WHITNEY LIBRARY, HARVARD UNIVERSITY. THE GIFT OF JD ANSE RIMENEENS Sturgis Hooper Professor IN THE MUSEUM 0F COMPARATIVE ZOÜLOGY de S ALL DES A ùn K, \{XC. l | Er + L Li 5 MÉMOIRES SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE. Ge trouve à Londres, Cuez BOSSANGE, BARTHÉS er LOWELL, LiralRes , 14, GREAT MARLBOROUGH STREET. PARIS. — IMPRIMERIE DE BOURGOGNE ET MARTINET, Imprimeurs de la Société géologique de France, RUE JACOB, 50. MÉMOIRES DE LA SOCIETE GÉOLOGIQUE DE FRANCE. DEUXIÈME SÉRIE. 07. Lama OR e frarte. PARIS, P. BERTRAND, ÉDITEUR, LIBRAIRE, RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARCS NT 1846. overthement La Société déclare qu'elle laisse aux Auteurs la responsabilité des faits et des opinions contenus dans leurs Mémoires. ÉTUDES SUR LA FORMATION CRÉTACÉE DES VERSANTS SUD-OUEST, NORD ET NORD-OUANT DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE, PAR M. LE VICOMTE D’'ARCHIAC. Deuxième partie. ( Présentées à la Société géologique le 13 janvier 1845.) INTRODUCTION. Dans la première partie de ces Études (1), nous nous sommes attaché à dé- crire les couches de la formation crétacée qui, s'appuyant sur le versant S.-0. du plateau central, s'étendent du S.-E. au N.-0., des environs de Cahors aux îles d'Aix et d'Oléron; dans la seconde, que nous présentons ici, nous exposerons de même la disposition et les caractères des couches _crayeuses qui leur correspondent au N. et au N.-0. du même plateau , depuis les environs de Cosne et de Sancerre, sur les bords dela Loire , jusqu’à l'embouchure de la Seine. Ces dernières s'étendent ainsi à travers les départements de la Nièvre , du Cher, de Loir-et-Cher, de l'Indre, d’Indre-et-Loire, de la Vienne, des Deux-Sèvres , de Maine-et-Loire, de la Sarthe, de l'Orne, de l'Eure , du Calva- dos et de la Seine-Inférieure. Ce mémoire est le résultat d'observations faites dans cette zone pendant les étés de 1840 à 1844, et continuées au N.-E à travers les départements de l'Yonne, de l’Aube et de la Haute-Marne. Le système de couches que nous nous proposons de décrire comprend tout ce qui, dans l’espace que nous venons d'indiquer, est représenté par une teinte verte sur la belle carte géologique du royaume, due aux savantes re- (4} La publication de cette première partie avait étécommencée dans les Annales des sciences géolo- giques, t. II, p. 121 (1843); mais ce recueil ayant cessé de paraître, l'impression du mémoire a été continuée par l’auteur. SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n. 1. l 2 ÉTUDES (N. 4, p. 2) cherches de MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont, c’est-à-dire les dépôts qui se sont formés entre la fin de la période oolitique et la craie blanche propre- ment dite. Considérés d’une manière générale, les affleurements extrêmes de ces couches forment deux côtés d’un triangle dont les sommets des angles sont Bouy au N.-E. de Cosne (Nièvre), Cherves à l'O. de Mirebeau (Vienne), et Dives, sur la côte du Calvados (PL. I, fig. 1) (1). L'un de ces côtés, dirigé E.-N.-E., O.-S.-0. de Bouy à Cherves, a environ 67 lieues; l’autre, quoiqu’un peu sinueux, dirigé S.-N. de Cherves à Dives, en a 73. Si l’on n'avait égard qu'au nombre des publications qui ont eu pour objet plus ou moins immédiat la zone qui va nous occuper, on pourrait croire que notre tra- vail n’a rien de bien nouveau à faire conpaître, En effet, indépendamment de la carte géologique de France, qui nous a servi de base , et sur laquelle les limites des divisions qu'on y a admises ont été tracées avec une grande précision , nous trouvons d’abord des indications fort exactes de M. Alex. Brongniart (2), puis un Mémoire pour servir à la statistique du département du Cher, par M. Fabre (3), et un mémoire plus récent de M. Raulin sur le Sancerrois (4); sur le département de l'Indre, quelques détails dans la Topographie médicale de Châtillon, par M. le docteur Guérin (5); sur celui des Deux-Sèvres, la Description géologique de ce département par M. Cacarié (6); sur celui d’Indre-et-Loire, le mémoire de M. Dujardin, publié par la Société (7), et les Études statistiques et scientifiques de M. de Croy (8) ; sur le département de Maine-et-Loire, quelques observations insérées dans la première partie de la Statistique de M. Desvaux (9), dans celle de M. de Beauregard (10), et dans un mémoire de M. Wolski (11); sur le département de l'Orne, les Etudes (1) La limite du bassin, que nous avons indiquée par une ligne ponctuée, comprend en général les lambeaux crétacés les plus éloignés ; elle s’étend par conséquent souvent au-delà des limites actuelles des affleurements. Quant aux sinuosités , sans doute très nombreuses , de cel ancien rivage, il serait fort difficile de les retrouver aujourd’hui, et elles ne peuvent être qu’imparfaitement appréciées par les contours que les affleurements présentent encore à la surface du pays. (2) Description géologique des environs de Paris, p. 14h. (Édition de 1835.) (3) Bourges, 1838. (4) Bulletin de la Société géologique, 2e série, t. IE, p. 84; 184. (5) Topographie médicale de Châtillon-sur-Indre. (6) Société de statistique du département des Deux-Sèvres, L° livraison ; 1812-1843. (7) Sur les couches du sol en Touraine. Mémoires de la Société géologique, 1" série, t. II, p. 211; 1836. (8) Études statistiques , historiques et scientifiques sur le département d'Indre - et- Loire. Tours, 1838. (9) Angers, 1834. (10) Angers, 1842. Article de M. Lechâtellier, p. 474. (11) Mémoire sur le gisement du bassin anthraxifère dans le département de Maine-et-Lotre. Angers, 1844. (N:4, p-5.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 3 géologiques de M. Blavier (1); sur celui du Calvados, la Topographie géognostique de M. de Caumont (2, et les mémoires de MM. de Labèche (3) et Castel (4) ; sur ceux de l'Eure et de la Seine-Inférieure, une notice géologique (5) et une description géologique par M. A. Passy (6). Outre ces publications propres à certains départements, la Société géologique elle-même, lors de ses réunions extraordinaires tenues en 1837 à Alençon (7), en 1841 à Angers (8) et en 1842 à Poitiers (9), a consigné dans ses procès-ver- bauxun assez grand nombre d'observations. MM. Bertrand Geslin (10)etRivière(11) ont fait connaître des couches crétacées situées plus à FO. M. Alc. d'Orbigny a donné quelques détails sur les environs de Laferté-Bernard, de Saumur et de Thouars(12). M. Lesueur, dans ses vues et coupes si pittoresques et si exactes des environs du Havre (15), ne laisse plus rien à désirer sur cette localité intéres- sante, dont M. Pratt a donné une coupe, prolongée jusqu'au cap d’Antifer (14). Enfin M. Lyell. en décrivant les escarpements qui bordent la Seine entre les Andelys et Elbeuf, a émis quelques hypothèses sur la formation de cette vallée (15). Les forages de puitsartésiens, sur plusieurs points de cette zone, nous ont aussi beaucoup éclairé sur le prolongement souterrain des couches dont nous ne con- naissions que les affleurements à la surface du sol. Les publications dont ils ont été l’objet, et en particulier celles de M. Mulot, nousont offert des ressources utiles pour les considérations théoriques qui terminent notre travail. Mais c’est surtout à l'extrême obligeance de M. Degousée, qui a bien voulu mettre à notre disposition le magnifique recueil des sondages qu'il a exécutés, que nous sommes redevable d'une foule d'indications précieuses pour la science et pour ses appli- cations à la recherche des eaux souterraines. Nous avons profité avec empresse- (1) Alençon, 1842. (2) Caen, 1828. (3) Transact. geol. Soc. of London, t. I (2° série), p. 73. (4) Notice sur le canton de Livarot. Mémoires de la Société linnéenne de Normandie, t. VI p. 290; 1838. (5) Notice géologique sur Le département de l'Eure. Evreux, 1832. (6) Description géologique du département de la Seine-Inférieure. Rouen, 1832. (7) Bulletin de la Société géologique, 1°° série, t. VIII, p. 323 ; 1837. (8) Zd., t XII, p. 425 ; 1811. (9) Zd. ,t. XIV, p. 629 ; 1843. (10) Nofice géologique sur l'ile de Noirmoutier. Mémoires de la Société géologique, t. I, p. 317. (11) Terrains crétacés de la Vendée et de la Bretagne. Annales des sciences géologiques, t. I. p. 617. (12) Bulletin de la Societé géologique, 1°° série, t. XIIL, p. 356 ; 1842. (143) Paris, 1843. (14) Proceed. of the geol. Soc. of London, vol. IL, p. 546. (45) 10° Xeport of the British Association. …. London, 1841, p. 110. , 4 ÉTUDES (1, p. 4) ment de la permission qu'il nous a donnée de publier les résultats qu'il a obtenus, et qui ajouteront à notre travail une précision et un intérêt dont le mérite doit être reporté à cet habile ingénieur. Indépendamment des ouvrages déjà anciens dans lesquels on trouve signalés ou décrits quelques fossiles de ces dépôts, tels que ceux de Guettard, de Lamarck et de M. Defrance , plusieurs paléontologistes s’en sont occupés plus récemment. Ainsi M. H. Michelin a décrit et figuré un certain nombre de poly- piers dont plusieurs, à la vérité, quoique provenant originairement de la craie, sont trouvés aujourd'hui dans des dépôts plus récents (1). M. Agassiz a indiqué dans son catalogue des échinodermes (2) et dans ses Monographies plu- sieurs espèces de cette classe provenant aussi de ces assises crayeuses (3) ; M. Du- jardin a publié, dans le mémoire déjà mentionné, la description des coquilles les plus fréquentes aux environs de Tours. Maïs ces documents zoologiques doivent être regardés comme bien incomplets, comparés à l'abondance et à la variété des corps organisés que la Paléontologie française (4) vient nous y révéler : aussi ce grand travail, destiné sans doute à devenir l’un des plus beaux monuments élevés à la géologie de notre pays, ne nous laisse-t-il rien à faire relativement aux coquilles fossiles des dépôts dont nous allons parler. Si maintenant nous comparons entre eux tous ces matériaux déjà publiés, nous reconnaîtrons bientôt que non seulementils ne s'accordent presque jamais , mais encore qu'ils se contredisent souvent et à l'insu de leurs auteurs. Ce résultat tient, non pas tant à ce que les observations prises isolément sont inexactes qu’à ce que, faute d’avoir suivi attentivement les couches sur une assez grande étendue, on s’est efforcé d’élablir des distinctions ou des rapprochements qui en réalité ne sont pas fondés. Plusieurs difficultés ont contribué à cette confusion. La première vient de l'extrême irrégularité des bords de cette partie du bassin dans lequel les dépôts se sont successivement accumulés. Leurs affleurements forment des sinuosités infinies , sans direction fixe, tandis que dans le S.-0. de Cahors, à l'ile d'Aix aussi bien que dans l'E. de Cosne à Vouziers et au-delà, il suffit presque toujours de marcher dans une direction donnée, pour se trouver sur l’affleurement de teile ou telle couche. Aussi, à l'O du bassin, les coupes perpendiculaires à la di- rection générale sont-elles rarement comparables , même à de petites distances ; dans le S.-0..et dans l'E. , au contraire, elles le sont presque toujours. Une autre difficulté, non moins réelle, provient de ce que nulle part peut-être la formation n’a été soumise à un phénomène de dénudation plus général, plus énergique et plus irrégulier à la fois dans ses effets. Ce phénomène, par suite de (1) Iconographie zoophytologique, ete., p. 119 et 195 ; 1840-A6. (2) Catalogus systematicus, etc. 1840. (3) Monographies d'Echinodermes, 1838-1842. (a) Paléontologie française par M. Alcide d’Orbigny , terrains crétacés ; 1840-46. (N- 1,P.5) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 5 l'inclinaison très faible des couches et de la plus grande surface qu’elles occu- paient, s’est particulièrement exercé sur les étages supérieurs. Ainsi, aux pre- mières irrégularités résultant des contours découpés du bassin, sont venues se joindre celles qu'ont produites des dénudations, partielles sur certains points, plus ou moins complètes sur d’autres, de telle sorte que les affleurements natu- rels n'existent plus, et qu’on ne trouve que ceux qui ont été façonnés par ce grand cataclysme: Un troisième obstacle à la facile intelligence des rapports des couches pro- vient de ce qu'immédiatement après cette dénudation, le tout a été recouvert par des dépôts tertiaires formés en grande partie des éléments insolubles ou non désagrégeables des assises enlevées, tels que les silex, les sables et les argiles. Ensuite vinrent les marnes et les calcaires lacustres, puis, dans quelques dépres- sions de ces derniers, s’accumulèrent les faluns coquilliers marins. Plus récem- ment encore, le creusement des vallées qui sillonnent le pays est venu apporter de nouveaux changements dans son relief, déjà si modifié par les dislocations qui , comme nous le verrons, avaient, à diverses époques, dérangé les assises secondaires. Enfin, une dernière circonstance, qui explique jusqu'à un certain point le manque de concordance entre les observations faites jusqu’à présent, c'est le peu de persistance des étages le mieux caractérisés, lorsqu'on vient à les suivre sur un certain espace. Ils se succèdent, en effet, de telle sorte que dans la zone brisée que nous décrivons, et qui se développe sur une longueur totale de 140 lieues, il n’y a pas un point de cette même zone où la série des couches soit complète et dont l'examen puisse, par conséquent, nous servir de lype ou d'objet de comparaison. C’est, comme on le voit déjà , une disposition bien diffé- rente de celle que l’on observe au N-0. dans le Kent, le Sussex et le Hampshire, à l'E. dans la Bourgogne et la Champagne et au S. dans le Périgord, l’Angoumois et la Saintonge , disposition à laquelle beaucoup d’autres différences viennent se rattacher. On concevra, d'après ce qui précède, pourquoi la véritable théorie de ces as- sises crétacées de l'O. a pu être souvent méconnue, et comment on a pu prendre pour des passages latéraux des superpositions réelles ou réciproquement, ou mêrne placer dessus ce qui était dessous, et vice versd. Nous croyons devoir nous écarter ici de la méthode la plus naturelle de décrire les terrains, parce qu'elle pourrait, dans cette circonstance, man- quer de précision et de clarté, et qu'elle nous obligerait d’ailleurs à beaucoup de répétitions dans les noms de lieu. La marche que nous suivrons, si elle n’est pas purement géologique, sera du moins en rapport avec la configuration actuelle du sol : elle sera géographique et hydrographique à la fois. Nous décrirons toutes les couches crétacées en nous dirigeant d’abord de l'E. à l'O., puis du S. au N. 6 ÉTUDES CN: 4, pe 6.) Notre travail se divisera en quatre chapitres, de la manière suivante : le pre- mier chapitre comprendra l'étude des couches crétacées du département de la Nièvre et le résumé de leurs caractères généraux dans leurs prolongements au N.-E. , à travers les départements de l'Yonne, de l’Aube et de la Haute-Marne, puis une coupe de Sancerre à Vierzon, et l'examen des vallées du Cher, de l'Indre, de la Creuse, de la Vienne, de la Dive, du Thoué et du Layon, c'est-à- dire les assises qui, s'appuyant directement au pied du versant N. du plateau cen- tral, forment par leur ensemble un vaste plan faiblement incliné vers la Loire. Le second renfermera l'examen de la vallée de la Loire et des couches qui, se re- levant au N. sur la rive droite du fleuve, jusqu'à l’axe anticlinal du Mellerault, offrent dans cet espace une double pente, l’une au S. et l'autre au S.-E. Nous étu- dierons particulièrement la vallée du Loir, puis nous tracerons deux séries de coupes à peu près S.-N., l’une occidentale, passant par le Mans et Alençon, l'autre orientale, par Saint-Calais, Laferté-Bernard, Nogent-le-Rotrou , Bellesme et Mortagne. Le troisième chapitre traitera du plan Nord qui , partant du Mellerault, s’abaisse vers la Manche et la Seine. Tous ces détails ayant été suffisamment dé- veloppés, nous les grouperons pour présenter alors dans un résumé plus métho- dique l’ensemble des résultats auxquels nous aurons été amené. Cette espèce de synthèse, par laquelle commencera le quatrième chapitre , sera suivie de la com- paraison des diverses parties du bassin crayeux qui se prolonge en Belgique, dans les provinces Rhénanes et en Angleterre, puis de considérations théoriques sur les circonstances physiques qui ont dù accompagner et suivre la formation de ces couches. Pour ne point rompre l’enchaînement des faits relatifs à ce bassin, nous donnerops à part, dans un appendice, la comparaison des couches du N.-0. avec celles du S.-0., quelques détails sur les dépôts contemporains de la Vendée, et diverses observations locales qui se rapportent à la première partie de ces Etudes (1). Quant aux corps organisés fossiles, nous eussions pu augmenter la liste de ceux que nous avons recueillis, en y ajoutant les espèces citées par les auteurs, et en particulier celles qu'a si bien décrites M. Alc. d'Orbigny dans sa Paléontologie française ; mais, craignant de placer dans un des étages que nous avons établis des fossiles qui auraient été trouvés plus haut ou plus bas dans la série, quoique dans la même localité, nous avons préféré nos listes, bien qu'incomplètes, à des indications qui pourraient ne pas s’accorder avec nos subdivisions. Nous pensons d’ailleurs qu'elles seront suffisantes pour guider les géologues, qui dans la pratique n’ont besoin que de connaître les espèces caractérisant le mieux chaque niveau par leur prédominance et leur constance. (1) Quoique ce mémoire soit particulièrement consacré à la formation crétacée de cette partie de la France, quelques erreurs qui nous paraissent avoir été commises sur l’âge de certaines couches, nous ont engagé à comprendre dans nos descriptions les dépôts oolitiques et tertiaires, lorsque nous les avons trouvés en contact avec ceux del: période crayeuse, C4, p. 7.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 7 Les coupes jointes à ce mémoire achèveront, nous l’espérons du moins, d'é- claircir les questions que les descriptions seules auraient pu laisser incertaines. Excepté celles qui représentent des détails de carrières ou de très petites étendues, elles ont été établies d’après la carte de Cassini, soit le plus ordinairement à la même échelle, soit à des échelles qui en sont des multiples ou des parties aliquotes. La coupe de Chatellerault à Honfleur est la seule qui soit rapportée au niveau de la mer, et dont l'échelle des hauteurs soit proportionnelle. Pour les autres, nous nous sommes attaché à exprimer le relief autant que le permettait l’é- chelle des longueurs. Toutes les cotes d'altitude sont extraites des tableaux publiés par M. Puissant dans le deuxième volume de la Description géométrique de la France. La formation crétacée de l'Europe occidentale nous paraît pouvoir se diviser aujourd'hui en quatre groupes, plus ou moins distincts suivant les lieux où on les observe, et dont un ou même plusieurs peuvent manquer sur certains points. Ce sont les groupes de la craie blanche , de la craie tufau , du grès vert et le groupe néocomien. Dans la zone qui fait l’objet de ce mémoire, le second et le troisième de ces groupes sont subdivisés chacun en trois étages, comme l'indique le tableau ci-après. Le premier n’y offre que sa partie inférieure, et le quatrième des calcaires jaunes. 1% Groupe, de la craie blanche. 3° Etage. Craie de Blois, de Chaumont et de Vendôme. 1 . .. Craie jaune de Touraine-(tufau de la Touraine). 2° Gr., dela craie tufau (1). 42 . . . Craie micacée avec ousanssilex (tufau de l’Anjou). 3 . . . Psammites, glaise et marnes à Ostracées. 4 . . . Calcaires et macigno à Trigonies, sable et grès ferrugineux. : . . . Craie glauconieuse, psammites, argiles sableuses, sabl 3° Gr., du grès vert. 2 UE SE »P » àrB » Sables et grès. 3 . . . Sables verts et argiles vertes. L° Gr.,néocomien. . . . . . . Calcaires jaunes. Les divisions que nous avons adoptées dans le second et le troisième groupe de l'O. ont pour base des superpositions toujours précises , des caractères minéralo- giques généralement constants, et la prédominance de telle ou telle espèce fossile à des niveaux déterminés. Ces trois conditions ont dû se trouver réunies à la fois (1) Nous avons continué à nous servir du nom de craie tufau, depuis longtemps consacré dans la science, pour désigner un des groupes de la formation dans lequel cette roche domine ; mais nous avons dû nous abstenir de l’employer dans la description des étages, parce que ce mot n’a pas a même acception dans l’Anjou et dans la Touraine. Dans l’Anjou, on nomme éwfau la pierre qui est connue etexploitée dans la Touraine sous le nom de pierre de Bouré dans la vallée du Cher, et de bille dans celle de l’Indre. C’est celle que M. Dujardin avait appelée craie micacée, expression que nous avons adoptée dans le même sens. Le fufau de la Touraine est la craie jaunâtre des bords de la Loire aux environs de Tours. Nous la désignons sous le nom de craie jaune de Touraine. Elle n’a pas de nom particulier dans l’Anjou, où elle est à peine représentée par quelques lambeaux. 8 ÉTUDES UN. 1,p.8.) sur un certain nombre de points assez éloignés les uns des autres pour nous faire admettre ces divisions (1). Nous terminerons cette introduction par quelques mots sur les caractères phy- siques de la zone que nous décrivons. Dans le département du Cher, une petite chaîne de collines, dirigée S.-0.N.-E., de la forêt de Haute-Brune à ia Motte d'Humbligny à l'O. de Sancerre , atteint de 311 à 433 mètres d'altitude, et se prolonge vers Auxerre par les départements de la Nièvre et de l'Yonne, après (1) Relativement aux principes qui nous ont guidé jusqu'ici dans la manière de tracer les sous divisions d’une formation , nous ajouterons que personne plus que nous n’est porté à reconnaître les secours immenses que la paléontologie a rendus et rendra sans doute encore à l'étude des terrains de sédiment; mais nous ne pourrions adopter une classification uniquement basée sur ce caractère, car nous avons souvent reconnu que dans une formation on pouvait confondre, et que l’on avait en effet confondu, des systèmes de couches très distincts minéralogiquement et stratigraphiquement, par cela seul qu’on y avait trouvé quelques espèces communes, et que dans d’autres cas on avait séparé par la raison contraire des systèmes qui ne devaient pas l'être. Ces erreurs proviennent évidemment de ce qu’au lieu de faire précéder l'étude des fossiles d’un examen attentif des superpositions sur un grand nombre de points, ce qui est la base fondamentale de toute vraie géologie, on se contente d’un aperçu superficiel des couches dans lesquelles on distribue ensuite les fossiles d’une manière absolue ou plus ou moins arbitraire. Sans doute, nous nous sommes souvent appuyé nous-même sur les caractères zoologiques pour éta- blir certaines subdivisions, mais c’est qu’alors ces caractères étaient d’accord avec tous les autres et venaient confirmer la justesse de ces mêmes coupes; mais dès qu’il n’y a plus d'accord entre les fos- siles, la stratification générale et les caractères pétrographiques, nous cherchons s’il n’a pas existé quelquescirconstances physiques locales qui aient occasionné ces différences, sans avoir recours pour cela à ces extinctions et à ces renouvellements complets et fréquents de l'organisme dont on fait quelquefois abus pour expliquer des résultats encore mal appréciés. C’est d’ailleurs à l’examen de ces causes locales extérieures que la fin de notre mémoire est particulièrement consacrée. Dans l’ensemble d’une formation, suivant le sens que l’on donne généralement à ce mot, ily a certainement un plus ou moins grand nombre d’espèces qui passent d'un étage dans un autre, et souvent même sont communes à plusieurs. Lorsque dans le même groupe on trouve un changement brusque dans l'organisme de deux étages qui se succèdent immédiatement, il est probable que ce changement n’est que local, et qu’en suivantpas à pas ces étages sur une centaine de lieues et souvent beaucoup moins, on acquerra la certitude ou du passage des espèces de l’un dans l’autre, ou bien qu'un système de couches est venu s’intercaler entre les deux étages qu’on avait d’abord crus dé- posés l’un sur l’autre sans interruption. Or, c’est ce que nous appelons la génération successive des divers systèmes de couches qui composent une formation, qu’il faut absolument déterminer par lob- servation scrupuleuse des superpositions, aidée des caractères minéralogiques, et que l'examen com- paratif des fossiles ne peut remplacer. Cet examen peut sans doute conduire à quelques généralités intéressantes, mais il ne donnera jamais cette précision à laquelle on doit tendre de plus en plus pour faire passer la science dans le domaine de l’application. Aussi, malgré sa marche rapide , nous devons encore proclamer aujourd’hui la vérité de ce que disait il y a plus de vingt-cinq ans M. Alex. Brongniart, + qu’on ne peut caractériser ni la craie ni aucune de ses subdivisions par un caractère » unique, tiré soit de sa nature minéralogique , soit de sa structureen grand, soit même des corps » organisés qu'elle renferme, mais qu’il faut toujours avoir recours à un ensemble de caractères. » Docteur (NX: 1, p.9.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 9 avoir été interrompue par la vallée de la Loire. Vers l’O., les plateaux, presque toujours recouverts par des dépôts tertiaires , ne s'élèvent pas à plus de 100 mè- tres au-dessus du niveau de cette rivière. Ce n'est que sur les bords de la Vienne, et aux environs de Châtellerault, de Mirebeau et de Loudun, que des collines crayeuses donnent au pays un aspect assez particulier, par leur teinte bianchâtre et leurs pentes rapides. Leur altitude ne dépasse pas d’ailleurs 160 mè- tres. Les plateaux situés au N. de la Loire n'atteignent pas une plus grande élé- vation. Les sables ferrugineux qui occupent la partie orientale du département de la Sarthe couverte de landes et de sapins, se prolongent dans le département de l'Orne, où ils atteignent à peine 200 mètres. La formation crélacée s'élève à 311 mètres au bord de la forêt de Saint-Evroult, puis elle s’abaisse au N. jusqu'au niveau de la Manche. L'hydrographie de cette partie de la France est aussi peu compliquée que son orographie, sur laquelle nous reviendrons d’ailleurs avec plus de détails. Ainsi, au S. de la Loire, tous les cours d’eau qui sillonnent la formation crétacée courent du S.-E. au N.-0. pour se jeter dans cette rivière. Les plus considérables descendent du massif primitif central; quelques uns sortent des assises du lias ou des cou- ches argileuses de l'étage de Kimmeridge; mais beaucoup de petites rivières ou de ruisseaux ont leurs sources dans les dépôts tertiaires, tandis qu'il n'y en a comparativement qu'un assez petit nombre qui s’échappent des couches crétacées. Au N. de la Loire, la direction des principales rivières qui s'y réunissent, de- puis la ligne de partage S.-E. N.-0., de Saint-Puits (Yonne) à Champ-Haut (Orne), est N.-E. S.-0., et ces rivières sortent pour la plupart, ainsi que leurs affiuents, des couches tertiaires du grand plateau de la Beauce, du pays charirain et du Perche. Au N. de cette ligne de partage, tous les cours d'eau se rendent à la Seine ou se jettent directement dans la mer. La plupart des vallées qu’arrosent ces cours d'eau, surtout celies qui sont ou- vertes dans les assises calcaires, ont des pentes très abruptes; quelquefois même leurs parois sont verticales, et elles témoignent assez qu'elles n’ont pas eu pour origine de simples phénomènes d’érosion (1). Quant à l'inclinaison générale des couches crétacées sur ces trois versants, elle n'est point nécessairement en (1) Dans l'étude des déchirements du sol, et particulièrement des failles, depuis Werner jusque dans les ouvrages les plus récents, on n’a guère considéré le phénomène que comme se produisant suivant des lignes droites, rarement suivant des lignes brisées, jamais, à ce qu’il nous semble, suivant des courbes ondulées. La théorie suppose que la force appliquée est toujours la même, due à la même cause, agissant de la même manière, et produisant des effets comparables, parce que son action s'exerce sur des masses qu’on suppose homogènes dans leur composition , dures et tenaces au même degré, partout d’une même épaisseur, et présentant par conséquent aussi des résistances égales partout. Nous pensons que cette manière abstraite d’étudier les failles ne répond qu’à une partie du problème très complexe des fractures et qu’elle ne doit pas exclure l'examen des brisures du sol, qui, moins régu- lières ne peuvent que difficilement être soumises aux lois de la mécanique. Ces dernières, ont été peu SOC, GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n°1, 2 10 ÉTUDES CN: 4, p.10.) rapport avec l’hydrographie du pays, mais au contraire avec la disposition des bords et du fond de l’ancien bassin , relativement à son centre, disposition com- binée avec les accidents du sol sous-marin pendant et après la période crayeuse. CHAPITRE PREMIER. 8 I. Partie nord du département de la Nievre. En suivant la rive droite de la Loire d'Orléans jusqu’à Gien, on marche con- stamment sur le calcaire lacustre supérieur, recouvert d'un dépôt de transport caillouteux plus ou moins épais. Derrière le château de Gien , la craie blanche com- mence à se montrer etse prolonge ensuite au S.-E. pour former les escarpements qui bordent la route de Briare. A la sortie du faubourg, la roche, exploitée dans plusieurs carrières, offre souvent une réunion de zones ou de bandes très déliées, filiformes, brunes ou grisâtres, sinueuses et parallèles entre elles. Les silex et les fossiles y sont très rares; nous n'y avons trouvé que des traces de Fecten, d’Inoceramus, et les Terebratula semiglobosa , Sow., subundata, id., et carnea , id. Au four à chaux, on remarque des puits naturels fermés par le bas et remplis par le dépôt de transport caillouteux du plateau. Dans d’autres carrières, plusieurs de ces cavités, larges de 8 à 9 mètres, descendent au-dessous du niveau de la route. Comme elles sont quelquefois très rapprochées les unes des autres, et qu’elles ne sont en réalité que des sillons plus ou moins profonds coupés trans- versalement par l’escarpement lui-même , la craie paraît être divisée en tranches verticales que séparent les couches irrégulières de cailloux. Cette disposition, que nous aurons souvent occasion de signaler, nous servira pour établir l'antériorité de étudiées, parce qu’elles se présentent plus rarement dans les travaux de mineset qu’elles appartiennent en général à une époque peu ancienne. L'observation attentive des vallées ouvertes dans des couches compa- rativement récentes et sub-horizontales, ou qui n’ont pas éprouvé de dérangements généraux très sensi- bles, fera voir que bien souvent le cours sinueux des rivières esten rapport avec des fractures également courbes ou composées de lignes brisées. ; « Soit donc, dit M. de la Bèche (Æecherches sur lapartiethéorique de la géologie, traduites par M. 4. » de Collegno, p. 133), que les vallées soient dues à l’action longtemps continuée des eaux courantes, ou » au creusement produit par des masses d’eau douées d’une grande rapidité, nous devons toujours nous » attendre à trouver et nous trouvons en effet une coïncidence frappante entre les lignes de failles et » les directions des vallées. » Les déchirements du sol peuvent avoir été occasionnés dans certains cas par des tensions ou par des pressions latérales, et non toujours nécessairement par des effets de bas en haut. La cause des déchirements et des plissements de l'écorce terrestre n’est peut-être pas non plus unique, ni aussi simple qu’on le suppose généralement. CMPpA1) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 11 la formation des vallées actuelles au phénomène cataclystique qui a déposé les cailloux et les graviers. Ce dépôt paraît résulter de la destruction de poudingues siliceux tertiaires semblables à ceux de la vallée du Loing. On y observe souvent des blocs vo- lumineux, intacts au milieu de la masse meuble, composée de fragments plus ou moins roulés, mélangés de gravier plus fin, de sable et d'un peu d'argile ferrugineuse. Au-delà de Colombier, le dépôt occupe toute la hauteur de l’es- carpement, et ce n’est que près de Briare que la craie blanche reparaît avec les mêmes caractères que précédemment, pour cesser de se montrer au-delà. La disposition du sol permettrait difficilement d'observer le contact de la craie blanche avec les couches sous-jacentes , contact qui se trouve sans doute avant d'atteindre Bonny, car ce bourg est bâti sur le groupe de la craie tufau. La nouvelle route a été tracée en partie jusqu’à Neuvy dans des calcaires marneux, blanc-grisâtre, caractérisés par l'Ammonites Mantelli, V Inoceramus Lamarküi, etc. À un kilomètre de ce dernier village, la carrière qui borde la route est ouverte dans la craie tufau , que l’on voit sur une hauteur de 18 à 20 mètres. Les bancs, épais de 0,70, sont séparés par des lits de marne d'une teinte un peu plus grise et de 0,20 d'épaisseur. Les bancs calcaires sont grossièrement divisés par des fissures verticales, et présentent l'aspect d’une rangée de pierres de taille placées à côté les unes des autres et laissant entre elles des vides irréguliers. On y trouve assez fréquemment l’Ammonites Mantelli, Sow. , le Nautilus elegans, id. ou AN. Deslongchampsianus, d’Orb., la Lima operi, Sow. , le Mytilus Ligeriensis , d’Orb., des Exogyres , etc. Entre le hameau de Les Plus et Les Brocs, la tranchée de la nouvelle route qui suit la rivière a mis à découvert une disposition des strates inférieurs à la craie, fort intéressante par les contournements qu'ils affectent depuis la jonction de l’ancienneroute (pl. I, fig. 2). La craie tufau forme d'abord un bombement très pro- noncé qui laisse affleurer au-dessous d’elle une couche arquée de marnes sableuses gris-verdâtre. Celle-ci ne tarde pas à disparaître par suite du plongement au S de la craie tufau, qui constitue an escarpement dont les couches se relèvent bientôt et laissent sortir successivement, au-dessus du niveau de la route, la même marne sableuse gris-verdâtre, puis des sables argileux verts peu épais, et un grand développement de sables jaunes ou rouges veinés, interrompus çà et là par les coupures qui atteignent le dépôt de transport des pentes supérieures de la colline. En approchant des Brocs, des argiles sableuses panachées de jaune et de rose, de 3 à 4 mètres d'épaisseur, se montrent sous les sables fer- rugineux. Au-delà, jusqu’à Myennes, les coteaux sont constamment recouverts d’une épaisse végétation , due sans doute à la présence des argiles et des sables qui les constituent. Cette coupe, d'environ 2 kilomètres , et qui nous révèle des accidents que l’on n'aurait point soupçonnés sans le déplacement de la route, nous aide à préciser 12 ÉTUDES (N.1, p.12.) la position des argiles exploitées autour de Myennes, lesquelles correspondent aux couches analogues placées plus à l'E. entre la craie tufau et les sables ferru- sineux. Ces argiles s’observent particulièrement près de la tuilerie au S. du vil- lage et en remontant vers les bois. Elles sont gris-noirâtre ou bleuâtre, plus ou moins foncées et d’une épaisseur variable. Lorsqu’elles sont très développées, elles constituent des renflements sur les pentes de la colline qui longe la vallée jusqu'à Cosne. Quelques traces de lignite ou de bois charbonné s'y montrent çà et là, mais les coquilles paraissent y manquer complétement. En montant au S. de Cosne, on atteint des calcaires lacustres blancs, marneux, friables, qui reposent sur les couches précédentes, et qui sont recouverts par un dépôt de transport assez épais et ressemblant, quoique composé d'éléments plus volumineux, à celui que l’on observe entre Montargis et Briare. Ce sont des silex gris-blanchâtre , rarement jaunâtres , enveloppés dans un sable mélangé d'argile et d'oxide de fer hydraté. I y a de plus une certaine quantité de petits cailloux de quartz et de silex noirs beaucoup plus arrondis que les précédents. Ce dépôt de transport se prolonge jusqu'à la descente de Maltaverne , où l’on voit affleurer des argiles sableuses , grises el jaunes , et des sables ferrugineux. Quelques fragments de calcaire jaune, terreux, avec oolites ferrugineuses, trouvés vers le fond du vallon, nous font penser que le calcaire néocomien n'est qu'àune faible profondeur, et que la superposition des formations crétacée et oolitique a lieu sur ce point même En remontant de l'autre côté du village, on se trouve en effet sur les marnes et les calcaires marneux gris, blanchâtres ou noirâtres de l'étage de Kimmeridge, qui se continue jusqu'à Pouilly, caractérisé par l’Exogyra virqula , l'Isocardia excentrica , Voltz., et la Pholadomya concentrica , Roem. Pour chercher dans d’autres directions un contact plus précis des deux for- mations secondaires dont nous venons de parler, nous nous sommes dirigé au S.-E. de Cosne vers Donzy. A la hauteur du Gué Botron, on remarque, à gauche de la route, deux mamelons formés de calcaire blanc-jaunâtre, à cassure subcompacte, quelquefois un peu celluleux et à structure fragmentaire, ren- fermant des Térébratules peu déterminables, des moules de Panopæa neoco- miensis, d'Orb. (Pholadomya, id. Leym.) et de petites Vénus (Y. Roissy d'Orb.?). Au-delà du pont, ces calcaires sont recouverts de sable ferrugineux un peu argileux, avec des silex et des fragments de calcaire à demi roulés à la partie supérieure. Il serait difficile de regarder ces sables ferrugineux comme un lambeau du grès vert, et Le lout appartient sans doute au terrain de transport diluvien. Plus loin , à la descente du chemin , avant les Lopières, on voit sortir, de des- sous le calcaire blanc-jaunâtre précédent, un second calcaire néocomien avec les caractères qui lui sont propres dans toute cette partie du bassin crétacé. C’est un calcaire jaune, terreux, un peu argileux, tendre, celluleux, rempli d'oolites ferrugineuses et avec Panopæa neocomiensis, d'Orb., Lithodomus Archiaci, id. ON, pe 15.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 13 (Modiola, id. Leym..).Vers le fond du vallon, se montrent les calcaires compactes, blanchâtres ou grisâtres, sans fossiles, qui surmontent ordinairement les couches à Exogyra virqula. Peu après, ces dernières, caractérisées comme au N. de Pouilly, constituent le sol jusqu’à Pougny, et probablement les environs de la commune de Saint-Père. Ainsi l'inclinaison générale des couches secondaires est au N.-O. et régulière sur ce point par rapport à l'ensemble du bassin, tandis qu'il ne paraît pas en être de même, comme nous le verrons, à la hauteur de Sancerre. Au-delà de Pougny, des calcaires gris oolitiques, en plaquettes, avec de nombreuses Térébra- tules (T.inconstans, Sow., subovoides de Munst., subovalis, Roem.,etc.), forment les pentes de deux petites vallées que traverse la route. Ils paraissent appartenir au coral rag, que nous retrouverons sur la rive gauche de la Loire. En s’appro- chant de Donzy, de nombreuses carrières sont ouvertes dans des calcaires blancs, tendres, avec quelques Térébratules, et inférieurs aux précédents. À VE. du bourg, sur le chemin d’Entrains, ces mêmes calcaires sont recouverts par un sable argileux rouge, avec des fragments anguleux de la roche sous-jacente, et de l’époque diluvienne. À Couloutre, on trouve un calcaire blan- châtre, dur, bréchoïde, fragile, constituant la pente inférieure de la colline au- delà du Nohain. De ce point à Entrains, on marche sur des calcaires schistoi- des, grisâtres, durs, qui, d'après leur position et les fossiles assez rares que l’on y rencontre, semblent appartenir au groupe moyen de la formation oolitique. D'Entrains à Bouy (pl. L, fig. 3), on monte constamment en traversant de nou- veau toute la série oolitique précédente jusqu'aux calcaires marneux, gris, com- pactes, qui recouvrent les couches à Exogyra virgula, Gervillia aviculoides, et Zsocardia striuta. A l'entrée du village, il semble d'abord que le mamelon soit uniquement formé de sables ferrugineux, enveloppant des grès rouges et lie de vin qui reposeraient sans intermédiaire sur les couches oolitiques; mais en prenant la route de Saint-Amand, on voit, le long des dernières maisons, les fossés creusés dans un calcaire jaune, ferrugineux, peu épais, identique avec celui de la descente des Lopières, renfermant de même beaucoup de Panopæa neocomiensis, etreposant sur les calcaires de l'étage de Kimmeridge, dont les diverses assises se succèdent au N.-0. vers Dampierre, comme au S. E. vers Entrains. Onest donc conduit à pen- ser que le calcaire néocomien existe aussi sur ce dernier versant du monticule , où , se trouvant très réduit, il est accidentellement masqué par des éboulements de sable et par la végétation très active des jardins et des vergers. Le petit plateau de Bouy, dont l'altitude est de 355",43, est sans doute le point le plus élevé qu'at- teignent les dépôts néocomiens dans toute la zone orientale du bassin. Après le pont de Dampierre, la tranchée de la route et une carrière qui lui est contiguë, montrent (pl. F, fig. 3), de la manière la plus directe et la plus précise, la superposition des calcaires néocomiens, ou de notre quatrième groupe, aux marnes et aux calcaires en bancs minces, alternants , très réguliers , qui partout surmontent les couches à Exogyra virgula. Les calcaires crétacés, ferrugineux, 14 ÉTUDES (CN. 14, p.14.) brunâtres, marneux, sans solidité , et dont l'épaisseur est de 5 à 6 mètres, ren- ferment les fossiles suivants : Astræa pentagonalis, de Munst. ? Cardium peregrinosum, id. ——— indét., de la section des Sidérastrées de Trigonia ornata, id. M. de Blainville. Pecten striato-costatus , Gold. Spatangus retusus , Lam. (Toxaster complana- —-— indét. tus, Ag.) Ostrea, an Exogyra? Nucleolites Olfersii, Ag. Terebratula biplicata, Lam., var. acuta. Discoidea macropyga, Ag _———— nov. sp. Voisine, mais distincte, des Serpula filiformis, Fit. T. rigida et hemispherica, Sow. Ponopæa neocomiensis , d'Orb.? = Natica prælonga, Desh. Venus Dupiniana, d'Orb. ? Nautilus, indét. —— Roissyt, id. Coprolite ? Cardium imbricatarium, id. Ces calcaires sont surmontés de marnes sableuses, grises , rouges et jaunes, puis de sables jaunes avec plaquettes, et de grès ferrugineux qui constituent le plateau que l’on parcourt jusqu'à la descente de Saint-Amand , où reparaissent vers le bas les marnes grises, jaunes et lie de vin, voisines des calcaires qui forment probablement le fond de la vallée. En sortant du bourg par la route de Cosne, on trouve, à la tuilerie, des sables glauconieux, et pius loin, des sables ferrugineux semblables aux précédents. Çà et là des buttes considérables ou haldes, formées par des amas de scories ou de laitiers, indiquent l'existence, à une époque déjà an- cienne, de forges nombreuses et très importantes. A la hauteur de Saint-Vrain, la craie tufau, quoique peu épaisse, se montre vers le sommet des coteaux. et en descendant près de Bourdoiseau , elle recouvre les marnes grises, argileuses et sableuses sans fossiles qui se développent vers l'O. et qui sont exploitées sur la droite du chemin, à 3 kilomètres de Myennes, comme autour de ce village. Ainsi Ja formation crétacée, dans cette partie N. du département de la Nièvre, se compose 4e haut en bas, 1° de la craie micacée glauconieuse et marneuse , ou partie inférieure de la craie tufau, caractérisée par l’Ammonites Mantelli et le Nau- tilus elegans ; 2 d’argiles bleuâtres et sableuses (argiles de Myennes), et de sables argileux, glauconieux, reposant sur une couche épaisse de sables ferrugineux : ces assises argileuses et sableuses représentent le groupe du grès vert ou troisième groupe; 3° de sables argileux panachés de rose, de rouge et de jaune, de calcaires blanc-jaunâtre (Gui Botron), et de calcaires ferrugineux, tendres, caverneux, avec fossiles (Bouy, Dampierre), qui appartiennent au groupe néocomien.Ces derniers re- posent constamment sur les calcaires marneux sans fossiles qui, constituant la partie supérieure de la formation oolitique, recouvrent les couches de l'étage de Kimmeridge, si bien caractérisées par l'Exogyra virgula (1). (4) Nous essaierons de justifier ces rapprochements en jetantici un coup d'œil rapide sur les ca- CN 4, p.45.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 15 S IL. Sancerrors. En face de Cosne, sur la rive gauche de la Loire, on exploite des calcaires la- custres dont la surface très inégale présente des anfractuosités souvent remplies par un sable plus ou moins argileux, affectant une sorte de stratification on- dulée, et que recouvre le diluvium. Ces calcaires , dont l'épaisseur est assez con- sidérable, ressemblent beaucoup à ceux des environs de Nemours et de Chäteau- Landon. Ils se distinguent de ceux qui viennent d'être indiqués sur la rive droite, par leurs caractères pétrographiques comme par le niveau plus bas qu'ils occupent. Une Lymnée, qui paraît être la L. cornea, y est très abondante par place. Ces ractères et le développement de ces mêmes groupes au N.-E., à travers les départements del’ Yonne, de l’Aube et dela Haute-Marne. Nouspossédons déjà des descriptions très exactes de ces divers points : ainsi pour le département de l'Yonne, MM. Picard (a), Lajoye (), Arrault (c), d’Archiac (d), et Le Touzé de Longuemar (e), ont publié plusieurs mémoires sur ce sujet; pour celui de l'Aube, MM. Leymerie (f), Michelin (g), Cottet (2), de Sénarmont (?) et Clément Mullet (7), ont presque épuisé le champ des observations qu’on pouvait y faire; et pour le département de la Haute-Marne, les publications de MM. Royer (Æ), Thirria (2), Lejeune (7) et Cornuel (7), laissent bien peu à dé- sirer : aussi ne nous reste-t-il pour ainsi dire qu’à coordonner à notre point de vue tous ces élé- ments acquis à la science, en nous dirigeant vers Saint-Dizier, par Auxerre, Bar-sur-Seine, Ven- dœuvre et Vassy. Si de Bonny, village situé sur le bord de la Loire à la limite des départements du Loiret, de la Nièvre et de l'Yonne, et où nous avons constaté la présence de la craie tufau, on marche au N.-E., onu voit la craie se continuer jusqu’à Lavau, et ainsi que les marnes sous-jacentes , recouvrir les collines de sables ferrugineux qui s'étendent jusqu’à Saint-Fargeau. Le forage du puits artésien en{repris dans (a) Note sur les couches crétacées des environs de Pourrain. Bull. de la Soc. géol., t. IX, p. 168, 1838. (2) Note sur les environs d'Auxerre, ibid., t. X, p. 21, 1838; ibid, t. XI, p. 21, 1839. (c) Notice sur la formation d'argile supérieure aux sables ferrugineux, ibid., t. X, p. 315, 1839. (d) Mém. sur le groupe moyen de la formation crétacée. Mém de la Soc. géol., t. III, p. 287, 310, 1839. (e) Études géol. du terrain de la rive gauche de l'Yonne, 1 vol. avec Atlas. Auxerre, 1843. — Nofice sur l’es- pace compris entre l Yonne et l'Armance. Annuaire du dép. de l'Yonne, 1844. — Bull. de la Soc. géol., 2° série, t. Il, p. 345, 1845. (f) Mém. de la Soc. d’agricult. de l'Aube, p. 137, 1831, avec M. Clément. — Mém. sur le terrain crétacé du dép. de | Aube. Comptes-rendus de l’Acad. des sciences, t. VIL, p. 700, 1838. — Mém. de la Soc. géol., £. IV, p. 291, 1841; ibid., t. V, p. 4, 1842. — Notice géolog. sur le canton de Soulaïne, 1839. — Carte géologique du département de l'Aube, 1845. (g) Note sur une argile dépendante du Gault observée au Gaty. Mém. de la Soc. géol., t. IT, p. 97, 1838. (h) Notice sur la craie et les grès du dép. de l’ Aube. Mém. de la Soc. d’agr. , sc., etc., de ce dép., p. 94, 1835. (:) Observations sur le terrain crélacé du dép. de l'Aube. Ann. des Mines, 3° série, t_ XV, p. 463, 1839. (j) Rapport géol. entre les terrains des environs de Boulogne et ceux du dép. de l'Aube. Mém. de la Soc. d’agr., se, et arts de ce dép., 1840. (&) Notice sur le grès vert et le lerr. néocomien de la Champagne. Bull. de la Soc. géol., t. IX, p. 428, 1838. (!) Notice sur le minerai de fer du terr. néocomien. An. des Mines, 3° série, t. XV, p. 11, 1839. (m) Bull. de la Soc. géol., t. X, p. 311, 1839. (n) Mém. sur les terrains de l'arrond. de Vassy. Mém. de la Soc. géol., t. IV, p. 243, 1841. — Bull. de la Soc. géof., t. XI, p. 101, 1840, ibid., t. I, 2° série, 1844, et Mém. de la Soc. géol., 2° série, t. I , 1846. 16 ÉTUDES (AN: 1, p. 16. couches se prolongent le long du canal et sont surmontées par un dépôt de trans- port peu différent de celui de la rive droite, mais dont les éléments sont plus vo- lumineux. Au pont de Beaufroid, on trouve vers le bas du coteau un poudingue à nodules siliceux, qui a la plus grande analogie avec celui des bords du Loing. cette commune par M. Degousée pour M. le marquis de Boisgelin, a donné la coupe suivante à partir de l’orifice du trou situé à 21 mètres au-dessus du fond de la vallée : 1, Craiehavecisilexea re Ce CR NN 507 00 Dh CENTS COMMECIS à © 6 0 © 0 0 0 4 © 0 o 1982 3. Marne argileuse jaune. : 5 0 41 ,05 HPArpilesiblenestayectcallous PRE C7 DAGrès et sables TOUSES, ELLULIDEUX O7 00 6Aretles bleues tetisable CE 1/00 7NSablenvertiettalsle ER PR NN TC OP US 8. Argiles compactes, grises, sableuses. . . LMP EN TS EL O) LCUIT 9. Argile compacte et sable alternant; pyrites et bois das. SH TR) 10. Marnes calcaires , blanches et rouges, sableuses et sables jaunâtres. 6 .21 O0 M208222 L'eau ne s’est élevée qu’à 22°, 66 en contre-bas du sol. M. Degousée croyait avoir traversé le lias et atteint les marnes irisées; mais nous pensons qu'il a été trompé par Je caractère des roches, et que les n°’ 1 et 2, formant une épaisseur de 60,85, appar- tiennent au groupe de la craie tufau. Les n°‘ 3 à 9 comprendraient les diverses assises du grès vert sur une hauteur de 136,16; et enfin les marnes sableuses panachées n° 40 seraient celles qui recou- vrent ordinairement les calcaires néocomiens, lesquels n’auraient pas été atteints. Cette coupe fait voir que les deuxième et troisième groupes ont acquis une épaisseur de plus du double et des caractères assez variés dans l’espace de six lieues et demie qui sépare Saint-Fargeau de la rive gauche de la Loire, où nous les avons observés précédemment. En s’avançant au N.-E., les sables et grès ferrugineux s’épaississent de plus en plus. Ils sont re- couverts par des marnes grises et par la craie marneuse, exploitée sur les plateaux pour l’amende- ment des terres. À la descente vers Toucy, les sables ferrugineux se voient sur une hauteur de 80 à 90 mètres, et, vers le bas, affleurent des grès testacés et des lits minces de minerais de fer rouges, schistoïdes. Si l’on prend le chemin d’Aïllant, on retrouve ces mêmes grès en plaques tes- tacées noirâtres ; au-dessus, viennent les sables jaunes ferrugineux, des marnes argileuses gris-bleuä- tre, des marnes glauconieuses, puis la craie marneuse sur le plateau. A l'E. , les assises se voient dans le même ordre. Cette succession est mise encore bien à découvert à 2 kilomètres de Toucy, sur la gauche de la route d'Auxerre. Plus loin, la colline de Pourrain offre une composition assez variée. Les sables ferrugineux, avec grès en plaquettes, sont surmontés par des sables gris, blancs et jaunes, et ceux-ci par des sables et des grès jaunes , bruns ou rouge vif. A l'O. de la colline et paraissant s’élever sous le village au même niveau , se montrent des marnes noires ou gris foncé peu épaisses, des marnes grises, et enfin la craie tufau avec Ammonites Mantelli. Ce n’est point ici le lieu de parler du gise- ment de l’ocre; mais nous dirons que ce qui a élé écrit à ce sujet et les coupes qu’on en a données nous ont paru peu en rapport avec ce que nous avons observé nous-même et avec les renseignements que nous tenons des ouvriers le plus anciennement employés à ces exploitations. En descendant vers Auxerre, on trouve successivement, au-dessous des sables ferrugineux : 1° des CN. 1, p.17.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 17 Il constitue des masses isolées, enveloppées dans un conglomérat incohérent de même nature, et qui paraissent avoir roulé du sommet de la colline à une époque ancienne. En continuant à s’avancer au S., on voit les poudingues recouvrir le talus des sables argileux panachés, semblables à ceux que nous avons vus dans le département de la Nièvre recouvrant les calcaires néocomiens; 2° une assise qui ne s’y était pas montrée et qui paraît s'être développée sur la limite du département entre Saint-Amand et Saint-Sauveur : cette assise, que MM. Cornuel et Leymerie ont désignée sous le nom d’argile ostréenne et de lumachelles, se com- pose, d’après M. de Longuemar, de plusieurs couches distinctes , dans la zone néocomienne qui, plus à l’E., s'étend de la vallée du Loing aux environs d'Auxerre ; 3° des calcaires néocomiens, et enfin les couches ovlitiques supérieures, un peu avant d’aiteindre la porte de la ville. La coupe de la colline de Saint-Georges, située au N.-O. d'Auxerre , résumera très bien la com- position du groupe inférieur de la formation crétacée et pourra servir de terme de comparaison pour Ja suite. Elle présente à partir du niveau de l'Yonne : 1° Calcaire marneux compacte, bréchoïde, renfermant çà et là quelques veines formées par l’agglo- mération de petites Exogyres. Ces calcaires, qui semblent appartenir au Portland stone , sont, plus haut, recouverts jusqu’à la grande route par un dépôt de transport diluvien très puissant ; 2° Calcaires néocomiens marneux, gris jaunâtre , durs, enveloppés et surmontés par une glaise de même couleur, avec Spatanqus retusus, Exogyra harpa, etc. ; 3° Argile ostréenne et lumachelles très développées. Ces dernières sont exploitées sur plusieurs points du mamelon qui s’étend de la route de Toucy à celle de Joigny. Les Zxogyra harpa et subplicata et l’Osérea Leymerti s’y voient particulièrement ; L° Argiles sableuses, panachées, peu épaisses, sous la butte du moulin; 5° Sable ferrugineux, avec lits minces de minerai de fer, en plaques ou en rognons (butte du moulin). Entre l'Yonne et l’Armancon, M. de Longuemar a fait voir que le groupe du grès vert, composé jusqu’à présent d’une masse puissante de sable ferrugineux que recouvrent des marnes bleues et des marnes glauconieuses, offrait de bas en haut des marnes argileusesavec £xoyyra sinuata, des sables plus ou moins ferrugineux, avec des lits d'argile et de grès ferrugineux, des märnes sableuses avec de nombreux fossiles, puis des marnes argileuses bleues sans fossiles que surmonte enfin la craie à Ammonites. Cet ensemble de couches recouvre les trois assises déjà signalées dans le groupe inférieur. Sur la rive droite del’Armançon, les assises désignées par M. Leymerie sous le nom d'argile téquline et de grès vert, représentent encorele troisième groupe bien caractérisé, et les trois assises du groupe inférieur s’observent également dans les coupes d’Ervy à Marolles, de Lignières à Bois-Gérard, etc. Mais entre les calcaires néocomiens proprement dits et les couches supérieures de la formation oolitique, M. Leymnerie indique, encore plus au nord du département de l’Aube, un petit dépôt de marne et de sable blanc peu régulier, mais assez fréquent pour être attribué à des circonstances différentes de celles qui ont présidé à la formation des calcaires coquiiliers. Des bancs sans doute parallèles à ces sables, mais de natures assez diverses, paraissent exister dans le département de l'Yonne, et d’autres sables et grès ferrugineux, accompagnés de fer géodique, leur correspondent dans celui de la Haute-Marne. La colline d’Ervy est composée de bas en haut de sables ferrugineux reposant sur les argiles sa- bleuses bigarrées, puis de glaises grises, de grès gris argileux peu solides avec fossiles, ou de sables argileux, verdâtres, plus ou moins foncés, alternant jusqu'au sommet. Quant à la position relative des grès et sables verts, et des argiles, nous dirons avec M. Leymerie que ces roches s’enchevêtrent les unes dans les autres lorsqu'on les suit sur une certaine étendue, et qu’elles ne peuvent être regardées comme constituant des assises géologiquement distinctes ; on remarquera seulement que SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE, T. II, Mém. n° 1. 3 18 ÉTUDES (N:1,p- 18) coteaux. [ls sont toujours plus cu moins incohérents, à très gros nodules de silex oris blanchâtre, non roulés, et ils ne renferment point de fossiles. Si, d’une part, nous sommes porté à regarder ces poudingues comme parallèles à ceux que nous retrouverons si fréquemment à l'0., et que recouvrele calcaire lacustre supérieur , dans cette partie du bassin, l'argile domine sur les sables. D’Ervy à Chaource, les couches se relèvent légèrement, et en descendant à ce village, en trouve des sables blancs et jaunes assez épais, puis au-dessous, des argiles sableuses panachées qui annoncent le voisinage de l’argile ostréenne. Celle- ci se montre en effet accompagnée de lumachelles dans toute la hauteur de la colline située à l'E. de Chaource. À Lantage, on aperçoit les calcaires néocomiens vers la pente inférieure des coteaux, puis au-dessus , l’argile ostréenne, les lumachelles, les argiles sableuses bigarrées, et les sables ferru- gineux du troisième groupe. À partir de la rive droite de la Seine, l’étage de l’argile ostréenne avec lumachelles tend à perdre de son importance après avoir eu son plus grand développement entre Auxerre et Chaource. Ainsi, en montant à Magnan, on passe presque de suite des calcaires marneux et compactes du Portland stone aux sables ferrugineux du plateau et aux argiles sableuses panachées. De ce point élevé, on peut se rendre compte facilement de la disposition générale des étages crétacés dans cette partie du départe- ment de l’Aube, et de leur influence sur la végétation et la culture. On se trouve, en effet, placé sur le bord oriental d’une bande dirigée N.-N.-E., S.-S.-0., couverte de bois et de prairies hautes, dont la végétation est très riche. Le soi en est ordinairement humide , argileux et sablonneux : c’est la zone occupée par le groupe néocomien et par celui du grès vert. A l’O., l'horizon est borné par la zone craveuse blanche et peu couverte, et à l’E. par la zone sèche et aride des calcaires oolitiques supé- rieurs. En descendant à Thieffrain, la route coupe successivement les argiles sableuses panachées, les luma- chelles, les argiles ostréennes avec veinules de sanguine , et le calcaire néocomien qui se montre par- tout dans les carrières sur les pentes inférieures des collines. Au N. du village, on retrouve la même série de couches, et de plus, un lit mince de minerai de fer exploïté et placé entre les marnes sableuses, bigarrées, et les sables ferrugineux. Enfin, en prolongeant la coupe au N. de Vendœuvre, on reconnaît, vers le bas des coteaux, le calcaire de Portland semblable à celui d'Auxerre, sortant de dessous les calcaires néocomiens, surmontés à leur tour, comme précédemment, d’argiles, de marnes sableuses et de sables ferrugineux avec minerai de fer. Au N.-0., entre Vendœuvre et Piney, se développent les assises argileuses et sableuses du grès vert, avec les nombreux fossiles qui ont fait assigner à cet en— semble le niveau du gaulf d'Angleterre. De Vendœuvre à Amance, on trouve encore successivement les sables ferrugineux qui forment un plateau couvert de bois, les argiles sableuses panachées, les argiles ostréennes et le calcaire néoco- mien, très riche en corps organisés, et entourant le village d’Amance. Les lumachelles tendent à dis- paraître, mais les argiles ostréennes et les sables argileux panachés continuent vers le N. A ces derniers succèdent les sables ferrugineux et les argiles bleues du troisième groupe, coupées par la route à la descente de Dienville. En passant du département de l'Aube dans celui de la Haute-Marne, nous voyons reparaître, entre Juzanvigny et Epothémont, les argiles bleues précédentes sortant de dessous la craie , puis les sables et grès ferrugineux, auxquels succèdent, en descendant à Vassy, les argiles sableuses panachées , les argiles ostréennes et le calcaire néocomien. M. Cornuel a subdivisé ici les trois étages du qua- trième groupe en plusieurs petites assises qui n’ont point d'importance générale. C’est ainsi que les grès piquetés à la base des argiles bigarrées, la marne jaune qui recouvre le calcaire néocomien, et les marnes bleues placées dessous, ne sont que des accidents de localité. Il n’en est pas de même des minerais de fer situés au-dessus des argiles sableuses panachées, et que nous avons pu suivre , malgré (NEA p.49.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 19 de l’autre, leur ressemblance avec les poudingues de Nemours et l’analogie des calcaires lacustres précédents avec ceux de Château-Landon pourraient faire penser qu'il existe en cet endroit un lambeau des étages antérieurs si développés sur les bords du Loing. leur faible épaisseur, depuis le département de la Nièvre jusqu’au-delà de Saint-Dizier. Cet étage des marnes sableuses panachées, avec minerai de fer, et reposant sur les grès et sables piquetés, se voit bien encore autour de Bailly-aux-Forges, où il recouvre les argiles ostréennes, et où il est sur- monté à son tour par des argiles et des sables du grès vert (argiles à Plicatules de M. Cornuel). M. Thirria, dans son excellente Notice sur les gîtes de minerai de fer du terrain néocomien de la Haute-Marne, et M. Cornuel dans son Mémoire sur l’arrondissement de Vassy, ont décrit, entre le calcaire néocomien et des calcaires vacuolaires compactes qui forment les pentes inférieures de la vallée de la Blaise au-dessus de Vassy, des amas dé sable blanc, de sable et de grès ferrugineux avec minerai de fer géodique exploité, lesquels semblent correspondre , comme nous l’avons indiqué , aux sables inférieurs de quelques points du département de l'Aube. D’après M. Thirria, on en retrouverait également l’analogue dans la Franche-Comté et dans le Jura des environs de Neuchâtel. Les couches placées sous ces sables, et désignées par M. Gornuel par les noms d’oo/ife vacuolaire, de calcaire verdâtre et de calcaire tacheté, ont leur représentant dans le département de l'Aube et même dans celui de l'Yonne, quoique moins développé, et avec des caractères un peu différents. Elles reposent sur des calcaires de l’étage de Portland, ou appartenant à la formation jurassique supé- rieure. Leur puissance paraît atteindre 20 mètres dans le département de la Haute-Marne. MM. Cor- nuel, Royer et Leymerie les regardent comme faisant partie de la formation oolitique, tandis que MM. Thirria et Lejeune les placent à la base de la formation crétacée. Nous avons examiné le pays trop rapidement pour nous prononcer à cet égard; mais peut-être quelques considérations plus géné- rales nous permettront-elles de leur assigner plus tard une place qui concilierait ces deux opinions. Au N de Vassy, avant le village d’Attancourt, plusieurs carrières sont ouvertes dans le calcaire néocomien, et au-dessous se trouvent des marnes sableuses, gris bleuâtre, remplies d'£xogyra sinuata, Var. falciformis et aquilina (a). Toutes les couches plongeant au N., il en résulte que, sur la rive gauche de la Marne, les collines de Valcour et de Moëlains ne sont plus formées que par des argiles et des sables du grès vert. Les plisse- ments si bien indiqués par M. Cornuel, et dont on voit les traces danse litet sur les berges de la rivière, ont sans doute contribué à faciliter le ravinement de la vallée et à mettre en regard la falaise des Côtes-Noires avec les couches du groupe inférieur qui sur la rive droite se relèvent vers le N.-E. Autour de Bettancourt et sur la route d’Ancerville, on trouve la même succession de couches qu'aux environs de Vassy, depuis les argiles sableuses panachées, les argiles ostréennes et les calcaires néocomiens, jusqu'aux sables qui séparent ceux-ci des calcaires verdâtres et de l’oolite vacuolaire. Nos propres observations ne s'étendant pas tout-à-fait jusqu’à la limite N. du quatrième groupe, nous terminerons ici l’examen rapide que nous avons cru devoir en donner dans cette note. M. Royer ( Bull. de la Soc., t. IX, p. 431 ) remarque que le groupe du grès vert présente une constance remarquable de caractères et de puissance dans une grande partie des départements de la Meuse, de la Haute-Marne et de l'Aube; mais nous avons vu qu’à travers ceux de (a) Malgré la distinction établie par M. Leymerie, dans son intéressante Notice sur les Exogyres, entre les Ex. sinuata et subsinuata, nous pensons qu’elles ne sont que des variétés en rapport avec les circonstances dans les- quelles elles ont successivement vécu. Ces variétés peuvent par conséquent servir également bien à caractéri- ser les couches qui les renferment. Nous ferons remarquer plus loin que les variétés de l'E. columba se trouvent dans des circonstances tout-à-fait analogues. Cette manière de voir pourra d’ailleurs faciliter , ainsi que nous le dirons plus tard, la coordination générale des couches crétacées inférieures, sans séparer pour cela du 3° groupe les argiles à Plicatules, comme on a voulu le faire en donnant, suivant nous, trop d'importance aux fossiles. 20 ÉTUDES CN. , pe 20. Avant d'arriver au pontdela Mivoye,un calcairemarneux, blanc-grisâtre, friable F avec points verts et paillettes de mica, vient affleurer sur la droite du chemin. Il ne tarde pas à se relever, et en face du pont il offre déjà une épaisseur consi- dérable. Nous y avons trouvé les fossiles suivants : Syphonia pyriformis, Gold. (Jerea, id. Mich.). Amwmomites falcatus, Sow. Spatanqus cortestudinarium, Lam. Var. Oblon- ———— Mantelli, id. ga, Gold. (Micraster, id., Ag. ). ———— jid., var. navicularis. ———— suborbicularis, Defr. (Holaster, id., ———— jid., var. depressa. Ag. ). ———— jid., var. éumida, ornée de côtes ———— NO. Sp. étroites, serrées et saiïllantes. Trigonia spinosa, Park. ———— varians, id. Inoceramus mytiloides, Mant. ———— id. var. fumida. ———— Cuvieri, Alex. Brong. ———— peramplus , id. Pecten quinquecostatus, Lam. =——=— 0), So —-—- cretosus, Alex. Brong. Noutilus Deslongchampsianus, d’Orb. (moule). Lima semisulcata , Desh. Ce petit nombre d’espèces suffit pour déterminer le niveau de cette assise, qui représente ici la partie moyenne du groupe de la craie tufau, que nous avons décrite sur la rive droite, de Bonny à La Celle, et que nous désignerons à l'avenir sousle nom de craie micacée ou de deuxième étage. Elle continue à se relever au S., et, avant d'arriver à Saint-Satur, on voitle grès vert sortir dedessous la craie. Les belles sources de Fontenay et quelques autres aux environs paraissent sourdre des argiles qui dépendent de ce dernier groupe. Si de Saint-Satur on monte à Sancerre par l’ancienne route de Saint-Thiébaut , appelée chemin de la Montagne Jaune , on obtient, depuis le canal jusqu à la ville, une coupe E.-0. qui présente le détail suivant, sur une hauteur de 132 mètres (pl. IL, fig. 2). 1° Galcaire marneux, blanchâtre ou grisâtre, compacte, assez dur, bréchoïde, avec des fossiles peu déterminables. Ces couches, qui appartiennent au groupe supérieur de la formation oolitique, sont vers le bas recouvertes par l’alluvion moderne. . . 12",00 FORMATION OOLITIQUE DR l'Yonne et de la Nièvre, l'élément argileux y diminue de plus en plus, ainsi que les sables verts, tandis que les sables ferrugineux continuent et se développent, particulièrement de Pour- rain à Saint-Fargeau et au-delà. Le calcaire néocomien est d’une persistance remarquable , et nous J’avons suivi depuis les environs de Saint-Dizier jusque sur la rive gauche de la Loire, tandis que toutes les autres subdivisions de ce quatrième groupe, ainsi que les couches immé- diatement sous-jacentes, jusqu’à l'étage de Kimmeridge, disparaissent successivement en s’a- vançant du N.-E. au S.-0. L'examen de la distribution des fossiles dans cette même zone conduit encore à des résultats semblables; car beaucoup d’entre eux se montrent, puis cessent en même temps que les couches qu’ils caractérisent et au dépôt desquelles très peu ont survécu. (N°4, p. 24.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 21 certaine quantité de sable quarzeux, des grains verts et de petites oolites ferru- gineuses, souvent réunies par du calcaire spathique disséminé dans la masse. La surface extérieure de la roche prend un aspect scoriacé. On y trouve les fossiles 2° Calcaire jaune-brun , tendre, très argileux , à cassure terreuse , renfermant une suivants : Berenicea ou Diastopora. Nucula impressa, Sow. ? Spatangus retusus, Lam. (Toæaster complanatus, Trigonia ornata , d'Orb.? Ag.). ——-— longa , junior ? Ag. ———— id., var. éumida. Gervillia. 2 Mucleolites Olfersii, Ag. Pinna. = Discoidea macropyga, id. Lithodomus amygdaloides, d’Orb. 8 Serpula filiformis, Fit. Lima elegans, Duj.? £ \ Panopæa neocomiensis. d’Orb. Pecten striato-costatus , Gold. ë ——-— recta, id. (affinis). Exogyra harpa, id. ©) Corbula carinata, id.? —-—— sinuala, Sow. var. Couloni. Corbis cordiformis, id. Spondylus. Astarte. Terebratula suborbicularis , d’Arch. Venus vendoperana , id. (Lucina , id., Leym.). Natica lævigata, d'Orb. —-— Roissyi, id. (Lucina, id. Leym.). Nerinea (voisine, mais distincte, des N. Matro- —-— Robinaldinæ, id.? nensis et Dupinianus , d'Orb.) Cardiwm subhillanum, Leym. ? Cerithium Phillipsii, Leym. ? Cardila neocomiensis, d'Orb. Rostellaria Robinaldina , d’Orb. ? A la partie supérieure, un banc particulier de ce calcaire semble être caractérisé \ par une petite espèce de Nérinée GUNVIES CURE S A DONdAN EPP EE EEE 82,00 ASADICROIS-NCHUATEC NE A ME ENNEMI TR AE . 12 ,00 A Glaises bleuâtres, semblables à celles de Myennes et notées pour ï Ailerie à la descente du chemin de Menétreol, où se montre aussi le calcaire jaune néo- comien. Ces glaises retiennent probablement les eaux de l’étang du château. . . . 6 ,00 osiMarnes erises alauGoneuSses CC TE EST CC | 1900 | ° Calcaire blanc-grisâtre, à cassure terreuse, un peu fissile, friable re les GROUPE DE LA CRAIE TUFAU. DU GRÈS VERT, doigts, renfermant une certaine quantité d’argile , de sable quarzeux , de grains verts et des paillettes de mica blanc. Cette assise de la craie micacée corres- pond à celle du pont de la Mivoye et renferme les mêmes fossiles. . . . . . . . 28 ,00 7° Poudingue siliceux, incohérent, composé de silex blanc grisâtre , souvent très volumineux et enveloppés dans une marne blanchâtre argileuse et sableuse. Vers le haut, il constitue une roche solide, très dure, semblable à celle du pont de Beau- frodéretisunaquelenhiviiieles assis MERE EN EN EE OU . 18 ,00 GROUPE TERRAIN MERTIAIRI. La colline de Sancerre diffère essentiellement de celles qui l'entourent au N., au S. et à l’O., et qui sont disposées sur deux rangs en amphithéâtre. Sa forme est celle d’un cône assez régulier, isolé de toutes parts, exceptéaus., où 1l se rat- tache à la première rangée de collines par une langue de terre fort étroite; sur le reste de son pourtour, une vallée circulaire sépare sa base de celle de la rangée ‘inférieure (pl. Il, fig. 1 et 2). Aucune source ne se montre vers le haut , et les puits de la ville, dont la pro- fondeur varie selon le plus ou le moins d’élévation de leur orifice, atteignent tous 22 ÉTUDES (N-4, p.221) la même nappe d'eau placée à la base du poudingue tertiaire. Le plus profond, appelé le puits de Saint-Jean , et situé près de l’église, à peu de distance du som- met de la colline, a 30 mètres, et le moins profond, qui se trouve au S. près de la porte Evier, n’en a que 4. C'est à peu de distance de ce dernier point que le pou- dingue recouvre l’isthme de calcaire oolitique qui joint la colline au plateau du S. Ainsi la couche d'argile qui retient les eaux pluviales filtrant à travers le pou- dingue doit être, vers le milieu, presque horizontale, et relevée sur ses bords en forme de coupe, disposition remarquable que nous avons déjà signalée ailleurs dans le N. et dans le S.-0. de la France (1). La première rangée de collines dont nous venons de parler est composée de calcaires de la formation oolitique , et présentant de bas en haut les trois assises suivantes : 1° Calcaire blanc, tendre, tachantles doigts et renfermant des oolitesirrégulières et d’inégale grosseur. Sa stratification est peu distincte, et sa puissance est de 15 à 18 mètres. Cette assise, par ses caractères pétrographiques comme par ses fossiles, nous paraît représenter les calcaires de Saint-Mihiel (Meuse). Nous y avons trouvé les corps organisés suivants: Méandrine, Astrée, Sarcinule, Echinus, Cidarites cre- nularis Gold.? Diceras arietina Lam., Pinnigena… Bronn. (Leth. géog., pl. XVII, fig. 11), Trigonia costata Sow., T. id. var. elongatissima, Cardium, Modiola pectinata Sow , moule de bivalvevoisin de la Corbula depressa Phil., Ostrea pulhgera Gold., T'erebratula subovalis Roem. , T. globata Sow., T. subovoides de Munst., T. inconstans Sow. Deux autres espèces non déterminées, Nerinæa, Natica Michelin: d'Arch., Trochus. Ces calcaires sont exploités au N. de la ville, à la montée de la Querelle , sur le chemin de Sainte-Gemme ; à l’O., à la carrière du Fond Blanc, vaste excavation qui se prolonge sous la colline par des galeries étendues; puis au S., à droite de la route de Bourges. Sur ces trois points, ce sont les mêmes bancs que l’on exploite. Ïls conservent exactement les mêmes caractères et se trouvent aussi au même ni- veau. Ils constituent en outre le fond des petites vallées qui séparent les collines, sur les pentes desquelles ils s'élèvent jusqu’à la hauteur d'environ 40 mètres. Cette assise et la suivante forment l’isthme étroit qui au $. unit la montagne de Sancerre au plateau méridional. En descendant un sentier très rapide qui, après la dernière maison du faubourg, rejoint directement la grande montée de Fontenay, on suit le lit très encaissé d’un petit ravin creusé par les eaux torren- tielles, etoù l’on reconnaît que les calcaires oolitiques se prolongent sous le pou- (4) Lorsque d’un point élevé on observe une suite de plateaux séparés par des vallées , et dont la composition paraît être identique à cause de la correspondance des couches principales, si l’un de ces plateaux est occupé par une ville, un village, ou seulement recouvert d’une végétation forestière assez riche, tandis que les autres sont dépourvus d'habitations ou de bois, on peut en conclure à prioré qu'il existe dans le premier, à une faible profondeur au-dessous de la surface du sol, une couche aquifère qui manque dans les autres. Si au lieu de plateaux on avait sous les veux des mamelons isolés, coniques, ou diversiformes , la même remarque leur serait applicable. (N-1, p.25) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 23 dingue tertiaire qui finit à quelques mètres de la maison que nous venons de citer. Il en résulte que toute la colline de Sancerre n'appartient pas à la formation crétacée et au poudingue tertiaire, comme pourrait le faire croire la coupe de son versant oriental, donnée ci-dessus et pl. IF, fig. 2 , mais que les couches ooli- tiques s'avancent sur son côté méridional pour y former une sorte de promontoire contre lequel les divers étages crétacés ont dû venir s’appuyer. Le poudingue ter- tiaire, en recouvrant le tout, a masqué le contact des deux formations. La fig. 1, pl. Il, représente la disposition relative des divers systèmes de couches telle que nous la comprenons. 2 Sur le calcaire à Dicérates, vient un autre calcaire blanc, fissile, friable, quelquefois pisolitique (montée de la Querelle), gris où jaunâtre, et dans lequel dominent surtout les Nérinées, encore pourvues de leur test, tandis qu’au-dessus ou au-dessous, ces coquilles, plus rares, sont presque toujours à l'état de moule. L’épaisseur de cette assise est d'environ 8 mètres. Les fossiles les plus répandus sont : une Astrée, la Verinea fasciata Voltz, et deux autres espèces, dont une se trouve dans l’assise précédente , une Modiole et une Pinnigène. 3° Calcaire compacte, gris-blanc, oolitique, se délitant en plaquettes et consti- tuant la partie supérieure de la première rangée de collines. Facilement brisés par la culture de la vigne, les fragments de ce calcaire sont accumulés en tas, allongés en forme de digues qui signalent de loin sa présence au sommet ou vers les pentes supérieures des plateaux. Les fossiles y sont moins répandus que dans les assises précédentes, et il paraît être bien caractérisé par les Verinea suprajurensis Thurm. et NV. Gosæ id. Ces divers calcaires oolitiques représentent l'étage du coral rag. Ils sont sur- montés et dominés à une lieue de la ville par une seconde rangée de collines, éle- vées d'environ 55 à 60 mètres au-dessus des précédentes, et composées de marnes et de calcaires où abonde l’Exogyra virqula Gold. Dans la partie supérieure de leur pente, on trouve particulièrement la T'erebratula biplicata Sow. , var. depressa, la Pholadomya acuticosta Sow., l Amphidesma decurtatum Phil. , et la Cucullæa texta Roem.; tandis que vers la base ce sont : la Terebratula biplicata type, la Serpula con- forms Gold. , l'Amphidesma recurvum Phil. ? la Modiola plicata Sow. , la Thracia suprajurensis Desh. et une Ammonite très caractéristique de cet étage dans tout le Berry, où elle atteint une très grande dimension. Cette dernièrerappelle 4. colu- bratus Schlot. Ziet., quoique ses tours soient plus embrassants. Les calcaires sont marneux, gris ou jaunâtres, en lits minces, subordonnés aux marnes argileuses, grises, blanches , bleuâtres ou jaunes. La réunion de ces couches constitue l'étage des argiles de Kimmeridge. Sur le chemin de Sainte-Gemme, après la montée de la Querelle, et en redes- cendant le premier vallon, on trouve le calcaire en plaquettes avec Nerinæa Gosæ, formant une petite colline arquée dirigée N.-E. S.-0. Après un second vallon, une autre colline, parallèle à la précédente, est formée par lesargiles, les lumachelles 24 : ÉTUDES (N. 1, p.24.) et les calcaires marneux de l'étage de Kimmeridge, renfermant la Pholadomya concentrica Roem. Gold. ? la Tellina ampliata Phil. , une F’enus,? une Corbis? une Nucula, VIsocardia excentrica Voltz, une autre espèce indéterminée et l'Exogyra virgula Gold. En redescendant vers le ruisseau, le calcaire en plaquettes se montre de nouveau. Ainsi, depuis le pied de la colline de Sancerre, il y aurait un pendage général, correspondant au versant N. du soulèvement signalé plus à l'O. par M. Rau- Jin; on voiten outre que les calcaires blancs du coral rag, les calcaires en plaquettes et l'étage de Kimmeridge, forment au N.-0. trois petites collines arquées et paral- lèles, dont la concavité est tournée vers la ville, etenfin un autre petit renflement s'observe encore entre la montée de la Querelle et la base même de Sancerre. La formation crétacée ne nous présente donc sous cette ville qu’un point com- plétement isolé au N., au S. et à l'O., des gradins de la formation oolitique qui le dominent de beaucoup dans les directions del’O. et du S.-0.; et si l'on compare la composition des deux rives opposées de la Loire, on sera conduit à admettre que le fleuve coule en cet endroit sur l'emplacement d’une faille dirigée dans le sens même de son cours. Si, en partant de Sancerre, on quitte la route de Bourges pour prendre celle d’Henrichemont, on marche sur les diverses couches oolitiques supérieures. Vers le haut de la côte, après la croix de Bellechasse, on remarque, au-dessus des lu- machelles à Exogyra virqula, des calcaires marneux, compactes, semblables à ceux du département de la Nièvre, et après la croix de Morlaix, ces derniers sont 1m- médiatement recouverts par des sables ferrugineux, avec des grès en lits minces subordonnés. Ces bancs arénacés sont, sur cette partie élevée de la chaîne de col- lines du Sancerrois, les seuls représentants de la formation crétacée ; il n’y a plus de traces des calcaires néocomiens, et la route, suivant les ondulations du sol, coupe alternativement les couches de l’étage de Kimmeridge et ces sables ferrugi- neux, jusqu'au-delà de la-Sauldre. Plus loin, en montant dans les bois, on voit se succéder, au-dessus des sables précédents, des argiles grises, des grès et des sables rouges, des marnes argileuses, puis des sables et des grès glauconieux. Jusqu'à La Chapelotte, et même jusqu'aux Chartiers , le sol est recouvert par un puissant dépôt de silex non roulés, empâtés dans des argiles sableuses de di- verses couleurs , et qui s'étend ensuite sur tout le pays jusqu'à Menetou. Dans le vallon des Chartiers et autour d’'Henrichemont, on exploite à une faible profondeur une craie marneuse friable. avec Exogyra columba, et employée pour amender la terre. En s’approchant du château de Menetou , les sables verts et ferrugineux sor- tent de dessous la craie, et recouvrent les calcaires marneux compactes, supérieurs aux couches à Exogyra virqula. Ces dernières se montrent dans toute la vallée au S. du village, et les Ilumachelles très développées y sont exploitées comme moel- lons. L’Ammonite que nous avons déjà citée comme caractéristique de cet étage y atteint jusqu'à 0*,60 de diamètre. Plus au S., les calcaires oolitiques de la plaine de Bourges succèdent à l'étage de Kimmeridge. {N.1, p. 25.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 25 Si nous étudions actuellement les couches crétacées du versant. de cette petite chaîne, depuis les Aix d’Angillon jusqu'à la Motte d'Humbligny, nous trouverons d’abord, entre les Aix et Sainceauxet au-dessusdu calcaire dur,compacte, jaunâtre, qui constitue le groupe oolitique moyen de la plaine de Bourges, un calcaire blanc qui paraît correspondre aux assises à Nérinées et à Dicérates des environs de San- cerre. À 1 kilomètre au N:E. de Sainceaux, en quittant la route pour monter aux moulins d'Humbligny, on marche sur un système puissant de marnes argileuses, grises, alternant avec des calcaires marneux, gris ou blanchâtres, plus ou moins épais , et caractérisés par l’Exogyra virgula. Cet étage supérieur de la formation oolitique, depuis le fond du vallon d’An- drivaux jusquà l’affleurement des sables de la formation crétacée qu'on atteint en montant directement à Champarlant, n'a pas moins de 70 mètres d'épaisseur. On trouve successivement au-dessus : 4° Grès grossier, très ferrugineux , brun-jaunâtre ; 2° Argiles sableuses, blanchâtres, jaunâtres, grises ou rouges, exploitées à la tuilerie de Champarlant; 3° Marnes argileuses grises, un peu sableuses et mélangées de points verts ( Niveau des argiles de Myennes); L° Calcaire blanc, grisâtre ou jaunâtre, à cassure terreuse, tendre, un peu marneux, renfermant du sable quarzeux très fin, des grains verts et du mica blanc. Cette roche, parfaitement semblable à la craie grise, micacée, de Sancerre et du pont de la Mivoye, renferme aussi les mêmes fossiles, tels que Corbis cordiformis d'Orb. ; Trigonia spinosa Park.; Pecten quinquecostutus Sow. ; Am- monites Mantelli Sow. ; A. varians id. ; Nautilus Deslonchampsianus d'Orb. , etc.; 5° Grès gris ou psammite nuancé de jaunâtre, peu dur , léger , à cassure mate, droite ou anguleuse, à grain fin et très uniforme. Cette roche est composée de sable quarzeux très fin, de mica argentin, de grains jaunâtres, et est mouchetée cà et là d’une substance verte d’un aspect chloriteux; le tout cimenté par une petite quantité de matière argileuse ou silicate d’alumine et de fer ; 60 Craie grise, tendre, très marneuse, avec Huîtres, polypiers, etc. , et surmontée d’un dépôt tertiaire peu épais formant la butte dite la Mofée, point culminant de cette partie du Berry et qui at- teint 433 mètres d’altitude. Ainsi les couches de la craie micacée , semblables à celles de Sancerre , se trou- vent ici portées à 200 mètres au-dessus du niveau où nous les avons trouvées sur les bords de la Loire, à une distance d'à peine trois lieues et demie. Il est facile de reconnaître sur ce point l'existence d'un soulèvement bien caractérisé, et dirigé à peu près S.-0. N.-E. comme la chaîne de collines dont la Motte d'Humbligny forme l'extrémité orientale. Cette disposition , qui nous frappa lorsque nous visitâmes ce pays en 1840, a été récemment décrite par M. Raulin : aussi nous bornerons- nous à ajouter que les couches crétacées s’abaissent comme la chaîne en passant par les communes de Morogues , de la Quenouille, de Menetou et de Saint-Pallais dans la direction des forêts d’Allogny et de Haute-Brune. Au signal de Puy-Ber- teau, près de Vierzon, leur altitude est à peine de 160 mètres. Cette petite chaîne de collines forme la ligne de partage des eaux qui se rendent au N. dans la Sauldre , et au S. directement dans le Cher. Les sources de ces divers cours d’eau SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n°1. n 26 ÉTUDES EN. 1, p. 26.) s'échappent des marnes argileuses grises qui recouvrent les sables ferrugineux crétacés, ou de la partie supérieure de l'étage de Kimmeridge. $ III. Vallée du Cher. L'abaissement à l'O. des couches secondaires dans la direction de Vierzon n'est pas moins remarquable que leur brusque relèvement entre Sancerre et Humbli- gny. Le groupe oolitique supérieur diminue sensiblement en s’approchant du Cher, et disparaît bientôt sous une nappe de dépôts tertiaires et plus récents. Autour de Méhun, les calcaires lacustres sont bien caractérisés; à l'O. du village, ils forment un plateau peu élevé qui suit les bords du Cher. Le fond des dépressions que traverse la route jusqu’au pont de Barengeon paraît être occupé par des glaises gris-bleuâtre, appartenant au grès vert (pl. I, fig. 4). Quelques blocs de poudingue siliceux, isolés çà et là, rappellent ceux des bords de la Loire. Après avoir passé la rivière de Barengeon, on trouve des marnes fissiles, friables, grisâtres, avec des rognons endurcis. Les talus de la route, nouvellement recou- pés, mettent à découvert une masse de sable argileux, gris-verdâtre, enveloppée d'un dépôt puissant de sable argileux rouge avec des silex souvent très volumi- neux. En redescendant à la Francroisière, les mêmes sables argileux, verts, se montrent de nouveau, représentant sans doute la partie inférieure de la craie mi- cacée. Un peu avant ce hameau, sur la gauche de la route, le sol est couvert de blocs de grès calcarifères, jaunâtres , très durs, provenant du grès vert des envi- rons ou peut-être d’une modification locale du second groupe. Nous ne les avons point d’ailleurs trouvés bien en place. Ils sont utilisés pour l'entretien du che- min, et nous y avons reconnu les fossiles suivants : Orbitolites. Pecten multicostatus, Gold. ——— membranaceus ou lLaminosus, Nils. Exogyra columba, Gold., var. nunor. Gryphæa vesiculosa, Sow. Terebratula. Nucleolites columbaria, Lam. Ponopæa striata, d'Orb. Trigonia spinosa, Sow., var. Fit. Lima semisulcata, Desh. Pecten quinquecostatus. SoW. Serpula. De ce point jusqu’à Vierzon , la route paraît être constamment tracée sur la partie inferieure de la craie micacée. Cette dernière, sableuse, tendre, gris- verdâtre , est mise bien à découvert dans une carrière située en face de la forge à l'entrée du faubourg. La tranchée du chemin de fer qui débouche à quelques centaines de mètres plusloin, pour remonter sur le coteau, en passantau N. de la ville , offre une coupe analogue et des roches semblables. La ville basse est bâtie sur le sable argileux vert, et tout le haut de la colline est formé de craie micacée, très marneuse, enveloppant des rognons siliceux blan- châtres qui se fondent dans la masse. Vers sa base, cette roche est toujours plus argileuse. Les puits du faubourg d'Orléans la traversent pour atteindre la nappe (N- 1, p- 27.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 27 d'eau que retiennent les glaises grises, exploitées ici pour la fabrication des bri- ques, des tuiles et de la poterie grossière, comme nous l'avons vu près de Myennes. Ces glaises sont séparées de la craie marneuse par un banc de sable jaune panaché de rouge, qui vient affleurer vers le milieu du coteau à l'O. du faubourg (pl. Il, fig. 4). La coupe de la vallée du Cher, en partant de Vierzon et suivant la route de Chä- teauroux, présente la succession de couches indiquée pl. IF, fig. 4. Le petit pla- teau situé au S. de la ville est formé de sable vert enveloppant des grès quarzeux gris-verdâtre, très durs et lustrés. Ceux-ci renferment des grains d'un vert jaunâtre, à cassure terreuse. On y trouve encore d’autres grès également très durs, gris-blanc et à grain fin. Sous ces grès, que l’on emploie pour ferrer les chemins, vient une couche de glaise qui retient les eaux. Plus loin, en descendant du lieu dit les Pierres sèches, on observe la série suivante de haut en bas : 4° Dépôt de transport. (Au-dessus des premières maisons). . . . . . . . . . . 200 2° Grès gris-verdâtre , schistoïde, affleurant sur la droite de la route . . . . . . . 2,00 DOMÉTAUCAOTAISEN MR de Eur ces 4 ee 0: 00 L° Grès quarzeux, De tondane ou rate très dur, à cassure anguleuse , fissuré dans divers sens. Stratification peu distincte. Ces grès sont exploités dans la première carrière à SAUNA ON CENT RPM ENNEMI LE Et malice le ES 00 5° Lit de glaise gris-jaunâtre © ARTS 6° Bancs assez réguliers, mais d’ ane épaisseur, der grès gris, veiné ou piqueté He fre ou de rose, et souvent séparés les uns des autres par une argile sableuse grise Ou jaune. Ces grès quarzeux, à grain fin et uniforme, sont peu durs. Ils renferment des grains assez abondants de feldspath blanc plus ou moins aliéré, des grains vert foncé et des paillettes de mica blanc. On les voit exploités au-dessous des précédents, et ils atteignent le pied du talus au niveau de la manufacture de poterie. 7, 00 En montant de l’autre côté dela vallée de Saint-Hilaire, on retrouve d’abord les mêmes couches, c’est-à-dire les grès piquetés à la base, puis les grès durs gris-verdâtre vers le haut. À 2 kilomètres environ, des fouilles ont mis à dé- couvert une argile sèche, grisâtre, remplie d'empreintes de Plicatules ( P. pecti- noides Sow.?), de Lima, de Spondylus lineatus Gold. ? et d’une petite huître fré- quente dans le grès vert de la Touraine. Cette couche d'argile paraît être inférieure aux grès piquetés. Plus loin, avant Massay, le sommet des collines qui bordent la droite de la route est couvert de masses assez considérables de grès gris-verdâtre où blancs, tandis qu'à gauche, au lieu dit l'Étang, on exploite pour une tuilerie des argiles très sableuses , blanches, panachées de jaune et de rouge, alternant avec des sables blancs et passant vers le bas à un sable jaunâtre. Celui-ci renferme des grès peu épais, souvent en plaquettes et très chargés d’oxide de fer hydraté. La ressemblance de ces argiles sableuses, panachées, avec celles d'uneépoque très récente que l'on exploite sur divers points à la surface du sol, comme près de Chà- teau-Renaud, nous aurait suggéré des doutes sur leur âge , sans leur liaison 28 ÉTUDES CN. 1, p.28.) avec les sables et grès ferrugineux sous-jacents, et sans leur analogie avec celles que nous avons signalées à la tuilerie de Champarlant, près d'Humbligny, où elles occupent la même position. Il estpeu probable que ces argiles sableuses panachées et ces sables et grès ferru- gineux puissent représenter une partie du groupe inférieur de la formation. Leur aspect rappelle, à la vérité, celui des argiles sableuses panachées que nous avons signalées dans la Bourgogne et la Champagne, et qui existent aussi dans le pays de Bray; mais l'absence complète de calcaire et de fossiles sur le point qui nous occupe, de même qu'au S.-0. de Sancerre, ne nous permet pas quant à présent de séparer ces couches du groupe du grès vert. Avant de monter à Massay, une excavation pratiquée à gauche de la route montre, sous les sables et grès ferrugineux précédents, des calcaires marneux et des marnes blanches un peu schistoïdes qui appartiennent à la formation ooli- tique. Celies-ci se relèvent rapidement pour former la colline sur laquelle le village est bâti. En sortant de Massay, on trouve encore une butte recouverte d'argile rouge; mais au-delà, les calcaires oolitiques se montrent seuls au sommet des collines comme au fond des vallées. Ce sont des calcaires marneux, blancs, tachant fortement les doigts, très fragiles, pisolitiques et alternant avec des marnes blanches ou grisâtres plus ou moins argileuses. Les fossiles, peu nombreux, sont les T'ellina incerta Thurm., Pinna cuneata Phil. et lanceolata Sow. ?, des moules de Cardium et de coquilles turbinées. Ces couches nous paraissent appartenir plutôt au coral-rag des environs de Sancerre et de Sainceaux qu'à l’oolite moyenne de la plaine de Bourges, ce qui serait justifié par la réapparition de l'étage de Kimmeridge au N.-0. de Buzançois. Nous reprendrons actuellement l'examen de la vallée du Cher en la descendant jusqu’à sa jonction avec celle de la Loire. Du ruisseau de Croulas à Vierzon (pl. E, fig. 4), les couches crétacées inclinent à l'O. et se recouvrent dans celte direction ; mais au-delà, jusque près de Châtres, on trouve presque constamment les sables verts plus ou moins remaniés à la partie supérieure. La craie tufau et les marnes sableuses sous-jacentes s’éloignent versle N. A un kilomètre de Châtres, les collines qui bordent la route sont surmontées de craie glauconieuse semblable à celle de Vierzon et reposant sur des sables gris, verts, jaunes, plus ou moins argileux, avec quelques grès subordonnés.Cette roche est plutôt l'analogue du psammite d'Hum- bligny que de la craie micacée des bords du Cher inférieur, de l'Indre et de la Loire. À Menetou, elle se montre également, se prolongeant ensuite derrière Lan- gon, pour disparaître au-delà sousle poudingue tertiaire de Villefranche.Celui-ci est composé de silex très volumineux, blanchâtres ou gris-jaunâtre, empâtés dans une argile sableuse grise ou blanche.Ce poudingueincohérent fait suite à ceux que,depuis Sancerre, on a vus accompagner constamment la zone crélacée sans passer sur la zone oolitique. Entre Vierzon et Romorantin, on trouve presque toujours le groupe du grès vert à l’état sableux ou plus ou moins argileux, enveloppant quel- CN. 4, p- 29.4 SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 29 ques grès subordonnés, et surmonté de marnes et de calcaires lacustres qui occu- pent Les plateaux très peu élevés de cette partie des bords du Cher etde la Sauldre. Entre Romorantin et la Selle, et de ce bourg à Saint-Aignan, la route est aussi tracée sur des sables ferrugineux qui paraissent avoir été remaniés en partie. Quelques lambeaux de calcaire lacustre s'observent encore çà et là. Saint-Aignan est adossé à une colline qui borde la rive gauche du Cher, et qui vers le bas est composée de calcaire blanc, marnenx, très tendre, avec de nom- breux silex gris-brun ou noirâtres, en rognons disséminés dans la masse. A une certaine hauteur, les silex diminuent , puis disparaissent. Ces couches crayeuses s'élèvent à environ 30 mètres au-dessus du Cher. Sur ce point comme sur beau- coup d’autres, elles ont été prises pour de la craie blanche par M. Dujardin ; mais nous ne pensons pas qu'il existe dansle département de Loir-et-Cher, non plus que dans celui d’Indre-et-Loire , de véritables dépôts appartenant à cet étage de la formation (1). En remontant vers la Gastine , on voit des silex nombreux et alignés: les uns, gris-blanchâtre, sont plus généralement vers le haut; les autres, noirs et exploités pour pierre à fusil, se trouvent au-dessous. C'est à cette assise qu'appartiennent les silex exploités sur les communes de Meusne, de Lie et de Cuffy, et taillés pour pierre à fusil. Cette industrie, qui remonte à plusieurs siècles, avait pris une extension très considérable que l'invention des capsules a presque détruite depuis quelques années. Cette masse de calcaire blanc, imparfaitement stratifiée, occupe ici la place de la craie micacée , et elle est surmontée d'un ensemble de couches déjà très considérable, mais dont le développement successif se montrera plus clairement lorsque nous décrirons la vallée de l'Indre entre Buzançois et Chà- tillon. Si l’on monte au S. de Saint-Aignan, on observe une masse de 18 à 20 mètres d'épaisseur, sans stratification distincte, composée d'un calcaire sableux, mi- cacé, blanchâtre, jaune, gris ou verdâtre, friable, fendillé dans tous les sens, et renfermant des veinules ou de petits nids irréguliers de sable ou d'argile. Les fos- siles et les silex paraissent y être très rares. Les puits naturels, remplis de terre jaune et du même terrain de transport qui recouvre les plateaux, y sont au con- iraire assez communs dans la partie qui avoisine la surface. Dans un che- min parallèle à la route de Châtillon et qui redescend au N., on trouve, sous une roche semblable à la précédente et remplie de petits nodules endurcis de la même substance, une craie jaunâtre, plus solide, et dans laquelle des habita- tions ont été creusées. Plus bas, vers le ruisseau, paraît le calcaire blanc à silex qui forme la base des collines, et enfin, au-delà de ce même ruisseau, les escarpe- ments font voir, au-dessus de ces couches à silex, un calcaire marneux, très lendre, (1) Le même observateur paraît avoir pris aussi pour de la craie blanche, siliceuse, des dépôts siliceux laeustres parfaitement caractérisés dans ce dernier département. 30 ÉTUDES (N. 4. p.50.) blanc, sans stratification distincte, et surmonté d’une assise de 20 à 25 mètres de calcaire jaunâtre , friable, rempli de nodules endurcis, digitiformes ou ramifés, mais sans silex ni fossiles, et qui correspond exactement à celle qui forme en face la partie haute de la ville. C'est à cet ensemble de couches recouvrant la craie micacée que nous donnons le nom de craie jaune de Touraine, expression syno- nyme de celle de craie tufau dans le même pays. Ces couches, qui constituent le premier étage de notre second groupe, se prolongent au S. dans la vallée du Modon jusque vers Lucay, d’après M. Dujardin, et nous les suivrons bientôt au N. dans toutes leurs modifications sur les bords de la Loire. En face de Saint-Aïgnan règne une suite de coteaux peu élevés. La craie micacée est exploitée à 10 mètres environ au-dessus du fond de la vallée; puis elle est recouverte par la craie jaune friable. Au-delà de Thézée , les carrières de craie micacée se trouvent au niveau même de la route, et au-dessus se montre un cal- cairesableux gris avec des points verts,de petites Exogyresetdenombreux polypiers, qui forme la base du premier étage. Sur les territoires de Bouré et de Montrichard, beaucoup de carrières sont ouvertes dans la craie micacée, et des galeries éten- dues y ont été pratiquées. La pierre est d’un blanc un peu grisâtre, à grain fin et parfaitement égal dans toute la masse. Elle se taille très facilement en paralléli- pipèdes, connus dans le pays sous le nom de pierres de Bouré, et qui s'exportent au loin par bateaux sur les deux rives de la Loire. L’uniformité des caractères de cette roche, essentiellement composée de calcaire mélangé d’un peu d'argile, de sable quarzeux très fin, de grains verts et de mica blanc, jointe à la constance de son niveau, malgré les variations de puissance du second étage, en fait un horizon précieux pour la géologie de cette partie de la France; on peut même dire que ses caractères pétrographiques sont tels, lorsqu'on les examine avec une cer- taine attention, qu'ils suffiraient à eux seuls pour déterminer avec certitude la position relative de la couche où on les a constatés. Entre Montrichard et Chissay, cet étage s’abaisse vers l'O. , puis disparaît, et la base de la colline est formée par un calcaire jaunâtre, avec points verts et ciment spathique, assez solide et en bancs puissants plongeant faiblement au N. Les moules et les empreintes de Trigonia scabra y sont très répandus , ainsi que l'£xo- gyra turonensis nob., caractéristique de la craie jaune. Ces couches, d’une teinte gris-verdâtre, forment ensuite derrière Chenonceaux, Civray, la Croix de Bléré et au-delà, des escarpements de 30 à 35 mètres de hauteur. On y trouve parti- culièrement lArca ligeriensis d'Orb., l'Exogyra columba, la Trigonia scabra, la Serpula filosa Du;., des polypiers et surtout des spongiaires. La stratification en grand est assez prononcée. La roche prend souvent une structure noduleuse ou tuberculeuse, et les silex sont Llanchâtres. Des habitations y sont creusées comme partout où cet étage offre une certaine solidité. Sur la rive droite du Cher, depuis la hauteur de Saint-Aignan jusque près de Montrichard, on peut remarquer que les collines sont moins élevées et leurs (N: 4, p. 51.