À pond emtgahatergs PEN MERE fete ve PAR Pr Ne no Die tissé De TP fre er SR ee ar OP ER ae RS LÉ eme mn ee MÉMOIRES SOCIÉTÉ: D'ÉMULATION HO ECE EE S MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION BI DOURS QUATRIÈME SÉRIE DIXIÈME VOLUME 1875 BESANÇON IMPRIMERIE DODIVERS ET Ce, Grande - Rue, 87. 1876 WU: Ps te # \ - ir, | e% « NEA . \ ) ar LL m7 Don 5 Le L] d +" “ + ROMA E 1) ALTO WT) ETRE À +2 GTR D bHATE) rs ueÉ | MÉMOIRES LA SOCIÈTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS 1875 PROCES-VERBAUX DES SÉANCES Séance du 9 janvier 1875. PRÉSIDENCE DE MM. Ducar ET VÉZIAN. Sont présents : Bureau : MM. Ducati, premier vice-président sortant; Vé- zian, président élu; Saillard, second vice-président élu; Cas- tan , secrétaire décennal réélu ; de Prinsac, trésorier-adjoint élu ; MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Androt, Boutterin, Cuillier, Dau- bian-Delisle, Debauchey, Delacroix (Alphonse), Henry, Jégo, Paillot, Petitcuenot, Renaud (Francois), Ripps, Saint-Loup, Sire, Waille. Les procès-verbaux des séances des 16 et 17 décembre 1874 ayant êté lus et adoptés, M. Ducat remercie, encore une fois, la Société de l'élection qui lui a valu l'honneur exceptionnel de présider, deux années de suite, aux brillantes solennités du mois de décembre. Il déclare installé le conseil d'admi- nistration de 1875 et appelle au bureau MM. Vézian, Sail- lard et de Prinsac. a M. Marquiset, empêché par un devoir public qui le retient à Gray, a envoyé par écrit ses excuses. En prenant la direction de la séance, M. Vézian rappelle que c’est la seconde fois qu'il est honoré de la confiance de la Société. Lors de sa première présidence, en 1863, la Com- pagnie fut reconnue par le Gouvernement comme établisse- ment d'utilité publique. Il désirerait que son nouvel exercice de ce même pouvoir, durant l'année 1875, laissât également une trace dans nos annales. La Société est prospère ; mais elle le deviendrait plus encore si, à l'exemple des associations helvétiques, elle intéressait à son œuvre les divers centres de population du département du Doubs. L'idée de tenir des séances foraines, pendant la saison d'été, appartient à notre secrétaire, qui l'a émise en 1869 et reproduite en 1874. M. Vézian, s'emparant de cette idée, demande que la So- ciété autorise son conseil d'administration à étudier le projet de la tenue d’une réunion , au mois de juillet prochain, dans la ville de Pontarlier. Cette proposition est unanimement adoptée. M. le Ministre de l'Instruction publique et M. le Général commandant le 7° corps d'armée accusent réception, avec re- merciments, du tome VIII de la 4° série de nos Mémoires. L'Association scientifique des pharmaciens de Besançon et la Société d'archéologie de Bordeaux nous demandant d'é- changer nos publications contre les leurs, il est décidé que ces deux compagnies figureront sur notre liste d'associations correspondantes. , Sur la proposition de MM. trs et Saillard, 1l est résolu que nos Mémoires seront désormais adressés à la biblio- thèque de la Faculté des sciences et à celle de l'Ecole de mé- decine. De la part de M. Péchoix, membre correspondant, il est communiqué un plan en relief des environs de Besançon, sculpté par cet honorable instituteur pour l'éducation de ses élèves. — IN — La Société ne peut qu'applaudir à cette preuve du zèle in- telligent de l’un des membres si utiles de l’enseignement pri- maire ; elle félicite sincèrement M. Péchoix, en le remerciant d’avoir bien voulu nous rendre témoins de son louable effort. M. Paillot rend compte d'une note manuscrite sur la Théorie du mouvement de la sève, envoyée par l'un de nos correspondants. L'honorable rapporteur estime que cet opus- cule ne serait pas à sa place dans nos Mémoires, car il n’est que le corollaire et le complément de travaux publiés par l’auteur dans le Bulletin de là Socicté botanique de France et dans celui de la Société de Semur-en-Auxois. Cette opinion est partagée par la Société. M. de Prinsac dépose sur le bureau un groupe d'objets provenant de l'ouverture accidentelle d'un tumulus celtique, situé entre Déservillers et Bolandoz. Deux armilles de jambes et un bracelet en bronze, les débris d'une plaque de ceintu- ron également en bronze, une lame de couteau en fer, des fragments d’un vase en poterie grossière, le tout associé à des ossements humains, telle est la composition de ce groupe qui avait été vendu par un paysan à un brocanteur de notre ville. M. de Prinsac, autorisé par le conseil d'administration, a acheté ces objets pour la somme de douze francs. Le secré- taire se joint à lui pour demander à la Société de ratifier cette acquisition et d'envoyer les objets qui en résultent au musée archéologique de la ville. En ce faisant, la Société contri- buerait, une fois de plus, à enrichir une collection celtique qui résulte en très grande partie des fouilles opérées par nos soins sur les plateaux d’Alaise et d’'Almancey. Adoptant cette proposition, la Société vote une somme de douze francs, à imputer sur le crédit afférant aux recherches scientifiques. A son tour, M. Vézian fait observer que les amphores en- voyées par M. le capitaine de frégate Ulysse Devarenne, membre correspondant, intéressent l'histoire naturelle plus encore que l’archéologie, car elles présentent le caractère dis- — IV — tinctif d’être garnies de coquillages et d'éponges qui, durant leur long séjour dans l’eau de mer, ont élu domicile sur leurs parois. L'honorable président demande, en conséquence, que les deux vases en question soient attribués au musée d’his- toire naturelle : cet établissement ne possède encore rien de semblable, tandis que le musée d'archéologie est abondam- ment pourvu de vases des époques grecque et romaine. La Société accède à ce désir. M. Castan donne lecture d’un travail étymologique sur les noms des rues et places de notre ville, morceau qui doit faire partie d’un ouvrage ayant pour titre : Besançon et ses environs. Sont présentés pour entrer dans la Société : Comme membres résidants, Par MM. Vézian et Saint-Ginest, M. Boudet, conseiller de préfecture ; Par MM. Boullet et Castan, M. Henri Chapoy, professeur de l’université; Par MM. Saillard et Castan, M. Léon Chapoy, docteur en médecine ; Par MM. Saillard et Castan, M. Cornet, avocat; Par MM. Vézian et Castan, M. Joseph Dodivers, impri- meur ; Par MM. Louvot et de Prinsac, M. Alphonse Druhen, avocat; Par MM. Delacroix et Demongeot, M. Ledoux, docteur en médecine ; Par MM. Vézian et Saint-Loup, M. Le Monnier, professeur de botanique et de zoologie à la Faculté des sciences ; Comme membres correspondants, Par MM. Vézian et Rouzet, M. Courbe, imprimeur, à Dole (Jura); Par MM. Vézian et Honoré Voisin, M. Goguel, médecin- major au 124° régiment de ligne. A la suite d’un vote affirmatif émis par l'assemblée, M. le président proclame : — Yi — Membres résidants, MM. AzexanDke, Henri, libraire; ” ANTOINE, fabricant d'horlogerie ; AUSCHER, Jacques, rabbin de la communauté israëlite; VAUTHERIN, Francis, propriétaire; Membres correspondants, MM. Barzcy, inspecteur d'Académie en retraite, vice-prési- dent de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône, à Vesoul ; GaLmicHE, Roger, président de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône, à Vesoul; LHomME, botaniste, employé à l'hôtel de ville de Ve- soul. Le Président, Le Secrétaire, Alexandre VEÉZIAN. A. CASTAN. Séance du 13 février 1875. PRÉSIDENCE DE M. VÉZIAN. Sont présents : Bureau : MM. Vézian, président; Marquiset et Saillard, vice-présidents ; Klein, trésorier; de Prinsac, trésorier-adjoint; Faivre, vice-secrétaire ; Gauthier, archiviste; Castan, secré- taire; MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Androt, Bertrand, Beurnier, Bou- geot, Debauchey, Delagrange, Demongeot, Denizot, Ducat, Dunod de Charnage, Grand (Charles), Grosrichard, Huart, Jégo, Mar- tin, Pingaud, Renaud (Francois), Saint-Loup, de Sainte-Agathe, Sire, Tivier, Vernier, Voisin (Honoré) et Waille. Le procès-verbal de la séance du 9 janvier est lu et adopté. Il est donné lecture de deux circulaires ministérielles con- nn — cernant la prochaine réunion des délégués des sociétés sa- vantes à la Sorbonne. Cette réunion commencera le mercredi 31 mars, pour finir le samedi 3 avril. Les noms des délégués, ainsi que les manuscrits des mémoires d'histoire et d’archéo- logie que la Société aurait jugé dignes d’être lus à la Sor- bonne, devront être transmis, au plus tard, le 12 mars. En dehors des lecteurs, le nombre des délégués. ne pourra être que de cinq à six par Chaque société. Les lecteurs et délégués auront le parcours gratuit au retour, mais à la condition de justifier, par un certificat, qu'ils auront fait acte de présence aux séances de la Sorbonne. La Société, désireuse de prendre, cette fois encore, une part honorable au congrès qui s'organise, établit avec satis- faction la liste suivante de ceux de ses membres qui veulent bien coopérer à ce résultat : Dans la section des sciences du congrès, MM. Vézian, Sire, Saint-Loup et Le Monnier feront chacun une communica- tion ayant trait à leurs spécialités respectives. Dans la section d'histoire, M. Tivier lira sa Notice sur l'abbé Boisot, qui à fait partie du. programme de notre der- nière séance publique; M. Pingaud décrira la vie agitée de Béatrix de Cusance, princesse de Cantecroix; M. Drapeyron présentera un Essai sur le caractère de la lutte de l’Aquitaine el de l’Austrasie aux époques mérovingienne et carolingienne. Dans la section d'archéologie, M. Castan introduira, par les soins obligeants de M. J. Quicherat, son Etude sur la vie, les ouvrages et les portraits de l'antiquaire Jean-Jacques Bois- sard, morceau entendu, au mois de décembre dernier, par la Société. La Compagnie aura, de plus, comme délégués : MM. Car- rau, Demongeot, de Fromentel, Victor Girod, Vernier et Ho- noré Voisin. Par une circulaire en date du 14 janvier, M. le baron de Watteville, chef de la division des sciences et lettres au mi- nistère de l’Instruction publique, demande aux sociétés sa- VII vantes une notice sur leur origine, leurs progrès et leurs tra- vaux, ces renseignements devant servir à la composition d'une étude d'ensemble concernant les associations intellec- tuelles des départements. Le secrétaire est chargé de répondre à cette intéressante demande. , La Société des sciences physiques et naturelles de Tou- louse nous ayant envoyé le premier volume de son Bulletin, avec prière d'user de réciprocité, il sera fait bon accueil à ce désir. Pour vérifier les comptes de l'exercice 4874, la Société dé- signe MM. Alexandre, Bougeot et Renaud (François), ce der- nier membre chargé du rapport. M. Saint-Loup présente Le résumé d'une Etude sur les sys- tèmes articulés, en demandant que ce travail soit imprimé, le plus rapidement possible, dans les Mémoires de la Société. Bien que cette œuvre, produite en 1875, ne doive entrer que dans le recueil qui suivra le volume actuellement sous presse, néanmoins la Compagnie en autorise la composition immédiate : l'auteur pourra, dès cette année, prendre livrai- son d’un tirage à part, mais les feuilles destinées à nos Mé- moires seront réservées pour le tome à publier en 1876. M. Pingaud donne lecture de son travail sur Béatrix de Cusance. Ce morceau, écouté avec un vif intérêt, est jugé digne de faire l’objet d’une communication au congrès de la Sorbonne. La Société le retient, en outre, comme un excel- lent travail à publier dans ses Mémoires. Parmi les livres envoyés à la Société, le secrétaire signale un exemplaire de l'ouvrage intitulé : Origines de quelques cou- tumes anciennes et de plusieurs facons de parler triviales, par Moisanr DE BRIEUx, avec un commentaire et une table analy- tique, par M. Georges GaRNIER ; Caen, 1874-75, 2 vol. in-12. Cet ouvrage, fruit de la riche mémoire et de l'ingénieux esprit du fondateur de l'Académie de Caen, méritait une se- conde édition. M. Garnier a fait plus et mieux : par de sa- pu vants commentaires, il en a rectifié les erreurs, en a complété les interprétations, y a ajouté tout ce que les philologues mo- dernes ont rencontré d'heureux sur Îles questions traitées par l'auteur primitif. C’est un livre nouveau qu'a produit notre confrère, œuvre de goût et de savoir, qui révèle en lui un bibliophile consommé et un estimable érudit. La Société ne peut qu'applaudir à ce savant ouvrage de l’un de ses membres les plus dévoués, d’un compatriote qui aime à se souvenir de son origine franc-comtoise et à la rap- peler daus ses productions. C’est ainsi que le second de ces volumes s'ouvre par un portrait de M. Garnier, accompagné de l'indication du lieu de sa naissance (1) et de la représentation des armoiries qui ont été le prix des services de ses nobles aïeux. En conséquence, des remerciments unanimes sont votés à M. Georges Garnier pour le don d’un livre qui, par sa valeur intrinsèque et sa charmante exécution typographique, tien- dra une place distinguée dans notre bibliothèque. De la part de M. le lieutenant-colonel Balland, chef du génie de la place de Besançon, le secrétaire offre à la Société un coutelas et une boucle de ceinturon en fer, objets trouvés dans une sépulture de l’époque burgonde, située à l’intersec- tion du chemin stratégique qui se construit à Chaiïlluz et du vieux chemin descendant à Tallenay. Cette sépulture, enca- drée par de petites dalles informes, n’était qu’à soixante cen- timètres au-dessous du sol. Des remerciments seront adressés à M. le lieutenant-colonel Balland, et les deux objets offerts par lui seront déposés, avec mention de leur origine, au musée archéologique de la ville. Sont présentés pour entrer dans la Société : Comme membres résidants, Par MM. Vézian et Waille, M. Marteau, professeur de comptabilité ; (1) M. Georges Garnier est né à Gray (Haute-Saône), le 17 novembre 1815. Par MM. Vézian et Saïllard, M. Laurent Viancin, docteur en médecine ; Comme membre correspondant, Par MM. Saillard et Castan, M. Sebile, propriétaire à Mou- thier-Haute-Pierre (Doubs). Un vote d'admission ayant eu lieu au sujet des candidats antérieurement présentés, M. le président proclame : Membres résidants, MM. Bouper, conseiller de préfecture ; CHaPoy (Henri), professeur de l’université, en résidence à Melun; | ‘Cxapoy (Léon), docteur en médecine ; CORNET, a VOCat ; Dopivers (Joseph), imprimeur ; DRUHEN (Alphonse), avocat : Lepoux (Emile), docteur en médecine ; LE Monnier, professeur de botanique et de zoologie à la Faculté des sciences; Niembres correspondants, MM. Course, imprimeur-lithographe, à Dole ; GoGuEL, médecin-major au 124: de ligne. Le Président, Le Secrétaire, Alexandre VÉZIAN. A. CASTAN. Séance du 20 mars 1875. PRÉSIDENCE DE M. VÉZIAN. Sont présents : Bureau : MM. Vézian, président; Saillard, vice-président; Faivre, vice-secrétaire ; Castan, secrétaire ; MEuBRES RÉsIDANTS : MM. Alexandre (Henri), Androt, Bo- — x — name, Bourcheriette, Chapoy (Léon), Cornet, Daubian-Delisle, Delacroix (Alphonse), Delagrange, Druhen, Dunod de Char- nage, Durupt, Ehrensperger, Faucompré père, Girardot, Grand (Charles), Lebreton, Ledoux, Le Monnier, Ripps, Sire, Titon, Vernier, Voisin (Honoré), Waille. MEMBRES CORRESPONDANTS : MM. Choffat et Roy. Le procès-verbal de la séance du 13 février est lu et adopté. La Société américaine de France devant tenir, au mois de juillet prochain, un congrès international à Nancy, cette ma- nifestation exceptionnelle de l’activité provinciale est recom- mandée à nos sympathies par l’un de ses organisateurs, M. Alfred Rambaud, de Besancon. Moyennant une sous- cription de douze francs, notre bibliothèque s’enrichirait d'un exemplaire des actes de ce congrès, volume dans lequel seront exposées les principales questions relatives à l'archéologie et à l’ethnographie américaines. Il est décidé que la Société s’inscrira parmi les souscrip- teurs au congrès äméricain de Nancy. En retour de l'envoi d'un volume de ses travaux qui nous a été fait par la Société académique de Brest, cette associa- tion sera inscrite au nombre de celles à qui nos Mémoires sont adressés. M. Sire fait fonctionner l'appareil d'hydrostatique qu'il se propose de communiquer à la section des sciences du pro- chain congrès de la Sorbonne. Cet appareil a pour objet de démontrer que la pression exercée par un même liquide sur des fonds de vases, si ces londs ont une surface identique, est indépendante de la capacité variable de chaque vase, mais se règle uniquement d'après la hauteur verticale du liquide. L'ap- pareil de M. Sire, qui fournit une démonstration à la fois simple et rigoureuse de ce phénomène, a été décrit par son inventeur dans notre recueil de l'année 1864. La Société remercie M. Sire d’avoir bien voulu lui donner la primeur d’une communication qui, sans aucun doute, sera bien accueillie par les savants réunis à la Sorbonne. L _— XI — M. le président Vézian rend compte d’un travail manuscrit intitulé : De l’homme primitif et de la valeur des traditions sous le point de vue anthropologique. L'auteur, qui est doué d’un esprit ingénieux et d'une vive imagination, refait de toutes pièces la Genèse de l'humanité, émettant des solutions plus que hasardées au sujet de pro- blèmes que la science contemporaine, malgré ses puissants moyens d'observation et de critique, ne parviendra peut-être pas à résoudre. En imprimant ce travail, la Société dévierait de son but, car elle a été instituée pour favoriser les recher- ches et non pour éditer des théories qui relèvent plus de l'imagination que de la science. La Société, adoptant cette manière de voir, exprime le re- gret de ne pouvoir accepter pour ses Mémoires le travail dont il s'agit. M. Maurice de Tribolet, déjà une fois notre collaborateur, nous adresse une nouvelle communication de l’ordre géolo- gique; elle consiste en un court travail intitulé : Sur le vé- ritable horizon stratigraphique de l'Astartien dans le Jura. MM. Vézian et Choffat ont examiné cet opuscule, et ils le considèrent comme un bon résumé des récentes discussions qui se sont élevées, entre les séologues de la Suisse, au sujet de la classification des terrains jurassiques. Il n'hésitent donc pas à en demander l'impression dans les Wémoires de la So- clété. Cette conclusion est adoptée. M. Choffat complète les renseignements qu'il nous avait antérieurement transmis sur les curieuses découvertes faites dans la grotte de Thayngen, près Schaffhouse. On y a ren- contré de nombreux coquillages marins provenant de gise- ments très éloignés, les uns ayant pu servir de tasses pour boire, les autres percés d'un trou pour être suspendus comme objets de parure. Parmi des ossements d'animaux très divers, ceux du Jièvre des Alpes figurent dans la proportion énorme de 80 pour cent. La représentation d'un rène broutant, dont * = le dessin a passé sous nos yeux, n’est pas la seule gravure sur ossement que les fouilles aient fait surgir : on a trouvé des images d'un cheval qui diffère du nôtre, en ce qu'il a la queue et la crinière courtes et dressées. Le sol de la caverne présente trois couches distinctes : l'inférieure semble avoir été formée par l'eau et n'avoir pas été foulée par l’homme ; les deux autres contiennent, au contraire, beaucoup de traces de sa présence. M. Choffat ayant annoncé qu'un travail d'ensemble allait paraître sur les fouilles de Thayngen, la Société le prie de rédiger, en vue de nos Mémoires, un rapport sur cet ouvrage : une reproduction des principales gravures sur ossement pour- rait accompagner ce résumé. Cette demande est accueillie par M. Choffat avec la plus gracieuse obligeance. Le secrétaire donne lecture d’une Notice sur la Société d’E- mulation du Doubs, rédigée par lui comme réponse à la circu- laire ministérielle qui nous demandait cet exposé. La Société approuve l'envoi qui en a été fait au ministère. De la part de M. Paul Laurens, membre résidant, le secré- taire dépose sur le bureau l'Annuaire du Doubs et de la Fran- che-Comté pour 1875. Ce nouveau volume, le 61° d’une col- lection qui fait honneur au pays, est, comme ses aînés, abon- damment pourvu de renseignements statistiques sur les sources de la richesse publique dans les trois départements de l’an- cienne province de Franche-Comté. En composant chaque année ce recueil éminemment utile, M. Paul Laurens accomplit un acte du patriotisme le plus désintéressé, et la Société d'Emulation du Doubs ne peut que désirer vivement la continuation d'une œuvre dont le but est identique à celui qu’elle-même s'efforce de poursuivre. Pour ces motifs, la Société vote des remerciments et des félicitations à M. Paul Laurens, en assurant, une fois de plus, ce savant confrère de sa haute et sympathique estime, Sont présentés pour entrer dans la Société : Comme membres résidants, pr Par MM. Daubian-Delisle et Rascol, M. Berquet, ingénieur des ponts et chaussées ; Par MM. Sire et Bourdy, M. 4. de Gassowski, artiste- peintre; | Par MM. Saillard et Ledoux, M. Nargaud, docteur en mé- decine ; | Comme membres correspondants, Par MM. Paillot et Castan, M. l'abbé Boulay, botaniste, professeur à l'Ecole Belzunce, à Marseille; M. F. Renaud, botaniste, lieutenant au 11° cuirassiers, à Lyon ; Par MM. Saillard et Chapoy, M. Jules Sicard , négociant, à Dijon. Sont proclamés, à la suite d'un vote favorable de la So- ciété : Membres résidants, MM. MARrTEAU, professeur de comptabilité ; VianaIN (Laurent), docteur en médecine; Membre correspondant, M. Segie, propriétaire, à Mouthier-Haute-Pierre. Le Président, Le Secrétaire, Alexandre VÉZIAN. A. CASTAN. Séance du 10 avril 1875. PRÉSIDENCE DE M. VÉZIAN. Sont présents : Bureau : MM. Vézian, président ; Saillard, vice-président; Klein, trésorier; Faivre, vice-secrétaire ; de Prinsac, trésorier- adjoint; Castan, secrétaire; MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Androt, Bertin, Canel, Daubian- Delisle, Ducat, Grand (Charles), Henry, Huart, Jégo, Le Mon- nier, Paillot, Potier, Ripps, Savourey, Waille. Ra Le procès-verbal de la séance du 20 mars est lu et adopté. Il est donné lecture d'une dépêche , en date du 22 mars, par laquelle M. le directeur de la Société française d’archéo- logie nous remercie de notre souscription au monument à élever en l'honneur de M. de Caumont. Par une lettre du 27 mars, la Société Eduenne nous in- forme que l'Institut des provinces à choisi Autun comme siége de la 41° session du congrès scientifique de France : ces assises s’ouvriront dans la première semaine de septembre prochain. Le comité d'organisation fait appel à notre bon vouloir pour procurer au congrès des adhérents et des com- munications. La Société se montre disposée à seconder de tout son pou- voir une œuvre qui intéresse au plus haut degré le mouve- ment intellectuel des provinces : cette assurance sera donnée à la Société Eduenne, compagnie des plus estimables et avec laquelle nous entretenons de longue date les meilleurs rap- ports. M. Henry, professeur de sciences naturelles au lycée de Besançon, a l'intention de prendre part au congrès d'Au- tun ; il est à ‘espérer que plusieurs autres de nos confrères suivront son exemple. En l'absence des membres de notre Compagnie qui ont figuré dans la dernière réunion de la Sorbonne, le secrétaire rend compte, d’après les indications obligeamment relevées par M. Waille dans le Journal officiel, de la part que nous avons prise à cette importante manifestation. MM. Tivier et Pingaud ont fait, dans la section d'histoire, les intéressantes communications que nous avions entendues en première lec- ture. Dans la section d'archéologie, M. Quicherat, membre honoraire de notre Société, a bien voulu se faire l'interprète d’un mémoire envoyé par M. Castan. La section des sciences a écouté favorablement une étude de M. Saint-Loup sur les courbes dérivées du cercle par un système articulé simple de -six tiges. Quatre d’entre nous ont été proclamés dans la séance de distribution des récompenses : M. Vézian, notre président, — XV — a obtenu une médaille d'argent pour ses études approfondies sur la géologie du Jura; MM. Ducat, de Fromentel et Castan ont été nommés officiers d'académie. Le secrétaire remet ensuite à M. Vézian la médaille qui lui a été si justement décernée, et il lui exprime à ce propos les félicitations de la Société. M. Castan lit un rapport sur les vestiges romains mis en évidence par des fouilles qui viennent d’avoir lieu, pour la construction d’un égoût, dans la rue du Mont-Sainte-Marie, c'est-à-dire à la limite inférieure de la région occupée par le théâtre romain dont ia découverte et le dégagement partiel sont notre ouvrage. D'après le plan restitué de cet édifice, les creusages en question devaient entamer les blocages qui con- stituaient l’une des extrémités de l’hémicyele où s’asseyaient les spectateurs. Ces blocages furent rencontrés, et ils présen- tèrent une düreté telle qu'il fallut faire jouer la mine pour en avoir raison : des murs romains alternaient avec ces blocages, en formant des angles dans la tranchée. Les blocages venaient finir contre une bordure en dalles verticales, terminées par une moulure et un socle, mais moins élevées que celles de l'estrade du dessus de la place Saint-Jean, toutefois ana- logues, comme matériaux et comme facture, à cette portion supérieure du monument. La bordure sort de la maison Alvi- set, à quatre mètres et demi en deca de l’angle des façades, et il sembla qu’elle se dirigeait vers les maisons alignées au bas de la place Saint-Jean, pour aboutir contre la porte d'une petite maison qui dépend de larchevêché. Notre confrère M. Rouzet, ingénieur-voyer de la ville, a bien voulu faire conserver sous une galerie la portion de bordure comprise entre la muraille d'amont de l’égoût moderne et la paroi ex- térieure d’un égoût construit en 1855. Un complément de constatation paraissait désirable : MM. Ducat et Castan, bien certains de n'être pas désavoués par la Société, firent prati- quer ce sondage en un point aussi rapproché que possible de la ligne médiane de l'édifice; ils supposaient rencontrer là AI une porte d'entrée. Cette hypothèse se vérifia. En effet, à deux mètres au-dessous des fondations de la sacristie de l’é- glise de Saint-Jean-Baptiste, on tomba sur une marche de large escalier : cette marche en avait supporté une autre qui était enlevée; plus bas venait une seconde marche, puis une troisième, une quatrième et une cinquième; on atteignait ainsi le niveau du socle de la bordure. Il s'agirait maintenant de suivre souterrainement la dernière marche de l'escalier, dans la direction de l’ancien égoût, afin de voir comment l'escalier se terminait latéralement et se raccordait avec la reprise de la bordure verticale. De plus, comme le morceau d'escalier découvert et à découvrir n’est séparé que par une distance de trois mètres du fond d’une galerie construite, en 1870, au bas du square, il conviendrait de prolonger cette galerie, de manière à rendre possible la visite d'une section de nos belles marches. Ce travail, en y comprenant la fouille déjà faite, nécessiterait une dépense d'environ 300 francs. M. Castan termine en faisant ressortir l'importance qu'ont, au point de vue de son attribution, les trouvailles ci-dessus décrites. On avait, dans le haut de la place Saint-Jean, un fragment incontestable de l’hémicycle d'un théâtre romain; mais la scène, qui devait être en face, semblait avoir été complétement détruite par les travaux de fondation de l’église de Saint-Jean-Baptiste. Aucun vestige appréciable du mur d'avant-scène n'avait pu être repéré. Mais voilà que nous tenons le soubassement de la facade extérieure de cette scène tant cherchée. Ce soubassement fait corde par rapport à notre hémicycle. Avec cet élément nouveau, il ne peut plus y avoir de doute sur la destination de l'édifice ; en outre, nous pour- rons déterminer son axe, son orientation et sa limite infé- rieure. Un croquis sur grande échelle, exécuté par M. l'architecte Ducat, est mis sous les yeux de l'assistance, ce qui permet à chacun de se rendre un compte exact de la situation des dé- - tails énumérés par M. Castan. ANR A la suite de ce rapport, la Société prend en considération sérieuse les ouvertures qui lui sont faites : elle considère que le ee archéologique étant son œuvre, il convient qu’elle néglige pas l’occasion de doter cette création d’un nouvel dot d'intérêt. En conséquence, sur la proposition de MM. Grand, Waille et Faivre, un crédit de 500 fr. est mis à la disposition de MM. Ducat et Castan pour qu'ils achèvent, avec l'agrément de l’admi'nistration municipale, ce qu'ils ont si heureusement commenté. Le secrétaire dépose sur le bureau un manuscrit envoyé par M. Thuriet, membre correspondant, qui en désirerait l'insertion dans nos Mémoires. Il s’agit d’une Notice histo- rique sur le bourg de Rougemont, travail qui formerait envi- ron 100 pages d'impression. Cet ouvrage est-renvoyé à l'examen de MM. Paillot, de Prinsac et Castan. MM. Faivre et Castan a da d'admettre comme mem bres correspondants : MM. Pôns, docteur en médecine, à Pontarlier, et Eugène de Vignauzx, littérateur, à Paris, rue des Francs-Bourgcois, 34. À la suite d'un vote affirmatif, M. le président proclame : Ricmbres résidants, MM. BerQuer, ingénieur des ponts-et-chaussées ; DE GassowWsKI, artiste-peintre; NarGAuUD, docteur en médecine: Membres correspondants, MM. L'abbé Bouray, botaniste, professeur à l'Ecole Belzunce, à Marseille ; F. Renauzp, botaniste, lieutenant au 11° régiment de cuirassiers, à Lyon; SIcARD (Jules), Re Dijon Le Président, = Le Secrétaire, Alexandre VÉzIAN. A. CASTAN. AVI Séance du 8 mai 1875. PRÉSIDENCE DE M. VÉZIAN. Sont présents : Bureau : MM. Vézian, président; Marquiset et Saillard, vice-présidents; Faivre, vice-secrétaire; Gauthier, archiviste ; de Prinsac, trésorier-adjoint; Castan, secrétaire ; MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Alexandre (Charles), Androt, Canel, Chapoy (Léon), Daubian-Delisle, Dunod de Charnage, Le Monnier, Paillot, Pingaud, Renaud (Francois), Ripps, Ti- vier, Waille, Zaremba. Le procès-verbal de la séance du 140 avril est lu et adopté. La correspondance, dont il est fait lecture, comprend les dépêches suivantes : 1° une lettre de M. le Ministre de l'In- struction publique adressant à la Société les félicitations de la section d'archéologie du Comité des travaux historiques, au sujet de la découverte de la scène du théâtre de Vesontio; 2° une lettre de la Société Eduenne nous remerciant de nos bonnes dispositions à l'égard du congrès scientifique qui doit avoir lieu à Autun; 3° une lettre de M. Rambaud nous trans- mettant la carte au moyen de laquelle un de nos délégués pourra prendre séance au congrès des américanistes de Nancy; 4° une lettre de la Société d'Emulation de Montbéliard nous invitant à envoyer des représentants à la séance générale que cette compagnie tiendra le jeudi 20 mai courant. MM. Sire, Faivre et Castan ayant exprimé l'intention de se rendre à Montbéliard dans cette circonstance, la Société les délègue pour ses représentants. Elle apprend avec plaisir que M. Sire se propose d'entretenir nos affectionnés voisins d’ex- périences sur la cohésion des liquides, et que M. Castan leur mn 2 donnera lecture de sa Notice sur Le poète Jean Priorat, de Be- sançon (1). L'ordre du jour appelle la commission des finances à faire son rapport sur les comptes de l'exercice 1874. M. François Renaud donne lecture de ce document, qui est ainsi Conçu : « MESSIEURS, » L'exercice de 1874 a eu de fortes charges. » La caisse a été spécialement affectée : » 1° Par le solde des frais de la fête de 1873; » 2° Par le paiement des sommes arriérées chez l’impri- meur, lesquelles, avec le volume de l’année, portent le chiffre des impressions à 6,030 fr. 20 cent. au lieu de 3,500 fr. pré- vus au budget ; » 3° Par la sortie de la caisse du billet Jacques, qui y figu- rait comme espèces et dont l'annulation donne une perte sèche de 500 fr. » Voici, du reste, les mouvements de la caisse : » RECETTES : » Avoir au {* janvier 1874 chez MM. Bretillot CN DT 0 LES PR PEN CI QE à DRE UE) 2.312. 90 2 ÉSDECES ÉMCMESOUS,UIEAR LIEU NII Ie ESS NE 221,27 reubventon de PRADA IDE IRAN ESA AU 5007» » Id. du département pour 1873....... 300 » » Id. id. CNRS 500 » » Id. JE TA NAIENDOUTE ONE QUE 600 » »'Montaint des/COHSAHONSs nr MO. 1H DL ID EN AD siniéréts desititres de rente..:..:....,,..1.11 300 » À reporter. .... 8.007 52 ee me (1) Ce travail a été publié dans la Hibliothèque de l'Ecole des Chartes, t. XXX VI, ann. 1875. — XX — Report... 8.007 52 » Id. des mêmes titres afférents à 1874..., 237. 50 > Billet Jacques Re Re an. » 118000 » Espèces en caisse au 31 décembre 1874 WTA 163207 » Total des recettes. .... 9.126 f. 09 » DÉPENSES : »" Impressions ebreliures,s 2 Ne nt 6.030 f. 20 rails de DUCATI RE ae 1 Le ca D ÉDAIS AI VOLS NME 0 AE M AT DT 34 89 » Indemnité à l'agent de la Société............ 2925 »UHECHÉTONES: SIN AUES 0. era eurent 24 60 » Solde du banquet de 1873 (y compris le verse- ment des sommes payées par les souscrip- CERTES SEM MORE LES TEE QE Ge 2 :0TS20 »'is0ldé du'barquet de 167427... 27 .... 0... 419 30 D AMPCHLICE M'AUES ne ee mAaieheinte «nes sine 2e 110 0 » Solde débiteur au 31 décembre 1874, chez MM BTE EE ee een 256 20 » Total des dépenses..... 9.844 05 » D'après ces chiffres, il résulterait un déficit de 717 fr. 96 cent. sur 1874. Mais la Société possède des titres de rentes sur l'Etat pour un capital de plus de 6.000 fr., le cours étant au-dessus du pair. Sur ce capital, 4.425 fr. forment le fonds inaliénable des cotisations rachetées au 31 décembre 1874. Le surplus, soit 1.575 fr., fait ressortir dans son ensemble la bonne situation financière de la Société. » Votre commission, convaincue que l'ordre et l'économie seront toujours observés, a l'honneur de vous proposer d’ap- prouver les comptes de 1874. » Besançon, 8 mai 1875. » (Signé) E. BouGEOT; ALEXANDRE ; F, RENAUD, rapporteur. » NI M. le président met aux voix les conclusions de ce rapport. La Société les adopte et remercie ses commissaires du bon accomplissement de leur mandat. Le secrétaire entretient la Société de l'utilité qu il y aurait à faire paraître, en même temps que le volume de 1875 qui terminera la 4° série de nos Mémoires, une table générale et détaillée des quatre séries. Il serait bon que l’on s’occupât, dès maintenant, du dépouillement qui doit servir de base à la confection de cette table. M. Charles Grand, l'un de nos anciens présidents, y avait déjà songé, et un commencement du travail est entre ses mains : il s'agirait d'en poursuivre la continuation. Cette manière de voir ayant été approuvée, la Société dé- signe, pour concourir à l'opération précitée, MM. Charles Grand, Waille, Gauthier et de Prinsac. ; M. Ducat rend un compte verbal des travaux faits, depuis la dernière séance, pour le dégagement de l'escalier de la scène du théâtre de Vesontio. Les fouilles sont terminées, et il reste encore au moins 300 fr. sur le crédit alloué par la Société. Une question tient en suspens l'achèvement de l’en- treprise : il s’agit de savoir si l'escalier sera conservé souter- rainement au moyen d'une voûte, ou bien, ce que M. Ducat préférerait, si on le mettra en évidence dans une fosse ou- verte, de manière à le faire concourir visiblement à l'intelli- gence des autres vestiges qui meublent le square archéolo- gique. Un projet de cette dernière disposition est à l'étude et doit être, dans le courant de la semaine prochaine, soumis au conseil municipal par M. l'ingénieur-voyer de la ville. La Société donne son assentiment au projet conçu par M. Ducat; elle remercie cet érudit confrère de l'intelligent dévouement qu'il continue de mettre au service d’une œuvre si féconde en précieux enseignements. De la part de M. Léon Viellard, membre correspondant, M. Gauthier présente une Notice historique et. généalogique sur la maison d'Orsans, famille qui a possédé, avant celle des — LOU Perrenot de Granvelle, le fief de la maréchalerie héréditaire de l’archevêché de Besancon. Le travail de M. Viellard, puisé aux meilleures sources, ne formerait au plus qu'une feuille d'impression. M. Gauthier estime qu’il conviendrait de lui donner place dans nos Mémoires. Cette conclusion est adoptée. Enfin M. Castan lit le premier chapitre d’un Abrégé d’his- toire de la Franche-Comté, opuscule qu'il rédige sur la de- mande qui lui en a été faite par un éditeur de Paris. Cette lecture, qui offre un résumé de la période séquanaise de notre histoire provinciale, est -écoutée avec intérêt. Sont présentés pour entrer dans la Société : Comme membres résidants, Par MM. Delacroix et Castan, M. Laurent Monnot, pro- priétaire ; Par MM. Gauthier et Lacoste, M. Jules Colombain, relieur de livres ; Comme membre correspondant, Par MM. Gauthier et Pingaud, M. l'abbé Léon Bossu, à Vuillafans (Doubs). Les candidats antérieurement proposés ayant été l’objet d’un vote favorable, M. le président proclame : Membres correspondants, MM. PÔxE, docteur en médecine, à Pontarlier; DE ViGnaux (Eugène), littérateur, à Paris. Le Président, Le Secrétaire, Alexandre VÉzIaN. A. CASTAN. XXI = Séance du 12 juin 1875. PRÉSIDENCE DE M. VÉZIAN. Sont présents : Bureau : MM. Vézian, président; Saillard, vice-président; Klein, trésorier ; Faivre, vice-secrétaire ; de Prinsac, trésorier- adjoint; Castan, secrétaire ; Memgres RÉsIDANTS : MM. Androt, Arnal (Amédée), Bial, Canel, Chapoy (Léon), Daubian-Delisle, Gouillaud, Huart, Le- gendre, Le Monnier, Marteau, Martin, Micaud, Savourey, Sire, Vautherin (Francis), Waille. Le procès-verbal de la séance du 8 mai est lu et adopté. Par une lettre en date du 20 mai dernier, la Société de tir de Besançon nous a informé qu'elle accordait aux membres de notre Compagnie leur entrée au concours international qui aura lieu du 12 au 15 juin courant, ainsi qu'à la distri- bution des prix qui se fera au théâtre, le 15 juin, à 8 heures et demie du soir. La Société de tir a été remerciée de cette amicale disposi- tion, et les membres de notre Compagnie en ont été informés par le bulletin qui les a convoqués à la séance de ce jour. Le secrétaire fait connaître que M. Waille s’est chargé, à lui seul, de dresser une table détaillée et méthodique des articles contenus dans les quatre séries de nos Mémoires. Ce travail, reconnu indispensable comme complément du vo- lume qui portera la date de cette année, doit être mis au rang des importants services rendus à la Société. Des remerciments unanimes sont, en conséquence, adres- sés à M. Waiïlle. Le secrétaire rend compte de la séance générale tenue le 20 mai dernier, par la Société d'Emulation de Montbéliard. Après le discours d'ouverture du président, M. Favre, et le rapport de M. Tuefferd, secrétaire général, M. Castan a donné AA — lecture de sa Notice sur le poète Jean Priorat. M. Sire, égale- ment délégué de la Société d'Emulation du Doubs, a vive- ment intéressé l'auditoire par des expériences sur la loi qui préside à l'association des lames liquides. Un chercheur aussi indépendant qu'intrépide, M. Voulot, a exhibé tout un arse- nal d'armes et d'ustensiles des époques préhistoriques, re- cueillis dans les creusages que le génie mihtaire fait exécuter au Mont-Bard et au Mont-Vaudois, entre Héricourt et Mont- béliard. Ces trouvailles, analogues à celles qui vont être di- vulguées sous hos auspices par M. Bouillerot, témoignent que la plupart de nos vieilles castramétations, jusqu'ici presque toutes attribuées aux Romains, servaient déjà de refuges aux populations de l’âge de la pierre. Un banquet a suivi la ‘séance : notre secrétaire y a pris la parole pour répondre, par un toast cordial, au charmant accueil que recevaient les dé- légués de la Société d’'Emulation du Doubs. M. Sire reproduit ensuite devant la Société les curieuses expériences qui avaient captivé l'attention des auditeurs de Montbéliard. Cette communication, pleine de révélations curieuses, vaut à son auteur les félicitations et les remerci- ments de la Compagnie. Dans un intérêt de prise de date, M. Sire annonce qu'il construit un appareil ayant pour objet de démontrer la trans- formation du mouvement en chaleur. Il est donné acte à M. Sire de cette déclaration. De la part de M. Henry, membre résidant, le secrétaire dépose sur le bureau la première partie d’un travail intitulé : l'Infralias dans la Franche-Comté. Ce travail, dont l’auteur désirerait la publication dans nos Mémoires, formerait envi- ron quatre feuilles d'impression, accompagnées de six plan- ches que M. Henry pourrait exécuter lui-même en auto- graphie. L'examen de ce travail est confié à une commission qui se composera de MM. Alphonse Delacroix, Paillot et Honoré Voisin, rapporteur. Au nom de la commission nommée, le 10 avril dernier, pour apprécier une Etude historique sur le bourg de Rouge- mont, par M. Charles Thuriet, M. de Prinsac déclare que cet intéressant ouvrage est digne de figurer dans nos Mémoires. Cette opinion est justifiée par une analyse très complète de l'œuvre. Après audition de cet exposé, la Société, adoptant l'avis de ses commissaires, vote l'impression de l'Etude historique sur Rougemont. M. Castan présente un groupe sculpté en Pi2rre tendre, remontant à l’époque gallo-romaine et représentant deux di- vinités assises qui semblent appartenir à la catégorie des Déesses - Mères. Ce morceau, sorti des creusages que les Frères de Marie font exécuter dans leur établissement, a été offert à la Société par M. le directeur de cette institution. M. Casian lit une note descriptive et explicative sur cet inté- ressant groupe. La Société accepte avec gratitude, pour le musée archéolo- gique de Besancon, le morceau de sculpture dont il s’agit, et elle retient, pour ses Mémoires, la note qui vient de lui être lue par son secrélaire. MM. Alphonse Delacroix et Castan demandent le titre de membre résidant pour M. Charles A/viset, propriétaire, à Be- sançon. Sont élus ensuite, après un vote favorable de la Société : Membres résidants, MM. CocomBaix (Jules), relieur de livres; Moxxor (Laurent), propriétaire ; Mewbre correspondant, M. l'abbé Bossu (Léon), à Vuillafans (Doubs). Le Président, Le Secrétaire, Alexandre VÉzran. A. CASTAN. A AENVI Séance du 10 juillet 1875. PRÉSIDENCE DE M. VÉZIAN. Sont présents : Bureau : MM. Vézian, président ; Klein, trésorier; Castan, secrétaire ; MEMBRES RÉSIDANTS : MM. Alexandre (Charles), Canel, Daubian-Deliste, Delacroix (Alphonse), Ducat, Huart, Lebre- ‘ton, Le Monnier, Paillot, Renaud (François), Voisin (Honoré), Waille. Le procès-verbal de la séance du 12 juin est lu et adopté. Le secrétaire annonce, dans les termes suivants, la mort de M. le commandant Faucompré, l’un des anciens prési- dents de la Compagnie. « MESSIEURS , » C'est un devoir pour notre Société de garder mémoire de ceux de ses membres qui ont été dévoués à l'œuvre commune et ont contribué à la faire prospérer. » À ce double titre, le commandant Louis-Auguste Fau- comPRÉé nous était cher, et sa mort, arrivée le 27 juin der- nier, est un deuil à consigner dans nos annales. » M. Faucompré était né à Arras, le 30 octobre 1807. Elève de l'Ecole polytechnique et entré dans le corps de l'artillerie, il avait recu le baptème du feu au siége d'Anvers. Ses études sur la balistique le classèrent parmi les officiers distingués. Mais son goût pour les travaux de l’agriculture, passion do- minante de sa vie, le fit renoncer aux perspectives du bril- lant avenir militaire qui l’attendait. » La Franche-Comté, devenue sa patrie adoptive, a recueilli tous les bénéfices de cette nouvelle direction que prit sa sé- rieuse et persévérante intelligence. Dans ses deux domaines de Busy et de La Roche-sur-l Ognon, il appliqua, au prix de LAVE grands sacrifices, les méthodes des maîtres de la plus indis- pensable des sciences : les exemples qui en résultèrent ont exercé une,bienfaisante influence sur l’éducation agricole du département du Doubs. » Récompensé par la prime d'honneur, lors du concours régional de 1865, le commandant Faucompré n'envisagea cette haute distinction que comme un encouragement qu'il devait payer par de nouveaux efforts. Il concut alors l’idée de créer, sur ses terres de La Roche, une ferme-école des- tinée à peupler d'agriculteurs instruits les exploitations rurales de notre région. Cet établissement, plein d'avenir, a été l'objet de ses dernières préoccupations : il en a légué la conduite à son fils aîné, M. Philippe Faucompré, notre confrère, qui, dans la chaire départementale l’agriculture, a prouvé depuis longtemps qu'il est digne de continuer les traditions pater- nelles. » La Société d'Emulation du Doubs a la prétention d'être sympathique à tout ce qui concerne la prospérité de la patrie franc-comtoise : aussi décerne-t-elle volontiers la présidence de ses réunions à ceux qui représentent de grands intérêts locaux ou personnifient sur place des branches importantes de la science. Ce fut ainsi que, désirant donner son tour de rôle à l'agriculture, elle élut président, pour l’année 1868, le savant agronome dont elle regrette aujourd'hui la perte. Dans le cours de sa présidence, le commandant Faucompré eut à complimenter, en notre nom, l'illustre historien Amédée Thierry, venu à Besancon pour renouer avec le point de dé- part de sa carrière intellectuelle. Le discours que M. Fau- compré prononca dans cette circonstance, celui par lequel il ouvrit ensuite notre séance publique de la même année, sont marqués au coin d’un rare bon sens et d’une heureuse pré- cision de style. » Esprit libéral et chercheur, cœur généreux et capable de dévouement, caractère d'une simplicité aimable, le com- mandant Faucompré a sa place marquée dans les souvenirs — XXVII — d’un pays qui tient en particulière estime les hommes uti- les. » Adoptant les sentiments exprimés par la notice qui pré- cède, la Société décide que ce morceau entrera dans le pro- cès-verbal de la séance où il s’est produit; de plus, elle ex- prime le vœu qu'il en soit adressé, de sa part, copie aux jour- naux de la ville. | L'ordre du jour appelle le rapport de la commission chargée d'examiner un travail de M. Henry, intitulé l’Infralias en Franche-Comté. M. l'ingénieur Voisin, rapporteur de cette commission, dé- clare que le travail dont il s'agit est une étude très conscien- cieuse et très substantielle de géologie locale, digne à tous égards de paraître sous Le couvert de la Société. En conséquence de cet avis, auquel adhèrent MM. Alphonse Delacroix et Paillot, la Société vote l'impression de l'ouvrage de M. Henry, se réservant toutefois de n’entrer pour rien dans l'exécution des planches que l’auteur voudrait joindre à son texte : la Compagnie ne supportera que les frais de tirage et de papier des exemplaires de ces figures qu'elle demandera pour son recueil. Le secrétaire donne lecture d'un Rapport sur une commu- nication de M. Castan relative au contrapuntiste Claude Gou- dimel, morceau rédigé par M. Gustave Bertrand et publié, sous les auspices du ministère de l'Instruction publique, dans la Revue des sociétés savantes, (5° série, t. VIII, pp. 480 et suiv.). Ce travail présentant un intéressant résumé des rares circonstances connues de la vie du seul grand compositeur musical qu'ait produit Besancon, le secrétaire pense qu’il y aurait lieu d’en voter la reproduction dans nos Mémoires. Adoptant cette proposition, la Société décide que le rapport de M. Gustave Bertrand, suivi de la communication dont il est la préface, seront compris dans uotre recueil de 1875. Une dernière lecture, faite par M. Castan, a pour titre : La. Séquanie pendant la période romaine; c'est le second chapitre A. D. Non d’une Histoire abrégée de la Franche-Comté, que l’auteur rédige pour un éditeur de Paris. Sont présentés pour entrer dans la Société comme membres correspondants : Par MM. Saint-Eve, Pinaire et Castan, M. Edouard Bobil- lier, maire de la ville de Clerval et suppléant du juge de paix; Par MM. Cuillier et Castan, M. Jules-Albin Guinand, essayé-juré du bureau de contrôle de La Chaux-de-Fonds (Suisse). A la suite d'un vote affirmatif de la Compagnie, M. Le pré- sident proclame : Membre résidant, M. Azviser, Charles, propriétaire. Le Président, Le Secrétaire, Alexandre VÉZIAN. A. CASTAN. Séance du 7 août 4875. PRÉSIDENCE DE M. VÉZIAN. ' Sont présents : . Bureau : MM. Vézian, président; Saillard, vice-président; Klein, trésorier ; Castan, secrétaire ; MEwBRESs RÉSIDANTS : MM. Amberger, Ducat, Dunod de Char- nage, Le Monnier, Monnier, Paillot, Renaud (François), Sa- vourey, Sire, Vautherin (Francis), Waiülle. Le procès-verbal de la séance du 10 juillet est lu et adopté. Par une lettre en date du 19 juillet dernier, M. le Ministre de l’Instruction publique informe la Société qu’il lui attribue, comme encouragement, une allocation de 400 francs. Des remerciments ont été transmis à M. le Ministre, et la Société les ratifie. Sur la demande de la Société d'agriculture, sciences et arts RE —— de Poligny, le conseil d'administration est autorisé à prêter à cette compagnie, pour la décoration du local de l'exposition vinicole qu'elle tiendra en septembre prochain, quelques-uns des écussons armoriés qui figurent dans nos banquets annuels. M. Contejean, membre correspondant, désirerait l’admis- sion dans nos Mémoires d’un supplément à sa Flore du pays de Montbéliard, important travail dont nous avons publié le corps et un premier appendice. Chargé par le conseil d'administration d'examiner ce nou- veau fragment, M. Paillot l’apprécie en ces termes : « L'ouvrage de M. Contejean commence par une sorte de Préface, où est indiquée la division du travail en trois parties. Cette préface signale les ouvrages où M. Contejean a puisé et en fait une analyse succincte ; l'auteur cite aussi les botanistes qui lui ont fourni des documents. » Dans la première partie du travail proprement dit, inti- tulée : Additions et rectifications, l'auteur passe en revue les plantes récemment découvertes dans son champ d’études; 1l cite de nouvelles localités pour nombre d'espèces intéres- santes ; il signale également les erreurs qui ont pu se glisser dans ses ouvrages antérieurs et dans ceux de ses devanciers. » La seconde partie : Suppressions, mérite une attention toute particulière. M. Contejean commence par exprimer son embarras pour éliminer les espèces que les Flores et les Cata- logues portent sans que les auteurs les aient vues, espèces indiquées souvent sur la foi de personnes tout à fait étran- gères à la spécialité botanique. Les auteurs un peu anciens n'avaient pas toujours les moyens de äétermination rigou- reuse des espèces, ni de vérification des localités; les auteurs modernes, bien que souvent mieux informés, ne sont pas toujours exemp!s d'erreurs : aussi la difficulté est fréquem- ment grande pour distinguer chez ces derniers le vrai du vraisemblable, surtout si l'auteur, souvent emporté par un patriotisme mal entendu, tient à doter son pays de plantes qui n y existent que très problématiquement. — XXXI — » Un autre sujet de doute provient de la difficulté de dis- tinguer les espèces autochtones de celles qui se sont natura- lisées à diverses époques. Les flores subissent des transfor- mations incessantes par l'extension des cultures et l'acclima- tation de plantes étrangères. » Même incertitude : pour les plantes qui ne croissent que dans les cultures ; pour celles qui ne se propagent qu’autour des habitations ; pour celles qui n’occupent que des localités sporadiques, éloignées souvent de leur aire habituelle de dis- persion ; pour celles qui, quoique manifestement exotiques, se maintiennent dans le pays. » Après s'être posé ces problèmes, l'auteur admet comme appartenant à la Flore actuelle de Montbéliard toutes les plantes qui occupent des localités où elles se maintiennent, quelles que soient d’ailleurs leur origine et l’époque de leur arrivée ; il admet de même les plantes fugaces qui ne dispa- raissent jamais de la contrée, et il rejette celles qui ne se pré- sentent que de loin en loin sans pouvoir s'installer d’une ma- nière définitive. | » Puis M. Contejean divise en neuf catégories les plantes à supprimer de la Flore. » 1° Plantes mentionnées par divers auteurs, mais qui n'ont pas été retrouvées, et dont il n'existe point d'échantillon authen- tique provenant des lieux où elles ont été indiquées : » Cette première liste ne comprend pas moins de 93 plantes, parmi lesquelles je trouve : Ranunculus Philonotis, Sisym- brium Sophia, Teesdalia nudicaulis, Viola mirabilis, Steilaria glauca, Geranium lucidum, Gratiola officinalis, Chenopodium urbicum, C. Vulvaria, Zanichellia palustris, Anthericum liliago, Scirpus compressus, Carex dioica, Aira præcox, Asplenium Hal- leri, qui peuvent se rencontrer dans les lieux indiqués, et que j'admets comme faisant partie de la Flore de Montbé- liard, bien que M. Contejean n’ait pas réussi à mettre la main dessus. Je cite ces espèces pour les avoir recueillies sur les limites du champ d'exploration de M. Contejean. Combien = ANA de fois n'est-il pas arrivé aux botanistes les plus habiles de recueillir abondamment des plantes que plus tard ils ne pou- vaient plus retrouver, sans que pour cela les plantes aient disparu ! » 2° Plantes citées dans le Synopsis de Montandon, mais dont aucune ne se trouve dans la localité où elle est indiquée, et dont beaucoup sont étrangères à la Flore de Montbéliard : » Ce paragraphe d'exclusion comprend 132 espèces; pour les raisons précédemment citées, le nombre me parait un peu considérable. » 3° Plantes extirpées de localités où elles existaient autrefois, et qui ont cessé de faire partie de la Flore de Montbéliard. » 49 Plantes qui se montrent de loin en loin, mais toujours accidentellement et sans se propager. » Parmi ces plantes se trouve le Lepidium Draba L. M. Gre- nier le regarde comme « erratique et étranger à notre Flore. » Je puis dire que je n'ai jamais rencontré de plante plus vivace et plus difficile à extirper des lieux où elle croît. Je l'ai ob- servée à Nans, près de Rougemont, il y a vingt ans; elle n’a fait qu'y croître et embellir, malgré les travaux de culture. Il y a plus de dix ans que je l’ai vue à Chamars (Besancon), dans les fentes des pavés du chemin de hallage; malgré le piétinement des chevaux, elle y est aussi vivace qu’au pre- mier jour. Il en est de même dans les localités de Bregille, Montferrand, etc. » 9° Plantes semées avec des graines étrangères (généralement la luzerne du midi), et qui disparaissent au bout de deux ou trois années au plus. » 6° Plantes cultivées qui se propagent quelquefois en dehors des champs et des jardins, dans des stations fort diverses, sans jamais s'installer d'une manière définitive. » 7° Plantes cultivées qui ne se maintiennent jamais que dans le voisinage des cultures et ne peuvent s'établir ailleurs : » Le Vitis vinifera, cité dans ce paragraphe, est, pour moi, une plante parfaitement autochtone du pays. Il en est de D. © CN — mème des Prunus insitilia et P. Cerasus. J'en donnerai les raisons au Flora Sequaniæ. » 8° Plantes évidemment introduites dans une localité dont elles ne sortent pas. » 9 Plantes dont l'indigénat est douteux, et qu’il importe de retrouver dans les localilés où elles ont été indiquées. » Le paragraphe des naturalisations, qui termine le travail de M. Contejean, est traité de main de maitre et couronne dignement l'ouvrage. » En résumé, cetle notice botanique est, comme les précé- dentes du même auteur, très intéressante pour la Flore de notre pays ; elle mérite d’être recueillie dans les Mémoires d notre Société. » 7 | Conformément aux conclusions de l'honorable rapporteur, la Société vote l'impression du travail de M. Contejean. Il est pris une décision semblable au sujet d'un quatrième fascicule de l'ouvrage que produit M. Paillot lui-même, sous le titre de : Flora Sequaniæ exsiccata. M. Pingaud , empêché par un devoir public d'assister à la séance, a chargé le secrétaire d'informer la Société de la cause involontaire qui le privait du plaisir de faire une communi- cation inscrite à l’ordre du jour. Après s ètre acquitté de cette commission, M. Castan donne lecture des troisième et quatrième chapitres de son Histoire abrégée de la Franche-Comté. Sont présentés pour entrer dans la Société : Comme membres résidants, Par MM. Vézian et Charles Grand, M. Henry Le Chatelier, ingénieur des mines; Par MM. Bossy et Castan, M. Adolphe Coulaud, comp- table ; Par MM. Gauthier et Castan, M. Edouard Besson, avo- cat; | ‘Comme membres correspondants, Par MM. Vézian et Sire, M. Armbruster, inspecteur pri- ( j — XXXIV — maire chargé des fonctions d’Inspecteur d'Académie à Bel- fort ; Par MM. Thuriet, Gauthier et Castan, M. Jules Dufay, no- taire, à Salins ; Par MM. Jean Petit, Delacroix et Castan, M. Olivier Ho- quin-Tandon, littérateur, rue Monsieur-le-Prince, 25, à Paris. Un vote d'admission ayant eu lieu sur le compte des can- didats antérieurement présentés, M. le président proclame : Membres correspondants, MM. BogizzierR, Edouard, maire de la ville de Clerval et suppléant du juge de paix; GuInanD, Jules-Albin, essayeur-juré au bureau du con- trôle de La Chaux-de-Fonds (Suisse). Le Président, Le Secrétaire, Alexandre VÉZIAN. À. CASTAN. Séance du 13 novembre 1875. PRÉSIDENCE DE M. VÉZIAN. Sont présents : Bureau : MM. Vézian, président; Saillard, vice-président; Klein, trésorier ; Castan, secrétaire ; MeuBres RÉsIDANTS : MM. Alexandre (Charles), Androt, Bertin, Bougeot, Bourcheriette, Canel, Courtot, Daubian-De- lisle, Debauchey , Delagrange, Demongeot, Druhen, Durupt, Fournier, Grand (Charles), Haldy, Huart, Jégo, Le Monnier, Marteau, Moschenros, Paillot, Petitcuenot, Renaud (François), Rouzet, Suint-Ginest, Savourey, Waille; MEMBRES CORRESPONDANTS : MM. Briot, Chapuis et Roy. Le procès-verbal de la séance du 7 août ayant été lu et adopté, M. le président notifie le décès de M. Charles Grenier, doyen honoraire de la Faculté des sciences, l'un des fonda- — XXXV — teurs et quatre fois président de la Société d'Emulation du Doubs. M. le président rappelle les principaux titres du défunt à l'estime du monde savant et aux regrets de notre Compagnie ; il annonce d’ailleurs l'intention qu'il a de rendre hommage, dans son discours d'ouverture de la prochaine séance publi- que, à la mémoire du collaborateur infatigable que nous avons perdu. La Société, prenant acte de la promesse qui lui est faite, déclare qu’elle accueillera avec intérêt une appréciation des services rendus à la science par l’'éminent botaniste dont les travaux occupent une si grande place dans nos recueils. Par une lettre en date du 30 octobre dernier, la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny nous remercie du prêt qui lui a été fait, pour la décoration du local de son der- nier concours, des écussons armoriés qui nous appartiennent. Comme mandataire de M. Jules Jurgensen, membre cor- respondant, le secrétaire offre à la Compagnie un écrin ren- fermant la magnifique médaille que les Neuchâtelois ont fait frapper à l'effigie et en l'honneur de lillustre naturaliste Louis Agassiz. La Société, non moins touchée de la valeur de ce beau présent que des motifs sympathiques qui l'ont inspiré, offre en retour à M. Jurgensen l'expression de sa vive et affec- tueuse gratitude. Des remerciments seront également transmis à M. le curé Jeannin, membre correspondant, qui a fait don à la Société du sceau en bronze de l’abbaye de Lieucroissant, matrice gravée dans la première moitié du dix-septième siècle. Au nor du conseil d'administration, M. le président com- munique le budget projeté pour l’année 1876. Les divers articles de ce projet ayant été mis en délibération et succes- sivement adoptés, puis un vote approbatif ayant eu lieu sur l'ensemble, M. le président déclare le budget de 1876 ainsi arrêté : NX XXVI—= RECETTES PRÉSUMÉES. Subvention de MALE". Et RES 400 f. 22 — duidépartement. ./#c#HLir 500 st — GER ET OM da 600 4° Cotisations des membres résidants. . . . . . . 2.400 so — — correspondants. . .. 900 6° Droit de diplôme, recettes accidentelles. . . . 90 70 Intérêts du capital en caisse et des rentes sur LORD de SP RP NE NE SOUS DES EU 300 Total. de ce RE DÉPENSES. Le LODEESIONS et Se ce + DID PURES. 2. : NE LR 100 ” Frais de bureau, EURE et ets LS 22À ° Frais divers et séance publique. . . . . . . . 500 je Traitement et indemnité pour recouvrements a l'agent de là SOELRIE Le ee ee SR D AE 6° Crédit pour recherches santé esl PAR re 500 Total des dépenses. 5.200 f. Appelée à préciser le jour et à régler les conditions de la prochaine séance publique et du banquet qui en est la suite, la Société décide que cette double solennité aura lieu le jeudi 16 décembre prochain ; elle fixe la souscription au banquet à dix francs par convive, et elle s’en remet au conseil d’admi- nistration pour le surplus des arrangements à prendre en vue de la manifestation dont il s’agit. M. le docteur Briot, membre correspondant, communique deux notes archéologiques, accompagnées de plans qui sont l'œuvre de notre confrère, M. Carme. L'une de ces notes con- cerne les Grands-Tarraux de La Chênée des Coupis (Jura) : ce a XIE sont deux lignes sinueuses et à peu près parallèles de vastes fossés, munis de parapets intérieurs, qui, en réunissant entre elles des vallées profondes et marécageuses, forment une en- ceinte continue de plus de deux kilomètres et embrassent une superficie parfaitement plane d'environ 40 hectares, déduc- tion faite de la partie déclive des vallées. Cet ensemble se dé- veloppe sur les territoires de La Chênée des Coupis, de Gatey et d'Asnans; il est traversé par le chemin vicinal de Gatey à La Chêônée. La tradition indique ces travaux comme résul- tant d’un campement de l’armée française au dix-septième siècle; mais l’analogie de ce refuge avec ce que l’on sait des oppidum gaulois, dans les pays marécageux, pourrait faire . supposer que les soldats français auraient profité d'un ouvrage remontant à l'antiquité. — La seconde note est une descrip- tion de ce que l’on appelle le Camp de Baimey, sur le terri- toire de Rye (Jura), non loin de Dissey, où M. Alphonse De- lacroix place la ville antique de Dittation. Cet ouvrage dé- fensif est rectangulaire : il a 120 mètres de largeur sur 220 de longueur, en un terrain plan d’environ deux hectares et demi de superficie. Du côté de l’ouest, où l'enceinte est:bien conservée, elle se compose, de dedans en dehors, d'un para- pet de 10 mètres d'épaisseur et de 1 mètre 50 centimètres de hauteur, puis d’un fossé de 10 mètres de largeur et de 2 mètres de profondeur, d'une esplanade où passe le chemin de Baimey aux Essards, enfin d’un contre-fossé. La puissance totale de ces divers accidents est d'environ 40 mètres. Du côté sud, dans la partie moyenne de l'ouvrage, on voit deux ou- vertures d'environ 1 mètre 50 centimètres chacune, séparées par une butte de la même épaisseur. Du côté de l’est, le pa- rapet se continue en dehors de l'enceinte vers le sud, sur une longueur d'environ 150 mètres, en formant un demi-cercle vers le foyer duquel, et à 30 mètres de la circonférence, s’é- lève une motte circulaire d'environ 3 mètres de hauteur et de 50 mètres de diamètre. Cette motte, couverte de bois, est appelée le Chdteau de Baimey ; des fouilles y ont mis au jour 0 — OCOYUTE— des débris de briques et une épée du seizième siècle. A l'angle nord-est de la castramétation, un creusage a fait surgir des débris de poteries antiques. La Société remercie M. Briot de son intéressante commu nication, dont un sommaire entrera dans le procès-verbal ; puis, sur la demande de cet honorable confrère, elle décide que l'attention de M. Alphonse Delacroix sera appelée sur les deux notes et les plans qui les accompagnent. M. Paillot propose l'admission dans notre volume de 1875 d'un travail de M. Renauld, membre correspondant, qui est intitulé : Recherches sur la distribution géographique des Mus- cinées dans l'arrondissement de Forcalquier et la chaîne de Lure (Basses-Alpes), mémoire devant former au plus 60 pages d'im- pression. Après avoir fait un grand éloge de ce travail de bo- tanique, l'honorable rapporteur ajoute : « Certains botanistes allemands s'occupant actuellement de préciser les limites de la flore bryologique méridionale, il serait utile, afin de ne pas se laisser devancer par eux et d'assurer à M. Renauld la prio- rité de ses découvertes, de comprendre son ouvrage dans le volume de l’année courante. » Cette conclusion est adoptée. M. Castan donne lecture d'un mémoire intitulé : La pre- mière entrée des archevèques de Besancon sous l’ancien régime, travail suivi de pièces justificatives qui comprennent une description de l'Evangéliaire sur lequel les prélats prêtaient leur premier serment, puis divers procès-verbaux relatifs au - cérémonial d'entrée, le plus ancien de ces actes remontant à l'an 1334 et étant écrit en langue francaise. La Société vote l'impression de ce mémoire. Sont présentés pour entrer dans la Société : Comme membres résidants, Par MM. Haldy et Castan, M. Jacob Lehrs, propriétaire, à la Grette, banlieue de Besancon ; Par MM. Vézian et Sire, M. Gaston Moquin-Tandon, pro- fesseur à la Faculté des sciences ; Er XANIXE—— Comme membre correspondant, Par MM. Fournier et Castan, M. Emir Javel, imprimeur, à Arbois (Jura). A la suite d'un vote favorable de la Compagnie, M. le pré- sident proclame : Membres résidants, MM. Besson, Edouard, avocat; Couraup, Adolphe, comptable ; LE CHATELIER, Henry, ingénieur des mines; Membres correspondants, MM. ARMBRUSTER, inspecteur primaire chargé des fonctions d’'Inspecteur d'Académie, à Belfort; Duray, Jules, notaire, à Salins (Jura) ; Moquinx-Tanpow, Olivier, littérateur, à Paris. Le Président, Le Secrétaire, Alexandre VÉZIAN. A. CASTAN. Séance du 15 décembre 1875. PRÉSIDENCE DE M. MARQUISET. Sont présents : Bureau : MM. Marquiset, premier vice-président; Saillard, vice-président; Klein, trésorier ; Faivre, vice-secrétaire; Gau- thier, archiviste; de Prinsac, trésorier-adjoint ; Castan, secré- taire ; Meweres RésipanTs : MM. Alexandre (Henri), Arnal (Ale- xis), Arnal (Amédée), Bellair, Bertin, Bial, Bizos, Bourche- riette, Bouttey, Brusset, Canel, Courtot, Daubian-Delisle, Dela- croix (Alphonse), Delavelle, Ducat, Dunod de Charnage, de Gas- sowski, Grand (Charles), Grosjean, Guillin, Jégo, Haldy, Henry, Huart, Ledoux, Marion, Martin, Monnot, Potier, Rascol, Re- naud (François), Ripps, Saint-Ginest, Savourey, Sire ; — mt MEMBRE CORRESPONDANT : M. Bailly. Le procès-verbal de la séance du 13 novembre est lu et adopté. Le secrétaire rend compte de ce qu a fait le conseil d'admi- uistration pour préparer, conformément aux usages, la séance publique et le banquet. [l donne ensuite lecture des réponses écrites par les membres honoraires et les sociétés voisines en retour des invitations adressées pour le 16 décembre. La Société apprend ainsi, par des excuses très gracieusement motivées, qu'elle sera privée de la présence de MM. le Gé- néral commandant le 7° corps d'armée, le Préfet du Doubs et le Maire de la ville; mais elle recoit avec satisfaction l'assu- rance qu’elle comptera parmi ses auditeurs le nouveau Chef de la province ecclésiastique, et qu'elle pourra offrir une double hospitalité à M. le Premier président, à M. le Recteur, à M. le Procureur général, à M. l'Inspecteur d'Académie, ainsi qu'aux délégués des sociétés de Neuchâtel, de Monthé- liard, de Vesoul et de Poligny. - Par une lettre en date du 27 novembre, M. Péchoix, insti- tuteur à Glay et membre correspondant de la Compagnie, annonce le prochain envoi d’un relief du département du Doubs, exécuté par lui pour l'instruction de ses élèves, d’a- près la nouvelle carte sur toile qui existe dans les écoles pri- maires. ; La Société, vivement sympathique à toute entreprise ca- pable de perfectionner l'outillage de l’enseignement primaire, promet le plus bienveillant accueil à l'envoi qu’annonce M. Péchoix. Sont présentés pour entrer dans la Société comme membres résidants : Par MM. Bizos et Castan, M. Emile Cretin, professeur de mathématiques spéciales au Lycée, et M. Louis Lhomme, sur- numéraire de l'enregistrement; Par MM. Amberger et Paillot, M. Louis Monnier, phar- macien ; | ni. * 1) Vo Par MM. Grand (Charles) et Saillard, M. Léonce Mourot, percepteur ; Par MM. de Prinsac et Ripps, M. Albert Vuillemot, licencié en droit, avoué près le Tribunal de première instance. A la suite d'un vote favorable sur le compte des candidats antérieurement présentés, M. le président proclame : Membres résidants. MM. Lars, Jacob, propriétaire ; Moquix-Tanpon, Gaston, professeur à la Faculté des sciences ; Membre correspondant, M. Javez, Emir, imprimeur, à Arboiïs (Jura). L'ordre du jour appelle la Société à élire son conseil d'ad- ministration pour l'année 1876. Le scrutin ayant été ouvert et dépouillé, il en résulte que les 41 bulletins tirés de l’urne se sont exprimés de la manière suivante : Pour le président : Pour le premier vice-président : Pour le deuxième vice-président : Pour le vice-secrétaire : Pour le trésorier : Pour le trésorier-adjoint : Pour l’archiviste : M. . Saillard, 40 voix. . Vézian, 1 voix. M. M. M. . Klein, 40 voix. . de Prinsac, 39 voix. . Ripps, 1 voix. . Gauthier, 40 voix. Marquiset, 41 voix. Vézian 40 voix. Saillard, { voix. Faivre, 41 voix. , En conséquence, M. le président déclare le conseil d’admi- nistration de 1876 ainsi constitué : Président . APT PRE Premier vice-président . . . . .. Deuxième vice-président Secrétaire décennal . M. MARQUISET; M. SAILLARD; M. VÉzIAN; M. CASTAN ; Vice-secrétaire et contrôleur des dépenses, . M. FAIVRE; ii Dresorier vel. MNERMMEENENRNENEURUE" CENTS KES Trésorier-adjoint ee Mn OM DE PRINSNEE Archrviste NE MLMEL TN RULES CENLESPPMEICAUTERRE Le Vice-Président, Le Secrétaire, Léon MaARQUISET. A. CASTAN. Séance publique du 16 décembre 1875. PRÉSIDENCE DE M. VÉZIAN. La séance se tient extraordinairement dans la grande salle de l'Hôtel de ville. Sont présents : M. Vézian, président annuel: M. le PREMIER PRÉSIDENT DE LA Cour D'APPEL, Sa Grandeur M£' l'ARCHEVÈQUE DE BESAN- con , M. le RECTEUR DE L’ACADÉMIE, M. le PROCUREUR GÉNÉ- RAL, M. L'INSPECTEUR D’'AGADÉMIE, membres honoraires ; M. Jurgensen, délégué de Neuchâtel; MM. Favre et Lalance, délégués de Montbéliard; MM. Baïlly et de Belenet, délégués de Vesoul ; MM. Cournut et Sauria, délégués de Poligny ; MM. Marquiset et Saillard, président et premier vice-pré- sident élus pour 1876; MM: Faivre, vice-secrétaire; Gauthier, archiviste ; de Prinsac, trésorier-adjoint: Castan, secrétaire ; Membres résidants : MM. Auscher, Barbier, Besson (Ed), Bial, Bizos, Boussingault, Boysson d'Ecole, Clément, Daubian- Delisle, Delacroix (Alphonse), Delavelle, Ducat, de Gassowskr, Grand | Charles), Haldy, Huart, Martin, Miot, Pétey, Renaud (Francois), Ripps, Saint-Ginest, Savourey, Sire, Tailleur (Louis), Titon, Tivier ; Membres correspondants : MM. Mourot et Thuriet. Les auditeurs invités sont en très grand nombre. La séance ayant été ouverte à deux heures et demie, les communications se succèdent dans l'ordre suivant : 9 9) À 1 Ms La Société d'Emulation du Doubs en 1875 : rapport sur ses travaux et hommage rendu à deux de ses anciens présidents décédés, MM. Grenier et Faucompré, par M. Vézian, prési- dent annuel : Du mouvement vibratoire de la matière: conférence scienti- fique, entremélée d'expériences, par M. Georges Sire, ancien président ; Jean Mairet et Pierre Corneille : un épisode de la querelle du Cid, par M. Bizos, membre résidant ; Les bords franco-suisses du Doubs, par M. Jules Jurgensen, délégué de la Société d'histoire de Neuchâtel. Les dessins de M. Ducat, représentant l'ensemble et les parties récemment découvertes des vestiges du Thédtre de Ve- sontio, sont exposés dans la salle. La séance est levée à cinq heures. — XLIV — BANQUET DE 1875. Après la fête de l'intelligence, vint celle de la fraternité. Nous voulons parler du banquet qui réunit habituellement quatre-vingt-dix convives dans le salon du palais Granvelle. La municipalité a fait agrandir d'une longueur de huit mètres cette magnifique pièce, et la Société d'Emulation en a eu la première jouissance. Le coup d'œil de la table était vraiment éblouissant. M. Lépagney, avec le talent qu'on lui connaît, avait encadré de plantes choisies les apulents candélabres et les coupes de Chine de M. Baud. Toutes les ouvertures du local étaient sarnies de tentures de velours rouge. Sur des trophées de drapeaux aux couleurs françaises, bisontines et helvétiques, on voyait les armoiries de la Franche-Comté et celle de l'Etat de Neuchâtel, puis les blasons des villes de Montbéliard, de Belfort, de Vesoul, de Lons-le-Saunier, de Poligny, de Besancon. Les bustes du cardinal de Granvelle et de Jean-Jacques Chiflet, l'historien de notre ville, déco- raient les deux cheminées de la salle. Les mets, préparés par la maison Colomat, ont justifié, une fois de plus, la renom- mée de cette officine culinaire. Pour marquer la relation intime du banquet et de la séance qui le précède, les cartes où Ie menu était imprimé portaient, en manière de fleuron décoratif, la reproduction amplifiée d’une monnaie gauloise en or trouvée à Besancon et recueillie par feu M. Racine, l’un des anciens membres de la Société. Ce type d'aureus celtique, qui s'est rencontré plusieurs fois en Franche-Comté et ne se trouve pas ailleurs, peut être con- sidéré comme appartenant en propre à la Séquanie. La gra- vure ainsi utilisée est extraite du deuxième volume de l’Art = DIE — gaulois, par M. Eugène Hucher, l'un des hommes qui ho- norent le plus l’érudition provinciale. Avec la permission de ce très obligeant confrère, nous donnons encore ici le petit or- nement qui à piqué la curiosité de nos convives : qu until ‘a op ax AID Le siége présidentiel était occupé par M. Vézian, assis entre M. le PREMIER PRÉSIDENT DE LA COUR D'APPEL et M. le REc- TEUR DE L'AGADÉMIE. En face, M. Léon Marquiset, président élu pour 1876, avait à sa droite M. le PROCUREUR GÉNÉRAL et M. l'InsPECTEUR D'AcADÉMIE. Venaient ensuite : M. Jules Jurgensen, délégué de Neuchâtel; M. Favre, président de la Société d'Emulation de Montbéliard ; M. Lalance, délégué de cette même compagnie et membre du Conseil général du Doubs; MM. Bailly et de Belenet, délégués de la Société d’a- griculture, sciences et arts de la Haute-Saône; MM. Cournut et Sauria, délégués de la Société de Poligny; M. Saillard, premier vice-président élu pour 1876; MM. Alphouse Dela- croix, Boysson-d'Ecole, Grand, Ducat et Sire, anciens prési- dents ; M. Mairot, président du tribunal de commerce ; MM. les commandants Bial et Arthur Picard; M. Moquin-Tandon, pro- fesseur à la Faculté des sciences ; M. Daubian-Delisle, directeur des contributions directes; MM. de Fromentel, Paillot et Henry, naturalistes ; M. Saint-Ginest, architecte du département ; M. Bizos, professeur de rhétorique au Lycée; M. Charles Thuriet, littérateur; M. Francis Vautherin, ancien conseiller général du Jura; M. Barbier, conseiller d'arrondissement de Baume-les-Dames; MM. les avocats Dunod de Charnage et “ — XLVI — Henri Coulon; M. Brulard, greffier du tribunal civil; M Jules Gauthier, archiviste du département; M. de Gassowski, artiste- peintre; M. Alexis Arnal, économe du Lycée; M. Amédée Arnal, conseiller d'arrondissement de Besancon ; M. Bertin, membre du conseil municipal; M. Adolphe Faïvre, professeur à l'Ecole de médecine; M. Moschenros, professeur d'allemand au Lycée; M. Bouttey, juge au tribunal decommerce;, M. Klein, trésorier de la Société, etc. MM. le baron de Prinsac et Paul Ripps avaient bien voulu accepter les fonctions de commissaires de la fête. Neuf discours ont animé la période du dessert ; nous allons les reproduire dans l'ordre où ils ont été prononcés. Toast de M. VEZzIAN, président annuel. « MESSIEURS , » En prenant le premier la parole, en vertu d’un privilége que vous accordez à votre président, je tiens avant tout à re- mercier les membres d'honneur, qui sont venus prendre place à notre banquet, d’avoir bien voulu accepter l'invitation qui leur était cordialement adressée. » Je remercie, en particulier, M. le Premier président, qui est pour nous une ancienne connaissance et qui à toujours témoigné à la Société d'Emulation les sentiments de la plus vive sympathie. » Je renouvelle mes souhaits de bienvenue à M. le Recteur, et je prends la liberté de lui rappeler que la Société d'Emu- lation n'est pas étrangère à notre Académie universitaire. C'est dans l'édifice affecté à la Faculté des sciences que la So- ciété d'Emulation ést née; c'est là que, pendant près de douze ans, elle a tenu ses réunions; c’est là, enfin, qu’elle a fondé notre musée d'histoire naturelle, musée qui est en majeure partie son œuvre et qu’elle se plaît à enrichir chaque jour. » M. le Général commandant le 7e corps d'armée, Monsei- gneur l’Archevêque et M. le Préfet du Doubs auraient vive- — XLVI — ment désiré assister à cette fête. Je suis leur interprète en vous exprimant tous leurs regrets d'en avoir été empèchés par des circonstances indépenantes de leur volonté. » Messieurs, me voilà parvenu au terme de ma tâche. L'honueur que vous m'avez fait, en m'appelant pour la se- conde fois à la présidence, est la récompense des efforts que j'ai tentés pour être utile à ce pays; c'est aussi pour moi un encouragement à continuer mes travaux sur la Franche- Comté, travaux dont je voudrais faire désormais l'occupation presque exclusive de ma vie. » Vous avez choisi pour me succéder un collègue que son aménité de caractère, son sage libéralisme, sa position dans le monde, le zèle avec lequel il s'occupe des affaires publiques, désignaient à vos suffrages. Mais que M. Marquiset me per- mette de le lui dire, plus d’une fois, grâce à qui? vous le savez, il pensera à l’époque des rois fainéants et des maires du palais, et, à la fin de sa présidence, il pourra dire comme moi : J'ai été à l'honneur, mais je. n'ai pas été à la peine. » Cet honneur, messieurs, d’être à la tête de votre Société, grandit à mesure que cette Société devient de plus en plus importante. Les causes de sa prospérité, je les ai indiquées au- jourd' hui en les rattachant à son organisation. Mais je tiens à compléter ma pensée et à vous dire que vos succès sont dûs surtout à l'esprit qui règne dans notre association. » Nos statuts nous défendent de nous occuper de politique, et la politique est un germe de discorde que nous rejetons loin de nous. Vous ne m'accuserez donc pas d’obéir à une préoccu- pation étrangère à nos travaux, lorsque je vous dirai que si la devise Liberté, Egalité, Fraternité, n’est pas celle que vous avez inscrite dans vos statuts, elle est néanmoins celle que vous appliquez chaque jour. » N'est-ce pas au nom de la Liberté que, tout en restant des hommes d'ordre, vous êtes pénétrés des sentiments du plus sincère libéralisme ? » Et l'Egalité, n'est-ce pas elle aussi qui vous inspire, lors- nn 0 0 que vous ouvrez vos rangs à tous ceux qui veulent venir à vous, en ne leur demandant rien autre chose, comme je l’ai dit, que d'être des hommes honnêtes et des hommes de bonne volonté ? » Kt n'est-ce pas la Fraternité que vous prenez pour règle, lorsque vous maintenez dans nos réunions la plus complète harmonie? N'est-ce pas au nom des sentiments confraternels qui nous unissent que vous venez nombreux autour de cette table pour boire, lorsque votre président vous en donne le signal, d’abord à la santé des membres d'honneur qui veulent bien prendre part à notre fête de famille, et ensuite... à la Société d’Emulation et à sa prospérité sans cesse croissante ? » Toast de M. CASTAN, secrétaire décennal. « MESSIEURS LES DÉLÉGUÉS DES SOCIÉTÉS SAVANTES , » C'est la dixième fois que vous venez prendre part à notre fête annuelle et que nous avons la joie bien douce de vous . rendre témoins de nos sentiments confraternels. » Il est méritoire le pèlerinage que vous entreprenez en pa- reille saison, sans autre mobile que le désir d'étayer de vos sympathies une œuvre que vous jugez saine et utile. » Nous vous en remercions vivement, car une telle démarche, émanant d'hommes honorables à tant de titres, est faite pour nous inspirer confiance en nous-mêmes et pour accroître le patrimoine d'estime publique qui sert de point d'appui au levier de nos efforts. » Vos associations, ainsi que la nôtre, sont animées de l’es- prit moderne. Si elles étudient le passé, ce n’est pas pour y chercher des armes contre le présent et faire croire que l’ave- nir doit être fatalement calqué sur ce qui a vécu. Nous pré- tendons, au contraire, que toutes les institutions humaines sont obligées de se transformer par le progrès, sous peine d'être emportées par la révolution. Comme nos associations tiennent à vivre, elles doivent compter avec le progrès, même AIR quand il se présente sous la forme passagère d'un orage iné- vitable. Mais alors nous tempérons les lueurs un peu rou- geâtres de ces éclairs de circonstance par la blanche et calme lumière qui se dégage de l'observation des faits accomplis. Mieux que toutes les théories systématiques, lesenseignements de l'histoire rendent raison de cet équilibre nécessaire entre la force motrice, qui à elle seule ferait verser la cargaison dans les précipices de l'inconnu, et la force de réaction, qui donne aux conducteurs le temps d'éclairer la marche en avant. Ce principe de mécanique sociale est aussi vieux que le monde; il se lit à toutes les pages logiques de l’histoire de l'humanité. Nos études rétrospectives le mettent en évidence, et c'est ainsi qu'elles ont un caractère d'utilité pratique digne de l'attention des esprits sérieux. Quand nous aurons démontré, par une multitude d'exemples, que, dans tous les temps, la boussole du sens commun a maintenu son aiguille à écale distance des rêveries chimériques de l’extrème droite et des rétriminalions passionnées de l'extrême gauche, nous aurons contribué à éteindre des préjugés, à provoquer des rapprochements, à grossir le faisceau de ceux qui estiment que le bien peut venir de tous et quil n’est le monopole d'aucun groupe privilégié. » Dans les temps troublés que nous traversons, l’apostolat que je viens de définir est éminemment opportun. Si le pa- triotisme ne nous imposait pas l'obligation de le poursuivre, la constitution même de nos assemblées nous inspirerait le désir de l'entreprendre En effet, nous n’arborons le drapeau d'aucun parti, nous n’usons des signes de ralliement d'aucune coterie, nous voulons être et nous intituler modestement tout le monde. À ce titre, essentiellement libéral, l'exclusivisme nous est interdit et toutes les convictions avouables ont droit à nos égards. Dès lors notre ligne de conduite collective est forcément la moyenne d’une foule d'opinions très diverses et ayant chez nous toute latitude pour se produire. Donc les en- seignements qui découlent de nos études pouvant être prati- quement essayés et vérifiés par les actes de notre vie de chaque d — NN — jour, il en résulte que nos assemblées sont tout ensemble des foyers d'instruction et des laboratoires d'éducation. Et comme, par le fait de leur recrutement illimité, ces agglomérations ne cessent de se rajeunir, il y a certitude pour elles d’être in- définiment de leur temps et de leur pays. » Tels sont, au point de vue social, les avantages qu'offrent et les services que rendent les associations intellectuelles fon- dées sur le principe tout moderne de la liberté d'accès. Leur naissance est contemporaine des merveilleuses inventions qui ont renouvelé la face du monde; elles semblent des corollaires de la photographie qui vulgarise les œuvres d’art, de la télé- graphie qui donne des ailes à la pensée humaine, des lignes de chemins de fer qui suppriment les distances entre les peu- ples. » Nous aussi, messieurs, nous divulguons les monuments artistiques du passé, nous donnons essor à de nombreux tra- vaux de l'intelligence, nous supprimons les distances qui ris- queraient de séparer beaucoup d'hommes animés du même bon vouloir. S'il en était besoin, la fête de ce jour servirait à justifier les trois propositions qui précèdent. Dans notre séance publique, vous avez admiré des dessins splendides qui font revivre l'un des grands édifices de la capitale des Séquanes; puis vous avez applaudi des morceaux achevés de science, d'histoire et de littérature descriptive. Enfin, dans ce banquet si succulent de cordialité franche, vous voyez assis à la même table, par l'effet d’une noble attraction, les hauts représentants du pouvoir, les héritiers de plusieurs noms illustres, quelques- uns des ouvriers de la pensée , beaucoup d'artistes de nos in- dustries nourricières, tous épris d'émulation pour travailler de concert à l'apaisement des esprits par l'élévation du niveau des intelligences. » Ge sont là, messieurs, de salutaires manifestations ; nous aurions le droit d’en étre fiers, mais nous avons avant tout le devoir d'en attribuer le succès à ceux qui, après nous les avoir inspirées, viennent, chaque année, avec une si cordiale solli- mit citude , nous reconforter par le tribut de leurs vœux et nous grandir par le concours de leurs talents. » J'ai donc toute raison, messieurs, de vous proposer de boire à la santé de nos éminents collaborateurs de Neuchâtel, de Belfort, de Montbéliard, de Vesoul, de Lons-le-Saunier et de Poliguy. Les sociétés qu'ils représentent sont, par essence et par vocation, les sœurs de la nôtre : aussi ne puis-je mieux terminer qu'en souhaitant à ces savantes et libérales compa- gnies ce que nous nous souhaitons à nous-mêmes, c'est-à-dire la continuation de l'esprit de concorde, l’accroissement des forces actives, la fréquence des entreprises ayant pour but d'instruire les contemporains et de frayer la route du progrès honnête aux générations futures. » Toast de M. Favre, président de la Société d'Emulation de Montbéliard. & MESSIEURS LES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ D’ ÉMULATION Du Douss, » L'union fait la force: ce dicton, si peu pratiqué dans certaines régions qu il est superflu de nommer, a trouvé plus d’écho parmi les sociétés savantes, qui n’ont qu’un but, le pro- grès de la science, qu'un mobile, l'amour du pays. La Société d'Emulation de Montbéliard et celle de Besançon ont toujours donné l'exemple de la plus parfaite confraternité. Vous, mes- sieurs, par vos savanis travaux, par vos intéressantes lectures, vous avez contribué à l'éclat de nos réunions. Jusqu’à présent, nous ne vous avons guère apporté que l'expression de nos vœux, que l'assurance de notre affection et de notre estime; espérons qu'avec le temps nous ferons plus, nous ferons mieux, et que nous aurons aussi notre tour de parole dans vos séances an- nuelles, véritables joutes académiques, où l’on ne sait ce qu'il faut le plus admirer, la science qui vient de l’étude ou l'esprit qui vient du cœur. C’est dans cette flatteuse espérance que je bois à l'union encore plus étroite des Sociétés d'Emulation de it = Besançon et de Montbéliard, déjà si unies entre elles et si bien faites pour répandre, par leur exemple, les idées de concilia- tion et de concorde dans notre belle et patriotique Franche- Comté! » Toast de M. BaïLy, vice-président de l: Société d'agriculture de la Haute-Saône. «© MESSIEURS, » En l'absence de M. le président de la Société d’agricul- ture, sciences et arts de la Haute-Saône, je remplis le devoir de remercier la Société d'Emulation du Doubs du gracieux accueil qu’elle nous fait chaque année. » Placée au milieu d'un territoire éminemment agricole, notre Société cherche à vulgariser les bonnes méthodes de culture, à faire substituer l'emploi des machines à la main- d'œuvre aujourd'hui si onéreuse, en un mot, à encourager le travail dés champs; mais, tout en servant d'aussi grands in- térêts, elle s'efforce de justifier son double titre. Son modeste Bulletin prouve qu’elle fait une part à l'étude de l'histoire locale et de l'archéologie; et c’est par là qu'elle se rattache à votre Société d'Emulation. Les savants Mémoires que vous publiez, messieurs, sont ses guides, ses modèles; et le profit qu’elle en retire nous donne l'espoir que, à l'exemple de celles qui ont déjà fait leurs preuves, elle apportéra, dès l’année prochaine, le tribut de quelques lectures à vos instructives réunions. Cette association fraternelle, je dirais presque cette mise en commun des travaux de tous, ne peut manquer de répandre et de fortifier l'idée du beau et du bien dans notre chère Franche-Comté, ainsi que chez nos bons voisins de la Suisse; et, comme la Société d’'Emulation du Doubs est le centre de ce mouvement intellectuel, j'ai l'honneur de propo- ser à tous les convives de boire à sa longue prospérité. » mn D Toast de M. CourNUT, délégué de Poligny. « MESSIEURS, » Au nom de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny, je vous remercie de l'accueil si bienveillant et si sympathique qu’elle recoit de vous en la personne de ses délégués. » Mes collègues, messieurs, professent pour la Société d'Emulation du Doubs une estime profonde, justifiée par vos belles découvertes et par vos remarquables travaux; ils lui ont voué une affection fraternelle qui prend sa source dans l'identité du but poursuivi par les deux sociétés, et dans l'amour de cette patrie comtoise dont la gloire et les intérêts nous sont si chers à tous. Ici, vous ne vous lassez pas de de- viner, d'exhumer, de créer dés merveilles; à Poligny, nous ne nous lassons jamais de vous applaudir, de vous admirer. » Je bois donc à la prospérité de la Société d'Emulation du Doubs qui, par la réunion de toutes les sociétés de la pro- vince, prépare ce rapprochement des cœurs et cette unité de vues si nécessaires pour rendre à la grande patrie française toute sa gloire et toute sa prospérité d'autrefois. » Toast de M. JURGENSEN, déléqué de Neuchâtel. LA » MESSIEURS ET CHERS CONFRÈRES, » C'est de tout cœur que j'aime la Société au sein de la- quelle votre bienveillance m'a introduit, et j'ai pris la douce habitude de venir participer à vos travaux et à vos solennelles réunions de décembre. J'ai été si régulier dans mes visites depuis les jours néfastes de 1871, que, sachant la fragilité des choses d’ici-bas, je n'ose pas compter sur la possibilité de ré- pondre constamment à vos appels et aux incitations de mon cœur. » Daignez, toutefois, accepter à cette heure l'assurance de IN ma reconnaissante amitié : de près ou de loin, je suis et res- terai des vôtres. Toujours je serai fier d'être l'associé de vous tous et l'ami dévoué de quelques-uns d’entre vous. » Bien qu'étranger à la Suisse, j'ai l'honneur de vous ap- porter en ce jour, au nom de plusieurs sociétés de ce pays, très particulièrement au nom de la Société d'histoire et d’ar- chéologie de Neuchätel, un salut de vive sympathie et de bon voisinage. [1 m'a été recommandé de vous exprimer avec cha- leur tout le prix que les contrées helvétiques, rattachées à la terre franc-comtoise par tant de liens, mettent à consolider et à multiplier ces fraternelles relations. C’est une tâche agréable à remplir, d'autant plus agréable, que j'ai la ferme conviction qu’en ces temps difficiles, la Suisse n’a pas de plus sincères amis que ses voisins de France. » Petite par l'étendue du territoire, neutre de par les traités européens, la Confédération ne peut jouer qu’un rôle passif. Elle couvre vos frontières de Bâle à Genève, et forme entre l'Allemagne et l'Italie ce coussin protecteur qu'on ne suppri- merait pas facilement. Il ne vaudrait pas la peine de s'occu- per d'histoire si l'étude de l'histoire et des expériences con- temporaiues n'amenaient pas à des convictions. Or je pense que s'il y a eu jadis des rivalités, des injustices internationales parmi les tribus transjuranes et cisjuranes, les fils ne s’en souviennent que pour se féliciter de ce que le présent ne res- semble pas au passé. Si l'antique Séquanie ne doit plus re- vivre, ah! que du moins la frontière ne soit à jamais qu'une nécessité géographique, profitable à tous, non une ligne de séparation! Le même sang gaulois coule dans nos veines, ne l’oublions jamais. » La France est nécessaire au monde. Quand elle est amoindrie, un abaissement général s'ensuit. Je constate avec bonheur combien tout ce qui vous touche intéresse vos voi- sins helvétiques. Ils en ont donné plus d’une preuve, récem- ment encore lors des inondations qui dévastèrent le Midi et la Gascogne. Vous leur rendez avec amour ces bons senti- — LV — ments, et Besancon traite comme ses propres enfants les nom- breux Suisses qui vivent dans ses murs. » Il est bon d'insister sur ces choses en ces temps parfois si tristes et si incertains. N'’est-il pas vrai qu’en établissant cet inventaire moral, on semble mieux s'assurer la longue, l'éter- nelle possession des biens dont on parle? » Nous nous entretenions, il y a peu d'heures, des relations plus suivies que des voies de communication nouvelles vont “assurer entre nous. Me félicitant de ce rapprochement de plus en plus intime, je termine par des vœux profondément sentis. Puissent Besancon et la Franche-Comté prospérer de plus en plus sous tous les rapports. » Dieu protége la France ! — Puisse la Société d’Emulation du Doubs contribuer encore et longtemps à faire du bien et à inciter au bien! » Toast de }!. le premier président LoisEAu. « MESSIEURS. » Il y a deux siècles, un grand penseur écrivait : « Tout » est dit; et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans » qu'il y a des hommes, et qui pensent; le plus beau et le » meilleur est enlevé. » D'autres pourraient discuter cette thèse un peu absolue que La Bruyère a placée en tête de son œuvre immortelle; mais, pour mon compte, je ne puis que l'accepter et je m'y soumets, surtout après les excellents discours que vous avez entendus et si justement applaudis. D'ailleurs 1l n’est jamais trop tard pour ce qui touche au devoir, et ce de- voir je viens le remplir en vous remerciant avant tout de votre bienveillant accueil et de votre gracieuse hospitalité. J'ajoute qu'il faut bien que je vous renouvelle, au risque de me ré- péter, mes félicitations de l’année dernière sur la bonne situa- tion et la marche sans cesse progressive de votre Société. Cette Société d’'Emulation, je suis déjà assez ancien pour l'avoir vu naître; je lai vu grandir, se développer avec le Ve temps et atteindre la plénitude de sa virilité. Elle a déjà son histoire, et cette histoire est inscrite dans ses Mémoires si riches en précieux documents, dans ses séances si pleines d'intérêt, dans les distinctions honorifiques et les éclatants succès qui, pour avoir été obtenus par les plus éminents, ne sont pas moins le patrimoine de tous. Votre petite république, gouvernée avec une sage habileté, me parait jouir d’une assez bonne constitution, et je suis peu inquiet de sa santé qui me semble assez solide; elle travaille sérieusement, utilement, avec une infatigable persévérance. Dès le début, messieurs, vous aviez inscrit sur votre drapeau ces mots : Science, ins- truction, moralité, patriotisme; vous n'avez jamais dévié de votre programme. k » Votre prospérité tient encore à une autre cause que j'aime # constater. Le jour où vous avez créé la Société d'Emulation, vous n'avez pas seulement constitué un corps savant, vous avez fondé une famille, et tous Les ans nous pouvons reconnaitre combien est étroit le lien qui vous unit; c'est celui d’une bonne et loyale confraternité; c’est là qu'est surtout le principe de vos succès toujours croissants. Restez donc unis, messieurs, unis dans le culte du beau et du vrai, daas vos sympathies pour les fortes études et les progrès des sciences, des arts et des lettres qui forment votre domaine; c’est par là que la Société d'Emulation du Doubs nous per- mettra encore de lui adresser nos félicitations, de la remercier des services signalés qu’elle ne cesse de rendre à notre pro- vince, et de nous en réjouir pour l'honneur et l'avenir de notre pays. » Je vous propose ce toast : » À l'union confraternelle et persévérante de tous les mem- bres de la Société d'Emulation ! » ON CN QE CS — Toast de M. Lassasous, recteur de l'Académie. « MESSIEURS, » Permettez que je réponde à mon tour à votre honorable président. Je vous prie de m'excuser si je prends la parole sans préparation, surtout après les orateurs que vous venez d'entendre. Heureusement pour inoi, il faut des ombres à tous les tableaux ; si vous le voulez bien, je serai l'ombre du vôtre, et pour justifier mes paroles, je commencerai par un reproche. » Votre président a dit que j'étais un nouveau venu parmi vous; il s’est trompé. Je vous connais depuis longtemps, de- puis près de vingt ans. Comme membre du Comité des sociétés savantes au ministère de l'instruction publique, j'ai suivi tous vos travaux avec le plus vif intérêt, et j'ai pu bien des fois joindre mon vote au vote unanime de mes collègues pour assurer à la Société d'Emulation du Doubs le tribut d'éloges et de récompenses qui lui était dû. » Je vous remercie, messieurs, de m'avoir donné une place aux deux séances de ce jour. Elles ont l’une et l’autre leur charme et leur enseignement. La première, qui s'est écoulée si vite, a montré à quel degré la science et la littérature sont honorées parmi vous; la seconde, qui a été aussi trop courte, nous montre comment vous pratiquez la confraternité dans ce qu’elle a de plus intime et de plus cordial. » Je suis des vôtres, messieurs, et voudrais en être plus encore; je voudrais prendre part à vos recherches si utiles, assister régulièrement à vos séances; je crains malheureuse- ment que les exigences de mes fonctions me le permettent beaucoup moins que je ne le désirerais. Je serai du moins toujours de cœur et d'intention avec vous. Les services que vous rendez au pays sont considérables; votre influence s’é- tend au delà des limites de cette ville, car vous appelez à vous vos collègues des départements voisins : le recteur est heu- — LVII — reux de saluer ici les délégués de toutes les sociétés savantes qui entretiennent le feu sacré de la science au sein du ressort académique dont il s’honore d’être le chef. Vous avez même parmi vous un délégué d'un pays voisin, qui vient, dans un langage plein de grâce et de charme, vous apporter les témoï- gnages de sympathie de la Suisse. » Dans ce pays, la science est en grand honneur, les sa- vants sont cordialement unis; je puis vous l’attester, car j'ia eu le bonheur d’être l'ami du vénérable de La Rive, une des gloires de la Suisse, et d'assister sous sa présidence au cin- quantenaire de l'association helvétique. Continuez, messieurs, à suivre le bon exemple que nous donnent nos voisins et à concentrer toutes vos forces en vue du progrès des lettres et des sciences. Buvez dônc avec moi à l’union de tous pour le bien du pays. » Toast de M. MarRQuISET, président élu pour 1876. « MESSIEURS, » Vous avez bien voulu m'élire président de votre Société pour l’année 1876. L'unanimité de vos suffrages m'a dit hier que j'ai eu la rare fortune, quoique ouvrier de la dernière heure, de ne rencontrer auprès de vous tous qu'un sympa- thique accueil en retour de ma bonne volonté. Aussi est-ce avec reconnaissance, est-ce avec bonheur que je me conforme à la tradition (car on peut, en un temps qui va vite comme le nôtre, parler de tradition à une Société vieille de 35 ans) et que je porte un toast à la Société d'Emulation du Doubs. » Avant de prendre la parole dans cette circonstance, je me préoccupais sérieusement de la responsabilité que m'impo- saient mes nouvelles fonctions. Longtemps absent de Besan- con, retenu une grande partie de l’année dans un département Voisin, je Craignais d'arriver un peu comme un nouveau venu au milieu de vous. Je retrouvais, il est vrai, dans vos anciens présidents, dans votre cher secrétaire décennal, l'âme de votre — LIX — Société, de véritables amis qui m'entouraient de leur vieille affection. Mais que de vides en dix ans parmi les hommes de cœur et d'intelligence qui fondèrent en 1840 la Société d'Emu- lation du Doubs! Aussi ma première pensée fut-elle de relire la longue liste de nos collègues. Je füs bien vite rassuré; j'ose dire que je me trouvai chez moi, parce que je vis que la So- ciété, fidèle à un principe de sa fondation, avait réalisé une idée qui m'a toujours été chère. Elle a d’abord voulu être de son temps, et c'est pour cela qu'elle a établi ses statuts sur les plus larges bases; tout en restant franc-comtoise, elle se com- plaît à rester française; elle a cherché, sur le terrain pacifique de la science, des amis dans les sociétés étrangères, et j’ai le bonheur de souhaiter encore ce soir la bienvenue, dans la personne de leur délégué, à nos bons voisins de Suisse; en un mot, elle a compris que pour avoir longue et belle vie, elle devait, bannissant les coteries de personnes et de partis, grouper toutes les bonnes volontés dans une pensée com- mune, le progrès des sciences et des arts. Aussi je parcours avec un légitime orgueil les œuvres de la Société : nos mu- sées enrichis de collections nouvelles; l’exposition universelle de 1860, une des plus complètes de province; nos publica- tions si volumineuses, qui sont une si grande ressource pour le vrai travailleur; les fouilles d’'Alaise, œuvre de notre cher doyen, qui ont eu un retentissement européen dans le monde savant; le square archéologique, un des plus beaux de France! Tout cela est votre œuvre : disons mieux, tout cela est l'œu- vre du bon esprit qui vous anime. » Mais je veux élever ma pensée et fêter avec vous, mes- sieurs, l’heureuse influence de notre Société sous un autre point de vue. J’estime à un haut prix l’œuvre sociale qu’elle accoïnplit. Qui que rous soyons, homme de travail ou de loisir, négociants ou artisans, professeurs ou élèves, magistrats ou soldats, nous nous appelons tous confrères, parce que nous sommes tous associés dans une conviction commune. Eh bien! messieurs, cette mutuelle estime qui nous a réunis — LY — en ce beau jour de fête autour de la même table, nous la con- serverons forcément dans nos relations du dehors. Nous mon- trerons ainsi que la culture des œuvres de l’esprit n'est pas seulement affaire de curiosité ou de noble délassement, mais plus encore affaire de haute civilisation. » Laissez-moi vous le dire en terminant, messieurs, le spectacle que présente voire Société est bien fait pour pro- duire de sérieux résultats. J’ose espérer que son influence se. fera plus d’une fois sentir. Je suis à la veille de mon premier jour de présidence, et j'ai bien quelque droit de vous adresser mes souhaits de bonne année. Je souhaite donc que l'exemple de sage libéralisme donné par la Société d'Emulation produise ses fruits. Ce n’est qu'avec ce principe qu'on pourra, en notre siècle, fonder des œuvres puissantes et durables. Cette confra- ternité si franche et si entière qui règne parmi nous, je dirai mieux, cette union de tous dans un noble but, influeront sur les mœurs publiques de la cité, et je salue cette généreuse pensée qui amènera forcément tous les hommes de bien à s'unir et à travailler pour une seule chose, la grandeur de la patrie. » C'est à ce titre, messieurs, c'est parce que depuis trente- cinq ans vous travaillez à cette grande œuvre, que je m'a- dresse à vous tous et que je bois à la prospériti de la Société d'Emulation du Doubs. » LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS EN 875 Discours d'ouverture de la séance publique du 16 décembre 1876 PAR M. Alexandre VÉZIAN PRÉSIDENT ANNUEL. MonseIGNEUR (1), MEsDAMES, MESSIEURS, Chaque année, à pareille époque, la Société d'Emulation du Doubs tient une séance publique où, devant une assem- blée d'élite, elle rend compte, par l'intermédiaire de son pré- sident, des travaux qu'elle vient d'accomplir. Cette assem- blée, la Société d'Emulation la prend à témoin de sa con- stance à remplir la mission qu'elle s'impose lorsque, confor- mément à l’article premier de ses statuts, article que j'inter- prète plutôt que je ne le transcris textuellement, elle s’efforce de maintenir chez nous le goût des travaux intellectuels, le zèle pour les études scientifiques et le dévouement à notre patrie franc-comtoise. Mesdames et Messieurs, la Société vous remercie de l’em- ee 0 2 em ns 0 9 D RE 2 mt me (1) Sa Grandeur Mer Pauzinier, archevêque de Besançon, 1 CU in es pressement que vous mettez à vous rendre à son invitation. Elle remercie également les représentants de l'autorité de vouloir bien venir, dans chacune 4e ces réunions solennelles, prendre place à côté de nous. Parmi eux se trouvent aujour- d’'hui de nouveaux membres d'honneur que la Société ac- cueille pour la première fois; je suis l'interprète de tous mes collègues en leur souhaitant cordialement la bienvenue. Monseigneur, les habitants de notre province ont appris avec bonheur que c'était vous qui étiez appelé à succéder à l'éminent prélat qui a occupé le siége de Besançon pendant de si longues années. Vous connaîtrez bientôt les Franc- Comtois : vous les trouverez francs d'allure et tenant par-des- sus tout à leur indépendance; mais ces idées d'indépendance personnelle n’'excluent pas chez eux les sentiments de piété. Vos hautes qualités vous attireront l'affection de tout votre diocèse, et, permettez-moi de vous le dire, vous ferez comme moi, qui ai l'honneur d’être votre compatriote : tout en re- grettant notre beau ciel du Midi, vous finirez par apprécier la Franche-Comté et par l'aimer. Ces paroles de bienvenue s'adressent aussi à vous, M. le recteur et M. le procureur général. Vous savez que les dépar- tements du Doubs et du Jura, qui font partie de votre ressort, se placent en tête de ceux où l’instruction primaire est le plus répandue. C'est vous dire combien, dans ce pays, l'on a, au plus haut degré, l'amour de l’ordre et du travail, et combien le savoir y est honoré. M. le général commandant le 7° corps d'armée eût vive- ment désiré assister à cetie réunion ; mais sa présence était nécessaire à Paris. Nous aurions été heureux et honoré de lui exprimer toute la sympathie qu'il inspire à nos conci- toyens; nous avons {ous confiance en son patriotisme, nous qui le voyons chaque jour à l’œuvre, employant toute son Fe activité à relever notre armée et à constituer les défenses de notre frontière. LEE A M. le préfet du Doubs aurait voulu aussi être des nôtres, mais des affaires de service l'ont également appelé à Paris. Nous regrettons vivement son absence, car la Société d’Emu- lation a toujours trouvé en lui un bienveillant appui. Messieurs, avant de vous parler de nos travaux et de nos succès, j'ai un pénible devoir à remplir ; je dois vous entre- tenir, ne fût-ce qu’un instant, des deux éminents collègues que nous avons perdus cette année : M. Grenier et M. Fau- compré. Le premier travail de Grenier, sa Monographie du genre Cerastium , a été inséré, en 1841, dans les Mémoires de la So- ciété d'Emulation ; c'est aussi dans ces Mémoires qu’a paru, cette année, son dernier écrit : sa Revue de la Flore des monts Jura. Dans l'intervalle de temps compris entre 1841 et 1875, la Société d’'Emulation a accueilli un grand nombre de tra- vaux de notre regretté collègue. En 1864, elle n'a pas hésité à imprimer à ses frais le volumineux ouvrage intitulé : Flore de la chaïne jurassique. D'un autre côté, Grenier a été un des fondateurs de la Société d'Emulation ; quatre fois il en a été élu président, et longtemps il à exercé une influence consi- dérable sur la direction imprimée à ses actes et à ses travaux. Vous le voyez, Grenier nous appartenait à bien des titres, et les liens qui existaient entre lui et la Société d Emulation ne pouvaient être plus étroits. Aussi votre président a-t-1l éprouvé un vif sentiment de tristesse lorsqu'il a su que la volonté du défunt l'empêchait de prononcer, en votre nom, un dernier adieu sur la tombe du collègue que nous avions tous connu et que nous venions de perdre. Je saisis donc avec empresse- MS ment l'occasion qui se présente à moi de m’acquitter d’un devoir dont l'accomplissement me tenait à cœur. Vous savez que le principal titre de Grenier à l'estime des botanistes a été sa Flore de France, qu'il a publiée en collabo- ration avec M. Godron. Depuis la publication de cette Flore, la botanique descriptive a fait beaucoup de progrès ; l'esprit dans lequel les travaux relatifs à cette science étaient conçus a changé, et l'idée que l’on se faisait de l'espèce s’est profon- dément modifiée. La Flore de France, d'ailleurs épuisée, n’est plus à la hauteur de la science. Grenier avait l'intention et conservait l’espoir d’en faire une nouvelle édition ; il est mort avant d’avoir pu exécuter ce projet auquel il attachait une grande importance. Mais le temps me manque pour apprécier convenablement Grenier comme savant : du reste, ce ne serait pas le moment d'aborder une pareille tâche toujours délicate et difficile ; je préfère vous dire quelques mots de Grenier considéré comme homme. Deux sentiments dominaient en lui : le gout des études bo- taniques et l'attachement à son pays natal, à la Franche- Comté. C’est l’amour de la science qui l’a empêché de pour- suivre la carrière médicale qui, certainement, eût été plus lucrative pour lui que le professorat; c'est l’attachement à son pays qui l'a conduit à refuser les offres qu’on lui faisait, dès ses débuts dans l’enseignement, de se rendre dans un centre scientifique plus important que sa ville natale. Un autre trait de son caractère, c'était le besoin qu'il éprou- vait de s'intéresser à tout ce qui se passait autour de lui : il aimait à prendre parti dans toutes les questions, politiques et autres, qui s’agitaient à Besançon ; le conseil municipal de cette ville l’a compté au nombre de ses membres. Il est per- mis de se demander si ses travaux ne restaient pas en souf- $ La france pendant les moments ainsi dérobés à l'étude. Dans tous les cas, sa carrière universitaire en a été longtemps en- travée ; ce n’est qu'en 1869, c'est-à-dire vingt-cinq ans après son entrée dans l’université, que le ministre le nommait doyen de la Faculté des sciences. Justice lui était enfin rendue. Mais, en même temps qu’il se trouvait appelé au décanat, la fortune, comme par une amère dérision, lui signifiait que ses jours étaient comptés. Un mal, dont il n'avait pas soupconné toute la gravité, était reconnu incurable, et devait, d’après l'avis de tous les prati- ciens, marcher rapidement à une issue fatale. Cette même année de 1869, et avant de connaître le triste état de sa santé, Grenier s'était rendu à Pontarlier pour as- sister à la session de la Société botanique de France. La So- ciété botanique l'avait appelé à la présidence. Mais la ter- rible maladie dont il était atteint ne lui permit pas de rester jusqu'à la fin de la session ; c'est ce que lui-même raconte dans les lignes suivantes : « Lorsque le mal, brisant mes forces et trahissant mes dé- sirs, me mit, arrivé au village du Pont, dans l'impossibilité d'accompagner la Société aux Rousses, je la regardai triste- ment partir, et je suivis longtemps des yeux la caravane qui s'éloignait. Lorsque tout eut disparu, mes yeux retombèrent sur ces beaux lacs, dont les eaux limpides et tranquilles baï- onent ces rives verdoyantes, où j'ai fait, il y a plus de trente ans, de si fructueuses récoltes; et, passant ainsi en revue mes vieux souvenirs, je me laissai aller peu à peu à rêver de nou- velles excursions. Mais la réalité, cet impitoyable maître, me fit promptement rentrer en moi-même. Je demandai donc une voiture que je dus attendre deux heures. Que faire de ces deux heures d'attente ? J'étais au bord du lac; je songeai à chercher de rechef l’Arenaria gothica, une espèce qui, dans EN les régions tourbeuses de nos hautes montagnes, appartient à la colonie scandinave et qui nous avait échappé la veille. I y avait à peine une demi-heure que je marchaiïs, que je com- mençai à apercevoir de superbes et nombreux exemplaires de l'Arenaria ; rien n'aurait manqué à ma satisfaction, si j'a- vais pu la partager avec les excellents collègues que je ve- nais de quitter. » Cette page que je viens de vous lire, c'était, à son insu, les adieux de Grenier à la vie active. En arrivant à Besancon, il apprit la gravité de sa maladie. Grande fut son émotion quand il connut toute la vérité. Aï-je besoin de vous dire quelle douleur il ressentit quand il sut qu'il devait quitter la vie au moment où tout semblait lui sourire, au moment où il allait reprendre avec une nouvelle activité ses recherches scientifiques, au moment, enfin, où il allait se consacrer à sa famille et assurer dans le monde les premiers pas de ses en- fants ? Mais, après un court moment de douleur et de résignation, il reprit courage. 11 me disait souvent qu'il était fait pour la lutte ; il venait de rencontrer un adversaire trop digne de lui. Pendant six ans, il a lutté avec une énergie dont ceux qui l'ont connu peuvent seuls se faire une idée; et ces six années n'ont été qu'une longue agonie, interrompue par des mo- ments où apparaissaient des lueurs d'espoir qui faisaient 1llu- sion à la famille de notre regretté collègue et ami, et le trom- paient lui-même. Je dois aussi payer un juste tribut de regret à un autre de nos anciens présidents, le commandant Faucompré. Le commandant Faucompré, né à Arras, avait depuis long- temps choisi la Franche-Comté pour sa patrie adoptive. Elève de l'Ecole polytechnique, il avait fait ses premières armes à ER Anvers; plus tard, ses études sur la balistique avaient dé- noté en lui un officier distingué. Mais sa passion pour l’agri- culture lui fit abandonner sa carrière qui devait être si bril- lante pour lui. Il vint se fixer dans le département du Doubs pour se livrer à l'exploitation savante et raisonnée de ses deux domaines de Busy et de La Roche-sur-l'Ognon. Nul plus que lui n'a contribué aux progrès de l’agriculture en Franche- Comté. Récompensé par la prime d'honneur, lors du con- cours régional de 1865, le commandant Faucompré envisagea cette haute distinction comme un encouragement qu'il devait payer de nouveaux efforts, et c’est alors qu'il fonda la ferme- école de La Roche-sur-l'Ognon. Je ne puis mieux terminer ces quelques lignes consacrées à sa mémoire qu’en répétant ce qu'en a dit notre secrétaire décennal : « Esprit libéral et chercheur, cœur généreux et capable de dévouement, carac- tère d’une simplicité aimable, le commandant Faucompré a sa place marquée dans les souvenirs d'un pays qui tient en particulière estime les hommes utiles. » J'ai hâte d'arriver à l’énumération des mémoires qui se- ront insérés dans le volume actuellement en voie d’impres- sion. Le temps me presse ; je devrai me borner à mentionner chaque travail sans pouvoir,.comme je le voudrais, vous en faire apprécier toute la valeur. Dans la liste des travaux produits cetté année, les recher- ches historiques dominent. Citons entre autres : Un intéressant récit de la vie si agitée de Béatrix de Cu- sance, princesse de Cantecroix, par M. L. Pingaud, professeur à la Faculté des lettres : ; Un Essai sur le caractère de la lutte de l’Aquitaine et de l'Austrasie, aux époques mérovingienne el carlovingienne, par M. Drapeyron, professeur d'histoire au lycée Charlemagne ; rpg Une Notice historique et généalogique sur la maison d'Or- sans, par M. Léon Viellard, membre correspondant ; Une Etude sur le bourg de Rougemont, par un auteur plu- sieurs fois applaudi dans cette enceinte, M. Charles Thuriet. A cette liste, il faut ajouter les morceaux qui vous ont été lus par notre secrétaire décennal et infatigable collaborateur : 1° Une Notice sur le poète bisontin Jean Priorat; | 2° Une communication relative au seul grand compositeur musical qu'ait produit Besancon, le contrapuntiste Claude Goudimel ; 3° Une autre communication sur la manière dont s’effec- tuait la première entrée des archevêques de Besançon au moyen âge. Trois mémoires représenteront la botanique dans notre vo- lume de cette année : 1° Un Supplément à la Flore du pays de Montbéliard, par M. Contejean, professeur à la Faculté des sciences de Poi- tiers ; 2° Le 4° fascicule de la Flora Sequaniæ exsiccata, par M. Pail- lot; 3° Les Recherches sur la distribution géographique des Mus- cinées dans l'arrondissement de Forcalquier et la chaîne de Lure, par M. Renauld, membre correspondant. En fait de géologie, nous avons un travail de M. de Tri- bolet sur le Véritable horizon stratigraphique de l'astartien dans le Jura, puis une très importante Etude sur l’infra-bias de la Franche-Comté, par M. Henry, professeur de physique au lycée de Besancon. Mentionnons, en terminant, un mémoire de mathémati- ques, l'Etude sur les systèmes articulés, par M. Saint-Loup, professeur à la Faculté des sciences. Pour la première fois, depuis longtemps, notre volume ne Se Ch contiendra peut-être pas d'archéologie proprement dite. Chez nous, celte année, l'archéologie semble avoir pris pour devise : Acta non verba; des actes, mais pas de paroles. Il y a quelques mois, des fouilles entreprises pour la con- struction d’un égout, dans la rue du Mont-Sainte-Marie, mi- rent à découvert des vestiges anciens, des marches d'escalier, qui ne pouvaient dépendre que du théâtre romain dont la découverte et le dégagement sont notre œuvre. La Société vota un crédit de 500 francs pour procéder à des recherches qui eurent un plein succès et mirent à découvert des marches se rattachant au soubassement de la scène. Ce soubassement fait corde par rapport à l'hémicycle : aveé cet élément nou- veau, il ne saurait y avoir de doute sur la destination de l’é- difice; en outre, on pourra ainsi déterminer son axe, son orientation et sa limite inférieure. Notre collègue M. Ducat, dont le zèle ne nous fait jamais défaut, a mis sous vos yeux des plans coloriés qui montrent clairement quelle était la disposition de l’ancien théâtre de Vesontio. ‘ Ce que je viens de dire de l'archéologie, je pourrais le ré- péter de la physique. Nous n'avons pas recu de mémoires relatifs à cette science ; mais un de nos collègues les plus actifs, M. Sire, a soumis à la Société un appareil, plus simple et plus rigoureux que ceux que l’on emploie ordinairement, pour démontrer que la pression exercée par un même liquide sur des fonds de vase, si ces fonds ont tous une surface égale, est indépendante de la capacité variable de chaque vase et se règle uniquement d’après la hauteur verticale de chaque li- quide. Dans une autre séance, il s'est livré à des expériences sur la loi qui préside à l'association des lames liquides. M. Sire est passé maître dans la science qu’il cultive depuis longtemps; les conceptions ingénieuses lui sont familières, AÛRE et il possède une grande adresse pour les traduire en expé- riences. C’est ce dont vous pourrez vous convaincre tout à l'heure. Cette année, comme les années précédentes, des dons nom- breux ont été adressés à la Société d’Emulation et sont venus enrichir les musées de la ville. Je vous fais grâce de leur énumération. Je tiens pourtant à citer la magnifique mé- daille d'Agassiz, dont M. Jurgensen nous à fait don. Si je mentionne Ce cadeau, c'est surtout pour avoir l’occasion de prononcer le nom d’un de nos plus affectionnés collègues, et pour le remercier de ses sentiments si français. Dans un in- stant, les pages charmantes où il nous parlera des bords franco-suisses du Doubs, provogqueront nos applaudissements, et ces applaudissements seront pour lui tout à la fois le témoi- gnage de notre gratitude et l'expression du charme sous lequel il nous aura tenus. Comme chaque année, la Société a été représentée à la réunion des Sociétés savantes à la Sorbonne. Des lectures y ont été faites par quelques-uns de ses membres, et, comme d'habitude, les récompenses ne lui ont pas manqué. Trois de nos collègues, MM. Castan, Ducat et de Fromentel, ont reçu les palmes d'officier d'académie, et une médaille d’ar- gent a été décernée à l’un d'entre nous pour ses travaux sur la géologie du Jura. É La Société d'Emulation se maintient en relation, par voie d'échange ou de correspondance, avec plus de cent sociétés savantes de France et de l'étranger. Elle rend fréquemment visite aux sociétés voisines; et c'est ainsi que plusieurs de ses membres ont assisté à la séance générale tenue, le 20 maï dernier, par la Société d'Emulation de Montbéliard. M. Cas- Le M tan y a donné lecture de sa Notice sur le poète Jean Priorat, et M. Sire a vivement intéressé l'auditoire par les expériences dont j'ai parlé tout à l'heure. Certes, Messieurs, après un. pareil exposé, vous serez de mon avis lorsque je vous dirai que la Société d'Emulation du Doubs, tant qu’elle suivra la même voie, ne méritera pas le reproche, ou, si vous voulez, le compliment qu’un haut per- sonnage adressait à une académie qu'il traitait de bonne fille n'ayant jamais fait parler d'elle. La Société d'Emulation est toujours active, toujours sur la brèche, et, lorsqu'une chose utile pour la Franche-Comté est à mener à bonne fin, vous la voyez se mettre hardiment à l’œuvre, qu'il s'agisse de fonder un musée, de faire une expo- sition universelle ou de créer un square archéologique. D'où lui viennent ses succès et sa prospérité sans cesse croissante ? À quoi faut-il attribuer sa puissance d'action ? A coup sûr, le dévouement de ses membres et le zèle infati- gable de son secrétaire décennal expliquent en bonne partie la haute position qu'elle s’est acquise. Mais je dois invoquer aussi des causes plus générales, moins personnelles et tenant à son organisation même. L'organisation des associations scientifiques et littéraires a toujours varié, depuis l’Académie de Platon jusqu’à celle des Jeux Floraux et jusqu'à l’Académie francaise ; depuis les cou- vents de ces Bénédictins qui, dans le silence du cloître, se livraient à l'étude des vieux manuscrits, jusqu’à l'Association française pour l'avancement des sciences. Pour donner une idée de l’organisation de la Société d’E- mulation, bornons-nous à dire que cette organisation est en harmonie avec les mœurs démocratiques de ce siècle : le nombre de ses membres est illimité; c'est une association ou- = 4 verte dans laquelle chacun peut entrer pourvu qu'il soit hon- nête homme et homme de bonne volonté. Il ne serait pas de bon goût de comparer la Société d'Emu- lation du Doubs à une vestale. Elle n’en a pas moins le droit de dire qu’elle lutte de son mieux contre les effets de la dé- centralisation, qu'elle s'applique à ne pas laisser s’éteindre chez nous cette flamme sacrée que l’on appelle la vie intellec- tuelle d'un peuple. LES DÉESSES-MÈRES EN SÉQUANIE Par M. Auguste CASTAN CORRESPONDANT DE L'INSTITUT DE FRANCE (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) a ke Séance du 12 juin 1875. Le morceau de sculpture, objet de cette note, a été trouvé, le 5 juin 1875, à Besancon, dans l'intérieur d’une construc- He ges ere tion de la basse époque romaine, en partie faite avec des ma- tériaux empruntés aux grands édifices de l’âge antérieur. ART | mp 22 Cette construction avait été détruite par l'incendie, et c’est d'une couche de charbons et de tuileaux brisés que la sculp- ture qui nous occupe a été extraite. Le d'où - | MR CIO 190 1, DONS ALN HIER 25) v — —(— A2 + VAL RAT Bu? Lui) te Ces deux hypothèses simultanées donnent (26) 1 Le A+ VAT ut) ; 1 - = : Enfin l'hypothèse m — 5 portée dans l'équation (20), donne (27) v = Vu — PB C’est la transformation que donne l’extracteur binôme qua- dratique de M. Sylvester. Telles sont les diverses expressions de l’un des rayons vec- teurs en fonction de l’autre, fournies par l'équation (Il) dans le cas où l’on peut les obtenir. Je laisse au lecteur le soin d'examiner quelles sont les courbes dérivées du cercle que l’on obtient, en supposant que l’un des points variables décrit cette ligne. On à résumé dans un tableau les diverses transformations les plus simples, avec le dessin du système articulé qui les donne. Résolution de l'équation du troisième degré. — Si nous consi- dérons maintenant l'équation en w en dehors de l'hypothèse qui la réduit au second degré ct qui nous ramène à un sys- tème déjà examiné, nous avons, en l’ordonnant suivant les puissances de w, (28) (L — m) u+ (2m — 1) vu? + [42 — m (B2+ v?)] u — 420 = 0 On simplifiera l'équation sans altérer le degré en faisant 2m — 1] —0 c'est-à-dire à — « (voir fig. 5). Ce qui réduit l'equation à la suivante u3 + (242 — B?— 0?) u — 2420 — 0 La déformation du système nous donnera les trois valeurs de w pour une valeur donnée de v, et nous permettra par = ee conséquent de trouver les racines de toute équation du troi- sième degré pouvant s'identifier avec l'équation (1). Soit donnée l'équation D + pr + q—0 en identifiant, il vient p = 24? — B— »? q = — 2A?v remplacant 4? par &? — y, et B? par 4e? — &?, on a pour dé- terminer les longueurs des tiges du système articulé 2 PAUL Perte VII TS Es 2e de 5 d'où Il 1 Borne 2 2 nm SEE ue (e RCE valeurs qui seront positives pour des valeurs convenables de B. On voit qu'il y a une infinité de systèmes articulés de quatre tiges, dont trois mobiles, à l’aide desquels on pourra résoudre une même équation, il suffira que les longueurs x, B, 7, v des côtés du quadrilatère satisfassent aux relations ci- dessus ; c’est ainsi qu’en prenant «a = 12, B— 11,4, y— 22,7, v — 7,5 (fig. 14), l'extrémité À dans la déformation du qua- drilatère tracera une courbe qui coupe la ligne 0B en des points 4’, 4”, 4"; 04’, 04", 04" sont les racines de l'équation a — 79 x + 210 — 0 on trouve, en mesurant ces longueurs, 3, 7 et — 10. Il est plus commode, pour les applications, de fixer à priori 4 et v et dès lors de calculer 7 et 8 Remarque. — La relation (28) est celle qui lie les quatre côtés d’un quadrilatère avec les segments que détermine la rencontre de deux côtés prolongés. Un changement de nota- tion lui donne une forme symétrique. En adoptant celle de la figure 15, on a : ax" by+ ab (224 y) — bay (x + y) — (a+ b?) zy = à (2y + ab) — Fay On aurait une relation analogue en introduisant les seg- ments » et £, il suffirait de remplacer daps l'équation précé- dente les lettres francaises par les grecques et réciproque- ment. = Comme cinq des segments déterminent les trois autres, on doit avoir entre ces grandeurs trois relations, on les obtient par le théorème des transversales. Revenons à la question principale. Reprenons l'équation générale. (28) (1 — im) + (2m — 1) vu? + [42 — om (B2 H v?)] u — 470 = 0 identifiant avec 2% Pa Qx + Ro dm — 1 A2— in (B?+- v?) A? — ÿ— P —— — |) D 7, 71 tr mn ET; On choisira un système de valeurs de # et v satisfaisant à la première relation, la troisième déterminera 4? et la seconde 3. Les cinq longueurs «, 8, y, à et vw n'étant liées que par trois relations, deux peuvent être posées arbitrairement. Soit comme application l'équation D 22 4356 + 1 = 0 — 29 — 4 29 , — 24,79, y — 10,156, 9 — 10,714 donnera les racines de l'équation proposée (fig. 14 bis.). Nous avons fait «— 9 pour faire évanouir le second terme, en posant & — K9, on faciliterait l'identification dans le cas général. Examinons maintenant quelques systèmes articulés con- duisant à des transformations simples et qui se distinguent des précédents par le nombre ou"la disposition des tiges. Le système de longueurs v = 15, = 10 d'où m — SYSTÈMES ARTICULÉS NON SYMÉTRIQUES. Protracteur de Peaucellier. — Si l'on veut augmenter les rayons vecteurs d'une courbe d'une quantité constante, il faut constituer un système qui porte une longueur constante dans une direction déterminée; c'est ce que l’on obtient par une modification du réciprocateur de Peaucellier, en obser- vant que la droite décrite par l'appareil est perpendiculaire à la ligne des centres. [angle CDA étant toujours droit (fig. 10), on se trouve en possession d'un triangle rectangle dont un côté seul est fixe; il en résulte que si l’on fixe le point 4, AD sera un rayon vecteur variable, et comme il est constamment perpendiculaire sur 0D, une tige DE de longueur déterminée fixée à O0D dans le prolongement de AD, augmentera d’une constante Je rayon vecteur AD (fig. 16). On pourra donc dé- crire avec cette disposition la conchoïde de toute courbe dé- crite par le point D. M. Peaucellier l’a appliqué à la construc- tion du limacon de Pascal, qui est l'inverse d’une conique; l'addition du réciprocateur lui permettait ainsi de décrire la conique (1) par un système de quinze tiges. En prenant un point F en dehors de la ligne AD, la lon- gueur portée AF ferait un angle constant avec le rayon vec- teur. (1) Nouv. ann. de Math., 1873. 2e. (Dee Transformation angulaire. — Soit un angle constant MON (fig. 17), construisons sur les côtés de cet angle deux losanges ayant un côté commun 0P. Les points H, 0, N restant fixes, on aura un système de cinq tiges mobiles et l’angle 4, 0 B, restera constant et égal à la moitié de M O0 N; nommons uw, et : v, les distances 0 4,, 0 B,, on aura 30 u,2+ v,2— ?u,v, Cos ? = 4y? Sin ?? 1 1 104 en nommant y le côté du losange et 2+ l’angle constant. La double valeur de w, correspond aux deux positions de v, au-dessus et au-dessous de O0 N, Quand l'angle M 0 N est de 1800 (fig. 18), l'équation se ré- duit à (31) u+ 0,?= 4 Aux distances 0 À,, O0 B, (fig. 17) on peut substituer les distances 0 4, 0 B. Or on a en faisant 0OM— 7, MA = a, NB —p,04=v4,0B—=;1 A? WU = Uù + — (A de même B? DID = Se . Ces valeurs, portées dans les relations ci-dessus, donnent celles qui conviennent à un système de cinq tiges à trois points fixes (fig. 49). (22) Cu) + (042) 3 2 A? d —2{(u+ . (o +) Cos 9 = 4? Sin’? y Si » est un angle droit, la relation se réduit à A? 2 B2? 2 ” (33) (u re &) re (o me —) 2 Si B = 0, elle devient RE 0 (34) D 4° ce que l’on peut écrire vw (a +y+u) (a+ 21 E) J—u) («a+ u— 7) (y 4 u— 0) Considérons encore le système de huit tiges défini par les deux longueurs AE — CD — ?a, EC — AD — ?y, qui consti- tuent un parallélogramme de Reuleaux, et le losange dont deux sommets sont les milieux de AD et de CE (fig. 20). Soit 04 =, FD =. OF =v,ona (u _. u'}?+ V?—= 40? (u — + v— 4 d’où (35) Qu = V4 — n + V4Ap 2 __ 212 (36) v? = ? (a? + Ÿ) — U? — es Ajoutons deux nouvelles tiges AB — CB —$, soit 0B— w, on aura en observant que uw? = £? — v? 67 v=rte+n to CETTE Nous avons ainsi quatre (2 — p}? —, ; —— pin nouvelles transformations, deux rectangulaires et deux en ligne droite, dont le point 0 est le pivot. Systéme de six tiges avec deux centres fixes. — Deux som- mets B et B' d’un losange {fig. 21) sont articulés à deux points fixes À et 4’ et AB— A'B', un sommet m du losange décrit une courbe, déterminer la courbe que décrit le sommet op- posé M. Prenons pour axes de coordonnées OA et une per- pendiculaire Oy au milieu de 44. SR Qu: Soient æy les coordonnées du point 7 NÉS TE RE te Re DRE se M MR Da TPE B DANS RTS ATE ie Me B On a les relations (1) X+a=p+p (2) Y+y=q+1 SHHOA == hNO0A = R 'ona o (p—hP += (4 (p—2P+(q—y} =F (5) DER gi= (6) (pa) +(g —y}=f Si entre ces six relations on élimine pq, pq, on aura deux relations entre x y X Y. On obtient ainsi les deux équations h? 1 F+yP+(X+z?l|1 — "| = 42 ur a [1 + Ë (X + x) (Y—y} +(X—zx}]|1 = AP? out aan [+ ET] = 6 L'élimination de x et y entre ces deux équations et la re- lation f(æ.y)= 0 donnera le lieu décrit par le point Y. Supposons que le point »m décrive l'axe des y; faisant æ — 0, il vient de 2 + Yy= ce — : y d'où is (PE Le air VA En faisant À nul. on retrouve la relation connue : a? La. B2 = y RITES Mais un semblable système ne saurait constituer seul un organe de transformation suivant une droite, puisqu'il fau- drait lui adjoindre un système de tiges obligeant l’un des sommets du losange à rester à égale distance des points 4 el 4”. Il SYSTÈMES ARTICULÉS MULTIPLES. Soit en général = fn (à) la transformation fournie par un système articulé simple quelconque R; , u— 04, u, = 0B; Ua = fr (u,) celle que donne le système R,, u, — 0B', u, — OC. Si le sommet B° coincide avec le point B, on aura par l’éli- minalion de w, entre les deux équations qui précèdent la re- lation qui lie OB et OC. Gette relation définit une transfor- mation produite par un système double. Description d'une conique. — 1° Soit par exemple le couple formé par les deux systèmes R, et R,, on a {fig. 22) U,? = U? — B° Si le sommet À décrit un cercle passant par l’origine u = ?a Cos 4 remplaçant w, par p, On a la conique A# PE cs 4a? Cos ?0 — B? Le Eu ou en coordonnées rectilignes 4a?x? — B? (x? + y?) — 4* équation d'une conique dont le centre est au pôle. 2° Le couple formé par les deux systèmes À, et R, donne (fig. 23] B? U, = ÙU = ! ee Ua — — $ üy d’où Au Us —= — = 2 y2+p et si u— ?2a Cos5,ona 24?a Cos 9 TITLES: équation d’une conique ayant un sommet au point fixe er dont la nature dépend de la relation de grandeur du module B? et du rayon du cercle de conduite. 3° La description de l’ellipse et de l’hyperbole n'’exige pas toutefois le système de treize tiges que l'on vient de rencon- trer. On sait, en effet, que si une droite de longueur constante se meut dans un angle droit, tout point du plan lié à la droite décrit une ellipse. Or, dans le mouvement de la droite, son milieu reste à une distance constante du sommet de l'angle droit. On produira donc le mouvement de la droite en faisant décrire un cercle à son milieu et à l’une des extrémités un diamètre de ce cercle. Si l'on observe qu'un point du cercle tracé sur la droite mobile comme diamètre, décrit une ellipse dont l’un des axes est nul, c'est-à-dire une droite, on! voit qu’on peut, avec un système de neuf tiges, décrire une infinité de droites passant toutes par un point fixe. La figure 24 représente le système des neuf tiges. HSE Ps 4° Le couple formé d'un système de trois tiges AD, DC, AE (fig. 20) et d'un réciprocateur donne aussi l’ellipse et l'hy- perbole, atiendu que le milieu H de la tige AD décrit l’in- verse de l’une de ces courbes, suivant les grandeurs des deux dimensions AD — CE, et AE — DC du système, les deux points E et C étant fixes. 5° Enfin le protracteur de Peaucellier accouplé au récipro- cateur permet de décrire une conique ayant son foyer au point fixe; une conique rapportée à son foyer comme pôle n'étant autre chose que l'inverse du limacon de Pascal que décrit le protracteur (Voir plus haut le protracteur de Peau- cellier). L'emploi d’un couple de systèmes articulés de six tiges permet donc d'effectuer nombre de transformations nouvelles et fournit autant de systèmes propres au calcul de certaines fonctions, soit pour en former des tables, soit pour les repré- senter par des courbes. La description mécanique d'une courbe par un système articulé est assurément plus élégante que la construction par points de cette courbe. Mais si on regarde w comme une ab- scisse et v comme une ordonnée, les systèmes articulés que nous avons passés en revue permettent de mesurer dans cer- tains cas les ordonnées. C'est ainsi que dans le système à cinq tiges (fig. 17), u et v peuvent être considérés comme l'abscisse et l'ordonnée d’une ellipse. Dans les exemples choisis, l’une des variables était une fonction explicite de l’autre. Si nous considérons en général un couple de systèmes à six tiges, par exemple le couple composé des deux systèmes sa- tisfaisant aux équations I et Il, en remplaçant dans l'équa- tion (I) « par w et éliminant v entre les deux équations, on aura entre w et u une équation du sixième degré en w, dont trois racines correspondent à une valeur de v, et les trois autres à la seconde valeur de v. Si on forme cette équation du sixième degré en w, en mes 1 eds l'identifiant avec une équation donnée du sixième degré, on obtiendra un système propre à la résolution de l'équation du sixième degré. Or on a vu plus haut, lorsqu'il s’est agi de l'équation du troisième degré, que le succès de l’identifica- tion résultait de ce que les grandeurs à calculer étaient en plus grand nombre que les équations qui les liaient, en sorte que l'on a pu choisir les grandeurs qui auraient été détermi- nées par des équations de degré supérieur au second. Or, dans le cas actuel, il est évident que les équations auxiliaires déterminant le système articulé étant d’un degré supérieur au second, l'identification présentera en général des difficultés de même ordre que la question à résoudre. Les applications des systèmes multiples semblent donc res- treintes aux combinaisons particwlières doubles, triples, etc., des systèmes simples R,, R,, R,, etc., entre eux ou avec ceux qui ont été décrits plus loin, systèmes qui fournissent des valeurs d’une fonction déterminée explicitement à l’aide de la variable. Division d'un angle en parties égales. — Je terminerai en dé- crivant un système multiple résolvant la question de la divi- sion d'un angle en parties égales. Considérons (fig. 25) un système articulé formé de droites égales placées bout à bout; soit 4, l'extrémité, 49, 43, A... les articulations successives. Supposons que les articulations A5 AA et soient en ligne droite, que les articulations 4,, As; ASUS soient aussi en ligne droite. Considérons un quel- conque des triangles qui ont un sommet en 4,, il est facile de reconnaître que l'angle aigu extérieur à ces triangles est suc- cessivement double, triple, quadruple, quintuple de l'angle 4,, en sorte que l'angle aigu en 4, vaut n fois l’angle 4,. Supposons donné 4, en écartant ou rapprochant les droites fictives issues du sommet À,, on fera coïncider les côtés de l'angle 4, du système avec l’angle donné, et par conséquent À, représentera la quatrième partie de cet angle. on; Le problème se trouve simplement ramené à assujettir les points 4,4; 4% etc. 4,, 4, 24., etc. aréster sur deux droites, Or, si on-imagine en À, deux droites articulées res- pectivement perpendiculaires aux deux premières ; si sur ces deux droites on fixe Le pivot et les points d'appui, de réciproca- teurs dont les sommets libres soient précisément pour chacun es s-ete dune part:/4- Ass d'autre part, on aura le système suffisant pour la solution de la question. ru 1e 4 RTS Va PR MEUNIER ER: à . Te Ag | , foot ; F Ko, v- L:, Ê ser æ À { à 2 MU F4 NE d CT NAT RUN PL + 4 | F ot Et eh éco gas LPS ….— LS NA (l Di D d'Enur du Doubs 1878. SYSTÈMES ARTICULÉS. 7. Z. SYSTÈMES ARTICULÉS. 27 Z. FER oubs 18 D D d'Emul. du D HAITITINVE] HOL1A) + — 0e d'Emul. du Doubs 1875. SYSTÈMES ARTICULES. P1.JI. 5464 v —= Ku Réciprocateur de Peaucellier. 2 Li se 2 BR, à YU s simples à six liges et transformations correspondantes. Système sateus (x ab 2H NeT RENE aurû tif * _ LE au Doubs 1875. SYSTÈMES ARTICULÉS. 77 ZV. | +, * é 4 a D if ae ee 3 L'a & + - x. 4 À ul 5 RE li 5 D Le Det DE L’INVASION DE L’ALLEMAGNE DANS LES PROVINCES DE BOURGOGNE ET DE FRANCHE-CONTÉ EN 1870-1871 PAR M. MIGNARD CART 7 Séance du 14 novembre 1874. SR k 3 . | ’ 1 h si H ir: 4 ; 4 pa 4 4 + "à qu | CHU NAN ELEC 4 CURE RP PES à Ni VARIE EL ee Es | RE "4 tt START EN LE ME 4 LA À . ‘ À D ART E s «2 dial, MPEREOE LA ji is te tHEN EM Ÿl RUE mt CRT sn . » = ù ; ; . fL49 PCA UON E : ù KA 25 2% 7 4 "4 Le : A no x ri n. SCPT CUITE * < U ÿ! ; NAT : ET - n : ra PAL) 0 nus: or DEN POLE No Puel Te II: PARTIE. CHAPITRE X SommaIRE. — Formation de l’armée de l'Est mise sous les ordres du général Bourbaki. — Organisation de l’armée allemande dite du Sud pour l’opposer à l’armée française de l'Est et pour renforcer Wer- der. — Bataille de Villersexel. — Combat d’Arcey. — Les trois jour- nées d'Héricourt. — Retraite de l’armée française. Pendant que les troupes françaises obstruaient Dijon et que les garibaldiens s'y divertissaient effrontément aux dépens de nos pauvres finances, que se passait-il dans la région de l'Est où le général Werder venait de diriger son armée? La résistance énergique de la place de Belfort, investie depuis les premiers jours de novembre par le général Treskow, avait suggéré au comité de défense nationale la pensée de débloquer cette ville, de refouler l’armée de Werder, de couper en même temps les communications et les approvi- sionnements de l'ennemi avec l'Allemagne, et, ce qui était une pensée au moins aussi téméraire qu'héroïque, de faire irruption dans le duché de Bade. Un décret du 14 décembre placa sous le commandement en chef du général Bourbaki trois corps de troupes prises dans les deux armées de la Loire et qui se rallièrent vers Nevers et Bourges (1 : c’étaient le 15° corps, commandant D ee ne (1) Dès le 12 décembre, le ministre de la guerre donnait l’ordre de concentrer sur Bourges les troupes de l'armée de la Loire, pour cons- tituer l’armée de l'Est. (Voir MarrTix pes PALLIÈRES, Campagne d'Or- léans, 1870-1871, p. 284.) = 1912 Martineau ; le 18°, commandant Billot ; le 20°, commandant Clinchant; postérieurement on y adjoignit le 24° corps formé à Lyon par les soins du général Bressolles et dont la division Cremer fut détachée pour opérer séparément et remplacée par des troupes de la garnison de Besancon ; de plus, une réserve, composée de plusieurs bataillons d'élite commandés par le capitaine de frégate Pallu de la Barrière (1), complétait cette armée de l'Est qui, mise en mouvement le 21 décembre, affluait le 27 vers Chagny et Chalon-sur-Saône, d’où, à cette même date, le général en chef Bourbaki, dans l'intention dè donner le change à l'ennemi, insinuait aux troupes, par un ordre du jour, que l'objectif de l'expédition était Paris afin d’en faire lever le siége. L'ensemble des forces de Bourbaki, quand les opérations s’entamèrent le 5 janvier seulement, pouvait s évaluer à cent quarante mille hommes environ (), avec une artillerie de 400 pièces de montagne principal:ment. L'objectif imaginaire dont il vient d'être parlé était peut-être le seul bon; car on se rend difficilement compte du calcul qui faisait filer l’armée de Bourbaki dans l'Est en livrant le général Chanzy, dans l'Ouest, à la merei des forces réunies du prince Frédéric-Charles et du duc de Mecklembourg, Le secret de la réussite des plans concus par les grands capitaines, comme César et Napoléon I par exemple, c'était la rapidité de l'exécution. I y eut, au contraire, dans les mou- vements des corps d'armée de l'Est d'interminables lenteurs dont le général en chef se plaignit amèrement, et qui compro- mirent radicalement son entreprise. Comment aurait-il pu en être autrement? Quatre genres d’autorités entrèrent en jeu et en conflit. D'une part, le commardement militaire se subdi- visant en plusieurs branches : infanterie, cavalerie, artillerie, (1) Rapport Perror. @ Voir De Frevaner, la Guerre en province, pp. 28 et suiv., — J.-A. Hi, Belfort, campagne de 1870-71, pp. 197 et suiv. — Dussræux, Guerre de 1870-71, p. 206. — Le Rapport Perror dit cent vingt mille hommes à l’époque de la bataille d'Héricourt. Lu 0 ambulances et bagages ; d'autre part, l'intendance, puis l’ad- ministration des chemins de fer à laquelle l’action ministé- rielle prétendit se substituer. Or il était aussi anormal qu'elle prit la direction des voies ferrées que de la voir usurper l’ini- tiative des chefs de guerre. Trois de ces autorités dirigeantes ont cherché à dégager leur responsabilité au détriment du général en chef; mais l’histoire amnistiera ce dernier. De ces mille complications il résulta que les transports de troupes ne furent terminés que plus de dix jours après avoir été ordonnés (1), c’est-à-dire du 20 au 30 décembre, tan- dis qu'on s'était bercé de l'espoir de les effectuer en deux jours et même en trente-six heures. On n'avait pas compté non plus sur l'insuffisance du matériel de transport, ni sur les délais nécessités par les emprunts à faire à cet égard à diverses compagnies. Il y eut sur les voies, en un temps donné, encombrement de dix-huit cents wagons chargés d’ap- provisionnements sans destination arrêtée. Les gares et les voies étaient tellement obstruées que les troupes elles-mêmes ne pouvaient partir et demeuraient littéralement parquées dans les compartiments des voitures (2), par un froid si exces- sif qu'il congelait l'eau dans les tuyaux des machines, mettait les locomotives en détresse, et paralysait tout, hommes et choses. Sans ces fatals délais, l'armée de l'Est aurait eu tous les avantages du nombre et d’une attaque à l’improviste contre l’armée de Werder; car l'ennemi, s’attendant à un mouve- ment de l’armée française sur Montargis G), avait concentré 0 27 D à + LU eo a on (1) Par exemple, le 15° corps, cantonné à Vierzon et envoyé à larmée de l'Est dans le commencement de janvier, mit plus de dix jours à franchir une distance qu'il aurait pu parcourir en quarante- huit heures. (Rapport PErRoT.) (2) Plusieurs soldats en furent retirés morts de froid où ayant une partie des membres gelés. (3) Cette expédition avait été en effet concertée pour une diversion en faveur de Paris. Les Allemands le savaient; mais ils ignoraient jusqu'au 5 janvier que ce plan avait été changé en vingt-quatre heures LE MS ses forces de ce côté de la Loire. Une fois désillusionné, l’en- nemi changea tout à coup ses plans. Le plus avisé de ses chefs de guerre, le général de Moltke, qui, du quartier général de Versailles, conduisait toute chose, s'empressa de choisir les éléments d’une nouvelle armée, et, séparant de l’armée de siége de Paris Le 2° corps, le fit partir par Montargis pour Nuits-sous-Ravières. En même temps, les 13e et 14° divisions du 7e corps, l’une venant d’Auxonne et l’autre des alentours de Metz, furent dirigées vers Châtillon-sur-Seine (1) et arri- vèrent à leurs cantonnements le 12 du mois de janvier. Nous étudierons en temps et lieu la marche de ces troupes. En attendant ces secours qui lui furent annoncés, ainsi que la nomination de Manteuffel en qualité de général en chef de l'expédition, le général Werder, tout en conservant son ini- tiative sur le 14° corps jusqu'à l'arrivée de Manteuffel, se mit sur la défensive et concentra ses forces entre Vesoul et Vil- lersexel. L'armée improvisée par de Moltke prit le titre d'armée du Sud, par opposition à la dénomination d'armée de l'Est don- née à celle de Bourbaki. Pendant que cette armée allemande dite du Sud s’organi- sait, les 18° et 20° corps français partaient de Dampierre et d'Auxonne (?). Le ? janvier, une partie du 18° corps traver- sait l'Ognon sur la glace, près du pont de Pesmes détruit par l'ennemi. Un pont de bateaux et celui des forges, réparés seulement le lendemain, servirent au passage des autres troupes. Les 18° et 20° corps, cheminant sur la rive droite, le ——— mm mme 2 sous l'influence du cabinet de Bordeaux. Des prisonniers français tombés entre les mains de l'ennemi dans un premier engagement d’avant-poste, lui révélèrent nos projets dans l'Est. La discrétion n’est pas une vertu française. : (1) La 13° division du 7° corps s'établit entre Mussy et Châtillon-sur- Seine, et la 14° près de Montigny-sur-Aube. (Voir, pour les détails pré- cédents, le récit des opérations de l’armée du Sud par le comte Her- mann DE WARTENSLEBEN, pp. 4 et 7.) (2) DE Frevaner, la Guerre en province, p. 233. nee 24° corps venant de Besancon et cheminant sur la rive gau- che, arrivèrent ainsi par Rioz, Montbozon et Rougemont en présence de l'ennemi. Il y eut quelques engagements le > janvier entre nos avant-postes et ceux des Allemands ; mais, jusqu'au 9, beaucoup d’indécision régna dans les mou- vements de l'armée française : enfin, ce jour-là, Bourbaki, dont le quartier-général était à Rougemont, sur la rive gauche de l'Ognon, donna l’ordre d'occuper le bourg de Vil- lersexel, situé sur la même rive gauche et lieu stratégique important comme point de jonction de quatre routes. Aussi et pour saisir un tel avantage, fut-il prévenu dans laccom- plissement de son dessein par Werder , qui, vu son infério- rité relative en hommes, tentait un coup hardi en prenant l'offensive, lorsque, par des manœuvres calculées, il pouvait gagner du temps jusqu'à l'arrivée des Poméraniens de Fran- secki et des Silésiens de Zastrow : tel était du moins l'avis de Manteufïel qui entretenait avec son lieutenant une commu nication incessante de télégrammes (1) ; mais Werder eut de la résolution, et, s'apercevant que Villersexel n’était occupé que par une faible avant-garde, l’eut bientôt fait enlever le matin par quelques troupes de la réserve Schmeling, et oc- cupa aussitôt après, avec des forces nombreuses, ce bourg et le beau château du marquis de Grammont qui le dominait. L'ennemi crénela les maisons sur tous les points où nos troupes pouvaient faire irruption. La cause du ralentissement qui leur avait fait perdre la possession de Villersexel était dans le mauvais état des chemins obstrués par les neiges, et ce fut vers midi seulement que les 48° et 20° corps entrèrent en ligne, la gauche s'appuyant au village d’'Esprels, la droite à celui de Saint-Ferjeux (2). Verstrois heures, les batteries du 20° corps avaient fait taire celles de l'ennemi et les avaient (1) Il en partit un grand nombre de Chàtillon-sur-Seine, Prauthoy, Fontaine-Française et autres lieux. Les télégrammes de Werder par- taient de Brévilliers, son quartier-général au-déssous de Belfort, (2) Voir la carte de détail du major WARTENSLEBEN. SD) us contraintes de se retirer sur la rive droite de l’'Ognon. Werder, afin de suppléer au nombre par la tactique, avait ménagé devant le front de ses troupes une suite de positions retran- chées, ce qui empêcha les nôtres d'agir en fortes masses, et multiphia pour nous les obstacles. On se battit avec fureur de part et d'autre : les positions furent prises ct reprises; Bour- baki se montrait partout et électrisa tellement les siens par son intrépidité et par son entrainante attitude martiale, qu'on l'acclamait de toutes parts et avec transport dans les rangs (1). Le général Billot, commandant l'aile gauche du 18° corps, repoussa vivement la droite de l'armée allemande, tandis que le général Clinchant et l'amiral Penhoat, attaquant tout aussi énergiquement l'aile gauche, l’expulsèrent du château de Grammont, qu'elle incendia en l'abandonnant. La nuit ne mit pas fin à la lutte qui continua aux lueurs sinistres de l'incendie ; on se battait encore à deux heures du matin. La division Penhoat emporta à la baïonnette toutes les positions, maisons crénelées ou autres refuges, dont l’en- nemi ne s’échappa que pour se mettre en débandade. En effet, les différents corps gagnèrent en désordre la direction de Lure (?). Cette confusion résultait d'une retraite précipitée de ces troupes qui voulaient éviter de se laisser acculer à la rivière; un grand nombre de prisonniers tombérent entre nos mains. L'arrière-garde ennemie soutint cette retraite en se retirant vers les hauteurs d’Aïllevans, sur la route de Lure (3), pendant que la masse se hâtait d'aller se mettre sous la protection de Treskow. Ce n'est point la faute de Bour- baki si cette jonction n’a pas été empêchée, car il avait donné 2 2 —————— —————— — — (1) Une dépêche de M. de Serres à la délégation de Bordeaux, en date du 10 janvier, disait : « Le général en chef a été magnifique de vigueur et d’entrain. Il a enlevé le 20° corps avec un élan irrésistible et l'a lancé dans Villersexel regorgeant d’ennemis. » (Rapport Perror, pièces justif., p. 655.) (2) Revue suisse de M. Ed. TazLicHer. (3) Voir la carte de détail du major WARTENSLEBEN. =. AD eS au général Cremer l'ordre formel de venir de Dijon sur Gray, Vesoul et Lure, pour prendre l’ennemi en flanc; et, en effet, Cremer, avec plus de diligence et en arrivant à propos aurait coupé la retraite à l’ennemi et complété la victoire de Vil- lersexel (1). En reprochant à Bourbaki d’avoir ensuite marché avec trop de lenteur pour pouvoir profter lui-même d'un premier et éclatant succès, on ne réfléchit pas que ce général était obligé d'attendre à Villersexel, point de concentration des routes, ses approvisionnements, au défaut desquels, et dans une saison exceptionnellement rigoureuse, la pénurie de ces contrées, ruinées par l'invasion, ne pouvait obvier. Un regret plus sérieux à exprimer, c'est que le 15° corps ait été laissé inerte vers Clerval sur le Doubs, au moment où son concours aurait pu être fort décisif pour attaquer Treskow et lui faire lever le siége de Belfort. Que résulta-t-il des deux contre-temps signalés ici? Wer- der, n'étant pas poursuivi et ayant opéré sa jonction avec Treskow, se hâta d'établir de Montbéliard à Chenebier et Frahier, points extrêmes s'appuyant vers le centre de leur parcours sur Chagey et Héricourt, une formidable ligne de défense, principalement sur tout le cours de la Lizaine, petite rivière se réunissant à celle d’Allaine pour se jeter dans le Doubs au-dessous de Montbéliard. Werder jouait là tout son jeu : aussi avait-il emprunté au général Treskow ses fortes pièces de position des points d'attaque de Bavilliers et d’Es- sert (2), même ses mortiers de siége, et il en avait hérissé tous les escarpements de la Lizaine en y joignant sa propre artil- (1) La division Cremer n’arrivait à Lure que le 14 janvier et en re- partait le lendemain pour prendre part à la bataille d’Héricourt, où . cette division se distinguait à Chenebier. (DE FREYGINET, ouvrage cité, p. 241.) (2) Positions de siége du général Treskow à l’ouest de la place de Belfort. — D'après le récit de W. BLume, de l'état-major prussien, trente-sept bouches à feu, dont seize de ?4, furent dirigés de Belfort vers la Lizaine. (Rapport Perror, pièces justif., p. 375.) ce. Mome lerie de campagne. C'était là un échange de services récipro- ques; car Werder, dès Le début de la campagne, avait renforcé Treskow de quinze mille hommes; et si le premier avait di- minué d'autant son effectif (1), il est vrai de dire que sa situa- tion et celle de Treskow étaient solidaires entre elles, au point d'obliger ces chefs à se prêter un mutuel appui, l’un en cou- vrant Belfort contre Bourbaki, l’autre en prévenant une sortie de la garnison de la place sur les derrières de l’armée de Wer- der (?). Quoi qu'il en soit de l'hésitation reprochée trop sévèrement à Bourbaki, ce général en chef reprit sa marche le 11 janvier et culbuta encore l'ennemi le 13 au combat d’Arcey, village situé à mi-chemin de Villersexel à Héricourt. C'était là que commençait la série de retranchements élevés par Werder. Le général Bourbaki déploya dans cette affaire d’Arcey la même vigueur quà Villersexel. Il fut admirablement se- condé par la première légion du Rhône, qui s'était déjà cou- verte de gloire au combat de Nuits. Le chef de cette légion, le colonel Valentin, prit résolüment la tête des trois colonnes d'attaque, expulsa l'ennemi de sa position la plus fortement retranchée, y fit mettre en batterie dix pièces de campagne; et, pendant qu’elles luttaient avec grand avantage contre l’ar- tillerie allemande de Villers-sur-Saulnot, et préoccupaient l'ennemi, il fit tourner par notre infanterie diverses positions — — eu me - mg ne pe nee ee (1) M: 0e Freyaner (p. 239) évalue à vingt mille hommes les forces destinées à contenir Belfort et à soixante mille celles qui étaient re- tranchées autour d’'Héricourt et de Montbéliard. — Le même auteur ajoute qu'il n’était bruit dans toute la presse étrangère que des ren- forts que le général Werder avait fait venir d'Allemagne. — D’après le Rapport Perror, il en avait reçu de- la Lorraine, de l'Alsace et du duché de Bade. Son armée était alors de quatre-vingt-dix mille hom- mes au lieu de trente-cinq mille qu'il avait au début. (2) On a, dans le passage suivant du livre de M. Hp, intitulé - Bel- fort (p. 213), un témoignage que Werder et Treskow, au besoin, s’ai- daient réciproquement des troupes placées sous leur commandement : « La division Treskow avait renforcé Werder de la moitié de son in- fanterie pour protéger la ligne de défense d'Héricourt. » —— 49 — qui furent emportées successivement avec entrain comme Gonvillars, Le Vernoy et Chavanne. Dans l'attaque de ce vil- lage, le 2° bataillon de cette même légion composé de jeunes soldats, sois les ordres du commandant Vène déjà honora- blement connu de nous, se montra aussi vigoureux et solide que s’il eüt eu une longue pratique de la guerre : aussi cette brave légion et leurs chefs furent-ils acclamés sur toute la ligne en témoignage de leur bravoure (1). Les 15e et 24° corps se distinguèrent également à la journéc d’Arcey. Au milieu de ces heureux préliminaires des trois journées d’'Héricourt, dont le récit va suivre, le général en chef Bour- baki avait concu plusieurs plans dont l’un fut écarté (2); mais alors, de deux autres plans, le premier consistait en une attaque simultanée de tous les points de la ligne défensive de Werder, dans le but de rejeter son armée sous le canon e- (1) Hist. de la 1*° légion du Rhône, p. 58, (2) Ce plan, a-t-on assuré, consistait à renforcer de vingt mille hommes un corps d'armée défendant la ligne du Doubs (c'était vrai- semblablement celui de Clerval) et à tourner la position de Belfort par Delle, pendant que le gros de l’armée attaquerait Héricourt, véritable clé de Belfort; mais ce plan ne fut pas apparemment du goût d'un délégué du comité de défense de Tours. Le ministère de la guerre d'alors, jaloux d’imiter les allures des comités de la Convention natio- nale, attachait des commissaires civils aux flancs des généraux et leur traçait leur marche. Qu'arrivait-il de là? le général, contrecarré par des contre-projets, tombait dans l’indécision, perdait toute con- fiance et tout entrain, et demeurait déconcerlé au grand préjudice des succès dont il avait pu combiner les chances avec plus d’à-propos que des absents ou des hommes inexpérimentés dans les choses de la guerre. Les chefs de corps étaient fort à plaindre ; car pendant qu'ils ne marchandaient au pays ni leur vie ni leur réputation dont les stra- tégistes de cabinet, promoteurs d'enthousiasme faux et irresponsables, faisaient bon marché, ils avaient la douleur de voir s'organiser tous les éléments d'une défaite, là où ils avaient préparé ceux d’une vic- toire. L'on pourra se convaincre de la dangereuse initiative des comités de direction en dehors de celle des chefs de corps, si l’on consulte le livre du général MARTIN DES PALLIÈRES, Concernant la campagne d'Orléans en 1870-1871, 4 en) = de la place de Belfort; le deuxième consistait à simuler plu- sieurs attaques partielles pendant que la masse des troupes pèserait sur le centre de manière à couper l’armée allemande et à la forcer à la retraite pour n'être pas tournée. Le premier de ces deux plans ayant eu la préférence, lat- taque eut lieu le 15 janvier sur tout le front de bataille de Werder, et avec l’effroyable fracas de deux cents pièces d’ar- tillerie française tonnant sans désemparer contre pareil nom- bre de l'ennemi. Cependant, sur divers points fortifiés en avant de la Lizaine, comme Vyans, Byans, Couthenans et autres lieux, notre infanterie fit des prodiges de valeur (1), et emporta ces positions malgré leur formidable appareïlde dé- fense, et en se frayant, à travers la neige, des sentiers impra- ticables à notre artillerie, Ce fut sans doute par suite des difficultés insurmontables de ses abords que le mont Vaudois, hérissé de canons, fut attaqué par deux de nos batteries seu- lement lorsqu'il en eût fallu au moins dix pour le réduire (?). Le 18 corps et la division Cremer occupaient l'extrême gauche vers Chenebier et Frahier ; les 20° et 24° corps occu- paient le centre vers Héricourt; la droite, composée du 15° corps, faisait face à Montbéliard; des troupes de réserve étaient placées en observation à Audincourt sous Montbéliard, et pour courir sus à l'ennemi en cas de retraite Malgré les succès de la journée sur plusieurs points des positions avancées de Werder, celles de la Lizaine ne furent pas entamées, et les tentatives pour débusquer l'ennemi des villages d’Etobon et de Chenebier avortèrent. Ce fut partie re- mise pour le lendemain. Quelques-uns ont attribué linsuccès de la journée du 15 au retard que le général Billot avait mis à l'attaque du mont rs + ee (1) D'après le propre témoignage des officiers prussiens, nos soldats se battirent avec un acharnement sans exemple dans les annales mili- taires. » (Ed. Tarzicer, Revue suisse.) (2) DE FREYGINET, p. 243. ee Vaudois; mais ne doit-on pas tenir compte à l’intrépide géné- ral des entraves de la route ? C'est un fait avéré que le défilé des troupes s'opérait, pour presque toutes, sur un même point, celui de Béverne. Là, en effet, eut lieu la rencontre du 18° corps avec la division Cremer, dans des passages étroits où plusieurs hommes ne pouvaient marcher de front; puis, pour arriver en ligne de bataille, « il fallait, a dit le général Billot, franchir un espace de dix-huit cents mètres sur un tapis de ueige, à découvert contre des batteries de positions couvertes par une rivière ci par des villages crénelés. » D'autres ont émis l'opinion qu'au licu d'engager contre ces nombreuses et puissantes pièces de canon du mont Vaudois un combat d'artillerie qui devait être désavantageux pour nous, il aurait fallu mettre tout en œuvre pour tourner cette redoutable colline (1). D'après le rapport du Correspondant anglais, la nuit du 15 jauvier fut des plus rudes à passer pour nos troupes, qui sta- tionnèrent sans abris sur les plateaux neigeux et où des ra- fales d’un vent aigu, et par ure rigoureuse température de 18 degrés centigrades au-dessous de zéro, fouettaient des tour- bilons de neige au visage de nos soldats et l’amoncelaient autour d'eux jusqu à leur couvrir les genoux. On fit des feux de bivouac à moins de mille mètres de distance de l'ennemi, et là, les pieds au feu et le dos appuyé sur les sacs enfouis dans la neige, les hommes, sans distinction de grades, se groupèrent entourés des chevaux qui venaient instinctive- ment chercher près de leurs maîtres quelaue adoucissement à l'extrême froidure. Pendant ces tristes heures, la division Cremer, privée de vivres depuis un jour et demi, eut autant à souffrir de la faim que de la rigueur de la saison; mais, malgré ses cruelles épreuves, c'est à cette division, aidée de la division Pallu (), a ro, (1) Voir sur ce sujet les conclusions du Rapport PError. (2) Zbid. EE \ que fut due le lendemain , 16 janvier, où la bataille recom- menca avec plus de fureur encore que la veille, limportante prise de possession du village de Chenebier. Un bataillon des mobiles de la Gironde, commandé par le colonel Carayon- Latour, fut mis à l’ordre du jour de l'armée pour sa belle conduite dans cette affaire (1). — La brigade Carrol-Tévis s'y distingua particulièrement aussi, pendant que l'amiral Pen- hoat délogeait l'ennemi du village d’'Etobon, situé un peu en arrière de celui de Chencbier. Nous étions moins heureux à l'extrême droite, où le général Bressolles n'avait pu s'emparer des collines de Sochaux et d’Exincourt; et, au centre, le mont Vaudois, plus formidable- ment fortifié encore que le jour précédent, avait rendu inu- tiles les efforts de la division Bonnet. Le 20 corps avait été repoussé d'Héricourt. Mais, en somme, cette journée du 16 janvier avait été glorieuse pour nos armes, puisque la posses- - sion de Chenebier, enlevé avec une extrême vigueur au gé- néral Degenfeld, et l'évacuation de Frahier par l'ennemi, nous ouvraient la voie vers Belfort et appelaient le concours de la garnison de cette place pour prendre entre deux feux les troupes allemandes qui, après l'échec de leur droite à Chenebier et Frahier, s'étaient retirées sur Echavanne et Chaonvillars, à l’ouest de Belfort et dans le rayon du siége de cette place, Le froid et impassible de Moltke recevait télégramme sur télégramme pendant l’action, et, de son cabinet de Versailles, suivait tous les mouvements des deux armées : aussi, en vertu des ordres qu'il transinit immédiatement de reprendre Che- nebier à tout prix, les troupes allemandes, cantonnées à Eche- vannes et Chalonvillars depuis quelques heures, attaquèrent subitement les nôtres de très grand matin; mais, grâce à la présence d'esprit de l'amiral Penhoat et du géneral Bil- lot, un instant de panique fut bientôt comprimé. Nos posi- tions conquises furent héroïquement défendues et glorieuse- me ce eee me se eat es nm me (1) Rapport Perror. Dar Len ment conservées; et si la droite de l’armée française n'avait pas contrebalancé par l’insuccès les fructueux efforts de l’ex- trême gauche, le général Billot, pour peu qu'il eût été secondé par l'initiative de la garnison défendant Belfort (1), entrait dans la place après l'avoir débloquée. Déjà cette malheureuse population, écrasée depuis quarante jours par un bombarde- ment sans précédent jusqu'alors dans les fastes militaires, s'abandonnait à l'espérance en voyant les troupes ennemies se replier en désordre sur Chalonvillars; mais cette lueur de salut s’éclipsa bientôt. Dans la journée du lendemain 17 janvier, une attaque gé- nérale fut encore tentée sur le front de bataille de l'ennemi ; toutefois nos efforts tendant à forcer le passage de la Lizaine sur divers points n'eurent pas plus de succès qu'aux deux jours précédents. On s’empara bien de Monthéliard, mais le château, défendu par des batteries de 24, résista. Chenebier, gardé par l'amiral Penhoat, resta en notre possession; mais partout ail- leurs, le résultat de cette troisième journée fut négatif. Vers la fin du jour, la bataille alla s’affaiblissant et les échos n'appor- tèrent plus aux oreilles attentives des assiégés de Belfort que des bruits lointains de fusillade et d'artillerie. Chenebier même, acheté-par tant de sang, venait d’être abandonné par nous, et déja commençait cette fatale retraite qui devait bientôt entraîner un grand désastre. Un instant immobiles et inquiets dans leurs tranchées, les assiégeants de la place de Belfort avaient suspendu leur feu; mais, dans la journée du 18, ils en redoublèrent l’effroyable effet, parce que la confiance leur était revenue. Dans ces trois journées groupées sons le titre général de bataille d'Héricourt, l’armée francaise avait perdu sept cents hommes tués et seize cents prisonniers, tout en infligeant de (1) « Depuis le 15 janvier, le gros de la division Treskow surveillait les routes de Lure et d'Héricourt où le général pensait que la garnison de la place tenterait quelque vigoureux effort. » (Belfort, par J.