et27 510 à. la oradû, 10° E. —155° 1 /01R. pisces mortui. . . . » (2) $ 224. Je rappellerai que deux carpes de petite taille péri- rent seize minutes après avoir été mises dans de l’eau à 25° R. (6 219.) Le courant de lave, sorti du sein du Vésuve, qui se rendit à la mer le 15 juin 1794, fit un promontoire de 626 pieds de saillie sur 1204 pieds de front. L’eau jaillit à une hauteur consi- (1) Phil. Trans. 1775 et 1778. (2). Braun, ouv. cit. p. 432. ANIMALE. 67 dérable lorsque la lave y entra, et beaucoup de poissons furent trouvés bouillis à la surface de la mer; les autres désertèrent la côte à deux milles à la ronde. (1) La température du lac de Genève à la surface, observée journellement une fois à lentrée du port pendant quatre an- nées de suite, depuis le 1° juillet 1787 au 1° juillet 1791 à deux heures après midi, a présenté deux fois le maximum de 20° R., savoir, le 8 et le 11 août 1787. Le minimum, égal à o°, eut lieu quatre jours de suite, 28, 29 30 et 31 décembre 1788. Pendant le voyage sur mer que fit, en 1816, M. le docteur John Davy, en se rendant d'Angleterre à Pile de Ceylan, il fit douze fois, toutes les vingt-quatre heures, des observations re- latives à la température de l'air, et à celle de l’eau de la mer prise à la surface. Ces douze observations ont fourni la tempé- rature moyenne de chaque jour. Le maximum de cette tempé- rature moyenne de Peau de la mer ne se présenta qu’une fois; le 16 mars par 4° 2’ de latitude N. le vent soufllait sud-est par est, il y avait un calme, et des averses de pluie succédaient à des tonnerres répétés. Le maximum fut de 81°,8 F. — 22°,13 R. Le minimum, égal à 48° F. — 7°, 1 R. n’est arrivé non plus qu’une fois, le 12 février, par 49° r' de latitude N.; le vent soufllait sud, et le temps était clair (2). (1) Bibl. Brit. Sciences et Arts, t T, p. 393. (2) Le voyage, y compris un relâche au cap de Bonne-Espérance et un autre à l'ile de France, fut fait entre le courant de février et la mi-août. M. le docteur Johan Davy croit que l’on peut fixer à 80° F.— 21° 1/3 R. la tem- 68 DE LA CHALEUR Je crois pouvoir conclure de ces faits, en attendant que nous en ayons un plus grand nombre d’exacts, que des poissons ne sauraient vivre qu’un temps très-limité dans de l’eau dont la température serait de 26 à 27 degrés R. Însectes. 6 225. Martine avait trouvé la chaleur propre des chenilles d’un ou deux degrés F. — 0° 4/9 ou o° 8/9 R. (1) $ 226. M. le docteur John Davy a pris la chaleur de quel- ques insectes qu'il a trouvée inférieure, égale ou supérieure à celle de latmosphère ambiante. Les résultats négatifs et nuls compensent les résultats positifs, en sorte qu'en définitif, la chaleur propre moyenne serait nulle. Quelques-uns de ces in- sectes étaient de petite taille, ce qui doit rendre les résultats casuels; mais la pluralité de ceux-ci portera néanmoins, je crois, à admettre l’existence de quelque: chaleur. propre dans les insectes. $ 227. Quoique la chaleur de l’essaim d’abeilles dans sa ruche, ne soit pas, au moins toujours , aussi considérable qu’on l'avait d’abord cru , elle n’en est pas moins remarquable, soit pérature moyenne annuelle de Colombo, ville située dans l'ile de Ceylan par 6° 1/2 de latitude N., résultat qu’il pense qu’on obtiendrait aussi d'expériences faites en mer, entre les tropiques (Phil. Trans. 1817.) (1) Ouv. cit. p. 330. ANIMALE. 69 qu'on attribue le phénomène à lachaleur de ces insectes, con- séquence de leur respiration par les: stigmates dont «st surtout pourvu leur corselet ; à une sorte de fermentation des matériaux enfermés dans la ruche; ou à l'agitation de Pair, par les mou- vemens de tant d'insectes ailés rassemblés dans un aussi petit espace. (1) Martine avait estimé de 97° F: — 28° 8/9 R., la chaleur de la ruche d’abeilles (2). Voici R-dessus le détail de: quelques expériences faites par John Hunter : le 19 juillet, à 10 h.s., la température ambiante, par un vent du nord, étant de 54° F. — 9° 7/9 R. ; le thermomètre, introduit dans une ruche pleine d’abeilles par le sommet, s’y éleva, dans moins de cinq mi- nutes, à 82° F. — 22° 2/9 R.; le lendemain, à 5 h. o m., il était descendu à 99° F.— 20° 8/9 R. ; à 9 h. o m. il était re- monté à :83°F,;— 22%2/3; à x h. il était à 84° F. — 23° 1/9 R., et à 9 h. redescendu à 79° F. — 20° 8/9 R. ; c’est-à- dire que la chaleur moyenne de l'intérieur de la ruche était de 21° 7/8 R.; le 30 décembre, la température de Pair ambiant étant de 55° F.— 1° 1/3 R. celle de l’intérieur de la ruche était de 73° F.=— 18° 2/9 R. Hunter ajoute que la température de 60 ou 70° F. — 12° 4/9 et 16° 8/9 R., est trop basse pour que les larves et les nymphes d’abeilles puissent y vivre. (3) (1) «Par est ratio insectorum , licet congregata calorem quemdam efficere possint, qui tamen ad calorem internum referendus propriè non est. » Braun, ouv. cil. p. 428. (2) Ouv. cit. p. 331. (3) Phil. Trans. 1702. 70 DE LA CHALEUR L’abeille qui craint beaucoup le froid, reste, durant tout l'hiver, dans sa ruche où elle vit de sa récolte d’été et d’au- tomne. Une ruche perdit soixante-douze onces un gros et demi de son poids, depuis le 3 novembre au 9 février. (1) $ 228. Les insectes peuvent cependant supporter des degrés de chaleur et de froid considérables. Leurs œufs, leurs larves, leurs chenilles, leurs nymphes et leurs chrysalides , résistent à des degrés de froid auxquels succombent des animaux plus vi- goureux. M. de Réaumur s’assura que des chenilles très-Jeunes et délicates pouvaient survivre à un degré de froid capable de faire baisser le thermomètre au 4" degré F., ou seize degrés plus bas que zéro R. (2) Dans la tentative pour atteindre en 1827 le pôle nord, au moyen de bateaux qui pouvaient aller à voile, à rames, ou glisser sur la glace comme des traîneaux, le capitaine W. E. Parry qui en eut le commandement ne put, malgré tous ses efforts et ceux de ses braves marins, s'élever au-delà de latitude 82° 3/4. Depuis leur départ du Spitherg, latitude 30° 55, pendant un intervalle de soixante-trois jours, pas une créature vivante ne se montra sur ces masses de glaces flottantes, qu’une nouvelle espèce de puceron (4plis) dans un état languissant, mais qui se ranimait à la chaleur de la main. (3) Le seul animal au Col-du-Géant, à 1763 toises au-dessus de (1) Phil. Trans. 1792. (2) Martine, p. 330. () Bibl, Univ. Littérature, mai 1828. ANIMALE. 11 la mer, qui parût y avoir son domicile constant, était une araignée toute noire, qui se tenait sous les pierres (1). Des podures, insectes sans ailes, couraient avec beaucoup de vivacité sur la neige qui s'était conservée par places sur la cime du Breit-horn, à 2002 toises au-dessus de la mer. Ces podures doivent naître et mourir sur ce rocher, où l’on ne voit que des lichens qui puissent leur servir d’aliment, à moins qu’elles ne se nourrissent de terre ou de neige, dont l’eau se décompose dans leur corps. (2) Nous voyons d’un autre côté les larves des œstres vivre dans l’intérieur du corps des animaux à sang chaud, dont la chaleur K est bien supérieure à la température ordinaire du climat le plus chaud. (3) Le scarabée nasicorne, la courtillière et la punaise de bois furent retirés vivans d’une étuve dont la température était de 36° R., après un séjour d’une heure et demie : il fallut que les deux premières espèces demeurassent exposées, pendant vingt à trente-cinq minutes, à la température de 46° 1/2 R. pour qu’elles périssent; un quart-d’heure fut suffisant, il est vrai, pour la punaise de bois, mais une larve du scarabée nasicorne ne fut retirée morte de létuve à 46° 1/2 R. qu'après y être restée trois heures et vingt minutes. (1) H.B. De Saussure, Voyages dans les Alpes, $ 2040, 2057, 2249, 2247. (2) J’eus à Londres l’occasion d’en voir un nombre considérable dans l’estomac d’un cheval qu’on venait d’abattre, grâce à l’obligeance de M. Bracy Clark, médecin- vétérinaire distingué; elles étaient disposées assez régulièrement en lignes, vers la partie inférieure de l'estomac. (3) Delaroche, Expériences sur les effets, etc. on t2 DE LA CHALEUR Vers. $ 229. Le résultat de divers essais eoncernant la chaleur propre de l'escargot, fut, qu’elle était de 2 degrés F: environ 0%, 8/0 8.4) $ 230. Deux escargots (4elix pomatia) rentrés dans leur coquille après lavoir fermée, furent placés, le 16 octobre, dans une chambre où lon ne couchait pas. La température de celle-ci, le lendemain matin , étant de 10°, 4 R. — 55°, 4 F., j'enlevai rapidement et successivement le couvercle calcaire qui fermait la coquille de ces deux escargots, puis j’enfonçai dans leur corps le thermomètre dont le mercure se fixa dans l’un à 52 là. =uM,12/29 38.4, et,,dans Fautre à 56° 1/2,F.— 10° 8/9 R: Un bruit semblable au cri de Pétain et l'issue d’une eau trouble et blanchâtre, dénotèrent la pénétration du ther- momètre dans le corps de ces escargots. Le 18 octobre à 5 h. o m., la température de la chambre de 52° 1/2 F. = 9° 1/9 R., la chaleur d’un escargot qui y avait passé la nuit, de 55° 1/2 F.=— 10° 4/9 R. Le 21 octobre à 6 h. 55 minutes o m., la température de la chambre de 50° 1/4 F. —8° 1/9 R., la chaleur de treize es- cargots placés la veille sur la tablette de la cheminée, était de 52° 3/4F.=—0° 2/9 R'; dans un d'eux, de 51° 3/4 F.—3° ;/9 (1) Martine, ouv. cit. p. 332. ANIMALE. - 73 R. dans un autre, de 51° 1/2 F. —8° 2/3 R., dans cinq, et de 51° 1/4 F. —8° 5/9 R. dans les six derniers. Le 22 octobre à 8 h. 1/4 m., la température de la chambre de 50° F. —8° R., celle de douze escargots vivans qu’on y avait mis la veille était de 51° 1/4 F. — 8° 5/9 R. dans un d'eux; de 51° F. — 8° 4/9 R. dans quatre; de 50° 3/4 F. — 8° 1/3 R. dans cinq; et de 50° 2/3 F. — 8° 8/27 R. dans les deux derniers. L'évaluation moyenne de la chaleur propre dans ces vingt- huit escargots, dans cette saison, est de 0°,523 R $ 231. La chaleur propre des moules et des huîtres que dé- termina Martine, était à peine perceptible. (1) $ 232. La chaleur d’une huître et la température de la mer, à un quart de mille à peu près du rivage de Ceylan, où l’eau n'avait qu'un pied de profondeur, étaient de 82° F. — 22° 2/9 R. L'expérience fut faite sur un rocher, dans le mois de dé- cembre. (2) $ 233. Le 11 juin à Candi, la chaleur de deux limacons, appartenant à une grosse espèce abondante dans les bois de Ceylan, était de 76° F. — 21° 5/9 R. dans l’un, et de 76° 1/2 F—21° 7/9 R. dans l’autre; celle de ce dernier individu, après avoir passé huit heures enfermé dans une boîte, baissa d’un quart de degré F.— 0° 1/9 R. La température de l'air ambiant n’est pas indiquée. (x) Martine, ouv. cit. p. 331. (2) John Davy, onv. cit. TOME VII, © PARTIE. 10 T4 DE LA CHALEUR $ 234. La chaleur de la sangsue noire (Airudo sanguisuga), et celle d’une autre espèce qui vit hors de l’eau dans les lieux humides à Ceylan (ungle loach), fut la même que celle de l'atmosphère ambiante. $ 235. Les expériences dont je vais brièvement rappeler les résultats, montrent jusqu’à quel point les animaux de cette classe peuvent supporter la chaleur et le froid. John Hunter fit pendant l'hiver de 1766 à67 diversesexpérien- ces pour s’assurer s’il était vrai, comme on le disait, que les poissons et les colimacons pouvaient revenir à la vie après avoir été gelés ; il trouva cette assertion sans fondement, toutes les fois que le corps entier de l’animal avait été gelé. $ 236. Un colimacon gela très-vite dans une atmosphère de 10 à 13° F.—— 09° 7/9 à — 8° 4/9 R. Hunter penchait à croire que dans une autre saison l’animal aurait mieux résisté à l’ac- üon du froid, le principe de vie des escargots étant très-faible dans l'hiver. (1) $237. La chaleur d’un autre escargot, laquelle était de 44 FE. —5° 1/3 R., tomba dans une température d'environ 10° F. — 9° 9/9 R. à 31° F. — — 0° 4/9 R., et l'animal gela. (2) Plusieurs sangsues mises dans une bouteille avec de l’eau, furent exposées à l'effet d’un mélange frigorifique. $ 238. Le mercure d’un thermomètre, introduit dans l’eau (1) Phil. Trans. 1775, p. 450. (2) John Hunter, Phil, Trans. 1758, p. 26. ANIMALE. 75 du vase où étaient les sangsues , descendit à 31° F. = — 0° 4/9 R.; en continuant l'immersion le temps nécessaire pour faire périr les sangsues, le mercure de Finstrument remonta à 3° F. ou à zéro R., et les sangues gelèrent. (1) Dans les expériences publiées par John Hunter en 1778, les animaux qui gelèrent ne revinrent pas mieux à la vie après avoir été dégelés, que dans les expériences qu'il avait faites une douzaine d'années auparavant. $ 239. Deux bulimes des étangs (kelix stagnalis) furent re- tirés vivans après une heure et demie de séjour dans une étuve dont la température était de + 36° R.; après qu’on l’eût éle- vée de dix degrés et demi, lun des mêmes bulimes y périt au bout de trente-cinq minutes, et l’autre après une heure et qua- rante minutes. $ 240. Deux sangsues des étangs (lirudo stagnalis) résis- tèrent aussi pendant une heure et demie à la température de 36° R. , et ne périrent dans celle de 46° 1/2 R. qu'après qua- rante-trois à quarante-cinq minutes. (2) $ 241. Les expériences rapportées dans ce Mémoire montrent que tous les animaux, ceux même des classes les plus basses, jouissent, en somme, de quelque chaleur propre. Faut-il en chercher la cause dans les effets immédiats du mouvement pro- gressif du sang et de ce qui le remplace, ou dans les oscillations (1) John Hunter, Phil. Trans. 1778, p. 27. (2) Delaroche, Expériences sur leseffets, etc. 76 DE LA CHALEUR ANIMALE. du fluide nerveux? (1) Je n’essaierai pas d'aborder cette ques- tion abstruse: J'ai voulu seulement rassembler les faits venus à ma connaissance, qui semblent le mieux établir quel est le degré de chaleur des différentes classes d’animaux. (1) Je suppose le fluide nerveux formé, d’accord avec d’autres physiologistes, de la substance nerveuse unie à un fluide extrêmement élastique et subtil. FIN. DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS SUR LA DURÉE DE LA VIE. PAR Le Dr. H. C. LOMBARD. L'influence des diverses professions sur l’accourcissement ou la prolongation de la vie, n’a jamais été étudiée sur des docu- mens statistiques, et cependant la solution de cette question hygiénique présente un vif intérêt, puisqu'elle peut nous faire découvrir les circonstances favorables ou défavorables à la durée de l'existence. J'ai fait quelques recherches sur ce sujet d’après les rôles de l’état civil de Genève; ils m'ont fourni l’âge de 8,488 hommes, 78 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS âgés de plus de 16 ans (x), inscrits dans les registres mortuaires de 1796 à 1830, avec la désignation de la profession qu'ils avaient exercée. Le tableau ci-joint contient la répartition de ces 8,488 indi- vidus dans chaque profession, le nombre moyen des années qu'ils ont vécu, le nombre des morts violentes, volontaires ou accidentelles, et la durée de la vie de ces individus, en défal- quant les cas de mort violente. Ces 8,488 adultes ont vécu en moyenne 55 ans, ce qui donne un terme moyen pour compa- rer les professions favorables avec celles qui sont défavorables à la prolongation de l’existence, et nous permet de les diviser en deux classes, celle qui est au-dessus de la moyenne de 55 ans, et celle qui est au-dessous. 1° CLASSE. Professions situées au-dessus de la moyenne, ou dont la vie moyenne est plus élevée que 55 ans. Avocats, apothicaires, agens de change, agens d’affaires, architectes, armuriers, balayeurs de rues, blanchisseurs, bour- (1) J'ai choisi l'âge de seize ans, quoique à celte époque de la vie il y ait un cer- tain nombre de professions‘ qui n’existent pas encore , mais comme il était nécessaire d'adopter une limite, j'ai préféré celle où la plupart des ouvriers ont déjà pu subir Pinfluence de la profession qu’ils exercent; car après deux ou trois ans d’apprentis- sage, l'influence hygiénique des différens états est certainement déjà très-marquée. Il faut seulement se rappeler qu’il y a un certain nombre de professions, surtout dans les classes aisées, que l’on n’embrasse qu'après vingt ans, même plus tard encore. SUR LA DURÉE DE LA VIE. 79 reliers, commissionnaires-chargeurs , couteliers, charpentiers, coupeurs de bois, confiseurs, charbonniers, cabaretiers, chamoi- seurs, courtiers, charretiers, chocolatiers, culottiers, cartiers, peintres-dessinateurs , employés dans l'administration, embal- leurs, épingliers, fripiers , faiseurs de bas, fondeurs, fourbis- seurs, fabricans de chandelles, faiseurs de verges de montres, guillocheurs, horlogers, huissiers, hommes de loi, jaugeurs, jardiniers, lapidaires, libraires, macons, magistrats, médecins, messagers, matelassiers, musiciens, ecclésiastiques protestans, marchands épiciers, marchands drapiers, marchands de tabac, marchands de bois, marchands de fromage, marchands divers, mouleurs au port du bois, négocians, emménageurs, notaires, orfèvres, anciens officiers, palefreniers, perruquiers, passemen- tiers, paveurs, professeurs, portiers, porteurs d’enterrement, marchands pelletiers, maîtres d'école, rentiers, teinturiers, tourneurs, tisserands, tanneurs, teneurs de livres, terrassiers , vitriers, vermicelliers. 27° CLASSE. Professions situées au-dessous de la moyenne, ou dont la vie moyenne est moins élevée que 55 ans. Agriculteurs, aubergistes, bouchers, boulangers, bateliers, brossiers, barbiers, bergers, charrons, chapeliers, chirurgiens, officiers de santé, chaudronniers, cordonniers, cuisiniers, cou- vreurs, cochers, couverturiers, domestiques, doreurs, émail- leurs, encaveurs, écrivains maîtres d'écriture, emboîteurs (de 80 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS montres), faiseurs de ressorts , forgerons et maréchaux , faiseurs de limes, fonteniers, graveurs, garde-malades, hommes de let- tres, indienneurs, imprimeurs, meuniers, manœuvres, menui- siers, monteurs de boîtes (de montres), mécaniciens, peintres- vernisseurs, polisseurs en métaux, porte-faix, potiers de terre, porteurs de lessives, porteurs de chaïses, pâtissiers, relieurs, ramoneurs, soldats, serruriers, selliers, sculpteurs, tailleurs, tonneliers , taillandiers, tailleurs de pierres, voituriers, van- niers, Vignerons. Mais il ne suffit pas d’avoir classé les professions suivant qu'elles sont situées au-dessus ou au-dessous de la moyenne, il faut encore rechercher quels sont les états qui favorisent, au plus haut degré, la prolongation de l'existence, et ceux qui pa- raissent, au contraire, en abréger le cours. Dans ce but, il faut éliminer tous les résultats qui ne sont pas fondés sur des nombres suflisans. Jai choisi le chiffre de 40 décès qui m'a paru donner, à la moyenne des années vécues, une exactitude suffisante. Le tableau suivant donne l’ordre de longévité des diverses professions comprises dans cette catégorie. Professions classées par la longévité. Nombre des déces. Professions Vie moyenue. 7L Magistrats 69,1 275 Rentiers 65,8 52 Ecclésiastiques protestans 63,8 Nombre des décès. 80 476 67 152 143 SUR LA DURÉE DE LA VIE. Professions. Anciens officiers Négocians Employés des administrations Orfèvres Tl'isserands Jardiniers Fondeurs Huissiers Marchands divers Coupeurs de bois Perruquiers Cabaretiers Horlogers Macons Tanneurs Charpentiers Faiseurs de ressorts Agriculteurs Graveurs Forgerons maréchaux Imprimeurs Cordonniers Tailleurs Tonneliers Chirurgiens, officiers de santé Bouchers Manœuvres-journaliers Portefaix Monteurs de boîtes de montres Indienneurs Voituriers Ecrivains maîtres d'écriture Boulangers Menuisiers ébénistes TOME VII, 1° PARTIE. 11 81 Vie moyenne. 63,6 62,0 61,9 61,6 60,5 60,1 59,4 59,1 59,0 58,8 57,5 56,3 55,3 55,2 55,2 55,1 54,8 54,7 54,7 54,5 54,3 54,2 54,2 54,2 54,0 53,0 52,4 52,3 52,2 52,1 51,4 51,0 49,8 49;7 82 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS Nombre des décès. Professions. Vie moyenne. 138 Joailliers bijoutiers 49,6 46 Bateliers 49,2 7 Emailleurs 48,7 62 Serruriers 47,2 65 Peintres-vernisseurs 44,3 NB. Il faut noter que quelques-unes des professions dési- gnées dans ce tableau présentent une vie moyenne plus élevée qu’elle ne doit l'être. Telles sont les professions de magistrat et d’ecclésiastique qui ne sont exercées que par des hommes d’un certain âge, et que l’on ne peut, par conséquent, compa- rer rigoureusement avec les professions qui comptent beaucoup de Jeunes gens. Un premier fait découle de ce tableau, c’est que la durée de la vie n’est point la même dans les diverses classes de la popu- lation; nous y voyons au premier rang, des hommes qui attei- gnent en moyenne leur sozxante et dixième année, et d’autres qui ne dépassent pas la quarante-cinquième, c’est-à-dire que, suivant les conditions où sont placés certains individus d’une même population, leur vie pourra être allongée ou abrégée de plus d’un tiers. Ce fait nous paraît important à bien établir, puisqu'il montre l'influence d’une bonne ou d’une mauvaise application des lois de l'hygiène. M. Finlaison avait cru pouvoir déduire de ses calculs que la durée de la vie était à peu près la même dans toutes les classes SUR LA DURÉE DE LA VIE. 83 qui se font assurer, et qu'il importait peu de choisir un homme robuste ou délicat, pourvu qu'il pût économiser chaque année une certaine somme et la placer dans une compagnie d’assu- rances ; s’il était nécessaire de combattre ce paradoxe par des chiffres, le tableau que nous venons de transcrire montrerait les variations de la durée de la vie dans les différentes classes de la population, et pourrait répondre d’une manière victo- rieuse au savant arithméticien que nous venons de citer. Il suffit, en effet, de jeter les yeux sur ce tableau pour voir qu’il n’est point indifférent de choisir telle personne plutôt que telle autre pour placer sur sa tête un capital à fonds perdu ; qu’ainsi, en choisissant un rentier, un magistrat, ou un ecclésiastique au lieu d’un maître d'écriture, d’un homme de lettres où d’un chi- rurgien, qui tous exercent des professions aisées ou libérales; l’on augmente considérablement la chance de toucher les in- térêts pendant un grand nombre d'années. Mais ce n’est point assez d’avoir établi sur des documens positifs l'influence des professions sur la durée de la vie, il faut encore rechercher les causes qui peuvent amener un pareil résultat. Malheureusement chaque ouvrier est exposé à une multitude d’influences diverses dont les unes agissent dans le même sens et dont les autres se détruisent mutuellement; en sorte que la question qui nous oc- cupe est loin d’être sans difficulté; aussi me contenterai-je de signaler les effets qui m'ont le plus frappé, laissant à d’autres le soin de compléter mon travail à laide des documens qui m'ont servi de base, et que chacun peut exploiter à sa manière. Les principales circonstances qui m'ont paru devoir être étudiées sont : l’état d’aisance ou de misère, l'influence d’une 84 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS éducation libérale, certaines circonstances qui abrégent l’exis- tence en développant la phthisie pulmonaire, et enfin les acci- dens qui entrainent la mort de certains ouvriers, et concou- rent ainsi à diminuer la durée moyenne de leur vie. L'examen de ces diverses circonstances nous permettra de résoudre quel- ques questions qui intéressent, au plus haut degré, l'hygiène des professions. FE INFLUENCE DE L'AISANCE SUR LA DURÉE DE LA VIE. IL est quelques professions qui jouissent ordinairement d’un certain degré d’aisance; d’autres, au contraire, qui, par la modicité des gains ou salaires qu'elles peuvent fournir, laissent toujours les ouvriers dans un état de gêne; il est enfin un très- grand nombre de professions qui placent ordinairement ceux qui les exercent dans un état intermédiaire entre l’aisance et la misère. C’est de cette circonstance que J'ai déduit une classi- fication des divers états en trois divisions. La première com- prend les professions aisées ou libérales ; la seconde, les profes- sions industrielles, et la troisième comprend les professions de manœuvres ou de journaliers. Il entre nécessairement un peu d’arbitraire dans cette classification, mais la connaissance pra- tique de la population que donne lexercice de la médecine, m’a permis de lever les doutes qu'y aurait laissés la théorie. C’est ainsi que les porteurs d’enterremens ont été placés dans les classes industrielles plutôt que dans celles des manœuvres, vu SUR LA DURÉE DE LA VIE. 85 qu'ils ont tous un état qui les occupe lorsqu'ils ne sont pas em- ployés aux convois funèbres. [Il en est de même de plusieurs professions qui ont été placées dans les classes aisées, quoi- qu'elles paraissent appartenir aux professions industrielles, mais qui rentrent dans la première classe par leur état ordi- naire d’aisance ; tels sont les marchands drapiers, les agens d’affaires, les commissionnaires-négocians, etc. Cette expli- cation était nécessaire pour que lon comprit les bases qui ont servi à former les différens tableaux. Chacune des classes qui ont été établies contient des profes- sions où la vie moyenne est plus élevée que 55 ans, et d’autres où la vie moyenne est au-dessous de 55 ans. Cette circonstance nous fournit un terme de comparaison pour chacune des classes qui ont été établies. $ 1. Professions dont la vie moyenne est plus élevée que 55 ans. 1° CLASSE. Professions aisées ou libérales. Nombre des décès. Professions. Vie moyenne. 12 Avocats 64,3 19 Apothicaires 64,3 12 Agens de change 61,5 7 Agens d'affaires 57,5 17 Commissionnaires-négocians 64,8 7 Architectes 62,1 15 Courtiers 58,4 86 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS Nombre des décès.” Professions. Wie moyenne. 24 Peintres-dessinateurs 57,5 67 Employés des administrations 61,9 12 Hommes de lois 59,7 7 Instituteurs 58,4 11 Libraires 55,5 V£: Magistrats 69,1 18 Médecins (1) 66,4 b2 Ministres protestans 63,8 21 Marchands drapiers 56,7 456 Négocians 62,0 15 Notaires 62,1 80 Anciens officiers 63,6 10 Professeurs 66,6 18 Maîtres d'école 64,4 295 Rentiers 65,8 1246 Vie moyenne, 62,2 (1) Dans un Mémoire publié par M. Casper, de Berlin, sur la durée probable de la vie des médecins, il a réuni l’époque du décès de 62/4 médecins et chirurgiens , et il a trouvé que sur ce nombre, un quart d’entre eux seulement sont parvenus à l’âge de 70 ans, et à peine un sur quinze à l'âge de 80 ans, et qu’enfin plus de la moitié des médecins succombent avant d’avoir atteint la cinquantaine. À Genève il n’en est point ainsi, car un tiers des médecins ou chirurgiens sont parvenus ou ont dépassé l’âge de 70 ans, un onzième a succombé après 80 ans, et les quatre cinquièmes ont vécu plus de cinquante ans. Il est probable que cette différence entre les médecins genevois et prassiens tient à un plus grand degré d’aisance chez les premiers. M. Casper établit que dans les diverses professions qui suivent, le nombre des per- sonnes qui ont atteint ou dépassé l’âge de 70 ans est, sur cent décès, chez les Théologiens, de...... 42 Agriculteurs. ...... ope Employés divers..... 33 SUR LA DURÉE DE LA VIE. 87 27° CLASSE. Professions industrielles, Nombre des décis. Professions. Vie moyenne. 7 Armuriers 57,2 11 Blanchisseurs 63,5 10 Bourreliers 60,4 10 Couteliers 57,4 170 Charpentiers DO,x 28 Confiseurs 55,2 120 Cabaretiers 56,3 15 Chamoiseurs 61,2 9 Chocolatiers 73,6 12 Culottiers 63,2 7 Cartiers 57,3 7 . Epingliers 65,4 17 Fripiers. 56,0 Avoeats............. 29 Instituteurs...... 027 Médecins ........ 41044 D'où résulte une grande infériorité pour les médecins. À Genève nous trouvons les proportions suivantes pour le nombre des personnes qui ont atteint ou dépassé l’âge de 70 ans; sur cent décès, chez les Théologiens......... 46 Agriculteurs. ........ 27 Employés divers...... 36 APOCHTS es seras e 42 Médecins........ AMIS3 La supériorité est, comme en Prusse, pour les théologiens, puis pour les avocats et les employés ; les médecins, quoique n’occupant pas le dernier degré de l'échelle, sont cependant assez peu fayorisés sous le rapport de la longévité. 88 Nombre des décès. 38 47 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS Professions. Faiseurs de bas Fondeurs Fourbisseurs Fabricans de chandelles Faiseurs de verges de montres Guillocheurs Horlogers Huissiers Jaugeurs Jardiniers Lapidaires Macons Matelassiers Musiciens Marchands épiciers Marchands ferronniers Marchands de tabac Marchands de bois Marchands de fromage Marchands divers Orfèvres Perruquiers Passementiers Portiers Porteurs d’enterremens Pelletiers Teinturiers Tourneurs sur bois Tisserands Tanneurs Teneurs de livres Vitriers Vermicelliers Vie moyenne. 69,0 59,4 55,4 63,6 56,t 58,2 55,3 59,1 65,9 60,1 57,8 55,2 60,3 61,1 5757 55,9 58,3 60,0 68,5 55,7 61,6 57,5 68,1 65,9 75,0 70,0 63,4 57,4 60,5 55,2 58,9 0735 66,7 Vie moyenne, 60,7 Nombre des décès, 6 Nombre des décès. 41 46 102 TOME VIr, SUR LA DURÉE DE LA VIE. 3% CLASSE. Professions de manœuvres. Professions, Balayeurs de rues Coupeurs de bois Charbonniers Charretiers Emballeurs Mesureurs de charbon Messagers Mouleurs au port Emménageurs (nettoyeurs) Palefreniers Paveurs Terrassiers Vie moyenne, 2. Au-dessous de la moyenne, 1" CLASSE. Professions aisées ou libérales, Professions. Chirurgiens ou officiers de santé Ecrivains maîtres d’écriture Hommes de lettres Wie moyenne, 1 PARTIE, 12 89 Vie moyenne. 56,0 58,8 55,r 55,3 58,3 59,1 57;9 59,7 60,0 57,2 58,2 58,0 ———— 57,8 Vie moyenne, 54,0 5r,o 52,7 —_—— 52,6 90 Nombre des décès, 8 77 82 11 16 21 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS 27 CLASSE. Professions industrielles. Professions. Aubergistes Bouchers Boulangers Brossiers Barbiers Charrons Chapeliers Chaudronniers Cordonniers Cuisiniers Couverturiers Doreurs Emailleurs Encaveurs Emboîteurs de montres Ferblantiers Faiseurs de ressorts Forgerons Faiseurs de limes Faiseurs'de cadran Fonteniers Graveurs Indienneurs Imprimeurs Joailliers Limonadiers Meuniers Menuisiers Monteurs de boîtes de montres Vie moyennes 53,4 53,0 49,8 0,1 Â7:4 54,7 50,9 51,8 54,2 54,1 53,0 51,7 48,7 53,4 42,9 45,6 54,8 54,5 53,6 53,9 50,5 54,7 2,t 54,3 49,6 48,7 42,0 49:7 52,2 Nombre des décis. 37 65 39 14 13 62 29 Nombre des décès. 267 46 9 26 12 SUR LA DURÉE DE LA VIE. Frofessions. Mécaniciens Peintres-vernisseurs Polisseurs en métaux Potiers de terre Pâtissiers Serruriers Selliers Sculpteurs Tailleurs Tonneliers Taillandiers Tailleurs de pierres Vanniers Vignerons 3% CLASSE, Professions de manœuvres. Professious. Agriculteurs Bateliers Bergers Couvreurs Cochers Domestiques hommes Portefaix Infirmiers garde-malades Manœuvres Porteurs de lessives Porteurs de chaises Ramoneurs Voituriers 91 Vie moyenne. 50,4 443 53,7 51,8 46,0 47,0 52,6 36,3 54,2 54,2 52,4 34,4 54,3 54,8 Vie moyenne, 50,5 Yie moyenne. 54,7 49,2 40,8 477 45,0 45,4 52,3 53,6 52,4 54,r 53,7 45,0 51,4 —_————_—_—_— Vie moyenne, 49,6 92 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS La comparaison de ces divers tableaux nous donne pour les trois classes un résultat identique sur l'influence de l’aisance et de l'instruction pour prolonger la durée de la vie; la différence entre les classes pauvres et les classes aisées est de sept ans et demi, soit un huitième de la longueur totale de la vie. Le ta- bleau suivant nous montre l’uniformité de ce résultat, et le de- gré de cette influence dans les trois classes que nous avons éta- blies. 1° CLASSE. Vie moyenne au-dessus de 55 ans. Professions aisées ou libérales 62,2 au-dessous de 55ans. idem 52,6 Total, 61,0 2" CLASSE. au-dessus de 55 ans Professions industrielles 60,7 au-dessous de 55 ans, idem 50,5 Total, 56,4 3% CLASSE. au-dessus de 35 ans. Professions de manœuvres 57,8 - au-dessous de 55 ans, fe idem 49,6 è Total, 53,6 SUR LA DURÉE DE LA VIE. 93 L'on voit que la durée de la vie est abrégée à mesure que l’on passe d’une classe aisée à celle qui l'est moins; la diffé- rence est surtout marquée entre les professions aisées et les in- dustrielles, elle l’est moins entre les professions industrielles et celles de manœuvres. La différence est de quatre ans et six-dixièmes dans le pre- mier cas, et seulement de deux ans et huit-dixièmes dans le second. Nous pouvons donc considérer l’aisance comme influant dans des limites assez étendues sur le chiffre de la vie. Il y a déjà quelques années que M. le docteur Villermé était arrivé au même résultat sur une population et par une méthode éomple- tement différentes; il avait montré que la mortalité des divers quartiers de Paris était d’autant plus élevée qu’il y avait moins d’aisance ; et la vie d’autant plus longue qu'il y avait moins de misère. Les recherches que lon vient de lire sur la durée de la vie dans les différentes professions, s'accordent complète- ment avec celles du statisticien français pour démontrer le bé- néfice de l’aisance. Si maintenant nous recherchons comment l’aisance peut contribuer à prolonger la vie, nous reconnaïîtrons deux in- fluences différentes , mais qui réagissent l’une sur l’autre. La première est toute matérielle, c’est la diminution des souffran- ces physiques par une alimentation suflisante et par une protec- tion complète contre les vicissitudes atmosphériques; l’autre, plus relevée, dérive d’une éducation libérale, qui éloigne des excès grossiers, engage à suivre un genre de vie plus conforme aux lois de l’hygiène, et surtout porte à appliquer des soins 94 DE L'INFLUEEGE DES PROFESSIONS sement dans mieux entendus, lorsqu'il survient quelque déran ; [ quelq $ la santé. Le degré de cette influence d’une éducation libérale a été étudié par un littérateur anglais, M. Madden, qui a conclu de la comparaison de l’âge de divers savans, que l'étude des sciences et des arts offrait une chance remarquable de longé- vité. Mais il faut remarquer que les résultats obtenus par M. Madden n’offrent qu’un intérêt comparatif, et qu’ils ne peu- vent être pris à la lettre, puisqu'ils sont établis sur une classe d'élite, c’est-à-dire sur des auteurs qui sont parvenus à une certaine célébrité, tandis qu’il n’est fait aucune mention de tous ces jeunes gens qui sont morts avant d’avoir un nom, non plus que de tous ceux qui, quoique ayant fourni une longuecarrière, ne sont jamais sortis de la médiocrité. Quoiqu'il en soit, les résultats obtenus par M. Madden nous apprennent que, sur un certain nombre de savans, ceux qui ont cultivé l’histoire natu- relle ont vécu en moyenne 35 ans, les philosophes 50 ans, les sculpteurs et peintres 70 ans, les jurisconsultes 69 ans, les mé- decins 68 ans, les théologiens 67 ans, les philologues 66 ans, les musiciens 64 ans, les romanciers 62 ans et demi, les au- teurs dramatiques 62 ans, les auteurs qui ont écrit sur la reli- gion naturelle 62 ans, et les poètes 57 ans. Il est probable que cette échelle de longévité est, en grande partie, fondée sur le degré de difficulté éprouvée pour obtenir une certaine réputa- tion dans les diverses branches de sciences, d’arts ou de littéra- ture. C’est ainsi qu’un naturaliste, un philosophe, ou un ju- risconsulte obtiennent plus difficilement la célébrité qu’un romancier, un poète ou un musicien. Peut-être aussi, le nombre SUR LA DURÉE DE LA VIE. 95 des personnes qui cultivent ces diverses branches des arts libe- raux influe-t-il aussi sur les résultats obtenus par M. Madden. Le développement de certaines maladies chez les ouvriers de diverses professions, doit influer notablement sur la durée de la vie. Il serait à désirer que l’on pât résoudre cette importante question d'hygiène et reconnaître ainsi l'influence délétère de chaque profession. Malheureusement les recherches des statis- ticiens sont encore insuffisantes, et il faut nous contenter d’étu- dier quelques-unes de ces circonstances. L'une d’elles m'a paru surtout importante à signaler, c’est l’action du développement de la phthisie pulmonaire pour diminuer la durée moyenne de la vie de divers ouvriers. Dans un Mémoire publié à Paris (An- nales d’hygiène, janvier 1834), j'ai établi sur des documens statistiques, le degré d’influence délétère ou préservative de chaque profession quant à la phthisie pulmonaire, et j'ai pu les diviser en deux classes qui comprennent: la première, les pro- fessions favorables au développement des maladies de poitrine, et la seconde qui mentionne les états qui préservent jusqu’à un certain point de ce genre de maladie. Si maintenant nous recherchons quelle est la durée de la vie dans ces deux classes, nous obtiendrons le résultat suivant : 1° CLASSE. Professions qui favorisent le développement de la phthisie. Professions. Vie moyenne: Professions. Vie moyenne. Peintres-vernisseurs 44,3 Taillandiers 52,4 Sculpteurs 36,3 Vignerons 54,8 Ecrivains 51,0 Imprimeurs 54,3 96 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS Professions, Chapeliers Fripiers Ferblantiers Polisseurs Porteurs de lessives Paveurs Tailleurs de pierres Graveurs Mécaniciens Indienneurs Serruriers Huissiers Brossiers Monteurs de boîtes de montres Joailliers Faiseurs de ressorts Emailleurs Selliers Peintres-dessinateurs Cuisiniers Balayeurs de rues Terrassiers Tourneurs Tailleurs Vie moyenne. 50,9 56,0 45,6 53,7 54,1 58,2 34,4 54,7 50,4 52,1 472 59,1 5o,1 52,2 49,6 54,8 48,7 52,6 57,5 54,1 56,0 58,0 57,4 54,2 Professions. Menuisiers Meuniers Matelassiers Pâiissiers Lapidaires Potiers de terre Emboîteurs de montres Instituteurs Cartiers Horlogers Forgerons Passemenuers Limonadiers Barbiers Courtiers Charretiers Faiseurs de cadrans Faiseurs de verges de montres Cordonniers Tonneliers Perruquiers Emménageurs Ministres du culte protestant Marchands ferroniers Vie moyenne 27° CLASSE. Vie moyeune, 49:7 42,0 60,3 46,0 57,8 51,8 42,9 58,4 57,3 55,3 54,5 68,1 48,7 47,4 58,4 55,3 53,9 56,1 54,2 54,2 57,2 60,0 63,8 55,9 53,0 Professions qui exercent une influence préservative sur le développement de la phthisie. Professions. Charpentiers Chirurgiens Chaudronniers Vie moyenne. 55,1 54,0 51,8 Professions. Couteliers Orfèvres Marchands divers Vie moyenne. 57,4 61,6 55,7 SUR LA DURÉE DE LA VIE. Professions. Coupeurs de bois Tanneurs Avocats Blanchisseurs Porteurs de chaises Porte-faix Faiseurs de bas Chamoiseurs Charbonniers Agriculteurs Bateliers Doreurs Hommes de lettres Négocians Cabaretiers Manœuvres Bouchers Marchands épiciers Employés Relieurs Régens Vitriers Commissionnaires-négocians Tisserands Sabotiers Marchands drapiers Charrons Pharmaciens Rentiers Jardiniers Anciens officiers Voituriers Confseurs Musiciens TOME VII, 1° PARTIE. Vie moyenne. 58,8 55,2 64,3 63,5 53,7 52,3 69,0 61,2 55,1 54,7 49,2 51,7 52,7 62,0 56,3 52,4 53,0 5717 61,9 5o,9 64,4 57,3 64,8 60,5 55,0 56,7 54,7 64,3 65,8 60,1 63,6 51,4 55,2 61,1 Professions. Palefreniers Couvreurs Messagers Teneurs de livres Magistrats Vermicelliers Mouleurs au port Jaugeurs Epingliers Emballeurs Armuriers Architectes Agens d'affaires Ramoneurs Pelletiers Marchands de fromage Aubergistes Porteurs d’enterremens Chocolatiers Professeurs Marchards de bois Fonteniers Fourbisseurs Couverturiers Bourreliers Libraires Marchands de tabac Fabricans de chandelles Cochers Culottiers Agens de change Hommes de loi Garde-malades Guillocheurs 13 97 Vie moyenne 57,2 477 57,9 58,9 69,1 66,7 59,7 65,9 65,4 58,3 57,2 62,1 57,5 45,0 98 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS Professions, Vie moyenne. Professions. Vie moyenne: Notaires 62,1 Teinturiers 63,4 Mesureurs de charbon 59,1 Portiers 65,9 Médecins 66,4 Fondeurs 59,4 Vie moyenne 59,0 La comparaison de la durée de la vie dans ces deux classes nous donne une différence de six ans, en faveur des professions qui exercent une influence préservative sur le développement de la phthisie pulmonaire. Il n’était pas difficile de prévoir ce ré- sultat, puisque l’époque la plus ordinaire du décès des phthi- siques est entre 20 et {0 ans, et par conséquent fort au-dessous de la vie moyenne des adultes que nous avons montré être 55 ans. L'influence délétère des professions qui favorisent le déve- loppement de la phthisie, n’est point l'effet d’une eause unique ; nous avons vu dans le Mémoire déjà cité que diverses circonstances concouraient à ce résultat, que les émanations minérales et végétales, sous forme de vapeurs, qu’une atmos- phère chargée de poussières diverses, que la vie sédentaire ou passée dans des ateliers, et quelques autres causes moins im- portantes tendaient à augmenter le nombre des phthisiques, tandis que des circonstances opposées paraissaient exercer une influence préservative sur le développement de la phthisie. Recherchons maintenant quelle est l’action de chacune de ces circonstances sur la durée de la vie. En premier lieu , les émanations minérales et végétales, qui ont une influence si fâcheuse sur le développement de la phthisie, doivent aussi contribuer à abréger la durée de la vie. SUR LA DURÉE DE LA VIE. 99 x Les professions exposées à respirer ces émanations sous forme de vapeurs sont les suivantes: Professions. Vie moyenne. Professions. Vie moyenne Chapeliers 5o,g Peintres-vernisseurs 44,3 Doreurs 51,7 Ferblantiers 45,6 Peintres-dessinateurs 57,5 Serruriers 4792 Emailleurs 48,7 Forgerons 54,5 Fondeurs 59,4 ue ” Vie moyenne, 51,1 Il résulte de ce tableau que les ouvriers qui exercent ces di- verses professions ont vécu en moyenne 51 ans et un dixième, soit quatre années et neuf dixièmes de moins que 56 ans, moyenne des classes industrielles auxquelles ils appartiennent. Ce tableau nous fournit une autre remarque assez importante, c’est que l'influence des émanations minérales ou végétales ne s'exerce pas uniquement en développant la phthisie, puisque les do- reurs , qui ne comptent qu'un très-petit nombre de phthisiques, ont néanmoins une vie moyenne assez courte , il est probable que ce résultat est dû à l’action des vapeurs mercurielles sur le système nerveux , influence qui se manifeste par le tremble- ment , la paralysie et une foule d’autres affections ayant le même siége et dépendant de la même cause. Nous avons vu que les diverses poussières qui flottent abon- damment dans l'air respiré par les ouvriers étaient une cause très-fréquente de phthisie pulmonaire ; étudions l'influence de cette circonstance sur la durée de la vie. Les professions suivan- tes sont les principales qui entourent les ouvriers d’une atmos- 100 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS phère chargée de corps étrangers sous forme de poussière. Nous les avons classées suivant la nature minérale, végétale ou ani- male de ces poussières. : Professions. Paveurs Balayeurs de rues (1) Couteliers Epingliers Polisseurs Professions Meuniers Perruquiers Charbonniers Professions. Chapeliers Couverturiers Marchands pelleuiers 1° Poussières minérales. Vie moyenne. Professions. Viemoyenne. 58,2 Sculpteurs 36,3. 56,0 Taïleurs de pierres 34,4 57,0 Macons 55,2 65,4 Plâtriers 45,5 53,7 Terrassiers 58,0 à z Vie moyenne, 32,0 29 Poussières végélales. Vie moyenne. Professions. Vie moyennes 42,0 Boulangers 49,8 57,5 Mesureurs de charbon 59,r 55,1 Ramoneurs 45,0 Vie moyenne, 351,4 3° Poussières animales. Vie moyenne, Professions. Vie moyenne. 50,9 Brossiers 5o,r 53,0 Bourreliers 60,4 70,0 Matelassiers 60,3 Vie moyenne, 57, (1j Il n’en est pas de Genève comme de Paris, où les indigens sont employés à ba- layer les rues, et où l’on ne devient balayeur que quand on ne sail que faire, À Genève ce sont des manœuvyres aussi robustes que ceux des autres états, SUR LA DURÉE DE LA VIE. 10f Si nous calculons la vie moyenne des ouvriers appelés à res- pirer des poussières de diverse nature, nous obtiendrons 53 ans et 1/2; elle est beaucoup plus longue chez les ouvriers qui sont entourés de poussières animales que chez ceux qui respirent une atmosphère chargée de poussière végétale ou minérale, résultat contraire à ce que nous avons observé pour la phthisie, qui est beaucoup plus fréquente chez les ouvriers exposés à linhala- tion des poussières animales et minérales. En résumé, Vaction d’une atmosphère impure est plus puissante pour abréger lexis- tence lorsque les corps tenus en suspension sont à l’état de va- peur et peuvent être absorbés par la muqueuse pulmonaire , que lorsqu'ils sont à l’état de poussière , même la plus ténue. Le rapport entre les deux causes délétères est de 51 pour les va- peurs à 53,5 pour les poussières. L'influence des poussières fines et irritantes pour abréger l'existence a été dès long-temps reconnue dans les pays où cer- taines fabrications exposent les ouvriers à vivre au milieu d’une atmosphère insalubre. Les ouvriers occupés à Sheflield , au po- lissage de l'acier, parviennent rarement à un âge avancé : l'on a remarqué que sur 2,500 employés à cette opération ; à peine 35 arrivaient à l’âge de 50 ans, et 50 jusqu’à celui de 45 ans; le plus grand nombre meurt avant la 36" année. Les tra- vaux de M. Knight (1) nous font connaître l’âge de divers ou- vriers admis au dispensaire de Shefhield : l'on voit dans le ta- (1) On the grinders’ Phthisis. North of England Med, and Surg Journal Aug. et Nov. 1830. 102 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS bleau suivant combien y est faible la proportion des polisseurs d'acier qui ont atteint un certain âge. Tableau des malades admis au dispensaire de Sheffield. Malades au-dessus de Polisseurs d'acier. Aatres etais. 30 ans 125 140 35 83 118 40 40 92 45 24 70 5o 10 56 55 À 34 6a I 19 287 539 Si l'on admet que les malades du dispensaire de Sheflield re- présentent exactement la population ouvrière de cette ville , il résulterait de ce tableau qu'après l’âge de 40 ans, il ne reste que trois polisseurs pour 7 ouvriers exerçant d’autres métiers. IL est probable que l’on ne rencontrerait nulle part une morta- lité aussi grande , et par conséquent une vie moyenne aussi courte que celle de ces malheureux. Les ouvriers qui mènent une vie active et font un usage con- tinuel de leurs forces musculaires sont dans des circonstances hygiéniques bien différentes de ceux qui restent habituellement renfermés dans des ateliers où ils font comparativement peu d’usage de leurs forces. Recherchons quelle est l'influence de ces diverses circonstances sur la durée de la vie. Malheureusement nous ne pouvons pas diviser les profes- SUR LA DURÉE DE LA VIE. 103 sions en deux classes , suivant le genre de vie des ouvriers, vu que les professions de manœuvres qui sont les moins lucratives, s’exercent presque toutes en plein air , en sorte que nous n’ob- tiendrons par cette comparaison qu’un résultat incomplet. Si l’on veut arriver à reconnaître exactement l'influence de la vie active ou sédentaire , il faut comparer ces deux conditions dans les deux premières classes de professions , les seules où il y ait des ouvriers sédentaires. Nous obtiendrons ainsi des résultats comparables. 1" CLASSE. Professions aisées ou libérales. 1° Professions sédentaires. Professions, Vie moyenne. Professions. Vis moyenne, Apothicaires 64,3 Marchands drapiers 56,7 Peintres-dessinateurs 57,5 Notaires 62,1 Employés 61,9 Maîtres d'écoles 64,4 Instituteurs 58,4 Maîtres d'écriture 51,0 Libraires 55,5 Hommes de lettres 52,7 Vie moyenne, 58,5 2° Professions aclives. Professions, Vie moyenne. Professions. Vie moyenne. Agens de change 61,5 Médecins 66,4 Courtiers 58,4 Chirurgiens 54,0 Wie moyenne, 6o,1 104 PE Professions Armuriers Confiseurs Epingliers Faiseurs de bas Faiseurs de verges de montres Guillocheurs Horlogers Lapidaires Marchands épiciers Orfevres Portiers Tisserands Teneurs de livres Professions Blanchisseurs Charpentiers Jardiniers Macons Tanneurs Porteurs d'enterremens Bouchers L'INFLUENCE DES PROFESSIONS 1 Mme CLASSE, Professions industrielles. 1° Professions sédentaires. Vie moyenne. a 55,2 65,4 69,0 56, 58,2 55,3 57,8 57:7 61,6 65,9 60,5 58,9 Professions, Brossiers Chapeliers Cordonniers Doreurs Emailleurs Emboîteurs de montres Graveurs Joailliers-bijoutiers Monteurs de boîtes Polisseurs en métaux Sculpteurs Tailleurs Vie moyenne, 2° Professions actives. Wie moyenne. 63,5 55,1 60,1 55,2 55,2 75,0 53,0 Professions. Boulangers Charrons Encaveurs Forgerons Serruriers Vignerons Vie moyenne, Wie moyenne. 50,1 50,9 54,2 51,7 48,7 42,9 54,7 49,6 52,2 53,7 36,3 54,2 55,1 Wie moyenne, 49,8 54,7 53,4 54,5 472 54,8 56,3 SUR LA DURÉE DE LA VIE. 105 Ces deux tableaux donnent des résultats identiques, c’est- à-dire une prolongation de la vie pour les professions actives , etune diminution correspondante pour les professions sédentai- res. Dans les classes aisées la différence est de 1,6, et de 1,2 pour les classes industrielles. L'influence d’une vie sédentaire peut donc être considérée comme nuisible, mais seulement dans des limites peu étendues ; puisqu’en moyenne elle ne diminue la longueur de la vie que d'environ 1,4 et que son action s’exerce surtout sur les classes aisées de la société dont la vie moyenne est la plus longue. Les circonstances que nous venons de passer en revue ne sont pas les seules qui peuvent influer sur la durée de la vie des ouvriers ; il en est d’autres, tels que les accidens qui entrai- nent la mort, et qui, étant plus fréquens dans certaines pro- fessions, doivent contribuer à diminuer la durée moyenne de la vie. Les circonstances qui portent les ouvriers à $e donner eux-mêmes la mort peuvent conduire au même résultat, quoi- qu'à un moindre degré. Nous avons noté dans le tableau tous Les cas de morts vio- lentes volontaires ou accidentelles, qui sont comprises dans les 8,488 décès. Les cas de suicide n’ont pas été spécifiés dans les registres mortuaires avant l’année 1816, en sorte que le chiffre de 57 ne représente que la proportion des suicides depuis cette époque. Le tableau suivant nous montre la répartition de ces suicides dans les diverses classes de la société. TOME VII, 1° PARTIE 14 106 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS Professions aisées ou libérales. Apothicaires Etudians Hommes de lettres Négocians Rentiers Cabaretiers Chaudronniers Culottiers Commis-négocians Doreurs Emailleurs Faiseurs de bas Fondeurs Faiseurs de ressorts Faiseurs de limes Horlogers Indienneurs Jardiniers Joailliers Macons Menuisiers 1" CLASSE. Nombre des suicides. I LS LEA 10 suicides 27° CLASSE. Professions industrielles. Nombre des suicides. 2 D ON D ei Qt M Om et Om ON 6 pi mi. Nombre total des morts, 10 23 9 111 179 sur 328 déces Nombre total des morts. 37 6 SUR LA Mécaniciens Marchands épiciers Marchands de tabac Orfevres Serruriers Tailleurs Tonneliers Tailleurs de pierres DURÉE DE LA VIE. Nombre des suicides. 3 I 1 I © © R CI 40 suicides 3" CLASSE. Professions de manœuvres. Agriculteurs Cochers Porte-faix Gendarmes Voituriers Nombre des sulcides. 2 I I 2 E 7 suicides 107 Nombre total des morts. 26 21 10 sur 981 deces Nombre total des morts. 207 8 13 17 3x sur 276 deces Il résulte de ce tableau, que la proportion des suicides est plus considérable dans les classes industrielles que dans les clas- ses aisées ou manouvrières, et des deux dernières, c’est celle- ei qui compte le moindre nombre de suicides dans la propor- tion de 0,030 pour la 1"° classe, 0,041 pour la 2%, et 0,025 pour la 3%. Si ces résultats étaient confirmés par des recher- ches plus nombreuses , l’on pourrait en conclure que ce n’est point la misère qui cause la majeure partie des suicides à Ge- 108 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS nève, mais plus ordinairement les vicissitudes de fortune, puis- que ce sont les classes industrielles où la cessation des ressour- ces est fréquente, qui comptent le plus grand nombre de ces actes de désespoir. La conséquence des morts violentes sur le chiffre de la du- rée de la vie, peut être déduite de l'inspection du tableau où l’on voit la différence qui résulte de la soustraction des cas de morts violentes ; leur nombre s’est élevé à 352, sur 8,488 décès, mais il ne faut pas considérer ce chiffre comme une moyenne , vu que l’époque des dissensions civiles se trouve comprise dans le tableau , en sorte que le nombre des morts violentes se trouve beaucoup plus élevé qu'il ne l’est en temps ordinaire. La somme totale des déductions pour cause de mort accidentelle donne neuf dixièmes de plus que les 55 ans de la vie moyenne, en sorte que, considérée en masse , cette influence est peu con- sidérable. [n’en est pas de même de quelques professions dont la vie moyenne est notablement diminuée par les cas de morts violentes, telle est celle des cochers et voituriers, qui, si l’on déduit 7 cas de ce genre, auraient vécu en moyenne 56,5 ans, au leu de 48,2. Les divers ouvriers que leur profession expose à des accidens sont les seuls où la vie moyenne devrait être calculée, sans dé- duire les cas de mort violente, puisque c’est une condition in- hérente à leur état. Nous avons cherché à apprécier l'étendue de cette influence par le moyen du tableau suivant. SUR LA DURÉE DE LA VIE. 109 Nombre Nombre Proportion des Viemoyenne Vie moy. caleulée Professions. d:s morts total morts violentes Zealculée sur la en défalquant les violentes. des morts. aux autres décès. totalité des décès. morts violentes. Bouchers 3 77 0,04 53,0 53,r Bateliers 6 46 0,13 49,2 51e Charpentiers 12 176 0,07 55,1 55,7 Couvreurs (1) 7 26 0,27 47;7 48,8 Cochers-voituriers 7 90 0,08 48,2 56,3 Ferblantiers 4 39 0,10 45,6 47,9 Macons 12 124 0,10 55,2 55,6 Emménageurs 7 52 0,13 60,0 59,1 58 630 0,09 51,4 53,7 en moyenne. en moyenne. en moyenne. La durée de la vie chez ces divers ouvriers aurait été augmen- tée de deux ans et trois dixièmes , si leur état ne les avait pas exposés à des accidens qui en ont fait succomber 58 sur 630, soit 1 sur 11. Les dangers de mort violente auxquels certaines professions sont exposées, sont donc lun des élémens impor- tans à noter , puisque cette chance contribue à diminuer la lon- gueur de la vie de plus de deux années. Mais il est deux états qui font exception à la règle générale que nous venons d'établir; ce sont les couvreurs et les emménageurs ou nettoyeurs , qui, les uns et les autres ont une vie moyenne plus courte, si l'on défalque les cas de mort violente ; au reste, si cette circons- (1) Dans un Mémoire de M. Descamps sur la Société de Secours mutuels entre les couvreurs de Paris, l’on trouve que la proportion des morts violentes accidentelles est encore plus forte qu’à Genève, puisqu'elle s’élève à près de la moitié du nombre total des décès (:6 sur 34). Ann. d'Hygiène, juillet 1834. 110 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS tance présente quelque singularité , elle n’est point inexpliqua- ble, puisqu'il paraît évident que ce sont presque uniquement les couvreurs et les emménageurs âgés ou affaiblis par l’âge, qui succombent par suite de chutes ou d’accidens survenus dans l'exercice de leur profession. CONCLUSION. Si nous résumons les recherches qui précèdent, nous arrive- rons à quelques conclusions qui ne sont pas sans intérét pour l'hygiène des professions. En premier lieu , nous avons reconnu deux classes d’influences quant à la durée de la vie des ouvriers; les unes concourent à la prolonger et d’autres à la diminuer; celles-ci, plus nombreuses que les premières, sont aussi plus importantes à signaler, puisqu'il est plus facile d’éviter des cir- constances fâcheuses que d’entourer les ouvriers des soins né- cessaires à leur bien-être. 1° Influences favorables à la durée de la vie. Nous en avons reconnu deux principales , larsance et la vie active. La première doit être signalée comme un fait hygiénique et appréciée à sa juste valeur ; mais il n’entre pas dans notre but de rechercher les moyens qui pourraient améliorer le sort des classes pauvres. Nous avons vu que la durée de leur vie était d’un huitième moins considérable que celle des classes riches : savoir , de cénquante-trois ans et six dixièmes, au lieu de sorxante-un ans, SUR LA DüRÉE DES EAYVIE. 111 La deuxième est toute du domaine de l'hygiène, elle montre l'influence de la vie active sur la duréedela vie des ouvriers. Ceux que leur profession oblige à mener une vie sédentaire , vivent moins long-temps que les ouvriers dont les travaux demandent un exercice fréquent et en plein air. La différence entre ces deux classes d'ouvriers est bien moins considérable que celle des ri- ches aux pauvres, elle ne dépasse pas un an et quatre dixie- mes dans l’ensemble des professions aisées et industrielles; mais elle est plus marquée dans les classes aisées où elle atteint la proportion de un an et six dirièmes. 2° Influences défavorables à la durée de la vie. La première de ces influences vient d’être signalée, c’est lab- sence d’aisance et le peu de ressources pécuniaires; nous avons vu que cette circonstance abrégeait la vie d’une proportion no- table (un huitième) , tandis que les autres n’agissent que dans des limites bien moins étendues. La seconde influence défavorable à la durée de la vie, c’est l'existence de vapeurs minérales ou végétales dans l’atmosphère qui entoure les ouvriers ; cette influence est d'autant plus nui- sible que les vapeurs sont plus irritantes ; en moyenne elle abrége la vie de quatre ans et neuf dixièmes. Mais elle est bien plus fà- cheuse chez certains ouvriers qui succombent presque tous à la fleur de leur âge. Une troisième circonstance qui agit dans le même sens que la précédente, quoiqu’à un moindre degré , c’est inhalation de certaines poussières minérales, végétales ou animales, surtout des deux premières. 112 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS Cette influence, qui à Genève diminue la moyenne durée de la vie de deux ans et demi est surtout fâcheuse dans les manu- factures où des poussières, tantôt fines et élastiques , tantôt dures et irritantes, remplissent constamment l'air des ateliers. Les fileurs de coton en ont éprouvé des effets si marqués, que le gouvernement anglais ordonna une enquête pour reconnai- tre les causes de la mortalité de ces malheureux ouvriers. Les macons et les tailleurs de grès succombent aussi à un âge peu avancé par suite de l’action délétère des poussières qu'ils respi- rent continuellement. Enfin les ouvriers occupés à polir l'acier, parviennent rarement à un âge avancé, ainsi que nous Favons vu plus haut. Une quatrième circonstance qui concourt à abréger la vie, c'est la fréquence des accidens auxquels certains ouvriers sont exposés ; tantôt, ce sont des blessures et des contusions, comme chez les bouchers et les voituriers, tantôt ce sont des chutes de- puis un toit ou une fenêtre , comme chez les emménageurs , les couvreurs , les charpentiers , les macons et les ferblantiers; tan- tôt ce sont les dangers de la navigation, comme chez les bate- liers; l'ensemble de ces circonstances nous a paru diminuer la durée moyenne de la vie de deux ans et trois dixièmes. Enfin, la dernière circonstance qui concourt au mème but a été déjasignalée, c’est l'influence d’une vie sédentaire , qui cause une diminution moyenne de un an et quatre dixièmes sur la durée totale de la vie. Nous pouvons donc, en définitive, établir le degré d'action , etla nature des diverses influences qui ont été successivement examinées. SUR LA DURÉE DE LA VIE. 113 19 Influences favorables. Aisance 759 Vie active 1,4 2° Influences défavorables. Défaut d’aisance 7:D Vapeurs minérales et végétales 4,9 Poussières diverses 2,9 Morts violentes et accidentelles 2,3 Vie sédentaire 1,4 Appliquons maintenant ces connaissances à diverses profes- sions , et nous aurons l'explication de leur ordre de longévité. Nous avons vu que les magistrats , les rentiers, les ecclésiasti- ques, les anciens officiers , les négocians et les employés occu- paient le premier rang ; or, c’est à l’aisance qu'est dû ce résultat, c’est aussi à la même cause qu'est due la plus longue durée de la vie des jardiniers, comparée à celle des agriculteurs, des né- gocians, comparée à celle des marchands; car ces deux classes de personnes ne diffèrent que par le degré d’aisance. Nous comprendrons que les jardiniers, les fondeurs, les cou- peurs de bois doivent leur longévité à l’activité de leur profes- sion , tandis que les maîtres d'écriture, les monteurs de boîtes, les cordonniers et les tailleurs, n’atteignent pas un âge aussi avancé, par le faitdeshabitudes sédentaires que nécessite leur état. Il n’est pas non plus difficile d'expliquer pourquoi les pein- tres vernisseurs , les serruriers , les émailleurs, les bijoutiers et les ébénistes occupent les derniers degrés de l'échelle de lon- gévité, puisqu'ils sont toujours exposés à respirer des vapeurs nuisibles. Enfin, si chez les bateliers et les voituriers l'existence est notablement abrégée, c’est que les accidens auxquels ils sont TOME VII, 1° PARTIE. 15 114 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS, ETC. exposés en font périr un grand nombre à la fleur de leur âge. Ainsi que nous l’avions déjà fait remarquer, il est plusieurs de ces influences qui se détruisent mutuellement ; c’est ainsi que la vie sédentaire des employés est contrebalancée par leur état d’aisance ; tandis que la vie active des coupeurs de bois diminue l'effet fâcheux de la pénurie, en sorte qu’il est un certain nom- bre de professions qui occupent une place bien différente de celle qui leur aurait été assignée, si lon n’eût pris en considération qu'une circonstance isolée. En résumé, l'influence des professions sur la durée de la vie est un phénomène indubitable, et qui se montre avec des limi- tes assez étendues. Les diverses circonstances qui concourent à ce résultat, quoique souvent très-nombreuses , sont le plus or- dinairement faciles à reconnaître , et se réduisent à diverses in- fractions des lois de l’hygiène. Nous avons signalé le mal et fixé l'étendue de son action , en sorte qu'il n’est pas difficile de trouver le remède , si du moins l'influence délétère n’est pas tellement mhérente à l’exer- cice de la profession, qu’elle ne puisse être détruite sans nuire aux produits de l'art. Car il est à craindre que l’appât du gain n’entraîne le plus souvent à sacrifier la santé; et telle est à cet égard l’insouciance des ouvriers, qu’ils se refuseront à la gêne la plus légère , ou à modifier leurs habitudes , quand même le remède proposé serait appuyé des témoignages les plus irrécu- sables. D’où l’on voit qu'il ne suffit pas de signaler les moyens de rendre les professions moins insalubres, mais qu’il faut encore vaincre la répugnance des ouvriers, ou, en d’autres termes, que l’hygiène des professions est aussi bien du domaine de la mo- rale que de celui des sciences physiques et médicales. TABLEAU DE LA DURÉE DE LA VIE DANS DIVERSES PROFESSIONS A GENÈVE. (pepuis 1776 a 1830.) VIE MOYENNE < Es ET ù © Ê :s CALCULÉE E © É < EN DÉFALQUANT PROFÉSSIONS. E * | 28 8 |Les morrs vrosenrrs. E à |mmé = À = = = | Nombre decas © 2 2 un |de mort violente [A 22 A « Vie e È volon- |acciden-| "°Y£RRE: taire. telle. AomcuReurSt Ce ee rércbrex 55,4 ANOMGAIE Er Mie ANT li ete Aipatuiparest "+ Luas ARE EL 69,2 Agensidelchanpe-tn ie Ce teele-ec 63,8 Arensiflaffaires. Lim 1m 00.0... ARGMILGCÉES AE 2. D HA du. 2% ile ee 68,5 AUDERAISLES EL TS Elec E cya ele. fe min rai sc cege AFINUTIENS SR Lis de doeie e efela lets eue ee à . Bouchers CES ER eh tnt 53,x Foulangers er OPA ECC CE 50,3 Hateliers.c Liu. ee ane Ep 51,3 TRE TOUR PPS PES ECS Be CASE OR TPE CRE DEMO Te 49,3 Baliyenrsidetrue fes. . ae -f. "0. Plamehisseurs.. the. Pine sh ia Bpameliers debit 4 RL el... 60,4 BOITE CA OMS REA LE TRE PRO Chase CE pelle Chapehers tent pe... |..." 0" 51,6 54,0 116 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS EE EEE EC VIE MOYENNE 3 SUN E à ONE E CALCULEE pete ne EN DÉFALQUANT PROFESSIONS. 2 * | 38 à |Les Monts vozewres. co. 2 8 ag = à =) Æ £ Nombre de cas © = Æ |demort violente 0 je z me Sa volon- |acciden- MOYENNE GC] taire. telle. Copsinatenrse (RON AM ne 17 Counter CREER Le 10 Chaudronniers AR 5 UT. 1. 20 Le 1 | 48,6 Charpentiers NEA eee en met cou que 176 12 | 55,7 Coûpeurs/delbois RAR OU 99 59,4 Confiséars 20 at bep nes es 28 2 | 57; Chärbonnierss. 25.0 ee hat Li 12 Cabaretiers (marchands de vin).......... 120 2 5 | 56,3 Gordonmiérsi 296 MN «un 376 5 | 54,4 Chamoïseurs. 57 RE ME En er 13 Courtiersis 127. MEME EN Re ti ur: 1ù Ghacrétiers EE ERREUR. 1 1 577 Chocolatierét. 1h MP LR ernnne 9 Cuisiniers...... BRIE dci OL POELE ES 12 Couvreurs re CREER ER EE RE 26 7 48,8 Culotterss SRE OR CAPE ce 12 Commis-népocrans Ce NRA ner ee 58 I 5 | 39,4 Cocher. ER ES RAR AE Cane 12 1 4 | 60,3 Canters 1. 1.022 LS TS Obs 7 Couverturiers... tits PRE Le 10 Domesliques 04 2h eh ee LAN 177 7 | 46,0 Doreuts 1.4 ::2ERNUr l'A ARS SR 15 I r | 53,8 Dessinateurs (peintres). ...........,...,. 24 Ematlenrs te .-LAONe lt. cl nee OR 2 5 | 49,7 EnCaveur 2e. er MERE [EURE 28 2 | 54,3 Ecrivains (maît. d'écriture et écriv. publics). 46 1 | 50,5 SUR LA DURÉE DE LA VIE. 117 VIE MOYENNE , CALGULÉE EN DÉFALQUANT LES MORTS VIOLENTES. PROFESSIONS. DES MORTS. Nombre de cas de mort violente TI, NOMBRE TOTAL NOMRRE TOTAL DES MORTS. Vie CALCULÉE SUR volon- |acciden.| "9YEnne. taire. telle, LE Fraboteurs te M en La dd, ss Employés (dans les bureaux de l'administrat.) Etudians DUO AMEL 0 EE PET OM NDONNOE Fripiers Ferblantiers CPC * Forgerons et maréchaux................ Maseurs de nes mi. ce biere reves Fourbissenren.s 4 ISERE. A. ous Fabricans de verges (horlogers) Graveurs Gagne-deniers nn msn Guillocheurs CC Gendanntes use BORN ER TE ne Garde-malades (infirmiers) Hommes de lettres Horlogers Huissiers 118 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS TT , VIE MOYENNE © € pe CALGULÉE 20 x à EN DEFALQUANT PROFESSIONS. SUR S S |LES MORTS VIOLENTES. 5 4 [zu = À = & À | Nombre de cas © 8 a a de mort violente SAR Indiendéurs.? 410 4bh es hu se 52,1 Imprmeurs.$i”..."Pioee.t'2.. Lfarmen 54,3 Easfiiiteuren te cree LE. honsst 58,4 Jauseurs SEC en PAR e 65,9 Tardimers et AE RE Tates 60,1 Joailliers (bijoutiens)s,... ..::........... 49,6 Lapidaires. ch... eo Lol. 57,8 Lumenadiersk"1.: 4-00 188... 48,7 Himemresh 2.1: Man fm. 2 it 55,5 Mevnierss 1 1,1 PUS MU onennde 42,0 Manœuvres (journaliers). ............... 52,4 Menuisiers ébénistes......,.....,....... 497 Monteurs de boîtes de montres.......... 52,2 Macon RE CN MERE ren ne 55,2 MASISTEATS 01 2 OR MR re 69,1 Médecins!(docteurs)"20 2.00. .0.4.2.00 66,4 Mesureurs de charbon ................. 59,1 Mestagers 1.012 Re RAT RE tt 57,9 Matelassiers hi 44 RE BE rte 60,3 Musiciens: RO A EU ES Gx,1 Ministres et pasteurs protestans.......... 63,8 Mecamgiens:!1.1. MG QU LL LENS 50,4 Marchands épiciers .................... 57,7 MarchandSidrapiers entre. COR 1.2 56,7 Marchands ferronniers..,.............. 55,9 Marchands'de tabac 057.6... hu. 58,3 SUR LA DURÉE DE LA VIE. 119 VIE MOYENNE a CALCULÉE EN DÉFALQUANT LES MORTS VIOLENTES. PROFESSIONS. DES MORTS. Nombre de cas de mort violente NOMBRE TOTAL Vie CALCULÉE SUR LE NOMBRE TOTAL DES MORTS : moyenne. volon- |acciden- 3 Marchands de bois, #-00..058..,L 4. [e») © © Marchands de fromage................. 68,5 Maythangis-divers.s A. 2.20. h es. 55,7 Moteurs au /POrEE MR SR 2er 59,7 DEbochns re HEAR ON reve 62,0 Nettoyeurs (emménageurs). ......,..,... 60,0 Notaires. Je 8e Le NO 2 PER DT core 62,1 Griévrbsme he BE EMA. TT urine 61,6 OGffherers (anciens) ED 2 E.RE RL st 63,6 Paléfrepiers 25: LOUE RE D Lomme, 37,2 Peintres-vernisseurs..........…........, 44,3 Polisseurs en métaux................... 53,7 Bees A. RUE er 37,5 Passémentiens…. -& ML MU ee tot ed nes 68,1 ANUS IR ARR E OA NU Ne 58,2 Poters’de terre: 1. MMOLE M. Loups: 51,8 Porteurs de lesgives.................... 54,1 Professeurs 1.61 BAG EE aan 66,6 Bontiens...1t. "A LM QD nr 65,9 Porteurs d’enterremens. :............... 75,0 Posreurside chaises P496.1..4....1 {5er 53,7 Pelletérsimarehands). pe Piste 0e 2 ue 70,0 PASSE LEE AE RE MN Nuit. drt 46,0 RENE EE ME sente oletn vert ee 0 à 0 5o,9 Régens (maîtres d’école)................ 64,4 RATMONEUESE NT MAN... 45,0 120 DE L'INFLUENCE DES PROFESSIONS, ETC. VIE MOYENNE , CALGULÉE EN DÉFALQUANT LES MORTS VIOLENTES. PROFESSIONS. DES MORTS. Nombre de cas de mort violente NOMBRE TOTAL DES MORTS, Vie CALCULÉE SUR LE NOMBRE TOTAL Ë moyenne. xolon- |acciden- Û Renfietss.. 4 28 CRE PORC Soldats Es. MR led à SUUIPtEUTS Eee HER ER LUE eue rer Latllenrs =. Fe RE RE DER R ent Tourneurs'sur bois %.212% 4.2.4... Pisserands see LR Let NA Hailleurs de piertés Lee Rech e Renrassiers SUEDE RER re Etes Voitumens ste CE ARE RE erah oies ee VITE Lens. ee BR LE LT ee MEMOIRE POUR SERVIR À L'HISTOIRE DE LA CHENILLE DU HAMAC, TINEA HARISELLA LINNÆI; OBCOPHORE DE LATREILLE, (1) Par Pierre HUBER. La chenille à laquelle j'ai donné le nom de chenille du ha- mac, appartient à la classe des teignes : genre œcophore de Latreille: c’est la T. harisella , où la cherchetta de Linnée. (1) Evo empruntant le litreadopté par Réaumur pour ses Mémoires d’insectologie, j'ai voulu faire comprendre qu’il était ici question des mœurs et non de l’organisa- tion de ce lépidoptère, Ce Mémoire a été lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève dans l'hiver de 1812; et ensuite, sous forme d’extrait, communiqué à la Classe des Sciences de PEnstitut en 1813. Approuvé par les commissaires nommés pour son examen, il dut être imprimé TOME VII, l'° PARTIE, 16 122 MÉMOIRE Cette chenille (fig. 7 et 8, pl. 1"°) a seize jambes : six écail- leuses , huit membraneuses et deux caudales. Chacun de ses anneaux forme latéralement une saillie très-prononcée : mais le diamètre vertical des trois premiers est plus grand que celui des anneaux suivans dont la forme est re- marquablement aplatie. Cette chenille, parfaitement rase, est d’un vert clair ; sa peau est assez transparente , la tête est brune et écailleuse ; le pre- mier anneau de son corps présente une tache brune , et en ap- parence cornée de la forme dun croissant , dont la convexité serait du côté de la tête. La longueur totale de la chenille est de deux lignes et demie ; rarement de trois et souvent plus petite encore. La chrysalide (f. 5 et 6) est d’une forme allongée, et surmon- tée antérieurement de deux petites émmenses : tous les mem- bres de l’insecte parfait y sont très-distincts; les antennes entre autres, paraissent appliquées sur le corps dans toutesa longueur ; elles en dépassent même l’extrémité. La couleur générale de la chrysalide est verte, à l'exception de la partie qui correspond aux ailes du papillon, et dont la couleur, d’un gris d’ardoise, se dans les Mémoires des savans étrangers ; mais par des raisons trop longues à énu- mérer, cette publication ayant été différée, je pris le parti de retirer mon opuscule, et ce n’est qu'aujourd'hui qu'il a pu voir le jour. Mais il a élé augmenté d’un grand nombre de détails observés dès-lors sur plus de cinquante chenilles ; et j'es- père n’en avoir omis aucun d’essenliel, malgré l'extrême ténuité des fils tendus pas ces habiles ouvrières, et la difficulté de suivre loutes leurs opérations. ° SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 123 manifeste au travers de la peau peu de jours après cette pre- mière transformation. L’insecte parfait (£. 1, 2, 3)est un lépidoptère de forme très- allongée : ses ailes ontle port de celles des teignes : elles sont appli- quées immédiatement contre le corps, qu’elles dépassent par leur longueur lorsque l’insecte est en repos. Les ailes supérieures, considérées dans leur réunion, sont semi-cylindriques. Elles sont en partie recouvertes d’écailles argentées et très-brillantes ; mais par-delà les deux tiers de la longueur de l'aile, la nature de ces écailles semble changer: elles s’étalent alors en éventail sur la prineipale nervure , et dans leur épanouissement présentent l'aspect d’un œil de paon, peint sur l'extrémité d’une plume, mais d’une couleur différente de celles de cet oiseau , sans être moins élégante; car à la base de cette partie de l’aile où elle semble changer de nature, se présente une belle tache d’or de forme allongée. Les rayons qui terminent l'aile n’offrent pas les couleurs de l'iris ; des nuances heureuses de blanc, de noir et de gris cendré les composent , et le centre d’où ils semblent par- tir est un point d’un noir velouté. Les ailes inférieures représentent une véritable plume à barbes allongées et distinctes, semblables à quelques égards à celles du duvet des oiseaux; leur couleur est un lillas , tirant un peu sur le rougeâtre. Le front de ce joli lépidoptère est orné de deux barbillons en forme de panache très-fournis et de la même couleur; on les prendrait pour des antennes par leur ressemblance à celles de certaines tipules ; ils ont la forme , la courbure et la grâce des 124 MÉMOIRE plumes d’autruche : quant aux véritables antennes, ce sont des soies longues et déliées comme le cheveu le plus fin. Si la nature a pris tant de soin pour orner la tnea harisella dans la dernière phase de son développement, elle ne l’a pas doué, dans son état de larve, d’un instinct moins digne de fixer nos regards. Mais une chenille aussi petite n’eut peut-être ja- mais attiré mon attention, si elle n’eût été excitée par le désir de connaître l’insecte auquel était due la singulière construc- tion que j'avais sous les yeux. Je ne découvris pas d’abord les premiers traits de sen histoire, l'histoire de son enfance, si je puis m’exprimer ainsi ; car cette chenille n’est point de celles qui rampent à l'aventure sur les arbres , dont les feuilles forment leur nourriture. Je n’avais pas soupconné qu’elle fût au nombre des mineuses. Cependant , ayant un jour observé sur les feuilles d’un cerisier un grand nom- bre de hamacs qui n’y étaient pas la veille, je présumai qu'il y aurait encore d’autres chenilles de la même espèce cachées près de là, et je trouvai effectivement leur retraite sur ces mêmes feuilles: elles avaient à mon insu servi de berceau et de pâture à ces petites chenilles. Cependant elles n'étaient entamées nulle part; mais on remarquait une tache d’une forme très-allongée, qui parcourait, en suivant une ligne tortueuse, presque tout le contour de la feuille: quelquefois cette trace affectait une toute autre direction. La feuille paraissait comme desséchée dans tout l’espace oc- eupé par cette ligne tortueuse , dont l’origine est presque tou- jeurs très-rapprochée de la nervure principale. Cette tache, d’abord très-étroite, s’élargit graduellement et SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 125 prend enfin le diamètre du corps de la chenille dans son plus grand développement. Ce fut à cette extrémité plus élargie que je découvris , pour la première fois, la chenille; elle était logée au-dessous de l’épi- derme supérieur de la feuille; elie avait mangé toute la substance verte qui s'était trouvée au-dessus d’elle, sans altérer le tissu de fibres qu’elle occupait, et n’avait pas touché à la portion infé- rieure. On voyait très-bien la chenille manger dans sa prison , et avancer à mesure que ses dents avaient fait de la place au- devant d’elle. C’est dans cette galerie qu’elle prend graduelle- ment foute sa croissance. Arrivée à ce terme, elle découpe avec ses dents une petite portion de l’épiderme, ct sort par l’ouver- ture qui résulte de cette dernière opération : elle se met alors, et presque aussitôt, à filer pour construire son hamac. Elle vit particulièrement sur le cerisier et le merisier , plus rarement sur le pommier et le poirier ; on la voit seulement au mois d’août et de septembre : quelques individus se montrent dès le mois de juin. Lorsque je la trouvai pour la première fois, elle était au mo- ment de passer à l’état de chrysalide; elle ne mangeait plus; elle errait de feuille en feuille , de branche en branche, pour choisir sans doute un lieu approprié à la nouvelle retraite qu’elle de- vait préparer pour l’époque de ses métamorphoses. Souvent elle se suspendait par un fil et se laissait emporter par le vent loin de la branche sur laquelle elle avait habité. Lorsqu'elle rampait sur les feuilles ; sa démarche avait quel- qu'analogie avec celle des arpenteuses, cependant elle était plus singulière encore. 126 MÉMOIRE Munie de seize jambes comme les teignes et la plupart des chenilles, elle semble cependant dédaigner en marchant de faire usage de ces membres, trop lents à son gré. Peut-être l'extrême petitesse de ses jambes membraneuses offre-t-elle un motif suffi sant à cette anomalie. Lorsque cette chenille marche, elle ne met en œuvre que les deux extrémités de son corps, savoir, sa tête et ses jambes cau- dales. Pourvue comme les autres chenilles d’une filière à la partie inférieure de sa lèvre, e’est à l’aide de la liqueur qui en sort qu’elle se procure un point d'appui. Cette substance se evagule et se durcit instantanément au contact de l'air. La che- nille dépose, par le frottement de sa lèvre contre la feuille, un petit tas de cette matière, auquel ses dents se cramponnent pour l'aider à ramener en avant l'extrémité postérieure de son corps, en formant une boucle comme les arpenteuses ; mais ces der- nières font usage de leurs pattes écailleuses en marchant pour se cramponner au terrain, tandis que la chenille du hamac ne les emploie que pour remonter le long d’un fil de soie, lorsque le vent ou quelqu’autre circonstance Pont fait tomber de la branche sur laquelle elle voyageait. Quand notre petite chenille a fait avec son corps cette grande boucle, sa tête se détache de la feuille en tirant un fil du point dont elle était partie, et se porte en avant. Les jambes mem- braneuses s'appliquent légèrement sur la feuille; un anneau chasse l’autre devant lui; la chenille s’étend de toute sa lon- gueur, et va recommencer un nouveau pas. Î est bien probable que les jambes eaudales se fixent à la feuille, en prenant pour guide la soie déposée par la chenille; mais je n’ai pas pu n’en assurer, SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 127 Au moyen de ce procédé, la chenille du hamac fait beaucoup plus de diligenee que si elle cheminait à la manière des autres chenilles à seize pieds, qui n’avancent que d’un douzième de la longueur de leur corps à chaque pas. Les pieds membraneux de cette chenille sont d’une extrême petitesse. Ce n’a été qu’en faisant tenir une d'elles renversée sous une glace que jai pu lobliger à les déployer. Mais, demandera-t-on avec raison, quel est donc l'usage auquel la nature destinait ces membres si petits, et en apparence si inutiles. Nous découvrirons bientôt leur emploi dans la construction de cette retraite si ingénieuse, si particulière, si compliquée , qu'il n’est peut-être aucune autre chenille connue dont l’in- dustrie puisse lui être comparée. Peu de temps après être sortie de sa galerie, elle se met à l’ouvrage. Il lui faut cmq heures pour préparer le petit appareil dans lequel elle doit subir ses métamorphoses (1). (1) On trouve, dans le cinquième volume du Naturforcher, une petite dissertation* en langue allemande sur la chenille qui nous occupe, et dans laquelle, après avoir raconté avec intérêt la vie de cet insecte pendant sa captivité sous l’épiderme de la feuille, auteur donne en ces mots la description de la coque à laquelle elle travaille en sortant de là : « L'enveloppe ; ainsi que la représente la figure, est fixée de chaque côté par « quatre fils. La matière est de la soie la plus blanche et la plus pure. La chenille « wemploie pas plus d’un quart d’heure à s’envelopper, ainsi que je l’ai vu sur d’autres « chenil'es : c’est dans ce fourreau qu’elle passe à l’état de chrysalide. Le papillon « parait au douzième jour. » * Le titre de ce Mémoire est: Obsersations microscopiques du docteur Gæsen surune chenille à quatorze pieds du pommier. 128 MÉMOIRE Entre les bords d’une feuille pliée (f. 9 et ro) se font aper- cevoir deux petites cordes de huit à dix lignes en longueur, parfaitement parallèles et d’une blancheur éclatante. Ce sont là les principaux supports du hamac, qui eonsiste en un tube de soie de forme cylindrique. Ce tube est suspendu aux deux cordes par quatre cordons obliques, placés symétriquement deux par deux à chaque extrémité. Enfin le hamac est amarré à la feuille même par quatre autres cordons qui correspondent à la position des premiers. Ce petit ouvrage, d’une symétrie si remarquable, offre une solidité plus étonnante encore; car le cylindre de soie qui doit servir de couche à insecte étant retenu par ces huit cordons, ne saurait être exposé à aucune vacillation ; et cependant il est absolument en Pair, et plus ou moins éloigné de la superficie de la feuille. ne n'appartient point d'expliquer comment les besoins de l'insecte auquel Le hamac est destiné se lient à la nécessité d’une construction aussi recherchée dans son logement temporaire , mais du moins je puis raconter dans les plus grands détails les manœuvres singulières et variées au moyen desquelles cette chenille parvient à son but, et faire admirer l’enchaïînement vraiment surprenant des opérations dont elle est chargée. Je demande quelqu’indulgence pour une description aussi difficile ; J'emploierai quelquefois des comparaisons bien grossières pour représenter l'ouvrage le plus léger et le plus délicat que l’on puisse concevoir; mais les analogues manquent ici; et pour trouver des rapports, j'ai souvent eu recours à des images dont je sens toute l’imperfection, SUR L\ CHENILLE DU HAMAC. 129 Première opération de la Clenille du hamac. CONSTRUCTION D'UN PONT SUSPENDU. Avant d’entrer dans le détail de cette première opération, je dirai que cette chenille établit, au besoin, son hamac partout où elle trouve une encoïgnure. Celles qui étaient renfermées dans mes boîtes l’établissaient ordinairement dans les angles formés par leurs parois ; on si elles s’échappaient de là , je retrouvais leurs hamacs dans les moulures de ma boiserie. L'ouvrage était toujours, à très-peu de différence près, le même; mais, ce qui est plus singulier, c’est qu'elles travaillent tout aussi bien dans la plus parfaite obscurité qu’au plus grand jour. Dès à présent cette chenille ayant à tenir sa tête levée pour diriger ses fils en différens sens , elle commence à faire usage de tous ses pieds pour se soutenir, se conduire et grimper ca et là. Ses mouvemens sont done moins rapides, et l’on peut, à l’aide d’une forte loupe, observer et suivre toutes ses allures. La chenille, après avoir choisi pour l'établissement de son hamac quelque feuille de arbre sur lequel elle est née, feuille ordinairement recourbée par les bords , commence ses opéra- tions par une espèce de pont suspendu, pour pouvoir s'élever au-dessus du niveau de la feuille , et travailler en l'air comme une araignée, puisque son ouvrage doit être aérien (a, fig. 1°, pl. >). Ce pont suspendu est une véritable échellé de corde ; mais cette échelle elle-même ne peut pas être faite du premier TOME VII, l* PARTIE. 17 130 MÉMOIRE coup par l’insecte, car elle est composée de plusieurs échelles élevées les unes au-dessus des autres, et tendues dans la con- cavité de la feuille. L'insecte ne peut arriver à l'échelle supérieure que par gra- dation ; la première échelle sert de gradin à la seconde, celle-ci à la troisième, et c’est ordinairement la quatrième ou la cin- quième seulement qui élève l'insecte au niveau nécessaire pour l'exécution de l'ouvrage qu'il se propose (fig. 1, 2, 3, 4, pl. 2 bis). C'est absolument comme un pont élevé sur plusieurs rangs d’arches. Le premier rang suit, à peu de chose près, la concavité de la feuille; il est composé de cinq ou six arches, quelquefois plus. Le second , déjà un peu moins concave, est formé de quatre arches; le troisième de trois, et enfin le dernier est formé d’un seul fil horizontal qui règne dans toute la largeur de la concavité offerte par les bords inclinés de la feuille. On ne doit pas prendre ici le mot d’arche au pied de la lettre; car ici la concavité est en bas , et cette concavité n’est pas tou- Jours un are, mais le-plus souvent, comme la figure le fait voir, elle offre un angle plus ou moins obtus. Tout cela doit résulter des moyens que l’insecte possède; or, le seul qu'il ait à sa disposition est l'emploi de la matière soyeuse, dont la nature l’a départi, matière qu'il fait sortir à volonté de sa filière ; et de cette différence dans les ressources suit néces- sairement celle des procédés. Voyons actuellement comment cette chenille exécute ce pre- mier rang d’arches, ou si l’on veut cette première échelle de cordes. Lorsqu'elle a choisi le local propre à l'établissement de SUR LA CHENILLE DU HAMic. 