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 31 pentes moins abruptes que sur la rive gauche; mais à l'O., au contraire, les couches semblent se correspondre des deux côtés de la rivière, et cette concor- dance , sauf quelques accidents, continue très loin dans cette direction. M. Dujardin cite des ossements de Mosasaurus trouvés dans les carrières de Chemillé et près de Bléré. Entre ce bourg et Véretz, une dislocation paraît avoir re- levé une craie à silex semblable à celle de Saint-Aïgnan, tandis qu'à Saint- Avertin, la craie jaune constitue une masse assez considérable dans laquelle des carrières ont été exploitées de temps immémorial. C'est de ces mêmes carrières que paraît provenir une pierre, nommée pierre d'écorcheveau, qu'on retrouve dans les anciens édifices de Tours, et que nous avons particulièrement remarquée dans le parapet des quais de la rive droite de la Loire. Elle est caractérisée par une très grande quantité de moules de coquilles bivalves, voisines des Cyprines ou des Vénus, et de T'rigomia scabra. 8 IV. Vallée de l'Indre. Le plateau qui vient se terminer à Buzançois, sur la rive droite de l'Indre, est composé de calcaires rapportés au groupe moyen de la formation oolitique. Ils sont blanchâtres, marneux, sans solidité, passent quelquefois au compacte, mais plus ordinairement se désagrègent en petits fragments. Nous sommes conduit à penser, bien que nous n ayons pas pu l'observer directement, que la rivière coule ici dans une fracture par suite de laquelle la rive gauche aurait été abaissée, et que le grès vert doit exister très près du faubourg; car, à une distance de 2 kilomètres au plus, à la seconde montée sur la route de Châtillon (pl. I, fig. 5), les fossés sont creusés dans la craie micacée , blanc-grisâtre, tendre , ta- chante, caractérisée comme partout par l'abondance de l’Inoceramus mytiloides. Cette couche n’a que quelques mètres d'épaisseur et ne tarde pas à être recou- verte par un calcaire lacustre, blane, celluleux, avec Paludines et Lymnées. Un amas de fer oxydé, argileux, rouge , ou plutôt d'argile rouge, lui est subordonné et est coupé obliquement par la route (pl. Il, fig. 3 et5). En redescendant le mame- lon , on trouve des marnes verdâtres et quelques bancs de calcaire lacustre tendre et très marneux. Enfin la craie grise, micacée et glauconieuse, qui supporte le tout, reparaît avant de passer le ruisseau d’Enard. Le grès vert se montre au-delà de ce ruisseau. Il est composé de sable verdâtre, argileux et sans doute peu épais; car, après la métairie de Boulaye, les talus de la route sontcoupés dans un calcaire marneux et dans des marnes grisâtres où abonde l'Exogyra virqula avec l'Ostrea palmetta, V Isocardia excentrica, Amphidesma decur- tatum et des moules de coquilles turbinées. Ces couches sont une réapparition de l'étage de Kimmeridge , que nous avions perdu de vue depuis la partie orientale du département du Cher, puisque autour de Massay le grès vert reposait sur des calcaires blancs rapportés au coral-rag. Ces bancs ne tardent pas à être 32 ÉTUDES (N. 1, p. 52) masqués par des sables ferrugineux à gros grains, renfermant des grès très durs , et auxquels succède bientôt, vers le haut de la montée , un calcaire mar- neux, blanc, jaunâtre, peu solide, se délitant en petits fragments, et où se trou- vent la Pholadomya decorata ainsi que les Lutraria Jurassi? et Alduini Gold. Ce calcaire, qui correspondrait peut-être à celui de la route de Massay à Vatan, nous a paru être inférieur aux couches à Eæogyra virgula, et nous avons indiqué dans la coupe pl. IF, fig. 5, la manière dont nous avons compris la position relative de ces couches oolitiques entre elles et avec celles de la formation crétacée qui les recouvre. Les grès quarzeux employés sur les routes autour de Buzancçois sont sem- blables à ceux que nous venons de signaler près de la maison Boulay. Ils sont exploités à Saint-Gemme , au S. de la ville. Ils sont blancs, roses, jaunâtres ou grisâtres , très durs, à grains plus ou moins fins , quelquefois assez gros, et en- tourés par place d’un enduit calcédonieux formant alors le ciment du grès. En s’avançant vers la maison Brisepaille, le grès vert est toujours rudimen- taire et à l’état de sable argileux ; puis, contre cette maison même. ilest de nouveau masqué par la craie micacée. L’Inoceramus mytiloides, le Pecten quinquecostatus et d’autres fossiles peu reconnaissables sont fréquents dans ce dernier étage , dont l'épaisseur augmente assez pour qu'il ne soit plus interrompu par les dépressions du sol jusqu’à Clion etau-delà. Après ce village, la colline qui borde la gauche dela route offre encore à sa base la craie micacée précédente , puis au-dessus vient un calcaire blanc, peu dur, avec des points vertset des taches de même couleur.[l est en partie spathique, à cassure inégale , se délite en rognons irréguliers recouverts d’un enduit verdâtre, ou bien constitue des bancs mal suivis et fendillés.Les fossiles les plus nombreux qu’on y trouve sontde petits polypiers ; Serpula filosa Duj., Tri- gonia scabra Lam., Area ligeriensis an Matheroniana d'Orb.? Mya plicata Sow., Pho- ladomya, Venus ou Cyprine, Cardium Moutonianum d'Orb., Fenus plana Sow., Myoconcha cretacea d'Orb., etc. Ces couches, dont l'épaisseur est de 10 mètres, forment la base du premier étage ou celui de la craie jaune de Touraine; ici , et comme nous aurons occasion de l’observer aussi sur d’autres points, elles parti- cipent encore des caractères de la craie micacée sous-jacente, et peut-être eussions- nous pensé à les y réunir sans la liaison plus intime que nous avons cru leur trou- ver avec les couches qui les recouvrent. Ces dernières, dans la localité que nous décrivons, prennent un aspect assez particulier. Ce sont des calcaires en général subcristallins, poreux, plus ou moins durs par place, gris et à grain fin vers le bas, blancs et à grain plus gros vers le milieu , puis passant vers le haut à un calcaire celluleux plus complétement spa- thique et d'une teinte légèrement rose ; enfin la partie tout-à-fait supérieure, très dure, présente de nombreuses tubulures, et sa surface a été fortement usée ou corrodée. Ces diverses couches, de 8 à 9 mètres d'épaisseur totale, et exploitées sur tout le pourtour de la colline où elles fournissent de très belles pierres d’'ap- (N. 4, D. 55.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 33 pareil connues sous le nom de pierres de Clion, sont exclusivement for- mées de très petits fragments de coquilles, d’annélides et de polypiers, enveloppés et agglutinés par une infiltration très abondante de calcaire spathique. Dans les endroits où le suc calcaire a été plus rare, on a une roche peu solide, jaunâtre, dont tous les éléments d’origine organique sont parfaitement distincts, et qui est alors identique à celle que nous trouverons si développée dans la vallée de la Loire. Enfin un dépôt de transport, composé de silex à demi roulés, entourés d'une terre rougeâtre, brune ou grise , recouvre ce plateau calcaire. Ainsi, depuis Buzançois jusqu’à ces carrières de la Chaise (pl. IL, fig. 5), nous avons vu naître pour ainsi dire successivement , et d’une manière plus régulière que dans la vallée du Cher, le grès vert, la craie micacée et la craie jaune. Toutes les couches que nous venons d'indiquer plongent au N.-0. jusqu'au premier vallon quis’ouvresur la route, et au-delà duquel les bancs supérieurs ces- sent de se montrer. Les calcaires glauconieux ou jaunâtres avec Trigonia scabra continuent seuls vers le bas. et près de la métairie de Beauvais on les trouve surmontés de bancs très variés et très différents des précédents. Ce sont des calcaires tantôt subcompactes , blanc-jaunâtre , tantôt terreux et renfermant des plaques de silex gris-jaunâtre ou blanchâtre se fondant dans la masse. Plus haut sont des bancs de roches composées en grande partie de silice gélatineuse et d’un peu d'argile. Elles sont grises, blanches ou vertes, compactes, à cassure angu- leuse, et renferment la T'erebratula pisum Sow.Ces bancs, très irréguliers , offrent en outre de grandes cavités souvent remplies de sable verdâtre, et des puits na- turels qui, traversant toute l’assise, sont comblés par le terrain de transport du plateau. Nous aurons d'ailleurs occasion de revenir sur ces deux modes de remplissage , qui appartiennent à des époques différentes. Après la métairie , la partie inférieure seule de cette coupe subsiste encore, et la craie micacée, recou- verte par les calcaires schisteux ou tuberculeux avec Trigonia scabra, constituent la base de la colline de Châtillon. | À un kilomètre à l'O. de Toizelay, la route traverse un petit plateau sur la pente S.-E. duquel se trouve une couche de silex jaspoïde, dont l'épaisseur est de 5 à 6 mètres. Sa stratification est reconnaissable quoique la roche soit extrêmement fendillée. Les interstices sont remplis de terre argileuse brune ou jaune. La masse siliceuse est d’un jaune plus ou moins clair ou gris-verdâtre ; nous n'y avons point trouvé de fossiles, et elle paraît avoir été exploitée depuis longtemps pour l'entretien des routes. Sur le versant N.-0. de ce plateau , on remarque, à peu près au même niveau, un dépôt composé de rognons siliceux fondus dans une roche argilo-siliceuse, tendre, friable, jaune , blanche ou verte, dont la stralification est assez distincte. Les silex rameux ou digitiformes, dont la structure indique qu'ils doivent leur origine à des spongiaires et à d’au- tres fossiles marins, y sont assez répandus. En remontant après le ruisseau, on atteint une roche tantôt dure, compacte SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T.IL Mém. n° 1. “ 34 ÉTUDES CN: 1, p- 54.) et d’un blanc tirant sur le vert, tantôt friable, tachante et d'un blanc pur, pé- nétrée de silex jaspoide. Sa structure est fragmentaire, et elle renferme des em- preintes de Pecten, de polypiers, etc. En comparant ces divers dépôts siliceux, nous sommes porté à regarder le dernier dont nous venons de parler commeune simple modification de la roche siliceuse compacte de la ferme de Beauvais, quoiqu'il ne paraisse pas renfermer de silice à l’état gélatineux. Sa destruction partielle aura fourni les matériaux du conglomérat avec spongiaires que nous avons signalé reposant sur la craie de l’autre côté du vallon, et ce conglomérat serait alors le représentant du poudingue siliceux et marneux que nous verrons recouvrir si constamment la craie jaune de Touraine. Enfin la masse de silex jaspoïde du versant S.-E. de ce même mamelon serait encore une modification de la roche de Beauvais , dépendante de la craie jaune. De Fleray à Verneuil et au-delà , le poudingue tertiaire plus ou moins déve- loppé constitue les plateaux. Il est ordinairement surmonté par un véritable dépôt de transport diluvien composé de sable siliceux plus ou moins grossier , d'une grande quantité de cailloux roulés de quarz hyalin blanc, jaunâtre ou brunûtre, et de quelques fragments et fossiles de la craie. Cette dernière roche se montre vers le fond des vallées, et souvent la terre végétale offre cette teinte gris-blan- châtre ou cendrée et cette légèreté particulière qui annoncent toujours que le sous-sol est formé par la craie micacée. La colline sur laquelle est bâtie la maison des hôpitaux , à la hauteur de Saint- Jean, présente des excavalions pratiquées dans les couches moyennes de la Chaise. Au-dessus se montrent, quoique peu développées, celles qui correspondent aussi à la pierre de Clion. Avant d'arriver à Loches, le petit plateau qui porte les mai- sons de Mauvière, de Vautrompeau , etc., est encore formé par les parties moyenne et inférieure de la craie jaune, et des habitations nombreuses y ont été excavées. La craie micacée est exploitée à la base même du coteau, par des ga- leries assez étendues. La colline abrupte que couronne l’ancien château de Loches avec ses dépendances appartient aux mêmes assises de la craie de Touraine, ca- ractérisées par une multitude de corps spongiformes rameux. Les carrières situées sur la rive droite de l'Indre, au N. de Beaulieu, sont encore à la base des coteaux, et fournissent la craie micacée la mieux caractérisée. Elle est tendre, d'un blanc grisâtre, et son grain très fin est parfaitement uniforme. Au-dessus vient un calcaire sableux, friable, quelquefois tuberculeux comme à Clion , et renfermant une prodigieuse quantité d'Exogyra turonensis, de Serpula filosa, des moules de J’enus plana Sow., et les tubercules spongiformes , rameux ou étalés propres à ce niveau (1). La partie supérieure des assises de Clion (4) Il nous a été impossible de trouver dans ces nombreux tubercules autre chose que la matière même de la roche agglomérée, sans aucune trace de tissu spongieux distinct , soit à la surface, soit à l’intérieur. CN: 4, p.55.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 35 manque sur ces coteaux, d'ailleurs très peu élevés, et dans lesquels une multitude de caves, de celliers et quelques habitations ont été creusés. Les maisons du faubourg de Loches, que longe la route de Tours, sont con- struites sur ces couches à rognons spongiformes, ou bien y ont été taillées. A la base du coteau,et ordinairement un peu au-dessus du niveau de la route, se trouve le banc de craie micacée connu des ouvriers sous le nom de bille. C’est celui qui, dans toute la Touraine, et bien au-delà, fournit les pierresde taille, en forme de pa- rallélipipède à base carrée, appelées billes dans la vallée de l'Indre. Ce banc re- présente exactement celui qui, dans la vallée du Cher, fournit la pierre de Bouré. Son épaisseur varie ici de 1*,50 à 2 mètres. Plus haut, les couches supérieures de Clion sont peu développées et assez mal caractérisées; quelquefois elles sont sub- schistoïdes ou en plaquettes, ou bien arénacées et friables. Elles s’abaissent après les dernières maisons du faubourg , pour former au-delà le sol et les côtés de la route. Plus loin, elles sont recouvertes par un terrain de iransport sableux ren- fermant, avec beaucoup de fragments calcaires, des cailloux roulés de quarz blanc. La craie jaune se montre encore sur les pentes de la vallée de l'Indroye à Ge- nillé, Montrésor, Aubigny, Ecueillé, Orbigny et Nouans. D'après M. Dujardin, elle existerait aussi entre Loches et Ligueil, et remonterait même au S. jusqu'à Azay-le-Féron, Martizay et Ponay, ce qui nous paraît d’ailleurs peu probable. A la hauteur de Chambourg, les dépôts siliceux tertiaires constituent le sol, ainsi que de ce point jusqu'à Cormery , où les deux côtés de la vallée sont formés par un calcaire lacustre blanc, renfermant une grande quantité de silice en ro- gnons ou disséminée dans la masse. De Cormery à Montbazon , les plateaux qui bordent l'Indre sont recouverts par la meulière, et sur les pentes affleure partout le calcaire lacustre blanc, souvent pulvérulent, à structure grumeleuse , et tou- jours plus ou moins rempli de silice. Le puits artésien entrepris dans la commune d'Esvres, chez M. Ansant, et dont l’orifice est à 18 mètres au-dessus du niveau de l'Indre, a donné la coupe suivante : A°NGravier superficiels M: 2... . - RS De de 2 tree 3,66 2° Calcaïre lacustre, marnes et silex d’eau douce alternant vingt-cinq fois. . . . . . . 52, 34 3° Sables et grès verts alternant ensemble (nappe d’eau jaillissante à 70°). . . . . 65, 33 L° Craie marneuse, grise, bleuâtre ou blanchâtre, bancs calcaires avec silex. . . . . 50, 33 5° Argiles vertes, argiles sableuses, grès et sable vert. . . . . . . . . . . . . . . .. 20, 00 Total. . . . 191,66 On n’a point obtenu d’eau jaillissante à cette profondeur, sans doute parce qu'on n'a pas atteint la nappe d’eau inférieure. Ce forage, s’il n’y a pas eu d'erreurs dans le journal de l'ingénieur qui dirigeait les travaux, nous présenterait une anomalie frappante, et la seule de ce genre que nous aient révélée les nombreux sondages dont nous avons comparé les coupes avec les résultats donnés par les observations géologiques directes. Le numéro 2 36 ÉTUDES CN 1, p.56.) annonce d'abord pour les dépôts lacustres une épaisseur beaucoup plus considé- rable qu’on ne l’aurait soupçonné ; ensuite le numéro 3, à la place de la craie jaune, glauconieuse à la vérité sur quelques points et parfois sableuse, nous indiquerait une épaisseur de 65",33 de sable et de grès verts alternants. Les puméros 4 et 5 sont au contraire bien caractérisés et précisément dans la position où l'on devait s'attendre à les rencontrer. D’après cette coupe, la craie jaune, si puissante el si constante partout aux environs, manquerait en cet endroit, le poudingue tertiaire qui la sépare toujours du calcaire lacustre manquerait aussi, et les sables et grès verts, constammentinférieurs au numéro 5, se trouveraient au contraire au-dessus de la craie micacée ou du numéro 4. Si l’on pouvait regarder le numéro 3 comme un dépôt tertiaire représentant le poudingue, il faudrait encore supposer l'absence totale de la craie jaune sur ce point ; or il nous semble plus probable que quelque erreur s’est glissée dans la notation des couches traversées. $ V. Vallée de la Vienne. N'ayant point suivi la Vienne, ni ses affluents, la Creuse, la Manse et la Vende , aussi exactement que les rivières précédentes, nous signalerons dans ces diverses vallées les points que nous avons particulièrement étudiés, en allant du S.-E. au N.-0., d’abord sur la rive droite de la Vienne, puis sur sa rive gauche. Au S. de Châtellerault, la formation crétacée , dont nous indiquerons tout-à- l'heure les limites dans cette direction, est représentée par des sables ferrugineux, quelques grès avec Exogyra seconda var. minor (E. columba minima), et par des glaises. Sous le pont de la ville, des calcaires marneux, compactes , blanc-grisâtre et en lits minces, dépendent de la formation oolitique. A quelques centaines de mètres pu bas, on les voit recouverts par un grès très ferrugineux, schistoïde, de 4 à 5 mètres d'épaisseur, surmonté bientôt à son tour par des marnes argi-. leuses à points verts (pl. ILE, fig. 5). Dans le percement d’un puits, au S.-E. de la ville, on a atteint des sables glauconieux et ferrugineux avec Exogyra columba, re- couverts presque immédiatement par la craie micacée. Cette dernière constitue dans cette direction de nombreuses collines où les fossiles sont rares, excepté l’Inoceramus mytiloides. Le forage du puits artésien entrepris à | Châtellerault par M. Done a tra- versé : 4° Terrain superficiel et sables argileux crétacés. . . . . . . . . . . . . . . . Doc 1m,33 2° Calcaires compactes ou lithographiques, en bancs séparés par des lits minces d'argile. 255, 00 Totale NN ET 020283 Sur toute cette épaisseur de calcaires, les caractères de la roche ont présenté peu de variation , et l’entreprise est restée sans succès. (NA, p.57.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 37 De Châtellerault aux Ormes, la route est bordée à droite par la craie micacée, formant à elle seule une rangée de collines dont le relief au-dessus de la vallée est nettement accusé (1). Le sol de celle-ci est mis à découvert au Port-la-Pile , dans les berges de la Creuse, où sortent, de dessous la craie micacée, des argiles marneuses ou gris-bleuâtre, avec grains verts, et remplies d'Exogyra columba et d'Ostrea biauriculata. Ces argiles, de 5 à 6 mètres d'épaisseur, renferment aussi des espèces de sepéaria très déprimés, ou lits interrompus de marnes endurcies ; peut-être ces argiles sont-elles le prolongement de celles que nous avons vues affleurer dans la Vienne, près de Châtellerault, bien que dans la coupe (pl. IF, fig. 5) nous les en ayons distinguées en plaçant les premières dans le groupe du grès vert. La réunion de l'Exogyra columba et de l’Ostrea biauriculata constitue dans la Touraine, l’Anjou et une partie du Maine, un des horizons géologiques les plus constants, placé entre la craïe micacée et le grès vert propre- ment dit. Ce banc, remarquable par son étendue, ne se montre pas sur les bords mêmes du bassin, mais à une distance qui varie de #4 à 5 lieues en dedans de son ancien rivage. Sur la rive droite de la Creuse, la craie micacée forme de nombreuses onde lations. En remontant le cours de cette rivière , on la retrouve encore assez loin, et le grès vert qui sort de dessous, aux environs de Saint-Pierre-de-Tournon et de la Roche-Pozay, atteint à peine une altitude de 90 mètres. À Ferrière-l'Arcon, un puits artésien exécuté chez M. Arnault à traversé les assises suivantes sans donner d’eau jaillissante à la surface. de Teen MGM 8 LV RENE ÉPAIOE TE IE TENTE A TETE 2 DeRE REINE E EUR 9,33 2° Craie micacée { 2° groupe ). . . . . . .. DE NA Nc Et fe MO or à 67, 00 3° Sables verts, sables argileux , argiles noires et grises ( 3° groupe). . . . . . . . . 66, 00 h° Assise supérieure:de la formation oolitique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9, 33 Avant de descendre à Sainte-Maure, la craie micacée acquiert une épaisseur de 55 à 60 mètres. Dans les carrières ouvertes des deux côtés de la route, au S. de la ville, on peut reconnaître ses caractères si constants, quoique la pierre y soit plus marneuse et moins solide que le banc inférieur qui fournit la bille sur d’autres points ; il n’y pas non pie de silex. Les fossiles suivants y sont assez répandus. Polypothecia dichotoma, Benn. Pholadomya Esmarkiü, Nils. ? Micraster (espèce nouvelle, nommée À tort Holas- ————— Archiaciana, d'Orb. ter intermedius dans la 1"° partie de ——— Marrotiana, id. ces Études et trouvée à Gourdon). Arcopagia numismalis, id. (4) La coupe pl. II, fig. 5, faite en suivant la grande route, ne passe point par ces collines. 38 ÉTUDES (N. 4, p. 58.) Analina royana, id. Arca ligeriensis, d'Orb, Lucina globiformis, Leym. —— nova Sp. Venus plana, Sow. Exogyra haliotoidea, Gold. Cytherea uniformis, Dui. Phasianella supracretacea, d’Orb. Cyprina ligeriensis, d’'Orb. Ammoniles varians , SOw. Cardiimialtenn ane 0 peramplus, id. MoCONCR AIN LACET RER rhotomagensis, Al. Brong. Trigonia scabra, Lam. La vallée de la Manse à Sainte-Maure est ouverte précisément à la jonction de la craie micacée et de la craie jaune ; car après avoir passé la rivière, toutes les maisons du faubourg qui bordent la grande route à l'O. sont adossées à des es- carpements qui appartiennent au premier étage du groupe (pl. HE, fig. 5). Dans le vallon au-dessous de Gaillard, on voit la partie inférieure avec Tri- gonia scabra, Exogyra turonensis, Cardium , Cyprina, Arca ligeriensis, etc., et plus haut, en montant le chemin de Bossé, se trouvent les nodules spongiformes, et même de véritables polypiers, dans une craie jaunâtre, friable, analogue à celle de Loches, de Saint-Aiïgnan, etc. Au N. de la ville, on retrouve des bancs semblables à la pierre de Clion Ils sont exploités en grand, et transportés à Tours et aux environs sous le nom de prerre de Sainte-Maure (1). Son grain est plus ou moins fin, également serré ; sa teinte est le blanc, le gris ou le jaunâtre. Elle est composée de parties spathiques et de parties Lerreuses en proportions à peu près égales. Dans certains bancs, la roche est identique à la pierre de Clion, c'est-à-dire uniquement composée de petits polypiers et de fragments de coquilles agglutinés par un ciment spathique. Dans le vallon qui descend de Sainte-Catherine-de-Fierbois, et que coupe la route de Tours , les couches sont bien à découvert, et présentent plusieurs variétés de pierres très distinctes, telles entre autres que la variété à grains verts, celle à fragments de polypiers et de coquilles, etc. On y remarque de plus un délit obli- que à la stratification qui est très prononcé. Au-delà de ce point, les poudingues et les calcaires lacustres tertiaires recouvrent constamment la formation crétacée jusqu’à la vallée de la Loire. La coupe de Poitiers à Chinon (pl. IL, fig. 6) offre quelque intérêt par la réap- parition, à plusieurs reprises, de la formation oolitique au milieu des bandes cré- tacées. La ville de Poitiers est, comme on sait, bâtie sur un promontoire bordé (1) La pierre de Sainte-Maure est généralement employée dans les constructions qui exigent beaucoup de solidité et de durée. Elle est sous ce rapport préférée à la &è/le ou à la pierre de Bouré, quoique moins facile à tailler, et donnant pour la sculpture des arêtes moins vives et moins délicates. Sa teinte aussi n’a pas l’uniformité si remarquable de celle de la pierre de Bouré; mais on peut dire que c’est aux qualités de cette dernière que les villes et les plus petits villages de la Touraine et d’une partie de l’Anjou doivent leurs maisons si propres et si saines à la fois. La pré- sence de ce banc réellement précieux n’a pas eu une influence moins favorable pour la construction des églises romanes et ogivales du xI° au xwI° siècle, dont ces provinces sont couvertes. CN:4, p. 59.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 39 par des escarpements abruptes et de profondes crevasses, où coulent le Clain au S., à l'E. et au N., puis la rivière de Boivre à l'O. La composition de ces escar- pements est assez uniforme: à la montée de Cueillau, par exemple, on voit de bas en haut les calcaires du groupe inférieur de la formation oolitique, gris-jau- nâtre ou brunâtres, durs, subcompactes, caverneux, divisés en bancs épais etnom- breux. Les fossiles y sont très rares. On y remarque des silex gris-noirâtre, quel- quefois jaspoïdes, plus ou moins gros, irréguliers, disposés en lits ou en cordons inégaux , discontinus, espacés de 1! à 2 ou 3 mètres. À la sortie du faubourg, en continuant à s’avancer vers la croix que forment les routes de Mirebeau et de Partenay, on voit succéder à ces couches , dont la puissance est d'environ 80 mè- tres, un calcaire blanchâtre, marneux , en rognons ou en plaquettes, recouvert par un calcaire blanc, crayeux, exploité à l’angle même de la route de Mirebeau. Il renferme des moules et des empreintes d’Ammonites annulatus Rein. ou biplex Sow. assez grands, et de plusieurs autres espèces, puis de Trigonia cla- vellata Sow., de Pecten vagans ou fibrosus id., d’une seconde espèce plus grande , etc. En descendant à Migné, les assises de Poitiers sortent de dessous les précé- dentes. Ce sont des calcaires compactes, gris-jaunâtre, très durs et très caver- neux. À la sortie du village, se montrent au-dessus, comme auparavant, un calcaire marneux, blanc, tendre,avec quelques silex, des traces d’Æmmonites et de Cardium, puis le calcaire blanc crayeux du plateau, qui passe plus loin à un calcaire en plaquettes très minces, pour reprendre ensuite ses caractères ordi- naires jusqu’à Mavaux et au-delà. Ainsi, contrairement à l'opinion émise à la réunion extraordinaire de la Société géologique , à Poitiers (1), le groupe moyen de la formation oolitique commencerait à la sortie du faubourg, comme nous l'a- vons indiqué (pl. IT, fig. 6), et non pas seulement à la descente de Migné. Au N. de Mavaux, et à 200 mètres à droite de la route, on remarque un très beau dolmen au pied d’un petit tertre boisé, composé de grès peu durs, à gros grains, lustrés et ferrugineux. Ces grès forment des rognons aplatis de plusieurs mètres de long , ou des bancs discontinus de 0,50 à 0,60 d'épaisseur , s’enchevêtrant les uns dans les autres. Ils sont entourés d’un peu de sable ferrugineux, et reposent sur les marnes et les calcaires marneux blancs de la plaine : ces derniers sont toujours caractérisés par les mêmes fossiles. L’épaisseur de ce dépôt arénacé ne dépasse pas 4 à 5 mètres. L'absence de corps organisés ne nous permet pas d’être bien fixé sur son âge; mais nous sommes porté à le regarder plutôt commetertiaire que comme appartenant à une époque plus ancienne, telle que celle du grès vert. Les calcaires blancs oolitiques continuent jusqu’à environ 400 mètres de Va - rennes, où des carrières y sont encore ouvertes. À 200 mètres du premier mur du village, la route traverse un sol humide, et dans des trous pratiqués pour déra- (1) Bull. de la Soc. Géol. de France, t. XIV, p. 643. 40 ÉTUDES (N.4, p. 40.) ciner les arbres, nous avons reconnu des sables glauco-ferrugineux en place et des plaquettes de grès calcarifère avec points verts et remplis de coquilles brisées. Un peu plus loin, le mamelon que traverse la route est aussi formé par un grès calcarifère avec points verts, peu dur, en plaquettes irrégulières renfermant beaucoup de Cériopores, d’Annélides, de petites Huîtres et de débris d’autres coquilles. Cette roche se prolonge jusqu’au pied de la colline qu’occupe la ville de Mire- beau , et qui est presque entièrement composée de craie micacée. Vers le bas, la pierre est tendre et remplie d’Inoceramus mytiloides ; vers le haut elle est plus so- lide, et des habitations y ont été creusées à l’E., le long du mur d'enceinte. A la partie supérieure, et surtout près des moulins qui sont à l'E. de la ville, on exploite, pour l'entretien des routes, des lits minces subordonnés, pénétrés de silice, et la roche passe insensiblement à une sorte de jaspe impur, jaune , ou bien à un grès compacte, grisâtre, nuancé de brun-jaunâtre , avec points verts et mica. La cassure en est droite, sèche et esquilleuse. Ces roches sont en grande partie composées de silice gélatineuse à l’état d'hydrate, et ne renferment que des traces de chaux(1). Nous sommes disposé à rapprocher ces accidents de ceux du même genre que nous avons signalés dans la vallée de l'Indre, et il se pourrait alors que quelques unes des couches du sommet de la colline appartinssent aussi à la base de la craie jaune. La craie micacée, comme on en peut juger de ce point, où son altitude est de 153",56 et sa puissance de près de 80 mètres , forme plusieurs chaînes de collines, dont les pentes assez rapides produisent un relief bien prononcé au-dessus des plaines oolitiques environnantes, recouvertes au fond des vallées par une faible épaisseur de grès vert. Ces collines, qui se distinguent aussi de loin par leur teinte gris-blanchâtre , se dirigent du N. au S., entre les vallées de la Creuse et de la Vienne. Une autre chaîne, partant des environs de Rilly (Indre-et-Loire), se dirige également au S., en longeant la rive gauche de la Vienne jusqu'à Thuré (Vienne). Elle remonte ensuite au N.-0., pour redescendre au S. par Mirebeau, et se prolonger au S.-0., vers la limite du département des Deux- Sèvres. ; Au N. de Mirebeau, la craie micacée forme encore deux collines allongées, parallèles à la précédente ; et vers le bas de la seconde, se montrent successive- ment des marnes sableuses, à points verts, puis des sables verts , et à la hauteur de Chouppes, des grès calcarifères, glauconieux et en plaquettes, semblables à (1) L'analyse d’une de ces roches a donné : Silice soluble dans la potasse caustique. . . . . . 0,793 Résidu insoluble. . . . . . . . . . . . . 0,135 Perte par calcination . . DO No CMP REM:) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 41 ceux du pied S. de la colline de Mirebeau. La coupe du coteau de Dandésigny montre, de bas en haut : 4° Marnes sableuses plus ou moins argileuses avec points verts, grises, vertes ou blanches, et remplies d'Exogyra mirabellensis, Nob. . . . . . . .. een. 1520700 2° Grès calcarifère, glauconieux , en plaquettes, et lits de sable Hiendoe, glauco- nieux. Mêmes Exogyres, des CGériopores, etc. . . . . . . . . . . . So er rer 10, 00 S2MSaDIeATTIEUX ME AUCON EUX SN NN PMR MEN NE EN ET LE 4, 50 D'après M. Briotey (1), le grès vert est formé , à Saint-Jean de Sauve, de quarz hyalin gris etde points verts ; à Dissais, situé plus à l’E., sa texture est grossière ; il est sans fossiles et repose sur les calcaires oolitiques compactes de la rive droite du Clain. À Vandœuvre, les grès ferrugineux avec Exogyra columba recouvrent aussi les calcaires oolitiques moyens ; au-dessus viennent des calcaires blancs, très friables , à grains verts, puis des gres lustrés à cassure conchoïde. A peu de dis- tance, on exploite la craie micacée dans «les galeries très étendues, et l’Ammonites peramplus Sow. y est signalée. La limite S. du grès vert, dans cette partie du département de la Vienne, passe par Varennes, Marigny, Dissais, Prinçay, Ligny et la Roche-Pozay. Au pied N. du coteau de Dandésigny, les calcaires blancs, compactes, oolitiques, sortent de dessous le grès vert pour constituer toute la plaine qu'occupe le bois de Guesne, où ils sont seulement recouverts par un sable superficiel peu épais. [ls continuent jusqu'au-delà d’Angliers; mais avant de passer le ruisseau, ils dis- paraissent sous les couches de la formation crétacée que coupe la route au-delà du pont. Ces dernières, semblables à celles de Dandésigny, sont bientôt sur- montées par la craie micacée, qui se prolonge sans interrupliion jusqu à Loudun. La ville est bâtie sur cet étage, moins élevé qu'à Mirebeau, puisqu'il n'atteint que 125°,65 au pied de la tour, mais sa puissance y est presque aussi considérable ; car non seulement la plaine environnante, bien plus basse que ce point, est occupée par la craie micacée, mais encore les vallées assez profondes qui y sont creusées, telles que celles de Niré Le Dolent , au N.-0., n’atteignent pas le niveau du grès vert. Ce dernier village est dominé au N.-E.par une colline boisée, et en montant la grande rue, on remarque, près d'un cabaret, au-dessus de la craie micacée, un rudiment très bien caractérisé de craie jaune, friable , remplie de polypiers ; plus haut viennent des sables glauconieux tertiaires, une masse puissante de sable blanc et jaune, puis des meulières siliceuses qui couronnent le sommet du monticule. A 1 kilomètre de Loudun , sur la route de Chinon , on trouve encore des traces de craie jaune, dans laquelle une excavation a été pratiquée, et en descendant à la (1) Bull. de la Soc. géol. de France, t. XIV, p. 635. Soc. GÉOL. — 2° Série, T. IL Mém. n. 1. 6 42 ÉTUDES (N. 4, p. 42 Chabotrie on marche sur la craie micacée, qui non seulement ne laisse pas voir le grès vert dans le vallon, mais est encore immédiatement remplacée au-delà du ruisseau par des marnes grises oolitiques plongeant au N.-E. Cette petite vallée est donc le résultat d’une fracture qui a mis en contact el au même niveau la craie micacée et les couches oolitiques (pl. IE, fig. 6). Ces marnes calcaires, blanc grisätre, alternent vers le haut avec des bancs de calcaire marneux de même teinte, puis blanchâtres, qui deviennent plus épais et plus rapprochés à la partie supérieure de l'escarpement. Ces derniers passent bientôt au véritable calcaire blanc oolitique que nous avons suivi depuis les environs de Poitiers, et qui estici caractérisé par les mêmes fossiles. Les marnes paraissentaussi représen- ter, sur une épaisseur de 6 mètres, celles que nous avons signalées dans la même position à la sortie de Migné et au-dessus de Cueillau. La plupart des fossiles suivants, que nous y avons trouvés, ont leurs analogues dans l’'Oxford clay du N. de la France. Scyphia claviformis, Gold. Ammoniles canaliculatus, de Munst., Ziet. ——-— indét. ——-—-— annulaltus anguinus, Schlot. Pentacrinites cingulatus, de Munst., Gold. ——-—-— annularis, Rein., Ziet. Rhodocrinites echinatus, Schlot. ——-—-— Loscombi, Sow.? Terebratula obtusa, Sow.. ——-—-— "00. sp. (ressemblant à l’A. varicosus, ————-— codrctala, id. SOW. ). L Cardium minutum, d’Arch.? ——-—— nov. sp. (très déprimée, voisine de l'A. Belemnites hastatus, de Blain. bicarinatus, Ziet., var. minor.). . ————— id.,var. === nov. sp. Les calcaires blancs oolitiques se continuent ensuite sans interruption par le moulin du Grand Poncay jusqu'à la hauteur de Beuxes, où ils sont masqués par un sable verdâtre probablement de l'époque alluviale. Ils reparaissent peu après, pour être de nouveau recouverts, avant le tournant de la route, par des glaises sa- bleuses grises ou verdâtres, passant à une marne sableuse et glauconieuse avec Exogyra flabellata, E. mirabellensis et E. columba. À partir de la Maison-Blanche , a craie micacée forme une suite de collines qui se rattachent à celles des bords de la Vienne, dirigées du S.-E au N.-0., depuis les hauteurs de Rilly jusqu’au- delà de Saumur. La rangée de collines qui longe immédiatement la rive gauche montre, au-dessus de la craie micacée, exploitée autour de Champigny-sur-Veude, une certaine épaisseur de craie jaune , puis des sables tertiaires surmontés par la meulière lacustre. La colline de Chinon (pl. IT, fig. 6) présente la coupe suivante , en allant de haut en bas : 1° Sable tertiaire glauco-ferrugineux renfermant quelques grès subordonnés. . . . . . 3®50 2 Craie jaune , sableuse, friable, endurcie par place et constituant alors des bancs distincts, peu épais, jaune-brun, à cassure cristalline, ou bien des rognons tuberculeux ou suborbi- culaires et déprimés en forme de pains. Ces rognons, exposés à l'air dans les parties désa- GX 4, p. 45.) SUR LA FORMATION CRÉTAUÉE. 43 grégées, prennent un aspect spongiforme et scoriacé. Comme la pierre de Sainte-Maure, | qu’elle représente ici, la roche, mise bien à découvert dans les fossés à l'E. du château, est composée de débris de coquilles, de polypiers, de sable et de grains de quarz de diverses grosseurs reliés par un ciment de calcaire spathique plus ou moins abondant, et quelques lits assez durs et chargés de points verts alternent avec les bancs jaunâtres et friables. Ces derniers sont très altérés suivant un faux délit qu’explique leur composition arénacée , et ils offrent des sillons plus ou moins profonds et plus ou moins obliques à la stratification normale , toujours indiquée d’ailleurs par quelques bancs plus réguliers. . . . . . 14,00 3° En descendant par la route de Tours qui passe au N. derrière le château, on trouve, sous les couches précédentes, des calcaires plus marneux, blanc-jaunâtre, remplis’ de corps spon- giformes ou même de spongiaires semblables à ceux de Loches, de Saint-Aignan, de Sainte- MauretetcmmdontonatitemeEnci lennivEaUu Er ON EME NS 00 4° Marne blanche friable . . . . c 2 ,00 5° Calcaire blanc, friable, rempli de ete Pare one id E. tante etc. ce banc est le premier que l’on apercoit au-dessus des maisons, sur le côté méridional de la colline, lorsqu'on monte directement de la place au château Se Die: Me le 1 2 OÙ 6° Calcaire glauconieux, sableux, endurci en forme de rognons es nombreux, avec Exogyra turonensis, Cériopores, Cellépores, etc. . . ouaou st NO UT 1° Calcaire blanc-grisâtre, sableux, friable, avec quelques paillettes de mica et (& grains verts ; la roche forme une masse irrégulièrement fendillée. ( Zxogyra turonensis, Nucleo- léescolumbanampolypierstamenx etc) RO 0 550 .. Ces dernières couches forment une sorte dé passage à la craie micacée qui con- stitue la base de la colline, On peut voir la contre-partie de cette coupe en suivant une rue qui débouche à l'entrée de la ville au même point que la route précé- ‘dente, et qui se dirige au N.-0. pour atteindre le sommet de la colline, prolon- gement de celle du château. Le calcaire jaune friable , ou pilé marin, à de 15 à 16 mètres d'épaisseur, et vers le haut du coteau , il est recouvert seulement d’un peu de sable tertiaire glauconieux avec quelques grès subordonnés et des blocs de meulière isolés à la surface du sol. A l'O. de la ville, le long de la rivière, on voit, à partir du niveau du quai jus- qu'à une hauteur de 6 à 7 mètres, la craie micacée en bancs épais, quelquefois fendillée et affectant même un faux délit. Elle est exploitée derrière les maisons qui bordent le quai. Les fossiles y sont rares (Jnoceramus mytiloides, quelques empreintes de Trigonies, Lima Hoperi, etc.). Toute la partie moyenne et supé- rieure des escarpements rocheux, dans lesquels de nombreuses habitations ont été creusées, est formée par la craie jaune, avec quelques silex se fondant dans la pâte. $ VI. Vallées de la Dive, du Thouet et du Layon. La craie micacée que nous avons étudiée autour de Loudun se prolonge au N.-0. jusque sur les bords de la Dive, où les couches inférieures de Ja formation recouvrent les calcaires oolitiques. On en trouve également sur les collines de 44 ÉTUDES (N1,p. 4) Tourtenay , et d'Antoigné à Saint-Jouin-des-Marnes. Suivant M. Cacarié (1) il y a des sables du grès vert qui, quoique peu épais, s'étendent jusqu'aux environs d'Oiron. À l'O. du Thouet, les calcaires oolitiques décrivent plusieurs sinuosités autour des villages de Vaudenlay, de Mesmé, etc., bâtis sur la craie micacée. Celle-ci cache les couches marneuses ou glauconieuses à ostracées ( Ostrea biauriculata, Exogyra columba, E. flabellata ), qui paraissent occuper le fond de ces petites vallées , tandis que les coflines comme celles de Montreuil , de Puy- Notre-Dame et les coteaux des Moulins de Fierbois et de Beauregard à l'O. appar- tiennent à la formation oolitique. Les couches citées par M. Alcide d'Or- bigny (2) à Launay et à Mayé, entre Thouars et Tourtenay, représenteraient le niveau des ostracées et reposeraient sur les bancs oolitiques. Non loin de là, se trouve la craie micacée qui les recouvre. Au S. de Doué, les strates oolitiques disparaissent aussi sous la formation cré- tacée, et au N. sous les faluns tertiaires ou grison. Ces calcaires sont assez impor- tants par la fabrication de chaux hydraulique à laquelle ils donnent lieu. La pre- mière carrière du côté de Doué est celle de la Croix Mordette. On y voit une suc- cession de calcaires marneux, grisâtres, en lits de 0",25 d'épaisseur, séparés par une marne friable de la même couleur. Les parties les plus régulières et les plus continues servent comme pierres d'appareil, et les fragments sont employés à la confection de la chaux hydraulique. Ces couches semblent passer sans in- termédiaire sous le grison de Doué ! p£. IE, fig. 7), pour reparaître à un kilomètre au N.-E. de la ville sur Ja route de Saumur. On y trouve particulièrement une Amimonite voisine de l'A. Strangwaysü, Sow. Ziet. et de l’A. Radians Rein. , . puis la Pholadomya Murchisoni, Sow. Une des carrières de M. Olliviers montre de haut en bas : 4° Fragments enveloppés dans une terre jaune. . . 0" ,50 2° Calcaire en plaques discontinues enveloppées d’une marne jaunâtre . . . . . . . 4 ,50 3° Calcaire marneux, jaunâtre et gris au centre, en lits minces séparés par quelques veines 2 ,00 de marne friable. Autour du four à chaux, les bancs sont plus réguliers vers le haut, leur teinte est plus généralement grisâtre, et ils alternent quatre ou cinq fois avec des lits de marne de la même épaisseur (0,25). À quelques centaines de mètres au S., l’en- trée d’une petite carrière montre à partir de la terre végétale et d'un dépôt de transport composé de silex et de calcaires oolitiques : 1° Calcaire fragmentaire ou en rognons avec un lit de Zerebratula bullata, à la partie in- férieurers a 0 MNT SONNERIE CE 48000 Lits alternants de calcaire marneux jaunâtre de 0",25 d'épaisseur et de marnes jaunes. . 1 ,50 (1) Descrip. géol. du départ. des Deux-Sèvres, p. 53. (2) Bull. de la Soc. géol., t. XII, p. 351. (N:1, p.85.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 45 3o Calcaire marneux jaune et marnes subschistoïdes . . . . . . . . nAE20 L° Bancs calcaires mieux suivis que les précédents et exploités pour pierres nel 200 En redescendant vers Mesmé, le prolongement de ces couches renferme une grande quantité de Terebratula senticosa. Les fossiles suivants , que nous avons recueillis sur les divers points de ce plateau, font voir que les roches qui le com- posent appartiennent au groupe inférieur de la formation oolitique et non à la partie supérieure du lias, comme le pense M. Le Chätelier (1). Cidarites ? (nov. sp.) Terebratula bullata, Sow. Pholadomya Murchisoni, Sow. — ———-— id., variété elongata. Unio abductus, Phil. —-—-— biplicata, SoOw. —-— liasinus, Schubl., Ziet., non SoW. ___ _—-—-— ornithocephala, id. Amphidesma recurvum, Phil. ——— obovata, id. Perna aviculoides, Gervillia id., Sow., Ziet. —_—-— jintermedia ? Ziet. Cucullæa Munsteri, Ziet. —-—— vulgaris, Schlot. in Pusch (1). —— — — espèce voisine de la C.longirostris,Roem. Cérrus carinatus, Sow., an. depressus, Phil. Lucina, voisine de la L. substriata, Roem., var. Trochus où Pleurotomaria. renflée. ———— Nautilus obesus, Sow. Cardium. : Belemnites Blainvillei Voltz (B. acutus de Blain- Ostrea sandalina ? Gold. ville, canaliculatus, Schlot.). Arca (indét.). Ammonites Strangwaysii, Sow., an radians. Rein... Terebratula senticosa, de Buch. in Leth. geog. de Bronn., pl. XX , fig. 5. (1) Cette coquille ne diffère en effet des variétés arrondies du Muschelkalk que par son crochet moins saillant et son deltidium moins élevé. La ville de Doué est bâtie sur le falun tertiaire faiblement agglutiné et don- nant une pierre sableuse, friable, connue sous le nom de grison. Elle est composée de débris de coquilles, de polypiers et de grains de sable plus ou moins gros. Son épaisseur sur quelques points dépasse 15 mêtres. À Ja base, est une couche de glaise qui retient les eaux des puits de Doué , de Soulangé, de La Chapelle et de Douces. Une partie des habitations de ces communes sont creusées dans la pierre dont la stratification présente souvent des délits obliques dans divers sens. Nous avons admis dans la coupe (pl. IT, fig. 7) que le falun reposait à la fois sur les calcaires oolitiques et sur le grès vert; mais à cet égard nous n’avons aucune certitude, et il serait possible que les glaises aquifères appartinssent partout au grès vert. MM. Le Châtelier et Cacarié ont fait remarquer avec raison que, dans la partie N.-E. du département des Deux-Sèvres et dans celle du département de Maine- et-Loire qui nous occupe, les couches aolitiques avaient été fortement dénudées (1) Statistique du département de Maine-et-Loire, p. 172. M. Wolski paraît aussi partager cette opinion (a). D’après M. Fourier, ces calcaires hydrauliques renferment : carbonate de chaux 84, ar- gile 16; et les deux établissements de Doué et de Brossay fourniraient annuellement 400,000 hect. de chaux hydraulique employée dans les départements voisins. (a) Mémoire sur le gisement du bassin anthrazifère de Maine-el-Loire , p. 20. 46 ÉTUDES CN, p. 46.) avant les dépôts crétacés, lesquels s'étaient ensuite formés dans les dépressions produites par ce phénomène. M. Wolski mentionne les couches crayeuses des environs de Martigné-Briant, recouvrant sans intermédiaire les schistes méta- morphiques désagrégés, puis au S. et au N., les couches anthraxifères qui au- raient été atteintes dans des puits à une profondeur de 9 mètres seulement. Entre Saint-Georges-Châtelaison et Méa, un lambeau crétacé recouvre également le bord S. du bassin anthraxifère. Au N.-0. de Doué, la craie micacée succède au terrain ancien près de Saint- Aubin-des-Alleudes, et repose sur les couches à ostracées qui s'étendent sous les communes de Noyant, d'Ambillon, de la Grézille, etc. Ces dernières sont peu solides, d’un blanc gris, très marneuses et mélangées de grains verts. Elles cons- tituent par place un calcaire glauconieux et sableux assez dur, mais à structure très irrégulière, noduleuse ou bréchoïde. Le grès vert proprement dit est rare- ment à nu et paraît être peu développé. Cest un grès jaunâtre , mêlé de points verts,assez dur et renfermant quelques Exogyra columba var. minor. Au-dessus de la couche à ostracées, lorsque la craie micacée vient à manquer , on trouve, sur le territoire de ces diverses communes , des faluns au milieu desquels l’Ostrea biauriculata et les Exogyres de la craie sont recouvertes de polypiers et d’annélides tertiaires. La butte de Louresse n’en présente point ; elle est formée des couches à ostracées et de marnes au sommet. À Fosse et à Asnières, on exploite les grès grossiers de cet étage. Dans les collines situées plus à l'E. la craie micacée recouvre de nouveau ces mêmes couches, et elle occupe une partie des plateaux entre Doué et Saumur. Ainsi, près de Cizay,elle surmonte le banc avec Ostrea biauriculata et Exo- gyra columba , et au village même on voit affleurer les sables verts. Nous avons trouvé les fossiles suivants dans les grès calcarifères et les calcaires glauconieux et sableux que caractérisent particulièrement les ostracées. Arcopagia numismalis, d’Orb. Exogyra flabellata. Gold. Cyprina intermedia, id. ———— columba, id. Cardium productum, Murch. Terebratula depressa, Sow. Arca tailburgensis, d'Orb. (Cucullæa , id., Nob.). ————-— Menar di, Lam. —— fibrosa , Sow. ————— biplicala, var. minor, Sow. Trigonia sinuata, Park. (T. affinis, Sow.). Strombus inornatus, d'Orb. Ostrea biauriculata, Lam. Nautilus Fleuriausianus, id. Ici se terminent les détails que nous nous proposions de donner, dans ce pre- mier chapitre, sur les couches crétacées du versant N. du plateau central ; versant d’ailleurs très peu incliné, car sa pente générale au S. dans le département d’Indre-et-Loire , à partir des affleurements du grès vert, ne serait que de 45 mètres, suivant M. Dujardin , soit en prenant le niveau des cours d’eau, soit en prenant celui des plateaux. CN. 1, p.47.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 47 CHAPITRE II. $ I. Vallée de la Loire. L'examen de la vallée de la Loire, en suivant, de l'E. à l'O., le cours même de la rivière, non seulement complétera l’étude du versant dont nous venons de nous occuper, mais encore en sera pour ainsi dire le résumé, puisqu’en marchant dans cetie direction , on coupe toutes les couches presque perpendiculairement à leur inclinaison naturelle. Jusqu'à présent, en descendant les vallées dirigées en général S.-E. N.-0., depuis les premiers affleurements de la formation, nous avons suivi le développement et le recouvrement des couches de bas en haut, ou des plus anciennes aux plus récentes ; mais les vallées qui nous restent à étudier étant dirigées de l'E.-N.-E. à l'O.-S.-0. ou du N.-E. au S.-0., inversement au plongement des couches, nous décrirons les vallées de la Loire et du Loir en commençant à l'E. ou par les strates les plus récents. C'est cette dis- position qui nous a engagé à traiter de la vallée de la Loire plutôt dans ce cha- pitre que dans le précédent, auquel elle se rattachait par d’autres considérations. À la sortie de Blois et en longeant, au S.-0., la tranchée du chemin de fer, on trouve la partie moyenne et supérieure du coteau formée d’argile sableuse, panachée, de sable argileux, ferrugineux, brun ou jaune, et de poudingues avec de gros silex enveloppés dans une marne argileuse grise ou verte. La stratification de ces divers dépôts est très irrégulière, ondulée et contournée, disposition qui paraît résulter des inégalités de la surface de la craie sous-jacente. Ces roches ont d’ailleurs les caractères variés qu'on observe dans d’autres parties dé la Touraine : seulement , on ne voit pas ici, au contact des deux terrains, la couche de sable vert si constante sur d’autres points. La craie qui vient dessous est d’un blanc gris, à cassure mate et terreuse, pénétrée d’une grande quantité de silice, soit sous forme de silex gris, smalloïdes, en rognons et ressemblant à certains quarz résinites d'origine lacustre, soit se fondant dans la pâte calcaire. Ces silex constituent près du tiers de la masse, dont la structure est bréchoïde et fendillée. Il y a par place des lits très minces de marne argileuse parfaitement horizontaux ou bien ondulés et infléchis, sur- tout près du talus. Ces couches se prolongent par le hameau de la Vicomté jusqu’à la Guillar- dière. Entre ces deux localités, les silex de la craie deviennent gris-brun et se rapprochent des silex cornés, ou bien gris-blanchâtre et légèrement teintés de vert, ou encore d’un jaune plus ou moins vif au centre , jaspoïdes, parfaitement compactes , homogènes, et à cassure largement conchoïde. La craie qui les enveloppe, plus ou moins endurcie et pénétrée de silice, passe aussi au com- pacte. Elle est surmontée, comme précédemment, par les poudingues incohérents, 48 ÉTUDES (N- 1, p.48.) les sables argileux gris à gros grains de quarz et les argiles sableuses qui cessent avec les escarpements à environ 1 kilomètre de Chouzy. Les coteaux boisés de la rive gauche du fleuve sont composés de même. A Chaumont, on trouve une craie tendre ou plus ou moins endurcie et d’un gris blanc, renfermant quelquefois plus de la moitié de sa masse de silex gris, bruns, blanchâtres ou teintés de vert. Comme aux environs de Blois, beaucoup de ces rognons offrent dans leur cassure de petites bandes ou lames siliceuses brunes, de 3 à 4 millimètres d'épaisseur, droites et se coupant sous divers angles. Elles sont régulièrement ponctuées des deux côtés, et paraissent dues à des polypiers du genre Guettardia, Mich. Dans d’autres , on trouve, vers le mi- lieu , des parties siliceuses qui se distinguent très bien de la pâte compacte du silex enveloppant. Leur texture est grenue, leur teinte toujours rose, et la cas- sure transverse permet d'y reconnaître l’organisation de spongiaires du genre Syphonia. Sous le château et dans l’escarpement qui borde la rivière au-delà du village, la masse crayeuse n’a pas moins de 30 mètres d'épaisseur, et elle est extrêmement fendillée dans tous les sens. Quoique nous distinguions, avec MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont , cette première assise crayeuse des bords de la Loire, de la craie blanche proprement dite, nous la réunissons cependant au premier groupe, dont elle forme ainsi la partie inférieure, ses divers caractères nécessitant sa séparation de la craie jaune de Touraine. La superposition de ces deux étages se trouve vers la limite des dé- partements de Loir-et-Cher et d’Indre-et Loire , un peu au-dessous de Mosne et de Cangey, et suivant une ligne dirigée à peu près N.-0. S.-E. Plus à l'O., la craie jaune se montre seule pour former les collines de Chargé à Amboise. Le faubourg d'Amboise, qui remonte au E.-E. le long du château, offre un escarpement à pic où sont creusées de nombreuses habitations. Il est composé de calcaires mal stratifiés, jaunâtres, friables, avec des parties endurcies, noduleuses ou tuberculeuses. Plusieurs de ces tubercules paraissent dus à des spongiaires. Les silex sont blonds ou gris ; les fossiles rares ou difficilement reconnaissables. La puissance de ces calcaires est de 23 à 25 mètres. Plus haut, en prenant un chemin qui tourne à gauche, et aboutit à l’une des grilles du château , on re- marque des silex bruns, gris jaunâtre, blanchâtres, jaspoïdes se fondant dans la masse. Les rognons sont souvent ramifiés ou digités et tres volumineux. A ceux- ci, succèdent des plaques de 0",10 à 0",15 d'épaisseur, qui se montrent à divers niveaux et se fondent dans la masse comme les rognons. Dans les endroits où Ja silice n’était pas assez abondante , elle a seulement donné lieu à des rognons ou à des plaques de grès calcarifères. Les petits polypiers, les Echinides et l’Exogyra turonensis se montrent aussi dans les couches supérieures avec l’Exogyra columba et la Trigonia scabra, à peu près au niveau de la terrasse du château. Au-dessus, vient encore un calcaire jaune, friable, sans silex, entièrement composé de débris de Cériopores, de Cellépores , d’Eschares, de Serpula filosa, de Vénus ou Cythérées, , (N- 1, p. 49. SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 49 de Trigonia scabra et d'Exogyra turonensis, faiblement agglutinés par un ciment spathique. Le plateau est recouvert par une sorte de terre grise, assez profonde, qui a servi à élever le tumulusappelé la Motte. En s'avançant versl'E., on trouve au- dessous un dépôt blanchâtre dépendant du poudingue tertiaire. Celui-ci devient rouge ou jaune , et renferme des fragments de craie, de spongiaires et de silex. Sur quelques points, on observe, entre la terre végétale et ce dépôt, une glaise grise ou brune avec des silex noirs, blancs ou jaunes, parfaitement arrondis. Ce petit lit, de 2 à 3 décimètres seulement d'épaisseur, et bien distinct du poudingue sous-jacent, est sans doute le résultat d’un phénomène postérieur très différent. En général , ces plateaux des bords de la Loire présentent souvent deux sortes de cailloux, les uns peu roulés, dont les arêtes simplement émoussées prouvent qu'ils résultent de la désagrégation sur place des poudingues ; les autres, tout-à-fait arrondis , ont été amenés de loin et mêlés aux précédents lors du dernier cata- clysme. Au bord du plateau, à la Maloigné, le long de la route de Montrichard , le poudingue silicéo-marneux atteint une épaisseur de 20 à 22 mètres, et des caves y sont creusées comme dans la craie. Il recouvre celle-ci, qui est jaune, friable et renferme des Exogyra columba ; à la jonction, se trouvent quelques lits de sable jaunâtre ou glauconieux et des veinules de glaise brune ou verte. Sur un coteau peu élevé, situé de l’autre côté du ruisseau, au lieu dit la Blan- dellerie, on atteint une craie blanc-grisâtre, avec quelques silex ; plus à l'O. en descendant la rue de Bléré, on voit, à partir du poudingue incohérent, une craie blanc-grisâtre, micacée, avec silex noirs très nombreux, et dans laquelle des caves et des habitations ont été creusées. Vers le bas de la rue, dans une des dernières excavations, on reconnaît la craie micacée, d’un gris légèrement teinté de vert, sans silex, qui sort de dessous la précédente pour continuer proba- blement jusqu'au niveau de la Loire. Si l’on compare ces deux collines opposées, séparées par la petite rivière de lAmasse , l’une à l'E. surmontée par le château , l’autre à l'O. et en partie re- couverte de maisons et de jardins, on les trouvera très différentes dans leur com- position. La colline du château est formée par la craie jaune, celle de l'O. par une craie blanchâtre, avec silex noirs et reposant sur des bancs identiques avec la craie micacée. Il est donc probable que la rivière de l'Amasse coule ici dans une fracture qui, sur sa rive gauche, aura relevé l’étage de la craie micacée. La grande dénudation qui a si profondément raviné le sol crayeux aura entraîné la craie jaune, plus élevée alors sur ce point, et qui par cela seul présentait aux courants un obstacle plus prononcé. Cette opinion se trouve confirmée en suivant à l'O. le pied de la colline le long de la Loire. On trouve en effet, à une demi-lieue de la ville, une carrière ouverte dans une craie blanche sans silex, et dont l'épaisseur est d'environ 15 mètres. SOG. GÉOL. — 9° SÉRIE. T. II. Mém, n. 1. 7 50 ÉTUDES CN: 1, p- 50.) Plus bas, la même roche renferme des silex gris sur une hauteur de 5à 6 mètres ; puis , au niveau de la route, sont des lits nombreux de silex noirs en rognons. Ces assises, qui sont certainement les mêmes que celles de la colline occidentale d’'Amboise, s’abaissent ensuite vers l’O., et à une distance d'environ 900 mètres on arrive aux immenses carrières de Lussault, ouvertes entièrement dans la craie jaune. On peut donc admettre que le soulèvement s’est fait sentir dans toute l'étendue occupée par la craie micacée avec ou sans silex ; qu'il a eu pour ré- sultat de l'élever presque à la hauteur de [a craie jaune du chäteau d’Amboise, et que les phénomènes aqueux, qui, plus tard , ont sillonné les plateaux, ont nivelé cette surface en enlevant la craie jaune dans l'intervalle. Le front des carrières de Lussault, ouvertes sur le bord de la route et faisant face à la rivière, n’a pas moins de 550 à 600 mètres de longueur. Les bancs in- férieurs, élevés de 10 à 12 mètres au-dessus de la Loire, sont des calcaires jau- nâtres, sableux, remplis de tubercules ramifiés, spongiformes, semblables à ceux de Loches, de Chinon, d'Amboise, etc. Au-dessus, vient une série de cal- caires jaunes ou gris-verdâtres, sableux , glauconieux, durs, solides avec de petits polypiers, Exogyra columba, etc. Leur épaisseur totale est de 16 à 18 mètres, et la stratification en est extrêmement régulière. Vers le ciel de la carrière, se montre un second banc de spongiaires parallèle au premier, et aussi continu. Près de l'extrémité occidentale de cette grande falaise arüficielle, etdans un en- droit où l'exploitation a été poussée plus bas, nous avons pu reconnaître, sous le banc inférieur de spongiaires, un calcaire gris-blanc, glauconieux, micacé, sans silex, qui représente la partie supérieure dela colline occidentale d'Amboïise, et qui confirme, avec l’inclinaison à l'O., l'existence de la faille que nous avons signalée. La craie jaune continue à former lé coteau à gauche de la route; et à l'entrée de Montlouis , la craie grise micacée avec points verts et silex noirs, en cordons très réguliers, se relève au pied de l’escarpement. Les collines s’éloignent ensuite au S., et leur composition, comme nous le verrons bientôt, nous montrera con- stamment la craie jaune sur leurs pentes les plus basses ; car la craie micacée et ses variétés avec silex noirs ne s’observent plus au-dessous que vers la limite occidentale du département. Si nous revenons maintenant jeter un coup d'œil sur la rive droite de la Loire en face d'Amboise, les deux pentes de la vallée de la Ramberge autour de Pocé et de Saint-Ouen nous montreront exclusivement la craie de Touraine surmontée des poudingues incohérents:; mais au hameau de l’Érable , situé sur le plateau , le sol est formé par la craie de Blois, qui a été traversée dans le creusement d’un puits au fond duquel on à atteint la craie jaune. Cette craie, d’un gris blanc, avec silex gris, ramifiés, trèsnombreux, se retrouve également vers le fond de la vallée près du pont de la Lardrerie ou de Bel-Air. De là jusqu’à Autrèche, le poudingue recouvre les pentes, et la craie n’affleure plus. En descendant, vers Tours, la rive droite de la Loire, on suit, par les villages CN. 4, p. 51) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 51 de Nazelles, Noizay et Vouvray , des escarpements de la craie jaune caractérisés comme ci-dessus. Les coteaux de Rochecorbon , de Saint-Georges, de Marmou- tiers et de Sainte-Radegonde en sont également formés. La roche est friable ou endurcie par place, et renferme de gros rognons aplatis de silex brun-jaune. . Les fossiles y sont assez nombreux, particulièrement sous l’ancienne tour du couvent. Ce sont : le Spondylus truncatus, la Terebratula alata, YExogyra columba , la Trigonia scabra, la Cucullæa ligeriensis, la Panopæa plicata , une Ammoniies, etc. Entre Sainte-Radegonde et Marmoutiers, la puissance du premier étage est de 24 à 25 mètres: sa structure est peu régulière, et de grandes fissures donnent à la masse un aspect fragmentaire ; au-dessus, règne le poudingue tertiaire argilo- siliceux, avec des marnes blanches et grises. La grande tranchée en face du pont de Tours ayant été recoupée à sa base en 1843 et 1844, pour établir un rang de maisons de chaque côté de la route, nous avons pu reconnaître facilement la composition de cette colline, dans toute sa hauteur et telle que la représente la fig. 7, pl. IL. Au bas de la rampe, contre la barrière, est une craie jaune, tendre, avec des veines irrégulières ou des nids de sable vert, quelquefois de glaise ou d'argile plastique, et des rognons endurcis de calcaire entourés d’un enduit mince de sable vert. Parmi les amas de sable glauconieux ainsi enveloppés dans la craie, on en remarque dans lesquels un sable d’une teinte verte plus foncée forme des taches rondes ou allongées. Il y a aussi dans ce sable des fentes remplies par une sorte de. brèche argilo-calcaire. Enfin des veinules de sable, ondulées, plus ou moins obliques, semblent rattacher ces amas à la petite couche glauconieuse toujours placée entre la craie etle pou- dingue tertiaire. Nous avons particulièrement observé ces détails à droite de la route; mais à gauche et en face on voit, sur le premier banc, une craie jaune friable , à stratification irrégulière, souvent noduleuse et grise vers le haut. L’é- paisseur totale de ces deux bancs varie de 8 à 9 mètres. Le second est celui dans lequel abondent particulièrement les fossiles tels que le Spondylus truncatus, la Terebratula alata , V Arca ligeriensis, des Saleniaet une multitude de petits po- lypiers branchus ou à réseau. Une craie grisâtre, micacée, rappelant les caractères de la pierre de Bouré, recouvre le banc précédent. Sa surface, très irrégulière et présentant de nombreuses cavités, est exactement marquée par un filet de sable vert qui en suit tous les contours. Ces couches crayeuses sont surmontées d’une marne grise ou blanche, très argileuse , empâtant une énorme quantité de silex gris , tuberculeux, rameux et diversiformes. À ce premier dépôt tertiaire de 1 mètre à 1,50 d’épaisseur, suc- cèdent des marnes lacustres très siliceuses, blanchâtres, qui passent plus haut à des marnes jaunes, sableuses, friables, sans stratification prononcée, et que recouvrent des calcaires siliceux blancs et de véritables meulières, le tout sur une épaisseur d'environ 20 mètres. À peu de distance de la barrière d'Angers , on voit encore, dans des escarpe- 52 ÉTUDES (. , p. 32.) ments mis à découvert depuis peu, la position relative de la craie et da dépôt de cailloux. La craie constitue de grandes masses peu régulières, blanches, et d’une dureté très inégale. Les fentes sont souvent remplies d'argile verte ou de sable, et les fossiles sont très nombreux. Encontinuant à s'avancer vers Saint-Cyr, la for- mation crétacée, qui, entre Saint-Georges et Rochecorbon, atteignait 50 à 55 mè- tres d'épaisseur au-dessus de la rivière et n’était recouverte que par le dépôt de cailloux , ne tarde pas à disparaître, et les coteaux sont entièrement formés par les dépôts d'eau douce. Ainsi, dans cet espace de moins d’une lieue,on reconnaît: 1° que les sédiments tertiaires ont commencé par une coucbe de sable vert dont l'épaisseur varie de 1 à3 mètres, et qui s’est modelée sur les accidents nombreux de la surface crayeuse ; 2° qu’ensuite se sont déposés les cailloux provenant de la destruction de la craie, sur des points peu éloignés, el empâtés dans une glaise un peu marneuse, grise ou blanche, résidu des calcaires marneux dissous ; 3° enfin que des dépôts de marnes , de calcaires et de silex d’eau douce se sont formés dans une dépression du sol qui, à l'O. de Saint-Cyr, avait au moins 50 à 55 mètres de profondeur , tandis qu’elle ne s’étendait pas jusqu’au plateau crayeux de Rochecorbon, élevé de la même quantité au-dessus du niveau actuel de la Loire. Le forage des puits artésiens de Tours et des environs nous permet de suivre au-dessous de cette ville les caractères et la disposition des couches de la for- mation crétacée. Nous prendrons comme exemple le puits de M. Champoiseau, dans la ville même , et celui de M. le comte de Richemont, à Cangé, village situé à une lieue au S.; tous deux ont été exécutés par M. Mulot, et paraissent avoir donné des résultats satisfaisants. Le premier a été poussé jusqu’à 212 mètres au- dessous du sol, et a traversé : 1°, 1{ mètres de déblais et d'alluvions modernes ; 2, 14 mètres de craie jaune avec silex, et de craies diverses; 3°, 47 mètres de craie bleue ; #, 19 mètres de marnes dures, blanchâtres ou brunes ; 5°, 4 mètres de marnes vertes coquillières ; 6°, 102 mètres comprenant 41 alternances de sable micacé, de sable vert, de grès verts et d’argiles sableuses brunes, jaunes ou vertes; 7° enfin, 15 mètres de marnes dures, blanches et grises. — Le puits de Cangé, foré au pied du coteau , a été poussé jusqu'à 178 mètres et a traversé : 1°, 5",50 de dépôts modernes et de cailloux roulés; 2, 4 mètres de craie sableuse ; 3°, 3 mètres de craie blanche; 4°, 14 mètres de craie grise à silex ; 5°, 26 mètres de craie blanche à silex; 6°, 7",80 de craie grise; 7°, 115 mètres comprenant 30 alternances de craie verte, de sable, de grès en plaquettes, de marnes ver- dâtres et d'argile sableuse brune ou verte; 8, des marnes blanches et grises très argileuses. En comparant ces deux forages entre eux et avec ce que nous connaissons à la surface du sol, nous voyons qu’au-dessous des dépôts modernes, le puits de Tours a traversé 14 mètres appartenant à l'étage de la craie jaune, 47 à la craie mica- cée, qui est bleuâtre lorsqu'on l'extrait et qu’elle est humide, 19 mètres de marnes SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 53 dures et 4 de marnes coquillières qui appartiennent au 3° étage du second groupe, et représentent les bancs à ostracées ainsi que Îles diverses roches qui les accom- pagnent. Les 102 mètres qui viennent ensuite dépendent du groupe du grès vert, dans lequel nous n'avons point établi de subdivision au S. de la Loire, et les 15 mètres de marnes grises et blanches rencontrées au-dessous nous parais- sent appartenir à la formation oolitique. Le puits de Cangé est descendu jusqu’à ces mêmes marnes, auxquelles il s’est arrêté, et n’a pas eu de craie jaune à tra- verser, excepté les n° 2 et 3, qui en sont probablement la partie inférieure, parce qu’elle se relève un peu en cet endroit ; les n° 4, 5 et 6 appartiennent à la craie micacée, et Les 115 mètres restant comprennent les couches à ostracées et toute la série des alternances du grès vert (1). En reprenant l'examen des assises crayeuses sur la rive gauche du Cher au S. de Tours, nous rappellerons d'abord que,de Montbazon à la descente deGrammont, on marche constamment sur le calcaire lacustre recouvert d’un dépôt de trans- port mal caractérisé, sableux, grisâtre ou jaunâtre. Dans la tranchée de la nou- velle rampe de Grammont, on observe, sous ce même calcaire, des marnes blan- ches, grises ou vertes, empâtant des silex de la craie. Leur épaisseur est d'environ 5 mètres, puis viennent, au-dessous, un banc de craie avec silex et une craie jaune, tendre, remplie de fossiles, particulièrement des genres Spondyle et Peigne, asso- ciés à de nombreux polypiers. Cette assisese continue à l'E. le long du chemin de Saint-Avertin, où elle forme, sur une hauteur de 9 à 10 mètres, la partie inférieure de l’escarpement. Si l’on compare maintenant cette coupe à celle de la tranchée de Tours, située précisément ea face sur la rive droite de la Loire, on “remarquera la correspondance exacte des couches des deux côtés de la vallée, telle qu’elle est indiquée pl. HE, fig. 5. Les coteaux qui longent à l'O. la rive gauche du Cher, séparé seulement de la (N°1, p. 55.) (1) Nous avons choisi comme exemples les deux forages précédents, parce qu’ils étaient les plus pro- fonds et nous permettaient par conséquent les déductions les plus complètes ; mais pour mieux faire connaître les variations que présentent les principaux étages, même à de très petites distances, nous réunirons ici les coupes obtenues dans les autres sondages, exécutés soit dans la ville même, soit aux environs. Pour les uns nous donnerons tous les détails indiqués dans le recueil de M. Degousée, pour les autres un simple résumé disposé suivant les divisions que nous avons établies. I. FORAGE DE LA PLACE SAINT-GRATIEN , À TOURS. 4. Remblais et cailloux roulés de la vallée. 107,37 — Plage dela loire Om RC Aer ÉTAGE. rai 5 ï 5 Crto aune de 2. Craie semblable à celle CES CENTS « à à SMOME À OC 3 ,25 ‘Touraine, SMarnelcalcairepjaunatre CC 4 ,00 EE L. Craie compacte, dure, avec débris de coquilles. . . . . 4 ,40 e . . . 2° GROUPE. 2° àr 5. Grand banc de craie avec rognons de silex, mica, quelques po- Craie tufau PADÈGE, à : 1 à 76.80 > craenuciees, lypiers. Partie supérieure jaunâtre, pyrites dans la partie ? DES moyenne, craie blanchâtre vers le bas. . . . . . . . 66 ,95 5e ÉTAGE. 6. Craie à grains verts avec débris de coquilles, Exogyres, Hui- Bancs à ostra- cées, 4m,20. (HES TLC CE A M CO Ar Te L ,20 54 ÉTUDES CN. 1, p. 54.) Loire par des prairies basses et souvent inondées dans les grandes crues, montrent à Pont-Cher la craie jaune, qui descend jusqu’à leur pied. Au-delà du village, elle ne tarde pas à être recouverte, comme précédemment, par le poudingue incohérent, puis par des marnes et des calcaires lacustres qui occupent ensuite toute la hau- teur de la colline. Sous le château des Touches, la craie jaune reparaît et constitue, à partir de ce point jusqu'au-delà de Villandry, la partie moyenne et inférieure des talus. C’est toujours un calcaire blanc-jaunâtre, friable, avec parties endurcies, cristallines , grises ou jaunes, rempli de polypiers , d'Exogyra columba, de Trigo- 3° GROUPE. Grès vert, 40,20. 2° GROUPE. Craie tufau, 80,28. 4er ETAGE. Craie june, 3m,50 2e ÉTAGE. Craie micacée, 74,25. 5e ETAGE. \ Bancs à ostra- cées, 22,75. lu | g NO pa li. 5. LORS MES 0 600 © © 6 © 0 6 © © © . Marne argileuse. . . . A ES ec . Grès calcaire ‘a nappe ascendante), . Sable siliceux. Can CMS . Grès calcaire. . Sable vert. . : b Étbo à 5 © 6 & 6 » © . Sable argileux compacte. . , . Grès calcaire à grains verts. . Sable argileux micacé. RE . Marnes grises avec polypiers. . . . : . . . Sable grossier. . . Grès calcaire siliceux. à Sable calcaire mêlé de grains ses et de sr de quarz 2 . Grès calcaire très dur. . Sable vert. . Marnes ae. avec débris Fe nues. - Ces NE à © à à 0 0» o oc . Marne lee . Grès calcaire coquillier. . . Sable argileux micacé. : . Marne coquillière et gros sable. . Grès calcaire à grains verts. 2° Nappe ascendante. . Argile noirâtre mêlée de grains de quarz et de coquilles. S'ÉRSS SOUS GPA To ES DE . Sable vert. . 3e Nappe ascendante et jaillissante. . Grès vert très dur. . . . Total. . II. FORAGE DE LA TOUR CHARLEMAGNE. . Remblais et alluvions de la Loire. . Tufau semblable à celui des bords de la Loire. . Craie marneuse blanche et bleue, avec silex en rognons ou en plaques , et plaquettes de calcaire marneux compacte. Craie marneuse grise. + + + . .. + + + Marne verte sableuse, coquillière . . «+ « + + - :93 ,6 ,65 66 ,29 92 :99 ,10 ,76 Ab) ,29 28 97 ,08 ,22 10 ,89 ,66 ,66 :33 90 .66 70 DNS ORBRSOOSWONSS0W%oe eee 7 ,50 3 ,99 4 ,60 62 ,28 14 ,97 2 ,73 CN. 4, p. 55.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 55 ma scabra, d’Ammonites rhotomagensis, et ressemblant souvent à la pierre de Sainte-Maure, de Chinon , d’Amboise, etc. Dans les caves-gouttières de Savonnière, remarquables par les stalactites qui s’y forment journellement , la couche la plus basse, de même que tout le long du parc, est une craie blanc-jaunûtre, tendre , assez homogène, sans fossiles, de 2 mètres d'épaisseur, et dans laquelle ont été creusées de temps immémorial de GMCTÉSAVER TER Ne AN ME TN UC EN 0 7. Argile verte COMpacte.. .. … TE nt 8. Sable et grès vert alternant (eau een dante) OVATBILE VOTE... CCE OUeC Re 10. Sable vert aquifère et He vert GHLERTAN ER D HR SADIe are le EE ce ele LL. 3 GROUPE. 19, ÉNEUNES ces o1rat toto SOON Grès vert, 69,75. 13. Sable gris. . . . D AGE CNE RE 14. Sable gris et plaqueltes Le ÉD Loue FPS Er HS MORSICAICAILE A TC NC D ce. 16. Sable gris mêlé de plaquettes, . . . SE < 17. Sables verts, grès verts et argiles alternant (eux jaillissante | dans les sables). Total. III. FORAGE DU FAUBOURG LARICHE. Remblais, alluvions et cailloux roulés (l’étiage à 5m). . , . 4. 2. Marnecalcaire blanche,et bancs caleaires de différentes épaisseurs. Silex disséminés, ou réunis par lits . . . . : FE nes 3. Marnes bleues avec rognons de silex. LE 8 9° GROUPE, £8m,49 L. Marnes et bancs calcaires. Lits de silex en rognons. . . 90,55. Es 5, Marnes avec silex en rognons et pyrites. pare 0 a 4 6. Trois petits bancs de grès verts avec coquilles et deux couches \ cées. | JONMANeSMENES NE NC TN ne 7. Argile compacte verte. . . + . . e 8. Grès verts assez tendres et alternant avec: “des Ge et des sables-verts (eau jaillissante).. + + 2 + DPALSIleIbIeUC He OMS EAST Ie EE UT SR CAN 3° GROUPE, 30,20. 10. Grès vertdur. . . . FANS Loire E Sables verts et plaqueties de grès verts de jailissante). . Pc) EE EE © D GT SÉVOE LE SU a eue ee ele à Sable vert d’où s'élève la le source outre ne OLA ee LE IV. FORAGE DE LA CASERNE DE CAVALERIE, Remblais’et alluvions de laLoirest 1 . + . + . + . . [ex diverses de craie avec silex alternant onze fois, et formant EE CEE Fe MONET OC Craie marneuse à grains verts (bancs des ostracées, 3° étage). . 23 alternances d’argiles sableuses vertes, de sable vert et de grès 2° GROUPE, 75m,33. 3° GROUPE , 467,27, VON RS SE Me se leo: = de TUE one 1"° nappe ascendante à 83",16 ; 2° nappe ascendante et jaillissante à 108,85 ; 3° nappe jaillissante à 128 mètres. 0 l 8 tn 2 4 L £ 3 0 3 33 ,18 »74 ,92 98 00 :82 398 ,11 89 ,89 DU >00 161,66 s°,74 17 11 38 20 67 ,26 97 ,29 ,06 ,00 6”,82 66 8 46 ,62 ,61 01 128°,32 56 2 GROUPE, 8/1m:0/4. 3° GROUPE, 047,18. | 3° GROUPE , 91,m07. 2° GROUPE, 8/Ims99e 8° GROUPE, {HAm,70. 2° GROUPE , 88,11. 3° GROUPE, 72,06. ÉTUDES (N-1, p. 56.) nombreux souterrains. Ceux-ci paraissent s'étendre sous tout ce côté de la colline, mais la plupart d’entre eux ont été bouchés ou interceptés par des ébou- lements. Dans quelques parties des anciennes carrières de Savonnière où se forment les stalactites , des effondrements de ce genre ont produit de véritables cavernes qui permettent de reconnaître, au-dessus de la couche exploitée, une craie glauconieuse, tendre, avec de très grandes Trigonies, puis une craie jaunâtre, avec Peignes, Inocérames et Térébratules, et enfin, formant la voûte de l’excava- tion, la couche à Spondylus truncatus et S. Duplicatus, Pecten quinquecostatus, Lima Dujardini, Ammonites polyopsis, etc., fossiles que nous avons signalés toujours au V. FORAGE DE LA CASERNE D'INFANTERIE. Remblais et alluvions de la Loire. . . . . . 8°,77 Craie jaune (1 étage) ae 19 ,9/% Craie micacée (2° étage ). . . . . . 2 68 ,95 Marnes argileuses vertes, niveau des nues (3° Gen) Die 2 ,65 Alternances degrès et de sables verts, d’argiles noires ou verdûtres; DONNE os © 600 8 à ln © à 6 Do 9 0 54 .18 Total. . 117509 VI. FORAGE DE L’ABATTOIR. Remblais et alluvions.. + . . 117,66 Craie micacée purement calcaire vers le ani, oi à marneuse , et 2° GROUPE , 101»,99. gris-bleuâtre ou verdâtre ; silex et fossiles Mere (2° étage). 99 ,66 Craie glauconieuse et fossiles, banc des ostracées (3° étage). 4 ,67 Argiles, sables et grès verts; eau jaillissante, . . . . 91 ,67 Totale 11/1606 VII. FORAGE LE LA BRASSERIE, CHEZ M. TESSIER. Alluvions. . . . LE ANS Le 6 ,66 {craie marneuse et marnes Aer mitacses| EÉEB) à 0 82 ,00 Glauconie crayeuse. Niveau des ostracées (3° étage). UE 2 ,33 Argiles, grès et sables. ( Eau jaillissante à trois en le plus Das à 429m)22 dis lo es ce re MOT CR OC 0 US TE 70 Total 135°,69 VIII. 2° FORAGE DE LA BRASSERIE. Coupe semblable à la précédente jusqu’à 431m,33 ; cinq nappes jaillissantes ont été rencontrées, la dernière à 130 mètres. IX. FORAGE DU PRIEURÉ DE SAINT-ÉLOI. Remblais et cailloux roulés. . . . . . . - 72,69 Craie micacée (2° étage) et peut-être quelques bancs de craie aus 84 ,22 ne des ostracées (3° étage). ARE 2 MONS 5 3 ,89 Argiles, sables et grès verts rene RE Et co Vo © 72 .06 OA 7 1672,80 Plusieurs nappes jaillissantes ont été rencontrées de 100 à 115 mètres. Le forage a été suspendu par suite d’accident. * CN-4, p.87.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉEÉ. 57 même niveau à la descente de Grammont et dans la tranchée de Tours. On voit d'ailleurs cette couche affleurer à l'entrée d’une carrière située à 400 ou 500 mè- tres plus loin, sous les murs du parc de Villandry. Nous donnons ici la liste des X. FORAGE DE SAINT-PIERRE DES CORPS, PRÈS TOURS. Par M. Mulot , pour M. le comte de Richemont. Terre végétale et gravier. . . . RME EN | 42,22 Craie sableuse avec nodules calcaires Œ ee LAS DANSE + L ,88 Craie blanche avec coquilles et grès calcarifère. . . . . . . 3 ,90 rs Craie grise micacée. . . . RE ee dre etant et O0 9° GROUPE, / © | Craie blanchâtre micacée avec die ire Co: Mise di 26)OT 507,38. ! Craie grise avec traces delignite. . . . De NME 7 ,80 3e ÉTAGE. 5m,19. Craie verte et grès vert alternant (banc des RU) sr Le 3 ,49 Argile micacée, verte, sableuse, et grès vert, . . . . . . . . 0 ,93 Sable et grès vert alternant. . Sr in. SA re VAE 6 ,90 AGE TCISADIENS CPP 3 ,90 Grestetisablevertsr tell Net ne 22 44 x : Pelé DEUNEDRIEA EN RE CRU CC D UN 14 ,30 PS ODREASIETE Galcaire siliceux, sable vert, grès et argile . . . . . . . . 8 ,77 SADIESIE SE CSAUET ER EE Ce es Le 6 ,17 Grès calcaire (eau jaillissante). . . . . . 1 ,30 Télé & à Loc à SES XI. FORAGE DE LA VILLE AUX DAMES, A huit kilomètres à l'E. de Tours, chez M. Lecompte. Alluvions et cailloux roulés.. . . . . . NRtes Le 52,50 Craie grise, marneuse, avec calcaire compacte ci silex € en Hire à 25 .68 me Craiehlanchatre avec silex PT EN D D 16-21 e ÉTAGE. ; R ; 2. GROUPE 512,02. es blanchatte sans silex RPC TE M - Ue 3 ,90 59m 97. | Craie avec plaquettes calcaires. . . . . . . . . . . . 5 ,20 3e ÉTAGE. 4m,93. Couches à ostracées. . . « . + . 4 ,95 3° GROUPE, 10" ,26. Sable et grès vert (cinq nappes Dante la icones 67» 16). 10 ,26 HOtA M ET 6679 . XII. FORAGE DE SAINT-CYR PRÈS TOURS, CHEZ M. BRETONNEAU. Terres rapportées et alluvions. . . + . «+ . + + + + . : 92,74 SA QE DEEE PE CAG EUN ONCE MOMENENONONCNNONNC NO CINCNCNC 8 ,45 * GR rer gum A3. 4 Étiage de la Loire à 18°,19. PRETAGE ETES CTAICNICAC Ce EU et Mie. el. 0-0 -0075008 3° GROUPE , 99° ,96. Argile, sable et grès vert alternant. . . . . . . . . . . à 56 Fotal cr d2r (S 2 nappes ascendantes et 3 jaillissantes, dont la dernière à 115,79, ont été rencontrées; travaux suspendus. XIIL. FORAGE DE ROCHECOTTE (COMMUNE DE SAINT-PATRICE) CHEZ M*° LA DUCHESSE DE DINO. 2° GROUPE, Î a Ener ICT ATEMIEAL Ce eines ele et nc ie cles te 060,00 76,38. 3e grace. Argile vert foncé, micacée, coquillière et sableuse. . . . . . . 16 ,55 3° GROUPE, 52°,67. Sables, grès verts et argiles vertes sableuses alternant. . . . . 52 ,67 Ho 120 06 Nappes jaillissantes. On voit, en résumé, que les forages exécutés dans la vallée de la Loire, aux environs de Tours, 6u SOG. GÉOL. — 2° SÉRIE. T.II. Mém. n° 1. 8 58 ÉTUDES CN: 4, p- 58.) principaux fossiles que nous avons recueillis dans la couche à Spondyles, tant au N. qu'au S. de Tours. Syphonia, plusieurs espèces ; Lunulites cretacea, Defr. (ce n’est point une Lunu- Tragos ; lite, mais un spongiaire). Coscinopora infundibuliformis, Gold. Nucleolites depressus, Gold. (Catopygus, id., Ag.) Millepora, plusieurs espèces ; Salenta geometrica , Ag. Ceriopora milleporacea, Gold. ——-— nov. Sp. ———— pustulosa, id. Cidarites vesiculosus , Gold. ———-— (nov. sp.), ———— (indét.). Retepora ; Pyrina ovulum, Ag. Cellepora echinata, Gold. Asterias (osselets détachés }); ———— (nov. sp.). Apiocrinites ellipticus, Mill. Discopora, plusieurs espèces ; Serpula filosa, Duj. Heteropora mirabilis, Nob. Panopæa plicata, d'Orb. Eschara, plusieurs espèces; Psammobia circinalis, Duj., an Arcopagia ra- Flustra, plusieurs espèces ; diata, d’Orb.? Defrancia complanata, Roem. (an Tubulipora Corbis rotundata, d’Orb. Brongniarti, Mich ?) ; Mytilus solutus, Duij. dans la ville même, confirment pleinement la succession et les caractères des principales assises que nous avons établies. La craie jaune qui forme les coteaux devait être traversée sur une très faible partie de sa base seulement, et souvent même manquer tout-à-fait , se trouvant supérieure à l’orifice des puits. Quant aux résultats économiques, on peut remarquer qu’ils ont été obtenus à des profondeurs très différentes, depuis 60 mètres environ dans le puits de la Ville-aux-Dames, jusqu’à 212 mètres dans celui de Cangé, et dans des couches placées à des niveaux très distincts, quoique toujours compris dans l'épaisseur du troisième groupe. Le nombre des nappes d’eau jaillissante ou seulement ascendante est très variable à de fort petites distances ; ce qui résulte des nombreuses alternances de roches qu’on observe dans la composition du groupe, et des variations que ces alternances subissent dans des espaces très restreints. Les forages entrepris dans de pareilles conditions sont donc soumis à beaucoup d’éventualités locales, qui , loin d’affaiblir les chances générales de succès, les rendent au contraire plus probables en les multipliant. M. Dujardin ( Ann. de chimie et de physique, t. LVI, p. 215,1835 ) avait remarqué que l’eau des fontaines des environs de Tours, qui ont toutes leurs sources dans la craie ou dans les calcaires lacustres, ne donne, dans la pellicule qui se forme par l’évaporation, que des cristaux rhomboédriques de carbonate de chaux; celle des puits ordinaires, qui contient du nitrate de potasse , du carbonate de chaux, etc., doune des cristaux rhomboédriques de carbonate de chaux et des cristaux de sulfate de chaux. Les eaux de la Loire ne présentent jamais de pellicules pulvérulentes à la surface du liquide qui s’évapore ; enfin celles des puits artésiens offrent seules le carbonate de chaux cris- tailisé en prismes comme l’aragonite; circonstance que M. Dujardin attribuait aux traces de carbonate de strontiane qu’il avait constatées dans ces eaux. Mais on sait aujourd’hui que cette forme de la chaux carbonatée est tout-à-fait indépendante de la présence du carbonate de strontiane, puisque des cristaux soit naturels soit artificiels n’en contiennent pas un atome, tandis qu’elle paraît due à des circonstances de température plus élevée. Ce fait s’accorderait encore avec l'observation de M. Dujardin, puisque les eaux des puits artésiens ont une température supérieure à celle de la Loire, des puits ordinaires et des sources des environs de Tours. M. Viollet a fait voir en outre ( séance de l’Académie des Sciences, 15 juin 1840 ) que les perturbations dans la quantité et dans les caractères des eaux artésiennes de Tours étaient indépendantes de l’état et du niveau des rivières environnantes, ce qui résultait sans doute du grand éloignement des sources d’alimentation. CN.4, p. 39.) SUR LA FORMATION ERÉTACÉE. 59 Trigonia spinosa, Sow. (an tenuistriata, Duj.}) ————— plicatilis, id. == RS DER ee alata, Lam. Arca Mailleana, d'Orb. ————— vespertilio Broc. (var. de la précédente, Lima semisulcata. Desh. et une troisième variété ). —-— Dujardini, id. ————— albensis, Leym. Spondylus truncatus, id. ————— ovoides, SOW. ———-— duplicatus, Gold. Acteonella crassa, d'Orb. (Volvaria, id. Duj.). Pleurotomaria perspectiva, Sow. ———-— (nov. sp.). Pecten quinquecostatus, Sow. Trochus ornatus, Dui. Ostrea vesicularis, Al. Brong. Ammonites polyopsis, Duj. ———— Requienianus , d'Orb. ———— rhotomagensis , AL Brong. ——-—-— (indét.). Exogyraauricularis (G. id. AI. Brong.) ———— columba, Gold. ———— lturonensis, Nob. Terebratula octoplicata, Sow. Enfin, d’après M.Dujardin, des débris de crustacés seraientencore très nombreux aux environs de Ballan, des Touches , de Savonnière, ainsi qu’à Rochecorbon. Avant de nous éloigner de cette partie de la vallée de la Loire, nous dirons quelques mots de celle de la Brenne, petite rivière qui se jette dans la Loire au dessous de Vouvray, après s'être réunie à la Cisse. Jusqu'à Villedômer, on voit les couches de la craie de Touraine déjà signalées dans la vallée de la Rem- berge. A la maison de l'Arche, hameau que traverse la route, de Tours à Château- Regnault (1), on trouve vers le bas un calcaire sableux, glauconieux, avec de nom- breux Cériopores, et au-dessus, le calcaire jaune arénacé, avec le banc des fossiles de Tours ( Vénus ou Cyprines : Trigonia scabra, Arca Mailleana ou ligeriensis, Exogyra turonensis, de petites Huitres, etc.). Cette roche est massive, son épaisseur est de 11 à 12 mètres, et elle renferme des veinules et des nids de sable vert. Ces couches se voient encore au S., dans le vallon de La Noue. Si, quittantla grande route,on suit lechemin de Villedômer, on trouve la partie inférieure du premier étage exploitée et donnant une sorte de grès calcarifère gris, très sableux, avec points vertset paillettes de mica, annonçant ici le voisinage de la craie micacée , comme au bas du château de Chinon. La dureté de la roche est très inégale , et on y rencontre, de même que partout à ce niveau , beaucoup d'Exogyra turonensis et la Pholadomya Marrotiana , d’Orb. Plus loin, au-dessus du calcaire indiqué précédemment, se montrent le sable vert micacé, qui forme la base du dépôt de silex, et des marnes lacustres tertiaires, très développées sur le côté droit de cette petite vallée. Parmi les fossiles qui caractérisent ici les couches moyennes de la craie jaune, noussignalerons particulièrement l'Exogyra columba, qui acquiert des dimensions tout-à-fait exceptionnelles. Des amas de sable glau- conieux et argileux, semblables à ceux de la tranchée de Tours, sont assez fréquents et résultent de filtrations des premiers sédiments tertiaires dans les fentes et les cavités de la roche crayeuse sur laquelle ceux-ci se déposaient. Des rognons endurcis de même teinte y sont aussi très abondants. (1) Ce hameau porte aussi dans le pays le nom des Vallées. 60 ÉTUDES (N.4, p. 60) Avant de descendre à Villedômer, le chemin coupe les dépôts de marnes et de silex tertiaires qui ont été traversés dans le puits de la marnière située au- dessus du village et en face du château. Les couches atteintes au fond de ce puits sont celles que nous venons de signaler à la base du coteau de la maison de l'Arche. On y trouve les mêmes fossiles et l4mmonites W'oolgari ou peut-être une variété de V4. rhotomagensis. La colline à laquelle est adossé le village même, et qui se pro- longe jusqu’à la descente de la route au hameau des Roches, est composée de craie jaune. La craie sableuse exploitée pour l'amendement des terres sur les territoires de Nouzilly et de Monnoye, par des puits de 40 à 60 mètres de profondeur, corres- pond encore à celle de la maison del’Archeet repose sur la craie micacée propre- ment dite. Les environs de Chäteau-Regnault sont particulièrement occupés par des pou- dingues, des marnes sableuses, des sables ferrugineux, des cailloux roulés de diverses sortes, des glaises, des meulières et des grès lustrés dont la position re- lative n’est pas toujours facile à saisir. On peut étudier ces dépôts, d’abord dans un grand ravin à gauche de la route de Tours, avant d'entrer dans le faubourg; puis à l'E. sur le chemin d’Autrèche et dans le vallon de Jaunay ; au N. sur les côtés de la route de Vendôme, sur le chemin de Neuville et autour de ce village. Partout ils recouvrent et masquent les affleurements de la craie. A VE. de Neuville, cepen- dant, cette dernière est exploitée dans une carrière assez profonde. Vers la partie inférieure, la roche employée comme pierre d'appareil est jaunâtre, dure et à cassure conchoïde. Plus à l'O., près du village du Sentier, on extrait un cal- caire arénacé, grisâtre, micacé, avec points verts, semblable à celui du hameau de Arche. Il paraît y occuper le même niveau, et il renferme, outre les petites Huîtres , de nombreuses pattes de crustacés identiques avec celles que nous avons signalées aux environs de Gourdon { Lot). Ces dernières se trouvent encore dans une roche minéralogiquement semblable à celle-ci, et que nous regardons comme du même âge. Les bancs exploités à Saint-Marc-la-Pile, sur la rive droite de la Loire, paraissent aussi correspondre à la partie inférieure de la craie de Touraine, tandis que ceux de Saint-Paterne annonceraient un affleurement de la craie mi- cacée. Le second étage que nous avons vu former la base des collines qui longent la Vienne aux environs de Chinon, et qui se prolonge à l'E. par l'Ile-Bouchard jus- qu’au midi de Sainte-Maure, où nous l'avons décrit, se relève en s'avançant à l'O. et cesse bientôt d’être recouvert par la craie jaune (4). On le suit constamment dans les coteaux de Candes, de Montsoreau , de Parnay, de Dampierre et de Saumur. Les Inoceramus, le Pleurotomaria perspectiva , \ Ammonites peramplus, V4. Mantelh, la Trigonia scabra, la Cyprina ligeriensis, ete., s'y montrent çà et là. La roche est (1) I resterait à déterminer les limites de cette dernière, n'ayant point examiné la partie supé- rieure des collines entre Candes et Parnay. CRM PIp 61) © SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 6 toujours tendre, micacée, d’un gris plus ou moins verdâtre. Son grain est fin, uniforme, etsa structure souvent massive. Avant le village de Candes, la pierre est un peu plus blanche, plus sèche , moins sableuse, et se fendille comme la craie du Nord. Les carrières de Montsoreau et celles de Saint-Cyr-en-Bourg fournissent les pierres Les plus estimées. Entre Dampierre et l'extrémité du faubourg de Saumur, on voit paraître sous la craie micacée les couches à ostracées. Derrière l'auberge de Gondouin, la su- perposition des deux étages est mise bien à découvert, et l’inclinaison des couches au 5. yest parfaitement indiquée ainsi que dans une petite carrière située à côté. La coupe de l'escarpement donne du haut en bas : 4° Craie micacée ( Ammonites peramplus, Cyprina ligeriensis ). Des habitations v sont CHOUSCCS NCA NDARUENSUDÉELCURE PM NET UEUNEMEANE EN AE EU 3500 2° Sable glauconieux, argilo-calcaire, passant à une marne sableuse, grise plus ou moins foncée, avec Ostrea biauriculata, Exogyra flabellata, E. columba, Strombus inornatus , Téré- AIS CE NN Ce = RE NU U 3 Lit de sable Ærogyra columba, variété minima . . . . . . . . . . . . 0,50 HNCTÉSAVER ATOUT ENREN NT 3 ,00 5° Grès vert en rognons endurcis, jusqu’au niveau de la route. Le relèvement indiqué pl. IE, fig. 8, continue jusque sous le château. La coupe du grand escarpement qui se voit sur le bord de la Loire, près de l’hospice de la Providence , n’est que la continuation de celle-ci. Elle a été signalée lors de la réunion de la Société géologique en 1841 (1); mais il ne paraît pas que ce relè- vement, ni les accidents plus remarquables encore qui se trouvent entre ce point et Saint-Maur-sur-Loire , aient attiré l'attention des personnes quis’ y trouvaient. Cette disposition particulière des couches crétacées explique, en outre , de la manière la plus simple, les résultats peu satisfaisants du forage artésien en- trepris sur la place Saint-Pierre, et poussé jusqu’à 130 mètres. L'eau de la plus profonde des trois nappes que l'on a atteintes ne s’est élevée qu'à 6”,60 au-des- sus de l’étiage de la Loire, ou à 5 mètres au-dessous du pavé, et ne s’y est point maintenue ; ce qui tient sans doute à l'imparfaite conductibilité des strates inter- rompus par la faille. On avait traversé 12" , 40 de remblais et de sable d’alluvion, 41 mètres de craie micacée et marneuse appartenant au 2° étage , puis 42 mètres de sable vert, de grès vert, de grès coquilliers, d’argiles marneuses vertes ou bleuâtres, alternant, et qui comprennent, outre le groupe du grès vert, les couches à ostracées. Au-dessous de quelques bancs dépendant encore du grès vert,on a fait pénétrer la sonde jusqu'à 24 mètres dans des marnes très crayeuses, où l'on s’est arrêté sans obtenir d’eau jaillissante, comme on aurait pu le prévoir, si les personnes consultées par M. Degousée s'étaient rendu compte de la position des couches (2). (1) Bull. de la Soc. géol. de France, t. XIX, p. 482. [2] Ces détails, donnés dansle Bull, de La Soc. géol., t XII, p. 463, diffèrent un peu de ceux rap- 62 ÉTUDES CN. 1, p.62.) En comparant ce forage à la coupe du grand escarpement du quai, il semble naturelde chercher pourquoi les premières couches du grès vert qui, au bas de cette coupe, se montrent à 5 ou6 mètres au-dessus de la rivière, n’ont été atteintes dans le forage qu'après avoir traversé 41 mètres de craie micacée : or, cette circon- stance provient de ce qu'indépendamment du pendage des couches au S., elles paraissent arquées, de manière à incliner aussi très sensiblement à l'O., comme nous le ferons voir tout-à-l'heure. Les différences que présente ce sondage com- paré avec ceux de Tours portent particulièrement sur la diminution du grès vert, qui, de 102 et 115 mètres d'épaisseur, se trouve réduit ici à 42 mètres ; car les 24 mètres de marnes crayeuses traversées au fond du puits appartiennent à la formation oolitique, counme à Tours et à Cangé. Les fossiles que nous avons trouvés dans le banc des ostracées, derrière l’au- berge de Gondouin et dans les premiers lits du grès vert de cette localité, ainsi qu'au pied du grand escarpement du quai, sont : Spatangus acutus, Desh. Terebratula, biplicata, Sow. Arcopagia numismalis, d'Orb. ——-——— depressa , id. Cardium hillanum, Sow. ___ _ ——-——— lala, id. (var. passant à la T. depressa). Mytilus ligeriensis, d’Orb. ——-— —— lentoidea, Leym. Exogyra recurvata, Sow. (E. columba, var. mi- Strombus inornatus, d'Orb. nima, Gold.). Ammonites Mantelli, Sow. ———— columba, var. Minor, ————— figurée dans la Paléontologie française, ———— id., type. pl. 108, f. 1, 2, sous le nom d’A. Woolgari, Mant. ——— — flabellata, Gold. et à laquelle nous conservons celui de Cenoma- Ostrea biauriculata, Lam, nensis, qu’elle porte dans la collection du Mans. En montant sur le plateau de Champigny-le-Sec à l'E. dela ville, on atteint des sables jaunes tertiaires avec des grès quarzeux, subordonnés, qui recouvrent les calcaires lacustres siliceux , soit compactes, soit celluleux et meuliériformes. Le sol est formé par un terrain de transport composé de fragments de roches arénacées ferrugineuses. En redescendant par la route de Loudun, on marche constamment sur les sables tertiaires , qui s’abaissent beaucoup plus ici que de l’autre côté, et dont une exploitation se voit à mi-côle au-dessous des moulins, et à un niveau qui correspondrait à la partie moyenne de l’escarpement crayeux du N. (pl. II. fig. 8). Ce relèvement serait ainsi postérieur au dépôt tertiaire et daterait de l’é- poque de la formation de la vallée. L’inclinaison au S., fort exagérée dans la coupe, paraît être d'environ 4°, et la Loire coule en cet endroit dans une ancienne fracture. Si de Saumur on continue à s'avancer vers l’O., on voit la craie micacée s’a- baisser aussi dans cette direction ; l’abaissement est bien marqué par les ouver- portés par M. Lechâtelier (Sfafist. du départ. de Maine-et Loire , p. 187), et nous les avons pré- férés comme nous paraissant plus précis. Le registre de M. Degousée indique 136 mètres de pro- fondeur, dont tufau ou craie micacée, 66,66; grès vert, A5 mètres; l’eau s'est arrêtée à 1°,50 en contre-bas du sol de la place, qui serait à 14°,50 au-dessus de l’étiage. (N. 4, p. 65.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 63 tures des carrières, toutes pratiquées dans le même banc qui représente ici la bille de Loches et la pierrede Bouré des bords du Cher. A Saint-Hilaire, elles sont à près de 20 mètres au-dessus du chemin qui suit la rivière, elles s’abaissent successive- ment à Chenehutte, Treve, Cuneault, et finissent à Gennes par se trouver au ni- veau même du chemin. Vers Bessé, un peu avantLe Thoureil, on voit affleurer sur le bord de l’eau de nouvelles couches qui, se relevant insensiblement, forment la berge de la Loire jusqu’à Saint-Maur. Ce sont des calcaires jaunes, en masses bréchoïdes ou en bancs épais. La roche est dure, et renferme de nombreux ro- gnons de silex ramifiés et disposés en lits assez rapprochés. Ces silex sont gris ou bruns et semblables à ceux de la craie blanche. Ces couches, d'après tous leurs caractères, assez voisins de ceux que nous avons signalés dans les escarpements de Poitiers, et d’après quelques fossiles qu'on y trouve, appartiennent probablement au groupe inférieur de la formation oolitique. Au four à chaux de Saint-Maur, la coupe de la carrière et celle de l’escarpement naturel qui borde la rivière montrent la série suivante de haut en bas. 4° Sables et grès ferrugineux tertiaires RC ICONS SE . 16,00 2° Lit de marnes blanchâtres avec points verts (Spafangus acutus, Desh. S. truncatus , Gold. S. voisin, mais distinct des S. prunella et bufo, Lam. Arbacia (nov. sp.), Mytilus ligeriensis, d’Orb.? Ostrea biauriculata, Lam. Exogyra columba, Gold. Æ!. flabellata, id. T'erebratula biplicata, Sow. T. depresr NAT AGCUIG Ad PIN 502) NT 00 3° Sable vert sans fossiles. : 8 ,00 L° Poudingue à noyaux de quarz et DU très Rore 4 ,00 5° Poudingue et marne blanche, sableuse, micacée, empâtant de ser Ie dr. ; brisés, mais non roulés, - h ,00 6° Calcaire j jaune, dur, avec silex et Anramerent à la Cnnen He OA UT ee 00 Les trois premières assises se voient particulièrement en montant la colline par le chemin qui tourne derrière le château. ; Il y aurait ainsi dans cet espace de 3 kilomètres qui sépare Gennes de Bessé un des accidents les plus remarquables que puisse offrir la formation crétacée de ce pays, et dont nous regrettons seulement que le temps ne nous ait pas per- mis de faire une étude plus complète. La craie, qui à Saumur atteignait 50 mètres au-dessus de la rivière, disparaît tout-à-fait à l'O., et elle est remplacée par des couches oolitiques qui s'élèvent de 8 à 10 mètres au-dessus du même niveau. Celles-ci supportent le groupe du grès vert, réduit à une épaisseur de 15 à 16 mètres, puis les bancs à ostracées, et enfin les couches tertiaires qui couronnent des collines à peu près de même hauteur depuis Saumur. On doit donc supposer qu'une faille très considérable a relevé les couches oolitiques et crétacées à l'O. de Bessé, avant le dépôt du terrain tertiaire.Le sondage du puits de Beaufort ayant rencontré le calcaire oolitique à une très faible profondeur, peut faire penser aussi que la fracture était dirigée N.