-A. Hip, p. 213.) Le ble plus grandes pertes à l'ennemi (l); mais, par suite de priva- tions de toute nature, nos malheureux soldats à peine vêtus, mal chaussés, mal nourris, décimés par la petite vérole et la dyssenterie, et occupant, sans abris et sous les atteintes d’un froid norwégien, un terrain littéralement haché par les obus et la mitraille, étaient néanmoins admirables de courage et d'abnégation (). Ils répondaient aux exhortations des chefs : « Oui! nous voulons bien aller en avant, mais donnez-nous du pain, des souliers, des armes et des munitions! » Ces vœux résument les principaux genres de privations dont nos soldats avaient à souffrir. | Or, le général en chef Bourbaki, craignant que ses trou- pes, ainsi paralysées par une foule de causes dissolvantes, ne perdissent bientôt tout ressort et entrain, et prévoyant que, d'un jour à l’autre, l'armée de l'Est pouvait se trouver engagée entre Werder et Manteuffel, provoqua, le 17 janvier à trois heures du soir, près de Couthenans, à peu de distance d'Hé- ricourt, une conférence entre lui et les généraux Billot et Bonnet. Là fut décidée la retraite de l’armée pour le lende- main matin {8 janvier. Le général Billot, plus résolu que son général en chef, offrait de percer les lignes ennemies dans la direction de Dole, au lieu de se retirer vers Besancon. Devancant peut-être trop vite le jugement de l'impartiale histoire, plusieurs ont blâmé le général Bourbaki de sa retraite qu'ils qualifiaient de précipitée, et ont affirmé qu'une offen- (1) Werder, dans un télégramme adressé de Brévilliers à Manteuffel, accuse une perte de douze cents hommes. Les pertes respéctives sont relatées dans le Rapport du major WARTENSLEBEN. @) « Le général Billot, commandant le 18° corps, exprimait, après la journée du 16, sa surprise de la fermeté et de la bravoure avec les- quelles plusieurs régiments de mobiles avaient supporté le choc de l'ennemi, et avaient tenu pendant sept heures et demie sous le plus violent feu d’obus,-de mitraille et de mousqueterie qu'on puisse imagi- ner, » (Correspondant anglais.) — 939 — sive nouvelle aurait gravement compromis Werder et dégagé Belfort (1). Le 18 janvier, le quartier général de Bourbaki s’établissait à Arcey, et le mouvement de retraite sur Besancon, à partir de Chagey au sud et un peu au dessous de Chenebier, com- mencçait entre le Doubs et l'Ognon. Il s'opéra en bon ordre, du 18 au 22? janvier, sans que nos troupes fussent sérieuse- ment inquiétées par l'ennemi. Le général de Brémont-d’Ars, qui fermait la marche avec sa cavalerie, ses batteries et les bataillons d'Afrique, repoussa vers Clairegoutte, au nord- ouest de Chenebier, une attaque de forces supérieures aux siennes. D'autre part, le 18° corps et la division Cremer, for- mant aussi arrière-garde, soutinrent avec vigueur une autre attaque tentée par l'ennemi à Villargent, sous Villersexel. Notre armée ne devait plus revoir les Allemands qu'aux dé- filés de la Cluse. -Le 22, tous les divers corps de l’armée de l'Est s'étaient concentrés dans le pourtour de Besancon, moins le 24° qui, en s’échelonnant sur les deux rives du Doubs, à Blamont et à Pont-de-Roide, à Clerval ct à Baume-les-Dames, observait les routes de Montbéliard à Besancon: em D ré + + 0 Re ee {1) « Les officiers prussiens se croyaient perdus (dit M. TazricHer dans la Revue suisse) ; tous leurs préparatifs de retraite étaient faits, lorsque Bourbaki perdit courage d’une manière absolument inexplica- ble, et se retira à peu de distance (à Arcey), ne pouvant se décider ni à tenter un grand et suprème effort, ni à effectuer immédiatement une retraite qui lui permit de changer sans retard sa base d'opérations. »— Cette critique nous semble bien hasardée en présence des faits. Man- teuffel, que Garibaldi avait laissé passer, arrivait à marches forcées sur Gray en ce moment, ef menacçait de couper la retraite à Bourbaki, auquel aucune des promesses ministérielles à lui faites de protéger sa marche n'avait été tenue. LE CHAPITRE XI SommaIRE. — Force de l’armée allemande dite du Sud. — Manteuffel général en chef. — Marche combinée du ?° corps. — Engagements partiels. — Affaires de Verrey et de Champagny. — Attaque et dé- fense de la ville de Dole. — Marche du 7° corps. — Il s'empare de points stratégiques importants. Pendant les faits qu'on vient d'exposer, et tandis que l’ar- mée de l'Est demeurait inerte et démoralisée jusqu'au 26 jan- vier dans ses cantonnements près de Besançon, que se pas- sait-il dans le Sud ? L'armée allemande, organisée par de Moltke, se composait de cent quatre mille hommes, dont huit mille cavaliers, et de cinquante-trois batteries de canons (1). Dans le même temps que le 14° corps agissait vers Vesoul et Belfort sous la direction de Werder, le général Mauteuffel, mandé d'Amiens à Versailles le 10 janvier, y avait recu le titre de général en chef de l’armée du Sud et avait été chargé de diriger sur l'Est les deux ailes supplémentaires de cette armée nouvelle. ee ns 06 0 ds mot (1) Voici la récapitulation de ces forces : 2e corps, 27,000 hommes et 84 pièces de canons. Te 00212800, — 84 — 48.000 hommes et 168 pièces de canons. 14 corps, 56,000 hommes et 150 pièces de canons, dont 5.000 de cavalerie. Ensemble : 104,000 hommes — et 318 pièces ou 53 batteries. (Voir Opérations de l'armée du Sud en janvier 1871. par le major WARTENSLEBEN, P. 93.) nn, To Le général en chef arriva le 12 janvier à Châtillon-sur- Seine, y harangua les troupes (1), y décida leur marche sur Vesoul et fixa leur départ pour le 14 janvier. Le ?° corps ou aile droite, envoyé de Montargis par de Moltke, et composé de Poméraniens sous les ordres du lieute- nant-général Fransecky, était formé de la 3° division station- nant à Nuits-sous-Ravières et de la 4° division stationnant à Noyers (?). Le 7e corps ou aile gauche, Composé de Silésiens sous les ordres du lieutenant-général Zastrow, était formé de la 13° division venant d'Auxerre à Montbard avec l'artillerie (3), et de la 14° division venant des environs de Metz (4). Voici l’ordre de marche donné à Châtillon, le 13 janvier, à ces deux corps par le général en chef pour le 14 janvier au matin. Ce jour-là une couche épaisse de neige couvrait la terre, le thermomètre descendait à 18 degrés centigrades. La température ne commença à mollir que vers le 17. Une des divisions du ?° corps, qui avait été réparti entre Nuits-sous-Ravières et Noyers, prit l'itinéraire des Laumes et Darcey; l’autre passa par les hauteurs, c'est-à-dire par Lu- cenay, Etormay et Villeneuve-les-Couvers; elles se rejoigni- rent à l’Arbre rond, lieu de convergence des deux chemins, affluèrent à Baigneux où, près de ce village, la brigade gari- baldienne Ricciotti attaqua la brigade Dannemberg qui éclai- rait la marche du 2° corps 6). De là ce corps prit la vallée de l’Ignon, au-dessous de Chanceaux, traversa la Margelle, Mo- loy, Courtivron, Tarsui et Villeneuve. La tête de ce 2° corps atteignit le bourg d'Is-sur-Tille et celui de Selongey le 17 (6). (3) ID., p. 4. (4) Ip, p. 5. (D) DID" (6) Ce fut alors que la brigade garibaldienne Menotti, qui occupait Selongey et Is-sur-Tille, se replia sur Dijon. (Igrp.) « Les RE La 3° division s'avança jusqu'à Thil-Châtel et Lux, tandis que la 4° division, composée de la 7° brigade et de l'artillerie dont la marche était des plus difficiles par des chemins neigeux et glacés, était encore très éloignée dans les mon- tagnes (1). Quelques troupes de cette division, détachées à droite de son itinéraire, furent attaquées le 16 et le 17 janvier dans le voisinage de Verrey et de Bligny-le-Sec, par des francs- tireurs d'Oran réunis à des francs-tireurs comtois. En s’éche- lonnant le long des talus qui dominent la tranchée du chemin de fer, ils avaient fait éprouver une perte de plusieurs hommes à l'ennemi, près de Verrey, qui sentit bientôt tout le poids du cruel principe de la solidarité. De pauvres villageois inoffensifs furent tués jusque dans leurs maisons, et leurs demeures fu- rent incendiées (?). Le vénérable curé du lieu, M. l'abbé Frè- rot, au moment où son zèle apostolique éclatait sans réserve au profit de ses malheureux paroissiens, fut accablé de coups de crosses, blessé à la main et poursüivi jusque dans son presbytère. Là, trois coups de feu furent dirigés sur lui du haut d’une fenêtre donnant sur son petit jardin où il s'était réfugié; l’un de ces coups de feu l'atteignit en plein visage. Quelques jours plus tard, le digne prêtre G), se sentant mourir et faisant à Dieu le sacrifice de sa vie, proférait ces saintes et dernières paroles : « Je viens de verser mon sang : puisse-t-1l être agréé de Dieu pour le bien de mon pays! » Ces forcenés, qui sévissaient ainsi contre une population sans défense, étaient des Poméraniens de la Confédération du (1) WARTENSLEBEN, p. 14. (2) Une femme, Marie Gruardey, fut tuée au coin de son feu pendant quelle allaitait son enfant. — Un vieillard, Pierre Brille, atteint d’une balle, tomba mort au milieu de sa cuisine. — Une mère de famille, voulant protéger ses enfants gisants à terre et foulés aux pieds, fut accablée de coups. — Un grand nombre de villageois furent couverts de meurtrissures. — Le village fut mis à sac et sept maisons furent in- cendiées, (3) L'abbé Frèrot succomba à ses blessures le 1% février suivant. LA | — 59 — Nord. Nous les verrons bientôt encore commettre d’autres alrocités. Constatons toutefois qu'Attila et les siens respec- taient les ministres de Dieu et que des Allemands du xrx° siècle, en faisant le contraire, se placçaient au-dessous des Huns du v° siècle (1). Le même jour, 17 janvier, des éclaireurs de Bossack-Hauké, qui surveillaient les défilés du val de Suzon, s'étant réunis à des éclaireurs du Rhône et à des francs-tireurs de Vaucluse, sous le commandement du’ colonel Lhoste, surprirent, au hameau de Champagny, entre Saint-Seine et Chanceaux, un poste ennemi préposé à la garde d’un troupeau de 720 moutons, duquel ils s'emparèrent ainsi que d’un convoi de chevaux et de voitures; mais l'alarme ayant été donnée au corps principal de troupes allemandes par ceux des gardiens qui avaient pu s'échapper, il y eut bientôt un engagement sérieux entre les francs-tireurs et l'ennemi, pendant que ceux-là prenaient soin de faire filer leur riche capture vers Dijon. L’ennemi, rendu furieux par suite de l'enlèvement de son bétail qu'il prétendait avoir recu du duché de Bade, mit le feu aux quatre coins du village, après avoir fait une razzia de tout le bétail du lieu. Ce pauvre village n'avait d'autre tort que d’avoir hébergé les prises de ces Allemands et donné l'hospitalité aux gardiens qui s'étaient trompés de route et étaient arrivés là assez tard dans I nuit. Le hameau de Champagny eut les plus incontestables droits à cette universelle et intarissable charité chrétienne si habile à revêtir toutes les formes du dévoûment humain, et qui, dans la diversité de son ingénieux langage et sous les auspices de ce noble et infortuné pays de France, a su trou- ver le mot heureux de sou des chaumières. (1} Nous sommes trop impartial pour rendre toute la nation allemande solidaire de pareils faits; toutefois elle devra convenir elle-même qu'il y eut dans les rangs de son armée des tribus d’une civilisation bien attardée et qui, par leurs actes féroces, portaient atteinte à la dignité de la nation entière, (0e Le quartier-général qui, depuis le 16 janvier, était à Prau- thoy, lieu intermédiaire des trois itinéraires de l’armée en marche, et où les dépêches de Werder, datées de Brévilliers, arrivaient de Châtillon par d'excellents relais de poste (1), fut transporté le 19 à Fontaine-Francaise. Là, Manteuffel, qui venait d'être averti, par un télégramme de Werder, de la re- traite de Bourbaki vers Besancon, changea tout à coup son objectif, c'est-à-dire Vesoul, pour faire conversion à droite et diriger le 2° corps sur Gray. Pendant le trajet des troupes allemandes, leurs nombreux détachements éclairaient les rives de la Saône dont l'occupa- tion vers Gray leur importait extrêmement. Aussi, dès le 17 janvier, le colonel des francs-tireurs bourguignons, Bom- bonnel, qui avait été chargé par Bourbaki de surveiller les deux rives de la Saône de Gray à Jussey, télégraphiait-il à Dijon pour solliciter l'envoi de deux mille hommes de ren- fort, en disant que si on ne les lui envoyait pas, la voie de ravitaillement de l'armée de l'Est allait être coupée. On lui répondait : « Repliez-vous. » Et Besancon lui télégraphiait : « Faites sauter les ponts. » — Cent quarante hommes pour garder le chemin de fer à Montarlot; deux cents pour sur- veiller le pont de Gray, quelle dérision! tandis qu’une armée de quarante mille hommes et plus restait concentrée à Dijon, place d’une importance stratégique nulle aux yeux de l'en- nemi! Il le prouvait bien d’ailleurs en n’envoyant contre cette ville qu’une pauvre brigade et deux batteries, comme il sera dit plus tard. Si l’armée dite des Vosges avait su barrer l'accès de la Saône à l'ennemi et le prendre en flanc sur son audacieux itinéraire, Bourbaki aurait pu recevoir ses approvisionne- ments, et, se sentant appuyé et sa retraite assurée, continuer avec confiance sa marche offensive. Afin de mieux dissimuler leur nombre et leur objectif vers (1) WARTENSLEBEN, D. 19. EP Ve l'Est, et afin de fouiller en tout sens les routes les plus sûres, les troupes de Manteuffel marchaient sur beaucoup de points en petits corps isolés, et l'on en signalait de partout l’appari- tion à Garibaldi, afin qu'il pût surprendre cà et là l'ennemi ou au moins paralyser ses mouvements ; mais le chef de l’ar- mée des Vosges, ou affectait de tout savoir, ou se montrait incrédule, ou affirmait que sa mission officielle était de pro- téger Dijon principalement menacé, disait-1l, par l'armée en marche. Tout était donc fatalement combiné par le général italien, pour laisser passer les troupes allemandes et pour s'approprier le titre de « héros de Dijon » que les mais lui prodiguent encore. Gray fut occupé le 19 par l'avant-garde du ?° corps qui s’y concentrait le 20, pendant que la même avant-garde, sous le commandement du général Koblinski, surprenait, le 21, la ville de Dole, 4,600 Poméraniens, infanterie, cavalerie et artillerie, général Koblinski en tête, débouchèrent par la route de Gray sur la place Pingon, ci-devant place Napo- Iéon. à La ville de Dole était peu préparée à cette fatale visite ; car elle s'était fiée au récit d'une vingtaine de gendarmes chargés de surveiller les rives de l’Ognon, et qui, étant entrés en ville le 20 janvier au soir, avaient affirmé que l'ennemi, d'ailleurs en fort petit nombre à Pesmes, disaient-ils, ne songeait point à passer outre. Cependant le lendemain, lundi 21, ce fut bien autre chose. Tout à coup les mêmes gendarmes, traversant la ville à bride abattue, y sèment l'alarme en-avertissant que l'ennemi est sur leurs pas à Authume, c'est-à-dire à trois kilomètres de là. Il était alors onze heures et demie du matin. Aussitôt la générale bat, le tocsin sonne; le commandant de la garde nationale sédentaire, M. Jourdy, homme de cœur, dispose ses compagnies en tirailleurs, en leur faisant former un fer à - cheval ayant Authume pour centre. Le Une force infime de trois cents gardes nationaux séden- taires mal armés, et bientôt réduits à moitié, c'est-à-dire aux hommes de patriotisme et de courage, aidés d’un petit nombre de francs-tireurs, de zouaves et de mobilisés, a pu néanmoins opposer une résistance de quatre heures à l'ennemi quinze fois plus nombreux que cette héroïque phalange. Une réserve avait été laissée sur la place Pingon, et un imposant escadron de gendarmerie de cent chevaux s'était rangé devant le Cours-Saint-Maurice faisant face à la route d'Authume. Cet escadron fit d'abord bonne contenance; mais ayant reconnu l'impossibilité de la résistance, il se retira après avoir eu quelques cavaliers mis hors de combat. Cependant l'ennemi se rapproche insensiblement : le canon retentit; les obus sifflant de toutes parts frappent les maisons et crèvent-les toitures; une fusillade terrible éclate sur la place Pingon où les balles s’entrecroisent dans toutes les directions. Un détachement ennemi, ayant fait le tour de la ville et remontant le Cours-Saint-Maurice envoie une dé- charge meurtrière sur les siens qu'il prend pour des Fran- çais. En ce moment l'hôtel de Lyon, placé en face de loctrot, à l'entrée du Cours, était occupé par l'ennemi. Les balles allemandes tuent raides deux soldats prussiens et blessent mortellement leur colonel à l'entrée du porche de lhôtel. Au même instant, un vénérable prêtre, l'abbé Baudin, parent du maître de cet hôtel et qui s’entretenait avec le major, tombe, la poitrine traversée de deux balles. Fatale destinée ! las de voir les Prussiens en Lorraine, son pays, il était venu à Dole dans la pensée qu'il fuirait les atteintes et la détestable vue de l'étranger. D'horribles drames continuent à l'hôtel de Lyon : les Po- méraniens l’envahissent et mettent tout en pièces. Le chef de cuisine, Huchot, est frappé de dix coups de baïonnettes; les blessés francais sont lâchement achevés, atrocement insultés et foulés aux pieds. C’est une affreuse orgie où le vin se mêle au sang. Le valet d’écurie est assommé; cinq cadavres étalés _— 63 — sur les dalles de la cuisine servent de trophées à ces tristes et sauvages vainqueurs. La résistance, à laquelle ils ne s'étaient pas attendus, avait excité leur fureur. Vers les trois heures de la journée, ils font irruption en ville, enfoncent à coups de crosses de fusils les devantures des magasins et pillent prin- cipalement les épiceries et charcuteries. Deux cents wagons qui étaient en gare, chargés de vêtements et de vivres pour notre armée de l'Est à laquelle ce secours était si nécessaire, deviennent la proie de l'ennemi pour n'avoir pas été dirigés, sans perte de temps, sur Chalon, Mou- chard ou Besancon, par suite de l'encombrement de la voie sans doute, et surtout de la trop grande confiance dont on se bercait à Dole au sujet de la prétendue inertie et du petit nombre supposé des Allemands à Pesmes. l'ennemi, que cette importante capture enrichissait, déchargea tous les approvisionnements et en remplit les bâtiments de la gare en les yamoncelant jusqu'à une hauteur de trois ou quatre mètres (1). Les pantalons rouges destinés à nos soldats fu- rent reteints en noir pour l'usage des Allemands. Les viandes salées devinrent la proie des soldats qui les ven- daient à vil prix ou les jetaient par dérision sur les pavés de la ville. Le général Koblinski exigeait une imposition de guerre de dix mille francs pour la résistance et de quatre-vingt-dix mille francs comme caution de tranquillité. Le maire intéri- maire d'alors, le citoyen Robert, qui rendit d’utiles services, obtint remise des dix mille francs. ‘ En somme, la journée du 21 janvier coûta à l'ennemi deux cents hommes tués ou blessés et aux défenseurs de la ville dix-sept tués et douze blessés, en tout vingt-neuf, presque tous pères de famille et laissant, pour la plupart, des orphe- lins sans ressources. ee ee re , , (1) Invasion de Dole, par M. Bunin, auquel nous empruntons quelques autres citations encore. mp: Dans les premiers jours de leur installation à Dole, les Poméraniens, craignant une attaque de Garibaldi qui avait fait occuper le mont Roland par un fort détachement, se re- tranchèrent de toutes parts en construisant des barricades à chaque tête de route et en crénelant tous les murs de clôture, jusqu’à ceux du cimetèire. L'attaque appréhendée n'eut pas lieu, et l'ennemi, qui était entré à Dole le 21 janvier , n’éva- cua la ville que le 27 octobre suivant. Pendant que, les 20 et 21 janvier, la tête de colonne du ?° corps atteignait Dole, le centre passait à Mirebeau et à Esser- tenne, et la queue se déployait sans encombre au nord-est de Dijon entre Thil-Châtel et Mirebeau. Le même jour, 21 janvier, l’armée dite des Vosges opposait vingt-quatre mille combattants à cinq ou six mille Allemands sacrifiés à dessein dans l'intérêt de la manœuvre pratiquée contre Bourbaki; mais n’anticipons point, et après avoir suivi la marche du ?° corps, étudions celle du 7°. Voici l’ordre de marche de ce 7e corps, conformément aux instructions du général en chef : | La 13° division, partant de Châtillon le 44, traversa Vou- laine, où ce général passa la nuit; Recey, Germaine, où il coucha à la cure et reçut une dépêche de Werder; Esnoms, Prauthoy, où la division s'échelonna le 17 dans la direction de Longeau (3). L'itinéraire de ces diverses colonnes par d’étroits passages était audacieux, celui par la vallée de POurce particubière- ment, et où, dans la journée du 15 janvier, s'engagèrent onze batteries de canons, soixante-six pièces, avec quaire cents caissons et huit cents voitures d’approvisionnements mili- taires. Cet important matériel n'avait qu'une faible escorte de (1) WARTENSLEBEN, pP. 26. (2) In., /bid. (3) WARTENSLEBEN, p. 14. Ip cinq cents hommes et était en retard de dix-huit heures sur le corps d'armée en marche (1). On se demande comment ni la garnison de Langres (2), ni l’armée des Vosges, forte de quarante mille hommes depuis les adjonctions qu'y avait faites le comité de défense nationale, ni les compagnies franches, ne firent échec à ces marches de l'ennemi par d'âpres et étroits détours et par des gorges et des défilés dangereux, où un petit nombre d'hommes déci- dés pouvaient causer la perte de milliers d’autres et paralyser tout au moins leur marche, ce qui aurait laissé à Bourbaki, dans l'Est, sa liberté d'action et la facilité d'opérer sa retraite en temps et lieu convenables. Le général en chef Manteuffel semblait ne pas se dissimu- ler ses chances périlleuses, car on cite de lui ce propos, lors- qu'il se vit installé au bourg de Recey sans encombre « Voici la première partie gagnée. » Il fit alors replier un télégraphe portatif qui le suivait de Châtillon à Recey. Cepen- dant plus de deux mille garibaldiens s'étaient répartis dans les bourgs d’Aignay, Grandcey, Avot, Barjon, Salièves et autres lieux de la montagne, semés comme autant de re- paires de partisans sur les routes tortueuses de l’ennemi G). A l'occasion de la retraite précipitée des 'garibaldiens qui faisaient croire, en quittant Aignay, que le salut de Dijon dépendait de leur prompte présence dans cette ville, le maire d’Aignay écrivait à celui d’'Essavois ce propos singulier : « Je suis plus que jamais tenté de croire que Garibaldi a pris pour mission de convoyer les Prussiens (1). » + oc nn 28, (i) L'auteur doit ces détails et plusieurs autres à M. Louis Bordet, son parent, un des membres les plus éclairés du conseil général de la Côte-d'Or. C'est devant sa demeure à Froidvent, entre Voulaine et Recey, que défilait tout le matériel dont il vient d’être parlé. (2) Le général Mévere commandait la place de Langres avec une forte garnison de vingt mille hommes. (3) Voir Armée des Vosges et Mipbreron, où sont énumérés tous ces postes de garibaldiens et francs-tireurs. (4) Un propos moins tranché, mais quelque peu analogue à celui du 9 2 (66 La 14e division du 7° corps, partant de Montigny-sur-Anbe où elle stationnait, traversa Boudreville, Arc-en-Barrois, Giey-sur-Anjon, Chameroi, Perrogney, Aprey, Baissey, Bourg et Longeau. Dans le trajet de Bourg à Longeau, le 16, la division recut quelques grenades lancées d’un des forts du sud de la citadelle de Langres. Cette division atteignit Cham- plitte le 18 avec le gros de l’armée. Là, changeant d'objectif comme le 2° corps, elle se détourna de l'itinéraire de Vesoul, fit conversion à droite, sur l'ordre du général en chef trans- mis le 19, et marcha sur Dampierre, Autrey et Gray. Ce T° corps qui, d’après son premier objectif se trouvait avoir un jour d'avance sur le 2° corps, perdit cette avance par suite de la manœuvre de conversion de droite qui placait le 2° corps plus près du nouvel objectif, c’est-à-dire Gray et Dole au lieu de Vesoul. Quoi qu'il en soit, le 7° corps fit grande diligence pour res- saisir son rang, car, dès le 23 janvier, la 13° division de ce corps s’emparait des points importants de Quingey et de Byans, placés sur la voie de Besancon à Lyon par Poligny et Lons-le-Saunier, pendant que la 14° division de ce même corps prenait ses cantonnements entre Saint-Vit et Dampierre sur la rive droite du Doubs(l), et donnait ainsi la main au 14° corps commandé par Werder qui, de son quartier général de Villersexel, surveillait l'attitude de l’armée française éta- blie à Besancon et concentrée à l’ouest de la citadelle, près de Pouilley et d’Ecole (?). Le même jour, 23 janvier, la 14° division du 7° corps essuya maire d'Aignay, était ouvertement tenu à Dijon par les garibaldiens : «Nous sommes venus, disaient-ils, pour établir et défendre la répu- blique, et non pour nous battre contre les Prussiens. » — Toujours est- il que si l’on a condamné justement l’immobilité des garibaldiens à l'égard des Allemands, en mainte occurrence, on est obligé équitable- ment d’avouer qu'ils se sont énergiquement battus contre eux dans les trois journées des 21, 22 et 23 janvier, à Dijon. (1) WARTENSLEBEN, P. 31. (2) Ip., p. 30. OT. = à Dannemarie une rude attaque de la part des troupes de la division CGremer(1). Le combat avait commencé vers trois heures du soir et s'était prolongé jusqu'à la nuit. On s’attri- bua la victoire de l’un et l’autre côté. (1) WARTENSLEBEN, P. 31. «= (9 CHAPITRE XII SomMaIRE. — Travaux de défense entrepris autour de Dijon et princi- palement aux collines de Talant et de Fontaine. — La brigade Kettler envoyée d’Avallon pour couvrir le passage des colonnes ennemies se dirigeant contre notre armée de l'Est. — Cette brigade aflronte toute l’armée des Vosges. — Mort du général Bossack. — Combat de Talant. — Intrépidité d'Eugène Borel. — Autres engage- ments partiels. — Massacre d'Hauteville. — Caractère de férocité de certaines races germaniques. — Trait d’effronterie garibaldienne. Pendant que ces divers mouvements stratégiques s’opéraient dans l'Est, où était la véritable proie à saisir, Dijon allait se battre pour l'ombre. En effet, du 1% au 12 janvier et en prévision d’une surprise de l'ennemi, plusieurs travaux de défense avaient été entre- pris autour de Dijon sous la direction du général Pélissier et du commandant du génie Chenot. ‘Trois forts avaient été ébauchés entre la route de Langres et le plateau de Montmu- sard, et armés de six pièces de 4; une plate-forme avec épau- lements avait été disposée près de la barrière en face de Pouilly, et munie de deux pièces de 12 et de quatre pièces de 4. Une tranchée pour tirailleurs avait été pratiquée près de la ferme Saint-Martin et la route de Langres. À Belair ou Motte-Giron, colline en avant de Corcelles, et commandant Dijon avec la route de Beaune au sud, on avait placé deux pièces de 12 et six pièées de 4; deux autres pièces de 12 avaient été braquées en avant, vers Corcelles même. Le 12 janvier, une dépêche ministérielle investissait de la défense de la ville le général Garibaldi, et, dès ce moment, les cé (682 travaux de défense étaient continués sous la direction de son état-major, plus apte à contrôler ce qui avait été fait qu'à l'améliorer. A partir de ce jour, le général français Pélissier, voyant son autorité militaire primée par un étranger, eut peu de disposition à s'entendre avec un tel associé. Tout le pourtour du village de Talant avait été fortifié avec soin. Au pied de la colline ct près de l'auberge Tavaux dite du Point-du-Jour, deux Bel de 12 devaient servir à balayer la grand route. ? Sur le contour de l’est, au verger appelé le Clos-Grant, et au flanc supérieur de la colline, à côté d’une rangée de noyers, on avait braqué quatre pièces de 4 et deux autres en dehors du mur. Les murailles de ce clos étaient crénelées dans tout leur pourtour. À une entrée du village, à l’ouest, et sur un épaulement pratiqué à la crête du chemin, vis à vis la ruelle aux Fèvres, c'est-à-dire aux Forgerons, avaient été mises en batterie quatre pièces de 12 et deux pièces de 4 Plus haut, à l'angle sud-ouest de la colline, était appuyée sur un épaulement en pierres sèches une pièce de 12; à peu de distance au-dessus, et en avant de la maison Jarreau, une autre pièce de 4? commandait trois voies, c'est-à-dire la route principale et deux chemins descendant de la Butte-Chaumont vers la campagne. Tout à fait à l'angle sud, au lieu nommé la Cour-du-Roi, on avait installé deux pièces de 12 pour battre, comme les affüts précédents, la Bulle-Chaumont, position importante où ne pouvait manquer de s'installer l'ennemi arrivant de ce côté, et que les défenseurs de la ville auraient dû songer à occuper eux-mêmes. Toute une ceinture de jardins régnant au pourtour du vil- lage de Talant, de l’ouest au sud, avait été crénelée, et des brèches y avaient ét pratiquées à l’intérieur pour communi- quer d’un jardin à l’autre. : Au contour du sud que domine le plateau ou Cour-du-Roi, éei( 2 esplanade plantée de noyers chétifs, on avait pratiqué dans les pierrailles une continuité de tranchées pour se défendre contre un assaut. En face de la colline de Talant, celle de Fontaine n'avait pas été moins bien munie. Cinq pièces de 4 avaient été mises en batterie et protégées par des sacs en terre sur la crête de la terrasse de l’ancien château des ancêtres de saint Bernard et en avant de la cha- pelle de ce nom. Cette artillerie commandait Changey, Daix et les passages vers Ahüy. A l'extrémité nord-ouest de la même enceinte, une sixième pièce pouvait tirer sur Hauteville ou sur la métairie de Pouilly (1. En dehors et près de cette enceinte, et en avant comme un peu en arrière de l’église, on avait placé six obusiers de mon- tagne pour battre la grand route (?). Plus près de Dijon, au mont Chapet, on placa deux pièces de 12 dans la matinée du 21 6), et l’on crénela sur toutes leurs faces les murs du clos Remy. Fontaine, aussi bien que Talant, regorgeait de troupes, et, dès le 19 janvier, la 1"° légion de l'Isère, sous les ordres du commandant Bleton, avait été incorporée à la 1'e brigade garibaldienne et était venue prendre ses cantonnements à Fontaine (1). a — 1 eee ee eee (1) Cette pièce n’a en effet tiré que le 23 janvier sur Pouilly. (2) Tout compte fait, et d'après le détail ci-dessus, le nombre des pièces en batterie s'élevait à cinquante-deux, non compris les deux pièces de 12 du mont Chapet, ni une batterie arrivée seulement le 23 à Dijon, comme nous l’apprend M. Jules Garnier, dans son livre inti- tulé les Volontaires du génie dans l'Est, p. 267. — Un épaulement reçut trois des pièces de cette batterie sur la route de Gray au delà de Saint-Apollinaire. Les trois autres, dans la journée du ?3, canonnè- rent l’ennemi dans sa position vers Pouilly, dont il avait fait pendant une partie du jour sa base d'opération. (3) Ces deux pièces ne tirèrent non plus que le 23 janvier sur la direction de Pouilly. (4) Armée des Vosges, p. 327. it — L'ennemi se riait de cette concentration de toute une ar- mée (1) sur un point qu'il dédaignait, et lorsqu'il se serait attendu à se voir barre” par elle le passage vers la Saône et le Doubs. Manteuffel songea à la neutraliser tout à fait en lui opposant quelques troupes conduites par un chef décidé. Il fit choix pour cela du général Kettler @) qui, le 15 janvier, avait pénétré de force à Avallon, où deux bataillons de mobiles avaient lutté contre lui avec acharnement et en élevant des barricades. Cent vingt hommes d’entre ces courageux soldats de la garde mobile avaient été tués ou blessés; la perte n'avait pas été moindre du côté de l'ennemi. Kettler, après avoir bombardé cette ville, était revenu le 17 aux environs de Montbard. C'est là qu'il recut du général en chef l’ordre de se trouver le 20 près de Sombernon et de Saint- Seine, d’où il aurait à s'avancer dans la direction de Dijon pour masquer les mouvements de l’armée du Sud passant au nord de cette place (>. Le 20 janvier, en effet, le général Kettler laissait deux compagnies comme garnison à Montbard, atteignait, dans le même jour, Sombernon et Saint-Scine avec trois bataillons et demi, un escadron et deux batteries, et se mettait en devoir « de procèder, le 20, à l'occupation de Dijon; » ce sont les propres termes de l'ordre transmis par Manteuffel (1) (1) Voici le détail des forces de cette armée : 16.000 garibaldiens ; 20.090 mobilisés du Jura, sous les ordres du général Pélissier; 6.000 mobiles de l'Isère de la légion Bleton; 3.000 auxiliaires environ, soit en troupes de ligne, soit en francs- tireurs, soit en mobilisés de l'Ain, de l'Aveyron et de Saône- et-Loire ; 45.000 hommes. (2) La brigade Kettler avait été laissée en arrière par le 2° corps et pour remplacer à Monthard la brigade Dannenberg qué ce 2° corps prenait pour avant-garde. (3) WARTENSLEBEN, pp. 15, 18 et 19. (4) WARTENSLEBEN, pp. 23 et 24. — D'après cette énumération, il = 79 Le samedi 21 janvier, pendant que les colonnes de Fran- secky passaient sans trouble au nord de Dijon pour gagner Mirebeau et aller couper la retraite à Bourbaki, la brigade Kettler, composée des 21° et 61° régiments de ligne poméra- niens, s'avançait sur Dijon. De son point de départ du bourg de Saint-Seine, cette troupe résolue et disciplinaire, dit-on (1), s'était scindée en trois détachements : celui de gauche prenant les chemins boisés de Curtil. Saissy, Savigny et Messigny; celui de droite s'avan- cant par Turcey, Trouhaut, Pasques et Prenois; enfin celui du centre franchissant les défilés périlleux du val de Suzon, où un petit nombre. d'hommes déterminés pouvait arrêter toute une armée. Mais ni Garibaldi n'était un Eéonidas, ni” ses soldats des Spartiates, ni le val de Suzon n’était destiné à devenir un pendant des Thermopyles. Aussi ce détachement principal, ou noyau de la brigade Kettler, continua-t-il paisi- blement sa route sur Darois; et, après avoir fait sa jonction avec sa droite à moins de deux kilomètres de ce dernier point et à la -bifurcation de deux voies, près de la métairie d'Haute- Var eme goes meme ee, méme ess ue en nn on semble que M. le major atténuerait d’un sixième les forces de Kettler. En effet, sa brigade se composait de deux régiments ayant chacun trois bataillons de mille hommes, c’est-à-dire ensemble six mille combattants. Or il avait distrait pour Messigny un bataillon ou plus, soit douze cents hommes; il avait laissé deux compagnies à Monthard, soit trois cents hommes, ensemble quinze cents hommes. En les re- tranchant de 6,000 hommes, il reste 4,500 hommes. — M. pe Coynarr, en portant à 3,500 combattants les forces allemandes qui, le 21 janvier, sont venues affronter celles de Dijon, plus de douze fois et demie supérieures en nombre, s’est conformé au calcul de M. le major War- tensleben. (1) D'après la dépêche suivante du maire de Sombernon, en date du 20 janvier, et adressée à Dijon, la troupe de Kettler était une agglomé- ration de plusieurs régiments, ce qui offre bien le caractère d’une troupe de discipline : « Les cinq à six mille Prussiens qui ont bom- bardé avant-hier matin Avallon ont couché cette nuit à Montbard, Marmagne et villages voisins. Ils font partie des ?°, 12°, 21e et 52 régi- ments et ont douze canons. Ils paraissent se hûter beaucoup; les chefs ne prenaient même pas le temps de manger où ils passaient. » me Toutes. serve (1), dans la contrée de ce nom, il s'avança sur Dijon en chassant devant lui les mobilisés de l'Aveyron qui arrêtaient sa marche. Lorsque le général Bossack-Hauké se présenta à ceux-ci pour les appuyer à l’aide de plusieurs compagnies de sa brigade et quelque artillerie, il venait d'Hauteville où, dès le lever du jour, il avait passé la revue de douze cents mobiles de Saône-et-Loire; puis il s'était avancé sur la route même par où venait l'ennemi, et, après avoir adressé à Garibaldi la dépèche suivante : « 21 janvier. — On prétend entendre le canon au delà du val de Suzon; je vais m'en assurer moi- même. » — Or, ce qu'on avait entendu le matin n'était autre chose que la fusillade d’une compagnie de francs-tireurs du colonel Lhoste aux prises avec une avant-garde de Kettler, dans le voisinage du hameau de la Casquette, sur la lisière du val de Suzon, au bord de la route de Saint-Seine. Comme il payait volontiers de sa personne et qu'il fallait, en ce moment, relever le moral de sa troupe, le général Bos- sack s’avanca trop témérairement et fut frappé mortellement de deux coups de feu au coin d'un bois appelé le Chêne d'Hau- teserve, à deux kilomètres de la métairie de Changey et à vingt ou trente pas de la route départementale ?). Dans le même + (1) Nom défiguré en celui d'Observe. (2) Dans notre impartialité habituelle, nous devons protester contre une calomnie imputant à l'ennemi d’avoir achevé à coups de pierre le général Bossack, qui respirait encore après ses blessures. — Bordone n'aurait pas manqué de signaler ce fait; il dit au contraire, page 336 de l'Armée des Vosges : « Lorsque, le lendemain, on nous rapporta le corps de Bossack dépouiilé de tout jusqu'à ses bagues, jusqu'à ses lettres et à son sabre d'honneur qu'il avait recu de l’empereur de Russie, nous vimes que sa physionomie était calme et souriante : il avait dû être tué sur le coup, » — Après une inhumation provisoire au cimetière de Dijon, le corps de Bossack fut envoyé en Suisse où résidaient sa femme et ses enfants. — Dans un ordre du jour à ses troupes, Gari- baldi conféra à ce général le titre de Léonidas des temps modernes. Malgré l'incontestable courage de cet homme généreux, l’épithète n'était pas judicieuse, puisqu'on n'avait pas gardé ces autres Thermopyles du nom de Val-Suzon. — Les garibaldiens ont élevé au qu moment et sous un feu d'ensemble, une quarantaine des siens parltageaient le même sort que lui. L'ennemi, continuant d'avancer en éclairant avec soin les alentours, installa son état-major à deux ou trois cent mètres de la métairie de Changey, entre la route et un chemin de desserte, prit possession de la butte Chaumont (!> que les” nôtres avaient fait la faute de laisser libre, placa enfin deux de ses pièces de canon dans les haies d'Achey, sur un chemin de traverse bordant la butte à l’ouest et dominant le village de Daix. Cette artillerie avait pour objet d’inquiéter les gari- baldiens et les mobiles qui s'étaient répandus en tirailleurs dans les vignes de ce finage. L’ennemi fit avancer d’autres bouches à feu au pied de la butte Chaumont, en face de nos pièces de 12 braquées vers la berge du Point-du-lour, pour balayer la grand'route; et il établit une batterie au centre du versant de la butte, en face de Talant ®). Un peu après le milieu du jour retentit le premier coup de canon qui alarma si fort la population dijonnaise. Nos artil- lieu même où tomba Bossack un monument sur la pierre duquel ils ont fait graver ces mots : \ BOSSACK-HAUKÉ Noble enfant de la Pologne. Il fut, en 1863, un de ses plus braves défenseurs, Et, en 1871, il vint verser son sang pour la France. (1) En face de la route à l’ouest et de la colline de Talant au sud, et à moins de deux kilomètres de distance de ce lieu. @) M. le major WARTENSLEBEN dit, page 27: « Le général Kettler or- donna sur toute la ligne un mouvement en avant, {andis que ses deux batleries concentraient leur feu sur le fort de Fontaine. » M. Jules Garnier dit :.€ Les Allemands n'avaient à nous opposer que deux batteries : l’une placée sur la butte de Chaumont tirait contre Talant et Fontaine, pendant que l’autre restait en réserve près de Changey et en arrière de Daix. » Lequel croire? Il nous semble que Kettler n'avait pas trop du jeu continu de ses deux batteries pour lutter contre les nombreux canons de ses adversaires. — Nous avons pris soigneusement sur les lieux les données que nous présentons au lecteur. NA, AR leurs, d’après ce que nous avons vu de l'état de la défense, avaient une formidable riposte à faire à cette faible artillerie poméranienne. La nôtre, d’ailleurs, était hier servie : un marin, servant en chef de nos canons braqués à l’ouest de Talant, près la ruelle aux Fèvres, démonta deux pièces à l’en- nemi; mais ayant été mis hors de combat par un éclat d'obus, il fut remplacé par un jeune artilleur qui, par la justesse de son tir dirigée sur le train d'artillerie prussienne, forca cette artillerie à déserter le flanc de la butte Chaumont pour prendre le tour de la même colline parallèlement à la route, et venir se placer au sud-est à droite de sa premiére position et au faite même du contrefort. Là, au lieu d'être, comme tout à l'heure, en face de notre batterie de la place aux Fèvres, elle évitait son feu direct et la prenait en écharpe. De là en- core, les projectiles de l'ennemi tuèrent un de nos artilleurs et en blessèrent un autre à la batterie de la Cour-du-Roi. Pendant qu'on se canonnait ainsi des deux parts, le village de Daix était occupé par les troupes de Kettler, ainsi que la butte Saint-Laurent qui domine ce village. L'infanterie pomé- ranienne, très solide malgré son petit nombre et malgré les feux croisés sur elle de Talant et de Fontaine, avait encore à se défendre contre les nombreuses colonnes de nos soldats qui, occupant la plus grande partie du terrain entre Talant et Fon- taine, ne discontinuaient point de tenter l'assaut des posi- tions ennemies. Il y eut un moment décisif où l’on s’aborda de plus près, ce fut celui où la batterie ennemie, placée au flanc sud du contrefort de Chaumont et endommagé par la nôtre, fit l’évolution que nous avons signalée et interrompit par consé- quent son feu. Alors le général Garibaldi, qui se tenait à cheval à quelques pas en arrière de la batterie de la place aux Fèvres, et apercevait de là toutes les évolutions des deux Camps, saisit, en vieux facticien, ce moment d'hésitation de l'armée ennemie résultant du silence de ses pièces, tandis que les nôtres redoublaient d'énergie : il fit sonner la charge sur UE toute la ligne. A l'instant même, nos troupes de Fontaine et de Talant s'élancèrent avec impétuosité sur l'ennemi et l’eu- rent bientôt délogé de ses positions. Dans ce mouvement de recul, il souffrait beaucoup du feu de nos tirailleurs habiles à profiter de l'abri des haies, de celui des vieux murs, des sentiers, des arbres, des talus, des vigues et de la dépression des fossés. Les Poméraniens, se voyant décimés par des coups invisibles et par ceux de notre artillerie, reculèrent vers Changey; mais pendant cette dé- route, ils pénétrèrent dans un clos situé à l’est du village de Daix, près de la maison Marion, crénelèrent rapidement les murs d'enceinte de ce clos, et lorsque nos tirailleurs de l'aile droite, garibaldiens et francs-tireurs, emportés par leur ar- deur, s'étaient précipités sur les traces des Poméramiens, ceux-ci les recurent par des décharges presque à bout portant parties de leur fort improvisé et leur tuèrent et blessèrent beaucoup de monde. Les chances de la lutte avaient donc tout à coup changé sur ce point; mais les officiers de nos compagnies ainsi compromises payèrent aussitôt de leurs per- sonnes et rallièrent avec sang-froid et intrépidité leurs soldats que la chaleur de la lutte avait engagés trop avant. Les Po- méraniens, plus circonspects, restèrent derrière leur rempart et n’osèrent point reprendre l'offensive. En ce même moment, c'est-à-dire vers quatre heures et demie à cinq heures, le revers de la médaille arrivait pour les ‘Poméraniens. Vis à vis de ce poste et sur la butte Chaumont occupée par leur 6{° régiment, une centaine de nos braves, à la tête desquels s'était placé un zouave appelé Eugène Borel, qui était à Dijon depuis la veille au soir, se glissèrent avec intrépidité au pied de la butte, en bravant les boulets et Les balles, et abordèrent d'assaut la crête de cette butte au lieu mène où les artilleurs ennemis avaient, en second lieu, placé leurs pièces. Des témoins oculaires ont dit que cette poignée de braves, vue du haut de Talant au moment où ils avançaient sur l'ennemi à la baïonnette, à travers une neige épaisse obs- = Ne truant la colline, ressemblait à une de ces troupes d’oiseaux voyageurs qui, au sommet de leur vol, et précédés d'un des plus vigoureux de la bande, fendent l'air comme un com qui va s’élargissant de la pointe à la base. Etonnés de cet assaut vigoureux et croyant avoir affaire à trop forte partie, les Poméraniens désertèrent le poste et em- menèrent leur artillerie en arrière. Dans cette rencontre, l’intrépide Eugène Borel fut blessé grièvement de plusieurs coups de feu; il fut recueilli par les Frères des écoles chrétiennes de Dijon qui l'emportèrent à leur ambulance et sauvèrent ses jours par leurs soins dévoués. On n'a point eatendu dire que ce brave des braves ait été noté à la chancellerie. Après ce beau fait d'armes, le feu se ralentit visiblement des deux parts, et l’on finit, comme on avait commencé, par des engagements d’avant-postes jusqu’à six ou sept heures du soir, heure à laquelle nos troupes rentrèrent dans leurs quartiers et l'ennemi campa dans les siens. Kettler établit son quartier général à Darois et Messigny, deux points contigus au nord de Dijon. | La journée avait été sanglante, surtout du côté des Alle- mands qui, malgré leur petit nombre relatif, avaient attaqué une armée de vingt-quatre mille hommes occupant Talant et Fontaine, plus l'espace compris entre ces villages et Messi- gny (1). Bordone commandait à Fontaine, et Menotti à Talant. L'artilleric était sous la direction du commandant Olivier. On recueillit sur le champ de bataille cent cinq des nôtres, mn Dm ee 00e mere men ee et ee nee ee ct (1) Les autres forces de l’armée des Vosges étaient ainsi réparties : 8,000 mobiles du Jura et autres départements avaient été envoyés à Chevigny-Saint-Sauveur-sur-Norges, comme troupe d'observation, sous le commandement du colonel Fisher. (MrnpLeron, p. 223.) — D'autre part, de nombreux bataillons garnissaient tous les points stratégiques de la vallée d'Ouche jusqu'à Pont-de-Pany. (Armée des Vosges, p. 328.) — Montmusard était garni de troupes prêtes à parer à une attaque par Saint-Apollinaire. (DE Coynarr, p. 17.) — Enfin une forte réserve était échelonnée entre Dijon et le lieu du combat, Le PE. et, parmi ces victimes de la guerre, un nombre notable d’of- ficiers des compagnies italiennes (1). L'ennemi avoua une perte de quatorze officiers et trois cent vingt-deux soldats (). On fit, dans les ambulances de Daix, soixante-cinq amputations de blessés prussiens (3), ce qui dénote l'effet meurtrier de nos obusiers. — Selon son habitude, l'ennemi convoya une partie de ses morts au loin et jusque vers Châtillon-sur-Seine, a- t-on dit. Près et au delà de Talant, plusieurs tertres, au chevet des vignes, le long de la grand'route, accusent la présence de ces sépultures. Une quarantaine de cadavres gisent aussi sous les murs et dans les champs de la métairie de Changey; ils ont été enterrés là par des camarades allemands et sous le sceau du respect sollicité par un des chefs confiant avec raison en l'honnête parole de M. Lamblin, propriétaire du lieu. Les secours aux blessés des deux armées ne manquèrent point dans une ambulance improvisée sous l'abri des pre- mières maisons du bas de Talant. Nos jeunes ecclésiastiques et Les Frères de la Doctrine chrétienne se portèrent avec l’em- pressement le plus digne d’éloge sur le champ de bataille. Ils furent même secondés dans leur œuvre de haute charité par des magistrats dont la modestie s'est retranchée sous l’ano- nyme. — Il y avait près de là une femme qui avait montré une âme magnanime en secourant les blessés entre les deux lignes de combattants. De quelle nation était-elle? — M. de Coynart (4) la soupconne d’être une Anglaise enthousiaste de Garibaldi. Elle était surnommée /a capitaine par les troupes de ce chef italien. Nous avons su depuis qu’elle se nommait Whyte-Mary et faisait partie de l’armée des Vosges sous le titre de directrice des ambulances. Les soldats l’appelaient Marion ). — (1) Armée des Vosges, p. 329. (2) WARTENSLEBEN, Pp 28. (3) Armée des Vosges, p. 329. (4) La guerre à Dijon, p. 19 de la deuxième édition, (5) Nous avons recueilli le fait suivant que nous produisons ici sans — T9 — : Pendant que la droite et le centre de la brigade Kettler com- battaient près de Talant, sa gauche. qui s'était séparée de lui eu prenant la traversée des bois de Curtil et de Saissy, fut atta- quée par Ricciotti, lequel, afin de protéger la droite de l’armée de Talant et de Fontaine, s'était avancéde Dijon vers Messigny dans la matinée du 21, à la tête de sa brigade forte de quatre à cinq mille hommes. Elle attaqua à Messigny même le déta- chement Kettler et le força à se replier sur Savigny-le-Sec. Le même Ricciotti, pour se garder sur sa droite, avait détaché vers Asnières trois compagnies qui eurent un engagement très vif avec une colonne ennemie venant d'Is-sur-Tille et qui se retira sans être poursuivie. Cette colonne était composée d'un bataillon et d’un escadron sous les ordres du major Conta. Get officier avait eu la mission de couvrir, sur la route de Chanceaux à Thil-Châtel, la marche de quelques trains du 2° corps qui n'avaient pas encore rejoint l’armée du Sud alors en marche. Chemin faisant, il avait recu l’ordre de se diriger sur Dijon, et c’est lorsqu'il exécutait cette consigne qu'il se heurta contre la brigade Ricciotti. Ne pouvant dès lors opérer le soir même sa jonction avec Kettler, il se replia sur Savi- eny-le-Sec, où il alla grossir de son bataillon et de son esca- dron l'aile gauche de la brigade de ce général. Il ne résulta, pour l’armée des Vosges, aucun avantage des deux rencontres dont on vient de parler, attendu que, sur le soir, Ricciotti reçut l'ordre de se replier sur Dijon. C’est ce qu'avaient fait eux-mêmes Garibaldi, Menotti et Bordone. Il semblait que ces chefs étrangers ne voulussent point, quoi- qu'il pût arriver, s’arracher à leur mol oreiller du soir ni aux délices de Capoue. Ils vinrent recevoir, à leur quartier général de Dijon, des félicitations plus sympathiques et pré- garantie : Un de nos jeunes et courageux ecclésiastiques, ayant vouiu seconder cette dame dans son pieux dévouement exercé à travers les balles, elle lui aurait dit : « Si vous n'êtes pas républicain, retirez- vous! » | | AU maturées que raisonnables, de la part de nos autorités et de quelques autres personnes, car l'inquiétude avait été grande dans toute la cité. Garibaldi et ses lieutenants avaient pu s'en convaincre en traversant les rues et les places pour revenir à la préfecture. Ils avaient rencontré partout des gens effarés et des voitures chargées d'objets, que les habitants voulaient préserver du pillage de l'ennemi dont ils considéraient l’ir- ruption en ville comme imminente (1). D'ailleurs, pendant qu’on chantait victoire à la préfecture, les troupes restaient sur le qui-vive ; elles allaient et venaient en armes, de la ville au camp ; et les garibaldiens formaient, dans la rue Guillaume, des groupes où l’on s’exagérait à qui mieux mieux le nombre des combattants ennemis. À entendre tous ces volontaires italiens, fougueux de gestes et de paroles, ils avaient affaire à cinquante mille hommes au moins. 1/6- tat-major de l’armée des Vosges, soit par panique, soit pour se faire valoir, se prétendait menacé par toutes les colonnes de Fransecky et avait inculqué la mème pensée au reste des troupes (?. Toutefois, et en dehors de cette iñtluence présu- mée ici avec raison, la soldatesque, on le sait, s’exagère tou- jours le nombre et la valeur de ses adversaires. Mais l'inquiétude des Dijonnais était bien justifiée par ce qui se passait au dehors. La minime, mais audacieuse armée de Kettler ne se donnait point pour battue : son aile droite avait fait diversion sur Plombières dès cinq heures du soir, s'y était installée par la force et pillait le village pendant toute la nuit. Sur un point opposé, c'est-à-dire à Hauteville, une fusil- lade retentissait vers dix heures du soir, et il se passait là un drame épouvantable. Douze cents mobilisés de Saône-et-Loire gardaient ce village, et l'on venait de les renforcer par un bataillon de mobiles : c’étaient des troupes mal armées, in- a mme memes nee à die ee ce ne de (1) Armée des Vosges, p. 329. _ (2) Armée des Vosges, p. 327. AS M suffisamment vêtues par ces temps rigoureux, et impatientes de rentrer en ville de leur propre chef et contre toute disei- pline. Le centre de la brigade Kettler établi à Darois se gar- dait alors vers Changey par une colonne de ses troupes, la- quelle envoya, de cette métairie, une avant-garde de trois cents hommes pour surveiller Hauteville. A la première ren- contre de cette avant-garde, les mobiles se dispersèrent; mais leur chef, nommé Braconnier, restant à la tête de quelques braves, fidèles comme lui à leur poste, soutint valeureuse- ment l'attaque jusqu'au moment où il fut blessé à mort (1). Les Poméraniens, exaspérés déjà par leur échec sous Ta- lant, devinrent plus furieux encore devant la résistance qui se manifestait contre eux dans un village où ils pensaient pouvoir s’héberger en repos: aussi criblèrent-ils de balles les maisons, saus distinction de lieu. Ce fut ainsi qu'une de ces balles, après avoir traversé une persienne, une fenêtre et un chambranle de porte, blessa à mort une jeune fille jusque dans une des pièces précédant la salle de l'ambulance fran- çaise de la 5° légion de Saône-et-Loire. Cette pauvre et ti- mide jeune fille, appelée Eugénie Picamelot, âgée de vingt ans et réputée pour sa beauté, était venue, dans une pensée de sécurité et d’après le conseil de sa mère, se réfugier à ambulance (? placée en face de leur demeure. Les insignes de la convention de Genève désignaient ostensiblement cet asile sac.é, et deux pavillons ambulanciers y flottaient, l’un au premier étage et l’autre à ha toiture; tout le personnel de l'ambulance était sans armes et muni de brassards. Quoi qu'il en fût, les Poméraniens y firent violemment irruption, et, (1) Un rapport provoqué par l'autorité dijonnaise en date du 22 jan- vier consigne qu'au moment où le commandant Braconnier se mourait, des soldats prussiens venaient le regarder sous le nez avec des lanter- nes et le persiffler sur le lit de douleur où il avait été recueilli dans le village. — On a peine à croire à un fait de cette nature. (2) Maison Calais, dans la partie basse du village et près de la mare. 6 = GONE en un instant, ce refuge inviolable pour toutes les nations, ex- cepté une, devint un lieu de carnage. — Au moment même où, attiré par les cris aigus de la jeune fille blessée qui priait qu'on l’achevât, le médecin-major Morin (1) posait un pre- mier appareil sur la blessure, il fut assommé à coups de crosses de fusils, en même temps que latteignait mortelle- ment la balle du revolver d’un sous-officier ; il fut lardé de coups de baïonnettes contre la boîte d'horloge appuyée à l’une des parois de la chambre. L’aide-major Milliot, qui avait d’abord été blessé d’un coup de feu dans cette même chambre, fut trainé hors de la porte, et là, sur le seuil de la maison, son cadavre, criblé de blessures, fut bientôt couvert de neige. Quatre infirmiers roulèrent sur le plancher, tous grièvement atteints et laissés pour morts. La maison, a dit un témoin de cette atroce violation du droit des gens, sem- blait crouler sous les détonatio=s des armes. Ambulance ! am- bulance ! Y criait-on de toutes parts, et cette vaine protesta- tion des victimes se mêlait à leurs derniers gémissements. Un cinquième infirmier, qui était parvenu à se blottir dans une alcôve et sous un lit de cette fatale demeure, échappa au mas- sacre et put en révéler les affreuses péripéties, signalées d’ail- leurs par une déclaration authentique signée du lieutenant- colonel Fornel, commandant de la 3° légion de Saône-et- Loire. Pendant tout le reste de la nuit et dans la matinée du lendemain, le malheureux village d'Hauteville fut livré au pillage, et ni le linge de pansement ni les instruments de chirurgie de l’ambulance ne furent respectés. La délivrance des habitants n'eut lieu qu’au premier coup de canon tiré dans l'après-midi du 22. Si, pour les temps anciens, l'on interrogeait les annales du peuple germain, et si, pour les temps modernes, on groupait dans chaque centre envahi, comme nous l'essayons dans ee ee Se, ee. (1) I était de Lyon, — La jeune fille est morte un mois après sa blessure. La balle qu'elle avait reçue lui avait traversé un poumon. ET cette étude, les faits et gestes de guerre des Allemands, on verrait que, parmi Certaines races d'entre eux, se sont per- pêtuées des mœurs féroces et sanguinaires, Comme si ces races étaient encore sous l'influence de leurs vieux poèmes nationaux, qui tous respirent le meurtre et l’extermination. Ces races sont froidement cruelles sous un aspect doux. Ta- cite l’avait déjà exprimé par ce trait d'un peintre habile : « Leurs yeux sont farouches et bleus (1). » Veut-on un aveu naïf et irrécusable de ce caractère tradi- tionnel ? Il suffit de lire les lignes suivantes, écrites à la Ga- gelie de Cologne par un officier, M. Hans Wackenhaut, témoin et acteur dans cette épouvantable guerre : « Depuis que la guerre est entrée dans la phase actuelle, c'est une vraie vie de brigands que nous menons. Voilà quatre semaines que nous passons dans des contrées entièrement ravagées. Les huit Cerniers jours, nous avons traversé des villes et des vil- lages où il ne restait absolument rien à prendre. Sur chaque seuil nous étions reçus par des maiheureux qui nous criaient avec effroi : Plus rien ! plus rien ! » Dans notre pauvre condition humaine, si tourmentée, si changeante et si diverse, le rire est souvent près des larmes : ainsi, pendant les apprêts de défense de Talant et de Fontaine pour protéger Dijon, et lorsque les alentours de ces deux vil- lages, érigés en forteresses, encouraient tous les périls de la dévastation et ne vivaient plus que dans l'anxiété, les gari- baldiens (mauvais voisinage) affluaient à la métairie de Chan- gey. Là, un Italien de la bande de ces volontaires de la Ca- labre et autres lieux, et pick-poket émérite, profitant du mo- ment où le propriétaire de la métairie conversait avec plu- sieurs d’entre eux, enleva subtilement de la poche de l'inter- locuteur un portefeuille renfermant un billet de banque de cent francs; puis, quelques minutes après, il proposa à l’ho- norable volé l'échange de ce billet contre une somme pareille (1) « Omnibus truces et cærulei oculi. » (De moribus Germanorum.) | 2200 en numéraire; mais alors M. Lamblin, interrogeant ses po- ches et n'y trouvant plus son portefeuille, s’écria vivement : « Eh! mais, c'est à moi ce billet : vous me l’avez dérobé. » — Audacieuses dénégations d’une part; objurgations pressantes d'autre part. — On appelle un officier garibaldien. Celui-ci, après avoir échangé quelques mots avec l'accusé et en leur langage, dit à M. Lamblin, avec un incroyable aplomb : « Oh! signore, questo mi dice, che voi siete il rubatore. » — Là- dessus, chef et subordonné disparurent, laissant M. Lamblin aussi ébahi que peu confiant en l'honorabilité garibaldienne. SE, Lo CHAPITRE XIII SomMaIRE. — Vives appréhensions des Dijonnais. — Combat de Fon- taine. — Episode curieux. — Ovation faite à Garibaldi et rentrée triomphale de ses troupes. — Deux tons des dépêches officielles. — Troisième tentative de la brigade Kettler contre Dijon. — Combat de Pouilly. — Un officier français, réputé brülé vif. — Retraite de l'ennemi. — Monument élevé aux Poméraniens. — Dévouement des Frères de la Doctrine chrétienne. — Proclamation de Garibaldi. Cependant, après la nuit agitée que venait de passer Dijon, la matinée du 22 fut loin de ramener le calme dans les esprits. Au contraire, chacun s’effrayait par des propos mutuels, et la rumeur du massacre d'Hauteville, en passant par une mul- titude d'interprétateurs, avait pris des proportions démesurées. De vives appréhensions de bombardement se manifestaient de toutes parts. On racontait de diverses manières, dans les nombreux groupes formés sur les places et dans les rues, les messages envoyés à l'autorité municipale par l'ennemi. Les uns disaient que, la veille au soir, un magistrat, qu’une noble pensée de dévouement et de charité chrétienne avait conduit à l’ambulance de Talant, avait recu d'un colonel allemand la mission d'aller prévenir le maire que si Dijon ne se rendait pas dans les vingt-quatre heures, il serait bom- bardé; d’autres assuraient que cet avertissement venait de Kettler lui-même, dont lé quartier-général était à Messigny, et qu'un notable de ce lieu avait, sous la sûreté d’un sauf- conduit, été chargé de cette mission près de Garibaldi lui- même. Ces menaces avaient eu lieu, en effet; mais on pouvait = S0e bien les traiter de fanfaronnades, venant d’une poignée d’as- saillants contre toute une armée plus redoutable, il est vrai, par le nombre que par la tactique et l'initiative. Aussi a-t-on su que Garibaldi avait répondu à l'envoyé de Kettler : « Dites à celui dont vous tenez le sauf-conduit, que je l’attends, et que, s’il ne vient pas, j'irai le chercher. » — Fanfaronnade pour fanfaronnade; car, d’une part, Garibaldi se borna à la défensive, et, d'autre part, Kettler, au lieu de bombarder Dijon à huit heures du matin, comme il l'avait dit, n’était guère en mesure d'exécuter cette menace, avec une artillerie démontée en partie dans le combat de la veille, et avec sa pe- tite armée qu'il aurait pu craindre de voir tourner par la masse des défenseurs de la ville. L'histoire ne dit pas que l'ambassadeur dont il a été question soit retourné chez l’en- nemi comme Regulus, après avoir échoué près du sénat di- jonnais et du dictateur étranger Garibaldi. Le 22 janvier était un dimanche. Un brouillard épais obs- curcissait le jour et empêchait sans doute la reprise des hos- tilités. Vers une heure après midi seulement, des engagements recommencèrent aux mêmes lieux que la veille. Le canon se fit de nouveau entendre; et, malgré le froid, le brouillard et la neige, la population dijonnaise affluait aux divers points d'où, sans la brume, on aurait pu suivre des yeux les mou- vements des deux partis. Déjà on semblait s'aguerrir au bruit du canon; on commençait à ne plus s’illusionner sur le nombre des agresseurs, et le bon sens public saisissait la tac- tique de ces derniers consistant à amuser Garibaldi avec le moins de risques possibles pour eux-mêmes, qui se sentaient sacrifiés dans le but de donner le change sur la marche des colonnes de Fransecky passant à quelques lieues de là, au nord de la place. 1 L’ennemi avait gardé ses positions de la veille, et, de plus, il occupait le contrefort d'Hauteville où les nôtres auraient dû s'installer. Il attaqua Talant et Fontaine de front, mais il amena trois pièces d'artillerie dans la direction de Changey. 18} — L'attaque de front n'avait lieu de sa part que pour masquer un mouvement tournant vers Fontaine, afin de surprendre Dijon par la route de Langres. Dans ce dessein, il s’avança assez près de la ville et jusqu’à la hauteur de Mont-Chapet, où il fut accueilli par une vive fusillade des mobiles du gé- néral Pélissier, qui s'étaient échelonnés en grand nombre derrière de doubles et triples meurtrières pratiquées dans les murs d'enceinte du Clos-Remy (1). Dans ce même moment, les mobilisés de l'Isère vinrent aborder les Poméraniens avec vigueur, ct les contraignirent à se replier sur leur centre d’at- taque, c'est-à-dire entre Fontaine et Talant, où l'artillerie de la butte de Fontaine leur fit essuyer des pertes sensibles. Du haut de cette butte, on apercevait les vides faits par les bou- lets dans les rangs ennemis. Mais, de même que l'ennemi avait concu l'idée de tourner nos positions, nous-eùmes, de notre côté, l'excellente pensée d’un mouvement inverse consistant à prendre à revers le pla- teau de Chaumont. Ce mouvement, opéré à propos par une colonne d'attaque, fut décisif comme l'assaut du contrefort d'Hauteville livré en même temps par nos troupes ; ces deux causes réunies déterminèrent, dès quatre heures et demie du soir, la retraite de l'ennemi vers Darois et Etaules. On a raconté en ville un épisode curieux de cette journée : trois zouaves s'étaient pris de querelle sur la place d'armes de Dijon et s’aigrissaient déjà fort entre eux, lorsque un res- pectable magistrat de Dijon, les ayant abordés, leur dit : « Entendez-vous le canon ? c’est de ce côté-là qu'il faut aller, et l’on verra bien alors quel sera le plus brave de vous trois. » Du petit au grand, on aurait pu tenir ce langage à la France divisée et désunie en face de l'étranger. Cet appel d'un homme d'autorité fait à des cœurs français fut entendu. On aurait pu voir alors ces trois hommes partir résolument au pas de course, el voici ce qu'ils devinrent. Ils allèrent se mêler aux np eme men (1) Armée des Vosges p. 333. = QE tirailleurs du ?° éclaireurs du Rhône, alors en bataille, et l’un d'eux (!), qui marchait en avant avec ses deux antago- nistes, ayant fait entendre le cri familier aux zouaves : « A la fourchette, mes amis! » toute la troupe, électrisée par la vive soudaineté de leurs trois nouveaux camarades, s'élança avec impétuosité contre la colonne allemande, qu’elle délogea du plateau. On signalait surtout l'intrépidité du lieutenant Levert, chef d’une compagnie de volontaires de Vaucluse, qui, ayant planté sur la cime de la colline un drapeau fran- cais, entraîna, par son exemple, les braves dont il était suivi, et, par une brillante charge à la baïonnette, mit le désordre parmi les Poméraniens, lesquels, traitreusement, mais en vain, levaient dejà en l'air la crosse de leurs fusils. Quoi qu'on en ait dit pour mieux chanter victoire, cette deuxième journée ne fut pas aussi meurtrière que celle de la veille; mais on eut à regretter la perte du colonel Lhoste, commandant des braves éclaireurs du Rhône (?), blessé mor- tellement près de Darois, pendant qu’il poursuivait l'ennemi. C'était un officier adoré des troupes. Lorsqu'il se sentit griè- vement atteint, il se tourna vers son lieutenant Giraud , qui l'accompagnait, et proféra ces simples, touchantes et patrio- tiques paroles : « Embrasse-moi, mon brave, et dis à mes hommes de bien faire leur devoir. » Le succès de la journée du 22 ne laissait rien d’équivoque comme celui de la veille : aussi l’ovation faite à Garibaldi, à son entrée à Dijon après cette affaire, se trouvait-elle justifiée. Mais une manifestation publique avait été ménagée dès la veille , et les trophées des.deux combats furent réunis pour l'effet. Le dimanche soir donc, à l'entrée de la nuit, eut lieu, de la porte Guillaume à la préfecture, une marche triom- phale. Quiconque à vu ce pêle-mêle et entendu ce brou- er (1) Un jeune Bourguignon de 21 ans, Pierre Barrault, de Bligny-sur- Ouche. (2) Rapport du capitaine des volontaires, Charles BERCHET. UT haha de gens de guerre parmi lesquels dominaient les che- mises rouges et les uniformes bariolés et fantaisistes des gari- baldiens, coiffés de feutres à la Robinson et empanachés de plumes de paons, n'en perdra jamais le souvenir. Enivrés de leurs victoires, tous la célébraient bruyamment : les uns pliaient sous le faix de sabres et de fusils ramassés sur les deux champs de bataille; les autres s'étaient affublés de . toutes sortes de défroques, de casques surtout dont on sait que les Allemands se dépouillent volontiers cogime incom- modes durant le feu de l’action Les triomphateurs en avaient sur la tête, à la ceinture, aux bretelles et au-dessous des baïon- nettes de leurs fusils, où se balançaient encore jusqu'à des chaussures arrachées aux victimes des deux journées. Les chevaux de l'humble cavalerie garibaldienne étaient capara- connés de dépouilles semblables et de harnachements pomé- raniens. Quelques charrettes de prisonniers suivaient le bur- lesque cortége précédé de tambours et de clairons et se frayant un passage au milieu d'une foule compacte que lillusion ga- gnait peu, malgré les chants de victoire. Dijon est une ville froide et peu démonstrative, exceplé peut-être en politique, ou en explosions d'antagonisme et de rivalités. Garibaldi était à cecte “heure-là à la préfecture, son quar- tier-général, et entouré d'un état-major digne de figurer sur un théâtre. Le chef était drapé à la romaine et bourré de fou- lards blancs. Il aimait à poser et le fit bien voir dans cette apothéose de vainqueur que lui faisait en ce moment son en- tourage. Quand il sortait, sa voiture était entourée de gardes en bel uniforme, comme on escorte un chef de dynastie : sa tenue était aristocratique, sa parole sonore et accentuée, et 1l aurait semblé qu'il n’eût du démocrate que le langage. Dans cette soirée du 22, tout le monde eut le vertige de la gloire, jusqu'au délégué du ministre de la guerre, lequel, après avoir télégraphié quelques jours auparavant à Bordone, chef d'état-major de Garibaldi, une sévère mercuriale finis- sant par ces termes : « Vous n'avez donné à l’armée de Bour- LMD EE baki aucun appui, et votre présence à Dijon a été absolument sans résultat pour la marche de l'ennemi de l’est à l'ouest, » changeait tout à coup de ton, à dix heures du soir, par cet autre télégramme : « Illustre général Garibaldi, je suis heu- reux de vous féliciter pour le magnifique succès que vous venez de remporter aujourd'hui; je n'oublie pas votre chef d'état-major, qui, j'en suis sûr, vous a bien secondé, etc. C’est une belle page à ajouter à votre histoire militaire, déjà si glo- rieuse. » — Ainsi s'exprimait la dépêche officielle de Bor- deaux, en réponse au télégramme envoyé quelques heures auparavant par Bordone, NT: annoncer une pleine relraile de l'ennemi (1). Un bien autre triomphe éclatait en face de celui dont on vient de parler; c'était le triomphe de toute une ville sur elle- même : en effet, dans la journée du 22, une ambulance alle- mande fut faite prisonnière à la métairie de Changey, et cela au moment même de la plus vive exaspération des esprits produite par le massacre de l’ambulance française d'Haute- ville. Les médecins allemands, conduits à Dijon et installés dans la salle des appariteurs, se croyaient voués à une mort expiatoire et de représailles ; mais, traités humainement, ils RE (1) La circulaire de Bordeaux à l’intérieur de la France n’était point exagérée, elle disait : « Le combat a continué hier 2? sous Dijon; le combat a été moins rude que la veille, mais plus décisif. Les fortes positions de Daix, de Plombières et Hauteville ont été reprises à l’en- nemi qui, vers quatre heures, s'est mis en déroute dans tous les sens. Garibaldi a été accueilli par les acclamations enthousiastes d’une foule immense qui s’est portée à sa rencontre. » Le chaud M, Crémieux ajoutait au télégramme ce post-scriptum : « Justice à Garibaldi, à Dijon. Ami, laissez-moi vous envoyer per- sonnellement mes félicitations et mes joies sur votre belle victoire. Oui! vive la république si bien défendue par le grand soldat qui porte si haut en ce moment le drapeau français, ajoutant une nouvelle gloire à tant de gloires. Honneur à vous, honneur à vos soldats garibaldiens, immobiles d'abord devant l'ennemi comme une muraille et se précipi- tant ensuite contre lui comme un flot avec tous les nôtres à qui vous communiquez votre fureur guerrière. Merci, cher Garibaldi; vous savez combien je vous affectionne ; continuez à vaincre!! » A vécurent et demeurèrent libres pour servir d'exemple de la civilisation et de la générosité d'un peuple qui se respecte assez pour placer le droit des gens et les traités internatio- naux au-dessus des satisfactions de la vengeance. Pendant le vain tumulte de l'entrée triomphale des gari- baldiens dans la ville de Dijon, l'ennemi, qui s’était retiré à Darois et à Etaules, prenait ses dispositions pour une troi- sième diversion à tenter dans le but persévérant de couvrir la marche des colonnes allemandes se dirigeant vers l'Est et passant en ce moment entre Mirebeau et Is-sur-Tille. En effet, dans la matinée du 23 janvier, la brigade Kettler partit de Darois, traversa avec son artillerie les hauteurs dominant la métairie de Changey, inclina vers Hauteville, et se dirigea du côté d'Asnières, sur la route de Langres, par le chemin d’Ahüy. Son objectif était Dijon, dont il projetait l'attaque par le côté nord, tout en faisant une feinte démonstration sur Daix et sur la butte Chaumont. L'artillerie de Fontaine, qui plongeait sur Daïx et sur une partie du chemin d'Hauteville, et avait une pièce parfaite- ment en position pour commander le chemin de contour suivi par ces troupes pour gagner les hauteurs d'Ahüy, ne tira point faute d'ordres, mais elle prit bien sa revanche dans la journée, lorsqu'elle eut fait volte-face, comme l’attestent en- core les entailles ou embrasures faites aux murailles du nord au Clos-Saint-Bernard. De là, en effet, se déploie toute la perspective de la plaine de Pouilly. Les deux pièces de 12 de Mont-Chapet s'étaient aussi retournées et commencèrent le feu vers midi contre l'artillerie allemande, qui riposta vive- ment du plateau d’Ahüy. Dans le même moment, l'infanterie de Kettler s'avancçait par la route de Langres. Elle avait rallié son aïle gauche de Messigny avec le détachement Conta, et venait de recevoir des renforts importants en artillerie et infanterie, où figurait le 43° poméranien, détaché du 2° corps par le général Fran- secky. Un autre détachement nombreux de divers soldats =: prie venant de Metz et regagnant leurs corps respectifs après ré- tablissement de blessures ou maladies, vint encore s'ajouter a ce surcroit de forces de l'ennemi. Une affaire beaucoup plus sérieuse que celles de la veille et de l’avant-veille allait donc s'engager le lundi 23, en avant du château ou métairie de Pouilly (1). Les murs des longues enceintes du clos de cette métairie avaient été crénelés par les soins du commandant du génie Chenot et du général Pélissier, quinze jours ou trois semaines avant l'attaque qu'elle allait subir. Ces clos forment autant de compartiments de défense où des troupes aguerries et bien commandées auraient tenu comme dans un fort. [ls étaient occupés par des mobiles de l'Isère, du Gard, du Jura et de Saône-et-Loire, qui en avaient noirci de toutes parts les murs par des feux de bivouac; et, dans la panique qui s'empara d'eux au moment où l'ennemi menacçait d'y pénétrer, ils je- tèrent au pied des murailles regardant Ruffey une si grande quantité de sabots, qu’une multitude de gens de l'infime com- merce vinrent en charger plusieurs voitures les jours sui- vants. Ainsi, dans un des conflits les plus sanglants entre ceux qui eurent lieu sous Dijon, le grotesque se mêlait au terrible ; car, tandis que nos braves troupiers de la ligne, grâce aux traitants, n'avaient que des souliers à semelles de carton, fusant dans la boue et laissant nos hommes les pieds nus, les mobiles de Saône-et-Loire se battaient en sabots avec plus de courage pourtant que d'activité. Quoi qu'il en soit, tout le monde fit bien son devoir contre ces solides Poméra- niens de la vieille Prusse, troupe d'élite composée du 2 ré- giment de grenadiers de Frédéric-Guillaume et du 9° de Moltke , et détachée momentanément des colonnes de Fran- A à om er mt rem me mes ut lon (1) Ce manoir, divisé.en plusieurs vastes clos entourés de murs, est à deux kilomètres au nord de Dijon et à trois cents mètres environ de la route conduisant de cette ville à Langres. Une longue avenue plan- tée d'arbres relie ce manoir à la soute. 0e secky, un des héros de Sadowa. Elle avait été bien choisie pour un coup de vigueur contre toute une armée. Cette troupe donc, vers midi environ, avait pris position un peu au-dessus de la bifurcation des routes de Langres et de Messigny, et avait posté plusieurs batteries tant vers la ferme Valmy qu'en haut de la Charmette, deux points culmi- nants aux deux côtés de la route de Langres, et qui devaient appuyer les mouvements de l'infanterie poméranienne üans la plaine sous Dijon. Cette infanterie essuya, dès le début, le feu d’une de nos batteries placée à l’'embranchement des che- mins d'Is-sur-Tille et d’un autre chemin a l’est. Elle s’avanca sur le château qu’elle ne croyait pas abandonné; et, au mo- ment où, par une brèche faite au mur, elle venait de franchir la première enceinte des clos en face de la route de Langres, il partit de ses rangs, du haut de ce terrain en pente, une fusil- lade meurtrière qui mit sur le carreau plusieurs des nôtres postés en avant de l'entrée et à l'extérieur de la principale porte d'entrée de cette résidence. Le lendemain, on creusa une fosse profonde près du colombier de la métairie, à peu de distance de là, et l’on y enfouit quarante cadavres, dont ceux de dix Prussiens, les seuls qu'on ait recueillis au même lieu ; car l'ennemi enlevait immédiatement ses morts et ses blessés. Il s’avanca dans la plaine vers le sud, pour masquer un mouvement tournant sur Saint-Apollinaire, ce qui impliquait l'intention de se porter sur Dijon par Montmusard, en forçant notre extrême droite. Mais une batterie, envoyée à Dijon dès la veille au soir, avait été placée à Saint-Apollinaire sur un épaulement en face de Pouilly ; de plus, les mobilisés de l'I- sère et du Jura occupaient en grand nombre le plateau de Saint-A pollinaire où, s'étant déployés en tirailleurs et effi- cacement soutenus par l'artillerie, ils arrêtèrent l'ennemi. Renoncant dès lors à gagner les hauteurs, les Poméraniens se replièrent sur leur centre pour s'établir solidemeut au châ- teau de Pouilly. Ce fut alors que l'artillerie de Fontaine et 2 Dites celle de Mont-Chapet foudroyèrent avec avantage la masse d'infanterie qui se portait sur le château Vers trois heures et demie, l'ennemi en occupait toute l'enceinte et s'était retran- ché derrière les murs crénelés. La batterie de Saint-Apolli- naire n'ayant pu d'abord continuer son feu sans danger pour nos tirailleurs qui serraient de près les Poméraniens, se tourna, dès qu’elle le put, contre les murs du pare de Pouilly, afin d’y faire brèche et d'en faciliter l'accès à nos troupes (1). Cependant les mobilisés de Saône-et-Loire, étant revenus de leur panique, furent ramenés à la charge contre Pouilly, et ils prirent là une belle revanche, ainsi que la légion du Jura, que Bordone, assez enclin à se vanter cà et là, prétend avoir fait aussi ramener au combat par l'énergie d’un capitaine du 3e hussards (2). Un bataillon de Tournus, armé du fusil Re- mington à tir rapide, pénétra par une brèche faite aux murs regardant la plaine vers Dijon, et contribua puissamment à déloger l'ennemi du manoir qu'il occupait. Dans cette lutte ardente, le château fut pris et repris jus- qu'à trois fois, et nous n’en restâmes maîtres que vers quatre heures et demie du soir. Le 61° poméranien, embusqué der- rière les murs crénelés du parc, protégeait la retraite du reste de la troupe 6). Nos arlilleurs avaient amené trop tard en ligne huit pièces de 8 parquées place Saint-Nicolas et qui, pourtant, avaient élé requises dès le commencement de l'affaire. Braquées à la hau- teur de l'avenue de Pouilly, elles furent bientôt rendues inu- tiles; car une de ces pièces fut aussitôt démontée et huit che- vaux tués, Alors cette artillerie, devenue boiteuse et trop exposée, fut ramenée à bras près du lit du Suzon et de l’am- bulance des Capucins; mais les petites pièces de montagne conduites à dos de mulets en face de la route de Langres, et monté mnt hs Ent me à nee mnt 26 mme ee mme à Dm ere (1) Jules GARNIER, p. 267. (2) Armée des Vosges. p. 343. (3) Jules GarNïER, p, 267. "n.oe habilement dirigées par le capitaine de frégate Wytz, firent une heureuse compensation à l'artillerie désemparée dont il vient d'être question. Exaspéré de sa défaite et se sentant pressé par nos troupes, l'ennemi tenta d'incendier les édifices du château et des fermes sur plusieurs points. Un officier allemand était étendu sans vie en dehors du pallier du vestibule d'entrée de ce château ; un Français et un Allemand étaient aussi étendus sans vie sur le pallier intérieur ; d'autre part, un mobilisé de Saône- et-Loire, qu'on a cru être un nommé Fontaine, de Chalon, a été trouvé près de quelques débris de paille, de bois et de branchages aux trois quarts brûlés sur les marches de l’esca- lier en pierre conduisant au premier étage du château. Cet individu avait les jambes carbonisées, les poignets meurtris et les bras croisés à la hauteur du menton ; mais il avait recu une blessure mortelle vers la colonne vertébrale. D’après toutes ces marques, excepté la blessure qui avait dû causer une mort presque immédiate, oh a cru reconnaître une ten- tative de brüler vif un Français par esprit de haine et de ven- geance contre tous ceux de sa nation. Il nous répugne d’affir- mer un fait.aussi atroce sans en avoir la certitude. L'inqua- lifiable massacre de l’ambulance d'Hauteville ébranle bien en effet notre impartialité ; toutefois nous pensons qu'il faut savoir respecter ses ennemis jusqu'à leur accorder le bénéfice du doute dans de semblables imputations sans preuves réelles. Les garibaldiens n’entrèrent pas au château; mais, vers les cinq heures du soir, au moment où l’ennemi, chassé des di- verses enceintes des clos, se portait en masse sur la route de Langres, et, dépassant déjà le creux de Pouilly dont nous parlerons tout à l’heure, cherchait à déborder notre droite, les 4 et5 brigades, sous la conduite de Ricciotti et de Cauzio, se signalèrent àsla dernière heure. Garibaldi, les faisant se- conder par tout ce qu'il avait de cavalerie, les lança sur le flanc droit des Poméraniens, pendant que ceux-ci étaient vi- vement attaqués à leur gauche par des francs-tireurs et des = OU mobiles du Jura. Dans ce rude choc, l’ennemi fut surtout déconcerté par le feu continu d’une compagnie génoise de corps francs et d’une légion franco-espagnole, armées de la cara- bine Wincester à coups multiples. Une charge vigoureuse à la baïonnette acheva de jeter le désordre et l'épouvante dans les rangs ennemis, qui furent rompus. Bientôt les Pomé- raniens gagnèrent le large à travers les vignes et les champs. Ils soutinrent, sur une étendue de sept kilomètres (1), leur retraite vers Messigny et au delà, par un feu non interrompu de mousqueterie et une canonnade dont les obus arrivaient jusque dans les faubourgs de Dijon, et y répandaient l’effroi. Il y avait eu d'ailleurs, vers le milieu du jour, une panique qui, de la place Saint-Nicolas, s'était propagée en ville, parce que, sur cette place même, un boulet était venu percer le mur du café Roberjot, au premier étage, et traverser, dans une chambre à coucher, un secrétaire placé contre le mur. L'ennemi perdit un grand nombre des siens dans cette dernière lutte à la nuit tombante. Un drapeau du 61° pomé- ranien était enseveli sous un monceau de morts, lorsqu'il en fut dégagé par Ricciotü (?). Ce drapeau, noir et jaune, à franges d'or et hampe verte, fut promené le 24 par les garibaldiens dans tous les quartiers de Dijon, avant d’être envoyé au co- mité de défense nationale à Bordeaux. C'est au lieu où fut recueilli ce drapeau que se livra le combat le plus acharné, c’est-à-dire à gauche de la route de Langres et à une petite distance de l'avenue conduisant du (1) Armée des Vosges, p. 344. (2) On a fait toutes sortes de récits plus ou moins exagérés au sujet de ce drapeau. — La version de BoRDoxeE, intéressé plus que personne à rehausser la gloire des siens en leur faisant enlever ce drapeau dass le combat, est qu'il fut trouvé à terre. « Vers la fin de cette journée, dit-il (p. 344 de l'Armée des Vosges), et pendant jqne les Prussiens, complètement baitus, se retiraient en désordre vers le nord, Riceiotti trouva le drapeau du 61° régiment de ligne prussien avec la hampe brisée par un éclat d’obus, à côté du sixième porte-enseigne tué pen- dant la journée. » 228 manoir de Pouilly à la route. Là existe une usine ou fabrique de noir animal, sise en contre-bas de cette route, en un endroit appelé le Creux de Pouilly. Il s'y était posté un groupe de cent soixante-dix francs-tireurs de; Alpes et de l'Isère, oc- cupant les fenîtres du bâtiment à l’ouest, et tirant aussi du haut des murs d'enceinte où ils avaient établi un échafaudage. Les Poméraniens, tout en arrivant d’Ahüy, voulurent enlever ce poste; mais comme ils n'avaient pour s’abriter en face qu’une vieille carrière de sable de cent cinquante pas de longueur et la chaussée du chemin de fer de Langres, aujourd'hui aban- donnée, ils étaient fort à découvert et n'apercevaient que le premier étage de la fabrique dont les sept fenêtres furent cri- blées de balles, tandis que le rez-de-chaussée est resté intact. Du haut de ces fenêtres, les francs-tireurs firent beaucoup de mal à l’ennemi et n’en purent être délogés. Quarante-cinq cadavres allemands ont été enfouis au pied des murs qui re- gardent l’ouest; cinq voitures de blessés recueillis au même lieu ont été amenés aux ambulances de Dijon (1). (1) Voici la version d’une feuille allemande reproduite par le docteur MarcHANT, p. 253 de son livre intitulé : La Bourgogne pendant la guerre de 1870-1871. « Vers six heures du soir, la 5° compagnie du 2° batailon du 61° Poméranien reçut du premier lieutenant Luchs, commandant le bataillon en remplacement du capitaine Kumme blessé au cou, l’ordre de s'emparer de la fabrique. La compagnie sortit aussitôt de sa position, ayant à s# tête le porte-enseigne-sergent Pionke. On avait à peine fait vingt-cinq pas, que le porte-enseigne fut tué et tout le détachement qui l'accompagnait fut étendu à terre. Le second lieutenant Schultze releva immédiatement le drapeau : la cempagnie fit encore environ vingt pas en avant; mais le lieutenant tomba aussi, quelques instants après, atteint de deux balles à la tête. Le second lieutenant et adjudant du bataillon de Put-Kammer, déjà blessé à la joue, descendit de cheval, saisit le drapeau; mais il fut aussi bientôt tué d’une balle à la tête. Deux mousquetiers, qui après lui avaient pris le drapeau, eurent également le même sort. Après que le commandant de la compagnie, lieutenant Weise, fut encore tombé (blessé), le peu qui restait de la compagnie recula jusqu'à la carrière, sans se douter, à causedel’obscurité et de la fumée de la poudre, qu’elle n'avait plus son drapeau. Aussitôt qu'on s'en aperçut, un deuxième 4 HO SPEE Au nord-ouest et à trois cents pas environ de la même fa- brique, se voit un parallélogramme de terrain entouré d’une grille en fer. Là, dans ce lieu même où ils sont tombés sous les balies françaises, gisent soixante Poméraniens sous des roches de trois mètres de haut, symétriquement disposées, surmontées d'une croix rugueuse imitant une tige d'arbre, haute d'un mètre et demi et ayant en sautoir une couronne de laurier. Au centre du monument et sur une plaque de métal, une inscription en langue allemande honore la mé- moire de ceux qui avaient succombé à Daix, à Messigny et en ce lieu même. — Sur une croix noire, à quelque pas der- rière, on lit cette autre inscription : « {ci reposent en Dieu le lieutenant Bruno de Put-Kammer et Paul Schulze avec cin- quante-huit hommes du 61° régiment prussien (1). » — On pense qu'il s'agit ici du chef de la compagnie et du porte-drapeau tué à quelques pas de là. L'empereur Guillaume à voulu remettre de sa propre main un autre drapeau au 61° et rendre un double hommage à la bravoure de ce régiment, en lui faisant élever le monument commémoratif dont il vient d'être parlé. Voilà un chef de nation qui, en honorant de la sorte le courage malheureux, est sûr de populariser chez elle le dévouement et de provo- quer les actes généreux. Pendant la nuit sombre et noire du 23 janvier, à une courte détachement partit pour aller à sa recherche; mais ce détachement ne revint pas. Une patrouille essaya également, mais il n’en revint qu'un homme que l’ennemi suivait de près. L’excavation dans laquelle se trou- vait le reste de la compagnie fut complètement cernée par les Français, et, pour exécuter l’ordre qu'elle avait reçu de cesser le combat et de se réunir sur la route, la compagnie fut obligée de se frayer un passage en combattant et de lutter avec une forte troupe ennemie, sur le chemin qui conduit à la grand’route. La perte du drapeau ne fut tout à fait constatée qu'après que le bataillon, qui était le dernier, se fut réuni à la brigade au lieu désigné, c’est-à-dire à la deuxième ferme au nord de Dijon. » . L (1) « Hier ruhen in Gott die lieutenante Bruno von Put-Kammer und Paul Schulze mit 58 manner von 61° Pruss. regiments. » Ur distance de l’arrière-garde prussienne, dont les avant-postes épiaient encore nos alentours, on fouilla, à la lueur dou- teuse des lanternes, tout le champ de bataille des enceintes du château de Pouilly, et l'on prèta une oreille attentive afin que les plaintes et les gémissements des malheureuses vic- times de la journée servissent à signaler le lieu où elles étaient gisantes. On recueillit deux cents blessés qu’on transporta aux ambulances de Dijon au moyen de voitures à moisson, et en renouvelant ce service pendant au moins quarante-huit heures. Il fallut six journées entières pour déblayer ces ter- rains et ceux du voisinage où avaient eu lieu les conflits san- glants dont il a été parlé. L'ennemi n’a sans doute pas avoué fidèlement toutes les pertes subies par lui pendant les trois.jourriées sous Dijon, lorsqu'il les évaluait à 32 officiers et 664 hommes seule- ment (1). Un grand nombre de blessés succombèrent, et le cimetière de Dijon accusa de nombreuses pertes. Pendant des jours entiers, catholiques et protestants se croisaient sur le chemin de la mort: les convois funèbres se succédaient d'heure en heure, signalés par les accords lugubres des musiques militaires et par de fréquentes détonations d'armes pour les soldats comme pour les chefs; car chez les Alle- mands, placés encore sous le régime féodal, l'égalité n’est re- connue qu'à la mort. Dans les plus mauvais jours destinés à notre pauvre con- dition humaine, il y a des lueurs qui percent les ombres et consolent les esprits. Par exemple, pendant que l'ennemi bombardait nos villes, ravageait nos campagnes, assassinait nos médecins dans les ambulances, d'humbles religieux et de jeunes prêtres s’exposaient à tous les périls des champs de bataille pour secourir moralement et humainement, et sans distinction de nationalité, les malheureux blessés recueillis par eux. mr eee ane ane mn nn Men d de Ent (1) WaRTENSLEBEN, Opérations de l'armée du Sud, p, 93 — 100 — À Prenois, à Nuits, à Hauteville, à Changey, au bas de Talant et de Fontaine, à Pouilly particulièrement, on a vu les Frères de la Doctrine chrétienne ramasser les blessés au milieu des balles et de la mitraille. Généraux, officiers et soldats les acclamaient des deux parts. Non seulement ces hommes de bien, aussi humbles qu'intrépides, consolaient les mourants, soulageaient les blessés et les transportaient aux ambulances ; mais ils installaient pendant tout le temps de la guerre soixante-dix lits dans leur maison de Dijon, organisaient une puissante succursale à l’hospice et veillaient nuit et jour, prodiguant aux blessés des deux camps les soins les plus pieux et les plus assidus. S'il s'est trouvé, parmi les ennemis de la religion et de ses ministres, des hommes in- sensibles à ce spectacle, c'est qu'il existait dans leur âme un grand vide et un mal profond. , Quand on offrit au supérieur du pieux établissement de ces Frères, qui s'était distingué entre tous par son noble dé- vouement, la décoration de la Légion d'honneur, il la refusa avec une admirable modestie. - Pendant cette journée du 23 janvier, il y eut des défail- lances : ainsi une légion de mobilisés de la Haute-Savoie, amenée à la gare de Dijon, refusa de combattre sous les ordres d'un général étranger à la France et se replia sur Beaune. Un second motif plausible fut donné, dit-on, par le chef de ces mobiles, le commandant Franzini, c’est qu'ils étaient armés de fusils de pacotille qui pourtant avaient coûté bien cher, on le sait, et que nombre d'hommes de la légion, pour preuve de leur peu de confiance dans le service de ces armes, jetèrent à l’eau en traversant le pont de l’'Ouche. Les mobiles du général de brigade Pélissier se battirent bien ; car l'amour du pays leur tenait lieu de consigne, puis- que Garibaldi et son état-major faisaient tout au monde pour annihiler les ordres et la direction du chef français. Ce qui se passait en ce moment à Dijon, c’est-à-dire le dés- accord entre les chefs directs et les étrangers, ou les hommes — 101 — nouveaux toujours prêts à paralyser les efforts des premiers, avait lieu malheureusement partout ailleurs dans notre mal- heureuse France, et y a tout perdu, excepté les traditions du courage. Pendant que le général Pélissier, supplanté par Garibaldi et délaissé très peu courtoisement par le comité de Bordeaux, quiitait la ville de Dijon pour celle de Lyon, Garibaldi s'at- tribuait toutes les palmes de la victoire et faisait placarder sur nos murs la proclamation suivante : Dijon, 23 janvier 1871. « Aux braves de l’armée des Vosges ! » Eh bien! vous les avez revus les talons des terribles sol- dats de Guillaume, jeunes fils de la liberté ! Dans deux jours de combats acharnés (1), vous avez écrit une page bien glo- rieuse pour les annales de la république, et les opnrimés de la grande famille humaine salueront en vous, encore une fois, les nobles champions du droit et de la justice. » Vous avez vaincu les troupes les plus aguerries du monde; et cependant vous n'avez pas exactement rempli les règles qui donnent les avantages dans la bataille. » Les nouvelles armes de précision exigent une tactique plus rigoureuse dans les lignes de tirailleurs ; vous vous massez trop ; vous ne profitez pas assez des accidents de ter- rain, et vous ne conservez pas le sang-froid indispensable en présence de l'ennemi, de manière que vous faites toujours peu de prisonniers; vous avez beaucoup de blessés, et l’en- nemi, plus astucieux que vous, maintient, malgré votre bra- voure, une supériorité qu’il ne devrait pas avoir. » La conduite des officiers envers les soldats laisse beau- coup à désirer : à quelques exceptions près, les officiers ne (1) Les 21 et 22 janvier. — Une seconde proclamation, affichée dans la matinée du 24, célébrait la prise du drapeau poméranien conquis sur le champ de bataille par les 4° et 5e brigades, et répétait les conseils émis dans la première proclamation de Pouilly. — 102 — s’occupent pas assez de l'instruction des miliciens, de leur propreté, de la bonne tenue de leurs armes, et enfin de leurs procédés envers les habitants qui sont bons pour nous et que nous devons considérer comme des frères. » Enfin, soyez diligents et affectueux entre vous comme vous êtes braves ; acquérez l'amour des populations dont vous êtes les défenseurs et les soutiens, et bientôt nous secouerons, jusqu’à l'anéantir, le trône sanglant et vermoulu du despo- tisme, et nous fonderons sur le sol hospitalier de notre belle France le pacte sacré de la fraternité des nations. » Mais laissons Garibaldi s’infatuer de sa futile gloire, tandis qu'il pouvait courir à une gloire réelle en arrêtant l'incursion de Manteuffel contre notre armée de l'Est, et retournons vers cette armée que nous avons laissée, quelques pages plus haut, dans ses cantonnements près de Besançon. His CHAPITRE XIV SOMMAIRE. — Manœuvres de l'ennemi pour couper la retraite à l’armée française. — Tentative de suicide du général Bourbaki. — Le général Clinchant lui succède dans le conmandement. — Attaque de Salins. — Les passages sont interceptés. — L'armée en retraite sur Pontar- lier, — Le réseau ennemi se resserre sur les troupes françaises. — Topographie de Pontarlier. — Le général en chef y arrive. — Il y constate la pénurie de vivres, décide la retraite par Mouthe et charge le général Cremer d'occuper les défilés qui aboutissent à cette route principale. — Marche et progrès de l'ennemi. — Combats de Sombacour et de Chaffois. — Armistice de vingt-un jours, diffé- remment interprété par les deux armées. Dès le 21 janvier, le général Bourbaki aurait pu marcher sur Dole, qui était faiblement occupé alors. Son armée de cent vingt mille hommes (1) avait de fortes chances de se frayer, vers ce point, un passage sur Lyon; mais il aurait fallu * promptitude et résolution. L'ordre d'aller en avant fut, en effet, donné aux troupes; et à peine s’étaient-elles ébranlées, qu'un nouvel ordre les ramena en arrière; puis un contre- ordre leur fut donné de réoccuper les positions tout à l'heure abandannées (2). Ces hésitations, qui se manifestèrent du 21 au 24 janvier, compromirent la situation; car, dans l'inter- valle, une forte colonne ennemie se dirigeait sur Arc-Se- nans et Mouchard, deux points très importants de conver- gence de lignes de fer de Besancon à Lyon; et, à la date du (1) WARTENSLEBEN, P. 36. (2) DE FREYCGINET, p. 261. — 104 — 24, les 2° et 7e corps paraissaient s'être déjà concentrés entre Dole, Quingey et Mouchard (1), où la principale voie de re- traite venait d’être coupée par l'avant-garde du ?° corps (. Dès le 24, le quartier général de Manteutfel était à La Barre, près de. Dampierre-sur-le-Doubs, dont il gardait les deux rives (3). D'autre part, le quartier général de Werder, chef du 14e corps, était à Rougemont, sur la rive gauche de lOgnon, et menacait, de là, Baume-les-Dames, occupé par les Fran- çcais du 15° corps pour couvrir Besançon. Ceux-ci évacuèrent Baume en faisant sauter les ponts du Doubs et se replièrent sur Besancon; mais l'ennemi les eut bientôt rétablis. D’un autre côté, le 24° corps, qui gardait les défilés du Lomont, en face de Baume-les-Dames, abandonna aussi cette position. Les deux rives du Doubs devenaient donc libres, et le chemin de Besançon demeurait ouvert aux troupes de Werder. A la même date du 24 janvier, et, par surcroît d'avantages _en faveur de la liberté d'évolution du 14° corps, le détachement Debschitz tout entier surprenait à Thulay, près de Blamont, au sud de Montbéliard, six mille Français, sous les ordres du général Bressolles, et les forçait à céder au nombre (#. Quelle était alors la situation de l’armée française ? Les 15° et 48 corps et partie du 24° occupaient les deux rives du Doubs, à l’ouest de Besancon; le 20° corps s'était avancé vers le sud et couvrait la Loue de Busy à Châtillon, près de Myon, qu'il occupait aussi. Un détachement du 7° corps allemand attaqua, près de Châtillon-sur-Loue, les troupes françaises, qui défendirent vivement leur position. Il y eut encore sur la Loue, vers Port-Lesney, près de Villers-Farlay et dans la direction de Mouchard, un combat de peu de durée entre un détachement eo (1) DE FREVGINET, p. 262. (2) WARTENSLEBEN, P. 36, )AD:, P-199- (4) WARTENSLEBEN, P. 37. — 105 — français et un détachement ennemi de la 13° division du 7° corps (1). Toutes ces circonstances réunies avaient jeté dans l’âme de Bourbaki une extrême perplexité ; il convoqua un conseil de guerre à Château-Farine, près de Besançon, et là, dans la soirée du 24, tous les chefs de corps furent consultés. Le gé- néral Billot ouvrit seul l'avis de marcher sur Auxonne et de percer les lignes allemandes dans la direction de Dole ?. Le général en chef démontra que, toutes les voies de l’ouest étant interceptées par l'ennemi, la retraite sur Pontarlier offrait seule à l’armée la possibilité de se diriger sur Lyon par diffé- rentes issues encore ouvertes au sud. La retraite sur Pontar- lier fut donc décidée, et l'on en donna avis à la délégation de Bordeaux; mais de là, partit à deux heures du soir, le 27 jan- vier, une dépêche qui contrecarrait cette décision en con- seillant de réunir tous les corps et de passer soit par Dole, soit par Mouchard, soit par Pontailler-sur-Saône. Une deuxième dépêche, envoyée coup sur coup, renfermait cet étrange avis donné au général en chef : « À tout prix, il faut faire une trouée. Hors de là vous vous perdez (3)! » Cependant, le 25, Werder marchait sur Besancon, di une partie des troupes du 14° corps allait franchir 'Oéhun à Vo- ray; de plus, la 4* division de réserve, sous les ordres du général Schmeling, partait de Baume-les-Dames pour s’avan- cer vers le sud (4). D'autre part, les rapports au quartier général annoncçaient que des reconnaissances ennemies détachées du 2° corps éche- lonné à Mouchard, Villers-Farlay, Vaudrey et Nevy-lez- Dole, sillonnaient les routes de Salins, Arbois et Poligny (5). Manteuffel comprenait toute l'importance de position de Sa- D D eee 4e EU DO LL ie es (1) WARTENSLEBEN, D. 37. nu FREYCINET, p. 263. — 106 — lins placé sur la voie directe de Dole à Pontarlier : aussi, dès le 23, des militaires français de différents corps, et qu’on avait dirigés sur Besancon, ayant trouvé le chemin de fer de Mou- chard intercepté, se réfugièrent à Salins et y signalèrent l'approche de l'ennemi, dont on appréhendait d’ailleurs l’in- vasion; Car, vers les deux heures de l’après-midi du 21, le télégraphe ne répondait plus de Dole à Salins (1). En effet, le 24 janvier, une colonne de dix mille Allemands, venant de Dole et ayant passé la Loue dont les ponts étaient restés intacts, refoulait sur Salins quelques détachement de nos troupes de ligne; et, dans la nuit du 24 au 25, un officier prussien à cheval, et un fallot à l’étrier, traversait impuné- ment toute la ville pour reconnaître les passages (2). Cet offi- cier avait ou une grande témérité, ou une excessive confiance en l'incurie française. On était, au 25 janvier, en face de ces progrès offensifs de l'ennemi, et le général français n'avait pas un moment à perdre pour sortir l’armée de sa fatale immobilité. Malgré l'opposition du comité de défense de Bordeaux, Bourbaki persista dans le projet concu par lui-même et adopté par ses généraux réunis en conseil de guerre; et, dès lors, la retraite sur Pontarlier fut irrévocablement fixée au lendemain, 26 janvier. Ce jour-là, malgré un froid très vif de 15 degrés centigrades et malgré l'encombrement des neiges, le général en chef pré- sida lui-même au départ des troupes, et, selon sa louable cou- tume, entra dans tous les détails concernant leur bien-être; mais on fut frappé de sa profonde tristesse. Il semblait sentir plus que jamais toute la responsabilité du commandement dont il avait d’ailleurs avec insistance décliné, dès l’origine, le poids et l'honneur. Vers six heures du soir, lorsqu'il fut rentré à Besançon (1) Salins pendant la querre de 1871, p. 11. (2) Ibid., p. 17. — 107 — dans l’appartement qu'on lui avait assigné au premier étage d’un hôtel situé au point de jonction des rues du Perron et Sainte-Anne, il demanda à rester seul. Alors les plus sombres pensées assiésèrent son âme : il se mit à résumer ses cruelles vicissitudes, à réfléchir sur la fatalité qui faisait échouer tous ses plans ; il se fit un tableau navrant des souffrances de son armée manquant de tout, quand d'immenses convois de vivres, de munitions et d'équipements restaient dans les gares du Jura sans qu'on sût ou qu'on püt les faire parvenir aux divers cantonnements. L'énergie et la célérité avec moins de troupes sont préférables sans doute à l’hésitation avec de nom- breuses forces : le général Bourbaki avait bien ce sentiment des choses; mais il se sentait paralysé dans sa lutte impuis- sante contre les éléments. Cette idée le porta à s’exagérer le funeste sort de tant d’existences compromises dans une re- traite hasardeuse et livrées à toute l’âpreté d'un hiver excep- tionnellement rigoureux. Son imagination lui fit voir en perspective les neiges et les glaces arrêtant les marches et les manœuvres des troupes, et retenant, dans de délétères bi- vouacs, officiers et soldats en proie à des privations et à des souffrances incalculables; il vit, ce qui est surtout sensible à un chef d'armée, sa gloire ternie malgré ses premières vic- toires et malgré tant d'efforts dignes d’une meilleure fortune. Il se rappela avec amertume les contradictions incessantes auxquelles il avait été en butte de la part des commissaires officiels et des généraux de cabinet. Sa raison se troubla à la pensée que toutes les voies de retraite de son armée étaient coupées vers l’ouest et douteuses vers le sud où elle se diri- geait en ce moment. Se considérant comme une victime de la fatalité, il n’eut pas la force de résister à son désespoir et ac- complit sur lui-même une funeste résolution dont le dénoù- ment trompa sa volonté (1). s mr 20m = (1) Il se tira un coup de pistolet dans la tempe gauche; mais, par bon- heur, l’arme ayant été mal assurée, la balle ne fit qu’effleurer les chairs. — 108 — I n’y avait rien à reprocher au brave et loyal général Bourbaki, soit dans ses actes, soit dans ses prévisions. En effet, du 21 au 23 janvier, il avait fait occuper l'important passage de la Loue par le général Martineau avec deux divi- sions du 15° corps; il avait fait occuper aussi les défilés du Lomont par le 24° corps, sous les ordres du général Bres- solles; mais, à la grande stupéfaction de Bourbaki, les pas- sages de la Loue et du Lomont furent abandonnés ou mal défendus par des troupes démoralisées ou d’un effectif impuis- sant. Il voulut tenter de s'en ressaisir; mais en vain! ilne put lutter contre les neiges amoncelées et contre le verglas couvrant les chemins. Par ses ordres, enfin, trois divisions, sous le commandement du général Cremer, avaient été diri- gées sur Salins pour y devancer l'ennemi; et, le 25 janvier, a dix heures du soir, le général Cremer, qui était à Ornans avec une de ces divisions, avait recu du général en chef lui- même un télégramme ainsi concu : « Tâchez d'occuper Sa- lins ou les plateaux au-dessus de la ville et de nous assurer la voie ferrée de Pontarlier. » Quoi qu'il en soit, l'ennemi, par suite d'hésitations et de retards dans l'exécution des ordres du général en chef francais, nous précéda à Salins de quelques heures, dans la matinée du 26. Les populations, toutes affo- lées de l'invasion de cette place, accouraient en foule vers nos soldats qui s'étaient arrêtés à Nans, aux deux tiers de la route d’Ornans à Salins. Influencés par des récits exagérés et se réputant en disproportion avec les forces de l'ennemi, ils quit- tèrent la route de Nans à Salins, et se dirigèrent sur Pontar- lier par Villeneuve-d'Amont. Une dépêche de Bordeaux, remplacant Bourbaki par Clin- chant comme général en chef, s'était croisée le 27 avec celle de ce dernier qui annonçait au gouvernement la tentative de suicide de Bourbaki. Or, il n’était plus temps de suivre une autre marche que celle désormais engagée, toute l'armée ayant déjà passé sur la rive gauche du Doubs et se dirigeant sur Ornans où se trouvait déjà l'avant-garde. L'objectif de — 109 — nos troupes était plus que jamais la ville de Pontarlier; car la place de Salins nous échappait, et avec elle une ligne de retraite plus favorable comme étant plus éloignée de la fron- tière. Or, voici ce qui se passait à Salins, le 26, pendant que les divisions du général Cremer, envoyées sur cette ville, changeaient de route. Dans la matinée, une batterie prus- sienne canonna le fort Saint-André du haut du mamelon de Bagney, à trois mille cinq cents mètres de distance; mais les obus, dirigés trop haut ou trop bas, éclataient en decà, c’est- à-dire au pied de la forteresse et dans les vignes, ou au delà, c'est-à-dire jusque dans le faubourg Galvoz. Une bombe, en- voyée du fort Saint-André dans les rangs de l'infanterie alle- mande qui s'avançait sous la protection de sa batterie du mamelon de Bagney, fut plus heureuse que les projectiles de l'ennemi; car elle lui mit, en éclatant, vingt-deux hommes et six chevaux hors de combat : de plus, une des pièces de la batterie allemande fut démontée par un boulet parti du fort Belin (1). Bientôt huit mille Allemands contre sept cents Français ouvrirent une fusillade terrible et prolongée en se disséminant en tirailleurs. Le feu des forts Belin et Saint- André écrasa bon nombre de soldats ennemis passant au pas de course et un à un du seuil d'une habitation à une autre, traversant les jardins le long des murs de clôture ou s’aventurant dans le lit étroit de la petite rivière la Furieuse ou sur ses bords glacés. C'est surtout dans la gorge dite d'Arelle que la mitraille des forts mit quantité d’Allemands sur le carreau (?). Vers deux heures du soir, la tête de la colonne assaillante pénétra dans la ville, par le côté ouest, en poussant des hur- lements sauvages, en tirant aux fenêtres et tout au travers des maisons ; plusieurs habitants inoffensifs furent ainsi tués ou blessés. L'officier commandant cette colonne lui avait donné ne tem (1) Salins pendant la querre de 1871, pp. 24 et 25. (2) Zbid., pp. 14 et 37. — 110 — ce sinistre exemple en tuant d’un coup de revolver, à l'entrée de la ville, un préposé d'octroi qui avait eu l’imprudente cu- riosité de se mettre à sa fenêtre (1). La ville se rendit; mais les forts, dépendant de l'autorité militaire seule, continuèrent de tirer. A la nuit noire, Partil- lerie et la cavalerie risquèrent aussi le passage, tout en mena- cant du poing les forts qui les mitraillaient et les appelant forts de carton (2, plaisanterie outrecuidante et aussi peu de saison que la marche triomphale exécutée quelques heures auparavant, en tête du 2e régiment de grenadiers d'infanterie, par un corps de musique tronqué et décimé par la mitraille de ces mêmes forts (3). Les troupes de la 3° division du ?° corps, qui faisaient cette expédition de Salins (, eurent hâte de sortir d’une telle sou- ricière, dans laquelle ils laissèrent, selon leur propre aveu, plus d’un millier d'hommes, et de reprendre la route de Mou- chard par la gorge d’Arelle où leur départ fut encore salué bien désavantageusement pour eux par le fort Belin (5). Le chemin le plus direct de notre armée en retraite, des bords du Doubs vers le sud, pour gagner Lyon, était celui d'Ornans à Champagnole par Salins. C’est pourquoi Fran- secky, dont le quartier général était à Mouchard, non loin de cette place, avait fait couper, à l’ouest de Salins, le chemin dont il s’agit : ce qui forcçait l'armée de l'Est à un long détour sur Pontarlier et l’acculait à la frontière suisse. Salins, à cause de son importance comme double point de passage, fut mis en état permanent de blocus par la 5° brigade de la 3° di- vision du 2° corps, remplacée ensuite par des troupes du Te corps chargées de surveiller les lieux où les routes avaient été coupées; mais le commandant Fouleux, du fort Saint- em 2 te un nee ee en = (1) Salins pendant la guerre de 1871, p. 30. (2) Zbid., p. 36. (3) Zbid., p. 31. (4) WARTENSLEBEN, p. 42. (5) Salins pendant la guerre de 1871, p. 37. — 111 — André, et le commandant Brichard, du fort Belin, demeu- rèrent en éveil, et, gardiens vigilants de leurs postes, ils tin- rent les colonnes allemandes en échec et à distance, et leur ôtèrent l’envie de tenter le passage de Salins à Pontarlier qui leur importait beaucoup, mais qu’elles ne pouvaient franchir qu'au prix de trop grands sacrifices d'hommes, comme elles en avaient déjà fait l'expérience dans leur récente tentative de passage avorté de Salins à Champagnole (1). Du 27 au 28 janvier, et en partant du nord au sud dans la région de l'ouest, tous les passages par où l’armée française aurait pu trouver son salut étaient étroitement gardés : ainsi la brigade Knesebeck, du 2° corps, commandée en ce mo- ment par le colonel Willisen, plus deux autres brigades du 14° corps, l'une d'infanterie, l’autre de cavalerie, avaient établi leurs cantonnements de Gray à Dole; et le commandant en chef de ces diverses troupes, le général Hann von Weyhern, donnait la main au général Kettler, dont la brigade s'était établie à Marsanay, près Dijon, en attendant qu'ils fissent, un peu plus tard, irruption dans cette ville () et s’y établis- sent jusqu'à la paix. Ainsi Le 7e corps était échelonné de Quingey vers Salins, et la 13° division de ce corps gardait les rives de la Loue abandonnées par nos troupes. Le 2° corps occupait l'impor- tante ligne d’Arbois à Pont-d'Héry, sur la voie ferrée de Pontarlier à Mouchard; et le commandant en chef de ce 2° corps, le général Fransecky, voulut se rendre lui-même à Arbois, à la tête de la 6° brigade de la 3° division , pour étu- dier et faire couper les issues qui pouvaient exister de ce point sur Champagnole et Poligny (3). A la date du 27 janvier, les 20° et 24° corps français se trouvaient près de Villeneuve, à moitié chemin et vers la \ (1) WaRTENSLEBEN, pp, 43 et 45. (2) In., p. 44. (3) In., pp. 46 st 49, — 112 — grand'route de Salins à Pontarlier; mais le 28 du même mois, la 14° division du 7° corps occupa la ligne d'Amancey à Déservillers; et Zastrow, commandant en chef du 7° corps, s’établissait à Myon, le soir même, pour opérer la jonction de cette division avec la 13° vers Levier, à vingt kilomètres ouest de Pontarlier (1). Le 28 janvier, Manteuffel et Werder s'étaient rejoints au quartier général de La Barre, en decà de Dampierre-sur- Doubs; et le premier était allé s'établir au château de La Roche, près d'Arc-Senans, en decà de Quingey @). Une ligne télégraphique, passant par Vesoul et se rattachant au télégraphe portatif du 44° corps, communiquait directement avec Versailles et, par conséquent, avec de Moltke, l'âme de cette fatale guerre (3). Au moment où le gros des forces de l’armée française (1) en retraite s'avançait directement sur Pontarlier par les deux routes d'Ornans, il est nécessaire de présenter au lecteur la physionomie ou plutôt l'orientation de la ville de Pontarlier, qui va devenir le théâtre des derniers incidents de la guerre. Le levant regarde les Entreportes; le couchant regarde la vaste plaine de Chaux-d'Arlier, vers Sombacour et Houtaud. Près de ce dernier lieu coule le Drugeon, venant du village de La Rivière, où Charles le Téméraire se réfugia après le désastre de Morat; le sud regarde La Cluse et ses forteresses; le nord regarde le vallon du Sauget ou du Doubs. Dès le 26 janvier 1871, avait commencé la désastreuse re- traite de l'armée de l'Est sur Pontarlier. Le 27, cette ville voit arriver en désordre et en tumulte les troupes francaises; les maisons et jusqu'aux corridors et aux seuils des portes (1) WaARTENSLEBEN, p. 49. (2) Ip., p. 48. (3) In., 1bid. (4) Les manœuvres serrées de l'ennemi obligèrent plusieurs colonnes de cette armée à un détour vers le sud dans le Jura. (WARTENSLEBEN, p. 47.) i — 113 — sont encombrés; le pain manque presque absolument. [Le 28, deux pauvres soldats, excédés par leur misère, se suicident en se faisant sauter la cervelle avec leurs armes, dans la rue Sainte-Anne, près des casernes. Toute la ville est transformée en bivouac. La foule de ceux qui n'avaient pu y trouver place, stationnent en pleine cam- pagne dans la neige, et notamment près du cloître des Ca- pucins. Là se trouvait accumulé un amas de munitions de guerre que, ne pouvant anéantir, on éparpille pour éviter une explosion compromettante. Il régnait, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la ville, une confusion inexprimable : le foin manquant, les chevaux mou- raient de faim tout attelés, et il y en avait plusieurs gisant dans la neige de la Grande-Rue, parmi des charrettes brisées et des caisses de provisions abandonnées et livrées au pillage. - Cependant on délibère si l’on se défendra ou si l'ennemi aura le champ libre. Toutefois le patriotisme l'emporte et l’on se décide pour la résistance. Les troupes francaises sont ré- parties sur les divers points les plus importants à garder: des batteries sont placés à l'extrémité de la promenade du Mont; d’autres près de la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Espérance, construite sur l'emplacement de l’ancien fort du Molart. Toutes les rampes de Chdteau-Chatelain, dominant les deux rives du Doubs, se hérissent de canons, ainsi que le Champ- Méry, au lieu même où le duc de Saxe-Weimar avait, en 1639, pendant la guerre de trente ans, pointé ses pièces contre la ville de Pontarlier. Les dispositions de l'artillerie française paraissaient formi- dables : les feux allaient se croiser en tous sens vers les divers rayous de la plaine où paraîtrait l'ennemi qui s'avançait sur Pontarlier par toutes les routes. Ainsi, une première colonne, venant de Morteau par la vallée dite des Allemands, avait pris la direction nord-est et devait aboutir aux Entreportes ; une deuxième colonne, arri- vant aussi de Morteau par Montbenoît, devait aboutir au vil- 8 — 114 — lage de Doubs, direction nord; une troisième s'avançait par la route nouvelle de Besancon, rive gauche du Doubs; une ‘quatrième par l’ancienne route de Besancon passant à Som- bacour; enfin, une cinquième par la route nouvelle de Sa- lins, traversant Levier et Chaffois. La sixième et principale colonne, sous les ordres de Manteuffel, venait par la route de Nozeroy, passant par les Granges-Narboz. Toutes ces routes avaient été, pour ainsi dire, frayées à l'ennemi par nos propres troupes. Dès le 28, le général en chef Clinchant se rendait à Pon- tarlier, où il constatait l'impossibilité de concentrer l’armée faute de vivres. Il songea donc à continuer immédiatement le mouvemeut de retraite suspendu jusqu’au ralliement com- plet des différents corps qui arrivaient par toutes les voies aboutissant à Pontarlier , et cela après une laborieuse traver- sée, après des haltes et des bivouacs dans les neiges accumu- lées sur le sol. Nombre d'hommes y avaient péri de faim, de fatigue et de froid. Des files entières de fourgons y avaient été abandonnées. La plume est impuissante à décrire tant de maux; et pourtant, malgré une débandade partielle trop jJus- tifiée par les souffrances et le découragement, la majeure partie de nos soldats marchait avec fermeté : le sentiment de la patrie ne s’éteignait point en eux, tant ce noble sentiment est vivace dans les cœurs francais, même sous l’étreinte des plus grandes épreuves et sous celle d’une force étrangère qui se croit vainement assez puissante pour briser chez nous les liens de nationalité (1). (1) On lit dans le résumé de Dussieux, p. 210, Guerre de 1870-1871 : « Le général Clinchant prit le commandement de l’armée le 25 et battit en retraite aussitôt sur Pontarlier, où l'armée arriva le 28, après avoir traversé un pays montueux couvert d’un mètre de neige, sans ressour- ces, et dans lequel le froid et la faim firent éprouver de cruelles souffrances à l’armée dont le quart se débanda en route. Le 24° corps arriva aussi. à Pontarlier dans un désordre complet. » — Ce récit est vrai, sauf l'exactitude des dates, et sauf moins de débandade de nos troupes, — 115 — Deux voies de retraite restaient à l’armée française. La prin- cipale, partant de Pontarlier, passe par Mouthe, Chaux-Neuve, Foncine et Saint-Laurent, d’où l'on peut gagner Saint-Claude ou Morez et Gex, puis, de là, le midi de la France. L’autre, moins praticable à l'artillerie, se détache de la première à Chaux-Neuve pour passer à Chapelle-des-Bois et Morez 11). Mais la condition la plus essentielle dans ce projet était de n'être pas prévenu, coupé ou pris en flanc par l'ennemi, au moyen des défilés ou chemins latéraux comme ceux de Ville- neuve, Censeau, Bonnevaux et autres, aboutissant à Salins, ou comme ceux de Champagnole, des Planches et de Morillon, ayant leur point de départ vers Arbois. En conséquence, dès le 28, le général en chef donna l’ordre à Cremer de partir avec deux régiments de cavalerie armés de chassepots, et d’aller occuper les défilés des Planches et de Morillon. Le 29, il fit partir pour Mouthe le 24° corps, et se tint lui- même prêt à suivre le même itinéraire. D'autre part, le 29 aussi, dans l'après-midi, le général en chef Manteuffel avait établi son quartier général à Arbois (), d'où il dirigeait le mouvement concentrique de ses troupes pour étreindre dans un cercle de fer les divisions de notre armée : les colonnes de celle-ci encombraient toutes les routes et particulièrement celle d’Ornans à Pontarlier, qui était le lieu indiqué pour leur concentration. Déjà le 2° corps alle- mand avait pris ses cantonnements à Genseau et Nozeroy. Le village d'Onglières, où était le quartier général de Fransecki, partage ces deux distances. Or, de ces points importants, l’en- nemi coupait la retraite à notre armée, soit au sud sur Cham- pagnole, soit à l’est sur Jougne. Les 13eet 14° divisions du 7° corps avaient fait leur jonction à Levier et couvraient Salins. (1) Voir le Rapport PErroT. (2 (9 2) WARTENSLEBEN, P. 99, — 116 — Le 14* corps, tout en surveillant Besancon sur les deux rives du Doubs (1), couvrait Quingey ct les lignes télégraphi- ques de la Loue. Tout l'ouest et le sud opposaient donc à nos troupes une barrière d’une formidable cohésion. La Suisse, à l’est, était un pays neutre où notre armée ne pouvait pénétrer qu’en s’annihilant. Restait la région du nord qu'il fallait rendre également offensive contre nous: aussi les généraux Schmeling et Debschitz, des divisions de détachements de réserve dont les cantonnements étaient alors aux environs de Blamont et de Saint-Hippolyte, au sud- ouest de Montbéliard, recurent-ils l’ordre de se joindre au mouvement concentrique de toute l’armée allemande sur Pontarlier. En conséquence, le général Schmeling hâta sa marche en se dirigeant sur Morteau par Sancey, Belleherbe et Maïche. Cependant l'ennemi approchait. Un détachement de ses troupes qui avaient fait leur jonction à Levier, et quiétaitsous les ordres du major Brederlow, dépassa le village de Sept- Fontaines, après l'avoir occupé, et rencontra, le 29 janvier, à trois heures du soir, vers Sombacour, sur la route d'Ornans à Pontarlier, et à peu de distance de cette dernière ville, une colonne de la division Dastugues. La colonne s'étant laissé surprendre se rendit, et les deux généraux Dastugues et Minot furent faits prisonniers avec elle (2). Dans la même soirée, vers les sept heures, l’importante position de Chaffois, qui, sur la route de Salins, couvrait Pontarlier à sept kilomètres de là, subit l'attaque du 53 régi- ment prussien d'avant-garde, sous les ordres du colonel Cosel. La position était vivement défendue et avec succès par la ce (1) Des détachements de notre armée de l'Est occupaient Chàtillon- le-Duc, Pouilley, Château-Farine et Busy, lieux situés dans le rayon de la place de Besançon; et ces détachements étaient tenus en échec par des détachements ennemis du 14° corps. (2) Rapport PErroT. — 117 — division Thornton du 20° corps, lorsque une nouvelle inatten- due vint à circuler dans les rangs de nos soldats : c'était celle d'un armistice conclu à Versailles; ce qui fit qu'un millier d'entre eux se rendirent volontairement ou plutôt suspendirent le combat. En effet, le général Thornton venait de recevoir de Pontarlier une dépêche du général en chef Clinchant qui affirmait l'armistice et donnait l’ordre d'en instruire l'ennemi. En conséquence, un parlementaire fut envoyé au major allemand Cosel. Le feu cessa : les prison- niers furent rendus; mais l'ennemi garda la position qui in- terceptait la route de Pontarlier (1). La dépêche envoyée de cette ville était ainsi conçue : « Un armistice de vingt-un jours a été signé le 28; j'en ai recu ce soir la nouvelle officielle. En conséquence, faites cesser le feu et informez l'ennemi que l'armistice existe et que vous êtes chargé de le porter à sa connaissance. » — Une dépêche semblable fut adressée en même temps par le général Clin- chant à tous ses chefs de corps. I avait recu assez tard, dans la soirée du 29, un télégramme de Bordeaux daté de deux heures du soir, même jour, et conçu en ces termes : « Un armistice de vingt-un jours vient d'être conclu par le gouver- nement de Paris. Veuillez, en conséquence, suspendre immé- diatement les hostilités en vous concertant avec Le chef des forces ennemies en présence desquels vous pouvez vous trou- ver..... Aucun mouvement des armées en avant des lignes déterminées de concert avec les commandants ennemis ne peut être effectué pendant toute la durée de l'armistice, etc. » D'autre part, le général en chef Manteuffel avait reçu de Versailles à cinq heures du soir, Le 29, à son quartier général à Arbois, le télégramme suivant, daté de la veille 28, de onze heures trois quarts du soir, et émanant du général de Moltke () : ee se (1) Rapport PError. , (2) WARTENSLEBEN, D. 90. — 118 — « Des négociations au sujet d'une capitulation et d'une suspension d'armes viennent d'être conclues à Paris. L'armis- tice commence ici de suite, et, pour le reste du pays, le 31 de ce mois à midi. Les départements de la Côte-d'Or, du Doubs et du Jura ne seront compris dans la trêve que lorsque les opéra- tions commencées de votre côté auront amené un résultat. L’in- vestissement de Belfort doit être aussi continué. » Pourquoi cette divergence radicale entre les deux télé- srammes envoyés pour lemême objet aux deux commandants en chef des deux camps opposés? C'est que les négociateurs respectifs avaient joué au plus fin; mais diplomate contre avocat, la partie n’était pas égale. L’un connaissait à fond la position désespérée de notre armée de l'Est; l’autre n’en savait pas le plus petit mot et fondait de vaines espérances sur un retour offensif de cette armée qu'il croyait efficacement secondée par une diversion de Garibaldi. Le trop habile chancelier allemand, heureux de l’incroya- ble sécurité où il voyait son Co-négociateur, n'eut aucune peine à lui faire adopter, dans un article spécial du traité, la perfide réserve que l'armistice ne comprendrait ni l'armée de l'Est, ni les départements où la guerre était engagée, c'est-à- direle Doubs, le Jura et la Côte-d'Or; car, dans les vues inti- mes du ministre improvisé Jules Favre, la continuation des hostilités dans l’Est pouvait amener un succès qui nous re- mettrait à flot. Passe encore, si c’est possible, pour cette illu- sion ; mais pourquoi commettre l’inqualifiable oubli d’avertir incontinent l’armée de l'Est de la confiance que ce ministre avait en elle en l’exceptant de l'armistice? Au lieu de cette tactique indiquée par la plus simple des circonspections, le ministre Jules Favre, dans l’enivrement sans doute de son importance diplomatique, écrivit de Versailles le ?8 janvier, à onze heures quinze minutes du soir, le laconique télé- gramme suivant, adressé à la délégation de Bordeaux : « Nous signons aujourd'hui un traité avec le comte de Bis- marck, — Un 2irmistice de vingt-un jours est convenu. — — 119 — Une assemblée est convoquée à Bordeaux pour le 15 février. — Faites connaître cette nouvelle à toute la France; faites exécuter cet armistice, et convoquez les électeurs pour le 8 fé- vrier, —- Un membre du gouvernement va partir pour Bor- deaux. » Ce fut d'après ce télégramme fatalement incomplet, que la délégation de Bordeaux télégraphia à tous les chefs de corps de l’armée la dépêche relatée un peu plus haut. En même temps, cette délégation envoyait aux préfets copie du télé- gramme textuel du ministre des affaires étrangères, et aussitôt les maires de toutes les communes de France, ceints de leurs écharpes, promulguaient l'armistice. Ce mouvement spontané, dans l'Est comme ailleurs, acheva de compléter la sécurité et l'inaction de notre armée. Elle mit ses armes en faisceaux, puis, dans la profonde ignorance où elle était de la vérité, elle exécuta religieusement les conventions indiquées par son commandant en chef, et cela pendant deux jours entiers, c’est-à-dire du 29 au 31 janvier, perte de temps dé- plorable pour elle et précieuse pour l'ennemi, parfaitement instruit de ses droits par la proclamation suivante que lança Manteuffel le soir même où il reçut la dépêche de de Moltke: « Soldats de l’armée du Sud ! » Paris a capitulé ! un armistice est conclu entre la garni- son de la ville et la {re et 11° armée. — Seule, celle du Sud doit continuer ses opérations jusqu à ce qu'elle ait obtenu un résultat définitif, En avant! » — 120 - CHAPITRE XV SomMaIRE. — Fatale sécurité de l’armée française. — Marche concen- trique de l'ennemi sur Pontarlier. — Engagements partiels. — Stu- péfaction de l’armée française en apprenant le vrai sens de l’armis- tice. — L'armement du fort de Joux est complété. — Ordre du jour du général Clinchant. — Internement en Suisse. — Envahissement de Pontarlier. — Mouvements offensifs du régiment prussien le Royal Colberg. — Il tente vainement de tourner les forts. — Son conflit avec un détachement français qui, s'étant d’abord fourvoyé, retrouve sa voie de retraite. — Services rendus par les forts. — Belle con- duite de l’armée de réserve au tournant de la Cluse. — Dévouement héroïque -d'une escouade de la compagnie du capitaine Malespine. — Un petit nombre de braves refusent de s'interner en Suisse et rega- gent le midi de la France à travers mille périls. — Généreuse hos- pitalité de la Suisse. Les quatre corps de troupes qui constituaient notre armée de l’Est étaient en ce moment concentrés en grande partie soit à Pontarlier, soit dans les alentours; l'artillerie s’éche- lonnait au-dessus de la gare de cette ville et sur d'autres rampes encore, comme nous l’avons déjà dit. Sans sa foi en l'armistice et sans l’inertie qui en résulta, toute cette armée pouvait encore, deux jours auparavant, en agissant en masse, poursuivre utilement sa retraite par les routes du Jura et par les défilés de Saint-Laurent; mais sa confiance la perdit : elle essuya un épouvantable désastre dont un imprévoyant ministre aura à rendre compte à l’his- toire. Le 30 janvier, pendant que notre armée était dans une fatale sécurité et dans une expectative de paix qui semblait — 121 — déjà dissiper chez nos braves soldats la pensée de leurs maux et ramener en eux quelques lueurs de la gaieté fran- çcaise, Manteuffel faisait connaître à tous ses chefs de corps le véritable esprit de la convention de Versailles. Il leur disait dans un ordre du jour ordonnant la concentration des 2° et 7° corps sur Pontarlier : « La nouvelle d’une suspension d'armes pour l’armée du Sud est fausse. Celle-ci doit continuer ses opérations et MM. les généraux commandants n'auront à offrir d’autres conditions à l’ennemi que de déposer les armes. Toutes autres propositions devront être adressées au commandant supé- rieur, sans suspendre pour cela les hostilités. » Ce même jour là, 30 janvier, Manteuffel avait transporté son quartier général à Villeneuve-d'Amont près de Levier, pour se rapprocher de l'objectif indiqué aux troupes, et, de là, il avait envoyé aux 2° et 7e corps l'ordre de continuer leur marche sur Pontarlier; le 14° corps avait été en même temps avisé de rejeter sur Les 2e et 7° corps les forces françaises can- tonnées au nord de cette ville. Le 30 janvier donc, le 2° corps marchait sur Pontaalier par Frasne, et le 7° corps y tendait par Chaffois, tandis que le 14° allait nous prendre en flanc et que Schmeling nous presserait par derrière. En même temps, Manteuffel faisait surveiller les alentours de Lons-le-Saunier, de Champagnole et des Planches; il envoyait le colonel Liebe pour garder les voies du Jura, de Saint-Laurent à Mouthe, de telle facon que, tous les passages du sud étant fermés, l'armée française n'’eût plus d'autre moyen de salut que de se jeter en Suisse, où elle serait con- trainte de se neutraliser. Le colonel Liebe ne put s'établir aux Granges-Sainte- Marie, passage important, qu'après un combat acharné aux environs de Vaux, près du lac Saint-Point. Un autre passage aussi important, celui de La Planée, le long du même lac, fut 0 — —— (1) WARTENSLEBEN, pp. 66 et 57, — 122 — confié à la garde du général du Trossel, et il y eut là, entre ses troupes et les nôtres, un combat très vif où un bataillon français fut fait prisonnier. Le 30, à huit heures du soir, le village de Frasne (1) fut attaqué par surprise, et quinze cents hommes irrésolus se rendirent prisonniers à une forte colonne du 2° corps. On se figurerait difficilement la stupéfaction de l'armée française ! La consigne de l’armistice prescrivait de suspendre immédiatement les hostilités, et de ne faire aucun mouvement en dehors des lignes où chaque corps d'armée se trouvait au moment de la promulgation de cet armistice; néanmoins, toute l’armée allemande avait continué ses manœuvres, et venait surprendre l’armée francaise jusque dans les canton- nements où celle-ci demeurait immobile par respect pour les conventions, Ge fut alors que de tous les points qui lui parais- saient envahis contre toute loyauté, on vit s'avancer des parlementaires français vers les chefs des corps ennemis ou vers leurs lieutenants; mais, après certaines hésitations ou de vagues allégations de manque d'instructions de la part de la chancellerie allemande, le tout dans le bfitnon équivoque de gagner du temps, les parlementaires étaient enfin éconduits, à leur grand étonnement, et ils en manifestaient des signes non équivoques d’indignation. Le général Clinchant avait envoyé en parlementaire un officier supérieur au quartier général de Villeneuve : cet offi- cieren rapporta la réponse « que l’armée française avait à choisir entre un traité ou la continuation des hostilités. » Alors le général Clinchant envoya un nouveau parlementaire, le colonel Varaigne, avec mission de proposer une suspension d'armes de trente-six heures, afin que, dans l'intervalle, on pût avoir de Versailles un avis sur les prétentions élevées par le général en chef Manteuffel de considérer l’armée de l'Est comme exceptée de l'armistice. Ce dernier consentit à en (1) Entre Arbois et Pontarlier. — 123 — référer à de Moltke par un télégramme qui allait être adressé à Versailles, pendant que le colonel Varaigne en expédierait un autre à Bordeaux; mais Manteuffel prit soin d’ajouter que, jusqu'à l’arrivée de la réponse, « il lui serait impossible d'arrêter les opérations de l’armée du Sud (1). » Cette réponse arrivait au général Clinchant dans la mati- née du 31, et ce ne fut que le même jour, à quatre heures du soir, que le texte réel du traité de Versailles, envoyé par dépêche de Bordeaux, parvenait au même général et levait tous ses doutes, grâce au général Chanzy, lequel venait de transmettre à la délégation de Bordeaux ce même texte dont il avait dû la communication officieuse au prince Charles. En ce triste moment, notre malheureuse armée de l'Est en était réduite à atténuer, comme elle le pourrait, un inévitable dé- sasire. Croirait-on que ce fut seulement cinq jours après, c'est-à- dire le ? février, quele ministre Jules Favre communiqua au comité de défense de Bordeaux le propre texte de l’armistice ? Bismarck et de Moltke durent beaucoup en rire; car il n’y a rien de plus dur et de plus impitoyable que le cœur d’un ennemi secondé dans ses vues par les fautes d’un adversaire. Dans la soirée du 31, la division Schmeling arrivait à mar- che forcée de Nods et de Saint-Gorgon, et n'était plus qu’à dix-huit kilomètres de Pontarlier. Or le mouvement con- centrique, ordonné le 31, à quatre heures du soir, par Man- teuffel (2), allait.se compléter le lendemain pour surprendre cette ville. D'autre part, l’inertie de nos troupes, causée par la nou- velle d’un armistice illusoire pour l’armée de l'Est, avait permis ‘aux Allemands de se rendre maîtres du col des Planches et de la route de Saint-Laurent. Notre retraite pouvait encore s’opérer, dans la journée du 30, par la route (1) WARTENSLEBEN, pP. 62. (2) WARTENSLEBEN, pP. 63. e — 124 — secondaire de Chapelle-des-Bois; mais, le 31, une dernière information apprit que cette faible et dernière ressource nous échappait encore (1). Toutefois, la prudence et la circonspection n'avaient pas abandonné les chefs de notre armée dans cette situation des plus critiques. Ainsi, le général Bressolles, commandant du 24° corps, avait prévu l’importance du rôle que pouvait jouer le fort de Joux dans la défense; et, en effet, dès le 29 janvier, il avait songé à pourvoir le commandant de cette place d’un convoi important de munitions et d'une bat- terie de 12 rayée. Le garde d'artillerie Wagner avait fait placer trois de ces pièces en dehors du fort, sur la rampe, afin de battre le tournant de La Cluse. Deux autres pièces de 8 aussi rayées, et qu’on avait amenées au fort le 31 seulement, prirent place à côté des trois pièces de 12, et les unes et les autres furent masquées par des gabions remplis de neige et par des épaulements de neige arrosée d'eau, ce qui eut bientôt formé un mur de glace, car la température était de 12 degrés Réaumur au-dessous de zéro. La quatrième pièce de 12 fut braquée en face de la route des Verrières, et les deux autres prirent rang dans la troisième enceinte de la forte- resse, Le commandant de place ayant demandé à être ren- forcé en hommes, le général Bressolles lui envoya une com- pagnie du génie commandée par un capitaine et un lieutenant, Le chef d’escadron d'artillerie Ploton avait été aussi envoyé au fort avec 90 hommes, tant artilleurs que pontonniers, diri- gés par un Capitaine et un sous-lieutenant. Cependant la lutte sous Pontarlier n'étant plus possible et l’internement en Suisse devenant la seule chance de salut, l'avis en fut donné aux troupes, dans la journée du 31 jan- vier (?), par cet ordre du jour plein de tristesse et de dignité : (1) Rapport PERROT. (2) Un parlementaire avait été envoyé dès le 31 par le général en chef au général Herzog, commandant les forces de la Confédération — 125 — « Soldats de l’armée de l'Est ! » Il y a peu d'heures encore, j'avais l'espoir, j'avais même la certitude de vous conserver à la défense nationale. Votre passage jusqu'à Lyon était assuré à travers les montagnes du Jura. » Une fatale erreur nous à fait une situation dont je ne veux pas vous laisser ignorer la gravité. Tandis que notre croyance en l'armistice qui nous avait été notifié et confirmé à plusieurs reprises par notre gouvernement, nous recom- mandait l’immobilité, les colonnes ennemies continuaient leur marche, s'emparaient des défilés déjà en nos mains et coupaient ainsi notre ligne de retraite. » Il est trop tard aujourd'hui pour accomplir l’œuvre in- interrompue : nous sommes entourés par des forces supé- rieures ; Mais je ne veux livrer à la Prusse ni un homme ni un canon. Nous irons demander à la neutralité suisse l'abri de son pavillon; mais je compte, dans cette retraite vers la frontière, sur un effort suprème de votre part : défendons pied à pied les derniers échelons de nos montagnes; proté- geons les défilés de notre artillerie et ne nous retirons sur un sol hospitalier qu'après avoir sauvé notre matériel, nos mu- nitions et nos canons. » Soldats, je compte sur votre énergie et sur votre ténacité. : Il faut que la patrie sache bien que nous avons tous fait notre helvétique, et les conventions d’internement, arrêtées, dès ce jour, étaient signées le lendemain 1* février, à cinq heures du matin, aux Verrières-Suisses par les généraux Herzog et Clinchant. Le même jour, ce dernier télégraphiait à Bordeaux les lignes suivantes datées des Verrières-Françaises, vers deux heures après midi, au plus fort de la retraite de nos troupes : « Manteuffel m'ayant refusé une suspension d'armes de trente-six heures pour demander des explications à Ver- sailles, et l'ennemi menaçant de couper ma retraite même vers la Suisse, j'ai franchi les frontières. Le matériel a presque effectué son passage à l'heure qu’il est. Le général Billot couvre la retraite avec trois divisions du 18° corps. » — 126 — devoir jusqu'au bout et que nous ne déposons les armes que devant la fatalité. » A peine avait eu lieu la promulgation de’ ce manifeste, qu'il s’opéra dans l’armée française une vraie débandade pen- dant toute la soirée et la nuit du 31 et le lendemain {1% fé- vrier. On vit alors, le long de la chaîne du Jura, des colonnes de troupes désorganisées, affamées, privées de tout et à peine vêtues, se frayer un difficile passage au travers des neiges amoncelées. Les chemins de Pontarlier à la frontière suisse, particulièrement la principale voie par le Franchourg, et les Verrières, la route des Fourgs et celle des Hôpitaux, étaient encombrés d'hommes, de voitures et de chevaux : beaucoup de ces animaux crevaient tout attelés; d’autres, rodant à l'a- venture, rongeaient, pour apaiser leur faim, l'écorce et les branches des arbres. Notre malheureuse armée de l'Est en était arrivée à la période la plus lamentable de ses calamités; car, de Besançon à Pontarlier, et de ce dernier point surtout aux divers lieux de refuge où elle tendait, les routes étaient jonchées d'un grand nombre de nos pauvres soldats succom- bant sous toutes les souffrances; et, pendant ces scènes déso- lantes, le gouvernement des hommes nouveaux chantait vic- toire pour illusionner la France. L’artillerie rencontrait dans certains trajets des obstacles infranchissables: ce fut ainsi qu'il fallut laisser, après les avoir enclouées, quarante pièces de canons dans les fondrières de Chapelle-des-Bois, et noyer les poudres dans la neige. Le même jour, {°° février, Manteuffel avait fait prévenir par un parlementaire qu'il entrerait à midi à Pontarlier et qu'il bombarderait la ville si, à cette heure-là, il s’y trouvait en- core des troupes françaises. Alors les dernières colonnes de ces troupes, c’est-à-dire les dix mille hommes d’arrière-sarde du général Billot, quittèrent la ville et se disposèrent à cou- vrir la retraite de notre armée. Le général Billot établit son quartier général au Chdlet, fruitière adossée au rocher qui sert de base au fort du Larmont. Le mercredi 1 février, vers midi et demi, 70,000 hommes de l’armée allemande du Süd étreignent le pourtour de Pon- tarlier, y pénètrent par les six voies indiquées précédemment et y convergent avec une remarquable précision. Ils y arri- vent à l'heure dite. après être partis de divers points. Leur général en chef Manteuffel, venant par Bonnevaux, La Ri- vière et les Granges-Narboz, entre à Pontarlier en suivant la rue Morieux et celle de la gare : c'était le signal de l'en- vahissement de la ville et des alentours par l'infanterie, la cavalerie et l'artillerie. Ces troupes signalent leur présence par un sinistre tumulte de cris barbares, de hourras et de détonations d'armes, système ordinaire d'intimidation de la part des soldats allemands dans leurs prises de possession. En un instant, tous les abords, et principalement la Grande-Rue, sont obstrués, ainsi que chaque maison où l'ennemi s’installe par groupes tellement disproportionnés aux espaces que les chefs de familles, contraints de céder toute leur demeure, n'ont plus chez eux qu’un coin obscur et dédaigné pour se réfugier, eux, les leurs et les domestiques, dans un pêle-mêle indescriptble. Une partie de la population aisée s'était enfuie en pays neutre. Les portes de leurs maisons furent forcées. Vers une heure après midi, le régiment prussien Royal- Colberg, de la 7e’ brigade d’infanterie, major-général du Trossel, commence l'offensive contre la réserve française; mais il est accueilli, dès sa sortie du faubourg, par une vive fusillade des nôtres qui disputent pied à pied leur ligne de retraite et vont se concentrer au tournant de La Cluse. Sur la route qui y mène, la marche de l'ennemi est entravée par un encombrement de voitures abandonnées, d’équipages de trains hors de service, d'armes brisées et de chevaux moïts. D'autre part, la mitraille et les boulets des grosses pièces d'artillerie du fort de Joux balayent le milieu de la voie, et quelques projectiles arrivent jusqu'aux premières maisons du faubourg Saint-Etienne et vers la gare. Toutefois les Allemands peuvent faire deux mille prisonniers parmiles — 128 — retardataires de l’armée française ; ils les entassent dans l’é- glise, où la population leur porte des vivres. Cependant, em- barrassés eux-mêmes par tous les obstacles qu'on vient de signaler, ils essaient de se frayer un passage sur Jes accote- ments de la route où, d’une part, ils abattent les arbres, et, de l’autre, embossent de l'artillerie pour lancer des obus sur le fort de Joux. Ils ne peuvent l'apercevoir ; mais, au moyen de signaux précis donnés en face et à distance par leurs artil- leurs, ils parviennent à diriger, au moyen d’un tir paraboli- que, leurs obus sur ce fort dont la toiture est bientôt endom- magée et où l'incendie est menaçant. Toutefois, ne pouvant tenir sur cette voie labourée par le feu incessant des forts, le régiment Royal-Colberg essaie de nous tourner par les défilés adjacents. Ses nombreux convois de blessés, amenés en ville pendant le cours de la journée, ont attesté les mauvaises chances de ces diverses tentatives (1). Les tirailleurs ennemis ripostent vivement aux nôtres qui, s’'échelonnant soit sur la lisière droite de la route de La Cluse, soit sur les hauteurs ou sur les flancs des collines de gauche, - (1) Une multitude de blessés prussiens étaient amenés en ville, et l'hôpital en regorgeait. Dans ce terrible instant, nos blessés français, arrachés de leurs lits par la menace du sabre et victimes d’un impi- toyable égoïsme, s’enfuyaient en chemises, et avec de pénibles efforts, au premier étage de l'hospice. Là, jour et nuit, ils reçurent les soins les plus assidus de la part des hospitalières, aidées dans leur admirable tâche par ME. D..., aussi dévouée à l’hospice que dans sa propre de- meure remplie aussi de blessés. Parmi eux, il s’en trouvait plusieurs ayant les pieds gelés et dont les chairs noircies tombaient en lam- beaux. On adoucissait leurs souffrances par des compresses et des liniments de toutes sortes. Les bonnes religieuses et leur compagne assidue consolaient ces infortunés par de rassurantes paroles, vrai baume de la charité, et se voyaient bénir par eux soit du geste, soit de la voix. Trois ambulances prussiennes s'étaient installées à l’ancien couvent des Augustins, et une quatrième au collége, pendant que des ambu- lances françaises s’établissaient chez les religieuses de Saint-Maur, chez celles de la salle d’asile et chez les Frères des écoles chrétiennes. Partout on rivalisait de zèle et du plus louable empressement. — 129 — soutiennent avec intrépidité la retraite de l’armée française. Cependant le régiment Royal-Colberg avait recu des ren- forts, dont un gros détachement, guidé par des chefs connais- sant jusqu'aux moindres sentiers de ces montagnes (1), s’en- gage dans l'étroit et rocailleux Chemin des canons, ainsi dé- nommé parce que, en 4814, les Autrichiens, pour éviter les forts, avaient fait passer leur artillerie par cette rampe. Le but du principal détachement dont on parle était également de tourner les forts; mais, pendant que l'ennemi explorait ainsi une voie qui pouvait lui permettre de surprendre l’arrière-garde française par derrière, une colonne de nos troupes s'était engagée dans un défilé du Larmont, afin de gagner les Verrières. Cette colonne, toutefois, guidée par des officiers qui n’avaient pas étudié les cartes et ne connais- saient rien des lieux où ils s'étaient hasardés, errait plutôt qu’elle n’avançait. Cependant un officier (®) connaissant le pays indiqua la véritable route. Dans ces moments d’hésitation, la colonne francaise fut rencontrée et attaquée à l’improviste par les Allemands : elle perdit du monde, mais aussi le Chemin des canons fut semé de cadavres prussiens. Enfin nos Français, mieux guidés, purent continuer leur retraite, et alors la colonne ennemie se placa en groupes de tirailleurs sur le sommet des pentes boisées dominant la route de La Cluse, et dirigea son feu sur ceux des nôtres qui se retiraient lentement sous les forts, afin de soutenir la retraite de notre armée. Toutefois les intré- pides compagnies de marine de l’amiral Pallu de la Barrière, aidées de francs-tireurs et de soldats de la ligne, ripostaient vivement au feu des tirailleurs ennemis, et la mitraille des forts décimait les groupes de ces tirailleurs jusque dans les \ (1) Quand ils manquaient de cartes topographiques, ils s’'emparaient des gens des localités, et, soit par menaces, soit autrement, ils se fai- saient diriger par tous chemins. (1) Le capitaine Girard, - — 130 — plus épais fourrés où ils cherchaient des abris. Les boulets lancés contre eux du fort du Larmont coupaient en deux les plus robustes pins de ces hautes collines. Ce fort rendit, pendant la retraite, les plus signalés ser- vices. La veille encore, il était faiblement armé et dé- pourvu de garnison; mais l'ennemi s’aperçut bientôt qu'il fallait compter avec ce fortin, et le réputa muni, à l'instar de son pendant le fort de Joux, de toutes les ressources de la défense. La Fauconnière est une éclaircie dans le bois de sapin d'une colline placée sur la rive gauche du Doubs en face des forts. L’ennemi songea un instant à y braquer de l'artillerie, mais il fut rebuté par les difficultés de l'installation. Sous ce contrefort de la Fauconniére se trouve le village d'Oye. Un détachement prussien y était venu par un défilé du Laveron, haute montagne boisée qui sépare le bassin de Chaux- d'Arlier, du vallon d'Oye et de Saint-Point; mais il en fut bientôt délogé par deux compagnies de troupes françaises et par le canon du fort de Joux. C'est au dévouement du 18° corps, commandé par le géné- ral Billot et composé de troupes régulières, que l'armée en retraite dut son salut. Trois régiments, le 29° de marche, le 38° de ligne et un régiment d'infanterie de marine, soutenus par trois batteries de 8 et formant une deuxième réserve sous les ordres de l’intrépide amiral Pallu de la Barrière, partagè- rent avec la division Billot l'honneur de braver la mort pour arrêter l'ennemi sur la lisière des territoires français et hel- vétique. Ces solides phalanges déployèrent leurs redoutables batail- lons, des Verrières de Joux à La Cluse, au val d'Oye gardé par le général Brémond-d'Ars, et jusque sur les hauteurs des Fourgs qui mènent à Sainte-Croix, première localité suisse. Elles occupaient tous les passages par où l'ennemi pouvait essayer de nous tourner. Fransecki pensait d'abord nous atteindre et nous couper la retraite au delà de l’étroit défilé — 131 — de La Cluse (1), et, à cet effet, il avait ordonné à la 5° brigade d'infanterie de rebrousser par les Granges-Narboz, Oye, Saint-Point et les Granges-Sainte-Marie, pour gagner Jou- gne; mais il comptait sans Les forts et sans la vigueur de nos généreux soldais, dont les regards se tournaient en ce moment vers la France comme pour lui vouer tout le sang de leurs veines et lui faire un solennel adieu. Un instant indécise sous l’'épouvantable feu d'un innom- brable ennemi, une partie de la réserve est ramenée sur les pentes du col de La Cluse par l'amiral Pallu de la Barrière: le reste s’y rallie bientôt, et l'ennemi recule à son tour; mais ce succès des nôtres est chèrement acheté par la perte de trois de nos plus vaillants officiers. Ic1 la ruse est essayée par l'ennemi en face d’une telle résistance. Il envoie un parlementaire qui, s'adressant au général Robert, essaie de lui persuader que sa division est tournée et qu'il ne lui reste plus qu’à déposer les armes. « Pardon, réplique le général, il nous reste à mourir, Quant à vous, je vous donne dix minutes pour rejoindre votre quartier. » à En ce moment, le 42° et le 44° demarcheferment le passage de Joux et rendent vains les efforts des Allemands pour le franchir. Le 92° de ligne s'embusque sous bois pour répondre au feu plongeant de l'ennemi; les soldats du génie font, des maisons de La Cluse, autant de forteresses, et l'amiral Penhoat enlève à la baïonnette les plateaux voisins des forts. Il avait recu le baptème de la gloire à Sébastopol, et, comme Bayard, il avait mérité l'épithète d'homme sans peur. Les compagnies du Tarn et de l'Allier et le 52° de ligne se distinguèrent dans (1) Une seule de nos colonnes fut entamée : la tête de ces troupes se dirigea vers Mouthe et la queue rebroussa vers Jougne. Plusieurs de nos soldats de cette seconde fraction ayant abandonné les chemins connus pour prendre la traverse, croyant ainsi abréger leur route, se jetèrent sur les flancs du Mont-d’'Or et dans la grande forêt du Risou, où ils périrent de faim, de lassitude et de froid. — 132 — cette vigoureuse offensive engagée vers la fin du jour. Alors la retraite de l’armée française était assurée, et, quand la nuit vint, une ligne épaisse de cadavres allemands marquait les limites que l'ennemi n'avait pu franchir. Un silence qu'on peut appeler relatif (1) se fit alors dans les mille échos de ces montagnes où retentissaient tout à l'heure les coups incessants de la fusillade et l’effroyable fracas répercuté du canon. Treize cents Français avec le commandant alsacien Gorincourt, qui n'aurait plus eu de patrie, et avec les officiers supérieurs Saint- Aulaire et Achilli, scellèrent de leur sang le salut et l'honneur de toute l'armée. Le Corse Achilli, lieutenant-colonel au 44° de marche, s'était dérobé aux douces étreintes de sa famille en disant à sa chère petite Marguerite : « Oh! ma fille, prie bien Dieu pour que nous puissions sauver notre pauvre France! » Affaibli par deux récentes blessures recues en d’autres champs de bataille, et ne pouvant tenir son épée, il s'était fait hisser sur son cheval pour continuer le commandement et offrir à son pays le reste de sa généreuse vie. Le général Billot, appréciant l’intrépidité de ce chef, l'avait mis au poste le plus périlleux. Dans un moment, le 44° hésitait, et l'heure était suprème. Alors voici le rapide dialogue qui s'établit entre ce colonél et ses soldats : « Qu'avez-vous donc? vous vous plaignez! — Mais nos camarades passent en Suisse! — Eh bien! c’est votre gloire de rester en France. — Mais nous allons nous faire tuer! — Sans doute, c'est ce que je vous disais, vous resterez en France. » — 11 n'avait pas plus tôt proféré ces im- mortelles paroles qu'une balle ensevelissait dans son triomphe (1) Le canon des forts tira pendant toute la nuit et les jours suivants, à certains intervalles. L’ennemi, craignant d’être délogé de la ville par les obus, fit visiter toutes les caves afin de s’y réfugier en cas de bom- bardement, — 133 — cet autre Léonidas dans ces autres Thermopyles. « C'était le plus brave de l’armée : » telle à été la simple et laconique orai- son funèbre prononcée par tous ses camarades (1). Au général Billot revient à juste titre l'honneur d’avoir dirigé le 18e corps et la réserve qui protégèrent si efficace- ment la retraite de l’armée francaise, en tenant ferme aux Verrières, à La Cluse, au val d'Oye, pendant que les forts de Joux etdu Larmont foudroyaient l'ennemi vers l'étroit pas- sage qui est sous leur base. Ces déux forts ont été, en effet, de puissants auxiliaires de la défense : celui de Joux était sous la direction d’un chef énergique, le commandant Ploton, aidé du commandant Petitjean et du garde d'artillerie Wagner. A divers intervalles, du 4% au 3 février, le commandant Ploton déjoua les ruses de l’ennemi qui, sous prétexte de relever et d’enterrer les morts, à la faveur d’une suspension d'armes, venait choisir des points d'attaque et y installait de l'artillerie : aussi, cha- que fois qu'une colonne d'attaque tentait de surprendre ainsi le fort, elle était sûre de rentrer bientôt en ville avec un convoi de morts et de blessés et ses pièces démontées (?). Le fort du Larmont lutta de bons services avec son puissant voisin le fort de Joux, et, lorsque l'ennemi croyait le premier sans défense, il ne put le tourner, car tous les sentiers par où (1) Le noble et généreux caractère de cet officier a inspiré à M. l'abbé BEssox, aujourd’hui évêque et à juste titre, une belle pensée dans son oraison funèbre de La Cluse; c’est celle-ci : « La balle donne des ailes à l'âme du soldat chrétien pour s'envoler d’un trait dans le sein de Dieu. » — L’éloquent orateur n’a eu garde non plus d'oublier cette hé- roïque jeune fille lorraine, qui chercha son frère parmi les morts sur le champ de bataille de La Cluse, touchant épisode qu'un ami de la France, M. Jules JURGENSEN, avait précédemment narré avec émotion dans une séance publique de la Société d'Emulation du Doubs, à la- quelle assistait Mgr le duc d'Aumale (18 décembre 1873). (2) « Durant toute la journée du 2? février, les batteries des forts de Joux et du Larmont ne cessèrent pas leur feu, et le continuèrent à intervalles à peu près réguliers pendant plusieurs jours. » (WARTENS- LEBEN, P. 73). — 134 — il exerca cette tentative furent rougis de son sang et semé de cadavres des siens. Un menuisier de Saint-Pierre-La-Cluse, Léandre Merchet, ancien artilleur, et alors portier-consigne de ce fort, pointait les pièces avec une sûreté de coup d'œil peu commune. Le 1° février, au moment où le dernier bataillon de l’ar- rière-garde francaise parvenait à la gorge de La Cluse, le commandant, qui appréhendait' une tentative de l'ennemi sur le fort du Larmont, donna ordre au capitaine Malespine de s’y rendre en toute hâte avec sa compagnie et par le che- min le plus court, c'est-à-dire en suivant l’arête des roches. Tout aussitôt la compagnie s'engage résolument dans une neige profonde et escalade la pente presque à pic conduisant au plateau (1). Une fois arrivée là, il restait à l'intrépide petite troupe une distance assez grande à franchir pour atteindre au fort, et les Allemands la talonnaient vivement par der- rière. Dans cette situation critique et par une soudaine résolution, le capitaine Malespine détache de sa compagnie douze hommes de bonne volonté pour arrêter l'ennemi et permettre ainsi au reste de la compagnie d'arriver au fort. En un instant cette courageuse escouade se poste et s’orga- nise : un petit mur forestier, placé au-dessus du Chemin à ca- nons par où montaient trois cents Prussiens, sert d'épaule- ment à nos braves, qui, le genou à terre, l'œil au guet, et ayant leurs cartouches étalées à leurs pieds, dirigent un feu continu et meurtrier sur l'ennemi à brûle pourpoint. Les Allemands ne s’attendaient pas à être assaillis d'aussi près, et, dans leur premier étonnement, rétrogradent sur leur gauche. Cependant ils avaient riposté par un feu terrible, comme s'ils avaient eu affaire à une force imposante, et plu- sieurs d’entre leurs intrépides assaillants, frappés à la tête au moment où ils faisaient feu, furent retrouvés le long du mur dans leur position de combat. Ceux qui restaient franchirent (1) Episode de la querre de 1870, par Théodore Carpor. — 135 — l'escarpement du plateau pour joindre leurs adversaires, et là, à ciel ouvert et sans muraille protectrice, ils recommencè- rent le feu. Bientôt ils tombèrent tous criblés de balles ; mais au moment même de ce dévouement héroïque, leur compa- gnie, sauvée par eux, entrait au fort du Larmont et vengeait leur mort. C'est en lettres d'or gravées sur un monument commémo- ratif quil faudrait rappeler ce généreux sacrifice offert à la patrie ! Huit jours après l’holocauste de ces glorieuses victimes et aussitôt que le capitaine Malespine put sortir du fort, il chercha quelque indice de ses hommes, et, ayant trouvé la trace de leur sang généreux, il fit creuser deux fosses, l’une au pied du mur forestier et l’autre à l'endroit du plateau qu'on vient de signaler. Un peu plus tard, un autre pieux visiteur, le commandant du bataillon d'arrière-garde, celui qui avait donné à la com- pagnie l'ordre de gravir les pentes menant au fort, posa sur les tombes deux branches de sapin disposées en croix. A ces simples témoignages s'est borné jusqu'ici l'hommage dû à à une des gloires tes plus rares et les plus pures que doive recueillir l'histoire. Puisse la ville de Pontarlier, qui abrite tant de cœurs généreux, avoir la pensée d’ériger deux monu- ments commémoratifs du noble dévouement de ces douze braves, aux lieux même où ils sont tombés! Cette initiative serait digne d'elle. Les masses de notre armée en retraite, en se précipitant vers la Suisse, se répartirent sur trois principaux débouchés : celui des Verrières conduisant à Neuchâtel, celui des F ourgs et de Sainte-Croix aboutissant à Yverdon, et celui de Jougne menant à Orbe et à Lausanne. Des officiers suisses avaient été délégués par le général Herzog pour procéder au désarme- ment des troupes francaises au moment de leur internement; et, parmi nos officiers, les uns déposaient leurs épées sans autre marque d'émotion que celle de respirer l'air d’un pays — 156 — libre ; d’autres, les plus anciens surtout; ne se séparaient de leurs armes qu'avec un profond déchirement de cœur. Honneur à la brigade de réserve commandée par le brave amiral Pallu de la Barrière et composée du 29° régiment de marche, du 38° régiment de ligne, d’un régiment d'infanterie de marine, du ?