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M. le président Magnin prononce l’allocution suivante : (Dans la première séance de l’année a lieu réglementairement la trans- mission des pouvoirs du président, l'installation du nouveau bureau. Mais en l’absence de M. Leclerc, président de la Société pour l’année 1907, qu'un long voyage en Algérie retient pour. un mois environ loin de nous, cette installation ne pourra se faire que dans la séance de février prochain. Je crois cependant devoir, dès aujourd’hui, souhaiter la bienvenue à nos nouveaux collègues du bureau, particulièrement à M. Rouget qui a bien Rd à voulu accepter de donner à notre Société l’appui de ses con- naissances littéraires et scientifiques et le concours de son expérience d'administrateur. » Je ne puis quitter les fonctions que la Société a bien voulu me confier en 1906, sans la remercier de sa trop grande bien- veillance à mon égard, bienveillance que j'ai mise bien souvent à l'épreuve par mes nombreuses absences ; j'ai été suppléé, il est vrai, très obligeamment et avec la plus grande compétence, par mes dévoués collègues du bureau, MM. Leclerc, Vaissier, Gazier; je leur adresse personnellement l’expression de ma vive gratitude et les remerciements de la Société d'Emulation pour leur dévouement à notre association, dont ils ont déjà donné tant de preuves. » M. G. Gazier se fait l’interprète des membres de la Société en adressant à M. le D' Magnin leurs vives félicitations pour la haute marque d’estime que vient de lui donner l’Académie des Sciences en lui décernant, dans sa séance du 17 décembre dernier, le prix Saintour pour l’ensemble de ses travaux. M. Giard, rapporteur de la Commission chargée de décerner ce prix, après une énumération des publications de M. le Dr Magnin depuis plus de trente ans, rend hommage en ces termes aux travaux de notre savant confrère. « Ces travaux, disent-ils, ne sont pas seulement le résumé de patientes et consciencieuses observations, des documents d’une valeur inestimable pour la géographie botanique de l'Est et du Sud- Est de la France ; on y trouve partout des vues de philosophie naturelle d’une très haute portée sur la localisation des plantes disjointes, biaréales, etc... et ses causes ; sur les lois d’analogie et d'association et leur emploi dans les questions de géoné- mie, particulièrement dans l’exploration méthodique des sta- tions ; sur la suppléance des facteurs ethologiques; sur les rap- ports du sol avec la végétation; sur les colonies végétales hété- rotopiques et les associations mélangées ou myxocénies ». Le rapport de M. Giard continue par une étude particulière du bel ouvrage de M. le D' Magnin sur les Lacs du Jura « travail qui ouvre des horizons nouveaux sur l’histoire passée et la transformation graduelle des flores lacustres ». « Votre Me commission a pensé, conclut le rapport, que l'effort persévérant et désintéressé de M. Magnin a largement contribué aux pro- srès de la géographie botanique et mérite une haute récom- pense ». La Société d’Emulation du Doubs est heureuse et fière de ce témoignage rendu par des savants à la science et au labeur inlassable de son cher président. M. le Dr Magnin fait part de la mort de M. Francey, ancien président de la Société : « M. Francey est décédé le 29 décem- bre 1906, à l’âge de 57 ans ; avocat distingué, ancien bâtonnier de l’Ordre, ancien conseiller municipal et adjoint de la ville de Besançon, conseiller général du Doubs, M. Francey s’intéressait à la Société d'Emulation, à laquelle il appartenait depuis 1884, bien que ses occupations ne lui permissent pas d’y être assidu : nous n’oublierons pas que, dans une période difficile, M Francey voulut bien nous donner l'autorité de son nom, l’appui de sa situation pour nous aider à la franchir : il accepta en effet ia vice-présidence en 1902, puis la présidence en 1903, et nous donna à la séance publique du 17 décembre de cette année, un brillant compte-rendu de nos travaux ». M. Vaissier rend hommage à la mémoire de M. Victor Guille- min, membre de la Société depuis 1884, décédé le 17 décembre dernier « Artiste, écrivain correct et même auteur d’un recueil de poésies, nous l’avons surtout apprécié comme critique d'art. D'un caractère calme et réfléchi, d’un goût éclairé par ses connaissances spéciales, V. Guillemin s’est plu à consacrer ses loisirs à de patientes recherches pour des notices biographiques sur des artistes comtois contemporains. C’est ainsi qu’il a écrit pour nos Mémoires une première étude sur le peintre Ferdi- nand Perron, qu’il tira de l'oubli, puis une autre sur un des rénovateurs de la peinture religieuse, le P. Hyacinthe Besson, des Frères prêcheurs. Enfin il nous donna une notice très déve- loppée sur la vie et les œuvres de l’éminent graveur Ferdinand Gaillard, et une étude sur la peinture anglaise. » À l’Académie de Besançon, outre quelques pièces de vers et une étude sur Corot et l’école moderne du paysage, Victor Guillemin a présenté des notices sur le peintre et lithographe mm MR Emile Vernier, sur le fécond et noble artiste Gérôme et sur le sculpteur bisontin Jean Petit. ; » Tous l’estimaient et l’appréciaient pour son urbanité et sa courtoisie parfaite ». M. A. Vaissier lit une étude intitulée : Les Paniers, à l’oceca- sion du travail récemment pu”lié sous ce titre par M. A. Rossat, professeur à Bâle. En Suisse on considérait jusqu'à ce iour comme une production originale une œuvre versifiée en patois Jurassien intitulée: Arrivée dans l’autre monde d’une. dame habillée en paniers, par Ferdinand Raspieler, curé de Gounoux, vallée de Délémont. M. A. Rossat préparait une étude sur les diverses versions de ce poème très populaire en Suisse, quand la lecture d’un travail de M. Vaissier, publié dans nos Mémoires sur la Jacquemardade de Bizot, lui apprit qu’un imprimé ano- nyme en vers patois bisontins de l’œuvre qui l’intéressait se trouvait à la Bibliothèque de Besançon et qu’on l’attribuait éga- lement à Bizot. M. Rossat vint à Besançon copier ce texte et, tout en faisant quelques réserves sur l’attribution à Bizot, en fit la base de son excellent travail sur les diverses versions des Paniers. M. Vaissier, recherchant ce qui à pu donner lieu, au XVIIIe Siè- cle, à une critique locale contre la mode envahissante des Pa- niers, a remarqué que les quinze pages de l’Arrivée en vers patois bisontins étaient reliés à la Bibliothèque de Besançon en même temps qu'un petit ouvrage anonyme imprimé à Nancy en 1734, et annoncé pour la vente à Besançon ; cet ouvrage est intitulé : Entretiens d’un docteur en théologie avec deux dames de qualité sur les modes dans les vêtements ; il porte en haut de la page du titre la mention manuscrite : Humbert Lainé, mis- sionnaire. Cet Humbert est assurément l’éminent directeur de l’ancienne mission de Beaupré, Pierre-Hubert Humbert, auteur de nombreux écrits notamment des Pensées sur les plus impor- tantes vérités de la religion. M. Vaissier incline à penser, d’après cette mention de nom du propriétaire de ce volume, que les missionnaires de Beaupré, voulant se divertir aux dépens des belles dames de qualité et en même temps faire œuvre de mo- ralistes, ont dû rédiger cette satire sans doute en collaboration avec quelques lettrés tels que Bizot : M. Vaissier comparant le texte bisontin et celui du curé Raspieler, montre que dans son adaptation, postérieure de deux ans, ce dernier n’a guère fait qu'ajouter à l’œuvre primitive des passages licencieux qui expliquent sa vogue quelque peu clandestine. M. le D: Magnin iit une notice sur M. Georges Sire, corres- pondant de l’Institut, ancien directeur de l'Ecole d’horlogerie, puis essayeur de la garantie, membre d'honneur de notre So- ciété, décédé au mois d'août dernier. La notice sur M. Georges Sire sera insérée dans les Mémoires de notre Société. Le secrétaire communique à la Société une lettre de M. le Ministre de l’Instruction publique faisant connaître que le 45e Congrès des Sociétés savantes s'ouvrira à Montpellier, le mardi 2 avril; la séance de clôture aura lieu le 6 avril. Communication est également donnée d’une circulaire des professeurs du Museum d'histoire naturelle de Paris ouvrant une souscription destinée à élever une statue à l’illustre natu- raliste et philosophe Lamarck, membre de l’Académie des Sciences, élève de Darwin. Le Président, Le Secrétaire, ANT. MAGNIN. GEORGES GAZIER. Séance du 16 février 1907 PRÉSIDENCE DE MM. MAGNIN, président sortant et LECLERC. Sont présents : BUREAU : MM. le D: Ant. Magnin, président sortant ; Leclerc, président élu pour 1907; Rouget, vice-président ; Georges Gazier, secrétaire ; Vaissier, vice-secrétaire; Kirchner, archi- viste. — X — MEMBRES : MM. de Beauséjour, Dr Bourdin, Cellard, D' Gi- rardot, Lambert, Dr Ledoux, Dr Nargaud, Pidancet, de Truchi. M. Magnin céde le fauteuil de la présidence à M. Leclerc qui remercie la Société de l’honneur qu’elle lui a fait en l’appelant à diriger ses travaux et se fait l’interprète de tous les membres de la Société en adressant à M. Magnin l'expression de leur plus sincère gratitude pour le zèle et le dévouement dont il a fait tant de fois preuve durant son année de présidence. M. le D' Magnin lit une notice sur M. Ch. Contejean, membre de la Société d'Emulation dont il fut un moment le vice-secré- taire depuis 1851. Ch. Contejean, né à Montbéliard en 1824, après avoir été pensionnaire Suard et avoir obtenu à la Faculté de Besançon le diplôme de docteur ès-sciences naturelles, devint en 1865 professeur à la Faculté des Sciences de Poitiers, où il resta jusqu’en 1890. Géologue autant que botaniste, il a laissé des travaux importants sur les rapports du sol avec la végé- tation. On ne doit pas oublier d’autre part qu’il a fait don à l’Institut botanique de Besançon de son herbier d’une très haute valeur comprenant environ 12,000 espèces. Il a laissé également sa bibliothèque à M. Magnin qui l’a placée à l’Ins- titut botanique. M. Contejean est mort à Paris,le 13 février 1907. M. Magnin signale d'autre part la mort de M. Marcel Ber- trand, membre de l’Académie des Sciences, membre honoraire de la Société d'Emulation, décédé à Paris, le 13 février 1907, sur lequel il donnera prochainement une notice à la Société d'Emulation. M. Pidancet fait une communication sur l’ancienne coutume de Besançon et son commentateur Claude-François d’Orival, seigneur de Vorges. Celui-ci, avocat à Besançon, fit paraître en 1721 un petit ouvrage intitulé : Cemmentaire sur les usages et coutumes de Besançon. Dans cette étude il reproduisait avec des annotations fort étendues et très érudites le texte de la Cou- tume de Besançon sur les points de droit civil et de procédure civile où les Bisontins avaient une législation spéciale et ori- ginale dans la Comté de Bourgogne. M. Pidancet étudie ce droit bisontin qui lui paraît dans son ensemble avoir été plutôt pro- sressiste pour l’époque, surtout en ce qui concerne les succes- sions, les retraits et la condition des personnes. La liberté existe pour les personnes et les biens à Besançon et dans la Fanlieue tandis que la mainmorte subsiste encore presque partout en Franche-Comté. M. le Dr Magnin entretient la Société de la question d’Alesia. On sait que la question de l'emplacement de l’Alesia des Com- mentaires a préoccupé plusieurs membres de notre Société, notamment A. Castan, et donné lieu à de nombreuses commu- nications dans nos Mémoires de 1855 à 1868 ; c’est la raison qui a décidé M. Magnin à entretenir la Société d'Emulation des recherches récentes faites par M. Bérard, député de l'Ain, recherches qui l'ont conduit à reprendre l’opinion formulée il y a déjà une cinquantaine d'années par Jacques Maissiat. D'après cette opinion, Alesia se trouverait à Izernore, petit bourg situé au nord de Nantua, dans le département de l'Ain. M. Ma- gnin propose de confier à M. Vaissier l'examen de cette an- cienne hypothèse ainsi rajeunie et de nous tenir au courant des discussions qu’elle soulève en ce moment. M. Magnin rappelle ensuite les procédés qui ont été préco- nisés pour protéger les vignobles contre la grêle, particulière- ment les canons et les fusées grélifuges. Jusqu'à ce jour les résultats obtenus ont été contradictoires ; des expériences faites méthodiquement en Italie, pendant ces quatre dernières années, sur de grandes surfaces, avec de nombreux appareils, n'auraient produit aucun effet utile d’après les conclusions de la Commission officielle présidée par le physicien Blaserna. Le Président, Le Secrétaire, A. LECLERC. : GEORGES GAZIER. mr NS Séance du 20 avril 1907. PRÉSIDENCE DE M. À. LECLERC. Sont présents : BUREAU : MM. Leclerc, président ; Georges Gazier, secrétaire; Vaissier, vice-secrétaire ; Fauquignon, trésorier ; Kirchner, archiviste. MEMBRES : MM. Bonnet, Dr Bourdin, Cellard, Dayet, D' Le- doux, Pidancet, Thuriet. M. le président Leclerc fait part à la Société de la mort de M. Just Becquet, sculpteur bisontin, décédé à Paris le 95 février dernier. Une notice spéciale lui sera consacrée dans nos Mé- moires, mais M. Leclerc veut dire dès maintenant quel artiste supérieur était Becquet, digne élève de Rude, à qui ses confrères décernèrent en 1903 la grande médaille d'honneur du Salon. Becquet était membre honoraire de notre Société depuis 1901 et ne manquait jamais, au début de chaque année, de nous envoyer ses meilleurs vœux pour le développement de notre œuvre. Le président rappelle qu'au nom de la Société d’Emu- lation, et en l’absence du président indisposé, le secrétaire s’est fait l'interprète des regrets de nos confrères aux obsèques de Just Becquet. . Leclerc émet ensuite le vœu que des aisés entrent en plus grand nombre: dans notre Société pour rendre compte des progrès des arts dans notre province, faisant connaitre les œu- vres de peinture, sculpture, art décoratif ou musique qui vien- nent chaque année ajouter au patrimoine artistique de la France et spécialement de la Franche-Comté. Lecture est donnée par le secrétaire du testament d’Edouard Grenier et des termes par lesquels 1l a fait don à notre Société en 1901 d’une importante somine d’argent destinée à la fonda- tion d’un prix triennal en faveur d’un jeune Comtois d'avenir. SN (ie Le testament est ainsi Conçu : « Je donne et lègue à la Société d'Emulation du Doubs deux mille quatre cents francs de rente roumaine destinée à la fondation d’un prix que la Société décer- nera tous les trois ans à un jeune franc-comtois annonçant des dispositions pour les lettres, les sciences ou les arts, qui jouira de cette pension pendant trois années consécutives, afin de se perfectionner dans ses études à Paris ou ailleurs, suivant les directions de la Société d’Emulation. « En fondant ce prix je ne fais que réaliser un projet formé par mon frère et moi, et que devait exécuter le dernier survi- vant. Tout en regrettant que notre cher ami Castan ne soit plus là pour présider à la fondation de ce prix, je m’en rapporte complètement aux lumières du bureau directeur, et spécialement à mon neveu Jules Gauthier qui connaît mes intentions. Ce prix devra porter le nom de Jules et Fdouard Grenier ou des frères Grenier. A cet effet, je lègue aussi à la même Société notre beau portrait fait par H. Lehmann, qui est à Baume, dans l'espoir qu'il défendra de l’oabli les deux frères fondateurs de ce prix triennal, dont les noms ne doivent jamais être séparés. » Quelques membres demandent s’il n’y aurait pas lieu d’ap- porter certaines modifications au réglement de la pension Grenier élaboré par la Société dans sa séance du 16 janvier 1904. La Société nomme une commission composée de MM. Mairot, Thuriet, Vaissier, Bonnet, D' Ledoux et G. Gazier pour exami- ner cette question et déposer un rapport à ce sujet à une pro- chaine séance. M. le docteur Ledoux communique une page émue publiée dans la Revue des Deux-Mondes (1°' février 1907), par M Alfred Mézières, de l’Académie française sur notre éminent bienfai- teur Edouard Grenier. M. Mézières rappelle ses poésies « toutes vibrantes d'émotion patriotique, de lallure la plus fière et la plus noble, où retentit comme un écho des poésies venge- resses de Victor Hugo ». Il fait connaître aussi l’homme « dont le vrai domaine fut le sentiment » qui connut « toutes les nuances, toutes les délicatesses de l'amitié et de l'amour ». M. Leclerc lit quelques extraits d’un drame historique en vers ann PC) es intitulé Diane de France dont il est l’auteur. Dans ce poëme il montre en lutte l’amour et la politique et, tour à tour, dans cet épisode du siège de Metz de 1552, on entend ses héros, en des | vers vibrants et de facture irréprochable, exalter les plus nobles sentiments de patriotisme ou nous émouvoir par la touchante peinture des passions les plus délicates. La Société d'Emulation, de même que précédemment la Société des Amis des Beaux-Arts de Besançon et l’Académie des Scien- ces, Belles-Lettres et Arts de Besançon, émet le vœu que tous les objets d'arts, tableaux, sculptures, meubles et ustensiles anciens, livres et manuscrits existant dans les établissements religieux des trois départements du Doubs, du Jura, de la Haute- Saône et du Territoire de Belfort ne puissent sous aucun pré- texte être affectés à une autre région. Ce vœu sera transmis à M. le Préfet du Doubs. Sté Membre résidant : M. Frédéric BATAILLE, professeur honoraire de l’Université, homme de lettres, présenté par MM. le Dr Magnin et G. Gazier. Le Président, Le Secrétaire, A. LECLERC. GEORGES . GAZIER. Séance du 15 mai 1907. PRÉSIDENCE DE M. A: LECLERC. Sont présents : BUREAU : MM. Leclerc, président; Georges Gazier, secrétaire ; Vaissier, vice-secrétaire ; Fauquignon, trésorier : Kirchner, archiviste. MEMBRES : MM. les docteurs Baudin et Bourdin, Bonnet, Boutterin, Cellard, Dr Girardot, D' Ledoux, chanoine Rossignot, Thuriet. Lecture est donnée d’une lettre de M. le Maire de Besançon annonçant une Exposition internationale des Sports populaires qui aura lieu à Paris de Juillet à Octobre 1907. La Société dé- signe notre confrère M. Montenoise pour la représenter à la réunion préparatoire que doit tenir la Municipalité de Besançon au sujet de cette Exposition. M. Alfred Marquiset a fait hommage à la Société de son nou- vel ouvrage sur la Duchesse de Fallary. M. le docteur Baudin accepte de faire dans une de nos prochaines séances un compte- rendu de ce livre. M. Thuriet lit au nom de la Commission de la pension Edouard Grenier, désignée à la séance d’avril dernier, un rapport sur les modifications à apporter au réglement de cette pension élaboré par la Société dans la séance du 16 janvier 1904. Les conclusions du rapporteur sont adoptées à l’unanimité par la Société, qui décide que le rapport de M. Thuriet sera imprimé à la suite des procès-verbaux, suivi du texte complet du réglement avec les modifications qui viennent d’y être faites. M. Georges Gazier lit une étude sur trois documents de ]a Bibliothèque de Besançon qu'il a envoyés à l'Exposition des portraits peints et dessinés du XIIIe au XVIIe siècle ouverte à la Bibliothèque nationale d'avril à juin. Le premier est le fa- meux Livre d'heures de Maximilien, avec le portrait de l’empe- reur Maximilien : la partie conservée à Besançon et qui fait suite à celle dont s’enorgueillit la bibliothèque de Munich, illustrée par Albert Durer, a été ornée de dessins par les amis et disciples du maître de Nuremberg, par Altdorfer, Burgkmair, Hans Baldung Grien, et Hans Durer, le frère d'Albert. M. Gazier fait connaître comment ce volume précieux qui faisait jadis partie de la bibliothèque des Bénédictins de Saint-Vincent a été acheté à Salins par Ch. Weiss, bibliothécaire de Besançon, aux PARA NVIT ES héritiers de Dom Sterque, vers 1827. — Le deuxième volume en- voyé à Paris (Bibliothèque de Besançon, ms. 1158) est un Pané- gyrique de Charles Quint par Jean Voerthusius, chanoine d’U- trecht. Ce manuscrit offert par l’auteur en 1561 au Cardinal de Granvelle, est orné sur le feuillet qui précède celui de la dédi- cace d’un très beau portrait de Charles Quint dessiné à la plume et daté de 1561. — Enfin le manuscrit 160 de notre Bibliothèque a été également jugé digne de figurer à cette remarquable exposition. C’est un Office de la Vierge écrit en 1648 par le célèbre calligraphe N. Jarry, l'écrivain de la Guirlande de Julie, en tête duquel se trouve une charmante miniature avec le portrait de Claude de Rébé, archevêque de Narbonne : cette miniature est attribuée à Louis Duguernier le Jeune. M. Boutterin, inspecteur des bâtiments diocésains, donne léeture de notes irès précises sur les églises du départemert du Doubs susceptibles d’être classées parmi les monuments historiques. H signale d’abord la curieuse église du xve siècle de Mouthier avec son beau clocher en pierre couronné d’une flèche flanquée de quatre clochetons, puis étudie successive- ment les églises de Vuillafans, Setpfontaines, Lizine, Cussey- sur-Lizon, La Chaux-Neuve, de la Rivière, d'Orchamps-Vennes, Morteau, Laval et Sancey-le-Grand, indiquant toutes les parti- cularités curieuses au point de vue archéologique de ces édi- fices. M. Boutterin fait connaître les curiosités artistiques telles que chaires à prêcher, Sstalles, bénitiers, lutrins, ete, °que renferment ces. diverses églises et illustre son intéressante et savante communication de belles photographies, Le Président, Le Secrétaire. ANT. MAGNIN. GEORGES GAZIER. ANNE Séunce "duwr22, octobre 1907. PRÉSTDENCEZDE M.:-A: "LECLERC: Sont présents : BüREAU : MM. Leclerc, président ; Georges Gazier, secrétaire ; Vaissier, vice-secrétaire; Kirchner, archiviste. MEMBRES ; MM. le chanoine Rossignot, D' Bourdin, Cellard, Dr Ledoux, Savoye, Dr Vuissier. M. Leclerc rend compte du 6e Congrès de l'Association franc- comtoise qui s’est tenu à Belfort le 1er août dernier. Il fait con- naître les principales communications historiques et scienti- fiques qui ont été faites à cette réunion des Sociétés savantes de Franche-Comté, et annonce que le 7e Congrès de l’Associa- . tion franc-comtoise se tiendra l’an prochain à Salins sous la présidence de M. l'abbé Perrod, de Lons-le-Saunier. M. Feu- vrier a été désigné comme secrétaire général de ce Congrès. Lecture est donnée d’une lettre de M. Dubail-Roy, secrétaire de la Société d’Emulation de Belfort, pour demander, au nom de cette Société, que les diverses sociétés savantes accordent une subvention pour la publication d’un « Bulletin » donnant in extenso le texte des communications faites au Congrès de l'Association franc-comtoise. [l sera répondu à cette requête que la Société d’'Emulation du Doubs juge préférable le système adopté jusqu’à ce jour, système par lequel, à tour de rôle, les diverses sociétés savantes donnent un compte rendu analytique des travaux des Congrès, se réservant de publier dans leurs Mémoires celles des communications qui leur paraissent les _ plus intéressantes. M: le docteur Bourdin lit la première partie d’une étude sur Jacques Prévost, peintre, sculpteur et graveur du xvie siècle. Aucune étude d'ensemble n'avait été faite sur cet artiste com- B MAN Ie tois, à la fois peintre et sculpteur, graveur et architecte, dont l'œuvre principale, un triptyque sur. bois représentant la Mise au tombeau avec portraits des donateurs sur les volets, se: trouve dans l’église de Pesmes (Haute-Saône). La tradition fait naître Prévost à Pesmes. Il reçut ses premières leçons dans sa famille, dont tous les membres étaient peintres, puis il passa à Salins dans les ateliers de Claude Duchet et de Lafréri qui l’emmenèrent avec eux à Rome vers 1530. Là il grava nombre de planches ; 19 gravures seulement, dont la plupart sont con- servées à la Bibliothèque de Besançon datées et signées de son monogramme, sont parvenues jusqu’à nous. En même temps Prévost fréquenta à Rome les ateliers en renom et devint l'élève de Michel Ange. Rentré en France, on voit Prévost travailler en diverses villes, notamment à Langres, Dijon, Gray, Dole, Besançon On a de lui deux lettres agrémen- tées de dessins satiriques qui montrent que cet artiste était un digne contemporain du joyeux curé de Meudon. Il ne reste aujourd'hui de l’œuvre de Prévost que trois tableaux : deux se trouvent au Musée de Besançon et proviennent de la collection Granvelle, le troisième signé et daté de 1561 est le triptyque de Pesmes, la. principale œuvre de celui que ses contempo- rains ont appelé le Michel Ange de la Franche-Comté. M. Georges Gazier fait connaître une étude de M. Perdrizet, professeur à la Faculté de Naney, étude parue dans la Revue de l'Art ancien et moderne, et où il est question d’un tableau du Musée de Besançon intitulé dans le catalogue sous le n° 184: Tableau satirique relatif aux querelles de la bulle Unigenitus. M Perdrizet a démontré que cette peinture n’a aucun rapport avec les querelles du jansénis'ne au xvitie siècle et appartient du reste à la première moitié du xvrre siècle. La femme accroupie sur un plateau que fait tourner un satyre n’est nullement la Vérité, mais une femme de mœurs légères en butte aux pour- suites de ses adorateurs. Le tableau est une moralisation di- rigée contre les femmes et n’est que la reproduction en pein- ture, avec quelques légers changements, d’une gravure italienne du xvie siècle intitulée La Chasse à la Chouette. La Chouette est la femme galante, le satyre figure le diable, les oiseaux sont — XIX — des hommes de toutes les conditions et de tout âge qui se laissent prendre dans les pièges de la femme. Trois répliques de ce tableau sont connues : l’une d’elles est conservée au Musée de Calais. M. Vaissier donne lecture de deux lettres de M. Revillout, professeur et conservateur du Musée du Louvre, relatives au taureau à trois cornes d’Avrigney conservé au Musée d’archéo- logie de Besançon. Le Président, Le Secrétaire, A. LECLERC. GEORGES GAZIER. Séance du 30 novembre 1907. PRÉSIDENCE DE M. A. LECEERC. Sont présents : BUREAU : MM. Leclerc, président ; Dr Magnin et Rouget, vice- présidents ; Fauquignon, trésorier ; Georges Gazier, secrétaire ; Vaissier, secrétaire adjoint ; Ktrchner, archiviste. MEMBRES : MM. les docteurs Baudin, Bourdin, Cornet, Ledoux, Roland et Vaissier; MM. Bonnel, Savoye et Vernier. Le Comité qui se propose d'élever un monument à Besançon au sculpteur Just Becquet demande à la Société de lui accorder une subvention : une somme de cinquante franes est votée pour honorer la mémoire de ce grand artiste, membre hono- raire de notre Société. Dans un bulletin archéologique, M. Alfred Vaissier rend compte de plusieurs travaux exécutés pendant l'automne der- nier soit au square Castan, soit au Musée, et du résultat de quelques fouilles. Sur Pemplacement de l’ancienne abbaye Saint-Paul, où s’éle- XX — vait à l’époque romaine le palais du gouverneur de la pro- vince de Sequanie, des tronçons de colonnes ont été recueillis et groupés au Square archéologique comme uniques souvenirs du Palatium. La cour du logis abbatial était précédée d’un portail décoré d’un écusson ovale, supporté par des palmes et des branches de roses. Les morceaux de cette bonne sculpture du commence- ment du Xviti* siècle, donnés par l'entrepreneur M. Micciollo, ont reçu une complète restitution dans la salle du Musée archéologique. En creusant sous le trottoir de la Grande-Rue (n° 99, maison de Mlle Bourdenet) on a extrait à deux mètres de profondeur l’extrémité triangulaire d’un sarcophage antique où figure dans un médaillon le buste d’une jeune femme. Une certaine quantité de pierres, inscriptions pour la plupart des xvie et XVII° siècles encombraient le vestibule du bâtiment des Halles, attendant depuis longtemps une place d'exposition propice. M. A. Vaissier à faittransporter ces intéressants débris au Square archéologique Castan, où leur assemblage, à l’entrée de la promenade, constitue une sorte de monument présentant, sur 2 mètres carrés de base un développement de plus de 12 mètres de surface d'exposition en bonne lumière. On a pro- fité de cette circonstance pour une réparation urgente de la ‘toiture de l’architrave qui surmonte les colonnes romaines. La fréquentation prolongée des ruines de la place Saint-Jean était bien faite pour rappeler la mémoire des objections judi- cieuses faites, à la suite du Congrès archéologique de 1881, par un critique des plus autorisés sur leur attribution à un théâtre. En s'appuyant sur le caractère monumental du tronçon de la rampe très rapproché de l'axe de l'édifice, et par conséquent bien centré, sur une longueur d’au moins 12 mètres, M. Vaissier estime que jamais l’idée d’un creusage pour une cavea n’a pu être conçu par l'architecte très distingué qui a construit en face un véritable podium d’amphithéâtre. Si on se place à un point de vue moins classique que celui où se sont maintenus nos savants confrères, on se représente plutôt une vaste esplanade magnifiquement encadrée, qu’il était facile, au moyen d'ouvrages en charpente, d'aménager pour les spectacles, jeux de scènes XXE ou autres et pour des cérémonies publiques. En conséquence, on peut Conserver au monument ruiné, malgré ses particula- rités singulières, l'appellation de théâtre romain de Vesontio. M. le docteur Bourdin continue la lecture de son étude sur le peintre graveur J. Prévost par la description du triptyque de Pesmes (1561). Il représente une Mise au tombeau avec les portraits des donateurs Catherin Mayrot et Jehanne Lemoyne, sa femme, peints sur les volets: Au verso est reproduite une Annonciation traitée en claire grisaille À part quelques imper- fections (disproportions ‘dans les membres, raccourcis trop audacieux, etc.) cette composition, dans ses différentes parties, peut être considérée comme le chef-d'œuvre du maître comtois. De très bonnes reproductions photographiques dues au talent de notre confrère M. Dodivers accompagnent cette description et. donnent une idée très nette de la valeur de l’œuvre deJ. Prévost. À propos du lieu de naissance de Prévost, M. Bourdin dis- cute longuement les différentes hypothèses émises à ce sujet : on l’a fait naître successivement à Besançon, à Paris, à Angers, surtout à Gray et Dole, où ce peintre a travaillé de longues années et où il existait, comme à Pesmes, des familles portant ce même nom. Aucun fait certain ne vient confirmer cette hy- pothèse. Pesmes en revanche a pour elle sa tradition qui a contribué à la conservation de son beau tableau pendant la Révolution. De plus l’auteur présente une quittance de J. Pré- vost aux échevins de la ville de Pesmes, datée de 1565, c’est- à-dire quatre ans après l’exécution de son triptyque pour des travaux de minime importance exécutés à l’église. Il en conclut qu’à cette époque J. Prévost vivait retiré dans son pays natal, car on ne l’eût pas fait revenir lui, le grand artiste, le « Michel Ange de la Franche-Comté », pour « ravoustre une verrière du pourtal de l'Eglise ». Enfin M. Bourdin montre que les véri- tables protecteurs de cet artiste ont été ses deux compatriotes Catherin Mayrot, son ami d'enfance, et le cardinal de Givry, dont l’aïeule était une Granson « dame de Pesmes » et inhumée audit lieu. Quant aux autres, ils ne connurent J. Prévost que par l'intermédiaire des deux premiers, tels Hugues Marmier, l’homme de confiance de la famille de Givry, l'évêque d'Amon- — XXI — court, coadjuteur puis successeur du cardinal, le cardinal de Granvelle, propriétaire à Pesmes d’une maison qui porte aujour- d'hui son nom, etc. Pour ces diverses raisons, M. le docteur Bourdin se range à l’avis de Perron, Suchaux, Castan, labbé Besson, enfin plus récemment M. Peschet, pour conclure que Jacques Prévost est bien effectivement originaire de Pesmes où la tradition le fait naître, et que cette petite ville est fière d'inscrire son nom à côté de celui des Gollut, des Mathieu, des Genty, etc. qui ont illustré ce pays. La Société fixe au jeudi 19 décembre prochain la date de la séance publique dont elle arrête le programme. Est réélu : Membre résidant : M. Ch. SANDOZ, négociant, ancien adjoint au maire, présenté par MM. le Dr Ledoux et Georges Gazier, membre résidant de- puis 1880 mais démissionnaire en 1900. Le Président, Le Secrétaire, A. LECLERC. GEORGES GAZIER. Séance du 18 décembre 1907. PRÉSIDENCE DE M. A. LECLERC. Sont présents : BUREAU : MM. Leclerc, président; Rouget, vice-président ; Fauquignon, trésorier ; Georges Gazier, secrétaire ;, Vaissier, vice-secrétaire. MemBRes : MM. Frédéric Bataille, Dr Bourdin, Cellard, D' Nargaud, Pidancel, Thuriet, Vernier. M. le président Leclerc adresse un regret ému à la mémoire de M. Maurice Bretillot, membre de la Société d'Emulation du = XXII Doubs depuis 1857. Si ses occupations nombreuses ne lui lais- sèrent pas le loisir de participer d’une façon active aux travaux de la Société, M. Bretillot ne cessa durant 50 ans de lui témoigner en toutes circonstances sa vive sympathie, se souvenant qu'il appartenait à une famille qui avait fourni l’un des fondateurs de notre compagnie, et que son père en fut jadis le président. M. Maurice Bretillot est mort à Besançon le 15 décembre dernier. M. Georges Gazier lit une notice sur Jules Gauthier, archiviste du département de la Côte-d'Or, ancien archiviste du Doubs, mort à Dijon le 16 octobre 1905. Il rappelle notamment le rôle considérable qu’il joua dans la Société d'Emulation du Doubs dont il fut le président en 1899, le secrétaire décennal de 1902 à 1905 : membre de la Société depuis 1866, il y fit de très nom- breuses communications qui ont été insérées dans nos Mémoires et qui intéressent toutes les branches de l’histoire, de la litté- rature et de l’art comtois. Il est décidé que cette notice avec le portrait de Jules Gauthier sera insérée dans le volume des Mé- moires de la Société de 1906, actuellement en cours d'impression. M. Frédéric Bataille présente un travail sur les champignons de la famille des astérosporées, sur les russules et les lactaires. Il indique les caractères généraux de ces cryptogames et fait connaître dans ses grandes lignes le plan de son ouvrage, dont la Société est heureuse de décider l'impression dans ses Mémoires, La Société discute et vote le budget de 1908 dont le projet suivant est présenté par M. le trésorier Fauquignon, au nom du Conseil d’administration de la Société. RECETTES. 1. Subvention du département du Doubs . . . . 300 fr. DA — dela ville de Besancon. | - . = 41. 400 3. Cotisations des membres résidants. 4 . . . . 900 4. — — correspondants . . . 20 5. Droits de diplômes, recettes accidentelles . . . 40 6. Intérêts du capital en caisse et rentes . re 600 Fotal ro re. Se9; 50011 — XXIV — DÉPENSES. A libres Siones 0. ee AU »Freis de bureau, trataeeréclanase, etc 160 3. Frais de Séance publique à : Meme ce : 70 4. Traitement et indemnité de recouvrements à à EE OI Ce te En Te en ne 200 5 1Crédit pour recherches scientifiques re 136 Potalss. Si 00 SM PS DETTE Avant de procéder à l'élection du Bureau, M. le Président annonce qu'il a reçu la démission de M. Kirchner, archiviste de la Société, qui, après dix ans d'excellents services, préfère se retirer du bureau. M. Leclerc exprime le vif regret que cause à tous les membres de notre Société la détermination de notre confrère, qui s’est toujours acquitté de ses fonctions avec tant de conscience et de zèle. Il rappelle notamment la Table géné- rale récapitulative des Mémoires de la Société, de 1841 à 1905, que vient de publier cette année M. Kirchner, et qui est appelée à rendre de si grands services aux érudits. L | La Société nomme ensuite son bureau pour l’année 1908 qui est ainsi constitué : Prisident annuel : M. ROUGET, directeur de l’Ecole normale d'instituteurs de Besançon, chargé de cours à la Faculté des Lettres de Besançon. Premier vice-président : M. Adrien LECLERC, conseiller à la Cour d'appel de Besançon. Deuxième vice-président : M. le docteur BOURDIN, médecin- major en retraite. | Vice-secrétaire : M. Alfred VAISSIER, conservateur du Musée archéologique. ; Archiviste : M. MALDINEY. La Société procède à l’élection de quatre membres honoraires, en remplacement de ceux décédés en ces dernières années. Elle désigne par acclamation : nn AN M. Aug. POINTELIN, artiste-peintre. M, Cüaries GRANDMOUGIN, homme de lettres. M Eug. REVILLOUT, professeur et conservateur au musée du Louvre. M. le général! LANGLOIS, sénateur de Meurthe-et-Moselle. Sont élus : Membres résidants : M. Léon DRUHEN, industriel, 8, avenue de Fontaine-Argent, présenté par MM. les docteurs Bourdin et Ledoux. M. le docteur Maxime DRUHEN, présenté par MM. Cénay et docteur Ledoux. Le Président, Le Secrétaire, A-LDECLERC: GEORGES GAZIER. Séance publique du 19 décembre 1907. PRÉSIDENCE DE M. A. LECLERC. Sont présents : Bureau : M. A. LECLERC, ayant à sa droite M. l'abbé Rossr- GNOT, président de l’Académie des Belles-Lettres, Sciences et Arts de Besançon, à sa gauche M. Maurice FORIEN, président de la Société des Amis des Beaux-Arts de Besançon, MM. ROUGET, docteurs BOURDIN et MAGNIN, Frédéric BATAILLE, M. Georges GAZIER, secrétaire, M. Alfred VAISSIER, vice-secrétaire. Dans la salle remplie par une assistance nombreuse de dames en élégante toilette et d'invités, MM. CELLARD, FAU- QUIGNON, KIRCHNER, LANIER, Henri MAIROT, MALDINEY, NEC- TOUX, PIDANCET, THURIET, membres de la Société, M. BAILLE, de la Société des Amis des Beaux-Arts, etc, etc. — XXVI — La séance ouverte à deux heures, est close après lecture des études suivantes : 1o La Société d'Emulation du Doubs en 1907, par M. A. LECLERC, président annuel ; 20 Just Becquet, sculpteur bisontin, par M. le D" LIMoN, membre résidant ; 3° Les singularités des empoisonnements par les champignons comestibles et vénéneux, par M. le Dr MAGNIN, vice-président ; 49 Un livre récent sur la cuisine comtoise, par M. Georges GAZIER, secrétaire décennal ; 5° Sur la mort d’une jeune fille. — Post mortem. — Le Chéne aux abeilles, sonnets par M. Frédéric BATAILLE, membre rési- dant. NAN FONDATION DES FRÈRES GRENIER RAPPORT DE M. M. THURIET au nom de la Commission du Legs Edouard Grenier Séance du 15 mai 1907. Notre Société, n'ayant eu connaissance que très récemment des termes du legs que lui a consacré M. Edouard Grenier avec la destination que vous savez, s’est demandée si le règlement de la pension des frères Grenier, tel qu'il a été élaboré par le bureau et adopté par la Société dans la séance du 16 janvier 91904, était en conformité avec les intentions exprimées par le testateur et s’il ne convenait pas d'apporter quelques modifications ou additions à ce règlement, soit pour le mettre plus en harmonie avec les volontés de M. Grenier, soit pour le compléter en fixant l’époque et les conditions précises de la délivrance de la pension. A votre dernière séance, et pour répondre aux vœux de plusieurs sociétaires, vous avez nommé une commission à l'effet d'étudier les propositions qui pourraient être faites dans ce double but. J’ai l'honneur de vous faire connaître les con- clusions auxquelles s’est arrêtée votre Commission. Sur l’article premier du règlement. — La rédaction de cet article ajoute aux conditions imposées par le testateur, en exigeant que les candidats à la pension soient nés dans un des trois départements du Doubs, de la Haute-Saône ou du Jura. Le texte de l’article premier permettrait d’exclure du concours un candidat appartenant à une famille franc-comtoise et habitant lui-même la Franche-Comté, mais qu'une circons- OX XNIT tance fortuite aurait fait naître hors de notre province. Il y aurait là semble-t-il, une interprétation trop étroite des vues du fondateur qui dit dans son testament que le prix sera décerné « à un jeune franc-comtois ». La commission pro- pose donc de supprimer dans Particle premier après les mots «au jeune franc-comtois » les mots « né dans un des trois départements du Doubs, de la Haute-Saône ou du Jura ». Sur l’article 2. — Ce texte détermine les conditions d’âge que devront présenter les candidats ; il fixe comme minimum 183 ans, comme maximum 23 ans. Il a paru à votre commis- sion qu'il était inutile de fixer uue limite minima et que d'autre part la limite maxima devait être reculée jusqu’à 25 ans, la mise en vigueur de la nouvelle loi militaire, qui rend le service de deux ans obligatoire pour tous, ayant pour effet de retarder d’une manière générale la fin des études. — La Commission est d'avis de substituer à l’art. 2 le texte sui- vant: « Pour être admis à concourir, les candidats devront être Agés de. moins de,25 ans au °° janvier. de l’année. du concours et n'avoir qu’une médiocre fortune ». Sur l’article 4. — Cet article fixe à 1800 fr. le chiffre de la pension qui sera payée par trimestre au candidat choisi. — Vous savez que la conversion des 2,400 fr. de rentes rou- maines léguées par M. Grenier, en rente 3 c/, sur l'Etat fran- çais (conversion imposée par le décret d'autorisation) a eu pour effet de réduire au-dessous du chiffre de 1800 fr. le revenu du legs. Depuis le décès du testateur ce revenu est capitalisé et augmenté chaque année; dans deux ans, ilattein- dra approximativement 1800 fr. Votre commission. à.pensé qu'il convenait dès 1ors de fixer dès à présent la datera laquelle la fondation Grenier commencerait à fonctionner. Elle est tombée d'accord pour vous proposer celle du 1° oc- tobre 1909 A cette date, les intérêts produits par le capital légué seront placés en rentes 3 °/, sur l’Etat français et l’en- semble des intérêts provenant du legs direct sera versé par trimestre au pensionné, soit qu'il n’atteigne pas tout à fait, soit qu'il dépasse légèrement 1800 fr. D’après les renseigne- NN ENT ments donnés par notre trésorier, en fixant le point de départ de la pension au 1er octobre 1909, on peut être certain que le chiffre se rapprochera très sensiblement de 1800 fr. et le faible écart qu’il pourrait présenter en moins ne serait pas une raison suffisante pour retarder d’un an encore l'exécution des volontés de M. Ed. Grenier. La commission est aussi d’avis de faire disparaître de l’ar- ticle 4 la clause suivante: « Si par une conversion ou autre évènement similaire, le chiffre de la rente était réduit, la pension sera suspendue jusqu'à reconstitution du capital ». Ill nous a semblé qu'il y aurait de graves inconvénients à suspendre soit au cours, soit à l'expiration d’une période triennale le service de la pension. Une fondation de ce genre est perpétuelle; toute interruption dans son fonctionnemsnt pourrait compromettre sa reprise et porterait en tous cas atteinte au caractère de continuité que le testateur a entendu lui attribuer. Aussi pensons-nous qu'il serait plus sage de décider que, si les revenus du legs viennent à être diminués par leffet d’une conversion, d’un impôt ou de toute autre cause, le chiffre de la pension sera réduit d'autant, sans que le service de la pension soit retardé ou interrompu. Nous proposons de modifier l’art. 4 dans les termes suivants: ART. 4.—— La pension sera payée à partir du 1er octobre 1909. À cette date, les intérêts produits par le legs seront placés en rente 3 0), sur l'Etat français; les revenus de l’ensemble du capital ainsi formé seront versés par trimestre au can- didat choisi. Si par une conversion, impôt ou autre cause le chiffre de la rente était diminué, la pension serait réduite d'autant. À l’article 5 qui détermine les pièces à fournir par les can- didats, nous proposons d’ajouter la disposition suivante: «Les candidats devront adresser cés pièces au secré- tariat de la Société d’Emulation avant le 1er juin de l’année où sera accordée la pension. Sur, l’article 7, il paraît utile de préciser que le jury devra statuer sur les candidatures dans le courant du mois de juillet. — XXX — D'autre part la commission estime qu’il serait bon d’adjoindre au jury tel qu’il est composé à l’article 7 les anciens prési- dents de la Société en résidence à Besançon. L'art. 7 devrait donc être modifié de la façon suivante : ART. 7. — Le jury statuera sur les candidatures dans le courant du mois de juillet. Il sera constitué par le bureau de la Société d’Emulation du Doubs : président, vice-prési- dents, secrétaire, vice-secrétaire, trésorier et archiviste aux- quels seront adjoints 10 les anciens présidents en résidence à Besançon, 20 un représentant de la famille Grenier choisi parmi les parents les plus proches de la ligne paternelle. Enfin l’art. 10 appellerait une modification similaire pour que son texte fût en harmonie avec l’art. 7 nouveau; il devrait étre ans rédigé: ART. 10. — Le Conseil d'administration de la Société trans- formé en jury avec l’adjonction des anciens présidents et du représentant de la famille Grenier ....etc ». Telles sont les conclusions que votre Commission prie le Bu- reau de bien vouloir soumettre à la ratification de l’assemblée. Les conclusions de la Commission du legs Grenier ayant été ratifiées à l’unanimité par la Société dans sa séance du 15 mai 1997, le règlement de la pension Grenier est arrêté ainsi qu'il suit : RÉGLEMENT DE LA PENSION DES FRÈRES GRENIER ARTICLE PREMIER. — Il est institué sous le titre de « Fonda- tion des frères Grenier » une pension triennale qui sera donnée au concours au jeune franc-comtois qui donnera le plus d’espé- rance sérieuse dans la carrière des sciences, des lettres ou des arts. ART. 2. — Pour être admis à concourir, les candidats devront XX XI être âgés de moins de 25 ans au 1er janvier de l’année du con- cours et n'avoir qu’une médiocre fortune. ART. 3. — Le concours sera annoncé trois mois d'avance par des insertions répétées dans les journaux dela province. ART. 4. — La pension sera payée à partir du 1e" octobre 1909. À cette date les intérêts produits par le legs seront placés en rente 3 °/, sur l'Etat français ; les revenus de l’ensemble du ca- pital ainsi formé seront versés par trimestre au candidat choisi. Si par une conversion, impôt ou autre cause, le chiffre de la rente était diminué, la pension serait réduite d'autant. ART. 5. — Les candidats fourniront comme pièces justificatives de leur demande leur extrait de naissance sur timbre, leur di- p'ôme de bachelier ès-sciences ou ès-lettres, ou des certificats équivalents, soit sur le terrain pédagogique, soit sur le terrain artistique : certificats de prof2sseur de dessin, peinture ou seulp- ture chez qui ils auront étudié. En outre ils produiront l’extrait d’impositions directes de leur père et mère. Ces pièces devront être adressées par les candidats au secrétariat de la Société d’Emulation avant le 1er juin de l’année où sera accordée la pension. ART. 6. — En dehors de ces certificats, le Jury d'examen aura le droit de faire comparaître devant lui les candidats pour les interroger. ART. 7. — Le Jury statuera sur les candidatures dans le cou- rant de juillet. Il sera constitué par le bureau de la Société d'Emulation du Doubs: président, vice-présidents, secrétaire, vice-secrétaire, trésorier et archiviste auxquels seront adjoints L» les anciens présidents en résidence à Besançon, 2° un repré- sentant de la fainille Grenier choisi parmi les parents les plus proches de la ligne paternelle. ART. 8. — Les membres du jury prendront individuellement l’engagemeut d'honneur de ne se décider dans leur choix que sur les mérites des candidats et sur les dossiers qu’ils présentent. ART. 9. — La décision sera prise aux deux tiers des votants et l’épreuve durera jusqu’à ce que le quantième soit obtenu. Fe AXXXIL ART. 10. — Le Conseil d'administration de la Société trans- formé en jury avec l’adjonction des anciens présidents et du re- présentant de la famille Grenier, aura droit de surveillance et d'exclusion sur le pensionnaire Grenier qui se rendrait indigne par sa conduite, par sa paresse ou ses manquements profes- sionnels, des bienfaits de la fondation. ART. 11. — En cas de dissolution de la Société, la pension des frères Grenier subsistera telle qu’elle est constituée, mais remise des titres affectés à sa dotation sera faite aux parents ou groupe de parents les plus rapprochés de la ligne paternelle des héritiers Grenier qui pourvoiront à sa continuation. ART. 12. — Il est enterdu que le Conseil d'administration tiendra la Société au courant du choix, des travaux et des suc- cès du titulaire de la pension Grenier. MÉMOIRES. LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU DOUBS EN 1907 Discours d'ouverture de la séance publique du jeudi 19 décembre Par M. Adrien LECLERC PRÉSIDENT ANNUEL MESDAMES, MESSIEURS, Votre président annuel vient, selon l'usage, vous faire un comp# rendu sommaire des travaux de notre Société en 1907 EL rendre un: dernier hommage à ceux de -$es membres disparus dans le cours de cette année. Les travaux et communications n’ont pas cessé d'être toujours aussi intéressants et utiles. Peut-être se sont-ils faits un peu plus rares qu'en certaines autres années. Le zèle bien connu des membres de notre chère Société fera, jen suis intimement convaincu, disparaître bien vite cette constatation passagère. Dans une courte allocution prononcée à l’une de nos séances mensuelles, et à propos de la perte de lun de nos membres honoraires, je veux dire lartiste regretté qu'était Just Becquet, votre président avait exprimé le vœu qu'à côté des intéressantes communications scientifiques et historiques faites par nos savants collègues, il se pro- duisit en plus large proportion quelques travaux relatifs au mouvement et à l’état actuel des arts, peinture, sculp- ture, poésie, musique, architecture, en Franche-Comté, 1 eo en France, voire même aussi dans les 2e semblait que des travaux de ce genre ne seraient pas en désaccord avec le but poursuivi par notre société, dont l’un des postulats est, vous le savez, de concourir au pro- grès des arts; et comment y concourir plus activement qu'en se tenant au courant des tranformations qui s’opèrent dans cette branche de l’activité humaine. On ne peut pas se le dissimuler en effet: qu'on le veuille ou quon ne le veuille pas, il se produit dans toutes les choses de ce monde ce qu'on est convenu d'appeler « l’évolution ». Quelques personnes, surtout celles qui sont sur la pente descendante de la montagne de la vie, estiment parfois que sous certains rapports et en certains sujets, l'évo- lution se fait un peu prompte et rapide. Elles demande- raient, peut-être avec quelque raison, qu'en France on ménageât un peu plus les transitions, à exemple de cer- tains peuples. D’autres au contraire, et parmi ces der- nières, beaucoup de jeunes et un certain nombre d'im- patients, pensent que l’évolution se fait trop lentement et désireraient voir s’opérer plus rapidement encore des trans- formations sociales, économiques, politiques, httéraires et artistiques. Qui a tort ou qui à raison dans cette manière de comprendre la marche des choses en ce monde? Ce n’est pas à moi qu’il appartient de le décider ; qu'il me suffise de constater ce mouvement d'évolution. Personne ne songera à le contester d2ns l’art de la musique, par exemple, où la partie mélodique qui charmait tant nos pères et même ceux d'une génération encore plus rapprochée, a fait place à une orchestration plus savante, et j’oserai dire plus scien- tifiquement harmonieuse; en matière d’ornementation, où le modern-styl, l’art nouveau essaient de remplacer ce qu’on pourrait appeler le « elassicisme décoratif » ; — en matière de peinture, où l’un des bons écrivains d’une grande Revue (1) tnAaao vnazs-z AAUAN v = SON pay De LL iUl (1) Revue des Deux-Mondes du 1 juin 1907: Les Salons de 1907 et l'orientation nouvelle du paysage, par M. ROBERT DE LA SIZERANNE. Sa signalait récemment l'orientation nouvelle dans le paysage ; en matière théâtrale, où ce qui plaisait à la foule dans le siècle dernier n’est plus ce qui lui plait aujourd’hui. Je passe sous silence l’évolution dans les sciences, résultant des nouvelles découvertes qui se produisent de nos jours et qui donne un intérêt de plus en plus vif à ces graves problèmes que cherchent à résoudre ceux qui ccnscien- cieusement et sans parti pris, entreprennent de concilier les mystères de l'infini avec ces découvertes nouvelles. Donc évolution partout : dans la science, dans les arts, dans la critique historique, etc... En matière scientifique comme en matière historique, elle nous est suffisamment signalée et de façon brillante par ceux de nos collègues qui font à ce sujet d’intéressantes communications ; en matière d’art, il serait à désirer que les communications fussent, je le répete, plus nombreuses et plus répétées et qu'en un mot, nous trouvions en plus larges proportions des collègues qui voulussent bien faire dans toutes les branches des arts, ce qu'a fait pour les peintres un de nos membres regrettés et disparus cette année, et dont je vous dirai quelques mois dans un instant, Ceci dit, mesdames et messieurs, et en vous priant de m'excuser de cette trop longue digression, j'arrive à l'exposé sommaire des communications qui nous ont été faites dans le courant de cette année. + En matière historique, notre savant collègue, M. Vaissier, depuis si longteinps l’un des plus fidèles soutiens de notre Société, et que malgré tout, l’on trouve toujours sur la brèche, nous a lu une étude intitulée « les Paniers » à l’occasion d'un travail publié sous ce titre par M. Rossat, professeur à Bâle. L'on n’ignore pas que la mode des pa- niers, laquelle, croit-on, nous fut importée d'Angleterre vers 1718, à été la note dominante de la toilette des femmes au xvir1° siècle. D'abord de proportions modestes, ils en arri- vèrent bientôt à une exubérance de dimensions qui alla rie Jusqu'à quatre et même cinq mètres de tour. L’on com- prend dès lors quelle énorme quantité d’étoffe il fallut employer pour recouvrir cette armature, et pour peu que. cette étoffe fût somptueuse et que la robe fût garnie de rubans, de falbalas, et même de pierreries, on se rend compte des prix élevés qu'atteignaient quelques-uns de ces vêtements. On cite même le aom d’une dame de qua- lité (1) qui, n'ayant pas la somme suffisante pour payer l’un de ces vastes monuments, s’engagea à le solder au moyen d’une rente viagère de 600 livres. On s’explique dans ces conditions que cette ‘node provoquât la facile critique de quelques esprits mordants. C’est ce qui arriva bientôt en Suisse et aussi en Franche-Comté. Il existe en Suisse, nous dit M. Vaissier, un poème très populaire, versifié en patois jurassien, et intitulé : « Arrivée dans l’autre monde d’une dame habillée en paniers », par Ferdinand Raspieler, curé de la vallée de Délémont. Jusqu'à ces derniers temps, on considérait cette œuvre comme une production originale, en Suisse, quand un travail de M. Vaissier publié dans nos mémoires sur la Jacquemar- dade de Bizot, apprit à M. Rossat qu’un imprimé anonyme de la même œuvre, en vers patois bisontins, se trouvait à la bibliothèque de Besançon et qu'on Pattribuait à Bizot. L’opuscule qui existe à notre bibliothèque a été relié en même temps qu'un petit ouvrage anonvme, imprimé à Nancy en 1734 et intitulé: « Entretiens d’un docteur en théologie avec deux dames de qualité sur les modes dans les vète- ments ». Inutile de dire que tous deux sont une critique locale de la mode envahissante des paniers. D’après cer- taines indications recueillies par M. Vaissier, ce seraient les missionnaires de Beaupré, qui pour faire œuvre de moralistes en même temps que pour se divertir un peu aux dépens des belles dames de qualité, ont dù compo- (1\ Madame de Matignon. RE re ser cette satire en collaboration avec quelques lettrés tels que Bizot. En comparant le texte bisontin et celui de Raspieler, M. Vaissier montre que dans son adaptation, postérieure de deux ans, ce dernier n’a guère fait qu’ajou- ter à l’œuvre primitive certains passages un peu gaulois et qui expliquent sa vogue un peu clandestine. Dans une autre communication, M. Vaissier, continuant l'examen des ruines et des fondations conservées depuis l’époque romaine au square Saint-Jean, et auxquelles il n’a jamais cessé de s'intéresser vivement, à l’exemple de nos regrettés et savants collègues Castan et Ducat, nous a fait connaître que lors du creusement d’une tranchée par la Com- pagnie du Gaz au contour de la rue du Mont Sainte-Marie, aciuellement la rue Péclet, on avait constaté la présence d’une galerie spéciale, ouverte au flanc de l’égoût sur une longueur de cinq mètres et dans la direction des marches de l'escalier de la façade du monument qui occupait cet emplacement. En s'appuyant sur le caractère monumental du tronçon de la rampe, et en examinant le travail de l’architecte distingué qui a construit en face un véritable « podium » d’amphi- théâtre, M. Vaissier pense qu’on peut conserver à l’édifice ruiné, malgré ses particularités singulières, l'appellation de théâtre romain de « Vesontio », que lui avaient contesté quel- ques érudits. M. Vaissier nous apprend en même temps que dans ce même square Saint-Jean, il a, au moyen des pierres portant des inscriptions, qui étaient déposées dans le vesti- bule du bâtiment des halles, constitué une sorte de monu- ment qui permettra de lire en pleine lumière, les intéres- santes insCriplions qui recouvrent ces pierres. Enfin M. Vaissier a donné lecture de deux lettres de M. Révillout, relatives «au taureau à 3 cornes d’Avrigney », conservé au musée d'archéologie de Besançon, et à propos duquel ee savant, que notre Société vient d’élire membre d'honneur, se propose de faire un important travail. Toujours en matière historique, mon prédécesseur à la sa présidence, M. le docteur Magnin nous a entretenus de la question d’Alésia. Vous n’ignorez pas les nombreuses dis- cussions qui se sont élevées à propos de l’emplacement de cette cité où a succombé l’indépendance des Gaules, et où Vercingétorix, terrassé par les divisions intestines des Gau- lois entre eux et par la trahison de quelques-uns de leurs chefs. a dû se rendre à César. On avait proposé d’abord deux ou trois emplacements : Alaise, en Franche-Comté, dans les environs d’Amancey, puis Alise Sainte-Reine dans la Côte- d'Or; même Alais, dans le Gard ; aujourd'hui M. Bérard, dé- puté de l'Ain, reprenant une hypothèse émise par Jacques Maissiat, il y a quelque cinquante ans, voudrait placer cette ville à [zernore, petit bourg situé au nord de Nantua, dé- partement de l’Ain. L’on peut dire de la question que « sub judice lis est », aussi M. le docteur Magnin a-t-1l proposé de renvoyer son examen au savant archéologue de notre So- ciété, M. Vaissier. Toujours au point de vue historique, M. Pidancet nous a fait une intéressante communication sur l'ancienne coutume de Besançon, et son commentateur Claude-François d'Orival, seigneur de Vorges. D’après cette coutume, les Bisontins avaient une législation spéciale et originale dans le comté de Bourgogne. M. Pidancet nous montre que ce droit bisontin, dans son ensemble, a été plutôt progressiste pour l’époque, et que la liberté, cette conquête si précieuse en tous temps, existait pour les personnes et les biens à Besançon et dans sa banlieue, alors qu’elle n’existait encore qu’à l’état d'embryon dans le reste dela Franche Comité. Au point de vue artistique, nous avons eu plusieurs inté- ressantes communications. M. G. Gazier, notre érudit et labo- rieux secrétaire, et dont on se demande parfois comment il parvient à faire face, d’une façon si brillante, à ses multiples et nombreux travaux, nous a donné de précieux renseigne- ments sur trois documents de la Bibliothèque de Besançon qu’il a envoyés à l'Exposition de portraits peints, ouverte à MERE, 2 CR la Bibliothèque nationale dans le cours de ces derniers mois. Le premier est le fameux Livre d'heures de Maximilien, dont une partie appartient à la Bibliothèque de Munich et l'autre partie à notre Bibliothèque. Il à été convenu entre ces deux établissements que la partie qui manquait à l’un serait adressée en photographie à l’autre, de telle façon que chacun d’eux aurait un tout complet de cette merveilleuse œuvre d’art. Le second volume est un Panégvyrique de Charles-Quint, par Voerthusius, chanoine d’Uirecht. Ce manuscrit a été offert par l’auteur, en 1561, au cardinal de Granvelie. Le troisième est un Office de la Vierge, écrit en 1648 par le célèbre calligraphe N. Jarry, l'écrivain de la « Guirlande de Julie ». Ces manuscrits, ornés de fort jolis portraits de Charles- Quint et de Claude de Rébé, archevêque de Narbonne, sont parmi les plus précieux de notre remarquable Bibliothèque. M. Gazier nous a fait connaître encore une étude de M. Perdrizet, professeur à la Faculté de Nancy, où il est question d’un tableau du Musée de Besançon, catalogué sous le n° 184, et intitulé: « Tableau satirique relatif aux querelles de la Bulle Unigenitus ». M. Perdrizet démontre que cette peinture n’a aucun rapport avec les querelles du jansénisme au xvi° siècle. Elle n’est que la reproduction d’une gravure italienne du xvi‘ siècle, intitulée : « La chasse à la chouette ». La femme accroupie sur un plateau et que fait tourner un satyre, comme pour en montrer toutes les formes sédui- santes, est non la Vérité, mais une femme galante en butte aux poursuites de ses admirateurs. Les hommes de toutes les conditions et de tous les âges qui, sous forme d’oiseaux, sont posés sur des branchés autour d'elle, sont tous ceux qui se laissent prendre dans les pièges de l’éternel féminin. Enfin M. Gazier nous a lu une étude fort complète sur J. Gauthier, larchiviste bien connu, où il nous a retracé les travaux qu'a faits ce savant pour notre Société. C9 ne Au point de vue artistique en même temps qu'historique, M. Boutterin, inspecteur des bâtiments diocésains, nous a donné une étude fort complète sur les églises du départe- ment du Doubs qu’il importe de classer parmi les monu- ments historiques. [Il a passé successivement en revue les églises de Mouthier, Vuillafans, Septfontaines, Cussey-sur- Lison, La Chaux-Neuve, La Rivière, Orchamps-Vennes, Morteau, Laval, Lizine et Sancey le-Grand, et nous a indi- qué toutes les particularités importantes qu’il a remarquées dans ces édifices et qui sont de nature à les faire classer ainsi. Inutile de dire toute l’érudition artistique et histo- rique dont il a fait preuve daus cet intéressant travail. M. le docteur Bourdin nous a lu une étude sur « Jacques Prévost », peintre, sculpteur et graveur du xvre siècle, dont l’œuvre principale est un triptyque en bois représentant la mise au tombeau, avec portraits des donateurs sur les volets et qui se trouve dans l’église de Pesmes (Haute-Saône). M. le docteur Bourdin, après avoir passé en revue les en- droits divers qui sont donnés comme lieu de naissance à ce peintre, surnommé le Michel Ange de la Franche-Comté, estime que c’est Pesmes qui doit être vraiment considéré comme l'endroit où il est né. Notre savant collègue passe en revue ce qui reste des œuvres de ce peintre au Musée de Besançon La large érudition historique et artistique dé: ployée dans cette étude nous l'a rendue également fort Imté- ressante. M. le docteur Ledoux nous à communiqué une page émue publiée par M. Alfred Mézières, de l’Académie française, sur l'éminent bienfaiteur de notre Société, Edouard Grenier. M. Mézières rappelle ses poésies, toutes vibrantes d’émo- tion patriotique. I fait connaître aussi l’homme, dont le vrai domaine fut le sentiment, et qui connut toutes les nuances, toutes les délicatesses de l’amitié et de l'amour. | À propos du legs qu'ont fait les frères Grenier à notre Société, il a été décidé que ce serait au mois d'octobre 4909 PAU AR que la somme de 1,800 francs allouée à un jeune Franc- Comtois pour compléter ses études scientifiques, littéraires ou arlistiques, serait attribuée pour la première fois à un candidat. Au pont de vue scientifique, M. le docteur Magnin a en- tretenu la Société des procédés préconisés pour protéger les vignobles contre la grêle, particulièrement des canons et fusées grélifuges. Les résultats sont contradictoires et paraissent même avoir été peu probants en Italie, où des expériences ont été faites sur de vastes territoires et sur une grande échelle. En dehors de ces travaux intéressants, votre président annuel a eu, je devrais dire la témérité, de faire quelques communications sur un sujet, qui s’écarte un peu de ceux traités dans nos réunions mensuelles, je veux dire les choses de l’Islam. Mon éminent prédécesseur à la prési- dence annuelle, a bien voulu vous signaler avec sa bien- veillance et son indulgence habituelles, à la séance publique de lan dernier, l’une de ces études sur la question ma- rocaine. Une autre étude sur la condition de. la femme musulmane dans nos possessions du nord de l'Afrique vous à été lue l’an dernier à cette même séance. Je vous rappelais, entre autres choses que l’évolution qu'un de nos plus illustres romanciers, Pierre Loti, signalait comme s'étant produite dans l'instruction des jeunes filles musulmanes de Stambeul, qui dans les riches familles, se tiennent main- tenant au courant des productions littéraires de nos pays occidentaux, n’avait pas eu lieu encore dans celles de nos possessions nord-africaines et encore moins dans celles du Maroc, où les femmes sont toujours un peu consi- dérées comme objets de plaisir ou comme bêtes de somme, selon les conditions sociales. J’ajoutais toutefois qu’en Algé- rie des Jeunes musulmanes, et en certain nombre, reçoivent aujourd’hui une instruction professionnelle (ouvrières en dentelles, en tapis, etc.) et que des institutrices françaises, notamment en Kabylie, donnent une instruction primaire AT\ r AU aux fillettes que leurs parents consentent à envoyer dans nos écoles. Il y avait, peut-être, je le répète, une certaine témérité et une certaine audace à essayer d'introduire dans nos réunions ces études qui s’écartent du genre habituel de nos travaux. Votre président a pensé toutefois qu'il lui serait peut-être accordé des circonstances atténuantes pour cette innovation, ayant constaté, dans un opuseule publié cette année par notre archiviste, M. Kirchner, — dont la Société regrette fort la récente décision de résigner ses fonctions qu’il remplissait avec tant de zèle et de cons- cience, — une liste des travaux analogues düs à quelques explorateurs et lus à nos réunions. Il a pensé aussi trouver quelques excuses dans l'actualité du sujet, et dans cette légitime curiosité qu'on éprouve à connaitre un pays dans lequel chacun peut avoir, à l’occasion des évènements qui s’y déroulent, des raisons toutes particulières et toutes de cœur pour s’y intéresser, et les habitants de Besançon n’oublieront pas de longtemps la touchante manifestation qui s’est produite dans votre patriotique cité, lorsqu'on y a ramené les restes de ce vaillant capitaine, un enfant de l'Alsace, tombé devant l'ennemi, à la tête de son escadron (1). Le Congrès annuel des Sociétés savantes de la Franche- Comté, s’est tenu cette arñnée dans la ville de Belfort, et votre Président est allé représenter notre Société dans cette seule cité de l’Alsace qui nous ait été conservée en 1870. Des communications historiques, scientifiques et archéologiques fort intéressantes ont été faites dans les trois sections entre lesqueiles s’est partagé le Congrès, et à la section historique, il a été lu une étude de notre dévoué secrétaire, M. Gazier, sur le séjour de Kléber dans la Fran- che-Comté. A l'issue du banquet qui a suivi ces diverses lectures, des (4) M. le capitaine Ihler. Are toasts ont été portés notamment par le Président de la Société d'Emulation de Belfort, l'honorable M. Berger, sénateur, le Gouverneur de Belfort et les Présidents des Sociétés d’E- mulation qui représentaient respectivement leurs Sociétés. Ces différents travaux paraîtront, selon l'usage, tout au moins dans leurs grandes lignes, dans un opuseule que publiera la Société organisatrice du Congrès. Il a été décidé par l’assemblée que le prochain Congrès se tiendra en 1908 à Salins, sous la présidence de M. l'abbé Perrod, aumônier du Lycée de Lons-le-Saunier, connu par ses remarquables travaux historiques, et que M. Feuvrier en serait le secrétaire général. Telles ont été les communications faites à notre Société en 1907. Elles seront, je n’en doute pas, aussi intéressantes et plus nombreuses encore dans le cours de l’année qui va venir. En terminant, permettez-moi d'adresser un souvenir ému aux membres de notre Société disparus dans le cours de cette année. Nous avons perdu MM. Francey, Guillemin, Becquet, Contejean, et ces jours derniers M. Bretillot. Francey était né le 19 octobre 1849; dès le début de sa carrière d'avocat, sa parole facile et brillante lui procura des succès au barreau de cette ville, et il devint facilement bâtonnier de l’ordre. Je nai pas à dire ce que fut l’homme public; d’autres voix l'ont dit plus éloquemment que je ne saurais le faire, lors de ses obsèques, et le même jour, le bâtonnier de l’ordre des avocats lui a décerné le titre de meilleur des confrères. Membre de la Société d'Emulation depuis 1884, il en fut élu Président annuel pour l’année 1903, et l’allocution qu'il prononça à la séance publique de cette même année donna la mesure du charme de sa parole. Tous ceux qui ont eu avec lui des relations de service ou d'amitié se rappellent avec émotion cette affabilité et cette courtoisie exquise qu'il Me po Pi apportait dans ses rapports avec tous, petits ou grands, et le souvenir qu'il laisse parmi ses concitoyens est celui d’un homme aimé et estimé de tous, et dont la parole, bien que souvent vigoureuse et énergique, n’a jamais volontairement blessé ceux dont il a toujours été un adversaire courtois et de bonne compagnie. Victor Guillemin était, lui aussi, membre de notre Société depuis 1884 : artiste, écrivain distingué, auteur d’un recueil de poésies, il x été en même temps fort apprécié comme critique d’art. C’est ainsi qu'il a écrit pour nos Mémoires une étude sur le peintre Ferdinand Perron, puis une autre sur le rénovateur de la peinture religieuse, le P. Hyacynthe Besson. Enfin 1l a donné une notice très développée sur la vie et les œuvres de l’éminent graveur Ferdinand Gaillard, et une étude sur les peintres anglais, réalisant ainsi, pour la peinture, ce modèle de critique d’art dont je demandais plus haut, pour toutes les branches des beaux-arts, des communications plus fréquentes dans nos réunions, Victor Guillemin a fait pour l’Académie de Besançon des travaux que des orateurs plus autorisés que moi retrace- ront dans le sein de cette savante compagnie et dans lesquels il a également rempli ce rôle de critique d’art auquel Pavait préparé son goût si sûr et si éclairé par des connaissances étendues et spéciales. Tous ceux aussi qui l’ont connu, ont apprécié son urbanité et sa courtoisie parfaite, et je crois être l’interprête de tous en affirmant que sa mémoire restera aussi Chère à sa ville natale qu'aux membres de notre so- ciété. Just Becquet, qui était membre honoraire de notre Saciété depuis 1904, fut le grand artiste et le sculpteur éminent qui a laissé dans notre ville et dans notre musée des œuvres qui illustreront sa mémoire. Je laisse à un de nos excellents collègues qui a bien voulu se charger de le faire dans cette séance, le soin de vous détailler cette vie artistique et de vous donner l’énumération de ses œuvres. Qu'il me suffise — 13 — de dire que notre ville et notre Société, en perdant Just Bec- quet, ont perdu un homme d'un caractère élevé, et un artiste dans toute la belle acception du mot, et notre compagnie, comme sa grande sœur, l’Académie, s'est empressée d’ap- porter sa pierre pour l'érection du monument qu’on se pro- pose de lui édifier dans notre ville. Charles Contejean, membre correspondant de notre Société depuis 1851, était né à Montbéliard en 1824. Docteur ès- sciences de la Faculté de Besançon, professeur à la Faculté de Poitiers jusqu’en 1890, il était un géologue et un bota- niste des plus distingués. Il a laissé de beaux travaux sur les rapports du sol avec la végétation, et a légué son herbier, qui ne contenait pas moins de 12,000 espèces de plantes à l'Institut botanique de Besançon, et sa bibliothèque à M. le docteur Magnin qui l’a également placée à. l’Institut bota- nique. M. Bretllot était membre de notre société depuis 1857, et son père en a été le Président en 1866. S'il n’a pas fourni de communications pour nos mémoires 1l s’est toujours fort intéressé à nos travaux et à lui aussi nous adressons un adieu cordial et ému. Enfin qu'il me soit permis en terminant de remercier la Municipalité de notre ville de l’honneur qu’elle vient de faire à l’un des membres honoraires de notre Société, M. le géné- ral Rolland, en faisant placer son portrait à côté de celui du général Marulaz dans l’un des salons de l'Hôtel de ville, et de perpétuer ainsi le souvenir des deux braves qui ont défendu la cité, l’un en 1815 et l’autre en 1870. Notre Société a perdu en peu de temps trois de ses mem- bres qui étaient, chacun dans leur genre, des hommes d’un goût éclairé et d’éminents artistes, je veux dire Bouchot, Becquet et Guillemin. Ils laissent un vide qui sera difficile à combler, mais qu'il ne faut pas pourtant désespérer de remplir. Aussi, renouvelons-nous en terminant, les prières et les adjurations qu’adressaient mes prédécesseurs à la 2 n jeunesse studieuse et artistique, et aux hommes de notre cité qui s'intéressent aux sciences et aux arts. Qu'ils veuil- lent bien prendre part aux travaux d'une Société dont les : débuts remontent à 1840, dont la marche a été quelquefois difficile, mais qui a su vaincre jusqu’à présent tous les obs- tacles qui ont para parfois en retarder le développement. En y adhérant, on est sûr d’y rencontrer des jouissances artistiques, littéraires et scientifiques tout au moins équi- valentes, si elles ne sont pas supérieures, à celles procurées par d’autres occupations plus modernes et plus passionnantes peut-être, mais en tout cas laissant moins de satisfaction à l'esprit et moins de contentement au cœur. PIE lu Doubs, 1907. lONC d'Emulati lété Fr LVL So JUST BECQUET (1829 -1907 JUST BECQUET SC ENV ER BB TSOMNT'IN Par M. le D' LIMON MEMBRE RÉSIDANT Séance publique du 19 décembre 1907. Cette année encore aura été pour notre Société d’'Emu- lation une année de deuil. Parmi les victimes de l’âpre destin dont notre président vient de retracer la carrière, un surtout, Just Becquet, sculpteur bisontin, a disparu emportant les regrets de tous, des Bisontins auxquels sa figure était si sympathique, des artistes auxquels sa belle carrière pouvait servir d'exemple, des amateurs d'art que son remarquable talent remplissait d’admiration pure. La Société d’Einulation se devait à elle même de rendre un dernier hommage, après tant d’autres déjà rendus, à ce grand disparu qu’elle s’enorgueillissait de compter parmi ses mem- bres d'honneur. * X x Just Becquet naquit à Besançon le 12 juillet 1829 (1), Son père, orfèvre dans la ruëé des Granges, appartenait à cette classe si intéressante de la petite bourgeoisie des villes, qui donna naissance à tant d'artistes. Une modeste aisance lui permit de donner à son fils une bonne et solide ins- (1) Et non en 1831, comme un certain nombre de ses biographes l'écrivent à tort dans leurs notices. He truction. Des humanités au lycée de Besançon, couron- nées par le baccalauréat de philosophie, furent une base. solide pour le goût sûr et pour la haule compréhension des chefs-d’œuvre des siècles passés qui caractérisent le sculpteur. On ne peut dire si la vocation de lPartiste ani- mait déjà l’esprit du jeune lycéen. Becquet racontait vo- lontiers, qu'étant enfant, il allait enlever le mastic frais dont les vitriers scellaient leurs carreaux, et quil se com- plaisait à en modeler de petits « bonshommes ». Faut:il voir là l’éveil de ce goût pour les arts plastiques dont il fit plus tard son unique préoccupation”? Il est permis de le supposer, car la fin de ses études classiques lamena sans aucune difficulté sur les bancs de l'Ecole municipale des Beaux-Arts. Son séjour ne paraît pas y avoir été de longue durée. Une communauté d'âge et de goûts l’avait lié étroitement avec un jeune bisontin, Paul Franceschi, appartenant à une famille d'artistes qui surent se faire un nom honorable dans notre ville. Le chef de cette dynastie d'artistes avait fréquenté les ateliers parisiens, et connaissant l’ardeur pleine de promesses montrée par le jeune Becquet, il n'eut pas de peine à lui persuader d’aller chercher auprès des grands maîtres de la capitale, avec les encouragements les plus autorisés, les leçons du talent. J. Becquet part donc pour Paris, vers sa vingtième année, et, d'emblée, il a la rare fortune d'être admis dans latelier de Rude. On sait de quel prestige jouissait alors lillustre auteur de la Marseillaise, et quelle influence prépondérante il exerçait sur la sculpture de son temps. Une pléïade d’artistes célèbres avaient passé dans son atelier et reçu de cet in- comparable chef d'école la sévère discipline qui conduit à la maitrise artistique, et l'intelligente direction qui pré- serve et développe les originalités. Plus que tout autre, Becquet subit l'influence du maitre, et il en garda la marque ineffaçable pendant sa longue et laborieuse carrière. Com- he bien profonde en effet, devait être l’impression produite sur ce jeune homme de vingt ans, arrivant de sa province et plongé subitement dans cette atmosphère frémissante de travail acharné, d'émotion d’art intense !. Le stage de Becquet chez Rude fut court. Le maitre ferme son atelier en 1851. Ses élèves se dispersent dans d’autres ateliers: la plupart se rendent à l'atelier rival, dirigé par l'officiel David d'Angers. Becquet, avec une in- dépendance d'esprit rare, se garde de suivre le courant; il préfère rester exclusivement fidèle au culte de son pre- mier maitre, et nous assistons à ce spectacle assurément peu banal de ce jeune homme, sans appui, sans guide, se plongeant volontairement dans une laborieuse solitude, mé- prisant les voies de l’école officielle. Seul, sans autre appui moral que celui de son maître Rude”qui vient lé visiter de temps en temps, il aborde uneamunet les difficultés -du- métier, il épure son goût, cherche" adompier la. matière inerte ét récalcitrante. Six années durant, il mène cette étrange existence de solitaire, sans maitre et presque sans amis, tout à son art, et cette dure école fait de lui ce qu’il sera désor- mais pendant sa longue carrière. un artiste probe, sévère pour lui-même et ennemi de là peu près. Cette obseure et Solitaire Communion avec son art ne cesse qu'en 1857, lors de son exposition au salon d’un Faune endormi, œuvre déjà remarquée, réaliste comme une œuvre de Rudé. Ce début le porte d'emblée à la con- naissance du public et des officiels de l’art, sans toutefois que les fumées d’une gloire naissante influent sur cette âme fortement trempée par les années de dure épreuve. Ses envois aux salons se font désormais avec régularité, mais sans précipitation. Ses œuvres viennent en leur temps, conçues sans hâte et finies avec scrupule, en dehors de | toute préoccupation de satisfaire les engouements capri- | cieux du moment. 