-N.-E. S.-S.-0., et qu'elle aura été coupée presque 64 ÉTUDES CN. 1, p. 64) : à angle droit, lors du creusement de la vallée de la Loire, peut-être par une seconde fracture (1). La disposition de la craie micacée, depuis Saint-Hilaire, serait favorable à cette hypothèse, puisque cet étage serait plus bas du côté vers lequel la faille doit incliner; mais nous n'avons pas encore la certitude que le pendage des couches oolitiques soit conforme à cette supposition. Quoi qu'il en soit, il faut aussi admettre que la craie micacée qui a dù surmonter les bancs à ostracées a été enlevée avant Le dépôt des sables et grès tertiaires, comme nous l'avons sup- posé pour la craie jaune à l'O. d’Amboise. Cette coupe de la colline de Saint-Maur démontre en outre de combien la formation crétacée s’est amincie en se relevant graduellement depuis Tours. Le groupe du grès vert, entre autres, qui, dans les puits forés de Tours et de Cangé, atteignait d’abord une épaisseur de 102et 1 15 mètres, et qui descendait à 192 mètres environ au-dessous de l’étiage de la Loire (2), dans le puits de Saumur n'avait plus qu'une puissance de 42 mètres et une profondeur de 100 mètres au-dessous du même point, et enfin à Saint-Maur, où sa couche la plus basse est à 10 mètres au-dessus du fleuve, il est réduit à une épaisseur de 16 mètres. Ces dernières considérations prouvent un relèvement beaucoup plus rapide entre Saumur et Saint-Maur qu'entre Tours et Saumur ; car il serait de 110 mètres dans le pre- mier cas sur une distance de 5 lieues, et seulement de 92 dans le second sur la distance de 15 lieues et demie qui sépare Tours de Saumur. En outre, il faut tenir compte de la pente de la rivière, dont nous avons pris sur ces divers points le niveau le plus bas pour terme de comparaison. Cette pente peut être estimée à 10 ou [1 mètres entre Tours et Saint-Maur, quantité qui doit être ajoutée au chiffre du relèvement à l'O. On aurait donc une probabilité de plus pour admettre l'existence de la faille dont nous avons parlé, et il semble même que cette proba- (4) FORAGE DE BEAUFORT. - AWRemblaisideiterrevépétale ONE RE RC RER 6,566 DRMAUNES IL ETÉEUSES EE 5 ,00 GDS UE 5 Mo OMS St GE © là à 00 5 6 © € k ,00 HMAMÉITENSChISLEUSCIMICACE CE NE TE 415 ,00 5. Sable quarzeux, argile brune, silex et argile, . . . . . . = . . 6 ,65 6. Calcaire siliceux, argiles schisteuses, Bélemnites et Ammonites au-dessous. 74 ,84 7. 1GalCaire-MarDre ES CE 2 ,00 8HOCHISTESIMICACÉS TE HOUALZ ET 2717 141 ,32 Eau ascendante à 27,95 en contre-bas du sol de la place. F (2) Nous devons dire que ces chiffres manquent d’une précision rigoureuse, parce que nous ne con- naissons pas exactement la hauteur de l’orifice de tous les puits, par rapport à l’étiage de la Loire, qui nous sert de point de comparaison, et que ce point lui-même n’est pas bien déterminé, étant à Tours coté tantôt à 50 tantôt à 53 mètres d’altitude. Quoi qu’il en soit, la limite extrême de l’erreur ne doit pas dépasser 4 mètres, ce qui a peu d'importance dans des considérations de ce genre. (N- 4, p. 6. SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 65 bilité doive se changer en certitude , si l’on remarque que de Saint-Hilaire, et même de Saumur à Gennes, les couches crayeuses plongent en sens inverse de leur relèvement naturel dans cette direction (1), et qu’à l'O. de Gennes, les calcaires lacustres cessent de recouvrir les grès. Sur la rive droite de la Loire, la craie micacée se voit dans les collines qui lon- gent la route de Saumur à Longué, et peut-être y existerait-il aussi quelques lan- beaux de craie jaune. Les sables d’alluvion s'étendent jusqu'à Cuon , où la craie affleure au milieu du village. Elle forme ensuite plusieurs monticules que traverse la route jusqu’à la descente de Beaugé, entièrement coupée dans le terrain ter- tiaire. Des grès sont subordonnés aux sables jaunes et gris et recouverts d'un dépôt de transport diluvien composé de fragments calcaires enveloppés dans du sable. De Beaugé à Clefs, sur la route de La Flèche, on ne voit également qu'une masse de sable tertiaire jaune, gris ou verdàtre, occupant tout le plateau et surmontée d'un calcaire lacustre siliceux peu épais. ° $ II. Vallée du Loir. En descendant cette vallée comme nous l'avons fait pour les précédentes, nous trouvons les escarpements qui la bordent au N. de Châteaudun, et sous la ville même, montrant l'étage de la craie jaune parfaitement développé et sa stratifica- tion bien caractérisée. Les silex bruns y sont très nombreux, très gros, et la teinte jaune de ia roche est constante dans tous les bancs. Les fossiles, généralement brisés, sont les mêmes que ceux des bords de la Loire. Si l’on suit la rue de la Foulerie jusqu'au moulin de Laboissière et au-delà, la puissance de cet étage et ses caractères rappellent parfaitement les coteaux pittoresques de Sainte-Radegonde, de Rochecorbon et de Vouvray, et la res- semblance est rendue plus frappante encore par les caves et les nombreuses ha- bitations qu’on y à aussi pratiquées à diverses hauteurs. Dans une de ces caves située près du moulin, et dont la profondeur est d'environ 50 mètres, le pla- fond naturel est formé par un banc dont la surface inférieure , parfaitement dressée , plonge sensiblement à l'E. sous le plateau. Cette circonstance confir- merait l’origine que nous attribuons à ces affleurements de craie jaune, que nous regardons comme résultant d’une fracture et d’un relèvement de l'E. à l'O. sur ce côté de la rivière, laquelle coulerait ainsi dans une vallée de déchirement. Ces couches sont recouvertes par un dépôt puissant de poudingue incohérent, formé aux dépens d’une assise de craie différente de celle-ci et sans doute plus récente. Les silex de ce conglomérat se distinguent de ceux de la craie sous- (1) La faille de Saint-Maur avait fait croire à M. Desvaux(Sfafistique de Maine-et-Loire, 1°° partie) que la craie micacée passait sous le calcaire oolitique : aussi remarque-t-il que dans le forage de Saumur on a traversé tout le tufau (craie micacée) sans avoir d’abord percé le calcaire zoonique dur ( calcaire oolitique } qu’il suppose supérieur à la craie et manquer sur ce point, SOC. GÉOL, — 2° SÉRIE. T. II Mém. n° 1, 9 66 ÉTUDES CR: 1, p. 66.) jacente par leurs formes et leur teinte, qui les feraient rapporter à la craie de Blois et de la partie supérieure des escarpements de Vendôme. La pâte marneuse qui les entoure est aussi d’un blanc grisâtre , semblable à la teinte de ce troisième étage du groupe de la craie blanche. La fracture de la vallée du Loir serait ainsi postérieure au dépôt du poudingue tertiaire et du calcaire lacustre des environs. Nous signalerons de plus dans les roches de cette localité un caractère assez singulier que nous n'avions pas encore observé ailleurs, peut-être parce qu'étant moins prononcé qu'ici, il ne nous aura point frappé. Dans la partie de l’escarpe- ment mise depuis peu à découvert par un éboulement qui a eu lieu au bout de la rue de la Foulerie, avant la barrière, de même que dans les rochers qui for- ment des saillies au-dessus des caves ou celliers dépendant du moulin de La- boissière, on remarque des tubulures nombreuses, de 4 à 5 centimètres de dia- mètre et de 0,30 à On,60 et plus de longueur, droites, verticales, quelquefois obliques, mais très rarement horizontales. Ces trous sont entourés de deux ou plusieurs zones concentriques et subconoïdes. Leur coupe transverse rappelle grossièrement celle d’un moule de Cône gigantesque, dont la columelle aurait été creuse, et la coupe oblique celle d’un Nautile; mais en réalité il n’y a jamais eu ni spire ni columelle : ce sont des cylindres irréguliers ou plutôt des cônes très allongés, s’émboîtant les uns dans les autres. Les corps qui résultent de cette disposition, et que nous nommons provisoire- ment Amphorites castellodunensis, se détachent facilement de la roche environ- nante, mais toujours brisés. Leur forme est généralement conoïde, cylindroïde ou ellipsoïdale et à contours largement arrondis, ressemblant à certaines am- phores romaines. Leur diamètre est de 20 à 30 centimètres , et leur longueur de 60 à 70. La matière qui les compose est la même que celle de la roche environ- nante, qui a évidemment servi à leur moulage. Ces corps très nombreux, sou- vent déformés par leur compression mutuelle, semblent quelquefois se prolon- ser en s’évasant vers la partie que nous appellerons supérieure, et y former des expansions tuberculeuses arrondies, comme dans certains spongiaires, et qui sont aussi perforées par un trou communiquant avec le canal central. Nous n'avons d’ailleurs aperçu aucune trace d'organisation à la surface des Amphorites ni des parties qui s’en détachent sous le marteau, et que l’on peut comparer aux fragments d’une poterie grossière très épaisse. La roche qui les constitue, comme celle qui les entoure, est un calcaire jaunâtre, terreux, rempli de fragments de coquilles et de polypiers. On y trouve même des silex semblables à ceux de la masse envi- ronnante. Si ces corps doivent leur origine à quelque être organisé, dépourvu de test calcaire, car on n'aperçoit pas de vide entre les diverses parties envelop- pantes, ce ne pourrait être qu'à des animaux voisins des Holothuries ou des Actinies coriaces ; encore le moulage de pareils animaux, par les sédiments qui se déposaient alentour, serait-il assez difficile à concevoir, à moins qu'on ne leur supposät des téguments cornés d’une eertaine persislance. (N-1. p.67.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 67 Au S. de Châteaudun, les collines qui entourent le bourg de Cloye sont encore formées par les mêmes couches. Celles-ci, masquées ensuite par des dépôts plus récents, reparaissent au pied des coteaux de Fretteval pour se continuer le long de la rivière, jusqu’à Saint-Ouen. Les plateaux à l'O., et particulièrement celui contre lequel ce dernier village est adossé, sont recouverts de poudingues et de calcaires lacustres. Ceux-ci forment une colline basse qui limite au N. et au N.-0. la vallée de Vendôme; dont le fond est occupé par un dépôt diluvien de cailloux à moitié roulés, alternant avec des veines irrégulières de sable ferru- gineux plus où moins mélangé d'argile limoneuse brune. La base des collines de la rive gauche du Loir, au-dessus de Vendôme, est aussi formée par la craie jaune. Entre la maison Laborde et la ferme de Chappe, le pied de l’escarpement qui borde le chemin montre ia craie blanc-jaunâtre, iendre, avec T'erebratula octophcata, Pecten quinquecostatus, de nombreux polypiers, des fragments d'Astéries, des baguettes de Cidarites, etc., semblables à ceux de Tours. En se rapprochant de la haute Chappe, la craie se trouve accidentellement remplacée par un calcaire lacustre blanc, marneux, celluleux, peu dur, formant un coteau ur peu moins élevé; et à environ 250 mètres plus loin , on atteint, contre les premières maisons du faubourg, un escarpement de 18 à 20 mètres de hauteur entièrement coupé dans la craie jaune qu'on exploite, et dans laquelle des caves sont creusées. Les divers bancs offrent des différences semblables à celles qu'on observe dans les carrières de Lussault. Ils s’abaissent en s’avançant dans _ le faubourg; et sous le château, où ils ne se montrent plus, on trouve une craie d’un blanc gris, avec dessilex noirs ou gris très nombreux, affectant une disposition horizontale en grand. La roche est massive, friable, homogène, peu tachante, et les fossiles y sont rares. Cette assise, de 20 à 25 mètres d'épaisseur, nors paraît représenter la craie de Blois et de Chaumont. En continuant à suivre la rivière, on remarque à la sortie de la ville, sur le bord de l’eau, une pierre grise avec points verts, exploitée à diverses reprises, et qui au premier abord ressemble à la craie micacée; mais son grain beaucoup plus gros et la présence d'une grande quantité de petites Exogyres (E. turonensis) prouvent qu elle appartient à la variété glauconieuse de la craie de Touraine. La disposition que présente ainsi la craie à l'E. de Vendôme nous paraît encore être le résultat d’une dislocation qui a relevé et amené au jour des têtes de cou- ches qui, dans leur position normale, devaient se trouver à une certaine profon- deur au-dessous de leur affleurement actuel. Le faubourg de Vendôme qui longe à l'O. la rive gauche du Loir, au pied de la longue falaise que couronne le château, est adossé à un escarpement de craie. À l'extrémité de ce faubourg, sur la route de Montoire , la craie de Tou- raine est d’un gris blanchâtre, avec quelques points verts, et ressemble à la craie micacée , sauf sa texture plus grossière. Elle s'élève d'environ 8 mètres au-dessus de la rivière, et est recouverte par la craie à silex. On y trouve les fossiles sui- 68 ÉTUDES CN. 1, p.68.) vants : Tragos pisiformis Gold. ; Serpula filosa Duj.; Cidarites variolaris AI. Brong.; C. vesiculosus Gold. ; Fistulana, Terebratula octoplicata Sow.; T. Gibbsiana Sow. ? T. alata Lam.; Exogyra auricularis Al. Brong.; pattes de Crabes semblables à celles du Sentier et des bords de la Loire ; une petite espèce de Spondyle et un grand nombre de polypiers. Au-delà de ce point, les collines s’abaissent et s'é- loignent de la route en passant derrière Villaria. À Varennes, la même craie, avec des fossiles aussi abondants, est recouverte par un puissant dépôt de silex empâtés dans une marne grisâtre ou verdâtre, et en tout semblable à celui que nous avons signalé près de Villefranche, sur la route de Romorantin à Selles. Au Gué-Berger, la route coupe, à partir du pied de la colline, un calcaire blanc, marneux, grumeleuxet d’origine lacustre, de 7 à 8 mètres d'épaisseur, puis au-dessus , des calcaires marneux, rouge-brique plus où moins foncé, d’un aspect cuit ou fortement chauffé, panachés de blanc et de jaune, avec des veinules lie de vin ou gris-verdâtre. Cette roche singulière enveloppe des fragments calcaires, anguleux, de diverses teintes, quelquefois des oolites, et pré- sente des cavités tapissées de cristaux de chaux carbonatée. Son épaisseur est de5 mètres à 5 mètres 50, et elle semble se relever de manière à venir s'appuyer contre une masse subverticale de 2 mètres, qui traverse la route un peu obliquement. Cette masse est formée de craie sableuse grisâtre, glauconieuse, en- durcicpar place et remplie de T'erebratula octoplicataet T. alata et de petits polypiers. £lle se désagrège ou se divise en rognons diversiformes, ets’élève ainsi comme une sorte de dyke recouvert bientôt par le poudingue siliceux ordinaire. En continuant àamonter, on trouve une grande quantité de spongiaires et d’autres polypiers libres ou entourés de terre rouge.Ces fossiles proviennent d’une autre assise de craie que les silex du poudingue et sont probablement dus à un phénomène plus récent. Les silex, en effet, semblent résulter de la destruction de la craie de Blois, et les polypiers, au contraire, de la destruction de la craie jaune placée dessous, et qui n’a pu être ravinée qu'après. Le dyke crayeux dont nous venons de parler n'est autre chose qu’un témoin occasionné par une dénudation semblable, et dont nous présenterons tout-à-l’heure des exemples plus précis et plus faciles à saisir. Sur le plateau, les poudingues deviennent de plus en plus épais et constituent des bancs solides, comme ceux du ravin qui borde le chemin du Moulin-Blanc ou de la Fontaine, et où des bancs très durs alternent avec des bancs incohérents. Les champs environnants sont parsemés de gros blocs, enveloppés çà et là dans une argile grise et jaunâtre. En descendant vers Saint-Rime , village situé au fond d'un vallon à gauche de la route, on ne tarde pas à voir sortir de dessous cette assise tertiaire Ja craie de Touraine et peut_être quelques bancs de la craie micacée, constituant les escar- pements contre lesquels sont adossées les maisons. A la descente de la grande route, une carrière est ouverte vers le haut de la colline, dans un calcaire blanc, cristallin, un peu celluleux, à cassure sèche, raboteuse et légèrement conchoïde. ON: 1, p. 69.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 69 C'est une modification remarquable des bancs supérieurs de la craie jaune ou du premier étage, et qui se continue sur une parte des coteaux de la rive gauche du Loir jusqu'au château de Lavardin , où elle est très recherchée pour les con- structions. Au-dessous, la craie avec Spatangus cortestudinarium var. lata Gold. (non Lam. ), une autre variété voisine du $S. gibbus Gold. et de nombreux polypiers, se montre par masses isolées, subverticales, comme si elles avaient été redres- sées puis séparées les unes des autres par un remplissage de poudingue incohé- rent (pl. 1, fig. 5). La superposition de la craie de Touraine à la craie micacée se voit en outre dans cette coupe d'une manière très nette. La craie micacée forme le bas de la rampe, et elle est, comme partout, caractérisée par son grain uniforme et très fin, sa teinte gris-blanc ou légèrement bleuâtre, les paillettes de mica blanc, les grains verts et les silex gris-blanc. Le vallon de Saint-Rime et cette coupe sont les premiers points où le deuxième étage vient affleurer sous le premier, pour continuer à se relever de plus en plus au S.-0. En général, on voit que les silex gris, blancs ou noirs, plus ou moins volumineux et en ro- gnons, caractérisent assez bien la partie moyenne et supérieure du deuxième étage ou de la craie micacée, tandis que les silex jaunâtres, brunâtres, souvent en plaques ou en gros nodules déprimés, appartiennent surtout au premier ou à la craie de Touraine. Le village des Roches est appuyé contre un escarpement vertical de 50 à 55 mètres, qui borde la rive droite du Loir. La base de l’escarpement, jusqu’à la hauteur de 10 à 12 mètres, est de craie micacée avec silex gris en rognons ; au-dessus, vient la craie jaune peu développée, et qui ne s’en distingue que par sa texture plus grossière et ses silex brunâtres, en plaques et peu nombreux. Le tiers ou le quart de la hauteur de l’escarpement, suivant les points, est formé par le dépôt inco- hérent de silex, de sable ferrugineux et argileux ou glauconieux et de grès remplissant des cavités de la craie qui ont jusqu’à 15 et 18 metres de profon- deur sur 5 ou 6 de largeur. On distingue très bien le fond de la plupart de ces cavités, el aucune ne paraît descendre plus basque le pied de l’escarpement. C'est,en plus grand, le phénomène que nousavons signalé en commençant près de la ville de Gien, sur le bord de la Loire, puis au Gué-Berger, à la descente de la route en face. et sur beaucoup d’autres points. Il nous paraît évident, et la rampe de la route au Gué-Berger le démontre complétement, que ces cavités ne sont point des trous cylindroïdes irréguliers ou en cônes renversés, mais bien des sillons diri- gés en général des plateaux, perpendiculairement à l’axe des vallées , et coupés ensuite transversalement par les escarpements qui bordent ces dernières. Quel- quefois la direction des sillons semble être plus ou moins oblique à celle de la vallée principale, comme à la descente de Saint-Rime et au Gué-Berger ; mais en les suivant sur une certaine étendue, on reconnaît bientôt que cette apparence résulte seulement des sinuosités accidentelles de la vallée. 70 ÉTUDES (N. 1 ,p. 70.) Le château de Montoire est bâti sur la craie jaune , et la base du monticule qu'il couronne est de craie micacée. Une excavation pratiquée à quelques pas dans la partie supérieure de cet étage, à gauche de la route de Château-Regnault, nous a présenté deux espèces nouvelles de Térébratules, l'une lisse, l’autre très finement striée qui rappelle les Terebratula rigida, Sow., T. pectiniformis, Fauj. et T. san- tonensis Nob., mais qui s’en distingue très nettement. Le fond dela vallée, entre Montoire et Troo, est occupé par un dépôt diluvien puissant, semblable à ceux de Vendôme au N -E. et de La Flèche au S.-0. La craie micacée paraît former presque toute la hauteur de l’escarpement sur lequel est bâti le village de Troo. Elle est très tendre à la partie supérieure, friable, glau- conieuse, et renferme de petits polypiers et les Térébratules striées que nous ve- nons de signaler; la craie jaune est très réduite en cet endroit, si même elle y existe. Le dépôt tertiaire, assez épais, est composé de sable glauconieux et ferru- gineux avec silex , et constitue tout le plateau qui sépare le Loir de la Braye. Quoique la Braye et l’Anille soient deux petites rivières qui se jettent dans le Loir, nous remettons à parler de leur vallée lorsque nous décrirons la coupe de Saint-Calais à Mortagne , et nous continuerons, à partir des environs de Chà- teau-du-Loir, l'examen de la vallée qui nous occupe. Excepté dans le vallon de la Membrotte, où la craie jaune vient affleurer, la route de Tours à Château-du-Loir parcourt un plateau formé constamment de marnes lacustres et de calcaires siliceux ou de meulières. La craie de Touraine reparaît à la descente de Dissay, et constitue les collines de la rive gauche comme celles de la rive droite jusqu'à Château-du-Loir. Le plateau que l'on traverse en allant de cette ville à Vouvray, village situé à l’E., présente sur ses pentes supé- rieures une terre jaune de 4 mètres d'épaisseur, recouvrant un dépôt de sable rou- geâtre bariolé, qui passe vers le bas à une marne jaune et rouge de 5 à6 mètres de hauteur. Celle-ci repose sur le poudingue, qui occupe cependant aussi la partie culminante du plateau, parce que les dépôts précédents lui ont été seule- ment adossés sur les pentes. Le poudingue est exploité près de la ferme de Boutelau, où il forme des blocs volumineux disséminés dans une argile sableuse grise. Les silex gris, jaunes ou rouges, reliés par un ciment siliceux, sont très roulés, et leur grosseur varie depuis le volume du poing jusqu'à celui d’une noisette. En descendant à Vouvray, on trouve un sable bigarré, plus ou moins argileux, avec des graviers disséminés , un sable rouge assez marneux et le pou- dingue incohérent, séparé de la craie par un lit de sable glauconieux d’épaisseur variable. Comme partout, le plan de jonction des deux terrains est extrêmement irrégulier , et prouve qu'une dénudation considérable de la craie a précédé les premiers sédiments tertiaires. Au-dessous du sable, viennent les assises suivantes : 4° Craie glauconieuse avec Exogyra columba, E. turonensis, Trigonia scabra , Cucullées, poly- piers, etc., et semblable au banc à Zxogyra columba de Villedômer. (NA, p.71.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 4 71 2° Craie jaunâtre avec lits minces, espacés de 0,25 à 1 mètre, formés de petits polypiers et de valves séparées d’Exogyra turonensis. L’épaisseur de ces deux assises est d'environ 11 mètres. 3° Craie grise , friable, sableuse, micacée, remplie d’une prodigieuse quantité de nodules tubercu- leux , digités ou palmés de la même substance que la roche. Celle-ci est plus ou moins endurcie par une infiltration siliceuse, comme sous le château d’Amboise et dans les carrières de Lussault. Les fossiles y sont rares, et il paraît en être de même dans toutes les couches où il y a beaucoup de ces tubercules. h° Roche semblable dans laquelle la silice tend à prédominer vers le bas. Les rognons deviennent des silex gris, blanchâtres, impurs, remplaçant les tubercules précédents et se fondant également dans la masse. L’ ÉpANSCUE de ces deux assises à rognons endurcis ou siliceux et de 22 à 25 mètres. La seconde se voit jusqu’au niveau de l’église de Vouvray. 5° En suivant à l'O. la route de Courtamont, les silex prennent une teinte grise plus prononcée ; la roche reste la même ou devient plus dure par place. Elle est massive, et son épaisseur est de près de 30 mètres. Elle est remplie de demi-silex ou de silex imparfaits se fondant avec la roche sans limites précises. Le même système de couches se prolonge dans les collines de Gaulard jusqu’à Château-du-Loir. Les serpules, les polypiers, la Pinna Renauxiana, d'Orb., s’y montrent cà et là. Dans la coupe précédente, les caractères des deux premiers étages du groupe de la craie tufau tendent à s’effacer vers leur jonction; mais nous sommes con- duit par diverses analogies à placer les assises 1, 2 et 3, dans la craie jaune et à reporter les assises 4 et 5 à l'étage de la craie micacée. A la sortie de la ville par la route du Lude, on trouve d’abord le conglomérat ou poudingue très épais, et à deux kilomètres plus loin, des plaques tubercu- leuses et des rognons irréguliers de grès silicéo-calcaires, très durs, gris- jaunes, avec beaucoup depetites Exogyres, et entourés d'une terre argilo-sableuse, rmicacée, brun-jaunâtre. Les plaques et les nodules sont brisés, mais non rou- lés, et il serait possible que le tout appartint au dépôt caillouteux, incohérent, plus ou moins sableux ou argileux, qui occupe les plateaux environnants. A deux kilomètres de Vaas, on remarque, à droite de la route, des collines basses composées de craie jaunâtre ou blanchäâtre, très friable , avec silex gris. Au bas de la côte de Morié, on exploite une craie d’un blanc gris , avec quelques silex gris, appartenant à la craie micacée qui vient affleurer sous la craie jaune. Cette dernière s’amincit d’ailleurs beaucoup, à mesure qu'on s'avance vers l'O. Les collines boisées qui bornent l'horizon au N. de Vaas font encore probable- ment partie de cet étage. Après avoir passé la rivière, si l’on prend le chemin de la Chapelle, on trouve les couches suivantes en montant la colline près de la ferme de la Titonnière : 1° Calcaire sableux, friable, gris-jaune, avec points verts, Zxogyra recurvata, Terebratula Menardii, Nerita, etc. 2° Marnes glauconieuses. 3° Marnes blanchâtres remplies d’Exogyra columba et d'Ostrea biouriculata. 4° Lits de rognons glauconieux, endurcis et marnes glauconieuses avec /noceramus Cripsii, Gold. 5° Marnes blanches. 6° Sable rouge et cailloux roulés. 72 ÉTUDES Ÿ (N. 1. p.72.) Les couches 1 et 2 appartiennent au grès vert; 3 et 4 au troisième étage du second groupe, et le n° 5 représente la craie micacée ; la craie jaune manque sur ce point comme sur presque tout le reste de Ja rive gauche du Loir à l'O: Le plateau qui s'abaisse ensuite vers la vallée de la Fare est recouvert d’un terrain de transport composé de sable rouge, de gravier plus ou moins fin et de silex roulés. En descendant vers le pont, près du moulin de la Roche, on voit dans la nouvelle tranchée du chemin, sous le dépôt précédent, le poudingue si- liceux avec de la terre jaune, et une couche de sable glauconieux au contact de la craie micacée, laquelle renferme des silex gris, ramifiés, un peu au-dessus du niveau de la rivière. Si l’on remonte ensuite vers Croy, on trouve à mi-côte de nombreux blocs de grès quarzeux, très gros. Ils sont parfaitement homogènes, gris, lustrés , et pa- raissent être en place, ou descendus très peu au-dessous de leur gisement, car plus haut et sur le plateau, il n'y en a plus de traces. Ces grès appartiennent à l'étage du poudingue, et à peu de distance on les voit en effet passer à de véri- tables conglomérats par la présence de cailloux au milieu de la pâte du grès; ils forment aussi par place des bancs régulièrement stratifiés. Ces bancs, avec les graviers et les sables ferrugineux sans doute diluviens qui les surmontent, recou- vrent les collines environnantes sur une grande épaisseur, et masquent par- tout les couches secondaires. La craie micacée paraît être exploitée sur le ter- ritoire de Broc. De La Chapelle au Lude, sur la rive droite du Loir, on voit tou- jours le même poudingue incohérent extrêmement développé, les mêmes couches sableuses, blanches, jaunâtres, avec silex de la craie, puis des sables glauco-ferru- gineux bien stratifiés et sans fossiles appartenant au grès vert Au N. de La Flèche, en montant le coteau de Saint-Germain, on trouve, à 5 ou 6 mètres au-dessus du niveau de la vallée, le banc d’Exogyra columba et d'Ostrea biauriculuta , composé de calcaire sableux gris-jaune et friable ; au-dessus sont des sables et des grès ferrugineux calcarifères , renfermant des veines minces d'argile schisteuse, puis des nodules et des veinules d'argile non effervescente d’un blanc pur. Dans la partie du dépôt arénacé où les lignes de fausse stratification sont obliques, les petits bancs de grès qui alternent avec le sable sont également obli- ques (pl. IE, fig. 10). Ces plaques de grès avec Exogyres sont à grain très fin, vers le centre , et passent au compacte; elles sont zonées de gris et de vert par le plus ou moins d’abondance du silicate de fer. En continuant à monter, on voit des marnes blanches glauconieuses, avec des rognons endurcis qui passent plus haut à des silex gris ; puis la marne devient blanc-jaunâtre, plus sableuse , avec quelques Exogyra columba. Cette dernière couche est en partie recouverte par une masse considérable de sable glauconieux micacé de 6 mètres d'épaisseur, dans laquelle on trouve disséminés des fragments anguleux de craie, des rognons endurcis de la même roche , des silex blanchâtres qui en proviennent également, et quelques Exogyra (N. 1, p.75.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 73 columba, Huîtres et autres coquilles brisées ; sur le plateau, ce sable devient tout-à-fait rouge. À l'Armuisière, la craie micacée, avec rognons de silex blan- châtres et Exogyra columba reparaît sous cette même masse après s'être prolongée à mi-côte depuis Saint-Germain. Plus bas, se montrent des sables glauconieux avec Exogyra columba, des veines minces d'argile, des veinules d'argile d’un blanc pur, comme dans la carrière de Saint-Germain, aux couches de laquelle celles-ci correspondent exactement; puis de petits bancs de grès qui alternent avec des sables glauconieux, le tout reposant aussi sur le banc inférieur à Æ£xo- gyra columba et Ostrea biauriculata. Cette dernière coquille ne paraît pas se trouver dans le banc supérieur. A l'E. du vieux château, les sables glauconieux sont très développés, les vei- nules d'argile blanche très régulières, et le sable est zoné de brun et de vert. À la partie inférieure, les grès sont d'un gris vert, micacés, à grain fin et uniforme, tendres et à cassure terreuse. Ils sont composés de sable quarzeux très fin, de mica blanc et de grains verts cimentés par un peu d'argile, et ils constituent un psam- mite assez semblable à certaines variétés du müllstone grit. Nous n’y avons trouvé que des traces imparfaites et très rares de coquilles et des végétaux charbonnés. Dans la cassure , ils offrent souvent des zones rouges , sinueuses et ondulées. La rampe de l’ancienne route à Clermont montre aussi très bien, au- dessus, des sables glauconieux, la craie avec Exogyra columba, Ostrea coni- rosimis Gold., Pecten tumidus Duj. (1), P. multicostatus Gold., Lima, Arca fibrosa Sow., Cyprina intermedia, d'Orb., Ammonites Mantelli Sow. var., etc. Le banc des fossiles repose immédiatement sur le sable vert. qui paraît s'élever plus haut que dans la coupe précédente, et nous n’avons pas trouvé à sabase le banc des ostracées , probablement masqué par des éboulements. La craie semble avoir au contraire une moindre épaisseur en cet endroit ; peut-être se trouve-t-elle en partie cachéesur les pentes dela colline par le dépôt de transport qui en occupe le sommet. Dansda tranchée de la nouvelle route, on reconnaît encore que la craie, réduite à une épaisseur de 6 à 7 mètres, a été profondément ravinée avant le dépôt argileux rouge; ce dernier renferme beaucoup de silex brisés, gris, tuberculeux, ramifiés, provenant évidemment de la destruction sur place de la craie sous-jacente. . On peut résumer de la manière suivante la composition des collines au N. de La Flèche. ë 4. Sable très ferrugineux, rouge, avec gravier et glaise. . . . . /A”,00 2, Sables glauco-ferrugineux avec silex et fragments de craie. 6 ,00 s 3. Craie sableuse, avec rognons endurcis. Me le CAPE IEEE 0 0 NEA ! L. Craie semblable à la précédente, avec rognons siliceux blanchâtres. 2° GROUPE. fossiles nombreux, particulièrement l'EÉxogyra columba . 6 ,00 5. Sable gris -verdâtre, rubané et grès micacé ou psammite ver- 5e ÉTAGE. | dâtre, avec veinules d’argile schisteuse et d’argile blanche. . . 6 ,50 6. Lit d'argile grise, feuilletée. . . . . . . . . . . . . 0.60 { 7. Banc d'Exogyra columba et d'Ostrea biauriculata.. . . . 1,00 (1) Nous employons à regret cette dénomination donnée par M. Dujardin , parce que bien avant SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n. 1. 0 74 ÉTUDES CN. 4, p.74). 3° GROUPE. Grès vert. . . 8. Sables et grès ferrugineux et glauconieux formant la base de la colline. La craie jaune de Touraine n’est done plus représentée ici que par ses couches avec Exogyra columba, qui se confondent avec la craie micacée, très réduite elle- même, et à peine reconnaissable. En suivant la route de Sablé au N.-0. ou bien les collines qui longent celle de Durtal à l’O., nous retrouverons bientôt de nouvelles preuves de la superposition des couches que nous venons d'in- diquer. Au S. de La Flèche, à la descente de la route de Beaugé, des sables et des glaises grises, qui formaient le sol depuis Clefs, paraissent se lier à des sables très ferrugineux. Cesglaises et ces sables sans fossiles sont identiques avecles couches que nous avons vues recouvrir la craie au S.-E. de Château-Regnault, sur le che- min d’Autrèche. L'absence, sur ce point, du banc à ostracées serait un motif de plus pour les regarder comme tertiaires, ce qui n'empêcherait pas les sables ferrugineux des environs d’appartenir réellement au grès vert. Les uns et les autres sont d’ailleurs parfaitement distincts du diluvium qui occupe le fond de la vallée, où il est exploité pour l'entretien des chemins, et où il forme quelque- fois des bombements assez prononcés, comme à un kilomètre sur la route de Sablé, (pEIE, fig. 9). Il est composé en cet endroit de sable ferrugineux, rougeâtre, enve- loppant une grande quantité de cailloux roulés de silex de diverses couleurs, avec des lits subordonnés de sable pur. Après le village de Vernon , on voit se relever sur les côtés de la route, d'abord les sables du grès vert, puis le banc d'Ostrea biauriculata, et d'Exogyra columba, de 2 mètres d'épaisseur, auquel succède le sable gris-verdâtre, avec de petits bancs de grès, comme dans le coteau de Saint-Germain. Le plateau est recouvert par un dépôt de cailloux roulés. A la descente de Cromer (pl. IL, fig.9), les mêmes couchesse repré- sentent. Au-delà du village, le banc d’ostracées se voit encore, mais plus loin ; les sables sous-jacents, ou du troisième groupe, constituent seuls la base du grand plateau que parcourt la route jusqu'à la tuilerie du Point-du-Jour. On exploite, pour alimenter cette fabrique, des glaises grises et jaunâtres sans fossiles, qui sortent de dessous les sables précédents , et qui reposent sur des calcaires marneux et argileux ou marnes sableuses grises, appartenant au groupe moyen de la formation oolitique. A une profondeur d'environ 1@ mètres , des calcaires gris - bleuâtre de la même formation ont été atteints. Cette assise oolitique nous a présenté les fossiles suivants : Pecten demissus Phil. , une Térébratule qui paraît être une petite variété de la T. concinna , Sow. T. obtusa , id. T. impressa Bronn., un Turbo et le Dysaster analis Ag. La colline allongée de l'E. à l'O., qui sépare la route qu'on vient de suivre de celle de Durtal, appartient encore à la formation erétacée, et montre sur sa pente lui, MM. Hartmann et Zieten l'avaient consacrée à une espèce du lias (Petrif. du Wurt., pl. 52, POE | (NA p.73.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 75 méridionale, derrière le village de Marigné, la série suivante de couches en allant de haut en bas. 4° Dilavium composé de cailloux roulés de calcaire provenant de la formation oolitique, de sable, de grès dur et lustré à gros grains, de rognons de grès vert, léger, poreux ét»blanchatre NA JET RQ: - 57,00 2° Calcaire gris, blanc ou jaune, scoriacé, passant à un nec LE oierd E nice Co- lumbaet plus ou moins endurci par place. Nous y avons aussi trouvé une petite 77r1- CONTRE AS CNED AR ER RE. Le 0. 0 , + 0,50 3° Sable vert et ferrugineux, plus ou moins argileux. . . . 9 ed et lot à If ON L° Grès lustré gris avec points verts, zoné de gris foncé, très ae et en al LENS TNO NEO 5° Marne schisteuse et sableuse, jaune ou grise, avec des lits subordonnés de grès glau - CORTEX SN NE OR MORT A RUES RS OT ET dis ange 118300 GCASADIENANTER PR NEA US UE PEN RE CE . :, … . … . à,,00 els CHIS ENS ESPN CE RE TE NET OMS. . . |. : ., 2 ,00 SASADIEIAUTES ML 1. Fos RATE. è É RE 0 104600 9° Argile schisteuse passant accidentellement à un note PTE DIS eue = te. «OU 10° Sable à gros grains avec fragments d’ostracées très atténués. . . . . . . . . 4 ,0Ù 11° Banc d’Osfrea biauriculata et d'Exogyra columba . . . . - 1 ,50 12° Calcaire marneux jaunâtre, puis dur, bréchoïde avec les mêmes ostracées et re (abellaia" PRE JA LEPCES A Re ME AE 27 O0 13° Sable gris, glauconieux jusqu’au niveau de la vallée. vs le fond de cette dernière se trouvent probablement les glaises que nous venons de signaler à la tuilerie du Point-du- Jour , recouvrant les calcaires oolitiques. Ce sable se voit sur une hauteur de. . . 6 ,00 En comparant cette coupe à celle des collines de Saint-Germain et de Clermont, situées à 6 et 7 kilomètres à l’'E., on voit : 1° que la craie micacée et même la craie jaune ne sont plusreprésentées ici que par un lit de 0",50 d'épaisseur (n°2); 2° que l'étage inférieur du groupe dela craie tufau, comprenant les couches 3 à 12, est infiniment plus développé et plus varié non seulement que dans les coteaux au N. de La Flèche, mais encore que sur aucun autre point que nous ayons observé; 3° que le grès vert proprement dit, étant au contraire ici à très peu près au même niveau que précédemment, nous dérobe encore toute sa partie moyenne et inférieure, sans doute peu épaisse, puisque les calcaires oolitiques viennen affleurer avant d'arriver à Durtal. Les couches à ostracées se retrouvent également bien caractérisées au S., entre la vallée du Loir et celle de la Loire, aux environs de Pellouailles , de Chéviré, de Corzé, de Mazé, etc. Nous avons dit précédemment qu'au lieu de suivre les vallées dela Sarthe, de l’Huisne, etc., il nous paraissait préférable, à partir de la vallée du Loir, d'étudier le grand versant qui s'étend au N. jusqu’à la ligne de partage du Mellerault, en suivant deux séries de coupes qui se réuniraient à Mortagne, l’une, occidentale , passant par le Mans et Alencon , l’autre, orientale, remontant de Saint- Calais à Bellesme ; c’est aussi la marche que nous allons suivre en commençant par l’exa- men de la première. 76 ÉTUDES CN. 4, p.76) S III. Coupe occidentale. Le promontoire dont la ville du Mans occupe l'extrémité S.-O. (pl. IE, fig. 4), resserré entre les vallées de l’Huisne et dela Sarthe, est recouvert par un dépôt de transport assez épais, sableux et avec nodules de quarz. Au N.-E. de la ville, on trouve au-dessous une marne crayeuse, blanche, micacée, friable, employée pour marner lesterres, et renfermant des polypiers, des osselets d’Astéries, des ba- guettes de Cidarites vesiculosus, de petites Huîtres , le Pecten quinquecostatus , des fragments de Nautile, mais point de silex. Cette couche, qui paraît représenter ici la craie micacée, dont nous avons suivi les traces jusqu'autour de La Flèche, renferme cependant quelques fossiles plus particuliers à la craie jaune. Plus bas , on voit un lit de glaise formant probablement le niveau d’eau qui ali- mente les puits d’une partie de la ville; puis viennent ensuite, un banc de sable glauconieux tantôt friable, tantôt agglutiné et passant à un grès peu épais, un banc de sable ferrugineux, et en descendant au S., le banc des ostracées. La car- rière ouverte sur le bord de la route au-dessus d'Ivré paraît en être le prolonge- ment, etcelle du Luart,au sommet occidental de la colline, présente du hauten bas: 4° Sable ferLHCINEUX. M : du Re 0,50 2° Grès argileux, calcarifère, micacé, avec points verts et grains de quarz, gris-jaune, peu dur, avec Wytilus ligeriensis, Lima, Pecten tumidus, etc: . . 0 ,50 3° Banc semblable au ne avec Ostrea biauriculata, — Ænrhes £. Re bellata, etc. . . PARLES 4 ,00 h° Grès To calcaire gris, a une espèce de colis À avec de Fais rs et renfermant des Peignes , des Limes , etc. 0 ,50 5° Sable verdâtre coquillier. F 2800 6IGrès argileux;ftendre, micacé LP EN 0 ,50 T° Sable et grès argileux, verdâtre . . . . ” Ce be dci D k ,00 8° Grès plus ferrugineux, en rognons aplatis, Shor does) dans un sable deb même nature. 2 ,00 Toutes ces couches sont d’une dureté très variable ; elles sont plus ou moins gri- ses, ferrugineuses ou verdâtres, mais en général très micacées, mélangées de points verts et de grains de quarz. Au-dessus des bancs à ostracées, on trouve souvent des rognons gris , roses , blancs ou jaunes, formés d’un grès argileux, tendre et léger. Jusqu'à présent nous avons regardé les bancs à Exogyra columba et flabellata et à Ostrea biauriculata comme la limite inférieure du groupe de la craie tufau ; mais dans la coupe précédente, il nous paraît difficile d’en séparer les assises 4 à 8, qui sy lient d'une manière intime, et nous sommes porté à abaisser ici la limite du second groupe jusqu'à la jonction des sables ferrugineux exploités au-dessous, dans la même colline, et qui sont associés aux couches à Trigonies. Les assises 2, 3 et4 de la carrière du Luart nous ont offert les fossiles suivants : Tragos. Echinoneus ( Carathomus, Gehrdensis, Ræm.?). Ceriopora. Pholadomya ligeriensis, d'Orb. CN. 1, p.77.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 77 Cardium Guerangeri, d'Orb. Ostrea carinata, Lam. Cyprina ligeriensis, id. : ——— biauriculata, id. Mytilus ligeriensis , id. Terebratula nov. sp. du groupe des Alatæ. Pecten tumidus , Duj. ————— Menardi, Lam. —— — laminosus, Mant. ——— biplicata, var. Sow. ——— (indét.). | ————— depressa, Sow. an triangularis Nils.? Lima, nov. sp. Pterodonta inflata, d'Orb. Exogyra flabellata, Gold. Globiconcha rotundata , id. ———— columba, id. L'ensemble de ces fossiles nous représente ainsi les caractères généraux de l'organisme des couches correspondantes aux environs de La Flèche, de Saint- Maur-sur-Loire, de Doué, etc. Sous l'assise n° 8 de la coupe précédente, une sablière est ouverte dans le groupe du grès vert. À la partie supérieure, est une couche de sable de 2 mètres d'épaisseur, dont le délit, d’abord oblique, redevient horizontal après s'être suc- cessivement relevé comme l'indique la fig. 8, pl. IT. Des rognons de grès très durs et ferrugineux sont enveloppés dans les bancs de sable inférieurs. Cette assise sableuse, d'environ 10 mètres, paraît reposer sur une espèce de poudin- gue à très petits noyaux de quarz cimentés par de l’hydrate de fer et un peu de marne, et qui est rempli de T'rigomia sulcataria. Cette même couche a été exploitée aussi sous une carrière située plus à l'O. du côté de Sainte-Croix, et où l'on extrait actuellement (1840) un grès gris, glauconieux , calcarifère, semblable à celui de la première carrière d'Ivré, quoiqu’à un niveau plus bas. La carrière de Saint-Blaise, sur la commune de Sainte-Croix, offre la dispo- sition indiquée pl. IE, fig. 9. Les fossiles sont très nombreux dans le banc in- férieur, mais presque toujours à l’état de moules ou d'empreintes. Cest le niveau des Trigonies et des nombreux fossiles que l’on trouve avec leur test bien con- servé, quoiqu’à l’état spathique, dans les carrières de la butte, sur le versant méri- dional de la colline, le long et au-dessus de la route de Paris. La roche sur ce der- nier point est un grès grossier, jaunâtre, micacé, calcarifère avec grains de quarz et grains verts, puis une grande quantité de débris de coquilles et de polypiers fai- blement agrégés par un ciment argileux. L'aspect particulier de cette roche, qui peut être regardée comme.un macigno , et les fossiles surtout du genre Trigome qu'on y trouve à profusion, la rendent très facile à reconnaître à la première vue. Dans ces bancs, l’'Exogyra columba se montre encore , mais ses dimensions sont moindres que dans les couches à ostracées. La variété minor de la Gryphæa secunda Lam. , et que nous regardons comme une variété minima de l'Exogyra columba, est au contraire très répandue dans les sables ferrugineux de cette localité et des environs. Nous signalerons les espèces suivantes dans les couches à Trigonies. Anthophyllum patellatum, Mich. AStrea agaricites, id. (Il nous paraît peu probable === paleriforme, id. que cette Astrée soit la même que celle qu’a figurée =—-——-— sulcatum, id. M. Goldfuss.) 78 Chætites ramulosus, Mich. Pelagia Eudesii, id. Ceriopora gracilis, Gold. ————- verlicillata, id. ————- truncatæ, Mich. Pustulopora gracilis, Mich. (non Ceriopora, id., Gold.). Eschara dichotoma , Gold. Lymnorea sphærica, Mich. Nullipora lycoperdioides, id. Fragment de crinoïde. Nucleolites lacunosus, Gold. Arcopagia numismalis, d’Orb. Cyprina ligeriensis, id. ———-- 0blonga, id. Corbis rotundata , id. Cardium. Pectunculus subconcentricus, Lam. Trigonia sulcataria, id, —_——— dedalæa, Sow. ———- — crenulata, Lam. ———-— spinosa, SOW. ———-— sinuosa, Park. ÉTUDES (N. 4, p. 78.) Avicula anomala, Sow. in Fit. Pecten serratus, Nils. ——— Nilsoni, Gold. (orbicularis, Nils.). ——— quinquecos(atus, SOW. _(inder.). Lima texta, Gold., var. ——- udspera, Mant. = —-"undala, Desh. (apud Leym.). Exogyra columba, Gold. —-—-— id. var., Minor et minima. auricularis, Al. Brong. Ostrea lateralis, Nils. ——— carinata, Lam. ——— (indét.). Anomia. Terebratula Menardii, Lam. ————-— lentoidea, Leym. (an T. plebeia, His.)? —_———— prælonga , Sow. in Fit. Rotella Archiaciana, d’Orb. Turbo Goupilianus, id. Strombus inornatus , id. Ammonites rhotomagensis, Al. Brong. ————— cenomanensis (Musée du Mans). Dents de Lamna. = pennata, Sow. Sous: ces couches, vient une assise puissante de grès et de sable ferru- oineux à gros grains, laquelle forme la base du promontoire qui porte la ville, et qui peut être observée, particulièrement dans une carrière ouverte à droite de la route avant d’entrer dans le faubourg. Si, du Mans, on prolonge la coupe versl’E. jusqu’à Montfort (pl. UL. fig. 1), on voit les sables ferrugineux entre la ville et Connéré , puis , dans les monticules qui bordent la route, les bancs représentant le niveau des Drigonies de Sainte- Croix. De Connéré à la Chapelle-Saint-Remy et autour de ce village, des car- rières y sont ouvertes ; mais les Trigonies paraissent manquer, tandis que l’Exogyra columba var.minima Y est très répandue, surtout danslesexcavationsfaites devant le château. Les collines qu'on traverse ensuite en se dirigeant vers Montfort appar- tiennent à cet étage. Elles en présentent les diverses couches suivant leur élé- vation, et celle du bourg, étant la plus haute, est aussila plus complète. A l'O. du Mans, les sables et grès ferrugineux sont encore plus développés, quoique nous n'ayons pas aperçu les bancs coquilliers vers Le haut. Du faubourg à Saint-Aubin, l’assise inférieure des sables et des grès précédentsdevientargileuse et bariolée de rouge lie de vin. Les grès ferrugineux sont exploités à la partie supé- rieure , et le sommet de la colline qui domine le village est formé par des grès quarzeux tertiaires qui semblent être superposés immédiatementaux grès secon- daires. Ces grès, de l'étage supérieur des environs de Paris, sont gris-blanc , très durs, et constituent un banc de 1,50 d'épaisseur assez régulièrement stratifié mais fendillé. Ce banc est subordonné à une masse de sable blanc, plus ou moins (N. 4, p. 19.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 79 souillé d'oxyde de fer, etest exploité sur plusieurs points au N.-0. de Saint-Aubin. Nous n’y avons trouvé aucune trace de coquille, mais les empreintes de feuilles dicotylédonées y sont assez communes. En descendant vers Saint-Saturnin, toutes les buttes sont formées de sable et de grès ferrugineux ( roussart des ouvriers). Les grès sont composés de grains de quarz, blanc laiteux ou hyalins, plus ou moins gros, colorés à la surface et faiblement agglutinés par de l'hydrate de peroxyde de fer. Ils sont disséminés dans les sables comme à l’entrée de Sainte-Croix. Nous y avons observé des fragments d’ossements qui paraissent être assez fréquents dans cet étage supé- rieur du grès vert, d’après les nombreux échantillons que nous avons vus dans le musée de la ville, et qui ont fait donner à ces grès le nom de grès zootiques. I en est de même de Saint-Aubin à Milesse ; mais un niveau d'eau qu'on aperçoit vers le pied des collines annonce la présence des glaises grises, un peu glauco- nieuses , placées sous les sables précédents. Ces dernières , exploitées pour la fabrique de carreaux qui est au N.-0. de Saint-Aubin, et les glaises sableuses panachées de jauneet de rouge lie de vin que l’on voit souvent au-dessus, ont une certaine analogie avec celles du département du Cher. Dans la tranchée de la nouvelle route de Lavardin, à moitié chemin de ce village à Saint-Aubin, on trouve des sables argileux, glauconieux el ferrugineux, avec des plaquettes de grès ferrugineux, puis au-dessous, des glaises grises et jaunes quel- quefois feuilletées , reposant sur un calcaire marneux et sableux, jaunâtre, en ro- gnons très durs et très tenaces versie centre, et appartenant au groupe moyen de la formation oolitique ( p!. I, fig. 1). A partir de ce point et en se dirigeant vers l'O., ces calcaires se voient constamment vers le fond des vallées. Ils sont exploités à la ferme de Lantonnière sur la commune de Dégré, et servent à l’em- pierrement des chemins. On ne les voit que sur une épaisseur de 3 à 4 mètres. Les espèces fossiles que nous y avons recueillies sont les suivantes : Modiola cuneata, Sow. Venus tenuis, Kock. Pecten demissus, Phil. ——— fibrosus, SOw. Ostrea duriuscula, Phil. (O0. menoïides de Munst., Berenicea diluviana, Lamour. Cidarites subangularis, Gold. Spatangus analis. id. (Dysaster, id. Ag.). Serpula tetragona, Sow. ———- Conformis, Gold. Lutraria jurassi, id. Gold.). ———— Alduini, id. Gryphæa (nov. sp.) Unio abductus, Phil. Terebratula coarctata, Sow. Tsocardia excentrica, VNoltz. ———— socialis, Phil. Sanguinolaria undulata , Sow. = — emarginata, SOW. Moule voisin de la Mya rugosa, Roem. ————-— (deux espèces indéterminées). Trigonia costata, SOW., var. elongalissima: Melania striata, Sow. —-—-— cuspidata, id. Pleurotomaria ou Trochus. Pholadomya carinata, Gold. Ammonites macrocephalus, Schlot: (aff. A. Herveys, ——-—-—— (indét.). Sow ?). Lima duplicata, Sow. —-— semicircularis, Gold. Avicula inæquivalvis, Sow. ——-—-— fonticola, de Buch. ——-—-— decipiens, SOW. 510 ÉTUDES (N. 1, p. 80). Avant de continuer vers le N. l'examen de cette coupe occidentale, nous don- nerons quelques détails sur le sondage exécuté au Mans de 1831 à 1834, et dans lequel on a traversé les couches suivantes (l’orifice du trou était à 18 mètres au- dessus du niveau de la Sarthe): Remblais ete ÉTÉ ER 22,66 Sable slauconieux et argile sableuse ER CE OT OC 5 ,59 Argile et fer hydroxydé géodique. . . . . . . Sable, grès vert et argile panachée. Argile grise micacée. . . . PAR MO UE Elo oc Sable, argile coquillière et bleus grès Le. Sable quarzeux gris. . Argile sableuse bleuâtre. . Sable gris. . Sable quarzeux gris. ; Argile bleue, sable vert et grès vert tan, Argile bleue compacte. = OO © OO D À À FE NO © KO © = EE NI Où = © © Co … © Argile/sableusetbleuñtre LS ON ,66 Sable vert. . . . ET ce CO . OR o ,20 Argile sableuse etatre RE à he ME ,50 Grès vert, argile noire et verte Atte Argile sableuse verte. . Arpgile noire compacte. Argile bleue et sable vert . Grès vert, argile bleue et calcaire slieere alternant : © Alternances,de sables verts, de grès verts, dlargiles tantôt serre a, tantôt sa- bleuses, et de calcaires siliceux semblables en général aux assises précédentes ; l’argile tend à prédominer, et devient très compacte dans les 50 à 60 derniers mètres. . . . 415 ,11 D UDOlaE. 0 0 2 206700 (Eau ascendante à 11 mètres en contre-bas du sol. ) M. Degousée rapporte cette longue série d’alternances argileuses et arénacées à la formation crétacée inférieure, et il est probable qu'il en est ainsi,malgré tout ce que ce développement exceptionnel peut avoir d’extraordinaire, comparé aux affleurements connus des deux étages inférieurs. En ajoutant encore 20 mètres pour l'épaisseur des calcaires et sables à Trigonies, le groupe entier, en supposant que le forage ait atteint sa base, n'aurait pas moins de 226 mètres d'épaisseur to- tale, et cela à quelques lieues seulement de l’ancien rivage crétacé, tandis qu'il en à à peine 115 au-dessous de la vallée de la Loire, éloignée de 15 lieues de ce même rivage au S. | < On pourrait s'étonner peut-être qu’un forageexécuté à tar ie telle épais- seur de couches argileuses et sableuses, comparables à celles de la vallée de la Loire, où la plupart des puits ont réussi, n’ait point amené d'eau jaillissante; mais la cause de ce résultat négatif doit être attribuée, suivant nous , au peu d'étendue CN: 1, p: 81.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 81 du bassin, comparée à sa profondeur. Ce n'est en réalité qu’une poche ou un vase profond rempli par une succession de couches courtes, plus ou moins horizontales etcontiguës chacune, ou au moinsle plus grand nombre, aux parois du vase. Or, ces couches ne se relevant pas assez haut le long de ces mêmes parois, ou ne les attei- gnant pas du tout, il en résulte que les nappes d’eau qu’elles peuvent contenir ne sont pas soumises à une pression hydrostatique suffisante pour remonter à la surface, comme dans un bassin ordinaire, où les couches continues s’emboîtent les unes dans les autres, et sont d'autant plus relevées sur leurs bords qu’elles sont plus anciennes. La route du Mans à Alençon (pl. IE, fig. 10) traverse, à la sortie du faubourg, une butte de sable ferrugineux à gros grains de quartz, recouverte par le diluvium, et peut-être par quelques grès tertiaires semblables à ceux de Saint-Aubin, et dont on voit des blocs dans les chemins qui se dirigent vers la rivière. En re- descendant le tertre, on trouve un dépôt de marne et de calcaire lacustre dont l'épaisseur paraît être assez considérable, et qui s’est formé dans une dépression des sables ou des grès. Ce dépôt, sans doute postérieur aux grès tertiaires des environs, serait de l’âge du calcaire lacustre supérieur. ILest exploité sur plusieurs points et s’étend à peu près l’espace de 2 kilomètres; nous n’y avons pointtrouvéde fossiles, mais il est probable qu'il se rattache à celui dont nous avons observé des fragments plus à l'O. dans la direction de Saint-Aubin, et dans lesquels nous avons reconnu une Lymnée voisine de la L. longiscata, des Planorbes et des Paludines. Un peu avant de passer le ruisseau , la route traverse un autre monticule composé de craie micacée avec Exogyra columba. Cette couche est peu épaisse, et paraît reposer directement sur le sable ferrugineux qui forme au-delà toute la montée et le plateau de Maule, et où se trouvent quelques grès friables subor- donnés , des glaises ferrugineuses un peu feuilletées, et des rognons de fer hy- droxydé. Le contact de la craie micacée et des sables ferrugineux, sans l’intermé- diaire des couches à ostracées et des bancs à Trigonies si développés, une lieue et demie au S., serait, si nous ne nous sommes point trompé, unfait assez remar- quable en ce qu'il prouverait l'existence d’un hiatus résultant d’un changement considérable dans le régime des eaux de cette période. Les sables ferrugineux se prolongent ensuite sous la Bazoge et jusqu'à la des- cente de la Vequerie, où l’on voit sortir de dessous, des glaises grises, bleuâtres ou jaunes sans fossiles, exploitées pour les tuileries et les briqueteries des envi- rons. Ces glaises impures, plus ou moins sableuses et de 7 à 8 mètres d'épaisseur, reposent, dans le vallon de Saint-Jean-d’Assé, sur des calcaires noduleux et mar- neux, gris-jaune, entourés de marne jaune, terreuse ou grisâtre, et dans lesquels plusieurs carrières sont ouvertes en descendant vers Saint-Marceau. On trouve dans ces couches , analogues à celles de Lantonnière , la Serpula tetragona, la Tri- goma costata Var. elongatissima, le Pecten fibrosus, des Ammonites, des Téré- bratules, des Polypiers, etc. SOC. GÉOL. — 9° SÉRIE. T. II. Mém, n. 4. 11 82 ÉTUDES (N:4, p. 82.) Ainsi, au N. et à l’O. du Mans, comme à l'O. de La Flèche, les sables et les grès ferrugineux reposent sur des glaises sableuses, grises , jaunes ou bleuâtres sans fossiles qui constituent la base de la formation crétacée, et qui recouvrent à leur tour des calcaires marneux et sableux, gris ou jaunes , appartenant au groupe moyen de la formation oolitique. Les sables ferrugineux cessent de se montrer au N. de Saint-Marceau , et le groupe du grès vert, le seul qui subsiste de toute la formation , n’est plus repré- senté lui-même que par des lambeaux isolés et peu épais de sables argileux ou d'argiles vertes, épars, soit à la surface des couches oolitiques, comme au vil- Jage du Buisson sur le bord de la forêt de Perseigne, à Cuissey, au N.-0. d'Alençon, soit même sur le terrain de transition, comme sur l’ancienne route d'Alençon à Argentan, etc. D’Alençon à Mortagne, des sables ferrugineux , dont l’âge nous paraît dou- teux, recouvrent le plateau entre Lanchal et le Guet, les calcaires oolitiques consti- tuant toujours le sol fondamental jusqu’au Ménil. Les sables verts commencent après ce village. Ils se prolongent sous la forêt de Bourse, puis occupent la surface du plateau de Bois-Soyer jusqu’à la descente de la Barre un peu avant Mesle , où les bancs oolitiques occupent le fond de la vallée et unepartie des pentes. De ce point à Boëce et jusqu’au hameau des Mares , les sables verts et les argiles forment la partie supérieure des collines, l’oolite Les talus inférieurs et le fond des vallées. La rampe de la route, depuis Launai jusqu'à Galions, est entièrement coupée dans les couches oolitiques , qui constituent aussi seules le plateau jusqu’à Mortagne. Ainsi, jusqu’à Saint-Jean-d’Assé, toute la ceinture occidentale du bassin ne nous avait offert, à la jonction des formations oolitique et crétacée, que des sables ferrugineux reposant sur des argiles sableuses, grises, jaunes ou quelquefois ba- riolées de rouge et sans fossiles; mais depuis les environs d'Alençon, commen- cent des dépôts d’un autre caractère, et peut-être un peu plus anciens : ce sont des glaises et des sables verts, plus où moins foncés, qui recouvrent les groupes ooli- tiques, et dont l’âge nous sera révélé par l'examen de la coupe suivante. $ IV. Coupe orientale de Saint-Calais à Mortagne. A un kilomètre à l'E. de Bessé , village situé dans la vallée de la Braye, à deux lieues et demie au S. de Saint-Calais, on exploite la craie micacée dans un vallon qui se prolonge au-dessus de la Godelinière. La craie se montre sur une hauteur de 12 à 15 mètres. Elle est d’un gris blanc, tendre, tachante, bréchoïde, sans stratification bien distincte, et remplie d’Inoceramus mytiloides et de silex gris - blanc. La craie jaune manque tout-à-fait, ainsi que la partie supérieure de la craie micacée avec ses Trigonies, ses Polypiers et ses petites Térébratules striées , si abondantes à Troo et à Montoire; on ne trouve plus que les parties moyenne (Ne, p.85.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 83 et inférieure, caractérisées comme partout par l’Znoceramus mytiloides. Les silex sont aussi moins nombreux que vers le haut de l’étage dans la vallée du Loir. En descendant le vallon, on atteint le grès vert près de la maison Laubras. C'est un grès grossier, jaunâtre, calcarifère, avec points verts, en rognons dis- séminés dans un sable de même nature, avec Huîtres, Exogyres, Trigonies , etc. Le contact immédiat des deux groupes peut se voir contre le jardin de la pre- mière maison, que l'on trouve sur la droite en descendant, et à la naissance d’un fossé de clôture ouvert à 20 mètres à l'E. de cette maison. En suivant plus bas le chemin de Bessé jusqu'à la rivière, on longe des escarpe- ments de 12 à 15 mètres de hauteur. C'est toujours un grès calcarifère jaunâtre, plus ou moins dur, en rognons, avec empreintes de Cyprine, de Trigonia sinuata, de Pecten quinquecostatus, d’Exogyra columba minor, d’Ammonites cenomanensis, etc. Ainsi, dans cette coupe non plus que dans toutes les vallées en remontant l’A- nille et la Braye, on n'aperçoit point encore de traces de l'étage inférieur du second groupe. Ce n’est que plus à l'O. que nous avons vu les dépôts de cet ancien rivage bien caractérisés par l’association de lOstrea biauriculata aux Exogyra columba et flabellata. Le poudingue incohérent marno-siliceux est toujours très épais sur ces collines et sur leurs pentes. En descendant à Saint-Gervais , les sables ferrugineux sor- tent de dessous ce poudingue. De l’autre côté de la rivière , derrière les maisons, sur le chemin de Marolles, les sables et grès ferrugineux forment des lits minces alternant; au-dessus, viennent les grès calcarifères en rognons dans un sable glauco ferrugineux de même nature, puis un banc de grès calearifère gris, dur, compacte, avec points verts et Trigonia sinuata, des Peignes , des Limes, des Cyprines semblables aux espèces du Mans, un Myoconcha , le Strombus inorna- tus, etc. Dans le chemin même, on voit ces bancs du grès vert surmontés immé- diatement par la craie marneuse et glauconieuse qui forme le reste de la colline. De ce point jusqu’à Saint-Calais, le grès vert borde constamment la route. La partie moyenne des collines est formée par la craie micacée, le sommet par le poudingue tertiaire. A l'E. et à l'O. de Saint-Calais (pl. I, fig. 6), les pentes inférieures sont aussi de sable et de grès ferrugineux, recouverts de craie mar- neuse, micacée, glauconieuse, sans silex, puis de craie avec silex blancs, panachés de gris et de noir, semblables à ceux de la craie de Blois. Au-dessus, viennent successivement un premier banc de silex avec argile sableuse rouge, une couche d'argile impure, brun-rouge panachée de vert, et une seconde couche de silex et d'argile sableuse rouge, avec des fragments de grès vert. Au sommet de la colline , sur l’ancienne route de Montdoubleau, on remarque, sur le dépôt précé- dent , une couche de cailloux roulés et arrondis tout-à-fait distincts des autres, dont les angles sont toujours à arêtes vives. Entre Saint-Calais et Montdoubleau, la craie micacée se montre presque partout à mi-côte, et au-dessus, reposent l'argile brune panachée de vert, des silex et des 84 ÉTUDES CN:4, p.83.) argiles rouges. Le grès vert affleure sur les pentes inférieures de la vallée de la Braye. Aux environs de Sergé, on a exploité anciennement des grès bruns presque noirs, à gros grains, très ferrugineux, exportés assez loin pour les constructions, pour la confection de bornes et celle des pavés. Ces grès, semblables à ceux de la base de la colline du Mans, ont été particulièrement employés dans la con- struction de l’ancien château de Montdoubleau, dont la tour penchée repose sur les silex, puis sur la craie micacée De Vendôme à Savigny, la craie est recouverte par un puissant dépôt de cail- loux semblable à celui que nous avons signalé sur les plateaux environnants. En descendant vers Savigny, la craie repose sur une masse puissante de sable brun- vert avec des grès subordonnés, et après le village, on retrouve une craie avec silex, analogue à celle de Vendôme , et qui surmonte sans doute la craie micacée plus à l'O. De ce point à Saint-Calais, la craie est partout masquée par le dépôt de cailloux et de sable argileux et ferrugineux. Ainsi la craie jaune de Touraine, qui se continue au N. jusqu'au-delà de Châtéaudun avec une grande épaisseur , ne se serait point étendue jusqu'à la vallée de la Braye, au moins dans cette direction, tandis que nous verrons la craie micacée se prolonger encore en nous avançant vers le nord. A la sortie de Saint-Calaïs par la route de Vibraye, on trouve ( pl. IF, fig. 6) des sables ferrugineux, puis glauconieux, enveloppant de gros rognons de grès , au centre desquels se trouve souvent l’Æmmonites cenomanensis. Plus haut, vient un grès jaune ou rose, Calcarifère, d'une structure bréchoïdeet irrégulière, recouvert à stratification discontinue par une couche de craie micacée, friable, avec points verts et qui passe à une craie marneuse avec quelques silex gris. Le tout est surmonté de dépôts de silex avec glaise et sable rougeâtre. Les grès calcarifères jaunes avec points verts renferment de petits polypiers, des baguettes d'échinides, des Limes, des Peignes, les Trigonia sinuata, sulcataria et spinosa, les Ostrea semi- plana, Sow., et hippopodium , Nils. , l'Exogyra columba minor et minima, etc. , fossiles qui, joints aux autres caractères de ces bancs, établissent d’une manière certaine leur parallélisme avec les couches à Trigonies du Mans. Plus loin, en montant la nouvelle rampe de la route de Berfay, les grès glauco- ferrugineux se montrent au pied de la colline, recouverts par une couche mince de craie glauconieuse à laquelle succède un énorme développement de silex, d'abord enveloppés dans un sable jaune-brun, ce qui a toujours lieu près des affleurements de sables ferrugineux, puis dans des marnes sableuses, blan- ches ou jaunes ( pl. LT, fig. 5 et 6 ); enfin, vers Le haut des talus, sont des glaises panachées avec de grandes masses de silex molaire ou des grès poudingiformes, siliceux, quelquefois lustrés et à gros grains. Ces glaises forment un niveau d’eau sur le plateau, où l'on trouve aussi beaucoup de fragments un peu roulés de calcaire lacustre blanc. Sous le plateau de la Rousselière, on exploite, par des puits de 27 à 28 mètres de CN:1, p.85.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 85 profondeur , le banc de craie marneuse avec Térébratules et Inocérames qui re- pose sur les sables ferrugineux , et dont l'épaisseur est de 5 mètres au plus. Ces puits traversent ainsi, sur une hauteur de 25 mètres, les dépôts tertiaires dont nous venons de parler. Avant d'arriver à Vibraye, la route coupe un petit ma- melon formé de poudingue incohérent et de sable ferrugineux enveloppant des silex; puis en remontant, on voit les silex disséminés dans la marne sableuse. Celle-ci passe à un poudingue assez solide par place, et dont les nodules parais- sent avoir été roulés. Vibraye est bâtie sur les sables ferrugineux, qui, au N., sont aussi recouverts par les silex, mais moins développés qu'au S. Ces derniers diminuent même de manière à manquer tout-à-fait à 2 kilomètres de la ville. A la Charbonnière, ferme que l’on rencontre avant Lamenay, on trouve encore, souslaterre végétale, une petite couche de craie glauconieuse, puis on descend sur des grès ferru- gineux calcarifères et blanchâtres , et enfin sur les sables eux-mêmes qui portent les maisons de Lamenay. À la sortie du village, au N., commence à se montrer (pl. IT, fig. 2 et5) un ensemble de couches parfaitement distinctes des précédentes. C'est d’abord une argile sableuse, vert foncé, avec une grande quantité d'Exogyra columba mi- nima, puis, au niveau de la route, quelqnes lits minces, peu solides et sub- schistoïdes de grès calcarifères glauconieux. Au-delà du ruisseau , on trouve un sable très chargé de points verts avec Pecten asper et Spondyle, puis un grès mi- cacé, gris-vert ou blanchâtre, glauconieux, tantôt dur, bréchoïde, sec, à cassure anguleuse, tantôt argileux, tendre, à cassure terreuse et renfermant les fossiles suivants : Cardium Hillanum , Sow., souvent très déformé; Cardium, deux espèces nouvelles; Arca carinata, Sow.; Pecten asper, Lam.; P. quinquecostatus , Sow.: P. (espèce lisse avec des stries circulaires), Spondylus , Trigonia dedalæw , Sow.; Gryphœa vesiculosa, Sow.; Exogyra haliotoidea , Gold.; Ammonites , voisine de cer- taines variétés de l’4. Mantelli, Sow. En continuant à s'avancer vers les Maisons-Rouges, les côtés de la route mon- trent, sur une épaisseur de 16 à 18 mètres, des marnes sableuses gris-cendré avec points verts et mica et renfermant des lits minces, subordonnés, très réguliers, de grès gris,secs, assez durs, plus ou moins rapprochés les uns des autres et quelquefois prenant la forme de rognons très aplatis. Ces couches se prolongent au N. avec les mêmes caractères jusqu’à environ 50 ou 60 mètres seulement des carrières de Cherré (pl. I, fig. 2 et 5). ouvertes dans les calcaires oolitiques, contre lesquels elles viennent buter ou se terminer en biseau. Telles sont les couches les plus inférieures de la formation crétacée dans cette partie du bassin, et qui se séparent nettement par leurs caractères mméralogiques, par quelques uns de leurs fossiles et par la discontinuité de leur stratification des grès ferrugineux qui les recouvrent.Cette séparation tranchée du premier étage du groupe des grès verts d’avec lesecond, séparation que nous verrons d’ailleurs se 86 ÉTUDES (N-1, p. 86.) maintenir constamment jusqu'à Mortagne, est un des faits les plus importants sur lesquels nous nous appuierons pour établir la théorie de la formation de ces dépôts. Les carrières de Cherré montrent à la partie supérieure un calcaire marneux, grisâtre, subcompacte, de 1 mètre d'épaisseur et très recherché pour la fabrica- tion de la chaux. Au-dessous, est un lit de glaise, puis vient le banc exploité, dont l'épaisseur est aussi de 1 mètre. C’est un calcaire gris, marneux, empâtant de petites oolites brunes ou jaunes, et une grande quantité de moules et d’em- preintes de petites coquilles assez semblables à l’Astarte minima , Phil. (1). La Ferté-Bernard paraît être bâtie sur le prolongement des bancs oolitiques de Cherré. À environ 500 mètres de la ville, sur la route de Nogent-le-Rotrou, on voit successivement , à la seconde montée (pl. UE, fig. 3), une marne gris cendré avec grains de quarz, puis un sable ferrugineux, des marnes rouges et panachées, enfin une terre jaunâtre enveloppant des fragments de silex, et dont l'épaisseur (1) Coupe d’un forage exécuté au Luart, chez M. le marquis de Luart, à trois lieues au S. de La Ferté-Bernard , entre Vibraye et Connéré. 1. Terre végétale et sable tourbeux. . . . . . . . . . 5,00 2. Sable jaune coquillier avec rognons de calcaire coquillier . . 4 ,66 8. Sable argileux avec pyrites et marnes alternant. . , . . . 17 ,00 3° GROUPE, 42,44. 4. Sable argileux jaune et rognons ferrugineux. . . . . . . 4 ,50 5. Marnes sableuses avec plaquettes. … à à à … à. . … …. LL 9 6SArpilesésableuses Et IMATNES CE RE T2 0D 7-ASaDlequarzeux CEE RE TE 8. Calcaire coquillier et marnes alternant . . . . . . . A2 9. Sable quarzeux avec pyrites et rognons de calcaire coquillier 5 ,84 TOC ERCOQUIILIEE NE NE 10 ,20 11. Sable argileux avec rognons de calcaire coquillier 1 ,80 12 PATSIIESMOILAÎTES 0 ,95 F UT TRES A5 Marne eriselet blanche ER IS Pr LS 1CNATBIIENOITAITE CC 1 ,15 15-NCalcaireigris=blanc. NC ICE CE 1 .85 16S.Areile 1Sableuse. EN OR CENTS OR ANR TERRES 6 ,40 17 Marne niSeleLDIANn CREER RC 3 ,70 18. Marne sableuse , calcaire coquillier et sable . . . . . . . 42 ,90. Total. . . . . . 103,00 (Point d’eau jaillissante. ) M. Degousée regarde toute cette coupe comme faisant partie de la formation crétacée: mais bien que nous n’ayons point été sur les lieux , nous pensons que le troisième groupe, qui forme dans cette zone occidentale la base de la formation, s’arrête au n° 7; tout le reste appartiendrait, suivant nous, à la formation oolitique. Les couches 2 à 7 s'accordent très bien en effet avec ce que nous avons vu à la partie inférieure du troisième groupe au N. et au N.-O. du Mans, et elles confirmeraient en même temps la supposition que le forage de cette ville s'était trouvé dans des conditions tout-à-fait excep- tionnelles et locales. Les couches 8 à 18 comprendraient les assises oolitiques supérieures de Cherré, et descendraient probablement jusqu’à celles de Lantonnière et de Saint-Jean-d’Assé, ou peut-être plus bas encore. Enfin ce que nous connaissons de ces étages oolitiques dans le pays environnant rendrait compte du peu de succès des recherches d’eau jaillissante. (N.1, D. 87.) SUR LA FORMATION CRÉTACEE. 87 est.de 4.à 5mètres. En descendant, on retrouve les marnes grises, sableuses, avec les mêmes caractères qu’au S. de Cherré. IL est probable que les sables ferrugineux et les marnes rouges ou panachées, malgré leur superposition immédiate aux marnes grises à points verts, sont de l'époque tertiaire; cependant nous n’émettons celte opinion qu'avec doute, puisque ce pourrait être aussi bien un lambeau du premier étage. Au-delà, se succèdent des couches glauconieuses et argileuses semblables à celles de Lamenay à Cherré, et constituant les divers mouvements du sol jusqu'à quelques centaines de mètres avant d'atteindre la côte de Queux. Cette colline, comme l'indique la coupe, fig. 3, pl. IE, est entièrement formée par l'étage des sables ferrugineux qui recouvre le précédent, et qui n’a pas moins de 80 à 85 mètres d'épaisseur. A diverses hauteurs , on yÿ trouve subordonnés, en lits plus ou moins minces ou en rognons, des grès calcarifères, jaunes, en- durcis, et de petits nodules spongiformes de marne blanche ou grise. Vers Ia base, en remarque beaucoup d’'Exogyra columba minima changées en orbiculessili- ceux. Des zones brunes plus ou moins foncées se voient aussi à divers niveaux dans la masse de sable. Les bancs de calcaire sableux renferment une très grande quantité de moules et d'empreintes de T'rigonia sulcataria, crenulata et spinosa, de Cyprines, etc. Ces traces de corps organisés se voient surtout dans le banc supérieur, dont l'épaisseur est de 3 mètres, et qui correspond à celui de Saint- Calais et des environs du Mans. Le sol du plateau est formé par un dépôt assez épais de silex brisés, empâtés dans une glaise rouge, et qui se prolonge jusqu’à la descente vers Nogent-le-Rotrou. Le sous-sol continue à être composé de sables ferrugineux que l’on trouve en- core bien développés vers le bas de cette descente, à droite dela route, avant les premières maisons du faubourg. Sur le versant oriental de cette même colline, une craie dure, sèche, blanc-gris ou jaune, semble lui être adossée. Dans le coteau opposé, la craie est tendre, grise ou blanche , marneuse , avec des silex noirs ou gris, et recouverte par des calcaires siliceux lacustres très développés. Il en est de même de la colline qui porte le château, et dont la base crayeuse ressemble à la craie à silex de Blois et de Vendôme. Ainsi sur ce point, comme à Savigny, il n'y aurait aucun intermédiaire entre cette craie et les sables ferru- gineux, et le groupe de la craie tufau tout entier, tel que nous l'avons limité et caraciérisé, manquerait complétement. Au-delà de l'Huisne, sur la route de Bellesme, la craie ne tarde pas à être rem- placée à la surface du sol par le groupe du grès vert, dont les étages inférieurs, glauconieux, argileux et arénacés, sont particulièrement développés à la grande côte de Saint-Aubin(1). Le faubourg de Bellesme est sur des cal- (4) M. Alc. d’Orbigny (Bull. de la Soc. géol., t. XII, p. 356 ) a signalé entre Saint-Côme et La Ferté-Bernard la craie micacée avec Ammonites rhofomagensis , recouvrant les sables ferrugi- neux, mais cet étage remonte-t-il réellement aussi loin vers le nord? 38 ÉTUDES (N.1, p. 88.) caires oolitiques dont on voit la coupe suivante dans la carrière située à l'entrée de la ville. 4° Marnes grises avec de petites Huîtres et quelques bancs oolitiques subordonnés. . . 45,50 2° Calcaire gris. . . . FE RAP CPU Le NS RSR 0 ,30 3° Calcaire marneux avec ètre res PL tes. NRA MALE. SRE 4 ,50 L° Calcaire jaunâtre subcompacte . . . TPS à CPR 0 IE 0 ,30 5° Calcaire marneux gris avec de petites Huîtres, | Mytilus Hit Di et divers moules d’autres fossiles. . . . . PR NRC FLE 1,00 6° Bancs exploités et bien stratifiés de calcaire Ve un peu jaunâtre, En lement ooli- tique , et dont les oolites, creuses ou remplies de calcaire blanc pulvérulent, sont de grosseur très variable et reliées par un ciment spathique. La ville est bâtie sur un lambeau de l'étage moyen du grès vert, que l’on suit jusqu'au bas de la descente de la route de Mortagne, où se montrent les calcaires jaunes oolitiques avec Diceras moritantensis nov. sp. (pl. IL, fig. 4 et 5), A l'entrée de la forêt, ces calcaires sont recouverts par un sable vert un peu argileux, rudiment de l’étage inférieur que nous verrons mieux caractérisé vers le N., et auquel suc- cèdent des argiles grises à points verts, et des lits minces subordonnés de grès grisâtres. Au-dessus, viennent les sables ferrugineux qui occupent toute la forêt, et qui sont surmontés d’un dépôt de transport composé de sable argileux rouge ou jaune, avec de nombreux fragments de silex et de calcaire. En descendant de la forêt, on retrouve les couches argilo-sableuses grises avec points verts, et des grès subordonnés quiseprolongent jusque versle Pin.Cevillage est bâti sur un grès marneux, jaunâtre, tacheté de gris verdâtre, blanchâtre, endurci par place, et prenant alors une teinte gris-bleu. La roche est micacée , à cassure terreuse , à grain très fin, généralement bréchoïde, fort légère, el sans stra- tification distincte. A la partie supérieure, règnent un ou deux cordons de silex bruns ou gris, se fondant avec la roche, aui en cet endroit est un peu celluleuse et paraît renfermer des traces d'empreintes végétales. Cette espece de psammite, qui se voit à droite en descendant contre les premières maisons du village, est ex- ploité, en outre, au niveau de la rivière, le long d’un chemin qui s’écarte à gauche de la route. Les fossiles y sont rares et peu déterminables. La continuation de la coupe vers Mortagne fait voir que ces couches, dont l’épais- seur est de 12 à 15 mètres, ne sont réellement qu'une modification de la partie moyenne de cet étage du grès vert. A fa hauteur de la Briqueterie, la partie inférieure est exploitée par des puits pour l'amendement des terres; c’est un cal- caire sableux, marneux, blanc-grisâtre, micacé, friable, à points verts, avec Jnoce- ramus, T'rigonia crenulata, Pecten quinquecostatus, Lima Hoperi Sow., et Hamites ar - matus Sow. Les caractères minéralogiques de cette roche, si l’on n'avait pas des superpositions aussi précises que celles que nous avons indiquées, la feraient cer- tainement placer dans le groupe de la craie tufau. Les psammites jaunes du Pin sont traversés pour l’atteindre, et on les voit affleurer vers Saint-Denis dans les CN: 1: p. 89.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 89 fossés qui bordent la route. Au-delà du pont, le calcaire glauconieux et sableux inférieur se montre un instant pour être bientôt recouvert par les psammites ou grès marneux, micacés, jaunes, très développés sur ce point. Des puits ouverts dans les champs de distance en distance, pour l'extraction de la craie marneuse et glauconieuse, permettent de la suivre constamment, quoique masquée à la sur- face par les roches silicéo-alamineuses, qui s’'amincissent à mesure qu’on s’avance vers le pied de la colline de Mortagne, où l’on n’en voit plus de traces. Les couches inférieures seules s’y montrent et se relèvent un peu en appro- chant des calcaires oolitiques, sur lesquels elles reposent, à 300 mètres environ des premières maisons du faubourg. Ces calcaires tendres, glauconieux et sableux, forment encore un mamelon allongé qui borde la route à l'O., et l’on peut en voir une coupe naturelle dans le vallon des Loges; ils se continuent à l'E. de la ville en tournant autour de la butte des Capucins, pour se terminer avant le chemin qui descend à Loisé. La butte des Capucins est une masse de sable fer- rugineux de 20 à 25 mètres d'épaisseur, située à l'E. de la ville, et qui repose sur les calcaires glauconieux, représentant ainsi un lambeau des sables de la forêt de Bellesme. Ces sables sont jaunes ou blancs, avec des plaques de grès ferrugi- neux ; ils renferment des veines et des zones horizontales plus ou moins brunes ou d’un jaune vif, et sont recouverts par un dépôt de transport de 5 mètres d’é- paisseur, avec des silex brisés non roulés. Ainsi les sables verts, et les glaises inférieures , puis le calcaire marneux blanc à points verts, se sont déposés contre une falaise oolitique au S. et au S.-E. de Mortagne, et les sables jaunes , blancs et ferrugineux qui ont recouvert le calcaire au S.-E., se présentent aujourd'hui comme une dune isolée, par suite sans doute d'une dénudation plus générale et d'autant plus facile que ces sables étaient plus meubles. Les principaux fossiles des calcaires glauconieux, gris-blanc, tendres et exploités pour le marnage aux environs de la ville, sont les suivants : Chenendopora , plusieurs espèces. ———— (indét., peut-être T, Archiaci, d'Orb.). Spatangus truncatus , Gold. (Holaster, id., Ag.) Pecten quinquecostatus , Sow., très grand. — =——— acutus, Desh. (Micraster, id., Ag.) Lima Hoperi, Sow. Panopæa mandibula, d'Orb. Inoceramus. Corbis cordiformis , d’Orb. Spondylus. Cyprina cordiformis, id, Diceras Lonsdalii, Sow. in Fit. Cardium hillanum, Sow. Trochus ou Pleurotomaria. Trigonia crenulata, Lam. Ammonites Mantelli, Sow., plusieurs variétés. ———— spinosa, SOW. Nautilus Dionisius, Les. Au N.-E. de la ville, sur la route de Paris, les couches oolitiques offrent la sé- rie suivante de haut en bas. 1° Calcaire blanc compacte, irrégulièrement fissile et en plaquettes. . . . . . . 3,00 26 GES Che eee CNE OR RER TE 0 ,25 SA CAT HR PIE EI CD MAG TES MAS do ce 1e -- + atante 2 ,00 Soc GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n. 1. 12 90 ÉTUDES (N- 1, p. 90.) L° Glaise grisâtre. . . DEN PR PR LEE RENTE TR OMR DE le 4 ,00 5° Calcaire blanc ao. se ME NE END ÉLE 1e "OCDE 4 ,00 6° Glaise grisâtre. ,10 7° Calcaire blanc. 8° Sable jaune. : 9° Calcaire compacte gris- Hate. 10° Grès calcarifère jaune-brun. 41° Calcaire compacte, oolitique, blanc- be 12° Calcaire à oolite cannabine. è 43° Calcaire avec Diceras moritantensis , et autres PT à l état ce PTS : 14° Calcaire blanc-jaunâtre , avec oolites milliaires, cannabines, pisaires, avellanaires et moules de coquilles. "He A ER AMENER ENNEMI RE 6 ,00 © NON © À © © © en = Ici se termine la partie de la coupe donnée par la tranchéedela route; le restejus- qu'au fond de la vallée, sur une hauteur de 20 à 22 mètres, se voiten remontant par un chemin un peu plus au N.Ce sont des calcaires oolitiques marneux, blanchâtres, peu solides, avec des oolites irrégulières et de toutes les grosseurs. Ces oolites sont formées de calcaire compacte jaunâtre, et montrent quelquefois des zones concentriques; elles se détachent tres facilement de la pâte enveloppante qui renferme aussi beaucoup de moules de fossiles semblables à ceux de la couche n° 14, dont ces banes ne sont que la continuation vers le bas. Ainsi ces calcaires et les oolites qu’ils renferment diffèrent essentiellement de ceux de Bellesme. Nous y avons trouvé les fossiles suivants: Pholadomya ovalis, Sow. Lucina Élsgaudiæ Thurm. (L. substriata Roem.), Corbis, Vénus ou Cyprine, Cardium ? Cardium nov. sp., ayant quelques rapports avec le C. pesbovis Nob., Diceras moritaniensis Nob. Modiola inclusa Phil. ? Terebratula obtusa Sow. Natica adducta Phil., Turritella muricata Sow. Les désignations minéralogiques de craie marneuse, de craie tufau et de craie olauconieuse, employées par M. Blavier (1) pour les couches crétacées que nous venons de décrire aux environs de Mortagne et de Bellesme, nous font craindre que ce géologue ne se soit peut-être pas bien rendu compte de la position de ces couches dans l’ensemble de la formation, et qu'il ne les ait confondues avec Les roches du véritable groupe de la craie tufau , dont elles sont si éloignées géologiquement ; nous regrettons aussi de n'avoir pu reconnaître sous ces assises crétacées des représentants réels de l'étage de Kimmeridge. Au-delà de Mortagne, le groupe du grès vert, réduit aux couches sableuses et argileuses vertes, et à quelques calcaires glauconieux ou grès subordonnés qui en constituent les étages inférieurs, forme une bande étroite ou des lambeaux isolés reposant sur l'Oxford clay d'après M. Blavier et dirigés du S. E. au N.-0., de Moutiers-au-Perche, par Longny et Moulins-la-Marche jusqu'à Montabart, sur la limite du département du Calvados. Ce groupe atteint presque ainsi (4) Loc. cit. GX, p.91.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 91 le point le plus élevé de cette partie de l'axe du Mellerault, dont l'altitude à Champhaut est de 321 metres. À partir du bord méridional de la forêt de Saint-Evroult, où M. Boblaye l’a signalé à une altitude de 311 mètres, le grès vert s’abaisse vers la mer. Mais à 9 lieues au N.-0. de Montabart, on trouve, exactement.sur le prolon- gement de cette ligne, un petit lambeau crétacé, perdu pour ainsi dire au milieu des schistes et des quarzites de transition, à une hauteur au moins égale, si ce n’est même plus considérable, qu'au bord de la forêt de Saint-Evroult, puisque la butte de grès du Mont-Pinçon, contre laquelle il est adossé, atteint 363 mètres d'altitude (1). M. de Caumont (2), convaincu de l'importance géologique de ce point, y fit faire en 1825 et les années suivantes des fouilles qui lui permirent de reconnaître que ce lambeau du Plessis Grimoult était ainsi composé de haut en bas: AR GTAISC ID CITE RE A NUE Se A NA USE Dieu AR le un L®,60 2° Calcaire jaunâtre, avec quelques fossiles. . . . . . . . h 0 Rd een ANT RES 1, 00 aCalcaire blancitaché derjaune, avec fossiles MERE M NON 0, 20 L° Calcaire dur, avec points verts abondants et quelques fossiles. . . . . . . . . . . . 0, 30 5° Marnes sableuses gris-bleu, reposant probablement sur le terrain de transition. Les fossiles cités dans ces divers bancs à partir du n° 2 sont des dents de squales, des fragments de crustacés brachyures, l’Exogyra columba minima à l’état siliceux, ainsi que plusieurs espèces de Trigonies , le Pecten quinquecostatus et un grand nombre de coquilles à l’état de moule ou d'empreinte qui n’ont pas été déterminées, entre autres des fragments de deux espèces d’Ammonites. Ce dépôt de 600 à 700 mètres au plus de longueur sur une largeur de 300 à 400 mètres et une épaisseur d'environ 7 mètres, repose, d'après M. de Caumont, sur les grès à l'extrémité de la bruyère du Plessis, et sur les schistes dans le vallon voisin situé sur la commune de Campandré. Par ses caractères comme par la position qu'il occupe, ce lambeau nous semble un témoin isolé de l’ancien pro- lonsement de la bande de Nonant à Montabart, et appartenant aux étages infé- rieurs du grès vert. Dans la direction de l’Aigle et de cette ville à Glos-Laferrière (3), Montreuil - (1) Quoique nous connussions l'existence et la place de ce lambeau, sa position, si remar- quable par rapport à l’axe du Mellerault, nous avait complétement échappé, et c’est à la sagacité, si ingénieuse et si profonde à la fois, de M. Elie de Beaumont, que nous devons cette indication précieuse -qui nous a mis aussi sur la voie de quelques considérations théoriques dont nous parlerons plus loin. (2) Zssai sur la topographie géognostique du Calvados, p. 275. (3) Un forage entrepris par M. Flachat à Glos-Laferrière a été poussé jusqu’à 121,49. D’après les détails donnés des 44 couches traversées, il semblerait que cet ingénieur les rapporte à la for- mation crétacée. Cette commune se trouve cependant située sur un plateau de calcaire lacustre et de poudingue ; et quoique le terrain tertiaire doive y être très puissant, la légende, jointe à la coupe, 99 ÉTUDES (N: 1, p. 92.) Largillé et au-delà, la formation crétacée est recouverte d’un épais manteau de dépôt tertiaire sableux, marneux, caillouteux ou argileux qui sur certains points atteint une épaisseur de 40 mètres. Le versant N. de la vallée de la Loire est limité, comme nous l'avons dit, par l'axe même du Mellerault; nous passerons actuellement sur le plan situé au N. de cet axe pour étudier les couches qui, s'étendant de là jusqu’à la mer et vers la Seine, sont coupées par les vallées de la Charentonne, de la Rille, de la Touques et de la Dive. Cette partie de notre travail sera beaucoup moins étendue que les pré- cédentes , d’abord parce que la surface qu’elle comprend est moindre, et ensuite parce que les assises crétacées ont des caractères plus uniformes, et qu'elles ont été décrites avec assez d’exactitude pour que souvent nous n’ayons plus qu'à les caractériser d'une manière générale. CHAPITRE III. Versant nord de l’axe du Mellerault. Si de Nonant on se dirige vers Gacé on marche, en arrivant près de ce dernier bourg, sur des sables ferrugineux renfermant des couches subordonnées de grès brun, avec beaucoup de coquilles brisées, et dont les mieux conservées paraissent se rapporter à une Avicule voisine de l4. Bramburiensis Phill.; puis viennent des grès tendres, extrêmement chargés d'oxyde de fer, et plus haut, des rognons po- lymorphes, spongiformes, en couches subordonnées, et enfin un lit d'argile gris- bleuâtre. La position et les caractères de ces couches arénacées ferrugineuses au S. de Gacé font d'abord naître quelques doutes sur leur âge véritable ; mais l'examen des collines situées au N.-0. du bourg permet de préciser leur niveau géologique de la manière la plus exacte. En sortant de Gacé par la route de Bernay, on trouve la coupe suivante de bas en haut à partir du four à chaux : 4° Calcaire marneux blanc-jaunâtre, hrèchoïde, plus ou moins compacte ou oolitique, avec Pholadomya carinata Gold. P. nov. sp.; Terebratula perovalis , Sow. T.bucculenta Sow.? Pecten vagans Gold. Bronn (non Sow.); Lutraria, Galerites depressus, Lam. 10,00 n’en fait aucune mention. L’altitude de ce plateau est probablement de 410 à 150 mètres. Il ya donc pour nous une grande incertitude sur les assises supérieures de cette coupe. Mais quoi qu'il en soit, le second groupe paraît descendre au-delà de 91,68. Quant au troisième, il se trouverait très réduit, car il est douteux que le calcaire marneux gris, et les marnes qui règnent de 109 à 121,49 dépendent du grès vert; elles sembleraient plutôt appartenir à la formation oolitique, ce qui expli- querait le peu de succès du forage et s’accorderait avec la proximité où ce point se trouve de l’axe du Mellerault. (K: 1, p. 95) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 93 2° Sable très argileux, vert-noirâtre, sans fossiles, reposant immédiatement sur le calcaire oolitique, et formant le ciel de la carrière. ÉARAMES de L ,00 30 Alternances de sable vert et de grès gris ou jaunâtre en lits MIDCe SR RENE NE | : 6 ,00 L° Grès calcarifère glauconieux, friable ou endurci par place, Vaufilus Dionisius, Les. ( elegantoides d’Orb. ). GENE PORTE 5 ,00 5° Calcaire sableux, glauconieux , avec des rognons Fe He ne Hernies) RES 6 ,00 6° Sable glauconieux , calcarifère , faiblement agrégé par place. Fossiles nombreux. 7 ,00 1° Sable calcarifère, glauconieux, grisâtre, endurci, et donnant lieu à de petits rognons irréguliers et contigus. Fossiles nombreux. . BONNE DEN REC EDEN SERRE RE 3 ,00 8° Sable rouge et silex recouvrant le plateau. RS MM ui À L®,00 La même superposition directe du grès vert au calcaire oolitique se voit encore dans la carrière de la Fangée, à une demi-lieue sur le prolongement S.-E. du même coteau. Nous avons recueilli les fossiles suivants dans les assises 4, 5, 6 et7, qui sont intimement liées et passent les unes aux autres. Tragos. Cellepora. Eschara. Flustra. Ceriopora mamillosa , Roem. Lunulites cretacea, Defr. (Spongiaire). Spatangus acutus, Desh. (Micraster, id., Ag. ). ————— id. var., (runcala. bufo, Al. Brong. (Micraster, id., Ag.). ——-—-— truncatus, Gold. (Holaster, id., Ag.). —_——— nodulosus, Gold. var. minor. ( Holas- ler , id. Ag.). Nucleolites carinatus, Gold. Lam. ; Catopygus, id., Ag.). Galerites subuculus, Lin. (@: rotularis, Lam.; Discoidea , Lesk.). Cidarites variolaris, Al. Brong. (Tetragramma, id. , Ag.) Echinus radiatus Gold. (Arbacia, id. Ag.) Serpula gordialis, Gold. Cyprina cordiformis, d’Orb. ———— intermedia, id. ? ———— rostrata, Sow, in Fit. ———— 0blonga d'Orb. ?- ——-—— (indét.). Isocardia (indét.). Corbis cordiformis, d’Orb. Trigonia crenulata, Lam. (N. columbaria, ——— asper, Arca ligeriensis, d'Orb. Mytilus ou Lithodomus (nov. sp.) ? Avicula, voisine de l’À. anomala, Sow. in Fit. Inoceramus striatus, Sow. ———-—— (indét.). Lima Dujardini, Desh. —— Hoperi, Sow. —— subovalis, Sow. in Fit. —— (indét.). Pecten æquicostatus, Lam. (var. intermédiaire entre les P. quinquecustatus , Sow. et {u-- midus, Duj. Sow. Spondylus fimbriatus, Gold. striatus, Al. Brong. Exogyra decussata ? Gold. ———— gaceensis, Nob. Ostrea carinata , Lam. Terebratula biplicata, Sow. ———-—— id. var. ia Fit. — Gibbsiana, id. ———-—— plicatilis, id. ———-—— prelonga, id. in Fit. (nov. sp.). Ammonites furcatus, id. an varians, SOW.? Turrilites tuberculatus, id. Nautilus Dionisius, Les. Crustacés voisins du genre Corystus: Si de Gacé on prend la route de Vimoutiers, on retrouve les mêmes sables et grès ferrugineux qu'au S. du bourg, et à un kilomètre environ, onles voit recouverts par un petit lambeau de calcaire oolitique.En montant ensuite le chemin de Grand- Val, à gauche de la route, on trouvesuccessivement les grès ferrugineux avec Jlama- 94 ÉTUDES CN. 4 p.98.) chelle, jusqu’au quart de la hauteur, puis les calcaires marneux oolitiques du four à chaux de Gacé ayant à peu près la même épaisseur (14 à 15 mètres). Les Pholado- myes y sont assez rares, à la vérité, mais tous les autres caractères de la roche sont identiques. Ces assises sont recouvertes de sables argileux vert foncé, auxquels succèdent toutes les assises de grès glauconieux calcarifères, de sables, etc., que nous venons de décrire à la sortie de Gacé sur la route de Bernay. Cette coupe complète, que l’on peut vérifier encore dans d’autres chemins, dirigés comme celui- ci à l'O. de la route, établit d’une manière incontestable la position des grès fer- rugineux, qu'au premier abord on aurait pu confondre avec ceux de la formation crétacée qui viennent finir au pied S. de l'axe anticlinal du Mellerault. Ces gres nous paraissent occuper le niveau du calcareous grit, et les calcaires oolitiques qui les recouvrent celui du coral rag. Les uns et les autres s’abaissent au N. ; car à la côte du Mesnil-Gatel, ce sont les sables et les argiles vertes qui forment le pied de la rampe; au-dessus, vient un grand développement des couches calca- réo-sableuses et glauconieuses de Gacé, surmontées de roches jaunâtres, glauco- nieuses et de sables ferrugineux peu épais, appartenant probablement à la base du grand dépôt de silex et d'argile sableuse rouge qui recouvre tout le plateau que parcourt la route. Les étages moyen et inférieur du grès vert pris ensemble n’ont pas moins de 70 mètres d'épaisseur dans cette colline. C’est la plus grande que nous leur con- naissions et qu'ils atteignent probablement; car au S., dans les diverses coupes que nous en avons données, cette épaisseur ne dépassait pas 18 à 20 mètres. A la descente vers Vimoutiers, la rampe de la route présente d’abord, au-dessous du dépôt de silex et d’argile rouge sableuse, la contre-partie de celle du Mesnil-Gatel, c’est-à-dire toutes les couches calcaréo-sableuses etglauconieuses, mais déjà moins épaisses, puis les sables et les argiles vertes du troisième étage, les calcaires ooli- tiques à Pholadomyes, et enfin les grès ferrugineux, parfaitement caractérisés et exploités au bas de la côte, derrière les premières maisons du bourg. Dans le département du Calvados, M. de Caumont a depuis longtemps reconnu l'impossibilité d'établir des divisions tranchées parmi les couches crayeuses, et de distinguer ce qu'il appelle la craie supérieure de la craie marneuse, et celle- ci de la craie chloritée (1). C’est, en effet, un des caractères les plus frappants de ce plan Nord, que la continuité et l’uniformité des sédiments crétacés depuis le deuxième étage du grès vert jusqu'à la craie blanche, lorsqu'on le com- pare aux variations si nombreuses que vient de nous présenter le plan Sud. D'après M. Castel (2), le grès vert du canton de Livarot se compose de sable fin variant du vert au blanc et renfermant une masse calcaréo-sableuse dont la base, qui constitue notre troisième étage du grès vert, est composée d'argile plus (1) Topographie géognostique du Calvados, p. 99. (2) Mém,. de la Soc. Lin. de Normandie ,t. VI, p. 290. CN: 1, p. 95.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 95 ou moins sableuse, chloriteuse et vert-bleuâtre. Ces assises très puissantes repo- sent sur les couches de la formation oolitique, et sont recouvertes par une craie clauconieuse et marneuse avec silex occupant le sommet des collines du pays d'Auge. A l'O. de Lisieux, le nouveau chemin de Manerbe montre vers le bas des cal- caires très durs , compactes, gris-jaunâtre, d’un aspect magnésien, et plus haut, des calcaires jaunes, fragmentaires, surmontés par les argiles sableuses vertes de la base du grès vert. Un dépôt sablonneux jaune masque d’ailleurs presque toujours la succession des couches dans cette tranchée très oblique. En suivant la route de Pont-l'Évêque, on trouve dans un chemin qui monte à droite et avant le village d'Oulbine-le- Vicomte, l'étage moyen du grès vert bien caractérisé. Il forme une masse de calcaire sableux et glauconieux de 14 à 15 mètres d'épaisseur. On n’y voit plus, comme aux environs de Gacé. des al- ternances de marnes sableuses et de lits de grès en rognons; ici toute la masse est continue , agrégée quoique peu dure, et solidifiée par une grande quantité de silex gris en rognons, souvent réunis et formant des cordons plus ou moins considé- rables. Ces silex se fondent dans la masse calcaire sableuse. Les fossiles ne sont pas rares, mais en mauvais état et très empâtés dans la roche. Au-delà, la route continue à être tracée sur les glaises sableuses vertes de l'étage inférieur. À une demi-lieue de Pont-l'Évêque, affleurent d’autres glaises tenaces , gri- sâtres, très différentes des précédentes et remplies d’'Ostrea palmetta, de Térébra- tules, de Gryphœa gigantea (Ostrea eduliformis Schlot., non Lam.), de Bélemnites, de Serpula conformis, Gold., etc. Ces glaises, qui paraissent appartenir à l'argile d'Oxford , s'élèvent beaucoup plus, au S. de la ville sur la route de Caen. Elles semblent avoir été confondues quelquefois, soit avec les argiles d'Honfleur , soit avec le troisième étage du grès vert. Ce dernier se voit dans la même coupe, mais au-dessus d’un calcaire qui représenterait le coral rag. Des calcaires sableux et glauconieux, recouverts de silex et d'argile rouge, occupent les hauteurs de Reux. L'absence de bonne coupe dans ce pays très couvert rend souvent la super- position douteuse , et l’on conçoit que M. de Caumont ait pu hésiter quelquefois à se prononcer sur la position réelle de certaines assises. La craie chloritée, qui serait le prolongement de notre second étage des environs de Mortagne, de Gacé et de Vimoutiers, se voit particulièrement, dit M. de Cau- mont, aux environs de Dozulé, de Clermont, de Quevrus, du Mont-Pincon, ete. Les marnes Crayeuses qui représenteraient la craie micacée se trouvent plus à l'E., et le sable vert foncé, qu’il nomme banc de terre verte, et qui constitue notre troi- sième étage , existe, sur une épaisseur presque constante de 12 à 14 mètres, à Ca- napeville, Authieux, Saint-Julien-le-Faucon , puis au-dessus de l'argile d'Hon- fleur et des sables de Glos, le long des rives dela Touques et de la Calonne, et dans presque toutes les vallées des arrondissements de Lisieux et de Pont -l’Évêque. La formation crétacée s'arrête à la rive droite de la Dive, abstraction faite du lam- 96 ÉTUDES CN: 4, p.96.) beau tout-à-fait isolé du Plessis, situé à 11 lieues à l'O. Sur cette limite occiden- tale, l'épaisseur totale de la formation ne dépasse pas 30 à 35 mètres. M. de Cau- mont pense que , sur Les points du département où elle est la plus grande, elle atteint à peine 100 mètres. Dans la falaise d'Hennequeville, le même géologue signale 33 mètres de craie glauconieuse, avec silex gris et Alcyons, appartenant au grès vert, et reposant sur 13 mètres de terre verte ou troisième étage du groupe; au-dessous, vient l'argile d'Honfleur. Dans la colline de Glos, l’étage inférieur du grès vert a la même épaisseur. Dans celle de Saint-Julien-sur-Calonne, près de Pont-l'Evêque, le grès glauconieux calcarifère, de 20 mètres de puissance, recouvre 12 à 14 mètres d’ar- gile sableuse vert foncé , et dans la falaise d'Honfleur on voit également la craie glauconieuse et sableuse reposer sur les glaises vertes et sableuses inférieures, (pl, fig. 5). Dans le département de l'Eure, nous avons déjà dit que des dépôts tertiaires recouvraient tout le pays entre l’Aïgle et Montreuil-Largillé. De ce bourg à Broglie , le sol est aussi recouvert par le dépôt de silex surmonté d'une couche puissante d’alluvion ancienne. Au-dessous, on exploite par des puits de 10 à 15 mètres de profondeur une craie marneuse avec quelques points verts, de nom- breux Inoceramus mytiloides et quelques Térébratules plissées. Si l’on remarque que, dans cette partie, toute la formation incline au N.