° régiment de marche des chasseurs d'Afri- que et d'une partie du 5° lanciers (1) ! Ces valeureuses troupes, qui sont restées les dernières sur le champ de bataille pour soutenir la retraite de notre armée, tinrent bon au col de La Cluse pendant six heures, et protégèrent aux Verrières le passage de l’artillerie et des bagages. Quand la nuit tombait et que le salut de notre armée venait d'être assuré par leur dévouement, elles se jetaient dans les montagnes du Jura et un certain nombre refusait de s'interner en Suisse. La division d’Ariès put atteindre Gex au travers d'obstacles infinis (?). I] résulte d’une dépêche du général Busserolles (3) que, de toute sa division, trente officiers ou soldats seule- ment ont gagné Gex en se plaçant sous les ordres du général d’Ariès. Trois régiments de la réserve, amiral Pallu en tête, ont marché jour et nuit militairement, en colonnes et en armes, à travers mille dangers, fondrières et précipices. Elles longeaient les lignes prussiennes, et ne débouchèrent dans la vallée du Rhône qu'après douze jours de marches forcées (4), Le colonel des corps francs, Bourras, put gagner Bourg en partant aussi à marches forcées des environs de Saint-Hippo- lyte (5). Le général Cremer parvint aussi à Bourg, ainsi que l'indiquait une dépêche du général d'Ariès qu'on trouve aux pièces justificatives du rapport Perrot (6). (1) WARTENSLEBEN, p. 96 (2) Voir, aux pièces justificatives du Rapport PError (p. 800), la dé- pêche du général de division d’Ariès. (3) Zbid., p. 802. (4) /bid., p. 806. (5) Zbid., p. 805. (6) Zbid., p. 802. — 137 — L'armée de l'Est, accueillie avec le plus sympathique inté- rêt par les Suisses, fut répartie entre les différents cantons de la Confédération, selon le chiffre de la population de chacun d’eux (1), et aussitôt un emprunt fédéral de vingt millions eut lieu par souscription publique pour subvenir aux dé- penses nécessaires de quatre-vingt-cinq mille Français qu’un sort malheureux jetait sur le sol hospitalier de la Suisse (). Cette fatale débâcle, sous un ciel glacé et sur une terre encombrée de neïge, est le drame le plus émouvant et le plus terrible de la guerre d’invasion de 1870; c'est le lugubre pendant de la funeste retraite de Russie en 1813. Deux Na- poléon ont attaché leur nom à ces effroyables catastrophes. Tout au début de la retraite de notre armée, les premières localités de la Suisse placées sur son passage, comme Fleu- rier, Motier, Couvet et autres lieux du val de Travers, conçurent un grand effroi de l'apparition subite de tant d'hommes dont la marche était fiévreuse et précipitée. C'é- tait à qui semploierait avec le plus d’empressement à leur porter des bouillons, du pain, de la viande, du vin et toutes sortes de vivres et de reconfortants. Une dame, qui résidait alors dans la gentille petite ville de Fleurier, pressée de con- (1) Voici le tableau de la répartition des troupes françaises : Zurich, 11.000 hommes; Berne, 20.000; Lucerne, 5.000; Uri, 400; Schwitz, 1.000; Unterwalden : Obwalden, 400; Nidwalden, 300; Glaris, 1.000; Zug, 700; Fribourg, 4.000; Soleure, 3.000; Bâle-Ville, 1.500; Bâle-Campagne, 1.500; Schafhouse, 1.200: Appenzell, 1.700 ;Saint-Gall, 7.000; Grisons, 1.000; Argovie, 8.800; Thurgovie, 3.900; Vaud, 8.000; Valais, 1,000; Neuchâtel, 1.000; Genève, 1,500. — En tout, 84,900 hommes. * (2) Le département militaire de la Confédération suisse a fait publier un rapport des plus circonstanciés, rédigé par M. le major D. Davazz, sur l’internement des troupes françaises en Suisse à la fin de la guerre franco-allemande en 1871; Berne, 1873, in-4°. 315 pp., avec une carte et plusieurs tableaux. — Sur la demande de M. le bibliothécaire Castan, obligeamment présentée par M. Th. Ziegler, alors président du Conseil national suisse, la Chancellerie fédérale a bien voulu offrir à la biblio- thèque de Besançon un exemplaire de cet important document. — 138 — gédier de son domicile plusieurs soldats pour faire place à un général et à son état-major, s'y refusa, en disant qu'il fallait avoir pitié des pauvres soldats, parce qu ils ont moins leurs aises que les chefs (1). D'après un récit daté d'Yverdon le 12 février, les troupes françaises qui arrivaient sans armes et par groupes dans les villes de la frontière ouest de la Suisse, ressemblaient à des hordes de mendiants, tant elles étaient affamées et couvertes de haillons ou de lambeaux de vêtements. Elles se jetaient sur les vivres qu'on leur apportait de toutes parts, et plusieurs malheureux soldats suffoquèrent, victimes d’une voracité sans exemple et dont les animaux seuls donnent le spectacle dans l'état sauvage. Un grand nombre avaient dans leurs sacs de la chair de cheval; mais poursuivis et harcelés sans relâche par l'ennemi, elle leur avait été inutile ou s'était corrom- pue. On apportait de partout des brancards qu’on chargeait de mourants et de blessés, ou de ceux qui, ayant les pieds gelés, restaient sur les chemins. D'humbles et charitables paysans suisses se dépouillaient de leurs souliers pour les donner à nos soldats, et s’en retour- naient pieds nus dans leurs chaumières. Parmi la multitude des internés, il s’en réfugia trois cents dans la petite ville de Grandson. Ils se couchaient deux à deux et pieds contre pieds sur un même banc de bois. Pendant plusieurs jours, depuis le {er février, des troupes de dix à quinze mille hommes traversaient Lausanne pour se rendre dans les cantonnements à elles assignés par la Confédération. Partout sur leur passage, les églises, les colléges, les manèges étaient transformés en lieux de casernements. De la paille accumulée sur les dalles et des couvertures apportées de toutes les maisons, constituaient les lits. Sur les divers points (1) On impute cette généreuse et charitable parole à une dame P....., épouse d’un riche distillateur. SAR ET ur de leur passage, les populations attendaient nos soldats pour les secourir de vêtements, de chaussures, de linge et de vivres. Les femmes surtont étaient, comme toujours, admirables de dévouement : c'était, de leur part, à qui porterait avec le plus d’empressement des bouillons et des cordiaux à ceux des nô- tres qui succombaient de fatigue ou d’épuisement : jour et nuit elles bravaient la neige et un froid norvégien, tant elles étaient mues de l'esprit de charité et de compassion en face d'aussi grandes misères et du courage malheureux. Dans les colléges , une généreuse et active jeunesse rivalisait de soins avec les infirmiers. L'évêque de Lausanne, Mr Marilley, en- voya trente paire de draps. A Fribourg, où des centaines d'hommes arrivaient les pieds et les mains gelés, de braves montagnards transformaient en marmites à soupes leurs vastes chaudières destinées à cuire le laitage. À Neuchâtel, on fit servir ces mêmes récipients pour préparer du vin chaud sucré, afin de ranimer les forces défaillantes de nos pauvres soldats. Les dames de Neuchâtel, ci-devant sujettes de la Prusse et appréhendant sans doute de le redevenir, veillaient pendant toutes les nuits afin d'être toujours prêtes à prodiguer leur$ soins aux arrivants. Elles entouraient de compresses et de coton les pieds et les mains paralysés par le froid. La Suisse entière rivalisait de commi- sération et d’efficaces secours. La riche cité de Genève assista nos troupes de tout le confortable possible : elle les chauffa et les éclaira au gaz; de charitables dames les comblèrent de dons. On vit aussi de simples ouvriers passer les nuits à leur confectionner des chemises et consommer dans ce dévoue- ment leur modeste pécule. Tous nos Français ressentirent, dans cette noble ville, les salutaires effets du zèle apostolique de l’évêque d'Hébron. Quelle protestation éloquente, de la part d’une si généreuse nation, contre la guerre d’'extermination faite à la France et contre l'indifférence des autres puissances européennes assis- tant froidement à notre ruine, tout en faussant, au préjudice , — 140 — de leur intérêt mal entendu, la véritable voie de leur poli- tique! Aux cris de vive la France! se mêlant à l’effusion de l’hos- pitalité helvétienne, nos soldats étouffaient de sanglots et acclamaient aussi la Suisse dans un mouvement spontané de gratitude et d'admiration. — 141 — CHAPITRE XVI SOMMAIRE. — Manifeste de Manteuffel. — L'armée allemande quitte Pontarlier et échelonne ses cantonnements dans la direction de l’ouest. — La nouvelle de l'armistice paralyse les mouvements de l’ar- mée des Vosges comme elle avait paralysé ceux de l’armée de l'Est. — Proclamation violente et outrageuse de Garibaldi contre laquelle proteste l’évêque et tout le clergé de Dijon. — Cette ville est envahie de nouveau après le départ des troupes de Garibaldi et imposée à un million. Le ? février 1871, tout était terminé contre notre armée de l'Est; car les chefs de corps de l’armée allemande annon- caient au quartier-général qu'ils ne trouvaient plus devant eux aucunes forces françaises. En effet, sur ce dernier et hé- roïque champ de bataille de La Cluse s'était exhalé le dernier soupir de nos braves de France, comme celui de Roland à Roncevaux, entouré de victimes de sa noble vengeance et n'ayant plus qu’un troncon de sa formidable épée. Le même jour, Manteuffel datait de Pontarlier un mani- feste triomphant et qui formait contraste avec celui où le gé- néral français avait accepté avec tant de noblesse la fatalité du sort. ’ Le quartier-général allemand, où s'étaient concentrés dans la petite ville de Pontarlier les trois principaux chefs, Man- teuffel, Zastrow et Fransecky, commença dès lors à se dis- soudre. Le 7e corps échelonna ses cantonnements dans la di- rection de l’ouest; le 2° corps se retira vers Arbois et Lons- le-Saunier ; et toutes ces troupes n'exécutèrent que de courtes marches, dans le but de ménager leur repos. La 4e division — 142 — de réserve, sous les ordres du major général Schmeling, con- tinua seule d'occuper Pontarlier et les environs (1). Pendant ces mouvements de l'ennemi dans les départe- ments du Doubs et du Jura, que se passait-il au centre de la Côte-d'Or ? Le 27 janvier au matin, le gouvernement de Bordeaux avait télégraphié à Garibaldi, qui venait de recevoir de nombreux renforts en hommes et en artillerie, de se porter sur les der- rières de l'ennemi, dans la forêt de Chaux, par exemple, entre Quingey et Dole; d'enlever cette ville et de placer ainsi les deux corps de l'armée allemande entre lui et Clinchant. De cette manière, affirmait-on dans l'infaillible cabinet de Bor- deaux, l'ennemi allait être mis dans l'impossibilité d'inquiéter sérieusement la marche du général en chef de l’armée de l’Est. C'était ce plan, sans doute, qui inspirait au ministre Jules Favre une confiance si irréfléchie ct qui fut si fatale à cette armée. Garibaldi donna l’ordre d'occuper la forte position du mont Roland, en face de Dole, et fit ainsi temporairement évacuer cette ville par la garnison ennemie qui, ne se croyant pas en force, remonta vers Pesmes. Le général de l’armée des Vosges était enfin parti pour Dole, lorsque la nouvelle de l'armistice vint le surprendre en route et l’arrêta court. Il resta dans l'immobilité pendant que l'ennemi refluait sur cette place. Il revint à Dijon où l’on n’eut connaissance que le dimanche ?9, à trois heures après midi, du traité conclu la veille à onze heures du soir entre l'habile diplomate Bismarck et l'avocat ministre Jules Favre (?). mm te om 17 mt me (1) WaARTENSLEBEN, P. 71. (2) À la suite de cet armistice de vingt-un jours, on sait à quelles dures conditions furent arrêtés à Versailles, le 26 février, les prélimi- naires de la paix. Cette paix fut signée à Francfort-sur-le-Mein, le 10 mai suivant. Une convention additionnelle fut signée au même lieu le 11 septembre 1871 et adoptée par l'Assemblée nationale le 9 janvier 1872, — 143 — Tout aussitôt Garibaldi afficha sur les murs une protesta- tion violente contre la paix, et fit une sortie furibonde contre les prûtres et les riches. Cet odieux et incohérent langage démontrait qu'un état de guerre permanent est la vraie condition d'existence des bandes de ce condottiere , habituées à la licence et à un despotisme brutal, comme les grandes compagnies d'autrefois (1), et promptes à imposer leurs douteux services à l'un ou l’autre des partis, soit dans les divisions intestines d’un même peu- ple, sôit dans les guerres internationales. Toutefois, il est bon que l’histoire enregistre Le faux et per- fide langage de ces rôdeurs de guerre qui, en se faisant les fauteurs d’un régime politique violent, compromettent chez un peuple la cause et la durée du drapeau qu'ils prétendent servir. La proclamation suivante de Garibaldi, affichée le 30 jan- vier sur tous lès murs de Dijon, est un exemple entre mille du genre de propagande furieuse qui animait ces bandes et leur chef. RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. Liberté, Egalité, Fraternité. COMMANDEMENT GÉNÉRAL DE L'ARMÉE DES VOSGES. Aux habitants de la Côte-d'Or! « Appelé par le gouvernement de la République à la dé- fense de votre beau pays, j'invoque votre coopération. » Croyez-vous que ce que nous faisons étant dix, nous ne le ferions pas mieux étant cent? » Croyez-vous que chassant l'ennemi d’ici à vingt jours, vous ne souffririez pas moins qu'en le chassant dans vingt mois ? » Il est inutile d'y penser si vous prêtez confiance aux pa- 6 à ee + + 0 (1) Tard-venus où Malandrins qui désolèrent la France au xiv° siècle, — 144 — roles du prêtre qui n’a point de patrie, et qui fait aujourd'hui la cour à Guillaume , le nouveau chef du Saint-Empire, chef de la vieille rubrique trône et autel, c’est-à-dire chef des im- posteurs et des brigands. » Inutile aussi d'écouter ces riches et ces puissants, dont la majeure partie, énervée par vingt années de sybaritisme et habituée à vivre dans le luxe et la débauche, ont peur de voir leurs châteaux ruinés et leur cantine mise à sec par les insa- tiables soldats du nord ; inutile! » La France ne pliera pas le genou devant l'étranger, sur- tout quand cet étranger ravage, désole et souille le sol de la patrie, quand les soldats du despotisme détruisent vos récoltes et votre bétail, brülent vos villages, souillent votre foyer do- mestique, et violent vos femmes et vos filles. » Ilest inutile d'y penser et de se laisser bercer par les espérances d’une paix qui ne serait qu'un esclavage déguisé. La paix comme la veut Bismarck, c’est-à-dire avec la France à genoux, la France transformée en province du Saint-Empire d'Allemagne, ne se fera pas, et celui qui la conseillerait vouerait son nom à l’exécration de la postérité. Celui qui la conseillerait, cette paix infamante, serait déchiré comme sont déchirés par les chiens et les vautours les cadavres dont Guil- laume se plaît à couvrir le sol de la France. » La Côte-d'Or, qu'on nomme à juste titre la Côte-de-Fer, doit donner l'exemple aux populations sœurs de la France, et leur prouver que les envahisseurs ne dévastent que les pays dont les populations n'ont pas le courage de résister et de les chasser. » Vous m'avez honoré de votre confiance, et je compte sur vous comme sur l'acier des armes de nos braves! » Signé : GariBALDI. — Et plus bas : BORDONE. » Cette proclamation, en calomniant les riches qui sont pour la plupart, en France surtout, les patrons accordés par la Providence à tous ceux qui se respectent eux et la société — 145 — dans la sainteté du travail, cette proclamation outrageait le clergé en général et celui de la ville épiscopale en particulier. C'était une énormité, surtout en face de l’inépuisable charité dont tout le clergé de Dijon avait fait preuve dans les ambu- lances, dans les hôpitaux et jusque sur les champs de bataille, où l'étranger même acclamait tant de dévoñment et d’abné- gation. Quoi qu'il en soit, M£' l’évêque de Dijon et son clergé crurent devoir protester immédiatement contre un pareil ou- trage, et le firent en des termes retenus qui les honorent et auraient fait sans doute impression sur l’esprit et sur la con- science de MM. les ministres de la guerre et des cultes alors en exercice, s'ils n'avaient pas eu à ménager tous les furieux de leur parti. L'histoire ne saurait passer sous silence la digne et écla- tante protestation de ME l’évêque de Dijon; la voici textuel- lement : « Dijon, le 31 janvier 1871. » L’Evéque de Dijon à Monsieur le Ministre de la Guerre. » MoxsIEUR LE MINISTRE, » Après avoir hésité quelques heures entre le silence du dédaïn et une plainte que semble exiger de moi l'honneur du sacerdoce, je me décide à signaler à Votre Excellence l’inqua- lifiable proclamation que vient de lancer le général Garibaldi. » Le clergé de la ville épiscopale m'aurait d’ailleurs porté à cette démarche, en venant m'exprimer sa trop légitime indi- gnation des paroles d'un homme en ce moment au service de la France et l’un de vos subordonnés, paroles outrageantes autant qu'impudemment calomnieuses, et que nous pourrions déférer aux tribunaux chargés de protéger l'honneur des ci- toyens. (Code pénal, art. 367.) | » Je ne veux pas m'occuper ici des attaques non moins imméritées et non moins coupables dont les riches et les pro- riétaires sont l’objet dans la proclamation du général Gari- 10 — 146 — baldi. Je leur laisse le soin de s’en plaindre, s'ils le jugent à propos. Je me borne à ce qui concerne le prêtre (expression du général). » Il faut avouer, Monsieur le Ministre, que le général a bien mal choisi son temps pour accuser le clergé de manquer de patriotisme. Les hôpitaux, les ambulances, les champs de bataille mêmes sont là pour lui donner un éclatant et glo- rieux démenti, et plusieurs de nos généraux l'ont fait à l'a- vance en des termes honorables entre tous. N’a-t-on pas vu, de plus, des journaux, habituellement peu favorables au clergé, rendre, dernièrement encore, un public hommage au dévoüment héroïque des frères, des religieuses, des sémina- ristes et des prêtres ? » Sans sortir de Dijon, le général italien aurait pu ap- prendre ce que nos officiers et nos soldats ont vu et acclamé dans les différents combats qui ont eu lieu presque sous nos murs, à dater du 30 octobre dernier. » Je m abstiens, Monsieur le Ministre , de toute autre ré- flexion à l'appui de notre plainte. L'exemplaire ci-joint de cette espèce de dénonciation de toute une classe de citoyens, accusés si odieusement par le général Garibaldi, malgré leur honorabilité incontestable, suffira pour vous en montrer l’énormité et pour vous faire comprendre la justice de la plainte que j'ai l'honneur de vous adresser, ainsi que la réparation que nous sommes en droit de vous demander. » Agréez, Monsieur le Ministre, etc. » (Signé) + François, évêque de Dijon. » Pendant que le chef de l’armée dite des Vosges haranguait les habitants de Dijon d’une façon si étrange, il ne se doutait pas encore que l'armistice annulant son concours devait être sans effet pour la Côte-d'Or. Nous avons vu précédem- ment que le général Hann von Weyhern s'était établi avec trois divisions sur les derrières de l’armée allemande du Sud pour la protéger contre une tentative d’irruption de Garibaldi. — 147 — Or, dès le 29 janvier, le général prussien avait concentré la brigade Knesebeck à Essertenne, et la brigade Degenfeld et Willisen autour de Mirebeau, où il avait établi son quartier général. De plus, la brigade Kettler occupait Thil-Châtel. II devint évident que ces forces imposantes, s'élevant de vingt à vingt-cinq mille hommes, avaient Dijon pour objectif. En effet, leur mouvement s'accentua bientôt vers ce point, à la grande surprise de Garibaldi, qui envoya aux avant-postes pour réclamer, en vertu de l'armistice de vingt-un jours, la suspension des hostilités et demander une entrevue pour fixer une ligne de démarcation autour de Ja place occupée par lui. Le général Hann von Weyhern fit réponse qu'il n'avait au- cun ordre de ses chefs, et il continua de s’avancer sur la ville par Varois et Quetigny. Le mardi 31 janvier, vers sept heures du matin, le canon se fit entendre dans la direction de Mirande et de Saint- Apollinaire : c'était une attaque de l'ennemi contre les déta- chements de l’armée des Vosges placés en observation vers ces localités. La canonnade de Mirande excita un grand éton- nement parmi les Dijonnais prévenus, dès le 29, de la pro- mulgation d'armistice, et ne se doutant, pas plus que l’armée de l'Est et que celle des Vosges, de la réserve d’hostilités faite par le chancelier Bismarck contre trois de nos départements. Pour expliquer cette canonnade imprévue, on prétendait en ville qu'il se faisait, en ce moment, vers les hauteurs un essai de nouvelles pièces d'artillerie envoyées à l’armée des Vosges : ridicule interprétation, car c'était parfaitement bien un acte de flagrante hostilité de la part des corps allemands qui menaçaient Dijon depuis plusieurs jours. Leur feu avait eu quelques intermittences : interrompu vers midi, il avait recommencé dans la soirée jusque vers six heures. On vit alors, dans la même soirée du 31 janvier et vers huit heures, toute l’armée des Vosges opérer sa retraite sur deux colonnes : la première par la vallée de l'Ouche, vers Autun; la deuxième par les routes de Beaune et Chagny. Le général — 148 — en chef alla établir son dernier quartier général à Chalon-sur- Saône. Pendant le cours de la journée, le lieutenant-colonel Oli- vier avait eu soin de désarmer toutes les batteries de position dans les divers lieux de défense et de les faire placer sur des trucs au chemin de fer tendant à Lyon (1). Avant de quitter Dijon, Garibaldi, toujours prodigue de manifestes, fit afficher une proclamation dans laquelle il an- noncait à ses volontaires qu'il leur était donné vingt-un jours d'armistice, et qu'ils devaient profiter de ce temps pour s’in- struire et pour se préparer par de laborieux exercices à chasser de France les soldats du despote allemand. On a dit, et peut-être cette rumeur avait-elle été semée par Garibaldi lui-même, soit pour pallier sa retraite, soit pour se faire un mérite de sa modération, on a dit que Manteuffel l'avait fait prévenir que, s’il s’obstinait à occuper Dijon, il assumait sous sa responsabilité personnelle la ruine complète de cette ville. Dans la matinée du lendemain 1*%-février, on entendit le canon dans la direction de Nuits : c'était le feu des pièces de campagne des troupes garibaldiennes protégeant leur retraite contre les Poméraniens qui couraient après leur drapeau pris à Pouilly, ou plutôt qui poursuivaient vainement ceux qui le leur avaient enlevé; car ce trophée du combat du 23 janvier avait été envoyé à la délégation de Bordeaux (?. Dijon fut occupé par le 21° et le 61° poméranien (6), qui pri- rent possession des divers quartiers de la ville et ne consen- tirent que dans le cours de l’été et avec défiance à occuper les casernes. (1) Armée des Vosges, p. 373. (2) Certaine rumeur avait couru en ville. et s’y était fort accréditée : c'était que ce drapeau avait été vendu et que les dépossédés en étaient rentrés en possession à prix d'argent. (3) Ce dernier régiment fut remplacé au mois de juin suivant par le 49e de ligne prussien, . — 149 — Ces régiments furent renforcés par des troupes de cavalerie d'élite, et notamment par un escadron de hussards rouges, vraie garde d'honneur du général en chef Manteuffel, qui avait fait de Dijon un.principal point de gouvernement mili- taire avec une administration préfectorale confiée au major Igel. Dijon devint alors un centre de réunion de tous les offi- ciers supérieurs des troupes allemandes de la contrée : c'était pour elles une petite Capoue qui n'aura pas manqué de préjudicier à leurs mœurs et à leur discipline. On dit qu’à l'exemple de leur souverain seigneur et maître, disciple d’Attila pour la coupe à pleins bords, les chefs faisaient à nos meilleurs crûs un culte fervent pendant les nuits; mais aux heures de service, ils gardaient un maintien glacé. IL n’y à que cette nation pour rester ainsi dans la règle contre toute atteinte et malgré des appétits peu mesurés. Quant aux sol- dats, en dehors de leurs services qu’ils faisaient toujours avec discipline et assiduité, tous ces Germains dormaient ou man- geaient indéfiniment. Ils sont actifs et inertes à la fois, et tels encore que Tacite nous les a dépeints (1). Pendant les conflits des 21, 22 et 23 janvier entre les troupes de Garibaldi et celles de Kettler, Dijon avait été me- nacée d'une contribution de guerre si elle n’ouvrait ses portes. Les Poméraniens n'en avaient pas abandonné la pensée; car leur premier acte d’hostilité, en prenant possession de la ville, fut de lui imposer ce tribut. Il fut question d’abord d’une capitation de vingt-cinq francs par personne, puis enfin la commandature déclara que l'impôt serait d'un million de francs. La ville, déjà épuisée par des sacrifices antérieurs, essaya vainement pendant plusieurs jours de réunir la somme exigée et qu'elle ne pouvait répartir qu'à la longue sur le départe- (1) « Dediti somno ciboque 1psi hebent, mira diversitate naturæ, quum iidem homines sic ament inertiam et oderint quietatem. » (De moribus Germanorum.) — 150 — ment. Elle atermoyait pour se faire alléger; mais la comman- dature, voulant saisir sa proie avant la paix qui l'en aurait évincée, fixa au mardi 21 février le paiement intégral du million, à défaut de quoi elle menaca d'employer les grands moyens (l). On ne les connaissait que trop bien depuis le bombardement du 30 octobre. Aussi délégua-t-on des com- missaires qui furent chargés de faire appel à toutes les bourses; le commerce, la banque et tous les capitalistes fu- rent stimulés, et l'on finit par trouver, dans l’espace de deux jours, toute la somme, soit en espèces, soit en billets, soit en engagements. La ville se rendit caution envers les prêteurs, et elle ajourna, au temps où la marche redeviendrait régulière dans les affaires publiques, le soin de répartir entre le dépar- tement et la ville le montant de l'impôt forcé dont elle venait de faire l’avance sans tergiverser. A — ————— ——————————" UC me (1) Voici dans quels termes elle le fit : « Les populations sont informées que les derniers délais pour le » versement de la contribution imposée au département expirent le 21 » du mois courant, et qu'immédiatement après il sera procédé par » des mesures militaires si la contribution n’est pas versée. — Dijon, » le 19 février 1871. (Signé) IGEL. » — 151 — CHAPITRE XVII SommaIRE. — Dijon et une partie de la Côte-d'Or privées du bénéfice de l'armistice. — Sommation au commandant d'Auxonne de livrer la place. — Refus et lettre du commandant Chenot. — Insistance de la part de l'ennemi et nouveau refus. — En présence de cette réso- lution, l'ennemi se borne à demander le libre passage de la voie ferrée, ce qui n’est pas plus concédé que le reste. — Privilége de la place d'Auxonne de n'avoir pas été souillée par la présence de étranger. — Actes de violence des troupes étrangères dans Dijon. — Fin de l'occupation dijonnaise. — Caractère de l'invasion appré- cié par un Allemand. Le ? février, une dépêche du général Manteuffel, affichée dans Dijon, annonçait la capitulation de Paris et l'interne- ment en Suisse de quatre-vingt mille Français. Dans cette pièce officielle, il n'était pas dit un mot de l’ar- mistice; de sorte qu'il résultait implicitement de ce silence que rien n'était changé dans la situation antérieure pour le département de la Côte-d'Or. Aussi, dès le lendemain 3 f6- vrier, à sept heures du matin, un parlementaire vint pré- senter au chef du génie Chenot, qui commandait en ce mo- ment la place d’Auxonne (1), une lettre du commandant des (1) La garnison d'Auxonne était alors ainsi composée : trois compa- gnie du 10° mobiles de marche, quatre cents réfugiés de l’armée de l'Est, deux bataillons de mobilisés de la Loire, une batterie d’ar- tillerie mobile et une compagnie du génie aussi mobile; deux cents auxiliaires d'artillerie joints aux cent artilleurs en résidence, un esca- dron de gendarmerie, un bataillon de sédentaires, une compagnie de mobiles de la Côte-d'Or et deux compagnies de la légion de l'Isère” Le tout composait un effectif d'environ quatre mille hommes. Nous devons — 152 — forces allemandes, en résidence à Genlis, lequel demandait la reddition de la place sous peine de bombardement immédiat. Cette menace fut appuyée le lendemain par quinze mille Alle- mands, arrivant de Saint-Jean-de-Losne et de Trouhans, et qui investirent Auxonne sur la rive droite de la Saône. Le commandant Chenot réponditau parlementaire : « L'hon- neur et le devoir militaire ont déjà dicté ma réponse : Je ne puis rendre la forteresse sans me couvrir de honte. Faites ce qu'il vous plaira, et que Dieu décide! » En même temps, il écrivait au chef allemand de Genlis en ces termes : « Auxonne, 3 février, 9 heures 1/2 du matin. » M. LE COMMANDANT TRÈS HONORABLE, » Je m'empresse de répondre à votre lettre de ce jour. » La publication de l'armistice entre l'Allemagne et la France, et dont copie est ci-annexée, semble énoncer que cet armistice s'étend à la France entière. Vous dites que les dé- partements de Haute-Saône, Jura et Côte-d'Or ne sont pas compris dans cet armistice : il y a renseignement inexact d'un côté ou de l’autre. En une telle situation, il me paraît indispensable de demander au gouvernement, à Bordeaux, le texte complet de l'armistice en question, afin de faire dispa- raitre la différence qui existe actuellement dans nos esprits ; et, en attendant, il me semble utile d'établir entre nous une convention provisoire jusqu'à l'arrivée de la copie authen- tique de l'armistice. Une convention de ce genre nous per- mettra d'éviter toute collision inutile. » Cette lettre fort courtoise se terminait par l'exposé des lignes respectives que ne devaient dépasser ni les troupes allemandes ni les troupes françaises. Une réponse immédiate du commandant de Genlis, souscri- ces renseignements el ceux qui suivent à la parfaite obligeance de M. le commandant du génie Chenot. — 153 — vant à l’idée d’une convention provisoire et demandant qu'on lui indiquât la ligne des positions occupées par les troupes francaises, témoigne qu’on n'avait voulu agir que par intimi- dation. La suite va attester l'essai réitéré de ce système. Ainsi, un avis officieux du commandant de Genlis adressé au commandant Chenot, le 6 février, le prévint que le bom- bardement de la place d'Auxonne n'aurait pas lieu avant l'expiration de l'armistice des élections (sic), à moins d’actes d'hostilités de la place. Au surplus, c'était là l'indication d'une mesure d'abstention générale d’hostilités convenue entre le chancelier Bismarck et la délégation de Bordeaux, afin que toute la France püt élire librement, le 8 février, ses députés à l’Assemblée nationale. Six jours après, c'est-à-dire le 9 février, un major allemand du 42° d'infanterie entra comme parlementaire à Auxonne, à sept heures du matin, par la porte de Comté, et déclara ce qui suit, par ordre du général en chef Manteuffel : « L’armistice général ne comprend ni le Doubs, ni le Jura, ni la Côte-d'Or. La convention provisoire faite avec le com- mandant de Dole (1) n'est pas acceptée par le général Man- teuffel, En conséquence, les hostilités contre la place d’Auxonne vont être reprises. » La réponse immédiate du commandant Chenot fut aussi brève que significative : « Nous sommes résolus, dit-il, à faire notre devoir de soldat avec honneur. » Dès ce moment on dut se mettre en mesure de résister, et la distribution du casernement de siége fut faite entre les di- vers corps de la garnison; mais, le numéraire manquant, une proposition fut faite au maire de créer un papier-monnaie pour le besoin du service militaire. a — (1) Il s'agissait des conventions relatives aux limites de l'occupation allemande et de la garnison d’Auxonne, et pour lesquelles il y avait eu des pourparlers entre les deux commandants d’Auxonne êt de Genlis, mais qui avaient dû être soumises hiérarchiquement au général Werder ou à son état-major alors à Dole. — 154 — La place d'Auxonne était donc prête et résolue à se dé- fendre. Cependant la menace du général Manteuffel ne rece- vait pas d'exécution, et les limites précédemment convenues demeuraient respectées, lorsque, le 14 février, à midi trois quarts, une lettre du général Werder, datée de Chagny, an- nonça au commandant Chenot que l'armistice s'étendait aux départements jusqu'ici réservés (Côte-d'Or, Doubs et Jura), et que le siége de Belfort était suspendu. En conséquence, et en se résumant, le général demandait le passage des troupes allemandes par la voie ferrée de Dole, Auxonne et Dijon. Le commandant Chenot, prudent et circonspect, et se défiant de ce qui pouvait être un subterfuge, répondit : « Le com- mandant de la place d'Auxonne n’a pas les pouvoirs néces- saires pour accorder le passage en question. Il va prendre les ordres du ministre à Bordeaux par voie télégraphique, et un parlementaire ira à cet effet à Chagny sous le sauf-conduit du général allemand. » Le lendemain 15, dans le but d’amadouer le commandant d’Auxonne, il lui fut envoyé de nouvelles et plus larges pro- positions par le major de Weckmar, commandant la 1" bri- gade d'infanterie badoise du 14° corps d'armée, chef d'état- major du général Werder à Dole et délégué par lui. On stipulait qu’une zone de trois kilomètres, à partir du pied des glacis, serait réservée à la place; qu’une autre zone de trois kilomètres de largeur séparerait les deux partis belligérants ; qu’en raison de ces concessions, le chemin de fer de Dijon- Gray-Dole, traversant la zone neutre derrière Villers-les-Pots, serait livrée en entier à l'usage des troupes allemandes, mais que le chemin de fer de Dijon-Auxonne-Dole ne serait livré au même usage que sur un ordre formel du ministre de la guerre. Deux jours après, c’est-à-dire le 17 février, une lettre du major de Weckmar, accompagnée de trois expéditions de la convention Favre-Bismarck, demandait le passage de la — 155 — voie ferrée Dole-Auxonne-Dijon, en vertu de ladite conven- tion. TT lui fut répondu d’Auxonne : « Il y a équivoque au sujet de ce passage; il convient donc d'attendre l’ordre formel qui a été demandé au ministre de la guerre français sur ce point Htigieux. » Le 18, demande réitérée du même major et à laquelle le commandant Chenot fit cette réponse : « L'article 4 de la convention Favre-Bismarck paraît, en effet, accorder aux troupes allemandes le libre passage du chemin de fer Dole- Auxonne-Dijon; mais, comme une telle disposition annulle de fait la forteresse d’Auxonne, le devoir et l'honneur militaire m'imposent l'obligation d'attendre la notification officielle de la convention en question par le gouvernement français. J'envoie un parlementaire avec une dépêche à Son Exc. le général en chef Manteuffel et ma dépêche télégraphique au ministre français à Bordeaux pour résoudre cette difficulté. — Jusqu à l'arrivée de la réponse demandée au ministre fran- cais, la convention du 15 février Weckmar-Chenot sera ri- goureusement observée par moi. » Le 20, nouvelle insistance ;, car c’est le procédé allemand de ne point démordre d’une prétention et d'user jusqu’au vif les limites placées entre l'astuce et la bonne foi dans les con- ventions. On joignit les actes aux paroles ; car un détachement du génie allemand fut amené par une locomotive jusqu’à la bi- furcation près de Villers-les-Pots, et, lorsque le chef du dé- tachement demanda le passage par Auxonne, on lui répon- dit : « Ce passage ne peut être livré, et, d’ailleurs, le chemin de fer est coupé jusqu’à mille mètres des deux côtés de la place. » En présence de cette insistance plus caractérisée encore qu'auparavant, le commandant d’Auxonne stimula la garni- son placée sous ses ordres, censura la mollesse et l'indisci- pline de quelques-uns par un ordre du jour énergique daté — 156 — du 22, et donna l’ordre de feindre une attaque de vive force sur tous les fronts de la rive gauche de la Saône simultané- ment. Toutefois cette démonstration n'eut pas licu, parce que, le lendemain du 23 février, le commandant Chenot recevait, du même major Weckmar, l'avis que l'armistice venait d'être prorogé jusqu’au 26 février. Or, ce jour-là même, furent signés à Versailles les préli- minaires de la paix, et lorsque, le 2 mars suivant, un parle- mentaire envoyé de Dijon demanda le passage des trains alle- mands par‘la voie ferrée de Dijon-Auxonne-Dole, il n'y avait plus de motif pour se montrer récalcitrant : ainsi, le 8 mars, la voie se trouvant réparée, une locomotive allemande recon- nut elle-même l’état de celte voie; mais il fut fait prohibition aux troupes allemandes de s'arrêter dans le rayon de trois kilomètres de la place. Enfin, du 8 au 24 mars, avaient eu lieu les travaux pour rétablir la navigation et la libre circulation sur la Saône. On voit, par tout ce qui précède, que la ville d’Auxonne et son commandant en particulier, ont sauvegardé leur honneur, et que cette vigoureuse petite place, qui a été pendant quel- que temps l'école du plus grand capitaine des temps mo- dernes, a dû à son attitude et à la fermeté de son chef le glorieux privilége de n'avoir pas été souillée par la présence de l’étranger. La place de Langres, presque aussi menacée, a obtenu le même privilége de non-occupation, et, fidèle à ses traditions religieuses d'ancien chef-lieu d'un diocèse important, elle vient d’ériger un sanctuaire à la Vierge et d’y placer, avec grande solennité, une statue sous l’invocation de Notre-Dame de délivrance. Par suite de la maudite et perfide réserve infligée à plu- sieurs départements de se voir la proie de l'occupation étran- gère, afin de consommer la ruine de l’armée de l'Est et d’avoir ensuite pour sûreté les milliards imposés à la France, Dijon resta envahie ; mais la chancellerie allemande avait manqué — 157 — de bonne foi en élargissant arbitrairement pour cette place les lignes délimitatives convenues (1). Malgré l'armistice et malgré la paix, Dijon fut neuf mois entiers, c’est-à-dire du 1° février au 27 octobre suivant, sous un régime de violence et de tyrannie, et ce temps de paix fut plus dur aux habitants que les jours de guerre qui avaient précédé. La brigade Kettler faisait partie de la garnison ennemie. Ces Poméraniens, venant du nord de l'Allemagne, étaient trop incultes pour occuper avec convenance relative une ville d’une élégante civilisation : aussi leurs vexations et leur ton d’insolence les y rendirent-ils intolérables. Il en résultait presque tous les soirs des rixes entre eux et les ouvriers des manufactures, à cause des lazzis qu’en sortant des ateliers, ceux-ci lançaient aux soldats allemands sans beaucoup de prudence ; car ils étaient toujours victimes de la brutalité de leurs farouches adversaires. Ces Poméraniens furent violents envers nos prêtres catholiques, dont plusieurs furent mal- traités par eux (?), et dont l’un, entre autres, le curé de Saint- Pierre, fut frappé d’un coup de sabre au seuil même de sa demeure et lorsqu'il rentrait chez lui après avoir accompli ne ee ee en 90 004 ne (1) Voici, à ce sujet, une remarque très juste de la part du spirituel auteur du volume intitulé De Dijon à Brême : « L'article 3 des préliminaires de la paix porte que les troupes » allemandes quitteront dans le plus bref délai une série de départe- » ments signalés au même article, et, entre autres, celui de la Côte- » d'Or, jusqu’à la rive gauche de la Seine. Or, Dijon est à vingt-deux » kilomètres au sud du parallèle, passant par les sources de la Seine » auprès de Chanceau. Dijon, sur la rive droite de la Seine, est une » facétie de géographie allemande qui nous aurait fait rire, si elle » n'avait eu pour résultat de nous faire supporter huit mois d’occupa- » tion malgré les termes du traité. » L'auteur de cette note ignorait sans doute que les Allemands avaient résolu de nous faire expier la malencontreuse hospitalité donnée par nous à Garibaldi, jusqu'à faire figurer le nom de cet étranger parmi les députés élus à l'Assemblée nationale. (2) M. le curé de la paroisse Saint-Michel fut harcelé dans sa marche, injurié et frappé de coups de poing par un soldat dans la rue du JE près d'un malade l'exercice de son saint ministère. Sans la ré- sistance opposée au tranchant de l’arme par les plis du rebord de son chapeau, il aurait eu la tête fendue : il ruisselait de sang. Personne au monde pourtant n'avait accueilli avec une charité plus douce, plus chrétienne et plus résignée, ceux que la Providence, pensait-il, envoyait contre nous, pour nous châtier et pour nous ramener au bien par de dures mais sa- lutaires épreuves. Chaque jour et dans mainte occasion se manifestaient le sentiment d’hostilité de ces étrangers, aigris d'ailleurs par notre résistance et par le dégoût qu’ils nous inspiraient. Ainsi, sur tous les points de la ville, les sentinelles allemandes avaient reçu l'ordre de faire prendre le large aux passants et de ne laisser circuler personne ni devant ni derrière elles. Dans l'ignorance où l’on était de cette consigne, hommes, femmes, prêtres et vieillards étaient brutalement repoussés par les soldats sur la chaussée, ou traïnés au corps de garde à la moindre protestation. En leur qualité de vainqueurs à six contre un sur le sol français, ces étrangers s’attribuaient le parcours exclusif des trottoirs de nos rues. Ainsi un pauvre manœuvre alsacien, nommé Antoine Wolf, faisant paisible- ment son chétif déjeuner sur un coin de l’étroit trottoir de la rue Condé, fut précipité à terre par un officier dont il barraït à moitié le chemin. Se relever furieux de sa chute violente et frapper à l'épaule, avec le couteau dont il se servait en ce Vieux-Collége. — M. le curé de la paroisse Saint-Jean eut à subir, dans son quartier, un traitement à peu près semblable. Un prêtre alsacien, déjeunant à l'hôtel de la Cloche, ayant entendu, de la part d'officiers allemands, des propos outrageants contre le culte catholique et contre ses ministres, eut le courage de relever le gant et de reprocher à ces messieurs l'injustice et le peu de convenance de leurs propos. On lui en tint rancune, car on le fit chercher dans toute la ville pour le mettre en chartre privée; mais, heureusement pour lui, il s'était réfugié en lieu sûr. On a remarqué la coïncidence de cette aventure avec les mauvais traitements infligés aux ecclésiastiques dijonnais par les soldats luthériens. — 159 — moment pour son repas, l'officier bourru dont il venait de re- cevoir un si indigne traitement, fut chose rapide comme l'é- clair, et tout aussi peu préméditée; mais le 8 octobre au ma- tin, cet homme était fusillé par sentence d'un conseil de guerre, affichée aux quatre coins de la ville. Dans le courant du mois d'août précédent, deux officiers ayant été atteints de quelques grains de plomb par des chas- seurs que pourchassaient des soldats, l'autorité allemande fit de cela une grosse affaire. De minutieuses perquisitions d’ar- mes furent exercées dans tous les quartiers et chez les habi- tants les plus paisibles, après un ordre de dépôt de toutes les armes, même de celles des armuriers, qui durent fermer bou- tique. De plus, nulle personne, passé huit heures du soir, ne put circuler dans les rues. Il en résulta que voyageurs et voya- geuses des chemins de fer étaient, en entrant en ville, con- duits sous escortes et entassés au salon de Flore, près du corps de garde allemand, et mis dans un inextricable embar- ras. Les boutiques demeuraient fermées, les cafés aussi, et de ceux qui durent ouvrir par ordre en faveur de messieurs les officiers, un seul eut le courage de rester fermé : c’est le Café de Paris. Cet état de choses intolérable dura une semaine entière et ne se relâcha qu’à la faveur de la fête du roi Guillaume, dont le principal ministre avait mis en vogue cette maxime trouvée dans le code des Huns du v° siècle : La force prime le droit. La ville de Dijon, toujours si remuante et passionnée au fond, quoique froide par les dehors, fut, pendant ces mois néfastes, dans une atonie de mort, jusqu'au moment du con- cours agité des élections. Puis on y recommenca à subir si- lencieusement la force brutale de l’étranger. Les journaux, frappés de censure et de mutilations, ne pouvaient exprimer ni invoquer la pensée publique; les sciences et les lettres étaient muettes ainsi que les arts, ce qui leur arrive quel- quefois en temps de paix, dans une ville aimable pourtant, — 160 — mais où le petit et incessant tumulte des coteries force les gens modestes à se recueillir dans la solitude, et parfois aussi à demander une hospitalité littéraire à un centre moins jaloux et plus accueillant. Eufin, le 27 octobre 1871, l'occupation de la Côte-d'Or prit fin et le général Groëben quitta Dijon avec ses Poméraniens. Pour résumer le tableau de l'invasion que nous avons subie, on peut s'en référer aux aveux de ces mêmes ennemis, qui ont pris soin de qualifier leurs propres actes. Ainsi M. Julius von Wickède, correspondant de la Gazette de Cologne, vient de publier en allemand un livre intitulé : Histoire de la querre d'Allemagne contre la France. Nous le recommandons à tout lecteur impartial, dans les rangs des vainqueurs comme dans ceux des vaincus. On y lit {p. 217) ces passages significatifs : « La guerre de 1870 prit bientôt un caractère dur et sau- vage; et, même parmi les officiers, il s'en trouva beaucoup qui cherchèrent à faire sentir de la plus cruelle manière à la population inoffensive de France leur grossièreté innée et leur brutale outrecuidance. Celui qui a été témoin de toute cette guerre n'a eu malheureusement sous les yeux que trop d'exemples de brutalité et d’arbitraire qui font horreur à l'hu- manité. — Une masse de canaïlle afflua en France, comme cantiniers, fournisseurs ou ambulanciers, et vola, pilla, trompa les Français. Aïnsi furent commis bien des actes qui ne sont pas à l'honneur du nom allemand, et à raison des- quels les Français sont grandement dans le droit d’être exas- pérés contre nous et de nous accuser de brutalité et de bar- barie. » On nous croirait un historien partial si nous en disions autant. Nous sommes heureux, en vérité, qu’un équitable adversaire nous fournisse une conclusion qui n'aurait pu être différente de la nôtre. — 161 — NOTES ADDITIONNELLES ET PIBOES JUSTIFICATIVES. Aux chapitres I et XI de l’/nvasion allemande dans les provinces de Bourgogne et de Franche-Comté, il a été jeté du doute sur l'importance stratégique de la ville de Dijon. Depuis lors, la question a été vivement agitée entre deux graves autorités, dont l’une a appartenu à l’état- major de l’armée, et l’autre au génie militaire (1). D'après la première de ces opinions, la ville de Dijon, plis favorable à une concentration de troupes que Bourges, n’est pourtant pas un point stratégique défensif. Aucune base d'opérations ne signale cette place. La ligne, pour passer du bassin de la Saône à celui de la Seine et réciproquement, est celle de l'Ignon, à 25 kilomètres de Dijon (?). Une enceinte continue et l’adjonction de forts autour de cette ville seraient donc purenient fastueuses. D'ailleurs, en présence de la puissance de destruction quintuplée du canon et des armes de main, c’est en rase campagne que l'effet de toute guerre à venir doit se terminer. Il y a bien encore à utiliser les postes retranchés permanents pour intercepter les chemins de fer; mais le temps des forteresses est passé, et, avec les moyens de guerre actuels, Vauban n'eût pas construit une seule place forte. Dans ces derniers temps, ajoute-t-on, deux ofliciers allemands ont avoué qu'ils se trouvaient à Dijon dans la position la plus insigni- fiante comme point stratégique, et qu'ils le regrettaient. L'honorable antagoniste de ce système répond : Les Allemands ont été surpris, au contraire, de trouver la ville de Dijon ouverte; ils la ee ee ee ee ee ee en (4) M. le lieutenant-colonel d'état-major de Coynart, d’un côté, et M. le comman- dant du génie Ghenot, d'autre part. (2) C’est bien, en effet, la ligne qu'a suivie Manteuffel dans sa marche contre notre armée de l'Est, en janvier 1871. é | 11 # — 162 — réputaient le quatrième côté d’un quadrilatère formé par Belfort, Lan- gres, Besançon et Dijon. Si l'ennemi le plus fort et le plus nombreux a intérêt à user du sys- tème de lutte en rase campagne, le plus faible a un intérêt opposé ; et, d’ailleurs, quel refuge, si ce n’est celui des forteresses, assignera-t-on aux levées nouvelles trop faibles ou trop inexpérimentées pour se ris- quer en rase campagne ? L'utilité des forteresses consiste en outre à ravitailler les corps de troupes, protéger leur retraite, arrêter l'ennemi, garder les passages importants, etc. En un mot, l’emploi judicieux des fortifications per- manentes, combiné avec les dispositions accessoires des lignes de dé- fense naturelle, a constitué et constituera de tout temps la tactique militaire. La portée des canons et des armes de main ayant en effet quintuplé de puissance, elle exige des points de défense distancés plutôt que des remparts continus. Les forts détachés, par exemple, commandant toute la campagne et croisant sans obstacle leurs feux sur tous les points accessibles, rempliraient sans doute mieux les conditions de l'ordre stratégique nouveau. Toutefois les forteresses ont rendu d’in- contestables services dans la dernière guerre. Belfort a énergiquement résisté et a fait subir de grandes pertes à l'ennemi; Paris de même, pendant cinq mois : le manque de vivre seul à exigé sa reddition. Le fort de Joux a assuré la retraite de l’armée française en Suisse (1). Il existe, à la date du 15 décembre 1814, un rapport du général Haxo sur la question dont il s’agit. Les temps ne sont plus les mêmes, il est vrai, et les systèmes se sont modifiés; mais il y a encore bien des points de contact avec la situation actuelle. On va en juger : : « La position géographique et politique de la France, écrivait l'émi- nent général, l’expose à avoir tous ses voisins coalisés contre elle et ses armées réduites à une défensive absolue sur son propre territoire. Or, ce but ne pourrait être atteint qu'à l’aide d'un grand nombre de places fortes distribuées non seulement sur l'extrême frontière, mais encore dans l'intérieur du pays, sous la protection desquelles on puisse réunir de nouvelles armées, et qu'on ne soit pas obligé de livrer le sort de la guerre aux chances d’un ou plusieurs conflits en rase campagne. » Si les villes qu'il importe de fortifier sont éloignées de la frontière, elles n’ont pas besoin d'être fortifiées avec un grand soin et de grandes EEE mme eine re mer ere (4) Nous avons sous les yeux un rapport de la gendarmerie du Doubs, et nous y lisons ce qui suit . « Les forts de Joux ont sauvé l’armée de Bourbaki, grâce à l’énergie du chef d’es- cadron d'artillerie Ploton, de quelques canonniers de la marine et d’une compagnie du 29e de marche, qui ont défendu héroïquement ces forts et ont fait perdre à l’en- nemi un effectif d'au moins dix-huit cents hommes. Les Français ont eu quatre cents hommes hors de combat, — Le garde d’artillerié Wagner a bien secondé son chef, le commandant Ploton. > — 163 — dépenses, parce qu'il est presque impossible que l'ennemi, dans une guerre d'invasion, amène avec lui, dans l’intérieur du pays, tout ce qui est nécessaire pour faire un grand siége (1). » La place de Dijon, en particulier, serait de la plus grande utilité dans des circonstances malheureuses (). Elle contiendrait d'immenses magasins de toute espèce; sous ses murs se rassemblerait une nouvelle armée, qui empêcherait l'ennemi de s'étendre sur la rive droite de la Saône. Dijon contiendrait des armes et des munitions, à défaut de des ressources qu'on ne pourrait plus tirer des places frontières. » Dans les places à relever ou à créer, le général Haxo formait quatre classes, et plaçait Pontarlier, Dijon et Langres dans la troisième. « Pontarlier, ajoutait-il, est la seule ville qu'il y ait à dix lieues à la ronde. Elle est, pour ainsi dire, la capitale du haut pays; et les habi- tants des montagnes ne se regarderont pas comme conquis lorsque le drapeau français flottera sur les remparts de cette place. » Les événements postérieurs à la pensée de cette mesure défensive en ont attesté le bon sens. Si l'ennemi envahissait encore le sol français, il est présumable qu'il rechercherait de nouveau l'occupation de Dijon, excellent poste de ravitaillement, et d’où il couperait une foule de communications dans la région de l'Est. Le génie militaire semble l'avoir compris ainsi, puisqu'il a commencé à fortifier les abords de Dijon. Au chapitre Il, on n’a pas mentionné la proclamation de l’adminis- trateur provisoire, qui provoquait la population dijonnaise à la résis- tance contre l'invasion ennemie. Voici ce factum , tel qu'il a été affiché à tous les coins de rues, pendant la journée si tumultueuse du 29 octobre 1870 : RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. « Citoyens ! » Dans la nuit de vendredi à samedi, un conseil de guerre a décrété que la résistance à l'ennemi cesserait. e » Cette décision avait été prise par suite de renseignements erronés donnés sur les forces ennemies qui nous menacent, et auxquelles il semblait impossible de résister efficacement. » On a donc dù renvoyer en toute hâte les troupes réunies pour la défense, désarmer la garde nationale et faire évacuer les fusils. La honte et la ruine de notre ville allaient être consommées. » D’ardents patriotes ont résolu de ne pas se rendre sans combattre. —_— (1) Cette difficulté ne serait pas aussi grande aujourd'hui, à cause de l'emploi des voies ferrées. . (2) Gette ville, qui tend prodigieusement à s'élendre, n'avait pas encore perdu ses remparts à l'époque où le général Haxo écrivait son rapport. — 164 — Armés à la hâte, ils ont attaqué les éclaireurs de l'ennemi à la porte de la ville et les ont mis en fuite. » Les renseignements obtenus donnent la certitude que l’ennemi n'est pas en force sur des points rapprochés de la ville. » La défense est reprise, les armes vous sont rendues. Un corps composé de troupes de ligne, de chasseurs à pieds, de mobiles et de mobilisés va se porter au-devant de l'ennemi. Il ne souillera pas notre ville de sa présence si nous voulons unir nos efforts pour le combattre. » L'Administrateur provisoire, » (Signé) L. D'AZINCOURT. » Au chapitre IL (p. 261 du t. IX des Mémoires de la Soc. d'Emulation, et p. 31 du tirage à part), on a imprimé Vonges pour Norges. Au chapitre III (p. 293 du même tome, et p. 63 du tirage à part), à propos d’une fanfaronnade des plus gasconnes de la part des Italiens de Garibaldi, installés dans la ville de Dole, l’auteur, dans son récit, a pu ne pas être assez clair en voulant insinuer que leur chef, qui tolérait une telle bouffonnerie, paraissait en cela s'être montré l’émule des héros plus que romanesques de l’Arioste, et que, sous les regards d’un autre poète antérieur de deux siècles au premier, et bien autre- ment sévère (1), le général Garibaldi se serait exposé à nne renommée toute différente de celle que lui mérite son génie militaire. Au surplus, la ponctuation du passage qui a rapport à ce qu'on vient de lire, est défectueuse et doit être ainsi rectiliée : « C’est de la sorte que Garibaldi jouait son personnage de Roland dans une tirade qu'on dirait imitée de l'Arioste. Un autre poète plus sévère, etc. » Dans l'alinéa suivant, à propos des victoires, il faut lire : «Il s’en remportait de réelles, au lieu de : 1! s’en faisait de réelles. » Au chapitre V, il est question des odieux traitements endurés par le maire de la ville de Chàtillon. La lettre qu'il écrivit dans ces cir- constances à son épouse, mérite d'être reproduite. En voici le texte: Châteauvillain, le 2i novembre 1870. «Dieu soit loué, ma chère amie! Il a permis que je souffre pour mon pays les plus grands outrages qu'un homme puisse souffrir. » Pendant plus de vingt heures que j'ai passées debout, au milieu d’une soldatesque ivre de fureurs, accablé d’outrages, de soufflets, de coups de toute sorte, mon cœur n'a pas défailli. Mon àme s’est élevée (4) Le Dante, en effet, distingue deux sortes de renommées. — 165 — vers Dieu et j'ai passé tout ce temps en prières, faisant à mon pays, à ma femme, à mes enfants, à mon frère, à tous les miens, le sacrifice de ma vie. Il a été complet! Dieu le sait! J'ai chanté le Magnificat, parce que je suis convaincu que tous mes vœux ont dù lui être agréa- bles. Hier on m'a fait rester à la mairie, où j'ai travaillé toute la journée; le soir, j'ai été emmené par les soldats, en compagnie de Damotte et sa femme, Nicolas Petit, Maupin et un garçon boucher de Meligne. On nous a ainsi conduits plus loin que le creux Minchard : je croyais ma dernière heure venue, et mon sacrifice était fait de nou- veau, lorsqu'on a fait rester en arrière les cinq personnes, et l’on m'a fait monter dans une voiture pour me conduire à Chaumont, où je dois paraître devant le général et rendre compte des faits. Je compte que Dieu m'inspirera et que je répondrai convenablement. » Adieu! chantez le Magnificat! Dieu à voulu que je souffrisse con- venablement, je l'espère. J'ai eu de plus le bonheur de prier pendant la nuit au milieu de ces pauvres gens arrêtés et de contribuer à élever leurs cœurs vers Dieu. Leur mort a été si douloureuse que j'espère beaucoup pour leur salut! Magnificat! » Adieu, ma chère amie, embrasse bien tous nos chers enfants, et bon courage! Je vais partir pour Chaumont; je me porte bien. Je re- viendrai bientôt, je l'espère. » J'ai vu, pendant toute la nuit que nous avons passée au-dessus de la Rochotte, ta fenêtre éclairée; merci mille fois de tes bonnes prières et de celles de ta mère et de ta sœur : elles m'ont très puissamment aidé à sortir victorieux de ces épreuves. #agnificat ! » Je vous embrasse tous de tout mon cœur; je donne ma lettre à un voiturier qui part pour Châtillon. Âdieu! (Signé) A. MAITRE. » Âu même chapitre V, on a parlé d’une proclamation allemande au sujet de l’'échauffourée des franes-tireurs à Châtillon. Voici cette pro- clamation en français germanique : « Dans la nuit du 18 au 19 de ce mois, les troupes prussiennes, qui se trouvaient en petit nombre à Chàtillon-sur-Seine, ont été surprises par des forces supérieures, composées de gardes mobiles et de francs- ae rs, et, par suite du concours déloyal des habitants, ont été muti- lées et assassinées cruellement dans leurs habitations ou faites prison- nières; une partie seulement réussit à se retirer en combattant. » Le commandant de cette ville, en faisant connaître au public cet acte détestuble, contraire à tous les usages de la guerre et indigne d’un peuple civilisé, se voit dans la nécessité de déclarer que, quoi- qu'il reconnaisse à la population de Chaumont et des environs des sen- timents meilleurs, quoiqu'il ait remarqué partout une attitude calme — 166 — et convenable à l'état de guerre où nous sommes, il doit aviser aux moyens pour que des actes aussi déplorables et qui appelleraient les plus dures représailles, ne se reproduisent plus; c'est pourquoi, dans l'intérêt des troupes aussi bien que dans celui de Ja ville et du dépar- tement, il juge utile de prendre les mesures de sûreté qui suivent : » I. Je m'assurerai d’un certain nombre des citoyens les plus no- tables de la ville et des villages environnants pour les garder en otage. » II. Si des événements pareils à celui que je viens de mentionner se reproduisaient en cette ville, où même à la moindre tentation de cette nature, je ferais fusiller les otages pour punir le crime de leurs concitoyens, selon les droits de la guerre, me réservant en outre l’em- ploi de toute autre mesure de répression que je pourrais juger néces- saire, suivant la gravité des circonstances, telle que le pillage de la ville et d’autres localités, et même leur destruction par le feu et le glaive. » En proclamant ces mesures, nécessitées par l’acte infâme d’une population fanatique et qu’exige la sûreté de nos troupes, nul ne sera en droit de se plaindre de notre dureté, puisque leur exécution dépend de l'attitude du peuple lui-mème. » Je fais appel aux bons gens et aux personnes prudentes, qu'ils exi- gent auprès des méchants et des imprudents pour que les malheurs de la guerre ne grandissent pas à l'infini par la propre faute du peuple. » Chaumont, le 25 novembre 1870. » Le commandant des étapes, » PLorrz, colonel. » Au chapitre VIII il est question d’une usurpation du nom de Saulcy. — Voici la vérité sur ce sujet : Un nommé Jacquot, ferblantier-lampiste dans l’origine, et engagé garibaldien à fin de compte, avait d’abord cherché fortune en Tur- quie, et il était arrivé à Constantinople, porteur d’un passeport altéré sous le nom de Saulcy, Il se faisait passer pour officier d'artillerie. — On sut par l'ambassade de France à Constantinople que cet individu était une épave des travailleurs du canal de Suez. — M. de Sauley, consulté lui-même sur ce garibaldien qui s’affublait de son nom, disait : « J’ignore quel peut être le plat gredin qui a eu l’audace de prendre mon nom. Jamais je n’ai eu le moindre Jacquot à mon service. J'avais un frère d’un caractère faible, aimant les voyages et les aven- tures. Les gredins s’attachaient volontiers à lui pour le gruger. Il est mort à Naples, il y a deux ans. Jacquot lui aura volé son passeport et aura troqué son nom burlesque contre le mien (1). » ee, + + (4) Ce Jacquot se trouvait en effet à Naples en même temps que le frère de M. de Saulcy. — Ces détails ont été donnés plus au long dans une brochure éditée à Beaune par l'imprimeur Batault. = — Au chapitre IX, au bas d’une note, il faut suppléer le nom de Pont- de-Pany à celui de Pont-de-Passy. Au chapitre XIIT, on donne des détails sur le drapeau poméranien enlevé par les troupes françaises au combat de Pouilly. J'ajoute ici volontiers le détail que donne M. Clément Janin, p. 183 de son Journal .de la guerre de 1870-1871 : € Le capitaine Michard, qui commande dans l'usine Borgy, fait une sortie à la baïonnette. Les soldats du 61° poméranien, que leurs chefs ne retenaient qu'avec peine au feu, qui n’osaient plus relever leur dra- peau abattu, le 61° se retire en désordre derrière le talus du chemin de fer. Uurtaz, d'Annecy, chasseur du Mont-Blanc, ramasse le drapeau prussien abandonné et l'offre à Ricciotti dans la cour de l'usine. » Voici le relevé des corps de troupes qui ont pris part aux combats des 21, 2? et ?3 janvier 1871 sous Dijon, racontés au même chapitre XIII : Gardes mobilisés du Jura; — francs-tireurs de la Seine ; — mobiles de la Gironde; — bataillon des partisans (Vendée); — 32° de marche; — mobilisés de l'Isère; — mobiles de l'Aveyron; — 48 de marche; — mobiles de la Charente; — mobiles des Deux-Sèvres ; — mobilisés de Saône-et-Loire ; — volontaires garibaldiens; — enfants perdus d'Au- tun ; — mobiles de la Loire; — francs-tireurs de la Côte-d'Or; — mo- biles des Basses-Pyrénées ; — mobiles de l'Aube; — 6° d'artillerie ; — 4° chasseurs à pied; — francs-tireurs d'Oran, de Bone, d'Alger, de Marseille; — volontaires espagnols; — mobiles de Saône-et-Loire ; — Le tirailleurs algériens ; — mobiles des Basses-Alpes ; — chasseurs ré- publicains de la Loire. A la suite des succès de ces journées, le conseil municipal de Dijon délibéra, dans une séance du 27 janvier, sur l'opportunité de faire frapper une médaille en l'honneur de Garibaldi; on tomba d'accord sur l'inscription suivante: . Face Au héros de la république universelle, principale : Au général GARIBALDI, commandant l'armée des Vosges, La ville de Dixon reconnaissante. Revers : Aux héros des brigades Mexorrr, Riccorrt, PécisstEer, Bosak; Général Borpoxe, chef d’élal-major. Le 23 mai suivant, Garibaldi écrivit de son ile de Caprera le laco- nique remerciement qui suit : , — 168 — « CITOYEN MAIRE, » J'ai reçu la délibération, très honorable pour moi et mes officiers, de la généreuse municipalité de Dijon, et suis avec reconnaissance votre dévoué, ) (Signé) GARIBALDI. » Au chapitre XV, où il est question de l’internement en Suisse, il n'a pas été donné les détails que voici au sujet de celles de nos troupes qui ont réussi à regagner la France. Une dépêche du général d’Ariès au ministre de la guerre à Bor- deaux, et datée de Gex le 3 février 1871, était ainsi conçue : « Ma division est réunie à Gex. Elle est sensiblement réduite par suite des nombreuses congélations occasionnées par plusieurs nuits de bivouac dans la neige. » Le général Cremer s’est rendu ce matin de sa personne à Bourg. » Je suis heureux que ma division, ayant longé la Suisse, ne se soit pas laissée entrainer à passer la frontière. » Il résulte d’une autre dépêche du général Bressolles, que de toute sa division, trente officiers ou soldats ont aussi gagné Gex, en se plaçant sous les ordres du général d’Ariès. Le colonel des corps francs, Bourras, a aussi gagné Gex, en partant à marches forcées des environs de Saint-Hippolyte. Par une dépêche datée également de Gex, le 13 février 1871, à 3 h. 20’ du soir, et adressée à l'amiral Fourichon à Bordeaux, le général Pallu disait : « Après avoir couvert la retraite de l’armée en combattant pendant six heures au col de La Cluse, le 1° février, avec la réserve générale que je commandais contre l’armée de Manteuffel, j'ai usé de l’autori- sation du général en chef, et je me suis jeté dans les montagnes du Jura avec une petite troupe qui représentait les trois régiments de la réserve et qui a marché militairement en colonnes, en uniformes et en armes. Je me suis établi pendant le jour dans de fortes positions où je pouvais défier l'ennemi; j'ai longé les lignes prussiennes pendant la nuit, souvent à 400 mètres. Malgré le froid et les marches forcées, ma troupe est restée intacte et j'ai débouché dans la vallée du Rhône. L'affaire de La Cluse a été très; dure ; le chef de bataillon Saint-Au- laire a été tué. » (Pages 800, 802, 805 et 806 du Rapport PErroT, aux pièces justificatives.) À l’occasion du récit de l’internement des troupes françaises en Suisse, voici le détail de leur personnel, qui a été donné par le journal l'Helvétie : — 169 — ÏJ. TROUPES ENTRÉES PAR JOUGNE OU PAR LES FOURGS. XV®e Corps. — 3° division. 6° légion de marche (chasseurs). 16° régiment de ligne. 33° régiment de marche. 32° régiment de mobiles (Puy-de- Dôme) 8 compagnie du 13° bataillon de chasseurs. 8& compagnie du & bataillon de chasseurs. 27e régiment de marche. 34° régiment de marche. 69 régiment de mobiles (Ariège). XX: Corps. — 2° division. 34° régiment de mobiles (Deux-Sè- vrés). bataillon de mobiles (Savoie). 3° régiment de zouaves, de mar- che. Régiment provisoire du Haut- Rhin, ?° et 4° bataillons. +2 œ 3° division. JE 7° régimentinfanterie demarche. & régiment infanterie de ligne. Mobiles de la Loire, Pyrénées- Orientales, Vosges et Meur- the. XXIVe:Corps.— 1° division. 12° bataillon de marche (chasseurs à pied). 63 régiment de marche. 1 régiment mobilisés du Doubs. 83° régiment mobilisés de Tarn- et-Garonne. 2° division. 20° chasseurs à pied. 66° régiment de marche. {4 bataillon de mobiles. 4° bataillon de mobiles (Loire). 1e légion de mobiles du Rhône. 7° régiment de cavalerie légère. 6° et 10° régiments de dragons. 6° régiment de marche (cuiras- siers). II. TROUPES ENTRÉES PAR LES VERRIÈRES. Réserve. Infanterie de marine. 38 régiment de ligne. 29 régiment de marche. XVIIIe Corps. — 1" division. 9° chasseurs de marche. 42 régiment d'infanterie de mar- che. 19° régiment de mobiles du Cher. 44° régiment de marche. 83 régiment de mobiles (Loiret et Isère). 2e division. 12e bataillon de marche ( chas- seurs). »?° régiment de marche. 71° régiment de mobiles (Tarn, Maine-et-Loire, Allier). 92° régiment de ligne. Régiment d'infanterie légère d'Afrique. 80° régiment de mobiles (Sèvres, Ardèche, Isère). — 170 — 3° division. Cavalerie. 4° division de marche (zouaves). 2° régiment de marche (hussards). 81° régiment de marche (mobiles 3e régiment de marche (lanciers). Charente-Inférieure, Cher, 5° régiment de marche (dragons). Indre). oc régiment de marche (cuiras- »3° régiment de marche. siers). 82° régiment de marche. Au chapitre XVI, il est dit que l’armée allemande quitta Pontarlier pour échelonner ses cantonnements dans la direction de l’ouest. Cependant le vendredi 17 janvier 1871, et malgré l'annonce de l’ar- mistice désormais applicable aux départements du Doubs, du Jura et de la Côte-d'Or, un escadron de uhlans et douze à quinze cents hommes du Royal-Colberg firent irruption à Pontarlier et s’installèrent chez les habitants par groupes de 6, 8, 10, 12 et 16 hommes. Les impositions de guerre sur la ville et les réquisitions dans les campagnes recom- mencèrent. Le seul changement notable entre cette seconde occupa- tion et la précédente, c'est que, d’après une disposition particulière du nouveau traité d'armistice, l'occupation fut limitée à trois mille mètres des forts. Il résultait de là une allégeance ou neutralité envers la partie de la ville la plus rapprochée des forts de Joux et du Lar- mont; ce qui dégrevait la moitié environ de l’enceinte de cette ville, tandis que. l’autre moitié était de nouveau envahie. Des maladies mortelles, causées par les tourments, par les privations et par un air vicié, sévirent sur la population pontissalienne, et, par surcroît, d’effroyables ravages de peste bovine se manifestèrent au chef-lieu et dans tous les alentours. Malgré ce lugubre assemblage de malheurs, la ville de Pontarlier reprit un air de fête le jeudi 23 février, parce que seize cents soldats de Belfort arrivaient dans ses murs avec armes et bagages; mais Manteuffel répondit à cette joyeuse et fière démonstration par un impôt de guerre de 575,000 francs sur tout l’arrondissement, dont 245,000 fr. sur la ville seule. Le lendemain 24, le colonel Denfert, qui s'était illustré par la belle défense de Belfort, vint remplacer avec deux mille hommes ceux de la veille qui partaient pour Lyon. Malgré la nouvelle oppression des Alle- mands, on jeta sur son passage des rameaux verts et toutes les fleurs qu'on put trouver dans les serres. On admirait la martiale prestance de ces hommes et la précision de leurs mouvements. Ces troupes de l'héroïque Belfort, ne partant de Pontarlier que le 26 et comblées de la plus sympathique hospitalité, causèrent aux Allemands un vif déplaisir. ils le manifestèrent par une grotesque entrée solennelle en ville, mu- sique en tête. Les Pontissaliens auraient eu bien envie de rire de cette ridicule parade, si une profonde réaction de tristesse ne s'était emparée d'eux au sentiment de leurs malheurs. # — 11 — Enfin, le ?8 février, un télégramme de Versailles annonça la conclu- sion de la paix. Cet événement vint couper court aux réquisitions et impôts de guerre dont l'arrondissement de Pontarlier avait été écrasé judaïquement et sans mesure. Malgré la paix, l'étranger tint garnison à Pontarlier pendant deux mois et demi encore, c’est-à-dire jusqu'au 1? mai, jour où cette ville salua le départ de ses hôtes odieux qui l'avaient choisie comme le der- nier poste de France pour surveiller la neutralité armée de la Suisse. FIN DE LA SECONDE PARTIE. TROISIÈME SUPPLÉMENT A LA FLORE DE MONTBÉLIARD Par M. Ch. CONTEJEAN PROFESSEUR A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE POITIERS. Séance du 7 août 1875. Comme le titre l'indique, ce petit travail est un troisième supplément à mon ÆEnumération des plantes vasculaires des environs de Montbéliard, publiée en 1853 et en 1854 dans les Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs. Le premier sup- plément, qui figure dans le même recueil, date de 1856, et le deuxième, intitulé Notes sur quelques plantes nouvelles, rares ou critiques de la Flore de Montbéliard, a été inséré, en 1864, dans les Mémoires de la Société d'Emulation de Montbéliard. Constamment préoccupé de notre flore locale, je viens, au- jourd'hui, réunir aux données précédemment enregistrées tous les faits nouveaux qui sont parvenus à ma connaissance, Je me propose également de signaler les plantes indiquées à tort dans notre domaine botanique, et dont la plupart pro- viennent de ce vieux fond de notes erronées que se trans- mettent les auteurs de génération en génération, véritable caput mortuwm dont il importe de débarrasser toutes les flores. Le pays de Montbéliard se trouve, malheureusement, privi- légié sous ce rapport; et cela ne doit point surprendre si l'on songe au grand nombre de botanistes qui y ont herborisé depuis trois siècles, à commencer par l’illustre Jean Bauhin. Tous ou presque tous ont fourni leur quote-part d’inexacti- — 173 — tudes. Répandues dans les livres du temps, beaucoup de ces erreurs ont reçu la sanction de savants distingués, qui les ont reproduites, sur la foi de leurs prédécesseurs. A diverses re- prises, je me suis efforcé de désigner les plus importantes ; mais il en est demeuré beaucoup en circulation, et je crois faire une œuvre utile en les relevant en détail, une fois pour toutes. Et, comme les flores s’enrichissent incessamment de plantes étrangères qui peuvent, à la longue, en modifier la physionomie, je veux indiquer, avec tout le soin possible, l'époque des naturalisations à moi connues, ainsi que la date des semis effectués en vue de propager certaines espèces. Cet opuscule sera donc divisé en trois parties : 1° additions et rectifications, 2° suppressions, 3° naturalisations. Les documents utilisés proviennent de publications ré- centes, de notes transmises par divers correspondants, enfin, de mes observations personnelles pendant quelques voyages de vacances. Les ouvrages mis à contribution sont les suivants : 10 Synopsis de la flore du Jura septentrional et du Sundgau, par feu Fricue-Joser père et par F.-J. MonTanDoN, Mulhouse, 1856. — Assez mal mené dans ce livre, je dois m'abstenir de toute remarque critique, et je renvoie le lecteur, curieux d'être édifié sur le mérite de l'œuvre de M. Montandon, à l'analyse qu'en à faite Kirschleger dans sa Flore d’Alsace (2° vol. p. zxxxvu). Le Synopsis ne m'a livré d'ailleurs que fort peu d'indications nouvelles, la plus grande circonspec- tion étant nécessaire pour distinguer le réel du fantastique parmi les données suspectes dont l'ouvrage fourmille. En re- vanche, c'est lui qui mentionne, comme indigènes, le plus erand nombre d'espèces étrangères à notre flore. Pendant longues années, j'ai reculé devant une exécution, le livre de M. Montandon étant peu répandu, et, si j'ose le dire, médio- crement considéré. Mais les écrits restent. Toutes réflexions faites, je veux et je dois signaler les innombrables inexacti- tudes du Synopsis, afin d’épargner bien des erreurs aux bota- — 174 — uistes étrangers, et bien des mécomptes aux débutants qui se laisseraient guider par cet ouvrage. 2° Notice sur la flore des environs de Belfort, par M. L. Pa- RISOT {dans les Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, 3° série, 3° vol., 1858). — Consciencieusement élaboré, et précédé d’une description de la contrée et d’un apercu très sobre, mais très précis, sur la géologie et la géographie bota- nique du bassin de là Savoureuse, ce livre, qui n’est d’ail- leurs qu'un simple catalogue, m'a fourni beaucoup de faits de détail sur la végétation de notre extrême lisière vosgienne. Je n’ai pas besoin d'ajouter qu'ils peuvent être enregistrés en toute confiance. 30 Histoire naturelle du Jura et des départements voisins. Tome IT, Botanique, par E. Micxazer, Paris et Lons-le-Sau- nier, 1864. — C'est également un catalogue, avec géographie botanique. Le champ d'exploration de l’auteur comprend le département du Jura, les hauts sommets de la chaîne méri- dionale et presque toute la Bresse; mais le pays de Monthé- lard, sinon le département du Doubs, se trouve en dehors du cadre de l'ouvrage, J'ai cependant voulu consacrer quel- ques lignes à un botaniste extrêmement distingué, à un ex- plorateur perspicace, qui a su découvrir dans le haut Jura les espèces les plus rares et les plus précieuses. Je dois éga- lement une mention à son principal collaborateur, H. de Joufifroy, dont les débuts avaient été remarqués, et qui, plus jeune que Michalet, le précéda de quelques années dans la tombe. 4° Annales de l'association vogéso-rhénane, faisant suite à la Flore d'Alsace de F. KirscaLeGer, 9 livraisons, 1863 à 1868. — Dans ce recueil, où l’auteur consigne tous les faits nou- veaux qui peuvent intéresser de près ou de loin le naturaliste alsacien, se trouvent cà et là quelques données inédites sur la flore de nos extrèmes limites vosgiennes. Les plus impor- tantes proviennent de M. Pourchot et de M. Vendrely. 5° Flore de la chaine jurassique, par Ch. GRENIER (dans les — 175 — Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, 3° série, 10° vol., 1864 et 1869). — Le livre de Grenier est une excellente flore, destinée, au même titre que celle de M. Godet, à devenir le vade-mecum de tous ceux qui herboriseront désormais dans nos montagnes. C’est un ouvrage essentiellement descriptif, qui m'a été souvent d’un grand secours pour la détermina- tion de certaines espèces litigieuses, et dans lequel j'ai trouvé plusieurs indications de localités nouvelles. 6° Supplément à la Flore du Jura suisse et français, par Ch. H. Goper, Neuchâtel, 1869. — Inutile, également, de faire l'éloge des travaux, justement appréciés, de M. Godet. Le Supplément m'a fourni quelques détails sur la dispersion des espèces rares des côtes du Doubs. 70 Flore vogéso-rhénane, etc., par Fréd. KIRSCHLEGER, Pa- ris et Strasbourg, 1870. — C'est une deuxième édition, abré- gée et condensée, de la Flore d'Alsace du même auteur {Stras- bourg, 1852-1862). On y trouve un grand nombre d’indica- tions relatives au pays de Montbéliard, mais aucune n'est inédite. Aussi n’aurais-je point mentionné cet ouvrage, si je n'avais à tenir en garde le lecteur contre les inexactitudes, malheureusement nombreuses, que renferme le second vo- lume. Trop souvent, en effet, l’auteur reproduit les données suspectes des anciens botanistes ; il répète, de même, les fausses indications de M. Montandon ; enfin, en citant, d'une manière générale, certaines espèces « à Montbéliard, » il peut laisser croire qu'elles sont du voisinage immédiat de la ville, tandis que beaucoup ne se rencontrent que dans des localités de la Montagne éloignées de plus de 50 kilomètres. Je me hâte d'ajouter que le 2° volume a paru après la mort de Kirschleger, et que ce botaniste, aussi distingué qu'original, est étranger à sa rédaction. 8° Aperçu phytostatique sur le département de la Haute- Saône, suivi d'un catalogue des plantes qui y croissent sponta- nément, par F. RexauLp, Vesoul, 1873.— Le travail de M. Re- nauld se recommande par sa clarté et par la variété et la — 176 — précision des données qu'il renferme. Le nom de chaque espèce est accompagné des mentions suivantes : durée ; épo- que de floraison; station; sol géologique préféré; détail des localités par région d'altitude et de terrain, avec chiffres d’al- titudes. Il serait à désirer que les catalogues botaniques fus- sent désormais rédigés sur ce modèle. C’est le livre de M. Re- nauld qui m'a fourni le plus de renseignements inédits, les découvertes de M. Vendrely, qui y sont consignées, ayant augmenté d'une manière notable le nombre de nos espèces sous-vosgiennes. 9° Mentionnons encore le Catalogue des mousses, sphaignes et hépatiques des environs de Montbéliard, par M. L. QuéLeT, et un travail important du même auteur, intitulé Les champi- gnons du Jura et des Vosges. Ces deux ouvrages forment, à eux seuls, le 5° volume de la 2e série des Mémoires de la Société d'émulation de Montbéliard (1870-1872). — Quoique je n'aie point à m'occuper ici de la flore cryptogamique, il m'est im- possible de ne pas citer des œuvres estimables et estimées, qui ont valu à leur auteur les approbations les plus flatteuses, et de ne pas émettre le vœu qu’elles soient bientôt complétées par une étude analogue de nos algues et de nos lichens. Alors la végétation du pays de Montbéliard sera mieux connue que celle d'aucune autre partie de la France, et l'on pourra son- ger à réunir en un seul ouvrage toutes les données éparpil- lées. 10° Revue de la Flore des monts Jura, par Ch. GRENIER (dans les Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, 4° série, 9 vol., 1874). — Cette œuvre dernière de mon ami regretté, consiste surtout en additions à la Flore de la chaîne juras- sique; j y ai trouvé quelques localités nouvelles. Les botanistes qui m ont fourni des renseignements directs sont : M. Jordan, propriétaire à Montbéliard; M. L. Quélet, médecin à Hérimoncourt; M. Ch. Roy, pasteur à Bussurel; M. L. Pourchot, employé à Bellevue, près Giromagny ; M. L. Bernard, ex-instituteur à Montécheroux ; M. B. Ber- — 177 — nard, théologien; M. Vendrely, pharmacien à Champagney, qui à eu l’obligeance de rédiger, à mon intention, le catalogue complet de ses observations. Je me fais un plaisir de leur en témoigner ma reconnaissance. À ces noms il faut joindre ceux de MM. Berthet, Dumont, Fétel et Cordier, cités dans la Flore de Grenier, et ceux de MM. Jolyet, Thiout et Paillot, cités dans le catalogue de M. Renauld. Dans la liste qui va suivre des espèces et des localités nou- velles à ajouter à la flore de Montbéliard , j'ai conservé les dispositions typographiques de mon Enumération et de ses précédents suppléments : le nom des plantes nouvelles est en normande; celui des plantes déjà mentionnées, en petite ca- pitale; les espèces accidentellement introduites, mais qu’on ne peut regarder comme indigènes, sont désignées par le Signe —., Poitiers, le 1*.juillet 1875. 12 ADDITIONS ET RECTIFICATIONS. THALIGTRUM MONTANUM Wallr. — Grenier démontre (flore de la chaîne jurassique, p. 5 et suiv.) que les plantes jurassiennes désignées sous ce nom constituent deux espèces distinctes; l’une à souche épaisse et entièrement dépourvue de stolons : c’est le Th. majus Jacq;; l'autre, à souche grêle, émettant des stolons nombreux et très longs : c'est le T'h. silvaticum K. Il faut done modifier, de la manière sui- vante, les articles de mon Ænuméralion et de ses Suppléments où il est question de ces espèces : Th. majus Jacq. — Rochers et coteaux pierreux du calcaire juras- sique. Col des Roches Godet!; côtes du Dessoubre à Consolation Fé- tel et Mainy!; roches de Pont-de-Roide Grenier. Probablement plus répandu. Th. silvaticum K. — Pelouses sablonneuses et caillouteuses. La seule localité authentique est la Champagne d’Arbouans, où il a été découvert par Bernard et Weizel. Il reste à déterminer à laquelle des deux espèces appartiennent la plante que j'ai signalée, en 1853, au-, dessus de la côte de Fleur-d’'Epine, à Montbéliard, et celle qu'indique M. Monlandon à Delle et à Thiancourt. — Adonis flammea Jacq.— Sous le nom d'A. æstivalis L., je trouve, dans mon herbier, un exemplaire d’4. flammea Jacq. qui m'a été donné par Weizel, en 184?, comme provenant de la Champagne des forges d'Audincourt. Je n'ose cependant mentionner cette plante au nombre de nos espèces indigènes. Ranunculus hederaceus L. — Champagney Vendrely. R. aconrriFoLtus L. — Champagney Vendrely. R. Lixeua L. — Marais de Fesches Cordier 1859 (Quélet). R. scELERATUS L. — Quelquefois très commun dans les étangs des- séchés de notre extrème lisière vosgienne près de Giromagny Pourchot. R. aAcris L. — La forme À. Friesanus Jord. à Champagney, sur les schistes Vendrely. RB. Philonotis Ebhrh. — Frahier Vendrely. C'est la seule localité au-- thentique dans toute notre circonscription. ; AconiTuM Lycocronum L. — Champagney, mont de Plancher Ven- drely. — Corypazis LUTEA DC. — Une fois, sur les grèves du Rahin Ven dr ely. — 179 — NASTURTIUM PYRENAICUM R. Br. — Vallée du Rahin à Champagney, Recologne Vendrely. CARDAMINE IMPATIENS L. — Côtes du Dessoubre à Saint-Hippolyte L. Bernard; Fleurey id.; vallon d'Hérimoncourt Quélel. SISYMBRIUM MURALE L. — Cette espèce, signalée à Belfort, vers 1856, par M. Parisot, semble destinée à se propager dans nos contrées. M. Quélet l'indique, en 1860, sur les bords de la route de Valentigney, où je l'ai vue en 1871, et en plus grande abondance en 1873; je l’ai également trouvée à Audincourt, dans le voisinage de la gare et le long de la voie ferrée, du côté de Dâle. — ERISYMUM ORIENTALE R. Br. — Quelques pieds dans les terres re- muées des talus de la route de Sochaux Jordan. Sinapis Cheiranthus K. — Plante des sols granitiques et des alluvions sablonneuses du centre et du midi de la France; assez com- mune dans la vallée du Rhin, plus rare dans les Vosges; signalée à Champagney et à Plancher-Bas par M. Vendrely. ErucasrruM Pozricait Sp. — Gare du chemin de fer à Montbéliard et à Audincourt; extrèmement abondant, aux forges d’Audincourt, dans la partie de la Champagne qui avoisine le Doubs! Paraît envahissant. — E. obtusangulum Rchb. — M. Quélet a trouvé cette espèce, en 1860, sur les bords de la route de Valentigney, où je l’ai revue en 1871. Se propagera-t-elle ? THLasPr ALPESTRE L. — Côtes du Doubs à Goumois Cordier (Grenier). LEPIDIUM RUDERALE L. — Toujours abondante à Belfort, cette plante, jadis fort rare à Montbéliard, paraît se répandre autour de la ville. M. Jordan l'indique sur les bords d'e la route de Saint-Suzanne, vis- à-vis de la nouvelle filature, où je l'ai vue en 1873; la même année, j'en ai trouvé de nombreux spécimens sur le quai du bassin du Canal. CapseLLA Bursa-pAsrorits Mœnch.— La forme C. rubella Reut. est assez répandue dans toute notre circonseription. IBERIS INTERMEDIA Guers (1. Conlejeani Bill.) — Eboulis de la Motte du Châtel, commune de La Derrière B. Bernard 1875; rochers du Che- val-Blanc à Pont-de-Roide Paillot, Isaris TINCrTORIA L. — Tend à se propager. M. Vendrely l'a vu à Champagney; M. Parisot le signale aux Barres, près de Belfort, et je l'ai trouvé récemment à Audincourt, près de l’ancienne carrière de la Baume. — RapisrRuM RuGosuM AIL. — Cette plante, qu'on ne peut guère con- sidérer comme indigène, se montre çà et là dans les décombres et les terres remuées, mais n'y persiste point. M. Quélet l'a vue, en 1861, sur les bords du Canal à Etupes. VioLa niRrA L.— La forme V, permixla Jord., qui est peut-être une — 180 — bonne espèce, a été trouvée, par M. Quélet, à Roches, au coteau de la Fontaine, parmi les V. odorata L. et V. hirla L. V. ALBA Bess. et la forme V. scotophylla Jord. — Croissent ensemble. et en abondance, sur toutes nos collines jurassiques des deux régions inférieures Quélet. V. ODORATA L. — La forme V. multicaulis Jord., souvent considérée comme bonne espèce, est signalée, par M. Quélet, à Pierrefontaine, Bondeval, Arbouans. V. BiFLorA L. — Indiqué par €. Nicolet dans les côtes du Doubs, depuis le moulin Petet jusqu'à Moron, sur une étendue de deux lieues Godet. Dranraus suPErBus L. — Montécheroux L. Bernard! 1871. Abondant. SILENE GALLICA L. — Pierrefontaine, Blamont, Dampierre-sur-le- Doubs Quélel; Recologne et toute la vallée du Rahin Vendrely. Lycanis Viscarra Li. — Champagnev lendrely. L. vESPERTINA £ibth. — Ronchamp, Champagney Vendrely. ALSINE SEGETALIS L. — Plus répandu que les données jusqu'ici enre- gistrées ne pourraient le faire supposer; ainsi, abondant à Monthé- liard dans presque tous les champs sur diluvium argilo-sableux, par exemple à la Chaux, au Parc, au Montchevi, etc. Moœnxcuia ERECTA F1. de W. — Dans notre lisière vosgienne à Evette, au Valdoie Pourchot. Certainement plus répandu. ELATINE HEXANDRA DC. — Etangs de Florimont et de Boron Quélet. GERANIUM PALUSTRE L. — Champagney Vendrely; Auxelles Parisot: Bourogne, id. Eronium cicuraritum L'Hérit. — La forme Æ, commixtum Jord. à Champagney Vendrely. — 6. pratense L. — Naturalisé près de la Chapotte Quélet. G. SANGUINEUM L. — Col-des-Roches Quélet; rochers de la Chaux à Montécheroux, très abondant Quélet, L. Bernard; Clémont L. Bernard. — ©@xalls stricta L. — Vy-les-Lure Thioul. STAPHYLEA PINNATA L. — Bois de Montfort à Clerval, assez abondant Paillot. GENISTA GERMANICA L. — Dans notre lisière vosgienne à Auxelles Pourchot, à Champagney Vendrely. Cytisus Laburnum L. — Très irrégulièrement disséminée dans toute la chaîne du Jura, cette espèce est indiquée, comme abondante, à Clerval par Grenier. — Vicia lutea L. — Trouvé par M. Vendrely dans les remblais du chemin de fer à Champagney. — 181 — Larayrus ApracA L. — Vallon d'Hérimoncourt Quélet; assez abon- dant à Belfort Parisot. L. Nissozra L. — Meslières, les Fourneaux, la Bouloye, dans les bois Quélet; Champagney Vendrely. Orogus nier L. — Montécheroux Quélet, Ecurcey L. Bernard, Aute- chaux Quélet, Bourguignon B. Bernard, Bure, Quélet. Prunus Papus L. — Gouhenans Jolyet; Champagney, mont de Plan- cher, Plancher-Bas Vendrely. SrirÆA AruNous L. — Champagney Vendrely. S. FizipeNDuLA L. — Autechaux, Roches Quélet. Rosa spinosissima L. — Adoptant la manière de voir de Gre- nier (Flore de la chaine jurassique, p. 227), je remplace par ce nom celui de À. pimpinellifolia DG., qui désigne la même espèce. La forme ou l’hybride R. rubella Sm. est indiquée par M. Quélet aux roches de Pont-de-Roide. SANGUISORBA OFFICINALIS L. — Champagney Vendrely. Porerium SaxGuisorBA L. — Les deux formes (ou espèces?) P. dictyo- carpum Sp. et P. muricalum Sp., à peu près également répandues; la dernière préférant les lieux secs Quélet. COTONEASTER VULGARIS Lindl. — Roches de la Chaux, près de Monté- cheroux L. Bernard. C. romexrosa Lindl. — Côtes du Doubs au Chatelard L. Bernard; cirque de Châtillon Quélet; avec le précédent aux roches de la Chaux L. Bernard. EriLogrun Dopoxzær Vill — Plateaux du Fahy à Courtedoux Quélet; Belfort à la Miotte Parisot Cimcæa aLriNa L. — Lomont à Liebvillers L. Bernard; Champagney Vendrely. GC. irermepta Ehrh. — Champagney Vendrely. Trapa Naraxs L. — Etang de La Chapelle-sous-Chaux Pourchot. Monria FONTANA L. — Sous ce nom, les botanistes confondent souvent deux espèces fort distinctes, dont l’üne est vivace (41. rivularis Gm.), et l’autre, annuelle (NH. minor Gm.). Il faut donc modifier de la ma- nière suivante le genre Montia de mon Enuméraltion : M. rivularis Gm. — Ruisseaux et lieux humides des collines sous- vosgiennes. Abondant. M. minor Gm.— Champs sablonneux et argilo-sableux. Bourogne Quélel 1860. HerxraRtA HisurA L. — Champagney Thiout. ILLECEBRUM VERTICILLATUM L. — Répandu, abondant dans toute la lisière vosgienne! — 182 — SCLERANTHUS PERENNIS L. — Champagney Vendrely, Valdoie Parisot. SEDUM ANNUUM L. — Mont de Plancher Vendrely. S. micranthum Bast. — Signalé par Grenier (Revue) « sur les col- lines sèches et les rochers, depuis la plaine jusqu'aux sommités; » existe certainement dans notre circonscription, où il a été confondu avec le S. album L. CRASSULA RUBENS L. — Hérimoncourt Quélet. R18Es ALPINUM L. — Champagney Jolyet. CHRYSOSPLENIUM OPPOSITIFOLIUM L. — La localité du Bief-d’Etoz se trouve près de la Chapelle, à une lieue au-dessous de la Verrerie Mi- colet, Godet. — BUPLEVRUM ROTUNDIFOLIUM L. — Quelques pieds de cette ombelli- fère, que je n'ose donner comme indigène, ont été trouvés, en 1872, par M. Jordan, sur les talus récents de la route de Sochaux. LiBANOTIS MONTANA AIL. — Belfort au Chantoiseau Parisot. PEUCEDANUM CERVARIA Lap. — Lomont de Pierrefontaine L. Bernard. P. OrroserINum Mœnch. — Champagney Vendrely. HERACLEUM ALPINUM L. — Cette espèce a été récemment signalée par Grenier au-dessous des roches du Chateleu, dans les prés-bois qui dominent le hameau du Roset, canton de Morteau. Située un peu en dehors de nos limites, cette localité est unique pour le Jura français, et, sije ne me trompe, pour la France. OENANTHE PEUCEDANIFOLIA Poll. — Entre Charmois et Montreux Pa- risot; Champagney Vendrely 1875. CHÆROPHYLLUM HIRSUTUM L. — Champagney Vendrely. — MYrRHIS ODORATA Scop. — Montécheroux L. Bernard. Toujours près des habitations; ne peut être considéré comme indigêne. Viscum ALBUM L, — Le gui du chène, qui est toujours une très grande rareté, a été découvert dans les limites de notre Flore, en 1874, au bois des Feuillées, commune de Vians (Haute-Saône), par M. Ch. Roy, qui en a déposé un beau spécimen au musée de Montbéliard. LONICERA ALPIGENA L. — Montécheroux ZL. Bernard. VALERIANA TRIPTERIS L. — Champagney Vendrely. — Aster brumalis Nees. — Naturalisé à Champagney Vendrely. FicaGo ARvENSIS L. — Montéchieroux L. Bernard: Montbéliard (bois des Bourgeois) Jordan. Fort rare dans la partie jurassique de notre circonscription, où on ne le voit que de loin en loin sur le diluvium: assez répandu dans notre lisière vosgienne. GNAPHALIUM LUTEO-ALBUM L. — Seloncourt, Voujeaucourt Quélet: bois des Bourgeois Jordan. Même dispersion que le précédent; un peu moins rare dans notre aire jurassique. — 183 — — Chrysanthemum segetum L. — Plante du centre et du midi de la France, accidentellement trouvée à Champagney par M. Vendrely. — Anthemis tinctoria L. — En abondance dans un champ de trèfle à Montécheroux, où il a certainement été introduit avec des se- mences étrangères Quélel ! 1875. Antheumis nobilis L, — Signalé par M. Paillot dans la vallée du Rabhin à Roye, où il est rare. ARNICA MONTANA L. — Bas-Evette Quélet, Champagney Vendrely. Sevecro PALuDosUs L. — Etang de la Maîche à Belfort Parisot. Oxoporpox Acaxratum L. — Très commun à la gare de Montbéliard! Tend à se répandre. Serratula tinetoria L. — Lomont de Chamesol Cordier 1862 (Qué- let), de Vermondans Z. Bernard; Autechaux id. Cexraurea Cazcrrrapa L. — Toujours rare à Belfort (Parisot), cette plante, tout à fait perdue à Montbéliard, tend à se propager au pied de la côte des Vieilles-Vignes, à Hérimoncourt, où elle a été natura- lisée depuis 1860 (Quélet). CENTAUREA MICROPTILON Godr. Gr. — Je ne connais pas la plante (plus ou moins suspecte) désignée sous ce nom dans la Flore de France, mais je puis affirmer aujourd'hui que celle de Montbéliard est à peine une variété du €. amara L. Lacruca PERENNIS L. — Rochers de Clémont et de Bief L. Bernard: roches de Pont-de-Roide £. Bernard. Lacruca ScarioLa L, — Cette espèce, dont j'ai trouvé les premiers pieds au bassin du Canal, à Montbéliard, en 1851, s’est étonnamment multipliée depuis. Je l’ai revue à Clerval. à Voujeaucourt, sur les talus de la route de Sochaux, et surtout à la colline de la Chaux, qu'elle avait entièrement envahie en 1873. — ÏJELMINTRIA EcHIO1DES Gaertn. — Gare d'Héricourt Rébillard. Seorzonera husnilis L. — Trouvé dans notre lisière vosgienne, par M. Pourchot à Chaux et à Saint-Nicolas, par M. Jolyet à Plancher- Bas, et par M. Vendrely à Champagney et à Clairegoutte. JASIONE MONTANA L. — Se montre de loin en loin, dans notre circon- scription jurassique, sur des affleurements détritiques, mais n'y per- siste point. C'est ainsi que M. Quélet l'a trouvé, à Vandoncourt, dans une plantation de bouleaux, où il ne s’est maintenu que trois ou quatre ans. Campanuls persicifolia L. — Indiqué sur nos extrêmes limites sous-vossiennes, par M. Parisot, comme assez fréquent dans les bois de la région montagneuse et de la région moyenne du bassin supérieur de la Savoureuse. — 184: Vacanrum MyrriLzus L. — Bois de Vandoncourt, d'Audincourt et d'Etupes Quélet. V. oxycoccos L. — Tourbières d’Eloye et d’Auxelles Pourchot. V. Vinis-InÆa L. — Champagney Vendrely. PYROLA SECUNDA L. — Sapinière de la Chafrerie à Abbévillers Quélet. Sans doute introduit. P. mor L. — Champagney Vendrely. MENYANTHES TRIFOLIATA L. — Sur nos extrêmes limites vosgiennes à Belfort (Champ de Mars), Cravanche, Danjoutin Parisot, Champagney Vendrely. GENTIANA PNEUMONANTHE L. — Champagney Vendrely. G. verxA L. — De Saint-Ursanne à Saint-Braix, très abondant Quélet. POLEMONIUM CÆRULEUM L. — Paraît bien indigène dans la localité classique du Villers et des Pargots, où il est très abondant (Cordier); n'existe pas à Morteau (Grenier). — Cuscuta epilinum Weihe. — Abbévillers à la Tranchée Quélet 1861. ©. Trifolii Bab. — Champagney Vendrely. CERINTHE ALPINA Kit. — Signalé aux Cerneux-Péquignot, près de Morteau, par M. Berthel (Grenier). Myosoris xisprpa Schl. — Montécheroux L. Bernard. DIGITALIS GRANDIFLORA Lam. — Ecurcey L. Bernard; Grandfontaine, Abbevillers (uélet. LinARIA STRIATA DC. — Champagney Vendrely; gare de Montbéliard! VERONICA TRIPHYLLOS L. — Bourguignon et Mathay Quélet. V. AGINIFOLIA L. — Etupes, Brognard, Charmont, sur le diluvium Quélet. V. BuxBauun Ten. — De Montécheroux à Saint-Hippolyte L. Ber- nard; Champagney, ban de Champagney Vendrely. LiNDERNIA PyxipartA AIL — Sermamagny Parisot. LIMOSELLA AQUATICA L. — Sur nos extrêmes limites vosgiennes, à La Chapelle-sous-Chaux Pourchot; Roppe, Eloye Parisot. OroBancue Rapui Thuil. — Champagney, mont de Plancher Ven- drely, Auxelles Parisot. Assez rare. — MEnxraa virinis L. — Village d'Abbévillers Quélet. — MarRüBIUM VULGARE L. — Cette plante, qu'on ne peut guère re- garder comme indigène, a été trouvée à Hérimoncourt (Vieilles Vignes) par M. Quélet, en 1856. S'y maintiendra-t-elle mieux que dans les autres localités de notre circonscription où elle a été autrefois signalée? — 185 — NeperTa Cararra L. — Bourogne Parisot. Leonurus Carpraca L. — Chaux, Sermamagny, le Valdoia Parisot, Magny de Champagney Vendrely. SCUTELLARIA MINOR L. — Belfort à l’Arceau. au Salbert, à la Vaivre Parisot; Champagney Vendrely. Particulier à notre lisière vosgienne. AJUGA GENEVENSIS L. — Champagney Vendrely, Ronchamp Jolyet. Utricularia intermedia Hayn. — Tourbières d’'Eloye, très rare Parisot, étang de Bellevue, rare Pourchot. U. mor L. — Evette; tourbière de l’Arceau entre Eloye et Roppe Parisot. Anagallis tenella L. — Auxelles Pourchol 1860. CEnTuncuLus minimMus L, — Valentigney, Voujeaucourt, Laire, Tavey Quélet; commun autour de Montbéliard dans tous les champs sur dilu- vium argilo-sableux! Sans doute très répandu, mais échappant aisé- ment à l'observation. LiTTORELLA LAGUSTRIS L, — Sur notre extrême limite vosgienne du nord-est à Cravanche Parisot; Chaux, La Chapelle Pourchol — PLANTAGO ARENARIA W. K. — Se montre de loin en loin sur le parcours du chemin de fer, mais sans s’acclimater. Je l’ai vu, en 1858, à la gare de Belfort (d’où il a disparu), en 1871 à celle de Colombier- Fontaine, en 1871 et en 1873 à celle de Montbéliard; M. Rébillard l'in- dique à la gare d'Héricourt. Rumex mariTimus L — Etang de Bellevue Pourchot. AMARANTUS RETROFLEXUS L. — Très envahissant, et commençant à devenir une mauvaise herbe dans les champs de la Champagne des forges d’Audincourt. Très abondant autour de la gare de Montbéliard! Introduit à Champagney Vendrely. CHenoPpopium urBICUM L.— Belfort Parisot. THesium ALPINUM L. — Roches de Pont de-Roide Quélet. PARIETARIA OFFIGINALIS L. — Clerval Paillot (Grenier). SALIX PENTANDRA L. — Lomont de Chamesol L. Bernard. POTAMOGETON RUFESCENS Schrad. — Belfort Parisot. P. oBLonGus Viv. — Sermamagny Parisot, Champagney Vendrely. P. acurirouus Link. — Roppe, Eloye Parisot. P. ogrustroztus M. K. — Eloye, Sermamagny Parisot. Naias major All. — Canal du Rhône au Rhin à Courcelles !, à Vou- jeaucourt Quélet. OrcHis pyraMIDALIS L. — Clémont L. Bernard. O. cHLORANTHA Cust. — Champagney Vendrely. Oparys APIFERA Huds. — Soulce, Hérimoncourt, Abbévillers Quélet. Très disséminé dans nos contrées, et le plus rare du genre. — 186 — O. arANIFERA Huds. — Abbévillers Quélet. Ertpacris PALUSrRIS Crtz. — Château de la Roche, près Saint-Hip- polyte L. Bernard ; Bourogne Parisot ; Belfort (Arceau) id. SPTRANTHES ÆSTIVALIS Rich. — Lisières de l'Arceau et du Salbert à Belfort Parisot. Narcissus poErICUSs L. — Signalé par M. Roy dans les Planches de Vians, où il paraît spontané. CONvVALLARIA MAIALIS L. — Danjoutin, Belfort à l'Arceau et à la Vaivre Parisot; Champagney Vendrely. MATANTHEMUM BIFOLIUM DC. — Bois de Dàle, d’Etupes et de Dam- pierre (uélet; Champagney Vendrely. FrrriLLarta MELEAGRIS L. — Bords du Doubs à Poset, près Pont-de- Roide Quélet. | Lizrum MarTaGon L. — Falaise sous-vosgienne à Courchaton Jolyet. ORNITHOGALUM UMBELLATUM L. — Montécheroux L. Bernard. Allium fallax Don.— Roches de Montécheroux L. Bernard 1874. Ne serait-ce pas l’Allium indiqué à Pont-de-Roide et à Autechaux par les Berdot (1760) sous le nom impropre de Porrum salivum juncifo- lium CB.? — HEMEROGALLIS FLAVA L., H. ruzva L.— Quoique la localité du Coteau- Jouvens ait été quelque peu écornée par la rectification de la route de Saint-Hippolyte, nos Hémérocalles sont toujours fort nombreuses, et résistent, en masses serrées, à l'invasion des plantes voisines. JUNCUS FILIFORMIS L. — Champagney Vendrely. Schœænus nigricans L. — Pelouses marécageuses au-dessous du château de la Roche, près Saint-Hippolyte L. Bernard! 1871. Ravxcxospora ALBA Vahl. — Chame:ol PB. Bernard; Champagney Vendrely. Carex CyPEROIDES L, — Etangs entre Chaux et La Chapelle Pourchot. GC. TERETIUSCULA Good. — Sur nos extrêmes limites vosgiennes, à l'étang de Bellevue, près Giromagay, où il est rare Pourchol. C. canESGExS L. — Lomont de Chamesol L. Bernard: Champagney Renauld. C. ELONGATA L. — Chagey Vendrely. C. zimosa L. Etang de Bellevue Pourchol. x C. romexrosa L. — Seloncourt, Thulay, Présentevillers Quélet. C. eyxopasis Vill. — Côte de Champvermol à Mandeure Quélet, 1859. C. TexuIs Host. — Rochers de Fleurey et de Saint-Hippolyte Quélet. Scirpus mucronatus L — Sur nos extrêmes limites vosgiennes à Franchevelle, près de Lure, où M. #. Renauld le signale sur le. dilu- vium. — 187 — ANDROPOGON IscææmuM L. — Fontaine de Roches Quélet. — Setaria ambigua Guss. — Cette plante, qui est probablement un hybride du $. verticillata Beauv. et du $S. viridis Beauv., a été trouvée, en 1859, par M. Quélet , à Montbéliard (Huisselets), inter pa- rentes. — Panicum glabrum Gaud. — Remblais du chemin de fer à Champagney Vendrely. CaramaGrosris Ep1Ge1os Roth. — Clémont L. Bernard. C. moxranxa Host. — Clémont L. Bernard. Aira præcox L. — Dans notre lisière vosgienne à Frahier Pourchot et Quélet, Ronchamp Thiout, Champagney Vendrely, et dans tout le bassin supérieur de la Savoureuse Pourchot. AVENA PRATENSIS L. — Lomont de Chamesol, de Montécheroux et de Pont-de-Roide L. Bernard; le Fahy, Abbévillers, Roches Quélet. Par- tout abondant. Poa alpina L.— Pouillerel Micolel! — Eragrostis megastachya Link. — Trouvé par M. Vendrely dans les remblais du chemin de fer à Champagney, Festuca tenuifolia Sibth. — Cette plante, qui n’est sans doute qu'une variété du #. ovina L., est signalée à Champagney par M. Ven- drely. Bromus TEcroruu L. — Rochers de Châtillon, près Saint-Hippolyte Quélet; Offemont, le Valdoie Parisot. HorDeuM MuriNuM L. — Gare du chemin de fer à Audincourt! $e propage à Hérimoncourt Quélet. Loztum MuLTIFLORUM Lam. — Introduit dans les prairies depuis vingt ans environ; très envahissant et très répandu dans les régions infé- _rieures; aussi à Champagney Vendrely. Pilularia globulifera L. — Etangs de Florimont, près de Delle Quélet 1567; Evette Parisot; Giromagny Pourchot. Lycopoprum GLAvaATuM L. — Bois de l’Arceau à Belfort Parisot ; Cham- pagney Vendrely; forèt du Chérimont Jolyet. Osmunda regalis L.'— Cette magnifique fougère, qui manquait à notre Flore, a été trouvée à Ronchamp (vallon de Mourière) par MM. Jolyet et Vendrely. Borrycaru“ Luvaria Sw. — Bourogne Parisot. OPxiocLossum vuzGarTum L. — Vergers d'Hérimoncourt Quélet; Bou- rogne Parisot; Belfort au Salbert id. PozyPoprum PHeGopreris L. — Bois d'Etupes et de Dampierre Quélet. Pozysricaun OREoPrERIS DC. — Plancher-Bas, Champagney, Ron- champ Vendrely. — 188 — Asplenium Adianthum -nigrum LL. — Champagney, mont de Plancher Vendrely. À. SEPTENTRIONALE SW. — Champagney Jolyet, mont de Plancher Vendrely. À. Breyxn Retz. — Champagney, mont de Plancher Vendrely. BLecanun Srrcaxt Roth. — Champagnev, mont de Plancher Vendrely. I SUPPRESSIONS. Le chapitre des suppressions est une chose bien délicate ; et si, en principe, toute erreur manifeste doit être rectifiée sans pitié, il se présente, dans l'application, une foule de cir- constances où le botaniste peut se trouver fort embarrassé. Toutes les Flores, tous les Catalogues citent beaucoup de plantes que les auteurs n’ont point vues, et qu'ils indiquent sur la foi de leurs devanciers ou de leurs contemporains. Ges mentions doivent être discutées avec le plus grand soin, parce que, si la détermination des espèces n’est pas toujours facile au moyen des excellents ouvrages descriptifs que nous possé- dons aujourd'hui, elle était entourée d'obstacles bien autre- ment formidables quand la nomenclature et la diagnose linnéennes n'’existaient point encore. On accueillait volon- tiers, autrefois, des renseignements provenant d'amateurs mé- diocrement éclairés, de personnes à peu près étrangères à la botanique; et souvent un patriotisme mal entendu les faisait enregistrer sans contrôle : d'où le caput mortuum dont ïl a été question. Pour avoir beaucoup diminué, les causes d'’er- reurs n'ont point cessé de subsister. Tous les observateurs auxiliaires ne sont pas également exercés, également perspi- caces; pas plus qu'au temps jadis, les auteurs ne résistent à la tentation d'enrichir, quand même, la flore du pays natal, et quelques-uns, s’il faut le dire, ne savent pas suffisamment réprimer une tendance naturelle à l’amplification. I est donc aisé de comprendre les perplexités qui doivent assaillir le flo- — 189 — riste consciencieux, dans les cas trop fréquents où il se trouve en présence de quelque allégation suspecte, redoutant égale- ment de sanctionner une erreur ou d'éliminer une espèce réellement indigène. C’est surtout en botanique que Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable ; et il arrive souvent qu'une découverte imprévue inflige le démenti le plus formel aux présomptions les mieux fondées en apparence. Un autre sujet de doute provient des plantes elles-mêmes, et de la difficulté de distinguer les espèces appartenant à la végétation autochtone, de celles qui sont venues s’y ajouter à diverses époques. Il en est un peu des flores comme des langues, qui subissent des transformations incessantes. Tan- dis que l’extention des cultures fait disparaître les plantes sauvages, le développement des voies de communication en amène d’autres, qui s'acclimatent an point de pouvoir lutter avec succès contre les végétaux indigènes. Tels sont nos chardons et nos Verbascum, dans l'Amérique du nord, qui nous a fourni, en échange, ses (Enothera, $es Aster, ses Eri- geron. Mais il y a beaucoup de naturalisations anciennes dont la date reste inconnue, et même beaucoup d'espèces sur l'indigénat desquelles on hésite à se prononcer. Jusque dans ces derniers temps, l'opinion commune assignait une origine asiatique à la plupart de nos végétaux cultivés; et nous sa- vons maintenant qu'un bon nombre, par exemple le noyer, la vigne, le figuier, le laurier étaient fort répandus dans le midi de la France à la fin de l'époque tertiaire et pendant l'époque quaternaire. Sans remonter aussi loin dans le passé, nous rencontrons, dans les champs de céréales, toute une légion de plantes qui accompagnent obstinément les cultures et qui disparaissent avec ces dernières. Telles sont, par exem- ple : Ranunculus arvensis; les Adonis, les Nigella, les Delphi- nium, beaucoup de Fumaria et de Papaver; Thlaspi arvense, Neslia paniculata, Saponaria Vaccaria, Agrostemma Githago, — 190 — Laihyrus Aphaca, L. hirsutus, Buplevrum rotundifolium, Caus calis daucoides, Scandix Pecten-Veneris, Asperula arvensis, Galium tricorne; plusieurs Valerianella, Anthemis, Matrica- ria ; Centaurea Cyanus ; les Specularia ; plusieurs Linaria, Ve- ronica, Anagallis, Euphorbia, Mercurialis, Muscari, Allium, Bromus, Lolium, etc. Il parait évident que beaucoup de ces plantes ont été introduites avec les céréales, et que beaucoup aussi ont quitté leurs stations indigènes pour en occuper d’autres qui leur convenaient davantage, de même que les hirondelles des rochers donnent la préférence à nos toits et à nos murailles dès qu’elles en ont à leur disposition. Mais comment distinguer les espèces réellement autochtones ? Mêmes incertitudes au sujet d’une autre catégorie de plantes, dont plusieurs sont évidemment étrangères, et qui ne se propagent que dans le voisinage des habitations, au pied des murs et sur les décombres. Je citerai, entre autres : Brassica nigra, Lepidium ruderale, Senebiera Coronopus, Co- nium maculatum, Tanacetum vulgare, les Lappa, les Xan- thium, Solanum nigrum, Hyosciamus niger, Nepeta, Marru- bium, Lallota, Leonurus ; la plupart des Amarantus, des Atri- plex, des Chenopodium, des Urtica; Panicum Crus-galli, Hor- deum murinum, etc. On peut également hésiter à enregistrer dans les flores certaines espèces qui se trouvent fort loin de leur aire ha- bituelle de dispersion, mais qui occupent des localités spo- radiques plus ou moins nombreuses, où elles se maintiennent obstinément, et autour desquelles elles se propagent quel- quefois. Telles sont, en ce qui concerne la Flore de Montbé- lard : £Eranthis hyemalis, Myrrhis odorata, Hemerocallis flava, H. fulva. Il y a enfin lieu d'examiner si l’on doit accorder le droit de cité aux plantes exotiques manifestement naturalisées, et aux espèces cultivées qui se répandent autour des champs et des jardins. Tous ces problèmes embarrassent fort le botaniste. Il est — 191 — d'autant plus difficile de prononcer sans appel les admissions et les exclusions, que nous voyons s'arrêter autour de nous beaucoup de plantes méridionales, dont quelques-unes pé- nètrent plus ou moins dans nos limites, et sy maintiennént quelquefois pendant un temps déterminé. En raison de son altitude considérable et de son entourage de montagnes, le pays de Montbéliard constitue une espèce d’île à végétation relativement boréale, où les plantes des régions plus favo- risées ne sont guère représentées, si l'on peut s'exprimer ainsi, que par une avant-sarde de tirailleurs disséminés et par quelques enfants perdus plus ou moins aventurés loin de leur corps d'armée. Si, par exemple, nous remontons la pente de nos vallées, à partir du Lyonnais.et de la Bourgogne, nous pourrons recueillir, dans la plaine de Dole et de Lons-le- Saunier : Adonis autumnalis L., A. flammea Jacq., Diplotaxis tenuifolia DC., Iberis pinnata L., Lepidium graminifolium L., Heliantemum Fumana Müll., Cucubalus bacciferus L., Althaca hirsuta L., Medicago minima L., M. apiculata Willd., M. ma- culata Willd., Vicia lutea L., Lathyrus sphæricus Retz., Sedum anopetalum DC., Buptevrum rotundifolium L., Dipsacus laci- niatus L., Centaurea Calcitrapa L., Chondrilla juncea L., Lactuca saligna L., Xanthium Strumarium L., Heliotropium europæum L., Marrubium vulgare L., Chenopodium Vulva- ria L., Euphorbia Gerardiana dJacq., E. falcata L., Parietaria officinalis L., Muscari comosum Mill., Ruscus aculeatus L., Cynodon Dactylon Pers., Aira multiculmis Dum., Gaudinia fragilis Beauv., et beaucoup d’autres espèces du centre et du midi de la France. De toutes ces plantes, il ne reste plus guère à Besancon que les Althaea, Medicago minima, Buplevrum, Centaurea, Heliotropium, Marrubium, Chenopodium, Parieta- ria, Muscari, Ruscus, Gaudinia, dont plusieurs sont fort rares. Aucune, sauf l’'Heliotropium, ne se trouve à Montbéliard, où l’on a extirpé le Centaurea Calcilrapa et le Chenopodium Vul- varia, et où se sont montrés de loin en loin, mais sans jamais s'’acclimater, les Medicago minima, Buplevrum rotundifolium, — 192 — Xanthium, Marrubium; puis les Erucastrum obtusangulum Rchb., Rapistrum rugosum AÎ., Erysimum orientale R. Br., Lepidiwum Draba L., et peut-être l'Adonis flammea Jacq. Faut- il admettre ou rejeter ces représentants sporadiques des flores méridionales ? Evidemment, il y a là autant de problèmes qui demanderaient chacun un examen approfondi, et dont la solution est d'autant plus délicate, que plusieurs espèces, incontestablement spontanées, se trouvent parfois cantonnées dans des lieux fort éloignés des extrèmes limites de leur aire de dispersion. Je citerai, par exemple, le Telephium Impe- rati L. d’Arbois (localité unique pour la chaîne du Jura), le Lavandula Spica L., qui recouvre la montagne de Rosemont, près de Besancon ; l'/beris saæatilis L. des Roches de Pont-de- Roïide; l’{beris intermedia Guers. de Mandeure (localité unique pour le Jura); le Staphylea pinnata L. de Vandoncourt et de Clerval, etc. Dans le doute et dans l'attente, je considère comme appar- tenant à la flore actuelle de Montbéliard, toutes les plantes qui occupent des localités où elles se maintiennent, quelles que soient d’ailleurs leur origine et l'époque de leur arrivée; j'admets de même les plantes fugaces qui ne disparaissent jamais de la contrée, et je rejette celles qui ne se présentent que de loin en loin, sans pouvoir s'installer d’une manière définitive. C'est d'ailleurs ainsi qu'on agit presque partout; et je ne me crois pas le droit de me montrer plus sévère et: plus exclusif que la plupart des floristes contemporains. Sous le bénéfice des réserves qui précèdent, j’établirai, de la manière suivante, la liste des espèces indüment enregis- trées dans la Flore de Montbéliard ou dans certaines localités de notre domaine botanique. 1° Plantes mentionnées par divers auteurs, mais qui n’ont pas été retrouvées, et dont il n'existe point d'échantillons authentiques prove- nant des lieux où elles ont été indiquées. Thalictrum fælidum L.— Mont- Myosurus minimus L. — Cour- béliard et Porrentruy. celles-les-Monthéliard. — 193 — Ranunculus Lingua L. — Mont- béliard. R. Philonotis Ehrh. — Monthé- liard. Helleborus viridis L. — Monthbé- liard. Nasturtium Lippicense Waulf. — . Vieux-Charmont. Arabis auriculata Lam. — Au- dincourt. Sisymbrium Sophia L. — Audin- court. Erysimum strictum K. — Etu- pes. Teesdalia nudicaulis R. Br. — Montbéliard. Viola mirabilis L.— Montbéliard. Dianthus deltoides L. — Montbé- liard. Stellaria glauca With. — Mont- béliard. Linum Radiola L.— Montbéliard. Geranium pratense L. — Ancien étang d'Etupes. G. lucidum L. — Montbéliard. Genista anglica L. — Saint-Hip- polyte. Trifolium hybridum L. — Belfort et Delle. Ervum gracile DC. — Belfort. Orobus niger L. — Belfort. Potentilla recta L. — Belfort. P. opaca L. — Montbéliard et Belfort. Ceratophyllum submersum L. — Montbéliard et Porrentruy. Montia rivularis Gm.— Monthé- liard. Selinum Carvifolia L. — Monthé- . liard. Peucedanum officinale L. — Bel- fort. Caucalis leptophylla L. — Forges d'Audincourt. Anthriscus vulgaris Pers. — Bel- fort, Le Fahy. Asperula tincioria L. — Monthé- liard. Aster Alpinus L. — Cirque de Mauron. Micropus erectus L. — Mathay. : Artemisia Absinthium L. — Saint- Hippolyte. Anthemis tinctoria L. — Valen- tigney, Abbévillers. A. nobilis L. — Citadelle de Mont- béliard. Chrysanthemum corymbosum L. — Belfort. Chr. segetum L. — Abbévillers, Valentigney. Cirsium Erisithales Scop. — Mor- teau. Carduus tenuiflorus Curt. — Bel- fort. Centaurea maculosa Lam.— Mont- béliard. Tragopogon major Jacq. — Bel- fort. _ Podospermum Jacquinianum K. — Belfort. Chondrilla juncea L. — Montbé- liard, Dannemarie (Doubs). Crepis præmorsa Tausch. — Ro- ches. C. tectorum L. — Belfort. Phyleuma hemisphæricum &. — Côtes du Dessoubre. Campanula Erinus L. — Etu- pes. Gratiola officinalis L. — Longe- velle. Melampyrum cristatum. L. — Montbéliard. M. nemorosum L. — Onans et Mervelise. Veronica spicata L. — Montbé- liard. Marrubium vulgare L. — Mont- béliard et Belfort. Hottonia palustris L. — Morteau. Salicornia herbacea L. — Soulce. 43 — 194 — Chenopodium urbieum L.— Mont- béliard. Ch. opulifolium Schrad. — Mont- béliard. Ch. ficifolium Sm.— Montbéliard. Ch. Vulvaria L. — Belfort. Ch. rubrum L. — Montbéliard et Belfort. Blitum virgatum L. — Monthé- liard, Rumexz pulcher L. — Belfort et l'Ile. Salix daphnoides Vill. — Monthé- liard. Populus alba L. — Monthéliard. Alisma natans L. — Montbéliard. Potamogeton gramineus L. — La Voivre à Montbéliard. P. compressus L. — Montbéliard. Zanichellia palustris L.— La Voi- vre à Montbéliard. Orchis coriophora L.— Les Bre- vières, à Montbéliard. Iris sibirica L. — Lomont de Pier- refontaine. Galanthus nivalis L. — Monthé- liard; côtes du Doubs. Tulipa silvestris L. — Belfort. Anthericum Liliago L.— Clémont. Allium rotundum L. — Belfort, Mogibéliard, Audincourt. A. Schænoprasum L. — Mathay, Pont-de-Roide, Ecurcey. Juncus squarrosus L. — Delle. J. supinus Mœnch. — Monthé- liard. Schænus nigricans L. — Montbé- liard. Scirpus pauciflorus Montbéliard. | Sc. triqueter L. — Doubs à Vou- jeaucourt. Sc. compressus L. — Montbéliard. Carex dioica L.— De Vandoncourt à Beaucourt. CU. Schreberi Schrk. — Monthé- liard. C. Pseudo-Cyperus L. — Monthé- liard. | Tragus racemosus Desf. — Mont- béliard. Chamagrostis minima Borkh. — Champagne d’'Arbouans. Cynodon Dactylon Pers. — Mont- béliard. Lightf. — Aira præcoxz L. — Montbéliard aux Poudreries. A. canescens L. — Vieux-Char- mont. Eragrostis pilosa Beauv. — Bel- fort. ï Poa sudetica Hæncke. — Lomont. Bromus inermis Leyss. — Bel- fort. Equisetum variegatum Schl. — Montbéliard (Voivre). Pilularia globulifera L. — Prai- ries de Montbéliard à Sochaux. Polystichum Callipteris L. — Bel- fort. Asplenium Halleri R. Br. — Bla- mont. 20 Plantes citées dans le Synopsis de M. Montandon, mais dont au- cune ne se trouve dans les localités où elle est indiquée, et dont beau- coup sont étrangères à notre flore. Ranunculus Lingua L. — So- chaux. Myosurus minimus L. — Monthé- liard, Fesches-les-Prés. Eranthis hyemalis Salisb. — Bel- fort. Corydalis lutea Pers. — Monthé- liard. Arabis auriculata Lam. — Audin- court. Dentaria digilata Lam. — Le Fahy, Delle. — 195 — Braya supina K. — Monthéliard. Erysimum strictum K. — Mont- béliard. Teesdalia nudicaulis R. Br. — Montbéliard. Lepidium graminifolium L. — Delle, Lebetain. Viola mirabilis L. — Monthé- liard. Stellaria glauca With. — Mont- béliard, Belfort. Dianthus deltoides L. — Monthé- liard, Villers-le-Sec, Bourri- gnon. Geranium phæum L.— Le Fahy. G. pratense L.—Audincourt, Man- deure, Mathay, Jonchéry, Delle, Montbéliard. G. lucidum L. — Ecot, Montbé- liard. Linum Radiola L.— Montbéliard. Staphylea pinnala L. — Montbé- liard. Trifolium hybridum L. — Belfort et environs de Delle. Potentilla supina L. — Delle, Courtemaiche. Montia minor Gm. — Porren- truy. Telephium Imperati L. — Porren- truy. Aronia rotundifolia Pers. — Bel- fort. Ribes alpinum L. — Belfort. R. nigrum L. — Delle. Epilobium Dodonæ Vill. — Mont- béliard. Trapa natans L. — Montbéliard. Cicuta virosa L. — Belfort, Va- lentigney. Falcaria Rivini Host. — Belfort. Helosciadium repens K. — Mont- béliard, Héricourt. Seseli annuum L. — Montbéliard. Athamanta crelensis L. — Delle, Porrentruy. Selinum Carvifolia L. — Montbé- liard. Peucedanum officinale L.— Delle, Belfort, Danjoutin. Caucalis leptophylla L. — Mont- béliard, Audincourt. Lonicera nigra L. — Saint-Di- zier. Vaccinium Vitis-Idæa L. — Delle. Galium saccharatum AIl. — Por- rentruy. Campanula patula L. — Montbé- liard. Xanthium spinosum L. — Porren- truy. Cirsium Eriophorum Scop. — Montbéliard. C. Lachenalii K.— Porrentruy. Uarduus acanthoides L. — Delle. Centaurea nigra L. — Montbé- liard. C. paniculala L. — Montbéliard. Achillea nobilis L. — Delle. Anthemis tinctoria L. — Audin- court et Delle. Chrysanthemum segetum L. — Audincourt, Abbévillers. Tragopogon major Jacq. — Bel- fort. Podospermum laciniatum DC. — Entre Delle et Belfort. P. Jacquinianum K. — Entre Montreux-Château et Belfort. Chondrilla juncea L. — Delle, Allanjoie, Sochaux. Crepis tectorum L. — Belfort. Hieracium prenanthoïides Vill. — Lomont aux Rangiers. Gentiana Amarella L. — Porren- truy. Myosotis stricia Link. — Porren- truy. Lithospermum purpureo - cæru- leum L. — Montbéliard. Veronica triphyllos L. — Montbé- El, — 196 — V. opaca Fries. — Porrentruy. Gratiola officinalis L. — Bouro- gne, Allenjoie. Melampyrum crislalum Montbéliard. à Euphrasia lutea L. — Belfort. Ajuga pyramidalis L. — Delle. Leonurus Cardiaca L. — Audin- court, Valentigney. Marrubium vulgare L. — Delle. Amarantus silvestris Desf.— Delle, Boncourt. Chenopodium rubrum L. — Dam- pierre-les-Bois. Ch. urbicum L. — Porrentruy, Delle, Montbéliard, Ch. opulifolium Schrad.— Méziré. Ch. ficifolium Sm.— Allanjoie, Montbéliard. Ch. Vulvaria L. — Porrentruy, Delle, Belfort, Etupes, Monthé- liard. Rumex palustris Sm.— Delle. R. pulcher Sm. — Belfort. Buæus sempervirens L. — Mont- béliard, Audincourt. Salix nigricans L. — Porrentruy. S. daphnoides Vill. — Badevel. Hippuris vulgaris L. — Porren- truy, Montbéliard. Ophrys Anthropophora L.— Beau- court. Orchis incarnata L.— Delle. 0. sambucina L.— Réchésy. 0. palustris Jacq. — Pelle. O. coriophora L. —. Boncourt, Delle, Monthéliard. O. fusca Jacq. — Delle. Iris sibirica L.— Lomont de Pier- refontaine. Crocus vernus L. — Delle, Mont- béliard, Belfort. Leucoium æstivum L. — Delle, Montreux-Chûteau ; les Breu- leux. Zanichellia palustris L. — Delle. L. — Potamogelon compressus L. — Fesches-l'Eglise, Froidefon- taine. P. plantagineus Ducr. — Montbé- lard. P. gramineus L. — Etang Fouché près de Delle. Muscari racemosum Mill. — Por- rentruy. Allium carinatum L. — Porren- ruy, A. rotundum L. — Porrentruy, Belfort. Juncus squarrosus L. — Bel- fort, Delle, J. alpinus Vill. — Montreux-Chà- teau, Delle. J. Supinus Mœnch. — Bourogne. J. Gerardi Lois. — Bourogne. Luzula flavescens Gaud. — Val Saint-Dizier. Carex humilis Leyss. — Belfort Montbéliard. C. maxima Scop. — Monthé- liard. C. tomentosa L. — Montbéliard. €. limosa L. — Montbéliard. C. ericetorum Poll. — Bretagne, Charmois, Faverois. C. alba Scop.— Delle. Ü. capillaris Leers — Forêts om- bragées du Jura et du Sundgau. C. filiformis L. — Montbéliard. C. Pseudo-Cyperus L. — Delle, Fesches-les-Prés. C. teretiuscula Good. — Montbé- liard, Delle. C. Schreberi Schrk. — Badevel. C. elongata L.— Montbéliard. C. dioica L. — Delle, Beaucourt. C. paucifiora Iaghtf. — Montbé- liard, Besançon. Schænus nigricans L. — Allan- joie, Fesches-les-Prés. Rhynchospora alba R. Montbéliard. Br. — ’ cs 407 = Scirpus uniglumis Link. — Delle, Belfort, le Valdoie. Calamägrostis lanceolata Roth.— Delle. C. silvalica DC. — Les Rangiers. Chamagrostis minima Borkh — Montbéliard. Bromus inermis Leyss. — Delle, Belfort, Grosne, entre Bretagne et Vellescot. Polystichum Thelypteris Roth. Se. ovatus Roth. — Montbéliard. Se. pauciflorus Lightf. — Grand- villars, Delle, Montbéliard. Se. triqueter. L. — Montbéliard. Sc. imaritimus L. — Etangs du Jura et du Sundgau : Suarce, Grosne, Bourogne. Sc. radicans Schkhr. — Delle, Les Rangiers. Grosne. Asplenium septentrionale Sw. — Se. compressus Pers. — Monthé- Cirque de la Caquerelle. liard, A. Breynii Retz. — Cirque de la Caquerelle. Ceterach officinarum Willd Citerne du château de Milandre Eriophorum gracile K. — Delle. Panicum ciliare Retz. — Porren- truy. P. glabrum Gaud. — Porrentruy, Delle. 3° Plantes extirpées de localités où elles existaient autrefois, et qui ont cessé de faire partie de la flore de Monthéliard : Pnula Helenium L., Chenopodium Vulvaria L., Euphorbia palus- tris L.? 4° Plantes qui se montrent de loin en loin, mais toujours accidentel- lement et sans se propager : Erucastrum oblusangqulum Rchb., Sisymbrium Sophia L., Erisymum orientale R. Br., Myagrum perfoliatum L., Lepidium Draba L., Rapis- trum rugosum All, Medicago minima L.; Ervum gracile DC., Bu- plevrum rolundifolium L., Valerianella eriocarpa Desv., Sylibum ma- rianuim Gaertn., Lactuca virosa L., Xanthium Strumarium L.. Marru- bium vulgare L., Blitum virgatum L. 5° Plantes semées avec des graines étrangères (généralement la lu- zerne du Midi) et-qui disparaissent au bout de deux ou trois années au plus : Erodiuin moschatum L'Hérit., Ammi majus L., Centaurea solstitia- lis L., Helminthia echioides Gaertn., Orobanche minor Sutt., Plantago arenaria NW. K, Avena fatua L. 6° Plantes cultivées, qui se propagent quelquefois en dehors des champs et des jardins, dans des stations fort diverses, sans jâmais s'installer d'une manière définitive : Papaver somniferum L., Sinapis alba L., Cochlearia Armoracia L., Lepidiun latifolium L., L. sativum L., Raphanus sativus L., Dianthus barbalns L., Ervuwm Ervilia L., Lathyrus sativus L., L. Cicera L., Fœ- niculum officinale AL, Centranthus ruber DC., Lactuca sativa L., Ni- coliana ruslica L., Anlirrhinum majus L., Mentha viridis L., M. pi- perila L., Melissa officinalis L., Satureia hortensis L., Atripleæ hor- — 198 — tensis L., Rumex Patientia T:., R. alpinus L., Polygonum Fagopyrum L, Populus alba L.. P. canescens Sm. 7° Plantes cultivées, qui ne se maintiennent jamais que dans le voi- sinage des cultures, et qui ne peuvent s'établir ailleurs : Vitis vinifera L., Medicago sativa L., Prunus domestica L., P. insi- titia L., P. Cerasus L., Ribes nigrum L. 8° Plantes évidemment introduites dans une localité dont elles ne sortent pas : Eranthis hyemalis Salisb., Ulex europæus L., Myrrhis odorata Scop., Asperula Taurina L., Hemerocallis flava L., H, fulva L. 9° Enfin, on pourrait établir provisoirement une dernière catégorie, comprenant les plantes dont l’indigénat paraît douteux, et qu’il im- porterait de retrouver dans les localités où elles ont été indiquées. Ce sont : Anemone narcissiflora L. — Roche des Groins à Morteau. Epilobium trigonum Schrk. — Le Russey et la Grand’Combe-des- Bois. Veronica urticæfolia L. — Le Villers, près Morteau, Salvia glutinosa L. — Côtes du Doubs au Refrain. Juncus capitatus Weig. — Etang Laville, près de Delle. Poa alpina L. — Côtes du Doubs à la Grand'Combe-des-Bois. Polystichum Thelypteris Roth. — Belfort à l'Arceau et au Salbert. LEE NATURALISATIONS. D'après ce qui précède, on a pu voir que toutes les espèces dont se compose la végétation spontanée d’une région quel- conque, n’y ont pas toujours existé, et que la plupart des plantes introduites (et notamment celles des champs de cé- réales) se trouvent installés de si ancienne date, qu'il est im- possible de les désigner toutes avec certitude. Il est bon, ce- pendant, de signaler les naturalisations, et de chercher à connaître le moment de l'apparition de toutes les espèces qui sont venues successivement enrichir la flore autochtone. Il importe surtout de consigner les dates des plantations et des semis effectués en vue de propager certaines plantess car, bien que ces tentatives ne réussissent pas souvent, elles peu- vent, à la longue, modifier toutes les flores. En ce qui con- — 199 —- cerne le pays de Montbéliard, je signalerai les naturalisations ou les tentatives de naturalisation suivantes : Eranthis hyemalis Salisb. — Indigène du midi de l'Europe. De même que les Hemerocallis du coteau Jouvans, cette plante n’occupe qu’une localité fort restreinte, et ne se propage point autour de la haie du coteau du cimetière de Montbéliard, où elle se maintient depuis plus d’un siècle, en dépit des labours et des défrichements. Les Berdot en font mention seulement en 1760. A-t-elle été introduite par Jean Bau- hin ? Ce qui pourrait en faire douter, c’est l'extrême difficulté qu'on éprouve à la propager dans les jardins de Montbéliard, ainsi que dans les stations naturelles du voisinage. Toutes les tentatives de Wetzel ont échoué, et moi-même je n’ai pas été plus heureux, quand j'ai essayé (vers 1850) de planter l’£ranthis dans les haïes des Bannots et dans les buissons du Parc. Thalictrum aquilegifolium L., Th. galioides Nestl., Th. silvaticum K., Th. flavum L. — En 1842, j'ai semé, dans le cimetière de Montbéliard, des graines de toutes ces plantes, que j'avais ramassées dans la Cham- pagne d’Arbouans et à Belchamp. Seize ans plus tard seulement, les deux dernières ont levé, mais je doute qu'elles se soient conservées. Le Th. aquilegifolium L. est d'ailleurs cultivé à Monthéliard comme plante d'ornement. Corydalis lutea DC. — Probablement originaire d'Italie et de l'Eu- rope méridionale, cette plante a été semée de proche en proche dans l'ouest de l’Europe. A la fin du siècle dernier, elle était parvenue jusque dans le nord-ouest de la France. Son introduction dans nos contrées est relativement récente. En 1848, M. Vernier, ancien direc- teur du jardin botanique de Porrentruy, l’a propagée autour de cette ville, et sur les vieux murs, à Vaufrey, où elle s’est fort bien installée, Je ne l'ai point vue aux Roches de Pont-de-Roide, où M. Vernier l’a également semée. M. Vendrely vient de la trouver, tout récemment, sur les grèves du Rahin à Champagney. Cheiranthus Cheiri L. — Originaire de la Grèce et de l'Orient; très répandu sur les vieux murs, et même sur les rochers dans toute l’'Eu- rope; cependant assez rare dans le pays de Montbéliard, où J. Bauhin (1571-1612) l'indique sur les vieux murs. Sisymbrium murale L. — Inconnu de nos anciens botanistes : signalé en 1796 près de Colmar, et seulement vers 1856, par M. Parisot à Bel- fort, et en 1860, par M, Quélel, à Valentigney. Semble destiné à se pro- pager. Erucasirum obtusangulum Rchb. — Inconnu de nos anciens bota- nistes et de moi-même avant l’année 1871. M. Quélet l'a vu le premier (en 1860), à Valentigney. Iberis intermedia Guers, (Z, Contejeani Bill; 1, Timeroyi Jord., Gre- — 200 — nier). — Semé par moi, en 1859, dans les fossés de la citadelle de Mont- béliard, où il n’a pas levé jusqu’à présent. Cochlearia Armoracia L. — Originaire de l’Europe tempérée orien- tale, et naturalisé dans l’ouest, par la culture, depuis un millier d’an- nées au moins. /. Bauhin l'indique à Montbéliard. Isatis tinctoria L. — Cultivé, il y a quelques siècles, et propagé, par la culture, dans toute l’Europe tempérée. J. Bauhin l'indique déjà comme spontané. Geranium pratense L. — Naturalisé près de la Chapotte depuis quel- ques années, (uélet. Oxalis stricta L. — Plante d'Amérique, qui a peu à peu envahi les cultures dans l’Europe tempérée. Trouvée à Vy-les-Lure par M. Thiout. Ulex europæus L. — M. Parisot ne regarde point cette plante comme indigène à Belfort (Salbert), où elle est déjà signalée par Mappus (avant 1742). Originaire de l’ouest. OEnothera biennis L. — Plante de l'Amérique du nord, connue en Europe dès 1614, et déjà répandue vers la fin du xvn: siècle. Indiquée comme abondante à Montbéliard, par les Berdot, en 1758. Trapa natans L. — En 1859, j'ai semé cette plante : 1° dans l’ancien fossé de la ville dit le Pontot; 2° dans le marais des forges d’Audin- court qui se trouve au, pied de la côte d'Echelotte; 3° dans la grande morte de la rive gauche de l’Allan vis-à-vis de la localité dite le Trou- de-Bucer ; 4 dans le grand canal d'épurement des prés de Brevières, à droite de la route de Montbéliard à Sochaux; 5° dans le canal du Rhône au Rhin, sous le pont du chemin de fer. D’autres semis ont été faits, par différentes personnes, dans le Canal et les fossés qui le bor- dent à Allenjoie, à Etupes et à Montbéliard au-dessus de l’écluse n° 14; tous ont été jusqu'à présent sans résultat. | Portulaca oleracea L. — Probablement originaire de l'Orient. Depuis longtemps cultivé en Europe, et comme spontané dans les lieux cul- tivés et même dans les lieux sablonneux fort éloignés des cultures. Signalé par les Berdot (à Mathay), dès 1760. Sempervivum tectorum L. — De même que l’/ris germanica L., aux destinées duquel on la disait associée, cette plante, certainement spon- tanée sur les rochers du haut Jura, ne se trouve, dans nos limites, que sur les vieux murs et sur les toits de chaume. Myrrhis odorata Scop. — Probablement indigène du centre de l’Eu- rope; introduit, par la culture, sur quelques points de notre Montagne, au moins depuis le siècle dernier. Asperula Taurina L. — Naturalisée par C. Nicolet, vers 1848, au do- maine Renaudcomte, dans la région des côtes du Doubs. Erigeron Canadensis L, — Cette plante, qui a envahi l’ancien monde, était cultivée au jardin de Blois en 1655. On l'indique comme natura- — 201 — lisée dans le midi de l’Europe en 1864. J. Bauhin n’en fait aucune mention, mais les Perdot la signalent, en 1758, « in ruderosis, ad mu- ros, locis arenosis et sylvis cæduis valde frequens. » Aster brumalis Nees. — Originaire de l'Amérique du nord, introduit en Suisse dès 1829, plus tard en Allemagne, plus tardivement encore dans nos contrées. Signalé à Champagney par M. Vendrely, où il existe au moins depuis l’année 1855. Solidago Canadensis L. — Sans doute naturalisé à Montbéliard vers 1840. Aucun de nos anciens botanistes n’en fait mention. Je l’ai trouvé, pour la première fois, en 1846. Chrysocoma Linosyris L. — Semé par M. Vernier, vers 1818, autour de Porrentruy, et notamment entre le Fahy et Courtedoux, où Thur- mann en a trouvé plusieurs pieds. Galinsoga parviflora Cav. — Originaire du Mexique et du Pérou. Répandu, en 1807, dans la Prusse orientale, puis dans l'Allemagne du sud-ouest et sur les bords du Rhin, enfin dans la Haute-Italie, où je l'ai vu (Isola Madre) en 1860. L'année précédente, je l'avais trouvé dans le village d’Allenjoie, au pied des murs et dans les haies. Se propagera-t-il ? ‘ Tanacetum vulgare L. — Très répandu dans l’est de l’Europe, et jusque dans les environs de Paris, mais s’ararissant à mesure qu'on se rapproche de l’ouest; ainsi rare et accidentel dans le Bordelais, la Saintonge et même le Poitou. Probablement originaire de l'Orient, et introduit de proche en proche à cause de ses propriétés vermifuges, sauf dans le voisinage du littoral, où l’Arlemisia maritima L. le rem- place avec avantage. -Pyrethrum Parthenium Sm. — Originaire de l'Orient et propagé en Europe pendant le moyen äge; déjà cité par J. Bauhin. Lactuca Scariola L.— Peut-être originaire de l'Orient, cette espèce est extrêmement répandue dans l'Europe tempérée. lle n’a fait son apparition à Montbéliard qu’en 1851, date absolument certaine, parce que j'en ai alors trouvé les premiers spécimens dans une localité (bas- sin du Canal) où je passais, pour ainsi dire, à chaque instant. Elle s’est étonnamment multipliée depuis : en 1873, toute la colline de La Chaux s’en trouvait envahie. Crepis setosa Hall. f. — Originaire du midi de l’Europe. Lachenal l'indique à Bàle en 1765. Apparaît en Alsace vers 1840. Thurmann le signale à Porrentruy en 1848. Je l’ai vu moi-mème à Montbéliard à partir de 1850 : il recouvrait alors la colline de La Chaux. Partout en- vahissant : dans la Saintonge et le Poitou, où elle était inconnue en 1842, cette plante se trouve maintenant plus répandue que l’£rigeron Canadensis L, Sylibum Marianum Gaertn. — Originaire de l'Orient et propagé en Europe pendant le moyen àge; déjà cité par J. Bauhin. — 202 — Borago officinalis L. — Probablement indigène de l’Europe méditer- ranéenne. Le premier de nos anciens botanistes qui en fasse mention est P.-F. Bernard (1813 à 1822). Datura Talula L. — Probablement originaire du Mexique et du Ve- nezuela; introduit en Europe dans le xvr° siècle. J'en ai trouvé les pre- miers pieds à Montbéliard en 1850; mais il ne sort guère des jardins. D. Stramonium L. — Originaire de la région de la mer Caspienne; naturalisé en Allemagne par les Bohémiens vers la fin du xvi° siècle (Kirschleger); indiqué à Montbéliard par les Berdot en 1760. Hyosciamus niger L.— Cette plante, qui recherche les mêmes stations que la précédente, c’est-à-dire le pied des murs et les décombres, a peut-être la même origine. Les Berdot l'indiquent seulement en 1759. Solanum tuberosun L. — Il n’est pas sans intérêt de constater que la pomme de terre, qui n’a commencé à se répandre en France que vers la fin du siècle dernier, était déjà, en 1758, une plante de grande culture dans le pays de Montbéliard, puisque les Berdot lui accordent la simple mention : «in agris colitur. » Linaria Cymbalaria Mill. — Qriginaire de Grèce et d'Italie, intro- duite dans l'Europe centrale et occidentale depuis environ trois siècles, cette plante n'avait point encore apparu à Bâle, non plus qu’à Monthé- liard du temps de J/. Bauhin. En 1758, les Berdot la signalent sur les vieux murs et sur les rochers. Elle manque à Belfort et à Porrentruy; fort abondante à Poitiers, elle manque également à Châtellerault, ce qui semble prouver que la Cymbalaire ne s’est répandue qu'autour des jardins botaniques où elle était cultivée. Veronica Buxbaumii Ten. — Originaire du midi de l’Europe et pro- pagé de proche en proche dans les champs de céréales. Aucun de nos anciens botanistes n'en fait mention. J'en ai trouvé les premiers spé- cimens en 1858, date absolument certaine. Tend à gagner du terrain. Lavandula vera DC. — En 1859, j'ai semé, dans les fossés de la cita- delle de Montbéliard, des graines de cette plante qui provenaient de la montagne de Rosemont, près de Besançon. N'a pas levé jusqu’à présent. Leonurus Cardiaca L. — Peut-être originaire du Caucase et de la Sibérie, et répandu en Europe dans le moyen âge. Toujours accidentel dans nos contrées, où il occupe des stations analogues à celles du Da- tura, de la Jusquiame et de certains Chenopodium. J. Bauhin n’en fait aucune mention; les Berdot l'indiquent (à Montenois) en 1761. Amarantus retroflezus L. — Plante mexicaine, introduite en France depuis 1778. J’en ai vu les premiers pieds (aux forges d’Audincourt) en 1850; depuis, elle s’est étonnamment multipliée, et devient une mau- vaise herbe dans les champs de la vallée du Doubs. Aristolochia Clemalitis L. — Cette espèce parait provenir de la — 203 — Russie méridionale et du Caucase, où elle se trouve dans les prairies et les forêts, tandis qu'on ne la rencontre ailleurs que dans les vignes et les lieux cultivés. Comme les Berdot ne la citent pas, il est à sup- poser qu’elle ne s’est introduite dans nos contrées que vers le com- mencement du siècle. P.-F. Bernard est le premier qui en fasse men- tion. Euphorbia Lathyris L. — N'est certainement point indigène dans le pays de Montbéliard, ni peut-être en France, où on ne le trouve jamais que dans les lieux cultivés. Inconnu de J. Bauhin et des Berdot; men- tionné pour la première fois par P.-F. Bernard. Naias major All. — Introduit par le canal du Rhône au Rhin depuis une vingtaine d'années au plus. Acorus Calamus L. — D'après Xirschleger, cette espèce, probable- ment indigène de l'Orient, n'existait point encore au xvi* siècle dans l'Europe occidentale; en 1590, J. Bauhin la cultivait au jardin bota- nique de Montbéliard. Répandu dans toute la contrée, et jusque dans les mares de la Montagne. Iris germanica L. — Peut-être indigène dans le Haut-Jura, où on la trouve sur les rochers, cette plante ne se rencontre, dans les régions inférieures, que sur les vieux murs et sur les toits de chaume, à côté de son inséparable compagnon, le Sempervivum tectorum L. Tulipa silvestris L. — Inconnue de nos anciens botanistes, la tulipe jaune a été certainement introduite dans le pays de Montbéliard avec la culture de la vigne, laquelle ne remonte pas au delà du xv° siècle. Bernard et Wetzel sont les premiers qui en fassent mention. Elle était autrefois fort abondante sur l'emplacement de l’ancien jardin bota- nique (aujourd’hui gare du chemin de fer), ce qui peut autoriser à supposer qu’elle y avait été introduite par J. Bauhin. Hemerocallis flava L., H. fulva L. — Cultivées partout comme plantes d'ornement, et sans doute originaires de l’Europe orientale, ces deux espèces ne sont connues, en France, que dans un très petit nombre de localités, où l’on ne peut guère les regarder comme véritablement indi- gènes. Elles ont été découvertes à Montbéliard, par P.