19 ro Après le Frune endormi exposé en 1857, les salons annuels voient de Becquet un plâtre, un marbre ou un bronze, toujours remarqué du public, parfois louangé par la critique, et plus rarement acquis par lPEtat. C’est en 1859 un Saint-Sébastien en plâtre, qui fut repris plus tard dans ce marbre qu'on admire au Luxembourg ; le Doubs, en pierre (1861) qui orne la cascade de la place Granvelle, la Bonne femme de Franche-Comté du Musé: de Besançon (1865), le Vendangeur (1868) et l’Ismaël (1870), plâtres qui valurent à leur auteur deux médailles d'honneur, la statue en marbre du À. P. Ducoudray, récompensée avec une reprise en marbre de l’Ismaël par la croix de la Légion d'honneur, en 1878. Puis viennent entre autres œuvres im- portantes, la statue en bronze du héros de Belfort, le Colonei Denfert-Rochereau, érigée à Montbéliard (1879), le Faune jouant avec une panthère du Musée de Tours (1880), une Apologie de la vigne, marbre qui décore les jardins du Luxembourg (18861, le buste de son maitre Rude de la galerie des portraits du Louvre (1883), un Faune avec ne panthère, conservé au Musée Galliéra (1896), la Numis- matique, marbre commandé pour la Bibliothèque nationale, le beau marbre de l’Abime (1901), la statue de Victor Hugo, de Besançon, le Christ mort et le Joseph en Egypte qui firent l'admiration de tous au salon de 1904, et que les suffrages unanimes du public et de la critique désignèrent pour la grande médaille d'honneur du Salon. Ses dernières œuvres, Samson vainqueur du lion (1905) et Jean Misère à la porte du muuvais riche, traitées avec la même vigueur que les autres, pouvaient laisser prévoir une vieillesse féconde et sans défaillances, quand la mort le surprit en pleine activité le 25 février 1907. Une brève maladie vint mettre un terme à cette belle carrière d'artiste. Suivant sa propre volonté, sa dépouille mortelle fut conduite à sa dernière demeure au pays natal qu'il aima tant, dans un coin obscur du petit cimetière de St-Ferjeux, loin de la vaste et brillante nécro- ee] (de) pole. demandant encore après sa mort la calme solitude qu'il avait cherchée toute sa vie. On trouverait en vain, dans l'histoire de Part contempo- rain, une vie plus simple, un tempérament plus modeste et plus probe que ceux de J Becquet. Dès le début de sa car- rière, il s'était fait de son art un idéal élevé qu'il suivit sans s’en écarter jusqu'à son dernier jour. Inaccessible aux con- tingences de la vie, il ne vécut que pour et par son œuvre. De médiocre fortune, il se complut toute sa vie dans cette honorable médiocrité chère à lhomime pour lequel les suprè- mes jouissances de la création artistique constituent le plus grand bonheur. Dédaigneux de la réclame et de l'arrivisme, il trouvait dans des commandes de l'Etat, d’ailleurs assez mal cétribuées, dans les rares monuments élevés par des souscriptions publiques, dans des bustes de contemporains plus rares encore, les revenus à peine suffisants pour couvrir les frais de son travail de statuaire et assurer une existence cependant frugale. Pendant près de trente ans, il dut même recourir à son beau talent de violoncelliste pour subvenir à une partie de ses besoins matériels ; on le vit longtemps en effet tenir son pupitre à l'orchestre du Théâtre français, de- mandant à l’archet du musicien les ressources que l'ébau- choir du sculpteur ne pouvait lui fournir. Pour mieux se consacrer à son idéal, il se condamna de lui même à la vie solitaire. Jamais on ne le vit céder aux solhcitations mondaines qu un artiste de sa notoriété n’est jamais sans recevoir. Sa modestie se contentait des succès que la supériorité de son talent lui avait valu auprès du grand public ; son absence totale d'ambition lincitait à mé- priser le soin d'une réputation qui se soutenait d'elle-même. Son amour de la solitude l’avait fait émigrer loin du Paris bruyant et frivole, loin aussi des importuns qui aiment à OC es troubler la quiétude des ateliers. Tout au fond de ce quartier populeux et retiré de Vaugirard, il était allé planter sa sellette au milieu d’une cabane quelque-.peu rustique. isolée au bout d’un jardinet dont la maigre végétation égayait la monotonie des bâtiments de la grande ville. Aucun luxe, dans cette thébaïde où Becquet devait müûrir ses chefs- d'œuvre ; pas même cette ordonnance qui peut gêner les évolutions de l'artiste dans la fièvre de la création. Des plà- tres, des moulages, des débris de glaise, pêle-mêle avec les outils de travail, de la poussière même et des toiles d’arai- gnées témoins du mépris profond du maitre de céans pour les raffinements du confort. C’est dans ce milieu fruste que le maître pétrit à belles mains la matière sans crainte des éclaboussures ; c’est là qu’il évolue, avec sa figure énergique et rude de vieux paysan comtois. -[l a véritablement grand air, avec sa physionomie mâie et intelligente, son regard profond, sa barbiche grisonnante et sa chevelure longue et broussailleuse. Imposante et noble aussi est son allure calme, que la blouse maculée de glaise, ou que le justaucorps de velours brun ceignent cette belle et large poitrine. D’un abord facile, le maître entretient avec sim- plicité le rare visiteur qui vient le surprendre dans sa soli- tude. Sa conversation, exempte d'amertume, roule sur ses œuvres, dont il aime à narrer la genèse, sur son maitre vé- néré, « Monsieur Rude » dont il évoque toujours le souvenir avec émotion, sur la sculpture et sur la musique qu'il cul- tive avec une égale passion. Il parle en philosophe content de son sort, à qui la vie toute imprégnée d’idéal, au dessus des ambitions malsaines n'apporta que douceurs et satisfac- tions élevées. Jamais un mot malsonnant à l’égard de ses confrères en art; jamais un jugement injuste sur leur œuvre. Sa participation constante à tous les jurys des Salons montre bien la rare sympathie qui l’entourait dans ce inilieu si irritable des artistes. Et quand viennent les vacances, quand les mois canicu- Vo. laires ont rendu l'air de l'atelier irrespirable, Becquet vient. dans sa chère Comté se délasser de son labeur Journalier, et retremper dans les vertes collines qui abritèrent son en- fance son tempérament de vieux Comtois attaché au pays. Il abandonne sans regret ses études en cours, ses poudreuses maquettes de son atelier de Vaugirard, et s’en vient d'un œil attendri contempler ce paysage toujours aimé sous ses mul- tiples aspects. de la colline de Chaudane se reflétant dans les eaux calmes du Doubs. Il aime à en fixer les lignes un peu rudes en d'innombrables études d’un pinceau flou et naïf tout à la fois. Il s’enthousiasme pour ce petit coin de terre, quil connaît sous tôus ses aspects, et qu'il ne se lasse jamais d'admirer. Ces qualités de simplicité, d'indépendance, de haute pro- bité qui formaient le fond de son caractère, nous les retrou- vons singulièrement développées dans son œuvre. Il fit de la sculpture en toute sincérité d’âme, sans aucun souci des formules admises, sans se soumettre au goût du moment. Fils de ses œuvres dans toute la force de ce terme, 11 suivit aveuglément les inspirations de sa nature profondément artiste, en quoi il eut parfaitement raison, Car il réussit ainsi à se. créer une. place à part, et bien originale dans le monde de la statuaire contemporaine. Elève de Rude, il n’a pris de ce maitre que ce que ce dernier a bien voulu lui laisser. L’illusire dijonnais, admi- rable chef d'école plus encore qu'artiste prestigieux, se gardait bien de façonner ses élèves à son image. Il se bornait à leur imposer la féroce discipline de son art im- peccable, en laissant à chacun le libre épanchement de son tempérament propre. Il leur incu'quait sa science profonde des formes, son souci aigu de l'exactitude des détails, la haine des à peu près. Il s’attachait, en un mot à donner ao) de à ses élèves la science technique qui leur permit de tra- duire en toute perfection les inspirations de leur tempé- rament personnel. [l suffit de jeter un coup d’œil rapide sur l'œuvre de Carpaux, Fremiet, Cordier et de Becquet, pour constater combien ce maître éminent remplit dans sa tâche cet idéal si élevé. Becquet plus que tout autre, s’incorpora les principes du maître. On sait avec quel enthousiasme de néophyte il avait reçu les conseils de Rude; on connaît le culte véritablement filial qu'il professa pour lui jusqu’à son dernier soupir Le buste, de la galerie des portraits du Louvre, ébauché avec une sincère vénération, les souvenirs vécus qu’il retraçait tous les jours avec des paroles émues, une notice qu'il préparait sur son maître avec une pieuse pen- sSée et qui ne verra peut-être jamais le jour, peuvent donner une idée du prodigieux ascendant que Rude avait pris sur son élève, Si l’exacte observance de lanatomie des formes, si le culte du détail poussé jusqu’à l'infini sans nuire au mou- vement de l’ensemble et à la vérité des attitudes, sont le propre de Rude, on peut dire que Becquet procède direc- tement de son maitre. Ces qualités se remarquent au plus haut point dans les meilleures œuvres du sculpteur bison- tin, dans l’lsmaël et dans le Saint-Sébastien du Luxem- bourg, par exemple, autant que dans le Christ mort qui lui valut la grande médaille d'honneur du salon. L’intense sensation de beauté qui se dégage de ces œuvres émane moins de l’envolée du mouvement, qui est très simple. que de la vérité infinie des traits et du souci scrupuleux du détail. Becquet n’a point les superbes audaces de son rhaître, il n’a point cet admirable sens du mouvement qui anime d'un souffle puissant les œuvres de Rude; non plus que cette recherche de la beauté absolue puisée dans l'étude des artistes grecs. Son tempérament de vieux vigneron moe comtois observateur, s'il ne l’a point élevé vers les hau- teurs d’un insaisissable idéal, Pa du moins orienté vers les horizons d’un réalisme raffiné et sincère. Ses sujets sont toujours simples, ses conceptions exemptes d’inutiles recherches et facilement intelligibles ; mais l'exécution est si parfaite de vérité, si pure de goût, si sincère dans le détail que l'impression du chef-d'œuvre s'impose de soi- même avec force. Qu'il s'agisse du Judas pendu tour- menté par les affres de son horrible agonie, ou du Christ mort, dans la calme sérénité du tombeau, du Joseph en Egypte, dans sa pose hiératique, ou de la Source gra- cieuse et ingénue, l’indiscutable beauté de l’ensemble se dégage de l’harmonie parfaite des détails ; sans aucun effort apparent, avec un naturel étonnant, les parties scrupu- leusement observées et rendues avec une science consom- mée, se fondent en un tout harmonieux, toujours simple dans sa saisissante vérité. À travers tous ces marbres si parfaits d'exécution, on perçoit Fâme calme et exempte d’inquiétudes du vieux sculp- teur bisontin; on retrouve un reflet de cette vie limpide et sans tempêtes du laborieux anachorète du quartier Vaugi- rard. Sa nature si probe et si pondérée, en le préservant des excès où l’eut pu conduire un réalisme pris trop à la lettre, aidée de sa science profonde, a abouti à l’enfante- ment de tant d'œuvres belles dans leur simplicité, dont beaucoup résistant à l'épreuve du temps se classeront très certainement parmi les chefs-d’œuvre de notre époque. L'artiste probe. l’homme bon et simple dort maintenant de son dernier sommeil dans l’agreste solitude du petit cimenère de St-Ferjeux. Un Comité s’est formé sous-la présidence de M. Grosjean, maire de Besançon, pour hono- rer sa mémoire qu'un monument doit perpétuer sur une des places publiques de notre ville. On ne saurait trop en- courager cette généreuse initiative, et faire des vœux pour que la souscription ouverte permit de rendre dignement hommage à la noble et modeste figure du grand bisontin disparu. Société d’Emulation La Voix du violoncelle, par J. BFCcQuET . Femme d'Ornans, buste en plâtre. . Saint-Sébastien, statue en plâtre. . Le Doubs, statue en pierre, à la ville de Besançon. . Le Christ sur la croix, statue en plâtre. . Bonne femme de Franche-Comté, buste en marbre, au Musée de Besançon. . Le jurisconsulte Prudhon, buste en plâtre, bibliothèque de Besançon. Vache de race franc-comtoise, étude en plâtre. Lion et crocodile, terre cuite. Vendangeur, statue en plâtre. Ismaël, statue en plâtre. Victor Cousin, buste en marbre, à l'Ecole normale supé- rieure. . Lion, terre cuite reproduite en bronze en 1877. Une vache, terre cuite. Le RP Ducoudray, statue en. marbre. . Ismaël, reproduction en marbre du plâtre de 1870, Musée du Luxembourg. Joseph arrivé en Égypte, statue en plâtre. . Mademoiselle Bébé et nounou, bustes en terre cuite. Le colonel Denfert-Rochereau, statue en bronze, à Mont- béliard. . Faune jouant avec une panthère, statue en marbre, au Musée de Tours. . L'ingénieur Sommelier, statue en bronze, à la ville d’An- necy. . Saint-Sébastien, statue en marbre, au Musée du Luxem- bourg. . Psyché. . Apologie de la vigne, statue en marbre, au jardin des Tuileries. Ghrist sur la croix, bronze, au Musée de Saint-Brieuc. Etude de lion, bronze. François Rude, buste en plâtre, reproduit en marbre en 1891 pour la Galerie des portraits du Louvre. Génisse. étude en plâtre. Sœur Marthe, bronze pour le Comité bisontin des femmes de France, façade de l’hôpital Saint-Jacques. Judas, Statue en plâtre Source, statuette en marbre. Masque, étude en bronze. La Seine à sa source, Statue en marbre. La voix du violoncelle, statue en marbre. Monseigneur Ducellier, archevèque de Besançon, buste en marbre. Christ au tombeau, plâtre teinté. Faune jouant avec une panthère, statue en bronze, ac- quise par la ville de Paris, au musée Galliéra. La Numismatique, statue en marbre commandée par l'Etat pour la Bibliothèque nationale. Petite étude de génisse, marbre exécuté pour la ville de Paris. Portraitide MNA LE" "#buste: Buste de M. Himly, à la Sorbonne. Un vieil étudiant. La Vierge de Saint Ferjeux, statue en plâtre. L’'Abime, statue en marbre. L'apothtose de Victor Ilugo, statue en marbre, à la ville de Besançon. Luc Breton, sculpteur bisontin, buste en terre cuite. L’éternelle victime, statue en plâtre. Saint-Ferréol, apôtre de la Franche-Comté buste en terre cuite. Vierge à N.-D. du Chêne. Christ au tombeau, statue en marbre. Joseph en Egypte, statue en marbre. au Luxembourg. Samson, vainqueur du lion, marbre acquis par PEtat. Buste du sculpleur Desca. Jean misère à la porte du mauvais riche. 97, _ 1906. Buste de Me Bartholo. 1907. La Tunique de Nessus IInachevé). Sans date et non exposés aux Salons : La Bruyère, statue en pierre, à l'Hôtel de ville de Paris. Le groupe des Beaux-Arts, à l'Hôtel de ville de Paris. Buste de saint Jean, à la basilique de Saint-Jean, Besançon. Figures du Tympan, et de la Foçade de la basilique de Saint- Ferjeux, à Besançon. Flore, statue en bronze, Fontaine-Flore, à Besançon. La danse, statue en pierre, au Casino des Bains salins de la Mouillère. Buste de Galbrunner. Buste de Bérard. J. Becquet reçut tous les honneurs qui peuvent flatter l’amour-propre d’un artiste : Médaillé aux salons de 1867 et 1870. Médaille de 1re classe au salon de 1877. Médaille d'argent à l'Exposition de 1878, et décoré de la Légion d'honneur. Médaille d'argent à l'Exposition de 1889. Officier de la Légion d'honneur 1898. Médaille d’or à l'Exposition de 1900. Grande médaille d'honneur du salon 1904. UN LIVRE PCENT SUR LA CUISINE FRANC-COMTOISE Par M. Georges GAZIER SECRÉTAIRE DÉCENNAL Séance publique du 19 décembre 1907. MESDAMES, MESSIEURS, Vous venez d'entendre traiter avec beaucoup de compé- tence d'histoire, d’art et de science. Tout à l’heure vous serez sous le charme de délicates poésies, œuvre d’un poète sin- gulièrement apprécié et estimé des connaisseurs, qui, Com- tois de pure race, a su se faire un nom célèbre même hors de sa province natale. Comment allez-vous donc juger celui qui à cette heure prétend vous parler de cuisine, sans avoir d’ailleurs sur ce point aucune connaissance particulière ? Si encore, direz-vous, il savait assaisonner ce plat, étrange au milieu du menu que vous sert aujourd'hui la Société d'Emu- lation, d’un peu de sel attique! Mais hélas ! c’est tout au plus s’il n'emploie pas un latin de cuisine, et encore seulement parce que la langue de Cicéron n'est plus de nos jours comme jadis celle des réunions littéraires. Toutefois, avant de me condamner, Mesdames et Messieurs, laissez-moi vous expliquer par quelles raisons, bonnes ou mauvaises. je cherche à justifier mon audacieuse prétention. Tout d'abord vous êtes comtois et vous ne me démentirez pas, je l'espère, si je dis que l’une de vos qualités est d'être de fins gourmets qui ne méprisent pas absolument les plai- sirs de la table. C'est du moins votre réputation bien établie et la dénomination même donnée aux sociétés de comtois hors de la province, dont le nom de « Gaudes » est celui d'un mets, plus ou moins national d'ailleurs, confirme la haute opinion qu'ont de vous sur ce point les étrangers à notre pays. Ensuite, et c'est là ma véritable excuse, je ne ferai guère qu'analyser, en vous en citant quelques extraits, un livre qui vient de paraitre. Les Menus propos de la cuisine com- toise, par une vieille maîtresse de maison (1), sont un de ces rares ouvrages qu'on lit aujourd'hui jusqu'au bout avec le plus vif plaisir sans un instant de lassitude. L'auteur qui cache sous l'anonyme sa personnalité d'historien érudit et de littérateur distingué, a su en effet égayer son sujet parfois aride de piquantes observations, de spirituelles anecdotes, souvent aussi de souvenirs comtois du plus haut intérêt. Il commence par nous exposer tous ses titres culinaires et croit nous convaincre de sa compétence parce qu'il aurait eu dans sa jeunesse une vieille cuisinière qui était un cordon bleu émérite, ou parce qu'un sien grand oncle, marquis dans l'armée de Condé, serait deveuu dans les tristes Jours de l'exil chef de bouche du duc de Wurtemberg. La vérité est que la vieille maitresse de maison est par dessus tout une fine bouche au palais délicat, qui, pour elle-même et surtout pour ses hôtes, aime une table garnie de plats succulents ; ne réunissant autour d'elle que des gens de la meilleure com- pagnie, elle veut flatter leur goût en ne leur offrant que des mets savoureux et surtout apprêtés avec un art consommé. C’est ce qui l’a amené à mettre un peu elle-même, comme elle le dit, la main à la pâte, et à connaître ainsi toutes les précieuses recettes dont elle nous livre aujourd'hui le secret. (1) Besançon, Jacquin, 1907. in-16. Cf. également un article signé Bastien Lepage dans la Revue de Franche-Comté (n° d'août-septembre 1907) et le compte-rendu fait par M. L. PINGAUD dans le Bulletin de l’Academie des Belles-Lettres, Sciences et Arts de Besançon (4e trimestre 1907). A Le Après ce préambule, l’auteur entre directement en ma- tière. Son premier chapitre étudie les avantages et les in- convénients réciproques des divers ustensiles de cuisine. Je vous livre ses conclusions sans avoir l'intention de me pro- noncer en pareille matière, À t-il raison de soutenir comme indiscutable la supériorité des pots et casseroles de terre et de fonte sur les plats émaillés, nids à appendicites, ou sur ceuxen cuivre d'un entretien si difficile ? À vous, mesdames, de le dire et il est probable que sur ce point vos avis seront très partagés. De mêrne tout le monde n'est pas coavaineu que l'antique pot au feu soit le plus délicieux des potages. Il est vrai que Molière l'a dit avant l’auteur, et demandait à sa servante Martine d'écorcher tant quelle voudrait dans son langage les noms et les verbes plutôt que de saler trop son pot. Per- sonnellement peut être je serais de son avis, mais Je me garderais bien de le dire, de crainte d'attirer sur moi les foudres des docteurs qui ont affirmé que le bouillon recélait de nombreux microbes et n’avait d'autre part aucune valeur nutritive ! La vieille maîtresse de maison leur affirme bien qu'ils ne savent ce qu'ils disent, mais cette brave dame est terriblement audacieuse et nous nous garderions bien, pour ne pas nous brouiller avec ces messieurs de la Faculté, de faire nôtres ses opinions sur ce point. N'ose-t-elle pas en etfet écrire encore ces lignes révolutionnaires au premier chef à propos du régime lacté souvent imposé par les méde- cins aux malades « Que dire du parti pris des docteurs de proscrire notre Joli vin rouge et d'appliquer à tous les malades imndistinctement le régime du lait et des œufs? Ils vous disent à cela que le lait et les œufs sont des aliments complets. Laissez-moi donc tranquille! je l’ai subi pendant quinze jours, leur régime d'aliments complets et je m'en allais grand train au Champ Brülé. Heureusement j'ai eu le bon sens de revenir à temps au régime de Tronchin, l’oracle et l’ami de ma grand'mère. Ce régime de Tronchin SAV re consiste à affirmer que la nature se suffit presque toujours à elle seule, qu'un médecin sage doit la retenir, quand elle est trop active et l’exciter quand elle s’endort ; mais que c’est elle seule qui guérit. J'ai planté là mon docteur et son ré- gime, je me suis sauvé à la campagne où je me suis grisée de grand air, me levant dès l'aube pour faire de longues courses, pour tronchiner comme disaient nos aïeules Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile Cotillon simple et souliers plats. On m'avait naturellement interdit le bouillon, le pois‘on et le vin sous peine de tomber dans la bradypepsie, de la bradypepsie dans la dyspepsie... J’ai pris de lPexcellent consommé à tous mes repas, Je me suis gorgée de poisson à toutes les sauces, et j'ai arrosé tout cela de mon cher petit reginglet, de bouquet si frais et si discret, avec qui Je fais si bon ménage, et dont trois doigls, que je m'appli- quais pur au ‘dessert, baronnaient si joliment dans mon verre. Quinze jours de ce régime là et j'étais méconnais- sable. Je crois bien que mon pauvre docteur m'a gardé une dent de lait d’avoir guéri contre son ordonnance, mais lmemmrieux ca que d'en être morte ». On peut s'exprimer ainsi quand on est déjà arrivé, comme l’auteur de ce livre, à un âge respectable et que, toujours jeune de corps et d'esprit, on a gardé une excellente santé. Mais nous autres, pauvres mortels qui avons encore besoin des médecins, éb'quivsavons d'autre part les miracles que leur science opère si souvent et tout particulièrement par ce régime lacté, nous nous refusons de parler d'eux avec cette ironie, qui, après tout, n’a pas si bien réussi à ce pauvre Molière mort après avoir à peine franchi la cinquantaine. Les Menus propos après l’éloge du bouillon font celui de la panade, le plus authentiquement comtois des potages, paraît-il, et que nos seuls compatriotes ont su réussir dans la perfection. Il est vrai que si l’auteur accorde cette supé- eo riorité aux habitants de la Cointé, il leur retire aussitôt après celle qu'ils prétendent avoir au sujet des Gaudes, que l’on consommait, dit-il, dans beaucoup de provinces au moins autant qu’en Franche-Comté et dont on savait faire ailleurs une farine bien plus savoureuse que chez nous... C’est égal, beaucoup parmi nous auraient préféré n'avoir pas la palme dans la panade et la conserver dans ce mets plus original que sont les Gaudes, dont le nom, que l’on a rapproché du Gaudeamus des Romains, est plu: réjouis: sant que celui de son concurrent devenu dans l’argot, syno- nyme de misère | Suivent ensuite de précieuses recettes pour exécuter des sauces à s’en lécher les doigts, offrir des entrées exquises, pour préparer des poissons dignes de la table des dieux, accommoder de succulentes écrevisses, traiter des salmis de bécasse de façon à les rendre aussi appétissantes que celles qui faisaient donner à ce plat par les Goncourt l’épithète de fricots sublimes, ou pour présenter un rôti cuit à point. Le temps nous manque pour entrer à ce sujet dans de longs détails : contentons-nous de recommander aux ménagères la lecture de ces procédés culinaires grâce auxquels elles présenteront toujours à leurs invités des repas délicieux et feront ainsi qu'une aimable gaieté, résultant d’estomacs satisfaits, présidera toujours à leurs festins. De tous ces chapitres, retenons seulement ici l'éloge de ce précieux compagnon de l’homme si injustement décrié qu'est le porc. La vieille maitresse de maison adresse un souvenir ému à l’ancienne race des cochons comtois, à peu près disparue aujourd’hui, qui fournissait dans l’an- tiquité et au Moyen-âge des salaisons universellement ré- putées. Il salue ces animaux si utiles, « hauts sur pattes, de forme allongée, la robe blanche largement tachée de noir, les oreilles bien relevées, le museau rose et la queue en tire-bouchon serré », dont on faisait, par une habile pâture «avec un lard rosé, parfumé et qui se gonflait = SN à la cuisine, des cochons n'ayant que peu de graisse, mais la chair fumée, grenée, savoureuse ». Aujourd'hui, ditil, on a transformé par des croisements avec des produits d'extrême Orient, la vieille race des gouris qu'avait si bien chantés dans la langue des dieux et Max Buchon, et Henri Bouchot et de nos jours Louis Duplain: on recherche une graisse excessive, mais la chair est dure, sans saveur, si bien que notre glorieuse renommée d’antan risque fort de n’être bientôt plus qu’un souvenir. Puissions-nous du moins conserver à nos vignobles un peu de la réputation si grande qu'ils avaient jadis et qui, dès le temps d’'Erasme, grand amateur de nos vins, valait à la Franche-Comté l'appellation de petite Bourgogne. L'auteur des Menus propos ne croit pas à notre décadence sur ce point et loue nos Tros-Chatels, d’une si agréable fraicheur, d’un bouquet si fin et si discret, notre Château-Chalon avec sa couleur d’or vert et son adorable goût de noisette Il ne recule même pas devant cette affirmation que beaucoup d'entre-vous contresigneront sans doute que nos « vins mousseux, quand ils sont de grandes années et artistement conduits, peuvent soutenir la comparaison avec le meilleur des Champagnes. » En écoutant tous ces conseils pratiques de la maîtresse de maison nous flatterons sans doute les palais les plus diffi- ciles. Est-ce à dire que nos diners ainsi préparés auront tou- . Jours pour nos convives un charme indiscutable ? Mais si cela était, nous ne verrions pas tant de personnes distinguées chercher d'honnêtes prétextes pour décliner des invitations à des repas cependant succulents ou ne s’y rendre qu’à re- gret. Ce fait vient de ce que nous ne nous asseyons avec un plaisir réel qu’à une table où nous nous sentons entourés de personnes sympathiques, intelligentes et de bonne éducation. Aussi l’auteur des Menus propos croit-il qu’il ne serait pas complet s’il ne nous parlait, et même longuement, du savoir- vivre à table. OUR pe Pour traiter de facon sérieuse cette matière, il a étudié tous les auteurs qui depuis le xvi siècle ont codifié les prin- cipes de la civilité puérile et honnête, comme ils disaient. Et cette étude l’a amené à des constatations curieuses qui montrent comment à travers les temps, les goûts et les idées peuvent changer. C'est ainsi qu’autrefois il était de bon ton de couper son pain avec son couteau, tandis qu'aujourd'hui on doit le rompre avec ses doigts. En plein grand siècle, on avait encore des habitudes qui nous choqueraient fort au- jourd'hui. Ainsi Courtin (1). dans son Nouveau traité de la civilité française, paru en 1671, déclare « gravement qu'il faut essuyer votre cuillère quand vous la mettez au plat, car 1l va, dit-il, des « gens si délicats qu'ils ne voudraient pas manger de potage où vous l’auriez mise après l'avoir portée à la bouche ». De même, dit-il, quand, après vous en être servis, vous passez votre cuillère ou votre fourchette à votre voisin, 1l est bon auparavant de l'essuyer avec votre serviette: Il paraît qu'il y avait alors des gens qui se tenaent à table de façon bien grossière. car le bon Courtn eroit devoir leur donner des conseils qui font sourire aujourd’hui. & [1 n°v a rien de plus mal appris, dit-il, que de lécher ses doigts, son couteau, sa cuiller ou sa fourchette, ni rien de plus vilain que de nettoyer et essuyer avec les doigts son assiette et le fond de quelque plat ; ou ce qui est encore pis, de boire à même le reste du bouïlon, de la sauce et du sirop, ou de le verser dans sa cuiller, c’est s’exposer à la dérision de toute la compagnie. Il faut quand on a les doigts gras ou (1) Courtin, à la fin de son traité, reconnait du reste que les règles qu’il donne ne sont pas immuables et pourront changer à l'avenir. Au- frefois, dit-il, on pouvait crachér à terre devant des personnes de qualité et il suffisait de mettre le pied sur son crachat pour être civil ; on pou- vait bailler en public sans choquer personne, etc. Aussi conclut-il sage- ment. que l’usage peut changer mais qu'on sera toujours civil quand on sera modeste, el toujours modeste quand on sera humble. 99 — son couteau, ou sa fourchette, etc., les essuver à sa ser- viette et jamais à la nappe. » Il est vrai que le grand roi lui-même, que l’on se figure toujours solennel et majestueux avec son impeccable per- ruque, était le premier à se permettre à table des facéties du plus mauvais goût. Saint Simon nous raconte, par exem- ple, qu’il s'amusait beaucoup à tourmenter, durant les repas, Me de Thianges, qui était fort propre. « Le roi prenait plaui- sir, dit l’auteur des Mémoires, à lui faire mettre des cheveux dans du beurre et dans des tourtes et à lui fire d’autres vilenies pareilles. Elle se mettait à crier, à vomir et lui à rire de tout son cœur. » C'était, selon le duc &@e Luynes, un autre divertissement du monarque de Jeter des boules de pain aux dames ; il permeitait du reste qu’elles lui en Jetassent toutes, et non seulement des boules, mais des pommes, des oranges, etc. « On prétend, ajoute le chroni- queur, que Mlie de Viautais, fille d'honneur de Madame la princesse de Conti, fille du roi, à qui le roi avait fait un peu de mal en lui jetant une boule, lui jeta une salade tout assaisonnée ! » Les auteurs d'ouvrages de bienséance du Xvir et xvirre siècles, en disant qu'on doit offrir aux invités de marque les morceaux de choix, indiquent quels sont ces morceaux de choix. À vous de juger si vous auriez voulu alors être la personne du festin à qui l’on voulût bien faire honneur. « La poitrine du chapon et de la poule, dit le P. de la Salle, passe pour le meilleur endroit; on estime les cuisses meil- leures que les ailes ; les cuisses aussi valent mieux dans les oiseaux qui volent en l’air. Ce qu’on estime le plus dans les poissons d’eau douce, c'est la tête et le morceau qui avoisine les ouïes » (1). | (41) Courtin, dans son Nouveau trailé de la civilité française, si amu- sant et si curieux pour qui veut se rendre compte des usages mondairs au XVIIe siècle, établit au sujet des meilleurs morceaux des volatiles une subtile distinction : « Pour ce qui est, dit-il, des viandes que nous appe- OT den Un usage curieux encore des derniers siècles était celui qui voulait que l’on prit ses repas le chapeau sur la tête. En entrant dans la salle à manger, on se découvrait pour le Benedicite puis on remettait sa coiffure. Cependant on devait saluer avec son chapeau toutes les fois qu’un voisin vous faisait une politesse. « Quand une personne de qualité vous parle. dit Courtin, il faut aussi se découvrir pour lui ré- pondre... il faut observer la même civilité toutes les fois qu'on nous parlera, jusqu’à ce qu'on nous l'ait défendu, après quoi, il faut demeurer couvert, de peur de fatiguer par trop de respect. » Aujourd’hui on juge fort mal élevée une per- sonne qui. même dans un restaurant public, reste la tête couverte. Cependant un dernier vestige de cet usage subsiste encore, au moins en province, Car la capitale a fini par s’en délivrer. N'est-ce pas de là en effet que vient cette coutume pour les hommes, quand ils vont diner en ville, d'entrer dans le salon pour saluer leurs hôtes, leur chapeau à la main, au lieu de le laisser au vestiaire. [1 y a quelques années encore un invité à Paris aurait paru n'avoir qu'une éducation imparfaite s’il n'avait agi ainsi, et cependant quelle gêne souvent pour lui, au moment de passer dans la salle à manger, de trouver un coin dans le salon pour déposer ses hauts de forme ! Quel joli spectacle dans un salon luxueux que cet étalage de vilains chapeaux posés sur les meubles dorés. les pianos, les candélabres, coiffant parfois les plus belles œuvres d'art! Paris s’est affranchi enfin de cette coutume importune, et personne ne regrettera certainernent de voir la province suivie bientôt ce sage exemple. lons volatiles et qui se servent rôties, la maxime constante des gens qui se connaissent en bons morceaux et qui raffinent sur la délicatesse des mets, est que de tous les oiseaux qui grattent la terre avec les pieds, à la réserve de l1 bécasse, Les ailes sont toujours les plus délicates ; comme au contraire les cuisses sont les meilleures de tous ceux qui volent en l'air : et comme la perdrix ne s'élève pas fort haut, elle doit par conséquent être mise au nombre de ceux qui grattent la terre. ». Fe RENTE A la fin de son livre, l’auteur des Menus propos se laisse aller à nous conter ses vieux souvenirs comtois dans un chapitre intitulé « les mardis de ma mère ». Sa mère, per- sonne de la plus haute distinction, avait en effet l’habitude tous les premiers mardis du mois de réunir à sa table l'élite intellectuelle de Besançon, ses amis, et des hôtes de pas- sage. Une société choisie était heureuse de s y rencontrer à date fixe et ce devait être des soirées fort agréables si l'on en juge d'après les noms des convives ordinaires. C'était tout d’abord Charles Weiss, le spirituel bibliothécaire de Besançon, l’ami de Charles Nodier, à la conversation fort agréable. « [1 y avait, dit notre auteur, peu de convives plus charmants : il penchait la tête comme un épi mûr; ses yeux petits étaient perçants et parlants ; sa bouche mince et pincée comme prête à lancer le trait ; son nez pointu, afliné et fu- reteur, tout concourait en lui à souligner l'air fin et malicieux du masque. Il était plein de souvenirs qu'il contait à mer- veille, sans perdre un coup de dent, ni laisser échapper un2 des délicatesses du menu; ayant toujours en réserve quel- ques anecdotes, ce qu'on peut appeler du bon xvirre siècle, li en mouvementait le récit d'une telle action qu'il lui arri- vait, pour aiguiser le trait final, de se soulever de table en lançant un vif éclat de rire auquel toute la table faisait écho. » A côté l’on voyait Charles Lévêque, professeur de philosophie à la Faculté, qui attirait à ses cours une foule nombreuse que le talent du maitre savait passionner sur les questions les plus ardues de l'esthétique et la métaphysique, et qui prépa- rait déjà alors son livre de la science du beau qui devait le conduire à la Sorbonne et à l’Institut. L'abbé Besson, le futur évêque de Nimes, était aussi l’un des assidus à ces réunions. Parfois venaient à ces diners des personnes de marque de passage dans la ville. Sainte-Beuve y fut en 1852 amené par Charles Weiss. « À l’annonce d'un pareil nom, on juge de notre surprise émerveillée ; mais lorsqu'il eut franchi la porte, l'impression fut pénible; il était franchement laid : la figure — 38 —. boursouflée, le crâne en pain de sucre, chauve et luisant ; de gros yeux à fleur de tête; un nez et une bouche de sen- suel et de gourmand, et puis il zézayait. Mais il avait à peine parlé que ses disgrâces se changeaient en séduction: sa con- versation était pleine de verve, de saillies, de jets, de coquet- teries exquises ; il ne procédait pas par grands aperçus, mais par petites touches et retouches, par des efforts heureux et qui aboutissaient à des vues lucides et perçantes. » X. Mar- mier, dont la réputation fut au moins aussi grande à cause de ses succès mondains que par suite de ses talents littéraires, vint aussi chez la mère de Pauteur des Menus propos; de même on v voyait Edouard Grenier, le poète si délicat, dont la correspondance avec les plus grands écrivains de son temps, correspondance qui, suivant ses dernières volontés, vient d'entrer à la Bibliothèque de Besançon, sera un jour une source des plus précieuses pour l’histoire littéraire de la seconde moitié du xixe siècle. Bref on n'admettait dans ces réunions que des esprits d'élite, et on ne s’étonne pas alors de constater que l’auteur des Menus propos, qui a grandi dans ce milieu choisi, soit devenu lui-même un de nos écrivains les plus fins et les plus distingués. La vieille maîtresse de maison est un historien d’une franchise absolue qui ne craint pas d’aller jusqu'au bout de sa pensée, et de la dire sans ambages, dût son opinion ne pas plaire à autrui. Evidemment elle regrette le bon temps de sa jeunesse et elle ést très choquée de bien des choses qu’elle constate aujourd’hui. Elle gémit sur les méfaits de la civilisation qui se sont manifestés à Besan- con comme ailleurs: elle est exaspérée par exemple par l'enchevêtrement des fils du télégraphe et des trolleys qui ont déshonoré les lignes sévères de notre Hôtel de ville, son irritation est grande contre les usines qui ont recouvert avec leurs forêts de cheminées les vertes prairies des Prés- de-Vaux; elle pleure sur le Doubs jadis si limpide, qui char- rie maintenant des eaux couleur de suie. La substitution des’ Se poèles au foyer dans la cuisine, l'invasion des méthodes parisiennes venant remplacer les méthodes comtoises, léta- blissement des chemins de fer amenant la disparition des relais de poste qui étaient des auberges bien tenues, tout cela excite sa verve irritée. La pauvre dame trouve que les nouvelles générations sont loin à tous points de vue de valoir les anciennes. Nos jeunes filles même ne trouvent pas grâce devant elle et elle leur dit leur fait au milieu d’une apologie de baise main qui lui semble bien préférable à la vulgaire poignée de main: « De notre temps, dit-elle, l'idée ne nous venait pas de serrer la main aux plus intimes des amis de nos frères, tandis que aujourd’hui, il suffit à nos jeunes filles nouveau jeu d’avoir échangé une balle au tennis avec un petit monsieur quelconque mais chie, pour qu'elle en vienne à lui serrer la main en coup de pompe ». Evidemment il y aurait bien des arguments à opposer à ce dénigrement du présent à l'avantage du passé. Mais ce serait tout le grave problème de la réalité du progres et des bienfaits ou des crimes de la civilisation qu'il fau- drait aborder. Donnons plutôt l'exemple d’une sage mo- dération et, tout en affirmant que le meilleur temps de vivre pour un homme doit toujours être celui où il vit, concédons à la vieille maîtresse de maison qu'il v avait dans sa jeunesse beaucoup de belles et bonnes coutumes dont la disparition est des plus regrettables, mais que notre époque, malgré certaines apparences contraires, pré- sente sur celles’ qui l'ont précédée de réels avantages, et qu'à tout prendre, on n’est ni plus heureux ni plus malheu- reux qu'autrefois. Soyons optimistes et disons dès à pré- sent Ce que nous dirons plus tard à nos petits enfants, à savoir que le début du xxe siècle, qui a remué tant d'idées et soulevé tant de problèmes, a rendu à l’humanité toute entière d’inappréciables services dont les effets lointains contribueront à lamélioration matérielle et morale de l'espèce. 0 N'en remercions pas moins la vieille maitresse de muison dé nous avo/r donnéuce livrelquetseule peut-etre teile pouvait écrire et qui restera comme un document pré- cieux sur toute une époque disparue. Les Menus propos sont une causerie aimable et enjouée en même temps qu’érudite : l’auteur nous permet à la fois de faire d’excel- lents dîners et ensuite de passer en le lisant des soirées fort agréables. Combien d'ouvrages peuvent se vanter d'obtenir simultanément ce double résultat! Lisez-le mes- dames et messieurs, votre estomac et votre bon goût in- tellectuel me sauront gré de vous lavoir signalé. DONNE LS Par M. Frédéric BATAILLE MEMBRE RÉSIDANT Séance publique du 19 décembre 1907. SUR LA MORT D’UNE JEUNE FILLE A mon ui M. W. Jeuñesse, esprit, talent, vertu, grâce, beauté, Elle avait tous les dons, elle avait tous les charmes. Sa voix était douceur et son regard bonté, Faits pour guérir les cœurs et pour sécher les larmes. Son front calme était pur comme un lac des glaciers, Sa bouche était candide et son âme sereine, Et quand elle passait dans l’herbe des sentiers, Les Iys disaient : « C’est notre sœur et notre reine ! » Elle n’est plus : la mort l’a fauchée en sa fleur : L'enfant dort dans la tombe où repose la mère ! Ee père maintenant est seul dans sa douleur. La plaie est double, hélas ! rouverte et plus amère : Il pleure d’avoir vu s’envoler sans retour Sa dernière tendresse et son premier amour ! Saint-Claude, le 17 décembre 1907. IT « POST MORTEM » La mort a fait son œuvre et le cœur ne bat plus ; La lumière est éteinte et la lampe épuisée ; Le moteur est inerte en la machine usée Et ses suprêmes mouvements sont révolus. De la vie a cessé le flux et le reflux ; Les sens sont abolis dans une chair glacée : Plus de souffle, de voix, de regard, de pensée ! Le corps S’effondre et tombe en proie aux vers goulus. La forme même rentre au creuset du mystère ; L’être dissocié retourne aux éléments, Dans l’espace et le temps dont il est tributaire. Mais l’immortel flambeau passe aux mains des amants, Et l’œil humain verra toujours les cieux cléments, Féconder et bénir les amours de la terre. Saint-Claude, le 7 avril 1907. I LE CHÊNE AUX ABEILLES (1) A mon ami Louis Gevrey. Sous le chêne géant, patriarche des bois, Où les nymphes au clair de lune font leurs danses, Où viennent les bergers dire leurs confidences, Je vais souvent m’asseoir pour jouir de ses voix. Car l’antique témoin parle et chante à la fois ; Il a des mots profonds et de nobles cadences ; Le vent sacré qui passe entre ses rameaux denses Répète une épopée où chevauchent des rois. Quand j'écoute au printemps, appuyé sur sa mousse, Le bruit des siècles morts que son front vit finir, J'entends à son sommet une chanson plus douce, L’unisson fraternel, l'hymne de l'avenir Harmonieusement rythmé par les abeilles Qui vont cueillir la manne à ses feuilles vermeilles. Saint-Claude, le 17 septembre 1907. (4) Au printemps, les premières feuilles du chêne, d’une tendre cou- leur pourpre et or, sont couvertes d'une sorte de viscosité ou manne su- crée, que recherchent les abeilles. Dès le lever du soleil, les actives ouvrières y volent en foule, et l’on peut alors entendre sur l’arbre un mur- mure continu et cristallin d’une infinie douceur causé par leur bourdon- nement, LES EMPOISONNEMENTS PAR LES. CHAMPIGNONS COMESTIBLES OU VÉNENEUX Par M. le Dr Ant. MAGNIN Doyen de la Faculté des Sciences Membre résidant Séance publique du 19 décembre 1907. MESDAMES, MESSIEURS, L'utilisation des Champignons dans l’alimentation est une des questions qui intéressent tout le monde, le riche et le pauvre, le savant et l’ignorant, le naturaliste, l'artiste et même le poète: les Champignons figurent. en effet, avec honneur, dans les diners les plus somptueux; ils com- plètent l'ordinaire des familles plus modestes; ils cons- tituent enfin entièrement, dans certaines contrées, le repas de l’ouvrier et des paysans qui n’ont que la peine de les cueillir dans les prés et dans les bois (1); d'autre part, leur organisation, leur développement et les particularités si curieuses de leur vie, ont suscité les recherches de nom- breux mycologues ; des artistes habiles se sont efforcés d’en reproduire fidèlement le port et le-colonis-etides poètes, comme notre compatriote, M. Fréd. Bataille, n’ont pas dédaigné d’en étudier, en naturalistes, les caractères et les propriétés. Mais si, tous, nous pouvons trouver dans les Champi- (1) Sur l'alimentation exclusive par des Champignons, voy. plus loin, p. 49. gnons, dans ces végétaux si abondamment répandus par- tout, sous les climats les plus divers, soit un objet d'étude scientifique ou artistique, soit une ressource gastronomique ou alimentaire, tous, nous sommes exposés, le savant comme ignorant, le riche comme le pauvre, à ressentir les effets funestes produits par plusieurs de ces végétaux ; et comme les empoisonnements deviennent de plus en plus fréquents, il m'a semblé intéressant et utile de résumer dans cette conférence ce que l’on sait sur ce sujet, en signalant par- ticulièrement les cas singuliers qui semblent quelquefois inexplicables et contribuent à jeter le discrédit sur l’em ploi culinaire des meilleurs de ces cryptogames (1), Toutefois, avant de vous parler des empoisonnements par les Champignons, il me faut, pour la complète intel- ligence des faits que je vais exposer dans cette causerie, rappeler en quelques mots leur organisation générale. Prenons pour exemple le Champignon le plus commun, le Champignon de couche, muni d'un anneau et à feuillets roses; si on l’arrache avec soin, dans les prés, en enle- xant délicatement la terre, on constate que le pied'est adhérent à des filaments blancs, ramifiés, feutrés, ram- pant dans le sol; ces filaments, le blanc de champignon des horticulteurs, constituent la plante véritable, lappa- reil végétatif, le thalle, le mycelium des botanistes; le (1) L'étude des Champignons intéresse aussi d'une manière particulière les Bisontins et les Francs-comtois; notre contrée est la patrie de bota- nistes distingués, très versés dans la science de ces végétaux, comme le regretté D' Quélet (d'Hérimoncourt), MM. Patouillard (de Salins), Hétier (d’Arbois), ou des mycologues experts, parmi lesquels j’ai plaisir à citer: MM. Boyer (actuellement à Besançon), Grosjean (de Mézières), Bernard, L. et P. (de Montbéliard), et les autres représentants de la mycologie à la Société d'Emulation et à sa jeune sœur, la Société d'Histoire naturelle du Doubs, MM. Rivet, Hillier, Cattet, Blind Bernard, Amstutz, Ordinaire, Courtet, Vincent, Mike Crétet, M. Grosperrin (l'auteur des beaux dessins illustrant cette conférence) ; en tête de cette phalange, il convient de placer M. Frédéric Bataille, l’éducateur et le poète bien connu, l'élève et le digne successeur de Quélet. Sn en chapeau avec son pied n’est qu'une sorte de fruit, plus exactement un appareil reproducteur. Ce chapeau porte, en effet, à sa partie inférieure, des lames rayonnantes qui, examinées au microscop®, laissent voir une membrane en recouvrant les deux faces: c’est l’hymentium formé de cellules dont certaines portent de petits corps arrondis, ou spores; ces sortes de grains tombent à terre, germent et reproduisent les filaments du mycelium, qui bourgeonne en certains points pour don- ner naissance à de nouveaux chapeaux. Tous les Champignons n'ont pas cette organisation. Dans les WMorilles, par exemple, le mycelium souter- rain produit hors de terre un pied blanchâtre qui se renfle à son sommet en une masse conique ou ovoide, noire, brune ou jaunâtre suivant les espèces, creusée d’alvéoles ou parcourue par des crêtes anastomosées; ces alvéoles sont aussi tapissées par un hymenium dont les cellules fertiles contiennent les spores au lieu de les porter à leur eExtréniLe. Dans la Truffe, sorte de tubercule croissant complètement dans le sol, les cellules fertiles sont contenues dans l'inté- rieur même du Champignon. Onvoit déjà, par ces exemples (que les Champigvons diffèrent complètement des autres plantes par l'absence de tige, de feuilles, de fleurs ; ils s’en éloignent encore par leur structure, ne renfermant jamais de vaisseaux, c’est-à-dire de ces Canaux par où s'écoule la sève, comme cela se voit si nettement sur la vigne en pleurs, au printemps. Enfin, les Champignons ne renferment jamais de chloro- phylle, c'est-à-dire cette substance verte qui existe dans toutes les plantes, sauf les parasites comme la Cuscute, les Orobanches (la coloration verte de quelques Champignons est due à une autre substance très différente). Or, c’est grâce à la chlorophylle que les plantes ordinaires peuvent utiliser les substances minérales contenues dans la terre et ER yye les transformer en matière vivante ; le Champignon, dé- pourvu de chlorophyvile, est obligé de se nourrir avec des aliments déjà préparés par d'autres êtres vivants, et c’est pourquoi il vit en parasite sur d’autres plantes ou sur des animaux, ou bien se nourrit des produits de leur décompo- sition ; c'est la raison de la fréquence des Champignons sur les fumiers ou dans les parties des jardins et des champs qui ont reçu une fumure ou des dépôts de matières orga niques, enfin dans les bois, où ils se développent grâce aux produits de la décomposition des racines, des feuilles, des rameaux tombés sur le sol. M. Bertllon a exposé d'une façon très originale les carac- tères de ces êtres singuliers dans un article dont la repro- duction de quelques lignes pourra vous intéresser (1). « Je voudrais d’abord donner au lecteur une idée sommaire du Champignon et lui dire, par exemple : le Champignon est une plante vivant sans chlorophylle, inhabile à séparer et à s'approprier le carbone de l'acide carbonique de Pair, recher- chant l'ombre plutôt que la lumière, pouvant naïître, prospérer et fructifier en pleine nuit ; ayant, comme les animaux, absolu- ment besoin d'emprunter tout ou partie de son alimentation aux combinaisons tertiaires déjà formées par les organismes vivants et de l’oxygène à l’air ambiant, exhalant de l'acide carbonique, souvent de l'hydrogène libre ou oxydé (eau), et dont les principes constituants, pauvres en carbone, sont très riches en azote et en combinaisons quaternaires, par suite dont lestissus, s'ils sont frais, sont pour les animaux un aliment presque aussi riche et aussi réparateur que la viande, et S'ils sont pourris, ont toutes les horribles exhalaisons des charognes et sont pour les végétaux un excellent fumier. Mais par cette caractéristique, je détruis le premier trait de ma définition ! Ce n’est plus une plante, car tous ces attributs sont destructifs de l’idée de végétal ! (4) Art. Champignons, dans Dictionnaire encyclopédique des Sciences médicales de DECHAMBRE, t. 15, 1874, p. 114 à 224. 4e do » Dirais-je donc : le Champignon est un animal immobile et passif, sans ombre de système nerveux, ayant comme élément anatomique la cellule creuse du végétal constituée par la cel- lulose et pompant sa nourriture par osmose au moyen d’un fin chevelu (mycelium) qui pénètre le substratum nourricier sur lequel il est fiché, avec du sucre (ou autres composés organi- ques tertiaires), faisant de l’albumine (ou autres composés qua- ternaires azotés); se reproduisant par des spores issues d’un ensemble d'appareils très voisins de ceux des Algres (je ne nomme pas les Lichens, qui ont perdu leur individualité et ne paraissent plus aujourd'hui être que des appareils complexes et monstrueux d'exploitation parasitaire de certaines Algues par certains Champignons !) La seconde définition est done éga- lement destructive de sa base! Un tel être ne saurait être un animal. » Quelles sont done ces innombrables formes vivantes que nous ne pouvons appeler ni animales ni végétales et qui, avec un organisme de végétal, semblent se nourrir et respirer comme des animaux ? Ce sont les CHAMPIGNONS ! ce sont les dévorants et les destructeurs de la matière organique dont la création est la meilleure caractéristique, physiologique et chi- mique du règne végétal. Si donc on leur applique ladage du gourmet, de si haute portée en'histoire naturelle . « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es », la seule réponse qu’ils puissent faire : « Nous mangeons les vivants et les morts, tout ce qui vit ou à vécu », les ferait membres du règne animal, d’où les proscrivent pourtant et l'anatomie et l’adage linnéen « Animalia... sentiunt », mais dont les rapproche singulière- ment la chimie et, jusqu’à un certain point, la physiologie. Et à ce sujet, j’attirerai Pattention sur une brillante faculté qui ne se rencontre que chez les animaux et chez les Champignons et jamais, que je sache, chez les végétaux : celle d'émettre de la lumière. ; » Ainsi, ni végétaux ni animaux, mais Champignons ! » Nous pouvons maintenant aborder l’objet même de cette conférence, l’utilisation alimentaire des Champignons et les accidents auxquels elle peut donner lieu. Ur — Leur utilisation dans l'alimentation est une conséquence de leur richesse en. substances pouvant être assimilées par l’homme et aussi de la présence dans leurs tissus de prin- cipes aromatiques ou sapides qui en font des condiments très agréables et fort recherchés des gourmets. Les gros Champignons charnus contiennent, en effet, des substances nutritives, — matières albuminoïdes. matières grasses, matières non azotées (sucres, dextrines, etc.) — en quantité telle qu'elles en font un aliment plus riche en azote que la pomme de terre, le pain, les haricots et les autres légumes, presque aussi riche que les œufs ; les chimistes y ont trouvé une proportion de 8 grammes d’azote pour 100 parties de Champignons desséchés à 1000, tandis que la pomme de terre n’en contient que 1 gr. 27, le pain 1,66, les haricots 4,25 (1) ; c’est donc une sorte de viande végétale (2), mais ayant quelques-uns des inconvénients de la viande, comme on le verra plus loin ; ajoutons cependant que ces substances ne paraissent pas toutes entièrement assimila- bles, qu'elles ne possèdent qu’une digestibilité ordinaire- ment médiocre et que les chiffres donnés plus haut leur attribuent, en conséquence, une valeur alimentaire exa- gérée : les Champignons constituent néanmoins, d’après les travaux les plus récents, un aliment nourrissant, supérieur aux légumes verts pour l'estomac sain, à SUC gastrique nor- (1) Voy. Note additionnelle A. (2) Les Champignons peuvent constituer à eux seuls l'alimentation com- plète de l’homme, au moins pendant quelque temps. « Le Dr Letellier, à diverses reprises, s’est assujetti à ne manger que des Champignons, principalement des cèpes : 300 grammes, avec un peu de sel et un verre d’eau, lui ont suffi chaque fois pour rester 24 h. sans éprouver la faim. Willdenow, pendant des semaines entières, n'a vécu que de Champi- gnons et de pain grossier, tout en jouissant d'une excellente santé. Schwägrichen, professeur de botanique à Leipzig, durant un élé passé aux environs de Nuremberg, se conforma au régime alimentaire des paysans, pain noir, eau pure, champignons crus (Bolets, Clavaires), sans en éprou- ver aucune influence nuisible sur sa santé. » (Persoon, J. Moyen, cités par Dr V. Gillot, 1900, p. 15). ne er mal, mais indigeste pris en grandes quantités et pour Îles estomacs délicats. Souvent, c'est moins pour leur richesse en principes nu- tritifs, pour leur valeur alimentaire, en un mot, que pour d’autres de leurs propriétés, — arôme délicat, saveur agréa- ble, — que les Champignons sont recherchés (1). Les mycophiles ou amateurs de Champignons, comme Roques (2), les gastronomes comme Brillat-Savarin (3), ont décrit, en des pages étincelantes de verve, les joies éprou- vées par le mycologue à la recherche de ses plantes préfé- rées, et par le mycophage ou le gourmet, savourant un plat qu'il a voulu souvent cuisiner de ses propres mains, Voici le tableau pittoresque dessiné par Roques d’une chasse aux Champignons : « Paris renferme un assez grand nombre d'amateurs qui attendent impatiemment le mois d'avril pour aller à la récolte des morilles. M. Nisot, ancien chef de bureau au ministère des finances, doit obtenir ici une mention honorable, car il nous. oratifie tous les ans d’un panier de ces champignons qu’il va cueillir lui-même, après la rosée du matin, dans les bois de Ville-d’Avray, dans le parc de Saint-Cloud ou le long des petits fossés du bois de Boulogne. Il a bien voulu nous associer quel- quefois à ses excursions, nous pouvons dire qu'il esladmirable dans ce genre de recherches. En effet, personne n’a mieux étudié que lui le sol et les lieux où se plaisent les morilles. Dans sa marche savante et mesurée, il va flairant autour des ormes, (1) Comme autre emploi curieux des Champignons, on peut citer le Polyporus suaveolens, très recherché parles jeunes gens de Laponie, qui ne connaissent pas de parfum plus agréable lorsqu ils vont faire la cour à leurs maitresses O Vénus! s'écrie Linné, «toi à qui suffisent à peine, dans d’autres pays, les diamants, l'or, la pourpre, les concerts, les spectacles, ici tu es satisfaite d’un simple Champignon ! » Cf. ROQUES, Hist. des. Champignons, 1832. p. 50. (2. J. Roques, Histoire des Champignons comestibles et vénéneux 4 vol. in-40, Paris, 1832. (3) BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût. PUS Lie portant le nez au vent; bientôt il s'arrête, cherche de l'œil, et saisit d’une main avide le cryptogame caché sous l'herbe ou dans les broussailles. Nous avons été témoin de ses transports; mais comment les exprimer ? Le chasseur qui vient d'étendre, raide mort, un énorme sanglier, la terreur des Campagnes, sent moins vivement le prix de sa victoire (). » Dans une allocution prononcée récemment à une réunion des mycologues dijonnais, M. le recteur Boirac n'est pas moins enthousiaste : «Les Champignons, dit-il, ont par eux-mêmes quelque chose d’attirant ; ils ont l'attrait du mystère et du danger. Dans l'ordre gastronomique, ils font un mets des plus savoureux ; mais aussi, mais surtout, leur recherche est un plaisir vraiment incompa- rable, comme le plaisir de la chasse. » Et encore la chasse est un plaisir aristocratique; il y faut chien, permis, poudre ; la chasse aux Champignons n’exige que de bonnes jambes. » Ce gibier, lui aussi, a d’ailleurs ses ruses ; il se cache derrière les vieux troncs, (sous la mousse, dans la profondeur des hal- liers) ; il faut, pour l’atteindre, le flair, la passion, l'expérience et l'habitude (2). » | Cette joie du chasseur n’est rien en comparaison des jouis- sances éprouvées par le gourmet savourant un plat de mo- rilles ou de truffes. À propos d’une savante préparation culinaire de son in- vention, Roques, déjà cité, rend compte en ces termes du résultat de son expérience : « Je me rappelle que j'ai offert, en 1830, cette combinaison gastronomique à MM F.