-E. vers la vallée de la Seine, qu'il y a des différences notables dans les caractères des couches comparées à celles que nous venons d'indiquer à l’O., et qu'enfin l’Inoceramus mytiloides, propre à la base du deuxième groupe , est ici très répandu, on sera porté à admettre que cette craie des environs de Broglie, de Montreuil, et que nous retrouvons encore à la descente de Bernay, est supérieure aux assises calcaréo- arénacées et glauconieuses que nous avons rapportées au grès vert dans les départements de l'Orne et du Calvados. La craie forme les pentes inférieures de la vallée de la Charentonne, autour de Bernay. Entre Menneval et Canfleur, des coupes faites le long de la route, l'ont mise parfaitement à découvert. Ses caractères sont encore les mêmes. Le dépôt de silex est extrêmement épais sur ces collines. Il a rempli et nivelé Les profondes anfractuosités de la surface de la craie, dont le ravinement est ici très remar- quable. Sur ces divers points, la roche présente une grande analogie avec la craie micacée de Touraine, dont elle nous paraît être le représentant. Elle est aussi caractérisée par l’Inoceramus mytiloides si fréquent dans cet étage, de Buzançois à Châtillon, puis à Mirebeau et Loudun, comme dans la craie marneuse du Nord au cap Blanc-Nez, et sur les côtes opposées du Kent et du Sussex. Cepen- dant les Céphalopodes, qui accompagnent souvent cette coquille dans ces diverses localités , nous ont paru manquer dans cette partie de la vallée de la Rille ; peut- être forment-ils, comme à Rouen, un lit particulier qui se trouverait plus bas que le fond de la vallée à Serquigny. (N-1, p.97.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 97 Jusqu’à Brionne, la craie conserve des caractères peu différents de ceux que nous venons de signaler. Quelquefois elle est plus sableuse et avec des points verts, comme à la Rivière-Thibouville, où M. A. Passy lui a donné le nom de craie glauconieuse (1). Autour de Brionne, on remarque surtout l'épaisseur con- sidérable des dépôts de silex, de sable rougeâtre ou d'argile sableuse blanchâtre qui la recouvrent. À Pont-Authou , un affleurement de grès vert paraît être le résultat d’une dislocation. D’après M Passy, d’autres affleurements anormaux se montreraient encore sur divers points de cette vallée. L'inclinaison générale que nous avons mentionnée vers le N.-E. semblerait d’ailleurs coïncider avec un relèvement au N.-0., car les couches du grès vert ont été atteintes, au-dessous des dépôts modernes, dans le puits foré à Pont-Audemer. À 35 mètres, on arencontré les marnes glauconieuses ou vertes de la base du grès vert, et au-delà, jusqu’à 66 mètres environ. on a traversé des argiles bleues très compactes avec pyrites , et des veines de sable. Les distinctions faites par M. Passy, dans la note précitée, de craie blanche supérieure, de craie dure à concrétions , de craie blanche compacte, de craie marneuse, de craie glauconieuse, de glauconie sableuse et de marnes glauconieuses, ne nous semblent pas toutes établies sur des superpositions réelles. Quelques unes de ces roches nous paraissent être des passages latéraux sans importance géolo- gique; les autres, quoique superposées, ne sont queles parties liées d’un même tout, dans lequel les modifications du dépôt ont été graduelles depuisle bas jusqu’en haut. Cette opinion a d’ailleurs été émise par M. Passy lui-même, sur les assises cor- respondantes du département de la Seine-Inférieure. Quoi qu’il en soit, l'inclinai- son au N.-E. fait qu'entre la vallée de la Rille et celle de la Seine, des couches très puissantes se sont superposées aux précédentes. La série de ces couches mises à découvert dans la grande côte à l'O. d’Elbeuf, et que parcourt la route de Bourg- Theroulde, nous paraît avoir été avec raison rapportée au groupe de la craie blanche. On y observe de haut en bas, sur une hauteur d'environ 80 mètres: 4° Craie blanche, tendre, avec silex noirs. Cette assise se trouve ensuite masquée , dans la coupe de la route, par une masse d’alluvion ancienne assez considérable , recouvrant un dépôt de silex de 6 mètres d'épaisseur. Ces silex sont enveloppés dans une terre argileuse rougeâtre. — La même craie reparaît au-dessous. 20 Craie endurcie avec silex gris-brun. La roche est caverneuse , sa cassure est compacte et es- quilleuse à la fois. 3° Craie blanche avec lits de silex gris. 4° Craie blanche avec lits de silex noirs et gris de 0,25 d'épaisseur, et espacés de 1", à 17,50 dans les carrières à ciel ouvert et dans les galeries situées au-dessus du four à chaux. Les silex, plus ou moins noirs au centre, sont enveloppés d’une zone grise d’épaisseur variable. 5° Craie blanche endurcie, dans la carrière même du four à chaux; silex gris-blanc et blanchâtres, zonés et caverneux. Ils forment souvent de gros rognons aplatis de 0,40 à 0,60 de côté. La structure de la roche est bréchoïde. (1) Notice géologique sur le département de l'Eure, p. 29. SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n°1. 18 98 ÉTUDES (N. 1. p.98.) 6° Craie blanche endurcie passant au compacte, avec silex gris. 1° Craie blanche tendre, avec silex noirs en rognons. 8° Craie endurcie caverneuse, avec silex noirs très nombreux en rognons alignés. Les maisons masquent en cet endroit les couches inférieures, mais on peut les observer dans une grande carrière ouverte au bout du faubourg, sur la route de Rouen. Vers le haut d’un escarpement vertical, qui a près de 25 mètres, se montre un banc de craie dure et caverneuse , prolongement de l’assise n° 8 de la coupe précédente; tout le reste, jusqu'au pied de l’escarpement qui se trouve presqu'au niveau de la rivière, est formé par une craie marneuse , un peu grise, quelquefois endurcie et renfermant des silex noirs. Cette craie paraît correspondre à la partie supérieure de celle des bords de la Rille. Ce serait alors une portion de la craie micacée, et le groupe de la craie blanche commencerait avec les bancs durs et caverneux. Toute la partie supérieure des collines qui longent ici la Seine pourrait donc représenter l'étage de la craiede Blois et de Vendôme, tandis qu'en marchant à l’E., vers Louviers, ou en remontant dans les couches, nous trouvons la véritable craie blanche dans les escarpements qui entourent cette dernière ville. À un kilomètre au N. , sur la route d'Elbeuf, des carrières y sont ouvertes. Les silex noirs s'y montrent en cordons souvent assez rapprochés , et la roche est bien caractérisée par la présence des Ananchites ovata et striata, des Gale- rites vulgaris et subrotunda , du Spatangus punctatus , du Spondylus spinosus ; de la Terebratula carnea , et de Spongiaires que nous n’avons point trouvés dans les couches d'Elbeuf, probablement plus basses dans la série. Les données fournies par les puits artésiens confirment l'inclinaison supposée des couches au N.-E. et à l'E. sur cette rive gauche de la Seine; en effet, nous avons vu à Honfleur les argiles vertes du 3° étage ou de la base du grès vert s'élever de quelques mètres au-dessus de la mer. Dans le puits de Pont-Audemer, elles sont à 25 mètres environ au-dessous du même niveau; dans ceux d'Elbeuf qui ont réussi, et dont la profondeur varie de 149 à 155 mètres, suivant sans doute le niveau de l’orifice, elles s’abaissent à environ 100 mètres au-dessous de leur affleurement sur la côte. Pour atteindre ces argiles sableuses vertes, que l’on peut appeler la couche aquifère par excellence, on a traversé 25 mètres de craie avec silex noirs ; 49",30de craie grise ou micacée représentant le groupe de la craie tufau; 37",45 de craie verte ou chloritée, appartenant au grès vert, et l’on a pénétré jusqu’à 14 mètres dans les argiles sableuses vertes , dont la partie supérieure renfermait beaucoup de pyrites et de coquilles brisées. Dans le puits de Saint-André, situé à quatorze lieues au S. des précédents , et dont M. Walferdin a donné la coupe (1), on a traversé 13",52 de dépôts tertiai- res ; 122",46 de craie blanche ; 29",24 de craie marneuse; 13”,64 de glauconie ; 84",36 de sables verts, et l'on s’est arrêté à 263%,22 sans les avoir traversés entiè- (1) Bull. de la Sor. géol, t. IX, p. 255. CN: 4, p. 99.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 99 rement et sans avoir chtenu d’eau jaillissante. Il est donc assez probable, comme le fait observer M. Walferdin , que la nappe cherchée était à une faible profon- deur au-dessous du point où l'on était arrivé. Cependant nous ferons remar- quer que le plateau de Saint-André, étant à 143 mètres d'altitude, on n'est ainsi descendu qu'à 120 mètres au-dessous du niveau de la mer, c’est-à-dire à peine à 20 mètres plus bas qu'à Elbeuf, et bien que le grès vert soit ici beaucoup plus épais, on voit que si la pente à l'E. est régulière , la couche aquifère d'Elbeuf doit être encore à une certaine profondeur. D’un autre côté, le développement du grès vert pouvait faire espérer de l’eau jaillissante avant d'atteindre la grande nappe aquifère de la base du groupe, dont l’inclinaison est d’ailleurs plus faible dans cette direction que de Pont-Audemer à Elbeuf. Le plan Nord qui descend de la ligne de partage du Mellerault se termine à la rive gauche de la Seine; mais nous croyons devoir indiquer encore rapidement, pour compléter notre sujet, quelques uns des résultats principaux qu'offre - l'examen de la rive droite relativement aux diverses assises dont nous venons de parler. Si de Pont-de-l'Arche on descend la Seine jusqu’au Havre, et qu’on suive la côte jusqu'au cap d’Antifer et au-delà , on remarquera d’abord que, jusqu'à Rouen, on ne voit que des falaises continues de craie à silex sans divisions réelles possi- bles; puis qu'à partir des argiles bleues qui affleurent au pied de la colline au faubourg de Saint-Paul, et qui sont les couches les plus basses qui se mon- trent sur cette rive de la Seine, on trouve, d’après M. Passy (1), sur une hauteur de 145 mètres, (0 mètres de marne glauconieuse ; 15 de craie dure ; 20 de craie glauconieuse à silex ; 0",03 lit de Scaphites, Turrilites, etc.; 5 mètres de craie marneuse; 25 de craie sans silex ; 60 de craie blanche, et enfin 10 mètres de dépôt superficiel. À Duclair, à quatre lieues et demie au-dessous de Rouen , l’escarpe- ment étant entièrement formé par la craie blanche, M. Passy en conclut avec raison que toute la formation a dû être soulevée dans les collines de Rouen, et les sondages, comme nous le verrons, conduisent au même résultat. De plus, la craie blanche atteint 143 mètres d'altitude à la montagne Sainte-Catherine, tandis qu'à Duclair elle est seulement à 66,27; ainsi, les couches se relèvent de Pont-de-l'Arche à Rouen, et s’abaissent de Rouen à Duclair. En continuant à descendre la Seine, les couches se relèvent de nouveau et d'une manière beaucoup plus prononcée, puisqu'au cap la Hève, au N.-0. du Havre , l'étage de Kimmeridge s'élève de 15 mètres au-dessus de la mer. Il est recouvert par des sables micacés, fins, roux, blancs ou ferrugineux, d'environ 8 mètres d'épaisseur et renfermant des rognons subcylindriques formés de sable grossier et de fer oolitique, agglutinés par un ciment argilo-ferrugineux bru- - nâtre. On y trouve accidentellement des débris de crustacés macroures (Astacus?). (2) Description géol. du département de la Seine-Inférieure. 100 ÉTUDES CN. 4, pe 100.) D'après les observations faites par M. Lesueur en 1845, dans un endroit de la falaise situé au-dessous des signaux, et qu’un éboulement récent avait mis bien à découvert, observations que ce savant nous a communiquées avec son obli- geance ordinaire, on trouve sur l’assise précédente : 1° un lit de grès ferrugi- neux en plaquettes, puis des marnes sableuses, vert foncé, noirâtres, efflores- centes, de 4 mètres d'épaisseur , renfermant des coquilles bivalves indétermi- nables; 2° un banc de rognons ferrugineux de 0",15 ; 3° un lit de sable fin de 0",65; 4° un sable grossier ferrugineux , avec grains de quarz agglutinés par place, et passant vers le bas à un poudingue également ferrugineux qui forme un banc con- tinu. Cette assise arénacée, de 2,50 à 3 mètres d'épaisseur, contient des rognons recouverts d’une croûte formée par les éléments mêmes du sable et du gravier environnant, mais qui, à l'intérieur, sont composés d’une substance argileuse gris-noirâtre, compacte, très dure, mêlée de sable, de grains verts et d’une cer- taine quantité de fer hydraté. Ces rognons, qui font quelquefois effervescence avec les acides, ont la plus grande analogie avec ceux que l'on trouve si ré- pandus dans le grès vert des Ardennes et de la Champagne. Ils offrent de même une grande quantité de moules et d'empreintes de coquilles parmi lesquels nous avons cru reconnaître, d’après les dessins de M. Lesueur et les échantillons qu'il a bien voulu mettre à notre disposition, un Nautile voisin des N. Bouchardianus et pseudo-elegans, d'Orb., l'Ammonites Milletianus, id.? Üne Turritelle distinete quoi- que voisine de la 7”. Rauliniana, id. ; une grande Arche, les Trigomia Fittoni, Desh.: Pachymya gigas, Sow.? Exogyra sinuata, \d., une autre petite espèce d'Exogyre et probablement l'Ostrea lateralis, Nils., Modiola hineata, Sow. in Fit.? Thetis ou Car- drum, ete. Malgré les doutes qui nous restent sur la détermination de la plupart de ces coquilles, nous serions disposé à y reconnaître plutôt lescaractères du gault que ceux du lower green sand, à l'exception de l'Exogyra sinuata, qui paraît y être d’ailleurs fort rare et très roulée. Ces diverses couches, depuis le n° 1 jusqu'aux marnes sableuses, vert-noirâtre, efflorescentes, qui les recouvrent, puis les marnes grises, les marnes glauconieuses avec fossiles calcédonieux , et enfin le banc de sable vert qui est au-dessus, appartiendraient au 3° groupe. Les sables micacés fins, roux, blancs ou ferrugineux qui sont dessous et reposent sur l'étage de Kimmeridge, seraient un rudiment du lower green sand ou du 4° groupe ; mais rien ne nous autorise encore à y voir un représentant du groupe wealdien. Les assises argileuses et sableuses, vert-noirâtre, efflorescentes, dont nous venons de parler, et placées au-dessus des sables à rognons coquilliers, cor- respondraient aux argiles de Saint-Paul et à l'étage inférieur du Calvados. Tout le reste de la falaise est une alternance de craies plus ou moins sableuses , plus ou moins glauconieuses, avec des lits de silex en rognons, et parfaitement liées entre elles. La ressemblance de ces couches avec celles de Gacé à Vimou- tiers nous porterait à les regarder comme appartenant presque entièrement au groupe du grès vert; mais, d’après ce que nous avons vu lorsque l'élément CN: 4, pe 101.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 101 calcaire tend à y prédominer, sa séparation d'avec le groupe précédent ou de la craie tufau devient tout-à-fait arbitraire. Dans les falaises au-delà des phares, il y a un nouvel abaissement de tout le système, et les couches de Kimmeridge passent au-dessous du niveau de la mer. Les sables ferrugineux sont alors beaucoup plus développés, et le reste de la coupe concorde sensiblement avec la précédente. En continuant à s’avancer vers le cap d’Antifer, le plongement au N. continue; des sables micacés et ferrugineux sem- blent représenter encore le groupe inférieur sur une hauteur de 10 à 12 mètres, puis viennent des sables vert foncé de 14 à 15 mètres, appartenant à la base du 3° groupe, et au-dessus, des craies glauconieuses qui en font également partie, mais qui passent à la craie tufau ou craie marneuse, et enfin à la craie blanche, laquelle compose seule les falaises situées plus au N. L'examen des sondages, dans cette partie occidentale du bassin crayeux, va nous faire connaître la marche des couches au-dessous du sol aussi bien qu'’au-dessous du niveau de la mer. Le puits de la rue Martainville , à Rouen , poussé à 67,3, a traversé, après {9 mètres de terrain moderne, 39 mètres de glauconie sableuse, de sable vert et de marnes bleues avec coquilles et fer sulfuré appartenant au troisième groupe, puis on a atteint des calcaires marneux de l'étage de Kimme- ridge. Ces mêmes calcaires, d’après M. Passy, auraient été rencontrés à une pro- fondeur de 12 à 14 mètres seulement dans le puits de la Monnaie, ce qui lui fait penser qu'il existe sous la ville de Rouen un soulèvement en miniature compa- rable à celui du pays de Bray. Dans le faubourg de Saint-Sever, sur la rive gauche de la Seine, on a obtenu une eau jaillissante à 59%,25 de profondeur. Trois autres puits forés à une petite distance du précédent , et poussés à 66 mètres plus bas, n’ont donné aucun résultat; un quatrième descendu à 53 mètres près de la côte de Deville, dans des argiles noires avec fer sulfuré, n’a point donné non plus de résultat, tandis qu'un puits ordinaire de 30 mètres de profondeur fournit une eau très abon- dante. Ainsi, dit M. Dubuc, à qui nous empruntons ces détails (f), dans un espace d'un kilomètre carré, dont la surface est horizontale et dont il sup- pose, à tort suivant nous, que les couches sous-jacentes le sont également , on a obtenu une fois une eau jaillissante à 59°,25, trois fois les résultats ont été nuls non seulement à cette profondeur, mais encore à 66 mètres plus bas, et enfin une eau de source très abondante a été rencontrée une fois à 30 mètres (2). M. Gi- rardin à fait connaître qu'en 1836, les eaux du premier puits avaient sensible- ment diminué, et bien que les détails qu’il donne sur les couches traversées soient peu propres à leur classement géologique, il n’en résulte pas moins que les nappes aquifères sont plus basses sur la rive gauche que sur la rive droite, que l'extrême irrégularité du régime des eaux s'accorde avec l'hypothèse d’une dis- (1) Notice historique sur quatre puits artésiens ; Précis an. des trav. de l’acad. royaledeRouen,1836. (2) Premier mém. sur les puits artésiens , bid., 1838, p. 93. 102 | ÉTUDES (N.1, p.102.) location que nous avons déjà admise d’après l'examen de cette même rive droite, et que, suivant toute probabilité, la Seine coule dans une fracture par suite de laquelle les assises ont été relevées de ce côté. L'inclinaison des couches au N.-0. vers Duclair, et leur relèvement au-delà dans la même direction, permettait de prévoir qu'un forage entrepris au Havre n'avait aucune chance de succès, une fois la sonde engagée dans le terrain secon- daire. Sur ce point, l’inclinaison étant à l'E. et au S.-E., c’est-à-dire vers l'intérieur du continent, on a dù traverser sans résultat les dépôts modernes jusqu’à 18 mètres ; le groupe du grès vert et peut être quelques faibles rudiments du 4° groupe jusqu'à 51".35; des calcaires marneux de l'étage de Kimme- ridge jusqu’à 76°,66 et des calcaires oolitiques jusqu'à 208 mètres. Cette incli- naison résulte encore évidemment de la comparaison avec la falaise de la Hève, du puits de Meulers ou de Saint-Nicolas d'Aliermont au S. de Dieppe, dont l’orifice est à 50 mètres au-dessus de la mer. Les couches crétacées se composent, d’après la coupe donnée par M. Passy (1), de 110 mètres de craie blanche, mar- neuse et glauconieuse; de 60 mètres de marnes bleues avec fossiles irisés et représentant le troisième groupe, et de 40 mètres de grès calcarifères compactes, probablement du groupe inférieur, qui descend ainsi à 210 mètres au-dessous du sol ou à 160 mètres au-dessous du niveau de la mer, et par conséquent à 175 mètres plus bas que sur la côte au cap la Hève. Le reste du puits jusqu’à 333 mètres étant percé dans les bancs à Exogyra virgula, on voit que ceux-ci s’abaissent à 283 mètres au-dessous de Ja mer ou à 298 mètres plus bas que leur affleurement le plus élevé sur la côte. Nous pensons que sur ce dernier point, comme à Rouen, dans le puits de Meulers et dans le pays de Bray, les marnes bleues et les sables verts argileux placés sous la glauconie sableuse représentent notre étage inférieur du grès vert des départements de l'Orne et du Calvados, et qu’ils sont probablement parallèles à l'étage du gault, d'où il résulterait que le premier et le second étage de notre grès vert de l'O. représenteraient seulement le grès vert supérieur (upper green sand ), si développé dans le Dorsetshire et le Wiltshire, aux dépens du lower green sand et du gault. Quant à ce qui vient immédiatement au-dessous, c’est-à-dire les sa- bles ferrugineuxet les grès du Havre et du pays de Bray, on peut les regarder comme appartenant au lower green sand du Kent, du Sussex et du Hampshire, que nous plaçons dans notre quatrième groupe del'E. ougroupe néocomien. Enfin les argiles bigarrées, les argiles à creusets et les grès calcaires coquilliers aussi du pays de Bray peuvent représenter le groupe wealdien. Quelques personnes, trop préoccupées peut-être du parallélisme de détail et de l'importance exclusive des corps organisés, ont cru retrouver l'étage du gault d’An- (1) Loc. cit., pl. IX, fig. 1. Les chiffres donnés dans le cours de l'ouvrage ne s'accordent pas exactement avec ceux de cette planche que nous avons préférés. CN. 4, p. 105.) SUR LA FORMATION CRETACÉE. 103 oleterre partout où en France on en a rencontré les principaux fossiles ; et de ce que dans l'O. jusqu’à la rive gauche de la Seine, on ne voit ni les argiles du gault nises fossiles, tandis que certaines espèces du groupe de ia craie tufau se mon- trent dans la plupart des étages sous-jacents, on en a conclu, d’une manière en apparence assez spécieuse, que ce que nous appelons le groupe du grès vert n'y existait pas, et que tous les étages que nous venons de décrire comme tels appar- tenaient à celui de la craie tufau. Mais nous pensons queles détails dans lesquels nous sommes entré, et la comparaison que nous ferons plus loin des diverses par- ties du bassin crétacé du N. de la France, suffiront pour démontrer le peu de fondement de ces conclusions. Le groupe de la craie tufau , tel que nous l’avons limité à lO., est, dans le bassin de la Loire, plus développé qu'en aucun point du N. et de l'E. de la France, puisqu'il atteint jusqu'à 150 mètres d’é- paisseur. Ses caractères stratigraphiques et minéralogiques, comme la plupart de ses fossiles, le séparent nettement au S. de l’axe du Mellerault du groupe du grès vert qui est dessous, tandis qu'au N. de cet axe, toute la partie moyenne et supé- rieure de ce même grès vert, que nous sommes porté à mettre en parallèle avec le grès vert supérieur du S. de l'Angleterre, passe par des nuances insensibles au groupe de la craie tufau. CHAPITRE IV. 8 I“. Résumé des trois chapitres précédents. Pour grouper actuellement d’une manière plus méthodique les observations que nous venons de faire depuis le département de la Nièvre jusqu'à lembou- chure de la Seine, nous rappellerons d’abord que dans la série de couches cré- tacées dont nous nous sommes occupé, nous avons établi huit étages distincts et répartis dans quatre groupes. Le premier, ou groupe néocomien , et le quatrième, ou celui de la craie blan- che, n’occupent qu’une très faible étendue de la surface que nous avons étudiée ; le second et le troisième, ou ceux de la craie tufau et du grès vert, subdivisés chacun en trois étages, y sont au contraire bien développés, et ce sont les seuls dont nous parlerons dans ce résumé. Nous commencerons par le plus ancien, celui du grès vert. Groupe du grès vert. Sur tout le versant qui est au midi de la Loire, le peu de constance dans les caractères, [a position relative et la puissance des sables verts ou ferrugineux, des grès et desargiles qui composent cegroupe, ne nous a point permis d'y distinguer les trois étages quenous avons établis pour le versant N.-0. Nous rappellerons donc 104 ÉTUDES UN: 1, p. 104.) brièvement que vers l'E., sur les bords de la Loire, ce groupe est formé, à partir des calcaires jaunes néocomiens , de sables ferrugineux, puis gris-verdâtre , sur- montés de glaises bleuâtres plus ou moins foncées et dont l'épaisseur totale varie de 15 à 25 mètres. En se dirigeant au S.-0., on trouve, à la Motte d'Humbligny, au-dessus de l'étage de Kimmeridge et à un niveau dont l’anomalie résulte d’un soulèvement bien caractérisé, des grès grossiers, très ferrugineux, brun-jaune et des argiles sableuses, blanches, jaunes, grises ou rouges, puis des marnes grises et des sables glauconieux qui s’abaissent bientôt vers l'O. Sur les bords du Cher, des grès gris ou jaunes se développent dans ce groupe, et la coupe de Massay à Vierzon nous a montré, depuisles calcaires oolitiques de la plaine de Vatan jusqu’à la marne glauconieuse de la rive droite du Cher, une succession régulière de sable et de grès ferrugineux, d'argiles sableuses panachées, de glaises grises avec Plicatules, de grès feldspathiques, jaunâtres, piquetés, de grès gris divers et de sable vert, avec quelques lits minces d'argile subordonnés , atteignant ensem- ble une épaisseur de 35 à 40 mètres. En descendant la vallée du Cher, tout ce système argilo-sableux s’abaisse de plus en plus, pour disparaître à peu près à la hauteur de Selles, sous des assises plus récentes. Dans la vallée de l'Indre, nous l'avons vu, entre Buzançois et Clion, représenté par des grès ferrugineux et des sables argileux, verdâtres , d’une très faible épaisseur qui n’affleurent sous la craie micacée que dans un petit nombre de localités où ils recouvrent les couches oolitiques supérieures. Les plateaux dé- coupés qui séparent la vallée de l'Indre de celle de la Creuse, offrent aussi çà et là des sables quarzeux à gros grains avec Exogyres. Dans la vallée de la Vienne à Chà- tellerault, des grès très ferrugineux, schistoïdes, de 4 à 5 mètres de puissance, sur- montés de marnes argileuses à points verts, reposent sur les calcaires oolitiques ; et, au S. de la ville, le troisième groupe est encore représenté par des glaises , des sables et des grès ferrugineux ou verdàtres, avec Exogyra columba minima. Les roches arénacées de ce groupe se continuent dans le département de la Vienne, par la Roche-Pozay, Princay, Dissais, Vandœuvre, Varennes, et longent ensuite au S.-0. le pied des collines de craie micacée, pour atteindre le départe- ment des Deux-Sèvres. Elles se montrent également au N. de Mirebeau , à Saint- Jean-de-Sauve et Dandésigny, se prolongent, vers Richelieu, dans la vallée de la Veude, et reviennent à l'O. passer sous les collines de Loudun, pour reparaître, toujours sur une faible épaisseur, dans la vallée de la Dive, autour de Saint- Jouin-des-Marnes, d'Oiron, etc. Ces roches sont des grès veris ou ferrugineux , plus ou moins grossiers, des sables verdâtres, des grès calcarifères, glauconieux et coquilliers, des glaises vertes ou gris-bleu. Aux environs de Doué, sur les bords du Thouet et du Layon, les affleurements des dépôts qui appartiennent à ce groupe - sont encore moins nombreux, et ne présentent, sous les couches à ostracées, que des grès peu épais et quelques bancs de sables ferrugineux et glauconieux avec des glaises à la base. Dans cette partie du département de Maine-et-Loire, les 2: ait (NA, p: 105.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 105 couches crétacées reposent quelquefois sur les strates inclinés du terrain de transition, mais plus ordinairement sur le groupe inférieur de la formation ooli- tique ; dans celui de la Vienne, elles recouvrent le groupe moyen de la même formation ; dans ceux de l'Indre et du Cher, presque constamment le groupe supérieur. Toutes ces couches plongent très faiblement au N. et au N.-E. sous la vallée de la Loire. Les puits artésiens forés à Tours et aux environs, puis à Saumur et à Beaufort, nous ont permis d'apprécier avec un certain degré de précision la pro- portion de cet abaissement , la puissance des diverses assises , laquelle est beau- coup plus considérable au N. que sur les bords S. du bassin , et enfin leur amin- cissement et leur relèvement vers l'O. Ainsi le groupe du grès vert, qui, dans les puits forés de Tours et de Cangé, atteint une épaisseur de 102 à 115 mètres, et descend à environ 192 mètres au-dessous de l’étiage de la Loire, dans celui de Sau- mur, n'a plus qu'une puissance de 42 mètres et une profondeur de 100 mètres au-dessous du même point, et enfin à Saint-Maur-sur-Loire , où la couche la plus basse est à 10 mètres au-dessus du fleuve, son épaisseur est réduite à 15 ou 16 mètres. Pour cette partie de la vallée de la Loire , nous avons particulièrement insisté sur l'utilité pratique résultant de la comparaison de l'allure des couches à la surface du sol, avec celle de leur prolongement souterrain, car nous avons trouvé une relation exacte entre les données géologiques et les résultats positifs ou néga- tifs des sondages artésiens. C'est ainsi que les puits forés à Tours et aux envi- rons devaient réussir, puisque les couches traversées étaient dans des conditions normales, tandis que ceux de Saumur et de Beaufort, placés au contraire sur le bord de deux failles presque perpendiculaires l’une à l'autre , n'avaient que peu de chances de succès. À partir de la vallée de la Loire et en remontant vers le N , les subdivisions que nous avons établies dans le grès vert deviennent de plus en plus précises. Les sables et les grès verts ou ferrugineux occupent le fond de la vallée du Loir, de- puis Vaas jusqu'à Durtal. Au pied des collines de La Flèche, nous les avons vus recouverts par les bancs à ostracées, comme au S. près des Ormes, sur les bords de la Creuse, puis aux environs de Doué , de Saint-Maur-sur-Loire, de Sau- mur, etc. Sur la route de La Flèche à Sablé, ils sont séparés du calcaire ooli- tique moyen, par des glaises grises quelquefois sableuses, que nous avons hé- sité longtemps à séparer de la couche oolitique; mais la continuité parfaite de ces glaises avec les assises crétacées, la permanence de leurs caractères et l'absence de fossiles nous les fait regarder comme représentant le deuxième étage du groupe qui nous occupe. Vers la partiecentrale etorientale du département de la Sarthe, l'étage supérieur du grès vertse montre avec les caractères les plus prononcés. Les collines du Mans, celles des environs de Saint-Calais, la montagne de Queux, entre La Ferté-Bernard SOG. GÉOL. — ‘SÉRIE. T. IL. Mém. n° 1. 14 106 ÉTUDES COIN) et Nogent-le-Rotrou, en sont les types les plus complets. Composé vers le haut de calcaire sableux ou de macigno coquillier que caractérise particulièrement le genre Trigonie, ses parties moyenne et inférieure sont formées de sables et de grès très ferrugineux, à grains plus ou moins gros, et dans lesquels abondent sur certains points de petites Exogyres. Ces sables, qui occupent une partie considérable du dé- partement de la Sarthe, sont, au N. et au N.-0. du Mans, séparés des couches oolitiques moyennes par des argiles grises,sableuses, glauconieuses ou panachées, rapportées au deuxième étage du grès vert comme au N.-O. de La Flèche. Celui-ci sort de dessous les sables et grès ferrugineux, au N. du village de La- menay, entre Vibraye et La Ferté-Bernard; il s’en distingue au premier abord par ses caractères pétrographiques bien tranchés et par sa stratification discontinue. Il se compose d'argile sableuse verte, de marnes gris cendré, glauconieuses et de psammites gris plus ou moins durs, en lits minces, nombreux et subordonnés aux marnes. Îl acquiert une épaisseur de 20 à 25 mètres avant de venir s'appuyer en biseau contre les calcaires oolitiques supérieurs de Cherré. De La Ferté- Bernard à la côte de Queux, on observe la contre-partie de cette coupe, de même que vers la base des collines, en se dirigeant vers Bellesme. De cette dernière ville à Mortagne. on voit se développer, un peu avant le village du Pin, entre les sables ferrugineax qui forment le plateau de la forêt de Bellesme et les glaises sableuses vertes du troisième étage qui reposent sur les calcaires oolitiques, des psammites micacés, jaunâtres, non effervescents, très fins, très légers ; puis, au- dessous , une craie glauconieuse, micacée, remplie de fossiles, et dont l'épaisseur augmente en s'approchant de Mortagne. Ce second étage du groupe est surmonté, au S.-E. de la ville, par un dernier lambeau de sables ferrugineux sans fossiles , témoin isolé de l’ancienne extension du premier étage. Plus à l'O., dans la direc- tion d'Alençon et autour de cette ville, nous ne trouvons plus que des plaques ou lambeaux peu épais , de glaise sableuse verte , de sable vert, et quelquefois de marnes glauconieuses recouvrant çà et [à, tantôt les groupes supérieur, moyen ou inférieur de la formation oolitique, tantôt même le terrain de transition. Au N. de Mortagne , le groupe tout entier, réduit aux quelques couches que nous venons de signaler, forme une bande étroite, quelquefois interrompue, diri- gée comme l’axe du Mellerault, qu’elle accompagne. Elle s'élève à l'altitude de 311 mètres au bord méridional de la forêt de St-Evroult, point culminant de la formation crélacée dans l'O. de la France (1) et d’où les couches s’abaissent ensuite régulièrement vers les côtes de la Manche. C’est de ce point élevé que feu notre savant confrère M. Boblaye (2), embrassant par la pensée toutes les couches secondaires comprises entre la Manche et la vallée de la Loire, et comparant leurs principales altitudes, en avait conclu l'existence (1) Il serait possible que le lambeau du Plessis-Grimoult, dont nous avons parlé, fût un peu plus élevé; mais nous ne connaissons que la hauteur des quarzites sur la pente desquels il est adossé. (2) Bull. de la soc. géol., t. VIT, p. 352. CHU) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 107 d’un ploiement ou° d'un axe anticlisal dont la véritable direction nous paraît être 0. 31° N. à E. 31°S., faisant ainsi avecle méridien de Paris un angle à l'O. de 59°. La coupe S.-N. (pl. IT, fig. 5) qui se développe sur une longueur de 82 lieues de Châtellerault à Honfleur , croise cet axe sous un angle de 54°. Elle est particulièrement destinée à compléter l’idée de M. Boblaye, et à faire ressortir le caractère le plus remarquable du relief de cette partie de la France. Nous y voyons qu'à Châtellerault, le grès vert au contact des couches oolitiques est à environ 82 mètres au-dessus de la mer. A partir de Draché, les cotes deviennent proba- blement négatives, et à Tours nous savons que le contact des deux formations est à très peu près à 141 mètres au-dessous de la mer. Les cotes redeviennent positives un peu avant la parallèle de Château-Regnauld. Les sables ferrugineux affleurent dans la vallée du Loir , dans celles de la Braye et de l’Anille. Le second étage atteint 135”,7{ aux Maisons-Rouges entre Lamenay et La Ferté-Bernard, puis 213",79 à Bellesme, et enfin 311 mètres au-dessus d'Echauffour. À partir de ce point, l’abaissement au N. est très régulier, et le contact des glaises vertes de la base du groupe, soit avec les argiles de Kimmeridge, suivant la plupart des géo- logues, soit avec quelques couches arénacées du groupe inférieur ou du lower green sand selon d’autres, a lieu près de Honfleur à quelques mètres seulement au- dessous du niveau moyen de la Manche : ainsi la plus grande différence entre les altitudes que présente dans cette coupe la base du grès vert est de 441 mètres, en estimant à 1 { mètres l'épaisseur du groupe au bord de la forêt de Saint-Evroult et à 141 mètres au-dessous de la mer le contact des deux formations à Tours. Malgré l'intérêt de ce genre de recherches, le fait le plus digne de remarque que nous offre l'axe du Mellerault n’est pas encore son relief; et ce qui le rend bien plus important pour nous, c’est qu’il forme un axe géologique, des deux côtés duquel la plupart des couches crétacées présentent des différences très pro- noncées. Ainsi nous avons déjà vu que le calcaire néocomien ou groupe inférieur de la formation se termine autour de Sancerre, précisement à l'extrémité de son pro- longement S.-E., et que, dans le groupe du grès vert, les sables ferrugineux, si dé- veloppés dans le Maine et une partie du Perche, viennent finir à Mortagne au pied S. de ce même axe anticlinal. Nous reconnaîtrons bientôt avec quelle constance singulière l'influence de cet axe s’est manifestée , non seulement pendant toute la période crayeuse, mais encore jusque vers le milieu de la période tertiaire. En descendant au N. du Mellerault, les sables et les argiles vertes de la base du groupe continuent à recouvrir les couches oolitiques supérieures, se pro- longeant, avec une épaisseur assez constante de 13 à 14 mètres, sur les pentes ou au pied des coteaux qui bordent la Dive et la Touques jusqu'aux falaises d'Henne- queville et de Honfleur. Les calcaires sableux et glauconieux du second étage ac- quièrept un développement très considérable entre Gacé et Vimoutiers, où ils n'ont pas moins de 60 mètres de puissance. À partir de la rive droite de la Dive, ils se continuent dans tous les plateaux des arrondissements de Lisieux et de Pont- 108 ÉTUDES (N. 4, p. 108.) l’'Evêque, pour venir comme l'étage précédent, se terminer dans les escarpements de la côte. L'absence des sables ferrugineux sur ce versant et celle du banc à ostracées au-dessus rendent ici la limite entre le grès vert et le groupe de la craie tufau tout-à-fait arbitraire. C'est, comme nous l’avons déjà fait remarquer, un des ea- ractères les plus frappants des assises de ce plan N., que leur continuité et leur liaison depuis le deuxième étage du grès vert jusqu'à la craie blanche, lorsqu'on vient à les comparer aux variations nombreuses que présentent celles du plan S. L'inclinaison des couches du grès vert au N.-E. et à l'E. est beaucoup plus rapide qu’au N , et le détail des couches traversées dans les puits forés à Pont- Audemer, à Elbeuf et à St-André nous a permis d'apprécier cette inclinaison ainsi que l'augmentation de l'épaisseur du groupe. Nous avons poursuivi notre examen sur la rive droite de la Seine, de Pont-de- l'Arche au Havre et jusqu’au cap d'Antifer; et en combinant les données obtenues par l'observation directe avec celles que les sondages artésiens nous ont fournies, nous sommes arrivé à des résultats semblables à ceux que l'étude de la vallée de la Loire nous avait offerts. Ainsi nous avons démontré qu'une dislocation très prononcée, ayant relevé les couches crétacées des collines de Rouen, avait fait affleurer les argiles du grès vert au pied de ces mêmes collines et occasionné sans doute les anomalies observées dans les forages du faubourg de Saint-Sever. De ce point à Duclair, les couches inclinent à l'O. pour se relever ensuite jusqu'au cap de la Hève et s'infléchir de nouveau vers le N.-E. Ces flexions des couches secondaires, car on peut constater également celles de l'étage de Kimmeridge dans le même espace, nous ont expliqué le non-succès des sondages du Havre, d’Ivetot, etc., puisque l’inclinaison générale est à l'E. et au N.-E,, c’est-à-dire vers l'intérieur du continent. Cette conclusion est en outre parfaitement d'accord avec les détails connus sur le puits de Meulers, dans lequel les couches crétacées in- férieures descendent à 160 mètres au-dessous de la mer ou à 175 mètres plus bas que sur la côte au N. du Havre. Enfin nous avons dit en terminant qu’à partir de la rive droite de la Seine, les marnes bleues et les sables verts argileux, placés sous la glauconie sableuse, représentaient notre troisième étage ou partie inférieure du grès vert dans les départements de l’Orne et du Calvados ; que les sables ferrugineux et les grès qui viennent au-dessous, dans le pays de Bray et au cap la Hève, appartenaient au lower green sand du Kent, du Sussex et du Hampshire ; et en dernier lieu, que les argiles bigarrées, les argiles à fougères et à creusets du pays de Bray, et les cou- ches arénacées qui leur succèdent jusqu'aux bancs à Exogyra virgula , pouvaient être les équivalents d’une partie du groupe wealdien. CN: 4, pe 109.) SUR LA FORMATION CRÉTAUÉE. 109 Groupe de la craie tufau. Nous avons divisé ce second groupe, comme le précédent, en trois étages qui sont, de bas en haut : 1° mnarnes blanches ou grises et glauconieuses avec ostracées , grès grossiers et psammates ; 2 craie micacée ; 3° craie jaune de Touraine. En suivant les modifications et le développement de ces sous-divisions, d'abord de l'E. à l’O., puis du S. au N., nous avons vu sur les bords de la Loire, à la hauteur de Bonny, de Neuvy et de Sancerre, le second groupe composé de calcaires blanc- grisâtre, micacés , avec points verts, et renfermant les fossiles qui caractérisent la craie marneuse ou glauconieuse à l'E. dans les départements de l'Yonne et de l'Aube, et au N. à Rouen, à Wissant, etc. Nous avons retrouvé ces mêmes caractères zoologiques dans les buttes soulevées d'Humbligny à Ménétou, mais au-delà ils cessent d’avoir cette précision remarquable. Ces espèces, au lieu de se présen- ter réunies et abondantes à un niveau déterminé, deviennent alors plus ou moins rares. Elles sont disséminées dans une énorme épaisseur de couches et associées à une organisation tout-à-fait étrangère à celle des dépôts contemporains de VE. et du N. de la France. Autour de Vierzon , on voit, au-dessus des sables verts et des marnes grises, des calcaires marneux, sableux, micacés, à points verts, avec silex gris, se fondant dans la pâte et qui appartiennent au second étage, celui de la craie micacée. A l'O., sur les bords du Cher, cette même craie se montre à la base des collines et ren- ferme des silex noirs ou gris. Autour de Saint-Aignan, elle est déjàrecouverte par une grande épaisseur de craie jaune, tantôt sableuse et friable, tantôt glauconieuse, subcristalline ou blanchâtre , et qui, malgré les variations de ses caractères miné- ralogiques, est cependant toujours distincte des couches qui la recouvrent comme de celles qui la supportent. À Bouré et à Montrichard, la craie micacée la mieux caractérisée est exploitée vers le pied des collines, puis elle est surmontée à peu de distance par la craie de Touraine, qui, à quelques exceptions près, que nous avons signalées , forme tous les escarpements jusqu’à la vallée de la Loire. La vallée de l'Indre, de Buzançois à Châtillon et Loches, nous a présenté d’une manière plus claire le développement successif de la craie micacée reposant sur le grès vert et au-dessus les diverses variétés de la craie jaune de Touraine. Nous n’y avons point encore trouvé cependant l'étage inférieur du groupe, qui n’est caractérisé par ses fossiles que plus à l’O., entre la vallée de l'Indre et celle de la Creuse. La superposition de la craie micacée à ce troisième étage se fait sur une pente si faible, et l'épaisseur de ce dernier est encore si peu considérable, que leur séparation sur les plateaux ou dans les vallées ne peut être que très difficile- ment tracée. Nous pensons cependant que les couches marneuses ou argileuses dans lesquelles on trouve l'Exogyra columba appartiennent à cet étage inférieur que l’on voit bien caractérisé au Port-la-Pile sur les bords de la Creuse, et où abondent l’Exogyra columba et l'Ostrea biauriculata. 110 ÉTUDES (N. 1, p. MO.) Dans cette partie du département de la Vienne et dans celles des départements d'Indre-et-Loire et de Maine-et-Loire qui y sont contiguës , le troisième étage, composé de marnes sableuses et glauconieuses, de grès grossiers calcarifères à grains verts, se reconnaît toujours à la présence de l'Ostrea biauriculata, des Exo- gyra columba et flabellata, du Mytilus ligeriensis, de la Terebratula depressa , du Strombus inornatus et de nombreux Echinides. L’étage moyen ou craie micacée forme des chaînes de collines dont le relief est nettement tranché au-dessus des plaines environnantes , soit des deux côtés des vallées de la Vienne et de la Creuse, soit plus à l'O., dans les petits chaînons qui, se dirigeant par Mirebeau ou par Loudun, suivent la rive gauche de la Vienne jusqu’à sa jonction avec la Loire. Les environs de Chinon offrent la superposition la plus précise du troi- sième étage au deuxième , ou de la craie jaune de Touraine à la craie micacée. Il en est encore de même autour de Sainte-Maure. Des moules d’Ammonites peramplus, de Cyprina ligeriensis, de Cardium alternatum , d'Arca higeriensis, s’observent par- ticulièrement dans la craie micacée , dont nous avons signalé les dislocations sur divers points. Toutes ces couches plongent généralement au N. et au N.-E. La vallée de la Loire, depuis Mosne et Cangey à l'E. d'Amboise, jusqu'aux environs de Candes, c’est-à-dire dans tout son trajet à travers le département d'Indre-et-Loire, sur une longueur de 24 à 95 lieues , est presque entièrement ouverte dans la craie jaune de Touraine. A l'E., celle-ci est recouverte par la craie à silex de Chaumont et de Blois, et nous avons montré qu'à l'O. et au S. elle reposait sur la craie micacée. Nous avons particulièrement insisté sur les caractères bien prononcés de cet étage, qui n’a pas moins de 50 mètres d'épais- seur dans les escarpements abruptes et si pittoresques des environs d'Amboise, dans les immenses carrières de Lussault, dans les coteaux si variés et si heu- reusement accidentés de Vouvray, de Rochecorbon etde Sainte-Radegonde. Partout on y voit creusés de nombreuses galeries, des caves, des celliers, des habitations à plusieurs étages, et entourées de jardins en terrasses suspendus gracieusement au-dessus du fleuve, qui roule ainsi ses eaux comme entre deux guirlandes de feuillage, de fleurs et de riants cottages. | La comparaison des deux rives à la hauteur de Tours nous a permis d'y appré- cier la correspondance exacte des couches, par opposition aux fractures que nous avons signalées à l'E. et l'O. de ce point. Parmi lesnombreux fossiles que renferment ces assises, nous avons indiqué beaucoup de polypiers, dont plusieurs ont leur analogue dans des étages plus récents, puis le Cidarites vesiculosus, l'Apiocrinites ellipticus , la Serpula filosa , la Trigonia scabra, la Lima Dujardini , les Spondylus truncatus et duplicatus, les Terebratula alata et albensis et l'Ammonites polyopsis. L'absence de Nautiles dans cet étage et dans celui de la craie micacée de ce pays est une circonstance digne de remarque. Une petite Exogyre, que nous avons nommée E. turonensis, est très caractéristique de la craie jaune au N.et au S. de la Loire. L'Exogyra columba y est également assez répandue. Cette dernière coquille (Ne 4, p. 414.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 111 constituant d’abord une variété très petite, abondaït, comme on l'a vu, dans les grès verts ou ferrugineux, puis, acquérant un certain développement dans les couches à Trigonies qui les recouvrent, on pouvait croire que les couches à os- tracées placées encore plus haut, à la base du second groupe , nous en présen- taient les dernières générations et le dernier accroissement ; mais il n’en est pas ainsi : après avoir été très rare dans la craie micacée, nous voyons cette espèce reparaître vers la partie médio-inférieure de la craie jaune, où elle atteint, surtout aux environs de Villedômer, des dimensions encore plus considérables que dans les couches antérieures. La présence de cette coquille, et en grande quantité, à plu- sieurs niveaux très distincts, pouvait êtreune cause d'erreur utile à signaler. La pente générale au N. et au N.-E. de toutes les assises crétacées situées au S. de la Loire et linclinaison à l'E et au S.-E. de leurs prolongements dans les pla- teaux situés au N. de la même rivière, c’est-à-dire inverse de la direction des cours d'eau de ce dernier versant, nous ont fait décrire, comme très dignes d’at- tention , les escarpements de craie jaune identique avec celle de la Touraine, qui se voient autour de Châteaudun, à 16 ou 17 lieues au N. du point le plus oriental, où ces mêmes couches sortent au jour sur les bords de la Loire. Nous avons pensé que cette disposition, qui se prolonge d’ailleurs jusqu'au-dessous de Vendôme, était Le résultat d’une fracture par suite de laquelle ces couches auraient été ame- nées au jour, et dans laquelle coule actuellement le Loir entre ces deux villes. Nous sommes aussi entré dans quelques détails sur des moules cylindroïdes ou conoïdes trouvés en grand quantité dans les couches de Châteaudun, etauxquels nous avons provisoirement donné le nom d'Amphorites, à cause de leurs dimen- sions et de leur forme. En descendant la vallée que parcourt le Loir, on la trouve presque constam- ment bordée par diverses modifications de la craie de Touraine, beaucoup plus sableuse vers sa base et passant à la craie micacée vers le pied des collines. Ces deux étages s'amincissent sensiblement à mesure qu’on s'avance vers l'O., où bientôt le grès vert forme le fond de la vallée. Les environs de La Flèche sont re- marquables par le développement et les caractères particuliers de l’étage infé- rieur. À sa base est le banc à ostracées , puis au-dessus, viennent des glaises , des sables et des psammites gris-verdâtre que recouvrent le deuxième et le troisième étage, réduits tous deux à quelques mètres d’épaisseur et presque confondus. On peut voir dans ces mêmes collines, à une distance seulement de 8 mètres l’un au- dessus de l’autre, les deux bancs d’Exogyra columba qui, dans la vallée de la Loire, sont séparés par un ensemble de couches dont l’épaisseur est d'environ 100 mè- tres. Ici, comme partout ailleurs, l'Ostrea biauriculuta et l'Exogyra flabellata sem- blent appartenir exclusivement au banc inférieur. Au-delà de la ligne de partage des eaux du Loir et de la Sarthe, dans le dépar- tement de ce nom, la craie de Touraine a disparu , la craie micacée présente çà et là quelques lambeaux, l'étage inférieur est encore bien caractérisé dans la 112 ÉTUDES CN. 1, p. M2.) colline du Mans , mais nous n’en avons plus trouvé de traces au N. vers Alençon ni sur la rive droite de la Sarthe. Les coupes des environs de Saint-Calais, de La- Ferté-Bernard, etc., nous ont montré la craie micacée reposant sans intermédiaire sur les grès ferrugineux ou sur les calcaires sableux qui en dépendent. Des trois étages que nous avions établis dans ce deuxième groupe, il ne reste donc que la craie micacée, marneuse et glauconieuse, qui se trouve encore avec une certaine épaisseur sur quelques points isolés du département de la Sarthe et qui cesse dans celui de l'Orne, où le groupe du grès vert atteint seul l'axe du Mellerault. Nous avons déjà dit que, sur le versant N. de cet axe, la séparation du deuxième et du troisième groupe était très difficile à fixer lorsqu'on plaçait dans le grès vert, comme la coupe au S. de l’axe nous y obligeait, des couches qui sur ce même côté S. sont recouvertes par tout l'étage des sables et grès ferrugineux; tandis qu’au N., où ces sables et les couches à ostracées manquent, elles sont im- médiatement surmontées par cette craie sableuse, glauconieuse, micacée, puis marneuse, qui sy lie d’une manière intime. Les fossiles de cette dernière sont d’ailleurs peu caractérisés dans les vallées de la Rille et de la Charentonne, où l’Inoceramus mytiloides supplée seul aux Ammonites, aux Turrilites, aux Sca- phites, etc., propres à ce niveau sur tant d’autres points. En s’avançant au N. vers les bords de la Seine, la liaison et le passage de cette craie glauconieuse et mi- cacée, à la craie blanche, se remarquent également; et sans le petit lit de Sca- phites, de Turrilites, d’'Ammonites, etc., de la montagne Sainte-Catherine, peut-être n'eût-on pas songé à établir ces distinctions. Cette difficulté à préciser les limites de ces modifications de la craie se reproduit partout dans les escarpements qui bordent la Seine jusqu'à son embouchure, et dans les falaises qui remontent au N. du Havre. Les considérations théoriques par lesquelles nous terminerons ce mémoire ont pour but d'expliquer les différences que nous offrent les couches crétacées des deux versants de l'axe du Mellerault, de même que celles qui résulteront de la comparaison que nous allons faire des assises que nous venons d'étudier, avec celles qui leur correspondent à l'E. et au N. du même bassin, puis dans la Belgi- que et de l’autre côté de la Manche. SIL. Comparaison des diverses parties du bassin crétacé du N. de la France et des pays voisins. Dans cette comparaison des rivages opposés du grand golfe qui s’ouvrait au N.-0. par un large canal s'étendant de Dives à Tournay , nous nous occuperons peu des étages ou des subdivisions de chaque groupe; car si dans la moitié occidentale que nous venons d'étudier, déjà plusieurs de ces étages, bien caractérisés sur certains points, se sontamoindris, puis ont disparu tout-à-fait sur d'autres, à plus forte raison, en nous éloignant davantage. ne devons-nous pas nous attendre à les retrouver ni plus constants ni plus distincts. Nous considérerons donc particuliè- CN: 1, p.145.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 113 rement les groupes qui, par cela même qu'ils représentent une plus longue pé- riode , ont dû être marqués par des phénomènes plus généraux, dont les effets se sont propagés plus loin. Le groupe néocomien ou groupe inférieur de la formation constitue, comme nous l’avons vu, depuis le parallèle de Bar-le-Duc jusque autour de Sancerre, une zone étroite, continue, dirigée du N.-E. au S-0., et qui marque le rivage S.-E, du golfe crétacé sur une longueur d’environ 52 lieues (pl. L, fig. 1). AuN., au S. et à l'O. du bassin, on ne voit aucune trace de ce groupe. Ce n’est qu’au-delà du détroit, dans le Surrey, le Kent et l’île de Wight, que MM. R. A. C. Aus- ten (1) et Murchison (2) d'abord, ensuite MM Fitton (3), Ibbestson et Forbes (4) et Simms (5) ont signalé récemment, dans les deux premières assises du grès vert inférieur (lower green sand), un certain nombre d'espèces fossiles qui caractérisent le groupe néocomien de l'E. Il est résulté de ces recherches et de celles de M. AI- cide d'Orbigny que la plus grande partie du grès vert inférieur du S. de l’Angle- terre, ou au moins ses deux assises inférieures (A et B de la dernière notice de M Fitton, Proceed., vol. IV, p. 409) doivent être regardées comme appartenant au quatrième groupe ou groupe inférieur de la formation (6). Ce dernier se trouve alors caractérisé par un grand développement d'ostracées, comme le troisième par celui des céphalopodes. Mais entre les représentants de la faune néocomienne en Angleterre et les cou- ches les plus récentes de la formation oolitique , nous trouvons , au-delà du dé- troit et dans le N. de l'Ecosse, un grand ensemble de dépôts fluviatiles, lacustres ou torrenliels, qui n’ont d’analogues bien reconnus en decà sur le continent que quelques traces indiquées dans le Bas-Boulonnais sur le prolongement de la val- lée de Weald, dans le pays de Bray et plus particulièrement dans le Hanovre. Nous dirons tout-à-l'heure quels pourraient être les dépôts synchroniques marins du rivage oriental. (1) Proceed. of the Geol. Soc. of London, vol. IV, p. 167 et 196 — 1843. (2) Zbid., p. 174. (3) Zbid., p. 206, 1843, et p. 396, 184h. Bull. de la Soc. géol. de France, 2° sér., 1. I, p. 438, 1844. (4) Zbid., p. 407, et Report of the 1h* meet. Brit. Assoc., p. 45, at York 184h, London, 1845. : (5) Proceed. of the Geol. Soc. of London, vol. IV, p. 406. (6) La présence constante à un certain niveau de l'£xogyra sinuata. Sow., invoquée contre cette assimilation, est précisément ce qui la confirmerait, si comme nous le pensons, cette coquille, dont la variété type marquerait Ja limite supérieure du groupe néocomien , n’est qu’une modification et le dernier développement des variétés subsinuata, dorsata, etc. Leym. (Coulont auct.), propres aux cal- caires et aux marnes sous-jacentes. En ne/‘considérant qu’une province , cette limite pourra paraître mal placée et arbitraire; mais il n’en sera pas de même lorsqu'on embrassera un horizon plus étendu. Nous n’avons point d’ailleurs à nous occuper ici du parallélisme de détail que l’on a voulu établir entre les argiles 4 Plicatules de la Champagne et de la Bourgogne avec les argiles d’Apt ; c’est un sujet que nous traiterons ailleurs. SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n. 1. 15 114 ÉTUDES CN: 1, p.114) Le parallélisme du grès vert de l'E. de la France avec le troisième groupe d’An- gleterre, comprenant le grès vert supérieur, le gault, et peut-être la première assise du grès vert inférieur, a été suffisamment établi; mais toute analogie cesse dès que l’on passe au N. de la ligne de partage dirigée N.-0. S.-E., ou plus exactement O. 34° N. à E. 34° $., de la pointe orientale du Bas-Boulonnais au Catelet, et qui remonte ensuite au N.-E., vers Bavay, en séparant l'Escaut de la Sambre (pl. F, fig. 1 (1) ). D'un côté de cette ligne, les eaux coulent vers la mer du Nord par la Lys et l’Escaut; de l’autre, elles se rendent directement dans la Man- che ou se dirigent vers la Seine. Ainsi, en Belgique et jusque sur les bords du Rhin , rien ne représente géologiquement ni stratigraphiquement le troisième groupe, assertion que nous nous sommes attaché à démontrer dans un mémoire précédent (2), et que les considérations suivantes nous paraissent justifier encore. En nous reportant au S., nous remarquerons uneseconde ligne de partage pres- que parallèle à la première et qui s'étend depuis le Mellerault (Orne), ou mieux depuis le village de Champhaut, jusqu’à celui de Saint-Puits, sur la limite des dé- partements de l'Yonne et de la Nièvre (pl. I, fig. 1). Cette ligne n’est que le prolon- gement de l'axe anticlinal du Mellerault, dont nous avons encore indiqué des traces au N.-0., entre Harcourt et Aulnay (Calvados). Au S., au S.-0. et à l'O. de cetaxe, nous trouvons, à la vérité, l'équivalent du troisième groupe que nous n'avons pas reconnu dans la Belgique ni aux environs d’Aix-la-Uhapelle ; mais en comparant les assises qui le composent aux couches contemporaines de l'E. en France, et du N.-0. en Angleterre, des différences essentielles vont à l'instant nous frapper. Ces différences au S.-E., ou vers l'extrémité de la ligne de partage, ne sont point brusques ni tranchées , comme si un isthme eût séparé en cet endroit les deux parties du bassin ; elles sont au contraire graduelles de l'E. à l'O., comme on pour- rait l’attendre de l'existence d’un détroit ou d’une communication d'une certaine largeur : aussi ces différences ne sont-elles complètes que lorsqu'on vient à com- parer les rivages opposés du Perche, du Maine et de l'Anjou à ceux des Ar- dennes, de la Champagne et de la Bourgogne. Ainsi, à l'O., dominent des calcaires sableux, des macigno, des sables et des grès ferrugineux. Les argiles sont sableuses, grises ou bleuâtres, mais peu dévelop- pées. Plus bas, sont des calcaires glauconieux, sableux , blanchîtres , et quelques psammites ; les sables verts proprement dits n’ont qu’une très faible épaisseur. (1) Gette ligne de l’Artois est, en outre, bien caractérisée par des accidents particuliers signalés depuis longtemps par Monnet, mais dont M. Élie de Beaumont a récemment fait sentir toute l’impor- tance (Zzxplic. de la carte géolog.| de France, t. I, p. 715). Ce sont des affleurements de roches sédimentaires anciennes, au fond de plusieurs petites vallées , sur le revers N. de l’axe, et qui sont alignés entre le point où ces couches disparaissent au S. d’Etræung (Nord) et celui où elles se montrent, aux environs d'Hardinghen, dans le Bas-Boulonnais. (2) Mém. de la Soc. géol. de France, 4"° série , t. III , p. 273 et 280 ; — 1839. CN-1, p.145) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 115 À VE. du bassin, au contraire, et à partir de l'Yonne, les argiles foncées, les sa- bles et les grès verts constituent presque à eux seuls tout le groupe. A l'O., les co- quilles de céphalopodes sont peu nombreuses en espèces, et les individus sont com- parativement rares, tandis que certaines variétés d'Exogyres et les Trigonies y abondent. Remarquons encore que quelques espèces remontent dans le groupe suivant, ce qui a engagé M. Alcide d’Orbigny à réunir nos deux groupes en un seul, réunion à laquelle s’opposent tous les caractères stratigraphiques et minéralo- giques. Sur l’ancien rivage oriental, comme en Angleterre, les céphalopodes pren- nent un grand accroissement pendant cette période, et nous les trouvons accumulés avec profusion dans les couches argilo-sableuses de la Bourgogne, de la Cham- pagne et des Ardennes , comme dans celles du Kent, du Sussex, du Hampshire, d'une partie du Wiltshire et plus au N. dans le Cambridgeshire, etc. Si nous n’avons pas adopté tout-à-fait le classement proposé par M. Alcide d'Or- bigny pour les couches de l'O., parce que, comme nous l'avons démontré, il y avait continuité entreles couches du grès vert de l'E. et celles du S. et de l'O. du bassin, recouvertes sur tous ces points par le deuxième groupe, nous partageons complé- tement son opinion sur les différences remarquables que présente l'organisme de ces deux rivages opposés, de même que sur l’analogie entre les fossiles de la partie occidentale de notre bassin et ceux de la zone crayeuse du S.-0. qui a fait l'objet de la première partie de ces Études (1). M. d’Orbigny avait d’ailleurs très bien senti la nécessité d'admettre une séparation entre ce qu'il a appelé, à l’époque de la craie tufau, le bassin de la Seine et le bassin de la Loire; et, sous ce rapport, on peut reconnaître que nous sommes arrivés tous deux à des résultats identiques par des voies très différentes (2). Quant à l'épaisseur totale du groupe, nous la trouvons la plus grande dans le département de l'Aube, où M. Leymerie lui assigne 150 mètres (8). Elle diminue ensuite dans les départements de la Haute-Marne, de la Meuse, des Ardennes, de l'Aisne et du Nord ; elle diminue également à travers les départements de l'Yonne, de la Nièvre, du Cher et de l’Indre, pour s’accroître de nouveau sous (1) Nous avons déjà fait voir qu’il était possible d'établir une relation assez exacte entre les assises du grès vert de l'O. du bassin en France et celles de la partie occidentale de son prolongement en Angleterre. En effet, le lower green sand, ou groupe inférieur, à l’état rudimentaire dans le Wiltshire, manque dans le Dorsetshire et le Devonshire. Le gault, dans le premier de ces comtés, est déjà carac- térisé par plusieurs espèces étrangères aux couches parallèles du Kent, du Sussex et du Hampshire, et plus à l'O., il manque tout-à-fait. Enfin le wpper green sand, peu développé dans les comtés du S.-E., prend au contraire une épaisseur et des caractères particuliers dans le S. du Wiltshire, puis, dans le Dorsetshire et le Devonshire, il paraît représenter seul le 3° groupe. Des fossiles, jusque là propres à ces divers étages à l’E., s’y trouvent alors réunis dans les mêmes couches. (2) Bull. de la Suc. géol.,t. XIII, p. 360,—1849; et t. XIV, p. 481, —1845. (3) Le niveau de l’Exogyra sinuata se trouvant à la base du grès vert tel que ce groupe avait été limité d’abord , la différence de l’épaisseur sera sans importance en comprenant ce niveau dans le groupe inférieur. 116 ÉTUDES CN: 1, pe 416.) celui d’Indre-et-Loire, où les puits forés nous ont fait connaître une épaisseur de 115 mètres. Dans le département de la Sarthe, abstraction faite des résultats donnés par le sondage du Mans, le troisième groupe atteint, particulièrement entre Nogent-le-Rotrou et La Ferté-Bernard, une épaisseur presque comparable à celle qu’on observe sur le rivage opposé de la Champagne. Si nous prolongeons au N.-0. la ligne de partage des eaux de l’Artois et celle du Mellerault, nous trouverons que la première, en s’infléchissant à l'O., suit l'axe de la vallée de Weald, dont la continuation sépare le bassin tertiaire de Londres de celui du Hampshire ; son passage à travers le détroit est marqué par un relève- ment très sensible du fond de la mer. La sonde la plus faible de tout l'axe du ca- nal se trouve précisément entre l'embouchure de la Liane et la pointe de Denge- Ness, où elle n’est que de 2 mètres (pl. I, fig. 1). Au S.-0., la profondeur augmente assez vite ; au N.-0., elle ne dépasse pas 3 mètres sur une longueur de 14 kilo- mètres qui correspond à l’ouverture de la vallée du Bas-Boulonnais ; au-delà, les sondes augmentent pour ne plus se relever. La seconde ligne coïncide à peu près avec le rivage crétacé le plus nl du Devonshire, dont on trouve des traces au N. de Newton Bushel. Au S.-E., nous apercevons une coïncidence plus remarquable encore, car la zone du groupe inférieur ou néocomien est sensiblement comprise entre les extrémités un peu infléchies au S.-0. de ces deux mêmes lignes prolongées, comme en An- gleterre le lower green sand et les couches wealdiennes placées dessous sont compris entre leurs prolongements directs au N.-0. Cependant on peut voir qu'ils n’occupent pas en réalité toute cette largeur, ne dépassant pas au S. une ligne tirée de l’île de Purbeck à l'embouchure de la Seine et parallèle à l'axe du Mellerault. Une autre disposition non moins digne d'attention , lorsqu'on suit le dévelop- pement des deux groupes inférieurs du S.-E. au N.-0., ou des collines de la Cham- pagne et de la Bourgogne à celles des comtés du S.-E. de l'Angleterre, c'est que ces deux groupes, très puissants aux extrémités opposées de ce golfe, sont réduits e à peine reconnaissables vers son milieu , là précisément où l'on aurait dù s’atten- dre à les trouver le plus épais. Le lower green sand ou groupe néocomien , qui atteint plus de 200 mètres d'épaisseur dans les falaises d’Atherfield et en a encore près de 120 dans celles du Kent, est réduit à 15 mètres au cap de la Hève, où le gault et le grès vert supérieur sont aussi à peine représentés, malgré leur grand développement au S.-E comme au N.-0. du bassin. On est ainsi conduit à pen- ser qu’il existait à l’endroit du détroit actuel un bombement sous-marin presque perpendiculaire aux axes précédents (pl. I, fig. 1). Ce bombement, en se prolon- geant au N.-E. dans la mer du Nord jusqu'à une certaine distance, a permis la continuation de dépôts semblables sur toute la côte orientale d'Angleterre jusque dans le Yorkshire , et leur relation avec ceux qui se formaient dans le Hanovre, tandis qu'il empêchait l’envahissement par les eaux, des Flandres, de la Belgique CN. 4, pe MT.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 117 et des provinces Rhénanes, sans doute alors émergées comme pendant la période oolitique. La ligne de la Manche est encore aujourd’hui marquée par une série de sondes qui se relèvent dans sa direction depuis les rochers du Calvados, à peu près à l’em- bouchure de la Seule, jusqu'à l'endroit où elle coupe le prolongement de la ligne de l’Artois, sur le banc de Colbart, point qui, comme on vient de le voir, est le moins profond de tout l’axe du canal. De chaque côté de cette ligne, les sondes s’abaissent pour se relever ensuite en s’approchant des côtes. Ainsi ces points de moindre pro- fondeur représenteraient l’ancienne banquette sous-marine, dont l'existence doit remonter au-delà de la formation wealdienne, puisque sur les côtes de Normandie manquent le Portland stone , les couches de Purbeck, d'Hastings et le Weald clay. En poursuivant notre comparaison pour le groupe de la craie tufau, nous voyons celui-ci se diviser à l'O. en trois étages, distincts par leurs caractères pétrographiques, stratigraphiques et par la prédominance constante de certaines espèces à des niveaux déterminés. A l’E., nous ne trouvons rien de semblable; on n'aperçoit aucune trace du premier ni du troisième étage ; le second seul y est représenté par des calcaires blanc-grisâtre , plus ou moins marneux , avec points ver{s , silex gris se fondant dans la pâte, ou bien encore par quelques grès psam- mites à grain tres fin, qui ne s’y montrent pas d’ailleurs exclusivement. Cet en- semble de couches réunies sous le nom de craie tufau est caractérisé par les mêmes fossiles que la craie glauconieuse de Rouen, qu’il représente, que la craiemarneuse de Wissant, que le chalk marl enfin, qui lui correspond dans les comtés du $. et du S.-E. de l'Angleterre. Cette craie marneuse et souvent un peu glauconieuse à été confondue à tort par quelques géologues français avec le grès vert supérieur (upper green sand, fire stone du Surrey) placé dessous de l’autre côté du détroit , et qui manque au S.-E. sur le continent, de la même manière que nous venons de voir deux de nos étages du deuxième groupe de l'O. manquer à l'E, Les fossiles dont nous venons de parler sont particulièrement les Ammonites Mantelli, varians , rhotomagensis et falcatus, les Turrilites costatus et tuberculatus, le Scaphites œqualis, le Hamites attenuatus, le Nautilus elegans et V'Inoceramus mytiloides, qui, à l'exception de cette dernière coquille , deviennent d'autant plus rares qu'on s’avance davantage vers l'O. où d’autres corps organisés caractérisent les couches du même âge. On doit remarquer encore que c’est entre Sancerre et Vierzon, c'est-à-dire quelques lieues plus à l'O. que les dernières traces du groupe néocomien , que cessent les caractères zoologiques les plus tranchés de Ja craie tufau de l'E. et du N. (1). (1) La rareté comparative des Ammonites dans le bassin occidental se lie à une circonstance parti- culière qui n’a pas encore été remarquée: c’est la taille énorme que les individus y ont atteinte. Ainsi, nous avons vu dans la magnifique collection de M. Alc. d’Orbigny des individus de l'A. /ewe- siensis, provenant de la partie supérieure de la craie micacée de Touraine, qui avaient plus de 1 mètre de diamètre; un autre deV’A. peramplus était également colossal ; l’'Ammonite à laquelle nous avons conservé provisoirement le nom de cenomanensis est toujours aussi très grande. 118 ÉTUDES (N. 4, p. 418.) . Dans un mémoire déjà indiqué , nous avons rapporté à ce second groupe les couches crayeuses et sableuses de la Belgique et des provinces Rhénanes, qui sont inférieures à la craie blanche. Le rivage méridional du bassin dans lequel elles se sont déposées est bien marqué par la présence du poudingue appelé tourtia qui constitue un banc de 0,50 à 5 mètres d'épaisseur, d’une constance remarquable et reposant sur les terrains anciens dans les départements du Pas- de-Calais , du Nord et dans la partie de la Belgique qui y est contiguë. Ce pou- dingue s'appuie sur le versant N. de la ligne de partage de l’Artois , et les travaux de recherches ou d’exploitation de houille le traversent constamment. Nous don- nons ci-dessous le détail des principaux sondages exécutés depuis peu dans ces deux départements, et qui indiquent d'une manière précise la position de ce poudingue relativement au terrain ancien sous-jacent et relativement aux marnes crayeuses (dièves) du second groupe qui le recouvrent (1). Le pondingue ne (4) M. Léveillé, dans une note géologique sur les frontières de France et de Belgique | Mém. de la Soc. géol., t. II, p. 29-1835), a donné plusieurs coupes naturelles de ces couches, depuis Tournay jusqu'aux environsde Bavay, et on y voit le poudingue reposer tantôt sur le terrain houiller, tantôt sur le calcaire carbonifère , tantôt sur les grès rouges placés dessous. Il est constamment recouvert par des marnes (dièves). M. Poirier de Saint-Brice (Ann. des mines, 1*° série, t. XIII, 1826) le con- state également. Les détails suivants des sondages sont disposés de manière à faire connaître les cou- ches traversées en allant du N.-E. au S.-O., perpendiculairement à la direction de la ligne de l’Artois; ainsi le plus éloigné de cette ligne est le forage de Thivencelles près Condé, sur la frontière même; il a donné: A5NSableitentiaire ET CE CR IC CE OC 0e 2, Craie blanche et craie marneuse bleuâtre avec silex à 69 mètres. 87 ,67 942% 05 3. Craie marneuse à points verts, calcaire gris et jaune avec silex, Ma LA marnes grises, jaunes, bleues, vertes, etc. (dièves). . . 4126 ,00 L. Marnes glauconieuses et glauconiesableuse.. . . . . . . L ,88 5. Roches argileuses et arénacées. . . . . . . . . . . 2h ,0 HAE 5 © oo à à 27 Dans la note jointe à cette coupe, M. Degousée fait remarquer le grand développement du grès vert; mais nous pensons que ces couches appartiennent toutes (du n° 3 au n° 5 ) au second groupe, et que le éourtia n’a point été atteint. Ce forage a traversé la dépression crayeuse que l’on sait exister entre Calonne et Montignies-sur-Roc, et où les sédiments crétacés ont une épaisseur locale qu’on ne retrouxe plus dans les autres directions. Ainsi la coupe de la fosse Saint-Louis à Anzin, à trois lieues au S.-O., ne montre qu’une épaisseur d'environ 70 mètres de dépôts tertiaires et crétacés au-dessus du éourtia que recouvre la diève (Bull, de la Soc. géol., t. NII, p. 171-1837). Pour les autres sondages du département du Nord, nous suivrons une direction du S.-E. au N.-O, parallèle à celle de la ligne de l’Artois. FORAGE D’ABESCON (canton de Bouchain), pour la compagnie CARETTE et MINGUET. GlauconieNsableuse ete) EP CE 17,88 CRC IDE CS, & 5 4 à 5 > OMS. co ue (1) putl Craie MarDEUSC ASIE NE NC LE O0 DIèves. 1 ane MERE ie IN LE NS SE 50 Poudineuel((tourtia) AN REC NON OR 5 ,16 SCDISTESICLIPTCS ROUTIERS ER 0 0/1 Total 0-57 152m,54. RSS E (Rore Hergé) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 119 dépasse pas non plus la ligne de partage de la Sambre et de l'Escaut, à l'E. de laquelle le grès vert commence à se montrer dans la forêt de Mormale pour con- tinuer ensuite vers les Ardennes. La limite occidentale du tourtia paraît coïncider avec la vallée de la Lys ou FORAGE D’ÉMERCHICOURT (canton de Bouchain), pour la même compagnie. AANGTAUCONICALERLIAINE me sde belle Le Me cle ch le de 67,88 D, GACINETONS d1 0 MOUV SO M NE TA 122",03. ] 3, Dièves. . . . th 4. Poudingue Connie CES de OA Nr TUE se HAN L ,85 DACaÏCAITeiMAEDEE en M AE A MEN AN eue Mie eo re 5 ,79 Lots Mr Me pas 70 FORAGE D’AUBERCHICOURT (canton de Douay), pour la même compagnie. AERSADICNORTIAIEE SN NS Se ie Lee Menite. et een Melle te 67,00 2. Craies roc she : ÿ NS 01:09 126,66. À? 3. Dièves (marnes sralaees ee Mere É anse), 1 1627:00 4. Poudingue (tourtia) et marne glauconieuse. . . . . . . 8 ,33 5. Argiles schisteuses et grès anciens. . . . . . . . . . 73 ,84 To 10206750 FORAGE rE VRED (canton de Marchiennes), pour M. LAURENT. Sables ePAargileSAICRUIainess de pet en cs + ete Je lee 109002 Craie blanche avec ou sans silex. . . . . . . . . . . . 63 ,87 111,17. {Dièves. . . . De eme = 410 00 Poudingue et ere dercoren re PERS 4 ,50: Schistes et argiles schisteuses, lits minces ee phtanite et CONMURERS » ot ole et loto a NO EME TOR MED OMISGEIGS FORAGE DE MARCHIENNES, pour M. BERNARD. Sable bleuâtre, sable vert argileux , argile grise compacte (tertiaire). 25%,66. GTAIEHDIANCHE SANS Tex D UP Not 66 103,00 Craie marneuseavecousanssilex. = CN M 00 160,17 MR IDÉES RE dt ute ou domtlleueol Ga sut 2 7 cOfeDA Poudingue (tourtia). . . Lace 0 ,66 Argiles schisteuses et grès Helen, Re een ei eue of 00,00 Fou 2.0. 166%:66 FORAGE DE FLINES (canton de Marchiennes), pour le méme. Sables verts et jaunes, sables verts argileux, sable noir et argile Sableusel (Terra NIET Uaire) 3 10 Graie blanche/avec silex noÏES. ap 0 den. U:78 190,17. Craie marneuse à silex. . . . ns) de ee +. 16 ,66 Marnes argileuses grises, RAS verdâtres, brunâtres Here. + 57 ,73 Poudingue (tourtia). te ee de d-nle tou + ON 4 ,00 GAICAITC ANCIEN ee Me Eee M + Ru 2 ,45 TO GG 120 ÉTUDES (N.4, pe 420 mieux avec la ligne de partage des eaux qui s’y rendent et de celles qui se jettent dans l’Yser. Le forage exécuté à Bailleul ne semble pas l'avoir atteint comme aux environs de Lille, etil aurait pénétré seulement dans des argiles et des sables FORAGE DE L’ESPLANADE, A LILLE. SaplesteLhareilesitentiAires SN NE NT 000 [ Craie blanche avec silex à la base, . . . . . . . . . . . 32 .50 Nappe d’eau à 48",30. 68,55. Craie marneuse grise avec plaques de calcaires marneux compac- tesfet silexivers lethaut PP NE 0271020 Marnes argileuses grises avec points verts. . . . . . . . 41 ,20 Poudingue (tOurtia): :. NP OOMENENNENERE ER 0 ,65 Calcaire carbonifère plus ou moins cohérent. . . . . . . . 36 ,05 HOAE, 6 0 0 co 0 JE FORAGE DE L'HÔPITAL MILITAIRE , A LILLE. Même coupe que le précédent. . . . 120*,00 Le poudingue (tourtia) a été rencontré à 69m 75, ia | non Tan jaillissante à 107,00. FORAGE DE L'HÔPITAL GÉNÉRAL A LILLE. Même coupe. D NE CRE 180%:60 Le poudingue (tourtia) a été Finn à 89m, 00. M. Bailly a constaté que les variations observées dans la quantité d’eau fournie par ces puits étaient en rapport avec les marées. ( Comptes-rendus de l Académie des Sciences, t. XIV, p. 310—1842.) FORAGE DE BAILLEUL (arrondissement d’Hazebrouck), exécuté par MM. FLACHAT. Ge forage poussé à 108°,33, après avoir traversé des argiles blanches, jaunes, grises et quelques lits de sables et de coquilles, a été abandonné dans des sables verts ; nous u’avons pu rien conclure à à cause du manque de précision dans la légende. Les détails donnés par M. Turbert (Ann. des mines, L° série, vol. III, p. 73 ) sur la traversée des morts terrains dans le N. de la France , confirment pleinement les résultats que nous avons donnés pour le département du Nord. Dans celui du Pas-de-Calais, nous avons déjà rappelé les sondages exécutés à Tilloy et à Monchy-le-Preux au S.-E. d'Arras, où le poudingue (tourtia) a été rencontré à 147, 180 et 200 mètres au-dessous de la surface du sol, et reposant sur une couche de terre noire pyriteuse, qui résulte de la décomposition des schistes anciens sous-jacents; mais c’est à tort que, dans notre précédent mémoire ( Loc. cit., p. 281), nous avions regardé cette couche comme un rudiment du grès vert qui n’existe pas sur tout ce versant. Ce que l’on a traversé appartient à diverses variétés de craie. FORAGE DE BEAURAINS (canton d'Arras), pour la société départementale. Craie à silex, craie marneuse grise, bleue, etc. . . . . . . 442,66 Craie glauconieuse 204 + 5 505 4 SC OO NON 35 4151m,32 ë DIèVES + REA TE SIERRA EURE RER MEN RARE NR 7 ,00 Poudingue (tourtia) AOC RE ED 53 Psammites anciens 05700: 2 000 1 2 EDR 8 ,66 Total. . + . . 4159%,98 : (N.4, p.421.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 121 qui peuvent encore appartenir aux dièves. Quant au grès vert, on doit penser qu'après avoir longé au S. l'axe de l’Artois jusqu'à Fruges , il tourne vers le N. et s'abaisse dans cette direction , ainsi que le prouve la coupe du puits foré à : FORAGE pe MERCATEL (à 2 kilomètres au S. du précédent), pour la même société. Terre végétale et argile jaune sableuse. . . . . . . . . . 6,00 Craie blanche avec silex NOÏTS 31,30 _ 135,33. Craie marneuse grise avec silex cornés. . . . . . . . + . 8 ,00 Craie marneuse grise avec pyrites et plaquettes de calcaires mar= NeEUXIAUES ee Ne Cr Re ee 00-00 (Le lourtia est sans doute non dans cette troisième assise.) Couches non déterminées, mais probablement du terrain ancien. 45 ,00 HOta C RL 56208 FORAGE DE DINVILLE (situé à peu de distance à l'O. du précédent), pour la même société. Le poudingue (tourtia) a été rencontré à 131,33 de profondeur, et repo- sant sur le grès rouge ancien comme le précédent. FURAGE DE GOUY (à l'O. du précédent), pour la compagnie de BOUQUEMAISON. ! Calcaire marneux bleuâtre, verdâtre, grisâtre, blanchâtre, plus ou 41,65 \ MOINS COMPACT 00192200 Grès verts, marnes argileuses grises, grès vert et argile sableuse . L ,99 NPOUdINeUCr (OUR) RS CE L ,00 SCRISTESRELET TES NN EN D AE Ne Ne ele ele 00 209 Psammitessbleuaires te me CC CO 10,02 DAS 0 © 0 01 AE Ce dernier forage est situé sur la ligne de partage des eaux de l’Artois et à 18 lieues de Chercq près Tournay, où le tourtia existe aussi à la surface des calcaires carbonifères. La ligne qui joint ces deux points est presque perpendiculaire à l’axe de l’Artois; et comme nous avons constaté d’un autre côté la présence du même poudingue de Saint-Waast près Bavay jusqu'aux environs de Bailleul, suivant une ligne de 24 lieues de long et parallèle à l’axe , il s’ensuit que cette couche, dont l'épaisseur moyenne n’atteint pas.3 mètres, se prolonge avec des caractères identiques sur unesurface d’au moins 432 lieues carrées. On conçoit que les irrégularités du sol ancien sur lequel elle repose l’a fait atteindre à des pro- fondeurs assez différentes, lesquelles dépendent également de l'altitude de l’orifice des puits. II serait donc facile, en combinant celle-ci avec les profondeurs , de déterminer les ondulations du plan sou- terrain formé par le poudingue. Les puits artésiens, si nombreux dans le canton de Lillers ( Pas-de-Calais), et dont le plus ancien paraît remonter à l’année 1196 , sans que le volume de ses eaux ait varié depuis, n’atteignent proba- blement pas le poudingue (tourtia) et s'arrêtent dans les argiles sableuses des dièves. - Enfin deux forages ont été exécutés pour la même compagnie dans le département de la Somme, au S. des précédents et très près de la ligne de partage. L'un, à Hem, a traversé la formation crétacée sur 90,66 d'épaisseur, au-dessous de 20 mètres formés par le dépôt argilo- -caillouteux des plateaux. Ges 90”,66 étaient des alternances de marne et de calcaire, et vers le fond, on a rencontré une marne argileuse gris-blanchâtre. Le second forage exécuté à Lucheux a été poussé jusqu’à 172",17, dont 147°,64 dans les couches marneuses précédentes, au-dessous desquelles on aurait trouvé un calcaire oolitique gris-jaunâtre de 9°,66, un conglomérat à ciment argilo-calcaire assimilé au tourtia, 2°,82, et un second calcaire ooli- SOC, GÉOL. — 2° SÉRIE T. IL Mém. n. À. 16 122 ÉTUDES CN: 4, pe 122.) Calais. Ce sondage, exécuté par M. Mulot, était arrivé, le 2 septembre 1844, à la profondeur de 320°,20, et avait traversé (Rapp. de M. Legros Devot, Calais, 1845) : 4° Terrain superficiel, remblais, cailloux roulés et sables coquilliers modernes. . . . 23",83 2° 17 alternances de sables verts ou gris avec pyrites, d’argiles sableuses vertes ou brunes, d’argiles compactes avec pyrites el d’un lit de cailloux, le tout représentant le plastic da da EN AE RO OR 3° Craie blanche friable et craie à silex.. . . JP OISE 0 h° 16 alternances de craie grise, de craie al 4e craie ne Fe craie RL Ceuses souvent avec pyrites. . . SO TO Or OL ae. L de Dette) fl 5° Craie siliceuse très dure à grains verts. . . . . . . 0 ,90 6° Argile brune misacée. SPA | Ne Me AR : 1 ,50 19-14; "avec pyrites, Lo DER RS TR UE OR CE 3 ,65 8 Zd. avec sable, grains verts et pyrites. il GES 9° Zd. avec gros grains de quartz et pyrites. 12710 AG Grès ta (graimsiverts MTS AUS NET NI NP NC 5 TOTAT RTC 2020 Point d’eau jaillissante. Nous ferons remarquer que les grès verts, durs, succèdent ici aux argiles à grains verts et pyrites, exactement comme nous les avons indiqués au-dessous de la falaise de Saint-Pot (Mém. de la Soc. géol., t. IT, pag. 264). La limite N. du tourtia est moins bien connue au-delà d’une ligne tirée de Frameries et Wasmes près Mons, vers Courtray; car dans cette partie, les couches plongent fortement au N., et c'est de ce côté que le bassin, circonscrit comme il vient d’être indiqué, communiquait avec la haute mer. C'est aussi dans cette espèce de quadrilatère que s’est développée, au commencement de la période de la craie tufau, cette faune remarquable que nous avons signalée récemment (Bull. de la Soc. géol., 1. HT, séance du 2 mars 1846), et qui était venue peupler une sur- face où aucun sédiment ne s'était déposé depuis l’époque carbonifère. La puissance totale des trois étages de l'O. correspond à celle des diverses assises de la craie tufau de l'E. et du N.; elle la dépasse même sur plusieurs points, par- ticulièrement dans la région qu'occupe aujourd'hui la vallée de la Loire. Mais au N., dans les départements de la Sarthe et de l'Orne, le groupe de la craie tufau est très réduit, et finit par manquer tout-à-fait; circonstance en rapport avec le tique de 42",75. M. du Souich (Æssai sur les recherches de houille dans le N. de la France, p. 32, 1839) paraîtrait porté à regarder ces dernières assises comme appartenant au groupe inférieur ou néocomien. Cette assertion, qui ne repose que sur des données minéralogiques peu certaines, et qui est contraire à l’allure souterraine connue des groupes inférieures de la formation, ne ferait que confirmer d’ailleurs ce que nous avons dit, que le groupe du grès vert est limité nettement au N.-E. par la ligne de partage de l’Artois. Quant aux calcaires atteints sur cette ligne même, il faudrait des détails vlus nombreux et plus précis pour prononcer s'ils sont néocomiens, wealdiens, ou même de l'étage de Portland. C1, p.125) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 123 relief que nous supposons au sol à cette époque; à partir de l’axe du Mellerault , et qu'indique la coupe fig. 5, pl. HI. Quant à la largeur de la zone formée à l'E. par le second et le troisième groupe réunis, elle est beaucoup moindre qu’à l'O. Dans les départements de l'E, cette largeur ne dépasse pas 5 à 6 lieues, tandis que dans ceux de l'O. elle est de plus de 12 lieues.et enatteint même au S. de 15à 18 : différences qui résultent de la plus grande inclinaison de ces couches à l'E. et au N. qu'à l'O. et au S. Les premières, eneffet, ont dû se déposer sur les pentes assez inclinées de la Côte-d'Or, dontle soulèvement n’a point influencé les couches oolitiques de l'O., et de plus, elles ont été soulevées elles-mêmes plus tard, au lieu que les secondes, ou celles de l'O., sont restées dans leur position originaire. Nous avons séparé de notre second groupe la craie de Blois et de Chaumont- sur-Loire, quise prolonge au N. pour former la partie moyenne et supérieure des escarpements de Vendôme, et nous l’avons réunie au premier groupe, dont elle constitue ainsi la base ou l'étage inférieur, la craie blanche occupant l'étage moyen et la craie de Maëstrichtle supérieur. Mais nous devons dire que l'absence de bonnes coupes ne nous a pas encore permis de préciser la relation exacte de la craie de Blois et de Vendôme avec la craie blanche, et 1l serait peut-être plus rationnel de la laisser encore daasle second groupe, sil'on considère, non seule- ment sa position au-delà de l’axe du Mellerault, mais encore ses fossiles et ses caractères minéralogiques. Les Bélemnites entre autres, si répandues dans la craie blanche et jusqu'aux dernières couches de Ciply et de Maëstricht, n’ont encore présenté qu'un seul échantillon au-delà de la ligne du Mellerault, coïncidence singulière avec l'absence ou l'extrême rareté des Nautiles dans le second groupe de l'O. Pour la craie blanche, nous adoptons complétement l'opinion de MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont , et nous ne l’avons vue dépasser un peu l'axe du Mellerault qu'à la hauteur de Gien et de Briare ; car à Bonny elle n’existe déjà plus, de même que sur la rive gauche de la Loire. La craie blanche s'étend au N., jusqu'à Maëstricht, où elle estreconverte par l'étage supérieur, età l’O., dans toutela partie orientale de l'Angleterre. Son épaisseur est beaucoup moindre au N. de l'axe de l’Artois, le long de l’ancien rivage du second groupe, qu'au S., où elle atteint son maximum au-dessous de la vallée de la Seine. L’étage supérieur de Belgique se trouve relégué pour ainsi dire au N. de la ligne de partage de l’Artois, et même de l'ancien rivage du deuxième groupe. Si quelques traces existent au S., c'est vers le milieu du bassin qu’occupe la craie blanche qu'il faut les chercher, et où elles nous présentent des caractères si différents de ceux des couches du N. qu'on a pu hésiter longtemps à les regarder comme contemporaines. Nous avons déjà fait pressentir que ces limites des anciens bassins crétacés ne cessèrent point avec les dépôts de cette formation. En effet, le terrain tertiaire inférieur du N. de la France , dont les groupes s’échelonnent du N. au S. suivant 124 | ‘ ÉTUDES OT (N-4, p.124.) leur ancienneté relative, vient s'appuyer au pied du versant N. de l’axe du Melle- rault, qu'il ne dépasse pas. La ligne de partage des eaux de l’Artois et de la Flan- | dre sépare de mème.le bassin tertiaire dela Belgique de celui de la Seine, comme on a vu le prolongement de l'axe de la vallée de Weald séparer le bassin de Lon- dres de celui du Hampshire. | Ainsi la glauconie inférieure , qui repose au N. sur la craie de Ciply et de Maëstricht ou sur des terrains plus anciens, est la seule couche qui se montre iden- tique des deux côtés de l’axe de l’Artois. L'étage des lignites n’est que rudimentaire au N., si même il y existe. Les groupes si distincts et si nettement tranchés des sables inférieurs et du calcaire grossier s'arrêtent à la chaîne de collines qui s'é- tend de Noyon à Villequier-au-Mont (Aisne). Plus au N., les caractères de ces deux groupes se confondent ; les calcaires et les sables, de même quelles fossiles, ne pré- sentent plus dans leur distribution cette précision si remarquable au S., et les di- visions établies dans la Belgique ne leur correspondent que très imparfaitement. Le groupe des sables moyens, bien défini au S. jusqu'à ces mêmes collines d'Ugny- le-Gay, au N., depuis Cassel jusqu'au-delà de Tongres, en diffère sensiblement sous le rapport des fossiles comme sous celui des roches. Enfin lés analogies sont encore plus incertaines pour toutes les couches postérieures (1). Quoique l’ouverture du canal de la Manche soit probablement très récente, comme nous l’avons dit ailleurs (2) , le relèvement des couches de chaque côté du détroit vers les côtes actuelles nous fait croire qu'à partir de l'époque des lignites, car ces premiers sédiments sont identiques depuis la Champagne jusque dans le Berkshire, il existait aussi pendant la période tertiaire, comme pendant la formation des deux groupes crétacés inférieurs , un bombement sous- marin dirigé N.-E., S.-0., qui donna lieu aux différences que nous présentent les couches tertiaires de l’Angleterre avec celles du N. de la France d’une part, et avec celles de la Belgique de l’autre. Ce bombement était parallèle au rivage S.-E. du golfe crétacé, et par conséquent au soulèvement de la Côte--d'Or; mais on doit penser qu'il s’étendait peu au N. de Calais, puisque des dépôts ana- logues au London clay s’observent dans la province d'Anvers. Quoique le relief actuel du sol des Flandres et l'hydrographie du pays ne nous fournissent point dé données satisfaisantes à cet égard , la nature des couches nous fait regarder comme très probable que la séparation des bassins de Londres et de Bruxelles avait lieu suivant une ligne faiblement sinueuse, prenant à environ une lieue et demie au S. de Calais, et se dirigeant vers Malines, en passant un peu au N. de Gand. A l'E. de Malines, suivant une observation fort judicieuse que nous a communiquée M. d'O- malius d'Halloy, elle paraîtrait encore être indiquée par le thalweg de la vallée de Demer, des deux côtés duquel l'aspect du pays est très différent , et se trouve (4) Voyez Bull. de la Soc. géol , t. X, p. 193—195 et 200—1839. (2) Zbid., p. 221. (NA, p. 125.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 125 sans doute en relation avec la nature du sol sous-jacent (1). Si l’on cherche au S.-0. quelques caractères orographiques en rapport avec cette dernière direction, on les trouvera fortement indiqués encore par la grande fosse centrale de la Manche, si bien déterminée sur la carte hydrographique dressée par M. Le Saul- nier de Vaubello, et que nous avons reproduite dans notre Esquisse (pl. I, f. 1). Pendant l’époque tertiaire, non plus que pendant la période crayeuse, ces di- verses parties du grand bassin n'étaient pas toutes complétement isolées les unes des autres , et ces lignes de partage, sans être tout-à-fait émergées, pouvaient se trouver cependant sous une si faible profondeur d’eau , que les animaux qui vi- vaientet les sédiments qui se déposaient fussent, de part et d'autre de ces digues ou banquettes sous-marines, dans des conditions physiques assez variées pour nous expliquer les différences que présentent aujourd'hui les fossiles et les roches du même âge. Lorsque le terrain tertiaire moyen commença à se déposer, la nue du Melle- rault, cessant de manifester son influence, permit aux poudingues , aux sables et aux grès marins supérieurs, ainsi qu'aux marnes et aux calcaires lacustres qui leur ont succédé, de s'étendre librement depuis le N. de la France jusqu'au pied du plateau central, et des plaines de la Champagne jusqu'aux terrains anciens de la Bretagne. Mais il semble qu’ensuite cette même ligne ait reconquis une partie de son influence: car les observations récentes de M. Lyell, d'accord avec l'opinion émise antérieurement par M. Desnoyers, tendent à établir le parallélisme du crag d'Angleterre et de Belgique avec les sables de la Sologne, les faluns coquilliers du Blaisois , de la Touraine, de Anjou et de la Bretagne. Or, les différences si tran- chées que l’on observe entre les fossiles du crag et ceux des faluns, différences qui nous avaient porté nous-même à les regarder comme appartenant à des époques distinctes , se coordonnent encore à la ligne du Mellerault, dont le prolongement atteint la côte un peu au N. de Barneville (Manche), et se trouve indiqué par une ligne de partage qui s'étend de Saint-Patrice-le-Clay à Saint-Pierre-des-Moitiers. On peut reconnaître, en effet, que la direction des quarzites dans ce dernier es- pace a été influencéepar ce ploiement. La crête rocheuse de Lithaire , les massifs de grès de Doville , de Besneville , etc., que nous avons étudiés avec M. de Ver- (1) Le rapprochement des argiles de Boom avec le banc coquillier du Limbourg ne nous a jamais paru fondé. Non seulement il: n’est appuyé sur aucune superposition précise , mais les caractères minéralogiques et zoologiques s’y opposent également. Quant aux espèces fossiles communes que les beaux travaux de M. Nyst ont fait connaître dans ces deux dépôts, elles établiraient seulement entre eux un rapport semblable à celui qui existe entre les fossiles du calcaire grossier, et ceux des sables moyens ou de Bagshot, que les couches de Kleyn-Spauwen, de Tongres, elc., nous paraissent représenter, De cette manière, le parallélisme établi depuis longtemps entre le calcaire grossier et le système bruxellien , avec les argiles de Boom identiques au London clay de l’autre côté du détroit, subsisterait toujours, et la cause des différences qui les distinguent devra être attribuée à des circon-- stances physiques qui restent encore à étudier. 126 ÉTUDES (N.1,p. 1%) neuil , sont plutôt alignés sur le prolongement de l'axe du Mellerault que sui- vant la direction normale du système silurien dont ils forment la base. Les coquilles trouvées dans le Cotentin et si parfaitement identiques avec celles du crag rouge du Suffolk, se rencontrent précisément daus des couches adossées au pied N.-E. de cette ancienne barrière. Elles ont pu être ainsi en relation di- recte avec la mer du crag, et être séparées au contraire de celle des faluns, qui ne dépassait pas non plus le prolongement S.-E. de cette ligne. Ces coquilles du crag du Cotentin se trouvent, en outre, placées au-delà du bombement que nous avons supposé exister pendant la période tertiaire à la place du canal de la Manche, et en deçà duquel, en France comme en Belgique, il n’y a point de trace du crag ni d’autres dépôts de cet âge. Le crag d'Anvers est aussi placé au N. de la ligne que nous avons indiquée comme séparant le London clay du système bruxellien, et il représente aujourd’hui , de ce côté du canal, le dépôt contemporain du crag du Suffolk, comme les argiles de Rupelmonde ou de Boom représentent le London clay du même comté et celui de l’Essex. Ainsi, au N. de Calais et de Douvres, l'axe actuel du détroit ne coïnciderait pas comme au S. avec l’ancienne séparation des bassins. D'après ce qui précède, on peut donc voir que nous sommes arrivé à recon- naître une certaine corrélation entre les caractères orographiques et hydrogra- phiques du sol actuel, et les différences organiques et inorganiques des dépôts qui se sont succédé, depuis la fin de la période oolitique jusqu’à l'époque des grès de Fontainebleau et même au-delà. Cette coordination à deux lignes parallèles, ou dont les directions ne diffèrent que de 3°, et à une troisième ligne presque per- pendiculaire aux deux autres, de la plupart des changements qui se sont produits dans ce grand bassin , ne peut être le résultat du hasard ou de causes fortuites qui n'influent jamais avec cette permanence ni avec cette espèce de symétrie : aussi ces lignes doivent-elles traduire encore pour nous l’orographie du sol immergé pendant ce laps de temps. Mais ce qui n’est pas moins digne de remarque, c’est que cette disposition du sol sous-marin n'ait pas été plus influencée elle-même dans ses effets immédiats par les grands bouleversements que nous savons être survenus pendant cette longue période dans une partie peu éloignée de l'Europe occidentale, dont ils ontsi puissamment modifié le relief. Ces bouleversements ont sans doute occasionné des changements généraux dans les sédiments et les êtres organisés des formations et de quelques uns des principaux groupes; mais les modifications locales des étages sont restées subordonnées aux lignes que nous avons indiquées. $ II. Considérations théoriques. Jusqu'à présent nous n’avons eu qu’à constater, puis à grouper des faits ; il nous reste actuellement à chercher la raison de ces faits. Nous ne nous dissimulons pas les difficultés de cette recherche : aussi n’est-ce qu'avec une extrême réserve que nous nous hasardons à présenter les hypothèses que leur examen nous a suggérées. (NA, p.127.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 197 Après le soulèvement de la Côte-d'Or, le bassin dans lequel les couches créta- cées devaient se déposer était circonscrit à l’E. par une ligne de côtes un peu si- nueuse, dirigée, comme le soulèvement N.-E. S.-0., depuis les environs de Vassy jusqu'à l'E. de Poitiers (pl. I, fig. 1). Longeant ensuite au N. la crête de l’Ar- gonne et celle de Poix, la ligne prenait une direction N.-0. jusqu'aux environs de Bavay , formait plus haut un golfe étroit, au fond duquel se trouve aujourd'hui la ville de Mons, puis revenait à l'O. en passant à la hauteur de Tournay, pour remonter enfin au N.-E. vers Aix-la-Chapelle et au-delà, suivant la direction des terrains anciens. Nous avons vu dans ce qui précède les limites S. et O. de ce bas- sin, dont les contours étaient à peine esquissés et dont les formes n’ont achevé de se modeler que plus tard à l’époque du grès vert. Dans le Wiltshire, lOxfordshire et le Cambridgeshire, le rivage de ce dernier groupe était aussi dirigé parallè- lement à celui de la Bourgogne et de la Champagne. Nous pensons qu'après la grande dénudation qui paraît avoir immédiate- ment suivi le soulèvement de la Côte-d'Or, et sans doute celui d’une portion considérable de l’Europe occidentale dont les sédiments oolitiques ont été amenés au-dessus des eaux, il se sera produit un affaissement perpendiculaire à la direction du soulèvement, et qui aura donné lieu à une large vallée émergée au S.