13 son hamac, elle s'arrête, elle étend son corps en avant (fig. 1". pl. » bis), dépose un peu de matière soyeuse contre la paroi in- clinée de la feuille. Puis, se repliant en deux, elle mène de là un fil dont elle fixe l’autre extrémité par-delà la partie posté- rieure de son corps et sur la feuille même. Ce fil, parfaitement tendu , forme ce qu'on appellerait géométriquement la corde d’un arc, dont la superficie de la feuille serait l'arc. Cette petite corde, première base de l'édifice, première voûte plate du rang inférieur des arches, a quatre lignes de longueur (a, d, fig. 1"°, id.) La chenille, en se repliant pour retourner dans sa première position, double le fil qui composait cette première corde , et qui, devenue par cette raison plus compacte, va lui servir d’échelon pour faire un pas et s'élever un tant soit peu au- dessus du niveau de la feuille. Ses jambes postérieures avancent et se fixent sur la corde tendue ; immédiatement après, la che- nille s’allonge, et sa tête se portant en avant dans la même di- rection, elle touche de sa filière la surface inclinée de la feuille pour commencer un nouveau fil; puis se repliant (fig, 2, id.) elle le fixe par l’autre extrémité au milieu de la petite corde déjà établie, ce qui produit un second échelon appuyé d’une part sur le premier et de l’autre sur la feuille même. Elle fait avancer de nouveau ses jambes caudales pour les cramponner au second échelon, et, portant sa tête en avant toujours dans la même direction, elle va fonder un peu plus loin sur la feuille un troisième gradin. Puis par le même procédé elle en fait un quatrième, un cinquième, quelquefois jusqu’à six ou sept (fig. 4). Ces fils forment ensemble ce que j'ai comparé à un premier rang d’arches : on concoit maintenant le mécanisme qui les 132 MÉMOIRE lie entre elles, et l'espèce d'architecture qui en résulte. Ce premier rang d’arches , ou de voûtes plates, présente l’as- pect d’une portion d’un polygone régulier. Ce pont concave est encore très-surbaissé, et sa forme un peu anguleuse. La chenille élevée sur ce premier pont, rampe à sa super- ficie, et sedispose à former la seconde rangée de voûtes : pour cet effet , elle va placer contre les parois de plus en plus élevées et verticales de la feuille , et le plus haut qu’elle peut atteindre, l'origine d’un nouveau fil, qu’elle conduit jusqu'au pont déjà formé; puis elle se retourne et va fonder une nouvelle arche, qui part du milieu de ce dernier fil, et va atteindre une por- tion plus avancée du premier pont, et ainsi de suite jusqu’à l’ex- trémité du pont dont il s’agit. Mais il est à remarquer qu’elle donne aux soies qui représentent cette seconde série d’arches une plus grande étendue , de manière qu’elles forment en- tre elles une courbe moins sensible que celle du premier rang. La chenille fait actuellement plusieurs pas sur sa corde, pour atteindre les points où elle doit déposer ses fils ; elle rampe toujours la tête levée, et ne se fixe que là où elle doiten arrêter l'extrémité. Ce second rang d’arches en aura une de moins que le pre- cédent. Le troisième rang sera composé de fils plus allongés en- core et moins nombreux ; le quatrième , à plus forte raison, car il ne sera formé que de deux fils , faisant ensemble un angle très-obtus : enfin le dernier rang formé d’un seul get, ne sera plus qu’un seul fil tendu horizontalement dans toute la largeur de l’espace destiné au hamac. Voilà dé;à une construction bien savante, dont le seul: but SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 133 est d'élever l'imsecte à un certain niveau dans la concavité de la feuille, et peut-être de deux à trois lignes au-dessus de sa superficie. L Je me suis arrêté à donner l'explication détaillée de cette pre- mière opération , parce qu’elle fait bien connaître la manière de faire de cette chenille: d’ailleurs élle a un but très-distinct , très-facile à comprendre, mais elle ne fait point partie du ha- mac, car elle disparaît bientôt sous les nombreux échafaudages qui vont lui succéder et dont plusieurs ne sont encore que des préparations tout-à-fait secondaires. Deuxième opération. CONSTRUCTION D'UNE PETITE TRAME OBLIQUE, DESTINÉE À MAINTENIR LA COURBURE DE LA FEUILLE. La chenille est maintenant élevée au niveau qu’elle désirait attemdre: elle se tient sur la plus haute corde du pont; ses jam- bes caudales y demeurent invariablement fixées pendant les trois manœuvres subséquentes. Elle chemine le long de ce fil hori- zontal ; qui lui sert à la fois de gradin pour s’élever et de guide dans la direction de ses mouvemens; c’est pourquoi nous l’ap- pellerons dès à présent le fil directeur : la chenille rampe sur ce fil à l’aide de ses seize jambes ; maïs plus souvent encore pré- fère-t-elle se tenir comme les’ sphinxs , la tête levée, et ne point adhérer à la corde avec ses six pattes écailleuses; du moins dans tous les mouvemens où la tête doit se porter au lom , et à droite 134 MÉMOIRE ou à gauche, ces six pattes se détachent de la corde, ou ne la touchent que légèrement et en passant , car elle a besoin d’aller tête levée pour ne point confondre ses fils qui se colleraient au moindre contact de sa filière; elle ne la pose jamais que là où elle veux fixer de nouvelles soies. Elle ne tarde point à se remettre à l'ouvrage pour une nou- velle construction. Au niveau du fil directeur et parallèlement à celui-ci, mais à une pelite distance, elle tend un certain mombre de fils for- mant un même plan entre les deux bords de la feuille (b, fig: spl} Ce plan presque horizontal s'incline un peu, à mesure qu'il s'éloigne du fil directeur , de manière à couper celui de la feuille même ; les fils qui composent cette nouvelle trame, sont de plus en plus courts, de manière que l'un de ces bords se rap- proche tout-à-fait de la surface de la feuille. Troisième opération. CROISEMENT DE LA TRAME OBLIQUE. La manœuvre que je viens de décrire n’est que le complé- ment de la dernière; car la petite trame oblique que notre che- nille vient de construire, et qui n’est composée que d’une tren- taine de fils, n’est point encore terminée. IL s’agit de lui donner beaucoup plus de consistance; il faut la croiser , la tisser pour ainsi dire : mais notre ouvrière n’a ni métier ni navette; comment s’y prendra-t-elle ? SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 135 La nature est-elle jamais embarrassée à trouver des procédés. La chenille change de manœuvre: ne laissant plus que ses pieds de derrière sur le fil directeur , elle porte son corps tout en tra- vers de la petite trame que nous venons de voir établir , et par les mouvemens qu’elle donne à sa tête en promenant sa filière sur les fils dont cette trame se compose, elle dépose la matière soyeuse en divers sens et croise de fils serrés ce premier tissu , qui acquiert une solidité bien supérieure à ce que l’on pour- rait attendre de l'ouvrage d’un si petit insecte (fig. 9, pl. 2 bés). Mais la matière de la soie, par un secret que la nature s’est réservé jusqu'ici et que l’art n’a point encore imité, permet à l’insecte doué de la faculté de la sécréter, de donner à son travail, sans entrelacer les fils comme nous le faisons , toute la consis- tance nécessaire au but qu’il se propose. Qui ne connaît la force des tissus de diverses coques filées par les insectes ; il y en a dé plus solides que la percale et le nanquin , proportion gardée de leur épaisseur ; parce que les fils de soie des insectes se collent d’une manière presque indis- soluble partout et à l'instant même où l’insecte les dépose. L’apparence extérieure du travail que vient de faire la che- nille qui nous occupe, est une espèce de broderie d’un dessin irrégulier. Les deux opérations que je viens de décrire tendent, à ce qu'il m'a paru, à maintenir et à renforcer la courbure de la feuille , de manière à ce que l’espace au-dessous de cette tenture soit assez grand pour que le hamac, dont nous ne tarderons pas à voir les rudimens ; puisse être toujours élevé au-dessus du ni- veau de la feuille de deux ou trois lignes. 136 MÉMOIRE Le dernier travail que nous venons de voir est parfaitement distinct de ce qui le précède et de ce qui le suit. Cette netteté se présente dans chacune des opérations de la chenille du hamac. Quatrième opération. LA TRAME FONDAMENTALE. Quand la chenille a terminé la petite trame oblique que je viens de décrire, et à laquelle je donne le nom de trame late- rale, parce qu’elle se trouvera à côté du hamac , elle tourne sur elle-même et va travailler de l'autre côté du fil directeur qu’elle ne quitte point encore. Je serai obligé d'appeler encoré du nom de trame l'ouvrage dont elle va s’occuper , quoique pour parler exactement , il ne présente que ce que les tisserands appelleraient la chaîne : car ce sont simplement des fils tendus les uns à côté des autres avec la plus grande régularité; mais ce mot chaîne ayant une autre acception dans le langage usuel , offrirait ici l'inconvénient d’embrouiller mes explications. La chenille, en suivant toujours le fil directeur , dépose suc- cessivement une vingtaine de soies parfaitemens égales, paral- lèles et espacées de même entre les parois relevées de la feuille , et au niveau du fil directeur ( c, d, fig. 3, pl. 2); c’est ce que j'appellerai la trame fondamentale, elle présente un plan ho- rizontal d’une ligne de large et de six lignes de longueur ; je l'ai SUR LA CHENILLE DU HAMAC. do nommée fondamentale, parce qu’elle constitue le fondement du petit édifice aérien , dans lequel l’insecte opère ses métamor- phoses : c’est au-dessous de cette trame que l’on verra par la suite se former le cylindre de soie : mais nous avons bien d’au- tres opérations à décrire avant d’en venir là. Car il faut cons- truire premièrement les cordes qui lui serviront de support, ce qui exige de nouvelles combinaisons. Cinquième opération. CONSTRUCTION DE DEUX TRAMES INCLINÉES. La trame fondamentale devient dès à présent le parquet sur lequel notre chenille rampe pendant qu’elle s’occupe des nou- velles constructions qui lui sont imposées. Elle va construire au bord de cette trame un nouveau plan de soies , rangées dans le plus grand ordre, symétriquement et parallèlement au fil directeur ; mais au lieu que la trame fon- damentale était horizontale , celle-ci s’élève graduellement en- tre les bords de la feuille, et forme un plan régulier incliné d'environ 70 à 75 degrés avec l'horizon (d, fig. 4, pl. 2). Cette trame ne surplombe pas sur la trame fondamentale, elle s’en écarte en sens contraire, sa forme totale est un tra- pèze , car les nouvelles soies sont de plus en plus longues, puis- qu’elles atteignent successivement des parties plus écartées des parois de la feuille. Après avoir établi cette première tenture inclinée , la che- TOME VII, 1° PARTIE. 18 138 MÉMOIRE nille se dispose à en construire une seconde exactement sembla- ble lelong de l’autre bord de la trame fondamentale. Ces deux tra- mes inclinées sous le même angle, mais en sens contraire, for- ment avec la trame fondamentale et les bords inclinés de La feuille, une sorte d’encaissement que l’on pourrait comparer à un bateau de pêcheur, ou mieux encore à un pétrin. Mais pour m’exprimer plus géométriquement , je dirai que la trame fondamentale représente un parallélegramme rectangle très-allongé (a, b, e, d, fig. 5, pl. 2 ds), sur les deux grands côtés duquel s’élèvent des tentures en forme de trapèze, situées sous un angle obtus de 120 à 130 degrés (a, b,e,f, c, g,d, h, fig. 5, pl 2/01) Ces trois plans interceptent par leurs extrémités une portion de la feuille, aussi trapézoïdale. De ces différentes images, celle d’un petit bateau terminé de même aux deux bouts, sera celle que j’adopterai dorénavant : le fond de la nacelle est la trame horizontale, ses flancs sont les tentures inclinées et trapézoïdales , les extrémités , les pa- rois de la feuille interceptées par ces divers plans. La chenille située au fond de la nacelle , commence les ten- tures latérales par le bas; elle dépose d’abord des soies au bord de la trame fondamentale, et s'élève par gradation , toujours soutenue par les derniers fils qu’elle a établis ; arrivée à un bout de la nacelle , elle retourne à l’autre, toujours tendant de nouveaux fils plus allongés que les précédens. Elle donne aux deux trames inclinées à peu près la même hauteur, et les compose d’un pareil nombre de fils, ou ne s’en écarte guère. Elle commence toujours par la trame la plus éloi- SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 139 gnée du fil conducteur ; et cela probablement parce que ce fil sur lequel sont toujours fixées ses pattes postérieures, lui sert encore de guide pour ceci : elle commence chacune de ces deux trames par un travail un peu analogue à celui du pont, c’est- à-dire, par une ou deux rangées de fils obliques les uns sur les autres , puis moins obliques, puis tout-à-fait droits. Dès-lors , tous les autres fils sont simples et rangés comme les cordes d’une harpe. Après avoir fait cette première trame , souvent elle s'arrête pour aller croiser de fils transversaux la trame ho- rizontale , et quelquefois ébaucher le tube qui doit régner au-dessous de cette trame. Puis elle remonte et se met en devoir de construire la seconde trame inclinée ; elle travaille à cette partie de son ouvrage avec une activité et une adresse remarqua- bles. Ses pattes caudales demeurent au fond de la nacelle pen- dant toute l’opération , les membraneuses s'appuient sur la trame même, tandis que la partie antérieure du corps glisse sur les fils élevés qui la terminent : elle fait cinq ou six pas pour chaque fil, elle marche toujours la tête levée pour que le fil qu’elle forme ne s'accroche pas à d’autres. La variété de ses attitudes et les courbes qu'offre son corps dans cette manœuvre, offrent à l'œil un spectacle aussi gracieux qu’amusant. Sixième opération. LES DEUX CORDES PRINCIPALES. Jusqu'ici les travaux de la chenille que nous observons , n’ont offert que des préliminaires indispensables à l’exécution du ha- 140 MÉMOIRE mac, et nous n'avons vu aucun des résultats que l'œil observe quand cet ouvrage est achevé, si ce n’est la petite trame desti- née à contenir la feuille dans une certaine courbure. Mais dès à présent la chenille va réaliser ses plans, ou plu- tôt ceux de son divin Auteur. Le hamac et ses cordages sorti- ront de cet échafaudage dont on ne voit point encore le but : les deux cordes principales auxquelles le hamac doit être suspendu, sont les premières qui se fassent remarquer. Les bords supérieurs des deux tentures obliques que J'ai com- parées aux flancs de la nacelle, ces bords , dis-je, ne se dis- tinguent encore nullement de l’ensemble des trames auxquelles ils appartiennent. Mais si après les avoir établis de niveau l’un avec l’autre, la chenille cesse de s’élever ; si au lieu de tendre de nouveaux fils, elle s'efforce d’enduire le fil supérieur , à vingt , à trente reprises différentes de la matière soyeuse qu’elle a en dépôt dans les vaisseaux qui conduisent à sa filière ; par ce procédé, elle leur donnera beaucoup plus de consistance qu'aux autres fils qui composent ces tentures, et leur fera prendre l’épaisseur que l’on observe dans ces cordes lorsque l’opération est achevée. Effectivement la chenille ayant toujours l'extrémité posté- rieure de son corps au fond de la nacelle, et le corps lui-même obliquement situé le long d’une des trames ascendantes , elle applique sa filière sur la dernière soie qui termine cette trame, et on la voit cheminer de cette manière d’une extrémité à l’autre de la nacelle à de nombreuses reprises, soit dans un sens , soit dans le sens opposé, et ne s'arrêter que lorsque la soie qui borde la trame a acquis une consistance et une visibilité que n’ont SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 141 point encore les autres parties de son ouvrage (fig. 6, pl. 2 hrs). Quand la chenille a terminé cette première corde, elle va donner le même soin au bord supérieur de l’autre tenture laté- rale, et, soit par l’assiduité de son travail, soit par ce tact dont elle est douée, elle fait prendre à ce bord exactement les mêmes dimensions qu’à la première corde. La soie en était d’abord in- visible à l’œil nud; on la verrait maintenant à dix pas; elle a acquis une consistance susceptible d'offrir une résistance opi- niâtre aux élémens. Dans le cours de cette opération, chaque fois que la chenille arrive à l’extrémité de la corde qu'elle doit renforcer, elle dé- tache sa tête de la superficie de cette soie, et va poser un petit lien à quelque distance de cette extrémité sur la feuille même (fig. 5, pl. 2). Repartant aussitôt de là pour reprendre son trajet régulier, elle double ce petit lien. Le nombre et la réunion de ces soies tendues à chaque reprise de son travail contribue infi- niment à la solidité de la corde; car il ne suffisait pas qu’elle fût forte, il fallait encore qu’elle fût solidement assujettie aux parois de la feuille. Septième operation. LE HAMAC. Lorsque la chenille a terminé les deux principales cordes, elle passe au travers de la tenture horizontale, que j'ai représentée comme le fond de la nacelle. Elle se trouve donc au-dessous de 142 MÉMOIRE la trame fondamentale (fig. 6, pl. 2 bis); c’est là qu'elle va tra- vailler avec une nouvelle ardeur pour établir le petit cylindre de soie qui est l’objet de tous ses travaux, le hamac lui-même. Les soies horizontales de la trame au-dessous de laquelle elle s’est établie serviront en partie de paroi supérieure à ce cylindre horizontal. La chenille qui doit établir au-dessous de ce fond plat un tube de soie, ne peut parvenir à ce but qu’en tendant d’abord quelques soies du milieu de cette trame aux parois de la feuille, en différens sens. Placée elle-même comme au centre de tous les fils dont elle s’entoure, au milieu de son ouvrage et dans l’axe idéal du ey- lindre qu’elle doit construire, elle s’allonge, elle se replie, elle s’avance et se retourne en tous sens, toujours suspendue comme un architecte sous le plafond auquel elle doit faire aboutir les nouvelles parties de son édifice; elle fait enfin tous les mouve- mens nécessaires pour établir autour d’elle une quantité de soies éparses qu’elle réunira lorsqu'il en sera temps, qu’elle coupera à une longueur déterminée, et auxquelles elle fera prendre toute la consistance nécessaire. À la vérité, on ne saurait décrire ici son ouvrage que dans son ensemble ; les soies éparses qu’elle établit sont d’une telle ténuité, qu'il n’est pas toujours facile de saisir le plan et la marche de son travail, qui offre plus de liberté ici qu'ailleurs. Aussitôt qu'on peut en saisir le résultat, il présente l'aspect d’un entonnoir double, ou si l’on veut plutôt d’un tube évasé par les deux bouts (fig. 6, pl. 2). Les soies dont il est formé par- tant, non pas du milieu de la trame, mais de divers points plus ou moins rapprochés les uns des autres, et divergeant ensuite SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 143 vers les parois inclinées de la feuille, présentent dans leur en- semble une forme évasée peu régulière, mais très-évidente ; et comme ce que l’ouvrière a fait à l’un des bouts, elle le fait de même à l’autre extrémité, il résulte de son travail une espèce de tube évasé à ses deux orifices. Ajoutons à cela que cette chenille, restant au centre de ses tentures et se mouvant toujours dans le même sens ou à-peu-près, elle brise par ses mouvemens toutes les soies qui gênent son pas- sage, aussitôt qu'elles ne sont plus nécessaires, puis elle tend de nouvelles soies mieux rangées dans les vides qui en résultent. Elle se fait, par ce moyen, une enveloppe de soie moulée pour ainsi dire sur sa propre taille; elle la rend plus solide ensuite en la tapissant intérieurement de soies déposées en sens contraire, c’est-à-dire en travers; mais il est à remarquer qu’elle ne garnit ainsi que la partie du double entonnoir qui doit se conserver, sa- voir la partie cylindrique du milieu. Celle-là seule prend de la consistance ; les autres fils n’étant pas liés ensemble et devenant presque inutiles, sont à cette époque coupés par la chenille même à l'endroit où le cylindre doit se terminer. Ainsi les parois éva- sées disparaissent, et il n’en reste que quelques soies dont on va voir l’utilité. J’ai réuni ensemble toutes ces petites opérations, quoique très- différentes en elles-mêmes, parce qu’elles n'étaient pas aussitran- chées que les précédentes, et que néanmoins elles présentent un résultat parfaitement clair et positif. 144 MÉMOIRE Huitième opération. CONSTRUCTION DE CORDONS SUSPENSEURS. La chenille dont j'écris l’histoire a donné une forme à-peu-près cylindrique à ce tube qui lui servira de linceuil pour passer à l'état de mort apparente, et dans lequel elle ressuscitera sous la forme du plus brillant des papillons microscopiques; elle doit actuellement lui donner de solides supports, car vers la fin de l'opération précédente, elle a coupé tous les fils qui le prolon- geaient jusqu'aux parois de la feuille, et il n’est plus suspendu qu’à une trame simple composée des soies qui formaient la trame fondamentale. Mais ces soies déliées et d’une dimension qui les rend im- perceptibles à la vue simple , seraient d’un usage insuffisant pour la solidité de l'ouvrage auquel notre insecte doit confier sa propre sûreté. Guidé sans doute dans son instinct par une Sagesse supé- rieure, il va amarrer son fourreau par le moyen de huit cordons solides, dont les uns le suspendent aux cordes formées dans la sixième opération, et les autres en assurent la stabilité par leur adhérence à la feuille même. Dans ce but, l’insecte sort de son fourreau et traverse encore la trame à laquelle il est suspendu dans une partie dégarnie de soies transversales : il monte obliquement le long d’une des tentures ascendantes que nous avons comparées aux flancs’du SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 145 bateau, en se servant comme d’écellous de tous les fils dont elle est composée, et arrive à la corde par laquelle cette tenture se termine. C’est là, près de l’extrémité de cette corde, c’est à cette corde même que la chenille fixe le bout d’une nouvelle soie; elle la ramène en descendant et en reculant obliquement jusqu’à l’ori- fice du cylindre (#g. 7, pl. 2 bis); elle y rentre en entier tou- Jours en reculant, afin que sa filière se trouve vis-à-vis de la place où elle doit coller ce fil, c’est-à-dire à l'extrémité du cv- lindre. Ainsi cette soie, qui doit servir de type à l’un des supports du hamac, traverse obliquement l’une des tentures inclinées que la chenille a construite dans la cinquième opération. Elle remonte aussitôt le long de cette nouvelle soie, et va jusqu’à la corde supérieure, en déposant sur son chemin une nouvelle cou- che de la matière soyeuse. Elle répète cette manœuvre jusqu'à ce que le cordon auquel elle travaille ait acquis une consistance proportionnée au but pour lequel il est destiné; d’abord on apercoit à peine la pre- mière soie, et on ne la devinerait pas à l’aide d’une loupe, si les mouvemens de la chenille ne mettaient sur la voie de la cher- cher ; mais bientôt elle se distingue sur la trame ascendante, et elle devient enfin remarquable par sa blancheur et sa solidité. Lorsque la chenille a construit un des cordons, elle se retourne des pieds à la tête dans son fourreau de soie, ce qui lui donne assez de peine, vu la justesse de ce fourreau, et elle va construire à l’autre extrémité un nouveau cordon semblable et situé de la même manière, en travers de la trame ascendante, et tenant TOME VII, l'° PARTIE. 19 146 MÉMOIRE d’une part à la corde supérieure , de l’autre au tube qui cons- titue le hamac. Puis elle se retourne encore dans son fourreau de bout en bout , et va établir sur la trame opposée un troisième cordon : enfin le quatrième se développe à son tour aux yeux de lob- servateur, avec toutes les mêmes circonstances : en sorte que voilà le hamac suspendu aux deux cordes horizontales et pa- rallèles par quatre cordons obliques et solides. Mais ce n’est encore que la moitié de l’ouvrage, le hamac va- cillerait au moindre zéphir. Il n’est pas encore amarré assez so- lidement au gré de l’auteur de cette merveille en miniature et de tant d’autres merveilles de tous genres. La chenille, docile aux instructions qui lui sont données, ou plutôt obéissant aux inspirations d’un instinct admirablement combiné , est apprise à former quatre autres liens semblables , mais qui, situés en sens inverse des précédens , au lieu de monter du hamac vers les cordes principales, descendent au contraire obliquement de ses bords vers les parois inclinées de la feuille, dans la partie inférieure de sa concavité. (fig. 7, pl. 2, et fig. 8,pl. 2 brs). J'ai dit, que la chenille en détruisant les entonnoirs, les éva- semens par lesquels se terminait originairement de chaque côté le cylindre du hamac, avait laissé subsister, peut-être à dessein, quelques-unes des soies qui les composaient. Au moyen de ces soies réservées si à propos , la chenille peut descendre du ha- mac pour se diriger vers les points de la feuille contre lesquels elle doit fixer les cordages qui maintiendront le hamac en op- position avec les cordons supérieurs. Elle descend donc à l'aide f] SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 147 de ces échelons invisibles pour nous, et choisissant des points et des directions correspondantes à celle des quatre cordons ascendans , elle en construit quatre descendans, et formant en- tre eux et avec le hamac, les mêmes angles que les premiers. Aucune circonstance précédente , aucun antécédent ne paraît présider à son choix dans la position et l’inclinaison de ces cor- dages. Les soies tendues précédemment pourraient plutôt lui occasionner de l’indécision ou l’entraïîner dans l'erreur, si son choix n’était déterminé par la convenance de tout son ouvrage, car leur direction est beaucoup moins inclinée que celle des fils dont je parle; une fois le point de départ trouvé, elle re- tourne en montant à reculons , jusqu’au fond de son fourreau, et répète vingt fois ce trajet, déposant à chaque reprise un peu de soie sur le cordon. Elle exécute ensuite par le même procédé les trois derniers liens qui doivent fixer solidement le hamac à la feuille même. Neuvième et dernière operation. LE FINI. Je réunis sous ce nom plusieurs traits, qui chacuns méri- teraient peut-être une mension et une description particulière dans l’histoire de la chenille du hamac : mais ils ont cela de commun, qu'ils offrent plus particulièrement que les précédens le caractère d’un œuvre libre , et où l'intelligence remplacerait l'instinct. IL s’agit de revenir sur toutes les parties de l’ouvrage ébauché, de finir, d’achever ces cordons , de former des bour- relets aux deux bouts du hamac proprement dit ; de le tapisser 148 MÉMOIRE intérieurement d’un plus grand nombre de soies , enfin de bri- ser tous les fils inutiles, tels que ceux qui composent leurs tra- mes ascendantes. Mais avant de terminer complètement son ouvrage, il lui reste à exécuter une manœuvre, dernier trait de son instinct , qui n'offre pas moins d'élégance que toutes celles dont j'ai déjà donné la description. Jusque là, la chenille n’a jamais quitté complètement son hamac. L’extrémité postérieure de son corps et ses jambes cau- dales y étaient toujours demeurées malgré la diversité des opéra- tions et des attitudes qu'exigeait la construction des cordages. Maintenant elle en sort complètement , pour examiner les de- hors de son habitation future et leur donner la dernière main. Ce travail consiste à tendre des soies imperceptibles d’un cordon à l’autre, comme si elle voulait présenter par à un obs- tacle invisible à ses ennemis. Il est cependant à remarquer que le cylindre dans lequel elle doit se métamorphoser demeure ouvert par les deux bouts; mais il semble qu’il entre dans les plans de la nature de laisser un côté faible à toutes ses productions. Le hamac est enfin terminé; la chenille se retire dans l'asile qu’elle s’est préparé avec tant de soin et de sollicitude : elle s’y tient couchée sur le dos pendant deux jours avant qu'aucun changement s’opère en elle : elle passe alors à l’état de chrysalide. Dans cette phase de son existence elle est d’abord toute verte, à l'exception des pattes futures du papillon, qui sont déjà noi- râtres, on les distingue très-bien au travers de la peau; les an- tennes sont si longues qu’elles dépassent l'extrémité de Fabdo- SUR LA CHENILLE DU HAMAC. f 149 men; mais il est à remarquer qu'au moment de la transforma- tion l’insecte, libre dans ses enveloppes encore molles, peut se mouvoir pendant quelque temps, et donner du jeu à ses mem- bres; les antennes ne paraissent pas d’abord aussi prolongées qu’elles le sont ensuite, mais bientôt on les voit se fléchir et s'étendre, tandis que le reste du corps semble se raccourcir et se retirer. Les pattes caudales de la chenille se redressant dans la chry- salide forment probablement cette bifurcation que l’on remar- que à l'extrémité de son corps (fig. 6, pl. 1). Enfin elle présente dans ce dernier état, à son extrémité an- térieure, deux petitessaillies en forme de cornes qui sont les étuis de ces jolis panaches dont l’insecte parfait est orné; je soup- conne que c’est ce qu'on voyait dans l’état de larve sous la forme du croissant brun, situé sur le premier anneau de la che- nille; mais ceci n’est qu'une hypothèse à laquelle je ne donne aucune valeur. Les ailes déjà visibles au travers de la peau de la chrysalide prennent graduellement la teinte lilas argentin qu’elles doivent présenter dans le papillon, parce que la lumière passe facile- ment au travers de ses tégumens extérieurs. Au bout de quinze jours, le papillon ou plutôt la teigne élé- gante dont J'ai déjà donné la description, sort de ses enveloppes, et voltige de branche en branche sur l'arbre qui l’a vu naître. Il entre dans l’histoire d’un insecte de faire connaître ses en- nemis, tout comme il entre dans l’histoire des ennemis de faire connaître leur victime. Car l’histoire naturelle est un livre en 150 MÉMOIRE parties doubles, dont la destination est de tenir le registre du grand commerce de la nature où tout se balance par des échan- ges réciproques. Malgré les précautions infinies que la nature a prises pour la conservation du lépidoptère dont on vient de lire l’histoire, il n'est pas à l’abri de toute atteinte. Déjà dans son berceau de feuilles, dans cette galerie minée sous lépiderme du végétal; la chenille porte quelquefois de cruels ennemis dans son sein; on les y voitlong-temps avant l’épo- que où la chenille prend lessort pour aller procéder à son hamac. A cette époque déjà deux petites larves sont situées en sens contraire, et l’une à côté de l’autre dans le huitième anneau de cette chenille. L’insecte qui en provient sort à l’époque où le papillon se serait développé; celui-ci est victime de son ennemi intérieur. J'ai cru voir que cette mouche parasite était une petite mouche à deux ailes du genre stratiome; mais je n’oserais l’affirmer. — Une particularité remarquable de son histoire, c’est que de ces deux larves il n’en vient jamais à bien qu’une seule ; lune d’elles est-elle la proie de l’autre, c’est encore ce dont je ne me suis pas assuré; mais la transparence de la chenille est telle qu’il serait facile de le découvrir. (1) (1) Dans la notice du pasteur Goesen, on voit cet auteur chercher l’époque où la chenille est attaquée par l’insecte parasite, et s’attacher à la supposition que c’est lors- qu’elle sort de sa galerie que l’œuf est déposé sur son corps; si cet auteur eût observé de plus près la chenille dans sa galerie, il aurait vu distinctement les larves qui firent périr lun de ses papillons; mais il aurait fallu peur cela en observer un très-grand nombre. Il rapporte ces insectes parasites à ceux désignés par Linnée. 4)Ed. XII, S.N. p. 938; mivuti antennis filiformibus abdomine ovato sessili. e) Ib. p.932 w. 66. Pupparumauratus, cœruleus abdominiviridinitido, pedibus pallidis. Habitatin puppis. SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 1oi SUPPLÉMENT. EXPÉRIENCES SUR L'INSTINCT DE LA CHENILLE DU HAMAC. L'industrie de la chenille du hamac se prêtait d’une manière unique à quelques expériences que je désirais depuis long-temps exécuter sur l'instinct des chenilles. Lorsqu'une chenille n’a qu’une seule manœuvre comme la plupart de celles qui appartiennent à la classe des Bombix, on peut au plus les contraindre à recommencer ou à raccommoder leur ouvrage. La plupart des teignes ou des rouleuses, si on les dérange, quittent leur asile et cherchent un refuge sur une autre feuille où elles puissent renouveler leur unique opération. L’observa- teur en les obligeant à répéter leur manœuvre, pourra étudier plus en détail les procédés de la chenille; mais il n’aura une belle occasion de mettre à l’épreuve les facultés de l’insecte, qu'autant que ses mœurs présenteront des opérations distinctes sur lesquelles il puisse exercer le talent de questionner la na- ture, dont les oracles répondent presque toujours à celui qui les interroge convenablement. Un insecte aussi remarquable par son industrie que celui dont nous venons de nous occuper avait-il la conscience de ses pro- pres manœuvres? jusqu'à quel point pouvait-il du moins en juger? y avait-il là quelque chose de laissé à sa compétence ? 152 MÉMOIRE Je ne suis point en état de répondre à toutes ces questions ; mais J'ai dû les poser pour faire entrevoir ce qui manque à nos notions sur l'instinct; et j'ai tenté du moins quelques expérien- ces qui pourront mettre sur la voie pour en faire de plus déei- sives, lorsqu'on commencera à sentir l'importance de s’occuper de recherches du même genre. J'ai d’abord essayé d'interrompre le travail des chenilles de cette espèce , soit lorsqu'elles avaient seulement commencé leurs opérations, soit lorsque ces opérations étaient plus avancées : expériences bien faciles. J’enlevais ces chenilles de dessus leur ouvrage et je les met- tais sur d’autres feuilles : bientôt elles recommencaient à tra- vailler , en repassant par toutes les gradations qu’elles avaient déjà suivies, avec cette seule différence qu’elles demeuraient moins lons-temps à les exécuter, et qu’elles déposaient moins de soie à chaque opérarion partielle, en raison de celle qu’elles avaient déposée précédemment. Lorsque je réitérais trop souvent ces épreuves sur les mêmes chenilles, la matière de la soie, quiest une sécrétion, s’épuisait, et la chenille appauvrie ne pouvait suflire à ses travaux. Elle essayait en vain de déposer quelques fils, mais elle y re- noncait presque aussitôt, et se transformait dans cet état de nu- dité absolue, si contraire au vœu de la nature. Je ne les vis ja- mais subir leur dernière métamorphose , parce que le papillon n'ayant probablement aucun point d'appui pour faire les mou- vemens nécessaires à son dépouillement, ne pouvait sortir de sa chrysalide et venir à bien. On voit pourtant beaucoup de papillons sortir de chrysalides nues ; mais il est probable que la SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 153 forme bizarre de la chrysalide de la teigne hariselle , est cause de la difficulté qu’éprouve son papillon à se débarrasser de ses enveloppes. À Que de réflexions à faire sur ces faits , tout simples qu’ils pa- raissent. L’insecte auquel on enlève son ouvrage presque achevé, sent- il donc la nécessité de l’exécuter de nouveau. N’est-il pas singu- lier qu'ayant déjà fait son devoir comme chenille, il soit pour ainsi dire obligé , par l'effet de notre curiosité, de refaire lou- vrage qu'il avait accompli : le rouage une fois déroulé, par quel mobile est-il remonté ? non-seulement l’insecte recommence son ouvrage, mais cette fois il ménage la matière , comme s’il sen tait l’importance d'économiser ce qui lui reste de soie pour aller jusqu'au bout de son entreprise. Singutière, bien singulière combinaison, si linsecte y est pour quelque chose ; bien plus singulière encore, peut-être inexplicable , si tous les cas étaient prévus , et si Pinstinct était prémuni pour toutes les circons- tances. Le fait de savoir recommencer , ou raccommoder leur ou- vrage, appartient à presque tous les insectes : du moins tous ceux qui ont été mis à l'épreuve y ont répondu de cette manière. Mais je ne m’en suis pas tenu à cette expérience pratiquable sur la plupart des chenilles fileuses : en voici une que j'ai ré- pétée en la variant de plusieurs manières. Je prenais une des chenilles dont j'ai donné l'histoire dans cette dissertation , lorsqu'elle était déjà très-avancée dans son travail, et je la portais sur l’ouvrage d’une autre chenille de la même espèce , qui eût encore qu'ébauché son hamac. TOME VII, L'* PARTIE, 20 154 MÉMOIRE Par exemple , celle que j’employais à cette expérience avait fait sept opérations distinctes : je la plaçais sur le nid de celle qui n’en avait fait que trois, en ayant soin d’ôter celle-ci de son hamac commencé. La chenille, après avoir examiné pendant quelques instans l'ouvrage que j'avais substitué au sien, se remettait au travail, en prenant l’ouvrage là où l'avait laissé sa devancière. A quelque degré de son travail que je l’eusse prise; si je la placais sur un ouvrage d’un degré inférieur , elle le continuait en repassant par les mêmes gradations qu’elle avait déjà par- courues lorsqu'elle faisait son propre hamac. La troisième expérience eut un résultat bien différent. Voulant savoir si les chenilles reprendraient l’ouvrage à quel- que degré qu’il leur fût présenté , j’enlevai une chenille qui n’était encore occupée qu'aux premières dispositions de son ha- mac, et je la transportai sur l'ouvrage d’une autre chenille beau- coup plus avancée dans ses opérations. Je plaçais, par exemple, une chenille qui n’eût fait que trois opérations sur l’ouvrage de la chenille qui en avait déjà fait six ou sept. Mais cette chenille , au lieu de profiter de cette avance pour s’épargner de la peine, comme je l'aurais cru , recommen- çait un nouvel hamac sur celui que l’autre chenille avait pres- que terminé , profitant cependant de quelques fils qui pouvaient lui être utiles : mais elle paraissait le plus souvent être embar- rassée par l'ouvrage de sa devancière, comme si elle eût été placée sur un objet entièrement inconnu. Il me paraïîtrait donc que la chenille n’a point dans l’origine l’idée du but auquel elle doit tendre , qu’elle ne connaît point SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 155 \ le hamac dans un degré supérieur à celui auquel elle est par- venue , et que le travail qu’elle fait se déroule devant elle à mesure qu’elle avance dans ses opérations ; tout comme on voit Pinstinct de la chenille faire place à celui du papillon. Si au contraire la chenille a passé par plusieurs degrés de son travail , si elle a fait plusieurs opérations , elle en a l’idée , elle en garde le souvenir, et dès qu’on la place sur le nid d’une autre chenille moins avancée , elle reconnaît le point où celle- ci a laissé l'ouvrage, et elle le continue en repassant par les mêmes gradations qu’elle avait observées pour la construction de son propre hamac. De même on voit le papillon, après s’être alimenté de fleurs diverses, retourner sur les feuilles dont il s’est nourri à l’étatde chenille pour y déposer ses œufs. On dirait qu'il y a dans l’organisation de ces chenilles des cases qui s’ouvrent successivement. L'instinct, ou le degré de facultés intellectuelles qu’on voudra lui substituer, s’élève aus- sitôt et par gradations à telle ou telle sphère d’activité. L’in- secte élevé à cette hauteur peut plonger sur sa vie passée, tan- dis qu’il ne saurait s’élancer jusqu'aux connaissances pour les- quelles il n’est pas encore préparé par le développement gra- duel de ses facultés. Une observation générale que j'ai été obligé d’omettre pour la clarté de mon récit, c’est qu’il n’y a pas de transitions tout- à-fait aussi brusques dans les travaux de notre chenille que j'ai dû peut-être les présenter pour les rendre distincts; quelles que soient leurs manœuvres, elles reviennent quelquefois en arrière sur les opérations précédentes pour perfectionner et lier les par- 156 MÉMOIRE Ù ties déjà exécutées avec les nouvelles, et donner par conséquent à l’ensemble plus de solidité et d'harmonie. Voici enfin les dernières épreuves auxquelles j'ai soumis la chenille du hamac. Je coupai une des cordes principales du hamac, pendant que la chenille dont il était l'ouvrage était occupée à ébaucher le tube qui constitue la partie essentielle de ce petit édifice. Elle ne s’en aperent pas d’abord, étant occupée ailleurs. Mais lorsqu'elle dut établir les cordons qui sont d'ordinaire suspendus à cette corde et à sa correspondante, la chenille agit avec intelligence en fixant les cordons à la feuille même, et ce qui m'a étonné surtout, c’est qu’elle ait donné à ces cordons plus de solidité qu’elle ne le fait en d’autres circonstances, au moyen d’une corde supplémentaire qui les liait entre eux. Dans une autre expérience j'ai coupé les deux cordes, la che- nille étant de même occupée à lébauche du tuyau destiné à lui servir d’enveloppe. A. son retour elle a paru d’abord fort étonnée, mais elle n’a pas été long-temps embarrassée ; après un moment d'arrêt elle a repris son travail. Elle s’est mis en devoir d'établir les cordons suspenseurs ; mais ne trouvant pas de point d’appui solide sur la trame ascendante, elle a prolongé la soie du premier cordon jusqu’à la feuille même, puis elle a fait les trois autres cordons supérieurs de cette manière; mais elle a augmenté le nombre des cordons inférieurs, car elle en a fait trois à une extrémité, et quatre à l'autre: il y avait donc onze cordons au lieu de huit. Y avait-il du hasard en cela, était- ce par un sentiment de prudence, c’est ce que je n’aflirmerai pas, parce qu’il arrive quelquefois qu’elles donnent cinq cor- dons à leur hamac à chaque extrémité. SUR LA CHENILLE DU HAMAC. FRS Enfin elle établit prudemment, comme celle de l’expérience précédente, d'assez forts liens entre tous ces cordons. Quelquefois elles rétablissent l’ordre quand par hasard elles se sont embrouillées dans leurs opérations; d’autres fois elles se dégoûtent de leur ouvrage et vont le recommencer ailleurs. Une des chenilles que j’observais avait commencé un pont d'une longueur extraordinaire, ce qui provenait du peu de con- cavité de la feuille, j'étais impatient de voir comment elle s’en tirerait, et je n’avais garde de la déranger , mais elle parut re- butée du peu de succès de ses travaux, et quitta la place; j’es- sayai vainement de l’y ramener, elle ne s’arrêtait qu'un ins- tant sur ses fils, elle partait à grands pas toutes les fois que Je la rapprochais de cet ouvrage défectueux, dont elle paraissait connaître l’inconvenance. Tout ceci confirme ce que j'ai toujours observé chez les in- sectes, c’est qu’à côté de l'instinct la nature leur a accordé à tous une petite dose de jugement proportionnée aux chances plus ou moins favorables de leur condition. | MÉMOIRE SUR LA CHENILLE DU HAMAC. 159 Fig. 1. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE I. La teigne hariselle vue en profil, grossie; a grandeur naturelle. 2. La même, vue par le dos, les ailes dans la situation du repos. LD œu uw © © 11. © “I La même, vue les ailes ouvertes et déployées. Vue par-dessous. Manque. La chrysalide vue en face. La même, vue en profil. La chenille vue en profil, grossie; a mesure naturelle. La même, vue à vol d'oiseau. . Le hamac de grandeur naturelle, vu presque en profil. . Le même, vu de plus haut; aa les supports du hamac; b le tube cy- lindrique; c la trame latérale ; e la chenille suspendue par un fil. Fait voir les mouvemens successifs d’une de ces chenilles pour faire un pas. PLANCHE II. Le pont construit dans la concavité d'une feuille (figure grossie). a le pont; b la trame latérale. b la trame latérale; c la trame fondamentale. c la trame fondamentale ; 4 une des trames ascendantes : ici la trame latérale n'a pas été représentée pour éviter la confusion. c la trame fondamentale; c 4 les deux trames ascendantes trapézoïdales, terminées par les cordes ; f la tramelatérale, de grandeur naturelle. . cde la nacelle supposée, vue plus en profil; f le tube évasé par les deux bouts. La même figure, de plus les cordons. . Le hamac terminé. 160 MÉMOIRE SUR LA CHENILLE DU HAMAC. Le”. PLANCHE IL Ps. Fig. 1. a b d exprime la concavité de la feuille à l'endroit où le pont s'élève; a d la première arche du pont. 2. La chenille travaillant à la seconde arche. 3. Le pont compte déjà deux rangées d’arches, la chenille travaille à la troisième. 4. Le pont composé de trois rangées; la chenille établit la dernière arche, qui constituera le fil directeur. 4 bis. La chenille ayant ses pattes caudales sur le fil directeur, travaille à la broderie au moyen de laquelle elle consolide la trame latérale. 5. La chenille, située dans la nacelle, renforce les cordes qui en bordent les flancs; a c b d le fond de la nacelle. (aebf) (cdgh) les deux trames trapézoïdales , le tout vu à vol d'oiseau. 6. La chenille, située sous la nacelle, travaille à son fourreau. 7. La chenille travaille aux cordons suspenseurs. 8. Elle donne le fini en tendant des fils extérieurs. 9. Le hamac terminé vu de profil. PLI PHuler Porté dei yon ve ÿ DS S Où > E + Pis. ZNGE F9 a mL Tr oem ra ons NOTICE SUR LES GRAINES DE L'ANANAS. Par M. Auc. Pyr. DE CANDOLLE. L’ananas est un végétal cultivé depuis si long-temps et si répandu dans les jardins, qu’il semble superflu de s'en occuper sous le rapport descriptif; mais il est rare que l’observation des objets qui semblent les plus connus soit jamais épuisée. Tout le monde sait que ce qu’on appelle le fruit de l'ananas est composé, comme la baie du genevrier ou le fruit des arbres-à-pain, des fruits etdes bractées de plusieurs fleurs disposées en épi serré, ori- ginairement distinctes, et qui se soudent pendant la maturation. Cette soudure est facilitée par la consistance charnue des ovaires partiels et des parties qui les avoisinent. En général, les fruits partiels dont l’ananas se compose offrent , à la maturité, les rudimens des loges destinées à renfermer les graines ; mais les graines elles-mêmes avortent, et la plante ne se reproduit que TOME VII, 1° PARTIE. 21 162 NOTICE par les surgeons qui naissent près du collet, ou par la planta- tion de la couronne foliacée qui surmonte le fruit général résul- tant de la soudure des fruits partiels; cette couronne rappelle complètement la houppe de feuilles située au sommet des grap- pes de l’eucomis ou du salia horminum. L'absence habituelle de graines dans le fruit de l'ananas est un fait connu de tous les cultivateurs, et elle paraissait d’autant plus naturelle qu'elle semblait conforme à ce qui se passe dans l’arbre à pain cultivé. Cependant on a déjà quelques témoignagnes positifs sur l'existence des graines dans ce fruit; ainsi Van Rheede, dans son jardin du Malabar, vol. x1, p. 5, atteste l’existence des graines au nombre de trois sous chacun des tubercules visibles à l'extérieur, et la description qu'il donne de leur situation, peu intelligible quand on n’a pas vu ces graines, devient assez claire lorsqu'on les connaît. Tournefort atteste aussi (Instit. p. 653) l’existence des graines dans l’ananas , et les représente (pl. 428) d’une manière assez tolérable pour l'état où la car- pologie était à cette époque. La figure 568 , de l’herbier de Blackwell, représente aussi un fruit d’ananas coupé en travers, et les graines situées à l’intérieur ; mais si les taches brunes re- présentent réellemeut des graines, on peut dire qu’elles ressem- blent peu à la réalité, soit pour leur position, soit pour leur forme et leur grosseur. Commelin (Hort. amstel. vol. 1, t. 57) a aussi vu les graines d’ananas, et il assure les avoir vu semer et en avoir obtenu de jeunes plants, mais il ne donne aucuns détails sur la structure et la position de ces graines. Rumphius (Amb. 5, t. 81), Loureiro (fl. coch. 1, p. 237), Arruda (Diss. pl. bras. p. 18), et quelques autres mentionnent les graines sans SUR LES GRAINES DE L'ANANAS. 163 les décrire. Gœrtner n’a décrit que le Bromelia pinguin, et la plupart des modernes, quoiqu’ils aient beaucoup écrit sur la culture et la propagation de l’ananas , ne font à ma connais- sance aucune mention de ses graines. M. Anguste Saladin m’a mis à même de présenter ici la des- cription et la figure de ces graines si long-temps négligées : grâce à la culture étendue et soignée qu’il fait de l’ananas dans ses serres de Pregny, il a obtenu à la fin de l'été de 1833 plu- sieurs fruits qui , lorsqu'on les coupait en travers à la maturité, présentaient des graines bien conformées , et qui vont au fond de l’eau, de manière à faire espérer leur fertilité. M. Saladin m’ayant communiqué ce fait, je le priai de vou- loir bien m'envoyer un de ces fruits munis de graine. Je lai fait immédiatement dessiner par M. Heyland , qui en a fait la dis- section avec beaucoup de soin, et je décrirai d’abord ce fruit en détail pour servir d'explication à la figure. La coupe de l'ananas faite vers le quart ou le tiers de sa lon- gueur (voy. fig. 1), présentait l’aspect ordinaire de ces fruits. Mais on y remarque ca et là, sous les tubercules visibles à l’ex- térieur, quelques graines solitaires et qui semblaient éparses , telles qu’elles sont figurées aux lettres 555. On y voyait de plus, comme à l'ordinaire, des cavités superficielles ccc, qui sont les traces des fleurs partielles, et où l’on reconnaît les rudimens du pistil et desétamines plus ou moins déformés. Ces cavités sont représentées grossies (f. 3, lettre c); on y voit encore le pistil p et quelques étamines ee, mais ces débris ne sont pas toujours aussi visibles. Pour comprendre la vraie structure du fruit, j'ai fait enlever 164 NOTICE la portion correspondante à chaque tubercule externe ; en in- sérant le dos d’un scapel sous la bractée des tubercules voisins de la branche , on enlève avec facilité le fruit partiel tout entier. C’est ainsi qu’on a obtenu le corps en forme de cône renversé , qui est représenté fig. 2. Ce corps se compose : 1° de la bractée qui était au-dessous de la fleur et qui s’est soudée avec elle : on la voit aux fig. 2 et 4, lettres bb ; »° des débris de la fleur , qui se voient aux mêmes figures, lettres f7; 3° d’une sorte de disque écailleux, recouvert par les débris floraux et qui est le sommet du véritable ovaire; 4° d’un corps charnu qui est le corps même de lovaire. Lorsqu'on coupe cet ovaire verticalement, on dé- couvre , selon. le hasard de la coupe , une ou deux loges (voy. fig. 3), dans lesquelles on trouveune graine pendante (voy. fig. 3, lettr. ss). Lorsqu'on le coupe en travers , on reconnaît l’exis- tence des trois loges propres à la classe dont l'ananas fait partie. Pour reconnaître le mode d’attache des graines dans chaque loge, M. Heyland a eu l’idée heureuse de soulever par en bas une portion charnue de l'ovaire, portion qui représente un segment charnu , formé du calice et du péricarpe; ce segment se déta- che de bas en haut, à peu près comme on le fait quand on pèle: une figue. Ce segment étant soulevé et rabattu sur le disque (fig. 5 et 6), on a découvert un corps blanc ovale, divisé en 7 ou 9 lobes comme rayonnans. C’est le placenta , et il est vrai- semblable que chacun des lobes est un cordon ombilical avorté. Un seul d’entre eux, ou plus rarement deux de ces filets, portent des graines pendantes. La fig. 7 montre la coupe transversale de lovaire, et la place des trois placentas marqués pZ pl. pl. Chacun de ces placentas naît au -dessous du corps calleux , SUR LES GRAINES DE L'ANANAS. 165 que J'ai désigné comme étant la partie supérieure de l'ovaire, et répondant à ce que plusieurs nomment disque ou aréole api- cilaire dans d’autres familles. Rheede décrit assez bien cet ar- rangement, et le compare à la position de la glande pinéale en- tre les nates du cerveau humain. On a représenté à la fig. 8 l’un des placentas vus de face et portant une graine pendue à son cordon ombilical. Les graines à l’état de maturité sont ovoïdes , oblongues , un peu comprimées, de manière que leur coupe transversale est ovale (fig. 10, b); leur surface externe est d’un roux tirant sur le brun et marquée de très-petites séries longitudinales (fig. 10 , a); sur le côté le plus étroit de l’ovale , on apercoit une petite bande blanche et cellulaire, qui part de l'insertion du cordon ombilical et vient jusqu’au sommet: on serait tenté de la prendre pour une sorte d’arille, mais son rôle ne me paraît pas clair. La sommité de la graine porte un ombilic proéminent petit, un peu conique. L'intérieur de cette graine offre un grand albumen , très- blanc ettrès-farineux, etun petitembryon d’un blanc moins pur, situé à l’extrémité la plus voisine de l’ombilic (fig. 9, & et e) : cet embryon isolé (fig. 9, eee ete”) présente une forme oblon- gue; il est un peu plus épais du côté de Pombilic qui représente la radicule et légèrement aminci vers l’autre extrémité; il est droit ou à peine courbé et indivis. Dans l’un d’entre eux, M. Heyland a vu (fig. 0, e” ) une légère rainure, qui semblerait être le point de réunion des deux bords de la feuille cotylédonaire, mais je n'ai point aperçu cette rainure dans les embryons que j'ai moi-même disséqués. 166 NOTICE Il résulte de cette dissection, que les graines sont à un état parfait de maturité, et qu’ainsi qu'il est arrivé à Commelin , on devait espérer de les voir germer. C’est en effet ce qui a eu lieu; semées à l'entrée de l’hiver, dans un vase de terre de bruyère, placé dans la serre chaude , elles ont levé à la fin de mai, c’est- à-dire , au bout d'environ cinq mois et demi; la figure 8 repré- sente la jeune plante de grandeur naturelle, au moment où elle développe sa 6° ou 7° feuille, et la même est représentée, gros- sie à la fig. 9. On y voit que la graine a donné sortie à l’em- bryon par celle de ses extrémités qui tenait au cordon ombilical. La jeune plante représente une radicule un peu rameuse, qui sort abruptement de la base de la tige ; celle-ci porte latérale- ment la graine où il est vraisemblable que le vrai cotylédon est resté enfermé dans l’albumen dont il tire probablement les sucs par une sorte d'imbibition. La tige porte de plus des écailles , qui sont des rudimens de feuilles ; l’écaille inférieure est très- petite et se fend à son sommet, de manière à simuler un double cotylédon : les supérieures sont entières, disposées en spirale peu prononcée, et se transforment graduellement en feuilles, de l’apparence des feuilles ordinaires. Cette germina- tion ne m'a pas paru différer notablement de celle du Maranta zebrina ; que j'ai eu sous les yeux en même temps. Si l’on compare cette description du fruit de l’ananas cultivé, avec celle que Gœrtner a donnée (vol. 1, pl. x1), du Bromelia pinguin , on voit évidemment que ces deux plantes ne peuvent rester dans le même genre. Plumier, quiles a lepremier étudiées avec soin dans leur sol natal, avait senti leurs différences, et avait très-justement formé le genre Ananas , composé du seul SUR LES GRAINES DE L'ANANAS. 167 ananas cultivé, et le genre Bromelia, composé des espèces con- nues aujourd’hui sous les noms de Bromelia pinguin et de Bro- melia lingulata. W avait été moins bien inspiré en établissant sous le nom de Karatas un 3° genre, qui ne peut se séparer de son Bromelia. Linné a réuni ces trois genres en un seul, juste- ment quant aux deux derniers, mais sans motifs suffisans pour le premier. Dès-lors, Miller a admis la séparation du genre de Linné en deux, lAnanas et le Karatas, qui comprenait le Bromelia et la Karatas de Plumier. Richard a aussi admis cette division, mais il a sans aucun motif transposé les noms, en don- nant à l’ananas le nom de Bromelia, et à l’autre genre celui de Karatas. Plus récemment M. Lindley (Bot. reg. n. 1068), et à son exemple, MM. Schultes (Syst. veg. n. 1486), ont ad- mis la même division avec une nomenclature plus conforme aux règles , en établissant les genres Ananas et Bromelia. Ces genres n'étaient jusqu'ici distingués que par la sou- dure des fruits dans l'ananas, et leur Liberté dans le Bromelia. L'analyse que je viens d’exposer , en confirmant la nécessité de la division, ajoute quelques nouveaux caractères plus intimes, savoir : le placenta charnu et palmatifide, la direction pendante des graines, et la rectitude de l'embryon de l’ananas, qui con- trastent avec le placenta peu apparent, la direction horizon- tale des graines et la courbure abrupte de l’embryon du vrai genre Bromelia. C- A 4 27 24 _ nul do RCE asix Luqutos CT dir craie, :008f4 À. 1h39 Pnau qu mnt Mug Es dre read: #9! êtigeni sit, sion Mè Hira. 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Radix seu pars inferior caulis repens , fibris nigris filiformi- busque instructa. Caulis erectus, subangulosus, striatus, leviter flexuosus , apice ramoso, pilis plus minusve numerosis ascendentibus, ar- ticulatis subcrispisque obtecto. Rami alterni foliosi corymbum oligocephalum conficientes. Folia alterna lanceolata cum acumine subcalloso, basi subcordata semiamplexicaulia, subscabra, serrata, serraturis dis- tantibus glanduliferis ciliato-scabris ; supra subpubescentia sub- tus pallidiora magis pubescentia, nervo medio lateralibusque prominulis. TOME VII, l'° PARTIE +2 t2 170 NOTICE Capitula radiata, apice unius cujusque rami 1-2-rard 3. Involucrum campanulatum multiseriale , squamis imbrica- tis exterioribus foliaceis patulis lanceolato-linearibus, acumine ut et foliorum subcalloso ; interioribus adpressis linearibus acu- minatis ciliatis. Semi-flosculi angusti elongato-lineares , apice tridentati, disco concolores (luteï). Flosculi disei tubulosi, sub infundibuliformes apice quinque- fidi, lobis acutis, antheris coalitis subæqualibus. Stylus excertus, bifidus, ramis linearibus divergentibus gla- bris. Achænium oblongum subtetragonum, striatum , glabrum , papposum. Pappus sessilis uniserialis, pilis albidis, simplicibus, tenuis- simè dentatis, corolla paulo brevioribus. Receptaculum nudum punctatum. Huic herbæ gravis est odor ut et Teucrio Polio. Cette plante se trouve dans le bois de la Bâtie, sur la pente escarpée du bord du Rhône, elle fleurit en Juillet. Elle paraît être le produit d’une fécondation hybride , entre lInula Vaillantii et l’In. salicma, au milieu desquelles on la trou- ve mélangée. Elle est exactement intermédiaire entre ces deux espèces. Elle tient à l'An. Vaillantii par sa pubescence et par l'odeur forte de toutes ses parties , qui approche de celle du Teucrium Polium; mais elle en diffère par ses feuilles demi-em- brassantes, celles-ci sont pubescentes ainsi que la tige , les ra- meaux et les involucres, et non couvertes d’un duvet mol blan- châtre et cotonneux. Elle ressemble à l’Inula salicina par ses SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE D INULA. sul fleurs , par son port et la rigidité de ses feuilles, maison l'en distingue facilement par son odeur forte (l’Inula salicina est ab- solument inodore), par ses poils et les serratures plus pronon- cées de ses feuilles. Il paraît qu’on l’a confondue avec lInula Vaillantii. J’en ai vu dans l’herbier de M. De Candolle des échantillons recueillis au bois de la Bâtie, par M. De Laroche , et d’autres trouvés en Piémont, près de Coni, par M. De Candolle. Ces échan- tillons étaient parfaitement semblables à ma plante. 172 NOTICE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE D INULA. EXPLICATION DE LA PLANCHE. a La plante de grandeur naturelle. b Portion de feuille grossie pour montrer les glandes et les cils qui la bordent. ce Racine de grandeur naturelle. d Une écaille extérieure de l’involucre. e Une écaille intérieure. f Un fleuron du disque. g Une fleur en languette de la circonférence. h Une akène avec son aigrette; ces cinq derniers objets sont vus à la loupe. DE VZ LE 19 Y / | NV \ —= — 1 Ï DNA à INULA LUE LOCAL ET. # Due ie Hans SE L ne ie LE M NN Or AA 4 PRE : ; 1 # * o" A h Al . r à LR Ve ve % ke nn db (ha TRE | DESCRIPTION DE QUELQUES NOUVELLES ESPÈCES D’INSECTES DU BASSIN DU LÉMAN. Par F.J. PICTET. (Lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le 21 novembre 1833.) NÉVROPTÈRES.—Genre Némoure. L'histoire naturelle des insectes de la Suisse présente de si grandes lacunes, et l’on est si loin de leur connaissance com- plète, que les naturalistes reculent pour la plupart devant les difficultés qui accompagneraient inévitablement l’entreprise d’un ouvrage complet sur cette partie de notre faune. On a à plusieurs reprises proposé dans le sein de la Société 174 INSECTES Helvétique des sciences naturelles une coalition entre tous les naturalistes, dans laquelle, chacun de son côté récolterait le plus grand nombre possible d'animaux et de docuinens, pour qu’en- suite des hommes spéciaux fussent chargés de la rédaction d’un travail général sur la zoologie de la Suisse. Maïs lon n’a pas tardé à sentir que pour le moment la tâche était trop forte, et lon se borne aujourd’hui à essayer un catalogue des espè- ces connues, qui devra servir de base à un catalogue général , et fournir des faits importans de géographie zoologique. Ces travaux sont, comme on le sait, placés sous la direction de M. Schimz, de Zurich. Ïl est certains ordres dans lesquels la connaissance des espè- ces est bien avancée , mais il en est d’autres dans lesquels on peut dire avec certitude , que notre patrie renferme plus d’es- pèces inédites que d’espèces décrites. IL faut donc que les naturalistes suisses ne se reposent pas trop sur les travaux d’en- semble, et que chacun de son côté essaie par des monogra- phies, ou au moins par des descriptions raisonnées et comparati- ves, de fournir quelques matériaux. Ayant parcouru cet été (1833) les principales vallées du Cha- blais et du Faucigny, j'y aï trouvé un grand nombre d’espèces nouvelles du genre Nemoure, qu’il m’a paru intéressant de faire connaître. Ces vallées, en effet, quoique ne faisant pas partie de la Suisse dans ses limites politiques, sont comprises dans le bassin du Léman qui nous intéresse particulièrement. J’ai eu de plus pour but de revoir tout le genre Némoure, et de discu- ter les caractères employés pour la distinction des espèces ; car les descriptions sont trop incomplètes dans les divers auteurs , DU BASSIN DU LÉMAN. 175 pour qu’on puisse reconnaître avec quelque degré de certitude les espèces dont ils ont voulu parler. Cette insuffisance des descriptions doit être attribuée au petit nombre d'espèces connues jusqu’à présent. Six seulement étaient indiquées, et leurs descriptions, suffisantes pour les distinguer les unes des autres , sont devenues incomplètes maintenant que le nombre s’en est accru. Chacune d'elles pourrait pour Pordi- naire convenir à plusieurs espèces. Aux six espèces connues et décrites, que J'ai retrouvées dans notre bassin , il faut en ajouter douze nouvelles, formant ainsi un total de dix-huit espèces. Ce nombre s’augmentera vraisem- blablement beaucoup quand nous connaîtrons mieux toutes cel- les qui habitent la Suisse. Nous observons dans leur distribution géographique les mé- mes lois que l’on a en général trouvées pour le reste de la série zoologique. Ainsi on peut remarquer que : 1° Les némoures, provenant de larves aquatiques, ne se trou- vent guère sur les sommités des montagnes ; elles recherchent de préférence les vallées et les plaines. 2° Les espèces des vallées élevées ou des montagnes sont en général différentes de celles qu’on trouve dans la plaine. Il y a cependant à cette règle quelques exceptions et en particulier les N. cylindrica et nigra, qu’on trouve aux environs de Genève, sont abondantes dans les plus hautes vallées. 3° Les plus grandes espèces deviennent d’autant plus rares qu’on s’élève davantage. Cette loi est commune à tout le règne animal. Les espèces montagnardes sont dans les mêmes genres, plus petites que celles de la plaine, et dans les mêmes familles 176 INSECTES on peut faire la même remarque pour les genres. Ainsi la N. nebulosa , qui est la plus grande, habite nos grandes rivières avec la trifasciata ; la variegata , qui est aussi d’une taille au- dessus de la moyenne, se trouve dans les ruisseaux de nos en- virons , et ces trois espèces sont remplacées par d’autres de taille médiocre, telles que les nitida, marginata, etc. , quand on arrive aux grandes vallées du Chablais et du Faucigny , espèces qui à leur tour font place aux plus petites dans les vallées plus élevées. L’inverse de cette loi n’est pas aussi rigoureusement vraie, les petites espèces sont répandues dans presque toutes les loca- lités, quoique plus abondantes dans les plus élevées. J’ai dit que les descriptions des auteurs n’étaient pas toujours suffisantes pour reconnaître les espèces, cela vient de ce que, si l’on excepte les plus grandes dont les caractères sont assez tran- chés, toutes les némoures ont entre elles une ressemblance très- grande, leurs couleurs ternes et grisâtres ne diffèrent que par des nuances imperceptibles ; leurs facies sont difficiles à décrire, leur taille présente peu de variété, et peut d’ailleurs induire en erreur à cause des différences sexuelles. J'ai donc dû rechercher quelque caractère qui füt à la fois facile à observer, et qui présentât une fixité constante. Je n'ai pas pu avoir recours à celui que j'avais employé précé- demment (Ann. des Sc. nat., janvier 1833), pour distinguer les espèces des perles ; savoir, les nervures des ailes supérieures. Ce caractère chez les némoures présente bien la même fixité que dans les perles , mais les différences d’espèce à espèce sont si légères, que leur considération n’aurait point dissipé le vague. Il faut à cet égard distinguer les nervures longitudinales et les trans- DU BASSIN DU LÉMAN. 177 versales. Ce que je viens de dire s’applique ‘aux premières; les transversales ont l'inconvénient contraire, qui est de varier d’un individu à l’autre dans la même espèce. Les caractères qui m’ont paru présenter le plus d'avantages, sont ceux tirés du corselet ou prothorax. Cet organe en effet, étant de consistance écaïlleuse, n’est pas sujet à s’altérer considérablement par la dessiccation. Ses va- riations sont fixes , et caractérisent très-bien les espèces. Il peut varier : 1° Pour sa forme; ordinairement quadrangulaire, il est quel- quefois arrondi , tantôt carré, tantôt allongé, tantôt plus large que long. Ces considérations peuvent être d’un grand secours. 2° Pour sa couleur. Elle varie plus ou moins par la dessiccea- tion ; cependant pas assez pour qu'on ne puisse toujours dis- tinguer les parties fauves ou jaunes de celles qui sont brunes ou noires. 3° Etc’estla circonstance dont je me suis le plus servi; ce corselet varie par les points saillans et les impressions qu'il porte à sa surface supérieure. Jai dessiné exactement l’appa- rence que présente le corselet de chaque espèce (voy. la planche), et J'espère que ces figures , jointes aux descriptions , sufhront pour les faire reconnaître. Je passe maintenant aux descriptions. J’indiquerai toutes les espèces que J'ai trouvées dans notre bassin ; mais je me bornerai à donner la synonimie de celles pour lesquelles les descriptions des auteurs suffisent, en indiquant, autant que possible, les plan- ches où elles sont représentées. Quant à celles imparfaitement TOME VII, © PARTIE. 23 178 INSECTES décrites , j’ai donné une figure de leur corselet quand cela m’a ,J q paru nécessaire. 1. Nemoura nebulosa. Latr. Semblis nebulosa. Fab.? Ent. syst. 2, p. 74, n° 2. Nemoura nebulosa. Latr. Hist. Nat. 13, p. bo. id. Genera 3, p.210. éd. Oliv. Enc. Méth. 8, p. 186, n° r. Schæffer Icones. Tab. 37, fig. 2 et 3. Long. 7 lignes (0",014). Genève. Bords de l’Arve. Commune à Paris sur les bords de la Seine , dès le mois de mars. Obs. Cette espèce a des bandes sur les ailes, qui disparais- sent quand elle est desséchée. 2. Nemoura trifasciata. Mihi. N.trifasciata. Pict. Ann. des Sc. Nat., août 1832, t. XX VI, pl. 15, fig. 4—10;n°3. Genève. Bords de l’Arve. 3. Nemoura cinerea. O1. (Fig. 1). " m Long. 0,"010. Noire; pattes d’un jaune verdâtre, avec les articulations noires , ailes d’un gris obscur, veinées de noir. Corselet un DU BASSIN DU LÉMAN. 179 peu plus large que long , quadrangulaire, marqué en son mi- lieu de quatre points saillans, égaux, arrondis. Fausse frigane cendrée. De Géer. Nemoura cinerea. Oliv. Encycl. Méth. t. VIE, p. 186, n° 2. éd. Lamarck, animaux sans vertéb., t. IV, p. 190, no 2. id, Pictet, Ann. des Sc. natur. août 1832, n° r. Genève. Pied du Mont-Salève. 4. Nemoura variegata. OX. (Fig. 2). ong. 0,009 à 19. Long. o”, 0",013 Noirâtre , mêlée de fauve foncé ; pattes fauves avec les arti- culations noirâtres , ailes blanchâtres avec les nervures brunâ- tres très - fortes. Corselet un peu rugueux , à peu près aussi long que large, à bords arrondis, plus étroit en arrière , brun avec les bords jaunâtres, portant en son milieu deux petits points saillans très-rapprochés, et deux en arrière éloignés, avec quelques impressions. Nemoura variegala. O|. Enc. Méth. t. VIIL, p. 186, n° 3. Genève, et basses vallées (Abondance, Lullin, etc.) 5. Nemoura nitida. Mihi. (Fig. 3). Tête noire luisante; pattes fauves, cuisses brunes à l'extrémité. Corselet noir brillant, avec un peu de fauve surles bordslatéraux 180 | INSECTES quadrangulaire, un peu plus large que long, marqué, dans le milieu de sa partie postérieure, depetits pointssaillans, arrondis. Long, 0,010 à 0,011. Tout l’insecte est brillant, les antennes sont d’un brun noi- râtre ainsi que la tête; le corselet noir avec le bord légèrement jaunâtre est marqué, dans sa partie antérieure, d’un sillon trans- versal, derrière lequel on remarque des points saïllans arrondis, formant d’abord une ligne, où on en distingue ordinairement six, ceux du milieu étant plus visibles que ceux des bords ; puis derrière , on trouve encore deux rangées curvilignes de points plus petits et plus confus. Les ailes sont transparentes avec les nervures brunes. Les pattes sont fauves avec l'extrémité des cuis- ses un peu plus foncées. Cette espèce est commune au bord des torrens de montagne. Je l'ai trouvée dans la vallée de Chamounix, dans celles du Reposoir et d’Abondance , au Brezon et au-dessus de Bex. 6. Nemoura lateralis. Mihi. (Fig. 4). Noire, mêlée de jaune ; ailes transparentes, nervures clai- res; pattes jaunes, articulations des cuisses postérieures noires. Corselet à bords droits, plus étroit en arrière, largement bordé de jaune sur les bords latéraux, avec deux points saillans au centre, une ligne de plus petits en avant, et quatre lignes lon- gitudinales de très petits points en-dehors des précédens. Long. 0",o11. DU BASSIN DU LÉMAN. 181 Cette espèce est facile à reconnaître à son corselet, qui est quadrangulaire, à bords droits et à angles vifs , brun, bordé de fauve sur les bords latéraux, un peu plus étroit en arrière. Les antennes sont brunes , la tête luisante , un peu velue , les ailes d’un gris clair, transparentes, à nervures faibles. Les pattes sont fauves, les articulations des cuisses postérieures noires. J'ai trouvé cette espèce dans la vallée de Chamounix et au Reposoir. 7. Nemoura marginata. Mihi. (Fig. 5). Brune , mêlée de noir ; pattes fauves à tarses bruns , ailes transparentes, à nervures brunes médiocres. Corselet brillant, à peu près aussi long que large, plus étroit en arrière , bordé de brun clair vers les bords latéraux et au bord antérieur, mar- qué de deux lignes saillantes se réunissant en V, et de points oblongs. Long. 0,"009 à0,"o11. Cette espèce ressemble à la nitida. Elle en diffère cependant par la forme et les points du corselet et les nervures des ailes qui sont moins marquées. La tête est, ainsi que les antennes , d’un brun noirâtre. Le corselet est noir, et comme celui de l’es- pèce précédente bordé de clair ; mais dans cette espèce-ci, le bord est brun clair et non pas jaune, et cette couleur s’étend sur tout le bord antérieur. Il est lisse; deux lignes saillantes for- ment à sa partie antérieure une sorte de V vers l’angle inté- 182 INSECTES rieur duquel sont deux petits points, et parallèlement à ces lignes, on remarque une double rangée de points oblongs. Les ailes sont transparentes, grises avec une teinte jaunâtre à la base ; les ner- vures sont médiocrement marquées; les pattes sont fauves , et l'extrémité des tarses d’un brun noirâtre. Cette espèce se trouve avec les précédentes ; je l'ai rappor- tée de la vallée de Chamounix. 8. Nemoura nigritarsis. Mihi. (Fig. 6). Noire, pattes fauves, extrémité des cuisses postérieures et tar- ses noirs; ailes transparentes à nervures brunes peu mar- quées. Corselet brun noirâtremarqué de lignes saillantes, formant un V, et de petits points arrondis et oblongs. g : Long. 0,007 à 0,010. Cette espèce est très-voisine de la marginata ; elle me sem- ble cependant en différer par les caractères suivans: Le corselet est d’une couleur plus uniforme, et quoique son bord en soit plus clair, cette circonstance est beaucoup moins marquée que dans l’espèce précédente. Les points et lignes saillans qui forment le même V, m'ont paru plus petits et plus arrondis ; les ailes ont leurs nervures un peu moins marquées, et la tache jaune de la base est plus restreinte et plus vive. Cette espèce est voisine aussi de la nitida, mais elle en diffère par son corselet et ses nervures moins intenses. Je l'ai trouvée dans les vallées de Chamounix et de Mont- Joie. DU BASSIN DU LÉMAN. 183 9. Nemoura nervosa. Mihi. (Fig. 7). Brune, pattes fauves à articulations brunes ; ailes grises à ner- vures brunestrès-fortes. Corselet noir, quatre points écailleux au centre, et un grand nombre de plus petits des deux côtés. Long. 0",009. Cette espèce se caractérise surtout par ses nervures très-bru- nes, et bordées d’une teinte de même couleur sur le paren- chyme de laile. Sa tête et ses antennes sont d’un brun noir; le corselet est noirâtre au milieu, avec quatre points saillans et rapprochés, et des deux côtés on voit un grand nombre de petits points, qui font paraître ce corselet rugueux ; les pattes sont d’un jaune clair à articulations noirâtres. Chamounix et Reposoir. 10. Nemoura angusticollis. Mihi. (Fig. 8). Tête brune, pattes d’un brun clair , articulations plus fon- cées ; ailes un peu repliées en cylindre, à nervures brunes assez marquées. Corseletétroit, mat, avec deux points saillans devant lesquels sont quatre plus petits. Long. 0",010. Cette espèceest mince, et les ailes commencent à prendre cette position réfléchie , qui caractérise surtout les Nem. cylindrica 184 INSECTES et nigra. La tête et les antennes sont d’un brun noir ; le corse- let, plus étroit que la tête, surtout à sa partie postérieure, estmat. On remarque dans son milieu deux lignes de points saillans ; la première est composée de quatre , et la seconde de deux plus gros. En arrière de ceux-ci, on voit encore quelques impressions transversales. Les ailes sont brunes, transparentes, irisées avec les nervures assez visibles. J'ai trouvé cette espèce dans les vallées de Chamounix et du Reposoir. 11. Nemoura humeralis. Mihi. (Fig. 9). Noire brunâtre, pattes d’un brun fauve, ailes très-irisées à épaule marquée d’une tache fauve; corselet avec quatre points saillans entourés de plus petits. Long. 0",007. Cette espèce est mince, les ailes sont légèrement infléchies ; la tête et les antennes sont d’un brun noirâtre très-brillant ; le corselet est de la même couleur et marqué en son milieu de qua- tre points séparés par un sillon et entourés d’une rugosité for- mée par des points plus petits. Il est un peu plus étroit en ar- rière qu’en avant. Les pattes sont d’un fauve foncé à articula- tions de même couleur ; les ailes brunâtres sont fortement irisées, et la tache fauve humérale y est plus prononcée que dans les autres espèces. Vallée du Biot, de Mont-Joie, de Lullin, du Reposoir , etc. DU BASSIN DU LÉMAN. 185 12. Nemoura inconspicua. Mihi. (Fig. 10). D Fauve brunâtre, ailes transparentes à nervures peu marquées. Corselet marqué de quatre points saillans assez gros, légère- ment rugueux dans le reste de sa surface. Long. 0,007. Cette espèce est d’une couleur claire ; la tête et les antennes sont d’un fauve terne ; le corselet brunâtre, marqué en son mi- lieu de quatre points saillans d’un diamètre assez grand , est plus étroit en arrière. Les pattes sont fauves, les arti- culations très-lésèrement brunâtres. Les ailes sont transparen- tes avec les nervures faibles. La larve de cette espèce habite les ruisseaux des environs de Genève, elle est brunâtre, voisine pour la forme de celle de la nemoura cinerea (Ann. des Sc. nat., tom. 26, pl. 14, fig. 5), et porte comme elle (fig. 10 ) des sacs respiratoires, au nombre de six, sous le corselet. Ces organes sont plus courts et plus gros dans l’inconspicua que dans la cinerea. L’insecte parfait se trouve de même aux environs de Genève (Lancy). 13. Nemoura macrophtalma. Mihi. (Fig. 11). Tête et corselet d’un brun clair, pattes fauves, ailes transpa- TOME VII, 1° PARTIE. 24 186 INSECTES rentes à nervures d’un brun clair , corselet rugueux, brunâtre, marqué en son milieu de deux très-petits points rapprochés. Long. 0",008. Cette espèce a quelque rapport avec le nem. variegata. Elle en diffère cependant par sa taille, la forme de son corselet, qui est plus étroit, et les nervures de ses ailes plus claires. Les antennes sont fauves, la tête d’un brun clair, à yeux noirs, gros et saillans. Le corselet plus étroit quela tête se rétrécit immé- diatement derrière les yeux ; il est rugueux, brun, et a, vers son milieu , deux petits points saillans rapprochés. Les pattes sont fauves avec les tarses plus foncés, les ailes sont transparentes, blanchâtres à nervures brunes. J'ai trouvé cette espèce aux environs de Genève. 14. Nemoura picea. Mihi. (Fig. 12). Tête noire, antennes brunes, pattes noirâtres, ailes veinées de brun. Corselet brillant, court et rugueux. Long. 0",008. Cette espèce est mince et d’un noirâtre brillant; les anten- nes sont d’une couleur un peu plus claire. Le corselet plus large que long, quadrangulaire, est marqué en son milieu de quatre points saillans et dans tout le reste d’un grand nombre de points, DU BASSIN DU LÉMAN. 187 qui le rendent très-rugueux. Les pattes sont noirâtres, les ailes un peu infléchies, brunes , lésèrement irisées. J'ai trouvé cette espèce dans la vallée de Lullin. 15. Nemoura brevicollis. Mihi. (Fig. 13). Noire, pattes fauves, ailes irisées à nervures médiocres. Corselet court, noir et brillant. Long. 0",008. Cette espèce a la tête et les antennes noirâtres; son corselet ressemble à celui de l'espèce précédente, il est encore plus court mais moins rugueux. Il est aussi marqué de quatre points sail- lans, les ailes ne sont pas infléchies, leur couleur est très- irisée; les pattes sont d’un fauve légèrement brunâtre. Vallées de Lullin et du Biot. 16. Nemoura flavicornis. Mihi. (Fig. 14). Mince, tête et corselet petits, brunâtres, pattes et antennes claires, ailes un peu infléchies , irisées. Corselet marqué en son milieu d’une ligne saillante longitudinale , des deux côtés de laquelle sont des points. Long. 0",009. Cette espèce est remarquable par la petitesse de sa tête et de 188 INSECTES son corselet comparés à sa longueur totale ; elle se rapproche des deux espèces suivantes, par cette ligne saillante longitu- dinale qui partage en deux le corselet ; mais elle en diffère au premier coup d’œil, pour la couleur des pattes et des antennes, qui sont d’un fauve clair. La tête et le corselet sont bruns et les ailes irisées. Chamounix. 17. Nemoura cylindrica. OL (Fig 15). Noire, ailes à reflets irisés , et nervures noires , très - inflé- chies sur les côtés. Corselet marqué d’une ligne saillante longitudinale , des deux côtés de laquelle sont des rangées de petits points. N. Cylindrica, O|. Enc. Méth., t. VIIL, p. 186, n° 4. id. Latr. Gen. Crust. et Ins. p. 211? id. Pict. Ann. des sc. nat., t. XXVI, pl. 15, fig. x, 2, 3, n° 5. Long. 0",007. Environs de Genève et répandue dans presque toutes les vallées. 18. Nemoura nigra. OI. (Fig. 16). Noire, pattes obscures, ailes infléchies, irisées. Corselet mar- qué d’une ligne saillante longitudinale , des deux côtés de la- quelle sont une rangée de petits points, formant ensemble une DU BASSIN DU LÉMAN. 189 ligne arquée, de sorte que l’on voit comme trois lignes longi- tudinales. N. Nigra. O]. Enc. Méth., t. VIIL, p. 186, n° 5. id. Pict. Ann. des sc. nat., t. XXVI, n° 4. Long. 0",006. Avec la précédente. 190 . INSECTES DU BASSIN DU LÉMAN. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. x corselet dela VNemoura cinerea OI. 2 idem variegata OI. 3 idem nitida Mihi. 4 idem lateralis Mihi. 5 idem marginata Mihi. 6 idem nigritarsis Mihi. 7 idem nervosa Mihi. 8 idem angusticollis Mihi. 9 idem humeralis Mihi. 10 idem ënconspicua Mihi. 11 idem macrophtalma Mibhi. 