-L. Martel, Mac Carty et Lirou de Saint- Hilaire, qui étaient venus me visiter à Versailles. Pendant que deux de ces honorables convives parlaient de ce ragoût en termes flatteurs, le silence de M. Martel était bien autrement expressif. (1) ROQUES, on. cit.. p. 40 PBull Soc mycol. de Frunce, 1997, ler fase-, p. XXVIH XXX. no a La tête légèrement inclinée sur la table, il aspirait avec délices la vapeur odorante des champignons; il les savourait, les ana- lysait avec cette délicatesse qui n'appartient qu’à un palais ex- périmenté; et, dans son regard plein d'amour, on pouvait lire tout le contentement de son âme ®. » « Qui n’a pas senti sa bouche se mouiller en entendant parler de Truffes à la Périgord ? » demande Brillat-Savarin dans la Physiologie du goût. Et à propos de l’Oronge, le plus fin des Champignons, ce mets des Dieux, suivant Néron, un des Césars (d’où la déno- mination d'Amanita Cæsarea), on cite un amateur chez qui, lorsqu'on parlait de ce Champignon, les yeux se remplissaient de larmes. Mais André lheuriet me paraît atteindre le comble du 1ly- risme, — bien permis à un poète, — lorsqu'il s’écrie : « En dégustant un plat de Champignons, on croit entendre chanter des violons dans le ciel! ». Les effets merveilleux des Champignons ne s'arrêtent pas aux palais des gourmets ; ils peuvent se faire sentir, paraît- il, même en politique, et exercer une influence heureuse sur l’électeur, le député, le ministre ? C’est encore Roques, déjà cité, qui s’en fait le garant : « La truffe règne aujourd’hui en souveraine, non plus comme autrefois dans les petits soupers, mais bien dans les banquets politiques, dans les dîners ministériels, où elle a quelquefois enfanté des miracles. Elle remonte le ressort des organes, ra- nime le sang engourdi dans les veines, donne de la hardiesse, du courage, de l’esprit même, inspire l’électeur, le député, le diplomate, on dit aussi l’académicien. Que de résistances vain- cues, que de doutes éclaircis, que de consciences ébranlées par un excellent ragoût de truffes! Eh! qui pourrait résister au pouvoir de cette composition magique qui charme le goût, enivre l’odorat, provoque tous les sens ? @) » (1) Roques, Op. cit., p. 71. (2) Id , p. 159. Mais hélas ! toute médaille à son revers, et les nombreux accidents qui attendent l'amateur imprudent, depuis la simple indisposition jusqu'à l’'empoisonnement suivi de mort, sont bien faits pour modérer son enthousiasme, inspirer sa dé- fiance et lui faire même suspecter les meilleurs de ces esti- mables cryptogames. En présence des nombreux empoisonnements dont les journaux rendent compte au moment de la poussée des Cham- pignons (l), la première pensée qui vient à l'esprit est de demander aux personnes qui prétendent connaître ces végé- taux ou qui les étudient : Quel est le moyen de distinguer les Champignons dangereux ? Et à cette question, on ne peut encore, à l’heure actuelle, que faire cette réponse: par la connuissance précise des espèces comestibles el des espèces vénéneuses ! Il faut, en effet, rejeter absolument tous les caractères empiriques qui ont encore force de préjugés chez beaucoup de personnes, c’est-à-dire les caractères tirés de l'habitat, de la saveur, de l'odeur, des nuances, des changements de couleur de la chair, de la consistance, de ce que le Champi- gnon est mangé ou non par les vers, les limaces ou d’autres animaux : il en est de même de l’épreuve par la pièce ou la cuiller d'argent, par la pelure d’oignon ou l'épreuve de la coagulation du lait ; les espèces les plus dangereuses des Amanites sont insipides, sans odeur ; elles n’ont pas une coloration et un aspect qui les fassent suspecter ; elles peu- vent croitre au milieu d'espèces comestibles ; elles sont fré- (1) La mortalité annuel'e par les champignons s'élève à un taux consi- dérable dans certaines régions: dans le Sud-Ouest, le D' Guillaud estime à plus de 100 la moyenne annuelle des empoisonnements mortels (voy. Bull. Soc. mycol. de Fr., 1885, t. I, p. 193) : « C’est la vie de cent per- sonnes de tout âge complètement sacriliée en pure perte, c’est-à-dire une économie possible et réalisable à faire sur la mort, si l’on veut bien s'en donner la peine; c'est une dime mortuaire dont nous pouvons nous affranchir... » Se quemment mangées par les linaces ; enfin le noircis sement d'un objet d'argent où d’étain, d'un oignon blanc, de mie de pain, peut se produire avec les espèces comestibles et man- quer avec les plus vénéneuses ; notre ami Veulliot. myco- logue lyonnais, a fait à ce sujet des recherches très bien conduites et absolument concluantes (1); et cependant l'épreuve de la cuiller d'argent a fait tout récemment encore des victimes. Dans un empoisonnement par l’Entolome livide, survenu l’année dernière à Delémont et décrit par le docteur Butignot, cette épreuve avait été faite et avait donné des résultats négatifs (2). L’expérimentation avec des animaux supérieurs peut cependant donner des indications d’une certaine valeur ; d'après les traités de mycologie on aurait, en effet, constaté que les bœufs, les vaches, les chevaux, les sangliers, les cerfs, etc., mangent les bons Champignons et rejettent les espèces nuisibles à l’homme ; de même les volailles se trou- vent très bien des espèces comestibles et succombent si elles absorbent des Champignons vénéneux () ; une expérience faite récemment par une institutrice de Besançon, Mit Cré- tet, est, à ce point de vue, très démonstrative ; ayant donné à des poules des Amanites toxiques, notamment de VA. phalloïde, mélangées à des Champignons comestibles, elle a vu ces volatiles manger les bons Champignons et ne pas toucher aux autres ; l'expérience a été répétée plusieurs fois avec le même succès (4). Mais il n’est pas toujours légitime de conclure de l’ani- mal à l’homme ; on sait que des plantes ou des fruits nui- sibles pour les uns sont impunément mangés par les autres ; il en est ainsi des fruits de la Belladone, inoffensifs pour les Grives, du Persil, funeste aux Perroquets, etc. (1) Voy. Note additionnelle B. ) Soc. mycol. de France, 1906, p. 279, (3) Cf. Dr GauTiER, Les Champignons, 1883, p. 126. (4) Voy. Soc. d’Hist. natur. du Doubs, 1906. _— On trouve dans les auteurs de nombreux exemples des effets déplorables des préjugés populaires ; en voici un bien caractéristique relevé dans un article récent du docteur X. Gillot (1). En 1904, un: empoisonnement dû à l’Amanite phalloide mélangé (par mégarde) avec le Meunier (Clitopilus prunu- lus) et des Russules vert-de-gris, survenait dans la famille d'un nommé Simon, rémouleur, à Orlon (Saône-et-Loire) et causait la mort d’un de ses membres. «Or Simon, qui est de longue date amateur de Champignons et qui se préten- dait connaisseur, avait bien remarqué que ces Amaniles « avaient mauvaise facon » et avait hésité à les cueillir ; mais en vovant leurs lamelles attaquées par les limaces, il avait été rassuré, sur l'affirmation d’un de ses voisins, Philippe Bonnotte, « vieux ramasseur de Champignons ». qui lui avait dit: « Si vous voyez les Champignons mangés par les bêtes, n'hésitez pas, c’est qu'on peut les manger. » Les époux Simon ont donc été victimes de ces préjugés surannés qui ne peuvent être déracinés dans l’esprit crédule du peuple que par un enseignement sérieux et scientifique donné principalement dans les campagnes par linstituteur, et sur- tout au moyen des tableaux scolaires. » Le D' Gauthier (2) dit avec raison qu'il ne faut pas se fier aux connaissances empiriques des vendeurs de Champi- gnons ; 1l cite des marchands qui ont succombé victimes des Champignons qu'ils vendaient depuis vingt ans, et une her- boriste, célèbre par ses connaissances infaillibles, morte empoisonnée aussi par les Champignons qu'elle croyait si bien connaitre. Les préjugés populaires sont du reste aussi faux à l’égard des propriétés malfaisantes que des propriétés comestibles (4) GiLLor dans Bull. Soc. mycol. de France, t. XXI, 1e fasc., 1905, DA (2) D' GAUTIER, 0p. cit., p. 130 (note). EG er des Champignons ; le changement de couleur de la chair, la coloration bleue, indiqués comme caractéristiques des espèces vénéneuses, existent chez le Bolel bleuissant, qui est très bon et très délicat ; et contrairement à l’opinion commune, les Amanites toxiques, comme l’A. phalloïide, sont aussi dangereuses à l’état jeune qu’à Pétat adulte (1), Seule la connaissance parfaite des espèces peut donc per- mettre d'affirmer qu'un Champignon est bon ou mauvais. Peut-on y arriver sans être mycologue de profession ? Les Champignons vénéneux sont heureusement en petit nombre et ils appartiennent, pour la plupart, à des groupes qu’on peut facilement reconnaître. Les recherches des D'S Gillot père et fiis (2) ont montré que sur 1,570 espèces de gros Champignons croissant en France, 200 sont connues comestibles, 123 réputées mal- faisantes, sur lesquelles 37 seules sont véritablement véné- neuses ou toxiques. De plus, les Champignons réellement toxiques, c'est-à-dire capables de donner la mort, appartiennent presque exclusi- vement à un groupe, en général facile à déterminer, les Amanites : 80 °/, des empoisonnements (mortels) sont dus à des espèces de ce genre, | On reconnait aisément les Amanites à la volve qui les entoure complètement dans le jeune âge et qui laisse des débris plus ou moins apparents sur la plante adulte, gaine à la base du pied, écailles sur le chapeau ; ce genre renferme les espèces extrêmement dangereuses, À. phalloïide, panthère, Fausse-Oronge, les Volvaires, qui en diffèrent par les feuil- lets roses (et dont le pied est dépourvu d’anneau\ ; 1l a été l’objet d’une étude consciencieuse de M. Frédéric Bataille, (4) Cf. Dr X. GILLOT. L'emp sonnement par les Champignons Soc. d’'Hist. natur cd Autun. 16 déc. 00) tir. à p p.06: (2) Etude médicale sur l’empoisonnement par les Champignons. par le Dr V. GizLor. Lyon, Plan, 1900, 1 vol. in-8°, 356 p. (Thèse de Lyon, 21 juillet 1900, n° 173) et nombreuses publications du Dr X. Gillot. première partie d'un travail sur les Champignons du Doubs, dont la publication est vivement désirée (D). Les autres principaux genres renfermant des espèces dan- gereuses sont particulièrement : Les Lactaires, reconnaissables au lait blanc ou coloré qu'elles contiennent ; Les Russules, caractérisées par leurs lames égales, dis- tantes et leurs vives couleurs ; Les Bolets, garnis de tubes, au lieu de lames, à la face inférieure du chapeau. | Et parmi les espèces vénéneuses appartenant à des genres moins importants ou moins facilement caractérisés, l'£nto- lome livide, le Tricholome tigré, etc. @). Ce sont ces groupes qu'il importe surtout de bien con- naître ; pour les espèces comestibles, on se bornera aussi aux vulgaires, comme le Tricholome de St-Georges, le Psal- liote des champs, le Clitocybe nebuleux, le Cèpe ordinaire, Ja plupart des Clavaires, bien qu'elles soient souvent indi- gestes et même purgatives (3), toutes les Morilles. etc., espèces dont il ne faut pas sortir, à moins que par lobser- vation et une étude spéciale on n'arrive à en connaitre, avec certitude, un plus grand nombre. Les empoisonnements provoqués par les Champignons de ces différents groupes ont du reste des caractères bien distincts. | Dans les empoisonnements par les Amanites toxiques, (A. phalloïde, A. citrine, À. mappa), les accidents sur- (1) Luc. QUuÉLET et Fréd. BATAILLE. Flore monographique des Ama- nites et des Lépiotes, Paris, Masson, 1902, in-12, 88 p.— Une suite, due à M. Bataille, doit paraitre prochainement dans les Mém. de la Soc. d'Emul. du Doubs (1908). (2) Ceci n’est qu'une simple indication très sommaire, à compléter dans nos cours de l'Institut botanique. (3) Voy Drs V. et X. GILLOT, Empoisonnement par les Champignons (Bull. Soc. mycol. France, t. XVIII, ler fasc., p. 4%). Tir. à part, 1902, De 12. — 98 viennent tardivement, quelquefois douze heures et plus après le repas, alors qu’il est impossible d'empêcher la gé- néralisation de l’intoxication ; le poison spécial, extrême- ment actif, la Phalline, altère rapidement le sang et déter- mine ordinairement ou très fréquemment la mort. L’empoisonnement par la Fausse-Oronge, dû à un alcaloïde particulier, la Muscarine, qui provoque des accidents pré- coces, une heure ou deux après l’ingestion, n’est mortel qu’à des doses considérables ; il en est de même du poison drastique des Lactaires et des Russules qui détermine des accidents d’inflammation gastro intestinale plus ou moins graves, mais sans issue funeste, à moins que la quantité absorbée n’ait été considérable et que l'organisme ne soit déjà très affaibli par d’autres maladies ou une mauvaise constitution. Un caractère général de ces poisons est leur grande solubi- lité dans l’eau, notamment dans l’eau vinaigrée et l’eau salée : le procédé Gérard, qui permet de manger indistinctement tous les Champignons, est basé sur cette particularité (1) ; notons encore que la dessication, — d’après les recherches d'un de nos compatriotes et anciens élèves de la Faculté, M. le D' Cordier (2), — atténue la toxicité des Amanites et enlève leurs propriétés malfaisantes aux Lactaires, aux Russules, aux Bolets et probablement à la plupart des autres Champignons plus ou moins dangereux. Comment ces empoisonnements peuvent-ils se produire”? À quelles circonstances peut-on les attribuer ? C'est, d’abord, lemploi des caractères empiriques énu- mérés plus haut et dont nous avons cité des exemples typiques. qu’il faut incriminer. Puis la confusion que l’ama- teur de Champignons peut faire entre des espèces ayant (1) Voy. Additions, note C. (2) D' Ch. Corbier. Essai sur la toxicité de quelques Champignons avant et après leur dessication. Lyon, Rey, 1899, &, 92 p. 0): == quelque ressemblance; on a vu, par exemple, des per- sonnes récolter l’'Amanite phalloide pour le Psalliote des champs, d’autres pour l’Am. rougeâtre. ou pour le Lepiata naucina, etc.; l’'Entolome livide (le Perfide de Quélet, l’'Em- poisonneur du département de Saône-et-Loire) (l) a été souvent pris pour d’autres Champignons qui sont comes- tibles ; il en est ainsi du Tricholome tigré, confondu avec le T. terreux; le Pleurote de l'olivier, pris pour la Chan- terelle, etc. (2). Cette confusion est facilitée par des variations singulières dans les caractères de certaines espèces qui leur donnent quelque ressemblance avec des formes comestibles, du moins pour l'observateur superficiel. C’est ainsi que la variété Jaunâtre, décolorée sans taches, de la Fausse-Oronge, peut être confondue avec l’Oronge vraie ; que l’A. phalloïide, ordinairement d’un vert plus ou moins foncé, « revêt souvent la blancheur de la plus pure innocence », suivant l’expression de M. Rolland, dans son intéressante note sur les empoisonnements par les cham- pignons G); mais Qil ne faut pas, dit-il, se laisser prendre à ces dehors -hypocrites. Déterrez le Champignon avec soin et vous verrez alors la base caractéristique du brigand, c’est-à-dire les débris de la volve ». Cette question de la distinction des espèces comestibles et vénéneuses se trouve compliquée par l'observation de cas bizarres, et quelquefois inexplicables, Il y a d’abord une série de Champignons à qualités in- certaines, mal déterminées, peut-être variables? indiqués comme comestibles par les uns, considérés comme sus- pects ou vénéneux par d’autres Tels sont, par exemple parmi ceux qui ont été l’objet (1) Voy. Soc. mycol. France, 1906, p. 170, 279 ; pr. verh., p. LXIV, Lxv, etc. (2) Soc. mycol. Fr., 1906, 4: fasc., p. 272. (3) L. ROLLAND. Conférence sur les Champignons qui tuent (Ann. de Assoc. des Natur. de Levallois-Perret), 6 av. 1902 ; tir. à p., p. 11. a ED de notes et d'expériences dans ces dernières années : l'Ama- nite Jonquille, le Tricholome savoneux, le Psalliote à épi- derme jaune, l'Hebelome échaudé, la Chanterelle orangée, etc., pour lesquelles je suis contraint de renvoyer au Bull. de la Soc. mycol. de France et aux renseignements que je donne dans les cours faits en hiver à l’Institut botanique (1). Mais une des particularités les plus curieuses, est l’immu- nité dont certaines personnes jouissent et qui leur permet de manger sans danger les espèces les plus toxiques. Le cas de la Fausse-Oronge est le plus anciennement connu ; on sait qu'elle est mangée impunément en Russie et dans d’autres contrées : mais, même en France, où elle cause chaque année des empoisonnements, on connait des personnes qui la consomment sans en être incommodées ; Bulliard, au commencement du siècle dernier, en rapporte déjà des observations ; le pharmacien Bonjean, un érudit botaniste de Chambéry, aimait à en faire l'expérience en pu- blic ; plus récemment, des faits semblables ont été constatés par M. Peltereau (Epinal, 1888), Luc. Magnin (1903, 1906), ete. (2) L’Am. phalloïde, la plus toxique des Amanites, est citée comme mangée sans accidents par une marchande de Cham- pignons (3) ? L’Amanite citrine, voisine et aussi dangereuse, n’a pas in- disposé une des cinq personnes qui en avaient mangé, dans un cas d’empoisonnement où les quatre autres ont suc- combé (4). Cette 1immunité spéciale a été constatée pour d’autres es- pèces encore et chez d’autres personnes ; rappelons à ce pro- pos que le naturaliste Bory de Saint-Vincent mangeait toute (1) Voy. Additions, note D. (2) Voy. Additions, note E. (3) Cf. Soc. mycol. France, 1883, p. xxxvit; 1906, p. 277. (4, PLANCHON, dans Soc. mycol. Fr., 1891, p. 54. Dre Dem espèce de Champignons et qu’il n’en a jamais été incom- modé 1), Les accidents qu’on a vu survenir à la suite de la con- sommation de Champignons certainement comestibles sont autrement inquiétants. Des personnes ont éprouvé des malaises, des indisposi- tions plus ou moins graves après avoir mangé le Champignon de couche, le Mousseron, le Clitopilus prunulus, le Tricho- lome terreux, l'Hydne sinué, la Fistuline, etc. (2) Mais le plus intéressant, à cause de la nature délicieuse du Champignon incriminé et des discussions auxquelles il a donné lieu, est l’empoisonnement par les Morilles. Le mycologue lvonnais Ch. Veulliot en a observé un cas remarquable, en 1888, dans l'Yonne, où la Morille ordinaire, consommée, il est vrai, en grande quantité, a indisposé assez fortement une famille de trois personnes (3) ; l’année dernière, M. Guirot, pharmacien à Vincennes, a éprouvé les symp- tômes d'un véritable empoisonnement après avoir mangé la _ Morille ordinaire et la Morille conique fraichement récoltées dans le bois avoisinant son domicile (4), À ce sujet, M Boudier a rappelé que plusieurs cas d’em- poisonnements, même mortels, ont été constatés aussi en Suisse et en Allemagne, à la suite de l’ingestion d'une Mo- rille, le Gyromitra esculenta (5). On a donné diverses explications de ces faits singuliers. Cest d’abord la théorie de la variation des propriétés ali- mentaires où vénéneuses des Champignons, suivant la con- (4) CF. ROQUES, Ob. cit., p. 169. — Sur les faits d’acroutumance, de mi- thridatisation, etc., voy. D' V. GILLOT, Op. cit., p. 71-72, (2) Voy. ae note F. 13) Voy. VEULLIOT. Empoisonnement par des Morilies (Revue a Cl de C. Roumeguère, 1889, t. XI, p. 9); observations de PLANCHON, id. ; de V. GILLOT, op. cit., p. 201. | (4) GUIROT dans Soc. mycol. de France, 1906, p. LxXXII, XC. (5) BOUDIER, observations, eod. loco. “hoEo trée, le climat, la station, le sol, le voisinage d’autres Cham- pignons; la toxicité des espèces vénéneuses pouvant dimi- nuer ou disparaitre, le Champignon inoffensif pouvant, de son côté, acquérir accidentellement des propriétés nuisibles ; _ces modifications sont très hvpothétiques, bien qu’on trouve d’autres exemples de variations analogues dans le règne vé- gétal et dans le règne animal ; on sait, par exemple, que la richesse de la Digitale en principe actif varie avec la station, le développement de la plante, et que les thons, fort bons sur nos côtes de France, deviennent des poissons des plus toxiques aux Antilles; cette hypothèse expliquerait la véné- nosité variable de la Fausse-Oronge suivant la saison et les localités (1) ? Une cause moins hypothétique et pouvant expliquer plu- sieurs cas d'empoisonnement par des espèces comestibles se trouve dans les altérations que l’âge fait subir à la chair des Champignons ; vous vous rappelez qu’elle est, comme la viande, très riche en azote ;\comme la miande;*elle "peut se décomposer et donner naissance à des substances toxi- ques, analogues aux ptomaïnes de la viande gâtée et qu'on a nommées cryptomaines; pour M. LE. Planchon, pour M. Boudier, c’est une altération de cette nature qui a causé les empoisonnements par les Morilles (2) ; notons cependant qu’on peut faire intervenir la présence accidentelle de Pacride helvellique, qui rend quelquefois les Helvelles, Champignons très voisins des Morilles, susceptibles de causer des acei- dents (3). Mais une des particularités les plus curieuses est certai- nement, à côté des faits d’'immunité et de tolérance spé- ciales cités plus haut, la susceptibilité exagérée, la prédis- position à l’empoisonnement, manifestées par certaines (1) CF. Traités de matière médicale : Dr V. GILLOT, op. cit., p. 29, 30, 70. DhORIVAMGIELOrT -0p. cit. pr 31,205 (3) Voy. Observ. de CoRDIER, Ant. MAGNIN, etc. dans Soc. mycol. de France, 3 mai 1906, p. LxxIr;, 6 déc. 1906, p. xc. rs, de Er personnes : elles ne digèrent pas les Champignons en géné- ral, ou certaines espèces, comme d’autres ne digèrent pas tel ou tel aliment et sont indisposées par les fraises, les moules, les écrevisses, etc. « Je connais, dit . M. L. Magnin un estomac auquel la digestion du 7richoloma terreum est particulièrement pénible, bien qu'il s’accommode le plus facilement du monde de Champignons tout aussi coriaces, sinon davantage. Si l’on est affligé d’un estomac rébarbatif à la mycophagie, le mieux est de s'abstenir (1), » Enfin, comme autre particularité curieuse, il me reste à signaler les empoisonnements par suggestion ; les auteurs en citent quelques cas (2, mais j'en puis apporter plusieurs plus récents et qui ont eu Besançon pour théâtre ; il s’agit de trois amateurs, dont deux mycologues, de notre ville, MM. X.,.Y.. Z., qui ont ressenti plusieurs fois divers acci- dents, crampes d'estomac, faiblesse, insomnie, etc., après avoir mangé des Champignons qu'ils avaient cru reconnaitre d'abord comime espèces comestibles, mais qu'ils avaient soupçonné plus tard, dans le cours de la digestion, peut- être suspects ; la crainte de s’être trompés, angoisse d’être sous l’imminence d’un empoisonnement, leur en faisaient éprouver tous les symptomes (5), Malgré leur rareté et leur caractère tout à fait accidentel et malgré les explications rassurantes qu'on en a donné, les indispositions ou légers empoisonnements provoqués par des Champignons ordinairement inoffensifs ou par des espèces excellentes comme la Morille, ont jeié le discrédit sur l’ensemble de ces végétaux sans exception et expliquent pourquoi cerlains esprits grincheux et timorés aient pu proscrire entièrement leur usage dans l'alimentation. Ch. Veulliot, précisément à propos de l'empoisonnement par la (L) Voy. Soc. mycol. de France, t. XXII, ‘4° fasc., 1906, p. 277. (2) Voÿ. Soc. mycol. Fr., 1906, p. 227. (3) Voy. Soc. Hist. natur. du Doubs, nov. 1907 (M. Grosperrin). br Morille qu’il venait d'observer, m’écrivait ces considérations pleines de justesse : « Un seul accident causé par les cham- pignons attire l'attention et conduit à des commentaires exagérés, passionnés et même malveillants pour ces esti- mables cryptogames; il y a des malfaiteurs partout, mais il ne faut pas en exagérer le nombre, il faut seulement se mettre en garde contre ceux que l’on pourrait rencontrer ; et pour les accidents provoqués par ceux qui ont bonne apparence et dont la réputation est excellente, ils ne sont qu’une très rare exception et ne doivent pas nous empêcher d'utiliser ces précieuses et délicieuses ressources gastro- nomiques (1). » Cette proscription absolue des Champignons, nous l’en- tendons souvent exprimée par cet aphorisme humouristique : « Les meilleurs ne valent rien » ; je l’ai retrouvé aussi sous une forme différente, mais peu courtoise pour la partie la plus aimable de cet auditoire : « Les femmes, c’est comme les Champignons, les meilleures ne valent rien ! » Jai trop bonne opinion, Mesdames, et de vous et des Champignons pour m’attarder à démontrer la fausseté de l’accusation et l’inexactitude de la comparaison ; mais j’ai voulu en recher- cher l’origine et j'ai trouvé d’abord que Gavarni l’avait appli- qué non à la femme, mais à l’homme. Dans une de ses spi- rituelles pochades représentant un ivrogne et sa femme en veine de confidences, on lit, en guise de légende : « Les champignons, ma biche, c'est comme les hommes ; rien ne ressemble aux bons comme les mauvais! » On a attribué aussi à saint François de Salles une boutade analogue ; mais ici encore, il ne s’agit pas de la femme, mais des potirons: on lit, en effet, dans l’Introduction à lu vie dévote: « Je vous dis des danses, Philothée, comme les médecins disent des Poti- rons et des Champignons. les meilleurs n’en valent rien. » (4) Voy Ant. MaGxnin. Notice sur le mycologue lyonnais Ch. VEULLIOT, Lyon, 1891, p. 8. (Soc. botanique de Lyon, t. XVII, 1890, p. 279). Eh ! mon Dieu, tout bien considéré, cette comparaison, si on la généralise à l’espèce humaine et à l’ensemble des Champignons, a bien un fond de vérité. De même que chez l’homme le meilleur sommeillent les instincts grossiers des races inférieures, que l’éducation, la volonté ne parviennent pas toujours à maitriser, de même les meilleurs Champi- gnons renferment des substances qui peuvent, dans cer- taines circonstances, devenir dangereuses ; mais, s'il y a des graines de malfaiteurs partout, ce n’est pas une raison pour devenir misanthropes ou misomycètes ; c’est un avertisse- ment pour bien choisir ses amis et ne récolter que les Champignons dont on est sûr ;: n'ayant eu à souffrir ni des uns ni des autres, on n'aura pas. dans un moment de désil- lusion, un motif de s’écrier : « Des hommes et des champignons, les meilleurs ne valent rien ! » Ve On À D'BTEFTONNS NOTE A. Composition chimique des champignons. Voici la composition chimique d’un Champignon de couche et d’un Cèpe d’après PETERMANN, KŒNIG, WOLF. CH. DE COUCHE CÈPE Te A — Frais | desséché Frais dessé.hé Rega Ne Re ne USD US 0 02070 0 PAOEZS Matieres albuminoides 4, "0.0 5.31 | 45.58 | 3.85 | 22 82 Ji passes. 20 DA ROSEMONT OMS ANS — nutrit. non azotées (sucres, dextrines” EC) NE 3 (0205) DS O2 ne lales ERP ERA 1:44 9:78 LP 0.611146, 55 Cellulose hisser pr DE Cr 0.71 DS1P 10/0110 022 100 » 1100 » 1100 » |100 » La richesse en substances azotées est évidemment remar- quable ; mais les chimistes et les physiologistes ne sont pas d'accord sur les proportions exactes de ces substances et leur rôle alimentaire. D’après SCHLOSSBERGER et DÔPPING. 100 gr. des champignons suivants, desséchés à 1000, renferment en azote : Chanterele rm RS 009 Bolet-comestible 407 RuSsule 2er PNA Agaric des Champs METAL Pactaire délcreur Rem 268 Le même Agaricus camp. contiendrait 3 gr. 51 d'azote pour 100 dans le chapeau, 2 gr. { dans les lames, 0 gr. 34 dans le pied, soit 2 gr. 9 en moyenne, d’après LEFORT. Le Champ. de coucie en donnerait 4 gr. 68 d’après PAYEN, 8 gr. d’après BERTILLON, etc. RUE Cd La quantité assimilable de ces substances, notamment des matières azotées, par conséquent le pouvoir alimentaire des Champignons seraient faibles et dûs plutôt aux substances hydrocarbonées (subst. grasses, sucres, glycogène, etc.), qu'à la quantité d'azote assimilable; en-effet, pour remplacer les 138 gr. d'aliments azotés de la ration journalière de l’homme, il faudrait 5 kil. 700 d’Agaric champêtre, 26 kil 300 de Chante- relle, 9 kil. 900 de Cèpes ; d’après les recherches de MŒRNER sur l’assimilabilité de ces substances fongiques, la quantité d’albumine contenue dans un œuf de poule serait représentée par 280 gr. de Psalliota campestris (Champignon de couche), 730 gr. de Lactarius deliciosus, 1,300 gr. de Chanterelle, et l’é- quivalent nutritif d’un kilogr. de viande de boucherie corres- pondrait à 9:kil. 300 de Champignons de couche, ete. — Voy. les thèses de Charbonnel (1898), V. Gillot (1900), etc. NoTE B. Recherches de Veulliot sur les procédés empi- riques. À propos des procédés empiriques, tels que lépreuve par la pièce d'argent, l'oignon, le persil, la moelle de sureau, qui noirciraient Où Changeraient de couleur sous l'influence de Champignons vénéneux mis en contact ou cuits avec eux, VEULLIOT, mycologue lyonnais (D), à institué une série d’expé- riences faites avec soin pour rechercher ce qui se passait exac- tement dans ces conditions. Ses expériences ont porté sur 34 espèces de Champignons, 11 vénéneux (Amanita muscaria, A. mappa, À. phalloides, Entoloma lividum, Hebelomu fastibile, H. crustuliniforme, Hypholoma fasciculare, H. sublateritium, Russula fragilis, Pa- nus stipticus, Boletus luridus, etc.), 21 comestibles, 4 suspects (Gollybia dryophila, Lactarius vellereus, L. scrobiculatus, Boletus granulatus) ; elles ont été répétées avec l’argent, l’oignon, la moelle de sureau ; pour l'argent, l'effet produit a été nul, aussi bien pour les espèces vénéneuses ou suspectes que pour les comestibles ; l’argent resté en contact avec les Champignons (D) ANT MAGxiIx, Ch. Veuliiot, mycologue lvonnais; nolice avec por- trait, Lyon, 1890. ER Se soumis à la cuisson, quels qu’ils soient, en sort même plus brillant ; cette particularité suffit seule à expliquer les empoi- sonnements causés par ce moyen d’épreuve. L’oignon est sensible à l’action des diverses substances avec lesquelles on le fait cuire ; sa partie intérieure se colore plus ou moins, mais cette coloration varie, aussi bien avec les Cham- pignons comestibles qu'avec les vénéneux et suivant l’âge du Champignon ou la partie soumise à l’épreuve (pied, chapeau, lames, tubes). La moelle de sureau est également sensible au suc de Cham- pignons comestibles ou vénéneux, mais la coloration se mani- feste sur les parties extérieures ; elle varie du reste suivant les espèces et ne peut donner aucune indication pour reconnaître les bons et les mauvais Champignons. (Cf. Soc. botan. Lyon, Bull. trim., 1886, n° 1, séance du 5 janvier, p. 1-7). NOTE C. Le procédé Gérard. Voici le procédé Gérard tel qu’il le décrit lui-même : « Pour chaque 500 grammes de champignons coupés en mor- ceaux d'assez médiocre grandeur, en quatre pour les moyens, en huit pour les plus gros, il faut un litre d’eau acidulée par trois cuillerées de vinaigre ou deux cuillerées de sel gris, si on n’a pas autre chose; dans le cas où l’on n’aurait que de l’eau à sa disposition, il faut la renouveler une ou deux fois. On laisse les champignons macérer pendant deux heures, puis on les lave à grande eau; ils sont alors mis dans de l’eau froide qu’on porte à l’ébullition et, après un quart d’heure, ou mieux encore une demi-heure, on les retire, on les lave, on les ressuie et on les apprête, soit comme un mets spé- cial, et ils comportent les mêmes assaisonnements que les autres, soit comme condiments (F. GÉRARD, Journal des con- naissances médicales pratiques, 1851. — Académie de médecine, 1852. — Revue scientifique et industrielle, 1854, etc.) ». Par son procédé, Gérard montra « qu’il est possible de rendre inoffensifs les champignons les plus dangereux » ce dont le remercia la Commission, mais celle-ci ne crut pas opportun de donner la publicité aux résultats obtenus. « On pensa qu'il ne serait peut-être pas sans danger de dire à tous qu'avec certaines précautions, on pouvait manger toutes les espèces de champignons ». (CI. FLANDIN, Traité des poisons, t TT, 1853). Sans vulgariser cet emploi, il faut néanmoins apprendre aux populations qu'il n’existe qu'un moyen de prophylaxie des em- poisonnements en cas de doute sur la valeur des champignons récoltés : c'est l’ébullition prolongée et surtout le rejet absolu de toute l’eau de l’ébullition. (Extrait de D' V. GILLOT, thèse, 1900 p:.525): NOTE D. Les Champignons suspects ou douteux et l’en- seignement de la mycologie. On se préoccupe beaucoup actuellement des moyens d’em- pêcher les empoisonnements de plis en plus fréquents produits par les Champignons ; parmi ces moyens, on à indiqué, avec raison, l'utilité d’un enseignement de la mycologie dans les Facultés et Ecoles de médecine et de pharmacie, dans les Ecoles normales d’instituteurs, la diffusion des tableaux de M. Dumée, de MM Mazimann et Plassard, des tableaux scolaires de M, Gros- jean. etc. | L'Institut botanique de l’Jniversité de Besançon s’efforce, de son côté, depuis plusieurs années, de répandre dans le public des connaissances théoriques et pratiques sur les Champignons. Son directeur qui, dès 1878, avait mauguré à Lyon des confé- rences publiques sur les Champignons comestibles où véné- neux (1), a continué à Besancon, depuis son arrivée (1884), l’é- tude de ces végétaux dans ses cours de la Faculté des sciences et de l'Ecole de médecine; en 1886, il organisait, avec Quélet, Mougeot et Paillot, la 2e Session de la Société mycologique de France @). (1) Voy. Courrier de Lyon, du 1° janvier 1879 ; Notices et travaux, 1883, p. 49. Plusieurs des auditeurs de ces conférences devinrent des mycologues distingués ; Je rappelle particulièrement Ch. VEULLIOT (+ à Lyon, en 1890), à qui Saccardo à dédié le Nectria Veulliotiana (Miche- ha. If, 325 et ma notice de 1890) ; PÉTEAUX, professeur à l'Ecole vétéri- naire (4 à Maiche en 1896), dont le souvenir est consacré par le Crepi- dotus Peteauxi de Quélet (Afas, 1884 ; Enchiridion, 1886, p. 108) ; puis le D' PerRouD (f 1889), CoRNEvIN (+ 1897), CONvERT (+ 1901), le D: Ph. RIEL (Morchella Rieli Boudier), etc. (2) Voy. Bull. Soc. mycolog. Fr., t. LIT, 1er fasc., 1887, p. 931 ; la ses- sion dura du 12 au 1% juin 1886. Dr 0) de Mais c’est surtout depuis la Session tenue dans le Jura et à Besançon, en octobre 1901, par la Société mycologique, depuis les excursions et les expositions de Champignons organisées à cette occasion, que le public bisontin s’est intéressé de plus en plus à cette étude. Chaque année, une ou deux (quelquefois trois) expositions de Champignons ont lieu à l’Institut botani- que, avec l’aide des mycolognes de la Société d’histoire natu- relle du Doubs), et tous les deux ans le cours publie de Bota- nique générale (ou une partie de ce cours) a pour objet ce groupe de végétaux (@). Le rôle initiateur de Besançon à élé reconnu tout récem- ment par les organisateurs des fêtes mycologiques de Lyon, en octobre 1907, ainsi qu’on peut le lire dans les discours et confé- rences de leur organisateur, M. Prothière, président de la So- ciété des Sciences naturelles de Tarare (Voy. Journaux de Lyon du 25 au 29 octobre 1907). Dernièrement enfin, la question des Champignons douteux, suspects ou de propriétés mal connues est revenue devant la Société d'Histoire naturelle du Doubs : M. Courtet a proposé de faire des expériences sur la comestibilité de ces espèces (Séance du 25 nov. 1907) et nous avons indiqué lutilité de la création d'un Office mycologique à Besançon, avec le concours des my- cologues bisontins (Séance du 11 nov. 1907) ; ces projets, mis à l'étude, pourront être exécutés dans le courant de l’année 1908. En attendant, voici, à titre d'exemples, quelques renseigne- ments sur les Champignons douteux puisés dans les dernières années du Bull de la Soc. mycol. de France (S. M. Fr.) ou la Société d'Hist. nat. du Doubs (S. H. N. D.). Amanita Junquillea : comestible (L. Magnin) ; accidents digestifs (Boué); peut être confondu avec À. Citrina?; voy. S. M: Er., 1906, p.227. Psalliota xanthoderma : comestible (R. Maire), accidents (Bernard, Dr Gillot) : voy. S. M. Fr., 4906, p. 167, xLv : — Cf. Ps. flavescens, id., p. LXIII, et plus bas, note F (Observ. de Veulliot.) (1) Voy. leurs noms, plus haut, p. 45. (2) Voy. D' Ant. MAGxiN, Soc. mycol. de Fr., 1906, t. XXII, 2e fasc., p. 171. D ir Cantharellus aurantiacus : S. M. KFr., 1906, p. LXIII ; — Pleu- rotus olearius : S. M. Fr., 1906, 4e fase. p. 472 ; etc. Hebeloma crustuliniforme ; Stropharia Coronilla ; Mycena pura; Lepiota helveola, etc. (S. M. Fr., 1906, p. 167) ; etc Comestibilité des Tricholoma saponaceum (S M. Fr., 1907, ler fase., p. XXII), — Mycena pura (id., 1906, p. XLV), — Clitocybe aurantiaca (id.),- Cortinariustorvus, Hygrophorus agathosmus, H. eburneus (id., 1906, p. LXxXI) ; — Tricholoma humile, Gyro- mitra gigas, G: esculenta (Courtet, S. H. N. D.. mai 1907) ; — Hygrophorus agathosmus, Tricholoma saponaceum, CGlitocybe nebularis, CL cerussata (Courtet, Ordinaire, S. H. N. D.,25 nov, 9 déc. 1907) ; Entoloma madidum (Hillier, S. H. N. D., 9 déc. 1907); ; etc. Empoisonnements (accidents variables ?) par Tricholoma terreum (voy. plus ht), — Clitocybe dealbata (Bernard, S. M. Fr., 1906, p. xLV), - Gyromitra esculenta (S. M. Fr., 1906, 3° fasc., p. LXXII), — Tricholoma tigrinum (Courtet, S. H. N. D., 25 nov. 1907), — Entoloma lividum (Hétier, S. M. Fr., 1902, C.R. session, becone Barbier, (Gillot,:S: M.:Fr:, 1906, p, 166, 170 : Hillier, SHPIN MD ;9 dec; 41907)';uètc: NoTE E. Les qualités alimentaires ou vénéneuses de la Fausse-Oronge. Les propriétés alimentaires ou vénéneuses de la Fausse-Oronge ont donné lieu à plusieurs intéressantes communications de Ch. Veulliot à la Soc. bot. de Lyon, elles complètent ce que nous avons dit plus haut, p. 60. Dans le t. IX, 1881, p. 258, MM. Boullu et Veulliot rappellent que ce champignon serait mangé sans inconvénient dans quel- ques contrées ; mais un peu plus loin, p. 291, Ch. Veulliot ap- porte des faits probants de comestibilité consignés dans la note suivante : « L’'Amanita muscaria, qui passe généralement pour véné- neuse, est mangée dans certains pays, en Russie notamment. En Savoie même, elle est considérée, dans quelques localités, comme alimentaire. Un juge du tribunal d'Annecy, M. Cottard, m'a déclaré l'avoir mangée et vu manger, sans qu’elle eût subi aucune préparation, aucun traitement ayant pour but d'enlever nn oies le principe vénéneux. Il fut cependant témoin, un jour, d’un accident causé par la Fausse-Oronge, à la suite d’un repas au- quel plusieurs convives avaient pris part. Un seul d’entre eux fut sérieusement malade ; les autres n'éprouvèrent aucun mal. M. Dumont, pharmacien à Bonneville et botaniste distingué, fit, à ce sujet, une communication à l’Académie des Sciences. M. Boullu a cité plusieurs fois certains faits qu'il tenait du célèbre docteur Léveillé et se rapportant à la passion des habi- tants du Kamschatka soit pour la Fausse-Oronge elle-même, soit pour une liqueur spéciale qu'on en obtient et qui se vend à un prix ires'élevé. Si cette espèce est comestible en certaines régions, nous de- vons la considérer comme dangereuse dans le Lyonnais et dans le reste de la France, attendu qu'elle à causé et cause encore chaque année des accidents qui ne peuvent être rapportés à une autre espèce... M. Magnin donne ensuite lecture d’une lettre adressée der- nièrement à M. Veulliot par M. Cottard, dans laquelle ce dernier confirme les faits énoncés ci-dessus et donne des détails inté- ressants sur l’usage de la Fausse -Oronge dont il a été témoin et auquel il a pris part. — (Extr. des Mém. de la Soc. botan. de Lyon, t. 1X): NOTE F. Empoisonnement par des Champignons comes- tibles. On trouvera des renseignements sur les accidents qu'on à quelquefois observés à la suite de l’usage alimentaire des meil- leurs Champignons dans ROQUES, op. cit., p. 43, 98, 116; - Dr V. GiLLor, thèse citée, p. 31, 205, 245 ; — Revue mycolog , t. XI, 1889, p. 9 ; — Soc. mycol. de France, 1906, 3 mai, p. LXXII; 6 déc., p. xc, etc. Deux cas de ces empoisonnements singuliers ont été décrits avec tant d'humour et d’esprit par notre ami Ch. Veulliot que nous n’hésitons pas à reproduire la lettre dans laquelle il les signalait à notre ami commun, Viviand-Morel, di- recteur du Lyon Horticole,; le numéro où elle a paru est du reste très rare, introuvable, et nos lecteurs nous sauront cer- tainement gré de leur permettre de savourer ce délicieux mor- ceau. | SOU Lyon, le 28 octobre 1879. MONSIEUR ET CHER COLLÈGUE, « Les meilleurs ne valent rien », dit un proverbe ; n'allez pas croire que je veux parler des hommes en général; je ne vous entretiendrai dans cette lettre que des champignons en particulier. Vous m'avez demandé à une époque de communi- quer quelques notes sur les cryptogames, objets de mes études ; J'ai trouvé une bonne occasion pour vous donner toute satis- faction. Il s’agit d’un empoisonnement causé par les champignons ; l'accident n’a pas été suivi de mort, mais d’une souffrance très vive et d’une grande fatigue. S'empoisonner avec une espèce vénéneuse est chose com- mune et chaque année les journaux enregistrent des faits de cette nature ; mais empoisonner autrui avec une espèce comes- tible est chose plus rare, et le fait mérite d’être signalé ; je ne suis pas la victime, mais je suis le coupable. Le mois dernier, une dame de mon voisinage est venue me consulter sur les qualités d’uri champignon qui lui avait été donné ; elle apportait trois sujets cueillis la veille dans une commune du département de l'Isère; au premier coup d'œil, je reconnus l’Agaric boule de neige (Agaricus arvensis) ; on lavait récolté à quelques pas d’une habitation ombragée par de grands arbres. Je déclarai que l'espèce était parfaitement comestible, qu’elle avait généralement une saveur très agréable et qu’on pouvait même la manger crue. Mon conseil fut immédiatement suivi et la personne mangea en ma présence un de ces Agaries de di- mension moyenne (le chapeau seulement) ; elle rentra chez elle et quelques heures après, elle mangea encore un fragment de chapeau. D’après ce que j'ai vu et ses déclarations, elle avait consommé environ 30 grammes du champignon. Quelques jours après, l'ayant rencontrée, je fus très surpris d'apprendre qu'elle avait été empoisonnée. Voici ce qui s'était passé : 4 à 5 heures après l'absorption, elle s'était sentie pâlir; un grand malaise se déclara ; elle vomit et en même temps elle ressentit Nu 0e une vive brûlure dans l’estomac,; cette inflammation dura 2 à 3 Jours; elle la combattit avec du lait. La première nuit fut très mauvaise; elle ne dormit presque pas, tourmentée par de fortes coliques. Quatre à cinq jours après, le mal avait cessé, mais elle se sentait encore très fatiguée ? : Etait-ce une simple indigestion ? je nele crois pas ; le vomis- sement, l’inflammation et les coliques me paraissent plutôt caractériser un empoisonnement. La victime m’a déclaré jouir d’une excellente santé, digérer parfaitement et u’avoir jamais la moindre indisposition. Que faut-il conclure de ce qui précède ? Les champignons comestibles pourraient-ils, dans certains cas, produire l’em- poisonnement ? Je m'explique maintenant pourquoi certaines espèces sont indiquées comme suspectes, c’est-à-dire comes- tibles suivant les uns, vénéneuses suivant les autres. Dans le Dictionnaire encyclopédique des Sciences médicales, le docteur Bertillon dit que le suc cru de l'Amanite rougeûtre et de l’Amanile engaînée est vénéneux, et cependant ces deux espèces sont comestibles ; on les vend même sur certains mar- chés ; la cuisson détruit donc le principe toxique. Mais les champignons cuits eux-mêmes peuvent être nui- sibles. M. THERRY, notre collègue, a, l’année dernière, empoi- sonné lui et les siens avec la Langue de bœuf (Fistulina hepa- tica). Il me semblait, dit-il, au moment de la crise, que j'allais m'envoler ; la Fistuline avait donc produit une espèce d'ivresse et ce n’était pas une simple indigestion. L’indisposition produi- sit les effets ordinaires; elle n’eut rien de grave, . mais elle ne peut être attribuée qu’à un principe malfaisant d’une nature particulière ; M. Therry a pensé que les sujets accommodés étaient peut-être un peu vieux ; mais cela ne suffirait pas pour expliquer les effets produits ; 6 à 7 personnes ont été malades, et M. Therry ne s’est pas trompé sur l'espèce qu'il connaît bien et qu'on rencontre fréquemment, — lui, mycologue, qui fait une étude spéciale des champignons, les recherche, les analyse et les peint avec succès. Dans son petit Traité sur les Champignons, M. Morel raconte qu'un individu s'était empoisonné avec une espèce qu’il cueil- lait depuis longues années, à la même époque, au même en- 7 PRE droit. « Je croyais la bien connaître, disait la victime, et Dieu sait les bons repas que j'avais fait avec cette espèce: cepen- dant combien jai souffert pendant plusieurs jours! » Faut-il admettre que des champignons vénéneux très semblables s’é- taient introduits parmi les autres? L’amateur les avait-il con- fondus ? En ce qui me concerne, n ai-je pas pris une mauvaise espèce pour larvensis, espèce excellente”? Je: ne le crois pas; la seule erreur que j'aurais pu commettre, c’est de confondre larvensis avec le campestris, que tout le monde connaît et mange sous le nom de champignon de couche; cette dernière espèce est commune, on la cueille en abondance dans les prés; cette année surtout, on a pu en récolter de grandes quantités. Je ne conclus pas en disant qu'il faut s'abstenir des champi- onons comestibles pas plus qu'il ne faut renoncer aux chemins de fer et aux voitures publiques à cause des accidents qui se produisent fréquemment. Je vous engage seulement à ne pas venir me demander avis lorsque vous aurez quelque champi- gnon à manger. [Il y a peu de temps que je m’avise de donner à cet égard des consultations et il faut avouer que pour mon début je ne suis pas heureux. Si mon début est aussi triste, Dieu sait ce que sera la fin! Mais ne voulant grossir la liste Où figure maint malandrin, Ne croyez pas que je persiste, À poursuivre même chemin. Sais-je, après tout, quel sera mon destin D'honnète homme aisément, on devient un coquin; Tel qui commence en botaniste Finit un jour en assassin. C’est probablement ainsi que je finirai pour peu que je con- tinue à donner des consultations ; encore un ou deux succès comme celui-là et vous me verrez emmener par deux gen- darmes. Ce que j’entrevois de plus clair, à la fin de mes études mycologiques, et pour mes vieux jours, c’est un casier judi- claire. Je ferai mes efforts cependant pour y arriver le plus tard JR PEN possible et c’est dans cette espérance que je vous prie de me GRO: Votre tout dévoué serviteur, VEULLIOT. P. S. — J'ajouterai que le champignon, auteur du méfait, est connu de tous les amateurs : c’est l'espèce à feuillets plus ou moins roses, désignée habituellement sous le nom de mous- seron; on la cueille dans les prés, le long des haies, au bord des bois; on la confond d'ordinaire avec l’Agaricus campestris (Champignon de couche) auquel il ressemble tellement qu’on l’en distingue parfois difficilement; elle a des feuillets d'un rose plus pâle, le chapeau est d’un beau blane, lisse, se maculant de jaune lorsqu’on gratte l’épiderme; le pied se tache également de jaune, surtout à la base; enfin l’anneau est replié et paraît double. Dernière observation : la personne m’a déclaré depuis, qu’elle avait été empoisonnée, il y a quinze ans, par le même cham- pignon cuit, et que depuis cette époque elle avait conservé une certaine défiance contre l'espèce, n’ayant consenti à en manger que sur mon affirmation et ma déclaration formelles. » (Lyon-Horticole, 1879, novembre, n° 11, p. 283.) Comparez la lettre que Ch. Veulliot m'écrivait à la même époque et dont j'ai cité quelques lignes, plus haut, p. 64. La spirituelle épître ci-dessus reproduite, donne une idée très juste de la tournure d'esprit du mycologue lyonnais et complète le portrait que j’en ai donné dans ma notice de 1890. ANT. M. Société d’'Emulation du Doubs, 1907. POINT Portrait présume de Jacques Prévost (1561) : représentant Joseph d’Arimathie dans le triptyque de Pesmes Cliche de M. JuztEN. JACQUES PREVOST PEINTRE-SCULPTEUR & GRAVEUR FRANC-COMTOIS au XVIe siècle Par le Docteur E. BOURDIN MEMBRE RÉSIDANT Séance du 30 novembre 1907. L'œuvre de Jacques Prévost n’a pas encore été étudiée dans son ensemble. Certains auteurs nous ont parlé du peintre, du graveur; d’autres nous ont fait connaître le sculpteur, où bien, comme M. Lechevallier-Chevignard, nous ont laissé entrevoir un artiste facétieux et railleur, tout imbu de la sensuelle philosophie du xvI° siècle, vivant au jour le jour, sans souci du lendemain et confiant dans l’ave- nir et dans son pinceau. D'autre part, de nombreuses et parfois grossières erreurs se sont glissées sur la question de son lieu de naissance. S1, en effet, 1l est généralement admis que la Franche: Comté soit son pays d’origine, les avis diffèrent étrange- ment quand il s’agit de désigner d’une façon exacte le lieu où il est né. Plusieurs villes se disputent cet honneur et ce point peut demeurer encore assez longtemps dans l'incertitude, grâce au manque de documents positifs à cet égard et à la tenue assez irréguhère des registres paroissiaux de l’époque. La plupart des écrivains, en effet, le font naître à Gray, d’autres à Dole et quelques-uns même à Besançon ou à Paris. To Cette manière de voir est contraire à la tradition qui regarde Jacques Prévost comme originaire de Pesmes (1), où se trouve encore le morceau capital de son œuvre, ce fameux triptyque, la Mise au Tombeau, dont la signature et la date (1561) fixent le point de départ et le début de notre vieille école comtoise (?) En ce qui concerne la ville de Grav, l'erreur initiale pro- vient du chanoine Jean Tabourot (6) qui vivait à Langres en même temps que Jacques Prévost. Mariette l’a répétée tex- tuellement dans les commentaires qu'il a écrits en marge de l'ouvrage de P. Orlandi, l'Abecedario Pittorico(#) ; il est loin pourtant, comme nous le verrons, d’être absolument catégo- rique et son affirmation prête à l'équivoque. - Depuis, sur la foi de cette note ambigué, les biographes de Jacques Prévost ont reproduit la même affirmation el continué à le faire naitre à Grav, sans pousser plus loin leurs investigations et sans chercher à mettre au point ni élucider cette question (9). La ville de Dole également, par la plume autorisée d’un (1, Pesmes (Haute-Saône), chef-lieu de canton de l’arrondissement de Gray. (2) D'après MM. J. Gauthier et G. de Beauséjour, le triptyque de Pesmes est le premier tableau signé et daté que nous possédions en Franche- Comté : L'Eglise paroissiale de Pesmes, Caeu, H. Delesque, imp., 189%. (3) Jean Tabourot, chanoine et oflicial de Langres, oncle du poëte Etienne Tabourot. mort en 1595. (4) L’Abecedario Puttorico, in-%, Bologna, 1719, par P. ORLANDI. — Cet ouvrage a été commenté et annoté à la main par Jean Mariette savant iconophile du xvi1e siècle (5) Cette erreur est reproduite dans un grand nombre d'articles ayant trait à Jacques Prévost, notamment dans le Magasin pittoresque, année 1897, page 315: Jacques Prévost, peintre et graveur sous Fran- çois Le et Henri Il, par LEGHEVALLIER-CHEVIGNARD ; — dans le Bulletin de la Société d’'Emulation du Doubs. année 1868 : Le peintre Jacques Prévost, par LANCRENON ; — Dans la Revue Franc-Comtoise, mai 1884 : Un peintre graveur franc-comtois au xvi* siècle, par H. BoucHor ; — enfin dans le Dictionnaire général des artistes de l’Ecole française, par BELLIER et AUFRAY, Paris, 1885. Librairie Renouard. FES CURE de ses anciens bibliothécaires, M. Pallu, à revendiqué aussi l’honneur d’avoir donné naissance à notre vieux maitre comtois. Ces inexactitudes, parfois intéressées, proviennent de ce fait qu'à Gray et à Dole il y eut au xvie siècle, comme à Pesmes du reste, des familles de ce nom, dont la plupart des membres se livraient à la peinture. Ces familles ont certa' nement une origine commune dont Gray parait avoir été le berceau primitif Il s’agit donc de savoir à laquelle de ces trois branches, celle de Grav, de Dole ou de Pesmes, a appartenu Jacques Prévost. Je mentionnerai également pour mémoire l’avis du Père Dunand qui, dans sa Statistique de la Franche-Comté, fait sans raison aucune naître Jacques Prévost à Besançon (M, Ajoutons encore que la ville de Poitiers réclame Jacques Prévost comme un de ses enfants, sous le prétexte que deux de ses protecteurs, le cardinal de Givry et Jehan d’A- moncourt furent tous deux évêques de Poitiers ! | Enfin, si nous ouvrons le dictionnaire de Larousse, nous y lisons, en même temps qu'un grand nombre d’autres erreurs ayant trait à notre peintre, qu'il serait Parisien de naissance ! (1510-1590) (2). À toutes ces opinions si contraires à la tradition qui veut, comme je l’ai dit, que Jacques Prévost soit né à Pesmes, il convient d’opposer Pavis non moins autorisé d'érudits et de savants qui, Sans parti pris, se rallient franchement à cette manière de voir, ER C’est d’abord Perron, l’ancien professeur de philosophie à la Faculté des lettres de Besançon, puis Suchaux, l’auteur du Daictionnuire historique des communes de la Haute- (1) Statistijue de la Franche-Comté, {11e vol. Manuscrit du père Dunand. (2) Dictionnaire universel du XIX® siècle, 13 vol., par P. LAROUSSE Artele Prévost, Jacques. 2 80. Saône, l'abbé Besson, l'historien de la ville de Gray. et enfin notre ancien collègue Castan, dont l’autorité en matière historique est indiscutable et hors de doute. Ajoutons, pour terminer cette nomenclature, que M. Per- chet dans son ouvrage, Le culte à Pesmes, pose également le problème, mais sans le résoudre complètement (1), Cette divergence d'opinions plus ou moins autorisées sur la question du lieu de naissance de Jacques Prévost, et d'autre part la dispersion des rares notices concernant notre artiste, éparses dans un grand nombre d'ouvrages, nous ont engagé à vous présenter un travail d'ensemble sur son œuvre, qui présente un réel intérêt dans le développement des arts en Franche-Comté à l’époque de la Renaissance. Nous rechercherons aussi, malgré le petit nombre et la pauvreté des documents, s’il ne serait pas possible de dégager la vérité sur le lieu de naissance du peintre com- tois et de donner ainsi une solution définitive à ce point spé- cial de l’histoire artistique de notre pays. LES DÉBUTS DE JACQUES PRÉVOST Jacques Prévost, comme la plupart des artistes de son époque, fut à la fois graveur et peintre, sculpteur et archi- tecte. Comme eux aussi, il fut pauvre et miséreux, confondu avec la masse des artisans vulgaires, les chaussetiers, les bonnetiers, etc... et obligé, pour gagner sa vie, de faire non seulement des gravures et des tableaux, mais encore de broyer lui-même ses couleurs, d’apprêter ses panneaux et même de les encadrer (2). (1 Le Culte à Pesmes. Notes historiques, par E. PERCHET. Imprimerie et lithographie Roux, à Gray. (2) Les comptes des bâtiments du Roï nous révèlent que François Clouet, peintre du roi, portraitiste officiel, a été appliqué aux besognes les plus diverses : décoration de bannières ou de voitures, moulages après décès, Er QT ue Il faut se rappeler en effet que c’est par le crayon d’abord, le burin ensuite, que nos anciens peintres débutaient dans la carrière artistique pour arriver plus tard à l'honneur de te- nir le pinceau, quand la protection d’un grand seigneur ve- nait les sortir de misère et leur permettait de suivre leur vocation. | Il fallait donc être non seulement un artiste de valeur mais appartenir aux gens de mestier pour obtenir le visa tant recherché des maitres jurés. Le moindre défaut d’une toile légèrement plissée, un bois qui gondolait, des couleurs douteuses, faisaient rejeter im- pitoyablement la matière première. En revanche, pas de travaux hâtifs, pas de production exagérée. Tout était étudié longuement et minutieusement dans ses moindres détails par ces artisans en passe de devenir artistes, à la fois peintres et enlumineurs, imagiers et sculpteurs. Aussi, la postérité restera-t-elle longtemps encore en admiration devant ces œuvres d’un fini accompli et d’une conservation parfaite. Il fallait d'autre part pour donner à ces artistes pauvres et besoigneux les moyens de vivre et de produire, que de hauts personnages entrassent en scène et les prissent sous leur protection. Ce ne fut malheureusement pas le cas général en France, dans le cours du xIv° et du xve siècle, d’où cette glorifica- tion, exagérée jusqu'à l’apothéose, des primitifs étrangers au détriment des nôtres. C'est ce que naguère notre ami H. Bouchot a si bien su mettre en relief dans son exposition des primitifs francuis (l) et dans les commentaires dont il Pa fait suivre (2) confection, arrangement du mannequin royal et organisation des obsèques à la mort de Henri IÏ, contrôle des monnaies, etc... (Extrait de la Gazette des Beaux-Arts, de juiltet 1907, sous la signature de François Courboin. (1) L'exposition des primitifs français, au pavillon de Marsan, eut lieu du 11 avril au 14 juillet 1904. (2) Catalogue de l'exposition des Primitifs français (Peinture), () Le Ce fut alors, comme on se le rappelle, pour le monde artistique une véritable révélation, dont notre amour-propre national ne put que s’enorgueillir. La différence entre Philippe dans les Flañdres, protecteur né des arts et Louis XI en France, aux vues étroites et mes- quines, explique suffisamment les raisons qui ont fait relé- guer nos artistes nationaux au second plan, en méconnaissant leur talent et, souvent, en entravant l'essor de leur génie. Aussi devons-nous conserver toute notre admiration pour ceux qui, à l'encontre des idées admises, ont su dépister les vrais artistes et les encourager de leur protection. Le puissant appui qu’ils apportèrent ainsi aux productions somptuaires fut le signal d’une véritable renaissance du mouvement artistique dans notre pays. « Les ducs d'Anjou, de Berry et d'Orléans, dit M. de Laborde, forment dans la cour de France et parallèlement à la cour des ducs de Bour- gogne comme une auréole éclatante dont il est bien difficile de détourner les yeux (l). » Jean Goujon, Bernard Palissy trouvèrent leur « Mécene », dans le connétable de reel (2): Philibert Delorme rencontra le cardinal du Bellay (8). Quant à notre pauvre Jacques Prévost, après avoir promené son crayon et son bu- rin de \Pèsmes à Dole et de Dole à" Salins, morbiasctune, Paris, 190%, in &, par H. Bouchot, J.-J. Guiffrey, Léopold Delisle, Frantz Marcou, H. Martin et Paul Vitry. Exposition des Primitifs français, Paris, Lévy, édit, 190%, in-folio, 100 planches, par H. Boucxor. (1) Les ducs de Bourgogne, par DELABORDE, tome III, page 1. (2) Le connétable de Montmorency fut le protecteur de Jean’ Goujon et de Bernard Palissy qui avaient embrassé la Réforme et étaient en butte aux persécutions religieuses. Il fit décorer son château d’Ecouen de su- perbes faïences et terres cuites par Bernard Palissy, pour lequel il obtint plus tard le titre « d'inventeur des rustiques Haies du Roy et de la Reyne mère ». (3) C’est le cardinal du Bellay qui fit venir Delorme à Paris et l’iutro- duisit à la cour de Henri IE. chemin faisant, des vierges et des saints (D, redoré des cierges d'église et des bastons à pourter Le poille @), il fût resté pour toujours un inconnu et un oublié, si la haute protection du cardinal de Givry (8 d'abord et de Jehan d’Amoncourt (4), son coadjuteur, puis de son ami d’enfance, Catherin Mayrot, n’était venue le sortir de misère et faire du petit artisan de Pesmes l'artiste dont nous admirons encore aujourd'hui l'œuvre capitale et qui fut un des iaspirateurs de notre école primitive comtoise. LES DESSINS ET LES LETTRES DE JACQUES PRÉVOST L'art, qui a le grand privilège de refléter la société et ses mœurs, reflète bien davantage encore le tempérament et les passions de celui qui s’y livre. La plume ou le pinceau, Île crayon ou le burin n’évoquent pas seulement l’histoire d’une époque : ils caractérisent aussi l'artiste, en traduisant fidé- lement sa pensée et ses aspirations. (4) Il existait autrefois dans notre province un grand nombre de tableaux sur bois avec volets qui étaient de Ia main de Jacques ou de Jean Pré- vost, son parent. (2) Extrait d’une quittance qui se trouve dans les Archives communales ‘ de Pesmes et qui est signée J. Prévost, 1565. (3) Le cardinal de Givry était le fils de Philippe de Longwy, seigneur de Gevrey ou Givry (Jura) et petit-fils d'Henriette Grandson, dame de Pesmes qui fut inhumée dans l’église de Pesmes. C'était done un com- patriote de Jacques Prévost, ce qui explique la protection que lui a accor- dée ce prélat. [l fut successivement chanoine, archidiacre et enfin évêque de Mâcon, par la démission d'Etienne de Longwy, son oncle qui occupait ce poste. [1 passa de là, à l'évêché de Langres, puis à ceux d'Amiens et de Poitiers, où il mourut en 1561 et fut remplacé par un de ses amis, son ancien coadjuteur, Jehan d’Amoncourt. (4) Jehan d'Amoncourt était d’origine bourguignonne, compatriote aussi de Jacques Prévost qu'il avait connu à Dijan où ce peintre avait travaillé comme l'indique sa correspondance et à Langres chez le cardinal de Givry, dont il était le vicaire général et qu'il remplaça plus tard (1561) à l'évêché de Poitiers. Di Qt Les lettres de Jacques Prévost, qu'accompagnent quelques dessins humoristiques, sont encore plus significatives à cet égard Elles nous font entrer en effet dans la vie intérieure de notre peintre, en nous initiant à son état d’âme et en nous faisant connaître ses pensées les plus intimes. Dans ces lignes, où l’homme se livre tout entier, sans arrière pensée et sans crainte d’une publication posthume, on devine l’histoire vécue d’un artiste parcourant une à une toutes les étapes de la pauvreté avant d'arriver au bien-être d'abord et à la notoriété ensuite. | M. Lechevallier-Chevignard (1), ancien professeur à l'Ecole des Arts décoratifs, a eu la bonne fortune de rencontrer trois dessins inédits de Jacques Prévost, dont deux illustraient des lettres qu'il adressait à un de ses amis, à Dijon Nous avons pensé que dans une étude d'ensemble de l’œuvre de Jacques Prévost, il était intéressant de repro- duire ces lettres et’ ces dessins que nous empruntons au Magasin Pittoresque et dont notre ancien confrère, le peintre Lancrenon, à déjà parlé autrefois à la Société d'Emulation du Doubs, dans une notice consacrée à notre artiste franc- comtois, à propos d’un achat fait par notre musée d’un de ses tableaux (?). Une main maladroite a malheureusement émargé ces pages et détruit une partie de la correspondance dont les fragments conservés font regretter, davantage encore, la perte de ceux qui ont disparu. Malgré cela, ces quelques lignes sont d’une importance capitale. Elles nous font connaître l’homme en nous le montrant sous des couleurs vraiment bien séduisantes. Les croquis à la plume qu’accompagnent ces letires (1) Le Magasin pittoresque, année 1857. Jacques Prévost, peintre et graveur sous François Le et Henri IE par LECHEVALLIER-CHEVIGNARD, p. 315. (2) La Société d'Emuiation du Doubs en 1868. Notice sur le peintre franc-comtois Jacques Prévosl, par LANCRENON. Société d'Emulation du Doubs, 1907. PIERRE qi EEK ER EE — ss Ro Sp == 2 ns j en mai == = RE — = Te ee à T 2 —° & = it IN À = on, : & Le & Æ RE SSI ANSE DR <= = SE 7%" ï ns — KN fe de pes ka pa MINn SONT Ë LR he L > Line ut Al FUN TK _ ot | QT nl | : Ç s = LECHINTE 711 Croquis à la plume de Jacques Prévost d'apres le Magasin pittoresque (année 1857) | | Dessin de CHEVIGNARD. sont finement enlevés et leur donnent un charme de plus. Voici dans leur intégralité ces lignes qui nous trans- portent au siècle de Rabelais, siècle sensuel et facétieux, satirique et railleur. Première lettre. — « ....…. escrire encoyre ung faictz de mes vaillances. Cest que moy estant couché, me voient envyronné de soyes et de brodures, de toutes pars, jusques au coussins dessoubs ma teste ouvrez de soye, nestoye à mon ayse. Ains plus tôt me désiroye en ma chambre philosophalle, laquelle est tendue de cette clère toille que aregnes a accoutumer me filler. Et pour abrévier le conte, le dict seigneur a continuer de bien en myeulx sa bénivolance jusques a maintenant avec lequel jay tousiours manger, en sorte je suis bien sou. Et quant à la besoingne, je l’ai achevée et posée à son très grand contentement, et bien au grez du Révérendissime car- dinal de Gyvry, lequel l’a visitée par plusieurs foys et pour ce que mes prospéritez vous seront aultant felix et agréable comme à moy-mesme, pour l’inséparable conjonction de notre admytié, vous veux encoyre raconter de mes faictz et gestes. — C’est que moy estant en la maison episcopalle dudict cardinal de Gyvrv, monsieur de Simoney y arriva pour quelque affaire, qui est l’ung de ses maistres d’hostelz, me dict et ainsi le commanda à monsieur le promoteur concierge de ladicte mai- son, et aussi ne me fut reffuser, Car ainsi le vouloit ledict sei- gneur cardinal, et luy estant arrivé en sa dicte maison à Langres et avoir veu ce que je faict pour luy, en a heu tel conten- tement que le pris raisonnable que j’ay demandez, et en tel espèce, m'a esté accorder, sans y faire difficulté quelconque ». « Ainsi, monsieur, vous voyez comme celluy qui régit for- tune me faict obtenir la bénivolance de deux groz personnages, qui m'a rendu aussi fier qu’un asne qui à la queue coupée. Monsieur, est-ce que vous pourroye escripre de mes haulx et glorieux faictz, et pour le surplus, je vous suplie advoir tou- siours en recommandation ung de vos amys. Jacques Prévost(». (1) Cette lettre a dù être écrite comme le fait remarquer M. Lechevallier- : Chevignard, dans son article du Magasin pittoresque, entre les années — 86 — Deuxième lettre. — Dans cette seconde lettre, Jacques Prévost écrit probablement au même ami et lui dit combien il regrette d’avoir quitté Dijon : «... attendu la veñue de monsieur vostre frère qui à esté cy tost de retour à Dijon ..…. ». Il demande ensuite : .…. Gy la cheminée fume fort et lequel de voz deux esgume le pot... ». « Au surplus, vous mescriprés ung petit mot comme maistre... c’est gouverner despuis que sa bride est rompue.. . » « Combien de livres de chandoilles illa consumer à besoingner, car Je seroye marry cy prenoit les matieres trop à cueur, attendu la coquelluche qui la naguères tourmenter ». « Monsieur, il ne tiendra qua vous et de cela je vous en prie mavertir combien de cayers de papier vous avez gatez depuis mon despartement de Dijon, car je prophetize, en escrip- vant, que vous et moy, ensamble maitre Jean, avons aultant faict l’ung comme l’aultre ». Que de philosophie dans ces quelques lignes arrivées jusqu’à nous ! Notre pauvre artiste franc-romtois, à l'instar de quelque «truand mal entripaillé » de Rabelais, se prélassant dans la soye et faisant chère lie, paraît tout honteux de l’hos- pitalité quasi-princière qu’il reçoit chez son protecteur, le haut et puissant cardinal de Givrvy. Il se trouve mal à l’aise dans ce grand lit à courtines où jusqu'aux coussins dessoubz sa teste sont ouvrez de soye..