-Fr. Weizel, en 1820. De même que l’Eranthis, nos deux Hémérocalles n'occupent qu'une aire extrèmement limitée, autour de laquelle elles ne se pro- pagent point. Ne les devons-nous pas à J. Bauhin ? Muscari racemosum Mill. — Introduit par la culture de la vigne. Les Berdot n’indiquent cette plante (à Rôce) qu’à partir de 1761 « passim in pratis et sæpibus, » ce qui peut faire supposer qu’elle commençait seu- lement à se-répandre. Aujourd’hui, elle infeste nos vignes et nos ver- gers. Alopecurus utriculatus Pers. — Cette espèce est répandue avec une telle profusion, qu’il est difficile d'imaginer qu’elle eût pu échapper à nos anciens botanistes, aux Berdot surtout, si elle avait existé à l'é- ET. poque où ils herborisaient. Je ne l'ai aperçue moi-même qu'en 1850, et je ne suis pas éloigné d’en faire remonter l'introduction à une dizaine d'années auparavant, c’est-à-dire au moment où furent pratiqués les grands travaux d'irrigation et d'aménagement dans les prairies de Montbéliard. Les Lactuca Scariola L., Crepis setosa Hall. f., Amarantus reirofleæus L., Lolium multifloruin Lam. nous donnent des exemples incontestés d’une propagation aussi rapide. Phleum asperum Vill. — J'en ai vu les premiers pieds, en 1853, dans les vignes de Fleur-d’Eyine, où il était assez abondant en 1873. Paraît destiné à se répandre. Eragrostis megastachya Link. — Plante du centre et du midi de la France, trouvée par M. Vendrely, en 1874, sur les remblais du chemin de fer à Champagney. Sans doute destinée à disparaître, de même que le Plantago arenaria W. K. Lolium multiflorum Lam. — Introduit par la culture,-et répandu, dans les prairies, à l’égal de l’Alopecurus utriculalus, quoique peut-être moins abondant et moins social. J'en ai vu les premiers pieds en 1853. — Je ne saurais mieux terminer le chapitre des naturali- sations, qu'en reproduisant les passages suivants d’une lettre que m'écrivait M. Quélet en juillet 1874 : « Il se manifeste quelques changements dans la flore flot- tante des champs de notre pays; ainsi, des plantes très fu- gaces, comme Avena fatua, Sedum rubens, Asperula arvensis, Verbascum floccosum, Lathyrus Aphaca sont en voie de dispa- rition, tandis que les Jsatis tinctoria, Silene gallica, Melilotus alba, Centawrea solstitialis, Helminihia echioides, Ammi majus deviennent fréquentes. » Il vous sera peut-être de quelque intérêt de savoir avec quelle facilité certaines espèces s’acclimatent autour de l’ha- _bitation d’un botaniste. Dans ma cour et dans mon jardin (à Hérimoncourt), se trouvent, depuis quinze ans : Veronica sa- æalilis, Linaria Cymbalaria, Viola mirabilis (qui s'empare des chemins pierreux comme des carrés de jardin), Cytisus alpi- nus, Potentilla alba, Lychnis quadridentata (devenant gazon dans le gravier calcaire), Diplotaxis muralis, Erucastrum Pol- lichii, E. obtusangulum, Leonurus Cardiaca, Sedum ochroleu- cum, 5. rubens (tout à travers le jardin), S. dasyphyllum, — 205 — Sempervivum arachnoideum, S. montanum, S. ciliatum, S. tec- torum (qui s'en va avec nos chaumes!), Chenopodium murale, Datura Siramonium, Onopordon Acanthium, Sylibum Maria- num, Phalangium Liliago, Draba Aizoides, Iberis saxatèlis, Sa- æifraga Aizoon, Rosa tomentosa, R. pimpinellifolia, Hordeum - murinum, Nepeta Cataria, Hepatica triloba, Anemone silves- tris, etc.» Aucune de ces plantes, sauf peut-être Nepeta Cataria, Sem- pervivum tectorum , Datura Siramonium , Rosa lomentosa, n'existait autrefois dans le vallon d'Hérimoncourt. Voyons ce qui adviendra des naturalisations de notre ami, ainsi que de celles de M. Vernier, qui a fait d'innombrables semis dans les environs de Porrentruy et dans le Lomont et le Jura ber- nois ; et tenons désormais pour suspectes les localités d'Héri- moncourt et de Porrentruy. En général, les essais de naturalisation donnent rarement des résultats. Mougeot n’a pu introduire qu'un très petit nombre de plantes alpines dans les hautes Vosges. De toutes les espèces qu'a semées avec profusion M. Vernier, deux au plus ont réussi à s’acclimater, savoir le Corydalis lutea et peut-être le Chrysocoma Linosyris. On a cru un instant que les plantes de la guerre, importées, durant les malheureuses années 1870 et 1871, dans tous les lieux où avaient campé nos troupes, pourraient s'installer d'une manière définitive; el des savants distingués avaient fondé sur ces naturalisa- tions des espérances qui ne se sont point réalisées. Sauf une seule, toutes les espèces introduites à la promenade de Blos- sac, à Poitiers (1), ont disparu en 1874, et je tiens de M. Nouel ee ee me ae nc A ee me nn e 0 (1) Ce sont, par exemple : Delphinium Ajacis L., Sisymbrium Panno- nicum Jacq., Lepidium ruderale L., Alyssum incanum L., Rapistrum rugosum All, Silene quinque-vulnera L., Linum angustifolium L., Malva Nicæensis All, Medicago lappacea Lam., M. sphærocarpa Brot., M ciliaris Willd., M. Echinus DC., M. Gerardi Willd., M. tribuloides Lam.,, M. lurbinata Willd., Melilotus Messanensis Desf., M. sulcata 3 Desf., A. parviflora Desf., Hedysarum coronarium L., Trifolium ma- — 206 — qu'aucune des 124 plantes de la guerre qu’il signale à Ven- dôme, n’a pu s’y maintenir. N’en soyons pas moins attentifs aux apparitions futures. ritimum Huds., T. Panormitanum Presl., T. resupinatum L.. T. ni- grescens Viv., T. isthmocarpum Brot., Chrysanthemum Myconis L.. C. coronarium L., Anthemis fuscata Brot., Anacyclus clavatus Pers., Helminthia echioides Gaertn., Convolvulus tricolor L., Amarantus albus L., À. retrofleæus L., Phalaris paradoxa L., Ph. Canariensis L., Polypogon Monspeliensis Desf, Lagurus ovatus L., Hordeum mariti- mum L., etc.; c'est-à-dire un mélange de plantes du nord-est de l’Eu- rope et de plantes d'Algérie, Les premières ont été importées avec l’avoine achetée en Hongrie, et les autres, avec les fourrages prove- nant des régions méditerranéennes. La plupart de ces espèces avaient disparu en 1872 ; d’autres, au contraire, s'étaient tellement multipliées, pendant cette même année, qu'on aurait pu les croire définitivement acquises. Tels sont, par exemple, l'Amarantus albus et le Trifolium resupinalum, qui avaient envahi tout le pré de Blossac. En 1873, cinq ou six plantes exotiques, au plus, étaient encore représentées par quelques rares échantillons, et en 1874, tout avait péri, à l'exception toutefois du Melilotus sulcata, encore assez abondant en 1875. Je ferai . observer qu'une partie des plantes de la guerre introduites à Poitiers : Lepidium ruderale, Rapistrum rugosum, Medicago tribuloides, Melilo- tus sulcata, M. parviflora, Trifolium marilimum, Polypogon Monspe- liensis, Hordeum maritimum, sont plus ou moins abondamment ré- pandues sur le littoral voisin, et que les Linum angustifolium, Malva Nicæensis, Medicago Gerardi, Helminthia echioides, Amarantus retro- fleæus sont communes dans le Poitou. C’est donc uniquement le genre de station qui n’a pas convenu à ces dernières. LA PREMIÈRE ENTRÉE DES ARCHEVÉQUES DE BESANCON SOUS L'ANCIEN RÉGIME Par M. Auguste CASTAN CORRESPONDANT DE L'INSTITUT (Académie des Inscriptions ot Belles-Lettres). Séance du 13 novembre 1875. Parmi ceux qui, de bonne foi, regrettent l'ancien régime, il en est peu qui soupconnent que, durant la période appelée le moyen âge, l'autorité religieuse était en guerre perma- nente avec le pouvoir civil. L'édifice social ne reposant alors - que sur des compromis de circonstance, sans cesse méconnus ou violés, la défiance la plus absolue régnait entre les déten- teurs des diverses attributions de la souveraineté. Un précé- dent, quelque anormal qu’il fût, était dangereux à laisser établir : de là ce luxe de précautions réciproques dont les for- mules émaillent de bizarreries étranges les actes publics. Get état de choses étant assez bien caractérisé par le cérémonial de la première entrée des archevêques de Besançon, il nous a paru intéressant de raconter ce que les documents nous en ont appris. F Depuis que les ressorts de l'administration romaine avaient été brisés par le choc réitéré des invasions barbares, les évé- ques étaient, dans les villes, les seuls représentants d’un pou- voir public également respecté par les vainqueurs et les vain- cus. D'une voix unanime, ils recurent le titre de défenseur de la cité, avec mission de protéger les faibles et de rappeler — 208 — aux puissants les préceptes de la mansuétude évangélique. À la plénitude du sacerdoce, ils joignirent ainsi la fonction de gouverneur des populations urbaines. Dans beaucoup de villes, particulièrement dans celles qui étaient éloignées des centres monarchiques, leur pouvoir devint une véritable sou- veraineté. Les empereurs et les rois furent obligés de compter avec eux : tout ce qu'ils purent obtenir, ce fut que les évêé- ques entreraient, comme princes temporels, dans la hiérar- chie féodale, qu’ils reconnaîtraient la suzeraineté des mo- narques dont les territoires environnaient leurs villes. Par le fait des déplorables partages qui s'étaient accomplis entre les descendants de Charlemagne, la Franche-Comté, bien que gauloise de race et romaine de langage, relevait de la couronne du césar germanique. C'était à ce monarque que les archevêques de Besançon, princes temporels de la ville, prêtaient foi et hommage : ils recevaient, en retour, l’inves- titure des droits régaliens appartenant à leur siége. Ces droits comprenaient la défense du territoire de la ville, l'adminis- tration de la justice et de la voirie urbaine, la levée des im- pôts, la frappe des monnaies, en un mot tout ce qui constitue le gouvernement de la chose publique. Chacun de ces droits avait été, suivant la méthode féodale, affermé perpétuelle- ment à une famille noble qui en tirait les fruits et rendait au prélat certains services déterminés par un contrat. Vassal de l’empereur pour la souveraineté de la ville, l'archevêque avait ainsi lui-même des vassaux, ou grands officiers, qui compo- saient son cortége féodal. Tels étaient le chambrier, le maître d'hôtel, l'échanson, le panetier, le maréchal, le forestier, le monétaire, le vicomte et le maire (1). La puissance temporelle des archevêques de Besançon reçut une grave atteinte vers le milieu du douzième siècle. Il se (1) Voir le chapitre 111 de nos Origines de la commune de Besançon, dans les Mém. de la Société d'Emulation du Doubs, 3° série, t. IIT, 1858, pp. 222-262. ‘ — 209 — produisit alors, dans la population civile, un mouvement in- surrectionnel contre l'omnipotence des prélats. A la suite d’une série de révoltes, soutenues par l'aristocratie laïque de la province, on vit là bourgeoisie urbaine s’intituler ouver- tement commune, frapper des impôts et en recueillir le pro- duit dans une caisse publique, accaparer un beffroi paroissial pour y suspendre une bancloche, enlever du chevet de l’ar- chevêque les clés des portes de la ville, organiser un gouver- nement civil et en confier l'exercice à des gouverneurs élus annuellement par les citoyens (1). A toutes ces conquêtes, les archevêques opposèrent une vive résistance. L'un des prélats, Gérard de Rougemont, fut ex- pulsé de la ville par le populaire, et mourut en comptant sur la vengeance que lui promettait l'empereur d'Allemagne. Cette satisfaction était réservée à son successeur, Jean Hal- grin , dont l'entrée à Besançon , en 1225, a laissé dans nos annales un douloureux souvenir. Le nouvel archevêque arri- vait à la tête d’une armée suffisante pour assiéger la ville : le populaire consterné se rendit à discrétion. Non-seulement Jean Halgrin ordonna l'abolition de la commune; mais il exigea que, pour réparer l’injure faite à son prédécesseur, cent des principaux citoyens viendraient, en chemise et pieds nus, l'attendre à la porte de la ville, lui feraient cortége jus- qu'à l'église cathédrale et y seraient battus de verges par la main du prélat (?. Une réaction terrible suivit de près cette humiliante exé- cution. La commune se reconstitua plus ardente que jamais, et les succes$eurs de Jean Halgrin durent composer avec l’é- lément populaire. À la faveur des rivalités qui énervèrent le pouvoir impérial, le gouvernement civil de Besançon devint (i) Voir les chapitres 1v et v du travail cité plus haut. (2) Voir la Pièce justificative n° r de ma notice intitulée : Les sceaux de la commune, l'hôtel de ville et le palais de justice de Besançon, dans les Mém. de la Société d'Emulation du Doubs, 4° série, t, VI, 1870-71, pp, 470-727. 14 — 210 — assez solide pour rendre indiscutable le fait de son exis- tence (1). Depuis lors, la première entrée d’un archevêque à Besancon eut le caractère d’un joyeux avénement, et il s’éta- blit à cet égard un cérémonial traditionnel dont nous allons reproduire les principaux traits. Le nouvel archevêque devait entrer par la porte de Battant. Une seule exception fut faite à cette règle : Jean de la Roche- Taillée, qui arrivait directement de Rome à Besançon, au mois d'avril 1433, demanda la faveur d'entrer par la porte de Malpas ; la commune le lui accorda, mais en exigeant qu'il déclarerait par écrit que ce précédent ne ponts être invo- qué par ses successeurs (2). Monté sur un cheval blanc (3), entouré de plusieurs gen- tilshommes de la province () et des abhés mitrés de son dio- cèse (?), le nouveau prélat rencontrait, à quelque distance de la ville, une escorte d'honneur que lui envoyait la com- mune (6). Du plus loin qu'on l’apercevait depuis les remparts, il était salué par l'artillerie des bastions de Charmont et de Battant (7); les cloches de toutes les églises s’ébranlaient à ce signal. Sous la première porte de Battant, il trouvait le corps entier, ou au moins une importante députation, du conseil (1) Voir ma lettre à M. L. Deusce sur les Probabilités d’un voyage de saint Louis à Besancon en 1259, dans la Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. XX XIV, 1873, pp. 387-97, et dans les Mém. de la Soc. d'Em. du Doubs, 1873. (2) Pièces justificatives ci-après, n° 111. (3) Pièce justificative n° v. (4) L'archevêque Gérard d’Athies fut accompagné dans sa première entrée par le comte-duc de Bourgogne Philippe le Hardi (16 novembre 1393). — L'archevêque Thiébaud de Rougemont eut dans son cortége Jean de Chalon-Arlay, prince d'Orange (5 mai 1405). — L’archevêque Charles de Neufchätel-Comté fut escorté par Rodolphe, comte souve- rain de Neuchätel-Helvétie (10 juillet 1473). — (Archives de la ville de Besancon). — Voir les Pièces justificatives n°° 11 et ar. (5) Pièce justificative n° 1. (6) Pièce justificative n° vr. (7) Pièce justificative n° vi. — 211 — Ê communal. Le co-gouverneur, président de la semaine, féli- citait le prélat de son avénement, lui disant que mieux qu'au- cun autre il était digne du poste éminent qu'il allait occuper ; puis ce même orateur s’exprimait à peu près en ces termes : « Très révérend père en Dieu, très cher et honoré seigneur, la vérité est que, de toute ancienneté, les archevêques de Be- sancon , lors de leur première entrée dans la ville, ont cou- tume, avant de franchir la seconde porte de Battant, de pro- mettre, en parole de prélat, que, dès leur arrivée au palais archiépiscopal, ils jureront de conserver et défendre les li- bertés et franchises de la cité; moyennant quoi, les gouver- neurs de la commune jureront, à leur tour, loyauté et fidélité aux droits régaliens que l’archevêque tient de l'Empire (1). » L’archevêque répondait qu'il se conformerait à cet usage. Alors il posait la main droite sur sa poitrine, ou bien l’une et l’autre main sur un missel ouvert à l'endroit du canon de la messe, et il prenait l'engagement qui lui était demandé (?). La seconde porte de Battant s'ouvrait ensuite, et le cortège du prélat se réunissait à une procession générale de toutes les paroisses, qui attendait son entrée (3). Le conseil communal prenait rang dans ce défilé. Quand l'archevêque arrivait devant la porte de l’église ca- thédrale de Saint-Jean, il mettait pied à terre, et sa monture devenait la propriété du maréchal de l’archevèché (4). Le cha- pitre métropolitain le complimentait, mais en lui demandant, comme l'avait fait la commune, de jurer le maintien des pri- viléges et la conservation des biens de l'Eglise, sa nouvelle épouse. Ce serment élait prêté sur le livre des Evangiles et sur un reliquaire qui renfermait le chef de saint Fer- réol (5). (1) Pièces justificatives n° 11 et mi. (2) Pièces justificatives n° 11, zx et 1v. (3) Pièce justificative n° vi. (4) Duxon, Hist. de l'Eglise de Besançon, t. I, p. 111. (5) Pièce justificative n° 1, — 212 — L'Evangéliaire qui servait à cette cérémonie portait le nom de Saphir, par allusion aux pierres précieuses qui brillaient sur l’un des plats de sa couverture et encadraient un magni- fique ivoire sculpté du xr° siècle. Ce volume est conservé dans la bibliothèque de Besançon, mais la Révolution a dispersé les ornements de sa reliure : l’ivoire a été acquis par le cabinet des antiques de la bibliothèque nationale, et un moulage de cette belle pièce est venu reprendre, à l'extérieur de notre volume, la place qui avait été disposée pour l'original. Dans l'intérieur du livre, se trouvent encore les actes des serments prêtés, lors de leur installation, par les archevêques Quentin Ménard (1440) et Claude de la Baume (1571) (1). La formalité du serment remplie, l'archevêque entrait dans sa Cathédrale, en entonnant le Te Deum, qui était continué par les choristes. Pendant l’exécution de ce chant d'allégresse, les dignitaires du chapitre conduisaient le nouveau prélat dans la principale abside : là il prenait possession de son trône ; puis il montait à l'autel, et, les mains posées sur la pierre sacrée, il jurait encore de conserver les biens que pos- sédait son église et de travailler à la revendication de ceux qui avaient été aliénés. Le Te Deum achevé, il donnait sa bé- nédiction au clergé et au peuple (). Sans quitter ses habits pontificaux, l'archevêque passait de l'église dans la grande salle de son palais. Le conseil commu- nal l'y suivait, et l’orateur de ce corps lui rappelait respec- tueusement la promesse qui avait été la condition de son en- trée dans la ville. Sans se faire prier, le prélat, mettant alter- nativement la main droite sur sa poitrine et sur le livre des Evangiles, prenait l'engagement solennel de respecter et de défendre les libertés et franchises de la commune. En retour de cette garantie, tout le conseil communal, les mains ten- Re | (1) La description de ce manuscrit forme la première de nos Pièces justificatives. ; (2) Pièce justificative n° 1. — 213 — dues vers une châsse de reliques, jurait foi et loyauté aux prérogatives temporelles du siéze de Besançon (!). Dans la même journée, l'hôtel de ville envoyait un cadeau au nouvel archevêque (?). Claude de la Baume est le dernier de nos archevêques qui ait accompli en personne la cérémonie du double serment. Son successeur, le cardinal de Granvelle, mourut avant d’avoir pu venir occuper le siége archiépiseopal de Besançon (21 sep- tembre 1586). Ferdinand de Rye, empêché de faire son entrée solennelle par une peste qui désolait la ville, prêta serment, dans son castel de Châteauvieux , entre les mains d’un délé- gué de la commune {ff novembre 1587). François de Rye mourut à Bruxelles, au moment où il allait partir pour Be- sançon (17 avril 1637). La cour de Rome entreprit alors de contester au chapitre le droit, qu'il avait eu jusque-là, d’é- Lire librement le chef du diocèse : il s'ensuivit une lutte qui dura jusqu'à la conquête française. Les archevèques Claude d'Achey (1637), Charles-Emmanuel de Gorrevod (1654), Jac- ques Fauche (1660), et Antoine-Pierre de Grammont (1662), sagement désireux d'éviter des protestations publiques de la part des chanoines, prirent possession sans qu'il y parût au dehors. De son côté, la commune, absorbée par les soucis de la politique extérieure, laissa prescrire un cérémonial qui n'aurait plus été en harmonie avec les idées modernes. Survint la conquête francaise, qui rendit la Franche-Comté à la France, sa patrie légitime. En face d'un pouvoir supé- rieur qui s'entendait à faire mouvoir les ressorts d'une ma- chine administrative savamment constituée, l'archevêque et la commune durent renoncer à leurs prétentions gouverne- mentales. De part et d'autre, on se renferma dans des attri- butions normales et paisibles : la chose publique ne s’en porta que mieux. Les ressources qui servaient antérieure- 2 ee —" (1) Pièces justificatives n° xx et vi. (2) Pièé justificative n° vr. — 214 — ment à alimenter la chicane, on les employa dès lors à fonder des établissements d'instruction religieuse et à entreprendre des travaux d’édilité. L'archevêque, réduit au rôle de premier pasteur du diocèse, fut affranchi de l'obligation du serment envers la commune, et celle-ci, qui n’avait plus de préroga- tives politiques à sauvegarder, put fêter de confiance, par de gracieuses démonstrations et un cadeau d'excellents vins, le prélat qui venait prendre possession de son siége (1). (1) Pièce justificative n° vur. — 205 — PIÈCES JUSTIFICATIVES I DESCRIPTION DE L'Évangéliaire SUR LEQUEL LES ARCHEVÈQUES DE BESANCON PRÊTAIENT LEUR SERMENT D INSTALLATION. (Bibliothèque de la ville de Besançon.) Vélin. 106 feuillets. Ecriture minuscule à longues lignes, du milieu du xr° siècle. Réglure à la pointe sèche. 292 mil- lim. sur 210. Rubriques, lettres initiales et pointage des majuscules, en encre rouge vermiHon. En tête on a placé un fragment d'évangéliaire de la fin du x1r1° siècle, en 19 feuillets. Au verso du dernier feuillet du vieil évangéliaire, une main du xrr° siècle a écrit cette notice : « Cum domnus archiepiscopus Bisuntinus de novo creatus ad civitatem Bisuntinam prima vice venerit, omnes congre- gationes civitatis Bisuntine ad ecclesiam Bisuntinam Sancti- Johannis-Euvangeliste debent convenire. Et ante fores ipsius ecclesie, per alterum canonicorum Bisuntinorum sacris ves- tibus dyaconatus inductum, caput sancti Ferreoli gloriosi martyris, una cum libro Euvangeliorum, debet sollempniter deferri. Et tunc domnus archiepiscopus Bisuntinus de novo creatus, antequam intret ecclesiam, debet jurare supra caput sancti Ferreoli et supra sancta Dei Euvangelia, libro tacto, omnia jura et privilegia, juriditiones, constitutiones, liber- tates, consuetudines, cerimonias et statuta ipsius Ecclesie Bisuntine, sue sponse, custodire, inviolabiliter observare, tenere, deffendere et tueri, bonaque ipsius Ecclesie conser- vare nec alienare , et alienata ad jus et proprietatem ejusdem — 216 — pro posse revocare. Et, hoc juramento prestito, intret eccle- siam, Te Deum laudamus decantando, et in sua sede chori pa- rata intronizetur. Et, hymno dicto, benedictionem clero et populo debet dare. » Il résulte de cette notice que c'était sur notre Evangéliaire que les archevêques de Besançon prêtaient un double ser- ment lors de la prise de possession de leur siége. A la fin du volume sont, sur des feuillets ajoutés, les formules des ser- ments prêtés par les archevêques Quentin Ménard (1440) et Claude de la Baume (1571). Voici le texte invariable de ces formules : « Jurdmentum prestandum ante fores ecclesie : « Ego Quintinus, archiepiscopus Bisuntinus, super hoc caput sancti Ferreoli, gloriosi martiris, et super hec sancta Dei Euvangelia, libro tacto, solenniter juro omnia jura et privilegia, juriditiones, exemptiones, constitutiones, liber- tates, consuetudines, cerimonias et statuta Ecclesie Bisuntine, sponse mee, custodire, inviolabiliter observare, tenere, de- fendere et tueri, bonaque ipsius conservare, nec ea alienare, et alienata ad jus et proprietatem ejusdem pro posse revo- care. » Ad majus aliare : » Ego Quintinus, archiepiscopus Bisuntinus, super hoc sanctum altare Sancti-Johannis-Euvangeliste, promicto et propria manu mea firmo quod bona sedis Bisuntine, bona fide pro posse meo, servabo, et ea non alienabo, sed alienata, pro posse meo, ad jus et proprietatem dicte sedis revocabo. » Ce volume est renfermé entre deux planchettes de chêne garnies de velours rouge usé. Le plat supérieur est plus épais que l’autre; on y a creusé une loge arrondie par le haut, pour l’enchässement d’un ivoire. Cet ivoire a disparu, ainsi qu’un encadrement en orfévrerie qui a laissé son empreinte sur le velours du plat supérieur. Un moulage en plâtre de l'ivoire en question occupe la place laissée vide par l'original. Celui-ci fait partie du cabinet des antiques de la bibliothèque — 217 — nationale. On trouve à son sujet, dans le Catalogue général et raisonné des monuments exposés dans le cabinet des médailles et antiques, par M. Chabouillet (n° 3268), les intéressants dé- tails que voici : « On a souvent publié cette précieuse tablette qui, dans l’origine, a dû posséder deux volets. .…. Chifflet et Ducange la firent connaître les premiers, l’un dans l'ouvrage intitulé De linteis sepulchralibus Christi, cap. x ; l’autre dans ses Familiæ Augustæ Byzantinæ, p. 162, édit. Paris, 1680. Gori la publia de nouveau dans son Thesaurus vet. diptych., t. III, p. 9, pl. 1. Cette magnifique relique de l’art byzantin du xr° siècle servait alors de couverture à un Evangéliaire conservé dans l'église métropolitaine de Saint-Jean de Besançon, et était encadrée dans une splendide monture en or, enrichie de pierreries, qui a dù être détruite à l’époque de la Révolution, mais dont on peut voir la figure dans l'ouvrage de Gori. M. Ch. Lenormant a publié, il y a quelques années, cette tablette d'ivoire dans le Trésor de numismatique et de glyp- tique, V. Recueil général de bas-reliefs et d'ornements, pl. nr, p. 25. » Est-il nécessaire de faire remarquer toute l'importance de ce monument dont la date, fixée par les inscriptions d’une manière précise, est si précieuse pour l'histoire de l’art? Cette date est le commencement du xr° siècle, car ce tableau en re- lief fut évidemment exécuté pour le couronnement de l’em- pereur Romain IV (Flavius Romanus Diogenes Augustus) et de sa femme l’impératrice Eudoxie, le 1‘ janvier 1068. Gori soupconne que le scabellum du Christ sur notre ivoire repré- sente le dôme de Sainte-Sophie ; il est certain que la ceinture d’arcades qui forme l'étage inférieur de ce piédestal fait penser à un monument et n’est pas sans analogie avec le dôme de Sainte-Sophie. L’'Evangéliaire auquel notre ivoire servait de reliure était en grande vénération à Besançon, où il était conservé de temps immémorial ; il était connu sous le nom de Saphir, et l’un des chanoines le portait respectueusement — 218 — sur sa poitrine à certaines processions. Sauvée plus heureu- sement que sa monture, grâce à Ce qu'on ne pouvait rien gagner à sa destruction, la Couverture de l’'Evangéliaire de Besançon fut acquise pour la Bibliothèque impériale, en 1805. » LE PROCÈS-VERBAL DE LA PREMIÈRE ENTRÉE DE L'ARCHEVÈQUE DE BESANCON HUGUES DE VIENNE 1334 — 15 août. (Archives de la ville de Besançon.) En nom de Nostre-Seignour. Amen. L'an d’icelui corrant par mil trois cenz trante et quatre, la indition seconde, le jour de la feste de l’Assumpcion Nostre-Dame, le quinzème jour de host, à hore de prime ou enqui environ, dou ponti- ficat de très saint Père en Jésucrist nostre saint Père Jehan par la porvéance divine pape xxr1°, révérenz pères en Jésu- crist Hugues de Vienne, arcevesques de Besenceom , en la présence de nos notaires publiques et des tesmoins ci-desouz nommez, prumièrement après sa consécracion, entrai en la citey de Bisenceom, et, lui arrestant desoz la prumière porte de la citey, que l’om dit la porte de Batent, li governours de la citey et une grant partie du puple de la citey li vindrent enqui à devant, à grant honour, et enqui fut saluez, de par les governours et le puiple de la citey, graciousement et lie- ment, et li furent enqui dites les choses que s’ensiguent, c’est assavoir : « que de anciens temps passey notoirement acos- tumey, et ensit l’avoent fait suy devantiers arcevesques, que, à lour semblable prumier avénement à Besenceom, li arce- vesques, ainz qui antroit en la seconde porte de la citei, doit prometre véritablement ès governours et à puiple que si tost comme il sarai en son palaix il, pour lui et pour ses succes- sours, jurerai, la main à piz et en parole de prélat, que il les — 219 — libertez, franchises, costumes et estaz de la citei guerderai, terrai et deffendrai par son pouhoir; et li governours proma- tent et jurent léaltey et foialtey que là citei doit faire à arce- vesque pour cause du régaule de Besenceom. » Pour quoi fut requis li diz messires H. arcevesques que fahit la pro- messe de faire soirement et samblable ou dit palaix, ensit com dit est. Et il si fit et le promit, et muez s’il pouhoit. Uncores en celui jour, en alant continuelment et passant par la dite;citei, nous tabellions ci-desouz escripz continuelment pourseguanz aveuc les governours et lor compeignie, li‘diz messires l’arcevesques antrai en s’englise de Saint-Jehan- Euvangéliste de Besancom, puis alai en som palaix, en habit pontifical, aportées aveuc lui les saintes reliques et apparen- ment alevées, et lui estant en son siége, les governours de la citei et une grant partie du puiple présenz, nous notaires aveuc présenz, fust requis li diz arcevesques par discrète per- sone Jehan Michiel, l’un des diz governours, pour lui et pour les atres, et pour le puiple présent, et pour le commun de la citey, que sus la dite promesse que faite avoit à la dite porte, ensit com dit est, fahit som davoir, et li governours et li puiples feroent le lour, et plusours paroles hahues, final- ment, la main destre dou dit monseignour l’arcevesque mise sus som piz, et les governours, en nom de lour et dou com- mun, levanz les mains ès reliquaires et ès sainz, li diz mes- sires l’arcevesques, en léal et véritable parole de prélat, en bone foi, pour lui et pour ses successours, promit ès gouver- nours, en nom d’aux et de tout le commun, les libertez, fran- chises, costumes et estez de La citey de Besencom guerder, daffendre et mantenir par tout som pouhoir, en la manière que sui prédécessour l’ont fait du temps passey, et mueuz par som pouhoir, et li dit governours, en nom que dessus, les mains tendues ès sainz, promirent à dit monseignour l'arce- vesque guerder foi et loialtel à laquele li citeix est tenue à siége de Besencom pour cause dou régaule. Et sus ces faiz li diz governours, en nom de lour et du commun, et li diz arce- = vesques, pour lui et pour le siéche de Besencom, à nous no- taires publiques ci-desoz escripz requirent estre fait publique instrument, — Ce fut fait, présenz : religiouses et honestes persones de Saint-Paul, de Saint-Vincent de Besenceom,, de Monbenoit, de Corneul et de Bellevaux les abbeix ; révérent père l’avesque de Tabarie (1); Jehan de Roigemont, trasorier de Besenceom (?) ; et nobles homes messires Henri seignour et Girart de Monfacom ; monseignour Vathier de Vienne, chevaliers; et grant multitude de genz tesmoins requis et appelez. Et je Jehans Roiers, clers de Besenceom, publiques no- taires de l’autoritey de l’Impire et de la cort de Besenceom juriez, à totes les choses dessus dites et faites, ensit com dit est, ai estei présenz, etc, Et je Estevenin Oudebert de Crissey, clers, tabellions pu- bliques de l’attoritey l'Emperaour, à totes les chouses ei- dessus escriptes fuis présenz, etc. , III PROCÈS-VERBAL DE LA PREMIÈRE ENTRÉE DU CARDINAL JEAN DE LA ROGHE-TAILLÉE EN QUALITÉ D ARCHEVÊQUE DE BESANCON. 1433 — 8:ayril. (Archives de la ville de Besançon.) En nom de Nostre Seigneur. Amen. Par cest présent pu- blique instrument à tous appare évidamment que l'an d’icel- 2 | (1) Cet évêque de Tabarie in partibus infidelium, en latin Tiberiadensis episcopus, était le titulaire de la fonction de suffragant, ou évêque au- xiliaire, de l'archevêque de Besançon. Le plus souvent cel office était rempli par un religieux qui vivait d'une pension assignée sur la manse archiépiscopale. L'évêque de Tabarie, dont on ignore le nom de fa- mille, avait pour prénom Richerius. (2) C'est-à-dire trésorier du chapitre de Besançon, quatrième digni= taire de ce sénat ecclésiastique. = wi — lui Nostre Seigneur mil quatre cens trente et deux, prins selon l’uz des court et diocèse de Besancon , le mecredi saint, que fut le huitième jour d'avril, à quatre heures après midi, en l’indicion unziemme, l'an troizième du pontiffiement de très saint Père en Dieu et seigneur nostre sire Eugène, par la divine provision pape quatriesme, en la présence de nous notaires publiques et jurez de la court de Besançon cy des- soubz suscriptz et des tesmoings Cy après nommez, devant l'une des portes de la citey de Besancon, vulgalment appellée la porte de Malpais, en entrant {lisez l’entrée) que très révé- rend père en Dieu et seigneur messire Jehan, par la grace de Dieu et du Saint-Siége de Rome cardinal de Rouhans, arce- vesque de Besançon, vouloit fere en ladite citey à son pre- mier advénement, parsonnelment estaubliz ledit monseigneur l'arcevesque, lequel oudit lieu se arresta; et enqui pluseurs des gouverneurs et une grant partie de peuple de ladite cité adonc présens, et après pluseurs parolles dites et proposées audit monseigneur l’arcevesque par honnorable homme et saige maistre Estienne Ermenier (1), licencié ès lois, citien de Besançon, enqui présent, en adressant ses paroles à icellui monseigneur l’arcevesque, dit et exposa, pour et en nom des gouverneurs et de la université de ladite cité de Besancon, les paroles que s’ensuiguent ou les semblables en effect et substance, c'est assavoir : « Très révérend père en Dieu, très chier et honnoré seigneur, il est vérité que de sy ancienne coustume légitimement prescripte et notoirement gardée de tel et sÿ long temps que mémoire d’omme n’est du commen- cement ne du contraire, messeigneurs les arcevesques de Be- sancon, voz prédécesseurs, à leur premier advénement qu’ilz (1) Etienne Arménier, d’une famille originaire de Montigny-lez-Ar- bois (Jura), devint conseiller du comte-duc Philippe le Bon, son bailli d'Aval en Franche-Comté, son ambassadeur près le concile de Büle. Il figurait, avec le titre de président des parlements du duc et. comte de Bourgogie, dans le cortége d'entrée de l'archevêque Quentin Mé- nard, le "août 1440. — 222 — ont fait en ladite cité, ont fait leur entrée par une aultre porte que ceste, c'est assavoir par la porte de Baptent, et à icelle porte de Baptent, avant qu'ilz la ayent passez, ont deuz promectre et jurer, et de fait ont promis et jurez, leur main dextre mise au pictz, en vérité et en parole de prélat, ausdiz gouverneurs et à peuple de ladite cité, de tenir, garder et deffendre de tous leurs léaulx pouhoir les libertez, priviléges, franchises, immunitez, bons us, coustumes, usaiges et estat de ladite cité, et en outre de fere et renouveller lesdites pro- messes et seremens sy tost comme ilz estoient ou palais de Besançon ; et pour ce que messeigneurs les gouverneurs et tout le peuple de ceste cité ont sceu que vostre chemin estoit mieulx adrecié pour entrer par ceste porte que par la porte de Baptent acoustumée, pour honneur et révérence de vostre paternité, eu regart aux peinne et labour qu'avez soubstenuz en vostre présent vouaige que a esté sans arrest dès Rome jusques yci, vous ont ouctroyé de grace vosire premier en- traige estre fait par ceste porte de Malpais, laquelle chose avez accepté : si vous plait, vous confesserez que vostre pre- mière entrée doit estre par la porte de Baptent, à laquelle devez fere les promesses et seremens dessus diz, et que, par vostre présente entrée et les seremens que ferez à ceste pré- sente porte, n’entendrez à déroguer ne préjudicier aux drois, libertez et frainchises de ladite cité. » Lesquelles paroles ainsi dites et proposées par ledit maistre Estienne, et ou nom que dessus, ly dessus nommez monseigneur l'arcevesque feist, promist et jura, sa destre main mise au pictz et en pa- role de prélast, de tenir, garder, maintenir et deffendre les libertez, frainchises, priviléges, immunités, ensamble les drois, coustumes, usaiges et bon estaz de ladite cité de Be- sancon, et en oultre fere et renouveller ledit serement incon- tinant et sy tost comme il seroit en son palais de Besançon. Subséquament confessa ledit monseigneur l’arcevesque sa première entrée et lesdiz seremens devoient estre fais par lui à ladite porte de Baptent de Besançon , et que, par son en- — 223 — trée à faire et par les promesses et seremens fais à ladite porte de Malpais, il n'entendoit aucunement préjudicier ne déroguer aux drois, libertez, franchises et prérogatives de ladite cité ne des églises d'icelle. De et sur lesquelles choses dessus dites et une chascune d’icelles, honorable homme et saige Estienne des Potaz (1), citien de Besançon, procureur et par nom de procureur de ladite université de Besancon, quist et demanda à nous notaires publiques cy-dessoubz sus- cripz à lui estre fait instrument publique, ung ou pluseurs d'une mesme teneur et substance. Ce fut fait l'an, le jour, l'eure, l’indicion et pontiffiement que dessus, présens nobles hommes et saiges messires Henri Valée, censeiller et cham- bellan de monseigneur le duc et comte de Bourgoingne et son baïlli d’Aval ou comté de Bourgoingne; Pierre de Quin- gey 0), seigneur de Bomboillon, chevaliers ; Jehan d’Amance, Aymé Bourgois, escuiers, et pluseurs autres tesmoings ad ce espécialment appellez et requis. — Item, l'an, jour, indicion et pontiffiement que dessus, environ quaire heures et demi après midi d’icellui jour, personnelment estaubli le dessus nommez monseigneur l’arcevesque, assis en son palais de Besançon, en la présence de nous notaires cy dessoubz sub- scripz et des tesmoings cy après nommez, auquel ledit maistre Estienne Armenier, enqui estant avec une grant partie desdiz gouverneurs et du peuple de ladite cité, requist que il, ledit monseigneur l’arcevesque feist le serement accoustumé de fere, comme dit est et ainsi comme promist l'avoit, disant ledit maistre Estienne que lesdiz gouverneurs estoient prest de fere audit monseigneur l'arcevesque les promesses et ent ee + 2 ns (1) Etienne Despotots, co-gouverneur de Besançon dès 1425, d’une vieille famille de cette ville, qui portait pour armoiries : d’azur à un pot d’or duquel sortent trois fleurs de lis tigées de même. (2) C'est le père de Simon de Quingey, page de Charles le Téméraire et prisonnier de Louis XI, sur lequel mon confrère et ami M. Jules Gaurater à publié une intéressante notice dans les Mém. de la Société d'Emulation du Doubs, 4° série, t. VII, 1872, p. 418-447, — 224 — serement de fidélité accoustumez, à cause de la régalie de Besançon. Et adonc ledit monseigneur l’arcevesque demanda à vénérables et discrètes personnes maistres Lyon de Noze- roy, doyen, et Heude de Clerevalx, chantre et chenoinne de l'église de Besancon, ses vicaires enqui présens, s’il devoit. fere et estoit tenuz de fere par coustume ancienne lesdiz se- remens ; lesquelx ses vicaires respondirent que oy. Et, après ladite response, icellui monseigneur l'arcevesque mist sa main destre à son pictz, et jura et promist, en léal et véné- rable parole de prélat, et en bonne foy, ausdiz gouverneurs, en nom d'eulx et de toute la université de la cité de Besan- con, garder, deffendre et maintenir de tout son pouhoir les priviléges, libertez, franchises, immunités, drois, coustumes et usaiges, ensemble le bon estat de ladite cité, des citiens et habitans d'icelle, en la forme et manière que ses prédéces- seurs arcevesques de Besancon l’avoyent promis et fere le debvoyent, en ratiffiant et approuvant les promesses et sere- mens par lui et sesdiz prédecesseurs fais ou temps passez en tel cas. Et, ce fait, lesdiz gouverneurs de ladite cité, enqui présens, promirent en la main de mondi! seigneur l’arceves- que y garder la foy et léaulté à laquelle ladite cité est tenue au siége de Besançon à cause de ladite régalie. De et sur les- quelles choses dessus dites, ledit Estienne des Potaz, procu- reur et par nom de procureur de ladite université d’icelle cité de Besancon, quist et demanda à nous notaires dessoubz sub- scripz à lui estre fait instrument publique, ung ou pluseurs, et tant que besoing lui seroit, d’une mesme substance et te- neur, Ce fut fait l'an, jour, heure, indicion, pontiffiement et lieu dernier diz, présens les dessus nommez messires Henry Valée, Pierre de Quingey, chevaliers ; Aymé Bourgois, Hu- guenin de Vuillaffans, seigneur de Say, escuiers, et pluseurs autres tesmoings ad ce espécialment appellez et requis. Et je Viart d’Acheiï, clerc, de l’auctorité impérial notaire publique et juré de la court de Besançon, aux dessus diz se- remens et promesses... ay esté présent, etc. — 225 — Et je Jehan Richard de Rupt, de la diocèse de Besançon, de l’auctorité impérial notaire publique, etc. IV EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL DE LA PREMIÈRE ENTRÉE DE L'ARCHEVÈQUE DE BESANCON QUENTIN MÉNARD 1440 —- 1°" août. (Archives de la ville de Besançon.) eee Po Lan. mil quatre cens et quarante, le premier jour du mois d’aoust, à neuf houres avant medy..... monsei- gneur Quentin Ménard, par la grace de Dieu arcevesque de Besancon, estant devant la porte de Baptent de la cité de Be- sancon....., incontinant, sans fere aucun reffus ne demander aucun délay, jura sur le saint canon et en parole de prélat, mectant la main au pit, de garder, maintenir et observer lesdictes libertez..…., en disant, par ledict très révérend père en Dieu, telles paroles ou semblables, c'est assavoir : « Et je le promet et jure ainsi, » touchant et mettant ses deux mains sur le saint canon estant en ung missal que l’on tenoit de- vant lui, en baisant l'ymaige du crucifiz qu’estoit oudict mis- sal devant ledict canon... EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL DE LA PREMIÈRE ENTRÉE DE L'AR- CHEVÈQUE DE BESANCON CHARLES DE NEUFCHATEL=COMTÉ 1463 — 10 juillet. (Archives de la ville de Besançon.) ..… Annoa Nativitate Domini millesimo quadringentesimo sexagesimo tercio.....… , die vero decima mensis julii, hora octava ante meridiem ipsius diei..…. personaliter constituti..… videlicet reverendissimus in Christo pater et dominus, do- 15 — 226 — minus Carolus de Novocastro, miseracione divina electus confirmatus et administrator ecclesie Bisuntine, in suo primo adventu ad civitatem Bisuntinam, causa adipiscendi posses- sionem sue ecclesie Bisuntine, extra primam portam de Ba- tento dicte civitatis Bisuntine, ex una, et nobiles et sapientes viri et domini, domini rectores et gubernatores civitatis Bi- suntine, intra et prope dictam portam, partibus ex altera, existentes, accesserunt prefati domini rectores et guberna- tores dicte civitatis usque ad dictam portam de dicto Batento extra quam erat constitutus supra unum equum album pre- fatus reverendissimus...…. VI DÉLIBÉRATIONS MUNICIPALES RELATIVES À LA PREMIÈRE ENTRÉE DE CLAUDE DE LA BAUME COMME ARCHEVÈQUE DE BESANCON 1571 — 21 octobre. (Archives de la ville de Besancon.) Du mecredy xvn jour d'octobre 1571. Pour l'entrée de monseigneur nostre archevesque, messire dlaude de la Baulme, a esté conclud que messieurs Nardin, président, de Novillers, Myrebel, Mareschal, Beaul et d'An- joz, accompaignez des officiers et notables, se treuveront à _pied à la porte de Baptan pour recevoir le serement que le- dict seigneur très révérend doibt prester à la cité, tant à la- dicte porte comme successivement au palaix archiépiscopal, et réciproquement prester celluy que la cité a accoustumé prestér audict seigneur oudict palaix : pour lesquelx seremens l'on suyvra la formalité de ceulx contenuz en linstrument de l'entrée de l’archevesque Charle de Neufchastel; et sera pourté le propos, par ledict sieur président, le plus honnora- _blement qu’il se pourra faire. L'on fournira les portes de bonne et seure garde, avec pro- ti — vision d'artillerie pour faire la bienvenue et saluer ledict sei- gneur. L'on levera une compaignie de gens de pied bien en point, qui sortiront hors de la ville au devant dudict seigneur arche- vesque : pour les dresser sont commis messieurs Recy et Ma- larmey, lesquelx aussi pourvoyeront à la garde de nuyt. L'on fera présent audict seigneur, de la part de la cité, d’une grande coppe d'argent doré, richement ouvrée, en va- leur de soixante escus. Du dymanche xx1° jour d'octobre 1571, heure de deux après midy. Pour l'entrée de monseigneur le très révérend archeves- que, messire Claude de la Baume, sont esté envoyées au devant de luy trois enseignes de gens de pied, conduictz par monsieur Malarmey. Aussi à esté tiré grand nombre d’artil- lerie, tant à la porte de Charmont comme à celle de Baptan par laquelle il est entré. Estant arrivé à devant la première porte dudict Baptan, messieurs Nardin, président, de Novil- lers, Myrebel, Lambert, Recy, Mareschal, d'Anjoz et Beaul, à ce commis par Messieurs, après lui avoir congratulé sa bien-venue et déclaré le grand contentement que la cité avoit de sa promotion à la dignité archiépiscopale, l'ont requis de prester les seremens que ses prédécesseurs archevesques avoient de toute ancienneté accoustumé prester à ladicte cité à leur première entrèe, à scavoir de garder, maintenir, en- tretenir, observer et deffendre de tout son pouvoir les previ- léges, franchises, libertez, usages, coustumes, drois, préro- gatives, exemptions, immunitez, usances et bon estat de la- dicte cité, ensemble du traicté de Rouhans (1), et de réitérer (1) Il s’agit d'un traité conclu entre le clergé et la commune pour régler leurs droits temporels réciproques à Besançon. Cet acte impor- tant, signé le 10 juin 1435, s'appelait le Traité de Rouen (Tractatus Ro- — 228 — lesdictz seremens quant il seroit en son palaix archiépiscopal. À quoy a esté respondu par ledict seigneur très révérend archevesque qu'il remercioit à la cité, tant en général que particulier, l'honneur que luy estoit faict, avec ouffre de toute amytié, faveur et bonne intelligence ; et quant ausdictz seremens, il estoit bien prest les faire et prester comme ses prédécesseurs, moyennant que, de la part de la cité, luy fût aussi faict et presté le serement accoustumé. À quoy mes- dictz sieurs les gouverneurs ont déclaré estre aussi prestz de satisfaire en temps deu, à sçavoir quant ledict seigneur très révérend aura faict les seremens tant audict lieu comme au palaix archiépiscopal. Sur quoy, ledict seigneur très révé- rend a presté lesdictz seremens comme ses prédécesseurs, mettant la main sur le sainct canon, tenu par trois chaplains de l’église Sainct-Pierre, comme le tout est plus amplement contenu en l'instrument sur ce faict. Puis ledict seigneur est entré en la cité, marchans devant luy tout le peuple en pro- cession : par lesquelx il a esté conduict jusque en l'église Sainct-Jehan-Evangéliste. Tost après, dois ladicte église, ledict seigneur très révérend, en habit pontifical, a esté conduict en la grant sale du palaix archiépiscopal, où estoient mesdictz sieurs les gouverneurs cy devant nommez, hormis monsieur Recy, lesquelx ont re- quis ledict seigneur archevesque de répéter les seremens par luy faictz à ladicte porte de Baptan, selon l’ancienne cous- tume : ce qu'a faict ledict seigneur très révérend. Et après successivement lesdictz sieurs gouverneurs, ou nom de la cité, ont aussi faict le serement audict seigneur très révérend ar- chevesque, selon et en la forme et manière contenue en l’in- strument sur Ce rédigé par escript. thomagensis), en raison de ce que l'archevêque Jean de la Roche- Taillée, qui y était intervenu, avait été archevêque de Rouen et en avait retenu le surnom. — 229 — VII DÉLIBÉRATIONS MUNICIPALES RELATIVES A LA PREMIÈRE ENTRÉE DE L'ARCHEVÈQUE DE BESANCON FRANCGOIS DE BLICTERSVICH DE MONCLEY 1732 — 26 mai. (Archives de la ville de Besançon.) Du lundy 19° may 1732. Monseigneur l’Intendant ayant dit à MM. Rigoine et De- lagrée que M. de Blistervick de Moncley, haut doyen du cha- pitre métropolitain de cette ville, cy-devant évêque d’Autun et nommé à l’archevêché de Besançon, ayant recu depuis quelque temps ses bulles de Rome et fait le serment entre les mains du Roy, devoit arriver dans peu en cette ville à l’effet de prendre possession dudit archevêché, qu’il falloit que le Magistrat délibérât dez aujourd'huy du cérémonial à observer dans cette occasion, et que M. de Moncley étant compatriote, citoyen de Besancon, il sembloit à propos de luy rendre quel- qu'honneur particulier : il a été délibéré que, le jour de son arrivée, MM. les deux premiers Echevins et MM. les deux Commissaires de la bannière de Saint-Quentin iront en ca- rosse le recevoir et le complimenter aux confins de la ban- lieue ancienne, qu'on ordonnera pour la nuit du même jour une illumination dans toute la ville, dans des lanternes de papier aux armes de mondit seigneur l’Archevêque, et qu'on fera mettre des pots à feu au devant de l'hôtel de ville; que, le lendemain, M. le Maire et MM. les trois Echevins, en robes de cérémonie, suivis des quatre officiers du bureau aussy en robes, iront le complimenter au nom et de la part de la Com- pagnie, le tout conformément à ce qui s'est pratiqué à l’ar- rivée de M. de Monaco, son prédécesseur. Et pour donner à M. de Moncley des témoignages singuliers de la joye publique sur sa promotion à l'archevêché et du dévouement respec- — 230 — tueux de l'hôtel de ville pour sa personne, on luy envoyera après le compliment deux panniers remplis de bouteilles de vin d'honneur. Du mercredy 28° may 1732. Messieurs les députez pour aller à la rencontre de monsei- gneur l’Archevêque ont fait rapport qu'ayant été informés qu'il devoit arriver lundy dernier, ils étoient partis le même jour en carosse, environ les trois heures après midy, et l’a- voient attendu aux confins de la banlieue ancienne; qu'ayant vu approcher son carosse, environ les six heures du soir, ils étoient descendus du leur et étoient allés à quelques pas à sa rencontre ; que monseigneur l’Archevêque les ayant appercus étoit descendu de earosse, qu'ils l’avoient complimenté de la part de la Compagnie et qu'il leur avoit répondu avec beau- coup de marques d'affection; qu'après le compliment mon- seigneur l’Archevêque étant remonté en carosse, ils étoient aussy rentrés dans le leur, lequel avoit pris la teste du cor- tége, précédé des gardes de police et sergens de ville à cheval; que celuy de monseigneur l’Archevêque suivoit immédiate- ment, et. ensuite les carosses et équipages de plusieurs per- sonnes qui étoient venues à sa rencontre ; qu'on étoit entré à la ville dans cet ordre environ les sept heures et demie, et qu'on étoit allé descendre au Palais archiépiscopal où ils avoient encore fait la révérence à monseigneur l’Archevêque, et s'étoient retirés. M. le Maire, ayant pris la parole, à dit qu'hier, environ les onze heures, MM. les trois Echevins et luy, suivis des quatre officiers du bureau, tous en robes de cérémonie, s'é- toient transportés au Palais archiépiscopal ; qu’il avoit com- plimenté monseigneur l’Archevêque au nom de l'Hôtel de ville et en conformité de la délibération qui en avoit été prise ; que monseignenr l'Archevèque les avoit accompagné jusque sur le perron de son escalier, et que son aumônier — 231 — les avoit reconduit jusqu’à leurs carosses où il les avoit vu monter. ES | Le controlleur a ajouté qu'après le compliment de MM. les Maire et Echevins à monseigneur l’Archevèque, et en consé- quence des ordres de la Compagnie, il luy avoit fait porter et luy avoit présenté, de la part de l'Hôtel de ville, cinquante bouteilles de vin de Bourgogne et pareille quantité de vin de Champagne, dont il l’avoit chargé de faire ses remercimens à MM. du Magistrat. Du lundy 25° juin 1732. Sur ce que l’on est informé que monseigneur l’Archevêque doit prendre solennellement possession de Parchevêché mer- credy prochain, il a été délibéré que s'il invite la Compagnie à cette cérémonie, elle y assistera en corps et en robbes; si non, on nes y trouvera pas. Et cependant, pour donner des marques de la joye publique, on fera publier une ordonnance de police portant injonction aux bourgeois de poser des lu- mières sur les fenestres, à l’entrée de la nuit du même jour, dans des lanternes aux armes de monseigneur l’Archevêque. On illuminera la façade de l'Hôtel de ville avec des flam- beaux, et on fera couler du vin à la fontaine placée au devant dudit Hôtel. Du samedy 28° juin 1732. M. le Maire a dit qu'ayant été invité à diner, de la part de monseigneur l’Archevêque, pour lundy dernier, jour de la prise de possession par luy solennellement prise de l’arche- vêché, il avoit cru devoir assister à cette cérémonie, où il s'é- toit effectivement rencontré, et avoit ensuite diné à l’arche- vêché ; que Mr le duc de Levy, M. du Métrail, lieutenant du Roy, M. le premier Président et M£' l'Intendant avoient été de ce repas, avec les assistans à l’autel, les grands officiers de l'archevèché et plusieurs de MM. les chanoines de la métro- — 232 — politaine, ce qui formoit environ trente personnes ; que mon- seigneur l’Archevêque l’avoit fait placer au milieu de la table à sa droite, et qu'il luy avoit fait beaucoup d'honneur et de politesses ; que comm'il attribuoit toutes ces marques de dis- tinction moins à sa personne qu'à la place de Maire quil avoit l'honneur de remplir, il avoit cru en devoir informer la Compagnie. SUR LE VÉRITABLE HORIZON STRATIGRAPHIQUE DE L'ASTARTIEN DANS LE JURA Par M. Maurice DE TRIBOLET DOCTEUR ÈS-SCIENCES MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE. Séance du 20 mars 1875. Le mémoire que je me permets de présenter à la Société d'Emulation, a trait à une portion des terrains Jurassiques supérieurs dont les véritables horizons ont été et sont encore méconnus par un certain nombre de géologues français émi- nents. J'ai tâché de résumer ici les données que nous possé- dons sur leur compte, de la part d'un grand nombre de savants, tant français que suisses. Dans le tableau qui termine ce travail, j'ai mis en regard les différents étages du Jura supé- rieur sous leurs divers facies, tels qu’ils se rencontrent dans toute l'étendue du Jura, depuis l’Alpe souabe jusqu’au Bugey, ainsi que dans les départements de la Haute-Saône, de la Côte-d'Or, de la Haute-Marne, de la Meuse et de l'Yonne. L'étude plus détaillée de la formation de transition entre les terrains jurassiques et crétacés, ainsi que les belles re- cherches de M. Mæsch dans le Jura argovien, ont été et sont encore le point de départ de nombreux travaux relatifs à l’ho- rizon qui doit être attribué à la zone des Ammonites tenuilo- batus et polyplocus, dans la série des terrains jurassiques supérieurs. Il est vrai de dire que la classification stratigra- — 234 — phique que M. Mæsch nous a offerte dans ses trois mémoires, en 1856, 67 et 73, n’est point nouvelle du tout. Elle n’est, à mon gré du moins, qu'une copie de celle des géologues juras- siens précédents, de Thurmann surtout. Mais il faut dire cependant que M. Mæsch, en l'appliquant au Jura argovien, l’a singulièrement perfectionnée, je dirais même compliquée et qu'ainsi il a vraiment remporté les mérites qui doivent lui être justement attribués. Je dois avouer avec M. Greppin, que je ne comprends pas au fond les raisons qui ont poussé M. Mœsch à composer une nouvelle nomenclature géologique, qui ne fait qu’embrouiller toujours davantage celle qui existait déjà. À quoi bon vou- loir nous imposer toute une série de noms locaux qui n’ont de valeur que pour la contrée d’où ces terrains ont été pre- mièrement décrits, ou bien dans laquelle ils se rencontrent le mieux développés. Ainsi je crois que pour les terrains Juras- siques supérieurs qui nous occupent ici, les dénominations de Spongitien (Etallon 1857), Pholadomien (Et. 1863), Coral- lien, Astartien, Kimméridien, Virgulien, Portlandien, sont infiniment préférables à celles des couches de Birmensdorf, d’'Effingen, du Geissberg, de Wangen, de Baden (!) (et de la Letzi), de Wettingen, etc. Afin de résumer les idées qu’il a émises dans le courant de l’un de ses ouvrages (2), au sujet du synchronisme des assises du Jura oriental et du Jura occidental, M. Mœsch nous en donne (p. 207) un apercu sous la forme de tabelle. Dans plu- sieurs travaux insérés dans les Bulletins et les Mémoires de la Société des sciences naturelles de Neuchütel, 1872, 73 et 74, j'ai modifié comme suit le tableau du savant suisse : e- (1) La dénomination de couches de Baden (Vienne, a, du reste, déjà été employée en 1859 par Rozze, pour désigner l'étage {ortonien de M. Ch. Mayer. (2) Descript. géologique du Jura argovien, in Malér. carte géolog. Suisse, 1867. ge Jura oriental. Jura occidental. 1. Birmensdorferschichten. Spongitien. 2. Effingerschichten. Zone des cale. hydrauliques. 3. Geibsbergschichten. Pholadomien. 4. Crenularisschichten. Terrain à chailles. Ter. à chailles pars (Jura neuch. et vaudois). Ool. corall. et calc. à Nérinées (Jura bernois). 5. Wangenerschichten. 6. Letzischichten. Astartien pars (marnes à Penta- crines). 7. Badenerschichten. Astartien. 8. Wettingerschichten. Ptérocérien (Kimméridien). 9. Plattenkalke. Virgulien (Zone virgulienne) 10. Manque. Portlandien. Tel est le synchronisme que j'ai proposé dans mes travaux et qui, sauf quelques modifications que j'y ai apportées moi- même, est généralement reconnu par les géologues juras- siens. à La question de la véritable position stratigraphique de la zone de l’'Ammonites tenui!obatus, a été suffisamment résolue par les travaux de M. Mœsch Je n’entrerai pas ici dans les détails, mais je me bornerai simplement à remarquer que les belles recherches de ce savant dans les environs d’Olten, Aarbourg, Oberbuchsiten et Wangen, c’est-à-dire dans la contrée généralement reconnue comme limitrophe des mers helvéto-souabe et jurassique proprement dite, ont contribué pour beaucoup à rendre cette question claire et nette. A Wan- gen, où cette zone est aussi typiquement développée que dans le reste du Jura argovien en général, les fossiles qui s’y trouvent forment une des preuves les plus convaincantes de l'opinion de M. Mæsch; car nous y rencontrons, en effet, les espèces astarliennes du Jura occidental plus nombreuses et plus fréquentes que les formes des couches de Baden ou de la vraie zone à À. tenuilobatus. La position de celle-ci au- dessus du Corallien, semblable donc à celle de l’Astartien. — 236 — est ainsi un fait acquis pour la région étudiée par le savant de Zurich. Enfin, un des faits qui viennent encore à l'appui de cette manière de voir, c'est que MM. Mæsch (1) et Baltzer (2) ont rencontré dans les Alpes suisses orientales, lés mêmes faits stratigraphiques qué dans le Jura argovien. Ici aussi, la zone à Ammoniles tenuilobatus se trouve assez développée et repose surle vrai Corallien à Thecosmilia Buvignieri et Ammonîtes semifalcatus. Sur celle-là repose alors le terrain tithonique dans son ensemble. Dans une excursion que MM. Lory (3), Pillet, de Loriol, Neumayr (4) et Ern. Favre 6) ont faite au printemps 1873 dans le Jura argovien, sous la Conduite de M. Mæsch, ils ont pu constater la parfaite exactitude des opinions de ce géologue et se sont assurés une fois de plus du synchronisme de l'étage astartien avec la zone de À. tenui- lobatus. Quelque temps après la publication de la description géolo- gique du Jura argovien, M. Hébert émettait résolument l’idée que l’Astartien du Jura occidental et les couches de Baden ou zone à À. tenuilobatus et polyplocus du Jura oriental, n'étaient pas supérieures au Corallien, mais bien inférieures et devaient rentrer dans l'étage oxfordien. Dans plusieurs travaux insérés dans le Bulletin de la Société géologique de France et publiés depuis 1869 jusqu'à présent, le savant _professeur de la Sorbonne continue à défendre sa manière de voir (6). M. Zittel, l'éminent professeur de Munich, s'est chargé de 1) Le Jura dans les Alpes de la Suisse orientale, Zurich, 1872. 2) Le Glærnisch, etc., Zurich, 1873. 3) Bull. Soc. géol. de France, 1873, 281. ) Verhandl, geolog. Reichsanst., 1873, 144. ) Revue géolog. suisse pour 1872, Genève, 1873, p. 42. 6) Nous devons remarquer cependant que dans son mémoire sur les mers anciennes et leurs rivages dans le bassin de Paris (1857), M. Hé- gent range l'Astartien à la base du terrain kimméridien et par consé- quent au-dessus du terrain corallien (p. 58 et suiv.). Quelles sont les raisons qui ont pu ainsi changer les opinions de ce savant? 4 b] ( () — 237 — répondre au premier travail dans lequel M. Hébert discutait sa singulière opinion (1). Il partage entièrement les idées de M. Meæsch (?) au sujet de l'horizon stratigraphique de l'Astar- tien et a Imet aussi son synchronisme avec la zone de 4. tenui- lobatus. Depuis la frontière de Savoie jusqu'au canton de Schaffhouse, dit M. Zittel, le Corallien à Cidaris florigemma et Glypticus hieroglyphicus repose sur le Pholadomien (couches du Geissberg de M. Mæsch) et est recouvert par l’Astartien. Comme preuve indiquée en faveur du synchronisme de cet étage avec les couches à A. tenuilobatus, Zittel mentionne qu'on ne le rencontre jamais affleurant ensemble avec ces dernières, ni reposant l’un sur les autres. Dans le profil d'O- berbuchsiten, les dépôts regardés jusqu'ici comme astartiens et qui renferment un certain nombre de fossiles des couches à Ammonites tenuilobatus, trouvent leur véritable horizon stra- tigraphique immédiatement au-dessus du Corallien à Diceras arietinum, Hemicidaris crenularis et Cidaris florigemma. Dans le cas où la zone à Ammonites tenuilobatus et polyplocus soit ainsi contemporaine de l’Astartien, elle forme évidemment, comme celui-ci, la base du terrain kimméridien. Le hiatus admis par MM. Hébert, Dieulafait, Coquand, Vélain, Tardy et Falsan dans la province méditerranéenne, entre l'Oxfor- dien et le Néocomien, se trouve ainsi réduit. Il n’existerait donc plus qu'entre l’Astartien et le Néocomien. Comme le fait remarquer avec justesse M. Zittel, c'est ‘justement cette pé- riode de séparation que vient combler le terrain tithonique des géologues allemands, autrichiens et de M. Mæsch. Quant à la question de savoir si les deux étages que l’on a distingués dans cette formation, représentent ensemble les autres terrains jurassiques supérieurs et le Néocomien, ou bien ce dernier (1) Verhandl. geolog. Reichsanst., 1872, 133. (2) M. »E Lorioz a aussi vivement défendu les idées de M. Mæsch et des géologues jurassiens en général, dans le Bull. Soc. géol. de Frances, 1872, 148. | — 238 — étage seul, je ne veux point essayer ici de la trancher. Les recherches minutieuses de MM. Oppel, Zittel, Neumayr, etc., rendent cette première manière de voir la plus probable. Je ne m occuperai dans ce travail que de combattre l'opinion de MM. Hébert, Dieulafait, Coquand, Vélain, Tardy et Falsan, qui veulent superposer le Corallien à la zone de l'A. tenuilo- batus et faire ainsi rentrer celle-ci dans l'étage oxfordien. Nous venons de voir le synchronisme évident qui existe entre l’Astartien et la zone de l'A. tenuilobatus dans le Jura argovien. Poursuivons maintenant notre étude vers le sud et l'ouest, et voyons si la superposition de ces couches sur le Co- rallien peut être véritablement appelée, pour ce qui con- cerne le Jura du moins, un fait acquis pour la science. Dans le Jura bernois, la contrée classique par excellence des terrains jurassiques supérieurs, Thurmann avait déjà con- staté en 1832, la présence des calcaires et marnes à Astartes au- dessus des calcaires à Nérinées, de l’Oolite corallienne et du Terrain à chailles, les trois divisions du Corallien dans ce pays. Les recherches subséquentes d’Etallon etde MM. Grep- pin, Müller et Mathey, ont pleinement confirmé les observa- tions de celui que l’on peut appeler, à juste titre, le fondateur de la géologie jurassienne (1). Dans les portions adjacentes du (1) A propos du développement de l’Astartien dans le Jura bernois, écoutons ce qu'en dit M. Greppix : « Un terrain limité en bas par le Corallien et en haut par le Kimméridien (Ptérocérien); un terrain com- prenant une puissance de 78 mètres dans le Porrentruy, de 98 dans les environs de Montbéliard, de 100 à 140 dans le canton de Neuchà- tel; un terrain formant des crêts, des cirques, souvent des combes où quelques grandes sources apparaissent, ne peut être un mythe. Il existe bien et, dans le fait de son existence, nous trouvons toutes les preuves d’une ancienne mer. Il est vrai que la faune astartienne n'a pas un caractère tout particulier ; elle se trouve morcelée dans les étages voisins et cela peut-être d’une manière d'autant plus sensible; que l’on s'éloigne davantage du Jura. Cela n'empêche cependant pas ces divers matériaux de se rapprocher, de se grouper, de s'associer et de donner, avec la roche qui les contient, un aspect bien caracté- ristique à cet étage. Maintenant, s'il plaît à des géologues de ne pas — 239 — Haut-Rhin, des environs de Belfort et de Montoéliard, MM. Kæchlin, Delbos, Parisot et Contejean ont obtenu des résultats pareils. Le Jura soleurois, neuchätelois et vaudois, ainsi que les départements du Doubs et du Jura (1), nous offrent aussi de nombreuses coupes qui nous montrent l'existence bien réelle de l’Astartien au-dessus du Corallien. Nous les trouvons, en effet, décrites en détail dans les travaux de Gressly et de MM. de Montmollin, Nicolet, Desor, Campiche, Jaccard, Greppin, de Tribolet, Boyé, Thirria, Richard, Marcou, Pi- dancet, Lory, Etallon, Vézian, Résal, Jourdy et Ogérien. Dans le département de l’Ain, les recherches géologiques sont encore peu avancées. M. Falsan vient cependant de donner un apercu de sa géologie (2). Les conclusions déve- loppées dans ce travail semblent être contraires à celles qui ont été acquises dans le reste du Jura, c’est-à-dire que nous devons avoir dans le Bugey, une superposition du Corallien sur la zone des Ammoniles tenuilobatus et polyplocus. Bayan d’abord G), puis M. Neumayr (4), ont entrepris de réfuter les données apparemment contradictoires de M. Falsan. La cause de l’anomalie de la coupe géologique donnée par ce savant, sont les assises puissantes à Werinea Mandelslohi et Diceras qui sont situées sous le Kimméridien à Cyprina Brongniarti et même faire à ce terrain l'honneur de l’admettre dans leur cadre stra- tigraphique, nous ne croyons pas devoir suivre leur exemple en raison de l'intérêt que présentent ces couches puissantes et variées » (Des- cript. géolog. du Jura bernois, in Mat. carte géolog. Suisse, 1870). (1) M. Jaccarp a tort de dire que l’Astartien diminue peu à peu de puissance dans cette portion du Jura où le Corallien acquiert un déve- loppement considérable ; car, à Saint-Claude et à Morez, son épaisseur est à peu près égale à celle qu'il nous offre dans le Jura vaudois et neuchâtelois, c'est-à-dire 80 à 100 mètres (OGÉRIEN, Aist. natur. du : Jura, 1867): (2) Bull. Soc. géol. de France, 1873, 170. (3) Verhandl geolog. Reichsanstalt, 1874, 37. (4) Bull. Soc. géolog., 1874, 316. — 240 — Exogyra virgula, et au-dessus des couches proprement dites à Astartes. Or Bayan fait remarquer que les Diceras Münsteri, Luci, Speciosum et les Columbellaria qui caractérisent ces as- sises coralligènes, ne sont point propres au terrain corallien, mais bien aux récifs madréporiqués des terrains sus-jacents du Jura neuchâtelois et bernois, c'est-à-dire de l’Astartien. Du reste, dans les environs de Saint-Claude dont M. Falsan identifie les puissantes assises coralligènes avec celles du Bugey, le Portlandien à Trigonia gibbosa repose immédia- tement sur eux, de telle manière que l’on serait tenté de croire que les étages astartien et ptérocérien font ici complé- tement défaut. Mais Bayan remarque que « les récifs madré- poriques, de leur nature, s'élèvent plus rapidement que les dépôts environnants. Il faut donc admettre qu'un récif peut directement être recouvert par des assises notablement plus jeunes, et cela sans avoir cessé d’être immergé et alors que les couches intermédiaires que l’on ne retrouve pas sur le récif, se sont régulièrement disposées autour de lui. » En appli- quant ce principe à Valfin, continue Bayan, on est conduit, pour avoir son épaisseur réduite, à en retrancher une cen- taine de mètres comme correspondant à une partie des couches qui manquent au-dessus de lui. Ces couches coral- ligènes du Bugey seraient ainsi les représentants de l’Astar- tien et les équivalents des couches d'Oyonnax, Valfin, de Murles (Hérault), Sainte-Vérène, du Crozot, de Combe-Varin, de Glovelier, du Jura graylois, de la Haute-Marne (oolithe de la Mothe), etc. M. Neumayr est aussi arrivé aux mêmes conclusions que Bayan et a suffisamment montré que les couches à Nerinea Mandelslohi et Diceras Luci du Bugey, représentent une faune à cachet beaucoup plus astartien que corallien. Aucun fait plausible, dit-il, ne permet d'établir leur synchronisme avec le Corallien du nord de la France ou de la Suisse occidentale, car des dépôts coralligènes ont existé de tout temps, depuis les terrains siluriens jusqu'à aujourd'hui. — ?41 — Plus à l’ouest de la limite oragraphique du Jura, dans les départements de la Haute-Saône et dela Côte-d'Or, MM Thir- ria, Etallon, Raulin, Carlet et de Nerville mentionnent net- tement, dans leurs travaux, la superposition de l’Astartien sur le Corallien. Les études de MM. Gaulard, Buvignier et Gos- selet dans la Meuse, nous fournissent des résultats pareils. Dans l'Yonne, MM. Evrard, Lajoye, Moreau, Touzé de Lon- guemar, Leymerie, Raulin et Cotteau ont constaté aussi la présence de l'Astartien typique au-dessus des deux assises coralliennes, dont la supérieure à Diceras arietinum corres- pond au Corallien supérieur du Jura, tandis que l’inférieure à Cidaris florigemma, Hemicidaris crenularis et Glypticus hiero- glyphicus, représente exactement le Terrain à chailles. Quant aux couches à Nérinées, Dicéras et Polypiers de Tonnerre, qui étaient jusqu'ici généralement regardées comme coral- liennes, elles sont rangées par M. Coiteau dans l’Astartien. Ce serait donc un facies coralligène astartien comme il s’en trouve tant dans toute l'étendue du Jura. Pour la Haute-Marne, nous devons à MM. Royer, Barrotte, Cornuel, E. de Beaumont, de Chancourtois et Tombeck, une série de mémoires fort intéressants sur les puissants massifs coralliens et astartiens de cette contrée. Les fameuses assises de la Mothe, les équivalents des couches de Tonnerre, s'y trouvent intercalées entre deux zones astartiennes à Terebra- tula humeralis, dont l’infèrieure se trouve à son tour réguliè- rement superposée aux couches coralliennes proprement dites à Ammoniles bimammatus et Hemicidaris crenularis (). (1) La question encore maintenant si disputée, de savoir si l'Astar- tien doit être considéré comme un étage particulier et distinct, situé régulièrement entre le Corallien et le Kimméridien, est d’une impor- tance véritablement secondaire. Tandis que les géologues jurassiens en général et M. Buviaxier le reconnaissent comme une formation indépendante, MM. Royer, Tomseeck et DE LorioL n’en font qu'une sub- division du terrain corallien qui formerait le passage au Kimméridien. Quoi qu'il en soit, ce ne sont que les limites des étages qui sont ainsi 16 Er Enfin, il est intéressant de mentionner ici que MM. Dou- villé et Jourdy (1) viennent de confirmer, pour toute la bande de terrains jurassiques qui s'étend depuis le département de l'Yonne jusqu'à la Rochelle, à travers la Nièvre, le Cher, l'Indre, la Vienne, les Deux-Sèvres, la Charente, Charente- Inférieure et Vendée, les données que je viens d'exposer comme acquises pour la géologie du Jura. I en est de même des résultats obtenus dans le Mäconnais, par MM. Manès, Tombeck et Berthaud. En jetant un coup d’œil sur les données que je viens d’in- diquer des différentes parties du Jura, on en tirera facilement la conclusion que, pour ce qui concerne la succession des di- verses formations géologiques qui y affleurent, le fait de la superposition de la zone de l’Amnmonites tenuilobatus ou Astar- tien sur le Corallien, peut être définitivement considéré comme un fait acquis à la science. Reconnu par la totalité des géo- logues jurassiens, j'ai cru que, comme tel, il était de mon devoir de démontrer comment, dans la question actuellement débattue, il était absolument nécessaire de faire abstraction des conditions stratigraphiques que nous offre le Jura. Si transportées à des niveaux bien divers, selon la manière de voir des géologues; mais quant à celles des différentes assises, elles restent toujours les mêmes. Voici, à ce propos, ce que m'écrivait M. pe Lortor à la date du 2 mai 1873 : « Je suis ainsi arrivé à envisager les couches comprises entre Les couches de Birmensdorf ou Spongitien et le Ptérocérien, comme appartenant à un ensemble dans lequel les divisions établies ne sont que des facies très polymorphes, ayant des allures diverses et se présentant d’une certaine manière au point À, d’une autre au point B, d'une autre enfin au point G et ainsi de suite. Certairies assises de ce massif peuvent être caractérisées par le Cidaris florigemma et la Terebratula humeralis, puis par plusieurs autres espèces. Leurs faunes sont intimement liées entre elles et beaucoup de formes caractéristiques d’une division en À, ne le sont plus en B, etc. Il est certain que les couches supérieures (Astartien) se relient aussi à cet ensemble, quoique un peu moins étroitement. Ce massif se rat- tache aussi par des fils assez ténus à l’Oxfordien proprement dit. » (1) Bull. Soc. géolog., 1874, ?° cah. — 243 — le véritable horizon de la zone de l'A. tenuilobatus continue à être toujours contesté par un certain nombre de géologues, je crois avoir montré que la discussion devait être ouverte sur un champ d'observation autre que celui que j'ai décrit dans les lignes qui précèdent. Les Alpes et les Carpathes, qui sont actuellement l’objet de recherches si minutieuses de la part des géologues francais, suisses et autrichiens, nous offriront- elles un jour une solution à l’énigme ? C’est ce que l'avenir nous apprendra. En attendant, je dirai qu’il est toujours pénible d'entendre prétendre que partout l’Astartien est nécessairement infé- rieur au Corallien et forme la partie supérieure de l'Oxfor- dien. Encore si l'on voulait restreindre ses affirmations aux données obtenues jusqu'ici dans les Alpes! C’est ainsi que M. Hébert (1) vient encore d'affirmer ce soi-disant fait. Dans son travail, qui est fondé en partie sur les coupes qui ont fourni à M. Mœæsch la base de la classification développée dans son ouvrage, le Jura dans les Alpes de la Suisse orientale (Zurich), 1872, l’auteur énonce des idées tout à fait contraires à celles du savant suisse ; car il prend comme représentants synchroniques du Corallien du nord, les couches à Nérinées (couches d'Innwald, Wimmius, Echaïllon ou calc. à Terebra- tula Moravica), du lac de Wallenstadt, qui lui sont bien su- périeures et en sont séparées par tout le massif des calcaires à À. tenuilobatus. Comme M. Falsan, M. Hébert croit que toutes les assises coralligènes que nous offrent les terrains jurassiques supé- rieurs, doivent évidemment rentrer dans l'étage corallien. Il y a cependant déjà longtemps qu’un géologue allemand, M. Fraas, nous a montré que les facies coralligènes ne sont pas bornés au corallien, mais se rencontrent en général assez fréquemment dans le Jura supérieur. MM. Neumayr et Bayan ont, du reste, aussi fait ressortir que la cause évoquée 2 —————————————— ———————me (1) Bull. Soc. géolog. de France, 3° série, II, 162. — 244 — par le savant professeur de la Sorbonne et ses adeptes, n’en était pas une. Nous possédons des dépôts coralligènes et oolitiques depuis le Silurien jusqu’à aujourd'hui. Ce sont des accidents pétrographiques dépendant de causes diverses, qui ont pour corollaires obligés un développement particulier des faunes qu'ils renferment. Les fossiles que l’on y trouve nous offrent de nombreuses analogies dues à la reproduction de circonstances identiques. Tableau synchronistique des terrains jurassiques supérieurs du Jura et des contrées avoisinantes JURA ARGOVIEN JURA SOUABE JURA BEBNOIS HAUT-RHIN ET MONTBÉLIABD |JURA NEUCHATELOIS ET VAUDOIS DOUBS ET JURA HAUT-JURA (Nusen 1867). (Quexsrenr 1855). (Gneprrx 1870) (Dezsos 1866, Coxres. 1859). (acc. 1869, De Trrsozer 1873) (RéSAL 1864). (Era. 1857, Océniex 18 ———_—_—____—_—_— | — ——__—_—__—_— a. Portlandien. a. Calc. marn. sup. Ge vir- Couches de Nattheim, Hat-\ ” , È Manque tingen, etc no , . gula: PE fportiandien. Portlandien. Calcaires portlandiens. 7 HAS 20 b. Epivirgulien b, Calc. à Dicéras. \ ——— pattenkalke. Weisser Jura zeta Zone virgulienne Cale. marn. inf. à ©. virgula.| Virgulien (Brenets). Calc. et marnes à Exogvres.|Marnes e! platten Exogyres.|Marnes et calcaires marr 0. virqula. \e. Hypovirgulien. (out. à Térébratules, Car- } Wettinger — Sch. W. Jura epsilon \ diums, Ptérocères et Cor-|Ptérocérien. Calc. et m. à Ptérocères. Ptérocérien. Û {e. Kimméridien \ bis. a —— padener — et Letzi —|[W. Jura della et gamma. . \a. Marnes à Astartes. a. Séquaniensupér. (Grozot, |, Be se Séquanien. b. Calcair Combe-Varin, etc.). Calc. et marnes à Astartes.|Astartien, Sch pars: ) ; . A jen’ inféri | le. Calcuires à Astartes. b. Séquanien inférieur. | ll | la. Calcaire à Nérinées. | a. Calcaires à Nérinées. a. Cale. cray. à Columi ; Wangener — Sch \Coral.-rag. (Oolite corall.) lina Sofia | b. Oolite corallienne. \ b, Oolite corallienne. b. Cale. à Dic. arielinun I. +; à Jura gamma pars. mm) AO LE (Je à coraux). ————_—_—_—_—_—_—_—— mr ss d 2 + LA ; Calc. à Dendrog. raslell Crenularis — Sch rs à ch. siliceux. Terrain à chailles. Corallien infér. (chailles). eURen one IarEs f. Geissberg — Sch. W. Jura beta Marnes à Rhynchonelles. |Pholadomien. l Calcaires marneux et ro-| ere ar EEE Ar . QE ——————— Ten ch mano ce caire. | RES ES Ï gnons oxfordiens. g | k, Efinger — Sch. W. Jura alpha: Zone des cale. hy drauliques. EE G | Oxfordien. jouches de Bœællert, Lo- : EN = … , ; k S ('h Birmensdorfer — Sch. Fee nv Calcaires à Scyphies inf. Spongitien. Marnes oxfordiennes? Spongitien. Tableau synchronistique des terrains jurassique = s supérieurs du Jura et des contrées avoisinantes. BUGEY (Ain) (Fazsax 1873). JURA SALINOIS ET DOLOIS (Mancou 1846, Jounnx 1871). ———_——————— HAUTE-SAONE ET JURA GRAYLOIS (Tarnnia 1893, ErazLow 1863) ————_———— HAUTE-MARNE (Rover et Towsecx 1872) COTE-D'OR (G. ne N LE 1853} —_—— LE MEUSE (Buviexisr YONNE Levu., RauL.1858,Corr. 1863) 1552) —————————— a. Brèche et dolomies stériles. 1. 4b. Calc. à Ver. Supraju-[Calcaire portlandien. rensis, Nat. Marcoui, Portlandien Portlandien. \ . CG. à Zam. Feneonis = | Cale. à Grypl Vertébrés. 3 à £xog. virgula à \Calc. et m. à C, virgula Couches à Cypr. Bron- gniarti et Ostr. uirgu-|Kimmoeridien. Cale a. Calcaires à Nérinées et Die Cale. à Astar Séquanien. Séquanien. Oolite Corallienne, Dicératien. b. Oolite cor. Corallien? Zoanthuirien et Glypticien. {1) Cette derniére doit être probablement rangée dans l'assiso 2. —_—_—_—__—_—_—_———)Mame et C à Ptérocères. la (1) \ b. Zone de l'A polypiocus | i [ee PO —_—_—_——_—_———— ———————— (a. Calcaires à Nérinées. 7e | | Cale. oxfordien supérieur, |Oolite ferrugineuse. [HAE SR IR = Pholadomien. . (Oxfordien. Argovien. | }Calcaires marn. oxfordien. |Zone de l'A. Wransversanius ] / Marnes ou cale. oxf. moy. |Argiles de la Woëvre pars fr. Marnes à foss. pyriteux ? 2 | EE Portlandien. Celcaire portlandien. Calcaire du Barrois h. virgula Nirgulien. | kimméridiens. |Argiles à G, virgula Ptérocérien. | | Cule. à Astartes et cale. à \g Le et 2e 7, à T. humeralis ae Calcaires à Astartes Dicéras de Tonnerre. à tes (6. 2 7. à O. Corallinum Coral.-rag. de Saint-Mihiel, allienne Le zone à G. Corallinum et z. à {1. crenularis Calcaire corallien. ————— Coral.-rag. proprement dit BÉATRIX DE CUSANCE PEÉRENOERSS EN DE CANTECROILILEX (1614-1663) Par M. L. PINGAUD Séance du 13 février 1875. INTRODUCTION « On veut des romans, que ne's’adresse-t-on à l’histoire ? » (Gurzor.) » L'histoire ne s'abaisse pas, selon nous, quand elle va chercher dans les mémoires du temps les détails authenti- ques, les anecdotes avérées, tous les mille traits saillants ou fugitifs qui peuvent lui servir à donner une juste idée des faits qu'elle raconte et des personnages qu’elle met en scène. L'histoire n'est pas libre d’ailleurs de choisir des héros sans faiblesse, inaccessibles aux communes passions du cœur hu- main, ou des héroïnes pures de toute tache. S'il y a quelque chose de faux et de choquant à rechercher de préférence les petites causes des grands événements, il y aurait tout autant de puérilité, et à coup sûr moins d’exactitude à n’en présenter jamais au public que le côté majestueux et pour ainsi dire officiel. Toutes les époques non plus ne se prêtent pas à ce genre de narration un peu sévère et compassée. À être ainsi représenté, le commencement du xvrr° siècle perdrait beau- coup de son intérêt, un peu de sa grâce, et presque toute son originalité. » (D'HaussonviLLe, Histoire de la réunion de la Lorraine à la France, t. I, ch. vu.) 16. UE À peu près inconnue aujourd'hui, Béatrix de Cusance, princesse de Cantecroix, fut jadis célèbre en Franche-Comté, en Lorraine et aux Pays-Bas par sa beauté, son esprit, par le long empire qu’elle exerca sur le cœur du léger et incon- stant Charles IV, duc de Lorraine. Elle tient sa place dans ce groupe d’'héroïnes galantes et guerrières qui faisaient dire à Richelieu : « Les plus grandes et les plus importantes me- nées qui se fassent en ce royaume sont ordinairement com- mencées et conduites par des femmes. » Toutes, elles ont mis leurs charmes au service de leur ambition; avec des ma- nières aussi douces que leurs passions furent violentes, elles ont donné à la politique quelque chose de la légèreté de leur esprit et de la mobilité de leur cœur, à l'amour quelque chose de leur audace sans scrupules. Amazones ou aventurières, victimes tour à tour de la flatterie et de la médisance, pour la plupart pénitentes de la dernière heure, elles lèguent leur vie à la fois au roman héroïque, à la chronique scandaleuse, à la légende. Telles furent les Chevreuse et les Longueville; telle fut, dans une situation moins en vue, l'héroïne de cette histoire. Dernière héritière d'une des plus anciennes et des plus illustres familles de la Franche-Comté, Béatrix de Cusance naquit le 27 décembre 1644 au château de Belvoir, dans les montagnes du Doubs (1). C’est là, ainsi qu'à Besancon, qu'elle passa son enfance et sa première jeunesse. À vingt ans, elle (1) Registres paroissiaux de Sancey. — Béatrix eut pour parrain son oncle Jean-Baptiste de Cusance, abbé de Bellevaux, pour mar- raine son aïeule Béatrix de Vergy; elle fut elle-même souvent mar- raine à Sancey de 1626 à 1657. Elle eut deux frères du nom de Cle- riadus, tous deux morts jeunes; ses sœurs furent : Madeleine, com- tesse de Berghes; Dèle, religieuse, fondatrice de la Visitation de Gray ; — RAT — justifiait pleinement l’adage populaire : Gentillesse de Cusance ; on la citait déja comme la personne la plus belle et la plus accomplie de la province. « Sa taille au-dessus de la médiocre était Libre et parfaitement proportionnée. Elle n'avait de l’em- bonpoint qu'autant qu'il lui en fallait pour lui donner une mine haute et un port majestueux ; son visage entre l’ovale et le rond était d’un teint vif et uni; ses cheveux d'un clair cendré, ses yeux bleus, bien fendus à fleur de tête, sa bouche petite et vermeille, ses dents blanches et bien rangées, la gorge, le bras et la main répondaient à la beauté de son visage (1), » Le portrait que Van Dyck a laissé d’elle com- plète en la rectifiant cette description enthousiaste : les joues sont pleines et un peu empâtées, le menton épais, les yeux beaux, mais durs et sans flamme. Croyons du moins sans réserve les contemporains, quand ils louent son cœur tendre, ses manières polies et caressantes, les séductions de sa con- versation, la grâce avec laquelle elle chantait en s'accompa- gnant sur un instrument. L'esprit surpassait le corps, a dit l’un d'eux; après ce qu'on sait de sa beauté, il ne pouvait guère en faire un plus complet éloge (?). Sa liaison avec Charles IV remonte à l'année 1634. En ce temps le duc de Lorraine, chassé de ses Etats par l'invasion française, se réfugia, suivi de quelques gentilshommes, dans la cité impériale de Besancon. Il commencait cette existence Marie-Henriette, marquise de Varambon, puis princesse d’Arenberg- — $Sa mère, Ernestine de Berghes, appartenait à une grande maison des Pays-Bas. (1) Huco, Vie ms. de Charles IV, p. 361-362 (Bibl. de Nancy), — Hugo écrivait au commencement du xvime siècle; il avait sous les yeux un grand nombre de pièces authentiques, entre autres la correspondance de Charles IV et de Béatrix. Il est fâcheux qu'il ait souvent noyé les faits dans un déluge de périphrases et de circonlocutions académiques ; qu'il les ait même parfois dissimulés et travestis. (2) Grraroor pe Nozeroy, Histoire de la querre de dix ans, lib. vu. Le portrait gravé de Béatrix se trouve dans la collection in-folio des portraits de Van Dyck (Bibl. nat. — Cabinet des estampes). — Cf. celui de la collection Daret (Paris, 1632). — 248 — errante, mêlée d'équipées ridicules et d'épisodes chevaleres- ques, qui laissa douter jusqu'au bout à ses sujets et à ses ennemis s'ils avaient devant eux un vulgaire aventurier ou un héros. Inconstant en politique comme en amour, il paraît aussi indifférent aux misères des Lorrains qu'aux larmes de ses maîtresses délaissées ; par la figure , le caractère, la des- tinée, c’est à la fois Henri IV et don Quichotte. Ce singulier personnage brillait alors de tout l’éclat de la jeunesse. Beau, fier comme un dieu Mars sous ses longues tresses blondes, ses récents malheurs achevaient son auréole. Tout en se préparant à reprendre le harnais, Le duc assis- tait aux fêtes de la noblesse franc-comtoise, et en donnait lui-même. Un de ses gentilshommes, le baron d'Agecourt, lui parla un jour avec enthousiasme de Mie de Cusance ; son éloge laissa d’abord Charles indifférent. Le lendemain , sur de nouvelles instances, il eut la curiosité de savoir si on lui disait vrai, et il se fit présenter à Béatrix et à sa mère, la comtesse de Berghes (!). La curiosité se changea vite en inté- rêt, et ce qui pour Charles ne devait être qu'un caprice des- tiné à distraire son oisiveté devint une passion sincère et bientôt partagée. « Béatrix, dit Hugo, ne lui laissa pas faire seul tous les frais de l'amour; elle fit la moitié du chemin; poussée par une secrète sympathie, elle sentit naître dans son âme un attachement qu'elle eut peine à trahir. L'estime que la réputation de Charles lui avait inspirée se trouva bientôt confondue avec les mouvements de la tendresse. La présence du héros, la beauté de son esprit et la bonté de son cœur firent en peu de temps de grands progrès dans celui de Béa- trix. » Ce que l'abbé Hugo ne dit pas, c’est que dans la fière jeune fille l'ambition égalait la beauté; la pensée de monter sur un trône l’enivrait; elle se crut déjà souveraine, en voyant le (1) Les justes et véritables éloges de la sérénissime maison de Lorraine, par le P. Vincenr, p. 871 (Ms. de la bibl. de Nancy). — 249 — duc donner des fêtes en son honneur, et son intérêt et sa vertu marchant d'accord, elle s’engagea avec lui autant qu’elle pouvait le faire sans compromettre son nom et sa réputation dans une liaison passagère. Dès le premier jour, elle oubliait pourtant ce que le duc eût aussi oublié volontiers, c'est qu’il y avait une duchesse de Lorraine; et même, aux yeux de beaucoup de Lorrains, c'était son mariage avec sa cousine Nicole qui avait rendu Charles IV souverain légitime de leur pays. Il avait beau répudier cette union forcée, malheureuse et demeurée stérile, il n'avait. pas encore songé à en solliciter par voie juridique l'annulation. Pour soustraire sa fille aux empressements obstinés du duc, Mr: de Berghes partit avec elle pour son château de Belvoir. Peine perdue ! Charles y visita incognito sa belle, comme un amoureux de vingt ans; il parcourut plus d’une fois seul à cheval les huit lieues qui séparent Besançon de Belvoir, sous les yeux des espions français qui n’attendaient que l’occasion propice pour l'enlever (1). Les habitants de Belvoir ont mon- tré longtemps les sentiers, les ravins, les rochers qu'il fran- chissait avec audace pour parvenir jusqu’à la dame de ses pensées. De guerre lasse, Mme de Berghes emmena subite- ment sa fille à Bruxelles ; elle s'était bornée à promettre à cet étrange prétendant que sa fille ne prendrait pas d'engage- ments, jusqu’à ce qu il iût dégagé de ses liens. Déconcerté de ce départ, qui était moins une rupture qu'un avertissement, Charles reprit en Italie et en Allemagne le cours de ses péré- grinations guerrières. Il reparut en effet près de Béatrix vers la fin de 1635, dans cette cour de Bruxelles, rendez-vous de toutes les victimes de la politique de Richelieu. Les circonstances étaient déjà bien changées; depuis le mm ee ee 2e ee (1) « La cavalerie qui est sur les chemins les observe-continuelle- ment. Si bien que si le personnage était moins savant du pays, j'espé- rerais beaucoup....,....... Ce bon personnage est amoureux, et sort quelquefois de la ville où est son principal séjour pour aller là où sa maîtresse se va promener. Peut-être se pourrait-il trouver moyen de 16:: — 250 — commencement de l’année, Mile de Cusance, en dépit de ses promesses, était la femme d’un haut et puissant personnage en Allemagne et en Franche-Comté, Léopold d'Oiselet, prince de Cantecroix. Comment les choses en étaient-elles venues là, et pourquoi ce second mariage qui venait s'ajouter à celui de Charles pour rendre insurmontables les obstacles qui les séparaient encore ? Dès le premier jour, la jeune fille avait trouvé entre elle et son amant, Comme autant d’ennemis, les princes de la maison ducale de Lorraine, tous empressés à lui fermer les portes d'un palais où ils ne la jugèrent jamais digne de pénétrer. La duchesse Nicole était bonne, obligeante, mais d’une beauté sans éclat, d’un esprit plus solide que brillant; son mari lui en voulait mortellement, elle le savait bien, de lui avoir fait payer, par un mariage auquel l'inclination n'avait aucune part, un trône qu'il estimait lui être dû. De là désunion con- tinuelle entre les deux époux, dédain à peine dissimulé de la part de Charles, froide résignation de la duchesse. Celle-ci, lors de l'invasion française, se laissa conduire presque de bonne grâce à la cour de France; elle eut bientôt vent des nouvelles amours de son mari, et elle se soucia peu de faire pour sa propre délivrance des démarches qui n’eussent abouti qu'à la faire mal accueillir à Besançon. : A côté d'elle étaient les sœurs du duc, Henriette et Mar- guerite, La première avait été mariée malgré elle, après une fuite désespérée dans un couvent, avec un bâtard de la mai- son de Guise, devenu en son honneur prince de Phalsbourg ; elle se vengea de sa contrainte sur son malheureux époux, dont ses galanteries et ses intrigues amenerent la fin préma- turée. La seconde, fière, spirituelle, d’une vertu aimable, s'était attiré les tendres hommages de Gaston d'Orléans, frère de Louis XII, fugitif à la cour de Nancy, et comme la l'enlever..,., » (D’Arpajon à Bouthillier, ? juin 1634 — dans »'Haus- SONVILLE, {Histoire de la réunion de la Lorraine à la France. t. IT, p. 5.) — 251 — politique de Richelieu s’opposait à leur union, ils s’étaient épousés secrètement dans le parloir d’un monastère (janvier 1632). Ce mariage, cassé par le parlement de Paris, et qui ne fut reconnu officiellement que douze ans après, devait ral- lumer la guerre entre la Lorraine et la France. Il y avait enfin Claude, sœur de Nicole, et Nicolas-Fran- cois, frère du due, évêque de Toul et cardinal ; quand l’armée française eut occupé la Lorraine, et quand Richelieu, ayant dispersé ou pris tous’les princes de la maison régnante, crut en avoir assuré l'extinction dans un avenir prochain, Nicolas- François, par une inspiration hardie, se donna à lui-même les dispenses nécessaires, et quoique gardé de près, épousa à l’improviste la princesse Claude dans une chambre retirée du palais de Lunéville. Puis ils s’évadent les uns et les autres comme des héros de roman. Marguerite, costumée en cava- lier, les mains et le visage brunis, traverse le camp français et gagne les Pays-Bas. Mme de Phalsbourg, l’amazone ga- lante qui, des remparts de Nancy assiégé, pointait le canon sur la tente de Louis XIIT, passe blottie sous lés coussins d'une voiture où un soi-disant malade était étendu. Claude quitte le palais où elle était détenue, déguisée en page et pré- cédant un de ses £ens, par qui elle se fait menacer d’un coup de pied en passant devant les sentinelles françaises, puis le lendemain, elle et son mari, vêtus en paysans, portant des hottes remplies de fumier, sortent de la ville, et gagnent la Comté à cheval, sans débrider. Ainsi tous ces princes ont une équipée romanesque dans leur vie; tous se sont mariés en dehors des règles communes. Béatrix de Cusance, introduite au milieu d'eux par Char- les IV, ne faisait qu'ajouter un acte à cette tragi-comédie bizarre dont les péripéties se déroulaient depuis vingt ans dans les palais et sur les grands chemins de la Lorraine et des Pays-Bas. En tentant d'entrer, par une nouvelle aven- ture, dans ceite famille singulière, elle troublait les intérêts ou les projets de tous, et elle devait succomber à la peine. — 252 — Il Béatrix, conduite par sa mère dans les Pays-Bas, passa plus de dix-huit mois séparée du prince aventureux qu'au . fond du cœur elle regardait déjà comme un fiancé. Sa mère . avait hâte de l’arracher à ses dangereuses espérances, et elle était secondée par la princesse de Phalsbourg. Celle-ci, qui savait pourtant ce que coûte un mariage mal assorti, ne vou- lait pas que son frère, par un divorce impolitique, laissât rouvrir la question de la succession au trône de Lorraine; et, soit à Besancon, où elle l'avait rejoint, soit à Bruxelles, où elle passa avec Mn° de Berghes, elle s'appliqua à-traverser les projets matrimoniaux de Charles IV. Béatrix avait suivi en pensée son adorateur en Allemagne, en Alsace et aux con- fins de ses Etats. Même, s’il faut en croire un historien, elle le faisait espionner pour s’assurer de la fidélité qu'il lui avait jurée, et elle fut effrayée en apprenant qu'à Remiremont il avait paru sensible plus que de raison aux hommages des dames du chapitre, et six semaines durant s'était attardé dans cette ville, au milieu des fêtes (1). Mmes de Phalsbourg et de Berghes, sur ces entrefaites, suscitèrent ou favorisèrent la recherche du prince de Cantecroix, héritier de la célèbre mai- son de Granvelle. Ce personnage, petit-fils par sa mère de l’empereur Rodolphe IT, était possesseur, en Franche-Comté, de nombreuses seigneuries, et offrait à M1e de Cusance une alliance digne d'elle. Fa princesse de Phalsbourg fit mettre en circulation à Besancon une soi-disant lettre du duc qui, sans jalousie ni colère, félicitait Béatrix sur son prochain ma- riage, et celle-ci, par dépit, consentit à accepter le parti qu’on lui offrait (janvier 1635). (1) Caevrier, Histoire de Lorraine, t. V. — Cet écrivain est passionné et paraît avoir peu de critique; mais il a mis à contribution certaines sources manuscrites qui n'existent plus. — 253 — Son cœur néanmoins élait resté à Charles ; elle le lui fit bien voir à son retour, au milieu des divertissements de la noblesse des Pays-Bas (1). Si l’une n'était plus libre, l’autre ue l'était pas encore; rien n était changé pour cela dans leurs sentiments ni dans leurs espérances. « Le duc, pour la sur- prendre agréablement, s'était un jour rendu en poste à Bru- xelles où elle était, non-seulement sans lui en avoir donné avis, mais, au contraire, lui ayant mandé qu'il s’en éloi- enait, et ayant appris en arrivant quelle était au bal, il se masqua et s'y en alla. Au coup de marteau qu'il fit donner et à la nouvelle qu'il y avait des masques qui demandaient à entrer, on la vit changer de couleur, rougir, et enfin dans une émotion qui fit connaître que par pressentiment elle prenait part à cette mascarade (?). » Mme de Berghes eut beau renvoyer Béatrix à Besancon avec son nouvel époux ; le duc de Lorraine se persuada dès lors que c’était en Franche- Comté qu'il guerroyerait avec le plus d'avantages contre la France. Les Franc-Comtois eux-mêmes, instruits de sa pas- eee me me de mn a ae mn (1) « Le marquis de Blainville... me conta une aventure de sa vie assez singulière. Au commencement du séjour qu'il fit à Bruxelles avec le duc, il devint fort amoureux de la comtesse de Cantecroix, et fut assez heureux pour n’en être pas haï....… Sans lui en avoir donné aucun sujet, il la vit se refroidir pour lui. Il lui en demanda la cause plusieurs fois sans qu'elle la lui voulût dire. Enfin, un jour, forcée par les instances qu'il lui en faisait : « Je vous satisferai, dit-elle, mais vous ne le saurez pas par moi. » Elle lui dit ensuite de venir seul chez elle le soir, et qu'il trouverait une personne qui le conduirait au lieu où il serait éclairé de ce qu'il cherchait. Il s’y rendit dans le plus grand embarras du monde, ne sachant quelle explication donner à tout ce qu’elle lui avait dit. Il fut conduit dans un cabinet qui répon- dait à la ruelle du lit de cette comtesse. De là, il pouvait aisément entendre ce qu’on y disait. Il n’y avait pas longtemps qu'il attendait, lorsqu'il vit venir le duc de Lorraine, lequel lui fit mille protestations d’un amant passionné..... Le reste de la conversation lui dura une année. Enfin elle finit, et la comtesse ayant reconduit le due, revint trouver son prisonnier qui, se jetant à ses pieds, lui demanda mille pardons de l'audace qu'il avait eue. » (Mémoires de l'abbé ArNnauLp.) (2) Vie ms. de Charles IV, par Guiczemx (Bibl. de Nancy). . — 254 — sion, eurent la singulière idée de placer M. de Cantecroix à la tête de la députation qu'ils lui envoyèrent pour réclamer son aide. Charles n'eut garde de ne pas condescendre à leur de- mande ; accueilli en triomphe à Besancon, au retour du siége de Dôle, il vint mettre ses succès aux pieds de Mr: de Can- tecroix, et la visita assidument durant sés quartiers d'hiver. Il osa faire célébrer, c'est son confesseur qui l’affirme, plus de trois mille messes pour obtenir du Ciel la mort du mari; fait incroyable, dira-t-on, même en un siècle où l’on asso- ciait si volontiers les habitudes de la galanterie aux pratiques de la religion. Personne, il est vrai, n’entra plus sincèrement que Charles IV dans cette voie. Sur le point de satisfaire-sa passion adultère, il fondait des messes à l'autel vénéré du Saint-Suaire; il fréquentait les couvents, où pourtant on ne lui ménageait point ses vérités (1). Les coupables prières qu'il avait adressées au Ciel furent punies, car elles furent exaucées dès le commencement de 1637. La peste qui sévissait en Comté atteisnit le prince, et l'emporta le 6 février. Des bruits d'empoisonnement couru- rent, et Béatrix prit en quelque sorte à tâche de les justifier, en délaissant son-mari au lit de mort, en quittant le palais Granvelle, ct en allant habiter une maison que le duc lui avait préparée dans un autre quartier de Besançon. Le 5 fé- vrier, le malheureux prince fit un testament où « sa bien- aimée femme » n’était point oubliée, et le lendemain, trompé jusqu'au bout, il expira. Béatrix était enfin veuve, mais Charles était toujours, de- 2 a 2 tm me nn + mme mette ere meme de bee à à ne de 2 nt ne ete 2 à em és (1) Registres du chapitre métropolitain (Archives du Doubs) : 27 sep- tembre 1634, 5 janvier 1636, etc. «Le duc de Lorraine, qui avait alors sa cour à Besancon, disoit souvent qu'il n’avoit guères connu de personnes qui lui eussent si bien dit ses véritez que la Mère Michel; et comme quelques-uns de ses amis parurent être surpris de ce qu'il l'alloit voir régulièrement tous les huit jours : Je cherche et je trouve tout ensemble, leur dit-il, — 255 — vant l’Eglise, l'époux de Nicole de Lorraine. Depuis le com- mencement de sa passion, il avait tenté quelques démarches auprès de la duchesse, et lui avait fait demander par un reli- gieux attaché à sa personne un acte de reconnaissance de la nullité de leur union. Nicole répondit que la mort seule pou- vait rompre leur lien, qu’elle l'aimerait malgré son indiffé- rence, et le forcerait à l'aimer pour sa fidélité, sinon pour ses charmes. Tout espoir de divorce à l'amiable évanoui, des théologiens complaisants se mirent en campagne, à Besan- çon et ailleurs, et eurent recours aux subtilités de la casuis- tique pour obtenir de l'autorité ecclésiastique l'annulation du mariage. Deux religieux sollicitèrent dans les formes les plus captieuses l'approbation d’un prêtre lorrain réfugié à Gray, et dont chacun vénérait la sainteté, le père Fourier; ils ne purent l'obtenir. Fourier composa un Mémoire en sens con- traire, fil même le voyage de Besancon pour éclairer son souverain ; il arriva trop tard, le mariage était conclu (1). L'ignorance ou la servilité de certains de ses confrères avait fait son œuvre. Ils firent sonner sur tous les tons le défaut de liberté dans la célébration du premier mariage, et les vices de forme. Charles, osant appeler scrupule de conscience ce qui n'était que l'explosion d'une passion déréglée, alla jus- qu'à soutenir que Nicole, ayant été baptisée par un prêtre condamné depuis pour sortilége, n'était ni chrétienne, ni par conséquent mariée devant l'Eglise. Mais supposät-on un heu- reux résultat à ses démarches, elles ne pouvaient aboutir qu'après de longs délais. D'autre part, comment reculer dé- sormais ? L’audacieuse démarche de Béatrix, qui avait donné à sa passion la couleur de l’adultère, demandait à être effacée et légitimée. la sainteté dans les entretiens de la mère Marie-Marguerite. ...,» (Vie de la Mère à1.-M. Michel, première supérieure de la Visitation de Be- sançon.) ‘+ (1) Vie ms. du Père Fourier (par le P. Prart), Liv. v. — Bibl. de Nancy. — 256 — Huit jours après la mort de Cantecroix, le contrat de ma- riage était signé (15 février). Mme de Berghes avait fini par succomber à son tour à la tentation ; ayant perdu, deux ans auparavant son fils unique, elle donna à la future duchesse de Lorraine la généralité de ses biens, hormis une somme assez médiocre réservée pour l'établissement de ses autres filles ; le duc reconnut à Béatrix une dot de cent mille écus de Lorraine en deniers, autant en joyaux, plus soixante mille livres de douaire annuel. Au bout de six semaines, on extor- quait à un prêtre iguoraut a bénédiction nuptiale. Par un mariage secret, Charles espérait à la fois ménager sa famille et forcer la main aux juges d'église : sans doute aussi la gros- sesse survenue de Me de Cantecroix l’obligeait-elle lui-même brusquement à cette résolution (1). Dans la soirée du 2 avril, Forget, médecin du duc, vint irouver un vicaire de l’église Saint-Pierre à qui il exhiba un papier signé du curé de la paroisse, et donnant pouvoir audit vicaire de conférer les sacrements partout où il en serait re- quis; puis il vint le prendre à la tombée de la nuit, et le conduisit par des chemins détournés jusqu’au logis qu'ha- bitait Béatrix. Après l’avoir fait souper, il le conduisit à l'é- tage supérieur, en présence de Mr° de Cantecroix et de son complice : « Tu es ici, lui dit le duc, pour bénir notie ma- riage. » Après quelques velléités de résistance, le malheu- reux vicaire fit les demandes d'usage, échangea les anneaux, prononça les paroles sacramentelles. Selon l’usage du dio- cèse, les conjoints s’embrassèrent, rompirent le pain ensemble et burent dans le même verre. Les rideaux des fenêtres avaient (1) Sainr-Simox a parlé à plusieurs reprises, et d’après des bruits de cour, de ce mariage de Charles IV. Il ajoute à son récit des détails peu vraisemblables, tels que celui d’un courrier chargé d'annoncer au duc la prétendue mort de la duchesse Nicole; d’un valet déguisé en prêtre, qui aurait donné la bénédiction nuptiale, etc. Il place la céré- monie tantôt aux Cordeliers, tantôt aux Minimes, tantôt à l’église Saint-Pierre. — 257 — été tirés, et les personnes présentes étaient engagées par ser- ment au silence. Quand le prêtre, après avoir fait la même promesse, se retira, on lui mit vingt doublons d’or dans la main : « Ne refusez pas, ajouta-t-on, ce que vous venez de faire mérite bien davantage, et ne saurait se payer (1). » Le bruit de cette étrange union se répandit bientôt, et aussi le bruit d’une grossesse qui devait donner naissance, disait- on, à un enfant posthume du prince de Cantecroix. Qu'y avait-il de vrai dans cette dernière supposition ? Après avoir eu, au début de 1636, un premier enfant qui n'avait pas vécu (2), Béatrix, du vivant de son mari, s'était reconnue de nouveau enceinte; après sa mort, elle ne voulut rien avouer, ni rien nier (). De grands intérêts étaient atta- chés à la solution de cette question ; car, à défaut de l'héritier attendu, un collatéral, le comte de Saint-Amour, devait re- cueillir la fortune du prince. Un médecin délégué par le Par- lement de Dole fut chargé d'y donner réponse, et cette ré- ponse, après examen, fut négative : on autorisa en consé- quence M. de Saint-Amour à prendre provisoirement posses- sion de la succession de Cantecroix. La marquise d'Autriche, “mère du prince, ne se tint pas pour battue. Pour soutenir les (1) Enquête secrète faite sur le mariage de Charles et de Béatrix par l'archevêque Claude d’Achey, sur l’ordre du pape Urbain VIII, le 2 septembre 1639 (en latin — Mss. Chifflet, vol. 4. Bibl. de Besançon). Déposition de Guyot, vicaire de Saint-Pierre, premier témoin. — Sept témoins, prêtres où médecins, furent appelés à cette enquête. Dans le même volume se trouve un certificat de Guyot à la date du 6 sep- tembre 1647 et affirmant la célébration du mariage. (2) « Ladite princesse (de Cantecroix) a accouché de son premier enfant le 15 janvier 1636, sur les huit heures et demie du matin, moy estant présent. » (Journal ms. de Gariner, docteur en médecine, p. 58. — Bibl. de Besançon.) (3) Le prince de Cantecroix, de son côté, paraît avoir cru à une grossesse; car, dans son testament, il institue pour son héritière uni- verselle la marqnise d'Autriche sa mère, « au cas que madicte femme ne seroit enceinte ou n’accoucheroit heureusement. » Il prie en outre Béatrix de demeurer avec la marquise, « au cas que madicte femme soit enceinte et ayt un enfant de moi. » #7 — 258 — droits de sa maison, il lui fallait à tout prix un petit-fils, et elle persistait à en attendre un de sa belle-fille. Ce qui se passa dans le courant de l'automne parut un mo- ment lui donner raison. Le 26 août, Béatrix, montée dans les équipages de Char- les IV, quittait Besançon sous prétexte d'échapper aux fièvres pestilentielles qui y régnaient; elle se réfugiait au château de Scey-en-Varais, dans un vallon sauvage situé à cinq lieues de la ville, assez retiré pour garder tous les secrets, de quel- que nature qu'ils fussent. A la fin de septembre, sept mois après la mort du prince de Cantecroix, cinq mois après la cé- lébration de son union avec le duc, elle y mettait clandesti- nement au monde un fils. L'enfant était-il venu avant terme ? Etait-ce un posthume du premier mariage? ou un fruit pré- maturé du second ? Ce sont là des questions qui devaient être débattues publiquement devant les tribunaux, et avec des arguments tels, que l’histoire doit leur refuser une inutile publicité, comme le ferait aujourd’hui la justice. Contentons- nous des faits qui ne relèvent pas de là physiologie et de la médecine, et qui laissent deviner la vérité. A peine Béatrix était-elle relevée, qu'un fondé de pouvoirs du comte de Saint-Amour se présenta à Scey, et lui fit une sommation en règle, devant témoins, de confirmer de sa pa- role l’enquête médicale ordonnée par le Parlement : « I n’y a, répondit-elle sans hésitation, aucun posthume né ni à naître du prince de Cantecroix. » Et cette déclaration, qu’elle renouvela depuis en forme devant témoins, devant l’officialité et les autres cours de justice, au sens du moins où elle l'en- tendait, était rigoureusement vraie. Charles IV compléta la réponse et fit deviner la vérité en reconnaissant, sous le nom de François, l'enfant né à Scey et en l'instituant héritier de sa couronne. Dès le mois de janvier 1638, cet enfant était mort, dans des circonstances aussi mystérieuses que celles qui avaient entouré sa naissance. Ses parents l'avaient con- fié à un des officiers du duc, qui demeurait près de Belvoir, — 259 — à Belleherbe; sa nourrice l'y apporta, entre deux oreillers, sur le pommeau de sa selle, cachée elle-même sous un man- teau et un chapeau de soldat. IL fut enlevé subitement, quinze jours après son arrivée, Charles envoya son chirur- sien pour procéder à l'autopsie et à l’embaumement, et fit déposer le corps dans le caveau funéraire des seigneurs de Cusance. Le soin avec lequel cette mort fut cachée devait donner lieu à un célèbre et interminable procès, comme cette époque étrange en présenta plusieurs. On voulut à tout prix ressusciter le jeune prince mort, pour en faire l'héritier pos- thume des Cantecroix; c'est l'antithèse complète de l'affaire de Tancrède de Rohan vainement reconnu par sa mère et dé- pouillé, vers la même époque, de son nom par des collatéraux avides. Ce procès, dont M. Gachard nous à fait connaître les principales péripéties, devait être pour Béatrix une des expia- tions multiples de sa faute (1). III Peu de temps après son singulier mariage, Charles IV avait recu de l’empereur le titre de capitaine-général de Bourgogne; il ne cessa guère dès lors de guerroyer en Franche-Comté. De 1637 à 1640, Béatrix lui donne l’hospi- talité tantôt à Besançon, tantôt à Belvoir, elle est traitée en épouse légitime et en « Altesse » par les chapelains et les domestiques du duc; si elle reste pour les étrangers Mr de (1) La plupart des détails qui précèdent ont été empruntés à un cu- rieux mémoire de M. Gacxarp intitulé : /nventlaire des archives trouvées au palais de Granvelle, ete. — Histoire d'un procès céèbre à propos de ce dernier inventaire (Extrait du t. IV, n° 1, 3° série des Bullelins de la Commission royale d'histoire de Belgique). Les pièces de ce procès forment, dit l’auteur, une montagne de papiers. Tout en résumant le mémoire de M. Gachard, je me suis aidé de quatre faclums imprimés portant la date de 1659 (Bibl. de Besançon), et dont le savant archiviste de Belgique ne paraît pas s'être servi, — 260 — Cantecroix, et porte le deuil du prince, sa mère avoue le ma- riage, et tout le monde l’affirme. Elle soigne son seigneur et maître dans ses maladies; elle le suit, même en plein hiver, à cheval à ses côtés; populaire parmi les soldats, à cause de sa bonne grâce et de ses manières engageantes, elle l’'amuse de son esprit et le soutient de ses conseils ; c’est sa « femme de campagne, » comme disaient les gazetiers de Richelieu. D’autres incidents, plus cruels pour sa fierté que ce surnom méprisant, leur rappelaient à l’un et à l’autre l’irrégularité de leur position. Béatrix était allée à Gray voir sa jeune sœur au couvent de la Visitation : « N’écoutez pas le duc et ses propositions de mariage, lui dit naïvement la religieuse. — Vous n'êtes qu'une enfant, lui fut-1l répondu, et ne savez ce que vous dites. » Charles IV à son tour, en échange des compliments qu'il lui adressa, ne recut que des représentations sévères : « J'aurais en horreur, lui dit-elle, que nos deux maisons soient alliées d’une facon si étrange. » Mr° de Can- tecroix se présenta de son côté chez le père Fourier, avec l’es- poir de le fléchir. Fourier qui, à son grand regret, n'était pas absent, la recut avec autant de froideur que de respect, ne répondit à ses avances que par un silence significatif, et en la reconduisant, il ne dépassa point la porte de sa chambre, pour bien lui prouver qu'il ne reconnaissait en elle à aucun degré sa souveraine (1). Ce silence d’un saint suffisait à réfuter le mémoire apologétique du jésuite Cheminot et des treize théologiens ses confrères qui l'avaient approuvé. La politique, comme la religion, devait traverser cette union étrange, Nicolas-Francois, devenu héritier présomptif de Charles, agissait activement en cour de Rome pour y faire affirmer la validité du mariage avec Nicole : il voulait éviter d’être supplanté par les enfants à naître de Béatrix. : Nicole elle-même, par une déclaration publique (7 janvier bee de de ce me 2eme me (1) Les justes et véritables éloges de la sérénissime maison de Lorraine, par le P. Vincewr, p. 874. — Vie du P. Fourier, par le P. Prarr. — 261 — 1640) protesta en faveur de cette validité. Le duc ressentit l'effet de cette hostilité jusqu’à la cour de Bruxelles, et Béatrix vit se changer en froideur blessante les hommages qu'elle y recevait d’abord. Seule, la cour de France paraissait disposée à exploiter la passion de son adversaire pour lui arra- cher la paix à des conditions favorables. Le duc et sa mai- tresse, retirés dans la petite ville de Sierk, entre la Lorraine et les Pays-Bas, travaillèrent à légitimer une situation dont ils commencaient à sentir la fausseté; la naissance d'une fille (23 août 1639), qui fut depuis la princesse de Lillebonne, avait accru leur attachement réciproque. Du côté de Rome, Charles avait peu à espérer. Son confes- seur Cheminot, son chancelier Le Moleur échouèrent dans leurs démarches; le premier s’attira de vertes réprimandes des cardinaux pour son opposition aux vues du Saint-Siége ; le second ne put obtenir que l'examen de la cause fût remis aux évêques de Metz, Toul et Verdun. Quand même, lui disait-on, il y aurait des cas de nullité dans le premier ma- riage, pourquoi votre maitre en a-t-il contracté un second de sa propre autorité ? L’ambassadeur français soutenait en secret Nicole, mais uniquement pour faire appréhender à Béatrix l’issue du procès, et acheter son alliance. La favorite tomba dans le piège; caresses, prières, larmes, elle n'omit rien pour pousser le duc à une réconciliation avec la France; elle voyait au bout de cette négociation son mariage confirmé et le palais ducal de Nancy ouvert. Des conférences s'ou- vrirent à Sierk entre le duc et Du Hallier, gouverneur fran- çais de Nancy. Béatrix était au côté de Charles, le faisant céder quand il résistait; et comme Du Hallier, sans doute d'après les instructions secrètes de Richelieu, refusait de con- clure et engageait le prince lorrain à venir à Paris, Béatrix décida encore celui-ci à partir. Elle l’accompagna jusqu'à Epinal, où Charles se dégagea entre les mains d’un envoyé espignol de sa longue dépendance envers la maison d’Au- triche, et là elle attendit les résultats d'un voyage qui devait po donner une satisfaction complète à son ambition comme à son amour. Charles IV restait bien en effet son chevalier fidèle. En arrivant à Paris (janvier 1641), il se garda de descendre à l'hôtel de Lorraine; la duchesse Nicole y habitait. Par bien- séance ou par souvenir, il consentit pourtant à la voir; en l'abordant, il la traita hardiment de cousine : « Ne suis-je point votre femme, s'écria-t-elle en fondant en larmes. » Le mari ne répondit que par une froide révérence. Une seconde entrevue dut avoir lieu pour le règlement de la pension que la France, dans son traité avec Charles, consentait à faire à Nicole. « Il fut arrêté que Charles traiterait Nicole de Ma- dame, et que réciproquement elle traiterait Charles de Mon- sieur ; et que dans leurs entretiens ils s’abstiendraient de part et d'autre d'entrer dans aucune digression fâcheuse. Ils tinrent parole; mais si la duchesse garda le silence, ses yeux et ses soupirs plus éloquents que ses discours firent assez en- tendre ses plaintes amoureuses au cœur du duc. Par mal- heur il était obsédé d’une passion violente qui lui ôtait plus de la moitié du sentiment, et qui lui laissait moins encore de sa liberté (1). » Son traité avec la France était désastreux pour la Lorraine. Que lui importait, puisqu'on lui promettait, non pas même de reconnaître son second mariage, mais d'agir sérieusement à Rome pour faire casser le premier? Il partit aussitôt, et retrouva sa belle à Epinal. Il avait pourtant promis de ne plus vivre avec elle jusqu’au moment où le Saint-Siége aurait prononcé; mais elle se voyait à la veille de jouir des hon- neurs du rang suprême, et poussé par elle sans doute, le duc crut réconcilier sa conscience avec sa passion en déposant entre les mains du curé d’Epinal une protestation où il disait : Qu'il était résolu de vivre en fils obéissant de l’Eglise, mais qu'il ne pouvait demeurer si longtemps séparé de son épouse | (1) Huco, Vie ms. de Charles IV, p. 437. ee — 263 — sans lui faire tort et sans intéresser sa conscience. Puis ils'en vint avec elle jusqu'aux portes de Nancy, en pélerinage à l'église Notre-:Dame-de-Bon-Secours. Ils furent accueillis par une foule enthousiaste, pour qui le duc, quoi qu'il fit, était l’image de l'indépendance et de la patrie menacées. Béatrix passa sous les arcs de triomphe, aux côtés d'un époux adoré, auquel on faisait toucher des chapelets comme au corps d’un bienheureux : sa petite fille à ses côtés, elle fut pompeuse- ment haranguée par ses « serviteurs et sujets. » Quant au duc, «il s'y trouva même des femmes assez simples qui, n'ayant point d'encens plus pur à lui offrir, pour lui marquer leur vénération, lui criaient à haute voix, en joignant les mains, que Dieu voulut le conserver avec ses deux femmes et Son enfant (1). » (Avril 1641). A ce même moment, un procès qui semblait un remords perpétuel agité devant Béatrix paraissait toucher à son terme. La marquise d'Autriche, récusant son témoignage et celui de Charles IV, soutenait que l'enfant né à Scey n'était pas mort à Belleherbe ; qu'il avait été apporté au couvent de la Visi- tation à Besancon, puis conduit en Lorraine; qu'on l'avait même vu à Remiremont dans le carrosse de sa mère. Le Par- lement de Dole rendit bien le 12 mars 1641 un arrêt adju- geant la succession Cantecroix au comte de Saint-Amour et déclarant implicitement par là la non-existence d’un héritier direct. Mais la marquise, infatisable et implacable, interjeta aussitôt appel de cette sentence au grand conseïl de Malines ; elle était résolue à retrouver l'enfant posthume de son fils. Le nom de Béatrix était pour longtemps encore, comme nous le verrons, compromis dans cette scandaleuse affaire ; il était dit qu’elle ne jouirait jamais pleinement de son illégitime for- tune. © ——— ———————— ee (1) Wémoires dù marquis be BEAUvVAU, p. 75. — 264 — 14" Voilà Béatrix arrivée au but de son ambition, et jouissant des honneurs souverains avec la satisfaction altière d’une parvenue; faisant juger et pendre un serviteur du duc qui a osé ressusciter pour elle l'appellation de « femme de cam- pagne, » devenue une mortelle injure envers « Mm° de Lor- raine. » Elle comptait sans son capricieux époux qui, au bout de quelques mois, rompit son traité avec Louis XIII, et entraîna avec lui sa compagne dans sa vie errante, au milieu des Espagnols. Dans les Etats et les villes où elle passe, à Worms, à Luxembourg, à Bruxelles, elle se voit traitée sui- vant ses désirs par les alliés de Charles IV, elle a ses gardes, ses demoiselles d'honneur, elle tient une cour; mais d'autre part la diplomatie française et les princes lorrains ont repris avec ardeur à Rome la cause de Nicole. Nicolas-Francois proteste solennellement contré le traité avec la France, où il a vu la main de Béatrix, et il écrit à son frère, l'engageant à se détacher d’une femme qui apporte le scandale dans sa maison, et qui attirera sur sa tête les foudres du Saint-Siége. Ces foudres, dont il hâtait l’explosion, ne tardèrent pas à éclater. En avril 1642, l'archevêque de Malines notifie aux deux époux une bulle du pape les excommuniant et ordon- nant à nouveau leur séparation ; il est même interdit à Me de Cantecroix de porter le titre de duchesse. Charles IV et Béatrix en appelèrent l’un et l’autre de la bulle et se dirent frappés à tort par les ceusures pontificales. Au fond tous deux étaient partagés entre leur passion et leur désir d’obéir au Saint- Siéce. Béatrix se laissa envoyer à Cologne, puis à Hom- bourg (1); puis elle obtint de séjourner dans une ville des ee ee de ne a (1) Hombourg-Haut ou Hombourg-l'Evêque, près de Saint-Avold (Lorraine allemande). — 265 — Pays-Bas, sous les yeux de l'autorité ecclésiastique. Le duc, relevé alors de l’anathème, s’occupa de hâter la dissolution de son premier lien. Les moyens de nullité invoqués par lui parurent suffisants à Rome; il fut admis à en faire la preuve. Mais bientôt, impatienté des lenteurs calculées du procès, il finit par prétexter un déni de justice, et se réunit de nouveau à Béatrix. Lä mort de Richelieu et de Louis XIII en France, l’avène- ment d'un nouveau pape lui permettaient de croire qu'il ar- riverait à ses fins sans faire aucune de ces concessions de forme qu'il jugeait humiliantes. Béatrix recevait secrètement de la régente Anne d'Autriche l'assurance que ses intérêts n'étaient point oubliés dans les conseils du jeune roi, et qu’on ferait tout pour lui donner satisfaction. Néanmoins de nou- veaux essais de négociations tentés avec Charles IV par son intermédiaire échouërent : Charles eut beau accuser des retards de son procès les intrigues de son frère et de sa sœur la duchesse d'Orléans, il finit par conclure à la soumission, c'est-à-dire à sa séparation avec Béatrix, si son affaire devait être jugée sans retard. A la suite d'un bref papal (22 novem- bre 1645) adressé à l'évêque de Gand et au nonce de Flandre, Charles et Béatrix comparurent le 28 décembre devant une assemblée de seigneurs des Pays-Bas et de douze jésuites. Pros- ternés aux pieds de leurs juges, ils demandèrent pardon du scandale causé par eux, et s’obligèrent par serment, l’un à se rappeler sans cesse que le logis de Mme de Cantecroix devait toujours être à une demi-lieue de lui, l’autre à oublier qu'on l'avait appelée duchesse de Lorraine. Puis, après la récitation des psaumes de la pénitence, ils furent admis à la réconcilia- tion. Comment expliquer de la part du duc cette soumission s0- lennelle, peu de temps après s'être révolté contre des injonc- tions semblables ? Il faut d'abord faire la part de sa légèreté et de son irrésolution naturelles; ensuite sa passion pour Béatrix, encore vive, était traversée par un de ces caprices — 266 — comme on en trouve d'innombrables dans la vie peu édifiante de ce prince. Sa soumission provisoire, en l’éloignant de-sa « femme de campagne » lui permettait en quelque sorte l’in- fidélité pour l'épouse qu'on lui refusait, comme pour celle qu'on lui voulait imposer. Il se prit alors d’un beau feu pour la fille d'un bourgmestre de Bruxelles, à ce point qu’il donna des fêtes en son honneur, semblables à celles qu’il avait jadis consacrées à Béatrix, et lui promit sans vergogne de l’épou- ser. Cette amourette dura peu; les parents marièrent pru- demment leur fille et l'éloignèrent. Mais M° de Cantecroix, reléguée à Gand, avait été instruite de tout; sa jalousie s’exbala de loin en plaintes auxquelles Charles ne répondit que par des serments qui lui coûtaient peu (1). « Cette épreuve était trop équivoque pour un cœur délicat ; celui de Béatrix ne s'y accommoda point. On dit qu'alors Radziwill, jeune Polonais qui se trouvait à Gand sut profiter des dépits de M"° de Cantecroix. Ce prince était beau et bien fait, poli et galant plus que ceux de sa nation n’ont coutume d'être avec les dames. Il était assidu auprès de Béatrix et il fut le témoin de ses emportements..…. (Il) devint tout à la fois son consolateur et son ami (?). » A cet adorateur venu de loin la chronique en ajouta plus tard un autre, un prince exilé, qui se consolait gaiement des malheurs de sa maison et de sa patrie, le roi Charles IT d'Angleterre (3. Le bruit de ces in- trigues parvint au duc de Lorraine, et refroidit sa passion en blessant son amour-propre. Ce (1) Sur cette période de la vie de Béatrix, M. Em. pE BORCHGRAVE à publié un curieux mémoire intitulé : Le logement de M*° de Lorraine à Gand (Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 1873 — p. 571-586). (2) Huco, Vie ms. de Charles IV, p. 532. (3) Charles IT fit plus tard placer son portrait, peint par Van Dyck, dans une salle du palais de Windsor où étaient réunies les images des plus célèbres beautés du siècle. Au milieu de notices consacrées à ce prince et aux principaux membres de l'aristocratie anglaise, il existe un éloge en vers de Béatrix dans Heroick Portraits... by Richard FLEcKNOE, London, 1661 (Bibl. nat. G, — ancien, p. 451). — 267 — Les princes lorrains crurent le moment favorable pour le rejeter entre les bras de Nicole. Aux ouvertures qui lui furent faites alors pour une réconciliation, le duc répondit favorable- ment en apparence. Son caprice passé pour la belle Bruxelloise, il continuait la scène de dépit amoureux commencée par Béa- trix, et il manifesta hypocritement le désir de se rapprocher de sa femme légitime. De là une négociation lente et com- pliquée, qui aurait le piquant d'une comédie, si l'amour véri- table, la passion était au fond du cœur des personnages, Tandis que les deux époux font un pas l’un vers l'autre, avec la pensée secrète d'en faire au besoin deux en arrière, Béa- trix franchit hardiment toute la distance voulue pour ramener son infidèle et pour lui faire oublier les soupcons causés par les assiduités du prince Radziwill. Au moment où Nicole va enfin rejoindre son époux, elle apprend une nouvelle qui change ses desseins. « Son Altesse me fait une querelle d’Al- lemand, écrit-elle, mais je mignore pas que le mal vient de plus haut. La comtesse de Cantecroix est grosse ; ce nouveau phénomène m'attire les tristes influences de la mauvaise humeur de son Altesse. Je sais qu'il a maintenant pour cette femme de campagne plus de complaisance que jamais. » Elle disait vrai ; Charles avait fini par rejoindre Béatrix, et de cette réconciliation, de ce nouvel oubli des serments faits à l'Eglise naquit, le 15 février 1649, Charles, prince de Vau- démont. < Le nonce et l'archevêque de Malines firent grand bruit de cet événement, et Me de Cantecroix, frappée de nouvelles censures, paya ainsi le dernier éclat d’un amour qui s’en allait expirant. Elle s'était du moins justifiée aux yeux d'un amant aussi jaloux que volage. D'autre part un nouveau procès, qui venait de se dérouler devant le Conseil de Flan- dre, ramenait sous ses yeux les souvenirs importuns de la première année de sa faute. La marquise d'Autriche, malgré les affirmations réitérées de sa belle-fille, soupconnait l'hé- ritier des Cantecroix d’être vivant encore et caché aux Pays- — 268 — Bas. Par la plus singulière des coïncidences, le hasard réunit toutes les circonstances nécessaires pour la tromper. A cette époque vivait à Gand une femme d'Anvers nommée Elisabeth van Wetten, qui, de ses relations avec un religieux, avait eu un fils né le 20 août 1636. Pour garder sans se com- promettre son enfant auprès d’elle, elle s'était dite mariée avec un certain Pauwels parti pour l'Allemagne, et était venue se cacher dans un quartier retiré de Gand. L'agent de Caroline d'Autriche, qui, par une série d’intermédiaires et de circonstances fortuites, découvrit cette mystérieuse étran- gère, obtint de la cour de Bruxelles la séquestration d’Elisa- beth et de son fils dans un monastère. Après cette arrestation préventive et une enquête préliminaire, la malheureuse pré- venue fut inculpée de recèlement et de supposition d'enfant. L'instruction avait duré deux ans. Caroline d'Autriche, Géjà engagée dans un autre procès contre le comte de Saint-Amour pour la succession Cantecroix, obtint de se joindre au mi- nistère public dans l’action intentée à Elisabeth van Wetten. Après avoir, dès la première entrevue, embrassé l'enfant de la prévenue comme son petit-fils, elle n’épargna ni séductions ni menaces pour arracher à la mère l’aveu de son prétendu crime. Quant à elle, elle avait une fable, ou plutôt des fables toutes prêtes; elle affirmait connaître dans tous ses détails la vie errante de l'enfant depuis sa naissance, et racontait une histoire compliquée et invraisemblable, que l'accusée nia sans cesse jusqu’au milieu des tortures, et que le tribunal mit cinq ans à élucider. | I eût été naturel que Béatrix intervint au procès, car son témoignage était d'une importance capitale, et son honneur se trouvait atteint par l'accusation. Le comte de Saïnt-Amour, intéressé comme elle à un autre point de vue à rétablir la vérité, ne put la décider à se méler aux débats. Mw° de Can- tecroix et Charles IV se bornèrent à renouveler leurs déclara- tions antérieures, et à affirmer par écrit la légitimité et la mort de leur premier-né. L'arrêt du 28 avril 1648 les justifia ee — 269 — indirectement, il affirmait l'innocence d’Elisabeth van Wet- ten, et déboutait la marquise d'Autriche de sa prétention à faire revivre son soi-disant petit-fils. Celle-ci en appela aussi- tôt au garnd Conseil de Malines, déjà saisi de l’appel relatif à. l'arrêt de Dole touchant, la succession Cantecroix. Béatrix n'était pas au bout des épreuves vengeresses que lui suscitait. son implacable belle-mère. V La naissance du prince de Vaudémont procura à Mr*° de Cantecroix son dernieret court triomphe. La Fronde ne tarda pas à agiter la France, et du côté de la cour comme du côté des rebelles, on sougea à obtenir l'alliance du duc de Lorraine par l'intermédiaire de Béatrix. Mr° de Chevreuse, émigrée aux Pays-Bas, quoiqu’elle eut été elle-même jadis aimée de Charles IV, fit des avances à cette rivale pour reconquérir, au moins sur le champ dela politique, son ancien chevalier (1). Les envoyés des princes lui promirent d’intercéder pour la ratification de son mariage : vieux moyen, dont Mazarin avait usé dès 1644 (?). Anne d'Autriche, d'après certains bruits peu dignes de confiance, aurait fait mieux; elle aurait laissé en- trevoir la possibilité d'une alliance entre la jeune Anne et le duc d'Anjou, ou même le jeune roi. De telles avances mirent Charles en défiance ; il craignit en outre, s’il embrassait la cause royale, de se brouiller avec les Espagnols; et de com-- promettre ainsi la sûreté de Béatrix et de ses enfants de- meurés à Bruxelles. Il entra donc en France deux fois (1652) à la tête de ses ee me me de + 0e nome pme or ne 20 CE do ms (1) Lettres originales de M et de M'° de Chevreuse à M"* de Can- tecroix — Bibl. de Besancon. (2) Carnets de Mazarin, cités aux Pièces justificatives de Mw° de Che- vreuse, par V: Cousin. — 270 — régiments lorrains, sous prétexte de secourir les princes; il ne laissait pas de traiter secrètement avec la cour et se reti- rait après avoir trompé tout le monde. Lors de sa première incursion, il tomba malade et fit son testament : « Je laisse et donne, disait-il, tout ce que je puis donner à mes enfants, laissant à Mr° leur mère toute l'autorité sur eux et sur leurs biens..…., surtout et dernière chose, laissant le tout entre les mains de Madame, que je prétends pour femme. » A son retour ses sentiments parurent bien changés. Quoi- qu’il eût couru certains bruits sur ses propres légèretés du- rant son voyage, il reparut à Bruxelles pour mettre, disait-il, deux folles à la raison; il parlait de sa femme et de sa sœur, Me de Cantecroix et Me de Phalsbourg. Celle-ci vivait de- puis longtemps aux Pays-Bas, peu considérée, endettée, veuve en secondes noces d'un capitaine au service de l'Espagne, et se préparant à épouser un jeune banquier génois, son créan- cier. Le duc ne décolérait pas à la pensée de cet étrange beau-frère. De même son aversion soudaine pour Béatrix venait du rapport vrai ou faux de quelques galanteries qu’elle aurait eues à Anvers pendant son absence. Le bruit en était venu jusqu'à Paris, et sa sœur la duchesse d'Orléans les lui avait, sans doute avec intention, exagérées. Ainsi ce que nous appelons l'incompatibilité d'humeur s'accusait avec les années; les hauteurs et les prodigalités de l’une, l'humeur volage de l’autre, dénouaient leurs liens avant qu'ils eussent été consacrés. Charles disait à cette époque à son confesseur que, de quelque manière que püût tourner à Rome l'affaire de son premier mariage, M®° de Cantecroix devait s'attendre à être châtiée de ses légèretés et ses enfants enfermés dans un cloître. Deux semaines après son retour, il repartait de Bru- xelles pour Anvers, malgré les conseils du confesseur, qui l’exhortait à se plaindre aux autorités ecclésiastiques, plutôt que de se faire accuser d'avoir mis un terme à la séparation qui lui était imposée. Il craignait de la voir fuir en Hollande. « Le public ne croira pas, dit-1l, que l’incontinence est cause — 271 — de mon voyage; je me conduirai comme il faut pour cela. » Il rencontra par hasard Béatrix, qui se promenait hors de la ville; il la salua froidement, et sans daigner l'écouter, il ‘la quitta en lui disant qu’il ne pouvait lier conversation avec une femme qui l'avait forcé de changer son amitié en haine. Entré dans Anvers, il s'empara de l’hôtel de Béatrix, y posa des sentinelles, se fit donner acte de son procédé par l'évêque et l'official ; puis au retour et en présence de la malheureuse femme, il brisa les portes des cabinets, forca les meubles et enleva toutes les pierreries. Sa colère éclata surtout, quand, comparant les pierreries à l'inventaire, il vit qu'il y en avait de vendues ou d’égarées ; il menaca avec injures Béatrix de la chasser et de lui enlever ses enfants (1). Les princes lorrains se hâtèrent de profiter de cette rupture, et firent auprès de leur frère et à Rome de nouvelles instances. Charles les laissa agir; il se dit même prêt à se réunir à Ni- cole : il la menaça — était-ce l'effet de cette humeur plaisante et bizarre qu'il portait dans les choses sérieuses ? — de la faire excommunier, si elle refusait, Ce fut dans ces circonstances que le tribunal de la Rote rendit sa sentence (mars 1654); il déclarait le mariage de Charles et de Nicole librement con- tracté, et imposait à cet égard à Mm° de Cantecroix un silence perpétuel (?). Au moment où cet arrêt fut rendu, Charles IV se trouvait heureusement pour lui dispensé d'en subir les effets. Quel- ques semaines auparavant, le 26 février, à la suite de ses dis- sensions avec les Espagnols, il avait été arrêté à Bruxelles, et cinq mois après, il fut transféré en Espagne au château de Tolède. On fit en même temps régler par voie de justice la situation civile de celle qui en droit n'était plus sa femme, et qui en fait était sa veuve. On lui laissa la tutelle de ses en- (1) Huco, Vie ms. de Charles IV, p. 596. (2) Sentence du tribunal de la Rote du 23 mars 1654 (Bibl, nat. Mss. Fonds Clairambault cuir, p. 3433-3436). — 272 — fants ; elle pouvait lés garder, tant qu’elle resterait elle-même reléguée au couvent de la Visitation de Mons. Leur entretien à tous trois devait être à la charge du duc, et la mère devait jouir provisionnellement d’une pension de trente mille flo- rins. Tout paraissait fini pour elle, devant la captivité de Char- les IV et sous le coup de la sentence de Rome. Elle repoussa les avances de Nicolas- François, qui affecta d'abord à son égard une certaine courtoisie, et lui proposa de prendre dans son palais les deux enfants qu'elle avait eus du duc, et de les élever avec ses fils. La mort de Nicole (20 février 1657) ré- veilla les espérances de la malheureuse princesse. Elle fit aussitôt partir pour l'Espagne Pelletier, son intendant, avec mission de négocier la délivrance du duc, et de ménager ses propres intérêts (1). Charles, depuis sa captivité, s’il avait daigné lui écrire par exemple : « Vous savez la passion que j'ai pour vous et le petit ménage, » se souvenait uniquement qu'elle était la mère de ses enfants, et il se préoccupait de ceux-ci avec une ten- dresse que l’absence et le temps ne faisaient que grandir. Pelletier arrivé en Espagne dut subir d'abord les récrimina- tions du prisonnier, qui prenait l'offensive pour éluder les propositions qu'il pressentait. Tout en envoyant à Béatrix des ceintures et des médailles miraculeuses, Charles accusait sans cesse son peu de sensibilité, ses parures, ses amuse- ments, ses pierreries et sa vaisselle mises au Mont-de-Piété, ses dettes continuelles : il se plaignait qu'elle fût revenue à Bruxelles, au milieu du monde. Un jour il demandait qu’elle mme nt ne ee ER ee ne ee nee de do D (1) Les papiers relatifs à la mission de Pelletier en Espagne com- posent un dossier assez considérable, déposé à la Bibliothèque de Be- sançon. Pelletier, qui les a réunis et copiés de sa main, y a joint ses OŒEuvres poétiques, dédiées à sa maîtresse, puis des Maæimes politiques sur la conduite politique de M"° Béatrix de Cusance en son mariage, qu'il déelare du reste ne lui avoir jamais communiquées, mais seule- ment résumer les conseils qu'il lui donnait, — 273 — vint avant tout partager sa captivité; un autre jour, qu’elle montât à cheval, fit parler d'elle et le tirât, de prison. Tantôt il disait qu'il était trop tard pour confirmer leur union, tantôt qu'il ne fallait rien précipiter. Il ne refusait pas satisfaction, affirmait-1il, mais il ne voulait rien faire à la légère. « Puis- que je capitule, écrivait-il, ce n’est pas pour rien; ville qui capitule est à moitié rendue ; mais en l’état où je suis, il ne me faut pas mettre dans le dernier chagrin, étant bien clair que j'aime ces pauvres enfants autant qu'il se peut imagi- ner (1), » En réalité, s'il traînait cette négociation en lon- gueur, c'est qu'il la supposait pouvoir être utile à sa déli- vrance. Si on lui parlait de ratifier le mariage : « Non, ré- pondait-il, il a été déclaré nul à Rome ; il faut le conclure de nouveau avec dispense. Le pape dit qu'il n'en accordera ja- mais ; mais On peut implorer son assentiment secret. » Le duc réserve toute sa tendresse pour sa fille, dont il recoit le por- trait, pour son fils, qu'il envoie perfectionner son éducation en Allemagne. Enfin lassé du « galimatias » de ses lettres, elle fit dire au bout de quelques mois à son agent de tout rompre. Elle écrivit . « Je le crois déjà cardinal, ou marié en France ou à Tolède. » Elle ne voulait pas, elle ne pouvait croire à son abandon ; et pourtant l'indifférence n’était pas le dernier + (1) Lettre du 17 novembre 1657. — Il faut ajouter que le 9 du même mois, il avait écrit à Pelletier : « Détrompez-vous qu'il y ait personne qui me persuade de n'avoir confiance en elle et de ne l’épouser. Croyez qu'il n'y a qu’elle seule, l’aversion qu’elle a témoignée, le mépris qu’elle a fait et enfin la vie qu'elle a fait (sic) et le lieu où elle est après ce qu'elle m'avait tant protesté, et enfin n'avoir porté ni permis à sa fille qu’elle porte un ruban noir me voyant où je suis. Tous mes parents amis et ennemis ayant pris le deuil, ce ne sont que trop de preuves, et d'avoir tant et tant de fois pris son plaisir, engagé et vendu biens et pierreries, et en quatre ans que je suis en: prison de ne m'avoir pas envoyé offrir un sou dans cette misère où je suis, et pour mille ca- nailles l'or et les diamants volent. Tout le temps qu'elle sera à l'hôtel de Berghes et à Bruxelles, elle sait bien que je ne la puis considérer qu'à son désavantage. » — Ces lignes furent envoyées à Béatrix, quoique Charles eût recommandé à Pelletier de les brüler. 18 — 274 — outrage qu’elle dût subir. Elle allait consumer dans une lutte sans espoir contre un cœur volage et endurci ce qui lui res- tait de vie (1). : VI En 1659, Charles IV sortit de prison, fort détaché de Béa- trix qu'il amusait encore de loin par de vaines promesses. Les galanteries et les prodigalités de sa compagne étaient, disait-il, la meilleure excuse de son indifférence, excuse venue bien tard, comme son respect pour les sentences de l'Eglise. « Peut-être, ajoute Hugo, aurait-il pu accuser la bizarrerie du cœur humain, qui se lasse des meilleures choses qu'il possède pour courir à celles qui valent le moins, et qu'il ne possède pas. » On le vit bientôt, à la suite de la cour de France, traitant avec le même sans-gêne égoïste et la même humeur fantasque ses intérêts politiques et ses affaires de famille. Tout en né- gociant la restitution de ses Etats, il se réconcilie plus ou moins sincèrement avec son frère, à qui il refuse, pour son neveu Charles, la main de sa fille née de Béatrix. I se hâte d’unir la jeune princesse Anne à un cadet de Lorraine, le prince de Lillebonne (octobre 1660), et il produit partout avec orgueil le prince de Vaudémont comme l'héritier désigné de sa couronne. Il avait oublié depuis longtemps le premier fruit de cette liaison, dont la vie et la mort continuaient à être débattues (1) Il serait assez curieux de comparer la destinée de Béatrix à celle d’une de ses parentes, Honorée de Berghes, comtesse de Bossu. Veuve comme elle, Mw° de Bossu rencontra sur son chemin un cousin de Charles IV, le dernier des Guises. Elle l'épousa à Bruxelles le 11 jan- vier 1641, quoiqu'il fût fiancé à la princesse Anne de Gonzague, fut bientôt abandonnée pour M'e de Pons, et elle vit la validité de son mariage débattue en cour de Rome. Elle s'éteignit jeune encore, dé- laissée et oubliée du prince lorrain. — 275 — devant les tribunaux de Flandre : ainsi le voulait l’obstina- tion intéressée et vaniteuse de la marquise d'Autriche. Le grand Conseil de Malines était saisi de deux appels contre les arrêts du Conseil de Flandre et du Parlement de Dôle. Il joi- gnit les deux affaires, et en 1653, permit à l'enfant d’Elisa- beth van Wetten de vérifier l'état prétendu de sa personne, et lui donna pour curatrice son aïeule supposée. La lutte re- prit de plus belle entre celle-ci et le comte de Saint-Amour. Béatrix allait être de nouveau entraînée dans le débat, quoi- qu’elle s’en défendiît, se retranchant derrière ses déclarations antérieures. Au milieu des douleurs d'un abandon qui était déjà un veuvage, elle dut encore attester qu'elle n’était pas coupable; elle s’y résigna, mais resta ferme dans ses allégations. Char- les IV n'était plus là pour obtenir que Me de Lorraine fût écartée du procès; il n’y avait plus qu'une femme délaissée, compromise, presque méprisée. Dès 1655, elle avait sollicité du gouvernement qu'il fût interdit au fils d’'Elisabeth .de porter le titre de prince de Cantecroix. Cet acte montrait à la marquise d'Autriche qu'après son procès gagné contre le comte de Saint-Amour, il faudrait en intenter un autre à sa belle-fille. Survint l'arrêt du 14 août 1660, qui lui donne raison en partie; il déclare supposé l'enfant mort à Belle- herbe ; reste à savoir si l'enfant d’Elisabeth van Wetten et celui né mystérieusement à Scey ne font qu'un. Me de Cantecroix, forcée ou de reconnaître pour sien un étranger, ou de produire le fils qu’elle avait perdu, déclara solennelle- ment qu’elle ne pouvait reconnaître celui qui, au su de tous, était le fils d’un religieux flamand ; elle offrit de jurer que le sien, dont elle attesiait de rechef la mort prématurée, était de Son Altesse de Lorraine. La mort de la marquise d'Au- triche (février 1662) empêcha cette affaire de s’'embrouiller davantage, et arrêta cette éternelle procédure. La justice finit par repousser les prétentions du soi-disant prince de Cante- croix ; mais faute de preuves suffisantes, elle se refusa à re- — 276 — connaître que l'enfant né à Scey était le même qui était mort quatre mois après. Ce grand débat judiciaire ne recut jamais de solution complète ; et s’il fallait s’en tenir uniquement aux affirmations du grand Conseil de Malines, on pourrait croire que Béatrix fut une mère dénaturée comme elle avait été une épouse coupable. A ce dernier point de vue, l’expiation fut complète. Quoi qu'on pensât à la cour de France, quoi qu'il écrivit lui-même à l’idole de sa jeunesse, le duc de Lorraine était bien éloigné de consacrer leur union {l). En rentrant dans ses Etats, il la rencontra à Bar-le-Duc, où elle était venue auprès de son gendre, gouverneur du Barrois, et de sa fille prête à accou- cher. Par un reste d'égards; il avait encore .ordonné de la traiter en souveraine. À peine arrivé, ct sous prétexte d'obéir à Rome, il lui fit dire de quitter la ville, et ne consentit à la voir que sur les instances de ses enfants, dans un village à quelque distance, et en présence de l’official. Ce fut pour lui déclarer durement qu'il ne pouvait ni ne voulait l'épouser, que le meilleur parti pour elle était de se retirer en Comté. Et cependant un petit-fils, le prince de Commercy, venait de leur naître (?). Ses enfants du moins seraient-ils épargnés? Charles lui donna lieu de douter même de son affection pour eux, le jour ——n. D oo os on nn (1) « On fait courre des bruits de toutes parts que la comtesse de Cantecroix fait tout ce qu'elle peut pour vous obliger à lui promettre qu'étant en liberté vous penserez à elle. Je suis très persuadé que c’est une chose à quoi vous ne songez pas..... » — (Nicolas-François à Charles IV, 2? septembre 1659). « Me de Chevreuse m'a dit d'écrire à V. A. qu'il lui paraît que lé prince n’est pas encore détaché du sentiment d'épouser M”° de Cante- croix, s'il peut obtenir la dispense, le refus de laquelle on lui a pour- tant mandé de Rome. » — (Le Tellier à Mazarin, 27 février 1660), dans p'Haussonvizze, Pièces justificatives du t. TIT. (2) Mémoire de la main de M. pe CouvoxGe sur ce qui s’est passé en 1660..,., et de la conduite de Charles IV avec Béatrix,.... (Bibl. nat. Coll. lorraine, t. XXXV). — 271 — où il céda, par le traité de Montmartre, la Lorraine à la France moyennant des compensations dérisoires. Elle était encore à Bar, et allait se rendre au collége des Jésuites, pour assister à une tragédie, quand on lui délivra copie du mar- ché, Elle la lut, et dès le premier article fondant en larmes : « Retournez, mon père, dit-elle au recteur, la tragédie est jouée à Paris, il n’y en a plus pour moi. » Puis s'adressant à son entourage, elle protesta avec désespoir contre les tèrmes de ce traité : « Il est honteux, s'écria-t-elle, qu'il se déclare concubinaire, qu'il me reconnaisse pour prostituée, et qu’il prostitue avec nous à une ignominie éternelle deux enfants qu il désavoue comme héritiers légitimes de sa couronne. » L'amour maternel lui donnait pour poursuivre le volage Charles IV jusqu'au sein de ses escapades séniles un courage que l'épouse n'avait plus. Elle apprit successivement qu’il avait adressé ses hommages et ses promesses d'alliance à la fille" d’un apothicaire, puis à celle d'un maître d'hôtel du duc d'Orléans son beau-frère. Elle obtint de l’official de Besan- con une attestation de son mariage qu’elle envoya à Paris; mais l'inconstance du duc la servit mieux que ses vaines pro- testations. La scène de Bar se renouvela ct s'aggrava deux ans après. La princesse Gtait revenue dans cette ville, pour présider comme marraine au baptême d’une fille de Mr° de Lillebonne. Charles y passa, rentrant à Nancy. Averti par le nonce qu’elle était logée au château, il resta avec intention dans la ville basse, au couvent des Capucins. De là il lui envoya l’ordre de se retirer en Franche-Comté : « Il n’est pas encore temps, ajouta-t-il effrontément, de songer à notre mariage; en atten- dant, mettez ordre à vos affaires domestiques. » La malheu- reuse femme obéit à regret dès le lendemain : elle lui demanda seulement de rester à Remiremont, afin d’être plus rappro- chée de lui. Dans ces tristes années où elle veut espérer contre toute espérance, elle habite autant qu’elle peut les petites villes de — 278 — la Lorraine. C'est une reine de théâtre découronnée, une Ariane vieillie, promenant aux portes du palais dont elle n’a pas dépassé Le seuil sa beauté flétrie, sa santé ruinée et son mortel désespoir. Ceux qui l'appellent tout haut « Me de Lorraine » disent tout bas « la Cantecroix. » Elle est du moins une de ces pénitentes illustres pour qui la dévotion , selon le mot d’un contemporain, devenait le dernier des amours. Cà et là elle rencontre, avec la trace des illusions passées, l'image vivante d'un remords. Elle passe à Gray, dans ce couvent de la Visitation où sa jeune sœur, morte depuis, lui a si vive- ment reproché son mariage : elle y assiste aux fêtes de la béa- tification de saint François de Sales, et mêle au chœur des religieuses sa voix suppliante (1). À Mattaincourt, elle allume une lampe d'argent devant les restes vénérés du père Fou- rier, comme pour fléchir dans le ciel celui qui l'a jadis con- damnée sur la terre. C’est en face de cet homme que s'étaient autrefois évanouis ses premiers rêves ; par une rencontre sin- gulière, ce fut au pied de sa tombe qu'elle perdit ses dernières espérances. Elle était accourue de Besançon dans ce petit village, situé à une demi-lieue de Mirecourt, avec la pensée de ramener à elle Charles IV. Ce triste prince y affichait sa passion pour la belle chanoinesse du Poussay, Isabelle de Ludre. Béatrix, avec cette persévérance qu'aucun dédain ne décourageait, crut pouvoir briser cette liaison. La Palatine dans ses lettres l'accuse, on ne sait sur quelle autorité, d’avoir fait donner à sa rivale un poison qui sans la tuer aurait altéré sa constitu- tion et sa beauté. Ce qui est plus sûr, c'est qu'arrivée à Mat- taincourt elle fit tenir au duc une lettre touchante pour lui rappeler le passé et implorer sa pitié. Charles ne répondit qu’en célébrant ses fiançailles avec Mie de Ludre, et en réi- térant son ordre brutal : Retournez en Franche-Comté. ee —— (1) Ms. de la sœur du Treillis (à l’hospice de Gray), cité par GATIN et Besson, Histoire de Gray. — 279 — Ce fut le dernier coup pour Béatrix. Elle tomba malade à Mattaincourt, où elle fut du moins entourée des soins de son fils et de son gendre; à peine remise, elle rentra à Besancon, et y fut atteinte au printemps de 1663 d’une rechute mortelle. Dans cette occurence, elle fit demander à celui qui l’avait dé- laissée de pouvoir au moins mourir son épouse légitime. Charles craignant que par dépit elle ne déshéritât les princes de Vaudémont et de Lillebonne, les lui envoya avec procu- ration donnée au dernier de conclure le mariage, s’il n’y avait plus d'espoir. M. de Risaucourt les accompagnait pour repré- senter son souverain à la cérémonie : « Me voilà bien honorée à la fin de ma vie, disait Béatrix, d’être appelée M"° de Ri- saucourt. » Comme sa fin approchait, ses enfants présentèrent requête à l'archevêque de Besancon, pour obtenir son consentement à la célébration immédiate du mariage, sauf à faire ratifier ce consentement par le Saint-Siége. Le contrat fut dressé à nouveau ; les conjoints y disaient vouloir donner des preuves de la bonne foi avec laquelle ils s'étaient unis en 1637; et la bénédiction nuptiale leur fut donnée le 20 mai 1663. Pen- dant quinze jours Béatrix porta, légitimement cette fois, le titre de duchesse de Lorraine : « Quelle union, disait-elle à son médecin. des sacrements de mariage et d’'extrème-onc- tion ! » Une fois satisfaite dans son orgueil et réconciliée avec sa conscience, elle s’occupa de ses dispositions dernières. Elle demanda à être enterrée dans le tombeau de Béatrix de Vergy son aïeule, et multipha les fondations et legs pieux en Lor- raine, en Flandre, en Franche-Comté. Ses héritiers univer- . sels furent les trois enfants de la princesse de Lillebonne; les gens de son service, ses filleuls et filleules reçurent chacun un souvenir, et Charles IV n'eut d'autre avantage sur eux, dans les pensées de la mourante, que de venir le dernier de tous : « Je preuds Ja liberté de présenter à S. A. M£r le duc de Lorraine, mon très cher mari, avec respect et soumission, ee une petite marque de mon souvenir pour sa chère personne, le priant de l’agréer et d'accepter l'offre que je lui fais de mes huit pies (chevaux) de carrosse, et de la bague de diamants dont j'eus l'honneur d’être épousée de lui en l’année 1637; espérant qu'il la gardera volontiers, puisqu'elle sort d’une sincérité bien entière, pour retourner d'où elle a pris son cours. Je recommande à S. A., du plus tendre de mon cœur, nos enfants, et de bien faire toutes choses où il ira de leur établissement et union. » Elle s'éteignit le 5 juin, « contente, dit un historien lor- rain, de mourir en emportant dans la tombe des remords de moins et des titres de plus. » Selon les prescriptions de son testament, elle fut habillée en clarisse, mise sur un lit de pa- rade sous un dais avec la couronne et le sceptre, puis portée au bout de deux jours à l'église de Sainte-Claire où elle fut inhumée (1). Charles IV prit le deuil, et demanda officielle- ment des prières pour le repos de l'âme de « Mr° de Lor- raine (?); » ce brillant chevalier d'autrefois, devenu un vieil- lard égoïste et ridicule, donnait presque en même temps des bals à la belle de Ludre, qu’il délaissa bientôt pour passer l'anneau nuptial, — peut-être l'anneau de la morte, — au doigt d'une jeune fille de quinze ans, M'° d'Apremont. Il fit bien quelques démarches à Rome pour obtenir la ratification de son union in extremis; puis il les oublia sans scrupules. La cause fut abandonnée, et l'Eglise romaine, qui reculait devant la réhabilitation d'un mariage vicieux dans son prin- cipe, évita ainsi, selon son désir, de se prononcer. On dirait que la postérité, qui a tant à blâmer dans la vie de Béatrix, et qui plaint cependant la malheureuse victime de Charles IV, a imité le Saint-Siége, et volontairement suspendu son juge- ment sur elle. (1) Testament du 20 mai 1663, Bibl. nat., Coll. lorraine, t. XXXIV, p. 239 et sq., et Bibl. de Besançon. (2) Archives de Nancy. — Administration communale, Reg. BB, 8 — 11 juin 1663. — 281 — Les deux enfants de Mn° de Cantecroix eurent comme leur mère une destinée à la fois brillante et aventureuse. Sa fille, Mve de Lüillebonne, jouit d'un grand crédit à la cour de Louis XIV, surtout dans l'entourage du grand Dauphin; elle conduisit cette cabale des princes lorrains que Saint-Simon haïssait à l’égal des légitimés. Quant à Vaudémont, après avoir brillé comme sa sœur à Versailles, il passa dans le camp espagnol, défendit Besançon contre les Français, fut l'ami de Guillaume d'Orange, puis à la fin de sa vie, rentra en grâce auprès du grand roi, et mourut en 1723, à Commercy, où il jouissait des honneurs dus à un prince souverain. Sa vie agitée et ses aventures singulières prolongèrent jusqu’au delà de la Régence le roman qui avait illustré un moment, au mi- lieu du dix-septième siècle, le nom de Béatrix de Cusance. — 282 — APPENDICE Les deux lettres de Béatrix qui suivent et qui sont tirées, la première des papiers Chifflet (Bibl: de Besancon), la se- conde des archives communales de Besancon, la montrent préoccupée des deux grands intérêts qui se partagèrent sa vie, la validation de son mariage et le soin de sa fortune per- sonnelle. L'une la montre intervenant avec plus d’empressement que de prudence {vers 1643) dans le débat entre Charles IV et Nicole; elle est adressée à l'archevêque de Besancon, Claude d’Achey : « MONSIEUR, » Voyant les affaires de mon mariage avec Son Altesse de Lorraine en assez bon estat au moyen de la décision inter- venue en Rote sur le procès que sadite Altesse y soustient contre Madame la princesse Nicole sur la nullité de leur ma- riage : par laquelle décision sadite Altesse auroit esté appoin- tée en preuve des faits qu’elle a fait poser pour fonder cette nullité : ce que j'ay le bonheur d’être à V. $S. I1l"e m'oblige à l'en fare participante, comme aussi de ce qu'en suite de ce, les Remissoriales nous ont esté envoyées pour procéder à à l'audition des tesmoins que S. A. veut faire entendre sur cette matière. Ce que j'’aurois fait plus tost, si je n'en avois esté divertie par quelques affaires importantes qui me sonk survenues, et si je n'avois Creu aussi que vous en pouviez estre informé par les correspondances que vous avez à Rome : et comme, grâces à Dieu, malgré tant de traverses dont on m'a voulu persécuter, je vois les choses se disposer à mettre fin à une affaire qui m'est si considérable, au moyen des — 283 — preuves auxquelles S. A.,va faire travailler sur le fait de la nullité de son prétendu mariage avec ladite dame princesse Nicole, pour tant plus avancer l'affaire et appuyer plus for- tement mon droit, l'on m'a conseillé par deca d'intervenir en ladite cause de nullité pendante en Rote, et y faire connoitre mes intérests. Ce qu'aussi j'ay esté bien ayse de prendre occasion de vous communiquer, Connoissant comme je fais l’authorité de vos sentiments, et me confiant qu'ayant le bien de vous attoucher comme je fais, vous ne me dénierez pas celuy de m’'advertir de ce qu'il vous en semble. Et comme dans cette intervention il sera absolument nécessaire d’es- claircir pertinemment le procédé de mon mariage, et que cela ne se peut faire plus efficacement que par les informations que selon que j'ay appris vous avez fait autrefois par ordre du défunct pape Urbain de tout ce qui s'est passé à ce re- gard, dont je croy que vous aurez réservé la minute, je viens vous prier de me faire la crâce de m'en envoyer une copie authentique. Ce que je me promets tant plus facilement de vostre courtoisie, et des bonnes volontez dont je me persuade que V.S. Ill me continue de favoriser nostre maison, que ce que je lui demande est en faveur de justice, et pour main- tenir mon droit par les voyes que l’équité me prescrit. Cela n’empeschera pas, Monsieur, que je ne vous en aye......» Dans la seconde lettre, postérieure à l'arrestation de Char- les IV à Bruxelles, Béatrix s'applique à réserver ses droits particuliers, lors de la saisie qui fut faite alors des meubles et effets du duc demeurés à Besancon. « À Messieurs, Messieurs les Gouverneurs de la Cité impériale de Besancon, à Besançon. » MESSIEURS, » Comme j'ay donné charge au sieur Gérard, thrésorier de S. A. de Lorraine, de ‘vous parler touchant la saisie que — 284 — vous avez faict des meubles et effectz de sadite. A. s’eslantz treuvé dans vostre cité, je l'accompagne de ces lignes, affin que vous lui donniez créance, et particulièrement au regard des huict mil pistoles qu'il avoit en!re les mains, qui me sont appartenants pour m'avoir esté envoyées en pur don par sa- dicte Altesse peu de jours après celuy de nos nopces, ledict sieur Gérard les ayant tousjours gardé dans cette pensée, ainsy qu'il vous le pourra tesmoigner, comm'aussy touchant les meubles, dont une partie, quoy que de peu de consé- quence, m'appartient de mon chefz particulier, et cependant est comprinse dans vostre saisie, le surplus estant à mes en- fantz, par donation de sa dicte Altesse, dont je feray paroistre au besoin. Aïinsy je vous prie, Messieurs, que pour le moins il me soit disposé desdictes huict mil pistoles et meubles sans ma participation et à mon préjudice et de mesdictz enfantz. C'est ce que je veux espérer de vostre justice et de la consi- dération où vous avez bien voulu tousjours prendre ceulx de nostre maison, à l'exempie desquelz je suis en général et par- ticulier, » Messieurs, » Votre tres affectionnée à vous faire service, + » BÉATRIX. » On lit au registre des délibérations communales (4 mai 1654) : « Messieurs ont résolu que l’on ne feroit aulcune responce à celle receue de Madame la princesse douairière de Cante- croix, mais seulement que M. iareschal feroit scavoir au sieur Gérard, luy ayant mis en main pour la délivrer à Mes- sieurs, que si ladicte dame recouroit aux voyes ordiaaires de la justice, elle seroit pourveue selon droit et raison. » L'INFRALIAS DANS LA FRANCHE-COMTÉ PAR M. J. HENRY PROFESSEUR AGRÉGÉ DE PHYSIQUE AU LYCÉE DE BESANCON OFFICIER D’ACADÉMIE MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS. Séance du 10 juillet 1875. MPMOC: CE INTRODUCTION. Je me suis proposé d'abord d'étudier, aux environs de Be- sançon, les couches qui sont comprises entre l'horizon des marnes irisées et celui de la Gryphæa arcuata, c’est-à-dire l’infralias. I est à regretter qu'elles n'y soient nulle part un objet d'exploitation; aucune carrière n'y est ouverte. D'ailleurs elles n’occupent qu'une région très restreinte ; et elles ne se montrent que par lambeaux cà et là sur le bord oriental des failles. Je n'ai donc pu, pour les étudier, que mettre à profit la tranchée du chemin de fer à Miserey, et les localités où les chemins et Les routes les entament plus ou moins profon- dément. Malgré ces difficultés, je suis parvenu à recueillir, aux en- virons de Besancon même, une partie assez importante de leurs faunes; et il n'est pas douteux pour moi que des re- cherches patientes et prolongées n'augmentent encore beau- coup dans la suite le nombre des espèces qui les compo- sent. Le but de ce travail était de rechercher les rapports par les- quels ces couches peuvent se rattacher à celles qui, dans Luxembourg, dans la Côte-d'Or, la Haute-Saône et le Lyonnais, ont été l’objet de travaux si remarquables, dûs à MM. Terquem et Piette, J. Martin, Thirria, Dumortier. J’ai donc dû, en vue de ce travail de comparaison, visiter les — 288 —- localités de la Haute-Saône où Thirria signale l'existence du grès infraliasique, et ses passages aux marnes irisées et au calcaire à gryphées. Il m'a paru également utile et intéressant de comparer l'infralias du canton de Bâle à celui de la Haute- Saône. Malheureusement, n'ayant à consacrer à cette étude que quelques jours, je n'ai pu observer le bone bed que dans deux localités indiquées dans la carte géologique du canton de Bâle, par Müller, à Schwengi près de Langenbruck et à Lauwyl, près de Riegoswyll, entre Olten et Liestal. La faune si riche de l’infralias de la Côte-d'Or fut un attrait puissant qui me retint aussi quelques jours aux environs de Semur (Côte-d'Or). D'autre part, le frère Ogérien ayant publié, dans son his- toire naturelle du Jura, différentes coupes sur les mêmes strates que l'on rencontre sur divers points du Jura, à Boisset près de Salins, à Miéry près de Saint-Lothain, à Fes- chaux près de Lons-le-Saunier, etc., il devenait nécessaire pour moi d'observer les caractères que ces strates présentent aux portes, pour ainsi dire, de la région restreinte que je me proposais tout d'abord d'étudier. La localité de Boisset attira mon attention en premier lieu. La coupe que je relevai ne s’accordant guère avec celle du frère Ogérien, je jugeai que je m'étais trompé. Je retournai donc plusieurs fois à Boisset, et le travail de révision, exécuté à différentes reprises avec un soin extrème, m a fait connaître dans tous ses détails cette coupe si remarquable. Aussi est- elle devenue pour moi un type facile à observer, auquel il est aisé de rattacher toutes celles que l’on peut rencontrer dans la région qui s'étend des environs de Besancon à ceux de Lons-le-Saunier. La coupe du frère Ogérien laisse beaucoup à désirer sous le rapport des détails et de l’exactitude. Cette observation critiqué s'applique également à la coupe de Fes- — 289 — chaux, du même géologue, et que j'ai relevée à deux reprises différentes. J'ai pu contrôler l'exactitude de mes observations, grâce à une tranchée profonde qu'a vuverte dans les marnes irisées et les couches infraliasiques, une rectification toute récente du chemin vicinal de Lavigny à la gare de Montain. Or, les deux tranchées de Lavigny et de Feschaux ne sont qu'à quelques kilomètres de distance. C'est ainsi que ce travail de révision, destiné à devenir un terme de comparaison, m'a conduit à étudier l’infralias non-seulement dans le Doubs, comme je me l'étais proposé d’abord, mais encore dans le Jura et la Haute-Saône. La comparaison des différentes coupes que nous avons pu recueillir dans les trois départements de la Franche-Comté permettra d'établir, nous pensons, les résultats suivants : Les couches qui font l’objet de ce travail se partagent en deux groupes, nettement définis par leur faune et leurs carac- tères pétrographiques. 