12 idem picea Mihi. 13 idem brevicollis Mihi. 14 idem Jlavicornis Mihi. 15 idem cylindrica OI. 16 idem nigra OI. è RECHERCHES SUR LES MODIFICATIONS QU'ÉPROUVE L’ATMOSPHÈRE PAR LE CONTACT DE CERTAINS VÉGÉTAUX DÉPOURVUS DE PARTIES VERTES. PAR M. F. MARCGET. (Mémoire lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le 18 décembre 1834.) Il y a déjà assez long-temps que grâce aux travaux de plu- sieurs physiologistes , et en particulier à ceux de notre compa- triote M. Théodore De Saussure, l’on connaît dans tous ses dé- tails le mode d'action de l’atmosphère dans la nutrition des vé- gétaux à parties vertes. On sait que cette action se compose de 192 RECHERCHES SUR DES MODIFICATIONS plusieurs opérations distinctes, dont les unes tendent à vicier l'atmosphère, soit en lui enlevant son oxigène, soit par la for- mation de gaz acide carbonique , tandis que les autres tendent au contraire à la purifier par l’exhalaison d’une quantité nota- ble de gaz oxigène. La théorie, appuyée par l'expérience, tend à démontrer que le second de ces deux effets l'emporte sur le premier, et que les végétaux vivans tendent constamment à augmenter la quantité de l’oxigène de l’atmosphère. Ils fournis- sent ainsi une espèce de compensation à l'absorption continuelle d’oxigène, qui provient soit de la combustion , soit de la respi- ration des animaux. Il existe parmi les végétaux une classe assez nombreuse de plantes cellulaires, complètement dépourvues de parties vertes, et dont le mode de nutrition paraît être fort différent de celui des autres plantes. Les champignons forment la partie la plus importante de cette série de végétaux. Tout porte à croire que ces plantes ne sont pas douées comme les plantes vertes de la propriété de décomposer le gaz acide carbonique à la lumière, puisque plusieurs d’entre elles peuvent vivre dans une obscurité presque complète; mais par quel procédé elles s’assimilent le carbone qu'elles renferment, comment enfin s’opère en général chez ces végétaux le jeu de la nutrition, c’est sur quoi on est encore dans un état d’ignorance à peu près complète. C’est sous ce rapport que quelques expériences relatives à l’action des champignons sur l'atmosphère pendant leur végétation, m'ont paru devoir être de nature à jeter quelque jour sur le mode de nutrition de ces singuliers végétaux. J'ai eu déjà l’occasion, en 1827, d'étudier l’action sur l’eau QU'ÉPROUVE L' ATMOSPHÈRE, ETC. 193 de champignons placés dans ce liquide. Les résultats auxquels je suis parvenu, qui se trouvent coïncider en grande partie avec des expériences faites à la même époque, et communiquées à cette société par M. Th. De Saussure, mais que ce savant n’a point publiées, ont été consignés dans le volume 40 des Annales de Chimie. Ils tendent à démontrer que des champignons pla- cés sous l’eau dégagent dans tous les cas un gaz composé d’hy- drogène et d’azote, dont les proportions varient suivant l’espèce examinée. Quelques personnes ont paru croire que ce dégage- ment de gaz était dû à un commencement de décomposition du végétal. Mais le fait que celui de tous les champignons que j'ai trouvé en dégager le plus (le sphæria digitata) est d’une nature éminemment coriace, et par conséquent très peu sujet à la dé- composition, surtout au bout de quelques heures , m’a paru de nature à écarter cette objection. La différence d’ailleurs dans la quantité de gaz dégagé, suivant le degré de lumière auquel les champignons étaient exposés, m'a paru être un nouveau motif pour attribuer le dégagement d'hydrogène et d’azote à un effet vital, et non à la décomposition du végétal. Ce n’est que cet été que je me suis occupé de la suite de ce travail, dont la première partie a été communiquée à la So- ciété il y a environ sept ans. J’espérais toujours que l'examen de ce sujet aurait été repris par le savant collègue auquel J'ai déjà fait allusion, et qui certainement serait arrivé à des résul- tats beaucoup plus précis et beaucoup plus satisfaisans que ceux auxquels je suis parvenus. Cependant un intervalle de sept ans m'ayant donné lieu de croire qu’il ne comptait plus s’en occu- per, J'ai eru devoir ne plus différer à reprendre la suite de mon TOME VIl, Î'° PARTIE. 25 194 RECHERCHES SUR LES MODIFICATIONS travail. Il m'a paru convenable d’entrer dans cette explication, dans le but de rappeler à la Société que M. De Saussure s'était déjà occupé en même temps que moi de ce sujet, et que parmi les expériences dont je vais rendre compte, il ne serait pot im- possible qu’il s’en trouvât qui eussent été déjà faites par ce sa- vant, mais dont le souvenir m’eût échappé depuis l'intervalle de sept ans que son mémoire inédit sur ce sujet a été lu en pré- sence de la Société. Désirant connaître, si cela se pouvait, par une expérience directe, et sans sortir le champignon de son état normal, quelles étaient les modifications qu’il pouvait faire subir à l'atmosphère pendant la période de sa croissance, j'ai dû chercher d’abord à soumettre le végétal à l'observation sans le sortir du sol. Dans cette intention , ayant recouvert d’une grande cloche de verre un agaric qui ne faisait que sortir de terre, j'en ai entouré la base d’une espèce de lut gras auquel j'ai fait adhérer la cloche, en prenant toutes les précautions possibles pour prévenir toute communication entre l'air du récipient et l’atmosphère exté- rieur. Au bout de deux ou trois jours, lorsque le champignon avait fort augmenté en volume, l'air de la cloche a été soumis à l'analyse. Cette expérience a été répétée plusieurs fois, et tou- jours avec le même résultat, savoir : que dans aucun cas, air de la cloche n’a paru avoir subi de modification sensible, sauf la présence de temps en temps d’une quantité extrêmement mi- nime de gaz acide carbonique. Le résultat négatif de ces expériences m’ayant donné lieu de craindre que mon appareil ne fût imparfait , et qu'il était difh- cile sinon peut-être impossible de prévenir toute communica- QU'ÉPROUVE L'ATMOSPHÈRE, ETC. 195 tion, même celle qui pouvait avoir lieu par-dessous la terre, entre l'atmosphère et l'air du récipient, jai dû nécessairement recourir à une autre méthode, moins exacte peut-être, et me borner à examiner l’action sur l’atmosphère de champignons qu’on avait enlevés de terre, et qui par conséquent ne pou- vaient plus se trouver dans leur état naturel. Ce procédé, qu’on a employé avec succès pour examiner les modifications qu’é- prouve l'atmosphère par laction des plantes vertes, n’est pas à l’abri de toute objection, lorsqu'il s’agit de l’examen de végé- taux aussi sujets à une décomposition spontanée que le sont un grand nombre de champignons ; et ce qui rend cette source d’er- reur encore plus à craindre, c’est qu'il est souvent difficile de s'assurer du moment où la vie cesse, et de celui où la fermentation ou décomposition spontanée de ces végétaux commence. Pour me mettre autant que possible à l'abri de la source d’erreur que je viens d'indiquer, je prenais les précautions suivantes : 1° J'avais soin de choisir les champignons sur lesquels devaient porter mes expériences, parmi les espèces plus ou moins coriaces, et chez lesquelles la nature même du tissu devait prévenir les effets d’une prompte fermentation; 2° l’expérience ne durait jamais que quelques heures, le plus souvent de huit à douze; et j'avais toujours soin de remarquer à la fin de chaque expérience si les champignons qui y avaient été soumis, manifestaient soit par l'odeur, soit autrement, la plus légère apparence de dé- composition, dans quel cas Pexpérience était regardée comme nulle; 3° enfin, j'avais soin, en arrachant les champignons de terre, de ne jamais couper les filamens des racines, et de con- server même autour de la tige une très-petite quantité de 196 RECHERCHES SUR LES MODIFICATIONS terre (1), dans l'espoir de prolonger le plus possible l’état de végétation. Lorsque mes expériences portaient sur des espèces adhérentes au bois, j’enlevais toujours avec Les champignons la couche de bois dans laquelle ils croissaient; je pouvais ainsi les soumettre à l'expérience sans les sortir le moins du monde de leur état naturel. Je vais rendre compte des résultats obtenus en introduisant successivement diverses espèces de champignons, 1° sous une cloche d'air atmosphérique; 2° dans une atmosphère d’oxigène, et 3° dans une atmosphère d’azote. $ 1°. Action des champignons sur l'air atmosphérique. Avant d'introduire les champignons sous des cloches pleines d’air atmosphérique, je notais avec soin le poids et le nombre d'individus que je comptais soumettre à l'expérience. Je les in- troduisais ensuite sous un récipient de forme allongée , dont les trois quarts environ étaient pleins d’air. Ce récipient qui était gradué en centimètres cubes , reposait sur une cuve de mercure. Après y avoir laissé les champignons pendant un nombre donné d'heures, et après avoir observé le changement de volume sur- venu dans l'air du récipient, je soumettais cet air à l’analyse, (1) J'avais préalablement constaté par une expérience directe, qu’une aussi pelite quantité de terre ne dégage pas au bout de 24 heures une quantité appréciable de gaz acide carbonique. QU'ÉPROUVE L'ATMOSPHÈRE, ETC. 197 au moyen de l’eudiomètre de Volta. Je passe actuellement au détail des expériences. EXPÉRIENCE PREMIÈRE. Trois champignons de lespèce /ycoperdon bovista (vesse de loup) pesant ensemble 130 grains, ont été introduits sous un récipient contenant 111 centimètres cubes d'air (thermomètre 18° cent.) Ils y sont restés exposés au grand jour, mais à l'abri des rayons directs du soleil, pendant un intervalle de neuf heures. À l'expiration de ce temps , le volume de l'air du réci- pient était de 113 centimètres cubes. L'analyse a donné le ré- sultat suivant : Le récipient contenait, avant l'experience, après l'expérience, Gaz azote 87,0 cent. c. Gaz azote 87,7 cent. c. oxigène 2,3 oxigène 23,3 Acide carbonique 23,7 111,0 Cent, C. 113,0 cent. c. On voit que pendant le séjour des champignons sous le réci- pient, la presque totalité de l’oxigène de l'air, savoir 21 cent. c., s’est combinée avec le carbone du végétal pour former un vo- lume égal de gaz acide carbonique. Les champignons ont dé- gagé en outre 2,7 cent. c. d'acide carbonique formé de toutes pièces. Il a disparu 0,7 cent. c. d’azote, quantité très petite qui peut être due soit à une absorption provenant de la porosité 198 RECHERCHES SUR LES MODIFICATIONS des champignons, soit peut-être en partie à une erreur d’ob- servation. EXPÉRIENCE 1" rs. L'expérience précédente fut répétée en plaçant des champi- gnons de même espèce et de même poids sous un récipient con- tenant 111 cent.c. d’air pendant dix heures d’une obscurité complète (thermomètre 16° C.) A l'expiration de ce temps, le volume d’air était de 112 cent. ce. Voici le résultat de l’analyse : Le récipient contenait, avant l'expérience, après l’expérience, Gaz azote 87,4 cent. c. Gaz azote 87,7 cent. c. oxigène 2,5 oxigène 23,3 Acide carbonique 29,1 111,0 cent. C. 112,0 cent. c. On voit par ce résultat que l’action des champignons sur l'atmosphère pendant la nuit , diffère peu de celle qui a lieu pendant le jour : elle paraîtrait peut-être un peu moins éner- gique, puisqu'il a fallu douze heures de nuit pour produire une quantité d’acide carbonique , un peu plus faible que celle . . nb . ‘ si qui avait été produite pendant neuf heures de jour. EXPÉRIENCE 1° er. L'expérience précédente fut répétée sur trois individus de QU'ÉPROUVE L'ATMOSPHÈRE, ETC. 199 l'espèce /ycoperdon bovista pris à un âge plus avancé, auquel la végétation paraît avoir à peu près cessé, et où ce cham- pignon , au lieu d’être d’une consistence charnue , ne se com- pose plus que d’une enveloppe remplie d’une fine poussière. Ils pesaient ensemble 72 grains, thermomètre (22° C.) Avant été laissés pendant douze heures , dont six de jour et six de nuit, sons un récipient contenant 100 cent. cubes d'air, on a trouvé, qu’à l’expiration de ce temps, le volume d’air n’a- vait pas subi de changement sensible, et que l’atmosphère était beaucoup moins vicié que dans les expériences précédentes. En effet : Le récipient contenait, avant l'expérience, après l'expérience, Gaz azote 79.0 cent, c, Gaz azote 79,0 cent. c. oxigène 18,0 oxigène 21,0 Acide carbonique 3,0 100,0 cent. c. 100,0, cent. C. IL est à remarquer que la vesse de loup, prise dans l’état que nous venons de décrire , est beaucoup plus portée à la fermen- tation où décomposition spontanée, que lorsqu'on la prend Jeune et à l’état charnu. Le résultat auquel nous sommes ar- rivés , ne tend-il donc pas à démontrer que la grande quantité d'acide carbonique , produite dans les deux premières expérien- ces, provient bien de l'effet d’une végétation proprement dite, et non d’un commencement de décomposition ou fermentation, comme on aurait pu le soupconner au premier abord. En effet, en admettant l'hypothèse de la décomposition, nous aurions dû 200 RECHERCHES SUR LES MODIFICATIONS trouvé Pair plus vicié dans la dernière expérience, lorsque les champignons se trouvaient dans un état voisin d’un commence- ment de décomposition , que dans les deux premières , lors- qu'ils étaient d’une consistance charnue , et pris à l’époque où leur végétation est la plus active. EXPÉRIENCE II, Trois champignons voisins de l'espèce agaricus amarus, et pesant ensemble Go grains, ont été introduits sous un récipient, renfermant 67 centimètres cubes d’air (thermom. 20° C.) Au bout de neuf heures, le volume de l’air du récipient n’avait pas sensiblement changé ; sa composition était la suivante : Le récipient contenait, avant l'experience, après l'experience, Gaz azote 53,1 cent. c. Gaz azote 53,0 cent. c. oxigène 1,7 oxigène 14,0 Acide carbonique 12,2 67,0 cent. c. 67,0 cent. c. On voit que dans cette expérience , il ne paraît pas y avoir eu dégagement d’acide carbonique déjà formé de toutes pièces, puisque la quantité de ce gaz qui a été dégagée coïncide exac- tement avec la quantité d’oxigène absorbé. Cette expérience répétée pendant douze heures de nuit, a fourni un résultat qui diffère à peine de celui que nous ve- nons de citer. Ce serait donc allonger inutilement que d'entrer dans les détails. QU'ÉPROUVE L'ATMOSPHÈRE, ETC. 201 EXPÉRIENCE III", Trois champignons appartenant à l'espèce Agaricus cam- 5 pestris, et pesant ensemble 190 grains, ont été placés sous un récipient, renfermant 122 cent. cubesd’air. (thermom. 22° C.) Ils y sont restés exposés au grand jour pendant dix heures. À J el l'expiration de ce temps, le volume d’air avait augmenté à 128 cent. cubes. Suit le résultat de l’analise : Le récipient renfermait, avant l'expérience, après l'expérience, Gaz azote 96,2 cent. c. Gaz azote 96,4 cent. c. oxigène 0,8 oxigène 25,6 Acide carbonique 31,0 122,0 cent. C. 128,0 cent. c. Dans ce cas, 24,9 cent. c. d’oxigène ont disparu , et ont servi à la production du même volume de gaz acide carboni- que. De plus, les champignons ont dégagé environ 6 cent. c. d’acide carbonique formé de toutes pièces. EXPÉRIENCE III" Ds. L'expérience précédente ayant été répétée pendant douze heures de nuit, a donné un résultat un peu différent. En voici le détail : TOME VII, 1° PARTIE. 26 202 RECHERCHES SUR LES MODIFICATIONS Le récipient renfermait, avant l'expérience, après l'expérience, Gaz azote 96,4 cent. c. Gaz azote 96,4 cent. c. oxigène 2,5 oxigène 25,6 Acide carbonique 30,1 122,0 cent. c. 129,0 cent. c. IL est à remarquer que dans ce cas, le végétal paraît avoir com- mencé à dégager de l’acide carbonique formé de toutes pièces , avant d’avoir absorbé la totalité ou la presque totalité de l’oxi- gène de l'air, comme cela s'était passé dans l’expérience précé- dente , qui avait eu lieu de jour. EXPÉRIENCE IIL" fer. Deux individus de lespèce agaricus campestris | pesant ensemble 120 grains, après avoir été gardés pendant douze heu- res dans une chambre , dont la température variait de 18° à 20° C., ont été placés sous un récipientrenfermant 100 cent. eu- bes d'air, au moment où ils commencaient à manifester par une légère odeur les premiers signes de fermentation. Au bout de douze heures, l'air du récipient dont le volume n’avait pas sensiblement varié, ayant été soumis à lanalyse, s’est trouvé composé de : acide carbonique 7, oxigène 13,3, azote 709,7. On voit par cette expérience, que des champignons arrachés de terre depuis plusieurs heures, et qui étaient voisins d’un état de-fermentation , ont produit moins d'acide carbonique que-des champignons parfaitement sains de même espèce ; nouveau, mo- QU'ÉPROUVE L'ATMOSPHÈRE, ETC. 203 üf pour présumer que l'absorption considérable d’oxigène et le dégagement d'acide carbonique , que nous avons vu avoir lieu dans les expériences précédentes, provient bien de l'effet de la végétation du champignon , et non d’un commencement de dé- composition (1). EXPÉRIENCE IVe, Plusieurs petits champignons ayant la forme de petites clo- ches bleuâtres, et voisins de lespèce agaricus digitalifornus , pesant ensemble 6o grains, ont été placés sous un récipient ren- fermant 63 centimètres cubes d’air (thermomètre 22° €. ÿ. Au bout de neuf heures , le volume d’air n’avait pas sensiblement changé. L'analyse a donné les résultats suivans : Le récipient renfermait, avant l'experience, après l'expérience, Gaz azote 49,5 cent. c. Gaz azote 49,8 cent. c. oxigène 3,9 oxigène 13,2 Acide carbonique 9,6 63,0 cent. c. 63,0 cent. c. IL est à remarquer que ces champignons sont de très-courte durée, d’une consistence molle , et disposés à entrer en déli- quescence au bout de peu de temps. (1) J'ai remarqué, en répélant plusieurs fois cetle expérience, que lorsqu'il y avait décidément un commencement de décomposition dans le champignon employé, il se dégageait le plus souvent une petite quantité de gaz hydrogène. Mais je n’en ai jamais trouvé lorsque le champignon étail à l’état sain, 204 RECHERCHES SUR LES MODIFICATIONS EXPÉRIENCE V. Cette expérience, que je regarde comme la plus concluante, porte sur le boletus versicolor. C’est une espèce de champignon, qui croît le plus souvent sur-les débris des troncs d’arbres et sur les pieux de bois abandonnés. Il est d’une consistence tout-à-fait coriace , et même lorsqu'on l’a détaché du bois au- quel il est adhérent, il reste plusieurs jours avant de manifes- ter des signes de décomposition. Quatre individus de cette espèce, pesant ensemble 1 40 grains, ont été détachés d’un troncon de chêne , de manière à ce que chaque champignon fût enlevé avec la couche de bois à laquelle il était adhérent. De cette manière ces champignons pouvaient être soumis à l’expérience, sans les sortir le moins du monde de leur état naturel. Ils ont été introduits sous un récipient ren- fermant 120 centimètres cubes d’air (thermomètre 21° C.), et ils y sont restés exposés au grand jour pendant un intervalle de douze heures. A l'expiration de ce temps , le volume d’air du récipient avait augmenté à 125 centimètres cubes. Voici le ré- sultat de l'analyse: Le récipient renfermait, avant l'expérience, après l'experience, Gaz azote 94,7 cent. c. Gaz azote 94,8 cent. c. oxigène 0,6 oxigène M 25; Acide carbonique 28,7 120,0 cent. c. [ 124,0 cent. QU'ÉPROUVE L'ATMOSPHÈRE, ETC. 205 On voit que dans ce cas, la presque totalité de l’oxigène , savoir 24,6 cent. cubes sur 25,2 cent. cubes, ont été absorbés pendant le séjour des champignons sous le récipient, et se sont combinés avec le carbone du végétal, pour former un volume égal de gaz acide carbonique. Les champignons ont dégagé en outre environ 4 cent. cubes d’acide carbonique formé de toutes pièces. Une expérience comparative , faite pendant douze heures à l'obscurité , a fourni un résultat fort rapproché de celui dont nous venons de rendre compte; si ce n’est que la quantité d’a- cide carbonique formé s’est trouvé être un tant soit peu plus considérable de nuit que de jour. C’est à dessein que dans le récit de ces expériences, Jai fait succéder l'examen du boletus versicolor à celui de lagaricus digitaliformis. En effet, l'influence de ces deux espèces de cham- pignons sur l’atmosphère, me semble démontrer d’une manière presque évidente, que absorption de loxigène et la formation d’acide carbonique dans les expériences qui précèdent, ne pro- viennent pas, au moins pour la plus grande partie, d’un com- mencement de fermentation. On voit, en effet, que dansle cas de l'agaricus digitaliformis (Expérience IV”), champignon d’une consistence molle et assez voisine d’un étatdedéliquescence, il y a eu moins d’oxigène absorbé et moins d’acide carbonique dégagé, que dans le cas du boletus versicolor | champignon extrême- ment coriace, et sur la force végctative duquel on ne peut conserver aucun doute, puisqu'il a été enlevé avec la couche de bois à laquelle il était adhérent, et placé dans cet état sous le récipient. 206 RECHERCHES SUR LES MODIFICATIONS Plusieurs autres champignons ont été successivement soumis à l'expérience de la même manière que les précédens , mais comme les résultats qu’ils ont fournis ne diffèrent de ceux déjà obtenus ; que sous Le rapport de la quantité d’oxigène absorbé, et d'acide carbonique dégagé , je crois inutile d’entrer dans de plus grands détails. $ 2% Action des champignons sur le gaz oxigène pur. EXPÉRIENCE 1". Deux champignons de l’espèce agaricus amarus , pesant en- semble go grains, ont été placés au moment où on venait de les déterrer, sous un récipient contenant 93 centimètres cubes de gaz oxigène pur (thermomètre 20° C.). On les y a laissés exposés au grand jour pendant douze heures. À l'expiration de ce temps, le volume du gaz du récipient s’est trouvé réduit à o7 centimètres cubes. Son analyse a fourni le résultat suivant : Le récipient contenait, avant l'expérience, aprés l'expérience, Gaz oxigène 5o,7 cent. c. Gaz oxigène 93,0 cent. c. Acide carbonique 21,9 Gaz azote 18,8 91,0 cent. c. On voit par ce résultat que 42,3 cent. cubes d’oxigène , c’est-à-dire, près de la moitié de celui que renfermait la cloche, QU'ÉPROUVE L' ATMOSPHÈRE, ETC. 207 avaient disparu pendant que les champignons y ont séjourné. Sur ces 42,3 cent. c. d’oxigène, 21,5 cent. c. se sont combinés avec le carbone du végétal pour produire du gaz acide carbonique, tandis que 20,8 cent. c. paraissent s'être fixés dans les champi- gnons, et avoir été remplacés par 10,8 cent. c. d’azote. Cette expérience, répétée pendant douze heures de nuit, a fourni un résultat extrêmement rapproché de celui que nous venons de rapporter. EXPÉRIENCE II, Trois champignons de l’espèce boletus versicolor , pesant en- semble 125 grains , ontété détachés avec soin d’un vieux tron- con de chène, de manière qu’une mince couche de bois restât L x sp. d 4 LZAL. adhérente à chaque champignon. On les a placés sous un réci- pient renfermant, 100 cent. cubes d’oxigène (therm. 14° C.). Ils ÿ ont séjourné pendant treize heures, savoir sept heures de jour et six de nuit. A l'expiration de ce temps, le gaz n’oc- cupait plus que 92 centimètres cubes. L'analyse a fourni les résultats suivans : Le récipient contenait, avant l'expérience, apres l'experience, Gaz oxigène 29,0 cent. c. Gaz oxigène 100,0 cent. c. Acide carbonique 41,0 Gaz azote 22,0 92,0 cent, c, 208 RECHERCHES SUR LES MODIFICATIONS Il a disparu pendantle séjour des champignons 71 centimètres cubes d’oxigène , c’est-à-dire, près des trois quarts de la quan- tité totale. Sur ces 71 cent. c. d’oxigène, 41 cent. c. se sont combinés avec le carbone du végétal pour former un volume égal d’acide carbonique, qu’on a retrouvé dans le récipient : les 30 centimètres cubes d’oxigène restant paraissent s'être fixés dans les champignons, et avoir été remplacés par 22 cent. c. d’azote. EXPÉRIENCE III". Plusieurs petits champignons voisins de lespèce agaricus pulverentulus, pesant ensemble 100 grains, ont été placés pendant douze heures, dont neuf de jour et trois de nuit, sous un récipient contenant 83 centimètres cubes de gaz oxigène (therm. 18° C.). À l'expiration des douze heures, le volume du gaz s’est trouvé réduit à 78 centimètres cubes. Voici le résultat de l'analyse : Le récipient contenait, avant l'experience, après l'expérience, Gaz oxigère 29,0 cent. c. Gaz oxigène 83,0 cent. c. Acide carbonique 28,0 Gaz azote 21,0 78,0 cent. c. On voit que dans cette expérience il a disparu 54 centim. cu- bes d’oxigène sur 83. Ces 54 cent. c. d’oxigène ont été rempla- cés par 28 cent. c. d’acide carbonique, et 21 cent. d’azote. QU'ÉPROUVE L' ATMOSPHÈRE, ETC. 209 EXPÉRIENCE IV. Deux individus de l'espèce {coperdon bovista (vesse de loup), pesant l’un 65 grains, et l’autre 35 grains, ont été introduits sous une cloche renfermant 84 centim. cubes d’oxigène. Au bout de dix heures, le volume de gaz était réduit à 81 centim. cubes. Le récipient contenait, avant l'experience, après l'expérience, Gaz oxigène 29,0 cent. c. Gaz oxigène 84,0 cent. c. Acide carbonique 29,0 Gaz azote 23,0 81,0 cent. c. Il à disparu dans cette expérience 55 centim. cubes d’oxigène sur 81 cent. cubes. Sur ces 5 cent. c., 29 ont reparu sous forme d’acide carbonique , et les 26 cent. c. restant paraissent s’être fixés dans les champignons, etavoir été remplacés par 23 cent. c. d’azote. $ 3% Action des champignons sur le gaz azote pur. EXPÉRIENCE 1". Quatre individus de l'espèce boletus versicolor ; enlevés d’un troncon de chêne avec la couche de bois à laquelle ils TOME VII, l'° PARTIE. 27 210 RECHERCHES SUR LES MODIFICATIONS étaient adhérens , ont été placés sous un récipient contenant 100 centimètres cubes de gaz azote (therm. 18° C.). Au bout de douze heures , le volume du gaz était de 102 cent. cubes. Voici le résultat de l'analyse : Le récipient contenait , avant l'expérience, après l'expérience, Gaz azote 100,0 cent, c. Gaz azote 98,0 cent. c. Acide carbonique 4,0 102,0 cent. c. On voit par ce résultat que 2 centim. cubes d’azote avaient , . + disparu pendant le séjour des champignons dans ce gaz, et qu'ils avaient été remplacés par 4 centimètres cubes d’acide carbonique. EXPÉRIENCE II. Deux champignons de lespèce /ycoperdon bovista (vesse de loup), pesant ensemble 100 grains , ont été placés pendant douze heures sous un récipient renfermant 00 centimètres cubes d’azote (thermomètre 17° C.). Voici le résultat: Le récipient contenait, avant l'expérience, après l'expérience, Gaz azote 90,0 cent, c. Gaz azote 89,0 cent. c. Acide carbonique 2,0 91,0 cent. c. QU'ÉPROUVE L'ATMOSPHÈRE, ETC. 211 Il y a donc eu dans cette expérience absorption de 1 cent. cube d’azote, et dégagement de 2 cent. cubes d’acide carboni- que. Cette expérience, répétée pendant douze heures de nuit, a fourni un résultat presque identique avec le précédent. EXPÉRIENCE II". Quatre champignons de l'espèce agaricus amarus ont été in- troduits sous un récipient renfermant 100 cent. cubes d’azote (thermomètre 18° C.). Au bout de douze heures, le volume du gaz avait augmenté à 103 cent. cubes, et s’est trouvé composé de 100 cent. c. d’azote, et 3 cent. c. de gaz acide carbonique. Dans cette expérience la quantité d’azote absorbé était sen- siblement nulle. Le seul effet des champignons s’est borné au dégagement de 3 cent. c. d’acide carbonique. Les conclusions résultant de ce mémoire, et auxquelles nous sommes conduits par la suite des expériences qui s’y trouvent successivement relatées, peuvent être rangées dans l’ordre sui- vant: 1° Les champignons, en végétant dans l'air atmosphérique, produisent sur cet air des modifications très-différentes de cel- les qui sont produites par des plantes vertes placées dans des circonstances analogues. En effet, les champignons vicient l'air très-promptement , soit en absorbant son oxigène pour former du gaz acide carbonique aux dépens du carbone du végétal , 7 |A RECHERCHES SUR LES MODIFICATIONS, ETC. soit en dégageant du gaz acide carbonique formé de toutes piè- ces, lorsque l’expérience dure assez long-temps. >° Les modifications qu'éprouve lair atmosphérique par le contact de champignons en état de végétation , paraissent être sensiblement les mêmes de jour et de nuit. 3° Si on fait séjourner des champignons frais dans une at- mosphère de gaz oxigène pur, une grande partie de ce gaz dis- paraît au bout de quelques heures. Une portion de loxigène absorbé se combine avec le carbone du végétal pour former du gaz acide carbonique, tandis que l’autre portion paraît se fixer dans le végétal, et être remplacée au moins en partie, par du gaz azote dégagé par le champignon. 4° Des champignons frais en séjournant pendant quelques heures dans une atmosphère de gaz azote, modifient très peu la nature de ce gaz. Le seul effet produit se borne au dégagement d'une petite quantité d’acide carbonique, et dans quelques cas à l'absorption d’une très-petite quantité d’azote. NOTE SUR UNE MALADIE DES FEUILLES DE LA VIGNE, ET SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE MUCÉDINÉE. PAR M: J. E. DUBY. (Lue à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le 2 octobre 1834.) Vous aurez sûrement remarqué avec quelle étonnante rapi- dite les vignes situées le long du lac, ont perdu leurs feuilles cette année, malgré l’absence des brouillards et de pluie, et bien long-temps avant l’époque à laquelle la maturité du bour- geon axillaire les fait tomber ordinairement. En examinant avec attention ces feuilles, je ne tardai pas à reconnaître que la surface inférieure était couverte d’un duvet vert-ferrugineux, 214 NOTE SUR UNE MALADIE tellement abondant, qu’il suffisait d’avoir passé près de quelques ceps pour que les vêtemens qui les avaient frottés en fussent couverts. Examiné à la loupe, ce duvet offre l'aspect d’un feu- tre laineux , dont les bouts seraient argentés. Au microscope on reconnaît bientôt un champignon de la famille des Mucé- dinées, et dont voici la description. Ilse forme par-ci par-là, sur la surface inférieure de la feuille, de petites houppes vert foncé , qui s’étendent peu à peu , et en fort peu de temps la couvrent entièrement. Ces houppes sont implantées dans le parenchyme, et composées d’un nombre fort considérable de petits filamens droits, entrelacés , les uns sim- ples, les autres un peu rameux, composés d’articles mis bout à à bout. L’apparence de la plante est fort différente si on l’exa- mine sans l’humecter , ou si on l’étudie dans l’eau. Dans le pre- mier cas, les articles sont contournés , contractés dans certai- nes parties, dilatés dans d’autres (PI. A, fig. 1.) Dans l’eau ils se gonflent immédiatement, deviennent cylin driques, raides, et laissent aisément apercevoir 2-5 stries transversales, qui pa- raissent être des cloisons (fig. 2). Chaque filament est com- posé de 1 à 7 de cesarticles assez inégaux eten grandeur et pour le nombre des stries. Du reste, à peine le petit champignon est- il dans l’eau du porte-objet, qu’il se désarticule instantanément, et que les articles se séparent les uns des autres. Il faut une singulière promptitude pour les trouver encore réunis. Tous ces articles flottent les uns à côté des autres. On reconnaît de là que la plante appartient à la famille des Mucédinées, à la tribu des Byssinées , à la section que J'ai appelée dans le Botanicon (ir, pag. 30), des Cladosporiées, section dont Le caractère dis- DES FEUILLES DE LA VIGNE, ETC. 215 tinctif est que les filamens sont en tout ou en partie monilifor- mes , les articles se séparant les uns des autres pour devenir à leur tour la souche d’un nouveau filet, peut-être même d’une nouvelle touffe. Quoique le caractèredu genre Torula Pers. (au- quel je crois devoirréunir, faute de caractèresdistinctifs suffisans, l’Hormisctum de Kunze), ne soit pas tout-à-fait conforme aux traits distinctifs de notre Mucédinée, cependant je ne crois pas devoir proposer la formation d’un nouveau genre, et j’appelle- rai notre espèce , qui n’est décrite nulle part, au moins à ma connaissance , Torula dissiliens. Dès qu’elle a commencé à paraître sur une feuille, elle s’étend très -rapidement, la feuille se crispe, se contourne, noircit à mesure que le duvet se répand, et en peu de jours se dessèche complètement et tombe en poussière. Il en est résulté que des clos entiers ne présentaient plus de feuilles, et que malgré la beauté de la saison , les grappes privées des effets de la réflexion des rayons solaires et du mouvement de la sève, n’ont pas at- teint le degré de perfection, qu’on aurait été en droit d’espérer. Les vignes le long du lac ont été les premières attaquées , mais la maladie a peu à peu gagné les hauteurs. Je l'ai fréquemment rencontrée autour de Genève , et on m’a envoyé des échantil- lons de la même Mucédinée des environs de Coppet, de Nyon et de Morges. Je ne doute pas qu’elle ne soit répandue dans toute la vallée. En voici du reste la description en style tech nique. Torula dissiliens, cespitulis fusco-virescentibus demum confluentibus et hyphasma intertextum late expansum consti- tuentibus , filamentis erectis strictis simplicibus aut parce ra- 216 NOTE SUR UNE MALADIE DES FEUILLES DE LA. VIGNE, ETC. mosis pellucidis articulatis, articulis 1-0 subæqualibus cylin- dricis distincte 1-6-septatis utrinque obtusis humiditate secen- dentibus.—Pl. A, fig. 1-2.—Ad paginam inferiorem foliorum vitis in valle Lemanà 7! 1834 (v. v.) NOTE ADDITIONNELLE SUR LES MALADIES DE LA VIGNE, COMMUNIQUÉE Par M. Arrx. DE CANDOLLE. Dans une séance subséquente, M. Alph. De Candolle a fait la communication verbale suivante sur le même sujet. « J’ai appris avec beaucoup de plaisir que M. Duby a exa- miné sous le microscope , et a déterminé le singulier parasite cryptogame, qui a affecté cette année (1834) les feuilles de vigne de notre pays. Ayant passé l’époque de la vendange dans le vignoble de la Côte (canton de Vaud), j'ai eu occasion d’étu- dier les mêmes accidens et d’autres encore, qui ont nui consi- dérablement à la récolte de cette année. Je crois devoir en parler à la Société , soit pour compléter peut-être et confirmer les ren- seignemens de M. Duby, soit que l’on puisse comparer ce qui est arrivé dans le canton de Vaud, avec les observations faites à Genève, soit enfin pour attirer l'attention des naturalistes sur les maladies de la vigne , qui sont encore si peu connues. «Les vignes de la Côte, du moins les ceps de raisin blanc ont TOME VII, l'° PARTIE. 28 218 NOTE ADDITIONNELLE été affectés cette année de trois maladies : 1° une cryptogame, parasite sur les feuilles ; 2° un état de noirceur de la base des grains, appelé vulgairement cu-noir ; 3° un étatdenoirceur et de flétrissure, detout oupartie de grappes, appeléle cottre ou crottre. «La plante parasite a attaqué le parenchyme du dessous des feuilles. Elle ne tardait pas à leur donner une teinte fauve et toute l’apparence de feuilles desséchées par l’ardeur du soleil. Cette maladie a été générale dans le vignoble de la Côte. Je ne crois pas qu’un seul cep de blanc en ait été exempt. Elle a ce- pendant régné avec plus d'intensité dans le bas du vignoble que dans le haut. Une chose remarquable, c’est que les pieds de rouge, même entremêlés à des ceps de blancs, en ont été cons- tamment à l'abri. À de grandes distances , on pouvait aflirmer que tel cep, telle portion du vignoble était rouge, parce que la teinte verte des feuilles faisait contraste avec la couleur brune du reste. En passant dans les vignes malades, la moisissure se détachait sous forme de poussière et restait fixée au drap des habits. Elle les colorait en brun fauve. En souflant fortement sur la surface inférieure des feuilles malades on faisait voler cette poussière , et à l'œil nu , ou voyait bien qu’elle formait une sorte de velours sur le parenchyme de la feuille. N'ayant pas de mi- croscope avec moi, Je n'ai pas pu faire d'observations plus ap- profondies. Au premier coup-d’œil on aurait pu croire que la sécheresse prolongée avait attaqué les pieds de blanc, plus dé- licat queles autres, et quela moisissure se serait développée après la mort des feuilles. Mais un examen plus attentif n’a démontré, que le parasite précédait ici la mort de l’organe ; qu’il en était la eause, rendue sans doute plus intense par l’ardeur du soleil. SUR LES MALADIES DE LA VIGNE. 219 Les habitans du pays ne connaissaient pas cette maladie, à laquelle ils ne paraissaient pas attacher grande importance. Ils ne la désignaient par aucun nom. Elle a dû cependant nuire à la récolte , en laissant les raisins sans abri contre un soleil plus ardent qu’à l'ordinaire, et surtout en privant trop tôt les ceps de la nourriture élaborée par les feuilles. IL est assez singulier qu’un parasite de ce genre se soit développé d’une manière inusitée, dans une année plus sèche quela moyenne. Larouille, le charbon , la carie, sont plus fréquentes dans les années hu- mides que dans les années sèches. Aïnsi ce parasite de la vigne fait exception aux règles ordinaires de la végétation des cryp- togames. La maladie appelée cu-notr était anciennement connue dans le pays. Elle consiste en ce que le point d’attache des grains se durcit et se noircit. Le mal m’a paru commencer à la base des graines contenues dans le grain de raisin. Cette base devient noire , enflée, et les diverses graines adhèrent quelquefois en- tre elles par cette callosité maladive. Plus tard le mal s’étend dans la pulpe entre les graines et la base du grain ; de telle sorte que le tiers ou le quart de la circonférence du grain est envahi par une tache noire et sèche. Le goût n’en est pas altéré , mais le suc est diminué. Les grains attaqués sont épars sur tout le cep et sur toute la grappe. Il m’a paru que les grappes qui portent des traces de grêle (1) en ont plus souffert que les autres. Je n’ai (1) Divers points de vignoble ont été grêlés au printemps, en particulier la com- mune de Perroy, où j'ai séjourné. 220 NOTE ADDITIONNELLE vu cette maladie que dans les raisins blancs, et n’ai rien vu de semblable dans les raisins rouges. Enfin la maladie qui a fait le plus de mal en apparence est le coître ou croître. Les grains se flétrissaient d’abord, dans tout ou partie d’une grappe, puis ils devenaient noirs, sans que cette teinte commencât par un point particulier dela circonférence. Le pourri ordinaire, dont il y avait aussi des exemples , offre une apparence jaunâtre , suivie de moisissures sur le grain, mais ici le raisin passait en quelques jours d’une couleur verte peu attrayante à un noir bien décidé. Les portions malades se déta- chaient facilement du reste de la grappe, de même que les grap- pes entièrement malades tombaient au moindre choc. Cette circonstance me fit aisément reconnaître que, dès le commen- cement de la maladie, les pédoncules ou pédicelles se dessè- chent et deviennent tout-à-fait minces et cassans. Aucune por- tion de grappe n’était affectée de flétrissure sans que le pédon- cule ou bors de la grappe fùt comme mort au-dessous des grains malades. Quand le croître attaquait toute la grappe , c’était Fa base même du pédoncule principal qui était desséchée. Jen ai conclu que la maladie des grains venait de ce que Pétat des pédoncules ou pédicelles ne permettait plus aux sues de passer. La maturation se trouvait arrêtée, par le défaut d’ascension des sues. Dès lors, le grain exposé au soleil se flétrissait et mourait. Les portions de vignes grêlées ont plus souffert de cette malackie onerons croyaient-ils que la grêle avait dénaturé tes pédoncules en les frappant elle-même, ou que les autres. Aussi les vi en les faisant frapper dans leur jeunesse contre le bois de la 2 Ag/ 0] F4 . . £ plante. D’un autre côté, on m’a assuré que certaines portions SUR LES MALADIES DE LA VIGNE. 221 de vignes qui n’auraient pas été grêlées , en particulier des vi- gnes du côté d’Aubonne avaient manifesté cette maladie. Je n’ai pas pu vérifier le fait, qui m'a été aflirmé par des personnes dignes de foi. Le croître attaquait les raisins blancs , et jamais les rouges. Dans les vignes que j'ai parcourues, certains ceps et certaines portions étaient plus affectés du croître que d’autres ; et en gé- néral , les mêmes ceps ou portions de vignes présentaient des feuilles extrèmement malades. Je n’ai pu constater aucune liai- son directe entre ces deux maladies ; je suis cependant porté à admettre que l’état maladif des feuilles favorisait celui des grains, s’il n’en était pas la cause prédisposante. Les deux maladies co- existaient : du moins le croître ne se développait jamais sans la maladie des feuilles. Le défaut de nourriture élaborée, joint à une grande sécheresse , doit probablement flétrir les grains. Il serait curieux d'enlever les feuilles d’un cep de vigne bien por- tant, un peu avant la maturation complète , et de voir si les grains périraient de la maladie du croître. 27 VF AR He nn 1 TI Au "2e ü HORMIS Rae trees ar Doi bang “+ # x ps EE ni np 4 nd sa 5 AO pe Ra br: ; à: Ve ae | r NÉE) | FE : 2298 4 Hair ‘ef pe" ont Lin Fo jh cle ps + Rquit) 1e PANIER TU ae 2 pC ha WRÉGIET st # mir 19/7721 D 1 di or 10 DAS k55 üH 48 fa € LLC LP PS ai Re: “1 35 ocre NA} "HT JR PURE LP # Fi il #1 i ER "2 bete RU hr pas) * ‘ # É " Re (K} NANTES " HE? t: PS Be fé: PAT 39 j Etes af? fr uÉ LUE : MRE À M ILES HORN PA pi 4 CALE Anar te 1 Eos à a} Che TEL 283 a GA } vitis PSE LEO) EM af ouE és F2 H A Fr nFae | na en Fa 4 Gp À Hgijqe Gt? 536 5è 43 #8 We" MHyORE LE # + | 201 or nie ti OC ti 114 qe TR 14 à AAA Vistf se T mimsel! LE soul dy REIN Het : NaBobe She pal . “4 "3 “tu D el UTCEL TEE HUM Jour à xA h shsfté LH Ha Sa? ’: œ | * Le rue PE : 0 re N k:12 ie + ai h re Le LE D PAUES #1 ue dar re à: + v< nil. ÉAr fee dis UM F4 LE Ep] | ve: peine ds prsbeneoe te » Chut” Ah e eee SN { We” ) à - pp: 1 en] y Pit * S del k A KA de 00e a: es SEM ! Ÿ L... MEMOIRE SUR UNE APPARENCE DOUTEUSE DE MIRAGE, Par LE PROFESSEUR P. PREVOST. (Lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le 4 septembre 1834.) Le phénomène du mirage et son explication sont connus et amili ux physiciens. On sait que cette apparence d’images familiers aux physiciens. On sait tte ap} d à droites ou renversées, fixes ou suspendues, est l’effet d’une ré- flexion de la lumière qui traverse un milieu accidentellement ra- réfié, dont les couches inégales agissent sur les rayons et modi- fient leurs trajectoires. Le réflecteur, qui produit le mirage, peut se présenter aux rayons lumineux sous diverses inclinai- sons. Comme en général ce réflecteur est liquide, il est, par-là même, presque toujours horizontal. Tel est celui qui s’opère à la surface d’une mer calme. C’est aussi celui qui se manifeste dans les plaines sableuses de l'Afrique , et qui donne aux cara- 224 APPARENCE DOUTEUSE vanes des espérances décevantes. Les ingénieuses expériences de Wollaston, fréquemment répétées , suflisent pour concevoir et opérer le mirage sous toutes ses formes. Et Biot, à la suite de ses observations de Brest, a traité le sujet dans toute son étendue (1), d’après les principes déjà reconnus par Hud- dart. (2) Les applications de ces principes sont plus fréquentes, et sur- tout plus fréquemment observées à la surface de l’eau, dans les vastes bassins des mers. Il est donc utile de saisir les occasions qui peuvent s’offrir de voir et de décrire les phénomènes de ce genre, là où ils sont moins communs et où ils dépendent de quelques circonstances particulières. Aussi cette Société recut- elle avec intérêt la communication que lui fit le professeur Ju- rine le 24 décembre 1818, du phénomène qu’il avait observé de concert avec M. F. Soret. Ces deux observateurs avaient vu, d’une maison fort élevée au-dessus du niveau du lac, l’image renversée d’une barque, et l’avaient suivie dans sa route vers Bellerive. Ce mirage (peut-être latéral) est, je crois, le premier qui ait été bien observé sur les eaux du lac Léman. Je me pro- pose d’occuper aujourd'hui la Société d’une apparence qui peut dépendre de la même cause, mais dont l'observation, telle qu'elle nous a été transmise, donne prise à quelque doute. Ilne sera donc question, dans ce qui va suivre, que de la discussion Q) Recherches sur les réfractions extraordinaires, qui ont lieu près de l'horizon. —Et Traité de physique, t. II, Paris 1816. (2) Philosoph, Trans., 1797. DE MIRAGE. 225 PA d’un fait, qui demande à être observé de nouveau, et décrit avec plus de soin. Il se trouve consigné dans le Voyage à Ja- nina en Albanie, de M. Thomas Smart Hughes. Ce voyageur et sa compagnie quittèrent Syracuse le 18 juin 1813, etcommen- cèrent à monter sur l’Etna le 27 du même mois. — Ici la nar- ration est suspendue par un souvenir. « Je ne dois pas oublier », dit l’auteur, « de parler d’un phé- «nomène extraordinaire que nous observâmes, et dont J'ai « cherché en vain une solution satisfaisante. Au lever du soleil, « à l'extrémité de l'ombre immense que l’Etna jette à travers « Vile, nous vimes paraître une image parfaite de cette monta- «gne, et comme si on l'avait vue dans un miroir concave. Quel « était le réflecteur qui la présentait à nos yeux, c’est ce que je « ne puis concevoir. Nous ne pûmes pas nous tromper sur cette « apparence, car toute notre compagnie l’observa; et nous y « avions été préparés par nos amis cataniens. Ce spectacle dura «environ dix minutes, et il s’évanouit lorsque l'ombre com- « mença à se rapprocher de nous. À mon retour en Angleterre, « M. Jones et plusieurs autres de mes amis me dirent qu’ils « avaient été témoins du même phénomène. » Comme cette observation laissait à désirer bien des détails , J'adressai à l’auteur (1) quelques questions, auxquelles il s’em- pressa de répondre, à la vérité, très-sommairement. (2) (:) Le r1 juillet 1821, de Genève, par occasion. (2) Eu date de Cambridge, collége Emmanuel, 18 janvier 1822.—J'indiquerai par le seul mot Réponses, les délails que je tirerai de celle source. TOME VII, Î'* PARTIE. 29 226 APPARENCE DOUTEUSE En examinant le récit du fait et les explications subséquentes, je concus la possibilité d’un concours de circonstances capables de produire une apparence de cette espèce par un mirage obli- . . ‘1° LA # = « x que; mais cette possibilité dépendait du sens à donner à une des réponses de l’auteur. Au nombre de mes questions se trou- vait celle-ci: Où étaient les observateurs, à la cime ou au- dessous ? — La réponse fut: Les spectateurs étaient à la cime méme de la montagne (x). S'il faut prendre ces mots dans leur sens précis, c’est-à-dire si les observateurs étaient à une éle- vation supérieure à celle de tous les objets, de tous les points de l’'Etna, qui tracaient sous leurs yeux sa figure, le phéno- x « . À . . , . mène ne serait peut-être pas inexplicable. L'ombre matinale de la montagne, qui se prolongeait dans le Val di Noto (2 9 I 5 | peut être envisagée à sa surface supérieure, comme la limite me en nets LU qui sépare deux milieux, deux airs d’inégales densités, l'air refroidi de l’ombre et l'air ambiant qu'échauffait le soleil. Ces deux milieux, de substance homogène, ne produiraient peut- QG) Atthe very summit of the mountain. Cest bien le sens naturel de ces mots , el je ne concevrais à ce sujet aucun doute, si la place des observateurs élait marquée sur le croquis informe que l’auteur a joint à ses Réponses. Pour que cette place soit conçue plus élevée que la partie du dessin qui représente l’objet principal, il faut le supposer hors du cadre ; ce qu’à dire vrai j'admets sans difficulté, vu la rapidité de Pesquisse *. Je n’ai plus aucun moyen de recourir aux observateurs pour de nouvelles explications. L’un d’eux, M. Jones, est mort. Je nesais rien des autres. (2) Réponses, * La figure 1, pl. B., est le calque de cette esquisse. DE MIRAGE. 227 être pas la réflexion ordinaire, parce qu’elle agit dans un es- pace infiniment petit. Mais pour produire le mirage, il faut au contraire concevoir, d’un milieu à l’autre, une suite de couches différant en densité; en sorte qu'ici la cause agit dans un es- pace qui (bien qu’il échappe à nos mesures) est, par rapport à celui dans lequel la réflexion commune s’opère, un espace fort grand , et que l’on peut concevoir comme fini (ce qui est d’ail- leurs rendu sensible dans l'expérience fondamentale de Wol- laston). On n’a donc pas lieu de douter que deux airs contigus, de températures et par conséquent de densités très-différentes, ne puissent produire un mirage. Cela étant admis, voyons ce qui en résulte. — Quelques ob- jets plongés en partie dans ombre, mais dont les sommets la surpassaient, tels que des rochers, des pics dominans, diverses espèces de sommités, qui se font remarquer sur la pente de la montagne, envoient à l’œil des rayons , qui ne peuvent l’at- teindre que par une voie indirecte, parce que l'ombre de la montagne les intercepte. Leur direction les porte, sous une certaine inclinaison, à la surface de cette ombre. Là ils sont réfléchis suivant la loi du mirage, et arrivent à l’œil de l’obser- vateur. Celui-ci a en conséquence une suite d’images, qu’il doit nécessairement rapporter au pied de l'ombre, de manière que cette suite ne peut manquer de lui offrir l'aspect de la monta- gne même, vue du côté d’où viennent les rayons, sous des an- gles visuels très-petits. L’ombre est en quelque sorte substituée à l’horizon. Pour comprendre cet effet, il suffit de concevoir, au lever du soleil, la mer plus froide que Pair superposé; puis, de relever 228 APPARENCE DOUTEUSE par la pensée, le réflecteur horizontal, en imclinant simultané- ment le sol et l’eau superposés, de manière à présenter l'aspect de la pente d’une montagne. Dans cette situation, la surface de l'ombre représentant celle de l’eau, aura, sur son plan oblique, précisément le même effet qu'a réellement l’horizon apparent projeté sur son propre plan. L'un et l'autre réflecteur (loblique et l’horizontal) produiront le même mirage, et pourront offrir une image analogue à celle que M. Hughes a décrite. En effet, sans reproduire ici les principes d’une théorie connue, une simple citation rappellera Peffet du mirage à l’horizon, et en justifiera l'application au cas que nous avons en vue. « L’horizon apparent sera abaissé, quand la mer sera plus « chaude que Pair. Au contraire, si elle est plus froide, Fhorizon « s'élève à une Hauteu-: considérable. L’effet de ce mirage « peut aller à 4 ou 5 minutes (1). » Ainsi l'ombre, dans sa vaste étendue, aurait, à sa surface , l’effet qu'a constamment une mer plus froide que Pair superposé, et que manifesterait cette mer inclinée, tout aussi bien qu’horizontale, si sa liquidité lui permettait également ces deux situations; elle produirait donc un mirage oblique de fermes variées. En résultat, les points vus de la sorte, dans leur ensemble, offriront aux spec- tateurs l’aspect de tous les côtés de la montagne qui seront à la portée de leur vue, et représenteront, au naturel et en minia- (1) Biot, Trailé de Physique, t. ILE, p. 324: DE MIRAGE. 229 ture, l’image des pentes de la montagne projetée à l'extrémité de son ombre. Soient (pl. B. fig. 2) les deux points ou picsP, P', semontrant, au-dessus de l'ombre brillans de lumière. Chacun d’eux en- verra des rayons presque également courbés à la limite de l’om- bre, en 1, —. En plein jour, l’œil voyait la distance de ces pics sous l’angle P O P’. IL les voit maintenant (répercutés à la surface de Fombre ) sous langle 1 O 1’; angles visuels que l’on peut considérer comme étant mesurés par leurs bases, PP”, nn, dont le rapport est très-grand; le premier terme, PP’, étant le résultat de l'observation immédiate et de la grandeur, d’ailleurs connue de l’objet; et le second n 1’, étant la distance de deux images très-rapprochées (puisque les deux rayons, 1 O, n° O, convergent à l’œil). Celle-ci, la distance des deux images et leur situation dans le champ de la vue, à l'extrémité de Fombre, aura, par rapport à PP", la position droite, telle qu'elle a été vue en effet (1). Mais si ombre (à mesure que le soleil s’élève) diminue en longueur, et se rapproche de la verti- cale, les rayons émis des points P, P', ne pourront plus parve- nir (en rasant la surface de l'ombre) à l'œil O, parce que leur direction réfléchie s’élèvera plus haut; et par conséquent le mi- rage disparaîtra. Du reste, un tel phénomène (d’après les expressions de l’au- teur) doit être visible tous les jours où le soleil brille Le matin (G) Réponses, 230 APPARENCE DOUTEUSE et projette au loin l’ombre du volcan, puisque les Cataniens avaient annoncé aux voyageurs ce petit spectacle. Tant de curieux, et même tant de savans, visitent l’Etna, ses cratères, leurs traces et leurs produits, qu’il ne leur sera pas difficile de nous apprendre si le phénomène mentionné par M. T. S. Hughes a été bien observé; ou s’il n’y a point eu, de la part des voyageurs, quelque facilité à se livrer à l'impression que pouvait avoir faite sur eux le récit des Cataniens. APPENDICE. ARTICLE 1%. SUR UNE APPARENCE SINGULIÈRE OBSERVÉE À LA CIME DE L'ETNA, ET SUR UNE OBSERVATION ANA- LOGUE, (Lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le 2 octobre 1834.) Dans un mémoire lu le 4 septembre dernier, il s’agissait de l’image de l’Etna, vue au pied de son ombre, comme dans un miroir, mais en miniature. Cette apparence rappela à M. E. DE MIRAGE. 231 Duby (1), celle qui avait frappé au sommet de cette même montagne. En voici le détail, qu’il a bien voulu me communi- quer. Le temps et le lieu y sont indiqués avec précision. « C'était le 5 juillet 1830, au lever du soleil, à quelques pas « de la porte de la petite maison de refuge appelée /4 casa in- « glese, au-dessous du dernier pic de FEtna. La chaleur avait «été brülante la veille, le thermomètre de Réaumur marquait, «nous dit-on, 30 à 32 degrés à Catane (à l’ombre et au nord). « Sur la haute cime à laquelle nous étions parvenus (environ «8700 pieds au-dessus de la mer), il était au lever du soleil à «3 degrés 1/2. L'air était opaque et obscur, il soufllait un « vent de nord tellement violent, qu’à deux ou trois reprises «Je faillis être renversé. Au moment où le soleil se leva, sor- « tant des flots de la mer, je vis nettement se dessiner à l’occi- « dent une haute et immense montagne, de la même forme que « l’Etna, et dont la cime me paraissait plus haute que la place «où J'étais. Peu à peu la montagne factice parut s’abaisser, et «se confondit, après environ vingt minutes, avec l’ombre qui «s’étendait sur l'ile, profondément abaissée sous mes pieds, et « dont les vallées étaient couvertes d’une brume, qui ne s’éle- < vait pas bien haut, mais qui m'empêchait de distinguer net- « tement aucune des sommités que je venais naguère de par- «courir. Mes regards embrassaient cependant une immense «étendue, et n’étaient point arrêtés par les nuages rapprochés « de nous. (1) M. le pasteur Etienne Duby, membre de cette Société, | | | | 232 APPARENCE DOUTEUSE « Voilà tout ce que mes notes et mes souvenirs me retracent «sur ce phénomène, qui me frappa tellement que j'appelai « plusieurs fois l'attention de mon compagnon de voyage et de «mes guides (1). La montagne factice était noire et point éclai- « rée. » Au simple énoncé de cette apparence, M. Pictet (2) jugea qu’elle pouvait être l'ombre de la montagne projetée sur Pair. J’eus la même idée. Elle me fut suggérée par le souvenir d’une expérience de White, facile à faire, surtout en Angleterre, où je l'ai en effet répétée. Voici cette expérience, telle que White l’a décrite. « Quand on marche de nuit dans un brouillard blanc et pro- « fond , avec une lanterne, si l’on tourne le dos à la lumière, «on voit son ombre empreinte sur le brouillard, sous une « forme grossière, et dans des proportions gigantesques. Ce « phénomène semble n'avoir pas été remarqué; il indique, au «moment où il se manifeste, la grande densité du météore(3).» Si l’air pouvait remplacer le brouillard, le phénomène ob- servé par M. Duby semblerait, par son analogie avec l’observa- tion de White, pouvoir faire espérer quelque explication com- mune à l’un et à l'autre. Je m'en suis occupé avec mon fils Prevost-Cayla, qui a répété, comme moi, l'expérience de (1) M. Duby ua dit que les personnes, ainsi appelées par lui, virent le phénomène comme lui. (2) M. le professeur J. P. Pictel, membre de la Sociélé, (3) Ware, Nat. hist. of Selborne, 1. I, p. 303. AVIS. Une erreur typographique s’est glissée à la suite du Mémoire de M. Prevost (sur le Mirage): on a sauté de la page 240 à 249. DE MIRAGE. 233 White, en août 1824. En rapprochant les faits et rassemblant nos souvenirs, J'ai confirmé ma conjecture, mais non sans quel- ques modifications. Et d’abord en comparant les deux observations ( celle de White et celle de M. Duby), on ne peut méconnaître les rap- ports qu’elles ontentre elles. Ces rapports peuvent aider à déter- miner la cause du phénomène, qui du reste doit être déduite de principes plus généraux. L’apparence soudaine d’un homme ou d’une montagne, en face de l’objet auquel chaque image ressemble , ne peut dépen- dre, je crois, que de deux causes ; l'ombre, ou la réflexion de la lumière. Il ne peut ici être question du mirage. La situation de l'observateur exclut cette cause. L'hypothèse de la réflexion a dù se présenter la première au premier. observateur. Et en effet la note de White, que je viens de citer, porte en titre, Réflexion sur le brouillard. Un homme debout ayant un miroir aérien en face de lui y verra son image grossière, mais la verra-t-l gigantesque? Non, à moins que le miroir ne soit concave. La vapeur du brouillard prendra-t-elle cette forme, en conséquence de la forme convexe de lobjet?— Les mêmes questions s'appliquent au miroir aérien de la mon- tagne. L'hypothèse de l’ombre lève ces difficultés, mais en fait naï- tre d’autres, que nous ferons remarquer, en discutant les cir- constances du phénomène. La plus remarquable, celle qui frappe au premier coup-d’œil, est la situation verticale de l’image. Pour obtenir cette situation par un effet de réflexion, une seule condition est requise; il TOME VII, I PARTIE. 30 234 APPARENCE DOUTEUSE faut qu’un miroir plan soit placé parallèlement à l’objet sup- posé vertical; ce qui pourrait se concevoir dans une atmosphère réfléchissante. Il est au contraire très-difficile d'obtenir ce ré- sultat dans l'hypothèse de l’ombre. Toute ombre se projette sur un fond plus ou moins éclairé. Celle d’un homme se projette le plus souvent sur le sol. Elle peut sans doute se projeter sur un mur vertical. Mais elle part de la partie la plus basse du corps; elle projette les pieds et les jambes sur le sol, avant de s’élever sur le mur, et ne paraît pas s’en détacher, comme se détachaient les images dans le phénomène qui nous occupe (r). Après cette première circonstance (la verticalité de l’image), celle peut-être qui devrait le plus frapper est sa hauteur, que White caractérise par le mot de gigantesque. Il ne donne d’ail- leurs aucun développement. Il n’en est pas de même de M. Duby. Après avoir remarqué l’opacité de Pair, il suit l'image dans toutes ses phases. Au lever du soleil, au moment où cet astre sort de la mer, la cime de la montagne factice lui paraît plus élevée que sa propre station. Peu à peu elle s’abaisse, et après environ 20 minutes, elle se confond avec l’ombre qui s’étend sur Pile. Tous ces traits caractérisent tellement une om- bre, qu’il est difficile de la remplacer par aucune autre concep- tion. Quand le soleil est bas (environ 8700 pieds au-dessous de (1) Les images se détachaient. Sur cette assertion, à la vérité, je conçois quelque doute, parce que l’attention des observateurs ne s’est pas portée (à ma connaissance) sur la continuité de la partie inférieure de l’image, autant que sur lasupérieure. Je l’offre donc comme une circonstance, facile à vérifier dans les brouillards de cette saison. Si l’assertion était démentie, l’hy pothèse de l'ombre acquerrait plus de vraisemblance. DE MIRAGE. 235 la station de l'observateur), l'ombre est fort élevée ; à mesure que le soleil s'élève, l'ombre s’abaisse ; et vingt minutes après, le soleil, s'étant élevé obliquement de quelques degrés, projette l'ombre de la cime d’observation dans la direction de lombre générale de la montagne , avec laquelle elle ne tarde pas à se confondre. Après avoir ainsi parcouru les principales circonstances du phénomène , voyons quelles conséquences on en peut déduire, relativement à l’objet de notre recherche. 1° L’apparence observée sur lEtna s'explique mieux par l'ombre projetée sur un air opaque, que par la réflexion. Mais l'observateur oppose, à cette hypothèse, la transparence de Pair environnant. Cette objection doit être discutée avec soin, ce que personne ne peut faire mieux que son auteur, qui l’a pré- sentée sans aucun développement. 2° La réflexion n’explique pas le grandissement de l’image, dont l’ombre explique toutes les phases; mais elle explique , mieux que l’ombre, sa situation verticale. 3° Ne pourrait-on point combiner les deux causes, et suppo- ser que, dans l'expérience de White , la réflexion avait la prin- cipale influence, tandis que, dans l'apparence vue par M. Duby, c'était l'ombre qui jouait le premier rôle ? 4 J’ajouterai quelques mots pour justifier ce doute, c’est-à- dire, pour faire comprendre la possibilité d’une telle combinai- son. L’air réfléchit les rayons de lumière avec assez d'éclat pour que l'ombre qui s’y projette puisse être bien visible, et d’autre part, les corps renvoient à l’air des rayons de teintes variées. Il ne serait donc pas impossible qu’un brouillard , ou 236 APPARENCE DOUTEUSE un air opaque, recût l'ombre qu'un corps projette, tandis qu’à travers cette ombre il laisserait voir l’image réfléchie de ce corps, quoique cette réflexion eût lieu du côté le moins éclairé. Je ne chercherai point à développer, encore moins à défendre, cette simple conjecture. Quelle qu’en soit la valeur, l'apparence singulière qui s’est offerte à M. Duby, et qu'il a très-clairement décrite, ne doit pas être livrée à l’oubli. Et l'expérience même de White (dont lou- vrage peu répandu, n’est, je crois, pas traduit) a par elle- même quelque intérêt, ne füt-ce que pour prévenir de vaines terreurs. La montagne factice vue par M. Duby, doit être, avons-nous dit, principalement attribuée à l’ombre du mont Etna, projetée sur l'air opaque. Peu après la lecture du mémoire qui en contient la descrip- tion (1), M. J. A. De Luc donna connaissance à la Société de la relation d’une ascension à de grandes hauteurs , où il est question de l’ombre d’une montagne projetée sur l'atmosphère, et pouvant offrir par là quelque analogie avec celle de 'Etna. Je crois devoir en donner ici un court extrait sous ce point de vue, et comme terme de comparaison. (2) (1) Lecture du 2 octobre 1834. (2) Voyez les Nouvelles annales des voyages, t. IV, cahier d’octobre 1834, eten abrégé dans le Journal des Débats de septembre de celle même année. DE MIRAGE. 231 ARTICLE Il. OMBRE PROJETÉE PAR UN VOLCAN D'UNE HAUTEUR SUPÉRIEURE A CELLE DU MONT-BLANC. (Lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève , le 20 novembre 1834.) Ascension au sommet du Popocatepetl. (x) Ce volcan est élevé de 16 à 18 mille pieds anglais au-dessus du niveau de la mer. Ce fut le 29 avril de cette année 1834, que quatre Européens, deux Francais, un Prussien et un Anglais , accompagnés de trois Indiens (1), atteignirent le sommet de cette haute montagne. Lorsqu'ils virent le phénomène dont j'ai parlé , ils étaient encore bien loin du sommet, puisqu'ils ne l’atteignirent qu’à deux heures et demie de l’après-midi du même jour ; étant partis à trois heures du matin d’une station déjà fort élevée, où ils avaient passé la nuit. Le volcan est un cône parfait, ressemblant assez à l’Etna. Voici comme s'exprime un des voyageurs, écrivant à un ami en Europe. «Nous avions atteint une grande hauteur , et le soleil parais- (1) Volcan dans la chaîne de montagnes qui borne à Pest-sud-est la vallée de Mexico, (2) Cest-à-dire sans doute indigènes. 238 APPARENCE DOUTEUSE sait, lorsque nous avons vu un phénomène assez singulier , que l’on a remarqué déjà sur les bords du, Rhin. L'ombre entière du volcan était projetée sur l'atmosphère de la manière la plus distincte. C’était un immense cône d’ombre , à travers laquelle nous apercevions toute la campagne jusqu’à l’horizon, et qui s'élevait ensuite bien au-dessus, pour se terminer par une va- peur se mouvant du sud au nord (1). Le cône s’abaissait et de- venait plus transparent à mesure que le soleil s'élevait ; et au bout de deux ou trois minutes, il était entièrement dissipé (2). » Cet article d’un journal quotidien contient en abrégé les faits principaux relatifs à l’objet pour lequel je l'ai cité. On trouve, sur ce point, peu de détails ultérieurs dans la lettre originale dont on vient de lire un court fragment. Mais cette lettre, signée Baron Gros (3), offre des observations de divers genres , dont je n’ai pas à m'occuper. Voici le très-petit nombre de remar- ques qu’elle peut ajouter à celles du fragment sur l'ombre et la vapeur. Le volcan a 17,860 pieds anglais de hauteur au-dessus de la mer , et surpasse par conséquent celle du Mont-Blanc de plus de 300 toises. Ce volcan n’est pas éteint, mais il n’a pas fait d’éruptions au moins depuis plus de trois siècles. Il émet , de son cratère et de quelques fissures , une vapeur sulphureuse. (1) Cette vapeur émanait du volcan, projetant son ombre sur l'atmosphère, com- me le prouvent des observations collatérales, cilées dans la lettre. (2) Cette observation, qui présente les principales phases du phénomène, rappelle vivement celle de M. Duby. (3) Nouvelles annales des voyages, t. IV, cabier d'octobre 1834.—Indiqué et prèté obligeamment par M. G. Maurice, membre de cetle Société, DE MIRAGE. 239 Le cratère a 1,000 pieds de hauteur perpendiculaire, sur une lieue de circonférence. Dans le sein , ou du sein de ce gouffre, s'élèvent à {00 pieds de hauteur des tourbillons de vapeurs aqueuses. «Je ne crois pas exagérer , » dit l’observateur , « en « portant à 60 lieues le rayon que nos yeux pouvaient parcou- « rir autour de nous. Mais tout était confus, et comme dans un «brouillard transparent. » Il termine, en faisant mention d’au- tres ascensions faites ou tentées sur ce volcan. 240 APPARENCE DOUTEUSE DE MIRAGE. TABLE. Pages. Sur une apparence douteuse de mirage............................ 223 ABPENDIGE- assiste 'opeiaie lie ete = te eey= ee ohne le she 7e CM SL eau 012 Le dise tele DEN Article x. Sur une apparence singulière observée à la cime de l’Etna , et sur une observation analogue.................................. ibid. Article 2. Ombre projetée par un volcan d’une hauteur supérieure à celle ; du Mont-Blanc ete ee ce ce reccpro-cccec: 107 PL A. N NES SO Torula dssiliens. Dub. Duby. del. Apparence douteuse de Mirage - PLANTES NOUVELLES D’AMÉRIQUE. Par Sterano MORICAND. DALEA PULCHELLA T. VII. D. caule fruticoso, ramosissimo , erecto; ramis ramulisque pubescentibus , tuberculatis; foliis sub trijugis, cinereo tomen- tosis ; foliolis obovatis, obtusis , subtus glandulosis ; spicis terminalibus, brevibus ; calycibus villosis. Hab. circa St. Louis de Potosi. Florebat decembri. La tige est ligneuse, les rameaux droits et les jeunes surtout tomenteux et cendrés, ils sont tous couverts de glandes fort nombreuses, couleur de safran , qui les rendent rudes et rabo- teux. Les feuilles sont petites , alternes composées de deux ou trois paires de folioles , couvertes d’un duvet épais et serré , blanchâtre sur les jeunes , cendré dans les adultes. Les folioles sont obovées, cuneiformes à leur base, obtuses à leur sommet, un peu épaisses , souvent pliées en deux , à peine longues d’une ligne ; la surface inférieure est ponctuée par des glandes nom- breuses presque cachées par le duvet , la supérieure en est pri- vée. Le rachis y compris le pétiole a 2 ou 3 lignes de long, il est tomenteux et glanduleux comme les folioles. Les stipules sont subulées , également tomenteuses. Les fleurs sont ramas- sées en épis capités , qui terminent tous les rameaux, ils sont TOME VIl, l'° PARTIE. 31 250 PLANTES NOUVELLES un peu pédonculés et leur axe est lanugineux et n’a que deux lignes de long. Ces fleurs sont sessiles, roses, mélangées de blanc et de jaune. Les bractées sont larges , pliées , mucronées, extérieurement tomenteuses, pubescentes, velues intérieurement dans leur par- tie moyenne , et de la longueur du tube du calice. Celui-ci est très-velu , à cinq dents linéaires subulées inégales , l’inférieure un peu plus longue que les autres ; l’intérieur est glabre, ex- cepté à la gorge qui est velue , il est chargé de quelques glandes rares et à peine apparentes. L’étendard est arrondi, orné à son sommet d’une glande oblongue , il estun peu plus long que les ailes, et la carêne est deux fois plus longue que lui. Le légume est monosperme , trapézoïde, velu antérieurement; le style long et filiforme. La graine ovale, arrondie, conoïde à la place de la radicule. Les cotylédons ovales, planes; la radicule droite, tournée en haut. ExpLicarron Des Ficures. a. Fleur grossie, —b. Bractée ouverte.—c. La même pliée.— d. L'étendard.—e. Légume vu extérieurement.—f. Le même ouvert.—g, Graine.—. Les cotylédons et la radicule.—, Feuille un peu grossie et vue par dessous. DALEA ALOPECURUS. T. VIII. D. Caule erecto, foliis sub 5, jugis-foliolis oblongo-ovali- bus, acutis , villosis, spicis terminalibus, cylindricis, villo- sissimis , longissime pedunculatis; calycibus eglandulosis. D. longipes. fl. Mexic. ic. ined. Hab. in Mexico, in las Cordilieras de Guchilapa. La tige (ou peut-être les rameaux, car je ne possède pas le bas de la plante) est droite, et dans mes échantillons d’environ D'AMÉRIQUE. 251 trois pieds de haut , herbacée, pileuse et striée. Les feuilles ont onze folioles, le pétiole commun est pileux, et de 3 pouces de long à peu près; les folioles portées par des pedicules très-courts sont oblongues, pointues aux deux bouts, velues , dépourvues de glandes, elles ont 8 à 10 lignes de long sur 2 de large, l’im- paire est plus grande que les autres. Les stipules sont filifor- mes, droites, pileuses et longues de 4 à 5 lignes. L’épi supporté par un pédoncule terminal de plus d’un pied de longueur, est solitaire, cylindrique, obtus, très-dense, roux et velu, et a envi- ron trois pouces de longueur. Le calice est chargé de poils rous- sâtres, sans glandes, à 5 dents subulées, noirâtres, un peu plus longues que le tube, l'inférieure est un peu plus longue que les autres, toutes sont ornées de longs poils qui les font paraître plumeuses. Les bractées sont étroites , linéaires, acuminées et subulées à leur sommet, leur base est glabre, pellucide à ses bords, sans glandes, le reste est chargé de poils roux plumeux. L’étendard est à peine de la longueur des dents du calice, blanc avec un bord violet à sa partie inférieure; les ailes violettes, un peu plus longues que l’étendard ; la carêne est aussi violette, plus longue que les ailes, mais dépassant à peine la dent calici- nale inférieure. Les pétales sont tous privés de glandes. SimABA BaAnïEnsis. T. IX. S. foliüis impari-pinnatis, tri-jugis, superioribus uni-jugis, simplicibusque; foliolis obovato-cuneiformibus apice obtusissi- mis, mucrone obtuso apiculatis , margine revolutis, supra gla- briusculis, subtus petiolisque pubescentibus; paniculis compo- sitis longitudine foliorum ; floribus glomeratis ; fructu muricato. 252 PLANTES NOUVELLES Hab. circa Bahiam, ubi detexit amic. Blanchet. Les anciens rameaux sont recouverts d’une écorce grisätre ; gercée et cicatrisée par la chute des pétioles de l’année précé- dente. Les jeunes rameaux sont anguleux , pubescens , l’épi- derme d’une couleur brun-rougeâtre se détache facilement, ils portent 5 ou 6 feuilles, et sont terminés par la panicule. Les feuilles sont assez rapprochées les'unes des autres, les pétioles des inférieures ont 5 à 6 pouces de long, et 3 ou 4 paires de folioles, celles qui viennent après diminuent de longueur en se rap- prochant des fleurs et et n’ont que deux paires de folioles, puis sont seulement trifoliolées, et les dernières sont quelque- fois simples, mais alors elles ont trois nervures qui indiquent la soudure des trois folioles. Les folioles sont opposées à peu près égales entre elles, cunéiformes à leur base, très-obtuses à leur sommet, qui est souvent comme tronqué et même émarginé, avec un petit mucrone calleux et obtus, elles ont 2 pouces à 2 p. 1/2 de long sur 15 à 20 lignes de large; les veines latérales au nombre de 5 ou 6 de chaque côté de la nervure, anastomosées près des bords qui sont un peu repliés en-dessous. La surface su- périeure est presque glabre, ce n’est qu’à la loupe que l’on y aperçoit quelques poils courts, rares, plus nombreux sur les nervures, l’inférieure est plus pâle, pubescente, veloutée. Les panicules sont terminales, à peine de la longueur des feuilles, composées, à rameaux ouverts et pubescens, les inférieurs sortant de l’aisselle d’une feuille, le plus souvent ternée ou simple, les autres munis à leur base seulement d’une petite stipule ovale ou linéaire , tomenteuse et caduque. Les fleurs sont ramassées au D'AMÉRIQUE. 253 sommet des rameaux de la panicule, portées sur des pédoncules de moitié plus courts qu’elles, et tomenteux, ainsi que le calice qui est court et à 5 dents. Les pétales sont oblongs, presque li- néaires, verdâtres, veloutés à leurs deux faces, un peu obtus, 5 ou 6 fois plus longs que le calice, c’est-à-dire qu’ils ont 5 lig. de long sur 1 lig. 1/4 de large. Les étamines au nombre de 10, un peu plus courtes que la corolle ont leurs anthères jaunes, ova- les, supportées par des filets glabres, implantés chacun sur le milieu du dos d’une écaille linéaire très-velue , bidentée à son sommet. Les ovaires au nombre de 5, portés par un gynophore columniforme et réunis en tête, sontcouverts de longs poils roux, les styles distincts à leur extrême base sont réunis en un seul, filiforme, plus long que les étamines, glabre dans la moitié su- périeure, et terminé par un stigmate punctiforme ; il doit bien y en avoir >, mais ils sont si peu développés qu’ils paraissent réunis en un seul. Le fruit ne présente qu’un seul carpelle, pro- bablement par l’avortement des 4 autres; il est ovoïde , de la grosseur d’une petite noix, coriace, tout couvert de pointes ob- tuses ou mammelons coniques très-serrés, comme celui du Gua- zuma ulmifolia, monosperme ; les cotylédons planes de la forme de ceux du haricot; dans ceux que J'ai pu observer, et qui n'étaient pas parvenus à leur maturité, ils étaient desséchés de manière à ne pouvoir les figurer ni les décrire exactement. Nota. Cette espèce paraît avoir de grands rapports avec le S. trichilioides, St-Hil. Mais cette dernière a suivant l’auteur une panicule de 2 pieds et plus de longueur, tandis que dans les nombreux et beaux échantillons que j'ai vus de ma plante, 254 PLANTES NOUVELLES elles n’excèdent pas 5 pouces; il en est de même des feuilles qui sont bien loin d'atteindre 12 à 18 pouces; mais un caractère plus précis est tiré de la forme de l’écaille staminifère; dans le S. trichilioides, elle est tronquée au sommet, et le filet de l’étamine inséré près du sommet, et plus court qu’elle; dans le Bahiensis cette écaïlle est bidentée au sommet, le filet de l’étamine est in- séré vers le milieu de sa longueur, et est aussi long qu'elle. BRONGNIARTIA INTERMEDIA. :T. X. B. foliolis 6-9 jugis cum impari, ovali-oblongis, utrinque obtusis, apice mucronatis, supra-glabris ; ramis petiolisque vil- loso-pubescentibus ; leguminibus stipitatis. Hab. in montibus circa Mexico. Les rameaux sont ligneux, arrondis, striés et de couleur cen- drée, pubescens vers leur extrémité ainsi que les plus jeunes, par des poils mols et blanchâtres. Les feuilles alternes, de 4 pou- ces de long, en y comprenant le pétiole qui a trois lignes. Les folioles opposées, de 8 à 9 lignes de long sur 3 de large, glabres en-dessus, pileuses en-dessous sur la nervure mediane, obtuses aux deux bouts, mucronées au sommet, et portées sur des pétio- les velus, d’une ligne de longueur. Les fleurs sont axillaires, so- litaires ou géminées, pédonculées, le pédoncule est velu, et long d’environ un pouce. Le calice est velu à 5 lobes, muni de deux bractées à sa base; les 3 lobes inférieurs sont allongés et profon- dément séparés, les 2 supérieurs soudés en un seul émarginé au sommet. Les étamines diadelphes 9-1 de la longueur du ealice. Je n’ai point vu la corolle qui manquait dans mes échantillons D'AMÉRIQUE. 255 déjà en fruits. Le légume est pédonculé, cultriforme, droit, gla- bre, lisse, mucroné au sommet, de 3 pouces de long sur 9 lignes de large; la suture séminifère est chargée d’une aile étroite, les valves carinées revêtues intérieurement d’une substance spon- gieuse blanchâtre. Le pédoncule soit stipe du légume est entouré du calice et du faisceau d’étamines desséchés. Les graines au nombre de 4 à 6 dans chaque légume , sont ovales arrondies, lisses, luisantes et jaunâtres. Les cotylédons charnus, l’embryon droit, la radicule courte, conique, tournée vers le hyle. Cette espèce diffère du B. Podalyrioides. H. B. K. par ses rameaux et ses pétioles velus et non glabres, ses folioles plus nombreuses, glabres en-dessus, et non velues des deux côtés, et par ses légumes fortement stipités. Du B. mollis. H. B. K. par ses folioles plus nombreuses, très- obtuses, non pointues, glabres et non pubescentes en-dessus, et par le duvet des petits rameaux blanchâtre et non brun. Enfin de toutes deux par son calice très-velu et non glabre. Nota. Je n’ai vu de cette plante que des rameaux chargés de fruits, mais l’examen des légumes et des débris du calice et des étamines qui persistent en forme d’anneau autour de la base de ceux-ci, ainsi que les caractères de la graine ne me laissent aucun doute sur le genre, et d’après les différences que je viens de si- gnaler, elle paraît ne pouvoir se rapporter ni à l’une ni à l’autre des deux espèces décrites. Des graines détachées de ces échantillons ont fort bien levé chez M. Fontaine, l’un de nos plus habiles jardiniers-fleuristes; 256 PLANTES NOUVELLES les pieds n’ont pas encore fleuri, mais ils sont vigoureux, et font espérer que cette espèce, d’un genre encore fort rare, se ré- pandra bientôt dans les jardins. Obs. M. De Candolle dans le Prodromus regarde le genre Brongniartia comme à peine distinct du Peraltea, et l'espèce que je viens de décrire me semble confirmer cette opinion, car elle a les légumes stipités des Brongniartia, et la suture sémini- fère ailée des Peraltea ; cette aile est bien moins apparente il est vrai que dans le Peraltea lupinoïdes, mais elle n’en existe pas moins, et dans le Peraltea oxyphylla DC. à en juger d’après les fruits jeunes, les seuls que nous connaissions, elle paraît ne pas exister du tout. Expncanon Des Fiçures. a. Graine vue extérieurement.—b. La même ouverte pour montrer la radicule. LAPLACEA BARBINERVIS. T. XI. L. foliis obovatis, glabris, nervo subtus apice barbato; caly- cibus glabris. Hab. in Peruvia prope Guayaquil. Les rameaux sont glabres, revêtus d’une écorce un peu subé- reuse, les plus jeunes velus. Les feuilles alternes, sessiles, co- riaces, glabres, ovales ou obovées de 15 à 18 lignes de long sur 6 à 8 de large, très-entières, d’un vert foncé en-dessus , la ner- vure médiane enfoncée et velue dans les plus jeunes, elles sont ferrugineuses en-dessous, avec unenervuremédiane épaisse, sail- lante et ornée vers le sommet de la feuille d’une touffe de poils jaunes, lereste de la feuille est parfaitement glabre, point luisant, D'AMÉRIQUE. 257 mais paraît granuleux à la loupe; les veines sont à peine visibles sur les feuilles adultes, et encore moins sur les jeunes. Les fleurs sont solitaires, axillaires, portées sur un pédonculeépais, incliné, et de moitié plus court que la feuille. Les sépales sont glabres, légèrement ciliés à leur bord supérieur, et ornés au sommet d’un pinceau de poils courts et jaunes, semblable à celui des feuilles, mais beaucoup plus petit. Je n’ai point vu les pétales ni les éta- mines. La capsule est velue, à 5 valves, à 5 loges; les valves épaisses, ligneuses, triangulaires , lisses intérieurement, et de couleur de canelle, bi-mucronées au sommet, et déhiscentes jus- que vers le milieu de leur longueur. Les graines sont oblon- gues, glabres, lisses, prolongées supérieurement en aile , fixées au nombre de deux dans chaque loge à un axe columniforme central pentagone. Elle est voisine du L. spectabilis H. B. K. nov. gen. T. 461, mais elle en est bien distincte par ses calices glabres et non soyeux, et par ses feuilles plus courtes, à nervure inférieure, barbue au sommet. ExpLicaTioN DE LA Ficure. a. Graine. TERNSTROEMIA RuIZIANA. T. XII. T. foliis ovato-oblongis, glanduloso serratis, basi subauricu- latis, subamplexicaulibus; floribus solitariis, axillaribus. Hab. in Peruvia prope Guayaquil. Les rameaux sont anguleux, glabres ainsi que toutes les au- tres parties de la plante. Les feuilles alternes, sessiles, pointues, de 2 à 3 pouces de long sur 1 de large, veineuses et réticulées, TOME VII, Î'° PARTIE. 32 258 PLANTES NOUVELLES la nervure épaisse et très-saillante à la face inférieure, le limbe est dilaté à sa base, et surtout dans les supérieures, forme deux petites auricules qui embrassent en partie le rameau ; de la base jusque vers le milieu de leur longueur elles sont très-entières , de là jusques au sommet elles sont dentées , les dents glandu- leuses arrondies. Les fleurs sont axillaires , solitaires , portées par un pédoncule épais , anguleux, de moitié plus court que la feuille. Le calice est environné à sa base par 4 bractées conca- ves, dont les 2 extérieures sont carenées sur le dos. Les 5 sépa- les sont soudés à leur base. Les pétales, aussi au nombre de 5, sont de même soudés en tube à leur base. Les étamines nom- breuses, le germe velu, le stigmate simple. Elle est voisine du T. punctata aubl. T. 228. Mais on l’en distingue au premier abord par ses feuilles sessiles et non pé- tiolées, pointues et non obtuses, dentelées par des glandes dans leur moitié supérieure seulement, etnon pas ponctuées et glan- duleuses dans tout leur contour. Execicarion pes Ficures. 4. Fleur avec son calice vue postérieurement.—b. La corolle avec les étamines.—c. Une étamine grossie.—4. Estivation des bractées.—e. Estivation des sépales. TERNSTROEMIA PAvonrANA. T. XII. T. foliis parvis, erassis, utrinque lœvibus, obovatis, obtusis, emarginatis, obsolete serrulatis; pedunculis solitariis. Hab. in Peruvia. Les rameaux sont nombreux, opposés et souvent verticillés, anguleux par la décurrence des pétioles, recouverts par une écorce D'AMÉRIQUE. 259 cendrée et fendillée. Les feuilles sont nombreuses, de 8 à 10 li- gnes de long, sur 5 à 7 lignes de large, supportées par de courts pétioles , épaisses, opaques et d’une consistance coriace , d’une forme ovée ou obovée, très-obtuses et plus ou moins émargi- nées àleur sommet; les bords lésèrement dentelés et repliés en- dessous ; la face supérieure luisante réticulée par des veines pro- fondément enfoncées, l’inférieure lisse, presque sans veines ap- parentes, mais la nervure est épaisse et saillante. Les pétioles sont canaliculés en-dessus, et ont à peine une ligne de long. Les fleurs sont axillaires, solitaires, portées par des pédoncu- les anguleux, courbés et épaissis au sommet, de la longueur des feuilles: Le calice est muni à sa base de deux bractées op- posées, ovales-lancéolées, carénées, pointues, denticulées à leurs bords, trois fois plus courtes que lui et caduques. Les sépales au nombre de 5 sont orbiculaires, concaves, coriaces, égaux en- tre eux, les deux extérieurs ciliés, frangés. Les pétales également au nombre de 5, sont soudés à leur base. Les étamines nom- breuses, environ 100, disposées sur plusieurs séries, attachées à l'extrême base des pétales , et trois fois plus courtes qu’eux; les filamens sont courts, réunis à leur base; les anthères oblon- gues, aiguës-mucronées, immobiles, à 2 loges, s’ouvrant longi- tudinalement de chaque côté. Le stigmate simple et obtus. Elle est voisine du T.meridionalis Lin. dont elle diffère par ses feuilles plus courtes, denticulées et non très-entières , forte- ment veinées en-dessus, tandis que dans la plante de Linné elles sont privées de veines. Elle a aussi des rapports avec le T. carnosa Camb. Mais elle s’en distingue par ses feuilles lisses et non ponctuées et sca- 260 PLANTES NOUVELLES bres en-dessous, par ses fleurs plus petites et par les sépales ex- térieurs, frangés ciliés, et non membraneux à leur bord. Note. J'ai comparé ma plante dans l’herbier de M. Kunth avec l'échantillon du T. meridionalis décrit par lui dans les Nov. Gen. et Sp. ; dans l’herbier de M. De Candolle avec son T. brevipes auquel il rapporte avec doute le T. meridionalis de Mutis ; avec son T. peduncularis auquel il rapporte également avec doute le T. meridionalis de Swartz , et avec la figure du T. meridionalis de la flore médite du Mexique qui est le T. lineata DC. Je l'ai aussi comparée avec le T. carnosa Cam- becèdes dans son propre herbier. Le T. pavoniana diffère de toutes ces espèces; elle pourrait peut-être se rapporter au T. quinquepartita R. Pav. Syst. 180, mais d’après la simple phrase des auteurs de la Flore du Pérou, il n’est pas possible de la reconnaître; d’ailleurs c’est de M. Pavon que j'ai recu l’é- chantillon que je décris, et sous le nom de T. pentapetala, ce qui exprimerait le contraire de quinquepartita, nom également faux, puisque les pétales sont soudées en godet à leur base; les étamines, quoique un peu plus ramassées devant le milieu des pétales, me paraissent en séries continuës, et non en cinq pha- langes distinctes. Hrerscus Tampricensis. T. XIV. H. pilis stellatis undique asper; caule paniculato, virgato, foliis hastatis, lanceolatis, argute serratis; rameis lanceolatis, basi cordatis ; floribus axillaribus terminalibusque ; pedunculis petiolo multo longioribus ; fructibus pentagonis, angulis subala- üis hispidis, D AMÉRIQUE. 