…. Aussi est-ce avec un regret non dissimulé qu'il pense à la clère toille que seules les aregnes avaient cou- tume de filer pour tapisser sa chambre philosophalle, cette pauvre chambre où tout manquait, sauf la jeunesse et la 1555 et 1561 ; c’est-à-dire au moment où l’évêque d’Amoncourt avait déjà remplacé dans son siège le cardinal de Givry, mort en 1561, puisque J. Prévost parle de ses deux protecteurs et qu’il crayonne lens portraits sur la même feuille. Société d'Emulation du Doubs, 1907. PIEARVESS ( il ue N gi à ai E E À re Fe au AIS \l\ A \3, SES ANR aa \ f AA \\\ RENE fl | cé = NN = SN EEK INK ne “ N Ne SSS RRQ NN \ NT | SKKKKÇSS NES è sr _\ res Croquis à la plume de Jacques Prevost d’après le Magasin pittoresque (année 1857) Dessin de CHEVIGNARD. Q rie gaieté et qu'il regrette, comme plus tard le savetier de notre bon Lafontaine regrettera, avec ses chansons per- dues, sa bonne humeur et sa Joie envolées pour toujours. Maintenant il est repu : on le paie royalement et il mange à son sou! On l'entoure, on est plein de prévenances pour lui et la fierté quil éprouve de la protection de ces deux gros personnages, le cardinal de Givry et l’évêque d’'Amon- court est semblable à celle, dit-il malicieusement, que doit éprouver un âne qui aurait la queue coupée ! Pour Jacques Prévost en effet, c’est le monde renversé, vieux cliché dont les caricaturistes de tous les temps et notamment ceux des xIve et xve siècles avaient déjà abtfsé, en nous montrant tantôt un lièvre emportant un chas- seur au bout de son fusil, tantôt un bœuf conduisant la charrue ! Aussi, notre peintre ne manque-t-il pas dans sa lettre, après avoir crayonné les portraits de ses deux protecteurs, le cardinal et l’évêque, dont les mains reposent sur un cartouche signé de son nom, d’esquisser une mappemonde mal équilibrée sur la pointe d’une croix et à côté d'elle, un homme marchant sur les mains. Ainsi va le monde, écrit-il philosophiquement, en guise de devise, au bas de son dessin: le monde renversé, où chacun marche les pieds en l’air et la tête en bas et où de pauvres diables comme lui sont princièrement traités, contrairement à tous les usages et surtout à tout ce qu'il avait éprouvé lui-même auparavant. Je vous laisse à penser ce que dirait aujourd’hui, à l’au- rore du xx® siècle, notre pauvre Jacques Prévost, si déjà, dès le milieu du xvre, tout marchait à l'envers ! La deuxième lettre dont quelques lambeaux de phrases seulement nous sont parvenus, est écrite sur un ton plus familier encore et adressée probablement au même per- sonnage. i Jacques Prévost s’y montre inquiet de la santé et de 0 ie la conduite du fils de son correspondant dont malheureu- sement le nom a disparu. | Comment s'est-il comporté demande-t-il, depuis que sa bride est rompue et combien de livres de chundoilles a-t-il usé à besoigner (1), Puis 1l s’informe ey la cheminée fume fort, et il tient à connaître quel est celui des deux qui esqume le pot depuis qu'il a quitté Dijon, Tout cela démontre amplement que le pauvre hère qu'était notre peintre comtois n'avait pas toujours été à l'abri du besoin, comme tant d'artistes du reste, et que, lorsqu'il ha- bitait Dijon, il avait dû souvent déposer son pinceau, pour aller à son tour esqumer le pot et empêcher la cheminée de fuiner. | Sa lettre est, comme la première, agrémentée de quelques traits de plume. Tei, c’est un lion courroucé, symbole,peut- être de son état d’âme et de ses sentiments irrités, malgré le luxe apparent dont il est entouré. Il est penaud, comme un âne qui a la queue coupée, sui- vant son expression, de se voir si adulé et si bien traité, mais il est furieux aussi, comme un lion enfermé dans sa cage, d’avoir perdu sa liberté et de ne pouvoir comme autre- fois esqumer le pot lui-même, c’est-à-dire vivre à sa guise. À ces dessins satiriques et moqueurs qui illustrent sa correspondance, tout en en rendant le texte plus clair, il convient d'ajouter le portrait du cardinal de Givry. C’est un très beau dessin, fort habilement exécuté et que M. Lechevallier-Chevignard a relevé au cabinet des es- tampes (2). Le cardinal Y. est représenté à mi- -COrpS, porteur d’une (1) I n'ya pas lieu de s'étonner de rencontrer, sous la plume d'un contemporain de Rabelais, ce mot empi oyÉ généralement dans un sens érotique. (2) Nous l’empruntons au Magasin pittoresque qui l’a publié en 1857, p. 917. rt Fr : t LE ve UE Me Ar ï ra 2 STE, PISE CC CNY, CARDIENS Q'DE EENCE: N hoDE Po LAVD LL) 4 LA 7 € Société d’'Emulation du Doubs, 1907. EVES GIVERY, DE Le Cardinal de Givry d’après le dessin de ]. Prévost conservé à la Bibliothèque Nationale ROUE très longue barbe, la tête recouverte de la barette cardina- lice. Les traits sont nettement accusés, le regard est doux et l’ensemble de la physionomie donne l’impression de la bien- veillance et dé la bonté. En marge de ce dessin est inscrite la mention : CLAUDE DE LONGVY, CARD. DE GIVRY, ÉVÊQ. DE LENG, 1560. Castan relève encore, comme ayant existé autrefois dans la galerie des Gauthiot d’Ancier à Besançon, un album de dessins de Jacques Prévost exécutés d’après la bosse (1). II est signalé, en effet, dans l’inventaire dressé à la mort de Gauthiot par sa veuve, pour ses biens de Besançon et de Gray, dans les termes suivants : Ung libvre faict par maistre Jacques Prévost, où sont despainct plusieurs corps et testes, le tout faict après le reliefz, taxé quattre francs @). J. Gauthier parle également de ces dessins dans son Annuaire du département du Doubs pour l’année 1892, Malheureusement, il n'en reste pas trace aujourd’hui et nous sommes obligés de nous contenter de ceux que nous devons aux investigations de M. Laurent-Chevignard Quoi qu’il en soit,les dessins de Jacques Prévost présentent, malgré leur petit nombre et avec le texte quiles accompagne, un réel et puissant intérêt. Quoi de plus suggestif, en effet, que ces lettres! Elles nous font connaître un Jacques Prévost ignoré, sceptique et gouailleur, ne perdant pas un coup de dent à la table bien servie du cardinal, tout en raillant le luxe dans lequel it se débat, étonné qu'il est surtout de s’y rencontrer. Ne croirait-on pas lire un chapitre inédit de son contem- porain le curé de Meudon, illustré par un crayon spirituel et railleur ? (1) La Société d'Emulation du Doubs, année 1879. La table sculptée de l’Hôtel de Ville de Besançon et le mobilier de la famille Gauthiot d’Ancier, par A. CASTAN, page 70. (2) Le franc de notre province valait alors 13 sous et #4 deniers de France. Mais il y a lieu de tenir compte de la valeur de l'argent au XvI° siècle qui était au moins dix fois plus grande qu'aujourd'hui. AO) | ee LES GRAVURES DE JACQUES PRÉVOST Il existait à Pesmes, à la fin du xve siècle etau commen- cement du xvI°, une famille Prévost, dans laquelle la pein- ture était en quelque sorte héréditaire et dont la plupart de ses membres tinrent honorablement le pinceau. Dans son intéressant et érudit ouvrage La Franche Comté, H. Bouchot a relevé le fait. En quelques lignes, il effleure la magnificence et la grandeur du château de Pesmes, à époque des Labaume-Montrevel, qui venaient, dit-il, € y quérir le soulagement aux anémies des palais royaux » et autour de qui, « une très rudimentaire et naïve pépinière d'artistes se forma, dont les noms modestes sont égarés pour nous. Il y eut ce Jacques Prévost légendaire, à la fois peintre et gra- veur, qui laissa dans l’église de Pesmes, une œuvre encore aperçue et de très vieux peintres flamands, qui, près de cin- quante années auparavant, avaient dessiné sur vélin les fêtes du mariage entre Jean de La Baume et Bonne de Neuchâtel, En ce temps-là Pesmes avait sa cour et son grand chà- teau (1). » | Si les archives municipales et les registres paroissiaux de cette petite ville, sont muets sur la naissance de notre ar- tiste, il n'en est pas mcins vraisemblable, comme nous le verrons plus loin, qu'il devait appartenir à cette famille de peintres et que c’est auprès des siens qu'il reçut ses pre- mières leçons (2). Il est probable aussi que c’est à ses dispositions heureuses pour les Beaux-Arts, qu’il dût son départ de Pesmes, ce qui lui permit d'aller chercher au loin des maitres dignes de lui et de son précoce talent. (1) H. BoucxorT. La Franche-Comté. Illustrations par Eugène SADOUX. Edition nouvelle, Paris, 1904, p. 448. (2) E. PERCHET. Loc. cit., page 202. RENT dus C’est à Salins qu'il débuta dans l’art de manier le burin, chez Claude Duchet(l) qu'il suivit à Rome par la suite et chez son neveu Antoine Lafreri, l'éditeur de cartes de géo- graphie et d’estampes si recherchées encore aujourd’hui (2 ; mais ce n’est que de longues années après qu'il devint l’ami et l’émule de Jean Duvet, de Langres, le maître à la Li- corne (3), _ Ses premières estampes portent le millésime de 1535 et il en est arrivé dix-neuf jusqu'à nous, toutes de la plus in- signe rareté. Il est inexact d'autre part, comme cela a été dit à maintes reprises, que Jacques Prévost ait renoncé à la gravure à partir de 1538, pour se consacrer entièrement à la peinture. Ses plus belles productions dans ce genre, une Vénus, une CGybèle et entin une Charité Romaine, portent la date de 1547. Elles dénotent à ce moment, un artiste déjà sûr de lui et se faisant le graveur de ses propres tableaux. Cette erreur provient aussi de ce que, pendant ce laps de (1) Claude Duchet, graveur et éditeur d’estampes, né à Salins au com- mencement du xvi® siècle et mort à Rome en 1585. On a de lui un atlas très considérable. In-fol. max. (2) Lafreri Antoine, graveur et imprimeur, né à Salins ou à Orgelet (Jura), en 1512. Il s'établit à Rome auprès de son oncle Claude Duchet, comme marchand d estampes et de cartes géographiques. Rentré en France après s'être brouillé avec son parent, il ne tarda pas à revenir en Italie, et mourut à Rome en 1577. Ses principales publications sont : Suove- tausilia, Rome, 1553. — Speculum Romanœæ magtidunis, 118 planches (1554-1573). — Jupiter foudroyant les géants, d'après Raphaël. — La naissance d’'Adonis, d'après Salnati, etc. Toutes ces gravures sont encore recherchées des amateurs. Le D' Roland de Besançon en possède une épreuve dans sa collection et moi-même j'ai pu m'en procurer une également dans une vente publique. Elle porte en marge: Ant. Lafreri Seqvanis formis expressa Rome, avec le monogramme FG, ce qui in- dique que Lafreri n’en a été que l'éditeur. (3) Duvet, Jean, dit le maitre à la Licorne, graveur, né à Langres en 1845. Il fut orfèvre de François le. Son surnom lui vient de ce qu'il mettait souvent une licorne comme motif de décoration dans ses #stampes. On ne connait pas la date de sa mort; mais il vivait encore en 1561. temps, nous ne savons rien sur l’existence de notre artiste, qui s’oubliait en Italie dans les délices de la nouvelle Ca- poue artistique (1). Rome, en effet, conviait alors le monde entier à venir s'inspirer au mouvement prodigieux de sa Renaissance et en s’y rendant, Jacques Prévost ne faisait, en somme, que suivre l’exenple de ses devanciers. Les Michelin de Vesoul, les Mignot, les Jehan d’Arbois, avaient, dès le siècle précédent, ouvert dans notre pays cette longue liste de pèlerinages artistiques au delà des Alpes, tout en sachant sauvegarder, comme l’a démontré H. Bouchot, leur individualité propre et leur caractère par- üiculier. Quelques-uns même, comme Goudimel et Boissard, bi- sontins tous deux, y passèrent presque toute leur vie. Le premier, en effet, avait ouvert à Rome une école de musique qui devint rapidement célèbre et par laquelle passèrent presque tous les grands maîtres de l’époque. Quant à Bois- sard, le célèbre antiquaire, il s’appliquait à dessiner toutes les choses anciennes qu'il rencontrait et compulsait les notes qui lui permirent de publier plus tard le premier travail d'ensemble qui ait été fait sur les antiquités romaines (2). Jacques Prévost n’échappa pas à la règle et c’est auprès des grands maitres, les protégés de Jules IT et de Léon X, (1) C'est vers 1530 ou 1535, que Claude Duchet se rendit à Rome et c’est précisément à partir de ce moment-là, que l’on n’entendit plus parler de Jacques Prévost, qui avait suivi son maitre, dans l'espoir d'aller étudier sur place les chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne. Ce serait done une erreur d'admettre sans preuves contraires, que Jacques Prévost ait pu être l'élève de Raphaël, mort en 1520. Aussi, pensons-nous que c’est auprès de Michel-Ange qu il travailla et la diversité de son talent. apte à tous les genres, explique l'épithète flatteuse de Michel-Ange de la Fran- che-Comté dont l'avaient qualifié ses contemporains. (2) Goudimel, célèbre compositeur de musique, né à Besançon en 1520, et Boissard, antiquaire, né à Besançon en 1528, et mort à Metz en 1602. Tous deux appartenaient à la Religion réformée. MES O SNS qu'il vint assouplir son talent naissant et puiser l'inspiration. Toutes ses gravures sont signées et datées, ou simplement marquées de son monogramme, resté longtemps indéchif- frable. Marolles, dans son catalogue de 1666, l’attribue à un gra- veur, du nom de Perjeconter. sur lequel du reste, il n’a ja- mais pu fournir aucune donnée sérieuse. P. Orlandi marche sur ses traces et répète de confiance la même inexactitude. Nous en dirons autant de M. Gauthier qui, dans son annuaire du département äu Doubs pour l’année 18992, se fait l’inter- prète d’une erreur analogue en attribuant les premières gravures, celles datées de 1535 à 1537, au graveur Perruzi Sanesse, dont le chiffre a une certaine ressemblance avec celui de Jacques Prévost. Seul Mariette a su faire la lumière et rendre à notre graveur franc-comtois la propriété d’un monogramme qui lui appartenait bien réellement Dans ses annotations manuscrites à l’ouvrage de P. Or- landi, il a démontré que ce chiffre ne pouvait être que celui de Jacques Prévost et Robert Dumesnil qui relève cette par- ticularité s'estime « heureux, dit-il, d’être appelé le premier à transmettre au monde artistique par la voie de l’impres- sion cette vérité historique (1). » Pourquoi faut-il que la note manuscrite de Mariette qui éclaire d’un jour tout nouveau la question du monogramme et la tranche d’une façon définitive, la complique au contraire sur le lieu de naissance de l'artiste et cela, sur une simple affirmation sans contrôle. Voici d'après Robert Dumesnil, le catalogue explicatif complet des dix-neuf estampes connues de Jacques Pré- vost. (1) Le peintre-graveur français ou Cataloque raisonné des estamp's gravées par les peintres et les dessinateurs de l'Ecole française, ou- vrage faisant suite au peintre-graveur de M. Bartsch, par A. P.F. ROBERT- DUMESNIL, Paris, 1850, LAON ES 1. — Vénus « Elle est debout, vue de face, parée de sa ceinture. Un man- teau jeté sur l’une de ses épaules, voltige à gauche parmi les cheveux de la déesse et retombe derrière elle jusqu'à terre, en cachant la partie supérieure d’un serpent, qu’on aperçoit der- rière les cuisses et les jambes de Vénus qui tient de ses deux mains sur son épaule gauche, un vase dont la panse est ornée d'une gquirlande de chérubins et d’où coule un liquide animé de serpents, tombant dans un autre vase placé sur un socle à la droite du bas et qui porte ces inscriptions. » ÉNSOreu Jae. & À : Le millésime 1546 est gravé sur un dé de pierre, à gauche vers le bas. Hauteur : 182 millim. — Largeur : 115 millim 2, — Cybéèle Debout et vue de face, adossée à un arbre et vêtue jusqu’à la ceinture, elle porte sur chacune de ses mains Jupiter et Junon qu’elle considère avec amour. Su têle est surmontée d’un petit temple orné d’un fronton et de deux tours. Un vase renversé à la gauche du bas, y répand de l’eau. On lit dans la marge : OPis SATURNI COIUNX MATERQUE DEORUM, 1547. I. prevost, Inv. Haut. : 208 millim. dont 9 de marge. — Largeur : 82 millim. 3. — Portrait de François l'", roi de France En demi-figqure et à peu près fort comme nature, on voit le père des arts et des lettres presque de face, vêtu de son armure qu'un manteau recouvre en partie; il regarde à gauche d’où OR vient la lumière et il est paré du collier de l’ordre de Saint- Michel. Ses cheveux sont plats et sa barbe frisant est peu fournie. Sa tête est recouverte d'une toque empanachée que surmonte une couronne radiale. De la main droite qui ne se voit qu’en partie, il tient sa masse d'armes sur laquelle il s'appuie. En haut, sont à gauche, le casque royal, et, à l’opposite, le chiffre du maître sous lequel est le millésime 1536 en cette forme : 13 On lit dans la marge: FRANCISCUS GALLORUM REX CHRIS- TIANISSIMUS. Haut. : 438 millim. dont 16 de marge. — Larg. : 300 millim. & à 7. — Les termes d’après Polidore de Caldara (Suite de quatre estampes dont voici ies dimensions réduites). Haut.: 258 à 270 millim. — Larg. : 185 à 190 millim. &. Deux termes sur une même planche L'un à gauche, tient une draperie de la main droite et a l’autre posée sur sa hanche. Sa tête est de profil. L'autre, vu de face, a les bras croisés sur sa poitrine. Dans une tablette, au milieu du bas, est Le mono- gramme du graveur et l’année 1535. 5. Deux autres sur une même planche. Celui de gauche est vu de profil et tourné vers la droite. Il a la tête couronnée de pampres. L'autre quiest de droite, a le corps de face, mais la têle retournée à gauche est de profil. Il est sur un terme basé sur une énorme griffe d’aigle. Dans une tablette, à La droite du bas, est le chiffre et l’année 1535. 6. Deux hommes supportent des architraves. Celui à gauche, jar Opus vu de face, a le bras gauche élevé sur sa tête, et il tient à la main droite la draperie qu'il a autour des reins. L'autre, vu de profil et tourné vers la droite, a les deur bras élevés sur sa tête. L'un et l’autre se terminent en un tronc d'arbre au lieu de jambes Vers la droite du bas est le chiffre de l’artiste et l'année 1538. 7. Deux cariatides supportent une architrave. Celle qui se voit à gauche tient un flambeau à la main; l’autre est vue de profil et porte la main gauche sur son visage et la droite sur un vase placé derrière elle. À la droite du. bas est le chiffre et l’année 153$. 8 à 19. — Différentes parties d'architecture de l’ordre corinthien marquées de leurs proportions. (Suite de douze estampes où se voit le monogramme du maître). Pièce datée de 1535. 8. Chapiteau des termes d’Antonin. Haut. : 225 millim. -- Larg. : 143 millim. Pièces datées de 1537. 9. Chapiteau tiré du colisée. Larg. : 483 millim. — Haut. ; 128 millim. -10. Base tirée d’une colonne du Palais Baldassini. Larg.: 162 millim. — Haut. : 108 millim. 11. Etablissements tirés des thermes. Haut. : 158 millim. — Larg. : 120 millim. 12 Etablissements tirés de l'Eglise Sainte- Agnès. Haut. : 145 mullim. — Larg. : 119 millim. 13. Etablissemeni tiré du Capitole. Haut. : 175 millim. — Larg. : 127 millim. 14. Etablissement tiré du temple d’'Antonin et de Faustine Haut.: 280 millim. — Larg.: 140 millim. 15. Entablement et frises tirés du même temple. Haut : 208 millim. — Larg. : 143 millim. 07e 16. Etablissements tirés des églises de Sainte-Potentiane et de la Minerve. Haut. : 212 millim. — Larg.: 135 millim. 17. Etablissements tirés des monuments antiques de Rome. Haut, : 203 millim. — Larg.: 143 millna. 18. Entablements tirés de Ste-Bibiane. Haut. : 212 milllim. — Larg. 135 millim. 19. Entablements tirés du Capitole. Haut. : 215 millim. — Larg.: 160 millim. Ces dix-neuf estampes de Jacques Prévost, les seules connues actuellement, sont toutes datées et signées, ou simplement marquées de son monogramme formé avec avec la lettre P, ou avec les lettres J et P artistement enlacées. Il est bon d’ajouter que ces chiffres sont d’inégale valeur : le plus beau est sans contredit celui qui accompagne le portrait de François Ier. Du reste, cette gravure conservée à la bibliothèque na- tionale(l) est bien supérieure aux autres tant par ses dimen- sions (long. 438 mill. dont 16 de marge, larg. 300 mill.), que par le fini de son exécution. Aussi, est-elle considérée par tous ceux qui ont le culte de l’estampe et de l’image comme une des premières bonnes gravures faites en France. Voici du reste comment l’apprécie M. Georges Duplessis, ancien conservateur au cabinet des estampes, dans son Histoire de la gravure en France. « Jacques Prévost, dit-il, grava un superbe portrait du roi François Ier, plein de caractère et d’expression ; la bouche vieillle du monarque est rendue avec une vérité qui lui déplut peut-être. et si les courtisans purent faire (1) Bibliothèque nationale. Département des Estampes. Collection des rois de France. DR un reproche au graveur de son exactitude, la postérité doit lui en faire un mérite (1) ». En 1536, date de la signature du portrait de François Eer, notre pays était très en retard sur l'Allemagne et l’[talie où l’art du burin brillait alors du plus vif éclat. Aussi, sommes-nous particulièrement heureux, de pouvoir, grâce à l’extrême obligeance de M. Jean Bouchot 2, élève à l’école des Chartes, donner un spécimen de cet art encore à l’état rudimentaire en France et dans lequel, au dire des plus éminents critiques, notre compatriote a excellé et s’est montré un maitre. La bibliothèque de Besançon, si riche en documents de tous genres, possède une des rares collections à peu près complète (15 planches) des gravures connues de Jacques Prévost, qu’elle doit aux savantes et patientes recherches de son fondateur l’abbé J.-B. Boisot (3). Dans un volume de grand format se trouvent recueillies, en effet, un grand nombre d'œuvres de Lafreri, Ant. Sala- manca, Jacques Prévost, ete... où les artistes franc-comtois tiennent une grande place. La réunion de ces planches forme une collection des plus précieuses, qui nous montre non seulement quel était l’état de la gravure en France, au milieu du xvi siècle, mais aussi quelle grande part prirent nos compatriotes, dans le prodigieux mouvement arlistique de la renaissance. Des cette époque, en effet. nos artistes, abandonnant les sentiers battus, surent « être eux-mêmes » comme nous le fait remsrquer M. Georges Duplessis et « donner à leurs (L) Georges DupLessis. Histoire de la gravure en France, Paris, 1861, page 96. (2) M. Jean Bouchot est le fils de notre distingué compatriote Henri Bouchot, ancien conservateur au département des Estampes, membre de l’Institut, mort à Paris le 10 octobre 1906 et auquel la ville de Besançon a élevé une statue sur une de ses places publiques. à (3) Ex bibliothecà Joan. Bap. Boisot, Abbatio S. Vincentio. Vesontion. Société d’Emulation du Doubs, 1907. François ]er, roi de France Gravure de Jacques Prevost (1536) Bibliothèque Nationale. PISTE Cliche de M. SAUVANAUD. — 99 — travaux un cachet distinctif et fort aisément reconnais- sable (1) ». Jusqu'en 1538, Jacques Prévost se contenta de repro- duire des chapiteaux et des entablements tirés des monu- ments antiques ou les Termes de la Mythologie d’après Polidore de Caldara. Nous en excepterons pourtant le beau portrait de François Ier, daté de 1536 et quand il reprit son burin, en 1547, ce fut pour faire œuvre de maitre et graver des figures de sa composition. Ilne manqua pas, suivant les usages du temps, d’y adjotadre des citations ou des devises humoristiques, qui nous font connaitre un Jacques Prévost lettré et tout imprégné de la poétique mythologie de l'antiquité. OPIS SATURNI CONJUX MATERQUE DEORUM, écrit-il sous la gravure de Cybèle : déesse de la terre, épouse de Saturne et mère de Jupiter et de Junon qu’elle considère avec amour. La devise qui accompagne Vénus, que l’on voit entourée d’amours et de serpents, le bien à côté du mal, est des plus significatives. PLUS VENENI QUAM MELLIS HABET, ajoute- t-il méiancoliquement | Cette épigramme railleuse, rapprochée de quelques frag- ments de lettres que nous avons lues, nous montre la philosophie douce et résignée de notre artiste, parvenu à l’âge moyen de la vie et dont le cœur avait dû subir de nombreux assauts et compter peut-être bien des dé- boires. Jacques Prévost était déjà à cette époque une: victime de l’amour sur le chemin duquel il avait dû errer comme tant d’autres et rencontré probablement plus de regrets que de jouissances, plus veneni qua mellis, plus d’épines quesdé roses ||... (1) Georges DuPLESSIs. Loc. cèl., page 95. — 100 — LES SCULPTURES DE JACQUES PRÉVOST Jacques Prévost ne fut pas seulement peintre et graveur, mais comme tous les grands artistes de la Renaissance, il s’éprit de l’art sous ses différentes formes et fut encore, sculpteur et architecte. Ce ne sont malheureusement que des descriptions vagues et incomplètes qui nous le font connaitre sous ce jour particulier. Il ne reste en effet, aujourd’hui, aucune sculp- ture qu'on puisse sûrement lui attribuer. Le temps et les révolutions ont détruit cette partie intéressante de son œuvre. Il en est de même de ses travaux comme archi- tecte qui ont disparu avec l’ancien palais épiscopal de Langres et le Jubé de l’église St-Mamert. Ce n’est pourtant pas le marteau révolutionnaire, comme l'indique M. Perchet dans son histoire du culte à Pesmes (1), qu’il faut accuser de ce vandalisme. Le jubé fut enlevé avant la révolution, à la demande du clergé qui le trouvait trop encombrant et nuisible surtout au coup d'œil général de l’intérieur de l'église (2). Combien de destructions semblables n'ont-elles pas été faites dans une pensée de restauration, parfois aussi désas- treuse que la ruine elle-même ! L'histoire a heureusement enregistré le nom de Jacques Prévost et elle nous apprend qu’il peut figurer avec honneur parmi les statuaires comtois du xvre siècle. Du reste, il est bien certain que la confiance que le cardi- nal de Givry avait accordée au peintre pour la décoration de son palais et de son église ne se fût pas continuée au sculp- teur et à l'architecte, si Jacques Prévost n'avait pas déjà fait ses preuves et montré que, parallèlement à son pinceau et à (1) PERCHET. Loc. cit., page 204. (@) Précis de l’histoire de Langres, par S. MiNerRErT, page 306. — 101 — son burin, il pouvait manier également le ciseau et le compas pour traduire sa pensée et rendre l'expression de son talent et de son imagination. M. Migneret, dans son Histoire de Langres, nous apprend en effet que le jubé de l’église Saint-Mamert était décoré de sculptures «exécutées par les maitres les plus habiles de l’époque ». Or, Jacques Prévost fut précisément de ceux-là, puisqu’en même temps qu'il peignait pour cette église Le Trépassement de la Vierge (1550), il était chargé par le car- dinal de sculpter des statues pour l’embellissement de ce jubé dont il avait déjà donné les plans et surveillé la cons- truction. Voici du reste de quelle façon M. Migneret apprécie l’œuvre de Jacques Prévost dans l’église Saint-Mamert, à Langres. « Ce jubé commencé en 1550, écrit-il, par les ordres du cardinal de Givry, ne fut achevé qu’en 1555. Il était orné de sculptures exécutées par les maitres les plus habiles et pré- sentait une triple arcade. Celle du milieu servait d'entrée et les deux autres de chapelles dédiées à la Vierge et à Saint- Thiébaut. Du côté de la nef, il était terminé par une balus- trade surmontée d’un grand Christ, placé entre deux statues, plus hautes que nature, de la Vierge et de saint Jean l'Evan- géliste. Ces statues avaient été exécutées par Jacques Pré- vost, franc-comtois, élève de Raphaël (1), » Nous reviendrons plus tard sur cette appellation d'élève de Raphaël, attribuée à tort selon nous à Jacques Prévost, con- curremment du reste avec celle de disciple de Michel-Ange, plus conforme à la réalité des faits. Ce qu'il faut retenir du passage cité plus haut c’est que notre compatriote fut un statuaire de mérite et que son puissant protecteur, le cardinal de Givry, n’eut pas recours seulement à son talent de peintre, mais qu'il fit encore appel (1) S. MIGNERET. Loc. cit., p. 306. 0 2 à ses Connaissances spéciales comme sculpteur et architecte pour l’accomplissement de ses vastes projets. Le cardinal de Granvelle agit de même quelques années plus tard. Il avait entendu parler depuis longtemps des ta- lents multiples du peintre comtois et, en connaisseur éclairé, il avait su les apprécier à leur juste valeur. Aussi, re de- mandait-1l pas mieux que de l’attirer auprès de lui et de devenir, comme il l’était pour tant d’autres, son nouveau « Mécène ». en remplacement du cardinal de Givry qui venait de mourir. C'est ainsi qu’il le fit venir à Besançon et le chargea de fférents travaux de peinture et de sculpture dont il ne reste plus trace aujourd’hui, de ces derniers tout au moins. Jacques Prévost sculpta entre autres pour le palais du cardinal un bas-relief représentant une Descente de croix et deux statues, une Foi et une Charité (). Le cardinal qui aimait le palais de Besançon, construit par son père, Comme on aime son berceau, ne pensait qu’à aug- menter les collections si précieuses qui s’y trouvaient déjà et s’entourait d’érudits et d'artistes qui, sous sa généreuse im- pulsion. créaient ces merveilles que nous admirons encore aujourd'hui (2). On voit par là en quelle estime le grand prélat bisontin tenait Jacques Prévost en l’admettant au nombre des grands maîtres appelés à la décoration de sa somptueuse demeure. Ajoutons enfin, pour terminer ce que nous savons de l’œuvre sculpté de notre artiste, deux petites statuettes représentant des femmes couchées que l’on voyait encore, en 1733, au (1) Renseignements recueillis par J. Gauthier. (2) Suivant un historien du temps, ce palais « pouvait passer pour quelque fameux temple de l'antiquité, ou plutôt pour une assemblée de dieux et de héros », statues en marbre, en bronze, de Jupiter, de Junon, de Diane, d'Hercule.…., un Olympe; les effigies des empereurs romains, et parmiles tableaux modernes, les œuvres rares des plus grands maitres. — Mon vieux Besançon, par Gaston Coixprr, 1 volume, page 136. — 103 — château de Saint-Remy (Haute-Saône), mais dont on ne re- trouve plus trace aujourd’hui (D, Il est à présumer que, malgré le proverbe: nul n'est pro- phète dans son pays, notre artiste acquit une grande réputation dans notre ville, à la suite des travaux qu'il v exécuta. C'est de son passage à Besançon, en effet, que date le pius beau de ses titres, cette flatteuse appellation de Michel-Ange de la Franche-Comté que lui décernèrent ses contemporains et que Dunand consigne dans son manuserit relatif à l’histoire de notre province (?), Dans son ouvrage: Le Culte à Pesmes, M. Perchet émet encore l’hypothèse, sans Pappuyer du reste sur aucun do- cument positif, que les sculptures qui décorent le portique de la chapelle Mairot, à Pesmes, pourraient bien être de la main de Jacques Prévost, ou, du moins, que cet artiste v aurait collaboré dans une certaine mesure (3). Ces sculptures sont en effet fort intéressantes, « ciselées comme des pièces d’orfévrerie », suivant l’heureuse expres- sion de MM. J. Gauthier et de G. de Beauséjour, et feraient certainement le plus grand honneur au ciseau de notre compatriote. C’est là malheureusement une hypothèse que rien ne vient confirmer. Nous savons au contraire qu’en 1554 (4), date de la cons- (1) Annuaire du département du Doubs, par J. GAUTHIER. Année 1892. _ (2) Statistique de la Franche-Comté. Manuscrit du père DuNAND, 3° vol. (3) E PERCHET. Loc. cit., page 204. (4) La chapelle fondée par Catherin Mayrot et sa femme, fut commencée en 1554, comme l'indique linseription suivante, en lettres gothiques, qu’on lit encore sur un des murs, mais dont les noms propres ont été bouchardés, en 1793 : L'an mil ve cinquante quatre le dernier jours en feuvrier fust comencéc cest chapelle en l'honneur du sainct sépulcre de nre seigneur Fhbesu crisr p[ar] noble bome Carberin 2Dayrot seigneur de balay et de Dutignecy ct p[ar] damoiselle Febannce le. Moyne sa femme. + 10e truction de cette chapelle, Jacques Prévost était à Langres, où il devait rester quelques années encore, pour venir ensuite à Besançon et finalement à Pesmes, travailler à sa Mise au Tombeau, principal et dernier ornement de cet oratoire des Mayrot qui allait en tirer le nom de chapelle du Saint-Sépulere qu'il conserve encore aujourd’hui (1). Enfin, tous les connaisseurs admettent que les balustres et les chapiteaux, en marbres polychromés, qui en décorent l'entrée sont l’œuvre de Claude le Rupt (2), aidé de l’imagier Nicolas Bryet (3). Auteurs déjà de la chaire et des bénitiers (1) C'est en effet à partir de la pose du triptyque de J. Prévost dans cette chapelle (1561) qu’elle prit le nom de chapelle du Saint-Sépulcre, sous lequel on la désigne encore aujourd'hui. (2) Claude le Rupt, sculpteur. né à Dole et auteur de différents travaux dans l'église de cette ville, entre autres de la chaire (1555) qu'il devait re- produire exactement plus tard dans l’église de Pesmes, du jJubé, des orgues (1562), des bénitiers (1570), etc. (3) Nicolas Bryet, imagier. né à Pesmes, qui, eu dehors des différents travaux quil exécuta pour l’église de Pesmes, en collaboration avec d’autres sculpteurs, fut chargé spécialement de faire treize statues pour le chœur de cette église (1562) comme l'indique la quittance ci-contre, relevée par M. G. de Beauséjour, dans les archives de Pesmes : « Nobles hommes Catherin Mayrot et François Andrey co-sieur à Cham- paignolot et Ylaire Fyot co-eschevins de Pesmes, tant en leurs noms que des manans et habitans d'illec, et aussi discrette personne messire Ylaire Quenoiche, prebstre curé et receveur des vénérables curé et chappelains de l’église parrochial dudict lieu, ont marchandé et convenu à maistre Nycolas Bryet, ymageur, demeurant audict Pesmes, présent, stipulant et acceptant, de construire et batir des visaiges de prophètes deans les pertuis estans au renvert du grand aultel, laissé pour ce faire au nombre de treize, le tout bien fait et eslevée d'alebastre et bien poly, au ditz d’ou- vriers à ce cognoissans. Lesquels ouvraiges icelluy maistre Nycolas y rendra posée et parfait audict revert, le tout au dit que dessus et à ses fraiz, deans le premier jour du mois d’Aoust prouchain venant, ce fait pour le pris et somme de trente francs monnoie, que lesdits échevins et procureurs des dicts vénérables rendront et payront au dict Bryet faisant les susdits visaiges ; mesmes ledict Quenoiche a promis satisfaire les cent solz estevenans que les nouveaux prebstres de ladicte esclise nous ayans encoire satisfaict doivent à la fabrique dudict lieu chacun d’eulx et le reste se payera par lesdicts échevins. dont, etc … promettant, submestant. » Fait audict Pesmes le dixième d'Avril mil cinq cens soixante deux. » Priscus Loys Andréy escuier, sieur à Champaignolot, Jehan du Four NE de l'église de Pesmes, en pierre rouge de Sampans (1), 1ls avaient construit aussi dans le même stvle et dans le même goût la clôture de la chapelle d’Andelot(@), édifiée à peu près en même temps que la chapelle du Saint-Sépulcre. Aussi, malgré tout l'intérêt et le désir que nous aurions de trouver des traces de la collaboration de Jacques Prévost dans la décoration du portique de cette chapelle, nous pen- sons qu'il faut en laisser l'honneur aux artistes cités plus haut, auxquels il convient d’ajouter Claude Lulier, l’au- teur des deux: statues de Pierre et Jean d’Andelot dans dit Pillet et Pierre Gadriot dudict Pesmes, tesmoins à ce requis et lectres recehues soubz le scel du tabellionnaige de Gray et de la court de Be- sançon par injunæimus et monemus audict maistre Nycolas Bryet. » Signé: BICHELET. » En marge : Le dict Briet a confessé avoir receu dudict messire Ylaire Quenoiche sur ladicte marchandise cinq frans, ledict dixième d’Avril 1562. Signé : D. B. (1) Sampans, village voisin de Dole (Jura) où il existe des carrières de marbre rouge et jaune exploitées de tout temps mais surtout depuis le xvIe siècle et qui d'après Bullet, lui auraient valu létymologie qui parait assez acceptable de son nom. Sampans viendrait de Campan, pan, san, belles et pan, pierres. Voici comment Gollut en termes imagés décrit ces carrières : « Une autre espèce havons nous d’un marbre, qui approuche la beauté des plus exquis jaspes. Parce que les pierres de Sampans (village distant de la ville de Dole) représentent une couleur rouge, belle et naïfve : em- bellie d’une infinité de marques et représentations d° Dofae ss femmes, bestes,, poissons et autres animaux : Soleil, Lune, Estoilles, comètes, fraises, serises, raisins et autres choses en la nature... De ces pierres on faict des tables, colones, croix. bassins et autres choses de telles longueurs, lar- geurs et époisseurs, que l'on pourroit raisonablement desyrer. Mais, fauct être curieux de loger ce marbre, en lieü, auquel le vent Demidy, et les pluies, ne battent point. Par ce que là, une bone partie, de son teint clair et vermeil, se ternit et obscurcit. Quelques aultres lieux, en donnent de mesme espece, mais non de telle beauté. » Recherches et mémoires du pays des Séquanois et de la me 1e. Comté de Bourgogne. Edition de Dole, 1592, page 89. (2) La chapelle d’Andelot porte aujourd’hui le nom de chapelle de Résie, du nom de ses derniers possesseurs. — 106 — Féslise de Pésmes et dont-le nom est resté pour la sculp> ture franc-comtoise, à l’époque de la Renaissance, légal de celui de Jacques Prévost, pour la peinture. LES PEINTURES DE JACQUES PRÉVOST En peinture, Jacques Prévost fut, en Franche-Comté. un initiateur et un maître. Son triptyque de l’église de Pesmes, le premier tableau signé et daté dans notre pays, est resté, malgré les imperfections qui SV rencontrent par comparaison avec les œuvres contemporaines des grands maîtres, un modèle bien conservé de notre vieille école comtoise. Seul, en-etiet, pirmiles œuvres de grande dimension de Jacques Prévost, il a survécu, mais à lui seul, il repré- sente une école ettdemeure l'emblème éloquent ol ent pictural en Franche-Comté à l'époque de la Renaissance. Quels furent les débuts de Jacques Prévost en peinture ? Où et comment prit-il ses premières leçons? Les documents manquent à cet égard, mais il est pro- bable que c’est à Pesmes, dans le milieu familial où cha- cun maniait le pinceau, comme jai déjà eu occasion de le dire, que notre futur artiste reçut les premières notions du dessin et de la peinture. Aussi, faut-il rendre justice à la tendresse intelligente de son père qui, comprenant que les naissantes et instinctives aspirations de son fils avaient besoin d’un milieu plus approprié, sut s’en sépa- rer pour l’envover acquérir au loin ce talent que nous admirons encore aujourd'hui. Nous savons aussi que, de Pesmes, Jacques Prévost gagna Salins où, dans latelier de Claude Duchet, il apprit à ma- nier le burin. Là encore il montra des dispositions si heureuses que son maître n'hésita pas à l’emmener avec lui lorsqu'i — 107 — alla fonder à Rome, vers 1530, avec son neveu Lafreri, cet établissement pour la vente d'estampes gravées dont la réputation fut universelle et dont les épreuves sont encore aujourd'hui si recherchées des amateurs. Leurs ateliers étaient remplis d'artistes à leurs gages Ils ne gravaient généralement pas eux-mêmes, mais ils retouchaient toujours les planches qui en sortaient et c’est à eux seuls qu'on rapporte, le plus souvent, les estampes dont ils n'étaient ordinairement que les éditeurs. Lafreri en a dressé un catalogue complet, arrivé jusqu’à nous, et qui comprend un grand nombre de numéros. La légende rapporte que Michel-Ange venait souvent s’as- seoir dans l'atelier du maître graveur et qu'il Ss’intéressait aux travaux et aux progrès des Jeunes artistes qu'il y ren- contrait. C’est là qu'il connut Jacques Prévost qui ne tarda pas à le suivre et à devenir un des élèves les plus assidus de son entourage. Ce fut alors une vie nouvelle pour notre compatriote qui pouvait enfin approcher un maître dont la réputation était mondiale et s'initier, à son contact, aux beautés de la grande peinture. C’est donc à cette époque (1530) que notre peintre se rendit à Rome, où, pendant plusieurs années, on n’en- tendit plus parler de lui. Son séjour chez Lafreri l’avait mis en contact avec les grands maîtres de la Renaissance et 1] s'était mis courageusement à l’œuvre. Il préparait alors ce bagage artistique qu'il devait rapporter plus tard en Franche-Comté pour en faire honneur à son pays. Dans ce cas, il est bien évident que Jacques Prévost n'a pu être lélève de Raphaël, mort en pleine gloire, à l’âge de 37 ans, en 1520. Peut-être, cette qualification d'élève de Raphaël pour les uns ou de Michel-Ange pour les autres, qu'explique suffisamment le talent de Jacques Prévost, n’est-elle qu’une appellation générale, une sorte de cliché, pour marquer — 108 — son passage à Rome dans les ateliers en renom, sinon, il faut bien admettre que c’est auprès de Michel-Ange et non de Raphaël, mort depuis plusieurs années, que notre compatriote alla s'inspirer et travailler. Le génie du maitre, à la fois peintre et sculpteur, in- génieur et architecte, illuminait alors l'univers entier. Ses travaux gigantesques, à la chapelle sixtine notamment, avaient révolutionné l’art au point d'obliger Raphaël lui-méme. peu de temps avant sa mort, à changer sa manière et à s’incliner devant le caractère audacieux et génial de son illustre adversaire. D'autre part, nous venons de voir que Michel-Ange fré- quentait chez Lafreri et que c’est à son influence heureuse que Jacques Prévost dut d'échanger son burin contre le pinceau. Aussi, pensons-nous que c’est auprès de cet esprit uni- versel que notre peintre puisa, avec l’amour du vrai et le sentiment du beau, celte science particulhere apré arrous lies genres et à tous les milieux et qu'il put assouplir son intelligence précoce et son talent naissant aux manifes- tations de l’art, sous ses formes les plus variées. Comme son illustre maître, Jacques Prévost s’essaya en effet dans tous les genres: nous lPavons connu graveur et sculpteur, il nous reste à étudier le peintre, dont l’art ne fut pas inférieur à la réputation. Du'reste, les hautes) amitiés dontnlut entoure 1 bnos toriété dont il jouit pendant sa vie et la facture magistrale de quelques-unes de ses œuvres, arrivées jusqu'à nous, prouvent surabondamment que cette réputation n’était pas usurpée et qu'il tint brillamment sa place dans le concert artistique de la Renaissance en Franche-Comté. Nous savons enfin que Jacques Prévost est né à l’ex- trême fin du xve siècle, ou dans les premières années du xvi*, sans pouvoir mieux préciser la date de sa nais- sance. Il est donc bien diflicile d'admettre, qu'âgé de vingt 00 es ans à peine, à la mort de Raphaël (1520), il eût pu en suivre les leçons, même en admettant l'hypothèse d’un premier voyage à Rome, dont nous n'avons du reste au- cune preuve et pas le moindre indice. Rappelons-nous également que dans l’œuvre gravé de Jacques Prévost, on trouve au début de sa carrière (1535), les termes d’après Polidore de Caldara (1), Or, ce dernier était lui-même élève de Raphaël: sa peinture représentait surtout des sujets mythologiques ou des traits de lanti- quité. Il serait donc bien difficile d'admettre que Jacques Prévost se fit le graveur des œuvres d’un de ses cama- rades d'atelier, tandis qu'il est logique au contraire de voir notre compatriote reproduisant, dans Îles ateliers de Claude Duchet et de Lafreri, les œuvres d’un peintre déjà maitre lui-même à cette époque. Si, donc, Jacques Prévost n’a pas habité Rome avant 1530 ou 1535, nous sommes bien cbligés de convenir que ce n'est pas à Raphaël mais bien à Michel-Ange, qu'il dut son talent et plus tard sa notoriété. Peut-être, sa manière, qui, dans plusieurs de ses com- positions, rappelle celle de Raphaël a-t-elle donné nais- sance à cette confusion. Ses vierges, notamment, ont un grand air de parenté avec celles du maitre, dont le pin- ceau s’est plu, tant de fois, à retracer cette gracieuse image sous des formes si variées et des aspects si divers. Les divines madones de Raphaël ne sont, en effet, ni des modèles ni des copies de femmes que nous connais- sons : elles forment un type à part, réunissant toutes les beautés éparses de la femme, pour former un tout idéal et mystique, plus beau que nature et embelli par les rêves de l’artiste. (1) Polidore de Caldara, simple maçon d’abord, employé par Raphaël dans les loges du Vatican. Il s’éprit tellement de son maitre qu'il devint peintre à son contact. — 110 — Ainsi, il ny aurait donc rien de surprenant, à ce que Jacques Prévost ait conservé de son passage à Rome l’im- pression des merveilleuses créations du peintre d’'Urbino, qu'il aurait reportée plus tard, à son insu peut-être, dans ses propres COMpPOsItIons. , Voilà très probablement l'origine de cette qualification d'élève de Raphaël attribuée si souvent à Jacques Prévost, concurremment du reste avec celle d'élève de Michel Ange. Mais nous estimons que cette dernière, plus en concor- dance avec les dates et les faits connus de son existence, est la seule acceptable et s’harmonise mieux avec les ma- nifestations simples et multiples du talent de notre com- patriote, en rappelant. dans une sphère plus modeste, la manière du plus puissant interprète du xvr' siècle artistique. La nomenclature des peintures connues de Jacques Pré- vost est presque aussi incomplète que celle de ses tra- vaux en sculpture. Aussi, leur disparition rend-elle plus précieux encore les trois tableaux arrivés intacts Jusqu'à nous et les quelques fragments plus où moins importants de compositions diverses qui ont survécu aux conquêtes de Louis XIV, au dédain du xvr° et du xvirre siècles pour tout ce qui touchait à la Renaissance et, enfin, au vanda- lisme révolutionnaire. Il ne faut pas oublier, en effet, que le grand Roi, usant de soa droit de conquête, s’empara, en 1674, de certaines œuvres d'art qui cComposaient la galerie fameuse du cardimal Granvelle, pour laquelle des sommes considérables avaient été dépensées. Il enleva notamment une statue de Jupiter (1) qui passa du jardin Granvelle au pare de Versailles (2). Il en fit de (1) Monographie du palais Granvelle à Besançon, par A. CASTAN, Paris, 1867. (2) On dit que d’autres œuvres fort précieuses qui sont actuellement au Musée du Louvre comme la Joconde de Léonurd de Vinci, la Vénus et PM même pour le buste de Junon comme nous l'apprend Dunod, dans le manuscrit que nous avons de lui, à la bibliothèque de Besançon (1). Les décrets de la Convention eurent un effet plus désas: treux encore, Car ils livraient à une foule inconsciente et aveugle tout ce qui pouvait rappeler le régime déchu. La destruction du Charles-Quint en bronze qui décorait la fontaine de l’hôtel-de-ville de Besançon et qui était l’œuvre de Claude Lulier en est une preuve évidente. Castan relève malicieusement qu'il fut envoyé. à la fonte sous le prétexte, assez burlesque que, le tyran Charles- Quint avait fait couler le sang des francais 2) ! Ajoutons enfin qu’une indifférence coupable où de ma- ladroites restaurations ont été parfois plus désastreuses éncoraque les conquêtes elles révolutions ."Un’grand nombre d'œuvres d'art ont ainsi disparu, par suite de Ja négligence à leur trouver un asile convenable et approprié ou en voulant leur infliger une retouche souvent nuisible et toujours inutile. L'Album dolois de 18436, nous apprend, en eïfet, qu'il existait autrefois dans notre province beaucoup de peintures sur bois portant la signature de Jacques Prévost et dont aujourd’hui il est difficile même de retrouver les traces. le Satyre du Corrège, le portræt de Raphaël et du Pordenone, provien- draient de la même collection. Annales franc-comtoises, année 1867. Chronique, page 74. (1) Inventaire des meubles de la maison de Granvelle. Manuscrit de la Bibliothèque de Besançon : « Pourtraictz tant d’homines que de femmes, paysages et aultres pein- tures de l'haulteur et largeur quelles sont au pied romain. » « Une statue de Juppiter, faite de marbre, colossée et antique ; d’haul- teur de cinq piedz romains, sous le piédestal. lequel porte description de ladicte statue en lettres dorées et pierre de Sanpan ; estant au bas du jardin. » (2) Besançon et ses environs, par A. CASTAN. Nouvelle édition com- plétée et mise à jour par Léonce PINGAU), page 211. : (3) Ancien journal de petit format, qui se publiait autrefois à Dole. — 112 — Irrésticertam Ven elet qe notre peintre donrlamvre fut longue et entièrement consacrée à l'art, dut produire beaucoup d'œuvres et laisser un nombre considérable de tableaux. Leur disparition est une grande perte pour notre art provincial à ses origines et ne rend que plus précieuses les rares épaves parvenues jusqu’à nous. Ces tableaux, souvent accompagnés des portraits des donateurs, avec devises, inscriptions, armoiries, etc., étaient plus particulièrement désignés à la fureur ignorante des destructeurs. C'était souvent tout un chapitre de notre histoire locale qui disparaissait avec eux. Le triptyque de Pesmes n’a dû sa conservation, du reste, qu'à la signature du peintre, considéré comme enfant de Pesmes, pendant que dans la même chapelle où il était exposé, on bouchardait aveuglément tout ce qui pouvait rappeler, de près ou de loin, le souvenir de la famille Mayrot, sa fondatrice (1). (1) Le vandalisme révolutionnaire s'est exercé tout particulièrement dans cette église de Pesmes, si curieuse et si intéressante, mais les habitants n'en sont pas complètement responsables. Une partie des dégâts est due au passage de bataillons se rendant aux armées et à l'installation à l’in- térieur de l’église de dépôts de fourrages. Parmi les destructions les plus regrettables, il convient de citer notamment celle du tombeau de Labaume, dû au ciseau de Luc-Breton, qui se trouvait dans la chapelle seigneuriale et dont il ne reste pas trace aujourd’hui. Nous ne le connaissons que par l’aquarelle de Chazerand qui se trouve à la bibliothèque de Besançon et la réduction en terre cuite de notre musée, n° 902 du catalogue. Ajou- tons encore la dévastation de la chapelle d’Andelot. On boucharda les inscriptions, on brisa les prie-Dieu en pierre de Sampans ainsi que les sta- tues qui n'avaient pas été enlevées. On ne respecta pas même les mé- daillons avec figures empruntées aux dieux de l’Olympe et qui formaient un revêtement des plus élégants aux murs de cette chapelle, si nous en Jugeons par ce qui reste aujourd hui et qui heureusement est classé comme monument historique. En 1814, l'église dut encore servir de magasin à fourrages et, en 1870, les allemands, à plusieurs reprises, y enfermèrent des centaines de prisonniers provenant des débris de l'armée de Bourbaki. La chapelle du Saint-Sépulcre, où se trouve le tableau de Jacques Pré- vost, servit alors de water-closet à nos malheureux soldats. — 115 — L'abbé Derriey (1) qui fut curé de Pesmes avant, pen- dant et après la Révolution et dont l’orthodoxie s’est accom- modée de tous les régimes, a eu une influence heureuse sur Ja conservation d'objets de valeur qui furent plus tard rendus au culte, à l’époque du Concordat. Il avait sur ses concitoyens une grande influence, étant lui-même à la tête du mouvement révolutionnaire comme président de la société montagnarde de Pesmes{2) et ora- teur écouté au club et dans les réunions publiques. Il en usa heureusement pour arrêter le bras destructeur de ses amis politiques, en leur faisant comprendre l'intérêt ma- jeur qu'il y avait à la conservation de l’œuvre d’un com- patriote qui ne pouvait que faire honneur à son pays natal (3), Parmi les œuvres disparues de Jacques Prévost, dont la relation plus ou moins succincte est arrivée jusqu’à nous, il convient de citer notamment: I. Les fresques qui décoraient l’intérieur du palais du cardinal de Givry, à Langres, sur lesquelles nous n'avons aucun renseignement el qui ont disparu avec le palais lui-même. (1) Antoine-Laurent Derriey, prêtre familier de Pesmes avant la révo- lution, fut élu curé en remplacement de M. Belle qui avait refusé de prêter le serment prescrit par la loi du 27 novembre 1790. Il eut pour vicaire un ancien carme du nom de Lavayte. Quand les églises furent fermées, l’abbé Derriey se mit à la tête du mouvement révolutionnaire. Ici, son rôle est peu connu. Ce qu’il y a de certain, c’est que grâce à lui, un certain nombre d'objets d'art de l’église furent soustraits au vanda- lisme de la foule, pour faire retour ensuite à l’église. Après le concordat, l’ancien curé M. Belle, vint reprendre possession de sa cure, pendant que l’abbé Derriey reprenait ses anciennes fonctions de greffier de la mairie de Pesmes. À la mort de M. Belle (1814), l'abbé Derriey administra de nou- veau la paroisse jusqu’à l’arrivée de son successeur et lui servit ensuite de vicaire jusqu’au moment où il mourut lui-même, le 16 avril 1839. (2) Règlement de la Société montagnarde de Pesmes. DERRIEY, pré- sident ; JEANNOT, secrétaire. Besançon, Imprimerie de la V'e Simard, 1793. Collection du Dr BOURDIN. (3, Journal inédit de M. Odile, ancien magistrat. — 114 — Il. Le Trépassement de la Vierge. — Ce tableau, si lon en croit le dictionnaire de Larousse, était sur euivre et daté de 1550. « Quelques têtes et notamment celle de la Vierge, nous dit l’auteur de l’article, témoignent d’un gran talent d'observation et d’un instinct véritable du portrait (D) ». Nous trouvons dans ce même dictionnaire que ce tableau existerait encore aujourd'hui. C’est une erreur. Il à disparu, pendant la Révolution, de l’église St-Mamert où il se trou- vait, ainsi qu'un grand nombre d’autres œuvres d'art. Dans son Histoire de Langres, M. Mignéret n’en fait pas .men- tion. De plus, il y à lieu de penser qu'il s'agit uci, d'un grand tableau sur bois, analogue à ceux que nous connais- sons de Jacques Prévost et non pas d’une simple petite peinture sur cuivre, qui eût passée inaperçue au milieu des œuvres de grande diinension qui décoraient la cathédrale. IT. Le Jugement dernier. — Grand triptyque sur bois, avec portraits des donateurs peints sur les volets. Ce tableau avait été commandé à Jacques Prévost par Hugues Marmier (2), président au parlement de Dole, pour décorer le maiître-autel de l’église collégiale de cette ville. Il aurait été exécuté vers 1550. Dunod de Charnage, dans son Nobilinire du Comté de Bourgogne, nous en donne une courte description, tout au moins en ce qui concerne les parties latérales, mais sans parler du panneau central dont heureusement il reste encore aujourd'hui un fragment important, en admettant que Pattribution en soit exacte. « Hugues Marmier, dit-il, (1) Dictionnaire universel du XIX® siècle, par P. Larousse. Article Prévost Jacques. — De grandes erreurs se sont glissées dans cet article, où deux peintres du même nom sont confondus, au point de faire naître Jacques Prévost à Paris ! (2) Hugues Marmier, président au parlement de Dole, était originaire de Gray, où, après sa mort, on transporta son corps pour l’inhumer dans le caveau de ses ancêtres. Il existe encore aujourd'hui dans la Haute- Saône, des représentants de cette famille. — 115 — et sa femine Anne de Poligny étaient peints sur les volets. On y voyait encore en perspective les portraits de cinq hommes de lettres, ses amis, qu'il appelait ordinairement à sa table (1) ». | Le tableau du retable représentait le Jugement dernier. C'était, comme nous le savons, le sujet préféré des artistes de la Renaissance depuis que Michel Ange, en 1541, avait magistralement reproduit ce drame final de humanité. Aussi, faut il reconnaitre que le fait seul d’avoir eu l’au- dace d'essayer un pareil sujet après le grand Florentin indique, chez Jacques Prévost, un artiste sûr de lui et heureux de donner à sa patrie une traduction des mer- veilleuses figures de la chapelle sixtine. Au commencement du xvin” siècle, ce tableau fut donné à la chapelle de l'hôpital général, soit parce qu'il était déjà en mauvais état, soit par suite de moditications appor- tées dans la décoration intérieure de l’église À’. Le fragment qui subsiste aujourd’hui se trouve de nou- veau dans l’église de Dole, dans une des chapelles laté- rales, la troisième du côté de l’épitre. Il mesure exacte- ment 1" 15 de iongueur sur 050 seulement de hauteur. Pendant longtemps ce fragment du triptyque de Jacques Prévost est resté ignoré. (Ce n’est qu’au cours du xIX’ siècle que l'attribution en a été faite et qu'il a été considéré comme étant bien réellement une partie du tableau dû à la générosité de Hugues Marmier. D'autre part, Comme nous le fait remarquer lérudit biblis- thécaire de la ville de Dole, M. Feuvrier, à l’obligeance de qui nous tenons ces détails, la hauteur de ce panneau (OM50) parait bien peu importante pour un retable et on (4) Nobiliaire du Comlé de Bourgogne, par DUNOD DE CHARNAGE, page 624. (2) Cet hôpital a été fondé en 1698, sous l’intendance de Desinarets de Vaubours Note communiquée par M. Feuvrier, professeur an collège de Dole et conservateur du Musée. — 116 — ne voit pas d'autre part les raisons qui auraient obligé l'hôpital à s’en dessaisir pour le rendre à l’église parois- siale. Ces critiques ont leur valeur, mais il n’en est pas moins admis que le tableau actuel de l’église de Dole est bien réellement un fragment de l’ancien triptyque commandé par Hugues Marmier et M. J. Gauthier, bon juge en la matière, n'hésite pas à l’attribuer à Jacques Prévost. Pour nous, nous pensons que cette peinture, quoique inférieure à celle de Pesmes, est bien de la main de Prévost, sans pouvoir affirmer pourtant qu'elle provienne du trip- ivque commandé par l’ancien président au parlement. Nous y retrouvons, en effet, les mêmes teintes que dans la Mise au Tombeau de l’église de Pesmes et le fond jaune rappelle à s’y méprendre celui de la Sainte Famille du musée de Besançon, signé Prévost. Enfin l’ensemble de la composition accuse très nettement la manière de notre peintre comtois et on ne peut regretter qu’une chose, c’est que le fragment que possède l’église de Dole ne soit pas assez important pour nous donner une idée complète de cette œuvre intéressante. IV Le triptyque de l’église de Gray était également un tableau sur bois destiné, comme celui de Dole, à décorer le maitre autel. Nous n'avons malheureusement aucun do- cument sur lui, sinon qu'il a été commandé à Jacques Prévost par ce même Hugues Marmier qui était origi- naire de Gray. Nous savons aussi qu'il fut exécuté à peu près en même temps que le précédent, vers 1550, au mo- ment où de grandes réparations et transformations avaient lieu dans l’église de Gray. Dans leur Histoire de la ville de Gray, MM. Catin et Besson ne le mentionnent pas, ni M. Godard dans la nou- velle édition qu’il a publiée de cet ouvrage. Nous n'avons trouvé aucun document qui puisse nous éclairer à son Societe, Emulation du Doubs 1907. Pl. VE ' À | À À À À î PORESE S SES ds x - FAR } LS SN Intérieur de l’ancienne Chapelle Picard a Montmirey-la-Ville (Jura) d'après une aquarelle du Vi° Chiflet ‘1856) Cliché de M. BONAME. ET sujet, sinon que sa dispirition remonterait à l’époque révo- lutionnaire (1). V,. Dans l’église de Montmirey-la-Ville (Jura), on voyait encore, il y a une cinquantaine d’années, un tableau sur bois, la Présentation de la Vierge au temple, avec volets représentant certains membres de la famille Picard (2) (1) Renseignements fournis à l’auteur par M. le chanoine Louvot, curé de Gray. (2) Les Picard étaient notaires de père en fils et occupaient une très grande situation dans toute la région. Claude, le beau-père de Catherine Mayrot, était seigneur de Montmirey-le-Château et notaire à Montmirey- la-Ville. Il fut enterré à Pointre. paroisse qui englobait alors un certain nombre de villages voisins. Son fils Etienne se maria en 1570 et mourut en 1615. Il fut enterré dans l’église de Montmirey-la-Ville. C'est alors que sa veuve, la fille de Catherin Mayrot de Pesmes, eut l’idée de construire comme l'avait fait son père, une chapelle (1620), où elle fut enterrée elle- même en 1630, aux côtés de son mari. Ce ne serait que plus tard, au dire de M: Feuvrier, que son fils l’aurait décorée d’un triptyque conforme à celui de son aïeul à Pesmes et où, sur un des panneaux, il est représenté avec sa famille, tandis que sur l’autre seraient RTE son père et sa mère, née Catherine Mayrot. Ces renseignements sont extraits des Mémoires de la Société d’'Emu- lation du Jura, année 1901, où M. Feuvrier, professeur au Collège de l’Are et archiviste de la ville de Dole, à publié une étude très intéres- sante et très documentée, sous ce titre : Feuillets-de-qarde : Les Mairot.- Actuellement, la famille Picard proprement dite est éteinte, car il ne reste personne de ce nom. Le dernier qui le portait, Claude-François- Joseph, fils de Claude-Joseph (dernier seigneur de Champagnolot), et de Madeleine Nélaton, émigra pendant la Révolution et rejoignit l’armée de Condé, dont il n’est jamais revenu. La descendance mâle est donc éteinte avec lui. Ses sœurs, Thérèse-Angélique et Françoise -Charlotte Picard, restées au pays, se marièrent après la révolution. La première épousa lé lieuténant- général André Poncet, né à Pesmes en 1755, mort à Montmirey-le- Château en 1837 et inhumé dans son pays natal, où il repose à côté d’un de ses fils, ort après lui. La seconde épousa Charles-Denis Ryard, ancien émigré. 4 ne reste plus aucun des enfants des deux dames Poncet et Ryard, nées Picard. Aujourd'hui cette famille n'est représentée que par ses petits-enfants et arrières pelits-enfants. “ 5 Eu première ligne, Mme Perrin, née Ryard, qui habite à Montmirey- — 118 — C'était au xvI® siècle, une des familles les plus consi- dérables de la région. Elle avait sa sépulture dans une des chapelles de l'église, dont le nom, comme celui de la chapelle de l’église de Pesmes, était emprunté au sujet du tableau qui la décorait. On la connaît encore aujourd’hui, malgré sa moderne reconstruction, sous le vocable de Chu- pelle de la Présentation. Q II y avait, nous dit Rousset dans le Dictionnaire des communes du Jura, un joli retable sur bois dans la cha- pelle de gauche, du style de la Renaissance et les tombes de la famille Picard (D) ». Armand Marquiset avait déjà remarqué, en 1840, ces deux volets qui fermaient le retable et pour lesquels il regretlait alors, « que l’administration ne fit pas quel- ques légers sacrifices pour les sauver d’une ruine pro- chaine (2) ». Le vœu de l'ancien sous préfet de Dole est aujourd’hui en partie exaucé, car au moment de la démolition de lan- cienne église (1860) les volets ont été déposés au musée de Dole, où ils figurent au catalogue sous les numéros 452 et 153, tandis que le panneau central, qui n'avait au- la-Ville, l'antique maison des Picard et qui a le droit de priorité sur Îles autres membres de la famille, car son père Louis-Marie Ryard fils de Ch.-Denis et sa nièce Thérèse-Josephe-Félicie Poncet, fille du général, étaient cousins-germains ; elle se trouve donc être la petite-fille des deux dames Ryard et Poncet, nées Picard. Enfin, la famille est représentée dans l’autre branche par M. Gustave Poncet, petit-fils du général et de Thérèse-Angélique Picard. Les arrières petits-enfants sont : 1o Du côté Perrin-Ryard: M. Louis Perrin, avocat à Tunis ; M. Georges Perrin, qui réside à Madagascar et Mme Chevrey (Marie), mée Perrin, leur sœur. 90 Du côté Poncet : Mn: Larger, fille de M. Charles Poncet, ancien ma- gistrat décédé, et Mlle Marguerite Poncet, fille de M. Gustave Poncet. (1) RousseT. Diclionnaire des communes du Jura, 1856. (2) À. MarquiseT. Statistique de l'arrondissement de Dole, 2: vol., page 266. ho cun intérêt historique et auquel on n’attachait alors qu'une minime importance artistique, était laissé à Montmirey- la-Ville (). Qu'est-il devenu ? Nos recherches sur ce point ne nous ont donné que de vagues résultats. À part quelques pierres tombales dont les inscriptions, en partie effacées et noircies par le temps, deviennent chaque jour de plus en plus ilsibles, il ne reste rien de l’ancienne chapelle Picard qui puisse en rappeler l'origine et la grandeur. L’autel est moderne, l’ornementation est sans style et les murs, badigeonnés ou peints, n’ont pour ornement qu'une terre cuite polychromée, au modelé assez fin, mais dont les couleurs sont criardes (2), Rien ne rappelle donc plus aux générations actuelles le souvenir d’une fa- mille qui à illustré le pays et en a été la bienfaitrice pendant plusieurs siècles. La Révolution qui eût pu exercer des représailles contre (1) Ces volets mesurent 1 m. 25 de hauteur et O0 m. 65 de largeur. Ils ont été donnés au musée de Dole par la famille qui n'avait pu obtenir satisfaction pour la reconstruction intégrale de la chapelle Picard, malgré une promesse de 5,000 francs, faite par acte notarié, comme quote-part dans l'ensemble des frais. Une copie de ces volets avait été faite pour la nouvelle chapelle où ils ne furent Jamais placés. Ils furent rachetés par M. Ch. Poncet, ancien magistrat à Dole et se trouvent actuellement entre les mains de sa fille Mme Earger, ainsi que l’écusson sculpté aux armes des Picard. D'autre part, le vicomte Chifflet avait fait, en 1856, alors qu’il était déjà question de démolir l’ancienne église, une aquarelle très inté- ressante représentant l'intérieur de la chapelle de la Présentation, dont il tit présent à M. Ryard, ancien officier et que possède aujourd'hui sa fille Me Perrin-Ryard, de Montmirey-la-Viile, __ (2) La terre cuite qui orne aujourd'hui la chapelle Picard, a un pendant dans la chapelle qui lui fait face, dite « chapelle de la Vierge ». Toutes deux seraient l’œuvre du vicomte Chifflet, artiste de talent, qui devait les offrir au comte de Chambord pour décorer sa chapelle de Frohsdorf ! Ina- chevées à la mort du vicomte Chifflet survenue en 1879, elles devinrent la propriété de son neveu M. Picot d’Aligny, qui, à l’occasion du mariage de sa fille, les fit placer, après toutefois les avoir fait restaurer et malheu- reusement enluminer, dans les chapelles où elles sont aujourd’hui. = 120 — cette famille, dont le chef avait émigré pour rejoindre l’ar- mée de Condé, ne peut être accusée ici d’un pareil vanda- lisme. Cest en 1860, en effet, qu'eut lieu la démolrton de l’ancienne église et de ses annexes, sans que les récla- mations des familles intéressées à la conservation de la chapelle de leurs ancêtres aient été écoutées en haut lieu et le concours pécuniaire qu’elles apportaient à cette œuvre de souvenir familial accepté (1), Le panneau central du triptyque, quitta à ce moment le retable de la chapelle de la Présentation. Fut-il utilisé comme d’aucuns le prétendent, comme bannière dans les processions? Il est plus simple d'admettre que, poussié- reux et considéré comme sans valeur, il soit allé échouer dans quelque misérable grenier de l’église ou de la mairie. Et maintenant, ce. triptyque est-il bien de la main de Prévost? « Dans léglise de Montmirey-la-Ville, nous dit Pallu, on voyait encore il n’y a pas longtemps un tableau sur bois, avec volets représentant la famille Picard. Nous croyons pouvoir affirmer que ces peintures étaient de Jacques ou de Jean Prévost (2) ». as Ce Jean Prévost était de Dole, beaucoup plus jeune que son homonyme et les deux hypothèses de Pallu sont admis- sibles, suivant la date que l’on veut bien attribuer au tableau. D'après la plupart des historiens, la fondation de cette chapelle par Catherine Mavyrot, veuve de Noble Etienne Picard, remonterait à 1620, c’est à-dire à une époque où (1) Les familles Ryard et Poncet avaient en effet offert une somme de 5,000 francs par acte notarié pour aider à la reconstruction de l’ancienne chapelle Picard. Elles retirèrent cette promesse devant le refus de l’auto- rité départementale et offrirent les volets au musée de Dole. Pendant ce temps, copie en avait été prise, c'est celle qu'a achetée M. Ch. Poncet, mais les représentants ac'uels de la famille Picard ont perdu tous leurs droits par suite de la démolition de l'ancienne église. (2) L'Album Dolois, année 1843, n° 38. ele Jacques Prévost, né dans les premières années du Xvr siècle, était mort déjà depuis un certain temps. De son côté, Mn° Perrin, descendante de la famille Picard, possède des documents qui sembleraient indiquer que cette chapelle appartenait à sa famille avant 1620. D'autre part, les volets du musée de Dole représen- teraient, d’après M. Feuvrier, les deux Etienne Picard, père et fils, avec leurs femmes et leurs enfants, Ils n’ont donc pu être exécutés qu’au commencement du-xvr® siècle, moins qu'il n’y ait erreur dans la désignation des per- sonnes et qu'il s'agisse ici de deux frères Picard. Ce sont en effet des personnages à peu près du même âge qui sont représentés sur ces volets et il faut bien admettre que leur costume et surtout le genre de l’encadrement du triptyque se rapprochent davantage du style de Ia Renaïis- sance, que de celui du xvrr° siècle Il est facile de s’en rendre compte du reste par la très intéressante aquarelle du vicomte Chifflet que possède Me Perrin de Montmirey-la- Ville et que nous sommes heureux de reproduire dans cette notice (1). Ajoutons enfin que les peintures du musée de Dole, quoique inférieures au tableau de Pesmes, accusent fran- chement là manière de Jacques Prévost: Si elles ont été exécutées par son parent et homonyme Jean Prévost, qui a dû travailler longtemps sous ses ordres, il n’y à rien d étonnant à ce qu’elles rappellent, dans leurs grandes lignes, l'œuvre de la chapelle Mayrot qui en avait M l'idée et qui a dû servir de modèle. _ Il est donc assez difficile dans ces conditions, de: déter- miner d’une façon exacte quel est l’auteur du triptyque de Montmirey-la-Ville et nous sommes enclins à nous ran- (14) Nous profitons de l’occasion qui nous est offerte pour remercier bien vivement Mme Perrin, de la faveur qu'elle nous a accordée, en nous autorisant à reproduire l’aquarelle de M. Chifflet, représentant la chapelle de ses ancêtres et qui restera un document historique des plus intéres- sants. oo es ger à l'avis de M. Feuvrier quand il nous dit: « En 1620, Catherine Mayrot à l’exemple de Catherin son père, fon- dait en l’église de Montmirey, une petite chapelle dans laquelle, en 1630, elle allait reposer aux côtés de son mari. Plus tard, son fils Etienne la décorait d’un triptyque où l'artiste inconnu représenta sur le panneau central une Présentation de la Vierge et, dans les deux volets, les por- traits des deux Etienne Picard, de leurs femmes et de leurs enfants (1) ». Quoiqu'il en soit, on peut affirmer que si le triptyque de Montmirey-la-Ville n’est pas de la main de Jacques Prévost, il est de son école et que, dans ce cas, il est dû irès probablement au pinceau de ce Jean Prévost de Dole, dont nous parle Pallu et qui eut, comme son parent, une réelle réputation en Franche-Comté. VI. Une Judith. -- Peinture sur bois ayant fait partie de la collection du cardinal Granvelle. Ce tableau a dis- paru, mais on ne sait pas à quelle époque (2). Des différentes œuvres picturales de Jacques Prévost que je viens de citer, il ne reste rien. si on en excepte le fragment du triptyque de Dole et les volets de celui de Montmirey-la-Ville dont l'attribution reste douteuse. Ces derniers sont conservés, l’un à l'église collégiale de Dole, les autres au musée de la ville. En ce qui concerne les tableaux disparus, nous sommes obligés de nous en rap- porter aux relations vagues et bien incomplètes des con- temporains. D'autre part, il est bien certain qu à côté de ces œuvres de Jacques Prévost qu’on peut appeler capitales, puisqu'elles ont laissé trace de leur passage dans notre pays et'que le sou- venir en est parvenu jusqu’à nous, il devait en exister une (1) J. FEUvVRIER. Loc, cit., page 176. (2) Annuaire du département du Doubs, 1892, par J. GAUTHIER, ar- chiviste. Société d'Emulation du Doubs, 1907. PISE 7 / AN 27 La Sainte-Famillz (Musée de Besançon — N° 390) Cliché de M. Dopivers. — 123 — quantité d’autres de ce même peintre, qui a beaucoup pro- duit comme nous le savons déjà, mais sur lesquelles nous n'avons aucune donnée, ni le moindre renseignement. Parmi les œuvres arrivées intactes jusqu’à nous malgré le temps et les révolutions, on ne peut citer sûrement que les deux petits tableaux du musée de Besançon et le triptyque de l’église de Pesmes. Nous avons pensé qu'il était intéressant d'en donner des reproductions que nous devons à l’obligeance et au talent de notre distingué collègue M. Dodivers, Une suinte famille. — N° 390 du catalogue du musée de Besancon. — « Petit tableau sur bois de 42 cent. de hauteur et 31 cent. de largeur ». Castan le présente en ces termes dans son Histoire el description des musées de Besançon (1): « Sur un fond peint en jaune, la Vierge, assise très bas, tient l'enfant Jésus endormi sur ses genoux : une auréole de rayons en- toure sa tête. Vis-à-vis, saint Joseph, les bras croisés sur la poitrine, contemple le divin Enfant ». Signé: PRÉVOST. Ce tableau a été acquis en 1868 pour la somme de 400 fr. La conservation en est bonne, mais les parties princi- pales sont seules achevées. L'expression des têtes, no- tamment celle de la Vierge, est gracieuse et a toute la finesse d’une miniature. Cette dernière ne présente pour- tant pas ce caractère de divinité que l’on admire tant dans les œuvres similaires des grands peintres de la Renais- sance. Ici c’est plutôt un portrait, genre dans lequel excel- lait Jacques Prévost, qui a le mérite de la représentation Écate de R-nature. Ee fond d’or, sur lequel les têtes se détachent, les fait ressortir davantage et en accentue les contours. L’enfant repose plein d'abandon sur les ge- (1) Histoire et description des musées de la ville de Besançon, par A. CASTAN. Monographie extraite de l’Inventaire des richesses d'art en France, Province. Monuments civils, tome V, n°3. — 1924 — noux de sa mère qui a pour lui une tendresse attentive. Saint Joseph contemple avec calme ce touchant tableau d'amour maternel et sa tête est pleine de noblesse et de dignité. Ce sujet a été bien souvent traité par les peintres des différentes écoles et se compose généralement des mêmes personnages, groupés avec plus ou moins de variété. Jacques Prévost a su éviter la Pbanalité et plus”encore la copie. Cest une œuvre bien personnelle qui, tout en se ratta- chant aux Saintes Familles, si nombreuses à cette époque, a pourtant son cachet particulier et l'empreinte du maître franc-comtois. En somme, ce petit tableau, peint sur bois, fait honneur à notre musée, malgré les imperfections de détails que des artistes compétents ou des censeurs sévères pourraient y relever. L'ensemble est naturel et gracieux, et les trois personnages présentent une scène de noble simplicité sans dégénérer en triviale naïveté. La Vierge tenant l'enfant Jésus. — N° 391 du catalogue du musée de Besançon. « Petit tableau sur bois de 48 cent. de hauteur et 37 cent. de largeur. Figures en demi gran- deur naturelle ». : «La Vierge, nous dit Castan, est représentée assise. et à Mi-jambes, tournée de trois quarts à droite; elle tient dans ses bras r’enfant Jésus, qu’elle presse contre son sein (1) » Ce tableau a été légué, en 1694, par l'abbé J.