-E. Au N.-0., une dépression plus profonde, mais point assez cependant pour recevoir directement les eaux salées, commença à se remplir de sédiments argileux et arénacés d’origine lacustre ou torrentielle. Dans ces eaux douces ou saumâtres, s’accumulaient avec les débris de Cypris, de Cyclades, de Paludines et d'Unio , annonçant des eaux douces, les nombreux ossements d'Emys, de Trionyx, de Crocodiles , de Plesiosaurus, de Phytosaurus, de Mégalosaurus d’Hyléosaurus et d’Zguanodon, qui indiquent le voisinage des terres, comme la présence de quelques coquilles marines prouve le peu d’élévation de ces dépôts au-dessus du niveau de la mer. Pendant cette première époque, les trois quarts du bassin compris entre les deux lignes dont nous avons parlé étaient aussi émergés, puisque les dépôts fluviatiles ou d’eau saumâtre s’étendaient de Hythe à Tisbury et Purbeck. De Hythe, le rivage lacustre se dirigeait vers le Bas-Boulonnais, et de Purbeck vers l’'embou- chure actuelle de la Seine, se prolongeant ensuite de part et d’autre vers le centre du golfe, de manière à comprendre la surface qu'occupe le pays de Bray, et peut- être plus loin encore. Par la substitution pour ainsi dire immédiate des eaux sau- mâtres du lac wealdien (1) à la mer jurassique, on comprend pourquoi les êtres organisés, et surtout les poissons qui vivaient dans ce lac, présentent une certaine analogie avec ceux de la formation qui venait de finir, tandis qu'ailleurs, l’hiatus or- ganique est plus tranché, parce que la succession des couches n’a pas été immédiate. (1) On conçoit que de petits accidents, comme le dirt bed, sont des faits locaux sans aucune importance , relativement au phénomène, général de l’abaissement , et qu’il a pu rester çà et là, sur les bords du lac, des points momentanément émergés où la végétation se sera développée, pour être ensevelis peu après sous les eaux comme tout le reste. 128 ÉTUDES CN: 4, p. 128.) Si l'on admet maintenant que le fond du lac wealdien s’abaissait lentement pendant qu'il continuait à se remplir , et que cet abaissement s'étendait à toute la grande dépression S.-E. N.-0. dont nous avons parlé, la surface du lac a pu être envahie par les eaux de la mer au N.-0., pendant que les premiers dépôts néocomiens se formaient au S.-E. Par suite de ces changements, les espèces marines de cette période se sont emparées du nouveau domaine qui leur était ouvert, et ainsi s'explique la présence de ces mêmes animaux au-dessus des der- nières couches wealdiennes ou dans les deux premières assises du lower green sand du Kent, du Surrey et de l’île de Wight. Nous avons supposé, pour plus de simplicité, un abaissement graduel très lent et uniforme du N.-0. au S.-E; mais il a pu arriver aussi que lorsque le dernier étage du groupe wealdien (Weald cluy)se déposait, déjà quelques points du rivage oriental étaient submergés, et que, dans ces eaux peu profondes, se pré- cipitaient ces calcaires dont les caractères zoologiques sont peu précis, et que nous avons vus, dans les départements de la Haute-Marne, de l'Aube et de l'Yonne, interposés souvent entre les derniers sédiments oolitiques bien caractérisés et les couches crétacées inférieures proprement dites. L’abaissement général conti- nuant, la mer néocomienne envahit tout-à-fait le lac wealdien, et vint alors battre les côtes du Hampshire, du Sussex , du Surrey et du Kent au N.-0., comme celles de la Champagne et de la Bourgogne au S.-E. À mesure que l'abaissement continuait et s’étendait à d’autres parties du bas- sin, les eaux devenaient plus profondes, les conditions d'existence changeaïent , et à l'organisme du lower green sand, d'une part, et du calcaire et des marnes néocomiennes de l’autre, caractérisé par un grand développement d'ostracés, succédèrent peu à peu , avec les nouveaux sédiments arénacés-argileux , ces nom- breuses générations de céphalopodes à coquilles cloisonnées, qui avaient dès lors tout l'espace et toute la profondeur d’eau nécessaire pour se multiplier. Leurs débris marquent en effet, aux extrémités opposées du bassin, de même que sur une partie de son rivage N.-E., le milieu, et sur quelques points la fin de la pé- riode du grès vert. Mais dès le commencement de cette période, il se produisit un ploiement O., 31° N., E. 31° S., correspondant à peu près à l’ancien rivage S.-0. de la dé- pression wealdienne et néocomienne, et il y eut alors, au S. et à l'O. de ce ploie- ment, un bassin triangulaire qui ne se trouvait en relation avec le golfe central que par un détroit situé entre Sancerre et Vierzon. Pendant que les céphalopodes qui pouvaient communiquer librement avec la haute mer accumulaient leurs dé- pouilles sur les plages argileuses de l'E., les sables ferrugineux et les calcaires à Trigonies se déposaient à l'O. dans des circonstances physiques tout-à-fait dif- férentes , puisqu’au N., l'axe de soulèvement interrompait la communication di- recte avec la haute mer. La profondeur des eaux y était moindre, et la nature du fond et des sédiments, de même que l'exposition, différait également de ce EN. 4, p. 129.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 129 qui avait lieu à l'E. La prédominance , à cette époque, des argiles sur tel ou tel point du bassin , paraît coïncider aussi avec la présence du lias ou des étages ar- gileux de la formation oolitique, sur son pourtour ou non loin de la côte. Ainsi, à l'O., où ces assises argileuses jurassiques sont représentées par des calcaires sou- vent sableux, les sédiments crétacés sont particulièrement arénacés et calcarifères. Le soulèvement dont nous venons de parler ayant eu lieu pendant que se dé- posait la craie glauconieuse, inférieure aux sables du Perche, explique l'identité des premières assises du grès vert des deux côtés de l'axe du Mellerault, ainsi que la continuité de sa formation au N. de ce même axe, tandis qu’au S., il se produisit, à partir de cette époque, des couches toutes différentes (1). Au- cun dépôt correspondant ne se formait encore en Belgique, le sol étant émergé au N.-E. de la ligne de l'Artois. Bientôt après, un abaissement plus prononcé met fin à la période du grès vert; la Belgique et tout le pays au N.-E., jusqu'au-delà du Rhin, sont en- vahis par les eaux, et alors commence la formation du second groupe, dont les caractères dans le Kent, le Sussex, le Hampshire et le Wiltshire sont parfaite- ment comparables à ceux de la partie du continent qui s'étend depuis les côtes actuelles de la Normandie, de la Picardie, de l’Artois et de la Flandre, jusqu'aux anciens rivages des Ardennes, de la Champagne et de la Bourgogne. Mais au N. de l’axe de l’Artois, dans la Belgique et les provinces rhénanes , ces caractères (4) Si l'on remarque la position singulière du lambeau crétacé du Plessis-Grimoult (Calvados ), on sera naturel'ement conduit à penser que ce soulèvement a agi non seulement sur les couches se- condaires, mais encore qu'il s’est propagé à travers les roches de transition qu’ilarencontrées sur son prolongement N.-0O., lequel croise en cet endroit la direction des roches siluriennes sous un angle de 16°. Il aura compliqué ainsi Ja relation déjà si embrouillée des terrains anciens du Calvados et du Cotentin. Il est probable que plusieurs des anomalies que nous avons remarquées , M. de Verneuil et nous, dans l'étude de ces terrains anciens de l’O., étude qui sera l'objet d’une publication prochaine, viendront se rattacher à la formation de ce même axe dirigé O. 31° N. à E. 31°S. La direction de ce soulèvement diffère donc de 8 à 9° de celle du système du Thuringerwald (O. 40e. N., E. 40° S.), que M. Élie de Beaumont place entre le trias et la formation oolitique. Mais nous croyons en outre que, même avant l’époque du trias, il y avait déjà, suivant cetteligne du Mellerault, un bombement dont les effets se sont manifestés pendant toute la période secondaire, puisqu’au N., dans le Calvados et le Cotentin, ilexiste des couches de grès bigarré de red marl, et peut-être de calcaire magnésien, puis des calcaires inférieurs au lias (a), et le lias lui-même, dont, à l'exception de quelques traces de ce dernier étage, on ne retrouve les équivalents au S. que bien au-delà de la Loire. Si, de plus, on compare attentivement les groupes inférieur, moyen et supérieur de la formation oolitique des deux côtés de ce bombement, les différences qu'ils présenteront ne seront ni moins tranchées ni moins étendues que celles de la formation crétacée. On voit en résumé que cet axe du Mellerault, dont le relief est à peine sensible, et où l’on n’observe aucune dislocation de couches, offre cependant, sur ses deux versants, des différences bien plus prononcées que les versants opposés de véritables chaînes de montagnes, telles que les Vosges et les Pyrénées. (a) On peut remarquer que ces calcaires et toutes les couches rapportées au trias se trouvent aussi en dehors de l’axe de la Manche, tel que nous l’avons supposé exister lors des premiers groupes crétacés. SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL. Mém. n. 1. 17 130 ÉTUDES CN. 1, p.130.) sont différents, comme on a vu qu'ils l’étaient au S. età l'O. de l'axe du Melle- rault, dans le Perche, le Maine, l’Anjou et la Touraine; et ce n’est encore qu'à l'extrémité S.-E. de cette dernière ligne, vers le détroit dont nous avons parlé, là où les eaux communiquaient directement avec la partie centrale du bassin, que nous trouvons les mêmes sédiments et les mêmes fossiles (1). La continuation et la répétition de phénomènes du même ordre, jusqu’à la fin de la période crayeuse, nous semblent pouvoir expliquer, d’une part les pas- sages insensibles que l’on observe dans les couches du centre du bassin comme au N. de l'axe du Mellerault, depuis le commencement de la craie micacée glau- conieuse, ou même avant, jusqu'aux derniers dépôts crétacés , et de l’autre, les différences frappantes qu’on remarque au-delà des deux lignes de partage que nous avons mentionnées. Après l'époque de la craie blanche, une nouvelle modification du sol sous- marin à produit encore un changement assez prononcé au N. de la ligne de l'Artois et à la suite duquel se sont formés les dépôts circonscrits de Ciply, de Folx-les-Caves, de Maëstricht , etc, qui, s'ils ont quelques représentants au S., en sont cependant assez distincts pour que leur parallélisme ait longtemps paru dou- teux. Le lambeau crétacé du Cotentin, placé un peu en avant de l'axe du Melle- rault, doit d’après ses fossiles dater d’une époque postérieure au soulèvement de cet axe. Malgré le peu de profondeur de ce petit bassin isolé, si parfaite- ment décrit par M. J. Desnoyers il y a plus de vingt ans (2), on y trouve, avec un grand nombre d'espèces particulières qu’explique sa position même, la plupart de celles qui caractérisent le premier et le second groupe, tels que nous les avons hmités. La fin de la période crayeuse a été signalée par le soulèvement de la chaine des Pyrénées et d’une partie de celle des Apennins. Des brisures ont dù se mani- fester dans des directions parallèles à ces chaînes , et M. Élie de Beaumont cite la dénudation du pays de Bray comme ayant eu lieu sur des protubérances produites à cette époque. Quant à la relation générale de nos deux lignes de partage , leur direction serait comprise entre celle du système du Thuringerwald , 0.40° N., E. 40° S. et celle du système des Pyrénées , E. 18° S., O. 18° N. (3). (4) Nous supposons qu’en général le remplissage des bassins a été proportionnellement plus rapide que l’abaissement du fond, sans quoi les dernières couches , en recouvrant les plus anciennes, les auraient dépassées, ce qui n’a pas eu lieu. On pourrait encore induire de ce fait l'extrême lenteur de l’abaissement, si l’on admettait qu’il a été seulement continu; mais il est probable qu'il y aura eu à certaines époques des mouvements plus rapides, indiqués par les changements brusques que nous observons dans la nature des dépôts et dans les corps organisés qn'’ils renferment. (2) Mém. de la Soc. d'hist. nat. de Paris, t. II, p. 176 ; 1895. (3) On doit remarquer que cette direction est dominante dans la plupart des accidents orogra- phiques, hydrographiques et géologiques de toute la moitié occidentale de la France. Ainsi la Garonne coule dans ce sens depuis Toulouse jusqu’à l'embouchure de la Gironde ; la bande crayeuse du S. -O. {Ne 4, p. 151.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 131 Si maintenant nous jetons un coup d’œil sur la profondeur probable du bassin dans lequel se sont successivement déposées les couches crétacées, nous y trou- verons peut-être de nouvelles preuves à l'appui de l'hypothèse des oscillations successives et inégales du fond de ce bassin. En faisant abstraction des parties évidemment soulevées, telles que l’axe du Mellerault, celui du Sancerrois et les accidents partiels que nous avons signalés, on reconnaît que, sur l’ancien rivage N.-E. du golfe, depuis les environs de Rumigny jusqu’à ceux de Clermont-en-Ar- gone, les couches du deuxième ou du troisième groupe atteignent 235, 296, 300 et même 342 mèlres d'altitude d’après M. Buvignier (1). Dans le département de l'Aube, M. Leymerie donne à la craie blanche une cote de 295 mètres (2). Les altitudes normales diminuent un peu dans le département de l'Yonne, car il ne nous paraît pas certain que la crête dirigée S.-0., N.-E. d’Alligny (Nièvre) à Saint- se prolonge de même de Cahors à l’île d’Aix, de telle sorte que le rivage des dépôts tertiaires infé- rieurs lui est aussi parallèle. La Charente coule dans ce sens d'Angoulême à son embouchure , et la ligne de partage de ses eaux d’avec les affluents de la Dordogne à l'E. , se trouve dans la direction du système de la Côte-d'Or, et sur le prolongement exact du rivage oriental du bassin crétacé du N. La ligne de partage granitique que suit la Sèvre nantaise au S. de la Loire, comme la vallée de l’Oust au N., semble être le résultat d’une fracture dirigée dans le même sens et recoupée elle-même plus tard par la vallée de la Loire. La Vienne, depuis l’Ile-Bouchard, se trouve sur le prolongement du coude que forme la Loire entre Candes et Saint-Mathurin, et il ne serait pas impossible que cette ouverture du sol ne coïncidât avec une fracture dans la même direction, et dont le relèvement de Saumur serait encore un des résultats. De Cosne à Orléans, la même rivière se dirige aussi à l'O. 30° N., et de cette dernière ville à Candes, elle prend une direction presque à angle droit et parallèle à la Côte-d'Or. Les roches ignées du département de Maine-et-Loire, comme le terrain anthraxifère et la zone des roches plus anciennes auxquelles elles sont intimement liées, sont alignées O. 30° N. à E. 30°S. Les terrains anciens des départements de l'Orne et de la Mayenne présentent un grand nombre d’ac- cidents dans cette direction, tels que l’axe porphyritique des Couévrons. L’axe véritable de la vallée de la Seine en remontant l'Yonne et l’Armencon jusqu'à Sombernon, est encore très sensiblement parallèle à nos deux lignes, de même que les petites vallées de la Canche, de l’Authie, de la Somme inférieure , de la Bresle, de la Béthune et du Terrein. Quant à la direction de la Côte-d'Or et du rivage S.-E. du bassin, nous la retrouvons dans la direction de la vallée de l'Oise, depuis Guise jusqu’à sa jonction avec la Seine, et au N. dans les vallées de la Sambre et de la Meuse, qui semblent en être le prolongement, et aussi dans la ligne de partage de l’Escaut et de la Sambre, entre Saint-Quentin et Bavay. Plus à l'O., la ligne de la Manche et le rivage N.-O. du bassin en Angleterre sont encore parallèles à la Côte-d'Or et au rivage S.-E. Ces mouvements du sol, qui ne seront bien appréciés, suivant nous, que lorsqu'on se servira des méthodes géodésiques pour constater les divers niveaux que présente un système de couches étudié sur une vaste étendue, à peu près comme l’a fait M. Bravais pour les terrasses du littoral de la Nor- vége, sont de la nature de ceux qui ont produit les déformations du globe, dont M. Rozet s’est occupé récemment. Ce géologue nous paraît avoir fort bien démontré que ces bombements ne devaient pas être confondus avec les chaînes de montagnes. (Mém. de la Soc. géol. de France, 2° série, t. Ier, 1844). (1) Bull. dela Soc. géol., 2° série, t. 1°", p. 399. (2) Mém. de la Soc. géol., t. IV, p. 305. 132 ÉTUDES CN. 4, p. 152.) Puits et au-delà (Yonne), ne soit pas le résultat d’un soulèvement, quoique beau- coup moins prononcé que celui du Sancerrois, les grès ferrugineux s’élevant à 355 mètres au village de Bouy. Dans le département du Cher, sur les plateaux qui bordent la rivière autour de Vierzon , l’altitude de la craie tufau ne dépasse pas 170 mètres, et celle des grès et sables verts est encore moindre dans le département de l'Indre. A Saint-Picerre-de-Tournon, sur la limite de celui de la Vienne, les affleurements du grès vert ne sont qu'à 90 mètres. Plus à l’'O., autour de Mirebeau et de Loudun , ils sont encore plus bas, et la coupe fig. 5, pl. IF, nous montre à Tours ces couches descendant bien au-dessous du niveau de la mer. La courbe que nous avons tracée, depuis cette vallée jusqu'à la Manche, fait voir que, sans le relève- ment du Mellerault, les couches du deuxième et du troisième groupe n’atteindraient nulle part une altitude de 200 mètres dans cette partie occidentale du bassin. Si nous suivons ces mêmes couches sous la vallée de la Seine, depuis Troyes jusqu’au Havre, nous verrons qu'elles décrivent une courbe assez prononcée dont le point le plus bas que nous connaissions est au-dessous de Paris même, c’est-à-dire vers le milieu de l’ancien golfe que nous avons supposé exister au commencement de la période crétacée. A Troyes, la craie descend jusqu’à 57 mè- tres au-dessous du sol, dont l'altitude est de 110 mètres ; des marnes foncées du troisième groupe ont été traversées au-delà, sur une épaisseur de 78 mètres ou jusqu'à 25 mètres au-dessous du niveau de la mer. Dans le puits de Grenelle, poussé à 548 mètres, la craie et ses diverses variétés, appartenant au premier et au deuxième groupe, a été traversée sur une épaisseur de 475 mètres; les 73 mètres restantsont des argiles sableuses et des sables verts du troisième groupe, qui descendent ainsi à 509 mètres au-dessous de la mer. L’épaisseur traversée de ce dernier groupe étant à peu près la même dans les deux forages, on voit qu'il y a 464 mètres de différence entre le niveau des mêmes couches sur ces deux points, distants de 39 lieues. Après ce inaximum d’abaissement, les couches se re- lèvent à l'O. d’une manière continue, sauf quelques accidents particuliers, et les détails que nous ont fournis les forages de Saint-André , d'Elbeuf, de Rouen, de Saint-Sever, de Pont Audemer, du Havre, d'Yvetot, de Dieppe et l’ancien puits de Meulers, nous ont permis d'apprécier, indépendamment des affleurements naturels des couches , la marche souterraine des dépôts dans cette direction. Nous avons déjà donné dans un mémoire précédent quelques cotes de hauteur pour le troisième groupe dans la Flandre, la Picardie et l’Artois : ainsi nous avons vu qu'à Rumigny (Ardennes) le grès vert atteignait 257 mètres d'altitude, s’abais- sait ensuite au N.-0. à 220 et 200 mètres, puis à 140 mètres à Marbais et Sasse- gnies (Nord) pour disparaître peu après sous la grande masse de craie. Tous les travaux des mines exécutés au N.-0. dela forêt de Mormal nous font penser que la limite du grès vert, au lieu de se prolonger dans cette direction, redescend au S. le long de la ligne de partage des eaux de l'Escaut et de la Sambre, pour suivre plus loin la pente S.-0. de l’axe de l’Artois, remonter un peu au N. en (N 4, pe 153.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 133 s’'approchant du Bas-Boulonnais , el venir affleurer dans la falaise de Wissant à 10 ou 12 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ainsi la coupe de Rumigny à Wissant, quoique plus sinueuse , nous présente pour le grès vert une disposition en bassin semblable à celle de Troyes au Havre. Il résulte de toutes ces données que si les couches dont nous avons indiqué les plus grandes altitudes n'avaient éprouvé aucun dérangement depuis leur formation , les sables verts et les argiles d’où nous arrivent les eaux du puits de Grenelle se seraient déposés sous une nappe d'eau d'au moins 869 mètres d'épaisseur , et la craie seule, ou mieux le second et le premier groupe, sous une nappe de 731 mètres. Une pareille cavité dans un bassin aussi resserré, loin de toutes les grandes chaînes , et dont les couches immédiatement sous-jacentes n'offrent sans doute pas de dislocations considérables, doit nous faire penser que ces groupes ont été relevés en masse avec toute cette partie du continent à l'E., au N. et au N.-0. du bassin , tandis qu'au S. et à l'O., ils ont pu rester à très peu près dans leur position première. S'il en avait été autrement, non seulement le grès vert, mais encore une grande partie de la craie tufau et de la craie blanche, auraient recouvert une portion considérable des terrains anciens de la Bretagne , de la Vendée, et se seraient étendus jusqu'aux pentes granitiques du centre de la France. Ce relèvement n’a pas été de moins de 120 à 130 mètres, comme on peut en juger en ramenant les couches les plus élevées de l'E. et du N.-E. au niveau de celles de l'O., que nous pouvons croire encore dans leur position première. Ce soulèvement paraît avoir eu lieu, du moins en partie, à la fin de la période crayeuse , circonstance qui concourrait avec le peu de profondeur des eaux dans ces mêmes directions, au commencement de la période tertiaire ou à l’époque des lignites. Cette hypothèse n’exclut point celle que nous avons déjà émise ail leurs (1), que des soulèvements subséquents ont porté les dépôts tertiaires anciens (sables inférieurs, calcaire grossier, sables moyens et calcaire la- custre moyen), au-dessus de leur premier niveau, sans quoi un plan horizontal passant par leurs points les plus élevés , tels que la montagne de Reims et la fo- rêt de Villers-Cotterets, viendrait toucher les couches oolitiques au S. et à l'O. de : la Loire, tandis que nous avons vu ces dépôts tertiaires s'arrêter sur le versant N. de l'axe du Melleraut (2). (1) Bull. de la Soc. géol., t. X, p. 170-1899. (2) Quelques personnes qui révoquent encore en doute ou qui n’adoptent qu'avec une extrême : réserve les oscillations du sol, trouveront certainement que nous avons abusé de ce moyen pour expliquer beaucoup de circonstances dont les causes sont encore mal connues. En effet, la mobilité des eaux est au premier abord plus facile à comprendre, et leur élévation ou leur abaissement répugne moins à l'esprit que les oscillations du sol sur lequel nous marchons et qui paraît si stable; mais outre que cette dernière hypothèse s’accorde avec l’origine généralement admise de notre planète, et avec un certain nombre de faits observés directement de nos jours , on doit remarquer que le plus petit changement de niveau de la mer signalé sur un point quelconque entraîne un changement général 134 ÉTUDES CN 4, p. 154.) L'un des soulèvements généraux qui ont le plus modifié le relief sous-marin du bassin tertiaire, est celui du système de la Corse et de la Sardaigne, placé par M. Élie de Beaumont entre les derniers dépôts du calcaire lacustre moyen et les premiers sédiments marins des grès supérieurs ou de Fontainebleau. En effet, jusqu'à ce moment l’axe du Mellerault et son prolongement au S.-E. avaient tou- jours marqué la limite S. des couches tertiaires; mais à partir de celte nouvelle invasion de la mer, l'influence de cet axe cesse tout-à-fait, ainsi que nous l'avons dit, et les eaux de cette mer, de même que celles des lacs qui lui ont succédé, sans doute par suite d’un nouveau soulèvement du sol, purent s'étendre sans inter- ruption depuis la Champagne et la Picardie jusque contre les terrains anciens de l'O. et du centre de la France (1). Nous avons souvent fait remarquer, dans la partie descriptive de notre travail, que l’on avait aussi rapporté à cette époque l’action d’un phénomène qui a laissé dans l'O. des traces de son passage bien autrement évidentes que dans les autres directions : nous voulons parler de ces dénudations de la craie qui ont abandonné derrière elles, comme des témoins irrécusables de leur puissance et de leur éner- gie, ces sillons plus ou moins larges et profonds qui ont découpéla surfacecrayeuse, correspondant dans toutes les mers du globe, et il est difficile de croire que des perturbations aussi faibles que celles dont nous avons étudié les résultats s’étendissent à toute la terre. Nous avons même des preuves du contraire dans le peu de persistance des étages et des groupes , tandis que les oscillations locales, sans rien changer à l’ordre général de la nature, rendent parfaitement compte de ces mêmes résultats. (4) Nous avons donné dans le cours de ce mémoire les détails de 59 forages, èt si nous y ajoutons 21 autres puits artésiens dont nous connaissons également les coupes, nous aurons un total de 80 sondages exécutés à travers la formation crétacée, depuis Châtellerault jusqu’à la frontière de Belgique d’une part, et depuis Troyes et Vassy jusqu’au Mans de l’autre. Sur ce nombre, 2 seulement ont offert des résultats que l’étude de la surface du sol ne nous avait pas laissé soupconner : ce sont ceux du Mans et d’Esvres, et 78 sont venus confirmer nos observations et les conclusions que nous en avons déduites. La disposition des lignes de partage du Mellerault, de l’Artois et de la Sambre; celle des lignes du pays de Bray, et l’axe de la Manche, puis la marche souterraine des couches crétacées que nous avons fait connaître dans la vallée de la Loire, dans celle de la Seine et sur la frontière du Nord, de même que la coupe N.-S. de la partie occidentale du bassin , et les dérangements partiels des assises devront toujours être pris en considération lorsqu'on entreprendra des sondages artésiens. Sous les lignes de partage , il peut y avoir discontinuité des couches , et celles-ci fussent-elles même con- tinues, leur position seule suffirait pour rendre les chances plus que douteuses. On a vu, en outre, quelle était l'influence des dislocations locales, et l’on ne peut mettre trop de soins à constater leur nou-existence aux environs du point où l’on veut forer un puits. Le principe que M. l’abbé Paramelle a déduit de sa seule pratique dans la recherche des sources, savoir : que Les cours d’eau souterrains suivent La même Loi que ceux qui circulent à la surface du sol (Huot, Notice sur la théorie de l'abbé Paramelle, p. 4) n’est que la conséquence immédiate de la loi plus générale que nous nous sommes aussi attaché à démontrer. Gette concordance des résultats obtenus par des modes d'observations si différents nous semble devoir leur donner beaucoup de poids dans la recherche des eaux jaillissantes ou seulement ascendantes. CN. 4, pe 155) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 135 et ces amas de silex, le plus ordinairement brisés, mais non roulés, empâtés dans des argiles sableuses, grises , blanches ou rougeâtres, et qui nous représen- tent les éléments insolubles de la masse de craie dont ils faisaient autrefois par - tie intégrante. Pour avoir une idée approximative de l'immense volume de calcaire ainsi emporté, on peut évaluer au tiers la proportion de ces éléments insolubles dans la masse crayeuse, et c'est à peu près la moyenne de ce que nous avons souvent observé, puissupposer que la dénudation s’est exercée, dans la zone que nous avons décrite. sur une surface de craie représentée par un carré de 50 lieues de côté, et attribuer enfin une épaisseur moyenne de 10 mètres au dépôt de silex, de sable et d'argile, recouvrant aujourd’hui les plateaux du même pays ( cette épaisseur atteint de 30 à 40 mètres dans le département de l'Eure), et l’on trouvera que la masse de craie dissoute et entraînée par ce phénomène s'élevait à 800 milliards de mètres cubes représentés aujourd’hui par 400 milliards de mètres cubes de silex, de sable et d'argile (1). On a vu qu’ensuite une invasion des eaux de la mer, due sans doute à une dé- pression du sol, limitée de nouveau par la ligne du Mellerault, avait laissé çà et là des dépôts coquilliers et des sables à l'O. decette même ligne. Mais cette révolu- tion n’est point encore la dernière qui ait affecté Les couches crétacées ou tertiaires de l'O.; car la formation des vallées, dont un grand nombre sont dues originaire- ment à desfractures et à des failles , puis les soulèvements partiels, et d’autres ac- eidents qu’une étude plus détaillée fera sans doute connaître, enfin le grand phé- nomène diluvien qui sur tant de points est venu remanier d'anciens débris, pour les mêler avec ceux qu’il arrachait lui-même au sol, ont imprimé à la surface du pays les formes et les caractères qu’elle nous présente aujourd’hui. Tous ces faits semblent donc prouver avec évidence, que la partie de la France (4) M. Damour, minéralogiste très distingué, connu surtout par la précision et la délicatesse de ses ana- lyses chimiques, a bien voulu, à notre demande, rechercher quelle serait la quantité d'acide nécessaire pour dissoudre une pareïlle masse de calcaire, et il est arrivé à ce résultat, que 1 mèire cube de craie pure exigerait pour se dissoudre 4#,229 centim. cubes d'acide hydrochlorique liquide à 1,19 de densité. Cet acide, affaibli par une quantité d’eau égale à 50 fois son volume, conserverait encore une action décomposante sensible sur la craie. Ainsi, pour dissoudre le parallélipipède dont nous venons de .parler, il aurait fallu plus de quatre fois son volume d’acide hydrochlorique, en supposant que cet acide ait été le dissolvant. D'un autre.côté l’état des silex et de leur gangue, la masse énorme qu'ils constituent , et sa dispo- sition même , ainsi que celle des sillons que l’on observe si fréquemment, ne nous permettent pas de penser que ces accumulations soient seulement le résultat d’une action mécanique, quelque énergique qu'on la suppose. La force même et la rapidité qu’il faudrait attribuer dans ce cas à l'agent de dénudation ne pourraient se concilier avec les arêtes presque toujours vives des silex. Dans ce dépôt, l’état roulé des silex est exceptionnel; il indique les parties où il y a eu transport des maté- riaux, et sans doute aussi la direction principale des courants. Il ne faut point confondre d’ailleurs avec ces silex, ceux du véritable dépôt de transport diluvien qu’on retrouve non seulement vers le fond des vallées, mais encore sur les plateaux de la Touraine, du Maine, du Perche, etc. 136 ÉTUDES (N1, p. 456) dont nous nous sommes occupé dans ce Mémoire, sans présenter de ces immenses rides ou chaînes de montagnes qui attirent le regard et frappent l'imagination, n'en a pas moins été soumise à des mouvements fréquents dont nous pouvons re- trouver les traces et les effets dans l'hydrographie superficielle et souterraine, et dans l'orographie du sol , aussi bien que dans les caractères stratigraphiques, pétrographiques et zoologiques des formations sédimentaires. Nous voyons enfin que, si l'étude de la direction et de la composition des grandes chaînes qui sillon- nent la surface du globe a conduit M. Élie de Beaumont à la connaissance des phénomènes généraux qui les ont produites, l'examen comparatif et détaillé des petits accidents du sol pourra peut-être nous expliquer les anomalies appa- rentes que l’on rencontre à chaque pas dans le domaine de la géologie des- criptive. APPENDICE. $ I. Parallèle des zones crétacées du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Dans une note placée à la fin de la première partie de ces Études, nous indi- quions déjà quelques rapprochements entre les couches crayeuses des deux versants S.-0. et N.-0. du plateau central ; nous compléterons aujourd’hui ces indications en comparant les divers étages de bas en haut, de la manière suivante. 4° Il ne paraît pas y avoir, ni d'un côté ni de l’autre, de dépôts représentant le quatrième groupe de la formation ou groupe néocomien , et à plus forte raison le groupe wealdien. 2° Le quatrième étage du S.-0., comprenant des argiles, des sables verts, ferrugineux , des grès el des calcaires à Ichthyosarcolites (troisième niveau des rudistes), correspondrait au troisième groupe du N.-0., c’est-à-dire au groupe du grès vert. Quoique les fossiles communs ne soient pas très nombreux, on peut citer l'Exogyra columba minima, non moins abondante au N. qu'au S., la Trigonia sinuosa, et quelques autres espèces. Des fragments d’Ichthyosarcolites ont été signalés à Saumur et à Tourtenay par M. AL. d'Orbigny (1) et à La Bastie près de Loudun par M. de la Tourrette (2). Enfin de part et d'autre, les couches reposent sur la formation oolitique et sont surmontées par les bancs à ostracées. 3° Le troisième étage du S.-0., composé de calcaires marneux gris et jaunâtres et de calcaires blancs (deuxième niveau des rudistes), correspond à l'étage infé- rieur du second groupe du N.-0. Ce rapprochement repose principalement sur la présence au N. comme au S. d’un banc continu placé à la base de chaque étage et composé presque exclusivement d'Ostrea biauriculata, d’'Exogyra columba et (4) Bull. de la Soc. géol., 1. XIIX, p. 360. (2) Zbid., 2° sér., t, II, p. 53. 184h. (NRA) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 137 flabellata. Le Cardium productum , V' Arca tailburgensis , sont communes aux deux pays. Ce parallélisme serait en outre confirmé par la découverte de l’'Hippurites cornupastoris, si caractéristique des calcaires blancs du S.-0., dans les collines de Saint-Germain et de Sainte-Cérotte (Sarthe) (1), et dans des couches supérieures à celles des ostracées voisines de la craie micacée. 4° Le second étage du S.-0., composé de craie marneufe, de craie tufau grise, glauconieuse et micacée, est celui dont les caractères minéralogiques et les fossi- les ont le plus d’analogie avec la craie micacée du N.-0., et même avec le groupe de la craie tufau dans l'E. et le N. de la France. Cette analogie est si remarquable, qu’elle avait depuis longtemps frappé M. Al. Brongniart, bien que ce savant n'ait examiné le pays que très rapidement. 5° Enfin le quatrième étage du S.-0., composé des calcaires jaunes supérieurs (premier niveau de rudistes) correspondrait à la craie jaune de Touraine au lieu d'être parallèle à la craie blanche, comme nous l’avions d’abord pensé. Les roches ont, minéralogiquement, beaucoup d’analogie, comme dans l'étage précédent. Les polypiers, les radiaires et les coquilles bivalves ont un certain nombre d’espèces communes. Mais nous ne trouvons au N. aucune trace de ce grand développe- ment de rudistes qui caractérise le premier étage du S., quoique M. Dujardin ait signalé un fragment de Sphérulites aux environs de Tours, ni cette prodigieuse accumulation d'Huîtres (Ostrea vesicularis, var. a.) que l'on suit depuis l’'embou- chure de la Gironde jusqu'au centre du département de la Dordogne. D'un autre côté. ce parallélisme se trouve appuyé par la découverte que nous avons faite récemment, de l’ÆAmmonites lewesiensis au milieu du banc de Spérulites, dans les falaises de Saint-Georges-de-Didône (Char.-Infér.). Cette espèce paraît être la dernière du genre qui ait vécu au S.-0. comme au N.-O. Ainsi, dans ces deux parties de la France, la formation crétacée ne serait repré- sentée que par les deux groupes du milieu, le deuxième et le troisième, puisque le groupe néocomien ou inférieur manque sur l'un et l’autre versant, et que le groupe supérieur, qui n'existe pointauS., ne présente au N. que la craie de Blois, de Chau- mont et de Vendôme, que nous ne plaçons même qu'avec doute à la base du pre- mier groupe. Nos conclusions se trouvent donc parfaitement d'accord avec celles de MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont, qui, dans la carte géologique de France, n'admettent point de craie blanche dans la zone du S.-0. ni dans celle du N.-0. S AL. Observations sur quelques points de la partie occidentale du département de la Vendée. Nous avons peu de chose à ajouter à ce que MM. Bertrand Geslin et Rivière ont écrit sur les couches crétacées de la Vendée et de l’île de Noirmoutier, et ce que nous en dirons, d’après nos propres observations, a seulement pour but (1) Bull. de la Soc. géol. , t. XIII, p. 360. SOC. GÉOL. -— 2° SÉRIE. T. II. Mém. n°1. 18 138 ÉTUDES CN: 1, p.458.) de lier les détails de la zone S.-0. à ceux de la zone N.-0. et de laisser le moins de lacune possible dans notre travail ; nous y joindrons d’ailleurs quelques con- sidérations sur les dépôts tertiaires qui les recouvrent. En sortant de la ville de Noirmoutier par son extrémité S. et longeant la côte basse des salines de Ribandon, on voit Le sol constamment formé de sable moderne jusqu'au Sablau et au corps-de-garde de ce nom. Ce n’est que vers le fort Saint- Pierre que des roches plus anciennes se montrent dans les escarpements. Ce sont des grès quarzeux et des poudingues siliceux avec empreintes végétales, reposant sur des sables ferrugineux. Les grès très durs, à gros grains de quarz hyalin, passent à un poudingue également siliceux et à petits noyaux de quarz, de schiste, de phyllades, etc. Leur épaisseur, qui sur ce point est de 7 à 8 mètres au plus, paraît plus considérable qu’elle ne l’est réellement à cause des nombreux blocs éboulés qui couvrent la côte. Ces grès supportent le fort Saint-Pierre, et ont une grande analogie avec ceux de la forèt de Tilgate ( Sussex), et les sables qui sont dessous ressemblent à ceux de la côte d'Hastings. Le petit promontoire qui s’avance sous le bois de la Chaise est aussi formé par ces mêmes grès éboulés. Ils affectent une disposition un peu schisteuse en grand. Les bancs sont mal suivis, et on y remarque une tendance au délit oblique. Ea continuant à suivre la plage, on voit sous le corps-de-garde du Tambourin les grès blancs et le poudingue à petits éléments reposer sur les sables ferrugi- neux. Au corps-de-sarde de la Lande ou du Cobe. la falaise montre les sables fer- rugineux, avec grains de quarz plus ou moins gros, sur une hauteur de 10 mètres. Les lignes de stratification oblique y sont fréquentes , et vers le haut , se voient quelques gros rognons aplatis de grès ferrugineux. Ces sables, dans lesquels nous n'avons trouvé que de rares échantillons d'Exogyra columba minima à l'état sili- ceux etroulés, sont également recouverts par les poudingues et les grès blancs avec empreintes végétales charbonnées, et peut-être des traces de coquilles bivalves, mais tout-à-fait indéterminables. L'ilot du Cobe est formé de grès et de poudingue identiques avec les précédents, quoiqu'à un niveau plus bas, et leur disposition, comme leur isolement de la côte, ainsi que l’a dit M. Bertrand Geslin, semble due à l'enlèvement par les vagues d’une partie des sables ferrugineux sous-jacents. On remarque sous les blocs de grès de la côte, et ordinairement entre eux et le sable ferrugineux , des cailloux roulés assez volumineux, qu'au premier abord on pourrait regarder comme d’une époque réellement intermédiaire; mais il est facile de s'assurer qu'ils ont été déposés sur le sable ferrugineux dénudé, avant que les blocs de grès aient glissé d'en haut pour occuper la place où on les voit actuellement. Dans les endroits où les grès n’ont pas été dérangés , ils recouvrent immédiatement le sable ferrugineux, et il n'y a point de galets à la jonction. Les bois de la Chaise et de la Lande qui couronnent ces falaises et qui s’éten- dent à une demi-lieue au S.-0. dans l’intérieur de l’île, formant un arc dont la (NA, D. 159.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 139 corde est représentée par la côte, offrent çà et là des monticules de grès sem- blables à ceux dont nous venons de parler. Quoique vus dans leur ensemble. ces bancs arénacés plongent au S-0. sous les dépôts modernes: on remar- que cependant des inclinaisons de 8 à 10 degrés, tantôt au N.-O., tantôt au S.-E. ou dans d’autres directions. Ces plongements variés, autant que nous avons pu en juger par le peu d'étendue sur laquelle on les observe , ne nous ont point paru résulter seulement d'un faux délit, mais pouvoir être attribués, au contraire, à des dislocations locales. M. Bertrand Geslin a signalé à l'O. de l'île, près de la pointe de Luzeronde, un petit lambeau de sable ferrugineux et bleu-verdâtre reposant sur le micaschiste avec une forte inclinaison au S. C’est sans doute, comme 1l le dit lui-même, un prolongement de ceux de l'E. L'analogie de ces derniers avec les sables que nous trouverons sur le continent autour de Challans nous paraît suffisamment démontrée, et les uns et les autres appartiennent suivant toute probabilité au groupe du grès vert; mais leur rela- tion avec les grès et poudingues quarzeux qui les surmontent ne nous semble Pas aussi positive ; car dans tout l'O. de la France, de Saint-Jean-de-Luz jus- qu'à Calais , nous ne connaissons point de roches semblables dans la formation crétacée. Nous pensons que les Nummulites trouvées par M. Bertrand Geslin dans les falaises de l'E., et qu'il a eu la bonté de nous faire voir dans sa belle collec- tion, ne provenaient pas des sables ferrugineux , mais avaient été rejetées sur la côte par les vagues. Nous en avons, en effet, trouvé de semblables dans les couches tertiaires de Machecoul. Les dunes de sable qui forment un rempart élevé et continu sur la côte occi- dentale de l'ile, les vases et les dépôts récents argilo-sableux des marais salants qui occupent presque à eux seuls la totalité de sa surface , reposent sur des cou- ches tertiaires que l'on voit affleurer à la basse mer le long des côtes à l'E. et à l'O. M. Bertrand Geslin les a seulement indiquées sur ce dernier côté, de la pointe de Luzeronde jusqu'au-delà de Barbatre. Elles sont exploitées lors des basses ma- rées , à la Guérinière et au moulin de laLoire, et nous nous sommes assuré qu’elles existaient également à l'E., au Rocher en face de la Maison-Rouge, où l’on en extrait pour les constructions ainsi que sur d’autres points. Ces calcaires tertiaires, schistoïides en grand , sableux, d’un blanc jaunâtre ou grisâtre , ont fourni tous les matériaux employés pour la digue qui borde la côte orientale, et qui empéche la mer d’envahir les parties basses du sol cultivé et les salines. Ils ont servi et servent encore de pierres de construction pour les maisons de Barbatre, de la Guérinière, de la Rétrogé, etc. Partout, ils sont utilisés pour les murs de clôture en pierres sèches , et souvent sous forme de dalles de 5 à 6 centimètres d'épaisseur sur 2 mètres de haut et 1 mètre de large, placées debout à côté les unes des autres comme une palissade. Ces couches se relèvent de 4 à 5 mètres environ, à l’'E., autour de l'île de Bouin, qui tient au continent , et dont elles forment le sous-sol. Au S. et au 140 ÉTUDES CN: 4, p. 440.) N.-E. du village de ce nom, on exploite un calcaire d'un aspect très particulier. Îl'est gris de lin ou blanc-grisâtre , à grain très fin, cristallin lorsqu'on l’examine à la loupe, poreux, peu dur, friable même par place , assez pesant, rude et âpre au toucher. Les grains de sable ou de quarz hyalin y sont plus ou moins abon- dants. Ces caractères nous avaient fait d’abord regarder la roche comme très ma- gnésienne ; mais l'analyse qui en a été faite au laboratoire de l’École des mines, par les soins de M. Dufrénoy, a montré qu'elle se composait de carbonate de chaux 0,777, carbonate de magnésie 0,020, sable et oxide de fer 0,203. Les bancs ne se suivent pas régulièrement : quelquefois la roche devient mas- sive. d’autres fois un peu schistoïide, comme à Noirmoutier. On les voit sur une épaisseur de 8 à 4 mètres ; ils sont à très peu près de niveau avec les salines environnantes, et par conséquent de quelques mètres seulement au-dessus de la mer. Ils sont caractérisés, comme à l’île de Noirmoutier, par une espèce de petite Scutelle (Scutella incisa Defr., Echinarachinus , id. Ag.)? qui y est très répan- due , et par un Échinocyame très voisin de l'E. pyriformis, Ag. Ainsi ces couches, qui plongent sous la mer à l'O. de Noirmoutier, passent sous l’île, reparaissent à l'E. au même niveau, et constituent le fond du détroit qui la sépare du continent, pour venir former encore , en se relevant un peu, le sol de l’île de Bouin. Nous ne doutons pas que, se prolongeant ensuite à l’E., elles ne se rattachent aux dépôts tertiaires des environs de Machecoul , dont nous allons parler. À un kilomètre au N. de ce bourg, en venant par la route deNantes, on descend dans une vallée large et très peu profonde, dirigée, comme les schistes cristallins qui la bordent , de l'O.-N.-0. à l'E.-S.-E., et traversée obliquement par une série de monticules dirigés N.-E. S.-0. Ces monticules sont formés d’une roche peu solide, grisâtre, composée principalement de sable ou de grains de quarz plus ou moins gros, de fragments de coquilles très atténués, de petits polypiers, de coquilles foraminées et de calcaires concrétionnés, le tout faiblement agglutiné par un ciment calcaire peu abondant. La roche, souvent friable, se réduit en sable , et l’on y trouve alors de petits cailloux de quarz hyalin, de quarz laiteux, de phyllades ou de talcschiste, puis de calcaire crayeux, mais beaucoup plus rares. Cette pierre ne forme pas de bancs suivis, mais une masse un peu schistoïde, et dans les anciennes carrières, elle montre des séries de plans obliques à la strati- fication , comme dans le grison de Doué, avec laquelle elle a d’ailleurs la plus grande ressemblance. Nous avons reconnu parmi les coquilles déterminables de ces couches une Huître plissée très voisine de l'O. flabellula , et une autre iden- tique avec une très petite espèce non décrite des faluns de la Touraine ; puis une Modiole ou Mytilus, un Peigne assez grand , qui paraît être le 2. benedictus des faluns ; un autre plus petit, très voisin aussi d’une coquille des faluns; des moules de Cardium , de Vénéricarde ; des Nummulites rares et roulées ressem- blant à la N. lœvigata; un Cassidulus ; la Scutelle de Noirmoutier et de Bouin, CN: 4 pe 44) SUR LA FORMATION CRÉTACEÉE. 141 enfin, une grande quantité de UE foraminées , et en particulier des mil- Honre Lorsque la roche est pénétrée d'un ciment spathique abondant, elle devient assez solide, et la grande quantité de Milliolites qu’elle renferme lui donne beau- coup d’analogie avec certains bancs du calcaire grossier. Cette variété nous a paru occuper un niveau inférieur à la précédente. Nous ignorons si elle repose sans autre intermédiaire sur le micaschiste ; mais les roches cristallines venant af- fleurer à la sortie de Machecoul, sur la route de Challans , l’épaisseur des couches tertiaires est sans doute très peu considérable. Cette bande, que nous avons suivie depuis l'O: de Noirmoutier, et qui paraît se prolonger à l'E. jusque sur les bords du lac de Grandlieu , était bornée au N. et au S. par des rivages de micaschistes. Ceux-ci faisaient à l'O. une pointe qui se continuait jusque près de Beauvoir, et au S. de ce village, se trouvait une seconde dépression réunie à la précédente vers la côte actuelle, et qui remontait au S.-E. vers Sallairtaine et Challans , où existent des dépôts du même âge que ceux de Machecoul. Le village de Sallairtaine est bâti sur un monticule de calcaire sableux à grains de quarz plus ou moins gros, friable, ou faiblement agrégé par un ciment spathique. Vers la partie inférieure, la roche est plus dure et offre des empreintes voisines de la Corbis lamellosa, d’un Mytilus très abondant, le même qu'à Machecoul, de Lucine, de Vénus, puis des traces de Cidarites , et une grande quantité de Milliolites. La roche est d’un blanc grisâtre ou jaunâtre; les bancs sont peu distincts, et la stratification est presque massive. On trouve par place de petits cailloux de quarz blanc et même de micaschiste. De nombreuses exploitations sont ouvertes dans ces couches autour du village. La hauteur du monticule qu’elles constituent est d'environ 15 mètres au-dessus du fond de la vallée, et elles reposent sur des glaises grises, bleuâtres, qui affleu- rent le long du chemin qui joint la grande route, comme dans les prairies à l'E. et à l'O. Les calcaires de Sallairtaine se montrent encore autour des métairies de . Grouas et de Fay-Villate. Près de cette dernière , on les voit bien en place dans un fossé qui borde la métairie à l'O.; ; mais à 200 mètres du fossé, dans un champ con- tigu à l'habitation, on exploite, à un niveau-un peu plus élevé, un calcaire dur, compacte ou subcristallin , jaunâtre, mal stratifié, se divisanten rognons irrégu- liers,.glauconieux, à cassure esquilleuse, ou bien formés en partie de chaux car- bonatée fibreuse et rayonnée. Ces calcaires, rapportés à la formation crétacée par M. Rivière, ne nous ont point présenté de fossiles, non plus que leurs analogues aux environs. On doit supposer qu'ils forment une butte contre laquelle les cou- ches tertiaires sont venues s’adosser. En sortant de Challans par là route des Sables , on retrouve dans les fossés . la partie supérieure des couches de Sallairtaine, et, plus loin, elle est sur- montée par un poudingue formé de gros cailloux de quarz blanc, reliés par une pâte de calcaire jaune assez dure. C’est probablement une modification lo-- 142 ÉTUDES CN. 1, p. 442.) cale du calcaire précédent qui forme le sous-sol environnant, car on peut l’obser- ver encore avant d'atteindre Grand-Voye. Au-dessus, est un diluvium sableux avec galets de quarz. Quoique plus à l'O., en sortant de Challans, nous n’ayons pas retrouvé sur la route du Perier ces dépôts tertiaires, on peut admettre que les calcaires de Sallairtaine s’allongent du N.-0. au S.-E., et qu'ils sont compris dans une dépression occupée par les sables ferrugineux, dépression très étroite , puis- que les micaschistes viennent affleurer sur les bords de la route après le Grand- Ponthabert. IL est probable aussi que les glaises bleues des environs de Sallair- taine marquent la séparation des couches secondaires et tertiaires. Bien que nous ne les ayons pas retrouvées sur la route de Beauvoir , elles recouvrent au N. de Challans les sables ferrugineux, à la descente de la route de Nantes. Aux schistes cristallins succèdent, sur ce dernier point , des sables jaunes fer- rugineux , des grès en plaques également ferrugineux, et un grand nombre de tu- bercules ramifiés ou digitiformes, légers, poreux, probablement dus à des spon- giaires , puis les glaises grises déjà signalées. Challans paraît être bâti sur ces couches, que l'on voit affleurer dans diverses directions. Ainsi au S., au-delà du dépôt tertiaire que nous avons indiqué sur la route des Sables, se montrent à la côte de Grand-Voye les sables ferrugineux précédents, surmontés aussi d'une petite couche meuble jaunâtre, avec des spongiaires roulés. Il en est de même plus loin jusqu'à la descente du Guéroux vers Ligneron. Les spongiaires accu- mulés au-dessus des sables paraissent avoir été roulés et séparés de leur gangue première. A l'O. de Chalians sur la route de Beauvoir, on trouve les sables fer- rugineux recouverts encore par les rognons spongiformes. L'épaisseur de ces couches est d’ailleurs très faible, et on a vu que les micaschisies reparaïssent après le Grand-Ponthabert. Au-delà , tout le sol est recouvert par un dépôt de transport caillouteux et sa- bleux, blanchâtre ou jaunâtre. La plupart des cailloux sont de quarz, quelques uns de roches amphiboliques, d’autres, plus rares, d'une sorte de calcaire crayeux. Près de Saint-Gervais, à la hauteur de l'avenue de la Bonnetière, on voit dans les fossés de la route un calcaire jaunâtre à points verts, assez dur , sableux, suberistallin, souvent en rognons, et qui paraît appartenir à la formation créta- cée. Les traces de fossiles que nous y avons observées étaient tout-à-fait indé- terminables , et sans doute ces calcaires sont les mêmes que ceux de Fay-Villate, que ceux qu’on emploie à Challans , au four à chaux de la route du Périer, etc. Le pays, presque sans reliefet très couvert, est, comme l’a remarqué M. Rivière, on ne peut plus défavorable à la détermination exacte de ces couches. En outre, les exploitations sont momentanées, toujours peu étendues, et faites tantôt sur un point, tantôt sur l'autre. Le peu d'épaisseur des strates et la rareté des fos- siles ne nous permettent pas de conclure rien de plus précis que ce qu'a dit le géologue que nous venons de citer, et qui a d'ailleurs étendu ses observations sur beaucoup de localités que nous n'avons point visitées. Nous ferons remar- CN. 4, D. 5) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 143 quer cependant que, dans le bassin de Machecoul , nous n'avons point trouvé, sous les couches tertiaires, les calcaires jaunes ni les sables ferrugineux des environs de Challans ; que ces sables ferrugineux offrent une certaine analogie avec ceux de l’île de Noirmoutier, où on ne trouve pas les calcaires jaunes ni les couches à spongiaires, tandis que sur le continent il n’y a point de trace des grès quarzeux blancs lustrés du bois de la Chaise. Outre que nous pensons avec M. Rivière qu'il n'ÿ a pas dans la Vendée de dépôt représentant la craie blanche, nous croyons encore qu'il n’y a point d'équivalent du groupe de la craie tufau, pas plus que du groupe inférieur ou néocomien. Ainsi la formation crétacée, que nous avons vue dans les zones S.-0. et N.-0., réduite au second et au troisième groupe, tres développés et très variés à la vérité, ne nous présente plus sur celte côte occidentale, située entre ces deux zones, que des lambeaux très minces et à peine assez caractérisés pour être rapportés au grès vert. On peut donc penser que la partie des dépar- tements de la Vendée et de la Loire-Inférieure où se trouvent ces dépôts crétacés était émergée pendant touile temps que se sont déposés au N. le premier et le deuxième groupe, ainsi que pendant le quatrième. Ce ne fut que lors de la période tertiaire, et même peut-être assez tard, que quelques dépressions, en forme de golfes et d’anses étroites, se trouvèrent de nouveau sous les eaux, et que se déposèrent en même temps les couches de Noirmoutier, de Bouin, de Machecoul, de Sallairtaine et de Challans. Plusieurs géologues ne paraissent pas douter qu’elles n’appartiennent à l’époque tertiaire inférieure; mais nous mavons pas encore à cetégard de motifs assez précis pour nous prononcer. $ Er. Notes relatives à la première partie. Nous réunissons ici quelques détails que nous avions omis dans la première partie de ces Études, et que de nouvelles observations dans le département de la: Gharente-Inférieure nous ont permis de compléter. Dans le canton de Coze, les villages de Grezac et de Semussac sont, comme nous l'avons dit, bâtis sur le deuxième étage (1}, dont les parties moyenne et in- férieure y présentent leurs caractères habituels. À une demi-lieue de Saint- Georges-de-Didône commencent les couches supérieures , avec silex blanchâtres ou grisâtres se fondant dans la masse, puis des calcaires marneux sans strati- fication distincte, se délitant en petits fragments et renfermant des Térébratules lisses, des Pleurotomaires et la Modiola Dufrenoyi. Ces couches se continuent jusqu'à Saint-Georges, où la côte est formée par des dunes. Un peu au-delà, près du hameau bâti sur la côte même, un petit promontoire dans lequel des anses nombreuses sont entaillées et qui sépare la baie de Saint-Georges de celle de (1) Etudes sur la formation crétacée , ete., 1"* partie, page 34. 144 ÉTUDES . (N. 1, p. 444.) Royan, est bordé de falaises où les couches du premier étage sont bien caracté- risées. Les fossiles y sont nombreux, et on y trouve comme à Royan deux bancs d’Huîtres distinets. La Modiola Dufrenoyi, la Cucullæa tumida, s’y rencontrent çà et là; le Clypeaster Leskii y est très commun , et nous y avons recueilli, pour la première fois dans cet étage, l’Æmmonites lewesiensis Mant. Dans la partie orientale de l’anse où l’on construit en ce moment un petit port, les couches moyennes ont pris plus d’homogénéité et de solidité. Les bancs sont plus réguliers et ont été exploités dans la falaise même pour pierres d'ap- pareil. Au-delà, et sur tout le pourtour du promontoire qui borde à l'E. la baie de Royan, cet étage n’est pas moins développé. Constamment battues par les vagues que poussent les vents d’O., les falaises sont profondément entaillées et décou- pées, de manière à présenter dans toute cette partie une disposition ruiniforme très remarquable, sur une hauteur de 14 à 15 mètres. La stratification est toujours fort réguliere en grand, et les caractères particuliers de chaque banc sont d’une constance parfaite. Les couches crayeuses sont ici surmontées par un dépôt de sable ferrugineux avec cailloux roulés de silex et de roches arénacées. On ÿ observe également des grès durs, siliceux, grisâtres, en rognons très aplatis, dont le gisement paraît être à la base de cette couche de sable, et qui appartiendraient à l'époque ter- taire. Au N.-0. de Royan, les nombreuses découpures de la côte mettent partout à découvert les assises de l'étage supérieur (1). Dans la plupart des petites carrières où elles sont exploitées comme moellons, la pierre tend à prendre ce caractère de dureté , de cristallinéité, et la structure bréchoïde ou caverneuse que nous avons signalés dans les couches correspondantes de Montendre et de Montlieu. La stra- üfication n’y est pas moins régulière qu’à l'E. de la baie; mais les coupes natu- relles perpendiculaires à la direction sont trop peu étendues pour bien apprécier l'inclinaison générale au S.-0., laquelle serait d’ailleurs très faible. Peut-être en existe-t-il une non moins faible à l'O , et qui serait plus appréciable à cause de l'étendue de la ligne de côte sur laquelle on pourrait la constater. Les roches de Ja grande côte jusqu'à Saint-Pallais montrent de nombreux puits naturels, résultant de l’action désagrégeante des vagues comme toutes les anfractuosités de ces falaises. On trouve , vers le fond, du sable et des cailloux très arrondis qui ont sans doute contribué au creusement de ces cavités par le mouvement giratoire que les vagues leur impriment. Rien ne donne lieu de penser que ces puits aient été ouverts par la base, et encore moins qu'ils aient servi de passage à des matières rejetées de l’intérieur. Au lieu dit les Perrières, à 400 mètres à l’O.,de la maison appelée le Bureau,sur la commune de Saint-Pallais, la côte présente, au-dessus des couches de la craie (1) Voyez, pour plus de détails, Mém. de La Soc. géol., t. II,:p. 165 ; — 1837. CN-4, pe 145.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. nn jaune,.un dépôt tertiaire que M. Alc. d'Orbigny a signalé le premier à la Société géologique en 1843 (1), et dont nous avons donné une esquisse pl. IE, fig. 11. Ce dépôt, de 300 à 325 mètres de longueur, est surmonté d’une masse puissante de sable meuble formant des dunes. La coupe de la falaise présente de haut en bas (2): | | 1° Sable moderne, recouvert d'une épaisse végétation de pins et de chênes verts. Dans la falaise même, son épaisseur n’est que de 10 mètres, mais à une petite distance en arrière elle devient beaucoup plus considérable , et cette dune forme un tertre boisé qui se distingue de fort loin. Vers le bas, on y trouve des frag- ments nombreux et un peu roulés de calcaire siliceux brunâtre ou rougeätre, très dur et celluleux. Ce sont sans doute des débris d'une ancienne formation lacustre assez étendue et qui se rattachait à des couches de même nature dont on relrouve des fragments aux environs de Saint-Georges et sur divers points des communes de Vaux et de Saint-Palais-sur-Mer. 2° Dans la partie gauche ou occidentale de la coupe, et sous le lit de cailloux, vient une alternance de marnes sableuses, grises, blanchâtres ou tout-à-fait blanches , disposées par bandes et remplies d’Huîtres , de Peignes et d’autres co- quilles brisées indéterminables, puis d'échinides, etc. Ces marnes, dont l'épais- seur est de 3m,50 à 4 mètres, paraissent avoir subi quelques dislocations ou de simples affaissements par suite de l’action des vagues, et, au premier aspect, leur relation avec les couches sous-jacentes ne paraît pas très nette ; mais on ne tarde pas à reconnaître que ces dernières s'amincissent brusquement à l'E. et s’abais- sent à l'O., d’où il est résulté une dépression remplie d'abord en partie par un banc de sable ferrugineux, puis comblée à la fin par ces mêmes marnes. 3° Sable ferrugineux brunâtre, de 0,50 à 0,60 d'épaisseur à l'E. et augmentant à l'O. où il atteint 3 mètres; point de fossiles. 4 Grès grossier calcarifère, gris-jaunâtre, à grains de quarz plus ou moins gros et ressemblant à la glauconie grossière du N. &e la France, sauf l'absence des grains verts. Il passe à un calcaire sableux, friable, blanc-jaunâtre, formé presque exclusivement de débris de coquilles, d'échinides et de milliolites. Cette roche arénacée, la plus importante de ce lambeau tertiaire, renferme les mêmes Peignes que les marnes sableuses précédentes et sa plus grande épaisseur est d'environ 6 mètres. Sa structure générale tend à devenir schisteuse,. mais ordinairement c’est par suite d’un faux délit très prononcé, oblique à la stra- tification et affectant souvent des inclinaisons très variées, comme l'indique le dessin. Ces grès calcarifères s’amincissent à l'O. et inclinent de ce côté comme la (1) Bull. de la Soc. géol. de France ,t. XIV, p. 487. (2) Ces détails paraîtront peu d’accord avec ceux qu'a donnés M. Alc. d’Orbigny, mais cette différence provient des éboulements survenus entre sa visite et la nôtre, et qui ont changé l'aspect de la falaise. SOC GÉOL. — 2° SÉRIE T. II. Mém. n. 1. 19 146 ETUDES (N. 4. p- 146.) craie sous-jacente. [ls y sont remplacés en partie par les sables ferrugineux plus épais et les marnes sableuses qui s'élèvent presqu’à la même hauteur. La coupe que présente cette falaise étant parallèle à la direction de l’affleure- ment, il estdifficile de dire s’il y a discordance entre les couches précédentes, que nous regardons comme tertiaires, et le banc de craie immédiatement sous-jacent ; mais en réalité cela semble peu probable. La séparation des deux terrains est parfaitement nette, le contact est immédiat , les roches comme les fossiles sont très distincts. On remarque seulement quelques cailloux et des grains de quarz dans la partie la plus élevée de l’assise crayeuse, sans doute encore peu solide lors du dépôt des premiers sédiments tertiaires, et à la jonction , un lit de quelques centimètres d'épaisseur d’une marne jaune ou blanc-jaunâtre, très fine, douce et onctueuse au toucher, et ressemblant à une argile smectique. Dans l'étendue de cette coupe, l’abaissement à l'O. des couches tertiaires et crétacées est de 2”,50. Quant à la discordance qu'offrent entre eux les grès calcarifères grossiers , Le sable ferrugineux et les marnes sableuses, nous n'y voyons que le résultat d'un phénomène local et contemporain, soit que les éléments de la roche friable aré- nacée se soient seulement accumulés sur un point particulier du rivage tertiaire, dont nous ne voyons qu'un lambeau qui se prolonge sans doute sous Les dunes et au-delà, soit qu'une cause particulière ait fait changer la direction d'un cou- rant, ou bien encore ait déplacé et enlevé une partie du dépôt meuble déjà formé. M. Alc. d'Orbigny a rapporté le lambeau qui nous occupe à l'étage tertiaire le plus inférieur du S.-0., et la présence d’un Spatangue confondu avec le S. orna- tus semblait confirmer cette idée ; mais nous ferons remarquer que ce fossile, qui n'est pas l’espèce de Biaritz , a été signalé par M. Desmoulins dans le cal- caire grossier de Bordeaux, ainsi que deux autres échinides, que nous avons trouvés dans ce lambeau {Scutella et Cassidulus). Les Huîtres, les Peignes et Îles Milliolites nous paraissent aussi appartenir à ce niveau des terrains tertiaires du S.-0. Les couches que nous venons de décrire représenteraient ainsi, sur la rive droite de la Gironde , celles que M. Dufrénoy a signalées sur la rive gauche dans le Médoc, entre Pauillac et Lesparre. Les assises de Biaritz, près de Bayonne, quoique reposant aussi sur la craie, sont probablement plus anciennes et peut-être parallèles aux sables inférieurs du N. de la France, comme nous avons essayé de le démontrer ailleurs (1). Au N.de Royan, sur laroute de Saujon , les couches du deuxième étage, ou de la craie tufau, forment la première montée au moulin de Belmont , au lieu dit la Petite Grange. Si l'on remarque maintenant, combien à Meschers, à Saint-Georges et ici, le premier étage succède brusquement au deuxième, et acquiert de suite une puissance telle, quoique à un niveau plus bas, qu'on croirait ses couches {1} Bull. de la Soc. géol. de France, t XIV, p. 4187-91. 1843. CN: 4, pe 447.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 147 inférieures à la craie tufau , laquelle se prolonge jusqu'à 500 ou 600 mètres de la côte, on sera porté à penser qu'entre Talmont et la pointe d’Arvert, une dépression , ou peut-être un ravinement local, à fait que la craie jaune s’est dé- posée dans une cavité assez profonde de la craie tufau, cavité que ses couches sont loin d’avoir remplie, puisqu'elles sont dominées à une très pelite distance par cette même craie tufau. Il y aurait ainsi une sorte de discordance dans cette partie du bassin, où d’ailleurs nous n'avons pas encore pu observer la superposi- tion des deux étages aussi directement que dans les départements de la Charente et de la Dordogne. De Belmont à Saujon, le deuxième étage présente ses caractères ordinaires. Les moulins situés au S. de ce dernier bourg sont sur les couches inférieures en dalles, comme à Cognac, etc., et dans les carrières qui bordent la route elles plongent sensiblement au S. Le troisième étage se montre sans doute près de là, sur le bord de la rivière. Jusqu'à Coze et plus loin, on marche toujours sur le second étage. Dans la coupe de Saint-Hilaire à Sculac, pl. XI, fig. 4 de la première partiede ces Études, nous ferons remarquer qu'entre Thains et Saintes, les calcaires à Ichthyosarcolites occupent une surface beaucoup plus grande que nous ne l'a- vons indiqué, tandis que ceux du deuxième ou de la craie tufau en présentent une beaucoup plus restreinte. De Thaiïns à Rétaux, il y a peut-être quelques alter- nances des deuxième et troisième étages, mais le second ne s’y montre certaine- ment pas. Avant Rétaux, on trouve des grès tertiaires, peu épais, gris, à grain fin, extrêmement durs, employés pour la route. Le village est bâti sur des calcaires blancs, caverneux , concrétionnés, avec Ichthyosarcolites, qui se prolongent à 4 ou 500 mètres au N., où paraît exister le banc à Ostrea biauriculata et Exogyra columba. Les calcaires du troisième étage viennent ensuite, et ils sont bientôt recouverts de sables ferrugineux enveloppant des grès, qui sont la continuation des précédents. Sans préjuger en rien la relation que des recherches ultérieures pourront faire connaître entre ces sables et ces grès, et ceux des environs de Saint-Georges et de Royan, avec le lambeau de Saint-Palais, il devient évident que des dépôts ter- tiaires ont recouvert çà et là, quoique sur une faible épaisseur, la partie. “0. du département de la Charente-Inférieure. Ce n’est qu'au second village au N. de Rétaux, que les couches inférieures de la craie tufau commencent à occuper le sol; puis ce second étage se développe de plus en plus vers la butte des moulins, à un kilomètre au S. de Saintes. Au N. de la ville, sur le chemin qui de la nouvelle église de Saint-Vivien tourne dans les champs pour joindre la route de Saint-Porchaire, on remarque un long escarpement de calcaire , probablement fait de main d'homme , et qui se prolonge vers le N. jusque près de la rivière en suivant le mur d’une maison de campagne. Cette espèce de muraille, entièrement formée des couches moyennes de la craie 148 ÉTUDES SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. CN: 4, pe 148.) tufau , renferme des fossiles très nombreux, et plonge sensiblement à VE. ou à VE -N.-E., comme les couches de Bussac, de l’autre côté de la rivière. Cette dis- position confirme ainsi celle que nous avons indiquée pl. XIT, fig. 8, de la pre- mièré partie. Des carrières en galeries sont creusées à la base de l’escarpement, et il est pro- bable que la grande excavation , d’une forme assez régulière , qui suit cet escar- pement, résulte de l'extraction des matériaux employés pour les anciennes constructions de la ville. D’autres carrières et des galeries se voient encore au midi de Saintes, au-dessous de Saint-Eutrope et sur divers points aux envi- PONS 0) Enfin, d’après les fossiles que M. Moreau, bibliothécaire de la ville de Saintes, a bien voulu nous montrer dans son intéressante collection, il paraît certain que les calcaires blancs n’affleurent point à la Charloterie entre Saintes. et Brune- teau, comme nous l'avons indiqué page 37, et pl. XI, fig. 4. j (4) Voyez, pour plus de détails, Mém. de la Soc. géol., t. II, p. 161, 162, — 1837. ERRATA. Page 45, ligne 8, au lieu de Cidarites? lisez Discoidea depressa Ag. — 63, — 18, — Arbacia nov. sp., lisez Echinopsis elegans id. — 14, — 37, — Dysaster analis, lisez Dysaster ellipticus id. — 719, — 30, — id. id. — 93, — 29, supprimez N. columbaria Lam. — 121, — 32, d’après des observations très précises faites sur les lieux, et que M. du Souich a bien voulu nous communiquer, les puits artésiens de Lillers et des environs de Bethuna s'arrêtent à la partie supérieure de la craie. — Le même ingénieur nous a également fait connaître que les calcaires atteints dans le forage de Lucheux n'’appartenaient point au groupe néocomien, mais à la formation oolitique. FT. SUR LA VRAIE POSITION GÉOLOGIQUE DU TERRAIN DU MACIGNO, EN ITALIE ET DANS LE MIDI DE L'EUROPE, PAR L. PILLA. Parmi les terrains qui sont le plus répandus en Italie, le macigno tient une place remarquable. Une grande partie des reliefs de la Toscane et de la Ligurie est composée de ce terrain, qui s'étend aussi, d'un côté, dans les Alpes mari- times et dans celles de la Lombardie ; de l'autre, dans le royaume de Naples et jusqu'en Sicile. Si on sort de l'Italie, on le rencontre , avec les mêmes caractères , dans les Pyrénées, sur le revers septentrional des Alpes, en Grèce, en Turquie, et, en général, dans toute la partie méridionale de l'Europe. Il semble marquer la ligne principale de division entre la zone géologique du nord et celle du midi de l'Europe : ligne qui, sous le rapport du terrain dont nous parlons, ne parait pas dépasser à l’ouest la Provence et le comté de Nice, à l’est les monts Car- pathes. Au commencement de ce siècle, et pendant le règne des théories wer- nériennes, on avait des idées fausses sur l’âge de ce terrain, que l’on considé- rait généralement comme appartenant à la formation de la grauwacke (1); mais on ne tarda pas à voir qu'il occupe en Italie une place entre le terrain jurassique et les terrains tertiaires; et dès lors on vit la nécessité de le faire remonter dans la série géologique jusqu'à l’âge de la craie. Cette idée a été de plus en plus con- firmée, et à présent elle est partagée par l’universalité des geologues; seule- ment on s’est très peu appliqué à fixer avec précision l'étage que le macigno occupe dans le terrain crétacé. Mais une étude particulière de ce dépôt, un examen plus approfondi de ses relations géologiques, des fossiles qui le caractérisent, et de plusieurs accidents qui l’accompagnent , m'ont fait douter de la position qu'on lui assigne généralement , je dirai même m'ont donné la conviction que ce Ler- rain est tout-à-fait distinct et indépendant de la craie. C'est l'exposition et l’ana- lyse des faits qui m'ont amené à cette conclusion qui formeront l’objet de ce (1) Brocchi, Conchiologia fossile subapemnina. SOC. GÉOL, — 2° SÉBIE IL Mém. 0. 2. 150 POSITION GÉOLOGIQUE (NA2p25) mémoire. Je le diviserai en trois parties : 1° Caractères et division du terrain cré- tacé en Italie; 2° Comparaison du terrain crétacé d'Italie avec celui de France et d'Angleterre; %° Indépendance du macigno, et sa position géologique. 4° Caractères et division du terrain crétacé en Italie. On s'accorde généralement à diviser le terrain crétacé en Italie en deux étages, le supérieur et l'inférieur. Le premier est composé du macigno; le second, d'un calcaire que j'appellerai lmppuritique, parce qu’il est caractérisé principalement par les rudistes. Le terrain du macigno est si connu , que je ne m’arrêterai pas à décrire ses caractères ; je rappellerai seulement qu'il est composé de deux sortes de roches, d’an calcaire marneux, alternant avec des schistes, et connu en Toscane sous le nom d’alberese et du macigno proprement dit. La position géologique relative de ces deux roches n’est pas toujours constante, M. Pareto assure que dans la [ngurie l'alberese est toujours superposé au macigno; il m'a semblé voir la mème chose en Toscane; mais il y a des localités où les deux roches alternent et se mêlent ensemble. Les fossiles qui caractérisent plus généralement le macigno, sont les fucoides , dont les Fucoides intricatus , F. furcatus , F. Targiom, sont les espèces les plus abondantes. Quant aux débris d'animaux, ils sont d'une extrême rareté ; on y a trouvé des nummulites , à Mosciano , près de Florence; et je les ai rencontrées aussi à Alberona, dans la Pouille. Je dois faire mention d’un autre fos- sile, très important, trouvé par le célèbre Micheli dans la pietra forte de Florence (pl. IV, £. 6) ; c'est un fragment d’une coquille cloisonnée, qui, par le contour de la spire, semble appartenir à un Hamites, ou peut-être à un Ancycloceras ; ce précieux fossile était conservé dans la collection de Targioni, à Florence, .où il avait été observé par Brocchi (1), par Nesti et par Savi : ce dernier en prit aussi un moule en plâtre, qu'on voit à présent dans le Muséum de l'université de Pise. Il est vraiment fâcheux que l'exemplaire dont je parle se soit perdu dans les changements qu'a subis la collection de Targioni. Au congrès de Milan, mes amis, MM. Pentland et Pareto, m'ont assuré avoir trouvé deux ammonites, l’une dans la pietra forte, avec laquelle est pavée la ville de Florence; l’autre, dans le macigno des environs de Gênes : on doit tenir compte de ces découvertes à cause de la rareté des débris d'animaux dans le terrain qui nous occupe. On trouve aussi dans le macigno des dépôts charbonneux; tels sont les stipites de Pupi- ghio, dans le Pistojais, de la vallée du Jaro, dans la Lunigiana , etc. Maintenant je dirai quelques mots de l'étendue de ce terrain, en Italie. Dans la carte de Sicile, par M. Hoffmann, il est représenté par le grès apennin à fucoïdes , par les conglomérats subordonnés à celui-ci, et par les argiles schis- (1) Conch. foss. subapen., tom. I, pag. 17. (N. 2, p. 5.) DU TERRAIN DU MACIGNO. 151 teuses. Dans le pays de Naples, en-deçà du Phare, le terrain du macigno est très rare; je l'ai observé seulement dans les montagnes de Bovino , dans la Capi- lanate , avec des fucoides tout-à-fait semblables à ceux du macigno toscan. Je ne pourrais pas indiquer les lieux des États du Pape où ce terrain se trouve, à l’ex- ception de l'Apennin de Bologne , où il se continue avec celui de Florence. Le macigno de la Toscane , du Modenais et de la Ligurie est si classique , que je me contente seulement de le nommer ici. Il se trouve aussi, et très distinct au pied des Alpes de Lombardie, spécialement dans les environs de Gavirate, où il a été examiné par la section de géologie du congrès de Milan. Cette localité est. très remarquable, non seulement par le grand nombre de fucoïdes tout-à-fait sem- blables à ceux du macigno de Florence qu'elle contient, mais aussi par d’autres espèces qui attendent d’être déterminées par quelque habile géologue. Le terrain crétacé inférieur ou hippuritique est beaucoup plus compliqué en Italie, et il a encore besoin d’être bien éclairci : ce qui est d’une grande nécessité parce que de cette détermination précise dépend la connaissance de la vraie po- sition géologique du macigno , qui joue un rôle si important dans les grands re- liefs de l'Europe méridionale. Le terrain hippuritique peut être divisé en deux groupes principaux , c est-à-dire le calcaire nummulitique et le calcaire néocomien, le premier supérieur, le second inférieur : ces calcaires, quoiqu'ils se lient et passent insensiblement de l’un à l’autre, ne se laissent pas moins distinguer par de bons- caractères dans toute la péninsule. Examinons les localités principales de celle-ci où les deux groupes se font reconnaître. Hoffmann et Gemmellaro citent en Sicile un calcaire blanc, souvent celluleux, et des marnes blanches qui renferment des rognons et des lits de silex, de jaspes et d'agates , et contiennent des nummulites , hippurites , ostrea vesicularis , terebra- tules, spatanques, et aussi quelques fragments d'ammomites. Cette formation s'étend avec interruption depuis le mont Érici, près Trapani, jusqu'au cap Pas- sero. Le même calcaire crétacé, et avec les mêmes nummulites et hippurites , pa- raît dans quelques localités du royaume de Naples : on le trouve à l'extrémité orien- tale du Gargano dans les Pouilles, au mont Majella dans les Abruzzes, etc. Ce ter- rain manque entièrement en Toscane , et il faut remonter jusqu'à la naissance de PApennin pour le rencontrer : il a été observé par MM. Pareto et Sismonda dans le comté de Nice, où il se lie avec la même roche, si répandue dans les basses et bautes Alpes. On peut être sûr de son existence dans les Alpes vénitiennes, parce que M. Pasini cite des nummulites dans la scaglia de Tenez et des montagnes au midi de Bellune. Le calcaire dont nous parlons a été souvent confondu avec le macigno à cause des nummulites qui sont communes à l’un et à l’autre terrain, quoique dans le premier ces fossiles soient très abondants , et dans le second très rares. Nous aurons occasion de revenir sur cette circonstance. Le terrain néocomien se laisse voir avec tous ses caractères bien marqués dans 152 POSITION GÉOLOGIQUE (22, p. 4.) le royaume de Naples et de Sicile. Dans les Abruzzes, il s'élève en grandes mon- tagnes qui forment le relief principal de l’Apennin de ces provinces. Mes amis M. Pareto et Loquand, ayant examiné une collection de roches et de fossiles que j'ai rapportée de ce pays, ont cru y voir tout-à-fait les roches et les fossiles néo- comiens de la Provence, dont ils ont une parfaite connaissance. Le calcaire est blanchâtre ou grisâtre, à cassure écailleuse , et quelquefois avec lit de silex: dans plusieurs endroits il passe à une vraie dolomite. Les fossiles que j'ai re- cueillis dans ce terrain, sont : Hippurites et Spærulites. Espèces nombreuses, mais très peu déterminables à cause de leur empâtement daris la roche. Chama ammonia ; Montecasino, Gargano. Terebratula pisiformis ; Majella. Pleurotomaria neocomiensis, d'Orb.; monts de Venafro en terre de Labour. —-———-— jaultina , Gargano. Phasianella neocomiensis; d’Orb.; monte de Vitulano en terre de Labour, où cette espèce forme une lumachella. Acteon marginata, d'Orb.; Montecasino. Autres espèces d’Acteon indéterminées. A cteonelle ; Matese , Majella. Nerinea rhenhauriana , d'Orb.; Montecasino. ——— Requieniana, d'Orb.; idem. ——— lobata, d'Orb.; idem. ——— subæqualis, d'Orb.; Gargano. Autres espèces de Vérinées indéterminées. La liste de ces fossiles fait voir une grande ressemblance avec ceux qui se trouvent dans le terrain néocomien supérieur de la Provence , qu'on trouve figurés dans la Paléontologre française de M. d'Orbigny, et qui accompagnent la première zone des rudistes de cet auteur. Le calcaire néocomien de Naples forme presque toutes les hautes montagnes des Abruzzes et de la terre de Labour. Le monte Corno, le F’elino, la Maella , le Matese, les Mainardi, qui figurent parmi les sommités les plus élevées de l’'Apen- nin continental, en sont presque entièrement composés. Je rapporte aussi à ce terrain le calcaire des Madonies et des montagnes qui s'élèvent dans Les environs de Palerme. Le même calcaire doit continuer dans les États de l'Église. Les montagnes de la Sabine, qui sont une continuation de celles de l’Abruzze et de la terre de Labour, ont tout-à-fait la même physionomie. De même que le calcaire nummulitique, le calcaire néocomien manque entière- ment en Toscane, parce que, comme je l'ai dit, ces deux roches sont presque tou- jours liées ensemble. Le terrain néocomien reparaît ainsi que le calcaire nummu- litique dans le comté de Nice et dans les Alpes maritimes, où 1l a été reconnu par (NP2/p45°) DU TERRAIN DU MACIGNO. 153 M. Pareto (4) et M. Sismonda (2); là aussi il se prolonge avec le terrain néocomien de Provence. Dans les Alpes de Lombardie , peut-être est-il repré- senté par les roches inférieures au poudingue à hippurites et actéonelles du Si- rone (3). Je crois enfin qu'il doit être très développé dans les Alpes vénitiennes, en jugeant par quelques fossiles qui sont figurés dans la Zoologe fossile de M. Catullo. Je dois ici mentionner l'opinion toute récente émise par M. Fitton sur le terrain néocomien. Ce géologue distingué incline à le rapprocher du lower green sand d'Angleterre, en s’appuyant sur l'identité des fossiles qu'on a trouvés dans l’un et dans l’autre terrain, et aussi sur la superposition observée par lui dans Pile de Wight et sur la côte de Kent{h). Les raisons avancées à ce propos par M. Fitton me semblent très justes, et peut-être que son opinion sera partagée par tous les géologues. Je la cite aussi, parce qu’elle nous aidera beaucoup à éclaircir le terrain crétacé de Italie. Nous avons indiqué le terrain du macigno comme supérieur au calcaire num- mulitico-hippuritique. Mais il est nécessaire de fixer ce point-là avant de passer aux autres parties de ce Mémoire. A-t-on observé directement dans quelque en- droit d'Italie cette superposition? En vérité je n'ai pas eu occasion de la voir, ni dans le royaume de Naples (5), ni en Toscane; et cela est bien naturel, parce que, dans le premier de ces pays, le macigno est très rare pendant que le calcaire nummulitico-hippuritique est très abondant; en Toscane.au contraire , Le macigno est assez étendu, et l’autre terrain manque tout-à-fait : ainsi il est difficile, sinon impossible, de voir dans ces régions le contact immédiat des deux terrains. Mais il semble que ce contact existe dans l’Apennin de la Ligurie occidentale, où les deux roches sont très développées. En effet, M. Pareto nous apprend que près d’Alassio et d'Albenga on voit une large zone de macigno superposée d’un côté au calcaire à Nummulites, et de l’autre au calcaire jurassique (6). Le même géologue a observé que, près de Mortola, il y a des couches calcaires avec grandes Num- mulites qui supportent des couches épaisses de macigno, qui, à leur tour, sont couronnées par le calcaire à fucoïdes (7). Il semble que la même superposition a été observée par M. Sismonda, près du lac de Lauzanier, dans les Alpes du Pié- (1) Ati del .congrosso di Lucca. (2) Osservationi geologiche sulle Alpi maritime e sugli appennini hurr. (3) Collegno, Mémoire sur les terrains stratifiés des Alpes lombardes (Bull. de La soc. géol. de France, t. 1°, 2° sér.). Villa, Sulla costituzione geologica della Brianza. (4) Bull. de la soc. géol., t. 17, 2: série. (5) Peut-être qu’on peut la voir dans les montagnes d’Alberona, en Capitanate, où, à ce que je me rappelle, il y a un contact du macigno avec de la craie à silex ; mais lorsque je visitais ces mon. tagnes , je n’avais pas présente la question que je viens d’examiner. (6) Aféi del longresso di Jovino, p. 109. (7) Atti del congrosso di Lucca, p. 241. SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE, T. II. Mém. n° 2. 20 151 POSITION GÉOLOGIQUE (N.2, p. 6.) mont (1), et par M. Studer dans les Alpes suisses (2). A cela on doit ajouter que le macigno se montre en ltalie tout-à-fait indépendant du calcaire nummulitico- hippuritique. Je ne connais aucune localité où on ait observé un passage de l'un à l’autre terrain. Le macigno se trouve quelquefois superposé au terrain jurassi- que (Toscane), d’autres fois au calcaire nummulitique (Ligurie), mais toujours avec une ligne de séparation distincte, ce qui est le caractère principal de l'indé- pendance d’une formation. Nous aurons occasion de reprendre ce sujet dans le cours de ce Mémoire. 2° Comparaison du terrain crétacé d'Italie avec celui de France et d'Angleterre. Après avoir fait connaître les formes du terrain crétacé en Italie , et ses diffé- rences , comparons-le à celui de la France et de l’Angleterre ; ce qui, en défini- tive, nous amènera à une comparaison entre la zone crétacée du midi et celle du nord de l'Europe. Tous les géologues s'accordent à diviser le terrain crétacé septentrional en deux étages: le supérieur, composé principalement de la craie blanche; l'inférieur, subdivisé, 1° en grès vert supérieur , 2° en gault, 3° en grès vert inférieur. Voyons si ces divisions sont reconnaissables en Italie, et quelle place y occupe le ma- CIgno. Quelques géologues considèrent le macigno et Le calcaire nummulitique comme des formations parallèles ou contemporaines ; et comme nous verrons cette der- nière formation être rapportée généralement au grès vert supérieur, ils placent aussi le macigno dans le même étage. Il yen a d’autres qui, s'approchant plus de la vérité, regardent le macigno comme supérieur au calcaire nummulitique, et ainsi ils Le font appartenir à la craie comme supérieure. Or, si nous prenons pour horizon géologique la craie blanche, on trouve que le macigno, selon la première opinion, est inférieur à cette roche, et selon l’autre, il lui est au moins parallèle. Cependant, je pense que ces deux manières de considérer le macigno ne sont pas justes, et que la vraie position géologique de ce dépôt n’a pas été bien fixée. Des motifs de quelque poids me font croire plutôt que le macigno est un terrain supérieur à la craie blanche , et par conséquent qu'il doit en être distingué. Tels sont les faits sur lesquels je m'appuie. 1° Lorsque Lyell a voulu démontrer la réunion de la craie du nord avec celle du sud de l'Europe, il a choisi quelques endroits de la France méridionale et des Pyré- nées où on voit cette connexion. Ainsi, à Tercis, près de Dax, les roches crélacées conservent les formes de la craie blanche, et M. Grateloup y a trouvé l’Ananchites ovata et d’autres fossiles de la craie du nord mélés avec des hippurites. Lorsqu'on arrive à Bayonne et dans les Pyrénées, la formation erétacée , tout en présentant (1) Mém. sui terr. stratificati dell Alpi. (2) Mém. de la suc. géol. de France, t. HI, p. 384. (N:2, p. 7.) DU TERRAIN DU MACIGNO. 159 quelques uns des mêmes accidents minéralogiques, subit peu à peu des change- ments, et se remplit de nummulites. Ici, je fais observer que les nummulites de Peyrehorade, figurées par Lyell, sont tout-à-fait semblables à celles que j'ai trou- vées dans une craie blanche du Gargano avec des hippurites ; et elles sont très différentes des nummulites du macigno. Or, si la craie blanche septentrionale se lie avec le calcaire nummulitique du midi, on conclut naturellement que le ma- cigno, que nous avons vu superposé au calcaire nummulitico-hippuritique avec une ligne tranchée de séparation, est supérieur aussi à la craie blanche et in- dépendant d'elle. 2° La craie tufau de Maëstricht, qui a été longuement controversée, et qu'à présent tous les géologues considèrent comme appartenant à la craie blanche, renferme parmi les fossiles de cet élage aussi quelques hippurites. En Italie, comme nous le verrons plus loin, les rudistes ne se trouvent jamais dans le ma- cigno , mais toujours au-dessous de cette formation : d'où il suit que le maci- gno est toujours plus récent que la craie blanche. 3° Parmi les fossiles qui accompagnent souvent en Italie le calcaire nummu- litico-hippuritique , il y a les Actéonelles, et surtout l’4. gigantea : ces fossiles, qui manquent tout-à-fait dans le macigno, sont placés par M. d'Orbigny dans la craie chloritée. Et comme le macigno est constamment supérieur aux roches qui contiennent les hippurites et les actéonelles, on déduit qu'il est postérieur à la - craie chloritée. Il pourrait être parallèle à la craie blanche ; mais par les motifs que nous avons produits,et par la différence complète de ses caractères minéra- logiques et paléontologiques de ceux de la craie blanche, on doit le considérer comme distinct de celle-ci. l&° Dans le travail que M. Leymerie a présenté à l’Académie des sciences de Paris sur le terrain à nummulites des Corbières et de la montagne Noire, ce géologue distingue le terrain crétacé à nummulites du terrain crétacé à rudistes, le premier supérieur, le second inférieur. Dans quelques localités, comme dans les Corbières , le terrain à nummulites renferme un mélange de fossiles appar- tenant à la craie et au calcaire grossier de Paris , ce qui a donné lieu à des contro- verses parmi les géologues et les paléontologues. M. Leymerie, qui par de justes raisons le considère comme crétacé, l'a nommé épicrétacé, à cause de sa position par rapport au calcaire à rudistes. Néanmoins il affirme que, dans les points où les deux systèmes se trouvent en contact, on voit dans les couches de l’un et de l'autre non seulement une concordance parfaite , mais aussi une ressemblance minéralogique très remarquable, et une espèce de liaison vers la surface du contact ; et il ajoute que, quoique les nummulites et les rudistes ne se mêlent pas ensemble dans les mêmes couches , dans quelques localités ce mélange a été observé par MM. Du- frénoy et Vene au côntact des deux formations (1). Tous ces faits s'accordent à (4) Comptes-rendus de l’Académie des sciences, 12 août 1844. 156 POSITION GÉOLOGIQUE (N.2, p.8.) merveille avec ce que j'ai observé dans le calcaire crétacé napolitain , à l'excep- tion du mélange des fossiles tertiaires et crétacés dont parle M. Leymerie (1). On ne peut certainement pas croire que le terrain nummulitique dont parle ce géo- logue distingué soit le macigno ; c’est évidemment le calcaire nummulitique lié au terrain à rudistes dont il forme la partie supérieure. El comme nous avons vu que le macigno est supérieur au calcaire nummulitique épicrétacé dans la Ligurie, il s'ensuit que le premier est postérieur au second , et pour cela il ne fait pas partie du terrain de la craie. Comme preuve plus convaincante nous citons le fait suivant, observé par M. Sismonda près du lac de Lauzanier, dont nons avons déjà eu occasion de parler. Entre le calcaire à fucoïdes de cette localité, et le cal- caire supérieur ou terrain anthraciteux, il y a des couches de calcaire gris riches en zoophytes, qui passent à d’autres couches de calcaire arénacé contenant des espèces des genres Cerithium , Ampullaria, Citherea, Cassis, etc. M. Sismonda considère ces couches comme appartenant au terrain nummulitique, et il indique leur identité avec celles qui renferment les mêmes fossiles aux Diablerets et à la roche des Fiz, en Suisse (2). On voit sans difficulté que tous ces dépôts sont ana- logues à celui des Corbières par le mélange de fossiles crétacés et tertiaires. Donc, si dans le lac de Lauzanier on voit directement la superposition du calcaire à fucoïdes à un calcaire nummulitique épicrétacé, on a une démonstration complète de la proposition que nous venons d'avancer. Ayant ainsi fixé la position du macigno, j'incline à croire que le calcaire nummulitico-hippuritique d'Italie est le représentant de toute la craie du N-0. de l'Europe, et qu'on peut y distinguer l'étage de la craie blanche et celui du grès vert. Il ne sera pas hors de propos de faire particulièrement cet examen. Les parties supérieures et plus récentes du calcaire nummulitique italien se présentent en quelques endroits avec tous les caractères minéralogiques de la craie blanche, et, comme celle-ci, contiennent des lits et des rognons de silex. C’est avec cet aspect que se présentent le calcaire méridional de la Sicile, dont nous avons parlé, celui de l'extrémité orientale du mont Gargano, dans la Pouille, le calcaire de Penna a pié di monte, dans la Majella, et celui de Montursi, près de Romagnano dans le Vicentin. A ces caractères, il faut ajouter la présence de quel- ques fossiles propres de la craie blanche, comme l'Ostrea vesicularis, trouvée en Sicile et dans la Majella; la Podopsis truncata, le Spatangus cor anguinum, V'Anan- chites ovata, que M. Catullo cite dans le Biancone des Sept-Communes. M. Sismonda nous à fait connaître un autre exemple bien caractérisé de craie supérieure dans le pas de Brauss dans les Alpes maritimes, où il a trouvé des couches avec silex (1) J’ai pourtant le doute que ce mélange puisse exister dans le mont Gargano, surtout dans les tofares de Saint-Léonard , où dans un calcaire crayeux grossier j'ai trouvé, avec des fossiles ter- tiaires , en grand nombre aussi, quelques diceras. (2) Mem. sui terreni stratificati delle Alpi. (N-2, p. 9) DU TERRAIN DU MACIGNO. 157 remplis de fragments de Belemnites mucronatus et de Catillus Cuvieri (1); et, ce qui est plus important, il a observé ces couches superposées au calcaire nummuliti- que, dont peut-être elles sont une continuation sans interruption, ainsi qu'on le voit dans les autres localités d'Italie que nous avons citées. En résumé, l'étage de la craie blanche est très rare en Italie; on peut seulement le reconnaître dans les parties supérieures et plus récentes du calcaire nummulitico-hippuritique. Maintenant voyons si les trois étages du grès vert sont reconnaissables dans le calcaire dont nous parlons. Quelques parties de ce terrain présentent les caractères minéralogiques de la glauconie, c’est-à-dire qu'elles contiennent des grains verts qui caractérisent cette roche. M. Pareto l'a observée dans le comté de Nice (2), M. Sismonda dans le pas de Brauss (3), M. Pasini dans les Sept- Communes (4). La glauconie du pas de Brauss étant placée au-dessus du calcaire à Belemnites mucronatus et catilles indique par cela seul son identité avec le grès vert supérieur; mais M. Sis- monda nous assure aussi qu'elle fait partie d’un calcaire nummulitique qu’on rapporte généralement à cet étage. Les fossiles que M. Pareto trouva dans la glauconie de Nice appartiennent généralement au grès vert supérieur: ce sont des Turritelles, quelques Ammonites et un grand nombre de Nummulites. Quant au Vicentin, nous savons qu'il y a une abondance de Nummulites crétacées. M. Pa- sini les a indiquées dans la Scaglia de Tenez et dans les montagnes du midi de Belluno. D’un autre côté, M. d'Orbigny a trouvé parmi Les fossiles du Vicentin re- cueillis par M. Lucas l'Æippurites gigantea, caractéristique de sa troisième zone des rudistes, qu'il place dans la craie chloritée ; il voudrait aussi rapporter à cette zone tous les rudistes de l'Italie , ce qui peut être révoqué en doute, comme nous le verrons par la suite. On conclut de ces faits que, dans le pays des Sept-Communes, il y à certainement l’étage du grès vert supérieur. Si nous ajoutons à ces observa tions celles que nous ont fait connaître les géologues de Provence, c’est-à-dire que dans ce pays le grès vert supérieur est caractérisé par un nombre immense de Nummulites et d'Hippurites, nous pouvons tirer cette conséquence, d’un grand poids dans la géologie italienne : que le calcaire nummulitique inférieur au ma- cigno est parallèle en grande partie au grès vert supérieur; je dis-en grande par- tie, parce que dans quelque localité il pourra se lier à la craie blanche de la même manière que le calcaire nummulitique des Corbières prend le caratère épi- crétacé. Le gault, qui forme un étage bien distinct dans le terrain crétacé septentrional. n’est peut-être pas marqué par de bons caractères dans l’Apennin, ni dans les Alpes. (1) Osservazioni geologiche sulle Alpi maritime e ingli Apennuni Liquri. (2) Ati del congresso di Jovino , p. 109. (3) Mém. cité. (4) Annali delle scienze del Regno Lombardo veneto, anno 1832. 158 | POSITION GÉOLOGIQUE CN. 2, p: 10.) Si on vérifie l'opinion de M. Fition, que le grès vert inférieur soit représenté dans le midi de l’Europe par le terrain néocomien, cet étage crétacé ne manque pas en Italie, ayant vu qu'il forme dans le royaume de Naples les plus hauts re- liefs de l’Apennin; il se trouve aussi, d’après les observations de MM. Pareto et Sismonda, dans les Alpes maritimes, au-dessous du calcaire nummulitique, et il se lie avec le calcaire néocomien de Provence (1). M. Catullo l’a reconnu de même dans le calcaire hippuritique des Alpes vénitiennes (2). Il y a quelques localités d'Italie où les assises crétacées que nous venons d’exa- miner présentent des accidents de contact qui méritent d’être connus. Dans le Napolitain; la craie blanche (si elle y existe), le calcaire nummulitique et le cal- caire néocomien passent insensiblement l'un à l’autre; on voit ce passage évidem- ment dans le mont Gargano, où l'extrémité orientale est composée d’un calcaire blanc, terreux, avec de nombreux lits de silex, qui a tous Les caractères de la craie blanche (Rodi); on passe ensuite peu à peu à un calcaire blanchâtre plus com- pacte, quelquefois celluleux, avec Rudistes et Nummulites (Matinata, Ischitella); à mesure qu'on s'avance vers l'extrémité occidentale, la roche devient compacte, grisätre; les Rudistes et les Nummulites disparaissent , et, à leur place, se font voir quelques Verinea et la Chama ammonia, fossiles caractéristiques du terrain néocomien. Il paraît que le même passage est Le trait dominant de tout le terrain crétacé de l'Italie, excepté le macigno. On doit aussi considérer comme très important le terrain crétacé du pas de Brauss dans les Alpes maritimes, parce qu'il présente avec des caractères bien marqués l'étage de la craie blanche, de la glauconie supérieure ou du calcaire nummulitique, et du terrain néocomien; il semble que là aussi les trois dépôts passent par gradation l’un à l’autre. On désirerait seulement connaître quelle position y occupe le calcaire à Catilles et Belemnites mucronatus, par rapport au macigno de la Ligurie; je crois, par tout ce qu'on vient de lire, qu'il doit être in- férieur à ce calcaire. On éprouve une plus grande difficulté à demèêler le terrain crétacé de la Brianza en Lombardie, malgré les descriptions détaillées que nous en ont données MM. de Collegno, Balsamo, Curdoni, de Filippi, Irotti et les frères Villa. Peut-être y a-t-1l là une association de différents étages appartenant au macigno et au terrain cré- tacé. Dans un autre travail, j'ai essayé d'y distinguer : 1° le macigno; 2° la craie à Catilles; 3° les poudingues à Hippurites Actéonelles et Nummulites, équivalents du grès vert supérieur ; 4° des couches néocomiennes. Il faut attendre que les savants géologues lombards précisent d'une manière ou d’une autre ces dis- tinclions. Le terrain crétacé des Alpes vénitiennes paraît aussi renfermer les différents étages de la craie blanche septentrionale , car on y a distingué la craie blanche, la (4) Sismonda, Mém. cité. (2) Lettera al signor Villa. (N- 2, pe 4) DU TERRAIN DU MACIGNO. 