261 Hab. in Republica Mexicana, prope Tampico de las Tamau- lipas. ubi detexit D. Berlandier. Florebat april. La tige est herbacée, droite ainsi que les rameaux, et comme ponctuée par des poils étoilés. Les feuilles caulinaires longues de deux pouces et plus, sont étroites lancéolées, portées sur des pédoncules d’un pouce de long ; elles vont en diminuant de grandeur à mesure qu’elles sont plus élevées, et celles des der- niers rameaux n’ont qu’une ou deux lignes de long, et sont à peine pétiolées ; toutes sont couvertes de poils étoilés, courts et très-nombreux qui les rendent pubescentes , vertes en-dessus , plus pâles en-dessous avec des nervures saillantes : on remarque sur cette même face inférieure des poils trifides plus longs que les autres et épars sur le duvet de poils étoilés. Les fleurs sont axillaires, solitaires, petites, portées sur des pédoncules un peu hispides, plus courts que la feuille sur la tige, et plus longs qu’elle sur les rameaux. Le calice est quinquéfide, à lobes égaux, pointus, un peu pubescens, ciliés à leurs bords par des poils plus longs ; l’involucelle est de moitié plus court que les sépales à 7 ou 9 folioles sétacées et pileuses. La corolle deux fois plus longue que le calice, d’un jaune de soufre, et les pétales hispi- des en-dehors par des poils longs et trifides. Les styles glabres. Le fruit, composé de 5 capsules bivalves et monospermes, est de la grosseur d’un pois; les angles sont presque ailés et ciliés par des poils longs, simples et diaphanes insérés chacun sur un petit tubercule. Les semences sont à côtes, gris fauve, et couvertes de très-petits points élevés qui les rendent rudes au toucher. Il appartient à la section des PextrasrermumM DC. et a des 262 PLANTES NOUVELLES rapports avec l'H. pentaspermum Bert. in DC. Prodr. 1, p.447, mais il s’endistingue facilement par ses feuilles beaucoup plus étroites, et par les poils de la tige et des rameaux courts et étoilés, et non simples comme dans la plante de Bertero, Hipiscus BERLANDIERIANUS. T. XV. H. tomentosus ; foliis cordatis, subrotundo angulatis, acu- minatis, remote denticulatis; involucello 10 phyllo, calyce breviore ; corollacalycem paulosuperante, capsula ovata, setosa. Hab. cum pricedente, Toute la plante est tomenteuse. La tige droite, ferme, épaisse et rameuse. Les feuilles grandes, de G pouces de long (je n’ai vu que les supérieures, dans le bas de la tigeellessontsans doute plus grandes encore) celles qui environnent les fleurs beaucoup plus petites; elles sont toutes arrondies et cordiformes à leur base, acuminées à leur sommet à 5 ou 7 nervures, un peu lobées, et chargées sur leurs bords de petites dents droites et écartées. La longueur des pétioles égale à peu près la moitié de celle de la famille. Les stipules sont petites, linéaires, subulées et droites. Les fleurs sont droites , axillaires, rapprochées au sommet de la tige ou des rameaux où elles forment une espèce de corymbe, dé- passant un peu les feuilles et portées sur des pédoncules épais. L’involucelle est composé de 10 folioles linéaires, pointues, à une seule nervure, et libres jusqu’à leur base. Le calice est semi quinquéfide à lobes pointus, épais, et à 5 nervures. La corolle est un peu plus longue que le calice, d’une couleur blanchâtre ou jaune sale, autant que l’on en peut juger sur les échantillons D AMÉRIQUE. 263 desséchés ; les pétales sont épais, obtus, à sommet réfléchi, à 9 nervures, très-tomenteux en-dehors, glabresen-dedans, et d’en- viron 2 pouces de long. Les étamines de la longueur de la co- rolle. Les stigmates au nombre de 5, et d’un pourpre foncé. La capsule est ovale, jaunâtre, mucronée par la base persistante du style, tomenteuseet toute couverte en outre de poils longs, droits et piquans, elle est de la longueur du calice. Les graines nom- breuses dans chaque loge sont arrondies , glabres et noirâtres. Cette espèce appartient à la section des ABEzMoscaus DC. et a beaucoup de rapports avec l’H. c/ypeatum, mais elle en est bien distincte par ses capsules ovales, point du tout tronquées au sommet. ExpcicarioN pe La Fiçurt. Calice dont une partie est enlevée pour laisser voir le fruit. Hrgrscus LAVATEROIDES. T. XVI. = H pilis stellatis totus conspersus ; foliis deltoideo-ovatis, acu- ts, basi truncatis, cordatisve, crenato dentatis ; pedunculis fo- 9 9 9 ? liorum longitudine, supra medium articulatis; involucellis 10 $ » SuF ; phyllis, spathulatis, calyce dimidio brevioribus ; corollis pilosis, capsulis ovatis. Hab. cum precedente. La racine est perpendiculaire , presque simple. La tige de 1 à 2 pieds , simple ou peu rameuse, chargée ainsi que toute la plante de poils étoilés qui la rendent rude au toucher. Les feuil- les sont distantes, portées sur des pétioles d’un à deux pouces de long, tantôt elles sont deltoïdes et pointues, tantôt ovales ou 264 PLANTES NOUVELLES D'AMÉRIQUE. plus ou moins arrondies , tronquées ou échancrées en cœur à leur base, un peu plus longues que le pétiole à 5 ou 7 nervures, velues des deux eôtés; à doubles dentelures, les dents arrondies un peu mucronées. Les stipules petites, subulées, aculéiformes. Les pédoncules sont axillaires, uniflores , dressés. Le calice se- miquinquéfide, à lobes aigus , munis de trois nervures; l’invo- lucelle de 10 folioles très-dilatées au sommet, pointues, ouver- tes et réfléchies après la fleuraison. La corolle est de la grandeur de celle du Lavatera punctata, une fois et demie plus longue que le calice, rose ou purpurine , parsemée extérieurement de poils étoilés. Les étamines sont de la longueur de la corolle; le style quinquéfide au sommet, pileux , les stigmates capités. La capsule est ovale, de la longueur du calice à 5 loges; chaque loge renferme cinq semences réniformes , brunes, recouvertes de longs poils laineux blanchâtres. Cette espèce appartient à la section des BomgicezLa DC. elle a tout-à-fait le port du Lavatera punctata et des affinités avec lHibiscus betulfolius. K. B. et K. Mais elle diffère de ce- lui-ci par sa corolle qui surpasse de beaucoup la longueur du calice, qui est pourprée ou rose, et non blanche, chargée de poils étoilés et non glabre; par ses capsules ovales et non globuleu- ses, et enfin par ses styles pileux et non glabres. Exezicarion pes Ficures. a. Section longitudinale de la corolle pour montrer la colonne des étamines,—b. Pistil avec les 5 stigmates.—c. Graines. L 7” ‘dé | 7. : a CSL CILALA BRONGNIARTIA DS 4 DER: « is SJ k LA + LI LE” * à . ” 4 * - : é* 5 LLC ». “ ) * 11. € 7 [4 us LAPLACEA 3 | & TERNSTROEMEA Pujeane PA : LA l'OL AIIT Êl 4 ES = . © = Si £ E Le} SR =. Ce a + 14 V2 | D 72 _— =) = je) VA , Fi, \ N Ÿ À * $ Ÿ N À À N 0 74 e CD sue HIBISCUS ve pe » re = DRE TE CT SE LE ET ï T. 16 ) D” se De A É À | fe Ya DT) l FRERE ne rh AL HIBISCUS PR : EeeeSeSe 2 TABLE DES MATIÈRES CONTENUS DANS LA PREMIÈRE PARTIE DU SEPTIÈME VOLUME. Faits relatifs à la construction d’une échelle des degrés de la chaleur ani- male, par M. Berger, docteur-médecin (2° partie). . . se ss eee ge De l'influence des professions sur la Durée de la Vie, par le docteur H. C. À PafiiLe à à EP MO RO PSS ER ete EL Das ee etai ee Mémoire pour servir à l’histoire de la Chenille du Hamac, par P. Huber.. x Notice sur les graines de l'Ananas, par M. A. P. De Candolle .… RUE Notice sur une nouvelle espèce d'Inula, trouvée aux environs de He par F. G. Reuter...:.:....,..........00. RS Nes (moine vos . 1 Description de quelques nouvelles espèces d’ cts du bassin du Léman, par FE. J. Pictet.- = Ste Sensor eeelaese SE tenÉ dos 1 Recherches sur les modifications qu'éprouve l'atmosphère par le contact de certains végétaux dépourvus de parties vertes, par M. F. Marcet... 1 Note sur une maladie des feuilles de la vigne, et sur une nouvelle espèce de Mucédinée, par M. J.E, Duby................ SMS 35500 2 Note additionnelle sur les maladies de la Vigne, ot tuee par M, Al- phonse De Candolle............ sens esse gerer 2 Mémoire sur une TRS Ant de Mirage, par M. P. Prevost..,... 2 Plantes nouvelles d'Amérique, par Stefano Moricand (2° partie). ....... 249 17 23 _ MÉMOIRES DE LA ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. Tome VII, If°° Partie. = Genève, Mouse: ru LR. ; ._ IMPRIMERIE A. L. VIGNIER, MAISON DE LA POSTE. +: ' —— _ — | 13856 . i MÉMOIRES LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈPE. | SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES CULTIVÉES DANS LE JARDIN DE GENÈVE, Par MM. Auc. Pyr. Er ALpn. DE CANDOLLE. Professeurs à l’Académie et Directeurs du Jardin. 1. BRACHYRIS dracunculoides. Pi. I. Cette plante est provenue, dans le Jardin, de graines sans dési- gnation de nom, envoyées par M. de Charpentier, et provenant Tom. vit, 27° PARTIE. 33 266 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES de celles récoltées dans F Arkansas par M. de Pourtalès, ancien élève de l'académie. Semée au printemps, elle commence à fleurir en pleine terre à la fin d'octobre. Elle forme une herbe dressée, vivace, d’un beau vert, rameuse, parfaitement glabre, etdont le port, avant la floraison surtout, ne ressemblait pas mal aux Galatelles de Cassini ou aux Euthamia de Nuttall. Sa tige a les rameaux cylindriques très-légèrement marqués de deux petites nervures ( projecturæ ) qui partent de la base de chaque feuille et se prolongent le long du rameau. Les feuilles sont lar- gement Jinéaires ou un peu lancéolées , sessiles, à peine aiguës, entières sur les bords qui sont un peu rudes, et munies de petites aspérités visibles. Ces feuilles ont 2 pouces de longueur sur 3 ou 4 lignes de largeur; elles n’ont qu'une nervure moyenne et quelques veines peu prononcées: leurs deux sur- faces sont ponctuées par des points glanduleux demi-transpa- rens et visibles même à la vue simple. Les capitules naissent vers le sommet de rameaux feuillés et disposés en corymbe; le rameau le plus central fleurit le pre- mier et ne porte qu’un seul capitule: les rameaux latéraux, qui se développent un peu plus tard, portent 3 à 4 capitules pres- que terminaux, et dont le plus précoce est celui du centre: on y voit, de plus, quelques capitules naissant aux aisseles supérieu- res et plus tardifs. Cette inflorescence générale est éminemment centrifuge. Chaque capitule est entouré de 3-6 feuilles florales inégales, qui lui servent comme d’involucre externe, et dépassent peu sa longueur : l’involucre interne, ou involucre proprement dit, est obové, composé de 5 à 6 écailles ovales, un peu obtuses, appli- Fr DU JARDIN DE GENÈVE. 267 quées, disposées sur 1 ou 2 rangs, et demi-foliacées. Le capi- tule se forme d’une vingtaine de fleurs jaunes. ; Celles du bord, au nombre de 10 à 11, disposées sur un seul rang, ont une corolle en forme de languette ovale, oblongue, un peu dentée an sommet, étalée horizontalement; cette languette porte un style divisé en deux branches linéaires un peu épaisses, etmunies sur leur bord interne de deux bourrelets stygmatiques; l'ovaire est obové, très-légèrement garni de poils très-courts vi- sibles à la loupe et dépourvu de véritable aigrette ; celle-ci se réduit à un petit rebord membraneux à peine visible. Les fleurs du disque, qui atteignent à peu près la longueur de l'involucre, sont au nombre d’une vingtaine, insérées sur un ré- ceptacle plane, étroit et alvéolaire; leur corolle est à cinq lobes réeuliers, les étamines ont les filets glabres, les anthères sans queues et terminées par un appendice aigu: leur style se divi- se en deux branches oblongues, un peu convexes et hérissées de poils courts en dehors, munies à l’intérieur de deux bourrelets stygmatiques. L’ovaire paraît complettement avorté , mais son bord supérieur porte une aigrette de 5 à 8 soies laminées blan- ches, un peu plus courtes que la corolle, et qui paraissent entières sur les bords. . Cette espèce s’approche du génre Donia, de Brown; mais elle n’a point de queue aux anthères. Elle ressemble aux Euthamia de Nuttall, mais son aigrette est composée de 5 à 7 lanières membraneuses et non de vraies soies: on ne peut la confondre avec le Donia de Nuttall, qui a des languettes nombreuses et sur plusieurs rangs. Elle semble mieux rentrer dans le genre Bra- chyris, mais diffère à quelques égards du Brachyris Euthamiæ 268 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES de Nuttall. 1° Cet auteur, en général fort exact, ne parle point des fleurs extérieures dépourvues d’aigrette. 2° Le nombre des languettes est dans notre plante de 10 au lieu de 5, et celui des fleurons du disque de 20 au lieu de 5. 3° Ces fleurons du disque semblent stériles et non fertiles ; enfin le réceptacle est alvéolaire au lieu d’être absolument nu. Quoique la différence des fruits du rayon et du disque ait avec raison motivé dans plusieurs cas la formation de genres distincts, l’extrème similitude du port de cette plante avec le Brachyris de Nuttall m'engage à la laisser réunie avec elle, mais en la considérant comme une section de ce genre. Je donne à cette section le nom de 4mphiachyris, et je caractérise la section et l’espèce comme suit : Secr. AmPiAcuyris. Achænia rad ferè calva aut corona bre- vissima donata. Flores disci ligulis numerosiores. — Sectio media inter Achyridem et Gymnosperma. Br. Dracunculoides, caulibus erectis ramosis teretibus, fo- lis lanceolato-linearibus punctatis uninervüs aut basi sub- uninervüs margine. scabridis, corymbo laxo, ramis oligoce- phalis, involucro obovato folis parvis bracteato, ligulis 10-13 ovali-oblongis invol. logioribus, fl. disci circ. 20. % in territo- rio Arkansano semina legit. A. de Pourtales. B. Angustissima, folis linearibus angustissimis uninervis. % cum priore. Folia lineam nec 3 lineas lata. Cette variété a aussi vécu et fleuri dans le Jardin, mais je n’ai pu trouver des différences suffisantes pour la considérer comme une espèce. DU JARDIN DE GENÈVE. 269 EXPLICATION DE LA PLANCHE. La sommité de la plante de grandeur naturelle; — 1. un capitule grossi; — 2. le même vu par dessous; — 3. le réceptacle; — 4 une fleur du rayon avant son épanouissement, avec un trait indiquant la coupe transversale de la corolle; — 5. ladite épanouie; 6.—une fleur monstrueuse, ayaut la corolle à 3 lobes, le style à 8 branches, et un rudiment d'ai- grette; — 7. le pistil de la fleur monstrueuse ; — 8. une fleur du disque: — 9. la corolle de ladite fendne en long; — 10. une fleur du disque à dix lobes; — 11. le style des fleurs du disque; — 12. l'aigrette du disque: — 13, une feuille inférieure. DC. 2. GUIZOTIA ofefera. PL. 2 et 3. La plante qui fait le sujet de cet article est un exemple cu- rieux et de la confusion de nomenclature qui est résultée dans la famille des Composées du vague des anciens caractères géné- riques et de l’ignorance, où sont souvent les naturalistes sur les objets les plus usuels des pays étrangers. Cette plante a vécu dans le jardin de Genève comme dans la plupart des jardins de l’Europe , provenant de graines transmises sous divers noms. Comme elle est annuelle et qu’on ignorait le rôle usuel qu’elle Joue dans les pays lointains, on a négligé d’en recueillir les grai- nes, et elle a souvent ainsi disparu des jardins où elle a été suc- cessivement introduite. Aujourd’hui, que sa structure est mieux connue; on peut suivre cette plante sous les noms divers qui lui ont été imposés. 270 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES La première mention qu’on peut citer est celle que Linné fils en a publié en 1781, sous le nom de Polymnia abyssinica. Bru- ce, peu de temps après, la désigna sous celui de Pol/ymnia flon- dosa. Comme la plante n’a point les caractères du genre Po- lymnia, personne de ceux qui la rencontrèrent depuis ne la reconnurent dans ces auteurs. En 1814 Roxburgh désigna la même plante, qu’il croyait en- tièrement inconnue, sous le nom de Verberina sativa; et Sims la figura sous ce nom (mais sans donner aucun détail sur la structure ) à à la pl. 1017 du Botanical Magazine. Sprengel la désigna en 1818 sous le nom de Parthenium lu- teum, et en 1825 sous celuide Jægera abyssinica, la rapportant ainsi à deux genres dont elle n’a pas les caractères. Cassini qui l'observa en 1822, s’approcha de plus près de la vérité en lui donnant le nom d’ Heliopsis platyglossa, etLedebour, en 1824, en la nommant Tetragonotheca abyssinica. En effet, notre plan- te estexactement intermédiaire entre les genres Heliopsis et Te- tragonotheca. Cassini, reprenant l'examen de cette plante si controversée, reconnut en 1829 qu’elle formait un genre nouveau, et la nom- ma Guizotia abyssinica, en la dédiant au célèbre historien, au- jourd’hui ministre de l'instruction publique. Cassini ne connais- sait que la plante qu’on disait venir d’Abyssinie, et ignorait son identité avec l’espèce de l'Inde. Cependant, en 1830 M. Wallich distribua cette plante avec toutes les autres richesses dont la libéralité de la Compagnie des Indes a doté les collections européennes, et lui donna dans son catalogue d’abord lenom d’Helianthus oleifer , puis (par une SE s ar. ss « L 2 DU JARDIN DE GENEVE. 271 inadvertance que l’immensité et la rapidité de cette distribution fait comprendre) , sous celui de Bidens ? Ramtilla. Examinant ce séchantillons en 1832, je ne tardai pas à reconnaître que cette plante n’appartenait ni aux Bidens, ni à l’Helianthus, ni au Verbesina, ni au Buphthalmum , ni à l'Anthemis , genres sous lesquels M. Wallich nous apprenait que les botanistes indiens l'avaient placée, et je proposai de la considérer comme un genre nouveau , auquel je donnai le nom de Ramtilla pour rappeler son nom populaire et son principal usage. Je la désignai ainsi dans lemanuscrit envoyé à M. Whight et Arnolt, et qu’ils ont publié à la page 18 des contributions pour la botanique de l'Inde. Reprenant de nouveau ce sujet, et comparant les échantillons des jardins avec ceux de l'Inde et les descriptions des divers au- teurs, je me suis assuré de l'identité de la plante de Inde avec celle de PAbyssinie, et J'ai dû par conséquent rayer le nom de Ramtilla que j'avais proposé, pour le remplacer par celni de Guizotia qui est plus ancien. Quant au nom spécifique, j'ai cru devoir supprimer celui d’Abyssinica, parce qu’il est très-douteux que cette plante soit spontanée en Abyssinie; elle y est cultivée, ainsi que dans l’Inde, comme plante oléifère, et ilm’a paru plus convenable de conserver le nom spécifique d'oleifera qui rappel- le P emploi et la célébrité populaire de la plante. Le genre Guizotia appartient aux Helianthées Heliopsidées de Cass ni et de Lessing, et se trouve très-naturellement placé entre l’Heliopsis et le Tetragonotheca; il diffère du premier par ses achænes couronnés par un disque étroit, par ses corôlles fortement barbuss à leur base ainsi qu’au sommet du tube, et 272 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES toutes articulées sur l’ovaire; par les écailles de son involucre , libres entre elles, et peut-être doit-on ajouter par sa racine an- nuelle et par son habitation dans l’ancien monde et non dans l'Amérique. Il se distingue du Tetragonotheca par son involu- cre à écailles libres, et qui n'offre point la forme carrée qui a motivé le nom de ce genre, par son disque épigyne plus grand, et par la disposition des houppes poilues de la corolle. L'espèce du Guizotia oleifera présente deux variétés : a sATIVA, folis elongato-lanceolatis grosse serratis, ramulis elongatis subcorymbosis. C’est à elle que se rapportent tous les synonymes cités et ma planche seconde. 8 AnGusrior folits lineari-lanceolatis subdentatis, ramulis axil- laribus floriferis brevissimis. Elle croit au bord des lieux aqua- tiques dans le Bengale, et paraît le type sauvage de l'espèce. J'en donne la figure à la planche troisième. Si nous passons maintenant à l’usage de la plante, nous trouvons que parmi les huiles fixes employées au Bengale, celle de Sésame tient san; doute le premier rang pour sa bonté, mais qu’on s’y sert aussi très-habituellement d’une autre huile, celle de notre plante. Elle y est connue sous les noms de Ram-til, -Ram-tilla, Huts-yelloo , Kutrelloo ou Werinnua , dans les différens idiomes de l’Inde anglaise. Cette huile n’est encore à ma connaissance mentionnée dans aucun des dictionnaires généraux d'histoire naturelle économique ou médicale publiés , et les seules mentions que j’en connaisse se trouvent à l’article Sésame, de la matière médicale de l'Inde, publiée en 1825, par le Dr. Ainslie , et dans les traités sur l’Inde du Dr. Heine, à la À. 0 ont nent DU JARDIN DE GENÈVE. : 273 page 49. Le premier de ces auteurs, qui la mentionne sous les noms de Huts-yelloo et de Ram-tilla, dit que cette huile est em- ployée dans le pays de Mysore pour la préparation des mets. Le second semble croire que cette huile est particulière au Ben- gale , et notamment aux provinces éloignées de la mer; il la mentionne sous le nom de Werinnua, et dit que l'huile expri- mée de ses graines est celle qu’on emploie communément pour la lampe dans toute l’Inde supérieure , et qu’elle donne une flamme très-claire. Si à l’époque où le Guizotia a vécu dans le jardin de Genève, J'avais connu tous les détails dans lesquels je viens d’entrer , J'aurais attaché plus d'importance à cette plante, et j'aurais tenté d’en obtenir des graines en quantité suflisante , pour sa- voir si sa culture dans nos climats, comme plante oléagineuse , peut mériter quelque intérêt. Comme il est probable que l’espè- ce se sera conservée dans quelques autres jardins, je publie ces résultats de mes recherches , afin d'attirer sur elle l'attention des directeurs de ces établissemens , et les engager à examiner cette plante sous Le rapport économique. EXPLICATION DES PLANCHES. À. Guisotia oleifera , «. Sativa de grandeur naturelle; — 1. une feuille inférieure; — 2. le réceptacle avec une partiede l'involucre ; — 3. une écaille de l'involucre; — 4. une fleur du rayon; — 5. une fleur du disque; — 6. une paillette du réceptacle; —7. la co- rolle du disque fendue en long et étalée; — 8. un fruit avant sa maturité; — 9. l'embryon grossi; — 10. une anthère grossie. B. Guizolia oleifera, B. Angustior de grandeur naturelle; — 11. un capitule grossi, ainsi que les articles suivans ; — 12. une fleur du rayon; — 13. une écaille du réceptacle ; — 14. une fleur du disque; — 15. une paillette du réceptacle ; —16, une corolle du disque ouverte et étalée. c DC. TOM. 2, vi" PARTIE. 34 274 SEPTIÈME -NOTICE SUR LES PLANTES RARES 3. HELIANTHUS macrocarpus. DC. Prod. v. 5, ined. II. Caule erecto vix ramoso strigoso, folus allernis petiola- ts ovatis acuminatis dentatis subscabris grosse triplinervis , sumrnis juxta capitulum subconfertis ettam petiolatis, invol. squamis scabris ciliatis acuminatissimis, ligulrs basi pubentibus oblongo-lanceolatis, achænits corollis disci per anthesin duplo longioribus. Pendant long-temps toutes les espèces annuelles d'Hélianthe ont été confondues sous le nom d’Helianthus annuus; mais dans ces dernières années on a commencé à reconnaître qu’il y avait “plusieurs espèces d’Hélianthes annuels, et ces espèces forment dans le genre un pètit groupe bien caractérisé par la durée et le” port des plantes qui le composent. Outre AH. annuus (dont VA. indicus devra peut-être se distinguer), on y compte l’IL. lenticu- P , laris de Douglas, les Hel. patens et ovatus de Lehman , et no- S1as, , tre nouvelle espèce. Toutes les espèces de ce groupe, dont la patrie est connue , sont originaires de l'Amérique , d’où l’on peut inférer que notre nouvelle espèce en est aussi provenue ; mais sa patrie nous est inconnue. Cette plante est provenue, dans le jardin de Genève, de graines envoyées sous le nom d’Helianthus longicarpus; je n’ai pu découvrir aucune descrip- AIT EU EEE ( tion de cette espèce dans les livres publiés, et comme le nom de longicarpus, composé d’un mot latin et d’un mot grec, ne O ù P . 2 peut être conservé , je m'en suis éloigné le moins possible en lui DU JARDIN DE GENÈVE. 275 imposant le nom de rnacrocarpus. La plante est intermédiaire entre l'A. annuus et V'H. ovatus ; elle se distingue assez bien de et l’une de l’autre par ses fruits, qui, à l’époque de la floraison sont presque deux fois plus longs que les corolles du disque. Ses feuilles sont pétiolées; les fleurs du disque, aussi bien que les languettes du rayon, sont d’un jaune citrin : les languettes ont deux pouces et demi de longueur sur 8 à 9 lignes de largeur; el- les se terminent par quelques dents aiguës: les corolles du dis- que sont velues à la base; les paillettes du réceptable, aussi bien que les écailles de l’aigrette, sont de couleur pâle et blanchâtre. L’IT. ovatus (Lehm. cat. hort. amb. 1828, p. 16.) est assez répandu dans les jardins ; mais ses graines nous ont été souvent envoyées sous le nom, évidemment faux, d’H. petiolaris. Les Hel. lenticularis et patens diffèrent des autres espèces annuelles parce que les corolles de leur disque sont brunes ou d’un pour- pre foncé, et non de couleur jaune. La première est née dans le jardin de graines recueillies dans le territoire de l’Arkansas par M. de Pourtalès, ; DC. 4. HELIANTHUS orgyalis. DC. Prod. v. 5, ined. H. Caule elato lævi, foliis alternis sessilibus linearibus planis subdenticulatis vix subscabridis univerviüs , capitulis 5-7 co- rymbosis longe pedunculatis , involucri squamis linearibus. 276 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES acuminatis ciliolatis, recept. pales lineari-subcuneatis integris apice subciliatis, achænio glabro 2-3-4 aristato. I. angustifolius Lin. sp. 1279 non Michaux. Coreopsis Mill. icon. t. 224, f. 2. Il'existe dans le sud des Etats-Unis d'Amérique deux espè- ces d’Hélianthes, qui ont été souvent confondues, et qui, lune et l’autre, sont indiquées par Linné, l’une sous le nom de Rud- beckia angustifolia, Vautre sous celui d'Helianthus angus- tifolius. La première étant beaucoup plus commune, a été fré- quemment observée par les modernes , et comme elle n’a point les caractères du genre Rudbeckia, ils n’ont pas hésité à la re- garder comme l’Helianthus angustifolius de Linné ; c’est sous ce nomqu’elle est désignée dans la flore de Michaux, et dans les ouvrages modernes sur la flore des Etats-Unis; c'est sous ce nom qu’elle est figurée dans le Botanical Magazine ; pl. 2057. Cependant des graines récoltées dans le territoire de l’Arkan- sas, par M. de Pourtalès, ont donné naissance à un Helianthus différent du précédent, et qui répond très-bien soit à la figure de Miller citée plus haut, soit à la phrase spécifique que Linné a adoptée pour son Helianthus angustifolius. Cette plante de- vrait, en suivant les règles à la rigueur, conserver ce nom; mais comme les deux plantes sont évidemment congénères , l’une des deux doit perdre son nom spécifique , et jai cru qu'il y aurait moins de confusion, en conservant le nom d'angustifohius à a plante de Michaux, qui est fort connue, et en donnant à celle_ ci, qui est rare et à peine connue des botanistes, un nom nou- veau. J'ai fait choix de celui d’orgyalis, pour indiquer sa s'ature élevée et qui varie de 6 à 10 pieds. DU JARDIN DE GENÈVE. at Cette plante fait, comme l’Hel. angustifolius de Michaux , partie d’une petite section du genre caractérisée par ses racines vivaces et par le disque du capitule de couleur brune et non jaune. Le collet de sa racine pousse plusieurs tiges simples droï- tes, et qui donnent à la plante un aspect élégant , digne de la faire rechercher dans les jardins paysagers. Cette tige est en- tièrement glabre, tandis que celle de VA. angustifolius est tou- jours un peu velue. Les feuilles sont planes sur les bords et nullement roulées en-dessous, comme dans l'A. angustifolius. Elles ont quelques légères dentelures qui manquent dans l’es- pèce de Michaux. L’aigrette des fruits se compose de 2, 3 ou 4 petites écailles, dont 2 sont plus grandes que les autres: celle de l'A. angustifolius n’a jamais que deux écailles. DC. 5. MADIA satiwa Mol. Quoique le Madia soit depuis plusieurs années assez répandu dans les jardins, il n’a encore présenté quelques observations qui me paraissent dignes d’être rapportées ici. 1° L’examen détaillé que j'ai fait de la plante des jardins, en’ la comparant soit avec les ouvrages publiés, soit avec des échan- tillons du Chili, m’a convaincu, comme M. Don l’avait déjà pensé, que les M. viscosa, mellosa et sativa des auteurs ne for- ment qu'une seule et même espèce. La description de Molina 278 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES est si mauvaise, qu’on peut facilement comprendre que les auteurs subséquens aient cru devoir distinguer la plante qu'ils avaient sous les yeux; mais tous les documens provenant dun Chili tendent à prouver leur identité. 2° Cassini a séparé du Madia une plante qu’il a observée dans les jardins , et il en a fait un genre sous le nom de Brotra. Ce prétendu genre ne diffère du Madia que parce que les fleurs du rayon au lieu d’être en forme de languette , sont en formé de tube dilaté, agrandi , assez régulier. Ayant eu occasion d’a- voir cette plante dans le Jardin, provenue de graines du Madia sativa ; il'a été évident qu’elle est la même que le Madia ordi- naire. Elle ne constitue pas même une vraie variété, et n’en est qu’un état monstrueux; cette assertion est prouvée, soit par- ce que dans les capitules du même individu on trouve cà et là l’état normal et l’état monstrueux, soit parce que plusieurs au- tres Compostes offrent accidentellement cet état des corolles du rayon ; je l'ai observé en particulier dans les Tagètes, dans quelques Chrysanthemums, et la monstruosité à corolles larges et tubulées de la Reine Marguerite (Callistephus Chinensis) en dif- fère fort peu. Le genre Eudorus, de Cassini, fondé sur le même caractère, ne peut pas le moins du monde être conservé ; Jai aussi observé cette plante dans le Jardin; la structure des co- rolles larges et tubuleuses de son rayon a été constante , mais je ne crois pas que lespèce puisse être séparée du genre Sene- cio , soit à cause du peu de valeur de ce caractère , soit par son intime ressemblance avec le Senecio doria: je ne serais pas étonné qu’on vint à prouver que l’Eudorus (pour moi Senecio Eudorus) n’est qu'un état particulier du Senecio Doria, comme le Biotia l'est du Madia sativa. DU JARDIN DE GENÈVE. 2:59 3° Les auteurs ont en général décrit le genre Mädia comme ayant le réceptacle nu; mais cette manière de s'exprimer me paraît inexacte. Les écailles de l’involucre sont formées de tou- tes les feuilles rudimentales situées en dehors du rang le plus extérieur des fleurs, et on donne le nom de paillettes du récep- tacle aux feuilles rudimentales, souvent très-semblables aux précédentes, mais qui se trouvent placées en dedans du rang extérieur des fleurs. En partant de cette définition avouée de tous les botanistes, on trouve que les écailles de l’involucre , qui sont concaves, embrassent les fruits des fleurs du rayon, et qu’en dedans de ce rang extérieur se trouve une rangée de pail- lettes qui séparent le disque du rayon; cette rangée d’écailles est unique, et le réceptacle est nu dans le reste de son tendue; il est done de la classe de ceux qu’on a souvent appelés sernipa- —leacea. Cette observation a quelque importance , car elle tend .à rapprocher le Madia des genres à réceptacle garni de pail- Jettes , et non de ceux à réceptacle nu. Or le Madia est, selon moi, le type d’un groupe composé de ce genre et de cinq autres, originaires de: la Californie. Ce groupe des Madiées me paraît assez convenablement placé à la fin des Héliopsidées entre cel- les-ci etles Anthémidées. Il est remarquable que le Madia est du Chili, et qu’ainsi le groupe entier des Madiées est originaire _de la ôte ouest de l’ Amérique. 4° Je terminerai ces observations sur une plante si connue, en ajoutant que parmi les plantes récoltées en Californie par - Douglas, et que la Société d’Horticulture de Londres a bien voulu m'envoyer , j'ai rencontré un échantillon du Madia sa- . tva. L'espèce serait-elle aussi indigène à la Californie, ou se- 280 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES rait-elle cultivée dans ce pays comme plante oléagineuse? Cette dernière opinion me semblerait la plus probable; car, quoique j'aie trouvé plusieurs genres de Composées dont les espèces croissent les unes au Chili, les autres à la Californie, je n’en puis citer qui soient avec certitude communes aux deux pays. DC. 6. MADARIA elegans, DC. Prod. v. 5, ined. Je désigne sous ce nom la plante décrite par M. Don (botan. regist. t. 1458) sous le nom de Madia elegans. On ne pouvait en effet la rapprocher que du genre Madia tant qu’on ne con- naissait que ces deux plantes ; mais les découvertes de Douglas et les obligeantes communications de la Société d’Horticulture m'ayant mis à même de connaître six genres appartenant au même groupe, il a été nécessaire d’en établir la classification d’une manière plus complète. Le genre Madaria diffère du Madia, 1° parce que les fleurs du disque sont, par l'avortement du style, stériles, au lieu d’é- tre fertiles; 2° parce que le réceptacle, qui, comme dans le Ma- dia, n’est garni de paillettes que sur le bord entre le rayon et le disque , a le centre conique et garni de petits poils courts et ‘serrés , au lieu d’être plane et entièrement nu; 3° parce que “les achènes du rayon sont comprimés, mais munis sur chacune de leurs faces latérales d’une nervure longitudinale, qui, selon le DU JARDIN DE GENEVE. 281 degré de sa proéminence, leur donne une forme à peu près pen- tagone , et terminés à leur base par une très-petite pointe cour- bée. Jai donné à ce genre le nom de Madaria, qui vient de pays Chauve , en faisant allusion aux fruits dépourvus d’ai- grette; ce caractère est commun au Madia et au Madaria ; mais les autres genres du même groupe ont les fruits tous ou la plu- part couronnés d’aigrette écailleuse. * Outre le Madaria elegans, dont la description et la figure äu Botanical Register me dispensent de parler en détail, je possède en herbier deux autres plantes qui font partie du même genre, mais que je n’ose affirmer être des espèces ou des variétés. Voici en conséquence le tableau des espèces du Madaria. 1. M. ercaxs, caule folisque pilis apice glandulosis et se- tis eglandulosis mixtis lüspido. © in California. Madia ele- gans Don. in Lindl. bot. reg. t. 1458. 2. M. corvusosa, caule involucrisque pilis apice glandulo- sis et satis eglandulosis hispido foliis linearibus villosis subhis- pidis eglandulosis & ad flumen Columbia Amer. Bor. 6. Hispida, caule folis involucrisque pilis omnibus eglan- dulosis pa-tulis hispidis © in California. An species propria ? DC. 7. EGLETES Donungensis Cass. Cette plante avait été primitivement décrite par Swartz, sous le nom de Matricaria prostrata , et ensuite par Willde- TOM. VII, 2° PARTIE. 39 28? SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES now , sous celui de Pyrethrum simplicifolium. Cassini , qui a très-bien” reconnu que cette plante, jointe à quelques autres matricaires américaines, formait un genre particulier , lui a donné le nom d’Egletes domingensis. Quoique le changement du nom spécifique me paraisse en général une méthode propre à jeter d'autant plus de confusion, que le changement forcé du nom générique rend déjà la nomenclature embarrassante , j’ai cru, dans ce cas particulier, devoir l’adopter, vu qu’il existe une autre espèce d’Egletes qui porte le nom d’E. Aumifusa , et que notre plante mériterait mieux l’épithète de diffusa que celle de prostrata. | La plante qui a vécu dans le Jardin , comparée avec Pexcel- lente description de Swartz, y répond très-exactement , sauf les légères observations suivantes: r° Les sommets des rameaux et les pédoncules sont, avant la fleuraison, couverts d’un duvet aranéeux, puis ils deviennent glabres à mesure que la plante approche de la maturité; 2° les feuilles inférieures ont un pouce et demi de longueur , sur un pouce de largeur; 3° les rayons de la couronne sont au nombre de 20 environ. 4° Les pédon- cules sont plutôt opposés aux feuilles que véritablement laté- raux. ‘ - M. Wydler a trouvé dans l’île de St.-Thomas une plante qui ressemble beaucoup à la précédente, mais dont la tige, les feuilles et les involucres , sont parfaitement glabres. Je la con- sidère provisoirement comme une simple variété (6 g/abrata) ; mais Je ne serais pas éloigné de croire que, mieux étudiée, elle devra être considérée comme une espèce: sa racine, d’après l'herbier, semble vivace. Cette plante mérite l'attention des DU JARDIN DE GENÈVE. 283 voyageurs , et d’après la divergence de quelques descriptions , je serais porté à penser que nous confondons ici plusieurs es- pèces. DC. 8. RHYNCHOPSIDIUM sessiflorum. PL. 4. Les graines de cette petite plante ont été envoyées au Jardin de Genève sous le nom de Leyssera ciliata; mais ce nom est évidemment faux. En effet, le Leyssera ciliata de Thunberg est, d’après le témoignage de Lessing , l’Aster taxifolius , plante fort différente de celle-ci, et de plus elle n’a les caractères ni du genre Leyssera, ni du genre Mairia auquel l’Aster taxifolius de Linné doit être rapporté. On devait cependant conjecturer de cette nomenclature, que la plante est originaire du Cap de Bonne-Espérance, et j'en trouve en effet des échantillons indi- gènes du Cap, et provenant dans mon herbier soit des envois de M. Burchell, qui l’a trouvée dans les districts orientaux de la colonie et recueillie sous son n° 6234, soit de ceux de M. Eck- lon qui l’a observée dans le lieu dit Hottentots-Holland , et qui l’a envoyée sous le nom de Leyssera species, d'où je serais tenté de présumer que ces graines proviennent peut-être de ce voya- geur. Notre plante forme une petite herbe haute de 4 à 6 pouces; sa racine est petite, fibreuse, et je la suppose annuelle, vu que 281 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES la plante se trouve en fleurs trois mois après sa naissance. La tige est grêle, cylindrique, peu rameuse ou simple dans sa par- tie inférieure, divisée vers le sommet en deux ou trois rameaux floraux. Cette tige est, aussi bien que les feuilles, hérissée de petits poils étalés, moux et glanduleux à leur sommet. Les feuilles sont rigoureusement linéaires, parfaitement entières , aiguës à leur sommet, très-légèrement concaves en-dessus, lar- ges à peine d’une demi-ligne ; les inférieures sont opposées et longues d’un pouce et demi; les supérieures sont alternes, rap- prochées les unes des autres, et longues de 8 à 9 lignes au plus. Les capitules ou têtes de fleurs naissent les unes à l’aisselle des branches, les-autres à leur sommet, quelques-unes latérales près du sommet. Toutes sont sessiles et entourées de feuilles qui jouent Le rôle de bractées, et dont la longueur, à peu près égale à celle des capitules, ne dépasse pas 3 ou 4 lignes. L’involucre est ovoïde un peu oblong, parfaitement gla- bre, composé d’écailles scarieuses , surtout sur les bords, em- briquées et serrées les unes sur les autres; les extérieures courtes, ovales et presque obtuses , les intérieures plus longues et plus aiguës. Le réceptacle est chargé de paillettes linéaires, assez semblables aux écailles intérieures de linvolucre, embrassant chaque fleur dans leur concavité, et dépassant légèrement la lon- gueur des fleurs du disque. Le capitule se compose de 8 à ro fleurs jaunes. Celles du bord, au nombre de 4 à 6, sont des languettes ou demi-fleurons étroits, entiers, droits, linéaires, oblongs, et qui dépassent un peu la longueur de linvolucre ; ces languet'es sont dépourvues d’étamines. Les fleurs du disque sont tubuleuses, hermaphrodites, à 5 dents, et de la longueur de DU JARDIN DE GENÈVE. 285 l'involucre. Les unes et les autres sont munies de quelques poils vers le sommet du tube. Les anthères des fleurs du disque ont les filets glabres , et les anthères munies à leur base de pe- tites queues. Le style se divise en deux branches glabres au sommet dans les fleurs en languette, terminée par une petite houppe de poils dans celle du disque. Les fruits ou achènes sont cylindriques, un peu amincis au sommet, couverts de poils nombreux, serrés et demi-étalés. Ceux du centre sont presque glabres, et paraissent alors stériles. L’aigrette se com- pose de plusieurs petites écailles, un peu soudées par leur base, dentées à leur sommet , disposées sur un seul rang, et formant une petite couronne dentelée. Il résulte de cette description, 1°que notre plante n’a de rap- port intime qu'avec le Rhynchocarpus lateriflorus de Lessing, syn. p. 383. Mais d’abord, quant à l'identité spécifique , elle semble en différer par ses feuilles décidément linéaires et nul- lement ohovées-linéaires. On a coutume de réunir sous ce nom le Relhania lateriflora de Lhéritier, et le Relhania sessiliflora de Thunherg. Cette dernière est décrite comme ayant les feuil- les linéaires, la première répond à l’espèce de Lessing. Jusqu’à plus ample information , je considère ces plantes comme deux variétés, et J’admets pour nom d’espèce celui de sess/ffora qui est le plus ancien. 2° Quant au genre, le nom de Rhynchocarpus ne peut être conservé, soit parce que Reinwardt l'avait avant Lessing donné à un tout autre genre , soit parce qu’il convient peu à notre plante dont le fruit est à peine rétréci au sommet, soit enfin parce qu’il me paraît impossible de séparer de ce gen- re deux autres espèces qui font partie de la section des Nano- 286- : SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES phyton de Lessing (syn. p. 382), et qui n’ont pas ou pres- que pas le fruit aminci au sommet. J'avais d’abord admis ce nom de Nanophyton comme nom de genre, mais M. Lessing' l'ayant dès lors consacré lui-même à un genre différent, J'ai cru, pour éviter toute équivoque, devoir donner au genre actuel le nom de Rhynchopsidium , qui rappelle un peu le nom de Rhynchocarpus et indique que l’existence du bec est douteuse. Ce genre de la division des Relhaniées peut être défini et carac- térisé comme suit. Rayncnorsmiom. Capitulum multiflorum heterogamum , fl. radi fæœmineis ligulatis , disci tubulosis 5-dentatis hermaphro- ditis, intimis sæpe pressione abortivis. Recept. planum paleis scariosis acumunatis amplexifloris onustum. Invol. arcte im- bricatum. Cor. tubus apice puberulus. Achænia teretia elon- gata brevirostrata pilis adpressis villosa, intima sæpe abortiva glabra. Pappus multipaleaceus brevissimus. — Herbæ Capen-. ses annuæ graciles. Folia alterna sessilia linearia integerrima pilis capitatis obsessa. Capitula terminalia, ramulis evolutis de- mum lateralia, sæpius sessilia. Flores luter. EXPLICATION DE LA PLANCHE. AB. Deux fragmens de la plante de grandeur naturelle; — 1. le capitule de grandeu, naturelle ; — 2. le dit grossi; — 3 à 8. écailles de l'involucre, en commençant par les exté- rieures, et en finissant par celles du centre; — 9. réceptacle chargé de ses paillettes; — 10. poils de la plante vus à une très-forte loupe; — 11. une fleur du rayon très-grossie; — 12. son fruit à mâlurité très-grossi; — 13. une fleur du disque grossie; — 14. corolle du disqne fendue en long et étalée; — 15. étamines étalées; — 16. la sommité du style des fleurs du disque avant l'épanouissement ; — 17. la dite après l'épanouissement ; — 18. un athène du disque de grandeur naturelle ; — 19. le dit grossi. DC DU JARDIN DE GENÈVE. 287 9. STAPELIA Europæa Guss. Stapelia Europæa Guss ! fl. sic. suppl. 4, p. 65 (1852), et in act. Soc. Borb. ic. ex Guss. Stapelia Gussoneana. Jacq: fil. ex Lindi. Bot. Reg. t. 1751 (1855). La plante qui fait le sujet de cet article a été envoyée au Jardin par M. Gussone lui-même; elle est remarquable parce qu'elle croît dans la petite île de Lampedusa , entre l’île de Malte et la côte de Tunis. C’est à raison de cette circonstance que M. Gussone lui a donné le nom de St. europæa, car elle est la seule qui se trouve sauvage en Europe; il faut cependant noter que Lampedusa est bien plus près des côtes de l'Afrique que de celles de l’Europe, et que par conséquent l'exception est plus relative à nos classifications artificielles de géographie qu’à la réalité. Toutes les autres Stapéliées habitent les envi- rons du Cap de Bonne-Espérance, sauf deux qui vivent dans l'Inde et forment le genre Caralluma , et trois qui vivent en Arabie, mais qui sont encore trop peu connues pour oser assi- gner leur place avec exactitude. Comme les espèces de l'Inde forment un genre distinct de celles du Cap, il était naturel de rechercher si l'espèce euro; éenne présenterait quelque diffé- rence d’avec les espèces du sud de l'Afrique. Elle diffère de la plupart d’entre elles par son inflorescence, car les fleurs au lieu de naître des aisselles des feuilles, sortent des côtés mêmes de la tige. Parmi les genres ou sous-genres qui ont été proposés dans les Stapéliées par Haworth, le seul dont 283 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES notre espèce se rapproche est le genre Obesia , dont les plan- ches 24, 25 et 28 des Stapeliæ de Médine Stunt tarte et dont les planches du S/. geminata et du St. serrulata de Jacquin montrent les détails. Mais notre plante en diffère, ° parce que les boutons, au lieu d’être en pyramide alongée, sont parfaitement déprimés au sommet; 2° parce que les filets des étamines sont simples et non bipartites. Je pense d’après, ces faits, que le St. europæa forme, dans le grand genre des Stapelia, une section spéciale voisine de 'Obesia. Je lui donne le nom d’Agenoria (1) en souvenir d’Agenor, père d'Europe, et pour faire alitsionis l'origine européenne de la seule espèce qui compose ce groupe. Il est digne de remarque que, dans un grand nombre de cas, les espèces qui croissent dans un pays fort différent de la masse du genre auquel elles ont été rappor- tées, méritent souvent, à un examen ultérieur , d’en être dis- tinguées ou comme genre ou comme section; c’est sous cè rapport que l'observation précédente me paraît avoir quelque intérêt. DC. 10. EUPHORBIA GLOBOSA Pr. 5. Dactylanthes globosa. Haw. philos. Mag. Nov. 1825. Les euphorbiacées à tige charnue sont aussi remarquables par (1) Le genre Agenoria de Don se trouve idéntique avec le Piptopogon de Cas- sini, et rentre dans l’ancien genre Seriola d’après Lessing. DANS LE JARDIN DE GENÈVE. 289 leurs fleurs que par leur port, ce qui me détermine à donner ici une figure complète de l'espèce appelée par Haworth Dac- tylanthes globosa. La description de ce botaniste étant d’ail- leurs très-insuflisante , il ne sera pas inutile d’en donner une plus détaillée. L'ensemble de la plante ressemble à une Stapelia, mais la forme des rameaux est beaucoup plus variable, plus irréguliè- re. Ils partent d’un corps lisse, charnu, globuleux, large de 1 à 3 pouces, de la couleur d’une pomme de terre; les uns sont arrondis ou ovoïdes; les autres à peu près cylindriques. Leur longueur varie de 1 à 3 pouces; et leur largeur de 4 à 12 lignes. Leur épiderme est parsemé de points blanchâtres, visibles à la loupe, desquels résulte une teinte d’un vert glauque. La surfa- ce est divisée en petites aréoles, renflées en mamelons, de chacun desquels naît une feuille. L'insertion de ces feuilles forme une spire telle que la 6" recouvre lai, en faisant une seule fois le tour de la tige (1/6 d’après la méthode de Braun). Les feuil- les sont ovales, pointues aux deux extrémités, creusées en gout- üières, sessiles, longues d’une ligne. Des pédoncules cylindriques partent de l’extrémité des ra- meaux. [ls ont de 3 à 6 pouces de longueur, et sont quelquefois renflés irrégulièrement en corps charnus, semblables aux ra- meaux ou tiges déjà décrits. Ordinairement ils portent en un point quelconque deux ou quatre bractées verticillées, ovales- aigués , foliacées, longues de 1 à 3 lignes; et, à cet endroit, ils se bifurquent : plus haut on trouve deux bractées semblables et opposées, entre lesquelles naît une fleur. La partie la plus apparente de la fleur est un involucre en TOM. VII, 2° PARTIE. 36 290 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES entonnoir, à bords digités, d’où vient le nom de Dactylanthes , proposé par Haworth, nom qui restera probablement attaché à la section des Euphorbes dans laquelle rentre cette espèce. Examinée de plus près, voici comment on conçoit cette singu- lière organisation. Les corps digités si apparens sont les appendices externes de l’involucre , analogues aux glandes, qui , dans les Euphor- bes communes, sont lunulées, arrondies, etc. Ces appendices, longs de 5 à 6 lignes, sont ici au nombre de cinq, divisés, à partir du tiers de leur longueur, en trois et quelquefois quatre lanières, de telle façon que l’un des appendices, isolé, ressemble à une main dont on aurait retranché le pouce. A la base de l’appendice, du côté intérieur, on remarque une double poche, garnie intérieurement de petites cavités à bords charnus et blan- châtres: chacune des lanières de l’appendice présente de même du côté intérieur des lacunes blanches , creuses, arrondies, dis- posées en une série longitudinale peu régulière. La couleur générale de l'involucre étant verte, on est frappé au pre- mier coup-d’œil de ce tissu caverneux blanchâtre de la face interne. Les vrais lobes de l’involucre sont alternes avec les cinq ap- pendices et situés du côté intérieur. Ils sont ovales, obtus, longs d’une ligne, verdâtre et ciliés; ils se penchent vers le pistil, qu’ils enveloppent complètement au commencement de la flo- raison: ils sont embriqués, de gauche à droite (si on le sup- pose au centre de la fleur). Quand on ouvre les fleurs, ces cinq lobes soudés par la base ressemblent à une corolle 5-fide, et on remarque alors, à leur origine et alternes avec eux, cinq DU JARDIN DE GENÈVE. 291 filamens qui s'élèvent du fond de la fleur jusqu’à la moitié de l’involucre. Ils tiennent par la base à l’involucre et non aux étamines: ils sont poilus et grêles. Vingt à quarante étamines sont disposées en cinq faisceaux alternes avec les lobes de l’involucre, opposés par conséquent aux filets intérieurs et aux appendices digités de l’extérieur. Dans chaque faisceau les étamines les plus grandes sont vers le centre; elles dépassent d’une ligne, à la fin de la floraison, les lobes de l’involucre. Chaque filet est articulé aux 2/3 de sa lon- ogueur. L’article inférieur est glabre à sa base, hérissé, du milieu au sommet, de poils courts et étalés. L'article supérieur est glabre, un peu rougeâtre. Chaque loge d’anthère s'ouvre par une fente du côté supérieur, comme dans toutes les Euphor- bes. Le pollen est jaune, à grains adhérens. L'évolution des étamines est centrifuge. Le pistil est un peu plus court que l’involucre pendant la flo- raison. Il se compose d’un ovaire à 3 loges, porté sur un long pédicelle, et de trois stigmates linéaires, obtus, recourbés à l'extrémité, entièrement glabres. Après la floraison le support de l’ovaire s’allonge et celui-ci dépasse alors l’involucre. Cha- que loge contient un ovule. Une chose digne de remarque, c’est le développement des organes floraux. Les organes sexuels sont d’abord entourés des lobes ovales et ciliés de l’involucre, comme on les voit dans la fleur parfaite. Sur leur face extérieure il y a des glandes triangulaires, tachées de rouge , qui deviennent ensuite les ap- pendices digités. Leur côté intérieur garni de poches est le pre- mier développé ; les doigts extérieurs grandissent et se relèvent 292 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES ensuite, en se déroulant pour ainsi dire de bas en haut. La fleur est sessile jusqu’au moment où les appendices digités se déve- loppent. Pendant la floraison les pédoncules sont dressés : ils se penchent pendant la maturation. On peut caractériser cette plante par la phrase suivante : EvPnorgia (DACTYLANTHES) GLOBOSA: ramis Crassis rotundatis vel cylindraceis mammillaribus , pedunculis unifloris elon- galis , bracteis oppositis , involucri appendicibus externis di- gitatis facie internä lacunosis et basi bisaccatis, lobis ovatis céliatis stylo adpressis, tubo involucrt appendicibus filiformi- bus cum lobis alternantibus basi instructo. Elle ressemble à l'E. Anacantha Willd. (Burm. afric. 17, t. 7, DC. et Red. pl. gr. 144), que Haworth classait aussi dans son Dactylanthes. Cependant elle me paraît différer suffisamment par ses rameaux articulés et irréguliers, ses fleurs longuement pédonculées (et non sessiles), ses lanières de involucre allon- gées, garnies de cavités, etc. M. Rœper, que nous avons eu le plaisir de voir fréquemment à Genève, a examiné cette plante et m’a dit que les Dactylan- thes de Haworth devaient rentrer, comme section, dans le genre Euphorbia, à cause de la variété de formes des appendices glanduleux et des transitions qui existent en plusieurs cas. J’ai cru devoir adopter cette manière de voir, qui me paraît fondée, et qui d’ailleurs est celle d’un botaniste dont le nom fait auto- rité dans le cas dont il s’agit. C’est à M. Hitchin, de Norwich, que le Jardin de Genève doit l'espèce que nous venons de décrire. | | | J DU JARDIN DE GENÈVE. 293 EXPLICATION DE LA PLANCHE 5. A. Plante de grandeur naturelle; — 1. tubercule d'où partent les rameaux. Il est moi- uié sous terre; — 2. rameau de forme sphérique; — 3. rameau de forme allongée ; — 4. renflement de l'un des pédoncules ; — 5. fleur au moment de la fécondation ; — 6. fleur après la fécondation. B. Détails de la fleur; — 1. fleur grossie déjà passée; — 2. fleur dont on a retranché trois divisions d'appendice ; — a. poches internes d'un appendice; — b. doigts ou divisions des appendices; — c. lobes de l’involucre entourant le pistil; — 3. la même fleur vue en raccourci de haut en bas, mêmes lettres que pour la fig. 2; — 4. fleur dont on a retran- ché deux appendices, mêmes lettres que ci-dessus; deux étamines , au moment de l'émis- sion du pollen, passent entre les lobes de l'involucre et le pistil; — 5. un des appendices ayant quatre doigts; —6. fleur dont on a fendu l'involucre longitudinalement, pour mon- ter les étamines et le pistil, mêmes lettres que ci-dessus; — 4. filamens internes de l'in- volucre ; — 7. plan de la fleur; — b. appendices; — c. lobes de l'involucre; — d. filamens internes ; — e. faisceau d'étamines autour du pistil ; — 8. faisceau d'élamines ; — 9 et 10. étamines; — 11. fruit de grandeur naturelle; — 12. bouton de grandeur naturelle; — 13: id, grossi : — a. rudiment des poches intérieures des appendices ; — D. rudiment des doigts des appendices; — c. lobes de l’involucre; — 14. bouton un peu plus avancé, mêmes let- tres que ci-dessus; — 7, stigmatés. Arru. DC. 11. MESEMBRYANTHEMUM BLANDUM. Pendant nombre d’années nous avons cultivé cette plante sous le nom de M. Burchelli, comme provenant du voyage du Cap de M. Burchell. Cest tout récemment qu'un examen plus attentif nous à fait reconnaître son identité avec le M. blandum, figuré dans le Botanical Magazine, t. 582, et dans le 294 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES Botanical Cabinet, t. 599. Je donne cette synonymie parce que nous avons envoyé à quelques Jardins des boutures sous le nom de M. Burchelli , et que plusieurs botanistes les ont recues et propagées comme une espèce véritablement nouvelle. La tige est rameuse , droite, haute de 2 à 3 pieds. Les ra- meaux sont anguleux, glabres , de couleur brune, dichotome ou trichotomes. Les feuilles opposées, droites ou légèrement re- courbées vers la tige, distantes d’un pouce à un pouce et demi, linéaires, triangulaires, aiguës, longues de 6 à 10 lignes, glau-" ques, glabres, ponctuées quand on les regarde à la loupe ; l’a- rête dorsale assez aiguë dans les nouvelles feuilles; les faces latérales larges d’une ligne au plus ; la face supérieure canali- culée, plus étroite que les autres. Les fleurs ordinairement en cîme, savoir une terminale et deux plus tardives , qui termi- nent les rameaux axillaires. Les pédoncules ont un à deux pouces de longueur. Les fleurs s'ouvrent le matin et durent une demi journée. Le calice a cinq lobes inégaux, pointus, dont deux ou trois plus grands, longs de 4 lignes et deux autres bordés de membranes desséchées. Les pétales sont d’abord blancs, puis rosés, linéaires, longs de 5 à 6 lignes; en sorte que la fleur épanouie a environ 15 lignes de largeur. Cinq stigmates obtus, rayonnans, beaucoup plus courts que les étamines, for- mant pendant la maturation cinq petites pointes sur un disque rougeàtre pentagone. Ce mésembryanthème fleurit chaque année, en grande abondance, depuis la fin du mois de juin jusqu'en septembre. La figure du Botanical Magazine. est défectueuse en ce qu’elle ne montre pas la ponctuation des feuilles, qui produit une DU JARDIN DE GENÈVE. 295 teinte peu unie, et surtout par la manière dont le peintre a fait ressortir les stigmates sur un fond obscur , que l’on cherche en vain dans la fleur. Azrx. DC. 12. BEGONIA BRASILA. B. caule petiolisque longe pilosis, folüs inæqualiter cordatis ovatis superne pilosis, stipulis ovato-acutis ciliatis, pedunculis retrorsumm subpilosis, floribus masculis disepalis dipetalis, fe- mines 4-5-petalis basi 3-bracteatis, alis inæqualibus. Le Jardin botanique de Prague nous a envoyé, sous le nom de B. Brasila Schranck, un Bégonia que je ne trouve pas dans l’herbier de mon père, et qui n’est mentionné sous ce nom dans aucun catalogue. Il n’est pas, en particulier, dans l'ouvrage de M. de Schranck sur les plantes du Jardin de Munich. La tige est charnue, cylindrique, couverte cà et là de longs poils blancs , glabre en d’autres points. Dans nos échantillons elle n’a que 4 à 5 pouces de hauteur, mais ils paraissent d’une mauvaise venue. Les feuilles sont inégalement cordiformes, ob- tuses ou aiguës, ovales, sinuées, longues de 2 à 3 pouces, héris- sées à la surface supérieure de poils épars et courts, glabres en dessous, excepté à la base des nervures qui offre quelques poils. Les pétioles sont couverts des mêmes poils allongés qui sont 296 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES abondans, surtout vers le haut : ils sont plus courts que les lim- bes. Les stipules ovales, aiguës, fortement ciliées de longs poils, dressées, sessiles, longues de 4 lignes, larges de 1 1/2. Les pé- doncules multiflores, axillaires, un peu plus longs que les pétio- les, cylindriques et peu charnus , offrent aussi quelques poils qui sont rebroussés. Les cimes ont environ 4 fleurs, avec des bractées et bractéoles ciliées, analogues aux stipules. Les fleurs mâles sont terminales et munies d’un pédicelle glabre , long de 1 à 2 lignes. Elles offrent deux sépales oppo- sés, arrondis, étalés, de couleur blanche, larges de deux lignes; et deux pétales alternes avec les précédens, d’un tiers plus courts, linéaires, étroits, caducs. Les étamines, en grand nom- bre, n’offrent rien de particulier. Les fleurs femelles portées par des pédicelles de 1 à 4 lignes, glabres et cylindriques, ont à la base trois bractées oblongues, ciliées, obtuses, verdâtres, longues de deux lignes, persistantes ; unovaire adhérent, double des sépales, à trois ailes obtuses, trian- gulaires, dont une double des autres, alternes avec les sépales. Au-dessus, se trouvent 4-5 pétales ovales, longs d’une ligne, étalés. Il y a 6, ou plus souvent 8 stigmates, plus courts que les pétales. Azrx. DC. 13. FICUS CERASIFORMIS. La brièveté de la description de Desfontaines (Catal. plant. DU JARDIN DE GENÈVE. 297 hort. paris. edit. 3, p. 413) m’engage à dire quelques mots de cette espèce, qui n’est pas commune. Le bois est jaunâtre. Les jeunes rameaux et les pétioles sont couverts d’un duvet velouté de couleur fauve. Les feuilles al- ternes, horizontales ou pendantes, ovales, aiguës à la base, acuminées à l’extrémité, longues de 5 à 6 pouces, larges de 2 à3, entières, glabres en-dessus, velues et rudes en-dessous , offrant une nervure centrale assez forte, deux nervures secondaires qui partent de la base de celle-ci, et 2 ou 4 autres nervures se- condaires moins fortes qui vont se réunir vers l'extrémité. Les pétioles ont 4 lignes de longueur. Les fruits pendans, solitaires à l’aisselle des feuilles, ont un pédoncule velu, double de la longueur des pétioles , mince à la base et s’élargissant vers le haut: ils sont sphériques, longs d’un pouce, de couleur orange, velus, avec des aspérités blanchâtres. En les coupant on obser- ve une chair orange pâle , épaisse de 3 lignes, suintant du lait, et à l’intérieur les organes floraux. Ceux-ci se composent d’un périgone 4-partite, long d’une ligne et demie , à lanières li- néaires , aiguës, droites, léoèrement poilues ; et d’un carpelle libre , semilunaire, comprimé, terminé par un style plus court que les lobes du périgone. Nous avons recu cette espèce du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. Les fruits mürissent en août. Azru. DC. TOM. Vil, 27° PARTIFP. 3Ù 298 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES 14. CASSIA FLEXUOSA. PL. 6, C. fois 5-jusis, glandulé ovoideo-acuté inter foliolorum vie Rod par primum, foliolis ellipticis emarginatis basi obliquis, se- palis et petalis obtusis, antheris 2 maximis, ovario pubes- cente. Cette belle espèce a été découverte au Chili, par l’infortuné Bertero. Il en avait envoyé des graines au Jardin de Genève sous le nom de GC. flexuosa, que nous nous faisons un devoir de publier, en souvenir de l’auteur. La tige est glabre, haute de 3 pieds. Les stipules sont lan- céolées, pointues, un peu dentelées, longues de 3 lignes. Les feuilles sont garnies de 5 paires de folioles elliptiques , émar- ginées, rétrécies à la base, en une sorte de court pétiole long de 6-x0 lignes, large de 4 à 6, entières, un peu poilues en-des- sous sur la nervure centrale; il y a-une glande ovoïde, pointue, entre les deux premières folioles. Les fleurs sont grandes, dis- posées en corymbes axillaires et terminaux ; les pédoncules un peu velus, de la longueur des feuilles. Chaque pédoncule porte 6-8 fleurs. Les pédicelles sont longs de 3 à 10 lignes. Les lo- bes du calice sont obtus. Les deux extérieurs opposés petits et verdâtres; les autres plus grands et pétaloïdes. Les pétales d’un beau jaune doré, obtus, longs de 4 lignes, rétrécis à la base. Des dix étamines deux sont très-srandes et recourbées, quatre de moitié plus courtes que les pétales, et quatre très-petites , DU JARDIN DE GENÈVE. 299 avortées, tronquées, situées vers l’axe de l’inflorescence. Les anthères sont oblongues, terminées par deux pores. L’ovaire est recourbé, filiforme, pubescent. Cette espèce est très-voisine du C. coluteoides, dont elle diffère par des folioles plus petites, à nervures plus réticulées et plus saillantes , ainsi que par des pédoncules axillaires, tandis que dans le C. coluteoïides ils sont terminaux par avortement des feuilles de la partie supérieure. Elle fleurit chaque année et contribue beaucoup à l’ornement des massifs. EXPLICATION DE LA PLANCHE 6. Fig. 1. — fleur grossie dont on a enlevé le calice et la corolle;—2. pétales ; —3, calice, la corolle étant tombée ; — 4. étamines avortées ; — 5 et 6. étamines de grandeur moyenne; —T. étamine allongée, fertile ; — 8. pistil. Azrx. DC. 15. CASSIA SCHINIFOLIA. C. (Chamæsenna) foliolis 6-jugis lanceolatis acutis glaber- rimis, glandulé sessili maximé ad basin petioli, racemo ter- munali, pedunculis 3-5-floris, pedicellis umbellatis. Elle provient de graines envoyées, sous ce nom, par le Jar- din botanique de Montpellier. Je la crois distincte de celles qui 300 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES sont décrites dans le Prodromus, et des autres espèces que J'ai pu voir décrites ou figurées ailleurs. L'espèce dont elle me pa- raît se rapprocher le plus est le C. ruscifolia (Jacq. ic. rar. 1,t. 71); mais ses folioles sont un peu plus étroites, entièrement glabres, ainsi que les rameaux et les p'tioles, et la glande si- tuée à la base des feuilles est bien plus apparente. La tige est ligneuse, haute de 3 pieds; les rameaux sont lisses, cylindriques ou sillonnés. Les folioles presque toujours au nom- bre de six, quelquefois de cinq, même de quatre. Assez fré- quemment la première foliole est solitaire. La glande principa- le située sur le pétiole, tout près de la base, est déprimée, rou- geâtre, longue de près d’une ligne, remarquable par sa grosseur et par la liqueur sucrée qu’elle suinte en abondance. Les feuil- les ont environ 4 à 5 pouces de longueur; les folioles 1 1/2 pouce, sur 3 à 4 lignes de largeur. Celles-ci pré- sentent leur plus grand diamètre plus près de la base que du milieu, et vont en se rétrécissant avec une cer- taine inégalité qui les rend obliques. On remarque ordi- nairement entre les 2 premières folioles une petite glande ovoïde, variable quant à la grosseur, mais toujours plus petite que celle qui se trouve à la base du pétiole. Quelquefois même il y a, entre les folioles de la seconde paire, une apparence de glande mal développée. Les fleurs sont en grappes corymbiformes, terminales, composées de pédoncu- les d’un demi pouce de longueur, qui portent des om- belles de 3 à 5 fleurs. Les pédicelles, glabres comme les pédonceules, ont de 2 à 4 lignes de longueur. L’in- florescence est indéfinie centripète. Les bractées ovales , ai- DU JARDIN DE GENÈVE. 301 guës, longues de 2 lignes, sont très-caduques. Les lobes du calice sont ovales, obtus, longs de 2 à 3 lignes. Les pétales, d’un jaune doré, ont de 4 à 5 lignes de lon- gueur ; celui du côté supérieur est échancré au sommet ; les autres arrondis. Il y a dix étamines, dont trois du côté supérieur, stériles, longues d’une ligne; quatre réunies au centre, fertiles, s’ouvrant par des pores terminaux; deux autres fertiles, situées latéralement au-dessous des précé- dentes; enfin une dixième, stérile, située du côté inférieur de la fleur entre les deux pétales inférieurs. L’ovaire est glabre, courbé comme dans toutes les espèces du genre; sa pointe se relève du côté supérieur. Arrn. DC. 16. PAPAVER INTERMEDIUM. J’ignore l’origine réelle d’un fort beau pavot qui orne les plate-bandes de notre Jardin, mais je suis porté à croire qu'il est un hybride produit, par le hasard, entre les P. bracteatum et P. orientale I est exactement mtermédiaire entre ces deux espèces. Pour le port, et la couleur des pétales, il approche plus peut-être de l’orientale, mais il a des bractées, ce qui le place nécessairement à la suite du bracteatum. Voici les points où je remarque quelque 302 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES différence entre ces trois plantes, que j'ai maintenant sous les yeux. Les caractères omis sont semblables dans les trois espèces. BRACTEATUM. INTERMEDIUM. ORIENTALE. Tige.sesesomesos ssososvesesersoes se Plus ramifiée, plus Plus ramifiée, plus forte que dans le brac- forte quedansle brac- teatum. teatum. Feuilles......... Lobesétroils,recouwr- Lobes intermédiai- Lobes planes. bés sur les bords du res, quant à la forme côté supérieur. et à la courbure. Bractées......... Grandes et très-iné- Moinsgrandesetsen- Point de bractées. gales; une d'elle tou- siblementégalesentre joursdemoitiépluslon- elles. gue que les autres. Calice......... Couvert de poils ap= Couvert de poils Couvert de poils pliqués, comme ceux dressés; ceux du pé- dressés; comme ceux des pédoncules. doncule étant appli- du pédoncule. qués. Corolle.......... D'unrougetrès-foncé D'un rougeintermé- D'un rouge capuci- avec une grosse tache diaire entre les deux ne, c'est-à-dire tirant noire à la base de cha- espèces, avec des ta- sur le jaune, avec des que pétale. ches comme dans le taches à la base peu bracteatumn. prononcées. FleuraisON,..sess o 20 m2 9 »'e1e 0/e,0 o mie + 0 .. En pleine fleuraison Idem, quand celle du brac- teatum finit. Azpx. DC. DU JARDIN DE GENÈVE. 303 17. ARRACACHA ESCULENTA. A. esculenta DC. Prodr. 4, p. 244, 5me Not. sur les pl. rar. du jard. de Genève, p. 4, t. I (Mém. Soc. Phys. et d'Hist. nat. vol. VI). La cinquième Notice sur les Plantes rares du Jardin de Genève, publiée en 1833, a déja fait connaître les essais tentés en 1829 et 1830, au sujet du précieux tubercule de l’Arracacha, que nous avons été des premiers à cul- tiver en Europe. Le seul résultat de ces tentatives avait été une connaissance complète des organes de la fructification, jusqu'alors peu connus ; mais nos plantes avaient péri après la floraison, sans produire de nouveaux tubercules. Cependant l'attention publique, fortement excitée par cette première tentative, devait déterminer les amis des sciences et de l’agriculture à faire venir de nouveaux pieds de cette plante, bien digne d'intérêt. Peut-être une culture différente, au moyen des tubercules plus jeunes, pouvait-elle conduire à un résultat avantageux. C’est à M. Levat, de Montpellier, et à son parent, M. Chabannes, établi à Carracas, que nous devons le se- cond envoi de tubercules d’Arracacha. Ils sont arrivés à Genève, dans le meilleur état de conservation, le 15 juin 1535, et nous nous sommes hâtés de les planter dans deux terrains différens. Quelques tubercules avaient la grosseur 304 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES des deux poings réunis; d’autres un volume encore plus considérable, qui dépassait les plus grosses pommes de terre. A l'extérieur ils étaient d’un brun foncé; à l’intérieur le tissu était évidemment plein de fécule. Sept tubercules ont été mis en terre de bruyère, deux en terre franche, en- tre des ceps de vignes , un en vase, enfin un dernier tubercule a été placé dans une bonne terre de jardin, chez un agriculteur très-soigneux, M. le syndic Lullin. Toutes ces plantes ont poussé promptement une herbe vigoureuse. Aucune n’a fleuri; tandis que dans notre pre- mier essai elles avaient toutes donné des fleurs. D’après cela nous augurions bien de la formation de nouveaux tubercules , pensant que les sucs nourriciers ne se seraient pas portés vers la partie supérieure de nos, plantes. Cependant nous avons vu avec peine, le 10 no- vembre, que les tubercules ne s'étaient ni développés, ni multipliés. On remarquait seulement autour des plus gros tubercules, un certain nombre de tiges (5 à 10), renflées à la base en un corps charnu de 2 pouces d’épaisseur et de 4 à 5 pouces de longueur. En coupant ce renflement dans le sens longitudinal, j'ai été frappé de son appa- rence à moitié farineuse. Evidemment la plante avait une disposition à former un dépôt de fécule dans la partie inférieure de ses tiges, comme on le remarque dans plu- sieurs autres ombellifères, mais le temps ou la chaleur lui avaient manqué pour accomplir ce genre de végétation. Nous avons soigné ces Jeunes tiges, et nous nous proposons de les planter de bonne heure au printemps. DU JARDIN DE GENÈVE. 305 Il ne sera pas inutile de remarquer que si, dans cet essai, la chaleur a paru manquer à nos plantes, d’un autre côté le froid ne paraît pas les affecter beaucoup. Les feuilles de Dahlia, et mêmes de pommes de terre, ont gelé plu- sieurs jours avant celles d’Arracacha. Le 10 novembre celles-ci étaient encore vertes, pour la plupart. Si nous avons retiré les plantes, c’est par la crainte où nous étions que l’humidité ne fit pourrir les tubercules, ou qu’un froid plus intense ne les fit geler. M. Lullin a fait les mêmes observations et a suivi la même marche. Les pieds mis en terre de bruyère, dans un endroit ombragé, ont moins bien végété que ceux en terre ordi- naire. Ils ont été plus sensibles au froid, et la base de leurs tiges était moins enflée. Tel a été le résultat de cet essai que nous devons au zèle de MM. Levat et Chabannes. Nous saisissons cette occasion de leur exprimer publiquement notre reconnais- sance, et nous sommes persuadés que tous les horticul- teurs instruits se joindront à nous dans ce senimtent. La tentative n’a pas échoué comme la première fois, seule- ment elle n’a pas encore réussi. L'année prochaine nous donnera peut-être un résultat plus satisfaisant. 4 Azru. DC. TOM. VII, 2° PARTIE. 38 306 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES 18. COTYLEDON CRISTATA. Pr. 3. C. cristatus Haw. philos. Mag. 4827, avril, 4, p. 128. C. cristata DC. Prodr. 3, p. 399. Les feuilles forment une rosette un peu lâche, et par- tent d’une tige, longue d’un pouce environ, couverte de fils brun, lisses, nombreux, longs de 6-10 lignes, ana- logues aux petites racines adventives qui recouvrent les tiges de fougères. Les feuilles cunéiformes, d'environ 18 lignes de longueur et 10-12 lignes dans la plus grande largeur, sont charnues, convexes, surtout du côté supérieur, obtuses et sinueuses ou crispées à l'extrémité, d’un vert grisâtre, veloutées sur les deux surfaces , à cause d’un grand nombre de poils courts simples raides et obtus. La hampe a un pied et demi de longueur; elle porte vers le bas quelques petites feuilles alternes, dont la 3" re- couvre la 1" (soit 1/3), arrondies ou ovales, planes, peu charnues, avec un pétiole d’une ligne et un limbe de 1/2 ligne, pubescentes comme les feuilles radicales. Elles de- viennent de plus en plus étroites vers le haut, en même temps que la tige florale devient moins pubescente: cel- le-ci est glabre dès le tiers de sa longueur jusqu’au sommet, rougeâtre, cylindrique, ponctuée de taches vertes oblon- gues. Fleurs solitaires, disposées le long de la tige florale, à DU JARDIN DE GENÈVE. 307 x partir de la moitié jusqu’à l'extrémité, naissant à Vaisselle de trois bractées, savoir une extérieure , ovale-aiguë , longue d’une ligne, les deux autres plus petites, intérieures, oppo- sées de part et d'autre de la première. Pédicelle long d’une ligne et demie, turbiné, lisse, glaucescent, glabre, et telle- ment continu avec les lobes du calice, que l’on dirait une fleur à ovaire adhérent. La floraison est centripète. Les boutons sont dressés, mais les fleurs ouvertes ou déjà passées se penchent d’un seul côté de la tige. Calice à cinq lobes aigus, glabres, glaucescens, longs d’une ligne. Corolle gamopétale, quoique l’on voie très-bien la soudure des 5 pétales, longue de 6 lignes; tube long de 5 lignes, large d’une seule, glabre à l’extérieur, un peu velouté à l’intérieur, vert avec des taches pourpres. Lobes ovales, aigus, recourbés, blancs, et rosés sur le bord qui n’est pas recouvert dans lestivation : celle-ci contournée de droite à gauche relativement à l’axe de la fleur. Entre chaque lobe de la corolle se trouve un petit appendice en facon de lobe très-court. Dix étamines, dont les filets sont en partie soudés avec le tube de la corolle: les 5 alternes avec les lobes de la corolle, se détachant du tube, plus bas que les autres; les 5 autres plus élevées s’ouvrant les premières. Anthères arrondies fort petites. Cinq pistils libres , partant d’un torus charnu ou pédicelle soudé avec le calice, fusiformes, longs de trois lignes, à surface glabre mis bosselée; stigmates obtus ; des écail- les arrondies, émarginées, planes, opposées aux pistils et appliquées contre la base de chacun d’eux. Les pistils et 308 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES leurs glandes alternes avec les lobes du calice, et par con- séquent opposés à ceux de la corolle et aux étamines les plus longues, comme c’est le cas dans toutes les Cras- sulacées diplostemones. (1) Beaucoup d’ovules elliptiques. Cette plante, envoyée par le Jardin royal de Berlin, a fleuri au commencement de septembre 1834. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 1. surface des feuilles vues à la loupe; — 2. bouton grossi; — 3. fleur grossie; — a. bractée ; — b. l'une des deux petites bractées intérieures; — c. pédicelle charnu; — d. calice ou lobes du calice; — e. lobes de la corolle; — f. appendices de la corolle; — 4. fleur coupée en long et grossie; — 5. corolle étalée ; — 6. fleur dont on a enlevé la co- rolle pour montrer les pistils et leurs écailles à la base ; —7. coupe de la fleur. Azru. DC. 19. CHORIZEMA DIVERSIFOLIA. Pz. 8. CH. foliis integris cuspidatis, inferioribus obovatis, superio- ribus linearibus vel lanceolatis, superne glabris, subtus pu- berulis, pedunculis 2-3 floris. Cette petite plante nous a été montrée par l’un des meilleurs (4) DC. Mém. sur les Crassulac. , in-4°. DU JARDIN DE GENÈVE. 309 floristes de notre ville, M. Grenier, sans qu'il ait pu nous en indiquer l'origine. La tige est grêle, filiforme, probablement rampante dans l’état naturel, longue de 3 pieds, un peu velue. Les feuilles, assez éparses, varient beaucoup de formes; les inférieures sont oblongues ou obovées, longues de 3 à 6 lignes, larges de 2 à 4; les supérieures lancéolées ou linéaires, longues de 1 à 2 pouces, larges de 2 à 4, toutes entières, termi- nées par une petite dent, glabres en-dessus, velues en-dessous et sur les bords. Pédoncules axillaires, longs de 2 à 4 pouces, aussi velus. Les pétioles, longs à peine d’une ligne, sont terminés par 2 ou 4 fleurs assez isolées, sessiles, à l’ais- selle de très-petites bractées linéaires. Calice glabre, en entonnoir , 5-fide, long de 3 lignes environ ; les deux lobes supérieurs plus larges que les autres, et moins divisés en- tre eux. Corolle de couleur capucine pâle, avec une ta- che jaune au milieu ; étendard arrondi, échancré en cœur, relevé, large de 5 lignes; ailes obovées, planes, de moitié plus courtes que l’étendard, et de couleur plus foncée, ayant un onglet renflé au milieu et embrassant la carène; celle-ci est presque cachée par les ailes, de couleur verditre, obtuse, rétrécie en un onglet filiforme formé de 2 filets soudés. Dix étamines distinctes, de la longueur de la ca- rène. Filets minces, sauf ceux des étamines latérales (oppo- sées aux ailes) qui sont un peu élargis. Pollen jaune clair. Ovaire fusiforme, un peu velu. 310 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES EXPLICATION DE LA PLANCHE S. Fig. 1. fleur vue de côté; — 2. fleur vue du côté inférieur ; — 3. calice ; — 4. pétales isolés et dans leur position relative; — 5. étamines; — 6. pistil. Azpa. DC. 20. PHASEOLUS ? SUPERBUS. Parmi des plantes semées dans le Jardin de Genève en 1830 , nous avons vu fleurir dès 1832 une Légumineuse fort remarquable, qui, vu sa beauté, peut être citée comme digne d’orner les jardins. La racine est un tubercule un peu saillant au-dessus de terre et qui paraît être de la grosseur d’un œuf. Une tige ramifiée et volubile s'élève à une hauteur de 4 eu 5 pieds, et s’entortille autour d’une palissade: elle est her- bacée, cylindrique, un peu striée, rude au toucher, et toute hérissée de poils simples, raides, insérés sur de petites as- pérités. Les feuilles qui naissent à 3 ou 4 pouces les unes des autres, sont munies de stipules triangulaires, pointues, longues de 3 lignes: il y a 3 folioles égales, ovales, ter- minées en pointe et coupées en ligne presque droite à la base, longues de 1 1/2 pouce et larges d’un pouce, entières, DU JARDIN DE GENÈVE. 311 x velues, mais sans poils raides, à nervures penninerves sail- lantes en-dessous, supportées par un pétiole commun, long de 1 à 2 pouces, couvert de poils rudes: les deux folioles latérales ont des pédicelles très-courts, munis chacun d’une stipelle linéaire à la base: la foliole terminale a un pédi- celle de demi-pouce, muni près de son extrémité de deux stipelles semblables aux précédentes. Les pédoncules axillaires sont plus longs que l'intervalle des feuilles, cylindriques, renflés à la base et hérissés de poils raides. Ils portent vers le haut 5 à 6 fleurs suppor- tées par des pédicelles de 3 à 6 lignes. Chaque bractée principale, qui est ovale et pointue, longue de 3 lignes, donne naissance à un pédicelle qui: avorte; mais il y a deux fleurs latérales qui se développent, et dont les brac- tées se voient de chaque côté de la bractée principale. Chaque fleur est elle-même comme emboitée par deux bractées opposées, ovales, obtuses, très-velues , longues de près de trois lignes. Le calice, qui dépasse à peine ces bractées, et qui est velu, principalement à sa base, se di- vise au sommet en lobes membraneux, au nombre de qua- tre, par la soudure des deux supérieurs. La corolle est d’un beau rouge. L’étendard est arrondi, échancré au sommet, recourbé sur les bords, embrassant le reste de la fleur, et double de la longueur du calice; il offre à une ligne au-dessus de l'insertion, de chaque côté et à l’intérieur, de petits appendices membraneux. Les ailes oblongues, ré- trécies à la base, d’un tiers plus petites que l’étendard. La carène tortillée, cachée entre les ailes, à peme co- 312 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES lorée. Etamines diadelphes (1 et 9). Celle du côté supé- rieur, qui est libre, est supportée par une petite callosité terminée par une sorte de membrane en godet, qui fait saillie du côté extérieur, et au-dessus de laquelle s'élève le filet blanchâtre, qui n'offre rien de remarquable. Les neuf autres étamines sont réunies en une gaine, laquelle pré- sente aussi sur les deux bords de petites membranes dif- ficiles à voir, qui paraissent être le même organe que lappendice de la première étamine. L’ovaire est velu: il naît du milieu d’un godet membraneux, long d’une demi ligne, fendu du côté supérieur de la fleur, crénelé à l’extrémi- té. Le stigmate est hérissé de poils auxquels viennent s’ac- crocher les grains de pollen. J’ai vu dans l’un des ovaires 7 ovules sur une série longitudinale. Les légumes n’ont pas mûri. La floraison dure long-temps, et on est obligé de ren- trer la plante en serre chaude, parce qu’elle craint beaucoup le froid. Nous ne savons malheureusement pas de quel pays cette plante est originaire. Il est probable que c’est de l'Inde, attendu que le Jardin avait recu beaucoup de graines de ce pays dans les années antérieures à 1832. On peut résumer la description par la phrase suivante : P? radice tuberos&, foliolis 3 stipellatis, floribus race- mosis 3-bracteatis, calice 4-lobo, vexillo rotundato emargi- nato basi utrinque appendiculato, carin& comtort&, stamini- bus diadelphis basi vaginatis, ovario vaginuld fissé basi cincto. On voit que cette espèce se rapproche beaucoup du genre DU JARDIN DE GENÈVE. 313 Pachyrhizus, dont elle paraît différer cependant par la carène contournée. Elle s’éloigne, d’un autre côté, des vrais Phaseo- lus, par sa racine tubéreuse et par son calice, en sorte qu’elle doit peut-être former un genre nouveau. Jusqu'à ce que la fructification soit connue, on pourra, ce me semble, hésiter sur cette question; c’est pourquoi J'ai rapporté avec doute au genre Phaseolus. Arr. DC. 21. ECHEVERIA RACEMOSA. La tige est cylindrique, dépourvue de feuilles à la base, dans une longueur de deux pouces; elle se termine par une rosette de feuilles sessiles, charnues, oblongues, lé- gèrement convexes sur le dos , sans nervures, glabres comme toute la plante, un peu glauques et d’une teinte rougei- tre, les unes longues de 2 pouces, et larges de 9 lignes, à pemes pointues; les autres, à la partie supérieure, plus courtes et pointues. Une hampe, longue de 1 1/2 pied, déclinée, cylindrique, munie de feuilles ou bractées alter- nes caduques, part obliquement de la rosette de feuilles. Une dizaine de fleurs alternes, portées par des pédicelles de 2-3 lignes, naissent à l’aisselle de bractées ovales-lan- céolées, concaves, de la longueur des pédicelles. Ceux-ci TOM. VII, 2° PARTIE. 