-B. Boisot, aux bénédictins de Besançon et provient donc de l’ancienne galerie du palais Granvelle (2). (1) A. CASTAN. Loc. cit. (2) Extrait du testament de Jean-Baptiste Boisot et exécution de ce testament en 1694 et 1695 : «... Item, Je donne et lègue aux Révérends Pères bénédictins de Besançon... et afin de donner le moyen auxdits religieux d’orner ladite salle, Je veux et entends que tous mes bustes de marbre et de bronze y soient placés avec les tableaux suivants, savoir le portrait du chancelier Société d’Emulation du Doubs, 1907. PILE AEX. La Vierge tenant l'Enfant Jesus (Musée de Besançon. — N' 391). - Cliché de M. Dopivers. 1925 — Il porte au verso une inscription qui reproduit l’article qui le concerne dans l'inventaire de cette fameuse galerie, dressé en 1607. « Une Notre-Dame, avec son enffant de la main de Pré- vost, d’haulteur d’un pied onze polces, large d’un pied cinq polces et demy.... moulure noire. N° 1929 ». Le chiffre de 15 pistoles, qu'on relève dans un coin du tableau, indique probablement la somme qui a été remise à Jacques Prévost pour son travail, Ce qui représente au- jourd’hui environ 300 francs de notre monnaie, sans tenir compte de la diminution de la valeur de l'argent (1), Cette peinture nous montre comme la précédente, un Jacques Prévost encore tout imprégné des leçons des grands maitres italiens. Sa composition, si répandue à l’époque de la Renaissance, fait honneur à son pinceau et ce qui la distingue et lui donne un cachet d'originalité, c’est l’har- monie du coloris et l’expression tendre et gracieuse des figures. La tête de la Vierge, notamment, se rapproche ici davantage des compositions de Raphaël, Ce n’est plus un portrait comme on a l’habitude d’en rencontrer dans les œuvres du maitre comtois, c’est une vierge idéale dont les traits sont de pure imagination et pourtant c’est bien l'expression naturelle de la femme qui est rendue avec un enfant dans les bras. de Granvelle de la main du Titien, celui du cardinal son fils, deux autres portraits qu’on dit être ceux de l'ambassadeur Renard et de sa femme, de la main d’Olbein, une vierge sur du bois, de la main de Léonard, une autre aussi sur du bois, de la main de Jacques Prévost, un saint Hierosme de la main de l'Espagnolet, une Vierge avec un petit Jésus et un St-Joseph (les mots de Raphaël ont été ajoutés après coup en marge), un crucifix aussy sur du bois, une perspective aussy sur du bois... est...» « Testament passé par devant Jean Colin, notaire royal, audit Besançon, le 27 novembre 1694. » Manuscrit de la Bibliothèque de Besançon. (1) La pistole d'Espagne ou doublo de oro valait approximativement vingt francs et quelques centimes de notre monnaie. j9p L'enfant Jésus à une tête de chérubin qui n'exclut ni la naiveté, ni la candeur. [Il a de plus un sourire des plus naturels. Ce sujet est bien traité et donne une idée très nette du talent de notre vieux maitre comtois. La conservation en est bonne et aucun repeint mala- droit n’est venu en atténuer l’expression, ni enlever son Caractère à cette charmante Composition, toute-dévorace et de fraicheur. es ‘deux tableaux, que ‘pessède notre. musée, ont du être exécutés vers 1555, au moment où Jacques Prévost, quittant Langres, était venu sur là prière du cardinal de Granvelle s'installer à Besançon, avant d'aller à Pesmes, commencer le triptyque dont il nous reste à parler. LE TABLEAU A VOLETS DE L'ÉGLISE DE PESMES Le morceau Capital qui a survécu à l’œuvre d2 Jacques Prévost est un grand triptyque sur bois conservé dans la chapelle du saint sépulcre de léglise de Pesmes, repré- sentant une Wise au Toinbeau, avec portraits des donateurs, peints sur les Molets. Il a, nous dit J.-B. Dornier(l), la forme d’une armoire, sur les portes de laquelle l'artiste a peint extérieurement en grisaille la scène de lAnnoncialion Le tableau central a 1*70 de hauteur sur 3 mètres de largeur. Les volets n’ont que 91 cent. de largeur: Celui de gauche représente Catherin Mayrot ; celui de droite Jehanne Le Moyne, sa femme et porte la signature : JACOBUS : PRÉVOST, avec le millésime de 1561. Au-dessous de la signature se trouvent quelques lignes qui n’ont jamais pu être déchiffrées. Ont-elles été recou- (4) J.-B. Dornirr. Loc. cit. one vertes d’un enduit pendant la révolution, pour en effacer les traces? C’est peu probable, car on n'y trouve aucune trace de repeint. Forment-elles d'autre part, réellement des mots, une phrase, une devise?... Quoi qu’il en soit, ces lignes sont absolument illisibles et demeurent une énigme que les Chartistes eux-mêmes n’ont pu déchiffrer. Le tryptique porte la date de 1561. C’est, comme nous l'avons déjà dit, le premier tableau signé et daté que nous possédions en Franche-Comté. Aussi marque-t-il le début de notre école comtoise et a-t-1il, suivant le mot heureux de MM. J. Gauthier et G. de Beauséjour, « toute la valeur d'un incunable ». Il avait été commandé par noble Catherin Mavrot (1) pour servir de retable au maitre-autel de la chapelle qu'il Avoil londee en 1594, dans l’église de Peésmes, et qui, (4 Les Mayrot ou Mairot, sont originaires de Pesmes, au baillage d'A- mont. Catherin qu'il ne faut pas confondre avec le médecin, portant le mêine prénom, était un des cinq fils de Philippe Mayrot, seigneur de Chau- mercenne et de Philiberte Champenois de Dole Né au commenceinent du xvi siècle, fils de marchand et marchand lui- même, il épousa en premières noces Yves Millet de Fondremand dont il eut deux enfants : Philippe et Marguerite. Veuf, il se remaria en 1530, avec Jehanne Le Moyne, fille d'Etienne, seigneur de Mutigney, dont il eut neuf enfants, parmi lesquels Catherine qui devint plus tard la femme de Noble Etienne Picard, de Montmirey-la-Ville. Catherin Mayrot obtint, en 15%%, des lettres d'anoblissement datées de Spire (6 mai 1544). Ses armes étaient de gueules à La fasce ondée d’ar- gent et sa devise : Quebrar, antesque desplegar. À partir de ce moment c'est un petit seigneur. [Il a sa maison sur la place à l'endroit où se trouve actuellerment la Mairie. Il fait partie du conseil des échevins (1560- 1565), et quand la famille La Bauime édifie cette chapelle merveilleuse qui existe encore aujourd'hui, Catherin Mayrot veut en édifier une également, plus mode-te assurément, mais à laquelle le retable, dù au pinceau de son compatriote et ami Jacques Prévost, donne un éclat tout particulier. [1 mourut en 1573 et fut enterré dans sa chapelle. La plupart de ces renseignements sont tirés des Mémoires de la So- Qièlé d'Emulation du Jura, année 1901, où M. Feuvrier, professeur au collège de Dole, a publié une monographie très détaillée de la famille Mayrot.. AS jusqu'à la Révolution est restée la propriété de cette famille. Après la pose du tableau, cette chapelle prit le nom de chapelle du Saint-Sépulcre, qu’elle conserve encore aujourd’hui. Labbey-de Billy signale ce tryptique comme très inté- ressant et capable de retenir « l'attention des curieux ». « Catherin Mayrot et Jehanne Lemoine, écrit-il, sont peints sur les volets du retable de l'autel de leur chapelle de Pesmes. C’est un original de Prévost, disciple de Raphaël d'Urbin. Ce tableau fixe l’attention des curieux (1) ». D'autre part, voici la description qu’en donne J. B. Dor- nier, dans son Essai historique de l'arrondissement de Gray. « An bas de l'église, en sortant, à main gauche, est pla- cée la chapelle du sépulcre, ainsi nommée du tableau qui v est ipiacé. « Ce tableau est peint sur bois et divisé en trois parties: celle du fond qui forme le tableau principal, représente le Christ que l’on descend au tombeau. Les figures en sont bien et le coloris très frais. À chaque côté de ce tableau, deux autres de même hauteur y sont joints et représentent, celui de gauche un homme à genoux et priant et celui de droite, une femme en même posture. Ce qui m'a singu- lèrement surpris, c'est la ressemblance de ces deux per- sonnnges avec le tableau que j'avais vu à Aix et que l’on me montra comme ayant été peint par le roi René et le représentant, lui et sa femme, dans là même posture que celui de Pesmes. Le tableau porte dans un coin la date de 1561 et est signé Jacobus Prévost. Il mériterait qu’on en prit plus de soin qu'on ne le fait. La chapelle tire son nom du sujet qu’elle représente (2). » (1) Histoire de l’Université du Comté de Bourgogne, par Nicolas- Antoine LABBEY-DE-BILLY, Besançon, 1814, tome Ier. (2) Essai historique et voyages pittoresques dans l'arrondissement de Gray en 1832, par J.-B. DoRNIER, pages 73 et 74, Gray, mener Barbizet, 1836. — 129 — De la courte description de J.-B. Dornier il faut retenir cette ressemblance, qui l’a frappé et qui existe bien réelle- ment, entre la pose des personnages du tryptique de Pesmes et celle de ceux du tableau d'Aix. Ce dernier était à cette époque attribué au roi René et n’est autre que le fameux Buisson ardent de Nicolas Froment, une des pièces capitales de lPExposition des Primitifs français, organisée en 1904, au pavillon de Marsan, par notre compatriote H. Bouchot (1). Cette remarquable production du xv*‘ siècle, longtemps attribuée à Van Eyck, fut, comme on le sait aujourd'hui, grâce aux savantes recherches de l’abbé Requin, commandé par le roi René à Nicolas Froment d'Uzès. Or, comme le fait remarquer J.-B. Dornier, il est abso- lument exact que la pose et même la forme des vêtements des personnages peints sur les volets du triptyque de Pesmes ont une grande analogie avec celles du tableau d'Aix, peint un siècle plus tôt, Il y a donc lieu de se demander comment Jacques Pré- vost a pu donner, dans sa Composition, une traduction aussi fidèle de l’œuvre de Nicolas Froment, en un mot, où et comwment il a pu s’en inspirer. Il est certain, en effet, que uotre peintre comtois avait eu l’occasion d'admirer le triptyque d’Aix et l'hypothèse d’un séjour en Provence, lorsqu'il se rendait à Rome ou en revenait, n’a rien que de très naturel quand on saura qu'une branche de la famille Mayrot avait quitté la Franche- Comté pour aller s'installer à Aix. Nous en avons la preuve dans ce passage que nous rele- vons dans l’Histoire de l'Université de Bourgogne,de Labbey- de-Billy : « Philippe Mayrot, seigneur de Chaumercenne, dis- (1) Le Buisson ardent, n° 78 du Catalogue de l'exposition des Pri- mitifs français, au pavillon de Marsan, Paris, 1904. Ce catalogue a été rédigé par les soins de MM. H. Bouchot, Léopold Delisle, Frantz Marcou, H. Martin et Paul Vitry — 130 — tributeur ; 1l était fils de Pierre Mayrot, trésorier général du comté de Bourgogne et petit-fils de Philibert Mayrot, que Gollut, page 254, place dans la liste des chevaliers de Saint- Georges. Suivant une enquête faite au parlement d’Aix en 1646, il existait dans Le ressort de ce parlement, une branche de la famille Mayrot jouissant des titres et distinctions de la noblesse, ayant une origine commune avec les Mayrot de Franche-Comté et sortant du cousin germain de Philibert Mayrot (1). » Le séjour de Jacques Prévost à Aix, s'explique donc faci- lement dans ces conditions. [Il est certain, que c’est en ren- dant visite aux Mavyrot d'Aix, cousins de ceux de Franche- Comté dont 1l était l'ami, que notre peintre s’est inspiré de la merveilleuse composition de Nicolas Froment et que le cro- quis quil en prit à cette époque lui revint en mémoire lorsqu'il eut à placer, sur les volets du triptyque de Pesmes, les portraits de Catherin Mayrot et de Jehanne Lemoyne, sa femme. La pose de personnages en prières était, 1l est vrai, à peu près classique, dans les tableaux à volets du xvi* siècle, mais une telle similitude n’est pas le fait du hasard et ne peut s’ex- pliquer que par un voyage de Jacques Prévost à Aix, hypo- thèse bien naturelle par suite de la présence dans cette ville des cousins de Catherin Mayrot de Pesmes. Jacques Prévost avait donc vu le Buisson ardent et il en avait rapporté, dans sa propre composition, certains détails de mise en scène et plus particulièrement la pose des per- sonnages qui font face au panneau central et qui prient age- nouillés devant le Christ mort. Les parties accessoires des volets diffèrent en revanche totalement de celles du tableau d’Aix. Dans celui-ci, le roi René est présenté par trois saints dont un est Saint-Maurice et la reine Jehanne de Laval est accom- (1) LABBEY-DE-BiLLv. Loc. cit., 1e vol., p. 262. PR DE EU LS Société d'Emulation du Doubs, 1907. LE TRIPTYQUE DE PESMES Portrait de Catheryn Mairot Portrait de Jehanne Lemoyne | (volet de gauche) (volet de droite) Eglise paroissiale de Pesmes. Cliché de M. Donivers. — 131 — pagnée également de saints qui sont: Saint-Jean, Sainte-Agnès et Saint-Nicolas (1). Dans le tableau de Pesmes, au contraire, Catherin Mavyrot prie dans un paysage du Calvaire qui fait suite à celui où se déroule la scène du panneau central et où, dans le lointain, apparait la ville de Jérasalem Sur le volet de droite. où est représentée Jehanne Le Moyne, on reconnait facilement l'hôtellerie d’'Emmaüs, devant laquelle le Christ harangue ses disciples. Voiei du reste la description très détaillée de ces volets, qu’en donnent MM. J. Gauthier et G. de Beauséjour, dans leur étude sur l’église paroissiale de Pesmes et à laquelle je me reprocherats d'ajouter le moindre détail, « Le paysage du Calvaire se continue dans les deux volets latéraux, ombragé de maigres oïviers. À gauche, apparait Jérusalenr derrière un massif où se creuse le tombeau visité par les saïntes femmes ; en se rapprochant du premier plan, les mêmes, reconnaissables à leurs robes et aux vases d’aro- mates. Sur le volet de droite, dans des roches basaltiques, l'hôtellerie d'Emmaüs surgit comme un château fort, relié par un pont-levis à un chemin ; on y aperçoit le Christ se manifestant aux disciples. Plus bas, les mêmes disciples, vé- tus en pélerins, coiffés de bonnets phrygiens, rencontrent le Sauveur et cheminent avec lui sans le reconnaitre. » Traités en claire grisaille avec de sobres rehauts de brun, de rouge, de bleu, de jaune ou de vert, ces divers su- jets ne sont que l'accessoire, le raccord des portraits des deux donateurs, homme et femme, se faisant face aux côtés de l’Ensevelissement. » À gauche, agenouillé, mains jointes, devant une petite table à draperie rouge armoriée (de gueules à la fasce d’ar- gent), soutenant un psautier ouvert, un homme de soixante 1] NRA ESS Fe EU RESA : : (1) Ces renseignements sout dùs à l'obligeance de M. le Conservateur du musée d’Aix. — 132 — ans. Ses épaules disparaissent sous l’ample col de fourrure d’une longue robe de drap noir, à manches collantes, laissant dépasser un col et des poignets de fine toile. Surmontée d'un bonnet noir prolongé en couvre-nuque, la tête est vivante ; complètement rasée à la réserve de quelques poils grison- nants au niveau de l'oreille, la figure est vulgaire, mais in- telligente. Le modelé fin des joues, du menton et du nez, l'expression des yeux et des lèvres minces, donnent à ce bourgeois enrichi empreinte d’une volonté et d’une énergie peu communes. Sa main, courte et grasse, porte à l’index un anneau d’or à rubis chatoyant. La main blanche et effilée de la dame qui fait face à Ca- therin Mairot, Jehanne Le Moyne, fille d’un conseiller au parlement de Dole, est d'excellente facture D'un âge mür, la dame à la figure pleine, au cou plissé, porte la dure em- preinte de la cinquantaine. Vêtue d’une longue robe de ve- lours noir dont la jupe fendue par derrière est doublée d’une soyeuse fourrure, elle porte un corsage ajusté, à manches collantes, compliquées sur lPavant-bras d’un parement de fourrure formant cloche et pendant jusqu’à mi-jambe. Sur le devant de la jupe est comme une garniture de soie rouge, sorte de cordelière ou patenôtre, alternative de bouffants et d’annelets resserrés. C’est d’une gorgerette à revers de toile empesée qu'émerge la tête de Jeanne Le Moyne, dont la che- velure aisparaîit sous une cape de linon noir, découvrant le front, puis tombant au bas du dos. Quatre bagues d’or pas- sées à l’index, à l’annulaire et à l’auriculaire de la main gauche sertissent une perle, un rubis, une topaze et une table de diamant; une croix en diamants, composée de quatre croisettes avec pendants de trois perles serties d’or, est sus- pendue à une chaine de même métal dont les mailles et les tortils font le tour du col et viennent tomber jusqu'au milieu de la poitrine, rehaussant ce costume quasi monacal. Les traits fortement accusés de la dame, manquent de distinction, son regard est plus doux que vif. Devant elle, un prie-Dieu Societé d'Emulation du Doubs, 1907. PRE LE TRIPTYQUE DE PESMES La Mise au Tombeau (panneau central) Eglise paroissiale de Pesmes. Cliche de M. Dopivers. — 133 — armorié d’un écu en losange (Le Moyne) est couvert d’une draperie verte, sur laquelle sont disposés un missel relié de velours rouge et un mouchoir de batiste. » D'une facture magistrale, ces portraits constituent les meilleurs morceaux du triptyque (1). » Le panneau central, qu'encadrent les deux portraits décrits avec tant d’exactitude par MM. J. Gauthier et G. de Beausé- jour, représente l’Ensevelissement du Christ. C’est la scène classique que nous connaissons, peut-être un peu à l’étroit dans ce cadre à dimensions restreintes, étant donné le nombre des personnages qui s’y rencontrent, mais la variété dans les figures et dans les attitudes sont d’un puissant effet. Huit personnages gravitent autour du Christ que l’on vient de descendre de la croix; ils se profilent sur le fond sombre d’une grotte qui fait ressortir davantage leurs contours. Un homme vigoureux, aidé de Magdeleine, soutient le corps du Christ, pendant que la Vierge à demi-évanoute et abattue par la douleur tombe dans les bras des femmes qui l'entourent. Joseph d’Arimathie assiste grave et pensif à cette scène de désolation qu'il domine et à laquelle il semble rester quelque peu étranger. Cette attitude semblerait donner rai- son à ceux qui voient dans ce beau vieillard, à barbe et à cheveux blancs, le portrait du peintre lui-même (2), (1) L'Eglise paroissiale de Pesmes (Haute-Saône), par J. GAUTHIER, archiviste du Doubs et G. DE BEAUSÉJOUR, ancien élève de l'Ecole poly- technique, Caen, 1894, Henri Delesque, imprimeur-libraire. (2) «Qu'on rapproche ce nom (Jacobus Prévost) de cette tête de vieillard, à barbe et à cheveux blancs, à l'expression tout à la fois énergique et découragée, telle qu’elle convient à la mélancolie des philosophes de soixante ans et peut-être sera-t-on tenté comme nous d'y reconnaitre le peintre lui-même. Et d’abord, c’est bien un portrait échappant aux types convenus de tous ceux qui l'entourent ; de plus, son regard profond et discret s'éloigne de la scène à laquelle il assiste, indifférent, et sa pensée se perd dans l’espace. Ce n’est pas un Mécène, car sa présence eût choqué les donateurs peints sur les volets; il est naturel d’y retrouver Jacques Prévost lui-même, d'autant que la figure pleine de caractère semble reflé- — 1934 — Grâce au talent d’un de nos compatriotes, M. Julien, nous avons pu donner en tête de cette notice le portrait présumé de Jacques Prévost, représenté sous les traits de Joseph d’Arimathie, un des plus remarquables personnages du tableau. La figure principale, le Christ mort, frappe surtout par le ton des couleurs. Les chairs sont jaunâtres et affaissées, les bras tombent sans vie, aucun muscle n’est contracté ; tout le corps, que soulève péniblement un des disciples, est dans l'abandon de la mort. [l v a de la pesanteur et de Paffaisse- ment dans cette masse inerte d’où la vie vient de s'échapper avec le dernier souffle, On ne pouvait mieux rendre l’image de la mort après de longues et pénibles souffrances : l'illu- sion est complète et on reste en admiration devant la vérité qui se dégage de cette œuvre puissante, où la mort est ren- due avec une tonalité parfaite et une expression sans égale. Au second plan, la figure de la Vierge qui s’évanouit dans les bras des saintes femmes qui l’assistent n’est pas moins remarquable. Toutes les souffrances physiques et morales se lisent sur ce visage pâle et amaigri, aux joues fortement creusées et sillonnées de rides précoces. Les veux, quoique à demi-fermés, reflètent encore pour- tant la force d'âme et l'énergie qui soutiennent son courage. C’est, en un mot, l'expression de la douleur la plus vive, unie à la résignation et à la souinission à une volonté supé- rieure, que l’artiste a su rendre avec une grande vérité. Des autres personnages, il n’y a rien de particulier à signaler, sinon qu’ils sont groupés avec art et que ce sont ter l’âge et la personnalité que nous devinons dans la correspondance de l'artiste, En se représentant lui-même, Prévost n'eût obéi qu’à un usage répandu, auquel, d’après la tradition, il avait sacrifié lui-même en repré- sentant, dans un tableau peint pour l’église de Dole, plusieurs lettrés, ses contemporains » | J. Gauruier et G. DE BEAUSÉJOUR. Loc. cit., page 35. — 1355 — des portraits bien étudiés. La douleur qui se lit sur tous les visages est bien rendue et reste en harmonie avec la scène si triste de l’ensevelissement. Quelques audacieux raccour£is pourraient faire douter de la valeur du dessinateur, mais ne s’expliquent-ils pas natu- rellement par l’étroitesse du panneau pour une composition aussi vaste ! Ce que l’on pourrait reprocher surtout à cette œuvre. c’est une certaine disproportion dans les membres, qui sont généralement trop gros et trop longs. C'est là une anatomie de convention qui ne répond pas à la réalité, Cest pour cette même raison que, dans un ciel trop bas, où volent de gracieux petits anges, aux visages empour- prés, on voit leurs ailes frôler de trop près les têtes des principaux personnages. [ls étalent mnocemment toutes les poésies de la nudité et de la chair, offrant ainsi à la vue un groupe du plus gracieux effet, qui gagnerait beaucoup à être vu de plus haut et de plus loin (1), En résumé, l’ensemble de cette composition manque d'air et détendue, les acteurs de la scène de lensevelissement se débattent dans un champ trop restreint et c’est la critique la plus sérieuse que l’on puisse adresser à cette œuvre du maitre Comtois. En refermant les volets du triptyque, on se trouve en présence d’une peinture en grisaille claire, représentant l'Annoncialion, dont la tonalité est parfaite et l’ensemble plein de vie et de mouvement. Ce sujet, comme le précédent, a été iraité bien souvent par les peintres de toutes les écoles et de tous les temps ; EE (1) Il y a quelques années, une personne de Pesmes que M. Jules Gauthier décore du titre de « Mère de Conférence », n’a pas craint d'user du grattoir et de l’ongle, pour corriger la nudité de ces petits anges, dont sa sotte pudeur s'était alarmée. Les traces de ce grattage sont très visibles sur la reproduction que nous donnons de cette œuvre, d’après le cliché de M. Dodivers, Le vandalisme sera toujours l’arme inconsciente de tous les préjugés et de toutes les superstitions. — 136 — aussi Jacques Prévost a-t-il été bien inspiré en reproduisant une composition dans laquelle un peintre de sa valeur pou- vait donner la mesure de tout son savoir-faire et de son grand talent. Ici, la Vierge est représentée à genoux sur les marches d'un autel où elle vient de déposer son livre de prières, Une colombe plane sur sa tête qu’elle incline lègère- ment. La pose est naturelle et gracieuse. Son visage. un peu Ccon- fus à la nouvelle que lui apporte le messager céleste, exprime bien ce qui se passe dans son âme. C’est une joie profonde unie à une douce résignation, c’est le ravissement et l’extase à l’ouie de l’harmonie divine. L'air de candeur qui se dégage de ses traits, la pudique surprise et la grâce qui se lisent sur son visage, les batte- ments de son cœur que lon devine sous la main gauche qui cherche à les réprimer font bien de la modeste habitante de Bethléem cette vierge idéale et mystique dont la phvy- sionomie s’est transmise à travers les âges. Ici, c’est la grâce qui séduit, la grâce encore plus que la beauté: on la retrouve non seulement dans les traits de la Vierge, mais aussi dans son attitude, dans ses gestes. voire même dans les plis des draperies de sa longue robe et de son manteau, en un mot, dans toute cette composition, qui restera à bon droit le chef-d'œuvre de Jacques Prévost. L’ange, aux ailes à demi-ployées, s'incline gracieusement vers la Vierge, qui écoute ravie les paroles mystiques qu'il prononce. Ses cheveux sont épars, la pose est naturelle et sans contrainte sous les plis bien étudiés de sa longue robe trainante et sauf la tête, qui est trop petite, il n’y a rien à reprocher à ce panneau. Un groupe de têtes enfantines complète cette scène vrai- ment très suggestive. Dans un tournoiement de blanches formes ailées, ces figures souriantes entourent la Vierge d’une large auréole vivante et animée et rappellent, par le jeu Société d'Emulation du Doubs, 1907. : LE TRIPTYQUE DE PESMES PIERRE L'Annonciation (verso des volets) Eglise paroissiale de Pesmes. Cliché de M. Dobivers. — 137 — des physionomies et l’harmonie des traits, les anges de la Mise au Tombeau : le dessin est en outre d’une correction parfaite. L'ensemble de ce tableau est d’un très grand effet. II y a plus d’air et d'espace que dans la scène principale et nombre de connaisseurs admirent davantage cette grisaille aux tons clairs et lumineux (1). D'autre part, il faut reconnaitre aussi que les caractères en sont peut-être mieux rendus et que le sujet de l’Annon- ciation plait davantage que celui si triste et si désolant de la Mise au Tombeau. Ici, c’est l'annonce d’une bonne et Joyeuse nouvelle ; là, c’est la constatation du néant, la dispa- riuon de l’'Homme-Dieu, la mort, en un mot, dans toute son horreur. Ce contraste a certainement été voulu par l'artiste et après le sentiment d'angoisse et de tristesse qu'inspire Ja vue du premier tableau, on quitte l’œuvre de Jacques Pré- vost sur une note souriante et gaie que procure la scène de l{nnonciation, lorsqu'on referme les volets du trip- tyque (2). (1) On a prétendu que cette peinture en grisaille, ne serait pas de la main de Jacques Prévost car elle est plus soignée que la scène principale. C’est pourtant bien la même facture que dans la Mise au Tombeau, avec les mêmes incorrections de dessin, mais aussi avec le même sens artis- tique et la même expression dans les caractères qui sont bien rendus. Enfin les têles d’anges qui couronnent les deux tableaux ont de tels points de ressemblance qu'il est impossible de douter qu'ils ne soient dûs au même pinceau. (2) M. Castan, signale comme existants au palais archi-épiscopal de Be- sançon, deux panneaux de Jacques Prévost, ayant servi de volets à un triptyque. Ces panneaux, traités en grisailles légèrement colorées, repré- senteraient comme ceux de Pesmes, d’une part la Vierge en prières et de l’autre, l'ange porteur du divin message. — Besançon et ses environs, par À. CAsTAN Nouvelle édition, par L. PINGAUD, p. 196. Aidé de M. Gazier, notre savant Conservateur de la Bibliothèque muni- cipale, nous avons parcouru en vain toutes les salles de l’archevêché, sans trouver trace de ces panneaux cités par Castan. — 158 — LE PAYS D'ORIGINE DE JACQUES PRÉVOST Plusieurs villes; comme je le disais au commencement de cette étude, se disputent l’honneur d’avoir donné nais- sance au peintre-graveur Jacques Prévost. Ses biographes le font naître tantôt à Gray ou à Dole, tantôt à Besancon ou à Paris. voire même à Poitiers où il n’a probablement jamais séjourné. tandis qu’une tradi- tion constante, qui s’est transmise à travers les âges, veut qu'il soit originaire de Pesmes (Haute Saône). Nous allons done examiner rapidement ces différentes Opinions et essayer à notre tour, à défaut de pièces justi- ficatives, mais simplement, par tout ce que nous savons de notre peintre comtois, de démontrer qu'il est bien effec tvement né à Pesmes et de donner si possible, à ce petit problème, une solution définitive. J'éliminera d’abord les villes de Besançon, de Paris et de Poitiers, qui n'ont réellement aucune raison sérieuse à faire valoir, pour revendiquer honneur de compter Jacques Prévost au nombre de leurs concitoyens. Pour Besancon, l'erreur a été commise par levpère Du- nand, qui, dans sa Statistique de Franche-Comté, a eu la malencontreuse idée d'écrire cette phrase : Jacques Prévost DE BESANÇON, qu'on « appelé le Michel-Ange de la Franche- Comté (D, | Cette assertion qui na du reste jamais été répétée par aucun de ceux qui ont eu à s'occuper de notre peintre comtois, n'est basée sur aucune preuve, ni aucun témoi- gnage. Elle ne traduit certainement, dans la pensée de son auteur, que le séjour plus où moins prolongé dans notre (1) Statistique de la Franche-Comté. Manuscrit du père DUNAND, IIIe volume. — 139 — ville de Jacques Prévost, occupé à travailler pour le car- dinal de Granvelle et dont deux des œuvres que possède actuellement notre musée ont figuré, avec honneur, dans la merveilleuse collection de ce grand ami des arts. Aussi, ne retiendrons-nous du passage de Dunand que celte appellation élogieuse de Michel-Ange de la Franche- Comté, qui nous fait connaître l’estime et la considéra- üon dont jouissait le peintre auprès de ses contempo- rains qui voyaient en lui le représentant, dans notre pays, du plus grand génie artistique du xvi* siècle. Dans le Dictionnaire encyclopédique de Larousse, où les erreurs au sujet de Jacques Prévost sont nombreuses, on hit avec stupéfaction que ce peintre graveur serait né à Paris en 1510 et qu’il y serait.mort en 1590 (N 1... L'auteur de Particle se demande même, si Jacques Pré- vost et Nicolas Prévost, «dont les comptes royaux font pourtant des individualités distinctes » ne seraient pas un seul et même peintre, Jacques-Nicolus Prévost, signant indifféremment ses œuvres, tantôt du prénom de Jacques, tantôt de celui de Micolus ! Une telle assertion ne peut être prise au sérieux, D’après Mariette, le savant iconophile du xvir* siècle, Nicolas Pré- vost serait né à Paris en 1606 ou en 1610, c'est-à-dire un siècle plus tard que celui dont nous nous occupons. Pour d’autres et parmi lesquels il convient de citer M. Georges Duplessis, il y a bien eu un Nicolas Prévost, d’origine pari- sienne et contemporain de l'artiste comtois, mais dont le monogramme NP est entièrement différent du sien et dont on ne connait que quelques planches, avec cette mention: par Nicolas Prévost, rue Montorgueil, au chef sainct Denis(2). (1) Dictionnaire universel du XTX° siècle, par P. LAROUSSE, 13° vo- lume. ; : (2) Les estampes de Nicolas Prévost, sont des gravures sur bois et repro- duisent toutes des sujets religieux, empruntés à l’Ancien ou au Nouveau Testament: Le déluge ; Les sept œuvres de la miséricorde; La création — 140 — Ce détail cadre mal, dans tous les cas, avec la misère bien connue de notre pauvre hère comtois qui n’eut jamais pignon sur rue et dont les uniques ressources étaient à la merci de la générosité plus ou moins grande de ses protecteurs et de ses amis. Enfin les estampes de Nicolas Prévost étaient sur bois. Elles se rapprochent davantage, nous dit M. Georges Duplessis « de l'imagerie que de l’art proprement dit et rappellent, par leur composition et leur dessin quelque peu grossier, les tapisseries si fort en vogue sous Charles JX (D, » Ces renseignements suffisent pour séparer nettement les deux personnalités de Jacques et de Nicolas Prévost et l’article du dictionnaire de Larousse contient, du reste, telle- ment d’autres erreurs au sujet de notre compatriote qu'il nous parait inutile d’insister davantage. Il y est dit, entre autres, que l’on ne connaît de Jacques Prévost qu'un seul tableau sur cuivre qui existerait encore aujourd'hui à Langres: le Trépassement de la Vierge. IE ya là presque autant d'erreurs que de mots et l’idée bi- zarre de faire naître Jacques Prévost à Paris doit être con- sidérée comme une allégation sans fondement et une confu- sion des plus regrettables avec un de ses homonymes, qui n'eut ni son talent, ni sa réputation. Parmi les opinions les plus singulières qui aient surgi au sujet du lieu de naissance de Jacques Prévost, il faut citer encore celle qui fait de lui un Poitevin d’origine, sieur de Graize | : M. Lèdre, conservateur de la bibliothèque de Poitiers, s’appuie sur ce fait, c’est que les deux prélats protecteurs de Jacques Prévost et crayonnés par lui dans les lettres publiées du Monde ; Histoire de l’image Notre-Dame de Liesse, qui fut apportée de Paradis par les anges, etc... D'autre part, on n’est pas absolument fixé sur l'attribution du monogramme NP dans lequel quelques auteurs voient celui de Nicolas Poussin. (1) Georges DuPLESSIS. Loc. cit. page 42 par M. Laurent-Chevignard, ont été tous deux évêques de Poitiers (1)! En ce qui concerne le cardinal de Givry, nous savons qu'il füt d’abord évêque de Macon où il succéda à son oncle, puis évêque de Langres et enfin d'Amiens et de Poitiers. Dans ce dernier poste, 1l ne résida que très peu de temps et v mourut en 1561. À cette même date, Jacques Prévost signait son triptyque de Pesmes, ce qui prouve bien qu’il n'avait pas accompagné son protecteur dans sa nouvelle résidence. De plus, nous savons déjà qu'en quittant Langres il vint à Besançon tra- vailler sous les ordres du cardinal de Granvelle et y resta plusieurs années. Quant à Jehan d'Amoncourt, qui succéda au cardinal de Givry dans son évêché de Poitiers, il était d’origine bour- guignonne et fut pendant de longues années, à Langres no- tamment, le coadjuteur et l’ami de celui qu'il était appelé à remplacer plus tard. C’est donc à Langres qu’il connut Jacques Prévost, pen- dant que ce dernier travaillait à la décoration de l’église Saint Mamert et du palais archi-épiscopal et la genèse des dessins que nous avons reproduits et auxquels fait allusion M. Lèdre s'explique très naturellement, sans qu'il soit be- soin de faire naître notre peintre à Poitiers. Comme tous les artistes, Jacques Prévost a promené un peu partout son pinceau et son burin et, eût-il résidé à Poi- tiers, comme il a résidé dans tant d’autres villes, à Rome, à Langres, à Gray ou à Besançon etc.., nous ne voyons pas la relation qui pourrait exister entre ces faits et l’attribution de son lieu de naissance. L'opinion la plus accréditée parmi ceux qui ont eu l’occa- sion d'étudier Jacques Prévost est celle qui le fait naître à Gray, au commencement du xvre siècle. (1) Histoire de la ville de Gray. Edition de M. GoparD, page 721. — 142 — Cette manière de voir, comme j'ai déjà eu occasion de le dire au début de cette notice, est basée sur une simple note dénuée de tout caractère historique et écrite à la main, au revers d'un des dessins de l'artiste, par le chanoine Tabourot. D'autre part, ce qui paraissait donner une certaine appa- rence d'authenticité à cette allégation, c'est que son auteur était un contemporain de Jacques Prévost, habitant en même temps que lui la ville de Langres où il faisait partie du cha- pitre de la cathédrale. Il vivait done dans l’entourage iinmé- diat du cardinal de Givrv et de Jehan d'Amoncourt son vi- caire général, c’est-1-dire dans les meilleures conditions pour bien connaitre Jacques Prévost, l'artiste franc-comtois leur protégé Cette note, retrouvée par Mariette, a été reproduite par lui en marge d’un des exemplaires de lAbecedrrio Pittorico de P. Orlandi. Elle disait textuellement : « Jacques Prévost, dit de Gray, probablement du nom de sa patrie, a peint le Trépassement de la Vicrge dans l'église Saint-Mamert, à Langres (1), » Depuis cette époque, et sur la foi de cette simple annota- tion manuscrite, la plupart des écrivains, sans chercher à contrôler si cette assertion était fon lée, ont continué à dési- gner Gray comme pays d’origine de Jacques Prévost (21. Le plus autorisé d'entre eux, Robert Dumesnil, dans son Peintre-graveur frunçuis (3), qui fait suite au Peintre-gra- veur de Bartsch, prolonge encore l'incertitude à cet égard en jaissant planer un doute sur le lieu de naissance du (Li P, ORLANDI. Loc. cit. (2) Parmi ces auteurs, il faut citer notamment MM. Lechevallier-Chevi- gnard, J. Gauthier, Laucrenon et enfin plus récemment MM. Godard et Jourdy qui ont reproduit la note de M. Gauthier. (3) Le Peintre-Graveur français, ou catalogue raisonné des estampes gravées par les peintres et les dessinateurs de l'Ecole française ; ouvrage faisant suite au Peintre-Graveur de M. Bartsch, par ROBERT-DUMESNIL, Paris, 1850. — 113 — peintre franc-comtois, qui vraisemblablement, ditAl, doit être de la ville de Gray. M. Godard lui-mème, le savant historien de la ville de Gray, qui à continué et complété l’œuvre de MM. Gatin et Besson, n'avait pas hésité, dans la nouvelle édition de 1892, de faire de Jacques Prévost un Graylois d'origine probable. [Il reconnait aujourd'hui très loyalement cette erreur que lui a fait commettre M.J. Gauthier et qu'après lui M. Jourdy a répétée dans son Annuaire de l’arrondissement de Gray paur l’année 1902. M. Godard admet donc que Jacques Prévost a dû naître à Pesmes et que l'opinion très répandue qui le regarde comme originaire de Gray provient probablement du séjour pro- longé qu'il fit dans cette ville (1), Mariette n’est du reste rien que moins affirmatif lui-même puisqu'il écrit : «Jacques Prévost, de Gray, PROBABLEMENT du nom de sa patrie, » Cet adverbe dubitatif prête à l’équi- voque et laisse dans tous les cas subsister une incertitude qui prouve bien que cet auteur n’a pas cherché à vérifier Passertion du chanoine Tabourot et que, d'autre part, n’é- tant pas intéressé directement à la question, 1l ui importait peu de connaitre si Jacques Prévost était de Gray ou d’une autre localité de la province. Pour le savant iconophyle du mymiesiècle, il lui suffisait, en effet, de savoir que Jacques - Prévost était d’origine comtoise Îl en. a été de même pour la plupart de ceux qui ont eu à s'occuper de ses travaux. Quant à la note du chanoine Tabourot, que rien ne vient confirmer, est-elle aussi rigoureusement exacte qu’elle le parait et veut-elle réellement dire que Jacques Prévost soit né dans l’enceinte mème de la ville de Gray ? Nous savons tous que lorsqu'il s’agit d’assigner un pays d’origine à un homme d’une notoriété connue, on désigne Île plus souvent la ville la plus importante du voisinage, qui (1) Lettre particulière de M. Godard à l’auteur. — 144 — seule est connue du grand public. Est-ce que Desault, par exemple, le célèbre chirurgien du xvui° siècle n'est pas pour tout le monde de Lure, quoique né à Magny-Vernois ? Qui se souviendra dans quelques années, en dehors de ses amis personnels, qu'Henri Bouchot est né à Gouille ? A l'heure actuelle, ne dit-on pas déjà Henri Bouchot, de Be- sançon ! Je pourrais multiplier les exemples. Ils prouveraient que l’assertion du chanoine Tabourot ne doit pas être prise à la lettre. Pour lui, Jacques Prévost était de Gray, c’est-à-dire de la région de Gray, mais non pas absolument de la ville elle-même. Cette erreur provient aussi de ce qu'une famille de pein- tres portant le nom de Prévost était installée à Gray dès la fin du xve siècle, mais aucun de ses membres ne portait le prénom de Jacques. Nous trouvons d'autre part, à la même époque, à Dole et à Pesmes, des familles de ce nom égale- lement et où chacun était peintre de père en fils. Ajoutons enfiu, pour être complet, que Jacques Prévost a travaillé longtemps à Gray, où il a eu un atelier, et que c’est en quittant cette ville qu'il s’est rendu à Langres, où Pa connu le chanoine Tabourot (1). De plus, les registres paroissiaux de Gray, relativement bien tenus, comme ceux d’une ville d’une certaine impor- tance, ne donnent aucun renseignement sur la naissance d’un Jacques Prévost à la fin du xv® siècle, ni au commen- cement du Xvie, car les plus anciens que l’on ait pu retrou- ver ne remontent qu’à l’année 1598. Ce furent, en effet, les conciles de Rouen, en 1581, et de Bordeaux, en 1588, qui obligèrent les membres du clergé à tenir régulièrement ces registres, aussi n'est-il pas éton- (1) Jacques Prévost ou un de ses homonymes, a réparé, en 1586, d’a- près M. Godard, les verrières de l’église de Gray. Dans tous les cas, il refit le gonfanon ou grande bannière en 1559. the nant qu'avant cette époaue on y constate de grandes erreurs et de regrettables lacunes (1). Il n'en est pas moins vrai que dans ceux de Gray, M. TJ, Gauthier a relevé un certain nombre de Prévost, sans qu'il y soit autrement question de celui qui nous occupe. Voici la nomenclature qu'il nous en donne dans un de ses Annuaires du département du Doubs (2): « 19 Prévost, Bernardin, peintre-verrier, né à Gray en 1599, mort après 1664, auteur des vitraux de l'Eglise, des ÉeUSSOnS, ic... » 2 Prévost, Philibert, peintre, fils du précédent. » 30 Prévost, Bernardin, peintre, frère de Philibert, mort avant 1636. » 40 Prévost, Jean, peintre, frère des deux derniers. » C’est probablement celui que nous retrouverons plus tard à Dole. Parmi les autres personnes portant ce nom, nous ne con- naissons plus qu'un Jean Prévost, dont nous venons de parler, mais qui quitta Gray pour s'établir à Dole, où il a trois enfants, Jean, Phihberte et Catherine, et enfin quel- ques-uns encore qui habitent Pesmes dans le cours du xvI® et du xvrre siècles. En examinant les dates connues de naissance de ces nombreux Prévost qui ont habité notre région, il est cer- tain que Bernardin, né à Gray en 1599, est le père de Phuihbert, de Bernardin et de Jean. Tous se livrent à la peinture. Jacques Prévost né à la fin du xv*° sièle où au commen- (1) Avant le xvie siècle, les notes concernant les naissances, mariages, _ décès, etc …, se rencontraient plutôt dans les livrets de famille qui se trans- mettaient de génération en génération, mais qui malheureusement ont disparu pour la plupart. (2) Année 1892. 10 + cement du XVI, ne peut denc être, Sicune parenté existe bien réellement-entre eux qu'un frere ou um cousin tde Bernardin, né à peu près à la même date, en 1599. Il serait donc l’oncle ou le cousin issu de germain de Jean Prévost de Dole et d’un autre Jean Prévost de Pesmes, qui mourut au commencement du xvir° siècle (1). De ces muitiples renseignements, on peut conclure que le berceau d’origine de la famille Prévost parait bien être la ville de Gray, ce qui expliquerait jusqu'à un certain point l'erreur que nous signalons, mais que, pendant que la branche principale continuait à habiter cette ville, deux autres familles du même nom allaient s'installer à Dole eétuàa Pesmes, y laire Souchetet "que Cest dansieeS tiens dernières qu'il faut rechercher la véritable origine de Jacques Prévost. | On aurait donc tort de voir dans la note dü chanoine Tabourot, Jacques Prévost de Gray, autre chose qu’une affirmation d'ordre général, un cliché banal, que Mariette nous à transmis textuellement et que les différents écri- vains qui ont eu à s'occuper de Jacques Prévost ont repro- duit littéralement sans contrôle et sans vérification. fIS"6nt en cela une excuse cest que les Prévost sont bien, selon toute probabilité, originaires de Gray, mais ils ont oublié qu'ils s'étaient dispersés ensuite dans notre province, notamment à Dole et à Pesmes, donnant nais- sance à d’autres Prévost, peintres également et que c'est là qu'il faut rechercher la véritable origine du maitre comtois. Le problème se restreint. Jacques Prévost n'étant ni de Gray, -nidée Besancon,’ pas plus querde Paris ouvde Poiters, il s’agit de savoir si, contrairement à la tradition qui le fait naître à Pesmes, l'hypothèse de sa naissance (ET AGAMMHALER, LocAcit Ne Ha: : à Dole, dont Pallu s’est fait autrefois l’érudit champion, présente une certaine valeur historique. Dans un article paru dans l’Album dolois, en 1843, l'an- cien bibliothécaire de la ville de Dole, énumnère un cer- tain nombre de raisons, qui, d’après lui, militeraient en faveur de la naissance de Jacques Prévost à Dole. Il estime entre autres que le fait d’avoir exécuté des tableaux pour Hugues Marmier, président au parlement de Dole, vient à l'appui de sa thèse et fait pencher la balance en sa faveur! Nous ferons remarquer que, dans ce cas, la ville de Gray aurait autant de titres que celle de Dole à réclamer Prévost comme un des siens, puisque Hugues Marmier était originaire de Grav, et que des deux tableaux qu'il commanda à Jacques Prévost, l’un était destiné à léglise de sa ville natale et l’autre à celle de Dole, où il ne faisait que résider. | Pallu s'appuie ensuite sur Pautorité de Labbey-de-Billy et de J.-B. Dornier qui, dans leurs ouvrages, n’attachent pourtant aucune importance à la question. Ils font naitre Jacques Prévost à Dole, sans plus de preuves que ceux qui le font naître dans toute autre ville de la province. Ne pouvant d'autre part apporter aucun acte authentique qui eût tranché la question d’une façon définitive, puisque les plus anciens registres de naissance à Dole ne remontent pas avant 1946, Pallu présente trois autres pièces qu'il regarde comme capitales. Ge sont les extraits de naissance de Jean, Catherine et Philiberte Prévost, enfants de Jean Prévost, peintre, qui avait quitté Gray, pour venir s'installer à Dole, Ces actes portent respectivement les dates de 1576, 1977 et 1578 (1). (D) Voici à titre de document, les trois extraits de baptême, relevés par Pallu, dans les registres paroissiaux de Dole : 1o Baptême de Jean Prévost: «Septimà die Juannuarii 1576, Johannes, — 148 — Ils prouvent ce que personne n’a jamais mis en doute, qu'il existait à Dole au commencement du xvi° siècle une famille Prévost, mais ils ne prouvent rien de plus etil faut une bonne volonté bien surnrenante pour y voir autre chose. Jean Prévost le père était certainement, nous dit Pallu, le frère de Jacques !... C’est là une hypothèse possible mais que rien ne vient démontrer et, füt-elle exacte, il ne s’en suivrait pas que ce dernier soit de Dole, puisque nous savons déjà que Jean Prévost, père de Jean, de Catherine et de Phili- berte, était lui-même originaire de Gray. De toutes les preuves apportées par Pallu, à l'appui de sa thèse, la plus curieuse, sans contredit, est celle qui s’appuie sur la notoriété des témoins de la naissance des enfants de Jean Prévost et la qualité de leurs parrains. Ces personnages étaient illustres, nous dit Pallu, très ho- norablement classés parmi les meilleures familles de la ré- gion, ce qui démontre amplement queJean Prévost jouissait d'une certaine renominée, qu'il appartenait lui-même à une bonne famille et enfin, conclusion inattendue, qu'elle doit compter certainement Jacques parmi ses membres !.…. Toutes ces preuves ne sont, comme on le voit, que bien peu convaincantes et elles font plus d'honneur au talent et à l'imagination de Pallu, qu à son raisonnement. Elles ne prouvent qu'une chose, comme nous le dit Perron, l’ancien professeur de philosophie à la Faculté des lettres de filius Johannis Prévost, pictoris, et Isabella Georget Bisuntinensis. Patrinus Dominus Johannès Bernard, jJurium doctor de Dola. Matrina domicella Antonia Grenier cujus vices jessit domicella Johanna Poly. 2% Baptème de Catherine Prévost. — Catharina filla Johannis Pré- vost, pictoris et Isabella Georget, ejus uxoris, decimà quartà die mensis martia 1577, baptistata fuit. Patrinus Johannès Duchamp. Matrina Catha- rina Jacquot. 30 Baptème de Philiberte Prévost. — Philiberta fillia Johannis Pré- vost, pictoris et Isabella Georget, ejux uxoris nonà die mensis junii 1578, baptistata fuit. Patrinus Johannes Flamand, auri fabri. Matrina Philiberta Camus. Le 439 Besançon, dans sa réponse à Pallu, « c’est qu'un Jean Pré- vost a eu l'honneur d’habiter Dole et d’y faire des enfants, nommés Jean, Catherine et Philiberte, mais elles ne prouvent que cela et qu'est-ce que cela prouve ? (1) »… Ajoutons enfin qu'aucun des historiens de la ville de Dole n’a jamais fait mention de Jacques Prévost parmi les illus- trations de cette ville et que dans l’ouvrage si complet de Marquiset il n’en est nullement question, pas plus du reste que dans le Dictionnaire historique et statistique des com- munes du Jura de À. Rousset (?) ou dans l'Histoire de Dole publiée plus récemment par M. E. Puffeney 6). En revanche, un certain nombre d'écrivains, et non des moindres, n’ont pas hésité à reconnaitre que Jacques Pré- vost était bien originaire de Pesmes et parmi eux 1l convient de citer notamment Perron, Suchaux, Castan et Besson, et plus récemment encore M. Perchet. C'est l’article de Perron paru dans le Franc-Comtois de l’année 1841 (4), qui déchaina la polémique dont nous venons de parler, entre cet auteur et l’ancien bibliothécaire de la ville dé Dole. « La chapelle fondée par une des anciennes familles du pays, celle des Mairot, écrivait-il, est décorée principalement par un tableau sur bois qui se ferme comme une armoire et qui est l’œuvre de Prévost, élève de Raphaël et originaire de Pesmes : il représente l’Embaumement du Christ. » Ce n’est que deux ans après, en 1843, que Pallu chercha à réluter, avec les arguments plus ou moins spécieux que nous avons examinés, l'affirmation de Perron. La réponse cette fois, ne se fit pas attendre. (1) Le Franc-Comtois, 25 mars 1843. (2) Dictionnaire géographique, historique et statistique des com- munes de la Franche-Comté, classées par départements, par A. ROUSSET. (3) Histoire de Dole, par E. PuFFENEY, bibliothécaire de la Ville. Besançon, 1882. (4) Le Franc-Comtois, année 1841, n° 118. — 150 — Dans un article étincelant de verve et d'humour, l’ancien professeur de philosophie détruisit facilement le système échafaudé par son habile contradicteur et lui fit toucher du doigt, non sans malice peut-être, le défaut de son raisonne- ment et la fragilité de ses conclusions (1). Dans la Gulerie biographique de la Haute-Saône, M. L. Suchaux n'hésite pas non plus à déclarer que Jacques Pré- (1) La réponse de Perron, mérite d’être reproduite in exlenso, car elle met très bien la question au point. « L'Album dolois du 19 mars, contient un article fort érudit. ce qui n'est pas étonnant puisqu'il est signé Pallu et qui a pour but de prouver que le peintre distingué Jacques Prévost, l'auteur du beau tableau qui se trouve à Pesmes, dans la chapelle du Saint-Sépulcre, n’est point originaire de Pesmes, comme nous l’avons prétendu, mais appartient à la ville de Dole. » Nous attachons peu d’importance à ce que nos célébrités franc-com- toises soient de telle localité plutôt que de telle autre, pourvu qu’elles appartiennent à la province et que nos voisins n’aient aucun titre spécieux pour nous les enlever, cela nous suffit. Cependant la vérité historique a aussi des droits, et, quand une petite ville a eu le bonheur de donner naissance à quelque illustration, nous croyons qu'elle aurait tort de s’en laisser ravir la gloire. Les habitants de Pesmes ne sont pas indifférents sur ce point, quoiqu'ils aient de beaux noms à citer, tels que ceux de Gentil, de Gollut, de Mathieu, etc... Ils tiennent aussi à celui de Jacques Prévost et ils ne comprennent pas comment la ville de Dole qui est si riche en célébrités de toutes sortes, viendrait, pareille à ces richards insa- tiables, leur enlever leur héritage. » Les raisons du savant avocat de la ville de Dole leur paraissent peu convaincantes. On leur cite des actes de naissance qui prouvent très bien qu'un Jean Prévost à eu l'honneur d’habiter Dole et d'y faire des enfants nommés Jean, Philiberte et Catherine, mais qui ne prouvent que cela ; or, qu'est-ce que cela prouve ? » Avec une pareille argumentation, les érudits, qui d'ici à quelques siècles, succéderont à M. Pallu dans cette Bibliothèque doloise, si largement accrue par son zèle infatigable pourront prouver que les trois quarts des célébrités de notre province n’ont jamais appartenu à la Franche-Comté, puisque toutes ont habité Paris, s'y sont mariées et y ont eu des enfants enregistrés à l’état-civil de cette capitale. Ainsi, les deux Cuvier, Jouffroy, Droz, Victor Hugo, Nodier, Pouillet et tant d’autres nous seront confisqués au profit de Paris; notre province n'aura pour ainsi dire aucun titre de gloire aux yeux de la postérité. » La famille Mairot, vieille famille lei lan. était de Pesmes, bien qu'elle habitât Dole : Jacques Prévost qui peignit ce beau tableau à sa — 151 — vost soit né à Pesmes et que suivant une autre tradition qui s’est également conservée dans ce pays jusqu’à nos jours Q il aurait reçu les leçons de Michel-Ange (1), » Notre ancien et érudit collègue A. Castan partage la même manière de voir quand il dit dans sa notice consa- crée à Jacques Prévost, à propos de la description des chefs- d'æuvre qui provenaient du palais Granvelle : « Jacques Prévost, né à Pesmes (Huute-Saône), au commencement du xvIe siècle, fut à la fois peintre et graveur ; on croit qu'il avait eu pour maître Michel-Ange. Les églises de Langres possédaient plusieurs de ses tableaux, qui ont péri pendant la Révolution ; mais l’église de Pesmes conserve de lui une Descente de croix qui porte le millésime de 1561 (2), » Il est vrai d'ajouter que dans d’autres ouvrages Castan, en parlant de Prévost, écrit selon l’usage, Jacques Prévost de Gray. C'est là, comme nous le savons, une appellation géné- rale sous laquelle on désignait le plus souvent notre artiste, mais qui ne détruit en rien laffirmation citée plus haut. Pour Castan, Jacques Prévost est bien né à Pesmes, comme il l’a écrit dans les notes biographiques qu'il a publiées sur cet artiste. Voici, d'autre part, comment M. Perchet, dans son ou- vrage, Le Culte à Pesmes, s'exprime au sujet du lieu de naissance du maitre comtois : « Le Magasin Pittoresque (année 1857) a consacré une longue et intéressante étude à Jacques Prévost, peintre et dévotion, était également de Pesmes, quoiqu'il ait pu demeurer quelque temps à Dole, comme il avait passé des années à Rome, près de Raphaël. Les habitants de Pesmes, laisseront à la ville de Dole son Jean Prévost avec Catherine et Philiberte, pourvu qu'elle leur laisse le peintre célèbre qu'une tradition constante a placé au nombre de leurs ancêtres. ». Le Franc-Comtois, 25 mars 1843. (1) Galerie biographique de la Haute-Saône. Suppl., art Prévost, Jacques, Vesoul, 1864. (2) Monographie du Palais Granvelle à Besançon, par A. CASTAN, Paris, 1867. = 15 — graveur sous François [I et Henri IT. Il y est désigné sous le nom de Jacques Prévost, de Gray (D. » [Il est à remarquer qu'aucun document ne constate que notre grand artiste soit né à Gray, où il a travaillé, il est vrai, comme il a travaillé dans plusieurs autres villes. La circonstance que des peintres portant le nom de Prévost habitaient Gray à cette époque, semblerait donner une cer- taine vraisemblance à l'opinion qui fait de Jacques Prévost un Graylois, mais il existait alors à Pesmes une famille de ce nom dont les membres, ou quelques-uns des membres tout au moins, se livraient à la peinture. C’est au sein de sa famille, au foyer paternel, que Jacques Pré*ost a fait ses premiers essais et a puisé ce goût du Beau qui plus tard en a fait un élève distingué de Raphaël et l’a conduit à la célé- brité (2). » Ajoutons enfin l’opinion très autorisée de M. Godard, pro- fesseur d'histoire au lvcée de Vesoul, qui reconnait aujour- d’hui qu'aucun fait avéré n'indique que Jacques Prévost soit de Gray, comme il l'avait écrit quelques années auparavant, mais qu'il doit être effectivement de Pesmes, où la tradition le fait naître. Du reste, l'ouvrage qu’a complété et mis à Jour M. Godard n’est autre que l'Histoire de la ville de Gray, par MM. Ga- tin et Besson, où il n’est nullement question de Jacques Prévost comme un Graylois d’origine. Bien plus, en 1867, l'abbé Besson, le futur évèque de Nimes, dans un article des Annales franc-comtoises, inti- tulé Rome et les Francs-Comtois, s'exprime en ces termes au sujet de notre peintre : « Jacques Prévost, de Pesmes, acquit en Italie une gloire incontestable. On croit qu'il avait recu des leçons de Michel-Ange. Peintre et graveur, ee. (1) C’est l'étude très documentée de M. Laurent-Chevignard, que nous avons analysée au début de ce travail, à propos des dessins et des lettres de Jacques Prévost. (2) E PERCHET. Loc. cit., pages 201 et 202. — 153 — laissé onze pièces (1) datées de 1937, représentant les édi- fices de Rome, et deux planches de cariatides, datées de 1538. En 1546, il grave une Vénus, en 1547 une Cybèle, et enfin une Charité romaine, trois figures de sa composition. De retour à .Pesmes, il fit pour la chapelle des Mavyrot un grand tableau à volets, dont le sujet est Jésus-Christ au tom- beau. L'église paroissiale le conserve encore, ainsi que la chapelle de Résie, autre monument de la Renaissance. autre souvenir d’un architecte qui avait visité et étudié la ville des papes (2). » L'avis très autorisé de l’ancien historien de la Ville de Gray, confirmé aujourd'hui par l’érudit professeur d'histoire qui à repris et continué son œuvre, a une grande importance, car 1l anéantit d’une façon définitive la thèse de ceux qui, sans raison et simplement sur la foi des traités, continuaient à considérer Jacques Prévost comme originaire de Gray. Après avoir éliminé les différentes villes qui, avec des raisons plus où moins sérieuses, réclamaient l'honneur d'avoir donné naissance à notre vieux maitre comtois, il nous reste à examiner les arguments de ceux qui font naître Jac- ques Prévost à Pesmes. Ici encore, là pièce capitale, l’acte de naissance ou de baptême, fait défaut, et ilest impossible d'établir d’une façon irréfutable que Jacques Prévost y ait vu le jour. Mais à défaut de cette constatation matérielle, il existe un faisceau de preuves morales et un ensemble de faits qui le démon- itrent amplement. La petite ville de Pesmes a d’abord pour elle la tradition qui veut que Jacques Prévost soit né dans son enceinte, et cette tradition s’est conservée intacte Jusqu'à nos Jours. Il est bien difficile, il faut l’avouer, de lutter contre une (1) On connait 19 pièces gravées de Jacques Prévost et non pas onze seulement comme l’avance l'abbé Besson. (2) Rome et les Francs Comtois, par L. BESSON. Annales franc-com- toises, tome VIII, Besançon, 1867, — 1954 — preuve morale aussi importante quand on n’a pas à lui oppo- ser des arguments formels et décisifs. Or, c’est précisé- ment ie cas des villes intéressées plus ou moins à la ques- tion du lieu de naissance de Jacques Prévost, dont les rai- sons invoquées à l'appui de leur thèse ne sont que des prétextes habilement présentés. Dans les archives de Pesmes :il existe une pièce fort inté- ressante que M. de Beauséjour y a découvert autrefois et qui a été reproduite par M. Perchet dans son ouvrage : Le Culte à Pesmes. C'est une quittance portant la signature de Jacques Prévost, donnée aux échevins de la ville à locca- sion de différents travaux de peinture exécutés dans l’église paroissiale. Cet acte est daté de 1565. II a donc été exécuté quatre ans après l’exécution du triptyque de la chapelie Mayrot qui porte le millésune de 1561. Cet écart dans les dates a pour nous une grande impor- tance, comme nous allons le voir, et voici, dans son inté- gralité, cette pièce extraite des archives de Pesmes:: « Jay reccu de messieurs les eschevins de Pesmes, par les » mains de honorable homme Jehan Mavrot l’un deulx la » somme de quarante solz tournois et ce pour avoir poin- » turé les quatre bastons à pourter le poille du corps de » Dieu et pour avoir ravoustre une verriere estant sur le » pourtal de leglise et fourny une vergette de fer. Dont suis » contant, fait le XxI1 juillet 1565. | » (Signé) : J. PREVOST. » Cette pièce que noïûs reproduisons d’après le fac-simile qui figure dans l'ouvrage de M. Perchet, est pour nous un. point essentiel et capital, en raison de la date (1565), qu’on y relève (1. (1) La ville de Gray possède également une quittance signée de Jacques Prévost, mais datée de 1559, époque à laquelle ii travaillait à l'église de Gray, avant de venir à Pesmes exécuter la commande de Catherin Mayrot — 155 — Qu’eût fait Jacques Prévost, en effet, à Pesmes en 1565, quatre ans après avoir terminé son grand tableau, sinon d’v vivre au milieu des siens, en se préparant à terminer dans son pays natal, 1l était alors presque septuagénaire, sa longue vie de travail que le hasard des commandes et les caprices de Part avaient rendue si errante et si mouvementée ! D'autre part, l’aurait-on fait revenir à Pesmes, lui, le grand artiste admiré de ses contemporains afin de réparer, pour quelques solz tournois (1), les verrières du portal de l’église ou repeindre les colonnes du dais ! Non, il était sur place, vivant retiré au milieu de ses con- citovens et s’occupant encore, lorsqu'il en trouvait l’occa- sion, des quelques travaux de peinture qu’on était heureux de lui confier. On peut objecter également que, pour l’auteur de la Mise au Tombeau, c'était là une besogne bien inférieure et peut- être même avilissante! Mais ce serait bien mal connaître le XVI‘ siècle, où les plus grands artistes ont été avant tout d’habiles artisans, et surtout bien mal connaitre Jacques Prévost, chez qui la simplicité et la bonhomie égalaient le talent. Ne l’avons-nous pas connu logé princièrement chez le cardinal de Givry et regretter pourtant la clère toile, qu'aregnes avaient coutume de filer dans sa pauvre chambre d'artiste? Rappelons-nous aussi ses regrets, malgré le luxe (1561) et de s'y fixer ensuite définitivement, puisque nous l'y retrouvons en 15065. « À maistre Jacques Prévost, la somme de trante gros pour avoir par luy racoutré le confanon de lesglize et aultres services par lui fact à lad. ville comme appart par mandement quietence, cy rendu pour 2? fr, » (Signé) : « Jacques Prévost », 1559. — Goparp. Loc. cit., page 721. (1) Le sol valait douze deniers comtois ou huit deniers de France. Quant au gros, dont il est question dans la quittance de Gray, il valait en Franche-Comté, un sol, un denier et un tiers. Mais il ne faut pas perdre de vue comme le fait remarquer Castan que le pouvoir de l’argent était dix fois plus grand dans la seconde moitié du xvie siècle qu’à l’époque actuelle, 156 qui l'entoure, de ne plus pouvoir esqumer le pot lui-même et nous ne nous étonnerons plus qu'il ait encore utilisé son vieux pinceau à pointurer les bastons à pourter le poille et à ravoustre les verrières du pourtal de l’église de Pesmes. D'autre part, on ne peut mettre en doute l’authenticité de cette quittance qui est bien de la main de Jacques Prévost. C'est la même écriture, le même style, la même ortho- graphe que dans les lettres publiées par M. Laurent-Chevi- gnard. On peut ajouter aussi qu'il s’y trouve la même pen- sée. Jacques Prévost est toujours satisfait de ce que l'on peut faire pour lui et il prend soin de le dire. Dont je suis content, écrit-il ici, après avoir signé la quit- tance qu'il remet aux échevins de Pesmes. C’est une formule, il est vrai, employée souvent en pareille circonstance, mais ne nous rappelle-t-elle pas cette même satisfaction qu'il éprouvait déjà lorsqu'il écrivait à son ami de Dijon et qu’il lui racontait combien il était touché d’avoir obtenu les fa- veurs d'aussi grands personnages que ie cardinal de Givry et l’évêque d’Amoncourt et combien il était heureux de s’as- seoir à leur table si bien servie. Il n’y a pas d'erreur possible : la quittance qui se trouve aux archives de Pesmes est bien de la même main que celle qui a écrit les deux lettres que nous connaissons et elle complète l’idée que nous nous faisons de notre grand artiste, en nous le montrant sous le même jour et sous le même aspect. L'élève de Michel-Ange ne crovait pas se déshonorer, ni avilir son art en réparant les verrières de l’église de Pesmes, comme il avait déjà remis à neuf celles de l’église de Gray quelques années auparavant, pas plus qu'il ne comptait passer à la postérité en peignant le Trépassement de la Vierge ou la Mise au Tombeau ! À tous ces arguments qui tendent à démontrer que Jacques Prévost est bien effectivement né à Pesmes, il en est un autre qui n’a jamais été signalé et qui n'est pourtant pas sans valeur. Nous avons vu dans le cours de cette étude que notre com- patriote avait entretenu des relations avec un grand nombre de hauts personnages qui l'honoraient de leur amitié et lui faisaient des commandes de tableaux ; mais quels furent ses véritables protecteurs ? Tous étaient de Pesmes ou en rela- tions suivies avec ses habitants. C’est d’abord le cardinal de Givry (1), fils de Jeanne de Vienne dont la mère était une Granson, dame de Pesmes (2), et dont les restes furent inhumés dans le caveau de ses an- cêtres à l’église de Pesmes. C’est ensuite Jehan d’Amoncourt, successeur, à l'évêché de Poitiers, du cardinal de Givry dont il avait été long- temps le vicaire général à Langres ; c’est là qu'il avait vu Jacques Prévost à l’œuvre et avait su l’apprécier à sa juste valeur. Cest aussi le cardinal de Granvelle qui possédait à Pesmes une maison qui porte encore aujourd'hui sün nom et qui était en relations suivies avec les puissants sei- oneurs du lieu (3). C’est enfin noble Catherin Mayrot de Pesmes, un ami (1) Claude de Longwy, plus connu sous le nom de cardinal de Givry, était fils de Fhilippe de Longwy, seigneur de Gevrey ou Givry ; celui-ci avait pour mère Jeanne de Vienne, fille de Jean de Vienne et d’Henriette de Granson, dame de Pesmes, inhumée en l'église de cette ville, dans la chapelle de ses ancêtres. Prévost et le cardinal étaient donc compatriotes, ce qui explique la sollicitude toute paternelle du cardinal pour l'artiste. ». E. PERCHET. Loc. cit., page 203. (2) Jeanne de Vienne, mère du cardinal de Givry, n'était autre que la fille d'Henrielte Granson, fille de Jean de Grandson, seigneur de Pesmes et de Catherine de Neufchatel. En mourant elle laissa un testament que signale Rousset dans son Dictionnaire du Jura où, parmi les clauses, elle donne à sa fille, la dame de Gevrey (mère du cardinal), ses deux courroies d’or, sa croix et ses deux boucles aussi d'or. (3) François de la Baume, seigneur de Pesmes à cette époque, était le frère de Claude de La Baume, archevêque de Besançon. — 158 — d'enfance de Jacques Prévost qui lui commande ce fameux retable pour la chapelle qu’il venait de fonder et continue au peintre les faveurs que tous ses compatriotes lui accor- daient si largement. | Ajoutons qu'une des filles de Catherin Mayrot, agit de la même façon avec un Prévost que l’on na pu encore identifier et orne sa chapelle de Montmirey-la-Ville d'un triptyque analogue à celui de Pesmes, avec portraits des donateurs sur les volets, On peut objecter que d’autres personnages emplovyèrent Jacques Prévost à des travaux de peinture, notamment Hugues Marmier de Gray, président au parlement de Dole, qui décora comm? nous le savons, les chapelles des églises de ces deux villes de retables importants exécutés par le maitre comtois. L’explication en sera très simple, quand on saura que Hugues Marmier, avant d'entrer au parlement de Dole, avait été l’homme de confiance de la famille de Givry et par conséquent l’ami du protecteur de Jacques Prévost, le car- dinal de Givry (1). On voit done par là, que les véritables Mécènes de Jacques Prévost, ceux qui l’encouragèrent et le protégèrent sans interruption pendant toute sa carrière. furent ses deux corn- patriotes, le cardinal de Givry et Catherin Mavrot et que, d'autre part, ceux qui s'intéressèrent plus ou moins à Jui le connurent par l'intermédiaire de ces deux personnages ou en raison de leurs relations avec les habitants de Pesmes. Je sais bien que tous ces arguments ne remplacent pas la pièce importante, Capitale, qui fait défaut à Pesmes comme à Gray ou à Dole, l’acte de naissance ou de bap- tème qui, supprimant toute discussion, trancherait la ques- tion d’une façon absolue et définitive. Mais il faut recon- naitre qu'ils forment un faisceau serré de preuves morales (Che GoODARD. Loceci. cé CRE Pr e : F rt. + — 159 — et de témoignages non suspects qui viennent corroborer puissamment l'opinion de ceux qui, sans parti pris, font naitre Jacques Prévost à Pesmes, se conformant ainsi à une tradition séculaire qui a grandement aidé à la con- servation de son beau tableau, pendant l’époque troublée de la Révolution. Aussi, la petite ville de Pesmes, est-elle fière de compter Jacques Prévost au nombre de ses enfants et tout a été prévu pour mettre aujourd'hui son œuvre à labri des acci- dents ou de la malveillance. À la demande du conseil municipal, l’église a été classée comme monument historique, par décret ministériel du 9 mars 1903 (1). Ajoutons enfin que les clefs de la chapelle Mavrot, dont le curé-doyen a la garde, ne sont confiées qu’à bon escient. On voit par là que les habitants de Pesmes, comme le disait Perron, ne sont pas indifférents et sur la possession de leur triptyque et sur le lieu de naissance de son auteur, qu'ils placent à côté de Gentil, de Gollut, de Mathieu, etc., dont les noms sont inscrits sur les places publiques Ea personnalité de Jacques Prévost, qui fut à la fois peintre et sculpteur, graveur et architecte, le prernier artiste (4) « Le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts . » Vu la loi du 30 mars 1887, pour la conservation des monuments his- loriques et objets ayant un intérêt historique ou artistique, » Vu l'avis de la commission des monuments historiques, en date du 19 décembre 1902, » Vu la délibération du Conseil municipal de Pesmes, en date du 12 sep- tembre 1903, . Eu à » Sur la proposition du directeur des Beaux-Arts, »eArrèle » Article premier. — L'église de Pesmes (Haute-Saône), est classée parmi les monuments historiques. » Paris, le 2 mars 1903. nes Jade sd. CHAUMIÉ — 160 — en Franche-Comté qui ait signé ses œuvres, est assez grande pour mériter cet hommage posthume. Il fut, comme le rappelait naguère notre regretté ami Henri Bouchot, avec les Courtois, les Jehan d’Arbois, les Michelin de Vesoul, le précurseur de nos grands maitres modernes. Ce sont, en effet, ces illustres devanciers, si oubliés au- jourd’hui, qui semèrent dans notre pays «les atavismes iné- luctables », pour me servir du mot de Bouchot, d’où sont sortis toutes les illustrations artistiques modernes qui hono- rent grandement la Franche-Comté (1). Jacques Prévost, en un mot, fut un initiateur et un maître; il fut, pour la pemture: ce que Jacques Euker un Autres franc-comtois, fut pour la sculpture à l’époque de la Renais- sance. | « Tous deux, écrivait Jules Gauthier, sont arrivés à ce suc- cès, d'obtenir de leur vivant même les suffrages et les encouragements des plus éclairés de leurs contemporains. Tous deux ont réalisé dans la Franche-Comté, leur pays, un progrès et une conquête enviables, en y faisant pénétrer la tradition et les procédés des maitres, peintres ou sculpteurs, dont la gloire dornine le xvi° siècle (2). » Un pays doit toujours être fier de ceux qui, à un ütre quelconque, ont aidé à sa réputation et à sa gloire. Aussi, nous estimons-nous heureux, d’avoir fait revivre un instant cette figure, quelque peu oubliée, de notre vieux maître com- tois, celui que ses contemporains ont appelé avec raison le Michel-Ange de la Franche-Comté. (1) Discours prononcé par Henri Bouchot le 30 juin 1906, à l'ouverture de l'Exposition des Arts rétrospectifs en Franche-Comté. (2) Bulletin de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Besançon, année 1890. LA SAS LISTE DES PRINCIPAUX OUVRAGES CONSULTÉS L. GOLLUT. — Recherches et mémoires du pays des Séquanais et de la Franche-Comté de Bourgogne, Dole, 1592. DUNAND. — Statistique de la Franche-Comté, Manuscrit du père Dunand (3° volume). DÜUNOD DE CHARNAGE. — Nobiliaire du comté de Bourgogne. P. ORLANDI. — Abecedario pittorico, in-40, Bologna, 1719. LABBEY-DE-BILLY. — Histoire de l’Université de Bourgogne, Besançon, 1814. S. MIGNERET. — lrécis de l'Histoire de Langres, Langres, 1835 J.