1° Le premier groupe commence immédiatement au-dessus des marnes vertes et blanchâtres qui couronnent le keuper. Il est caractérisé ‘par les fossiles suivants : Avicula contorta Portl., Cardium cloacinum Quenst., Cardium Philippianum Dkr., Anomia Schafhautli Winkler, Pecten Valoniensis Defr., etc., et par de nombreux débris de poissons : ichthyo- dorulithes, écailles, dents : Saurichthys acuminatus Ag., Acro- dus minimus Ag., Hybodus, Sargodon, Gyrolepis, etc. Nous donnons à ce premier groupe le nom d’étage rhétien, pour la raison unique que c'est un des noms les plus simples qui ont été affectés à la zone de l’Avicula contorta. ?0 Le second groupe, qui se trouve immédiatement au- dessus du rhétien, se soude plus ou moins complétement aux couches à gryphées arquées. Les fossiles qu’on y rencontre 19 — 290 — sont les mêmes que ceux du groupe d'Hettange et de l’infra- lias de la Côte-d'Or, moyen et supérieur. 11 représente donc en Franche-Comté l'étage formé du calcaire gréso-bitumi- neux, et des grès de Luxembourg et d'Hettange, si bien étu- diés par M. Terquem. Il correspond aux zones de l’Ammonites planorbis et de l'A. angulatus. Mais comme il nous a paru difficile d'y dis- tinguer toujours nettement ces deux zones, à cause de leur faible épaisseur et de la difficulté de recueillir des fossiles qui, quoique très nombreux, sont empâtés dans une roche dure et non exploitée, nous avons cru bon de confondre, au moins provisoirement, les deux zones sous le nom unique d'étage hettangien. Il est caractérisé par une abondance extraordi- naire de Lima gigantea et de Cardinia de diverses sortes. 3° L'étage rhétien dans le Doubs et le Jura se divise en deux parties, le rhétien inférieur et le rhétien supérieur, d’a- près les caractères des roches qui les constituent. Le premier est formé de bas en haut de grès, d'argiles et de calcaires jaunes cloisonnés. Le second, de calcaires gréseux foncés et de marnes noires, puis de marnes rappelant par leur aspect les marnes irisées. Nous donnons à ces dernières le nom de marnes pseudo-irisées. 4° Le rhétien supérieur est incomplet aux environs de Be- sançon. Il manque les couches supérieures. 5° La partie inférieure de l’hettangien manque aux envi- rons de Besançon et dans une partie de la Haute-Saône. 6° Les faunes rhétienne et hettangienne sont très diffé- rentes et ne présentent que quelques espèces communes. T° Nous avons découvert en Franche-Comté, dans le keuper supérieur, un horizon fossilifère, dont la faune ne paraît avoir aucun rapport avec celles des couches infraliasiques. 8 Conclusion générale : Le rhétien et l’hettangien consti- — 291 — tuent en Franche-Comté deux étages nettement distincts, par leurs caractères paléontologiques, pétrographiques et même stratigraphiques. Exposons maintenant la marche que nous avons suivie pour établir ces différents résultats : 1° Etude des coupes que nous avons relevées dans différentes localités du département du Jura; comparaison entre elles. 2° Etude des coupes prises dans le département du Doubs; comparaison entre elles et avec celles du Jura. 3° Etage rhétien de Moissey (Jura). 4° Comparaison des couches rhétiennes déjà étudiées avec celles du département de la Haute-Saône. 5° Ligne de démarcaiion du keuper et de l'étage rhétien. 6° Etude stratigraphique de l'étage hettangien. 7° Paléontologie de l'étage rhétien franc-comtois. 8 Paléontologie de l’étage hettangien franc-comtois. 9% Considérations sur le régime de la mer jurassienne, pen- dant les époques rhétienne et hettangienne. Mais auparavant, il nous a semblé utile de faire précéder l'exposé de nos recherches sur l'infralias de la Franche- Comté, d'un abrégé historique de la question générale de l’in- fralias dans l’ouest de l'Europe. — 292 — RÉSUMÉ HISTORIQUE. Résumé historique des travaux publiés sur les couches comprises entre la zone à gryphées arquées ou lias inférieur, et les marnes irisées ou keuper supérieur; couches que l’on désigne souvent, surtout en France, sous le nom d’infralias. Nous continuerons de les appeler de ce nom dans cet aperçu historique de la question. Il n’est peut-être pas de terrain dont l'étude ait suscité tant de travaux et de controverses. Nous nous proposons d'en donner un résumé historique aussi succinct que possible. Il nous a semblé qu'en présentant le résumé des travaux par régions géographiques, convenablement choisies, en même temps que par ordre chronologique, on se ferait une idée plus nette de la cause des divergences de vues des géologues, des controverses qu’elles ont suscitées, ainsi que des classifications différentes qu’on a dû établir dans ces couches en plusieurs zones distinctes. Les Iles Britanniques mises à part, nous avons considéré sur le continent trois régions : 1° Luxembourg, Lorraine, Vosges, Morvan, Lyonnais. Les flancs du massif ardenno-vosgien et ceux du Morvan, assez peu distants les uns des autres, et baignés par la même mer, ont recu des dépôts qui doivent présenter certaines ana- logies dans leurs caractères pétrographiques et surtout paléon- tologiques. 2° Allemagne, ouest et nord. Le nord de l'Allemagne et les flancs orientaux de la Forêt- — 293 — Noire, nous semblent avoir dû appartenir à une même région maritime, où les dépôts ont dû revêtir des caractères spéciaux. C’est là en effet que les phyllites abondent dans les strates rhétiennes. 3° Contrées autour du massif alpin. Les conditions qui y ont présidé à la formation des sédi- ments leur ont imprimé des caractères pétrographiques et paléontologiques notablement différents de ceux des autres régions. Si les sédiments formés en Europe, depuis les marnes irisées inclusivement jusqu'aux couches à gryphées arquées com- prises, se sont succédé sans interruption dans-le temps, les couches infraliasiques en question doivent se relier les unes aux autres surtout au point de vue paléontologique, et se rattacher également aux deux zones qui les encadrent en bas et en haut dans la série géologique. Natura non fecit saltus. Il est évident que si, au contraire, entre deux dépôts suc- cessifs, il y a eu une interruption plus ou moins longue dans la sédimentation, il ya eu une différence plus ou moins profonde entre les populations animales qui ont vécu à des époques séparées dans le temps, et les fossiles qu'on rencon- trera dans les deux couches en contact ne devront présenter par la suite qu'une analogie plus ou moins lointaire. Or, dans la plupart des régions où l’infralias à été étudié, les géologues s'accordent pour diviser les couches infraliasiques en trois zones, qui sont de haut en bas : {1° zone à Ammo- niles angulatus; 2° zone à Amm. planorbis; 3° zone à Avicula contorta; eb aucun, que nous sachions, ne semble mettre en doute que ces trois zones ne se soient succédé dans le temps sans interrûption, ainsi qu'elles se présentent dans le sens vertical. On conçoit donc que si, dans certaines régions, les lignes de démarcation ont pu être facilement établies d’après les données stratigraphiques, pétrographiques et paléontolo- giques, ailleurs ces données peuvent manquer en partie ou en totalité; et par suite il est devenu plus ou moins difficile d'y — 294 — établir une classification, ou tout au moins d'y reconnaître celle qui dans les pays mieux privilégiés, s’est imposée d’elle- même aux géologues. C'est là, à notre avis, une des causes de divergences de vue des géologues qui ont étudié les strates infraliasiques, et des discussions qui ont pendant plusieurs années occupé le monde géologique. L'étude des couches infraliasiques en Europe et la discus- sion de leurs caractères paléontologiques surtout, ont con- duit aux conclusions suivantes : 1° Pour les uns, toutes les couches intercalées entre les marnes irisées et le calcaire à gryphées arquées se rattachent au lias et en forment le premier étage, l'infralias. 2° Pour les autres, les deux zones supérieures, zone à À. an- gulatus, et zone à À. planorbis, ayant entre elles des rapports intimes et beaucoup d'analogie avec la zone à gryphées immé- diatement supérieure, constituent à elles seules l’infralias. La zone à Avicula contorta se rattache au keuper et par suite au trias. 3° Pour d’autres enfin, la zone à Avicula contorta ayant des affinités évidentes mais peu prononcées avec le keuper, ainsi qu'avec les zones supérieures qui la surmontent immé- diatement, doit constituer un étage à part, d’une autonomie incontestable, et qu'on peut désigner sous le nom d'étage rhétien ou couches de passage. 1° Iles Britanniques. Aux environs de Bristol, à Aust Cliff principalement, on avait observé depuis longtemps, au milieu de marnes obscures, un lit extrêmement riche en os, écailles, dents de poissons et de reptiles. Ce lit à ossements se trouve à un mètre environ au-dessus de la marne verte qui termine le keuper. Le mot significatif anglais bone bed (lit à ossements) a servi à le désigner. La plupart des poissons recueillis dans + — 295 — cette localité célèbre, ont été déterminés par Agassiz, qui range les couches d’Aust Cliff dans le lias. 1843. — Le général PorrcLocx découvre en Irlande, dans les couches de Portrush, une petite bivalve qu'il désigne sous le nom de Avicula contorta.,.et qui, découverte depuis sur le continent dans un grand nombre de régions, imprima son nom à la zone qu'elle caractérise nettement à peu près par- tout. 1860. — M. Wricur (Geology Society, tome X VIT), montre qu'en Angleterre 18 bone bed est associé aux couches à Avicula contorta, à Cardium rhæticum, à Pecten Valoniensis. Il établit la série suivante de haut en bas : 1° Zone à À. raricostatus 29 Zone à À. oxynotus 3° Zone à À. obtusus 4e Zone à À. Bucklandi o° Zone à À. planorbis 6° zone à Avicula contorta } Ces deux zones forment le T° Marnes rouges du keuper ) keuper. zone » contient beaucoup de grands sauriens. M. Wricar s'attache à démontrer que les conchifères des couches à Avicula contorta sont spéciaux à cette zone, tandis que les couches qui les surmontent appartiennent au lias par la raison que les ammonites y font leur première apparition. Ces cinq zones constituent le lower lias ou lias inférieur. 1861. — M. Moore (Quaterly Journal of. Geolog. Soc.) range les trois dernières zones dans une autre série : 1° Zone à À. planorbis ; 2° Zone à Enaliosauriens ; 3° Lias blanc } Ces deux zones constituent la 4o Lits à Av. contorta \ formation rhétique. 5° Marnes du keuper. Il rattache la formation rhétique au trias. — 296 — Le lias blanc renferme la Plicatula irtusstriata Emm., la Modiola minima. M. LauGez, dans une note prise sur une collection prove- nant des environs de Harvington, près d’Evesham, indique la série suivante : 10, Lits à Amm. planorbis ; 2° Couches argileuses avec sauriens, insectes, empreintes végétales ; 3° Couches à Av. contorta, remplies de petites dents de poissons et de tæmiodons ; Echantillons brèchiformes où des noyaux de marne jaunâtre sont empâtés dans le bone bed qui se trouve immédiatement au-dessus des 4° Marnes irisées. 1864. — M. Boy Dawxins (Geology Society) au moyen de coupes bien détaillées, montre que le lias blanc se dis- tingue nettement des couches à À. planorbis et des couches à Av. contorta. En outre, le bone bed sépare la zone à 4v. des couches sous-jacentes contenant des fossiles d'âge rhétique. De sorte qu'il fait descendre la série rhétique jusqu'aux marnes rouges. Aiïnsi, d’après ce géologue, le bone bed ne serait plus vers la base des couches qu'il caractérise, mais plus haut. 1865-1866. — M. Boyp Dawxins (Geolog. Mag.) annonce avoir trouvé dans la zone à 4v. contorta (Somerset) des débris de carnivores et d'insectivores, avec Pecten Valoniensis, Sargo- don tomicus, Acrodus minimus, et le Cardium rhæticüm par- tout. 1866-1867.— M. Tawwey (Geolog. Society, t. X XTIT) établit que les couches rhétiennes forment dans le pays de Galles deux séries de haut en bas : Série de Southerdown, qui représente la zone à Av. con- toria. — 297 — Série de Sutton à fragments d’Ammonites. M. MarTiN Duncan a déterminé quatre espèces de zoan- thaires appartenant à la série de Sutton, et semblant indi- quer un horizon voisin de celui de Saint-Cassian. 1867-1868. — M. BurrTon (Geolog. Soc., t. XXIII) signale l’étage rhétien à Lea. [l consiste en grès micacés et argiles noires schisteuses alternant. 11 contient deux lits à ossements. Les fossiles sont ceux qui caractérisent dans la Grande-Bre- tagne la zone à Av. contorta. M. TaTE reconnaît en Irlande, au-dessus de la zone à Av. contorta, les équivalents des zones à À. planorbis, à À. angu- latus et à À. Bucklandi. I] regarde la pierre de Sutton comme représentant la zone à 4. angulatus. M. MarTiIN Duxcan donne aux couches de Sutton et de Southerdown le nom d’infralias, et les considère comme cor- respondant au calcaire de Valognes, à la zone à A. Moreanus de la Côte-d'Or, et au grès de Luxembourg. 1868. — M. Sronparr (Geolog. Soc.) distingue dans le lias inférieur des environs de Bristol la série suivante : Couches à À. Buckl'ndi, — couches à Lima, — couches à A. torus, — couches à échinodernes, — couches à 4. John- stoni, — couches à Avicules, — couches à 4. planorbis et Lima gigantea, — couches à À. tortilis, — couches de Sutton, — couches à Pholidophorus, — couches à 4. Johnstoni, — lias blanc, — marbre de Cotham, — keuper. 1871. — M. Tare (Geolog. Soc.) constate qu’en Irlande il y a une ligne de démarcation très nette entre les marnes irisées et l'étage rhétien, tandis que ce dernier se relie insensible- ment au lias. M. Tave (Geolog. Mag., 1871) découvre en Irlande une bé- lemnite dans la zone à À. angulatus. M. Bronte (Geolog. Mag., t. VI) trouve un cône chambré dans la zone à À. planorbis. — 298 — 1872. — M. Bracxe (Geolog. Soc.), dans le Yorkshire, éta- blit la série suivante : 1° Lit à À. angulatus; 20 Argiles à À. Johnston ; 3° Couches d’argiles à À. planorbis ; 49 Argiles et roches avec huîtres; 5° Argiles sans foraminifères avec empreintes d'Anatina. 1872. — M. Wixwoop { Geolog. Mag., t. VIIT) constate que parfois la zone à À. Bucklandi repose directement sur l'étage rhétien. 1873. — M. Woopwoop (Geolog. Mag., t. IX) cherche à éta- blir que dans le Somerset il n'y a discordance de stratifica- tion ni entre le trias et l'étage rhétien, ni entre l'étage rhé- tien et le lias. Dans l'étage rhétien, il comprend le lias blanc et la zone à Av. contorta. En résumé, les géologues en Angleterre ont divisé d’abord l'infralias en zones, puis l’ont subdivisé en couches plus nom- breuses. Tous s'accordent pour distinguer des marnes irisées les couches qui les surmontent immédiatement, et dont les deux premières zones, la zone à Av. contorta et le lias blanc forment l'étage rhétien. Au-dessus viennent des couches plus ou moins nombreuses, plus ou moins bien caractérisées qui correspondent aux deux zones de l’A. planorbis et de l'A. an- gulatus. Ils ont une tendance à rattacher le rhétien au trias plutôt qu’au lias et à comprendre les zones à Enaliosauriens, à A. planorbis et à A. angulatus dans le lias inférieur, dont elles seraient une dépendance ; de sorte que Ja ligne de dé- marcation du lias et du trias serait au-dessus de l'étage rhé- tien. Nous signalons le fait relevé par M. Laugel d'une sorte de “brèche qui a été trouvée à la base de la zone à Av. contorla. C'est un bone bed qui empâte des noyaux de marne. Nous aurons à faire voir dans la suite de notre travail que cette — 299 — brèche à noyaux de marne et à débris de poissons et de rep- tiles se rencontre immédiatement au-dessus du keuper, dans un grand nombre de localités du bassin franc-comtois. Cette couche appartient pour nous à l'étage rhétien dont elle con- stitue la base; et en cela nous sommes d'accord avec les 2éo- logues anglais. 2° France, Normandie, Luxembourg, Lorraine, Vosges, Côte-d'Or, Mâconnais, Lyonnais. . C’est Defrance qui à fait connaître le calcaire de Valognes, où il découvrit le Pecten Valoniensis Defr., qui est devenu un des fossiles caractéristiques de l’infralias. Selon M. Martin, ce dépôt appartient à la partie supérieure de l’infralias et cor- respond aux deux zones à A. planorbis et à A. angulatus. D'Orbigny range dans son étage sinémurien toutes les couches qui se trouvent au-dessus des marnes irisées, jusqu'à la zone à gryphées arquées inclusivement. 1838. — LEeyMEeRIE (Mém. Soc. Géol. de France, tome III) distingue au-dessous du calcaire à gryphées, dans le dépar- tement du Rhône, deux étages : 1° Choin bdtard : calcaire compacte ou marneux à fossiles nombreux, différents de ceux que l’on trouve ordinairement dans le calcaire à gryphées. 2° Grès inférieur, renfermant des marnes et des calcaires magnésiens,sans fossiles et reposant sur les terrains anciens. Il donne au premier étage le nom d’infraliasique, d’où est venu celui d'infralias, employé depuis. Il Le rapporte au cal- caire de Valognes, puisqu'il y à rencontré le Pecten Valo- niensis. Il considère les grès inférieurs comme l'équivalent probable du keuper. 1855. — M. TEerQuEM étudie les terrains inférieurs à la for- — 300 — mation liasique dans la province de Luxembourg et dans le département de la Moselle. Il établit la série suivante : 1° Calcaire à gryphées arquées. 2° Grès de Luxembourg et de Hettange. 3° Calcaire gréso-bitumineux. 4° Bone bed riche en dents de poissons. Grès et marnes micacés de Helmsingen et de Læœve- lange. 9° Marnes irisées. Il y a discordance de stratification entre les grès et marnes micacées et le calcaire gréso-bitumineux. 1860. — M. MarTix (Paléontologie stratigraphique de l'in- fralias dans le département de la Côte-d'Or) reconnaît dans ce département trois groupes distincts auxquels il conserve les noms suivants : 1° Foie de veau : calcaire à pâte fine, déposé dans une mer tranquille ; faune délicate et variée d'une admirable conser- vation. 2° Lumachelle : couches calcaires pétries de débris orga- niques brisés, déposées sous l'influence de courants rapides. 3° Arkose : couche granitoïde, arénacée ou gréseuse, rare- ment marneuse. Ces trois zones stratigraphiques ont des faunes distinctes, ayant un certain nombre d'espèces communes. 1861. — Dans une lettre à M. Delesse, M. GUILLEBOT DE Nervizce signale l'existence du bone bed à la base de l’infra- lias de la Bourgogne, découvert lors du percement du sou- terrain de Blaisy. Il est formé de marnes noires schisteuses et de grès, renfermant des dents de poissons et des vertèbres de sauriens. 1862. — MM. Terqueu et Pretre (Bulletin Soc. Géolog., tome XIX]) découvrent la zone à Av. contorta dans la Lor- raine, le Luxembourg et la Belgique. Les coquilles qu'ils y — 301 —: ont rencontrées ne paraissent avoir aucune analogie avec celles des couches supérieures. Par ses Avicula et ses Myo- phoria elle se rattache aux marnes irisées, tandis qu'elle est séparée du lias par une discordance de stratification. 1862. — M. Duvorrier, dans une notice insérée dans la Géologie lyonnaise de M. Fournet, fait connaître l’infralias du Lyonnais. Coupe du Mont-d’Or. — Calcaire à gryphées. 1° — Grès et calcaires durs à petits gastéropodes. 4. angu- latus. 2° — Calcaires marneux, lumachelles, grès, calcaire blan- châtre connu sous le nom de choin bätard. A. pla- norbis, Plicatula intusstriata, Plicatula Hettangiensis, Pecten pollux, etc. 3° — Marne violet verdâtre, à Trigonia postera Quenst., avec un calcaire donnant des plaques couvertes d’Av. contorla. — Grès, marnes irisées intercalées, arkose. 1863. — M. ManrTin (Académie des sciences et belles-lettres de Dijon) a retrouvé le bone bed, signalé par M. Guillebot de Nerville, dans plusieurs localités des environs de Blaisy. Les fossiles sont : Saurichthys acuminatus Ag., Sphærodus minimus AÂg., Gyrolepis tenuistriatus Ag., Acrodus minimus Ag., Sargodon tomicus Plien., Hybodus minor Ag., Hybodus sublevis Ag., Hybodus cuspidatus Ag., Hybodus cloacinus Quenst., coprolithes bien conservés dans les décombres du puits 14 du souterrain de Blaisy. Il signale une incisive de sargodon dans la dernière loge d’une Am. angulatus. Sur 90 espèces recueillies dans la zone à Av. contorta de la Côte-d'Or, 22 passent dans les zones supérieures, six seu- _— 302 — à lement sont triasiques, dont quatre passent dans les calcaires à À. angulatus. Il signale une concordance invariable entre l’arkose et la lumachelle {zone à A. planorbis), tandis que la première re- pose souvent sur le granite, et se trouve en discordance d'isolement avec le keuper. Conclusion : la zone à Av. con- torta fait partie de linfralias. M. LevazLois (Bull. Soc. Géol., t. XXI) est d’un avis con- traire. Voici un résumé de ses conclusions : Les couches de jonction sont constituées de l’Ardenne au Morvan par un grès, caractérisé paléontologiquement par les mollusques de la zone à Av. contorta. Le bone bed en fait partie intégrante. Elles sont séparées du grès d'Hettange, dans le nord-est de la France, par une couche d’argiles rouges de cinq mètres d'épaisseur, et se lient au contraire au keuper par des pas- sages et des alternances. L'absence presque complète de fossiles dans le keuper ne permet pas de comparaison. La faune des couches de jonction a peu d’analogie avec la faune de la zone hettangienue, tandis que cette dernière en a beaucoup, au contraire, avec celle de la zone à gryphées arquées. Elle est comme un trait d'union entre les faunes si dispa- rates du muschelkalk et du lias. Quelle qu’en soit l'importance, ces couches constituent une division spéciale dans l'échelle des terrains. Dans la Côte-d'Or, les coupes où l’on peut observer les grès de la zone à Av. contorta et l’arkose, montrent celle-ci sur le granite, et il existe entre les deux assises une épaisseur plus ou moins grande de marnes irisées. Le nom d’arkose ne con- vient pas au grès de la zone à Av. contorta; ni au point de vue minéralogique, ni au point de vue géognostique. 1865, -- M. Martin (Mém. de l'Acad. de Dijon, t. XII), après { — 303 — avoir coordonné tous les matériaux publiés jusqu'à ce jour en Angleterre, Allemagne, Italie, Suisse, Belgique et France, conclut : 1° Que la zone à Av. contorta est formée de dépôts gréseux et arénacés en France, en Belgique, en Allemagne ; et marno-calcaires ou schisteux en Angleterre, Italie et Alpes; que les premiers sonttoujours au contact des roches de cristal- lisation, et que les dépôts marno-calcaires reposent sur les sédiments d'origine vaseuse. 2° Sauf de rares exceptions, ces dépôts sont en concordance à la fois avec le lias et le trias ; aucun incident stratigra- phique ne paraît spécial à la zône à Av. contorta. 3° La faune présente des rapports d’affinité avec le trias, mais plus avec le lias; ce qui justifie la création d’un étage distinct, qui serait le premier terme de la série jurassique. M. Levallois conteste l'exactitude de la première conclu- sion, toutes les observations faites depuis l’Ardenne jusqu’au Morvan prouvent le contraire. M. Terquem montre que, dans les environs de Metz, les marnes irisées et le bone bed sont soulevés et redressés, tandis que le lias les recouvre en couches horizontales. 1865. — M. DumorrTier (/nfralias du bassin du Rhône) dis- tingue le bone bed de la zone à Av. contorta. Il place le bone bed dans le trias et la zone à Av. contorta à la base de l'in- fralias. Ce bone bed, riche en dents de poissons, git dans des cal- caires rosâtres encadrés dans des grès à grain fin (Coupe de Narcel, entre St-Fortunat et Limonest). Les avicules qu’il renferme sont différentes de l’Avicula contorta. Il signale également le bone bed découvert par M. de Ferry au milieu des couches de grès qui afileurent au-dessus du château des Esserteaux près de St-Sorlin (Saône-et-Loire). Ce bone bed contient des dents de Saurichthys acuminatus Ag., Acrodus minimus Ag., Sargodon tomicus Plien, etc. M. Dumortier partage l’infralias en trois zones distinctes : — 304 — 1° Zone à À. angulatus ; grès, calcaires gréseux, calcaires compactes fins, avec gros grains de quartz, dans le nord. 2° Zone à À. planorbis ; calcaires et marnes cloisonnées : Plicatula intusstriata très abondante. 3° Zone à Av. contorta ; calcareuse. 1865. — M. PEzar (Bull. Soc. Géol., t. XXII) reconnaît à Couches-les-Mines (Saône-et-Loire), trois bone beds. 1° Calcaires siliceux foncés, lits de grès grossier, marnes versicolores, calcaires cloisonnés (Saurichthys acuminatus, Gyrolepis tenuistriatus, Avicula contorta, Gervilia præcursor). 2 Calcaires gris siliceux (4v. contorta, Myophoria, Plica- tula intusstriala, Sargodon tomicus, Hybodus minor). 9° Grès à Au. contorta et Analina præcursor, avec un troi- sième bone bed à dents de poissons. L’étage rhétien peut être jurassique dans certains pays et triasique dans d’autres. C'est un étage distinct. 1866. — MM. Fazsax et Locarp (Bull. Soc. Géol., t. XXII) découvrent dans le Mont-d'Or lyonnais le véritable bone bed dans les grès de la zone à 4v. contorta, à plus de 60 mètres au-dessus de ce lit à ossements, que M. Dumortier signalait en 1865 en le regardant comme le bone bed proprement dit. M. Levallois fait observer que ce bone bed correspond à la zone de poissons et de reptiles qu'il indique dans la Moselle, à la base des marnes irisées. 1866. — MM. Terqueu et PreTTE, dans leur ouvrage (Lias inférieur de l'Est de la France), désignent sous le nom de bone bed le dépôt de sable, d'argiles micacées et de poudingues, qui couronne dans le nord-est de la France les marnes irisées et se rattache intimement à ces derniers par ses caractères pétrographiques. Les poudingues y sont riches en os, écailles et dents de poissons. Ils en font un étage distinct qui représente la dernière pé- — 305 — riode du trias. Il est en discordance de stratification à Lœve- lange avec les couches du lias, qu'ils partagent en quatre Zones : Zone à B, acutus ; Zone à À. bisulcatus ; Zone à À. angulalus ; Zone à À. planorbis. Conséquemment pour eux, les deux dernières zones repré- sentent l'infralias, puisque la zone à Av. rontorta, qu'ils appellent bone bed, ferait partie du keuper. Ils signalent dans la Meurthe, la Moseile et dans le grand duché de Luxembourg, une couche d’argiles rouges sans fossiles, par lesquelles débute le lias inférieur. La zone à A. planorbis présente une discordance d’isole- ment avec la zone à À. angulatus, et celle-ci avec la zone à A. Bucklandi ; faits qui établissent d’une manière irrécu- sable un mouvement d’affaissement pendant la période du lias inférieur. 1868-1869. — M. TouBrcx (Bull. Soc. Géol., t. XXV) décrit le gisement infraliasique à Chalindrey (Haute-Marne). — Calcaire à gryphées. — Calcaire à cardinies : À. angulatus, A. Johnstoni, À. tor- tilis, À. liasicus, À. Moreanus, À. planorbis, Littorina clathrata, etc. — Marnes jaunâtres quelquefois bigarrées, contenant des cailloux roulés de quartz. — Grès ferrugineux de 0" 10 d'épaisseur : Av. contorla, Cardium cloacinum, Saxicava sinemuriensis ; Myopho- ria, Mytilus. — Grès blanc où jaunâtre, de quatre mètres d'épaisseur, avec des traces de vagues anciennes : Discina Ba- beauna, Gervilia inflata. M. SaurTier (Bull. Soc. Géol., t. XXV) décrit l'étage rhétien de la Haute-Marne. — 306 — — Marnes rouges et vertes à rognons dolomitiques. — Grès. Le bone bed se montre entre les deux systèmes: À Proven- chère on y trouve des mammifères, des reptiles, des poissons, avec Pecten Valoniensis, Pholadomya corbuloïides, Schizodus Evwaldi, Mytilus minutus, ete. En résumé, dans le nord-est de la France, le long des Vosges et du Morvan, dans le Mâconnais et le Lyonnais, et nous pouvons ajouter dans la Franche-Comté, au moins en partie, on peut reconnaître presque toujours, avec beaucoup de netteté, trois zones distinctes dans l’infralias : 1° Zone à À. angulatus ; 2° Zone à À. planorbis ; 3° Zone à Av. contorla et bone bed. Les lits à ossements ou à dents de poissons peuvent s’y ren- contrer à plusieurs niveaux, dans la zone à Av. contorla : 1° Au sommet, dans la Lorraine et le Luxembourg, à l'ouest des Vosges. 20 À la base, au pied du Morvan, dans le Lyonnais. 3° À la base et à différentes hauteurs, dans le Mäconnais et dans la Franche-Comté, comme on peut l'observer à Boisset près de Salins (Jura). L'horizon des marnes rouges s'étend du Luxembourg à travers la Lorraine, l'ouest des Vosges, la Franche-Comté jusqu’à Lons-le-Saunier, avec interruption aux environs de Besancon, ainsi que cela résulte des coupes que nous avons relevées en différents lieux. MM. Levallois, Terquem et Piette considèrent la zone à Av. contorta comme un étage distinct, se liant au keuper. MM. Martin, Dumortier, la rattachent au lias. M. Pellat la regarde comme un étage de transition, parti- cipant tantôt plus des caractères du lias que du trias et réci- proquement, c'est selon les localités, (PAL — 307 — 3° Allemagne [Ouest et Nord). 1834. — D'ArgerrTi fait connaître les grès de Tübingen si riches en débris de vertébrés. Duxxer étudie le calcaire de Halberstadt dont il fait con- naïtre la faune. M. Terquem fit ressortir plus tard l’analogie de cette faune avec celle d'Hettange. 1847. — PLreninGer découvre dans le Wurtemberg un lit à ossements, dans lequel il reconnaît un mammifère, le Wicro- lestes antiquus. Aïnsi, le bone bed, connu depuis longtemps en Angleterre entre le keuper et les couches à gryphées, existe donc sur le continent. 1857. — Quensrenr (le Jura) trouve dans la Souabe un bone bed au-dessus d’une couche de grès dans laquelle Deffner découvre beaucoup de fossiles. A Esslingen le bone bed a des sables au-dessus et au-dessous. Ce bone bed, riche en osse- ments et en coprolithes, recoit de Quenstedt le nom significatif de cloac, et les fossiles qui le caractérisent et qui annoncent le lias, le nom également significatif de précurseurs. M. Broux, d'après une communication de M. GUEMBEL, découvre dans la Haute-Franconie, une couche à phyl- lites au-dessous du bone bed. Au-dessus est une couche de deux mètres, puis le calcaire à gryphites. M. Güembel range ces couches à phyllites et le bone bed dans le trias. 1859. — MM. Derrxer et Fraas étudient ces couches. Le bone bed y est partagé en deux groupes. — Psilonotenbanck. 1° Bone bed Thone, grès et marnes qui renferment une couche à ossements; 2° Bone bed Sandstone, à calamites. 1860. — M. Creer (N. Jahrb. v, Leonhard) découvre dans — 308 — l'Allemagne du nord, entre la zone à A. psilonotus ou pla- norbis et les marnes du keuper, une couche de 250 pieds d'épaisseur, caractérisée par l'Avicula contorta. Le Cardium Philippianum Dkr. se rencontre dans les deux zones. Coupe de Seeberg, près de Gotha. 1° Grès marneux à À. angulatus, etc. 20 Argiles et grès quartzeux; Thalassites depressus, etc. 3° Marnes argileuses. Marnes schisteuses ; Cardium rhæticum, Modiola mi- nuta. Grès marneux à Equisetum. Argiles. 40 Grès quartzeux; Cardium cloacinum, etc. Schistes sableux. Grès quartzeux à Anodonta postera. Marnes du keuper. La limite supérieure du keuper est bien marquée. D’après OPrEz, les numéros 3° et 4° représentent le groupe du bone bed, le numéro ? de la zone à A. planorbis et le nu- méro 1 celle à À. angulatus. 1860. — M. ScaconBacx (N. Jahrb. v. Leonhard) fait con- naître la coupe suivante des environs de Salzgitter. — Lias à À. psilonotus. — ÂArgiles brun rouge. — Grès très épais ; empreintes de plantes : cycadées, fou- gères, équisétacées. — Grès exploité. — Argiles foncées et grès alternant. — Bone bed à débris de Microlestes, Acrodus, Saurichthys, Hybodus. — Marnes du keuper. Dans le bone bed existent deux lits à ossements, l’un à la — 309 — base formant une sorte de brèche, le second à deux pieds plus haut, et riche en dents de poissons. L'Avicula contorta se rencontre dans cet ensemble et pé- nètre jusque dans la zone à 4. planorbis. 1862. — Le même géologue (N. Jahrb. v. Leonhard) revient sur le même sujet, et fait connaître les fossiles de la zone à Av. contorta : Cardium rhæticum Mer., Tæniodon præcur- sor Schl., Tæniodon Erwaldi Bron., Leda Deffneri Opp., Ano- donta Deffneri Deff., Mytilus minutus Goldf., Gervilia præ- cursor Qu., Gervilia inflata Schafh., 4v. contorta Portl., etc.; restes de labyrinthodontes, dents, écailles, coprolithes et plantes. 1871. — M. Brauxs (Neues Jahrb.) constate que l'étage rhétien dans l'Allemagne du nord a une faune spéciale. Les vertébrés se relient à la faune du trias, les mollusques pré- sentent quelques espèces liasiques. La flore est spéciale, mais elle se relie mieux au trias. Ce géologue range les deux zones à À. planorbis et à A. angulatus dans le Jura inférieur. En résumé, en Allemagne comme en France, les couches infraliasiques se partagent en trois zones toujours assez dis- tinctes : zone à À. angulalus, zone à À. planorbis, zone à Av. contoria. Nous signalons l'existence d’argiles rouges intercalées entre les grès de la zone à Av. contorta, et la zone à À. planorbis. Les géologues allemands rangent ces argiles dans la zone in- férieure. Cet horizon géognoslique existe donc autour du massif ardenno-vosgien et au nord de l'Allemagne. Le mot bone bed désignant d’abord comme en Angleterre, une couche à ossements, a été ensuite employé dans le sens de zone et à servi à qualifier tout un ensemble de couches. Ces lits à ossements se rencontrent tantôt au sommet de la zone à Av. contorta (Quenstedt), tantôt à la base (Schlonbach). Ce dernier géologue a même trouvé deux couches à ossements placées à deux pieds de distance. — 310 — Les géologues allemands rangent dans le lias les zones à A. angulatus et à 4. planorbis, et la plupart sont portés à rallier au trias la zone à Av. contorta (Quenstedt, Guëmbel, Brauns). 4° Régions autour du massif alpin. Bavière, Autriche, Tyrol, Suisse, Savoie, Dauphiné, Provence, sud de la France, Lombardie. 1828. — DE Bucx découvre en Bavière la Gervilia inflata qui devait, comme l’Avicula contorta, devenir un guide sûr dans l'étude et la classification des couches infraliasiques. 1840. — ScHAFHAUTL découvre et signale à l'attention des séologues les couches de Kossen (Bavière) devenues clas- siques. 1851-1853. — Dans plusieurs mémoires sur les Alpes ba- varoises, Schafhautl, après avoir établi que les couches de Kossen reposent sur des couches renfermant des fossiles qui ressemblent à ceux de Saint-Cassian, les étudie et en fait con- naître la faune : entre autres fossiles, la Gervilia inflata, le Megalodon scutatus, la Pholadomya lagenalis, l'Avicula con- torta sous le nom d’Avicula inæquiradiata. 1853. — Emmericn décrit avec talent la formation de Kossen sous le nom de couches à gervilies, et la regarde comme équivalente au Saint-Cassian. Il y découvre plus de cent espèces de fossiles, entre autres la Plicatula intusstriata. Srur, dans un travail sur la vallée de l'Ems, y signale l'existence des couches à gervilies, et'les place entre le cal- caire de Dachstein en haut et la formation de Halstatt au- dessous. EscHer DE LA LiNTH ayant étudié sur une plus grande étendue les couches à gervilies, en a le mieux précisé les rapports, et leur donne le nom de Saint-Cassian supérieur. — 311 — 1854, — Suess publie la monographie des brachiopodes des couches .de Kossen. 1856. — OpPrez et Suess établissent que les couches de Kos- sen ou à gervilies sont parallèles aux couches à Pecten Va- loniensis où au bone bed des Anglais. Le mot bone bed est pris ici dans le sens de zone. M. Hovel ayant découvert sous le bone bed (lit fabiforme de M. Terquem) du Luxembourg les fossiles caractéristiques de la zone à Av. contorta, Oppel conclut que cette zone ap- partient au trias. Ce qui semble indiquer que dans les idées actuelles de ce géologue, le lit à ossements constituait la ligne de démarcation entre le keuper et les terrains infraliasiques qui le surmontent. 1856. — GuemBez établit que les couches à Av. contorta, dans le Voralberg et le Tyrol, sont comprises entre le cal- caire de Dachstein en haut et les calcaires inférieurs indéter- minés, faute de fossiles, et qu'il considère comme la base du lias. 1858. — M. ne MorTizzer (Géologie et Minéralogie de la Sa- voie) découvre le Pecten Valoniensis et l’Av. contorta dans les roches à l’ouest de Meillerie {Savoie) et dans le lit de la Dranse, roches indiquées sous le nom de Saint-Cassian su- périeur par les auteurs de la carte géologique de la Suisse : (Studer et Escher de la Linth). Elles forment aux yeux de ce céologue la base du lias. M. Favre (Mém. sur le lias et le trias de la Savoie) regarde les couches de Kossen de la Savoie dans lesquelles il rencontre les fossiles du grès d’'Hettange décrit par Terquem, avec les fossiles de Kossen, comme l'équivalent du lias inférieur de d'Archiac. 1860. — Srur établit que les couches de Kossen dans les Karpathes reposent sur le Rothliegende. — 312 — 1861. — GUEMBEL, dans un jnmense travail (Description géologique de la Bavière), établit la série suivante : — Liaskalk ; — Dachsteinkalk : calcaires oolithiques, obscurs, avec ma- drépores. À. planorbis, Av. contorta, Megalodon tri- queter, Ter. gregaria ; — Calcaires obscurs et marnes intercalées ; — Argiles grises, noirâtres, fossilifères ; — Marnes noires avec concrétions de calcaires marneux à surface jaune par décomposition ; — Schistes obscurs marneux et argileux, fossilifères ; — Dolomie (keuper). Il ne fait qu'établir à nouveau cé qui était le résultat des travaux de ses prédécesseurs. | 1861. — Winxzer étudie d'une manière générale les cou- ches à Av. contorta, fixe la position stratigraphique de ces dépôts, et montre que leur faune est celle du bone bed. Il y découvre beaucoup d'espèces nouvelles; puis il s'attache à réfuter Güembel et Stoppani. et à montrer que les espèces liasiques de Stoppani et les espèces triasiques de Güembel, dont ces géologues ont constaté l’existence dans les couches à Av. contorta, ne sauraient être admises. Il conclut que ces couches doivent constituer un étage distinct, auquel il donne le nom de suprakeupérien. j 1862. — Lors de la réunion de la Société géologique de France en Savoie (B. Soc. géol. de France, t. XVIII), M. Hé- BERT découvre une mince couche à dents de poissons qui, à ses yeux, représente exactement le bone bed. L'infralias à Av. contorta est un précieux horizon pour l'étude de la géologie si embrouillée des Alpes. Le même géologue, dans un mémoire sur le terrain Juras- sique de la Provence (Bull. Soc. géol., t. XIX), donne la coupe du promontoire de Champoran, à trois lieues de Digne. — Calcaire à gryphées: — 313 — ._. ( couches à 4. angulatus . . . . .. .. 10m, — Infralias 4 s | couches à Av. contorta et bone bed . . 73m; — Dolomie, cargneules. Trois horizons fossilifères bien marqués ont été rencon- trés dans cet infralias : l’inférieur au contact des cargneules représente le bone bed par les fragments d’ossements de pois- sons et de reptiles qu'il renferme. 1862. — M. Cape (Bul. Soc. géol., t. XIX) découvre la zone à Av. contorta à la Spezzia en Italie. L'Av. contorta fait défaut, il est vrai, mais la Plicatula intusstriata y est fort abondante. La zone est entre deux couches dolomitiques comme en Lombardie. Fossiles : Pecten Falgeri Mer., Pecten aviculoïides Stopp., Lima punctata Sow., Avicula Deshayesi Terq., Leda faba Wink., Nucula subovalis Goldf., Cardinia regularis Terq., Astarte cingulata Terq., Cardita austriaca Hauer, Cardita mu- nita Stopp. 1864. — M. Rexevier (Bull. de la Soc. vaudoise) étudie, aux environs de Villeneuve, les couches intercalées entre le lias et le trias. [1 distingue deux zones : L'une supérieure, correspondant au lias inférieur de Va- lognes et d'Hettange, caractérisée par l’Ostrea irregularis. Sur 38 espèces fossiles qu'elle renferme, 31 espèces ont été rencontrées dans l'infralias d'autres localités, 2 espèces exis- tent dans la zone inférieure. L'inférieure représente la zone à Av. contorta ou le bone bed des Anglais et du Wurtemberg. Sur 34 espèces, 26 se rencontrent dans la zone à Av. contorta d’autres localités. Les deux zones sont donc bien indépendantes. M. Rene- vier propose de leur consacrer les noms d’étage hettangien et d'étage rhétien. Sur 21 genres fossiles, 2 sont communs à l'étage rhétien et au trias, tandis que 13 passent dans les for- mations supérieures. L'étage rhétien appartient donc plutôt au lias qu'au trias. — 314 — 1864. — M. 0e Drrrmar (Die Contorla zone Munich, 1864) observe une discordance stratigraphique marquée entre la zone à Av. contorta et le lias. Il range donc cette zone dans le keuper. 1865. — L'abbé Sroppanr, dans un ouvrage aussi remar- quable par l’érudition que par le résultat de longues et fruc- tueuses recherches (Géologie et Paléontologie des couches à Av. contorta en Lombardie), établit la série suivante. Formation de Saltrio correspondant au calcaire à gryphées. | { Megalodon scutatus d'Escher; | Banc madréporique en bas; { Calcaires CARPAr EEE | Marnes noires.......) C. à Av. contorta ; | Calcaire de Sasso..... Infralias | Couches de l’Azzarola Schistes noirs et lumachelles,..,,.... Ron - Dolomie. Il décrit les espèces nombreuses qu'il à recueillies : il s'ef- force également de faire triompher sa thèse favorite, que les couches à Av. contorta appartiennent à l'infralias, en rassem- blant dans les ouvrages publiés jusqu'à ce jour sur ces cou- ches toutes les preuves qui peuvent être utiles à sa cause, tout en rapportant et discutant les faits qui sont en faveur de l’o- pinion contraire. Dans un Appendice au même ouvrage, le savant géologue montre que l'infralias sur les deux versants des Alpes, en Lombardie d’une part, en Savoie et en Dauphiné d'autre part, présente les mêmes caractères. a. Stratigraphiques : il gît entre les calcaires liasiques et la masse dolomitique qui repose sur le gypse et les roches 1iri- sées du keuper. b. Pétrographiques : il présente les même variétés de ro- ches. c. Paléontologiques : il offre de nombreuses espèces, les plus caractéristiques des couches à Av. contorta en Lom- bardie, Allemagne et Angleterre. — 315 — L'infralias se divise assez bien en : 1° Infralias supérieur à faune hettangienne ; {° Assises calcaires, marneuses, à Ter. gregaria ; 2° Assises schisto-ar- eileuses à Bactryl- lium. Il se lie par des passages insensibles aux roches liasiques, ainsi que par l'apparition des premières bélemnites et des premiers échinodermes irréguliers. Il est nettement séparé des roches triasiques. 20 Infralias inférieur à Av. contorta 1866. — M. Toucas (B. Soc. géol., t. XXIIT) observe que l’infralias à Av. contorta repose, en plusieurs points des en- virons du Beausset (Var), sur les marnes irisées, ou sur le muschelkalk. 1868. — M. Renxevier découvre à Spiez, sur les bords du lac de Thun, la série suivante : — Zone à Pecten Valoniensis ; — Banc à fucoïdes ; — Calcaire compacte à Av. contorta. 1868. — MM. pe Rouvizze et DieuLarair (Bull. Soc. géol., t. XXV) découvrent, à Lodève, un rivage de la mer rhé- tienne, caractérisé tant au point de vue minéralogique qu’au point de vue paléontologique. Ces couches montrent un pas- sage continu entre le trias et le lias. M. Coquanp (B. Soc. géol., t. X XV) découvre à Montferrat (Var) la zone à Av. contorta, qui présente une série de cal- caires et d'argiles à Av. contorla, 14%, et à la base le bone bed à ossements de reptiles et de poissons. Le tout repose sur un calcaire magnésien terreux. M. DiEuLAFAIT reconnait la zone à Av. contorta dans les environs de Draguignan (Var). Cette zone, de 28 mètres de — 316 — puissance, est recouverte immédiatement par la zone à Lima heteromorpha. 1 y à donc sur ce point absence complète du las. 1869. — M. Dreucarair (B. Soc. géol.. t. XX VI) signale la zone à Av. contorla dans une foule de localités du Languedoc, sous la forme d’un système nettement calcaire. M. MaGxan (Bull. Soc. nat. de Toulouse, 1869) découvre l'étage rhétien dans les vallées de l'Aveyron et du Cérou. Il consiste en : — Cargneules et argiles calcaires. .........,.,. 1 40%; — Calcaires dolomitiques avec Anatina præcursor, Gervilia præcursor, Mytilus minutus ….....434000 0e . A0 L’étage rhétien, d'après ces géologues, repose sur des grès, considérés comme infraliasiques dans la carte géologique de la France. 1870. — M. Dreucarair, dans sa thèse inaugurale sur l'in- fralias de la Provence, le partage en quatre groupes : ! Ces deux zones sont dolomitiques ; elles existent dans le bassin de la Durance seulement ; elles pa- raissent manquer dans le bas- sin de la Méditerranée ; | Calcaire ; Zone supérieure à la zone à Av. contorta? Dolomitique; Calcaire ; Av. contorta, Myoph. inflala ; Zone de l'Av. contorta{ Myoph. Emmerichi, Gervilia præ- cursor, etc. Zone de l'A. angulatus | Zone de l'A. planorbis | 1870-71. — En Suisse. M. pe FISCHER-O0STER a reconnu, aux environs du lac de Thun, l'étage rhétien contenant Pec- ten Valoniensis, P. Falgeri, P. hehli, Lima Valoniensis. Av. si- nemuriensis, Gervilia præcursor, Plicatula intusstriala. M. Favre établit que l'étage rhétien fait partie du massif du Moléson et renferme des bélemnites, des ammonites, le — 317 — Mytilus minutus, l'Av. contorta, le P. Valoniensis, le P. Fal- geri, la Plic. intusstriata, etc. En résumé, autour du massif alpin, l’infralias, au pont de vue lithologique, se partage en deux zones : [° La zone inférieure consistant en schistes et marnes, où l'on rencontre plus ou moins abondamment l’Avicula con- torla ; 2° La zone supérieure, calcareuse ou dolomitique. La partie inférieure de cette dernière zone appartient encore aux couches à Av. contorta, fossile qui s'y trouve plus ou moins abon- damment; la partie supérieure correspond aux deux zones à A. planorbis et à A. angulatus. Au nord-est et au sud du massif alpin, les couches qui correspondent à ces deux der- nières zones y constituent sous le nom de calcaire de Dachstein une formation plus ou moins puissante et homogène, carac- térisée par les Megalodon, qui sont de grosses coquilles cordi- formes. La Lombardie offre le type de cette classification. Au nord, à l’ouest et au sud-ouest, c’est-à-dire en Suisse, Savoie, Dauphiné, Provence, les deux zones supérieures de l'infralias, zone à À. planorbis et zone à À. angulatus, y sont plus ou moins distinctes. Dans le sud de la France, la zone à Av. contorta paraît être essentiellement calcaire. Les schistes à gervilies, ou couches de Kossen, ont d'abord été rangées dans le Saint-Cassian, dont elles formaient la partie supérieure, puis ont été bientôt considérées comme équi- valentes des couches à Av. contorta. Winkler fait des couches de Kossen un étage à part sous le nom de suprakeupérien, et avec de Deffner et Guëmbel les rapporte au trias. Mais la plupart des géologues, Oppel, Mor- tillet, Favre, Renevier, Stoppani, Hébert, Dieulafait, font de la zone à Av. contorta la base de l'infralias. Le bone bed ou lit à ossements et dents de vertébrés, n’a guère été signalé qu'en Savoie et en Provence par M. Hébert et par M. Coquand. — 318 — RÉSUMÉ GÉNÉRAL, L'infralias en Europe peut se partager en deux systèmes: 1° L'un inférieur, constituant un ensemble homogène et distinct par ses caractères lithologiques et paléontologiques, ayant une faune spéciale caractérisée presque toujours pas la présence de l’Av. contorta, et dans l'Allemagne du sud par la Gervilia inflata; se rattachant, au point de vue paléontologique, assez rarement au keuper, mais plus souvent et par des liens plus nombreux aux couches supérieures de l'infralias. 2 L'autre supérieur, plus ou moins calcaire, ayant des rapports toujours assez étroits et une affinité assez grande, tant au point de vue pétrographique que paléontologique, avee le lias inférieur à gryphées qui le surmonte immédiatement, et auquel il à été rattaché par plusieurs géologues anglais et francais. Les couches à ossements (bone bed) se rencontrent dans l'étage rhétien, en Angleterre, en France, en Allemagne, tantôt à la base, tantôt au sommet, tantôt au milieu, et quel- quefois dans une même région à plusieurs niveaux. En sorte qu'on doit le considérer comme un accident géognostique, ou tout au plus comme un facies, qui serait assez fréquent dans la zone à Av, contorta. MM. Terquem et Piette en France, M. de Dittmar en Alle- magne, ont signalé une discordance de stratification entre l'étage rhétien et les deux zones qui le surmontent. M. Stur en Hongrie, M. Toucas en Provence, ont constaté une discordance d'isolement entre cet étage et le keuper. M. Dieulafait à Draguignan a constaté une discordance d'isolement entre ce même étage et les zones supérieures. Ajoutons que d’Archiac, dans son Histoire des progrès de la Géologie, 1857, signale dans le Cher, le long du canal de Berry, la superposition transgressive au trias, des deux étages inférieurs du lias, c'est-à-dire de la zone à gryphées arquées — 319 — et du grès infraliasique ; dans Saône-et-Loire, il montre que le calcaire à gryphées arquées repose sur le granite, ainsi que cela se présente aux environs d’Autun, où plusieurs lambeaux de lias sont en contact avec le terrain granitique. À Sancey, selon M. de Nerville, le grès inférieur du lias se trouve immédiatement au-dessus des couches houillères. A Beauregard (Côte-d'Or), la lumachelle {zone à 4. planorbis) repose immédiatement sur le granite, tandis qu’au souter- rain de Blaizy, plus à l’est, un groupe de dolomies et de marnes irisées qui représente le keuper, supporte le qua- trième étage du lias. On voit donc que les accidents stratigraphiques ne man- quent pas pour établir que la zone à 4v. contorta, dans l’ouest de l’Europe, doit être considérée comme un étage aussi bien distinct du keuper que du reste de l'infralias, puisqu'il pré- sente, soit en haut, soit en bas, sur un grand nombre de points des discordances d'isolement ou de stratification. Des dénivellations plus où moins considérables, mais assurément nombreuses, marquent donc le commencement et la fin de l'époque rhétienne. À toutes ces preuves, nous espérons en ajouter une autre, en démontrant que dans la Haute-Saône et le canton de Bâle, il existe aussi une discordance d’isoiement entre l'étage rhé- tien et la zone à 4. planorbis. Au point de vue paléontologique, on ne peut guère se re- fuser à raltacher l'étage rhétien au lias. À part, en effet, cette considération présentée par M. Brauns que les végétaux et les vertébrés se rallient mieux au trias, on voit que les mollus- ques gastéropodes et lamellibranches passent en assez grande proportion dans les zones supérieures (Martin, Stoppani, Re- nevier), que les bélemnites se rencontrent dans les trois zones de l'infralias (Stoppani, Tate, Brodie), et que les échino- dermes irréguliers font leur première apparition dans la zone à Av. conlorta (Stoppani). V Le i . ar LA 16 AUS 40 NAT RE aie : ; D. | ‘ TT» ‘+. Ft 8 ; ‘ete 8 Ur Ji AE CA AE R |208e TU RUE SEL DE >» CHR À cb a) per aie dt sy Ÿ #8 ri LETh Eh d #0 rte AL AU URINE "A LE NT Or 4 wo! eu 4 fi Dep 1 Fruits ni] RASE #3 gai: PANET =" LS L # 4 L METTRE, À A SUR LÉ MR RER QE ME TR: Sonde PTE MON Mie, gt ie Alt N Le: d k L LU { 0 aan NE Le Pal On CLS JAMES TR AA 6 UP LEE 4) t' ! 1 4 FPS v HO  CET Hg: VErIL he HE » | RL OU" mr LA PL ROUTE HONORÉ ES HE Ge ILE Î PICHIRE "TO SU Hi LATIN fi bu CP EL rel ieé ei | PE Le Ter 1 EU MEMOIRE ARR et 4 [ Î 4.1 b4 ER La ri ( ELU OR J 1 CLR 1h : Lé let as | 4 863 Host ti RATS UN Thés LINE AL ‘y AAnetit PAU UBAAMITULAN ER, |: | ; LAURE MAL TOUT. PATEUC F4 40 | AÛ- 07 PE ] Ç (Li LR A 40 Loan aféets SUtS 54 UT HU MCTPPOIT QT: RCNTEUS RECU EE ACTE TRE (À SAT MPLLAUTR à] été RTS L'on 1502 1 : et. PURE ML De Eu Lt GR MNT SOEUR RSR q: à mrrk PRO ki “ii a; HS el PTS NT EE 0 | TR ERA OV REIN shot ixtaÿtlase aù it Ya Gre METTENT HASTALLr #2 d'A ae NT AS LOS TA #01)e1E se 4 D JET TA MT. CHU #1 ati * TUQE A tint DHL PNEPPSUS L'OYE A CU à Eebet ED BTE, tre HA iTUeE NAT LE | EX HNERE ET: Teil Fee? a Le Noel ANSE Ye EE ! Rat MA! EAN “4 L NAS nr NES 2 5 Eve L'INFRALIAS DANS LA PRANCHE-COMTÉ Fe PARTIE STRATIGR AXPERIE [re SECTION ÉTAGE REÉHEÉTIEN SYNONYMIE. Sinémurien (partie inférieure), D'ORBIGNY. Infralias (partie inférieure), géologues francais. Quadersanstein, géologues allemands. Schistes à gervilies, Couches de Kossen, Saint-Cassian supérieur, ESCHER DE LA LINTH. Zone à Avicula contorta, OpPeL. Formation rhétique, Moore. Etage rhétien, RENEvIER. Arkose, MARTIN. Couches de passage, LEVALLOIS. Cloac, QUENSTEDT. Grès de Helmsingen et de Lœvelange, TERQUEM. SCHAFHAUTLI, HAUER, SUESS. CHAPITRE I® ÉTUDE DES COUPES QUE NOUS AVONS RELEVÉES DANS DIVERSES LOCALITÉS DU DÉPARTEMENT DU JURA. Commençons par celle que nous avons prise pour type, la coupe de Boisset. En remontant depuis Salins la vallée au fond de laquelle 21 — 322 — coule la rivière de la Furieuse, on rencontre sur sa gauche, à quelques kilomètres, un petit torrent qui a creusé son lit dans le keuper moyen et supérieur, et a déterminé l’éboulement des couches supérieures, rhétien, hettangien, calcaire à gry- phées jusqu'au lias moyen. Il s’est formé un talus aux dépens de ces différents débris, et un escarpement sur les flancs duquel on peut, non quelquefois sans danger, retrouver toutes les couches du keuper supérieur et du rhétien. C’est là notre premier champ d'étude, c'est là que nous avons appris à bien connaître la zone à Avicula contorta; de sorte que ce gisement est devenu pour nous un type auquel il nous a été facile de rattacher, malgré leur variabilité pétrologique, tous les dépôts contemporains que l’on rencontre dans les deux départements du Jura et du Doubs. Coupe de Boïsset-sous-Aresche, près Salins (Jura). Numéros des couches des couches Epaisseur Couches à gryphées arquées. Hettangien : calcaire très LRSRÈLS 100 Pycnodus priseus Ag., trouvé à la face inférieure, 63. Marnes grises, onctueuses au toucher 10 62, Marnes rouges, onctueuses au toucher 10 61. Grès vert calcareux, à nombreux grains rouges 20 60. Marnes vertes, rouges, ressemblant à de la sanguine 85 59. Marnes s gris } bleu: itre, mic ac ées, traces de _ fossiles 15 58. Grès noir, calcareux, micacé, fossilifre 20 Ge Marnes noires, gréseuses, micacées, fossilifères 30 ; 6. Grès noir, calcareux, micacé, fossilifèere 40 DA Marnes noires, micacées Grès noir 30 Marnes noires, micacées — 323 — 54. Grès noir. calcareux, micacé 20 Marnes noires, se dlélitant en plaquettes 53. Grès noir, micacé, à tiges (phyllites)? 50 Marnes noires 52. Grès noir, calcareux, micacé, à tiges, fossilifère 51. Marnes noires, grises, micacées, se délitant en plaquet- tes, onctueuses, très fossilifères 50. Grès noir calcareux, micacé, fossilifère 49. Marnes noires grumeleuses, fossilifères 30 48. Calcaire gris, cristallin, très fossilifère Le) 47, Calcaire noir. gris, très fossilifère 40 Marnes 46, Grès friable noirâtre, gris, jaunûtre, à taches noires argi- leuses, à nids ocreux, fossilifère 90 Marnes 45. Calcaire jaune rougeûtre, à cloisons cristallines 20 44, Calcaire grisâtre, compacte, fossilifère 90 43. Marnes vertes, se délitant en fragments irréguliers 30 42. Calcaire jaunûâtre, terreux, à cloisons cristallines 1. Calcaire jaunûtre, terreux, à cloisons cristallines, fossilif. 75 Æ 40. Argiles vert foncé se délitant en plaq. écaill., pyrit. 39 39. Calcaire gris verdâtre, cassure irrégulière, ocreux à l'air 10 30 Marnes verdâtres, schisteuses 30 31. Calc. grisûtre, jaunûtre, terr. à clois. crist., ocreux à l'air 25 30. Marnes noires, un peu gréseuses, cassure irrég. fossilif. 25 3». Galcaire grisàtre, jaunâtre, terreux, fossilifère 60 34. Argiles noires 10 33. Calcaire grisûtre, jaunätre, terreux, à cassure conchoïdale 30 Argiles noires subchisteuses 32. Grès noir verdâtre, micacé 120 Argiles verdätres Grès de Doisset — 324 — Aile Argiles vertes, cass. irrég., parfois brillante et striée 60 30. Calcaire dur, vert, grisâtre. très fossilifère, test transformé en cristaux fibreux roses 10 29. Argiles noires à lignes vertes, schisteuses 40 28. Calcaire gris verdätre, terreux. 30 M. noires à lig. et taches verd., se délit. en plaq. minces 07 , | (cc lits de cailloux roulés : Argiles vertes MU EEE plaq. de grès vert mi- acé très fossilifère 60 26. Marnes grises à cassure conchoïdale 25. Argiles noires à lignes vertes, schisteuses 10 23. Calcaire magnésien, gris, lumachellique, Cytherea rhætica 30 24. Calc. gris., jaun., cass. cuboïde, efferv. avec odeur fétide (=) 22: Argiles noires schisteuses 15 21. Calc. jaun., à taches grises, efferv. avec odeur fét. fossilif. 35 2 0. Argiles noires, schisteuses, rouge brun entre les feuil- lets, très fossilifère à la partie supérieure 90 19, Calcaire gris, jaunâtre à l'air, efferv. avec odeur fétide 10 18. (Calcaire gréseux, noirâtre, gris, jaunâtre, effervescence 17. avec odeur fétide, fossilifère +2 © — 6. Argiles noires schist,, rouge brun entre les feuillets 100 15, Arg. noires sch., rouge brun entre les feuil. très foss. Calcaire noir, gris, jaune à l'air, effervescence avec odeur ; fétide, très fossilifère en haut 3 “‘ Calcaire magnésien, terreux, gris, schisteux, effervescence avec odeur fétide, fossilifère Fes [=] 12. Argiles grés., noires, grumel. ou fissiles, très fossilif. tte Argiles gréseuses, noires, rouge brun entre les feuillets 100 = 0. Argiles noires, schisteuses, rouge brun entre les feuill. on Argiles noires, micacées, gréseuses, passant au grès, rouge brun entre les feuillets, fossilifères 8. Calcaire magn., terr., gris, jaun., à cass. conch., fossilif. 40 Grés de Boisset. 8. Grès jaunûtre, fossilifère 20 7. Grès assez fin, débris noirs et argiles vertes, assez abon- dants et ténus , 30 6, Grès friable, verdâtre à mica blanc, débris noirs et argiles 5. vertes peu abondants 80 L3 Arpgiles noires 90 2. Grès friable à gros grains, rosâtre, amande d’arg., verd., cristallin, rosâtre, très fossilifère 20 1. Grès verdâtre argileux 5 Calcaire blanchätre terreux 50 Argiles vertes 30 Calcaire compacte, gris verdâtre, cassure conchoïdale (=) Argiles? verdâtres 15 Calcaire Calcaire gris verdätre compacte, cassure conchoïdale [= © Argiles verdâtres, rougeûtres 8 Calcaire blanc, grisâtre, jaunâtre, compacte, cristaux roses, veines d'argile verte. 10 [=] Calcaire blanc grisâtre [SA Argiles verdâtres 14 Grès marneux, gris, rougeâtre — 326 — Nous partageons l'étage rhétien de Boisset en quatre zones, que nous désignons par les lettres a, b, c, d. Gette division, établie surtout en vue d’abréger le langage et de faciliter la comparaison des Coupes, n'est pas pour cela entièrement arbitraire; elle repose sur un ensemble de caractères, ainsi qu'il ressortira des développements suivants. Nous avouons tout d’abord ne pas y attacher une trop grande importance ; et, à défaut d'autre mérite, elle aura toujours celui, nous le pensons, de nous rendre plus intelligible. lo La zone a s'étend du n° 1 au n° 24 inclusivement. Elle commence par des lits de grès plus 6u moins grossier et friable, plus ou moins argileux, caractérisé par des argiles vertes qui s’y présentent, sous forme d'amandes, ou de nids plus ou moins volumineux, ou de petites couches intercalées. Il n’est guère douteux que ces argiles vertes ne proviennent de la partie supérieure des marnes irisées, dénudées, roulées et déposées avec du quartz à une faible distance de leur gise- ment. Des débris noirs s’y rencontrent parfois en grande abondance. Ils sont évidemment d'origine organique, au moins pour la plupart. On y reconnait des débris d’os, de dents, d'ichthyodorulites, de peau de placoïde. Mais ils sont le plus souvent roulés, usés, et non susceptibles d’être déter- minés. La couche n° 2 est le type de ces lits de grès que M. Marcou a désignés sous le nom de grès de Boisset. Elle contient en outre des fragments roulés marneux, clivables et faisant effervescence par l'acide chlorhydrique avec odeur fé- tide. Au-dessus de ces grès on rencontre des couches épaisses d'argiles noires schisteuses, devenant rouge brun entre les feuillets, et séparées par de petits bancs de calcaire noir gris, devenant jaunâtre à l'air. Le tout se termine par un banc de calcaire lumachellique n° 23. Cette zone a est très riche en fossiles ; les débris de pois- sons abondent dans les grès, mais ne sont pas rares dans les couches argileuses ni dans les calcaires (Hybodus, Sargodon, Gyrolepis). L'Avicula contorta Portlock y pullule par endroits et non d’une manière continue ; mais nous ne doutons pas qu’elle ne doive se montrer à tous les niveaux, car il nous est arrivé à Boisset de trouver une couche fort riche sur un point et stérile sur un autre peu éloigné. Le Pecten Valoniensis Defr. se rencontre parfois en abondance dans la couche n° 12. La Cypricardia keuperiana? Marcou, est abondante également surtout dans les couches 8 et 23. L’Anomia Schafhauili Winkler, le Cardium Philippianum Dunker, le C. cloacinum Quens., accompagnent très fréquemment l’Avicula contorta. On trouve par légions dans la couche 23 la Cytherea rhætica Henry. Je n'ai recueilli que trois gastéropodes, une petite Natica, un Actœon ? et un petit Cerithium ? Des coprolithes montrant à leur surface des écailles de poissons parfois déter- minables, se rencontrent dans les couches 10, 11, 12. La plupart, allongés, ovoïdes, se font remarquer par un sillon longitudinal assez profond. Une petite bivalve que nous regardons comme une Anomia se montre en abondance dans les argiles schisteuses noires. 2° La zone b s'étend de la couche 25 jusqu à 45 inclusive- ment. À la partie inférieure ce sont des argiles vertes ou ver- dâtres ; la partie supérieure est formée de calcaires jaunâtres plus où moins eloisonnés ; c’est l’horizon de la dolomie cloi- sonnée du rhétien franc-comtois. Les bancs y sont séparés le plus souvent par les argiles vertes ou verdâtres. Si la couleur noire caractérise nettement les argiles de la zone précédente «a, la couleur verte domine dans les argiles de la zone b. La couche 27 renferme un petit lit de grès micacé vert, extraordinairement riche en débris de poissons et en bivalves indéterminables, mais rappelant les allures de la Cytherea rhætica. Ge sont toujours les mêmes poissons, avec quelques nouvelles espèces. De petits corps irréguliers arrondis, grisâtres et qui semblent être des coprolithes, les accompagnent. Au-dessus de ce grès se rencontre un lit de cailloux émoussés plutôt que roulés, et qui appartiennent — 328 — peut-être à la couche 24. Cette plaquette de grès, ces cailloux roulés, et surtout ce fait que la couleur jusqu'alors noire des argiles est devenue verte, tout cela semble indiquer un cer- tain dérangement dans le régime de la mer rhétienne, et nous paraît suffisant pour séparer ces couches de la zone précédente. Cette zone b est moins fossilifère que la zone a, mais ce sont toujours les mêmes débris organiques, écailles, ichthyo- dorulites, dents; Av. contorta, Anomia Schafhautli, Card. Philippianum et les petits bivalves indéterminables que nous désignerons par la lettre « et dont la dimension et la forme doivent les faire rapporter à la Cytherea rhætica et au genre Schizodus. 3° Cette zone c comprend toutes les couches de 46 à 58. La couche 46 constitue un horizon très net, très facile à reconnaître, qui s'étend de Besancon à Lons-le-Saunier. C'est un grès friable, assez grossier, noirâtre, gris, jaunâtre, mon- trant ca et là des cavités remplies d'une substance pulvéru- lente ocreuse, et caractérisé par la présence de taches ou veines noires marneuses irrégulières, simulant vaguement des fragments de tiges écrasées et indéterminables. Cette couche est toujours placée entre les calcaires terreux, Jau- nâtres cloisonnés de la zone b et des couches très fossilifères, plus ou moins noires, calcaro-gréseuses, et renfermant en abondance le Pecten Valoniensis, l'An. Schafhautli, le Cardium Philippianum, le Cardium cloacinum, etc. Toutes les couches de la zone c présentent un caractère commun. De couleur noire plus ou moins foncée, elles de- viennent grises, jaunâtres et blanchâtres sous l’action pro- longée des agents atmosphériques, en paraissant perdre non-seulement la substance noire dont elles sont abondam- ment imprégnées, mais encore une partie de leur calcaire Elles font effervescence avec l'acide chlorhydrique, en déga- geant une odeur fétide. Les fragments roulés qu'on rencontre dans les couches 46 et 48, le caractère nettement gréseux des marnes et des cal- — 329 — caires, ct le changement radical dans la couleur des dépôts, qui de verte ou jaunâtre devient noire, tous ces caractères nous ont paru suffisants pour distinguer ces nouvelles cou- ches de la zone b. Ils sont sans doute en connexion avec une modification survenue dans le régime de la mer rhétienne. Les fossiles sont nombreux dans cette zone. Les lamelli- branches y sont le mieux représentés : Ostroa Marcignyana Martin, An. striatula Oppel, An. Schafhautli cc, Av. contorta, Mytilus, Nucula, Schizodus, Cardium Philippianum ce, Car- dium cloacinum ce et surtout le Pecten Valoniensis cec, qu'on y rencontre le plus fréquemment. . Les poissons y sont assez communs : Acrodus, Saurichthys, Sargodon, Gyrolepis, etc., surtout dans la couche 46. Les couches 5? et 53 présentent des corps semblables à des tiges cannelées plus où moins régulièrement, et qui nous semblent être des débris de plantes encore enfoncées dans le sol marin qui les supportait. Elles sont accompagnées de tiges lisses, plus ou moins aplaties et plus ou moins courbes. Enfin, il n'est pas rare de trouver des plaquettes de grès couvertes d'ophiures malheureusement indéterminables. 4° La zone d comprend les couches 59, 60, 61, 62, 63. Elles consistent en marnes rouges et vertes, peu gréseuses et stériles; la couche 59 seule renferme quelques débris orga- niques. Par leur couleur et par l'absence des fossiles, ces couches forment un contraste frappant avec la zone précé- dente. Nous leur donnons le nom de marnes pseudo-irisées pour rappeler leur analogie avec les marnes du keuper supé- rieur. : En résumé, au point de vue pétrographique, l'étage rhétien de Boisset se partage en quatre zones : Rhétien supérieur. Zone d. Marnes pseudo-irisées, stériles, ............ 1m 40 Zone c. Calcaires gréseux, ou grès calcareux noirs, À reporter 1 40 — 330 — Report 1 40 grès avec marnes intercalées noires : très TOSS IEEE EEE Te nee sorte OU Rhétien inférieur. Zone b. Calcaires terreux jaunâtres cloisonnés, et marnes ou argiles vertes ou verdâtres, ou HOITESS DEL IOSSILLIBTE. - - 2. ses. 1e Zone a. Argiles noires schisteuses avec quelques lits minces de calcaires gris intercalés ; très fossilifère. * À la base grès vert ou verdâtre; poissons.. 8 ‘50 Epaisseur totale..... Te 20m 80 Au point de vue minéralogique, il serait rationnel de par- tager ces couches en deux zones; la zone inférieure s'étendant de la couche { à la couche 33 exclusivement, la zone supé- rieure comprenant le reste de l'étage rhétien. Les trois élé- ments constitutifs des roches sédimentaires se rencontrent bien dans les deux zones, mais l'argile et le grès dominent dans la zone inférieure; c'est le calcaire et le grès dans la zone supérieure. Les trois éléments sont répartis diffé- remment : dans le groupe inférieur ils sont séparés; c’est le contraire pour le groupe supérieur où ils sont mélangés. Au point de vue paléontologique, les trois premières zones constituent un ensemble très homogène où les fossiles les plus communs se rencontrent à tous les niveaux : Av. con- torta, Pect. Valoniensis, Card. Philippianum, Card. cloacinum. Bivalves a. Gyrolepis tenuistriatus Ag., Acrodus minimus Ag., Saurichthys «cuminatus Ag., etc. Quant à la zone d, quoique généralement stérile, elle se rattache à l'étage rhétien, dont elle constitue le couronnement dans la Franche-Comté. Nans-sous-Sainte-Anne. — C'est ce qu'établit la petite coupe suivante, prise à Nans-sous-Sainte-Anne, à quelques lieues au nord de Boisset, sur le chemin vicinal qui conduit de ce village au Crouzet. — 331 — Calcaire noirâtre, Pecten, Lima ; ; Ke, ù représentant l'étage het- cm. à ; tangien 6 Calcaire gréseux e ° Marnes grisàtres, blanchâtres, schisteuses Grès à cassure cuboïde Marnes gréseuses schistoïdes 240 Grès jaunàtre piqueté de rouge, à cassure cuboïde, Car- dium, bivalves a? Fe Sable Grès à cassure irréguhère Marnes jaunes sableuses 58. Calcaire gris gréseux, effervescence avec odeur fétide, Av. FQ ) 156. contorta 45 Calcaire gréseux, ferrugineux, fossilifère 45 ; Marnes noires 90 [5 Calcaire gris. noir, marneux, efferv. avec odeur fétide 30 Marnes noires Fe Cale. gris, gréseux, dur, efferv. avec odeur fétide, Acrodus 20 46. Grès gris., à nids ocreux, très fos., dents, écailles de poiss. 10 Marnes vertes, jaunes 95 Calecaire gris, dur, compacte, un peu gréseux, à cloisons 25 Cette coupe n’intéresse que les deux zones supérieures du rhétien c et d. On y reconnait sans grand effort la zone 6, dont les calcaires gris noir, gréseux et les marnes noires ressemblent, à s'y méprendre, à ceux de Boisset. Mais la zone d est, par sa Composition minéralogique et par son facies surtout, bien différente de la zone d de Boisset. Il est évident qu'elle en est l'équivalent; et les fossiles qu’on y rencontre Cardium et bivalves a ne laissent aucun doute sur la place qu'il faut assigner à la zone d dans la classification. C'est encore du rhétien dont les marnes peuvent être stériles comme à Boisset, aux Arsures, à Lavigny, à Feschaux, mais — 332 — dont les grès renferment les mêmes débris organiques que les couches inférieures. Moutaine. — La route de Salins à Champagnole, coupe à quelques kilomètres, entre Moutaine et Pont-d'Héry, les zones b, c, d. La coupe en est très nette ; elle est à peu près identique à celle de Boisset. Elle permet de voir vite et facile- ment, plus de la moitié de l'étage rhétien. Nous ne croyons pas utile de la faire connaître ; elle ne présente aucune parti- cularité qui mérite d'être signalée. Les Arsures. — La route de Mouchard à Arbois, près du village des Arsures, à l'endroit même où elle passe sous la voie ferrée, présente sur la droite une coupe de l'étage rhétien qu'il est intéressant de comparer à celle de Boisset. Coupe des Arsures. Banc calcaire représentant l’hettangien (63: Marnes vertes 39 62. Marnes rouges d. (61. Grès vert grossier, calcar., à grains roses, surface ondulée 100 60. Marnes rouges vertes Marnes grises Marnes noires, gréseuses. 58. Calcaire cristaliin, gris, noir., Card. Phihippianum, petit | gastéropode, tiges Marnes jaunes Grès calcareux, verdâtre, micacé, Cardium Philippianum Marnes jaunes Calcaire gris noir, pyriteux, efferv. avec odeur fétide, foss. Marnes noires : Calc. crist., gris, noir, efferv. avec od. fét., Pect. Valoniensis 20 — 333 — Marnes grises Marnes noires C. (47. Calc. noir, gris, efferv. avec od. fét., Plicatula intusstriata 70 Marnes 46, Grès à nids ocreux, écailles, dents de poissons 45. Calcaire gréseux, gris, jaunûtre, à cloisons spathiques, 44, effervescence avec odeur fétide, écailles de poissons 39 43. Marnes vertes 15 42. Calc. terr., gris, jaunûtre, à clois. spath., à nids ferrug. Al. Calc. gréseux, micacé, gris-jaune, à clois. spath., fossilif. 29 Marnes grises et calcaires gréseux 10 Marnes grises 70 Marnes noires, jaunes entre les feuillets, schisteuses 3, Calc. compacte, à cassure esquilleuse, gris, devenant jaune à l’air 40 35. Calc. terreux, gris, devenant jaune à l'air 15 34, Marnes noires 70 33, Calc. terr., gris, à taches jaunes, efferv. avec odeur fétide 33. Calc. gris, devenant jaune à l'air, à clois. spath. Argiles noires 45 31, Argiles vertes 120 30, Calc. dur verdàtre, devenant jaune, rouge à l'air, se désa- grégeant en fragments irréguliers Grès micacé vert, fragments roulés d’argile noire 29; Argiles noires à lignes vertes 60 28. Calcaire jaunûtre 2UL Marnes noires, schisteuses Grès vert, calcareux, micacé Marnes grises, verdâtres, schistoïdes 90 Grès micacé, calcareux ; Argiles noires, schisteuses, à lignes verdâtres — 9334 — 21. Calcaire grisâtre, cassure cuboïde Calcaire gris, terreux, compacte 40 23. Calcaire gris, cristallin, pyriteux, fossilifere €. Argiles noires, schisteuses 90 14. Calcaire gris, terr., micacé, effervesc. avec odeur fétide. An. striatula. Ecailles de poissons 20 c Argiles noires, schisteuses, gréseuses, ichthyodorulites —_ > Marnes jaunûâtres, à cassure conchoïdale 180 = : A S Argiles gréseuses Dal D TS x & | 5. Banc de grès 39 & S Marnes noires, schisteuses 35 2. Grès grossier a . r Se . Marnes vertes cloisonnées, du keuper supérieur Nous retrouvons aux Arsures les quatre zones de Boisset avec leurs caractères généraux. Nous avons marqué d’un même numéro les couches que nous considérons comme équivalentes. La zone d n’y présente guère de modification. La zone c y est notablement réduite, elle renferme les mêmes fossiles ; nous avons rencontré en outre la Plicatula intus- striata dans la couche 45 et un petit gastéropode indétermi- nable dans la couche 58, un Cerithium? Elle est formée de marnes noires et de grès calcareux ou calcaires gréseux noirs où gris, comme à Nans-sous-Sainte-Anne et à Boisset; et dans les trois localités, la zone débute par un grès friable à nids ferrugineux età débris de poissons. La zone b, un peu moins puissante qu'à Boisset, montre nettement que les couches vaso-calcaires .ÿ sont moins épaisses et moins nombreuses ; et que les argiles où marnes, au contraire, sont relativement plus épaisses, La zone a est pour ainsi dire tronquée aux Arsures; la — 335 — partie inférieure gréseuse n’a qu’une épaisseur de 70 cent. et jusqu’à la couche 14 inclusivement, de ? mètres 80. À Boisset, les épaisseurs correspondantes sont 2 mètres et 4 mètres. Les couches de Boisset de 14 à 23 ne sont représentées ici que par une couche d'argile noire de 50 cent. Il est évident qu'il y a sur ce point un accident qui a amené presque en contact la couche 14 avec la couche 23. Il y à eu sans doute une fracture oblique au plan de stratification et un glissement. La dénudation d’une part et le peu d'épaisseur de talus d’autre part ne permettent pas, il est vrai, la vérification de notre hypothèse. Néanmoins, nous essaierons de la représenter par . la figure 1, pl. A. En résumé, dans les trois premières zones, les dépôts sont moins puissants qu'à Boisset; la mer était sans doute moins profonde. Miéry. — Au-dessus de la colline qui est à l’ouest de Miéry, à côté du chemin qui a remplacé l’ancienne voie romaine et qui la parcourt du sud au nord, une carrière de grès a été ouverte pour l'usine de Baudin. C'est un grès blanc, micacé, à taches vertes et très dur, de 1" 50 à 1" 75 d'épaisseur. Je copie la coupe que le frère Ogérien en a déjà donnée. Celle que j'ai relevée diffère peu de la sienne. SN cm. Terre végétale 30 Marnes argileuses en minces feuillets, bariolées de noir, de rouge, indices de plantes Marnes noirâtres très schisteuses, écailles de poissons 40 Marnes grisätres 20 Calcaire dolomitique, blanchâtre, conchoïdal, fragile 39 RARE A PET ON ANSE EP SRE PA PO MAN DU nn à 2 2N ns Minnie M Grès ferrug., micacé, friable, écailles et dents de poissons 25 Ve TR ee rt = D re ES 69 zone. Marnes schisteuses et conchoïdales, bariolées de brun, t. de rouge et de vert k 10 Grès très dur, brillant, micacé, taches vertes, fer sulfuré blanc, dents de poissons 1.70 — RE SR Se cute Ce NE RS — 336 — On voit que ce géologue place ce grès dans sa 69e zone, c’est- à-dire dans la partie supérieure du rhétien, zone d ou zone c. C'est, selon nous, une erreur qu'il n’est pas inutile de rectifier. Ce grès appartient-il à la zone d, qui renferme des marnes rouges, vertes et grises, à Salins, aux Arsures, au nord de Miéry, à Lavigny et à Feschaux, qui sont au sud? Il n’est pas vraisemblable qu'à Miéry, qui est une localité intermédiaire, ce dépôt eût revêtu des caractères complétement différents. Il n'y a aucune analogie entre les marnes grises, noires, schisteuses, conchoïdales, bariolées de rouge et de jaune entre les feuillets ou entre les fragments sous l'influence des agents atmosphériques, et les marnes véritablement rouges, vertes ou grises, les marnes pseudo-irisées de la zone d. Il n'yena pas davantage entre le grès blanc, micacé, à taches vertes très développé de Miéry et le grès rudimentaire, grossier, friable, vert, à grains rouges des Arsures, de Boisset, ainsi qu'avec le grès jaunâtre de Nans-sous-Sainte-Anne. La zone c est depuis Besancon à Lons-le-Saunier partout si homogène, qu’il est encore moins possible d'admettre que le grès de Miéry en fasse partie. Cette observation s'applique également à la zone b. Au contraire, il n'est pas difficile de trouver des analogies dans la zone a, à Boisset et aux Arsures. Le grès est marneux, vert, à Boisset. Aux Arsures, on voit un banc de grès très dur, très compacte, de 35 cent. d'épaisseur et à taches vertes. Au- dessus de ce grès, des marnes gréseuses et conchoïdales, puis des marnes noires schisteuses, bariolées de rouge et de brun, représentent assez bien les grès et les marnes qui sont placées au-dessus des grès de Miéry. Les débris de poissons qu'on y rencontre constituent une analogie de plus, que l’on ne pourrait invoquer dans le cas où on voudrait placer le grès de Miéry dans la zone d. Ainsi, en raisonnant par comparaison, nous sommes amené à placer ce grès à la base de la zone a. Mais les analogies ne sont pas des preuves. Essayons d'en fournir. — 331 — Vers l'extrémité sud de la colline on à ouvert une excava- tion qui atteint le grès. Il s’y montre en bancs peu épais, irréguliers, avec marnes vertes intercalées. À quelques mètres au-dessous dans les vignes, le provignage a mis à nu les marnes vertes du keuper supérieur. Après être descendu en- core l’espace de quelques mètres, on traverse une petite vallée d’érosion, et on retrouve le grès sur la colline opposée, vers la base (1). Cette colline s'étend au sud de Miéry, jusqu’à la carrière de marbre ouverte dans le calcaire à gryphées arquées. Elle est essentiellement formée de rhétien. En se dirigeant du nord-est au sud-ouest, en suivant les flancs de la colline, on peut rencontrer successivement à partir du grès, le calcaire fossilifère n° 23, des calcaires cloisonnés jaunes dolomitiques; plus loin les couches à Pecten Valoniensis; enfin, l'hettangien et le calcaire à gryphées. Mais la preuve la plus directe, nous l'avons trouvée sur le bord du bois de Vaivre, à gauche du chemin de Miéry à Poligny, à peu près à mi-distance de ces deux localités. Les marnes irisées et les marnes vertes du keuper s’y montrent nettement. J'ai pu relever la petite coupe suivante, qu'il ne m'a pas été possible de rendre complète. Mais elle est suffi- sante pour le but que nous voulons atteindre. Feuillets de grès et marnes alternants en D DA el ‘5 CID R& } Banc de grès compacte }) Banc de grès compacte 70 8 = Feuillets de grès et marnes alternants Grès à dents et écailles de poissons 15 Marnes vertes Marnes irisées (1) À la surface de ce grès, nous avons recueilli des tiges droites cannelées, mais elles ne ressemblent pas à des calamites. 22 SAS Elle établit nettement, nous pensons, que le grès de Miéry appartient à la base du rhétien, et qu'il y représente le grès de Boisset de M. Marcou. Ajoutons que ces deux bancs ont fourni les moellons cubiques qui ont servi à la construction des murs de clôture des vignes environnantes. L'épaisseur totale de la partie gréseuse de la zone a est à Boisset de 2 mètres 75; à Miéry elle atteint à peine cette valeur. Seulement les bancs gréseux sont ici plus compacts et plus épais. Ils ont leur maximum d'épaisseur à l'ouest de Miéry; mais en s’approchant de Poligny, cette épaisseur paraît diminuer. Le banc se continue-t-il de Poligny à Arbois? Je l'ignore ; mais le banc des Arsures de 30 cent. d'épaisseur peut être considéré comme la continuation du grès de Miéry. Le grès de Miéry nous semble donc devoir être envisagé comme un accident local peu étendu, dû peut-être à quelque source siliceuse qui a consolidé les sables sur une épaisseur d'autant moindre qu'ils étaient plus éloignés du point où elle jaillissait dans la mer rhétienne. Sous ce point de vue, le nom de grès de Miéry conviendrait peut-être mieux que celui de grès de Boisset, pour désigner cet accident pétrologique. Il semble que M. Marcou, en donnant une dénomination parti- culière à ce grès qui, à Boisset, n'apparaît tout d’abord que comme la continuation des marnes vertes qu'il surmonte, qui n’a ni puissance, ni compacité, ni application industrielle, ait pressenti l'importance de ce dépôt, qui inaugure à notre sens, en réalité, une nouvelle époque géologique. Lavigny. — Une rectification récente du chemin vicinal de Lavigny à la gare de Montain a mis à nu le keuper supé- rieur et le rhétien presque entièrement. Si on compare attentivement cette coupe à celle de Boïisset, on retrouve une à une les couches des zones «a et b. Nous avons indiqué ce travail de comparaison en inscrivant en face de chaque couche le numéro de la couche de Boiïisset qui lui correspond. cm Terre végétale de Marnes bigarrées de rouge et de vert Marnes vertes | Calcaire terreux, noirätre, jaunâtre à l’air, effervescence avec odeur fétide, très fossilifère 20 Marnes grises 100 Calcaire terreux, noiràtre, efferv. avec odeur fétide, très fossilifere 10 Marnes grises 30 48, Calc. gris, noir, efferv. avec'odeur fétide, devenant jaune à l’air, tres fossilifère 90 47. Calc gris, noir, cristallin, jaune à l'air, efferv. avec odeur fétide, fossilifère 416. Grès à taches noires, à nids ocreux, faible effervescence. 10 45. Calcaire terreux, jaune, rougeâtré, à. RTS Calcaire jaunûâtre, à cloisons, se délitant 50 44, Calc, terr., jaune, roug,, cailloux roulés faisant efferv. 20 43. Marne gris-verdâtre, jaunâtre 25 42. Calcaire jaune, rougeàtre 25 #1. Calc. terr., jaune, à cloisons se délitant en plaques irrég. 90 b 10, Argiles vertes | 30 À Calcaire jaune, se délitant en plaquettes bosselées 10 39, Calc. terreux,jaunûtre, piqueté de rouge, lumachellique 40 Calcaires et marnes alternants =: L1 38. Marnes noires 150 Calcaires et marnes alternants Le bte DÉS Vouge RTS EP D men ce een ee OT NN SR INERENE) 37. Calc. terreux, grisûtre, jaunâtre, gréseux , à cloisons 10 36. Marnes noires 9 ——_—_—_—_—_———————— , . (35. Calcaire terreux 20 5 Argiles noires schisteuses, fossilifères 80 33. Calcaire terreux, jaunâtre, cassure conchoïdale 30 Argiles noires schisteuses 100 31 Argiles vertes 120 30. Calc. verdätre, onctueux à l'air, fossilifère 10 29e Arpiles noires à lignes vertes, à petites taches blanches rhomboïdales faisant effervescence 6 © 28. Calc. terreux, jaune, verdätre à l'air, cassure irrégulière, efferv. avec odeur fétide 27. Grès et marnes altern., grès marneux, micacé, verdätre 60 26. Calcaire lerreux 25°. Argiles noires schisteuses, à lignes vertes, fossilifères 60 | Marnes blanchàtres 25 24, Calc. terreux, jaune, à cloisons spathiques 10 23. Calcaire terreux, jaune, lumachellique, valves séparées à peine brisées 50 croissement très régulières 130 21, Calc. gris, devenant jaunût. à l'air, efferv. avec odeur fét. 20 Grès noir, gris, devenant jaunàt., rouge-brun à l'air, micacé 7e Argiles noires schisteuses, petites bivalves à stries d’ac- le les feuillets, fossilifères 150 19, 18, 17. Calc. gris, devenant jaune à l'air, efferv. avec odeur fétide, lumachellique 16, Mb: Ârgiles noires schisteuses 100 14. Calc. compact, gris, devenant jaune à l'air, lumachelliq., bivalves 25 Argiles noires schisteuses, devenant rouge-brun entre — 941 — ja Argiles noires schisteuses, coprolites, Av. contorta, pe- tites bivalves (anomia ?)j a. : SEE : ere JA Argiles noirât., devenant jaunâtres à l'air, Av. conltorla 100 10, Argiles jaunâtres, concrétions pyriteuses, Av. contorta, Lima, Peclen Valoniensis 100 9. Grès noirätre, rougetre à l’air, poissons Grès et marnes alternants, micacés, à débris roulés 60 St FT INT TI OC CCE > D. Marnes blanchâtres 30 el A —tS = x . . SR RE Grès en plaquettes, poissons, bivalves 20 = | Ô. Marnes grises, à cassure conchoïdale, cloisonnées 30 A . . a Marnes noires schisteuses 25 Are Marnes grises. à cassure conchoïdale, micacées 25 Argiles noires schisteuses J 10 n. Grès grisâtre, débris roulés de marnes, poissons 15 Calcaire marneux blanchâtre Marnes vertes à cloisons calcaires Marnes irisées id. La partie inférieure de a se compose de grès friables et de marnes plus ou moins gréseuses et présente une différence caractéristique : l’élément vert du grès de Boisset n'existe pas à Lavigny. La première couche de grès renferme des fragments roulés de marnes rougeûtres, grisâtres, et les mêmes débris de poissons qu'à Boisset ; Acrodus, Saurichthys, Sargodon, Gyro- lepis. Dans un fragment de marne rougeûtre, j'ai observé un débris organique, c'est un corps légèrement conique, creux, sans doute un ichthyodorulite. Si ce débris de marne appar- tient, comme nous le croyons, aux marnes irisées sous- Jacentes, ce dépôt du keuper supérieur contiendrait donc des débris organiques qu'il serait intéressant de rechercher. Les autres couches gréseuses renferment aussi en abondance les mêmes poissons. À partir de la couche 9, toutes les couches — 342 — de Boisset se retrouvent à Lavigny une à une semblables par la composition minéralogique, la couleur et les fossiles. L'Avicula contorta-foisonne dans les couches 10, 11, 12, 13. Le Pecten Valoniensis l'accompagne. La’ couche 12 contient également ce petit bivalve que nous avons signalé à Bois- set et que nous pensons être une Anomia. Les couches pré- sentent une épaisseur un peu plus grande qu'à Boisset. Une seule anomalie s’observe dans les couches 34 et 38 qui, à Lavigny, paraissent avoir une épaisseur beaucoup plus considérable. Or, il y a précisément sur ce point un contour- nement des couches qui nous à empêché sans doute de juger avec exactitude de leur puissance, que l’on peut réduire notablement. La coupe de Feschaux, que nous donnons plus loin, nous confirme dans cette interprétation. Les deux coupes de Lavigny et de Feschaux sont presque identiques sous tous les rapports, comme on doit naturellement s'y attendre, vu la faible distance des deux localités, quelques kilomètres. Or, les couches 34 et 38, à Feschaux, présentent une épaisseur très réduite. La ressemblance, pour ne pas dire la similitude, que nous venons de reconnaître en ce qui concerne les zones a et b, est pour la zone « beaucoup moins grande. Dans les deux loca- lités, la zone c débute par un grès friable, à nids ocreux, à taches noires et à dents et écailles de poissons, surmonté d'un banc calcaro-gréseux gris noir, pétri des mêmes fossiles bivalves. Mais à partir de là il n’y a plus qu’analogie. L'élé- ment noir et l'élément gréseux caractérisent la zone c à Boisset ; à Lavigny et à Feschaux se sont des calcaires mar- neux gris noirâtres, très riches en fossiles ; ce sont d’ailleurs les mêmes débris organiques ; Pecten Valoniensis, Cardium Philippianum, Anomia striatula, Schizodus, etc. - La zone d est formée de marnes blanchâtres, de marnes bigarrées de rouge et de vert et, comme à Boïisset, rappelle les marnes irisées. La puissance de ces marnes pseudo irisées ne peut être observée à Lavigny. À Feschaux elle atteint près — 343 — de 4 mètres. Un banc de calcaire dolimitique les couronne, et une petite couche de marnes grises sépare ce banc du cal- caire gréseux, dur, de la base de l’hettangien. Malgré l'identité presque complète qu’elle présente avec la coupe de Lavigny, nous donnerons celle de Feschaux en vue de la compléter d'abord, et ensuite de redresser quelques erreurs matérielles ou d'appréciation que nous rencontrons dans le livre du frère Ogérien. Coupe de Feschaux, au lieu dit Robinet, près de Lons- le-Saunier (PI. À, fig. 3). ES NN cm Calcaire à gryphées arquées, 8 à 10 mètres d'épaisseur. Bancs calcaires représentant l’hettangien 400 | Marnes grises 40 | Calcaire dolomitique compacte à cassure conchoïdale 40 d Marnes vertes Marnes rouges et vertes 390 Marnes blanchätres 8. Calcaire terreux, gris noir devenant jaunâtre à l'air, Card. Philippianum, Nucula, Schizodus 20 Marnes jaunes très fossilifères 180 ANNE ae 0 MO PLU TELLE PUMA RTE TER! CI PANNE ER ET c. x. Calcaire jaunätre, Pecten Valoniensis, Nucula, Anomia, Schizodus, etc. Marnes grises Re pu ne Te 2 CU ee SOC 18. Calcaire grisâtre, gris, cristallin, Pecten Valoniensis, Myli- lus, etc. cassure irrégulière 47. Marnes 40 CAS Br rs 2e € Le dns HS NP EMERSR SRE nt Ver à pe sie à Pa à 28 16. Grès calcareux gris jaunûtre, à nids ocreux — 344 — PR 2 2 LD CR à me Re 45, Marnes jaunâtres, blanchâtres, à cloisons Marnes grises 80 | 144. Calcaire compacte, jaunâtre, rougeâtre, à cloisons 20 ms Marnes jaunes à cloisons 90 42, Marnes grises 41. Calcaire terreux, jaune rougeûtre, lumachellique 50 10. Marnes jaunes 30 39. Calc. terr. gris jaunâtre, à cloisons, se délitant en plaq. 30 Mârnes noires schisteuses Bei Marnes jaunes à cloisons 35 Marnes grises 37. Calcaire terreux, à cloisons, piqueté 25 36. Marnes noires schistoïdes 39, Marnes jaunes cloisonnées 80 | Grès 34, Marnes grises 33. Calcaire jaunâtre à cloisons 15 Marnes noires | 31. Marnes noirätres schisteuses 95 Marnes verdâtres 30. Calcaire jaunâtre se délitant en fragments irréguliers 20 29: Marnes grises, rougeàtres entre les feuillets 39 28. Calcaire terreux, jaunâtre, à cloisons 20 27. Grès calcareux, verdâtre, en lits minces alternant avec des marnes, cailloux roulés, dents de poissons Re RE Re PAR Ep een nee 95 Marnes grises rougeûtres entre les feuillets 120 Marnes rougetres PP ES RS en 22, Calcaire gris, jaune à l'air, lumachellique, Gervilia præ- (22. Calcaire jaunûtre cloisonné 90 499 | eursor, Cytherea rhætica, etc. \ — 345 — 99 Marnes jaunes schisteuses 90 Fe Marnes grises schisteuses DIE Marnes jaunes 20. Marnes grises, schistoïdes, rouges entre les feuillets 90 20. Marnes noires, schisteuses, jaunes entre les feuillets, fossilifères (petites bivalves, anomia ?) 90 a. 18. Calcaire terreux, gréseux, cloisonné, jaunâtre 20 16. Marnes grises, noires, micacées, rougeñtres, gréseuses 90 14. Calcaire terreux, gris, jaunètre à l'air, lumachellique. Argiles noires, schisteuses, ocreuses entre les feuillets 25 12 Marnes jaunes ile Marnes grises à taches noires 140 10. Marnes gréseuses, grises, jaunâtres 9 Grès ferrugineux, friable; poissons 60 * Calcaire gréseux terreux, jaunâtre Marnes schisteuses, jaunâtres 8. Marnes grises, conchoïdales 90 < Marnes schistoïdes DA -S & y. Grès friable, jaunître, fragmenté S Ê . . S Marnes grises, jaune;:, schisteuses & | 3. Marnes grises, conchoïdales 70 de e . .. (de) Marnes grises, schistoides Grès verdätre, friuble ce Marnes bariolées de jaune et de rouge 60 n. Grès verdûtre Marnes vertes Marnes blanchâtres Marnes irisées Cloisons nombreuses s’entre- croisant en tous sens. — 346 — La comparaison des deux coupes de Lavieny et de Feschaux fait ressortir qu'il y a entre elles une similitude aussi grande qu'il est possible de le désirer. Je ferai observer en effet que la rectification de la route de Feschaux date de plusieurs an- nées, que les agents atmosphériques ont altéré la couleur des roches assez profondément, vu la disposition presque verticale des couches, et que pour relever cette coupe il m'a fallu creu- ser à la piochette sur les flancs d’un talus assez raide : aussi v’ai-je pu atteindre que rarement le sol vierge. Les couches qui soat désignées sous le nom de marnes doivent être, comme à Lavigny, souvent des argiles; elle n’ont pas subi l'épreuve de la touche à l'acide chlorhydrique. Observons en- fin que les strates sont coupées très obliquement, et peut-être y a-t-il quelque erreur dans l'évaluation de leur épaisseur. Cela dit, la zone a, à Feschaux, montre la même succes- sion de roches dures et tendres qu'à Lavigny. La puissance est sensiblement la même. Je ferai la même remarque en ce qui concerne la zone b. Les zones c et d sont identiques. Nous terminerons par une remarque qui a son impor- tance. La coupe de Feschaux a été relevée avant celle de Lavigny. Nous l'avons revue une seconde fois et n’y avons introduit que quelques changements insignifiants. De sorte que c’est en réalité la coupe de Lavigny toute fraiche, toute neuve pour ainsi parler, qui vient contrôler celle de Feschaux et en établit l'exactitude, malgré les mauvaises conditions dans les- quelles nous étions placé. Nous pouvons maintenant aborder la critique des coupes du frère Ogérien. 1° Coupe de Feschaux. La 69, zone de ce géologue correspond à nos deux zones € et d. La 70° zone comprend la zone b et la zone «a jusqu’à la partie gréseuse inférieure (grès de Boisset) exclusivement. La 71° zone s'étend jusqu'aux marnes lardées de dolomie qui commencent la 72e zone, — 347 — Il nous semble évident que, par ces marnes lardées de do- lomie, le frère Ogérien a désigné les marnes vertes et irisées qui, selon nous, couronnent le keuper supérieur, et qui, à Feschaux comme à Lavigny, sont cloisonnées en'tous sens. Donc la 71e zone ne comprendrait que le grès de Boisset, dont l'épaisseur à Feschaux et à Lavigny, à Miéry, à Boisset, n'a qu'une épaisseur de 2" à 2m 50. Or il lui est attribué une épaisseur de 12" 30. Est-ce une erreur matérielle? A part ce point, la coupe de Feschaux du frère Ogérien résume assez bien le rhétien des environs de Lons-le-Saunier. 2° Coupe de Boisset. La coupe du ravin de Boisset du même géologue fait com- mencer la 70e zone à « des marnes noirätres schisteuses-bitu- mineuses, avec débris de poissons, » qui ne peuvent être que les couches comprises entre les n°° 48 et 54. Or ces couches font partie de rotre zone c. Ainsi, la 70° zone ne commence pas au même niveau dans les deux localités; elle devrait commencer à Boisset, afin d'avoir la même signification qu’à Feschaux, à l'article suivant « grès jaunatre à tiges de plantes roussätres à dents de poissons, 4%. » Et sous ce titre, le frère Ogé- rien désigne par les caractères d’une seule couche, à savoir la couche 46, tous les calcaires jaunes dolomitiques cloison- nés inférieurs qui en différent par la composition. Enfin la 71° zone de Feschaux correspond au grès de Bois- set seulement : la 71° zone de Boisset comprend d'abord le grès de Boisset auquel le frère Ogérien attribue une épaisseur trop grande, 3" 50, puis «un calcaire argileux bleudtre alter- nant avec une marne verdätre, avec paillettes de mica, felds- path et dents de poissons, » c’est-à-dire la base du grès de Boisset et les couches argileuses vertes avec bancs de calcaire dolomitique alternant qui se trouvent au-dessous; et il n’at- tribue à cette dernière partie qu'une puissance de Î" 80, tan- dis qu'en réalité elle a plus de 6". Ainsi, les zones du frère Ogérien ne s'accordent pas entre elles et montrent, en ce qui concerne du moins le rhétien, le — 348 — peu d'importance qu'il faut y attacher (1). Cette critique ne nous empêche pas de rendre justice au savant frère ignorantin qui a entrepris presque à lui seul d'écrire l’histoire naturelle d'un de nos départements assurément des mieux partagés sous le rapport des richesses naturelles. Résumons brièvement. La base de la zone 4, ou grès de Boisset, consiste en grès plus ou moins marneux avec marnes intercalées. L'élément vert caractérise le grès, surtout à Boisset. Le reste de la zone a présente partout les mêmes caractères, argiles noires schisteuses, souvent rouge-brun entre les feuil- lets, avec bancs peu épais de calcaires dolomitiques intercalés. La zone b se montre également constituée partout de la même manière, argiles vertes, noires, avec calcaires marneux ou marnes calcaires, plus ou moins cloisonnés. L'élément vert et l'élément gréseux sont abondants à Boisset. Le caractère marneux se dessine plus nettement aux environs de Lons-le- Saunier. e La zone c, où abonde le Pecten Valoniensis, est formée de marnes et de calcaires marneux. Mais à Boisset l'élément eréseux y domine; il a disparu à peu près à Lavigny et à Feschaux. Il en est de même pour la zone d. Aux environs de Lons-le-Saunier, ce ne sont que des marnes; à Boisset, aux Arsures, on y rencontre l'élément gréseux en abondance; enfin à Nans-sous-Sainte-Anne, la zone d n’est guère formée que de grès. (1) Cette classification des zones du frère Ogérien nous paraît artifi- cielle. Elle est à nos yeux plutôt comme l'expression d’un sentiment des choses dû à un aperçu rapide, que comme le résultat d'une étude approfondie et raisonnée d'observations minutieuses et multipliées. — 349 — CHAPITRE II RHÉTIEN DES ENVIRONS DE BESANCON. Miserey. — Le chemin de fer de Besançon à Vesoul entame le Rhétien à la sortie du petit tunnel qui précède la gare de Miserey, On n’a pu y observer que la zone b. La zone c est fort réduite. Un fossé creusé pour établir des tuyaux de con- duite destinés à amener l'eau salée, nous a permis d’observer la zone a. Un second fossé, creusé depuis le long du chemin de fer, ayant mis à découvert la zone « et la zone b, nous avons pu établir la coupe du Rhétien inférieur à Miserey. Coupe de Miserey (PI. À, fig. 4). cm. Calcaire lumachelle représentant l'hettangien 50 Brèche tout à fait à la base. 130. Calcaire gréseux, cristallin, efferv. avec odeur fétide, | devenant grès calcareux, jaune rougeûtre, très fossilifère | Marnes 29. Calcaire noir, cristallin, très fossilifère 70 Marnes schisteuses, bleues et jaunes; PA RUE NE ER TT D Valo- niensis, Anomia striatula, etc. 27. Grès gris, jaunâtre, piqueté de rouge, à taches noires, cailloux roulés, poissons e Mernes bleues à nids ocreux 10 26. Calcaire jaune terreux, cloisonné 10 Marnes bleuàtres grisätres 30 125. Grès D On cristallin 10 — 350 — Marnes jaunes 5] 24. Calcaire jaune à cloisons, plus ou moins marneux Marnes cloisonnées 115 23. Calcaire gris noirâtre micacé, compacte, devenant jaune à l'air Marnes noires fissiles 10 22. Calcaire gris noirâtre micacé, effervescence avec odeur fétide, devenant jaune à l’air 15 Marnes noires schisteuses 25 21. Calcaire jaune cloisonné Marnes jaunes cloisonnées 39 Marnes noires schisteuses 20. Calcaire gris, jaunâtre, cloisonné, compacte 30 Marnes vertes 90 19. Marnes noires schisteuses, rouges entre les feuillets, avec plaquette de grès cristallin, gris, tiges annelées, - bivalves à. Cardium cloacinum, (pseudomosphores de gypse ?) 135 18. Grès noirâtre grisâtre, jaunâtre, à nids ocreux, nombreux débris de poissons 20 17. Calcaire jaune cloisonné 30 16. Argiles gréseuses micacées, grises, jaunätres ver- dâtres, écailles de poissons 20 15, Plaquette de grès calcareux, cristallin, micacé, à cloisons spathiques, poissons, bivalves a. Cardium cloacinum, etc. 15e. Argiles noires schisteuses, micacées, à lignes verdâtres, devenant jaunes à l'air, plantes ? 50 14, Calcaire jaune terreux à cloisons spathiques, gris, com- pacte, devenant jaune à l'air 10 13. Argiles schistoïdes, gris verdâätre, micacées 13i. Grès gris verdätre, imicacé, bivalves a 90 13. Argiles noires à lignes vertes, micacées, devenant jaunes à l'air, à bivalves très petites (Tæniodon præcursor ?) 12. Calcaire jaune terreux à cloisons spathiques 20 je Marnes noires schistoïdes,, micacées, à lignes verdätres 60 — 91 — 10. Calcaire gris, cristailin cloisonné, lumachellique, bivalves et ichthyodorulites 15 ge Argiles schistoïdes, micacées, noires, rouge brun entre les feuillets 39 8, G A 1 A dia ? é rès jaunâtre rougeâtre micacé, (ypricara a * poissons 7. Grès grisätre, sableux, micacé 90 6. Calcaire terreux, jaune, cloisonné, piqueté de noir 25 al Grès sableux, grisâtre, micacé, fossilifère, à tiges? courbes 120 Calcaire jaunàtre cloisonné 5, Grèsgris, jaunâtre, micacé, Uypricardia? pseudomosphores cubiques 100 2 Marnes bleues, bigarrées de jaune 40 Marnes noires gréseuses . Grès noirâtre, gris à l'air, à nids ocreux (fragments roulés faisant effervescence, clivables), poissons 220 Marnes jaunes et vertes, sableuses Marnes vertes blanchâtres, avec lits de grès fissile BEURE. 1° Coupe prise sur le chemin de Beure à Fontain, au lieu dit Maillot. Calcaire de l’hettangien Lacune. 1 29, Calcaire gris noir cristallin, efferv. avec odeur fétide 5] Marnes grises Grès C. Argiles noires schisteuses, grises à l'air, Myophoria 50 Grès Marnes grises, bariolées de jaune et de rouge, efferv. avec odeur fétide, Pecten Valoniensis, poissons — 32 — 27. Calcaire gris cristallin, gréseux à fragments de marne noire. effervescence avec odeur fétide, devenant jaune à l'air. — en bancs irréguliers.— Pecten Valoniensis, Ano- mia, Myophoria, etc. Poissons 60 C. ES Marnes p) 27. Grès calcareux, friable, grisätre, jaunâtre, à taches noires, à nids ocreux, Pect. Valoniensis, poissons 10 | Marnes versicolores, rouges, jaunes, grises, cloisonnées, | tiges serpuliformes, cailloux roulés “tl5 | Calcaire gris, à taches jaunâtres, cloisonné 10 Calcaire gris, à cloisons spathiques ou ferrugineuses, Card. Philippianum, Av. contorla. Poissons. 70 Calcaire jaunätre à taches grises, bivalves nombreux. b Marnes bleues, bigarrées de jaune 100 Calcaire jaunâtre à taches grises, efferv. avec odeur fétide, bivalves a nombreux 10 Marnes bleues, bigarrées de jaune 10 Calcaire jaune, à cloisons 10 Marnes bleues, noires, jaunes 20 Grès calcareux, gris, à bivalves Grès cloisonné, jaunätre 30 Lacune 29 Coupe prise sur le talus de la colline au pied de laquelle ont été établis les puits d'exploitation du gypse, à l’est de la cas- cade du Bout-du-Monde. 10. Calcairegris, jaunâtre, rougeûtre, cloisonné, lumachellique, test ferrugineux, souvent disparu 10 Marnes noires, schisteuses 90 all Marnes jaunes, gréseuses 15 9, Marnes noires, schisteuses 10 Marnes jaunes 20 [= Calcaire gréseux, jaune, friable; poissons 2 — 353 — | Marnes schistoïdes, noires 20 | Grès marneux # 110 Grès jaune, sableux 70 Marnes grises, jaunâtres, peu gréseuses, terreuses, con- choïdales, à taches brun rougeàtre 180 Argiles schisteuses, grises, devenant jaunes, Gervilia præcursgr, etc. Grès gris, jaunâtre, micacé 10 Argiles schistoïdes, grises, jaunes, micacées, à cassure conchoïdale (petites taches bleuâtres circulaires) 30 Grès grisätre, jaunâtre, micacé, pseudomorphoses cubiques 15 Calcaire bréchoïde, gris, noiràtre; poissons 19 Marnes jaunes b) Grès grisûtre, jaunât., micacé, nids ocreux, piqueté de noir Pecten. Valoniensis. 2. Argiles schisteuses noires ÿ Grès grisàtre, couvert d’une couche rouge bran, à bivalves [=] Marnes noires, rouges entre les feuillets 1. Grès gris, ferrugineux,; cailloux roulés clivables. Poissons 15 (æ) Marnes blanchätres dolomitiques 10 Marnes vertes Calcaire dolimitique, terreux, blanc jaunûtre, efferv. avec odeur fétide 23 — 94 — VORGES. Coupe prise sur le chemin de Vorges, qui conduit à l’ancienne route de Quingey à Besancon. Calcaire à gryphées cm. Bancs de calcaire pétri de Lima gigantea; Cardinia, As- S tarte, Ammonites, gastéropodes, Montlitaultia, etc 100 ei E Roche sableuse, ferrugineuse 10 & alcaire dur, fossilifère 10 D Roche sableuse ferrugineuse, Cxogyra, Pinna 15 S Calcaire dur fossilifère, Lima, Pecten 10 È Roche sableuse, ferrugineuse, Pecten, bois fossile, Mytilus, Ostrea. etc. 15 Calcaire dur, siliceux, débris de Pinna 20 Marnes jaunes, verdàtres, plaquette de grès fossilifère | Grès micacé, calcareux, jaunàtre, bivalves indéterminab. 20 Marnes noires, bleues, grises 70 29. Calcaire gréseux gris, cristallin, Pecten. Valoniensis, Card. Philippianum, tiges annelées Marnes jaunâtres, efferv. avec odeur fétide, Av. contorta, c. Pect. Valoniensis, Anomia sirialula Calcaire noir, cassure irrégulière, fossilifère 10 Marnes noires, bigarrées de jaune 20 Calcaire gris noir, cristallin, efferv. avec odeur fétide, devenant jaune à l'air Marnes noires intercalées, fragments de calcaire terreux empâtés; poissons. Pecten Valoniensis 27. Grès calcareux, grisätre, à nids ocreux; poissons 20 Calcaire terreux, jaunâtre, à cloisons spathiques et ferru- gineuses Marnes — 355 — Calcaire dolomitique jaunâtre, cloisonné Marnes grises ; 15 Calcaire dolomitique jaunâtre, cloisonné b. Marnes grises, jaunes 40 Marnes bleues 40 Calcare dolomitique gréseux, se délitant en plaquettes contournées Comparons d'abord la coupe de Miserey à celle de Boisset. Si nous nous laissons guider par l'hypothèse de l’équivalence de la couche 10 de Miserey et de la couche 23 de Boisset, on voit qu'au-dessus, les strates présentent dans les deux localités les mêmes allures générales : argiles noires à lignes vertes, marnes vertes et calcaires jaunes terreux cloisonnés qui alternent d’abord avec les marnes, et qui deviennent ensuite dominants à la partie supérieure de la zone. Nous n'hésitons donc pas à considérer les couches de Miserey, de 11 à 26 exclusivement, comme représentant la zone b. Sans doute il n’y a plus cette similitude que nous avons observée jusqu'ici, mais seulement analogie évidente dans les caractères pétrographiques. Les débris organiques qu'on y rencontre sont d'ailleurs toujours les mêmes. Cette analogie d'allures montre que le régime de la mer rhétienne changeait d'un point à un autre. Il ne faut pas s’en étonner, les dépôts que nous étudions se sont formés dans une mer peu profonde, dans le voisinage d’un détroit, dans une sorte de Manche. Cette circonstance constitue une difficulté pour le géologue; et ce n'a pas été pour nous toujours chose aisée de découvrir et de démontrer la contemporanéité des dépôts du rhétien. Mais grâce à nos deux points de repère, couche 23 et couches 46 et 47, qui heureusement se rencontrent dans tout le rhétien des départements du Doubs et du Jura, nous avons pu, une fois que nous les avons eu découvertes, établir l’équi- valence des différentes parties du rhétien dans les, diverses — 9350 — : localités où il nous a été possible de l’observer. Aussi, si nous n'attachons pas grande importance à notre division en zones, nous en avons donné une très grande à ces points de repère. L'existence de la zone b à Miserey étant admise, et ses limites étant Les couches 26 en haut et 11 en bas, ce qui vient au-dessus ne peut guère appartenir qu'aux zones c et d ou à l’hettangien, ce qui vient au-dessous ne peut que représenter la zone a ou faire partie du keuper. Les couches qui sont au-dessus de 26 n’ont pas un mètre de puissance. Les restes fossiles qu’on y rencontre : Pecten Va- loniensis, Anomia striatula , Avicula contorta, elc., montrent clairement qu’elles appartiennent à la zone c, dont elles ne représentent qu'une partie. — En conséquence, la zone d manque complétement à Miserey. Les couches qui se trouvent au-dessous de 11 sont formées surtout de grès et.de sables jaunâtres micacés (à petits b1- valves a, à Cypricardia ? etc.), encadrés en haut, par le banc lumachellique n° 10 et des argiles noires schisteuses ; en bas par des argiles noires schisteuses et par un petit lit de grès à nids ocreux, à fragments roulés clivables, à dents de poissons : véritable bone bed qui forme partout le passage du keuper au rhétien, à Beure, à Boisset, à Miéry, Saint-Lothain, Lavigny et Feschaux. Nous considérons donc ces couches comme l'équivalent de la zone a de Boisset, et nous les désignerons pour abréger par les lettres a M. En comparant la 2e coupe de Beure à celle de Miserey, on voit clairement qu’elle forme la zone a M du rhétien. Le lit, bone bed, est très riche en débris de poissons ; il renferme l'Avicula contorta; c’est le point le plus bas du rhétien où nous avons rencontré ce fossile caractéristique. Nous l’avons également trouvé en abondance dans le voisinage de la couche 10. Signalons une couche-brèche, ou bréchoïde ? dont la signification nous échappe entièrement. Signalons égale- ment les pseudomosphores cubiques sur grès que nous avons — 391 — recueillies à Beure et à Miserey dans la zone a, et d’autres pseudomorphoses sur grès trouvées à Miserey dans la zone b et qui paraissent avoir la forme de cristaux de gypse. Enfin, mentionnons aussi ces corps en forme de tiges plus ou moins aplaties, plus ou moins courbes que l’on rencontre fréquem- ment à Miserey et à Champvans surtout, où le rhétien infé- rieur a les mêmes allures qu’à Miserey. Terminons par la comparaison des coupes de Vorges et de Beure avec celle de Boïisset. Il est aisé de reconnaître que les couches sur lesquelles repose l’hettangien y constituent la zone c. C'est le même ensemble de calcaires gréseux ou grès calcareux gris noir, faisant effervescence avec odeur fétide, de marnes noires, renfermant les mêmes bivalves en abon- dance; Pect. Valoniensis, An. striatula, Av. contorta, bivalves a et les mêmes poissons; Acrodus, Saurichthys, Sargodon, Gyro- lepis. Nous retrouvons également dans les trois localités, à la base, le lit de grès friable, à nids ocreux, à taches noires marneuses, à dents et écailles de poissons; et au-dessous de ce lit, les calcaires cloisonnés jaunes plus ou moins terreux que nous avons signalés dans toutes les coupes du départe- ment du Jura. S'il n'y a pas complète similitude, il y a plus qu'analogie entre les couches de Beure et de Vorges et celles des autres localités du Jura, que nous avons désignées par la lettre c. Il est donc établi, par cela même que la zone c à Vorges et à Beure confine à l'hettangien, que la zone d manque com- plétement, à moins qu'elle ne soit représentée à Vorges par la mince couche de marnes verdâtres qui supporte l’hettangien, et à Beure par une couche de grès sableux piqueté de rouge, qui est en contact avec l’hettangien ; ainsi qu’on peut le voir sur le bord du chemin qui conduit de la gypsière à la saline. En ce qui concerne ce dernier point, notre conviction est, bien que nous ne puissions l’établir positivement par une coupe, que cette couche de grès sableux, piqueté de rouge, appartient aux couches 27 bis qui, verticales en cet endroit, — 38 — ont subi l'action érosive des eaux pluviales, et ont perdu peu à peu avec Le temps tout leur calcaire et leur sulfure de fer, et ont été réduites à l’état de grès friable. En tout cas, cette zone d est nulle ou tout à fait rudimen- taire. Elle n'existe pas à Miserey. Elle n’existe pas davantage à Pouilley-les-Vignes. C'est ce que permet de constater une rectification de la route de Gray, qui a mis à découvert le calcaire à gryphées, l'hettangien et le sommet du rhétien. Or, on observe en con- tact de l'hettangien : 1° Une couche de marnes noires schis- teuses, bariolées de rouge et de jaune, à Pecten Valoniensis ; 29 au-dessous un petit banc de calcaire cloisonné très dur, à fossiles nombreux, Nucula, Mytilus, Av. contorta, Card. Phi- lippianum, etc.; 3° une seconde couche de marnes semblable à la première. C’est à n'en pas douter, une partie de la zone c. Nous pouvons donc conclure avec une certitude pour ainsi dire absolue, que la zone d fait défaut aux environs de Besançon. En résumé, aux environs de Besançon, la zone d manque ; la zone c est plus ou moins complète , la zone c et la zone b ont la même allure que dans le département du Jura, La zone a y est éminemment gréseuse ou sableuse, tandis qu'elle est surtout argileuse dans ce département. La faune est par- tout la même, ainsi qu’il ressortira de l’étude des fossiles. — 999 — CHAPITRE II MOISSEY (PRÈS DE DOLE). Nous terminerons cette monographie des strates rhétiennes dans les deux départements du Doubs et du Jura par la des- cription d’une coupe malheureusement incomplète de cet étage, que l’on rencontre sur le chemin qui conduit de Mois- sey à Frasne-les-Meulières. (PI. A, fig. 5.) Une rectification du chemin vicinal à mis au jour, à peu de distance du premier village, la partie supérieure du keuper et les couches rhétiennes. On rencontre des marnes vertes et rouges, puis un banc de calcaire dolomitique de 0" 30 d’é- paisseur, à cassure cuboïde, contenant des cristaux roses. Au-dessus viennent des marnes bleues, vertes, blanchâtres, jaunâtres, puis un banc de grès très compacte n° 5 à grain fin, gris, épaisseur 0 60 à 70 cent., lardé de fragments roulés de marne. A la base surtout, sur une épaisseur de 0" 1 en- viron, on y rencontre une couche poudingiforme présentant trois sortes de débris empâtés dans le grés : 1° des amandes de marnolite verte ; je veux dire d'une marne dont les frag- ments ont dû être roulés et arrondis en forme de fèves ou d'amandes, et qui devait être assez dure pour résister à l’action délayante de l’eau ; 2° des fragments, à angles émoussés, d'une roche terreuse dolomitique, grise, qui, plus dure que la marne, a mieux résisté ; 3° de débris noirs arrondis d’une roche tendre, rouge ocreux sur les bords, et annonçant un commencement d’altération qui date sans doute de l'époque du dépôt même. Le tout, lardé de dents, dont la plupart appartiennent à des sauriens, de plaques arrondies, à structure osseuse, d’ichthyodorulites, d’écailles dont je n'ai pu trouver — 360 — les analogies dans l'ouvrage d’Agassiz sur les poissons fossiles. De ces débris, les uns paraissent intacts, les autres semblent roulés. Entre autres, une petite plaque présentant un relief fort élégant de saillies contournées en méandres capricieux et assujettis à aucune loi apparente. Est-ce une plaque céphalique de labyrinthodonte ? Malheureusement ces pièces sont incomplètes. Tous ces fossiles sont d’une fragilité très grande qui contraste avec la ténacité du grès, aussi rebelle au marteau qu'au ciseau. Il est difficile de les obtenir entiers et, le plus souvent, le coup de marteau les fait voler en éclats et ne laisse que l'empreinte. Une couche de marnes n° 6, de 5 mètres environ de puis- sance, se montre au-dessus de ce grès. Elles sont noirâtres puis verdâtres au milieu et jaunes en haut, et se terminent par un nouveau banc de grès n° 7. Autant qu'il m'a été pos- sible de conjecturer, ces marnes jaunes correspondent aux calcaires dolomitiques terreux qui terminent le rhétien infé- rieur, C'est-à-dire la zone b. Des débris de calcaire cloisonné, des plaquettes couvertes d’Av, contorta, des plaquettes de grès à Mytilus, Cardium, etc., se rencontrent assez fréquemment dans les environs. Le banc de grès friable, micacé, contient de nombreux bivalves; Mytilus, Avicula, Gervilia? et bivalves a; il représente sans doute la base du rhétien supérieur ou de la zone c. Ce £rès, il faut l'avouer, ressemble à s'y méprendre au grès jaune, micacé, friable qui se rencontre à Champvans et à Miserey, à Miéry, à Beure et qui appartient à la zone a. Au-dessus se montrent des marnes vertes rouges, stériles, de 2 mètres d'épaisseur environ, puis un banc de grès n°9 et 10 d'abord, en bas, friable, pétei des marnes vertes et rouges sous-jacentes, puis en haut homogène, dur, assez compacte ; il est recherché par les bucherons et autres ouvriers comme pierre à aiguiser. [l paraît stérile. Un peu plus haut apparaît le calcaire à gryphées. Dans lintervalle doit exister l'hettan- gien calcaire et fossilifère, comme le prouvent les débris que nous avons rencontrés dans les environs, et qui renferment — 361 — de nombreux petits gastéropodes, des Monilivaultia, des Car- dinia, etc. | Le premier banc de grès n° 5 de la coupe, à cause de ses débris de grands reptiles, appartient-il à l'horizon des grands sauriens découvert par MM. Pidancet et Chopard, dans les environs de Poligny, à la tranchée de Saint-Lothain ? Et le second banc n° 7, accompagné de fragments de grès fossi- lifère, ressemblant à s'y méprendre par leur composition, leur aspect et les fossiles qu'ils renferment, aux grès de la zone a de Miserey et de Champvans , représenterait-il cette zone à Moissey, ou du moins en ferait-il partie? S'il en était ainsi, aux environs de la Serre, le keuper supérieur se termi- nerait par un horizon fossilifère fort curieux, et le rhétien ne commencerait qu'au-dessus de ce banc de grès n° 5. Ou bien ce banc de grès à grands reptiles constitue-t-il la base du rhétien? C'est la manière de voir à laquelle nous ramène une dernière excursion que nous avons faite à Moissey, opinion que nous avions d’abord abandonnée. Essayons d'en établir l'exactitude : 4° Les amandes d'argile verte du premier banc nous pa- raissent semblables à celles qui caractérisent le grès n° 2, et c'est la première idée qui vous frappe dès qu'on a sous les yeux les deux roches. 2° Ces débris arrondis de marnolite verte, jaune, noirâtre, grisätre, rouge lie de vin même, appar- tiennent évidemment aux couches sous-jacentes qui repré- sentent à Moissey, comme dans toutes les localités où le keuper supérieur est à découvert, les marnes irisées et argiles supé- rieures à grands sauriens. Ces couches ont été dénudées, remaniées plus ou moins profondément sur certains points ; et cela prouve jusqu’à la dernière évidence une révolution dans le régime de la mer keupérienne, et établit que ce banc de grès inaugure une nouvelle époque sédimentaire. À moins d'admettre que ce dépôt, qui a 60 cent. d'épaisseur, est le résultat d'un simple trouble local, et qu’au-dessus on doit retrouver les marnes keupériennes. Mais un second trouble — 362 — a eu lieu, comme le démontre, à notre avis, l'existence de ce bone bed, qui des environs de Besancon à ceux de Lons-le- Saunier existe, sans discentinuité à peu près, à la base du rhétien. Or, ce changement dans le régime de la mer keupé- rienne, en général si profond, aurait laissé des traces ana- logues à Moissey. Nous n’en avons trouvé que dans ce grès n° », qui est bien, à notre sens, l'équivalent du grès de Boisset, c'est-à-dire la base du rhétien. 3° Les marnes qui surmontent ce banc de grès sont noires, grises, puis ver- dâtres, puis jaunes. C'est le caractère général que nous ont fourni dans toute la région qui s'étend de Salins à Lons-le- Saunier, les dépôts qui constituent les zones a et b. 42 Les débris de poissons paraissent les mêmes; nous avons recueilli à Moissey des écailles de Gyrolepis. À Miserey nous avons rencontré dans le bone bed une dent de reptile finement cré- nelée sur ses deux tranchants et semblable à une dent recueillie à Moiïissey dans ce banc n° 5. Il est à regretter que cette coupe de Moiïissey ne soit pas plus complète, et surtout plus nette. Cela permettrait de fixer ce point important et assurément discutable. Car enfin, nos observations ont été restreintes, incomplètes, nous n’avons pas certainement tout vu; et nos déductions, quoiques logiques, sont ‘peut-être erronées. Mais nous devions nous fixer nous-même sur ce sujet et faire connaître les considé- rations qui nous avaient guidé. Terminons par la coupe de cette localité. Coupe prise sur la tranchée du chemin de Moissey à Frasne- les-Meulières (PI. À, fig. 5). 11, Calcaire à gryphées arquées 10. Banc de grès, fin, propre à aiguiser 9. Couche de grès friable piqueté de rouge et de vert 8. Marnes vertes, rouges 2 7. Banc de grès ocreux micacé, fossilifère 0 70 6, Marnes jaunes, vertes, noires, grises — 363 — 5, Banc de grès à empreintes de calamites, plus mince que 5 (1) D: 4. 3 2. 15 0. Banc de grès à amandes de marnes vertes, jaunes, noires; reptiles 0 60 Marnes blanchàtres, jaunâtres Marnes vertes Marnes bleues, vertes Banc de calcaire dolomitique Marnes irisées (1) L'absence d'amande de marne verte et la mince épaisseur de ce banc nous font douter que 5, soit la continuation de 5, ainsi que la coupe dessinée le montre. — 364 — CHAPITRE IV ÉTAGE RHÉTIEN DANS LA HAUTE-SAÔNE. Thirria, dans sa Statistique du département de la Haute- Saine, publiée en 1833, consacra quelques pages à l'étage qui fait l'objet de cette étude. Il Le désigne sous les noms de pre- mier étage du lias, de grès du lias, indiquant clairement par ces dénominations qu'il regarde cet étage comme ayant plus d'affinité avec le lias qu'avec le keuper. C’est pour ce géologue l'équivalent du quadersanstein des Allemands. Il reconnaît bien un passage du keuper au quadersanstein, consistant en alternance de marnes et de grès, et un passage également entre le quadersanstein et le calcaire à gryphites, en ce que la première couche de ce dernier étage du lias inférieur ren- ferme des nids d'argile sableuse, puis des couches argilo- gréseuses qui passent au grès proprement dit. Mais le qua- dersanstein « renferme des pétrifications dont les genres se retrouvent presque au même niveau dans le calcaire à gry- phites, tandis que le terrain keupérien n'en renferme pas dans ses assises voisines de ce grès. » Il ne signale dans le orès liasique que cinq genres de débris organiques, dont quatre avec point de doute. Ce sont les genres Pecten Mya ? Modiola? Cytherea? Plagiostoma ? Nous ferons observer que les genres Pecten, Cytherea, et Modiola où Mytilus existent avec certitude dans le quadersan- stein de la Haute-Saône; mais nous n’y avons jamais vu ni Mya, ni Plagiostoma ; à moins de rapporter à ces genres les Cardinia , les Cardita, les Myophoria, que nous y avons re- cuelllis. — 365 — Thirria ne donne qu'une coupe incomplète du grès lia- sique, dont il signale pourtant beaucoup de lieux d’exploita- tion. C’est celle de Velleminfroy. Coupe du grès liasique à Velleminfroy (Haute-Saône) d'après Thirria. ' cm. 8. Calcaire compacte, grisàtre, bleuâtre, avec nids d’argile sa- bleuse. Fossiles : (Amm., Gryph. incurva, Sow. Plagiostoma ” gigantea, Sow. Astarle Volizii (Hœningh) 200 { . 6. Marnes schisteuses noires 60 7. Grès calcarifère à cavités remplies d'argile sableuse rouge 70 GE Marnes schisteuses verdâtres 90 2. Grès exploité | 500 1 Le grès calcarifère avec nids d'argile sableuse rouge n° 5, et le calcaire compacte avec nids d'argile sableuse rouge n° 8, constituent pour Thirria le passage du quadersanstein au cal- caire à gryphites. Et il est exact de dire que les genres de fos- siles qui existent si abondamment dans la couche 8, mais dont il n'existe pas traces dans la couche 5, Lima, Cardinia, Ostrea, etc., se retrouvent dans le calcaire à gryphites. Thirria ne signale pas dans cette couche 8 l’existence de nombreux petits gastéropodes, que l’altération de la roche sous l’action pro- longée des agents atmosphériques finit par mettre en évidence. Nous avons recueilli dans la couche 5 une dent de Sargodon tomicus (Quenst.) et une dent de Termatosaurus Alberti (Plei- ninger), ce qui rattache nettement cette couche au grès sous- — 366 — jacent. Thirria oublie encore une analogie qui existe entre la couche 5 et la couche 2. Cette dernière éminemment gréseuse, présente également des cavités, en moins grand nombre, il est vrai, et remplies d'argile ferrugineuse. Ajoutons que la com- paraison des roches des couches 5 et 8 nous laisse peu con- vaincu sur l’analogie que semble y voir Thirria au point de vue minéralogique, tandis que les caractères de la couche 5 nous paraissent être l'exagération de ceux de la couche 2. De ces observations, il résulte que la couche 5 appartient au grès liassique, et que la couche 8, si différente par ses fossiles et ses caractères minéralogiques et pétrographiques, des couches sous-jacentes constituent un dépôt qui a des liens évidents avec le calcaire à gryphites, mais qui, comme 'nous le ver- rons plus loin, a une autonomie véritable. Thirria attribue à l'étage du quadersanstein une épaisseur totale de 10 mètres. Les deux coupes de Bougnon et de Cuse, près de Rougemont, accusent près de 14 mètres. Le texte qui concerne le grès liassique est peu développé dans l'ouvrage de Thirria; on le conçoit : vu le cadre qu'il s'était tracé, le savant ingénieur ne pouvait trop s'étendre sur cette faible partie de son vaste sujet. Selon nous, ce texte con- siste principalement en généralités déduites d'un exemple particulier, la coupe de Velleminfroy. Il nous sera facile d'établir un peu plus loin l'exactitude de cette observation critique; elle résultera clairement de l'examen comparatif des coupes que nous avons relevées en différentes localités de la Haute-Saône, et que nous rapportons plus loin. Mais en revanche, si le texte est peu développé, dans la carte géologique du département de la Haute-Saône dressée par ce géologue distingué et consciencieux, une teinte spéciale est consacrée au grès liassique. Un examen attentif montre que le grès liassique forme surtout trois bandes sinueuses, régulière- ment intercalées entre le keuper et le calcaire à gryphites : l’une se dirigeant de l’ouest à l’est entre Vitrey et Luxeuil; la seconde à peu près parallèle, mais plus au sud entre Port- — 367 — sur-Saône et Lure; la troisième courant du sud-ouest au nord-est, depuis Rougemont jusqu'au delà de Belfort. La deuxième bande borde au nord le fragment du sol de la Haute-Saône comprise entre les deux failles dont l’une court de Gy vers Luxeuil, et l’autre des environs de Rougemont jusque vers Lure. C'est dans cette faille ou dans son voisi- nage que coule l'Ognon. A notre tour, nous avons étudié le quadersanstein dans la Haute-Saône, et relevé un certain nombre de coupes qui nous paraissent destinées à mieux le faire connaître. Nous allons les reproduire successivement. 1° Coupe de Bethoncourt-les-Brotte prés de Saulx, route de Vesoul à Luxeuil. Grès Sable gréseux jaune, très argileux Marnes jaunes et bleues, les parties bleues schisteuses Rhétien. Plaquette de grès fossilifère, alternant avec des couches de marnes bleues Argiles jaunes et bleues Rognons dolomitiques, ferrugineux Marnes jaunes, verdàtres Keuper. Marnes vertes et rouges (marnes irisées) avec bancs de dolo- mie intercalée, sur une grande épaisseur e 2 Coupe de Montigny-les-Cherlieu prise dans un ravin au sud du village, dans le bois, près du chemin qui conduit à l’ancienne abbaye. ER. (Grès — 368 — | Marnes jaunûtres et bleuûtres. Grès cm. Marnes jaunâtres, bleues, schisteuses Rhétien. Vers la partie inférieure, plaquettes de grès fossilifère 250 Sable cloisonné par oxyde de fer Marnes verdâtres très argileuses Banc mince de dolomie gréseuse Keuper. Marnes irisées avec bancs minces de dolomie intercalés Ces deux coupes destinées à montrer le passage du keuper au rhétien établissent clairement que le keuper dans la Haute- Saône présente les mêmes caractères généraux dans son en- semble que dans le Doubs et le Jura et s’y termine également par des marnes vertes. En effet, il est formé de marnes plus ou moins argileuses, vertes, rouges par plages, avec bancs de dolomie intercalés; il paraît également dépourvu de restes organiques. Cette uniformilé dans la nature et l'aspect des roches qui composent cet important étage, indique des causes générales qui ont agi sur de grandes étendues et qui nous semblent être en relation avec une mer vaste et largement ouverte. Chose assez remarquable, le voisinage des Vosges, c'est-à-dire du rivage, ne paraît guère avoir influé sur la na- ture des dépôts, puisqu'ils présentent les mêmes caractères au pied des Vosges qu'au large. À cet ensemble, qui a une grande puissance, 70 à 80 mètres, succèdent immédiatement des marnes noires, bleues, schisteuses, avec bancs de grès gris, jaunâtre, bleuâtre; et dès la base dans les plaquettes de grès, de, nombreuses traces de ces petits bivalves a et de ces Mytilus qui sont si abondants dans le rhétien des deux autres départements et qui, quoique indéterminables , n'en _ — 369 — sont pas moins très Caractéristiques. La vie depuis long- temps bannie de ces régions y est donc revenue, la nature et l'aspect des roches a changé brusquement, un nouveau ré- gime cst inauguré ; et nous n'hésitons pas un instant à regar- der ces couches de marnes bleues, noires, schisteuses, avec plaquettes de grès à bivalves comme indiquant dans la Haute- Saône le commencement d’une nouvelle période géologique, la période rhétienne. Cette ligne de démarcation n’a pas des caractères aussi tranchés et aussi nets que dans le reste de la Franche-Comté. On n'y trouve pas cette petite couche de Done bed si riche en débris organiques, reptiles et surtout poissons ; et qui presque partout, à Miserey, Beure, etc., est très ferrugineux. On ne peut se défendre pourtant de considérer dans la Haute-Saône, comme son équivalent, cette mince couche de sable cloisonnée par l’oxyde de fer qu'on trouve à Montigny-les-Cherlieu, et ces petits rognons dolomitiques ferrugineux qu'on ren- contre au-dessus des marnes vertes à Bethoncourt-les-Brotle. Mais les marnes noires, bleues, schisteuses, accompagnées de plaquettes de grès à bivalves 4, qu'on rencontre non-seulement dans les deux localités ci-dessus indiquées, mais encore à Cerqueux, près de Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne), ont les mêmes allures que dans le rhétien inférieur du Doubs et du Jura. Thirria paraît considérer ces couches comme servant de passage entre le keuper et le quadersanstein; il n’y signale pas ce grès à bivalves que l’on rencontre dès la base à Be- thoncourt-les-Brotte, Montigny-les-Cherlieu, Cerqueux. Ce géologue semble ranger ces couches dans le keuper, à ce titre seulement qu’elles sont surtout marneuses. Pour nous, elles font partie du rhétien, dont elles constituent la base. Les coupes suivantes relevées dans les carrières de grès à Ouge, à Venisey, à Velleminfroy montrent le passage du rhé- tien à l'étage ou à la zone qui précède immédiatementlecalcaire à gryphées, et que nous désignons pour abréger sous le nom 24 — 310 — unique d’hettangien. Constamment le grès infraliasique est séparé des couches hettangiennes par des argiles plus ou moins bariolées et qui nous paraissent représenter, dans la Haute- Saône, les marnes pseudo-irisées du rhétien du Jura. A Ouge, à Venisey, ces couches y ont plus de 2 mètres de puis- sance et sy montrent nettement avec le caractère des marnes irisées. À Velleminfroy, les trois couches 3, 4, 5, 6 qui ter- minent le rhétien en haut nous semblent représenter les marnes pseudo-irisées de Venisey et d'Ouge. Le grès calcari- fère à nids d'argile rouge serait l'équivalent des marnes rouges de Venisey et d'Ouge. 3° Coupe d'Ouge (Haute-Saüne). cm. Calcaire hettangien 100 Argiles jaunâtres Argiles rouges 270 Argiles blanchâtres Grès exploité comme moellons et meule à aiguiser 300 4 Coupe de Venisey (Haute-Saône). Calcaire fossilifère, Cardinia, Lima, Ammonites, Monllivaultia, ete. 150 ER ER EAU LEE RENR © QU Le LE OR TR Lima cardinia, avec leurs deux valves réunies, Amm. Pecten, couche compacte Marnes jaunes Marnes rouges 250 Maranes vertes Grès exploité 300 Marnes jaunes sableuses 5° Coupe de Velleminfroy (Haute-Saône). Calcaire à gryphites cm, 8. Bancs de calcaire dur, bleuàtre, altérable à l'air, séparés par des couches minces de marnes, extrêmement riches en fossiles 150 7. Couche argileuse et calcaire sans fossile à [en : Marnes bigarrées, jaunes, verdâtres, bleues 30 5, Banc de grès à cavités remplies d'argile ferrugineuse, très nombreuses; dent de pycnodonte 60 4, Banc de grès compacte assez résistant, à corps allongés, ar- rondis, aplatis (indices de plantes) [ s Marnes schisteuses verdàtres 10 + . Banc de grès à cavités remplies d'argile ferrugineuse (cra- pauds) moins nombreuses que dans la couche supérieure 200 1, Grès blanc, grisûtre, friable, exploité comme sable 300 à 400 Fond de la carrière. Cette coupe diffère notablement de celle qu’a donnée Thirria de cette même localité, et que nous avons reproduite plus haut. — 12 — Il en est de même à Bougnon ; les trois couches supérieures y représentent en épaisseur, sinon en nature, les marnes pseudo-irisées ; et comme à Villeminfroy, un banc de grès y est intercalé entre des marnes verdâtres en bas et jaunes, verdâtres en haut. | Coupe de Bougnon, près de Port-sur-Sadne (PI. À, fig. 6). cm. Hettangien. 17. Calcaire à cardinies ; à la base calcaire gris, gra- nité de jaune, à cloisons, non fossilifère 16. Argiles jaunes, bleues, bigarrées 30 15. Grès grossier en bancs compactes, jaunâtre, blanchätre, avec quelques nids d’argile ferrugineuse 180 15, Argiles jaunâtres, bleuätres, verdàtres 40 14. Grès cloisonné, dendritique, calcareux 30 = È "> |. Argiles jaunâtres, bleuâtres "à, Marnes verdâtres > . Couche ocreuse 120 = Argiles jaunâtres, bleuätres = Re rÈ S 112, Grès blanc, grisâtre, compacte 90 Argiles jaunàtres, bleuätres 80 Argiles grises, noirätres, schistoïdes 11. Grès gris, rougeûtre - 09 10. Argiles schisteuses, bleues, jaunâtres 30 . | 9. Culcaire dolomitique cloisonné 15 re 3 5 \8. Grès à bivalves, pseudomorphoses cubiques. Marnes schis- _. teuses bleuñtres. Sables gris, jaunûtre 39 “à & | 7. Grès grisâtre 40 — 313 — 6, Marnes grises, micacées; au milieu grès friable, gris, micacé 120 5. Grès blanchätre, grisâtre 60 4, Marnes jaunes, rougeûtres 90 «: 3. Grès gris, micacé 10 = À seen Le Marnes jaunûtres, grisätres, quelques lits minces de grès S Marnes bleues, schisteuses 200 > = Marnes vertes Ÿ = 32 “ A = 2, Grès verdûtre 30 Marnes jaunes, ocreuses 15 Grès en lits minces 15 Marnes schisteuses, noires, grises, noires, jaunâtres 75 ile Marnes schisteuses. Grès en lits minces 40 Marnes grises, noires 100 N'ayant pu recueillir des échantillons des couches marneuses de- puis ! jusqu’à 6 inclusivement, nous ne pouvons dire si ce sont des marnes argilo-calcaires ou des argiles pures. Cette coupe de Bougnon est, de celles que nous avons re- levées, la seule qui présente quelque analogie avec le rhétien .du Doubs et du Jura. La moitié inférieure de l'étage est formée de marnes noires, bleues, plus ou moins schisteuses, de marnes jaunes sableuses ou de sable jaune marneux et de grès, et se termine en haut par un mince banc de calcaire dolomitique cloisonné jaunâtre, couche n° 9. Elle rappelle les allures générales du rhétien inférieur dans les deux autres départements ; comprenant les zones a et b. La localité — 314 — de Bougnon, pendant la première moitié de l’époque rhé- tienne, quoique peu éloignée du rivage vosgien, paraît s'être trouvée dans des conditions spéciales de tranquillité relative, et pendant qu'autour d'elle la mer rhétienne agitée déposait surtout des grès, il s'y formait surtout des argiles et des marnes, comme cela avait lieu plus au large à Miserey, à Salins ; et lorsque vers la fin de la période b, la tranquillité fut devenue assez grande pour qu’il se formât des calcaires cloisonnés dolomitiques sur une vaste étendue, ainsi que nous l'avons reconnu et prouvé précédemment, il püût se dé- poser à Bougnon, une couche mince de ce calcaire cloisonné, correspondant peut-être au maximum de tranquillité. Si ces considérations ont une certaine valeur, on pourrait donc retrouver à Bougnon la division que nous avons adoptée pour le rhétien des deux autres départements. Les couches de 1 à 9 formeraient les zones a et b, les couches 15, 46 et 17 y représenteraient les marnes pseudo-irisées, et les couches intermédiaires la zone € conséquemment. Signalons dans le voisinage de cette couche 9 des plaquettes de grès fossilifère et présentant des pseudomorphoses cubiques, comme on en trouve à Miserey, à Beure, dans ces mêmes zones : ce qui constitue encore un trait de ressemblance. 8° Coupe de Cuse près de Rougemont (PI. A. fig. 7). om. Marnes blanches 390 y Marnes rouges, jaunes, ocreuses È : = = nn = Marnes grises 200 Grès et marnes alternant, en petits lits — 9315 — Argiles jaunes 100 | Grès grisätre Marnes bleuâtres 100 Marnes jaunes Marnes bleuâtres 10. Grès grisätre piqueté de points noirs, cloisonné, à bival- ves, miCcacé : Hl 9. Calcaire dolomitique cloisonné Marnes jaunâtres, grisâtres 120 Grès micacé, grisätre Marnes schistoïdes, noiràâtres, rougeûtres entre les feuillets 100 4, Calcaire dolomitique cloisonné, ocreux, 40 Marnes jaunes 40 Marnes grises, jaunes, schistoïdes 250 2. Grès verdûtre Marnes noires, schisteuses, rouges entre les feuillets 200 Total 13250 Marnes vertes, jaunes par places 200 Keuper. Rhétien. SR ES Banc dolomitique Marnes vertes Nous rapprochons de cette coupe de Bougnon, celle que nous avons relevée à Cuse près de Rougemont (Doubs), et qu'une rectification d’un chemin vicinal vient de mettre ré- cemment à découvert. Il est assez remarquable que dans cette localité, qui confine aux départements du Doubs et de la — 316 — Haute-Saône, les couches de grès y soient si peu développées. L’étage y est presque entièrement formé de marnes et d’ar- giles. La comparaison de cette coupe avec celle de Bougnon révèle une coïncidence curieuse entre les couches 2 et 9 qui, dans les deux coupes qui ont même puissance, se trouvent à la même hauteur ou au même niveau,et nous paraissent équivalentes ; la couche ? consiste de part et d'autre en un grès verdâtre, la couche 9 est un calcaire cloisonné dolo- mitique. 8° Coupe de Mailleroncourt-Charrette (Haute-Saône). cm, Grès rougeàtre et marnes vertes alternant Banc de grès Grès rougeûtre et marnes vertes alternant 400 Banc de grès Grès rougeàtre et marnes vertes alternant Grès compacte exploité 600 à 700 Marnes jaunes et bleues 200 à 300 selon le dire des carriers. Le crès rhétien a été exploité autrefois pour bâtir, mainte- nant il l’est beaucoup moins. La coupe de Velleminfroy montre que la partie compacte du grès infraliasique suscep- tible d’être exploitée est à la partie moyenne de l'étage ; à Mailleroncourt-Charette et à Servigney, villages situés à une distance de quelques kilomètres seulement de Vellemin- — 311 — froy, chose curieuse,’ c’est la partie inférieure au contraire, tandis que la partie supérieure y présente des couches minces de grès alternant avec des marnes vertes. À Ouge età Venisey c'est la partie supérieure que l'on exploite comme moellons et moules à aiguiser. Ces différences indiquent clairement, ce nous semble, que le dépôt rhétien de la Haute-Saône, dont les couches passent si rapidement d’une localité à une autre de grès à marnes plus ou moins gréseuses et réciproquement, doit être envisagé comme ayant pris naissance dans une mer peu profonde et agitée ; et non loin d’une terre ferme dont les cours d’eau ont dû apporter leur contingent dans la sédimen- tation. | Cette manière de voir est corroborée par ce fait que les dépôts rhétiens n'y acquièrent pas une quinzaine de mètres, tandis que dans le Jura, la puissance de l'étage y est au moins de 20 mètres. À Cerqueux, fort beau village situé à quelques kilomètres de Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne), et bâti au pied et sur les flancs d’une colline du keuper, nous avons pu observer au nord-ouest-les marnes irisées très développées, et se ter- minant en haut par des marnes vertes; puis au-dessus, des marnes noires schisteuses avec plaquettes de grès à bivalves a indéterminables; enfin le tout couronné par le grès infralia- sique, dans lequel on a ouvert plusieurs carrières. Le temps nous à manqué pour en prendre une coupe détaillée. La partie exploitée est assez profonde, et au-dessus comme à Mailleroncourt-Charette, de nombreuses couches de grès et de marnes vertes alternantes. Nous y avons rencontré des bivalves indéterminables semblables à ceux que nous avons recueillis à Mérey près de Besancon, Vorges, etc. En outre, des Mytilus ou Cypricardia, une empreinte de Pecten Valo- niensis? et enfin un fragment d’empreinte bien conservée de Cardita austriaca Stopp. Le grès est micacé, gris, jaunâtre, rougeâtre, blanchâtre, le plus souvent friable, souvent taché de brun et dont quelques couches présentent assez de résis- — 3178 — tance pour être employées comme pierres de construction. Nous avons dit” précédemment que Thirria, pour établir qu'il y avait un passage entre le quadersanstein et le calcaire à gryphites, s'était appuyé uniquement peut-être sur la coupe de Velleminfroy. C’est le caractère calcareux et l'existence de nids d'argile sableuse qui, se rencontrant dans les couches 5 et 8, les réunissent pour constituer un dépôt de passage. Mais à Bougnon, à Cuse, à Venisey, à Ouge, les couches supé- rieures du quadersanstein ne présentent aucun des deux caractères précités. Les grès sont très purs à Bougnon, à Venisey, à Ouge. Les argiles pseudo-irisées se présentent à Venisey, à Ouge, à Cuse, avec une certaine épaisseur et, comme à Bougnon, elles-ne font pas effervescence avec les acides. Velleminfroy semble donc être une localité où les couches supérieures du rhétien ont revêtu des caractères minéralogiques exceptionnels. On ne peut donc arguer de ce fait isolé pour admettre l'existence d’un passage entre le qua- dersanstein et le calcaire à gryphites, c'est-à-dire d'un dépôt reliant les deux étages sans appartenir rigoureusement ni à l'un ni à l'autre. Nous terminerons cette étude par quelques remarques paléontologiques; et d'abord par une remarque générale qui a peut-être son importance : c'est que nous n'avons pas ren- contré ni dans le grès, ni dans les marnes, l’Avicula con- torta. À coup sûr, si cette espèce caractéristique s'y trouve, elle doit y être fort rare. Ce petit bivalve ne pouvait-il vivre que dans des eaux peu agitées, ne tenant en suspension que peu ou point de sable ? On est tenté de le croire, en le voyant pulluler plus loin du rivage vosgien, dans les dépôts argi- leux, marneux et calcaires, et disparaître presque entière- ment des dépôts sréseux. Il faut ajouter que nous n’avons été guère plus heureux en ce qui concerne les poissons, si abon- dants dans le rhétien du Doubs et du Jura, où ils se trouvent presque partout, dans les calcaires, les marnes et surtout les grès. Leur existence était-elle liée à celle des nombreux — 379 — bivalves qui devaient sans doute servir de pâture à quelques- uns d’entre eux ; aux pycnodontes probablement, dont les incisives constituaient un appareil de préhension, et les mo- laires à couronne plate et arrondie des organes très propres à la trituration des coquillages. À Mailleroncourt-Charette, nous avons recueilli un débris qui semble être la nageoire dorsale d'un grand poisson ; à Velleminfroy, une dent de Sar- godon tomicus Plien. et une dent de Termatosaurus Alberti Plien.; à Cerqueux, un banc montre sur sa face inférieure des saillies irrégulières arrondies, allongées, semblant indi- quer des excréments de poissons. Nous avons observé le même fait à Bougnon. Enfin, dans un tas de moellons venant de la carrière de Servigney, nous avons trouvé des Cardinia en abondance (Cardinia similis ?), ainsi que des Mytilus ou des Cypricardia. Malheureusement le test a disparu et il ne reste plus que l'empreinte assez fruste. Ces moellons appartiennent à la partie inférieure du rhétien. Dans des débris de grès prove- nant également de la partie inférieure de l'étage, de la même localité, nous avons recueilli une myophorie , la Trigonia postera Quenst, et un hivalve à côtes qui nous semble être la Cardila austriaca Stopp, dans un grès grossier, friable, rou- geâtre et moucheté de taches noires. — 380 — CHAPITRE V CONSIDÉRATIONS PAR LESQUELLES ON PEUT ÉTABLIR LA LIGNE DE DÉMARCATION ENTRE LE KEUPER FRANC-COMTOIS ET LE SYSTÈME DES COUCHES RHÉTIENNES QUI LE SURMONTENT. A.— Le keuper supérieur repose sur des marnes assez puissantes où la couleur rouge domine, et qui sont plus ou moins gypsifères. Le gypse s’y présente tantôt en bancs com- pactes, tantôt en couches inégales parallèles à la stratification et reliées entre elles par de nombreuses cloisons dirigées dans tous les sens, emprisonnant ainsi les marnes dans leurs mailles plus ou moins serrées, plus ou moins irrégulières. On peut dire de ces marnes qu’elles sont eloisonnées par le gypse. Au-dessus de ces marnes rouges on observe un banc de do- lomie de plusieurs mètres d'épaisseur (banc supérieur, 3° banc des géologues franc-comtois). La couche de couleur jaune clair, piquetée de noir, souvent vacuolaire, a été exploitée comme pierre à chaux hydraulique, et employée comme pierre de construction. Ce banc est réputé stérile, et aucun géologue franc-comtois, que je sache, n’y a rencontré d’autres fossiles que des sau- riens. À Beure, à Miserey, à Vorges, à Boisset, à Salins, on n'y trouve pas trace, en effet, de débris organiques. Il nous a été donné de pouvoir apporter une restriction à une proposition négative aussi absolue ; et le keuper franc- comtois n’est pas complétement dépourvu de corps organisés autres que les reptiles. C’est ce qu'établit la coupe que nous avons relevée à Champvans, près de Besancon, dans une ex- cavation produite par l'effondrement d'un ancien puits d’ex- traction de gypse. (Voir la note à la fin du chapitre.) — 381 — Le 3° banc de dolomie constitue un horizon assez constant dans les trois départements de la Franche-Comté. Mais les marnes qui le surmontent s y présentent surtout avec des ca- ractères pétrographiques invariables et parfaitement tranchés, marnes vertes et rouges lie de vin, par plages souvent éten- dues, recouvertes par des marnes vertes ou blanchâtres, avec des bancs de calcaire dolomitique blanchâtre intercalés, et plus ou moins nombreux. Dans ces marnes vertes on ne rencontre que des débris de grands sauriens (1). Encore y sont-ils peu abondants. C’est à ce niveau que, par une bonne fortune bien rare, MM. Pidancet et Chopard ont découvert, près de Saint- Lothain, le grand saurien, qu'ils ont appelé : Dimodosaurus Poligniensis, Pid. et Chop. Nous n’y avons jamais trouvé d'autres débris organiques ; et en cela nous n'avons pas été plus heureux que nos devan- ciers. Cette stérilité est-elle dûe à la nature des substances minérales amenées au milieu des sédiments par des sources geysériennes et hostiles aux manifestations biologiques ? Nous croyons plus volontiers que des éruptions boueuses ont im- primé aux dépôts du keuper leurs caractères minéralogiques si remarquables , et qu'en éclatant sur un grand nombre de points, elles ont dû étendre sur de grandes surfaces les plages stériles du fond de la mer keupérienne, malgré la proximité d'îles ou de continents. Le phénomène ne serait-il pas ana- (1) À Grozon ‘Jura), nous avons recueilli dans les marnes vertes supérieures du keuper un hümérus ou un fémur mesurant plus de 0" 50 de long; un fragment de bassin ou d’omoplate ? et une côte. Malheu- reusement ces débris gisant presque à la surface du sol, avaient été déjà détruits en partie par les agents atmosphériques, et nous n’avons pu que les obtenir en morceaux. Leur friabilité est telle qu'il aurait fallu les consolider sur place, au moyen de quelque préparation chimi- que, avant de les enlever. Ces os sont spongieux : l’os long que nous considérons comme un fémur où un humérus n’est point creux, et sa couche externe présente peu de compacité. Chose digne de remarque, ils étaient coupés sur plusieurs points par ces cloisons cristallines qui croisent en tous sens les marnes vertes, et même les marnes irisées de cette localité et des environs de Lons-le-Saunier, des Arsures, etc. — 382 — logue à celui qui a engendré le terrain sidérolitique, à une époque géologique beaucoup moins ancienne ? Quoi qu'il en soit, les marnes irisées, surmontées des marnes vertes plus ou moins dolomitiques, constituent un horizon géognostique parfaitement net, qu'il est toujours fa- cile de reconnaitre, et qui est d'une süreté pour ainsi dire absolue. Nous y avons observé un phénomène de cloisonnement bien remarquable. Elles sont lardées, coupées en tous sens par des lames de calcaire dolomitique qui se croisent dans toutes les directions de manière à former souvent des cavilés rhomboédriques rappelant la forme cristalline du spath cal- caire, Ce fait est fréquemment très net dans les marnes dolo- mitiques de l'étage rhétien. Hâtons-nous de dire que ce phé- nomène est loin d’être général, et que nous ne l’avons ren- contré qu'à Feschaux, à Lavigny, à Saint-Lothain, à Grozon, aux Arsures, C'est-à-dire sur le bord de la grande faille qui limite à l'ouest le massif jurassique. Il est assurément remar- quable de voir ce phénomène borné à un certain nombre de localités, non éparses, mais formant évidemment un ensemble qui doit fixer l'attention ; il faut donc le regarder comme un fait géogénique sans doute postérieur au dépôt lui-même, et en relation avec certaines conditions épigéniques qui nous échappent entièrement jusqu'ici (1). (1) Ge phénomène de cloisonnement s’observe très fréquemment dans la zone gypsifère, dans celle du keuper supérieur, dans le rhétien et dans l'hettangien. Doit-on le considérer comme le résultat du remplissage ultérieur de fentes et de fissures produites par dessiccation, retrait ou brisure ? Le fait très remarquable d’un os énorme et résistant, coupé en plusieurs endroits et dans des directions différentes par des cloi- sons cristallines, nous semble constituer la preuve que ces cloisons ne sont pas dûes à un remplissage de fentes préexistantes. Le retrait occa- sionné par sécheresse ou autre cause aurait, ce nous semble, laissé l'os intact, ou du moins ne l'aurait pas coupé en plusieurs endroits dans des directions différentes; tout au plus pouvait-il produire peut-être une seule rupture transversale plus ou moins nette. Nous avons observé à Vorges, dans l’hettangien, un gastéropode coupé en long par une . — 383 — B. — Au-dessus des marnes vertes apparaît le système de couches que nous avons décrites sous le nom d'étage rhétien. A la base, dans les départements du Doubs et du Jura, ce système débute par un petit lit gréseux, de quelques centi- mètres d'épaisseur contenant des fragments roulés, souvent arrondis en amandes, paraissant provenir pour la plupart des marnes sous-jacentes, vertes, jaunes, rouges, lie de vin, noi- râtres. Certains de ces débris roulés se clivent en se brisant. Il est très riche en dents, écailles de poissons, et à Moissey en particulier, en dépôts et écailles de grands reptiles. À Beure, nous y avons recueilli l’Avicula contorta et d’autres bivalves. Dans la Haute-Saône, au-dessus des marnes vertes, on ren- contre des marnes bleuâtres, noirâtres, et tout à la base, une petite couche de grès, pétri de ces petits bivalves indétermi- nables, mais dont le facies est très caractéristique et que l’on rencontre fréquemment dans les couches gréseuses du rhé- tien. De cet apercu, nous n'hésitons pas à conclure qu'un changement profond s’est opéré dans le régime de la mer keupérienne. La vie renaît; des colonies viennent peupler le fond de cette mer stérile depuis si longtemps. Le climat sous-marin est profondément modifié, et est devenu propre cloison spathique qui en a écarté les deux parties. Le retrait d’une roche molle empätant un corps résistant ne nous parait pas pouvoir opérer une section à travers ce dernier. D'ailleurs ces cloisons ne sont pas seulement dirigées perpendiculai- rement à la direction des strates, mais encore dans d’autres sens, de manière à former souvent un véritable réseau, emprisonnant dans ses mailles la roche plus ou moins terreuse qui paraît être le résultat de la consolidation d’un dépôt boueux. Nous attribuons volontiers le phénomène de cloisonnement à une sorte de départ chimique d'une portion des substances cristallisables en excès mélangées à des corps amorphes, argile, quartz. Ces substances, peut-être sous l'influence d'une forte pression auraient, dans une roche constamment imprégnée d’eau, fini à la longue par se grouper molécu- lairement, et former peu à peu des cloisons cristallines plus ou moins étendues. C'est simplement une manière de voir, et nous avouons ne connaître aucune expérience, aucune observation qui vienne corroborer notre opinion. — 384 — aux manifestations biologiques. Les nouveaux sédiments s'effectuent sur un certain nombre de points aux dépens des dépôts sous-jacents; et chose digne de remarque, ces dépôts, quoique marneux, sont assez cohérents pour résister à l’action délayante des eaux agitées, et pour se laisser faconner par elles sous forme d'amandes, ainsi qu'on l’observe surtout à Boisset et à Moissey. k Le changement de régime inauguré par ce dépôt si remar- quable. bien que de faible épaisseur, n’est ni local ni acci- dentel, il se poursuit aux deux points de vue pétrographique et paléontologique. En effet, au-dessus de cette sorte de bone bed qui marque le début de l’époque rhétienne, viennent, dans les deux départements du Doubs et du Jura, d’abord des grès plus ou moins marneux (srès de Boisset), des argiles noires schisteuses avec bancs intercalés de calcaire dolomiti- que cloisonné qui finissent par dominer dans la partie supé- rieure; ces couches sont riches en lamellibranches (Avicula contorta, Cardium Philippianum, Card. cloacinum, Cytherea rhætica Henry) et dents de poissons {Acrodus, Saurichthys, Hybodus). Elles forment le rhétien inférieur (zone a et zone b). Dans la Haute-Saône et le canton de Bâle, ce sont des marnes bleuâtres, noirâtres, plus ou moins gréseuses et schis- teuses qui leur correspondent. Les grès dominent dans la Haute-Saône, surtout à la partie supérieure. « Le rhétien supérieur se compose, dans la Haute-Saône, de grès et de marnes pseudo-irisées peu épaisses, dans le canton de Bäle, de grès exclusivement; dans les départements du Doubs et du Jura, de grès calcareux plus ou moins noirs avec couches de marnes noires ou noirâtres subordonnées, conte- nant les mêmes fossiles que dans le rhétien inférieur, et ren- fermant en abondance le Pecten Valoniensis (Defrance), et enfin des marnes pseudo-irisées plus ou moins développées et stériles. Ce n’est que dans la localité de Nans-sous-Sainte- Anne que les grès et marnes, qui représentent Ces marnes pseudo-irisées, renferment quelques débris organiques. Tableau résumé du rhétien dans la Franche-Comté. supérieur. + l lifère. — 985 — Rhétien s : — Grès peu fossi- — Grès. Rhétien inférieur. — Marnes schis- teuses et grès subordonnés. Bougnon (Haute-Saône). Ep. 15 m. — M. pseuda-iri- sées. * — Grès et marn. subordonnés.» — Couche calca- ro-dolomitique. — Grès etmarnes. — Marnes schis- teuses noirätres et grès subor- donnés. Département de la Hante-Saône. —Marnes pseudo- irisées, stériles. Cuse (Donbs).! Ep- 15 m. — M. pseudo-iri- sées. — Marnes et grès subordonnés. Couche calcaro- dolomitique. Marnes schisteu- ses noiràätres et grès subordon- nés. Département du Jura. Département du Poubs. Ep. 44 m. En 2 See ee on snow M pseudo-iri- — Grès calcareux! sées. et marnes noi-}— Grès calcareux râtres très fos-l et marnes noi- silifères. ràtres fossilir. | Calcaire dolo- milique cloison- — Calcaire dolo- mitique eloison- né. né. — Marnes noires{— Marnes noires schisteuses eti schisteuses et calcaires subor-; calcaires subor- donnés. donnés. — Grès de Boisset,|Grès de Boisscet, bone bd jà lal bone bed à la base. bas. r 1 au keuper supé rieur, nous voyons En comparant ce tableau 29 — 386 — succéder à des roches stériles, uniformes d'aspect et de nature dans toute l'étendue de la Franche-Comté, des roches fossili- fères, essentiellement variables par leur composition minéra- logique et leur couleur dans le sens horizontal des Vosges à Lons-le-Saunier. Si les grès dominent au pied du massif vos- gien, les argiles ou les marnes dominent au contraire au large dans le Jura. Pendant les périodes de repos relatif de la mer rhétienne, les marnes se rapprochent des Vosges, et les cal- caires dolomitiques prennent de plus en plus d'épaisseur au large. C’est ce qui se passe ordinairement dans toute mer dont la profondeur va en augmentant graduellement et qui recoit ses sédiments de la contrée qui la limite; près du rivage les sables, un peu plus loin les vases, et enfin plus au large les dépôts de plus en plus ténus et légers, les calcaires boueux. Cela est d'accord avec l'épaisseur graduellement croissante des sédiments rhétiens à mesure qu'on s'éloigne des Vosges pour se diriger vers le sud. La différence n'est pourtant pas considérable. Résumons les différences que présentent les sédiments du keuper supérieur et ceux de l'époque rhétienne. 