45 314 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES portent souvent une ou deux petites bractéoles. Calice 5- fide, glauque, à lobes réfléchis, ovales, longs de 2 lignes, légèrement pomtus. Corolle 5-partite, tubuleuse, resserrée un peu vers le haut, longue de 5 à 6 lignes, à 5 an- gles obtus, de couleur rouge vermillon, à lobes lancéo- lés divergens vers l'extrémité. Dix étamines, dont cinq, un peu plus longues, alternes avec les lobes de la corolle, et cinq opposées, soudées avec ceux-ci jusque vers le milieu de leur longueur: toutes d’un üers seulement plus cour- tes que la corolle. Les filets des étamines libres, dilatés à la base. Anthères jaunes, longues d’une demi-ligne. Cinq carpelles opposés aux lobes de la corolle, libres entre eux , fusiformes, longs de 3 à 4 lignes dans la fleur, munis intérieurement à la base de nectaires transversaux blanchâtres qui suintent une liqueur. Azru. DC. 22. SMILAX ROXBURGHIANA. Nous cultivions au Jardin botanique cette espèce de Smilax , sans l’avoir vu fleurir et sans en connaître le nom et Po- rigine, lorsque nous avons eu occasion de la voir en fleur chez M. Aug. Saladin, à Pregny, près de Genève.(1) (4) La circonstance que M. Saladin cultive beaucoup de plantes en pleine DU JARDIN DE GENÈVE. 315 Après examen, il nous a paru se rapporter au Srulax Boxburghiana, mentionné dans la liste de M. Wallich, espèce du Népaul, dont ce botaniste avait envoyé jadis des échantillons à mon père, sous le nom de Sm. laurifolia. L’arbuste atteint la hauteur d’un homme, dans la serre de M. Saladin. Il est remarquablement garni de feuilles, et d’un vert lustré dans toutes ses parties. Les rameaux, lisses et cylindriques, offrent à peine quelques sillons. Les feuilles alternes ont jusqu'à un demi-pied de longueur, sur un demi-pouce de largeur: elles sont simples, entières, oblon- gues-lancéolées, ayant leur plus grand diamètre un peu au delà du milieu, pointues ou acuminées, à trois ner- vures principales remarquablement distinctes, les deux la- térales plus rapprochées du bord que de la nervure centrale , les nervures intermédiaires nombreuses, rectilignes à leur point de départ, et s’anastomosant vers leurs extrémités. Pétioles de 6-8 lignes, canaliculés en-dessus. A l’aisselle se trouvent quelques dents un peu velues, restes de pédoncules détruits ou avortés. Pédoncules floraux solitaires, plus courts que les pétio- terre, dans une grande serre dont on enlève les châssis pendant l’été, fait que certaines espèces acquièrent un développement extraordinaire et fleurissent mieux, ou plus souvent, que dans la plupart des jardins. D’autres espèces, sans doute, ne s’accommodent pas de cette culture; mais peu importe à un amateur, qui doit chercher avant tout à avoir une serre bien garnie, où la végétation soit belle. 316 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES les, ramifiés vers l’extrémité, soit en grappe, soit en une ombelle irrégulière de 5-10 fleurs. Pédicelles longs à peine d’une ligne ou une demi-ligne, partant de Vaisselle de bractéoles infiniment petites et caduques. Boutons sphéri- ques. Fleurs verdâtres, fort petites. Périgone à six lobes; les trois intérieurs plus grands que les extérieurs, recour- bés, ovales, longs d’une ligne. Six étamines plus courtes que les lobes du périgone; anthères fort petites, ovoïdes, biloculaires, insérées au sommet du filet. Des traces de disque glanduleux autour de la base des étamines. Point d'ovaires. Le Sm. laurifolia L. figuré dans Catesby, est très-dif- férent , par l’absence des deux nervures latérales, si remarqua- bles dans notre plante. Les échantillons du Sm. Roxburghiana Wall. diffèrent du nôtre par des pétioles moins longs, et surtout par une inflorescence en grappes plus longues que les pétioles, et non en ombelles plus courtes qu'eux. Cependant il y a, dans le nombre, des grappes aussi courtes que les nôtres et assez semblables. Cela tient probablement à la difhiculté de fleu- rir, qui caractérise cette plante; difficulté qui fait que les grappes sont souvent à demi-formées. Azrn. DC. DU JARDIN DE GENÈVE. 317 23. PANCRATIUM AUSTRALASICUM. :°: P. australasicum. Bot. reg. t. 715. Bulbe ovoïde, large de trois pouces, de couleur fauve. Feuilles à vernation convolutive, c’est-à-dire roulées en cor- net comme celle des Hémérocalles, se développant pendant la floraison, de forme obovée, munies d’un pétiole de 3 pouces, arrondies vers le haut et terminées néanmoins par une pointe émoussée, entièrement glabres, présentant une forte nervure centrale et d’autres confluentes à la base et au sommet du limbe, longues de 5 à 6 pouces. Hampe cylindrique à la base et légèrement comprimée vers le haut, de 8 à 9 pouces de longueur, droite, du mème vert que les feuilles, et glabre comme toute la plante. Quinze à vingt fleurs disposées en ombelle, entourées et entremêlées de bractées lancéolées, entières, blanches à la base et verdâtres vers le haut, dont cinq extérieures à l’om- belle formant autant de spathes. Ces dernières ont 18 li- gnes de longueur, quatre ou cinq de largeur à la base, et ne se fanent pas pendant la floraison; les intérieures sont plus petites. Pédoncules de 3 à 4 lignes de longueur. Corolle blanche, longue de 2 1/2 pouces; tube cylindrique , légè- rement renflé à la base; lobes au nombre de 6, dont 3 extérieurs et 3 intérieurs, égaux entre eux, de la longueur 318 SEPTIÈME NOTICE SUR LES PLANTES RARES du tube, laucéolés, obtus, étalés, un peu variable dans leur largeur. Six étamines, soudées plus ou moins et sou- vent inégalement, avec la corolle; le plus souvent adhé- rentes avec le tube seulement et distinctes de la plupart des lobes; de longueur inégale, mais toujours d’une ligne au moins plus courtes que les lobes. Filets blancs, élargis à la base, divergeant semblablement de tous les côtés du pistil et libres entre eux. Anthères droites, jaunes, poin- tues, longues d’une ligne. Ovaire adhérent, 3-loculaire, à loges opposées aux lobes externes de la corolle. Deux ovu- les dans chaque loge. Style cylindrique, atteignant l’ex- trémité des étamines, glabre et de couleur blanche, divisé au sommet en 3 lobes linéaires tellement dressés et appli- qués les uns contre les autres, qu’on les prend pour une seule pointe. Cette espèce à été cultivée pendant long-temps dans le Jardin de Genève sous le nom de Pancratium, mais elle m'avait pas fleuri avant le mois de juin 1835, ou peut- être on ne l'avait pas observée. Elle diffère des vrais Pancratium par l’absence de couronne à l’intérieur de la corolle. ŒElle se distingue aussi de tous les Crinum par la forme des feuilles, qui est celle des Hémérocalles, par leur vernation et leur développement tardif. L’adhérence très-irrésulière des lobes de la corolle, entre eux et avec les étamines, est probablement un phénomène spécial au pied que nous avons sous les yeux. La forme irrégulière de la corolle distingue cette espèce du genre 4marylls. DU JARDIN DE GENÈVE. 319 La couleur absolument blanche de la fleur et la forme des étamines s’accordent mieux avec le genre Crinum. Le Pancratium amboinense (Bot. mag. t. 1419) m'a paru présenter une grande analogie de port et de carac- tères avec l’espèce que je viens de décrire. Il faut les re- garder d’assez près pour les distinguer ; mais dans le P. am- boinense les bases dilatées des étamines se soudent en- semble, comme dans tous les vrais Pancratium, tandis que dans notre plante les bases d’étamines sont seulement di- latées avec une disposition à se souder occasionnellement. On ne peut rien imaginer de plus intermédiaire entre les genres Pancratium et Crinum, que la plante décrite ci- dessus; mais son extrême ressemblance avec le P. am- boinense empêche de la classer dans un autre genre. Peut-être ces deux espèces forment-elles le noyau d’un genre intermédiaire ? Azru. DC. is 4 af rs Lanaaldames en po SUIS Hobrions à 8 em #1, e0l. jué Le IRD 9b 1 ao: of Pan L = Re D ACT OPEN csttieit) 2 : LUN bn | 119 “obiro 08 2 10: e3b,. ALES LdC Re Jp “abrist « HOTis" dut acar. of ‘és 0i CU Enr CRUE D sole age tail" hu @uiy ! al se KIT imoenoléeso rabnèg, 98. “oi soi al. 5p9 ounibieid “alg EE 8 “io DE D. suce 48, sup: T7 Have} En à 1198 oass us “ench: : 19880) fi) "ab. 39 D “io! D woyor. ol elo-sasao eng 7 Le NL LS : 2 Mes JC A nsc: UE à: ei = f CRU T4 pi pt Nù . (KW , NS (2 LA GUIZOTIA eleifei FA) angusliot VA 4 © 778 L EUPHORBIA 6; Lee PPDA NN INS = LS Wan 7 CL > S NS ES Ÿ e— 1e \ | SSD EN SNNENNA à be 77 0 f \\ 5 ; É Ÿ Æ Ÿ | FRYNCHOPSIDITM flo _ = ES EN NN ER RE En — er COTYLEDON crcszatus À 4 à aponre ao pri vitae tra rés fi À | En! , fox 4 : Da sl dut | RENE if} t OT -JA w: 5 } TU W ? ‘à K Ÿ net Aer MU i 0 M D AA } r = Ru a M ARE TT LA 45 ve We cer ETS La , s « CPP EUTE TE NE" HV f l ANT } ” e L REA ? PANAES “AIN vi Fret th LL ll 1 ge 0 4 DTA QUE aa CHORIZENA rar RECHERCHES SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 321 RECHERCHES HISTORIQUES ET STATISTIQUES SUR LA POPULATION DE GENÈVE, SON MOUVEMENT ANNUEL ET SA LONGÉVITÉ, DEPUIS LE XVI * SIÈCLE JUSQU'A NOS JOURS. Par M. Enouarn MALLET, DOCTEUR EN DROIT. EE —— AVERTISSEMENT. Ce Mémoire, lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle, le 48 novem- bre 1854, se compose de trois parties : la première contient tout ce que l’on connaît sur la population de Genève et ses dénombremens successifs, depuis le xyme siècle jusqu'à nos jours, et quelques détails sur l’étendue de la ville, ses habitations, sa climatologie et l’industrie de ses habitans. — La seconde pré- sente le mouvement de cette population depuis l’origine des registres d'état civil à Genève, en décembre 1549, jusqu’à la Restauration : on y fait connaître notam- ment les travaux inédits des docteurs Cramer et Joly; on y donne le mouvement de cette population année par année , savoir : pour les décès, depuis 1549 ; pour les mariages et les naissances, depuis 1695, et on en tire quelques déductions théo- TOM. VII, 2"° PARTIE. 40 322 RECHERCHES riques sur la marche des divers élémens de cette population, l'accroissement con- tinuel de sa longévité, la diminution successive de sa fécondité. — La troisième présente les résultats détaillés du mouvement de la population de Genève depuis la Restauration, pendant les 20 ans 1814—553. N Les développemens dans lesquels a dû nécessairement entrer l’auteur de ces Recherches, ont ‘empêché d'insérer dans le demi-volume que l’on publie au- jourd’hui, la totalité de son Mémoire. Il a donc préféré n’en donner que la troi- sième partie, celle qui contient les faits nouveaux et les discussions théoriques , celle dont le travail lui appartient exclusivement. Pour la réduire dans les bornes qui lui étaient tracées, il a dù lui faire encore subir divers retranchemens , entr’autres celui d’un premier chapitre contenant le détail du mode qu'il a suivi pour dépouiller lui-même les registres d'état civil de ces 20 ans. , Cette troisième partie forme un tout indépendant et séparé : cependant on pourra plus tard compléter la publication de ces Recherches, en mettant au jour la partie générale et historique. Nous devons seulement dire ici que la population de Genève, qui était en 1812 de 24,158 habitans, en 1822 de 24,886, en 1898 de 26,121, et en 1854 de 27,177, s’est accrue, pendant cette période, dans le rapport de 100 à 412,5, soit un huitième ; elle peut être évaluée, pour la moyenne des 20 ans étudiés, à 11,749 hommes, 15,851 femmes; total , 25,600. SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 328 CHAPITRE II. — DES NAISSANCES. 1%. Tableau des Naissances. ENFANS naturels , GARCONS FILLES TOTAL général. ANNÉES. Légitimes. | Naturels. Total, Légitimes, | Naturell. p- 0/0. 1814 251 48 279 195 514 | 17,51 1815 204 | 55 259 202 475 | 14,52 |, 1816 215 28 245 209 484 | 12,59 1817 22% 27 251 215 497 | 11,67 1818 216 57 255 256 511 | 11,54 1819 258 54 272 203 502 | 42,15 1820 224 59 259 254 556 | 14,05 1821 226 2% 250 1822 260 29 289 517 | 10,85 541 | 10,55 255 224 1895 247 34 281 205 516 | 12,40 2985 | 551 | 2616 | 2176 7 51143 | 12,75 1824 265 23 288 224% 41 9,61 1825 289 25 512 245 578 7,61 1826 268 18 286 215 526 8,55 1827 285 25 308 262 294 8,25 1828 272 18 290 252 556 5,15 1829 278 26 504 259 5806 8,56 1850 289 21 510 272 602 6,81 1851 293 25 518 279 624 8,55 1852 512 18 350 227 bré 6,67 1855 294 22 516 296 650 6,55 2845 | 219 | 5062 Tot.gén.] 5128 | 550 | 5678 | 4705 6 2. Moyennes annuelles. Dans les premiers dix ans, il est né, année moyenne, 511 enfans; dans les dix derniers, 581; dans les 20 ans, 284 garcons; 262 filles; total, 546. Les 324 RECHERCHES x variations d’une année à l’autre ne sont pas fortes; la plus grande que l’on observe entre deux années consécutives, n’ex- cède guère un neuvième. On reconnaît l'influence qu’exercent la disette et la pauvreté pour diminuer le nombre des naissan- ces, par le chiffre si faible des années 1815, 16 et 17, qui sont celles qui ont compté le moins de naissances. $ 3. Nombre des enfans naturels. Dans les premiers dix ans, il y en a environ un huitième des naissances totales ; dans les derniers un treizième: en tout, un dixième. — On sait que les villes comptent toujours plus d’enfans naturels que les campa- gnes. Quoique Genève puisse encore obtenir sous ce rapport une notable amélioration, elle compte cependant moins de naissances illégitimes que la plupart des autres villes. (Dans les 19 ans, 1815-33, Paris en a eu 35,81 p. 0/0, plus d’un tiers ; Mulhouse en a 17 p. 0/0 d’après M. Penot, etc.). $ 4. Progression des Naissances. Premiers dix ans, 5113—100 Derniers — 9812—115,6 Cet accroissement est tout-à-fait proportionnel à celui de la population, qui est de 100 à 112,5. Sa marche a d’ailleurs été très-résulière; car la moyenne des naissances, de 5 en 5 ans, donne la progression 496, 522, 559, 603. — Pendant ce même temps, au contraire, le nombre des enfans naturels a diminué d’un tiers : Premiers dix ans, 652—100 Derniers — 440— 67,48 Sous l'empire français, il y avait à Genève 16,72 p. 0,0 Ses / l SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 325 d’enfans naturels, un sixième; leur nombre a continuellement diminué dès lors, ce qui montre qu’il y a eu un progrès réel dans la moralité nationale. 6 5. Rapport des Naissances à la population. Ce rapport est de 1 naissance annuelle pour 46,86 habitans. Au xvnr* siècle il s’est élevé à Genève de 32 à 38, et au commencement du xx il était de 1 à 40. En France, il est maintenant de 1 à 32,2. Ce résultat prouve que la population genevoise produit très-peu d’enfans, et bien moins aujourd’hui qu’autrefois. Nous en verrons la confirmation au chapitre des mariages. $ 6. Proportion des sexes. Garçons, 5678—51,9725—100 —108,21—15 Filles, 5247—48,0275— 92,59—100 —12 10925 100,0000 Ce rapport varie assez d’une année à l’autre, puisqu’en 1818, 20 et 21, ilest né plus de filles que de garcons, tandis qu’en 1832 le nombre des garcons a été de 57 p. 0/0. La prépondé- rance des garcons est plus forte dans les dix dernières années que dans les dix précédentes, dans le rapport de 52,684 à 51,163 p. 0/0. — En moyenne, il naît 13 garçons pour 12 filles: c’est une proportion très-forte , et que l’on était loin de soupconner; car, comme dans la masse de la population de Genève il y a plus de femmes que d’hommes, on s’imagine que les mariages y produisent peu de garcons. M. Cramer n’esti- mait ce rapport à Genève, au commencement du siècle dernier, qu'à 18 garcons pour 17 filles. M. Mathieu le porte, pour la 326 RECHERCHES France entière depuis la Restauration, à 17 garcons pour 16 filles. M. Poisson a fait remarquer qu'il y a dans la proportion des sexes une différence notable entre les enfans légitimes et les naturels: chez ceux-ci, les naissances de filles se rappro- chent plus de celles des garcons que chez ceux-là. M. le profes- seur Prevost a même donné une explication, sinon tout-à-fait satisfaisante , du moins très-ingénieuse de ce phénomène. La plus grande proportion de mâles dans les naissances légitimes n’est nulle part plus frappante qu’à Genève. En effet, on trouve : Garçons, 5128—52,151—100 —108,99 Filles, 4705 47,849 91,75 100 9853 100,000 Garçons, 550 50,566—100 —101,48 Filles, 542 49,654 98,54—100 1092 100,000 L'excédant des naissances masculines , très-fort chez les légi- times, où il est presque dans le rapport de 12 à 11, est très- faible chez les naturels, où il n’est guère que comme 69 à 68. Légitimes. Naturels. . CHAPITRE II. — DES ENFANS MORT-NÉS. $ 1. Ce ne serait pas assez faire que d'envisager la propor- tion des sexes à la naissance ; car nous n’avons admis, dans le chapitre précédent, que les enfans nés respirans et vivans. (RTE 1 * . . Pour apprécier dans son ensemble le phénomène physiologique de la reproduction de l’espèce humaine , il faut tenir compte SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 327 même des tentatives infructueuses, des espérances trompées au moment du résultat, c’est-à-dire des enfans mort-nés. Sous cette dénomination se trouvent compris, soit les enfans morts déjà dans le sein de leur mère, soit ceux qui succombent dans le travail de l’enfantement. Une observation scientifique individuelle pourrait seule distinguer ces deux catégories, qui sont nécessairement confondues dans les actes de décès. On ins- crit dans les registres, comme mort-nés, non-seulement des en- fans venus à terme, mais aussi des enfans venus avant terme, quand ils étaient assez gros pour être enterrés (1). On a porté au nombre des mort-nés naturels un petit nombre d’enfans trouvés exposés morts, dont probablement les uns étaient de vrais mort-nés à terme ou avant terme, et d’autres avaient peut-être vécu quelques instans. (1) Il y en a, dans les 20 ans, 57 au-dessous de 6 mois de conception. 328 RECHERCHES $ 2. Tableau des Enfans mort-nes. LÉGITIMES NATURELS RAPPORT ANNÉES. 4 Garçons. Filles. EVE ERCENET 1814 11 4 0 4/24me 1815 11 0 0 1/23 1816 14 4 5 4/17 1817 18 7 2 1/43 1818 45 4 2 1/19 1819 23 3 4 a/11 1820 23 6 5 4/11 1821 14 5 5 1/16 1822 45 3 5 4/15 1825 20 5 ‘ 4/15 164 25 4/45 1824 18 9) 5 1/15me 18925 15 0 2 1/27 1826 14 1 5 1/18 1827 41 4 3 1/19 1828 8 5 4 4/20 1829 16 2 2 4/19 1850 17 3 3 1/19 1851 12 3 5 1/18 1832 9 8 6 1/17 1855 45 3 4 1/20 135 107 28 37 1/19 Tot. général. 297 220 67 62 1/17 $ 3. Moyennes comparées. Dans les premiers dix ans, il y à eu en moyenne 34 morts-nés, soit 1/15 de naissances ; dans les derniers dix ans, 30 morts-nés, soit 1/19. Moyenne géné- rale, 18 garcons; 14 filles; total, 32: 1/17 des naissances, soit 1 mort-né annuel sur 800 habitans. Leur nombre est très- SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 329 variable d’une année à l’autre, puisqu'il va de 1/11 à 1/27 des naissances. 6 4. Diminution de mort-nés. Premiers dix ans, 541—100 Derniers — 505— 89,5 Cette diminution absolue du nombre des mort-nés, tandis que la population augmentait, est due sans doute en grande partie aux progrès faits dans l’art des accouchemens, qui est maintenant à Genève l’objet d’un enseignement spécial. $ 5. Proportion des légitimes et des naturels. Légitimes, 517— 80,05—4 Naturels, 129— 19,97—1 646— 100,00 Pour 9833 naissances légitimes, on compte 517 mort-nés, soit 1 mort-né pour 19,0 naissances légitimes, ou 20,0 concep- tions; pour 1092 naissances naturelles, 129 mort-nés, soit 1 pour 8,4 naissances ou 9,4 conceptions. — D’où il suit que la proportion des mort-nés est double parmi les enfans naturels de ce qu’elle est parmi les légitimes. La chance de ne pas venir à bien est deux fois plus forte pour Le bâtard que pour le légitime. Diverses causes doivent contribuer à produire ce résultat : la grossesse illégitime, souvent cachée, du moins à son principe, est entourée de peu de soins, soit pendant sa durée, soit lors de l'accouchement ; elle est parfois accompagnée de maladies, fruit TOM. VII, 2% PARTIE. 41 330 RECHERCHES de l’inconduite; le crime d’avortement procuré peut aussi ne pas être sans influence sur ce résultat. $ 6. Proportion des sexes. Garçons, 364— 56,547—100 —129,07—40 Filles, 282— 45,655— 77,47—100 —51 646—100,000 Ce rapport est pour les /égitimes : Garçons, 297—57,45—100 —1355 Filles, 220—49,55— 74,07—100 Et pour les naturels : Garçons, 67—51,94—100 —108 Filles, 62—48,06— 92,5—100 On voit que la moindre prépondérance des naissances mas- culines parmi les enfans naturels, se confirme chez les mort- nés comme chez les enfans nés vivans. Le nombre des garcons mort-nés est beaucoup plus fort que celui des filles, dans le rapport de 4 à 3. Le germe masculin est donc exposé, soit dans le sein de la mère, soit au moment de laccouchement, vu la grosseur de la tête et du corps, à beaucoup plus d’accidens que le germe féminin. Cette infério- rité de force vitale, si grande avant la naissance, continue, mais en diminuant toujours, pendant la vie de l’homme, comme nous le verrons plus loin. SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 691 $ 7. Rapport des mort-nés aux naissances, et proportion de viabilité. Il y a un garçon mort-né pour 15,59 naiss. masc., ou pour 16,59 concept. masc. — une fille mort-née — 18,60 — fémin., — 19,60 — fémin. = enfant mort-né — 16,94 — totales, — 17,91 — totales. C’est un enfant mort-né sur 18 accouchemens. Nous avons donc la proportion de viabilité suivante : Garcons viables, 5678— 93,98 Filles viables, 5247— 94,90 Enfans viables, 10925— 94,417 — mort-nés, 364— 6,02 — morte-n. 282— 5,10 — mort-nés, 646— 5,583 concus, 6042—100,00 — concues, 5529—100,00 — concus, 11571—100,000 $ 8. Proportion des sexes à la conception. Si, pour avoir la proportion réelle et complète des sexes au moment physique de la conception, nous réunissons les enfans vivans aux mort- nés , nous trouvons : Garçons nés vivans, 5128 — mort-nés, 297 5425— 52,415—100 —110,15—11 Filles nées vivantes, 5 ; ne 5529— _AT,T85- 785— 91,51—100 —11 — mort-nées, 282 11574—100,000 000 Légitimes.{ A seu de à me 4995— 47, _47,585— 90,78—100 —10 — mort-nées, 10330—100,000 000 mn 617— 80,532—100 —109,15—51 — mort-nés, di Fillesnées vivantes Mi 604— 49,468— 97,89—100 —50 — mort-nées, 1221—100,000 et D CE ee : G042— 52,247-—100 —109,28—12 — mort-nés, 4 Enfans. | 332 RECHERCHES D'où suit qu'au moment de la conception, la génération féconde douze germes masculins pour onze féminins. CHAPITRE IV. — COUCHES DOUBLES. $ 1. Tableau des couches doubles. \ Zz : a < à _ © A A 5 GARÇONS FILLES AMEN ET | a 2 © De Æ 2 Ce =] = Ê re is = <= = Æ < ANNÉES.| 22 ere SE = 6 ps RS ë E 8 ps à E & Mort-nés. | Vivantes. | CA | —————— | ——— ——— — | — 0 0- 1 4 0 1 1 0 1 0 1 2 1 5 1 4 1 2 4 1 2 > 4 10 1 11 6! 2 42 | 2 2 2 2 CE PL) 6 > 1 > 1 5 ) 5 8 5 11 4! 5 11 2: 2 2 5 6 1 7 5) 2 7 0 2 5 5 6 2 8 6 £ 8 1 4 2 1 7 0 v/ 5) À 5) 0 2 1 8 10 1 11 40 | 2 8 2 3 2 5 7 1 8 u 2 6 1 1 5 1 5) 0 > EN 7 0 3 1 1 5) 0 6] 7 0 3 0 8 5 2 41 2 15 15 b] 8 | 0 1 2 1 4 0 4 2 1 1 4 2 2 2 OM 6 620 5] 1 2 3 5 7 1 8 6 1 7 2 4 2 3 9 0 9 9 2 6 1 2 2 10 15 1 14 11 3 40 | 4 1 2 1 5 il 4 2 1 5 2 2 8 4 15 I 14 b) 5 19 1 47 o2 97 140 | 16 156 | 114 | 57 156 | 25 $ 2. Moyenne annuelle : 7 #|, couches doubles. SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 333 $ 3. Rapport des couches doubles aux accouchemens. Pour le connaître, il faut du nombre total des naissances et mort- , 7 . . AÉRCUMISS QUE ete + PEN Te 11271 Déduire les couches doubles. . ............. 156 Reste le nombre des accouchemens, qui est de. . .. 11415 Or 156 couches doubles sur 11415 accouchemens, font une couche double sur 73 accouchemens. $ 4. Proportion des sexes. Garçons, 151— 48,4—100 — 95,8—15 Filles, 161— 51,6—106,6—100 —46 512—100,0 On voit qu'il y a dans les couches doubles un excédant de filles à peu près égal à l’excédant de garcons qu’on observe dans la totalité des naissances. Les couches doubles de garcons sont les moins nombreuses; celles de filles le sont un peu plus; celles de garcon et fille sont les plus fréquentes de toutes. $ 5. Proportion de viabilité. Enfans venus au monde vivans, 250— 80,1—4 — morts, 62— 19,9—1 312—100,0 Il y a donc beaucoup plus de mort-nés dans les couches 334 RECHERCHES doubles que dans les couches ordinaires. Dans les premières il y a 1 nort-né sur 5 enfans; dans les dernières, seulement 1 sur 18. Les mort-nés provenant de couches doubles se com- posent de : Garçons, 57—6 Filles, 25—4 D'où suit que la proportion des garcons aux filles mort-nées est plus forte dans les couches doubles que dans les simples; les casualités de l’enfantement géminé sont plus fâcheuses pour le sexe masculin que pour le féminin. Il y a en outre, dans les couches doubles, beaucoup d’enfans qui viennent vivans au monde, mais qui meurent le premier ou le second jour. $ 6. La proportion des naissances naturelles est la même dans les couches doubles que dans les autres. $ 7. Couches triples. W n'y en a eu aucune pendant les 20 ans étudiés. CHAPITRE V. — DÉTAILS SUR LES ENFANS NATURELS. $ EL. Dispositions légales. Le principe fondamental de notre droit en matière d’enfans naturels est que la recherche de paternité est interdite, celle de maternité admise. Dans les ‘actes de naissance d’enfans nés hors mariage, les déclarans font SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 9335 connaître le nom de la mère, et il n’y a pas d’exemple que cette déclaration de maternité, équivalant à une reconnaissance, ait été plus tard désavouée par la mère prétendue. On ne met jamais le nom du père que quand, dans l’acte de naissance ou par acte authentique séparé, il reconnaît son enfant. Quant aux enfans abandonnés, ils ont tous été classés au nombre des natu- rels; ils peuvent être reconnus plus tard par leurs parens. $ 2. Tabléau spécial des Enfans naturels. A DOMICILE EXPOSÉS RECON- | Lécrrmés |renuss | TOTAL , NUS par leur mère des ANNÉES. reconnus Garçons. | Filles. | Garc. | Filles. Garç.| Filles.) Garç. | Filles. | Garç.| Filles} légitimés. 1814 593 1 Û | 8| 8] 0 1 1815 50 10| 5! 2 0 1816 | 25 10! 6| 0 0 1817 22 1 8 7| 2 0 1818 55 8! 41! 1 0 1819 50 FIL UNE 0 1820 55 10! 10 0 1821 23 10 0 à ma h9 19 © 19 © À RO ON RO 2 © À 9 QE UE Or Cr OR à & UANMOUONOUNVeUG NO OS K9 = GE 9 D OO © 2 O1 Où 9 © © © = © On 000000000002 © 5 4 5, 1822 27 7| 8] 7 0 1825 51 Cor ar ele : 0 1824 24 41, 7 2 0 1825 22 4| 5] 5 0 1826 18 5| 6! 5 0 1827 25 4| 6! 6 0 1828 18 2] 5] 6 0 1829 24 (6) || E 0 1850 19 2| 5| 4 0 1851 2% 5] 7| 4 1 1832 AIT 6e IRTz 0 1835 21 6| 6| 0 0 496 | 477 | 54 | 65 |1092/120/125 © 19 (en) un Cr Q 19 10 336 RECHERCHES $ 3. Conséquences. D'où suit : 1° Que sur 1092 enfans naturels, 119 sont exposés, et n’ont ni père nl mêre CONDUS- 3-6: -. 10,00 2° Que sur ces 1 19 exposés, 4 seulement sont recon- nus par la mère naturelle, aucun par le père. 3° Que l’on expose plus de filles que de garcons, dans le rapport de 6 à 5. 4° Que 973 enfans sur 1092, ont une mère reconnue et désignée dans Pacte de naissance. 5° Que 243 enfans sont simplement reconnus par le x , A Q père, le plus souvent dans l’acte même de naissance. 22,25 6° Que 117 enfans sont /égitimés par mariage sub- SÉQUENT. s +2 4: BRLAESPE CERR MRER PRE PRE USERS QUE Pc LU LA J , >: 7° Qu'il y a égalité presque complète entre le nom- bre des garcons et des filles reconnus et légitimés. 8° Qu'il reste 613 enfans naturels sur 973 non expo- sés, dont le père demeure inconnu. . . . .. lotte HOGArt 100,00 9° Qu’ainsi lon peut compter que sur les enfans naturels, 1/9 environ est tout-à-fait abandonné; que 2/9 sont reconnus ; que presque 1/9 arrive jusqu’à la légitimation ; que le père ne se fait connaître que dans un tiers des cas; que 5/9 sont des enfans naturels simples, n’ayant d’autre parent légal que leur mère. $ 4. Enfans trouvés. Leur nombre a été considérable pen- dant que Genève était chef-lieu du département du Léman. SUR LA POPULATION DE GENÈVE. DA Dans les 15 ans, 1799—1813, il y en a eu en moyenne 37 par an, ce qui établit le rapport approximatif de 1 enfant trouvé à 627 habitans. Dans les 20 dernières années, il n’y en a plus en moyenne que 6 par an, soit environ 1 sur 4200 habitans. (Les élémens de ce calcul se trouvent dans les comptes rendus de l'Hôpital, années 1818 et suivantes.) Une différence si considé- rable entre ces deux époques successives, tient en partie à un changement d’état politique et de circonscription territoriale, en partie à plus d’aisance dans la population; mais il est impos- sible de n’y pas reconnaître aussi une amélioration dans la mo- ralité publique. CHAPITRE VI. — ADOPTIONS. Il y a eu en tout sept adoptions dans les 20 ans. On voit que les conditions et les formalités légales auxquelles on a assujetti adoption, en rendent l’usage infiniment rare. TOM. VII, 2*° PARTIE. 42 338 RECHERCHES CHAPITRE VII — MARIAGES ET DIVORCES. SECTION L. — GÉNÉRALITÉS. $ 1. Tableau des Mariages et Divorces. DIVORCES. ANNÉES. |MARIAGES. Cause Consente- détermi- ment Total. née. mutuel. 1814 12 0 2 2 1815 151 3 1 4 1816 212 6 0 6 1817 166 5) 5 8 1818 175 2 4 6 1819 149 4 1 3 1820 160 2 2 6 1821 177 5) 0 b) 1822 145 5 0 5 1823 182 NM 1 2 16582155 [VA À #7 1824 199 2 0 2 1825 179 4 0 4 1826 169 1 2 5 1827 181 5 5 6 1828 210 5 2 5 1829 204 1 1 2 1850 192 2 0 2 1851 200 5 1 4 1852 245 4 0 4 18355 199 5 0 5 1978 26 9 99 Tot.gén.| 5616 | 59 | 925 | 8 $ >. Moyennes annuelles. Dans les premiers dix ans il y a eu, année moyenne, 164 mariages; dans les derniers dix ans SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 3939 198; moyenne totale des mariages, 181; des divorces, 4. Le nom- bre des mariages varie assez d’une année à l’autre; dans les six dernières années il est devenu plus considérable et plus fixe. ( 3. Accroissement des Mariages Premiers dix ans, 14658 mar. — 100 Derniers — 1978 420,75 Cet accroissement, qui est d’un cinquième, est décidément plus fort que celui de la population, qui pendant le même temps n’a été que d’un huitième; la prospérité et l’aisance plus géné- ralement répandues dans la population, auront sans douteallégé, pour les personnes en Âge de se marier, le fardeau de l'entretien et de l'éducation des enfans. $ 4. Diminution des Divorces. Pendant ce même temps, les di- vorces ont au contraire diminué. Premiers dix ans, 47—100 Derniers — 55— 14 Cette diminution absolue d’un quart dans le nombre des divor- ces, tandis que les mariages augmentaient, est encore, en fa- veur de la population actuelle, la preuve d’une moralité crois- sante. Secrion Il. — Dérairs sur Les MaRrAGEs. $ 1. Rapport des mariages à la population. I y a, année moyenne, un mariage sur 141 habitans, soit une personne se mariant sur 70. En ne prenant que les dix dernières années, le rapport serait d’un mariage sur 151 , même chiffre que celui donné par la France depuis la Restauration (Ann. du Bur. des Longit. 1854, p. 101). 340 RECHERCHES En Angleterre, on compte un mariage sur 428 habitans (Rickman, cité par Villermé, Ann. d'Hygiène, XIX, 226). Au reste, ce n’est pas entre le nombre des mariages etle chiffre absolu de la popu- lation qu’existe le rapport intime etréel, mais entre le nombre des mariages et ce- lui des personnes en âge de se marier, qui coexistent dans une population donnée. Or ce rapport varie suivant la longévité de chaque population. Celle qui est douée d’une longévité plus grande possède un nombre de nubiles proportionnellement plus considérable que celle qui, ayant une vie plus courte, perd beaucoup d’in- dividus avant l’âge de puberté. Or la population genevoise étant douée d’une as- sez grande longévité, on peut conjecturer que le nombre proportionnel de ses mariages est en réalité plus faible qu’il ne le paraît à la simple inspection du chif- fre que nous avons rapporté. $ 2. Qualité des conjoints. Les mariages des 8 années 1814-15, 1826-50, 1852, se répartissent comme suit : Entre garcon et fille, 1201.....81,53 — garcon et veuve, #1 .…. 8,87 — garçonet divorcée, 12 — divorcéet fille, — veufet fille, — divorcé et veuve, — veufet veuve, — veufet divorcée, 5 mie1286 1 SUR Ne 24 1 3 1 1473....100,00 $ 5. Force palingamique. D'où suit : 10 que 1258 garçons s'unissent, par po- lygamie successive , avec 1585 filles, pour former 1475 mariages; 2° que sur 1473 mariages, il y en a : a) Pour les hommes, 1258 de garçons (0,854), et 215 seconds mariages (0,146), soit À sur 6,85. b) Pour les femmes, 1583 de filles (0,959), et 90 seconds mariages (0,061), soit 1 sur 46,56. Ainsi 400 garçons se mariant, contractent successivement 117,1 mariages, et 100 filles se mariant, 106,5 mariages. La force que j'appellerai palingamique (de rw, de rechef, et y4uos, mariage), SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 341 c’est-à-dire celle qui engage l'individu qui a vu dissoudre les liens de son premier mariage à en contracter un second ou ultérieur, est donc plus que double chez l'homme de ce qu’elle est chez la femme, et 1258 hommes sufisent à 1585 femmes. Pour 400 maris, il faut donc successivement 109,9 femmes, tandis qu'inverse- ment , pour 400 femmes il suflit de 90,9 maris. Le nombre des garçons se rema- riant est à celui des filles qui se remarient : : 215 : 90 :: 1 : 0,418 :: 2,588 : 1. La supériorité de la force palingamique de l’homme sur celle de la femme est d'autant plus remarquable que l'homme, se mariant plus tard que la femme, et étant doué d’une moindre longévité, il ya plus de femmes qui survivent à leurs maris que de maris qui survivent à leurs femmes, comme on peut le voir dans tous les états de population. Sans l’action de ces causes, la supériorité palin- gamique masculine serait plus forte, ce qui prouve qu’elle tient à une loi physio- logique de notre nature, ou du moins à une loi sociale. Les proportions que j'ai établies concordent avec celles trouvées par Muret dans le pays de Vaud pendant le siècle dernier (Mém. sur l'état de la population dons le pays de Vaud, dans les Mém. de la Soc. Economiq. de Berne, 1766, le partie, p. 50). Il n’en est pas tout-à-fait de même à Paris, où nous trouvons, pendant les 19 ans 1815-55: Mar. entre garcons et filles, 108064— 81,51 _— garcons et veuves, 6723— 5,07 —_ veufs et filles, 13569— 10,24 _ veufs et veuves, 4921— 3,18 = 132577—100,00 D'où suit qu'à Paris 100 garçons se mariant, contractent successivement 115,5 mariages ; 100 filles,109 mariages, etc. Les veufs s’y remarient moins qu'à Ge- nève, et les veuves plus souvent. Les résultats genevois tiennent probablement au grand nombre de femmes coexistant dans cette ville, en proportion des hom- mes, d’où résulte une sorte de rareté factice de ceux-ci; aussi les hommes s’y marient, à proportion, un peu plus qu’à Paris, et les femmes un peu moins. Maintenant que nous connaissons la proportion des premiers mariages des deux sexes, cherchons quelie est la proportion annuelle d'individus entrant dans l’état de mariage, sur la totalité des habitans de Genève de chaque sexe; nous divise- rons le nombre total des hommes et des femmes par le nombre moyen annuel des 912 RECHERCHES mariages de garcons et de filles. Le produit sera le rapport moyen cherché. D'a- près les élémens ci-dessus, nous avons : 11749 hommes 13851 femmes PR EE hr et 815 154,6 mar. de garcons 170 mar. de filles Ainsi il se marie annuellement 1 homme sur 76, et 1 femme seulement sur 81. La différence entre ces chiflres est celui de 4 sur 70, que nous avons établi au $ 1, tient à ce que les seconds mariages entraient dans le premier calcul, et sont exclus de celui-ci. S 4. Age des premiers mariages. J'ai recherché, pour quelques-unes des années comprises dans mon travail, l’âge des garçons et des filles qui se marient, en prenant l’âge indiqué en ans et mois que chacun d’eux avait au jour du mariage , en faisant l'addition, et divisant la somme par le nombre des individus; le résultat donne l’âge moyen. a) En 1814 et 15, la population se ressent encore des guerres de l'empire, qui enlevaient la plus grande partie des jeunes hommes et appauvrissaient le pays. Pendant ces deux années, il s’est marié 219 garçons, comptant ensemble 6775 ans 5 mois, soit, âge moyen, 50 ans 11 mois; et 255 filles, comptant ensemble 7445 ans 5 mois, soit, âge moyen, 29 ans 5 mois; supériorité d'âge moyenne du mari, 4 an G mois. b) Désirant dégager le résultat cherché de l'action des causes pertubatrices qui avaient influé sur 1814 et 15, j'ai choisi les 5 années 1826-50, qui doivent ex- primer l’état habituel et normal de la population, étant des années de paix et de prospérité intérieure. ans. m- 208 mm. 833 garcons comptaient ensemb. 24184 8 soit âge moyen auquelilsse marient, 29 » 902 filles — 24210 8 — elles se marient, 26 10 Supériorité d'âge moyenne du mari, 2 2 Ces chiffres méritent confiance, car les moyennes des à années consécutives sur lesquelles ils’ sont établis, sont très-rapprochées (1). (4) Dans les années 1826-30, l'âge moyen des garcons a été successivement 29 ans 4 mois ; 29, 4; 28. 10; 29. 5; 28. 4; et celui des filles, 26 ans 10 mois ; 26. 9; 27. 0: 26, 10; 27. 0. SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 9348 Comme à 29 ans l’homme a une vie probable de ans 52,46 et la femme à 27 une vie probable de ans 55,65, il en résulte que la femme a, en se mariant, une probabilité de vie plus forte de ans 5,19 que celle de son mari, ce qui équivaut à une chance de survie de 41 contre 10. Les statistiques n’offrent guère de chiffres que nous puissions comparer à l’âge moyen protogamique de Genève (de rpwrss, premier, et y#2os, mariage). Duvillard dit qu'en France, sous l’ancien régime , les premiers mariages des cultivateurs et artisans avaient lieu, moyennement, à 24 ans; mais ce chiffre, établi sur des données inconnues, n’apprend point à quel âge se mariaient respectivement les garçons et les filles, celles-ci étant toujours plus précoces. Muret donne, de 5 ans en 5 ans, l’âge auquel 1000 femmes se mariaient à Vevey; il en résulte un âge moyen d'environ ans 24,69, mais il se tait sur l’âge du mariage des hommes. M. Villot dit qu'il résulte de 482 observations faites à Paris au xvnime siècle, que l’âge matrimonial était pour les garcons ans 29,68 et pour les filles ans 24,72 (1). Le chiffre de Genève, déduit d’un nombre double d'observations, donne pour les garçons un âge très-voisin de celui de Paris, et pour les filles un âge de 2 ans plus tardif. $ 5. Age absolu des époux. Les actes de mariage que j'ai lus sur les registres, présentent toutes les diversités, tous les extrêmes d’âge. Ainsi on voit des garçons âgés de 13 lustres, des filles sexagénaires, s’engager pour la première fois dans les liens de l’hymen, que des veufs plus qu'octogénaires, des veuves septuagé- naires ne craignent pas d'aborder de nouveau. D'autre part aussi, des jeunes gens se marient à l’âge strictement légal de 48 ans pour les hommes et 15 pour les femmes; mais aucune dispense n’a anticipé sur cet âge pendant notre période de 20 ans. — Dans les années 1826-50 les époux, tant en premières qu'en ulté- rieures noces, se sont ainsi classés par âge. (1) Duvillard, Analyse de l'Influence de la petite-vérole sur la mortalité, p. 151. ilot, Ann. du Bureau des Longit. 1829, p. 109, 344 RECHERCHES HOMMES. FEMMES. } A Nombre reel. Calculé. Nombre réel. Calculé. Avant 20 ans, Boss. 0,8 815... 85 de 20 a 30 » HEC ACTU 58,0 DM ee 61.8 3040 » STE SEE ee . 26,9 DID-krer ee -2220 4050 » AT Ste serre 8,0 BA cn see o0 5,6 50260 » ABeoocoose 4,5 Alonso 1,5 60270 » 13... 1,4 Laroosnere 0,1 70280 » dessodo ve 0,4 Dec ste 0,0 956 100,0 956 100,0 S 6. Age comparatif des conjoints. Mais ce ne serait point assez faire que de rechercher l’âge de chacun des époux pris isolément; il est plus important encore de comparer l’âge respectif des époux entre eux, puisque c’est la circonstance qui paraît influer le plus sur la fécondité des mariages. Mariages. Proportion. = deplus de20 ans, 28.......... 2,93 E 15 20 STE 2e 3,87 , a. 10215 » CRÉES ont LC ë HALO M TT ecee .. 18,52 2 1 RE OIOME) CHA CeNNE 26,178 Ë de 1 mois à 1 an, GA. 00) Age rigoureusement égal, 10........ 1,04 2 .[deimoisà1 an, Gloss QUI aaNde 1à 5ans, 130.......... 13,60 En] de DA 10 GTS eee 7,22 22 deplusde 10 » DER oo Li 956 100,00 S 7. Conséquences. On voit que dans 30 mariages sur 100, la femme est plus âgée que le mari. Si nous ajoutons que la supériorité d'âge moyenne du mar; sur la femme, n’est que de deux ans deux mois, tandis qu’à Paris elle est pres- que de 5 ans, nous en conclurons qu’à Genève le mariage des femmes est tardif, proportion gardée avec celui des hommes. Ce retard s’explique surtout par la prédominance du sexe féminin , qui est dans cette ville de près d’un douzième. Le grand nombre de servantes qui ne se marient que quand elles ont fait des SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 9345 économies suffisantes pour se mettre en ménage, la circonspection du caractère, la difficulté d'assurer l'avenir d’une famille au milieu des exigences de l’état social, influent aussi sur ce résultat. — On sait que les mariages dans lesquels il y a une trop grande différence d’âge entre les époux, sont peu productifs. On peut con- sidérer comme tels ceux où le mari a plus de 10 ans de plus que sa femme, et surtout ceux où la femme excède de plus de 5 ans l’âge de son mari; il y a en tout 26,56 p. 0/0 de ces mariages, plus d’un quart. Sur ce nombre il doit y avoir assez de mariages stériles, ou du moins peu productifs. De tout ce qui précède, nous pouvons conclure qu'a Genève les mariages doivent être peu féconds, mais que par cela même que les enfans qui en pro- viendront seront moins nombreux, ils pourront être d'autant mieux soignés par leurs parens, ils échapperont aux casualités de l'enfance , et seront amenés à l’âge d'homme dans une forte proportion. S 8. Rapport des mariages aux naissances. Les 20 ans étudiés donnent 5616 mariages et 9855 enfans légitimes , d’où suit qu’un mariage produit 2,7195 enfans, presque 2 5/4. Si l’on ajoute 517 enfans mort-nés légitimes, on a en tout par mariage : 2,7193 enfans viables. 0,1429 » mort-nés. 2,8622 » concus par mariage. IL faut reconnaître que ce mode de calcul prête à la critique. On n’a pas pu déduire du nombre total des mariages ceux qui sont demeurés stériles, les registres n’en indiquant pas le nombre. De plus, les naissances d’une ville ne correspondent pas entièrement aux mariages de cette même ville ; il naît à Genève des enfans de parens mariés dans un autre lieu, et réciproquement des époux mariés à Genève vont s'établir ailleurs. Enfin, les naissances enregistrées dans une année ne sont pas le correspectif des mariages célébrés dans la même année; ainsi les naissances de 1814, année où commence ce travail, sont produites par des mariages d'années antérieures; les mariages de 1855, année où ce travail s'arrête, ne produiront de naissances que les années suivantes. — Ces objections seraient graves , si l’on voulait déduire le chiffre de fécondité, du mouvement d’une population pendant un ou deux ans seulement; mais dans une période de 20 ans, les différences s’é- galisent ets’effacent. Ainsi les mariages contractés en 1814, 15, 16..., ont proba- TOM. VII, 2° PARTIE. 43 346 RECHERCHES 5 blement terminé toute procréation d’enfans avant 1855; et si les enfans qui proviendront des mariages de 18355, ne se trouvent pas compris dans notre récapitulation des naissances, leur nombre ne sera pas loin de se balancer avec celui des rejetons des mariages de 1815, qui tous figurent dans la période étudiée. Quant aux émigrations et immigrations, à la longue elles doivent se compenser. Enfin, les chiffres moyens ne s’établissent que sur dés faits généraux, sujets à des exceptions individuelles. Le chiffre de 2 5/4 enfans par mariage est sans contredit le plus faible connu. En France, un mariage produit 5,8 enfans. De 1695 à 1768, le rapport des maria- ges aux naissances totales était à Genève de 1 à 5,95. « Les familles genevoises étaient autrefois incomparablement plus nombreuses que de nos jours, dit M. Ga- life (Notices généalogiq. sur les fam. genev., t.[, Introd. p. xliij), mais la popula- tion n’en augmentait pas pour cela, parce que la mortalité était aussi incompara- blement plus considérable. Daniel Favre eut 12 enfans en 16 ans de sa première femme, et 7 en 15 ans de la seconde. Sur ces 19, à peine 5 parvinrent à l’âge de se marier. On avait le temps d’en faire beaucoup, parce que les femmes se mariaient beaucoup plus jeunes que de nos jours, le plus fréquemment de 15 à 47 ans; et puisle veuvage n’était jamais long. » Si l’on compare ce passage caractéristique avec les faits actuels, on verra quel chemin la population genevoise a parcouru depuis trois siècles. Douée, dans l’en- fance de sa civilisation , d’une fécondité prodigieuse qu'accompagnait une exces- sive mortalité, elle a, petit à petit, vu diminuer l’une et l’autre, et corrélative- ment sa population croître , sa prospérité augmenter d’une manière surprenante. Dans les dix dernières années du xvume siècle, un mariage produisait encore 5 enfans et plus, la vie probable n’arrivait pas à 20 ans, et Genève comptait à peine 17,000 habitans. Vers la fin du xvmme, il n’y avait guère plus de 5 enfans par mariage ; la vie probable dépassait 52 ans, et Genève avait atteint le chiffre de 26,000 habitans. Aujourd’hui un mariage ne produit plus que 2 5/4 enfans ; la vie probable est de 45 ans, et Genève, qui dépasse 27,000 âmes, touche à l’apo- gée de sa prospérité matérielle. Maintenant, le terme de la diminution des nais- sances paraît atteint, et il est difficile d'admettre comme probable un abaissement ultérieur un peu fort dans le chiffre déjà si faible des naissances. La population semble avoir fait son effort, et s’est accrue dans son étroite enceinte de telle sorte, que la reproduction ne tend plus qu'à réparer les pertes occasionnées par la mor- SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 347 talité. Diverses causes physiques et morales ont dù influer sur ce résultat. Ce se- rait sortir du domaine des faits, que de hasarder à ce sujet des conjectures qui pourraient ne pas expliquer d’une manière complète et satisfaisante ce phénomène social. Pour le temps actuel , on pourrait dire que les besoins croissans, réels ou factices, créés par une civilisation qui dirige plus particulièrement ses progrès du côté du bien-être matériel, Fesprit de circonspection prudente que Malthus ap- pelle retenue morale, ont contribué à diminuer, non pas le nombre des mariages, mais leur fécondité. Secrion IL. — Dérarcs sur Les Divorces. $ 1. Durée des mariages dissous par divorce. Les mariages dissous par di- vorce dans les 20 ans étudiés, avaient duré en moyenne, du jour de la célébra- tion à celui du divorce prononcé par l'officier civil, y comprisles délais de procédure, ceux par consentement mutuel, 12 ans 2 mois, et ceux pour cause déterminée, 15 ans. $ 2. Rapport des divorces aux mariages. Lors de sa réunion à la France, Ge- nève futsoumise à la loi du 20 septembre 1792 sur le divorce. Sous l'empire de cette législation, qui avait aboli la séparation de corps et admis le divorce par consentement mutuel, pour incompatibilité d'humeur, démence, dérèglement de mœurs, abandon de 2 ans ou absence de 5 , etc., les divorces furent fréquens. Du 1% messidor an vr à la fin de l’an xx, pendant 5 ans 5 mois, il y eut 796 ma- riages et 102 divorces, soit 4 divorce sur 7,8 mariages. Depuis que le Code civil a beaucoup restreint les causes de divorce, en a rendu les formes plus difficiles , et a rétabli la séparation de corps, il y a eu à Genève, de l’an xn à la fin de 4855, dans 50 ans et 100 jours, 5246 mariages et 109 divorces, soit À divorce sur 48 mariages , c’est-à-dire six fois moins que sous le fâcheux empire de la loi du 20 septembre 1792. CHAPITRE VIIL — DÉCÈS. $ 1%. Généralités. De tous les faits qui concernent le mou- vement de la population et le remplacement des générations les 348 RECHERCHES unes par les autres, les décès sont certainement les plus impor- tans à étudier et les plus féconds en résultats. En compulsant des registres mortuaires soigneusement tenus, complets, indi- quant exactement l’âge des décédés, on en déduit les vies moyenne et probable des deux sexes, les calculs qui en dé- rivent sur les rentes viagères et les assurances sur la vie, la loi de population, le nombre des vivans de chaque âge, celui des individus en âge de travailler et des hommes en état de por- ter les armes, la proportion des célibataires, mariés ou veufs, l'influence du mariage sur la vitalité, les effets des épidémies, disettes, etc. En comparant le chiffre des naissances à celui des décès, on découvre la loi du mouvement des peuples, on re- connaît la marche qu’ils ont suivie, on peut mème jeter un re- gard investigateur dans leur avenir. Aussi est-ce principale- ment à l’étude des décès et de la mortalité que se sont particu- lièrement attachés Halley et les premiers statisticiens. SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 349 $ 2. Tableau des décès et des années vécues. HOMMES. FEMMES. INDIVIDUS DES DEUX SEXES. Nombre Age. Nombre. Age. À —— |__| ——— | ———| ans. m. | j. ans. m. | j. 1814 | 294) 11,556| 7| 5] 570) 16,005] 2/21! 664 1815 | 202] 7,565] 1| 2] 252| 9,464] 5|18] 454 1816 | 219] 9,674] 1116] 277| 12,782) 1|18] 496 1817 | 222] 9,021/10/24] 252] 10,067/10/17, 454 1818 | 217] 7,545] 7122] 299) 11,477] 7| 5] 516 1819 | 207! 7,664] 4] 7] 265| 11,195] 4! 6] 472 1820 | 259! 9,788! 5/14] 276] 12,647| 4| 5] 515 1821 | 224| 8,668| 8/18] 285| 12,454] 6/21, 509 4822 | 272} 10,050] 0! 5| 280] 11,572) 5/29] 552 1825 | 217| 8,555/11122] 270| 11,210|11/14| 487 2515| 89,88 1824 | 271| 10,779 4825 | 276| 10,255 1826 | 511! 11,602 1827 | 290| 10,072 1828 | 515| 12,545 1829 | 269! 10,785 1850 | 255| 9,580/1 1851 | 275] 10,577|1 1852 | 554| 12,559| 9 1855 | 517| 12,574 511148,585|10! 41 5099 12,904| 5/12, 541] 25,685| 6| 0 12,128| 81291 546| 22,581| 9] 8 10,660! 9125, 579] 22,965 27 41,757|10| O[ 587| 21,810 12,084| 01251 601| 24,497 15,096! 9124| 555| 25,889 15,877| 6125 570| 25,458 12,776] 9127 260! 25,554 12,959| 1124[ 657| 25,478 12,185| 9117 619 124,591110/2% e2 19 19 = 1 Cr © © 9 & © Œ | C1 SRE TRE nn Le) 5690/242,977| 8|28110912/44 rss CS QI Ê 1 1 Cr Q0 En (Te) . $ 3. Moyennes. Dans les premiers dix ans il est mort, année moyenne, 231 hommes, 279 femmes; total, 510; dans les derniers dix ans, 291 hommes, 290 femmes; total, 581; dans les 20 ans, 261 hommes, 284 femmes ; total, 545. On remar- 350 RECHERCHES quera que l’excédant des décès féminins, qui est de 1/6 dans les premiers dix ans, disparaît dans les derniers. $ 4. Accroissement des décès. Premiers dix ans, 5099—100 Derniers — 5815—114,0 Cet accroissement est proportionnel, soit à celui des naïssances, soit à celui de la population. $ 5. Comparaison des diverses années. Le nombre des morts varie beaucoup plus d’une année à l’autre que celui des nais- sances ; le chiffre total des décès de 1814, est à celui de 1815 comme 3 à 2; hors ce cas extraordinaire, la différence d’une année à l’autre est au plus de 1/7. L'année 1814, dans les premiers mois de laquelle régna une fièvre pernicieuse apportée par l’armée autrichienne, produisit un excédant des décès sur les naissances , soit une dépopulation de 150 individus (1/161 des habitans). Cette mortalité porte exclusivement sur les pre- miers mois de l’année; les derniers, au contraire, sont restés au-dessous de la moyenne. Par compensation, l’année suivante, 1815, est celle qui compte le moins de décès ; elle offre aussi un certain excédant de naissances; cependant ce n’est que dix ans après que l'équilibre entre les naissances et les décès se trouve rétabli. — L'année 1832 offre aussi l’exemple d’une in- fluence délétère, puisqu'il y a excédant de 82 décès sur les naïs- sances; ce résultat est dû en grande partie à une assez forte épidémie de petite-vérole. $ 6. Rapport des décès à la population. I meurt annuelle- SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 351 ment une personne sur 46,92, proportion très-faible, et pres- que rigoureusement égale à celle des naissances. $ 7. Décès à l Hôpital. W résulte des comptes rendus de l’hô- pital que, pendant les 7 ans 1827-33, il y a eu 3132 hommes malades (civils) et 1512 femmes, il est mort 352 hommes et 235 femmes. Il meurt donc parmi les hommes 11,24 p. o/o des malades ; parmi les femmes 15,54 p. o/o, ce qui prouve qu’el- les ne se déterminent à entrer à l’hôpital que plus tard et plus malades que les hommes, ou que leur genre de vie, moins pé- nible que celui des hommes, les exposant à moins de maladies, celle qui les conduit à l’hôpital est plus souvent leur maladie mortelle. — Sur 598 individus décédés (en y ajoutant 11 mi- litaires morts sur 922 admis), 115 sont morts dans les 5 pre- miers jours de leur arrivée, et par conséquent déjà mortelle- ment atteints. Le séjour moyen des décédés a été de 43 jours d'hôpital: il y avait 115 morts au-dessus de 70 ans (0,192 ou 1/5). La vie moyenne des hommes était de 47,59 ans; celle des femmes de 49,55 ans. — En comparant le nombre des morts à l’hôpital aux décès totaux, on voit qu’il meurt à l'hôpi- pital environ 1,6 des hommes (0,177), 1/9 des femmes (0,112), 1/7 du tout (0,144). CHAPITRE IX. — VIE MOYENNE. $ 1. Ce que c’est que la vie moyenne. Si, en dépouillant les registres mortuaires, on additionne le nombre d’années vécues par chacun des décédés, on obtient un chiffre qui représente le 352 RECHERCHES nombre d'années collectivement vécues par tous les morts pris ensemble. En divisant cette somme par le nombre des décédés, on obtient pour quotient le chiffre de la vie moyenne, c’est-à- dire de la longévité moyenne de chaque individu, le nombre d'années que chacun aurait vécu si la durée de la vie avait été la même pour tous. — Le chiffre de la vie moyenne, fonde sur l'existence entière de ceux qui le fournissent, est le plus rigou- reux et le plus fixe des résultats que l’on peut déduire des re- gistres mortuaires. $ 2. Sa détermination. Trop souvent le chiffre de la vie moyenne n’a été donné par les auteurs que par approximation, d’après des tables de mortalité indiquant le nombre des morts de 5 en 5 ou de 10 en 10 ans; si la table indiquait 100 morts de 20 à 30 ans, ils prenaient pour moyenne 100 morts de 25 ans, ayant vécu collectivement 2500 ans. Cette méthode n’a rien de sûr; dans des sujets aussi délicats, il n’est pas permis de se contenter de simples à-peu-près. Au lieu de ces procédés expéditifs, J'ai additionné l’âge vécu par chacun des décédés portés au registre, non-seulement en années, mais aussi en mois et Jours quand ils étaient indiqués. Sur 5222 hommes morts de 1814-33, l’âge de 3 est mconnu; les 5219 restant ont vécu ensemble 200707 ans, 11 mois, 21 jours, soit MIE TNOYENNE TA UE EN DE SORTE CO Sur 5690 femmes décédées, l’âge de 2 est inconnu ; les 5688 autres ont vécu ensemble 242977 ans, 8 mois, 28 J"°, soit vie moyenne. 42 3 18 SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 393 Les 10907 individus des deux sexes ont vécu 443775 ans,8m., 19 fe SOIÈVIE MOYENNE... +... 104. A0 7j. Si, de plus, nous tenons compte de ce que, dans les actes de décès, l’âge des adultes ne s'exprime d’ordinaire que par le nombre d’années révolues, en négligeant les fractions d’années vécues en sus, on verra que la ve moyenne arrivera à peu près à quarante-et-un ans, chiffre remarquablement élevé, surtout pour une population urbaine un peu considérable. Nous venons de voir comment on calculait la vie moyenne à la naïssance, en additionnant le nombre d’années vécues par les décédés de tout âge, et divisant la somme par le nombre d'individus soumis au calcul. Si l’on veut connaître la vie moyenne à un an, ilfaut prendre le nombre des individus vivans à un an, y ajouter le nombre des individus survivans à chacune des années suivantes , et diviser la somme totale par le nombre d'individus vivans à un an. L'opération se fait d’une manière analogue pour toutes les années suivantes. — Soit 7 le nom- bre des vivans de chaque âge, o.ou la naissance, 1, 2,3, 4... ans, M la vie moyenne à l’âge cherché, 0,1, 2, 3, 4..... ans; nous avons, d’après ce qui précède, pour la vie moyenne générale calculée au moment de la naissance : s Vo Vis Ve: Votp Va teste 0— = Les valeurs réciproques de et de M restant les mêmes quand, au lieu de calculer à o ou la naissance, on cherche la vie moyenne à 1, 2, 3... 50... ans, on a de même : TOM. VII, 27° PARTIE. 44 354 RECHERCHES Va Ve Na Va EVE ONG. ete. L— Vi M 50— V5o V5o + Vo1 + V5o + V53 + V54 +....... etc. Et réciproquement M x V à un âge donné, doit reproduire le nombre des survivans à cet âge. C’est ainsi que J'ai calculé la table de vie moyenne pour les deux sexes depuis un an. $ 5. Son accroissement. La vie moyenne s’est graduellement et continuelle- ment accrue depuis le moment auquel remontent les premiers registres mor- tuaires jusqu'à nos jours. HOMMES. ans. m. j. Fin du xvre siècle xvire siècle, sors... 1701-1750, 29. 226 1751-1800, 31 10 12 1801-1813, 35 O0 29 1814-1833, 38 5 21 FEMMES. DEUX SEXES. ACCROISSEM. ans. m. j ans. m J: OPA EE 21 2 20 100 usure 25 8 2 120 35 8 22 32 7 22 153 36 11 17 34 6 11 162 41 5 25 38 6 181 42 8 18 40 8 7 191 Quoique l'accroissement soit bien marqué pour chacune des grandes périodes, cependant la vie moyenne est un peu plus faible dans les dix dernières années que dans les dix précédentes. HOMMES. ans Tr De 1814-23 elle est 38 10 28 1824-33 — 381119 Différence, — 0 9 13 FEMMES. DEUX SEXES. ans. om. j ans. m. Je Rae Ne LE 40/7 HAS 42 10 0 40 5 22 +0 2 2% = NT Il y a eu augmentation de la vie moyenne des femmes, diminution de celle des hommes et de la vie moyenne totale. Peut-être cette diminution , qui est à peine SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 355 de 1/90, et qui, pour être caractéristique , aurait dû s'exercer également sur les deux sexes, est-elle dans l’ordre des variations possibles, sans qu'il existe de cause de perturbation ; peut-être tient-elle à ce que, dans la première période, il sera mort un plus grand nombre de vieillards, dont les années , se répartissant entre tous les décédés, augmentent le quotient; mais elle n’a aucun rapport direct avec le nombre des décès annuels. — La vie moyenne varie assez d’une année à l’autre , mais devient assez fixe quand on l’envisage par périodes de quelques an- nées successives. Dans les 4 lustres étudiés, elle a été consécutivement de 41 ans 0 mois; 40. 10:40. 1 ; 40. 9: plus grande différence , 11 mois. $ 4. Vie moyenne des deux sexes. Il ÿ a long-temps que l’on a remarqué que la vitalité des deux.sexes était en raison inverse de leur force, et que les femmes vivaient plus long-temps que les hommes. Ce résultat a été, pour Genève, mis en évidence par les docteurs Cramer et Odier. Il résulte des tables de MM. Cramer et Joly pour tout le xvnme siècle, que 52,576 hommes décédés ont vécu ensem- 990,995 ans, et 55,605 femmes, 1,294,914 ans; qu’ainsi la vie moyenne de la femme est de ans 56,57; celle de l’homme, ans 50,60; supériorité de la vie moyenne de la femme , ans 5,77. Cette loi a continué à se vérifier dès lors, quoi- que dans des limites un peu plus faibles. Les 20 ans que j'ai étudiés donnent : ans. mi j. Vie moyenne de la femme, 42 8 18—111—100 —_ de l'homme, 38 5 21—100— 90 Différence, 4 2 21 Vainement chercherait-on à expliquer ce phénomène, comme le font quelques auteurs, en peignant « la vie de l’homme plus orageuse , plus sujette à l'influence d’agens destructeurs, chargée des travaux fatigans de la vie, excitée par les pas- sions politiques, en butte aux hasards de la guerre, aux caprices de l'océan, aux dangers de tout genre , donnant avec la fougue des passions dans toute sorte d’ex- cès. » (Durée comp. de la vie chez l'homme et chez la femme. Revue Britann. 1855, II, 542. Derham, Théol. physiq. p. 255). Car si nous examinons de près ce qui tient à la plus-vitalité de la femme, nous verrons qu’elle est à son apogée dans le sein de la mère, avant la naissance , puisque pour 100 garçons mort-nés on ne compte que 77 filles; qu’elle est encore très-forte dans la première année, 36 RECHERCHES diminue graduellement, et est faible dans l’âge adulte; d’où suit que le phénomène s’efface presque à l’âge même où les causes indiquées commenceraient à exercer leur influence. Ainsi, sans prétendre qu’elles soient absolument sans action, il faut reconnaître que ce grand problème physiologique a sa source dans une loi primor- diale de la nature humaine, dans la prédisposition des germes, dans l’essence intime de chaque sexe, dans le rôle même, dans la destination que la puissance créatrice leur a fixé d’avance. La plus-vitalité du sexe féminin me paraît la véritable cause de la disproportion numérique qui existe à la naissance entre les sexes. En effet, s’il naissait autant de filles que de garçons, celles-ci étant moins sujettes à mourir en bas-âge , il en résulterait qu'à l’âge adulte ox de nubilité, à cet âge où, pour assurer la reproduc- tion de l’espèce humaine et la marche régulière et normale des générations, il doit y avoir équilibre entre les sexes, qu’à cet âge, dis-je, il y aurait un notable excès dans le nombre des filles. Il a donc fallu qu’il naquît plus de garçons que de filles pour que, déduction faite du nombre plus grand de garçons qui meurent dans les premières années de la vie, il se trouvât à l’âge de nubilité une proportion convenable et assortie de garçons et de filles. Rendons ce raisonnement sensible par un exemple. En France il naît 17garc. pour 46 filles; siles casuañtés de l'enfance et de l'adolescence sont telles qu’il meure avant 20 ans 7 garçonset 6 filles, il restera à 20 ans 10 garçons et 10 filles, c’est-à-dire que l'égalité des sexes sera rétablie. — À Genève, nous avons vu que la proportion des naïssances était de 51,9725 garçons, et 48,0275 filles; multiplions le nombre des naï::ances masculines et féminines par le chiffre qui, dans la table de survi- vance , indique la proportion des survivans des deux sexes à 21 ans; nous aurons : Hommes, 51,9725 X 64,667 — 33,609 (en ôtant les dernières décimales.) Femmes, 48,0215 X 69,866 — 33,555 Et sur 100,000 naissances, il meurt jusqu'à 21 ans, garcons 18,363 $ 32,836 filles 14,473 et il survit, garcons 33,609 ; 7 files 33,555 | 2164 100,000 Ainsi l'égalité numérique entre les deux sexes est rétablie à 21 ans, âge où \ SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 357 le corps a pris tout son développement reproductif, époque de la majorité civile. Jusqu'à 21 ans le sexe masculin a prédominé , depuis 22 ans c’est le féminin qui est en plus grand nombre. La plus-vitalité de la femme est représentée par un chiffre très-voisin de celui qui exprime l’excédant des conceptions masculines. Proportion du sexe masculin à la conception, 100. Vie moyenne de la femme, 100 _ féminin —_ 91,5. — l'homme 90,0 En multipliant le nombre des conceptions de chaque sexe par le chiffre de longévité de chacun d’eux, on obtient des valeurs très-rapprochées. Ce qui confirme l’assertion de Kersboom : « que toutes les femmes qui naissent dans un endroit, vivent autant que tous les hommes qui naissent dans le même endroit ;» c’est pour ainsi dire la contre-preuve de l'explication que j'ai donnée du phénomène de la plus-vitalité des femmes, comparée à la plus-propor- tion des hommes. Il semble que le Créateur ait départi à chaque sexe une égale durée d'existence, mais que le nombre et le lot des parties prenantes ait varié. Le sexe masculin étant exposé à mourir dans l’enfance plus que le sexe féminin dans une certaine proportion, il est né un peu plus de garçons dans cette même proportion; le sexe féminin étant moins exposé à ces ca- sualités, il est né proportionnellement un peu moins de filles. Ces propor- tions inverses et réciproques pour chaque sexe de plus grand nombre et de moindre vitalité, ou de plus-vitalité et de moindre nombre, produisent des résultats équivalens. CHAPITRE X. — VIE PROBABLE. $ 1. Ce que c’est que la vie probable. Etant donné un cer- tain nombre d'individus à la naissance ou à un âge quelconque, l’époque à laquelle la moitié de ces individus sera morte, l’au- tre encore vivante, sera leur vie probable, parce que, toutes 358 RECHERCHES choses égales, il est également probable que lun ou l’autre de ces individus mourra avant cette époque ou qu’il la dépas- sera. C’est ce que Muret appelait terme moyen, « celui au- dessus et au-dessous duquel il meurt un nombre égal de per- sonnes. » $ 2. Sa détermination. 5219 hommes d'âge connu : la moitié est 2609 1/23 à 41 ans il en est mort 2600, à 42 ans 2634 ; leur vie pro- bahle etdpnedes 2 à: A1 à 310-704 5688 femmes d’âge connu : la moitié est 2844; à 48 ans il en est mort 2816, à 49 ans 2871, leur vie probable est donc de. . .. 48 6 5 Indiwidus des deux sexes, 10907: la moitié est 5453 1/2; à 45 ans il en est mort 5446, à 46 ans 5539; leur vie probable est donc de. 45 o 29 La vie probable aux divers âges successifs a été calculée par le même procédé que la vie probable générale à la naissance : les fractions d’année ont été exprimées, comme pour la table de vie moyenne, en chiffres décimaux. — D’après ce que nous avons vu jusqu'ici, on peut calculer que lorsqu'une femme est par- venue à environ 6 mois de grossesse, il y a 72 à parier contre 1 qu’elle accouchera d’un enfant seulement, 17 à parier contre 1 que l'enfant naïtra vivant. S'il naît vivant, il y a 13 à parier garcon; si c’est un garcon, il ya 1 à parier contre 1 qu'il sera encore vivant au bout de 41 ans 3 mois; et si c’est une fille, il y a 1 à parier contre + qu’elle sera encore en vie à 48 1/2 ans. contre 12 que cet enfant sera un SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 359 $ 3. Son accroissement. ans. m. j. Vers la fin du 16w°- siècle, la vie probable était de 8 7 26—100 Au 17%: siècle, — — — 13 3 16—153 De 1701 à 1750 — _— — 27 9 13—321 De 1751 à 1800 — — — 31 3 5—361 De 1801 à 1813 — — — 40 8 —470 De 1814 à 1833 — — — 45 O0 29—521 Ainsi la vie probable a suivi constamment à Genève une progression forte- ment ascensionnelle, et s’est accrue dans une proportion bien plus considé- rable que la vie moyenne. C’est que maintenant, si les mariages sont moins féconds qu’autrefois, on conserve bien plus de nouveau-nés," on amène bien plus d’enfans à l’âge d'homme. Or comme la, prospérité et la richesse d’un peuple ne dépendent pas tant du nombre absolu de ses habitans que du nombre relatif de ceux qui sont dans l’âge du travail et de la force, on comprend que la valeur réelle et productive de la population de Genève s’est accrue dans une proportion bien plus forte que sa population absolue; celle- ci n’a fait que doubler depuis trois siècles, l’autre a recu un accroissement plus que double de l'augmentation purement numérique de la population. — Il est cependant à remarquer que la vie probable est un peu plus faible dans les dix dernières années que dans les dix précédentes : Hommes. Femmes. Deux sexes. De 1814-23 43 2 18........48 1 16........45 10 17 1824-33 39 7T —........49 — —........44 6 6 Différence —3 7 18 +0 10 14 —1 4 11 Il y a donc eu, dans les dix dernières années, augmentation de vie pro- bable pour les femmes, diminution de celle des hommes et de la vie pro- bable totale; cette diminution est même bien plus prononcée que pour la vie moyenne. Mais le chiffre de la vie probable qui, pour être sür, demande un grand nombre d'observations pendant une série d'années, varie d’une année à l’autre dans une proportion deux fois plus forte que le chiffre plus rigoureux et plus fixe de la vie moyenne. 360 RECHERCHES $ 4. Vie probable des deux sexes. Il résulte des tables genevoises du 48me siècle, que la vie probable de la femme a été de ans 52,60, celle de l'homme de ans 25,76; donc, supériorité de la vie probable de la femme ans 6,84. Cette supériorité s’est dès lors maintenue, car je trouve dans la période que j'ai étudiée : Vie probable de la femme, 48 6 3—117,5—100 _— l'homme, 41 3 10—100 — 85 Différence, 7 2 25 En parlant de la vie moyenne, j'ai déjà expliqué le phénomène de la plus- vitalité des femmes. J'ajouterai ici que cette supériorité de vie, très-grande à la naissance, a déjà diminué de moitié à l’âge d’un an; elle reste à peu près la même de 5 à 20 ans; de 20 à 50 ans elle diminue d’un tiers; à 40 ans elle n’est déjà plus que de 15 mois ; enfin vers 60 ans elle s’efface, et depuis 70 ans elle est presque insignifante ; les vieillards des deux sexes semblent avoir des chances à peu de chose près égales pour conserver en- core quelques années d'existence. On peut juger de cette marche décrois- sante par le tableau suivant, présentant la plus-vitalité de la femme en vie probable et en vie moyenne, à diverses époques, depuis la naissance jusqu'à 70 ans. Vie probable. Vie moyenne. A la naissance, 7,23............4,24 1an, 3,10....000000 0 ° 2519 5 ans, D 00 0 509010 0 0 8 1109 10 — 2,89....000 0 0 0 0» 1,92 20 — 2,39. ...0000 00° °2;10 30 — 152... css. 32 40 — 1,20 .ocoscot.1,23 50 — 15265... °° .0,98 60 — 0,92 ....:00 0 0 °°0,62 70 — 0193854807 200,99 SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 361 CHAPITRE XL — PARALLÈLE DES VIES MOYENNE ET PROBABLE. $ 1. En quoi différent les vies moyenne et probable. I semble au premier coup d’œil que les vies probable et moyenne devraient être la même chose, et peut-être dans l’état normal d’une population dont l'existence serait soustraite à toute in- fluencé perturbatrice, ces deux termes devraient beaucoup se rapprocher, peut-être se confondre. Il n’en est pas actuelle- ment ainsi. Si dans une population donnée, il meurt beaucoup d’enfans en bas-âge, la vie probable, c’est-à-dire ie terme au-dessus et au-dessous duquel il mourra un certain nombre d'individus de cette population, se trouvera basse. Mais si les individus échap- pés à cette époque dangereuse prolongent leur carrière jusqu’à un âge avancé, la vie moyenne, produit de l’addition de leurs années, n’en sera pas moins assez forte; elle excèdera la vie probable. — Si au contraire de grandes précautions ont été prises pour préserver les jours de Penfance, l’âge auquel il survivra la moitié des nouveau-nés se trouvera de beaucoup prolongé; mais les individus dont l'existence délicate aura été amenée par beaucoup de soins jusqu’à l’âge adulte, ne vivront pas aussi long-temps que le petit nombre d'individus robustes qui, dans le cas précédent, échappaient seuls à la mortalité de l'enfance. La somme des années vécues ne sera donc pas très- TOM. VII, 2° PARTIE. 45 362 RECHERCHES forte, et il pourra arriver que la vie moyenne soit plus faible que la vie probable. Exemples. À. Si sur 1000 enfans il en est déjà mort 500 à ‘âge de 5 ans, la vie probable ne sera que de 5 ans. Mais si les 500 survivans vivent l’un dans l’autre 5o ans, la vie moyenne qui en résultera pour les 1000 individus sera d’envi- ron 26 ans. B. Si sur 1000 enfans la moitié survit encore à 40 ans, et si les individus vivans à cet âge n’ont plus en moyenne que 10 ans de vie, la vie probable sera de 40 ans, et la vie moyenne restera au-dessous de ce chiffre; elle ne dépassera pas 37 ans. Le premier cas est celui des populations peu avancées dans la civilisation, sujettes à des épidémies qui affectent particuliè- rement l'enfance, souvent décimées par la famine ou habituel- lement travaillées par la misère, manquant de précautions hygiéniques et sanitaires, où les soins médicaux sont mal admi- nistrés, où le bas-âge est meurtrier, mais où en même temps la forte mortalité de l’enfance est compensée par une grande fécondité; c’est l’état du peuple de beaucoup de grandes villes, surtout dans des temps reculés. — Le second cas est celui des populations progressives, civilisées, des pays les plus peuples, où l’on élève avec grand soin les enfans, mais où les mariages en produisent peu, où les habitudes et le mode de vivre sont sains et bien entendus, où règne l’aisance, où des soins médi- caux habilement dirigés ont combattu le fléau des épidémies et prolongé l'existence d’une foule d'individus. — Toutes les tables de mortalité données le siècle dernier, on peut presque dire toutes les tables connues, donnent une vie probable plus courte SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 363 que la vie moyenne. Muret seul a trouvé dans la population prospère du pays de Vaud la vie probable supérieure à la vie moyenne, dans le rapport de 41 ans 4 mois à 35 ans 5 mois. $ 2. Variation du rapport des vies moyenne et probable. À Genève, la vie probable a été inférieure à la vie moyenne jusqu'au commencement de ce siècle; cette infériorité, très-forte au xvime siècle, et qui au xvime était encore de près de moitié, a-graduellement diminué jusqu'à la fin du siècle der- nier; dès le commencement du xix®e la vie probable a dépassé la vie moyenne. 167 siècle. 177% siècle. 187€ siècle. 1801-33 Vie moyenne, 21,21........25,67.......,33,62. Vie probable, 43,08 Vie probable, 8,65........13,29........29,50. Vie moyenne, 39,69 Différence, 12,56........12,38 4,12. 3,39 Ce qui donne les rapports suivans : 16% sièc. 177 °sièc. 18"°sièc. 19% sièc. Vie moyenne, 245......193......114...... 92 Vie probable, 100......100......100...... 100 La supériorité de la vie probable sur la vie moyenne n’était, de 1801-15, que de deux ans deux mois; de 1814-55 elle a doublé : Vie probable, 45 O 29........100 ...,.....110,7 Vie moyenne, 40 8 7........ 92,2.....:,,100 Différence, 4 4 22 $ 5. Diversité du rapport des vies moyenne et probable , suivant les âges. La supériorité de la vie probable sur la vie moyenne, que nous venons de constater d’une manière absolue à la naissance, est loin d’être toujours iden- tique, et même ne se conserve pas à toutes les époques de la vie. Elle augmente d’abord un peu à un an, et puis diminue‘de manière à ne plus être à 20 ans que la moitié de son chiffre primitif; dès lors elle continue à 364 RECHERCHES décroître jusqu’à 58 ans , époque où la vie moyenne cesse d’être inférieure à la vie probable ; dès 59 ans la vie moyenne devient plus forte, et con- serve jusqu’à la fin une faible supériorité. Ces variations sont exprimées par les chiffres suivans : Le signe Æ désigne la supériorité de la vie probable, le signe — son infériorité. ans. ans. Naissance, “+4,40 39 ans, — 0,02 1 an, 5,06 LE 0,97 5 ans, 4,05 60 — 1,29 10 — 3,54 70 — 1,55 15 ÈS 3,20 80 — 1,38 RE 2,30 00 .— 0,76 25 — 1,63 95 — 0,63 30 — 0,88 35 — 0,36 CHAPITRE XII. — MORTALITÉ ET VITALITÉ DES DIVERS AGES. $ 1. Théorie. Chacun sait que les diverses époques de la vie ne paient pas toutes à la mort un égal tribut , que c’est sur les deux extrémités de la carrière humaine, sur le bas-âge et sur la vieillesse, qu’elle sévit le plus rigoureusement. Prolonger son existence, parvenir à un âge avancé, atteindre même à la dernière vieillesse, tel est plus où moins le but de tous les hommes, désireux de reculer le terme fatal que la nature a assi- gné à leur courte vie. — La statistique s'occupe de donner la solution théorique de ces grands problèmes physiologiques et sociaux. Elle constate le contingent que chaque année de la vie SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 365 fournit à la mortalité générale, elle signale les époques criti- ques, celles que la médecine et l’hygiène doivent plus particu- lièrement protéger. Elle apprend quelle est la force de vitalité départie à chaque âge; elle prédit combien d’années l'avenir promet encore à chaque individu. Mais basée tout entière sur un fait général, résultat de la réunion d’une foule de faits indi- viduels, elle n’envisage jamais qu’une sorte d’omme moyen, produit de la combinaison de tous les hommes sur lesquels elle a établi ses calculs, ayant retenu quelque chose de tous, parti- cipant à la fois aux chances favorables des organisations les plus vigoureuses, et aux éventualités fâcheuses, prochain partage des individus les plus défavorisés. Si un certain nombre d’hom- mes voulait connaître son avenir dans les tables de mortalité, le sort d’aucun peut-être ne coïnciderait rigoureusement avec le calcul théorique, mais tous s’écartant en sens divers de ce terme moyen, seraient comme les rayons divergens qui, partis du centre d’un même cercle, aboutissent à une même circon- férence. 6 2. Confection et usage des tables. Pour l'intelligence et la vérification de ce qui suit, il faut consulter la table de morta- lité, survivance, vies moyenne et probable que j'ai établie sur les décès de 1814-33. Pour sa construction, on inscrit dans une première colonne , en face de chaque âge , le nombre des décédés de cet âge. La seconde est destinée à la table de survi- vance; le nombre réel s’obtient facilement en déduisant, du nombre total des individus, le nombre successif des décédés à chaque âge; mais, pour abréger, je ne donne que la table déci- 366 RECHERCHES : male de survivance, calculée d’après les élémens indiqués, sur le nombre supposé de 100,000 individus. Enfin les deux der- nières colonnes donnent à chaque âge les vies moyenne et pro- bable. — L'usage de cette table est très-simple; en face de chaque âgeontrouvela proportion des survivans à cetâge, etla vie moyenne et probable qui leur reste à parcourir, déduction faite des années déjà vécues. On aurait pu ajouter d’autres détails, comme la proportion des morts aux vivans à chaque âge, mais cela aurait trop grossi la table, qui renferme d’ailleurs les élé- mens de tous ces calculs. Ainsi, si l’on veut savoir combien de jeunes hommes meurent dans leur 20" année, on divisera 3471, nombre d'hommes survivans à 19 ans, par 5o, nombre des décédés dans la 20" année, ce qui donne 1 sur 69; de même pour les femmes, 35 sur 4038, soit 1 sur 115. $ 5. Mortalité des diverses années. La première journée de la vie, qui voit à la fois naître et mourir tant d’enfans mal constitués, est si fatale, qu’elle enlève à elle seule 4 enfant sur 51. Le second jour est déjà trois fois moins meurtrier; le troisième jour est deux fois moins dangereux que le second. La mortalité diminue encore dans les: jours suivans , d’une manière moins ra- pide, mais assez régulière. Le reste du premier mois est encore très-dange- reux; la moitié environ des enfans qui meurent dans la première année, succombe dans ce premier mois, qui se trouve ainsi 11 fois plus meurtrier que les autres. À 4 mois, il est déja mort 6,85 enfans sur 100 naissances. La mortalité décroit encore dans le rapport de 4 1/2 à 1 du premier au second mois, de 2 à 4 du second au troisième, de 5 à 2 du troisième au sixième; dans les 6 derniers mois, la diminution est peu sensible. Dans tout le courant de la première année, il meurt un enfant sur 7,2 naissances. Un coup d'œil jeté sur la mortalité de la première année , soit à Genève dans les temps antérieurs, soit dans d’autres pays, prouvera combien le chiffre actuel est avantageux. SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 367 À Genève, au 16%: siècle, sur 100 décès, il y avait 25,92 enf. morts dans leur 1:° année — que — — 23,72 — — — 18me — — 20,12 — — — 1801-1813 — 16,57 — — — 1814-1833 — 13,85 — — En Angleterre,19®° siècle (Rickman), _ 19,5 — — En Belgique, — (Quételet), — 22,47 — — La deuxième année est trois fois moins dangereuse que la première, elle emporte un enfant sur 21; la troisième est moins meurtrière encore , il meurt pendant son cours 4 enfant sur 42. De 5 à 8 ans, la mortalité diminue de près des deux tiers; de 8 à 17 ans elle est très-faible; c’est aussi dans cette période que se trouvent les années où l’on meurt le moins, la 10me et la 14me. Depuis 17 ans, la proportion des morts augmente à peu près d’un tiers, et oscille dans les mêmes proportions jusqu'à environ 45 ans; dès lors elle augmente graduellement, et ne tarde pas à se précipiter. Ainsi de 54 à 60 ans la mort emporte presque un quart des survivans; presque la moi- tié des sexagénairés meurt de 61 à 70 ans; les 5/4 des septuagénaires sont enlevés de 71 à 80, et de 81 à 90 il meurt les 10/11 des octogénaires. Enfin on compte 56 nonagénaires accomplis, soit un seul individu arrivant à cet âge sur 194; les derniers s’éteignent à 99 ans; notre table ne fournit pas un seul centenaire. $ 4. Vitalité successive et chance de vie. Un coup d’œil jeté sur les tables de mortalité suffit pour voir que les vies probable et moyenne, en partant du point fondamental de la naissance auquel elles sont calculées d’une ma-. nière absolue, augmentent jusqu'à un certain terme, puis arrivées à leur maximum, diminuent d’une manière constante jusqu'à l’âge le plus avancé. Cette marche les divise en deux grandes époques bien marquées, celle de croissance et celle de décroissance. Pour la vie probable, la période ascendante va de la naissance à 2 ans, où elle est à son maximum, ans 52,17; la pé- riode descendante commence à 5 ans. Pour la vie moyenne, la période as- cendante va jusqu'à 5 ans, où elle est à son maximum, ans 47,55; la di- minution commence à 4 ans. Ces deux maxima sont très-rapprochés, peut- être se confondraient-ils s'ils étaient établis sur de plus larges bases. C’est 368 RECHERCHES entre la 15"° et 14"° année que la vie probable décroissante, et vers la 45"° que la vie moyenne, sont revenues au chiffre de leur point de départ. Quelques développemens pourront, sinon expliquer complètement, du moins faire comprendre cette marche successivement ascendante et descendante. Supposons un grand nombre de naissances ayant toutes lieu dans le même temps. Cette jeune génération sera composée d’une majorité d’enfans bien constitués et vigoureux , et d’une minorité d’enfans mal conformés et mal- sains. En calculant les vies moyenne et probable à la naissance, on est obligé d'établir son calcul sur toutes les naissances viables, ou plutôt, puis qu'en opérant sur de grandes masses on ne peut s'arrêter à des questions délicates et individuelles de viabilité, sur tous les enfans nés vivans et ayant respiré, ne füt-ce qu’une heure, que quelques instans (c’est ce que j'ai fait pour la table de Genève, dont les mort-nés proprement dits ont seuls été exclus). On sent que sur ce grand nombre de nouveau-nés , il y en a plu- sieurs qui n’ont qu'un germe d'existence éphémère, et qui mourront dans les premières journées , dans le premier mois, enfin tout-à-fait en bas-âge , soit défaut de constitution, soit manque de soins. En faisant entrer tous ces petits êtres dans le calcul des vies moyenne et probable , évidemment on abaisse le chiffre de vitalité , qui devrait être l'expression de la longévité présumée des enfans bien constitués, destinés à vivre au moins quelques an- nées. À mesure que la génération naissante se débarrasse des enfans de faible complexion, et laisse en chemin ceux qui ne peuvent surmonter les premières casualités du bas-âge, ceux qui restent acquièrent progressivement une chance beaucoup plus grande de prolonger leur existence ; ou plutôt la vie probable des survivans, dont le chiffre se trouvait diminué ou comme masqué par celui presque nul de ces embryons maladifs, se dégage chaque jour davantage; aussi le chiffre de la vie probable s’accroït-il d’une manière très-rapide. L'enfant qui a vécu un jour a déjà 14 mois de vie probable de plus que l'enfant de naissance; celui qui passe heureusement le second jour acquiert encore 6 mois de vie probable; celui qui a vécu 3 jours a déjà gagné 2 ans. Au bout du premier mois, l'enfant a gagné 4 ans, et au bout de la première année, plus de 6 ans. Ce travail de dégagement de la vie probable des nouveau-nés n’est pas encore terminé à À an; ce n’est qu'à 2 ans que la vie probable est à son maxi- SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 369 mum : alors l'enfant vivant a gagné 7 ans, et la génération est entièrement expur- gée de ces êtres éphémères , parties prenantes dans l’égale répartition de la som- me des années vécues, tout en n’y apportant qu'un si faible tribut. Dans cette pé- riode croissante , l'enfant qui vit un certain nombre de jours ou de mois, gagne en vitalité : 4° le temps vécu entre l’âge inférieur et l’âge supérieur; 2 et la quantité dont la vie probable à l’âge supérieur, dépasse la vie probable à l’âge in- férieur. Passons à la période décroissante. Nous avons dit que la vie probable depuis 2 ans, la vie moyenne depuis 5, décroissaient continuellement. Mais on comprend aisément qu’un homme, en vivant un an, ne perd pas une année entière de vie probable. En avançant d’un an dans sa carrière , il a augmenté sa chance de vie to- tale , c’est-à-dire que s’il lui reste incontestablement moins de temps à vivre qu’il n'en avait un an auparavant, cependant ce qui lui reste encore, ajouté à ce qu’il a déjà vécu, formera un total supérieur à la vie probable et à l’âge qu'il avait un an auparayant. Eclaircissons cette notion abstraite par un exemple. L’on verra par la table qu'un individu de 21 ans a 39 ans 1 mois de vie probable, ce qui, avec ses 21 ans vécus, fait 60 ans 4 mois; à 22, il en aura encore 58,5, ce qui, ajouté aux 22 qu'il a vécus, forme un total de 60 ans 5 mois. Si sa chance de vie ne s’était pas accrue dans l’année qui s’est écoulée de 21 à 22 ans, il n’aurait eu à 22 ans que 58 ans { mois de vie probable. Années vécues, 21 .........22 Vie probable, 39 1.........38 5 60 1....