-B. DORNIER. — Essai historique et Voyages pittoresques dans l'arrondissement de Gray, Gray, 1836. A. MARQUISET. — Statistique de l'arrondissement de Dole, Besançon, 1840. ROBERT-DUMESNIL. — Le Peintre-Graveur français, Paris, 1850. ROUSSET. — Dictionnaire des communes du Jura, 1856. LECHEVALIER-CHEVIGNARD. — Jacques Prévost, peintre et gra- D veur sous François Ier et Henri IT. « Magasin pittoresque », année 1857. -G. DUPLESSIS. — Histoire de la Gravure en France, Paris, 1861. À. CASTAN. — Monographie du Palais Granvelle à Besançon, Besançon, 1867, Histoire et description des Musées de la Ville de Besançon, Paris, 1889. 40 à — 162 — Besançon et ses environs. Nouvelle édition complétée par L. PINGAUD, Besançon, 1900. L. SUCHAUX. — Galerie biographique de la Haute-Saône, Vesoul, 1864. E. PERCHET. — Le Culte à Pesmes, Gray, 1892. Recherches sur Pesmes. Gray, 1896. H. BOUCHOT. — Un peintre-graveur à l’époque de la Renais- sance. « Revue franc-comtoise », 1884. La Franche-Comté. Edition nouvelle, Paris, 1904. E. PUFFENEY. — Histoire de Dole, Besançon, 1882. J. FEUVRIER. — Les Mairot. Feuillets de garde. Mémoires de la Société d’'Emulation du Jura, année 1901. G. COINDRE. — Mon vieux Besançon (1: vol.), Besançon, 1900. J. GAUTHIER et G. DE BEAUSÉJOUR. — L'Eglise paroissiale de Pesmes, Caen, 1894. | CH. GODARD. — Histoire de Gray par Gatin et Besson. Nouvelle édition mise à jour par M. GODARD, Gray, 1892. FLORE MONOGRAPHIQUE DES ASTÉROSPORÉS LACTAIRES & RUSSULES Par M. Frédéric BATAILLE MEMBRE RÉSIDANT VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE DU DOUBS Séance du 18 décembre 1907. sie ee LES ASTÉROSPORES CARACTÉRES GÉNÉRAUX Les Astérosporés forment une série importante et par- ticulièrement distincte de champignons terrestres, charnus et putrescents, à hyménophore polyphyllé et pédiculé, net- tement caractérisés par la structure cellulaire et homogène de leur chair. Celle-ci. en effet, n est Jarnuis fibreuse ou fibril- leuse, même dans le stipe, mais partout composée de cellules courtes, plus où moins arrondies, formant une trame vési- culaire qui la rend facilement séparable dans tous les sens, plus ou moins fragile ou friable, parfois grenue ou grume- leuse. Suivant que ces cellules sont petites ou grandes, serrées ou non, la consistance du tissu est tantôt com- pacte, dure ou ferme, tantôt spongieuse, tendre ou molle, parfois caséeuse ou céracée. À lextérieur, la trame cellu- laire étant plus serrée, iis sont ordinairement plus rigides ou plus durs à la surface, tandis que l'intérieur, plus tendre, se décompose plus rapidement et devient souvent creux de bonne heure dans le stipe. Les lamelles, également homo- genes et continues avec la chair, comme le stipe, sont un peu épaissies à leur base et présentent la même consistance fragile, tendre ou céracée. Un deuxième caractère de ces champignons est dans la présence, à travers les mailles du tissu cellulaire, de fins vaisseaux tubuleux où réservoirs distincts (Vaisseaux lutici- fères : du latin latex, suc), pourvus d’un suc propre, parfois coloré, souvent très acide et rendant la chair âcre ou poivrée. Dans ce dernier cas, comme les autres acides, ce suc colore en rouge le papier bleu de tournesol. Lorsqu'il est assez abondant, il découle de la chair brisée ou des lamelles bles- 11 — 166 — sées sous la forme de gouttes ordinairement blanches : il prend alors le nom de fait. C’est sur cette dernière propriété que se base la division des Astérosporés en deux genres : le genre Lactarius (Lactaire : du latin luc, lactis, lait) qui comprend les espèces à lait découlunt de la char, et le genre Russula (Russule : du latin russus, roux, par allusion à la couleur rouge de plusieurs espèces), qui comprend celles dont le suc raréfié et incolore reste résorbé dans la chair, sans 8’écouler au dehors à la blessure. i Enfin un troisième caractère des Astérosporés (du latin aster, astre, étoile, et spora, Spore, semence), celui qui leur a valu ce nom, donné par Quélet, est tiré de la forme de leurs spores, qui sont plus ou moins globuleuses, échinulées ou aculéolées, hérissées de pointes, ce qui les fait paraitre. étoiles. CARACTÈRES PARTICULIERS Chapeau. Ordinairement convexe au début, le chapeau (hyménophore où péridium) se déprime bientôt au milieu, puis se creuse le plus souvent en forme de coupe ou d’en- tonnoir. Chez les Lactaires, il est parfois ombiliqué dès la naissance, d'autres fois mamelonné, ce qui est rare chez les Russules. La marge, plus ou moins imcurvée, est souvent en- roulée, surtout chez les Lactaires. Lorsque le chapeau est très mince au bord, celui-ci devient souvent strié ou sillonné avec l’âge et parfois comme chagriné par de petits tuber- cules : cela s’observe principalement chez les Russules. L’épiderme ou cuticule, tantôt sec, tantôt visqueux, est généralement glabre, pruineux ou farineux chez les Russules. quelquefois tomenteux, velouté, pubescent ou même laineux chez les Lactaires. Ordinairement continu et adhérent à la chair chez ces derniers, il forme parfois, surtout chez les Russules, un tissu assez distinct et pouvant se séparer sous la forme d’une pellicule membraneuse. — 167 — Le chapeau présente les couleurs les plus variées, sou- vent très vives, depuis les plus éclatantes jusqu'aux plus sombres, en passant par la gamme des nuances intermé- diaires ; mais les rouges, les pourpres et les violets sont plus rares chez les Lactaires. Ces colorations ne sont pas toujours fixes, et dans un grand nombre d'espèces, dites décolorantes, ce changement peut les faire confondre avec d’autres : c’est ce qui arrive prinei- palement chez les Russules. La matière colorante, localisée dans la cuticule, se dissout souvent dans l’eau : c’est ainsi que certaines Russules rouges ou violettes teignent en rose ou en rouge l’eau dans laquelle on les laisse plongées. Les dimensions du chapeau sont très variables, Dans quelques petites espèces. 1l n’a guère que 1 à 4 centi- mètres de diamètre; dans le plus grand nombre, il va de o à 10 centimètres; dans les espèces massives, il atteint de 10 à 20 centimètres et même davantage. Sa taille peut d'ailleurs varier considérablement dans la même espèce, suivant la nature du sol et surtout suivant les conditions atmosphériques, ce qui est un fait général chez la plupart des champignons supérieurs. Les espèces à chair dure sur- tout ne prennent bien leur développement normal que par l'humidité. Plus ou moins épais au milieu, le chapeau présente sou- vent en dessous la forme turbinée, surtout chez les Lac- taires. Son épaisseur varie aussi suivant les espèces : dans les plus petites, elle n’est que de 2 à 4 millimètres, dans les moyennes de 5 à 10 millimètres; elle peut atteindre 2 et même 3 centimètres chez les plus grandes. Hyménium : lamelles et spores. L’hyménium des Asté- rosporés est formé, comme celui des autres Polyphyllés, par les lamelles où feuillets rayonnant autour du stipe _ Sur la face inférieure du chapeau. Ces lamelles sont gar- nies de basides tétraspores, claviformes, mélées à des cys- des plus allongées. Les spores, insérées chacune sur un — 168 — court stérigmate qu'elles emportent parfois en se détachant à la maturité, sont généralement blanches, jaunâtres, jaunes ou ocracées, donnant le plus souvent leur couleur aux lamelles sur le champignon adulte. Ordinairement globu- leuses, elles sont parfois aussi un peu ellipsoïdes ou ovoïdes. Leur surface, comme on l’a vu plus haut, est générale- ment échinulée ou aculéolée, parfois simplement grenelée ou verruqueuse, rarement à peu près lisse. Quant à leurs dimensions, elles varient de 6 à 14u de diamètre ou de longueur ; la plupart ont un diamètre moyen de 8 à 10u. Plus ou moins opaques, elles sont souvent ocellées au- iour d’un noyau central, et parfois comme éclairées par de petites gouttelettes translucides. Les lamelles, amincies sur l’arête, s’épaississent plus ou moins sur la chair qu'elles prolongent. Adnées au stipe ou un peu décurrentes chez les Lactaires, elles sont parfois sinuées ou libres chez quelques Russules. Elles sont tantôt minces, serrées et nombreuses, tantôt épaisses, espacées et plus rares. Chez les Lactaires, plus rarement chez les -Russules, elles sont inégales ; dans ce cas, les plus grandes, celles qui atteignent le stipe, sont suivies par de plus courtes (lamellules, demi-feuillets), formant une série dé- croissante en longueur, de telle sorte qu'un demi-feuillet est toujours mitoyen entre deux grandes lamelles ou entre deux lamellules égales ; d’où il suit qu’elles sont souvent plus nombreuses et plus serrées vers leur extrémité que vers le stipe. Certaines espèces les ont simples, d’autres les ont bifurquées ou fourchues, parfois même rameuses ou dichotomes. On les voit parfois aussi réunies sur la chair, à leur base, par un réseau de veines transversales: Chez quelques Russules, elles sont au début couvertes sur l’arête de gouttelettes limpides : on les dit alors larmoyanltes. Leur coloration est généralement celle des spores, variant du blanc aux différentes nuances du crème, du jaune ou de l’ocre ; elles sont parfois aussi teintées d’orangé ou d'incarnat: TP A, — 169 — Stipe. Le sfipe (pédicule ou pied), ordinairement vertical et central, quelquefois plus ou moins excentrique, excep- tionnellement latéral, est généralement cylindrique dans sa plus grande longueur. On le trouve aussi souvent épaissi ou aminci en.bas, parfois dilaté au sommet. Epais plutôt que grêle, il est souvent court et sa hauteur dépasse rare- ment le diamètre du chapeau Sec, glabre ou pruineux. il est aussi visqueux, pubescent ou tomenteux, surtout chez les Lactaires, La surface en est ordinairement lisse, mais chez certaines Russules elle est comme striée, ridée ou réticulée par de fines veines. Enfin plusieurs Lactaires la montrent scrobiculée, c’est-à-dire tachetée par de petites fossettes colorées et peu profondes. La substance intérieure, moins résistante que la surface, est souvent spongieuse et se détruit même promptement dans certaines espèces, ce qui rend le stipe creux et très fragile. Enfin celui-ci pré- sente souvent la coloration du chapeau chez les Lactaires : il est ordinairement moins coloré chez les Russules, le plus souvent blanc. Chair. La chair des Astérosporés est de consistance sou- vent différente, suivant les espèces: dure, ferme ou grenue chez les unes, elle est tendre ou molle chez les autres. Il arrive aussi souvent que, ferme au début, elle s’amollit de bonne heure à la fin. Ordinairement blanche à la cassure, surtout chez les Russules, elle est parfois jaune, orangée ou roussâtre, surtout chez les Lactaires. Elle peut aussi prendre des colorations plus ou moins prononcées au contact de l’air, comme on l’observe chez un certain nombre de Lac- taires et dans les Russules du groupe de nigricans, ainsi que dans quelques autres. Sous la cuticule du chapeau, elle pré- sente quelquefois la teinte de celui-ci ou une coloration qui n'est pas celle du dedans. La saveur, douce et agréable dans un assez grand nombre de Russules, est âcre ou poivrée dans les autres, ainsi que dans la plupart des Lactaires. Même quand le lait est doux — 170 — chez ces derniers, elle laisse généralement après la masti- cation un arrière-goût âpre, plus ou moins amarescent et désagréable, qui ne disparaît pas toujours entièrement à la cuisson. Il est aussi à remarquer que l’âcreté de la chair est sensible surtout dans le jeune âge et qu’elle s'atténue généralement à la fin, sous l'influence des causes atmos- phériques qui en hâtent la décomposition. L’odeur, à peu près nulle ou peu prononcée dans beau- coup d'espèces, est plus ou moins pénétrante dans les autres : tantôt aromatique ou balsamique, tantôt vireuse, nauséeuse ou fétide, elle persiste parfois après la dessication. Lait. C'est dans les champignons jeunes ou nouvellement adultes que le lait est le plus abondant, surtout dans le cha- peau, dans les lamelles et au sommet du stipe. Quand la plante vieillit, il disparaît plus ou moins sous linfluence de l’air qui le dessèche. Généralement blanc ou blanc crème, rarement orangé ou rouge, 1l change parfois de couleur au contact de l'air, deve- nant violacé, rouge, rosé, jaune, brun ou gris, et colorant des mêmes teintes la chair et les lamelles brisées. Il est plus ou moins abondant suivant les espèces ; dans quelques-unes, il est comme séreux ou aqueux, à peine coloré. Rarement doux, il est le plus souvent très acerbe, âcre, poivré ou caustique. L'eau bouillante a la propriété de dis- soudre en grande partie ses principes âcres et corrosifs : 1l en est de même de l’eau étendue de vinaigre, dans laquelle on conserve parfois les Lactaires à chair poivrée. Habitat, saison Les Lactaires et les Russules sont surtout sylvicoles ; mais on en trouve aussi dans les prés et dans les bruvères. Un certain nombre ne croissent que sous les conifères ; quelques-uns se rencontrent seulement dans les bois de hêtre, d’autres dans les forêts ombragées, et plu- sieurs affectionnent un sol très humide ou tourbeux. Ce n’est qu'exceptionnellement que certaines espèces poussent au pied des troncs ou dans les creux des souches. Il en est — 171 — enfin qui sont plus particulièrement calcicoles ou silicicoles. Ces champignons paraissent dès le commencement de l’été et se montrent jusqu à la fin de l’automne. Nomenclature. Pour les anciens mycologues, les Astéros- porés rentraient, comme tous les champignons à lamelles, dans le vaste genre Agaricus. Micheli et Scopoli distinguè rent les Lactaires en les appelant des Agarici lactescentes ; Hoffmann, dans son Nomnenclator fungorurm (1789-90), en fit les Lactiflui. Le terme de Lactifluus fut maintenu par Per- soon pour les désigner dans son Synopsis fungorum (1801) ; mais ce dernier mycologue les avait d’abord nommés Lactari dans son Dispositionis methodicæ fungorum tentamen(1797). Fries, après en avoir fait les Galorrhei adopta ce nom de Lactarius et c’est celui-ci qui a prévalu (). Quant au mot Russulu,il se trouve pour la première fois dans Scopoli, mais c'est Persoon qui, le premier, Pa appliqué aux champignons de ce genre Détermination des espèces. Si la seule présence ou la seule absence du lait dans le champignon jeune suffit à faire dis- ünguer un Lactaire d’une Russule, ilest beaucoup plus dif- ficile d'arriver, dans chaque genre, et principalement dans le second, à la détermination exacte des espèces. Cette diffi- culté est d’autant plus grande que les caractères différentia- teurs des espèces voisines et même des groupes voisins sont moins nombreux et parfois moins fixes. C'est afin d'éviter les tâtonnements et surtout les erreurs, que nous avons établi, pour chaque genre, une Clé dichotomique des espèces. Pro- cédant analytiquement et par éliminations où choix succes- sifs basés sur des caractères multiples où constants, elle permettra aux myccphiles d'arriver à des déterminations (1) A prepos des sous-genres ou sections friésiennes du genre Agaricus, nous ferons remarquer que c’est le D' QUÉLET qui, le premier, dans ses Champignons du Jura et des Vosges, en a fait des Genres distincts. Depuis cette publication de notre grand mycologue, la division des Ayarics en genres distincts a été définitivement consacrée. — 172 — exactes, qu'ils pourront toujours facilement vérifier d'après les diagnoses données dans la partie systématique. Ces dia- gnoses, pour les nombreuses espèces que nous connaissons, ont été faites, non seulement sur celies de Kries, dans ses Hymenomuycetes Europæi, sur celles de Secrétan, dans sa Mycographie suisse, et sur celles de Quélet, si lumineuses et si précises, dans son admirable Flore muycologique, mais en- core d’après nos observations et nos notes personnelles. Quant à celles que nous n'avons pas vues, nous les avons étudiées avec soin dans les descriptions et les figures données par leurs auteurs. À la pratique, on verra que notre Guide analytique, s’il s’écarte à dessein de la voie purement systé- matique, n’en est pas moins établi sur un terrain solide : le chemin, pour être parfois le plus long. n’en est pas le moins sûr. Mais, pour s’en servir utilement, il importe de bien ob- server et distinguer les caractères spécifiques sur des indi- vidus sains et bien venus, à savoir: 19La forme, la consistance et les colorations, parfois suc- cessives, du chapeau et du slipe aux différents âges du cham- pignon ; 20 La nature de leur cuticule, suivant qu’elle est sèche ou visqueuse par l'humidité, glabre ou non, lisse ou ridée et parfois sillonnée, continue ou gercée-aréolée, etc. ; 3° La coloration des lamelles, souvent variable avec l’âge ; leur forme et leur mode d'insertion, suivant qu’elles sont égales ou inégales, simples ou fourchues, larges ou étroites, épaisses ou minces, espacées ou serrées, adnées ou décur- rentes, sinuées ou libres, etc. 40 La couleur des :pores, en faisant tomber celles-ci en couche visible sur une plaquette de verre; leur forme et leurs dimensions, quand on les observe au microscope, bien que ce dernier caractère soit rarement distincüfdes espèces ; 90 Enfin les colorations, parfois successives, la saveur et l’odeur de lu chair et du lait. Alimentation Les Lactaires et les Russules fournissent — 173 — à l'alimentation un assez grand nombre d’esièces. Parmi les Russules comestibles, quelques-unes, anciennement con- nues, sont assez recherchées et méritent de l'être: ce sont principalement les À. virescens (Verdeau, Bise verte), cya- noxantha (Charbonnier), heterophuyllu (Bisotte), integra (Bise rouge, Rougeotte) et palumbina [Palomet). Les autres Russules à chair douce sont pour la plupart comestibles ; nous en avons mangé plusieurs de saveur agréable : alutacea, xæerampelina, rosea, roseipes, lilacea, amæna, violeipes, ci- trina, Quél., graminicolor, decoloruns, auzurea, chamæ- leontina, ainsi que lepida, aurula et delica (Prévat), ces trois dernières un peu acerbes. Les Lactarius deliciosus, sanguifluus et vinosus sont également consominés en diffé- rentes régions et, quoiqu'ils n'aient rien de bien délicat, très appréciés dans le Midi. Le L. piperatus (Auburon) est mangé surtout dans le Nord, en même temps que les L. vel- lereux et velutinus, avec lesquels 1l est généralement con- fondu. Nous avons mangé également les L. controversus et turpis, avec quelques autres. Le L. luctifluus (Vachotte) est un comestible à chair douce, mais peu agréable à la cuisson ; l’abondance de son lait le rend rafraichissant quand il est mangé cru Du reste, la plupart des Lactaires comestibles sont peu délicats et doivent subir une cuisson préalable pour perdre les principes âcres de leur chair. Les espèces que nous venons de nommer sont parfois communes et abondantes. Leur chair est d’une conservation facile, soit par la dessication, soit par le procédé Appert, et elle pourrait devenir une précieuse ressource dans les ré- gions boisées. Quant aux espèces nuisibles, elles sont plu- tôt drastiques et corrosives que réellement toxiques. Préparations culinaires. Les Lactaires et les Russules peuvent être préparés comme le champignon de couche, Soit cuits en plat et simplement assaisonnés, soit dans la sauce des ragoûts. [ls sont très appétissants servis avec une Sauce poulette ou à la crème. Ceux à chair ferme étant on très longs à être bien cuits, il sera bon de les faire blanchir à l’eau bouillante avant de Îles préparer. La plupart des espèces peuvent être également préparées en les rôtissant en tranches minces sur Île gril, avec simple assaisonnement au beurre et au sel, puis addition de poivre pour les espèces douces. On les conserve aussi dans le vinaigre, pour être servis avec les viandes bouillies en guise de condiment. Nous donnons ci-dessous, pour les Russules à chair douce, Verdeau, Charbonnier, Bisotte et autres, deux recettes de notre invention, qui donnent un plat excellent, très parfumé et pouvant être servi sur les meilleures tables. Ces recettes conviennent également pour la préparation des autres charn- pignons à chair ferme. Fricassée de Russules à la comtoise. Prenez du bon lard fumé, mi-gras mi-maigre, coupez-le en petits morceaux et faites-le fondre dans la casserole, en y ajoutant un bel oignon un peu haché ; faites roussir loignon jusqu’au brun doré; noyez dans un demi-litre d’eau; jettez-y vos champignons épluchés, lavés et coupés eu fins morceaux ; ajoutez poivre, sel et muscade, avec deux ou trois cuillerées de vin blanc vieux ; Couvrez, puis faites cuire à petit feu jusqu’à complète réduction du lHquide. À ce moment, ajoutez du bon beurre avec un hachis très léger de fines herbes ; enfin faites cuire à feu vif dans la casserole découverte, sans rien laisser brûler et en remuant souvent, jusqu'à ce que vos champi- gnons aient pris un bel aspect de rôti ; puis servez chaud. Omelette brouillée aux Russules à la comtoise. Hachez fin trois cuillerées de champignons déjà préparés suivant la recette précédente ; meltez-les dans la poêle ; quand ils sont réchauffés à feu vif, jetez-y six jaunes et trois blancs d'œuf fouettés ensemble. remuez vivement et servez avant que lomelette soit durcie. AE -Genre Lactarius, Persoon. LACTAIRES Chair laissant couler à la cassure un suc ou lait coloré, ordinairement blanc. Chapeau d'abord convexe, parfois ma- melonné, marge souvent enroulée ou très incurvée au dé- but, rarement striée; cuticule sèche ou visqueuse, tantôt glabre, tantôt tomenteuse ou pubescente. Stipe ordinaire- ment lisse, parfois visqueux, tomenteux ou pubescent. La- melles adnées ou décurrentes, alternées de plus courtes. CLASSIFICATION DES LACTAIRES Quélet a très heureusement basé la classification des Lac- taires sur la nature de Ja cuticule du chapeau, selon qu’elle est visqueuse ou sèche, glabre où non. Sa première section, celle des Glutinosi, comprend les es- pèces à cuticule visqueuse. Les espèces à cuticule sèche forment deux autres sections : les Velutini, à cuticule veloutée, tomen- teuse, pubescente ou floconneuse, et les Pruinosi, à cuticule glabre ou pruineuse. Il divise ensuite les Glutinosi en trois groupements : les Versatiles, à cuticule glabre, non zonée; les Zonarii, à cuticule zonée, et les Barbati, à cuticule tomenteuse ou laineuse. Des Velutini, il forme deux groupements, selon que la cuticule est plus ou moins pruineuse, veloutée ou flo- conneuse ; enfin il partage les Pruinosi en Cyathiformi, à cha- peau en coupe, et en Umbonati, à chapeau d’abord mamelonné. La classification de Fries est moins rigoureusement systéma- tique. Elle comprend quatre tribus : les Piperites, espèces à lait àcre et blanc, avec les lamelles non ou à peine changeantes; les Dapetes, à lait coloré ; les Russulariæ, à lamelles chan- seantes, avec le lait doux ou âcre, et les Pleuropodes, à stipe excentrique ou latéral. Dans cette classification, un assez grand nombre d'espèces, possédant des caractères communs à deux ou plusieurs groupes, pourraient être placées indifféremment dans l’une ou l’autre tribu. — 176 — Notre classification maintient les grandes divisions de Quélet; quant aux autres subdivisions et groupements, nous les avons basés sur la nature de la cuticule, sur les colorations du lait, sur celles du chapeau, sur la saveur et l’odeur de la chair. TABLEAU SYNOPTIQUE Section I. GLUTINOSI, Quél. ù a. Lanati: marge laineuse. A. VELATI [ vai b. Tomentosi : marge {omenteuse, veloutée Cuticule voilée |} \ ou pubescente. | a. CGruenti : lait orangé ou rouge. * Lait changeant de cou- B. GLABRATI b. Lactosi. pen leur à Par. Cuticule giabre Lait blanc à : | { ne *# Lait ne changeant pas crème Où séreux te \ de couleur à Pair. Section II. VELUTINI, Quél. A. ALBATI ( a. Compacti: chapeau à chair épaisse. Chapeau blanc | b. Tenuiores : chapeau à chair mince. B. COLORATI ( a. Lait et chair ne rougissant pas. Chapeau coloré | b. Lait et chair rougissant à l'air. Section III. PRUINOSI, Quél. A. ALBATI { a. Chair rougissant à l'air. Chapeau blanc | b. Chair ne rougissant pas. * Lait non coloré à l'air. B. COLORATI Chapeau coloré ** Olentes : chair aromati- / a. Acri. é | Lait âcre. | ##\Lait coloré atlair. b Subdulci.!/ * Inolentes: chairinodore. | Lait doux où) peu acide.\ que ou puante. ! \ Clé dichotomique des espéces. — Lait orangé rouge sanguin où rouge vineuxæ. puis ver- dissant. comme le reste.du champignon’ .—: ,:.:. :, . 9 — Lait d’abord blanc, blanc crème ou séreux aqueux . . 4 = bPéiborangé. . . :. . : . . :} . Li. déliciosus, Lin. — Lait rouge sanguin ou rouge vineux . . . _. . . . 3 — Lamelles orangé rosé L. sanguifluus, Paul. — Lamelles améthyste . . . . . . L. vinosus, Barla. — Lait et chair blancs où crème, puis violets, hiacins, rouges OMS aueontactde: air... ."s 2... 4, 4. a, 5 — Lait et chair ne réunissant pas ces caractères . . . . 16 — (Ghadir, devenant violette ou lilacine à l'air . . . . . .: 6 — Chair devenant rouge ou rose safrané à l’air . . . . 9 — Chapeau et stipe latéraux et secs. . L. Hometi, Gil. — Chapeau et stipe non latéraux et visqueux. . . . . 7 — Chapeau gris ou gris lilacin, parfois un peu zoné ; stipe DlPehatreou gmisatrens. nr... sas L-uvidus, Fr. — Chapeau et stipe crème citrin ou jaune pâle. . . . 8 — Chapeau à marge glabre . . . . . IL. flavidus, Boud. — Chapeau à marge fomenteuse . . . . L. aspideus, Fr. — Stipe et chapeau orange feu . . L. flammeolus, Poll. — Slipe et Chapeau autrement colorés . x" 7. 4. 40 — Stipe paille ; chapeau visqueux par l’hun:idité . . . 11 — Stipe autrement coloré ; chapeau non visqueux. . . 12 — Lamelles crème, puis jaune incarnat. . JL. acris, Bolt. — Lamelles blanchâtres, puis rauges. . L. luridus, Pers. | — Lamelles blanches, ainsi que le reste du champignon; 24 chapeau et stipe glabres .. . . «+ . TL argematus, Fr. — Lamelles devenant jaune ocré ou jaune incarnat . . 13 — Chapeau et stipe glabres et blanchätres, connés à la base ; lait et chair doux . EL. connatus, Bres. et Schultz. — Chapeau velouté-pruineux, sec, ordinairement coloré ; lait-el'chair douxrou tardivement dceres teen C7 | — Chapeau ridé-sillonné, bistre noirâtre, à mamelon pointu ; 14° stipe à base laineuse ; lait doux. . , . L. lignyotus, Fr. — Chapeau lisse où non mamelonné; lait âcre . . . . 15 15 — Lamelles blanches, puis jaune incarnat. L. azonites, Bul. | — Lamelles crème jonquille, puis jaune ocré. L. picinus, Fr. | — Chapeau olivâtre où brun olive, puis vert noir: ceuticule ) visqueuse et tomenteuse ; marge ocracée. . A. turpis, Fr. = Chapeau autrement coloré où sec où glabre AT — Chair devenant à l’air brunûtre, brun cendré, gris ver- dâtre, grise ou cendrée, ainsi que les lamelles à la bles- 47 do sure faitodene:s s, Manet ea Rte a Ne PRES Te = Chair autrement coloréeioura lait doute ON PS | — Chapeau châtain, sec; lamelles fauve orangé ; chair jau- 18 nâtre, puis brunissant à l’air . . . Li capsicum, Schulz. — Chapeau, iamélles ou chAin autres couleurs 0200 LT / — Chapeau sec et floconneux, bistre ou olive, puis fuligi- (0 neux ; Chair vineuse sous la cuticule. L. umbrinus, Paul. — Chapeau visqueux par l'humidité, non floconneux, chair non vineuse sous la Chticule: 4 4 Lu SR 20 : — Chapeau gris où gris incarnat, devenant soyeux par le ‘SCC :ISTIDE NON VISQUEUS 2. Ne UE NS CPR Er VACCUES ETES Le Chapeau autrement coloré ; stipe visqueuxæ. . . . . 91 19 © — / \ 21 | — 179 — — Chapeau vert olive, à bord ocracé; chair devenant gris D tre ALT RAS pie Lise Lin fluens, Boud. — Chapeau vert, olivâtre où gris verdätre, parfois taché, à bord non ocracé; chäir devenant gris verdätre. . . . 22 — Chapeau tacheté de brun noir. . . . 1. blennius, Fr. — Chapeau vert clair, non tacheté. . L. viridis, Schrad. — Chapeau vert pomme cendré, sec . . AL. viridis, Paul. A BDADEAURAUETeMEnNt COLOrE À . ER LS, 24 — Chapeau visqueux et bianc, souvent marbré-zoné de “1 purpurin sanguin; Chair zonée ; lamelles rosées. . . . 95 k | — Chapeau sec où autrement coloré, ou chair non zonée, RoONMAMElCsS Ron rosées., .:. . …. , ... . 12, .°.":26 = ur Chapeau à stipe non latéral, . L. controversus, Pers. 29 * . r . ! — Chapeau à stipe laléral. . . . . . L. lateripes, Desm. 96 ( — Chapeau à marge laineuse au début ; lait blanc. . . 27 ©” | — Chapeau à marge non laineuse ou lait jaunissant. 28 97 ( — Lameïiles blanches ou blanc rosé. L. torminosus, Schæf. ME amelespaille,. ... .. . ©. . . L.silicioides, Fr. Æ Chapeau blanc, sec et dur ; lamelles fourchues . . 99 28 — Chapeau coloré ou visqueux ou tendre, où espèces à la- 30\ l 31! MHÉNCSANONPTOUPORUESS Er NUE Le men tt co anus te ALOD — Chapeau et stipe fomenteux-veloutés ; chair pâlissant à la cuisson ; lamelles épaisses et espacées, peu fourchues . 30 — Chapeau et stipe glabres; chair vert bleuâtre à la cuis- Sunslamelles sernées el-dicholomes ie Lit 1321000. 1.81 M Lait aussitôt poivre 572.45, 7 DL, vellereus, Fr. ait d'abord doux: NPenss en L. velutinus, Bert. (— Lamelles arquées-décurrentes. . . XL. piperatus, Scop. | — Lamelles adnées-horizontales. L. pergamenus, Swartz. O9 (ep 97. CR PA ET | 49° ( — 180 — — Chapeau visqueux par l’humidité, à marge laineuse ou tomenteuse Mai one RpuIsS SUL AU RARE RER — Chapeau sec ou glabre, ou lait non jaunissant. . . 34 — Marge laineuse; stipe velu en bas. L. scrobiculatus, Scop. Marge tomenteuse ; stipe velouté. . . LH. resimus, Fr. l | Lait\ blanc, puis Jaunissant a l'air; Stipe Sec." 35 — Lait non jaunissant ou stipe humide-visqueux . . . 37 — Chair incarnat clair; chapeau sec, incarnut briqueté ainsi-quedle Supe Pre nr PE Cubescens Phres — Chair blanche ; chapeau incarnat fauve où orangé . 36 — Chapeau visqueux; stipe blanc, puis incarnat fauve; lait. tardivement àcre, devenant sulfurin. L. theïiogalus, Bul. — Chapeau sec ; stipe blanc; lait aussitôt poivré, prenant une teinte jaune doré. - . ... . . TL. chrysorrheus, Fr. — Chapeau sec, d’abord blanc, avec la cuticule soyeuse ou Veloutée-PUbDESCENLE. n°. 2 SR PRET — Chapeau coloré ou visqueux ou glabre. . : . . . . 39 — Lamelles crème rosé; stipe central. LL. pubescens. Fr. — Lamelles blanches; stipe excentrique. 1. obliquus, Fr. — Chair devenant cendrée à l'air; chapeau visqueux, roux jaune-pâle’; lait doux 2-24 4% 4 a MONTS us tenus) 1e — Chairtne devenant pas cendrée 2 Vlair "AD — Chapeau visqueux, d’un fauve orangé, ponctué, à marge d'striée : lait doux LU, FAO STE Me remonte —\ Chapeau, sec oulisSe ou aa core RENE EM PRES — Chapeau frès mince, d’abord momclonné, à cuticule ru- guleuse ou striée, un peu visqueuse ; lait âcre . . . . . 42 — Chapeau charnu ou lisse ou sec, ou lait doux. . . . 43 — Lamelles serrées : chapeau opaque. LL. cupularis, Bul. — Lamelles espacées ; chapeau translucide. L.jecorinus, Fr. 13) — 181 — : — Chapeau jaune orangé, où brun puis briqueté, visqueux, lisse, à bordure pubescente et blanche. . . . . . . . . 44 | — Chapeau autrement coloré où non lisse ou glabre . . 45 | — Chapeau orangé safrané, à bord jaune ; lamelles jaunes, % BUS SOUCL.N.). .—. : .. .:. : . LL. tithymalinus, Scop. 45. 50 51 — Chapeau brun, puis briqueté ; lamelles blanches, puis MOQUE RTS. 5 nd: Ji fascipans, fr. HE Chapeau blanc, citrin, jaune, fauve briqueté, brique orangé où safrané, plus où moins visqueux ; lait âcre. 46 — Chapeau autrement coloré où sec, ou lait doux. . . 49 ‘: — Stipe d’abord blanc, ainsi que la chair au début . . 47 — Stipe jaune, fauve briqueté, orangé ou roux orangé; chair ordinairement concolore, ainsi que le chapeau . . 48 — Lamelles simples ; spores blanchätres. L. zonarius, Bul. — Lamelîlles fourchues ; Spores jaunûâtres. TL. insulsus, Fr. CHAR inodore. … 1. …. .: . . à: LL. aurantiacus, FI: dan. — Chapeau non mamelonné et zoné-taché, fauve briqueté ; CHAT odoraNLers ins L'or ter, ss tmaliodorus,-Boud. | — Chapeau mamelonné et non zoné, couleur brique orangé; — Chapeau aréolé-floconneux à la fin ou rugueux-tomen- teux, à marge veloutée ; stipe blanchätre où grisonnant ; IÉRRENESHidunmes slt déres. 2. . 3, 4 L,. 7. 2 :50 — Chapeau glabre ou stipe autrement coloré . . . . . 52 | — D molles serrées; Chapeau rugueux-tomenteux, non zoné, | visqueux DA AUMITLEM ES NN Le crampylius Offo;: — Lamelles espacées et épaisses ; chapeau sec, zoné, deve- manteuréolé-jloconneux, stipe à base ocracée. ." : .7.1 51 le ce gris de plomb lilacin. . . . I. flexuosus, Fr. (2 Chapeau rose violeté . . . . . . L. roseozonatus, Fr. 12 = 16 ! — Chapeau visqueux ou lubrifié, souvent zoné, mais non mamelonné : lait âcre; odeur faible-ou nulle." M5 — Chapeau non visqueux où non zoné où mamelonné, ou espèces à lait doux: chair parfois odorante. 57. | — Lamelles crème incarnat, puis ocracées, espacées; cha- 53! peau zoné et humide-lubrifié. . . . . ÆL. pyrogalus, Bul. Lamelles d’abord branches ; chapeau visqueux 94 — Stipe plein ; chapeau zoné et roux cendré ou brunätre ; 2 chair blanche ; lamelles serrées. . . . L. circellatus, Fr. + s: — Stipe devenant creux de bonne heure; chapeau autrement coloré, ordinairement nOonizuné 0 00 NON ORSERS ENS — Chapeau incarnat briqueté où bai clair ; Stipe pruineux ; U lamelles devenant jonquille où buis. . . L. hysginus, Fr. ] — Chapeau autrement coloré; stipe glabre, humide; la- melles devenant crème pâle où crème ocracé..… 1: 156 26! — Chair blanche, aussitôt âere + 2 H-trivialis ne 5) | ï (- Chair crème, tardivement âcre . . . L. pallidus, Pers. 57 ( — Chapeau violacé ou orné de courts aiguillons . . . . 58 ni ar | — Chapeau autrement coloré ou sans aiguillons . . . . 59 be Chapeau violacé, sans aiguillons . L. lilacinus, Lasch. | — Chapeau orné d'aiguillons . . . . IL. spinosulus, Quél. 20 | — Stipe zoné de rouge au sommet . EL. rubrocinctus, Fr. ME Stipe non-zone dé. rouge. Le CET ON -— Stipe et chair blancs où blanchätres : chapeau non ma- . melonneé.et glabre slatidere 0. LR ER REE — Stipe ou chair colorés, ou chapeau mamelonné ou duveté, OUespèces à lait dOUC. 2 in No TO COPA RARE SAC BL Lamelles blanches, larges. . . . . 1. capsicoides, Fr. | — Lamelles jaunûâtres, étroites. L.prægnantissimus, Vail. 62 — 183 — { — Chapeau brun roux où incarnat briqueté ; chair blanche CRETE LAID ONeS DOI RE EE) Un Eu de eue ds, O9 4 4 — Chapeau ou chair autrement colorés, où espèces à lait poor ou lésérement acide....,, 2, ?, 2... +. -64 ee! — Lamelles devenant ocre fauve. . |. . . IL. rufus, Scop. | — Lamelles devenant incarnat rosé . LL. decipiens, Quél. 6. ( — Chapeau soyeux où duvete, mamelonné ; lait âcre . 65 4 Re ” | — Chapeau glabre ou espèces à lait doux. . . . . . . 66 65 ( — Stipe pubescent et pâle . . . . . . LL. mammosus, Fr. M Sipe-glabre.et blanc rosé... …...… - L. impolitus, Fr. 07 { : | | ! / — Chapeau finement duveté-floconneux ou tomenteux-gre- nelé ; stipe velouté où pubescent ; chair odorante; espèces RÉLdoe ou arpelne acerbe. 7. suncush are —_ Chapeauou:stipe glabre.:. -........ 11% (ere TD I — Chair jaunûâtre, à odeur de résine . . . IL. helvus, Fr. | — Chair blanche, à odeur de cannelle. L. glyciosmus, Fr. — Chair blanche ou crème, puis brunissant à l'air, ainsi que les lamelles à la blessure, aromatique où puante-fétide au MoisSement-slait abondant doux: 72. au 0, ri, 269 — Chair et lamelles ne brunissant pas et présentant ordi- nairement d'autres colorations à la cassure . . . . . . 70 — Chapeau et chair durs, devenant puants-fétides par le MOSS IMENt CN. SR ee CL. dactifluus, Schæf: — Chapeau et chair devenant flasques et tendres, à odeur HRÉOMBUIQUe MN ALT ET. 2. DL. ichoratus, Batsch. — Chapeau très peu visqueux, incarnat cuivré, pâlissant, à fine grisaille soyeuse et innée ; lait épais, blanc crème, doux; ueurodoucedtre puante.. 1.4: .. ,.. D.-quietus, Fr. — Chapeau non visqueux, sans grisaille soyeuse . . . 71 he — Chair aromatique, à odeur persistante ; lait doux. . 72 — Chair inodore , lait doux ou un peu âcre . . . . . . 74 — Lait séreux, stipe à base poilue. L. serifluus, De Cand. —— Lait blanc: Stipe:glabre PME ESRI queté ; Spore jaunâtre . . . . . . L. camphoratus, Bul. — Chapeau mamelonné; stipe brun chocolat ou roux gri- sonnant ; spore blanchâtre . . . . LL. cimicarius, Batsch. | — Chapeau non mamelonné ; stipe brun rouge ou brun bri- — Chapeau brun ou bistré, à bord roux bistre pâle; stipe subconcolore ; lait doux. . . . . . . LL. obnubilis, Lasch. — Chapeau et stipe cannelle briqueté où fauve orangé, par- foiswblonds lait amarescentiou-un peu ACre en 7 _— Stipe subfistuleux ; Chapeau ténu et ridé-strié au bord ; \ lamelles flasquess.i se RS RON SAP EMA DIdus Fr — Stipe plein-spongieux ; chapeau charnu, ordinairement lisses lamelles-fragiles. ne ne — Chapeau poli, cannelle briqueté; lamelles tournant à Vancarnat rouge, LU, M. subduieis Pers — Chapeau lubrifié, fauve orangé ou jaune briqueté ; lamel- les tournant au jaune souci. . . . . L. mitissimus, Fr. Classification et description des espèces. Section I. GLUTINOSI, Quél. Chapeau glutineux, visqueux où humide-lubrifié. A VELATI: Chapeau laineux, pubescent, velouté où tomenteux, au moins sur la marge et au début, a. Lanati. Chapeau à marge laineuse. 1. L. torminosus, Schæf. . . . . . . . L. coliqueux (S). Chapeau convexe, puis déprimé ou en coupe (4-12), charnu, peu visqueux, incarnat rosé et zoné, parfois blanc et non zoné ; marge d’abord enroulée, laineuse et blanche. Stipe farci, puis creux, dur, égal, glabrescent, blanc et rosé, rarement taché. Lamelles adnées-décurrentes, minces, parfois fourchues vers le stipe, blanchâtre crème. Chair fragile, blanche, inodore ; lait blanc et âcre. Spore subsphérique (8-94), échinulée, ocellée, blanche. — Prés moussus, bois, bruyères, sous les bouleaux. PAL Cilicioides; Fr... . 6,74; L- 'cilicioide (S). Chapeau convexe, puis déprimé (6-15), charnu, tomenteux, blanc, puis jaune incarnat brunûtre, non zoné ; marge d’abord enroulée, laineuse et blanche. Stipe plein, pruineux et soyeux, blanc incarnat, jaunissant, non taché. Lamelles adnées-décur- rentes, minces, serrées, fourchues, blanches et jaunissant. Chair molle, blanche, puis jaune ; lait blanc, âcre. Spore subellipsoïde (8-10 X 6-7u). — Dans les bois, surtout de pins et de bouleaux. 3. L. scrobiculatus, Schæf. . . . . . 1. scrobiculé (V). Chapeau convexe, ombiliqué, puis en coupe (8-15), blanc — 186 — crème, puis Jaunissant, zoné; marge d’abord enroulée et lai- neuse. Stipe épais, creux, blanc crème, taché de fossettes’ jau- nâtres, à base poilue. Lamelles adnées-décurrentes, peu serrées. blanc-crème. Chair ferme, puis molle, blanchâtre, jaunissant à la cassure ; lait peu abondant, blanc, très vite sulfurin à l’air ; odeur faible, agréable. Spore subellipsoïde (11 X Ju), finement aculéolée, citrine. — Bois, surtout de conifères montagneux. b. Tomentosi. Chapeau tomenteux, velouté ou pubescent, au moins sur la marge et au début. 4. L. resimus, Fr.. . . rte BEcaimarde() Chapeau convexe, ombiliqué, puis en entonnoir (10-15), épais, glabre, blanchâtre pâle, non zoné; marge d’abord enroulée, tomenteuse et blanche. Stipe obèse, creux, velouté, blanchâtre, non ou peu taché. Lamelles décurrentes et blanchâtres. Lait àâcre, blanc, puis sulfurin à l'air. Spore subellipsoïde (8-10 X 6-7u). — Forêts moussues des montagnes. Affine à scrobiculatus. »e4L.-aspideus, frs in ner ONE aspic (|?) Chapeau convexe, puis un peu déprimé (5-9), charnu, blan- châtre, puis paille, à marge mince, enroulée, tomenteuse et blanchâtre, puis glabre. Stipe blanc, puis paille, visqueux comme le chapeau. Lamelles adnées, blanches, puis paille, Chair et lait âcres, blancs, puis lilacins à l'air. Spore subsphérique (9 X 10%), blanche. — Lieux humides, saulaies. Très voisin de flavidus. 6. L. controversus, Pers. . . . . . . . 1. renversé (C). Chapeau convexe, puis en entonnoir (10-30), épais, dur fragile, blanc, ordinairement marbré-zoné de rouge sanguin ou vineux, avec la marge enroulée et veloutée, puis nue. Stipe épais, plein, court, parfois excentrique, dur, glabre, blanc. Lamelles adnées- décurrentes, minces et serrées, simples, blanches, puis incarnat rosé. Chair dure, cassante, blanche, avec des zones concentriques sous la cuticule ; lait blanc et âcre ; odeur acide, vireuse. Spore subsphérique (6 X 8u), aculéolée-grenelée, ocellée et blanc rosé. — Prés et bois, sous les peupliers et sous les trembles. — 187 — ue E-lateripes,:Desm. ._. . : ..… IE. pied latéral (OC). Chapeau et stipe latéraux, avec les caractères du précédent. Forme déviée par la poussée au pied d’un tronc, d’une racine. MAÉ EURBIS Er = :,-.:.. ‘I sale (C). Chapeau convexe-plan, puis en coupe (10-30), épais, tomenteux et olivâtre, puis brun olive et vert noir, souvent taché ; marge enroulée, veloutée et ocracée ; cuticule adnée. Stipe plein, puis creux, épais et court, lisse, parfois taché de fossettes, plus ou moins visqueux par l’humidité, pâle olivâtre, brun olive ou ver- dâtre. Lamelles adnées-décurrentes, blanc crème, puis paille, brunissant à la blessure. Chair compacte, dure, blanche, brunis- sant plus où moins au contact de l’air, âcre comme le lait, ino- dore. Spore globuleuse (8-94) échinulée, ocellée, blanche. — Dans les bois sablonneux, surtout sous les bouleaux. ME crampylus, /Ollos 41 D, EL rôti (?). Chapeau convexe, ombiliqué (5-8), charnu et ferme, rugueux, tomenteux, non zoné, fuligineux rouge; bord velouté.Stipe plein, cendré. Lamelles serrées, jaunes. Lait blanc, âcre. — Forêts. 9. L. fascinans, Fr.. L. fascinant (?). Chapeau convexe, puis en coupe (5-9), mince, non zoné, brun, puis briqueté, à marge enroulée, pubescente et blanche. Stipe creux, fragile, crème ou paille, à base pubescente. Lamelles ad- nées, rameuses, blanches, puis jaunes. Chair tendre, blanche ; lait blanc, tardivement poivré. — Prés et bruyères siliceux. 10. L. tithymalinus, Scop. . . . . . . LL. tithymale (S). Chapeau convexe, souvent mamelonné, puis cyathiforme (4-7), charnu, jaune au bord, safrané orangé au milieu, souvent zoné ou tacheté, avec une fine bordure pubescente et blanche. Stipe plein, puis creux, ferme, pubescent-pruineux,jaune, puis orangé, avec la base cotonneuse et blanche. Lamelles décurrentes, four- chues et étroites, jaunes, puis souci. Chair blanche, puis jaune safran, balsamique, vireuse ; lait blanc, àcre. Spore (9y) jaune, — Forêts de conifères des montagnes, sous les mélèzes. ee B. GLABRATI. Chapeau entièrement glabre. a. Cruenti. Lait orangé, rouge sanguin ou rouge vineux. 11.4. deliciosus, Lin: "2.40 « Lidélheieux (0) Chapeau convexe-plan, ombiliqué, puis en coupe (4-15), charnu, zoné, couleur aurore où orangé clair, puis verdissant comme le reste du champignon, même en dedans ; marge enroulée.Stipe farci, puis creux, dur, fragile, pruineux, concolore, parfois taché d’orangé. Lamelles arquées-décurrentes, souvent bifurquées, assez serrées, peu larges, crème orangé. Chair dure et fragile, blanche, rapidement orangée, àcre ; lait peu découlant, orangé, doux, puis âcre ; odeur douce. Spore globuleuse (8-10u), échinu- lée, blanc incarnat. — Bois de conifères, surtout gramineux. 11 a. L. lamelliporus, Barla. . . . . L. lamellipore (C). Lusus polyporé du précédent, produit par l'Hypomyces lateri- tius, incrustant et soudant les lamelles entre elles. 12. L. sanguifluus, Paul . . . . . . . . L. sanguin (C). Chapeau convexe, puis en coupe (4-9), charnu, peu zoné, incar- nat orangé ou aurore, puis taché de vert; marge enroulée. Stipe dur, plein, aminci en bas, finement ridé et pruineux, crème, puis rouge orangé, parfois taché de fossettes, enfin verdoyant. Lamelles adnées, étroites, minces, crème, puis orangé rosé, ver- dissant à la blessure. Chair dure, fragile, blanche, pointillée de rouge sanguin à la Surface, puis verdissant, àcre-amère; lait peu abondant, rouge sanguin ou vineux, un peu poivré; odeur de poire. Spore globuleuse (8-10u), échinulée, citrine. — Conifères. 12:a4. L: vinosus .Barla. - .::.. =..." vineuxdti} Chapeau convexe, puis en coupe (6-15), charnu, orangé rou- geâtre où vineux, zoné; marge d’abord enroulée. Stipe épais, court, plein, puis creux, rouge vineux. Lamelles adnées-arquées, étroites, minces, serrées, améthyste ou lie de vin. Chair et lait — 189 — violacé vineux, doux, puis àcres, verdissant à la fin. Spore subsphérique (9-11u), granulée, ocellée. et blanche. — Surtout sous les pins maritimes du littoral méditerranéen. b. Lactosi. Lait d’abord blanc, blanchâätre ou blanc crème. * Lait changeant de couleur à l’air. PMP RACriS Bolton sauts Siren Er 24 âcre:(V). Chapeau convexe, puis déprimé, irrégulier (5-9), ferme, peu vis- queux, blanchätre, gris, bistre, fuligineux. Stipe souvent excen- trique, amincien bas, plein, puis creux, fragile, glabre, paille, à sommet blanc Lamelles adnées, fourchues, minces, crème, puis jaune incarnat. Chair et lait blancs, vite rose rouge à l’air, âcres. Spore subsphérique (8-11u), échinulée, pâle. — Forêts. 90. É. luridus, Pers.. . . . : . . . . . . 1. livide (V). Chapeau convexe-plan (5-9, charnu, un peu zoné, cendrèé roux ; marge infléchie. Stipe égal, creux et paille. Lamelles sub- décurrentes, minces, étroites et blanchâtres, puis rougissant. Chair et lait blancs, rougissant à l'air, àcres. — Lieux moussus. PRRSUVIQUS. F7, . . 2. ',%, , ,. L. humide (V). Chapeau convexe, puis déprimé (3-8), mince, grisâtre, nuancé de lilacin, parfois subzoné; marge ténue, d’abord enroulée. Stipe Spongieux, puis creux,visqueux, d’un gris clair ou blanchätre. La- melles adnées-décurrentes, minces, blanches, se tachant de vio- lacé à la blessure. Chair tendre, molle, humide, blanche, violacée à l'air, inodore, tardivement âcre ; lait blanc, puis violacé à l’air, acre. Spore ellipsoïde-sphérique (10-11 X 8-9u), échinulée, blanc crème. — Bois argilocalcaires, prés moussus et ombragés. 14a. L. flavidus, Boud. . . . . . . IL. jaune citrin (V). Chapeau convexe, puis un peu déprimé (4-8), charnu, crème citrin ou paille ; marge amincie et incurvée. Stipe plein, puis creux, assez allongé, parfois atténué en haut, visqueux, souvent taché de fossettes jaunâtres sur fond blanc crème pâlissant. La- melles adnées-décurrentes, serrées, blanc crème pâlissant, se — 190 — tachant de violet à la blessure. Chair ferme, fragile et blane crème, puis violette à l’air, inodore, douce, puis àcre ; lait blanc, puis violet à l'air, doux, tardivement poivré. Spore subsphérique (8-10u), échinulée, ocellée, blanc crème. — Bois argilocalcaires. 15. L. theiogalus, Bul. . . . . . . L. à lait sulfurin (S). Chapeau convexe-plan, déprimé ou en coupe (4-8), mince, peu visqueux, incarnal fauve où fauve orangé, ordinairement zoné, parfois marbré de blanc; marge mince, incurvée et pruineuse. Stipe plein, puis creux, pruineux, blanc, puis taché ou teinté d’in- carnat ou d'aurore, velouté à la base. Lamelles adnées-arquées, minces, étroites, blanc crème, puis crème ocré. Chair ferme, blan- che, sulfurine à l’air, douce, tardivement poivrée, inodore ; lait blanc, puis sulfurin à l'air, doux, puis âcre. Spore subellipsoïde. (8-9 X 74), échinulée, pâle. — Bois variés, surtout siliceux. 10::E: -Blennius, Fr: . eue M ENmuquenx AS) Chapeau convexe-plan, puis déprimé ou en coupe (4-9), peu charnu, gris verdâtre ou olivâtre, avec des taches sombres, dispo - sées en cercle ; marge d'abord enroulée, plus claire. Stipe spon- gieux, puis Creux, visqueux par l'humidité, glabre, blanc grisä- tre ou gris olivätre. Lamelles adnées-arquées, minces, serrées, blanches, se tachant de gris vert à la blessure. Chair tendre, fragile, blanche, puis gris vert à l’air, inodore, tardivement àcre ; lait blanc, puis cendré verdätre à l’air, àcre. Spore subel- lipsoïde (7-9 X 5-6u), échinulée, blanche. — Bois de hètres. 16:4.L.viridis: Schrad cn tee Tr Vent Chapeau d’un vert clair, un peu teinté d’olivâtre, mais non taché, à chair mince. — Habitat et autres caractères du type. 1724: \fluens, Boud:1.10 2004 sno. découlant (Si Chapeau convexe, puis étendu (3-10),charnu, finement chagriné, non ou peu zoné, olivacé brun, à bord ocracé pâle. Stipe iné- gal, plein, ocracé olive, peu visqueux.Lamelles adnées, ocracées, puis ocre cendré. Chair ferme, blanche, brun cendré à l'air, inodore ; lait abondant, blanc, brunissant à l’air, doux, puis àcre. Spore ovoïde (10-11 X 7-8u), échinulée, blanche, — Bois : hètres. Se Er L" — 191 — BE vieius Fr... .: . , Chapeau convexe, mamelonné, puis ombiliqué (3-7), mince, gris ou gris incarnat, non zoné, humide-visqueux, montrant par le sec une grisaille soyeuse. Stipe spongieux, puis creux, sec, olabre, grisâtre, concolore. Lamelles adnées-décurrentes, min- ces, serrées, flasques, blanchâtres, puis ocre clair, tachées de gris à la blessure. Chair molle, humide, blanchâtre, puis grise à l'air, inodore; lait blanc, gris à l’air, doux, puis âcre. Spore subsphérique (10 X 8-9u), échinulée, blanche. — Bois humides. NI -flasque (S) MAÉ =mUusSteus, 1. 5 7 4,0, 25... À L. juteux (?). Chapeau convexe, puis déprimé (6-9), charnu, non zoné, jaune au bord, rougeûätre au milieu. Stipe spongieux, mou, court, gris rougeñtre, concolore. Larrelles adnées, minces, serrées, blan- ches, se tachant de gris à la blessure. Chair blanche, grise à l'air, odorante; lait maigre, blanchâtre, gris à l’air, doux. — Bois. ** Lait ne changeant pas à l’air. AE cupularis, Bul:...".,.,. L. petite coupe (C). Chapeau ténu, convexe-plan où déprimé (1-6), avec un mame- lon pointu, humide-visqueux, strié par le sec, olive au centre, aurore clair ou rosé au bord, puis jaunissant. Stipe farei, puis creux, grêle, crème aurore ou orangé, pâlissant. Lamelles ad- nées, minces, serrées, étroites, blanches, puis citrines, avec un reflet incarnat orangé. Chair molle, crème, puis concolore, odo- rante par la dessication ; lait blanc et àcre. Spore (8u) blanc eitrin. — Dans les bois humides : saules, aunes, bouleaux. 20 4. L. jecorinus, Fr. . . . . … L. couleur de foie (C). Chapeau convexe-mamelonné, puis déprimé (1-3), ténu, trans- lucide et ruguleux, pruineux, incarnal olive, avec la marge HMMée. Siupe grêle et creux, fragile, crème, ocre. Lamelles Subdécurrentes et espacées, pâles, à la fin d’un jaune rosé. Lait blanc et âcre. — Bois sablonneux et marécageux. 1. L. aurantiacus, Fl. dan. . . . . . . JL. orangé (S). Chapeau mamelonné, puis convexe-plan et parfois déprimé — 192 — (3-6), charnu, peu visqueux, glabre et non zoné, brique orangé. Stipe grêle, plein, puis creux, concolore. Lamelles adnées-dé- currentes.\ minces etSerrces étroites crème aurore Cas ferme, puis molle, crème aurore; odeur faible, agréable ; lait blanc, crème pâle à l’air, tardivement âcre. Spore subellipsoïde (9-10 X 8x), aculéolée, blanc citrin. — Sapins des montagnes. 22: L:-Zzônarius; Bull Nr M 0 PE zoneMN) Chapeau convexe, puis plan (5-8), ombiliqué, charnu, ferme, lisse, blanc citrin ou crème citrin, ordinairement un peu zoné de fauve ocracé; marge enroulée et nue. Stipe court, plein, dur, lisse, blanc, un peu pâle à la fin, non taché. Lamelles adnées, un peu décurrentes, simples, minces, serrées, peu larges, blan- châtres, puis crème pâle, à reflet incarnat. Chair compacte, blan- che, non zonée, âcre ; lait blanc, âcre ; odeur faible. Spore ronde (8 X 9u), échinulée, blanchätre. — Bois et clairières. 224. Linsulsus, Fr... . |. .Ar'/imsipide (M) Chapeau convexe, ombiliqué, puis en entonnoir (3-15), souvent festonné, difforme, charnu, citrin paille, avec des zones fauve safrané ; marge d’abord enroulée. Stipe épais, parfois excentri- que, court, dur, plein, puis creux, glabre, blanc, pâlissant, sou- vent orné de fossettes pàles. Lamelles subdécurrentes, fourchues, souvent crispées et anastomosées, blanc citrin, jaunissant, à teinte incarnate. Chair ferme, puis molle, blanche, jaunissant, un peu zonée à la surface, à odeur douceâtre de melon, lait blanc, poivré. Spore subsphérique (11-13u), aculéolée, crème citrin. — Prés secs, bruyères, bois, surtout sur le calcaire. 93 L. maliodorus, Boud. . . L. à odeur de pomme (?). Chapeau en entonnoir (4-7), un peu visqueux par l'humidité, ocracé fauve ou fauve briqueté, orné de taches concentriques plus sombres. Stipe court, assez épais, creux à la fin, rugueux, parfois taché, concolore. Lamelles subdécurrentes, jaunâtres, puis concolores. Chair grenue, ocracé pâle, à odeur de pomme cuite au four ; lait blanc, âcre. Spore ovoïde-arrondie (8-10), verruqueuse, blanche. — Bois argilosableux (Loir-et-Cher). — 193 — 2 EE pyrogalus, Bull... . ..... .. 1. à lait brûlant (V). Chapeau convexe, puis un peu déprimé (5-9), charnu, lubrifié, humide plutôt que visqueux, lisse et luisant par le sec, avec un fin feutrage inné, plus ou moins zoné, gris livide, gris olivâtre ou gris clair, parfois ocre bistré. Stipe plein, creux à la fin, glabre, blanc grisâtre, puis gris pàle. Lamelles adnées, espa- cées et simples, crème pale incarnat, puis ocracées. Chair ferme, puis spongieuse, grisâtre sous la cuticule adnée, inodore ; lait blanc et poivré. Spore ellipsoïde-sphérique (8-9 X 7 8u), couleur paille. — Forêts ombragées, surtout sous les hêtres. Pr acirCceilatus, F7... . ... . . . . . 1. cerclé (V). Chapeau convexe-plan (6-9), ombiliqué, charnu, zoné, roux cendré où brunâtre. Stipe ferme, aminci en bas, glabre, blanchà- tre, puis paille. Lamelles adnées, horizontales, minces, serrées, étroites blanchätres, puis blanc paille. Chair ferme, grenue, blanche, obscure sous la cuticule séparable; lait abondant, blanc, àcre. Spore ronde (104), échinulée, pâle. — Bois siliceux. 26. €" hysgimus, Fr. . . . . . : . . . L. rougeûâtre (S). Chapeau convexe-plan (6-12), ombiliqué, charnu, rigide, fine- ment ridé, souvent zoné et tacheté, bai clair ou incarnat bri- queté; marge ténue, étroitement enroulée. Stipe long, parfois gonflé, farci, bientôt creux, pruineux, jaunâtre, ocre incarnat, souvent taché de rose. Lamelles adnées-décurrentes, serrées, ra- meuses, blanches, puis jonguille ou couleur de buis. Chuir blan- che, puis crème; lait blanc, tardivement àcre. Spore ellipsoïde (10 X 7-8u), blanc citrin. — Bois gramineux de conifères. PRÉ triviahs, Fr... 4. ,. . … , LD. trivial (S). Chapeau convexe, puis déprimé ou en coupe (6-10), charnu et lisse, gris plombé ou gris lilacin, pàlissant, paille rougeûtre ; marge mince, d'abord enroulée, grisâtre. Stipe ventru ou gon- flé, creux, souvent lacuneux ou sillonné en bas, humide ou vis- queux, paille grisâtre, puis pâle. Lamelles adnées et uncinées, minces, serrées, parfois fourchues, blanches, puis crème ocracé. Chair fragile, blanche, puis blanc pâle, àcre; odeur faible, _ hi douceätre ‘lait blanc MAcre 1Spore ovode ONDES RE échinulée, ocellée, blanc pâle. — Bruyères humides, conifères” 98,1. pallidus,_ Pers. 0. 0 0 a pales (Os Chapeau convexe-plan, ombiliqué, puis en coupe (6-12), char- nu, ridé-chagriné, non zoné, crème roussâtre, ocre incarnat ou café au lait pâle, puis plus foncé; marge largement enroulée au début. Stipe égal, épais, farci, bientôt creux, fragile, humide ou visqueux, crème ocracé, concolore ; base blanchâtre, villeuse. lamelles adnées-arquées, puis subdécurrentes, parfois rameu- ses, blanches, puis crème ocré, concolores. Chair ferme, fragile, puis molle, blanc crème, puis concolore, douce, lentement àcre; odeur faible, douce; lait blanc, doux, puis àcre. Spore ellipsoïde (10-11 X Qu), blanche, fortement aculéolée. — Bois de hêtres. 29: EL; cremor, Frs. TR PP re creme tir Chapeau convexe-mamelonné, puis plan (5-6), souvent excen- trique, mince, fauve orangé, un peu ponctué; marge sériée. Stipe creux, fragile, concolore. Lamelles adnées, simples, jaune fauve. Chair blanchâtre, fauve en haut; lait blanchâtre, doux. — Bois. 30: Lquigetus, Fr, 0. 2 0 7 0 tranquille (SE Chapeau convexe, puis déprimé ou en coupe (5-8), charnu, peu visqueux, incarnat cuivré, pâlissant, avec une fine grisaille innée et soyeuse, faiblement zoné. Stipe plein, spongieux, égal, allongé, glabre, incarnat clair, puis rougeâtre où brun purpurin. Lamelles aduées, puis un peu décurrentes, bifides, d’un blane crème, puis incarnut roussâtre. Chair tendre, blanche, puis rou- geûtre ; odeur douceätre-puante, fugace; lait blanc crème, épais, doux. Spore ronde (9-11u), aculéolée, blanche. — Bois, hêtres. e 7 — 195 — Section IL. VELUTINI, Quél. Chapeau fomenteux, pubescent, velouté où floconneur. ARAILB ATI: Chapeau blanc, au moins au début. a. Gzmpacti. Chapeau à chair épaisse. PE nvellereus, Fr... -. . . + . ©, , ‘IL. villeux: (C). Chapeau convexe, ombiliqué, puis en coupe (10-20), épais, dur, tomenteux, finement alvéolé par le sec (à la loupe), non zoné, blanc, parfois taché d’ocre; marge largement enroulée au début. Stipe gros, court, plein, dur, finement velouté, blanc, puis ocré. Lamelles adnées-décurrentes, épaisses, espacées, étroites, peu fourchues, blanc crème puis crème ocré. Chair dure, cassante, blanc pâle, crème citrin à l’air, àcre-poivrée; odeur aigre; lait peu abondant, blanc, très poivré, rougissant immédiatement le papier bleu de tournesol. Spore ovoiïde-sphérique (9-10 X8u), presque lisse, guttulée, blanche. — Bois ombragés. Sat velutinus, Bert, ... ._.. . . . L. velouté (C). Ühapeau et stipe comme au précédent, de même consistance. Pamelles plus serrées, alternées de courtes en avant. Chair blanche, puis crème pâle, fauve roussätre à l'air. Lait doux, tardivement âpre-salé, ne rougissant pas d’abord le papier de tournesol. Spore globuleuse (8-9u), lisse. — Bois ombragés. PNbA É Hometi; Gil. 702 0 1, EL, d’Homet (V). Chapeau convexe, puis étalé, spatuliforme (4-6), charnu, to- menteux, blanchâtre, puis livide pâle, à marge enroulée. Stipe latéral, épais, court, plein, ferme, concolore. Lamelles décur- rentes, assez serrées, parfois un peu fourchues pâles, se tachant de violet à la blessure. Chair ferme, blanc pâle ; lait âcre, blanc, _ rapidement violacé à l'air. Spore ovoïde globuleuse (8-Qu), à | peine chagrinée. — Sur les vieilles souches. | | — 196 — b. Tenuiores. Chapeau à chair mince. 32. L. pubescens, Schrad. . . . . . . L. pubescent (S). Chapeau convexe, ombiliqué, puis en entonnoir (4-6), blan- châtre, puis incarnat, pariois jaunâtre, non zoné, lisse, bril- lant ; marge villeuse ou pubescente. Stipe plein, puis creux, aminci en bas, pubesceni, pruineux, incarnat, puis blanc. Lamelles adnées, serrées, simples, étroites, crème incarnat. Chair élas- tique, blanchâtre, un peu incarnate sous la cuticule, inodore, très âcre ; lait blanc, âcre. Spore subsphérique (7-8 X 6x) angu- leuse-échinulée, ocellée, blanche. — Dans les bois et les prés moussus, dans les tourbières et sous les sapins. 99: LL '0blquus; Fr, EE M SMS Mo bliqu'e tons Chapeau convexe-plan ou déprimé, oblique, lobé, mince, blanc, jaunissant et zoné de gris, drapé-soyeux. Stipe excentrique, courbé en bas, farci, puis creux, blanc, à base cotonneuse. La- melles adnées-décurrentes, serrées, étroites, blanches. Chair molle, odorante; lait blanc. — Cespiteux au pied des hèêtres. B. COLORATI.. Chapeau coloré dès la naissance. a. Lait et chair ne rougissant pas à l'air, 94. L. glyciosmus, Fr. . . . - . . . . . L. sent bon (C) Chapeau convexe, mamelonné, puis plan, déprimé ou en coupe (2-6), mince, gris lilacin ou gris rosâtre, pâlissant, vêtu d'un fin duvet floconneux. Stipe plein, grêle, finement pubescent, villeux, blanchâtre, pâlissant, à base blanche. Lamelles arquées, subdécurrentes, minces, serrées, étroites, crème jaunâtre, puis incarnat ocracé. Chair tendre, blanchâtre, puis crème rosâtre, douce, acerbe, à odeur de cannelle ; lait blanc, doux, puis acide. Spore ronde (8-94), aculéolée, blanc citrin. — Bois humides. 39. L. helvus, Fri; . , sas, +... RE -brüunâtrels Chapeau convexe-plan ou déprimé (7-12), parfois mamelonné, RL — 197 — charnu, soyeux, puis finement floconneux-grenelé, parfois gercé, ocracé incarnat, puis café au lait. Stipe égal, farci, puis creux, concolore, pruineux, à base pubescente, blanche. Lamelles décur- rentes et minces, serrées, blanc pâle, puis ocre incarnat. Chair fragile, jaunâtre, un peu acerbe ; odeur de résine (Quélet), de Trigonella fœnum-græcum (Bresadola); lait peu abondant, blan- châtre, séreux, doux. Spore subellipsoïde (8-10 X 6-8u), échi- nulée, citrine. — Forêts de conifères humides, tourbières. 36. L. mammosus, Fr. . . . . . . . L. mamelonné (?). Chapeau convexe (3-6), charnu, couvert d’un duvet apprimé, parfois zoné, gris chamois, à mamelon élevé, pointu ; marge d’a- bord enroulée, pubescente, blanche. Stipe plein, puis creux, pubescent, crème ou paille. Lamelles adnées, décurrentes, ser- rées, blanc roussâtre ou incarnates. Chair tendre, blanc rous- sâtre ; lait blanc, doux, puis âcre.— Bois de pins, de bouleaux. AB impolitus Fr; !. . . .—.". : :':.,. . JL: rude (?). Chapeau convexe-mamelonné, puis déprimé, charnu, soyeux, paille. Stipe plein, puis creux, rude, blanc rosé. Lamelles ser- rées, paille. Chair paille ; lait blanc, âcre. — Trembles. SA AlHacinus; ZLasch. te. 2? 4 |: 0, : LL Llacin (?). Chapeau convexe-plan (4-6), mamelonné, mince, amétnyste hlacin, palissant, fomenteux, à la fin crevassé, granulé. Stipe +») plein, puis creux, crème incarnat ou ocracé, à sommet fari- meux et blanc. Lamelles adnées, décurrentes, blanches, puis Jaune incarnat. Chair fragile, blanc crème ; lait abondant, blanc, âcre. Spore ronde (7-104), échinulée, blanc ecitrin.—Bois humides. 38 a. L. Spinosulus, Quél. . . . . . . . LL. spinuleux (?). Chapeau convexe, mince, avec un mamelon pointu, puis dépri- mé (2-4), orné de petits aiguillons (1/2"m), zoné ou tacheté, incarnat briqueté, teinté de rose lilacin. Stipe grêle, ridé, chagriné, concolore. Lamelles décurrentes, étroites, crème in- Carnat, puis jonquille. Chair plus claire ; lait blanc, tardivement poivré. — Bois humides et siliceux : aunes et bouleaux. 13 — 198 — 29 4 L: PÜFUS, SCOp. in MN AE TOUS INDE Chapeau convexe-plan, mamelonné, puis en coupe (5-9), char- nu, pubescent ou soyeux, bientôt glabre, luisant, roux brun ou châtain briqueté, pàalissant; marge amincie, d’abord enroulée, finement tomenteuse, plus claire. Stipe subégal, plein, glabre ou pruineux, incarnat clair ou roux incarnat, à base pubescente, blanche. Lamelles adnées, puis décurrentes, serrées, crème ocre, puis ocre fauve. Chair ferme, cassante, blanche, Jaunâtre à la surface, âcre-brûülante ; lait blanc, frès poivré. Spore subsphéri- que (8-104), verruqueuse, blanche. — Conifères, tourbières. 40. L. decipiens, Quél. . . . . : . . . L. trompeur (S). Chapeau convexe, puis cyathiforme (3-5), incarnat brique, hu- mide, puis pubérulent. Stype grèle, pruineux, ridé en haut, in- carnat roussâtre. Lamelles adnées, étroites, serrées, crème, puis incarnat rosé. Chair fragile, crème; lait blanc, poivré. Spore (8-9u) aculéolée, blanche. — Bois siliceux, herbeux ; conifères. NT be flexuosus, Fr, su ae ar table eue Chapeau convexe, puis déprimé (6-9), charnu, zoné, pubes- cent, puis finement aréolé-floconneux, d’un gris de plomb ou lilacin ; marge d’abord enroulée, veloutée, blanchâtre. Stipe épais, plein, ferme, souvent orné de fossettes, finement gubes- cent, blanc au sommet, gris, à base ocracée. Lamelles arquées, épaisses et esparcées, rameuses, jaunâtres, puis souci clair. Chair dure, grenue, blanche; lait blanc, très âcre. Spore arrondie (8u), granulée, jaune. — Bois herbeux, ombragés : pins, hêtres. 424. umbrinus, Paul. 4. Chapeau convexe, puis ombiliqué ou en coupe (5-8), assez mince, floconneux, aréolé, moutonné, bistre ou olive, fuligi- neux. Stipe obcouique, très ‘court, plein, dur +blancren hauë gris clair, concolore, à base jaunâtre. Lamelles subdécurrentes, serrées, étroites, bifides vers le stipe, fragiles, Jaunätres, gs cendré à la blessure. Chair ferme, blanche, vineuse à la surface, gris cendré à l'air, lait blanc, âcre. - Conifères. 124 enoiratre (ii ir Ed ET EEE ne _ AUOT b. Lait et chair rougissant à l’air. BE HIgnyoIus, F7... 7... "$ : . Le enfumé. (V), Chapeau convexe-plan (4-8, pruineux-velouté, ridé-sillonné et bistre noirâtre, avec un mamelon pointu. Stipe spongieux, puis mou en dedans, allongé, pruineux-tomenteux et concolore, rétréci et plissé-cannelé au sommet. Lamelles adnées, serrées, blanc de neige, puis jaune incarnat. Chair floconneuse, blanche, puis rougissant à l'air, avec le lait blanc, peu abondant, doux, de saveur agréable. Spore (104) fortement aculéolée, jaunâtre. — Dans les sapinières moussues des montagnes. NE. L. azonites, Bul. . . . . JL. non Zzoné (S). Chapeau convexe-plan, puis déprimé (3-d), souvent flexueux ou difforme, charnu, pruineux-velouté, lisse, doux au toucher, blanc sale, gris, gris bistre ou fuligineux, parfois teinté d’o- -cracé. Stipe ferme, puis Spongieux, souvent ondulé et ruguleux, pruineux, blanc ou blanchätre, puis ocracé ou fuligineux. La- melles adnées et peu serrées, parfois fourchues ou veinées, blanches, puis ocre incarnat. Chair ferme, élastique, puis ten- dre, blanche, rose safrané à l'air ; lait blanc et doux, tardive- ment âcre ; odeur un peu acide. Spore globuleuse (11-134), très aculéolée, jaunàtre. — Prés moussus, clairières, orée des bois. 4% a. L. picinus, Fr. . .. . LL. couleur de poix (S). Chapeau convexe-plan, mamelonné, puis déprimé (4-8), ve- louté, pruineux, lisse, bistre ou brun noir. Stipe plein, spon- gieux, puis creux, fuligineux pâle ou gris bistré, à base coton- neuse, blanche. Lamelles adnées, serrées, jaunûtres, puis jaune Ocracé. Chair ierme, blanche, jaunûâtre au bord, rougissant à Pair; lait blanc, àcre. Spore (8-10u) jaunâtre. — Bois de conifères. SECTION III PRUINOSI, Quél. Chapeau glabre où pruineux. A. CANDIDI. Chapeau blanc ou blanchätre. a. Chair rougissont à l’air. 45. L. argematus, Fr: = , : . : .0 1 brillanté (5): Chapeau convexe-plan ou déprimé (3-4), mince, dur, prui- neux, blanc, puis terni; marge d’abord enroulée. Stipe plein, puis creux, dur, subégal, court, glabre, blanc. Lamelles adnées, serrées, étroites, blanc de lait. Chair ferme, blanche, rosée à l’air, enfin incarnat briqueté, inodore, lait peu abondant, blane, tardivement âcre. Spore subsphérique (l0u), très aculéolée, blanche. — Sapinières herbeuses. Affine à azonites. 45 a. L. connatus, Bres. et Schulz. . . . . 1. conné (S). Chapeau orbiculaire, irrégulier (2-4), blanchâtre. Supe cylin- drique, parfois excentrique, court, plein, blanchâtre, conné à d’autres. Lamelles adnées, jaunâûâtres. Chair ferme et crème, rougissant à l'air, inodore, douce; saveur agréable. Spore globu- leuse (8-94), échinulée, pâle. — Cespiteux : bois (Slavonie). b. Chair ne rougissant pas à l'air. 46. L. piperatus, Scop.. . 1. : +: ,00 Te poivré (C0): Chapeau convexe-plan, ombiliqué, puis en entonnoir (6-20), régulier, charnu, dur, glabre, lisse ou ridé, blanc, parfois un peu ocracé par le sec. Stipe plein, dur, épais, aminci en bas, lisse ou légèrement ridé, pruineux, blanc. Lamelles adnées, puis décurrentes, étroites, serrées et dichotomes, blanches ou crème, puis paille. Chair compacte, dure, cassante, blanche, puis blanc crème à l’air et parfois teintée de vert cendré clair, très poivrée, devenant vert bleuâtre à la cuisson ; odeur acide- vireuse, surtout à la cuisson; lait abondant et blanc, souvent — 9201 — vert bleuâtre en séchant, très poivré. Spore ellipsoïde, globu- leuse (9-10 X 8u), lisse, guttulée, blanche. — Bois ombragés. 46 a. L. pergamenus, Swartz.. . . . IL. parcheminé (C). Chapeau (5-10) mince, ridé-ruguleux. Stipe long. Lamelles adnées, horizontales. Autres caractères et habitat du type. B.:FUCATT. Chapeau coloré dès la naissance. a. Acres. Chair érès âcre où poivrée. * Lait non changeant. 47. L. viridis, Paul. ee citer aie tee ci Vert (Qi). Chapeau convexe, ombiliqué, puis déprimé (10-12), glabre, non zoné, vert pomme cendré. Stipe épais, aminei en bas, deve- nant creux, blanc verdätre ou bistre. Lamelles décurrentes, ser- rées, blanches. Chair ferme, blanche; lait blanc, âcre. — Bois. 48. L. capsicoides, Fr. L. capsicoïde (?). - Chapeau convexe, flexueux, compact, glabre, non zoné, incar- nat; bord replié. Stipe épais, court, plein, blanchâtre. Lamelles larges, serrées, blanchâtres. Lait blanc, âcre. — Bois feuillés. 