1° Les dépôts du keuper supérieur sont stériles; les couches rhétiennes présentent une faune très homogène, riche en poissons et lamellibranches; 2° Les premiers sont uniformes sous le rapport pétrogra- phique et minéralogique; les seconds sont essentiellement variables dans le sens horizontal d’un point à un autre; 3° Le rouge et le vert dominent dans les premiers ; la cou- leur noire au contraire dominent dans les seconds. Dernière conclusion : les dépôts rhétiens sont aussi diffé- rents que possible de ceux du keuper supérieur, et la ligne de démarcation des deux.séries de couches, dans les deux dépar- tements du Doubs et du Jura, est dans ee petit lit de bone bed reposant sur les marnes vertes par lesquelles se termine le keuper. e Coupe du keuper supérieur à Champvans, près du bois de Vaux (PI. À, fig. 8). Marues irisées Marnes vertes 5. Banc de dolomie compacte, jaunâtre, à taches noires punetiformes à vacuoles plus ou moins nombreux, souvent géodiques 2720 4, Banc jaunûâtre à vacuoles d’égales dimensions, très nombreux 0, 05 D , 3. Banc friable, jaunàtre, à grosses oolithes creuses. faiblement cimentées, lumachellique 0, 30 2. Banc à cassure irrégulière, oolithes fortement cimentées 0, 30 Maurnes verdàtres, rouges par places 0, 15 1. Banc compacte, à cassure esquilleuse, taches noires puncti- formes 0, 35 Marnes vertes 3735 Ces couches sont interposées entre le £ypse exploité à une profondeur de 10 mètres à peu près au-dessous de ces bancs, et les marnes irisées. Celles-ci sont à leur tour recouvertes de marnes vertes. Au-dessus vient le grès jaune plus ou moins sableux qui constitue la base du rhétien inférieur. Les fossiles de la couche oolithique 3 sont abondants en individus, mais les espèces sont peu nombreuses. On y ren- contre surtout une Zroceranius ? Le test a entièrement dis- paru ; il n’en reste qu'une pellicule mince. Ixoceramus (PI. IV, fig. 7, 8, 9). Coquille plus ou moins aplatie, assez aliongée. — La charnière pré- sente sur le moule cinq à six petites barres rectilignes, parallèles, — 388 — équidistantes, perpendiculaires à la direction de la charnière, décrois- sant en longueur à partir du crochet; et chacune dans le sens de sa longueur, diminue de hauteur du bord extérieur de la charnière à l’intérieur. Elles correspondent aux fossettes du ligament, À côté du crochet qui est conique, saillant et légèrement courbé, se voit une échancrure arrondie, au-dessous de laquelle est logée une saillie cou- verte de sillons irréguliers, ayant la même courbure que l’échancrure, et séparés par des lamelles. Une fosse assez profonde sépare cette saillie sillonnée du système des barres de la charnière. Autres lamellibranches. 1° Coquille plate, à charnière droite, sans dents; à crochet redressé, saillant. 2° Coquille inéquilatérale, ovale, diamètre antéro-postérieur le plus grand, côté anal et côté buccal arrondis, bord palléal légèrement arqué. 3° Avicula rappelant par sa forme et ses dimensions l’Avicula præ- cursor Henry, ou Gervilia præcursor Quenstedt. Gastéropodes. Trois à quatre espèces de petits gastéropodes à bouche ronde. (PI. IV, fig. 3, 4, 5, 6.) Le fragment oolithique empâté dans la brèche de la base de l'hettangien que nous avons recueilli à Pouilley-les-Vignes, contient une Myophoria que nous décrirons ici, parce que ce fragment nous semble provenir de Ja couche n° 3. MyopPxorta STENONIS ? Stopp. (PI. IV, fig. 23). Coquille triangulaire, crochets tournés en avant, côté antérieur arrondi, bord palléal, arqué; stries d'accroissement assez marquées el assez régulières. Carène peu saillante mais très nette, séparant la région anale de la surface latérale. Région anale, plate, tronquée obli- quement. Sans doute, la localité de Champvans est une sorte d'oasis fossilifère. Peut-être s’est-elle produite sous l'influence de quel- que source jaillissant sur ce point dans la mer keupérienne et favorable aux manifestations biologiques. On est porté à — 389 — imaginer cette explication, en observant que dans les localités voisines, Beure, Miserey, Châtillon-le-duc, Vorges, il n'existe rien de semblable. Peut-être est-ce l'avant-garde d’un dépôt de rivage qui existerait plus à l’ouest ? A cette découverte d'un horizon fossilifère dans le keuper supérieur franc-comtois, nous pouvons en joindre une autre, qui nous paraît correspondre aussi au keuper supérieur. C’est ce que montre la coupe que nous avons relevée à Schwengi, ferme située à un kilomètre de Langenbruch, canton de Bâle. On y voit que la couche n° 2 est fossilifère. Or, par analogie au point de vue pétrographique, on est amené à considérer les argiles rouges et vertes qui se trouvent au-dessus comme le représentant des marnes irisées. D'autre part, nous igno- rons si cette petite couche fossilifère, que nous n'avons pu re- trouver à LauwYyl, près de Reigoswyl, à quelques lieues plus loin, ainsi que l'indique la coupe suivante, est connue des géologues suisses, ou si elle a passé inapercue. Nous nous ha- sardons donc à décrire les fossiles que nous y avons trouvés. 1° Ferme de Schwengi près de Langenbruck. Calc. à gryphées arq.; 1i a été exploité pour bâtir la ferme. Grès jaunâtre stérile, bone bed des géologues suisses (plu- sieurs mètres). Argiles jaunâtres-blanchâtres, verdâtres Argiles vertes” Argiles rouges 2. Banc pétri de Myophoria, de Cardium et de quelques gas- téropodes 1. Calcaire dolomitique Marnes verdûtres. grisätres ET ECG PEL TEE VC DAME CVS RUE RENE VIE EX 2 DE EEE TEINTE SET SCENE EPS — 390 — 20 Lauwyl. Couches à gryphæa cymbium Couches à Gryphæa arcuala; sable jaune à gryphées ar- quées pee & 2 = 2 £ Feuillet de marnes, verdàtre, grisätre = 2 : “ 5 , ; . ee Grès, cassure cuboïde, grossier, jaunâtre, fragile om & = “ . A se Grès grisâtre, dur = 2 = = Argiles vertes, jaunes 6" Argiles rouges et vertes Marues gréseuses, dolomitoïdes, cloisonnées Argiles rouges Le test est dissous presque entièrement; il ne reste que le moule intérieur et le moule extérieur nettement conservés. Aussi, sous l’action prolongée des agents dissolvants, la roche est devenue friable. Carpium? (PI. IV, fig. 11 et 12). Test orné d’une vingtaine de côtes longitudinales, ravonnantes, aiguës, à lamelles d’accroissement très marquées, très régulières. Vallécules de séparation des côtes, profondes, anguleuses. Le moule intérieur est lisse; les dentelures du bord montrent que la coquille était crénelée. De chaque côté du crochet existent deux saillies laté- rales, une grande conique, l’autre plus allongée mais moins haute ; et enfin on en voit une troisième sous le crochet. — 391 — MyoPxortA? (PL IV, fig. 13, 14, 15, 16, 17). Coquille triangulaire à neuf côtes rayonnantes, élevées, anguleuses, augmentant de grosseur de l’avant à l'arrière de la coquille : la der- nière &, très grosse et très saillante, les vallécules de séparation pro- fondes. Les lamelles d’accroissement sont très saillantes, très régulières, au point qu'un fragment de cette coquille ressemble à s'y méprendre au test du cardium précédent. A la partie antérieure, existent des côtes transversales perpendiculaires aux côtes longitudinales, nombreuses, régulières. La surface anale triangulaire forme un angle vif avec la partie latérale, la grosse côte a en constitue l'arète. Des stries transver- sales d’accroissement gagnent le bord de la coquille en remontant obli- quement vers le crochet. Une carène saillante b partant du crochet, et s'éloignant peu du bord, partage la surface anale en deux parties; la région qui s étend entre la carène et la grosse côte a est concave. Le moule est lisse, il montre à ses dentelures que la coquille était crénelée marginaiement et que les rainures s’étendaient assez loin. Il présente deux saillies latérales dans la région cardinale, l'une antérieure, grande, conique, pointue; l’autre postérieure, surbaissée, à peine visible. En outre, il a sur la région anale deux carènes correspondant à la côte q et à la carène b. — Quelques moules de petits gastéropodes à bouche ronde. JI* SECTION ER AL Cr EL BEC A NO EN SYNONYMIE. Sinémurien (partie) D'ORBIGNY. Infralias (partie supérieure pour les uns, complet pour les autres). Zone à Amm. planorbis et à Amm. angulatus. Lias inférieur (partie inférieure). Calcaire de Dachstein. Calcaire de Sasso, STOPPANI. CHAPITRE VI L'ÉTAGE HETTANGIEN DANS LA FRANCHE-COMTÉ. Les géologues ont pu reconnaître entre l'horizon de la zone à Avicula contorta et le calcaire à Gryphæa arcuata, deux sys- tèmes de couches, ou deux assises, distinctes l’une de l’autre par leur faune. Maloré des espèces communes assez nom- breuses, elles diffèrent par un certain nombre de fossiles exclu- sifs et caractéristiques; et on les distingue dans un certain nombre de régions sous les noms de zone à A. planorbis et zone à À. angulatus. M. Dumortier, dans le Lyonnais et le Dauphiné, retrouve les équivalents de ces deux zones et donne la liste des fossiles qu'il a rencontrés dans chacune des deux assises. La première contient à peu près 75 à 80 espèces déterminables ; la seconde — 393 — 130; 16 espèces seulement sont communes aux deux zones. Elles diffèrent d’ailleurs également par leurs caractères miné- ralogiques et pétrographiques. Selon ce géologue, la zone à À. angulatus se lie intimement à la zone à gryphées et n’en est séparée par aucune couche de grès ni de sable. Elle con- siste principalement en un caleaire bleuâtre, devenant jaune à l'air par décomposition , et laissant dans un état d'intégrité parfaite tous les fossiles qu’elle contient empâtés. Au point de vue minéralogique, elle paraît caractérisée par la présence de grains de quartz disséminés dans la roche et plus ou moins émoussés. Elle est séparée de la zone à 4. planorbis par des grès variés, d'une épaisseur assez grande. Sa puissance n’est que de 6 à 8®. La zone à 4. planorbis consiste en marnes, cargneules, grès et calcaires sublithographiques, le tout de 16% de puissance environ. Les calcares constituent le choin bâtard lyonnais. M. Martin, dans la Côte-d'Or, a reconnu et décrit deux zones qui, sous le ñom de {umachelle et de foie de veau, cor- respondent évidemment aux deux termes de l'infralias, zone à À. planorbis, zone à A. angulatus. I] signale dans la pre- mière zone 76 espèces et dans la seconde plus du double, 168. Plus de 50 espèces sont communes aux deux zones. Il établit nettement que les deux dépôts, quand ils coexistent, sont tou- Jours superposés dans l’ordre indiqué ; de plus qu'on les ren- contre quelquefois en discordance d'isolement. C’est ainsi que la lamachelle manque parfois complétement, et que le foie de veau repose immédiatement sur la zone à Av. contorta. Les fossiles de la lumachelle, triturés et pêle-mêle, révèlent en Bourgogne, autour du massif de Morvan, une mer agitée par des courants violents. Les fossiles du foie de veau, par- faitement conservés dans une roche à pâte fine et homogène, indiquent manifestement une mer calme et abritée du tumulte des flots. Il y a deux époques très distinctes sous tous les rap- ports : faune, conditions de dépôt, pétrographie; tout est dif- férent. Le travail si remarquable de M. Martin établit ces — 394 — vérités avec une netteté qui, selon nous, ne laisse rien à dé- sirer. MM. Terquem et Piette, dans le Luxembourg et dans le nord-est de la France, ont étudié également ces couches, Ils reconnaissent deux horizons fossilifères distincts , correspon- dant aux deux zones admises par la plupart des géologues. M. Terquem, précédemment dans sa Paléontologie de la province de Luxembourg et de Hettange, avait été, à la suite de longues et patientes observations, amené à distinguer deux assises, le calcaire gréso-bitumineux et le grès calcareux de Hettange et de Luxembourg. La première assise inférieure, formée de grès, de calcaires et de marnes noires fissiles bitu- mineuses, est assez pauvre en fossiles; la seconde, supérieure, est très riche au contraire en débris organiques. Ces deux as- sises sont les représentants des deux zones à A. planorbis et à À. angulalus. La division que M. Quenstedt, dans son ouvrage du Jura, établit dans le « du lias, reflète exactement ce que nous ve- nons de rencontrer en France. Au-dessus des couches cloaci- niennes qui représentent la zone à Av. contorta ou le rhétien, il distingue 1° le Psilonotenbanck, c'est-à-dire la zone à A. psilonotus (A. Hagenowi Dunker, À. planorbis Sow., selon MM. Terquem et Piette) : 2° l’Angulaten qu’il divise en plu- sieurs horizons fossilifères, mais dont le nom indique le fos- sile caractéristique, l'A. angulatus. I] est donc établi qu'en Souabe comme en France, entre la zone à Av. contorta et les couches à gryphées arquées, existent deux assises nettement distinctes qui ne renferment que peu ou point de gryphæa arcuata ; à savoir : la zone à A. planorbis en bas, et par-des- sus la zone à À. angulatus, Nous venons de jeter un coup-d'œil sur ce qui se passe au- tour du bassin franc-comtois. Il semble tout d’abord que nous sommes en droit d'espérer y trouver les équivalents de ces deux assises. Mais notre attente a été en partie trompée. La zone à À. planorbis y existe à l’état rudimentaire ou nul; — 395 — et la zone à À. angulatus n'y présente qu’une puissance très faible, mais en revanche y est riche en débris organiques. L'ensemble des couches comprises entre le rhétien et le cal- caire à gryphées, y montre une épaisseur qui peut varier de quelques décimètres à deux, trois ou quatre mètres au plus. La difficulté que nous avons rencontrée pour y reconnaître toujours,distinctement deux assises, nous a engagé à désigner l’ensemble sous un nom unique et commode, et nous avons choisi le nom d'hettangien, parce qu'il aura peut-être encore l'avantage de rappeler l’étroite analogie que présente la faune de ces couches en Franche-Comté avec celle si riche de Het- tange. Les détails suivants donneront une idée suffisante de la constitution de ce groupe dans l’est de la France. 1° Coupe de Robinet, près de Feschaux (Jura). Calcaire à gryphées 8" env. Bancs calcaires, gris bleuätre, altérables à l'air, très riches en fossiles surtout à la partie infér. 4. angu- latus. Gastéropodes. Cardinia. Montlivaultia discoi- dea el sinemuriensis, etc. 2m env. Grès friable, grossier; roche pourrie, dont les agents atmo- sphériques paraissent avoir enlevé le ciment sans doute calcaire. Pecten Valoniensis, harpax spinosus 0" 50 Calcaire gris, dur, erislallin, compacte, fossilifère. Pinna ostrea, etc. Fossiles difficilement déterminables 1® 50 Argiles pseudo-irisées du rhétien Si nous rapprochons cette coupe de celle que donne M. Du- mortier (loc. cit.), nous sommes portés à considérer la couche inférieure comme constituant la zone à 4. planorbis, la supé- rieure comme la zone à A. angulatus, séparées l’une de l'autre par une couche gréseuse, comme cela a lieu, sur une — 396 — beaucoup plus grande échelle, il est vrai, dans l’infralias lyonnais. Les fossiles que nous avons trouvés dans la couche gréseuse nous la font envisager comme appartenant à la zone inférieure. La coupe de Vorges nous confirmera dans cette manière de voir. % À Moutaine et à Boisset près de Salins, on trouve au-des- sus des argiles pseudo-irisées du rhétieu 1° un premier banc de calcaire très dur, faisant feu sous le marteau, peu fossili- fère, épaisseur 40€, Nous y avons observé des Pecten, des Lima indéterminables, ete., l'A, planorbis ? Sow.; 2° au-dessus, des bancs de calcaire compacte, cristallin, où abondent les Cardinia et les Lima. Nous n ävons point observé de couche gréseuse in- termédiaire. A la base de la première couche, existe une sorte de brèche à gros fragments de différente nature, perlorés en tous sens de cavités cylindriques, plus où moins sinueuses, remplis après coup par la roche empâtante de couleur foncée et cris- talline. L'échantillon recueilli à Moutaine montre un fragment tabulaire, peu épais, d’une roche à pâte fine et homogène, lithographique. Il est recouvert par la roche empâtante. Le fragment dolomitique, sous l’action prolongée des agents at- mosphériques, a passé de la couleur foncée que l’on peut encore observer sur une partie de l'échantillon, à la nuance jaune, ou lie de vin claire. Il est perforé dans toutes les direc- tions, et la roche qui remplit les cavités cylindriques, est cris- talline, noire, et se relie à la roche recouvrante. Il y a donc eu un remplissage ultérieur. Au premier abord on est tenté de considérer ces corps cylindriques plus où moins contournés, comme des polypiers emprisonnés dans une roche vaseuse. Mais les extrémités supérieures des polypiers seraientatténuées et arrondies; au contraire elles s’évasent et se soudent à la roche sus-jacente. Ce sont, à n'en pas douter, des per/forations qui, partant de la face supérieure du fragment déposé, vent se perdre dans son intérieur, ou le traversent quelquefois d’outre en outre, 397 — Nous retrouvons le même phénomène à Boisset, dans un fragment empâté d’une roche marneuse de couleur gris foncé, devenant ocreuse à l'air, faisaut effervescence avec l'acide chlorhydrique en dégageant une odeur fétide forte. La roche englobante est également de couleur foncée; c’est un grès calcaro-pyriteux, gris-noir, devenant jaunâtre à l'air, grenu,, faisant effervescence avec odeur fétide. Elle est fossilifère et renferme des grains de quartz émoussés. La face inférieure de la couche présente des fragments perforés, ou des em- preintes indéterminables de débris végétaux sans doute. On trouve également, dans l'intérieur de la roche englobante, des fragments perforés ; ce qui montre que les causes qui ont produit ce dépôt de fragments au commencement de l'époque de l’A. planorbis, ont dù continuer leur action encore quel- que temps. 3° La coupe de Vorges est plus nette. Calcaire à gryphées 9, Bancs de calcaire dur, bleu, très fossilifère. Cardinia Lima, etc. 1 20 1. Alternance de calc. durs et de grès ferrugineux friable 0" 60 Argiles du rhétien Les calcaires de la couche { sont durs, faisant feu sous le marteau. Les petites couches de grès ferrugineux et friable alternant, représentent bien la roche pourrie de Robinet (Fes- chaux). Le premier lit de 1 renferme des fragments émoussés, empâtés, d’une roche voire, très dure, sorte de lydienne rayant l'acier, et ne faisant pas effervescence avec l'acide chlo- rhydrique , dans lequel elle est insoluble d'ailleurs. Cette couche { est assez fossilifère. Nous y avons rencontré des dé- bris de Pinna, de Pecten, de gastéropodes, de végétaux fibreux. Nous avons pu y reconnaître la Lima Valoniensis Defr., l'Os- — 398 — trea anomala Goldf., le Diademopsis buccalis Ag., le Cardium Terquemi Mart., et le Cerithium etalense Piette. Les quatre premières espèces indiquent bien la zone à A. planorbis. La cinquième est regardée par M. Dumortier comme caractéris- tique de la zone à A. angulatus dans l'infralias lyonnais. Dans la Franche-Comté, cette espèce, si facile à reconnaître, se rencontre dans les deux zones. Les calcaires de la couche 3 sont durs, bleus, altérables à l'air, renfermant en abondance les fossiles de la zone à 4. an- gulatus avec ce dernier fossile. Les lamellibranches ont tou- jours leur valves séparées ou brisées. Nous y avons trouvé un Montlivaultia sinemuriensis, d'Orb., renversé. Les gastéro- podes, comme cela a lieu en Bourgogne, en Franche-Comté, partout, y sont pourtant bien conservés; tout annonce un dépôt formé par l'apport des vagues et dont les débris, sans doute promptement enfouis, n’ont pas été soumis à un rou- lement répété. On n'y rencontre aucune gryphée arquée. Cette assise n’a guère que 1" 20 d'épaisseur et y représente nettement la zone à 4. angul!atus. 4° À Beure, la première zone n'y est représentée que par un banc de calcaire extrêmement dur, faisant feu sous le mar- teau, surmonté d'une petite couche de calcaire gréseux, ferru- gineux et fossilifère. Nous y avons observé le P. Valoniensis en abondance : épaisseur 0" 30. La zone à 4. angulatus y est un peu plus épaisse et, comme toujours, riche en Cardinies, Lima, Pinna, Montlivaullia, etc. C’est un calcaire gris, noir, faisant effervescence avec odeur fétide, parsemé de globules plus ou moins arrondis de cou- leur claire. Elle peut atteindre 1 mètre d'épaisseur. 5° À Pouilley-les-Vignes, sur les marnes à Pecten Valoniensis du rhétien supérieur, reposent directement deux bancs d’une épaisseur totale de 0® 70 à 0" 80. Le premier est formé à la base d'une sorte de brèche composée de fragments de roches différentes, et de couleur claire, empâtés dans une roche de couleur sombre. Il est riche en petits gastéropodes comme le ‘ — 399 — second. On y peut recueillir la Lima antiquata Sow., le Galeo- laria filiformis Terquem et Piette, le Montlivaullia sinemu- riensis d'Orb., des oivalves perforés par la Talpina serpula Henry. Il renferme des grains de quartz et des fragments de lydienne. La roche, d’un gris noir, est mouchetée, comme à Beure, de petits grains plus ou moins ronds et de couleur claire. Nous y signalerons, comme un fait très remarquable, l'existence, dans cette brèche, de fragments de calcaire ooli- thique fossilifère, à oolithes souvent creuses, que nous con- sidérons comme appartenant à la couche oolithique que nous avons découverte à Champvans à la base du banc de dolomie supérieure du keuper. Ce fragment contient une myophorie parfaitement conservée; mais nous n'y avons pu découvrir trace des fossiles que contient le banc oolithique de Champ- vans. Cela n’a rien qui doive surprendre, car à Champvans même, la roche oolithique est parfois stérile ou à peu près. 6° À Miserey, la zone à À. Angulatus très réduite, épaisse de quelques décimètres, y repose immédiatement sur une brèche très bien caractérisée, formée de fragments quelquefois volumineux et peu émoussés, d’une couleur claire qui tranche nettement sur la couleur foncée de la roche empâtante. Celle- ci est altérable à l’air et contient, comme à Beure et à Champ- vans, des grains de quartz émoussés, et les fossiles, bivalves et gastéropodes, que la même zone renferme partout ailleurs. Les petits grains de couleur claire, que nous avons signalés à Beure et à Pouilley, s’y rencontrent également. Les fragments qui constituent la brèche sont des calcaires dolomitiques cloi- sonnés; quelques-uns sont formés de vraies dolomies sembla- bles à celles du keuper supérieur. Nous y avons recueilli une grande Ammonite, peut-être l'A. planorbis. Le rhétien et le keuper détruits dans le voisinage ont dû fournir ces matériaux. 1° La zone à 4. angulatus existe pour ainsi dire seule à Velleminfroy (Haute-Saône). Elle y est caractérisée par les mêmes fossiles que dans les deux autres départements. A la — 400 — base, on observe un petit lit marneux, calcaire, formé de marnes au milieu desquelles on rencontre des morceaux ar- rondis de calcaire en forme de disques; mais ce n'est pas un poudingue; marnes et calcaire sont contemporains, et ces dis- ques calcaires paraissent être le résultat d'une sorte de départ ultérieur, qui aurait groupé les molécules calcaires dissémi- nées dans la couche argilo-calcaire déposée. 8° Plus au nord-ouest de la Haute-Saône, à Venisey, la zone à À. angulatus existe seule et repose directement sur les ar- giles pseudo-irisées. Elle consiste en bancs d’un calcaire bleu, cristallin, compacte, très dur, riche en Lima, Cardinia, dont les deux valves sont souvent réunies. 9 Dans le canton de Bâle, les deux coupes que nous avons relevées à Schwengi et à Lauwyl (voir la note qui termine le chapitre précédent), établissent que les couches à gryphées reposent directement sur le grès infraliasique,et que les deux zones à A. planorbis et à À. angulatus y manquent complé- tement. En résumé, la zone à A. planorbis manque complétement dans le canton de Bâle et dans la Haute-Saône. Elle est ré- duite à une épaisseur de quelques centimètres à Miserey, à Pouilley-les-Vignes où elle n’est représentée que par la brèche, ou plutôt par les fragments de cette brèche qui n'ont été em- pôtés dans ces localités qu'au commencement de la période de l'A. angulatus. À Beure, à Vorges, à Moutaine son épais- seur varie de 0" 30 à 0 60. Elle atteint, près de Lons-le-Sau- nier, une épaisseur de 2 mètres; et enfin, dans le Lyonnais, elle acquiert une puissance de 16 mètres. La zone de l'A. angulatus manque également dans le can- ton de Bâle, mais repose à Schambelen (docteur Heer) sur le keuper. Elle existe dans toute la Franche-Comté, acquiert son minimum d'épaisseur aux environs de Besançon ; à Miserey, clie n'a guère que 50 cent.; cette épaisseur augmente, assez faiblement d'ailleurs, soit vers le sud, où elle offre une puis- sance de ? mètres, à Feschaux; de 6 mètres dans le Lyon- — 01 — nais ; soit vers le nord, où elle atteint à Velleminfroy une épaisseur de 1" 70 à 2 mètres. L'étage hettangien présente, en Franche-Comté, des carac- tères pétrographiques et surtout paléontologiques parfaite- ment distincts de l'étage rhétien. Il consiste en bancs cal- caires plus ou moins durs, peu marneux, de couleur assez foncée, altérables sous l'action prolongée des agents atmos- phériques. Ces bancs se soudent pour ainsi dire à ceux du calcaire à gryphées arquées, avec lesquels ils constituent un massif qui fait souvent saillie au-dessus des marnes meubles sous-jacentes du rhétien supérieur. Si l'étage ‘hettangien est surtout calcaire, l'étage rhétien est éminemment marneux ou gréseux. Les fossiles communs aux deux étages sont fort peu nom- breux : ce sont la Plicalula intusstriata, le Pecten Valoniensis, et peut-être quelques Cardinia. La Lima gigantea, les Car- dinia abondent tellement dans l'hettangien, qu’on peut, dans la Franche-Comté, donner sans inconvénient à cet étage le nom de couches à Cardinia ou de couches à Lima. Dans l'é- tage rhétien, les dents et écailles de poissons, l’Avicula con- torla, les Cardium Philippianum et cloacinum se font remar- quer par leur fréquence souvent fort grande. Le tableau ré- sumé des fossiles des deux étages (voir à la fin de la [T° partie) montre clairement qu'ils présentent plus de différence dans leurs caractères paléontologiques que dans ceux tirés de la nature et de la consistance des roches qui les constituent. La ligne de démarcation est par conséquent d’une netteté qui ne laisse ren à désirer, et presque partout, excepté aux environs de Besançon, où elles manquent, les marnes pseudo- irisées forment le couronnement de l'étage rhétien franc- comtois, et supportent à leur tour le système des bancs cal- caires et continus de l’hettangien et du calcaire à gryphées arquées. | 20 — 402 — Ie PARTIE PALÉONTOLOGIE I SECTION ÉTAGE RHETIEN La faune que nous avons recueillie à Moiïissey (près de Dole), dans la brèche qui est à la base même de l'étage rhé= tien, a des caractères si différents de celle que nous avons trouvée dans les autres localités de la Franche-Comté, que nous croyons devoir lui consacrer un chapitre spécial. A Moissey, la faune, en effet, est presque entièrement composée de reptiles; ailleurs elle ne consiste guère qu’en poissons. Ce n'est qu'à Miserey, dans le bone bed n° 1 de la base du rhé- tien que nous avons rencontré urie seule dent de reptile, dont on ne voit la dentelure latérale que d’un côté. C’est, à n’en pas douter, une jeune dent de Megalosaurus. Ajoutons qu'à Miéry, dans la même couche, immédiatement supérieure aux marnes vertes, nous avons recueilli des débris de dents de Termatosaurus Alberti, Plien., et à Velleminfroy un frag- ment de dent du même reptile dans l'étage rhétien tout à fait supérieur. — 403 — CHAPITRE I REPTILES. Genre Megalosaurus, Buck. (Famille des Dinosauriens, Pictet). « Les dents, à leur naissance, sont droites, comprimées, dentées en scie sur leurs bords et en forme de pointe de sabre ; à mesure qu'elles croissent, elles prennent une courbure en arrière, qui leur donne la forme d'une serpette, et l’émail dentelé se continue le long de l’arûte postérieure et tranchante de la dent, tandis que du côté opposé, il ne descend qu'à une petite distance du sommet. » (Picrer, Traité de Paléontologie.) Mecacosaurus oBrusus, Henry (PL I, fig. 1). — Dent allongée; som- met émoussé; surface lisse : face externe convexe, face interne moins bombée et presque anguleuse. — Longueur 26 millim.; largeur 8 mill. — Localité : Moissey. (PI. I, fig. 2). — Grosse dent, montrant les dentelures sur un des bords; cavité conique pleine. — Longueur ?8 millim.; largeur 13 mil. (PL. I, fig. 3). — Jeune dent de WMegalosaurus? Dentelure des deux côtés. Surface couverte de stries fines, longitudinales, réticulées. (PL I, fig. 4). — Partie supérieure d’une dent de Megalosaurus, den- telures des deux côtés. Le sommet est fortement tronqué, émoussé; cette particularité doit ètre attribuée sans doute à une usure prolongée. — Localité : Moissey. (PL. I, fig. 4 bis). — Dent allongée, pointue, présentant deux cour- bures légères comme celles des Wegalosaurus, et de plus denticulée comme elles sur les deux côtés. Par ses côtes obsolètes, longitudinales, irrégulièrement distribuées, et sa forme plus élancée, plus grêle, elle me semble appartenir à une autre espèce. — Localité : Moissey. Genre F'ermatosawurus, Plieninger. « Dents presque cylindriques, diminuant peu jusqu'à la, pointe qui est en cône mousse. Cannelure très distincte de l'émail, qui présente des stries (ou mieux des saillies) longi- tudinales demi-cylindriques très élevées, séparées par des — 404 — sillons profonds et un peu plus étroits. La pointe de la dent est souvent lisse. La substance en dessous de l'émail est fine- ment fendillée dans sa longueur. » (Prcrer, Traité de Paléon- tologie.) Nous possédons six échantillons qui nous paraissent, malgré quel- ques différences, se rapporter au Termalosaurus Alberti, Plieninger, que H. de Meyer et Plieninger ont trouvé dans les brèches qui sont intermédiaires entre le keuper et le lias. TERMATOSAURUS ALBERTI, Plieninger (PI. I, fig. 5 et 54). — Dent co- nique droite; sommet obtus; pointe lisse; cannelures fortes, irrégu- lières, point de stries longitudinales réticulées. — Longueur 16 millim.; largeur à la base 7 millim. — Localité : Moissey. (PL. I, fig. 6). — Dent conique droite, sommet émoussé. Cannelures longitudinales nombreuses, obsolètes; stries longitudinales réticulées couvrant la surface depuis la base jusqu’à la pointe qui est lisse. — Longueur 15 millim.; largeur à la base 6 millim. — Localité : Moissey. (PL. I, fig. 7). — Dent conique droite; cannelée, stries longitudinales réticulées. Noyau conique. — Longueur 11 millim.; largeur à la base 4 millim. — Localité : Moissey. (PL I, fig. 8 et 8 bis). — Dent conique droite, creuse, à pointe lisse. Le reste de la couronne fortement cannelé et couvert de stries fines longitudinales en réseau. — Longueur 8 millim.; largeur à la base 6 millim. — Localité : Moissey. Un échantillon, recueilli dans la même localité, montre une pointe lisse plus longue que dans les exemplaires ci-dessus. Le caractère commun de ces dents consiste 1° en une pointe lisse plus ou moins longue; ?° en une cannelure longitudinale plus ou moins prononcée; 3 en une forme conique plus ou moins élancée. Les stries fines longitudinales en réseau qui recouvrent la surface de la dent jusqu'à la pointe exclusivement, semblent être le résultat de la disparition de la couche superficielle de l'émail. Genre Ichthyosaurus, Kænig. « Dents coniques ressemblant beaucoup à celles des croco- diles, mais elles sont pleines à leur base. » (Picrer, Traité de Paléontologie.) Nous rapportons au genre /chlhyosaurus deux grosses dents coni- ques à section presque circulaire. Icarayosaurus (PI. I, fi. 9, 9, et 9,). — Grosse dent conique, légè- rement courbe. Faces latérales à pans coupés. Arêtes longitudinales nombreuses à peine visibles. Deux faibles nervures latérales plus rap — 405 — prochées de la région concave que de la région convexe. Toute la sur face de la couronne couverte d’un réseau de fines stries saillantes lon- gitudinales. Racine lisse. — Longueur 35 millim.; largeur à la base 9 à 10 millim. — Localité : Moissey. Un échantillon présente un noyau conique. (PL. I, fig. 10). — Grosse dent fortement usée au sommet, courbe, lignes longitudinales peu saillantes, couronne couverte d’un réseau de stries longitudinales. — Longueur 15 millim.; largeur à la base 6 mill. — Localité : Moissey. Nous ne savons à quels genres rapporter les trois dents suivantes, que nous allons décrire. (PL I, fig. 11). — Dent comprimée, lisse, à bords latéraux tranchants, non denticulés, légèrement courbe, symétrique par rapport à un plan perpendiculaire à celui des bords latéraux; convexe sur sa face ex- terne, moins convexe en haut sur sa face interne, mais plus convexe en bas. Sur la moitié inférieure de la face interne existent sept grands sillons longitudinaux, droits, égaux entre eux, et quatre moins grands, distribués ainsi : un grand médian, de chaque côté un petit, puis un grand, puis un petit et enfin deux grands. Le sommet est fortement usé. — Localité : Moissey. (PL. I, fig. 12). — Dent allongée, obtuse, droite d’un côté, courbée et arrondie au sommet de l'autre, lisse, creuse. Une vallécule longitudi- nale d'un côté ; il ne paraît pas en exister sur la face opposée, si on en juge du moins par la partie inférieure a qui a été enlevée, et qui présente une empreinte concave. Le tissu de toutes les dents que nous avons recueillies à Moissey est compacte, mais se clive avec une grande facilité, circonstance qui les rend malheureusement très fragiles. Le tissu des ichthyodorulithes présente une structure fibreuse irrégulière comme celle des os. Or le corps que nous figurons a le caractère miné- ralogique de toutes les dents précédemment décrites; nous pensons donc avec quelque raison que ce corps organisé en est une. — Lon- gueur 20 millim.; largeur 3 millim. — Localité : Moissey. Nous signalerons encore comme provenant de la brèche fossilifère de la même localité, une petite dent creuse, triangulaire, lisse, non den- ticulée, à angles latéraux peu tranchants (PI. I, fig. 12 bis). Genre Simosaurus, H. de Meyer. « Dents recourbées ayant une petite carène externe. Elles sont striées de lignes profondes qui arrivent toutes jusqu’à la pointe, mais qui disparaissent vers la racine. » (Picrer, Traité de Paléontologie.) SimosauURUS (PI. I, fig. 13.et 13,). — Dent conique, courbe, allongée, pointue, surface lisse à la base; le reste de la couronne couverte de — A06 — côtes longitudinales obsolètes mousses s’atténuant à la base et au som- met, plus prononcées sur la face concave. Nervure latérale saillante vers le sommet, et s’amoindrissant graduellement en se dirigeant vers la base. La surface de la couronne est couverte en outre de stries sail- lantes longitudinales légèrement sinueuses, comme réticulées. Racine lisse. Cavité conique. — Localité : Moissey. Ogservarion. — Les Megalosaurus, les Zchlhyosaurus, les Termato- saurus, sont des formes jurassiques; les Simosaurus sont triasiques. Il est assez remarquable de les rencontrer ensemble dans la même couche, en contact et pêle-mêle. Ces débris ne sont pas roulés ou fort peu. Ils appartiennent aux premiers dépôts de l’époque rhétienne et même à la base de la première couche déposée au commencement de ce nouvel ordre de choses qu'ils semblent inaugurer. Certes ils n’ont pas été créés à ce moment précis; et ce n'est pas trop se hasarder que d'admettre que ces espèces de reptiles vivaient pendant la période triasique ou tout au moins vers sa fin, et que les modifications pro- fondes survenues dans le régime de la mer keupérienne dans l'ouest de l'Europe, ont dû accumuler leurs débris dans les nouveaux sédi- ments du rivage ou dans le voisinage des hauts fonds hantés par ces reptiles. Et il est difficile, vu le peu d'épaisseur des dépôts keupériens, et surtout des dépôts rhétiens, de se refuser à considérer les environs de la Serre comme une mer peu profonde pendant l'époque du keuper et l'époque rhétienne. POISSONS. Genre Sphenodus ? Ag. (PL. I, fig. 17. — Dent petite, rappelant par sa forme celle des Oxyrhina, ou des Lamna, ou mieux des Sphenodus, mais presque aussi bombée d’un côté que de l’autre. Bords latéraux minces tran- chants, nettement détachés de la dent. Couronne parfaitement lisse. Nous n’en connaissons pas la racine. Si notre appréciation est exacte, le genre DPAPAOMES remonterait donc jusque dans le trias. : Ichthyodorulithes. Genre Spinax ? (PL I, fig. 14). — Ichthyodorulithe lisse, grêle, plein à la base, puis creux, surface couverte d’impressions légères, courtes, linéaires, longitudinales, irrégulières, et de pores, surtout vers la base. Section elliptique, légèrement carénée sur le bord concave. Nous ne connais- — 407 — sons pas la pointe. Nous avons recueilli un échantillon dont l’une des extrémités est tronquée et usée. — Localité : Moissey. Genre Hybodus, Ac. Ichthyodorulithe cannelé (PI. I, fig. 15); les côtes se réunissent deux à deux à des hauteurs différentes, excepté les côtes antérieures et peut-être la postérieure. — Localité : Moissey. (PL I, fig. 16 et 164). — Ichthyodorulithe grêle, très comprimé laté- ralement. Sur la moitié antérieure quatre sillons longitudinaux pro- fonds, par conséquent trois côtes longitudinales latérales de chaque côté. Côte impaire arrondie et non anguleuse. La moitié postérieure presque lisse, présente des sillons longitudinaux faibles, à peine visi- bles. — Localité : Moissey. Ecailles. Nous considérons comme productions dermiques ou épidermiques les débris suivants. Ils nous paraissent appartenir plutôt aux reptiles qu'aux poissons. (PL IV, fig. ?).— Plaque mince, couverte de lignes saillantes courbes, séparées par des sillons profonds, disposés en méandres. — Localité : Moissey. (PL. I, fig. 18). — Ecaille triangulaire plate, s’amincissant vers les bords. Face supérieure ornée de côtes partant du bord supérieur ab et se dirigeant vers les autres côtés en divergeant légèrement. Elles sont irrégulières et se confondent plus ou moins complétement. Vers le bord ab, elles sont couvertes de tubercules mamelonnés irréguliers, plus nombreux vers le bord antérieur, s'allongeant quelquefois en crêtes. Face inférieure lisse. Dimensions d’un échantillon : ab = 9 mil., ac= 14 mil., bc = 13 mil. Un autre échantillon donne par ab une longueur de 25 millim. (PL. I, fig. 19). — Ecaille rhomboïdale. Crête longitudinale suivant la grande diagonale. Deux branches latérales légèrement divergentes. Cette brèche de Moissey renferme assez abondamment des plaques osseuses, qui nous paraissent des écailles pour la plupart. L'une d'elles, triangulaire à angles arrondis, lisse sur les deux faces, présente sur l’une d’elles quelques pores épars. GyroLepris ? — Les stries sont moins saillantes que dans le Gyrolepis tenuistriatus. Quelques ponctuations dans l'intervalle des sillons. — 408 — CHAPITRE I POISSONS. Genre Hemipristis, Ag. « Dent entièrement lisse; les dentelures des bords s’arrê- tent avant l'extrémité. » (Prorer, Traité de Paléontologie.) HenrIPRISTIS LAVIGNIENSIS, Henry (PI. IT, fig. 1). — Nous avons re- cueilli à Lavigny près de Lons-le-Saunier, dans les argiles schisteuses noires de la zone @, l'empreinte d’une dent fort remarquable par une forme qui s'éloigne de toutes celles qu'on rencontre habituellement dans l'étage rhétien. Elle doit être fort rare; nous ne l’avons rencontrée qu'une fois. Dent triangulaire : pointe recourbée ; bords tranchants ornés de den- ticules ; le bord concave a cinq denticules qui vont en diminuant de grandeur à partir du sommet. Le bord convexe n’en présente que deux, mais plus forts que les précédents. Les denticules ne commencent qu’à une certaine distance de la pointe. Une dépression longitudinale par- tant du sommet et aboutissant à la racine, signale l'existence d’une saillie mousse correspondante que possédait la dent. L'empreinte est donc celle d’une face convexe de la dent. Nous ne connaissons pas la face opposée. — Localité : Lavigny, n° 16. OBSERVATION. — Agassiz dit, p. 265, Poissons fossiles : « Considérés au point de vue géologique, les squales à dents crénelées ne remontent pas à proprement parler au-delà de la formation crétacée. Il est vrai que l’on trouve une espèce de Notidan, le Notidanus Munsteri, dans l'oxfordien. Ajoutons que dans son tab'eau synoptique des squalides, p. 313, l’éminent paléontologue signale l'existence dans le calcaire carbonifère de Yorkshire et d’Armagh une espèce, le Carcharopsis pro- totypus. Notre espèce établirait donc un lien entre cette dernière forme et le Notidanus Munsieri de l'oxfordien. Genre Hybodus, Ag. « Dents plutôt grèles que massives et caractérisées par la présence d’un cône médian, ordinairement allongé, subulé et pointu, flanqué de cônes secondaires qui vont en décrois- — 409 — sant à mesure qu’ils s'éloignent du médian. La ressemblance des dents des mâchoires est telle que l’on peut sans crainte établir des espèces dans ce genre sur des différences de forme de ses organes. » (PIcreT, Traité de Paléontologie.) Hysopus minor, Ag. (PI, II, fig. 2). — Face extérieure de la racine droite, non échancrée, non saillante; elle présente un sillon horizon- tal qui sépare la racine en deux parties : l’une inférieure légèrement crénelée; l’autre supérieure lisse. Côté antérieur de la racine très sail- lant à bord arqué. Cône médian droit, courbé en dedans, plus ou moins strié, bords latéraux tranchants. Très grand par rapport aux dentelons latéraux qui sont peu nombreux et plus ou moins striés. — Localités : Boisset n° 2, nor Beure, n29. Hypopus mixor, Quenst. (PI. IT, fig 3). — Nous possédons quelques échantillons qui nous paraissent se rapporter exactement aux figures de Quenstedt. (Der Jura, tab. 1), et différer du type précédent. Racine épaisse, saillante, elliptique, crénelée sur les bords formant un plateau sur lequel s'élève un dentelon central conique, paucistrié, droit; et de chaque côté un ou deux petits dentelons coniques, droits striés, quelquefois nuls. — Localité : Boisset, n° 27. HyBopus APICALI:, gg. — Dent conique surbaissée, obtuse: rides des- cendant du sommet assez régulièrement vers la base. Sommet lisse presque mamelonné. La racine est empâtée dans un grès très cohé- rent, et il est impossible d'apercevoir les dentelons latéraux. Mais la forme essentiellement conique à plis rayonnants, et le gisement qui est analogue à celui de l’exemplaire figuré dans Agassiz, et provenant d'un grès ferrugineux du keuper, ne nous permettent guère d’hésiter à rapporter notre fossile à l'espèce décrite par Agassiz. — Localité: Boisset, n° 27. HyBopus RETICULATUS, Ag. — Localité : Boisset n° 2. Hygopus cuspiparus, Ag. — Localités : Beure, n° 1; Miserey, n° 1 et 18. Hysopcs novus, Henry (PI. II, fig. 4). — Racine étroite, longue, droite, peu saillante du côté interne. Dentelon central, conique, émoussé, strié dans le sens de la longueur. Trois dentelons de chaque côté, striés, coniques, obtus, diminuant graduellement de hauteur. Les deux premiers de chaque série sont assez distants du cône central. Ne pouvant rapporter cette dent à aucun des types figurés par Agassiz, nous lui donnons en attendant mieux le nom d’AÆybodus novus. — Localité : Boisset, n° ?. HyBopus PLICATILIS, Ag. — Localité : Lavigny. — 410 —- Genre Strophodus, Ag. « Dents allongées, plus ou moins rétrécies, tronquées aux deux bouts et sensiblement tordues suivant leur diamètre longitudinal, Leur surface est réticulée et les pores de l'émail sont peu sensibles. » (Prcrer.) SrroPHODUS (PI. IL, fig. 5). — Nous avons recueilli à Beure un frag- ment de dent qui appartient évidemment à l’un des genres Psammodus ou Strophodus. Le genre Psammodus n'étant signalé que dans les ter- rains anciens, nous rapportons notre dent au genre S{rophodus plus récent et qui, selon Agassiz, se montre déjà dans le trias. Le fragment indique une dent très grande dont la racine est fort épaisse et l'émail très mince. Un des côtés montre une rainure longi- tudinale, séparée de la surface supérieure par un bord arrondi. — Lo- calité : Beure, n° 25, zone b. Genre Acrodus, Ag. « Dents dont la surface est ornée de rides transversales, qui se ramifient uniformément en divergeant toujours d’une saillie longitudinale. » (Picrer.) ; Acropus NoBil1s, Ag. (PI. IL, fig. 6). — Nous avons recueilli à Beure, n° {, un fragment de cette espèce. Signalée dans le lias inférieur, elle remonte donc au moins jusqu’à la base de l’infralias. ACrRODUS MINIMUS, Ag. — Cette espèce est assez abondante en Fran- che-Comté; nous l'avons recueillie à Boisset, Nans-sous-Sainte-Anne, Miserey, Beure. C’est un les fossiles caractéristiques de l'étage rhé- tien. ACRODUS AGUTUS, Ag. — Assez rare. Beure, Miserey. Genre ‘Fhectodus, Plieninger. « Dents complétement dépourvues de plis transverses. L'é- lévation médiane a un tranchant plus fort que dans les Acro- dus, et le centre de la dent s'élève d'une manière qui rappelle singulièrement les Orodus. » (Prorer, Traité de Paléontologie.) Tagcropus rricuspipatus, Plieninger (PI. IL, fig. 7). — Forme géné- rale des dents de l’Acrodus minimus, mais toujours de beaucoup plus petite au moins de moitié; lisse, plus comprimée, tricuspidée, une pointe au milieu et une moins élevée de chaque côté; forte carène longitudinale. — All — Est-ce le Theclodus tricuspidatus de Plieninger ? Nous le pensons; mais il faut l'avouer, nous ne connaissons ni la description ni la figure que le paléontologue allemand a dû donner de cette espèce. Nous l'avions dès l’abord distinguée de l’Acrodus minimus, en compagnie duquel on le rencontre souvent, et nous lui avions spontanément donné le nom d’Acrodus tricuspidatus, Henry. Cette espèce est surtout abondante à Boisset, à Nans, etc. Genre KFaseciodus, Henry. Nous avons trouvé à Boisset, dans la couche n° 27 seulement, un certain nombre de petites dents qu'il nous à été impossible de rap- porter à aucun des genres décrits par Agassiz. , La racine étant compacte, spongieuse, elles appartiennent donc à un Placoïde. Après.avoir lu attentivement les descriptions sommaires que M. Pictet, dans son Trailé de Paléontologie, a données des différents genres de Placoï les, ainsi que celles des groupes et des genres établis par Agassiz (ce sont les seuls ouvrages que nous ayons eu à notre dis- position sur les poissons fossiles), il est ce.tain pour nous que les dents en question représentent un type nouveau de Placoïde, appartenant à la famille des Hybodontes. Les cônes plus ou moins striés des dents qui caractérisent cette famille, n’ont qu'à se multiplier, devenir égaux et se souder plus ou moins entre eux, et la dent ainsi modifiée aura le caractère de ce nouveau genre. Fascropus PECTINATUS, Henry (PI. II, fig. 8). — Racine peu élevée, occupant toute la longueur de la dent, et séparée de la couronne par un étranglement profond. Couronne formée de dentelons plus ou moins séparés, sillonnés profondément dans le sens vertical, et placés sur un ou plusieurs rangs. La den! simule assez bien un faisceau formé de brindilles égales que le lien en serrant fortement aurait fait écarter plus ou moins à la partie supérieure. Aussi donnons-nous au genre le nom de Fasciodus, et à l'espèce celui de peclinatus. — Localité : Boisset. Genre Pycnodus, Ag. « Dents affectant la forme de fèves ou de demi-cylindres, et arrondies à leur extrémité. » (Picrer, Traité de Paléonto- logie.) Pvyexopus Priscus, Ag. (PL. IL, fig. 9). — Dent ovale, arrondie sur les bords; creuse, n'ayant conservé que la couche externe de dentine; la racine et les couches externes de dentine ont disparu. Couronne renflée. Nous rapportons les dents de cette forme qui sont assez fréquentes dans l'étage rhétien au Pycnodus priscus, parce que ces dents, qui ont — 412 — la forme de celles des Pycnodus, se trouvent au même niveau géolo- gique que l'espèce signalée, mais non décrite par Agassiz dans le grès de Tübingen. Nous considérons comme appartenant à la même espèce des dents plus ou moins arrondies, souvent usées et montrant de gros canaux médullaires qu'il est facile d’apercevoir sans loupe. Genre Sargodon, Plieninger. Nous avons recueil dans l'étage rhétien de la Franche-Comté des dents antérieures de Pycnodontes. que nous croyons devoir se rap- porter à trois types distincts. SARGODON TOmICUS, Plieninger (PI. IT, fig. 10). — Dent incisive. — Nos échantillons rappellent d'une manière assez satisfaisante les figures données par Quenstedt (der Jura, fig. 34, tab. 2). Cependant la face postérieure de la racine est moins proéminente, et les faces latérales plus planes. La face postérieure de la couronne est creusée en forme de pelle à rebords très saillants. — Localité : Grozon, zone @. Nous ignorons quels sont les caractères du genre Sargodon; mais les deux formes suivantes sont assez rapprochées de celle du Sargodon tomicus, pour que nous leur donnions le nom générique de Sargodon. SarGODON GuNEUS, Henry (PI. IL, fig. 11). — Dent incisive. Couronne; face postérieure sensiblement plane, face antérieure convexe, faces latérales presque planes, bord supérieur droit. Il diffère du Sargodon lomicus en ce que la face postérieure de la racine est droite et dépourvue de cette saillie prononcée qu'on observe dans la fig. 34 b., tab. 2? der Jura, Quenstedt. — Localité : Beure, n° Î; Mérey, zone 4. SARGODON INGISIVUS, Henry (PI. IL, fig. 12).— Dent incisive. Couronne; face antérieure convexe, côtés coupés carrément, face postérieure excavée, bord libre plus ou moins échancré. Un sillon plus ou moins net sépare la couronne de la racine qui est longue et creuse. — Miserey n° 15: Lavigny, n° 1; Beure, zone b. SARGODON ToMIcus, Plieninger. — Dent molaire; cylindrique; cou- ronne plus longue que la racine; face supérieure aplanie par l'usure; canaux médullaires mis à nu. — Localité : Miserey. Genre &yrodus, Ag. « Dents elliptiques ou circulaires, ombiliquées, c'est-à-dire entourées d’un sillon qui sépare le sommet de la dent de son pourtour. » (Picrer, Traité de Paléontologie.) Gyropus miuium, Henry (PI. IL, fig. 13). — Très petite dent, réduite à — 13 — la couche extérieure de dentine; ovale, mamelonnée à la face supé- rieure de la couronne. Ce mamelon, très surbaissé, est séparé de la couronne par une dépression peu profonde. La petitesse de cette dent nous conduit à la regarder au moins provisoirement comme une espèce nouvelle. — Localité : Grozon, zone & inférieure. Genre Sphærodus, Ag. « Dents circulaires. » (PIcTET.) SPHÆRODUS MINIMUS, Ag. (PL. II, fig. 14). — Dent régulièrement hé- misphérique, assez petite. Nous croyons devoir la rapporter à l'espèce mentionnée dans Agassiz, comme appartenant au grès de Tübingen, qui fait partie des sédiments de l’époque rhétienne. — Localité : La- vigny, n° {. Genre Colohodus, Ag. « Dents arrondies ou cylindracées à leur base; elles ont leur couronne renflée en massue; sur leur milieu s'élève un petit mamelon tronqué. » (Picrer, Traité de Paléontologie.) CoLogopus mizrum, Henry (PI. II, fig. 15).— Dent sphérique ou ovoïde, terminée au sommet par un petit mamelon arrondi, lisse ou strié, et finement striée verticalement. Epaisseur 1/3 millim. Nous n’en connais- sons pas la racine. Le Colobodus Hogardi Ag. du muscheikalk est intermédiaire par les dimensions entre les Pycnodus et les Microdon, et le mamelon est tronqué. Notre espèce en diffère donc par des dimensions beaucoup plus petites, et par le mamelon qui est arrondi. Ajoutons que nos échantillons, au nombre de quatre, sont tous de même grandeur: Pour toutes ces raisons, nous croyons devoir les envisager comme une es- pèce nouvelle. — Localités : Nans-sous-Sainte-Anne, zone c; Beure, zone €. Nous rapportons avec doute à cette espèce deux très petites dents cylindro-coniques, finement striées sur leur surface dans le sens de la longueur, mais visiblement tronquées au sommet par accident ; nous les avons recueillies à la base de l'étage rhétien à Beure, n°1. Genre Lepidotus, Ag. « Dents obtuses, étranglées à leur base. » (PICTET.) Nous rapportons au genre Lepidoltus des dents arrondies à couronne plus ou moins régulièrement hémisphérique, et dont la surface supé- rieure présente une protubérance mousse plus où moins marquée ; elles paraissent dépourvues des gros canaux médullaires qu'on observe — Al4 — à l'œil nu sur les dents des Pycnodus. La racine est plus étroite que la couronne. Genre Saurichthys, Ag. « Dents à plis verticaux ; la couronne est séparée de la ra- cine par un étranglement. » (Picrer, Trailé de Paléontologie.) SAURICHTHYS STRIATULUS. Henry {PL IT, fig. 16). — Dent conique, comprimée ; racine finement striée dans le sens de la longueur; la couronne émaillée porte des stries beaucoup moins nombreuses; en cela elle diffère du Saur. acuminatus Ag. dont les stries de la racine s’é- tendent en nombre égal sur la couronne. Tous nos échantillons pré- sentent le même caractère; quelquefois lisses sur la face convexe. — Localités : Nans-sous-Sainte-Anne, Beure, Boisset. SAURICHTHYS SUBULATUS, Henry (PI. IL, fig. 17;. — Dent conique grêle en forme d’alène , c’est-à-dire présentant deux courbures en sens in- verse; la base de la racine est assez évasée, la racine est lisse. Le cône émaillé n’occupe guère que le sixième de la longueur de la dent. Il se rapproche par sa forme élancée et grêle du $S. longidens. — Localités : Nans-sous-Sainte-Anne, Beure, Boisset. SAURICHTHYS ACUMINATUS Ag. — Localité : Lavigny, n° 1. SAURICHTHYS ACULEATUS, Henry. — Partie supérieure, lisse, conique, très pointue et acérée; transparente et d’un jaune d’ambre; beaucoup plus courte que la partie inférieure cylindrique, fortement striée, lui- sante. La dent, fort petite, a La forme d'une aiguille; d’où le nom d’a- culeatus que nous lui consacrons. Elle se rapproche du $, apicalis; mais la partie striée est conique dans cette espèce et cylindrique dans la nôtre; d’ailleurs la partie co- nique de la couronne est plus effilée et plus pointue dans notre échan- tillon. Le seul exemplaire que nous possédions s'étant détaché et étant perdu, nous regrettons de ne pouvoir en reproduire 1£ figure. — Loca- lité : Beure, n° 1. Ichthyodorulithes. Genre Spinax, Ag. Le genre Spinax étant le seul indiqué par Agassiz, dont les rayons ont la surface lisse, nous croyons devoir rapporter à ce genre kes deux espèces de rayons lisses et creux que nous avons recueillis à Boisset. Srixax ELLIPTICUS, Henry (PL. IT, fig. 4). — Rayon cylindrique, in- complet, légèrement comprimé latéralement; surface lisse; section elliptique, grand diamètre antéro-postérieur. La base du fragment pré- sente en avant et en arrière un pli saillant, un commencement de ca- — 415 — rène, et la section en cet endroit est plus rétrécie. — Localité ; Boisset, n° 27. Spivax Lævis, Henry (PI. III, fig. 5 a et b). — Corps lisse, presque cylindrique, probablement droit et fort long, à cavité centrale allant en diminuant ; un seul plan de symétrie, sillon longitudinal en arrière; en avant carène rudimentaire, arrondie en bas, puis nulle; section ovale. Un second échantillon est plus conique, et paraît moins long. Un troisième présente des sillons à la base, et la section, d'abord ovale, devient sensiblement circulaire. Doit-on considérer cet ichthyodorulite comme appartenant au genre Leiacanthus Ag.? Il ne nous paraît guère ressembler au genre créé par l’illustre paléontologue. — Localité : Boisset, n° 27. Genre Nemacanthus, L. « Rayon comprimé, à côté aplati, à bord antérieur sous la forme d’une quille, surmontée d’un filet arrondi, détaché par une petite cannelure latérale. Cavité intérieure petite. Sur- face externe parsemée de mamelons arrondis dans sa partie supérieure et près du filet du bord antérieur. Ces mamelons, disposés en série, sont séparés par une ligne oblique d’un espace basilaire finement strié de lignes parallèles au bord postérieur du rayon. » (Picrer, Traité de Paléontologie.) NEMACANTHUS MONILIFER, Ag. — Nous ne possédons que la partie su- périeure du rayon. Région antérieure formée d’une quille obtuse demi-cylindrique, sé- parée des faces latérales par un sillon; faces latérales finement striées dans le sens de la longueur. Tubercules plus ou moins arrondis, lisses, irrégulièrement distribués. Région postérieure profondément canali- culée. Les deux bords sont obtus et garnis d’une rangée de tubercules arrondis, qui vont en s’espaçant de plus en plus, à mesure qu’on s’ap- proche de l'extrémité supérieure du rayon. — Localité ; Boisset, n° 27. Genre Hybodus, Ag. Hysopus minor, Ag.— Agassiz, dans sa description générale desrayons des ÆHybodus, dit que le côté antérieur est arrondi ; mais il n'y signale pas une rainure profonde que nous avons pu observer sur l'échantillon que nous avons recueilli à Boisset. En outre, à l’article //ybodus minor, il remarque n’avoir pu observer les dents du bord postérieur. Dans la région supérieure de l’unique échantillon que nous possédons, on voit — M6 — sur une section une portion de dent du bord postérieur, très saillante et inclinée vers le bas du rayon. — Localité : Boisset, n°27. Ecailles. Genre Gyrolepis. Ag. Gvrozeris ALBerrTi, Ag. (PI. IL, fig. 18).— Ecaille rhomboïdale. Rides partant du bord supérieur et du bord antérieur, se dirigeant diagona- lement en lignes plus ou moins courbes, s'anastomosant parfois; celles de la partie antéro-inférieure se terminent par quelques rides 6 à 7 à une certaine distance du bord inférieur, et celles de la partie supéro- postérieure se comportent de la même manière, mais quelquefois restent très nombreuses et plus ou moins séparées. — Quille d’artieu- lation mince, anguleuse; onglet saillant, conique, pointu, séparé par une sorte de dépression de la partie postérieure de l'écaille. Un échantillon présente sur les rides des lignes en chevrons dont la pointe est dirigée vers la partie inféro-postérieure de l'écaille. — Loca- lités : Boisset, zone a; Beure, n°25, n° 1, etc. GYROLEPIS TENUISTRIATUS , Ag. — Localité : Beure, n° 1; Miserey, etc. GyroLeris Nov. sPEc. — Grosse écaille rhomboïdale; les stries ou sil- lons sont moins profonds et plus écartés que dans les deux espèces pré- cédentes: elles ressemblent plutôt à des impressions faites par un style sur une surface plane et résistante. — Localité : Beure, n° 1. Genre Lepidotus, Ag. Lerinorus (PI. II, fig. 19). — Ecaille rectangulaire; stries d’accroisse- ment concentriques, à trois côtés non fermés; quille d’articulation sail- lante, conique, pointue ; aile antérieure d'articulation échancrée. L'é- mail est enlevé. — Beure, zone b. Leriorus (PL IT, fig. 20'. — Ecaille rhomboïdale, épaisse, lisse; on distingue sur les bords les lignes de séparation des lignes d'accroisse- ment. Elle ressemble assez à la figure donnée par Agassiz du Lepidotus Maximilianus. Lerinorus? (PI II, fig. 21). — Ecaille rectangulaire, épaisse; face supérieure lisse, inégale et présentant des lignes en zig-zag d’accrois- sement.-Quille d’articulation longitudinale, épaisse, peu saillante, à pointe exserte, émoussée. Région antérieure épaisse. Lerrporus ? (PL. IL, fig. 22). — Ecaille rhomboïdale, à lignes d’accrois- sement formant des losanges parallèles les uns aux autres et au losange de l’écaille tout entière. L'émail semble enlevé : l'aspect est terne, et la surface externe est rugueuse. — Localité : Lavigny, n° 1. — 17 — Genre Semionotus, Ag Semioxorus INORNATUS, Henry (PI. II, fig. 23). — Ecaille rectangulaire, — Surface extérieure brillante, lisse; bord postérieur denticulé vers le bas ; quatre dentelures. Onglet saillant. Les Semionotus ont des écailles lisses; le Semionolus strialus Ag. présente des écailles finement striées, pourvues de dentelures au bord postérieur vers le bas. Nous nous sommes laissé guider par ces analo- gies pour regarder notre écaille comme appartenant au genre Semio- notus. — Localité : Boisset. Genre Wetragonolepis, Ag. TEerRAGONOLEPIS SERRATUS, Henry (PI. IT, fig. 24). — Ecaille rhom- boïdale, à angles aigus, lisse, ornée sur le bord postérieur d’une ser- rature, à dents nombreuses, rapprochées, régulières, obliques au bord qui les porte, et fortement relevées vers le haut. Surface externe lége- rement bombée dans le sens supéro-inférieur. Une dépression assez nette sépare la serrature de la surface. Dans les Tetragonolepis dont les écailles sont munies d'une serrature, les dents sont perpendiculaires au bord qui les porte. Notre échantillon présentant sous ce rapport un caractère d'obliquité fortement prononcé, nous avons cru pouvoir en faire une espèce nouvelle. Genre Bapedius, Ac.; de la Bèche. Dapepius? iNorNaTUS, Henry (PL. IT, fig. 25). — Ecaille rectangulaire, lisse, émaillée ; quille d’articulation pointue, exserte. La forme de cette écaille rappelle celles qui sont figurées dans Agassiz et qui se rap- portent aux genres Palæoniscus (Ag.), Telragonolepis (Bronn) et Da- pedius (de la Bèche). L'absence d’ornements à la face supérieure de cette écaille nous engage à lui donner le nom d’inornatus. Agassiz, tout en maintenant les genres Tetragonolepis et Dapedius séparés, incline à croire que des documents nouveaux permettront de les réunir en un seul. Nous ne croyons pas que cette écaille se rapporte au genre Palæoniseus, qui est de beaucoup antérieur au rhétien. C'est là notre sentiment; mais un sentiment n'est pas une preuve; aussi faisons-nous suivre le nom générique d’un point d'interrogation. Genre Amblyurus, Ag. ee : AuBLyuRUS NOVUS, Henry (PI. II, fig. 26). — Ecaille du côté droit, rhomboïdale; l'angle supéro-postérieur arrondi. Lignes d’accroissement en cadres concentriques; bords des lames d’accroissement vaguement striés. Point d'émail. Quille d’articulation épaisse, anguleuse, non sail- lante, sans onglets — Localité : Boisset, zone &. ai — 418 — La forme de l’écaille, la disposition des lignes d’accroissement, l'ar- rondissement de l'angle postéro-supérieur, se retrouvent dans la figure 4 de la planche 25° du tome IT (Poissons fossiles, Agassiz). Nous n’hésitons - donc pas à considérer cette écaille comme appartenant au genre Am- blyurus. Nous hasardons le nom spécifique de novus, en attendant des documents plus abondants et plus certains. Genre Pygopterus, Ag. Pyceoprerus ? concavus, Henry (PI. II, fig. 27). — Ecaille rhomboïdale, peu épaisse, émaillée; face supérieure lisse, légèrement concave; point d’onglets d’articulation. Cette espèce est commune dans l'étage rhétien. Nous lui donnons provisoirement le nom de Pygopterus, genre dont les écailles sont peu épaisses et lisses. Les caractères des écailles des autres genres de Sau- roïdes paraissent distincts de ceux que présente notre espèce. — Loca- lités : Boisset, Moutaine, Miserey, Vorges. Genre Acerolepis, Ag. AcroLErls (PI. IT, fig. 28). — Fragment d’une écaille grande, épaisse, émaillée ; face supérieure, à côtes irrégulières, grosses, se bifurquant vers le bord postérieur ? Cette disposition rappelle la physionomie des écailles de l'Acrolepis Sedwickii figuré dans Agassiz (Poissons fossiles). Ce genre, qui appartient au muschelkalk, aurait donc encore des re- présentants au commencement de l’époque rhétienne. — Localité : Beure, n° 1. Nous signalons à la fin deux écailles de poissons, rhomboïdales, lisses, brillantes, très minces; l’une d'elles présente quelques fines ponctua- tions. Ecaille ou nageoire? (PI IV, fig. 1). Nous ne savons à quel genre rapporter ce débris dont nous ne pos- sédons qu'une empreinte peut-être incomplète. Ecaille arrondie sur le bord postérieur. Surface d’articulation assez grande, avec un prolongement marginal. Sillons transversaux nom- breux, profonds. Les sillons marginaux sont bifurqués, trifurqués; les rayons centraux sont simples. Les côtes centrales sont plus ou moins bosselées. — Localité : Nans-sous-Sainte-Anne. Peau de Placoïde. On rencontre assez fréquemment dans les grès de l'étage rhétien, et dans les calcaires quelquefois, des fragments de placoïdes. — Beure, zone b, etc. ; = (fn Ecusson dermal de piacoïde? (PL IT, fig. 29. Nous avons recueilli à Nans-sous-Sainte-Anne, dans la zone € de l'étage rhétien, deux corps en forme de petite calotte circulaire ,"con- vexe d'un côté, concave de l’autre. La face convexe de l’un des échan- tillons étant excoriée, on aperçoit une surface légèrement ponctuée. Sont-ce les extrémités de tubes_calciferes? Est-ce une production épi- dermique ? Os de poissons. Fragment de nageoire de poisson recueilli à Mailleroncourt-Char- rette (Haute-Saône), dans les grès. (PL. IT, fig. 30,) — Apophyse épineuse de poisson trouvée à Boisset aie (PL IT, fig. 31, 32, 33; PL III, fig. 1 et 7.) — Différents fragments de poisson, recueillis à Boisset, n° 27. (PL Ill, fig. ? a et b.) — Vertébre de poisson circulaire, biconcave, recueillie dans la couche de grès à Boisset, n° 27. Les deux faces con- caves sont polies et couverles de ponctuations. Petit canal central. Face latérale concave. Cette petite vertèbre simule une poulie à gorge dont il manque l'axe. (PL III, fig. 3 a et b.) — Vertèbre asymétrique, trouvée à Lavigny, zone &, couche 8. Biconcave: faces concaves ponctuées. Petit canal central. Face latérale concave. Forme carrée irrégulière. L Terminons cette énumération des débris de vertébrés en signalant ‘à Miserey, n° 1, une petite dent de Megalosaurus? dont on n’aperçoit la denticulation que d’un côté; et un fragment d’os spongieux à grosses mailles ne pouvant guère provenir que d’un reptile ou d’un vertébré plus élevé en organisation. — 420 — CHAPITRE II MOLLUSQUES. Nous n'avons rencontré dans l'étage rhétien franc-comtois aucune trace de céphalopodes. GASTÉROPODES. Genre Natica, Adanson. « Coquille subglobuleuse, lisse en dehors, à spire surbais- sée. Ouverture entière, demi-ronde ; bord gauche oblique, sans dents, couvert d'une callosité souvent très prononcée, modifiant la forme de l'ombilic, ou le masquant totalement; bord droit tranchant; lisse à l’intérieur. » (CHENU, Histoire naturelle.) Narrca minima, Henry (PI. III, fig. 12). — Petite coquille, globuleuse,, à tours peu nombreux, spire courte obtuse; ouverture semi-lunaire, bord externe tranchant; point de callosité. — Localités : Miserey, zone €, au contact de la brèche hettangienne,; Boisset, n° 23. Genre Chemnitzia , d'Orbigny. « Coquille grêle, allongée, à tours nombreux, munis de côtes, ouverture simple ovale ; péristome incomplet. » (Woop- WARD, Manuel de Conchyliologie.) CxemxirzrA? (PI. IL, fig. 6). — Coquille conique incomplète, bouche entière, péristome incomplet, ouverture simple ovale, tours arrondis peu nombreux (individu jeune?) côtes transversales obsolètes. — Lo- calité : Boisset (argiles schisteuses de la zone @). Genre Æurritella, Lam. Nous avons recueilli aux Arsures, dans un grès appartenant à la zone €, une petite coquille allongée à tours nombreux, qui nous paraît EM = être une Turritelle. Les ornements ont complétement disparu, et le fossile est indéterminable. Un autre échantillon, également mal con- servé, se rapporte mieux au genre Cerithium. Genre Æurbo, L. Nous rapportons à ce genre une petite coquille déformée par la pres- sion et recueillie en compagnie de l’Av. contorta dans l'étage rhétien supérieur à Saint-Lothain (Jura). Coquille turbinée, ombilique, tours convexes, côtes longitudinales et côtes transversales ; bourrelets aux points d’intersection. Ces ornements rappellent l'aspect de la Littorina clathrata. L'échantillon est un peu écrasé et mal conservé, et ne se prête à aucune détermination exacte. Genre Dentalium, L. (PL. IV, fig, 22). — Coquille tubuleuse, symétrique, légèrement cour- bée, conique et lisse. Ouverture circulaire à chaque bout. — Longueur 5 millim. — Localité : Grozon. 4 Genre Aetæon, Montf,, Tornatella, Lam. Nous nous bornons à signaler l'existence d’une coquille qui a l'appa- rence des Actæon, et dont on n’aperçoit qu’une partie du moule, dans la couche calcaire lumachellique n° 23, Boisset. Dans cette même couche, à Robinet près de Feschaux (Jura), nous avons recueilli un gastéropode qui nous semble être un Orthostoma. En résumé, les gastéropodes sont fort rares dans les couches rhé- tiennes de la Franche-Comté. En revanche les bivalves y sont beau- coup plus abondants. BRACHIOPODES. Genre ELingula, Bruguière. « Coquille oblongue comprimée, légèrement baïllante à chaque extrémité, tronquée en avant. Test corné. Se trouve à de faibles profondeurs, et même à la marée basse, à demi- enterrée dans le sable. » (WoopwaRp.) LinGuLa TENUIS, Henry (PL IV, fig. 18). — Petite coquille de 8 à 10 millim. de long, de 4 à 5 millim. de large, elliptique allongée, lisse, brillante, comme vernie; stries d’accroissement concentriques serrées, assez régulières. La région omboniale un peu plus étroite que la ré- gion opposée. Test mince. Er E N'est pas rare à Mérey près de Besançon, dans le grès micacé de l'étage rhétien inférieur où pullulent le Cytherea rhætica, le Cardium cloacinum: Quenst., et d’autres bivalves. Nous avons recueilli à Beure, dans les argiles schisteuses du même niveau géologique, un exem- plaire de Lingula qui semble appartenir à la même espèce. Il est aplati comme la plupart des coquilles des couches schisteuses, et montre encore quelques fragments du test. LAMELLIBRANCHES. 1° Pleuroconques. Genre @strea, L. OsTREA MARCIGNYANA, J. Mart. « Espèce irrégulièrement ovale, à crochet allongé un peu étroit, quelquefois contourné, d'où partent trois ou quatre grosses côtes anguleuses, rayonnantes, se ramifiant à la moi- tié de leur longueur; le tout est chargé de stries concentri- ques irrégulières et squammeuses ; le pourtour est fortement dentelé ; la grande valve est bombée et l’autre presque plate. » (MARTIN, Paléontologie stratigraphique de l’infralias de la Côte- d'Or.) Comme l'espèce de la Bourgogne, notre espèce appartient à la zone à Av. conlorta (étage rhétien supérieur, zone €). — Localités : Boisset, n° 51; Beure, étage rhétien supérieur. Genre Anomia, L. « Coquille suborbiculaire, très variable; valve supérieure convexe lisse, lamelleuse ou striée, etc. » (WoopwaRp.) Axomra ScaarHAuTLI, Winkler. — Petite coquille circulaire, peu bombée: stries fines rayonnantes, très serrées, à peine visibles à la loupe. Par ce dernier caractère, elle se rapporte à l’Anomia décrite par M. Dumortier (/nfralias du bassin du Rhône). Notre échantillon, . d'ailleurs, appartient à la zone de l’Av. contorta comme l'espèce de Winkler. — Localités : Boisset, n° 12, zone a; Miserey, étage rhétien supérieur; Beure, étage rhétien supérieur. ANOMIA STRIATULA , Oppel. — Nous avons recueilli à Beure, à Boisset et à Miserey, dans la zone €, plusieurs échantillons d’une Anomia plus — 423 — ou moins irrégulièrement bombée, à stries d’accroissement fines nom- breuses, à dépressions concentriques, à stries rayonnantes fines se bifurquant avec l’âge. Crochet au delà du bord cardinal qui paraît droit. Cette diagnose nous engage à rapporter nos échantillons à l’4- nomia striatula décrite par MM. Terquem et Piette dans leur ouvrage si remarquable sur le lias inférieur de l’est de la France. — Localités : Beure, zone c; Boisset, zone c; Miserey, zone c. Genre Pecten, Müller. « Coquille suborbiculaire, régulière, ordinairement ornée de côtes rayonnantes; crochets rapprochés, auriculés; valve droite avec une échancrure au-dessous de l'oreille antérieure; bords cardinaux droits réunis par un ligament étroit; carti- lage interne situé dans une fossette centrale, etc. » (Woon- WARD.) PEcTEN VALONIENSIS, Defr. — Test mince, surface interne lisse, sur- face externe couverte de stries d’accroissement très rapprochées, ré- gulières, passant sur les côtes et dans les intervalles. Côtes longitudi- nales nombreuses, droites, quelques-unes se dédoublant, et la vallécule qui sépare les deux côtes est moins profonde et moins large que celle qui sépare les côtes plus anciennes. Les vallécules forment relief sur la face intérieure et les côtes y forment des creux. Localités : Cette coquille caractéristique est très abondante à Boisset et s’y montre à plusieurs niveaux, dans l'étage rhétien inférieur, et surtout dans l'étage rhétien supérieur qu'il peut servir à caractériser; zone à Pecten Valoniensis du frère Ogérien; Beure, étage rhétien su- périeur; Boisset, étage rhétien inférieur et supérieur; Miserey. étage rhétien supérieur; Vorges, étage rhétien supérieur; Pouilley-les-Vi- gnes, étage rhétien supérieur. Pecrex. — Nous signalons un Pecten que nous avons recueilli dans la couche n° {, à Beure, dans le poudingue fossilifère par lequel dé- bute l'étage rhétien. Les côtes rayonnantes très régulières ne paraissent pas se bifurquer; ce qui nous empêche de le confondre avec le P. Valo- niensis. Son mauvais état de conservation ne nous a pas permis de le déterminer. Genre Plicatula, Lam. « Coquille irrégulière ; valves lisses ou plissées, aréa car- dinale obscure; cartilage tout à fait interne; deux dents car- dinales dans chaque valve. » (WoopwaRp.) PLICATULA INTUSSTRIATA, Emm.; SPoNDYLUS LIASINUS, Terq. — Nous EE n'avons recueilli cette remarquable espèce qu'aux Arsures et à Beure dans l'étage rhétien supérieur, zone €. Elle paraît très rare dans l'étage rhétien; tandis qu’elle devient très abondante dans l'étage hettangien. Genre Avieula, Klein, Bruguière. « Coquille obliquement ovale, très inéquivalve; valve droite présentant un sinus du byssus au-dessous de l'oreille anté- rieure ; une seule fossette oblique pour le cartilage; char- 1 nière ayant une ou deux petites dents cardinales, et une dent postérieure allongée, souvent obsolète. » [WoopwaRp.) AVICULA CONTORTA, Portlock; Av. Escnerr, Mérian; Av. INÆQUERA- prarA, Schafh.; GERvILIA srriocurva, Quenst. (PI. IV, fig. 19, 20). — Co- quille épaisse, contournée en forme d’S. Grande valve ornée de grosses côtes rayonnantes, arrondies ou anguleuses, souvent dichotomes, ou alternant avec de petites côtes qui ne commencent qu'à une distance plus ou moins grande du sommet. Rides d’accroissement plus ou moins prononcées, interrompant de distance en distance les côtes longitudi- nales. Expansion buccale très petite; expansion anale très développée, triangulaire, formant en arrière un sinus profond. Une forte dépres- sion la sépare de la valve qui surplombe fortement. Côté buccal se confondant avec le côté palléal qui est arrondi en forme d'arc de cercle. Côté anal pointu ou à peine tronqué. Nous n'avons pu trouver la valve inférieure (droite) bien nette et bien isolée, Extrêmement abondante à Boisset, dans certaines couches; elle s’y rencontre par légions, mais plus ou moins brisée ou déformée par la pression ; le plus souvent le test est bien conservé. Autres localités: Miéry, étage rhétien supérieur; Miserey, élage rhé- tien supérieur; Pouilley-les-Vignes, étage rhétien supérieur; Beure, étage rhétien supérieur, étage rhétien inférieur. C'est ainsi que nous l'avons recueillie dans le poudingue fossilifère (bone bed) n° 1, Beure, qui inaugure le dépôt rhétien dans les départements du Doubs et du Jura. Avicuza Dunkert, Terq. — C’est l'espèce décrite par Terquem (Lias inférieur de l'est de la France), à laquelle nos échantillons se rappor- tent le mieux. Nous n'avons vu qu'une différence : la coquille du Lu- xembourg est seulement plus épaisse que la nôtre et plus bombhée. Cette différence nous semble insuffisante pour faire une nouvelle espèce. Une dépression très prononcée sépare l'expansion aliforme du reste de la valve, et le bord postérieur de l'aile montre un sinus plus ou moins profond.— Localités : Pouilley-les-Vignes, étage rhétien supé- rieur; Miserey, étage rhétien supérieur; Moissey, étage rhétien supé- rieur. — 425 — AVICULA PræÆCuRSOR, Henry; GERvILIA PRæÆCURSOR, Quenst. (PI. IIT, fig. 20, 21). — Coquille allongée, valve gauche peu bombée, lisse; aile postérieure non distincte de la valve : aucune dépression ne les sépa- rant. Côté antérieur de l’aile confondue avec la région buccale. Valve droite bombée comme la valve gauche. Nos échantillons se rapportent d'une manière satisfaisante avec les figures que donne Quenstedt (der Jura) sous le nom de Gervilia præcursor: nous l'avons d’abord consi- dérée comme telle; mais la charmère que nous possèdons ne montre aucune fossette ligamenteuse, mais une dént longitudinale lamelleuse, obscure. Cette coquille ést donc une Avicula. — Localités : Feschaux, zone @:; Lavigny, zone a; Champvans, étage rhétien inférieur. : L 2 Genre Gervilia, Defrance. « Coquille semblable aux Avicula ; plusicurs fossettes des cartilages. » (WoopwaRp.) Gervizra GaLcazzr, Stoppani. — Coquille épaisse, allongée, oblique et contournée. Côtes rayonnantes faibles, nulles au sommet. Plis d'ac- croissement réguliers, passant sur les côtes et les vallécules. Côté buc- cal très court, massu, sans expansion, séparé de la région palléale par une dépression large et profonde. Côté anal long. Elle a les allures de l'Av. contorta.— Localité : Pouilley-les-Vignes, étage rhétien supérieur. Genre Pinna, L. Nous signalons des débris de Pinna si facilement reconnaissables à leur test fibreux, dans la zone supérieure de l'étage rhétien, caracté- risée par le P. Valoniensis. Nous en avons recueilli à Beure et à Vorges. Genre Mytilus, L. « Coquille cunéiforme, arrondie en arrière ; crochets ter- minaux pointus, dents cardinales petites et obsolètes. » (Woop- WARD.) ! Mvynius GLagrarus, Dunker (PI. III, fig. 10). — Longueur de l'exem- plaire figuré, 25 millim. Coquille ovale, allongée, à fines stries d'accroissement, concentriques, quelques-unes plus fortes. L'empreinte a conservé des débris minces et jaunes du test. — Localités : Boisset; zones a et € où elle est assez abondante ; Beure, zone c: Moissey, Miserey, étage rhétien inférieur. M. Marcou indique à Boisset un banc à Cypricardes (Cypr. keupe- riana ?). Ce banc ne peut être que la couche n° 23 couverte et pétrie d'une coquille mytiliforme difficile à distinguer du WMytilus glabratus. — 426 — Nous croyons d’après nos échantillons que le Mytilus glabralus est une coquille mince à plis d’accroissement très rapprochés, et que la Cypr. keuperiana est assez épaisse et peut-être lisse. Nous ne connaissons pas la charnière de cette dernière coquille. 2° Orthoconques. Genre Area, L. » Coquille équivalve, épaisse, subcarrée, garnie de fortes côtes ; charnière droite, etc. » {(WoopwaRp.) Arca (PI. IV, fig. 21). — Coquille très allongée dans le sens trans- versal; extrémités buccale et anale arrondies : bord palléal légèrement arqué. Méplat partant du crochet et se dirigeant longitudinalement vers le bord palléal. Aire anale en gouttière; surface latérale couverte de côtes longitudinales rayonnantes et serrées. Genre Nueula, Lamarck. « Coq. ovale, allongée ou triangulaire. Charnière formée de petites dents disposées en deux lignes qui se réunissent en formant un angle obtus, Ligament interne placé dans une fossette placée sous les crochets. Bord des valves crénelé. » (Picrer, Traité de Paléontologie.) NucuLa srePHANA, Henry (PI. III, fig. 11). — Coq. ovale à crochets proéminents, d'apparence sécuriforme, lisse. Lunule et aréa très pro- fonds. Les bords cardinaux constituent une saillie longitudinale très marquée. — Localité : Boisset, n° 20, zone a. Genre Leda, Schumacher. « Coquille allongée dont la région anale est le plus souvent prolongée en rostre. » (STOPPANI.) LEpa cLavirormis, Sow. — Localité : Champvans, étage rhétien infé- rieur. Lena Borsoxr, Stopp (PL. III, fig. 13 et 14). — Coquille claviforme peu épaisse, à côté buccal arrondi, bord palléal arqué. Le bord cardinal de la région caudale légèrement concave. Lignes d’accroissement non onduleuses, comme dans l’espèce décrite par le savant abbé Stoppani. Le moule montre des impressions musculaires peu saillantes. — Lo- calité : Miserey, étage rhétien supérieur; Pouilley-les-Vignes, étage rhétien supérieur. — 427 — Genre Ærigonia, Bruguière. « Coquille équivalve, inéquilatérale, triangulaire, carrée ou ovale, épaisse, entièrement fermée. Sur la valve gauche, deux dents cardinales, oblongues, divergentes, sillonnées transversalement ; quatre dents sur la valve droite, sillonnées d’un seul côté. Ligament externe. Ornements très caractéris- tiques. » (STOPPANI.) | TriGonta REeBouLt (1), Henry (PL. IV, fig. 70). — Coquille triangulaire ; côté buccal arrondi, bord palléal arqué, 1égion anale bitriangulaire tres développée. Une forte carène longitudinale sépare la ré ion buc- cale de la région anale. Une seconde carène longitudinale partage la région anale en deux parties triangulaires Région buccale couverte de fortes côtes transversales régulièrement espacées. Côtes et intervalles d’égale largeur; quelques-unes n’attei- gnent pas le bord antérieur. Au pied de la première carène, une côte supplémentaire s’intercale, et côtes primaires et côtes secondaires franchissent la carène, s'infléchissent vers le sommet, traversent la première aire triangulaire et un peu concave de la région anale, fran- chissent également la seconde carène, et s’infléchissent encore brus- quement vers le haut une seconde fois, gagnant très obliquement le bord anal. Nous n'avons rencontré qu'un moule assez bien conservé de cette belle espèce, à Champvans, dans les grès du rhétien inférieur. C’est en vain que depuis, à plusieurs reprises, nous avons pendant plusieurs heures de suite brisé à coups de marteau les fragments du grès où le hasard nous l'avait fait découvrir. TRIGONIA POSTERA, Quenst. {Der Jura, Tabl. I, fig. 2, Quenstedt) — Coquille triangulaire; côté buccal arrondi, bord palléal arqué. Ré- gion anale triangulaire, Une forte carène, légèrement arrondie, borde la région anale. Une vallécule très marquée est placée entre cette ca- rène et la région buccale; elle détermine une échancrure dans le bord palléal. Des côtes transversales fortes, saillantes, espacées régulière- ment, recouvrent la région buccale et les flancs. Intervalles plus larges que les côtes. Celles-ci traversent la vallécule sous forme d’accent cir- conflexe dont la pointe est dirigée vers les crochets, franchissent la carène, se dédoublent et devenues très fines s'infléchissent, traversent (1) Nous sommes he1reux «de dédier cette nouvelle espèce au savant doyen de la Faculté des sciences de Besançon, M. Reboul ; nous le prions d'agréer ce faible témoignage de reconnaissance pour la bienveillante estime dont il nous a toujours honoré. — 428 — l'aire anale obliquement de bas en haut, et se terminent au bord su- périeur. — Localités : Champvans, étage rhétien inférieur; Beure, étage inférieur; Servigney, étage inferieur, TRiGONIA Casrant, Henry (PL III, fig. 17, 18). — Coquille triangu- laire. Côté antérieur arrondi; bord palléal arqué, pourvu d’un sinus pres de la région anale. Une carène longitudinale à courbure tournée en avant borde l'aire anale. Une vallécule peu profonde la sépare de là région latérale. Des stries concentriques irrégulières couvrent la région antérieure. La région anale est également couverte de stries qui, partant des crochets et des bords de la carène, se dirigent obli- quement en descendant vers le bord opposé. — Localité : Miserey, étage rhétien inférieur; Grozon. Genre Myophoria, Bronn. « Coquille triangulaire, crochets tournés en avant; obli- quement carénée, lisse ou marquée d’ornements. Moule sem- blable à celui d’une Trigonia. » [WoonwaRp.) MyopxorrA Eumertcnr, Wink. (Pl. IV. fig. 42). — Coquille triangulaire; côté antérieur arrondi, bord palléal arqué. Deux vallécules longitudi- nales partent du sommet et se dirigent vers le bord palléal. Deux ca- rènes longiludinales à courbure tournée en avant, partent du sommet : l'une borde la région anale, elle est lisse, saillante, arrondie; l’autre sépare les deux vallécules longitudinales. Côté buccal couvert de stries fortes, régulières, concentriques. Côté anal marqué de stries fortes, rayonnant des bords de la carène. Face anale presque perpendiculaire sur la face latérale. Nous ne connaissons pas la description de Winkler; mais nos échan- tillons se rapportent assez bien à la figure bien mauvaise, il est vrai, qu'a donnée de cette espèce M. Fischer Ooster. — Localités : Boisset, n°23; Pouilley-les-Vignes, étage rhétien supérieur; Beure, étage rhé- tien supérieur. MyoPxoria RezrÆ, Stopp. (PL. II, fig. 16). — Coquille triangulaire. Carène lisse peu saillante, mais bien nette. Stries d’accroissement con- centriques, très régulières, très serrées. Région anale converte de stries transversales, obliques de bas en haut à partir de la carène, fines et parallèles. — Localités : Boisset, n° 12; Miserey, étage rhétien supé- rieur. Nous rapportons à l'espèce décrite par le savant géologue italien, de nombreux moules qui en ont la physionomie et la forme. Ils paraissent seulement un peu moins trapus (PI. IIL fig 22). — Localités: Mérey, étage rhétien inférieur; Champvans, étage rhétien inférieur. Myornorta, nov. spec. — Coquille triangulaire, renflée. Une forte — 429 — carène borde l’aire anale. Une vallécule assez profonde la sépare des flancs Côté buccal arrondi, côté palléal presque droit. Des côtes trans- versales nombreuses, équidistantes, régulières, couvrent les deux ré- gions buccale et latérale, traversent la vallécule et s'arrêtent à la ca- rène. Région anale concave, enfoncée, couverte de fortes côtes granu- lées, courbes, qui partent du crochet, se courbent vers l'extérieur de la coquille et paraissent se terminer au bord anal. — Localité : Ro- sière-sur-Mance. Bien que ce bel échantillon n'ait pas été trouvé en place, nous n’hé- sitons guère à le considérer comme appartenant à l'étage rhétien su- périeur. Genre Schizodus, King; Axinus Sow. « Coquille triangulaire arrondie en avant, atténuée en arrière, assez mince, lisse, avec une arête oblique obscure. » (WoopwaRp.) Au tunnel de Miserey, dans la couche en contact avec l'hettangien, nous avons trouvé une petite coquille lisse triangulaire, arrondie en avant, à carène anale très prononcée. Aire anale triangulaire dont le sommet est au crochet. Ces caractères nous paraissent suffisants pour ranger celte coquille dans le genre Arinus. Genre Tœniodon, Schlænbach. Toœxntopon PRÆcuRsOR, Schlænb. (PL IV, fig. 25.) — Coquille renflée, ovoide, couverte de stries concentriques très régulières, très fines, à peine visibles à la loupe. Notre échantillon se rapporte à la description et à la figure qu'en donne M. Dumortier. (Etudes paléontologiques sur les dépôts jurassiques du département du Rhône.) — Localités : Fes- chaux, étage rhétien inférieur, zone a; Grozon. Nous avons trouvé des plaques à Miserey couvertes d'empreintes d'une petite coquille ovale qui nous semble être le fwniodon præcursor ; mais la roche vaseuse qui les remplit ne nous a pas permis de con-: stater l'existence des stries concentriques si fines et si régulières qui la caractérisent. Genre Cardium, L. « Coquille interne, fermée ou baïllante en arrière, crochets saillants subventraux ; bords crénelés. » (WoopwaRp.) CARDIUM CLOAGINUM, Quenst. — Coquille symétrique, bords arrondis, côtes nombreuses variant de 3? à 40, longitudinales, très régulières, plates, séparées par un sillon étroit, profond. Plis d’accroissement sur toute la surface de la coquille, assez réguliers, squammeux. — Loca- LL Sen = lités : Boisset, n° 12, très commun; Miserey, étage rhétien supérieur; Mérey, Vorges, étage rhétien inférieur. - Carpium Parcippranum, Dunker. — Coquille ovale, globuleuse, suh- équilatérale, trés épaisse, renflée, ornée seulement sur la région anale d'une quinzaine de côtes rayonnantes, simples, aplaties, séparées par des sillons profonds, linéaires. Plis d’accroissement très fins, visibles seulement à la loupe, couvrant toute la coquille; test très mince; côté buccal arrondi; côté anal à peine tronqué; côté palléal arqué ; crochets saillants, rapprochés.— Localités : Boisset; les Arsures ; Feschaux, etc., coquille très commune et caractéristique. CARDIUM NUGULOIDES, Stopp. — Coquille oblongue, côté anal prolongé, comprimé; le reste comme dans le Card. Philippianum, dont il n’est peut-être qu'un accident de déformation. — Localité : Boisset, n° 12. Carpium SoLpant (PI. IV, fig. 26). — Coquille assez épaisse, ornée d'environ de 20 côtes divergentes bien prononcées, avec lesquelles se croisent de petits cordons d’accroissement lisses, concentriques, for- mant à chaque point d’intersection une faible saillie. — Localité : Fes- chaux, zone b, avec la Cytherea rhælica. Genre Lucina, Bruguière. Nous signalons dans le grès friable qui termine l'étage rhétien (che- min qui conduit de la gypserie au puits de recherche du sel à Beure), le moule d’un assez gros bivalve qui nous semble par la disposition des lignes d’accroissement appartenir au genre Lucina. Genre Cytherea, Lin. CyrHEREA RHÆTICA, Henry (PL II, fig. 15, 16).— Coquilie trapézoïdale, assez bombée; valves assez épaisses, couvertes de stries d’accroisse- ment fines, inéquidistantes, formant de distance en distance des plis concentriques plus ou moins prononcés ; charnière à quatre dents, deux cardinales rapprochées et deux latérales consistant en lamelles minces très allongées. Côté antérieur arrondi; côté postérieur beaucoup plus long; bord anal tronqué plus ou moins obliquement. — Localité : Fes- chaux; Lavigny, n° 23; Boisset, n° 23; Pouilley-les-Vignes, zone c; Beure, zone b, dans les calcaires dolomitiques; Grozon, zone b? Elle est extrêmement abondante, et de ses valves séparées et brisées souvent la roche est presque entièrement formée. Beaucoup d’em- preintes et de moules de bivalves, que l'on rencontre si fréquemment dans les couches rhétiennes, doivent être rapportées à cette espèce. .. Ne connaissant pas la description de cette coquille et ayant eu la bonne fortune de rencontrer à Feschaux et à Pouilley-les-Vignes des exemplaires avec leur coquille et leur charnière, nous avons cru devoir donner un nom qui rappelle qu'elle est caractéristique de l'étage rhétien — 431 — franc-comtois. Au musée de Besançon elle figure sous le nom bien im- propre de Cardinia. Genre Cardita, Bruguière. CARDITA AUSTRIACA, Hauer. — Nous rapportons à cette espèce une portion d’empreinte très nette que nous avons recueillie à Cerqueux, près de Bourbonne-les-Bains , dans le grès exploité de l'étage rhétien. Les côtes sont simples, saillantes, anguleuses, émoussées. Des lamelles d’accroissement fines, assez serrées, parcourent la coquille dans toute sa largeur. Nous avons signalé déjà le même fossile à Servigney (Haute-Saône). Genre Panopæa, Ménard de la Groye. PANOPÆA MONTIGNYANA, Mart. — Localité : Beure, étage rhétien supé- rieur. PanoPÆA DEPRESSA, Mart. — Localité : Beure, étage rhétien supé- rieur. On rencontre dans la couche gréseuse, sableuse, qui est en contact avec l'étage hettangien, sur le chemin qui conduit de la gypserie au puits de recherche pour le sel, des bivalves dont le test est détruit, et qui par leurs formes et leurs allures nous paraissent devoir se rap- porter aux deux espèces que nous vènons de mentionner et qui ont été figurées par M. J. Martin, dans sa Paléontologie stratigraphique de l'infralias de la Côte-d'Or. Genre Anatina, Lamarck. ANnATINA SuEssi? Oppel. — Nos exemplaires nous semblent se rap- procher assez de l’Anatina Suessi figuré dans Stoppani. Ils sont dépri- més et incomplets. Inutile de les dessiner. Cette espèce est d’ailleurs signalée à Boisset par le frère Ogérien qui a eu sans doute sous les yeux des échantillons bien conservés. Coquille oblongue, région buccale très développée, région anale atté- nuée et comprimée sur 123 bord supérieur. Stries d’accroissement irré- gulières. — Localité : Boisset, argile schisteuse, zone a. ANATINA ? — Coquille oblongue, elliptique; région buccale? beaucoup plus grande que la région anale. Les deux valves sont Éécartées et en contact avec le crochet. Surface lisse à stries d’accroissement extrême- ment fines et serrées, à peine visibles à la loupe. — Localité : Boisset, zone 4. Genre Pholadomya, SOW. Notons enfin une petite coquille qui a toutes les allures d'une Phola- ae. RS domya.: Nous l'avons recueillie à Miserey dans la couche lumachelle qui termine la zone a de l'étage rhétien inférieur. OPHIURES. (PL. III, fig. 8.) — Nous avons recueilli à Boisset et à Moutaine, dans les grès de la zone e de l'étage rhétien, des ophiures assez nombreux appartenant à une même espèce, mais malheureusement indétermina- bles. On voit nettement le corps et les bras, mais les plaques dermi- ques ont entièrement disparu, et la forme seule de l'animal permet de reconnaître le groupe auquel il appartient. Ces fossiles sont accompagnés de vestiges de plantes dont quelques- unes sont nettement annelées, c’est-à-dire que la tige plus ou moins aplatie présente de distance en distance des saillies transversales res- semblant à des anneaux. Appartiennent-elles à des Calamites : nous n'avons jamais observé aucune trace de cannelure longitudinale. Nous inclinons à croire que ce sont des Monocotylédones noueuses comme des roseaux? quelques-unes montrent encore la base enchässée dans, le sol qui les portait. À Velleminfroy, dans le même horizon géologi- que, j'ai rencontré des corps cylindriques enfouis dans le grès per- pendiculairement à la direction des strates et accompagnés de corps ressemblant à des tiges écrasées et couchés parallèlement aux strates. Représentent-ils des tiges et des branches? Au milieu de ces débris indéterminables, on trouve encore des corps ou saillies irrégulières à surface plus ou moins arrondie, plus ou moins contournée. Sont-ce des Coprolithes? Le mauvais état de conservation de ces débris ne permet pas de répondre jusqu'ici avec netteté à ces questions. COPROELITHES (PL I, fig. 9, a et b.) — On trouve dans les argiles schisteuses noires à petite anomie, n° 12, Boisset, des corps plus ou moins allongés, ar- rondis, dont quelques-uns portent un sillon longitudinal très-pro fond. On observe dans presque tous, à leur surface, des écailles de poissons. Nous y avons reconnu le Gyrolepis tenuistriatus. On aperçoit au milieu d'une pâte blanchâtre des lignes foncées qui représentent sans doute la section des écailles intérieures ou d’autres débris solides fossilisés. Ces corps sont, à notre avis, des excréments de poissons qui faisaient leur nourriture des Gyrolepis au moins. Les écailles sont à peine émous- sées et non brisées, ce qui indique que la proie saisie était engloutie sans être endommagée. Les Sargodon, les Pycnodus, les Sphærodus — 433 — devaient se nourrir de coquillages ou de mollusques. Les //ybodus et les Saurichthys devaient être de redoutables carnassiers. Et c’est sans doute à ces derniers types qu'on doit rapporter ces coprolithes. Il pourrait se faire que ces coprolithes appartinssent à deux espèces dif- férentes, car les uns ont un sillon longitudinal profond contenant moins de débris organiques solides que les autres qui sont dépourvus de sillon et pétris d’écailles de Gyrolepis. Les uns proviendraient-ils des Æybodus, les autres des Saurichthys? Ce n’est pas probable; leur diamètre semble indiquer qu'ils ont dû passer par des intestins de même calibre et appartenant à la même espèce. Mais il ne convient pas de pousser plus loin ces considérations trop hypothétiques. VÉGÉTAUX. Nous avons recueilli à Moissey, dans le banc de grès qui est à la base de l'étage rhétien, des empreintes de Calamites et une empreinte de Fucus peut-être. Cette dernière consiste en une aire triangulaire con- vexe, à bords latéraux légèrement courbes, avec un sillon longitudinal à peu près médian. — Longueur, 90 millim.; largeur à la base, 95 mill. 28 — 434 — II° SECTION LEA CENT EANGLIEN se CHAPITRE IV MOLLUSQUES CÉPHALOPODES. Genre Ammonites, Bruguière. « Coquille discoïde, tours internes plus ou moins cachés, cloisons ondulées ; sutures lobées et foliacées; siphon dor- sal. » (WoopwaRD.) AMMONITES MorEANuSs, d’Orb. — MM. Terquem et Piette maintier- nent cette espèce, qui diffère, selon eux, de l'A. angulatus, en ce que les côtes, d'abord simples, deviennent doubles, s’effacent sur les flancs, puis disparaissent complétement au diamètre de 30 à 35 c., tandis que dans l'A. angulatus, les côtes restent toujours simples et ne s’effacent jamais, même sur les flancs. Nous avons recueilli, à Rozière-sur-Mance, un échantillon qui, à un diamètre de 10 c., présente des côtes simples d’abord, puis se dédou- ble sur le dos, sans s’effacer sur les flancs: Cette dernière différence ne nous parait pas devoir constituer un caractère spécifique; car il peut se faire que dans certains individus, les côtes sur les flancs dis- paraissent plus tard que chez d’autres. — Localités : Vorges, Rozière- sur-Mance. À. ANGULATUS, Schlotheim. — Dans le jeune âge, cette Ammonite est arrondie sur le dos, avec des côtes simples peu prononcées; plus tard, les côtes sont très prononcées, toujours simples et formant chevron sur le dos. Quelquefois une carène dorsale réunit tous les sommets des chevrons. Un peu avant de se réunir, les côtes sont quelquefois très saillantes et rappellent les allures de l'A. spinalus du lias moyen. — Localités : Vorges, Miserey, Beure, Champvans, Boisset, Feschaux. — 435 — AMMONITES CHARMASSEI, d'Orb. — Localité : Vorges. AMMONITES TORTILIS, d'Orb. — Localités : Velleminfroy, Mailleron- court. ÂAMMONITES JOHNSTONI, S0W. — Localité : Boisset. AMMONITES PLANORBIS, Sow. — Nous rapportons à cette espèce un très beau fragment recueilli à Miserey. Il a conservé une partie de son test, qui est mince relativement aux dimensions de la coquille, et qui est dépourvu d'ornement, sur les derniers tours du moins. On aperçoit sur une autre portion les lobes et les selles des cloisons. La dernière loge même incomplète occupe plus du tiers du tour. Coquille à tours embrassants, peu épaisse, s’amincissant graduelle- ment du bord intérieur vers le dos qui est arrondi. Diamètre, 02. — Localité : Miserey, brèche hettangienne. Genre Nautilus, Breynius. Nous n'avons recueilli qu'un seul fragment indéterminable de ce genre à Vorges, dans la zone à 4. planorbis. GASTÉROPODES. Genre Pteroceras, Lamarck. Nous avons recueilli à Miserey un moule incomplet que nous rap- portons à ce genre. Genre Chemnitzia, d'Orbigny. Echantillon trouvé à Vorges, dont la forme et la dimension rappellent la Chemnitzia polila, Martin. Genre Cerithium, (Adans.) Bruguière. « Coquille turriculée à tours nombreux; ouverture petite, avec un canal tortueux en avant; bord externe évasé, bord interne épaissi. » (WoopwanRp.) CER. ETALENSE, Piette. — Coquille petite, grêle, turriculée, spire acuminée, surface des tours ornée de plis transversaux élevés, se cor- respondant assez bien d'un tour à l’autre, et formant ainsi des séries transversales obliques qui rendent la coquille fort élégante. Suture assez profonde. Nous n'avons pu apercevoir sur la surface de la co- quille les stries longitudinales que MM. Terquem et Piette signalent dans la description qu'ils en ont donnée ( Lias inférieur de l'est de la — h36 — France). M. Dumortier n’a pas été plus heureux que nous. Comme le savant géologue lyonnais, nous conservons le nom de Cer. etalense à l'espèce. que l’on rencontre assez rarement en Franche-Comté. — Lo- calités : Pouilley-les Vignes, Vorges. CERITHIUM SINEMURIENSE, Martin. — Coquille grêle, acuminée, turri- culée; tours nombreux convexes, séparés par une profonde suture, portant sur la moitié inférieure deux nervures longitudinales séparées par une surface plane. La moitié supérieure du tour est ornée près de la suture d’une nervure peu saillante et légèrement granuleuse. Stries transversales d’accroissement, fines, rapprochées et recouvrant toute la coquille. — Localités : Velleminfroy, Pouilley-les-Vignes. CARITHIUM SEMELE, d'Orbigny. — Coquille petite, turriculée, conique, acuminée, tours ornés de deux cordons longitudinaux, limitant un méplat. Le dernier tour présente trois cordons. — Localité : Miserey. Genre Melania, Lamarck. MELANIA ABBREVIATA, Terquem, — L'échantillon trouvé à Miserey a perdu tout ornement, mais il se rapporte par sa forme et ses dimen- sions à l'espèce publiée par M. Terquem. Genre Æurritella. Lamark. « Coquille allongée, à tours nombreux, striés en spirale; ouverture arrondie, bord mince. » (WoopwaRp.) TuRRITELLA DESHAYESEA, Terquem.— Coquille conique à spire allon- gée, à sommet aigu, tours arrondis, nombreux, ornés sur toute leur surface de bandelettes longitudinales, inégales, séparés par des sillons à fond plat, plus larges sur le milieu du tour. — Localités : Vorges, Miserey, Velleminfroy. TurriTELLA Humgertt, Martin. — Coquille grêle, turriculée, à spire très allongée, en forme de vis. Tours anguleux portant une carène médiane, à plans inclinés de chaque côté de la carène; deux ou trois cordons longitudinaux à peiue marqués ornent le plan incliné qui est du côté de la base. Stries transversales d’accroissement fines, serrées, produisant des granulations sur la carène et les cordons. Bouche petite, obronde, columelie arquée. — Localité : Pouilley-les- Vignes. Genre Eittorina , Férussac. « Coquille turbinée, épaisse, à spire aigue; tours peu nom- breux; ouverture circulaire; bord externe tranchant ; colu- melle assez aplatie, imperforée. » (Woopwanp.) LirroriNa cLATHRATA, Deshayes; TurBo Pxicexor, d'Orbigny; CHEM- — 137 — NITZIA ALIENA; NATICA KonINGKANA, Chap. et Dew.; TURBO ANGULATUS, Quenstedt. — Coquille turbinée, à test épais, spire assez allongée; tours plats en retrait les uns sur les autres, comme en escalier; bord de la suture saillant et arrondi; toute la surface est ornée de côtes longitudinales croisées par des côtes transversales plus ou moins si- nueuses dans la partie voisine de la suture. M. Terquem a fait trois variétés des nombreuses modifications qu'of- frent les ornements du test. En Franche-Comté, elle paraît également assez variable. — Localités : Miserey, Pouilley-les-Vignes. LITTORINA ARDUENNENSIS, Piette. — Coquille turbinée, test épais, spire allongée, à sommét pointu, tours plats en retrait les uns sur les autres, formant escalier. Bord de la suture peu ou point saillant, arrondi; surface des tours ornée de côtes longitudinales fines, peu apparentes, croisées par des stries transversales très fines et très ser- rées. — Localités : Beure, Vorges, Miserey, Pouilley-les-Vignes. Genre Solarium, Lamark. « Coquille orbiculaire, déprimée ; ombilic large et profond; ouverture rhomboïdale ; péristome mince. » (WoopwaRp.) SoLarium. — Coquille déprimée, discoïde, presque plane; surface extérieure des tours plane; angle extérieur des tours orné de granu- lations qui se prolongent sous forme de rides; ouverture subquadran- gulaire; ombilic très ouvert. — Localité : Vorges. Genre Æurbo, Linné. « Coquille turbinée, solide; tours convexes, souvent sillon- nés ou tuberculés; ouverture grande, arrondie, légèrement prolongée en avant. » (WoopwaRD.) Turso CHavaxni (1), Henry (PI. IV, fig, 27, 28). — Coquille à spire courte, obtuse au sommet, formée de trois tours convexes; tours ornés de deux cordons longitudinaux granuleux; stries transversales d’ac- croissement assez fortes et formant sur les cordons des granulations. Le dernier tour à cinq gros cordons sur la surface externe, et quatre à la base moins accentués et plus rapprochés et également noduleux. Bouche arrondie, point d'ombilic. — Localité : Miserey. Turgo Parvus, Henry (PL IV, fig. 41). — Coquille très petite, spire obtuse formée de quatre tours ornés de deux cordons longitudinaux qui sont séparés par une vallécule peu profonde, Le dernier tour rela- (4) Nous dédions cette charmante petite espèce à notre excellent ami, M. Chavanne, géologue et chef de section à Miserey. — 438 — tivement volumineux. Base arrondie portant deux cordons longitudi- naux. Bouche ronde. — Localité : Miserey. Tur8o viweauis, Henry (PI. IV, fig. 27). — Coquille conique à spire acuminée; tours anguleux en gradins pourvus d’une forte carène du côté de Ja base dans le voisinage de la suture qui est très profonde. La surface du tour du côté du sommet est ornée, près de la suture, d’un cordon longitudinal noduleux. Stries transversales d’accroissement très fines formant des granulations sur la carène et les cordons. La base du dernier tour, peu bombée, est ornée de quatre côtes carénées, croisées par des stries transversales fines et rapprochées. Bouche in- connue. Cette espèce se rapproche assez du Turbo liasicus, Martin; mais elle en diffère par les ornements de la base qui ne possède que quatre côtes carénées d’égales dimensions; tandis que dans le Turbo liasicus la base est plus bombée et ornée de nombreuses côtes plus ou moins pronon- cées. — Localité : Pouilley-les-Vignes. Tur8o rriPLicarus, Martin. — Coquille conique, tours aplatis en gra- dins de la base au sommet, munis d’une carène voisine de la suture. Chaque tour est orné de deux côtes longitudinales entre la carène et la suture suivante. Elles sont accompagnées quelquefois de une ou deux côtes secondaires moins fortes; des stries d’accroissement croisent ces côtes en produisant aux points d’intersection des tubercules plus ou moins prononcés. Le dernier tour est convexe à la base et couvert d’une dizaine de côtes longitudinales assez régulièrement espacées, la première est séparée de la carène par une vallécule profonde. La ca- rène est située sur le milieu du dernier tour et se termine au milieu du labre externe. Point d'ombilic. Bouche ovale, arrondie. Nos échantillons se rapportent assez bien aux figures mais non à la description qu’en a donnée M. Martin; nous ne voyons pas dans les figures les trois carènes mentionnées dans le texte. — Localités : Vorges, Feschaux. Tur8o IoRNATUS, Terquem et Piette.— Coquille conique, spire courte, obtuse, tours légèrement renflés, arrondis, presque plans, lisses; suture légèrement canaliculée ; ouverture semi-lunaire, oblique; ombilic pres- que nul. — Localités : Miserey, Pouilley-les-Vignes. Turso Lævis, Henry (PL IV, fig. 30). — Coquille petite, plus large que haute; spire obtuse formée de quatre tours presque plans, le der- nier très renflé, à lui seul plus haut que le reste de la spire; tours lisses sans ornement; ombilic petit; ouverture arrondie, columelle ex- cavée. Labre assez mince.— Localité : Pouilley-les-Vignes. Il se rapproche assez du Turbo Pieltei; mais l’enroulement est plus centrifuge et l’ouverture plus excentrique. La coquille est plus élégante et moins trapue. Turso Pierre, Martin. — Coquille presque globuleuse; spire courte; — 439 — tours convexes, ouverture ronde à bords unis et épais; sinus à la colu- melle simulant un ombilic. — Localités : Vorges, Miserey. Genre Phasaniella, Lamarck. « Coquille allongée, tours convexes, ouverture ovale, bord externe mince, bord externe calleux. » (Woopwanp.) PHASANIELLA NANA, Terquem. — Localité : Velleminfrov. Genre Trochus, Linné. « Coquille pyramidale; base à peu près plate; tours nom- breux plats, diversement striés; ouverture oblique rhom- boïle ; columelle tordue légèrement tronquée; bord externe mince. » (WOODWARD.) Trocaus AcuMINATUS, Chap. et Dervalque. — Coquille turbinée, co- nique. pire allongée, composée de tours fortement carénés au tiers de la hauteur du tour à partir de la base. Plans inclinés des deux côtés de la carène. Stries transversales fines et serrées; une ou deux lignes longitudinales noduleuses sur le plan incliné vers le sommet, une ligne noduleuse sur le plan incliné vers la base près de la suture qui est très profonde; carène aigue, granuleuse, Cette diagnose se rapporte à la figure et au texte publiés par MM. Terquem et Pielte. — Localité : Feschaux. Trocaus siNisrroRsus, Deshayes. — Coquille turbinée, conique, aussi large que haute; sommet tronqué par suite de l’'enroulement des pre- mières spires sur un plan, puis la spire s’élance ensuite en hélice. Tours fortement carénés; carène à forts tubercules allongés dans le sens longitudinal, comme crénelée et plus rapprochée de la base que du sommet. Plan incliné des deux côtés, couvert de fines stries longitudinales et de costules d’accroissement plus ou moins saillantes, seulement du côté du sommet. La base est ornée de deux côtes longitudinales dont l'une borde l’ombilie qui est très profond. Ouverture circulaire, oblique. — Localité : Miserey. Genre Chiton, L. Signalons à Moissey, dans une roche à petits gastéropodes apparte- nant à la zone à 4. angulalus, un petit fossile qui a les allures d'un. oscabrion. Il est accompagné de l’Ostrea irregularis, Mn. Corps elliptique légèrement bombé, scutiforme; crête longitudinale et médiane, d’où partent, sous un angle voisin de 90°, une dizaine de côtes parallèles, assez régulières. — 440 — Genre Pleurotomaria, Defrance. » Coquille trochiforme, à tours peu nombreux ; surface di- versement ornée; ouverture subquadrangulaire, avec fente profonde dans son bord externe. La partie de la fente qui a été graduellement oblitérée forme une bande le long des tours. » (WoopwaRD.) PLeuroromarIA TerQuEMI, Martin. — Coquille trochiforme; spire co- nique, sommet aigu, tours plats, déprimés, ornés près de la suture et des deux côtés de la bandelette de stries et de nodules longitudinaux ; bandelette large, ornée d’une carène aigue sur son milieu et placée au centre du tour. — Localité : Pouilley-les-Vignes. PLEUROTOMARIA BASILICA, Chap. et Dew. — Coquille conique médio- crement élevée, sommet aigu, tours légèrement convexes portant deux rangées de nodules longitudinaux, l’une postérieure, au tiers à peu près du tour et formée de nodules simples, l'autre antérieure près de la suture et également formée de nodules simples ; le bord antérieur du dernier tour est anguleux et présente trois lignes de nodules dont deux seront cachées par le recouvrement du tour suivant. Bandelette for- mée de quatre bandes séparées par des carènes bien marquées dont celle du milieu est la plus saillante. Base plane, marquée de côtes lon- gitudinales assez régulièrement espacées et croisées par des stries transversales assez rapprochées. Ombilic assez grand. — Localité : Vorges. PLEUROTOMARIA ExPpANsA, d'Orbigny. — Coquille déprimée, solari- forme, bien plus large que haute, non ombiliquée. Spire très courte, très surbaissée, formée de tours circulaires enroulés presque sur un plan. La surface latérale de chaque tour est cachée par le tour suivant, de sorte que l’on peut considérer dans cette coquille trois faces, la face latérale et la base formées par le dernier tour, et la face apiciale formée par la partie supérieure des tours. La suture y forme une spirale; la surface visible supérieure de chaque tour est plane ou légèrement con- cave. Le dernier tour est caréné au bord de la surface apiciale. Sur- face latérale du dernier tour légèrement convexe. Base fortement excavée; bouche quadrangulaire. — Localités : Vorges; Miserey; Fes- chaux. PLEUROTOMARIA PLANULA, Terq. et Piette. — Mauvais échantillon re- cueilli à Vorges; il présente la forme, les dimensions relatives, les tours plats au-dessus, l'absence de bourrelet à la suture, de l'espèce décrite et figurée par ces géologues. PzeuroromariA Rouzertr, Henry (PI. IV, fig. 31, 32). — Coquille plus haute que large, trochiforme, conique, acuminée, tours plats couverts — 44l —- de stries longitudinales régulières, serrées, plus fortes du côté de la base, et formant au bord de la suture un cordon en saillie, orné de no- dulations. Plis transversaux plus ou moins saillants et plus ou moins rapprochés. — Bande étroite, située au tiers du tour à partir de la base, partagée en son milieu par une ligne Ronr saillante. Columelle creuse. Bouche inconnue. Il diffère du Pleurotomaria Terquemr ,Martin, qui a une bande large située au milieu du tour. — Localités : Miserey, Beure. PLEuroTOomARIA. — Nous avons recueilli à Beure un moule de Pleu- rolomaria, conique, aussi haut que large, à tours presque plats, légère- ment convexes. Suture peu profonde; bande du sinus sur la surface du tour; base du tour inférieur légèrement convexe. Ombilic. Ouver- ture presque triangulaire. Genre Ærochotoma, Lycest. « Coquille trochiforme, légèrement concave en dessous ; tours plats striés en spirale, arrondis aux angles externes ; lèvre ayant une seule perforation près de son bord. » (Woop- WARD.) TrocnaoromAa Cranoisi, Henry (PL. IV, fig. 33, 34).— Coquille beaucoup plus large que haute, à spire surbaissée. obtuse; tours convexes arron- dis, suture assez profonde; profil transversal; c’est-à-dire suivant un plan passant par l’axe, ondulé. Tours ornés de stries longitudinales; bande du sinus presque à la moitié du tour. En arrière, entre la bande et la suture, ligne longitudinale de granulations. Stries transversales d’accroissement recouvrant toute la surface de la coquille ainsi que la base. Base convexe ornée de lignes longitudinales très réguhères, serrées, et de stries transversales fines et serrées perpendiculairement, ce qui forme un treillis élégant. Ombilic en forme d’entonnoir. — Loca- lité : Vorges. Il nous paraît différer du Pleurotomaria Phædra, d'Orbigny, dont les tours sont anguleux au tiers postérieur, et dont la bande déprimée est au milieu du tour. Genre @rthostoma, Deshayes. ORTHOSTOMA GRACILE, Martin. — Petite coquille ovale, acuminée, allongée; tours profondément disjoints, le dernier plus long que le reste de la spire ; bord supérieur des tours un peu saillant et arrondi. Nous n'avons pu observer de stries fines que sur le bord du labre, la coquille rongée par les agents atmosphériques n’a pu conserver des ornements délicats. — Localités : Grozon, Feschaux. OrrHosroma. — Echantillon incomplet recueilli à Vorges. Le dernier — 442 — tour est orné de stries transversales en forme de $ peu prononcées. Co- lumelle arquée, sinus ombilical. BRACHIOPODES. Genre Rhynchonella, Fischer. « Coquille triangulaire, à crochet aigu, ordinairement plissée ; valve dorsale (petite) élevée en avant, déprimée sur le côté; valve ventrale (grande) aplatie ou creusée le long du centre; trou au-dessus du crochet, complété par un delti- dium, Coquille non poncturèe. » (WoopwaRp.) RHYNCHONELLA PLICATISSIMA, Quesntedt. — Coquille aussi large que haute ; grande valve à dépression médiane; petite valve bombée : côtes rayonnant de l'extrémité; plusieurs se bifurquent pour produire des côtes secondaires qui un peu plus bas ont les mêmes dimensions que les côtes primitives; côtes et vallécules anguleuses ; test nacré, peu épais, couvert de stries très fines. Elle nous parait pouvoir se rapporter par sa forme à la figure 15, tab. 12 (der Jura) Quenstedt, inscrite sous le nom de Rhynchonella plicatissima. — Localités : Champvans, Beure, Boisset. Genre ‘Terebratuln, Brug. Nous avons recueilli dans la brèche qui est à la base de l'étage het- tangien, à Champvans, en compagnie de l'A. angulatus. une Terebra- tula dont on voit le test nettement poncturé. LAMELLIBRANCHES. Genre @strea, Linné. OsTREa Marmorar, Haime. — Coquille ayant l'apparence d’une exo- gyre. Valve inférieure largement attachée par sa face inférieure; pliée et relevéé sur tout son pourtour; valve supérieure lisse, irrégulière- ment bossuée. — Localité : Vorges, dans la zone à À. planorbis. OSTREA IRREGULARIS, Mu. — Valve inférieure attachée par toute sa surface inférieure, pliée et fortement relevée sur tout son pourtour, le rebord augmentant de hauteur depuis le crochet jusqu'à l'extrémité opposée, — Localités : Boisset, Velleminfroy. — 443 — OSTREA ANOMALA, Terquem. — Valve irrégulièrement bossuée, à bords relevés, mais lamelleux. — Localités : Champvans, Vorges. -OsTREA. — À Velleminfroy, nous avons recueilli la valve inférieure d'une Ostrea qni est peut-être d'espèce nouvelle. Elle est bombée, triangulaire, très large au côté palléal, lisse, à plis d'accroissement peu marqués : elle présente sur le côté postérieur un sinus comme la Gryphea arcuala. Genre Anomia, Linné. ANOMIA STRIATULA, Oppel. — Brèche hettangienne de Miserey. - Genre Pecten, Müller, PecrTeN HeuLr; d'Orbigny. — Nous inscrivons sous ce nom un Pecten lisse en apparence, orbiculaire, à coquille déprimée peu épaisse. Test assez épais, formé de deux couches, dont l’extérieure est souvent en- levée. Une des valves est brillante, l’autre terne. Cette dernière ne pré- sente aucun ornement. L'autre présente à la loupe, sous l’action de la lumière, un réseau extrêmement fin, formé par des lignes d’accroisse- ment concentriques extrèmement rapprochées et des lignes longitu- dinales plus espacées, mais tout aussi peu accusées. Angle apicial de 90°; oreillettes inconnues. — Localité : Boisset. PecrTen. — Pecten lisse comme le précédent, dont il diffère, à notre avis. Angle apicial de 75 à 80°. Test formé de deux couches, l’externe brillante, couverte de stries concentriques régulières, semblables à de petits rubans étroits, assez inégalement espacées, visibles à l'œil nu, si peu profondes qu'elles ressemblent plutôt à des traces laissées par un crayon émoussé. Quand la couche externe est enlevée, la couche sous-jacente montre d’une manière vague, mais bien visible à a loupe, à l’aide d’une vive lumière, un réseau formé par des stries transversales qui semblent être le reflet de celles de la première couche, et par des côtes longitudinales obsolètes, assez espacées. Nous ne connaissons ni les oreillettes ni l'autre valve. — Localité : Venisey. Genre Lima, Bruguière. LIMA HETTANGIENSIS, Terquem. — Coquille convexe obliquement ovale: Oreillettes égales. Crochets proéminents. Côtes rayonnantes an- guleuses, arrondies au sommet, séparées par une vallécule profonde qui va en s’élargissant et dont le fond est occupé par une petite côte anguleuse qui ne devient visible qu'à une certaine distance du sommet. Les côtes latérales sont moins élevées que les autres. Des stries d’ac- croissement couvrent toute la coquille, elles sont très fines et très serrées. Quoique notre échantillon diffère de la Lima hellangiensis de Ter- quem par des oreillettes grandes, égales, nous ne croyons pas qu'il — 444 — appartienne à une espèce nouvelle. — Localités : Vorges, Pouilley-les- Vignes, Boisset, Feschaux. LiMA TUBERCULATA , Terquem. — Nons ne possédons qu'une valve incomplète de cette belle espèce. Test lamelleux, comme squammeux. Lamelles d'accroissement imbriquées. Côtes rayonnantes étroites, an- guleuses, obtuses. Elles portent de nombreux tubereules résultant de prolongements spiniformes. Vallécules grandes et couvertes de stries longitudinales très fines, très serrées et saillantes, formant avec les bords des lamelles d'accroissement un réseau élégant. — Localité : Vorges. LIMA ANTIQUATA, Sow. — Assez commun dans l'étage hettangien franc-comtois. — Localités : Velleminfroy, Miserey, Vorges, Mailleron- court-Charette. LIMA GIGANTEA, Sow. — Tellement abondante que l’on pourrait ap- pliquer à l'étage hettangien le nom de lias à Lima, aussi bien que l’on distingue les couches supérieurs sous le nom de lias à gryphées. Lima VaLoxiEnsis, Defrance. — Côtes longitudinales plates, plus où moins sinueuses, assez égales, séparées par des sillons étroits forte- ment ponctués. Oreillettes d’un côté. Quoique les côtes, dans l’échan- tillon qui provient de Venisey, soient assez droites et régulières, nous n'hésitons pas à le rapporter à l'espèce décrite par M. Dumortier, et qu'il considère comme celle qui caractérise le calcaire de Valognes L'échantillon recueilli à Vorges se rapporte beaucoup mieux à la des- cription donnée par le savant géologue lyonnais. — Localités : Veni- sey, Vorges. Lima puNcrATA? Sow. — Coquille à bord antérieur droit, à bord pos- térieur arqué, ainsi que le bord palléal. Lignes rayonnant du sommet, fines : intervalles des lignes beaucoup plus grands. Stries d’accroisse- ment fines, serrées, onduleuses, descendant dans les intervalles en y produisant une ponctuation en forme d'accent circonflexe dont le sommet est tourné du côté des crochets. — Localité : Beure. Lima couPressa, Terquem.— Nous ne possédons qu'un fragment du test qui parait se rapporter à cette espèce. Lima. — Petite coquille à côtes rayonnantes : test fort épais; crochets très saillants, écartés du bord cardinal. Nous ne possédons qu’une valve de cette espèce. — Localité : Velleminfroy. Lima EDuLA, d'Orb. — Nous paraît différer de la Lima gigantea par des oreillettes antérieures très développées. — Localité : Velleminfroy. Lima Erosxe, d'Orb. — Localité : Venisey. Genre Plicatala, Lamarck. PLICATULA HETTANGIENSIS, Terquem. — Coquille ovale, comprimée, — 445 — s'élargissant à partir du sommet : côtes rayonnantes, nombreuses, on- duleuses, irrégulières, plus ou moins sinueuses, s’anastomosant quel- quefois entre elles. Stries d'accroissement extrêmement fines et serrées. Surface interne lisse, impression musculaire subcentrale. Deux dents écartées convergeant au sommet. Les ondulations des côtes ne paraissent pas s'être terminées en épines redressées, comme l'indique M. Terquem, dans sa description de la Plicatula heltangiensis, à laquelle nous rapportons néanmoins nos échantillons. — Localités : Beure, Miserey, Champvans, Feschaux. PLICATULA INTUSSTRIATA, Emm.; SPONDYLUS LiAsiNus, Terquem. — Valve droite soudée par toute sa surface, bord cardinal droit, auri- culé, aussi large que la coquille. Valve, ovale, oblique. Deux dents longues formant un angle très ouvert, mais chacune munie au point de jonction de deux petites dents intérieures circonscrivant la fossette du ligament. Stries fines dichotomes, rayonnantes et se terminant à une saillie marginale qui en est finement crénelée, et qui est suivie d’une dépression périphérique en forme de canal. Nous ne connaissons pas la valve supérieure qui, à en juger par quelques fragments, devait être très mince et lisse. Sur des valves de Cardinia et de Lima. — Localités : Beure, Velle- minfroy. M. Dumortier cite cette espèce comme caractéristique de la zone à A. planorbis dans le département du Rhône; on ne la rencontre, sui- vant ce géologue, ni plus haut ni plus bas. En Franche-Comté, nous l'avons recueillie dans l'étage rhétien supérieur, et elle paraît abon- dante dans l'étage hettangien supérieur, c’est-à-dire dans la zone de l'A. angulatus. Ainsi cette petite coquille s’est déplacée dans le temps et dans l'espace. Caractéristique pour le lyonnais, elle cesse de l'être pour une région très voisine, la Franche-Comté. PcicaTuLa DESLONGCHAMPSI, Terquem et Piette. — Bord cardinal droit, surface irrégulière, pourvue de prolongements spiniformes tu- pulés à une certaine distance de la région cardinale. Genre Harpax, Park. Harpax sPiNOSUS, Sow. — Fragment de test recouvert de prolonge- ments en forme de tuiles, disposés en séries longitudinales et concen- triques; quelques-uns de ces prolongements devaient se terminer en épines ayant la forme d'une gouttière renversée; une partie du test est dépourvue de ces saillies squammeuses. — Localité : Pouilley-les-Vi- gnes, dans la brèche à la base de l'étage hettangien. Nous possédons des échantillons bien conservés de la Plicatula spi- nosa du lias moyen; et nous ne croyons pas que l'échantillon recueilli dans l'étage hettangien puisse se rapporter à cette espèce. — 446 — k Genre Pinna, Linné. PINNA SEMISTRIATA, Terq. — Par la forme, les dimensions et les bandes transversales à peine visibles du test, l'échantillon qui provient de Beure se rapporte à l'espèce décrite par M. Terquem, , Pinxa Harrmanni, Ziet. — Localité : Miserey, brèche hettangienne. Pinna DILUVIANA, Schlot. — Localité : Vorges. Nous maintenons ces deux espèces, confondues par Goldfuss : la sec- tion transversale de la première nous paraît être celle d’une lentille, celle de la seconde se rapproche du losange, ainsi que le montrent les figures de Zieten. Pinna simiuis, Chap. et Dew.— Côtes longitudinales, étroites, très distantes, irrégulièrement distribuées, côtes d’accroissement étroites moins saillantes que les côtes longitudinales, plus ou moins distantes. Aux points de croisement, des nodulations bien marquées. L'angle au sommet semble devoir être très obtus. — Localité : Pouilley-les-Vignes. Cet échantillon présente une particularité curieuse; il renferme une petite Lima antiquala qui remplit à peu près toute la cavité de la Pinna. Ce qui semble indiquer que la Lima s’est développée dans la coquille de la Pinna après la mort de cette dernière et la destruction de ses parties molles, et qu'elle y a vécu tranquille. La gangue de rem- plissage contient une baguette de Diademopsis buccalis, Ag., et des débris de Pentacrinus angulatus. De sorte que nous n’hésitons pas à considérer cet échantillon remarquable comme appartenant à l'étage hettangien, bien que nous ne l’ayons pas trouvé en place. Genre Mytilus, Linné. MyriLus picHoTomus, Terquem. — Côtes d’accroissement régulière- ment espacées, minces, saillantes. Plis d’accroissement irrégulièrement distants. Test sublamelleux. Côtes longitudinales, obsolètes, formant avec celles d’accroissement un réseau à mailles carrées; les points de croisement sont légèrement noduleux. C’est au Mytilus dichotomus de Terquem que notre échantillon se rapporte le mieux.— Localité : Mi- serey. Myrizus scazprum? Goldf. — Côtes concentriques, fines, saillantes, striées, plus ou moins régulièrement distantes. — Localité : Vorges. Genre Area, Linné. Arca PuzLa, Terquem. — Coquille très petite, transversale, renflée; une vallécule part du crochet et se dirige vers le bord palléal en s’élar- gissant de plus en plus et partage ainsi le test en deux parties presque égales, donnant une apparence didyme à la coquille. Get étranglement — 447 — rend plus sensible le renflement des deux parties antérieure et posté- rieure. Test couvert de côtes longitudinales nombreuses et de stries d’accroissement, qui en se croisant régulièrement rendent la surface granuleuse. — Localités : Miserey, Beure. Arca Cozzenort, Martin. — Coquille allongée dans le sens transver- sal, en forme de parallélogramme ; côtés antérieur et postérieur tron- qués obliquement; bord palléal faiblement arqué. Crochet placé au tiers antérieur, petit, dirigé en avant. Test orné de stries rayonnantes très visibles sur l’aire anale. Carène obtuse partant du crochet et se terminant à l'extrémité postérieure du bord palléal. Stries d’accroisse- ment assez régulières. Test épais. Aréa grande, fortement striée en long. Bien qu'elle n'ait qu’une seule carène, cette coquille se rapproche plus de l’Arca Collenoti (Martin) que de la Cucullea hettangiensis de Terquem. — Localité : Vorges. Arca Vezrant (1), Henry (PI. IV, fig. 35, 36, 37). — Coquille allongée, très inéquilatérale; à bord palléal arqué ; extrémités atténuées en pointe arrondie. Crochets fortement roulés en dedans et espacés. Ca- rène postérieure saillante, courbe, séparant la surface latérale de l’aire anale, ‘qui est tronquée sur le bord postérieur et séparée de l’aréa par une seconde carène qui part du crochet. Surface de l’aréa à double courbure. Six côtes parallèles longitudinales, fortement granulées et également espacées recouvrant l'aire anale; aréa lisse concave. Sur- face latérale des valves comme cylindracée, ornée de côtes granu- leuses d’accroissement plus ou moins régulières, assez également espa- cées, et coupées par des stries rayonnantes très saillantes, et formant avec les côtes un réseau élégant. — Localité . Miserey. Genre Cardium, Linné. Carptum TErRQuEMI, Mart. — Coquille subéquilatérale, convexe, orbi- culaire; test épais, orné de côtes rayonnantes régulières, quelquefois traversées par un, deux ou plusieurs plis d'accroissement. Crochets contigus, petits; lunule grande, profonde et arrondie. — Localités : Beure, Vorges, Miserey, Feschaux. Genre Astarte, Sowerby. « Coquille suborbiculaire comprimée, épaisse, lisse ou mar- quée de sillons concentriques ; lunule enfoncée ; ligament externe ; dents cardinales 2-2; dent antérieure de la valve droite grande et épaisse. » (WoopWaRD.) (1) Nous dédions cette jolie espèce à notre excellent maitre et ami, M. Vezran, pro+ fesseur de géologie à la Faculté des sciences de Besançon. — 148 — ASTARTE SAULENSIs, Terq. et Piette. — Coquille ovale, convexe, ornée de stries concentriques plus ou moins régulièrement espacées, et de deux plis d’accroissement vers le bord palléal. Test épais; deux im- pressions musculaires profondes, bord palléal crénelé intérieurement, peu épais. — Localités : Beure, Boisset. AsTarTE HeBerri, Terquem et Piette. — Coquille subtrigone, trans- verse, ornée d’une vingtaine de côtes transversales, anguleuses, égale- ment espacées, intervalles et côtes finement striés, arqués et s’atte- nuant en avant, se recourbant assez brusquement en arrière. Lunule petite, corselet excavé, étroit, bord du corselet étroit. Test épais. — Localités : Miserey, Beure. ASTARTE. — Jolie petite coquille, ovale, comprimée, à stries concen- triques d’accroissement très serrées, très régulières. Elle nous parait être une espèce nouvelle. Malheureusement notre échantillon est trop incomplet. — Localité : Vorges. ASTARTE POSTERA, Henry. — Coquille assez épaisse, subtrigone, équi- valve, inéquilatérale. Valve ovale, s’allongeant avec l’âge du côté anal. Test épais. Crochets à peine saillants. Bords buccal, anal et palléal arrondis. Côtes équidistantes d’abord, puis se dédoublant de distance en distance à mesure que la coquille grandit, de sorte que la région postérieure s’allonge du côté anal et augmente d'étendue plus rapide- ment que la région antérieure. Les côtes saillantes, anguleuses, sont finement striées sur leurs flancs et dans les intervalles. Elles s’atténuent vers les régions buccale et anale, où elles se réduisent à des stries. Bord palléal crénelé. Largeur, 35 millim.; hauteur, 30 millim. — Lo- calités : Vorges, Beure. Genre Cardinia, Agassiz. « Coquille ovale ou oblongue atténuée postérieurement, comprimée, forte, nacrée, marquée de lignes d’accroissement à ligament externe; dents cardinales obscures, les latérales 1-0, 0-1, écartées, saillantes, impression des adducteurs pro- fonde, impression palléale simple. » (Woopwanp.) CARDINIA SUBLAMELLOSA, d'Orbigny. — Coquille allongée transver- salement, subtrigone, comprimée et peu épaisse; bord palléal presque droit; côté antérieur arrondi, côté anal acuminé. Lunule très dis- tincte, bien circonscrite; test mince lamelleux et en gradins irrégu- lièrement espacés. — Localités : Miserey, Vorges, Venisey, Bougnon. Carpinra Monist, Terquem. — Coquille subtrigone, renflée, arrondie en avant, acuminée en arrière, test orné de rides concentriques assez régulières. — Localités : Beure, Boisset. — 449 — CARDINIA QUADRANGULARIS, Martin. — Coquille plutôt ovale que de forme quadrangulaire, selon M. Martin; côté anal arrondi ainsi que le côté buccal; test assez épais. — Localités : Beure, Miserey. CaxpDINIA TRAPEZIUN, Martin. — Coquille allongée à bord cardinal droit et presque parallèle au bord palléal qui est faiblement arqué; extrémité anale en pointe, comme tronquée obliquement; test assez épais. — Localités : Boisset, Miserey. CARDINIA ACUMINATA , Martin. — Coquille subtriangulaire ; côté buccal arrondi, côté anal acuminé étroit. Bord palléal arqué en avant, presque droit en arrière. Test épais, sillons d’accroissement fortement marqués, assez régulièrement espacés; l'intervalle couvert de fines stries paral- lèles équidistantes. — Localités : Miserey, Beure. CaARDINIA INSIGNIS, Martin. — Coquilie ovale subtrigone, à région dor- sale bombée ; arrondie en avant et en arrière; bord palléal légèrement arqué; crochets au quart antérieur; sillons d’accroissement bien mar- qués, assez régulièrement espacés: l'intervalle couvert de sillons con- centriques plus fins, moins profonds, quelquefois à peine visibles. — Localités : Beure, Miserey. CarpinIA DEsounini, Terquem. — Nous ne possédons qu’un mauvais échantillon qui nous semble se rapporter à la figure que donne Ter- quem de cette espèce. — Localité : Miserey. CARDINIA TRIGONA? Martin. — C’est à cette espèce que se rapporte le mieux une charnière que nous avons recueillie à Miserey. CAPDINIA CONTRACTA? Martin. — Notre exemplaire s'accorde assez bien avec la figure que donne M. Martin de cette espèce, — Localité : Beure. CaRDINIA, nov. spec. — Coquille ovale, peu épaisse; arrondie à sa partie antérieure, acuminée et arrondie à sa partie postérieure; bord palléal arqué dans toute sa longueur : sillons d’accroissement assez régulièrement distants, profonds; les bandes comprises entre deux sil- lons couvertes de stries à peine visibles. Nous pensons qu'elle doit constituer une espèce nouvelle, — Localité : Beure. CARDINIA SiILIS, Ag. — Localité : Boisset. CARDINIA CONGINNA, Ag. — Localité : Beure. CARDINIA DEPRESSA, Ziet. — Localité : Boisset. CARDINIA, nov. spec., ou AsrarrEe. — Coquille ovale, allongée dans le sens longitudinal ; test épais; quelques sillons d’accroissement vers le bord palléal, comme dans l’Astarte saulensis. Nous ne connaissons pas la charnière. CARDINIA SEGURIFORMIS ? Ag, — Grande coquille, épaisse, très allongée 29 — 450 — transversalement. Espèce assurément différente des précédentes. Les caractères intérieurs manquent. — Localité : Beure. Genre Pholadomya, Sowerby. « Coquille oblongue, équivalve, ventrue, baïllante en ar- rière, mince, et translucide, ornée sur les flancs de côtes rayonnantes. » (WoopwaRp.) PHoLApomyA Prima, Quenstedt. — Les deux échantillons que nous avons recueillis à Miserey se rapportent assez bien à la figure de Quens- tedt (der Jura). : Coquille ovale, arrondie antérieurement; test épais orné de nombreux plis d’accroissement irréguliers et de quelques grosses côtes ondu- leuses, obsolètes, assez divergentes, à peine visibles. Coquille peu ren- flée. — Localité : Miserey. Au premier abord il est assez remarquable de rencontrer des phola- domyes dans une brèche. Mais d’après ce que nous avons dit, les frag- ments de cette brèche, déposés au commencement de l’époque de lA. planorbis, n’ont été englobés qu'à l'époque suivante, par la vase d’une mer peu profonde où pouvaient vivre les Pholadomyes. \ Genre Fistulana, Lam. La brèche qui existe à la base de l'étage hettangien renferme deux sortes de perforations, dont l’une est due à des mollusques de la famille des Gastrochænidæ, Woodward. Au fond d'un tube à parois assez épaisses, conique et renflé en forme de poire à son extrémité fermée, existe une coquille bivalve, à valves inégales; crochets antérieurs. Coquille peu ba’ llante. Longueur, 10 mil. La partie du tube qui est en avant est long, quelquefois court, d’autres fois courbé. Nous la considérons comme appartenant au genre Fistu- lana. Quenstedt a donné sous ce nom une figure qui représente bien le fossile recueilli à Miserey seulement. C'est toujours dans les fragments de roche tendre de la brèche que ces perforations se rencontrent; et l’intérieur du tube et de la coquille est toujours rempli par la roche qui a empâté après coup ces fragments. ANNÉLIDES. Genre Serpula, Linné. SERPULA NODIFERA, Terquem.— Coquille droite, cylindrique, noueuse, ouverture ronde. Nœuds inégalement distants. — Localité : Miserey. — 451 — GALEOLARIA FILIFORMIS, Terquem et Piette. — Tubes cylindriques fili- formes, lisses, agrégés en faisceau, plus ou moins parallèles. — Loca- lités : Miscrey, Beure, Vorges, Grozon, Velleminfroy, Pouilley-les- Vignes, Robinet-Feschaux. SErpuLA. — Coquille incomplète, arquée, trigone; carène dorsale, saillante, étroite; sur un HMontlivaultia Sinemuriensis. — Loc. : Vorges. SERPULA FILARIA, Gold. — Coquille cylindrique, sinueuse, s'enroulant d'une manière irrégulière, capricieuse! — Localités : Vorges, sur un Montlivaulhia Sinemuriensis: Beure. sur une valve de Lima; Boisset, sur une valve de Uardinia. SERPULA.— Petite coquille, enroulée en hélice, faisant à peine un tour et demu, lisse, cylindrique; ouverture circulaire. — Localité : Velle- minfroy. SERPULA FLACCIDA, Gold — Localité : Beure.- ECHINODERMES. Genre Pentacrinus. Nous avons recueilli dans l’étage hettangien franc-comtois beaucoup de débris de ce genre que nous croyons devoir rapporter à deux types différents, et en outre de nombreux fragments cylindriques très petits qui appartiennent sans doute aux rameaux qui garnissent les bras. Cette manière de voir nous a été suggérée par le texte et la figure 19, planche XX V, publiés par M. Dumortier (/nfralias du département du Rhône). PENTACGRINUS ANGULATUS, Oppel. — Articles beaucoup plus larges que hauts, à cinq angles saillants, émoussés, arrondis, séparés par cinq angles rentrants également arrondis au sommet. L’extrémité des bras de la rosace d’articulation est anguleuse. — Localités : Velleminfroy, Pouilley-les-Vignes, Vorges, Robinet-Feschaux. PExTAGRINUs. — Articles plus larges que hauts; mais le rapport des deux dimensions est moins grand que dans le type précédent. Cinq pans presque plans; une légère dépression est au milieu de chacune des faces latérales. Les extrémités de la rosace d’articulation sont an- guleuses. Nous ne croyons pas que cet échantillon soit une variété du Pentacrinus angulatus. — Localités : Pouilley-les-Vignes, Vorges. Genre DBiademopsis. Diapewopsis BUGCALIS, Ag. — Radioles grêles, unis, cylindriques, al- longés, très finement striés en long, — Localités : Miserey, Vorges, — A5? — Drapemopsis ? — Radioles incomplets, cylindriques, tuberculés; tu- bercules disposés en séries longitudinales plus ou moins nettes. Nous avons recueilli à Velleminfroy un radiole hérissé de pointes coniques Nous pensons qu'il appartient à la même espèce.— Localités : Velleminfroy, Vorges. Signalons encore un radiole incomplet, rectiligne, cylindrique, à lignes longitudinales de granulations très rapprochées. ’ Genre Cidaris (PI. IV, fig. 38). Plaque dermale incomplète. Mamelon saillant arrondi, perforé au sommet, s'élevant au milieu du bord intérieur de l’aréole circulaire, qui est lisse, concave, et bordée extérieurement par de grosses granu- lations mèlées à de petites d'un côté, de l’autre par des granulations de moyenne grosseur. POLYPI:RS. Genre Montlivaultia, Lamouroux. MONTLIVAULTIA SINEMURIENSI3, d'Orb. — Polypier simple, adhérent, plus ou moins élevé. Muraille plus ou moins conique, quelquefois s'é- vasant et devenant ensuite cylindrique. Cercles d'accroissement plus ou moins réguliers. Galice circulaire peu profond. Cloisons nombreuses peu épaisses, à fortes dents. — Localités : Vorges, Miserey. Nous avons trouvé à Pouilley-les-Vignes et à Miserey des échantil- lons grands et plats, à cloisons minces fortement dentées, mais à dents très inégales. Est-ce une espèce voisine du . Sinemuriensis? ou une variété ? MowrzivauLriA Ropana? de Ferry. — Polypier simple, adhérent, élevé, cylindro-conique. Muraille peu épaisse. Calice profond; cloisons très minces et très rapprochées, denticulées, dents moins fortes que dans le M. Sinemuriensis. — Localité : Miserey. MoxrzivauLriA (PI. IV, fig. 39, 49).— Nous décrivons un Montlivaullia trouvé dans la brèche à Miserey, et qui est évidemment d’une nouvelle espèce. Malheureusement l'échantillon est trop fruste pour que nous songions à lui donner un nom. 3 Polypier simple, conique, irrégulièrement développé; calice peu pro- fond ; cloisons peu nombreuses, épaisses, non dentées, de trois sortes, grandes, moyennes et petites, les grandes aboutissent jusqu'à l’espace columellaire, les moyennes très développées dans une moitié du polypier, et au moins moitié plus courtes dans l’autre; de sorte que la région columellaire est excentrique. — Localité : Miserey. — 453 — MONTLIVAULTIA DISCOIDEA, Terquem et Piette. — Polypier adhérent, simple, discoïde, aplati des deux côtés; muraille circulaire à cercles d'accroissement concentriques, distincts, séparés par des vallécules plus ou moins grandes et plus ou moins régulières. Cloisons nombreuses sans dents. Calice saillant; les grandes cloisons se réunissent au centre en columelle. — Localité : Robinet-Feschaux, où il est abondant. ANIMAUX PERFORANTS. Genre Haimeina, Terquem et Piette. Haimena Micxeuixt, Terquem. — Comme en Allemagne et dans le Luxembourg, la Lima gigantea, dans l’est de la France, présente pres- que toujours sa coquille perforée surtout par le Æaimeina Michelini. Ce fossile consiste dans deux lignes parallèles de pores très petits, souvent équidistants, simulant des sortes d’avenues, droites ou courbes, s’anastomosant entre elles, et souvent rayonnant d’un centre commun. Souvent un sillon continu très fin sépare l'avenue dans toute sa lon- gueur en deux parties égales. — Localités: Vorges, Beure. HatMEINA sporADA, Henry, — Nous avons observé également sur la Lima gigantea, et en compagnie de l’Aaimeina Michelini, d'autres petits trous ronds beaucoup plus gros, irrégulièrement distribués, comme sporadiques. Nous avons trouvé sur une valve de Cardinia les mêmes trous correspondant à des canaux ou galeries intérieures, pa- rallèles à la surface de la coquille, fort nombreux, rectilignes, et se croisant entre eux assez souvent. — Localités : Boisset, Beure. Genre ‘Æalpina, Hagenow. TaLriNaA squammosA, Terquem et Piette. — Canaux plus ou moins courbes. disposés en réseaux à mailles polygonales plus ou moins ré- gulières. Nous n'avons pas vu les pores qui se trouvent aux points de jonction. — Localité : Vorges. TazriNa SErpuLa, Henrv. — Nous avons très fréquemment observé, dans des valves de Cardinia et de Plicatula, des perforations en forme de canaux cylindriques, longs, contournés irrégulièrement et sem- blables à des serpules, Ces cavités, produites par un animal térébrant, sont remplies d’une roche terreuse, compacte, blanchâtre ; espèce de limon solidifié; tout autour la coquille est complétement spathifiée. Evidemment la perforation et le remplissage ont eu lieu avant la cris- tallisation ; et chose remarquable, la cristallisation n’a jamais envahi le dépôt de remplissage. La surface intérieure de ces canaux présente quelquefois des stries longitudinales, rectilignes et légèrement courbes. \ — 454 — Nous pensons que l'animal térébrant qui a creusé ces galeries courbes serpentiformes, doit appartenir au même groupe que les Talpina: et pour rappeler ses allures, nous lui donnons le nom de Serpula. — Lo- calités : Beure, Miserey, Velleminfroy. À la surface extérieure de certaine Lima, nous avons observé des impressions ressemblant à des hachures et qui paraissent dus à une sorte de burinage qu'y auraient produit des cailloux. Nous ne savons à quoi attribuer ce phénomène que nous avons observé sur deux échan- tillon recueillis à Vorges. VÉGÉTAUX. Echantillon recueilli à Vorges, dans la zone de l’A. planorbis, d’un fragment de tissu fibreux qui nous semble provenir d’un végétal. — 455 — TABLEAU DES FOSSILES DE L'ÉTAGE RHÉTIEN FRANC-COMTOI,. REPTILES. Dents. Megalosaurus obtusus Henry. Termatosaurus Alberti Plien. Ichthyosaurus. Simosaurus. Trois dents appartenant à des genres inconnus de nous. Ecailles. Ecaille à méandres. Ecaille tuberculée, triangulaire. POISSONS. Dents. Sphenodus. Hemipristis Lavigniensis Henry. Hybodus minor Ag, Hybodus apicalis Ag. Hybodus reticulatus Ag. Hybodus novus Henry. Hybodus plicatilis Ag. Strophodus plicatilis Ag. Acrodus nobilis Ag. Acrodus minimus Ag, Acrodus acutus Ag. Thectodus tricuspidatus Plien Fasciodus pectinatus Henry. Pycnodus priscus Ag. Sargodon tomicus Plien. Sargodon cuneus Henry. Sargodon incisivus Henry Gyrodus milium Henry. Sphærodus minimus Ag. Colobodus milium Henry. Lepidotus milium Henry. Saurichthys striatulus Henry. Saurichthys subulatus Henry. Saurichthys aculeatus Henry. Saurichthys acuminatus Ag. Icthyodorulites. Spinax ellipticus Henry. Spinax lævis Henry. Nemacanthus monilifer Ag. Hybodus minor Ag. Ecailles. Gyrolepis Alberti Ag. Gyrolepis tenuistriatus Ag. Gyrolepis nov. spec. Lepidotus nov. spec. Lepidotus nov. spec. Lepidotus nov. spec. Lepidotus nov. spec. Semionotus inornatus Henry. Tetragonolepis serratus Henry Dapedius inornatus Henry Amblyurus novus Henry. Pygopterus concavus Henry. Acrolepis concavus Henry. Peau de placoïde. Os et vertèbres. Total 26 genres, 46 espèces. MOLLUSQUES GASTÉROPODES. Natica minima, Henry. Chemnitzia. Turritella. pe Cerithium. Turbo. Dentalium. BRACHIOPODE. Lingula tenuis Henry. LAMELLIBRANCHES. Ostrea Macignyana Mart. Anomia Schafkautli Winkler. Anomia striatula Oppel. Pecten Valoniensis Defr, Pecten. Plicatula intusstriata Erum. Avicula contorta Port]. Avicula Dunkeri Terq. Avicula præcursor Henry. Gervilia Galeazzi Stopp. Pinna. Mytilus glabratus Dkr. Arca. Nucula Stephana Henry. Leda claviformis Sow. Leda Borsoni Stopp, Trigonia Rebouli Henry. Trigonia postera Quenst. . Trigonia Castani Henry. Myophoria Emmerichi Winkler. Myophoria Reziæ Stopp. Myophoria nov. spec. Schizodus nov. spec. Tæniodon præcursor Schlænb. Cardium cloacinum Quenst. Cardium Philippianum Dkr. Cardium nuculoides Stopp. Cardium Soldani Stopp. Lucina. Cytheræa rhætica Henry. Cardita austriaca Hauer. Panopæa Montignyana Mart. Panopæa depressa Mart. Anatina Suessi. Anatina. Pholadomya. OPHIURES. COPROLITES. Total 29 genres, 43 espèces. TABLEAU DES POSSILES DE L'ÉTAGE HETTANGIEN FRANC-COMTOIS. MOLLUSQUES. CÉPHALOPODES. Ammonites Moreanus d'Orb, Ammonites angulatus Schlot, Ammonites Charmassei d’'Orb. Ammonites tortilis d'Orb. Ammonites Johnstoni Sow. Ammonites planorbis Sow. Nautilus GASTÉROPODES. Pteroceras. Chemnitzia. Cerithium etalense, Piette. Cerithium Sinemuriense Martin. Cerithium Semele d’Orb. Melania abbreviata Terq. Turnitella Deshayesea Terq. Turritella Humberti Martin. Littorina clathrata Desh. Littorina arduennensis Piette Solarium. Turbo Chavanni Henry. Turbo parvus Henry. Turbo vinealis Henry. — 457 — Turbo triplicatus Martin. Turbo inornatus Terq. et Piette. Turbo lævis Henry. ? Turbo Piettei Martin. Phasaniella nana Terq. Trochus acuminatus Chap., Dew. Trochus sinistrorsus Deshayes. Chiton. Pleurotomaria Terquemi Martin. Pleurotomaria basilica Chap. et Dew. Pleurotomaria expansa d'Orb. Pleurotomaria planula Terq. et Piette. > Pleurotomaria Rouzeti Henry. Pleurotomaria. Trochotoma Chanoisi Henry. Orthostoma gracile Martin. Orthostoma. BRACHIOPODES. - Rhynchonella plicatissima Quens. Terebratula. LAMELLIBRANCHES. Ostrea Marmorai Haime. Ostrea irregularis Mur. Ostrea anomala Terq. Ostrea Anomia striatula Oppel Pecten Hehli d'Orb. Pecten. Lima Hettangiensis Terq. Lima tuberculata Terq. Lima antiquata Sow. Lima gigantea Sow. Lima Valoniensis Defr. Lima punctata? Sow. Lima compressa Terq. Lima Lima edula d’Orb. Lima Erosne d’Orb. Plicatula Hettangiensis Terq. Plicatula intusstriata Emm. Plicatula Deslongchampsi Terq. et Piette. Harpax spinosus Sow. Pinna semistriata Terq. Pinna Hartmanni Ziet. Pinna diluviana Schlot. Pinna similis Chap. et Dew. Mytilus dichotomus Terq. Mytilus scalprum? Goldf. Arca pulla Terq. Arca Collenoti Martin. Arca Veziani Henry. Cardium Terquemi Martin. Astarte Saulensis Terq. et Piette. Astarte Heberti, Terq. et Piette. Astarte Astarte postera Henry. Cardinia sublamellosa d'Orb. Cardinia Morisi, Terq. Cardinia quadrangularis Marti. Cardinia trapezium Mart. Cardinia acuminata Mart. Cardinia insignis Mart. Cardinia Desoudini Terq. ‘Cardinia trigona? Mart. Cardinia contracta? Mart. Cardinia nov. spec. Cardinia similis Ag. Cardinia concinna Ag. Cardinia depressa Ziet. Cardinia nov. spec. Cardinia securiformis? Ag. Pholadomya prima Quenst. Fistulana. ANNÉLIDES. Serpula nodifera Terq. Serpula filaria Goldf. Serpula flaccida Goldf. Serpula Serpula Galeolaria filiformis Terq., Piette ÉCHINODERMES. Pentacrinus angulatus Oppel. Pentacrinus Diademopsis buccalis Ag. — 458 — Diademopsis Cidaris POLYPIERS. Montlivaultia Sinemuriensis, d'Orb. Montlivaultia Rhodana de Ferry. Montlivaulia discoidea Terq. et Piette. Montlivaultia nov. spec. ANIMAUX PERFORANTS Haimeina Michelini Terq. Haimeina sporada Henry. Talpina squammosa Terq., Piette. Talpina serpula Henry. VÉGÉTAUX. Traces. Total 40 genres, 111 espèces. RÉSUMÉ. l° Etage rhétien. Vertébrés....%....,46espèces, Mollusques ........ 43 » Echinodermes ...…., Il » Total..#90'espèces, 2° Etage hettangien. Mollusques ........ 92espèces. ANNÉES rer er-erre 6 » Echinodermes ..,., 6) » Polypiers=ere.e je 4 » Animaux perforants # » Total...., .111/espèces: En outre os, coprolites, écailles et plantes. — 459 — Ile PARTIE RÉGIME DE LA MER FRANC-COMTOISE PENDANT LES ÉPOQUES RHÉTIENNE ET HETTANGIENNE. Les sédiments du keuper supérieur sont formés principale- ment d’argiles et de bancs de calcaire dolomitique intercalés plus ou moins nombreux. Dans les environs de Salins, des couches gréseuses s’observent en outre dans les marnes iri- sées, et semblent indiquer la proximité d’un rivage ou de quelque haut fond qui, rongé et détruit par l'agitation des vagues, en aurait fourni les éléments gréseux. C’est aussi dans les environs de Salins et de Besancon, qu'au commencement de l’époque rhétienne, les grès sont plus abondants et forment un banc quelquefois puissant de plusieurs mètres, et exploitable comme à Miéry; tandis que dans la Haute-Saône, les sédiments sont essentiellement for- més d'argiles schisteuses, noirâtres, avec lits de grès subor- donnés, malgré le voisinage des Vosges, c’est-à-dire d’un rivage susceptible de fournir abondamment les éléments des sables et des grès (1). L'hypothèse d'un terre émergée à l’ouest de la Franche-Comté et à peu de distance, explique encore parfai- (1) Nous n'avons pas été peu surpris de lire à la dernière page d'un opuscule sur la géologie du Jura, publié récemment par M. Choffat, que M. Lepsius considérait le soulèvement des Vosges et de la Forêt- Noire comme postérieur aux terrains jurassiques. M. Choffat croit que le soulèvement des Vosges est plus ancien et aurait eu lieu pendant l'époque jurassique, se fondant sur ce fait : c’est qu’il a observé à — 460 — tement cette particularité singulière que nous rencontrons dans la disposition des sédiments du commencement de l’é- poque rhétienne. En effet, le changement de régime qui a amené une faune nouvelle dans la mer franc-comtoise et qui est sur ce point corrélatif, selon nous, d’une dénivellation du fond de l'océan keupérien produite par un affaissement, a livré à l’action érosive des eaux cette terre émergée, et a dû occasionner dans le voisinage une recrudescence dans le dé- pôt des éléments gréseux, tandis que plus au loin, près des Vosges et en Suisse, il ne se formait que des sédiments marneux ou argileux et peu gréseux qui semblent continuer les dépôts keupériens, et constituer comme le passage du keuper au grès infraliasique ainsi que Thirria les a envisa- gés. Chassey-les-Montbozon, à la base du séquanien, une sorte de poudingue à grosses oolithes, renfermant des radioles d’oursins brisés; ce qui représente bien une formation de rivage. Nous ignorons les raisons que fait valoir M. Lepsius. Mais il nous semble que si les Vosges n’ont été soulevées qu'après l'époque juras- sique, elles devraient sans doute, malgré les dénudations postérieures, conserver après leur émersion quelque part dans leurs anfractuosités granitiques, quelques lambeaux des terrains jurassiques inférieurs et des terrains sous-jacents. La carte géologique de France ne signale rien de semblable, et les terrains inférieurs à l'époque jurassique se montrent disposés en ceintures autour du massif granitique et non en fragments intercalés. On peut sans doute admettre que les Vosges, pendant l'époque jurassique, constituaient un plateau sous-marin, inces- samment balayé et érodé par les vagues, et se trouvait dans des condi- tions géognostiques analogues à celles que présente le fond de la Manche, situé entre le Cotentin et la Grande-Bretagne où, d’après le travail si remarquable de M. Delesse sur la lithologie du fond des mers, il ne s'opère aucun dépôt. Dans l’ordre d'idées de M. Choffat, nous pouvons ajouter que nous avons recueilli à Gouhenans près de Rougemont, non loin de Chassey, dans le calcaire à entroques, des fragments de cette roche criblée de trous de lithodomes, et contenant quelquefois la coquille perforante. Devons-nous le considérer comme l'indice d’un rivage voisin et une preuve que les Vosges étaient déjà soulevées dès l'époque de loolithe inférieure ? Nous croyons plus : c’est que les Vosges méridionales for- maient, dès l'époque du keupér, un massif hors des eaux. — 461 — L'étage rhétien débute dans les denx départements du Doubs et du Jura par un grès à noyaux de marne et à débris de vertébrés, sorte de bone bed poudingiforme. Nous avons toujours été frappé de ce fait singulier, d'un grès plus ou ‘moins cohérent, plus où moins grossier, renfermant des amandes d'argiles de différentes couleurs, empâtées, empri- sonnées dans une roche détritique qui n’a pu se former que dans une mer agitée. Ne faut-il pas conclure que ne marnes sous-jacentes se sont trouvées préalablement dans des conditions qui ont pro- duit en elles une consolidation assez avancée, et, par consé- quent, que certaines régions de la mer keupérienne ont atterri vers la fin de la période triasique. Les débris de grands rep- tiles qu'on rencontre dans le keuper supérieur indiquent, à notre avis, que la mer qui les a engendrés était devenue peu profonde et voisine d'un rivage. Il n’y aurait donc rien d’ir- rationnel à supposer qu'un CE ait porté hors des eaux, vers la fin de l’époque keupérienne, quelques hauts fonds du bassin keupérien franc-comtlois. Si ce mouvement d'exhaussement qui s’est produit vers la fin de l’époque tria- sique, a été suivi d'un affaisement au commencement de l’é- poque rhétienne, on peut se rendre compte des particularités que présente la couche de bone bed par laquelle débute l’é- tage rhétien. En effet, les flots ont dù éroder les plages keupériennes qui avaient été mises quelque temps à sec, ainsi que la terre des environs de la Serre. De là, la destruction presque sur place des marnes du keuper supérieur, la forme amygdaloïde de leurs fragments roulés par les vagues, et leur mélange avec les éléments gréseux qui pouvaient provenir du grès bigarré, du permien et du grès vosgien de la Serre. Il y a là un rema- niement de dépôts atterris et consolidés, et les débris orga- niques qu'on y rencontre pourraient bien être, eux aussi pour la plupart, le résultat de ce remaniement. Quelques-uns présentent des traces d'usure. Il est vrai que nous n'avons — 462 — jamais remarqué, si ce n’est à Lavigny, aucun débris orga- nique dans ces noyaux de marnes. S'il en était ainsi, les fos- siles qu'on y rencontre, reptiles, poissons, bivalves (Av. con- torta, Pecten), auraient vécu à l’époque du keuper au moins supérieur, et l'ère rhétienne ne pourrait plus revendiquer : comme un de ses fossiles exclusifs, l'Avicula contorta qui sert à la caractériser. Cette manière de voir nous semble pouvoir expliquer di- verses particularités que nous avons signalées dans la pre- mière couche du grès de Boisset. Ce grès à débris de marnes amygdaloïdes, ne présente pas partout le même facies. A Boisset, les amandes sont vertes, le grès est de couleur claire, grossier, à débris organiques roulés et à taches roses. La couche est peu épaisse. À Moissey, les amandes sont de di- verses couleurs, vertes, jaunes, rougeâtres et noires; elles appartiennent, selon nous, pour la plupart aux roches immé- diatement sous-jacentes. Le banc de grès est épais, bien cimenté et très résistant, et il est pétri de ces amandes mar- neuses, qui, très abondantes à la base, deviennent de plus en plus rares à mesure qu'on s'approche du sommet. Les débris organiques sont tout-à-fait à la base et renferment des em- preintes de calamites. On se sent plus près du rivage qu’à Boisset. Enfin, à Miserey, à Beure, à Saint-Lothain, à Lavi- eny, à eschaux, ce grès est gris ou ferrugineux, et les amandes ce marnes noirâtres, dures et plus clivables, s'y montrent plus rares qu’à Boisset et à Moissey. La couche est fort mince et n’a que quelques centimètres d'épaisseur. Tout cela semble indiquer une formation plus éloignée du rivage qui en a fourni les éléments. Après le dépôt du grès de Boisset, le régime de la mer se modifie, pour ne plus changer que vers la fin de la période rhétienne, au point de vue minéralogique mais non paléon- tologique. C’est maintenant dans le voisinage des Vosges que se déposent les grès, et au large, dans les départements du Doubs et du Jura, les marnes, les argiles et les calcaires do- — 463 — lomitiques. Le voisinage d’une terre émergée est attestée par des fragments plus ou moins émoussés qu’on rencontre çà et là dans les zones a et b, aux Arsures, à Boisset et aux envi- rons de Lons-le-Saunier. I1 semble que l'agitation de la mer au début de la période rhétienne soit allée graduellement en diminuant jusque vers la fin du rhétien inférieur, caractérisée par des calcaires do- lomitiques cloisonnés, assez bien développés dans le Doubs et le Jura, et s’avançant jusqu'à Cuse et même à Bougnon où ils viennent se réduire à une couche mince de quelques centimètres. Mais une nouvelle période d’agitation lui succède : grès au pied des Vosges, grès calcareux et marnes au large. En un mot, l'élément gréseux s'étend plus loin du rivage. La Bour- gogne paraît avoir pris part à cette recrudescence dans l'agi- tation de la mer franc-comtoise; en effet, nous avons tou- jours été frappé de ce fait d'arkoses à gros éléments succédant à des grès et arkoses à éléments plus ou moins ténus qui con- stituent la base de la zone à Avicula contorta, ainsi que cela résulte des coupes de M. J. Martin. Cette recrudescence d'activité dans la mer rhétienne est attestée également par des fragments plus ou moins roulés, que les premières couches de la zone e renferment cà et là. La fin de la période rhétienne s'annonce par un change- ment profond survenu dans la nature et l’aspect des sédiments (marnes pseudo-irisées) qui offrent, sur toute l'étendue du bassin franc-comtois, une certaine uniformité. A Boisset, certaines de leurs couches sont gréseuses, et à Nans-sous- Sainte-Anne, elles sont représentées par des grès à cassure cuboïde et un peu fossilifère, ainsi que par des marnes gré- seuses. À Moissey, elles renferment également des bancs de grès grossier, dont l’un est assez fin pour être recherché comme pierre à aiguiser. Quelle est l’origine de ces éléments gréseux que nous n'avons rencontrés que dans ces trois loca- lités? Est-il bien irrationnel de l’attribuer à cette terre émer- — 464 — gée dont nous avons imaginé l'existence, et dont le déman- tellement a continué avec une nouvelle activité, mais dont les débris n’ont pu être déposés qu'à une faible distance. Notre hypothèse explique donc encore d’une manière assez satisfai- sante ce caractère particulier et local que présente le dépôt des marnes pseudo-irisées aux environs de Salins et de Dole. Quoi qu’il en soit, les marnes pseudo-irisées indiquent une modification profonde apportée dans le régime de la mer rhé- tienne. Le phénomène est loin d’être limité à la Franche- Comté. Il s'étend à l'ouest des Vosges, dans la Lorraine, où elles sont signalées par M. Levallois, dans le Luxembourg, par MM. Terquem et Piette, dans le nord de l'Allemagne, par MM. Credner et Schlonbach. Dans ces contrées, les marnes rouges couronnent, comme en Franche-Comté, la zone à Avicula contorta. En quoi consiste ce changement de régime? Nous l’igno- rons. Peut-être que l'absence des marnes pseudo-irisées et de la partie supérieure de la zone c, dans les environs de Besan- con, se rattache à cette modification ? On peut admettre qu'un exhaussement partiel du fond de la mer rhétienne aurait affecté le pays bisontin, ainsi que le canton de Bâle, où les grès du bone bed sont recouverts immédiatement par les couches à gryphées arquées et aurait occasionné une sorte de bombement sur lequel le dépôt du rhétien supérieur n'aurait pu s’effetuer. C'est possible, et cette hypothèse peut se soutenir. On con- coit en effet que, si ce sont des sources boueuses geysériennes qui ont imprimé aux marnes irisées des caractères minéralo- giques si tranchés, ces sources soient revenues, et se soient fait jour de nouveau, en les soulevant sur certains points, à tra- vers les sédiments rhétiens déjà formés, d'ailleurs assez peu puissants, et y aient éteint les manifestations vitales partout où le dépôt s’en effectuait. Partout, en effet, ces marnes sont stériles comme les marnes irisées, excepté à Nans-sous-Sainte- Anne où elles sont représentées par des grès; elles en ont les — 465 — ” couleurs vives et parfois variées, et on ne peut s'empêcher de croire que l’origine de ce dépôt qui couronne le rhétien doit présenter, avec celle des marnes irisées qui termine le keuper, des analogies si évidentes et si incontestables, que c’est une des raisons qui ont conduit le frère Ogérien à rattacher les dépôts rhétiens au keuper. Dans cette hypothèse d'un bombement qui se serait produit vers la fin de la période rhétienne avant le dépôt des marnes pseudo-irisées, on conçoit que les sédiments ultérieurs qui se sont effectués sur ce point, nuls pendant l’époque des marnes pseudo-irisées, aient été ou nuls ou peu épais pendant les époques suivantes de l’4. planorbis et de l'A. angulatus, alors que l’affaissement qui a eu lieu pendant ces deux époques, rendant la mer plus profonde, aurait permis aux sédiments de se produire à nouveau. A la rigueur, on peut encore concevoir que les débris de la brèche, que nous avons signalée à la base de l’hettangien, arrachés par les flots à ce haut fond au commencement de l'époque de A. planorbis et déposés dans le voisinage, aient été perforés par les animaux lithophages et térébrants. Notre hypothèse expliquerait encore la présence à la base des dépôts de cette époque, de fragments roulés de quartz noir provenant des Vosges ou plutôt de la Serre. Pourtant nous préférons l'hypothèse suivante qui, à notre sens, rend mieux compte des faits que nous avons observés. Selon nous, les marnes pseudo-irisées se sont déposées avec des épaisseurs peut-être inégales, sur tout le fond de la mer rhéuenne franc-comtoise, à Besançon comme ailleurs. Un exhaussement a mis fin à cette période. Il a produit l'émersion de toute la région comprise entre les Vosges et Besançon. Les marnes pseudo-irisées de la Haute-Saône ont pu être, à la suite de ce mouvement, plus ou moins érodées et emportées par une mer battant en retraite vers le sud. La mer qui devait recevoir les dépôts constituant la zone à À. planorbis, s'étendait dans la direction du sud depuis les environs de 30 — 466 — Besançon, qui formaient rivage et qui ont dû être entamés et rongés par les flots. Le dépôt meuble des marnes pseudo- irisées et la partie supérieure de la zone c à Pecten Valo- niensis, ont dû disparaître dans le pays bisontin. En même temps, les torrents ou cours d’eau qui descendaient des Vosges et probablement aussi de cette terre placée à louest de la Franche-Comté, qui était la Serre ou la région au sud de la Serre, ont dù entamer les sédiments rhétiens et keupériens, et en disperser les fragments solides à peine émoussés sur les plages de la nouvelle mer (Miserey), ou à peu de distance du rivage (Boisset). Ces torrents ont dû aussi entraîner des dé- bris provenant des régions élevées, où ils prenaient leur source, mais plus petits et plus durs (quartz noir). Nous avons déjà dit que rien à nos yeux, au nord de Be- sançon et jusqu au pied des Vosges, ne représente la zone à A. pianorbis; et qu'au sud, de Besancon à Salins, son épais- seur varie de Om 30 à Ov 60, qu’elle atteint 2" près de Lons-le- Saunier, et 16" dans le Lyonnais (Dumortier). Ea conclusion que nous croyons devoir tirer de ces faits, c'est que la contrée qui s'étend des environs de Besancon vers les Vosges et vers la Forêt-Noire, était émergée, et que la contrée qui s'étend de Besançon jusque dans le Lyonnais, était plongée sous les eaux. | Essayons de le démontrer. Première hypothèse : La région qui s'étend des environs de Besancon au pied des Vosges était immergée pendant l’époque de l’A. planorbis. 