-....60 5 Différence en plus, 4 mois. C’est donc 4 mois de chance de vie qu'il a gagnés par le seul fait d’être demeuré vivant de 21 à 22 ans. Le gain de vitalité, dans la période décroissante, se com- pose donc du temps qui s'écoule de l'âge inférieur à l’âge supérieur, moins la quantité dont la vie probable à l’âge supérieur est plus faible que la vie probable à ’âge inférieur. * Ces différens calculs peuvent se traduire par les formules suivantes : A. Progression ascendante. Soit A l’âge d’un individu à une époque quelconque inférieure à 2 ans, et P sa probabilité de vie à l’âge immédiatement supérieur dans l'échelle; son âge sera AA, et sa probabilité de vie, qui s’est accrue, sera TOM. VII, 2° PARTIE. 46 370 RECHERCHES PA : soient a et p' les différences entre À et 441, P et P41A, ou la supério- riorité du second sur le premier ; enfin x le gain de vie cherché. On aura : A+P—=(A+a)+(P+p)—7z =(A+a)+(P+p)—(A+P) z=a + p B. Progression descendante. Ici tous les termes restent les mêmes, sauf que la probabilité de vie à l’âge supérieur, à partir de 2 ans, est plus faible que la pro- babilité de vie à l’âge inférieur. On a donc PHA1—P—p', ce qui donne : A+P—(A+a)+(P—p)—> æ=(A+a)+(P—pl)—(A+P) 0 1 LI) On fera le même calcul avec la vie moyenne, seulement le point de séparation des échelles ascendante et descendante est à 3 ans au lieu de 2. L’échelle descendante de la vie probable n’a pas une marche constamment uni- forme. Dans les premières années qui suivent le maximum de vitalité , la diminu- tion est très-faible , et corrélativement le gain de vie très-fort; en effet, un enfant de 5 ans n’a qu’un an de vie probable de moins qu'un enfant de 2 ans, quoiqu'il ait vécu 5 ans de plus. Dès lors la décroissance prend, jusqu'à 50 ans, une mar- che régulière ; pendant ce temps, la vie probable diminue d’environ 9 mois par année vécue, ce qui fait à peu près 5 mois de gain de vie par année moyenne. Plus tard, la marche descendante diminue d’intensitié. De 60 à 70 ans, la vie probable ne décroît que de 4 ans 1/2; de 70 à 80, de 5 ans; de 80 à 90, seule- ment de 8 mois, de sorte que plus un individu avance en âge, moins est rapide la diminution de la probabilité de vie qui le sépare du terme fatal, plus s’adoucit la pente qui le conduit au tombeau. Si la vie probable suivait, de 60 à 70, la même marche que de 50 à 40, il ne resterait au septuagénaire qu’une vie probable de ans 5,42; mais il n’en est point ainsi, et la vie probable, à 70 ans, est de ans 6,76, double de ce qu'elle aurait dù être dans l'hypothèse ci-dessus. Au-delà de 80 ans, la vitalité, à quelques oscillations près, est presque stationnaire; ainsi des vieillards de 85, 84, 89, et même 92 ans ‘ont la même vie probable ; à 84, 85, 86 ans, on a la même vie moyenne. Pour ces robustes vieillards, qui ont SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 371 échappé à l’action destructive du temps, et qui luttent de toute la force d'un vi- goureux tempérament contre les glaces de l’âge, une année vécue est une année gagnée, une victoire remportée sur la nature, un bénéfice net, et au bout de ce temps ona encore laméme vie en perspective qu’un an auparavant. C’estune existence pré- caire au jour le jour, où le seul fait de la prolongation de la vie conserve pendant quel- ques années une chance à peu près égale de la maintenir encore, jusqu'à ce qu’enfin les derniers s’éteignent avant d’avoir atteint le siècle. ’ En résumé, la chance de vie doit être et est réellement considérable quand l’en- fant, à peine échappé aux périlleuses casualités du bas-âge , n’a pas encore une existence bien assurée et consolidée; elle diminue quand une existence pleine et vigoureuse anime la jeunesse ou le milieu de la vie et lui fait suivre paisible- ment son cours normal, et augmente toujours plus dans la vieillesse , à mesure que la vie est moins assurée. Ce fait présente un rapport de plus entre les deux extrêmes de la vie : c’est un phénomène basé sur la précarité de l'existence à ces deux époques. $ V. Comparaison du maximum de vitalité. Nous verions de voir que dans les 20 dernières années le maximum de la vie probable se trouvait à 2 ans, et celui de la vie moyenne à 5 ans. Il résulte des tables de M. Odier pour les époques an- térieures, qu'aux xvIe, XVI et xvirre siècles, ce maximum se trouvait à 5 ans. De 1801-15 il s’est déplacé, et a remonté à 3 ans. Comme nous avons vu que la durée de la vie avait toujours augmenté à Genève depuis le xvi‘ siècle jusqu’à nos jours, nous en conclurons que plus le maximum de vitalité tombe à un âge voisin de la naissance, plus la vie de l’enfance est assurée. En effet si, comme nous l’a- vons dit, le maximum de vitalité est le moment où la génération que l’on envi- sage est débarrassée des enfans éphémères qui entravaient sa marche, il s'ensuit que moins il mourra d’enfans en bas-âge, plus l'époque du maximum sera rappro- chée de la naissance. Les tables de mortalité faites pour divers pays pendant le siècle dernier, entr'autres celle de Duvillard pour la France, et même celle de M. Quételet pour la Belgique au xix£ siècle , portent toutes à 5 ans le maximum de la vitalité. C’est que dans ces pays, à l’époque où ces tables ont été construi- tes, la vie de l’enfance était moins assurée qu’elle ne l’est maintenant à Genève ; aussi les vies moyenne et probable y sont-elles considérablement plus courtes. Nous avons vu qu'il y avait de très-fortes différences entre les vies moyenne et 372 RECHERCHES probable de différens pays, ou du même pays à diverses époques, calculées à la naissance. Si l’on calcule leur valeur à l’époque du maximum de vitalité, on trouve entre elles des rapports beaucoup moins éloignés. Ainsi la vie probable de la table de Duvillard, n'étant à la naissance que de 20 ans 4 mois, se trouve dans le rap- port de 45 à 100 avec celle actuelle de Genève; mais à l'époque du maximum celle de Genève étant 100, celle de Duvillard est devenue 86; il est vrai qu'il y a 5 ans de différence entre l’époque des maxima. On peut juger de ces rapports par le tableau suivant, dans lequel les vies moyenne et probable initiales et au maximum ont été comparées aux vies moyenne et probable de Genève dans les 20 dernières années. 4814-35. 1801-13. 1761-1800 1704-60 17° sièc. 16°sièc. Duyill. Quételet. Vie axe eude (Naissance 1000.... 946....826....806....631....521....706.. . . .790 | Maximum 1000. ...1000....947....897....773..-.644....904..... Naissance 1000.... 902..,.718....614....294....191....451.....554 Vie probable. Re 964....940....872....674....521....862..... 957 D'où suit que la grande amélioration qui s’est manifestée depuis trois siè- cles dans la durée de la vie, porte spécialement sur l'enfance ; elle est réelle encore, mais bien moins considérable, une fois cette époque dangereuse passée ; elle est le fruit d’un progrès dans l’état social des peuples, et non d’une amélioration physique de l’espèce. 8 4. Différence de vitalité suivant les sexes. Jusqu'ici nous avons considéré la vitalité successive des deux sexes indistinctement. Cependant nous avons vu qu'il y avait entre eux une grande différence. C’est pendant la première année que la plus-vitalité féminine est particulièrement marquée. Ainsi la pre- mière journée, qui n’emporte que 1 fille sur 65, fait périr 1 garçon sur 42; le premier mois 4 garçon sur 15, 1 fille sur 17; la première année 10 gar- cons sur 66, et seulement 10 filles sur 80. La différence est encore assez marquée dans la seconde année, mais elle ne tarde pas à diminuer : de 6 à 8 ans, surtout de 11 à 47 ans, il meurt un peu plus de filles que de gar- cons ; depuis 49 ans, la plus-mortalité des hommes recommence avec quel- ques variations. Ce n’est qu'à 21 ans que l'équilibre numérique des sexes est rétabli; dès lors le nombre des femmes prédomine dans la proportion de la plus-vitalité qu’elles possèdent à cette époque. Ainsi à 21 ans l'homme a une vie moyenne de ans 55,91, et la femme de ans 57,81; à 50 ans il SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 373 reste, sur le nombre primitif de 100 naissances , 22,0675 hommes et 25,1776 femmes, nombres qui sont dans le rapport de 35,91 à 57,71, c’est-à-dire presque identiques avec les chiffres de la vie moyenne des deux sexes, au point de leur égalité. On peut juger de cette marche par la table de survi- vance; mais comme elle est établie pour, 100 naissances de chaque sexe, et qu’en fait il n’y a pas égalité entre les naissances des deux sexes, j'ai établi la table suivante sur 400 naissances décimalement partagées suivant les sexes. Je renvoie à la table de mortalité pour faire voir combien le taux et la marche des vies probable et moyenne varient suivant les sexes; par exemple, pendant la première année les garçons gagnent 8 1/2 ans de vie probable, et les filles seulement 4 1/2. HOMMES. FEMMES. AGE. Morts. Sarvivans, Mortes. Survivantes, Naissances) Ni TE DIT DD Ness 48,0275 1% mois. 4,3519 47,6406 2,6548 45,5927 1—53 1,4045 46,2563 0,9116 44,4811 5—6 » 1,0558 45,2005 0,5830 45,8981 6m. à 1 an. 4,7725 45,4282 1,5846 42,5155 Total de la 4° année. 8,9445 5,5140 2m année. 2,1911 41,2571 1,8256 40,6899 2—5 ans. 2,5502 38,8869 2,1551 58,9368 3—10 » 1,7725 57,1146 1,7482 56,7886 10—15 » 1,1954 39,9192 1,3337 35,4549 15—921 » 2,5102 35,6090 1,9000 33,5549 21—50 » 5,8937 29,7153 3,2255 30,5294 30—40 » 3,9060 26,4093 5,1524 27,1970 40—50 » 4,5418 22,0675 4,0194 23,1776 30—60 » 6,0246 16,0429 5,6572 17,5204 60—70 » 7,4991 8,5458 7,6498 9,8706 70—80 » 5,9945 2,5493 6,8564 5,0142 80—90 » 2,5700 0,1795 2,6954 0,5208 90—99 ; 01795 Er (POADSRRE-10e. 51,9725 48,0275 Ù 374 RECHERCHES On voit que depuis 60 ou 70 ans il meurt une proportion à peu près égale d'hommes et de femmes; à 90 ans il survit cependant encore un peu plus dé femmes que d'hommes, mais à 98 ans il ne reste plus qu'un nom- bre égal d'hommes et de femmes, qui s’éteignent à 99 ans. $ 7. Quelques époques particulières. W y a long-temps qu’on a partagé la carrière humaine en enfance, jeunesse, âge mür, vieillesse. Voyons jusqu'à quel point ces classifications seront confirmées par l’exacte expression de la vitalité de cha- que âge. 4 C'est à 2 ou 5 ans que la vitalité future présumée est à son maximum: ces trois premières années forment une époque naturelle qui correspond au bas-âge. — À 5 ans, l'enfant a 52 ans de vie probable. Par conséquent, le temps qui s’é- coule de 5 à 55 ans sera la période de la vie commune ou ordinaire. — À 55 ans, la vie probable est encore de près de 15 ans; donc, de 55 à 70 ans nous entrons dans la période de vie avancée. — Au-delà de 70 ans vient la vieillesse, ou ce que M. Burdach appelle l’époque normale de la mort. Il meurt dans les 3 premières années (bas-äge), 19,786 de 3àa55 ans, (vie commune) 40,158 de 55270 — (vie avancée) 21,472 au-dessus de 70 — (vieillesse) 18,584 100,000 La vie se trouve ainsi partagée en quatre périodes, dont la première et les deux dernières font chacune environ un cinquième, et la seconde à elle seule deux cinquièmes. La table de mortalité ne constate, même pour les femmes, l'influence d'aucune année critique, ou plus particulièrement mortifère. Un quart des nouveau-nés est éteint à 8 ans 4 mois (garcons 4.10, filles 12.9), Les trois quarts à 65 ans 10 mois (hommes, 64; femmes, 67). A 20 ans, âge du service militaire , près des 2/5 des garçons sont encore en vie, 65,549 p. 0/0. Mais l'appel n’ayant lieu que dans la 21° année, il faut prendre le chiffre de 64,667. Pour calculer les forces réelles et productives d’une nation, il faut savoir com- bien, sur le chiffre de la population totale, il y a de personnes en âge de travail- SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 375 ler. Ce terme a été diversement fixé. Duvillard, qui l'appelle naissance civile, ne le fait commencer qu'à 16 ou 20 ans. M. Quételet le fixe à 15. Il résulte de no- tre table de mortalité, que Genève compte un nombre d'individus au-dessus de 15 ans, notablement supérieur à celui que M. Quételet attribue aux pays les plus favorisés (voyez journal l’Institut, du 20 septembre 1854, n° 71). Genève conserve à 45 ans 0,71568 des nouveau-nés ; à 46 ans, 0,71055 ; à 20 ans, 0,68066. CHAPITRE XII. — PARALLÈLE DE LA MORTALITÉ A DIVERS AGES, DU XVI AU XIX* SIÈCLE. $ 1. Progrès de la vie humaine. Genève à l'avantage pres- que unique de posséder des bills de mortalité suivis et classés par âge, durant 4 siècles, savoir pour les 41 dernières années du xvr” siècle (à l’exception de quelques lacunes); pour les xvae et xvm* siècle entiers; enfin pour les 33 premières années du xx%. La réunion de nos tables donnant l’âge de 155538 indi- vidus décédés pendant ce temps (outre les mort-nés), on aurait pu former du tout une table générale de mortalité sur une très- grande échelle; mais elle aurait eu l’inconvénient de présenter une moyenne qui ne se serait exactement rapportée à aucun moment précis, qui n'aurait donné l’état ni du passé, ni du présent. En effet, la vie humaine a toujours été en se pro- longeant à Genève, depuis le xvi" siècle jusqu’à nos jours. IL faut donc suivre et constater le progrès humanitaire pro- A duit par la marche de la civilisation à chacune de ces grandes 376 RECHERCHES époques successives , en les comparant entre elles. Nous avons déjà vu l'augmentation absolue du chiffre des vies moyenne et probable calculées à la naissance; ici nous rechercherons le progrès qui a eu lieu à chaque âge; nous constaterons le chan- gement plus ou moins favorable qui s’est opéré dans chaque époque de la vie (1). GE PROPORTION SURVIVANS IL MEURT A CHAQUE ÉPOQUE UN INDIVIDU PAR AN SUR DES DÉCÈS À CHAQUE AGE, sur 100. À LA FIN DE CHAQUE PÉRIODE. ÉPOQUES. 8,40! 6,99 gme » 4,67| 5,05| 3,55 4— 5 ans.| 5,36| 5,24| 4,64 6—10 » 7,59| 6.60! 5,75 11—15 » 4,52| 3,68| 2,48 16—20 » | 4,65| 3,86| 2,69 21—25 » 3,14| 3,67] 3,28 26—30 » 5,28] 3,90! 3,25 31—40 » 9,28| 7,64| 6,64 4,34165,68|69,29[75,03[80.54 2,32161,01164,24|71,48|78,22/14,07 2,62/55,65/59,00|66,84[75,60|11,58 3,65/48,06/52.40/61,09/71,97| 7,32 2,50[43,54/48,72/58,61|69,47/10,62 3,30]38,89/44,86/55,92/66,17| 9,36 3,85135,15[41,19/52,64162,32|10,39 3,47/29,87/37,29/49,30/58,85| 6,65 6,54/20,59/29,65142,75152,31| 3,21 41—50 » | 6,25! 7,31| 7,34] 6,46/14,54122,34/35,41143,85| 3,29 6,18 51—60 » | 5,76| 7,39! 9,47|11,56| 8,58|14,95/25,94132,29| 2,49 3,19 61—70 » | 4,50! 6,89/11,41/14,35| 4,08| 8,06/14,53|17.94| 1,90 2,25 71—80 » | 2,90| 5,61/10,01/12,17) 1,18] 2,45) 4,52| 5,47] 1,40 1,44 81—90 » | 0,95] 2,08| 4,02 1,10 4,961 0,23| 0,37| 0,50| 0,51] 1,24 Plusde90 » 0,23| 0,37] 0,501 0,511. $ 2. Résultats de la table. On voit qu’en somme la mortalité a graduellement et constamment diminué d’un siècle à l’autre. Cette diminution, qui n’est pas encore (1) Les chiffres des xviwe et xvrr®e siècles sont établis sur les travaux de M. Cramer; me sur ceux réunis de MM. Cramer et Joly; ceux du x1x°"° sur le travail du docteur Odier , pour les années 1801-13, réuni au mien. ceux du xvrT SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 377 considérable au xvu”° siècle, devient très-forte au xvur”* et surtout au x1x”*. En prenant les deux points extrêmes, savoir les xvr”* et xix”° siècles, on voit que la proportion des morts a décru dans les première et seconde années, approximati- vement dans le rapport du double au simple; de 5 à 15 ans, du triple au simple; de 16 à 25 ans, de nouveau dans le rapport du double au simple; de 26 à 40 ans, derechef du triple au simple; de 41 à 50 ans, encore du double au simple. Jusqu'ici la mortalité de l’époque actuelle est demeurée , à quelques petites dif- férences près, 2 ou 5 fois moindre que celle des époques correspondantes au xvime siècle. Dès lors, la supériorité de l’époque actuelle sur celles qui l'ont pré- cédée faiblit considérablement et ne tarde pas à cesser tout-à-fait. De 54 à 60, la mortalité ne décroît plus que dans le rapport de 4 1/2 à 1; de 61 à.70, elle dé- croit à peine d’un cinquième; de 71 à 80, la mortalité proportionnelle des dilfé- rens siècles est presque égale, à une très-petite fraction près, 1/55; enfin la chance tourne tout-à-fait depuis 80 ans; de 81 à 90 ans il meurt proportionnel- lement plus d'individus au x1x°° siècle qu'au xvr”*. Tandis qu'au xvr”® il ne mou- rait, dans ce laps de temps, que 100 octogénaires sur 1424, maintenant il en meurt 100 sur 110 : différence en plus, un neuvième. Sur 100 octogénaires il en parvenait à l’âge de 90, au xvr”* siècle , 19,6 p. 0/0; au xvn”*, 14,9 ; au xvin®*, 11,0; au xix”*, 9,4. Ainsi le nombre des nonagénaires a diminué de moitié, non pas sur le nombre absolu des décès, mais sur celui des octogénaires entre lesquels ils doivent être choisis. Cette marche rétrograde continue, et plus fortement, au-delà de 90 ans. Au xvi®® siècle, 52 nonagénaires accomplis ont fourni 12 personnes atteignant sim- plement 100 ans, et 3 dépassant ce terme ; c’est 0,468 centenaires, ou 100 sur 213 nonagénaires. — Au xvu”* siècle, 196 nonagénaires donnent 57 centenaires simples, et 16 dépassant le siècle: c’est 0,270 centenaires, ou 400 sur 369. — Au xvm”* siècle, 559 nonagénaires donnent 12 centenaires simples, et 45 qui dépassent le siècle : c’est 0,079 centenaires, ou 40 sur 125. — Au xix”* siècle, 4053 nonagénaires donnent 1 seul individu atteignant à 101 ans : c’est 0,009 cen- tenaires, soit 4 sur 105 nonagénaires. — Tandis qu'au xvi”* siècle, près d’une moitié des nonagénaires atteignait ou dépassait le siècle, au xvn”*° plus d’un quart, et au xvin”* encore 1/12, le xrx"° n’en fournit plus qu’à peine 4 sur TOM. VII, 2° PARTIE. 47 378 RECHERCHES 100. — Les chiffres de la vie probable nous conduisent au même résultat; elle est : xvrMe sIEC. XVII SIEC. XVIII SIEC. XIX° SIEC. ans. ans. ans. ans. A 70 ans, 17,03........7,180. 4 2 0 » 213934 » +» - » » «6,16 80 ans, 6,22........5,87........4,40........3,84 D'où suit qu'elle est restée à peu près la même à toutes les époques pour l'âge de 70 ans, et qu’elle a continuellement diminué pour celui de 80 ans. $ 5. Causes des changemens observés dans la vitalité. Quelles sont les causes de la prolongation de la vie dans le plus grand nombre des âges? que doit-on penser de la diminution qui se manifeste dans la vie des hommes parvenus à une vieillesse avancée ? C’est ce que nous allons examiner. Nous avons vu que pendant la première année la mortalité est presque deux fois moindre maintenant qu'au xvrme siècle. Plusieurs causes générales que j'indi- querai plus loin, d’autres particulières à l'enfance , tirées de la moindre fécondité des mariages, de l’allaitement plus général des enfans par leurs mères, ont dû contribuer à ce résultat. Mais comme ces causes se sont graduellement dévelop- pées, le résultat, s’il était dû à elles seules , aurait aussi dû être graduel. Il n’en est cependant pas ainsi: la diminution, qui était à peine d'un tiers du xvrme au xvunr siècle, n’est devenue très-forte qu'au commencement du xix"”°. La princi- pale part dans cette amélioration subite paraît donc devoir être attribuée à la vaccine, dont l'introduction est à peu près contemporaine de notre siècle. Ce qui confirme que c’est bien à la précieuse découverte de Jenner que sont düs les progrès im- menses du x1x"° siècle dans la conservation de l'enfance, c’est que de 5 à 10 ans la mortalité, qui du xvi° au xvur siècle avait à peine diminué de moitié, de- vint tout-à-coup trois fois moindre qu'à l’origine; or ce sont là précisément les années où sévit la petite-vérole, puisqu'il résulte de la table de Cramer, rapportée par Duvillard , que 25 décès varioliques sur 26 ont lieu dans les dix premières années. Mais si la mortalité de l'enfance est si considérablement diminuée par une dé- SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 379 couverte médicale, et si l’art ne trouve pas le moyen d’assurer d’une manière proportionnellement aussi positive le sort des années suivantes , il en résultera que l'amélioration du sort des premières années ne sera pas suivie d’une amélioration correspondante dans les âges supérieurs, et que la mortalité du bas-âge ne sera pas un critère suflisant pour comparer la mortalité de diverses populations , ou d’une même population à diverses époques. C’est ce qui est arrivéfà Genève aux xvur et xix siècles. Tandis que la diminution de mortalité, dans ce dernier siècle, était très-forte dans les dix premières années , elle était très-faible de 10 à 50 ans. Il est mort, de la naissance à 10 ans, au xvnr ” siècle, 4 enfant sur 2,57 ; au xx, A sur 5,57; de 10 à 50, au xvur * siècle, { individu sur 5,22; au xx, À sur 5,48 ; amélioration qui n’est guère que 1/7 de celle qui avait eu lieu de O0 à 10 ans. Aussi l'accroissement de la vie moyenne, du xvur au x1x"” siè- cle, est-il bien inférieur à la diminution de la mortalité dela première année. Cet exemple prouve que la comparaison de longévité doit s’établir sur tous les âges de la vie humaine pendant les périodes ou dans les pays que l’on veut comparer, et ne saurait être bien exacte si elle n’est basée que sur une époque de la vie en particulier. x La mortalité proportionnelle, depuis 10 jusqu'à 50 ou 60 ans, continue à décroître, mais d’une manière régulière, progressive d’un siècle à l’autre, et sans saccade. À quelle cause doit-on attribuer cette amélioration ? Il serait bien dificile, pour ne pas dire impossible, de distinguer chacune des influen- ces sociales qui ont, avec des intensités diverses, produit ce résultat, et d'apprécier le mode d’action de chacune d’elles. Généralement on peut dire qu'une aisance plus grande et plus répandue, des soins médicaux et hygié- niques mieux entendus, des habitations plus grandes, mieux aérées, plus propres, une nourriture plus abondante et plus saine, la cessation de ces grandes épidémies qui, de temps à autre, décimaient la population, les précautions prises contre les disettes , en un mot une vie sociale et particulière mieux réglée, plus efficacement préservée des maux inséparables de l'humanité , sont les causes principales auxquelles on doit attribuer ce résultat. C'est un avantage immense, que les progrès de la vitalité se soient dé- ployés précisément sur l’âge le plus important. que la société ait amené un plus grand nombre d'individus à l’âge du travail et de la reproduction, les ait mis à même, après une longue enfance, de faire servir leurs forces au 380 RECHERCHES bien-être commun. C’est un immense avantage que d’avoir si peu de décès par rapport à la population totale, si peu de morts dans l'enfance et la viri- lité, tant d'individus arrivant à cet âge de complet développement, que Duvillard appelle judicieusement la naissance civile, enfin de voir cette proportion avantageuse de survivans se maintenir jusqu'à 60 ans, pendant les années où l’homme jouit de toute sa force. Cependant la vieillesse n’a point participé à la prolongation de vie qui a eu lieu dans les âges moins avancés. De 60 à 70 ans, l'amélioration est très-faible; à 70 ans elle est nulle. Depuis 80 ans, le vieillard a un peu moins de probabilité de vie dans l’époque actuelle, qu'il n’en avait au xvrme siècle. Les centenaires, qui n'é- taient pas rares aux xvi”* et xyvn”* siècles, disparaissent maintenant. Depuis 27 ans, Genève n’en a pas produit un seul. Loin de marcher vers une carrière patriar- cale , la vieillesse a reculé et perdu du terrain. Comment se fait-il que le même mouvement social qui a tant fait pour l'en- fance, la jeunesse, la virilité et même l’âge mur, ait été au contraire fatal à la vieillesse ? D’où vient que les octogénaires plus nombreux de notre âge, viennent échouer ayant le siècle devant des obstacles aui n’arrêtaient pas les vieillards pius rares du temps passé? Faut-il admettre, avec M. Burdach, que la vie hu- maine prolongée au-delà de 78 ou 80 ans, soit anormale ou exceptionnelle , et doit-on croire que le mouvement social progressif qui rapproche toujours plus no- tre espèce de l’homme moyen, doit, en prolongeant la vie de la masse, diminuer le nombre des cas de longévité insolite ? Reconnaissons qu'il y a là un phénomène que nous ne pouvons maintenant expliquer d’une manière satisfaisante , peut-être un arcane intimement lié à notre nature. Je ne hasarderai pas de suppositions sur un sujet si peu approfondi; mais ce que j'ai dit jusqu'ici prouve, je pense , sufli- samment, qu'on aurait également tort, soit en voyant dans le grand nombre des centenaires une preuve directe de la vitalité des masses, puisque leur nombre di- minue à mesure que la vie générale se prolonge; soit en considérant au contraire leur apparition comme un symptôme intrinsèquement fâcheux , parce que le nom- bre des centenaires est en raison inverse de la vitalité d’une population, et que jusqu’à présent on a trouvé que plus la masse était vivace, moins elle comptait de ces existences extraordinairement prolongées. De fait, Genève a maintenant plus d'individus que par le passé qui atteignent 70 ans: c’est là l'important; mais je ne saurais voir de raison nécessaire pour que, sur ces septuagénaires, il y en ait SUR LA POPULATION DE GENÈVE. ‘ 381 un moindre nombre que par le passé qui atteigne le siècle. Jusqu'ici, il est vrai, nous n'avons vu de populations riches en centenaires que celles où la vie moyenne était Courte. Mais, à moins d'admettre que la vie des jeunes gens n’ait été si considé- rablement prolongée qu'aux dépens de quelques années arrachées à un petit nom- bre de vieillards , ce que le calcul démontre impossible ; ou, réciproquement, que les vieillesses des temps passés se soient prolongées par une sorte d'absorption des années qu’une mort précoce enlevait à la jeunesse, ce qui paraît également faux; rien ne semble devoir empêcher qu’on ne voie plus tard, par un progrès nou- veau, des populations qui aient à la fois, et une vie moyenne aussi longue ou plus longue que celle de Genève au xix€ siècle, et des centenaires. Nul doute que l’art ne soit plus impuissant à protéger la vieillesse que la jeu- nesse; mais si sa puissance a des limites qu'il peut reculer mais non franchir, tout au moins doit-il être possible de faire cesser le contraste que nous avons signalé entre le sort des jeunes gens et celui des vieillards , d’éviter la détérioration qui a eu lieu dans la vie humaine depuis l’âge de 80 ans, et de la reporter au taux où elle était il y atrois siècles. C’est dans ce sens que la médecine devra diriger ses efforts; elle tâchera de faire participer en quelque chose le grand âge à la pro- longation qu'a reçue la vitalité de la jeunesse et de l’âge mùr; elle trouvera peut- être quelque remède plus efficace aux affections séniles; elle cherchera du moins à améliorer et soutenir la précaire existence de la vieillesse. CHAPITRE XIV.— RAPPORT DES NAISSANCES AUX 1 \ DECES. \ 1. Leur comparaison. La comparaison du nombre res- pectif des naissances et des morts est la pierre de touche au moyen de laquelle on découvre le mouvement général d’une population , on voit si elle augmente, si elle demeure station- 382 RECHERCHES naire, ou si elle diminue. — Si, en ayant sous les yeux le ta- bleau des naissances et celui des décès, ci-dessus, p. 323 et 349, on compare les naissances et décès de chaque sexe, année par année, on voit que le nombre annuel des naissances et des décès étant très-rapproché, les uns surpassent les autres d’une manière assez variable, mais dans des bornes restreimtes. Chez les Aommes, les naissances surpassent les décès, dans 15 ans, de 526; les décès surpassent les naissances, dans 5 ans, de 70; excé- dant total des naissances masculines, 456. — Chez les femmes, les décès surpassent les naissances, dans 15 ans, de 513; les nais- sances surpassent les décès, dans 5 ans, de 70 ; excédant total des décès féminins, 443. — Pour les deux sexes, les naissan- ces et décès se balancent rigoureusement une année; les nais- sances excèdent les décès, dans 12 ans, de 371 ; les décès excè- dent les naissances, dans 7 ans, de 358; excédant total des naissances, 13. Dans 20 ans, Genève a donc présenté 10,925 naissances et 10,912 décès: il y a excédant de treize naissances ! C’est là une égalité presque complète, c’est la rigoureuse expression du stationarisme parfait d’une population qui ne fait que réparer les pertes que la mort occasionne dans ses rangs. Nous avons vu (Ir partie) qu’au xvur siècle les naissances excédaient un peu les décès. Dans une ville où les rangs sont serrés comme à Genève, où la place semble manquer aux habitans, où la fé- condité des mariages est réduite à son minimum, on devait s'attendre à ne voir les naissances surpasser les décès que d’une bien faible quantité; mais ce stationarisme parfait outrepasse toutes les prévisions. Si on le compare à la haute prospérité de SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 383 la population genevoise, à sa grande longévité, ce sera un puis- sant argument ajouté au système entrevu par Muret, quand il disait que « la force de la vie, dans chaque pays, est en raison inverse de la fécondité; » système généralisé par Say et ingé- nieusement développé par M. D’Ivernois : «Si les hommes vi- vent plus long-temps , il en naît un moins grand nombre. Le genre humain est tenu au complet avec moins de naissances, ce qui est beaucoup plus favorable à son bonheur. » $ 2. Accroissement de la population. Maloré le stationarisme de la population genevoise, nous avons vu que de 1812-34 elle s’était accrue de 3019 têtes. À quelles causes peut-on attribuer cette augmentation? Et d’abord, l'idée qui se présente le plus naturellement est que ce résultat est dû à des 2nnugrations, à de perpétuelles affusions des populations suburbaines ou rurales qui entourent Genève, ou pour une plus grande part à des étrangers, attirés par l’appât du gain. Mais en outre, nous avons vu que la vie moyenne, qui, de 1801-13 n’était, suivant M. Odier, que de 38 ans 1/2, s’est élevée, dans les 20 dernières années, à ans 40,68. Or quand la vie d’un certain nombre d'individus se prolonge, ils mour- ront plus tard, et par conséquent il en coexistera un plus grand nombre. Ainsi, si les 23,229 habitans de Genève sous l'empire (moyenne des recensemens de 1805 et 1812), qui ne vivaient que ans 38,50, se sont tout-à-coup trouvés avoir ans 40,68 de vie moyenne, leur nombre a dà croître dans le rapport de ces deux chiffres , c’est-à-dire qu'il sera devenu 384 RECHERCHES 24,244; cet accroissement a dà portersurtout sur les enfans, dont un grand nombre a dû arriver à la virilité. Un pareil résultat n’est pas produit immédiatement, car l’augmentation de vitalité suit une marche graduelle; mais il n’en est pas moins infaillible à la longue , si la prolongation de la vie conserve une marche soutenue. CHAPITRE XV. — DÉTAILS SUR LE CÉLIBAT OU LE MARIAGE DES FEMMES. Les détails qui suivent concernent l’état de célibat ou de ma- riage chez les femmes seulement. Je n’ai pas fait un travail semblable pour les hommes, parce que les registres des pre- mières années laissaient sur ce sujet trop de cas douteux, et l’on sent en effet qu’il est bien plus difficile de constater dans l’acte de décès l’état de mariage chez les hommes que chez les fem- mes, qui, en se mariant, changent de nom. D'ailleurs la question du célibat ou du mariage est plus caractéristique et plus déci- dée chez les femmes. Les 5690 femmes décédées se repartissent comme suit : Filles, 2584 .... 45,41 Femmes mariées, 1489 . ... 26,17 Veuves et divorcées, 1617 .... 28,42 5690 100,00 SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 389 1491 meurent avant l’âge de nubilité légale, ou de 15 ans. 26,20 Sur les 4199 restantes et nubiles, 3106 se marient. ..... 54,59 ce qui donne sur le nombre des nubiles.................. 75,97 CAO res en ttes: 25 Ce nee D el eucle troie us encore 19,21 100,00 BOItiSur les NUDU ESA NT eq nee eue oo ve. 2 26,05 P 100,00 De ces 1093 filles, 160 meurent entre 45 et 20 ans, 14,64 455 — 20 et 25 14,18 102 — 25 et 30 9,53 120 — 50 et 40 10,98 98 _ 40 et 50 8,97 458 — au-dessus de 50 41,90 100,00 Comparons ces résultats avec ceux fournis par le seul pays où l’on ait, à ma connaissance , réuni des renseignemens ana- logues, le pays de Vaud au xvm* siècle. Muret nous apprend que sur 4714 filles parvenues à 15 ans, 3615 se marient (0,7669), 350 meurent de 15 à 30 ans (0,0743) et 749 au- dessus de 30 ans (0,1538). D’où suit que sur un nombre donné de filles nubiles , il y a plus de mariages dans le pays de Vaud qu’à Genève, dans le rapportde 5669 à 7397. Mais si l’on considère que les filles vaudoises se marient en moyenne à 24 ans 8 mois, et les genevoises à 26 ans 10 mois, on verra que ce seul fait explique la différence qui existe dans la pro- portion des mariages sur le nombre total des filles arrivées à 15 ans. En effet, pendant les 2 ans 2 mois qui s’écoulent entre l’âge moyen du mariage des Vaudoises et celui des Genevoises, il meurt un certain nombre de personnes dont plusieurs se se- TOM. VII, 2" PARTIE, 45 386 RECHERCHES raient mariées, si l’âge matrimonial avait été plus précoce. A 26 ans 10 mois il coexiste, sur le nombre primitif, une quantité de filles moindre qu'à 24 ans 8 mois; il doit donc y avoir moins de mariages absolument parlant : mais proportionnelle- ment il y en a autant, car 7397 mariages à 26 ans 10 mois équivalent à peu près à 7669 mariages à 24 ans 8 mois. Si nous comparons les deux pays à l’âge où la chance de se marier diminue pour les filles, à 30 ans, nous verrons qu’à Genève il y a 676 filles dépassant 30 ans sur 4199 nubiles, soit 16,1 p. 0/0, et dans le pays de Vaud 7/9 sur 4714, soit 15,9 p. 0/0, c’est-à-dire le même nombre dans les deux pays, presque un sixième. Ainsi ce serait une erreur de croire qu'il y ait à Genève plus de filles demeurant dans le célibat qu'ailleurs. CHAPITRE XVI. — PROPORTION DES DÉCÈS DES DEUX SEXES, ET MOBILITÉ DE LA POPULATION. $ 1. Décès des deux sexes. Depuis que les relevés mortuaires genevois contiennent la distinction des sexes, on a toujours compté plus de décès féminins que de décès masculins. De 1701 à 1913, il est mort 40,427 femmes et 36,663 hommes , nombres qui sont entre eux dans le rapport de 100 à 90,7. Cette disproportion se retrouve de 1814-33 , où il est mort 5690 femmes et 5222 hommes , nombres qui sont dans le rapport de 100 à 01,7. Ainsi, tandis qu’il naît plus de garçons que de filles, il meurt SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 387 au contraire à Genève plus de femmes que d’hommes , et même ce résultat inverse et contradictoire a lieu dans un rapport pres- que mathématiquement égal. Il nait, garçons, 108,2—15 Il meurt, femmes, 108,9—15 — filles, 100 —12 — hommes, 100 —12 Ce résultat, qui, au premier coup-d’œil, paraît impossible, s'explique cependant par la mobilité d’une certaine partie de la population de Genève, par des immigrations continuelles d'individus étrangers. Beaucoup d’hommes arrivent à Genève pour y trouver leur existence, mais beaucoup en sortent aussi pour chercher fortune. Quant aux femmes, elles n’émigrent guère, mais il en immigre beaucoup; quelques-unes d’entre elles épousent des nationaux, d’autres viennent exercer diverses bran- ches d'industrie; le plus grand nombre remplit le service de do- mesticité , qui est fait en très-grande partie par des filles des pays circonvoisins. (IL y avait à Genève en 1334, 2608 do- mestiques , dont environ 9/10 femmes, la plupart nées hors de la ville, ce qui explique l’excédant de femmes observé : un excédant analogue se remarque dans beaucoup d’autres villes.) 62. Mobilité de la population. On critiquera peut-être les résultats des tables de mortalité genevoise, en disant que pour qu’une pareille table soit exacte , il faut qu’elle soit établie sar une population stable , fixe, exclusivement composée de gens nés et morts dans la localité ; qu’il est loin d’en être ainsi à Genève , car si beaucoup d'individus nés dans cette ville vont s'établir ailleurs, un nombre plus grand encore d'étrangers se rend à Genève pour profiter des avantages que cette ville leur 388 RECHERCHES offre ; ces immigrans arrivent dans la force de l’âge, ayant déjà échappé à toutes les casualités de l’enfance , et en les compre- nant dans les tables de mortalité, on risque d’en élever ile chiffre au-delà de ce qu’il pourrait être pour la population du sol. Cette objection n’est guère plus applicable à Genève qu’à toute autre ville, à tout autre pays. Les populations européen- nes civilisées et libres , sont entre elles dans une perpétuelle et réciproque communication : la jeunesse quitte lhorizon borné du sol natal, espérant trouver au loin une carrière plus éten- due , une sphère d’action plus vaste, des débouchés nouveaux et plus sûrs: le commerce agglomère parfois la population dans de grands centres manufacturiers ; souvent aussi, propagande industrielle , il dissémine en tous lieux ses mnombrables agens ; enfin les affaires de tout genre établissent un échange continuel d'individus entre les peuples. En général , la population des campagnes reflue dans les villes, mais il est très-douteux qu’au milieu de ce va et vient perpétuel, l’absorption exercée par les villes augmente le chiffre de leur vitalité. Car il s'établit une compensation entre ces élémens contraires: si quelques immigrans meurent vieux dans une ville, et ajoutent ainsi quelque chose au chiffre de longévité, d’autres sont emportés à la fleur de l’âge, et par conséquent diminuent ce chiffre. Les influences sont diverses , les causes de perturbation agissent en sens op- posés ; par conséquent elles se neutralisent, s’annulent, se dé- truisent réciproquement. Parexemple, si les immigrans, arrivant dans l’âge de la force, peuvent améliorer sous certains rapports le chiffre de vitalité, ils le détériorent sous d’autres par l’entas- SUR LA POPULATION DE GENÈVE. 389 sement dans les habitations qu’ils occasionnent, la misère qu’ils amènent , le danger des épidémies qu’ils augmentent. En aucun cas l’objection de la mobilité de la population ne serait applicable aux tables de mortalité de Genève pendant la première année de la vie, et généralement pendant le bas âge. Car d’une part on met fort peu d’enfans en nourrice au-dehors; d’une autre, on n’amène guère dans la ville des enfans en bas âge, comme je m’en suis assuré par l’inspection des registres mortuaires. Or le chiffre le plus remarquable de la vitalité à Genève, celui qui lui appartient en propre, est le petit nom- bre de décès en bas âge; c’est cette faible mortalité de la pre- mière enfance qui a élevé si hautla vie probable. C’est là le point fondamental le plus important; car une fois un enfant hors de cette première période meurtrière, rien n’est plus commun que de le voir parvenir à l’âge d’homme, et prolonger sa carrière. Le plus difficile pour un peuple est d'élever beaucoup d’enfans; ceux-ci une fois échappés aux dangers du bas âge, ils possèdent une force d'existence capable de les faire vivre au-delà des vies moyenne et probable calculées au moment de leur nais- sance. Le chiffrede longévité genevoise se trouverait plutôt dété- rioré par l’usage où sont les établissemens de charité, d’envoyer leurs vieillards en pension à la campagne, où beaucoup finissent leurs jours.—Au surplus, les immigrans arrivent dansla force de l’âge, et retournent bien souventterminer leur carrière dans leur pays natal; il n’y en a qu’un petit nombre qui meure à Genève; ce n’est presque qu’accidentellement qu'ils figurent dansles états de mortalité : leur présence pourrait seulement modifier l’ége commun , si on voulait le déduire d’un recensement, 390 RECHERCHES SUR LA POPULATION DE GENÈVE. CONCLUSION. En examinant les phases successives de la population genevoise pendant les trois derniers siècles, nous avons vu cette population peu nombreuse à son ori- gine , décimée par une forte mortalité, fréquemment exposée à des contagions meurtrières; des mariages précoces, donnant le jour à un assez grand nombre d’enfans, dont une faible minorité arrivait seule à l’âge du complet développe- ment. Puis, à mesure que le besoin a fait place à l’aisance , les mariages sont de- venus moins féconds, la mortalité a diminué, la vie a considérablement augmente, et la population, doublée, a compté proportionnellement beaucoup plus d'hommes dans la force de l’âge. Aujourd’hui, la fécondité est à son minimum , la longévité très-grande; nulle population urbaine, peut-être, ne compte proportionnelle- ment si peu de naissances et de décès ; l’âge matrimonial est tardif, et la popula- tion, presque stationnaire, est industrieuse et prospère. Cette marche progressive n’est-elle pas, à quelques variations près, celle qu'ont parcourue, que parcourent, ou que parcourront tous les peuples? L'exemple de Genève est-il une exception, une anomalie, ou n’est-il pas plutôt le phare avancé, l'échantillon en miniature, l'expression abrégée de la haute mission de la civilisa- tion moderne? Quand on voit la marche générale, immense, de la civilisation, lente, mais progressive et sûre, s'étendre sur le monde avec des intensités diver- ses, modifier son action suivant l’état social des peuples, mais agir toujours, sans cesse, et produire partout des résultats analogues; quand on la voit travailler en tous lieux au développement du bien-être des masses, effacer peu à peu les différences qui séparaient les nations, assimiler toujours plus les individus, en répartissant plus également entre eux la prospérité matérielle et la durée de la vie, rapprocher, en un mot, toujours plus espèce humaine du type commun de l’homme moyen, on peut raisonnablement en conclure que les résultats analogues que présente la petite population de Genève, ne sont qu'un fragment similaire du grand tout, un modèle en petit du vaste mouvement social. Genève étant libre, indépendante, avancée dans la civilisation, l’état actuel de sa population peut faire conjecturer l'état futur des grandes masses; elle peut, transparente ruche d’abeilles, servir au philosophe pour étudier, avec un verre grossissant, la marche graduelle de l’ensemble. C’est sous ce point de vue que j’ai pensé que le travail que je termine pouvait offrir quelque intérêt. TABLEAU De Mortalité, Survivance, Vies moyenne et probable. ANDIVIDUS DES DEUX SEXES. HOMMES. FEMMES. Morts. |Survivans. | moy- | proba- [Mortes| Survivan- Bis .| Sarvivans.| moy- | proba- enne. | ble, tes. enne, enne. | ble ans, ans. ans. RE ÛE KI ans. aus, naissce 100000!42,71 1} 97432|39,48|43,12 98593|43,32 98056/41.50146,27 2 jours 96666139,80|43,56 97960 |43,60 97341|41,79146,80 3 96302139,95143,76 97626|43,75 96993141,94|47,03 5 95842|40,13|44,02 97275,43,90 96589142,11147,2 10 94481|40,68|44,70 96202 44,38 95319142,63[47,82 15 93389/41,15145,24 95587|44,65 94535|142,99|48,27 1 mois 91665|41,88/46,18 94514,45,11 93151143,59149,00 2 89825|42,69147,23 93281145,63 91629|44,24149,56 3 88963142,99/47,58 92616|45,86 90868|44,52/49,81 6 86970|43,72|48,56 91402|46,22 89282/45,06|50,47 1an 83560|45,04|49,80 88519,147,23 86146|46,20151,26 2 ans 79344146,38|50,64 84722/48,31 82149147,41152,17 3 77313|46,57|50,59 82876|48,36 80214147,53|51,95 4 15934|46,40|50,18 81329/48,26 78747147,40|51,61 5 74822|46,07|49,68 80239,47,90 77647147,06|51,11 6 73998145,57149,05 79289,47,46 76758|46,59|50,54 7 73175|45,07|48,41 78287|47,06 |: 15841146,16|19;98 8 72619|44,41147,66 77602|46,47 75217|45,52|49,25 9 71948 |43,82146,95 77004,45,82 74585|44,89148,51 10 71412/43,14146,19 76599)45,06 74117|44,17147,71 11 70914|42,43/45,42 75949)44,43 13539/43,51/46,96 12 70435|41,72|44,63 75439|43,73 13044|42,80|46,17 13 69994 |40,97|43,83 74894 43,04 12549/42,08|45,40 14 69668|40,16|12,98 74314|42,37 |: 72091|41,35/44,60 15 69112|139,47|42,19 73822|41,64 71568|40,64143,84 16 68748138,68|41,33 73171|41,00 71055|39,93/43,04 17 68269137,94140,51 72538|40,35 70496|39,24142,20 18 * 67503137,36| 39,80 71729139,80 69707138,67|41,41 19 66507|36,91|39,24 70991 139,20 68845|38,14140,65 20 65549136,43138,72 70376|38,53 68066137,57|39,87 21 64667,35,91|38,10 69866137,81 67378|36,94|39,09 22 63748135,42137,38 69010137,25 66507|36,41138,46 23 62943|34,86|36,63 68336136,62 65756|35,81|37,78 24 61570|34,45135,95 67528|36,05 64820135,34137,13 25 61084133,88]35,26 66737,35,46 64032134,74136,37 26 60337|33,28)34,56 66016|34,84 63298|34,13|35,59 27 59513132,73]33,97 65137|34,30 62445133,58134,85 28 58612132,22133,21 64557|33,60 61712|32,97|34,09 29 57884131,15132,46 64047|32,86 61098|32,29]33,30 30 571175|30,99|31,71 63150132,31 60291|131,71132,59 31 56696|30,24|30,87 62535|31,62 59741|30,99)31,78 32 55987|29,61130,13 61796130,98 59017|30,36|31,03 33 55336|28,95|29,38 61304,30,22 58448129,65]30,21 34 54838128,21128,57 60724|29,50 57907 128,91 |29,39 35 54110127,57127,85 60014,28,80 57229128,25|28,61 36 53439126,90|27,09 59212128,22 56450|27,62|27,87 37 52168|26,23|26,31 58614,27,49 55817|126,92|27,07 38 52289125,47125,47 57964126,79 55249126,19/26,25 39 51829|24,68|24,62 57331126,07 54699125,44125,42 40 50811,24,16123,96 56628/,25,39 53846124,83|24,69 41 50182123,45123,17 56047|24,64 53241|24,10]23,88 42 49530122,74|22,39 55432]23,90 52608123,38|23,07 HOMMES. FEMMES. INDIVIDUS DES DEUX SEXES. AGE. Re) PU DC ne Vie ÿ Vie Vie moy- |proba- Morts.| Survivans | moy- | proba- [Mortes|Survivantes| moy- enne. enne. | ble. ans. ans, 51838|22,67|22,29 51004/22,07|21,54 54782 21,44/20,91 53197 20,87|20,22 52918 50068|21,46|20,81 20,28 52144 19216|20,81|20,06 19,59 51512 48531|20,09|19,30 19,00 50492 47538|19,49|18,64 18,31 49525 46667|18,84|17,93) 17,76 48259 45484118,30|17,33 17,10 47380 44622/17,64|16,62 16,67 46185 43320|17,14|16,08 15,99 45147 42385|16,49/15,50 15,47 44163 41294115,90|14,99] 14,90 42809 40056|15,36|14,29 14,34 41701 38938|14,77113,57 13,77 40734 37902|14,15|12,82 13,27 39680 36719)13,57|12,18 12,65 38467 35610|12,97|11,64 12,26 36480 33794|12,61 11,32 11,74 35390 32630|12,02|10,72 11,29 33519 30989/11,61 10,29 10,79 32032 29559|11,12| 9,81 10,37 30485 28027|10,67| 9,36 9,96 28762 26432|10,26| 8,93 9,64 27021 24708| 9,90| 8,50 9,26 25580 23242| 9,47| 7,98 8,85 23980 21747! 9,05| 7,52 8,31 22819 20638| 8,48] 6,91 8,11 20552 18584! 8,31| 6,76 7,69 19356 17374| 7,82| 6,28 7,30 17862 15905| 7,41| 5,93 6,94 16244 14522| 7,06| 5,62 6,65 14785 | 6,75 13120| 6,71| 5,26 6,31 12957 | 6,56 11598| 6,46| 4,85 6,00 11359 | 6,36 10204! 6,20| 4,78 b 10091 | 6,02 9012| 5,89| 4,50 ; 8825 | 5,74 7875] 5,60| 4,20 f 7735 | 5,41 6894| 5,25| 4,02 É 6276 | 5,43 5620| 5,22| 3,84 ; 5555 | 5,01 4960! 4,78| 3,32 j 4676 | 4,70 4060! 4,61| 3,02 ù 4061 | 4,33 3465| 4,24] 2,64 3111 | 4.35 2686| 4,18| 2,62 2426 | 4,30 2044| 4,18| 2,79 : 1881 | 4,26 1558| 4,17| 2,77 1424 | 4,30 1220| 4,06| 2,54 1195 | 3,94 972| 3,84| 2,42 879 124| 3,81| 2,63 Srobmuvoosomoovowmé Out SOOOUWOUCS DOI CS WW À D D KL À © ei [=] DR EN R Lo Co Go Co Co ne de CO Fe à à à OT O7 UT î 668 513| 3,96| 3,20 91 3| 287 | 3, 597 449| 3,38| 2,77 92 3l 229 | 3, 386 311| 3,44| 2.60 93 2] 191 | 2, 351 275| 2,16| 2,00 94 4| 115 | 2, 263 183| 2,52| 2,00 95 1 96 | 2, 175 137| 2,13| 1,50 96 2 57 | 2, 123 91| 1,70| 1,00 97 1 38 | 1, 52 45| 1,40! 0,85 98 1 19 | 1, 17 18| 1,00! 0,50) 99 1 0 |0, 0 0! 0, | 0,00 100 0 0 0 0! 0, | 0,00 co è es «© NOTE SUR LES ORGANES RESPIRATOIRES DES CAPRICORNES. Par F.-J. PICTET, PROFESSEUR. (Lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle, le 3 septembre 4855.) Occupé de recherches générales sur la respiration des insec- tes, J'ai été appelé à passer en revue les organes qui servent à cette fonction dans les différentes familles et genres, et par con- séquent dans un grand nombre d’insectes. Ce sujet neuf et in- téressant nécessite des recherches délicates, à cause de la petitesse des objets et de la difficulté d'étudier au microscope des corps opaques. Le travail que j'ai entrepris sera donc de longue du- rée, et Je n’en pourrai vraisemblablement présenter les résultats que dans quelques années ; j'ai donc cru devoir anticiper sur ce moment, pour décrire une organisation qui m’a paru assez spé- TOM. VII, 27° PARTIE. 49 394 NOTE SUR LES ORGANES RESPIRATOIRES ciale et assez différente de ce que l’on connaît, pour mériter de fixer quelques instans l'attention de la Société. L'on sait que les insectes respirent par des trachées ouvertes à l’extérieur au moyen d’organes nommés stigmates. Le stig- mate est écailleux, et de son bord interne naissent ordinaire- ment les trachées d’une manière immédiate, comme nous le di- rons plus bas avec plus de détail, et ainsi que l'ont décrit Lyon- net, Straus et Sprengel. Dans quelques capricornes, et spécia- lement dans celui connu sous le nom de Hamaticherus Heros, l’organisation est plus compliquée; entre le stigmate et les trachées on trouve une pièce écailleuse, d’une structure remar- quable, et dont la description est le but principal de cette note. Chez ces insectes, comme dans la plupart des autres, il y a des stigmates thoraciques et des stigmates abdominaux. Ces derniers , plus petits que ceux du thorax, ont une forme analo- gue (fig. 3 et /). Ils sont ovoïdes, le cadre en est mince, ferme, en bourrelet d’un diamètre uniforme; la caisse est aussi écailleuse et terminée en arrière par un bourrelet analogue au cadre; le fond en est fermé par deux lèvres, dont les bords sont ciliés. Le stigmate de mésothorax (fig. 1) est au moins trois fois aussi grand que ceux de l'abdomen. Le cadre en est mince et écailleux, mais il a ceci de particulier, qu’il ne forme pas un ovale complet, et que, tandis que du côté antérieur il y a com- me dans les stigmates abdominaux deux bourrelets, lun fai- sant partie du cadre, et l’autre intérieur au fond de la caisse, on ne voit à la partie post‘rieure que ce dernier bourrelet, et celui du cadre se dirige obliquement en avant. Les deux lèvres DES CAPRICORNES. 393 sont différentes l’une de l’autre. L’antérieure est entièrement composée de faisceaux de poils raides, dont la fig. 2 donne un grossissement de 100 fois ; chaque faisceau est composé d’un tronc écailleux, partant d’une base de même nature ; ces troncs sont simples ou bifides, et donnent naissance à des poils raides; al- longés, de consistance écailleuse, abondans surtout à l'extrémité, organisation assez analogue à celle décrite par Lyonnet dans la chenille du saule. La lèvre postérieure est membraneuse, ceinte d’un léger bord écailleux, eta dans son milieu lamoitié environ de sa longueur occupée par des faisceaux analogues à ceux de la lèvre postérieure. Je passe maintenant au point important, la communication des trachées et du stigmate; et d’abord il convient de rappeler les formes décrites jusqu’à présent. Ordinairement la partie postérieure du stigmate est couverte d’une membrane tra- chéenne, que Sprengel nomme membranaprætensa.Cettemem- brane s’unit au bourrelet du fond de la caisse, et couvre ainsi tout le fond de l'ouverture; elle est percée de trous, où aboutis- sent les trachées du corps. Cestrachées, inégales de grosseur, sont ordinairement au nombre de 5 à 6 grosses; il y en a, outre cela , souvent une dizaine de petites. C’est l’organisation décrite par Sprengel, pl. L, fig. 1, pour la larve du Geotrupes nasi- cornis. Quelquefois aussi la membrana prætensa n’est pas ten- due, mais forme un sac que Straus nomme poche de la trachée d’origine, qu'il a décrite dans le hanneton, et qui dans cet in- secte donne naissance à quinze troncs trachéens. Quelquefois encore la trachée d’origine, sans former de poche vers le stig- mate, reste simple dans une longueur toujours très-petite, et 396 NOTE SUR LES ORGANES RESPIRATOIRES ainsi ne donne naissance aux troncs qu’à quelque distance du fond du stigmate. Mais si l’on compare ces trois modes, on verra qu’ils ne diffèrent que par des nuances de peu d’impor- tance, puisque danstous les trois des troncs trachéens, au nom- bre de quinze à vingt, et souvent moins, s'ouvrent dans une cavité formée par une paroi de même nature qu'eux, et que cette paroi trachéenne est directement unie au bourrelet interne du stigmate. Dans le Hamaticherus Heros, il n’en est pas de même, la membrana prætensa, où la poche, sont remplacées, dans le stigmate du mésothorax, par une caisse écailleuse en forme d’o- voïde irrégulier (fig. 5), dont le bord antérieur (e) vient se join- dre au bourrelet du fond du stigmate. La couleur de cette caisse est jaunâtre, elle est dure, très-élastique , et quoique fixée soli- dement au bourrelet, elle s’en sépare plutôt que de se laisser rompre. Telle est donc une première différence : les trachées , au lieu de s'ouvrir dans une poche molle et de même nature qu’elles, s'ouvrent dans une caisse dure, écailleuse et solide. Une seconde différence non moins importante est dans le nombre des trachées qui se rendent au stigmate; la caisse est per- cée de trous arrondis, rangés en lignes inégales , que la figure fait voir, et qui sont au nombre d’environ cent cinquante. De chacun de ces trous naît une trachée, de sorte qu’au lieu d’a- voir, comme à l’ordimaire, quinze à vingt troncs par stigmate , chacun de ceux du mésothorax se trouve en avoir environ cent cinquante. On conçoit facilement alors que la plus grande par- tie d’entre eux sont d’un pelit diamètre; cependant il y en a quelques-uns qui sont très-forts; tels sont ceux qui, situés DES CAPRICORNES. 397 à la partie postérieure et profonde en (f), sont séparés des autres par un intervalle sans trous, et très-volumineux; ils se re- courbent, se dirigent en avant, ainsi que le montre la fig. 6, et se rendent en deux trachées parallèles jusqu’à la tête, jetant en passant des branches aux organes du thorax , et particulière- ment aux muscles. Je les ai suivis jusque dans les yeux et les mâchoires. Près de ces deux gros troncs naît une trachée (2), decommuni- cation longitudinale, et une plus faible, de communication trans- versale. Les trachées qui naissent du milieu de la caisse forment une touffe abondante (fig. 5 d, et fig. 6) et se répandent avec profusion aux muscles des ailes; celles qui naissent de la partie antérieure sont presque aussi nombreuses, etvont (b\aux muscles des pattes antérieures, et à ceux (c) des intermédiaires. D’autres (a) se rendent au prothorax et au mésothorax. Cette organisation ne se retrouve point dans les stigmates de l'abdomen ; il n’y a qu’une poche trachéenne. De chaque stig- mate naissent à la partie postérieure (fig. 6) les trachées de communication longitudinale et transversale, et à la partie an- térieure un faisceau qui se rend aux organes voisins. Telle est la modification remarquable que présente l’appa- reil respiratoire des Hamaticherus. Je l'ai retrouvé le même dans l’Hamaticherus cerdo, le Cerambyx moschatus, et le Trachyderes succinctus. Je ne doute pas que cette forme ne soit constante dans les genres très-voisins ; jedois ajouter quejenel’ai point observée ni chez le Prionus scabricornis, ni chez le P. co- riarius, que j'ai soumis au scalpel dans ce but. J'espère, par mes travaux ultérieurs, fixer avec plus de précision les limites 398 NOTE SUR LES ORGANES RESPIRATOIRES DES CAPRICORNES. de cette organisation. Je n’ai pas non plus réuni un assez grand nombre de faits, pour en déduire des conséquences physiologi- ques certaines. Peut-être cependant peut-on penser qu’à cette extrême division se lie la lenteur de ces insectes; car l'air doit y circuler moins facilement et la respiration en doit être moins active. Or on sait qu’à l’activité de la respiration se lie en géné- ral la vivacité des mouvemens; il en résulterait donc un fait qui rappellerait celui qui esf causé par la division des artères du paresseux, de laquelle résulte la lenteur bien connue de cet animal. P. S. Depuis la lecture de ce Mémoire, j'ai eu occasion de disséquer la larve de l’Hamaticherus Heros, et je n’ai trouvé aucune trace de caisse écailleuse dans les deux stigmates du pro- thorax, non plus que dans ceux de l’abdomen. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Figure 1. Sligmate gauche du métathorax grossi dix fois; la partie gauche de la figure est l’antérieure. 2. Faisceaux de poils qui garnissent les lèvres de ce stigmate, grossis cent fois. » 3. Stigmate gauche du troisième anneau de l'abdomen, grossi dix fois. 4. Portion inférieure du même, grossi trente fois. 5. Caisse écailleuse située derrière le stigmate du métathorax, auquel elle est unie par le bord e, Cette caisse donne naissance aux trachées. a. Trachées du prothorax et du mésothorax. b. Trachées des muscles des pattes autérieures. = id. id. intermédiaires. d. id. - desailes. J+ Gros troncs qui vont jusqu'à la tête. g. Trachées de communication longitudinale. » 6. Coupe longitudinale du corps, montrant les trachées de la partie droite et leur distribution. RESPIRATION DES CAPRICORNES DESCRIPTION DE QUELQUES NOUVELLES ESPÈCES DE NÉVROPTÈRES, DU MUSÉE DE GENÈVE. Par F.-J. PICTET, PROFESSEUR. (Lu à Ja Société de Physique et d'Histoire naturelle, le 24 janvier 1856.) L’entomologie présente de si grandes lacunes dans les ordres qui ne sont pas les Coléoptères ou les Lépidoptères, qu’on de- vrait peut-être procéder d’abord par monographies avant que d’ajouter des espèces nouvelles au catalogue si incomplet de cel- les qui sont déjà connues. Aussi aurais-je laissé ces descriptions dans mes cartons jusqu’à ce que je pusse en présenter un nom- bre assez considérable, si des formes nouvelles et remarquables, et d’autres circonstances importantes, ne m’eussent paru motiver une exception en faveur des trois espèces que je décris aujour- 400 DESCRIPTION d’hui. L’une d'elles, en effet, forme évidemment un genre nouveau, et ne peut rentrer dans aucun de ceux formés pour nos insectes européens; une autre est la seule de sa nombreuse famille qui ait encore été décrite comme provenant des contrées. asiatiques ; une troisième, enfin, est une grande et belle espèce, la seconde connue d’un genre anomale, dont la première es- pèce est de nos environs. MACRONEMA* LINEATUM Mihi. (Famille des Phryganides.) Longueur: 0m,015; longueur des antennes: 0,027. Caractère du genre. Port des Mystacides, antennes deux fois aussi longues que le corps, fines, corps et ailes allongés ; palpes maxillaires à cinq articles, peu velus, le dernier article en forme de filament enroulé, plus long que la réunion des qua- tre autres; palpes labiaux à trois articles, le dernier mince et allonge. Ce genre fait un passage remarquable entre les Mystacides et les Hydropsychés, passage qui manque tout-à-fait, au moms jusqu’à présent, dans nos Phryganides européennes. Il a le port, les ailes, les antennes des Mystacides, mais les palpes des Hydropsychés. * pazgos, long, et ue, fil. DE NOUVELLES ESPÈCES DE NÉVROPTÈRES. 401 Caractères du Macronema lineatum. Corps d’un gris noïrd- tre, pattes fauves, antennes annelées de brun et de fauve, ailes de cette dernière couleur, avec une bande transversale argen- tée, aux deux tiers de la longueur, et l'extrémité orangee , avec un bord argenté. La tête, le thorax et l’abdomen, sont d’un gris ardoise foncé; je trouve, sur l’unique exemplaire que nous possédons, des débris d’un duvet soyeux, très-ras et argenté, qui peut-être les recouvrait en grande partie. Les palpes et les pattes sont fau- ves. Les antennes sont annelées de manière que dans chaque anneau la partie large ou extrême est brune, et la base plus mince fauve. Les ailes supérieures sont d’un fauve uniforme as- sez foncé depuis leur base jusqu'aux deux tiers de leur lon- gueur , où l’on trouve une bande sinueuse, mince, d’un blanc argenté, qui traverse toute l'aile ; le tiers postérieur est orangé, brillant , et bordé en dedans d’un léger lizeré argenté ; les ner- vures sont fauves, très-peu marquées. Les ailes inférieures sont transparentes, d’un brun uniforme, avec des nuances irisées. Nous avons recu cette espèce de Caravellas, dans la pro- vince de Bahia (Brésil), de M. Blanchet. TOM. VIL, 2° PARTIE. 50 ES © t2 DESCRIPTION HYDROPSYCHE HYALINA. Longueur, 0m,009; envergure, 0,025. Cette espèce appartient au genre des Hydropsychés; elle en a le port et tous les caractères (voyez mes Recherches sur les Phry- ganides). Caractères. Téte, corps et antennes noirs, pattes fauves à tarses noträtres, ailes supérieures brunes, avec six taches transparentes, ailes inférieures transparentes, avec le bord brun. | La tête , le thorax et l'abdomen sont d’un noir assez intense; à la partie dorsale de ce dernier, on remarque vers son milieu deux petites taches fauves peu marquées. Les antennes, que no- tre exemplaire n’a pas entières, sont noires, au moins à leur base. Les palpes et les pattes sont fauves; ces dernières ont les tarses noirs. Les ailes supérieures sont d’un brun uniforme, avec six taches d’un blanc transparent, bien marquées, une à la base, deux vers le mitieu du bord antérieur, et trois vers l’angle du bord interne, les ailes inférieures sont transparentes, avec une tache brune à l’extrémité, et une teinte de même couleur tout le long du bord; les nervures sont brunes dans la moitié interne de l'aile, et fauves dans la partie antérieure. Cette espèce vient des Indes orientales ; c’est , je crois, la seule Phryganide qui ait été décrite comme asiatique. DE NOUVELLES ESPÈCES DE NÉVROPTÈRES. 403 BITTACUS BLANCHETI. (Famille des Panorpates.) Longueur, 0,029; envergure, 0m,07. Observations sur les caractères du genre. L'espèce qui nous occupe a bien tous les caractères assignés au genre Bittacus par Latreille, ainsi que le montre la figure; mais il m'a semblé que les palpes maxillaires étaient à cinq articles, dont le dernier très-petit. Notre exemplaire étant unique, je n’ai pas pu soumettre ce palpe à un grossissement très-fort. Laireille ne donne comme caractère des Bittacus que quatre articles aux palpes; peut-être ce cinquième n'est-il qu’une portion du qua- trième, séparé par un étranglement; cependant il n’a paru distinct. Caractères du Bittacus Blancheti. Grand, d’un brun bistre uniforme, ailes nuancées de brun avec des taches blanches. Tout le corps et les pattes sont d’un brun bistre uniforme ; les antennes sont très-minces. Les pattes ont deux épines à l’ex- trémité de la jambe; les tarses à cinq articles sont terminés par un seul crochet; ils sont minces dans les deux pattes antérieu- res, et plus gros dans les postérieures. Les ailes supérieures sont brunes, avec les côtes plus foncées et des taches noirâtres le long du bord antérieur. Vers les deux tiers de la longueur, des points bruns forment une ligne transversale, sur laquelle arrive, de la base de Paile, une ligne longitudinale de même couleur. On 404 DESCRIPTION DE NOUVELLES ESPÈCES DE NÉVROPTÈRES. remarque des taches blanches peu arrêtées, 1° au tiers de l'aile, 2° en dedans de la ligne transversale, 3° deux ou trois ovales dans le tiers postérieur. Les ailes inférieures sont semblables aux supérieures. Cette espèce nous a été envoyée de Bahia, et nous en som- mes redevables à l’activité de M. Blanchet, auquel je l'ai dé- diée. Il est assez remarquable que des deux seules espèces con- nues dans ce genre, l’une soit de l'Amérique méridionale, et Fautre de l’Europe tempérée. Cette dernière, rare partout, est indiquée, par divers auteurs, comme se trouvant à Genève, et, après nombre de recherches infructueuses, mon père l’a enfin découverte cette année sur les bords de l’Arve, près de Vessy. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Figure 1. Macronema lineatum. » 14. Palpe maxillaire. » 1 b. Palpe labial. » 2. Hydropsyche hyalina. » 2 a. Palpe maxillaire. » 3. Bittacus Blanchet. » 3 a. Tête vue de face. » 3 b, Tarse des pattes intermédiaires. » 3 c. » » postérieures, NEVROPTERES. À Le EAU ”. à | KT to A RUN) NOTICE SUR QUELQUES CRYPTOGAMES NOUVELLES, DES ENVIRONS DE BAHIA (Bnisu). Par M. J.-E. DUBY. (Lue à la société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève.) Sphæria Miconiæ , tab. T, fig. 1. S. superficialis, orbicularis suborbicularisve demum diffracta, prominula nigra rugulosa punctata punctis prominulis, recepta- culis globosis subseriatis astomis albo-farctis, paraphysibus elon- gatis thecis subduplo longioribus, sporulis parvis globosis. — In foliis Myconiæ calvescentis Brasiliæ, in provincià Bahia (v.s.) Cette jolie espèce de Sphæria, qui n’a été communiquée par M. Salzmann, qui l'avait recueillie au Brésil, dans les environs 406 NOTICE de Bahia, croît sur les feuilles d’un arbre (Miconia calvescens DC.) de la famille des Mélastomacées. On voit sur la surface supérieure de la feuille, de nombreuses taches d’une demi-ligne environ de diamètre, qui sont comme collées à l’épiderme , et le plus souvent décolorent le parenchyme tout autour d’elles. Ce parenchyme devient d’abord rougeâtre, et finit par se dessécher complètement, en sorte que la partie inférieure de la feuille est toute parsemée de taches blanches qui correspondent aux points sur lesquels notre parasite s'était établie. Quand elle est plus avancée, elle se divise en petits fragmens qui restent attachés à la feuille. Examinée à la loupe, on reconnaît que dans son état normal elle est orbiculaire, aplatie; le stroma est couvert de points élevés qu’on pourrait croire être des ostioles, mais qui ne paraissent réellement dus qu'à une boursoufflure de la surface supérieure. À la loupe, on reconnaît que les réceptacles sont assez gros, globuleux, sans ostiole apparent , verticaux. Il y en a 4 à 6 sur une coupe verticale ; ils sont remplis intérieu- rement d’une pulpe blanche. Au microscope, on reconnaît que cette pulpe est composée d’un nombre immense de paraphyses auxquelles sont entremêlées des thèques, ou sacs membraneux , transparens , qui contiennent les sporules ou gongyles. Les thè- ques, en forme de massues très-allongées, de moitié plus cour- tes que les paraphyses, contiennent quatre à 8 sporules, petites, globuleuses, qui sont disposées en série les unes au-dessus des autres, comme les anneaux d’un chapelet. Je suis très-embarrassé pour fixer la place que cette nouvelle es- pèce doit occuper dans le genre si nombreux auquel elle appar- tient. Si je ne considérais que la manière dont elle se développe, SUR QUELQUES CRYPTOGAMES NOUVELLES. 407 je la placerais dans la tribu des Hypophériques de Fries ; mais il n’y a, dans cette tribu, aucune espèce qui croisse sur des feuilles, et d’ailleurs les réceptacles n’ont ni ostioles ni cols, et l'absence d’un stroma, proprement dit, rejette notre plante dans la quatrième tribu, des Epiphériques. Il est vrai qu’elle s’éloigne de toutes les espèces qui y sont décrites, parce qu'elle est placée à la surface de la feuille, n’est point unie au parenchyme , et n’est point recouverte par l’épiderme ; mais comme, cependant, c’est de toutes les sections de ce genre celle dont elle se rappro- che le plus, je crois qu’elle doit être admise dans la section des Confertæ, non loin de la $. epiphylla Fr. Au reste, quelque in- génieuses que soient les sections inventées par le célèbre Myco- logue, pour distinguer les espèces de ce vaste genre, elles ne re- posent que sur des caractères plus ou moins artificiels. Peut-être arriverait-on à une classification plus naturelle et plus vraie si on se servait, comme caractère déterminant, des thèques et de la disposition des sporidies. Malheureusement on ne peut les voir qu’à l’aide d’un fort bon microscope, et ce n’est que de- puis peu de temps que les observateurs les ont décrites et dessi- nées; mais il faut prendre les bases de la classification où elles sont, quelque difficile que puisse en être l'étude. Tag. LI. Fic. 1. — Srnæria Miconræ. a. Fragment d’une feuille de Miconia calvescens, chargé de Sphæria, b. Section verticale de la S. Miconiæ. c. Paraphyses et thèques vues au microscope. 2. Sphæria Salzmannii, fig. 2. S. innato-erumpens, epidermide nigrâ 'cincta , aterrima, re- 408 NOTICE ceptaculis globosis prominulis intus nigris astomis in series elongatas confluentibus rugulosis astomis aut ostiolo minutis- simo instructis, paraphysibus minutissimis thecis ovato-clava- tis paulo longioribus , sporulis 8 lineari-fusiformibus. — In fo- lis moribundis Palmarum circa Bahiam Brasiliæ detexit cl. Salzmann (v. s.). Cette espèce se trouve sur la surface supérieure de la feuille de Je ne sais quel palmier du Brésil. On voit d’abord de petits points brunâtres soulever légèrement l’épiderme de la feuille. Peu à peu ils grossissent, et se font jour en fendant longitudi- nalement l’épiderme , qui noircit et reste attachée aux côtés des réceptacles, et leur donne au premier abord l'apparence d’un Hysterium. Les réceptacles, d’abord solitaires et présentant une tache fort noire, à peu près ronde, étant très-rapprochés les uns des autres, deviennent fréquemment confluens dans le sens longitudinal, et couvrent la feuille de pustules. A la loupe, on voit que les réceptacles sont assez gros, à peu près globu- leux, un peu comprimés dans le sens vertical; la surface en est chagrinée ; ils ne paraissent pas avoir d’ostioles ; car je ne puis guère donner ce nom à de petites proéminences qu’on distingue à peine, et qui ne semblent pas avoir de communication avec l'intérieur. Ce n’est qu'avec bien de la difficulté, et après avoir disséqué un grand nombre de réceptacles, que j'ai enfin pu trouver les paraphyses et les thèques : les premières sont d’ane ténuité extrême, fort peu plus longues que les thèques, lesquel- les sont fort grosses, en forme de poire très-renflée, et contien- nent huit sporules fusiformes non annulées ni articulées, dis- tantes les unes des autres, et disposées symétriquement en deux SUR QUELQUES CRYPTOGAMES NOUVELLES. 409 séries. Cette espèce, qui a été trouvée par M. Salzmann sur les feuilles mourantes d’une espèce de palmier , appartient à la sec- tion des Seriatæ de Fries, et se place non loin de la Sphæria profuga d'Ehrenberg. TAB. Fic. 2. — SPpHÆRIA SALZMANII. a. Fragment d’une feuille de palmier chargée du S. Salzmanii , de grandeur na- turelle. b. Coupe verticale de la S. Salzmanii. c. Thèques et paraphyses vues au microscope. 3. SPHÆRIA PALMARUM. S. oregaria, receptaculis tectis compresso-planis superne con- vexis orbicularibus glabris circumscissis nigris, in collum brevissimum epidermidem disrumpens productis, ostiolo vix exserto mammæformi longitudinaliter rimoso. — In foliüs emortuis Palmarum provinciæ Bahiæ Brasiliæ detexit cl. Salz- mann (v. s.). On voit, sur les feuilles mortes et presque desséchées d’une espèce de palmier du Brésil, des petites taches noirâtres, orbicu- laires, éparses, fort nombreuses. Si on les examine de plus près, on reconnaît qu’elles sont dues à la présence des récepta- cles de notre Sphæria, qui, nichés entre le parenchyme et l'é- piderme, soulèvent la cuticule. Leur forme est celle d’une len- tille convexe parfaitement orbiculaire, plate en-dessous. Au bout de quelque temps, elles se détachent complètement par la base, emportent avec elles l’'épiderme, qui se coupe circulaire- ment, et laissent sur la feuille de petites taches brunâtres parfai- TOM VII, 27° PARTIE. 51 410 NOTICE tement circulaires. Les réceptacles sont munis d’un petit ostiole très-court, qui se fait jour au travers de l’épiderme, qu'il dé- passe légèrement, sous la forme d’une petite papille munie d’une fente longitudinale. L’ostiole finit par tomber, et laisse un trou à la place qu’il occupait. Il m'a été impossible de par- venir à découvrir ni thèques ni paraphyses. Je dois cette es- pèce, comme les précédentes, à l’obligeance de M. Salzmann, qui l’a trouvée à Bahia, au Brézil. Elle appartient à la section des Obtectæ de Fries. 4. EnINEUM DIFFORME, fig. 3. E. cespitibus latissime effusis pulvinatis haud immersis, fila- mentis clavatis difformibus articulato-inflatis tuberculoso-ramo- sis, mox obtusis mox truncatis mox depressis, rufescentibus, in stipitem attenuatis. —— Ad paginam inferiorem foliorum arbo- tis (Conocarpi?) Brasiliæ detexit cl. Salzmann (v. s.). L'espèce d’Erineum que je représente à la fig. 3, dessinée à un assez fort grossissement, couvre la surface inférieure des feuilles d’un arbre de la province de Bahia, au Brésil; elle y forme des coussinets d’un brun rougeâtre, qui s’unissant les uns aux autres, n’observent point de formes déterminées; 1ls ne sont point enfoncés dans la feuille, et n’y déterminent point ces ca- vités qu’occasionnent d’autres espèces. Les filamens, extrême- ment serrés les uns contre les autres, verticaux, claviformes, affectent les apparences les plus bizarres: tantôt ils sont sim- ples, allongés, tantôt rameux, sans aucun ordre, chargés de tubercules et de renflemens, tantôt obtus à l'extrémité, tantôt tronqués, quelquefois même déprimés. Ils offrent ceci de remar- SUR QUELQUES CRYPTOGAMES NOUVELLES. 411 quable , c’est qu’ils paraissent être articulés, non-seulement ho- rizontalement , mais aussi transversalement. Ils sont tous rétré- cis à la base, en un court stipe, et remplis d’une poussière d’une ténuité infinie, qui finit par sortir par la rupture des cel- lules. De brun rouge opaque qu'ils étaient, ils deviennent alors transparens et sans couleur. La poussière jaune qu’ils conte- naient se répand dans l’eau du porte-objet du microscope. — Cette espèce appartient à la section des Grumaria de Kunze. On sait qu’il s’est élevé des contestations sur la véritable na- ture de ce genre: les uns, attribuant aux singulières produc- tions dont il se compose, une existence propre, en font un genre de la famille des Mucédinées; les autres, et entre autres le cé- lèbre Mycologue Fries, croient que ce n’est qu’une transforma- tion des poils, un développement maladif des cellules de Pépi- derme. Il ne me semble pas que les observations faites à ce su- jet soient concluantes, et je continue à considérer ce genre comme devant occuper une place dans la série des genres cryp- togamiques. Pourquoi , en particulier, si les Erineum n'étaient qu’une transformation des cellules de l’épiderme, cette trans- formation produirait-elle des effets différens selon la nature des plantes qui seraient exposées à cette maladie, au point de four- nir des caractères spécifiques tellement constans, que l’Erineum alneum p. ex.. est le même en Russie ou en Italie, et tellement tranchés, qu’on peut, au microscope, reconnaître une espèce d’Erineum, sans savoir sur quelle feuille elle a été prise ? 412 NOTICE 5. WVEissiA BRASILIENSIS, fig. 4. W. caule erecto simplici, fois imbricato-patulis e basi la- tiore lanceolato-subulatis plicatis rigidis integerrimis obtusius- culis, capsulâ ovato-globosâ erectà lævi , operculo rostrato ros- tello subulato erecto aut subincurvo capsulam æquante @ ad terram, in umbrosis subhumidis provinciæ Bahiæ Brasiliæ de- texit cl. Salzmann (v. s.). Cette petite espèce, qui a environ 2 lignes de hauteur, croît sur la terre en petites touffes serrées. La tige est droite, parfai- tement simple, annuelle; les feuilles sont assez serrées, un peu ouvertes, plus larges à labase et s’amincissant assez abruptement, pliées sur la nervure qui s'étend presque jusqu’à l’extrémité, * parfaitement entières, un peu obtuses ; les feuilles périchétiales sont plus courtes que les autres, planes, lancéolées-linéaires ; le pédoncule, deux à trois fois plus long que les feuilles, est grêle et droit, terminal. La capsule est ovato-globuleuse, lisse, sans apophyse. Le péristome n’a qu’un seul rang de 16 dents, rou- ges, étroites, très-entières, nullement perforées, conniventes, peu dilatées à la base; l’opercule se prolonge en un bec en alène, au moins aussi long que la capsule, droit ou un peu courbé ; la coiffe cuculliforme est parfaitement glabre, un peu plus longue que l’opercule. — Cette espèce est voisine des #7. crispula et curvirostra; elle se distingue aisément par la lon- eueur de son opercule, la forme des feuilles et de la capsule. rs [—e C2 SUR QUELQUES CRYPTOGAMES NOUVELLES. Tag. Fic. 4. — WEIssIA BRASILIENSIS. a. De grandeur naturelle. b. Capsule avec l’opercule et les feuilles périchétiales. c. Coiffe. d. Péristome. e. Feuilles de la tige. 6. Gvunosromum Barmexse, Salzm., fig. 5. G. caule erecto simplici breviusculo, foliis erecto-patulis lan- ceolato-linearibus integerrimis nervo valido producto mucronu- latis, capsula erectà ovato-oblongä basi paulisper inflatä, oper- culo e basi convexà rostrato, rostello subulato subincurvo cap- sulam subæquante @ ad terram in umbrosis provinciæ Bahiæ Brasiliæ detexit cl. Salzmann (v. s.). La tige de cette mousse, qui a trois à quatre lignes de long, est droite, simple, annuelle; les feuilles sont assez lâches, un peu étalées, lancéolées , linéaires, parfaitement entières, légè- rement réfléchies sur les bords, souvent pliées en carène, mu- nies d’une forte nervure, qui, se prolongeant un peu au-delà de la feuille, la munit d’une petite pointe; les périchétiales ne diffèrent pas; le pédoncule est droit , flexueux, trois à quatre fois plus long que les feuilles ; la capsule est ovato-oblongue, lisse, un peu renflée à la base et un peu resserrée vers l’opercule; le péristome est nul, et l’entrée intérieure de la capsule est nue ; l’opercule convexe, et la base se prolonge assez abruptement en un long bec subulé, obtus, à peu près aussi long que la cap- 414 NOTICE SUR QUELQUES CRYPTOGAMES NOUVELLES. sule. Je n'ai pas vu la coiffe. — Cette espèce a été trouvée à Bahia par M. Salzmann, qui me l’a donnée sous le nom de G. Bahiense. Elle doit se placer dans le voisinage du G. Hei- mi Web. et Mohr. Fic. 5. — Gyunosromum BAHIENSE. a. De grandeur naturelle. b. Grossi. c. Feuilles vues du côté inférieur. MÉMOIRE SUR LES COQUILLES TERRESTRES ET FLUVIATILES, ENVOYÉES DE BAHIA PAR M. J: BLANCHET. Par Srerano MORICAND. (Eu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle, le 48 juin 1855.) HELIX Feruss. o% Sous-genre CocarouvprA. Fer. Succinia Drap. Art. 1. H. unguis. Fer. Hab. Sur les bords de la lagune nommée {4 Digue ou Le Baril, tout près de la ville de Bahia. L'animal est beaucoup plus gros que sa coquille qui n’abrite qu’une partie du dos, comme dans les testacelles. >. H. sulculosa. Fer. Hab. aux !llheos. 416 MÉMOIRE 3. H. brasihensis. Sowerby. Sub Succinia. Hab. les bois humides de S. Gonzalves. Elle est tout-à-fait membraneuse , quand on en retire l’ani- mal, elle se déforme et s’aplatit entre les doigts ; on lui rend sa forme en soufflant dedans comme dans une gousse de rai- sin. Elle est d’un beau vert et l’animal est bleu. 4. H. atrovirens. Nob. t. 2, fig. 1. Testa ventricosa, sub membranacea, atrovirens, laviuscula, spira depressa , apertura magna transversè ovata. Hab. à Portao sur l’espèce de Palmier, nommée Patioba par les habitans. C’est une des grandes espèces d’Ambrettes , elle a 11 mil- limètres de hauteur et 21 millimètres de largeur. Elle est for- mée de trois tours de spire , dont le dernier est beaucoup plus grand que les deux autres ; elle est d’une consistance membraneuse , élastique, transparente, d’une couleur vert- olive, et sa surface est marquée de stries peu saillantes et irré- gulièrement espacées. Le sommet de la spire est fort peu sail- lant et très-petit, comparativement à l'ampleur du dernier tour ; la bouche à 15 millimètres de largeur , sur 12 de hau- teur. L’animal m'est inconnu. Osservarions. Ces trois dernières espèces, le sulculosa , le brasiliensis et Vatrovirens ont de grands rapports entre elles , mais sont bien faciles à distinguer quand on les a toutes les trois sous les yeux. La 1° (sulculosa’) est aussi haute que large , a 4 tours de SUR LES COQUILLES TERRESTRES. 417 spire, dont le dernier est moins grand que dans les deux au- tres espèces , la spire élevée et conique , elle est d’un vert jau- nâtre pâle , chargée de sillons pressés , réguliers et profonds. La 2% (brasiiensis) est plus large que haute, n’a que trois tours , la spire surbaissée ; elle est d’un vert gai, chargée de sillons réguliers et profonds comme la précédente. La 3% (atrovirens) a la même forme que le brasiliensis , mais elle est deux fois plus grosse, d’un vert foncé olivâtre, et n'est point sillonnée, du moins sur le dernier tour, car le som- met de la spire offre quelquefois des stries analogues aux sil- lons des deux précédentes. 4” Sous-genre. Hericonoxta. Fer. 5. H. comboides, d'Orb. var. brasiliensis, Nob. H. testa globulosa, deformata , perforata, lævigata , stria- ta, tenui, diaphana, albido succinea , subtus lucida ; spira obliqua brevi, contusa, septem anfractibus, apice obtuso ; apertura personata, subtriangulari , bidentata, columella brevi ; labro crasso reflexo albo. Long. 8 millim., lat. 10 millim. Je cite la phrase de M. d’Orbigny, parce qu’elle fera mieux saisir les petites différences que J'ai remarquées entre les indi- vidus qu'il a rapportés de Chiquito dans la république de Bolivia, et qu’il a bien voulu me communiquer, et ceux re- cueillis par M. Blanchet aux environs de Bahia. Ces derniers sont en général plus petits, et la bouche, au lieu de n’avoir que deux dents, en a trois très-fortes, l’une placée sur la columelle, est très-saillante, les deux autres sont situées sur la lèvre droite, TOM. VII, 2° PARTIE. 52 418 MÉMOIRE la première vis-à-vis de la dent columellaire, et la seconde, qui est la plus large, sur le bord inférieur. Cette bouche est en pe- tit fort semblable à celle de AH. Zabyrinthus. Quelques indi- vidus offrent des stries fines et régulières sur toute la spire , d’autres en sont complètement privés; dans tous la partie in- férieure du dernier tour est lisse et luisante. IL n’y a du reste aucun doute sur l'identité de l'espèce, qui est remarquable par le dernier tour qui s’écarte plus ou moins de l’axe de la spire , comme dans l'A. contusa et quelques autres. J'avais d’abord nommé cette coquille H. dejecta. M. Férussac à qui je l'avais communiquée, m’a écrit que M. d’Orbigny la- vait nommée de son côté 7. chiquitensis, nom qu'il a sans doute abandonné pour celui de comboïdes qui doit lui rester. Mais Je rappelle les autres, parce que j’en ai envoyé à plu- sieurs de mes correspondans, d’abord sous celui de dejecta N. et ensuite sous celui de chiquitensis, d’Orb. ne Sous-genre. Herrcicoxa. Fer. 6. 1. pyramidella, Wagn. Helicina pyramidella. Spix. tab. 16, Lin H. Blanchetiana, Moric., Mémoires de la Soc. de Phys. et d’Hist. nat. de Genève, Vol. VI, t. 1, fig. 3. Ayant recu, depuis la publication de mon premier Mémoire sur quelques espèces nouvelles de coquilles d'Amérique, un grand nombre de variétés de cette coquille ; j'ai reconnu que mon #. Blanchetiana rentre dans l'espèce de Spix , dont elle n’est qu'une des. variétés que je classe ainsi. SUR LES COQUILLES TERRESTRES. 