49. L. prægnantissimus, Vail.. L. plein (?). Chapeau jaune roux très pâle, glabre. Stipe plein, aminci en bas, blanc. Lamelles étroites, serrées, crème ocracé à la fin. Chair et lait blancs, âcres. — Bois des environs de Paris. ** Lait changeant de couleur à l'air. ARE capsicum, Schulz.. :, !: ; . . . L. cassette (?). Chapeau convexe (8), châtain; marge étroitement enroulée. Stipe épais, plein, ferme, blanchâtre, rayé de fauve roussâtre. — 102 — Lamelles adnées-décurrentes, serrées, fauve orangé Chair jau- nâtre, brune à l'air; lait blanc, âcre. — Trembles (Hongrie). 51. L. chrysorrheus, Fr... . . . . L. à lait doré (S). Chapeau convexe, ombiliqué, puis en entonnoir (5-20), char- nu, Sec, incarnat fauve, zoné, à pruinosité blanche, puis plus foncé. Stipe égal, plein, puis creux, lisse, blanc. Lamelles dé- currentes, minces, serrées, jaunissant. Chair ferme et blanche, jaunissant ; lait blanc, jaune doré à l'air, aussitôt très âcre. Spore ronde (7u). — Dans les forêts de hêtres et de pins. C'est, suivant Quélet, une simple variété de theiogalus. 52. L. rubescens, Pres. . . . . . . L. rouge brique (?). Chapeau convexe, à peine mamelonné, puis en coupe (3-5), peu charnu, glabre, lisse ou ruguleux, incarnat briqueté, pàlis- sant ; marge d’abord enroulée, blanchâtre et pruineuse. Stipe plein, puis creux, pruineux, concolore, blanc-tomenteux en bas. Lamelles adnées-décurrentes, serrées, blanc crème, puis ircar- nat roussâtre. Chair ferme, fragile, incarnat blanchâtre, jaune sulfurin à l’air; lait blanc, jaunissant, doux, puis âcre; odeur acide de pêche, fugace à la dessiccation. Spore globuleuse(7-8v), échinulée, blanche. — Bois siliceux, châtaigniers. 53. L. flammeolus, Poll. . . . . . . , I. flamméole (?).. Chapeau convexe, mamelonné, puis déprimé (2-3), mince et orange feu. Stipe grêle, fistuleux, safrané. Lamelles et chair jaunissant; lait rougissant à l'air, tardivement âcre.— Dans les Alpes-Maritimes. Affine à sanguifluus par son lait. b. Subdulces. Lait doux où légèrement acide. * Inolentes Chair inodore: chapeau d'abord mamelonné. 5 P 54. L. subdulcis, Pers.. . . Chapeau convexe-plan, finement mamelonné, puis déprimé ou en coupe (3-8), peu épais, lisse, cannelle briqueté. Stipe L. doux (GC). : égal, plein, spongieux, puis creux, fragile, incarnat briqueté. Lamelles adnées-arquées, fragiles, crème incarnat, puis rous- sâtre pâle. Chair tendre, incarnat clair, inodore, douce, puis amarescente,; lait blanc, doux, puis acide-amer. Spore ovoïde (8-10 X 6-7u), grenelée, blanc crème. — Bois, surtout feuillés. 04 a. L. mitissimus, Fr. L très! doux, (C). Chapeau brique clair, plus où moins orangé où jaune fauve, lubrifié par l'humidité, puis brillant. Stipe jaune orangé. La- melles devenant crème souci; spore jaunûâtre. Chair et lait doux, puis un peu âcres. Autres caractères du type. — Bois 94b. L. tabidus, Fr. .. L. ramoili (C). Chapeau cenvexe-plan, finement mamelonné, puis en coupe (2-41, mince, incarnat briqueté ou aurore, puis blondissant, souvent ridé-chagriné, à marge ténue et striée par transpa- rence en temps humide. Stipe grêle, farci, subfistuleux, incar- nat ou briqueté pâle. Lamelles adnées, étroites, flasques, peu serrées, crème, puis incarnat pâle. Chair tendre; fragile, roux clair, douce, puis un peu àcre; lait peu abondant, blanc, dou- ceàtre, puis un peu piquant. Spore subsphérique (8-9y), échi- nulée-srenelée, ocellée, pâle. — Bois humides : saules, aunes. 09. L. obnubilis, Lasch. er liiinébuleuxt() Chapeau convexe, finement mamelonné, puis ombiliqué ou déprimé (1-3), mince, lisse, roux bistre au bord, brun, bistré ou bai au milieu. Stipe farci, puis creux, court, souvent ruguleux- chagriné, roux fuligineux. Lamelles adnées-arquées, serrées, étroites, ocre pâle, puis ocracé roussâtre. Chair grumeleuse, rousse, amarescente ; lait blanchâtre, doux. Spore globuleuse (8-9 %), grenelée, blanc pâle. — Bois humides : pins. 56 L. rubrocincetus, Fr. . . . . TZ. à ceinture rouge (?;. Chapeau convexe-plan, charnu, rude, fauve pâlissant. Stipe plein, lisse, paille, zoné de rouge au sommet. Lamelles adnées, serrées, paille. Chair molle, concolore, douce, nauséeuse ; lait peu abondant, blanc. — Au Jardin botanique d’'Upsal. 50 — “" Olentes Chair aromatique où puante ; chapeau non ou peu mamelonné. 57.1E. Camphoratus, Bul "211 TL camphré (te Chapeau convexe-plan, puis déprimé ou en coupe (3-6), char- nu, mince, parfois Subzoné, souvent ridé ou chagriné, brun bri- queté où bai bistre. Stipe grèle ou spongieux, onduleux, brun rouge ou briqueté. Lamelles arquées-décurrentes et serrées, crème incarnat, puis roussâtre. Chair rousse, douce ; odeur per- sistante de mélilot bleu; lait blanc, doux. Spore globuleuse (8-9u), échinulée, jaunûtre. — Forêts sablonneuses, conifères. 57 a. L. serifiuus, De Cand. . . . . LL. à lait séreux (?). Chapeau convexe-plan ou déprimé (4-7), parfois un peu ma- melonné, mince, non zoné, souvent ridé ou chagriné, brun fauve ou bai brun clair ; marge incurvée, parfois cannelée. Stipe spon- gieux, concolore clair; base souvent hérissée de poils fauves. Lamelles adnées, décurrentes par un court filet, fauve souci ou fauve rour. Chair fragile, roux fauve, douce ; odeur persistante de mélilot; lait aqueux-séreux, doux. Spore globuleuse (8-10w), aculéolée, ocellée, pâle. — Bois, surtout humides. 58. Lcimicarius Daisech Ne OR ET punis (OI Chapeau convexe-plan, finement mamelonné, puis déprimé ou en coupe (2-4), mince, sec, fragile, lisse ou ruguleux, bar ou roux brun, plus ou moins briqueté, pâlissant ; marge incur- vée. Stipe plein, subégal, assez grêle, brun rouge ou brun cho- colat, souvent à pruine grise. Lamelles adnées-arquées, puis décurrentes, serrées minces, étroites (2-3mm), crème incarnat, puis incarnat fauve, incarnat ocracé. Chair fragile, roussâtre, douce, puis un peu àpre; odeur aromatique particulière, per- sistante par la dessication (Fenu grec); lait blanc; doux, puis un peu acerbe. Spore globuleuse (9 X 8u), aculéolée, blanchâtre. — Dans les bois herbeux, secs ou rocailleux ; bruyères. 592 Michoratus /Patsch 1. °° 5%. à ‘Epurulent bp} Chapeau convexe, puis plan (5-6), ombiliqué, parfois déjeté, = 905 — mince, sec, lisse, rigide, puis flasque, nankin clair, fauve bri- queté, souvent brun au milieu où zoné de roux. Stipe plein, dur, puis tendre, jaune incarnat ou fauve, puis roux. Lamelles adnées et étroites, crème nankin. Chair crème, brunissant à l'air, bientôt molle, aromatique, sapide; lait abondant, blanc, doux. Spore eilipsoïde (8-10 X 6-74), échinulée, crème. — Hêtres. 60. L. lactifluus. Schæf. . . . : . . . . LD, vachotte (Ü). Chapeau convexe-plan, déprimé ou en coupe (5-12), épais, sec, dur, nankin fauve, brun fauve, mordoré, parfois jaune ou brun, safrané, souvent plus foncé au milieu. Stipe épais et plein, dur, pruineux, jaune clair, fauve nankin, souci safrané, clair en haut. Lamelles adnées, subdécurrentes, minces, crème, puis ocre pâle, brunissant à la blessure. Chair compacte, blan- che, brunissant à l’air, douce, fétide-puante par le froissement ; lait abondant, blanc, brunissant à l'air, doux. Spore globuleuse (10u), échinulée, ocellée, pâle. — Bois ombragés. >= 006 — Genre Russula, Persoon. LACTAIRES Chair sans lait où à suc incolore et non découlant. Chapeau d'abord convexe ; marge droite où peu incurvée, rarement enroulée, tantôt unie, tantôt striée-sillonnée à la fin ; euti- cule sèche ou visqueuse, glabre ou pruineuse, parfois sépa- rable_ Stipe glabre ou pruineux, sec, souvent ridé-veiné ou strié. Lamelles adnées-atténuées ou décurrentes, libres ou smuées, simples ou fourchues, rarement inégales. CLASSIFICATION DES RUSSULES Secrétan a partagé les Russules en deux sections, d’après la couleur des lamelles : les Russules à feuillets blancs et les Rus- sules à feuillets jaunes. Fries base ses divisions du genre Russula non sur la couleur des lamelles, mais sur leur égalité ou leur diversité, ainsi que sur l'épaisseur de la chair et la forme superficielle du chapeau. Il distingue d’abord les espèces dont le chapeau est compact et lisse de celles dont le chapeau devient strié à la fin. Des pre- mières il fait trois séries: les Compactæ, à lamelles inégales ; les Furcatæ, à lamelles fourchues, et les Rigidæ, à lamelles mêlées de fourchues et d’inégales. Des secondes il forme deux séries : les Heterophyllæ, à lamelles inégales ou fourchues, et les Fragiles, à lamelles égales. Le D' Quélet partage les Russules en deux sections corres=, pondant à celles de Secrétan : les Leucosporæ ou Russules à spores blanches, et lies Xanthosporæ, ou Russules à spores jaunes. Puis, faisant intervenir, comme caractère de groupe, la saveur de la chair, il forme des divisions secondaires bien déli- mitées et qui permettent, pratiquement, une distribution plus facile et plus caractérisée des espèces. Dans la première sec- tion, sous la dénomination de Pertentosæ, il maintient à part cree les espèces de la série des Compactæ de Fries, comprenant les R. nigricans et delica, avec leurs variétés, ainsi que mustelina. _ Des autres espèces à spores blanches, il forme trois séries : les Sapidæ, à chaire douce ; les Ingratæ, à chair âcre, parfois nau- séeuse, avec le chapeau paille. ocracé, bistre où olive, et les Piperinæ, à chair âcre ou porvrée, avec le chapeau violet, pourpre ou rouge. Des Russules à spores jaunes, il forme trois séries : les Versicolores, à chair douce, avec le chapeau ample et compact ; les Tenellæ, espèces grêles à chair douce, tendre et fragile, et les Insidiosæ, espèces à chair âcre. Récemment enfin, M. Maurice Barbier a divisé les Russules en une douzaine de groupements formés chacun autour d'une espèce type (1). Ce mycologue a, du reste, heureusement indiqué affinité bien connue des R. nigricans et adusta avec les Lac- taires, en disant qu’elles ont des « tendances lactarioides. » Il ajoute là-dessus : « Si l’on met à part ces espèces, toutes les autres s’enchevêtrent à tel point que, seul, le caractère de la couleur des spores reste à employer pratiquement pour faire une coupe dans ie reste du genre. » Tout en conservant les deux grandes sections de Quélet, nous avons, Comme lui, tenu compte de la saveur de la chair, ainsi que de l'épaisseur, de la consistance, de la taille et de la cou- leur du chapeau, mais aussi, dans la première, de la nature de _ la cuticule, selon que celle-ci est sèche ou visqueuse. Les Leucosporæ forment d’abord deux sous-sections : les Lactarioides et les Repandæ, que distinguent entre elles lé- paisseur et la forme de la marge du chapeau, l'égalité où l’iné- _galité des lamelles, ainsi que la nature plus ou moins succu- lente de la chair, qui noircit parfois à l'air. Les Lactarioides comprennent deux groupes : les Nigricantes, à chair noircis- sante, et les Plorantes, à lamelles larmoyantes. La seconde sous-section est divisée en deux séries : les Siccæ et les Visci- dæ. Le caractère de la cuticule sèche, dans certaines espèces, est rendu très sensible lorsque le chapeau est fomenteux sur la _ marge, pruineux, farineux, floconneux, granuleux, où gercé- (1) Bulletin de la Société des Sciences naturelles de Saôûne-et-Loire. Juillet-Août 1907. — 9208 — aréolé : c’est ce qui arrive pour les R. mustelina, virescens, cu- tefracta, lepida, aurora, lactea, incarnata, galochroa, insignis et serotina, dont la cuticule, d'aspect mat, ne présente pas de viscosité. Même les espèces à chapeau un peu humide au début, telles que furcata, citrina (Gil.), gramainicolor et azurea, pré- sentent une surface d'apparence drapée ou satinée, parfois gra- nulée, “bien différente de 1à/euticule-hisse et-lusante desrese pèces à chapeau visqueux. Seules, les R. rubra et Linnæi, à cuticule polie, quoique sèche, semblent se rapprocher des Vis- cidæ. Les Siccæ forment à leur tour deux groupes : les Firmæ, à chair dure ou ferme, ordinairement épaisse, et les Teneræ, comprenant quelques espèces gréles ou à chair tendre. Quant aux Viscidæ, elles forment deux groupements: les Dulces, à chair douce, et les Piperatæ, à chair'écre où poivrée. Celles-ci enfin comprennent les Amœnæ et les Inamœænæ, classées d’après la couleur du chapeau et aussi l’odeur de la chair. Les Xanthosporæ sont divisées en deux séries : les Gratæ et les Ingratæ, basées sur la saveur de la chair. Les Gratæ com- prennent deux groupements : les Gompactæ (Versicolores, Quél.}, et les Tenuiores (Tenellæ, Quél.), qui se distinguent par l'épaisseur et la taille du chapeau, autant que par la consistance de la chair. Les Tenuiores enfin sont subdivisées en deux groupes : les Purpuratæ et les Pallidæ, caractérisées par la couleur du chapeau. Nous ferons remarquer, en outre, que certaines espèces ou variétés, rangées par Quélet et maintenues par nous, d’après leurs affinités, parmi les Xanthosporæ, pourraient très bien, si l'on ne s’en rapportait qu’à la couleur des spores, être placées dans la première section: il en est ainsi des R. integra, sub- styptica, melliolens, fusca, ochracea, puellaris, leprosa, citrina (Quél.) et violeipes, dont les spores d’un blanc à peine pâle les | rapprochent des R. virescens, yraminicolor, ochroleuca, depal- lens, expallens, sanguinea, Linnœi, atrorubens, incarnata, lepida, aurora et serotina. De même les R. Barlæ, decolorans, lateritiæ, veternosa et olivascens présentent aussi des spores d’un crème pâle peu prononcé. C’est là, on le voit, une des grandes diffi- cultés qu’on rencontre dans la détermination méthodique des Russules. Etant données, en outre, quelques espèces intermé- La 4 ‘ NES diaires marquant une transition d’un groupe au groupe voi- sin, on s’expliquera l'impossibilité d’une classification rigou- reusement systématique, partant de la couleur seule des spores. Les affinités des principaux groupes sont d’ailleurs basées, le plus souvent, sur des caractères si variés et si peu différenciés, qu'on peut hésiter parfois à rattacher telle espèce à l’un plutôt qu'à l’autre. Par les observations que nous venons de présenter, on Com- prendra mieux lPutilité d’une Clé dichotomique permettant à l’observateur d'arriver, indirectement sans doute et souvent lentement, mais avec le plus de certitude possible, à la déter- mination des espèces. Supposons, par exemple, que nous ayons devant les veux la Russule verdoyante, excellent comestible que l’on peut con- fondre avec la Russule fourchue, espèce réputée dangereuse. Voici les nos de notre Clé que, sans hésitation, nous choisirons successivement pour arriver à sa détermination : 1. Lamelles non rouges. 2, Chair ne rougissant pas à l'air. o. Chapeau ni blanc, ni bistre, ni noir. 7. Chair douce. 48. Chair et stipe non gris. 2. Chapeau non violacé lilacin. 04. Stipe non violacé lilacin. 07. Chapeau adulte verdâtre ou vert de gris; cuticule gercée- aréolée, furfuracée où granulée. 8. Chapeau non azuré. 99. Chapeau épais, farineux, puis aréolé, furfuracé ; stipe éponse Hamelesmibrest tin OS VRvirescens, Schæf. #00 = TABLEAU SYNOPTIQUE Section I. LEUCOSPORÆ, Quél. À. LACTARIOIDES / ent RE) : RIOIDES Nigricantes: chair noircissant ; lamelles Marge enroulée, | non larmoyantes. charnue et lisse :1 lamelles inégales b. Plorantes : chair ne noircissant pas; et simples. lamelles larmoyantes: ; a. Siccæ {a Teneræ : chair tendre Chapeau sec; \ou élastique, parfois fénue. B. REPANDÆ 2) , ue marge b. Firmæ : chair ferme ou Mar rot O1 Ê Done nie oi souvent unie. | dure, Souvent compacte. ne se peu incurvée, . f. Amœnæ : chapeau | parfois mince et Aie | ae ; D b. Viscidæ g à violet, rougeou blanc; ne | Chapeau 2 | chair non nauséeuse. lamelles égales à © fe : | visqiieux OÙ Es a fl. Inamæœn% : Cha- ou fourchues ie End f 2 lubrifié ; Â, = | peau autrement co- parfois réunies ne 5 l marge k 5 | loré ; chair souvent par des veines. à ” souvent | \ RAUSCPUSE. ** Dulces : chair douce. Section Il. XANTHOSPDIRÆ, Quél. a. Compactæ : chapeau ample ou épais, où espèces à chair ferme. À. GRATÆ. | b, Tenuiores * Pallidæ : chapeau pâle ou. Chair douce. Chapeau mince | jaune, parfois bistre ou olive. ou petit; ## Purpouratæ : chapeau violet, chair tendre. rouge Où orangé. B. INGRATÆ : chair âcre ou poivrée. Clé dichotomique des espèces . # . { — Lamelles rouges . . . R. cruentata, Quél. et Schulz. - Lamelles non rouges. . . . . . . . IR EQUE n. EL PR RAUQESSANRE A AE. +. 5 Liu D arue 3 Do Chair ne rougissant pas à l'air. . . . . . . . . . . . 5 | * — Chapeau rose ou rouge au milieu. R. Duportii, Phil. | — Chapeau d’abord blanc; chair noire àlafin . . . . . 4 ..( — Lamelies espacées et blanc crème. . R. nigricans, Bul. D — Lamelles serrées et blanchätres. . R. densifolia, Sec. 41 — Chapeau blanc, bistre ou noir ; chair noircissant . . 6 D à : | — Chapeau ou chair autrement colorés. . . . 1 _{— Chair écre, poivrée ou acerbe-styptique . . . . . . . 8 Ù= Chair douce ou à peine-acide . . . . . . . . . . . . AS — Chapeau noircissant. . . . . . . . . HR. adusta, Bul. — Chapeau restant bianc . . . . - . R. semicrema, Fr. | — Chapeauet stipe purpurins, lilacins. violets, violet foncé, 2 violet bistre, violet olive, puis souvent décolorés; stipe Phsse, souvent pruineux-farineux. . . . . . . . . . . . 9 = Chapeau ou stipe autrement coloré, ou stipe ridé. . . 11 = MU ani R, Ouéletu) Fr Pbamelles.erème sulfurin ou jaunes. - . . . . : ._. 40 Spore blane crème. . . . . . . . R. depallens, Gil. Spore jaune ocracé . . . . . . . R. drymeia, Cooke. 1 | " Ê ; © X | = (qe) (qe) a © Cd à Lo [æ) Pl No] a 11 — 2129 — = HODONCS DIANChES OU DIANCICREMENMON RE PERRET NN ODOLES JOUNALrES JAUNES ON VCRACÉES OS RECU 0 — Chapeau blanc ou crème pâle, avec la marge enroulée et charnue, lisse; lamelles adnées-décurrentes, inégales, blan- ches el lArMOUANECs NE EN COS — Chapeau autrement coloré où à marge non enroulée, ou limelles non décurrentes ou colorées . . . . . . . . . 44 — lamelles et stipe blancs; spore grenelée R. delica, Fr. — Lamelles et sommet du stipe d’un blanc légèrement azuré verdûtre ; spore échinulée. R. chloroides, Kromb. — Chair bistre ou cendrée sous la cuticule épaisse ; chapeau . brun-olive.bistre oucendré Ms RNA PARA RTE, — Chair ou chapeau d'une autre Couleur men et — Chapeau à marge ume, avec le stipe blanc, puis cendré. R. livescens, Batsch. — Chapeau à marge striée; stipe blanc. . R. sororia, Fr. — Chair à odeur nauséeuse ou d'amandes amères, quand le champignon vieillit; chapeau gris ocré, chamois ou ocracé, au moins au bord, parfois fuligineux au milieu ; marge très mince et sulonnée-chagrinee CR ER EU — Chair inodore ou d’une odeur différente, ou chapeau au- trementicoloré ou à marse ss EC — Chair crème ocracé sous la cuticule; chapeau fuligineux ou gris bistre au milieu; lamelles égales et blanches ; odeur nauséeuse. RER MN MENT ENT R Dectuinata Lib — Chair ou chapeau autrement colorés ; lamelles inégales ou fourchues, souvent larmoyantes ; odeur plus ou moins pro- noncée, (un peu d'amandes ameres MECS -—- Stipe épais, devenant pâle ; lamelles sinuées-libres ; odeur fonte aa Mn. Led ee tn RM lens — Stipe peu épais, blanc ; lamelles adnées ; odeur faible et agréable d'amandes amères . . . . R. subfæœtens, Smut. — 215 — / — Chapeau rose carné, puis ocracé au bord et finement 19; | ! — Chapeau autrement coloré où non ponctué . . . . . 90 À | 1Q [®b) Ce. A de | & Homelue-qnanulé she: Le Mr nue Rrelégans;: Pres. — Chapeau paille ocracé, à marge finement striée ; stipe, lamelles et chair devenant concolores. . . KR. fellea, Fr. — Chapeau, stipe, lamelles ou chair d’une autre couleur, ou chapeau à marge lisse . . 21 — Chapeau sulfurin, citrin verdoyant, citrin ou jonquille s aubmoins au: milieu, à marge lisse... 41% Se 29 — Chapeau autrement coloré où à marge striée . 24 — Stipe et lamelles citrins. . R. flavovirens, Bom. et R. Hope et lamelles blähes :°. 4, 5, 1 4 0,0, 193 — Chapeau jaune; stipe devenant gris. R. ochroleuca, Pers. — n pouyone, à bord blanc, avec le stipe parcrane R. Raoultii, Quél. — Chapeau violet où hilacin, au moins en partie et au dé- but, parfois teinté d'olive, de jaune, de bistre ou de blanc; chair mince et blanche; stipe blanc. nc ee 20 — Chapeau autrement ou à Chair plus où moins épaisse ou rouge sous la cuticule. : SLT A ES EE — Stipe pubescent; chapeau sec, à pruine blanche, avec la marge unie. . pu ; . .« . . R. serotina, Quél. — Stipe ridé-strié; chapeau visqueux, avec le bord strié à la fin. nd doRicnolaces - Ouar — Lamelles adnées-décurrentes, devenant crème paille; cha- peau rouge sanguin où rouge violet, à cuticule lubrifiée;, chair âcre-salée, blanche en dedans, rouge sous la cuticule très DRénente, |. 00. ii An ee nat Re. sanguinea, Bul. — Lamelles non décurrentes où non jaunissantes. . . . 97 13 a — 214 — — Chapeau dur et-sec. souvent pruineux. avec la cuticule adnée et la marge unie. . . . RUN Ut Rule — Chapeau non dur ou visqueux ou à cuticule séparable, à marsersouvent striée-Ssilonrnée a lan en ot crème ocracé par endroits, lamelles adnées; odeur vi- reuse nt ne Aie Ra RS PUubra De COTE — Chair douce, puis acerbe-acrescente après un instant de mastication ; chapeau pruineux ; lamelles sinuées. . . . 29 — Chapeau crème ou crème ocracé, puis incarnat doré au | — Chair très poivrée; chapeau poli, rouge, puis décoloré et nn stipe MAe. ARR PEN R AUTO A ATOME — Chapeauvautrement/coloné de RO RE OU 80 | Chapeau d’abord rouge ou carminé. . : R. lepida, Fr. Le Chapeau blanc delait M SE ER alba ONE — Lan.elles blanches, parfois tachées de jaune par le sec; { chapeau rose, rouge où blanc, rarement pâle : : . . . , 32 — Lamelles entièrement jaunûâtres ou jaunes . . . . . 37 caséeuse où molle. SR LE cn ea RD at : ED — Chapeau à cuticule adhérente; lamelles en partie bifides;: CHANT LE STE AO OP RGO N SP — Chair ferme-caséeuse, assez épaisse (7-10mm), blanche, puis juunûâtre, souvent rose rouge sous la cuticule; stipe lisse, Chapeau à cuticule séparable; lamelles simples ; chair | souvent teinté de rose rouge; lamelles peu serrées, ordinai- 99 - rement: libres: lune nets. MR lemeticar Sc — Chair fendre-molle et mince (3-5mm), blanche sous la cuti- l'eule trés fragile SHpe blanc RL AU EE CRE ga! — Lamelles libres et espacées sosie tente (dll ES | Lamelles adnées et serrées, Ventrues : . . : . . 351 — Chapeau rose rouge où rose. . . . . R. fragilis, Pers. 2) < (== Chapeau blancs 600-0002 ER nivea, Pers: — 915 — Jd Lamelles et chair blanches. . . . . KR. rosacea, Pers. ne) — Lamelles et chair blanches, puis tachées de sulfurin triorépar lésecrou-à làtblessure. .:.", R. sardonia, Fr. — Chair blanche, rouge sous la cuticule, poivrée; chapeau mince, d'un violet noir, parfois rouge sanguin au bord. 37 À R. atrorubens, Quél. — Chair jaunissant avec l’âge, peu âcre. . . . . . . . 38 | — Chapeau purpurin foncé ou rouge violet, plus foncé au centre, non décolorant, d’un bleu améthyste à la cuisson ; Chairimodore : Spore blanche: . . . :’. . R. Clusiü, Fr. ]— Chapeau pâle, puis purpurin rougeûâtre, enfin jaunissant comme le stipe sur et sous la cuticule; chair parfumée; espere blanc crème, . . : . . . , R. substyptica, Pers. 39 ( — Chair ocracée ou citrine sous la cuticule . . . . . . 40 | — Chair autrement colorée sous la cuticule . . . . . A ! — Chapeau rouge orangé ou orangè doré, à marge citrine ; lamelles à bordure citrine. R. aurata, With. no nankin, puis plus foncé au milieu, à marge sillonnée ; lamelles crème. ... . R. ochracea, Alb. et S. | — Chair violette sous la cuticule, très poivrée, àodeur douce ; chapeau bai foncé, légèrement purpuracé; bord uni; lamel- RÉ nMEeSN ed cheb en LA autuas 1 R. badia, OQuél: —_ Chainronmiolette sous-la.cuticule: L 552, Le 4: 4149 ee Lamelles libres, veinées, d’abord blanches ; chapeau 42: blanchätre ou jaunâtre; chair tendre. R. adulterina, Fr. , — Lamelles adnées; chapeau autrement coloré. . . . . 43 | | — Chapeau dur et épais, rouge incarnat, puis orangé doré, 43 pâlissant et tacheté de brun ou de roux purpurin; chair très poivrée: . . M TEA TR maeulata; Ouél. — Chapeau nt dur ni tacheté, assez mince .:. . . . 44 RG) — Lamelles d’abord blanc crème ou jaunes, puis jaune a. OULsafranées, Chair Ssouvent-peu Gcre MAIN OU Si Lamelles d’abord blanches, puis crème jonquille: chair ee 2 PE NC PE ER er nt 0] — Siipe gris à la fin; chapeau rose purpurin grisâtre, sil- ms chair peu âcre . . . R. nauseosa, Pers. } — Stipe non gris à la fin: chapeau pourpre foncé, pourpre a OÙ bal Viola ce Char are 77 PR PS RAT ee re 45 — Lamelles d’abord blanc crème; chapeau pourpre foncé ou pourpre brun, pâlissant, avec le bord sillonné-chagriné. R. nitida, Pers: — Lamelles d’abord jonquille; chapeau lisse et bai violet, teinté de purpurin ou d'olive. . . . R. purpurea, Schæf. ER 46 Re. — Chapeau rosé ouincarnat, puis crème où jaune au milieu, ae DONC NT ESS NO DE RER TEE veternosa, Fr. -— Chapeau rouge vif, Sanguin ou coquelicot, non décaloré, /; cuticule séparable , . .,. . R: rubicunda (Ovél: / — Chair gris bleuâtre ou devenant grise ou gris noir à Pair, 18) otuLStUipe devenant msS Een DA PONT pi Charter stiperauirementicolOrEs RER NS — Chapeau blanc violeté où rouge vineux, puis souvent dé- Lee. stipe devenant gris en bas, même en dedans. 50 Fou Chapeau autrement coloré, à chair gris bleuâtre ou deve- nant a l'air ‘ormiseset -marbrét de noir DAC NRREE | — Chapeau violet où blanc violacé, puis décoloré, bistré, gri- 50: sâtre, enfin blanchätre ou paille. . . R. depallens, Pers. — Chapeau rouge vineux, non décoloré. R. vinosa, Quél. LR RS — Chapeau nacarat, rapidement jaune d'œuf; chair blanche, puis orisnour AlAr M EUR ENT EE DR decolorans NE SL Chapeau bistre, olivätre où cendré, puis souvent ocracé ; Chair gris ble GEREEMEMENCA NON R. ravida, Fr. — 917 — { — Stipe lisse ou farineux, d'un violet lilacin ou rose lilacin ; d. shapeaurconcolore ; lamelles gjaunissant:. ;: =... 753 22 : ne 5 ; 5 | — Stipe ridé ou espèces autrement colorées où présentant ass lamellestblanches st: es laure + 64 M CChain jaunissant. . + .:. . : KR. purpurata, Bres. 58} 2 > Sn Cham eblanche.s "Ur = CR 'amæna, Quél. #1 Chapeau ciirin ; sstipe violacé. . . : R. violeïipes, Quél. | — Chapeau ou stipe autrement coloré. . . . . . . . . 55 (eue Chapeau violacé, violet sombre, violet ardoisé, lilacin ou hlacin rosé, visqueux, parfois verdissant avec l’âge ; lameiles À sinuées ou libres, toujours blanches; stipe ridé; chair blanche, M ius oiolacé sous Ja euticule ….… .. ..: « ….. . 56 _ Chapeau autrement coloré où lamelles adnées où non ' blanches, ou chair non lilacine sous la cuticule. . ..-. 57 | — Chapeau ridé-veiné, à la fin verdissant, avec le bord uni; CHANÉDUISSe A.) ra 1. R. cyYanoxantha, Schæf. — Chapeau lisse et non verdissant, avec la marge sillonnée MAMMA MChAIr Mince, 0 5... 0000 #7 R‘lilacéa, \Quél. | — Chapeau adulte verdâtre, vert de gris ou azuré pâle, cuti- cule gercée-aréolée, floconneuse, furfuracée où granulée; 71, lamelles, stipe et chair blancs ou blanc crème . . . . . 58 — Chapeau adulte nu et lisse ou autrement coloré, ou lamelles MiGnissant plüs.-où moins: .: 5... +. .«< 60 _{ — Chapeau azuré pâle, finement granulé; lamelles égales. 5e) R. azurea, Pres. == Chapeau blanc de lait, puis verdätre.... ..:. .:. 59 | | | | / — Chapeau épais, farineux, puis aréolé, furfuracé; stipe I Epatis: lamellés libres. . . . . . . … HR. virescens, Schæf. | 59! — Chapeau mince, moucheté de fins flocons blancs; stipe | aminci en bas; lamelles adnées-décurrentes et serrées. l R. galochroa, Fr. 1 | | | TE ES ee 218 — — Chapeau gercé-granulé au bord, rose purpurin ou incar- | nat purpurin, avec le centre lisse et bistré; lamelles, stipe : eWChalr blancs mi RE ME teuterRaeta mt CooRe ” Chapeau non granulé ou lamelles colorées. . . . . . 61 [ — Chapeau rose, pâlissant, ponctué-granulé de rouge noir ; chair blanche ; lamelles blanc pâle. . . R. punctata, Gil. | — Chapeau non ponctué-granulé de rouge noir, ou espèce à LiGhaTaunissanE CANON NC. ARNERRPA ANR 0 ! — Chapeau bistre, orné au bord de petits flocons sulfurins 62. et fugaces , stipe rose rouge en bas . . R. insignis, Quél. — Chapeau ou stipe autrement coloré. . . . : . . … : 63 Chapeau pruineux ou farineux, uni, puis gercé-aréolé par le sec, blanc, parfois teinté de rose incarnat, puis pélis- sant ou décoloré; stipe lisse et blanc; chair compacte ou grenuerAarnelestarse bien C CREME CINE O7 — Gaeau visqueux ou lisse où autrement coloré, ou es- PpDÉCeS A StIPe MIA SIENS De SNS OR 6 { — FLamelles libres, épaisses, espacées, fourchues ; chapeau s | btane, puis Crème-ocracé. I SN EMmlactea rer — Lamelles adnées, bifurquées ; chapeau blanc, teinté de rose incarnai, puis décoloré. . . . . B. incarnata, Quél. / — Lamelles adnées-décurrentes et blanches, souvent four- chues ; chair ferme, blanche, parfois un peu acide ; chapeau D + | — Lamelles non décurrentes où colorées. . . . . . . . 68 ec! = Chapeau-faune citrin à. . C0 AP Cirina, Cale LEE Chapeatautrementicolome "RUES CE — Lamelles assez espacées où épaisses ; chapeau mat, enfin satiné, vert olive où brun olive, parfois brun, souvent lavé de jaune où de fauve, =... à. .MOR/Furcata; ee _— Lamelles serrées, minces, étroites; chapeau lisse, gris clair, lilacin, souvent teinté d’olivâtre ou verdoyant ; chair roussâtre pâle à la cuisson . . . . R. heterophylla, Fr. : | — A9 — — Chapeau vert, mais non jaunissant ; lamelles blanches, BUS Eréme chair Mince ét tendres ri, Ts. +69 — Je non vert ou jaunissant, où espèces à lamelles Harissant \chäinparfols épaisse etiferme 21.4 : . 70 — Dhanoou petit (2-3), vert clair, à bord blanc; lamelles SURUCES RNA 0) Le R'émaragdina, Quél. & — Chapeau moyen (5-7), vert pré, à centre bistré ; lamelles aunées, connées deux-a deux. : : . R: Diamitieolor, Sec. Chapeau brun ocracëé où brun jaune; lamelles sinuées, veinées à la base; spores blanches ou blanc crème; chair OX ferme ; stipe ridé, Fe ou blanc de lait. AS en CU — Chapeau autrement coloré où à lamelles adnées, ou es- hpèces à spores jaunes où ocracées. . . . . . . . . . . 13 — Chapeau visqueux ; marge sillonnée à la fin ; chair blanc crème et parfumée ; lamelles prenant à la fin une couleur Hiéiaune de cire Ou crème ocracé. . . . . . K. fusca, Quél. — Chapeau sec, à bord uni; chair blanche, ocracée à la sur- face; lamelles blanc crème .-. . . . . R. mustelina, Fr. — Lamelles, spores et chair blanches ; chapeau noir pur- purin, rouge incarnat, rose incarnat ou rose clair, puis parfois jaunûâtre ou blanc, au moins au milieu . . . . 73 — Lamelles ou spores plus ou moins colorées. . . . . 77 À | 73 — Chapeau veiné-ruguleux, non décoloré R. vesca, Bres. — ChÉCMES ERNEST Er 7 7 — Chapeau à la fin décoloré, au moins au milieu . . . 75 M Chapeau non décoloréi Lure Ha, CET Là 76 — Chapeau décoloré au milieu; Stipe blanc, rarement rosé, ridé-strié ; lamelles serrées, blanches. . R. rosea, Schæf. — Chapeau partout décoloré ; stipe rosé; lamelles jaunis- sant à-la dessication . . . R. purpurina, Quél. et Schulz. 76! — Chapeau noir purpurin, charnu. R. atropurpurea, Kromb. 7 | — Chapeau rose clair, mince. . . . R carnicolor, Bres. 77! — Chair étant ou devenant jaune ocracé . : . + . . . 18 (Chair ne Jaunissant pas. 2 — Chapeau petit (2-4), mince, à bord translucide ; stipe blanc ; lamelles d’abord blanches ; chair acidule . . . . 79 — Chapeau large (6 12), charnu; stipe souvent rosé ; la- melles d’abord blanc crème ou jaunâtres ; chair douce . 80 78 | — Chapeau purpurin grisâtre, puis paille où olive, avecle . imlieulbistrés nt tt ne ED OR puellarisn "1 — Chapeau rouge,avec le milieu brun, orné de flocons blancs etfugaces 2. -. . ,: R leéproa De 80! — Dtpe/ridé-rétiqulé. 4.7.7 > R rhytiphs ec RMS tipe Hsse RO, Rd ES / — Lamelles jaune de cire, puis sulfurines ; chapeau satiné, puis poudreux- perce, rougeàtre rosé ou ocracé, brouillé el d'olive pale... 1.) R'olvaces che — Lamelles blanc crème, puis abricot ; chapeau mat, sou- vent pointillé-aréolé, purpurin lilacin, à centre bai ou noi- râtre, puis ocré ou olive. . . . . R. xerampelina, Schæf. — Stipe lisse; chapeau charnu; chair dure ou ferme ; la- melles d’abord blanc crème, puis un peu jaunes. . . . 83 ee Stipe ridé ou chapeau mince, ou espèces à chair tendre OuAmbile. à Led ni da à à ee OR partie, parfois olive; lamelles larges et épaisses, devenant jaune d'œuf; stipe épais (2-4), blanc, ordinairement rosé en 83 Cipartie OU rouge anti DER tete AFRO CESSE — Chapeau moyen (5-9), olivätre ou jaune ou citrin ; lamel- les peu larges et peu épaisses, devenant crème jonquille, — Chapeau ample (10-18), ordinairement teinté de rouge en Stipe peu épais td 4)9)het blanc . . Lee CU ES [ 84: 4! Fe) \ 6 4 ( 88 | À | 90 91 oder — Chapeau rose rouge où rouge foncé, souvent taché d’o- live, de jaune, de bistre, parfois tout olive; stipe souvent rasé enspartie: Chair blanches... «KR. alutacea, Schæf. — Chapeau rouge sombre, à centre rouge noir; stipe rouge ; chair rouge sdus la cuticule . . . . . R. erythropus, Fr. ! — Chapeau olivätre, puis ocracé ou jonquille au milieu. R. olivascens, Fr. Chapeau citrin ou jaune ;.4 70 R. citrina, Quél. — Lamelles sinuées-libres ; chapeau large (6-12) et charnu ; chair parfumée. : Ant 00 — Lamelles adnées ou chapeau moins large ou mince. . 89 — Chapeau jaune orangé, puis rose incarnat ; lamelles de- ‘: venant jaune safran ; chair ferme, douce. R. Barlæ, Quél. _— Chapeau ou lamelles d’une autre couleur, . . . . . 88 — Chapeau baiou brun etolive. . . . . R. integra, Lin. — Chapeau rose rouge où sanguin . R. melliolens, Quél. — Chair élastique, lilacine sous la cuticule sépurable ; cha- peau azurin lilacin ou gris perle, nuancé de rose, de jaune. olive “puis verdoyant :. :.-, 75. R. palumbina, Quél. — Chair non lilacine sous la cuticule, ou espèces à chapeau Mautrement;coloré ou à.chair tendre-fragile.. ….. . :.: 90 — Lamelles un peu décurrentes, crème paille; chapeau large (9-12), charnu et sec, lisse, ferme, rouge sanguin ou rouge violacé, à chair rouge sous la cuticule adnée ; stipe idée tet rougei rarement blanc’... 2 R dinnæi, Fr. — Lamelles non décurrentes; chapeau moins large (5-7), mince, souvent visqueux ou strié-sillonné sur la marge ; BHÉMEPeMULE ONE MOLLe LPS ARE RENE QAR EE OA — Stipe gris cendré à la fin . . . . . Voir l’accolade 45 ER HbDe non gris al fre 6e Ve er FES 09 po — 99 Le Chapeau Zilacin où rose lilacin. ECO PRMREONRON ONOS — Chapeau gulrement coloré 000 NC REP R EOREOR — Chapeau visqueux, à la fin strié; stipe ridé ; lamelles Sinuées: Chair inodore tt TS EUR | Turei, Press 93 à — Chipezs farineux et uni; stipe lisse; lamelles adnées ; chair un peu parfumée. . . . . . R. amethystina, Quél. — Chapeau rouge ou rouge orangé, parfois jaunissant ra- pidément, at moins En-partTe MO MEPEMRENEREN "2 RUE — Chapeau autrement coloré, visqueux, avec la chair et le stipe blancs ou:blanchâätres: 2028 4m EEE non — Chapeau vite jaune ; Stipe blanc; chair motle, blanche sous la cuticule séparable; lamelles libres et serrées, de- venant souci. + - 2... .R..chamæleontina, V2 — Chapeau non décoloré, au moins au bord. . . . . . 96 — Chapeau jaunissant au centre ; stipe souvent rosé de Coté lamelles libres ue LR roseipes SC 0 © Ch non jaunissant, finement pulvérulent; stipe blanc; lamelles adnées. . . . . . !. 0 R. lateritia, Quel 97 ( — Chapeau brun fauve ou bai fauve. R. xanthophæa, Boud. (ES Chapean autrement coloré. (in. PP NERO — Stipe ridé-strié et gonflé; chapeau (5-7) uni, blanchätre, | ait verdätre ou olivâtre; lamelles larges, épaisses; 984 chair très molie. 4, . 0 2450, LEUR. mollis, Où Le Stipe lisse ou gréle ; chapeau (2-4) jaune ; lamelles étroites, réurmes-par des Velnes PMP EEE — Lamelles adnées et serrées ; chapeau uni sur la marge; odeur faibles nr. nan sen CR ut e 2; CARTES — Lamelles libres et espacées; chapeau sillonné-tubercu- leux au bord ; odeur désagréable. . . R. vitellina, Pers. — 223 — Classification et description des espèces. SECTION I. LEUCOSPORÆ, Quél. Spores blanches où blanc crème ; lamelles blanches où un | peu jaunâtres. A. LACTARIOIDES. Chapeau compact, à marge enroulée, charnue et lisse, souvent tomenteuse; lamelles inégales et simples, parfois larmoyantes ; chair ordinairement grenue, plus ou moins succulente, ssuvent noircissant avec l’âge. a. Nigricantes. Chair noircissant avec l’âge ; lamelles non larmoyantes. tRPnigricans, Bul:': . : ‘=... °°", KR. noircissante (?). Chapeau convexe, puis ombiliqué et concave (10-20), dur, un peu visqueux en naissant, tomenteux à la loupe, puis glabres- cent, rude, blanchâtre, puis gris, bistre et noir, parfois bistre olive ou brun noir. Stipe gros (2-5), égal, plein, dur, lisse, blanc, puis gris bistre, noircissant. Lamelles sinuées, larges en avant, épaisses et espacées, rigides, très fragiles, blanc crème, rougissant à la blessure, puis brunâtres. Chair dure, très grenue, cassante, succulente, blanchâtre, rougissant à l’air, enfin noircissant, insipide, puis âcre. Spore globuleuse (7-94), grenelée, ocellée. — Bois, surtout feuillés. 1 a. R. densifolia, Sec. . . . . R. à lamelles serrées (?). Chapeau convexe-plan, puis déprimé en entonnoir (7-9), un peu visqueux en naissant, ferme, doux au toucher, blanc, puis taché de gris bistre, enfin noircissant ; marge élastique, vil- leuse, blanche. Stipe peu épais (1-2), court, plein, dur, prui- "094 2 neux, blanc, enfin concolore. Lamelles adnées, uncinées-décur- rentes, étroites, peu épaisses, serrées, fragiles, blanches, se ta- chant de gris au toucher, puis blanc sale et noircissant. Chair ferme, blanche, rosée à Pair, puis grise, notrcissant, un peu odorante, douce, puis acide. Spore globuleuse (7-9u), grenelée- échinulée, ocellée. — Bois herbeux, sous les chênes. 1:b. R. adusta, Persan 4.24 UMR: brülée(0)? Chapeau convexe-plan, puis en entonnoir (8-15), glabre et blanc, puis gris fuligineux, noircissant. Stipe court et gros (3-5), plein, dur, blanc, puis concolore. Lamelles adnées-décur- rentes, peu épaisses, serrées, étroites, blanches, puis blanchätre sale, noircissant. Chair dure, cassante, non succulente, blan- che, puis gris bistre et noircissant, inodore et insipide. Spore ronde (84), grenelée-acculéolée, ocellée. — Bois, sapins. 1c. R. semicrema, Fr. . . . . . . R. moitié crème (?). Chapeau toujours blanc, ferme, lisse; marge glabre. Stipe épais (4-5), plein, dur, blanc, noircissant. Lamelles décurrentes, minces, serrées, blanches. Chair blanche dans le chapeau, noir- cissant dans le stipe. — Dans les bois, parmi les feuilles. 2. R. Duportii, Phill.. . . . : . . . «+ R. de Duport (?). Chapeau convexe-plan, puis déprimé (3-6), sec, ferme et lisse, rougeâtre ou rose, à marge bleuâtre. Stipe court et spon- gieux, finement strié, glabre et blanc. Lamelles sinuées, lar- ges, espacées et blanches. Chair roux brun à l'air; odeur d’é- crevisse. Spore ronde (94), grenelée. — Bois : Angleterre. b. Plorantes. Chair non noircissante ; lamelles larmoyantes. 3. BR. delica, Fr. SNS SE D A Rs sans laitettn Chapeau convexe, ombiliqué, puis en coupe (5-9), dur, blane, parfois tacheté de bistre ocré, finement tomenteux sur la marge blanche. Stipe peu épais (1-2), très court, plein, dur, pruineux-tomenteux et blanc. Lamelles adnées, un peu décur- rentes, étroites, serrées, blanches. Chair dure, grenue, blanche 225 — ou blanc glauque, devenant rosûâtre à l’air, douce, puis âcre, à odeur agréable de fruits ou d'orange. Spore subglebuleuse (7-8 X6-7u), grenelée, subocellée. — Bois, surtout ombragés. 3 a. R. chioroides, Kromb. . - . R. blanc verdâtre (C). Chapeau convexe-plan, puis en entonnoir (9-15), épais, dur, subtilement pubescent, puis glabre, blanc crème, puis légère- ment ocracé. Stipe épais (2-4), court, plein, dur, pruineux et blanc, puis concolore, souvent blanc verdâätre au sommet. La- melles adnées, puis décurrentes, peu serrées, blanches, à re- flet bleuâtre verdoyant. Chair ferme, grenue, blanche, pâlis- sant à l’air, douce, puis âcre ; odeur vireuse, un peu de radis. Spore subglobuleuse (9-10u), échinulée. — Bois ombragés. À. REPANDÆ. Chapeau à marge droite ou peu incurvée, parfois mince et striée-sillonnée; lamelles généralement égales, parfois fourchues ou réunies par des veines; chair non noircissante. a. Siccæ. Chapeau sec, parfois un peu humide, à cuticule pruineuse, farineuse, granuleuse, furfuracée ou floconneuse, souvent gercée- aréolée, rarement glabre et polie, avec la marge ordinairement lisse, parfois tomenteuse. *Firmæ. Chair dure ou ferme, assez épaisse ; chapeau non petit. 4. R. rubra, De Cand. AA HR Touge (Si Chapeau convexe-plan (6-9), charnu, sec, dur, fragile, poli, rouge, plus foncé au milieu, puis plus ou moins décoloré et crème ocracé par endroits, parfois gercé-aréolé, lisse sur le bord. Stipe épais, plein, dur, à peu près lisse, blanc, ordinaire- ment panaché de rose rouge. Lamelles adnées, parfois bifur- quées ou mêlées de quelques-unes plus courtes, assez larges, blanc créme, souvent bordées de rouge rosé en avant. Chair compacte et grenue, blanche, rouge sous la cuticule adnée ; 21,906 2 saveur brûlante ; odeur vireuse (buis, laudanum). Spore arron- die (8-94), finement échinulée, blanche. — Bois arénacés. 5..R. lepida F7, 47 ER SR ote t(E)e Chapeau convexe, parfois plan (5-8), charnu, très dur, sec, pruineux où farineux, d’un rouge purpurin ou rouge carminé, souvent décoloré ou crème ocracé au milieu, erevassé par le sec, uniau bord, à cuticule adnée. Stipe plein, très dur, ordinaire- ment court et égal, pruineux, lisse ou un peu ridé, blanc, sou- vent teinté de rose rouge d’un côté, surtout en bas. Lamelles sinuées-adnées, souvent fourchues, serrées, étroites, blanc crème, puis crème jaunâtre, parfois bordées en avant de rose rouge. Chaire dure, grenue, cassante, blanche, rougie par la tein- ture de tournesol, douce, puis acerbe-âcre; odeur alcaline et très forte à la cuisson. Cuticule du chapeau teignant l’eau en rose où en rose rouge, surtout à la cuisson. Spore ronde (8-9u), échinulée, blanc crème. — Bois : chênes, hèêtres. 5''a- R.1alba, OQuél:.. RS A ES RP blanche NC) Chapeau blanc de lait, parfois teinté de rose incarnat, prui- neux. Stipe farineux, blanc pur. Caractères du type. — Bois. 5 b. R. aurora, Kromb. . . . . . . . . . R. aurore (C). Chapeau convexe, puis plan, parfois déprimé (6-12), charnu, très ferme, sec, pruineux et blanc crème, puis crème ocracé, en- suite incarnat doré où pâle orangé, crème pâle au centre, bord uni. Stipe plein et ferme, subégal, ridé, blanc, rarement teinté d’incarnat pâle. Lamelles sinuées-adnées, atténuées en arrière, serrées, fourchues et blanches, devenant crème pâle, parfois den- ticulées sur l’arète et bordées en avant d’incarnat pâle. Chair très ferme, blanche, douce, puis acerbe-âcre après un instant de mastication ; odeur faible. Spore arrondie (8-9u), échinulée, blanc crème, puis pâle jaunûâtre. — Bois ombragés siliceux. ‘6.:R: Linnæi, Fr 40 Re NR de Linnée (OC): Chapeau convexe-plan, puis déprimé (8-12), épais, glabre, sec, poli, d’un rouge sanguin ou rouge rose, jamais décoloré, à bord uni : cuticule adnée. Stipe plein, ferme, Court, épais (2-3) au — 997 — milieu, ridé-réticulé, rouge sanguin, rarement blanc. Lamelles adnées-décurrentes, assez épaisses, fourchues en arrière, blan- ches, puis crème paille. Chair compacte et ferme, blanche, ino- dore et douce. Spore ellipsoïde-sphérique (8-94), blanc crème. — Bois. Quélet en fait une variété de sanguinea. 1. R. incarnata, Quél. . 5 ... + . . ,R. incarnate (C). Chapeau convexe, puis déprimé (6-9), charnu, sec, farineux, puis aréolé, blanc, teinté de rose incarnat, enfin blanchätre ou café au lait ; bord uni. Stipe plein, ferme, pruineux, blanc de neige. Lamelles adnées, larges, bifurquées, rigides et blanc crème. Chair grenue, blanche, très sapide. Spore : 9u.— Pins. 8. R. ABS Pers SR TRES D en Rr lactée. (0): Chapeau convexe-plan (6-9), épais, sec, pruineux, blanc, puis finement gercé et crème ocracé ; bord uni. Stipe ventru (2-4), plein, ferme, pruineux, blanc de neige en haut, blanc crème en bas. Lamelles libres, larges, épaisses, espacées, fourchues, blanc crème. Chair compacte, blanche, très sapide. Spore (9u) ocellée. — Dans les bois siliceux, surtout des montagnes. 9. R. virescens, Schæf. . . . . . . . R. verdoyante (C). Chapeau subglobuleux, puis convexe-plan et un peu déprimé ou en coupe (6-12), charnu, assez épais, ferme, sec, blanc de lait où blanc crème, puis vert pâle ou vert de gris; cuticule épaisse, farineuse, devenant gercée-aréolée, furfuracée, verru- queuse où granulée, avec la marge unie. Stipe plein et ferme, rigide, puis spongieux, épais (2-3), pruineux et blanc ou blanc crème. Lamelles libres ou adnées, épaisses, peu fourchues, blanc de lait, puis blanc crème. Chair ferme, blanche, très sa- pide, inodore. Spore globuleuse (9-10u), légèrement granulée ocellée, blanc de lait. — Bois ombragés et secs. 10. R. galochros, Fr. . . . . . . . R. blanc de lait (C). _ Chapeau convexe, puis déprimé (5-6), mince, blanc de lau, puis verdâtre grisonnant, moucheté de flocons blancs; bord uni ou Striolé. Stipe et chair fermes, blancs. Lamelles adnées, ser- rées, étroites, blanches. — Bois. Affine à heterophylla. 11. R. cutefracta, Cooke. . . . . . : . . R. gercée (C). Chapeau convexe-plan, puis un peu déprimé (7-10), charnu, ferme, rouge purpurin ou rose purpurin, à centre gris bistre et uni, avec le bord finement aréolé-verruqueux, granulé, laissant voir la chair entre les gerçures. Stipe ferme, assez épais, sou- vent atténué en bas, lisse, blanc ou teinté de rose. Lamelles adnées, atténuées vers le stipe, parfois décurrentes à la fin, fourchues ou réunies par des veines, blanches, palissant par la dessication. Chair ferme et blanche, rose rouge sous la cuticule, douce. Spore blanche. — Bois, prés ombragés. 12. R. mustelina, Fr. . . . . . . R. couleur belette (C). Chapeau convexe-bossu, puis déprimé (8-15), ferme et sec, chamois nankin ou jaune brun, plus foncé au centre ; bord uni, finement tomenteux. Stipe épais, plein, ridé, glabre et blanc, pâlissant. Lamelles sinuées, serrées, réunies par des veines, blanches, puis blanc crème. Chair ferme et blanche, ocracée sous la cuticule, douce. Spore ellipsoïde (8-9), un peu grenelée, ocellée, blanche. — Bois des montagnes siliceuses. 19. Rfurcata; Pers F7, LE 1 MER ourchue (9 Chapeau convexe-plan, puis un peu déprimé (7-12), charnu, ferme, humide en naissant, vite sec, finement villeux, mat, puis satiné, vert olive ou jaune olive, parfois brun olive ou brunâtre, ordinairement teinté ou lavé de jaune ou de fauve, à bord sou- vent uni. Stipe plein, ferme, épais (1 1/2-3), parfois court, dilaté au sommet, atténué en bas, légèrement strié-réticulé, blanc. Lamelles adnées ou un peu décurrentes, fourchues, peu serrées à ia fin, blanches ou blanc glauque, parfois se tachant de brun. Chair ferme, blanche, souvent jaunûâtre sous la cuticule, légère- ment acide. Spore subellipsoïde (8X6-7x), peu pointillée, ccel- lée-guttulée, blanche. — Bois ombragés. 1% R: citrina, Gil... . , . . R'rcitrine @? Chapeau convexe ou un peu déprimé (5-10), charnu, humide en naissant, lisse, jaune citrin, puis parfois ocracé pâle ou lé- gèrement verdâtre, à marge un peu ridée-tuberculeuse à la fin.” éconh — 92929 — Stipe plein, égal ou aminci en bas, ridé-strié, blanc. Lamelles atténuées vers le stipe ou un peu décurrentes, plus larges en avant, fourchues, blanches. Chair blanche, pâle sous la cuüticule un peu séparable, inodore, à peine acide. — Bois. Cette Russule paraît une variété jaune de la précédente. **Teneræ Chair fendre ou élastique, mince; chapeau parfois petit. 15. R. graminicolor, Sec. . . . . Chapeau vert pré (C). Chapeau convexe-plan, puis déprimé ou en coupe (5-9), peu charnu, humide, vert pré ou vert clair, à centre plus foncé, un peu bistré brun; marge striée-rugueuse plus claire; cuticule séparable jusqu’au milieu. Stipe ferme, puis Spongieux, égal ou atténué en bas, ridé, glabre, blanc. Lamelles adnées, atténuées vers le stipe, connées deux à deux, non fourchues en avant, blanches, puis crème, parfois tachetées de bistre à la fin. Chair tendre, fragile, blanche, inodore, douce. Spore ellipsoïde (8-10 7u), lécèrement aculéolée, crème, à reflet citrin. — Dans les bois arénacés, surtout de conifères. Ju PR azuréa, Pres. .= ..:. … .:. . .. R. azurée (C). Chapeau convexe-plan ou un peu déprimé (4-6), charnu, ténu au bord, humide, bientôt sec, lisse, puis finement granulé, bleuâtre pâle ; marge un peu striolée à la fin, parfois lilacine. Stipe plein, spongieux, puis creux, un peu épaissi à la base, glabre, ridé et blanc Lamelles atténuées-adnées, égales, bifides, blanches, puis blanc de lait. Chair blanche sous la cuticule sé- parable, sapide. Spore subglobuleuse (8-94), échinulée et blanche. — Forêts sablonneuses : conifères, hêtres 1 Rinsignis, Quél. 2. . :, ... . .,.:.R. insigne (?). Chapeau convexe, puis en coupe (3-4), mince, sillonné jusqu’au disque, grisâtre ou bistré, orné sur le bord de petits flocons sul- furins, fugaces. Stipe court, grêle, pruineux, blanchâtre, à base rouge clair. Lamelles étroites, blanc crème. Chair blanc crème, douce. — Bois feuillés. Affine à pectinata. — 230 — 18. R: serotina, “Ouen 0 MR tardive); Chapeau globuleux, puis plan, mince et petit (2-3), violet, lila- cin, bistre ou olive, sous une pruine floconneuse blanche ; marge unie, d’un bleu lilacin tendre, à fine bordure blanche. Stipe très fluet, Spongieux, pubescent, blanc. Lamelles adnées, ser- rées, blanches, se tachant de jaune. Chair tenace-élastique, blanche, poivrée. Spore ovoïde-sphérique (71), aculéolée et blanc citrin. — Dans les vieilles souches : saule, tremble. b. Viscidæ. Chapeau visqueux ou lubrifié, à cuticule glabre et lisse, souvent luisante, avec la marge souvent striée-sillonnée. * Piperatoe. Chair poivrée ou âcre. f. Amœn«. Chapeau violet, purpurin, rouge ou rose, parfois décoloré ou blanc; odeur non désagréable. 19.°R.-Violacea, Ouél. 5... 07 PT ER VivlaceenW} Chapeau convexe-plan, puis déprimé (3-5), mince, visqueux, violet, lilacin, souvent brouillé ou taché de vert, d'olive ou d’ocracé, même de blanc; marge Pientôt striée, avec une étroite bordure blanche. Stipe spongieux, puis creux-lacuneux, fragile, petit, Striolé, pruineux, blanc. Lamelles adnées, minces, serrées, blanches. Chair molle, fragile, blanche sous la cuticule sépa- rable, très poivrée; odeur de laudanum. Spore sphérique (8-9u), aculéolée. — Dans les bois humides, ombragés. 90. R. Queletii, Fr. ;:. tt". 1." Re OuéletO) Chapeau convexe-plan (3-8), charnu et ferme, puis mou, vis- queux, luisant, bistre violet obscur au milieu, parfois varié de bistre olive, décoloré à la fin, avec la marge violette ou lilacine, pruineuse, parfois un peu striée à la fin. Stipe plein, ferme, puis spongieux-mou, lisse, farineux, rose violet, puis décoloré. La- — 931 — melles atténuées-adnées, souvent fourchues, d’un blanc de cire, puis crème bistré, larmoyantes au début, se tachant par le sec de bleu azuré cendré ou d'olive clair. Chair ferme, puis molle, blanche. rouge purpurin sous la cuticule, très poivrée, à peu près inodore. Spore globuleuse (9u), échinulée, blanche. — Dans les forêts de conifères herbeuses ou moussues. DRatR-expallens, Gil. : 4%, 114, “R pâlissante [?). Chapeau et stipe comme au précédent, puis très décolorés à la fin, devenant verdâtres, olive jaunâtre ou blanchâtres, au moins en partie. Lamelles crème jaunûâtre, puis sulfurin pâle. Chair crème, rouge sous la cuticule adnée, jaune à la cuisson. Spore subsphérique (8-94), aculéolée, ocellée, blanc pâle. Autres caractères du type. — Forêts de conifères arénacées. 2 R--Sanguinea..PBul. . . . - . . . . KR. sanguine (C): Chapeau convexe, souvent bossu ou mamelonné, puis plan ou déprimé (5-9), charnu jusqu'au bord, humide-lubrifié, plus ou moins chagriné ou rugueux, rouge sanguin vif, parfois sanguin violacé obscur, plus clair sur le bord non strié. Stipe plein et ferme, puis spongieux, ordinairement rétréci en haut, rose rouge clair, rarement blanc, finement ridé-strié. Lamelles atténuées- décurrentes, serrées, étroites, rarement fourchues, souvent réu nies par des nervures, blanches, puis crème paille. Chair ferme, puis caséeuse, blanche, rouge sous la cuticule adnée, inodore, douce puis salée et âcre. Spore subglobuleuse (8-104), aculéolée, blanc crème. — Bois humides de pins. 24h. emetica, Sch&f .:. . . :.. ...". . R. émétique (V). Chapeau convexe-plan (5-10), charnu, peu visqueux, parfois ruguleux, rouge rosé, rose où blanc, rarement crème ocracé ; marge lisse, puis sillonnée et chagrinée. Stipe rigide, plein, ferme, spongieux-élastique, glabre, blanc ou teinté de rose. Lamelles adnées ou libres, égales et peu serrées, larges, blanches. Chair ferme, puis spongieuse, succulente, blanche, jaunâtre à la fin, rose rouge sous la cuticule séparable, aromatique au froisse- ment, très poivrée. Spore subglobuleuse (8x), grenelée, ocellée. — Bois humides, près des souches pourries. = 089 — 22:41 Rtallax: Frise ei trompense (M); Chapeau plus petit (4-6), mince, d’un rougeûtre sale, varié au centre de verdâtre, de jaune. Stipe et chair mous, blancs, très fragiles. Lamelles libres, espacées, blanchâtre ou blanc pâle. Avec les autres caractères du type. — Bois humides. 23. R: Clusii, Fr 0 0 0 R. de Clusius) 0): Chapeau hémisphérique, puis convexe-plan, enfin déprimé ou en coupe (5-9), charnu, ferme, visqueux, un peu ridé-rugueux, rouge sang, à disque rouge violet foncé, presque noir, prenant une teinte bleu améthyste à la cuisson ; marge mince, souvent jaunâtre au début, lisse, à peine striée à la fin. Stipe plein, ferme, puis Spongieux-caséeux, subégal, court, pruineux en haut, un peu strié-ruguleux, blanc, parfois rose au milieu; base ocracée. Lamelles sinuées-libres, atténuées vers le stipe, élargies en avant, simples, égales, assez serrées, blanc de lait, puis blanc crème ou blanc paille. Chair ferme, puis spongieuse- caséeuse, d’un blanc de lait, un peu jaunâtre à la surface du chapeau, surtout avec l’âge, rouge violacé sous la cuticule ; sa- veur douce, puis un peu piquante dans le jeune âge; odeur faible, agréable. Spore subglobuleuse (0-94), grenelée, ocellée, blanche. — Bois argilosableux : chênes, châtaigniers, sapins. Cette espèce, qu’on trouve dans jes bois des environs de Paris, est affine à la précédente et paraît identique à purpurea, Gil. 24. R.rosacea, Pér. .:. : . ! . ..::. . -R; rosacée, (VW). Chapeau convexe-plan ou à peine déprimé (4-7), plus ou moins flexueux, difforme, charnu, ferme, visqueux, lisse, puis sillonné sur le bord mince, rose rouge pâle, puis blanc par places, rarement blanc paille; cuticule adnée. Stipe ferme, spongieux, puis creux, souvent excentrique, dilaté en haut, prui- neux, blanc ou un peu rosé. Lamelies adnées. assez larges, bi- fides en arrière, blanches. Chair ferme et blanche, rose rouge sous la cuticule, très poivrée. Spore subglobuleuse (8-9u), gre- nelée, ocellée. — Bois, surtout de conifères gramineux. 24a. R. sardonia, Fr. . .. . . . . . . KR. sardoine (V). Lamelles larmoyantes au début par l'humidité, blanches, 1990 puis tachées par le sec de sulfurin doré, ainsi que le stipe et la chair blessés. Autres caractères du type. — Bois. JR fragils Pers. RUE DUT R fragile. (V). Chapeau convexe, parfois mamelonné, puis plan ou déprimé (3-5), souvent inégal, érès mince, peu visqueux, rouge rosé ou rose, puis décoloré ; marge striée et souvent chagrinée à la fin. Stipe égal, assez grêle, spongieux-mou, puis creux, très fragile, pruineux, striolé, blanc. Laämelles adnées, ventrues, ténues, serrées et blanches. Chair tendre, molle, très fragile, blanche sous la cuticule ténue et séparable, aromatique au froissement, très poivrée, douce par l’ébullition. Spore subsphérique (7-9), échinulée, ocellée. — Dans les bois variés. 25 a. R. nivea, Pers.. . . . . . . R. blanc de neige (V). Chapeau tout blanc. Autres caractères et habitat du type. 26. R. atrorubens, Quél. . . . . . . . KR. noir rouge (S). Chapeau convexe, puis plan (4-7), mince, peu visqueux, vio- let noir ou noir au milieu, à bord rouge sang, parfois entière- ment violet noir ; marge luisante par le sec, lisse, parfois cha- grinée-cannelée à la fin. Stipe plein, un peu atténué en haut, ridé, pruineux, blanc, rarement taché de rouge. Lamelles ad- nées, étroites, serrées, égales, finement floconneuses-dentelées sur l’arête, blanches, tournant au jaune de cire. Chair fragile et blanche, rouge sous la cuticule ténue et séparable, à peu près inodore, âcre-poivrée. Cuticule teignant l’eau en rose violacé. Spore ellipsoïde-sphérique (8-10), échinulée, ocellée, blanche, à léger reflet citrin. — Dans les forêts argilosableuses. ff. Inamœænæ. Chapeau jaune, citrin, paille, ocracé ou sulfurin, au moins en partie, rarement gris, bistre, fuligineux ou brun olive; odeur souvent nauséeuse. 27. R. ochroleuca, Pers. . . . . . R. blanc ocracé (S). Chapeau convexe-plan ou un peu déprimé (3-9), charnu et — 9234 — lubrifié, lisse, Jaune citrin ou paille, puis pâle blanchâtre ; marge ordinairement unie. Stipe plein, ferme, puis spongieux- mou, finement ridé-réticulé, glabre, blanc, puis légèrement cendré, parfois épaissi en bas. Lamelles sinuées ou libres, ven- trues en avant, peu serrées, larges, presque toutes égales, fra- giles, blanches, puis jaunûâtres. Chair tendre et fragile, blanche, un peu jaunâtre sous la cuticule adnée et ténue ; saveur âcre ; odeur faible et agréable de fruits. Spore ovoïde-sphérique (9-11u), aculéolée, blanche. — Forêts arénacées. 27 a: R-.Raoultii, Fr... .: 1: 13 "Ri-detRaoult {(S): Chapeau convexe-plan (4-5), peu épais, puis lubrifié, blanc, avec le disque citrin ou paille. Stipe petit, tendre, ridé-rayé, blanchätre Lamelles atténuées-adnées, minces, assez serrées, blanches. Chair un peu molle, blanche, tardivement âcre. Spore subglobuleuse (9 u), grenelée, ocellée — Sapinières, sur le grès. 28. R. flavovirens, Bom. et R.. R. jaune verdoyant (S). Chapeau convexe-plan (3-5), peu charau, visqueux, jaune sulfurin ou citrin verdoyant, parfois un peu chagriné-rugueux au bord. Stipe plein, petit, lisse, concolore. Lamelles adnées, égales ou un peu bifurquées, minces, serrées, assez étroites, concolores. Chair ferme, blane crème, inodore, écre-brülante. Spore ronde (9), grenelée, ocellée, blanche. — Pins arénacés. 29. R. fellea, Fr. +: Lit Dee R fielleuse (Ni Chapeau convexe-plan (3-6), peu charnu et ferme, visqueux, paille ocracé, plus foncé au milieu; marge mince et striée. Stipe plein, dur, Spongieux, puis creux, peu épais, égal ou rétréci en haut, glabre, blanc, puis teinté de jaune ou paille. Lamelles ad- nées, minces, serrées, élroites, un peu élargies en avant, quel- ques-unes bifurquées, blanc pâle, puis concolores, couvertes au début sur l’arête de goutteleltes limpides, à la fin souvent tache- tées de jaune. Chair ferme, blanchâtre, puis pâlissant, très poi- vrée et inodore. Spore sphérique (Ju), granulée, ocellée. — Dans les forêts sablonneuses : hêtres et sapins. 30. R. elegans, Pres. . . . . . . , . . R. élégante (S). Chapeau convexe, puis plan ou déprimé (3-5), mince, vis- — 235 — queux, rose carné clair, puis ocracé sur le bord, ponctué-cha- griné ; marge striée-tuberculeuse à la fin. Stipe plein, spongieux, puis creux-lacuneux, petit, blanc, à base épaissie et ocrée à la fin. Lamelles atténuées-adnées ou un peu arrondies, très serrées, égales, rarement fourchues, blanchâtres, puis ocre orangé. Chair blanche, puis ocracée; saveur âcre. Spore globuleuse (8-10u), échinulée, blanc pâle. — Bois de conifères. Tyrol. oh pectinata, Pul:... ... . . ....R. pectinée (S). Chapeau convexe, puis déprimé ou en coupe (5-8), charnu, rigide, visqueux, puis sec, ocracé, croûte de pain, chamois pâle au bord, fuligineux bistré au milieu; marge cannelée-chagrinée. Stipe plein, spongieux, court, striolé et blanc. Lamelles atté- nuées-adnées, puis libres, étroites, distinctes, simples et blan- ches, non larmoyantes. Chair blanche, crème ocré sous la cuti- cule adnée,; saveur poivrée et odeur nauséeuse. Spore subglobu- leuse (8-9), grenelée, ocellée. — Bois, surtout herbeux. DA MRMIŒIENS, PerSE EN ME UE LU ne 115 "KR; -fétide (S): Chapeau globuleux, puis plan ou un peu déprimé (8-15), assez mince, visqueux-glutineux en naissant, paille brunâtre ou ocre grisâtre, puis plus clair, ocracé; marge ténue, très incurvée, puis plane et cannelée, souvent chagrinée. Stipe souvent ventru, gros (2-4), spongieux, puis caverneux, fragile, à peu près lisse, blanchâtre, pàlissant, puis paille. Lamelles sinuées-adnées ou libres, inégales ou bifurquées, réunies par des nervures, cou- vertes au début de gouttelettes sur l’arête, blanchâtres ou blanc crème, puis paille. Chair fragile, humide, blanche, puis ocracée, âcre-poivrée; odeur forte sui generis, un peu d'amandes amères. Spore globuleuse (8-10u),muriquée-aculéolée. — Prés, bruyères et bois, surtout gramineux. 32 a. R. subfæœtens, Smith. . . . . . R. subfétide (S). Chapeau convexe, puis plan ou un peu déprimé (4-7), peu charnu, visqueux, dur, rigide, d’un blanc jaunûtre, puis ocracé, surtout au milieu, à bord ténu, translucide et sillonné-chagriné. Stipe subégal ou un peu aminci en bas, peu épais (8-19mm), dur, plein, à la fin creux-caverneux, à peu près lisse, blanc. — 936 — Lamelles adnées, minces, espacées, étroites, quelques-unes bifides en arrière, blanches, jaunissant en séchant. Chair cro- quante sous la dent, blanche, très poivrée; odeur faible d’a- mandes amères, développée à la dessication. Spore subsphé- rique (8u), grenelée, échinulée, ocellée. — Forêts ombragées. 33. R. livescens, Batsch. + . . . . . : . KR: livide (W). Chapeau convexe, puis déprimé (7-12), épais, peu visqueux, bistre, brun olive où cendré, parfois nuancé de roussâtre, à marge mince et lisse. Stipe ferme et plein, Spongieux, puis ca- verneux, épais, finement rayé, glabre, blanc, puis cendré, par- fois roussâtre en bas. Lamelles libres, bifurquées, épaisses, blanches, puis pâle grisâtre. Chair fragile, tendre, blanche, cendrée où bistrée sous la cuticule épaisse; douce, puis poivrée, : à odeur vireuse. Spore (10u) grenelée. — Conifères. 39 dr RaSoOrOonIar Pr AUTRES tre se LR .tsœuûur: (NE Chapeau à marge sfriée. Stipe blanc. Lamelles inégales, peu serrées réunies-veinées. Caractères duuypet Pine “Dulces. Chair douce, parfois légèrement piquante. 34. R. heterophylla, Fr. . . . . . . R. hétérophylle (C). Chapeau convexe, puis en coupe (5-8), charnu, lubrifié, lisse, gris clair, souvent teinté de lilacin, d’olivâtre, verdoyant, pâlis- sant ; Cuticule ténue et séparable au bord. Stipe plein et ferme, court, aminci en bas, glabre, finement ridé, blanc. Lamelles adnées-décurrentes, très étroites vers le stipe, minces, serrées et blanches, souvent bifides. Chair ferme, blanche, pâle rous- sûâtre à la cuisson, douce ; odeur faible, agréable. Spore oblongue, (7-8 X Gu), finement échinulée, ocellée.. — Dans Îles forêts sa- blonneuses et dans les prés moussus ombragés. 35. R. cyanoxantha, Schæf. . . . . . R. bleu jaune (C). Chapeau convexe-plan, puis creusé en coupe (6-15), épais et ferme, visqueux-glutineux, veiné-ridé, d’un rose hlacin ou pur- purin violacé au bord, ardoisé, violet sombre, bleu vialacé au milieu, puis verdissant, parfois ocracé au centre. Stipe subégal, plein, épais (1 1/2-3), allongé, élastique sous la pression des doigts, ridé et blanc, parfois teinté de lilacin. Lamelles sinuées- adnées, fourchues, assez larges, blanches. Chair ferme, tenace, lourde, humide, blanche, rose lilas ou violacée sous la cuticule, blanchätre à la cuisson, inodore, douce. Spore ellipsoïde-sphé- rique (9-10 XX 8u), grenelée. — Bois ombragés. DO UR IHaceasQuél. ne. Juin 0 R. lilacée:(C). Chapeau convexe-plan, puis déprimé (4-8), mince et lisse, visqueux, lilacin ou violacé, souvent brun lilacin au début, décoloré à la cuisson ; marge ténue, légèrement sillonnée-cha- grinée à la fin, blanchätre où plus claire. Stipe subégal, spon- gieux, cortiqué, fragile, finement ridé-strié, pr'uineux en haut, blanc, parfois rosé en bas. Lamelles sinuées-libres, ventrues, simples, parfois bifides vers le stipe, blanches, puis blanc de lait. Chair tendre, blanche, violette sous la euticule séparable, blanchâtre à la cuisson, douce ou un peu acidule ; odeur faible de pomme. Spore subsphérique (8-94), finement aculéolée, sub- ocellée. — Forêts arénacées, ombragées: chênes, châtaigniers. SOU. RAR: Carnicolor, Pres :. . . .:: . . . KR. carnée (C). Chapeau convexe-plan, puis déprimé (3-4), mince, visqueux, rose incarnat, avec le centre brunâtre, puis concolore ; marge ténue, à la fin striée-chagrinée. Stipe égal, farci-cpongieux, puis creux-lacuneux, pruineux, finement ridé, blanc, parfois un peu rosé en bas. Lamelles arrondies-sinuées, bifides, espacées et blanches. Chair blanche, douce, à odeur agréable. Spore glo- buleuse (6-84), échinulée. -- Bois sablonneux et champêtres. HEAR roSsea Schæfir. 2 ..: 1... . .... R,.rose.(C). Chapeau convexe-plan, puis déprimé (5-9), charnu, mince au bord, un peu visqueux, rose incarnat ou rose clair, puis rous- sâtre, avec le centre crème ou blanc. Stipe ferme, puis spon- gieux, tendre, fusiforme, parfois excentrique, dilaté au som- met, ridé-strié, pruineux, blanc, rarement rosé. Lamelles s1i- nuées, plus ou moins fourchues, atténuées vers le stipe, élar- 15 — 9238 — gies en avant, minces, serrées, molles, blanches. Chair ferme, puis tendre-spongieuse, blanche sous la cuticule ténue sépa- rable ; inodore, douce, puis légèrement acerbe après un instant de mastication. Spore globuleuse (7-8u), finement aculéolée, ocellée. — Dans les forêts sablonneuses, surtout ombragées. 38. R. vesca (Fr.), Pres. . . . . . . KR. alimentaire (C). Chapeau convexe, puis déprimé (6-9), charnu, ferme, vis- queux, mince au bord, finement veiné-ridé, luisant par le sec, rouge incarnat où rouge brun, plus foncé au centre, puis un peu pâlissant Stipe plein, ferme, puis spongieux, assez épais en bas (11/2-2 1/2), ridé-strié, blanc, parfois teinté en bas de rose incarnat. Lamelles adnées, égales, fourchues vers le stipe, assez épaisses, serrées et larges en avant, larmoyantes en temps humide, blanches, puis souvent tfachées de pâle. Chair ferme, caséeuse, blanche, un peu rosée sous la euticule sépa- rable au bord, douce, sapide ; odeur faible, agréable. Spore ar- rondie (8-104), un peu échinulée. — Bois et prés ombragés. 39. R. atropurpurea, Kromb.. . . R. noir purpurin (?). Chapeau convexe-plan, puis déprimé (5-9), charnu, visqueux par l'humidité, puis sec, brillant, noir purpurin ; marge unie. Stipe cylindrique, plein, ferme, blane. Lamelles entières, larges, épaisses, souvent fourchues, blanches. Chair ferme, blanche, douce. — Forêts d'Allemagne. Fries la rapproche d’emetica. 40. R. cruentata, Quél. et Schulz. . . R. saignante (?). Chapeau convexe-plan ou déprimé (4-8), mince, glutineux, ocracé au milieu, à bord rouge et strié-tuberculeux à la fin. Stipe plein, lisse, blanc jaunâtre. Lamelles atténuées-adnées, convexes en avant, flexueuses, rouges. Chair spongieuse, crème, rouge à la marge du chapeau, inodore. Spore globuleuse (6-8u), échinulée, blanche. — Dans les forêts : Slavonie. 41. R. purpurina, Quél. et Schulz. . . . . R. rosée (?). Chapeau arrondi, puis convexe-plan, parfois déprimé (4-7), charnu, lubrifié par lPhumidité, lisse, rosé, puis décoloré, jau- 23) — nûâtre où blanc pâle. Stipe plein, spongieux, rose, au moins en bas, rarement blanc. Lamelles arrondies vers le stipe, assez larges, égales, non fourchues, blanches, jaunissant à la dessica- tion. Chair fragile, blanche, souvent rose sous la cuticule sépa- rable,inodore, douce.Spore globuleuse.un peu oblongue (4-8), finement verruqueuse, blanche. — Bois : Slavonie. 22h depallens,. Pers. : : : :.:. -. . - R. décolorée (C). Chapeau convexe, puis ondulé-difforme (5-9), charnu, ferme, un peu visqueux, blanc violeté, puis très vite décoloré, grisàtre ou bistre, enfin blanchätre ou pâle; cuticule ténue et adnée ; bord à la fin striolé. Stipe plein, ferme, blanc, puis flasque et grisâtre, Surtout en bas. Lamelles adnées, serrées, fourchues, fragiles, blanc glauque, puis paille. Chair blanche, puis grise dans le stipe, succulente, douce; odeur de pomme. Spore (8-10) blanc paille. — Orée des bois, prés, bruyères. PORC vinosa; :Quél. us. + Jia. R. vineuse (C). Chapeau purpurin vineux, souvent à bord excorié et teinté de bai. Autres caractères du type. — Forêts ombragées. 43. R punctata. Gil. 240.700, . R. ponctuée (?). Chapeau convexe-plan (5-6), charnu, visqueux, rosé, plus foncé au milieu, pâlissant avec l’âge et ponctué-chagriné de rouge noirâtre ; marge mince et striée à la fin. Stipe plein, rosé, atté- nué et blanchâtre à la base. Lamelles adnées, convexes, blanc jaunâtre comme la spore, souvent rosées en avant. Chair blanche, rouge sous la caticule, inodore, douce. — Bois. 44. R. Smaragdina, Quél. . . . . . . . R. émeraude (C). Chapeau convexe-plan, puis concave (2-4), mince, visqueux, légèrement zoné, vert clair, à bord blanc. Stipe grêle, fragile, pruineux, blanc. Lamelles sinuées, étroites, serrées, blanches, puis prenant une teinte crème. Chair tendre, blanche, douce. Spore (94) grenelée, blanche. — Bois arénacés, gramineux. — 240 — SECTION II. XANTHOSPORÆ, Quél. (1). Spores jaunûtres, citrines, jaunes ou ocracées, rarement blanc crème ; lamelles jaunes ou ocracées, au moins à la fin. À. GRATÆ. Chair douce, sapide, rarement acidule, exceptionnellement styptique après un instant de mastication (. a. Compactæ. Chapeau charnu, épais ou ferme, souvent ample. 45. R. olivacea, Schæf. . . . . . . . . . KR. olivacée (C). Chapeau convexe-plan où un peu déprimé (8-12), épais, sa- tiné, puis gercé-pulvérulent, rougeâtre rosé ou ocracé, plus ou moins brouillé d'olive pâle; bord uni. Stipe ventru, ferme, spon- gieux, lisse, blanc crème, souvent lavé de rose. Lamelles adnées, larges, serrées, parfois fourchues,jaune de cire, puis sulfurines. Chair ferme, puis tendre, blanche, puis jaunissant, douce. Spore (104) aculéolée, citrine. — Forêts de sapins. 