159 glauconie, avec Le calcaire nummulitique et le calcaire néocomien. Du reste, nous espérons avoir des renseignements plus précis sur ces divisions par les géologues éclairés du pays. Les Nummulites et les Rudistes ayant une grande importance dans le terrain crétacé d'Italie, il importe de faire quelques observations à leur égard. On peut distinguer dans notre pays trois gisements de Nummulites : 1° les Num- mulites tertiaires du Vicentin, si toutefois elles continuent à rester à la place qu’elles ont occupée jusqu'ici ; 2° les Nummulites du macigno; 8° et celles du ter- rain hippuritique. On peut objecter, à priori, que leurs espèces doivent être dif- férentes dans ces trois gisements; mais il est désirable que, dans l'intérêt de la science, quelque habile paléontologue prenne la tâche de les classer, afin qu'elles puissent servir de jalons pour la distinction des dépôts qui les renferment (1). Quant aux Rudistes, M. d'Orbigny a fait connaître dans un travail remarquable les différentes zones qu'elles forment dans le terrain crétacé, et leurs gisements relatifs (2). Il affirme aussi qu'en Italie se trouve seulement sa troisième zone de ces fossiles, qu'il place dans la craie chloritée. Cette opinion est appuyée en par- tie sur un autre fait, c'est-à-dire qu’en ltalie les Rudistes sont presque toujours associées aux ÆActéonelles, et surtout à l'A. gigantea, espèce qui, selon le même savant paléontologue, accompagne sa troisième zone des Rudistes. Mais, d'un autre : côté, 1l ne faut pas croire que les autres zones manquent dans ce pays. Après tout ce que nous avons dit, on ne peut pas douter que le terrain néocomien ne soit très . développé dans le royaume de Naples, et j'y ai trouvé un grand nombre de Ru- distes, avec la Chama ammonia, et plusieurs Vérinées néocomiennes. Je ne pour-- rais pas indiquer ces espèces de Rudistes, d'autant moins qu'elles se trouvent empâtées dans la roche; mais leur gisement me fait supposer qu'elles doivent appartenir à la première zone de ces fossiles. Du reste, M. d'Orbigny aurait rendu son travail plus utile, s’il avait tàché de nous faire connaître les relations des Rudistes avec les Nummulites, parce que ces deux genres de fossiles jouent le plus grand rôle dans le terrain crétacé méditerranéen. En résumé, les faits que nous avons rapportés tendent à établir : 1° Que la craie septentrionale se lie avec Le calcaire nummulitico-hippuritique du midi de l'Europe, mais jamais avec le macigno , qui est supérieur à ce calcaire; 2° Que le calcaire nummulitico-hippuritique de l'Italie représente tout le cal- caire crétacé septentrional, et particulièrement le grès supérieur et inférieur, et seulement dans quelques localités la craie blanche. . (1) Ce travail nous est promis par M. Leymerie, qui, en l’exécutant , rendra sans doute un grand service à la géologie du midi de l’Europe. à (2) Considérations sur les Rudistes (Bull. de La soc. géol., t. XIII). 160 POSITION GÉOLOGIQUE (N.2, p. 12.) 3° Indépendance du terrain de Macigno. Si l’on admet que le calcaire nummulitico-hippuritique méditerranéen soit le représentant de toute la craie du N. de l’Europe , et que le macigno soit super- posé à ce calcaire, on doit admettre aussi que Les couches de la formation arénacéo-marneuse, en s’éloignant de la forma- tion miocène, passent d'une manière tout-à-fait insensible à la formation du macigno de la vallée de Borgo S. Sepolcro. Il est impossible de tracer aucune ligne de sé- paration entre ces deux séries de couches, qui forment un tout continu. En effet, lorsqu'on traverse les montagnes que je viens de nommer, et selon la direction indiquée, on laisse les dernières couches de calcaire nummulitique près du pays de Monte S. Maria, où elles sont subordonnées au terrain arénacéo- marneux. Puis on descend et on remonte des montagnes composées de couches de macigno, de marnes et de calcaire marneux entièrement semblables à celles qui renferment les couches nummulitiques. Elles sont brisées, relevées, et elles suivent toujours la direction N. 45° O. On arrive ainsi à Monterchi, puis au ha- meau de Villa, où l’on rejoint le chemin d’Arezzo à Borgo S. Sepolcro, qui, d'après ce que j'ai dit précédemment, est tracé sur des montagnes de vrai macigno à Fucoides. (N- 3: p.7.) SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 169 Comme il est très important de fixer ce point, que la formation arénacéo-mar- neuse avec couches nummulitiques renferme des roches qui ont tous les carac- tères minéralogiques du macigno , il ne sera pas sans intérêt d'ajouter que, dans plusieurs endroits, le grès de cette formation est taillé et travaillé pour les mêmes usages que le macigno le plus parfait de Fiesole, près de Florence, auquel il ressemble tellement qu'il est impossible de pouvoir le distinguer de celui-ci. Ainsi, dans le pays de Fratta dans la vallée du Tibre, à une petite distance du confluent du torrent Agoia, on a jeté sur l'Assina un très beau pont, dont les matériaux sont formés d’un macigno du terrain arénacéo-marneux, qui par sa couleur gris-bleuâtre, par l'homogénéité et la finesse de son grain, et par la manière avec laquelle il se prête aux travaux qui demandent le plus de précision , fait croire qu'il a été retiré de Fiesole. Les macignos qui sont em- ployés dans les bâtiments de Fratta ne diffèrent en aucune manière de ceux dont on fait usage dans la ville de Borgo S. Sepolcro. Cependant les uns pro- viennent des montagnes arénacéo-marneuses à couches nummulitiques ter- tiaires , les autres des montagnes de la même nature appartenant au macigno à Fucoïdes. Si je me suis arrêté un peu longuement sur l'exposition des faits qui précè- dent, c'est parce qu'ils m'ont paru d'une importance digne d'attirer l'attention des géologues. Si je ne me trompe, les circonstances géologiques que l'on observe dans les montagnes qui bordent la vallée supérieure du Tibre éclaircissent complétement la grande question des terrains nummulitiques douteux de l'Europe méridionale. Les géologues qui ont étudié Les dépôts de Biaritz et des Corbières dans les Pyré- nées, de Lauzanier dans les Alpes maritimes, de Gassino en Piémont, de Co- mabbio en Lombardie, de Ronca dans le Vicentin , peuvent déjà entrevoir toute l’analogie , je dirai même l'identité absolue qu'il y a entre ces terrains et celui que je viens de faire connaître. Il importe donc de discuter un peu la valeur des faits qui ont été observés dans ces différents endroits , en prenant pour point de départ le terrain nummulitique de la vallée du Tibre. Lorsque l’on considère tous les traits qui caractérisent le terrain arénacéo- marneux à couches nummulitiques de la vallée précédente , on peut y envisager les trois circonstances suivantes : 1° Sa liaison à la partie supérieure avec le terrain miocène ; 2° Les couches plus récentes, qui renferment les calcaires nummulitiques avec traces de fossiles tertiaires ; 3° Les couches plus anciennes, qui se soudent insensiblement avec celles du macigno , caractérisées par les Fucoïdes propres à cette roche. À ces caractères, il faut ajouter que les roches num. 2 ressemblent par leur nature minéralogique à celles du macigno; que leur stratification est iden- tique avec celle qu'on observe dans cette dernière formation ; enfin qu'elles ren- SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n° 3. 22 170 NOUVELLES OBSERVATIONS (NSP ferment des couches de silex de la même forme que ceux que l'on trouve dans les terrains secondaires les plus récents. Cependant il serait possible que quelque géologue, partisan exclusif des carac- tères paléontologiques , s'appuyant exclusivement sur la nature des fossiles ter- tiaires contenus dans les roches calcaires nummulitiques , et sur l'absence de fossiles plus anciens dans les couches de notre terrain, se crüt autorisé à rap- porter ces couches aux terrains tertiaires, et particulièrement au terrain éocène. J'ai la plus grande confiance sur la valeur des caractères organiques en géologie ; mais on ne peut pas la pousser si loin que la considération de quelques fossiles puisse l’emporter sur l’ensemble de tous les autres caractères, tels que la com- position du terrain, la stratification, la forme, le passage, etc. Et même, sans sor- tir du domaine des caractères paléontologiques, on peut répondre que les cou- ches qui renferment les calcaires nummulitiques se nuancent graduellement avec celles qui renferment les Fucoïdes intricatus , Targioni , les Méandrines et les En- crines caractéristiques du macigno; de manière qu'il est absolument impossible de savoir où se terminent les premières couches et où commencent les autres. En définitif, ce terrain ne peut pas être considéré comme tertiaire, parce qu'il se joint avec le macigno à Fucoïdes ; il ne peut être non plus regardé comme le macigno , parce qu'il renferme des fossiles tertiaires, et qu’il se lie avec le terrain miocène. En conséquence , on a une démonstration complète qu'il est intermé- diaire entre ces deux séries de terrains. C’est en cela que je fais consister toute l'importance de mon observation. Le fait est incontestable. J'ai mis le soin le plus minutieux à le constater. Cela posé, on se demande naturellement à laquelle des deux séries, tertiaire ou du macigno , il faut lier ce terrain. La réponse à cette demande n’est pas diffi- cile. En effet, lorsque l’on considère : 1° Que les roches dont il est composé s'identifient par leur nature minéralo- gique avec celle du macigno ; 2 Que la forme de ses couches et la constance de leur direction rappellent tout-à-fait les couches du macigno prochain ; 3° Que les lits nombreux de silex, qu’on y trouve subordonnés , indiquent des formes plutôt secondaires que tertiaires ; 4 Enfin, que la liaison entre ce terrain et le macigno est plus inüme et plus nuancée qu'entre lui et le terrain miocène ; On doit, en bonne logique, conclure que tous ces caractères doivent prévaloir sur les espèces fossiles tertiaires que l’on trouve dans les calcaires nummuli- tiques. En conséquence , je crois très naturel de joindre ce terrain au macigno, et d'en former un étage particulier, qui constitue la partie supérieure de ce dernier. Jusqu'ici cet étage avait été reconnu d’une manière générale, mais on n'avait pas bien fixé sa place précise dans la série des terrains. De là les discus- sions continuelles sur les terrains nummulitiques avec fossiles récents, que (N:5, p:9.) SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 171 quelques géologues considéraient comme tertiaires et d’autres comme crétacés. Ils n'appartiennent exclusivement ni aux uns ni aux autres, mais à tous les deux ensemble , ou, pour parler plus exactement , ils constituent un étage particulier immédiatement supérieur au macigno. J'ai déjà fait connaître l’indépendance du macigno de la craie à laquelle il avait été jusqu'ici réuni. J'ai aussi insisté sur la nécessité de désigner ce terrain avec un nom particulier, et j'ai proposé celui de terrain hétrurien. Dans mes premières recherches, je croyais que ce terrain formait une série unique. Les recherches nou- velles auxquelles je viens me livrer m'ont donné pour résultat qu'il est divisible en deux étages bien caractérisés, dont un inférieur, qui est constitué par le maci- gno avec ses Fucoïdes ; l’autre supérieur, auquel se rapportent tous les terrains nummulitiques du midi de l’Europe, qui présentent un mélange de caractères tertiaires et secondaires (1). Dans la localité que je viens de faire connaître, les deux étages se trouvent réunis ensemble; de là l'avantage de voir leurs relations. Mais, dans le plus grand nombre de cas, on trouve ou l'étage inférieur ou le supérieur isolément ; dans cette dernière circonstance, comme il arrive très souvent que l'étage supé- rieur se lie avec les terrains tertiaires, it s'ensuit qu'on le confond avec ces terrains. Une des localités les plus intéressantes que je connaisse où le terrain hétru- rien supérieur se montre très développé, et où il est séparé de l'étage infé- rieur, C'est la province de l’Abruzze ultra-première dans la province de Naples. Dans un autre mémoire, j'ai eu occasion de mentionner la difficulté que j'avais éprouvée pour classer ce terrain lorsque je l’examinai (2). Il forme des monta- gnes très élévées qui s'appuient au Gran Sasso d'Italie, et qui par leur hauteur rivalisent avec cette montagne, la plus élevée de l'Italie continentale. Le Pizzo di Sivo, qui en est une des plus hautes sommités, atteint 8,000 pieds. Dans l’en- droit dont je parle, ce terrain est composé de couches alternantes de macigno et de marne solide, qui sont superposées au calcaire néocomien du Gran Sasso. Je ne pouvais pas le rapporter au macigno, parce qu'il manquait complétement (1) M. Leymerie a donné aux couches qui correspondent à cet étage le nom de terrain épicré- tacé. D’après les faits que je viens d'établir , il semble que ce nom ne soit plus convenable, 4° parce que les couches auxquelles M. Leymerie borne son nom font partie d’un terrain plus étendu : 2° parce que son terrain épicrétacé n’est pas directement superposé à la craie, mais là où les séries sont complètes il y a le macigno interposé ; 3° parce que le nom d’épécrétacé a la même signification que celui de supracrétacé, avec lequel plusieurs géologues, M. de Labèche entre autres, qualifient le terrain tertiaire en général ; et comme dans le cas qui nous occupe il est essentiel d’éloigner toute réminiscence tertiaire, pour ne pas mettre de confusion dans les idées, il vaut mieux choisir un nom qui ne tienne à aucune fausse relation. D'ailleurs, le nom d’hétrurien réunit à l'avantage d’une signification indifférente celui d’une euphonie plus conforme aux principes de la nomenclature géo- logique actuelle. (2) Saggio comparativo de’ terreni che compongono il suolo d'Italia, $ UX, c. 172 NOUVELLES OBSERVATIONS (N.5, p. 10.) de Fucoïdes, ni au terrain tertiaire moyen, parce que la forme de ses montagnes presque alpines empêchait de le rapporter à une époque aussi récente. Cepen- dant , comme il se trouvait lié avec un terrain miocène à lignites , je jugeai plus à propos de le réunir à ce dernier. Mais à présent que je me rappelle sa compo- sition, sa forme, son gisement tout-à-fait semblable à ce qu'on observe dans le terrain arénacéo - marneux de la vallée supérieure du Tibre, je n'hésite pas à le rapporter au terrain hétrurien supérieur. J’indique aussi cette localité comme très intéressante, parce qu'elle fait voir une transition bien évidente du terrain subapennin au terrain tertiaire miocène, et de celui-ci au terrain hétrurien supérieur. D'après tout ce qui précède, on voit que la question sur l’âge géologique des terrains nummulitiques des Pyrénées et des Alpes vient d'être complétement éclairée. Les terrains de Biaritz, des Corbières, de Gassino, de Comabbio, du Vicentin , sont les étages supérieurs du terrain hétrurien. Ces gisements ont pré- senté des caractères en partie tertiaires, en partie crétacés. Les premiers ont été considérés d’une plus grande valeur , parce que dans les localités qu'on vient de citer manquent les relations avec le terrain inférieur ou avec le macigno, rela- tions qu'on voit très bien dans la vallée supérieure du Tibre. De là il est résulté que leur âge , immédiatement antérieur aux terrains tertaires, est resté masqué ; de là toutes les controverses auxquelles ces circonstances ont donné lieu. Mais les faits exposés dans ce Mémoire mettent en plein jour la question en montrant que les terrains dont on parle ne sont pas vraiment tertiaires , mais qu'ils doivent être rapportés au terrain hétrurien supérieur. Quant au terrain nummulitique du Vicentin en particulier, j'avais aussi pen- ché jusqu'ici à le considérer comme appartenant au terrain tertiaire inférieur, en me fondant avec la plupart des géologues sur la prédominance qu'on y observe de coquilles fossiles tertiaires (1). Mais maintenant je commence à accorder un plus grand poids aux autres caractères organiques qui semblert exclure l’idée d'un âge tertiaire. On sait très bien qu'avec les espèces de coquilles tertiaires on en à trouvé dans le Vicentin quelques unes qui sont rapportées généralement à la craie, telles que la Gryphœa columba. Mais, sans tenir compte de cette espèce isolée, si on prend en considération les autres fossiles qui se rencontrent dans le même terrain, c'est-à-dire les poissons et les plantes du mont Bolca, on trouve que leurs carac- tères n’annoncent pas une période tertiaire. M. Agassiz d'une part, et M. Gæp- pert de l’autre, se sont accordés d’une manière remarquable en cela, que l’un a placé les poissons fossiles du Bolca et l’autre les plantes de la même localité dans une. division spéciale intermédiaire entre la craie et les terrains tertiaires (2). Il (1) Saggio cit., S INT, d. (2) Agassiz, Tableau général des poissons fossiles rangés par terrains ; Goeppert, £xposé som- maire du nombre des espèces de plantes fossiles (Comptes-rendus de l’Acad. des scienc. de Paris, t. XX, n° 12). 5, p. {1 SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. . 173 paraît donc que les naturalistes que je viens de nommer ont admis tacilement, chacun de son côté, un terrain spécial dans la constitution physique du mont Bolca, et qui n’était ni tertiaire ni crétacé. Mes observations viennent confirmer d'une manière aussi précise que remarquable cette vue des deux grands natura- listes cités, en montrant par une autre voie que celte espèce d’incompatibihité à l'é- gard des idées communément recues de nos jours esl réelle. La faune et la floré spé- ciale qui caractérisent le mont Bolca sont propres au terrain hétrurien supérieur. Cet accord de la géologie et de la paléontologie hétruriennes, et l’arrivée par trois voies différentes à une même conséquence, sont la’ plus grande preuve que l’on puisse avoir de la vérité d'un fait dans notre science. C’est une chose bien connue que, lorsque M. Brongniart fit connaître les fossiles tertiaires de la montagne des Diablerets, les géologues hésitèrent à considérer comme tertiaire ce dépôt, et depuis on a continué à le maintenir dans la craie, malgré les espèces décidément tertiaires qu’on y trouve, c'est-à-dire qu'un certain nombre d'espèces récentes dans le terrain hétrurien supérieur ne doit être jugé un caractère et une plus grande valeur que les accidents géologiques et strati- graphiques, surtout si à ces accidents se joint la présence de quelques espèces douteuses et abondantes, comme, dans notre question, les Nummulites et d’autres espèces positivement crétacées, comme la Gryphœæa columba “ Vicentin, le Pla- grostoma spinosa de Biaritz, etc. (1). Nous avons vu que le terrain hétrurien supérieur selieen Italie, d'une part avee le terrain hétrurien inférieur, de l’autre avec le terrain tertiaire miocène, quoique plus intimement avec le premier qu'avec le second. Quels sont donc les caractères qui peuvent le faire distinguer de l’un et de l’autre? L'examen de cette question exige quelque détail. Le terrain hétrurien supérieur ordinairement ne diffère pas beaucoup de l'in- (4) Je viens de recevoir la deuxième édition de l’Aperçu de la structure géologique des Alpes. par M. Studer. Dans la série des terrains crétacés alpins, ce géologue distingué indique au-dessus du calcaire néocomien et du gaulé : 1° le calcaire de Sewen; 2° le calcaire à nummulites; 3° le flysch ou macigno alpin. fl assure que dans l’étage du calcaire de Sewen on a trouvé l’Ananchites ovata , si commune dans la craie blanche. Si donc le macigno alpin est supérieur an calcaire de Sewen, on a aussi dans les Alpes une preuve décisive que le terrain hétrurien est supérieur à la craie blanche, ce qui confirme l'indépendance du premier du terrain crétacé. Il reste maintenant à définir dans les Alpes les deux étages du terrain hétrurien. M. Studer place le calcaire à nummu- Lites des Diablerets, avec Cérithes, Ampullaires et autres fossiles tertiaires, au-dessous du macigno, avec Fucoides intricatus, æqualis, Targioni. La même place relative est assignée par M. Sismonda au calcaire nummulitique de Lauzanier, qui est tout-à-fait identique avec celui des Diablerets. Cepen- dant mes observations, consignées dans ce mémoire, me portent à placer le calcaire nummulitique avec fossiles tertiaires dans la partie supérieure du macigno , et à en former le terrain Aéfrurien su- périeur. Je désire que mes respectables amis, que je viens de nommer, éclaircissent cette impor- tante question , pour décider positivement si les calcaires nummulitiques, avec fossiles tertiaires , sont placés inférieurement ou supérieurement au vrai macigno. 174 NOUVELLES OBSERVATIONS (N.5, p. 12.) férieur, quant à sa composition minéralogique. J'ai dit dans quel embarras m’a- aient placé les roches de la vallée supérieure du Tibre, qui ressemblent entière- ment à celles du macigno. Cependant il y a toujours quelques nuances qu'il est impossible d’exprimer, mais qui ne se laissent pas moins saisir par un œil exercé ; cette nuance tient surtout au degré de solidité du macigno, qui est généralement moindre dans celui du terrain hétrurien supérieur; on la reconnaît aussi dans la qualité du calcaire, qui, dans le terrain hétrurien inférieur, a ce caractère particu- lier qui lui a fait donner le nom d’alberèse. Mais ces différences ne sont recon- naissables que dans les limites de certaines régions Dans des localités éloignées, elles ne présentent plus aucun caractère auquel on puisse se fier. On en doit dire autant des accidents stratigraphiques qui, généralement, se confondent avec ceux du terrain hétrurien inférieur; mais il est toujours vrai que la stratification du terrain hétrurien supérieur, par son allure, par son redressement et par sa con- stante direction, a une empreinte plutôt secondaire que tertiaire. C’est pour cela que le terrain de cette nature des Abruzzes a été pendant un certain temps confondu avec le quadersandstein, que celui des Corbières a été aussi considéré comme alpin ou jurassique (1). Mais les caractères principaux à l’aide desquels on peut distinguer le terrain hétrurien inférieur du supérieur sont les débris organiques. Les fossiles qui ca- ractérisent le macigno sont les Fucoïdes, surtout les F. Targioni, F. intricatus, qui manquent tout-à-fait dans le terrain hétrurien supérieur, lorsqu'il est séparé du terrain inférieur, comme dans les Abruzzes. Je dis ceci, parce que cette différence est peu appréciable lorsque les deux terrains sont en contact, comme dans la vailée supérieure du Tibre; on peut la reconnaître dans les parties extrêmes et opposées des deux étages; mais, dans les points où ils sont en connexion, la présence ou l'absence des Fucoïdes du macigno ne suffit pas pour distinguer les deux terrains. Quoi qu'il en soit, ces fossiles sont les plus constants et les plus caractéristiques du terrain hétrurien inférieur. Les fossiles qui caractérisent le mieux et le plus généralement le terrain hétru- rien supérieur sont les Nummulites mélées avec quelques espèces de coquilles tertiaires. Il est vrai que dans le macigno on trouve rarement des Nummulites, mais elles ne sont jamais accompagnées de coquilles tertiaires. Cette différence est jusqu'à ce moment essentielle pour distinguer les couches nummulitiques qui se rappor- tent au macigno de celles qui appartiennent au terrain hétrurien supérieur. Mal- heureusement les Nummulites sont Les espèces fossiles qui ont été le plus négligées par les paléontologues; la détermination de leurs espèces offre un champ tout-à- fait nouveau, et de cette détermination dépend la connaissance précise des terrains secondaires plus récents du midi de l’Europe. IL est possible que les espèces de Nummulites du terrain hétrurien inférieur diffèrent de celles du supérieur. En (4) Bull. de la soc. géol. de France, t. II, 2° sér., p. 45. (N- 5, p. 45.) SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 175 attendant que ce point de la science soit éclairci, nous pouvons établir en principe que les Vummulites mélées avec quelques fossiles tertiaires, et combinées avec des acci- dents géologiques et stratigraphiques secondaires, sont les caractères lesplus généraux et les plus distinctifs du terrain hétrurien supérieur. On ne prétend pas dire que la présence des Nummulites soit une condition indispensable pour la détermina- tion du terrain hétrurien supérieur, parce qu'elles peuvent manquer, et, en effet, elles manquent dans les Abruzzes: alors on peut reconnaître ce terrain par ses caractères minéralogiques, par sa liaison avec le terrain miocène ou avec le ma- cigno, etc. Mais, en général, les Nummulites, accompagnées des circonstances énoncées, sont le meilleur moyen d’épreuve pour reconnaître le terrain hétrurien supérieur. Dans quelques localités on peut retrouver en association avec les Num- mulites d’autres espèces organiques particulières ; de ce nombre seraient les cé- lèbres poissons fossiles du Bolca et les empreintes des végétaux qui les accom- pagnent. Ces restes organiques , quoique appartenant au terrain hétrurien supé- rieur, ne doivent pas être considérés comme caractéristiques , parce qu'ils sont limités seulement à des régions particulières. Voyons maintenant les traits caractéristiques du terrain tertiaire moyen, et qui le distinguent du terrain hétrurien supérieur. Cette distinction est nécessaire pour ce que nous allons dire tout-à-l'heure. Ces caractères peuvent se réduire aux trois suivants : 1° Les couches qui prédominent en Italie dans les terrains miocènes sont des marnes compactes d'une couleur grisâtre et stratifiées. Lorsque ces roches se dé- litent à l'air, elles donnent au terrain une physionomie presque subapennine. Avec les marnes il y a souvent des poudingues ou gompholites d'une nature va- riable selon les localités. En Toscane, par exemple, ces gompholites sont ophio- litiques; en Calabre, elles sont granitiques, etc. Il ÿ à enfin des couches d’un calcaire compacte argileux, avec coquilles ou empreintes de végétaux; mais ces couches sont plus rares, etelles doivent être considérées comme accidentelles par rapport aux autres qu on vient de nommer. 2° Le terrain miocène renferme presque toujours des couches de lignite schis- teux intercalées dans les marnes. Le nombre, l'épaisseur et la nature de ces cou- ches varient selon les localités. C'est dans ce terrain qu’on trouve en Italie les principaux dépôts de combustibles fossiles qui sont exploités ou qui peuvent l'être. Par rapport à la qualité de ces combustibies, on doit remarquer que généralement ils ont tous les caractères des lignites. Mais quelquefois, par des circonstances particulières, ils ont pu être transformés en vraie houille collante, semblable à celle que l’on trouve dans les terrains houillers : telle est la houille de Monte Bamboli en Toscane, dont on a tant parlé en Italie dans ces dernières années. Comme le sol de la Maremme toscane a été travaillé à des époques récentes par de puissantes actions plutoniques, dont on voit les restes dans les fameux lagon du Volterran, il est facile de concevoir que ces actions ont dù contribuer 176 NOUVELLES OBSERVATIONS (N:5, p.14.) à changer en houille les amas végétaux ensevelis dans le terrain miocène (1). 3 Les fossiles plus généraux qui caractérisent le terrain miocène sont les em- preintes de végétaux. Le plus grand nombre sont des feuilles de plantes dicotylé- dones, comme de chênes, hêtres, saules, etc. (2); avec ces empreintes on en trouve d’autres plus rares, mais non moins caractéristiques, de palmiers qui se rappor- tent au genre Flabellaria ; il n’est pas rare de voir ces débris de plantes terrestres mélés avec des Fucoïdes et avec d’autres plantes marines. Les empreintes végé- tales sont aussi accompagnées par des fossiles animaux, surtout par des coquilles d'eau douce et marines, et par des débris de mammifères. Lorsque l'on Compare ces caractères avec ceux du terrain hétrurien supérieur, il est très facile de voir leurs différences. Cependant, comme ces deux terrains sont quelquefois intimement liés ensemble, il arrive ordinairement qu’on les confond ; et, en effet, ils ont été jusqu'ici méconnus en Italie. Cette confusion, outre qu'elle n'est pas exacte dans la science, peut être aussi la source de méprises très pré- judiciables à l’industrie. La raison en est facile : lorsqu'on va à la recherche des couches de charbon renfermées dans le terrain miocène, on peut pousser le son- dage jusqu’à ce qu’on soit dans les vraies couches de ce terrain ; maïs si on passe au terrain hétrurien supérieur, on doit s'arrêter, parce qu'il n’y a plus d'espoir de trouver du charbon, et toute recherche faite dans une telle vue serait tout-à- fait inutile. Les distinctions que l'on vient de faire donnent lieu à une autre question. Si le terrain hétrurien supérieur n’est pas le terrain tertiaire éocène, comme on a pensé mal à propos jusqu'ici, et s’il se lie en Italie avec le terrain nommé com- munément {erhiaire moyen ou miocène, dans quelle série faut-il envisager le terrain tertiaire inférieur ou éocène? La réponse à cette demande est un peu embarrassante. En me bornant toujours au sol de l'Italie, je trouve que dans celui-ci on ne peut distinguer que deux sé- ries générales de terrains tertiaires: un supérieur, connu généralement sous le nom de terrain subapennin, l’autre inférieur, nommé moyen ou miocène. Je ne con- (1) Une analyse de la houille de Monte Bamboli, faite par MM. Piria et Matteucci, a donné les produits suivants : Charbons rl Ce CORNE SE PTE 70,11 Hydrogène: fil 22, NS SLR RE 5,95 AZOLONS LR ANA CUSTOM MOULE MIN TS RENE 2,68 Oxygène, EE SN OEM ONE ERA MR ONE AR RE 11,44 BYETÉSR AMEN LE CETTE ARRET NERO ER PP ROUE A5 Soufre non à l’état de pyrite. 0. 2,3h Matières terreuses. . . . s RÉMENNE 5,71 ( Miscellanæ di chimica, fisica e storia naturale, ann. 1, n° 4 et 2.) (2) Peut-être que parmi ces végétaux on peut distinguer aussi le phyllites cinnamomeïifolia, si commun dans les terrains miocènes de la Provence. CN-5,p. 15.) SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN 177 nais dans ce moment aucun terrain de notre pays auquel puisse s'appliquer la distinction de tertiaire inférieur ou éocène. Il est vrai que presque tous les géologues ont rapporté à ce terrain celui du Vicentin; mais M. Élie de Beaumont s'est juste- ment et depuis longtemps opposé à cette détermination, en montrant que j’en- semble de ces caractères géologiques devait le faire appartenir au terrain crétacé. Les observations qui sont consignées dans ce Mémoire viennent justifier pleine- ment cette manière de voir du célèbre géologue, si ce n’est qu'il faut la modifier un peu en rapportant le terrain en question à l'étage supérieur du nouveau sys- tème auquel j'ai donné le nom d’hétrurien. I semble donc qu'en Italie il n’y a pas un terrain tertiaire éocène, et, à ce que je puis juger, il n’y en aura pas non plus dans toute la zone méridionale de l'Europe à laquelle mes recherches peuvent s'étendre. Peut-être aussi que, lorsqu'on fera une comparaison plus exacte entre les terrains tertiaires. du N. de l'Europe et ceux du midi, on aura occasion d'é- tendre aux premiers les conclusions qui se rapportent aux seconds. Il ny aura probablement que deux grandes séries générales de terrains tertiaires, l’une supérieure marine, l’autre inférieure mixte, c’est-à-dire marine et d'eau douce. Plusieurs géologues, parmi lesquels se trouve M. Boué, ont soutenu la même opinion. Mais je dois borner ici ces considérations, que je soumets avec réserve et en passant, au jugement des grands géologues du N. de l'Europe. Si les faits que je viens d'exposer dans ce Mémoire ont le bonheur d'être véri- fiés par d’autres observateurs , il en résultera non seulement qu'il faut distinguer un nouveau terrain intermédiaire entre la craie et les terrains tertiaires, mais aussi qu'il est nécessaire de modifier une idée presque généralement reçue en géologie. La conséquence dernière à laquelle je fais allusion est si naturelle, qu'elle peut être déjà prévue sans que je m'arrête à l'indiquer. Le plus grand nombre des géologues sont d'opinion qu'entre la craie et les terrains tertiaires il ÿ à une grande interruption, un hiatus très frappant, qui sépare les dernières couches secondaires des plus anciennes tertiaires. Cet hiatus est aussi considéré comme le plus tranché et le plus général qu'on observe dans la série des terrains stratifiés. Néanmoins on a parlé de temps en temps de quelques exceptions à cette loi généralement reçue ; on a assuré que dans quelques endroits on voyaitune liai- son intime entre les couches crétacéeset les couches tertiaires Ces assertionsn'ont jamais été appréciées ; au contraire, en s’attachant à démontrer leur insuffisance, plusieurs géologues ont cru y voir une nouvelle confirmation de la règle établie. Cependant l'opinion qui tendait à modifier cette règle devait s'appuyer sur quel- ques faits, ou du moins sur quelques apparences observées ; il importe aussi de remarquer que le plus grand nombre de faits qu'on citait en faveur de cette opi- nion étaient pris dans le midi de l'Europe, c'est-à-dire dans les Pyrénées, dans les Alpes et dans l’Apennin. Les géologues du nord de l'Europe, qui, depuis le commencement de ce siècle, ont exercé une influence marquée sur la science, ont pensé devoir généraliser le fait de la séparation de la craie des terrains ter- SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n°3: 23 178 NOUVELLES OBSER VATIONS PEN) tiaires, parce que c'est ainsi qu'on observe à Paris, à Londres, etc. Mais il est très possible que ce qu’on croyait un phénomène général soit un accident relatif seulement à certaines régions. Il semble que la grande interruption dont on parle n'ait pas toujours été vérifiée dans les régions méridionales de l'Europe. Il est inutile de rappeler ici les grandes questions sur les dépôts de Gosau, du Kres- semberg, de Biaritz, de Gap, du midi de la Sicile, etc. , questions qui se lient intimement à celle des terrains nummulitiques des Alpes et des Pyrénées. IL me suffit de remarquer que les paléontologues les plus attachés à leurs principes commencent déjà un peu à céder, en déclarant que, parmi les fossiles tertiaires que renferment les calcaires nummulitiques du midi de l’Europe, on trouve quelques espèces décidément crétacées (1). On doit être bien content de cet aveu de leur part, puisqu'il annonce déjà une concession aux principes établis par eux- mêmes. Qu'on ajoute à cette circonstance d’un mélange de fossiles tertiaires et crétacés tout le poids des caractères géologiques ou de superposition , et il ne sera pas difficile de voir de quel côté va pencher la balance dans la question qui nous occupe. Ce que je puis affirmer avec la plus grande certitude, c’est que dans la localité que j'ai tout récemment examinée,il ne m'a pas été possible de voir une ligne distincte de séparation entre les couches qui renferment les calcaires à Nummulites et à fossiles tertiaires, etcelles qui contiennent les Fucoides intricatus, Targioni, etc., si ce n’est que les unes forment la partie supérieure, et les secondes l’inférieure d'un grand système de couches continues. Ce fait, et les autres du même genre qui étaient déjà connus, semblent établir que parmi les terrains secondaires et tertiaires il n'y a pas toujours cette grande interruption sur laquelle on a tant insisté jusqu'à nos jours ; en jugeant aussi à priori, cette interruption générale serait une vraie anomalie dans la structure physique du globe , parce que partout où on voit des hiatus dans la série des terrains stratifiés, ils sont bornés seule- ment à certaines portions de la surface terrestre; il n'y en a aucun qui soit général, du moins dans toute la surface de l'Europe, si ce n’est celui qu'on pré- tend exister entre la craie et les terrains tertiaires. Mais, après tout ce qu'on vient de dire, on peut se douter, je dirai même on peut se persuader que la grande ligne de séparation dont nous parlons est bornée seulement au nord de l'Europe. Elle peut être considérée comme tout-à-fait accidentelle à cette partie de notre continent ; elle a pu être produite ou par la suppression du dépôt hétrurien entre la formation de la craie et celle des terrains tertiaires, ou bien parce que ce dépôt s’y montre avorté. Il est possible que dans ce dernier cas se trouve le terrain paso- litique des environs de Paris , que M. Élie de Beaumont se refuse à admettre parmi les terrains tertiaires, maloré la présence des fossiles appartenant à ces terrains ; peut-être doit-il être considéré comme équivalent du terrain hétrurien supérieur, avec celte circonstance qu'il est peu développé. Ainsi, nous sommes autorisé à (4) Bull. de la Soc. géol., 2° série, t. 1, DAS CN: 5. p.17.) SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 179 croire qu'entre les terrains tertiaires et secondaires il arrive la même chose qu'entre ceux-ci et les primaires, c'est-à-dire que dans les limites supérieures des uns et des autres il y a des lignes de démarcation ; mais celles-ci sont placées à des niveaux variables selon les localités différentes, ou bien elles manquent tout-à-fait. Ainsi , pour ce qui regarde les terrains primaires , on observe dans le nord de l'Angleterre une discordance entre les roches dévoniennes et les silu- riennes : cette interruption paraît dans le sud du même pays entre les dépôts “houillers et les couches du nouveau grès rouge ; au contraire, en Thuringe et en Russie , il y a une succession régulière de couches depuis celles dévoniennes jus-- qu'à celles du grès rouge. De même, par rapport aux terrains secondaires, on re- marque à Paris et à Londres une grande ligne de démarcation entre la craie et le terrain tertiaire éocène. À Biaritz et dans la partie occidentale des Pyrénées, on voit cette séparation entre les couches nummulitiques avec fossiles tertiaires et . Les couches éocènes, de manière qu'il y a une plus grande discordance entre ces deux séries qu'entre les premières et les couches crétacées (1). Dans la vallée supérieure du Tibre on voit un système continu de couches depuis le macigno jus- qu’au terrain miocène. Si pour démêler ces différences on a recours exclusivement aux fossiles, il est facile de montrer qu'ils ne peuvent nous apporter de secours que jusqu’à un certain point, puisqu'ils ne suffisent même pas à déterminer avec exac- titude la discordance entre la craie et les terrains tertiaires qu'on croit la plus frap- pante. Il faut donc examiner avec critique ces variations dans les séries des ter- rains , en s’aidant des caractères de gisement aussi bien que de ceux des fossiles. Pour conclure, et malgré tout ce qu’on a affirmé récemment de contraire, nous demeurons convaincu que dans les dépôts successifs des terrains stratifiés il n’est jamais arrivé une grande et générale interruption dans toute la surface de la terre qui ait suspendu partout l'ordre de choses précédent pour donner lieu, après un grand laps de temps, à un autre ordre de choses différent. Il y a eu seu- lement des interruptions partielles, variables et bornées à certaines étendues du sol où les actions qui ont produit ces changements se sont propagées. Cette con- clusion est confirmée chaque jour par l'expérience On peut dire même que sous ce rapport la pratique se trouve en parfait accord avec la théorie. En effet, Le cé- lèbre auteur des Recherches sur les soulèvements des montagnes a démontré depuis longtemps que les lignes de démarcation et de discordance qu'on observe dans les séries des terrains sont les conséquences naturelles des mouvements du sol qui ont été produits par les ridements successifs de [a surface terrestre, mouvements qui ont interrompu la formation des couches précédentes, en même temps qu'ils ont privé de vie les organismes qui préexistaient ; en sorte que ces deux ordres de phénomènes ont subi un grand changement lors de leur retour en action. Or, tous les faits nous démontrent que les fractures du sol qui ont donné naissance aux (4) Bull. de la Soc. géol., 2° série, t. II, p. 271. 150 , NOUVELLES OBSERVATIONS GET, rides montueuses ont été bornées dans certaines limites de la surface terrestre ; en conséquence, les effets qu’elles ont produits sur la formation successive des cou- ches ont dû s'étendre aussi à une portion circonscrite du sol où le mouvement a fait ressentir son action. Ainsi il a dü arriver que, pendant qu'une révolution de cette nature changeait l’état des choses dans une certaine étendue de la surface ter- restre, dans une autre portion, où le mouvement ne s’étendit pas, les choses con- tinuèrent à se succéder dans la même forme que précédemment ou avec quelques faibles variations. Tout donc nous conduit à penser que dans l'édifice du globe il n’y a aucune ligne générale de démarcation; au contraire, l'observation nous démontre que les discontinuités des couches terrestres sont placées à des niveaux variables par l'effet des époques différentes dans lesquelles arrivèrent les convulsions du sol et par l'étendue circonserite de leurs actions. En conséquence, le grand hiatus qu'on prétend exister entre les terrains secondaires et tertiaires ne peut pas se soutenir en théorie; il n’est non plus confirmé par l'observation ; il doit rentrer dans le cas de toutes les autres interruptions qu’on observe dans la structure de l'écorce terrestre. Je ne peux pas achever ce Mémoire sans rendre justice aux savants géologues qui, avec leurs observations, ont préparé les matériaux pour la distinction du ter- rain hétrurien. Je dois nommer en première ligne MM. Élie de Beaumont et Dufré- noy. On sait que le premier à toujours protesté contre toute opinion qui tendait à assimiler aux terrains tertiaires les gisements nummulitiques de Biaritz, des Cor- bières, des Diablerets, du Kressemberg, du Vicentin, etc. (1). [la donné une preuve de sa sagacité ordinaire en apercevant une différence dans des terrains que tous les caractères principaux paraissaient qualifier comme tertiaires. M. Dufrénoy a contribué beaucoup à appuyer la même opinion, en faisant ressortir les caractères secondaires des terrains nummulitiques des Pyrénées, malgré la présence d'un grand nombre de fossiles tertiaires (2). Son exemple a été suivi avec beaucoup de succès par M. Leymerie, qui a continué à illustrer les mêmes terrains, en rappe- lant l'attention des géologues sur leurs caractères, qui indiquent un âge plus an- cien que tertiaire (3). Nous avons déjà vu que MM. Agassiz et Goeppert sont par- venus par leurs travaux à placer la faune et la flore du Vicentin dans une série in - termédiaire entre la craie etles terrains tertiaires. Ces idées ne sont pas restées sans faveur en Italie. MM. de Collegno et Sismonda ont insisté beaucoup pour faire rap- porter aux terrains crétacés les roches nummulitiques de Gassino, de Comabbio, du Vicentin, qui ont été considérées généralement comme tertiaires. C’est une chose bien remarquable que la dispute qui s’est élevée dans ces derniers temps parmi les (1) Voyez sa note dans le Précis élémentaire de géologie, par M. d'Omalius d’Halloy, art, Zerrain tritonien. (2) Mémoire sur les caractères particuliers que présente Le terrain de craie dans le sud de la France, $ 13, 26, 27. (3) Bull. de la Soc. géol., 2° série, t. IT, p. 11. (N:5, p. 19) _ SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 181 séologues pour la classification des terrains ci-nommés; ceux qui tiennent: aux anciennes idées sont restés fermes dans le champ de la discussion, pour ne pas dé- roger aux principes qu'on croit bien établis dans la science. Mais la géologie n’est pas stationnaire; parmi les sciences naturelles, c’est celle qui fait le plus de pro- grès, et elle en a bien le droit, parce qu'elle est la plus jeune de toutes. Dans cette importante discussion, je dois avouer que je penchais pour l'opinion générale, qui rapportait aux terrains tertiaires les roches nummulitiques des Pyrénées et des Alpes. Lorsque je m'occupai de la détermination de l’âge du macigno, et que je fis ressortir son indépendance du terrain crétacé, j'envisageai la question seulement par rapport à ce terrain; je ne songeai pas à y lier aussi les séries nummulitiques dont l’âge donnait lieu à tant de controverses. Aïnsi ce ne fut pas sans quelque surprise que je vis émettre par M. Élie de Beaumont l'opinion que mon terrain hé- trurien pouvait être un système parallèle des terrains nummulitiques en question. Je trouvais bien quelque analogie entre les deux séries, mais je ne pouvais pas me décider à voir entre elles une parfaite analogie. L’excursion que je viens de faire dans la vallée du Tibre m'a fourni l’heureuse occasion d'éclairer tous ces doutes en me montrant d’une manière incontestable que les terrains nummuliti- ques de l’Apennin, avec apparences tertiaires, forment un étage supérieur du terrain hétrurien. Ainsi ce terrain a reçu une sanction nouvelle, et, je crois, bien solide. Je ne croyais pas le confirmer par cette voie inattendue. Les notices que j'ai fournies jusqu'ici sur le terrain hétrurien et sur ses divi- sions suffisent pour donner une idée générale de ses caractères et de la place qu'il doit occuper dans la série des terrains stratifiés. Mais il est nécessaire de donner de plus amples développements sur le même sujet, ce que je me propose de faire après avoir recueilli un: plus grand nombre de faits par rapport à. ce terrain. CONCLUSIONS. Les matières qui font le sujet de ce Mémoire peuvent être résumées de la manière suivante : 1° La distinction du terrain héfrurien, ou de l'indépendance du macigno en Italie, a donné l’occasion d’y rattacher les terrains nummulitiques des Pyrénées et des Alpes qui présentent les caractères crétacés et tertiaires. 2° Cette opinion a été confirmée, d’une manière aussi précise qu'évidente, dans les montagnes de la vallée supérieure du Tibre. 3° On observe dans ces montagnes de haut en bas: 1° un conglomérat; 2° une formation miocène à lignites ; 3° une formation arénacéo-marneuse , avec couches nummulitiques, qui renferment des fossiles tertiaires ; 4° le macigno à Fucoïdes. 4° Le conglomérat tient au terrain miocène. Celui-ci, distingué par les cou- ches de lignite et par ses fossiles végétaux, passe inférieurement au terrain aré- nacéo-marneux. 132 NOUVELLES OBSERVATIONS (Sn 5° Le terrain arénacéo-marneux renferme les couches nummulitiques , avec fossiles tertiaires, près de son contact avec le terrain miocène; mais en s’éloi- onant de celui-ci, il offre tout-à-fait la composition minéralogique du macigno aussi bien qu'une stratification analogue à celle de ce terrain; il renferme des couches nombreuses et suivies de silex ; enfin, il se nuance insensiblement avec le macigno caractérisé par ses Fucoïdes. 6° Le terrain arénacéo-marneux se lie, d’un côté, avec le terrain miocène, de l’autre avec le macigno; mais par ses caractères il se montre lié plus intime- ment avec ce dernier qu'avec l’autre. 7° Le terrain susdit forme la partie supérieure du macigno. Comme on a dis- tingué ce dernier terrain de la craie à laquelle il est supérieur , et comme on lui a donné le nom spécial de terrain hétrurien , il faut diviser celui-ci en deux étages, l'un inférieur , l'autre supérieur. Ainsi considéré, le terrain hétrurien est un vé- ritable intermédiaire entre la craie et les terrains tertiaires. 8° Les deux étages du terrain hétrurien peuvent exister indépendants l’un de l'autre ou bien être réunis ensemble : ce dernier cas est plus rare. Lorsque l'étage supérieur est séparé de l'inférieur , il se trouve ordinairement lié au terrain miocène : pour cela, il a été confondu en Italie avec ce dernier. 9° Les terrains nummulitiques, jusqu'ici si vivement contestés, de Biaritz, de la montagne Noire dans les Pyrénées , de Lauzanier dans les Alpes , de Gassino , de Comabbia, du Vicentin dans Fltalie supérieure, doivent être rapportés au terrain hétrurien supérieur. 10° Le terrain hétrurien supérieur est caractérisé surtout par ses Fucoïdes et par des Nummulites. 11° Leterrain hétrurien supérieur est principalement caractérisé par les Nummu- lites mêlées avec quelques espèces de coquilles tertiaires, et par sa position supé- rieurement au macigno, inférieurement aux terrains tertiaires plus anciens. A l’aide de ces caractères , il est facile de distinguer les deux étages du terrain hétrurien. 12° Le terrain miocène se distingue facilement de l'hétrurien supérieur par sa composition minéralogique, et surtout par les couches de lignites qu'il renferme, et par les empreintes de végétaux dicotylédons et de palmiers mêlées à des plantes et à des animaux marins. 13° Lorsque le terrain miocène se trouve lié au terrain hétrurien supérieur, il est nécessaire de ne le pas confondre avec celui-ci; cette méprise peut occa- sionner des conséquences industrielles fâcheuses sous le rapport de l'exploitation du charbon : cette substance se trouve dans la première formation, et manque tout-àa-fait dans la seconde. 14° En Italie, et peut-être dans tout le midi de l'Europe, il n'y a que deux terrains tertiaires, l’un supérieur ou subapennin , l’autre inférieur ou miocène : il n’y à pas dans cette région un vrai terrain éocène. Ce qu’on a pris pour ce terrain dans le Vicentin appartient au terrain hétrurien supérieur. CN: 5, p.21.) SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 183 15° Le grand hiatus qu'on croit exister entre les terrains secondaires et les tertiaires n’est pas constant ni général ; il s’observe dans le nord de l'Europe, où probablement il a été produit par l'absence ou par l’avortement du terrain hétru- rien. Mais dans le midi , l'intervalle entre la craie et les terrains tertiaires a été en plusieurs endroits rempli par le terrain hétrurieu. Ainsi, ce terrain établit une vraie liaison entre les terrains tertiaires et les secondaires, liaison semblable à celle qu'il y a entre ces derniers et les terrains primaires. EXPLICATION DE LA PLANCHE IV. FIG. 4. Coupe indiquant les rapports qui existent entre les Ophiolites et le Macigno, près de l’é- glise (Pieve) S. Stephano. a) Ophiolite et Granitone. b) Calcaire et Macigno (alberèse ). c) Alberèse avec fragments ophiolitiques. d) Sable ophiolitique alternant avec l’alberèse. e) Marne du Macigno. FIG. 2. Carte géologique de la vallée supérieure du Tibre. Fic. 3. Coupe géologique des montagnes comprises entre Monterchi et la vallée du Tibre. a) Conglomérat composé en grande partie de cailloux roulés du Macigno e. b) Molasse très friable, ou Sable peu cohérent. ‘ c) Marne cendrée durcissant à l’air. d) Lignite schisteux. FIG. 4. Coupe de la colline de Trevira. a) Calcaire marneux passant au calcaire nummulitique avec fossiles tertiaires. b) Calcaire marneux.en partie semblable à l’alberèse. c) Strate de silex brun subordonné au calcaire marneux. FIG. 5. Coupe du petit mont au levant de Trevina. a) Calcaire nummulitique avec fossiles tertiaires. b) Calcaire marneux jaunâtre, semblable à certains alberèses marneux. c) Marne durcissant à l’air, semblable en tout aux marnes du Macigno. Positions relatives théoriques du terrain hétrurien et du terrain crétacé en Italie. FIG. 6. Positions relatives théoriques du terrain hétrurien et du terrain crétacé en Italie. a) Alberèse. b) Macigno. c) Craie supérieure (Craie blanche). d) Glauconie et calcaire nummulitique (Grès vert supérieur ). e) Calcaire néocomien (Grès vert inférieur ). FIG. 7. Polythalame trouvé par Targioni dans la Petra forte de Florence, réduite à 4/2 de la grandeur naturelle. a es mn (ut MER WIR EX Ti st É Jet AE te Rd nu bus sai DNA de DL UT di a déni ls dbruL ana | +440 re HU rom VAS Ï IT bis. SUR LA GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE BAYONNE, PAR M. SAMUEL PEACE PRATTI. (Extrait des Proceedings of the geological Society of London, vol. IV, p. 157, no 94; — 1845.) Après avoir rappelé les descriptions géologiques qui ont été données des envi- rons de Bayonne par MM. Dufrénoy, le vicomte d’Archiac et M. de Collegno, l'auteur présente le résultat de ses propres observations sur cette localité en 1842. Situé à la jonction de l’Adour et de la Nive, et à environ 6 kilomètres 1/2 de la côte, Bayonne est presque entouré de collines basses, formées de cailloux et de gravier. Celles qui sont au nord de l’Adour paraissent être le prolongement des bancs de poudingue et de gravier qui forment une arête qui s'étend de Tarbes à Pau, à peu près dans la direction E.-0. Les graviers et les alluvions du S. ont des caractères minéralogiques différents, et forment une couche mince qui recouvre des bancs de sable, d'argile et de calcaire impur, qui s'élèvent au S.-0. vers la côte. Le calcaire sableux, composé presque entièrement de Lenticulites complanatus et de Nummulites biaritzana (N. elegans? ), avec quel- ques fragments de coquilles et surtout de peignes, forme, sur une faible éten- due , la rive droite de la Nive, en se relevant sous un angle de 20 à 30°. Cette berge est recouverte de sables et de marnes diversement colorées, ressemblant au plastic clay. Le banc de graviers est d’une épaisseur très variable, sans silex, et particulièrement composé des masses de grès arrondies et irrégulières, res- semblant beaucoup au grès de Bagshote; dans cette direction le pays à été vio- lemment disloqué. À 6 kilomètres 1/2 environ au S.-0. de Bayonne est le village de Biaritz. près duquel on voit une coupe très nette de la côte. Les couches de sable et d'argile s’amincissent beaucoup avant d'atteindre les falaises qui s'élèvent de dessous les dunes, à 2 kilomètres 1/2 environ au N.-E. du village, et où leur hauteur varie de 6 à 24 mètres. Dans une petite anse connue sous le nom de SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° 3 bis. 24 186 SUR LA GÉOLOGIE (N. 5 bis, p.2) Chambre d'Amour, les couches , mises bien à découvert. sont composées de calcaires argiléo-sableux , dont l'épaisseur varie de quelques centimètres jus- qu'à un mètre de puissance, et dont les divers bancs contiennent tous des fossiles en plus ou moins grand nombre. Plusieurs failles se voient entre le premier affleurement des couches et le village, et leur effet a été de ramener à diverses reprises les couches supérieures au niveau de la plage. Les débris organiques varient beaucoup dans les bancs successifs; toutefois les Lenticulites et les Num- mulites y sont dominantes et caractérisent l’ensemble. Les coraux y sont nom- breux, mais les coquilles s’y trouvent plus rarement. C’est dans les couches dérangées de Biaritz qu'on a trouvé les nombreuses espèces d'Échinodermes. Parmi les fossiles de la Chambre d'Amour, on trouve , outre les foraminifères et Les coraux que l’on vient de mentionner, les coquilles suivantes : Pholadomya margaritacea , Venus transversa, Pinna margaritacea, Spondylus radula, Gryphœa vesicularis ? Pecten arcuatus , P. tripartitus , Solen strigulatus , Teredo articulata , Turritella carinifera, Pyrula nexilis, Triton apenninum, Ditrupa subulata, et quel- ques Serpules. Après ces couches bouleversées, on trouve des assises calcaires plus ou moins argileuses ou arénacées, alternant avec des argiles ou des marnes bleues. Elles s'élèvent régulièrement sous un angle de 60 ou 70°, et se continuent l’espace de près de 2 kilomètres, en formant un escarpement de 36 mètres d'élévation. La couche la plus superficielle est principalement composée de Nummulites et de Lenticulites ; les bancs arénacés renferment des coraux nombreux et bien conser- vés , dont les espèces n’ont pas encore été bien déterminées, quoique M. d'Ar- chiac (1) les rapporte à des formes crétacées. Dans les couches inférieures, les formes tertiaires les mieux caractérisées sont mêlées avec des espèces regardées jusqu'ici comme crétacées, tels sont : Serpula ampullacea et S. rotula. Parmi les Mollusques, on trouve : Spondylus rarispina , Ostrea spathulata, Dentalium grande , Turritella cannifera, Scalaria semi-costata, S. acuta, Cerithium turritellatum et C. cinctum , avec des espèces indéterminées de plusieurs genres. Les falaises cessent l'espace de 400 mètres, par suite d'une faille; puis les couches s'élèvent, sous un angle assez faible, dans la même direction. Mais leurs caractères minéralogiques sont différents , en ce qu’elles consistent en un cal- caire marneux peu coloré, abondant en fossiles très distincts de ceux des cou- ches précédentes, à l'exception des polypiers. L'injection de roches ignées a changé par place ce calcaire en marbre dur , cristallin, ou en dolomie. C’est dans cette partie de la série que l’on trouve la Terebratula bisinuatu et striatula. Une autre faille abaisse ces couches au-dessous du rivage, et, à une distance de quel- ques centaines de mètres, on voit leur succéder une série de couches crétacées . (4) Voyez l'opinion émise depuis par M. d’Archiac (Bull. de La Soc. géol., t. XIV, p. 488: — 1843), et le Mémoire suivant. (Note du traducteur.) CN. 5 bis, p. 5.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 187 ressemblant à la craie marneuse (chalk marl), et dont la direction et l'inclinaison sont difficiles à déterminer à cause des bouleversements qu'elles ont subis; tou- tefois elles paraissent être les mêmes que celles des couches précédentes. Les falaises formées par les couches crayeuses s'élèvent à la hauteur de 15 à 45 mè- tres. On y trouve trois ou quatre espèces de Nautiles ou d’Ammonites, quelques bivalves, surtout l’Inoceramus Cuvieri; mais il n’y a aucun fossile qui soit com- mun aux bancs qui sont séparés par la dernière faille dont il vient d'être question. Les couches qui recouvrent ces strates incontestablement crétacés ont été rapportées, par les géologues français que cite M. Pratt, à la partie supérieure de la même formation, à cause de la superposition de leur direction et leurs fossiles, qu'ils considèrent comme identiques avec ceux de la craie. Mais une étude plus détaillée de ces derniers fait voir que ceux qui peuvent être identifiés avec des espèces connues ont particulièrement des formes tertiaires , tandis que ceux qui semblent être crétacés appartiennent à des genres et à des espèces dont les ca- ractères sont variables et peu précis. Les Échinodermes déterminés par M. Gra- teloup ne s'accordent pas avec cette conclusion, si l’on en excepte un seul, qui est une espèce tertiaire. Le changement dans le caractère minéralogique de la roche rend bien compte de celui des espèces, depuis la première jusqu’à la der- nière couche. Certaines espèces sont communes à toutes les couches qui pré- cèdent la seconde faille ; toute la série est probablement recouverte par le Plastic clay, dont elle se rapproche par ses caractères minéralogiques. A Dax et à Razan, M. Pratt a vu des dépôts analogues dans la même position. En résumé, l’auteur conclut que les caractères de ces dépôts sont tertiaires, et qu'ils doivent probablement être regardés comme plus anciens dans la série qu'aucun des dépôts éocènes jusqu’à présent décrits , à l'exception des couches des Diablerets et de quelques autres localités qui s’y rattachent par leurs carac- tères paléontologiques. La série de Biaritz à été probablement élevée à une époque postérieure au soulèvement de la craie, et les causes perturbatrices ont agi en même temps sur les couches crayeuses. his tab CUUOL À IV. DESCRIPTION DES FOSSILES RECUEILLIS PAR M. THORENT, DANS LES COUCHES À NUMMULINES DES ENVIRONS DE BAYONAE , PAR M. LE VICOMTE D'ARCHIAC. INTRODUCTION. M. Thorent a publié, dans le volume précédent des Mémoires de la Société, un travail fort intéressant sur la constitution géologique des environs de Bayonne, et en particulier sur les couches à Nummulines de la côte de Biaritz (1). IL eût été sans doute à désirer que notre Confrère eût pu compléter lui-même son Mémoire par la description des nombreux fossiles qu'il avait recueillis, car personne n’était plus capable de nous les faire connaître ; mais ses fonctions le retenant loin de Paris et des moyens de comparaison toujours nécessaires en pareil cas, il voulut bien nous confier l'exécution de cette partie essentielle de ses recherches en mettant à notre disposition tous les matériaux qu'il avait rassemblés. Nous nous sommes efforcé de justifier ce témoignage de confiance, tout en laissant à M. Thorent le mérite d’avoir découvert des choses pleines d’intérêt pour la science, et.ne nous réservant que la responsabilité des déterminations et des descriptions , ainsi que les erreurs qui ont pu se glisser dans notre travail , et qu’il aurait probablement évitées. Les résultats auxquels un examen consciencieux des: faits a conduit M. Thorent nous semblent trop précis pour pouvoir être révoqués en doute , lors même que la comparaison des fossiles ne les confirmerait pas entièrement ; mais ici, comme dans la plupart des cas, les observations géologiques sont d'accord avec les dé- ductions tirées de l'étude des débris organiques. Nous avons reconnu parmi ces derniers , en y comprenant ceux de la même localité et provenant également des couches à Nummulines, que M. Alcide d'Orbigny a eu l’obligeance de nous com- muniquer, 106 espèces réparties dans 56 genres , depuis la classe des polypiers (1) Mémoire sur la constitution géologique des environs de Bayonne (Mém, de la soc. géol., 2° série, t. I, p. 181; 1846). SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° 4. 190 DESCRIPTION DES FOSSILES EN. 4, p. 2.) jusqu'à celle des crustacés. Sur ce nombre, 17 espèces n’ont pu être qu'imparfaite- ment déterminées à cause du mauvais état des échantillons ; cependant nous avons pu nous assurer que plusieurs d’entre elles n'avaient pas encore été décrites : aussi les avons-nous comprises dans le chiffre 57 , qui représente le nombre total des espèces nouvelles ou non figurées. Dans cette faune de l'époque nummulitique aux environs de Bayonne , et plus particulièrement des côtes de Biaritz, dominent surtout les polypiers dont nous signalons 24 espèces , puis les foraminifères du genre Nummuline. Les radiaires échinodermes y sont représentés par 15 espèces ; les annélides, par 7 espèces de de Serpules ; les conchifères monomyaires et dimyaires, par 32 espèces ; tandis que les crinoïdes et les mollusques univalves y sont en petit nombre et plus ou moins rares. Si l’on compare ces résultats à ceux obtenus par l'examen de la faune des dé- pôts antérieurs, contemporains ou plus récents, on voit d'abord que des 38 espèces déjà connues, 2 appartenant au genre Ostrea ne peuvent être distinguées , du moins quant à présent, des O. lateralis Nils. et vesicularis Lam. , de la craie; l’une d'elles , l'O. lateralis, est également citée par M. Leymerie dans les couches à Nummulines du département de l'Aude (1) ; ensuite 7 espèces se trouvent à la fois dans les roches de Biaritz et dans celles des Corbières ou de la montagne Noire. Ainsi, sur le nombre 180 qui représente la totalité des espèces déterminées par M. Leymerie pour le département de l'Aude, et recueillies à l'O. par M. Tho- rent dans les couches présumées du même âge, il n'y aurait qu'environ = des espèces communes à ces deux régions nummulitiques situées sous le même méri- dien , aux deux extrémités du versant N. de la chaîne des Pyrénées. Cette grande différence dans les espèces de ces deux faunes contemporaines, et si rapprochées dans l’espace, se maintient encore si l'on vient à considérer le déve- loppement des genres et même des classes. Ainsi les polypiers, les Nummulines et les radiaires sont infiniment plus nombreux et plus variés à l'O. qu'à l'E. Parmi les bivalves, les Lucines, les conchacées, sont, au contraire , plus abon- dantes à VE. qu'à l’O.; et les mollusques univalves , entre autres les Natices , les Turritelles , les Cérites , les Fuseaux, les Volutes et les Tarières , tendent aussi à y reprendre sur les bivalves la prédominance qu'ils affectent dans la plupart des dépôts postérieurs à la craie, tandis qu’à l'O. nous ne les avons trouvés qu'en petit nombre. Treize espèces de Biaritz se représentent dans les couches à Nummulines, soit (1) Mém. de la Soc. géol., 2 série, 1. 1; 1846. — Nous ne pensons pas que l’on puisse regarder la présence de ces deux coquilles dans les couches à Nummulines comme une preuve incontestable de la liaison de ces couches avec la formation crétacée qui est dessous, car, outre que les trois échantil- lons que nous avons vus peuvent y avoir été amenés par des causes accidentelles , il n’est pas certain qu'un plus grand nombre d'individus ne les fasse reconnaître plus tard comme réellement distincts des coquilles de la craie. (N.4,,p: 5.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 191 de la Crimée, soit des Alpes orientales et occidentales, et parmi elles nous en avons trouvé 7 dans le système nummulitique des Hautes et des Basses - Alpes, c’est-à-dire autant que dans les Corbières ; mais si l’on remarque que ce nombre se rapporte à des espèces très répandues en même temps sur le versant occidental des Alpes et au N.-0. des Pyrénées, et qu'il résulte seulement d’une course rapide que nous avons faite dans la Provence et le Dauphiné , tandis que M. Leymerie a étudié avec détail le département de l’Aude , on pourra presque dire que le sys- tème nummulitique présente plus de rapports zoologiques entre les environs de Bayonne et le versant occidental des Alpes, qu'aux deux extrémités du même ver- sant des Pyrénées. Dans notre liste, 17 espèces sont communes au terrain tertiaire inférieur du: N. de la France et de l'Angleterre, où elles appartiennent, soit au calcaire gros- sier , soit aux sables inférieurs ou au plastic clay. Ces espèces sont en outre peu caractéristiques de ces groupes du Nord ; tandis que dans les 18 que cite M. Ley- merie, comme se trouvant à la fois dans le système nummulitique des Corbières et les dépôts tertiaires du Nord, nous y remarquons précisément les coquilles qui caractérisent le mieux ces derniers, et surtout le groupe des sables inférieurs. Nous avons retrouvé 3 espèces de Biaritz dans les faluns de l’Anjou, qui appar- tiennent à l'époque tertiaire moyenne, et 4 qui ont leurs analogues dans les dépôts des environs d’Osnabruck et de Dusseldorff. Enfin, sur 96 espèces déterminées provenant des environs de Bayonne, 66 appar- tiennent exclusivement au système nummulitique, 2 paraissent se retrouver dans la craie, et 28, ou un peu plus du tiers, ont des représentants dans les divers dépôts tertiaires inférieurs ou moyens de l’Europe occidentale. Quant à ces nombres considérés en eux-mêmes, on comprend qu'ils n’ont qu'une valeur purement relative ; ils ne peuvent être, en effet, comme toutes les consi- dérations de ce genre, que l'expression de nos connaissances actuelles. très incom- - plètes encore, et dont les découvertes de chaque jour doivent modifier les conclu- sions que nous en avons déduites. Nous n'avons, en effet, tenu compte ici que des fossiles que nous avons pu: examiner nous-mêmes; mais en prenant en considération les espèces citées par M. Pratt dans sa Note sur les envirans de Bayonne (Proceed. geol. Soc. of London, vol. IV, p. 157; — 1843, et dont la traduction a été insérée dans le présent volume, page 185), nous trouvons un total de 108 espèces déterminées , parmi lesquelles une troisième espèce , le Pecten arcuatus Sow., est crétacé ; 10 appar- tiennent au terrain tertiaire inférieur, ce sont: Pinna margaritacea Lam., Spon- dylus radula id., S. rarispina Desh., Solen strigillatus Lam., Pyrula nexihs id., Ostrea spathulata id. , Scalaria semicostata Sow., S. acuta id., Cerithium turritel- latum Lam., C. cinctum id.; et 2 à des terrains plus récents, Triton apenninum et Ditrupa subulata Berk.; ce qui porte à 40 le nombre des espèces tertiaires qui 4 se retrouvent dans les couches de Biaritz, et la proportion devient + au lieu 11 192 DESCRIPTION DES FOSSILES CN. 4, p. 4) de /-. On peut remarquer, en outre, qu'aucune de ces 12 espèces n'étant citée jusqu’à présent dans le département de l’Aude, la différence que nous avons déjà signalée entre la faune nummulitique, aux deux extrémités des Pyrénées, se trouve être encore plus prononcée que nous ne l’avions indiquée. DESCRIPTION ET TABLEAU DES ESPÈCES. POLYPIERS. TURBINOLIA CALCAR, Nov. sp., pl. V, fig. 1, a, 2, 3. Polypier conique, déprimé latéralement, recourbé à la base , qui se termine en une pointe aiguë. Surface extérieure striée, présentant 12 côtes longitudinales principales, également espacées, et entre lesquelles il y en a 3 autres, dont celle du milieu est la plus prononcée. Cette dernière quel- quefois reste seule, celles des côtés devenant plus ou moins obsolètes ou même tout-à-fait nulles. Des granulations irrégulières, peu apparentes, s’observent en outre sur tout le polypier. Courbe exté- rieure ou convexe, tranchante et garnie du sommet à la base d’une crête saillante, profondément den- telée, et à dentelures inégales. Courbe intérieure ou concave opposée , arrondie, sans trace d’expan- sion accessoire. Étoile supérieure elliptique , infundibuliforme, peu profonde , composée de lamelles dont les faces sont minces et sans granulations. — Hauteur, 18 millim.; grand diamètre de l'étoile, 12 ; petit diamètre, 7. Nous distinguerons, outre le type de l’espèce que nous venons de décrire, les deux variétés sui- vantes : Var. à, fig. 2. Les 12 côtes principales ne se distinguent plus des 42 stries intermédiaires, et on en compte alors 24 égales et plus ou moins prononcées. Les granulations sont plus distinctes, et vers le haut, elles tendent à s’aligner pour former des séries longitudinales. La crête est peu sail- lante, et le polypier est moins comprimé latéralement que dans le type de l’espèce (Collect. de M.‘AI. d'Orbigny). Var. b, fig. 3. Plus grande , plus allongée et moins recourbée que les précédentes; elle est aussi plus comprimée latéralement. Crête comparativement peu développée. Le caractère particulier de cette espèce, tranchante et garnie d’une expansion dentelée sur sa cour- bure convexe, simple et arrondie, au contraire, du côté opposé, suffit pour la séparer de toutes les autres, dont les ornements extérieurs sont disposés symétriquement des deux côtés de l'axe, que le cône soit droit ou qu’il soit recourbé. Cette espèce pourrait rentrer dans le genre Flabellum, si ce genre lui-même était établi sur des caractères constants, ce qui ne nous paraît pas encore démontré. — Port des Basques. 2. TURBINOLIA DUFRENOYI. Nov. sp., pl. V, fig. 4, @, 5. Polypier conique, très comprimé, rétréci brusquement à la base et mucroné. Côtés tranchants, munis d’expansions denticulées , inégales , peu régulières , auxquelles aboutissent des stries d’accrois- sement transverses , inégales et flexueuses , formant quelquefois des espèces de bourrelets peu pro- noncés. Des stries divergeant de la base, peu profondes et assez nombreuses, couvrent en outre toute la surface du polypier. Étoile terminale elliptique, rétrécie ou anguleuse à ses extrémités, composée UN. 4, p. 5.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 193 de lames rayonnantes inégales, assez épaisses, et à surface lisse. — Hauteur, 25 millim.; grand diamètre de l'étoile, 15 ; petit diamètre, 40. Var. a, fig. 5 ; polypier arqué dans le sens de son plus grand diamètre, moins large que le pré- cédent, mais n’en différaut pas sensiblement quant aux autres caractères. La 7. Dufrenoyi se distingue du F/abellum appendiculatum , Michelin, pl. 9, fig. 12 , par l’ab- sence de côtes longitudinales très prononcées sur chaque face; elle se distingue également du F. cuneatum , id., tb. fig. 13, par sa forme brusquement rétrécie à la base, par ses stries trans- verses, ondulées, se changeant quelquefois en plis irréguliers, et par ses bords tranchants et den- telés. Enfin , le #. costafum Bell., Mich., pl. 61, fig. 10, qui provient des couches nummulitiques des environs de Nice, et qui se rapproche davantage de notre espèce que les précédentes, offre des plis rayonnants, noduleux, réguliers, saillants, dont on n’apercçoit aucune trace dans les individus de Biaritz. — Port des Basques. Cette espèce à été trouvée aussi par M. Bertrand Geslin à Salsco, dans le Vicentin. 3. TURBINOLIA DENTALINA. Nov. sp., pl. V, fig. 6, a. Polypier conique, très allongé, droit ou légèrement arqué, déprimé à sa partie supérieure , arrondi et presque cylindrique à la base . couvert de stries d’accroissement transverses et arquées , qui, vers le haut, aboutissent à une crête dentelée, irrégulière, plus ou moins saillante, bordant les côtés amincis et tranchants. Des stries longitudinales , inégales, partant de la base, et se prolon- geant jusqu’au sommet, en s’élevant, augmentent en nombre par insertion et non par bifurcation. Étoile terminale, elliptique, rétrécie ou très anguleuse à ses extrémités; surfaces des lamelles lisses. — Hauteur, 18 millim.; grand diamètre de l'étoile, 9 ; petit diamètre, 5. Cette espèce varie beaucoup de formes, étant quelquefois droite, d’autres fois plus ou moins arquée dans le sens de son grand diamètre. Elle s’élargit aussi, plus ou moins rapidement, à partir de la base, et la compression est toujours dans le même rapport, c’est-à-dire d'autant plus pronon- cée que le polypier est plus élargi. Les accidents qui couvrent ia surface de la 7°. dentalina sont semblables à ceux de la 7. Dufrenoyi , et peut-être des intermédiaires qui nous manquent encore permettront-ils de réunir plus tard ces deux espèces en une seule. — Biaritz (Collection de M. Alc. d'Orbigny). 4. CARYOPHYLELIA GENICULATA. Nov. sp., pl. V, fig. 7, a. Polypier adhérent, en cône allongé, irrégulier, géniculé , et offrant des renflements et des rétré- cissements plus ou moins prononcés, quelquefois annulaires à la base. Surface rugueuse, finement striée dans toute sa hauteur. Coupe transverse elliptique ou suborbiculaire, présentant des lamelles rayonnantes, serrées, épaisses, inégales, simples ou anastomosées et peu régulières, el à surfaces latérales unies. Étoile terminale inconnue. Ce polypier diffère de la Turbinolia Gravesi Mich., pl. 43, fig. 7, fréquente dans la glauconie grossière , et que nous avions signalée d’abord comme une variété de la 7. elliptica ( Descrip. géol. du département de.l' Aisne, p. 131), par l'absence de granulations sur les faces latérales des lamelles, par l’épaisseur de ces lamelles, et par la forme un peu plus géniculée et cylindroïde de sa base. Un caractère commun à ces deux polypiers, et qui pourra peut-être contribuer à les rapprocher plus tard , c’est que les côtes longitudinales, quoique plus prononcées dans celui de Biaritz, offrent aussi, de quatre en quatre, des côtes plus saillantes que les trois intermédiaires. En outre, tous nos échantil- lons de la glauconie grossière, qui ont jusqu’à 36 millim. de long, étaient adhérents par la base à toutes les époques de leur vie, circonstance en rapport avec l’irrégularité de leur forme, — Port des Basques. SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° 4. 25 19% DESCRIPTION DES FOSSILES HG) 1. OGULINA. Nous rapportons à ce genre un fragment de polypier branchu, dichotome un peu déprimé , à sur- face lisse, présentant des étoiles porifères à chaque flexion de la tige, mais qui n’était pas assez bien conservé pour être figuré. 2. Un second fragment dont la tige est très mince, ronde, lisse, couverte d'étoiles nombreuses portées sur une saillie assez prononcée et d’un aspect noduleux, pourrait constituer une espèce dis- tincte de la précédente. — Toutes deux ont été recueillies au moulin de Sopite, au-delà du rocher du Goulet. 1. MADREPORA. Espèce nouvelle très petite, dont les étoiles sont assez rapprochées et entourées d’un rebord élevé. 1. ORBITOLITES SUBMEDIA. Nov. sp., pl. VI, fig. 6, a. Polypier lenticulaire, très déprimé, mamelonné au milieu , formé de lames superposées et couvert de granulations fines, peu régulières donnant à sa surface un aspect chagriné. Ce petit polypier, qui, comme son nom l'indique, ressemble beaucoup à l'O. media de la craie jaune supérieure du Périgord, de l’Angoumois et de la Saintonge (Voyez Mémoire de la Soc. géol., t. IL, p. 178; et Études sur La form. crétacée, {°° partie, p. 21), est cependant plus mince, et sa surface ne présente point les stries flexueuses , irrégulières, bifurquées et rayonnantes de l’espèce de la craie. L'état toujours spathique du test ne nous a point permis d’apercevoir la disposition des pores à l’intérieur ; c’est probablement la Discholites représentée par Fortis (Mém. pour servir à l'Hist. nat.,t. IE, pl 2, fig. J, K). Nous avons aussi trouvé ce polypier très abondant avec la VNummulina biaritzana dans les couches nummulitiques inférieures des environs d’Annot (Basses-Alpes). 2. ORBITOLITES. Nous rapportons encore à ce genre des corps très déprimés , arrondis, flexueux , lenticulaires, re- levés ou ondulés sur les bords, et dont le diamètre atteint quelquefois jusqu’à 45 millim., mais dans la coupe desquels la spathification a fait disparaître toute trace d'organisation. Sur quelques uns on re- marque des stries concentriques obsolètes. La surface de plusieurs de ces corps est aussi couverte de fines granulations, comme dans l’espèce précédente, dont celle-ci n’est peut-être d’ailleurs qu’une modification ; dans d’autres, la surface est entièrement lisse. L’épaisseur ne dépasse pas ! millim. 1/2. — Port des Basques. 1. CERIOPORA SUBLÆVIGATA. Nov. sp., pl. V, fig. 8, a. Polypier branchu , à rameaux flexueux, dichotomes, arrondis, composés de cellules allongées, dis- posées irrégulièrement autour d’un axe et s’ouvrant au dehors par de très petits pores enfoncés , sim- ples, à peine visibles à l’œil nu. Ce polypier est caractérisé par l’extrême petitesse de ses pores , qui rend sa surface presque lisse. — Rocher du Goulet. : 1. PUSTULOPORA MAMILLATA. Nov. sp., pl. V, fig. 9, a, b. Polypier rameux , déprimé ou sub-cylindrique, composé d’une double rangée de loges rayonnantes s'appuyant contre une cloison médiane commune (fig. 9, a). Loges s’ouvrant à l'extérieur par un trou rond, saillant, placé au sommet d’un tubercule arrondi et mamelonné. Quelquefois ces trous sont géminés sur le même tubercule ; ces derniers sont irrégulièrement épars à la surface du polypier , dont le test offre une structure spongieuse et celluleuse très prononcée. / CRM DES ENVIRONS DE BAYONNE. 195 Cette espèce se rapproche du Cellepora ornata Mich., pl. 45, fig. 4, du terrain tertiaire du Pié- mont; mais l'absence très probable d’opercule ne nous a point permis de la ranger parmi les Cellé- pores. La structure spongieuse et aréolaire de la masse du polypier le distingue en outre très bien du C. ornata, qui ne présente dans les intervalles des tubercules que des sillons avec des séries régu- lières de petits pores. La figure 9 4 est un grossissement triple de la tranche, et la figure 9 & un grossissement sextuple de la surface du polypier. — Rocher du Goulet. 2. PUuSTULOPORA LABATI. Nov. sp., pl. V, fig. 10, a. Polypier rameux , couché, composé de cellules irrégulièrement disposées à l’intérieur et se prolon- geant au dehors par des tubercules allongés, subcylindriques, serrés les uns contre les autres, disposés sans ordre, arrondis et percés au sommet. Les tubercules de la partie inférieure des rameaux sont beaucoup moins saillants que ceux de la face supérieure. Cette espèce diffère du 2. echinata Roem. (pl 5, fig. 23 mala) Mich., pl. 53, fig. 5, qui est de la formation crétacée, en ce que ses tubercules sont plus nombreux, plus serrés et plus arrondis au sommet. Le polypier est aussi plus aggloméré et non dichotome , comme le P. echinata. — Rocher du Goulet. 4, IDMONÆA PETRI, Nov. sp., pl. V, fig.- 11, a. Polypier rameux, distique, comprimé, garni, sur l’une de ses faces, de pores réunis en faisceaux par trois ou par quatre, et constituant des saillies flabelliformes étagées les unes au-dessus des autres. Ces saillies forment deux rangées verticales, mais ne se correspondent ni n’alternent régulière- ment. Des stries extérieures longitudinales, très fines, correspondent aux cloisons qui séparent les cellules et les pores. : Cette espèce diffère de l’Z. aculeata Mich., pl. 52, f. 10, et qui provient du grès vert du Mans, par ses faisceaux de pores beaucoup moins allongés et par ses pores moins nombreux. Elle diffère aussi de VZ. disticha, id., ib., f. 18 (Ceriopora, id., Gold., pl. 9, f. 15), en ce que ses faisceaux de pores n’alternent pas régulièrement et ne forment point les je symétriques qui caractérisent le polypier de la craie. — Rocher du Goulet. 1. ESCHARA SUBPYRIFORMIS , Nov. sp., pl. V, fig. 21, a. Polypier encroûtant , simple, composé de cellules sub-polygonales, arrondies, non toujours égales, semblables ni régulières, fermées à moitié et s’ouvrant au dehors par un trou semi-elliptique. Les in-- tervalles des cellules , épais et relevés, circonscrivent, comme un rebord, la partie déprimée de la cloison supérieure des cellules. Ce qui distingue particulièrement cette espèce des £. pyriformis, Gold. Dr 8,f. 10, séigmato- phora, id., ib., £ 11, et dichotoma, id. , ib., f. 15, dont la forme des éeliales el des pores se rap- proche de ce que l’on observe dans le Æ. subpyriformis, c’est que, dans ce dernier, les cellules ne sont point toutes égales , régulières ni disposées symétriquement en quinconces. Les cellules sont souvent déformées , fort petites et triangulaires ; d’autres sont plus arrondies, et ce caractère ôte à la surface la régularité du réseau ‘qu’offrent les espèces que nous venons de citer. — Rocher du Goulet. 2. ESCHARA LABIATA, Nov. sp., pl. V, fig. 12, a. Polypier encroûtant , étendu , présentant à sa surface des pores ronds, espacés, en quinconces, bordés sur les côtés et munis d’un bourrelet ou d’une sorte d’ampoule ; au-dessus, un bourrelet moins prononcé relève le bord inférieur en forme de lèvre. Ces pores et les ampoules qui les accom- pagnent ne sont pas toujours simples, mais assez souvent géminés, et, dans ce cas, DE toujours inégaux. Les sillons qui séparent les séries de pores sont profonds, mais peu réguliers, à cause de la présence de quelques tubercules disséminés entre les porcs. 196 DESCRIPTION DES FOSSILES (N: 4, p. 8.) Cette espèce rappelle un peu l’Z. arachnoïdes , Gold., pl 8, fig. 14; maiselle en diffère essentiel- lement par le bourrelet qui accompagne chaque pore, ce qui fait ressembler ceux-ci à certaines fleurs de la famille des Personnées. En outre , dans l’ÆZ. arachnoïdes , les pores sont placés sur le sommet d’une espèce de colline ou crête anguleuse. — Rocher du Goulet. 3. ESCHARA CHARTACEA, Nov. sp., pl. V, fig. 13, a, b. Polypier foliacé, étendu, composé de deux lames minces appliquées l’une contre l’autre. Cellules à la face interne, en hexagones très allungés, s'ouvrant à l'extérieur par un pore en forme de point enfoncé et allongé. Quelquefois les pores sont disposés suivant des lignes et en quinconces ; chaque série est alors séparée de celles qui l’avoisinent par une strie , mais le plus ordinairement les pores sont disséminés avec peu de régularité, quoique assez rapprochés. — Rocher du Goulet , et chemin de Villefranque. h. ESCHARA , Nov. sp. Cette espèce, quoique nouvelle, n’a pas été figurée, à cause du mauvais état de conservation de l'échantillon. 1. RETEPORA FENESTRATA, Gold., pl. 30, fig. 9. Ce polypier, cité dans les faluns tertiaires de Cléon ( Loire-Inférieure }, et que nous avons aussi trouvé. dans ceux de La Grézille (Maine-et-Loire), paraît être identique avec les échantillons que M. Thorent a recueillis au rocher (u Goulet et au moulin Sopite. 1. LUNULITES URCEOLATA, Lam. Les caractères de cette espèce, commune dans le calcaire grossier des environs de Paris, et sou- vent figurée par divers auteurs, n’ont encore été bien rendus que dans le Petrefacta germaniæ de M. Goldfuss, pl. 12, fig. 7. 2. LUNULITES GLANDULOSA, Nov. sp., pl. V, fig. 14, a, b. Polypier élevé, en forme de dôme à base circulaire ou elliptique, composé de rangées de cellules égales, saillantes, glanduleuses et divergentes. Ces rangées sont d’égale largeur dans toute leur étendue, mais de longueur différente. Les plus grandes partent directement du sommet et aboutissent à la base ; les autres, de plus en plus courtes à mesure qu’elles prennent naissance plus loin du sommet pour finir aussi au pourtour inférieur, déterminent, par leur réunion aux précédentes sous des angles aigus, plusieurs séries de chevrons latéraux. Les cellules ovoïdes etsaillantes s'ouvrent au dehors par un pore médian de forme allongée et dans le même sens que la cellule (fig. 14 0). — Hauteur, 8 mil- limètres 1/2; diamètre de la base, 12. Cette espèce, par la disposition et la forme de ses cellules, toutes égales, symétriquement alignées dans chaque rangée ou série, et parla réunion oblique d’une partie de ces dernières à l’autre , se dis- tüingue facilement de ses congénères. Parmi celles-ci, en effet, les unes, telles que les Z. radiata Lam. , urceolata id., perforata de Munst. Gold., punctatus Leym., et même celles de la craie supé- rieure de Maestricht et de Ciply, ont les rangées de cellules et les cellules elles-mêmes mégales, rayon- nantes et augmentant en largeur du sommet à la circonférence de la base ; les autres, comme les Z. androsacea Michellotti, èntermedia id., umbellata Defr., la grande espèce inédite des faluns de la Touraine et de l’Anjou, celle du crag d'Anvers, bien distincte de la Z. rhomboïdalis de Munst., Gold.. enfin cette dernière elle-même, malgré son irrégularité apparente et que nous avons trouvée dans les faluns de Saucats, ont leurs cellules semblables sur toute la surface du polypier, mais dis- posées en séries courbes qui, en se croisant, produisent un quinconce régulier curviligne, de telle sorte que la surface du polypier s'accroît non seulement par l’addition de nouvelles cellules , les unes (N:4, p. 9.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 197 à côté des autres, mais encore par l'insertion de nouvelles rangées à mesure que l’écartement des anciennes s’augmente par le fait seul de leur allongement. Or, dans la Z. glandulosa, toutes les cel- lules sont égales et toutes les rangées qu’elles forment sont droites , ce qui ne s’observe à la fois dans aucune des espèces des deux groupes que nous venons de caractériser. La L. denticulata Conrad, du terrain tertiaire de Williamsburg (Virginie) (Quart. journ. geol. Soc. Lond., vol. I, p. 502), paraît être une espèce quinconciale. Les Z. distans et contiqua Lonsd., ib., p. 533, de Wilmington, sont des espèces rayonnantes, non quinconciales, et dont les séries de cellules se multiplient par insertion. Ces Lunulites n’ont été décrites et figurées que d’après des contre- empreintes. — Rocher du Goulet. 3. LUNULITES (indéterminée). Une troisième espèce, qui se rapproche de la Z. urceolata, quoique plus grande et plus conique, a été aussi recueillie au rocher du Goulet; mais la surface des échantillons était trop fruste pour per- mettre leur détermination avec quelque exactitude. 4. GUETTARDIA THIOLATI, Nov. sp., pl. V, fig. 45, a, et pl. VIII, fig. 5, 6, 7. Polypier, composé de 4 à 7 branches ou ailes planes, disposées en croix ou en étoile, et formées chacune de deux lames calcaires rapprochées, laissant seulement entre elles un sillon profond qui se prolonge au dedans sur une partie de la hauteur. Ces lames, pourvues sur chaque face de cellules porifères, sont arrondies aux extrémités des branches, qui convergent obliquement en dessous vers une base commune centrale , après avoir formé un coude arrondi, puis une courbe concave. Les cel- lules font à la surface extérieure des saillies ovoïdes, déprimées, contiguës, percées à une de leurs extrémités et au-delà d’une sorte d’étranglement, par un trou rond, fort petit, à bord tranchant. Les cellules ne paraissent pas d’ailleurs affecter une disposition symétrique régulière, et se rapprochent assez de celles des Cellépores. M. Michelin, qui a établi le genre Gwettardia, a représenté, dans son Zconographie z0ophytholo- gique, pl. 30, fig. 6, un échantillon de Gueftardia provenant aussi de Biaritz, et qui est certainement identique avec l’un de ceux que nous décrivons ; mais il l’a rapporté au G. stellata de la formation crétacée , sans doute parce quel’échantillon qu'il avait sous les yeux ne présentait pas la forme ni les caractères des cellules et des pores qui nous ont obligé de l’en séparer. C’est par une erreur semblable que le G. stellata a été cité à Biaritz par M. Deshayes (Zu/. de la Soc. géol., 2° série, t. I, séance du 17 juin 1844, et Quart. rev. geol. Soc. Lond., 1. I, p. 113), et par M. Thorent, anfe, p. 183. La fig. 15, pl. V, représente l'échantillon de la collection de M. Thorent; les fig. 5, 6, 7 de la pl. VIII ont été faites d’après une très belle variété à sept branches, dont nous devons la connaissance à notre excellent dessinateur M. Thiolat. Nous n'avons aucun doute que ce dernier échantillon ne provienne également des couches à Nummulines de Biaritz. — Rocher du Goulet. 1. ANTIPATHES ? Fragment trop incomplet pour être déterminé. 1. GORGONIA? Fragment incomplet et indéterminable. FORAMINIFÈRES. Les débris d'animaux appartenant à cette classe sont extrêmement nombreux et variés dans les cou- ches des environs de Bayonne, et même partout à la base du grand système dont elles font partie et que caractérise particulièrement le genre Nummulina ; mais ces corps organisés d’une détermination si dif- 198 DESCRIPTION DES FOSSILES (N- 4, p. 10.) ficile n’ont encore été l’objet que de travaux particuliers assez incomplets et dans lesquels règne une confusion que nous nous garderons bien d'augmenter en essayant de décrire toutes les espèces de Num- mulines, d’Assilines, de Calcarines, d’Operculinés, etc., que l’on rencontre dans les dépôts dont nous nous occupons. Nous nous bornerons donc à signaler les formes principales qu’elles affectent et ce qui a pu déjà être fait à leur égard. > 1. NUMMULINA MILLECAPUT, Boubée, Bull. de la Soc. géol., 1. IL, p. 445. — 1832. Nous rapportons avec doute à cette espèce une assez grande Nummuline dont l’état de spathifica- üon permettrail difficilement d’apercevoir la disposition des loges, et qui , à l’extérieur, ne présente point les stries dont parle M. Boubée. Dans le voisinage de celle-ci viennent se placer les N. distans Desh., et polygyratus id., recueillies par M. de Verneuil, dans les calcaires à Nummulines de la Crimée qui reposent sur la craie. Le peu de données que nous possédons sur l’organisation des animaux qui ont formé ces corps ne permet pas de bien préciser sur quels caractères on doit établir réellement les différences spécifiques. Le plus ou le moins d’écartement des. tours de spire, le plus ou le moins grand nombre de cloisons dans un tour à diamètre égal sont-ils des caractères spécifiques certains, et à quelle limite absolue ou relative ces caractères peuvent-ils s'étendre ? c’est ce qu’il ne paraît pas possible de détermi- ner encore , et peut-être pourrions-nous regarder les trois espèces précédentes comme de simples variétés d’un même type. M. Pusch (Polens pal., pl. 12, f. 16 a, b, ) a représenté des échantillons de Nummulines de Kos- cielisko et de Zakophane, et il les confond sous le nom de AN. lœvigata Lam. D’après des échan- tillons rapportés de ces mêmes localités par M. Murchison, et que M. de Verneuil nous a communi- qués, nous avons pu reconnaître, d’une part, l’exactitude des dessins de M. Pusch, et, de l’autre, une double confusion dans sa détermination. La première consiste en ce qu'aucune des Nummulines figurées n'appartient à la N. Zœvigata, et que l’échantillon représenté dans la figure 16 à appartient à une quatrième grande espèce, distincte destrois dont nous avons parlé ci-dessus, par l’écartement de ses cloisons; la seconde erreur consiste à avoir pris aussi pour la AN. /œvigata une autre espèce, fig. 16 &, qui, suivant toute probabilité, est la N. rotularius Desh. (Mém. de la Soc. géol., t. III, pl. 6, fig. 10, 11 mala), de Simphéropole en Crimée, où elle est associée avec les AV. distans et polygyratus. Enfin, si nous comparons cette N. rotularius avec celle des Corbières que M. Leymerie vient de décrire sous le nom de N. globulus (Mém. de la Soc. géol., 2° sér., t. I”, pl. 13, fig. 14), il nous paraît bien difficile de ne pas les regarder comme identiques , quoique déjà décrites sous trois noms différents , suivant le pays où elles ont été trouvées. | La N. millecaput a été recueillie par M. Thorent, dans le chemin de Villefranque et au rocher du Goulet. Elle est très commune, comme on sait, aux environs de Saint-Sever et sur d’autres points des Pyrénées occidentales. 2. NUMMULINA BIARITZANA, Nob., Mém. de la Soc. géol., t. IX, p. 191. — 1837. Celte espèce est une des plus répandues dans les falaises de Biaritz ; nous l’avons également trouvée au pied du Marboré, où elle n’est pas moins abondante, et nous l’avons signalée, d’après une collection de M. Vène, dans les roches probablement du même âge du département de l'Aude (Bull. de la Soc. géol., & XIV, p. 489) ; enfin nous avons reconnu qu’elle était répandue avec une extrême profusion dans les couches inférieures du grand système nummulitique des Alpes de la Provence et du Dauphiné. L'espèce décrite récemment par M. Leymerie (Wém. de la Soc. géol., t. I, 2° sér., p. 358) sous le nom de V. afacicus, et figurée pl. 13, f. 13, ne nous paraît pas différer dela N. braritzana, que ce géologue ne cite point dans les Corbières, quoique nous ayons la presque certitude qu’elle y existe, d’après les collections que nous avons vues. CN. 4, p- 11.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 199 3. NUMMULINA ELEGANS, Sow., pl. 538, fig. 2. Le seul individu de cette espèce que nous avons vu est parfaitement identique avec ceux des sables inférieurs du Soissonnais. — Port des Basques. Lk. NUMMULINA LÆVIGATA, Lam. Cette espèce, du calcaire grossier inférieur, ne nous a offert qu'un petit nombre d'individus provenant de la même localité. 5. NUMMULINA CRASSA , Boubée, Bull. de nouv. gisements de France , 47° livr. — 1831. 6. NUMMULINA. Une espèce que l’on pourrait appeler, à cause de sa forme, NV. infermedia, étant plus déprimée que la N. lævigata et moins que la NV. elegans, est très abondante dans les rochers de la Chambre d'Amour et autour de Bayonne. Les individus jeunes diffèrent de la N. planulata Lam. , en ce qu'ils ne sont pas lisses ni mamelonnés au centre, et la forme générale plane ne rappelle point celle de deux cônes surbaissés, opposés base à base. Cependant un certain nombre d'individus plus renflés pourrait faire soupçonner la présence de cette dernière espèce dans les falaises de la Chambre d'Amour comme près de Bayonne. 7. NUMMULINA VARIOLARIA (Lenticulites 24. Larn.). Une petite espèce assez fréquente au rocher du Goulet et au moulin Sopite ne nous paraît pas différer de celle qui caractérise les sables moyens du bassin de Paris. 8. NUMMULINA PLANOSPIRA, Boubée (Bull. de nouveaux gisements de France, 4° livr.). 9. NUMMULINA PAPYRACEA ? Boubée (Pull. de la Soc. géol., t. II, p. 445. — 1832). Une dernière espèce, dans laquelle on n’apercoit aucune trace de cloisons, et qui par cette raison pourrait n'être qu’une Orbitolite papyracée extrêmement mince, lisse d’un côté et très finement granuleuse de l’autre, et à bords tranchants, nous semble, sauf ses dimensions beaucoup plus petites, se rapporter à une variété de celle que M. Boubée a décrite sous le nom de N. papyraceo. Ge corps paraît être la Discholites représentée par Fortis, loc. cit., pl. 2, fig. E, F, G. 4. OPERCULINA AMMONEA Leym. (Mém. de la Soc. géol., 2° sér., t. I, pl. 43, fig. 11). - Quoique la coquille de Biaritz soit constamment plus petite que celle qu’a figurée M. Leymerie, et que les cloisons soient un peu moins nombreuses, nous croyons devoir la regarder comme appar- tenant à la même espèce, distincte d’ailleurs de l'O. complanata (Lenticulites, id. Defr. de Bast.) des faluns tertiaires de Bordeaux, laquelle nous paraît être identique avec la Spérolina Planciana, Bonelli, des couches correspondantes de Superga. L'Operculine, que nous avons trouvée si répandue dans les Hautes et les Basses-Alpes associée à la Nummulina biaritzana, est également distincte de l'espèce des Corbières et des environs de Bayonne, comme de la N. discorbifornus (Pusch, pl. 12, fig. 18). CALCARINA? STELLATA, Nov. sp., pl. VIE, fig. 4, a. Coquille déprimée, sub-lenticulaire, à bords minces et tranchants. Surfaces rugueuses ou très finement chagrinées, et présentant cinq ou six rayons arrondis, peu élevés, se prolongeant un peu au-delà du disque, qui est mamelonné au centre. Ce corps, que nous plaçons avec doute dans ce genre, parce que nous n’avons pu constater l’exis- 200 DESCRIPTION DES FOSSILES (N.4, p. 12.) tence des loges intérieures, ressemble à celui que Faujas a figuré pl. 34, fig. 7 ( Aist. de la montagne de Saint-Pierre), et qui représente une variété de la C. calcitrapoides ( Siderolites, id. Lam.). Les Discholites à ravons du Vicentin, représentées par Fortis, loc. cit., pl. 2, fig. S, T, U, Y, X, semblent appartenir aussi à cette espèce. — Rocher du Goulet. RADIAIRES. CRINOIDES. A. PENTACRINITES DIDACTYLUS, d'Orb. M. S., Nov. sp., pl. V, fig. 16, «, 17, a, 18. Tête inconnue. Tige pentagonale, irrégulière, très variable, comprimée, lisse, garnie de quatre arêtes saillantes, crénelées, bordées sur chaque grande face du pentagone par deux sillons longitudi- naux. L’arête qui correspond au cinquième angle est arrondie et très obtuse. Articulations nom- breuses, d’égale hauteur, formant des polygones irréguliers, à angles alternativement obtus et aigus. Faces glénoïdales, portant sur les côtés les surfaces d'attache de deux bras axillaires. Étoile irrégulière, composée de cinq branches inégales comme les angles auxquels elles correspondent , concaves et lisses au milieu, striées finement sur leur pourtour, et séparées les unes des autres par un sillon peu profond. Fig. 17, a. Tige pentagone, moins comprimée et moins irrégulière que la précédente. Un seul angle saillant, les quatre autres obtus et arrondis. Articulations portant, vers le milieu de la hauteur, une rangée de granulations irrégulières, diversiformes. On remarque un point enfoncé sur le milieu des faces de la tige, à la jonction de deux articulations successives. Faces glénoïdales assez régulières, présentant les tubercules d'attache de deux bras axillaires. Étoiles à branches concaves, striées à leur pourtour, et séparées par cinq sillons ravonnant du centre. La face glénoïdale inférieure est un peu différente de la face supérieure. Fig. 18. Tige presque elliptique par l'arrondissement des angles. Cinq rangées verticales de points enfoncés marquent seules le milieu des faces du pentagone. Les articulations sont d’ailleurs égales et sans granulations. Outre ces trois variétés de tige, il en existe encore plusieurs autres que nous avons observées dans la collection de M. Al. d’Orbigny, à qui nous devons également la communication de ceux-ci. — Côte de Biaritz. 2. PENTACRINITES... PI. V, fig. 49, a, 6. Nous avons fait figurer cette articulation, qui appartient sans doute à une espèce distincte de la précédente. Elle est fort petite; ses faces latérales sont égales, concaves, et présentent vers le milieu de la hauteur une dépression elliptique transverse, avec une barre dans le sens de son grand axe, qui semble indiquer la surface d'insertion des bras. L'étoile régulière a ses angles arrondis; les branches sont lisses et étroites au mifieu, et les stries peu nombreuses séparent des plis assez gros, inégaux et irréguliers. La forme du pentagone et les détails des faces glénoïdales rapprochent cette espèce d’une Penta- crine trouvée par M. Gastaldi dans les couches tertiaires de la colline de Superga, près Turin. — Biaritz. 1. BOURGUETICRINUS THORENTI. Nov. sp., pl. V, fig. 20, a, B. Tête claviforme , allongée, composée à la base d’une seule pièce arrondie sur laquelle s’articulent cinq pièces basales, longues, étroites, et surmontées de cinq pièces supérieures courtes, portant en dessus un nombre égal d’attaches brachiales que séparent cinq tubercules plus ou moins pointus. Les surfaces d'attache sont munies de deux impressions. Cavité centrale ne paraissant être qu’un élargis- sement du canal médian. Nous ne connaissons que deux individus de ce petit crinoïde : l’un, recueilli par M. Thorent au ro- CRC) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 201 cher du Goulet, est plus grand et plus élargi au sommet; ses attaches brachiales sont larges, et les tu- bercules intermédiaires petits ; l’autre, de la collection de M. AL. d’Orbigny , est d’une taille moindre; il est plus étroit , les attaches brachiales sont moins larges et les tubercules intermédiaires plus élevés et plus pointus. C’est sur ce dernier seul que nous avons pu reconnaître les pièces du test, dont les cinq basales, si nous ne nous sommes pas trompé, seraient très longues et distingueraient bien le B. Thorenti des autres espèces de ce genre établi par M. d’Orbigny. ÉCHINODERMES. 