419 «. Immaculata, toute blanche, sans bandes ni taches, bouche rose. g. Bipunctata, blanche , deux taches intérieures sur la lèvre droite, point de bandes, bouche rose ou blanche. ,. Blanchetiana, blanche, deux taches sur la lèvre droite, et une bande brune sur la partie inférieure du dernier tour. H. Blanchetiana , M. loc. cit. e. Rosea, coquille rose, la bande inférieure et les taches. «, Rosea immaculata rose , la bande inférieure , point de taches. . Spixiana, blanche , une bande inférieure et deux autres sur le dernier tour au-dessus de la carène, dont une seule est visible sur les tours suivans, point de taches, la bouche rose. H. pyramidella, Spix, loc. cit. 7. Versicolor , rosée, brun-clair, ou chocolat avec ou sans taches , bouche rose ou blanche , une seule bande noire sur le dernier tour (outre la bande inférieure), avec une bande blanche ou jaune, qui touche à la suture et se prolonge quel- quefois jusqu’au sommet de la spire. Cette dernière variété pourrait se subdiviser en plusieurs au- tres. Le caractère de la bouche rose ou blanche paraît se re- trouver indistinctement dans toutes les variétés, et l’on conçoit que combiné avec les deux taches de la lèvre , les bandes bru- nes nulles , ou au nombre de 1, 2 ou 3 sur le dernier tour, la bande blanche ou jaune, de la dernière variété, et le fondblanc, rose ou chocolat de la coquille , le nombre de variétés peut se multiplier à Pinfini. 420 MÉMOIRE Elle habite les grands bois, et se trouve plus particulièrement sur les fougères grimpantes. Osservarion. L’H. pyramidella n’est peut-être elle-même qu'une variété de V’H. Bosciana. Fér., t. 64, fig. 1 ; cepen- dant celle-ci est plus évasée de la base et la spire moins élevée, elle présente donc une pyramide plus surbaissée , elle est d’une consistance plus épaisse et plus solide, et la bouche est ren- trante , l’angle supérieur ne s'appliquant pas sur la carène du dernier tour, mais sur la surface plane inférieure à quelque dis- tance du bord formé par la carène. 7. H.navicula, Wagn. Navicula fasciata, Spix, t. 15, fig. 2,3. Elle offre deux variétés. #. Fasciata, deux larges bandes brunes, sur un fond jaune chamois , c’est celle figurée par Spix. 5. Unicolor. Sans bandes. Elles ont toutes deux la spire rose au sommet. C’est une des plus curieuses et des plus rares coquilles du Brésil ; elle a été trouvée aux Ilheos , près Almada, sur les feuilles d’un palmier, appelé dans le pays O/ho de Cana. 8. H. pileiformis, Nob. t. 2, fig. 2. Testa pyramidata trocheiformis , tenuis, fragilis fuseo-oliva- cea; spira elevata septem anfractibus planulatis constans ultimus carinatus; apertura semi-ovata peristomate reflexo. Hab. aux Illheos. Cette espèce, queje crois fort rare, puisqueJe n’en ai recu qu’un seul individu , est remarquable , entre: ses congenères, par la grande élévation de sa spire. Elle est d’une couleur brun-oliva- SUR LES COQUILLES TERRESTRES. 421 tre matte et uniforme; les deux premiers tours du sommet de la spire sont marqués de fines stries qui ne reparaissent plus sur les suivans ; le tour inférieur est fortement caréné ; l’ombilic petit; la bouche semi-ovale , arrondie en bas, un peu angu- leuse à la place qui correspond à la carène , le peristome un peu réfléchi , l’intérieur est lisse, luisant et d’une couleur vi- neuse-pâle. 6 Sous-genre Hercecra. Fer. 9. H. vitrina, Wagn. Spix , t. 17, f. 6. Hab. aux environs de Bahia, sous les feuilles mortes. 10. H. similaris, Fer. var. $. zonulata, Fer. prod. N. 26». Très - commune aux environs de Bahia. J'en ai recu des in- dividus vivans , l'animal est d’un blanc sale, et n'offre rien de particulier. 11. . candida, N. H. perspectwa, Wagn. non Merg. nec Say. Solarium candidum, Spix, t. 17, f. 3, 4. Elle offre deux variétés; la première , celle de Spix, est lisse en-dessous, mais finement et régulièrement striée en-dessus , c’est-à-dire , sur toute la spire ; l’autre est entièrement lisse et sans stries; chacune de ces variétés est constante dans les indi- vidus jeunes comme dans les adultes : cependant ces coquilles, aux stries près, sont tellement semblables, qu’il n’est pas possi- ble d'en faire deux espèces , et il suflira de les désigner par « Striata, ets. lœvissima. L'animal est extrêmement allongé ; quand il marche, son pied occupe un espace quatre fois plus long que le diamètre de 422 MÉMOIRE la coquille, il est jaune, et ses tentacules, d’un rose vif, font un joli effet sur sa tête jaune-pâle , les yeux sont noirs. Elle se trouve dans les grands bois, sous les feuilles mortes ; aux endroits humides. Quoiqu’elle ne soit pas rare, les individus frais et adultes ne se rencontrent pas fréquemment. 12. H. pellis serpentis, Var. minor. Helix punctata, Wagn. et solarium serpens. Spix. tom. 17, fig. 1, 2. Cette coquille varie dans sa grandeur, mais elle est toujours plus petite que la grande variété de Cayenne, dont elle diffère encore par sa spire plus déprimée, la carène plus aiguë, le test strié et comme treillissé et non granuleux; on n’y remarque jamais non plus le pli si singulier du dernier tour de spire de celle de Cayenne; et sans la confiance que méritent les obser- vations de M. Rang , consignées dans les Annales des Sciences naturelles, Yon serait fort tenté de séparer ces deux coquilles. L'animal est allongé, mince, d’une couleur obscure et vi- neuse. On la trouve dans les bois humides et sous l’écorce des arbres. 13. H. polygyrata. Von. Born. Test. t. 14, fig. 19, 20. Férussac, t. 69. A. fig. 7, 8, 9. Quelques individus de cette précieuse espèce, qui ressemble à un grand planorbe et qui est encore si rare dans les collec- tions, ont été trouvés par M. Blanchet dans les bois de la Ca- xoeïra, dans les rocailles et la terre fraîche, près des ruisseaux. L’épiderme est vert-olive en-dessous et brun-marron sale en- dessus. Elle varie beaucoup dans sa taille; quelques individus, SUR LES COQUILLES TERRESTRES. 423 quoique bien adultes, n’ont que 8 tours et 35 millimètres de diamètre, et j'en possède un qui a 10 tours et 6 centimètres. L'animal a le pied assez court, une fois et demi le diamètre de sa coquille, le manteau brun avec une teinte vineuse, les ten- tacules courts et un peu coniques, les plus grands ocellés au sommet. 8": Sous-genre. CocHLosTyLA. Fer. 14. H. undata, Fer. Bulimus undatus, Brug. La variété que M. Blanchet a envoyée, et qui se trouve en abondance sur les orangers, les tamariniers et autres arbres fruitiers dans les trous desquels elle se retire, est fort belle, plus grande que la variété ordinaire qui vient communément de Fernambouc, et remarquable par les bandes longitudinales en zigzag , étroites, nombreuses, qui ornent le dernier tour, et la rapprochent un peu de l'H. Sultana. Les jeunes individus offrent des traits noirs et des taches jaunes et orangées, très-vives et d’un bel effet; je crois que dans cet état elle a été nommée H. Princeps, par M. Broderip. 10% Sous-genre. Cocuzicopa. Fer. 15. H. lamellata, Fer. Cette petite coquille se trouve dans le sable, au pied des arbres et dans les trous de leurs troncs. 1 (ee Sous-genre. Cocazrcezra. Fr.e 16. H. oryza, Fer. Prodr. N. 380. Bulimus oryza, Brug. 494 MÉMOIRE 17. H. clavulus, Fer. Prodr. N. 381. Ces deux petites espèces se trouvent avec la précédente, mé- langées avec la terre, le sable fin au pied des arbres et dans les cavités des vieux troncs. 18. H. sylvatica (nomen mutandum). Bulimus sylvaticus, Wagn. Columna sylvatica, Spix, t. 10, fig. 4. Elle est assez commune dans les forêts aux environs de Bahia, au pied des arbres , sous les feuilles mortes et humides. 19. H. obeliscus, Moric. loc. cit., tab. 1, fig. 4. L'individu que j'ai figuré n’était pas adulte, J'en ai recu depuis lors qui ent 16 tours de spire, et un autre plus grand encore, dont la pointe est cassée (ce qui arrive souvent), et qui a dû en avoir 18 et 11 centimètres de longueur; il res- semble alors à l'espèce suivante, dont il est cependant bien distinct. Quelques individus me sont parvenus avec l'animal vivant; il est blanc, pâle, et traîne sa coquille en marchant; je les conserve avec soin et J'en donnerai plus tard une figure, mais je ne dois point passer sous silence l’observation suivante, relative à leur ponte. Je les tiens dans un vase à moitié rempli de terreau mêlé de sable et de poussière de bois pourri et toujours humide ; ils n’ont touché ni aux feuilles, ni aux légumes, ni aux fruits que Je leur ai donnés, mais ils mangent de la farine dont ils paraissent s’accommoder fort bien; je renouvelle chaque jour leur provision, et par conséquent Je les observe régulièrement. SUR LES COQUILLES TERRESTRES-. 425 Ayant cependant laissé passer une journée sans les voir, je fus agréablement surpris le surlendemain (27 juillet), de trouver plusieurs petits individus, à peine éclos, mêlés avec les anciens; ils n’avaient que trois tours de spire, et si je n'avais pas trouvé en même temps un œuf encore entier, j'aurais pu croire que cette espèce était vivipare, car 48 heures auparavant il n’y avait certainement aucune trace de ponte, et deux heures après, ce dernier œuf était éclos; mais à mon grand regret cette opération ne s’est pas passée sous mes yeux, ce qui aurait été d'autant plus intéressant que ces œufs ne ressemblent point à ceux des autres Hélices que j'ai pu observer; ils sont dépourvus d’enveloppe calcaire et ne présentent qu’une membrane extré- mement mince, parfaitement diaphane, remplie d’un liquide clair et limpide , au milieu duquel on voit la jeune hélice bien formée, et n'ayant que trois tours de spire; l'œuf ressemble absolument à une grosse goutte d’eau ovale (voy. tab. 2, fig. 28). Je n’ai pu constater de quelle manière ce liquide se dissipait , s’il était absorbé par le jeune animal, ou s’il s’écoulait par la rupture de la membrane; mais cette membrane restait pendant quelques heures appliquée et desséchée sur la coquille jusqu’à ce que l’animal, en marchant, s’en fût débarrassé. J'avais ainsi une petite famille de 8 jeunes 1. obeliscus, dont 3 ou 4 individus vivent encore au moment où Je livre ces lignes à l'impression (février); mais ils se sont enterrés, ainsi que les gros, aux premiers froids de l'automne, qui ont arrêté leur développement, qui avait été assez rapide dans le commence- ment, car le 17 août ils avaient déjà cinq tours de spire. TOM. VII, 2° PARTIE. 53 426 MÉMOIRE 20. H. caxapregana, N. Columna maritima, Spix, t. 10, fig. 1, 2. Bulimus calcareus, Wagn. non Brug. Cette belle coquille, l’une des plus grandes de ce sous-genre, atteint jusqu’à 12 centimètres de longueur; elle a 11 tours de spire dans son plus grand développement, et alors le péristome est un peu épaissi , formant un léger bourrelet; son épiderme est olivâtre dans les jeunes et d’un beau brun-marron dans les in- dividus plus âgés, l’intérieur de l’ouverture est bleuâtre; elle varie dans son épaisseur, c’est-à-dire que des individus sont beaucoup plus pesans que d’autres, quoique au même degré de développement; quelques-uns offrent des zônes plus pâles qui règnent rarement sur tous les tours de la spire; souvent elles ne sont visibles que sur les derniers tours, et quelquefois même une zône blanchâtre commence brusquement un tour et ne reparaît plus sur les suivans. T’animal est couleur de chair pâle, et les tentacules assez courts. Cette espèce se trouve dans les forêts vierges au pieds des arbres, dans plusieurs provinces du Brésil ; mais elle paraît y être assez rare ; cependant elle a été trouvée en assez grand nombre sous les feuilles des Bromelia , dans l’ilot de Caxa- preso ou Cachaprego, à l'embouchure du Jagoaripe , près de Maragosipe et de Nazareth das Farinhas ; c’est pourquoi le nom de //. maritima ayant été appliqué depuis long-temps à une espèce du midi de la France, je propose celui de Caxapre- gana à ceux qui, comme moi, adoptent le genre Helix, comme l'entend M. de Férussac. | SUR LES COQUILLES TERRESTRES. 427 Osssrvarions. Il existe de grands rapports entre les deux es- pèces qui précèdent , et l’. calcarea, Fer. Bulimus calca- reus, Brug, qui se trouve à Madagascar. Cependant elles sont toutes trois bien distinctes. L’Æ. caxapregana est non-seule- ment beaucoup plus grande que l’Æ. calcarea, mais sa forme est différente ; elle décroît régulièrement depuis le dernier tour au premier, tandis que dans l'A. calcarea, les deux ou trois derniers tours sont proportionnellement plus renflés et plus grands ; dans celui-ci, la hauteur réunie des deux derniers tours surpasse de beaucoup celle du reste de la spire ; dans le caxa- pregana, ces deux derniers tours sont plus courts que les au- tres réunis. Le calcarea est fortement strié longitudinalement, et sans aucunes stries transversales ; dans le caxapregana les stries longitudinales sont bien moins profondes, et l’on observe surtout près des sutures des stries transversales très-fines , qui coupent les premières. L’A. obeliscus diffère de toutes deux par les tours de spire plus nombreux, 16 à 18, au lieu de 10 à 12, et dont les deux derniers forment à peine le tiers de la longueur totale de la co- quille, qui n’est striée qu’en long. 21. A. subuliformis, N.t. 2, fig. 3. Testa turrita , elongata, angustissima , lævis, nitida, alba anfractibus planatis numerosis apice obtuso ; apertura ovata la- bro acuto. Cette espèce, qui me paraît nouvelle, est remarquable par le grand nombre de tours de sa spire, qui est de 14 dans les in- dividus que je possède, et qui paraissent n’être pas adultes, 428 MÉMOIRE ainsi que par sa forme très-allongée. Elle est mince, fragile , d’un blanc pâle, luisante, presque point striée, les tours de la spire presque planes, les sutures peu profondes. Long. 22 millimètres, épaisseur 3 millimètres. Elle se trouve au bois de St.-Gonsalves, non loin de Bahia , et ne paraît pas y être fort commune. 12" Sous-genre. Cocnzocexa. Fer. 22. H. rhodospira, N. H. melanostoma, Fer. non Drapar- naud. Bulimus melanostomus, Swaison. Auris melanosto- ma, Spix. Cette belle espèce offre plusieurs variétés , soit dans ses di- mensions , soit dans les couleurs , et plus particulièrement dans celles de la bouche. Voici celles que je possède : a. Vulgaris , coquille assez courte et renflée, bouche noire, ou plutôt d’un violet très-foncé et noirâtre, le sinus de la lèvre gauche à l'extrémité de la columelle, bien prononcé. 8. Chrysostoma, même forme de coquille que la précéden- te, bouche blanche bordée de jaune, sinus plus ou moins prononcé. ,. Uheocola, coquille plus grande et plus allongée , bouche blanche bordée de jaune , sinus presque nul , toute la coquille d’un rose plus décidé , et les taches brunes moins prononcées que dans les deux autres variétés ; l’on n’y remarque point non plus cette zone, soit carène blanchâtre , qui s’observe sur le dernier tour des précédentes. SUR LES COQUILLES TERRESTRES. 429 Dans toutes les variétés , la partie de la lèvre gauche qui est appliquée sur le dernier tour est :onstamment noire , et les pre- miers tours de la spire sont toujours d’un rose plus ou moins vif. Le nom de melanostoma n’est pas heureux, puisque dans le plus grand nombre des individus la bouche n’est pas noire, et comme il existe déjà une H. melanostoma de Draparnand, je suis d’autant plus disposé à proposer celui de rhodospira , qu'il exprime un caractère plus constant. Les œufs de cette Hélice sont ovales et d’un beau vert céla- don (t. 2, fig. 29.) Les deux premières variétes se trouvent fréquemment sur les figuiers et les orangers, aux environs de Bahia ; la troisième vient des Illheos. 23. A. velutino-hispida , N. tab. 2, fig. 4. Testa perforata, ovato-globosa epidermide pallide bru- neo, pubescente et pilis rectis , seriatis, longioribus hispido ; sex anfractibus ; apertura ovata peristomate reflexo. Hauteur, 27 millimètres ; largeur, 22 millimètres. Elle est solide, quoique mince et translucide , finement striée, à spire conique , composée de cinq tours et demi, dont le der- nier forme les deux tiers de la coquille ; sa couleur paraît être olivâtre, avec une zone blanche qui occupe le milieu du der- nier tour à peine visible en-dehors dans la coquille fraîche et revêtue de son épiderme , mais bien marquée dans l’intérieur , qui est d’une couleur vineuse claire ; la bouche est ovale, le peristome blanc et réfléchi, l’ombilic bien apparent et pro- fond. L’épiderme est brun clair , couvert de deux sortes de 430 MÉMOIRE poils, les uns courts , nombreux et serrés, le rendent comme velouté ; les autres droits , raides comme des petits aiguillons , distans et rangés par séries transversales et plus longs que les premiers , le rendent hispide. L'animal est d’une couleur obs- cure, avec une teinte rosée. Elle se trouve dans les lieux humides , sur la terre , sous les feuilles mortes. 24. H. heterotricha , N. tab. 2, fig. 5,6. Testa perforata , ovato oblonga epidermide castaneo pu- bescente etpilis rectis seriatis hispido; septem anfractibus ; aper- tura ovata peristomate reflexo. Long. 55 mil., larg. 32 mil. Elle a tant de rapports avec la précédente qu’elle pourrait bien n’en être qu’une variété ; elle n’en diffère que par les ca- ractères suivans : elle est plus grande du double, elle a un tour de plus 6 1/2 au lieu de 5 1/2; la spire est proportionnel- lement plus élevée , formant un angle de 72 degrés, tandis que dans la précédente il est de 85 à 90; sa couleur est d’un brun pourpré foncé, et l’animal est entièrement noir, sans cette teinte rosée de celui du velutinohispida. Du reste, elle est couverte des mêmes poils que celle-là, les uns plus courts , couchés ou inclinés en arrière ; les autres plus longs , raides et dressés ; seulement les uns et les autres sont plus distans en- tre eux. M. Blanchet ne m'indique pas où il l’a trouvée ; mais vrai- semblablement elle habite les grands bois. 25. H. cantagallana, Rang. Cette espèce, qui se rapproche infiniment de la variété à SUR LES COQUILLES TERRESTRES. 431 bouche blanche du Bulimus ovatus, varie beaucoup dans ses dimensions; quelques individus ont 14 centimètres de longueur, tandis que d’autres, également adultes et comptant le même nombre de tours, n’ont que 8 centimètres. Elle n'est pas rare dans les forêts vierges. 26. Z1. Maximiliana, Fer. Bulimus bilabiatus, angl. Cette rare et singulière coquille, si remarquable par ses gros- ses côtes et par l'épaisseur de son double péristome, offre deux variétés, l’une à bouche noire que je désignerai par : 8. melanostoma; celle-ci ne diffère de l’espèce que par la cou- leur de sa bouche qui est noire au lieu d’être blanche avec un lizeré jaune. L'autre : - minor, est de moitié plus petite, les côtes un peu moins sail- lantes et habituellement d’une couleur rose - pâle , la bouche blanche. Enfin j'ai recu un exemplaire scalaire : 3 monstrum scalaris, dont je donne une figure. tab. >, fig. 20, encore jeune, la bouche n'étant point formée, mais d’autant plus remarquable, que c’est je crois le premier exemple d’une semblable monstruosité dans les Bulimes. Les unes et les autres ont été recueillies aux Illheos. 27. H. signata (nomen mutandum). Bulimus signata, Wagn. Auris signata, Spix, tab. 12, fig. 3, non. //. signata, Fer. Cette curieuse espèce est aussi assez rare et a été trouvée aux Iheos. L'animal est blanc; quand il marche, la partie poste- rieure de son pied égale la longueur de sa coquille; les deux grands tentacules ont 7 à 9 lignes de long; ils sont également 432 MÉMOIRE blancs, l’œil noir; les petits tentacules sont des deux tiers plus courts. Ce sera encore un nom à changer, vu qu’il y a déjà une H. signata de Férussac. 28. H. auris leporis, Fer. Bulimus auris leporis, Brug. Très-commune à Caravellas, sur les bananiers. 29. H. viminea, Moric. loc. cit., t. 6, p. 540, tab. 1, fig. 5. Beaucoup moins commune que la précédente, elle se distin- gue très-bien de la suivante par la forme de sa bouche quand elle est adulte; mais il est impossible de les reconnaître dans les jeunes individus qui sont tachés de la même manière. 30. H. zebra, non Férussac. Bulimus zebra, Spix, tab. 7, fig. 5. Ce sera encore un nom à changer, pour ne pas la confondre avec l'A. zebra, Fer., qui est l’achatina zebra, Lamr. Elle n'est pas très-commune. 31. H. lita, Fer. Prodr. N. 403. Bulimus litturatus, Spix, tab. 7, fig. 3. C’est une des espèces les plus communes du Bresil. 32. H. vittata. Bulimus vittatus, Spix, tab. 7, fig. 4. Celle-ci m’a offert trois variétés. . Vittato zonata. Fond de la coquille jaunâtre, tirant plus ou moins sur-le brun ou sur la couleur vineuse, les stries brunes, et la bande foncée qui orne le dernier tour vers la base et rentre dans l’ouverture, d’un brun noirâtre dans les adultes; c’est celle figurée par Spix. SUR LES COQUILLES TERRESTRES. 433 3. Wittato-ezonata. Les stries comme dans la précédente, mais la bande manque. 7. Unicolor. Entièrement d’un jaune citrin, sans stries, ni bande. Toutes ces variétés se trouvent sur les grands arbres, dans les forêts des Illheos. 33 .H. coxearana, N. t. 2, fig. 7à rt. Testa oblonga conica, levi, nitida , perforata, citrina fasciis brunnis transversis notata; apertura ovata labro sub-reflexo. Hauteur, 33 mill.; largeur, 15 mill. Cette espèce, voisine de la précédente, est comme elle solide, quoique mince et translucide, finement striée et luisante; mais elle est plus renflée, les tours de spire un peu plus convexes et dépourvus de flammes, soit stries longitudinales coloriées. Le fond de la coquille est d’un jaune citrin clair; le dernier tour, qui est un peu plus long que les six autres réunis, est orné, dans la variété ;, de trois bandes d’un brun noirâtre; la première de ces bandes rentre dans l’intérieur de la coquille, en touchant par son bord inférieur le point où la lèvre gauche vient rejoindre la spire; la seconde arrive au point où la lèvre droite s'applique au précédent tour, et se prolonge ainsi moitié en-dedans et moitié en-dehors, de manière à être visible sur les sutures de toute la spire; la troisième est un peu plus étroite et plus pâle que les deux précédentes, et continue sur les tours suivans. Cette dernière bande manque dans la va- riété 8, mais dans la variété ? elle est au contraire tellement large qu’elle se confond avec la seconde et s'étend jusqu’à la TOM. VII, 2° PARTIE. 54 434 MÉMOIRE suture; en sorte que la coquille, depuis la seconde bande jus- qu’au sommet de la spire, est entièrement noire ou brun foncé. Dans la variété ?, les bandes noirâtres manquent com- plètement, mais une bande de couleur vineuse occupe sur le dernier tour l’espace que laissent entre elles les deux bandes dans la variété g. Enfin la variété : est entièrement d’un jaune citrm, pâle, sans aucune trace de bandes. Je les désigne ainsi : «. Trizona. Trois bandes foncées sur un fond clair (tab. 2, fig. 7). 8. Dizona. Deux bandes foncées sur un fond clair (tab. », fig. 8). . Nigrescens. Deux des bandes plus ou moins réunies et la spire plus ou moins noire (tab. 2, fig. 9). +. Purpurascens. Une seule bande vineuse (tab. 2, fig. 10). «. Unicolor. Point de bandes, coquille jaunâtre. Dans toutes celles de ces variétés qui en sont pourvues, les bandes sont visibles à l’intérieur de la coquille, comme à l’exté- rieur, et dans les individus adultes elles n’atteignent pas le bord de la lèvre droite, qui est un peu évasée ; la lèvre gauche est réfléchie sur l’ombilic; l'ouverture est parallèle à l’axe de la spire et a 13 millimètres de long sur 9 de large. L’animal a le pied et le mufle noirâtres , le dessus du corps ainsi que les grands tentacules jaunes, et cela dans toutes les variétés. Cette coquille se trouve à la Caxoeira, dans la province de Bahia et dans les bois de St.-Gonzales. SUR LES COQUILLES TERRESTRES. 435 34. H. capueira, N. Stenostoma capueira, Spix, t. 13, fig. 4, et Bulimus virgatus, ejusd. t. 6, fig. 4, testa incompleta. Bulimus angiostomus, Wagn. Cette jolie espèce ne se trouve point aux environs de Bahia; elle a été envoyée des montagnes de la Jacobine, et y habite les pâturages bien peuplés de bestiaux. 35. H. angulosa, Fer. 1. c. N. 402. Moins commune que l’espèce suivante, elle en diffère par la spire plus conique, les tours moins convexes, l’ouverture pire p que, , plus courte, et par la carène du dernier tour. 36. H. tenuissima, Fer. C’est une des espèces les plus communes au Brésil sur les murs. 37. H. pseudo-succinea, N. t. 2, fig. 18. Testa ovato-oblonga, tenuissima, lucida, hyalina, pallide citrina, anfractibus quinque convexiusculi; apertura ovata labro acuto. Hauteur, 21 mill.; largeur, 10 mill. Cette coquille a l’aspect d’une ambrette, elle est mince, fragile, transparante de manière à laisser voir très-distincte- ment l’évolution intérieure de la spire, très-finement striée, luisante et d’une couleur jaune très-pâle; le dernier tour est plus grand que les quatre autres réunis. Elle se trouve aux environs de Bahia. Peut-être est-ce une jeune coquille: cepen- dant j'en ai recu un très-grand nombre d’individus, tous sem- 436 MÉMOIRE blables, et il serait étonnant que, après des recherches suivies et prolongées pendant deux années, M. Blanchet n’eût pas rencontré quelques adultes. Cette même réflexion est aussi ap- plicable à la suivante. 38. H. citrino-vitrea, N. t. 2, fig. 10. Testa ovata, globosa, inflata, tenuissime striata, lucida, fragilis, hyalina, citrina; anfractibus quinque convexi; spira obtusiuscula; apertura magna labro acuto. Hauteur, 13 mill.; largeur, 10 mill. Celle-ci ades rapports avec la précédente, étant comme elle luisante, finement striée et assez transparente pour laisser voir les tours intérieurs de la spire; mais elle est beaucoup plus courte, le dernier tour étant un peu plus large que long, et sa couleur est d’un jaune d’ambre plus décidé. Elle se trouve aux environs de Bahia. 39. H. polygramma, N. 1. 2, fig. 12 à 14. Testa parvula, perforata, ovato-oblonga, fulva, striis nume- rosissimis elevatis albidis lineolata; apertura ovata labro acuto reflexo. Hauteur, 13 mill.; largeur, 5 mill. Cette jolie petite espèce a 6 tours de spire, dont le dernier est égal aux cinq autres réunis. Elle est striée par des lignes blanches, longitudinales, étroites, un peu saillantes, nom- breuses, presque parallèles, qui se détachent élégamment du fond fauve de la coquille. Une bande blanchâtre règne à l’ex- trémité inférieure du dernier tour, et entoure l’ombilic, qui est SUR LES COQUILLES TERRESTRES. 437 brun. L'ouverture est ovale, le péristome blanc et un peu réfléchi. Elle a été tronvée dans les grands bois à la Caxoeira. Osservariox. Elle paraît avoir de grands rapports avec le Bulimus lineatus Spix, mais elle est plus petite, à stries beau- coup plus nombreuses et plus étroites que dans la figure de cet auteur, tab. 7, fig. 6, et ne ressemble nullement au Bulimus radiatus, auquel Spix compare la sienne. 40. H. Heterogramma, N. t. 2, fig. 15 à 17. Testa parvula, perforata , ovato-oblonga, fragilis , fulva li- neolis obscurioribus, albidisque irregulariter notata ; apertura ovata labro acuto reflexo. Longueur, 13 mill.; largeur, 5 mill. Cette petite espèce a 6 tours de spire, dont le dernier égale les cinq autres réunis; sa consistance est mince et fragile, sa superficie, vue à la loupe, offre des stries transversales, c’est- à-dire qui suivent le sens de la spire et qui sont formées par des séries de petits poils extrêmement courts, ce qui la rend mate et point luisante. Sa couleur est fauve, interrompue par des lignes blanchâtres, alternant avec d’autres lignes d’un fauve plus foncé; ces lignes sont comme brisées et ne sont point régu- lièrement distribuées , elles manquent quelquefois sur une por- tion d’un tour, reparaissent sur le suivant, cessent de nouveau, laissant ainsi des espaces d’un fauve uniforme sans raies. La bouche est ovale, les lèvres pâles et peu réfléchies. Elle se trouve avec la précédente. 438 MÉMOIRE 41. H. bahiensis, Moric., loc. cit. t. 1, fig. 6. Osservarion. C’est par une erreur de copiste , qu’en décri- vant cette coquille , j'ai dit « qu'elle était voisine du Clausilia exesa Spix, avec laquelle elle n’a presque point de rapports. Cette phrase doit être transportée à la description de l'H. Pan- tagruelina. 42. H. pudica, Gm. Partula pudica, Fer. Cette belle espèce offre deux variétés. . Leucostoma ; bouche blanche. s. Rhodostoma, bouche d’un beau rose pourpré. Ces deux variétés se trouvent dans un terreau noirâtre, provenant de la décomposition des vieux troncs dans les forêts vierges, et qui recouvre d’une teinte noire l’épiderme, dont la eouleur naturelle est un brun clair, le test est rose. L'animal est d’un gris bleuâtre en-dessus , blane en-dessous, il a quatre tentacules, dont les plus grands ont un pouce de long et n’est point vivipare, comme on l'avait cru; ses œufs sont ovales , un peu pointus par les deux bouts, d’une consistance dure, blancs et brillans comme de la porcelaine ou mieux en- core, comme les graines du Coix lacryma; ïls ont 14 à 16 millimètres de long, sur 9 à 10 de large. Les jeunes coquil- les , lors même qu’elles ont déjà plus de 30 millimètres de long, sont minces comme une pelure d’oignon, transparentes et d’un vert olivâtre avec une légère teinte rougeâtre à l’extérieur.. L'animal est d’une sensibilité extrême, et rentre précipitam- ment dans sa coquille à la moindre approche. Est-ce cette timi- SUR LES COQUILLES TERRESTRES. 439 dité ou son habitude de vivre cachée sous terre, ou simple- ment la couleur rosée de son test, qui a valu à cette Hélice le nom de pudique ? 13% Sous-genre. Cocuropoxra. Fer. 43. H. pupoides, N. Pupa inflata, Wag. Clausilia pupoides, Spix , t. 14, f. 4. Ce n’est pas le Cochlodina inflata, Fer. Bulimus inflatus, Oliv.; encore moins le Carocolla inflata, Viam. Souvent elle n’a que quatre dents comme la figure de Spix la représente, au lieu de six que la description lui donne , et que J'ai en effet retrouvées sur un seul individu. Elle est commune dans les plantations. 44. H. tomigera, N. Helix clausa, Wagn. Tomigerus clau- sus, Spix, tab. 15, fig. 4, 5. Spix dit que cette coquille est de la plus grande rareté, et le très-petit nombre d’individus que M. Blanchet en a pu recueil- lir, malgré ses recherches minutieuses et prolongées dans les bois de la Caxoeira, le prouve bien. L'animal n’en ayant pas été observé, il est douteux que la place que je lui assigne provisoirement lui convienne; les sin- guliers plis de sa bouche et ceux extérieurs à l'extrémité du dernier tour, la rapprochent des cochlodines; mais par sa forme générale, assez analogue à celle de l'H. Lyonetiana, elle a plus de rapports avec les cochlodontes. Peut-être appartient- elle au genre Scarabe. ESS = © MÉMOIRE 14% Sous-genre. CocuLonina. Fer. 45. H. Pantagruelina, Moric. loc. cit. tab. 1, fig. 7. Dans ma première notice il s’est glissé des fautes d'impression qui dénaturent assez le texte pour que je doive les relever; je disais que « cette espèce était voisine du Clausilia exesa Spix;» or l’on a transporté cette phrase dans la description de lÆZ ba- hiensis. N° 6, où elle est tout-à-fait déplacée; ensuite en annon- cant que c'était le Scarabus labrosus de Mencke, j'ajoutais «comme elle n'appartient probablement pas à ce genre, etc. ,» le correcteur a omis le mot probablement, ce qui donne à ma phrase un ton affirmatif qui n’était point alors dans ma pensée; ce n’était qu'une opinion et non un fait que j’énoncais. En décrivant cette coquille dont Je n’avais alors qu’un seul exemplaire à ma disposition, j’exprimais le doute que les dents de la bouche fussent constamment telles que je les indiquais: or cette prévision s’est pleinement justifiée. Depuis lors j’ai reçu plusieurs de ces coquilles, et jai vu que ces dents sont sujettes à varier, et même à manquer entièrement; il n’y en a que quatre qui m'ont paru constantes, et que J'ai retrouvées sur tous les individus qui ne sont pas édentés: ce sont les plus grosses, dont l’une est placée sur la columelle dont elle est comme la conti- nuation; une autre vis-à-vis de celle-ci, sur le bord droit de l'ouverture; la troisième un peu plus bas sur le même bord, et la quatrième au haut de l'ouverture, sur la convexité du dernier tour. Ces quatre dents varient un peu quant à leur plus ou moins grand développement, et sont doubles ou simples; mais leurs formes et leurs positions respectives sont toujours sem- SUR LES COQUILLES TERRESTRES. E7AI blables; les autres petites dents manquent souvent en tout ou en partie. La bouche est ordinairement couleur de chair, et le péristome, toujours évasé et réfléchi, ne forme un bourrelet continu que dans les individus parfaitement adultes, mais il varie assez dans sa forme; dans quelques individus il approche de celle d’un carré long, les deux côtés étant presque parallèles ; dans d’autres il est presque ovale, dans d’autres il est plus élargi en bas qu’en haut; enfin l’on en trouve où c’est le con- traire, le plus grand diamètre de l’ouverture est donc tantôt en haut, tantôt en bas, tantôt au milieu. La surface de la co- quille varie aussi, car j’en ai une qui est toute lisse sans traces de sculptures quoique bien adulte. Enfin j’en ai recu une va- riétée moitié plus petite que l'espèce normale, qui paraît avoir toujours la bouche blanche. Si ces coquilles deviennent moins rares l’on pourra peut-être établir d’autres variétes ; voici en attendant celles que je distingue. 2. Major dentata. Bouche dentée, couleur de chair, environ 7 centimètres de hauteur. 6. Major edentula. Mème taille, bouche couleur de chair et sans dents. > Minor. 45 millimètres de hauteur, bouche blanche et den- tée. 45. H. Exesa. Clausilia exesa, Spix, t 14, fig. 1. Pupa exesa, Wagn. Cette jolie coquille est aussi rare que la précédente, avec la- quelle elle a de tels rapports que j'ai été tenté de les réunir. La figure de Spix est bonne quoique un peu grossière, mais TOM. VII, 2° PARTIE. 25 442 MÉMOIRE celle de Férussac, t. 163, fig: 3, 4, est fort mauvaise ; elle est trop renflée au second tour, le péristome n’y est ni continu, ni assez évasé; elle paraît faite d’après une autre espèce , et cela me surprendrait d'autant moins qu’il y a peu de mois en- core que le véritable exesa de Spix n ’existait dans aucune des collections de Paris, où l’on tenait sous ce nom une espèce de Co- chlodine ou de Cochlodonte voisine du pupordes et du sexden- tata | mais très-différente de la coquille de Spix. Ancyius. Geoff. Drap. 46. À; culicoides, d'Orb. 4. bahiensis, Nob. med. J'ai tout lieu de croire que cette espèce d’Ancile, que j'ai en- voyée à plusieurs de mes correspondans ;, sous le nom de ba- hiensis, est la même que celle de M. d’Orbigny. Elle se trouve dans le lac du Baril, attachée aux feuilles des aroides et dans les touffes de Tonina fluviatilis. CycrosromA. nd 47. C. Blanchetianum , N. t. 2, {27,022 123. Testa orbiculato depressa, late umbilicata, transversim stria- ta, epidermide olivaceo-brunneo fascià castaneà cincta. Large. 3 centimètres , hauteur 2 centimètres. Cette coquille est formée de quatre tours de spire arr ondis, et dont chacun ne recouvre que la moitié de celui qui le pré- cède, de manière que l’ombilic est très-évasé et laisse compter tous les tours à l’intérieur ; ces-tours croissent rapidement , le SUR LES COQUILLES TERRESTRES. 443 diamètre de l'ouverture est toujours le 1/3 du diamètre total de la coquille. Le sommet de la spire est très-surbaissé. Elle est finement et régulièrement striée , blanche , recouverte d’un épiderme brun marron ou un peu olivâtre , cette couleur s’af- faiblit vers le milieu de la convexité du dernier tour, de ma- nière à partager la coquille par une bande étroite, blanchâtre, qui détache nettement la zone d’un brun marron foncé qui l’'en- toure. L'ouverture n’est pas parfaitement ronde, elle forme un petit angle au point de contact avec le tour précédent, le péristome est un peu épaissi dans les individus que je consi- dère comme adultes , mais ne forme point de véritable bour- relet. L’ombilic est blanchâtre. L'animal est couleur de chair , les tentacules, au nombre de deux, sont d’un beau rose tendre , les yeux noirs, situés à la base externe des tentacules. Il est fort sensible et au moindre attouchement il rentre dans sa coquille, qu’il ferme avec son opercule. | | Elle se trouve dans les bois de la Caxoeira. Hezrca. Lamk. 48. H. Variabilis, Wagn. 2. Zonata. H. fasciata, Spix, t. 16, f. 3, 4. g. Unicolor. H. flava, Spix, t. 16,1. 5. Commune dans les bois, sur les arbres et sur les feuilles vertes. 444 MÉMOIRE 49 H. caracolla, N.t. 2 ,f. 24, 25. Testa depressa, acute carinata, striata, citrina , apertura triangularis labro albo reflexo. Larg. 20 mill., haut. 10 mill. Cette espèce a la forme d’une carocolle, elle a cinq tours de spire presque planes et obliquement striés en travers , ces stries obliques sont coupées par d’autres stries longitudinales ; le dernier tour est partagé par une forte carène tranchante. L'ouverture triangulaire jaune citron en-dedans , le péristome large, évasé, blanc et réflechi en-dehors. L’opercule est trian- gulaire et rouge. Elle se trouve à Almada, sur les troncs d'arbres couverts de mousse. Nerrrina. Lamk. 5o. N. Zebra, Lamk. 51. N. Virginea, Lamk. Ces deux espèces, qui habitent dans les eaux douces, et y sont > o fort communes , offrent, surtout la dernière , une prodigieuse ; ; ; E 8 quantité de variétés de couleurs et de dessins. AmpurcarrA. Lamk. 52. À. lineata, Spix, t. 25, f. 5,6. À. canahculata , Lam. ? Elle varie beaucoup dans le nombre et la disposition des bandes. Commune dans les eaux douces. SUR LES COQUILLES TERRESTRES. 419 53-Ardecussara N:°T°S, 1736; 5%. Testa perforata, globosa, ventricosa , subcrassa striis longi- tudinalibus et transversis decussatis reticulata , apex erosus. Haut. 3 centimètres, larg. 3 centimètres. Cette espèce me paraît distincte de toutes celles que je con- nais par les stries longitudinales régulières et proéminentes , qui coupent à angle droit les stries transversales, et forment com- me un réseau à mailles carrées à sa surface. Elle est d’un vert noirâtre, relevé par des zones d’un jaune orangé obscur , plus marquées et plus brillantes à l’intérieur de la coquille ; le nom- bre et la largeur de ces bandes sont très-variables , quelquefois elles manquent entièrement , et l’intérieur de la bouche est alors d’une couleur uniforme, brune ou violet noirâtre , à Fex- ception du bord gauche qui est toujours rouge orangé. L’om- bilic est profond , le sommet de la spire toujours rongé. Elle se trouve avec la précédente. Cyczas. Drap. Lamk. 54. C. bahiensis, Spix, &. 25, f. 5, 6. Cette petite cyclade, qui se trouve avec lancylus , N. 46, sur les feuilles flottantes des plantes aquatiques au Baril, est jusqu'à présent la seule espèce de bivalve fluviatile que M. Blanchet ait trouvée aux environs de Bahia. NB. Tout ce qui est relatif aux animaux que je n'annonce pas avoir recus viwans, et à leurs habitudes, est extrait des notes de M. Blanchet, et les fig. G et 11 sont faites d’après les dessins qu’il m'a envoyés. 446 MÉMOIRE SUR LES COQUILLES TERRESTRES. EXPLICATION DE LA PLANCHE II. Fig. 1. Helix (cochklohydra) atrovirens. 2 (4elicigona) pileiformis. 3. (cochlicella) subuliformis. 4 (cochlogena) velutino hispida, vue de deux côtés. 5 heterotricha. 6 la même vue avec l'animal. 1 coxeirana. var. trizona. 8 var. dizona. 9 var. nigrescens. 10. var, purpurascens. 11. la méme avec l'animal. 12. polygramma, grandeur naturelle, vue par-devant, 13. la méme, grossie et vue par-derrière. 14. la même, grandeur naturelle, et vue de côté. 15. heterogramma, grandeur naturelle, par-devant, 16. la méme grossie et vue par-derrière. 17. la même, grandeur naturelle, id. 18. pseudo-succinea. 19. citrino-vitrea. 20. maximiliana, var. scalaris. 21. Cyclostoma Blanchetianum , vu par-dessus. 22. le méme, vu de côté. 23. le même, vu par-dessous. 94, Helicina caracolla , vue de côté. 95. la même, vue par-dessous. 26. Ampullaria decussata, présentant la bouche, 27. la méme, vue par-derrière. 28. Oeuf de l’Helix (cocAlicella) obeliscus. 29. Oeuf de l’Helix (cochlogena) rhodospira. Pl. IL! EMPLOI PLOMB POUR L’EUDIOMÉTRIE, Par M. Tuéonore DE SAUSSURE. (Lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le 17 décembre 1835.) On sait que la grenaille de plomb mouillée, et agitée avec de l'air, en absorbe le gaz oxigène à la température atmosphé- rique. Cette propriété, restée jusqu’à présent sans application , fournit, par une agitation continuée au plus pendant trois heu- res, un procédé qui peut faire évaluer la proportion du gaz oxi- gène de l'air jusqu’à sa millième partie, et qui offre à plusieurs égards, des avantages sur les eudiomètres les plus usités. Le vase où je fais ordinairement cette opération, est un ma- tras ou une cornue dont le col est mastiqué à son ouverture , avec une virole de métal, pourvue extérieurement d’échancrures destinées à recevoir une clé. Cette virole contient un écrou qui 448 EMPLOI DU PLOMB ne pénètre qu’à quatre ou cinq millimètres dans la virole. À cet écrou s’adapte un bouchon de métal à vis, à tête carrée qui s’enchasse aussi dans une clé; il a un rebord large de six milli- mètres, muni en-dessous d’un anneau de cuir gras qui s’appli- que sur la virole du matras. Ces clés servent à serrer forte- ment la vis du bouchon de métal, et à empêcher l’attouche- ment immédiat de ce vase avec les mains pendant sa clôture. Les matras employés pour la plupart de mes épreuves eudio- métriques sur l’air commun, ont une capacité de 150 à 250 centimètres cubes. Leur col à environ une longueur de 15 cen- timètres, et une capacité comprise entre le tiers et le quart de celle de la boule, pour que l'absorption de l’oxigène atmosphé- rique puisse se mesurer dans ce col. Le verre de ces vases ne doit pas avoir moins d’un millimètre d'épaisseur, pour qu'ils ne soient pas exposés à se casser Par l'agitation de la grenaille : ses grains doivent être les plus petits de ceux qu’on trouve dans le commerce ; 88 grains de cette grenaille pèsent environ un gramme. On en prend pour chaque analyse un poids bien déterminé, et à peu près égal à un cinquième du poids de l’eau requise pour remplir le matras. La quantité d’eau qu'il faut ajouter à la grenaille sèche, doit être égale à un dix-septième de son poids. Une plus ou moins grande dose de liquide retarde l’oxidation du plomb. La liqueur en excès a d’ailleurs l'inconvénient de former une écume nui- sible à la détermination du volume du gaz, résidu de l’absorp- tion. L’eau qui mouille la grenaille n’équivaut pas, ainsi, à 1 1/2 p. 0/0 du volume de l’air soumis à l’analyse. POUR L'EUDIOMÉTRIE. 449 On expose pendant 2 ou 3 heures à l'air libre, le matras ou- vert, chargé de grenaille humectée, où, pour abréger, on en renouvelle l'air avec un soufflet dont le tuyau se termine par un tube recourbé. Après avoir observé la température et la pres- sion, on ferme le matras avec les clés dont j'ai parlé précé- demment. Si l’on analyse un air différent de Fair atmosphérique , lon substitue au matras eudiométrique une petite cornue renversée dont le col se termine par un robinet, et dont la panse retient la grenaille humectée. Après y avoir fait le vide, on lui trans- met le gaz à éprouver. Dans plusieurs cas on peut se dispenser de l’usage d’une pompe pneumatique et du robinet, en rem- plissant d’eau la cornue chargée de grenaille; on déplace ce liquide sur la cuve pneumatique par le mélange des gaz ; on égoutte, en inclinant la cornue, les grains de plomb qui retien- nent dans leurs interstices l’eau requise pour l’oxidation ; on ferme ce vase avec un bouchon de métal à vis, pour y agiter la grenaille, et l’on mesure le gaz résidu, en le transvasant dans un tube gradué. Immédiatement avant cette opération, la cor- nue fermée doit être plongée dans de l’eau qui ait une tempéra- ture inférieure à celle où le gaz à été introduit. Il y subit une condensation momentanée , destinée à empêcher son évasion ac- cidentelle, qui s’opérerait s’il n’avait pas éprouvé une diminu- tion de volume. Je reviens à l’air atmosphérique dont l’analyse comporte plus de précision. Les grains de plomb mouillés qui n’ont point eu jusqu'ici d’action sur l'air, parce qu’on a eu soin de ne pas les mouvoir, doivent être soumis à une vive agitation, qu’on opère TOM. VII, 2° PARTIE. 55 450 EMPLOI DU PLOMB seulement dans la boule du matras, pour qu’ils n’en ternissent pas le col; ils la revêtissent d’une couleur jaune qui prend une teinte grise par 3 heures de mouvement. (1) Cette dernière teinte, due au mélangede l'oxide jaune avec le plomb très-atté- nué, est un indice certain que tout le gaz oxigène a disparu. Ce procédé fournit du gaz azote très-pur : il n’a jamais subi au- cune diminution par le gaz nitreux. La clôture avec le simple bouchon à vis est assez sûre pour qu’on puisse interrompre pen- dant un temps indéterminé l'agitation de la grenaille. Après avoir pris à une balance sensible, environ à un cen- tigramme, le poids du matras, on l’ouvre sous l’eau en le ren- versant; on substitue à son bouchon un robinet ouvert; on fixe le matras renversé sur un support qui embrasse la boule de ce vase par une pince circulaire ; on met au même niveau l’eau in- térieure et extérieure ; on détermine les circonstances atmos- phériques de température et de pression, et l’on ferme le robi- net dont la clé doit être assez mobile pour que cette clôture s'opère sans toucher le matras. La différence entre le poids de ce vase chargé de l’eau qui vient d’y pénétrer , et le poids du ma- tras plein d’eau, donne le volume du gaz résidu de l'absorption. On mesure par un procédé analogue au précédent le volume de l'air avant l'absorption , en ayant égard dans l’un et l’autre cas au poids approximatif de l’air ou du gaz déplacé par l’eau. Si le col du matras était gradué, on mesurerait l’absorption par la seule inspection; mais ces évaluations sont trop vagues, (1) Ce mouvement pourrait être exécuté par une machine: POUR L'EUDIOMÉTRIE. 451 et les graduations ordinairement trop imparfaites sur un col large et irrégulier , pour que la méthode des pesées ne soit pas beaucoup plus exacte. Quoique je ne prétende pas substituer pour les épreuves communes , ce procédé à celui de Volta, qui l'emporte sur tous les autres par la promptitude de l'exécution, et qui est indispen- sable dans plusieurs analyses, on trouvera que loxidation du plomb a pour l’exactitude les avantages suivans. Les déterminations de l’oxigène par la combustion de lhy- drogène ont l'inconvénient d’être subordonnées à la pureté in- certaine de ce gaz, et à la destruction du gaz azote. | La plupart des chimistes ne s'accordent pas sur la propor- tion du gaz oxigène atmosphérique, indiquée par l’eudiomètre de Volta. Pour parler seulement de ceux qui ont fait des re- cherches étendues à ce sujet, je citerai MM. Humboldt et Gay- Lussac (1), qui trouvent dans 100 d’air 21 de gaz oxigène; M. Dalton (2), qui n’en reconnaît que 20,7 ou 20,8; M. Hen- ry (3), qui dit qu'iln’a pu se convaincre si la proportion de ce gaz était 20 ou 21; M. Thomson (4), qui la réduit à 20. En faisant abstraction des erreurs accidentelles qui sont iné- vitables avec l’appareil de Volta, la principale différence entre les résultats que j'ai cités, paraît dépendre des différentes doses de gaz hydrogène qui ont été mêlées à Pair pour la détonation. (1) Journ. de Phys. par Delamétherie , t. LX. (2) Annals of Philosophy, vol. X. (5) Elem. of exper. chemistry, vol. 1, p.516, xmme édit. (4) Principes de la chimie, éclairés par l'expérience, vol. I, p. 94. 452 EMPLOI DU PLOMB MM. Humboldt et Gay-Lussac ont fait cette opération en ajou- tant à l’air son volume de gaz hydrogène; ce mélange leur à fourni, ainsi que je l'ai dit, 21/100"* de gaz oxigène. D’autres auteurs (1) mêlent à l'air la moitié de son volume de gaz hy- drogène; mais ce mélange ne m’a indiqué que 20,6 de gaz oxi- gène dans les mêmes circonstances où J'en obtenais 21 par l’au- tre opération. Je dois remarquer, à cette occasion, que le mélange de deux parties d’air avec une d’hydrogène, a l’avantage d’étendre beau- coup l'usage de l’eudiomètre de Volta, pour Fanalyse des airs corrompus qu’on examine fréquemment dans les expériences sur la respiration et sur la fermentation; car 100 d’air vicié qui contiennent 88 d’azote et 12 d’oxigène, peuvent être ana- lysés en une seule détonation , par leur mélange avec 50 d’hy- drogène; tandis que 100 d’air vicié qui contiennent 84 d’azote et 16 d’oxigène, ne peuvent pas être enflammés par l’étincelle électrique , lorsqu'on y ajoute leur volume ou 100 d’hydrogène. Il est superflu d'observer que la complication du procédé par lequel on analyse ces mélanges en y ajoutant du gaz oxigène (qui a exigé lui-même une analyse particulière), donne un ré- sultat qui manque de précision. L’absorption de l’oxigène par le plomb a l’avantage de ne point introduire de gaz étranger à ceux qu’on examine; tandis que le résidu de la détonation est souillé par de l’hydrogène, après la combustion totale de loxigène (2). (1) Berzélius, Traité de chimie, vol. I, p. 594. (2) Lorsqu'on a fait détoner un mélange d’azote, d’oxigène et d'hydrogène, POUR L EUDIOMÉTRIE. 453 L’eudiomètre à phosphore a l’inconvénient de laisser dans l'analyse de l'air un résidu souillé par la vapeur du phos- phore, par de l'hydrogène phosphoré , et par de lhydro- gène qui accompagne le gaz précédent. Ces gaz sont produits non par le phosphore, mais par le contact prolongé de l’eau avec l’oxide de phosphore. Quoiqu’on remédie en grande partie à ces sources d'erreur, en lavant le gaz résidu avec une lessive de potasse, elles ne laissent pas de produire une incertitude qui fait varier la proportion du gaz oxigène de l'air, entre 0,21 et 0,20 (1). Lorsque l’air contient une quantité notable d’hy- drogène, le procédé du phosphore, même à froid , ne peut être employé. L’analyse eudiométrique par le plomb est plus exacte que par sans connaître d'avance par approximation leurs proportions, on ignore si le résidu de la détonation est de l'hydrogène mélé d’azote, ou de l’oxigène mêlé d’azote, et l'on est incertain si l’on doit ajouter de l'hydrogène ou de l’oxigène pour analyser ce résidu. L’on perd souvent ainsi en tâtonnemens le gaz dont on pouvait disposer. Voici l'observation qui peut nous éclairer à ce sujet. Lorsqu’après la détonation sur l’eau on n’aperçoit pas de fumée dans le tube eudiométrique , il contient du gaz hydrogène. Si l’on voit dans ce tube une fumée blanche, long-temps persistante , il contient du gaz oxigène. Cette vapeur dilate pendant un certain temps le gaz résidu après son refroidissement; elle est détruite promptement par une lessive de potasse; mais deux ou trois transvasemens dans l’eau ne suflisent pas pour produire sur-le-champ cet effet. Cette fumée est formée principalement d’eau et de nitrate d’ammoniaque avec excès d’acide. Lorsque le résidu de la détonation contient du gaz hydrogène, la liqueur qui a été produite par cette opération n’agit pas sur les papiers réactifs. (1) Berzélius, Traité de chimie, vol. I, p.375. 454 EMPLOI DU PLOMB les hydrosulfures, en raison de la grande quantité d’eau qui in- tervient dans leur emploi. Lorsqu’elle n’est pas saturée de gaz azote, elle en absorbe une certaine quantité; si elle en est sa- turée, elle en cède une partie au gaz résidu de l'opération. Le procédé du plomb l’emporte encore sur celui des hydrosulfures, quand il s’agit de déterminer la proportion du gaz oxigène dans son mélange avee les hydrogènes carburés ; car ils sont absorbés plus ou moins, par la liqueur hydrosulfurée, suivant sa tem- pérature et son degré de concentration. Les indications eudiométriques du plomb parviendront à une plus grande précision, lorsqu’au lieu de mesurer l'absorption de l’oxigène par son volume, on la déterminera par le poids qu’acquiert le métal en s’oxidant. On desséchera alors dans le vide et dans le vase même où l’oxidation s’est produite, le résidu dont la composition n’est pas encore exactement déter- minée. Le plomb en contact avec l’eau et l'air en absorbe l'acide carbo- nique. L'air libre que j'ai analysé contient une trop petite quan- tité de cet acide, pour que son absorption ne puisse pas se confon- dre dans une seule expérience, avec les erreurs d’observation. Il n’en est pas de même pour une moyenne entre plusieurs ré- sultats ; celle qui se déduit des analyses que j'ai faites pendant le jour, et dont je présente le tableau à la suite de cette notice, montrent que 100 parties d’air en volume contiennent 21 par- ties et 5/100 d’oxigène et d’acide carbonique. Lorsqu'on en re- tranche la quantité moyenne de ce dernier, qui ne s'éloigne pas d’être égale à 4 pour 10,000 d’air, on trouve que 100 d'air en volume contiennent 21,01 de gaz oxigène. POUR L'EUDIOMÉTRIE. 455 RÉSULTATS DE L’'ANALYSE DE L'AIR PAR LE PLOMB, PENDANT LE JOUR. DATE Er LIEU ABSORPTION ETAT DU CIEL. FAR LE PLOMB DES OBSERVATIONS. DANS 100 D'AIR. Milieu dulacde Genève, 18juill.| Calme, clair. 21,08. Chambeisy (1), 3 août. Vent N.E. faible, clair. 20,98. Ibid. 16 août. Vent S. O. médiocre, clair. 21,05. Rue de Genève, 25 août. Vent N. E. faible, clair. 21,05. Chambeisy, 27 août. Vent S. O. très-violent, pluv. 21,15. Ibid. 27 août. Idem. 21,15. Ibid. 15 septembre. Vent N. E. faible, clair. 21,08. Milieu du lac, 13 septembre. Idem. 24.09. Chambeisy, novembre. Calme, couvert. 20,98. Ibid. 21 novembre. Vent N. E. violent, couvert. 21,086. Ibid. 15 décembre. Calme, brouillard. 21,006. Ibid. 24 décembre. Vent N.E. violent, couvert. DA, 1: Ibid. 28 décembre. Vent N. E. violent, clair. 21. Milieu du lac, 29 décembre. Vent S. O. faible, demi couv. 21,04. MONET EE Ce eee 21,05. Gaz acide carbonique.... 0,04. Gaz oxigène dans 400 d'air 21,01. 100 parties d’air de la cime du Buet, élevée de 3077 mètres sur la mer, contenaient après avoir été dépouillées d” acide car- bonique par la potasse, 20,903 de gaz oxigène. 100 d'air d’un bal nombreux au théâtre de Genève, conte- naient 20,81 de gaz oxigène et 0,24 de gaz acide carbonique. (1) Prairie à une lieue de Genève. w TT K EME mt À 4 ns ef | he id eur RS A REA fr api g 4 * | | | : L UE Lie tou Î ir Q'rtNpe dd d'acle de rt DC EURE et *'HOVERE de € 1h Pis “ , “TES É'punr. re de ie d'A 69 toldine still 21,04 LE enipéne: ii ï À 5 < 4 ù ER ; L LOU : o L RECHERCHES SUR LA CAUSE DE L'ÉLECTRICITÉ VOLTAIQUE, Par M. re Proresseur Auc. DE LA RIVE, TROISIÈME PARTIE (1). Les deux premières parties de ce Mémoire (2) ont été con- sacrées à montrer qu'il faut toujours, pour produire de l’élec- tricité, soit à l’état de courant, soit à l’état de tension, une action physique , mécanique où chimique. J'ai cherché à prou- ver que le contact seul de deux substances hétérogènes ne peut être par lui-même une source d'électricité. Il nous reste main- tenant à établir la théorie par laquelle on peut rendre compte du développement d'électricité qui a lieu dans la pile de Volta, développement qu’on attribuait en général au contact. Mais avant d'aborder ce point, qui doit faire l’objet de cette troisième partie de mon Mémoire , je chercherai à répondre à quelques objections qu’on a présentées contre les conséquencés que j'avais tirées des faits exposés dans les deux premières (4) Cette troisième partie a été lue à l'Académie des Sciences de Paris, le 22 juillet 1854, et à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Ge- néve, le 16 avril 1855. Il y a été fait, depuis ces deux époques. quelques légeres additions. (2) Mém. de la Soc. de Phys. et d’Hlist. nat. de Genève, t. IN, p. 286, et t. VI, p. 149. | TOM. VII, 2° PARTIE. »7 458 RECHERCHES parties. La discussion de ces objections, dont je n’examinerai que les plus importantes , devient un préliminaire indispensa- ble du sujet que j'ai essentiellement en vue de traiter, savoir la théorie de la pile voltaïque. EXPOSÉ DES PRINCIPES QUI SERVENT DE RÉPONSE AUX OBJECTIONS PRÉSENTÉES CONTRE LA THÉORIE PUREMENT CHIMIQUE DE L ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. Depuis la publication des deux premières parties de mon Mémoire , plusieurs physiciens se sont occupés de recherches relatives à l'électricité voltaïque. Les uns ont combattu, les autres ont admis les conséquences que j'avais cru pouvoir tirer de mes expériences. Parmi les premiers se trouvent, M. Pfaff que J'ai déjà cité comme ayant cherché à démontrer que le contact de deux métaux hétérogènes développe de l'électricité, lors même qu'il a lieu dans des milieux qui n’exercent aucune action chi- mique, ni sur l’un, ni sur l’autre des deux métaux (1); M. Ma- rianini, qui a eu surtout en vue de prouver que la théorie chi- mique de la pile est insuffisante et incomplète, et que la dis- tribution de l'électricité dans cet appareil ne peut être conve- nablement expliquée que par la théorie électro-motrice de Volta (2). Je dois aussi rappeler que M. Becquerel sans se pro- noncer aussi fortement que les deux physiciens que j'ai déjà (4) Ann. de Phys. et de Chim., t. XLI, p. 256. (2) Ann. de Phys. et de Chim., t. XLV, p. 115. SUR L' ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 459 nommés, a cru que la question n’était pas complètement réso- lue, et a signalé à lattention des savans quelques faits qui lui ont paru contraires à l’idée que le simple contact n’est en au- cun cas, par lui-même, une source d'électricité (1). Enfin der- nièrement M. Peltier a communiqué à l'Académie des Scien- ces de Paris quelques recherches qui lui ont paru démontrer que le zinc en contact avec le cuivre, développe une électricité de tension sensible, lors même qu’il n’éprouve aucune espèce d'action chimique (2). Ce physicien estime qu'il faut, dans l'électricité voltaïque, distinguer la production de l'électricité dynamique ou du courant électrique, qu'il attribue exclusive- ment à l’action chimique , du développement de l'électricité de tension dont il croit que le contact est seul la source. Mon attention a été nécessairement attirée fortement par les travaux que Je viens de rappeler et par d’autres encore du même genre. J’ai répété la plupart des expériences faites par les phy- siciens que J'ai nommés plus haut, et J'ai trouvé qu’elles étaient parfaitement exactes. Mais en les examinant de près, en cher- chant à les étudier dans leurs plus petits détails, je me suis assuré qu’elles n’étaient pas contraires aux principes que J'avais exposés, et qu'on ne pouvait pas en tirer d’argumens valides contre la théorie que j'avais présentée. Je n’essaierai pas de retracer ici toute la série des faits qui m'ont conduit à ce résultat; je me bornerai à énoncer les prin- cipes qui me semblent pouvoir maintenant rendre compte d’une (4) Ann. de Chim. et de Phys., t. XLVI, p. 286, et t. LX, p. 164. (2) Insrirur N° 153, 1835. 460 RECHERCHES manière satisfaisante, du développement de l'électricité dans un couple voltaïque , et je chercherai en même temps à répon- dre aux objections qu’on a mises en avant contre ces principes. 1 Prince. Lorsque deux corps hétérogènes en contact sont placés dans un liquide, ou dans un gaz, qui exerce une action chimique sur tous les deux, ou seulement sur lun » 5 ” LE CERF d'eux , il y a développement d'électricité. ame Prince. Lorsque les deux corps en contact n’éprou- vent aucune action chimique de la part du gaz ou du liquide dans lequel ils sont placés , il n'y a aucun développement d'é- lectricité , dans le cas du moins où il n’y a non plus aucune action calorifique ou mécanique. 3me Prince. L’électricité développée par l’action chimique n’a point, dans tous les cas et sous toutes les formes, une in- tensité proportionnelle à la vivacité de l’action chimique qui la produit ; deux circonstances. principales peuvent modifier cette intensité, savoir, la recomposition immédiate en plus ou moins grande proportion des deux principes électriques, et la nature particulière de l'action chimique qui développe l'électricité. Je: ne m'étendrai pas sur le principe que toute action chimi- que est accompagnée d’un développement d'électricité ; ce principe est actuellement généralement admis, et d’ailleurs Q > Ty , ir se »* je l'ai précédemment exposé avec assez de détails pour qu'il soit inutile d’y revenir de nouveau. Mais ce qu’on ne saurait SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. AGI trop répéter, c’est que la plus faible action chimique suffit pour développer une quantité extrêmement considérable d’électri- cité, ainsi qu'on peut s’en assurer lorsque l'expérience se fait dans des circonstances qui permettent de recueillir facilement la totalité, ou du moins la plus grande partie de lélectricité développée. On a trop souvent confondu l'électricité dévelop- pée avec l'électricité perçue, et cette remarque nous amène à dire immédiatement quelques mots de l’une des circonstances que nous avons signalées dans l’énoncé du troisième principe. Quand une substance, un métal par exemple, est plongé dans un milieu liquide ou gazeux, qui l’attaque , il y a dé- veloppement d'électricité positive qui passe dans le milieu at- taquant, et d’électricité négative qui reste dans le corps attaqué. Ces deux principes, ainsi séparés, tendent à se réunir en vertu de leur attraction mutuelle, et cette réunion immé- diate a lieu d’autant plus complètement, que la substance attaquée et le milieu attaquant sont meilleurs conducteurs, et surtout que la transmission de l'électricité de l’un à l’autre est plus facile. Il en résulte donc une limite dans la tension électrique que les deux corps qui agissent l’un sur l’autre peuvent acquérir; limite qui dépend de la nature relative de ces corps. Cette recomposition du fluide électrique naturel, qui accompagne d’une manière presque simultanée sa décomposi- tion, a paru inadmissible à quelques physiciens, et notamment à MM. Pfaff et Marianini; ils ne peuvent comprendre que la cause qui opère la séparation des deux électricités, ne s’oppose pas en même temps à leur neutralisation immédiate. Cependant, ainsi que nous venons de l’exposer, cette recom- 462 RECHERCHES position en plus ou moins grande proportion, est une consé- quence toute naturelle de la manière dont a lieu le déve- loppement de l'électricité dans les actions chimiques; et d’ail- leurs, il est une conséquence forcée du fait que la tension électri- que produite par ces actions a une limite qu’on atteint immédia- tement. S'il n’y avait pas recomposition des deux électricités, pourquoi ces électricités ne seraient-elles pas sensibles, et que deviendraient-elles pendant toute la durée d’une action chimi- que, plus ou moins prolongée, qui ne doit pas cesser de les développer? D’ailleurs on a des preuves directes de cette re- composition immédiate dans plusieurs phénomènes, et notam- ment , ainsi que je l'ai montré, dans la décomposition de Peau et la production abondante du gaz hydrogène qui a lieu lors- qu'on plonge du zinc ou du fer dans de l'acide sulfurique étendu. IL est un moyen bien simple de montrer que c’est à cette recomposition qu’on doit attribuer le peu d'intensité de la ten- sion électrique dans des cas où cependant l’action chimique est très-vive. S'agit-il d’un liquide? Au lieu de le faire agir à froid sur un métal , cas dans lequel on n’obtient qu’une tension très- faible, versez-en quelques gouttes sur le métal fortement chauffé ; les gouttes attaquent la surface, mais elles s’évaporent immédiatement, emportant avec elles l'électricité positive dont elles se sont chargées et qui, si le liquide ne s’était pas évaporé et était resté en contact avec le métal, auraient neutralisé l’é- lectricité négative de ce métal; tandis que, au contraire, celle- ci ainsi libérée se trouve en assez grande proportion pour que sa présence puisse être accusée sans condensateur et pour pou- voir même produire des étincelles. SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 163 S'agit-il d’un gaz? Quoiqu’ici la recomposition des deux principes électriques soit bien moins facile, à cause de la conduc- tibilité imparfaite de cette classe de corps, néanmoins il y a tou- jours une recomposition partielle à la surface de contact. Pour l’éviter, ou tout au moins pour l’atténuer, au lieu de faire agir le gaz en le laissant en contact avec le corps dont il attaque la surface , il n’y a qu’à le mettre en mouvement, en le faisant passer, par exemple, dans l’intérieur d’un tube métallique isolé sur lequel il puisse exercer une action chimique. Celui-ci se charge alors d’un forte dose d'électricité négative, et le gaz lui- même abandonne à un tube de platine, à travers lequel on le fait passer ensuite, l'électricité positive qu’il a emportée. Des essais en assez grand nombre, faits avec différens métaux et avec dif- férens gaz , m’ont tous donné des résultats analogues ; mais je me suis assuré que, lors même que le gaz est en mouvement, il faut éviter, pour obtenir des signes électriques bien pronon- cés, que l’action chimique soit trop vive, car alors la recompo- sition immédiate ferait disparaître une grande partie des élec- tricités libres. L'expérience n’a toujours bien réussi en faisant circuler un mélange de chlore et d’air atmosphérique à tra- vers un tube de cuivre dont les parois étaient très-minces. Il faut avoir soin de dessécher le gaz et de lui enlever, en le faisant passer à travers un tube de platine en communication avec le sol, l'électricité positive qu’il emporte toujours en s’é- chappant de la source qui le produit. On peut s’assurer facilement que ce n’est pas au frottement du gaz contre les parois du tube qu'est due l'électricité dé- veloppée; car on n'obtient aucun signe électrique en se servant 464 RECHERCHES d'un gaz qui, tel que l'hydrogène, l'acide carbonique, etc. , n'exerce aucune action chimique sur la surface du tube métal- lique. Indépendamment de la circonstance sur laquelle je viens d’insister, j'en ai indiqué plus haut une autre à laquelle il faut avoir égard dans le développement de l'électricité par les actions chimiques; c’est la nature particulière de ces actions. Toute combinaison et toute décomposition est accompagnée d’un dégagement d'électricité, mais l’intensité de l'électricité dégagée ne dépend pas seulement de la rapidité avec laquelle la com- binaison ou la décomposition s’opèrent, soit en d’autres ter- mes, de la vivacité de l’action chimique, mais aussi de la na- ture relative des élémens qui forment la combinaison , ou qui sont séparés dans l’acte de la décomposition. Ainsi, par exem- ple, un atome de zinc dégage une électricité plus intense en se combinant avec un atome d’oxigène, qu’en se combinant avec un atome de chlore; un atome d’oxigène dégage aussi une électricité plus intense en se combinant avec un atome de zinc qu’en se combinant avec un atome de cuivre. On concoit dès lors que telle action chimique, en apparence moins vive qu’une autre, puisse cependant donner lieu à un développement d’é- lectricité plus intense. Je ne m’étendrai pas ici sur ce point particulier, que je développerai plus tard, et sur lequel jai déjà publié quelques détails dans une lettre adressée à M. Ara- 20, et insérée dans le numéro de janvier 1836 des Annales de Clumie et de Physique. Je me bornerai à remarquer que de nouvelles recherches faites depuis l’époque à laquelle y'ai éerit à M. Arago, ont continué à me prouver l'exactitude des ré- SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 465 sultats que j'avais déjà obtenus, savoir : 1° que lintensité du courant électrique, développé par la combinaison de deux atomes, est bien en rapport avec le degré d’affinité qui unit ces atomes ; 2° que les courans électriques qui proviennent d’ac- tions chimiques de diverses natures, non-seulement diffèrent en intensité dynamique, mais aussi possèdent, les uns par rap- port aux autres, des propriétés bien différentes. Ainsi donc, les deux circonstances que je viens de signaler, celle de la recomposition immédiate des deux électricités, et celle de l'influence de la nature particulière de Faction chimique sur l'intensité de l’électricité produite, expliquent très-bien com- ment il se fait que les actions chimiques les plus vives ne soient pas toujours celles qui donnent naissance aux effets élec- triques les plus intenses, surtout lorsqu'il s’agit d’électricité de tension, cas dans lequel la première circonstance exerce une influence très-considérable. On comprend donc pourquoi j'ai insisté sur ces deux circonstances qui fournissent une réponse parfaitement satisfaisante à l’une des objections les plus fortes et le plus souvent répétées contre la théorie chimique; on remarquera aussi que ce n’est que sous ce point de vue que je les ai envisagées, me réservant, surtout en ce qui concerne la dernière, de les traiter isolément d’une manière plus complète. Après avoir montré que l’électricité développée dans les ac- tions chimiques, ne doit pas avoir nécessairement une intensité qui soit toujours en rapport avec la vivacité de ces actions, exa- minons encore un instant s’il est possible d'obtenir des effets électriques par le simple contact sans le secours d’une action chimique, calorifique ou mécanique. TOM. VII, 27° PARTIE. 28 466 RECHERCHES ILest un fait que j'ai déjà signalé dans la seconde partie de ce Mémoire, et sur lequel je ne saurais trop insister, car il fournit l'explication du développement de lélectricité dans l’un des cas où l’on a attribué ce développement au contact. Ce fait, qu'il est facile de constater, c’est la promptitude avec laquelle la surface de la plupart des métaux se ternit quand elle est ex- posée à l’air, même le plus sec en apparence. Pour s’en as- surer, On n’a qu'à décaper, au bout de quelques jours, une por- tion de la surface métallique qu’on avait eu soin de bien polir, et comparer au reste cette partie fraîchement décapée; la formation d’une légère pellicule d’oxide devient ainsi bien visible. On peut aussi démontrer l'existence de cette pellicule par la nature de l'électricité que prennent, en étant frottés avec un corps étranger, les surfaces métalliques oxidables; c’est ce que J'ai fait voir dans la seconde partie du Mémoire. Il est très- difficile de se mettre à l’abri de cette action chimique , surtout lorsqu'il s’agit de métaux très-oxidables tels que le zinc ; même dans le vide et dans les gaz les mieux desséchés, on découvre au bout de quelques jours, sur la surface de ces métaux, des traces d’oxidation. Une couche mince de vernis ne suffit pas pour empêcher cette oxidation ; l’action paraît s'exercer au travers des pores que l’alcool en s’'évaporant détermine dans la couche. C’est à cette circonstance qu’on doit, Je crois, attribuer lélec- tricité que M. Becquerel, et plus tard M. Peltier, ont réussi à dé- velopper en se servant de plateaux de zinc recouverts de vernis à la gommelaque. Je me suis assuré, en effet, qu’en donnant à la couche de vernis une épaisseur successivement croissante, les signes électriques allaient continuellement en s’affaiblissant, et SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 467 finissaient par disparaître entièrement; il fallait, pour obtenir ce dernier résultat négatif, que l'épaisseur de la couche fût telle que l'accès de l’air sur la surface métallique fût impossible. Si je cite ce fait dont J'ai déjà parlé, c’est que quelques physi- ciens, notamment M. Becquerel, ont cru que c'était également sur les deux surfaces du plateau de zinc, dont je faisais usage, et qui était lui-même partie intégrante d’un condensateur , que J'augmentais successivement l’épaisseur de la couche de vernis, et ils ont attribué à une diminution dans la force condensante de l’appareil, la différence que j'avais obtenue dans lintensité des effets. Mais ce n’est que sur la partie extérieure du plateau, la seule qui fût en contact avec l'air, que j'avais eu soin d’aug- menter l’épaisseur de la couche de vernis; la surface intérieure qui s’appliquait sur l’autre plateau du condensateur, était re- couverte d’une couche de vernis excessivement mince à laquelle je ne fis éprouver aucun changement. Il en résulte que lob- jection que j'ai rappelée, et qui aurait été fondée dans la sup- position d’une épaisseur plus grande donnée à la couche de vernis appliquée à la surface intérieure, ne peut plus subsister dès qu'il n’y a eu aucune altération apportée à l'épaisseur de cette couche. Mais, en admettant l'existence d’une action chimique exer- cée sur les surfaces métalliques par loxigène de l'air ou par tout autre gaz, dans les cas mêmes où l’on a cherché à s’en pré- server, on peut se demander comment cette action, qui dans ces cas, si elle existe, est tout au moins très-lente et très-faible , peut produire des effets électriques presqu’instantanés. x Pour répondre à cette objection, il faut remarquer que ces 468 RECHERCHES signes électriques sont toujours très-faibles, puisqu'on a besoin d’un condensateur puissant pour les découvrir. De plus, on ne doit pas oublier que les actions chimiques, en particulier l’oxida- tion, développent une électricité d’une intensité prodigieuse; en effet, d’après un calcul de M. Faraday, fondé sur des don- nées positives, il suffit de l’oxidation d’un grain de zine pour produire plus d’électricité qu’il n’y en a de mise en jeu dans le coup de tonnerre le plus fort. D’ailleurs, quand il s’agit de l'action d’un gaz, surtout d’un gaz sec, l'absence presque to- tale, dans ce cas, de recomposition immédiate des deux fluides, fait que la plus faible dose d'électricité devient sensible. Enfin l'observation montre que la production de l'électricité qui ac- compagne l’action chimique presqu’imperceptible d’un gaz sec sur une surface métallique, n’estpas toujours instantanée, et qu'il faut souvent un temps plus ou moins long pour que le con- densateur se charge. Ces deux dernières remarques expliquent aussi le dégagement d'électricité que M. Becquerel a obtenu en plongeant dans de l’eau très-pure, soit deux lames, l’une de platine, l’autre d’or formant un couple, soit un couple composé d’un cris- tal de peroxide de manganèse et d’une plaque de platine (1). Le courant instantané qu'il pouvait produire au moyen de ces couples, et dont il ne découvrait la présence qu'avec le secours d’un galvanomètre très-sensible, n’était développé qu'autant que les substances formant le couple étaient demeurées plongées (4) Ann. de Chim, et de Phys., t. LX, p. 164. » £ SUR L' ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 169 dans l’eau sans communication entre elles, pendant cinq ou six minutes au moins. La très-légère action chimique de l’eau , soit sur l'or, soit sur le peroxide de manganèse, ne pouvait pro- duire d’effet électrique appréciable qu’autant qu’elle avait duré pendant un certain temps, et l’imparfaite conductibilité de l’eau permettait l'accumulation de la petite quantité d’électri- cité développée, en empêchant la recomposition immédiate des deux principes électriques. L’intensité un peu plus considéra- ble du courant produit avec le peroxide de manganèse, pro- venait soit de ce que l’imparfaite conductibilité de ce minérai s’ajoutait à celle de l’eau pour empêcher la recomposition immédiate, soit de ce que l’action de l’eau était un peu plus forte sur le peroxide de manganèse que sur l'or. L’explication qui précède est la seule que l’on puisse donner des faits observés par M. Becquerel, que je viens de -rappeler; car dans la théorie du contact la production de l’élec- tricité devrait être instantanée. Il est vrai que cette explication repose sur la supposition d’une action chimique exercée par l’eau, soit sur l'or, soit sur le peroxide de manganèse, action excessive- ment faible puisqu'elle ne donne que des courans presqu’imper- ceptibles, et qu’il faut même qu’elle dure assez long-temps pour pouvoir développer ces courans. Or est-il absurde d’admettre l'existence d’une semblable action ? IL nous semble qu’on peut répondre négativement. En ce qui concerne l’or, on remarque, en effet, que l’eau renferme toujours de l'air, et par conséquent de loxigène, que l’or se ternit toujours lésèrement quand, après l'avoir fraîchement décapé, on le laisse pendant quelque temps soit dans l'air, soit dans l’eau. En ce qui concerne le 470 RECHERCHES peroxide de manganèse, on peut se convaincre que l’eau agit sur lui, soit par la formation d’un hydrate, soit par la désoxi- dation. Il suffit même de l’humidité de la main pour pro- duire un semblable effet; et c’est ce qui explique comment le platine et le peroxide de manganèse dégagent par leur contact de l'électricité de tension, quoique ces deux substances ne paraissent, ni l’une ni l’autre, devoir éprouver d’action chimique de la part des milieux environnans. Ce qui prouve que le con- tact n'entre pour rien dans ce phénomène, c’est qu’on peut charger le condensateur d'électricité positive en plaçant le pe- roxide de manganèse sur une lame mince de bois ou sur une simple feuille de papier, et en le touchant avec le doigt humide ou avec une solution légèrement acide. Si le corps attaqué, qui est ici le peroxide de manganèse, prend dans ce cas l'électricité positive et donne au corps attaquant l'électricité négative, c’est que dans cette action chimique, le peroxide de manganèse joue le rôle d’acide par rapport à l’eau, et que lorsque l’eau est aci- dulée, la désoxidation du peroxide donne une électricité con- traire à celle que produit loxidation. Je n’entrerai pas pour le moment dans plus de détails sur la liaison qui existe entre la nature des actions chimiques et celle de l’électricité que ces ac- tions développent ; ce point particulier est d’ailleurs étranger au sujet que j'ai essentiellement pour but de traiter dans ce Mémoire, savoir la nécessité d’une action chimique, au défaut d’autres actions, pour que le contact de deux corps hétérogènes soit une source d'électricité. | Avant de passer à la théorie de la pile proprement dite, je reviendrai encore un instant sur le principe que SUR L' ÉLECTRICITÉ VOLTAIÏQUE. 471 lorsque, deux corps étant en contact, si ni Pun ni lau- tre n’éprouvent d'action chimique, il n’y a pas dévelop- pement d'électricité. J’ai déjà cité dans les deux premières parties de ce Mémoire plusieurs faits à l’appui de cette asser- tion ; il en est un sur l’exactitude duquel M. Marianini a jeté quelque doute, c’est l’absence de tout courant électrique avec un couple or et platine plongé dans l'acide nitrique. Je ne puis m'expliquer la production du courant électrique qu'a obtenu M. Marianini dans ce cas, qu’en supposant qu’il ne faisait pas usage de substances parfaitement pures; en particulier il lui était peut-être difficile à Venise, si près de la mer, de pouvoir se procurer de l'acide nitrique complètement dépouillé d’acide hydro-chlorique; il n’est pas non plus très-facile d’avoir de Por entièrement dégagé de tout alliage; or il suffit de la plus légère impureté dans l’or ou dans l’acide pour avoir un courant élec- trique. Quant à moi, j'ai de nouveau essayé l'expérience en pre- nant toutes les précautions possibles et elle m'a constamment donné un résultat négatif. J’ajouterai que lorsque je la fis pour la première fois, ce fut en 1828, chez M. Lebaillif, en me ser- vant des appareils si délicats et des substances parfaitement pu- res que possédait cet amateur zélé des sciences. Je ferai re- marquer encore que cette expérience donna aussi dans le même temps un résultat analogue à M. Becquerel qui montra à cette occasion que l'or et le platine ne dégagaient non plus aucune électricité de tension par leur contact dans l'air. Voici encore un fait du même genre qui est fondé sur une observation de M. Payen, savoir qu’une solution alcaline bien purgée d'air n’attaque point une lame de fer bien polie. 472 RECHERCHES J'ai plongé dans un flacon rempli de potasse dissoute deux lames de fer exactement semblables, soit quant au degré de poli de leur surface, soit quant à leurs dimensions ; l’une d’elles était isolée, l’autre fixéemétalliquement par son extrémité à une lame de platine qui plongeait dans le même liquide; les deux lames de fer étaient implantées dans le liége destiné à fermer le flacon, de facon que l'extrémité supérieure de chacune d’elles traversait ce liége et se trouvait exposée à l’action de l'air. La partie des deux lames immergée dans le liquide, est restée par- faitement intacte; au bout de trois ans leur surface n’a nul- lement perdu de son poli et on ne pouvait y découvrir aucune trace d’oxidation. Il n’y avait, à cet égard, aucune différence entre elles; cependant l’une, à cause de son contact avec le pla- tine, aurait dû, dans la théorie de Volta, devenir éminem- ment positive et par conséquent s’oxider, d'autant plus que la solution de potasse conduit bien lélectricité. Il est inutile de dire que ce couple platine et fer ne donnait aucun courant au galvanomètre. Mais la portion de la lame de fer qui était implan- tée dans le liége, et en sortait extérieurement, était recouverte d’une couche d’oxide très-épaisse; la lame de fer isolée était bien aussi oxidée, mais à un degré beaucoup moindre. Il est clair, d’après cela, que pour qu’il y ait courant électrique il faut un commencement d’oxidation; le courant produit par cette oxidation décompose l’eau et détermine par-là une oxi- dation plus forte sur le métal dit positif, et cette oxidation, d’a- bord effet, devient ensuite cause du courant. Dans l'expérience qui précède, l’eau qui en s’évaporant de la solution intérieure avait humecté le liége, étant mélangée avec beaucoup d'air, fai- 17 , : SUR L ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 473 sait à la fois l'office de corps attaquant et de corps conducteur. J'ai eu l’occasion de faire à Londres une observation qui vient à l’appui de ce qui précède. On sait que dans cette ville toutes les maisons sont extérieurement entourées de grilles en fer dont les barreaux sont fixés dans la pierre au moyen du plomb. Or ces barreaux, quoique d’un diamètre d’un à deux pouces, sont presque tous, surtout dans les quartiers les plus enfumés, tellement rongés vers leur partie inférieure, qu’ils sont réduits à un simple filet, et qu’il faut les renouveler assez fréquem- ment. Cet accident qu’on n’observe pas ailleurs, du moins au même degré, ne peut être attribué qu’à ce que l’eau de pluie qui tombe à Londres étant légèrement acide, à cause des va- peurs sulfureuses dont la combustion du charbon de terre rem- plit l’atmosphère, elle agit chimiquement sur le fer; le con- tact de ce métal avec le plomb moins attaquable que lui, permet au courant de s'établir et il en résulte la prompte ox1- dation et finalement la destruction et la rupture de la barre. Le simple contact sans l’action chimique ne suffit pas pour pro- duire cet effet, puisqu'on ne l’observe pas dans d’autres loca- lités où les mêmes circonstances se rencontrent, sauf celle de l'acidité de la pluie à laquelle est due une action sur le métal, qui pourrait bien avoir lieu avec la pluie ordinaire, mais à un degré infiniment moindre. Une observation de M. Faraday avait pu paraître contraire au principe, que dans cette complication de causes et d’effets, c’est bien l’action chimique qui est la première source de l’é- lectricité développée dans un couple voltaïque , et que ce n’est pas l’électricité résultant du contact des élémens du couple, qui TOM. VII, 2"° PARTIE. 