1° Il s’est formé un dépôt. Ce dépôt a été détruit et enlevé soit à la fin de l'époque à A. planorbis, soit au commencement de l’époque à À. angu- latus. Dans le premier cas, il y aurait eu pendant la même pé- riode géologique, deux époques où les conditions géogéni- ques auraient été tout à fait opposées : pendant la première, sédimentation ; pendant la seconde, le dépôt aurait été détruit — 467 — et enlevé. Or, nous ne voyons absolument rien dans les contrées voisines qui puisse correspondre à l'existence de deux époques géogéniques différentes, et justifier cette ma- nière de voir. Dans le second cas, il se serait produit également, dans la même mer, deux phénomènes essentiellement contraires; ablation d’abord des sédiments déposés pendant l'époque de l’A. planorbis, puis sédimentation ; ce qui nous paraît inad- missible ; car dans la Haute-Saône et dans le reste de la Franche-Comté, les sédiments de la zone à 4. angulalus ont partout les mêmes allures, et il ne paraît pas exister aucun indice de deux régimes différents pendant cette époque géolo- gique. 20 Il ne s'est formé aucun sédiment. Dans le cas d'une mer peu profonde et littorale (et telle devait être la mer pendant l’époque de l'A. planorbis dans la Haute-Saône), les vagues ne peuvent que, user un fond solide ou remanier un fond meuble ct peu cohérent. Or, le fond de la mer planorbienne était dans la Haute-Saône formé par les marnes pseudo-irisées, roche essentiellement meuble qui n'a pas été enlevée, au moins totalement. Rien d'ailleurs n'annonce un remaniement , et les marnes pseudo-irisées ne nous ont paru nulle part avoir subi un phénomène de cette nature. En résumé, il n’y a eu ni sédimentation, ni remaniement, ni érosion du fond, au moins complet. La région qui nous occupe formait-elle une sorte de marais salant, séparé de la mer par un cordon littoral et n'ayant pu recevoir, pendant toute l'époque de l’4. planorbis, aucun sé- diment ? Ce serait la seule manière de voir qui se concilierait le mieux avec l'hypothèse que nous discutons. Nous préférons la seconde hypothèse. 2° hypothèse : La région en question était émergée pendant l'époque de 14. planorbis, à la suite d’un exhaussemeni qui se serait produit vers la fin de l’époque rhétienne. — 68 — En second lieu, si on admet le principe de la proportionna- lité de l'épaisseur des dépôts à la profondeur de ceux qui les engendrent, la mer devait augmenter graduellement de pro- fondeur depuis les environs de Besancon qui formaient rivage, jusque vers le Dauphiné et même.plus loin. Tandis que par suite d’un soulèvement sans doute graduel qui laissait à sec les environs de Besancon ainsi que les fragments déposés, les environs de Salins, à Boisset et à Moutaine, sont restés submergés, et les fragments séjournant sous les eaux ont été bientôt empâtés par les sédiments de la mer à À. planorbis. Nous en voyons la preuve dans ce fait, que les fragments de roche claire qui constituent la brèche aux environs de Besancon, Miserey, Pouilley, Champvans, sont empâtés par une roche calcaire foncée pétrie de fossiles, appartenant à la zone de l'A. angulatus, à gros grains de quartz émoussés, tandis qu'à Boisset et à Moutaine, les fragments sont empâtés à la base de la zone de l'A. planorbis. S'il en a été ainsi, le régime de la mer a été profondément modifié ; il y a eu plus que dénivellation, mais émergence sur une étendue considérable. Cette modification profonde du régime se traduit par un changement fondamental dans la nature des nouveaux sédiments; auparavant la mer rhétienne assez agitée, avait déposé des grès, des argiles surtout ; la nouvelle mer engendre des calcaires principalement. L’'élé- ment gréseux s’y rencontre encore, car en Franche-Comté, les nouveaux sédiments sont littoraux, et ils doivent en outre contenir des fragments à peine roulés, volumineux, peu résistants, arrachés par les torrents à un sol récemment émergé (brèche de Miserey), et de petits fragments de roche très dure venant de loin (cailloux de quartz noir), de Champ- vans, Vorges, etc. La coupe schématique suivante est destinée à représenter notre hypothèse. Voir PI. A. fig. 9. Elle explique : 1° La conservation des marnes pseudo- irisées dans la Haute-Saône ; — 469 — 2° Leur disparition dans le pays bisontin ; 3° Leur épaisseur graduellement croissante à mesure qu'on s'approche de Lons-le-Saunier ; 4 L'absence de la zone à 4. planorbis dans toute la Haute- Saône ; 5° L'existence d’une brèche aux environs de Besancon ; 6° Elle explique pourquoi les fragments de cette brèche sont empâtés dans le calcaire à À. angulalus, et pourquoi ceux des environs de Salins le sont par les calcaires gréseux de la zone à A. planorbis; 7° L'existence de petits cailloux de quartz noir trouvés à la base de l’hettangien, à Miserey, Pouilley, Vorges. Nous ne connaissons que.les dépôts littoraux de la mer à A. planorbis; ils sont peu puissants et peu variés. Cette pé- riode géologique n'a pas eu peut-être une aussi longue durée que la précédente. Le régime de la mer est assez uniforme, comme l’atteste la nature des sédiments, qui consistent en calcaires plus ou moins gréseux. Pourtant dans le Lyonnais, la fin de ce régime est marquée par des dépôts de grès plus ou moins puissants. La zone à À. angulatus qui lui succède, s'étend sur toute la Franche-Comté, jusqu'au pied des Vosges. La portion émergée du sol franc-comtois pendant l’époque de l'A. pla- norbis est donc replongée sous les eaux, et la mer nouvelle dépose sur toute l'étendue de la province, jusque dans le Dauphiné, des sédiments calcaires avec grains de quartz émoussés, et débris de mollusques nombreux et abondants. Ces nouveaux sédiments doivent t'onc reposer dans la Haute- Saône, sur les couches rhétiennes ; dans le pays Bisontin ils enveloppent la brèche qui s’y trouvait à sec, et plus au sud se superposent aux dépôts de l’époque précédente de l'A. pla- norbis. C'est ce qu'on observe effectivement. De plus, les fragments de roche tendre qui composent la brèche, devront être perforés au début de l’époque à 4. angulatus, par les ani- maux térébrants qui habitent les rivages ‘ou les eaux peu — 470 — profondes. Les fistulanes, à Miserey, le Talpina serpula, Henry, à Miserey, Champvans, en sont la preuve. Les flots agités de cette mer, en ce qui concerne les envi- rons de Besançon, ont dû rouler, morceler, user, détruire en partie les petits fragments de la brèche, et ces fragments arrondis, amoindris, doivent nous apparaître dans le dépôt vaso-Ccalcaire de couleur foncée qui constitue la zone à À. angu- latus, sous forme de petits grains de couleur claire plus ou moins ténus, plus ou moins alkondants. C’est ce phénomène que nous avons signalé à Miserey, Pouilley-les-Vignes, Champvans, Beure, Vorges. Les sédiments de la zone à À. angulatus ont une épaisseur peu considérable dans la région franc-comtoise, mais beau- coup plus grand dans le Lyonnais, suivant M. Dumortier. Cette épaisseur diminue assez régulièrement des environs de Lons-le-Saunier au pied des Vosges; tout cela semble indi- quer que l'affaissement qui a marqué le commencement de cette période a été faible, et que la mer a dû être peu pro- fonde dans la Franche-Comté et par suite agitée; ce dont témoignent les lamellibranches dont les valves séparées sont entassées pêle-mêle et usées, et les Cardinia dont les valves sont assez souvent perforées par le Talpina serpula. Coupe schématique au commencement de l’époque à 4. an- gulatus. Voir PI. À, fig. 10. Les sédiments de la zone à A. angulatus sont, dans toute l'étendue du bassin franc-comtois, recouverts par ceux qui constituent la zone à gryphées arquées. Il semble au premier abord que la nouvelle époque n’est que la continuation de la précédente, sans qu'il y ait eu aucun changement dans le ré- gime des eaux. Pourtant un nouvel affaissement général ‘et assez faible, il est vrai, a dû se produire dans l'intervalle. Nous en voyons la preuve 1° dans la discordance d'isolement que nous avons reconnue dans le canton de Bâle, ainsi que nous l'avons déjà dit, et où les couches à gryphées arquées reposent diretement sur les grès du bone bed supérieur ; 2° dans — AT — une modification assez considérable dans la faune. La gryphée arquée envahit le fond de la nouvelle mer sur des espaces immenses, et s'y développe avec une exubérance telle, que beaucoup d'espèces ont dù périr ou chercher ailleurs des con- ditions d'existence plus favorables. Ce dernier argument doit être réduit à sa juste valeur; et la différence notable que la nouvelle faune offre avec la précédente pourrait être attribuée aussi bien à une circonstance de l’ordre biologique qu'à un changement de régime dans la mer qui continue à déposer des calcaires analogues à ceux de l’époque de l'A. angulatus. La coupe schématique suivante représente l’idée de l'état de la mer dans le bassin franc-comtois pendant l'époque de la gryphée arquée. (Voir pl. A, fig. 11.) En résumé, tous les faits généraux qui ressortent de l'étude que nous avons faite dans la Franche-Comté sur les couches intercalées entre le keuper supérieur et Le calcaire à gryphées, à savoir différence de faune, différence dans la nature et l’aspect des sédiments, discordance d'isolement, tous ces faits généraux, dis-je, peuvent s'expliquer au moyen des hypo- thèses suivantes, auxquelles s'adaptent aussi les faits particu- lers : brèche, globules de couleur claire, cailloux roulés de quartz noir et perforations, signalés à la base de la zone à À. angulatus et à À. planorbis : 1°. Exhaussement vers la fin de l’époque keupérienne dans la région des environs de Dole ; 2° Affaissement, après le dépôt des marnes vertes, du keuper dans cette même région ; 3° Emergence de la région comprise entre le massif vosgien et Besançon, en connexion sans doute avec un exhaussement des Vosges après le dépôt des marnes pseudo-irisées ; 4° Affaissement sur toute l'étendue du bassin franc-comtois à la fin de l’époque à 4. planorbis ; 5° Affaissement à la fin de l’époque à À. angulatus. On voit que tous les sédiments de l’infralias ont été formés à la suite de phénomènes d’affaissement ; ils inaugurent l'é- — AT? — poque du lias, caractérisée par un affaissement graduel du fond de la mer qui a pu recevoir ainsi ultérieurement des dépôts - puissants. À ce point de vue les sédiments de l'époque rhé- tienne et de l'époque hettangienne doivent être considérés comme appartenant au lias, dont ils formeraient la base. Au point de vue paléontologique, les choses peuvent être envisagées autrement. Nous n’apportons en effet que des preuves bien faibles en faveur de la thèse qui place la zone à Av. contorta dans l’infralias avec les zones à A. planorbis et à À. angulatus. Ces deux dernières zones ont partout des faunes assez peu différentes ; il paraît en être de même en Franche- Comté. Entre ces faunes et celle de la zone à Av. contorta, ïl n'y a guère que quelques espèces communes dans la région qui est l'objet de cette étude, la Plicatula intusstriata, le Pecten Valoniensis, l'Anomia striatula et quelques espèces de cardinies peut-être. M. Martin a été plus heureux que nous en Bourgogne, et le nombre des espèces liasiques trouvées dans la zone à Av. contorta, paraît à ce géologue distingué assez considérable pour considérer la zone à À. contorta comme faisant partie de l'infralias. Si nous considérons les genres, il n'y a guère parmi les lamellibranches que le genre Myophoria, parmi les poissons les genres Acrolepis, Gyrolopis, Colobodus, parmi les reptiles de genre Simosaurus, qui rattachent le rhétien au trias (1), Les autres genres de mollusques, de poissons et de reptiles, beau- coup plus nombreux, représentent des formes signalées dans les couches liasiques. De ces considérations de l'ordre paléon-" tologique, nous croyons devoir conclure que l'étage rhétien appartient plutôt à l'infralias qu’au keuper, et par suite qu’au trias. Mais nous devons insister sur ce point : c'est que l'é- (1) M. Coste, géologue à Salins (Jura), nous a communiqué le fait suivant qui ne manque pas d'importance. Il a recueilli des débris d'un grand saurien, peut-être le Dimodosaurus polygniensis (Pidancet et Chopart), dans les schistes noirs de l'étage rhétien. — ÀT3 — tage rhétien en Franche-Comté se présente comme un étage parfaitement distinct, par sa faune et ses caractères pétro- graphiques, des couches qui l’encadrent en haut et en bas. Il a une autonomie incontestable et nettement tranchée selon nous. C'est à nos yeux, pour nous résumer, un étage de tran- sition. 30. Pag. INTRODUCTION Le Eee re Ne ST A D ue MAO RÉSUMÉ HISTORIQUE: se creme ares enr A M oi o ain Jre PARTIE. — STRATIGRAPHIE. [re SECTION. — ÉTAGE RHÉTIEN. CHAP. I®". — ÉTUDE DES COUPES QUE NOUS AVONS RELEVÉES DANS DI- VERSES LOCALITÉS DU DÉPARTEMENT DU JURA. 46466, 321 Coupe de Boisset-sous-Aresche, près Salins....,,.,.,,., 322 COUDES ATSUNES ns antee carence TT Coupe de Lavigny, près de Lons-le-Saunier...,,,,,,,, 339 Coupe de Feschaux, au lieu dit Robinet, près de Lons- 1 SAUT, rs ne deor due de sent tes CnaAP. Il. — RHÉTIEN DES ENVIRONS DE BESANCON. , ,ssesssssusuoee 349 Coupe de Mir MS M TT ES BEURE. — {1° Coupe prise sur le cheinin de Beure à Fon- Loin Qu eu il MOOL Sn sue er creer cer CO 2° Coupe prise sur le talus au pied de laquelle ont été établis les puits d'exploitation du gypse, à l'est de la cascade du Boui-du-Mondesn es M MONS VORGES. — (oupe prise sur le chemin de Vorges, qui conduit à l'ancienne route de Quingey à Besançon... 354 CRAPS "TILL ="MOISSEY (PRÈS) BE DOLE).., 242 caacva en t ioue. Coupe prise sur la tranchée du chemin de Moissey à Brasne-les=Meuhières ss ire certe ae CxaP. IV.— ÉTAGE RHÉTIEN DANS LA HAUTE=SAÔNE. , ss sese-ovoovse 304 Coupe du grès liasique à Velleminfroy (Haute-Saôneÿ, d'aprés TRIER NET Rs nn to O0 CHar. V.. — Car. VI. — Cab. I®. — es II... — PEU Pag. Coupe de Bethoncourt-ies-Brotte, près de Saulx, route de Vesoul à Lumeuil.....,,.... da solar lee etre te 367 Coupe de Montigny -les-Cherlieu prise dans un ravin au sud du village, dans le bois, près du chemin qui CONCUTNONONCIENNEID TUE citant 367 Coupe d'Ouge (Haute-Saône)... ein DH on CM VA) Coupe de Venisey (Haute-Saône)... ......,,,,:,....., "O0 Coupe nouvelle de Velleminfroy (Haute-Saône). etat Coupe de Bougnon, près de Port-sur-Saône...,...., OUR Coupe de Cuse, près de Rougemont. 014 Coupe de Mailleroncourt-Charrette (Haute-Saône). ... 376 CONSIDÉRATIONS PAR LESQUELLES ON PEUT ÉTABLIR LA LIGNE DE DÉMARCATION ENTRE LE KEUPER ‘FRANC-COM- TOIS ET LE SYSTÈME DES COUCHES RHÉTIENNES QUI LE SURMONTENT , ....s cu ADO ba PR EE 0e ol NOTE. — Üoupe du keuper supérieur à Champvans, près MP OUIS AC PU ER des ne ste aa hat dote A0 À Ferme de Schwengi, près de Langenbruck...... Honor a ee LOIRE RS ER TRE RARE" Oo PL) " Ie SECTION. — ÉTAGE HETTANGIEN. L'ÉTAGE HETTANGIEN DANS LA FRANCHE-COMTÉ,,.,, Coupe de Robinet, près de Feschaux (Jura). s 5100 Re 00000 395 II: PARTIE. — PALÉONTOLOGIE. Ire SECTION. — ÉTAGE RHÉTIEN. REPTILES. 000000000000 00e pneus 403 POS UNS nt A gs ENS M Rae ee NN ee test UE PÉMAUIES ES A oU AE TR SE DO O OP La Le ets tt 408 Ichthjodbrulithes ss res, dd rendre 4l4 ÉCOUeSRR R R era RA LUears dn 4T0 Ecaille ou nageoïre? — Peau de Placoïde.....,,,..,.. 418 Ecusson dermal de placoïde? — Os de poissons... ,,... 419 POISSONS 460-0000. Car. III. — Cxapr. IV.— — 476 — Pag. MOLLUSQUES — GASTÉROPODES. . 6.008 0 010 0 000 00 0 = 1 LL) BRÉACHIOPODES, eh a aies eee ea e dE eise, otee ee DER LAMELLIBRANCHES : {° Pleuroconques ; 2° Orihoconques. 42 OPBIURES. — COPROLITHES, ... » os sie c/o males moines © « VAR TADR jus encens ne eue Otyle ets tn 0e 0 PE IIe SECTION. — ÉTAGE HETTANGIEN. MOLEUSQUES. — CÉPHALOPODES. ; 1: 6 0 e eu 0 c'alsio ce 010 0 090 00 AD GASTÉROPODES 2eme naunneninblenitec er D BRACHIOPODES. — LAMELLIBRANCHES . .svocuccccovouecce 442 ANNÉLIDES Ie last tele sicten Liatelars dei telatelete ie leeluslosisie 0e TC ÉCHINODERMET : 2. « Rat en ne D M ue 0 et POLYPIRRS 6 3 dé eus nee ee Une ei AT sc tA TE US ANIMAUX -PEBFORANTSH 2 as entr en pales dune ce de ve VÉGÉTAUX... sue snvunescnrooneoesessenoeenesss ous 454 TABLEAU DES FOSSILES DE L'ÉTAGE RHÉTIEN FRANC-COM= TOIS.. soon moe cents none 000 00e 00e ete 60e 455 TABLEAU DES FOSSILES DE L'ÉTAGE HETTANGIEN FRANC= COMTOIS. 4 pense nee ee en ne tous ne nues 0 456 IIIe PARTIE. RÉGIME DE LA MER FRANC=COMTOISE PENDANT LES ÉPOQUES RHÉTIENNE ET HETTANGIENNE. 459 PL. S0€.D'EMULATION DU DOUBS,1875. i FRANCHE-COMTÉ Q #3] INFRALIAS DE : VARIE" 0, ENNEMI COCA TT VAT URI AL 1! LAPRL de : , 4 sai TER Hi Ras alger ‘4 PEL CHR 14 " LL ie 1 = . F 1 TA c'a L dre H NAT ANT EN Te ; an ae # v Lo 4 ? LU À J t j L.' Pari n SOC D'EMULATION DU DOUBS, 1875 PI. II INFRALIAS DE LA FRANCHE COMTE. 1 “# 2 CE Fu " ” DT) + CONRES Mar des Mn retrE rss e-pps NA" N 1 JMTEL PER T: à Made re NN E LT #0 ….r 10 l'a + * tr MONT I h RAT CR UMTS IRL LA , 80C. D'ÉMULATION DU DOUBS 1875 PI. INFRALIAS DE LA FRANCHE-COMTÉ. " + D . \ Fi + + 8 0 ; À tes r ue ee Vin, cod SOC. DÉMULATION DU DOUBS.,1875 : * PI. INFRALIAS DE LA FRANCHE-COMTE PR EE ES | ‘ « CCS | t 12 | "4 | } L 1 4 LE 6 EMULATION DU DAUZS b s0c.) PLAY: saponEn y aup, 7 “Sgourd wuy.2ep70d2g 4 2P A8hbq x | cmomofnanmens xy «Manpdns some sy RMI EEE sio SSitopnesd serrer 1d Wy AUNEX i4fo == suivw ‘34N3937 HAL 27 2 P NT2nTu NIMES 27 HOT uonse ° 70524 13NduY 31H4AM9 v13a 3Ndod3 “U eg 2P Tree MAY E-27 -SU0T donresag” :SNAVINONY SALINOWWY 1 20 209047 — OF SI Srquou pd PARLE 210700 SRE -27-Sue7 uOSues2T 77054 "SISNONYIS Wy,1 30 an6047 ETES UE LD) Kouÿedurey 3 == À — 15300 NOSNVS2€ SAH4 SNVAdWYHO =} 911 3512 NS sad 4 P = gr rh RE (samed ) 1NoW39n0Ÿ 40 saua 3sn9 —'/$u4 —— 15700 PATISUT HU UY £ * CC E 24re5pe) AH: —— iano äL £ £T 4 umarsodns DELP ELU LACET ES = F Î 7 ua bare - © ANOYVS -uNns - LHO( 34 SAud (?10rç #1) NON9ñnog 39 34n09 — ‘9 ‘fi ETCUNPRENTE Le) PB, amy ES N uadne y SM311NA {4 -S31- 2NSvVu4 V (rmr)a1oge#4€ assioy 30 NIW3H2 na a2HONVU] —"G Su SE ÈS <———— ES 47-78 es. . 0 153 : LT ed api umertfin ur =? 759710) say d hub D 20e Tr re & = = k = M34-A0NIWSHO 10 3ZH2NVYL NODNVSA3g Saba Àiuasiy — + fu : LFTÈ, L / «maho ene4V fontaine ee St erEuenor / ruse / 1 (ML 13NIS0ù 410 nai nv / Pere MaINNVG-31-5N07 30 5384 XNVHIS3] 30 A4N0) — € Six Ve umersodne nsnnit ——— 15300 RANCäE- COMTE INt ALIAS DE La £ [FT 7 FLORA NEQUANE EXSICOATA OU HERBIER DE LA FLORE DE FRANCHE-COMTÉ Par MM. J. PAILLOT et X. VENDRELY IV Séance du 7 août 1875. {° NOTRE CHAMP D'EXPLORATIONS. Nous avions cru pouvoir nous renfermer pour la publica- tion des plantes de Franche-Comté, que nous avons entre- prise sous le titre de Flora Sequaniæ exsiccata, dans les limites politiques des trois départements du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône. Mais ces limites ne sont pas naturelles, surtout pour l’est de notre champ d'explorations, et en les conser- vaut, nous serions loin de publier les plantes décrites dans les Flores jurassiennes. Nous avons donc jugé à propos de modifier nos limites ainsi qu'il suit : | Nous prendrons à l’est, à partir du sud, le Rhône depuis Bellegarde jusqu'à Genève, puis les hords de ce lac au delà de Morges. La Venage, le canal d'Entreroche, l'Orbe et la Thièle nous conduisent aux bords nord-ouest des lacs de Neuchâtel et de Bienne. De cette ville, nous suivrons la Suze jusqu à la gorge de Pierrepertuis par où nous rejoin- drons la Birse que nous longerons jusqu'à Bâle Notre limite au nord partira de Bâle à Fislis où nous sui- vrons l’Inn jusqu'à Altkirch. De cette ville, nous dirigeant 30.. — 478 — par la vallée de Massevaux, nous joindrons les Vosges au Ballon de Giromagny. Le sommet des Vosges et des Fau- cilles, qui limitent le bassin du Rhône jusqu'au delà de Dar- ney, en anticipant sur une petite portion des départements des Vosges et de la Haute-Marne, nous permettent de prendre nos limites à l'ouest par le Ru-de-Chassigny depuis sa source à la Vingeanne que nous suivrons jusqu'à la Saône et celle-ci jusqu’à son confluent avec le Doubs, à Verdun. Remontant le Doubs jusqu'aux confins du département du Jura, nous suivrons cette limite artificielle jusqu’à l'Ain. Au sud Aïn, l'Oignin, la vallée des lacs de Nantua et de Silan, la Sennin jusqu’au Rhône, à Bellegarde, finissent les limites aussi naturelles que possible de notre champ d’études où se trouve enclavée toute la province que nous avions pri- mitivement en vue d'explorer. Cet agrandissement de nos limites, qui empiètent le moins possible sur les pays circonvoisins, nous permet la publica- tion de beaucoup d’espèces rares qu’il nous eût été difficile de recueillir en nombre, et s'accorde du reste infiniment mieux avec notre titre de Flora Sequaniæ. 20 LISTE DES NOUVEAUX FASCICULES PUBLIÉS. NEUVIÈME FASCICULE. 401. Clematis vitalba L. 410. Berteroa incana DC. 402 et bis. Adonis flammea Jacq. 411 et bis. Cochlearia saxatilis 403. Ranunculus alpestris L. Lam. 404. _ Sardous Crtz. 412. Lepidium sativum L. 405. Nuphar pumilum Sm. 413. Silena dichotoma Ehrh. 406. Sinapis Cheiranthus Koch. 414. Gypsophila muralis L_ 407 et bis. Erysimum Cheiran- 415. Melandrium sylvestre Roehl. thoides L. 416. Dianthus juratensis dJord. 408. — ochroleucum DC. 417. — Armeria L. 409. Cardamine trifolia L. 418. Alsine verna Bartl. 359 bis et ter. Nasturtium sylves- 419. Stellaria neglecta Weihe. tre R. Br. 420. Cerastium tomentosum L. — 479 — 421, Malva moschata L. 422. Geranium phæum L. 423. — sanguineum L. 424. — lucidum L. 425. Hypericum humifusum L. 426. Vitis vinifera L. 36 ter. Oxalis stricta L. 39 bis. Cytisus decumbens Walp. 427. Sarothamnus scoparius Koch 428. Genista germanica L. 429. Medicago denticulata With. 430. Trifolium maritimum Huds. 431 et bis. — elegans Savi. 41 bis. — arvense L. 183 bis. Anthyllis montana L. 432. Tetragonolobus siliquosus Roth. 433. Colutea arborescens L. 4. Coronilla vaginalis Lam. 9. Prunus padus DC. 6. Spiræa filipendula L. 437. Botentilla micrantha Ram. 368. bis. Fragaria collina Ehrh. 438. — Hagenbachiana Lang. 439. Rosa alpina L. 440. — ferruginea Vill. 441. — cladocampta Gandoger 442. Alchemilla alpina L. 443. Cotoneaster vulgaris Lindl 444 et bis. Sorbus Chamæmespi- lus Crtz. 445. Circæa intermedia Ehrh. 446etbis. — alpina L. - 60 bis et ter. Lythrum hyssopifo- lia L. 447. Peplis Portula L. 62 bis. Illecebrum verticilla- tum L. 448. Herniaria hirsuta L. 449. Corrigiola littoralis L. 450. Ribes petræum Wuilf. DIXIÈME FASCICULE. o1. Saxifraga rotundifolia L. 452. — sponhemica Gmel. 453. Torilis arvensis Gren. 454. Bupleurum longifolium L. 455. Astrantia major L. 211 bis. Cornus sanguinea L. 456. Sambucus racemosa L. 457. Lonicera nigra L 458. — alpigena L. 459. Galium rotundifolium L. 460. Centranthusangustifolius DC. 461. —- ruber DC. 462. Valeriana tripteris L. 463. Adenostyles albifrons Rchb. 81 bis. Bellidiastrum Michelii Cass. 464 et bis. Senecio viscosus L. 465 et bis. — spathulæfolius DC. 216 bis. Anthemis nobilis L. 466. Bidens radiata Thuill. 467. Inula britannica L. 468. Filago minima Fries. 469. Onopordon Acanthium L. 470. Centaurea obscura Jord. 471. — paniculata L. 472 et bis. — solstitialis L. 473. Leontodon pyrenaicus Gouan 474. Podospermum laciniatum DC. 475. Taraxacum udum Jord, 476. Lactuca saligna L. 477. — Scariola L. 478. Mulgedium alpinum Less. 479 et bis. Crepis setosa Hall. 480. Hieracium amplexicaule L. 481. — cæsium Fries. 482. Xanthium macrocarpum DC. 483. Campanula persicifolia L. 48% et bis. Campanula pusilla Haenke. 485. Andromeda polifolia L. — 480 — 486. Primula elatior Jacq. 487. — officinalis Jacq. 488. — farinosa L. 93 bis. Androsace lactea L. 489. Centunculus minimus L. 490. Erythræa Centaurium Pers. 491. Gentiana ciliata L. 492. Polemonium cæruleum L. 493. Cerinthe glabra Mill. 494. Lycopsis arvensis L. 495. Lithospermum purpureo cæ= ruleum L. 496. Myosotis sylvatica Hoffm. 101 bis. Heliotropium europæum L. 497. Atropa Belladonna L. 498. Scrophularia aquatica L. 499. Euphrasia Salisburgensis Funk 00 et bis. Melampyrum sylvati- cum L. ONZIÈME FASCICULE. 501. Tozzia alpina L. 502. Pedicularis foliosa L. 903. Veronica scutellata L. 904. — montana L. HU acinifolia L. 906. Digitalis purpurea L. 907. Orobanche rapum Thuill. 908. — cruenta Bert, 209. — Galii Vauch. »10, — Teucrii Hol., Sch. 5e — minor Sutt. 912. Mentha rugosa Link. 913. — Tholeyroniana Gaud. 240 bis. Galeopsis angustifolia Ebrh. o14. Betonica stricta Rchb. 15. Sideritis hyssopifolia L. 916. Melittis melissophyllum L. 917. Plantago Lagopus L. 518. Littorella lacustris L. 519. Polycnemon majus Al. Br. 920. Atriplex patula L. 521. Polygonum persicario-nodo- sum Al. Br. | — minus Huds. arenastrum Bor. — dumetorum L. 526. Mercurialis perennis L. 927. Parietaria diffusa Koch. 134 bis. Quercus sessiliflora Sm. 528. - — pubescens Willd 529. Salix retusa L. 530. Pinus uncinata Ram. 531 et bis. Taxus baccata L. 32. Butomus umbellatus L. 533. Fritillaria Meleagris L. 034. Paris quadrifolia L. 935. Streptopus amplexifolius DC. 536. Polÿgonatum multiflorum AI. 537. Crocus vernus AIL o38. Neottia cordata Rich. 939. Orchis hircina Crantz. 940. — pyramidalis L. 041. — bifolia L. 542. — albida Scop. 43. Herminium clandestinum G. G. 044. Nigritella nigra Rchpb. 545. Potamogeton rufescens Schr. 946. Lemna trisulca L. . Luzula flavescens Gaud. : . Scirpus mucronatus L. 519. — supinus L. 990 et bis. Carex cyperoides L. Or O1 ot RS A 1 — 481 — DOUZIÈME FASCICULE 1. Thalictrum aquilegifolium L. 2. Ranunculus lanuginosus E.. 3. Trollius europæus L. 4. Delphinium Ajacis L,. 5. Diplotaxis tenuifolia DC. 6. Dentaria digitata Lam. 7. Alyssum vagum Jord. 558. Thlaspi alpestre L. 999. Iberis pinnata Gouan. 560, Lepidium ruderale L. 561. Viola bella Gren. 562 et bis. Hypericum hirsutum L. 426 bis. Vitis vinifera L. 063. Rhamnus saxatilis L. 564. Melilotus alba Desr. 56 Prunus fastigiata Paill. 966. — amelanchieriflora Paill. 267. — parviflora Paill. 568. — microstigma Paill. 569. Potentilla aurea L. 970, — caulescens L. 971. Dryas octopetala L. 272. Rosa mollis Smith. 44? bis. Alchemilla alpina L. 273. Peucedanum parisiense D. C. 574. Valeriana montana L. 079. Lonicera cærulea L. 576. Erigeron alpinus L. 977 et bis, Pulicaria vulgaris Gaertn. 278. Centaurea montana L. 579. Cirsium bulbosum DC 980. Prenanthes purpurea L. o81. Crepis blattarioides Vill. 582. Hieracium paludosum L. 283. — vulgatum Fries. 984. Pyrola minor L. 989. — secnnda L. 986. Arbustus Uva-ursi L. 94 bis. Gentiana excisa Presl. 95 bis. — verna L. 587. Veronica urticæfolia L. 088. Linaria alpina DC. 589. Euphrasia officinalis L. 499 bis. — Salishburgensis Funk. 290. — gracilis Fries. 591. Stachys germanica L. 592. Scutellaria galericulata L. 118bis. — minor L. 337 bis. Ajuga genevensis L. 593. Globularia cordifolia L. 519 bis. Polycnemon majus A. Br. 594. Polygonum viviparum L. 095. Passerina annua Spr. 339 bis. Asarum europæum L, 996. Betula nana L. 34? bis. Gagea arvensis Schult. 597. Corallorhiza innata R. Br. 998. Goodyera repens R. Br. 999. Eriophorum alpinum L. 600. Polystichum spinulosum DC. FLORA CRYPTOGAMICA SEQUANIÆ EXSICCATA. TROISIÈME FASCICULE. 101 et bis. Phascum cuspidatum Schreb. 102 et bis. Pleuridium alternifo- um Brid. 103. Pleuridium subulatum Br. , Sch. 104. Systegium crispum Schpr. 105. Gymnostomum tortile Schwg. 31 — 482 — 106. Gymnostomum microstomum Hedw. 107. Weisia viridula Brid. 108. Dicranum viride Lindb. 5 bis. — scoparium Hedw. 109. — undulatum Br. Sch. 110. Leucobryum glaucum Schpr. 111. Fissidens bryoides Hedw. 112. — incurvus Schwgr. 113. — crassipes Wills. 114. Pottia truncata Br. Sch. 56 bis et ter. Didymodon rubellus Br. Sch. 115 et bis. Eucladium verticilla- tum Br. Sch. 12 bis. Leptotrichum pallidum Hampe. 13 ter. _ flexicaule Hampe. 116 et bis. Trichostomum rigidu- lum Smith. 14bisetter. — mutabile Br.Sch. 59 bis. Barbulaunguiculata Hedw. 117: — fallax Hedw. 118. — recurvifolia Schpr. 119: — convoluta Hedw. 120 et bis. — inclinata Schw. 121 bis, ter etquater. — tortuosa Web. et M. {22 — latifolia Br. Sch. 17 bis. Grimmia apocarpa Hedw. 123. Amphoridium Mougeotii Schpr. 124. Zygodon viridissimus Brid. 125. Ulota erispula Brid. 126. Tetraphis pellucida Hedw. 127. Encalypta vulgaris Hedw. 25 bis. Funaria hibernica Hook BEL 128. Webera albicans Schpr. 129 et bis. Bryum capillare L. 130. — pseudotriquetrum Schwgr. 131. Mnium undulatum Hedw. 132, — - rostratum Schwgr. 133. — serratum Brid. 134. -— stellare Hedw. 135. Paludella squarrosa Ehrh. 136. Atrichum tenellum Br Sch. 137. Polytrichum strictum Menz. 138. Fontinalis antipyretica L, 139. Homalia trichomonoides Schreb. 140. Antitrichia curtipendula Brid. 141 et bis. Leskea polycarpa Ehrb. 142 et bis. Anomodon attenuatus Hartm. 143. Pseudoleskea catenulata Br. SCh. 144. Heterocladium heteropterum Br. Sch. 145. Thuidium tamariscinum Br. Sch. 146etbis. — delicatulum Schpr. 147etbis. — abietinum Br. Sch. 148. Pterigynandrum filiforme Hedw. 149. Pterogonium gracile Sw. 150. Lescuræa striata Br. Sch. QUATRIÈME FASCICULE. 151. Cylindrothecium cladorhi- zans Sch. 152. Isothecium myurum Brid. 85 ter. Orthothecium rufescens Br. Sch. 153. Ptychodium plicatum Schpr 154 et bis. Camptothecium nitens Schpr. 155. Brachythecium glareosum 5 Br. Sch. 156etbis. — rutabulum Br. Sch. — 483 — 157. Brachythecium rivulare Br. Sch. 158 et bis. Eurynchium striatum Schpr. 199 et bis. — crassinervium Schpr. 160. — prælongum Schpr. 164. — p.var. rigidum Boul. 162-et bis. — pumilum Schpr. 163. Rynchostegium tenellum Br. | Sch. 164. — Teesdalii Br. Sch. 45 bisetter. — murale Schpr. 165. Amblystegium irriguum Schpr. riparium Br. Sch. 167 et bis. Hypnum Halleri L. Fil. 166etbis. — 168. — elodes R. Spruce. 169. — stellatum Schreb. 170. — lycopodioides Schwgr. lys — Cossoni Schpr.! 172. — exannulatum Gümb._ 173 et bis. — vernicosum Lindb. 174. — uncinatum Hedw. 89 ter. — filicinum L. 175 — cupressiforme L. v. filiforme. 176 et bis. — C. v. elatum Schpr 177bisetter. — C. v. ericeto- rum Schpr. 178. — arcuatum Lindb. 92 bis. — molluscum Hedw. v. condensatum. 93ter. — Crista-castrensis L. 179. — palustre L. 9ibisetier. — cuspidatum L. 160. Le purum L. 181 et bis. — stramineum Dicks. 182. Hylocomium splendens Schpr. 183 bis et ter, — squarrosum Schpr. 184. — brevirostrum Schpr. 135. — triquetrum Schp. 186. Andræa petrophila Ehrh. 187. — rupestris Schpr. 188. Sphagnum fimbriatum Wils. 189bisetter. — cuspidatum Ehrh. 190. — C. v. Mougeotii Schpr. 191 bis, ter et quater. — sub- secundum N. et H. 192 et bis. — cymbifolium Ehrh. 193. Scapania æquiloba N. ab. Es. 194. — undulata N. ab. Es. 195 et bis. — nemorosa N. ab. Es. 196: Jungermannia acuta Lindb. 197 — Muelleri N. ab. Es. 198. — barbata Schreb. v. Schreberi N. ab. Es. 199. _ barbata Schreb. v. quinque dentata N. ab. Es. 200. — porphyroleuca N. ab. Es. 32 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PLANTES NOUVELLES OU PEU CONNUES DE NOTRE CHAMP D ÉTUDES. 306. RapHanus Laxpra Moretti. — Cette plante paraît de- voir se naturaliser tout à fait parmi nous. Aujourd'hui (août — 484 — 1875) elle est toujours abondante aux environs de la gare de Besancon, et elle se retrouve sur d’autres points de la ban- lieue, à la promenade Micaud, aux Chaprais, Saint-Claude, et plus loin, à Arguel, Epeugney, Baume-les-Dames, etc. Les n° 310 Rapistrum orientale DC, 318 Trifolium incarna- tum L., 319 T. resupinatum L., 329 Bellis annua L., 338 Plan- tago Coronopus L., 342 Polypogon maritimum Wills., etc., elc., ont fini par disparaitre tant par suite des travaux de nivelle- ment de terrains devant la gare, que parce que les gazons étant souvent coupés, les espèces annuelles ne peuvent müûrir leurs graines et se ressemer. 409. CARDAMINE TRIFOLIA L, — Il était réservé à notre ami et zélé collaborateur J. Cordier de nous recueillir, en nombre pour être publiée, cette plante que, depuis Haller, les bota- nistes jurassiens avaient rejeté de leurs Flores ou admis avec doute. Si nous consultons BABEy, Flore jurassienne, 1, p. 101 (1846), après avoir décrit cette espèce, l'auteur dit d'elle : « Lieux ombragés et un peu humides des montagnes : sur le Chasseral, dans un petit vallon situé vers le sommet (Hall.) ? — Cette plante très rare n’a pas été retrouvée depuis Haller dans le lieu indiqué : il est douteux qu'elle appartienne au Jura. » : GRENIER et GobRoN, Flore de France, 1, p. 107 (1848), après la description, disent : « Lieux humides et ombragés des montagnes du Jura. Nous ne l'avons vu que du Jura suisse. » Comment MM. Grenier et Godron, si jaloux d'éliminer de leur Flore les plantes qu'ils regardent seulement comme dou- teuses pour la France, ont-ils cité celle-là dans de telles con- ditions? M. Grenier, dans sa Flore de la chaîne jurassique (1864), et Revue de la Flore des Monts Jura (1874), n’en parle pas, quoique possédant dans son herbier un échantillon de Cardamine trifolia venant de Thomas et portant sur l'étiquette « Mont Chasseral. » M. Grenier, apparemment, n’accordait — 485 — pas assez de confiance aux assertions de Thomas, sur la pro- venance des plantes que celui-ci livrait au commerce ? GoDET, Enumération (1851), n’en parle pas. Il dit dans sa Flore du Jura, p. 41 (1852), après la description du Cardamine pratensis, en Obs. « C’est à une var. alpine, à feuilles radi- cales trifoliolées que se rapporte, sans aucun doute, le C, tri- folia cité par Haller à Chasseral. Le C. trifolia L. n'a point encore été trouvé en Suisse. Dans son Supplément (1867), Godet ne parle pas de cette plante. FricHe-Joser et Monranpon, Synopsis, etc , p. 25 (1856), citent la plante et désignent comme localité : « Crêtes du Re- culet? Joset pense que ce ne peut être qu'une simple variété du pratensis ?? Je ne l'y ai jamais observée. Montandon. » GMELIN, Flora Badensis Alsatica, IV, p. 481 (1826), donne comme habitat à notre plante : « In Principatus superioris vicinia ad montem Kasten, ubi eadem vidi ann. 1818, nec non in Jurasso. » J. Rupozr SuTer, Flora helvetica, IX, p. 58 (1802), la cite : « Ad torrentis montis e Furcula deflui ripam sub saxo in umbrosis invenerat Schenchz. It. Alp., p. 454; et Hallerus in suprema vallicula montis Chasserale, 475. » GauDiN, Flora Helvetica, IV, p. 292 (1829), tout en s'éten- dant davantage au sujet de cette plante, ne nous renseigne pas mieux sur les localités jurassiques. THURMANN, Essai de Phytostatique, IE, p. 29 (1849), dit après le genre Cardamine : « Suppl. La C. trifolia L. — Espèce des Alpes allemandes, très douteuse pour la France et la Suisse limitrophe, a été signalée autrefois par Haller au Chasseral où personne ne l’a revue depuis : c'est probablement la va- riété trisecta de la pratensis, qui croît précisément dans les combes situées sous le sommet, localité indiquée par Haller » Murez, Flore française, 1, p. 75 (1834), est plus large dans ses citations, sans apporter plus de certitude : « Montagnes ombragées de l'Auvergne au Cantal, à Puymari et Recusset ? (Delarbre) ; le Chasseral au Jura (Gaudin). » — 486 — Nous multiplierions les citations sans apporter plus de cer- titude sur l’habitat du C. trifolia L. Il était donné à notre ami J. Cordier d'en doter définitivement le Jura et de découvrir une localité certaine, Le Pouillerel (mai 1874), à quelques lieues de la frontière française. Nous croyons qu’elle pourra être retrouvée sur d’autres points de nos montagnes et n'être plus restreinte aux Alpes d'Allemagne, de Hongrie et d'Italie. 420. CERASTIUM TOMENTOSUM L. — Cette espèce est indi- quée depuis longtemps (Cariot, Etud. des f., éd. 4, IE, p. 17, et éd. 5, Il, p. 92), comme naturalisée à Coligny, limite du Jura et de l’Aïn, le long des chemins et des murs, où elle est abondante et forme de vastes tapis argentés du plus bel effet (Gandogér). 426 et bis. Vitis viniFERA L. — Cette plante a été connue de toute antiquité et cultivée par les anciens peuples à cause de l'excellence de son produit. Ses limites actuelles de culture sont, pour le nord de l’Eu- rope, à partir de Vannes dans le Morbihan, les Andelys, Laon, Argenteau entre Liége et Maëstricht, Dusseldorf, Post- dam. À partir de ce point, les monts Reisengebirge et les Carpathes fixent au nord les limites de la vigne qu'on re- trouve dans le midi de la Russie depuis Mohilew à Sarepta sur le Volga. Ce n'est pas qu'on ne rencontre encore cà et là en dehors de cette ligne des lieux où la vigne réussit, car, en trelle, elle est cultivée beaucoup plus loin. Mais pour la cul- ture en grand, le produit est trop acide et ne peut lutter contre les vins de nos vignobles actuels, surtout depuis que les relations entre les peuples éloignés sont devenues si faciles. Autrefois la vigne était cultivée en grand en Angleterre, et on trouve dans une foule d'ouvrages que l'empereur ro- main Probus permit aux Bretons, comme aux Gaulois, de cultiver la vigne. Gela n'implique nullement que la vigne n'existait pas avant, surtout à l’état sauvage. Pline prouve que les vignes des Séquanais étaient déjà célèbres aux pre- — 487 — miers siècles de l'ère chrétienne, et tous les auteurs anciens qui ont parlé des Gaulois, ont vanté leurs vins et leur adresse à confectionner les tonneaux. Certains auteurs pensent que les empereurs romains qui se sont occupés de la vigne, en ont permis ou prohibé la cul- ture selon qu'ils craignaient qu'elle ne nuisît à l’agriculture ou qu'ils tenaient à proscrire l'ivresse. Au reste, on retrouve la vigne à l’état sauvage dans tous nos bois, souvent loin des cultures et sous une foule de va- riétés. On peut objecter qu'elle sort des cultures et a été semée par les oiseaux, etc. Je crois qu’on est revenu aujourd’hui des belles théories de Bernardin de Saint-Pierre, et depuis que l’on a fait l'inventaire des espèces végétales en Europe, on signale peu de plantes venant de pays étrangers et qui aient lutté contre les espèces indigènes pour prendre place au milieu d'elles d’une facon définitive. Les grandes migrations humaines ont toujours été causes d’un déplacement considérable de végétaux, soit que l'homme les emporte à dessein pour ses besoins, soit qu'il les emporte à son insu. Mais les plantes étrangères qui ne sont pas l’objet de soins constants ont vite fini par disparaître. Quand la vigne cultivée demande tant de soins et souffre si souvent de la ri- sueur de notre climat, il serait difficile qu’elle s'accommodât si bien de nos forêts montueuses, de nos roches les plus abruptes. Que certaines variétés de vignes aient été importées, comme cela a encore lieu aujourd'hui, cela est certain ; mais que les variétés si rustiques qui croissent partout à l'état sau- vage soient d’origine étrangère, je ne le crois pas, car ce n’est presque pas possible. Il en est de même pour le Cerisier (Prunus avium L.), au- trement dit Merisier, qui croît abondamment dans nos bois de la plaine et jusque dans la région des sapins, sous une foule de variétés. L'histoire rapporte que le merisier a été in- troduit dans nos bois par les Celtes, ce qui lui donnerait déjà une assez belle antiquité. Mais nous pensons qu'ils n’ont — 488 — fait que multiplier une plante qui leur donnait des fruits agréables. Les Prunus insititia L. et P. fruticans Weïhe, sont bien certainement indigènes, on les rencontre partout, et leurs fruits ne sont pas assez délicats pour qu’on en tente la cul- ture. 063. RHAMNUS saxaTiLIS L. — Encore une bonne trouvaille pour notre province. Cette plante, indiquée dans la plupart des Flores sur les rochers de la région méditerranéenne, et que MM. Grenier et Godron ne citent dans leur Flore de France, 1, p. 335, que dans les fentes des rochers des envi- rons de Gap et de Lyon, se trouve très abondante à Cléron, sur les rochers du vallon de Valbois, au delà des ruines du château de Saint-Denis, et sur les rochers de Fertans à droite de la route qui descend à Cléron, où je l’ai observée le 19 juin 1875. Elle se retrouvera probablement sur d’autres escarpe- ments de la vallée de la Loue. Nous en donnons ici la des- cription : RHamnus saxaTILIS L. — Arbrisseau de 3-8 décimètres, très rameux et très épineux, étalé-couché sur les rochers, très feuillé ; feuilles cour- tement pétiolées, à pétioles velus, opposées sur les jeunes rameaux, fasciculées sur les rameaux anciens, petites, d'environ 7-15 millim. de long sur 4-10 de large, d'un beau vert en dessus, un peu plus pâles en dessous, glabres, ovales sub-aiguës aux deux extrémités, finement dentées en scie, à dents terminées par un mucron caduc, à nervures creuses en dessus, à peine saillantes en dessous, si ce n’est la ner- vure médiane qui est munie de quelques poils sur les deux faces. Fleurs dioïques, tétrandres, axillaires, fasciculées, à pédoncules d’en- viron 4 à 5 millim.; calice à divisions lancéolées-acuminées cadu- ques, plus longues que le tube du calice qui demeure concave à la maturité; pétales très étroits, plus courts que le calice; fruit sphé- rique ou aplati selon qu'il renferme deux où un plus grand nombre de graines, qui sont indiquées par des sillons devenant très marqués par la dessication, d’abord verts, puis noirs-luisants à la maturité. Graines fauves, finement ponctuées à la loupe, ovales, à sillon dorsal très ouvert et entouré d’un bord blanc cartilagineux. 4 Mai-juin-Fr.- août-septembre. L'ensemble de la plante présente assez l'aspect d’une épine — 489 — noire (Prunus spinosa) rabougrie par sa station sur les rochers dans les fentes desquels elle s'implante; l'écorce des rameaux adultes est semblable à celle du cerisier de Sainte-Lucie. Est- ce à son facies qu’elle doit de n'avoir point encore été observée jusqu’à ce jour, car il est peu vraisemblable qu'aucun bota- niste n’ait visité les ruines si grandioses du château de Saint- Denis, et n'ait été tenté d'explorer les rochers qui dominent le vallon de Valboiïs. 433. COLUTEA ARBORESCENS L. — Nous avons autrefois pu- blié cette plante de la même localité dans les Æxsiccata C. Billot, n° 2827, sous le nom de Colutea cruenta Ait. Quoique, à ma connaissance, aucun souscripteur n'ait réclamé contre cette erreur de détermination, nous tenons à la rectifier ici. La couleur de la fleur, et l'ouverture supérieure de la gousse nous avaient induit en erreur; mais ces Caractères peuvent être communs aux deux espèces. 969. PRuNUS FAsTIGrATA Paill. — Arbrisseau de 2-3 mètres, très ra- meux et épineux du bas, inerme dans le haut, à rameaux minces, très longs, dressés-fastigiés ; écorce du vieux bois grise, celle des rameaux verte et lisse. Fleurs très blanches, grandes, éparses le long des ra- meaux, peu serrées, le plus souvent géminées, à pédoncules verts, de 4-6 mill., très glabres; bouton ovoïde globuleux; tube du calice hémi- sphérique; sépales ovales-lancéolées, environ du double plus longs que larges, arrondis au sommet, étroitement blanchâtres aux bords, den- ticulés, à sinus large, arrondi; pétales ovales, de 8-10 mill. sur 5-7, arrondis aux deux extrémités, un peu cuculliformes, non contigus ; étamines égalant ou dépassant un peu les pélales, à anthères orangées. Feuilles ovales-lancéolées, de 30-50 mill. de long sur 10-25 de large, les supérieures ovales-arrondies aux deux extrémités, les inférieures aiguës au sommet et longuement atténuées à la base; limbe finement denté dans tout le pourtour, vert et luisant en dessus, plus pâle en dessous, à nervures, surtout la médiane, trés proéminentes en dessous, munies de quelques poils à leur aisselle ; pétioles de 8-10 mill. dressés, canaliculés et velus en dessus, arrondis et glabres en dessous. Fruit gros, arrrondi, de 15-20 mill. de diamètre environ, noir, couvert d'une efflorescence glauque, marqués d'un sillon longitudinal sur le côté, om- biliqué à la base, à pédoncule d'environ 8 mill., glabre. — FI. avril; fr. septembre. Hab. Montfaucon (Doubs), chemin creux qui conduit — 490 — aux ruines {Grenier !) et parmi les buissons plus bas 965. PRUNUS AMELANCHIERIFLORA Paill. — Arbrisseau de 2-3 mètres, très épineux, robuste, à écorce gris-clair. Fleurs en fascicules peu denses, grandes, d'un beau blanc, à pédoncules solitaires, pubérulents- velus, verts, de 5-7 mill. de long; tube du calice conique; sépales de 3 mill. environ. verts, triangulaires, atténués de la base au sommet, étalés ; pétales 5, ovales-lancéolés, atténués à la base, très longs, 8-12 mill. de long sur 5-6, très distants les uns des autres (ce qui donne à la fleur l'aspect de celle de l'amélanchier); étamines presque égales aux pétales, à anthères jaunes. Feuilles étroites-lancéolées, arrondies et rarement subaiguës au sommet, atténuées à la base, de 8-12 mill. de large sur 20-35 de long, vert foncé, un peu plus pâles et fortement nerviées en dessous, à peu près glabres sur les deux faces, finement dentées en scie et ciliées dans leur pourtour, à pétioles velus de 4-10 mill. de long. Fruit giobuleux, glauque, gros, 20 mill. de diamètre environ, à pédoncule de 4-8 millim., pubérulent-velu. — F1. avril; fr. septembre. Hab. Besancon, Trois-Châtels, Chapelle-des-Buis, etc. 907. PRUNUS PARVIFLORA Paill. — Arbuste de 1-2 mètres, à écorce grisätre, très rameux, peu épineux, à jeunes rameaux velus, les rameaux florifères très minces et allongés. Fleurs petites, solitaires, à bouton ovoide, calice vert, à tube hémisphérique, sépales lancéolés, environ du double plus longs que larges, arrondis au sommet, étroitement blancs et légèrement dentés aux bords, à sinus arrondis; pédoncules finement velus-pubérulents, verts, de 5-7 mill. de long; pélales 5, blanc de lait, égalant les étamines ou plus courts qu'elles, lancéolés-étalés, de 5-7 mill. sur 3-4, non contigus, à onglet court à la base; étamines à anthères rouges. Feuilles de 15-40 mill. de longueur sur 5-1? de largeur, ovales- lancéolées, atténuées-aiguës au sommet, celles du bas des rameaux ar- rondies ou subobtuses, toutes atténuées à la base, finement dentées en scie et ciliées dans tout le pourtour, vertes en dessus, un peu plus päles en dessous, à nervures fines, celle du milieu seule bien proéminente à la base et s'effacant vers le sommet, munies de quelques poils sur les deux faces; pétiole de 2-4 mill. canaliculé en dessus, velu. Fruits nombreux, petits, 10-12 mill. de diamètre, arrondis, glauques, à pédon- cules de 5-7 millim. finement pubérulents-velus.— F1. avril; fr. sep- tembre. Port et aspect du P. Desvauxi, dont il diffère par les pédon- cules velus et les anthères rouges. Hab. Besançon, Chapelle-des-Buis, Trois-Châtels, etc. 568. PruNUS microsriqmA Paill. — Arbuste de 3-4 mètres, rameux, peu épineux, àécorce noirätre; rameaux minceset allongés, les jeunes velus, tres florifères. Fleurs en fascicules lâches, à pédoncules solitaires, de — 491 — 4-6 mill., glabres, violacés ainsi que le tube du calice, celui-ci longue- ment conique et dilaté à l'ouverture et laissant voir l'ovaire; sépales lancéolés acuminés au sommet, triangulaires, étalés-dressés, du double plus longs que larges; pétales de 7-8 mill. sur 4-5, ovales-lancéolés, atténués au sommet, arrondi et brusquement rétrécis à la base en onglet très court; étamines courtes, moitié de la longueur des pétales et du style, étalées, à anthères jaunes devenant brunes. Feuilles ovales, ar- rondies ou subaiguës au sommet, atténuées à la base, finement et régu- lièrement dentées et ciliées dans tout leur pourtour, d’un beau vert lui- sant en dessus, à peine plus pàles en dessous, à réseau de nervures anastomosées, transparentes, velues aux aisselles principales en dessous; limbe de 20-45 mill. de long sur 10-20 de large; pétioles de 6-10 mill. de long, roses, velus, aplatis en dessus et arrondis en dessous. Fruits gros, ovoïdes, de 18-20 mill. environ de diamètre à ia maturité, glauques ; pédoncules de 5-8 mill. de long très finement pubérulents (à la loupe). — FI. avril; fr. août. Ÿ Hab. La Canaie, entre Chalèze et Arcier (Doubs). 471. CENTAUREA PANICULATA, L. — Plante méridionale, abondante sur les bords de la route d’'Oyonnax aux Bou- choux. Y est-elle bien indigène? (Gandoger.) 374 bis. ViNCA MINOR, L. — Aux ruines du château d'Ar- ouel, parmi les buissons, cette gracieuse plante a toutes ses fleurs doubles ei couleur de vin. Nous l'avons raremeut ren- contrée à fleurs blanches, si ce n'est dans les cultures. Genre PuzmonarrA. — MM. Grenier et Godron, Flore de France, IL, p. 526 (1850), ne décrivent, pour la France, que cinq espèces de Pulmonaires, dont deux seulement, les Pul- monaria officinalis L. et P. tuberosa Schrank, peuvent se ren- contrer dans notre province, mais sans indication de localités. Seulement, pour la première espèce, il est dit : « Bois mon- tagneux; commun dans tout l'est de la France; manque dans le centre et dans l'ouest. » Babey, Flore jurassienne, LIT, p. 88 (1846), ne mentionne que deux espèces, les P. officinalis L. et P. angustifolia L. Ces deux espèces étaient déjà citées par Girod-Chantrans, Essai sur la géographie physique, le climat et l'histoire naturelle. — 492 — du département du Doubs, IT, p. 48 (1810), et ces dénomina- tions sont reproduites par Thurmann, Essai phytostatique, XX, p. 164 (1849), par Contejean, Mémoires de la Société d’'Emula-- tion du Doubs, p. 96, année 1854, par Friche-Joset et Mon- tandon, Synopsis, p. 214 (1856), et par F. Renauld, Aperçu phytostatique, p. 188 (1873). Godet, Enumération, p. 126 (1851) et Flore du Jura, p. 476 (1852) admet les mêmes espèces. Mais dans son Supplément, p. 135 (1869), il copie, pour la nomenclature, Grenier, Flore de la chaîne jurassique, p. 533 (1869), qui donne comme plantes du pays les Pulmonaria officinalis L. et P. tuberosa Schrank, cités déjà dans Michalet, Botanique, p. 234 (1864). - N'ayant pas à ma disposition les ouvrages des orateurs an- ciens qui ont écrit sur la Flore de Franche-Comté, je ne puis les citer; mais on voit par ce qui précède que nos auteurs modernes ont admis deux espèces de Pulmonaires, l'une à feuilles en cœur à la base, qu'ils ont prise pour le Pulmonaria officinalis L., la seconde à feuilles ovales plus on moins lon- euement atténuées aux deux extrémités, qu'ils ont nommée d'abord Pulmonaria angustifolia L., dénomination que la plupart d’entre eux ont abandonnée pour celle de P. tuberosa Schrank. Nous ne possédons dans notre région aucune des espèces susdites : le P. officinalis qui a les feuilles radicales en cœur à la base et fortement maculées de blanc en dessus est une plante d'Angleterre et de Belgique, rare dans le nord de la France, la Suisse et l'Allemagne. Le P. angustifolia répond à six espèces d'Europe au moins; aussi Dumortier, Monographie du genre Pulmonaria (1868), ne conserve-t-il pas ce nom. Quand au P. tuberosa Schrank, qui correspond au P, vulgaris, et que Dumortier indique dans les bois ombragés dans presque toute l'Europe, nous ne l’avons pas davantage. Pourtant, dans notre province, il existe certainement trois espèces de Pulmonaires, et jusqu'à la découverte de nouvelles espèces, je fais ainsi le tableau analytique du genre : — 493 — Feuilles radicales en cœur à la base. P. obscura Dumort. 11 Feuilles radicales ovales-lancéolées, atténuées aux deux extré- TALES LS NS TR Aer PORTE RER ROSE OUT PAPE ENLTE Le PO, Feuilles radicales lancéolées, longuement atténuées aux deux extrémités et égalant au moins la tige florifère lors de leur entier développement, jamais maculées. P. longifolia Bast. Feuilles radicales ovales aiguës, toujours plus courtes que la tige florifère lors de leur entier développement, obscurément maculées de blanc en dessus. P. ovalis Bast. +2 P. osscura Dumort., Bull. bot. Belge, IV, p. 341, et Monogr., p. à (1868) ; Paill., Exsic. FI. Seqg., n° 226. — Souche cylindrique, rampante, rameuse ; tiges grêles, anguleuses par la nervure des feuilles cauli- naires, celles-ci au nombre de 6-7 ovales-acuminées, décurrentes sur la tige ; feuilles radicales en cœur à la base, non maculées en dessus, à pétiole grèle comprimé par les côtés et bi-caréné en dessus. Fleurs en grappes lâches, petites, passant du pourpre terne au violet sale ; akènes bruns, luisants, pubescents, lenticulaires et apiculés au som- met. Z. Mars-mai. Hab. — Les lieux frais et ombragés de la plaine et de la moyenne montagne ; Besancon, Baume, Clerval, Rougemont, Alaise, etc. à P. LoxGetroLra Bast. FI. de Maine-et-Loire, Suppl., p. 144 (1812); Paill. Exsice.. FI. Seq , n° 225. — Souche épaisse, rameuse, plus ou moins renflée aux articulations; tiges fortes atteignant jusqu'à 40 centimètres, dépourvues d’écailles à la base, munies de 6-7 feuilles semi-anple- xicaules et décurrentes d’un côté, lancéolées et longuement atténuées au sommet; feuilles radicales lancéolées, longuement pétiolées et atté- nuées aux deux extrémités, non maculées, atteignant et dépassant même la hauteur de la tige lors de leur entier développement. Fleurs grandes en grappes assez denses, à corolle passant du rouge au bleu; akènes bruns, luisants, pubescents, fortement carénés surtout au som- met. Z. Mars-mai. Hab.— Bois frais et ombragés de la plaine et de la moyenne montagne; Besançon, Baume, Chaussin, Alaise, Salins, etc. P. ovaus Bast. FI. Maine-et-Loire. Suppl., p. 44 (1812). — Souche épaisse, rampante, garnie de longues fibres ; tiges fortes, de ?-3 déci- mètres, munies à la base de quelques écailles, et légèrement angu- leuses sous les feuilles; feuilles caulinaires inférieures rétrécies en pétiole ailé, les supérieures en cœur embrassantes à la base, toutes atLlé- nuées au sommet; feuilles radicales plus courtes que les tiges florales longuement pétiolées, ovales, aiguës au sommet, en coin à la base, à — 494 — pétiole marginé-ailé au sommet; limbe des feuilles souvent obscuré- ment maculé de blanc en dessus. Fleurs en grappes lâches; corolles petites, passant du rose au violet bleuâtre; akènes bruns, luisants, pu- bescents, lenticulaires-carénés dans leur pourtour. Æ£. Mars-mai. Hab. — Bois secs calcaires, surtout dans la moyenne mon- tagne ; Besancon (Peu, Bregille), Montrond, Chariez dans la Haute-Saône, etc. Cette espèce préfère les terrains calcaires secs et se rencontre surtout dans les jeunes coupes des bois élevées, Les deux pré- cédentes préfèrent les lieux ombragés et humides. Quoique Boreau dise les feuilles du P. longifolia obscurément maculées de blanc, je ne les ai jamais vues tachées. IL paraîtrait que les Pulmonaires croissent rarement sur les terrains siliceux et granitiques, car notre collaborateur, X. Vendrely, n'est encore parvenu à er découvrir qu'une seule localité dans les Vosges de l'arrondissement de Lure. 588. LinariAa ALPINA D. C. — Les auteurs de Flores fran- çaises et jurassiennes, Decandolle, Prodr., X, p. 282 ; Grenier et Godron, F1. de Fr., II, p. 580; Friche-Joset et Montandon, Synops., p. 232, donnent la plante comme bisannuelle. Les autres auteurs, Grenier, Flore jurassique, Babey, Mutel, etc., la citent comme annuelle. Celle que nous publions sous ce numéro nous paraît vivace, et beaucoup d'échantillons por- tent les débris de tiges des années précédentes. DÉCOUVERTE DE LA SCÈNE DU THÉATRE DE VESONTIO TEXTE DESSINS Par M. Auguste CASTAN Par M. Alfred DUCAT ARCHEOLOGUE ARCHITECTE Séance du 10 avril 1875. Le 12 février 1870, je demandais à la Société d’Emulation du Doubs une somme de 100 fr. pour faire, dans le haut de la place Saint-Jean de Besancon, une fouille ayant pour objet de démontrer que la rangée curviligne de dalles posées de champ, dont un tronçon se voyait dans la cave des Frères de Marie, n'était point, comme on l'avait supposé jusqu'alors, la délimitation d’un forum, mais qu'il fallait y voir un vestige de l’hémicycle du théâtre de Vesontio (1). (1) Pour affirmer que la place Saint-Jean avait été le forum de Ve- sontio, on s’appuyait sur un texte liturgique du bas moyen âge, où cet emplacement était appelé forum. J'ai démontré que le pourtour de Saint-Jean-Baptiste ayant servi, jusqu’en 1435, à la tenue du marché aux grains, le texte en question ne faisait allusion qu’à cette circon- stance relativement moderne, car, dans le latin du moyen âge, le mot forum avait couramment le sens de marché. Si j'avais jugé convenable de recourir aux textes de la même époque pour étayer la nouvelle so- lution que je proposais, j'aurais pu invoquer un diplôme de 1398, dans lequel ce même pourtour de l'église Saint-Jean-Baptiste est dénommé theatrum, ce mot ayant alors la signification de lieu public où l'on exposait des marchandises à vendre. Voici ce texte qui prouvera, d'une façon assez piquante, la nécessité d’une sévère critique dans l'emploi des textes du moyen âge pour la solution des problèmes concernant — 496 — Le résultat de ce sondage fut conforme à mes prévisions : il devint évident que nos dalles étaient le revêtement exté- rieur d'une estrade en hémicycle, que cette estrade avait supporté des colonnes corinthiennes de huit mètres de hau- teur, que derrière cette estrade existaient des blocages, parmi lesquels on avait autrefois reconnu trois ou quatre étages de murs en retrait les uns sur les autres. Toutes ces dispositions concordaient avec ce que l’on sait des monuments scéniques de l'époque romaine. L'opinion publique s’émut de cette découverte, et il n'y eut bientôt plus qu’une voix pour demander la conservation, sur le terrain même de la place Saint-Jean, des vestiges que nous avions exhumés. M. l'architecte Ducat répondit à ce vœu par le séduisant projet de convertir la place en un square archéologique. Grâce au bon vouloir et à l'assistance pécuniaire du conseil municipal de Besançon, du conseil général du Doubs, de l'Etat, des sociétés savantes du pays, d’une foule de bons citoyens, cette création put, malgré les calamités publiques, parvenir à sa complète réalisation. La dépense atteignit en- viron 35,000 fr., y compris galeries souterraines, pont, plan- tations, grilles, etc. (1). Les vestiges romains disposés dans notre square archéolo- gique, si attrayant pour les étrangers qui visitent Besancon, se rapportent tous à la cavea du théâtre, c’est-à-dire à la construction en hémicycle où s'asseyaient les spectateurs. l'antiquité tar" de dictis bladis et leguminibus mensuratis in pro- priis domibus ipsorum civium, ac si dicta blada et legumina fuissent mensurata in {heatro seu loco publico, vocato veria, ubi dictus archi- episcopus el abbas monasterii Sancti-Pauli percipiunt aminagium. » (Diplôme de l'empereur VexcesLas, du 3 mai 1398, confirmant les privi- léges de la commune de Besançon ; aux Archives de cette ville.) (1) Voir notre publication intitulée : Le théâtre de Vesontio el le square archéologique de Besancon, dans les Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, 4° série, t. VIT, 1872, pp. 461-513, avec 5 plan- ches exécutées d’après les dessins de M, Alfred Ducar. — 497 — Mais les théâtres se composaient en outre d’une scène où jouaient les acteurs, et cette bâtisse rectiligne faisait corde par rapport à l'arc de cercle de la cavea. Nous ne négligeâmes pas de rechercher la scène de notre théâtre. Malheureusement l'église de Saint-Jean-Baptiste , détruite seulement en 1794, s'était assise sur l'emplacement qu'avait dû occuper cette portion de l'édifice antique. On trouva bien, par dessous les fondations de l’église, quelques fragments de’ constructions romaines ; mais la direction de ces murailles ne cadrait pas avec l'alignement requis c'étaient les restes de maisons construites avec des matériaux résultant de la ruine du théâtre. On s'arrêta juste au moment où l'on allait toucher au but, car notre dernière galerie attei- gnit un blocage situé dans de bonnes conditions d’aligne- ment. Faute de l'avoir dégagé et quelque peu suivi, nous n'osàimes affirmer qu'il avait fait partie du mur d'avant- scène. Les événements nous obligeant à modérer nos désirs, nous ne püûmes songer à poursuivre la recherche du mur extérieur de la scène. Celui-ci ayant dû être moins que l’autre en contact avec l'église, il y avait plus de chance de pouvoir le repérer. Le hasard, qui vient toujours en aide aux solu- tions véridiques, devait nous procurer cette satisfaction. Lu Au mois de mars 1875, la ville entreprit la construction d’un égoût dans la rue du Mont-Sainte-Marie. D'après le plan restitué de notre théâtre, les fouilles devaient entamer les blocages qui constituaient l’une des branches du fer à cheva] de la cavea. Dès le bas de la rue, se montrèrent, à peu près régulièrement espacés, des murs romains obliques par rapport à l’axe de cette voie. Puis, à une petite distance de la maison Bruand, apparut, sur plus de seize mètres de longueur, un massif d’une dureté telle qu'il fallut faire jouer la mine pour en avoir raison. C'étaient de gros blocs de pierres brutes, 32 — 498 — amalgamés avec des coulées de mortier. De distance en distance, les blocages étaient interrompus par le passage de murs en petit appareil qui formaient des angles dans la tran- chée. Ces blocages venaient finir, dans le haut de la rue, contre une bordure composée de dalles posées de champ, tout à fait analogues, comme matériaux et comme travail, à celles qui revêtent la grande estrade du monument. Seulement, ici, les dalles ne mesuraient que 90 centimètres en hauteur et leur disposition était rectiligne ; mais, comme leurs ana- logues, elles reposaient sur une belle moulure pourvue d’un socle ; la fondation était profonde et le jointoiement des plus soignés. Au delà de cette limite, les creusages se firent dans des terres de jardins. Nous étudiämes avec le plus grand soin cette portion 8i intéressante de notre édifice. Elle prenait naissance dans la maison Alviset, à environ quatre mètres en deçà de l'angle des façades, traversait obliquement le haut de la rue du Mont- Sainte-Marie, était coupée par un égoût construit en 1855, puis devait reprendre sa marche vers les maisons qui forment la limite inférieure de la place Saint-Jean, pour se diriger ensuite contre la porte d'une petite maison qui dépend de l’archevêché. Notre confrère M. Rouzet, ingénieur-voyer de la ville, prit intérêt à cette constatation ; il voulut bien faire dégager et mettre sous une galerie les dalles comprises entre la tranchée de l’égoût moderne et la paroi extérieure de l’ancien égoût. D'accord avec lui et quelques autres de nos confrères, M. Ducat et moi jugeâmes qu’ilimportait de faire un nouveau sondage sur cette même ligne. Le point fut choisi à deux mètres en decà de l'angle de la dernière des maisons qui ont leurs facades au bas de notre square. Ce point étant aussi rapproché que possible du centre présumé de notre ligne de soubassement, il y avail lieu de supposer en cet endroit l'existence d’une des portes d'entrée du théâtre. Cette hypo- thèse se vérifia. — 499 — En effet, à deux mètres au-dessous des fondations de la sacristie de l’église de Saint-Jean-Baptiste, le creusage attei- gnit une marche d'escalier soudée à un blocage, le blocage même contre l’autre face duquel nos fouilles de 1870 s'étaient arrêtées. Cette marche paraît en avoir supporté plusieurs autres qui ont disparu, mais qui avaient été nécessaires pour que le haut de l'escalier fût au niveau de la plate-forme où existait la scène. Plus bas, vient une nouvelle marche, puis une troisième, une quatrième et enfin une cinquième qui est au niveau du socle de la bordure qu’interrompt l'escalier. Nous avons suivi nos cinq marches dans la direction de l'ancien égoût, afin de trouver l’une des extrémités latérales de l'escalier et de voir comment il se raccordait avec la reprise des dalles verticales. Mais cette espérance fut décue : l'extré- mité orientale des marches avait été brisée, et, au moyen d’un sondage, nous acquimes la certitude qu'il ne restait plus trace de dalles entre la portion d'escalier découverte et le flanc d'amont de l’égoût construit en 1855; cette destruction avait eu pour objet de faciliter l'accès des maisons bâties sur l’an- cien emplacement de la scène du théâtre. Quant à l'extrémité occidentale de l'escalier, la maison actuelle qui la recouvre ne nous permettait pas d’en essayer le dégagement. ITI Il fallut donc nous contenter des deux fragments indiqués ci-dessus, lesquels suffisaient d’ailleurs pour témoigner dans le sens de nos présomptions. L'un de ces fragments ayant été abrité par les soins de la ville, nous demandämes à la Société d'Emulation du Doubs de faire sa part dans cette nouvelle œuvre de conservation. Sans hésiter, la Société vota 500 fr. pour payer nos sondages et nous permettre de relier au square archéologique une section de l'escalier par lequel on arrivait à la scène du théâtre. Nous aurions vivement désiré pouvoir englober dans une — 500 — fosse à ciel ouvert toute la longueur saisissable des cinq marches. Mais un arrangement de cette nature n'aurait été possible qu'avec le concours pécuniaire de la ville, et nos né- gociations pour l'obtenir n'aboutirent pas. Nous revinmes à notre projet primitif, qui consistait dans l'établissement d’une voûte à pans coupés sur une section de l'escalier. Ce dôme souterrain a été construit; il a pour couronnement une pierre mobile affleurant le sol et qui masque un trou carré permet- tant l'introduction d’une échelle. De plus, comme l’une des galeries souterraines du square n’est séparée de la nouvelle construction que par une distance de trois mètres, on a mé- nagé la possibilité d'un raccordement de cette galerie avec le réduit qui renferme les marches. IV Dans les fouilles opérées pour le dégagement de l'escalier, on a rencontré quelques objets qui méritent d’être signa- lés. Sur l’une des marches, il a été recueilli un petit disque de bronze, orné sur l’une de ses faces d’une bossette centrale et d'un ourlet au pourtour. Ce disque est analogue à un autre en ivoire trouvé dans le haut de la place. Ce sont, croyons- nous, deux tessères, ou contre-marques, à l’usage des spec- tateurs. Dans le déblai qui recouvrait les marches, on a récolté plu- sieurs débris de placages en marbres et porphyres de diverses couleurs, quelques-uns d’une grande richesse décorative. Il en était déjà sorti un assez grand nombre des creusages anté- rieurs faits dans la même région, et ceux-là ont servi à for- mer deux panneaux (1) compris dans le piédestal du groupe qui marque le centre de la courbe décrite par l'hémicycle du (1) Ces panneaux ont été gratuitement confectionnés par notre con- frère M. Joseph Porter. — 501 — théâtre. Ces débris donnent une idée du genre d'ornementation -que possédait la scène de l'édifice. Mentionnons enfin une base de colonne, d’un module légè- rement inférieur à celui des colonnes qui se dressaient sur l’estrade de la cavea, mais également en pierre dite de ver- genne et d’un travail mieux soigné. Cette base, à laquelle il ne manque qu'une partie de sa tablette, se trouvait au pied de la dernière marche. Elle provenait sans doute de l'une des deux colonnes qui supportaient l’entablement de la porte si- tuée au-dessus de l'escalier. V L'ensemble de ces nouvelles trouvailles a une importance capitale pour la démonstration que nous avions entreprise. En effet, il était résulté de nos premières fouilles que le haut de la place Saint-Jean recouvrait des vestiges incontestables de la cavea d'un théâtre romain. Mais l’absence de données précises sur l'alignement de la scène était une lacune re- grettable. Faute de cette donnée, nous ne pouvions déter- miner l’axe de l'édifice et conséquemment son orientation précise. Nous rencontrons aujourd'hui, dans le bas de cette même place, un soubassement identique, comme style et comme matériaux de construction, avec l'estrade courbe qui terminait la cavea. Ce soubassement est rectiligne; il fait corde par rapport à l'hémicycle du haut; ses moulures sont tournées à l'opposé de cet hémicycle; l'escalier qui l’inter- rompt se dirige vers cet hémicycle : c’est donc, à n’en pas douter, le pied de la facade extérieure de la scène du théâtre de Vesontio. Ce complément d’information a eu la bonne fortune d’être baptisé, dès sa naissance, par le congrès des architectes fran- cais réuni à Paris au mois de juin 1875. Devant cette assem- blée, M. Ducat fit l'exposé de nos découvertes et communiqua les beaux dessins, exécutés par lui, qui en sont l'expression — 502 — artistique. S'adressant particulièrement aux plus érudits des membres du congrès, il leur demanda si, oui ou non, nous étions en droit d'appeler thedtre l'édifice gallo-romain qui avait existé sur la place Saint-Jean de Besançon. Les réponses furent qu'il n'était pas possible de douner un autre nom à l'ensemble des fragments révélés par nos fouilles. Après une telle sanction, le problème doit être considéré comme défini- tivement résolu (1). (1) La Commission des antiquités de la France, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Institut de France), n'avait pas attendu le complément de notre découverte pour reconnaître que celle-ci était bien fondée. On lit, en effet, dans le Rapport de M. bE LONGPÉRIER sur le concours de 1874, l'appréciation suivante qui nous concerne : « Le nom de M. Auguste Castan vous est familier, Messieurs; le savant bibliothécaire de Besançon se rappelle assez fréquemment à votre souvenir par l'envoi d’ingénieux mémoires qui lui ont assuré une juste réputation. De ce nombre est la dissertation sur le Théâtre an:- tique de Vesontio, qui nous a paru digne de la troisième mention hono- rable. ; » Longtemps on a cru à Besançon, sur la foi d’une légende de l’é- vêque saint Maximin, assez récente d’ailleurs, que le site de l’église de Saint-Jean-Baptiste déterminait à la fois l'emplacement du Forum, et du Capitole qui devait l’avoisiner. Des substructions antiques, obser- vées sur ce point, prêtaient un appui à ce système. Mais des fouilles exécutées en 1870, et étudiées avec beaucoup de sagacité par M. Castan, ont amené cet archéologue à croire et à démontrer que le terrain de l'église de Saint-Jean avait été occupé par un théâtre, fort différent de l’amphithéâätre construit en dehors de la ville. Des portions de gradins, de grands soubassements, des colonnes qui ont pu être rétablies, divers débris de sculpture et d'architecture, recueillis dans les fouilles et convenablement rapprochés, ont conféré à l’opinion émise par M. Cas- tan un degré de vraisemblance capable de satisfaire et de convaincre les antiquaires expérimentés. De bons dessins mis sous les yeux du lecteur plaident éloquemment en faveur du système nouveau. Les ex- cavations conduites par M. Castan offraient d'assez grandes difficultés, puisqu'il a fallu les pratiquer parmi des maisons habitées qui ren- daient impossible un déblayement général à ciel ouvert. M. Castan fit creuser des cherninements souterrains qui ne lui procuraient que des aperçus fractionnés. Mais son intelligence suppléait à ce que ce mode d'enquête présentait de défectueux. Plus heureux que les arènes de Lutèce, qui n'ont revu un instant la lumière que pour être vouées à une prompte destruction, Le fhédtre de Vesontio a été protégé par le bon goût — 503 — VI Sur les deux dessins ci-joints, on trouvera le détail des vestiges dernièrement repérés de la scène du théâtre, plus un nouveau plan qui fait voir qu'elle était l'orientation réelle de l'édifice. Ce plan comprend en outre le tracé de constructions des âges postérieurs qui, durant l’été de 1875, se sont montrées dans les fondations d’un bâtiment que viennent de construire les Frères de Marie, en arrière de l’extra-dos du théâtre, Ces con- structions, de diverses époques, appartiennent aux ouvrages défensifs qui, dès le temps des grandes invasions, enceignirent le quartier capitulaire et lui valurent le nom de castrum (). Le plus ancien de ces ouvrages était une grosse tour carrée, construite avec des matériaux empruntés aux ruines du théâtre. Ses murailles, d'une énorme épaisseur, étaient en partie faites de gros blocs de vergenne portant encore les cram- pons de fer qui les avaient reliés lors de leur premier emploi. Le soin extrême qui avait présidé à la taille primitive de ces blocs contrastait avec l’inexpérience des seconds bâtisseurs, ceux-ci n'ayant pas même su faire concorder l'alignement des assises qu'ils superposaient. D'autres portions de la tour étaient construites en moellons de petit appareil. Au pied de la face septentrionale de la tour, on trouva, plantés dans le sol, plusieurs grands claveaux d’une porte monumentale de l'épo- que antique. Plus haut que la tour, existaient divers étages de murailles des habitants de la ville, sollicité par un chaleureux appel de M. Castan. Un square archéologique, établi sur les terrains de la place Saint-Jean, réunit des monuments de divers âges aux huit colonnes du théâtre, érigées sur leurs bases primitives. Ces faits intéressants ont droit à toute l'attention des amis de la science. » (1) « Joannis Evangelistæ basilica, quæ constructa est in castro ve- sontico. » (Carta Pharulphi presbyteri, ann. 911, ap. Fvor, Histoire de Saint-Etienne de Dijon, p. 13.) — 504 — en petit appareil, se rapportant aux nombreux remaniements de l'enceinte capitulaire. La plus correcte de ces courtines avait, non loin de son sommet, deux assises de moellons moins épais que les autres, en réminiscence de ces chaînes de briques dont l'usage était si fréquent à la basse époque ro- maine. Ce morceau pourrait dater de l’épiscopat de Hugues I° (1031-1066), l'énergique reconstructeur de nos églises. de Lombise ste 4 SON 5> " » Line RE 2) les eh s& FAURE) #51 MR: F5 ge in Men ee Le CA UN à La D x aa ‘ lens SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS 1875 ‘RE | DESSIN D'ENSEMBLE D, SOUBASSEMENT ET DES MARCHES DE LA FAÇADE EXTÉRIEURE EE 1 COUPE DU SOUBASSEMENT DE LA COLONNADE A L'INTÉRIEUR DU THÉATRE Echelle 0,005 p' mètre ————- — Base de colonne trouvée à l'extrémité des marches Plan de l'assemblage des Reis des détails 0,002 p' mètre dalles du’ soubassement COUPE ET FACE DU SOUBASSEMENT DE LA FAÇADE EXTÉRIEURE DE LA SCÈNE COUPE DU GRAND ESCALIER EXTÉRIEUR CONDUISANT A LA SCÈNE d'apris ler Dessins de A DUCAT Arebitarte : CO Tz Cru ee THÉATRE ROMAIN DE VESONTIO Vestiges de la Façade extérieure de la Scène. SL81 Sp10qE SINAT 2p 19 SaUINY ap 2]QUIOSU p EI] OILNOSHA QG NIVNON AALVIHL loant) #00 ‘éknôk-rquaog dl y gnT S3#3nmnoiLuva IT LIANT V4P Soiseeg v0 rende HW: 3000 SP AT v LX ANYSINUNOS a x US 3N39S V1 30 3Un3IU31X3 36 Nvar is Fe < A “ NF (Jouy .p XNE3 S9p ur$Seq 3p SLQOP- EAP SOA HE LONMASUOD) JNNUNG ANSNEZ KI 2$g-u sonboda sosaaap 3p syuecuion 2p STUAUSEIS ITA “(NBA L ND SUD Sp queuaaoud jiossdde puusf sp souuoid SAP 2948 MATOS NUE ua) auwuosanbods25seq e1 2p YONEAUNIO] 2 an L JIA : S26B920[T 20 SIA] [A AUJUI 8] 9P 104,1 261xa E 1U99a4 JU2WAIAIA 9f JUOP 26E201Q LA SJISSEN À 2HAUU0SEU Ua 98200[f 19 U013Q L9 AUlY AI sind II ambnue 25SR4 EI SUEP 3118 UOTIBANE)SAI JU & queue 26600[4 JI Saunqdinos 99h NEO PUBS UN 5103 1 QUE SIMAUEQ SI 1USTUISDUdO BE SAUIA) 527 268 Lou ne nualusdde ques 1 Sajou2p pn12e pl pi en pt ù UONINNSU0T 837 AUNbipuT MM AU) SAT a\ HaAaN&947 sanoga na Nol1w1NM3.Q 31319: PIERRE CORNBLLLE ET JEAN MATRET (UN ÉPISODE DE LA QUERELLE DU CID) Par M. Gaston BIZOS PROFESSEUR DE RHÉTORIQUE AU LYCÉE DE BESANCON. Séance publique du 16 décembre 1875. MESSIEURS, Quand un poète dramatique, illustré par de longs et d’écla- tants succès,accuse d'inintelligence et de mauvais goût le public, dont les suffrages naguère établissaient et consacraient sa réputation, on peut affirmer sûrement que le temps de la décadence est venu et que l'heure de prendre la retraite a sonné pour lui. Lorsque la foule se pressait dans le théâtre pour applaudir la Silvie, la Silvanire, la Sophonisbe, ces œuvres heureuses d'un précoce et facile génie, votre compa- triote Mairet opposait avec raison, aux attaques malveillantes des rivaux jaloux et des érudits raffinés, le jugement sincère et spontané du vrai public, l'approbation unanime des loges et du parterre, et « les larmes arrachées aux plus beaux yeux de France (1). » Quelques années après, ce même poète n'avait pas assez de dédain pour ce même public, et, dans une préface pleine d’amertume, le taxait d’ignorance et d'ingratitude. « Il me semble, écrivait-il, que la Muse qui marche sur le co- thurne n’auroit pas de raison de se plaindre du congé que je lui demande et que je lui donne après avoir justement (1) Préface de la Sophonisbe, au chancelier Séguier, p. 2. 5 PA — 506 — partagé la plus belle moitié de mon âge à son service sans autre récompense que d'un peu de bruit et de quelques feuilles de laurier. Il est temps désormais d'employer ce qui nous reste de loisir et de chaleur à des ouvrages plus sé- rieux et dont le succès soit moins dépendant de l'opinion ou de l'humeur d’une assemblée dont les voix se comptent plu- tôt qu'on ne les pèse (1). » Hélas! messieurs, l'ingratitude ne venait pas du public, mais elle éclatait dans les paroles du poète, qui oubliait que personne n'avait jamais été mieux que lui accueilli, protégé contre l'envie, flatté, admiré par cette foule dont les applau- dissements seuls l'avaient rendu célèbre et heureux. En effet, Mairet a connu toutes les joies de la popularité avant même d’être arrivé à l’âge viril. Il n’avait que seize ans et était en- core assis sur les bancs du collège des Grassins à Paris, lors- qu’il fit représenter en {620 sa première pièce, la tragi-comédie de Chryséide et Arimand. Encouragé par la faveür du public et par la bienveillance des comédiens, il donna l’année suivante la Silvie, qui obtint le plus brillant succès dont l’histoire du théâtre français ait gardé le souvenir avant l'apparition du Cid. En un soir le nom du pauvre écolier devint fameux. Durant quatre ans entiers on ne se lassa pas de voir et d’ap- plaudir sa pièce, qui eut jusqu'à treize éditions. La veille de la première représentation de la Silvie, le jeune Mairet n'avait devant lui qu'un avenir difficile et incertain ; car il avait quitté Besançon, sa ville natale, sans fortune et sans appui, alors qu’il venait de perdre son père, dont « les impétuosités : de jeunesse avoient amené des dépenses qu'un autre que son fils auroit pu justement appeler folies, puisqu'elles avoient été cause de la ruine de sa maison (2. » Le lende- (1) Sidonie, tragi-comédie héroïque, Avis au lecteur. (2) Apologie pour monsieur Mairet contre les calomnies du sieur Cor- neille de Rouen, suivie d'une lettre de monsieur Mairet à M. D. S. (de Scudéry), datée du 30 septembre 1637, à Belin, p. 19 — 507 — main, par un de ces coups de fortune qui ne se rencontrent qu'au théâtre, non-seulement il était le favori du public, l'auteur à la mode, mais encore il était recu à la cour et deve- nait le secrétaire du maréchal duc de Montmorency. C'est au château de Chantilly, dans cette somptueuse demeure, qu'on ne peut rappeler, Messieurs, sans éveiller l'idée de la plus noble et de la plus généreuse hospitalité, que Mairet composa ses plus jolis vers. Au sein de cette petite cour de poètes et d'artistes, dont la duchesse Marie était l’idole, sous les vertes allées du parc, dans ce cabinet de verdure nommé par Théo- phile bois de Silvie, et appelé ainsi, dit-on, encore aujour- d'hui, Mairet écrivit paisiblement, loin du bruit et à l'abri des soucis, sa Silvanire, sa comédie des Galanteries du duc d'Ossonne, sa tragi-comédie de Virginie et son chef-d'œuvre la Sophonisbe, dont les grandes et nouvelles beautés excitèrent l'enthousiasme universel et assurèrent sans contestation pour un temps au poète la première place parmi les écrivains dra- matiques contemporains. La mort funeste et tragique du duc Henri de Montmorency, décapité à Toulouse le 30 octobre 1632, fut pour Mairet un coup qui faillit l’accabler. La perte de cet illustre maître, victimé aussi intéressante que coupable, ne devait-elle pas entrainer celle du poète? Richelieu. se montra clairvoyant et juste en n'enveloppant pas dans la disgrâce du maréchal un innocent, dont le seul crime était de demeurer fidèle à la mémoire de son bienfaiteur. Le cardinal-ministre voulut même bientôt remplacer le protecteur que les plus sévères maximes de la raisou d'état avaient enlevé à l’auteur de Sophonisbe : il eut la générosité de l’appeler et de le retenir au nombre de ses pensionnaires. Mairet sut se conserver cette haute faveur par les agréments de son esprit, par sa politesse, par son caractère, qui, sans cesser jamais d’être honorable et digne, fut toujours adroit et insinuant. Il ne tarda pas à se concilier l'estime et l'amitié de puissants sei- gneurs, du comte de Soissons, du cardinal de la Valette, du — 508 — comte de Fiesque, du comte de Belin, chez qui il recut pen- dant de longues années une magnifique hospitalité. Les plus beaux esprits du temps, Sarrazin, Voiture, Boisrobert, Scu- déry, Rotrou, Corneille, étaient liés avec lui. Rien n'avait jamais troublé le commerce qu'il entretenait avec eux, lors- qu'il eut le malheur de s'engager dans une déplorable que- relle et de se signaler parmi les plus ardents détracteurs du Cid. Tant que Corneille n'avait été connu que comme poète comique, Mairet, qui ne redoutait pas encore en lui un rival, se réjouit de son amitié. Il lui avait même donné un témoi- gnage public de son admiration, en lui adressant un madrigal fort spirituellement tourné sur sa comédie de la Veuve : « Rare écrivain de notre France, Qui, le premier des beaux esprits, As fait revivre en tes écrits L'esprit de Plaute et de Térence, Sans rien dérober des douceurs De Mélite ni de ses sœurs, O Dieu? que ta Clarice est belle, Et que de veuves à Paris Souhaiteroient d’être comme elle Pour ne manquer pas de maris. » Le triomphe merveilleux du Cid rompit ces relations excel- lentes. Ce fut d'abord avec une sorte de stupeur que Mairet vit ce succès sans cesse grandissant, et entendit tout Paris répéter ces mots passés en proverbe : « Cela est beau comme le Cid (1). » Quoi donc ? Etait-il vrai que la Sophonisbe n’é- tait plus le chef-d'œuvre tragique de la France? Fallait-il céder le pas à ce rival qui sortait de pair? N'’était-ce pas un devoir d'éclairer le public et de lui demander comment son goût s'était à ce point perverti d'oublier la Silvie et la Sopho- nisbe? Mairet très anxieux prit d’abord le parti de se soustraire mu nan me me oem mmemne embéen de + te du # de ee bib eme meme me me 00 diese ce nn (4) Pezuissow, Relation contenant l'histoire de l'Académie françoise, 1653, in-8, p. 187. ; — 509 — au spectacle de la gloire de Corneille, et il se retira dans le Maine, chez son protecteur, le comte de Belin. Il Cependant l'envie des poètes dramatiques, portée à son comble par la vogue extraordinaire dont le Cid continuait à être l'objet, ne tarda pas à former contre Corneille une cabale d'autant plus redoutable qu’elle était soutenue par la com- plicité du cardinal de Richelieu. Scudéry, excité à la fois par la jalousie et par le désir de plaire au tout puissant ministre, engagea la lutte en publiant des Observations sur le Cid, dans lesquelles il cherchait à prouver, selon les divisions qu'il établit lui-même, « que le sujet n'en vaut rien; qu’il choque les principales règles du poème dramatique; qu'il manque de jugement en sa conduite; qu’il a beaucoup de méchants vers; que presque lout ce qu’il. a de beautés sont dérobées, et qu'ainsi l'estime qu’on en fait est injuste. » Corneille indigné répondit en faisant paraître son Excuse à Ariste, qui servit de prétexte à de nouvelles et violentes attaques contre le Cid. Après avoir hautement exprimé son mépris pour les procédés des rivaux qui prélendaient étouffer de leurs cla- meurs l’applaudissement unanime de la cour et de la ville, Corneille s’écriait avec une imprudente fierté : « Je satisfais ensemble et peuple et courtisans, Et mes vers en tous lieux sont mes seuls partisans. Par leur seule beauté ma plume est estimée : Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée (1). » Ce dernier trait était dangereux. Corneille semblait se montrer ingrat et renier les bienfaits du cardinal qui, quoi- qu'il füt aussi alarmé, nous dit Fontenelle (?, de l'apparition conne mme rene ne mine ne ss = ue meme + (1) Ce morceau est réimprimé dans le dernier volume de la grande édition de Corneille de Marty-Laveaux. (2) FoxTENELLE, Œuvres, t. III, p. 100. — 510 — du Cid que s’il avait vu les Espagnols devant Paris, n’en continuait pas moins à payer au poète sa pension. Aussitôt les ennemis de Corneille, saisissant l’occasion qui leur était offerte, affectèrent de voir un audacieux défi dans ces vers qui ne respirent que la légitime conscience du génie. La pre- mière réplique à l’épitre de Corneille fut un libelle, composé de six stances, et publié sous ce titre : « L'autheur du vray Cid espagnol à son traducteur francois sur une lettre en vers qu'il a fait imprimer, intitulée « Excuse à Ariste, » où, après cent traicts de vanité, il dit de soy-mesme : « Je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée (1). » Ce pamphlet fort peu spiri” tuel se termine par un quatrain lourdement injurieux : « Ingrat, rends-moi mon Cid jusques au dernier mot. Après tu connaîtras, Corneille déplumée, Que l'esprit le plus vain est souvent le plus sot, Et qu’enfin tu me dois toute ta renommée. » Ces jolies choses étaient signées du pseudonyme de don Baltazar de la Verdad. Mais Corneille sut en deviner l’auteur et n'hésita pas à le démasquer. C'était malheureusement Mairet, qui n'avait pas pu résister plus longtemps à la déman- geaison qui le tenait d'entrer dans la lice. [ avait envoyé du Maine ces mauvaises stances et 1l avait chargé de les répandre un obscur poète, nommé Claveret, que Corneille avait tou- jours honoré de ses encouragements et de son amitié. L’au- teur du Cid commit la maladresse de rendre offense pour offense : il lança contre Mairet un rondeau digne de Villon ou de Régnier, dont la muse ne sait pas rougir, mais qu'on regrette de trouver dans les œuvres de Corneille. Ce rondeau, que nous ne pouvons citer qu'en partie, commence ainsi : « Qu'il fasse mieux, ce jeune jouvencel, A qui le Cid donne tant de martel, Que d’entasser injure sur injure, 1 ee 4 de ne ue 1) Il y a de cette pièce deux éditions, toutes deux in-8. — 911 — Rimer de rage une lourde imposture Et se cacher ainsi qu'un criminel. » Chacun connoît son jaloux naturel, Le montre au doigt comme un fou solennel, Et ne croit pas, en sa bonne écriture, Qu'il fasse mieux. » Le combat était engagé entre Corneille et Mairet. Une con- testation, qui aurait dû rester purement littéraire, dégénérait en une dispute personnelle où les deux adversaires ne gar- dèrent bientôt plus de ménagement. Certes Mairet, qui fut l’agresseur, eut les torts les plus graves; mais il faut recon- naître que Corneille et ses partisans ne tardèrent pas à lui renvoyer avec usure les reproches, les raïlleries et les invec- tives. Corneille crut pouvoir attribuer à son rival un nouveau pamphlet anonyme intitulé : « Lettre à *** sous le nom d’A- riste. » Hâtons-nous de dire que cette fois il se trompait : la responsabilité de Mairet dans cette triste querelle est assez lourde pour qu’on ne fasse pas encore peser sur sa mémoire le fardeau de cette faute. Quoi qu'il en fût, votre compatriote, messieurs, n'eut pas à se féliciter de la mordante réponse qui fut faite à son prétendu libelle sous ce titre : « Lettre de *** à *** sous le nom d’Ariste (1). » Corneille, comme le veulent les uns, ou plutôt un de ses amis, comme les autres le croient ” avec plus de vraisemblance, prit directement à parti les œu- vres de Mairet et critiqua ses principaux héros avec une cruelle clairvoyance. La Chyséide et la Silvie y sont traitées de saillies d'un jeune écolier qui craignoit encore le fouet. Les brutalités de la Virginie et les légèretés de la Sophonisbe y sont vivement relevées. Mairet profondément blessé se décida à jeter le masque et publia, le 4 juillet 1627, son « Fpistre fa- milière au sieur Corneille sur sa tragi-comédie du Cid). » I] commencait ainsi : « Monsieur, si je croyois le bruit commun te 0 ee om ge et à 0e mi de de co ge me) ee be Ne oi ee (1) A Paris, 1637, in-8, 8 pages. (2) A Paris, chez Anthoine de Sommaville, 1637, in-8 de 38 pages. — 512 — qui vous déclare l’auteur de ces papiers volants qu'on voit tous les jours paroître à la défense de votre ouvrage, je me plain- _drois de vous à vous-même de l'injustice qu’on me fait en un libelle de votre style et peut-être de votre facon. Mais, comme l'action est trop indigne d’un honnête homme , je suspendrai pour quelque temps ma créance et me contenterai (puisque la querelle de votre Cid vous a rendu chef de parti) de vous demander sérieusement raison de l’impertinence d’un de vos lanciers qui m'est venu rompre dans la visière mal à propos; mais, d'autant que je n'ai pas l'honneur de le connoître, Je vous adresserai, s’il vous plaît, ce petit discours, comme si vous étiez lui-même (!). » Sans doute Mairet a bien mauvaise grâce à se plaindre d’avoir été attaqué par un adversaire ano- nyme; on répondrait volontiers à don Baltazar de la Verdad : Juste retour, Monsieur, des choses d’ici-bas. Mais on.ne peut s'empêcher de louer, dans ce morceau, le ton dégagé, la rapide et guerrière allure du style, et lhabile manière de présenter les choses à son avantage. Mairet évi- tait de s'expliquer sur les stances de l’autheur du vray Cid espagnol à son traducteur françois; il était coupable et gardait un silence prudent. En revanche, sur un autre point, il criait bien haut à la calomnie et repoussait avec une modération calculée la paternité du nouveau pamphlet que Corneille, moins perspicace la seconde que la première fois, l’accusait d’avoir composé contre le Cid. « Par une ruse de guerre, qui n'est pas difficile à découvrir, on me veut attribuer la lettre qui commence par les, railleries passives d’Ariste, continue par le mépris en particulier de votre chef-d'œuvre, et finit par celui de toutes vos pièces en général... Pour la lettre qu'on me veut donner, on me pardonnera si je la refuse. de n'ai mis principalement la main à la plume que pour faire (1) A Paris, chez Anthoine de Sommaville, 1637, in-8 de 38 pages, p. 1. une publique déclaration de ce désaveu. » Mairet néanmoins croit devoir profiter de l'occasion pour critiquer ouvertement à son tour la pièce de son heureux rival. Il faut avouer d’ailleurs que ses observations ne valent pas mieux que celles de Scudéry qu'elles reproduisent en grande partie. Le ton de la polémique est plus aigre, les arguments n'ont rien de nou- veau ni de redoutable. Mairet insiste sur une pitoyable raison que tous les détracteurs du Cid répètent à l’envi. Le succès du Cid n'est dû, selon lui, qu'au talent du fameux acteur Mondory, le Roscius Auvergnat, comme il dit malignement, et aux dépenses faites par les comédiens qui n'avaient rien négligé pour que le jeu des interprètes, la beauté des cos- tumes et l'exactitude de la mise en scène fussent irrépro- chables « Si votre poétique et jeune ferveur, écrivait-il en se servant à dessein d’une expression employée dans le Cid et raillée ridiculement par Scudéry, avoit tant envie de voir ses nobles journées sous la presse, comme vous êtes fort ingé- nieux, il falloit trouver invention d'y faire mettre aussi, tout du moins en taille douce, les gestes, le ton de la voix, la bonne mine et les beaux habits de ceux et de celles qui les ont si bien représentées, puisque vous pouviez juger qu’ils faisoient la meilleure partie de la beauté de votre ouvrage... Un petit voyage en cette ville vous apprendra, si vous ne le savez déjà, que Rodrigue et Chimène tiendroient possible encore assez bonne mine entre les flambeaux du théâtre du Marais, s'ils n’eussent point eu l’effronterie de venir étaler leur blanc d’'Es- pagne au grand jour de la galerie du Palais. Vos caravanes de Rouen à Paris me font souvenir de ces premiers mar- chands qui passèrent dans les Indes, d’où, par le bonheur des temps autant que par la simplicité de quelques peuples, ils apportèrent de l'or, des pierreries et d’autres solides richesses pour des miroirs, des sonnettes et de la quincaille qu'ils y laissèrent. Vous avez autrefois apporté la Mélite, la Veuve, la Suivante, la Galerie du Palais, et de fraîche mémoire le Cid, qui d’abord vous a valu de l'argent et la noblesse qui vous en 39 — 514 — restent, avec ce grand tintamarre de réputation qui vous bruiroit encore aux oreilles sans vos vanités et le malheur de l'impression : « Si l'honneur vous était cher, Vous deviez vous empêcher, Suivant l'avis des plus sages, De Je perdre à ce rocher Si fameux par les naufrages De tous vos autres ouvrages. » Après avoir ainsi tour à tour employé la prose et les vers pour attaquer les travaux de Corneille, Mairet arrive à la défense de son propre théâtre. IL commence par faire assez habilement la part du feu en abandonnant sa première tragi- comédie, la Chryséide, qu'il appelle un péché de jeunesse. « J'ai fait cette pièce-là que j'étois encore, par manière de dire, sous la férule, et en même temps je n’avois point de meilleur guide que le sens commun, qui n’est pas ordinai- rement bien grand chez un poète de quinze ou seize ans. D'ailleurs il me suffira de vous dire qu'elle n'a jamais vu le jour de mon consentement, qu'étant pleine des fautes de mon enfance et de celles de l’imprimeur, je fis ce que je pus pour en empêcher la distribution, jusque-là même que Jacques Besongne, qui l’avoit mise sous la presse, fut obligé par mes poursuites de faire un voyage en cette ville, où le pauvre homme mourut subitement, à mon très grand regret. » Il livre donc la Chryséide aux railleries de son adversaire, mais il déclare qu'il a si peu l'intention de per- mettre qu'on maltraite la Silvanire, le duc d'Ossonne, la Virginie et la Sophonisbe, qu'il se propose de les justifier bientôt dans un ouvrage de plus longuc haleine. Mairet avait-il vraiment le projet d'écrire ce plaidoyer en faveur des plus chers enfants de sa Muse? N'était-ce pas un moyen d’éluder pour le moment une polémique dans laquelle il n’y avait pour lui que des coups à gagner? Ce qui est certain, c'est que la justification si pompeusement annoncée ne devait — 915 — jamais paraître. L'épitre familière contient encore une singu- lière comparaison entre la Sivie et le Cid. Pour mieux abaisser la pièce de Corneille, Mairet n'hésite pas à faire le sacrifice de la sienne. Toutefois il maintient qu’on doit donner la préférence à son ouvrage, parce que la réputation de la Silvie est moins usurpée que celle du Cid. « Son charme a duré plus longtemps, vu qu'après douze ou treize éditions elle est encore le Pastor Fido des Allemands et des beaux esprits de province, où les observations de M. de Scudéry ont rompu trop tôt pour vous la brillante glace qui faisoit l’enchantement de votre Cid. Toutes ces considérations à part, s’il est du Parnasse comme du Paradis, où l’on ne peut espérer d’entrer avec des biens mal acquis, tombez d'acord avec moi que nous en sommes exclus, si nous ne restituons pas la réputation illégitime que nos deux pièces nous ont donnée. » Le ton de cette épître familière est très acerbe sans doute, mais pourtant les termes n’en dépassent pas les limites des convenances. Il n’en est pas de même dans un autre pamphlet, imprimé à la suite de celui que nous venons de rapidement analyser, et intitulé : Réponse à l’amy du Cid sur les invectives contre le sieur Claveret (). Quoique ce libelle ne porte pas le nom de l’auteur, sa réunion avec l’Æpistre familière ne peut le laisser regarder comme sorti d’une autre plume que celle de Mairet, qui semble n'avoir pas beaucoup compté sur le secret, « Si vous êtes curieux de savoir mon nom, s'écrie-t- il fièrement, tout le monde vous l’apprendra. » Les trois quarts de cette pièce roulent sur une impertinente compa- raison entre l'avocat Corneille et l'avocat Claveret. « Que le traducteur du Cid, y lit-on, fasse le vain et tranche du grand talent tant qu'il lui plaira ; l’on ne trouvera pas qu'il soit d'une profession plus relevée que celle du sieur Cla- veret, puisque tous deux peuvent entrer avec la robe et le ee Sn Ge mr re rte ee (1) Page 30. — 916 — bonnet dans un barreau, ni d’un mérite si fort au-dessus du sien, que lui-même n'ait été bien aise autrefois de parer sa Veuve des vers de mon ami, que l'on y voit encore avec quantité d’autres qu'il a mendiés pour appuyer la faiblesse de son ouvrage. » Il faut reconnaître que si, comme il semble presque certain, ce libelle est de Mairet, il y a de sa part une étonnante maladresse à rappeler ces madrigaux, dont il avait lui-même rimé le plus élogieux : « Rare écrivain de notre France, Qui, le premier des beaux esprits, As fait revivre en tes écrits L'esprit de Plaute et de Térence..……. » Corneille fit faire à ce double pamplet deux réponses. La première s'appelle : Lettre du Désintéressé au sieur Mairet (), et se borne à relever avec dédain l’aveuglement du poète franc-comtois, qui osait se persuader que la Silvie pouvait aller de pair avec le Cid. « Trouvez bon que je vous détrompe et que je vous dise vos vérités. Vous ne devez pas faire d’ex- cuses qu’à vous-même d'avoir osé mettre en parallèle votre apprentissage avec le Cid. La différence y est si grande que qui n’y en mettroit point s’accuseroit d'ignorance, et vous ne le pouvez pas sans être présomptueux. Mais, s'il est du Par- nasse comme du Paradis, où l’on ne peut avoir d'entrée avec du bien mal acquis, tombez d'accord avec tout le monde que vous en êtes exclu... Vous faites bien de prendre du témps pour justifier le duc d'Ossonne, la Virginie, la Sophonisbe. Si vous le faites, j'avoue que l'ouvrage sera bien considérable, puisque par lui vous ferez l'impossible. A tout hasard je ne vous conseille pas de les porter à la censure de l'Académie, de peur d'une trop grande confusion. » La seconde réponse, ee (1) In-8 de 7 pages. Cette pièce a été réimprimée dans la grande et dernière édition de Corneille publiée par M. Marty-Laveaux, t. III, p. 062. . — 517 — qui a pour titre : Avertissement au besançconnois Mairet (A) , est beaucoup plus importante et serait un remarquable modèle de polémique vigoureuse et mordante, si elle n’était gâtée par les plus outrageantes personnalités. Dès le début la violence est extrême : « Il n’étoit nullement besoin de vous donner la gêne deux mois durant à fagoter une malheureuse lettre pour nous apprendre que vous êtes aussi savant en injures que votre ami Claveret et tous les crocheteurs de Paris. Cette belle poésie, que vous nous aviez envoyée du Mans, ne nous permettoit pas d’en douter, et, bien que vous y fissiez parler un auteur espagnol, dont vous ne saviez pas le nom, la foi- blesse de votre style vous découvroit assez. Défaites-vous de la pensée que M. Corneille vous ait fait l’honneur d'écrire contre vos ouvrages. Il prendroit une peine bien superflue, puisque, pour les trouver mauvais, il ne faut que prendre la peine de les lire. » Quand ensuite l'averlisseuwr oppose aux caravanes de Normandie les caravanes de Franche-Comté, et reproche à Mairet d’avoir fait « orgueilleusement planter sur le frontispice de ses œuvres un marmouset qui lui ressemble et graver autour d'une vénérable médaille : Jean Mairet de Besançon , » il est dans son rôle et peut avoir les rieurs de son côté. C'est encore de bonne guerre que de reprerdre ironique- ment l’histoire de ce libraire qui mourut pour avoir imprimé la Chryséide et de lui composer cette épitaphe drolatique : « Ci-dessous gît Jacques Besogne, Qui, s'étant mis trop en besogne, Pour le beau poète Jean Mairet, Mourut, à son très grand regret. » On accepte volontiers, comme un coup permis dans un duel, ce trait dirigé contre l'art poétique qui avait été placé par Mairet en tête de la Sivanire : « Le succès vous enfla telle- Re ee à se ee mm ns mue ce à + en Len à — rm mt en (1) 1637, in-8 de 12 pages; cette pièce se trouve das l'édition Marty- Laveaux, t. III, p. 67. — 918 — . ment que vous eùûtes l’effronterie de prendre la chaire. Jeune homme, il faut apprendre avant que d'enseigner, et, à moins que d'être un Scaliger ou un Heinsius, cela n’est pas suppor- table, » Plus loin on ne peut s'empêcher d’'applaudir à ces fières paroles : « Vous vous plaignez de ce que M. Corneille ne s'est pas soumis au jugement de l’Académie. Pour le mettre en tort, il faudroit que vous et l'Observateur y soumissiez vos ouvrages : ce n'est pas la raison qu'il soit censuré tout seul. Jamais il ne refusera de prendre ces messieurs pour juges entre Médée et Sophonisbe, et même entre Clitandre et Vir- ginie, mais non pas entre le Gid et un libelle. » Enfin on ad- met volontiers que le défenseur de Corneille oppose longue- ment les puérilités de la Silvie, les extravagances de la Vir- ginie, les coquetteries de la Sophonisbe, les impiétés du duc d'Ossonne, aux délicats qui n'hésitaient pas à traiter Chi- mène, l’admirable héroïne du Cid, d'impudente et d’effrontée. Il est fâcheux que ces bonnes raisons et ces propos piquants soient mêlés de termes offensants, de menaces bien propres à continuer cette indécente querelle, et même de graves calom- nies. C'est ainsi que Mairet est accusé d'ingratitude envers le duc de Montmorency. Or rien n’est plus faux. Le poète au contraire couserva pendant toute sa vie le souvenir de son bienfaiteur, rappela dans toutes les occasions les faveurs qu'il en avait recues, et ne cessa de publier ses louanges avec une audacieuse franchise, qui aurait pu lui être fatale, si Riche- lieu eût été moins généreux. Le libelle, avec plus d’injustice encore, reproduit une autre invention des rivaux de Mairet, à qui la malignité la plus noire reprochait de s'être approprié les ouvrages inédits de Théophile, dont il avait été l'exécuteur testamentaire. Cependant Mairet, bien loin d’avoir trahi l'ami (qui était mort entre ses bras, avait défendu sa mémoire avec un absolu dévouement et une noble opiniâtreté. Il ne restait plus à l’auteur du pamphlet qu'à diriger ses coups contre la famille de son adversaire : cette blessure ne fut pas épargnée à Mairet. « Vous eussiez bien fait, lisons-nous dans l’Aver- — 919 — hissement au Besinçonnois, d'user de vos belles figures : on n'eût pas vu dans votre lettre ces insolentes comparaisons de M. Corneille avec des domestiques, dont vous ne nommez pas le maître, et avec votre ami Claveret, qui me forcent à en faire maintenant de plus véritables et à vous dire que celui que vous offensez s’est assis sur les fleurs de lis avant que Claveret portât de manteau, et que vous n'êtes pas de meil- leure maison que son valet de chambre. » Votre compatriote, Messieurs, ne st pas après de telles attaques se tenir pour battu. Ses partisans répliquèrent par une « Apologie pour monsieur Mairet contre les calomnies du sieur Corneille de Rouen (1). » Ils y déclarent avec raison que pauvreté n'est pas vice, et qu’il sied mal de reprocher à un homme de n'avoir pas dix mille livres de rentes. Ils rail- lent la récente noblesse de Corneille et s’étonnent que la faveur royale ne lui inspire pas des sentiments plus honnêtes et un langage plus civil. « Si quelque honneste homme se veut donner l'honneur de vivre familièrement avec vous, vous le regardez de haut en bas... : si l’on pense vous passer la main sur le dos, vous esgratignez comme un chat sauvage, et, si doucement qu’on essaye de vous sangler, vous ruez et mor- dez tout à la fois comme le mulet de messire Jean. Dieu me garde, s'il luy plaist, d’une colère comme la vostre. » Cette Apologie est suivie d’une lettre de Mairet à Scudéry, datée du 30 septembre 1637. Le poète franc-comtois ne veut pas laisser à autrui le soin de défendre sa famille et de laver ses parents des calomnies dont ils ont été l'objet, Dans un long mémoire généalogique, il passe en revue tous les membres de sa maison : il énumère leurs noms, leurs titres, leurs tra- vaux, leurs alliances, leurs charges, et surtout leurs armoi- rices. Il est regrettable qu’au moment même où Mairet désire prouver qu'il est bon gentilhomme et donner à son adversaire 4 0 0 ne € cm Je En 4e me méme dm 6 mn (1) Cet ouvrage, que nous avons déjà indiqué, très rare, se trouve à la bibliothèque de Besançon. — 520 — une lecon de politesse, il ne modère pas sa colère et se per- mette d'écrire ces gros mots : « Je ne m'attendois pas à une satyre si insolente et si grossière, qu'il est du tout hors d’ap- parence que les harangères de Rouen, ses dignes compa- triotes, n'ayent abandonné leurs estaux pour y travailler com- mercialement avec luy, celles des halles de Paris étant certai- nement trop honnestes femmes pour se dispenser à des injures de si mauvaise grâce (1). » On voit que la violence avait atteint ses extrêmes limites. Le cardinal de Richelieu ne pouvait plus supporter la conti- nuation de la dispute, et il interposa son autorité. Le 5 octobre 1637, son secrétaire Boisrobert écrivait au nom du ministre à Mairet une lettre, qui, quoiqu’elle fût pleine de la plus blâ- mable partialité en faveur du poète franc-comtois, renfermait l'ordre formel de terminer la lutte. « Tant que Son Eminence n'a connu dans les écrits des uns et des autres que des con- testations d'esprit agréables et des railleries innocentes, je vous avoue qu’elle a pris bonne part au divertissement; maïs quand elle a reconnu que de ces contestations naïissoient enfin des injures, des outrages et des menaces, elle a pris aussitôt résolution d'en arrêter le cours. Pour cet effet, quoiqu'elle n'ait pas vu le libelle que vous attribuez à M. Corneille, pré- supposant par votre réponse que je lui lus hier soir qu'il de- voit être l’agresseur, elle m'a commandé de lui remontrer le tort qu’il se faisoit et de lui défendre de sa part de ne plus faire de réponse. Mais d’ailleurs craignant que des tacites menaces que vous lui faites, vous ou quelqu'un de vos amis n'en viennent aux effets qui tireroient des suites fâcheuses à l’un et à l’autre, elle m'a commandé de vous écrire que si vous voulez avoir ses bonnes grâces, vous mettiez toutes vos injures sous le pied et ne vous souveniez plus que de votre ancienne amitié, que j'ai charge de renouveler sur la table de ma chambre à Paris, quand vous serez tous rassem- ee (1) Page 11. — 521 — blés (1). » Boisrobert ajoutait. « Jusqu'ici j'ai parlé par la bouche de Son Eminence; mais, pour vous dire ingénuement ce que je pense de toutes vos procédures, j'estime que vous avez suffisamment puni le pauvre M. Corneille de ses vani- tés, et que ses foibles défenses ne demandoient pas des armes si fortes et si pénétrantes que les vôtres. Vous verrez un de ces jours son Cid assez mal mené par les Sentiments de l'Aca- démie. L'impression en est déjà bien avancée... » L'intervention de Richelieu en imposa aux deux rivaux, qui se réconcilièrent. Mairet eut le dernier mot dans cette déplorable querelle ; maïs cette satisfaction devait lui coûter cher devant le tribunal de la postérité, qui, oubliant injuste- ment ses œuvres, semble ne s'être souvenue que de son rôle dans la dispute contre Corneille. On attribue généralement bien à tort un caractère dur, envieux et altier, au poète franc- comtois, qui fut le meilleur et le plus honnête des hommes. J'ai exposé aujourd'hui devant vous, Messieurs, la grande faute de sa vie. Je compte bientôt, dans une étude plus éten- due, rendre aux mérites et aux vertus de votre compatriote l’impartial témoignage qui leur est dû par l'histoire (1) Cette lettre a été imprimée pour la première fois par Granet, en 1740, dans son recueil de dissertations sur plusieurs tragédies de Cor- neille et de Racine, t. I, p. 111. UNE DATE DE LA VIE DU MUSICIEN CLAUDE GOUDIMEL NOTE DE M. Auguste CASTAN PRÉCÉDÉE D'UN RAPPORT FAIT AU COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES Par M. Gustave BERTRAND Extrait de la Revue des Sociétés savantes des départements, 5" série, t. VIII, pp. 480-455. Séance du 10 juillet 1875. L RAPPORT SUR UNE COMMUNICATION DE M. CASTAN RELATIVE AU CONTRAPUNTISTE CLAUDE GOUDIMEL. M. Castan, correspondant du ministère à Besancon , dont l'érudition sûre et toujours active a été tant de fois appréciée par le Comité, nous adresse une notice fort intéressante, à laquelle il a donné le titre que voici : Une date de la vie du musicien Claude Goudimel. Ce n’est guère plus qu'une date en effet ; il n'est pas question ici des œuvres, du talent de notre fameux contrapuntiste. Certains détails de l'aventure judiciaire où nous le voyons mêlé ne sont pourtant pas indif- férents à l'histoire de la musique, et confirment incidemment tout ce qu'on sait de l’importance acquise au xvi° siècle par cet art. A l’imitation des princes, qui tous devaient posséder une chapelle de musique, il n'était guère de personnage de second, même de troisième ordre, qui n'eût un ou plusieurs — 523 — musiciens attachés à sa maison; c'est pourquoi François Bonvalot, qui fut ambassadeur de Charles-Quint en France, de 1530 à 1532, et devint plus tard administrateur de l’arche- vêché de Besancon, avait pris à son service Claude Boni, de Poligny, en faveur de son talent de chantre et de violoniste. Ce Claude Boni, neveu du théologien Jean Boni, avait con- quis le grade de maître ès arts à l’Université de Paris. La musique, étant devenue plus un art qu'une science aujour- d'hui, $’est fait un domaine tout à fait distinct; mais, en ces temps où elle était encore si fort engagée dans la scolastique, c'était dans le giron de l'Université qu'elle faisait ses études et prenait ses diplômes. Fidèles aux traditions, certaines uni- versités d'Angleterre et d'Allemagne font encore des docteurs en musique. Pour les détails du différend qui s’éleva entre François Bonvalot et son protégé Claude Boni, nous renvoyons à la brève notice dont notre correspondant, M. Castan, accom- pagne les deux pièces inédites communiquées par lui : ce sont des lettres Ce compulsoire, en date du 2 avril 1554, au- torisant Claude Goudimel à prendre connaissance d’une pro- cédure criminelle jadis instruite contre Claude Boni dans la châtellenie de Fresnes-les-Rungis. Etait-ce seulement comme compatriote que François Bonvalot connaissait Goudimel, et la musique, dont il avait été si grand amateur, n’avait-elle pas été pour beaucoup dans leurs relations ? Claude Goudimel habitait donc à Paris en 1554; c'est à peu près tout ce que la biographie du grand contrapuntiste peut gagner à ce double document, tiré par M. Castan de la bibliothèque de Besancon. On pouvait d'ailleurs le présumer sur la foi des éditions de certaines de ses œuvres datées de Paris, l'année d’après, nom- mément les chansons à plusieurs parties composées sur les Odes d’Horace et sur les poésies spirituelles de Marc-Antoine de Muret. A cette même date de 1555, certains recueils attestent même — 524 — l'association commerciale de Goudimel avec Nicolas Duche- min, l'imprimeur-éditeur de musique : ex typographia Nico- lai Duchemin et Claudii Goudimelli. Pour ce que dit M. Castan de la parfaite orthodoxie où vi- vait encore Goudimel, il y en a d’autres preuves que la con- fiance de Francois Bonvalot : en 1557 et 1558, furent publiés pour la première fois un Magnificat et trois messes à quatre voix de Goudimel. C'est en 1565 seulement que parut la mu- sique des « Psaumes mis en rimes francoises » par Clément Marot et Théodore de Bèze. Il ne serait pas indifférent non plus de noter que le nom de Boni figure dans la liste des auteurs de certains recueils comprenant des œuvres de divers musiciens. Rien n'est à négliger de ce qui intéresse les maîtres fran- cais de cette période. De temps à autre, un de leurs ouvrages reparaît au programme de nos sociétés classiques, et c'est ainsi que tout récemment le célèbre chœur de Janequin, la Bataille de Marignan, remportait par deux fois les principaux honneurs d’un concert où le génie gaulois entrait en paral- lèle avec celui des maîtres les plus illustres de l’école alle- mande. Goudimel est remis aussi quelquefois en lumière, mais personne encore n'a entrepris de faire, pour nos contra- puntistes du xvre siècle, ce que l’érudition belge a fait depuis longtemps et à plusieurs reprises pour la vieille école de mu- sique flamande, ce que l'abbé Baini a fait, d'autre part, pour Palestrina et les maîtres italiens du même temps. L'école française eut certes sa grandeur et son originalité, très vive, très nationale, grâce à des chefs tels que Josquin des Prés, Jean Mouton, Claude Goudimel, Clément Janequin et Claudin le Jeune. La vie de Goudimel offre ceci de parti- culièrement intéressant, outre la haute valeur de ses œuvres, qu'il eut l'honneur d'aller fonder et diriger à Rome, de 1540 environ à 1550, la première grande école de musique, d’où sortit aussitôt Palestrina, disciple direct du maitre franc- comtois. — 525 — C'est pourquoi l'on doit recueillir les moindres éléments qui pourraient servir à une biographie exacte et complète de Claude Goudimel. J’ai l'honneur de proposer au Comité de publier, dans la Revue des Sociétés savantes, les deux docu- ments et la notice envoyés par M. Castan. IT UNE DATE DE LA VIE DU MUSICIEN CLAUDE GOUDIMEL. Claude Boni, de Poligny, neveu de Jean Boni, docteur en théologie, obtint une place de boursier au collége de Bour- gogne à Paris et y conquit le grade de maître ès arts. Fran- cois Bonvalot, deux fois ambassadeur de Charles-Quint en France (1530-32, 1539-40), l'ayant entendu chanter en mu- sique et jouer du violon, le prit à son service et l'employa, tant à Besancon qu'à Baudoncourt, comme chantre et som- melier. Il le récompensa de ses peines en lui procurant, lors- qu'il fut devenu administrateur de l'archevêché de Besançon, une prébende au chapitre de Poligny et la cure de Maynal (Jura). Mais bientôt, désirant reprendre cette cure pour en doter Charles Bonvalot, l'un de ses deux fils naturels, Fran- cois Bonvalot attira de nouveau Boni dans sa maison de Be- sancon et le fit renoncer à sa cure en lui promettant un autre bénéfice; puis, une rivalité d'amour s'étant élevée sur ces entrefaites entre le protégé et le protecteur, œælui-ci infligea de sa main à son ancien familier une correction des plus cruelles (1549). Boni, craignant que la vengeance de Bonva- lot n’allât plus loin, garda le silence sur ce fait pendant cinq ans. Mais, après ce délai, trois chanoines du chapitre de Be- sancon ayant attaqué l'administrateur pour des actes arbi- traires perpétrés à leur préjudice, Boni n’hésita pas à inter- venir dans ce débat pour demander à l'Empereur, en son conseil souverain de Malines, réparation des brutalités com- mises sur sa personne (1554). Bonvalot-dut répondre aux — 526 — accusations libellées par Boni, et, pour ce faire, il nt à mettre en lumière la vie peu édifiante de sa victime. Il se trouva que Boni avait commis deux tentatives de viol et qu'il avait été soigné à diverses reprises pour des maladies hon- teuses. La première de ces tentatives de viol avait eu lieu dans le château de Fresnes-les-Rungis p rès de Paris, sur la nièce de la dame Robertet au service de laquelle Boni était entré en quittant les études. Le prévôt de Paris avait été saisi de ce cas, et Boni, un instant incarcéré, était parvenu à s’é- chapper et à éviter ainsi une grave condamnation. Il s’agis- sait de retrouver les pièces de la procédure commencée à cet égard et d'en faire établir une copie authentique. Francois Bonvalot chargea de ce soin son compatriote le musicien Claude Goudimel. Les deux actes suivants témoignent que Goudimel s'acquitta de cette mission ; ils prouvent en même temps que le célèbre auteur de la musique des psaumes ha- bitait Paris en 1554, et qu'alors il ne pactisait point encore avec les réformés, vu qu'il jouissait de la confiance de l’un des adversaires les plus déclarés de la doctrine protestante. 1° Lettres de compulsoire, autorisant Claude Goudimel à prendre con- naissance d'une procédure criminelle jadis instruite dans la châtel- lenie de Fresnes-les-Rungis. (2 avril 1554.) Henry, par#la grace de Dieu roy de France, au premier huissier de nostre court de parlement ou nostre sergent sur ce requis, salut. — De la part de Claude Goudimel nous a esté exposé que, pour monstrer du bon droict qu'a ledict sup- pliant en certaine matière, luy est besoing faire apporter de- vant les juges ausquelz la cognoissance de ladicte matière apartient certaines informations, procès et procédures faictes contre Claude Boni, estans au greffe de la chastellenye de Fresnes ou aultres greffes. Mais il doubte que les greffiers desdictz greffes ou‘leurs commis facent difficulté de ce faire : 597. — au moyen de quoy, nous a ledict suppliant sur ce requis nostre provision. Pour ce est-il que nous te mandons et com- mectons, par ces présentes, que tu faces exprès commende- ment de par nous, sur certaines et grandes peynes à nous applicquer, au greffier de ladicte chastellenye de Fresnes, ses commis et aultres qu'il appærtiendra, qu'ilz apportent ou envoyent incontinent et sans délay, moyennant sallaire com- pétant, toutes les informations, procès et procédures, closes et sellées, faictes allencontre dudict Boni, par devant les juges où il appartiendra. Et en cas d'opposition, refuz ou délay, adjourne les opposans, refuzans ou délayans par de- vant les juges ausquelz la cognoissance en apartiendra, pour dire leurs causes d'opposition, refuz ou délay et en oultre procédder comme de raison, en certiffiant suffisamment les- dictz juges ou leurs lieutenans de tout ce que faict auras sur ce, ausquelz nous mandons faire aux parties oyes bon et brief droict. Car ainsi nous plaict-il estre faict, nonobstant quel- conques lettres à ce contraires. Donné à Paris, le deuxiesme jour d'avril l'an de grace mil cinq cens cinquante et quatre, et de nostre règne le neufviesme. Par le Conseil : (Signé) F, DE SAVENSES. 2 Procès-verbal de l'huissier exécuteur des lettres précédentes. (11 avril 1554.) La Rapporté par moy André Roger, huissier sergent à cheval du roy nostre sire ou chastellet de Paris, que, par vertu de certaines lectres royaulx en dacte du deuxiesme jour d'avril l'an mil cinq cens cinquante quatre, signées : Par le Conseil DE SAVES, cy attachées, et à la requeste de Claude Goudimel, le unziesme jour desdictz mois et an, je me suis transporté par devers la personne et au domicille de Rollet Prailly, greffier de la terre et chastellenye de Fresnes, auquel je faict commandement, de par le roy nostredict seigneur, sur paine — 528 — de cent murs d'argent au roy nostredict seigneur à applic- quer, qu'il eust incontinent et sans délay, moyennant sal- laire compectant, à porter ou mectre ès mains de Claude Go- dimel toutes les informations, procès et procédures, closes et scellées, par lui ou ses prédécesseurs dudict Fresnes faictes à l'encontre de Claude Boni, pour icelles porter pardevers les juges où il appertiendra, le tout selon et enssuivant icelles lectres royaulx. Et lequel Plaïlly m'a déclairé qu’il obéyra audict commandement à la plus grande diligence qu’il luy sera possible, et auquel Plaiïlly je baïlle coppie. Ce fut faict, ès présences de Anthoine Charlot et Denys Thion, les an et Jour dessusdictz. (Signé) A. ROGER. Receu, pour mon sallaire compétant et tesmoings, dix huict soiz parisis. Les deux pièces qui précèdent, la première sur parchemin et la seconde sur papier, sont comprises dans le recueil, en deux volumes in-folio, des actes du procès intenté, en 1554, à Francois Bonvalot, administrateur de l’archevêché de Be- sancon, par les chanoines Jacques et Simon Perrot, Guil- laume Guyot et Claude Boni, recueil formé par Jules Chif- flet, abbé de Balerne, et actuellement conservé parmi les manuscrits de la bibliothèque de Besancon. LE DOUBS RIVES FRANCO-NEUCHATELOISES Par M. Jules F.-U. JURGENSEN. Séance publique du 16 décembre 1875. Lorsque la voie ferrée, continuée de Besançon sur Mor- teau, avec embranchement de Pontarlier à Morteau, donnera une vie nouvelle à cette dernière petite ville, le voyageur arrivé dans sa gare (j'entends le touriste qui à deux jours à perdre ou plutôt à gagner) pourra se rendre en Suisse, soit en remontant en wagon pour le Locle, soit en se confiant au steamer l'Helvélie qui descendra la rivière française pour atter- rir sur côte helvétique, après avoir salué Villers-le-Lac, der- nier village de France. L' Nous voguons sur le Doubs. Les méandres du fleuve, large et paisible en son cours, nous amènent en face du riant co- teau sur lequel s’étagent les gracieuses et riches maisons du village des Brenets. — Les montagnes, couronnées de sapins et de hètres, leurs pentes pointillées de fermes, de jardins, animées de troupeaux divers, sillonnées de routes très fré- queniées, sont Comme un vaste prospectus, une gigantesque affiche, dressée à la porte de la Suisse moderne et sur laquelle on croit lire : Travail, paix, abondance, hôtels propres et chers, beautés de la nature. Laissons descendre aux Pargots les Suisses qui s'en revien- nent aux Brenets, et poursuivons notre course. Ici les eaux forment frontière. Pays de contrebande s’il en füt! Le Suisse 34 — 530 — ne mord que difficilement à ce métier-là : le Comtois , jadis un peu teinté d'Espagnol, savoure les âpres joies du fruit dé- fendu , les courses de nuit dans les rochers escarpés; affronte les sentiers à pic et les rencontres dangereuses — qu’il évite avec un rare bonheur. Depuis 1871, le régime prohibitif ayant refleuri, c'est par centaines que les jeunes gens de la province se vouent au rude, inutile et malhonnèête métier de contrebandier. A la fin de l’Empire on ne fraudait plus, « le jeu n’en valant pas la chandelle, » selon l'expression d’un vieux gabelou qui n’a plus de loisirs. Aujourd'hui, à passer du tabac, de la poudre, de l’absinthe, du sucre et du café, tel gaillard solide et madré gagne 60 ou 70 francs dans sa nuit. Jugez de l'atirait d'un pareil état! Adieu la charrue, l’établi, la maison! Le jour aux guin- guettes, la nuit aux aventures ! Cette manie de contrebande sévit à un tel degré d'intensité chez les populations riveraines du Doubs que, tenez, là, — dans ce golfe ombragé — voyez-vous une passe qui monte sur les rochers ? Elle vous paraît impraticable, les hauteurs inac- cessibles ? Eh bien ! il y a peu d'années, je ne sais quel pauvre diable l’escalada chargé d’un poêle en fonte de fer. Trois francs de droits à éviter, et il eut les reins brisés en dégrin- golant avec sa marchandise. Mais nous marchons. Les bords de la rivière semblent se rapprocher; l’eau court entre des parois de pierres grisâtres dans les anfractuosités desquelles poussent à l’envi sapins, hôtres, sorbiers, génévriers, fougères, sureaux aux ombelles blanches et aux fruits rouges, genêts, bruyères, orchis, herbes et mousses de mille sortes. Les assises de calcaire s’étagent majesteusement et enclosent en de gigantesques cirques une | série de bassins profonds, d’un vert intense, d’où il semble qu'on ne trouvera plus d’issue (1). 2e 0 mere nn nie A ieee mue ee mere eones (1) Une route de deux mètres de largeur va des Brenets au Saut, — 531 — Au détour à angle droit qui marque la fin de l’avant-der- nier d'entre eux, le paysage change en un tour d'hélice. L'horizon élarzi montre la couronne moins sévère des rochers et des montagnes qui fuient vers l’est, tandis qu'au bord de l'eau quelques maisons coquettes forment le hameau du Saut- du-Doubs. Dès cet endroit, la rivière n'est plus navigable. Elle s’en- gouffre, tumultueuse et frangée d'écume, dans un couloir rapide semé de galets et d’ilots moussus qu’elle ébranle dans sa course furibonde, comme pour se préparer au saut de 80 pieds qui l'attend. Laissons-la fuir. Il s’agit de déjeuner soit au « premier hôtel de France, » soit à l’hôtel du Saut, deux établissements dont le seuil est parfois baigné par la rivière, que la rivalité fait vivre, parce que l'esprit de concurrence les maintient à la hauteur de leur réputation, qui sont à deux coups de rame l'un de l’autre et qu'une frontière sépare comme des frères ennemis. — Et pourtant, de mémoire d'homme, ils sont tous deux desservis par des Français! Mais nous savons que, grâce à l'esprit de parti et aux ques- tions d'intérêt (ce n’est quelquefois que seule et même chose) ces Français-là, pas plus que d’autres, ne sont tenus de s’en- tendre sans solution de continuité. Nous avons faim, toutefois, et l'histoire de l'âne de Buri- dan nous force à prendre une décision. Nous nous dirigeons vers iPhotel"du Saut... Savourons la truite saumonée et l’écrevisse cuite au vin blanc. Nous passons ensuite sur la côte française, et en dix minutes nous atteignons un petit contre-fort d'où la cataracte est dominée par l'œil ravi du promeneur. — Aux grandes eaux, la masse liquide, blanchie entièrement par la vélocité et le bouillonnement de la course, arrive en pelotons furieux qui cherchent à s’escalader les uns les autres. Ils se précipitent avec des mouvements de colère ne 0 nee me ee meme à ne ee ne 2 — nr je surplombant la rivière dont elle suit les contours. Le touriste la préfé- rera peut-être au trajet par eau. — 532 — dans les profondeurs d'un entonnoir qui paraît sans fond. La chute est si violente, qu’à 65 mètres de hauteur et en face, il faut se garer contre la vapeur qui monte et retombe en pluie. Un hêtre éploré, penché par la crue, trempe son feuil- lage vernissé dans la nappe entraînée, se relève ruisselant comme pour demander grâce et plie de nouveau sous l'effort du courant, C’est en un beau dimanche d'été, alors que le Doubs, grossi par sept longs jours de pluie, déployait toute la puissance de ses flots, que quatre jeunes gens trop aven- tureux s’approchèrent des premiers rapides, se virent entrai- nés et luttèrent en vain, pendant de mortelles minutes, contre le flux qui les conduisait à la cascade, c’est-à-dire à la mort. Aucun secours humain n'était possible. Des cris, des bras levés vers le ciel, des mains tordues, des prières ardentes, et puis. … plus rien que le bruit impitoyable des eaux roulant aussi vers l’inconnu. | C'est en un jour semblable ‘encore que les deux amants idéalisés par le grand Alexandre Dumas, ce Rossini de la littérature, se jetèrent enlacés dans les ondes mugissantes. Ici, la légende est idéalisée, pour ne pas dire créée, par ce fécond magicien qui transforme, d’un coup de baguette, en mensonge la vérité et en vérité le mensonge, et qui, non con- tent de couver les œufs de sa propre imagination, étend ses ailes sur les nids voisins ou leur envoie d’autres petits à élever. Oui, cette chute à pleins bords est grandiose, captivante, effrayamment belle ; — j'avoue, néanmoins, que ce n'est pas ainsi qu'elle captive en plein mon admiration. Elle prend, aux hauteurs moyennes, de grands airs de dentelle et de gaze qui la feraient comparer à un ondoyant voile de mariée étalé sur ua fond de velours moiré. Elle a des plis, des suavités, des grâces sans nombre. Vienne un rayon de soleil, la voilà qui se brode de perles et se diapre des nuances de l’arc-en-ciel. On ne peut en détacher les yeux, et la vision demeure après la promenade. — 533 — Le menhir naturel appelé le Moine, qui a la forme d’un ca- pucin encapuchonné, semble s'en détourner ébloui pour re- prendre le chemin du couvent où jamais il n'arrive, tandis que son pendant de pierre, perché sur l’un des sommets d'en face et surmonté d'un vieux sapin en guise de panache, sert de point d'exclamation à la beauté du tableau. À l'égard de ce sapin, que jamais main d'homme n’a tou- ché, je note que sur les vieilles gravures des Girardet (1794 à 1797), il figure déjà aussi délabré, aussi dépenaillé par la tempête, aussi décrépit, témoin tantôt tourmenté, tantôt ca- ressé, des orages, des longs hivers et des nuits étoilées. Les peintres ont souvent tenté de reproduire la cascade. Elle a inspiré quelques bonnes toiles et d’aimables aquarelles. M. Georges, de Genève, entre autres, a composé une page charmante sur ce thème. Votre turbulent M. Courbet a peint au couteau un Saut-du-Doubs de sa façon (1). S'attaquant au Sphinx lui-même, il a voulu le montrer seul et dans toute sa fougue, courant le long des rochers noirs. Pas un brin d'herbe, pas une fleur, — un seul buisson malingre, au haut de la toile, se détachant sur un ciel à peine entrevu — point de repoussoir. Rien que le monstre dans son antre. Le Ju- rassien passionné est descendu en face de la colonne d’eau, et, sur la roche trempée et polie, il l'a mesurée d'en bas, ru- gissante et menaçante. Ce paysage sinistre, vu du gouffre, a sa grandeur. Cependant, n’en déplaise au célèbre artiste, combien le réalisme de la nature, qui a pris soin d'enchasser cette perte mouvante dans un cadre où elle chatoie, est supé- rieur au sien. Ge déboulonnage d'un nouveau genre dénote beaucoup de singularité et constate un talent reconnu; mais J'aime mieux ma mie, Ô gué, j'aime mieux ma mie! rte ame om mn ont ess (1) Ce tableau, que j'ai eu l'occasion de voir chez un artiste de mérite, M. A. Laurens, est la propriété de M. X***, à Morteau. — 534 — ibi Sur le parcours de la rivière Brenets-Saut, avait lieu, cha- que année pendant des siècles, en plein été, la fête du Doubs : solennité militaire, artistique et champêtre, dont les chroni- ques du moyen âge parlent avec pompe et qui perdit peu à peu de son éclat. Jusqu'à la fin du xrr° siècle, le territoire communal des Brenets (1) était inféodé au prieuré de Mor- teau. Les hommes d'armes bourguignons dans leur plus belle tenue, bannières et fanions déployés, se livraient au jeu de l'arc, au tir à l’arquebuse, à des exercices divers. Les jeunes gens s’exerçaient au maniement de l'antique sarbacane, ins- trument grec qui devait renaître si singulièrement à la cour du Valois Henri III. Les promenades avec musiciens, sur des barques pavoisées, occupaient la vesprée; les bords du fleuve étaient garnis de spectateurs, et le soir, à la lueur de la lune et des feux de joie, soldats, villageois, bourgeois et manants dansaient sur la pelouse et dans les manoirs ou chaumières d’alentour. De nos jours, ia fête revètait un caractère moins solennel. Deux ou trois corps de musique, francais et suisses, se don- naient rendez-vous au Pré-du-Lac ou aux Bassots (petit ha- meau français très voisin de la frontière), puis, chacun dans sa barque, fraternisaient gaiment en se promenant côte à côte dans les bassins décrits tout à l'heure. Cent bateaux bigarrés leur faisaient cortége ; les jolies filles et les enfants en toilette ne manquéient pas, — si bien que l'écho charmé pouvait re- cueillir encore quelques réminiscences des beaux jours d'au- trefois. Avant de quitter ces lieux charmants, laissez-moi vous les présenter sous un dernier aspect, celui de l'hiver, alors que (1) Le provisoire gouvernemental et les contestations ne prirent fin qu’en 1511. (H. ETIENNE.) — 535 — les feuilles, les fleurs et les insectes sont remplacés par le givre et ses diamants, par les perles sans nombre qui scin- tillent aux rayons d'un gai soleil de montagne, sous un ciel aussi bleu que celui d'Antibes. La neige poudre les sapins et donne aux plus anciens des aspects de juges anglais sous leurs perruques à marteaux, tandis qu'elle prête aux jeunes des airs de petits marquis pou- drés en tenue de gala. J'ai vu, par maint beau dimanche de décembre ou de jan- vier, quatre ou cinq cents personnes se promener à pied, en patins, et glisser sur la surface gelée des bassins, et j'ai moi- même parcouru en traîneau attelé de deux chevaux le cours de la rivière, depuis le Pré-du-Lac jusqu'à l'auberge du Saut. On accourt alors de la Chaux-de-Fonds, du Locle, de Mor- teau, de tous les villages voisins. Des carrousels, des bouti- ques en plein vent, des marchandes de punch et de vin chaud s’établissent sur le parcours. Quand le chemin de fer sera fait, Besancon enverra son eontingent de patineurs. D'assez nombreuses sources d'eaux chaudes, minérales et gazeuses, se déversent dans le lit même de la rivière. En deux ou trois endroits, leurs produits empêchent même la formation d’une croûte suffisamment solide, et les plus graves accidents se sont produits, au détriment des patineurs audacieux qu’une glace vierge tentait. Les gaz provenant de ces sources s'accumulent et s’'emma- gasinent parfois entre la masse liquide et la couche durcie. On peut alors, en perforant un trou étroit, se donner le sin- eulier spectacle d’un jet de flammes surgissant du sein même de la rivière. C'est lors du gel que les contrebandiers exercent à cœur joie et mettent les gabelous sur les dents. III Mais je vous convie à une nouvelle course. Après avoir — 536 — passé une bonne journée à l'hôtel du Saut et aux Brenets; après avoir vu les pêcheurs de Chaïllexon harponer un ou deux brochets de dix livres, véritables géants du Doubs (1), qui ne laissent guere aux perchettes le temps de grossir; après avoir constaté à diner que la brème indolente, prise à l’'hamecon dans les profondeurs des bassins, ne vaut pas la chair du moindre goujon, livrons-nous au sommeil. Seuls le murmure des eaux qui fuient et le bruit lointain de la cataracte berceront votre repos ou vos rêveries. De grand matin, alors que les premiers rayons du soleil frangent d’or les rochers français qui sont en face et cares- sent les sapins humides de rosée, levons-nous. De la crème, des œufs et du pain bis, d’excellent Java-de contrebande, constituent le menu de votre premier déjeuner. Nous voilà en route, le bâton en main. Je vous convie à vous engager le long du Doubs sur terri- toire helvétique. Le chemin est ombragé, facile, assez large pour qu'une voiture attelée y charrie le bois abattu dans ces belles forêts qui tapissent les flancs abrupts de la vallée et coupent le ciel presque au zénith. La gorge est étroite, pro- fonde, tortueuse en quelques points, coupée de rocs et d’acci- dents imprévus, sans cesse admirable. On descend. Arrêtons- nous vers la vasque qui recoit la chute. En ces lieux com- mence le royaume de la truite. Les plus grosses, les saumo- nées, affectionnent ces ondes traitresses et ce retrait tumul- tueux. A l'abri du harpon et de l'épervier, elles y atteignent jusqu’à cinq et six kilogrammes. Plus bas, la rivière demeure (1) La voracité de ces animaux est telle que j'ai assisté un jour à un combat extraordinaire entre deux individus de l'espèce. — D'’égale grosseur, le premier avait avalé la tête du second et ne pouvait, en vertu de la loi du contenant dans son rapport avec le contenu, venir à bout du reste. La position de l’avalant était aussi critique que celle de l'avalé, car celui-ci, par ses mouvements désordonnés, avait lui- même enfoncé les crocs de son adversaire fort avant dans sa peau. Si bien qu'ils furent tous deux pris à fleur d'eau, puis mangés ensemble, — 937 — poissonneuse, et la truite rose de deux ou trois livres se pêche abondamment, de même que la noire à tête plus large. Les autorités riveraines sont impuissantes à arrêter le bra- connage, même pendant la saison du frai. Que de richesses gaspillées par l'ignorance et la cupidité ! — Il y a trente ans, la livre de truite se vendait { fr. Aujourd'hui, elle atteint le prix de ? fr. 50. Vienne de Paris la locomotive, on la paicra A fr. ; Un autre objet d'universelle consommation, article bien autrement important, prendra aussi alors une valeur consi- dérable. Je veux parler du bois. Les communes du haut pla- teau franc-comtois et de l’est de la province possèdent presque toutes de splendides forêts de sapins et de hêtres. On y coupe des mâts et d'autres pièces de marine qui varient de 15 à 35 mètres de longueur ; et le bois de chauffage à Orchamps, à Vennes, à Fuans, à Vercel même, n'atteint pas à la moitié du prix de vente au Locle, à Neuchâtel, à la Chaux-de-Fonds, à Besancon. Telle commune qui, en 1875, inventorie ses forêts très bas, se trouve avoir une fortune de cinq ou six millions de francs. La facilité de transport la doublera ; car il ne s'agira pas seulement de la mieux-value des matériaux et du combustible, mais de la majoration à compter sur la valeur des terrains producteurs. Nous sommes à Moron(l). Les forêts de droite appartien- uent en grande partie à l'Etat de Neuchâtel. Celui-ci con- struit une route carrossable qui, partant de la Chaux-de- Fonds, atteint le Doubs à Maisons-Monsieur, et, continuée au bord de l’eau, viendra finalement, dans quelques années, re- joindre le village des Brenets. Il y a déjà, sur une certaine partie du parcours, un rudiment de route, du Saut au Chà- telot; mais, dès cet endroit, on n’a plus devant soi qu’un ee on 29 + RSS ee > = ——— (1) L'un des membres de la Société d'Emulalion du Doubs, M. Léon Bargier, ancien sous-préfet, a donné. dans le recueil intitulé : Besan- con et la vallée du Doubs, des eaux-fortes qui sont comme l'illustration anticipée de ce travail-ci, dû à son initiative amicale. — 538 — sentier inégal, malaisé, surtout aux grandes eaux, car il en est parfois recouvert, ce qui oblige le touriste à des ascensions et à des escalades parfois difficiles. — Moron, le Châtelot, sont des moulins ou des scieries de planches et de tuf. La belle carrière de cette pierre poreuse qui avoisine la rivière {côté suisse) a sans doute, élant donnée la conformité des couches géologiques, son pendant sur le versant français. Qui écrira jamais ce chapitre intéressant des Richesses de l'a- venir, livre stimulant et propre à guider le travail et les ca- pitaux vers de nouvelles conquêtes? Le tuf de Moron n'y figurerait qu’à la millième page... Pourquoi les petites choses ne feraient-elles pas penser aux grandes ? Toute ravissante qu'elle est, la promenade n'en est pas moins lonsue et fatigante. Prenons place sur ce rocher moussu où la nature a taillé des siéges à dossiers, et reposons-nous. Un coudrier projette au-dessus de nos têtes ses branches en forme de dais ; à nos pieds l’eau coule si cristalline que nous y voyons reposer sur le eravier des truites noirâtres ou brunes, pointillées de rouge, qui remuent imperceptiblement leurs transparentes nageoires. Une mouche aux larges ailes de gaze s’abat sur l’eau : un poisson la happe et reprend son immobilité. — « J'ai soif » — s’écrie l’un de nous. On tire du sac aux provisions une sourde pleine d’absinthe suisse, gourde dont l'enveloppe inférieure, doublée de fer-blanc, forme coupe; et nous allons à la rivière. Près de ces cailloux entourés de fou- gères, une source venue des plus hauts escarpements se jette dans le Doubs. Deux cuillers de, liqueur sont versées dans le récipient; un filet d’eau fraîche, d'une incomparable limpidité, vient prendre au contact de l’absinthe une couleur irisée et composer un breuvage élyséen. O pauvre Alfred de Musset, qui n'a jamais connu que l'ab- sinthe parisienne, cette abominable drogue qui ronge les in- testins et noie le cerveau, que n’es-tu des nôtres ! Où tu cher- — 039 — chais l’énervement et l’oubli,itu trouverais le calme et l’étan- chement. L'absinthe pure, bien distillée, noyée de bonne eau, prise en minime quantité, délivre seule le voyageur à pied des tortures de la soif. S'il supporte les premières atteintes de l'ennemi sans lui céder,s'il ne lui oppose ensuite le remède qu à dose infinitésimale, il le vaincra ou ne le combattra plus qu'avec délices et avec certitude de ne pas compromettre sa santé à ce jeu-là; car remarquons qu'un habitué de l’ab- sinthe ne saurait compter sur ce plaisir secourable : il l’a escompté d'avance, sans aucun profit pour lui. En plongeant dans l'eau courante notre verre vide pour le laver, je remue une pierre et... qu'est-ce à dire ? deux, trois, sept écrevisses apparaissent et veulent se sauver. Quelles pinces de homard, quelle riche taille! Vite, tous à l'œuvre et à d’autres cavernes ! En voici, en voilà! Bes exclamations se suivent et se ressemblent, mais où entasser ces grouillantes richesses ? | Prestement on noue les coins de deux foulards pour avoir des sacs improvisés. L’ardeur de la pêche emporte le plus jeune de la bande, et Ie voilà, sans souliers et le pantalon re- troussé jusqu'aux genoux, qui remue les galets en plein cou- rant et Jette au rivage des poignées de bruns crustacés. La faune et la flore de cette vallée sont assez riches. Les collectionneurs y sont en quête de papillons peu communs. J'y ai vu l’apollon, le paon de jour, le thyrse géant, la queue d’'hirondelle, l'aurore et des sphynx d'une rare grosseur. Par aventure, le chasseur y découvre le chevreuil ; mais il y trouve en abondance le lièvre, la bécasse et la grive. Le renard lui fait concurrence. Quelques loutres gîtent au rivage et l’écu- reuil pullule en ces parages. Le loir et le blaireau ont été rencontrés. La pervenche abonde, de même que les fougères naines et de la grosse espèce, et la reine des prés prodigue alentour ses panaches élégants. Le faucon, l'épervier, la buse et le hibou, le grand-duc — 540 — même, bâtissent leur aire sur les parois escarpées et font la guerre aux souris, aux taupes, aux lièvres et aux poissons. La vipère se trouve sur les plus hautes assises exposées au ‘ soleil levant. Parfois le rossignol {quelque imprudent chanteur épris de solitude) se hasarde à passer l'été dans ces fourrés perdus. On a cité le fait (1), mais à titre de visite exceptionnelle. IV L'homme est rare dans ces parages. Voici pourtant un bü- cheron, un charbonnier qui surveille sa taupinière fumante, une chercheuse de fraises et de framboises... tiens! suivie d'un jeune tourlourou francais en congé, qui lui conte sa peine et ses succès. C’est un sous-officier du pays, qui brûle de venir reprendre au Pissoux, village voisin, son métier de charpentier. Il est intelligent, assez instruit. Le voilà conver- sant avec un Neuchâtelois de notre caravane. Le soldat est chauvin. Il vante son pays, le brave, ce qui agace les nerfs de l’autre ei lui fait répéter l'éternel refrain : « Vous êtes lé- sers, changeants et trop remuants. » « — Possible, » réplique Dumanet, — « pas moins vrai que nous autres Comtois, ou Bourguignons, comme vous nous appelez, sommes toujours restés les mêmes, tandis que vous étiez soit en quenouille française ®), soit entre les pattes bernoises (3), tantôt alliés des Helvétiens, puis soumis aux rois de Prusse, puis sujets du prince Berthier, re-Prussiens, mi-Suisses, puis (Dieu merci!) Suisses complets. » Et, comme pour donner une preuve nouvelle de fidélité, ce joyeux garcon rejoint la belle fille qu’il accompagne, salue [) Dans le Rameau de Sapin, organe du club jurassien. 2) Marie de Bourbon, Guillemette de ie Longueville, etc. (3) Pression en faveur de la Réforme (1523 à 25). ( ( — 541 — courtoisement notre société et va, dans la gorge silencieuse, rêver de gloire et parler d'amour. Son village, dont nous vous avons dit le nom, est sur la rive gauche du Doubs, terre de France. Allons-y saluer, dans les flancs du Mont-Châtelard, les grottes dans lesquelles, pen- dant le règne de la Terreur, les prêtres catholiques expulsés célébraient la messe. — Les émigrés et les proscrits, cachés dans les maisons du pays ou établis dans les montagnes de la principauté de Neuchâtel, accouraient pieusement à ces offices. — O souvenirs! Ô grandeur de l’âme humaine qui résiste à l'oppression! Que ce culte austère devait plaire à Celui dont le nom est Justice ! Combien ces sacrifices, obscu- rément et si saintement célébrés, devaient avoir d’efficace ! « O liberté! que de crimes en ton nom!» s'écrie Mt Rol- land prête à mourir sur l’échafaud ; — 6 liberté! dirons- nous après elle, nous t’entrevoyons, mais tes pieds ne tou- chent pas notre terre souillée. Le chemin devient de moins en moins praticable. De grosses masses de pierres l’obstruent, ou des golfes d'eau verdâtre le recouvrent. Il faut sauter, monter, contourner, gravir pour redescendre. — Où sommes-nous ? — Chez Bonaparte. Nom que porte bien singulièrement une masure française, mélancoliquemenñt assise au bord de la rivière. Les explica- tions ne manquent pas. D’aucuns prétendent qu'après 1815, les patriotes de la Chaux-de-Fonds, alors très bonapartistes, comme les républicains de l’époque, s’obstinaient à appeler la terre de France empire de Bonaparte, et que l'appellation demeura, en dépit du temps et de son cours changeant; d'au- tres disent que, par antithèse, on donna sous Napoléon I° ce titre, qui fait rêver des Tuileries et de Saint-Cloud, à la plus humble des bicoques. Ah! s’il en fût ainsi, cruelle ironie du sort! Quel enseignement dans ce jeu de mots : la maisonnette reste debout, dans le val riant et ignoré; sa facade de bois — 042 — roussi se reflète dans le courant limpide, tandis que la foudre et les flammes ont dévoré les palais ! Chez Bonaparte ! Que n’a-t-il eu, le grand capitaine, pour dernière résidence terrestre cette cabane sur terre de France, en face de la principauté que ce nouveau Jupiter octroya à l’un des demi-dieux de son Olympe ! Le Doubs reprend ici des allures tranquilles. Il forme un nouveau bassin, large et profond, que sillonnent d’élégants batelets. Ses bords sont animés d'habitations riantes entou- dont les pampres s’étalent aux lueurs du couchant. C’est que, descendant le Doubs pendant quatre heures, nous ne sommes plus qu'à 550 mètres environ au-dessus de la mer et à 115 mètres au-dessus du lac de Neuchâtel (1). Ce lieu s'appelle Maisons-Monsieur. Une sorte de club nautique, dont les mem- bres habitent la Chaux-de-Fonds, possède la plus coquette d’entre les maisons d’alentour. Barquettes mignonnes, engins de pêche, bains, terrasses et parterres donnent à ce caravan- sérail d'été dans la montagne un aspect engageant, et l'ama- bilité des hôtes qui y séjournent tour à tour lui confère une notoriété du meilleur aloi. V Près de la Rasse, à Biaulond, frontière bernoise, sera con- struit le pont international projeté. Montbéliard et Belfort, reliés par voie ferrée à Berne et au Saint-Gothard, auront une grande et belle route carrossable arrivant droit à la Chaux- de-Fonds. Constatons en passant que, de Genève à Bâle, six voies ferrées aboutissent — ou aboutiront avant peu — à la Suisse. +, em (1) Le lac de Neuchûtel est. à. 436 mètres au-dessus du niveau de la mer. — 543 — Deux grandes routes pénètrent de France dans le canton de Neuchâtel à cette heure. Celle de Pontarlier-Verrières, passant sous le fort de Joux, rendue à jamais célèbre par la vaillante retraite de janvier 1871, — et la route du Col-des-Roches. Une troisième, Maïîche-Chaux-de-Fonds, déjà fort avancée, sera prête dans deux ans et vraisemblablement reliée par la Ferrière au Jura-Bernois. Un chemin de troisième classe va, d'ancienne date, de Morteau (Doubs) à la Brevine (Haut-Jura neuchâtelois). Un autre de même catégorie est en construction — ou plu- tôt ne s'achève pas — depuis neuf ans, entre Le Russey et Villers-le-Lac. Deux routes semblables compléteraient le réseau : l’une de Montbenoît aux Verrières, l’autre du Russey au Saut-du- Doubs. Mais il faut, pour cela, attendre des jours meilleurs et ne,plus demander un aussi fort contingent budgétaire aux douanes : en effet, qui dit route nouvelle suppose nouveaux bureaux de recettes et frais supplémentaires. VI Rien de remarquable à signaler de Biaufond jusqu'aux Enfers, massif calcaire bernois au pied duquel le Doubs ser- pente pour aller tenter une courte incursion dans le territoire helvétique, jusqu'à Saint-Ursanne (ancien département du Mont-Terrible).— Il rentre en France à Bremoncourt(l), après ee sd ee dre 6e ne de eme ee — —— (1) Le Doubs prend sa source en France, à Mouthe, forme le lac Saint-Point, passe à Pontarlier, recoit le Drugeon près d’Arçon, con- tinue à descendre de l’ouest au nord-est par Monthenoït, Morteau. — Marquant la frontière franco-suisse sur un espace d'environ 40 kilo- mètres, il pénètre sur le territoire helvétique jusqu'à Saint-Ursanne, petite ville bernoise, d'où il rentre en France par un brusque contour. — Il gagne Saint-Hippolyte, à l’ouest, d'où il se dirige vers le nord — 544 — un vif contour. Nous ne l’avons pas suivi dans sa pérégrina- tion, parce que la persécution règne ‘tn ces contrées soumises à Berne et que nous détestons l'esprit de persécution d’où qu'il vienne et quelles que soient ses victimes : à plus forte raison lorsqu'elles ont nos sympathies. Donc, nous n'avons pas quitté Maisons-Monsieur. Après un dîner bien gagné, arrosé à la suisse, c'est-à-dire des meil- leurs crûs français, nous gravissons en voiture la côte en moins d'une heure, et voici la Chaux-de-Fonds, village de 23,000 âmes que l’industrie horlogère maintient riche et en voie de progrès, en dépit de l’eau qui lui manque et de l’alti- tude de son sol. La voie ferrée, en trente minutes, nous ramène en France, par le Locle, autre centre de fabrication intéressant à visiter. Quelques-uns d’entre nous désirent y passer un jour, ne fût- ce que pour se rendre compte de ce travail de soldats, je veux dire d'ouvriers en général aussi honnêtes qu'intelligents, que des contre-maîtres, leurs officiers, dirigent, les artistes créa- teurs et novateurs étant disséminés dans le monde. A peine deux ou trois directeurs véritables résident-ils dans la ruche. — Quant aux capitaux employés par cette fabrique, ils sont, en général, du pays. Celui-ci fait plutôt crédit à l'étranger. Voilà notre promenade finie : à moins qu'établissant pour quelques jours votre quartier général au Locle ou aux Bre- nets, vous ne vous dirigiez sur la Tourne, terrasse élevée du Jura, d’où la vue embrasse une plaine immense coupée par les lacs de Neuchâtel, de Bienne et de Morat, avec trente lieues d’Alpes fermant l'horizon ; ou que, suivant la crête de jusque près Montbéliard. Là, il reçoit l’Allan, grossi de la Savoureuse et de la Luzine, et descend de nouveau à l’ouest, bordé d'un canal, par l'Isle, Clerval, Baume-les-Dames et Besançon, chef-lieu du dépar- tement auquel il donne son nom.— Puis il entre dans celui du Jura, et baigne Dampierre, Rochefort, Dole; il y reçoit la Loue, — Enfin. il entre dans le département de Saône-et-Loire et gagne Verdun (2,000 habitants), son point de confluence avec la Saône. REQUES De la chaîne qui occupe la rive droite du Doubs, vous ne diri- giez vos pas sur le Chauffaud, Montlebon, le Meix-Lidor et la Seigne; ou que encore, remontant la plaine, vous ne visitiez la Grand’ Combe, Remonot et sa grotte célèbre, etc. J’ose à peine espérer que cette course champêtre — où vous avez daigné m'accepter pour guide — vous laisse quelque im- pression agréable. Pour moi, qui l'ai faite souvent, j'avoue que le charme de votre compagnie m'a procuré cette fois-ci le plus vif plaisir. 35 dd, LR EN AU: DETTE ME TESTER È VAN RU TIME el CE POS TER ENCRES d Ê er) ii A | MAT Ur D : MORE ANS PORAMTAT AES CLEO Car PIE" APE ANA re» eee AA ML | { RE : (ri haut NE LA 1P $ . NS LT L It: : ; LI : à ’ . X ' Ê a 4 0 F È . r + | ' = vu C » n 4 v ; “ b y -, . LC DE tue VW al - k ) k a: $ = FE L] L h . ] APS À fur LES # L'RE: MMEe E TT a > 0 s' TA le … © - *: ÿ \ RTE Land 5 NE RE RS GALL "EUR AC . L 4 1 VS é' * 4 nd e L } | J Ce è LT CALE: ' 1% “ 1 IP TE NE MT TE. » ‘ A ARTE [3 - : 0 qe, à r . GS | | = hu | 2 2 1 Dons faits à la Société en 197, Par M. le MINISTRE DE L’'INSTRUCTION PUBLIQUE... 