4. MICRASTER PULVINATUS. Nov. sp., pl. VI, fig. 4, a, 4. Corps cordiforme , un peu déprimé en dessus et en avant, faiblement relevé et caréné en arrière, à bords arrondis et renflés, et convexe en dessous. Sommet subcentral, d’où rayonnent quatre am- bulacres droits, égaux , peu profonds, et formés de deux rangées de pores géminés, réunis par un sillon. Quatre pores oculaires sur une plaque impaire située à l’extrémité supérieure de chaque ambu- lacre. Aires ambulacraires linéaires, aires inter-ambulacraires larges. Sillon dorsal moins profond que les ambulacres à la partie supérieure , mais plus prononcé en s’approchant du bord, et se continuant au-delà jusqu’à la bouche. Celle-ci est transverse, semi-lunaire et placée vers le quart antérieur de la base. Anus supra-marginal, grand, et ovalaire. Les aires inter-ambulacraires, sensiblement renflées, sont couvertes de tubercules d’inégale grosseur et irrégulièrement disséminés. Les plus gros sont ma- melonnés, perforés au sommet (fig. 1,5 , et entourés à la base d’une dépression circulaire; d’autres, simplement arrondis, sont épars entre les précédents, et la partie de la surface qui les sépare est très finement rugueuse et chagrinée. Au-delà des ambulacres et sur les côtés, tous les tubercules sont égaux, très petits, serrés, et ils redeviennent plus gros en passant sur la face inférieure. Dia- mètre antéro-postérieur, 69 mill.; diamètre transverse, 67 ; hauteur, 32. - Nous n’avons pas pu reconnaître dans le sillon dorsal les lignes simples de pores que l’on observe dans plusieurs Micraster voisins de celui-ci; peut-être la spathification du test les aura-t-elle fait dis- paraître. Le M. pulvinatus se rapproche au premier abord du M. arenatus Ag. (Eug. Sismonda, MWém. de l'Acad. de Turin, 2° série, t. VI, pl. 1. fig. 2. — 1844), échinide de la craie d’Angleterre et des environs de Nice, mais il en diffère par sa forme plus allongée, par ses ambulacres postérieurs droits et égaux aux ambulacres antérieurs. L’ambulacre impair, s’il existe, serait simple, et non double , comme dans le Ÿ. arenatus. L'espèce de Biaritz ne se distingue pas moins bien du #. Zatus Ag. figuré par M. E. Sismonda (#bid., fig. 13). Le Spatangus punctatus Grateloup, pl. 1, fig. 11, est trop incomplétement décrit et figuré pour que nous en indiquions les différences. Quant au Spatangus brissoides ou Brissoides crassum Leske, pl. 15, fig. c, la figure est également trop mauvaise pour en discuter les caractères. Enfin le M. pulvinatus diffère du Spatangus Desmaresti de Munst. Gold., pl. 47, fig. 4, par ses ambulacres droits, non pétaloïdes , et par sa forme plus régulièrement dé- primée. Les gros tubercules n’affectent point non plus la disposition en chapelet qu’on remarque sur le dessin du Pefrefacta Germaniæ. — Rocher du Goulet. 2. MICRASTER SUBACUTUS. Nov. sp., pl. VII, Bg. 15, a. Corps pyriforme , allongé , arrondi en avant , en dessus, sur les côtés et en dessous, mais prolongé en arrière et vers la base en un rostre acuminé. Sommet organique placé vers le tiers antérieur, et d’où rayonnent quatre ambulacres courts, étroits, enfoncés. Ambulacre impair peu profond. Bouche probablement très rapprochée du bord; anus vers le haut du plan postérieur oblique qui joint la pointe de la carène au rostre inférieur. — Diamètre antéro-postérieur, 25 millim.; petit diamètre, 18; plus grande hauteur vers le tiers postérieur , 15. M. Agassiz (Catal. ectyp., etc., p. 2) cite à Biaritz le WMicraster acutus , qu’il regarde comme sy- SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n° 4. : 26 202 DESCRIPTION DES FOSSILES 277 0) nonyme du Spatangus acutus Des Moul.; mais comme ce dernier n’est autre que le S. acutus Desh. ( Cog. caract. des terrains, pl. 11, fig. 5, 6), il s’ensuivrait que ce fossile, si fréquent dans la craie inférieure de l’O. de la France, se trouverait aussi dans les couches à Nummulines des environs de Bayonne. Mais M. Agassiz a reconnu lui-même que le Micraster de Biaritz était parfaitement distinct de celui de la craie, et c’est ce qui nous a engagé à le faire figurer, malgré le mauvais état des échan- tillons. On peut voir, en effet, que cette espèce diffère du M. acutus, par sa taille plus petite des trois quarts, par sa forme plus allongée, un peu cylindrique , par la position du sommet organique très en avant, par la petitesse des ambulacres, etc. Le Spatangus pyriformis Grat., pl. 11, fig. 16, ne nous paraît pas susceptible de détermination. — Chemin de Villefranque. 1. SPATANGUS ORNATUS Defr. ef auctorum (pro parte). Parmi les nombreux échantillons que nous avons examinés provenant des falaises de Biaritz , nous n'avons pu distinguer que cette espèce telle à peu près qu’elle est représentée par M. Goldfuss, pl. 47, fig. 2, a, b, c, car il manque à ces dessins plusieurs détails importants; mais nous n'avons point trouvé le Spatangus Ho/ffmannt Gold., pl. 47, fig. 3, qui y est également signalé par MM. Grateloup et Des Moulins, ainsi que dans le mémoire de M. Thorent, anfé, p. 182. M. Agassiz (Catal. ectyp., etc., p. 2) avait d’abord séparé le S. ornatus de Biaritz en lui donnant le nom de u- berculatus, de celui du calcaire grossier de Bordeaux, auquel il réservait le premier nom; mais, depuis, ce savant a reconnu que l’espèce de Biaritz était bien le S. ornatus. M. Ch. Des Moulins, qui n'avait pas admis non plus cette distinction, soupçonne que les individus figurés par MM. Alex. Bron- gniart ( Géol. des env. de Paris, pl. 5 , fig. 6) et Goldfuss, et qui manquent de cette impression dor- sale qui limite si nettement la région des ambulacres et les tubercules du disque supérieur, pourraient constituer une espèce différente; et ce qui tend à prouver qu’il y a quelque confusion à cet égard, c’est la variété des gisements où l’on voit citer le S. ornafus, depuis le grès vert de Lyme-Regis dans le Dorsetshire, jusqu'aux faluns tertiaires moyens de Saint-Juvat, près de Dinan. L'espèce de cette dernière localité que nous avons sous les yeux, est, en effet, on ne peut plus différente du véritable S. ornatus. C’est par erreur que le S. suborbicularis a été mentionné dans ces couches par M. Thorent, anfe , p. 182. 1. SCHIZASTER VERTICALIS Ag. (S. cultratus id. Catal. ectyp., etc., p. 3), pl. VI, fig. 2, 0, 6. Corps très élevé, anguleux en arrière , arrondi et formant un quart de cercle en avant. Côtés ar- rondis. Base convexe et dont le plan forme un angle droit avec le côté postérieur. Sommet organique enfoncé , très petit, sub-médian antérieur, moins élevé que l'extrémité postéro-dorsale , et laissant à peine distinguer quatre pores génitaux très rapprochés. Cinq ambulacres inégaux, rayonnants, étroits, profonds , réunis et fermés au sommet, ouverts à la partie inférieure et se continuant jusqu’à la bouche par une gouttière élargie superficielle en dessus, plus profonde en dessous. Ambulacre impair plus large que les autres, garni vers le haut de deux séries de doubles pores : ces derniers très rapprochés, le pore interne de chaque paire étant plus petit que l’autre ; on compte neuf couples de pores à chaque série ou branche de l’ambulacre. Ambulacres antérieurs coupés abruptement et anguleux au fond. Les deux séries doubles de pores placées sur les parois presque verticales et s'étendant jusque vers la moitié du disque supérieur. Les pores sont allongés, mais non réunis par un sillon, On compte seize à dix-sept couples dans chaque rangée. Ambulacres postérieurs de moitié plus courts que les précé- dents, moins profonds, plus ouverts à leur extrémité et formés de deux rangées de doubles pores , chacune de douze couples. Aires ambulacraires fort étroites ; aires inter-ambulacraires convexes, gib- beuses et renflées vers le sommet. Bouche semi-lunaire , placée à demi-distance du milieu de la base au bord et où aboutissent les cinq gouttières prolongement des ambulacres. Anus situé à la partie pos- téro-supérieure de la carène, et d’où part un plan légèrement concave qui descend perpendiculaire- CN. 4, p.15.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 203 ment sur celui de la base. La surface du test est couverte de tubercules très petits, inégaux, irrégu- lièrement disséminés. Ils sont moins nombreux et plus gros vers le pourtour inférieur des côtés. — Hauteur au-dessus de l’anus, à l'angle postéro-dorsal, 15 millim.; diamètre antéro-postérieur , 15 : diamètre transverse, 16. Cette espèce, à laquelle, d’après l’opinion de M. Agassiz lui-même, nous réunissons son S. cul- tratus, se trouve sur la limite des genres Wicraster et Schizaster. Elle diffère du Spatangus ou Mi- craster bufo Alex. Brong. par sa forme encore plus élevée et par la proéminence anale supérieure, plus saillante et plus étroite. La surface supérieure, au lieu d’être tronquée obliquement d’arrière en avant, est au contraire arrondie et renflée. Les ambulacres sont plus profonds, plus étroits et à bords angu- leux. Les cinq gouttières qui se réunissent à la bouche n’existent pas non plus dans le NZ. bufo. Ces caractères éloignent encore plus le $. verticalis du M. prunella Ag. (Spat. id. Lam.), bien plus el- liptique et à contours plus arrondis que le A bufo, et d’autres espèces voisines, telles que le AZ. mr- nima Ag. — Biaritz. : 2. SCHIZASTER (indét.) an Spatangus acuminatus Gold , pl. 49, fig. 2? Nous rapportons avec doute à cette espèce des échinides dont le test n’était pas assez bien conservé pour être figuré. M. Des Moulins (Zabl. synop., p. 237) cite le S. acuminatus dans le terrain tertiaire du département de la Gironde, mais avec doute à ce qu’il semble, ainsi qu’à Blaye, Cassel et Dus- seldorff. Cet échinide est tout-à-fait distinct du Schizaster eurynotus que M. Agassiz (Catal. ectyp., p. 2) indique à Biaritz et que M. E. Sismonda a figuré et décrit (Wém. de l’Acad. roy. de Turin, 2° série, t. VI, pl. 2, fig. 2, — 1844) comme provenant de la craie supérieure du comté de Nice. M. Grateloup cite avec doute le S. acuminatus dans les roches crayeuses de Tercis et de Rivière, près de Dax. Il est probable, d’un autre côté, qu’en indiquant à Biaritz le S. /acunosus Gold. (S. ambu- lacrum Desh., crassissimus de Blainv., Defr., Des Moul., Schizaster lacunosus Ag.), on l’aura con- fondu aussi avec l’espèce dont nous parlons. 1. PYGORHYNCHUS SOPITIANUS , Nov. sp., pl. VE, fig. 5, a. Corps conoïde en dessus, à contour sub-elliptique, déprimé en avant, arrondi et élargi en arrière, largenent excavé en dessous. Sommet sub-central. Cinq ambulacres subpétaloïdes, ouverts à la partie inférieure, et formés de deux rangées de pores géminés , réunis obliquement par une strie. Deux sillons obsolètes paraissent se prolonger de l’extrémité inférieure des ambulacres vers la bouche. Aires ambulacraires , saillantes au-dessus des aires inter-ambulacraires. Bouche probablement sub- centrale et placée verticalement sous le sommet. Anus situé au-dessus du bord, qui est assez largement échancré. Surface du test couverte de très petits tubercules égaux et partout également espacés. — Hauteur, 34 millim. ; diamètre antéro-postérieur, 67 ; diamètre transverse à l’endroit du sommet, 59. Cette espèce ressemble beaucoup à la Nucleolites scutella Gold., pl. 43, fig. 14; Des Moul., cd. (Pygorhynchus, id., Ag.; Cassidulus, id., Lam.; C’. veronensis, Defr.), dont nous l’avions regardée d’abord comme une simple variété ; mais elle en diffère réellement par ses dimensions plus grandes , par sa forme plus élevée et plus convïde, par ses ambulacres , qui s’approchent moins des bords, et parce que ces derniers sont moins arrondis. — Moulin de Sopite. 1. ECHINOLAMPAS ELLIPSOIDALIS, Nov. sp., pl. VI, fig. 3, a, 6. Corps sub-ellipsoïidal très allongé, un peu élargi vers le tiers postérieur, et rétréci au-delà vers l’anus. La courbure supérieure du test s’abaisse doucement en arrière, tandis qu’en avant elle rentre brus- quement en dessous , de manière à faire surplomber ce côté par rapport au plan de la base, qui est concave vers le centre. Côtés arrondis. Sommet organique placé vers le tiers antérieur, et présentant quatre pores génitaux. Cinq ambulacres ravonnants, sub-pétaloïdes, étroits, allongés, inégaux, 204 DESCRIPTION DES FOSSILES CNAIPNES fermés au sommet, ouverts inférieurement. Chaque ambulacre formé de deux rangées doubles de pores réunis deux à deux par une strie transverse. Ambulacre impair, se terminant à la moitié de la distance du sommet au plan de la base. Ambulacres supérieurs formés de deux rangées inégales de doubles pores, la rangée supérieure étant d’un tiers plus courte que l’autre. Ambulacres postérieurs plus longs que les antérieurs, et formés aussi de deux rangées inégales, la rangée intérieure ou dorsale étant d’un quart plus courte que l’extérieure. Bouche enfoncée, elliptique, transverse, centrale par rapport au grand axe, mais seulement subcentrale relativement au plan de la base qui est reporté d'avant en arrière, Anus grand, ovale, transverse, placé dans le bord inférieur. Surface du test cou- verte de petits tubercules égaux, également espacés, et nettement circonscrits par une dépression cir- culaire. — Diamètre antéro-postérieur, 59 millim.; diamètre transverse au-dessous du sommet, 38; en arrière du sommet, 41. Hauteur au sommet, 33: en arrière du sommet, 34. Le Galerites ovum, Grat., pl. 2, fig. 5 (Zchinolampas, id. Des Moul.) se rapproche assez de cette espèce; mais, autant qu’on peut en juger par la description et par la figure que donne M. Grateloup d’un moule crayeux des environs de Dax, cet échinide serait atténué postérieurement, à l'inverse du nôtre, qui est élargi. Les autres caractères sont d’ailleurs trop peu précis pour faire une compa- raison plus détaillée. Nous avons trouvé, dans le calcaire grossier du Cotentin, un moule qui paraît appartenir à notre Échinolampas. MM. Agassiz et Desor avaient d’abord pensé que cet échinide pou- vait être rapporté à l’Z, polita (Clypeaster, id. Lam.) ; mais un examen ultérieur les a engagés à le regarder avec nous comme une espèce distincte. — Moulin de Sopite et chemin de Villefranque. 2. ECHINOLAMPAS ELLIPTICUS ? Ag. Clypeaster ellipticus de Munst. Gold., pl. 42, fig. 8; èd. polita, Lam.; Æchinolampas, id. Des Moul. Nous rapportons avec doute à cette espèce un échinide déformé, roulé, dont la bouche et l'anus nous sont inconnus. Sa forme générale paraît l’éloigner du C/ypeaster oviformis, Lam., qui est rétréci en arrière, quoique la figure donnée par M. Grateloup (pl. 1, fig. 10) d’un échinide trouvé à la fois dans les couches tertiaires et crétacées des environs de Dax, et qu’il rapporte au C. oviformuis, soit beaucoup plus arrondi que dans le dessin de Klein (pl. 10, fig. A). Ces deux échinides pro- viennent d’ailleurs de couches tertiaires, et celui de Biaritz se rapporte probablement à l'un ou à l’autre. Sans sa grande élévation, il aurait aussi beaucoup de rapport avec le C. affinis, Gold., pl. 42, fig. 6 (Æchinolampas, id. Ag. Prod.; Des Moul., Zabl. syn.). 3. ECHINOLAMPAS SUBSIMILIS, Nov. sp., pl. VI, fig. 4, a, b. Corps pentagone, arrondi, sub-hémisphérique en dessus, concave en dessous, élargi un peu avant le tiers postérieur, et rétréci ensuite vers l’anus. Sommet sub-central etrapproché du bord antérieur. Cinq ambulacres inégaux, superficiels, sub-pétaliformes, allongés, fermés au sommet et ouverts infé- rieurement, composés de deux rangées doubles de pores réunis obliquement par une strie. Ambu- lacre impair, formé de deux rangées égales se prolongeant jusqu’à la moitié de la distance du sommet au plan de la base. Ambulacres antérieurs faiblement arqués , composés de deux rangées inégales de doubles pores, la rangée supérieure plus courte que l’inférieure, qui se prolonge jusqu'aux deux tiers de la distance du sommet à la base. Ambulacres postérieurs plus grands que les précédents, et dont la rangée de pores internes est plus courte que l’autre. Bouche elliptique, enfoncée, subcen- trale , placée exactement sous le sommet. Anus marginal, grand , ovalaire et transverse. Surface du test couverte de tubercules très petits, égaux et également espacés en dessus, plus gros et plus écartés dans le voisinage de la bouche. — Diamètre antéro-postérieur, 44 millim.; diamètre transverse à l'endroit du sommet, 37; hauteur en arrière du sommet, 23. : Cette espèce diffère de l’Æ. simulis, Ag., que nous avons souvent rencontré dans la glauconie grossière du bassin de Paris, par ses ambulacres impairs plus larges, et surtout parce qu’elle est plus UN. 4, p. 47.) DES EN YIRONS DE BAYONNE. 205 élevée et plus arrondie. Si l’Échinolampe décrit et figuré sous ce nom par M. Eug. Sismonda ( Wém. de l'Acad. de Turin, 2° sér., t. IV, pl. 2, fig. 5-7) est exactement représenté, les caractères de ses ambulacres en feraient une espèce distincte de l’Z. similis; car on ne voit que 15 pores géminés sur chaque branche de l’ambulacre , tandis qu’il y en a de 28 à 30 sur ceux de Grignon, dont les ambulacres restent ouverts à l'extrémité inférieure, étroits et légèrement arqués, au lieu d’être fermés et pétaloïdes, comme dans la figure donnée par M. Sismonda. Ainsi, l'Échinolampe de la colline tertiaire de Turin serait distinct à la fois de celui de Grignon et de celui de Biaritz, malgré la ressemblance générale de leurs formes. — Biaritz. 1. SCUTELLA SUBTETRAGONA, Grateloup. Mém. de géo-zoologie sur les oursins fossiles ; Actes de la Soc. linn. de Bordeaux, t. VII. Juillet 18:8; Ag., Mon. d'Echin., 2 livr., pl. 29, fig. 7 (fig. copiée). 1. COELOPLEURUS EQUIS, Ag. Echinus equis, Val., Enc. mét., pl. 140, fig. 7, 8 ; id. Desm., Cidaris coronalis, KI, pl. 4, fig. D, E; Lesk., pl. 8, fig. A, B. — Biaritz (d’après M. Agassiz ). 2. COELOPLEURUS AGASSIZH, Nov. sp., pl. VIII, fig. 2, a, 6, c, d. Corps sub-hémisphérique un peu déprimé en dessous et à contour subpentagonal. Sommet central d’où rayonnent cinq ambulacres étroits se continuant jusqu’à la bouche. Dans la moitié supérieure des ambulacres, les branches sont droites et les pores géminés; mais à partir de l'endroit où commencent les tubercules ambulacraires, les pores deviennent plus petits, s’infléchissent autour de la base des tu- bercules, et dans chaque paire se placent obliquement, ou même l’un au-dessus de l’autre, pour gagner la bouche. La partie supérieure des aires ambulacraires, lisse à l’œil nu, présente à la loupe quelques granulations ou des lignes aplaties, courtes, peu régulières. Vers le milieu de la hauteur, naissent deux rangées de tubercules mamelonnés, entourés à la base d’un bourrelet aplati. Chaque rangée se compose de sept tubercules dont les plus gros se trouvent au pourtour du disque là où le test se recourbe en dessous. Aires inter-ambulacraires, divisées en trois parties par deux crêtes filiformes minces, droites, den- telées, qui descendent du sommet à la bouche. Dans la partie du milieu, dont la largeur est double de celle des côtés, on remarque, le long des crêtes, cinq ou six petites attaches ressemblant à des nœuds de cordon, et par lesquelles passe alternativement de l’une à l’autre, comme dans des œillets, une strie en forme de lacet bordé, traçant ainsi des zigzags réguliers sur les aires inter-ambulacraires médians. Les deux parties latérales, d’égale largeur, ont vers le haut quelques granulations aplaties, et les an- gles du lacet simples, au nombre de trois ou quatre seulement, sont opposés à ceux de la partie mé- diane, et marqués par deux ou trois granulations aplaties. Les tubercules inter-ambulacraires médians, plus petits que ceux des ambulacres, commencent aussi plus bas et au pourtour du disque où finit le lacet ; ils sont disposés sur deux rangées de quatre chacune. On n’observe qu’une rangée de trois tubercules, plus petits encore que les précédents, sur les parties latérales de l’aire inter-ambulacraire. Ouverture inférieure grande, obscurément décagonale. — Hauteur, 6 millim.; grand diamètre, 11. Cet échinide très remarquable, que nous avions trouvé lorsque nous visitâmes les côtes de Biaritz , a été indiqué à tort, dans notre premier Mémoire sur la formation crétacée ( Mém. de la Soc. géol., t. IL, p. 179), sous le nom de Cidarites saxatilis, Mant. (pl: 17, fig. 1). M. Dufrénoy l’a égale- ment recueilli dans les couches à Nummulines des environs de Bayonne. 206 DESCRIPTION DES FOSSILES (N:4, p.48.) BAGUETTES DE CIDARIS, pl. VIT, fig. 16, 17, 18. Nous avons distingué, dans la collection de M. Thorent, trois baguettes d'échinodermes très dif- férentes, et qui paraissent avoir appartenu au groupe des Cidaris. L'une, fig. 16, a quelque analogie avec celle qu'a représentée M. Eug. Sismonda, pl. 3, fig. 6 (Mém. de l'Acad. de Turin, 2° sér., t. IV), et qui provient des collines tertiaires moyennes des environs de Turin. Mais nous sommes loin de penser que ni l’une ni l’autre puisse être rapprochée du C. nobilis, Gold., qui appartient à la for- mation oolitique. , La seconde, fig. 17, est aussi voisine de la baguette figurée par le même auteur, #bid., fig. 8; mais la nôtre est moins grosse, et les rangées de tubercules, moins serrées, ne permettent pas d’établir d'identité entre celle de Biaritz et celle de la colline de Superga. | Enfin, la troisième, fig. 18, quoique ayant quelque rapport avec les piquants du €. Blumenbachii, en est cependant trop distincte pour qu’à l'exemple de M. Eug. Sismonda nous puissions confondre des fossiles d’âges aussi différents. Elle s’en rapprocherait cependant davantage que la baguette, repré- sentée pl. 3, fig. 41, qui provient du terrain tertiaire supérieur de l’Astésan , et que M. Eug. Sis- monda n'hésite pas à regarder comme identique avec l’espèce jurassique. ANNÉLIDES. 4. SERPULA SPIRULÆA, Lam. Gold., pl. 714, fig. 8; Spirulæa nummularia, Bronn, Let. geog., pl. 26, fig. 16; Serpulites nummularius, Schlot. Pétref. , I, p. 97; Rotularia cristata, Defr. ; Vermicularia nummularia de Munst. C’est sans doute cette espèce que M. Pratt, loc. cit., désigne.sous le nom de S. rotula, de nous ne savons quel auteur. Cette espèce est très répandue dans le système nummulitique des Alpes orientales , dans le Véro- nais, et nous l’avons trouvée également commune dans les couches correspondantes de Rouaine (Basses-Alpes). Elle était depuis longtemps connue à Biaritz, et l’on peut la regarder comme un des fossiles les plus caractéristiques de ce grand horizon géologique. 2. SERPULA CORRUGATA , Gold., pl. 714, fig. 42. Var. nob., pl. VI, fig. 5. Quoique nous rapportions à l’espèce décrite par M. Goldfuss la Serpule recueillie au rocher du Goulet, nous avons cru devoir figurer cette dernière à titre de variété. Sa taille est plus grande que celle des couches tertiaires d'Osnabruck ; elle s’enroule plus régulièrement dans le même plan, et une expansion latérale augmente son adhérence au corps sous-jacent. On n’y remarque d’ailleurs aucune autre trace de carène ni de sillon , etles plis, froncés et ondulés, sont généralement très serrés. C'est probablement cette espèce que M. Pratt, loc. cit., a prise pour la S. ampullacea Sow. 3. SERPULA DILATATA. Nov. sp., pl. VIL, fig. 3, a, L. Corps vermiforme, tubuleux , arrondi , épais, rugueux, couvert dans le jeune âge de rides trans- verses, irrégulières, serrées, coupées par quatre ou cinq sillons longitudinaux peu prononcés (fig. A). Quelques tubercules épineux peu élevés sont placés de distance en distance sur la ligne médiane supérieure opposée au plan d’adhérence. Ouverture ronde. En vieillissant, le diamètre in- térieur du cube n’augmente pas sensiblement, mais les rides extérieures s’épaississent, et dans la dernière époque de la vie, les sillons longitudinaux deviennent plus prononcés. Ils bordent alors trois crêtes saillantes , dilatées, plissées , flexueuses , dont celle du haut ou du milieu est la plus élevée , et a son bord supérieur profondément découpé et dentelé. Dans cette dernière modification du tube, les (N-4,pe19.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 207 rugosités transverses ont disparu ; il n’y a plus que des stries d’accroissement assez faibles, et la sur- face du test paraît lisse, L'ouverture est ronde et du même diamètre que dans le jeune âge, mais son bord épaissi est accompagné de trois crêtes qui s’abaissent en s’approchant de l’ouverture. Le nombre et le développement des crêtes longitudinales paraît varier suivant la position et la forme du corps auquel le tube adhère. Nous avions d’abord confondu cette espèce avec la S. angu- lata, Gold., qui se trouve aussi dans les mêmes couches ; mais elle en diffère essentiellement par ses modifications successives , puisque dans le jeune âge elle se rapproche de la S. corrugata , tandis que les crêtes qu’elle porte , étant adulte, sembleraient en faire une espèce distincte si l’on rencontrait des fragments séparés des deux âges, ce qui est d’ailleurs assez fréquent. — Rocher du Goulet. L. SERPULA NUDA. Nov. sp., pl. VIT, fig. 6. Corps cylindrique , lisse, mince, presque droit et dichotome. Nous avons éprouvé quelque incertitude sur la nature de ce corps, qui semble lié à un autre d’une forme plus serpuloïde , et avec lequel il paraît avoir une origine commune, bien que dans l’échan- tillon que nous avons sous les yeux ils soient séparés par un corps étranger auquel ils adhèrent de chaque côté. À la partie supérieure, le tube flexueux adhère directement au tube cylindrique, mais leur cavité intérieure ne communique pas, comme cela a probablement lieu pour les branches dicho- tomes. — Rocher du Goulet. 5, SERPULA CORONA. Nov. sp., pl. VII, fig. 7. Tube simple, cylindrique, droit, muni de distance en distance de cercles lamelleux , évasés en forme de collerettes. Surface lisse dans les intervalles. — Rocher du Goulet. 6. SERPULA ERUCA. Nov. sp., pL VII, fig. 8, a. Corps vermiforme , très petit, cylindrique , couvert dans toute son étendue de rides transverses, granuleuses, égales, équidistantes , et qui, vers l'ouverture, sont interrompues et remplacées par des granulations irrégulières. Ouverture ronde, simple. Cette espèce, l’une des plus petites du genre, est peu flexueuse et ressemble à certaines che- nilles, d’où le nom que nous lui avons donné. — Rocher du Goulet. 7. SERPULA ANGULATA de Munst., Gold., pl. 74, fig. 5. Un individu assez bien caractérisé de cette espèce se trouve adhérent à la mème Huître que la pré--- cédente. La S. angulata est signalée dans les couches tertiaires d'Osnabruck. CONCHIFÈRES. A. SEPTARIA TARBELLIANA. Nov. sp., pl. VIIT, fig. 11. ( 7eredo Leym.) M. Leymerie (Mém. de la Soc. géol., 2° sér., t. II, p. 359) a décrit sous le nom de Zeredo Tournali plusieurs corps vermiformes assez différents. Celui qui est représenté pl. 14, fig. 2, pa- raît être identique avec un fragment plus grand, plus complet et trouvé sous le phare de Biaritz, et que nous croyons appartenir plutôt au genre Cloisonnaire qu’au genre Taret, n’ayant point à discuter ici la valeur ni les rapports de ces genres. Les deux tubes, séparés par une cloison papyracée, parfaitement continue dans toute sa longueur , sont réunis dans un premier cylindre enveloppé lui- même dans un second qui lui est contigu , et sans laisser aucun intervalle entre eux. Cette disposi- tion de deux tubes parallèles, qui est un caractère des Septaria, genre d’ailleurs peu connu encore, semble indiquer dans les siphons de l’animal une modification qui le distinguerait suffisamment de 208 DESCRIPTION DES FOSSILES CN: #4, p. 20.) celui des Tarets. M. Sowerby a représenté, pl. 102, fig. 7, du Min. conc., un corps assez sem- blable à celui dont nous parlons, et qu’il rapporte à son 7. antenautæ. I] dit à ce sujet, p. 234, que ce fragment montre la cloison ou la place des deux valves spathulées à l'ouverture du tube, explication qui ne peut nullement s’appliquer à l'échantillon de Biaritz. 4. TEREDO TOURNALI, Leym., pl. 44, fig. 3, 4. —Biaritz. — Les Corbières. 2. TEREDO, indét. Corps flexueux, semblables à ceux que l’on trouve à la base de la glauconie inférieure du nord de la France et dans la colline de Turin (V. Burtin, Orycht. des env. de Bruxelles, pl. 27, fig. B). Ils sont généralement connus dans les collections sous le nom de 7°: navals, mais rien ne prouve encore leur identité avec l’espèce vivante de nos côtes. M. Pratt, loc. cit., paraît avoir confondu ces corps avec le Zeredo articulata Sow., que, nous ne savons pourquoi, M. Morris, dans son Cata- logue des fossiles d'Angleterre, confond avec la Serpula amphibæna Gold. — Phare au Vieux-Port. 1. PHOLADOMYA PUSCHII, Gold., pl. 158, fig. 3. Cette espèce, trouvée dans les falaises du phare, diffère à la fois de la P. margaritacea, Sow., pl. 297, et de celle que M. Melleville a décrite et figurée sous le même nom | A». des se. géol., t. I, pl. 1, fig. 1, 2) ; elle est, au contraire, identique avec une coquille que nous avons recueillie dans les rochers de Bognor (Sussex). La P. Æonincki, Nyst. (pl. ï, fig. 9), est une quatrième espèce égale- ment propre au terrain tertiaire inférieur. La fréquence de cette coquille à Biaritz nous fait penser que c’est elle que M. Pratt a prise pour la véritable P. margaritacea. La P. Puschii appartient aux dépôts tertiaires de la Westphalie. 2. PHOLADOMYA, indét. M. Alcide d’Orbigny nous a communiqué une espèce beaucoup plus grande que la précédente, et surtout beaucoup plus oblique et plus mytiloïde, mais que son état de conservation ne nous a pas permis de figurer ni de décrire. 4. CRASSATELLA RHOMBOIDEA, Nov. sp., pl. VIX, fig. 9, a. Moule rhomboïdal , très inéquilatéral, transverse, à angles un peu arrondis, légèrement renflé vers le tiers supérieur, marqué de deux impressions musculaires très prononcées, l’antérieure se trou- vant placée perpendiculairement sous le crochet. La coquille, à en juger d’après le moule , était cou- verte de stries d’accroissement nombreuses assez régulières. Bord intérieur des valves finement crénelé. La forme de cette coquille la distingue nettement des autres espèces du genre auquel nous la rap - portons. — Bjiaritz (Collection de M. Al. d'Orbigny ). 4. VENUS TRANSVERSA SoW., pl. 422, fig. 1. Rochers de la Chambre d'Amour. — London clay de Barton. 2. CYTHEREA INCRASSATA, Lam., var. Sow., pl. 155, fig. 2. La coquille de Biaritz, d’ailleurs à l’état de moule , est beaucoup plus voisine de celle du Zondon clay que de celle des sables supérieurs du bassin de Paris. 3. CYTHEREA VERNEUILI, Nov. sp., pl. VII, fig. 10, a. Coquille transverse , trigone, à angles arrondis. Crochets presque contigus, inclinés en avant, pointus au sommet. Bord supérieur arrondi en arrière ; bord antérieur tronqué vers le haut et ar- (N°4, p-21:) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 209 rondi en bas ; bord inférieur arqué. La surface des valves est couverte de stries concentriques, fines, très régulières et très serrées. Lunule ovale, allongée. Corcelet étroit, allongé. — Hauteur, 30 millim. ; largeur, 37; épaisseur, 20. Cette coquille, que nous ne plaçcons qu’avec doute parmi les Cythérées, n’en connaissant pas la charnière, nous a paru assez bien caractérisée cependant pour la distinguer de celles qui l’avoi- sinent le plus. Ainsi, elle diffère de la €. nitidula Lam. , et de ses variétés, par sa forme plus trigone, son côté antérieur plus tronqué et la régularité de ses stries. Elle est moins elliptique que les C. ery- cinoïdes Lam. , et suberycinoïdes Desh. Les mêmes caractères l’éloignent de la Venus vetula Bast., ou mieux d’une coquille de la colline de Superga qu’on nous paraît avoir rapprochée à tort de celle des faluns de Bordeaux. Enfin, elle ne peut être confondue avec la C. éncrassata Lam., à cause de la régularité de ses stries , de sa forme moins deltoïde et de son bord supérieur , moins arqué et moin renflé. — Rochers de la Chambre d'Amour. 1. CARDIUM ORBIGNYANUM. Nov. sp., pl. VIX, fig., 13, a, 6. Moule sub-rhomboïdal, renflé, arrondi en avant, tronqué en arrière. Crocbets proéminents, très re- courbés, pointus, presque contigus. Bord cardinal peu arqué, faisant avec le bord antérieur un an- gle moindre qu’un droit , et avec le bord postérieur un angle obtus. Bord antérieur se réunissant au bord inférieur par une courbe circulaire régulière. Ce dernier forme, au contraire, un angle très pro- noncé avec le bord postérieur droit. A partir de cet angle, une espèce de carène arrondie remonte jusqu'aux crochets, de telle sorte que la partie postérieure de la coquille est tronquée brusquement ; tandis que toute la partie médiare et antérieure du disque est très régulièrement bombée. Impression musculaire antérieure large et très prononcée ; impression palléale étroite et remontée; impression musculaire postérieure peu apparente. Bord intérieur des valves finement dentelé. — Hauteur, 39 millim.; largeur, 37 ; épaisseur, 29. Gette espèce, dont nous ne connaissons que le moule, se distingue nettement des Cardium tertiaires et en particulier du €. semistriatum Desh., par sa forme plus oblique, par ses crochets plus saillants, et Surtout par sa troncature postérieure beaucoup plus marquée, de même que l'angle inféro- posté- rieur. Elle se rapprocherait davantage de certains Cardium secondaires, tels que les C. Aillanum Sow., et Cofaldinum d’Orb., de la formation crétacée, le C. éruncatum Sow., de la formation oolitique, etc., mais il suffit de comparer ces derniers avec le €. Orbignyanum pour reconnaître de suite combien ils en différent. 1. CHAMA SUBCALCARATA. Nov. sp., pl. VIL, fig. 11. Le mauvais état de l'individu que nous avons fait figurer et dontnousne connaissons encore que la valve supérieure, ne nous permet pas de donner une description complète de cette coquille ; mais ce fragment suffit cependant pour faire voir en quoi cette Chame, diffère de ses congénères, et par conséquent pour justifier sa distinction comme espèce. Les épines minces, étroites et dont plusieurs atteignent 4 centim. de longueur, l’éloignent d’abord des autres espèces fossiles, à l’exception de la C. calcarata Lam. : mais elle se distingue de cette dernière parce qu’au lieu de piliers lisses, réguliers , alternativement gros et petits qui soutiennent les lames papyracées , spinifères, concentriques, dentelées, régulière- ment espacées, du crochet jnsqu’au bord inférieur , la C. subcalcarata est couverte de stries fines, écailleuses , rayonnantes , interrompues seulement par des lamelles papyracées irrégulières, discon- tinues et disposées sans ordre. En outre, les épines naissent indifféremment au-dessus, au-dessous ou dansles intervalles des lamelles avec lesquelles ellesn'ont aucune connexion, tandis que dans la C. calca- rata, elles ne sont qu'une extension des lamelles mêmes sur lesquelles elles sont implantées. — Phare de Biaritz. 2. CHAMA (indét.), pl. VIT, fig. 12. La différence des deux valves dans ce genre nous empêche d'affirmer que celle que nous figurons SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n° 4. 7 (2 7 210 DESCRIPTION DES FOSSILES (N: 4, p.22.) ici n’est pas la valve inférieure de la précédente. Cependant son peu de profondeur, indépendamment de ses autres caractères, pourrait s'opposer à ce rapprochement. Elle s’en distingue, en effet, par l'absence complète de toute trace d’épine, par la présence, au contraire, de lamelles concentriques nombreuses, courtes et serrées en arrière, plus espacées en avant, grandes et très relevées vers les bords inférieur et antérieur. Entre les lamelles, on remarque des stries perpendiculaires assez régu- lières et ressemblant un peu à celles de la valve précédente. — Phare de Biaritz. 4. PINNA TRANSVERSA. Nov. sp., pl. VIIT, fig. 1 ( réduite de 1/4). Coquille transverse, courte, très inéquilatérale, en forme de triangle rectangle à angles très ar- rondis, très renflée vers le milieu et excavée du côté opposé au ligament. Crochets courts, renflés, arrondis, obtus, et formant le sommet de l’angle droit. (Dans le dessin cet angle n’est pas assez ouvert.) Le côté du ligament est le plus court, et le côté opposé aux crochets, légèrement arqué et bâillant, représente l’hypoténuse du triangle. Le côté antérieur concaye offre dans le voisinage des crochets l'indication d’un bâillement peu considérable pour Le passage du byssus. Dans cette partie, le test fibreux est fort épais, quoique très près du sommet, où il l’est ordinairement le moins. La surface de la co- quille est couverte de stries d’accroissement irrégulières, fines, nombreuses et serrées. Le test fibreux, de quatre millimètres d'épaisseur vers la base, s’amincit en approchant des crochets, où il en reste à peine des traces. — Hauteur , 149 centim.; largeur , 23; épaisseur, 9 4/2. Cette espèce, remarquable par sa forme, est l’une des plus grandes connues à l’état fossile. L’a- mincissement du test fibreux, à mesure que l’on se rapproche de la base vers les crochets, s’explique par la disposition du test nacré interne dont l'épaisseur croissait en sens inverse de celle du test fibreux. La manière exacte dont ce dernier est appliqué sur le moule pierreux autour du sommet et les em- preintes de stries qu’il y a laissées, montrent en outre que la disparition du test nacré est antérieure au remplissage ou au moins à la consolidation de la matière sédimentaire qui a servi au moulage. — Le seul individu jusquà présent connu de cette coquille a été trouvé au-delà du rocher du Goulet. 1. PECTEN TRIPARTITUS Desh., pl. 42, fig. 14, 15, 16. Le P. tripartitus du calcaire grossier des environs de Paris n’est pas rare dans les couches à Num- mulines, au-dessous du phare de Biaritz et au-delà du rocher du Goulet. Nous l'avons aussi trouvé fréquemment dans les faluvs tertiaires d’Ambillon près de Doué (Maine-et-Loire), où il est un peu plus petit; nous l’avons également rencontré dans les couches nummulitiques inférieures des envi- rons d’Annot (Basses-Alpes). Enfin, parmi les échantillons de calcaire à Nummulines rapportés de Crimée par M. de Verneuil, nous y avons reconnu un individu de cette espèce de la grandeur de ceux d’Ambillon. 2. PECTEN BIARITZENSIS. Nov. sp., pl. VII, fig. 9, a, à. Coquille allongée, équilatérale, probablement équivalve, arrondie en voûte au milieu. Crochets assez grands et pointus. Arêtes cardinales concaves , formant un angle au sommet de 72°. Bords laté- raux et inférieurs circulaires. Valve couverte de 21 côtes rayonnantes, arrondies, et séparées par des intervalles ou sillons de même largeur et de même forme. Chaque côte est divisée par deux stries longitudinales latérales peu prononcées. Des stries transverses, concentriques, un peu lamel- leuses, très fines, très régulières, équidistantes , détérminent à leur passage sur les côtes trois petites écailles arrondies qui correspondent aux divisions faites par les stries longitudinales. Dans les sillons qui séparent les côtes, les stries transverses sont à peine indiquées , mais on y distingue à la loupe un second système de stries longitudinales, quelquefois fasciculées , extrêmement délicates, courtes et très serrées (fig. 9 b). Oreillettes grandes, sub-égales, un peu obliques sur la valve gauche (la seule que nous connaissions), ornées de 6 à 8 côtes écailleuses. L'oreillette antérieure , plus grande que Ja UN: 4, p.25.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 211 postérieure, offre à sa base un sinus arrondi assez prononcé. — Hauteur, 26 millim.; largeur, 22; profondeur de la valve, 5. L'espèce qui se rapproche le plus du P. biaritzensis est le P. triangularis, Gold., pl 95, fig. 2. Cependant le nôtre s’en distingue par son crochet plus allongé, par l’angle cardinal ou du sommet plus aigu, et parce que les sillons qui séparent les côtes, au lieu de présenter au fond une strie longitudinale, écailleuse, comme celles des côtes adjacentes, sont au contraire plats ou lé- gèrement concayes, et ornés de stries obliques très fines et très serrées. Il suffit de comparer le gros- sissement donné par M. Goldfuss avec celui que nous avons fait faire, pour être frappé de la différence de ces deux coquilles. — Phare de Biaritz, et au-delà du rocher du Goulet. 3. PECTEN THORENTI. Nov. sp., pl. VIII, fig. 8, a, 6. Coquille rétrécie vers le sommet, suborbiculaire dans sa partie moyenne et inférieure. Valve droite (la seule que nous connaissions) , très déprimée , équilatérale, couverte de 22 ou 23 côtes ravonnantes , égales , arrondies , séparées par des intervalles ou des sillons également peu pro- fonds, et dans lesquels on observe trois ou quatre stries longitudinales plus ou moins prononcées. Quelques stries fines , obsolètes, se voient aussi sur les côtes ; mais, vers le bord postérieur, chacune de ces dernières est divisée par deux stries en trois parties inégales, dont celle du milieu est la plus large, et alors il n’y en a plus au fond du sillon intermédiaire. Toute la surface de la coquille est ornée en outre de stries transverses, fines , également espacées et lamelleuses, qui , en passant sur les côtés et les stries longitudinales, y déterminent des écailles arrondies ou des espèces de festons très réguliers. (Fig. 9, 8.) Oreillettes assez grandes, sub-égales, un peu renversées en dehors, ornées de cinq plis très écailleux , surtout celui qui forme le bord supérieur. Une échancrure profonde à la base de l'oreillette antérieure. Bord des valves dentelé. Charnière inconnue. Angle des arêtes cardinales de 80°. — Hauteur, 40 millim. ; largeur, 40; profondeur de la valve , 5. Gette espèce, quoique distincte des précédentes, appartient encore à ce groupe de Pecten plus ou moins orbiculaires, assez déprimés, équivalves, équilatéraux, ou sub-équilatéraux , à oreillettes sub-égales, dont les valves sont ornées de 18 à 25 et même 30 côtes rayonnantes, égales, séparées par des sillons plus ou moins profonds, et divisées par des stries longitudinales que traversent des stries concentriques régulières, fines, égales, lamelleuses, déterminant à leur passage sur les côtes et les autres stries des écailles ou des festons arrondis très élégants. Les écailles du P. Thorenti ressemblent beaucoup à celles du ?. biaritzensis, quoique les deux coquilles soient très différentes. — Phare de Biaritz et au-delà du rocher du Goulet. h. PECTEN BOIssy1. Nob. Mém. de la Soc. géol., t. AK, pl. 13, fig. 15, a, b, c, etfig. 16. — 1837. Nous doutons que la coquille du grès vert de Milber Down, en Devonshire, cilée sous ce nom avec les Orbitolites conica et plana, par M. de La Bèche (Xep. on the geol. of Cornw., etc., 1839), et par M. Morris, dans son catalogue des fossiles d'Angleterre, soit identique avec celle de Biaritz. 5. PEGTEN SUBDISCORS. Nov. sp., pl VIIE, fig. 40 , a. Coquille sub-deltoïde, déprimée , arrondie à la base, équilatérale, et probablement équivalve, or- née de 9 côtes rayonnantes, inégales, arrondies et lisses. Oreillettes sub-égales , avec deux ou trois plis vers le haut. Bord dentelé à l’intérieur , où des sillons larges et assez profonds correspondent aux côtes de la surface extérieure. Angle des arêtes cardinales de 82°. — Haufeur, 14 millim. ; largeur, 15 : profondeur de la valve, 5. Nous avons fait figurer cette valve incomplète parce qu’elle a des caractères assez précis pour la distinguer de ses congénères, et en particulier du P. discors | Ostrea, id., Broc., pl. 14, fig. 13), qui s’en rapproche par sa forme comme par sa taiile, mais qui en diffère par la minceur de son test, D DESCRIPTION DES FOSSILES CN. 4, p- 24) par la forme de ses oreillettes, par ses côtes aplaties, au nombre de 12, et striées dans leur lon- gueur comme les sillons qui les séparent. Le P. subdiscors se distingue aussi par sa forme du ?P. de- cemplicatus de Munst. Gold., pl. 97, fig. 5. — Biaritz ( Collection de M. Al. d'Orbigny). 1. PLICATULA KONINCKII. Nov. sp., pl. IX, fig. 5, a. Coquille sub-circulaire, très déprimée, à surfaces ondulées ou flexueuses. Valve supérieure couverte de plis étroits, rayonnants, inégaux, presque lisses vers les crochets, mais surmontés, à mesure qu'ils s’en éloignent, d’écailles et d’épines inégales , d'autant plus serrées et saillantes qu'ils s’approchent davantage des bords. Les sillons qui les séparent montrent des stries d’accroissement peu régu- lières, courtes, serrées, très fines et très nombreuses. Valve inférieure ornée de plis écailleux semblables à ceux de l’autre valve. Charnière inconnue. — Hauteur, 56 millim. ; largeur, 52; épais- seur, 16. Si par les ornements de sa surface la P. Xoninchi rappelle un peu la 2. placunea Lam. elle s’en distingue par ses autres caractères. L'absence de trace d’oreillettes dans le seul individu que nous conpaissions , lequel est d’ailleurs incomplet, et le peu d'épaisseur de la coquille nous l'ont fait placer provisoirement parmi les Plicatules; mais en remarquant que nous n'avons pu apercevoir la charnière, peut-être lui trouvera-t-on une certaine ressemblance avec l'Hinnites Brussoni de M. Marcel de Serres ((réog. des ter. tert., pl. 5, fig. 1-2), dont les ornements de la surface sontmoins - nombreux et moins serrés — Moulin de Sopite , au-delà du rocher du Goulet. 1. SPONDYLUS NYSTIIL. Nov. sp., pl. IX, fig. 3 a, 4. Coquille très inéquivalve, irrégulièrement ovalaire. Valve inférieure très profonde, fortement géniculée. Surface d’adhérence aplatie . grande , allongée, s'étendant du crochet jusqu’au- delà de la moitié du disque et limitée à son pourtour par des lamelles courtes et serrées. Des stries longitudinales, nombreuses, inégalement espacées, croisées par des stries d’accroissement fines, assez rapprochées , qui se relèvent çà et là en formant des lames écailleuses courtes, occupent le reste de la surface jusqu’au bord. Entre les stries longitudinales, s'élèvent quelques tubercules épineux irrégulièrement disséminés. Valve supérieure presque plane ou légèrement infléchie, couverte de plis fins, étroits, serrés, égaux, écailleux vers les bords. — Hauteur, 42 millim. ; largeur, 28 ; épaisseur, 23. Nous avons fait représenter (fig. 4) un individu provenant des faluns de la Touraine, et qui nous a paru ne différer de celui de Biaritz que par sa surface d’adhérence beaucoup moins étendue , carac- tère d’ailleurs peu important. Nous ne connaissons que la valve inférieure de ce dernier, dont nous donnons un dessin pour indiquer les caractères de la. charnière et du talon qui manquent dans le Spondyle du port des Basques. 2. SPONDYLUS DETRITUS. Nov. sp., pl. IX, fig. 2 a. Malgré l’état fort incomplet de cette coquille, nous avons dû la faire figurer pour démontrer le peu de fondement des analogies que l’on avait cru trouver entre certaines coquilles des couches à Num- mulines de Biaritz et des espèces de la formation crétacée. Le fragment que nous avons sous les yeux montre qu’il appartient à une coquille équivalve, sub-équilatérale, symétrique ct régulière. Les deux valves portent des côtes longitudinales, rayonnantes, inégales, arrondies, avec quelques rares tuber- cules sur l’une d’elles. Ces caractères suffisent pour distinguer ce Spondyle du S. spinosus (Plagios- toma id., Sow.) de la craie blanche, cité à tort à Biaritz ( Bull. de la Soc. géol., 9° sér., t. I‘; Quait. Rev. geol. Soc. Lond., t. Ir, p. 113, et dans le mémoire précédent de M. Thorent). Cette espèce est plus grande, plus large, moins renflée , et a les côtes rayonnantes, égales, régulières, sépa- rées par des sillons très profonds. -— Au pied du phare de Biaritz. (Collection de M. Al. d'Orbr- ny. ) (AN: 4, p. 23.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 213 3. SPONDYLUS DUBIUS. PI. IX, fig. 4, à. Nous ne connaissons que le moule de cette espèce; et bien que dans ce genre, moins encore que dans tout autre, le moule ne puisse traduire les caractères de la coquille, celui-ci suffira cependant pour faire voir qu’il ne peut provenir du S-. spinosus, coquille déprimée, symétrique, équilatérale, régulièrement semi-circulaire en arrière, ayant tout-à-fait l’aspect d’une Lime ou même d’un Peigne ; tandis que le moule dont nous parlons aurait une certaine ressemblance avec le S. gædro- pus Lin.: c’est au moins l’espèce dont il paraît se rapprocher le plus. Serait-ce cette espèce et la pré- cédente que M. Pratt, loc. cit., aurait rapportées aux S. radula Lam., et rarispina Desh. ? — Au pied du phare de Biaritz. (Collection de M. AI. d'Orbigny.) 4. OSTREA FLABELLULA Lam., Desh., pl. 63, fig. 5, 6, 7. Port des Basques. — Terrain tertiaire inférieur (calcaire grossier, sables inférieurs, London clay). 2. OSTREA LATERALIS Nils., pl. 7, fig. 7-10. Le fragment recueilli au rocher du Goulet ne nous paraît pas différer de la coquille si fréquente sur certains points dans la craie inférieure. M. Leymerie (Mém. de la Soc. géol., 2° sér., t. I, p. 367, pl. 15, fig. 7) décrit et figure aussi cette espèce comme se trouvant dans le système nummulitique du département de l'Aude. 3. OSTREA YESICULARIS Lam. , Al. Brong., pl. IL, fig. 5. Nous rapportons également à cette espèce de la craie blanche un individu assez complet, recueilli à la Chambre d'Amour. D’après le catalogue de M. Thorent , d’autres auraient été trouvés au-delà du rocher du Goulet. Un second individu que nous avons sous les yeux, et qui provient de la même loca- lité que le premier, est plus grand, et la surface d’adhérence du crochet étant fort petite, contrairement à ce qui a lieu d'ordinaire dans cette espèce, il en résulte une coquille tout-à-fait gryphoïde, et, au premier abord , assez différente de la précédente. Cependant nous croyons ne devoir la regarder que comme le résultat d’une circonstance particulière. Si, par la comparaison de beaucoup d'échantillons, ces deux coquilles, l’une que nous rapportons à l'O. lateralis et l’autre à l'O. vesicularis, sont trouvées distinctes des espèces de la craie, elles ne le sont pas moins des espèces tertiaires jusqu’à présent connues. h. OSTREA (indét. ). Espèce qui a quelque analogie avec l'O. palliata Gold., pl. 77, fig. 4, mais qui en diffère par ses plis moins nombreux et plus irréguliers. Sa forme générale et ses contours sont plus ondulés et flexueux. Un seul échantillon un peu détérioré a.été trouvé au rocher du Goulet. M. Bertrand Geslin Va recueilli à Lonigo, dans le Vicentin. 5. OSTREA LATISSIMA Desh.. pl. 52, 53, fig. 4, 0. gigantea Sow., pl. 64. Nous avons signalé, lors de notre premier travail (Wém. de la Soc. géol., t. IE, p. 18h), l'existence dans la falaise de Biaritz d’une espèce d’Huître colossale dont nous n'avions vu que des fragments tout-à-fait indéterminables, mais remarquables par l'épaisseur du test, qui atteignait jusqu’à 4 cen- timètres. Il est probable qu'ils appartiennent à l'O. latissima, que M. Thorent nous cite comme se trouvant, en effet, sous le phare et dans le chemin de Villefranque, et dont il a vu aussi un échantillon provenant du Vicentin. Cette espèce appartient, comme on sait, au terrain tertiaire inférieur du nord de la France, de la Belgique et de l’Angleterre. MM. de Verneuil eu Dubois en ont trouvé, dans les calcaires à Nummulines de la Crimée, une variété fort épaisse, à valve très gibbeuse et convexe, qui serait peut-être celle de Biaritz; enfin M. Leymerie la signale également dans les roches nummuli- tiques des Corbières. 214 DESCRIPTION DES FOSSILES (CN: 4, p. 26.) 1. GRYPHÆA (indét.). M. Thorent nous indique encore, sur le chemin de Villefranque, une grande Gryphée qui aurait jus qu’à 25 cent. de diamètre. Un seul individu à l’état de moule a été rencontré en cet endroit, et un autre à Tercis (Landes) , mais sans indication de terrain. v 1. VULSELLA FALCATA DE MUNST. Gold., pl. 107, fig. 40, a, 6. Var. nob., pl. VIII, fig. 2, 3, a, 4, a. Cette espèce paraît être très variable dans sa forme. Lorsque l’on compare un certain nombre d'individus, on trouve des passages insensibles depuis la forme symétrique, équilatérale et transverse (fig. 2), jusqu’à des coquilles allongées, mytiloïdes, à crochets terminaux (fig. 4) ou sub-terminaux (fig. 3). Nous croyons devoir rapporter, quant à présent, toutes ces formes à celle de M. de Munster, figurée et décrite par M. Goldfuss. Cette dernière, très fréquente elle-même à Biaritz, peut être prise comme un intermédiaire entre les extrêmes que nous avons fait figurer. — Au-delà du rocher du Goulet. — Elle est aussi signalée au Cressemberg, dans la Bavière orientale, dans des couches proba- blement du même âge. La Vulselle de la craie de Saintes (Char.-Infér.), que nous avions regardée comme une autre va - riété de celle-ci (Wém. de la Soc. géol., t. IT, p. 188), paraît appartenir à une espèce distincte. 1. TEREBRATULA TENUISTRIATA Leym., pl. 45, fig. 11, a, b, c. Var., pl. VII, f. 44, a, 6. M. Leymerie (Wém. de la Soc. géol., 2e série, t. I, p. 362) pense que sa 7°. temustriata offre des passages à la coquille qu’il a fait représenter (même planche, fig. 12), et à laquelle il conserve avec doute le nom de 7”. Defrancii. L’échantillon que nous avons fait figurer est précisément une de ces formes intermédiaires dont parle M. Leymerie, et qui, en confirmant le rapport qu'il a fort bien indiqué, prouve que la 7. substriata (fig. 11), la T°. Defrancii (fig. 12) et l'individu que nous avons fait dessiner ne sont que des modifications d’une même espèce, très distincte d’ailleurs de la 7. Defran- cit Al. Brong., pl. 3, f. 3, comme nous allons le faire voir. En effet, sa taille est toujours moindre de moitié, sa forme générale est plus elliptique , les arêtes cardinales sont arquées, et non pas droites, comme dans le 7”. Defrancii ; le front, au lieu d’être droit, décrit une courbe bien arrondie avec les arêtes latérales, et il ne se relève pas vers la valve ventrale, de sorte que, vu de profil, il reste exactement dans le plan de jonction des valves. Le bourrelet ventral ne présente non plus aucune trace de dépression médiane. Le crochet de la valve dorsale est moins recourbé, et il est tronqué obliquement d’arrière en avant. Lesstries dans les deux espèces se bifur- quent , à la vérité, très près des crochets; mais la bifurcation n’a pas lieu de la même manière. Dans la 7°. Defrancii, toutes les stries sont égales et très fines autour des crochets ; dans celle de Biaritz, les stries qui parviennent jusqu’à la pointe sont beaucoup plus grosses en cet endroit, et à mesure qu’on s’en éloigne, il y a insertion de stries plus fines , qui grossissent à leur tour , de telle sorte que vers le bord elles sont toutes égales. La 7. tenuistriata diffère aussi par d’autres caractères mportants de la 7°. sfriatula, Mant., Sow., pl. 536, fig. 4, dont elle rappelle seulement la forme et les dimensions. Est-ce notre coquille que M. Pratt, loc. cit., et Quart. Journ., t. 1%, p. 113, nota, aurait prise pour la Z. sfriatula, et qu'il cite avec le 7. bisinuata, non loin des Ophites de la côte? C’est ce qu’il nous est impossible de préciser. Cette espèce a été citée à tort comme étant la 7. caput serpentis, antè, p. 184. — Au-delà du rocher du Goulet et chemin de Villefranque. 2. TEREBRATULA ÆQUILATERALIS. Nov. sp., pl. IX, f. 7, a. Nous avons fait représenter cette valve dorsale peu complète, d’une grande espèce, qui nous a paru distincte de toutes celles que nous connaissons. A en juger par les stries d'accroissement les plus rapprochées da bord, sa forme devait être celle d’un triangle équilatéral. Le crochet recourbé, grand , assez pointu , est percé à l'extrémité d’un trou rond. Les arêtes cardinales , formant deux des (N: 4, p.27.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 215 côtés du triangle par la suppression complète des arêtes latérales, se joignent directement au front, qui occupe à lui seul le troisième. La surface de la coquille, régulièrement bombée du crochet jusqu’au front, est unie, lisse, ou marquée seulement de stries peu régulières et peu prononcées. — Au-delà du rocher du Goulet. 1. ORBICULA TARBELLIANA. PI. IX, fig. 6. Coquille elliptique, un peu tronquée en avant. Valve inférieure mince, papyracée ; valve supé- rieure plus petite, trochoïde , déprimée. Sommet sub-terminal , peu élevé, pointu et recourbé. Stries d’accroissement inégales, ondulées et rugueuses sous le sommet. — Hauteur, 15 millim. ; lar- geur, 13 ; épaisseur, A. Cette espèce, qui ressemble à l’O. /amellosa, Brod. (Non. id. nob., Mém. de la Soc. géol., t. LE, pl 41, fig. 7), est plus allongée et plus déprimée. L’adhérence et la minceur de la valve in- férieure ne nous ont pas permis de déterminer la forme, la place et les dimensions de son ouver- ture. — Port des Basques. MOLLUSQUES. DENTALIUM GRANDE ? Desh. Mon. du genre Dentale. M. Pratt cite cette espèce à Biaritz, et il serait possible, en effet, que les échantillons roulés de la collection de M. Thorent lui appartinssent ; cependant nous leur trouvons plus de ressemblance avec la variété du 2. elephantinum Lin. , signalée par M. Deshayes, et découverte par M. Boué dans le terrain tertiaire de Vienne. 4. NATICA. Moule indéterminable. — Port des Basques. 4. TORNATELLA ALLIGATA Desh.? pl. 23, fig. 3, 4. Nous conservons quelques doutes sur l'identité de la coquille des environs de Paris avec celie qui a été recueillie à la Chambre d'Amour, et dont la base de l’ouverture et le bord droit ont été brisés; mais nous n’hésitons point à rapprocher cette dernière de celle que nous avons trouvée près de La Mure (Basses-Alpes), dans les marnes sableuses placées entre les couches inférieures à Nummulines et les grès puissants qui surmontent tout le système. 4. TURRITELLA CARINIFERA Desh. , pl. 36, fig. 4, 2. Rochers de la Chambre d'Amour. — Calcaire grossier du bassin de Paris. 2. TURRITELLA IMBRICATARIA Lam., Desh., pl. 38, fig. 4, 2. Les échantillons recueillis au port des Basques sont trop incomplets pour décider s'ils appar- tiennent aux variétés du calcaire grossier des environs de Paris ou à celles des sables inférieurs. 1. CERITHIUM SUBLAMELLOSUM. Nov. sp., pL IX, fig. 8, a. Coquille turriculée, pointue au sommet. Tours croissant lentement, régulièrement convexes, séparés par une suture profonde canaliculée. Tours ornés de trois rangées égales de granulations équidistantes ; sur le dernier tour on en observe sept, dont trois intermédiaires plus petites que les quatre autres. Alignées dans le sens de la hauteur des tours, les granulations déterminent par leur réunion des plis transverses granuleux. Sur la base, quatre plis lamelleux concentriques entourent le bord gauche. Un bourrelet traversé par les stries granuleuses et les lamelles de la base se trouve sur le dernier tour placé du côté opposé à l’ouverture. Bouche incomplète. Bord droit et canal 216 DESCRIPTION DES FOSSILES (N: 4, p.28.) inconnu. Bord gauche se réunissant au bord droit, en formant un angle saillant sur l’avant-dernier tour, avec une petite gouttière à l’intérieur, concave ensuite et-revêtu d’une callosité épaisse , réflé- chie sur la base, et qui remonte vers le canal, avec l’origine duquel elle paraît se confondre. Quoique nous ne connaissions de cette coquille qu’un échantillon peu complet, nous avons dû la décrire et la figurer pour faire voir en quoi elle diffère du C. /amellosum Lam., auquel on pourrait être tenté de la réunir. Les arêtes du cône spiral sont droites, et l’accroissement des tours est gra- duel et régulier ; dans le C. lamellosum , ces arêtes sont convexes , l’accroissement des tours est peu régulier, et ceux-ci sont plus convexes. Des plis transverses, élevés, arqués, irréguliers, sont traversés par cinq ou six stries longitudinales, inégales, qui déterminent à leur passage des dente- lures plus ou moins prononcées. Dans le C. /amellosum, au lieu de plis, ce sont trois rangées de granulations régulières et égales. Lors même que de meilleurs échantillons que le nôtre montre- raient entre ces rangées une strie intermédiaire, cette ornementation différerait toujours, par sa régularité, de celle du C. lamellosum , ainsi que de celle du €. plicatum Lam., qui porte toujours quatre rangées de granulations , dont les plis de la base sont granuleux , qui n’a point le bord gauche revêtu d’une callosité épaisse et réfléchie , et qui manque du bourrelet qui, sur le dernier tour, est opposé à l’ouverture. — Port des Basques. 2. CERITHIUM BACCATUM Al. Brong., pl. 3, fig. 22? Le mauvais état de l’échantillon rend ce rapprochement très douteux, et cette coquille est aussi voisine du C. semicoronatum Desh., pl. 50, fig. 1, 2, 3. — Port des Basques. — Vicentin? Calcaire grossier de Paris ? 1. Fusus. Moule voisin du F. unicarinatus Desh., pl. 72, fig. 11, 12, et du F. serratus id:, pl. 73, fig. 42, 13. — Rochers de la Chambre d'Amour. 1. TRITON BIGINCTUM Desh., pl. 80, fig. 33, 34, 35. Biaritz. — Calcaire grossier du bassin de Paris. 4. Conus. Moule très incomplet, dont la spire ne dépasse pas le dernier tour. — Chambre d'Amour. 4. BELOPTERA BELEMNITOIDEA de Blainv., Malac, supp., pl. 11, fig. 8. Biaritz (Collection de M. Alc. d'Orbigny). — Galcaire grossier de Paris. CRUSTACÉS. 1. CANCER PUNCTULATUS Desm., pl. 7, fig. 3, 4. Au-delà du rocher du Goulet, chemin de Villefranque. — Est aussi cité par Desmarest, aux environs de Dax, dans le Véronais, le Vicentin , etc. 2. CANCER. Quoique plusieurs carapaces présentent tous les caractères indiqués par Desmarest pour le Cancer punctulatus , d’autres à surface lisse offrent , dans la forme et les détails de la queue et des parties LN. 4, p. 29.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 947 adjacentes plus de rapports avec le C. quadrilobatus du même auteur, pl. 8, fig. 1-2, qui est aussi signalé aux environs de Dax. — Des individus plus complets pourront seuls décider à cet égard. 3. CANCER? Enfin, nous signalerons comme provenant d’un crustacé distinct des précédents, un fragment de pince qui a dû appartenir à une très grande espèce, à en juger par ses dimensions, et surtout par l'épaisseur extraordinaire de son test. OBSER VATION. Ce Mémoire ayant été présenté à la Société géologique dans la séance du 4 mai 1846, l'impression du texte et les dessins des planches commencés immédiatement étaient presque terminés, lorsque parut, dans les premiers jours de juillet, la 22° livraison de l’/conographie zouphytologique de M. H. Michelin. Dans cette livraison se trouve figurée pl. 63, fig. 2, sous le nom de #/abellum pyrenaicum, notre Turbinolia calcar. Le Flabellum vaginale , ibid., fig. 3, est une variété de notre Turbinolia den- talina. La Lunulites Vandenheckei , de la même planche, paraît être celle que le mauvais état des échantillons ne nous a pas permis de déterminer. L'Orbitolites Pratti, ibid., fig. 14,i serait notre Orbitolites submedia. L'Oculina incerta, ibid., fig. 11, est celle dont les caractères incomplets ne nous ont permis que d'indiquer le genre. Enfin le Diastopora Thorenti, ibid. , fig. 15, ne serait autre que notre Pustulopora Labati. Lors de notre communication et pendant l'impression du Mémoire, nous ignorions complètement que M. Michelin s'occupât, de son côté, des fossiles de Biaritz; mais comme il n’en était pas de même de lui à notre égard, nous regrettons qu’il ait pu donner lieu à des doubles emplois, toujours fâcheux, par la confusion qu’ils jettent dans la science. ERRATUM RELATIF À LA DEUXIÈME PARTIE DES ÉTUDES SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. Page 113, ligne 16, au lieu de M. Fitton, lisez MM. Ibbetson et Forbes. SOC. GÉOL. 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° 4. 28 L % * _ NEIL th NES \ - AT Ut Ï [ER rl hu: ah MAN | DRAM EVER L fo FER UHR TR ROLE MP à UN mL RAA © ASE" | L Fa à v "I AW en À 6: NET ARL ALL. Li j re OT LIN , AIR 1 INRA , ï LUI LEE Dr au Ar 0 RETENUE l F4 TABLE DES MÉMOIRES CONTENUS DANS LA PREMIÈRE PARTIE DE CE VOLUME. Études sur la formation crétacée des versants Sud-Ouest, Nord et Nord-Ouest du plateau central de la France, par M. le vicomte D’ARCHIAC (deuxième partie). . . . . Page IT. Sur la vraie position géologique du terrain du Macigno, en Italie et dans le midi de la 1 PEN, jnr Le JMHENS UE 6 certe Miotolonoroio cd CT RP DR OlO ENS Gene e IIT. Nouvelles observations sur le terrain hétrurien, par L. PILLA. . . . . . . . . . . .. III bis. Sur la géologie des environs de Bayonne, par M. SAMUEL PEACE PRATT. . . . . .. IV. Description des fossiles recueillis par M. Thorent dans les couches à Nummulines des en- virons de Bayonne , par M. le vicomte D'ARCHIAG. . . . . . . . . . . . . . . . .. FIN DE LA TABLE DE LA PREMIÈRE PARTIE. no = ame mine atau cn on can eu As ar ” es F SEE x ï \ EM ï tres -N4n MÉMOIRES SOCIÉTÉ SAociour DE FRANCE. Ge trouve a Londres, Cuez BOSSANGE, BARTHES er LOWELL, LiBRAIRES . 14, GREAT MARLBOROUGH STREET. PARIS. — IMPRIMERIE DE L. MARTINET, Imprimeur de la Société géologique de France, RUE JACOB, 50. MEMOIRES DE LA SOCIÈTE GEOLOGIQUE DE FRANCE. DEUXIÈME SÉRIE. ONE WEMALECINE, — Dhuzime parte. PARIS, PB. BERTRAND, ÉDITEUR, LIBRAIRE, RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARCS, 69. 1847. La Société déclare qu'elle laisse aux Auteurs la responsabilité des faits et des opinions contenus dans leurs Mémoires. V. MÉMOIRE SUR LA CONSTITUTION GÉOLOGIQUE DU SANCERROIS {Partie septentrionale du département du Cher} , PAR V® RAULIN. Lu à la Société gévlogique le 48 novembre 1844 (1). Introduction. Entre la plaine de la Sologne au N. et à l'O. , celle du Berry au S., et la vallée de la Loire à l'E, il y a une petite région montueuse, qui fait partie de l’ancien Berry, et qu’on peut désigner sous le nom de Sancerrois, d’après celui de la ville principale, Sancerre , qui se trouve près de la limite orientale de cette région sur une haute colline dont le pied est baigné par la Loire. Située entre la grande route de Moulins à l'E. et celle de Limoges à l’O., cette région n’est traversée que par la route peu fréquentée de Gien à Bourges ; aussi est-elle restée jusqu'à présent à peu près inconnue aux géologues. En effet, on ne peut guère tenir compte de la description confuse donnée par M. Fabre, en 1338, dans sa Description physique du Cher. La manière même dont le Sancer- rois est colorié sur la carte géologique de la France, fait assez voir que les (4) Lors de la lecture de ce travail, dont une analyse se trouve dans le Bull. de la Soc. géol., 2° série, t. IV, pag. 84, M. d’Archiac, qui connaissait le Sancerrois, nous fit quelques observations qui augmentèrent le désir que nous avions déjà de revoir le pays avant l’impression de ce mémoire. Quelques mois après , le Muséum d'histoire naturelle nous ayant confié l'exploration de l’île de Crète, nous ne pûmes réaliser notre désir en 1845. La publication de notre travail subit alors un ajournement forcé pendant lequel M. d’Archiac donna un aperçu du Sancerrois dans la seconde partie de ses Études sur la formafion crétacée, qu'il présenta à la Société géologique , le 13 janvier 1845 et qui parut en septembre 1846 dans les Mém. de la Soc. géol., 2° série , tom. IX, 4*° partie. C’est dans les premiers jours d’octobre 1846 que nous avons pu retourner à Sancerre, où nous avons découvert seulement alors une faille soupçonnée par M. d’Archiac, mais qui nous avait échappé lors de notre second voyage en 4844. Pour conserver à notre travail sa véritable date, nous aurons soin de distinguer par des guillemets les additions postérieures à la lecture faite devant la Société. SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n°5. 29 220 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE (Rp) auteurs de celle-ci, occupés de l’étude des grandes régions montagneuses de la France , n’ont pas eu à leur disposition le temps nécessaire pour visiter cette petite contrée en détail. L’attention des géologues, cependant, aurait dù être éveillée par cette circonstance que l'étage supérieur du terrain jurassique, qui atteint à peine 250 mètres d'altitude à Pouilly-sur-Loire, et 150 mètres à Vatan, sur les deux routes citées ci-dessus, est représenté sur la carte géologique de la France comme atteignant l'altitude de 432 mètres à Humbligny, vers le tiers oriental de la longueur du Sancerrois. Revenant de Néris en septembre 1843, nous passâmes par Sancerre, afin de traverser la Sologne, que nous ne connaïssions pas. En sortant de cette ville vers le N.-0. , et en suivant la route d’Aubigny, nous fûmes très étonné de rencontrer l'étage supérieur du terrain jurassique à une hauteur inusitée et sur un point où la carte géologique de la France indique les couches moyennes du terrain crétacé et le terrain tertiaire moyen. Nous entrevîmes de suite qu'il y avait là quelque chose d’extraordinaire qui méritait d'être examiné. C’est le résultat des études que nous avons faites dans le mois d'août 1844, que nous venons soumettre au jugement des géologues. Nous allons successivement examiner l’orographie du Sancerrois et les diffé- rents terrains qui le constituent ; nous arriverons ensuite à la disposition de ceux- ci, puis nous terminerons par quelques considérations générales. $ L Orographie, Le Sancerroïis est une surface bombée, ayant la forme d’un triangle à côtés convexes , dont les angles, assez fortement arrondis, sont placés dans le voisinage des villes de Sancerre, de Gien et de Vierzon. Sa longueur , de Vierzon à la Loire, est de 65 kil. , et la plus grande largeur, de Sancerre à Argent, est de 50 kil. Le Sancerrois présente donc la forme d'une grande pyramide triangulaire extrême- ment surbaissée, dont les deux plus grandes faces regardent le N.-0. et le S., et dont la plus petite fait face au N.-E. Celle qui regarde le N.-0. possède une pente très douce, tandis que les deux autres ont des pentes plus rapides. Aussi, de la Sologne, s’aperçoit-on peu de l'élévation du Sancerrois , tandis que de la vallée de la Loire et de la plaine du Berry on le voit constituer une chaîne assez élevée, qui paraît déjà de Nérondes à 35 kil. au S.-E. Les pentes moyennes sont très faibles ; celle du revers N.-0., mesurée entre la Motte d'Humbligny et Aubigny, n’est que de 0° 31’ ou 1/111. Les pentes moyennes des revers N.-E. et S., prises entre la colline de Morogues et les Aix-d’Angillon, sont plus rapides ; elles attei- gnent 4° 47 ou 1/26. La partie culminante du Sancerrois est la colline, dite la Motte d'Humbligny , et un petit plateau boisé, situé au N.-0. de celle-ci, qui tous deux atteignent l'altitude de 434 mètres. Ces deux points sont situés vers le tiers oriental de la plus grande longueur de la région et assez près de son bord méridional. (N.5, p 5.) DU SANCERROIS. Mc Le Sancerrois est donc unesorte d’île montueuse qui s'élève à plus de 200 mètres au-dessus\des plaines environnantes. En effet , la Beauce et la Sologne, au N. et au N.-0., atteignent des altitudes d'environ 160 mètres, qui se réduisent à 120 mètres à l'O. vers Romorantin ; le Berry au S. est en moyenne à 200 mètres. La grande vallée de la Loire à l'E. atteint de 135 à 155 mètres; elle sépare le Sancerrois de la Puisaye , qui possède des altitudes de 200 mètres le long de la Loire, mais qui se relève à l'E. et va atteindre 355 mètres à Bouy, à 20 kil. à l'E. de ce fleuve. | Le Sancerrois est le paysle plus élevé qui se rencontre dans toute cette moitié occidentale de la France qui comprendles trois grandes régions naturelles connues sous les noms de bassin de Paris, de presqu'île de Bretagne et de bassin de Bor- deaux; moitié de notre territoire qui se trouve limitée d’un côté vers l'O. par la Manche et l'Océan atlantique, et de l’autre côté vers l'E. par l’Ardenne, les Vosges, le Plateau de Langres, le Plateau central et la chaîne des Pyrénées. Le Sancerrois est séparé en trois parties par deux vallées transversales qui le traversent de part en part et qui courent du S.-E. au N -O. à peu près, suivant le sens de la plus grande pente de sa surface; ce sont les vallées de la Grande- Sauldre à l'E. et de la Petite-Sauldre à l'O. Contrairement à ce qui a lieu dans les pays de plaines horizontales, les profondeurs de ces vallées , qui atteignent 140 et 170 mètres à leur naissance, près du bord méridional du Sancerrois, se réduisent à 15 à 20 mètres à leur sortie sur le bord N.-0., à Clémont et à Souesmes ; ce qui tient à ce que l’inclinaison de la surface de la région est plus rapide que celledes thalweg de ces vallées. Plusieurs autres vallées plus petites sillonnent parallè- lement aux deux premièresle revers N.-0., mais sans atteindrel’arête culminante ; les principales sont celles de la Notre-Heure, de l'Oizonette, de la Nerre et de la Rère, qui toutes, à l'exception de la première , débouchent dans celles de la Grande et de la Petite-Sauldre. Ces deux dernières , peu après leur sortie de la région, se réunissent elles-mêmes en une seule, qui va aboutir à la vallée du Cher, au dessous de Romorantin. Le revers méridional du Sancerrois présente les vallées du Barangeon , du Moulon , du Colin et quelques vallons qui débouchent en grande partie dans celle de l’Yèvre , laquelle se réunit elle-même à la vallée du Cher, devant Vierzon. Le revers N.-E. ne présente que de petits vallons qui aboutissent tous directement à la grande vallée de la Loire. L’arète culminante du Sancerrois qui sépare le revers méridional du revers N.-0. forme, comme on voit, la ligne de partage des eaux qui s’écoulent, d'une part, au N. par la Grande-Sauldre, et d'autre part, au S., par l'Yèvre; il n'y a d'exception que dans la partie occidentale peu élevée, où le bassin de l’Yèvre s’avance par la plaine de Barangeon bien au N. du prolongement en ligne droite de larète. L’arète qui sépare les versants N.-0. et N.-E. sert aussi de point de départ aux eaux qui se rendent dans la Loire à l'E. et dans la Grande-Sauldre à l'O. 222 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE CN. 5, p. 4.) La planche X, qui représente exactement le relief du Sancerrois, est une réduction à 1/300,000 dela carte de France du Dépôt de la guerre : nous la devons au directeur-général, M. le général Pelet, toujours empressé de contribuer à l'avancement des connaissances relatives au sol de la France. Nous l'avons coloriée d’après les excursions que nous avons faites dans le pays; pour les parties que nous n'avons pas visitées, nous avons reproduit la carte géologique de la France. La planche XI présente une coupe longitudinale du Sancerrois, fig. 6, et trois coupes transversales , fig. 2, 3 et . Les coupes 1 et 5 présentent les pays peu élevés qui sont aux deux extrémités E. et O. du Sancerrois. S IT. Description des terrains. Le Sancerrois est une portion de la ceinture crétacée du bassin de Paris. Il présente comme terrain dominant le greensand et la craie inférieure; par dessous ressortent le calcaire néocomien et les étages jurassiques supérieur et moyen; au- dessus se trouvent la craie moyenne et des dépôts tertiaires qui sont assimilés généralement aux sables et grès de Fontainebleau et aux calcaires de la Beauce. Enfin cette région est bordée à l'E, au N. et à l'O. par les argiles quartzifères de la Sologne, qui correspondent aux faluns de la Touraine. Notre intention n'est pas de donner une description détaillée de ces différents terrains; c'est un travail qui aurait demandé un temps beaucoup plus considé- rable que celui que nous pouvions consacrer à l’étude du Sancerrois; d’ailleurs ce travail sera fait en grande partie par la personne chargée de la carte géologique du département du Cher (1). Notre but est surtout l'examen de la disposition générale des couches qui constituent le sol; aussi nous bornerons-nous à passer sommairement en revue les divers terrains, en allant des inférieurs aux supérieurs. À. Ltage jurassique moyen. Le coral-rag quise montre sur près de 100 mètres d'épaisseur à Sancerre , ressemble beaucoup à celui de la Lorraine et de la Bour- gogne ; 11 commence par des alternances de calcaires pisolithiques , blanchâtres, jaunâtres, ou grisâtres, à nodules de la grosseur d’une noisette; on les exploite sur la route de Bourges , à quatre kilomètres au S.-0. de Sancerre. Les principaux fossiles sont l'Ostrea gregarea, des Pinnigènes, des Bucardes, de grandes As- trées, etc. Au-dessus, dans la colline même de Sancerre, viennent des calcaires blanchâtres, peu durs, avec moules de Dicérates de petite dimension. Enfin il y a des calcaires compactes blanchâtres , en bancs peu épais, dont quelques uns sont onduleux , cariés , jaunâtres. Cette partie, qui paraît représenter les calcaires à Astartes del'E. de la France, forme la plaine que traverse la route de Bourges à La Charité ; elle se montre aussi sur la route de Bourges à Saint-Amand-Montrond. C’est probablement son prolongement qui donne les calcaires compactes litho- (1) On peut déjà voir des descriptions détaillées d’une partie de ces terrains dans le mémoire précité de M. d’Archiac, pag. 15 à 28. (N: 5, p. 5.) DU SANCERROIS. 293 graphiques exploités a Châteauroux et dans lesquels on trouve des empreintes de végétaux , notamment des Cycadées. La surface des calcaires de cet étage présente souvent des grèves calcaires non roulées , formées presque sur place par l’action destructive de l'atmosphère. Sur beaucoup de points cependant Le sol est formé par des terres argileuses d’un rouge brunâtre qui donnent de bonnes terres à froment. B. Étage jurassique supérieur. Cet étage, qui a de 90 à 100 mètres d'épaisseur, possède une composition argileuse fort analogue à celle qu'il a dans le pays de Bray et en Lorraine, et différente de celle qu'ilaen Bourgogne, où il est plus cal- caire. Il commence par des marnes jaunâtres et des argiles bleues avec Exogyra virgula et Ex. bruntrutana; au-dessus viennent des alternances de marnes et de calcaires marneux blanchâtres, sans fossiles, puis des argiles gris-bleuâtre avec Ex. virqula, quelquefois de couleur rose , en quantité énorme ; plus haut se trou- vent des argiles et des calcaires argileux gris ou gris-jaunâtre avec Ex. virgula, qui en font des lumachellessusceptibles de prendre un assez beau poli; il ya aussi des Ammonites Lallierianus d'Orb., et des T'rigoma clavellata. Enfin il y a des cal- caires compactes , assez épais, blancs, quelquefois d’un jaune brunâtre, qui alter- nent soit avec des lumachelles à Ex. virgula , soit avec des lits de marnes blan- châtres. La coupe la plus belle et la plus complète que nous ayons vue est celle que présente la tranchée de la route de Bourges à Sancerre , au vallon qui des- cend à Veaugues. On peut encore bien étudier cet étage en montant des Aix- d'Angiilon à Parassy. Les routes de Moulins et de Limoges en montrent bien aussi la composition à Pouilly-sur-Loire et à Vatan. Les coteaux argileux formés par cet étage sont sur beaucoup de points occupés par des vignes. C. Calcaire néocomien. Ce terrain , qu’on n’a pas encore cité à l’O. de la Puisaye, dans le département de l'Yonne, a été découvert par nous sur la rive gauche de la Loire, mais dans les environs de Sancerre seulement; son épaisseur paraît n'être que de quelques mètres dans les quatre points où nous l'avons observé , les seuls aussi où nous ayons vu le contact des terrains jurassique et crétacé. Ces quatre points sont : la colline de Sancerre , à son pied oriental, dans un chemin creux qui descend à la Loire , et à son pied méridional , sur la route de la Charité ; ensuile la route de Sancerre à Aubigny, au. dessus de Bué et enfin le village de Subligny, au N.-0. de Sancerre. Partout ce terrain est formé par un calcaire argilo- arénifère jaune, le plus souvent à texture lâche, avec petits grains de fer hydroxydé oolithique; plus rarement le calcaire est sub-lamellaire. Il repose immédiatement sur Les calcaires compactes de l’étage jurassique supérieur, dont il empâte quel- quefois des fragments et des fossiles ; celui-ci est irrégulièrement endurci et coloré en jaune près de la ligne de contact. À Sancerre il y a au-dessus du calcaire jaune néocomien une couched’argile noirâtre de quelques mètres d'épaisseur. Les fossiles du calcaire néocomien sont assez abondants; nous en avons recueilli 224 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE (N.5, p.6.) trente-cinq espèces, parmi lesquelles nous avons pu reconnaître les trente sui- vantes (1) : * Berenicea ou Diastopora. *Trigonia longa junior, Agass.? Discoidea macropyga , Agass. Modiola Archiaci, Leym. Nucleolites Olfersii, Agass. * Lithodomrus amygdaloïides , d’Orb. ———-—-— lacunosus, Agass. Perna Mulleti, Desh. Toxaster complanatus. Agass. (Spat. retusus Lima comata, Desh.? Lamk. ) *— — elegans, Duj.? Holaster l’Hardyi Dub. Pecten (Janira) neocomiensis, d’Orb. Pholadomia (Panopæa) neocomensis, Leym. Ostrea Leymerit, Desh. * Panopæu recta, d'Orb. Exogyra conica, Sow. * Corbula carinata, d'Orb. ? ——— — subsinuata dorsata, Leym. (Couloni). * Corbis cordiformis , d'Orb. ———— subplicata, Roem. Eucina (Venus) Vendoperana , Leym. ———— plicala, Goldf. #—_— — ( Venus) Roissyi, Leym. #———— harpa, Goldf. Astarte Beaumontii, Leym.? Terebratula biplicata acuta , de Buch. —— — disparilis, d’Orb. — ———-— suborbicularis, d’Arch. Venus Brongniarlina, Leym.? Ampullaria (Natica ) lævigata, Desh. #*____— Robinaldina, d’Orb.? Scalaria canaliculata, d'Orb. Cardium subhillanum , Leym. Nerinea Carteroni, d’Orb.? ———— Cottaldinum , d’Orb.? * Cerithium Phillipsii, Leym.? * Cardita neocomiensis, d'Orb. * Rostellaria Robinaldina , d’Orb.? Cucullea Gabrielis, Leym.? Serpula Richardi, Leym.? * Nucula impressa, Sow.? —-—— gordialis, Schloth. Trigonia harpa (carinata) , Desh. _——— filiformis, Firt. & _____— ornata, d'Orb.? —-—-— heliciformis, Goldf. Les cinq espèces indéterminables sont des Astarte, Gervillie? Pinne, Spon- dyle, et une patte de Crustacé macroure. D. Greensand. Cet étage, dont l'épaisseur moyenne dépasse 50 mètres à Assigny et à la Motte d'Humbligny , présente le même faciès que dans la Puisaye , qui se trouve sur le prolongement du Sancerrois au N.-E., et dans le pays de Bray. Il commence par des sables argilo-ferrugineux, jaune-rougeâtre, qui renferment, dans les environs de Sancerre, des rognons de fer hydroxydé arénifère et des couches minces et discontinues de grès ferrugineux brun-rougeûtre, souvent à gros grains de quartz blanc. Quelquefois , comme autour de Subligny, les sables eux-mêmes sont grossiers et renferment de gros grains de quartz blanc. A la Motte d'Humbligny, indépendamment des grès, il y a quelques couches d'argile arénifère violette. En montant de Sens-Beaujeu à La Chapelotte, il y a des argiles grises. Dans la plaine au S.-E. d’Allogny, les sables argilo-ferrugineux jaunes ont 10 à 15 mètres d'épaisseur, et renferment de nombreux rognons et nodules de fer hydroxydé compacte, jaune-brunâtre, qui ont été exploités autrefois, ainsi que l’attestent les nombreuses fosses qui sont à la surface du sol et le grand dépôt (t) Nous ajoutons à cette liste en les faisant précéder d’une astérisque (*) 15 espèces différentes trouvées par M. d’Archiac et dont l'indication se trouve dans son mémoire, pag. 21. (N.5,p.7.) DU SANCERROIS. 295 de scories ou ferrier, qui se trouve au bas d’Allogny, près du ruisseau. Dans cette localité, les grès ferrugineux ne sont pas très fréquents, non plus que sur les plateaux qui entourent Ménetou-Salon. C'est sans doute dans ces sables que se trouvent les minerais exploités à Saint-Pallais et à Boucard , près d’Yvoy-le-Pré, pour le haut-fourneau de la Verrerie sur cette dernière commune ; on les emploie mélangés avec les minerais tertiaires du Berry. Cette partie inférieure du green- sand nous paraît correspondre aux sables qui forment la partie supérieure du terrain néocomien dans le département de l'Aube. Au-dessus , dans les environs de Sancerre , il y a des sables jaune-rougeûtre, à grains fins, qui renferment à Boucard , près de Sens-Beaujeu , quelques cou- ches d’argile arénifère gris-rougeätre, qui occasionnent des sources et qui sont exploitées pour une tuilerie; au-dessus , il y a des sables jaune-verdâtre assez épais. Entre Ménetou-Salon et Henrichemont, et dans la grande plaine du Baran- geon , les sables sont blanchâtres ; quelquefois, cependant, ils sont rougeâtres ou bien un peu argileux, d'un rouge violacé, comme dans la grande sablière, située au S.-E. d'Henrichemont, où on les exploite sur plus de 8 mètres d'épaisseur. A 2 kil. au S.-E. de Neuvy, il y a une tuilerie que nous n’avons pas visitée, mais qui annonce nécessairement des couches argileuses intercalées. Au N. de Vierzon, et près du Barangeon, sur la route de Bourges, les sables sont argileux, un peu grossiers et d'un gris verdâtre ou brunâtre avec Exogyra conica. Sur le bord de l'Arnon , au S.-O. de Vierzon, il y a des carrières de 10 mètres de profondeur, montrant supérieurement des sables micacés rougeâtres, à points noirs, avec quelques empreintes de coquilles bivalves indéterminables ; au-dessous il y a un banc de LA mètres d'épaisseur, d’un grès jaunâtre, micacé, poreux, tendre , à petits grains noirs, se taillant facilement et employé comme pierre de taille dans les constructions de Vierzon. Des carrières semblables existent encore à la Forge, à 3 kil. à l'E. de Vierzon. La partie tout-à-fait supérieure présente dans la vallée de la Grande-Sauldre, entre Vailly et Jards, et dans la vallée de la Notre-Heure, au-dessus de Pierrefitte- ès-Bois, des sables jaunes avec bancs de 1 à 2 mètres d'épaisseur, d'un grès ferrugineux souvent schistoïde, brun-rougeâtre , tendre, employé à bâtir. Les points où nous avons pu le mieux étudier le greensand, sont la montée de la route entre Sens-Beaujeu et La Chapelotte, et Le flanc oriental de la Motte d'Humblieny. Cet étage est occupé par des cultures dans les points où il y a mélange des sables et des argiles ; mais le plus souvent on trouve , soit les argiles qui don- nent des prairies et des pâturages humides, soit les sables qui forment de grandes landes sèches ou brandes, couvertes de bruyères (Erica cinerea, E. vulgaris) d’ajoncs (Ulex nanus) et de fougères (Pteris aquilina). Il y à aussi des bois qui renferment des châtaigniers. E. Craie. Le Sancerrois présente seulement les parties inférieure et moyenne, 226 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE CN. 5, p. 8. la craie supérieure, analogue à celle de Meudon, paraissant manquer com- plétement. Craie inférieure. Elle commence par une argile arénifère chloritée, d’un vert plus ou moins noirâtre , ayant 5 à 6 mètres d'épaisseur à Assigny, Thou, la Motte d'Humbligny, etc. Au-dessus vient une marne grisâtre, épaisse de 12 mètres à la Motte, qui occasionne des sources et qui est exploitée pour l'amendement des terres à Assigny, à la Motte , à La Chapelle-d’Angillon, etc. ; quelquefois, comme à Sancerre, ces marnes sont remplacées par des argiles grises. Enfin, vient une craie arénifère légèrement grisâtre ou jaunâtre, assez souvent endurcie, renfermant de nombreux fossiles à Assigny et à la Motte, où elle est exploitée pour bâtir. Au N. de Saint-Satur il y a une ancienne carrière où on voit sur 7 mètres d'épaisseur une craie très arénifère, verdâtre , légèrement chloritée. A Vierzon, on aperçoit seulement une craie arénifère verdâtre, avec quelques empreintes de coquilles bivalves. C'est à la Motte d'Humbligny surtout qu'on peut recueillir les fossiles de cet étage; nous en avons trouvé 26 espèces, parmi lesquelles nous avons reconnu les suivantes : Micraster Michelini , Agass.? Exogyra conica, Sow. Trigonia spinosa , Park. Terebratula pectita, Sow. Arca Mailleana, d'Orb.? Dentalium decussatum , Sow. Inoceramus latus, Mant. (in Sow). Ammonites varians , SoW. = striatus, Mant. (in d’'Orb. ). ——-——— catillus , Sow.? Pecten orbicularis , Sow. ——-—-— Mantelli, Sow. ——— asper, Lamk. Nautilus Sowerbyanus , d'Orb.? ——— (Janira) quinquecostatus , Sow. ———— Deslongchampianus, d’Orb. Craie moyenne. Elle se montre principalement dans la vallée delaGrande-Sauldre, au-dessus et au-dessous de Vailly ; elle y forme des côteaux crayeux blancs, ce qui est rare dans le Sancerrois. La partie inférieure exploitée pour marner, entre Villegenon et Dampierre , est marneuse blanchâtre, quelquefois verdûtre, avec empreintes de coquilles bivalves. À Sancerre, à Assigny et à Jards , elle est blanchâtre et renferme des lits de rognons de silex noir. Celle qu’on emploie pour marner dans les environs d’Aubigny, et qui vient de Concressault et de Blancafort, est blanche et contient des Spongiaires, des Térébratules plissées et des écailles de Poissons. Dans la vallée de la Loire , autour de Chatillon, elle est blanchître, ‘tendre, et généralement sans silex; quelquefois, cependant, il y a des silex blonds et des nodules de fer hydroxydé, provenant de la décomposition des pyrites. d La craie se voit assez difficilement dans le Sancerrois en général ; presque partout elle est masquée par les éboulements des silex des terrains tertiaires ; aussi la végétation de sa surface est-elle assez semblable à celle de ces derniers terrains. (N.5, p. 9.) DU SANCERROIS. 227 F. Sables tertiaires à silex. Cet étage , qui a en moyenne 30 mètres d'épaisseur, recouvre presque entièrement le Sancerroïs ; il est formé de sables fins, légère- ment argileux, jaunes, quelquefois assez purs, blanc-jaunâtre, comme à La Chapelotte ; quelquefois aussi ils sont tout-à-fait blancs, comme au N.-0. d’Au- bigny. Partout il y a de nombreux silex blends ou grisâtres, rarement roulés, à écorce blanchätre assez épaisse ; le plus souvent ils sont brisés, mais quelquefois ils sont entiers et atteignent plus d'un quart de mètre cube. Quelquefois, comme à Sury-ès-Bois, les silex sont noirs; d’autres fois, comme entre Sens-Beaujeu et La Chapelotte, ils sont opaques terreux, blancs ou grisâtres , et on les prendrait pour de la craie. Autour de Sancerre, les sables donnent par leur consolidation une brèche siliceuse jaunâtre très dure, employée autrefois à faire des meules. A Allogny, et dans la forêt de Vierzon, il y en a de gros blocs; il en est de même à Méry-ès-Bois, suivant M. Fabre. Au confluent du Barangeon et de l'Yèvre, il y a des brèches rougeâtres à silex jaunes opaques, et des roches argilo-siliceuses et ferrugineuses, bigarrées de rouge et de blanc. Quelquefois, comme au N.-0. d'Aubigny, les sables blancs renferment des grès exploités , très compactes, jas- poides, grisâtres ou jaunâtres, à gros grains de quartz. « Indépendamment de la grande nappe de sables à silex, qui recouvre la craie sur tout le flanc N.-0. du Sancerrois, il y a au pied S.-E. de cette région, dans la plaine du Berry, quelques lambeaux de ce terrain qui forment plusieurs mame- lons isolés. Ceux que nous avons visités sont les deux collines situées à l'E. et au N.-0. de Gron, sur la route de Bourges à La Charité; les sables y sont argileux, jaunes , veinés de gris, et renferment de nombreux silex, exploités pour la route, et des brèches siliceuses ; ils reposent sur les couches inférieures de l'étage jurassique supérieur, qui forment la base de ces collines. A l'E. et au N. de Brécy, sur les routes qui vont de ce village à La Charité et aux Aïx-d’Angillon, il y a deux tertres tertiaires moins élevés ; les sables jaunes, avec nombreux silex exploités pour les routes , y reposent directement sur l'étage jurassique moyen. » Quant à l'âge des sables à silex, on est généralement disposé à les considérer comme le représentant des sables et grès de Fontainebleau. Le sol formé par ces sables est en général sec. Les parties élevées sont couvertes de forêts ; les parties basses, situées au-delà d’une ligne allant de La Chapelle-d’An- gillon à Châtillon-sur-Loire , commencent, pour les habitants, les plaines de la Sologne, quoiqu'il y ait véritablement d'assez grandes différences ; ainsi le sol est sableux, sec, et les châtaigniers sont abondants. La culture du froment est remplacée par celle du seigle et du sarrazin ; une grande partie du pays est occu- pée par des landes avec bruyères (Erica cinerea, E. vulgaris , E. tetralix) ajoncs (Ulex nanus) et fougères (Pteris aquilina) ; dans quelques endroits il y a des genêts (Spartium scoparium) et des plantations de pins (Pinus maritima). G. Calcaires d’eau douce. Ces calcaires ne se rattachent pas d’une manière continue -à ceux des environs d'Orléans, dont ils semblent cependant être des SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n° 5. 30 298 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE €N: 5, pe 10.) dépendances. Ils forment trois bassins isolés ; deux petits sont situés sur le bord oriental du Sancerrois, à Châtillon-sur-Loire et vis-à-vis de Cosne; le troisième s'étend autour de Mehun, où il est traversé par l'Yèvre. Le bassin de Châtillon-sur-Loire, dont les dépôts ont près de cette ville une épaisseur visible d'environ 30 mètres, s’étend sur la rive gauche de la Loire, de Saint-Firmin à Beaulieu, sur une longueur de 10 kil. à peu près. Il est formé par des calcaires tantôt compactes, légèrement brunâtres avec quelques Lymnées , et tantôt cellulaires, tendres, pisolithiques blanchâtres ou jaunâtres ; tous deux sont employés dans les constructions. L’extrémité N. du bassin est traversée par la Loire, et forme sur la rive droite un petit lambeau au S.-E. de Briare; il y a de nombreuses carrières de 5 à 6 mètres de profondeur, d’où l’on extrait de belles pierres de taille jaunâtres. Vers l'E. les calcaires traversent aussi la Loire et la bordent sur une longueur de 8 kil. entre Ousson et Neuvy; ils sont jaunâtres et renferment des Lymnées et des Planorbes. À Thou ce sont des calcaires concré- tionnés ; à Lavau, à 13 kil. à l'E. de Bonny, il n'y a plus que des marnes blan- ches et vertes , exploitées pour l'amendement des terres. Le petit bassin de Cosne, dont les dépôts paraissent sur 20 mètres d'épaisseur, s'étend sur la rive gauche de la Loire, entre Boulleret et Bannay, sur 6 kil. de longueur. Il présente près de Boulleret des calcaires compactes jaunâtres, à tubu- lures, quelquefois concrétionnés, bréchoïdes. Au N. de Bannay, sur les bords du canal, les calcaires sont bien développés; il y a de grandes carrières de 6 à 8 mètres de profondeur dans lesquelles on exploite des bancs de Om 3 à 2m de calcaire compacte blanchâtre , renfermant des moules de Lymnées. Le bassin de Mehun-sur-Yèvre paraît s'étendre fort loin au S. de l'Yèvre. Sur la rive droite, c’est un dépôt principalement calcaire, qui paraît avoir plus de 15 mètres d'épaisseur, et qui est exploité autour de Mehun, et notamment à 2 kil. au N.-0., où il y a de grandes carrières de 4 à 5 mètres de profondeur. Les cal- caires sont compactes blanchâtres avec des cavités souvent remplies de calcaire spathique. A la partie supérieure, sur plusieurs points, et se liant aux calcaires, il y a de véritables meulières cellulaires, bleuâtres ou brunâtres qui forment quelquefois des blocs considérables à la surface du sol. A Chardonnelle, vis-à-vis de Mehun. sur la rive gauche de l'Yèvre, les calcaires et les meulières sont roses par places, et renferment de petits rognons de silex résinite d’un rose vif, ainsi que la variété rose de Magnésite désignée sous le nom de Quincyte. Des trois bassins, deux, ceux de Châtillon-sur-Loire et de Cosne, reposent sur les sables à silex, qui offrent alors quelquefois des poudingues à ciment calcaire, comme à l'E. de Bonny. Le troisième, celui de Mehun, repose à la fois sur l’étage jurassique supérieur et sur le greensand , sans l'intermédiaire de la craie et des sables à silex. Enfin, entre Bourges et Mehun, au Bois-Gerisse, près de Bouy, l'étage juras- sique présente une grande poche, remplie d’une argile jaune ferrugineuse, conte- CN. 5, p. 11.) DU SANCERROIS. 299 nant quelques rognons de silex blond non roulés et de nombreux nodules et grains de fer hydroxydé, que l'on exploite dans des fosses à ciel ouvert de 7 mètres de profondeur. Les anciennes fosses se remplissent d'eau assez promp- tement, et on y lave le minerai. H. Argiles quartzifères de la Sologne et du Gâtinais. Ce dépôt, qui paraît atteindre au plus 20 à 25 mètres d'épaisseur, forme une grande nappe qui entoure le massif du Sancerrois à l’E., au N. et à l'O., en reposant indistinctement sur les calcaires d’eau douce et sur les sables à silex. Comme on peut le voir dans les nombreuses tranchées du chemin de fer d'Orléans à Vierzon, il est composé par des argiles arénifères gris-jaunâtre , contenant une très grande quantité de grains de quartz d’un blanc laiteux, en général de la grosseur d’un grain de chè- nevis; ces grains forment assez souvent presque à eux seuls la masse du terrain. À la partie inférieure, ces argiles sont généralement verdâtres et renferment une moins grande quantité de grains de quartz ; aussi, elles retiennent les eaux, et sur quelques points , comme à la Ferté-Saint-Aubin, les emploie-t-on pour faire des tuiles et des briques. Dans quelques endroits les grains de quartz deviennent de véritables cailloux roulés qui acquièrent la grosseur d’une noix, et qui sont d’un banc laiteux ou quelquefois roses. Ces argiles sont le plus souvent massives; près de la Motte-Beuvron, cependant, elles sont stratifiées! jaune-rougeâtre. Près de la surface du sol, elles présentent souvent cette dernière couleur, ou bien elles sont brunâtres. Entre Salbris et Vierzon, ces argiles contiennent des silex blonds non roulés à la surface, mais il est assez probable qu'ils proviennent d'un remaniement postérieur , car on ne les trouve plus dans des coupes fraîches de quelques mètres de profondeur seulement. Sur la rive droite de la Grande- Sauldre à Clémont, au N.-0. d'Aubigny, on voit ces argiles reposer immédia- tement, et sans la moindre liaison, sur les sables jaunes à silex; elles y sont grisâtres, à grains et à cailloux de quartz, et renferment à la base, par suite d’un léger endurcissement, des grès argileux stratifiés, à gros grains et à petits grains; à la partie supérieure le dépôt est meuble comme partout ailleurs. En montant de Cerdon pour aller à Sully, les petites tranchées de la route montrent bien les argiles verdâtres inférieures, et pardessus les argiles jaunâtres et rougeâtres, à grains de quartz très nombreux ; près de la surface du sol, il y a une grande quantité de cailloux de quartz de la grosseur d’une noix. À partir de Châtillon-sur-Loire, où elles sont jaune-rougeâtre, au moins près de la surface , les argiles qui nous occupent remontent sur la rive gauche de la Loire en formant une série de lambeaux qui couronnent les bas plateaux qui bor- dent cette rivière, jusqu’à Bannay, à 8 kilomètres au N. de Sancerre ; au N.-E. de Boulleret, notamment , ces argiles sont fort épaisses et bien caractérisées ; leur couleur est le jaune-rougeitre. Quant à l’âge des argiles quartzifères de la Sologne, leur nature minéralogique semblable et la présence, dans leur prolongement, à Chevilly, Avaray, ete., 230 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE CN 5, p. 12.) de mammifères identiques à ceux des faluns marins de la Touraine, a engagé depuis longtemps déjà MM. Desnoyers et Dujardin à considérer ces deux dépôts comme contemporains, opinion que nous regardons comme très vraisemblable. Le sol formé par ce dépôt est argileux , trèshumide; les sources sont très abon- dantes dans toutes les dépressions, où elles donnent naissance à de nombreux ruisseaux ainsi qu'à des étangs. Les landes à bruyères sont moins fréquentes que sur les sables à silex; elles sont remplacées par des pâturages humides. Des geuêts (Spartium scoparium) se montrent sur plusieurs points. Il n’y a plus de châtaigniers, mais les pins viennent encore bien. Quant aux céréales, elles sont les mêmes que dans les parties basses du Sancerrois. $ III. Disposition des terrains. Ainsi qu'on pouvait déjà le pressentir d’après l'examen de l'orographie, les différentes couches qui composent le Sancerrois y éprouvent un relèvement assez considérable , semi-elliptique, dont la ligne anticlinale, ou suivant laquelle se fait la flexion des courbes, court de l'E. 26° N., à l'O. 26°S. de Sancerre vers Barmont, près de Mehun-sur-Yèvre. Le point central, celui où le terrain le plus inférieur atteint la plus grande altitude , est situé à 2 kilomètres au S.-0 de Sancerre:, sur la route de cette ville à Bourges. « Ce relèvement du côté de l'E. est terminé par une faille dirigée dans sa partie moyenne du N. au S., de telle sorte que les couches situées entre elles et la Loire participent peu au relèvement du Sancerrois et sont dans une position voisine de celles qu'elles auraient si celui-ci n'existait pas. » Avant d'examiner la disposition de chacun des terrains en particulier, nous allons exposer, en allant du N. au S$., les faits qui nous ont amené à reconnaître l'existence de cette faille. » Faille de Sancerre. En allant de Boulleret à Savigny, la route passe sur un pla- teau assez uni qui s'élève doucement vers l'O. Pendant 2 kilomètres on traverse les argiles sableuses à grains de quartz de la Sologne , puis on arrive sur les sables jaunes à silex, qu’on quitte dans un petit bois, et sans aucun accident de Lerrain, pour tomber brusquement sur les sables jaunes ferrugineux de la partie mférieure du greensand ; ceux-ci un peu plusloin reposenteux-mêmes sur les calcaires com- pactes de l’étage jurassique supérieur qui supportent Savigny. ( Nous observâmes ce fait en août 1844, mais il n’attira pas alors notre attention. ) » En suivant le coteau qui va de Bannay à Sainte-Gemme et qui borde la vallée au N., on voit, aux dernières maisons un peu isolées de Bannay, le calcaire d'eau douce recouvert par les argiles jaunes quartzifères de la Sologne. En avançant vers l'O., les sables jaunes à silex constituent le coteau qui s'élève graduellement et va former le petit tertre qui porte les moulins à vent situés au-dessus du hameau de Fontaine-Audon, à l'E. de Sainte-Gemme. Au moulin à eau de Deza, ! (N:5,p.15.) DU SANCERROIS. 