59 474 RECHERCHES est la première cause de l’action chimique. L'observation à la- quelle je fais allusion, c’est que, lorsqu'on se sert de zinc amal- gamé au lieu de zinc ordinaire pour en former un couple avec une lame de platine, ce zinc ainsi préparé n’est attaqué par l’eau acidulée dans laquelle il est plongé que lorsqu'il est en con- tact avec la lame de platine. Il semble donc ici que le contact soit la source de l'électricité qui est elle-même la cause de la vive action chimique à laquelle le zinc est exposé. Cependant une observation de M. Daniell (1), vient de nous apprendre que le zinc amalgamé est attaqué au moment où il est plongé dans l'eau acidulée, lors même qu’il est isolé, mais que sa surface se recouvre immédiatement d’une quantité considérable de bulles de gaz hydrogène qui adhèrent avec beaucoup de force au mer- cure de l’amalgame , et qui empêchent ainsi la continuation de l’action chimique. Au moment où, en mettant le platine en contact métallique avec le zinc amalgamé, on donne au courant qui résulte de l’action chimique exercée sur le zinc, une direction nouvelle , le gaz hydrogène, est transporté par ce courant, va se déposer sur le platine, et quitte ainsi la surface du zinc qui alors peut être de nouveau attaquée vivement par le liquide. Il n’y a pas de doute que le courant, en décomposant le liquide conducteur qu’il traverse , et en transportant l’oxigène sur le zinc, n’augmente à son tour l’action chimique qu’éprouve le zinc, et par conséquent l'intensité de l'électricité développée ; ainsi, d’effet il devient (4) Biblioth. Univ. de Gen. , mars 4856, t. I, p. 167. SUR L' ÉLECTRICITÉ VOLTAIÏQUE. 475 cause jusqu’à un certain point. Mais ce qu’il est important d’é- tablir, et ce qui me paraît rigoureusement démontré, c’est que la première origine du courant provient d’une action chimique, et que sans cette action, quelque faible qu’elle soit, iln’y a, en l’absence d’autres actions, aucun développement d’électri- cité. Jene dirai rien ici sur les phénomènes que M. Peltier a décrits sous le nom de puissance relative des métaux pour coercer l'électricité (1). Quoiqu'il ait cru pouvoir en tirer des résultats favorables à la théorie du contact, je ne les discuterai pas, parce qu’ils me paraissent être d’un tout autre ordre. En effet l’auteur se sert d’une source électrique indépendante des plateaux métal- liques qu’il met en contact, et il montre que les métaux, suivant leur nature, gardent l’une des électricités préférablement à l’au- tre. Cela ne prouve point que ces métaux puissent en produire, mais simplement qu’ils diffèrent dans le pouvoir qu’ils ont de transmettre et de conserver l’une ou l’autre des électricités; fait que J'ai déjà eu occasion de signaler dans la deuxième partie de ce Mémoire. THÉORIE DE LA PILE VOLTAÏQUE. Après avoir exposé les principes qui me paraissent pouvoir servir à expliquer le développement de l'électricité dans un seul couple, il me reste à montrer que ces mêmes principes rendent (4) Ixsrirur, 1835, n° 156. 476 RECHERCHES compte d’une manière tout aussi satisfaisante de ce qui se passe dans une réunion de plusieurs couples, c’est-à-dire dans une pile voltaïque. J'avais déjà, en 1828, indiqué comment Je con- cevais la distribution de l'électricité dans une pile (1) ; des re- cherches ultérieures m'ont permis de donner à l’explication que je présentai alors, une base plus solide-et une plus grande pré- cision. Considérons une pile en activité. On peut supposer que les couples, dont elle est composée, soient si exactement semblables les uns aux autres, sous tous les rapports, que l'électricité libre développée sur chacun d’eux ait la même intensité. Il peut ar- river au contraire que ces couples soient plus où moins forts les uns que les autres, et cette inégalité peut provenir d’une action chimique différente, ou d’une recomposition immédiate des deux principes électriques, plus ou moins facile, ou de quelque autre circonstance encore. Le second cas est le seul physique- ment possible; car, lors même qu’on emploierait pour former les couples, les mêmes métaux, la même surface, le même li- quide, il serait impossible d’atteindre à une égalité mathéma- tique dans l'intensité de l’électricité développée individuelle- ment par chaque couple. Cette égalité mathématique n’est donc qu’une limite dont on peuts’approcher, en cherchant à ren- dre les élémens dont se composent les couples aussi semblables que possible sous tous les rapports ; mais on ne peut Jamais y (4) Ann. de Chim. et de Phys. , 1. XXXIX, p. 297. SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 477 parvenir complétement, ainsi qu’il est facile de le comprendre, et comme d’ailleurs expérience le démontre. Nous allons successivement examiner ce qui se passe dans les deux cas que nous venons d'indiquer, en commencant par le premier auquel, comme nous le verrons, on peut ramener le second. Soit dans une pile d’un nombre quelconque de couples, tous parfaitement égaux les uns aux autres, b un couple zinc et cur- vre, pris au hasard dans la pile, et disposé de facon que son zinc plonge dans le même liquide que le cuivre du couple & qui le précède, et son cuivre dans le même liquide que le zinc du cou- ple € qui le suit. L'action chimique du liquide développe dans le couple à une certaine quantité d’électricité; une portion plus ou moins grande des deux principes électriques séparés se neutralise immédiatement, tandis qu’une autre portion reste libre ; quelles que soient les causes qui font varier le rapport existant entre la portion qui se recompose immédiatement et la portion qui réste libre et qui est seule perceptible, ce rapport est le même dans tous les couples puisqu'ils sont parfaitement semblables et symétriquement disposés les uns par rapport aux autres. D’a- près cela, l’électricité positive de b, portée par l’action chimi- que dans le liquide où plonge le cuivre de 4, neutralise l’élec- tricité négative de ce dernier couple qui lui est parfaitement égale, et qui résulte de l’action chimique du liquide sur le zinc de a. De même l’électriciténégative de b, qui, par l’action chimique, est portée dans le zinc et de là se répand dans le cuivre en con- tact avec ce zinc, neutralise lélectricité positive de c qui lui est aussi parfaitement égale, et qui résulte de l’action chimique 478 RECHERCHES qu'exerce sur le zinc de c le même liquide dans lequel plonge le cuivre de a. Il reste donc ainsi un excès d'électricité positive libre,dans le liquide où plonge le zinc de 4, et un excès d’élec- tricité négative libre parfaitement égal sur le cuivre de c, et par conséquent dans le liquide où plonge c. Mais ces excès libres sont neutralisés par les électricités égales et opposées des cou- ples suivans, sur lesquels on peut faire le même raisonnement que nous venons de faire sur les couples b, a et c. Il en résulte donc un excès d'électricité positive libre à l'extrémité de la pile située du côté de 4, et un excès exactement égal d'électricité né- gative à l'extrémité située du côté de b. En réunissant ces deux extrémités par un conducteur, les deux excès d'électricité libre se neutralisent et forment le courant; l'intensité de ce courant doit être, ainsi que l’expérience le démontre, parfaitement égale à celle du courant qui s’établit dans la pile même entre tous les couples, et qui résulte, comme nous venons de le voir, de la neutralisation non-interrompue de leurs électricités oppo- sées et égales. Avant d'aborder l'examen des circonstances qui peuvent in- fluer sur l'intensité du courant développé par une pile et sur le degré de tension électrique que ses deux pôles acquièrent quand ils sont isolés, occupons-nous du cas où la quantité d’é- lectricité libre, dégagée par chaque couple, n’est pas mathéma- tiquement la même. Ces différences peuvent être dues, soit à ce que l’action chimique exercée par le liquide sur les élémens des couples, n’est pas de même nature, soit à ce que cette action n'a pas le même degré de vivacité ou d’étendue, soit à ce que la recomposition immédiate des deux principes électriquesnes’opère SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 479 pas sur toutes les surfaces attaquées avec le même degré de facilité. Dans une pile formée de couples homogènes, ces cir- constances se présentent toutes plus ou moms à cause de l’im- possibilité d'arriver à une identité absolue; mais on peut ren- dre les différences encore plus sensibles en ayant une pile com- posée de couples dont les élémens métalliques diffèrent en na- ture et en surface, ou dans laquelle les conducteurs liquides de chaque couple ne soient pas partout les mêmes. Quand on réunit les uns à la suite des autres, dans l’ordre convenable pour faire une pile, plusieurs couples qui chacun séparément dégagent une quantité d'électricité différente, on trouve que le courant électrique qui traverse chacun d'eux lorsqu'ils font partie du même circuit, est mathématiquement de même intensité , et que cette intensité est égale à celle du courant qui passe dans le conducteur avec lequel on réunit les deux pôles. Pour constater ce résultat important, il faut, au lieu de souder l’un à l’autre les deux élémens d’un même couple, le zine et le cuivre par exemple, fixer à chacun d’eux un con- ducteur indépendant. Au moyen de ces deux conducteurs, on peut établir la communication métallique entre les deux élémens d’un couple par l'intermédiaire du fil d’un gal- vanomètre double, dont l’autre fil sert de conducteur au cou- rant d’un second couple de la même pile, ou sert à faire com- muniquer ensemble les deux pôles de la pile. On a soin de faire passer les deux courans en sens contraire l’un de l’autre dans chacun des fils du galvanomètre, en sorte que, s’ils sont parfaitement égaux, l’action sur l’aiguille soit nulle. Or cette action est toujours absolument nulle, quelque grande que soit 480 RECHERCHES la différence qui règne sous tous les rapports, entre les couples soumis à cette épreuve; elle est nulle aussi quand on oppose le courant pris dans un couple quelconque avec celui qui résulte de la réunion des deux pôles de la pile. IL est facile de rendre compte de cette égalité qui subsiste entre tous les courans partiels et le courant total de la pile. En effet: prenons le couple le plus faible; soit à ce couple; l’élec- tricité positive dégagée par b ne pourra neutraliser toute la né- gative de a, il restera donc dans le cuivre de a un excès d’élec- tricité négative qui retiendra, en la neutralisant, une quantité égale de positive; il en résultera que 4, quoique plus fort que b, ne pourra cependant mettre en liberté qu’une quantité d’électri- cité positive égale à celle de 2. De même l'électricité négative de b ne pourra neutraliser qu’une partie de la positive de c; le reste de cette électricité positive neutralisera une partie égale de la négative du même couple; et par conséquent c ne pourra non plus libérer qu’une quantité d'électricité négative égale à celle de b. Le même raisonnement s’appliquera aux couples sui- vans. Ainsi donc, comme dans le cas précédent, toutes les quan- tités d'électricité libre dans chaque couple seront égales, que ces couples aient ou n’aient pas la même force, et le cas physi- que sera ainsi ramené au cas mathématique, conformément à l'expérience. . Nous avons supposé, dans ce qui précède, que le couple dont l'électricité libre déterminait l’état électrique de tous les autres, était le couple le plus faible. D’après cela, dans une pile com- posée d’un certain nombre de couples de force inégale, le courant de chacun des couples et par conséquent celui de la pi- SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 481 tout entière devait être égal en intensité au courant produit par le couple le plus faible. Or l’expérience démontre bien que lorsque , dans une pile composée de couples énergiques, on en introduit un qui est faible, il en résulte aussitôt une diminution très-notable dans l'intensité du courant de la pile et de chacun des autres couples par conséquent; mais cette réduction ne va jamais jusqu’à rendre ce courant égal à celui qu'aurait déve- loppé isolément le couple introduit. IL est facile de compren- dre ce résultat; lorsque le couple le plus faible est seul, les deux principes électriques séparés par l’action chimique tendent à se réunir immédiatement en plus grande proportion que lorsque ce couple est placé entre deux autres dont Fun s'empare de son électricité positive et l’autre de sa négative; de plus le courant, qui s'établit dans le liquide où plonge l’élément oxidable du couple, en décomposant le liquide, facilite Poxidation de cet élément et par conséquent augmente la quantité d'électricité développée. Ainsi par tous ces motifs, le même couple qui don- nait un courant très-faible quand il était isolé, devient capable de développer un courant beaucoup plus fort quand il est réuni à d’autres couples plus énergiques. Enfin il peut arriver qu’un couple soit si faible, qu’on puisse ne le considérer que comme un conducteur métallique interposé dans le liquide qui réunit les élémens opposés des deux couples entre lesquels il est placé; dans ce cas son introduction n’a d’autre influence que celle qui résulte de l’interposition de lames métalliques homogènes dans un liquide, c’est-à-dire d’une altération dans la conductibilité du liquide. Cette influence a pour effet de diminuer la quan- tité d'électricité libre sur chacun des couples séparés par le li- TOM. Vil, 2" PARTIES 60 482 RECHERCHES quide devenu moins bon conducteur ; car les électricités oppo- sées de ces couples ne pouvant se réunir et se neutraliser en aussi grande proportion à cause de la conductibilité imparfaite du li- quide interposé, une plus grande proportion de leurs électricités propres se recompose immédiatement, et une moins grande par conséquent devient libre. Il est facile de s’assurer dans cha- que cas particulier si c’est à la cause que nous venons de signa- ler qu’on doit attribuer l’effet observé; on n’a qu’à retourner le couple plus faible qu’on a introduit de facon que ses élémens soient placés dans un sens inverse de celui dans lequel ils avaient d’abord été mis. Si la diminution d'intensité qui ré- sulte pour le courant de la pile de l'introduction de ce nou- veau couple, est la même, quel que soit le sens dans lequel sont disposés ses élémens, il est évident que cette addition n’a eu d’autre effet que de modifier la conductibilité du liquide qui réunissait auparavant les élémens opposés des deux couples entre lesquels le nouveau. a été placé. C’est à la circonstance dont nous venons de parler qu’on doit attribuer la diminution sensible que M. Marianini a observée dans l’intensité du courant d’une pile, quand on interpose en- tre ses couples un plus ou moins grand nombre de couples inactifs, c’est-à-dire des lames métalliques homogènes. Dans ce cas, il ne faut considérer ces couples inactifs que comme des dia- phragmes dont l'effet est de séparer en plusieurs compartimens le liquide qui réunit les deux élémens opposés des deux couples actifs entre lesquels les premiers ont été interposés ; diaphragmes dont l'effet est de diminuer la conductibilité du liquide, par con- séquentla quantité d'électricité libre de chacun des deux couples SUR L ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 483 actifs , et l’intensité du courant de toute la pile. On peut ren- dre compte de la même manière de la diminution que fait éprou- ver à l'intensité du courant d’une pile, l'interposition d’un ou de plusieurs couples dont les élémens sont tournés en sens contraire du sens dans lequel sont placés les élémens de tous les autres couples; cette interposition diminue encore plus les quantités d’électricités libres des couples voisins que ne le font de simples lames homogènes. C’est ce qu’il est facile de com- prendre si l’on se donne la peine d’analyser ce qui se passe dans ce cas, et si l’on songe en particulier que les électricités contrai- res de chacun des couples voisins ont d’autant plus de tendance à se recomposer immédiatement sur la surface attaquée, qu’elles sont repoussées, au lieu d’être attirées, par celles de même natu- re que développent les couples renversés. Mais laissons ces détails qui nous mèneraient trop loin , et voyons maintenant comment, dans la théorie que nous venons d'exposer, nous pouvons rendre compte des variations d’inten- sité qu'éprouvent les divers effets de la pile selon qu’elle est composée d’un plus où moins grand nombre d’élémens, et que ces élémens ont plus ou moins de surface. Description des appareils destinés à mesurer les effets de la pile. On ne peut juger de la force d’une pile voltaïque qu’au moyen de l’intensité des divers effets qu’elle est capable de pro- duire ; mais l'expérience nous apprend que l'observation de ces 484 RECHERCHES différens effets ne conduit point aux mêmes conséquences sur les causes qui peuvent augmenter ou diminuer la puissance d’une pile. IL importe donc d'étudier séparément les circon- stances qui dans chaque classe d’effets peuvent influer sur l’é- nergie avec laquelle la pile les produit, afin de voir si la théo- rie peut en rendre compte d’une manière satisfaisante. Dans le but de faire cet examen, je me suis servi d'appareils aussi exacts et délicats que j'ai pu me les procurer; je vais en donner brièvement la description. Pour mesurer les effets de tension de la pile, J'ai fait usage d’un simpleélectroscope à feuilles d’or, muni d’un grand conden- sateur de 10 pouces de diamètre dont les disques en laiton doré, aplanis avec soin, étaient recouverts dans leur surface de con- tact d’une couche mince isolante de vernis à la gomme-laque. J'ai écarté l’emploi de l’électroscope à piles sèches comme don- nant souvent des indications inexactes et incertaines, et ne pou- vant pas servir à apprécier plus ou moins approximativement le degré d'intensité de l'électricité, ce qu’on peut faire au contraire avec le premier électroscope en mesurant la divergence de ses feuilles d’or. Pour les effets chimiques, j'ai employé un appareil très- simple, que mon père avait imaginé il y a long-temps. Cet appareil consiste (fig. 11), en un flacon bouché à l’émeri, rempli d’une liqueur d’épreuve (de l’eau acidulée ), et dans le- quel aboutissent deux fils de platine destinés à transmettre le courant. Ce flacon communique latéralement vers sa partie in- férieure avec un tube vertical gradué. Les gaz qui résultent de la décomposition opérée par le courant, chassent dans le tube SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 485 une partie du liquide égale à leur propre volume. La vitesse avec laquelle le liquide s’élève dans le tube, indique la quantité de gaz qui est développée dans un temps donné et par consé- quent l’énergie chimique de la pile. Ce procédé est beaucoup plus sensible et plus exact que celui qui consiste à mesurer di- rectement le volume des gaz dégagés, vu qu'il reste toujours une certaine portion de ces gaz mélangée avec le liquide, qu’on ne peut pas apprécier par cetle dernière méthode, tandis qu’au moyen de celle que j'ai indiquée, à chaque bulle de gaz qui se développe correspond, où que cette bulle se trouve, une aug- mentation de la colonne liquide qui est dans le tube, égale en volume à celui de la bulle. Il faut seulement avoir soin de tenir compte de la température et de la pression. Je me suis servi pour apprécier les effets calorifiques de la pile, de deux appareils différens. Le premier ( fig. 12), des- tiné à mesurer des effets considérables, se compose d’un fil de platine fixé par son extrémité supérieure à une pièce en laiton à laquelle s’adapte l’un des pôles de la pile, et supportant par son extrémité inférieure une aiguille enlaïton , qui parcourt les divisions d’un arc de cercle gradué, et dont le centre de rota- tion communique à une pièce de laiton à laquelle aboutit lau- tre pôle de la pile. Au-dessus de cette pièce en laiton, est placé un petit support isolant (en ébène ou en ivoire), sur lequel s’é- lève une tige verticale en laiton, au bout de laquelle est fixée la pièce supérieure. Cette tige porte une division métrique, afin qu’on puisse mesurer la longueur du fil de platine que l’on peut à volonté raccourcir ou allonger, en élevant ou en abaissant la pièce supérieure. Une vis de rappel qui y est ajustée permet 486 . RECHERCHES de donner au fil exactement la longueur convenable pour ame- ner l'aiguille au zéro dela division circulaire. Enfin cette division porte à côté de chaque degré, la fraction qui exprime de quelle partie aliquote de sa longueur totale , il a fallu que le fil s’al- longeñt pour que l'aiguille atteignit ce degté (1). Or, comme l’on connaît la loi de la dilatation du platine , on conclut de l’al- longement du fil donné directement par l’appareil, quel a été l'effet exact de température produit par le courant. On peut em- ployer des fils de platine plus ou moins minces suivant la force calorifique de la pile. J'ai trouvé que, lorsqu'il s'agissait de courans peu intenses , l'appareil précédent n’était pas assez sensible. Je l’ai donc rem- placé avec beaucoup d’avantage dans ce cas, par celui qui est représenté à la fig. 13. C’est un thermomètre métallique de Bréguet, auquel j'ai fait subir quelques légères modifications pour l’adapter au but que je me proposais. Il s’agit de faire passer le courant dont on veut étudier l’in- tensité calorifique , dans l’hélice métallique dont les change- mens de forme résultant des légères différences de température, sont accusés par les degrés que parcourt sur une division cir- culaire, une aiguille horizontale librement suspendue à lex- trémité inférieure de cette hélice. On sait que les degrés (1) Le.calcul de cette fraction , pour chaque degré circulaire, est facile à faire, en prenant la différence des sinus des angles successifs, pourvu que l’on connaisse exactement la longueur de l'aiguille et Ja distance comprise entre son centre de rotation et le point d'attache du fil de platine. SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 487 parcourus par laiguille sont directement proportionnels aux températures auxquelles l’hélice est exposée. Pour la mettre dans le circuit , j'ai ajouté à la tige métallique qui porte son extrémité supérieure, un conducteur que l’on met en communi- cation avec l’un des pôles de la pile; l'autre pôle aboutit au moyen d’un second conducteur, dans une capsule centrale remplie de mercure où plonge légèrement, de manière que le frottement soit le moindre possible, un fil fin de platine adapté verticalement à l'extrémité inférieure et mobile de l’hélice. De cette manière , celle-ci peut être traversée par un courant quelconque sans être gènée dans les mouvemens et dans les changemens de forme qu’elle doit éprouver en vertu des changemens de température. Or, la sensibilité de l'appareil permet d’aprécier le plus léger réchauffement opéré par le courant, et l’avantage qu’il possède de donner des résultats comparables , me paraît devoir le ren- dre éminemment précieux, comme galvanomètre calorifique. Il faut seulement bien faire attention que les spires de l’hélice ne soient pas en contact les unes avec les autres , afin que le cou- rant puisse bien les parcourir toutes successivement. Enfin, pour mesurer les effets dynamiques, j'ai trouvé de l'avantage à employer le galvanomètre de M. Becquerel , en ayant soin seulement, pour comparer l'intensité des courans, de ramener les aiguilles au 0° dans chaque cas, soit au moyen d’un fil de torsion auquel je les avais suspendues , soit en faisant pas- ser le courant le plus fort à travers un fil de platine auquel je donnais , au moyen d’une vis de rappel, lalongueur convenable pour réduire l'intensité de ce courant plus fort à celle du plus faible. En comparant les angles de torsion dans le premier cas , 488 RECHERCHES et les longueurs du fil de platine dans le second , j'en déduisais les rapports d'intensité entre les courans. C’est au moyen des divers appareils que je viens de décrire , que j'ai réussi à faire une étude de la pile qui, sans être encore aussi complète que j’espère pouvoir la faire plus tard, m’a per- mis cependant de poser sur des principes qui me paraissent soli- dement établis, la théorie de cet appareil. Etude des effets de tension. . Il est reconnu que l’étendue de la surface des couples n’exer- ce aucune influence sur la tension que peuvent acquérir les deux pôles d’une pile, et que le nombre de ces couples, au con- traire , est la circonstance essentielle. M. Biot avait en outre déjà remarqué (1), à une époque où le rôle chimique des liqui- des dont on charge la pile n’était point apprécié, que ce ne sont pas les liquides les plus conducteurs, qui déterminent tou- jours la tension la plus forte. J’ai chargé successivement, avec de l’eau de rivière très-pure (l'eau du Rhône), avec une dissolution de sulfate de soude , et avec une solution très-étendue d’acide nitrique, une pile com- posée de dix couples de zinc et cuivre, dont les lames avaient chacune quatre pouces carrés de surface. Un très-grand nom- bre d’expériences m'a fait voir : 1° Que pour obtenir une tension forte, il faut laisser en con- (4) Traité de physique expérimentale et mathématique , t. H, p. 515 et suivantes. SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 489 tact avec le condensateur , le pôle dont on perçoit la tension, pendant un temps assez considérable lorsque le liquide dont la pile est chargée est simplement de l’eau, un temps un peu moindre, mais encore appréciable, lorsque c’est du sulfate de soude, et un temps presque insensible lorsque c’est une solu- tion d'acide nitrique ; 2° Qu'il faut aussi laisser écouler entre deux décharges suc- cessives , un temps qui varie avec la nature du liquide , exac- tement de la même manière que celui pendant lequel doit durer le contact du condensateur avec le pôle; 3° Que lorsque dans chaque cas, on attend le temps nécessaire pour que la tension atteigne son maximum, on n’observe pas de différence sensible entre le degré de tension accusé par les pôles, quel que soit celui des trois liquides dont la pile est chargée. 4° Qu'il y a au contraire une grande différence entre les ten- sions électriques que donne la pile selon le liquide avec lequel elle est chargée , lorsque celui des pôles avec lequel l’électro- scope condensateur n’est pas mis en communication, au lieu de communiquer avec le sol, est isolé. Quel que soit le liquide dont elle est chargée , la pile manifeste toujours une tension moin- dre à l’un de ses pôles , lorsque l’autre est isolé au lieu de communiquer avec le sol; mais la différence est plus grande avec le sulfate de soude qu'avec l’eau, et encore bien plus con- sidérable avec l’acide nitrique étendu ; dans ce dernier cas , la tension des deux pôles de la pile isolée a souvent été nulle, lors même qu’on a attendu un temps très-long avant de l’éprouver. Voici quelques résultats : TOM. VII, 27° PARTIE. 61 490 RECHERCHES Pile chargée avec de l’eau de riviere. Durée du contact Au pôle avec le Degrés de divergence des feuilles d'or condensateur. de l'électroscope. 15" 20 30" 6° 60 (les feuilles d'or touchent l'enveloppe de verre . de l'électroscope. } 1 ou 2" O° Dans les expériences qui précèdent , les deux pôles étaient isolés ; lorsqu'ils ne le sont pas , il suffit de 30° d’intervalle en- tre les décharges, pour que les feuilles d’or touchent l'enveloppe de l’électroscope. Dans une expérience où l’on avait laissé un intervalle de 15 minutes, la vivacité avec laquelle les feuilles d’or divergè- rent, indiqua une tension bien plus considérable que les pré- cédentes. Un très-grand nombre d'expériences faites avec la pile char- gée avec la dissolution de sulfate de soude ont donné des ré- sultats analogues ; seulement lorsque l’un des pôles communi- quait avec le sol, le temps de contact nécessaire pour donner le maximum d'effet était beaucoup plus court qu'avec l’eau. Un intervalle de temps considérable laissé entre deux décharges con- sécutives, augmente beaucoup la tension dans ce cas aussi bien que dans l’autre. Chargée avec la solution d’acide nitrique, la pile isolée, quelle qu’ait été la durée du contact, n’a Jamais pu manifester à cha- cun de ses pôles une tension supérieure à 2° de divergence des feuilles d’or de l’électroscope. Lorsqu'un des pôles commu- SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 491 niquait avec le sol, la tension atteignait au contraire son maximum d'intensité, sans que la durée du contact parût exer- cer dans ce cas d'influence sensible sur le degré d’électricité accusé par l’électroscope. J'avais eu soin de bien isoler la pile ; dans ce but je l'avais placée sur un gâteau de résine, et J'avais aussi enveloppé de ré- sine chacun des verres qui renfermaient le liquide. Ces précau- tions sont plus importantes qu’on ne le croit généralement ; car ilest très-diffiicile d’empêcher chacun des pôles de communiquer plus où moins imparfaitement, soit entre eux, soit avec le sol. Les résultats qui précèdent m'ont conduit à admettre que dans une pile isolée, les deux principes électriques accumulés à chacun des pôles, avec un certain degré d’intensité, par l'effet de l’action chimique, tendent à se réunir et à se neutraliser mu- tuellement par l'intermédiaire de la pile elle-même qui leur sert de conducteur. Mais comme cette neutralisation ne peut s’effec- tuer aussi promptement que s'opère, en vertu de action chi- mique , la séparation des deux principes électriques , il en ré- sulte à chaque pôle un excès d'électricité libre. Pour une même pile, la quantité de cet excès ou la tension des pôles doit dé- pendre de la difficulté plus ou moins grande que les deux prin- cipes éprouvent à se réunir, et par conséquent du nombre des couples , puisque plus il y a d’alternatives solides et liquides , plus la conductibilité est imparfaite. Toute circonstance qui di- minue la conductibilité de la pile, sans diminuer l'intensité de l’électricité développée individuellement par chacun de ses couples , doit donc augmenter la tension électrique à ses deux pôles. C’est ce qui explique comment il se fait qu’une pile char- 492 RECHERCHES gée avec de l’eau pure, possède une tension électrique aussi forte qu’une pile chargée avec une solution saline ou acide; dans ce dernier cas, l'électricité développée en un temps donné sur chaque plaque de zinc par l’action chimique, est réellement plus considérable ; mais comme les deux principes électriques accu- mulés aux deux pôles ont beaucoup plus de facilité à se réunir, il en résulte une compensation en vertu de laquelle en défini- tive les pôles peuvent bien se charger plus vite, mais ne peuvent acquérir une tension plus grande (1). On peut expliquer demême pourquoi, ainsi que nous l’avons vu, l'isolement de lun des pôles diminue beaucoup plus la tension électrique de l’autre , lorsque le liquide dont la pile est chargée est bon conducteur , que lorsqu'il conduit mal. Dans le premier cas en effet, si lan des principes électriques ne peut pas se répandre en plus ou moins grande proportion dans le sol , il se réunit à l’autre avec une grande facilité; cette facilité n’existant pas au même degré, lorsque le liquide est mauvais conducteur, l’influence de la com- munication avec le sol est proportionnellement moins sensible. Effets dynamiques de la pile. La théorie que nous venons de développer , rend compte d’une manière tout aussi satisfaisante des effets dynamiques , soitdecourant, d’une pile voltaïque. L’intensité de ces effets dé- (1) J'ai vu même par un temps très-sec une pile de 120 élémens zine et cuivre, chargée avec de l’eau pure , donner de vives étincelles à ses deux pôles, comme une machine électrique , tandis que la même pile, chargée avec de l’eau acidulée, donnait à peine des signes électriques à un électroscope muni d’un condensateur. , SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 493 pend en général de deux causes : en premier lieu, de la nature particulière de laction chimique qui produit Pélectricité; en second lieu , de la quantité d'électricité qui passe dans un temps donné à travers le conducteur où ces effets sont produits. Nous ne nous occuperons pas ici de l'influence que peut exer- cer sur l'intensité de chaque espèce d’effets, la nature particu- lière de l’action chimique; c’est un sujet sur lequel nous avons déjà réuni quelques données qui feront Fobjet d’un Mémoire spécial. Nous nous bornerons actuellement à examiner les cir- constances qui, pour une action chimique déterminée, rendent la plus grande possible , la quantité d’électricité qui , dans un temps donné, cireule à travers le conducteur. Nous supposerons que Paction chimique qui développe Pélectricité , est celle qu’exerce sur le zinc une solution très-étendue d’acide nitrique ou sulfurique ; nos raisonnemens s’appliqueront d’ailleurs aussi bien à toute autre espèce d’action chimique. Il est d’abord évident que , quel que soit effet dynamique qu’il s’agit de produire, lorsque le nombre des couples est constant , la quantité d'électricité dégagée dans un temps donné et par conséquent celle qui dans un temps donné circule à travers le conducteur au moyen duquel on réunit les pôles, est d’autant plus grande que la surface attaquée a plus d’étendue. C’est un fait que l'expérience a confirmé dès long-temps et qui est une conséquence rigoureuse de la théorie chimique. Il y a cependant à cet égard deux observations à faire: la première, que l'augmentation d’intensité qui résulte pour les effets dynamiques , d’une augmentation dans l'étendue de la sur- face attaquée, n’est pas la même pour tous ces effets ; la seconde, 494 RECHERCHES qu’en mème temps qu’on augmente l'étendue de la surface at- taquée, il faut aussi, pour rendre cet accroissement profitable , augmenter dans une même proportion l'étendue de la surface toujours nécessairement plus grande du métal non attaqué. Nous verrons plus loin que ces deux observations auxquelles on a été conduit par l'expérience, sont aussi des conséquences de la théorie. Examinons maintenant le cas le plus important, celui où, étant donnée une surface attaquée d’une étendue déterminée , on demande combien de couples il faut en former pour produire l'effet dynamique le plus considérable. Au premier moment, la réponse semble ne pas être douteuse : il faut en faire le moindre nombre de couples , etmême un seul; car, d’après notre théo- rie , la quantité d'électricité qui cireule à travers le conducteur est toujours égale à celle qui est développée sur la surface d’un couple seulement, et les électricités développées sur les au- tres couples se neutralisant mutuellement dans l’intérieur de la pile, ne coopèrent en rien à l'effet extérieur. À quoi sert- il donc d’avoir plusieurs couples? Ne vaut-il pas mieux en avoir le moindre nombre possible, et en augmentant d’autant leur surface, accroître ainsi la quantité d’électricité dévelop- pée dans chacun d’eux ? L'expérience nous apprend que cette conséquence théorique ne se vérifie qu’autant que le conducteur qui réunit les deux pôles d'une pile est un conducteur parfait; ainsi elle se vérifie pour les effets dynamiques qu’on peut développer en réunissant les pôles- par un gros fil de métal, de cuivre par exemple; tel- les sont l’action du courant sur l'aiguille aimantée, l’action SUR L ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 495 des courans les uns sur les autres. Elle se vérifie déjà à un moindre degré lorsque le fil conjonctif est moins bon conduc- teur, soit par l’effet de sa nature, soit par l'effet de ses dimen- sions, cas dans lequel ce fil s’échauffe et rougit. Enfin elle ne se vérifie plus lorsque le conducteur est très-imparfait. Ainsi , s’il s’agit d’un liquide à décomposer ou à réchauffer par l'effet du courant , il faut une pile de plusieurs couples ; une pile sem- blable est encore nécessaire pour développer entre deux pointes de charbon la chaleur et la lumière , et pour déterminer dans des corps organisés des effets physiologiques. La cause de ces différences s’explique facilement si l’on songe que , lorsque les deux principes électriques sont accumulés aux deux extrémités d’une pile, deux voies s'offrent à eux pour se neutraliser, celle de la pile elle-même, comme nous l'avons vu plus haut , et celle du conducteur qui réunit les deux pôles de cette pile. La proportion plus ou moins grande des deux prin- cipes qui suivent l’une ou l’autre de ces deux voies, dépend de la facilité relative qu’elles offrent à leur réunion. Pour peu que la pilesoit meilleure conductrice que le corps interposé entre ses pô- les, aucune portion du courant ne traversera ce corps, ou du moins il n’en passera qu’une très-faible portion. Ainsi donc, il faut calculer le nombre des couples de la pile en vue de la conduc- tibilité électrique des corps que son courant est appelé à traverser, et non pas, comme on l’avait cru, en vue de [a nature des effets qu’il est destiné à produire (1). Il faut toujours que le nombre (1) On a toujours dit, par exemple, que pour produire de grands effets calo- rifiques , il valait mieux avoir un petit nombre de couples et leur donner une 496 RECHERCHES des couples de la pile soit assez grand pour qu'elle soit elle- même moins bonne conductrice que les corps interposés entre ses pôles. D'un autre côté si, la surface de zinc étant donnée, il faut en faire un nombre de couples suflisant pour que la pile soit in- férieure en conductibilité au corps que le courant doit traverser, il ne faut pas non plus multiplier inutilement au-delà, le nom- bre de ces couples, puisqu’en affaiblissant ainsi l'étendue de chacun d'eux, on diminue la quantité d'électricité qu’ils déve- loppent individuellement, et qui dans un temps donné, circule entre les pôles. Les faits sur lesquels je viens de m’appuyer, sont assez con- nus de tous les physiciens pour qu’il soit inutile d’y insister. Je me bornerai à remarquer que j'ai eu un très-grand nombre de fois l’occasion d’en constater l'exactitude au moyen des gal- vanomètres que J'ai décrits plus haut. Je crois donc que la théorie est à cet égard parfaitement d’accord avec l'expérience, et qu'on peut en déduire quelques applications pratiques qui ne sont pas sans utilité, sur la construction la plus avantageuse grande surface. Cela est vrai s’il s’agit de faire rougir des fils métalliques inter- posés entre les pôles; mais il n’en est plus de même s’il est question de produire la chaleur et la lumière qui se dégagent entre deux pointes de charbon mises cha- cune en communication avec l’un des pôles; il faut dans ce cas, nécessairement , une pile de plusieurs couples. Enfin, lorsqu'on veut échauffer le liquide par le courant, on trouve qu’il y a le même avantage à employer une pile composée d’un très-grand nombre de couples, que s’il s’agit de produire des effets chimiques. C'est donc bien la nature du conducteur et non la nature de l'effet qui détermine l'influence du nombre des couples. SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 497 des piles voltaïques, et un des effets que l’on veut produire, ou plutôt des conducteurs à travers lesquels on veut faire passer le courant, pour produire ces effets. Examen de quelques circonstances qui influent sur la puissance de la pile. La théorie que je viens de développer, et que j'avais déjà eu l’occasion d’exposer avec moins de détails, a été attaquée, comme je l'ai dit, par différens physiciens et entre autres par M. Marianini. La principale objection du savant italien a été dirigée contre le principe que J'avais admis, savoir que les deux fluides électriques accumulés aux deux pôles de la pile peuvent se neutraliser directement par l'intermédiaire de la pile elle- même qui lui sert de conducteur. D’après ce principe, dit-il, si l’on diminue la conductibilité de la pile, on doit augmenter la tension de ses deux pôles; or, on ne produit pas ce dernier effet en interposant dans le liquide qui sépare les couples, un plus ou moins grand nombre de diaphragmes de cuivre, interposi- tion qui cependant doit diminuer la conductibilité de la pile. Il y a plus; cette mterposition non-seulement n’augmente pas la tension, mais elle diminue même le pouvoir chimique dela pile dans la décomposition de l’eau; cependant lorsque les pôles sont réunis par un conducteur imparfait, s’il est vrai que la proportion d'électricité qui passe par ce conducteur et par la pile dépende de leur conductibilité relative, il doit en passer d'autant plus à travers le conducteur que la pile conduit plus TOM. VII, 27° PARTIE. 62 498 RECHERCHES mal. A l’appui de ses observations, M. Marianini cite plusieurs expériences. Je suis tout-à-fait d'accord avec M. Marianini sur les consé- quences qu'il tire du principe que j'ai admis, mais je diffère sur l'application qu’il en fait; je reconnais avec lui que tout ce qui diminue la conductibilité de la pile doit augmenter la tension de ses pôles, pourvu qu’on n’altère en rien la quantité d’électri- cité développée par chacun de ses couples; j'ai montré par des faits que c’était une condition indispensable. Mais la manière dont M. Marianini diminue la conductibilité de la pile rentre-t- elle bien dans ce cas? Non, car le zinc et le cuivre entre les- quels il place les diaphragmes de cuivre ou de tout autre métal, n'étant pas dans les mêmes conditions que le zinc et le cuivre des autres couples, il est facile de comprendre que l'électricité positive du premier et la négative amenée par le second, se réu- nissent en beaucoup moins grande proportion à cause de la diminution de conductibilité qui résulte pour le liquide qui les sépare, de l’interposition des diaphragmes. Dès lors, d’après la théorie que nous avons donnée, l'électricité libre de tous les au- tres couples diminue dans le même rapport que celle du couple que nous venons de considérer, de sorte que si d’une part les deux principes électriques accumulés aux deux pôles ont moins de facilité à se réunir, d’autre part ils sont développés en moin- dre quantité. On concoit que lorsqu'il s’agit de la tension , cas dans lequel l'élément du temps n’entre pour rien, puisque le condensateur reste en contact avec le pôle aussi long-temps qu’on le veut, les deuxeffets que nous venons de signaler puissent se compenser ; mais il ne peut en être de même pour les décom- SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 499 positions opérées par le courant et en général pour tous les effets dynamiques, car il n’y a pas de temps sufisant pour l’accumu- lation des deux principes électriques, et tout ce qui diminue la quantité d'électricité libre dégagée en un temps donné par cha- que couple, et par conséquent aux deux pôles, doit diminuer l'intensité des effets produits par la circulation de cette électricité. Le principe de la réunion des deux fluides électriques à tra- vers la pile elle-même, me paraît d’ailleurs découler forcément d’un fait palpable , celui de la constance de la tension électri- que aux deux pôles. Car, sans cela, pourquoi cette tension au- rait-elle une limite ? L'action chimique qui agit sur les couples n’a-t-elle pas lieu sans interruption ? Que deviennent donc les deux principes électriques, lorsqu'ils ne se neutralisent pas mu- tuellement à travers un conducteur qui réunit les deux pôles de la pile ? il faut nécessairement qu’ils se réunissent à travers la pile en plus ou moins grande proportion suivant la conduc- tibilité de cet appareil. Ce courant contraire, qui s'établit dans une pile dont les pôles sont isolés, est nécessairement égal au courant résultant des neutralisations électriques partielles qui ont lieu de couple à couple. Mais, dès que les pôles sont réunis par un conducteur quelconque, une portion plus ou moins grande de ce courant contraire, passe à travers le conducteur nouveau, et il n’est pas mêmenécessaire, comme M. Marianini le suppose, que le conducteur conduise aussi bien que la pile, pour qu'une portion du courant y passe; car c’est une propriété bien connue du courant électrique, de toujours se répartir en ‘plus oumoins forte proportion , à travers tous les conducteurs qui sont placés sur sa route , quelque différens qu’ils soient 500 RECHERCHES d’ailleurs les uns des autres , sous le rapport de la conductibi- lité électrique. Enfin , c’est à ce contre-courant égal au courant direct , qu’on doit l’absence de décomposition dans le liquide qui sé- pare les couples d’une pile isolée. Ce contre-courant vient-il à diminuer ou à cesser , aussitôt cette décomposition s’opère , et on en a la preuve dans la vive action qu’on observe dans le li- quide d’une pile quand les pôles sont réunis; action d’autant plus vive que le conducteur qui réunit les pôles est meilleur. On en à encore la preuve dans l’affaiblissement qu’éprouve la pile, et qui résulte de l'accumulation sur les plaques des couples, des élémens séparés par la décomposition ; affaiblissement qui , d’après les propres observations de M. Marianini est aussi d’au- tant plus grand que le conducteur qui réunit les pôles est meilleur. En réfléchissant sur les causes qui peuvent ainsi modifier la force dynamique de la pile, j'ai cherché en particulier à me rendre compte de l'influence qu’exercent sur les divers effets du courant, les diaphragmes métalliques placés sur sa route, soit ex- térieurement à la pile, soit dans l’intérieur de la pile elle-même. J'ai essayé aussi d'apprécier quel était, sous ce rapport, l’effet de l'addition d’un plus ou moins grand nombre de couples, lors- qu’on a dépassé le nombre nécessaire pour que le courant pré- fère traverser le conducteur qui réunit les pôles , plutôt que la pile elle-même. Je vais rendre compte des divers résultats que J'ai obtenus sur les deux points que je viens de signaler ; c’est par là que je terminerai ce Mémoire. Le courant dont on se servit d’abord était produit par une pile composée de huit couples , de deux pieds carrés chacun , SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. et chargée fortement avec un mélange de 40 parties d’eau, de deux d’acide sulfurique , et d’une d’acide nitrique. On fit passer ce courant à travers une certaine étendue d’acide nitrique con- centré, qu’on pouvait séparer en deux ou plusieurs comparti- mens , au moyen de diaphragmes en platine ; lhélice du gal- vanomètre calorifique , soit du thermomètre métallique , était placée aussi dans le circuit. Voici les degrés de chaleur dévelop- pés dans l’hélice par le passage du courant, selon qu'il avait été obligé de traverser un ou plusieurs diaphragmes de platine dans l'acide nitrique : PREMIÉRE EXPÉRIENCE. Nombre des diaphragmes. bon © à O1 19 Degrés centig. du galvan. calorifique. 3120 170° 75° 120 Oo SECONDE EXPÉRIENCE. Nombre des diaphragmes. Or 19 = CES Un grand nombre d'expériences semblables me montrèrent dans quelle proportion considérable l'intensité calorifique du courant diminuait, à mesure qu’on augmentait le nombre des Degrés centis. du galvan. calorifique. 2200 100c 279 5° Oo 502 RECHERCHES diaphragmes de platine. Cependant j'avais choisi pour conduc- teur l'acide nitrique, qui est de tous les liquides celui qui con- duit le mieux, et celui dont la conductibilité est la moins altérée par l’interposition des diaphragmes de platine. En mettant dans le circuit, c’est-à-dire sur la route du courant, le galvanomiètre chimique outre le calorifique, sans du reste rien changer à l’expérience , on obtint les résultats SUIVANS : Nombre des diaphragmes. Galvan. calorifique. Galvan. chimique. . 0 38° 5" 4 3° 25" 2 Oc Nul effet. Le nombre des secondes indique pour le galvanomètre chimi- que, le temps qui est nécessaire pour obtenir une même quan- tité de gaz ; il est donc exactement inverse du pouvoir chimi- que du courant.—On voit, d’après l'expérience ci-dessus , que l'interposition d’un diaphragme de platine, qui réduisait à 1/13" l'effet calorifique du courant, ne réduisait qu’à 1/5"° son effet chimique. Je n’ai pas parlé dans les expériences qui précèdent des effets obtenus avec le galvanomètre magnétique ; le courant était en sénéral trop fort pour que les resultats en fussent bien compa- rables ; d’ailleurs, j'ai déjà eu l’occasion d’en parler dans un précédent Mémoire. Je ne rapporterai pas non plus pour le mo- ment les expériences que j'ai faites'avec des piles composées d’un plus grand nombre de couples ; l’interpositiôn'des diaphragmes y éfait comme on le concoit , pour chäque espèce’ d'effet, pro- SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 503 portionnellement beaucoup moins sensible. Je me borne mainte- nant à faire remarquer combien la plus légère modification ap- portée dans la conductibilité du corps ou du système de corps interposé entre les pôles d’une pile, diminue la quantité d’élec- tricité qui y circule dans un temps donné, surtout lorsque cette pile, étant fortement chargée et composée d’un petit nombre d’élémens à grande surface, est elle-même par conséquent un bon conducteur de l'électricité. Si l'effet est moins sensible pour la puissance chimique que pour la puissance calorifique de la pile, cela tient à ce que l'effet chimique n'étant pas aussi in- stantané que l'effet calorifique, la rapidité avec laquelle le cou- rant circule ne l’augmente pas dans la même proportion. L’effet des diaphragmes interposés dans le liquide où plon- gent les élémens de deux couples successifs d’une pile, est tout- à-fait semblable à celui des diaphragmes interposés entre les pô- les mêmes de la pile. C’est, comme nous l’avons fait voir, une conséquence de la théorie que nous avons exposée, et en parti- culier de l'égalité, je dirais même de l’identité, qui existe entre les courans partiels de couple à couple et le courant total de la pile qui va d’un pôle à l’autre. Dans le nombre des expé- riences que J'ai faites sur ce point, je ne citerai que la suivante qui montre l'influence de la nature particulière des diaphrag- mes, Sur la puissance calorifique de la pile. Une pile de sept élémens, zinc et cuivre, de quatre pouces carrés de surface chacun , chargée avec de l’eau pure mélangée avec 1 10% d'acide nitrique en volume, donnait au galvanomè- tre calorifique(de Bréguet ) 125°. Un diaphragme de cuivre in- terposé entre deux quelconques des couples réduisit l'effet à 70°; 504 RECHERCHES un diaphragme de zinc le réduisit à 100°. Une pile de vingt couples semblables au précédens, mais moins fortement char- gée, donnait 110° au même galvanomètre calorifique ; un dia- phragme de cuivre réduisit l’effet à 100°, un diaphragme de zinc ne produisit pas de diminution sensible. Le peu de mots que nous venons de dire sur l'influence des diaphragmes en ce qui concerne la puissance dynamique de la pile, nous amènent à considérer sous ce rapport le nombre des couples dont une pile est composée. Nous avons vu qu’une sur- face de zmc et une surface de cuivre étant données avec un certain liquide pour en former une pile, ilfaut, pour produire le maximum d'effet, en faire une pile d’un nombre de couples jus- tement suffisant pour que la conductibilité de cette pile soit in- {érieure à celle du corps ou du système de corps qui est placé en- tre ses pôles. Mais on peut se demander ce qui arrivera si, sans rien changer à la surface des couples d’une semblable pile , on ajoute seulement un plus ou moins grand nombre de couples parfaitement semblables sous tous les rapports à ceux dont elle est déja composée. Consultons d’abord l'expérience ; la théorie viendra ensuite. L'expérience nous apprend : 1° Qu'il y a pour tous les effets dynamiques de la pile (ma- gnétiques, calorifiques et chimiques ) une limite dans le nombre des couples qui produit les effets au plus haut degré d'intensité. 2° Que cette limite, soit le nombre des couples qui produit le maximum d’effet, varie avec la nature du conducteur placé entre les pôles et avec celle du liquide interposé entre les cou- ples. SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. . 505 3° Que le nombre de couples, qui produit le maximum d’ef- fet, est d'autant moindre que le corps placé entre les pôles est meilleur conducteur, et que le liquide interposé entre les cou- ples possède une moindre conductibilité, et surtout exerce une moindre action chimique sur les élémens attaquables de chaque couple. 4° Qu'il arrive souvent que, lorsqu'on a dépassé dans cha- que cas le nombre de couples le plus favorable pour produire un certain effet, la diminution qui résulte pour l'intensité de cet effet de l’addition d’autres couples, cesse d’avoir lieu lors- qu’on en a ajouté un certain nombre, que l'effet redevient alors aussi intense que précédemment, pour diminuer une se- conde fois de la même manière quand on continue à augmenter le nombre des couples. 5° Que ces alternatives de diminution et d’augmentation correspondant à un accroissement constamment progressif dans le nombre des couples, ne se font remarquer d’une ma- nière bien prononcée que lorsque, par la nature du liquide dont elle est chargée, la pile ne produit pas des effets très-énergiques. 6° Que, quelle que soit l’intensité absolue des effets produits par une pile, cette intensité diminue d’autant plus vite que le nombre des couples dont la pile se compose est plus considéra- ble, lors du moins que le conducteur placé entre ses pôles est très-bon, et que le liquide interposé entre ses couples exerce une très-faible action chimique. Dans le nombre assez considérable d'expériences qui m'ont conduit aux résultats que je viens d’énoncer, je citerai les sui- vantes : TOM. VIL, 2° PARTIE. 63 506 Couples de zinc et cui- vre de 4 pouces car- rés de surface, char- gés avec de l'eau lé- gèrement acidulée. Couples de zinc et cui-, vre de 16 pouces carrés de surface, chargés a- vec de l’eau acidulée qui a déjà servi plu- sieurs fois, et qui par conséquent est plussa- line qu'acide. Couples semblables aux précédens, mais char- gés avec une solution encore moins acide. rs Couplessemblables aux précédens. 20 15 10 ra 2 120 20 120 180 RECHERCHES Nombre des couples. Degrés du galvanomètre calorifque 65° 500 40° 400 459 350 250 170 47° 100 250 Nombre de secondes nécessaires pour obtenir au galvanomètre chimique le même volume de gaz. SUR L' ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 507 Nombre des couples. Nombre de secondes nécessaires pour obtenir au galvanomètre chimique le même volume de gaz. 10 66" 20 25" Dans une autre expé- 30 oo rience. 40 A7" 60 44" 80 45" 100 12" \ 120 15" Avec le double galvanomètre magnétique je trouvai, en me servant de couples semblables aux précédens et chargés du même liquide, que 2 couples, 24 couples et 120 couples dévelop- paient des courans parfaitement égaux ; les courans les plus forts étaient ceux auxquels donnaient naissance 14 couples ou 70 couples. Pour montrer l'influence de la durée de l'effet sur son inten- sité, Je citerai encore quelques expériences faites avec des couples de quatre pouces carrés de surface seulement, mais chargés avec une solution assez forte d’acide nitrique : > couples donnèrent au au au 4 couples donnèrent au au au 6 couples donnèrent au premier instant 215° au galvan. calor. bout de 5 min. 100° bout de 10 m. 80° premier instant 300° bout de 5 min. 160° bout de 15 m. 100° premier instant près de 500°, mais lef- fet diminua très-rapidement. 508 RECHERCHES Dans ces expériences l’eau acidulée et les couples n'avaient jamais servi; mais, après en avoir fait usage un certain nombre de fois etàdes intervalles detemps considérables (plusieurs jours), on trouva que la différence d’effet résultant du nombre plus ou moins grand des couples diminuait sensiblement, et que mê- me le plus petit nombre finissait par produire un effet plus intense que le plus grand. Ainsi on avait obtenu les résul- tats suivans dans les premières expériences : Nombre des couples. Degrés du galvanomètre calorifique. 2 D90 4 750 6 97e 8 A75° avec 2 couples, 41 à 12° Dans les dernières expériences, on trouva : { x avec 6 couples, 5 à 6° Voici d’autres expériences faites lorsque la solution n’était plus que très-lésèrement acide : Au premier instant de l’immersion deux couples donnèrent 50°, mais au bout d’une minute leur effet calorifique fut réduit à 30°; 14 couples parfaitement semblables donnèrent au pre- mier instant 35°, au bout d’une minute leur effet calorifi- que fut réduit à 10°; plus tard, lorsque la solution eut perdu presque toute son acidité, on observa, que 2, 4, 8 et 16 couples donnaient à peu près tous au premier instant 20°, mais que cet effet éprouvait une diminution d’autant plus grande et d’autant plus prompte que le nombre des couples était plus considérable. J’omets, pour ne pas allonger inutilement, plu- SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 209 sieurs expériences et notamment celles que j'ai faites en mettant en même temps dans le circuit les trois galvanomètres calorifi- que, chimique et magnétique placés à la suite les uns des au- tres, de manière que le courant püt les traverser successivement. Cette dernière catégorie de résultats se rapporte à un sujet sur lequel je reviendrai dans un autre travail, savoir la modifica- tion dans ses propriétés diverses que le courant éprouve par son passage à travers différens conducteurs. Je me bornerai encore à citer un fait de quelque importance, c’est qu'au moyen d’un galvanomètre magnétique très-sensi- ble, je me suis assuré qu’en se servant de couples de zinc et cui- vre qui n’avaient jamais servi et qui étaient plongés dans de l’eau pure, le maximum d’effet était obtenu avec deux, avec quatre et avec huit couples. Les couples avaient chacun un pouce carré de surface. Les expériences que je viens de rapporter me paraissent suf- fisantes pour justifier les conséquences que j'en ai déduites et que j'ai énoncées en commençant. Il ne me reste plus qu'à montrer comment elles se concilient avec la théorie que j'ai donnée de la pile. L’un des principes sur lesquels cette théorie est fondée est la neutralisation qui s’opère, par l'intermédiaire du liquide dans lequel plongent le zinc d’un couple et le cuivre du suivant, des deux fluides électriques contraires développés dans chacun de ces couples. Nous avons vu en outre qu’il faut que le nombre des couples soit suffisant pour que la pile conduise moins bien l'électricité que le corps interposé entre ses pôles. Maintenant on se demande comment, lorsqu'on a atteint ce nombre, l’addi- 210 RECHERCHES tion de nouveaux couples peut diminuer l'énergie de la pile ; on concoit à la rigueur qu'elle ne l’augmente pas, mais on ne voit pas au premier moment pourquoi elle la diminue. L'examen des circonstances qui accompagnent les expériences que nous avons rapportées plus haut, nous fournira la réponse à la ques- tion que nous venons de poser. Lorsque l’action chimique qui s'exerce à la surface des mé- taux oxidables des couples est vive et prompte, elle développe dans chaque couple des quantités d’électricité assez considéra- bles pour qu'on puisse les regarder comme sensiblement égales dans le même temps, vu que les petites différences qui existent entre elles disparaissent quand on les compare à ces quantités absolues elles-mêmes. Il en résulte donc que tous les couples, étant à peu près de même force, ce ne sera pas un nombre plus considérable de ces couples qui pourra rien changer à la quan- tité d'électricité qui circule dans un temps donné entre les pôles de la pile. Hors ce cas, qui ne se présente que rarement, l’ac- tion chimique, surtout lorsqu'elle est faible, ne peut pas être regardée comme développant dans le même instant sur tous les couples des quantités exactement égales d'électricité, et les différences sont d'autant plus sensibles que la quantité absolue d'électricité développée est moindre. Or, comme nous l'avons vu, la quantité d'électricité en circulation dans chaque couple etentre les pôles de la pile, est déterminée par celle que dégage le couple le plus faible. Il en résulte que, si dans chaque ims- tant successif les différens couples ne dégagent pas la même quantité d'électricité, ce sera toujours, dans chacun de ces ins- tans, le plus faible (tantôt l'un, tantôt l’autre) qui déterminera SUR L ÉLECTRICITÉ VOLTAIQUE. of1 l’état électrique de la pile. Dès qu'on a dépassé le nombre de couples nécessaire pour que les principes électriques ne se réu- nissent pas à travers la pile elle-même, on ne peut done que perdre, lorsque l’action chimique n’est pas très-forte, par l’ad- dition de nouveaux couples ; on augmente en effet le nombre des cas dans lesquels il peut y avoir pendant un temps donné un dégagement faible d'électricité, et par conséquent on dimi- nue la quantité totale d'électricité qui peut circuler dans ce temps dans la pile et entre ses pôles. Il faudrait, ponr éviter cet affaiblissement, qu’il y eût toujours simultanéité et égalité ab- solue entre les quantités d'électricité dégagées dans le même in- stant par chaque couple, ce qui est physiquement impossible, et cela d’autant plus, que le nombre des couples est plus grand et que l’action chimique est plus faible. Appliquons ces principes aux expériences que nous avons rap- portées. Lorsque l’action chimique est très-vive (couples tout neufs, solution fortement acide), on peut bien arriver à ne pas augmenter les effets par une addition dans le nombre des cou- ples, je n’ai jamais vu qu’on les diminuât. Lorsque l’ac- tion est moins vive, parce que les couples ont déjà servi, on trouve que le nombre de couples nécessaire pour pro- duire le maximum d’effet est d’autant moindre, que le conducteur placé entre les pôles est meilleur, et que l’ac- tion chimique est moins vive. Ainsi dans les mêmes cir- constances , le maximum d'effet magnétique (cas où le conducteur est le meilleur ) est produit par 14 couples, le maximum d'effet calorifique (conducteur un peu moins 512 RECHERCHES bon) par 30 couples, et le maximum d'effet chimique (conducteur imparfait) par 120. Ainsi encore, l’action chi- mique étant très-vive, l'effet calorifique va en croissant avec le nombre des couples, jusqu’à 6 par exemple où il est de 97°, jusqu’à 8 où il est de 175°, tandis qu'avec 2 couples il n’est que de 53°, et avec 4 de 35°. L'action chimi- que étant moins vive, l'effet est plus fort avec 2 couples (11 à 12°) qu'avec 6 (5 à 6°). Il en est de même pour les au- tres effets. Il ne nous reste plus qu'à expliquer pourquoi, lorsque l'addition d’un certain nombre de couples a diminué lin- tensité des effets dynamiques de la pile, une addition plus grande, au lieu de continuer à la réduire, peut au con- traire_ faire cesser cet affaiblissement et faire succéder un ac- croissement. Remarquons d’abord, que deux circonstances sont néces- saires pour que le phénomène que nous venons de rappeler se présente: la première, que l’action chimique exercée par le liquide soit extrêmement faible, la seconde que ce liquide soit, autant que possible, bon conducteur. Nous avons dit que pour obtenir un effet du courant à son plus haut degré d'in- tensité, il fallait que la pile fût composée d’un nombre de couples assez considérable, pour conduire moins bien l'électricité que le conducteur interposé entre ses pôles. Mais, lors même que la plus grande partie de lélectricité cir- cule à travers le conducteur, il arrive toujours qu’une pro- portion plus petite se. réunit encore à travers la pile elle-même. Cette proportion va constamment en diminuant SUR L' ÉLECTRICITÉ VOLTAIÏQUE. 513 à mesure que le nombre des couples augmente; d'un autre côté, la diminution qu’elle éprouve devient toujours moins sensible, à mesure que le nombre des couples s’accroît ; c’est une conséquence des lois relatives au passage de l’é- lectricité à travers les diaphragmes métalliques placés dans des conducteurs liquides. Ainsi, si lon ne considère l'in- fluence du nombre des couples que sous ce rapport, on doit admettre qu'à mesure que ce nombre augmente , la pro- portion des deux principes électriques qui se réunit à travers la pile, va en diminuant, et que par conséquent celle qui se réunit à travers le conducteur placé entre les pôles, va en augmentant; mais en même temps il résulte des lois relatives à la propagation de lélectricité, que la di- minution d’une part, et l'augmentation qui lui correspond d'autre part, déjà très-sensibles lorsque le nombre des couples est petit, le sont beaucoup plus, lorsque le nombre en est con- sidérable. D'un autre côté le nombre des couples, lorsque l'action chi- mique est faible, occasionne une diminution dans la quantité d'électricité qui circule entre les pôles dans un temps donné ; c'est ce que nous avons fait voir il y a un instant. Ainsi sous un rapport, le nombre des couples augmente cette électricité, tandis que sous un autre, il la diminue; cette augmentation et cette diminution ne sont point dans le même rapport avec le nombre des couples, et elles ne sont pas même, chacune séparément, dans un rapport constant avec ce nombre. On conçoit donc qu’il peut arriver facilement, que, tandis que pour un certain nombre de couples c’est l’augmentation qui l'emporte sur la di- TOM. VII, 27° PARTIE. 64 14 RECHERCHES minution, ce soit au contraire pour un nombre plus petit ou plus grand, la diminution qui Pemporte sur laugmentation. 8 Dès lors les alternatives, dans l'intensité des effets, deviennent une conséquence de l’opposition de ces deux causes agissant en sens contraire, avec des énergies qui ne sont soumises à aucune loi régulière; et le nombre de couples qui correspond à chacune de ces alternatives doit, dans chaque cas particulier, dépendre d’une foule de circonstances variables, telles que celles qui tien- nent à la nature des couples, à leur étendue, au degré d’acidite et de conductibilité du liquide employé, etc. Or, c’est exactement ce que l'expérience nous apprend; car dans les nombreux résul- tats que j'ai réunis sur ce point, et dont quelques-uns ont été rapportés plus haut, Je n’ai jamais trouvé deux cas dans les- quels le même nombre de couples correspondît aux mêmes al- ternatives d'effets forts et faibles ; cela vient de ce qu’il est réel- lement impossible de replacer deux fois ces couples dans des eir- constances parfaitement semblables sous tous les rapports. SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 515 RÉSUMÉ. Nous terminerons cette troisième partie, en résumant les principaux résultats auxquels nous avons été conduits dans ce Mémoire. 1°. Nous avons cherché à corroborer par de nouveaux faits, et en répondant à quelques objections, les conséquences que nous avions tirées des deux premières parties de ce Mémoire, relativement à la nécessité d’une action chimique pour la pro- duction de lélectricité voltaïque, et à l'impossibilité de déve- lopper l'électricité par le simple contact. 2°. Nous avons exposé les principes qui nous semblent pou- voir rendre compte d’une manière complète de toutes les cir- constances qui accompagnent la production de l'électricité vol- taïque, et des anomalies apparentes que présente quelquefois le mode de développement de cette électricité. 3. Abordant la théorie même de la pile, nous avons montré comment, au moyen des principes exposés, on peut expliquer par les neutralisations des électricités libres qui ont lieu de couple à couple, la production de l’électricité par cet appareil , etes di- vers caractères que présente ce mode de production. 4°. Après avoir décrit les appareils qui nous ont servi à étu- dier et à mesurer les divers effets de la pile, nous avons passé à l'étude de ces effets, en distinguant les effets de tension et les effets dynamiques, soit de courant. 5°. L'étude que nous avons faite de ces effets, conduit à re- 516 RECHERCHES connaître que la quantité d'électricité accumulée aux deux pôles sous forme de tension, est d’autant plus grande que les deux principes électriques ont moins de facilité à se réunir à travers la pile elle-même, et que par conséquent cette pile renferme un plus grand nombre de couples. De même il faut pour les effets dynamiques, que la pile soit assez peu conductrice, et renferme par conséquent un nombre suffisant de couples, pour que les deux principes électriques se réunissent en plus grande propor- tion par l’intermédiaire des conducteurs placés entre ses pôles, qu’à travers la pile elle-même. 6°. Nous avons vu que la quantité d'électricité libre, dégagée dans un temps donné sur chaque couple, n’exerce pas d’in- fluence sensible sur la tension des pôles d’une pile, vu que ce genre d’effet n’est pas instantané , tandis qu’elle en exerce une très-grande sur l'intensité des effets dynamiques, et d'autant plus grande que les conducteurs interposés entre les pôles sont meilleurs ; nous en avons déduit quelques conséquences prati- ques sur la construction la plus avantageuse d’une pile voltaï- que dans chaque cas particulier. 7°. L'examen que nous avons fait de l’influence des diaphrag- mes métalliques homogènes , placés soit sur la route du cou- rant entre les pôles d’une pile, soit dans l’intérieur même de la pile, nous a fait voir que cette influence était très-différente suivant la nature des conducteurs placés entre les pôles, et pouvait s'expliquer par une altération plus ou moins grande dans la conductibilité des conducteurs homogènes dans lesquels les diaphragmes sont placés. 8°. En cherchant à apprécier dans toute son étendue l'in- SUR L'ÉLECTRICITÉ VOLTAÏQUE. 517 fluence du nombre des couples , nous avons été conduits à re- connaître que ce nombre , tantôt augmente, tantôt diminue lin- tensité des effets d’une pile , et que ces variations dépendent de plusieurs circonstances tenant les unes à la pile, les autres à la nature des conducteurs interposés entre les pôles. Nous avons montré par l’étude détaillée de ces circonstances, que les phé- nomènes auxquels elles donnent naissance , sont une consé- quence de la théorie chimique de la pile, telle que nous Pavons exposée. M D auc-Lée : TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE SEPTIÈME VOLUME. À. Action chimique. (Développement de l'électricité par l’). Voy, Electricité OA Tes Evene doré ane a MÉ nE CRAUEPPERIENTS à dE 0ie Aisance (Influence de l’) sur la durée de la vie...................... AMD RECEU SIT UC UN EULONLES ee eee Cie ee Cle Amphibies (Chaleur animale des) Ampullaria lineata ou canaliculata Ananas ( Graines 4e l’Ananas); leur description d’après des échantillons pro- venant des serres de M. Saladin, 161. — Nécessité de séparer les Ana- nas des Bromelia, 1466............... PSP RE RE 2 ATH CURE ONE OO EDS Celle CLIC cu CE CE Apparence douteuse de mirage ( Note sur une ). — Observation faite par M. Hughes, au sommet de l’Etna, 224.— Observation du même genre faite par M. Duby, 250. — Ombre projetée par un volcan plus baut que le Mont-Blanc ( Popocatepetl) MAÉACIICCNA CSCILENIU se comtes se einen elelaieioier sie laraetaie 200 0e a Ne Atmosphère (Modifications qu'elle éprouve par le contact des végétaux dépour- vus de verd). — Action des Champignons sur l'air atmosphérique, 196. — Leur action sur le gaz oxigène pur, 206. Conclusions, 211 Azote ( Action des Champignons sur l’) Sur l'azote pur, 209.— 457 S4 268 #4 444 161 442 99% 229 505 191 209 or ts [=] TABLE ANALYTIQUE B. RICA SR oo bone dt Bon Eee see D ze s 57008 Bittacus Blancheti (Névroptères) ................................ NT ns AS Dodo ec 0e ee BTONDMArT ULETMEUME eee ee ee TE C Capricornes (Organes respiratoires des). — Stigmates, 594. — Poche écail- leuse située derrière eux, 395 Cassia flexuosa, schinifolia Chaleur animale des oiseaux. 4° Chaleur externe, 4, — interne, 13. — Oi- seaux de proie, 15.— Pies, 15. — Oiseaux d’eau, 17, — de rivage, 49 , — de basse-cour, 21. — Passereaux , 25. — Comparaison du poids des poumons et du foie avec le poids du corps, 40................ Chaleur animale des Amphibies, — des Reptiles, — des Serpens, 55..... Chaleur 'ammue des POISSONS: 22 2-22 mener fee ee — MOTS NP ES PRE MEME ER — CRÉES On an Mod don csv Champignons (leur influence sur l'atmosphère ). Voy. Atmosphère... ..... Chenille du hamac (Tinea Harisella). — Construction d'un pont, 129. — Trame oblique pour courber la feuille, 153. — Croisement de la trame, 154. — Trame fondamentale , 156. — Construction de deux trames in- clinées, 157.— Les deux cordes principales, 159. — Le hamac, 141. — Cordons suspendus, 144. — Le fini, 147. — Expériences sur son instinct, 152 Chorisema diversifolia Clausilia excesa Cochlicopa lamellata , — oryza, — clavulus, — sylvatica, — obeliscus, — eaxapregana, — subuliformis. ..........................,...:. 295 405 265 254 595 298 DES MATIÈRES. Cochonainnannuebnd CERCLE SEE CURE. Cochlodonta pupoides , — tomigera. .............................. Cochlogena rhodospira , — velutino-hispida , — heterotricha , — cantagalla- na, — maximiliana , — signata, — auris-leporis, — viminea , — zebra, — lita , — vittata, — coxeirana, — capueira, — angulosa , — tenuissima, — pseudosuccinéa, — citrinovitrea, — polygramma, — heterogramma, bahiensis, — pudica............... OT DOS De DC D DE Cochlohydra unguis, — sulculosa , — brasiliensis, — atrovirens.......... Cochlostyla undata................ Fab Toucocboctee dec bsros de Coitre (maladie des feuilles de la vigne)........................... Coquilles terrestres et fluviatiles des environs de Bahia ( Voy. Helix et ses sous-genres )..... amet ocbeecscte Jobéboédouc De 110L 0800 Cotyledon cristata ........ Cros 060000 socio So aboopE ob Poe be Cryptogames nouvelles de Bahia. — Sphæria miconiæ, salzmanni, palmarum: — Erineum difforme.— Weissia brasiliensis. — Gymnostomum bahiense Culnoir (maladie des feuilles de la vigne).......................... Cyclas bahiensis.…......... asie enter nte le A Re como ss Cuclostomaiblanchenanume NET. Ne ÉD D. Dalea alopecurus, pulchella.............. donna po 4oE sétoed E. Picheuemg-racemosa 1 RE are Egletes domingensis ........ CEE Ceci CEE ocsbe Electricité voltaique (Recherches sur la cause de F), par M. le professeur A. De la Rive (troisième partie), 457. — Exposé des principes qui ser- vent de réponse aux objections présentées contre la théorie pure- ment chimique de l'électricité voltaique , 458. — Théorie de la pile voltaique, 475. — Description des appareils destinés à mesurer les effets TOM. VII, 2° PARTIE. 65 428 415 425 220 415 506 405 219 445 442 249 515 281 224 TABLE ANALYTIQUE de la pile, 483. — Etude des effets de tension, 488. — Effets dyna- miques de la pile, 492. — Examen de quelques circonstances qui influent sur la puissance de la pile, 497. — Résumé, 515......... 457 EIRE MIORONNE ER ec nue cadet ele eat ins D à oietele EU « 410 Eina ( Apparence de mirage observée au sommet de l'). Voy. Apparence... 250 Eudiométrie (Emploi du plomb pour l). — Analyse de l'air atmosphé- rique par la grenaille de plomb , 447. — Résultat de cette analyse, 455. — La moyenne d’oxigène est 21,05 et d’acide carbonique 0,04... ... AAT EURO R OI SIOD USA Miele state ele Re NE nie ee nee me 288 F Feuilles de la vigne (maladies des ). Voy. Vigne................ 215 et 217 ièus Porno eur + sole sister art mr 296 GriinesdediAnanas 07 ANAN ASE de ne eee eee rete 161 ÉPARCO OIMOEMSS ao revronmo dates : MAO AR OMR Sa 269 CYNADS OMIMANABIENSR LE de Ride eee ete ae el 415 H. Hamas ((Chenile du) "Foy Chene ee PNIANE CEMI RE 121 Helianthus macrocarpus, — orgyalis.. : .::.:.4....44. 444. ne. 274 Helicella vitrina, — similaris, — candida, — pellisserpentis, — polygyrata. 421 Helicigona pyramidella , — navicula, — pileiformis. . ......:.......... 118 Abe deu bobo bobo ont rt) ose 445 Helicodonta comboïdes. ..............:...... a oO à 0 EEE AA7 Helr(Dierses'especes dde Partant CL 15 HelmEXCESA eee. Te SR eee eee Die 741 Hydropsyche YA (PhrYEAMAES) ERRMMRENEOMRENT ENn 102 DES MATIÈRES. 525 fratties ( Chaleur-animale:des):4.2 MMM HR OR NE Peeters 68 Insectes du bassin du Léman. Genre Némoure. — N. nebulosa, — trifas- ciata, — cinerea, — variegata, — nitida, — lateralis, — marginal , — nigritarsis, — nervosa , — angusticollis, — humeralis, — inconspicua, — Imacrophtalma, — picea , — brevicolis, — flavicollis, — cylindrica, LC 0 véto 0 de DJ 0m no c ne UE DO ADOn on à CAS do DO 175 Mitinebdertalchentie dudhamac 2 RENAN CC 151 Pula semi-amplexicaulis, nouvelle espèce trouvée aux environs de Genève, BAT M RHONE nl ee. = Lila che ci eee co Le 169 1j Jardin botanique de Genève (Plantes rares du). Voy. Jardin, etc... ..... 265 L. Boplace bar DIRETNIS: - 724250 5 Ducs ae aa Re ON ua ques 256 M. Macronema lineatum (Phryganides) .......... nd EC AO SO n E 400 Madoñatele ans EE ER RE core 59003 .. 280 dia: SAUNA So ee ne CCE EE eee eshecccr CE 277 Maladies des feuilles de la vigne. Voy. Vigne. ................. 215 et 217 Mésemuanthemun DAndUMA LEE eee ne de esse cb: es 293 Mirage (Note sur une apparence de). Voy. Apparence. .............. 223 Musée de Genève ( Névroptères nouveaux du), — Macronema lineatum,— Hydropsyche hyalina , — Bittacus blancheti ...................... 599 526 TABLE ANALYTIQUE N. Nemoures du bassin du Léman Voy. Insectes....................... 175 Neritina zebra.......... 3: 25 Fe D ce CON TC to mp ec 444 Nevroptères nouveaux du Musée de Genève. Voy. Musée... ............ 599 0. OEcophora harisella (Mœurs de sa chenille). Voy. Chenille du hamac... 1921 Oiseaux (Chaleur animale des). Voy. Chaleur animale... . 0 DO PE Il Organes respiratoires des Capricornes. Voy. Capricornes.............. 595 Ovipares (Chaleur animale des). Voy. Chaleur animale. ............. : l Oxigène. Action des Champignons sur l’oxigène pur. Voy. Atmosphère. 206 P. Pancratium'australasicum. .. ..........L..... mnt brrererer Dee 517 Papaver intermedium...... Rs nbeC Ce RU RE RTE C EE 501 Passereaux (Chaleur animale des)................. orme 25 PhUSEDDS SUPELDUS CRE eee rec Coste ion bdoe ao 501 Pies/(Chaleur animale des)?" "ARE ee Retro 15 Pile voltaique. Voy. Electricité voltaique ......................... 457 Plantes nouvelles d'Amérique. — Dalea pulchella, alopecurus. — Simaba bahiensis. — Brongniartia intermedia. — Laplacea barhbinervis. — Ternstræmia ruiziana, pavoniana. — Hibiscus tampicensis, Berlandieria- nus, JAVATETOITES 1... depot do 0 og 249 Plantes rares du Jardin Botanique de Genève. — Brachyris dracuneuloïdes. — Guizotia oleifera. — Helianthus macrocarpus , orgyalis. — Madia sa- tiva. — Madaria elegans. — Egletes Domingensis. — Rhyncopsidium sessiliflorum. — Stapelia europæa. — Euphorbia globosa. — Mesem- bryanthemum blandum. — Begonia brasila. — F. icus cerasiformis. — DES MATIÈRES. Caslia flexuosa, schinifolia. — Papaver intermedium. — Arracacha es- culenta. — Cotyledon cristata. — Chorizema diversifolia. — Phaseolus superbus. — Echeveria racemosa. — Smilax Rosburghiana. — Pan- CRUE RMPIES CTI Sobvsovooovocroder cb 00 00e IPod Plomb. (Son emploi pour l’Eudiométrie.) Voy. Eudiométrie............ Bouwsons (|Ghaleusianimale des) PP PEPPEPREECEEEE ER CE cc. Population de Genève (Recherches statistiques sur la).— Naissances, 525. — Enfans morts-nés, 526. — Couches doubles, 352. — Enfans natu- rels, 554. — Adoptions, 557.— Mariages et divorces , 558. — Déces, 347. — Vie moyenne, 551. — Vie probable , 557. — Parallèle des vies moyenne et probable, 361. — Mortalité et vitalité des divers âges, 564. — Parallèle de la mortalité à divers âges du 16€ au 19 siècle, 375. — Rapport des naissances aux décès, 581. — Célibat et mariage des fem- mes , 984. — Proportion des décès des deux sexes et mobilité de la populations 1386—Conclusions 1990 RECENT Professions. Leur influence sur la durée de la vie. — Professions au-des- sus et au-dessous de la moyenne, 78. — Influence de l’aisance, 84. — — Influences délétères de quelques professions, 95.— Conclusion, 110. FR. Repnies(GbaleuAnmAledes) EPPPE CEE EEE ECC TE Ce ee Respiration des Capricornes. Voy. Capricornes..................... RhynchonsdumisesNonmeEnE PE EC EC EEE CEE ECC cer S. Sérnensi|Gbaleur) animale rdes) ere eee cena eiee eee STMAUUMDANENSIS - tee see ce LE eee 16600 SNL UPARORDIORIANA Se ee ee PE er rer Sphæria Miconiæ, salzmanni, palmarum .......................... 521 44 595 285 528 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. San RBURON ER 2 ET RE cc CT Statistique. Recherches statistiques sur ‘a population de Genève. Voy. PORMAONS- See ET CC cr EC 4 T'erns TER TAN DAS RAA EE ee eu eee cie e note Ce Tinea harizella. Mœurs de sa Chenille. Voy. Chenille........... ones Torula dissiliens (Maladie des feuilles de la vigne). Voy. Vigne.......... V. Végétaux dépourvus de verd. ( Leur influence sur l'atmosphère.) Voy. At- MROSDRO CE OR ON ce Vers (Ghaleursaannaleades) cat ee : clore: enter «124 902 Vie (Influence des, professions sur la durée de la). Voy. Professions. . . . . .. Vigne (Maladies des feuilles de la )..— Torula dissiliens, 215. — Culnoir, RO COR EE PDO A Ans mio lie aie ere cites steel lele nee ce Voltaique (Electricité). Voy. Electricité voltaique .................. Weissia brasiliensis., .... À TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE SEPTIÈME VOLUME. Faits relatifs à la construction d’une Echelle des degrés de la Chaleur ani- male, par M. Berger, docteur-médecin (2 partie)................. De l’Influence des professions sur la Durée de la Vie, par le docteur H. C. Lombard eee Creme RE CC nee en Ce Mémoire pour servir à l’histoire de la Chenille du Hamac , par P. Huber.. Notice sur les graines de l’Ananas, par M. A. P. De Candolle.......... Notice sur une nouvelle espèce d’Inula, trouvée aux environs de Genève, par F. G. Renter. . :. DOS 0 20 1 EÉ TÉDOC OSÉRÉ RCE SU US oS Description de quelques nouvelles espèces d’Insectes du bassin du Léman, PARA MBICIEL EEE Pere RE PA oies sise ie te eine cie Recherches sur les Modifications qu'éprouve l'atmosphère par le contact de certains végétaux dépourvus de parties vertes, par M. F. Mareet. ..... Note sur une maladie des Feuilles de la Vigne, et sur une nouvelle espèce de Mucedinee-spar MU BED EEE EE ec CDs ee Note additionnelle sur les maladies de la Vigne , communiquée par M. Al- pionse De Candolle Se EE A en ee Mémoire sur une Apparence douteuse de Mirage, par M. P. Prevost...... Plantes nouvelles d'Amérique, par Stefano Moricand (2 partie)... ...... Septième Notice sur les Plantes rares cultivées dans le Jardin de Genève , par MM. Aug. Pyr. et Alph. De Candolle...................... 191 215 247 297 229 249 re 265 520 TABLE DES MATIÈRES. Recherches historiques et statistiques sur la Population de Genève, par Med. Mallet..docteurientdroit- "0 CE PR RRE. .. PE Note sur les Organes respiratoires des Capricornes, par F. J. Pictet, profes- Description de quelques nouvelles espèces de Névroptères du Musée de Ge- névé;-par TJ 1Pictet, ProtessEnRE FM RER EEE Notice sur quelques Cryptogames nouvelles des environs de Bahia (Brésil), Pac MNT ABODubye PEER C RL emeekeessstretreeneertece Mémoire sur les Coquilles terrestres et fluviatiles, envoyées de Bahia par M. J: Blanchet;tpar Stefano: Moricand +... 2.206... Emploi du plomb pour l'Eudiométrie, par M. Théod. De Saussure. ...... Recherches sur la cause de l’Electricité voltaïique, par M. le professeur Aug. Dev SEA EC ee eee cm de CCC Te TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LA SECONDE PARTIE DU SEPTIÈME VOLUME. Septième Notice sur les Plantes rares cultivées dans le Jardin de Genève, par MM. Aug. Pyr. et Alph. De Candolle..........:.............. 265 Recherches historiques et statistiques sur la Population de Genève, par M. Ed. Mallet, docteur en droit .................. PRE ra ess 321 Note sur les Organes respiratoires, deal rene, par F. J. Pictet, pro- fesseur. ...... ME ue ame ein MES tee nle ANDRE LEA le 395 Description de quelques nouvelles espèces de Névroptères du Musée de Genève, par NS PIetÉE Iprofessenr se 22 eatee oies eme de 599 \ Notice sur quelques Cryptogames nouvelles des environs de Bahia (Brésil), : è PAM JE DAY den er dors era muse use etai sde ele sheet 405 Mémoire sur les Coquilles terrestres et fluviatiles, envoyées de Bahia par M. J. Blanchet; par Stefano Moricand...,............::2..:.... 414 Emploi du plomb pour l’Eudiométrie, par M. Théod. De Saussure. .. .... AAT Recherches sur la cause de l'Electricité voltaïque, par M..le professeur Aug. De la Rive (5° partie) ................ nestesreresereseese 457 °