400 f. Par le DÉPARTEMENT pu DouURs....... AIN. er SO Par la Vizze DE BESANCON... ... CA Get ARR A STE 600 Par M. le MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE : Revue des Sociétés savantes des départements, 5° série, t. VIT, juillet- août 1874; — t. VIII, septembre à décembre 1874; — Ge sé- rie, t. 1, janvier-avril 1875 ; — Liste des membres el corres- pondants du Comité national des travaux historiques, 1875. Par la Vice DE Besancon : Catalogue des livres imprimés de La bibliothèque publique ; Sciences ct Arts, t. I, 1875, in-4. Par la CHAMBRE DE COMMERCE DE BESANCON : Compte-rendu de l’année 1874. Par MM. GARNIER (Georges), membre correspondant : Origines de quel- ques coutumes anciennes et de plusieurs facons de parler triviales, par Moisant de Brieux, avec introduction par de Beaurepaire, commentaire et table analytique par Garnier ; Caen, 1874-75, 2 vol. in-12. WALCkENAER [le baron Ch.), ses Veillées au Paraclet, poésies; Troyes, 1874, 2 vol. in-12. Poxtuieux (N.), son Dictionnaire étymologique de la langue française, 1"° et 2° livr.; Montdidier, 1875, in-8. Laurens (Paul), membre résidant, son Annuaire du Doubs et de lu Franche-Comté pour 1875, — 548 — Par MM. Daugran-DELISLE, membre résidant, deux beaux volumes gr. in-8, intitulés : Congrès scientifique de France, 39° session tenue à Pau le 31 mars 1873; plus une Etude sur Benchar- num, ancienne capitale du Béarn, par l'abbé Lartigau, Auch, 1868. DE ViGnaux (Eugène), ses Mémoires sur Lamoignon de Males- herbes, défenseur de Louis XVI; Paris, 1874, 1 vol. in-8. Jorpan (Alexis), ses Remarques sur le fait de l'existence à l’état sauvage des espèces végétales affines et sur d'autres faits rela- tifs à la question de l'espèce; Lyon, 1875, broch. gr. in-8. Casran (Francis), membre correspondant, son Mémoire sur les charges comprimées dans le tir d'artillerie, 1875, broch. in-8. ConTEJEAN, membre correspondant, sa brochure intitulée : De l'influence du terrain sur la végétation, 1875, gr. in-8. ORDINAIRE DE LACOLONGE, membre correspondant, son Mé- moire sur les étuves à farine, leur théorie et leur construc- tion; Paris, 1879, broch. gr. in-8. DemonGEoT, membre résidant, Notices nécrologiques sur Ar- mand-Nicolas Demongeot, ingénieur des mines, maître des requêtes au conseil d'Etat; Paris, 1875, in-8. QuiQuEREz, membre correspondant : son Histoire des troubles dans l'évêché de Bäle en 1740; Delémont, 1875, in-8. Haypen (F.-V.), géologue officiel des Etats-Unis d'Amérique: lo le tome VI de sa publication intitulée : Report of the United-States geological survey of the terrilories, volume renfermant : Contributions to the fossil Flora of the Western territories; part. I : The cretaceous Flora, by Leo Lesque- reux; Washington, 1874, in-4, avec 30 planches ; — 2° Ca- taloque of the publications of the United-States geological sur- vey of the territories; Washington, 1874, in-8 ; — 3° Lists of elevations principaly in that portion of the United-States west of the Mississippi river, by Henry Gaunet; Washing- ton, 1875, in-8. — 949 — Par MM. HuarT, membre résidant, son Etude sur Arborio de Gattinara : discours prononcé à Paudience de rentrée de la Cour d’ap- pel de Besancon, le 3 novembre 1875, in-8. DraPpEeyroN (Ludovic), membre correspondant, son Discours prononcé à la distribution des prix du lycée Charlemagne, en 1875, sur la nouvelle méthode historique; Paris, 1875, broch. in-8. BALLAND, liéutenant-colonel chef du génie de la place de Be- sançon : üñ coutelas et une bouclé en fer, trouvés, dans une sépulture de l'époque burgonde, en construisant le chemin stratégique dé Chaiïlluz. ; Le Directeur de l'institution Sainte-Marie à Besançon : un groupe sculpté représentant deux Déesses:Mères, sorti des fouilles faites dans cet établissement. PiGuer (Emmanuel), membre résidant : uñ échantillon de schiste micacé avec tourmaline, provenant du percément du Saint-Gothard. SAVOUREY, membre résidant : une monnaie grand bronze de Tibère-Constantin , empereur d'Orient, frappée à ConStan- tinople entre les années 579 et 582. — 990 — Envois des Sociétés correspondantes en 1875. Bulletin hebdomadaire de l'Association scientifique de France, : année 1879. Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny, 15° année (1874), n° 8-12; 16° année (1875), nos 1-9. Revue Savoisienne, 15e année (1874), n° 12; 16° année (1875), nes 1-11. Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, 2e série, t. XIV, (1874) 2e et 3° trimestres ; 2° série, t. XV, (1875), 1e" trimestre. Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Colmar, 14° et 15° années (1873 et 1874). Mémoires de la Société d'Emulation du Jura, année 1874. Bulletin de la Société Dunoise, n° 23-26, 1875; Cartulaire de Marmoutier pour le Dunois, publ. par Emile Mabille, feuil. a-d, 4-20. Bulletin de la Société archéologique du midi de la France : 1870- 72, n° 4; 1874, 14 juillet — 1875, 16 février; Mémoires, t. XI, livr. 1, 2 (1873-75) ; Tables générales des Mémoires de la Société archéologique du midi de la France, 1831-1871. Mémoires de la Société archéologique de l'Orléanais, t. XII (1873), 1 vol. in-8 et atlas in-4 ; t. XIII (1875); — Bulle- tin,t. VI(1875), 1etrim. Mémoires de la Société historique et archéologique de Langres, avr 872 Revue Africaine, 18e année, n° 107-108 (1874); — 19° année, n°s 109-113 (1875). Bulletin de la Socièté des sciences physiques et naturelles de Toulouse, 1872-1873. — 551 — Journal d'agriculture de la Côte-d'Or, 1874, 4° trimestre; 1875, 1* trimestre. Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, t. XXIX- XXX, 1874. : Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie, 1874, n° 4; — 1875, n°% |, 2. Annales de la Société d'Emulation du département des Vosges, t. XIV, 2° cahier (1872) ; 3° cahier (1874). Société archéologique de Bordeaux, t. 1, 2° fascicule, octobre 1874. | Mémoires de la Société philomatique de Verdun, t. VIII, n° | Bulletin de la Société académique de Brest, ?° série, t. I, 1873- 1874. Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, 2 série t. XII et XIII, 1873-75. Mémoires de la Société &duenne, nouv. série, t. III, 1874. Mémoires de la Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux, ?° série, t. IX, 1% cahier 1875; —-t. X, 2e ca- hier 1875, et complément. Commission départementale des antiquités de la Seine-Infé- rieure, 1874. Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, t. XX VIII (1874), 2° série, t. VIIL; — t. XXIX (1875), 29 série, t. IX. Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Pau, 1873- 1874, 2° série, t. III. Bulletin de la Société algérienne de climatologie, 11° année, 1874, n° 8; — 12e année, 1875, 3 trimestres. Publications de l'Institut royal grand - ducal de Luxembourg (section des sciences naturelles et mathématiques), t. XIV, 1874; — Observations météréologiques faîtes à Luxembourg, par F. Reuter, t. II, 1874. Mémoires de la Société des antiquaires de France, t. XXXV, (4° série, t. V, 1874). — 552 — Répertoire des travaux de la Societé de statistique de Marseille, t. XXXV, 1873; — Bulletin des séances de l'exercice 1873. Bulletin de la Société d'agriculture de Joïgny, 4 trim. 1874 ; — ler semestre 1875. ‘ Bulletin de l'Institut national genevois, t. XIX et XX, 1875. Bulletin de La Société des pharmaciens du département du Doubs, 2° série, t. 1, 1874. Annuaire de la Société philotechnique, année 1874, t. XXXWV. Bulletin de la Société polymatique du Morbihan, 1874, 2e sem..; — 1875, 1er semestre. Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orien- tales, t. XVIII, 1871 ; — t. XXI, 1874. Annales de la Société d'agriculture, industrie, sciences, arts êl belles-lettres du département de la Loire, t. XVIII, 1874. Bulletin de la Société de statistique, des sciences naturelles el arts industriels du département de l'Isère, 3° série, t. IV (XV® de la collection), 1875. Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire et d’ar- chéologie de Genève, t. XIX, livr. I, 1875. Mémoires de l’Académie de Lyon, classe des lettres, {. XVI, 1874-75. Annales de la Société d'agriculture de Lyon, #4 série, t. V (1872); — t. VI (1873). Mémoires de l’Académie du Gard, 1873. Mémoires de la Société académique de l'Aube, 3° série, t. XI (KXXVIIT° de la collection). Congrès archéologiques de France, tenus par la Société fran- caise d'archéologie : t. XXXVII (Lisieux), 1870; — t. XXX VIII (Angers), 1871 ; — t. XXXIX (Vendôme), 1872; — t. XL (Chateauroux), 1873. Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute- Saône, 3° série, n° 6, 1875. Bulletin de la Société Belfortaine d'émulation, ?° année, 1874. Société académique de Saint-Quentin, 3° série, t. XII, 1873-74. Mémoires de l'Académie de Savoie, 3° série, t. I et II, 1875. — 503 — Société de secours des amis des sciences, 16° séance annuelle, 8 mai 1875. Mémoires de la Commission des antiquités de la Côte-d'Or, t. IX, livr. I, 1873-74. Société des sciences médicales de l'arrondissement de Gannar, compte-rendu de 4874-75. Bulletin de la Société des sciences naturelles de Neuchatel, t. X, 2e cahier, 1875. Bulletin de la Société historique et archéologique du Limousin, t. XXII (1873), 2e livr.; — t. X XIII (1874), [re livr. Mémoires de la Société d'agriculture, commerce, sciences el arts du département de la Marne, 1873-1874. Bulletin de la Société des sciences naturelles et historiques de l'Ardèche, n° 8, 1874. Verhandlungen der schweizerischen naturforschenden Gessells- chaft in Schaffhausen, 1872-1873. Mittheilungen der naturforschenden Gessellschaft in Bern, 1873. " | Sitzungsberichte der philosophisch-philologischen und historis- chen classe der Akademie der Wissenschaften zu München, 1972,:n%4-5: 1815, 016: 18747 Bd ns TS BR n° 1; — Jd der mathematisch-physikalischen classe, 1872, n° 3; 1873, nos 1-3; 1874, n° 1-2; — Annalen der kœnigli- chen Sternwarte bei Münschen, Bd. XIX, XX ; supplement- band XIIT:; — Verzeichniss der Mitglieuer der bayerischen Akademie der Wissenschaften, 1873 (Liste des membres de l’Académie, 1873), in-4 ; — Gedachtnissrede auf F.-A. Trenu- lenburg, von Karl von Prantl (Eloge de Fréd.-Ad. Trend- lenburg), 1873, in-4; — Der Antheil der Akademie an der Entwickelung der Electricitætslehre, von W. Beetz (Part de l'Académie dans le développement de la science de l'élec- tricité), 1873, in-4; — Ueber den Eïinfluss des Freiherrn Justus von Liebiy auf die Entwickelung der reinen Chemie, von Emil Erlenmayer (De l'influence de Liebig sur le dé- veloppement de la chimie pure), 1874, in-4; — Ueber, etc. — 554 — auf die Entwickelung der Physiologie, von Th. von Bischoff (De l'influence de Liebig sur le développement de la phy- siologie), 1874, in-4. — Justus von Liebig als Begründer der Agrikultur-Chemie, von August Vogel (Liebig fondateur de la chimie agricole), 1874, in-4; — Justus von Liebig zum Gedæchtniss, von Max von Pettenkofer (A la mémoire de Liebig), 1874, in-4. Abhandlungen herausgegeben vom naturwissenschaftlichen Ve- reine zu Bremen, Bd. IV, n° 2 et 3; — Beilage n° 4 zu den Abhandlungen. Vierteljahrsschrift der naturforschenden Gesselischaft in Zürich, Jahrgang XVIII, 1873. Verhandlungen der naturforschenden Gessellschaft in Basel, Eh VT EE Jahrbuch der k.-k. geologischen Reichsanstalt in Wien, 1874, Bd. XXIV, H. 2-4; — Verhandlungen, 1874, n°5 7-18. — 555 — MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ Au 15 juin 1876. Le millésime placé en regard du nom de chaque membre indique l'année de sa réception dans la Société. Les membres de la Société qui ont racheté leurs cotisations annuelles sont désignés par un astérisque (*) placé devant leur nom, conformément à l'article 21 du règlement. Conseil d'administration pour 1876. Présente Rene UT ere MM. Marquiser (Léon); Premier Vice-Président... SAILLARD (Albin) ; Deuxième Vice-Président....... Vézian (Alexandre) ; Secrétaire décennal........... CasrTan (Auguste) ; Vice-Secrétaire et controleur des ÉDANSES Se Vo Te ac Farvre (Adolphe); PESONIEr ES DA PR ET MER KLEIN (Auguste); Trésorier-atioint. "4: 0 DE Prinsac (le baron); AMORIUIS PE SAS EN lacoste GAUTHIER (Jules). Secrétaire honorgire ::......10% M. Bavoux (Vital). Membres honoraires (24). MM. LE GÉNÉRAL commandant le 5e corps d'armée et la 7° division militaire (S. A. M£' le puc D'AUMALE). Le PREMIER PrésipenT de la Cour d'appel de Besancon (M. LoisEau). — 996 — MM. L’ARCHEVÈQUE de Besancon (S. G. MÉ' PAULINIER). Le PRÉFET du département du Doubs (M. Paul CamBoN). Le Recteur de l’Académie de Besançon (M. Lissasous). LE PROCUREUR GÉNÉRAL près kt Cour d'appel de Besançon (M. Deurse). Le Mare de la ville de Besançon (M. le sénateur OupeEr). L'IxsPecreur d'Académie à Besançon (M. Duparay). BayLe, professeur de paléontologie à l'Ecole des mines; Paris. — 1851. , BLancHarp, Em., membre de l’Institut (Académie des scien- ces), profes eur au Muséum d'histoire naturelle; Paris. — 1867. Coquanxp, Henri, professeur de géologie; Marseille. — 1850. Device, Henri-Sainte-Claire, membre de l'Institut (Académie des sciences) ; Paris. — 1847. Devoisins, ancien sous-préfet; Paris, rue Monsieur-le-Prince, 48. — 1842. DougLepax, Henri, entomologiste; Epping, comté d'Essex (Angleterre). — 1853. Duruy, Victor, ancien ministre de l'Iustruction publique, embre de l’Institut (Académie des inscript.); Villenéuvèe- Saint-Georges (Seine-et-Oise). — 1869. Goucer, docteur en médecine ; Dole (Jura). — 1852. Lézur, membre de l’Institut (Académie des sciences morales) ; Paris, rue Vanneau, 15, et Gy (Haute-Saône). — 1866. Magie (M£'), évêque de Versailles. — 1858. MarTiN, Henri, sénateur, membre de l’Institut (Académie des sciences morales); Paris-Passy, rue du Ranelagh, 74. — 1865. ParAvEy, ancien conseiller d'Etat; Paris, rue des Petites- Ecuries, 44. — 1863. QuicueraT, Jules, directeur de l'Ecole nationale des Chartes; Paris, rue de Tournon, 16. — 1859. Résaz, Henri, membre de l'Institut | Académie des sciences), — 957 — MM. ingénieur des mines, professeur à l'Ecole polytechnique ; . Paris, rue de Condé, 14. — 1853. Servaux, chef de division au ministère de l’Instruction pu- blique ; Paris, boulevard Courcelles, 1. — 1873. Wey, Francis, inspecteur général des archives de France ; Saint-Germain-en-Laye, rue de Mareil, 57. — 1860. Membres résidants (254) (|). MM. ALEXANDRE, Charles, secrétaire du conseil des prud'hommes, rue d'Anvers, 4. — 1866. ALEXANDRE, Henri, libraire, rue des Chambrettes, 8. — 1879. ALvIseT, Charles, propriétaire, rue du Mont-Sainte-Marie, 1. — 1857. AMBERGER, Lucien, pharmacien, rue Morand, 7. — 1874. ANDROT (GIROLET, Louis, dit), peintre-décorateur; à la Croix- d'Arènes. — 1866. | ANTOINE, fabricant d’horlogerie, rue Moncey, 2. — 1875. D ARBAUMONT, chef d’escadron d'artillerie en retraite, rue Sainte-Anne, |. — 1857. ARNAL, Alexis, économe du Lycée. — 1858. ARNAL, Amédée, avocat, membre du conseil d’arrondisse- ment, rue des Bains-du-Pontot, 3. — 1872. AUSCHER, Jacques, rabbin, rue Proudhon, 6. — 1875. Baper, bijoutier, rue des Granges, 21. — 1870. * Barzzy (l'abbé), maître des cérémonies de la cathédrale. — 1865. (1) Dans cette catégorie figurent plusieurs membres dont le domicile habituel est hors de Besançon, mais qui ont demandé le titre de résidants, afin de payer le mawimum de la cotisation et de contribuer ainsi d'une manière plus large aux travaux de la Société. — 08 — MM. BarBauD, Auguste, ancien premier adjoint au maire, rue Saint-Vincent, 43. — 1857. BarBier, Léon, ancien sous-préfet; Baume-les - Dames (Doubs). — 1873. * Bavoux, Vital, receveur principal des douanes; Longwy (Meurthe et Moselle). — 1853. BELLAIR, médecin-vétérinaire, rue de la Bouteille, 7. — 1865. BELoT, essayeur du commerce, rue de l’Arsenal, 9. — 1855. BERQUET, ingénieur des ponts et chaussées, rue Proudhon, 16. —-1875. BERTHELIN, Charles, ingénieur en chef des ponts et chaussées en retraite, rue de Glères, 23. — 1858. BERTIN, négociant, membre du conseil municipal; aux Cha- prais (banlieue). — 1863. * BERTRAND, docteur en médecine, rue des Granges, 9. — 1855. BESssoN, avoué, place Saint-Pierre, 17. — 1855. Besson, Edouard, avocat, rue Saint-Vincent, 27. — 1875. BEureT, Francois-Xavier, voyer de la ville, rue du Lycée, ». — 1873. / BEURNIER, conservateur des forêts, rue de la Préfecture, 23. — 1874. Braz, Paul, chef d’escadron d'artillerie, rue Saint-Vincent, 20. — 13858. Bicxer , Jules, fabricant d’horlogerie, rue du Mont-Sainte- Marie, 17. — 1873. | Brzos, professeur de rhétorique au Lycée, rue de la Préfec- ture, 11. — 1874. BLonpeau, Charles, entrepreneur de menuiserie, président du conseil des prud'hommes, rue Saint-Paul, 57. — 1854. BLonpon, docteur en médecine, rue des Granges, 68.— 1851. Borzcor, Constant, graveur, place Saint-Amour, 1. — 1870. Boxames, Albert, photographe, rue Mairet, 1. — 1874. — 559 — MM. Bossy, Xavier, fabricant d'horlogerie, rue des Chambrettes, 6. — 1867. BoucEeorT, Eugèné, sous-chef de bureau à l'hôtel de ville, secrétaire du bureau de bienfaisance, rue Battant, 20. — 1868. | BouRCHERIETTE dit POURCHERESSE, propriétaire, rue des Chambrettes, 8. — 1859. Bourpy, Pierre, essayeur du commerce, rue de la Lue, 9.— 1862... BoussINGAULT, Joseph, chimiste, essayeur de la garantie ; à la Mouillère (banlieue). — 1870. BouTTERIN, François-Marcel, adjoint à l'architecte de la ville et professeur à l'Ecole municipale de dessin, rue des Cham- brettes, 19. — 1873. BourTrey, Paul, fabricant d’horlogerie, juge au tribunal de commerce, rue Moncey, 12. — 1859. Bouvarp, Louis, avocat, membre du conseil municipal, Grande-Rue, 95. — 1868. Boysson D’Ecoze, trésorier-payeur général en retraite, rue de la Préfecture, 22. — 1852. BRETILLOT, Eugène, propriétaire, rue des Granges, 46.—1840. BrerizLor, Léon, banquier, ancien maire de la ville, président de la chambre de commerce, rue de la Préfecture , 21. — 1853. BRETILLOT, Maurice, propriétaire, rue Saint-Vincent, 18. — 1857. BRETILLOT, Paul, propriétaire, rue de la Préfecture, 21. — 1857. Brucxow, professeur à l'Ecole de médecine, médecin des hos- pices, rue des Granges, 16. — 1860. BRUGNON, anc. notaire, administrateur des forges de Franche- Comté, rue de la Préfecture, 12. — 1855. Bruzarp, Désiré, greffier du tribunal civil, rue Battant, 1. — 1873. — 960 — MM. Brunswick, Léon, fabricant d'horlogerie, Grande-Rue, 28. — 1859. BRuSSET, notaire, membre du conseil général de la Haute- Saône, Grande-Rue, 144. — 1870. BurnicHow, Victor, ancien élève de l'Ecole forestière, Grande- Rue, 31. — 1872. DE BUSSIERRE, Jules, conseiller honoraire à la Conr d'appel, président honoraire de la Société d'agriculture, rue du Clos, 33. — 1897. DE Buyer, Jules, inspecteur de la Société française d’archéo- logie, Grande-Rue, 102. — 1874. CaxEL, chef de bureau à la préfecture. — 1862. Carrau, professeur de philosophie à la Faculté des lettres, place Saint-Amour. — 1871. Casran, Auguste, bibliothécaire, correspondant de l’Institut, membre non résidant du Comité national des sociétés sa- vantes, Grande-Rue, 86. — 1850. CHaroy, Léon, docteur en médecine, rue des Granges, 47. — 1875. DE CHARDONNET (le comte), ancien élève de l'Ecole polytech- nique, rue du Perron, 28. — 1856. CHARLES, Félix, directeur de la Société générale, Grande-Rue, 73. — 1873. CHarLeT, Alcide, avocat, Grande-Rue, 135. — 1872. CHATELAIN, Paul, élève en pharmacie, quai de Strasbourg, Î. — 1876. CHEevanDIER, (Georges, propriétaire, au château du Grand- Vaire, près Besancon. — 1876. CagvizLier, professeur de mathématiques à la Faculté des sciences, rue du Clos, 27. — 1859. * Caorarp, professeur d'histoire et doyen de la Faculté des lettres de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). — 1866. CRÉTIEN, Auguste, directeur des transmissions télégraphi- ques, palais Granvelle, — 1869. — 261 — MM. CLÉMENT, Jean-Paul, proviseur du Lycée. — 1874. CoinprE, Gaston, artiste-graveur, Grande-Rue, 12. — 1876. CoLzomBaiN, Jules, relicur de livres, Grande-Rue, 58. — 1875. Corner, Antoine, avocat, rue des Granges, 49. — 1875. Coucaun, Adolphe, comptable, rue Rivotte, 417 ter. — 1875. Couzon, Henri, avocat, rue de la Lue, 7. — 1856. CourGey, avoué, rue des Granges, 16. — 1873. CourTIER, négociant, rue Battant, 18.— 1876. Courror, Théodule, commis-greffier de la Cour d'appel ; à la Croix-d’Arènes (banlieue). — 1866. Courenor, professeur à l'Ecole de médecine, médecin en chef des hospices, Grande-Rue, 44. — 1852. CRETIN, Emile, professeur de mathématiques spéciales au Lycée, Grande-Rue, 126. — 1876. Cuenin, Edmond, pharmacien, rue des Granges, 40. — 1863. CuILLteR, relieur de livres, rue Granvelle, 30. — 1870. Daczin (le baron), conseiller à la Cour d'appel, membre du conseil général , rue de la Préfecture, 23. — 1865. DauBran-Dezisce, Henri, directeur des contributions directes, rue Neuve, 4. — 1874. Davin, notaire, adjoint au maire, Grande-Rue, 107. — 1858. DeEgaucHEY, ancien pharmacien ; aux Chaprais. — 1871. Deracroix, Alphonse, architecte de la ville. — 1840. DBLAGRANGE (Charles), imprimeur-lithographe, Grande-Rue, 73. — 1872. DeraveLzre, Victor, rue de la Préfecture, 16. -— 1873. DEMONGEOT, inspecteur des écoles communales, rue Neuve, 24 bis. — 1872. Dexrzor, receveur de l’Asile départemental, rue des Granges, 60. — 1871. Dérrey, Just, banquier, Grande-Rue, 96. — 1857. DrérricH, Bernard, négociant, membre du conseil des pru- d'hommes, Grande-Rue, 71. — 1859. 30 — 962 — MM. Donivers, Joseph, imprimeur, Grande-Rue, 87. — 1875. Dugosr, Jules, maître de forges, rue Sainte-Anne, 2. — 1840. F Ducar, Alfred , architecte des bâtiments de l'Etat, rue Saint- Pierre, 19. — 1853. Dunop DE CHARNAGE, avocat, rue des Chambrettes, 8.— 1863 Durer, géomètre, rue Neuve, 28. — 1858. Durupr, notaire, rue des Granges, 46, — 1875. EHRENSPERGER, secrétaire de la Société des salines de Mise- rey, rue d'Arènes, 5 et 8. — 1874. Erms, Edmond, propriétaire, membre du conseil municipal, rue Morand, 6. — 1860. Erxis, Ernest, propriétaire, Grande-Rue, 91.— 1855. Fapy, directeur d'usine, rue Neuve-Saint-Pierre, 13. — 1871. Favre, Adolphe, professeur à l'Ecole de médecine, Grande- Rue, 76. — 1862. Faucourré, Philippe, professeur d'agriculture du département du Doubs, Grande-Rue, 86. — 1868. Fernier , Louis, fabricant d'horlogerie, ancien maire de la ville et ancien député à l’Assemblée nationale, rue Ron- Chaux S 1659: Frrscx, Léon, entrepreneur de maçonnerie, membre du con- seil des prud'hommes, rue du Clos, 12. — 1865. Foi, agent principal d'assurances, Grande-Rue, 107.— 1865. * ForTuNÉ, Pierre- Félix, chef du service commercial des forges de Franche-Comté, rue Granvelle, 17. — 1865. Fouin, Auguste, mécanicien, rue de l’Arsenal, 9.— 1862. * GazzorTi, Léon, ancien professeur à l'Ecole d'état-major ; Bazas (Gironde). — 1866. Fournier, Louis, employé des ponts et chaussées, Grande- Rue 111. — 1872. Gassmann, Emile, rédacteur en chef du Courrier franc-comtois, Grande-Rue, 87. — 1807. pe Gassowski, artiste peintre, rue Neuve, 36. — 1875. — 503 —. MM. GAUFFRE, receveur principal des postes en retraite, rue Mo- rand, 11. — 1862. * GauTHiER , Jules, archiviste du département du Doubs, correspondant du ministère de l’Instruction publique, rue Neuve, 8. — 1866. GIGANDET, propriétaire, faubourg Tarragnoz. — 1872. GirarpoT, Régis, banquier, rue Saint-Vincent, 15. — 1857. Giro», Achille, propriétaire ; Saint-Claude (banlieue) .— 1856. GiroD, avoué, rue Moncey, 5. — 1856. Giro, Victor, ancien adjoint au maire, Grande-Rue, 70. — 1859. GLORGET, Pierre, huissier, Grande-Rue, 58. — 1859. GouizLaup, professeur à la Faculté des sciences, rue Saint- Vincent, 28. — 1851. DE Goumois, Charles, directeur d'usine ; à la Butte (banlieue). — 18062. GRAN», Charles, directeur de l'enregistrement et des domaines, Grande-Rue, 86. — 1852. GranD, Jean-Antoine, greffier de paix du canton sud de Be- sancon, rue Morand, 12. — 1868. Gresser, Félix, général commandant l'artillerie du 7° corps d'armée, rue Neuve, 3. — 1866. Grévy, Albert, avocat, député à l’Assemblée nationale. — 1870, GROSJEAN, ancien bijoutier, rue du Mont-Sainte-Marie, 8. — 1859. GROSRICHARD, pharmacien, place de l’'Abondance, 17.— 1870. GscHwiND, ancien notaire, Grande-Rue, 73. — 1873. GuEenoT, Auguste, négociant, rue du Chateur, 17.— 1872. GurcxarD, Albert, pharmacien, rue d'Anvers, 3. — 1853. GUIENET, ingénieur des forges de Gouille. — 1873. GUILLEMIN, ingénieur-constructeur,;rue Battant, 37.— 1840. Guizu, libraire, rue Battant, 3. — 1870. Hazpy, fabricant d'horlogerie, rue Saint-Jean, 3.— 1859. _— 564 — MM. Hezz, Thiébaud, négociant, Grande-Rue, 32. — 1872. HENRY, Jean, professeur de physique au Lycée, place Saint- Amour, 12. — 1857. Hexry, (le baron Edouard), littérateur, rue de la Préfecture, 29. — 1876. Hory, propriétaire, rue de Glères, 17. — 1854. Huarr, Arthur, substitut du procureur général près la Cour d'appel, rue de la Préfecture, 13. — 1870. | JEANNINGROS, pharmacien, place Saint-Pierre, 6. — 1864. JEANNOLLE, Charles, élève en pharmacie, rue du Chateur, 16. — 1876. JEANNOT-DRroz, Alphonse, fabricant d'horlogerie, consul de la Confédération helvétique, Grande-Rue, 103. — 1870. Jéco, contrôleur des bois de la marine, rue de la Préfecture, 25. — 1872. DE JOuFFROY (le comte Joseph), membre du conseil général; au château d’Abbans-Dessous et à Besançon, rue du Cha- pitre 1. — 1853. DE JOuFFROY (le vicomte Louis), rue du Chapitre, 1. — 1871. KLEIN, Auguste, propriétaire, rue Saint-Vincent, 28. — 1858. Lacosre, archiviste-adjoint du département du Doubs, rue Rivotte, 10. — 1870. LawgerT, Léon, ingénieur en chef des ponts et chaussées en retraite, rue Moncey, 12. -— 1852. LauDeT, conducteur des ponts et chaussées, rue Ronchaux, 18. — 1854. LaurExs, Paul, président de la Société d'agriculture du Doubs, ancien adjoint au maire, rue de la Préfecture, 15. — 1854. * LEBEAU, négociant, place Saint-Amour, 2 bis. — 1872. Le CHATELIER, Henry, ingénieur des mines, rue Neuve, 2. — 1875. LesreTon, direct. de l’usine à gaz, Grande-Rue, 97. — 1866. Leroux, Emile, docteur en médecine, quai de Strasbourg, 13. — 1875. — 965 — MM. LEGENDRE, Louis, receveur du bureau de bienfaisance, rue du Chateur, 13. — 1866. LEGRAS, Armand, négociant, Grande- Rue, 32.— 1872. Leurs, Jacob, propriétaire ; à la Grette (banlieue de Besan- çon). — 1875. Le MrrE, Paul-Noël, avocat, rue de la Préfecture, 17.— 1876. LÉPAGNOLE, médecin ; Saint-Ferjeux (banlieue). — 1873. LesBroz, fabricant d'horlogerie, rue Morand, 16. — 1876. LHommE, Louis, Surnuméraire de l'enregistrement, rue Neuve, 5. = 1876. LiEFFROY, Aimé, propriétaire, administrateur des forges de Franche- Comté, rue Neuve, 11. — 1864. | DE LONGEvILLE (le comte), propriétaire, rue Neuve, 7.— 1855. Louvor, Hub.-Nic., notaire, Grande-Rue, 48. — 1860. MAIRE, ingénieur en chef des ponts et chaussées, rue Neuve, 15. — 1851. Maror, Félix, banquier, président du tribunal dé commerce, rue de la Préfecture, 17. — 1857. Marmor, Edouard, propriétaire, Grande-Rue, 86. — 1865. Maisonner, Auguste, négociant, rue Saint-Pierre, 13. — 1869. Marion, Olympe, mécanicien; Casamène (banlièue). — 1857. MarioN, Charles, libraire, Mibd Saint-Pierre, 2. — 1868. Marzer, Adolphe, conseiller de préfecture; Mâcon (Saône- et-Loire). — 1852. À Marouiser, Léon, ancien magistrat, membre du conéeil gé- néral de la Haute-Saône, rue Neuve, 28. — 1874. ManTEau, professèur de comptabilité, rue Neuve-Saïnt- Pierre, 6. — 1875. MarrTiN, dJulés, manufacturier; Cäsamène (banlieue). — 1870. . Marrin, Léonce, licencié en droit, ancien avoué, rue Saint- Vincent, 13. — 1874. MazovyHi£, ancien notaire, rue dés Chambrettes, 12. — 1840. — 566 — MM. Mevnier, Joseph, médecin-major au 3° bataillon de chasseurs à pied. — 1876. Micaup, Jules, directeur en retraite de la succursale de la Banque, ancien juge au tribunal de commerce, place Saint- Amour, 3. — 1855. Micxez, Brice, architecte paysager; Fontaine-Ecu (banlieue). — 1865. Mior, Camille, négociant, Grande-Rue, 62, — 1872. Monnier, Louis, pharmacien, rue Ronchaux, 23. — 1876. Monnier, Paul, correcteur d'imprimerie, rue Saint-Vincent, 21. — 1860. MoxxorT, Laurent, propriétaire, Grande-Rue, 100. — 1875. Moquin-TaNpoN, Gaston, professeur à la Faculté des sciences. — 1875. j | Morez, Ernest, docteur en médecine, rue Moncey, 12. — 1863. Moscenros, professeur d'allemand au Lycée, rue Moncey, 2. — 1874. Mouror, Léonce, percepteur, rue Neuve, 8. — 1876. Mourrizze, Alfred, banquier, rue de la Préfecture, 31. — 1856. | MusseziN, comptable, Grande-Rue, 82. — 1872. NarGAUD, Arthur, docteur en médecine, rue Battant, 25-25. — 1875. D'OrtIvaz, Léon, propriétaire, rue du Clos, 22. — 1854. D’OrIvAL, Paul, président à la Cour d'appel, place Saint-Jean, 6. — 1852. OupeT, Gustave, avocat, maire de la ville, sénateur, rue Moncey, 2. — 1855. Ourson, Gustave, directeur de la succursale de la Banque, rue de la Préfecture, 19. — 1873. OUTHENIN-CHALANDRE, Joseph, ancien juge au tribunal de commerce, rue des Granges, 38. — 1858. PaïLLoT, Justin, pharmacien; aux Chaprais. — 1857. — 567 — MM. : Parquez (le baron), docteur en médecine, adjoint au maire, Grande-Rue, 106. — 1857. PerNaRp, négociant, rue de Chartres, 8. — 1868. Pérey, chirurgien-dentiste, Grande-Rue, 70. — 1842. PgriTeuenoT, Paul, avoué près la Cour d'appel, Grande-Rue, 107. — 1869. Prcarp, Arthur, banquier, chef de bataillon de l'armée terri- toriale, Grande-Rue, 48. — 1867. Prerre, Albert, professeur agrégé au Lycée de Besancon, rue Granvelle, 24. — 1876. Prauer, Emmanuel, fabricant d'horlog., place Saint-Pierre, 9 — 1856. Pixcaun, Léonce, professeur d'histoire à la Faculté des let- tres, Grande-Rue, 74. — 1874. Porter, Joseph, entrepreneur de plâtrerie, rue Ronchaux, 8. — 1870. DE Prinsac (le baron), employé des télégraphes, rue de la Préfecture, 2. — 1873. Proupxon, Camille, conseiller honoraire à la Cour d'appel, rue des Granges, 23. — 1856. Race, Louis, négociant, ancien adjoint au maire, rue Bat- fant, 7. — 1857. . Racine, Pierre, négociant, rue Battant, 7. — 1859. Rascoz, Léon, ingénieur des ponts et chaussées, Grande- Rue, 86. — 1874. RaAvIER, Francois-Joseph, ancien avoué ; Saint-Claude (ban- lieue). — 1858. }° RegouL, doyen de la Faculté des sciences et professeur à l'E- cole de médecine, rue Neuve, 8. — 1861. * RenauD, Alphonse, docteur en droit, rédacteur à la direc- tion de l'enregistrement ; Lyon. — 1869. Renaupn, Francois, négociant, abbaye Saint-Paul. — 1859. Rexaup, Victor, agent comptable de la caisse d'épargne, rue de la Préfecture, 15. — 1865. — 568 — MM. Reynaup-Ducreux, professeur à l'Ecole d'artillerie, rue Ron- chaux, 22. — 1840. RicHarp, Auguste, pharmacien, rue du Chateur, 16. — 1876. Rr?s, Paul, architecte, rue d'Anvers, 4. — 1873. Roxpor, Alcide, notaire, Grande-Rue, 113. — 1874. Rouzer, Louis, ingénieur voyer de la ville, rue Neuve, 4. — 1874. SAILLARD, Albin, professeur à l'Ecole de médecine et chirur- gien des hospices, Grande-Rue, 136. — 1866. SAILLARD, Francis, bijoutier, rue de la Préfecture. 2.— 1874. SAINT-EvE, Charles, entrepreneur de serrurerie, place Gran- velle. — 1865. SAINT-GiNESsT, Etienne, architecte du département du Doubs, rue de la Préfecture, 18. — 1866. DE SAINT-J'UAN (le baron Charles), rue des Granges, 4. — 1869. SaINT-Lour, Louis, professeur à la Faculté des sciences, rue Neuve, 9, — 1872. DE SAINTE-AGATHE, Louis, ancien adjoint au maire, président du conseil d'administration des forges de Franche-Comté, rue d'Anvers, {. — 1851. * Sancey, Louis, comptable, rue de la Préfecture, 10.— 1855. SAVOUREY, Charles-Arthur, fabricant de boîtes de montres en or, Grande-Rue, 124. — 1874. SIRE, Georges, docteur ès-sciences, essayeur de la garantie, rue des Chambrettes, 13. — 1847. SOMMEREISEN, Charles, négociant, rue de Glères, 4. — 1872. TAILLEUR, propriétaire, rue d'Arènes, 33. — 1858. TarzLEur, Louis, attaché au secrétariat de l’Académie uni- versitaire, rue d’Arènes, 33. — 1867. Trssor, économe de l’Asile départemental , rue des Granges, 23. — 18068. Tiron, propriétaire, rue du Mont-Sainte-Marie, 2. — 1874. Tivier, Henri, doyen de la Faculté des lettres, rue du Cha- pitre, 19. — 1873. — 569 — MM. VaïssieR, Alfred, propriétaire, Grande-Rue, 109. — 1876. VALLUET, imprimeur, rue de Glères, 23. — 1874. VALTEFAUGLE, directeur des forges de Gouille. — 1873. VAUTHERIN, Francis, propriétaire, rue Saint-Pierre, 16. — 1875. VAUTHERIN, Jules, membre du conseil général, rue du Cha- teur, 20. — 1853. | Veic-Picarp, Adolphe, banquier, commandant des sapeurs- pompiers, membre du conseil municipal, Grande-Rue, 14. — 1859. VERMOT, Théodore, entrepreneur de maçonnerie; à la Mouil- lère (banlieue). — 1873. DE VEZET (le comte Edouard), lieutenant-colonel de l'armée territoriale, rue Neuve, 17 ter. — 1870. VézIAN, professeur à la Faculté des sciences, rue Neuve, 21. — 1860. VranaN, Laurent, docteur en médecine, Grande-Rue, 49. — 1875. VIENNET, surveillant général au Lycée, rue Sainte-Anne, 3. — 1869. VorriN, Jules, pharmacien, quai de Strasbourg, 1. — 1876. Voisin, Claude-Francçois, propriétaire ; Montrapon (banlieue). — 1869. Voisi, Pierre, propriétaire ; Montrapon (banlieue). — 1855. VouzEau, conservateur des forêts en retraite, rue des Granges, 38. — 1856. VuizzemoT, Albert, avoué, rue Saint-Vincent, 41, — 1876. VuiLLERET, Just, juge au tribunal, secrétaire perpétuel de l’Académie, rue Saint-Jean, 11. — 1851. WAILLE, professeur de mathématiques spéciales en retraite, rue du Lycée, 9. — 1872. WERLEIN, Amédée, négociant, rue des Granges, 44. — 1870. — 570 — Membres correspondants (239). MM. ARMBRUSTER, chargé des fonctions d'inspecteur d'Académie, à Belfort. — 1875. Barzzv, inspecteur d’Académie en retraite, membre du con- seil général de la Haute-Saône; Vesoul. — 1875. BALANCHE, Stanislas, ingénieur-chimiste ; au Houlme, près Malaunay (Seine-inférieure). — 1868. DE BANCENEL, chef de bataillon du génie en retraite; Liesle (Doubs). — 1851. BarRaL, pharmacien, ancien maire de la ville de Morteau (Doubs). — 1864. . BaTaILLARD, Claude-Joseph, agronome : Champagney, par Audeux (Doubs) — 1857. BATAILLE, Paul, ingénieur des ponts et Chaussées; Autun (Saône-et-Loire). — 1870. Baupranp, Joseph, sculpteur ; Dole (Jura). — 1874. Bexoîr , Claude-Emile, vérificateur des douanes; Paris, rue du Faubourg-Saint-Martin, 188. — 1854. Benoîr, vérificateur des poids et mesures; Dole (Jura). — 1870. * BerTHauD, professeur de physique au Lycée de Mâcon (Saône-et-Loire). — 1860. * BerTuor, ingénieur en chef en retraite ; Chagny (Saône- et-Loire). — 1851. BERTRAND, Alexandre, conservateur Fe Musée national de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise). — 1866. * Besson, ingénieur ; Salins (Jura), rue d'Orgemont, 4. — 1859. Berreno, Abel, imprimeur-lithographe; Lure (Haute-Saône). — 1862. * Beuque, triangulateur au service de la topographie algé- rienne: Constantine. — 1853. Bey, Jules, horticulteur ; Marnay (Haute-Saône). — 1871. — 911 — MM. pe Bicor, lieutenant-colonel d'état-major ; Toulouse (Haute- Garonne). — 1868. Brxio, Maurice, agronome: Paris, rue de Rennes, 93. — 1866. DE BLONDEAU, Stanislas, membre du conseil général du Doubs et maire de Saint-Hippolyte. — 1871. BogiLzzier, Edouard, maire de la ville et suppléant du juge de paix ; Clerval (Doubs). — 1875. Borssezer, archéologue ; Vesoul (Haute-Saône). — 1866. Borsson, Emile, propriétaire ; Moncley (Doubs). — 1865. * Bossu (l'abbé Léon); Vuillafans (Doubs). — 1875. BouiLzERoT, Achille, archéologue ; Cintrey (Haute-Saône). — 1874 Ù . * Bouizzer, Apollon ; Paris, rue de Greuelle-Saint-Honoré, 18. — 1860. BouLay (l'abbé), botaniste, professeur à l’école Belzunce; Marseille (Bouches-du-Rhône). — 1875. BouzLer, inspecteur de l’Académie de Paris, en résidence à Melun (Seine-et-Marne). — 1863. BourxenoT-PEUGEOT, vice-président de la Société d'Emulation de Montbéliard; Audincourt (Doubs). — 1869. *- BReniN, professeur au Lycée de Vesoul (Haute-Saône). — 1897. BRELET, avocat, membre du conseil général du Doubs, an- cien maire de Baume-les-Dames. — 1872. * Brior, docteur en médecine, membre du conseil général du Jura; Chaussin (Jura). — 1869. * Bucxer, Alexandre, propriétaire ; Gray (Haute-Saône). — 1859. CARDOT DE LA BurTue, bibliophile; Paris, avenue de Neuilly (Batignolles), et au Val Saint-Eloy (Haute-Saône). — . 1873. | CaRLeT, Joseph, ingénieur des ponts et chaussées ; Beaune (Côte-d'Or). — 1858. — 572 — MM. CarME, conducteur de travaux de chemin de fer; Cercy-la- Tour (Nièvre). — 1856. CARPENTIER , Louis, propriétaire ; Baume-les-Dames (Doubs). — 1874. CARTEREAU, docteur en médecine ; Bar-sur-Seine (Aube). — 1858. CasTAN, Francis, chef d’escadron d'artillerie à la poudrerie du Bouchet (Seine-et-Oise). — 1860. * CHAMPIN, ancien sous-préfet ; Baume-les-Dames. — 1865. Capoy, Henri, professeur; Melun (Seine-et-Marne). — 1875. Caapuis, Louis, pharmacien ; Chaussin {Jura}. — 1869. CHaRMoILLE, Francis, maire d'Oiselay (Hte-Saône). — 1871. Cxarpy, Léon, archéologue ; Saint-Amour (Jura). — 1870. CHATELET, curé de Gussey-sur-l’Ognon | Doubs). — 1868. * CHazAup, archiviste du département de l'Allier; Moulins. — 1865. CHERBONNEAU, directeur du collége arabe, correspondant de l’Institut; Alger, Tournant-Rivogo, 74. — 1857. CHervin aîné, directeur-fondateur de l'Institution des Bègues, Paris, avenue d'Eylau, 90. — 1869. * Cnorrar, Paul, géologue ; Zurich (Suisse). — 1869. CLaupow, Félix, curé de Lods { Doubs). — 1873. * CLoz, Louis, peintre ; Lons-le-Saunier (Jura). — 1863. CoLarp, Charles, architecte; Lure ( Haute-Saône). — 1864. CouiN, Gustave, député et membre du conseil général du Doubs: Pontarlier. — 1864. * ConTesean, Charles, professeur à la Faculté des sciences de Poitiers (Vienne). — 1851. Corpter, Jules-Joseph, vérificateur des douanes ; Saint-Na- zaire (Loire-Inférieure). — 1862. Coste, docteur en médecine et pharmacien de première classe ; Salins (Jura). — 1866. * CorrEAU, juge au tribunal de première instance; Auxerre (Yonne). — 1860. — 573 — MM. Course, imprimeur-lithographe ; Dole (Jura). — 1875. Courger, Ernest, inspecteur des caisses municipales ; Paris, rue de Lille, 30. — 1874. * Courerur, Aristide, notaire; Lure (Haute-Saône). — 1862. * CréBELY, Justin, employé aux forges de Franche-Comté ; Moulin-Rouge, près Rochefort (Jura). — 1865. Deracroix, Emile, professeur honoraire à l'Ecole de médecine de Besancon, médecin-inspecteur des eaux de Luxeuil. — 1840. DELaronp , Frédéric, ingénieur des mines ; Mâcon (Saône-et- Loire). — 1872. DeLeuLe, instituteur ; Jougne ( Doubs). — 1863. DéprerRes, Auguste, avocat, bibliothécaire de la ville de Lure (Haute-Saône). — 1859. * DEsserTINES, directeur de forges; Saucourt, par Doulain- court (Haute-Marne). — 1866. Derzem, ingénieur en chef des ponts et chaussées; DUSES (Deux-Sèvres). — 1851. * Deuuin, Eugène, banquier ; Epernay (Marne). — 1860. DEvARENNE , Ulysse, capitaine de vaisseau de la marine na- tionale ; Toulon (Var). — 1867. Devaux, ancien pharmacien; Gy (Haute-Saône). — 1860. Devaux (l'abbé), curé de Saint-Marcel, près Vitrey (Haute- Saône). — 1872. Dorer, chef de service de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon ; Paris, rue Richer, 4. — 1857. * DornieR, pharmacien ; Morteau (Doubs). — 1873. DrapeyroN, Ludovic, docteur ès-lettres, professeur d'histoire au Lycée Charlemagne; Paris, rue des Feuillantines, 69. — 1866. DrRuHEN, Alphonse, juge suppléant à Baume-les-Dames. (Doubs). — 1875. Ducar, Auguste, docteur en médecine, médecin du bureau de bienfaisance du 19° arrondissement de Paris. — 1873. | OT CN >= | MM. Duray, Jules, notaire ; Salins (Jura). — 1875. Duworrier, Eugène, négociant; Lyon, avenue de Saxe, 97. — 1857. Erms, Léon, inspecteur des forêts, Bonneville (Haute-Savoie) — 1862. Favre, Pierre, apiculteur ; Sassenay, par Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). — 1865. * Fazor fils, architecte ; Montbéliard (Doubs). — 1858. * Favre, Alphonse, professeur à l’Académie de Genève (Suisse). — 1862. Feuvrier (l'abbé), curé de Montbéliard (Doubs). — 1856. Fozrère, (l'abbé), curé de Verne (Doubs). — 1858. Francois, Camille, censeur des études au Lycée de Laval (Mayenne). — 1873. * pe FROMENTEL, docteur en médecine ; Gray (Haute-Saône). — 1857. GazmicHe, Roger, président de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône; Vesoul. — 1875. GAFFAREL, professeur d'histoire à la Faculté des lettres de Dijon. — 1868. GARNIER , Georges, avocat; Bayeux {Calvados ). — 1867. GARNIER DE FALLETANS, Charles, garde général des forûts ; Gannat (Allier). — 1874. Gascon , Edouard , agent voyer d'arrondissement ; Fontaine- Française (Côte-d'Or). — 1868. Gauraier, docteur en médecine; Luxeuil ( Haute-Saône ), — 1868. GérarD, Edouard, propriétaire, ancien adjoint au maire de Besançon; Yvone, près Thonon (Haute-Savoie;. — 1854. GérAR», Jules, professeur à la Faculté des lettres de Clermont- Ferrand (Puy-de-Dôme). — 1865. Gevrey, Alfred, procureur de la République ; Aurillac (Can- tal). — 1860. Ginpre, docteur en médecine; Poutarlier (Doubs). — 1869. MM. * GIRARDIER, agent voyer d'arrondissement ;- Pontarlier (Doubs). — 1856. Giron, Léon, receveur de l'enregistrement; Pont-de-Roide (Doubs). — 1870. * Grrop, Louis, architecte ; Pontarlier ({ Doubs). — 1851. Girop, Louis, docteur en médecine ; Pontarlier (Doubs). — 1870. * Goprox, doyen honoraire de la Faculté des sciences de Nancy (Meurthe-et-Moselle). — 1843. GoGuEz, médecin-major au 42° de ligne. — 1875. . * GRANDMOUGIN, architecte de la ville et des bains de Luxeuil (Haute-Saône). — 1858. GRENIER, Edouard, littérateur, ancien secrétaire d’ambassade; Paris, rue Jacob, 3, et Baume-les- Dames (Doubs). — 1870. x GuizzemiN, Louis, attaché au ministère des affaires étran- sères, membre du conseil général du Doubs ; Rougemont (Doubs). — 1873. * GuizzenoT, Antoine, entomologiste; Thiers (Puy-de-Dôme). — 1854. GuinanD, Jules-Albin, essayeur-juré du bureau de contrôle de la Chaux-de-Fonds (Suisse). — 1875. Hazcier, Adrien, architecte; Paris, boulevard du Temple, 33. — 1874. HenneQuIN, Frédéric, professeur de topographie, attaché à l'Etat-major général du ministre de la Guerre; Paris, rue de Verneuil, 43. — 1876. HorFruanx, imprimeur ; Montbéliard. — 1873. Hucox, Charles, littérateur ; Moscou (Russie). — 1866. * Jaccarp, Auguste, professeur de géologie à l’Académie de Neuchâtel (Suisse); au Locle. — 1860. JAvEL, Emir, imprimeur ; Arboiïs (Jura). — 1875. JEANNENEY, Victor, professeur de dessin au Lycée de Vesoul (Haute-Saône). — 1858. — 976 — MM. JEANNIN (l'abbé), curé de Déservillers ( Doubs). — 1872. Join, Alphonse, avocat; Lons-le-Saunier (Jura). — 1872. JuxG, Théodore, chef d’escadron d'état-major ; Lille (Nord). — 1872. * JURGENSEN, Jules, littérateur; au Locle (Suisse). — 1872. Jussy, Eugène, ancien notaire ; Paris, — 1868. * Kogcauin, Oscar, chimiste ; Dornach (Alsace). — 1858. KouLer, Xavier, président honoraire de la Société jurassienne d'Emulation; Porrentruy (Suisse). — 1864. * KoHLMAnN, ancien receveur du timbre ; Angers ( Maine- et-Loire). — 1861. pr * Kozcer, Charles, constructeur ; Jougne | Doubs). — 1856 * LAMoTTE, directeur de hauts-fourneaux ; Ottange, par Au- metz (Lorraine). — 1859. * LanGLois, juge de paix ; Dole (Jura). — 1854. LANTERNIER, chef du dépôt des forges de Larians ; Lyon, rue Sainte-Hélène, 14. — 1855. * LAURENT, Ch., ingénieur civil ; Paris, rue de Chabrol, 35. — 1860. Le BRuN-DALBANNE, archéologue ; Troyes (Aube). — 1868. Leccerc, Francois, archéologue et naturaliste: Seurre (Côte- d'Or). — 1866. Le Monnier, professeur à la Faculté des sciences de Poitiers (Vienne). — 1875. * Leras, inspecteur d'académie; Auxerre (Yonne). — 1857. Laomme, Victor, directeur des douanes en retraite; Paris, boulevard Péreire, 191. — 1842. Lomme, botaniste, employé à l'hôtel de ville de Vesoul (Haute-Saône). — 1875. * Licrer, Arthur, pharmacien ; Salins (Jura). — 1863. Loan, Emile, avocat; Dijon, rue Chabot-Charny, 40. — 1874. | Lory, professeur de géologie’à la Faculté des sciences de Grenoble (Isère). — 1857. OA =} + MM. LOURDEL, vétérinaire en premier au 5e régiment d'artillerie. — 1874. Luwière, photographe ; Lyon, rue de la Barre, près de l'Ecole de médecine. — 1869. LyaurTey , Claude-Baptiste, professeur de langue française, à Odessa (Russie). — 1874. Macarp , Jules, peintre d'histoire, ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome; Paris. — 1866. * Marzrarp, docteur en médecine; Dijon (Côte-d'Or). — 1855. Maïrey (l'abbé), professeur au séminaire de Vesoul. — 1874. MaisonneT |l'abbé), curé de Chaucenne ( Doubs). — 1856. * pe ManprorT, colonel fédéral ; Neuchâtel {(Suisse). — 1866. DE ManproT, Bernard, archiviste-paléographe ; Paris, boule- vard Haussmann, 148. — 1870. Marcov, Jules, géologue ; Paris, boulevard Saint-Michel, 81. — 1845. DE MaRuier (le duc), membre du conseil général de la Haute- Saône ; Paris, rue de l'Université, 39. — 1867. MARQUISET, Gaston, propriétaire, membre du conseil général de la Haute-Saône; Fontaine-lez-Luxeuil ( Haute-Saône). — 1858. MarTin, docteur en médecine ; Aumessas (Gard). — 1855. * Maruey, Charles, pharmacien ; Ornans (Doubs). — 1856. DE MENTHON, René, botaniste; Menthon { Haute-Savoie). — 1854. Mérin , Georges, agent voyer d'arrondissement ; Baume-les- Dames (Doubs). — 1868. * Micnez, Auguste, instituteur communal; Mulhouse (Al- sace). — 1842. MicEeLor , ingénieur en chef des ponts et chaussées; Paris, rue de la Chaise, 24. — 1858. MienarD, correspondant du ministère de l'instruction pu- blique; Dijon (Côte-d'Or). — 1868, 31 — 578 — MM. * Monnier, Eugène, architecte; Paris, rue Billault, 19. — 1866. Monnier, Louis, principal du collége de Pontarlier. — 1873. MoquEery, ingénieur des ponts et chaussées ; Dijon (Côte- d'Or}. — 1873. MoquiN-Taxpox, Olivier, littérateur; Paris, rue Monsieur-le- Prince, 25.— 1875. Morez, Eugène, homme delettres ; Courchaton (Haute-Saône). — 1873. MorÉTIN, docteur en médecine ; Paris, rue de Rivoli, 68. — 1857. Mouror, instituteur public ; Saône { Doubs). — 1870. DE MousrTier (le marquis) ; château Bournel, par Rougemont (Doubs). — 1874. MuGnier, Henri-Auguste, ingénieur-architecte ; Paris, rue de Lafayette, 163. — 1868. Muxier, médecin ; Foncine-le-Haut (Jura). — 1847. DE NERvAUx, Edmond, directeur général de l’Assistance publique ; Paris. — 1856. | ORDINAIRE DE LACOLONGE, chef d’escadron d'artillerie en re- traite, Bordeaux (Gironde). — 1856. * ParanDieR, inspecteur général des ponts et chaussées en retraite; Paris, rue de Berri, 43. — 1852. Paris, docteur en médecine ; Luxeuïl (Haute-Saône).— 1866. Parisor, Louis, pharmacien et maire de Belfort. — 1855. Passrer, Alphonse, lieutenant d'infanterie ; Dole (Jura). — 1874. Passier, Henri, bibliophile ; Dole (Jura). — 1874. PATEL, ancien maire de Quingey { Doubs) — 1866. Pécxoix, Charles, instituteur public; Glay, par Blamont (Doubs). — 1874. Pécouz, Auguste, archiviste-paléographe, secrétaire d’ambas- sade ; château de Villiers, à Draveil (Seine-et-Oise). — 1865. — 579 — MM. * Perron, conservateur du musée de la ville de Gray (Haute- Saône). — 1857. PERRUCHE DE VELNA, procureur de la République à Saint- Claude (Jura). — 1870. * Pessières, architecte ; Pontarlier { Doubs). — 1853. Perir, Jean, statuaire ; Paris, rue d’Enfer, 89. — 1866. PeuGeor, Constant, ancien membre du conseil général ; Au- dincourt (Doubs). — 1857. PrnaRe, Jules, juge de paix ; Clerval (Doubs). — 1868. Porsor, Maurice, avocat; Dijon (Côte-d'Or), rue Buffon, 4. — 1870. Pozy, négociant; Breuches (Haute-Saône). — 1869. Pôxe, docteur en médecine; Pontarlier (Doubs). — 1875. Prosr, Bernard, archiviste du Jura, correspondant du mi- nistère de l’Instruction publique; Lons-le-Saunier (Jura). — 1867. | Proupxon, Hippolyte, membre du conseil d'arrondissement, maire d'Ornans (Doubs). — 1854. Proupxon, Léon, ancien maire de la ville de Besançon ; Or- nans (Doubs). — 1856. * Quécer, Lucien, docteur en médecine ; Hérimoncourt (Doubs). — 1862. QuiquEerez, ancien préfet de Delémont; Bellerive, canton de Berne (Suisse). — 1864. * Receveur , Jules, notaire ; Cuse, près Rougemont | Doubs). — 1874. REeDper, commis des douanes ; Jougne (Doubs). — 1868. * Renaup, Alphonse, officier principal d'administration des hôpitaux militaires en retraite; Paris, rue d'Amsterdam, 69. — 1855. * Renaup, Edouard, chef de bataillon d'infanterie. — 1868. Rexau», doct. en médec.; Goux-lez-Usiers (Doubs). — 1854. RENAUDIN, Jules, représentant de la compagnie des eaux de Vichy; Marseille (Bouches-du-Rhône). — 1875. — 580 — MM. RENauDIN, Francois - Justin, instituteur public; Fontain (Doubs). — 1874. RenauzT, Ferdinand, botaniste, lieutenant au dépôt de re- monte de Guéret (Creuse). — 1875. R£vox, Pierre, banquier; Gray (Haute-Saône). — 1858. RicuaRp, Ch., docteur en médecine; Autrey-lez-Gray (Haute- Saône. — 1861. RiNGuezer, Eusèbe, industriel; Trécourt (Haute-Saône). — 1873. RogertTi, Achille, bibliothécaire de la ville de Valence (Drôme). — 1873. RomanowSk1, photographe ; Montpellier, rue Saint-Guilhelm, 42, — 1874. RouGer, docteur en médecine ; Arboiïs (Jura). — 1856. Roy, Jules, secrétaire de l'Ecole des Chartes et professeur à l'Ecole des hautes études ; Paris. — 1867. Rurrier, architecte ; Dole (Jura). — 1873. SAGLio, Camille, ingénieur aux forges d’Audincouft (Doubs). — 1871. SARRAZIN, propriétaire de mines; Lons-le-Saunier (Jura). — 1862. * DE SAUSSURE, Henri, naturaliste; château de la Charnéa, près Bonne-sur-Ménage (Haute-Savoie). — 1854. SAUTIER, chef de bataillon du génie en retraite; Vesoul (Haute- Saône). — 1848. SEBILE, propriétaire; Mouthier-Haute-Pierre (Doubs). — 1857. SicaRD, Jules, négociant; Dijon (Côte-d'Or). — 1875. * ThénanD (le baron), membre de l'Institut (Académie des sciences); Talmay (Côte-d'Or). — 1851. Taigrry, Gilbert, ancien auditeur de 1" classe au Conseil d'Etat; Paris, rue St-Dominique-S-Germain, 76. — 1868. Turgrry, Jacques-Amédée, capitaine d'état-major; Clermont- Ferrand. — 1873. — 581 — MM. Taurier, Charles, juge de paix; Rougemont (Doubs).— 1869. Trssor, correspondant de l'Institut, doyen honoraire de la Faculté des lettres de Dijon (Côte-d'Or). — 1859. Tougin, Charles, professeur au collége arabe d’Alger.— 1856. Tourer, Félix, percepteur; Nans-sous-Sainte-Anne (Doubs). — 1854. TourGNoL, principal du collége de Baume-les-Dames (Doubs). — 1873. * Tourner, Ed., maître de conférences à l'Ecole normale, sous-directeur à l'Ecole des hautes études; Paris, rue de Vaugirard, 92. — 1854. Tourner, Paul, docteur en médecine; Morteau (Doubs). — 1866. Travezer, Nicolas, propriétaire, ancien maire de Bourgui- gnon-lez-Morey (Haute-Saône). — 1857. * Travers, Emile, conseiller de préfecture ; Caen {[Calvados). — 1869. TrucHELUT, photographe; Paris, rue Richelieu, 98. — 1854. Tusrey, Alexandre, archiviste aux archives nationales; Paris, place Wagram, 4. — 1863. VALFREY, Jules, rédacteur au Moniteur universel; Paris, rue de Rivoli, 480. — 1860. VAILLANDET, médecin; Pin-’Emagny (Haute-Saône).— 1876. VARAIGNE , sous-directeur des contributions indirectes; Ver- sailles (Seine-et-Oise). — 1856. VENDRELY, pharmacien ; Champagney (Haute-Saône).—1863, Veruor, Ernest, capitaine de frégate de la marine nationale; Paris, rue de Moscou, 23. — 1873. Vrarp, Alexandre, notaire et maire, à Hortes (Haute-Marne). — 1872. i Virgile, Emile, libraire, maison Victor Masson; Paris, rue de l'Ecole-de-Médecine, 17. — 1862. VigczLzarDp, Léon, propriétaire et maître de forges ; Morvillars (Haut-Rhin). — 1872. — 282 — MM. - * DE ViGnaup, Eugène, littérateur ; Paris, rue des Francs- Bourgeois, 34. — 1875. VoisiN, Honoré, ingénieur des mines; Moulins (Allier) — 1874. * WALLon, Henri, agrégé de l’Université, manufacturier; Rouen, Val d'Eauplet, 4. — 1868. * WILLERME, Colonel des sapeurs-pompiers de Paris en retraite. — 1869. ZAREMBA, vérificateur de l'enregistrement; Pontarlier (Doubs). — 1869. ZELLER, professeur d'histoire au Lycée de Nancy. — 1871. — 283 — SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES (107). Le millésime indique l’année dans laquelle ont commencé les relations. Œ FRANCE Comité des travaux historiques et des sociétés savantes près le Ministère de l'Instruction publique (deux exemplaires des Mémoires). ....... LA LA EN EXT EPALER RATS 1856 Ain Société d’'Emulation de l’Aïn; Bourg..............". 1860 Aisne Société académique des sciences, arts, belles-lettres, agriculture et industrie de Saint-Quentin.......... 1862 Allier Société des sciences médicales de l’arrondissement de (OS ND), PARTS RER EE EE EURE 1851 Société d'Emulation du département de l'Allier; Mou- MMS NE De nren een NRA RL EUR 1860 Alpes-Maritimes Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes ; NIGER RUSSES ls PU PR ARE AT ds dnté 1867 Ardèche Société des sciences naturelles et historiques de l’Ar- aèche BTE S AR eee PeuUe SRRRNEMUSUEE 1863 Aube Société académique de l'Aube; Troyes.............. 1867 — 984 — Houches-du-Rhône Société de statistique de Marseille .................. 1867 Académie des sciences, belles-lettres etarts de Marseille. 1867 Calvados Société Linnéenne de Normandie; Caen. ........... 1857 ACATÉLUIEMS CAB ME ane de de NUE DANS 1868 Charente-Inférieure Société d'agriculture de Rochefort................., 1861 Cher, Société des antiquaires du Centre; Bourges......... 1876 Côte-d'Or Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon.. 1856 Société d'agriculture et d'industrie agricole du dépar- mentdeda Cote d'Or Dim CR 1861 Commission des antiquités du département de la Côte- W'or; Dijon..:..Luaster sMoluemhirisecenxaie 1869 Doubs Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besan- PE NE OR Ed 1841 Société d'agriculture, sciences naturelles et arts du dé- partement duDoubs; Besancon: 1.0.2... 1841 Commission archéologique de Besançon............ 1853 Société d'Emulation de Monthéliard............. -. 1854 Société de médecine de’Bésancont 44002. 2000 ten 1861 Société de lecture de Besancon. .................... 1865 Association scientifique de pharmaciens de Besancon. 1875 Eure-et-Loir Société Dunoise; Châteaudun....,................. 1867 Finistère. Société académique:de Brest}. LE tenter 1875 — 585 — Académie du'Gards Nimes. 2. 4.0. Dore. Société scientifique et littéraire d'Alais.............. Garonne (Haute-) Société archéologique du midi de la France; Toulouse. Société des sciences physiques et naturelles de Tou- Gironde Commission des monuments de la Gironde; Bordeaux. Société des sciences physiques et naturelles de Bor- à FÉA I D SERA ARE Me PER UE AS EN RP SR SRE QUE ‘Hérault Mtadénnerte Montpellier, PERS Société archéologique de Montpellier. .............. Indre-et-Loire Société française d'archéologie; Tours.............. Isère Société de statistique et d'histoire naturelle du dépar- tement de l'Isère; Grenohle:.,:..1....5:.4..;:10. Jura Société d'Emulation du département du Jura; Lons- leSaumier Mis si NN PRE RE ARE Loire Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles- lettres du département de la Loire; Saint-Etienne... Loiret Société archéologique de l'Orléanais; Orléans........ 1866 1870 1872 1875 1866 1867 1875 1869 1869 1861 1857 1844 1860 1866 1851 . — 586 — Maine-et-Loire Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et-Loire; Angers! ii 19028488 Lies Société académique de Maine-et-Loire ; Angers...... Manche Société des sciences naturelles de Cherbourg. ...,.... Marne Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne ; Chälons..........,..... Marne (Haute-) Saciété archéologique de Langres. ................. Mayenne Société de l’industrie de la Mayenne; Laval......... Société d'archéologie, sciences, arts et belles-lettres du département de la Mayenne; Mayenne............ Meurthe-et-Moselle Société des sciences de Nancy (ancienne Société des sciences naturelles de Strasbourg)................ Meuse Société philomathique de Verdun..........,...,.... Morbihan Société polymathique du Morbihan; Vannes...... Oise Société d'agriculture de Compiègne................. Pyrénées (Basses-) Société des sciences, lettres et arts de Pau........... Pyrénées (Hautes-) Société académique des Hautes-Pyrénées ; Tarbes... 1855 1857 1854 1856 1874 1857 1866 — 587 — Pyrénées-Orientales Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées- Ofentles Perpignan ea. inches. 1856 Rhin (Haut-) Société Belfortaine d'Emulation..:. .…............. 1872 Rhône Socictédannéennede Lyon PRE ares dede de . 1849 Société d'agriculture, d'histoire naturelle et arts utiles DENON 2e 0 0e st RE PSE 1850 Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon.. 1850 Société d’horticulture pratique du département du Rhône YO, LES OR Re A ue 1853 Société tiérarre de Lyon entres LEA 1866 Saône-et-Loire Sucleté Edmenne: AUCUN RP di nc 1846 Société d'archéologie de Chalon-sur-Saône. .......... 1857 Académie de;MACOI.-2 9 APR NN . 1868 Saône (Haute-) Commission d'archéologie de la Haute-Saône; Vesoul. 1864 Sarthe Société d'agriculture, sciences et arts ; le Mans....... 1869 Savoie Acadétmie de Savoie: CHAINES 0... 40e 1869 Savoie (Haute-) Société Florimontane: Annecy...............:..... 1871 Seine Académie des sciences de l’Institut de France. ...... 1872 Société géologique de France ; Paris................ 1847 Société de secours des amis des sciences ; Paris...... 1863 — 588 — Association scientifique de France; Paris........... Société des antiquaires de France; Paris ........... : Seine-et-Marne Sociélé d'archéologie, sciences, lettres et arts de Seine- EMA METTRE CPP CURE ME Scine-Inférieure Commission départementale des antiquités de la Seine- Inférieure: Rouen.......... RE PR ES LI Somme Société des antiquaires de Picardie; Amiens........ Tarn Société scientifique et littéraire de Castres........... Var Société des sciences naturelles, des lettres et des beaux- arts de Cannes et de l'arrondissement de Grasse. ... vienne (Hautc-) Société archéologique et historique du Limousin ; TOMBER ER RER CT er SNS NS Enr € vosges Société d'Emulation du département des Vosges; Epi- Yonne Société des sciences historiques et naturelles de LYONDEIAUXENTE. SRE NP LE Re Société d'agriculture de, Joinyee RC De ALSACE-LORRAINE Société d'histoire naturelle de Metz...... AR ER Société d'histoire naturelle de Colmar.............…, 1865 1870 1892 1855 — 589 — ALGÉRIE Société de climatologie algérienne; Alger......,..... Société historique algérienne; Alger .........,..... ALLEMAGNE Académie royale des sciences de Bavière à Munich (Kænigl. bayer. Akademie der Wissenschaften zu München), représentée par M. Scheuring, libraire DÉMOS Se A Société des sciences naturelles de Brême (Naturwis- senschaïtlicher Verein zu Bremen)....:.....4...., Société des sciences naturelles et médicales de la Haute-Hesse (0berhessische Gesselschaft für Natur- uod Helkunde): /Griessn: CPR neue Société royale physico-économique de Kænigsberg (Kæmigliche physikalisch-ækonomische Gesellschaft Au Kœnigshezs)s Prusse, ue D'uR on SRE AUTRICHE Institut impérial et royal de géologie de l'empire d'Au- triche (Kaiïserlich-kæniglich geologische Reichsan- sal; Vienne: MONT a eotROR et tteteleas)/e AMÉRIQUE Société d'histoire naturelle de Boston, représentée par MM. Gustave Bossange et Ci, libraires, quai Vol- tr, 20, PAS AL A III ARNO. ANNE Institut Smithsonien de Washington, représenté par MM. Gustave Bossange et Cie 0 ANGLETERRE Société littéraire et philosophique de Manchester (Li- terary and philosophical Society of Manchester)... 1865 1866 1858: 1861 1855 1865 1869 1859 = 500 BELGIQUE Académie royale de Belgique ; Bruxelles.........,... Société géologique de Belgique; Liége........ AAC LUXEMBOURG Société des sciences naturelles du grand -duché de Luxembourg; Luxembourg........ LU ST CERCLEE SUÈDE Académie royale des sciences de Stockholm, représen- tée par M. Otto Lorenz, hbraire, rue des Beaux- ATES, OHDLS AE dTISES A ARS Re RE DRE SUISSE Société jurassienne d'Emulation de Porrentruy..... Société d'histoire et d'archéologie de Genève. ....... Institut national de Genève.......... CR RA CRN LREe Société vaudoise des sciences naturelles; Lausanne... Société d'histoire de la Suisse romande; Lausanne... Société neuchâteloise des sciences naturelles ; Neu- CHA EEE rs nr a RENE PAR EE ae Société d'histoire et d'archéologie de Neuchâtel...... Société helvétique des sciences naturelles; Zurich.... Sotiété des-antiquaires de Zurich... 2eme Fe: 1869 1861 1863 1866 1847 1873 1862 1865 1857 1864 — 591 — Bibliothèques publiques (19) Ayant droit à un exemplaire des Mémoires. Bibliothèque de la ville de Besancon. Id. de l'Ecole d'artillerie de Besancon. Id. de la Faculté des sciences de Besancon. Id. de l'Ecole de médecine de Besançon. Id. de la ville de Montbéliard. Id. de la ville de Pontarlier. Id. de la ville de Baume-les-Dames. Id. de la ville de Vesoul. 14: de la ville de Gray. Id. de la ville de Lure. Id. de la ville de Luxeuil. Id. de la ville de Lons-le-Saunier. Id. de la ville de Dole. Id. de la ville de Poligny. Ïd. de la ville de Salins. Id. de la ville d’Arbois. Id. du Musée national de Saint-Germain-en-Laye. Id. Mazarine, à Paris. Id. de l'Ecole d'application de l'artillerie et du génie, à Fontainebleau. ! (EU ptig bupébortrt : sodatbif, #6E PTT tr # io fin. (4 on abat &t-8h re ones atferithesb:al0nfl"{ SD RARE hdd aebrblhééés dngillgt | seul ft QIeE ob atnuabänr dt oh Det rstlodfuëM vale nf m L | sétiesdoftten ol sf ab CRE =. - Rare aitu 85 a EE 6D LE finis au etre l af 6 " à | EVE UE Sttr ui ul -= 0 © | | “ut stralliy &l sb HE L | (tél ot slre sb LEA idees ot Ad alim see" HAN Soc us af nl'ul \YPONIRESS vrgifus} al atliy £bab BE: : | AEA ouate dE be hf " % biaduX hors HT AIN" 20 PS = 10 CIRE Lite 6 Difoben'eateuirb si . a atut À Siné at VE ut ia omallths | bn nou tt lb A0 04 “Haslantne 0 00198 TABLE GÉNÉRALE DES MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS 1841-1875 Dressée par M. I. WAÏILLE, membre résidant Et précédée d’une Notice sur la Société Par M. Auguste CASTAN, secrétaire décennal. 38 . $ - , AN LT . pe à we hd LD] pe, { FE ado PONT ARE 4 . 1104 : # In ( A & 4 1 14e + On + LEBRUN GUANIVETRS AT _- e NEC À » : 1 >. 2) 4 s am TAY I 1 April *e } | L T0 | #1} TU ANT LE Le Nb FUN BEL l tr o J ur L Q 4 "U e | Hevtii TAN d ; Foyl 4 à | À F A “ ju ? ce AA RE hd h Le. _ Lo PAR LS IRON E SUR LA SOCIÉTÉ D’ÉMULATION DU DOUBS La Société d'Emulation du Doubs a été fondée, le 1er juil- let 1840, par une réunion de vingt-deux personnes (l} qui avaient pour but : 1° de se procurer, à frais communs, des ouvrages leur permettant de suivre le courant des travaux scientifiques ; 2° d'imprimer, chaque année, un volume de mémoires concernant les sciences, mais surtout leurs appli- cations au développement des industries et des collections locales. La nouvelle association s'intitula Société libre, c’est-à-dire largement ouverte; elle s'interdit en même temps les œuvres (1) MM. Beaurmias, pharmacien; Théodore BELamy, compositeur musical; Achille Boupsor, ingénieur ; Eugène BRETILLOT, proprié- taire; Théophile Bruaxp, naturaliste; Edouard CLerc, notaire, auteur de la Théorie du notariat ; César Covers, ingénieur, depuis député du Doubs et maire de Besançon; Jules CRESTIN, avocat; Alphonse DE- LACROIX, architecte; Emile DeELacroirx, docteur en médecine et ès sciences naturelles; DELLy, professeur de mathématiques spéciales; Eugène Demesmay, avocat; Droz, directeur de l'Ecole primaire supé- rieure de la ville ; Charles Grenier, docteur en médecine et ès sciences naturelles, mort doyen honoraire de la Faculté des sciences de Besan- con; Louis JEANNEZ, avocat, mort conseiller à la Cour d'appel; Alphonse Marquiser, économiste; MarriN, docteur en médecine; Reyxaun-Du- cREUx, professeur à l'Ecole d'artillerie ; RoncaGLro, professeur de mu- sique; Louis Roy, fondeur; Jules TRÉMOLIÈRES, avocat; VIviER employé à l'Hôtel de ville. — 596 — purement littéraires, cette spécialité appartenant sur place aux quarante de l’Académie de Besançon. L'Académie avait pour collaborateurs principaux les pro- fesseurs de la Faculté des lettres ; la Société d'Emulation du Doubs naquit à point pour devenir l'auxiliaire de la Faculté des sciences, créée en 1845. Le musée d'histoire naturelle, administré par les professeurs de cette institution, doit à la Société d'Emulation du Doubs une part considérable de ses richesses. En 1848, la ville organisa un musée d'antiquités. Ce fut encore la Société d'Emulation du Doubs qui, par des subven- tions et le produit de fouilles heureuses, permit à cet établis- sement d'occuper bientôt un rang distingué dans les dépôts archéologiques de la France provinciale. Par les travaux de botanique de M. Grenier, les monogra- phies entomologiques de M. Th. Bruand, les mémoires géo- logiques de M. Coquand, la Société avait conquis une ho- norable notoriété dans le domaine des sciences naturelles. La question de l'emplacement d’Alesia, soulevée dans son sein par M. Alphonse Delacroix, en 1855, lui fit prendre une part capitale au plus retentissant débat archéologique de notre époque. Sept campagnes de fouilles, poursuivies par ses soins, procurèrent des éléments nouveaux à la science des antiquités celtiques, en même temps qu'elles fournirent au musée de Besançon une série d'objets du plus haut prix. En 1858, la Société publia les Origines de la commune de Besançon, par M. Castan. Elle débutait ainsi dans l'ordre des travaux historiques, et depuis elle n’a cessé d'accueillir avec faveur ce genre de productions. La fabrique d’horlogerie de Besancon, fondée en 1793 par une colonie suisse, s'était peu à peu naturalisée française, et néanmoins ses produits ne s'écoulaient qu'avec la mention de provenance helvétique. Une démonstration imposante était — 597 — nécessaire à la fabrique de Besançon. Elle eut recours à la Société d'Emulation du Doubs pour exécuter cette entreprise. Ce fut le point de départ de l’exposition universelle qui eut lieu sous nos auspices, en 1860, et dont la fabrique locale d'horlogerie recueillit de sérieux bénéfices. Trois ans après, la Société jugeait qu'elle avait rendu d'assez nombreux services pour demander d'être reconnue comme établissement d'utilité publique : un décret impérial, en date du 22 avril 1863, lui accorda cet avantage. Désireuse d'accroître une popularité qui est l'essence même de son fonctionnement, la Société décida, en 1865, qu’elle tiendrait, chaque année, une séance publique remplie par des lectures d'histoire, d'archéologie et de sciences. Cette so- lennité a lieu, dans la grande salle de l'hôtel de ville, vers le milieu du mois de décembre; elle est suivie d'un banquet auquel assistent, avec les principales autorités de la ville, les délégués des sociétés savantes de la Franche-Comté et de la Suisse romande. Les séances ordinaires de la Société ont lieu le second sa- medi de chaque mois, ceux de septembre et d'octobre excep- tés ; elles se tiennent au palais Granvelle, dans une salle que la municipalité nous a concédée gratuitement en 1867. C'est là qu'est installée notre bibliothèque, collection d'environ trois mille volumes imprimés, la plupart provenant des échanges que fait la Société avec d'autres corporations françaises et étrangères. Au printemps de l'année 1870, M. Castan demandait à la Société une somme de cent francs pour opérer un sondage qui, selon lui, devait démontrer que la place Saint-Jean de Besancon recouvrait les vestiges d’un Thédtre romain, et non, comme on l'avait prétendu jusqu'alors, les ruines d’un Fo- rum. Le problème fut résolu dans le sens indiqué, et une — 598 — souscription s'ouvrit pour reconstituer sur place, d’après un plan de M. l'architecte Ducat, les fragments mis au jour par les fouilles. Il en est résulté un square archéologique qui, se reliant à notre arc de triomphe romain, rappelle les splen- deurs monumentales de l'antique Vesontio. La Société conserve précieusement le souvenir des distinc- tions obtenues par elle dans les concours annuels de la Sor- bonne (1). Voici la liste de ces distinctions : 1° 1864. — Prix d'archéologie, pour les cinq premiers Rap- ports de M. Casran sur les fouilles d’Alaïse ; 20 1866. — Médaille d'argent, pos la Flore de la Chaîne jurassique de M. GRENIER ; 3° 1870. — Médaille d'argent, pour les Mémoires de méca- nique de M. Résaz, 40 1872. — Médaille d’or, pour l’ensemble des Travaux de botanique de M. GRENIER; 50 1872. — Médaille d'argent, pour les Mémoires de chimie de M. ReBouL; 6° 1872. — Médaille d'argent, pour les Etudes nalsMoe giques de M. DE FROMENTEL ; (1) On jugera, par l'extrait qui va suivre, de l'estime que témoigne à notre Compagnie le Comité national des travaux historiques et des sociétés savantes : « La Société d'Emulation du Doubs publie un volume chaque année; chaque année elle a envoyé des délégués au congrès des sociétés sa- vantes à la Sorbonne; elle manifeste une grande activité et rend d'é- minents services à la cause du développement intellectuel en Franche- Comté... Cette Société libre, dont le nombre des membres n’est pas fixé, qui traite toutes les questions, historiques, littéraires, scienti- fiques, économiques et industrielles, offre dans ses mémoires une grande variété, et le Comité d'histoire est toujours certain d'y trouver, dans la sphère de sa compétence, des travaux intéressants. » (Rapport à la section d'histoire du Comité, par M. E. BouraRtc : Revue des sociétés savanites, 5° série, t. IV, 1872, pp. 30-31.) — 599 — 70 4873. — Prix d'archéologie, pour la découverte et le dé- gagement du Thédtre de Vesontio; 8° 1875. — Médaille d'argent, pour les Etudes géologiques de M. VÉZzran. La Société est régie par un conseil d'administration qui se compose : d’un président, de deux vice-présidents, d'un se- crétaire, d’un vice-secrétaire chargé du contrôle des dépenses, d'un trésorier, d’un trésorier-adjoint et d'un archiviste. De- puis 1845, le président est annuel et ne peut être réélu en sortant de charge. Le secrétaire est décennal. Les autres fonc- tionnaires sont annuels, mais rééligibles. La Société est formée : 1° de membres honoraires, dont le nombre ne peut dépasser 24, y compris les autorités qui ont de droit cette qualité; 2° de membres résidants et de mem- bres correspondants en nombre illimité. Les membres rési- dants paient une cotisation annuelle de dix francs, et les membres correspondants versent annuellement six francs; les uns et les autres acquittent, en entrant, deux francs pour droit de diplôme. Les membres résidants peuvent racheter leurs cotisations par un versement unique de 100 francs ; les membres correspondants sont admis à verser, pour le même objet, la somme de 60 francs. Tous les membres recoivent un exemplaire du volume annuel. Eu 1841, c'est-à-dire un an après sa fondation, la Société comptait 5 membres honoraires, 38 résidants et 28 correspon- dants; en tout 71 membres. Aujourd'hui son personnel se chiffre de la manière suivante : Membres honoraires.,...... RAS) LEA EE PEU LS 24 IdHoréSidanis air ny PALAMEUTIAS DEA Id}! Correspondants 24e 239 Hotalésionr DUT — 600 — Sociétés correspondantes : Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Sociétés francaises et algériennes........ 84 d'Alsace-LOrrainen 2 ds ateiraiee 2 d'Allemagne EE cencrsrecse 4 HMULLIORE RE Se eue re TOP RTE I dAmÉdQUBsESOS AE ALU DRE Ê D'ANOISEITORL ODA EL Jrainaete : Il deNBeleique MAN. dr Air: 2 du ÉOsebONTE NS PER EELOE Il DO SUÈE ve MATTER APEPRRTe 1 de Énnssoe Le te CN TR 9 Tomas 107: Bibliothèques publiques recevant les Mémoires : 19. Voici les listes chronologiques des membres qui ont siégé ou siégent au conseil d'administration de la Société : Présidents. 1840-44. — M. le comte p’Upressrer, docteur en médecine; 1845. — M. Covers (César), ingénieur civil; 1846. — M. Boyé (Numa), ingénieur des mines ; 1847. — M. Covers; 1848. — M. Dezesse (Achille), professeur de géologie à la Faculté des sciences; 1849, — M. Device ( Henri-Sainte-Claire), professeur de chimie et doyen de la Faculté des sciences ; 1850. — M. Grenier (Charles), professeur de botanique à la Faculté des sciences ; 1851. — M. Coquaxp (Henri), professeur de géologie à la Fa- culté des sciences ; 1852, — M. Marvin, professeur à l’Ecole de médecine; 1853. — M. Coquanp ; — 601 — 1854 (janvier-mai). — M. Déy (Aristide), inspecteur des do- maines ; 1854 (mai-décembre). — M. Bruanp (Théophile), naturaliste; 1855. — M 1856. — 1857. — 1859. -- 1860. —. 1861. — M. 1862. — M. 1863. — M. 1864. — M 1865. — M 1866. — M. 1867. — M 1868. — M 1869. Fr M. 1870. — M. 1871. — M. 1872. — M. 1873. — M. 1874. — M 1875. — M 1376. — M M M 1858. — M. M M . GRENIER ; . DEzAcRoIX (Alphonse), architecte de la ville; . CoQuAND ; | HuarrT (Charles), ancien recteur ; . DELAGROIx (Alphonse); . LANCRENON, conservateur du musée de pein- ture, correspondant de l’Institut (Académie des Beaux-Arts) ; GRENIER ; Boysson p’Ecoze, receveur général; Vézrax (Alexandre), professeur de géologie à la Faculté des sciences ; . DEeLacroix (Alphonse) ; . GRENIER ; BrerTizLor (Léon), ancien maire de la ville ; . GiRop (Victor), adjoint au maire ; . FAUCOMPRÉ, commandant d'artillerie en retraite ; BouLLeT, proviseur du Lycée ; GRAND (Charles), directeur des domaines; DeLacroix (Emile), professeur à l'Ecole de mé- decine : SIRE (Georges), docteur ès sciences, essayeur de la garantie ; Ducar (Alfred), architecte des bâtiments de l’E- tat; . CHOTARD (Henry), professeur d'histoire à la Fa- culté des lettres ; ; . VÉZIAN ; . Marquiser (Léon), ancien magistrat, — 602 — Vice-présidents. 1840-41. — M. Deczy, professeur de mathématiques spéciales au Lycée; 1842-44. — M. Covers ; 1845. — M. Bové; 1846. — M. MARTIN ; 1847. — M. DELESSE ; 1848. — M. GRENIER; 1849. — M. Bové; 1850. — M. Pourcy DE Lusaxs, propriétaire ; 1851. — M. MarTIN; 1852. — M. Saxperer (Edouard), professeur à l'Ecole de mé- decine ; 1853. — M. PERSON, professeur de physique et doyen de la Faculté des sciences ; 1854. — M. Coquann; 1855. — MM. Résar, ingénieur des mines, et BRuAND; 1856. — MM. GRENIER et HuART ; 1857. — MM. Huarr et Drecacroix (Alphonse); 1858. — MM. Coquanp et GRENIER ; 1859. — MM. Coquanp et HuarrT; 1860. — MM. Deracroix (Alphonse) et Lorr, professeur de chimie à la Faculté des sciences ; 1861. — MM. Lorr et Boysson p'EcoLE; 1862. — MM. Grenier et le baron DE FRAGUIER, artiste- : peintre; 1863. — MM. Proupxon (Léon), ancien officier de marine, depuis maire de Besancon, et Boysson p’EcoLe; 1864. — MM. VÉzrAN et SIRE; 1865. — MM. Decacroix (Alphonse) et SIRE ; 1866. — MM. GRENIER et GIROD; 1867. — MM. Brerizzor et GouILLAUD, professeur de phy- sique à la Faculté des sciences ; — 603 — 1868. — MM. Grrop et BOULLET ; 1869. — MM. Faucowpré et GRAND (Charles); 1870. — MM. Bouzzer et DeLacroix (Emile) ; 1871. — MM. Gran (Charles) et SIRE; 1872. — MM. Deracrorx (Emile) et Ducar; 1873. — MM. SrrE et CHOTARD; 1874. — MM. Ducar et Reynaup-Ducreux, professeur à l'E- cole d'artillerie ; 1875. — MM. MarQuiser et SaiLLaRD (Albin), professeur à l'Ecole de médecine; 1876. — MM. SarzLarD et VÉZIAN. Secrétaires, 4840. — M. Deracrorx (Emile); 1841-53. — M. BruanD (Théophile); 1854-64. — M. Bavoux (Vital), naturaliste, commis à la di- rection des douanes ; 1865-76. — M. Casran (Auguste), bibliothécaire, correspon- dant de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-lettres). Vice-secrétalires. 1845-47. — M. Vivier, employé à l'hôtel de ville: . 1848-53 — M. Perceror (Philippe), architecte ; 1854 (janvier à juin). — M. Bavoux; 1854 (juillet)-1856 (mars). — M. Marcer (Adolphe), littéra- teur, secrétaire de l’état civil ; 1856 (mars-décembre). — M. Conresean (Ch.), naturaliste ; 1857-58. — M. VaraIGNE (Charles), archéologue, commis à la direction des contributions indirectes ; 1859-63. — M. Trucuor, préparateur à la Faculté des scienc.: 1864-76. — M. Farvre (Adolphe), docteur en médecine, con- trôleur des dépenses depuis 1868. — 604 — Trésoriers. 1840-41. — M. CresriN (Jules), avocat; 1842-44. — M. Bruanp (Théoplule}, secrétaire-trésorier ; 1845. — M. Demesmay (Eugène), avocat; 1846-47. — M. OrDiNaIRe (Edouard), docteur en médecine; 1848-49 (mai). — M. Lauper, médecin; 1849 (mai)-52. — M. Bruanp, secrélaire-trésorier ; 1853. — M. RozLorT, contrôleur des contributions indi- recies ; 1854-61. — M. Marque, ancien élève de l'Ecole polytech- nique ; 1862-71. —- M: Jacques, docteur en médecine; 1812: — M. VARAIGNE; 1873. — M. ZaremBA, premier commis de la direction de l'enregistrement; 1874-76. — M. KzeiN (Auguste), propriétaire. Ærésoricr-adjoint. 1875-76. — M. le baron pe Prinsac, employé des télégra- phes. Archivistes, 1843-44. — M. CRESTIN ; 1845-51. — M. Vivier, vice-secrétaire et archiviste jusqu’en 1847 ; 1852-55. — M. Srrs; 1856-57. -— M. Brocarp (Ernest), naturaliste, clerc de no- taire ; 1858. — M. TrucHoT; 1859-64. — M. CASTAN ; 1865-71. — M. VARAIGNE ; 4872-76. — M. GauriEer (Jules), archiviste départemental. — 005 — Etat des volumes publiés par la Société, sous le titre de Mémoires de la Société d’'Emulation du Doubs : l"° série (format gr. in-8°). — vol. I (1841-1843); vol. I (1844-1846); vol. III (1847-1849). 2e série (format gr. in-8°). — vol. I (1850); | vol. II (1851); vol. III (1852) ; vol. IV (1853); vol. V (1854) ; vol. VI (1854); vol. VII (1855); vol. VIII (1856). 3e série (format in-8°). — vol. I (1856); vol. I (1857); vol. III (1858); vol. IV (1859); vol. V (1859-1860); vol. VI (1861); vol. VII (1862); vol. VIII (1863); vol. IX (1864); vol. X (1864-1869) 4 série (format in-8°). — “vol. I (1865) ; vol. IT (1866); vol. IIT (1867); vol. IV (1868); vol. V (1869); vol. VI (1870-1871); vol. VII (1872) ; vol. VIII (1873) ; vol. IX (1874); vol. X (1875). FE | — 606 — En tout 31 volumes, dont 11 du format grand in-8& et 20 du format in-8° ordinaire, chacun d’eux renfermant de nom- breuses planches. Le budget des recettes de la Société est formé : 1° des sub- ventions annuelles accordées par l'Etat, le département du Doubs et la ville de Besancon ; 2° des intérêts du capital ina- liénable provenant des cotisations rachetées; 3° du produit des cotisations et du droit de diplôme. Ces ressources combi- nées atteignent annuellement environ 6,000 francs. — 607 — PÉSBLE SL PHANPBÉTIQUE Abicot (de Gien). Notice sur la Zygène balearica et description de sa chenille. — 1848. p. 53-54. Aoust {l’abhbé). Théorèmes sur la génération des épicycloïdes. — 1854 (mars-décem- bre), p. 34-42 (1 pLl.). Auffroy. Nouveau projet de télégraphe sous-marin. — 1861, p. 15-19 (5 pl.). Babinet (André-Léon). Rapport sur le mécanisme d’une voiture inventée par le docteur Coillot. — 1854 (mars-décembre), p. xxv-xxvIr. Rapport sur la notice de M. Résal intitulée : Calcul de l'effet utile des turbines Kæchlin. -- 1855, p. xIv-xvr. Bataille (aîné). Considérations sur le réglage des montres en général, et en particulier sur le nouveau système proposé par M. Terrier. — 1855, p. 12-13. Bavoux (Vital). Note sur les Narcisses qui croissent à la Vrine, près Pontarlier. — 1853, p. 113-114. Rapport sur les expériences d’hybridation artificielle de M. Godron. — 1854 (mars-décembre), p. xv-xvi. Notices sur quelques plantes du département du Doubs. — 1854, p. 51- 58. Rapport sur une excursion à Alaise. — 1857, p. 49-56. Considérations sur la propriété qu'a le bois d’if de se conserver long- temps sans altération. — 1858, p. xx. — 608 — Expériences sur la conservation des œufs par le procédé Guillin. — 1862, p. vu. Echantillons de sel gemme trouvés à Champvans (canton d'Audeux). — 1864, p. xiv. Bernard (de Nantua). Note sur le genre Pinguicula. — 1855, p. 91-92. Berthaud, Sur la démonstration du principe d’Archimède. — 1867, p. 38-40. Sur les nombres de vibrations des sons de la gamme. — 1867, p. 41-42. Berthelin (Georges). Liste des mollusques fossiles du Gault de Morteau (Doubs). — 1874, p. 60-64. : Berthot. Note sur la fécondation artificielle du poisson, — 1850-51, p. 43-62. Rapport sur l'établissement de pisciculture établi à Baume-les-Dames. — 1852, p. 2-16. Bertrand (Gustave). Rapport sur une note de M. Castan concernant le musicien Goudimel. — 1875, p. 522-528. Bial (Paul). Uxellodunum. — 1858, p. 583-619 (4 pl.). Note sur la fouille d’un tumulus au Puy d’Ussolud (Uxellodunum). — 1861, p. 1-2. Rapport sur un mémoire de M. Sire. — 1861, p. 261-262. Origine du mot Franche-Comté. — 1861, p. 493-497. Chemins, habitations et oppidum de la Gaule au temps de César (1 partie). — 1862, p. 121-408 (5 pl.). Forges antiques dans le Jura. — 1866, p. 441-450. Formes et dimensions des camps romains au temps de César. — 1867, p. 43-46. Rapport sur les Etudes celtiques de M. Henri Martin. — 1872, p. xx1- XXII. Billot (E.). Analyses des schistes bitumineux du lias. — 1854 (mars-décembre), p- 32-33. Bizos (Gaston). Jean Mairet et Pierre Corneille : un épisode de la querelle du Cid. — 1875, p. 505-521. Blondon (Charles). Pain au prix courant de 1 fr. 06 les 3 kilogrammes. — 1857, p. 111-135. — 609 — Bolot, Rapport sur l’'étabhssement de pisciculture établi à Baume-les-Dames. - — 1852, p. 2-16. Bonjour (Jacques). Découverte de la craie supérieure à silex dans le département du Jura. — 1859, p. 353-358. Boudsot (Achille). De l’équilibrage des meules. — 1841, p. 40-52 (1 pL.). Application de la règle à calcul à la détermination du travail développé ou absorbé par la détente ou la compression d’un gaz. — 1842 (juil- let), p. 43-48. Réponse à un article de M. Reynaud-Ducreux sur la théorie des mou- vements des corps autour d’un point fixe. — 1842 (juillet), p. 49-50. Théorie mathématique de l'émission et du remboursement des obliga- tions. — 1857, p. 340-369 (3 pl.). Bouillerot (Achille). La montagne de Morey (Haute-Saône) et ses alentours aux premiers âges de l'humanité. — 1874, p. 165-228 (12 pl. autographiées). Boullet, Rapport sur les travaux de la Société d'Emulation en 1869, suivi de considérations sur l'instruction primaire envisagée comme cause prétendue de la dépopulation des campagnes. — 1869, p. 1-12. Les savants modernes de la Franche-Comté : d'Auxiron et de Jouffroy. — 1869, p. 331-342. Bourdy. Sur un expédient pour empêcher la brisure des creusets d’essayeurs. — 1867, p. XXVI-XXVHI. Rateau voltaïque. — 1869, p. xtr. Système de pipette. — 1869, p. xxv. Fourneau à fondre l’or au moyen des hydrocarbures liquides. — 1869. P. XXXVII, XXXIX, XL, XLUI, XLIV. Boyé (Numa). De la géologie considérée dans ses applications à l’industrie. — 1842 (décembre) et 1843 (juillet), p. 1-13. Importance de l'étude des fossiles à la reconnaissance géologique des terrains. — 1842-43, p. 13-17 (4 pl.). Géologie du Doubs. — 1843 (décembre,) p. 1-19 (3 pl. et 1 tableau). 39 — 610 — Notice sur la géologie des environs de Lons-le-Saunier, — 1850-51. p. 1-6 (1 carte géolog.). Théorie de la mesure du cercle. —1850-51, p. 111-137 (1 pl.). De la quadrature des courbes fermées. — 1852, p. 134-146 (1 pL.). Bredin. Nouvelle théorie des approximations numériques relative aux quatre opérations fondamentales. — 1860, p. 361-400. Bretillot (Léon). Rapport sur l'Exposition universelle de Besançon en 1860. — 1862, p. 463-467. Coup-d'œil sur les travaux de la Société d'Emulation du Doubs en 1866. — 1866, p. 359-371. Briot (de Chaussin). Notes archéologiques sur les Grands Tarraux de la Chênée des Coupis et sur le camp de Baimey (Jura). -— 1875, p. xXXvVI-XXXVnI. Brocard. Essai sur le catalogue des oiseaux du département du Doubs. — 1857, p. 207-234. Bruand (Théophile). Notices sur quelques Lépidoptères très rares ou nouveaux pour le dé- partement du Doubs. — 1841 (juin-décembre), p. 1-26 (1 pl. coloriée). Notices sur quelques espèces nouvelles de Lépidoptères. — 1842 (juil- let), p. 10-17. (1 pli). Addenda. — 1842 (juillet), p. 59. Noticé nécrologique sur Melchior Moreau (de Nuits). — 1842 (décembre) et 1843 (juillet), p. 28. ‘ Notices sur quelques chenilles inédites ou peu connues. — 1843 (dé- cembre), p. 23-31. Catalogue systématique et synonymique des Lépidoptères du départe- ment du Doubs. — 1844, p. 23-111. Catalogue des Lépidoptères du Doubs (2° partie). — 1845-46, p. 23-96 (1 tableau synoptique). Catalogue des Lépidoptères du Doubs (3° partie). — 1845-46, p. 97-124. Note sur quelques-uns des objets provenant des fouilles d’'Amancey.— 1845-46, p. 147-152. Catalogue des objets trouvés à Amancey dans les fouilles faites par ordre de la Société en 1845 et 1846. — 1845-46, p. 153-154. Utilité de l'Entomologie par rapport à l'Agriculture et à l'Economie domestique. — 1845-46, p. 157-163. Monographie des Lépidoptères nuisibles. — 1845-46, p. 165-176 (1 pl.). — 611 — Catalogue des Lépidoptères du Doubs (4° partie). — 1847 (décembre), p. 97-108. Monographie des Lépidoptères nuisibles (2° partie}. — 1848, p. 55-74 (L pl. coloriée). Catalogue des Lépidoptères du Doubs (5° partie). — 1848, p. 75-102. Monographie des Lépidoptères nuisibles (3° partie). — 1849. p. 1-14 (1 pl. coloriée). Catalogue des Lépidoptères du Doubs (fin), avec un addendum. -- 1849, p. 23-68. Monographie des Lépidoptères nuisibles (4° partie). — 1850-51, p. 7-22 (1 pl. coloriée). Essai monographique sur la tribu des Psychides (Introduction). — 1850-51, p. 23-38. Bulletin entomologique. — 1850-51, p. 63-64. Addendum au catalogue des Lépidoptères du Doubs. — 1850-51, p. 64. Monographie des Lépidoptères nuisibles (5° partie). — 1850-51, p. 91- 101 (1 pl. coloriée). Bulletin entomologique.— 1850-51, p. 139-140. Addendum au catalogue des Lépidoptères du Doubs.— 1850-51, p. 140. Monographie des Psychides (suite et fin). — 1852, p. 17-127. (3 pl. dont ? coloriées). Bulletin entomologique. — 1852, p. 149-150. Addendum au catalogue des Lépidoptères du Doubs. — 1852, p. 150. Notes sur deux nouvelles espèces de Psychides. — 1854 (mars-décem- bre), p. 48-19. Observations entomologiques faites en 1854. — 1854, p. 62-65. Addendum au catalogue des Lépidoptères du Doubs. — 1854, p. 97-98. Monographie des Lépidoptères nuisibles (6° partie). — 1855, p. 51-60 (1 pl. coloriée). Observations entomologiques faites en 1855. — 1855, p. 108-111. Bulletin entomologique. — 1855, p. 167-168. Monographie des Lépidoptères nuisibles (fin). — 1856, p. 43-68 (2 pl.). Bulletin entomologique. — 1856, p. 129-131. Bulletin entomologique. — 1857, p. 440-441. Invasion des sauterelles (Acridium migratorium) dans le bourg d'Oysans (Isère). — 1858, p. xiv. Bulletin entomologique. — 1858, p. 620-622. Carme. Sépultures germaniques aux environs de Chaussin (Jura). — 1869, p. v-vu, et 1872, p. XXXITI-XXXIV. Castan (Auguste). Notice sur Crusimia, station militaire de la voie romaine de Chalon- sur-Sadne à Besançon, — 1857, p. 316-339 (3 pl.) — 612 — Origines de la commune de Besançon. — 1858, p. 183-382. Les tombelles celtiques du massif d’Alaise (1° rapport). — 1858, p. 383- 400 (2 pl.). Les tombelles celtiques et romaines d’'Alaise (2° rapport). — 1858, p. 555- 582 (2 pl.). Les tombelles et les ruines du massif du pourtour d’'Alaise (3° rapport). — 1860, p. 401-425 ( ? pl). Les vestiges du siége d'Alesia (4° rapport). — 1861, p. 461-492 (1 pl.). Origine du mot Franche-Comté. — 1861, p. 493-497. Rapport sur deux travaux de M. Bial. — 1862, p. mr-1v. La bataille de Vesontio et ses vestiges; rapport sur les fouilles de Bois- Néron, — 1862, p. 477-490 (fig. Les camps, les tombelles et les villa du pourtour d’Alaise (5° rapport). — 1863, p. 1-27 (5 pl.). L'inscription tumulaire de Silvestre I‘, évêque de Besançon. — 1863, p. 28-32. Lettre au Ministre de l'Instruction publique sur l'archéologie du pays d'Alaise. — 1863, p. 63-74. Les champs de bataille et les monumeuts du culte druidique au pays d’Alaise (6° rapport). — 1863, p. 149-164 (2 pL.). La table d’or de Saint-Jean de Besançon. — 1864, p. 101-113. Notice sur Hugolin Folain, doyen du chapitre de Besançon et vice- amiral de la flotte du pape Calixte IIT, — 1864, p. 120-122. Les préliminaires du siége d’Alesia (7° rapport). — 1864, p. 377-408 (1 bois et ! pl.). Sur la signification des dolmens. — 1865, p. xIx-xxI. Documents relatifs au concours régional agricole de Besançon en 1865. — 1865, p. 105-229. L'évêèque de Paris Hugues de Besançon. — 1855, p. 290-270. Monographie du palais Granvelle à Besançon. — 1866, p. 71-166 (4 pl.,. Charte d'affranchissement de la ville et seigneurie de Gy (Haute-Saône). — 1866. p. 198-208. Considérations sur l'arc antique de Porte-Noire à Besançou. — 1866, p. 420-429. Un cachet inédit d’oculiste romain. — 1867, p. 33-37 (1 pl.). L'empereur Charles-Quint et sa statue à Besançon. — 1867, p. 185-219 (1 bois gravé). Notice sur le sénateur Lyautey. — 1867, p, 306-309. Le capitole de Vesontio et les capitoles provinciaux du monde romain. — 1868, p. 201-236 (3 pl.). Les artistes de Franche-Comté au salon de 1867. — 1868, p. 308-315. Le siége et le blocus de Besançon par Rodolphe de Habsbourg et Jean de Chalon-Arlay. — 1868, p. 329-420. Deux traditions celtiques relatives aux épousailles dans la ville de Be- sançon.— 1868, p. 457-4162, Notice sur Charles Weiss. — 1868, p. 463-470. — 613 — Opinion sur une pique en fer offerte par M. Piguet. — 1869, p. xxvu- XXVIIL. Le champ de Mars de Vesontio. — 1869, p. 13-48 (4 pl.) Sully et le collége de Bourgogne. — 1869, p. 313-330. Découverte du théâtre romain de Besançon. — 1870-71, p 1x, x, XVII, XIX, ELC. Les Sceaux de la commune, l'Hôtel de Ville et le Palais de Justice de Besancon. — 1870-71, p. 443-500 (12 bois gravés et ? lithographies). Observation sur celui des Carondelet qui figure dans la Vierge de Fra- Bartolomeo à la cathédrale de Besançon. — 1872, p. x-xr. Le Théâtre de Vesontio et le square archéologique de Besançon. — 1872, p, 461-513 (5 pL.). Monnaies gauloises des Séquanes. — 1872, p. 540-544 (1 pl). Communication d’un cuivre gravé représentant l’antiquaire J.-J, Bois- sard, offert à la ville par M. Dembourg. — 1873, p. xxv-xxvI. Proposition de donner le nom de l’amiral Jean de Vienne à une rue . nouvelle de Besançon.— 1873, p. xxIX-XXxI. Reproduction des frazments d’une inscription monumntale de l'é- poque romaine trouvés à Besançon (1 bois gravé). — 1873, p. xxxvIII- XXXIX. Une date de la vie du musicien Claude Goudimel. — 1873, p. xxxIx; 1875, p. 522-528. Notice sur Amédée Thierry. — 1873, p. 21-23. Probabilités d’un voyage du roi saint Louis à Besançon en 1259. — 1873, p. 67-98. La Vierge des Carondelet. — 1873, p. 129-156 (1 pL). Faut-il dire Rognon ou Rosemont? — 1873, p. 573-582. Notice sur le peintre Lancrenon. — 1874, p. 12-32. Rapport sur la réunion de la Société d'histoire de Neuchâtel, tenue aux Brenets le 6 juillet 1874. — 1874, p. 47-59. Etude sur Jean-Jacques Boissard, poète latin, dessinateur et anti- quaire. — 1874, p. 65-91 {portrait gravé sur cuivre). Bulletin archéologique : une fouille à la Baume-Noire; souvenir d'une visite à Mandeure; un nouveau cachet d’oculiste romain; un poids romain du Bas-Empire. — 1874, p. 533-543 (1 pl.). Sépulture burgonde à Chailluz (Besançon). — 1875, p. vi. Notice nécrologique sur le commandant Faucompré, ancien président. — 1879, p. XXVI-XXVIIL. Les Déesses-Mères en Séquanie. — 1875, p. 13-16 (1 bois gravé). 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Sur la fabrication du rouge à polir. — 1867, p. vr. Sur un appareil indicateur de l’inondation des caves et sur la prépa- ration de l'huile pour l’horlogerie..— 1867, p. xx. Sur la peinture des cheminées des chaudières à vapeur et sur le trai- tement des cendres d’orfèvres. — 1867, p. xx1. Sur un expédient pour empêcher la brisure des creusets d’essayeurs et sur la préparation d’une colle à l'usage des horlogers.— 1867, p. xxvItr. Appareil multiplicateur pour la fabrication des creusets. — 1868, p. xun- XIV. Rateau voltaïque. — 1869, p. xx. Moyen de prévenir les effets dangereux de l'électricité résultant du frottement des courroies d'usines. — 1869, p. XvI-xvir. Système de pipette; 1869, p. xxv. — Fourneau à fondre l'or au moyen des hydrocarbures liquides; 1869, p. xxxXVIT, XXXIX, XL, XLIII, XLIV. Mareine. : Notice sur la construction et l'usage d'un char à déblayer les neiges. — 1847 (décembre), p. 89-96 (1 pl). Marleé (Adolphe). 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Fers de chevaux de l'époque celtique, pierres druidiques., ete, dans le Porentruy. — 1866, p. 11, 11; Xx-XXINI, XXVII. N Tronçon de voie celtique à Pierre-Pertuis (Suisse). — 1866, p. 339-343. Etude comparative du chemin celtique de Pierre-Pertuis et de la voie romaine qui l'avait remplacé. — 1867, p. 220-224. Les derniers sires d’Asuel et le mobilier de leur résidence au xvi° siè- cle. — 1867, p. 255-264. L'église et le monastère de Moutier-Grandval.— 1869, p. 249-293 (1 plan). Découverte de tombeaux dans l’église primitive de Moutier-Grandval. — 1873, p. 124-128. Montjoie et les anciens châteaux du Clos-du-Douhbs. — 1873, p. 176-213. Régley. Rapport sur une collection de coquilles offerte à la Société. — 1855, P. v-vu. Renaud. Rapport sur la clepsydre à signaux du docteur Delacroix. — 1857, p. 108-110. Renaud-Coemte. Etude systématique des vallées d’érosion dans le département du Doubs. — 1845-16, p. 23-62 (3 pl. coloriées). Résal (Henry). Notes sur les propriétés géométriques de la cycloïde et sur la double courbure de l’hélice tracée sur un cylindre quelconque. — 1853, p. 120-123 (1 pl.). Rapport sur le mécanisme d’une voiture du docteur Coillot. — 1854 (mars-décembre), p. xxv-xxvir. Rapport sur le mémoire de M. Billot concernant les schistes. — 1854 (mars-décembre), p. xvir-xix. — 629 — Théorie de l’électro-dynamique. — 1854 (mars-décembre), p. 1-11 (1 pl). Essai sur la détermination des pertes de force vive dues à l'influence des coudes dans les conduites.— 1854 (mars-décembre), p. 16-23 (1 pl.). Appréciation de la valeur des schistes bitumineux liasiques du dépar- tement du Doubs. — 1854 (mars-décembre), p. 43-47. Note sur le principe de la transmission du travail dans le mouvement d'un corps solide, lorsqu'on à égard aux ébranlements des molécules. — 1854 (mars-décembre), p. 59-61. Notice sur la pompe à incendie de M. Perrin, mécanicien aux Chaprais (banlieue de Besançon). — 1855, p. 14-18 (1 pl). Note sur le calcul de l'effet utile des turbines dans lesquelles l’eau descend en restant à une distance constante de l'axe. — 1855, p. 93- 105. Considérations géométriques sur les conditions de stabilité de l'équi- libre des systèmes matériels. — 1856, p. 9-14. Recherches sur la loi des oscillations du pendule à suspension à lames des chronomètres fixes. — 1856, p. 90-99. Détermination des rayons de courbure des courbes hélicoïdes tracées sur les surfaces développables. — 1856, p. 100-103. De la courbure de la loxodromique. — 1856, p. 103-104. Note sur une propriété mécanique de la lemniscate. — 1858, p. 54-56. Considérations philosophiques sur la chaleur. — 1870-71, p. 112-119. Du travail mécanique nécessaire pour produire le tréfilage du fil de fer. — 1870-71, p. 141-154. : Notice sur les tourbières supra-aquatiques du Haut-Jura, — 1872, p. 448-160. Reynaud-Ducreux (Auguste). Note sur la théorie des mouvements des corps autour d'un point fixe. — 1842 (juillet), p. 39-42. Démonstration d’un théorème de Poinsot sur la composition des rota- tions. — 1843 (décembre), p. 35-38 (1 pl.). Rapport sur un mémoire de M. Sire. — 1861, p. 261-262. de Hochas d’Aiglun {Albert). D'Arçon, ingénieur militaire, sa vie et ses écrits. — 1866, p. 209-338 (1 portrait). De l’organisation des armes spéciales chez les Romains. — 1867, p. 274- 280. Communication sur les fouilles de la station lacustre de Paladru (Dau- phiné). — 1870-71, p. xx-xxr. Poliorcétique des Grecs : traités didactiques (Philon de Byzance, Æne:s, Anonyme de Byzance, Héron de Constantinople, Compila- tion anonyme), traduits et commentés. — 1870-71, p. 183-442 (12 bois gravés et ? lithographies). Er re Salnt-Eve (Charles). Systeme de pompe à bière. — 1866, p. xvr. Saint-Loup (Louis). Des systèmes articulés simples et multiples et de leurs applications. — 1875, p. 17-38 (1 pl). Sarrette (André). Les guerres d’Arioviste contre les Gaulois et contre César. — 1863, p. 85-148. Alesia : étude d'archéologie militaire. — 1864, p. 3-76 (1 pl.).- La question d’Alesia résolue mathématiquement en faveur d’Alaise. — 1865, p. 46-100 (1 pl.). Démonstration militaire du problème d’Alesia. — 1866, p. 11-70 (1 LA Saurla (Charles). Notice sur la moissonneuse de M. de Constant-Rebecque. — 1850-51, p. 39-42 (1 pL.). Sautier. Notice sur les dépôts néocomiens et wealdiens et sur les dolomies portlandiennes dans les hautes vallées du Jura, aux environs des Rousses. — 1855, p. 25-44 (1 pL.). Note sur quelques lambeaux des étages aptien et albien qu'on ren- contre dans le Haut-Jura, aux environs des Rousses. — 1858, p. 177- 180. Schaller (Jean-Baptiste), Nouveau système de calcul. — 1850-51, p. 73-90. Sire (Georges). Essai sur l'application des forces attractives et répulsives des électro- aimants. — 1845-46, p. 141-144 (1 pl). Note sur un météore qui a sévi dans les environs de Besançon. — 185?, p. 129-131. Note sur un appareil simple propre à montrer de quoi dépend la pres- sion exercée par les liquides sur le fond des vases. — 1852, p. 133- 134 (fig.) Phénomènes présentés par certains liquides projetés en gouttelettes à la surface d'un éther. — 1854 (janvier-février), p. 37. Résumés des observations météorologiques faites à la Faculté des sciences de Besançon depuis 1846 jusqu’à 1554 inclusivement (5 ta- bleaux). — 1854 (mars-décembre), p. 66-67. — 631 — Note sur un gazomètre à écoulement constant. — 1855, p. 21-22 (1 pl). Mémoire sur un polvtrope et quelques autres appareils servant à l'étude des mouvements de rotation. — 1861, p. 263-316 (4 pl). Etude sur la forme globulaire des liquides. — 1862, p. 409-462 (1 pl.). Note sur quelques formes cristallines de la neige. — 1863, p. 33-54 (1 pl. coloriée). Note sur un nouvel appareil d’'hydrostatique. — 1864, p. 77-80 (1 pl.). Nouvelles méthodes pour la démonstration expérimentale du principe d’Archimède. — 1866, p. 1-10 (1 pl). La montre populaire. — 1868, p. 321-328. Observations sur deux notes de M. Berthaud. — 1869, p. xiv-xv. L'horlogerie à l'Exposition universelle de 1867 à Paris. — 1869, p. 89- 248 (17 pl.). La Société d'Emulation du Doubs en 1872. — 1872, p. 1-12. Nouvelle disposition de l'hygromètre à cheveu. — 1872, p. 101-136 (1 pl). Sur un appareil à niveau constant pour l'essai des matières d'argent par la voie humide. — 1872, p. 183-192 (1 pl.). Sur un voluménometre et son application à la mesure approchée de la hauteur barométrique. — 1873, p. 157-162 (1 pL.). Pipelte à capacité variable pour l'essai des matières d'argent par la voie humide. — 1873, p. 525-540 (1 pL.). Démonstration nouvelle du principe d’Archimède. — 1874, p. 92-100 (? bois gravés). Sur un appareil d'hydrostatique. — 1875, p. x. Terrier (J.-C). Note sur le réglage des montres : nouveau système de raquettes. — 1855, p. 8-11 (L pl.). Thuriet (Charles). Le menhir de Norvaux et le muraillement de la Châtelle (pourtour d’Alaise). — 1869, p. 366-368. Les traditions populaires de la Franche-Comté. — 1873, p. 309-524. Les sorciers devant la législation du moyen âge et la législation mo- derne. — 1874, p. 515-532. Tissoé (Joseph). Le patois des Fourgs (introduction, grammaire et glossaire). — 1864, p. 145-376. Toubin (Charles), Alesia, Alaise séquane, Alise en Auxois. — 1857, p. 57-103. Recherches sur la langue Bellau, argot des peigneurs de chanvre du Haut-Jura. — 1867, p. 47-58. — 652 — De quelques coutumes, proverbes et locutions du pays de Salins. — 1868, p. 283-298. Travelet (Nicolas). Hypocauste gallo-romain à Morey (Haute-Saône); voie romaine de Lan- gres à la Saône; monuments et traditions de l’époque gauloise et du moyen âge à Morey et à Bourguignon. — 1866, p. 1v et xxvutr. Souvenirs des temps celtiques dans les canton de Vitrev et de Cham- plitte (Haute-Saône). — 1867, p. XXXVII-XXX VII. Souvenirs des temps anciens dans les deux Fouvent (Haute-Saône). — 1868, p. XXXVI-XXX VII. | Voies antiques du nord-ouest de la Franche-Comté. — 1869, p. xLv- XLVI. Proverbes historiques du canton de Vitrey (Haute-Saône). — 1870-71, P. LIX-LX. Note sur deux voies antiques du nord-ouest de la Franche-Comté. — 1872, p. xxxXIvV. de Triholet (Maurice). Notice géologique sur le Mont-Chätelu (Jura suisse). — 1872, p. 171-182 (2pl°): Sur le véritable horizon stratigraphique de l’Astartien dans le Jura. — 1875, p. 233-244 (? tableaux). Truchot, Influence de l'électricité sur l’eau projetée en filets. — 1859, p. xxur. Expériences sur la conservation des œufs par le procédé Guillin. — 1862, p. viri-x. Température moyenne à Besançon. — 1864, p. v. Muetey (Alexandre). Sur un essai fait à Paris, en 1579, de la monnaie municipale de Be- sançon. — 1867, p. XXXVII-XXXVIL. Les bibliothèques incendiées de Strasbourg. — 1870-71, p. 8-13. Valfrey (Jules). Etude sur Th. Jouffroy. — 1864, p. 81-100. Notice sur le marquis de Moustier. — 1869, p. 369-387 (1 portrait). Varaigne (Charles). Quelques nouveaux documents archéologiques sur Alaise. — 1857, p. 41-48. Sur la découverte d’un établissement gallo-romain à Saint-Sulpice (Haute-Saône). — 1868, p. xx1v. — 633 — Vendrely (Xavier). Herbier de la Flore de Franche-Comté. — 1870-71, p. 75-100 et 1875, p. 477-194. À Vermoé (Ernest). Echantillons géologiques et paléontologiques de la grotte de Loubeau (Deux-Sèvres). — 1873, p. 11I-v et IX-XI. vertel (Bernard). Nouveau perfectionnement apporté dans la carhonisation en forêt. — 1842 (juillet), p. 51-54 (1 pl.). vézian (Alexandre). Indice du terrain néocomien à Baume-les-Dames. — 1862, p. x-xr. Echantillons géologiques et paléontologiques de la grotte de Loubeau (Deux-Sèvres). — 1873, p. II-V, IX-XI. Le Jura franc-comtois; études géologiques : 1re étude ; — 1872, p. 193-416 (4 pli). 2° étude; — 1873, p. 325-524 (10 pL.). Rapport sur les éléments de géologie et de paléontologie de M. Con- tejean. — 1874, p. XXV-XXvVII. La France au point de vue géologique et historique. — 1874, p. 168-488. La Société d’Emulation du Doubs en 1875. — 1875, p. 1-12. Vuiilereé (Just). Communication de dix bracelets celtiques provenant d'un fumulus de Fertans (pourtour d’'Alaise). — 1868, p. XXxXv-Xxxvr. Communication de bracelets et plaques estampées en bronze prove- nant des fumulus d'Amondans (pourtour d'Alaise).— 1870-71, p. xxx XXXIII. Waille (Isaac). Note sur les normales à l’ellipse et sur deux cas particuliers de l'équa- tion du 4° degré. — 1873, p. 52-066. Génération des courbes et des surfaces du second degré d’après Ja- cobi. — 1874, p. 123-164 (1 pL.), s Table générale des Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs (1841- 1875). — 1875, p. 607-670. wWey (Francis). Melchior Wyrsch et les peintres bisontins. — 1861, p. 25-52 (1 portr. lithogr.). — 634 — Il TABLE ME THODEIQUE lo HISTOIRE DE LA SOCIÉTÉ. A. — Première série. 1841 (mai-décembre) : vol. I, t. 1, livraisons 1-4. Liste des membres fondateurs, résidants, honoraires et correspon- dants, p. 70-72. 1842 (juillet) : vol. I, t. 2, livraisons 1-2. Décision ministérielle du 1? avril 1842, autorisant la Société d'Emula- tion du Doubs à se constituer légalement (verso du faux-titre). — Liste des membres de la Société en 1842, p. 55-58. — Dons et ou- vrages offerts à la Société, p. 60. 1842 (décembre) et 1843 (juillet) : vol. I, t. 3, livraisons 1-2. Allocation par le Conseil municipal de Besançon d’une somme annuelle de 300 francs. — Don de 59 ouvrages scientifiques par les Ministres de l’Instruction publique et de l'Agriculture et du Commerce (verso du faux-titre). 1843 (décembre) : vol. I, t. 3, livraisons 3-4. Allocation par le Conseil général d’une somme de 400 francs (verso du faux-titre). — Liste des membres, p. 39-42. — Membres décédés, p. 42. — Dons et ouvrages offerts à la Société, p. 43-46. 1844 : vol. II, t. 1, livraisons 1-2. Liste des membres. — Membres du bureau pour 1845, p. v-vim. — Ou- vrages offerts à la Société, p. 1x. 1845 : vol. II, t. 2, livraisons 3-4. Liste des membres. — Membres du bureau pour 1846, p. v-vrrr. — Ou- vrage offert à la Société, p. vtr. — 635 — 1846 : vol. II, t. 2, livraisons 5-6. Liste des membres. — Membres du bureau pour 1847, p. v-vir. — Mort de MM. Duponchel et d'Udressier, membres honoraires, p. vu. — Dons et ouvrages offerts à la Société, p. 177-178. 1847 (juillet-décembre) : vol. III, t. 1. Nouveaux membres de la Société. — Mort de M. Polonceau, membre honoraire. — Ouvrages et objets divers offerts à la Société (verso du faux-titre). — Dons offerts à la Société (verso du titre). 1848 : vol. III, t. ?. Membres admis en 1848. — Ouvrages reçus (verso du faux-titre). 1849 : vol: IIT, t. 3. Membres admis en 1849. — Ouvrages reçus (verso du faux-titre). B. — Deuxième série. 1850 : vol. I. Décision relative aux fouilles archéologiques, etc. (verso du faux-titre). — Table des publications de la Société de 1841 à 1849 inclusivement, p. 1. — Table des matières publiées dans les Mémoires de la Société, p. u-vur. — Dons et ouvrages offerts à la Société, p. 65-66. — Liste des membres. — Membres du bureau pour 1851, p. 67-72. 1851 : vol. IL. Liste des membres. — Bureau pour 1852. p. 141-147. — Acquisitions faites par la Société, p. 148. — Dons et ouvrages reçus, p. 149-150. 1852 : vol” III. Acquisitions faites par la Société, p. 146. — Dons et ouvrages reçus, p. 147. 1809 VOLE Acquisitions faites par la Société, p. 121. — Dons et ouvrages reçus, p. 125. — Membres du bureau pour 1853 et 1854, p. 126. — Liste des membres, p. 126-131. 1854 : vol. V et VI. Discussion du projet de règlement, p 1v-v.— Statuts, p. v-1x.— Traité conclu pour l'impression des publications de la Société, p. 69-71. — Dons, gp. 72-76. — Envois des sociétés savantes, p. 77. — Achats. — 636 — p. 78. — Conseil d'administration pour 1855, p. 79. — Liste des mem- bres, p. 79-84. — Table générale des publications faites par la So- ciété depuis sa fondation jusqu’au 31 décembre 1854, p. 87-95. 1855 : vol. NII. Dons, p. 161-164. — Envois des sociétés correspondantes, p. 165. — Achats, p. 166. 1856 : vol. VIII. Dons, p. 113-117. — Envois des sociétés savantes, p. 118. — Achats, p. 119. — Conseil d'administration pour 1857, p. 120. — Liste des membres, p. 120-127. — Sociétés correspondantes, p. 198. ‘ C. — Troisième série. + 1857. Don à la Société, pour le musée d'histoire naturelle, par le prince Na- poléon, p. var. — Banquet de 1857 : toasts de MM. le comte de Lapeyrouse, préfet du Doubs; Coquand, Grenier, général de Serre, Huart et le premier président Fauconneau-Dufresne, p. xxI-xxvI. — Dons faits à la Société, p. 442-447. — Envois des sociétés savantes, p. 448-449. — Liste des membres, p. 450-462. — Sociétés correspon- dantes, p. 463-464. 1858. Election de Mgr Mabile comme membre honoraire, p.11. — Vote d’une somme de 150 fr. pour les fouilles d’Alaise et nomination d’une com- mission pour diriger les recherches, p. 1x. — Vote d’une nouvelle somme de 100 fr. et ouverture d’une souscription, p. x1. — Lettre du Ministre de l’Instruction publique annonçant une allocation de 300 fr. pour les fouilles d’Alaise, p. xvr. — Banquet de 1858 : toasts de MM. Convers, maire de Besançon; Huart, président annuel (rapport sur les travaux de la Société); Lafont de Villiers, général de divi- sion ; Loiseau, procureur général; A. Delacroix, président élu, p. xx- xxvi1. — Dons faits à la Société, p. 623-627. — Envois des sociétés correspondantes, p. 628-629. — Liste des membres, p. 630-644. — Sociétés correspondantes, p. 645-646. = 1859. Commission chargée d'étudier le projet d'une exposition industrielle à Besançon dont la Société prendrait l'initialive, p. 1. — Rapport de la commission, discussion et adoption du projet. p. 1v-v. — Ajourne- ment au Î* mai 1860 de l'ouverture de l'exposition, p. vu-vur. — Rejet de nouvelles propositions de la commission et vote de la nomina- tion d'un comité définitif de 50 membres, p. x-xur. — Vote de 300 fr. — 637 — pour premières dépenses, p. xvui. — Vote de 100 fr. pour fouilles à Chailluz, p. xx. — Disparition de la tortue fossile (£mys Etalloni) donnée par la Société au musée d'histoire naturelle; décision de la Société à cet égard, p. xxiv. — Election comme membres honoraires de MM. Coquand et J. Quicherat. p. xxvu-xxvir. — Dons faits à la Société, p. 407-409. — Envois des sociétés savantes, p. 410-411. — Liste des membres, p. 412-426. — Sociétés correspondantes, p. 427. 1860. Questions relatives à l'enlèvement de la tortue fossile placée au musée par la Société, p. vir, x, xt, xixe — Réception à Besançon de la Société géologique de France, p. XI, XVI, XIX, XX, Xxu. — Projet de création d’un jardin botanique, p. x1v, xvu. — Reconstitution de la Société de l'Arc, p. xx. — Dons faits à la Société, p. 427-428. — Envois des Sociétés correspondantes, p. 429-430. — Liste des mem- bres, p. 431-447. — Sociétés correspondantes, p 448-449. 1861. Projet de traité pour la conservation des collections de la Société, P. VI, VII, XU, XVII, XXI. — Révision des statuts; rachat des cotisa- tions, p. xxt, xxv-xxx. — Nomination de M. Lancrenon, président de la Société, au grade de chevalier de la Légion d'honneur et au titre de correspondant de l'Institut, p. xx. — Banquet de 1859 : toasts de MM. A. Delacroix, président annuel (rapport sur les travaux de la Société); Pastoureau, préfet du Doubs; Lancrenon, président élu; Bial, secrétaire général de l'exposition, p. xxxv-xLII. — Banquet de 1860 : toasts de MM. Lancrenon, président annuel (rapport sur les travaux de la Société); Pastoureau, préfet du Doubs, p. XLH-XLvI. — Liste des souscripteurs aux fouilles d’Alaise, p. 492. — Traité conclu avec l'Université au sujet des droits de la Société sur le musée d’his- toire naturelle, p. 507-509. — Dons faits à la Société, p. 510-512. — Envois des sociétés correspondantes, p. 513-514. — Liste des mem- bres, p. 513-531. — Sociétés correspondantes, p. 532-554. 1852. Souscription à la médaille de M. de Caumont, p. vu. — Projet de créa- tion d’un jardin botanique, p. xrxv. — Vote des modifications aux statuts demandées par le Ministre de l’Instruction publique en vue de la reconnaissance de la Compagnie comme société d'utilité pu- blique, p. xvi-xvir. — Allocation de 100 fr. pour la création d’un musée d’horlogerie, p. xx. — Allocation de 150 fr. pour fouilles géo- logiques, p. xx-xx1. — Banquet de 186? : toasts de MM. Boysson d'Ecole, frésident annuel (rapport sur les travaux de la Société), et Vézian, président élu, p. xXHI-xxvII. BAL 1863. Vote de 200 fr. pour souscription à la Société de secours des Amis des sciences, p. 11. — Concours de la Société à l'effet d'enrichir la col- lection anthropologique du Muséum de Paris, p. 11. — Dépôt aux archives des statuts primitifs de la Société en date du 1* juillet 1840, p. 1v. — Décret reconnaissant la Société comme établissement d’uti- lité publique, p, x-xu. — Statuts, p. xui-xvi. — Projet de règlement, p. xvui-xx. — Demande d’un local pour les séances et la biblio- thèque, p. xxiv. — Recherches d’eau pour la banlieue, p. xxvI, xxxv- xxxvI. — Arrêté ministériel approuvant le règlement intérieur de la Société, p. xxix-xxxur. — Allocation de 400 fr. du Ministre de l'In- struction publique, p. xxx. — Don du plan en relief du plateau d’Alaise par M Louis Cloz, p. xxxiv. — Objets achetés pour le musée d'horlogerie, p. xxxv. — Bimquet de 1863 : toasts de MM. Vézian, président annuel (rapport sur les travaux de la Société), et A. Dela- croix, président élu, p. xxxix-xLv. — Dons faits à la Sociélé en 1862 et 1863, p. 507-510. — Envois des sociétés correspondantes en 186? et 1863, p. 911-513. — Liste des membres, p. 514-530. — Sociétés cor- respondantes, p. 531-533. 1864. Prix d'archéologie obtenu par la Société et par M. Castan au concours des sociétés savantes, p. var, x. — Projet de moulage des bas-reliefs de la Porte-Noire, p. xiv. — Dépôt au musée archéologique de la médaille d'argent symbolisant le prix remporté par la Société, p. xvux. — Démarches pour faire classer le pont romain de Besançon parmi les monuments historiques, p. xvur. — Acquisition de trois anciennes montres pour le musée d’horlogerie, p. xix. — Nomination de M. Ba- voux comme secrétaire honoraire et de M. Castan comme secrétaire décennal, p. xxu-xxu1. — Banquet de 1864 : toasts de MM. Loiseau, premier président; A. Delacroix, président annuel (rapport sur les travaux de la Société); Grenier, président élu; Bavoux, Castan et V. Girod, p. xxiv-xxxv. — La Société d'Emulation du Doubs à la réunion des sociétés savantes en 1864, p. 114-128. — Souscripteurs aux fouilles d'Alaise, p. 408. — Dons faits à la Société, p. 409-410. — Envois des Sociétés correspondantes, p. 411-412. — Liste des mem- bres, p. 413-431. — Sociétés correspondantes, p. 431-453. D. — Quatrième série. 1865. Elections de MM. Weiss, Deville et Henri Martin comme membres ho- noraires, p. 11, xv, xvI. — Dépêche ministérielle relative au projet de classer le pont de Battant parmi les monuments historiques, p. vi. — — 639 — Invitations adressées aux sociétés correspondantes de la Franche- Comté et des pays limitrophes, à l’occasion du banquet annuel, p. xxir, xxvIrr. — Séance publique du 14 décembre, p. XxXXv-XxxvI. — Banquet de 1865 : #oasts de MM. d'Arnoux, préfet du Doubs; Gre- nier, À. Castan, Muston, Rebour, A. Delacroix, V. Girod et Clerc de . Landresse, p. xxxvi-xL. — Coup d'œil sur l'histoire et les travaux de la Société, par M. Grenier, p. 230-238. — Dons faits à la Société en 1865, p. 376-378 — Envois des sociétés correspondantes, p. 379-381 — Liste des membres, p. 382-400. — Sociétés correspondantes, p. 401- 404. — Bibliothèques publiques recevant les Hémoires, p. 405. 1866. Morts de MM. Alexandre Bixio et Charles Weiss, membres honoraires, p.r et x. — Election de M. Lélut comme membre honoraire, p. ut, vi et vi. — Souscription de da Société au rachat de la tour de Jeanne d'Arc à Rouen, p. x, x111, XXXIV. — Achat d’un herbier exo- tique provénant de la Crimée, p. xr, xu. — Rapports sur la Société dans la Revue des sociélés savantes et au congrès de l'Institut des provinces, p. xv. — Elévation à (00 fr. de la subvention du Conseil municipal, p. xxv. —: Séance publique du 20 décembre, p. xL-xLI1 — Banquet de 1866 : toasts de MM. le préfet d’Arnoux, Bretillot, Castan, Bouthenot-Peugeot, de Mandrot, Rebour et Girod, p. xzu-1. — La Société d'Emulation du Doubs à la réunion des sociétés savantes en 1866, p. 187-197. — Coup d'œil sur les travaux de la Société, par M. Bretillot, p. 358-371. — Dons faits à la Société, p. 486-488. — En- vois des sociétés correspondantes, p. 489-491. — Liste des membres, p. 492-511 — Sociétés correspondantes, p. 512-517. — Bibliothèques publiques recevant les Mémoires, p. 517. 1867. Don à l'Ecole normale de Cluny d'objets d'histoire naturelle, p. 11, 1v et v. — Dons au musée d'histoire naturelle de Besançon, p. r11 et v. — Souscription pour faciliter la visite de l'Exposition universelle aux instituteurs, p. v. — Carte de la Franche-Comté entreprise par M. le colonel de Mandrot, p. x. — Election de MM. Amédée Thierry et Emile Blanchard en qualité de membres honoraires, p. xXv, xvi, xvu et xix. — Installation de la Société au palais Granvelle, p. xviu. — Emprunt de 2000 fr., p. xxxur. -- Séance publique du 19 dé- cembre, p. xLI-XLH1. — Banquet de 1867 : toasts portés par MM. le préfet d’'Arnoux, Victor Girod, Castan, de Mandrot, CI. Duvernoy et Faucompré, p. xzu-L. — La Société d'Emulation du Doubs à la réunion des sociétés savantes en 1867, p. vit, 1X, x1V, XV et 1-6. — La Société d'Emulation du Doubs en 1867, par M. V. Girod, p. 267- 273. — Dous faits à la Société en 1867, p. 310-312. — Envois des so- ciétés correspondantes, p. 313-316. — Liste des membres, p. 317-337. — 640 — — Sociétés correspondantes, p. 338-343. — Bibliothèques recevant les Mémoires, p. 34%. 1508. Morts de MM. le duc de Luynes, Lyautey et Michelin, membres hono- raires, p. 1 et 1V. — Promesse de patronage au projet d'expédition au Pôle Nord de Gustave Lambert, p. v.— Réunion de la Sorbonne en 1868 : lectures de MM. Drapeyron et Castan; décoration de la Légion d'honneur accordée à M. Castan, p. 1x-x11.— Réception de M. Amédée Thierry en qualité de membre honoraire : allocution de M. le prési- dent Faucompré: réponse de M. Amédée Thierry, p. xvI-xxI. — Election de M. le marquis de Moustier comme membre honoraire, p. xxx. — Bracelet celtique et dolium gallo-romain offerts par M. Francis Wey, p. xxxv. — Dons faits par la Société au musée 1: , T , : + , , d'histoire naturelle de Besançon, p. xxxvi. — Vœu émis pour l’exé- cution d’un plan en relief du département du Doubs par les soins de M. Cloz, p. xxxvu. — Séance publique du 17 décembre, p. xxxIx- XLI. — Banquet de 1868 : toasts de MM. le préfet d’Arnoux, le prési- dent Faucompré, V. Girod, de Mandrot, Wetzel, Castan et Boullet, président élu, p. xzi-xLvur. — La Société d’'Emulation du Doubs en 1868, par M. Faucompré, p. 1-11. — Dons faits à la Société en 1868, p. 471-473. — Envois des Sociétés correspondantes, p. 474-477. — Liste des membres, p. 478-499. — Sociétés correspondantes, p. 500- 506. — Bibliothèques recevant les Yémoires, p. 507. 1869. Délégation de la Société pour la composition du jury chargé de décerner en 1869 le prix de 1000 fr., p. 11, 1, xxiv-xxvu. — Mort de M. le marquis de Moustier, membre honoraire, p. vin, 1x et x. — Réu- nion de la Sorbonne en 1869 : lectures de MM. Drapeyron, de Rochas d’Aiglun et Castan, p. 1x, xvI et xix-xxu. — Election de M. Duruy comme membre honoraire, p. xxxvi-xxxix. — Déposition de la So- ciété dans l'enquête relative au régime de l'imprimerie et de la librairie, p. xxx1Ix, XLvI-XLVIH. — Séance publique du 16 décembre, p. xuix-L. — Banquet de 1869 : toasts de MM. le préfet Demanche; Boullet, président; Grand, président élu ; Castan, de Mandrot, Wetzel, A. Delacroix et le premier président Loiseau, p. Li-Lxi. — Rapport sur les travaux de la Société en 1869, par M. Boullet, p. 1-5. — Dons faits à la Société en 1869, p. 388-389. — Envois des sociétés corres- pondantes, p. 390-394 — Liste des membres, p. 395-417. — Sociétés correspondantes, p. 418-424. — Bibliothèques recevant les Mémoires. p. 425. 1870-71. Question des bibliothèques populaires, p. 1, XVI, XVII, XXI, XXII, XXVI, XXVII, XXIX-XXXI, XXXV. — Projet d'établissement d’un champ de — 641 — courses de chevaux près de Besançon, p. 1v=1x, xt, XVII. — Décou- verte du théâtre romain de Besançon par M. Castan, et création d’un square archéologique : don de 6,000 fr. par un membre de la Société (M. Veil-Picard), en faveur de cette entreprise, p. IX, X, XVIII, XIX, XXII, XXVII, XXIX, XXXIIL, XXXV, XLVI, XLVII, LIV, LVI-LIX. — Médaille d'argent décernée à M. Résal; élection de ce savant comme membre honoraire, p. XIV, xXv, XvIn. — Remboursement de l'emprunt de 2,000 fr. fait en 1867, p. xv, xxvi, Li. — Regrets de la Société au sujet de la mort du général Abel Douay, p. xxx1v, xxxv. — Regrets au sujet de la mort de M. Wetzel, de Montbéliard, p. xLI-XLH. — Projet d'une statistique de l’état sanitaire et des services médicaux à Besançon durant la guerre, p. XLIvV-XLv. — Formation d’un musée de pierres tumulaires du moyen âge, p. xzvn-xLvir. — Nouveau timbre destiné à authentiquer les actes de la Société, p. xziv. — Invitation faite à M. Jeannot-Droz, président de la Société helvé- tique, comme témoignage de gratitude envers la Suisse, p. LvuI. — Séance publique du 14 décembre, p. Lxm-Lxiv. — Banquet de 1871 : .toasts de MM. Emile Delacroix, président annuel; de Sandrans, … préfet du Doubs; Ch. Grand, 1°" vice-président; Jeannot-Droz, Ber- nard, Guillin, Sire, président élu; A. Delacroix, le premier président Loiseau, Castan et Varambon, procureur général, p. LXV-LXXI. — Travaux de la Société d'Emulation du Doubs en 1870 et 1871, par M. Emile Delacroix, p. 1-7. — Dons faits à la Société en 1870-1871, p. 525-526 — Envois des sociétés correspondantes, p. 527-530. — Liste des membres, p. 531-553. — Sociétés correspondantes, p. 551- 560. — Bibliothèques recevant les Mémoires, p. 561. 1872. Remerciments du Conseil fédéral helvétique, au sujet des paroles sym- pathiques adressées à la Suisse dans le banquet de 1871, p. 11. — Hommage fait par M. Jules Jurgensen de son volume de poésies intitulé : Pendant la guerre. p. 11, ur. — Don d'un exemulaire des Mémoires de la Société à la bibliothèque de l'Ecole d'application de Fontainebleau, p. 11, XIV, xv. — Réunion des sociétés savantes en 1872 : médaille d’or décernée à M. Grenier; médailles d'argent obte- nues par MM. Reboul et de Fromentel, p. vin, xuxr. — Reprise de l'œuvre des bibliothèques populaires par les soins du personnel des écoles communales, p. xvu-xx. — Achèvement du square archéolo- gique : vœux exprimés à cet égard par la Société, p. XXII-XXIH, XXIV- xxv. — Renseizsñements sur la dernière éruption du Vésuve com- muniqués par M. Oudet, p. xxv. — Souscription de la Société à l'œuvre du buste de l'historien Chevalier, de Poligny, p. xxxv. — Séance publique du 19 décembre, p. xxxvu-xxxvit. — Banquet de 1872 : discours prononcés par MM. Sire, président annuel; de San- drans, préfet du Doubs; Castan, de Mandrot, Bouthenot-Peugeot, 41 — 64? — Le Brun-Dalbanne, Jurgensen et Alfred Ducat, président élu, p. xxxix-Li. — La Société d'Emulation du Doubs en 1872, par M. Sire, p. 1-12. — Dons faits à la Société, p. 545-547. — Envois des sociétés correspondantes, p. 548-551. — Liste des membres, p. 552-574. — Sociétés correspondantes, p. 575-582. — Bibliothèques recevant les Mémoires, p. 583. 1873. Réunion des*sociétés savantes en 1873 : lectures de MM. Chotarü et Castan; prix d'archéologie obtenu par la Société, p. vin, 1x, xv et xvI. — Election &e M. Servaux comme membre honoraire, p. vai. 1x et xur. — Mort de M. Amédée Thierry, membre honoraire : hom- mages rendus à sa mémoire. p. xus et xiv. — Prix offert pour le con- cours international de tir, p. xiv, xv et xx1. — Mort du général de division vicomte de Bois-le-Comte, membre correspondant, p. xx. — Séance générale de la Société d'Emulation de Montbéliard : lectures de MM. Sire et Tuetey, p. xxr et xx1r. — Election de M. Francis Wey comme membre honoraire, p. xxu-xx1v. — Fresque du x1v° siècle et divers morceaux d'orfévrerie rehgicuse reproduits parles soins de M. Jules Gauthier, p. XXIV, xxv, xXxxvII et XXXVII — Cuivre gravé représentant l’antiquaire J.-J. Boissard, p. xxv et xxvI. — Séance publique du 18 décembre, p. xLvr-xrix. — Banquet de 1873 : toasts prononcés par MM. Ducat, président annuel; le général duc d'Au- male, commandant le 7° corps d'armée; Castan, de Mandrot, Parisot, Favre, Rousseaux, Baille, Galmiche, Jurgensen et Chotard, président élu, p. L-Lxv.— Travaux de la Société Emulation du Doubs en 1873, par M. A. Ducat, p. 1-10. — La Société d'Emulation du Doubs à la réunion des sociétés savantes : rapports de MM. Ducat et Chabouil- let, p. 11-29. — Dons faits à la Société, p. 583-585. — Envois des s0- ciétés correspondantes, p. 586-596. — Liste des membres, p. 591-615. Sociétés correspondantes, p. 615-523. — Bibliothèques recevant les Mémoires, p. 624. 1874. Réunion des sociétés savantes à la Sorbonne : communications de MM. Drapeyron, Castan et Waille; rapport de M Chotard, p. v, vi. — Délégation de MM. Castan et Gauthier à la séance générale tenue aux Brenets par la Société d'histoire et d'archéologie de Neuchâtel, p. xx et xxix. — Envoi par M. Ulysse Devarenne de deux amphores grecques provenant de l’Archipel, p. xx1v, xxxr, xxx1r. — Décès de M. Lancrenon, ancien président de la Société, at de M. G.-F. Goguel, membre correspondant, p. xxx-xxx1. — Première feuille d'une carte de la Franche-Comté, exécutée et déposée par M. le colonel fédéral de Mandrot, p. xL1 et XL, — Séance publique de 1874, p. xLvI- xLvir. — Banquet de 1874 : toasts de MM. Ducat, Castan, A. Dela- croix, Gasquin (de Belfort), Favre (de Monthéliard), Jurgensen (du Locle), de Mandrot {de Neuchâtel), Galmiche {de Vesoul/, Monin (de Bey pe Poligny), Vézian et le premier président Loiseau. — La Société d’'E- mulation du Doubs en 1874. par M. Alfred Ducat, ter vice-président, p. 1-11. — Les sociélés savantes de Franche-Comté au congrès de la Sorbonne en 1874 : extraits des rapports de MM. Chabouillet, Blanchard et Hippeau, p. 33-46. — Dons faits à la Société en 1874, p. 545-547. — Envois des sociétés correspondantes, p. 548-551. — Mem- bres de la Société au 1% octobre 1874, p. 552-577. — Sociétés corres- pondantes, p. 578-285. — Bibliothèques recevant lès Mémoires, p. 586. 1875. + Projet d’une séance publique annuelle à tenir pendant la saison d'été en dehors du chef-lieu, p. 11. — Plan en relief des environs de Besan- con, offert par M. Péchoix, p 11 et in. — Fouille, accidentelle d'un tumulus ce tique, entre Déservillers et Bolandoz ; achat par la Société des objets en provenant, p. 11. — Réunion des délégués des sociétés savantes à la Sorbonne en 1875 : communications de MM. Tivier, Pin- gaud, Drapeyron, Castan et Saint-Loup; médaille d'argent obtenue par M. Vézian,; promotion de MM. Ducat, de Fromentel et Castan au grade d’officier d’Académie, p. v, vi, xiv et xv.— Envoi par M. Georges Garnier de sa publication des Origines de Moisant de Brieux, p. vu et vi. — Sépulture burgonde trouvée à Chailluz : don à la Société des objets qu'elle contenait, par M. le lieutenant-colonel du génie Balland, p. vi. — Souscription de la, Société au congrès des Améri- canistes à Nancy, p. x. — Découverte d’un fragment de la scène du théätre romain de Besançon : rapports de MM. Castan et Ducat; vote d’un crédit de 500 fr. pour la conservation de ce nouveau ves- tige, p. xv-xvii, xxi. — Séance générale de la Société d'Emulation de Montbéliard : expériences faites par M. Georges Sire ; lecture et toast de M. Castan, p. xvur, XIX, XXE, XXIV. — Don par M. le Direc- teur des Frères de Marie d'un groupe sculpté de l'époque gallo-ro- maine, représentant deux Déesses-Mères, p. xxv. — Notice nécrolo- gique sur le commandant Faucompré, ancien président, par M. Cas- tan, p. xxvi-xxvin. — Mort de M. Charles Grenier, ancien président et l’un des fondateurs de la Société, p. xxxiv-xxxv. — Dons : par M. Jules Jurgensen, d'un exemplaire de la médaille frappée en l'hon- ueur d'Agassiz; par M. l'abbé Jeannin, curé de Déservillers, du sceau en bronze de l’abbaye de Lieu-Croissant, p. xxxv. — Séance publique de 1875, p. xzrr-x£t. — Banquet de 1875 : toasts de MM. le président Vézian, le secrétaire Castan, Favre (de Montbéliard), Bailly (de Vesoul), Couraut {de Poligny), Jurgensen (délégué de Neu- chàtel), le premier président Loiseau, Lissajous. recteur de l'Aca- démie, Léon Marquiset, président élu, p. xuiv-Lx. — La Société d’'E- mulation du Doubs en !875, par M. Alexandre Vézian, président annuel, p. 1-12. — Dons faits à la Société en 1875, p. 547-549. — Envois des sociétés correspondantes, p. 550-554. — Liste des mem- \ — 644 — bres, p. 555-582. — Sociétés correspondantes, p. 583-590. — Biblio- thèques recevant les Mémoires, p. 591.— Notice sur la Société, p. 595- 606. — Table générale des Mémoires (1841-1875), p. 607-670. 20 TRAVAUX SCIENTIFIQUES. A. — Sciences économiques. — Agriculture. Rapport sur le chemin de fer du Jura central. — 1856, p. 76-79. Grenier et A. Delacroix. Rapport sur l'Exposition universelle de Besançon en 1860. — 1862, p. 463-467. L. Bretillot. Documents relatifs au Concours régional agricole de Besançon. — 1865, p. 103-229. A. Castan. Recherches sur la mortalité dans le département du Doubs. — 1865, p. 205-239. Perron. Considérations sur l’Instruction primaire envisagée comme cause prétendue de la dépopulation des cam- pagnes. — 1869, p. 5-12. Boullet. Le pain au prix constant de 1 fr. 06 cent. les 3 kilogr. — 1857, p. 111-135. Blondon. Le problème de la vie à bon marché. — 1868, p. 11-14. Maucompré. Recherches d'eaux pour l'alimentation de la banlieue de Besançon. — 1863, p. xxvi. A. Delacroix. Fécondation artificielle du poisson.— 1850-51, p. 43-61. Detzein et Berthot. Rapport sur l'établissement de pisciculture établi à Baume-les-Dames. — 1852, p. 2-16. ; Berthot et Bolot. Conservation des œufs. — 1861, p. x, xvrrt. Guillin. Salaison des œufs. — 1861, p. x. Marchal. Expériences sur la conservation des œufs par le pro- cédé Guillin. — 1862, p. vru-x. Grenier, Bavoux, Jacques et Truchot. Notice sur la moissonneuse de M. de Constant-Rebec- que. — 1850-51, p. 39-42 (1 pl.). Ch. Sauria. Note sur le guano de chauves-souris. — 1858, p. 171- 176. Humbert et Morétin. Nouveau perfectionnement apporté à la carbonisation en forêt. — 1842 (juillet), p. 51-54 (1 pL.). B. Vertel. Considérations sur la propriété qu'a le bois d'if de se conserver longtemps sans altération. — 1558, p. xx. Grenier et Bavouz. Sur l'Apiculture; 1865, p. 271-279 (1 pl.). — Ruche à segments mobiles; 1872, p. vi. P. Faivre. Expérimentation de la ruche de M. Faivre. — 1873, P.' xx. Debauchey. — 645 — Assainissement des liltoraux marécageux avec le con- cours des marées. — 1873, p. 541-572 (fig. et { pl.). H. Poulain. B. — Physique, Météorologie. Mémoire sur un polytrope et quelques autres appareils servant à l'étude des mouvements de rotation. — 1861, p. 263-316 (4 pl.). G. Sire. Rapport sur ce mémoire. — 1861, p. 261-262. Drion, Résal et Reynaud-Ducreux. Note sur un appareil simple propre à montrer de quoi dépend la pression exercée par les liquides sur le fond des vases. — 1852, p. 133-134 (fig.). G. Sire. Note sur un nouvel appareil d’hydrostatique ; 1864, p. 77-80 (1 pl). — Sur un appareil d'hydrostatique ; 1875, par. . G. Sire. Nouvelle méthode pour la démonstration expérimen- tale du principe d'Archimède ; 1866, p. 1-10 (1 pL.). — Démonstration nouvelle du principe d'Archimède; 1874, p. 92-100 (2 bois gravés). G. Sire. Sur la démonstration du principe d'Archimède. — 1867, p. 38-40. Berthaud. Sur un voluménomètre et son application à la mesure approchée de la hauteur barométrique. — 1873, p. 157- 162 (1 pl.)) G. Sire. Communication sur un appareil d'hydrostatique pré- - senté à la Société. — 1875, p. x. G. Sire. Phénomènes présentés par certains liquides projetés en gouttelettes à la surface d'un éther. — 1854 (janvier- février), p. 37. G. Sire. Etude sur la forme globulaire des liquides. — 1862, p. 409-462 (1 pl.). : G. Sire. Sur les nombres de vibrations des sons de la gamme. — 1867, p. 41-42. Berthaud. . Observations sur les deux notes de M. Berthaud. — 1869, p. xiv et xv. G. Sire. Considérations philosophiques sur la chaleur. — 1870- 71, p. 112-119. Résal. Rapjort sur le mémoire précédent. — 1870-71, p. xxxv- XXXVII. Gouillaud. Expériences sur l'influence de la chaleur sur la capilla- rité. — 1865, p. 32-10. Minary. Note sur une erreur existant dans le Trailé de la chaleur de Péclet. — 1855, p. vu. Person. pe Note sur l'équivalent mécanique de la chaleur, — 1854 1 (mars-décembre), p. 24-25. Person. Note sur l'équivalent mécanique de la chaleur. — 1854 {mars-décembre), p. 26-31. d'Estocquois. Influence de l'électricité sur l’eau projetée en filets. — 1859, p. xxx. Truchot. Note sur une pile voltaïque constante et économique à dégagement de chlore. — 1859, p. 364-368 Humbert et Fonvielle. Théorie de l'électro-dynamique.—- 1854 (mars-décem.), ; p. 1-11 (1 pl). Résal. Rapport sur ce ménioire. — 1854 (mars-décem.), p. 1-11. Person. Recherches sur la distribution du magnétisme dans les barreaux aimantés par le procédé de la touche sé- parée.— 1863, p. 165-196. Gouillaud. Essai sur l'application des forces attractives et répul- sives des électro-aimants. — 1845-46, p. 141-144 (1 pl.). G Sire. Note sur un météore qui a sévi dans les environs de Besançon. — 1852, p. 129-131 G. Sire. Note sur l'ouragan du 14 novembre 1854 dans la mer Noire. — 1855, p. viri-1x. Person. Résumés des observations météorologiques faites à la Faculté des sciences de Besancon depuis 1840 jus- qu'à 1854 inclusivement. — 1854 (mars-décembre), p. 66-67 {5 tableaux). : G. Sire. Température moyenne à Besançon. — 1864, p. v. Truchot. Note sur quelques formes cristallines de la neige. — 1863, p. 33-54 (1 pl. coloriée). G. Sire. Nouvelle disposition de l'hygromètre à cheveu. — 1872. p. 101-136 (1 pL.). G. Sire. Aurole boréale du 4 février 1872. — 1872, p. 152-155. À. Delacroix. C. — Chimie. Note sur les causes de la tressaillure dans les poteries de faïence fine (analyse d’argiles); 1844, p. 5-7. — Description d’un sulfure de plomb nouveau. — 1844, p-8. F. Gonin. Recherches sur le titane et ses combinaisons. — 1847 (décembre),.p. 57-77. A. Demoly. Analyse des matières contenues dans une grenouillette. — 1852, p. 131-133. Chenevier. De l'élimination du mercure et de l’iodure de potas- sium.— 1856, p. 69-73. Chenevier. Nouvelle méthode pour reconnaître l'iode et le hrôme. — 1857, p. 376-379. 0. Henry fils et Humbert: LL GATE Note sur un perfectionnement apporté à la recherche de l’iode par l’amidon. — 1859, p. 359-363. Mumbert et O. Henry fils. Présence de l’érsenic dans le laiton. — 1858, p. x1r, xv. Loir. Présence de l’arsenic dans les zincs du commerce. — 1858, p. xt. Coquand. no de l’arsenic dans des débris de chapelets. — 1858, p. xüi. Guillin. Bleu . prusse formé spontanément dans d'anciens égoûts romains. — 1858, p. xur. E. Delacroiz. Dosage des eaux ferrugineuses par une dissolution de biiodure potassique. — 18 850. D: XXE Guillin. Analyse d’un couteau en silex des fouilles d’Alaise. — 1860, p. 426. Loir. Analyse chimique de l’eau ferrugineuse d'une source sise à Etuz (Haute-Saône). — 1861, p. 20-24. Loir. Liquéfaction des gaz. — 1860, p. v. Loir. Remplacement de l'acétate de soude par l’acétate de chaux dans la fabrication du vert-de-gris. — 1868, D RH: F. Leclerc. : Procédé pour retirer l'or et l'argent des vieux galons et notes sur le traitement des cendres d’orfèvres ; 1865, p. ur, var. et 1867, p. xx1. — Appareil pour filtrer les amalgames de mercure et de métaux précieux; 1866, p. XXXV. Marchai et Bourdy Système de pipette; 1869, p. xxv. — Fourneau à fondre lor au moyen des hydrocarbures liquides ; 1869. D EEXVIL, EXMIX NX SLI SL EV: Marchal et Bourdy. Sur un appareil à niveau constant pour l'essai des ma- tières d'argent par la voie humide; 1872, p. 183-192 (1 pl). — Pipette à capacité variable pour l'essai des matières d'argent par la voie humide ;: 1873, p. 525- 540 (1 pl.). G. Sire. D. — Minéralogie, — Pétrographie. Notice sur le Talc et sur la Stéatite. — 1845-16, p. 1-8. À. Delesse. Notice sur quelques produits de décomposition des mi- nerais de cuivre. — 1845-46, p. 9-22. À. Delesse. Mémoires sur la constitution minéralogique et chimique : des roches des Vosges. — 1847 (juillet), p. 1-80 (1 pl. coloriée), et 1847 (décembre), p. 1-35. A. Delesse. Etudes sur quelques phénomènes présentés par les ro- ches lorsqu'elles sont amenées à l'état de fusion. — 1847 (décembre), p. 37-50 ({ tableau synoptique). A. Delesse. Procédé mécanique pour déterminer la composition des roches. — 1847 (décembre), p. 51-56. A. Delesse. 648 — Notice sur le caractère de l’Arkose dans les Vosges. — 1848, p. 25-34 (1 pl. coloriée). À. Delesse. Sur l’Arkose du Morvan. — 1854 (mars-lécembre), D'xxte J. Pidancet. Mémoire sur la constitution minéralogique et géologique des roches des Vosges. — 1850-51, p. 103-110 ({ pl. col.). À. Delesse. Analyse des schistes bitumineux du Lias. — 1854 (mars- décembre), p. 32-33. Pillot. Rapport sur le mémoire précédent. — 1854 (mars-dé- cembre), p. xvit-xIx. Résal. Appréciation des schistes bitumineux liasiques du dé- partement du Doubs. — 1854 (mars-décembre), p. 43- 47. Résal. Rapport sur le Traité des roches de M. Coquand. — 1856, P. IV. S. Chopard. Traité des roches. — 1856 (2° vol.), p. 1-493 (figures dans ie texte). H. Coquand. Fer oligiste trouvé en Franche-Comté. — 1861, p. xvi. Marchal. Sources ferrugineuses de Luxeuil. — 1862, p. 101-105 Æ. Delacroix. De l'emploi des eaux minérales chez les anciens.— 1865, p. 239-219. E. Delacroix. Notice sur les tourbières supra-aquatiques du Haut- Jura. — 1812, p. 448-460 Résal. E. — Paléontologie. Importance de l'étude des fossiles à la reconnaissance géologique des terrains. — 1842 (décembre) et 1843 (juillet), p. 13-17 (4 pl.). N. Boyé. Rapport sur une collection de coquilles offertes à la So- ciété. — 1855, p. v-vir. Régley. Fossiles nouveaux. — 1855, p. 45-50. Coquand. Introduction à l'étude des polypiers fossiles. — 1860, p. 1-360. de lromentel. Etudes paléontologiques sur le Haut-Jura : Rayonnés du Corailien; 1858, p. 401-553; Monographie du Co- rallien; 1861, p. 53-260. — Etudes paléontologiques sur le Jura graylois; 1863, p. 221-506. Ëtallon. Echantillons géologiques et paléontologiques de la grotte de Loubeau (Deux-Sèvres). — 1873, p. 111-V, IX-XI. Ernest Vermot et Vézian. Liste des mollusques fossiles du Gault de Morteau (Doubs), — 1874, p. 60-64. G. Berthelin. — 649 — F. — Géologie. De la Géologie considérée dans ses applications à l'in- dustrie. — 1842 (décembre) et 1843 (juillet), p. 1-13 N. Boyé. Recherches géologiques sur la disposition de la Cha- pelle-des-Buis. — 1842 (décembre) et 1843 (juillet), p. 19-22, (1 pl.). Ch. Grenier. Géologie du Doubs. — 1843 (décembre), p. 1-19 (3 pl. et 1 tableau). N. Boyé. Etude systématique des vallées d'érosion dans le dépar- tement du Doubs. — 1845-16, p. 23-62 (3 pl. col.). Renaud-Comte. Notice géologique sur les environs de Clamecy (Nièvre). — 1845-46, p. 127-134 (1 carte géologique). Joly. Gaz des puits à sel de Grozon. — 1815-46, p. 137-138. Demoly Note sur le phénomène erratique dans les hautes val- lées du Jura; 1847 (juillet), p. 81-83, — Note géolo- gique sur la Dôle; 1847 (décembre), p. 79-82. — Mé- “moires sur les relations du terrain néocomien avec le terrain jurassique dans les environs de Sainte-Croix (Jura vaudois) et dans le Val de Travers; 1847 (dé- cembre), p. 83-88 (? pl.). J. Pidancel et Lory Note sur quelques-uns des phénomènes que présentent les failles du Jura aux environs de Besançon. — 1848, p. 1-24 ({ pl. coloriée). J. Pidancet Notice sur le terrain erratique. — 1848, p. 35-48. E. Collomb. Notice sur la géologie des environs de Lons-le-Saunier. — 1850-51, p. 1-6 (1 carte géologique). N. boyé. Note sur le classement du terrain wealdien. — 1853, p. 115-119. H. Coquand. Sur une excursion géologique dans le département de Saône-et-Loire. — 1854 (mars-décembre), p. xxvrI- XXVIII. J. Pidancet Note sur le puits de la Brême près d'Ornans (Doubs). — 1855, p. 23-24 et 106-107. S. Chopard, Notice sur les dépôts néocomiens et wealdiens et sur les dolomies portlandiennes dans les hautes vallées du Jura, aux environs des Rousses. — 1855, p. 25-44 (i pl). A. Sautier Sur nne excursion au plateau d'Alaise. — 1856, p. x XIVe H. Coquand. Observation sur l'étage aptien aux environs de GYy (Haute-Saône). — 1857. p. 11. À. Delacroix. Mémoire géologique sur la présence du terrain permien etc. dans le département de Saône-et-Loire et dans — 650 — la montagne de la Serre. — 1857, p. 1-40 (1 pl.). H. Coquand. Mémoire sur la formation crétacée du département de. la Charente-Inférieure. — 1857, p. 136-206 (fig.). H. Coquand. Mémoire sur les terrains crétacés du Jura. — 1857, p. 235-290 (1 pL.). Lory. Position des Ostrea columba et biauriculata dans la craie ; 1857, p. 291-315. — Question de priorité au sujet des terrains lacustres qui surmontent la formation portlandienne ; 1858, p. 111-1v. — Observations sur une notice relative aux mêmes terrains, insérée dans l’An- nuaire du Doubs; 1858, p. v. — Communication sur un sondage fait à Champagney ; 1858, p. vi. IT. Coquand. Discussion relative au soulèvement de la Côte-d'Or. — 1858, p. vir. Coquand, Etallon et Perron (de Gray). Découverte de la craie blanche dans le Jura. — 1858, px H. Coquand. Description géologique de l'étage purbeckien dans les deux Charentes. — 1858, p. 1-53 (fig.). I. Coquand. Note sur quelques lambeaux des étages aptien et albien qu'on reneontre dans le Haut-Jura, aux environs des Rousses. — 1858, p 177-180. A. Saulier. Etude de l'étage kimméridien dans les environs de Montbéliard. — 1859, p. 1-352 (27 pL.). Contejeun. Découverte de la craie supérieure à silex dans le dé- partement du Jura. — 1859, p. 353-358. Bonjour, Defranoux et frère Ogérien. Indice de la présence du terrain néocomien à Baume- les-Dames. — 1862, p. x-x1. A. Vézian. Echantillons de sel gemme trouvés à Champvans (canton d'Audeux). — 1864, p. xrv. Bavourx. Le sel de Miserey. — 1868, p. 316-320. A. Delacroix. Notice géologique sur le Mont-Chätelu (frontière franco- neuchâteloise). — 1872, p. 171-182 (? pl.). Maurice de Tribolet. Le Jura franc-comtois : 1"° étuile, 1872, p. 193-416 (4 pL.); — 2° étude, 1873, p. 325-524. ; À. Vézian. Rapport sur les éléments de géologie et de paléonto- logie de M. Gontejean. — 1874, p. X*v-XXVII A. Vézian. La France au point de vue géologique et historique. — 1874, p. 468-488. A. Vézian. Sur le véritable horizon stratigraphique de l’Astartien dans le Jura. — 1875, p. 233244 (2 tableaux). Maurice de Tribolet. L'Infralias en Franche-Comté. — 1875, p. 287-476 (5 pl.). J. Henry. — 651 — G. - Botanique. Monographia de Cerastio — 1841 (mai), p. 1-6 (9 pl). CA. Grenier. 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Communication sur la découverte d’une mosaïque gallo- romaine à Besançon; 1868, p. xxv. — Un cachet inédit d’oculiste romain (Lapis Nasiensis octavus); 1867, p. 33-37 (1 pl.). — Un nouveau cachet d’oculiste romain (Lapis Arbosiensis) ; 1874. p. 537-540. A. Castan. Notice sur Crusinia, station militaire de la voie romaine de Chalon-sur-Saône à Besançon. — 1857, p. 316-339 (3 pl.) A. Castan. La ville antique de Dittation. — 1868, p. 421-432. A. Delacroix. La bataille de Vesontio et ses vestiges, rapport sur les fouilles de Bois-Néron. — 1862, p. 477-490 (fig.). A. Castan. Epponine et la Baume-Noire. — 1865, p. 280-294. A. Delacroix. Une fouille à la Baume-Noire. — 1874, p. 533-530. A. Castan. Souvenir d'une visite à Mandeure. — 1874, p. 536-537. A. Caslan. Le capitole de Vesontio et les capitoles provinciaux du monde romain; 1868, p. 201-236 (3 pl). — Le champ de Mars de Vesontio; 1869, p. 13-48 (4 pl.). — Décou- verte du théâtre romäin de Besançon; 1870-71, p 1x, X, XVII, x1x. — Le théâtre de Vesontio et le square archéologique de Besançon; 1872, p. 461-513 (5 pl. lith.). — La scène du théâtre de Vesontio; 1875, p. 195- 504 (2 pl. lith.). À. Castan. Notice sur la Porte-Noire à Besançon. — 1841 (juin-dé- cembre), p. 1. A. Delacroix. . — 661 — Considérations sur l'arc antique de Porte-Noire à Be- sançon. — 1866, p. 420-429. A. Castan. Les Déesses-Mères en Séquanie. — 1875, p. 13-16 (1 bois gravé). A. Castan. Fotulles des rues de Besancon en 1863. — 1863, p. 205- 210. A. Delacroix. Un poids romain du Bas-Empire. — 1874, p. 540-543. À. Castan. Etudes sur Luxeuil : un céramique gallo-romain et la déesse Bricia ; 1857, p. 380-386 (1 pl.). — Notice sur les fouilles faites en 1857 et 1858 aux sources ferru- gineuses de Luxeuil; 1862, p. 93-106. £. Delacroix. D. — Histoire et archéologie du moyen âge. L'inscription tumulaire de Sylvestre I*, évêque de Be- sançon. — 1863, p. 28-32. A. Castan. Les Huns et les champs catalauniques. — 1873, p. 231- 308. ; H. Poulain. Rapport sur l'ouvrage précédent. — 1873, p. xxvi-xxvu. À. Chotard. Sépultures germaniques ‘aux environs de Chaussin (Jura). — 1869, p. v-vix, et 1872, p. XXXIII-XXXIV. = Carme et À. Delacroix. Sépulture burgonde à Chailluz (Besançon). — 1875, p. VuI. A. Castan. Sépultures burgondes à Rougemont (Doubs). — 1866, DT. Gaudot. Armes de l’époque burgonde découvertes à Rougemont (Doubs). — 1874, p. 11 et ur. Ch. Thuriet. Note sur le cimetière burgonde de Cussey-sur-l'Ognon. — 1872, p. 522-527 (1 pl.). J. Gauthier. Du rôle de la Bourgogne sous les Mérovingiens; 1866, P. 167-186. — La reine Brunehilde et la crise sociale du vr siècle sous les Mérovingiens; 1866, p. 390-419. — Ebroïn et Saint-Léger (lutte entre la Neustrie et l'Austrasie); 1867, p. 225-254. — Essai sur l’organisa- tion de l'Austrasie et la création de l'Allemagne; 1868, p. 237-282. L. Drapeyron. Luxeuil : ville, abbaye, thermes. — 1867, p. 59-184 (1 pl). Æ. Delacroix. La table d’or de Saint-Jean de Besançon; 1864, p, 101- 113. — La première entrée des archevèques de Be- sançon sous l’ancien régime ; 1875, p. 207-232. A. Caslan. L'église et le monastère de Moutier-Granval; 1869, p. 249-293 (1 plan). — Découverte de tombeaux dans l'église primitive de Moutier-Granval ; 1873, p. 124- 128 (1 pl.). À. Quiquerez. — 662 — Essai sur la séparation de la France et de l'Allemagne aux 1x° et x° siècles ; 1869, p. 49-88. — De la substi- tution d’un épiscopat germain à l’épiscopat romain en Gaule, sous les Mérovingiens et les Carolingiens ; 1874, p. 101-122. L. Drapeyron. Notices sur les églises de Besançon : Saint-Jean, Saint- Paul et Saint-Esprit; 1841 (juin-décembre), p. 55-67 (3 pl). — Cathédrale de Besançon ; 1856, p. 107-108. À. Delacroix. Origines de la commune de Besançon ; 1858, p. 183- 382. — Les Sceaux de la commune, l'Hôtel de Ville et le Palais de Justice de Besançon ; 1870-71, p. 443- 500 (12 bois gravés et ? lithographies). A. Castan. Le prieuré de Saint-Pierre de Vaux-Travers et les comtes de Neuchâtel. — 1866, p. 430-440. de Mandrot. Probabilités d’un voyage du roi saint Louis à Besançon en 1259. — 1873, p. 67-98. A. Castan. Le siége et le blocus de Besançon par Rodolphe de Habsbourg et Jean de Chalon-Arlay. — 1868, p. 329- 420. À. Castan. Charte des coutumes de Jougne (Doubs). =— 1870-71, p. 120-140. ” J. Gauthier. Charte d’affranchissement de la ville et seigneurie de Gy (Haute-Saône). — 1866. p. 198-208. À. Castan. Charte d’affranchissement du bourg d'Oiselay (Haute- d Saône). — 1867, p. 7-24. J. Gauthier. Origine du mot Franche-Comté (rapport fait à la Société sur un ouvrage manuscrit de M. A. Marlet). — 1861, p. 493-497. Bial, Castan et À. Delacroix. Opinion sur une pique en fer offerte par M. J. Piguet. — 1869, p. xxvVII-XX VIII J. Quicherat et A. Castan. Souvenirs des temps anciens dans les deux Fouvent (Haute-Saône); 1868, p. xxxvi-xxxvir. — Proverbes historiques du canton de Vitrey (Haute-Saône); 1870- 71, p. LIX-LX. ; N. Travelet. Les traditions populaires de la Franche-Comté. — 1873, p. 309-324. Ch. Thuriet. Les culs fouettés d'Ougney. — 1842 (décembre) et 1843 (juillet), p. 23-25 (1 lithogr.). P. Mallard. Les armoiries sont-elles l'apanage exclusif de la no- blesse ? — 1867, p. 299-305. de Mandrot. Les sorciers devant la législation du moyen âge et la législation moderne. — 1874, p. 515-532. Ch. Thuriet. Note sur le tombeau de l’évêque Jacques de Clerval. — 1874. p. xxxnII. : J. Gauthier. — 663 — E. — Histoire des temps modernes. Les derniers sires d’Asuel et le mobilier de leurs rési- dences au xvi* siècle. — 1867, p. 255-264. _A. Quiquerez. Montjoie et les anciens châteaux du Clos-du-Doubs. — 1873, p. 176-213. À. Quiquerez. L'empereur Charles-Quint et sa statue à Besançon. — 1867, p. 185-219 (1 bois gravé). A. Castan. Notice sur le Palais @ranvelle. — 1842 (juillet), p. 1-9. À. Delacroix. Monographie du: Palais Granvelle. — 1866, p. 71-166 (4 pl). A. Castan. Sully et le collége de Bourgogne. — 1869, p. 313-330. A. Castan. Procès-verbal de l'essai fait à Paris, en 1579, de la mon- naie municipale de Besançon. — 1867, p. xxxvir- XXXVIII. A. Tuetey. Invasion de Weymar en Franche-Comté. — 1842 (juil- let), p. 19-35. Girardot de Nozeroy. Lettre sur la grotte de Villers-le-Sec.— 1865, p. xr-xu. Faivre d'Esnans. Béatrix de Cusance, princesse de Cantecroix. — 1875, p. 245. L. Pingaud. Annales des épidémies en Franche-Comté. — 1861, p. 317-460 k Ch. Perron. Les bibliothèques incendiées de Strasbourg. — 1870-71, p. 8-13. A. Tueley. De l'invasion de l'Allemagne dans les provinces de Bourgogne et de Franche-Comté en 1870-71 : (1* par- tie) 1874, p. 229-362 ; — (2° partie) 1875, p. 39-171. P. Mignard. Besançon, place forte. — 1870-71, p. 14-74. A. Delacroix. Le Doubs : rives franco-suisses. — 1875, p. 529-545. J. Jurgensen. F. — Biographies L’évêque de Paris Hugues de Besançon. — 1865, p. 250- 270. A .Caslan. Notice sur Hugolin Folain, vice-amiral de la flotte du pape Calixte IIL. — 1864, p. 120-122. A. Castan. Simon de Quingey, page de Charles le Téméraire et pri- sonnier de Louis XI. — 1872, p. 417-447. J. Gauthier. Les chefs de la justice de France issus de la Franche- Comté : Guillaume et Guy de Rochefort, Courvoisier; 1870-71, p. 501-524. Henri Eloy. Les Gorrevod et leur sépulture dans l’église de Marnay. — 1869, p. 343-356. J. Gauthier. 20 GÉUN => Notice sur Jacques Prévost, peintre, graveur et sculp- teur du xvi° siècle. — 1868, p. 299-307 (3 bois gravés). Lancrenon. Une date de la vie du musicien Claude Goudimel, de Besançon. — 1873; p. xxxIx, et 1879, p. 022-598. | 4. Castan et G. Bertrand. Note sur la généalogie de la famille Perrenot de Gran- velle. — 1865, p. 41-45. A. Marlet. Etude sur Jean-Jacques Boissard, poète latin, dessina- teur et antiquaire. — 1874, p. 65-90 {portrait gravé sur cuivre). A. Castan.. Jean Mairet et Pierre Corneille : un épisode de la que- relle du Cid. -— 1875, p. 505-521. G. Bizos. Notice sur le sculpteur Monnot. — 1869, p. 357-365. Lancrenon. L'abbé Boisot ct ses relations littéraires avec les beaux esprits du grand siècle. — 1874, p. 455-467. H. Tivier. Les savants modernes de la Franche-Comté : d'Auxiron et de Jouffroy. — 1869, p. 331-342. Boullet. D’Arçon, ingénieur militaire, sa vie et ses écrits. — 1866, p. 209-338 (1 portrait). de Rochas d'Aiglun. Notice sur Delly. — 1841 (juin-décembre), p. 68-69. E. Delacroix. Etude sur Théodore Jouffroy. — 1864, p. 81-100. J. Valfrey. Le philosophe Théodore Jouffroy d’après sa correspon- dance avec Charles Weiss. — 1867, p. 287-298. J. Gérard. Notice sur Moreau (de Nuits). — 1842 (décembre) et 1843 (juillet), p. 28. Th. Druand. Nécrologie : Martin, Corbet, Bruand. — 1861, p. 499- 506. Grenier. Notice sur Théophile Bruand. — 1862, p. 469-476 A. Delacroix. Notice sur Alexandre Bixio. — 1866, p. 372-384. J. Quicherat. Notice sur Charles Weiss. — 1868, p. 463-470. A. Castan. Notice sur le sénateur Lyautey. — 1867, p. 306-309. A. Castan. Notice sur le marquis de Moustier. — 1869, p. 369-387 (1 portrait). J. Valfrey. Notice sur Amédée Thierry. — 1873, p. 21-93. A. Castan. Discours prononcé aux obsèques d’Amédée Thierry. — - 1873, p. 23-26. L. Drapeyron. Eloge fait en Sorbonne d’Amédée Thierry — 1873, p. 26-37. H. Chotard. Une Française de la décadence. — 1873, p. 38-51. J. Jurgensen. Notice sur le peintre Lancrenon. — 1874, p. 12-32. A. Castan. Notice nécrologique sur le commandant Faucompré. — 1875, p. XXVI-XXVIN. A. Castan. — 665 — G. — Linguistique. Sur les limites de la langue provençale. — 1863, p. 58- 59. " Th. d'Estocquois. Le patois des Fourgs (introduction, grammaire et glos- saire). — 1864, p. 145-376. J. Tissot. Recherches sur la langue Bellau, argot des peigneurs de chanvre du haut Jura; 1867, p. 47-58. — De quel- ques coutumes, proverbes et locutions du pays de Salins ; 1868, p. 283-298. Ch. Toubin. Quelques expressions et locutions usitées en Franehe- Comté. — 1870-71. p. 101-111. Gascon. Faut-il dire Rognon ou Rosemont? — 1873, p. 573-582. À. Castan. H. — Beaux-Arts. Melchior Wyrsch et les peintres bisontins. — 1861, : p. 25-52 (1 portr. lith.). Francis Wey. Sur trois statues chinoises. — 1863, p. 60-61. d'Estocquois. La science des arts, traité d’architectonique. — 1868, p. 15-200 (3 pL.). A. Delacroix. Les artistes de Franche-Comté au salon universel de 1867. — 1868, p. 308-315. A. Castan. Observation sur celui des Carondelet qui figure daris la Vierge de Fra-Bartolomeo à la cathédrale de Besan- çon. — 1872, p. X-x1. A. Castan. La Vierge des Carondelet. — 1873, p. 129-156 (1 pl.) À. Caslan. Des monuments commémoratifs. — 1872, p. 528-539 A. Ducat. — 666 — Pag. 615, dernière ligne : 1861 au lieu de 1860. Q Pag. 619, ligne 6 : 1856 au lieu de 1855. Pag. 620, entre les lignes 20 et 21, ajouter : Gauthier (Jules). Charte des coutumes de Jougne. — 1870-71, p. 120-141. Pag. 623, entre les lignes 30 et 31, ajouter : Leclerc (François). Théorie de l'Anaphytose (en botanique) : le rhizôme, la souche.— 1869, p. 291-312. TABLE DES MATIÈRES DU VOLUME. PROCÈS-VERBAUX. Projet d'une séance publique annuelle à tenir, pendant la saison d'été, en dehors du chef-lieu,,.,,..,..,,,.... Mo En p. Carte en relief des environs de Besançon, offerte par M. Ch. PÉGHOI 0-0 Lu .6 bo So unbb no bntadau vrac db os count Cnantt Fouille accidentelle d’un tumulus celtique, entre Déservillers et Bolandoz : achat par la Société des objets en provenant. P. II Réunion des délégués des Sociétés savantes à la Sorbonne en 1875 : communications de MM. Tivier, PinGaup, DrA- PEYRON, Casran et Sainr-Lour; médaille d'argent obtenue par M. Vézian; promotion de MM. DucaT, DE FROMENTEL et Casrax au grade d’officier d'académie. ...... PP- V, VI, XIV et x Envoi par M. Georges Garnier de sa publication des Origines de Moisant de Brieux...,,....,..,, 30e 2089 SR EDR ne pp. vu et vin Sépulture burgonde trouvée à Chailluz : don à la Société des objets qu’elle contenait, par M. le lieutenant-colonel du SÉDICABADIAND, eee. eee ee RE Cr eos ac P. VIU Souscription de la Société au congrès des américanistes de Appareil d'hydrostatique communiqué par M. Georges SIRE.. paix Nouveaux renseignements sur la grotte de Thayngen, par MACHOEFAR.. 0 Sédie 000 MT OO nine moe ee DD XI OCDE Remerciments et félicitations à M. Paul LAuURExs, auteur de Armure TE UDS RE RE Ne va ess rene P. XII Découverte d’un fragment de la scène du théâtre romain de Besançon : rapports de MM. Casran et Ducar; vote d’un crédit de 500 fr. pour la conservation de ce nouveau ves- HO ee Mere nina enaurne noce uen © DUC NAN AE — 668 — Séance générale de la Société d'Emulation de Montbéliard : expériences faites par M. Sie; lecture et toast de M. Cas- DANS TOUR OUT es ete sis. D: XVI AIX AT, SUN Rapport sur la gestion financière de l'exercice 1874, par M. F. RENAUD LE PEN es ul re SRE s détenu 0 ee LS DOS RER EEE Don, par M. le directeur des Frères de Marie, d'un groupe sculpté de l’époque gallo-romaine, représentant deux Dées- SOS=MOTES A ee eine Dovotdamanatonvoo Jorandpae P. XXV Notice nécrologique sur le commandant Faucompré, ancien Président VDariIMEICAS TANT PRE Chi Re ee «.. PP. XXVI-XXVIN Allocation de 400 fr. accordée par M. le Ministre de l’Instruc- Don DUDIIQUeS RER eee Fsakaes ste contenir ee CE RTS CES Rapport de M. Parzcor sur un Supplément à la Flore de Mont- béliard, par M. CONTESEAN......,., D ne PP. XXX-XXXIII Mort de M. Charles GRENIER, ancien président et l’un des On TER TeMANSOCIÉ LÉ eteee Cer CPC PP. XXXIV-XXXV Dons : par M. Jules JURGENSEN, d’un exemplaire de la mé- daille frappée en l'honneur d’Agassiz; par M. l'abbé JEax- is, curé de Déservillers, du sceau en bronze de l’abbaye de Dien-Crois Sant NRA enr ae ee RENE us MDN BudeetdeMSTO CPR ec rErr TR Or ele) en D RE UT Notes archéologiques sur les Grands-Tarraux de la Chénée des Coupis et sur le Camp de Baimey (Jura), par M. le doc- teur BRIOT EM. SOA DO LCA ot n ete 50 PDA RAMEPRENE Election du conseil d'administration de 1876,....... FR PP. XLI-XLII Séance publique deMSTo mire eee eee PP: XLII-XLII Banquet de 1875 : toasts prononcés par MM. le président VÉ- ZIAN, le secrétaire Casran, Favre (de Montbéliard), BaïzLy (de Vesoul), Cournur (de Poligny}, JURGENSEN (délégué de Neuchätel), le premier président Lorseau, le recteur Lis- sAJous et Léon MARQUISET...,...... SRE On LUE PP. XLIV-LX MÉMOIRES. La Société d'Emulation en 1875, par M. Alexandre NÉzIAN, président annuel. .......4044 4924 4008 Fr ONE — 669 — Les Déesses-Mères en Séquanie, par M. Auguste Cas- MAN OIITOISE EYE) M EN RUN PE PRET Des systèmes articulés simples et multiples et de leurs applications, par M. Sainr-Lour (É pl. lithogr.).. De l'invasion de l'Allemagne dans les provinces de Bourgogne et de Franche-Comté, par M. MiGNaRD De TemereMpDanne) er ANA ER Troisième supplément à la Flore de Montbéliard, par MAICIMECONTRIEAN. 2. 72 RTE Re La première entrée des archevêques de Besançon sous l'ancien régime, par M. Auguste CASTAN........ Sur le véritable horizon stratigraphique de l’Astartien dans le Jura, par M. Maurice de TriBoLer (2 tabl.). Béatrix de Cusance, princesse de Cantecroix, par M. L. PINGAUDEU SR CE MNT DE a oi RAR ER UMEEUrEe L’Infralias dans la Franche-Comté, par M. J. HENRY A IN 8 1 Je 0) PR EEE DR PAR ER SRE VE PASS Herbier de la Flore de Franche-Comté (ivre IV), par MM: JP AILLOMet X-/VENDRELYE ent en “ Découverte de la scène du Thédtre de Vesontio : texte par M. Auguste Casran; dessins par M. Alfred Ducas(? planches en couleur) ec: ee Pierre Corneille et Jean Mairet (un épisode de la que- relle du Cid), par M. Gaston Bizos.........,.. Une date de la vie du musicien Claude Goudimel : note de M. Auguste Casran, précédée d’un rapport de M. Gustave BERTRAND. LR RS NAT en . 245 . 285 xt . 495 . 505 1522 — 670 — Le Doubs, rives franco-neuchäteloises, par M. Jules JURGENSEN ...... RUN RU OLD de sue le Dons faits à la Société en 1875,,..... MOOD Nb M 0 Due Envois des Sociétés correspondantes.,.....,........,.,...... Membres de la Société au 15 juin 1876,...,............, ACER SOCIÉTÉS CON TÉSDORTANIES .., 4, ra se coanee ces en eu acts Bibliothèques recevant les Mémoires. ..................,,.. Table générale des Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs (1841-1875), par M. WaïLce, précédée d’une Wotice sur la Société d'Emulation du Doubs, par M. Auguste CASTAN...... SPRL RE BESANÇON, IMPRIMERIE DODIVERS ET Cie. GRANDE-RUE, 87. p. 529 . 547 . 990 999 . 983 . 01 5 5 DS TS I LM 8 I ES Mar