231 le troisième au-dessus de Bannay, la vallée et la prairie s’élargissent beaucoup, et à Fontaine-Audon , à moitié de la hauteur du coteau, il y a des sources qui annon- cent les couches inférieures à la craie, car immédiatement au-dessus on trouve deux grandes marnières, de 7 à 8 mètres de profondeur chacune, et situées l’une au-dessus de l’autre; on y tire une craie tendre, un peu remuée , blanchâtre, avec des parties colorées en jaune par des infiltrations, et quelques silex blonds. Au-dessus et formant le plateau des moulins à vent, on trouve les sables jaunes à silex en partie roulés et à nombreux blocs de brèches et poudingues; ils recouvrent en éboulis toutes les pentes du coteau jusqu’au fond de la vallée. En allant sur le plateau jusqu’au-delà des moulins, le sol est jonché de silex; mais tout d’un coup il se fait un changement ; la terre devient plus argileuse, d'un jaune moins rou- geâtre, et au lieu de silex, elle ne renferme plus que des fragments non roulés de calcaire compacte blanchâtre mêlés à quelques débris de lumachelle à Exogyra virgula ; en descendant dans les champs, on voit quelques petits affleurements de marnes grisàtres qui renferment le même fossile. Une ligne de démarcation aussi tranchée existe en ligne droite sur toute la pente du coteau jusqu'à une petite maison située au bord de la prairie, près du moulin à eau de Ville, le cinquième au-dessus de Bannay, vis-à-vis de la vallée qui descend de Sury-en- Vaux; elle est marquée sur une grande partie de sa longueur par un petit ravin couvert de brous- sailles et d'arbres fruitiers. Les calcaires compactes de l'étage jurassique supé- rieur étant là en couches sensiblement horizontales et à un niveau supérieur à celui des marnières de craie, au-dessus de Fontaine-Audon, il y a impossibilité absolue de douter de l'existence de la faille sur ce point. » En cherchant le prolongement de cette faille vers Sancerre , nous avons fait les observations suivantes : Du moulin de Ville, la vallée de Sury-en-Vaux remonte au S. pendant près d’un kilomètre; le flanc occidental, à pente très rapide et le fond de la vallée au moulin Allix , sont formés par des calcaires compactes, alternant avec quelques lumachelles blanchâtres, en couches horizontales; ils appartiennent à l'étage jurassique supérieur et supportent le moulin à vent des Mussières : le flanc oriental aussi élevé, mais moins rapide, ne présente que les sables jaunes à silex et à nombreux blocs de brèches et de poudingues de grandes dimensions; ces sables descendent jusque sur lescalcaires compactes et empêchent de voir la craie, qui affleure sans doute dans la moitié inférieure du coteau. Al O., ce coteau est séparé de celui qui va à Verdigny par un petit vallon au-dessous du hameau des Plaissis ; 1à encore on passe subitement des terres remplies de silex à celles qui ne renferment plus que des fragments des calcaires compactes. Ceux- ci sur le plateau, à l'O. des dernières maisons, sont recouverts par des argiles violettes, avec rognons ferrugineux, à la partie inférieure, et grises à la partie supérieure ; ces argiles dépendent des parties inférieures du terrain crétacé, et de nombreuses fosses d’où l’on en a extrait autrefois existent dans le hameau. En allant vers le S -E., les champs ne renferment guère que des fragments calcaires ; 232 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE + (N.5, p. 14.) mais en approchant du point coté 258 mètres , on arrive vite sur les sables jaunes à silex sur lesquels se trouve une mare. » De là à la vallée de Saint-Satur, au S., on traverse successivement deux vallons et deux coteaux. En descendant dans le premier vallon, qui est occupé par une prairie, on reste sur les sables à silex, mais en remontant, les champs ne pré- sentent guère que des calcaires compactes et des lumachelles jusque non loin du bois, où reparaissent les sables jaunes avec très nombreux silex. Dans le deuxième vallon on se trouve sur le coral-rag, dont la surface est occupée par les grèves calcaires non roulées, formées sur place ; on les voit sans aucun mélange de silex, même à la surface du sol , à la réunion des chemins de Sainte-Gemme et de Sury- en-Vaux à Sancerre ; mais à quelques mètres à l'E, on ne trouve plus au même niveau que les sables à silex dans le fossé du bois qui couvre la colline de sable jaune, avec blocs énormes de brèches siliceuses, qui s'avance vis-à-vis de San- cerre , au-dessus de Fontenay. » En montant de Fontenay à l'auberge isolée qui est à la sortie et au bas de Sancerre à l'O. on suit un sentier bordé d'un ravin qui laisse voir le coral-rag à 10 mètres au-dessus des maisons; celui-ci commence par des calcaires pisoli- thiques jaunâtres, puis viennent des calcaires compacto-crayeux avec Dicérates et enfin des calcaires compactes. Bien avant d'arriver à l'auberge, le tout est recou- vert par les éboulements des sables à silex qui enveloppent en grande partie la colline de Sancerre et celle qui vient immédiatement après au S. Les deux cols qui séparent ces deux collines du plateau qui est à l'O., sont entièrement formés par le coral-rag, ainsi que celui-ci; au second col surtout les fossés du chemin de Vinon montrent bien les calcairesblancs, en partie pisolithiques, qui, très près de là, à l'E., sont remplacés au même niveau par les sables à silex. » En allant au hameau de Bannon on passe sur les grèves blanches du coral- rag , presque toujours dans le fond du vallon ; on laisse à l'E. les deux dernières collines couvertes d’éboulements des sables à silex, qui masquent la craie et sans doute le greensand qu'on y aperçoit sur le revers oriental. En approchant de Bannon , le chemin monte sur la pente de la dernière colline, mais en restant toujours sur le coral-rag qui doitsupporter ce hameau. Quoique peu élevé, Vinon est sur la partie supérieure du coral-rag; mais après avoir traversé la vallée de la Vaumoise, on trouve, en allant à Gardefort , les alternances de marnes jaunâtres et de calcaires compactes avec Exogyra bruntrutana de la partie inférieure de l'étage jurassique supérieur. Ces couches sont là à une hauteur normale, et il est assez probable que la faille ne se poursuit pas plus loin vers le S. » On peut voir par tous ces détails que nous avons reconnu et suivi cette faille sur une longueur de 16 kilomètres, depuis la route qui va de Boulleret à Savigny, jusqu'à la vallée de la Vaumoise; mais elle doit se prolonger encore au N. sur au moins 3 à 4 kilomètres , probablement jusqu’à la vallée de la Loire, près de Léré. La partie moyenne entre les moulins à l'E. de Sainte-Gemme et la première colline (N: 5, p.15.) DU SANCERROIS. 233 au S. de Sancerre court en ligne droite du N. au S., sur une longueur de plus de 8 kilomètres. L’extrémité septentrionale paraît s'infléchir d'environ 7 à 8 degrés vers l’E.; l’extrémité méridionale paraît s'infléchir aussi vers VE. d’une quantité à peu près semblable. » Cette faille affecte tous Les terrains qui entrent dans la composition du San- cerrois, y compris les sables à silex. Au pied occidental de la colline de San- cerre, elle coupe la ligne anticlinale du Sancerrois, en mettant ainsi brusquement fin au relèvement qui forme cette contrée. Au point de rencontre elle produit un abaissement de 180 mètres, c’est-à-dire de toute l'épaisseur de l'étage jurassique supérieur et du terrain crétacé, la partie inférieure des sables à silex venant, dans la colline même de Sancerre, se juxtaposer à la partie supérieure du coral-rag. Un horizon géologique bien facile à reconnaître donne un second moyen de véri- fication : nous voulons parler du calcaire néocomien en couches horizontales, qui atteint 365 mètres à l'O. de la faille, au-dessus de Bué, tandis qu'à l'E. il n’est qu'a 185 mètres au pied de la colline de Sancerre, à 5 kilomètres 1/2 de dis- tance seulement du point précédent. Aux moulins de Sainte-Gemme, l’abaissement n'est plus que d'environ 120 mètres, la partie supérieure des sables à silex venant se rencontrer avec la partie supérieure de l'étage jurassique supérieur. » Cette faille est la plus considérable qui soit connue jusqu’à présent dans le bassin de Paris. Jusqu'à sa découverte on ne connaissait que celles indiquées par M. Cornuel dans la Haute-Marne (1). Ces dernières, suivant ce géologue, ne produisent guère que des différences de niveau de 50 mètres dans les couches jurassiques supérieures et néocomiennes qui en sont seules affectées. » A. Étage jurassique moyen. Le coral-rag qui le représente forme la plaine du Berry, de Bourges à la Charité, au S. du Sancerrois : il y atteint des altitudes de 200 mètres à l'E. et de 150 mètres à l'O., par suite d'une légère inclinaison de la plaine vers l'O. Dans le Sancerrois , il paraît sur la route de Bourges à Sancerre, sur une longueur de 11 kilomètres à partir de cette dernière ville; la largeur moyenne de la bande est de 4 kilomètres. A l'O. et le long de la faille cependant il est à découvert sur une largeur de 11 kilomètres en raison de l'obliquité de celle-ci par rapport à ligne anticlinale. Il ne se montre pas à l'E. de la faille. La ligne anticlinale court, comme nous l'avons déjà dit, de l'E. 26° N., à l'O. 26S.; elle va en s'abaissant légèrement dans cette dernière direction, car atteignant 282 mètres d'altitude à 2 kilomètres au S.-0. de Sancerre, elle ne s’élève plus qu’à 260 mètres à 9 kilomètres de ce point, au N.-0. de Veaugues sur la route de Bourges. De la ligne anticlinale , le coral-rag s’abaisse au S.-S.-E. par une pente de 1° 29 ou 1/39, car il n’atteint plus que 175 mètres à un peu plus de 4 kilomè- tres de distance en face de Vinon, sur la rive droite de la Vaumoise. Vers le N.- N.-0. l’inclinaison est plus faible, car ce terrain atteint encore 200 mètres au bas de Sainte-Gemme. (1) Mém. de la Soc. géol., 1" série, t. IV, p. 271 et suivantes. 234 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE CN: 5, p. 16) B. Étage jurassique supérieur. Au S. du Sancerrois il forme une partie de la plaine du Berry, de Mehun-sur-Yèvre au Colin et d'Étréchy à l'embouchure de la Vaumoise, dans la Loire ; il constitue en outre deux monticules isolés au S. de ce dernier village. Dans le Sancerrois, il remonte assez haut dans les vallées du .Moulon et du Colin ,au S. de la ligne anticlinale; il constitue ensuite un plateau à l'E. de la Motte d'Humbligny. De là il se bifurque et forme une bande au S. de l'axe du coral-rag et une au N., plus étendue; cette dernière pousse une rami- fication dans la vallée de la Grande-Sauldre jusque près de Notre-Dame-du-Noyer, et se continue ensuite au N. plus loin que le coral-rag, jusque près de Savigny. Ce terrain reparaît encore dans le vailon , au N. de ce dernier village , ainsi qu'à Subligny. À l'E. de la faille , l’étage jurassique supérieur vient au jour dans la vallée de la Loire, à Saint-Satur, au pied de la colline de Sancerre ; de ce point il se poursuit jusqu à la Vaumoise , où il se rattache à celui de la plaine du Berry. Dans cette plaine, l'étage jurassique supérieur, sensiblement horizontal du N. au S., présente cependant une légère pente vers1'0.; car tandis qu'il atteint 250 mè- tres à Pouilly, sur la rive droite de la Loire, il ne s'élève qu'à 150 mètres au S.-0. de Vierzon, sur la route de Vatan. En entrant dans le Sancerrois , il s'élève vers le N. 26° O. par une pente semblable à celle de l’étage jurassique moyen, et il va atteindre 369 mètres d'altitude à 3 kilomètres à l'O. de Sancerre. De la ligne an- ticlinale il s’abaisse, toujours dans la même direction, par une pente moins rapide de 0° 58” ou 1/60 seulement; car dans la vallée de la Grande-Sauldre il disparaît près de Notre-Dame-du-Noyer, à l'altitude de 215 mètres. La ligne anticlinale, qui court de l'E. 26° N. à l'O. 26°S., s'abaisse légèrement dans cette dernière direction ; à Menetou-Salon elle n’atteint que 260 mètres, ce qui, d’après la dis- tance, donne une pente de 0° 15’ ou 1/232. Dans le vallon de Savigny, l'étage jurassique supérieur n'atteint guère que 295 mètres ; il s'élève à 230 mètres dans celui de la Salereine, à Subligny. A l'E de la faille il està 240 mètres au S.-0. de Thauvenay et il va se perdre sous les alluvions de la Loire , au bas de Saint- Satur à l'altitude de 155 mètres. C. Calcaire néocomien. I ne présente rien de remarquable à cause de son peu d'étendue, si ce n’est qu'au-dessus de Bué, à l'O. de Sancerre, il se trouve à l'al- titude de 365 mètres, la plus élevée de toutes celles qu'il aiteint dans le bassin de Paris(1). À Sublieny, il s'élève à 235 mètres ; au pied oriental de la colline de Sancerre , à l'E. de la faille, on l'observe à 185 mètres seulement. | Greensand et craie. Is forment ensemble la crête et le versant N.-0 du Sancer- rois ; ils ne se retrouvent pas sur le versant S., sans doute par suite des dénuda- üops diluviennes. La:crête et les lambeaux qui sont au-devant atteignent 150 mè- tres à Vierzon, 270 mètres à Allogny, 300 mètres à Menetou-Salon, 310 mètres (4) M. d’Archiac, dans son mémoire, pag. 13, dit que le point le plus élevé est à Bouy, à l'E. de la Loire; mais le calcaire néocomien y atteint seulement 355 mètres. CN: 5, p. 17.) DU SANCERROIS. | 235 à Morogues, 410 mètres à la Motte-d'Humbligny, 370 mètres à Ménetou-Ratel, 350 mètres à Assigny et 270 mètres au N. de Savigny. À l'E. de la faille ils for- ment une série de collines qui va en s’élevant graduellement du N. au S. ; dans la dernière, au S. de Sancerre, ils atteignent 320 mètres. D. Greensand. N forme une bande continue de Vierzon jusque vis-à-vis et au-delà de Sancerre; cette bande est traversée par les vallées du Cher et de l’Yèvre à Vier- zon. Elle s’élargit beaucoup pour former la grande plaine qui renferme le Baran- geon , le Croulas et leurs affluents ; un second élargissement constitue la plaine qui s'étend de Morogues à La Chapelle-d'Angillon et où naît la Petite-Sauldre. Un troisième est occupé par la partie supérieure de la large vallée de la Grande- Sauldre jusqu'au-dessous de Vailly, et celle de la Salereiïne son affluent principal. Au N. le greensand descend dans le vallon de Sautrange, etil reparaît dans la parue supérieure de la vallée de la Notre-Heure, autour de Pierrefitte-ès-Bois. Il existe enfin, comme il est dit plus haut à l'E. de la faille, dans les collines qui bordent la Loire à l'E. de Sancerre. Il disparaît sous la craie, à 180 mètres d’al- titude dans le vallon de Sautrange, à 200 mètres dans la vallée de la Notre- Heure, à 192 mètres dans la vallée de la Grande-Sauldre et dans celle de la Petite-Sauldre. La pente de sa surface supérieure , mesurée à la hauteur de la Motte d’'Humbligny, est de 0° 34! ou 1/102. E. Craie. La craie inférieure forme, de Vierzon au N. de Sancerre, une bande étroite entre le greensand et les sables à silex , laquelle, à quelque distance de la crête , admet la craie moyenne dans sa composition : cette dernière assise descend dans la vallée de la Petite-Sauldre jusqu’à Ennordre , et dans celle de la Grande- Sauldre jusque près d'Argent. Elle forme le fond de presque toutes les vallées à l'E. de cette dernière jusqu’à leur débouché dans celle de la Loire, ainsi que les parties supérieures des vallées de l’Oizonette et de la Nerre, entre les deux Sauldres. La craie inférieure entre en outre dans la composition des col- lines avancées d’Allogny, de Morogues, de la Motte d'Humbligny et de Ménetou- Ratel, ainsi que dans celle des collines situées à l'E. de la faille, et dont l’une porte Sancerre. La craie moyenne disparait sous les sables à silex, à 170 mètres dans les vallées de la Grande-Sauldre et de 1 Oizonette, à 195 mètres dans celle de la Nerre, et à 170 mètres dans celle de la Petite-Sauldre. Par suite de l'augmentation d'épaisseur qu'éprouve la craie à mesure qu’on s'éloigne de la crête du Sancer- rois, qui n’est sans doute pas très éloignée de l'ancienne limite de la mer où s'est déposée la craie, la pente de sa surface supérieure est moins rapide que celle de la surface supérieure du greensand; elle est la même que celle de la sur- face du Sancerrois, car la craie n’est recouverte que d'une couche de sables à silex, d’une épaisseur assez uniforme. A l’E., et le long de la faille, la craie va également en s’abaissant du S. au N.; elle atteint 320 mètres dans les collines au S. de Sancerre et 150 mètres seulement à Léré, ce qui donne une pente de 0° 32: ou 1/106. Soc. G£OL. 2° SÉRIE. T. IL Mém. n° 5. 31 236 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE CN. 5, p. 18.) F. Sables à silex. Comme la craie, ils forment la crête, et le versant N.-0. du Sancerrois, et ne se retrouvent pas sur le versant S. ; cependant ils forment dans Ja plaine du Berry, autour de Brécy et de Gron, quatre tertres qui sont autant de témoins constatant la grande extension de ces couches vers le S., au moment de leur dépôt et avant l'élévation et la dénudation du pays. Sur la crête du Sancerrois et sur les collines qui sont en avant de celle-ci ils s'élèvent à 467 mètres à Vierzon, à 281 mètres à Méry-ès-Bois, à 292 mètres à Allogny , à 320 mètres à Menetou-Salon, à 354 mètres à Morogues et à 134 mètres à la Motte d'Humbligny et sur le plateau au N.-0. De ce point, la crête tournant au N., ils vont en s’abaissant, et n’atteignent plus que 380 mètres à Ménetou-Ratel , 362 mètres à Assigny et 283 mètres à Savigny. Ils couronnent les collines crayeuses qui bordent la faille à l'E. , et vont en s’abaissant du S. au N., car ils atteignent 390 mètres sur la deuxième colline au S. de Sancerre , et à Léré ils s'élèvent à peine à 180 mètres. Les sables à silex disparaissent sous les argiles quartzifères de la Sologne à 140 mètres environ, au N. de Vierzon, à 125 mètres dans la vallée de laRère ,au-dessous de Nançay, à 132 mètres dans celle de la Petite-Sauldre, près de Souesmes , à 135 mètres dans celle de la Grande-Sauldre, au-dessous de Clémont et à 140 mètres dans le vallon de la Tielle , au N. de Coullons. Enfin, les flancs des vallons qui débouchent dans la Loire au N.-E , les montrent au- dessous des argiles de la Sologne à des altitudes moyennes de 160 à 170 mètres. La pente moyenne de leur surface supérieure est la même que celle de la craie et que celle du Sancerrois , dont ils constituent la surface du sol; elle est donc de 0° 31' ou 1/111. Sur les collines à l'E. de la faille, leur inclinaison est aussi la même que celle de la craie sous-jacente. G. Calcaires d’eau douce. Ms n’offrent rien d’intéressant dans leur disposition, parce qu'ils ne forment que de petits bassins isolés situés au pourtour du San- cerrois; celui de Châtillon sur-Loire atteint 222 mètres à 4 kil. au N.-E. de Bonny, sur la rive droite de la Loire , tandis qu'en allant vers l'O., il ne s'élève plus guère qu'a 170 mètres à Châtillon sur la rive gauche de la Loire. Le bassin de Cosne atteint 180 mètres à Bannay. Celui de Mehun atteint seulement 140 mètres au N. d’Allouis , sur la rive droite de l'Yèvre ; mais en allant au S., il s'élève davantage. Enfin, le dépôt de minerai de fer du Bois-Gerisse, entre Mehun et Bourges, est à 155 mètres d'altitude. H. 4rgiles quartzifères de la Sologne. Elles n’entrent pas dans la composition du Sancerrois, mais elles l'entourent à l’E., au N. et à l'O., en formant à son pied une vaste plaine unie vers le N. et l'O. Elles atteignent 140 mètres environ au N. de Vierzon , 163 mètres au S. de Souesmes et à Sainte Montaine, 180 mètres au N.-0. d'Argent, et au N. d’Autry; à Châtillon-sur-Loire , à l'extrémité de la So- logne, elles sont à 187 mètres. De ce point jusqu’à Bannay, au-delà de Cosne, ce terrain forme une série de lambeaux constituant une bande de 2 kil. de largeur moyenne , qui atteint successivement 194 mètres au N.-0. de Beaulieu , 201 mètres (N. 5, p. 19.) DU SANCERROIS. 237 à l'E. de Sury et 203 mètres à Boulleret. Le dernier lambeau , enfin, n’est qu'à 181 mètres à Bannay. $ IV. Considérations générales. On voit, par les descriptions que nous venons de donner, que la portion de la ceinture crétacée du bassin de Paris, qui forme le Sancerrois, a éprouvé un relèvement assez considérable ; aussi est-ce dans cette région que les terrains crétacés et tertiaires du bassin de Paris tout entier atteignent leurs plus grandes altitudes. C'est encore là que les étages jurassiques moyen et supérieur s'élèvent le plus dans toute la partie du bassin de Paris , située à l'O. de la Loire et de la Seine. Le coral-rag y est à une hauteur de plus de 150 mètres au-dessus du niveau qu'il devrait avoir sur ce point d’après la pente régulière des couches, depuis la partie médiane de la plaine du Berry jusqu'au centre du bassin de Paris. «Si, malgré la faible inclinaison des couches et Le peu d’élévation des collines, qui ne permet guère de bien saisir l’ensemble du pays, on cherche l'analogie que peut avoir le relèvement du Sancerrois avec les soulèvements jurassiques du Porrentruy, on reconnaît de suite qu'il se rapporte aux soulèvements du troisième ordre, si on a égard seulement à la structure, telle qu'elle est exposée par M. Thurmann ; car, si on voulait s'en tenir à la lettre, ce ne serait qu'un soulèvement du premier ordre , qui n’a point fait affleurer de groupe inférieur au corallien. En effet, si de l’axe du coral-rag on va vers le N.-0., on rencontre, comme on peut le voir, pl. XI, fig. 2, ia succession de créfs et de combes qui caractérise le troisième ordre de soulèvements ; le premier crét extérieur est formé par les sables à silex et la craie, la première combe par le greensand, le deuxième créf intérieur par l'étage jurassique supérieur, et la deuxième combe centrale par la surface de l'étage jurassique moyen. Mais le Sancerrois ne pré- sente qu'un côté du soulèvement, car au S. on ne trouve que des lambeaux de l'étage jurassique supérieur pour former le deuxième crét intérieur ; quant au premier crét extérieur, il manque totalement (1). » Les relèvements du Sancerrois et du Pays de Bray présentent tous deux cette particularité d’avoir un de leurs flancs à pente plus rapide, celui du S.-E. pour le Sancerrois, et celui du N-E. pour le Pays de Bray, de telle sorte que dans les deux, la pente la plus douce est du côté du centre du bassin tertiaire de Paris, sur les bords duquel sont situés ces deux relèvements du sol. (1) Le pays de Bray présente un relèvement sur la même échelle à peu près que celui du Sancerrois, mais d’une longueur double, car il n’est pas arrêté vers son milieu par une faille ; les inclinaisons des couches sont tres faibles et les collines encore moins élevées que dans le Sancerrois; cependant, en raison de sa régularité, on peut en saisir la structure lorsqu’on est sur l’un des bords ou mieux au centre. Le soulèvement n’y est que de deuxième ordre; les créts sont formés par des argiles sableuses à silex et la craie; les combes par le greensand, et la voäte centrale par l’étage jurassique supérieur. 238 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE (N. 5, p.20.) Le relèvement du Sancerrois a lieu suivant une ligne courant de l'E, 26° N. à l'O. 26° S. ; il est interrompu à son centre par une faille, dirigée du N. auS., qui produit une différence de niveau de 180 mètres, et qui laisse les couches situées à l'E. à peu près dans leur position normale. Nous pouvons remarquer en passant que le relèvement du Sancerrois est à peu près parallèle à la limite septentrionale du Plateau central, de Sancoins (Cher) à l’Tle-Jourdain (Vienne), ainsi qu’à la direction moyenne de la Loire , de Blois, et même d'Orléans, jusqu'au confluent de la Vienne. La partie de la Loire comprise entre Angers et Nantes a également une direction à peu près semblable , mais un peu plus rapprochée de la ligne E. O. Enfin , le relèvement du Sancerrois a une direction qui s’écarte seulement de 40° vers le N. de celle de la chaîne principale des Alpes, qui court de l'E. 16° N. à l'O. 16° S. Le relèvement du Sancerrois a affecté les terrains jurassique et crétacé , ainsi que les sables à silex, dont la position géologique n’est pas encore assignée d'une manière rigoureuse, quoique l'on soit assez généralement disposé à les consi- dérer comme l'équivalent des sables et grès de Fontainebleau. Il n’a pas affecté les argiles quartzifères de la Sologne , que l’on regarde, à juste raison , comme un prolongement lacustre des faluns marins de la Touraine, et qui entourent le Sancerrois sur plus des trois cinquièmes de son pourtour. On ne peut donc douter que lerelèvement du Sancerrois ne se soit fait entre les dépôtsde ces deux terrains. Quant à la faille, il est probable qu'elle s’est produite simultanément, quoique ayant une direction presque perpendiculaire. Quant à savoir si le relèvement a affectéles calcaires d’eau douce, nous n’avons rien vu, et nous sommes même porté à douter que le Sancerrois présente des faits pour résoudre cette question. Cependant, comme, d’une part, ces calcaires d'eau douce se lient aux sables à silex et à leurs brèches , et que, d’autre part, ils se séparent nettement des argiles quartzifères de la Sologne, qui reposent indis- tinctement sur eux et sur les sables à silex, nous sommes disposé à admettre que les calcaires d’eau douce appartiennent à la même période géologique que les sables à silex, et que les argiles de la Sologne sont tout-à-fait indépendantes de ces deux dépôts L’élévation du Sancerrois alors se serait produite avant le dépôt des argiles de la Sologne et après celui des calcaires d’eau douce. Nous pourrions appuyer notre opinion sur celle de M. Dufrénoy, qui, sur la carte géologique de la France, a considéré comme appartenant à une période géo- logique différente de celle du terrain d’eau douce ordinaire de la Limagne, des argiles grises-jaunâtres à grains et à cailloux de quartz blane, en tout semblables à celles de la Sologne, qui couronnent, entre Vichy et Gannat, les plateaux formés par les argiles et les marnes de la Limagne (1). (1) M. Dufrénoy rapporte à la vérité ces argiles à grains de quartz au terrain pliocène, mais elles s’en séparent trêsnettement par leurs caractères minéralogiques. Les terrains pliocènes de l'Auvergne, (N.5, p. 4.) DU SANCERROIS. 239 Le relèvement du Sancerrois vient donc s'ajouter dans le bassin de Paris à ceux du Pays de Bray et du Bas-Boulonnais , les seuls connus jusqu'à présent ; mais il en diffère essentiellement, et par sa direction, qui est presque perpendiculaire, et par son âge, car il a affecté presque tous les dépôts tertiaires du bassin de Paris, tandis qu’on admet que les deux autres sont antérieurs à tous les terrains tertiaires, même au terrain éocène. Si la place que nousassignons au relèvement du Sancerrois, dans la série des terrains, paraît suffisamment bien établie, nous ferons remarquer qu'il coïncide avec la ligne de démarcation la plus tranchée qui existe dans les terrains ter- tiaires du bassin de Paris, celle reconnue depuis longtemps déjà par MM. Des- noyers et C‘ Prévost, entre les derniers dépôts d’eau douce du bassin de Paris et les faluns marins de la Loire, démarcation corroborée et admise un peu plus tard par MM. Deshayes et Lyell, d'après l'examen des fossiles. Il conviendrait donc de restreindre les terrains miocènes au seul dépôt des faluns , comme l'ont toujours fait les deux savants que nous venons de citer , et d’en détacher les sables et grès de Fontainebleau et les calcaires de la Beauce, qui y ont été réunis par MM. Dufrénoy et de Beaumont, sauf à créer pour eux une division particulière dans les terrains tertiaires ,si, comme nous sommes également porté à l’admettre, il est bien reconnu qu'ils se séparent nettement du calcaire grossier et du gypse qui, pour tous les géologues, constituent le véritable terrain éocène. Le bassin de Paris, lors du dépôt des sables et grès de Fontainebleau et des calcaires d’eau douce de la Beauce, avait une forme rectangulaire, allongée de Soissons à Poitiers ; au S.-E. par Bourges et Moulins, s’y rattachait le bassin de la Limagne. Ses communications extérieures se faisaient d’une part probablement avec la mer du Nord, lors du dépôt des sables et grès de Fontainebleau ; et d’autre part, avec le bassin de la Gironde, par la plaine jurassique qui sépare le Plateau central de la Vendée. Lors du dépôt des faluns, la distribution des eaux était toute différente ; un golfe marin peu large, mais assez long, séparait la Vendée de la Bretagne, et s’étendait jusqu’à Blois, en recouvrant ainsi l'emplacement occupé aujourd’hui par la vallée de la Loire et ses alentours ; à l'extrémité orien- tale , il ÿ avait la grande nappe d’eau douce de la Sologne qui, au N., s’étendait jusque près d'Étampes , et qui, au S., venait baigner le pied du Sancerrois ; la Limagne possédait aussi un lac à cette époque: Entre le dépôt des calcaires d’eau douce de la Beauce, et celui des argiles de la Sologne, il s’est donc produit un changement important dans le bassin de Paris, puisque indépendamment de l'élévation du Sancerrois, il y a eu, d’une part, élévation et mise à sec de toute la partie N.-E. du bassin de Paris ; et, d'autre part, abaissement de la partie S.-0. , suivie d’une irruption :de l'Océan à Perrier, à Boulade et à Ménat, sont toujours en grande partie formés aux dépens des roches trachy- tiques, tandis que les argiles à grains de quartz de Vichy n’offrent pas la moindre trace de ces roches, non plus que les argiles quartzifères de la Sologne et du Gâtinais. 240 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE DU SANCERROIS. (N. 5, p.22.) atlantique, qui vint pénétrer au cœur du bassin de Paris, pour la première fois depuis le dépôt de l'étage jurassique inférieur. Si nous jetons nos regards hors du bassin de Paris, nous trouvons qu'il existe dans les bassins tertiaires de la Gironde et du Rhône, d’après les auteurs qui ont écrit sur les terrains qui les composent, une ligne de démarcation bien tran- chée aussi, d’une part, entre les calcaires d’eau douce de l'Agenais et du Gers, et les faluns de Bordeaux; et, d'autre part, entre les calcaires d’eau douce de l'Hérault et des environs d’Aix en Provence, et les mollasses du Midi. Les calcaires d’eau douce, dans le bassin du Rhône surtout, sont souvent en couches contour- nées et inclinées au-dessous des mollasses dont les couches sont horizontales sur les mêmes points. On trouve donc, dans toute l'étendue de la France, des traces d'une révolution dont le trait le plus saillant, reconnu jusqu'à présent, est le relèvement du Sancerrois. Nous terminerons ce mémoire par une dernière remarque. M. Élie de Beau- mont a fait observer ( Manuel géologique de De La Bèche, p. 646) que la série des soulèvements des chaînes de montagnes affecte à diverses reprises des direc- uons à peu près semblables. M. Le Blanc, plus tard, a fait voir (Bull. de la Soc. géolog. de France, t. XIE, p. 140) que dans presque tous les cas les soulèvements se succèdent en affectant des directions plus ou moins perpendiculaires entre elles. En passant en revue la série des treize soulèvements reconnus par M. de Beaumont, on aperçoit une exception remarquable , qui consiste en ce qu'iln'y a qu'une différence de 26° entre la direction du soulèvement de la Corse (N.), qui a mis fin au terrain éocène du bassin de Paris, et celle du soulèvement des Alpes . occidentales (N. 26° E.}, qui a terminé la période des faluns pour commencer la période pliocène. Si, malgré son peu d’étendue, on considérait le relèvement du Sancerrois (E. 26° N.) comme un nouveau soulèvement intermédiaire, l’ano- malie que nous venons de signaler disparaîtrait en partie, car le soulèvement de la Corse diffère de celui du Sancerrois de 64°, et celui-ci diffère du soulèvement des Alpes occidentales de 38. Ces angles, quoique assez éloignés de l'angle droit, sont cependant encore aussi grands que ceux qui existent entre plusieurs des soulèvements reconnus par M. de Beaumont, par exemple, entre ceux du Hundsruck (E. 25° N.) et des Ballons (E. 15° S.), ou bien entre ceux du Mont-Viso (S. 23° E.) et des Pyrénées (E. 18°S.). VI. RECHERCHES SUR L’'AGE DE LA FORMATION D'EAU DOUCE DE LA PARTIE ORIENTALE DU BASSIN DE LA GIRONDE, PAR M. JOSEPH DELBOS. INTRODUCTION. De toutes les formations qui composent le bassin tertiaire du S.-0. de la France, la formation d’eau douce inférieure est celle dont l’âge a toujours été le plus controversé. La divergence des opinions à cet égard ne peut être rapportée qu’à l'extrême difficulté que présente l'étude de ces terrains, difficulté dont M. Du- frénoy a rendu compte mieux que personne dans son beau Mémoire sur les ter- rains tertiaires du midi de la France (1). Nous avons cru utile d'entreprendre de nouvelles recherches sur cette question si souvent débattue , et c'est le résultat de ces recherches que nous avons l’hon- neur de soumettre à la Société géologique de France. La partie orientale du bassin de la Gironde est la seule où se montrent claire- ment les relations des diverses couches du terrain tertiaire inférieur, et c’est dans ce pays, jusqu'ici inconnu sous le rapport géologique , que nous trouverons les notions nécessaires pour établir d’une manière définitive la succession réelle des couches qui représentent, dans le midi de la France, l'étage inférieur des terrains tertiaires. Nos résultats différant , sous quelques rapports , de ceux auxquels sont arri- vés quelques uns des géologues qui nous ont précédé, nous croyons devoir jeter un coup d'œil préalable sur les divisions que ces géologues ont établies dans nos terrains, et sur l’ordre de superposition qu’ils ont admis entre les différentes assises dont ils sont formés. (1) Mémoire pour servir à une description géologique de la France, t. XII, p. 45. Soc. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém, n. 6. 249 FORMATION D'EAU DOUCE (N. 6, p. 2.) M. Al. Brongniart a le premier assimilé le calcaire marin de Bordeaux au cal- caire grossier de Paris. Il a rapporté les terrains d’eau douce de l’Agénais à une formation supérieure à ce même calcaire (4). Cette détermination a servi de point de départ à la plupart des descriptions qui ont été publiées depuis. M. Boué regardait, en 1824 , les terrains du bassin de la Gironde comme pou- vant être divisés en quatre assises ainsi disposées en allant de bas en haut : Mol- lasse , calcaire grossier, calcaire d’eau douce, grand dépôt marneux et arénacé. « Le calcaire d’eau douce, disait-il, ne paraît recouvrir nulle part le calcaire » grossier ; il repose constamment sur la mollasse.....; mais les apparences géo- » logiques et la distribution particulière du calcaire grossier ne laissent pas » de doute que le calcaire d’eau douce ne soit postérieur au calcaire gros- » sier (2). » En 1826 , M. Billaudel n'admettait que trois étages : argile plastique, mollasse avec lignites , calcaire grossier (3). Dans un autre Mémoire publié en 1898, M. Billaudel classait les terrains du département de la Gironde de la manière suivante : 1° Craie , 2° mollasse alter- nant avec l'argile plastique , 3° calcaire grossier, 4° calcaire d'eau douce séparé du calcaire grossier par un second dépôt de grès et d'argile (4). M. Jouannet disposa quelque temps après les terrains du département de la Gironde dans l’ordre suivant : Craie, argile plastique, calcaire grossier inférieur, sables tritoniens (sable des Landes ), terrains paléothériens, mollasse, calcaire grossier supérieur, terrains Jacustres (5). M. Ch. Des Moulins établit le premier la séparation du calcaire de Blaye et de celui de Bourg (6). M. Deshayes regardait déjà le premier comme analogue au calcaire grossier de Paris (7). Enfin M. Dufrénoy publia ses belles recherches sur les terrains tertiaires du midi de la France (8). Le premier il leur appliqua la division en trois étages, et rangea dans le second toutes les mollasses et les formations d’eau douce. Dès lors le bassin du S.-0. fut connu ; les grandes divisions étaient établies, et il ne restait plus qu’à les compléter par les observations de détail. M. Drouot (9) cependant s’écarta de cette classification , et, faisant abstraction de tous les caractères paléontologiques , il rangea dans l’assise inférieure, 1° les mollasses, et 2° le calcaire d’eau douce , dont nous nous occuperons particulière- (1) Description géol. des envir. de Paris , édit. 1822, p. 180 et 299. (2) Annales des sc. nat.,t, IV, p. 125 et 142. (3) Actes de la société linnéenne de Bordeaux, t. 1°", p. 99 (1826). (4) Recueil de l’Académie des sciences de Bordeaux , 1828. (5) Actes de lu société linnéenne de Bordeaux , t. IV, 1830. (6) Bulletin de La société géologique de France, t. IL, p. 441 (1832). (7) Recherches sur la distribution des coquilles fossiles des terrains tertiaires (1830). (8) Mémoires pour servir à une description géologique de la France, t. III (1856). (9) Actes de l'Académie de Bordeaux , 1"° année , p. 650 (1839). (N- 6, p- 5.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 243 ment dans ce travail. Au-dessus, il plaçait : le calcaire grossier, un second terrain d’eau douce (calcaire d’eau douce inférieur de M. de Collegno), la mollasse coquil- lière de: M. Dufrénoy, et enfin un dernier calcaire d'eau douce (marnes d’eau douce supérieures de M. de Collegno). Nous verrons dans le cours de ce Mémoire tout l'intérêt que mérite le travail de M. Drouot. La division des terrains publiée par M. Grateloup dans les actes de l'Académie de Bordeaux différa encore plus de celle de M. Dufrénoy. Il rangea les terrains dans l’ordre suivant : Craie , argile plastique , calcaire grossier, terrain paléothé- rien, calcaire tertiaire moyen (faluns, eic.}, terrain lacustre supérieur, dilu- vium, grande alluvion marine (sable des Landes). Enfin parut le beau travail de M. de Collegno (1). Ce savant géologue, adoptant les grandes divisions de M. Dufrénoy, y apporta plusieurs changements de détail, qu'il publia en 1843. Voici comment il classa les terrains du département de la Gironde : Calcaire de Blaye. Étage tertiaire inférieur ou éocène. . { Calcaire de Bourg. ( Mollasse du Fronsadais. t Calcaires et argiles d’eau douce. Calcaire à grandes huîtres; faluns. | Marnes d’eau douce supérieures. Sables des Landes. _ Étage tertiaire moyen ou miocène. Étage tertiaire supérieur ou pliocène. Sables et argiles ferrugineuses de l’entre-deux mers, Nous lui devons la délimitation précise des calcaires de Blaye et de Bourg. Il reconnut qu'on pouvait les caractériser, l’un par la présence des Orbitolites, l’autre par la présence des Osselets d’Astéries. I mit hors de doute l’âge de la mollasse du Fronsadais en démontrant qu’elle devait être rapportée à la période éocène, etc., etc. - Nous avons adopté les divisions de ce savant, et nous désignerons le calcaire de Blaye sous le nom de Calcaire à Orbitolites, et celui de Bourg sous le nom de Calcaire à Astéries. (4) £ssai d'une classification des terrains tertiaires du département de la Gironde (1843). SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n°6. 32 244 FORMATION D'EAU DOUCE (NARAREt) PREMIÈRE PARTIE. Nous diviserons en quatre assises , en allant de bas en haut, les terrains infé- rieurs du bassin de la Gironde, non compris le calcaire à Orbitolites. D ER { 1° Mollasse éocène ou du Fronsadais, comprenant les grès de Bergerac. ANON CEaU COUCE. À 9e Calcaire d’eau douce et Meulières. Gypse. 3° Dépôt d'Ostrea longirostris. Formation marine. . . { HR te L° Calcaire à Asféries. Considérées dans leur ensemble, les couches de la formation d’eau douce plongent de l’est à l’ouest. Elles augmentent de puissance à mesure qu'elles se rapprochent de leur limite orientale , jusqu’à ce qu’elles rencontrent la craie sur laquelle elles viennent butter et mourir. Le calcaire à Astéries, au contraire, diminue d’épaisseur en allant de l'ouest à l'est. Il ne recouvre bientôt plus que le sommet des coteaux , et finit même par disparaître complétement, bien avant la jonction superficielle des terrains d’eau douce avec la craie. MOLLASSE ÉOCÈNE OU DU FRONSADAIS. Caractères généraux de cette formation. La mollasse comprend des argiles et des grès ordinairement sableux, qui acquièrent sur certains points une très grande puissance. 1° L’Argile est ordinairement sableuse, quelquefois assez pure. Elle contient presque toujours du carbonate de chaux, et passe même, sur certains points, à l’état d’une marne très argileuse. Le quartz y est disséminé le plus souvent en grains très fins ; cependant , vers la limite orientale, ces grains deviennent assez gros pour être visibles à l'œil nu. Elle est en général fortement colorée par du fer, et quelquefois par une matière bitumineuse, qui lui communique une teinte noire plus ou moins foncée (Saint-Vincent , Villefranche) (1). Le mica y est peu abon- dant et en parcelles très atténuées. L'argile est ordinairement d’un gris bleuâtre ou jaunâtre ; dans certaines loca- lités, elle est panachée de blanc, de rouge, de violet , de jaune foncé , etc. (Ber- serac, Lanquais , etc.) On n'a trouvé jusqu'à présent dans l'argile que quelques rares débris de mam- mifères terrestres et de reptiles. Dans quelques localités, la mollasse argileuse contient tellement de calcaire, qu’elle passe à l’état d’une marne verdâtre friable. On trouve fréquemment dans (4) Pour les localités citées, voyez la carte de Cassini. N- 6, p: 5.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 245 cette marne des boules de calcaire globaire qui ont jusqu’à 6 ou 8 centimètres de diamètre. Ces boules sont formées de longues aiguilles de carbonate de chaux divergeant autour d’un centre commun. Le noyau central, formé par la marne verte elle-même, semble avoir subi un retrait , car il est divisé par des fentes assez larges , tapissées de très petits cristaux de chaux carbonatée. Ces sphéroïdes sont quelquefois réunis plusieurs ensemble (Saint-Christophe, Lespinassat , Saint-Michel-de-Montaigne). : L’argile renferme parfois des lits peu suivis et peu épais de calcaire d’eau douce. 2° La Mollasse sableuse, beaucoup plus développée que la mollasse argileuse, est composée de grains arrondis de quartz et de feldspath, dont le volume aug- mente à mesure qu'on s'avance vers les limites de la formation. Elle contient toujours du calcaire , et souvent elle est très micacée. Quelquefois la mollasse sableuse s’agrége de manière à se transformer en un grès plus ou moins solide. Ce grès est alors disséminé dans le sable en rognons arrondis, de forme irrégulière (Fronsac, Saillans , etc.). Get accident est très caractéristique de la mollasse du Fronsadais. Quelquefois , mais rarement, ces rognons se divisent en couches concentriques ( La Carbonille). Nous avons analysé quelques uns de ces rognons, et nous leur avons toujours trouvé sensiblement la même composition qu’au sable qui les enve- loppe. Nous ne serions pas éloignés d’y voir un fait de plus à l'appui des obser- vations que M. Virlet d'Aoust a publiées dans son intéressant Mémoire sur les dérangements moléculaires éprouvés par les roches postérieurement à leur dépôt (1). Vers les limites des terrains tertiaires, le fer hydroxydé devient assez abondant dans la mollasse sableuse pour y constituer un minerai très riche, exploité sur une grande étendue dans le Périgord. Il forme alors des rognons irréguliers , géo- diques, dont l’intérieur présente quelquefois des mamelons de quartz stalactique. Il se montre plus rarement en grains pisolithiques et en plaquettes. Ne serait-ce pas encore le résultat de l’agrégation des molécules ferrugineuses disséminées primitivement dans le sable? Lorsque les sables de la mollasse viennent à être pénétrés par un ciment cal- caire ou siliceux, il en résulte des grès extrêmement durs , employés pour le pavage , ordinairement blancs , colorés quelquefois en gris ou en brun (Creisse, Peyrebrune, etc.). [ls sont minéralogiquement en tout semblables aux grès de Fontainebleau, dont ils ne diffèrent que par leur grain peut-être un peu plus gros. Si ces sables ont été en même temps pénétrés par du fer, ils constituent des masses colorées en rouge plus ou moins foncé (forêt de Lanquais). (1) Bull. de la Soc. géol. de France, 2: série, t. IT, p. 198. 246 FORMATION D'EAU DOUCE (N:6, p.6.) La mollasse sableuse renferme quelquefois de petits lits de calcaire d’eau douce, mais ces lits y sont encore plus rares que dans l'argile. Nous ne connaissons dans la mollasse sableuse d’autres débris organiques que les rares empreintes végétales des grès de Bergerac et les troncs d’arbres silicifiés de Minzac. Descriptions géognostiques. C'est à Cubzac que la mollasse se montre pour la première fois bien caracté- risée , lorsqu'on remonte le cours de la Dordogne en partant de Bourg. En 1840 , les travaux exécutés pour les terrassements du pont suspendu de Cubzac ont mis à découvert, du côté de Saint-Vincent (rive gauche), une argile feuilletée, non effervescente , colorée en noir très intense par une forte propor- tion de bitume. Elle formait le fond des excavations pratiquées pour l'extraction des matériaux nécessaires aux remblais, et s’y montrait sur une épaisseur de 17,50 à 2», Elle n’était recouverte que par les alluvions modernes de la Dordogne ; mais sa stratification distincte, sa ressemblance avec certaines couches que nous trou- verons ailleurs , l'identité de son niveau avec celui des argiles de la rive opposée, ne laissent aucun doute sur son âge. À Cubzac, au-dessous du château des Quatre-Fils d’Aymon {Les Tours, de Cassini), on exploite une argile d’un gris verdâtre, assez fine, contenant beau- coup de carbonate de chaux. Eile se montre sur une épaisseur de 3", mais on ne peut reconnaître ses limites inférieures. Elle est recouverte d’assises puissantes de calcaire marin, et malgré la parfaite horizontalité des couches, le plan de contact plonge sensiblement vers le N.-0., ainsi que l’a remarqué M. de Colleono. Le village de Cubzac est séparé de Saint-André par une dépression que traverse la grande route de Paris. Vers le fond de cette dépression , à peu près à moitié distance de Cubzac à Saint-André, sur la gauche de la route, on exploite un sable assez fin, à stratification distincte, qui rattache la mollasse de Cubzac à celle des environs de Saint-André. La colline de Montalon , située au N.-0. de Saint-André, est formée à sa partie inférieure d’une mollasse sableuse, bleuâtre, un peu argileuse, passant vers le haut à un sable jaunâtre. La mollasse sableuse de Montalon forme cette petite lande, au milieu de laquelle passe la grande route de Paris, au N. de Saint-André-de-Cubzac. Le sable y est coloré en jaune rougeâtre par du fer hydroxydé, et ce caractère, joint à l'aspect physique du pays, a fail rapporter cette nappe arénacée à la formation du sable des Landes. Mais 1l nous paraît plus rationnel de ne la considérer que comme le prolongement de la mollasse sableuse de Montalon. En tout cas, elle se montre ici à un niveau bien inférieur à celui du calcaire à Astéries, qui paraît, à une petite distance, sur les hauteurs d'Aubié et d’Espessas. (X. 6, p. 7) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 247 Entre ce dernier village et celui de Sallignac, près du ruisseau qui coule au fond de la vallée, la carrière de la Carbonille offre un des exemples les mieux caractérisés que nous connaissions de la superposition du calcaire à Astéries à la mollasse. Celle-ci s'y montre à l'état d’un sable fin , argileux, de couleur rousse, dans lequel se trouvent disséminés ane énorme quantité de rognons à couches concentriques, dont nous n'avons retrouvé les analogues dans aucune autre loca- lité. La substance de ces rognons est compacte, alumineuse, d’un jaune verdâtre clair. Le ciment calcaire, qui entre pour plus de la moitié dans sa composition, lui communique quelquefois un aspect un peu cristallin sur les fractures (1). Le fond de la vallée qui sépare Espessas de Sallignac est occupé par la mollasse sableuse qui va passer sous le calcaire à Astéries des hauteurs de Sallignac, Mouillac , etc., pour reparaître avec un grand développement dans la vallée de l'Isle. M. de Collegno (2) ayant suivi la mollasse depuis Saint-André-de-Cubzac jusqu’à Libourne, nous croyons n’avoir rien à ajouter aux descriptions données par ce géologue, et nous reprenons l'étude de la mollasse à Fronsac. À partir de Saint-André-de-Cubzac , la mollasse se développe de plus en plus à mesure qu’on remonte la vallée de la Dordogne. Près de Libourne, elle forme à elle seule le tertre de Fronsac, où elle acquiert une épaisseur de plus de 100. 4° Le pied du tertre se compose d’une mollasse sableuse, grisâtre , très friable micacée, avec quelques grains verts de fer silicaté. Elle contient quelques nodules fondus dans la masse d’un sable très fin, un peu argileux; mais l’alumine est fort peu répandue dans cette assise (V. pl. XIL fig. 12). 2° Argile exploitée sur le flanc S.-0.-du tertre; sableuse , verdâtre, maculée de fauve. Epaisseur, 5 ou 6. 3° Au milieu de cette argile, on remarque un banc de calcaire marneux, com- pacte , un peu rougeûtre, avec quelques fissures sinueuses. Epaisseur, 0°,50. k° Mollasse sableuse, formant le reste du coteau , très micacée, avec quelques grains verts. Ce sable s’agglutine quelquefois et forme un grès grossier, assez dur, à cassure grenue, brillante sous certains aspects, souvent divisé en strates peu épaisses. C'est dans cette assise que sont disséminés les rognons concrétionnés dont nous avons déjà parlé, et qui ne sont que la mollasse sableuse elle-même fortement agrégée. Ces rognons sont fréquemment accolés les uns aux autres, de manière à présenter l'aspect de boulets ramés, de grappes de raisins, etc. Leur grosseur varie depuis À centimètre jusqu'à à décimètres de diamètre, et même plus. (4) Toutes les observations qui précèdent ont été faites avec M. de Collegno. Elles prouvent, avec la dernière évidence , les relations qu’il a le premier fait connaître. Nous croyons devoir reconnaître ici la dette que nous avons contractée envers ce savant pour les conseils bienveillants dont il a bien voulu toujours nous honorer. (2) Mémoire cité, p. 31. 248 FORMATION D'EAU DOUCE (N.6, p. 8.) 5° Dans les jardins de l’ancien château situé sur le sommet du tertre, à quelques décimètres au-dessous de la terre végétale, on trouve une argile bleuâtre, beau- coup plus fine que la première. Cette argile forme la couche la plus élevée du tertre de Fronsac ; mais, sur la hauteur de la Laque, elle est recouverte, suivant M. de Collegno , par le calcaire à Astéries. Le tertre de Canon, qui s'élève sur la droite du chemin de Fronsac à Saint- Michel, vis-a-vis le hameau de La Clée, est composé de mollasse jusqu'aux trois quarts de sa hauteur, mais elle est presque partout cachée par la culture. A 80 en- viron au-dessus du niveau de la Dordogne, un escarpement permet de voir une mollasse compacte, pesante, grise, à grains fins, fragmentaire. Elle est recou- verte immédiatement par le calcaire à Astéries , qui paraît s'être déposé dans les dépressions et les cavités de la mollasse , car il se montre quelquefois accolé à elle dans le sens de la largeur. Le chemin qui conduit de Saint-Michel à Saint-Aignan monte rapidement à la sortie du premier village. Il est pratiqué entre deux escarpements de mollasse sableuse , gris-bleuâtre , de 6 à 8» de hauteur. (Fig. 1.) De Saint-Michel à Saint-Aignan , et de ce village à Saillans , la route suit la crête des coteaux, et on ne marche plus que sur le calcaire à Astéries. Mais dans la commune de Saillans, au-dessous de ce calcaire, on trouve, au lieu dit de Montaigu , la mollasse mise à nu sur une grande hauteur. Nos observations nous ont fait reconnaître l’exactitude de la coupe donnée par M. Jouannet (1) : 1° Au-dessous du calcaire marin, on trouve une mollasse solide, très calca- rifere, d'un gris jaunâtre ou bleuâtre. Elle devient de plus en plus dure à mesure qu'on se rapproche de la couche suivante. 2° Sable avec rognons concrétionnés analogues à ceux de Fronsac. 3° Mollasse solide, fragmentaire, assez semblable à celle du tertre de Canon. h° Enfin , à la base de l’escarpement, M. Jouannet cite des alternances de marne sableuse , d'argile figuline , de sable. A l'époque où nous visitämes Saillans, cette assise était cachée par la terre végétale. M. Billaudel a trouvé dans cette couche inférieure une mâchoire de Paléothérium. (V. l’appendice, coupe n° 1.) Entre Saillans et Savignac, près de Saint-Crit, on exploite les argiles de la mollasse dans une carrière à ciel ouvert, à 20" environ au-dessus du niveau de l'Isle. Cette carrière présente la coupe suivante : 1° Argile très pure, très fine, verdâtre, marbrée de fauve, non effer- vescente. à". 2 Cette argile se charge vers le haut de calcaire, tout en conservant la finesse de sa pâte. Eile présente les mêmes couleurs , mais de teintes beaucoup plus claires. 1". 3° Elle passe à une mollasse sableuse, un peu argileuse, assez dure, très (1) Mémoire cité (Mollasses du Fronsadais ). (N. 6, p.9)) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 249 calcarifère , offrant les mêmes couleurs que la couche précédente. Elle forme la couche la plus élevée de la carrière. La mollasse continue à se montrer au fond de toutes les dépressions du terrain, entre Saillans et Savignac. La descente de la route vers la vallée de la Saye 1ra- verse la mollasse sableuse sur une épaisseur de plus de 20%. Dans la commune de Bonzac, on peut voir presque à chaque pas, sur le sommet des coteaux, des affleurements de la mollasse argileuse. C'est dans cette commune que se trouve le coteau de la Grave, si bien décrit par M. Dufrénoy. Nous nous bornerons à rappeler la succession de couches obser- vée par cet illustre géologue (1) : 1° Depuis Le niveau de l'Isle jusqu'aux deux tiers du coteau, mollasse sableuse, assez solide. 2% Au milieu de cette assise, à 45% au-dessus de la rivière, on observe une argile grise, bitumineuse , dans laquelle on a trouvé les débris de Paléothérium, Gavials , Trionyx , décrits par Cuvier. 3 Grès argileux, calcarifère , micacé, blanc-jaunâtre, à peu près semblable à la couche supérieure de la carrière de Saint-Crit. 20. h° Mollasse dure , blanchâtre , à grain très fin , très calcarifère , surtout vers le haut, et passant à la couche suivante. 5° Marne d'eau douce. De Bonzac à Saint-Martin-de-Laye, le niveau de la mollasse s’abaisse peu à peu, et entre ce dernier village et Guître , elle se mêle à de puissants dépôts caillou - teux , qui, suivant M. Dufrénoy, appartiennent à la même formation. Nous croyons cependant qu'une partie au moins de ces graviers peut être rattachée à l’action diluvienne. La mollasse ne se termine pas à Guître ; M. Dufrénoyÿ l’a retrouvée au N. de celte ville, à Montguyon, à Montlieu, à Chepniers , etc., où elle forme encore des amas puissants , et où elle vient recouvrir la craie. Le chemin de Libourne à Saint-Emilion (chemin de l'Epinette) est tracé sur les amas du diluvium caïllouteux, qui a recouvert tout le fond de la vallée de l'Isle. Près de Saint-Emilion, ce chemin suit une pente de quelques degrés, et on ne tarde pas à rencontrer le calcaire marin. Si l’on quitte Saint-Emilion en se dirigeant vers le nord , le chemin descend insensiblement jusqu’au bas de la butte sur laquelle est situé le moulin de Cadet (près de la Peleyre de Cassini), à un kilomètre environ de Saint-Emilion. La mollasse s’y montre au-dessous du calcaire à Astéries. Elle est ordinairement d'un gris jaunâtre, compacte, à grains fins , dure, cassante , fragmentaire. Dans certains endroits elle affecte la forme fibreuse ou xyloïde. C’est une tendance à la structure radiée des boules dont nous avons déjà fait mention. (1) Mém. pour servir à une desc. géol. de la France, t. HI, p. 77. 250 FORMATION D'EAU DOUCE (N.6, p. 10.) Au-delà de la butte de Cadet, et jusqu’au ruisseau de la Barbanne , la mollasse est cachée par les dépôts caillouteux et d’alluvion. La montée de la route de Saint-Emilion vers Saint-Christophe laisse voir une marne verte, dans laquelle se trouvent disséminées de nombreuses boules de calcaire globaire, que nous retrouverons bien mieux caractérisées à Lespi- nassal. À partir de Saint-Christophe, le sommet des coteaux n'offre plus que le calcaire marin jusqu'à la descente vers la Baucamerie. A peu près à la hauteur de ce ha- meau, le tracé de la nouvelle route a mis à nu, au-dessous d’un calcaire d’eau douce, une mollasse sableuse d’un gris jaunätre ou bleuâtre. Elle contient de nombreux nodules marneux , jaunes , dont la cassure présente des feuillets con- tournés autour d’un noyau central souvent formé d'une marne très blanche (1). Cette mollasse forme le fond du vallon , et elle s’y montre de tous côtés sur une épaisseur de plus de 15m. Si l'on monte de là vers le moulin de Beney, on rencontre au-dessus de la mollasse le calcaire marin qui occupe tout le sommet du coteau jusqu’au revers qui regarde Sainte-Colombe. L’extrémité S.-0. de ce coteau est composée de mol- lasse sableuse , grisâtre, avec rognons analogues à ceux du tertre de Fronsac, quoique un peu moins durs. Dans le village même de Sainte-Colombe , sur les bords du chemin de Man- gaud , on retrouve cette même mollasse , mais en cet endroit elle renferme des amas d’un calcaire marneux, très blanc, très friable , tachant , extrêmement lé- ser, qui se montre souvent associé aux sables de la mollasse dans cette partie du bassin du S.-0. de la France. Les sables de la mollasse forment le tertre de Saint-Magne , mais ils sont cachés presque sur tous ses revers par la terre végétale. Le tertre d'Orable , qui domine Castillon au N.-E., est en grande partie com- posé de mollasse, mais la partie inférieure en est-cachée par les cultures et les terres éboulées. Le chemin de Belvez traverse ce tertre à peu près à égale distance des moulins d'Orable et de ceux du Liau. Aux deux tiers de la montée, on trouve : 1° Une argile très sableuse, d’un gris jaunâtre uniforme, 4”. 20 Aroile marneuse blanchâtre , peu solide, 3%. 3 Sable fin grisâtre , 5". Lk° Calcaire d’eau douce, etc. (V. l’appendice, coupe n° 2.) Le chemin d'Orable à Belvez offre sur plusieurs points des affleurements de mollasse sableuse. En approchant de Belvez , le calcaire marin remplace la mol- lasse sur les bords de la route, et c’est ce calcaire qui forme toute la crête du co- teau sur lequel sont placés les villages de Belvez et de Tourtirac. A la Gasparde (commune de Tourtirac), il repose sur les sables gris de la mollasse. (1) Ges nodules rappellent parfaitement les chailles du Jura. « CN. 6, pe 11.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 251 Belvez est séparé de Gardegan par une vallée au fond de laquelle coule le ruis- seau de l’Anguilie. L'église de Gardegan est bâtie sur un coteau dont le sommet est formé de calcaire à Astéries. Lorsque de Gardegan on se dirige vers l’ouest, on descend le revers du coteau, et au-dessous des formations supérieures on trouve une argile très sableuse, jau- nâtre, d'une faible épaisseur, reposant sur des sables gris, assez fins, qui for- ment le fond de la vallée et qui reparaissent jusqu’à la moitié de la hauteur de Pitray (entre Gardegan et la Millerie de Cassini). Ces sables sont recouverts ici par le calcaire marin. (Fig. 9.) Le chemin de Gardegan au village des Salles , après avoir traversé le ruisseau de Piqueroque, passe près du château de Mondespit (1). Les hauteurs qui domi- nent ce château vers le N. sont composées de mollasse sableuse et couronnées de calcaire à Astéries. La route de Mondespit aux Salles laisse voir près de ce village de nombreux affleurements de cette mollasse. Elle reparaît de l’autre côté de la vallée , près du château de Belecier, puis sur les coteaux situés sur la rive opposée du ruisseau de Gueyraude, à la Plante. Nous l’avons suivie jusqu'à Minzac , mais entre ce vil- lage et celui des Salles le niveau des coteaux s’abaisse, de manière que le cal- caire marin n'y paraît plus, excepté peut-être en lambeaux isolés, sur les points les plus élevés. | Aux environs de Minzac, la mollasse sableuse couvre toute la surface du pays, et n’est recouverte par aucune autre couche : aussi communique-t-elle toute son aridité au sol, qui ne nourrit plus que des bruyères, et dont la végétation pré- sente {out l'aspect de celle des Landes. (Fig. 13.) | Les champs qui entourent Minzac , l'intérieur du village même, sont couverts d'une immense quantité de troncs d'arbres dicotylédones silicifiés. Ils sont dissé- minés au-dessus de la mollasse , et on ne les trouve point en couches ; mais ils se présentent toujours à un niveau inférieur au diluvium , dans lequel ils ne se ren- contrent jamais. Nous croyons qu'ils représentent ici la végétation de l’époque des grès de Bergerac. Les couches de gravier que nous venons de désigner sous le nom de diluvium recouvrent les sommités des coteaux de Minzac, Gours, Puinormand, etc Si elles appartiennent à la mollasse , comme le pense M. Dufrénoy pour celles de Mont- guyon , Lagorce, etc. (2), l’âge des bois fossiles se trouvera fixé avec toute certi- tude. Cependant ces bois semblent se lier plus intimement à la mollasse sableuse, et les cailloux roulés dont nous venons de parler se trouvent à un niveau bien supérieur à celui du calcaire à Astéries de Villefranche. Nous ajouterons que ces (1) Ce château, situé au milieu d’une ligne tirée de Gardegan aux Salles, est indiqué sur la carte de Cassini, mais le nom a été oublié par le graveur. (2) Mém. géol., p. 73 et suiv. SOC. GÉOL. 2° SÉRIE. T. IL Mém. n° 6. [29] 6 252 FORMATION D'EAU DOUCE 2N.6, p.12.) bois se rencontrent plus bas que ce même calcaire , et que les champs où on les observe ne renferment point de cailloux roulés. La mollasse sableuse se prolonge au N.-0. de Minzac par les communes de Pui- normand , Saint-Sauveur, Saint-Mér (Saint-Médard de Guizières). À Apzac, elle est exploitée sur une épaisseur de plus de 30%, C’est elle qui forme les vastes landes de Coutras , des Pintures, où elle est recouverte en partie.par le diluvium. M. Dufrénoy l’a reconnue de l’autre côté de cette lande , à Lagorce , ete., et à un petit nombre de lieues de Coutras on peut constater sa superposition à la craie. Au S.-S.-E. de Minzac, on peut suivre la mollasse sableuse jusqu'à une petite distance de Villefranche-de-Lonchapt , où le calcaire marin commence à se mon- trer. Les ingénieurs chargés du tracé de la route de Villefranche à Montpont ont été obligés, pour adoucir la pente à la sortie de la première de ces villes, d’en- tamer le sol jusqu’à une profondeur d'environ 10*. Cette coupe nous donne l'idée ja plus neute possible des relations de la mollasse avec le calcaire marin : 4° Le haut de la tranchée est formé par un calcaire grossier, sableux , tendre , jaunâtre , contenant une grande quantité de petits cailloux quarzeux, et quelques fossiles difficilement déterminables , mais qui ne peuvent se rapporter qu'au cal- caire à Astéries ; tel est le Turbo Parkinson. « 2 Argile marneuse verdâtre , formant le passage du calcaire à l’assise suivante. Elle contient vers le haut des fossiles marins ( Serpules , etc.), et elle est même pénétrée de veinules perpendiculaires du calcaire supérieur. 3° Argile grisâtre , très fine, très bien stratifiée , 2,50. l° Au milieu de cette argile, on remarque deux lits parfaitement horizontaux de Septaria aplatis en forme de galettes , d'une marne très blanche, et dont le centre est formé par une argile divisée dans son épaisseur par des fentes assez larges, comme si elle eùt éprouvé un retrait. Ces Septaria sont parfaitement cir- culaires ; ils ont de 1 à 2 décimètres de diamètre sur 2 à 3 centimètres d’épais- seur Ils sont toujours posés à plat, et forment deux couches de 0,2 à 0",3 d'épais- seur, qui séparent en trois lits d'épaisseur à peu près égale l'argile dans laquelle ils sont intercalés. 5° Calcaire jaunâtre , tendre, sans galets quarzeux, très coquillier, contenant surtout une grande quantité de Cérithes, Miliohtes, Turbo Parkinsoni , etc. 6° Argile très sableuse , feuilletée , colorée en un noir bleuâtre foncé par du bitume, comme celle de Saint-Vincent. (Fig. 12.) On nous a montré des pyrites qu'on nous a dit avoir été trouvées dans les argiles de Villefranche. Elles forment des nodules ovoïdes d’un centimètre environ de longueur. La route de Villefranche à Castillon descend d'abord le coteau rapide au som- met duquel se trouve la ville, et après avoir dépassé le niveau du calcaire marin , elle traverse la mollasse grise, sableuse , friable, des environs de Minzac. Sur la rive gauche de la Dordogne , la mollasse acquiert un développement en- (N- 6, p- 15.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 253 core plus grand que sur la rive droite. Elle commence à se montrer, sur les bords de la rivière , au village de Moulon. Entre ce village et Branne, le sommet des coteaux présente des affleurements d'une mollasse sableuse, jaunâtre, alternant avec des lits de sable un peu argileux. Elle forme un escarpement de 2 mètres sur les bords de la grande route de Bordeaux, vis-à-vis sa jonction avec celle de Moulon. (Fig. 2.) La mollasse des environs de Branne supporte les vastes carrières de calcaire à Astéries de Grézillac. Elle se prolonge bien au-deïà vers l'ouest. A un demi-kilomètre environ à l'E. de Branne, la route de Cabara passe au pied d’un escarpement de mollasse de plus de 25 mètres de hauteur. On peut y voir une alternance de huit ou dix couches de sable gris et d’argile très sableuse jaunûtre. Un peu plus loin , vers l'E., la route passe entre deux buttes assez élevées. La butte de Charlemagne, située sur la gauche du chemin, présente à son sommet une mollasse sableuse, grise , à gros grains, très micacée, assez dure, qui se délite en strates minces et d'une épaisseur très uniforme. Elle renferme des amas de cette marne blanche et légère que nous avons déjà citée à Sainte-Colombe. La route de Branne au château de Blagnac , à sa montée, coupe les assises suivantes, à peu près au niveau du sommet du tertre de Charlemagne : 1° Argile marneuse , blanche , lavée de jaune. 2° Argile assez pure , très fine, d'un gris jaunâtre, effervescente. 3° Argile sableuse offrant les mêmes teintes que la précédente, dont elle ne diffère que par son grain plus gros, et qu’en ce qu'elle forme avec J’eau une pâte moins tenace. k° Mollasse sableuse , grise, friable , micacée. 5° Marne blanche, analogue à la première. 6° Argile assez pure. 7° Mollasse sableuse. 8° Argile bleu-verdâtre et rougeâtre , non effervescente. 9° Mollasse sableuse, très argileuse. Cette succession de couches argileuses et sableuses est la même que dans l’es- carpement de Branne. La colline sur laquelle s'élève le château de Blagnac est entièrement composée de mollasse. Mais, entre cette colline et Saint-Jean-de-Blagnac , la vallée de la Langrane interrompt la continuité des couches. Cependant, entre ce ruisseau et Saint-Jean , s’étend une plaine sablonneuse, formée sans doute par la mollasse, qui du reste se montre bien caractérisée sur les bords de la grande route, à 4 kilo- mètre de Saint-Jean-de-Blagnac. La mollasse grise. sableuse, y atteint plus de 30 mètres d'épaisseur, et n’est recouverte que par le calcaire à Astéries. La route de Saint Jean-de-Blagnac à Castillon suit la crête des coteaux jusqu'à Sainte Florence , et on ne marche plus que sur le calcaire marin. Mais toutes les 254 FORMATION D'EAU DOUCE (N.6, p- 44.) fois qu'elle descend dans des vallons assez profonds, on retrouve la mollasse. C'est ainsi qu'à Berdel on remarque des affleurements d'une argile jaunâtre très sa- bleuse. A la descente , vers le ruisseau de Gamage , on rencontre un sable très fin, verdâtre, maculé de fauve. (Fig. 2.) Entre Sainte-Florence et Pujol, la mollasse acquiert un développement énorme. Le coteau de Saint-Pey-de-Castets la montre sur une épaisseur de plus de 100 mètres. Sa composition est assez uniforme; cependant on y remarque la disposition suivante en allant de bas en haut : 1° Argile assez pure , blanchâtre , lavée de teintes jaunes et bleuûtres. 20 Mollasse sableuse, grise , tendre, à gros grains. 3° Vers le haut du coteau , quelques parties plus dures se montrent dans ce sable. Ces parties affectent la forme des concrétions de Fronsac, mais sans en acquérir jamais la dureté. h° Enfin les sables se mêlent de plus en plus de calcaire, et il y a passage aux formations d’eau douce. À Pujol , la mollasse forme le coteau sur lequel est bâtie l'église. Elle a plus de 60 mètres de puissance. C’est un sable semblable à celui de Saint-Pey-de-Castets ; mais on y remarque des veines irrégulières de calcaire blanc, friable, comme celui de Sainte-Colombe, ainsi que des Chailles ou Sphérites semblables à celles de la Baucamerie. Le coteau de Sainte-Radegonde offre des couches analogues à celles de Pujol, visibles surtout dans le vallon qui sépare le tertre de Seret de celui de Mercadet. Des argiles affleurent à la montée de Fonbidart. Enfin le coteau qui sépare Juillac de Gensac est composé de mollasse sableuse surmontée d’une argile noirâtre. La mollasse sableuse forme tout le fond de la vallée dans laquelle coule la Durège. Sous la ville de Gensac , elle acquiert un développement énorme (plus de 100 mètres). On peut suivre cette mollasse sableuse, très peu argileuse , et d'une composition très uniforme , depuis le bord de la Dordogne , à Pessac , jus- qu'à Gensac, où elle n’est recouverte que par le calcaire d’eau douce. Nous avons vu la mollasse constituer la plus grande partie des coteaux de la rive droite du Léchou et de la Lidoire. Elle reparaît sur la rive gauche , à la base de toutes les éminences qui s'étendent de Castillon-sur-Dordogne à Sainte-Foy- la-Grande. Cependant elle n'y atteint jamais des niveaux aussi élevés que sur la rive gauche de la Dordogne. Elle s’abaisse peu à peu , à mesure que les for- mations d'eau douce supérieures prennent un plus grand développement. Entre Castillon-sur-Dordogne et La Mothe-Montravel , les coteaux qui bordent au N. la plaine du Carros sont formés de mollasse sableuse, avec quelques couches de mollasse argileuse , jusqu'aux trois quarts de leur hauteur. Vers l'E., cette mollasse forme presque toute la colline de Montravel. Elle y est sableuse , grise, assez dure par places. Elle se prolonge au N. de Montravel, au-dessous des for- CN: 6, p. 13.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 255 mations supérieures , et elle se montre au fond de tous les vallons et de toutes les tranchées un peu profondes (1). j A Lespinassat (Lespinasse de Cassini), la mollasse paraît au-dessous du calcaire d’eau douce , sous forme d’une marne sableuse , verdâtre, renfermant une grande quantité de boules très nettes de calcaire globaire. Quelquefois le carbonate de chaux semble avoir cristallisé sur des surfaces planes , et présente alors la struc- ture bacillaire. Cette marne reparaît avec les mêmes caractères à Saint-Michel-de- Montaigne. Au N. de ce village, de l’autre côté de la Lidoire , la mollasse constitue la ma- jeure partie des coteaux. À Montpeyroux , elle n’est recouverte que par le calcaire marin. Elle se prolonge de là vers le N., où elle va rejoindre la mollasse de Vil- lefranche et de Minzac. Au N.-E. de Lespinassat, la mollasse forme la base du coteau de Saint-Vivien. On peut la voir surtout à la descente , vers le fond de la vallée qui sépare Saint- Vivien de Montazeau. Si du fond de cette vallée on se dirige vers le hameau des Marthes , on trouve la mollasse bien caractérisée sur tout le flanc du coteau. On peut y reconnaître la disposition suivante dans les couches en allant de bas en haut : 1° Argile bleue. 20 Marne jaunâtre avec boules de calcaire globaire analogue à celui de Lespi- nassal. 3° Mollasse sableuse grise, devenant très calcarifère dans sa partie supérieure et établissant une sorte de passage au calcaire d’eau douce qui forme le haut de la montée. (Fig. 11 et 14.) A Velines , la mollasse argileuse forme constamment la base des coteaux. Elle devient sableuse vers le haut, et, comme à Montazeau , elle se charge de calcaire à mesure qu’on se rapproche des formations supérieures. Près de Sainte-Foy-la-Grande , la mollasse constitue les deux tiers du coteau de la Ferraille ( La Pissaudie de Cassini). Elle y atteint une puissance de plus de 50 mètres. C’est un sable grisâtre , avec quelques veines peu épaisses d’argile jaune très sableuse. (Coupe n° 5 de l’appendice.) Si l’on quitte Sainte-Foy par la grande route de La Réole , on marche d’abord sur les alluvions de la Dordogne. Mais, à une petite distance du lieu dit le Pont- de-la-Beauze , la mollasse forme un escarpement de plus de 30 mètres de hau- teur, au pied duquel coule la rivière. C'est un sable rarement argileux, assez nettement stratifié, de couleur grise , jaune ou verte. Une mollasse analooue pa- raît au-dessous du calcaire d’eau douce à Appèle et aux Lèves. C’est la même qui forme le coteau de Gensac, dont nous avons déjà donné la description. (1) M. A. Paquerée, de Castillon, a bien voulu nous guider aux environs de cette ville; nous lui devons des renseignements précieux, notamment sur le pays compris entre Castillon et Sainte-Fov- la-Grande, et les coupes fig. 8, 40, 11, 14, et n° 6 et 7 de l’appendice. 256 FORMATION D'EAU DOUCE (CN. 6, p.16.) Entre Thoumeyragues et La Roquille , une vallée au fond de laquelle coule un petit ruisseau pénètre assez profondément pour mettre au jour la mollasse. Une argile jaunâtre, sableuse, y paraît surmontée par un sable gris, assez fin, sur une épaisseur de à à 4 mètres. Le tout est recouvert par les formations d’eau douce supérieures. La mollasse de Sainte-Foy se prolonge d’une manière continue jusqu’au-delà de Bergerac. Près de cette ville, les berges de la Dordogne sont formées sur une hauteur de 10 mètres, et même plus, par un sable gris, peu consistant, quel- quefois un peu marneux, nettement stratifié. Ce sable devient de plus en plus grossier à mesure qu'on avance vers l’'E., et à la hauteur de Bergerac il contient déjà de petits cailloux répandus principalement dans les bancs inférieurs. La mollasse de Bergerac a été suivie vers le N. par M. d'Archiac. Ce savant l’a reconnue dans presque tous les coteaux situés entre Bergerac et Mucidan. Elle y forme encore des assises de 60 à 80 mètres de puissance. Elle se mêle fréquem- ment de cailloux roulés. Vers sa partie inférieure , elle est argileuse et panachée de blanc. de jaune et de violet. Elle renferme des blocs de grès compacte plus ou moins dur. Sur la route de Bergerac à Campsegret, près du hameau de Ponbonne (1), M. d'Archiac a remarqué au-dessous de la mollasse grise sableuse des sables fer- rugineux et des grès reposant sur les glaises panachées. Sur les hauteurs de Creisse, à 7 kilomètres à l'E. de Bergerac, on exploite, pour le pavage, des grès durs et très solides, micacés, ordinairement blancs, quelquefois colorés en roux ou en brun. Ils paraissent disséminés en blocs dans la mollasse , dont ils ont été isolés le plus souvent par l’action des agents atmo- sphériques, ainsi que l’a déjà fait remarquer M. Dufrénoy. Cette opinion paraît confirmée par la coupe que M. d’Archiac à donnée des terrains tertiaires de Creisse : 1° Glaises panachées , occupant la partie inférieure. 2° Sable argileux, jaune , et sables ferrugineux dans lesquels sont disséminés des grès peu solides sur une hauteur de 7 à 8 mètres. 3° Cailloux roulés. On trouve quelquefois dans les grès des environs de Creisse des empreintes de tiges végétales et de feuilles qui paraissent avoir beaucoup d’analogie avec celles du saule. M. Ch. Desmoulins en possède deux magnifiques échan- tillons. A l'E. de Creisse, la mollasse ne se trouve plus qu’en lambeaux isolés au-dessus de la craie de la rive droite de la Dordogne. Sur la rive opposée, au contraire, elle forme des couches assez épaisses. Si du port de Lanquais on s’avance vers le S., on marche pendant quelque (1) Études sur La forma“on crétacée, p. 13. (N: 6, p.17.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 257 temps sur la craie jaune supérieure; mais près ae la Graule, au Trou-de-la-Terre, la mollasse se montre à un niveau inférieur à celui de la craie du sommet des co- teaux. L'escarpement offre la coupe suivante en allant de bas en haut, sur une hauteur d'environ 8 mètres. (Fig. 7.) | 1° Sable argileux à gros grains, maculé de rouge, de violet, de jaune, de blanc, formant une pâte assez tenace avec l’eau. 2° Sable gris, mêlé de petits cailloux roulés de quartz , passant vers le bas aux glaises précédentes (1). Aux environs du château de Lanquais, la mollasse à rempli les cavités de la craie du premier étage. Elle s'y montre quelquefois sous forme d’un sable fin, très blanc , ou d’une argile fine , douce au toucher, exploitée pour la fabrication des tuiles, aux Roques, etc. A une petite distance de Lanquais, à Combe-de-Bannes, la partie supérieure des coteaux est formée par des sables qui se chargent de fer à mesure qu'ils se rapprochent de la base de la formation, et qui finissent par donner un minerai extrêmement riche. Pour exploiter ce minerai, on est obligé de traverser toute l'épaisseur des sables supérieurs , qui atteignent quelquefois une puissance de 12 à 14 mètres, suivant le niveau du terrain. Le minerai s y présente sous forme de rognons géodiques ou d’ætites de grosseur très variable. A Monbron, au S. du village de Saint-Aiïgne, on trouve des glaises très sableuses. colorées souvent par du fer hydroxydé en rouge-grenat très foncé. Lorsque les sables de la mollasse viennent à être agglutinés par un ciment à la fois siliceux et ferrugineux, il en résulte des grès extrêmement durs , d’un rouge très foncé, qui paraissent être exactement parallèles à la formation des grès de Creisse. Ils se montrent , comme eux, en blocs irréguliers au-dessus de la mol- lasse. On peut surtout les étudier aisément dans la forêt de Lanquais, où ils cou- ronnent la petite éminence du Boisredon. ; Au Pech-Nadal, près de Lanquais , le fer a agglutiné des cailloux assez volumi- neux , et la roche a acquis une certaine ressemblance avec l’alios des Landes et de l’entre-deux-mers, du département de la Gironde (2). À une petite distance du Boisredon , le coteau des Pailloles (3) ( Pognoles de Cassini ) est recouvert à sa surface de débris de calcaire siliceux et de meuliéres. Un puits a é:é foré en cet endroit jusqu'à la profondeur de 10,65. Nous devons > (1) M. Ch. des Moulins nous a dirigé lui-même dans nos excursions aux environs de Lanquais. Nous devons remercier ici cet habile naturaliste de la noble générosité avec laquelle il a mis à notre disposition les précieux documents qu’il possède sur l’histoire géologique du bassin du S.-0. de la France. (2) Le premier est contemporain de la formation du sable des Landes. L’alios de l’entre-deux- mers est supérieure à tous les terrains du bassin de la Gironde. (3) Voyez Fig. 7. Nous devons encore cette coupe à M. des Moulins. 258 FORMATION D'EAU DOUCE (N. 6, p: 18) à l'obligeance de M. Ch. Desmoulins la liste des couches traversées. En voici un extrait : 1° Terre végétale. . . .:. RAC vs 140m:08 2° Argile noirâtre , enveloppant de gros blécs de nièce art QE 3° Argile brun-jaunâtre, avec pts petits de de meulières. 0 ,83 L° Argile sableuse grise. . . Yu 1 5° Cette argile devient de moins en moins entres en nel, et finit par acquérir une pureté parfaite . . . . . . “ose 6° L’argile sableuse n° 3 reparaît, mais elle renferme une assez grande quantité de galets quartzeux de la craie. Des fragments de quartz nectique ont offert des empreintes d’une Térébratule voisine de la Terebratula pli- catilis, Sow., ou T.. es , Lamarck. Vers le bas, la couche se mêle d'ocre rouge. . . inseinée ce Fer le Al ET CR mi 286 7° Argile sableuse , assez fine. . . . 1,22 8° Argile gris-jaunâtre , très douce au re She D. çà et là. de rouge. © RC NE Ib. fig. 3, a, b. Ib. — arenosa , NOV. Sp. . « - « » ee se it -le 2 hENL1et 1 Gb, cd, ,2.| 324 = id. IDE 4 0 0 010 cv 60 2 . .|Ib fig. 9, a De Ib. = id. VARICES CSN SEE ET Ib 62%; 0, DC D; = SUQUTENOSTNOYASD cie ee cit |LD fie: Ui, G, 0,9, 4/0: |0ED: = subpectoralis, nov. sp. .. .... ME CRE - XIX, fig. 9. a, b.c. .| 325 = gussignisensis, NOV. Sp. . « - . . . . . . : .|1b., fig. 10, a. b,c,d.| Ib. — SUDEOREDE A INOVAISD: eur, semer eu else ele UT à Ib. , fig. 12, a, b, c, d.| 326 = elongala, Sow., 435, fig. 4, 2 = VCROT UNS RO CL LE XX. fig. 4, a,b,c.d,e.| 326 — UECRSONLE NON SD: + rene eee ce. cette tie Ib Na, 0,6, d..\ 327 390 RAPPORT (N. 7, p. 60.) : : PLANCHES ET FIGURES GENRES. CLASSES, ORDRES ET ESPECES. PAGES, DU RAPPORT. TEREBRATULA. || Murchisont, var. "Ne UN, XXe NE 1827 = Keyserlingi, nov. Sp. . . . . . . . . . . .. MD ee 7, DC dE L0: TCRIRAICRE I DOV-SD CN ENONCE Ib., fig. 8, a, b, c, d..| 328 ee id. Var. le © eee Re der Re rene 1b., fig. 9, a, b,c. . .| Ib. — GRAVES MOV NSP 0e eee RCI CENT Ib., fig. 40, a, b,c,d.| Ib. — LevAIE NOV SD CRE PE CET IAE {b., fig. 41, a, b, c, d.| 329 ne Deshayesti , nov. Sp. . . . . . . STONE LATE XXI, fig. 6,a,b,c,d,e.| Tb. — gallina, Alex. Brongn., 9, fig. 2. —: dimidiata , Sow., 277, fig. GE 2 lalissima CT. lata , SOW.), Vars, 4 08, RAMEN Ne XXI, fig. 7, a. . . . .| 330 LR id. VAT., b. te toreseed A MON A ID'AHBNS. IG ee | Ib. | a id. var, Caen Ce AR . -|Ib., fig. 9, a. Ib. 2 rostralan SON Var el Cr Cl EE. Hbe MOT .| 16. en SCALAISENSIS ; NOV. Sp... NN, . .|Ib., fig. 14, a, 7 C2 q, 16. et XXV, ‘fig, 9 triangularis, Nils. 4, fig. 10; His. 23, fig. 4 depressa, Sow, 502, fig. 2 : Beaumonti, nov. sp. . . .. ..., ts... XXE, fig. 12, 4,0,c,d.| 331 pe id. EAU O D dd n ot ao oobe 5 Lo ID PRES NO CEE Ib. KkX — id. Val DS Etat aie oo Moose cre Ib. = DNS ROME) ZONES OS TEE 06 son CCE 560 332 Alkxk canahieulaiar ad ee TC CT CCC XXI, fig.15,4,0,c,d.e.| 334 De parvirostris, G. Sow. (Transact. geol. Soc., 2° sér., vol. IV, pl. 14, fig. 15, d’après M. Forbes, ce serait une variété de la T. sulcata, Park. Trans. geol. vol. V, p. 59). ke DESNOUERSEMOY SPECTRE ECC «XXII, fig. 2, a, b,c. .| 352 nie Du en DO SD RE EC CIRE Ib... fig. 4, a, b,c, d. .| Ib. = NUCIIONMIS SOWEAROEM PENSE PRE EEE 339 KkK ONCRAfOTNINIS ROSE ee CRE CE XXII, fig. 4,a,b,c,d,e.| Ib. == Mantelliana , Sow., 537, fig. 5. — Striatula , Sow., 536, fig. 3, 4, 5. — ŒUDIDE EN OVANSD EC Ce XXIL, fig, 3,a, b,c,d.| 533 X#XTHECIDA.. . .| digitata, Sow,, gen. of Shells, n° 20, fig. 3 CE ë iuférieure). | GASTÉROPODES. ACMÆA. … . . || subcent(rAlis, NOV. Sp... NME NON KT UE. 5,14, D: Ro EMARGINULA. .| Guerangeri, “d'Orb., 234, be. 9-12. NaRIGA. . . .| crelacea, id. ? 175, fig. 7-10. NATICA. . . .| lyrata, SOW. (Transac. geol. Soc., 2° sér., vol. IL, : : pl. 38, fig. 11), non lhil. RE prælonga , Le ym., 16, fig. 8, var., minor. DELPHINULA. .| Bonnardi, nov. Sp. . . . . . NN. XXII, fig. 6, a,b,c;d.| 33 SOLARIUM. . .| Thirrianum, nov. Sp. . .. Ib fig 7,4; 0;1c:.. | MED. Trocaus.. . .| albensis, d'Orb., 177, fig. 45. x Cordieri, NOV. Sp. . MN MN IXXIT, fig. 8, 4, 0, 335 — Brineli no (Sp. teen este ee UM Ib., fig. 9, a, b, c, d. .| Ib. = HUOHNONASDE ter CR TE Ce Ib, fig. 10, a, b:. . .| 10. — ROZEE NON. Sp -TE Cire -e [b., fig. 14, a, bd. . .| 336 — . | Duperreyi, nov. sp. . . . . +. bete NII e 200; ce Ee: — DEYMETIEN, NOV.Sp UN. [b., fig. 4, a, b. . . .| 337 LITTORINA ER D1SSY TRIO SD PCR CC IRAN EO CET PAIN EE Ib. TURBO. + : | Angelo(?, nov. Sp. NN NOR A 1b., fig. 4,a,b,c. . .| 1b. = arenosus, Sow. (Transac. geol. Soc., 2° sér., - vol. LIL, pl. 38, fig. 44). — Boblayess nov ISpr rt tree cie CNE XXII, fig. 5,4, De 338 = BOiSSY NOV SD CCE RE CCE Ib , fig. 6, a, b, c. 389 = Delafossei, nov. sp. . . . . . . . . . . . . . : . . XXIV, fig. 5, a. . . .| 338 = Geslini, nov. sp. . . . . . . ten RER XXII, fig. 7, a, b.. .| 339 | (A. 7, p. 61.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. GENRES, PHASIANELLA. . AVELLANA. . . TURRITELLA. . NERINEA.. . . CERITHIUM. . Fusus?. .. PYRULA. … . . ROSTELLARIA.. PTEROCERAS. . AMMONITES . . CLASSES, ORDRES ET ESPÈCES. Leblancii, nov. sp Mulleti, nov. sp. paludinæformis, nov. Pintevillei, nov. sp. Raulini, nov. sp. . . . Walferdini, nov. sp. . Voltzii, nov. sp Dumonti, nov. sp. Nystii, nov. sp. . . perspecliva., d’Orb. (Cirrus, id., Sow., 196). Scarpasensis, nov. Sp - lexla, Gold gaultina , d’Orb., 187. fig. 3. neocomiensis , id. 2? 487, fig. 1, cassis, id. ? 169, fig. 10-13. Prevosti, nov. sp. . Neptuni, de ee Gold. dubia, nov. sp. . belgicum , de Munst , Gold. subspinosum , Desh: , in Leym., 47, fig. 12, ‘a, b.. (indét.). SUDGAEIRAIE ENON-ASPs ee 2 nee ee seen. e Parkinsoni, Sow. elongata, Roem., Gein. ? . . . Collegni, nov, sp. CÉPHALOPODES. | varians, Sow. 77. Corps de classe incertaine, PLANCHES ET FIGURES DU RAPPORT. . [XXII fig. 8, a, b, c. NE AT HOONE fe 40;a0 Ib., fig. 11, a, b, c. ME TEEN XXIV, fig. 6, a, b. . . XXV, fig. 6, a, b. XXIV, 2: 3, de dc. XXV, fig. 1, a,b. . . .|Ib., fig. 2, &, b, c, d Ib, fig. 8, a Ce -- -PXXV, fie 40,0, 351 PAGES. Ver Qt LIN A PT Fe LAON Tu demi TABLE DES MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. L Études sur la formation crétacée des versants Sud-Ouest, Nord et Nord-Ouest du plateau central de la France, par M. le vicomte D'ARCHIAC ( deuxième partie). . . . . Page IL. Sur la vraie position géologique du terrain du Macigno en Italie et dans le midi de la RHAGSS DEP LT o done ver 5 O0 QUE CO RIRE en OI PE III. Nouvelles observations sur le terrain hétrurien, par L. PILLA”. . . . . . . . . . . . . III bis. Sur la géologie des environs de Bayonne, par M. SAMUEL PEACE PRATT. . . . . . . IV. Description des fossiles recueillis par M. Thorent dans les couches à Nummulines des en- virons de Bayonne , par M. le vicomte D'ARCHIAC. . . . . . . . . . . . . . . . .. Y. Mémoire sur la constitution géologique du Sancerrois { partie septentrionale du dépar- tementiauiGhen) par M-AVICLOR RP ADEIN 220. 0 =. 0: à: ee . - . VI. Recherches sur l’âge de la formation d’eau douce de la partie orientale du bassin de la CirOn de PAM JOSCDR DREROS PA Le sets ste see e Ro VII. Rapport sur les fossiles du Tourtia, légués par M. LÉVEILLÉ à la Société géologique de Eranees PariM Ie VIEOMIelD ARGHEAG 20 5 0. à LOU LOU D 0. FIN DE LA TABLE. _ Mém. de la Soc.Gcol. de France ; ; Mem.N°1 PI.A ESQUISSE DES BASSINS SOUS-MARINS duN.de la france,dela Belgique et du SE. de 1 ‘Angleterre 2° Série,T. IT, PL] T2 orwich Fig. ? pendant Ja Formation des depots % L LA . « Cretaces et Teruaires S'RERDAI ’ambridge Ÿ f les Plus — ÿ Iswich ne A Aarnes blarces on Us mrnces = en abl | ë & Po œ lafay re ie V4 CR mr ne pre ls) À A Hg = == : = as \ à Ù > n Moea de Je nouvelle : Route A : dl R SNS ao Oxford ollertlor > LR RSC 3 AE $ ni . A F +5 A pe] um LONDRES $° CA LE & reda us enloo one D)) OL £ D) Anvers s NL E Douvres : ; CE Dre) NN CR Gand D Bons, Ô ’ %: 2H pr SES TN IQUICUX ù Brighton Aix al Aapelle 3 Sat ET, Te Slmand, & es 5 ç L à Se RE Dampierre È s > “ : ler 2 TONNERRE 2 use ES >. © 5 Entrains re ct Cilcarres à f, mes É ER É =: res avec Tant. 7 > ùZ = a po = EX N Mavtre EE à Glen ET ee — = Ÿ Aautoi Pa, fl tn 7 aires Honer 7 %) 6 ES D) (dm > LP, 1 Purbeck z 7 Portland CEA, Sa Fi … à Fig. # Verton —— D D grreR: le Barengeon £ ps QE ee En Re Ju Le ss S il diluriens "| 1 Craie micacce & & : EE edit FE c Parneville & ne ANT : à £ Coude dArgite TT TT = DETE = : F % ne “line Re eReins Ë g Cuätre nf ou) Das ÿ Ka OVllers Collérets le, 290 Elbeuf. « EN €, E | Brionne Qu ete Worne 2. a ù Ù $ - 52... Chadonse ep Ÿ DRAUISS- Pin Re 7 levsailles |! x S'Désier Versailles |! NRae rer 7 s Melun f le y S'Brieu& m e LB ON lu , Chartres È e Es : = Re à Z Trove\ ÿ «erS4Vogen totrou à AE © P Ê Ë L STE NN TAN. & Ÿ la ferte-Bernto) GA ÿ Barssar Sen 6Chaurhont Ÿ Ve Mans % (| © braye à NC 0) hatecudun 1, | ble AA SES Orle (9 S JC rleanso Var ? NS la Flèche (0 SVéndôme, RS € se Le Cho du Loil 5 nr Blotse Fio.6 ET ChReymaut} Se LIDNRS Ô S CS S (1 ù c = j Tours Caumont QE orne 2 LEE lang D Enboise omorantÿ Hennie vi KE 3 Hide Quid . tb È ne à Nonttason FES (TA Ÿ Cailloux routes LdeNoir : Chinon Sa TN | È as -deNoirmoutier 6 Moehe Bour J'es J'ECalais = S'Calais - OCHC, = F A à: LUE A4 0 uckecoul Nes Ormes ChEËlon RSA, > ZA à ne D A Pere = 2 À he Cliallans EL { - è €hateañrow N pu Echelle LTe EE \ EN (DIN o/yriametres C” Li PLATE À À ss" : , . , =] QU — == Lüth.Kacppelin QVoltaire Cravée sur pierre par les frères Avril vue des Noyers 33 Paris. nl n «à : 1 ITR re ECC an ES ur W L: x 01 à Ko OS ve . 2. RC HAS Mém. de la Soc.Ceol.de France Mém. N°1 PIB 2° Serie Tom. If PLI Croupe Vol. infor. GOol.moyen C.Ool-super. CREED E ER ses | Ets |] Fig.1 Coupe N.S: Sancerre alserplaquetles Cala Nerinves Cal. à Dicérates 1 Formation Ooltique pes Echelle quadruple dercellerde Cassino 2000 L » Er —Ÿ—+ 1 . . Coupe de Vierzon a.Massay . Lig.4 : Massay 169295 puis Pertvau ù : S 5 Pirrerveches Ÿ Pb pont & herzon $ Terrain Tertiaire Poud Sable tres Cu Lacustre . 0 ’ Formation Cretacce È Croupe de la Craie Tufau Groupe du Gres ver b Diluvéun Depot moderne ES IT = RS Es 3 ESS ] Erageunfer. Etrmoyen Ebvuperienrs “Cuder à Ortraceer de Craicnicacée Grace june de Touraine Coupe AO Sancerre lig.3 Calcaire ere de M°" Boulay. ren plaquettes CRE erinees re È pu & re Dayne glauvontete : ù à LS lairépablevert à à SP = lee a, . RE o 20000 DS ; Dan , Ven ; 3000 Pre fe Eche= deux for 72 celle de Cassuu 0 172 \ ” 2 Es 1] SC Æig.9 Coupe de Buzançois aChatillon-sur-Indre . Buzancots, $ la Chaise Chaullon! MPrisepaile A Bruyere M! Beauvais - R'dPnard ESS eat Moulay Ÿ À $ > /19.0 Coupe de Poitiers à Mirebeau ,Loudun et Chinon . Ech, de Cassine POITIERS A M À a : Mrebeau | 118 É CrorrdeskRouter È 0 Loudun Pol Ain PE Soc! Mavaur 2222 en : SLA | abugeterie Signe Dre = Dandesigny 121,05 R < IL M 1 D 21,05 à: R$ D ele 7 Varennes Choupper È ST NZ : TWoiron \ È : 2 M°"Lorrer Anglier Es la Cabotrie 2 3 ; J — LE = : ste RER hs s te ve F = _ D ô En _ ES ï = — ER nr, . ci Din cn ne Des R on Dire Ange Goo = Zchelle moitie de celle de Casrine à Ù = \ Tr ‘ ; EN 17 ‘ \ ne , 47 alE. 2 ù Juite de la Fiy.6 fig. 7 Coupe de Noyant a Mesme . Fig. 8 Coupe al E.de Saumur. Chinon # Noyant | : Louresse Peuxes be COUR re, Ù Douc POUCES Foursé dlaur ; D Pins x SANT Un US us 45 OUR 5 Jar dy _ = ER LE : = 3 ' à = = - RE 5 — —; Ed D ==; F PROC Cri À fig. g Coupe de La Fleche à Louaillé. fig. 10 Coupe du Mans à SE Marceau. È = rs TA 'éMance la Flèche ; 7. LE MANS Jean d'Assé J'Marceau < Vernon Cronucres : = & la Pauverdiere È 4 à à È TE Ÿ È È : YA le = È 7 - : Crore Valliene 2 È È- Titerte du port degour Hu à 0 am GE UE à Ÿ : _— É s ÿ È = À È RSR == È SL Sn, 2 AS 2 2 2 = n — 5 - - . 3 2 , a , . : : — LESDN EN E EN k — sait L cie, aie FEES M A ce ER RÉ S ns RES * = 200 0 Govo 1 3 ne Tin ee 2.000 15,000 Ë : > Zehelle de Cassu £eh, 34 de celle de Cassinr 7 ARE Co —_—— = + - — EE ——+ = —— —— à | 2000 d000 - 200000: LA e Il A} L Se Mém.de la Soc. Ceol. de France : s Mem. N°1 nl Cr ; | * 2% érie TomIl PI HI Form.Oolitique Formation Crétacce Terra ertiane C.Oolit moyen GOol. super 2 Groupe du Cres vert Groupe dela Craie Tufau Poud SableGres Cale lacustre Diludium Depot moderne es Css | US or Es : | En EEE Plage férieur Dr on LI. 07272072 Couches a Ortraccert (rarrnrcacte M Oyanedelourame L Q Es NE [ su { 1 k | F ie < p) ù * a) * CAL = fig.1 Coupe de Montfort à la Fernre de Lantoniere. lig.2 Coupe de Cherre à Lamenay. È È Jui Monfort à : Aubin È 2 7 CIDRE MEL TETE RE Æ NI — ÈS ÿ ci D a _— . —__— Rue £ ; Ed 1 = Û — 2 ur k 7 TN) EE 4 77 va 5 L Lehelle de Cassini 80400 & DViveen de la Mer Æch. de Cassine 10.000 4 PTT Il mi Lovo . Al AI " 4 = 3 L19.3 Coupe de la Ferté-Bernard à CUX . KL pe S IQ. up ä ard à Quer ‘| lag. 4 Coupe de Bellesme à Mortagne . < Mortagne 5 Pellesme ee Jo"! _ J Tes & E té Bernard è & DS Ja . È Le Pr STD. Cry 1 100 mm È 1 à DRE TS | TEE SN Mn amener SR a Lt A. : Æchelle de Cassint £eho de Casriné Wiveaz dela Mer s] s { . « ; Lg: 2 (Cou pe de Chatelle pault à Honfleur (Echelle des longueurs est V4 de celle de C@assinx, Echelle des Hauteuwrs no & À è È Sao! & ST BD & = Se ë È È à TOURS Eee Chüteau Renault JS & où F8 SChätellerault È Èe Hontbasons BEPTO ESS Honnoye (or Le ‘ CR Le à Aontoire è, S! Calais, = Pres Dange_ UrOrmer e SSEMaure Jorigny (AR Cr RI ÈS È nédepdrehop p fs LE SP RORE AE SIaigr ms Er C4 È d 92049 = È 4 EURE LEE SE) ee PS re PT Ve = — eur OU 7 CNRS Wiveat de laMer l na Don TR er = , < Camphaud ë 400"! 77 TS - ES nslaMarc À ; REA 3 $ Jutte de la Fig.» Dr Mortagne È Houlns-lallarche He ne 2-Echagffôur J'ubin Ÿ | ul CUT IS LES SSituine SES gen, Gace Vimoutiens Bellou Se | Eperraër 3 Nb. S rs 204% Lisieux | Perf Vibraye Lamenay les M" Rouges, … laferte Pepnard. S'Cerman Lx Oapelle LPin È 3 è- 257 ,Oherre È 1 Ÿ | — 1 1 LS NS II 1 = À 1e SX T c \ : TPE US « à ne Nr RATE Nas De RES nn fig.6 Coupe au Nord de S' Calaus . fig.7 Coupede la Tranchee au Nor d de Tours , O 4 nn — éaire Jiceua en bloen dans C . _. 7 Jurle de la 072 DE n ee RE RR C- are Claie panachee «elegraphe { 30 = = go! m J'ÉCaren EU £glère deS't Calers zoo! É = Boutemont lePBreuil Lerrefite Zauncy N.DdeCraèce DE Wien Dferr Agen ab ee Ro gnons de Cr EEE É T s = a 3 © e - ; Care. Jaunatne cleaner de a . Jabler férrugenx PAS | PQ T Hognonnendinen ï Rp =0 NE I re ES = CRE RE | Er . Lg. 10 Lig. a Nuedela Falaise à l'Ouest de S' Palais fGarente Hp) . à. ‘ De — =, Marne Wanchätre = LLDDDDOMMODMMN V7 able | Marne blanche - able Clauconreux c£ Cres Sub = | 70 Z UD itargi Re CR: Er EE | | Y VU 4, / U UD U argileux = 7 x - ne : L LT ÿ : & ; : à : > —, | Grare- | ENENENENINENENE 7 GEL ET TE -— D Due = ET JE ie RE SNAES | RER = z Æ CRE crplô 7/00 (a ROIT TEE, Df, : ES ; : . s K ——, à 4 A, . SE er ET) —- 2 rs Es E : : é ve: : | à Il | Mipcau de la Gironde or De 32 ta) * | AT | (AR se + 1 + "Mém. de la Soc. Géol. de France Mem.N°IL 9€ Serie TIL.PILIN CARTE DE LA VALLÉE SUPÉRIEURE DU TIBRE 16e z Huène | Terrain | L _! lophreliique | ne Terrain ( af ETC" pohétrurien | périur AA ÈS Echclle de 28800 où © Jane 10000 Monte SMurra Fi ES | Puterno Treuina » du Libre , (! Valle Térrain hetrurien inférieur Terrain hetrurien Superierr Terrain miocène Fio.6 | Trevina L'hétrurien Terrain crétace | Lt Aappelin Quel olurr e N° 15 # Mem . de la Soc. Geol de France Mem. N°[V PIA 2%Sene. LIL FIV — 14 AN À : [4 1 AURAIENT FT Fiolat del Jy12 Zirbiale Gues 102. sp 2 |. UT à Pare LA ver d La T Dies 200. y CRE LL var Gal denluiru 200 5 Ze Gr ylla geule n00. 52 Tmp Lenercier à Paris 2 ñ D 7 AN CIN 2 Cularao Thil non. 52 NEW Ur roues rl AN LILLGDO IA TITLE DD SD. Lobit 0 52. VA 2 ll. UF. 2,0 Lromaulurt ue 5 7/4 LÀ var. Là chu lbialr no 52 gui (end) Lo. E. ortue nor. Ë 200.0 Donrguetirinus Thoreit nov 52 Ë 7 - 77 2 = 3 go Luulles glendlse 200. 50 Zu LShATe SVG TOM ND. 52 MemdelaSocGeul.de France Mem NAT PIB 2% Serie. l IP J Tluolat del. Implémercier a Paris /g.1a 6 Micrasler puluialis m0 57. Ty Lab. Échinolemses subsintls non. 52 24 bc. Jhuustr bals Ag 30 Lyon sonlanis 200.3 F0 Cool dipsaialisner sh À, DUO e SuÏRELL MD. SD Mer. de la Soc. Geol. de France Mem N° IN PIC 2" Sere LI PL VIL. 14 2 Ttiolab del É Imp Lemerciera Faris Jy1a Carte Séllilr Rob. 5. Ty api corne 00 37: Ja. Lab Cardin Drhgnyanem no 5 246 lapluris dass non 32: Pad) Zur 9 La loebratue tausbunty Dep var Ja Seule lille 00 52 ga Casa rhombuite m0 y D. Miaslr suis mobs Lo) 272/7/2 24 CGjélerez Moneuil 200. 3 D. Baja hUari ? Ÿ dcr Wu V2. Oh SUOMI LE 102. 5 7 a 6 D pue mms BC Ju) P L Memde la Soc Geol de France Mém N° P1D Tinolat del Ju Lorna transrane not 52 Ja6 …. Cudidalhahoue dons) Z 2 Walz fahetr Col var à al Luce EE. Jrile) Ja. V. À ver. Pot Len Tioreits m0. 1 k Ze V... ul ser c 200.1 Bars nt 51 Guard Tlulat nov 5: va À. SUBSNS D Jay 2 pti LabdlanL it 5 Mem della Soc. Géol de France Mem NOV PIE Thiolat del lp Leinercie p# F 2/2 / L 24 {Utbe LU 4 za Jrondyls dubus nov 5 / 24 J CET ULILS RD 5} 6, Cri torbelan n0b. 57 Ja) Nyslr nov se. za Leércbratulr eguualeralis non 51 + ae + f ! LOS) D (Ces US) re Sala El psL ! 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S'Cril. la Grave. se 2 He Branne: Send Blagnac: JElorence. | | LÉ + = ; 7 = | Te Hu SyeR Nivcan de Usle Ruisseau Niveaude la Dordogne L'anyranehe Cme le Escouach R. | | l@.5 = Coupe de S° Michel (Gironde }r à Montazcau ( Dordogne ) %o Kilom. | © lE- 0. | | Yehel. la Luque: Libourne. a Gamerre : JEmilion Christophe. Beney: Rey LuCasparden Belvex: Bonncfare Boutit. Léspinassat: dWvren. Montacau Torre de Cmon . Tertre de Fronsue, Sarpe: Bacanierte. Mouleyre 3 | A BA n œ | / $ Ô Puis Lite ière Purssearu Miveau de lu Dordogne llidoireR: Rue Ruissean Kio.Æ_ Coupe de Secret ( @m: de SE Radegonde } à Censac ( Gironde) 5 Kilom. Jen. Mercadet. duillac. Cabarrey . Censac. =, Fa Afin nn lurssvan Lisseur Ta Dure cge R Fo, 1 Coupe de la Dordogne F0: 8=Coupe de Lespnassata LV V 7 D pertr, F, 0", (Rapile du Pesvarrou) Lontx iœaud ( Dordogne ). a Faux Dordogne )- Nogarel. Nivcau del Dordogne Fig. 18 Conpe de Minzac à Villefranche { Dordoyne ). Vléranche de Longehapt . la Tour. Fe Cleaire à cailloux quarseurs- EU ITIETTION = pe Mogile cb Litsde Siptaria Wanchätres. LL Caloaire wqudlior à Crithes de TT ITT Se " “lite binuminense . Pi Maine. = /hrvion anvienne . Chavé par les ere Fa FM rote pe ; EEE TE £ =: ge férnugineuve . EN: Caloaire a Asteries == Depot d'Ostrea Zongrostris . M95 = Coupe Mhéorique des Merrans Vertiares inférieurs. de Royan S d (Charente inf) à la Linde ( Dordogne Je (Dordogne) Royan Blaye" Bourg. SAndre . Tékcmans ge Foy. laits Bourniquel = Mofieres. Crdoumn - dAvt-Senreur. É Fig. 6 == Coupe de Bannes à Cadouin pæ Molicres , et de Cadoun à Bannes par S!Avit-Sénieur 1 Meulières … 2 Sables gravters allinerais de fin 3 Sables colorés, Ærgiles brunes, Craviers el Classes Panachees, AClaives panachees , Craviens rouges , dables Jaunes el rouges. Che Bannes Ch deBannes . Castillon. Bergerac à ET mp fre Niveau dela Dordogne or Couse PTE È LbélinyonRk: Cure te Me. 9=Coupe de Pitraw î Gardegan (Gironde). Fig 10 C oupe des Eymeris ,com£ Be. a1=Coupe du Coteau de S'Vvien Figa2 — Coupe du l'ertre de Fronsac | Gironde }. 0. ŒRT dePitray ; Lérres cullinees. de Bonnefare (Dordogne }- ( Dordogne }. : E A4 KN. = & NE; £ TaLagne. ; 9.9.0: ANNE. : k U Ch! de Fronsue . Cardegan les Eymeris. ; à yes pure. ee Rénaudie. Linetres. Mllasse subleuse à rognons de Grès concrelionnese Aryie - cploitis Iilasse subleuve .grisdtre d grains verts. Bo.14_ Coupe de SE Vivien a Montäzeau ( Dordogne } Fig: 15 __ Coupe de la Citadelle de Blaye au moulin de la Garde à Roland { Gironde ). JVvren . Tirres eultuces 5 Mean de la Dordogne la Crde a Roland de Célestine. Îl 5 7 ” : : 2 Montareart: anne verte. shasteuve avec huîtres ct roynons de Gypre et Cle. a Asterres . la Carde, 7 7 = û anne, Agile. Subles Huitres ZInomies« les Marthes. S'Marlin . [ Ce. dé donve. =Wollasse . ee Wei douce. Citadelle de Blaye. ZZlZZ 2 Æ— — Æ = Css —_ _— Angie bleue © Z CL _ Z ES CC Dem umenuveos Clérirenglobaire ii Cle. à Orbrtolites _— Wélières Echelle de Cassini gas pour les Fig-2,2,8 4,5,67,838. LE ee conte = | jh Diluvium vz F°? Mamne bc E°2 d'Eau douce £°* Marine EEE Em EE mr > Kilomètres 10 Atlomütrey. : D see, TERRAIN a \ACÉ TERRAIN TERTIAIRE INFERIEUR 2 Ë A ————_—. SE SE 2 CU DST L"Etaye de M d'Arehiae (Calaires nan 2'Ætave de AL. d'Arehiae ( Gaue grise TER Clenre d'eau douce, Caleaire siceux | Meuliènes CET M PT Sables, Crès de Berger Caluire à Opbiolites + - >>> F5 - ë re sa EE ; on] Il Lit Kieppelin gpuri Volvire 15. . y * 1 » ‘ le À . 7 ê il 3 : 2 C 0 Li “ t - À , 5 + ’ PETUE EL Mém delaSocGeol.deFrance. Mem. N°VIE PI A. 2Serie LIL PIX. Ja labcde. GAS donk A Ja abc Lyrtna Der Monnsu nor. Jp , 24abc. Guns D LAULO x0D Jn ; AA AA Lyaurus DuDIalis 700 Jr À Z 1 C Cp gs cum aruss /1 , fu £C TN Gora UT NZ 207. 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