46. R. rhytipus, Sec . . . . . . Ha Rspied-ridé: (9 Chapeau convexe-plan, puis déprimé (10-18), charnu et sec, olive et brun pourpre au milieu, avec le bord jaunâtre et un peu strié à la fin. Stipe plein, épais, ridé-réticulé, rose gri- sâtre. Lamelles adnées, larges, fourchues en arrière, minces, serrées, fragiles, blanches, bordées de jaune et pointillées de jaune brun. Chair jaune, blanchâtre vers les lamelles, fétide. Paraît olivacea vieillie (Quélet). — Chênes. (1) Les R. melliolens, substyplica, fusca, citrina (Quél.), puellaris, le- prosa, à spores d’un blanc à peine püâle, sont maintenues dans cette sec- tion en raison de leurs affinités. (2) Les R. integra, melliolens et substyptica sont pius ou moins séyp- tiques après un instant de mastication. — 21 — 47. R. xerampelina, Schæf. . . . R. feuille de vigne (C). Chapeau convexe-plan ou un peu déprimé (6-12), charnu et ferme, un peu visqueux, puis sec et mat, finement porintillé- aréolé par le sec, purpurin ou lilacin, avec le centre bar ou noirâtre, puis ocracé ou olivâtre. Stipe ferme, spongieux, glabre, lisse, blanc ou incarnat rosé, épaissi en bas. Lamelles adnées, fourchues, épaisses, assez larges, blanc crème, enfin abricot. Chair compacte et blanche, devenant crème ocracé, sapide, odorante. Spore subsphérique (8-104), échinulée, ocellée, jaune. — Bois frais et sablonneux, surtout de conifères. 47 a. R. purpurata, Bres. . . . . . . . R. pourprée (C). Chapeau large, purpurin lilacin, ainsi que le stipe. Chair jaunissant. Spore ronde (9-10u), échinulée, jaune. — Conifères. HD R= Aalutacea;-Pers. . … . .'-.". . . . R. alutacée (C). Chapeau convexe, puis plan ou déprimé (10-18), charnu et rigide, peu visqueux, bientôt sec, purpurin ou rouge sanguin sur l’adulte, taché d'olive, de vert ou de bistre, parfois entière- ment olivâtre, avec la marge mince, à la fin striée-tubercu- leuse. Stipe épais, plein, ferme, lisse et blanc, ordinairement rosé en haut ou de côté, parfois jaunâtre à la base. Lamelles d’abord libres, égales, épaisses et larges, peu serrées, crème, puis jaune d'œuf. Chair ferme, molle avec l’âge, blanche sous la cuticule, inodore, douce, à saveur de noisette. Spore sphé- rique (9-10p), aculéolée, ocellée. — Bois. 47 c. R. erythropus, Fr. . . . . . . . R. pied rouge ,C). Chapeau rouge sombre, à centre rouge noir. Stipe concolore. Lamelles libres, arrondies vers le stipe. Chair rouge sous la cuticule. Autres caractères du type. — Pins humides. 41 d. R. olivascens, Fr. . . . . . . . . KR. olivâtre (C). Chapeau campanulé, puis plan (6-10), peu épais, rigide, oli- vâtre, puis ocracé où jonquille au milieu, uni au bord. Stipe plein, ferme, lisse et blanc. Lamelles atténuées-libres, serrées, rarement fourchues, blanc crème, puis jonquille. Chaire dure, blanche, sapide. Spore (8-9u) jaunûâtre. — Bois sableux. — 242 — 41.6.:R,0itrina, Qué 7 1 NU Se hcitrine (0); Chapeau campanulé, puis plan (4-9), charnu et rigide, vis- queux, citrin ou jaune, parfois taché ou nuancé d'olive, uni. Stipe ferme, puis spongieux, subégal, lisse, blanc. Lamelles atténuées-libres, assez épaisses, blanc crème, puis pâle jau- nâtre. Chair ferme et blanche, douce, imodore. Spore sphérique (7-94), granulée, d’un blanc à peine pâle. — Bois arénacés. 47 f. R. violeipes, Quél. . . . . . . . R. pied violet (C). Stipe blanc ou blanc citrin, puis teinté de lilacin. Caractères et habitat de citrina, dont il n’est qu'une forme. Ces deux der- nières variétés affinent plutôt à amœæna. 48. R. amœns, Quél. à. LL 1 Rrramène (0). Chapeau convexe, puis déprimé (4-8), peu charnu et ferme, pulvérulent et violet lilacin, souvent nuancé d’olivâtre, avec la marge unie, améthyste ou azurée. Stipe plein et ferme, dilaté au sommet, farineuæx, rose lilacin où violacé, parfois décoloré à la fin par endroits. Lamelles adnées et serrées, souvent fourchues et rameuses, blanc crème, parfois bordées de violacé en avant. Spore subglobuleuse (9-104), granulée, jaunâtre. — Bois sablon- neux ou arides, surtout de conifères. 49. R. palumbina, Quél. . . . . R. gorge de pigeon (C). Chapeau convexe-plan, puis déprimé (6 7), un peu visqueux, lisse, gris lilacin ou gris perle azuré, nuancé de rose, de jaune ou d'olive, puis verdoyant; bord uni ou un peu sillonné à la fin. Stipe plein, ferme, ridé-strié et blanc. Lamelles adnées, parfois en partie fourchues, larges en avant, blanc crème, prenant une teinte chair d’abricot. Chair ferme, élastique, molle à la fin, blanche, lilacine ou gris lilas sousla cuticule ténue et séparable, douce et inodore. Spore subellipsoïde (7-8X6u4), échinulée, crème citrin. — Bois secs, sapins. è 50:R: -ntegra; Ouél: 0 4. R.centierenins Chapeau convexe-plan (8-12), charnu, visqueux, bai où brun et olive, puis décoloré; marge devenant sillonnée-chagrinée. Stipe épais, dilaté en haut, souvent ventru, spongieux, puis ose mou, fragile, ridé-strié et blanc. Lamelles libres, larges, réunies par des veines, blanc de lait, puis farineuses et crème ocré. Chair ferme, puis tendre, blanche, douce, un peu acerbe après un instant de mastication ; odeur agréable, rappelant celle du miel. Spore ellipsoïde-globuleuse (9-10 X 8u), aculéolée, crème, un peu ocracée. — Forêts ombragées de la plaine. 50 a. R. melliolens Quél. . . . KR. à odeur de miel (C). Chapeau rouge sanguin, puis taché parfois d’ocre oud’olivâtre. Lamelles fragiles, blanc crème, souvent blanches, puis tachées d’ocre vers l’arête. Chair crème, douce ; odeur de pain d'épice, de miel, d’orchis, surtout d'Herminium monorchis. Spore sphé- rique (10u), aculéolée, blanc crème ou légèrement ocracée. Autres caractères du type — Bois argilocalcaires. 50 b. R. substyptica, Pers. . . . . . . R. styptique (C). Chapeau convexe-plar ou un peu déprimé (8-13), charnu, vis- queux, d’abord ferme et jaunûâtre, tournant au rose purpurin, plus ou moins foncé, puis mou, décoloré et jaunissant ; marge à la fin sillonnée-chagrinée. Stipe épais (1 1/2-3), dilaté au som- met, ferme, puis spongieux-mou, ridé-strié et blanc, se tachant d'ocracé au toucher, jaunissant avec l’âge. Lamelles sinuées-li- bres, égales, larges, peu serrées sur l’adulte, réunies à la base par des veines, fragiles, infléchies à la fin, blanc crème, puis crème ocré, tachées d’ocracé au toucher. Chair ferme, puis molle, blanche, puis jaune ocracé sous la cuticule séparable, douce, puis styptique, très parfumée. Spore ovoïde-sphérique (8-l1u), grenelée, blanc crème. — Forèts. CRM TUSCa Quels Aie ER; brune'(C). Chapeau-convexe, puis déprimé en coupe (6-8), charnu, vis- queux, brun ocracé, tacheté, plus foncé au centre; marge briè- vement sillonnée avec l’âge. Stipe plein, rigide, glabre, puis finement ridé, blanc de lait. Lamelles sinuées, uncinées, bifur- quées, veinées à la base, blanc de lait, puis crème ocre où jaune de cire. Chair ferme, blanc crème, douce, parfumée. Spore el- hHipsoïde (9u), blanc crème. — Conifères: montagnes. MR Barlæ, Quel... 5-,r, : : 7. KR. de Barla (OC): Chapeau convexe-plan, puis en coupe (6-9), compact, un peu — 924% — visqueux, jaune abricot ou nankin clair, teinté d’orangé, pas- sant au rose incarnat, souvent gercé, à bord lisse. Stipe dur, spongieux, ridé-striolé, pruineux et soyeux, blanc crème, puis rayé-bistré. Lamelles sinuées-libres, crème, puis jaune safrané, à reflet rosé incarnat. Chair ferme, blanche sous la cuticule sé- parable ; odeur de mélilot, de mousse de Corse (Barla). Spore (9u ' grenelée, crème jaune. — Bois : région subalpine- 52. R. decolorans Fr. . . . . . . . R. décolorante (C). Chapeau convexe-plan ou un peu déprimé (5-10), charnu et visqueux, orangé ou nacarat, passant vite au jaune d'œuf, à marge mince, un peu striée à la fin. Stipe ferme, puis spon- gieux, égal ou ventru, assez épais, ridé et blanc, puis mou et gris. Lamelles sinuées-adnées ou libres, souvent géminées, minces, fragiles, blanc crème, puis crème jonquille. Chair d’a- bord ferme, blanc crème, succulente, bientôt tendre et grise, marbrée de gris noir, douce, puis légèrement acerbe, inodore Spore globuleuse (7-94), aculéolée, ocellée, crème jonquille. — Bois humides, tourbeux, surtout de conifères montagneux. b. Tenuiores. Chapeau mince, ordinairement petit ; chair tendre ou molle. *Pallidæ Chapeau blanchâtre, paille, citrin, jaune ou olivâtre, parfois bistré, cendré ou brun ocracé. 93. R. xantophæa, Boud. . . . . . . . R. jaune brun (?). Chapeau convexe, puis déprimé au centre (4-5), brun fauve ou bai fauve, avec la marge ocracé fauve et striée-sillonnée, chagrinée. Stipe subégal, farci, puis creux, striolé, blanchäâtre. Lamelles adnées, non décurrentes, larges, réunies par des veines, ocracées. Chair blanchàtre, à peine acide ; odeur nau- séeuse faible de pectinata. Spore ovoïde (10-13 X 8-10u), fine- ment verruqueuse, ocracée. — Forêts argilosableuses. 54.-R. ravida, Fr, . 0. ne +0 R °8ris jaune (f) Chapeau convexe-plar ou déprimé (3-7), peu épais, ondulé, RE nd — 245 — souvent lobé, visqueux, mou, bistré, olivâtre ou cendré, avec le centre bistre où noir, puis fuligineux ou ocracé; marge lisse. Stipe assez long, tendre, spongieux, pruimeux, finement strié, blanc ou paille. Lamelles libres, minces et serrées, assez larges, crème jonquille. Chair molle et gris bleuâtre, douce, inodore. — Bois ombragés et gramineux, conifères. SAR molliss Ouél. .. :. . . . . . . : . R: molle (C). ee Chapeau convexe-plan (5-7), mince, mou, visqueux, blan- châtre, paille, verdätre ou olivâtre, à bord uni. Stipe spongieux, mou, gonflé, strié-ridé, pruineux, blanc. Lamelles bifurquées, larges, épaisses, molles, blanc de lait, puis crème jonquille. Chair molle, blanche sous la cuticule ténue et séparable, fai- blement odorante, douce, à peine acide. Spore ellipsoïde-sphé- rique 8-94), aculéolée, citrine. — Bois ombragés arénacés. AR AlUtea; AUS re RE CON UR; jaune(C). Chapeau convexe, puis excavé (2-5), très mince, visqueux, ri- gide, mat, jonquaille citrin, avec le milieu jaune d'œuf ; marge unie, parfois un peu striée à la fin. Stipe dilaté au sommet, court, Spongieux, puis Caverneux, dur extérieurement, fragile, lisse et blanc. Lamelles atténuées-adnées, minces, assez serrées, réunies par des veines, crème, puis jonquille doré où jaune brillant. Chair tendre, très fragile, croquante, blanche sous la cuticule ténue et séparable, inodore, douce Spore ellipsoïde (9X 7-8), aculéolée, jonquille. — Forêts. 06 a. R. vitellina, Pers. , . . . . . R. jaune d'œuf (C). Chapeau strié-tuberculeux, d’un jaune d'œuf. Lamelles libres, espacées, crème incarnat, puis safranées. Odeur désagréable. Autres caractères du type. — Conifères : montagnes. ‘Purpuratæ. Chapeau violacé, lilacin, purpurin, rouge ou incarnat orangé, au moins à la naissance du champignon. 57. R. chamæleontina, Fr. . . . . . . R. caméléon (Ci. Chapeau convexe-plan ou un peu déprimé (3-4), mince et vis- D queux, rouge orangé clair, passant très vite au jonqguaille ; marge ténue, lisse, un peu striolée à la fin. Stipe cylindrique, grêle, tendre, spongieux, puis creux, fragile, striolé, pruineux, blanc Lamelles sinuées-libres, parfois uncinées, simples ou bifurquées vers le stipe, minces, serrées, larges en avant, crème, puis souci. Chair molle, fragile, blanche sous la cuticule ténue et séparable, douce; odeur aromatique par le froissement. Spore globuleuse (7-8u). à pointes serrées et courtes, crème ocré. — Dans les bois de toutes essences. 58. R -puellaris Fr: 2: RER misnonme() Chapeau convexe, puis plan où un peu déprimé (2-4), très mince, lubrifié-visqueux, purpurin grisâtre, bistré au centre, puis jauñnissant ou olive pâle ; marge translucide, striée-chagri- née à la fin. Stipe assez grêle, tendre et spongieux, puis creux, fragile, ruguleux, blanc, puis taché ou teinté de jaune en bas. Lamelles atténuées-adnées, minces, serrées, blanches, puis paille, tachées de jaune. Chair tendre, d’un blanc hyalin, puis pâle ocré, au moins à la base du stipe, inodore, donce, puis légèrement acide. Spore subglobuleuse (8 X 64), échinulée, blanc citrin. — Dans les bois humides, feuillés ou aiguillés. 58.1 a. R'leprosa, Pres NE AR "lépreusett)" Chapeau rouge, à centre brun, parsemé de flocons blancs et fagaces. Stipe jJaunûâtre paille, couvert au début de jibrilles blanches. Lamelles libres, arrondies vers le stipe. Chair ocrée. Autres caractères du type. — Lieux herbeux, sous les aunes. 59 R. roseipes, Sec. . . . . . . . . . R. pied rosé (C). Chapeau convexe-plan, puis déprimé (3-6), mince, peu vis- queux, bientôt sec, incarnat orangé ou rouge orangé clair, pà- lissant et jaune au milieu; marge brièvement striée et un peu chagrinée à la fin. Stipe subégal et assez grèle, farei-spongieux, puis creux-lacuneux, pruineux, blanc, ordinairement taché ou chiné de rose d’un côté, surtout au soleil. Lamelles Libres, arron- dies vers le stipe, souvent fourchues en arrière, ténues, crème pâle, puis jaune abricot, souvent avec une bordure rose. Chair tendre, blanche, puis crème, rose sous la cuticule, douce, sa- DNS TEE pide, légèrement parfumée. Spore subglobuleuse (8-9u), fine- ment échinulée, jonquille clair. — Bois sablonneux: chênes, hêtres, châtaigniers, pins sylvestres. EUR ateritia: Quéls. .:. -: : . ...:"R. briquetée (C). Chapeau convexe, puis concave (3-5), mince, purpurin bri- queté où brique orangé, finement pulvérulent ; marge cannelée. Stipe grêle, dilaté au sommet, ridé, pruineux, blanc Lamelles adnées et ténues, fragiles, ocracées, puis dorées. Chair tendre, blanc crème, rosée sous la cuticule, douce, sapide et inodore. Spore ellipsoïde-sphérique (8-10u), finement aculéolée et ocel- lée, crème citrin. — Forêts arides, surtout de conifères. 61. R. amethystina, Quél. . . . . . . R. améthyste (C). Chapeau convexe-plan, puis un peu excavé (4-5), peu charnu, farineux et rose lilacin, puis parfois taché de jaune paille ou olivâtre; bord uni. Stipe ferme, aminei en bas, pruineux, blanc. Lamelles adnées, jonquille, puis primevère. Chair tendre, blanche, douce et parfumée. Spore subellipsoïde (8-9u), fine- ment aculéolée, ocellée, jaune. — Bois arénacés, conifères. CR TURC Pres. EN 0. ne Liu et R. de-Tureo:{(C). Chapeau convexe, puis plan ou déprimé (3-5), mince, vis- queux, incarnat violacé ou purpurin lilacin, obscur au centre, pâlissant à la fin, finement aréolé sur l'adulte, à marge ténue et striée avec l’âge. Stipe atténué en haut, plein, puis creux- lacuneux, fragile, ruguleux et blanc. Lamelles libres, arrondies vers le stipe, égales, assez serrées, réunies par des veines, jaunâtres, puis ocracées. Chair blanchâtre, inodore, douce. Spore ronde (8-9u), échinulée, ocracée. — Conifères. | B. INGRATÆ. Chair plus ou moins écre Gu poivrée. 63. R. drimeia. Cooke, 8 ur nn R àcre'(?). Chapeau convexe, puis déprimé (5-10), charnu et ferme, à peine visqueux, purpurin ; marge incurvée lisse Stipe plein et Oise ferme, égal, cylindrique, concolore. Lamelles atténuées, adnées, assez serrées, fourchues, jaune sulfurin. Chair poivrée. Spore Jaune ocre. — Mélèzes : Angleterre. Affine à expallens. 64: Rinitida, Pers. 42 4, 2,2% R'#brillante (5): Chapeau convexe-plan, puis déprimé (3-61, mince, visqueux, rigide, d’uri pourpre foncé ou pourpre brun, brillant par le sec, tournant au rougeâtre pâle, à marge sillonnée-chagrinée. Stipe sSpongieux, rigide, finement ridé, pruineux, blanc. Lamelles ad- nées, minces, serrées, égales, blanc crème, puis jaune safrané. Chair tendre et fragile, blanche, douce, puis poivrée ; odeur vi- reuse. Spore ellipsoïde-sphérique (8-10u), échinulée, ocellée, Jonquille. — Dans les bois de chènes et de hêtres. 64 a. R. purpurea, Schæf. . . . . . . R. purpurine (S). Chapeau lisse, bai violet, teinté de purpurin ou d'olive. Stipe orêle, pruineux et blanc, parfois rosé en bas. Lamelles jaunes, puis safranées. Chair tendre, douce, puis un peu éâcre. Autres caractères du type. — Bois de conifères: montagnes. 65. R: badia: Ouél ee MR Re ED ARE ete). Chapeau convexe-plan, puis un peu concave (6-8), charnu, visqueux, bai foncé, légèrement purpuracé, parfois pâlissant au centre, à bord uni ou un peu rugueux-chagriné. Stipe spongieux, assez ferme, fragile, souvent dilaté en haut, finement ridé. blanc, parfois rosé en bas. Lamelles sinuées-libres, minces et serrées, égales, souvent fourchues en arrière, jaunes, puis jaune ocracé. Chair élastique puis molle, blanche, violette sous la cuticule séparable au bord, douce, puis très poivrée ; odeur douce, agréable. Spore globuleuse (10-114), aculéolée, ocellée, jaune. — Dans les bois de conifères des montagnes. 66. R. nauseosa, Pers. . . . . . . . . R. nauséeuse (S). Chapeau convexe, parfois bossu, puis en coupe (3-5), mince, tendre, visqueux, rose purpurin grisâtre, souvent varié de bistre ou d'olive, puis blanchâtre ou paille au milieu; marge ténue et sillonnée-chagrinée. Stipe spongieux, tendre, fragile, ridé, glabre, blanc, à la fin tournant au grisâtre. Lamelles adnées, égales, — 249 — ventrues, peu serrées, fragiles, crème citrin, puis jaune nan- kin. Chair molle, fragile, blanche sous la cuticule séparable, douce, puis un peu âcre; odeur vireuse. Spore subgelobuleuse (8-10u\, grenelée-échinulée, jaune. — Conifères. 67. R. rubicunda, Quél. . . . . . . . R. rubiconde (S). Chapeau convexe-plan (6-9), peu charnu et visqueux, rouge vif, rouge sanguin où coquelicot, plus clair au bord et parfois au centre, lisse ou un peu chagriné. Stipe rigide, spongieux, puis creux, fragile, soyeux, finement ridé-réticulé, blanc pur, puis taché de jaune par le froissement Lamelles adnées et fourchues, parfois anastomosées-veinées, larges en avant, fragiles, blanches, puis crème jonquille. Chair tendre et légère, blanche, un peu rouge sous la cuticule ténue et séparable au bord, douce, puis âcre poivrée; odeur vireuse de pomme trop müre; cuticule colorant très vite l’eau en rose. Spore globuleuse (8u), grene- lée, ocellée, jaunâtre. — Bois argilosableux. 68. R. veternosa, Fr. . . . . . . . R. languissante (S). Chapeau convexe, puis plan ou déprimé (5-8), peu charnu, visqueux, lisse, rosé ou rose clair, parfois incarnat, rapidement pâli et crème jonquille au milieu; marge unie et très mince. Stipe tendre, spongieux, puis creux, lisse, fragile, d’un blanc d'ivoire. bLamelles ‘adnées, atténuées en. arrière, simples, blanches, puis jaune clair. Chair molle, fragile, blanche sous la cuticule adnée, âcre,vireuse. Spore subglobuleuse (10-11 X 8-10u), aculéolée, citrine. — Bois herbeux, bruyères. 69. R. maculata, Quél. 11H40 Remaculée (0). Chapeau convexe-plan (5-9), épais, dur, visqueux, rouge in- carnat, pâle ou orangé, puis décoloré-jaunissant, parfois blan- chissant, Surtout au centre, avec de petites taches roux purpu- rin ou brunes; marge unie. Stipe plein, dur, poli, strié-réticulé et blanc, rarement rosé, enfin taché de roux ou de bistre. La- melles atténuées-adnées, bifurquées, rameuses, crème jaune, puis jaune abricot, jaune aurore. Chair dure, puis spongieuse, fragile, blanche, douce, puis très poivrée, exhalant au froisse- ment une odeur de rose ou de pomme. Spore subglobuleuse (9-11 u), échinulée, citrine. — Bois secs, rocailleux. 70. R. aurata, With. . SES AMEN EDR . R. dorée (C). Chapeau convexe-plan ou déprimé (5-8), charnu, mince au bord, rigide, visqueux par l'humidité, rouge orangé ou rouge fauve doré, pâlissant, lisse ; marge citrine, rarement un peu cannelée. Stipe égal o épaissi en bas, ferme, spongieux, fra- gile, à peine striolé, blanc, ordinairement lavé de citrin à la base. Lamelles sinuées-libres, égales, parfois bifurquées en ar- rière, souvent réunies par des veines, peu serrées, larges en avant, blanc crème, puis crème pâle, à bordure jaune citrin. Chair ferme, très fragile, blanche, jaune citrin sous la cuticule adnée au milieu, inodore, douce, puis un peu écre. Spore sphé- rique (8-104), échinulée, ocellée, pale. — Forêts. 11) Rochracea, Are SN ur ocracéelS): Chapeau convexe, puis plan ou en coupe (4 7), mince, mou, un peu visqueux, nankin ou fauve ocracé, puis plus foncé au centre; marge sillonnée. Stipe égal où épaissi en bas, ferme, puis ten- dre, spongieux, lisse, puis strié, blanc en haut, teinté d’ocracé en bas. Lamelles adnées, à peine sinuées, horizontales, égales, simples, serrées, larges en avant et blanc crème, puis ocrées en séchant. Chair tendre, puis molle, blanche, un peu ocracée sous la cuticule adnée, douce, puis âcre. Spore roude (9-10 +4.), grenelée, ocellée, pâle. — Bois arénacés, pins. 12. R: adulterina Fr 5.0. R. adultérine (?). Chapeau difforme, blanc ou jaunûâtre sale, à marge lisse. La- melles blanches, puis ocracées. Chair fragile, blanche, douce, puis tardivement âcre. Présente les caractères spécifiques d’in- tezra, dont Fries en fait une variété. — Bois de pins. Liste alphabétique des espèces et variétés. NOMS ADOPTÉS ALTCMALUS .: “ire. aspideus auranti:icus azonites. blennius.. ,::.. camphoralus.. . capsicoïides ...... connalus ....,,.. chrysorrheus .... BiiCioides : :2.... GINHICATIUS. sie À circellatus..…. CaADSICUM 2 2.4 controversus. :... Crampylus.. . +. CLOIROT. 254. » à GA CHDUIATIS,. . ste déCIPIENS. à re dElICIOSNS 2%... fASCINANS. 2-0 flammeolus ...... HIALIAUS 4, Us, flexuosus fluens glyciosmus helvus ne Hlonelt, ne. 4. HVSSAUS 2 Le de choratus...:.. HNPOHEUS....2, ANSUISUS. Qu. HECORUITUS Si le ss... CCC ee GENRE Lactarius. AUTEURS Id. Flore danoise.... Pulhardrs, 0 Bullard:.:. 0. RES bre, Bresadola & Schulzer .. Pres Sete Id. Batsch. ÉFIES RE OR 73 Id. PURE Ur Oueletrr re Fries . Id. _... senti € ele; © 0e 4 + + + 0 + + te 8e se RÉFÉRENCES AUX AUTEURS SE NON EUnNT sr PROS L'MODONEEZ NT ES nn L'S67 L°9: C-559 C9%... Hym. Eur. : t. 567, f. 1. Hym. Eve. Hediw. (1885, : El. Fung.: Hym. Eur. DD ar, ss p.229 4,52. p'138 re, Drames p. 422... F6 SD ADO ESS ENS Mscr. ex Kalchbr., in Lie... DITES MD done Re ce HUM MEUr El "myc: (1885) : FI. Suec.: n Hum Eur: PL: nov :"p. S.myc.(1887) : p 143 ; 1. 13,f.1. HR EUR. p. 423... ele eagle ot ee Lee Te D: o01 As or. ta D SR ENS ADI AE Ge DAT TN ae De nent ets DATE S.-Mmyc: (1889).:p.49, pl:2-, Him. : p.484; Ic.:t 170, f.3. Hym. Eur, : Tab anal. : DINASD ae DD en x , Hym.: p.426 ; t. 169, F. 2... ET. Fung.: Hym. Eur.: LODEL A Te Dr 24991... D 424, 2 | p: 499.,:.. . Pages. 189 200 186 191 109 190 204 201 200 202 185 20% 193 201 186 187 19% tO1 198 188 187 902 189 198 190 196 196 195 193 204 197 199 A91 D a NOMS ADOPTÉS AUTEURS laichiqus Eee SCHENEAIEEEE lainelliporus 00 Banane te lotenipes PAC Desmazières..... ‘ HÉAAVOEUSE 6 ne Fries. PME HACINUS ETES LASChe SE PRE DURLAUSE EAN Persoon wi. à malodorus MP Poudier three mammosus ....,. Fresh er se milissimus.,..., Id MUSTEUS ENS. Id. obliquuse era Id. OPHUDINS A PRE TEE LASChe CURE palidus Er Persoonse See pergamenus..... Priest Re DICINUS 500 ie Id. piperatus.-414"0. SCADONP Rene prœgnanthssimus. ? Vaillant: pubéscens + -rSchraderss #0 DMFOSAIUS ETES BulaTs er quels... Friés nee FESTMUS. Here [d. roseozonalus Id. rubescens ....... Bresadola...,..., rubrocinctus..... Priest Peu 2 DUÉUS MS ere SCOPONELE ET sanguifluus...... Pauleta scrobiculatus . S'CODONE- TEE SERLLUUS: 05 De Candolle...... spinosulus ..... DOuélet sn SUBAUICIS. VS PerSOOn- eu LADITUS ONE Énest eue Fe theiogalus. .:-.. Bulliardt,"" tithymalinus, .... SCOPON IEEE torminosus .,..... Schœæfter. 21... HRINTANS Een Eesti LABDIS NEA Weinmann ....., HIMDNINUS. 22000. Paulet eus UVITUS SR CE LAEES TES Eee vellereus .....,... ÉRIeS Re Mrs velutinus ,...... Bernloneene use VICTUS Re Rrles te ce pause RÉFÉRENCES AUX AUTEURS ICONE LADA AURAS Champ. Nice, p.35, t.19, F.6-9 Cat. Omis : p. 21.. ue Hs p.434; Ic.:t. A7. 22; Linn. VIE, n° 78 Syn.: S. myc. (1900) Hym.:p.43%; Ie.: Hym. Eur.: p. 437.. + p. : p. 195, pl. 8. t 170,f.2 Linn : Syn.: Eye Eur ep SUIC: ip: M2 RP É4029, PTS UE ARE HUM. EUR. D TASER Hym.:p 422; Ic.:t.169,f 1. p.427 ; Ic.: t. 109, f.3. Fung. Trid.: p.84, t 9% Hym Eur. p.435), 0 Carr AMCNp Ar Er Chanip/ At 8 SE DEEE te Corn EL D 450 Eee EL TREND AE RE Re Fl.myc.:p.36%; Soc. sc.nat. Rouen (1879) : n°48, t.3, £. 10. Syn. : EU CEE ND, ADO MADMREN Carn LL: p. 452 Icon: ED ER TER Hym. Eur. SyL.TE: Champ. : Hym. Eur. : p. 426..., See eu 7 se + 8 » + 0 9 0e 1e Dict. encycl. de Dechambre. Hym.:p. 432;1c; 1.140,41" Pages. NOMS ADOPTÉS 0... alutacea .. amethystina...... LITNE STE PRE INE atropürpurea ... atrorubens:...... UT A AE ne Lire et Là 0%... carnicolor chamæleontina .. chloroides....... CULTURE sion SL citrina . Clusii 20 ee. + 0 + 80eeee 0 ee + cyanoxantha ..... decolorans.,,.. ie densifolia....... depallens........ driMeEla ue Dubortis.à elégans.x$... 4" 9 = © © 0 © © »« © Ho — AUTEURS RÉFÉRENCES AUX AUTEURS Barlasie.J@ue. Tab. Champ. : t. 4,f. 24... Paulette Champ AO). FO SL, Et SERrATEr Es, DDC -De LT ee re Bulardi.e s CNE: DAME te ce aus GENRE Russula. Reese... La Hume: Eur. Epia0l ers. : Persoon.ssiltr.. Obsamye le p.50 ,62 , OQuélebe.satt. ss FT: imuycsipr 200: Personal sh Os.;mycr lé nodO ion Quéletysn 25... de As fr. MASÔN):t..20, PAS Id. Et. myc: p. 344 ;. As. fr (1880) 08, F:40.2.% sui, Krombholtz...,.., SCRUNEAMTOAI EN 5E0:, à. Quélétinr is en AS:fr. (4897) :6:96, f419%7 Withering....... AIDANT A nel ddr aa Krombholz....... SChW:: TO T.: 4-7... et Bresaädola:.-.....:. Fung.: Trid., 1 : p. 20, t. 24. Quélet ...... sn Pt myer p.139) ;- Asfr. (1880) ALTS, D Id. Fl.-mycr:Mp. 340 ;: As: fr. (1888) AUD, L,190.,.emax Bresadola..,..... Fung: Trid, Il: p. 23, t. 198. Friessiant Es. 2 Hyie.. Eur) p.455, 444: Krombholz....... Schw.: VIIT, p.7, t.56, f. 8-9. Quelet..;.:4,..., FL: MUCRE ps 249. etre Gaulle ses 4. Tabl'anal. ps AT ne. ne FrieS een. Hyn.sE ur: p.449: 400 Quélet et Schulzer Hedw. (1885) : D. 40,58 Cooke As Illustr. Syst.ind.: VIE, p. 4. Schæffer :4..2..,.: Acon: SANS DE LLC HER Priest une Hym: Eur. : p. 451 ....... Id. — — p.440 0. Secretan Myc. suisse : I, n° 481..... Persoon:#k."... SUR. pr 440.. 5.0. anal Gone aient LA Grevilei Xp. A0 are PhNiDS ANT in Cooke, IlL.: p. 5, t. 1042. Bresadola......., Fung. Trid.: 1, p.21, t. 55. SCDEPENMEESS D, Icon. 51-15, f 4-6, 5 Ernest di Hym. Eur : p. 455, n° 42., 15a Pages. 188 201 190 192 — 251 — ‘: NOMS ADOPTÉS AUTEURS ‘empallens,.-s,4r: Gillet mere. fallan ess ÉPIes EPP Le felleas ss: sr. es Id. ‘flavovirens ...... Bommer et Rousseau. . fœtens a none Persoon ein. fragilis.\. 5... Id. fUTCALA AE AE Te fUSCA ER Re Quélet ea cree SaloChroa PE Hriesk un, ©. ‘eraminicolor., -MiSecretan, 0... heterophylla..... Éries ie. Mani InCarnala ss ner Quéleliss 1, inSIgnis LA E Id. intfesrai, CevHe, Linnéeté#ii…. Fe factean 22 Nu Person ue lateritiane et He 'Quélétis on" . fépida ri Do Friés sos si leprosa 10e. Bresadola........ hlaceas. rer MiOueéletce as. ‘ Éinnæi tie. Fries se US. livescens........ BAISCRMME ER team ed eo Hudson nu Maculatd el Quéleti. in. melliolens .…. Id MOIS. ete Id mustelina ......, FIRIES 5,19 et ui NAUSEOSA ......,. Persoon 41 ..4. MHNICTICANS 2... + Dulltard, Me) DItIld Ne CER Persoon #2... DOTE do CPE 00 0 0 : Id. OChracea- tn. Le Albertini et Schweinitz. ochroleuca .. ,.. Persoon...,.,.... OliVaced ec SChetter eee olivascens 1. #40 Aries ion, 0, DalumbINA ee A PADNÉlL ARRETE AS pectinata rer Bultard enr e RÉFÉRENCES AUX AUTEURS Pages. Tab. anal. : p. 49. ......., Ye EUR END AIMER Hym p- AE Et AS e0) Lambotte : Sup., p. 53 SUN: : 0 200... Ep. NP SAT nn RARE, RES N0 094.155 NE FI. myc.: p. 340 ; As. fr. (A886):4b2 0) FA5. 00 en Hym. Eur. : FT. myc.: p. 34 2.0, ee + € — D) SAN Re eRe FLASUEC ES NIORT SU END SD AE RU PERE FI. myc. : ASSSRREMI CARE HymiEur. ip. 445,000 Fung. Trid. 1: p.58, t. 6. FT. myc. : p. 348; Soc. bot. (E876) 1 p: 990, 1-27 F787 Hym. Eur. : p. 444 EL. EURO NOT RACE F1. angl., Ed. IL: p. 611... FT. myc.: p. 338 ; Soc. bot. (1877) : p. 393, t. 5, f. 8... As. fr. (1897) : 21° sup., p. 4. FT. myc. : p. 337; As. fr. (1882) 4 PAS RUN Hym. Eur. :p. 441...... QE DUR: ANMEUZ. ere. El t'DTON NE RCE SES SUN LS ENOOOT RER CLE REMEE 1" VnbEgAD LR et heE Ps Gonspsn1025 7.2 0m Syn. : n° 9)5....... LA REN Jeon. EE 20PS LL RATER Hyma Eur pe ARC ENS An FT. myc. : p. 340 ; 4s. fr. (1882) SEAT, ET ER RS A Sen | ds p. 336 ; As. fr. NOMS ADOPTÉS AUTEURS RÉFÉRENCES AUX AUTEURS Pages. puelNaris. 5... Pessac e UM EUTE ED. ADD. 2e. s 246 DUMEALA. se. : LP Ce ane HUM. D245, 1 1902... 239 purpurata.,.... Bresa lola. .... tr EUR. Irid., 1: pa8te 1:96. 241 purpurea....... SCNEÆÎTEr.- ue 2: CORDON 948 purpurina.;...s.. Quélet et Schulzer Hedw. (1885): p 139.,:.... 238 Queletita 1. RIRES AU HyME Eur. pDAMB EAN 230 Raoul. Quélet: ee MAL MUC. por" As. fr. (1885): T9, A9 e, s. 234 FAVIdARe ue eu, Eriesiieet ses so HyMMEUr. ep AE ie 24% RVPDUS ne SeECretAN 05 Myc. suisse, I: no 494...,.. 940 MOSACOAE Lente BErSGOn er. ..-0 SU: NO O4 AN 232 HOSBd der e DCHÆITEr. M, 2 TOR TD ANSE ae 237. ROSEIDES:. + SpCretani th Myc. suisse; I: n°:483,:.... 246 Fubicunda........ Duéletkrs ae As. fr. (1885): t. 24, f. 9...,. 249 UP Asie eee De Candolle ..... FPT SD A lADREE ER Se: 295 sanguinea......,, Bullarde. ti." CAD Rs Oo 231 sardonia........ reset se HymasEur pm 232 semicrema ....., Id. — Dr 440 re 29% Serotina.. -.;..., Quélét ide El: Mmyc: : p. SEL: Soc::bot. (1878) : n°13, t. 3,f, 11... 230 smaragdina.,,... Id. El. myc.= ps 349: As: fr. (A885)200 192,10: 239 SOROMID ee on Press: de Ds lymMsEUr:: p.447... 236 subfæœtens....... Sith Sie an Journbot. (1878): p,9337..,239 substyptica...... Persdons y... SUN an AA Gui 243 IAE ANSE Bresadola........ ÆFung. Trid.l: p. 22,t. 26. 247 VESTE ae a ee Id. — — VI: p.86,t.95. 938 veternosa,......, Priest 00 Hum Eur. 23p AHOLSECRLe . 249 vINOSd..,...,... Quélet: #27... El MUC: D MAS NE ue 239 violacea ..,... LR Id. — p. 344; As. fr. | + (ASS AI US ee 230 Dioleipes........ Id. AS fn adeT)s ER e de 242 virescens ....,.:. Schæfter#2:;:<2; Tcon::. 1:04 AL Ne 22 vitellina. ...:... Persoons). EN YNRRNO 202: 0 PANNE EPA 245 xanthophæa , .... Boudier #2. S.myc. (1894): p.68, t.1,f.3. 944 xerampelina ...., Schælter..:i..:.. JIcon.::t, 214-215. sun 24 — 9256 — Table alphabétique des synonymes. GENRE Lactarius. SYNONYMES NOMS ADOPTÉS acris, Bul' 1200). 1.0 RE A To piperatus. acris, Bul. (t. 538)...... does ea Ne se .- Controversus. albidoroseus, Gmel (Milchb., n° 9)..........,..., lateripes. argematus, Sec: (Myc. 1, n°470... 10 aspideus. curtipes, Sec: (Myc Eine 48) Re umbrinus. cyathula, Fr. (Hym. Eur., p. 433) . ,....,......... cupularis. deliciosifolius, Sec. (Myc. [, n° 457 C)........... ï — duters BU CE DIE DAAN ER E RCAS DR PER AMEERS subdulcis. ducmogalus Bol ENS C ER NEA Re Re lactifluus. fletuasus, Pers” (Sun: D R0)E, 2.0 Re En e zonarius. fuliginosus, Fr. (Hym. Eur., p. 45%)....... RO SEP azonites. TUSCUS RO RER Re A RE CREER acris. helvus, Bres, (Fung. Trid., t. 39)..... RUE ne lilacinus (ex Quél.). heluus Kromb:/(t739/ 0124) 0705 re ere. laetifluus. IASTETTAISON AO MANS TE ses DE .. vellereus. lividorubescens, Sec. (Myc. I, n° #7%)........ .... uvidus. hecator. Bu. Ait 52082) MoN ee ee torminosus. necdlor. Pers (SyrRs pa 5) Re ee turpis. obscuratus, Lasch. (Linn., n° 71),............. . obnubilis. œdemalopus, SCop. (p. 493) +. 2... see, lactifluus. Persoonti. Kromb. (t. 40, f. 20-22} ..:..,.......- picinus. plumbeus, Quél. (FI. myc., p. 354) .......... ee CLUCDIS: Pornensis Role ter ee A DOTE tithymalinus. ubDescens: STEEL AUMS AP De Peer subdulcis. subumbonatus, Lindgr. (Bot. nov., 1845)......... rubescens: testaceus; 'A"el S. (N0'016)1 7 EC RER lactifluus. teStaceus, KTOMb: (EA0 ENS ENTRE quietus. torminosum, Paulu(t. 22his) 2% Re re rufus. Ulis, NNeinin (ROSS pp #3)... 0e MERE pallidus. uvidus, Quél. (FI. myc., p. 352)........., es , flavidus. vietuis, Sec (Myc.; T' n°04)... dre à musteus. vietus, Kromb- At 14 45-10)... EN. et hysginus ? violascens, Quél. (FL myc, p. 352)...... dr aUvVIdUs: volemus, Er. (Hym Eur; p.495... Ru lactifluus. zonarius, Sow. it. 203)... ..:... cho Goo ARR re circellatus. GENRE Russula. SYNONYMES NOM£ ADOPTÉS æruginascens, Quél. (Enchir., p. 137)............ mollis. æruginea, Fr. (Hym. Eur., p. 449; Ic.t. 173, f. 3). graminicolor dibidolutescens: Gi. 25 548 ee Ms 2 citrina, Quél ? alboniger, Otto (Kromb. : p. 27, t. 78, f. 16, 17)... adusta. albovirescens, J, Bauh. (Hist. pl. [II).,........,,,, virescens. alutacea roseipes, Sec (Myc. I, n° 483)........... roseipes. atropurpurea, Pellet. (Cost et D., F1., p. 294).... erythropus ? aurantiicolor, Kromb (t. 66, f. 8-11)t..........,.. , aurata. aureus Kromb:.(t.:68, f: 1-4) .: 5002, HAS , Sardonia ? binidus: Bul:(t::26,.509, fm) 1222... PR EE virescens. ceruied Perse (on, N°29) 741.0 areas palumbina. Gerisespale, Paul. (t./74,f. 3) en, AN SATA veternosa. consobrina, Fr. (Hym. Eur., p. 447).........,..... livescens. cupreus, Kromb,-(t:60%1-SR FR TM Ur nitida. cyanoxzanthum, Paul. (t. 76, f. 2-3)....,........,. palnmbina. depalleus, Roze et Rich. (t. 44, f 1-4).......,..,., ochroleuca. elephantina, Fr. (Hym. Eur., p. 440)....,....... chloroides. esculentus; PersfSyn., n0:350)4:4,.4% uns aurata. esculentus:.Sec. Myc:;on0 48%)... Sue on alutacea, var. Iragiis, (Sec (Myc:, n° 524) MR .." fallax, fragilis violascens, Sec. (Myc., n° 525) .....,.,.... violacea. Gorge de pigeon, Paul. (t. 76, f. 2-3)....,..... ,.. palumbina. grise, PES UN YNS IDD) Me TUNER ne Lee — Lactarius chloroides, Kromb. (t. 56, f. 8-9) .,..,.. chloroides. lacteus, À. et S. (Schw. Consp.).....,.... M RNP galochroa. lidus \Perss(Sun:p:446) 4e. ue nant heterophylla. luteoalbum, Paul. (t. 76, f. 4)........ RIT RES ochroleuca. luteoviolascens, Kromb. (t. 65, f. 12-13) ...,...... depallens. nigricans, Otto (Kromb., t. 70, f. 7-11).,.... .,... adusta. ochraceus, Sec. (Mye., n°1500). cut, ravida. ochraceus unicolor, Sec. (Myc., n° 499)....,.,,... ochracea, vchroleucus, À'et S: (p. 23) aa... , pectinata. persicinus, Kromb. (t. 66, f. 18-19) ..,.... ...... . veternosa. minendhus Butte UE RARE UNIT. fætens pseudoemeticus. Sec. (Myc., n° 495)............... adulterina. pulcherrimus, Sec. (Myc., n° 506).............. : -rubra: purpurea, Gil. (Tab. anal., p. 47)................ Clusius ? purpureofuligineus, Sec. (Myc., n° 497)...,...... nauseosa ? Msigallhinus;Patsché(f} 79) eu mia... vitellina. rosacea, Kromb. (t. 6%, f. 49-20) ...........,:..... lepida. — 9258 — SYNONYMES NOMS ADOPTÉS Rougeotte, Paul (te TA SOA) ee eee PRE veternosa. roseogranulatus, Sec. (Myc., n° 513).............. cutefracta ? ruber, SCHEf (TO) Een SRE D ER integra. rüuber, vaxsapidaGookeïs. ul ei EN Le atropurpurea ? sanguineus, Vitt. (Fung. mang., t. 28, f. 2)...... rubra. sapida, Roquesi(t419;f 2) are enr ANR palumbina. SUAUIS SC ZSTRE Sennnn C Bt D Le palumbina. linciorius, Sec(Mye., n°487). bte dun, xerampelina. . vesca, Vent:(tiG3f 124). es A EE. .... graminicolor. viridis, Roques 4221924). PER UE gramimcolor. Auteurs et Ouvrages cités. Albertini et Schweinitz. Conspectus fungorum. Lipsiæ, 1805. Barlas un) SE Champignons de la Province de Nice. Nice, 1859. Baisch:.,..,..#Mabux Elenchus fungorum. Halæ, 1783-89. Bertillon. Mer rtnmsr ... Dans le Dictionnaire de Dechambre. Bolton me ne History of funguses. Halifax, 1788-91. Bommer et Rousseau... Florule mycologique des environs de Bruxel- les. Gand, 1885. Boudier MENTAL Bulletin de la Société mycologique de France. Paris, années 1887, 1889, 1900, 1904. Bresadola 00e. Fungi Tridentini. Tridenti, 1883-92. Bulhard: 4 moe Champignons de la France. Paris, 1791. De Candolle et Lamark. Flore française. Paris, 1778. Desmazieres:.50.,0..; Catalogue : omissions. Dans les Annales des Sciences naturelles. Flore danoise......... Flora Danica. Havniæ, 1765-1876. 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London, 1796. — 9260 — index explicatif. 4, La majuscule entre parenthèses, après le nom français d’une espèce, indique sa qualilé au point de vue alimentaire : (C) = comestible ; (V) = vénéneux ; (S) = suspect. — Le (?) est placé après les noms d'espèces dont la qualité est inconnue. 2, Les variétés sont indiquées par le numéro de l'espèce. suivi d'une lettre italique Dans la table, elles sont en italiques 3. Les mots en italiques, dans une diagnose, indiquent des caractères importants, surtout spécifiques. 4, Les chiffres entre parenthèses indiquent en centimètres le diamètre moyen du chapeau ou l'épaisseur moyenne du stipe. Devant la lettre grecque uw (mu), ils expriment en millièmes de millimètre {{u = Omm,001) les dimensions moyennes de la spore, longueur et épaisseur, séparées par le signe X quand elle n’est pas sphérique. 5, Les noms abrégés des auteurs suivant le nom d’une espèce ou d’une variété, sont reproduits en toutes lettres dans la fable alphabétique. Errata. Page 176, section des PRUINOSI, lire CANDIDI, au lieu de ALBATI ; FUCATI. au lieu de COLORATI ; Acres, au lieu de Acri; Subdulces au lieu de Subdulci. Page 208, ligne 33, au lieu de lire Linnœi, lire : Linnæi. Page 211, accolade 10, au lieu de drymeia, lire : drimeia. Addendum Page 198, après le n° 41, ajouter : 4l a. L. roseozonatus, Fr.. . . . . L. zoné de rose (C). Chapeau rose ou d’un rose violeté, marqué de zones plus foncées. Autres caractères et habitat de l’espèce type. Docteur FCORNET (1859-1908) Par le Docteur BOURDIN MEMBRE RÉSIDANT Séance du 22 février 1908. Lors de la dernière réunion de la Société d'Emulation, M. le Président nous faisait part en termes émus de la mort inattendue et soudaine d’un de ses plus anciens membres, M. le docteur Cornet, enlevé dans la force de l’âge à l’affec- tion de sa famille et de ses nombreux amis. Le docteur Cornet faisait partie de notre Société depuis 1887 et sans être un assidu de nos réunions mensuelles, absorbé qu’il était par les multiples devoirs de sa profes- sion, il n'en était pas moins un lecteur attentif de nos Méroires, dont il s'était procuré la collection complète. Vous avez pu le voir encore à la séance de décembre, quoique fatigué et malade depuis longtemps déjà, venir applaudir à vos communications et témoigner ainsi par sa présence de l'intérêt qu'il apportait à vos travaux. Aussi, son souvenir doit-il être conservé parmi nous et c’est au nom d’une amitié, vieille déjà de quarante ans, que j'ai réclamé le douloureux privilège de venir une dernière fois vous parler de lui. Tous du reste, vous lPavez bien connu et apprécié à sa juste valeur et vous savez combien sa mort a laissé dans notre ville d’unanimes et poignants regrets. _ Il faut, en effet, avoir assisté à ses funérailles pour se rendre compte de la profonde émotion qui étreignait le 9) — 262 — cœur des deux mille personnes qui suivaient son convoi funèbre, dans lequel la Société d'Emulation était représentée officiellement par son Président et à ütre privé par un grand nombre de ses membres. Le cercueil disparaissait sous lamoncellement des fleurs et des couronnes, faible témoignage d'affection et de reconnaissance envers cet homme de bien. Le docteur Cornet naquit à Avrignevy (Haute-Saône), le 10 septembre 1859. Ses débuts à l’école primaire firent présager pour lui un bel avenir, que ne démentirent point ses succès scolaires, tant au petit séminaire de Marnav, où ses parents l’avaient placé d’abord pour le conserver plus près d'eux, que plus tard à l’Institution des Frères de Marie, à Besançon, où 1l vint terminer ses études classiques. Ce temps est déjà loin et pourtant il me semble que c’est hier que nous récitions ensemble les premières déclinaisons latines ; que c’est hier, qu'assis à la même table, en face de MM. Boucher et Pingaud, qui occupent encore aujourd’hui leur chaire à la Faculté des Lettres de Besançon, nous éprouvions les émotions si vives du baccalauréat ! N'est-ce pas hier aussi que nous suivions les cours de notre vieille Ecole de Médecine, où les Coutenot,les Druhen, les Bruchon... pour ne parler que des disparus, nous don- naient, avec les premières notions de Part médical, le haut exemple des vertus professionnelles, et que plus tard en- core, dans ce bruvant mais studieux Quartier latin, nous vivions porte à porte, mettant en commun nos joies comme nos peines, nos rêves d'avenir et nos espérances, parfois aussi nos déceptions ! À cette époque, les étudiants franc-comtois s'étaient grou- pés et formaient une vaste association, sans statuts et sans règlement il est vrai, mais à laquelle une origine et des aspirations communes donnaient une base solide, que les amitiés de collège, les plus tenaces et les moins décevantes de toutes, entretenaient Jalousement. Pas un examen n'’é- — 263 — tait passé par l’un de nous sans que la corporation n’y assistât en entier, pour aller fêter ensuite dans quelque taverne à bon marché le succès du candidat ou le consoler parfois d’une remise à trois mois. Cornet, qui pendant un an nous avait quittés pour aller à Lyon faire son service mi- litaire, fut reçu à bras ouverts dans ce cénacle provincial, où il nous apportait, avec sa gaieté et son entrain, son esprit prime-sautier et sa verve franc-comtoise. Mais l’époque des examens de doctorat approchait ; notre ami les passa rapidement, préparé qu’il y était de longue date par ses études antérieures faites à Besançon. N'ou- blions pas, en effet, que lauréat de l'Ecole de Médecine en 1880, il avait été nomimé prosecteur l’année suivante, appor- tant ainsi sa collaboration journalière au professeur Bru- chon, pour lequel il conserva, amsi que les nombreuses générations d'étudiants qui suivirent les cours de ce maitre distingué, une grande vénération et un culte tout particulier. Intelligent et travailleur, le docteur Cornet aurait pu alors aborder les grands concours, mais il avait hâte de revenir dans sa chère Comté, rendre à son père et à sa mère laide bienfaisante qu'il recevait d'eux depuis longtemps déjà et entourer leur vieillesse de son filial dévouement. Il prit pour sujet de sa thèse inaugurale une étude sur les anévrismes de lartère pulmonaire, sur lesquels le profes- seur Damaschino qui avait bien voulu en accepter la prési- dence, venait de faire à l’Académie de Médecine de remar- quables communications. Les nombreuses observations qu’il avait recueillies lui- même dans les hôpitaux, et son exposé clair et méthodique, rendirent son travail très intéressant et contribuèrent pour une large part à la vulgarisation de cet important sujet. Il décrivit avec une grande exactitude l’historique et l'ana- tomie pathologique de cette lésion, pour en arriver au dia- gnostic différentiel, puis au pronostic et enfin au traitement. Les éloges bien mérités qu'il reçut du jury à cette occasion — 264 — et la mention particulière que l’on décerna à son travail, ne furent que l’expression de la vérité et le digne couronnement de ses études médicales. Singulière destinée ou sombre pressentiment de l’avenir | Ce jeune étudiant qui s’était adonné à la recherche des causes des hémorrhagies foudrovantes, succombait lui-même quel- ques vingt-cinq ans plus tard, au cours d’une nuit tragique, à la rupture d’un vaisseau sanguin ! Le docteur Cornet revint ensuite à Besançon, où, dans ce vaste quartier des Chaprais encore en construction, il allait trouver un aliment à son inlassable activité. Là, Messieurs, vous l’avez tous vu à l’œuvre, apportant nuit et Jour à chacun le secours de son arts et qui plus est, son affabilité et son extrême obligeance. Il possédait en effet, au plus haut point, ce don particulier de plaire et de se faire aimer, qui en peu de temps devait lui conquérir tous les suf- frages et lui gagner toutes les sympathies. Je n’ajouterai qu’un mot, le docteur Cornet eut autant d’amis que de clients, c'est je crois, le plus bel éloge que l’on puisse faire de lui. Il suffit du reste de se rappeler sa belle conduite pendant les épidémies meurtrières de fièvre tvphoïde qui désolaient alors, à intervalles plus ou moins rapprochés, la ville de Besançon et plus particuliérement le quartier qu'il habitait. À cette époque et en l’absence de toute prophylaxie sé- rieuse, les progrès de cette redoutable affection étaient dif- ficiles à enrayer et ses retours offensifs presque impossibles à éviter. Je n'ai pas à faire ici l'éloge du corps’ médical bisontin, mais il faut reconnaître que c’est à son initiative et aux efforts individuels et collectifs de tous ses membres, que l’on put faire face à la situation. Le docteur Cornet fut de ceux-là : oublieux de tout repos, ignorant la fatigue, prêt à tout appel, quand il s’agissait d’aller porter secours à son semblable et faire œuvre de bienfaisance et d'humanité. Victime lui-même certain jour de son dévouement, 1l con- tracta auprès d’un de ses Jeunes malades une angine diphté- — 265 — ritique qui, pendant plusieurs jours, mit sa vie en danger. Ce ne fut là pour lui qu’un épisode de sa carrière médicale, qu'il contait parfois avec cette bonhomie souriante qui le caracté- risait, prêt à s’exposer à de nouveaux dangers, avec la même insouciance, ou plutôt avec la même abnégation et la même sereine philosophie. Ii était soutenu, il est vrai, dans cette lutte journalière, par l’admirable femme qui, depuis 1885 était la compagne dé- vouée de sa vie et par l’amour de ses deux chères filles, les anges de ce foyer si cruellement éprouvé aujourd'hui, dont elles étaient la joie et l’orgueil, et sur lesquelles reposaient tous ses espoirs et toutes ses consolations. Aussitôt installé à Besançon, le docteur Cornet se faisait inscrire dans les différentes associations scientifiques ou phi- lanthropiques de notre ville. Membre de la Société de Médecine de Besançon, il fut appelé à la présider, en 1902, par ses confrères qui te- naient à rendre hommage à sa compétence et à sa notoriété. Membre également de la Société des Médecins du Doubs, dont le but principal est de venir en aide à ceux de ses membres que le malheur a touchés, il en fut pendant de longues années le trésorier fidèle et dévoué, apportant ainsi sa contribution personnelle à secourir sous le voiie de l’anonvmat toutes les infortunes médicales. Médecin du bureau de bienfaisance et du service de nuit, il fut dans son quartier la providence des pauvres et des malheureux qui béniront sa mémoire. Mais les âmes les mieux trempées et les constitutions les plus robustes ne peuvent résister bien longtemps à un surmenage aussi intensif. Jeune encore, le docteur Cornet devait éprouver les symptômes d’une défaillance préma- turée : Pendant trois années, il lutta avec un courage surhumain, profitant des moments d’accalmie que lui laissaient ses souffrances pour accourir au chevet de ses malades, malgré — 966 — la tenäre sollicitude de son entourage et linsistance de ses meilleurs amis, qui auraient voulu lui voir prendre un repos bien gagné. Deux jours encore avant sa mort, je l’ai vu donner une consultation à un malade, auquel il n’avait pu se résoudre à consigner sa porte ! Tel fut le docteur Cornet. Sa disparition causera un grand vide dans la ville de Besançon, parmi ses clients, ses con- frères et ses amis. : La Société d’Emulation y perd un de ses plus anciens membres auquel elle devait cette parole de souvenir, Ce qui vous manquera, à vous. messieurs, c’est le con- frère aimable et souriant ; aux malades, le médecin dévoué qui avait toujours une parole de consolation quand son trai- tement était resté impuissant; à sa chère famille, l’affection sans bornes et le bras sur lequel elle était en droit de compter ; à moi, le plus sûr et le plus ancien de mes amis d'enfance, dont j'ai tenu à vous parler encore une fois, maintenant qu'est refermée pour toujours la tombe qui seule pouvait nous séparer. FEDOUNRDEGRENTER Par M. Alfred MÉZIÈRES, de l'Académie française Par M. le D' LEDOUX Membre résidant Séance du 20 avril 1907. Il n’est point d’éloge écouté avec plus de reconnaissance et de sympathie que celui qui rappelle l’ami dont la mort a séparé. Ce sentiment se double de celui de la gratitude chez les membres de la Société d'Emulation du Doubs quand on évoque devant eux la mémoire des frères Grenier qui ont si dignement honoré la Franche-Comté, ont voulu la servir encore après eux par des encouragements généreux à sa jeunesse studieuse, qui ont légué à notre compagnie un inappréciable gage de leur confiance en lui remettant le soin de choisir les plus dignes parmi les candidats à la pension qu'ils ont fondée. Ses bénéficiaires voudront connaître leurs bienfaiteurs. Ils apprécieront l’œuvre du peintre sur ses tableaux, nombreux au Musée de Besançon, celle du poète dans ses chants que la jeunesse aimera toujours parce qu’ils traduisent toutes ses aspirations. [ls estimeront la haute valeur des caractères de Jules et d’Edouard dans leurs biographies signées de MM. Gaston Coindre et Charles Baille(D. Mais sans doute il est bon de prévenir dès aujourd’hui contre tout soupçon (1) Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, tome IX de la Te série, 1905, p. 177 et 217, avec, p. 238, une lettre d'Edouard sur son frère Jules. — 2683 — de partialité ceux qui, plus tard, pourraient être inclinés à une méfiance sur le jugement de compatriotes des deux frères baumois. Recueillons done pieusement les souvenirs d'autres contemporains, les dépositions d’autres témoins, les opinions d’autres critiques. Certes de nouveaux portraits ne sauront être plus fidèlement ressemblants que ceux peints sous la lumière du pays natal, dans le cadre de la maison famihale où se plaisaient tant les Grenier, par des observateurs patients et séduits par le charme de leurs modèles. Une comparaison ne pourra qu'empêcher de sus- pecter une flatterie et permettra seulement, peut-être, de renforcer une nuance. d’accentuer un trait sur ces belles figures si exactement conservées par MM. Baille et Coindre. M. Alfred Mézières apporte un nouveau document à ceux qui voudront pénétrer dans l'intimité de l’esprit et du cœur d'Edouard Grenier. Après l’hommage qu’au lendemain du décès, avec la compétence et l’autorité dont il est investi, il avait décerné aux éminentes qualités de son ancien ami(b), M. Mézières n’oublie pas et vient nous parler à nouveau (?) de la grande place occupée par notre concitoyen dans le monde des lettres françaises de la seconde moitié du xIx° sieè- cle, de la légitimité de l'affection, de l'admiration, des regrets de tous ceux qui l’ont approché, qui, ravis, ont entendu ses poëmes, et l’ont suivi dans ses envolées vers l’idéal auquel il demandait consolation de souffrances patriotiques en de tristes jours. M. Mézieres explique les raisons du renoncement à la carrière diplomatique, malgré ses promesses de succès, de celui qui a préféré vouer sa vie au culte de la pensée pure et de tendres sentiments, dans leurs élégances et leurs délicatesses les plus exquises. Nos successeurs à la Société d'Emulation et les pension- (1) Journal Le Temps, n° du 14 décembre 1901. (2) Au Temps passé : un coin de la Société parisienne sous le second Empire, dans la Revue des Deux-Mondes, n° du 1er février 1907. — 269 — naires Grenier remercieront avec nous M Mézières d’avoir hautement proclamé une fois de plus le Ivrisme du poëte et d’avoir ajouté une précieuse contribution à son histoire. _« Un autre poète, délicat et charmant, Edouard Grenier, appartenait également à notre Société. S'il avait eu plus de persévérance, plus de suite dans les idées, en un mot plus d’ambition (1), il avait reçu de la nature les plus beaux dons perfectionnés encore par une excellente éducation. Origi- naire de Baume-les-Dames, en Franche-Comté, où 1l conser- vait avec un soin pieux la maison paternelle, il avait com- mencé par être attaché d’ambassade en Allemagne pendant que Lamartine dirigeait les affaires étrangères. Elevé dans les idées du plus pur libéralisme, mdépendant par caractère et par situation de fortune, il abandonna volontairement la diplomatie pour ne pas servir le gouvernement impérial. A ce moment et plus tard il aurait pu peut-être Jouer dans l'opposition un rôle politique. Mais il était trop artiste, trop occupé de la musique et du charme des vers pour parler le Jangage un peu rude des militants. Et cependant, je me rap- pelle quelques pièces de lui, toutes vibrantes d'émotion pa- triotique, de Pallure la plus fière et la plus noble, où retentit comme un écho des poésies vengeresses de Victor Hugo. Au fond, personne ne jugeait l’Empire plus sévèrement que lui Mais il aimait mieux en détourner ses regards, se con- soler de vivre sous un tel régime en se réfugiant dans le monde de la pensée et de la poésie. » Même, parmi les sujets historiques, quelle carrière ouverte à une imagination aussi ardente que la sienne : la Pologne sacrifiée et non résignée, l'Italie frémissante ! Sous l’im- pression des événements contemporains, il arriva à Edouard Grenier de ne pouvoir contenir l’indignation ou la pitié dont il était assailli Il les exprima alors dans une langue forte et (4) L'auteur ne veut-il pas dire que le défaut d’ambition a seul empêché Grenier de conquérir un renom plus retentissant ? — 270 — sobre Il semble toutefois que son vrai domaine fut le senti- ment, toutes les nuances, toutes les délicutesses de l'amitié et. de l'amour. Il était de.ces natures tendres quisont un besoin constant d'affection. Ses relations avec le fils de Mme Amable Tastu, avec les deux Chazal, continuaient dans l’âge mûr et jusque dans la vieillesse l’étroite intimité du collège. Surtout, il aimait la société des femmes. L’extrême distinction de ses manières, l'élégance de sa tenue, sa belle figure encadrée d’une barbe fine lui valurent quelques conquêtes. En véritable chevalier, il ne s'en vantait pas, il n’en parlait jamais. Mais le jeu de ses regards, lépanouisse- ment et le rayonnement de sa physionomie trahissaient les joies profondes de sa vie intérieure. Sans qu'il m'eût fait aucune confidence, je l'ai toujours connu amoureux. Il lPétait encore au moment de mourir. » LES PANIERS POÈME COMIQUE EN PATOIS DE BESANÇON ET SA TRADUCTION EN PATOIS JURASSIEN Par M. Alfred VAISSIER Séance du 19 janvier 1907. Il n’y a pas lieu de s’excuser du sujet un peu futile de cette communication. La connaissance procurée à d'anciens textes reproduisant fidèlement le vieux langage patois d'une localité n’intéresse pas la linguistique seulement. Ainsi, n’avons-nous pas à chercher bien loin pour avoir la preuve quercette publicité est apte à rendre un autre genre de service. Il y a trois ans, la Société d’'Emulation accueillait avec faveur la réédition du texte rarissime, en patois bisontin, de l’humoristique poème de Jean-Louis B1z0T, La Jacque- mardade. Dans le même temps, par une singulière rencontre, M. le professeur Arthur Rossat, de Bâle, très expert appréciateur de ce genre de document, entreprenait une étude critique des diverses versions d’une production non seulement ana- logue, mais possédant, dans l’entourage du chercheur, une vague réputation d’origine bisontine. Il s'agissait, en effet, de l’'Arrivée dans l’autre monde d'une dame habillée en paniers, de cette satire sur le luxe des femmes et la mode des paniers, poème en patois que, sur la foi du patriarche de notre biblho- — 972 — graphie franc-comtoise, Charles Weiss, nous avions aîtribué, peut-être trop légèrement, à Bizot lui-même. M. Rossat connaissait au moins trois versions manus- crites d’une œuvre sur les Paniers, versifiées en patois ju- rassien et attribuées à un curé de Courroux (Suisse), nommé FERDINAND RASPIELER. Un seul de ces manuscrits porte dans son titre la mention: «traduit d’un imprimé en patois de Besançon ». Malgré cette indication isolée, on admettait, à peu près communément en Suisse, que l’œuvre était une production originale, « et l’on considérait l’allégation du » curé de Courroux comme une supercherie littéraire, » comme si l’auteur, en tant que prêtre, n'avait pas osé » prendre toute entière sur lui la responsabilité des crudités » et des obscénités de langage de son poëme et avait, de » cette manière, essayé de donner le change. » Il n'en serait pas moins vrai, toujours au dire de M. Rossat, que « l’œuvre était connue dans tout le Jura catholique, et si bien entrée » dans l’âme du peuple qu'elle faisait en quelque sorte » partie de la tradition nationale et qu à ce titre on pourrait » l’appeler un poème populaire » (1), À Besançon, nous ignorions aussi bien le fait de la tra- duction que son succès extraordinaire, dans une région Si voisine de la nôtre, et l’on peut encore s’y étonner d’une telle célébrité en faveur d’une production demeurée pendant plus d’un siècle à l’état de livrets manuscrits disséminés, pièces assez rares du reste, puisque M. Xavier Kohler, de Porrentruy, n’en put utiliser que deux exemplaires, lun de 688 vers, l’autre de 792 vers, dont il fit, sans grande mé- thode, un amalgame pour une première impression en 1849, sous les auspices de la Société jurassienne d’émulation. En octobre 1903, l'attention de M. Rossat fut appelée sur Y (1) Arthur RossaT. Les Paniers, introduction. -— Archives suisses des traductions popu'aires (Schweizerische Gesellschaft für Volkskunde, Zurich, 1903-1906). — 273 — la publication de la Société d’émulation du Doubs, concer- nant le conseiller Bizot présenté comme l’auteur de | {rrivée, imprimée à Besançon. C'était une découverte pour M. le professeur Rossat qui, aussitôt, accourut dans notre ville, prit copie des précieuses 16 pages de l’édition unique (peut-être aussi l’unique exem- plaire), mise en vente vraisemblablement en 1735, chez Jean- Claude Bogillot,imprimeur-libraire, Grande-Rue, proche le Pont, à l'Image de Saint-Augustin, Avec permission, et se procura ainsi la base essentielle qui lui manquait pour son étude aujourd'hui terminée. Cette publication de 300 pages, intitulée : Les Paniers, poëme en patois bisontin, traduit en patois jurassien par Ferdinand Raspieler, curé de Cour- rouæ, comprend. en premier lieu, le texte bisontin attribué à Bizot ; chacun des vers est numéroté comme le sont ceux d’un classique; à mi-page, on lit une traduction soignée en français, le tout accompagné de notes savantes et judicieuses. Et d’abord : Cette satire est-elle bien l’œuvre de Bizot se demande M Rossat ? Divers indices et des différences notables entre ce patois et celui de la « Jacquemardade » Pen. font presque douter : « Je ne parle pas, dit-il, de « nombreuses différences orthographiques... Un auteur peut toujours modifier sa transcription phonétique Mais il y a d’autres divergences plus graves. — Je n'ai pas « ajoute-t-1l, à discuter ici cette question ; je me borne à « signaler en passant ces singularités qui m’ont frappé, et « je laisse à de plus compétents que moi le soin de les appro- « fondir. » Nous enregistrons avec d'autant plus d'empressement les doutes exprimés par le critique que nous les avons parfois partagés. Les différences indiquées nous paraissent _de peu de conséquence : les exigences de la mesure du vers, de la rime surtout, et aussi les variations fréquentes de l'usage suffiraient à les excuser. Quant à d’autres indices réservés, il ne faut pas perdre de vue qu'après dix-huit À À — 274 — années l’auteur de la Jacquemardade avait pu améliorer son langage d'emprunt. Les doutes n’en subsistent pas moins. Passons à la deuxième partie de létude de M. Rossat. Elle consiste dans la reproduction du texte de la plus courte version de l’œuvre de Raspieler (557 vers), par suite d’une expurgation faite par l’auteur lui-même. La pièce manus- crite proviendrait d’un neveu du curé de Courroux. Avec la traduction en français, la transcription phoné- tique du texte patois au moyen de caractères spéciaux, ainsi qu'un glossaire pour lPexplication des termes les plus obs- curs, complètent la présentation de ce document où il n’est nullement question, au titre, de l’imprimé bisontin. Il n’en est pas de même pour un exemplaire de 1736 (754 vers}, écrit et daté en entier de la main de Pauteur- traducteur. Aussi, est-ce avec raison que M. Rossat y recon- paît le manuscrit princeps et en fait l’objet d'une troisième partie de son travail (1), Cet allongement de plus de 200 vers se répartit, d'un bout à l’autre de l’œuvre, le plus souvent dans de longues tirades où l’auteur, s’abandonnant à sa verve de premier jet, s'amuse à développer et à remanier son adaptation d’une façon plus ou moins heureuse, s’imaginant, sans doute, améliorer où mieux faire gouter sa rédaction : mais il ne fait que mieux mettre en lumière la sobriété relative et la qualité supérieure de l’éducation de son modèle, C’est ainsi que le curé de Courroux après avoir semé de sentencieuses citations latines sacrées ou profanes, satisfaisant. à peu près à la rime et à la raison, sinon à la mesure, se complait à des propos orduriers et même obscènes. Grâce au numé- rotage de référence avec le texte bisontin, il est facile de (1\ Titre du manuscrit de 1736 : Arrivée d'une Dame en l’autre monde Habillée en Paniers. Traduit d’un imprimé en patois de Besançon en patois du Cornat, vallée de Déléinont. (Le Cornat est un quartier de Courroux.) Ê [Se] NOTE faire la part du traducteur, laquelle, toutefois, est loin d’être indifférente au point de vue philologique. On y trouve un abondant vocabulaire et des tournures pittoresques d'un idiome très particulier. Mais on conviendra sans peine que ce qu'on reproche à l'adaptation Raspieier a dû contribuer pour une grande part à son succès prolongé dans la région jurassienne, Par une fortune très diverse, le texte bisontin, modeste- ment imprimé, avec permission, en 1735, se trouve être aujourd'hui, d’après l'avis de Ch. Nodier « la plus rare des productions france comtoises », bientôt oubliée et sans his- toire, puisque le doute même vient à planer sur le nom de son auteur. Bizot, alors âgé de 33 ans, n'avait nulle raison d’afficher son nom sur le titre d’une pièce de fantaisie qu’on ne devait guère attribuer à d’autres que lui; il fit de même pour la Jacquemarduade, et alors, c’est par une réserve de modestie qu’en conscience dans sa jolie exclamation (vers 612), il regrette la disparition des trois auteurs des Noëls patois : O'Roussel; Gautie, Père Proûe, Que vouz êtes bin moë trou toüe! La Jacquemardade ainsi que l’Arrivée valaient bien, dans un autre genre, les naïfs récits des Noëls. Mais que conclure de cet anonymat ? La recherche vaine de quelque renseignement décisif nous autorise à recueillir, au moins en passant, le fait maté- riel qui a pu offrir l’occasion d'une critique locale à l’endroit des Paniers. Les quinze pages issues de l’humble presse du libraire bisontin Bogillot sont jointes, par la reliure, à un ouvrage d’édification, de 172 pages, dont voici le titre : Entretiens d’un docteur en théologie avec deux dames de qualité sur les modes dans les vêtements, mélés de réflexions — 216 — utiles aux dames, aux filles chrétiennes el aux confesseurs qui les dirigent. — Imprimé à Nancy et se vendent (sic) à Besançon, chez Jean-Claude Bogillot, imprimeur libraire, Grande-Rue, à St-Augustin. — MDCCXXXIV. Avec appro- bation. Courtois et patient, l’auteur de ces Entretiens avec une marquise et une comtesse, réalise amplement ce que son titre a promis ; 11 répond à toutes les objections que lui opposent avec acharnement ses interlocutrices. Après leur avoir démontré que les parures exagérées sont l’apanage des orgueilleux et des débauchés, voués aux châtiments de l’Enfer, il finit par les convertir. Le chapitre des Paniers est surtout Imtéressant. Le panier y est condamné comme un vêtement superflu, ridicule, in- discret, honteux, impudique, scandaleux et blessant la bien- séance, surtout chez de vraies chrétiennes. « J’en appelle, mesdames, à votre propre jugement... » (p. 87) Examinez en effet la contenance, la différente situa- » tion et l'attitude d’une dame chargée de l’équipage pom- » peux d’un panier à la mode: est-elle dans une rue : vous » voyez ce panier prendre différentes figures à chaque per- » sonne qui l'approche de trop près: on la presse tantôt » d'un côté, tantôt il est repoussé de l’autre, et balançant » ainsi de tous côtés, vous diriez voir une cloche, dont ma- » dame est elle-même le battant. Voyez-la en chaise ou en » carrosse avec ce bizarre accoutrement de grands cercles » et de voiles enflés; ne dirait-on pas que c’est un paon » bouffi de son plumage hérissé? Entre-t-elle dans une église : » une porte d'une médiocre grandeur ne lui suffit pas. Quelle » attention pour ajuster son panier dans une situation propre » à le faire passer? Le tourner, le retourner, le détourner, » le contourner® Elle ne prend pas garde qu’elle donne la » scène à toute l’assemblée...…. Vous dites, madame la mar- » quise, qu une femme qui est sans panier ressemble à une » flûte ; mais faites-vous attention à ce que dit le public de — 277 — celles qui en portent. Les uns disent qu’elles ressemblent à des tours ou à des moulins à vent... Si un jeune homme se trouve placé au milieu de deux dames à panier, et qu’il les promène; voilà, dit-on, qui ressemble à ces mulets d'Auvergne qui portent des paniers pendants de chaque côté. » Est-il rien de plus contraire à toutes sortes de bien- séances. Les personnes du sexe sont obligées cependant à une grande réserve dans leur extérieur pour ne pas blesser la modestie. » Les inconvénients qui naissent des paniers, pour peu que les personnes qui les portent fassent d'attention sur elles-mêmes quand elles marchent, quand elles sont assises, quand elles sont élevées, quand elles s’agitent, quand elles se baissent, quand elles montent où qu'elles descendent, . Sont capables de faire rougir les moins délicats sur Particle de la pudeur. » On dit ‘de ce vêtement superflu qu'il est le Voiie de l’incontinence, l’Enseigne de la volupté, le Pavillon de l’impudicité, l’'Etendart de la prostitution... (p 106) Vous trouvez donc, madame, qu'il n'y a point d’indécence pour vous de ressembler par votre vêtement aux filles prosti- tuées? EL vous trouvez qu'il est séant à une dame de qua- lité d'autoriser un habit que les filles les plus déeriées ont inventé pour s’épargner la honte de leur crime », N'est-ce pas à cette source des Entreliens que l’auteur du poème bisontin est allé puiser ses inspirations ? Quand la dame au panier se présente à l'étroite porte du ciel et devant saint Pierre, elle, qui ne peut passer par une porte cochère : : Aivo son attelaige elle fut bin de reste (115) On lai presse, on lai tire, et maugra tout ce qui Lai daime et las haibits demourint toujou qui, Le fa tout sas cinq cens; le seclienne et se courbe, 17 ts Le pousse aifin d’entra; main toujou d'y daitourbe; On lai vire et revire, en long'et de traiva, Mais aivoue tout celai, ne le put pas entra. Le vait, le vint, enfin sas pies s’aimbairaissan Dans son peinie de seicle, le faisait ne glissade ; Aipré quoi tout d'in cou, le vous fit ne roulade, Dans doues troues tirreboütllis le chut, poffe en enfa, l'enfer, que Raspieler appelle le Pulais de Pluton bien qu'il ajoute sentencieusement plus loin quand la dame éprouve ce qu'on Lui a tant prédit, Horrendum est incidere in manus Domini. Les descriptions suivantes sont tout à fait conformes à celles des Æntretiens, sur ces habits inventés par Vénus: Teriro de las voë quand l’entrant dans n’Eglise, (199) Ca n’ot pas pou lieus ne petteute entreprise. Dans ças haibits le sont coume das tounevant, Renfla coume das touots (tours) pu larges que das vant. Coume de grousse clouches, en ças haibits aiffrou, (201) Le semblan in baittant que pangoille desou. In Gachon l’autre jou, menant de ças Donzelle (215) Proumenant su lou bret dou de ças Gaulemelle Ressembla de ças ânes ou de ças grand mulet, Que pouettant das penie que pendant çai qu’ai lai. Ce que Raspieler traduit ainsi : Ces juenes fouille au cu entre doue demoizelles, Quain ait (quand à) les pormennant en l’entou de lai velle, Ressembyan de ces ajnes de ces mulets tchairgie Que portant schu le do Ça [de] là des pennie. Dans le poème bisontin les déinons énumérant les avan- tages du panier diront : 4210 — L’ant jaubla @) des haïbi's que nous proufitant bin; Qu'on appelle Penie ou bin Vertugadin : L’ant inventa st’haibit pou bin bécou d’usaige Pou celles que sont peutte, ou que ne sont pas saige, Las airanchies (déhanchées), las canches (boiteuses) et las hous- [sues aitout Las coe (corps) tout de traiva ; lou penie couvre tout. Quand las Feille se sont laisie gata lai teille, (191) Le se las affublan pou caichie lieus marveille, Elle pouttan desou souvent de grou paiquet; Elle n’en disant ran, se mouquant di caquet, Le Sont finnes, ste moude ot in couvre malice. Et Raspieler dans un langage plus grossier : Quiain les Féyes se sont laischie empyi lait painse N’en quiain mentre in pennie pot coitchie louëre dainse. Compaignons ait mariaj, prente bin vos nivé (niveaux) Vo porrin vos tchairgie de lai vaitche et di vé! Ces quelques citations de comparaison suffisent ; Raspieler est par trop scabreux. Qu’une croisade édifiante et plus générale se fût organisée ailleurs contre la mode envahissante des paniers, nous n'avons pas à nous en occuper. Quoi qu'il en soit les Entre- tens du docteur en théologie eurent chez nous un singulier écho. Nous ne connaissons rien de leur auteur, si ce n’est qu’il se fait imprimer à Nancy, et, suivant l’annonce, ses exemplaires se vendent à Besançon. L'état de celui que nous avons entre les mains, et le fait de sa jonction avec le poème bisontin de l’ Arrivée, présente en outre une annotation manuscrite intéressante, Tout en haut de la marge du titre, on lit une suscription composée de trois mots et tracée jadis d’une main très ferme. Serait-ce l'indication du nom de l’au- (1) Jabler, du jable des tonneaux, allusion aux cercles des paniers. — 280 — teur ou tout simplement une adresse pour lenvoi de l'’ou- vrage ? [Il serait encore plus sim ple d'y voir un ex libris écrit par le propriétaire du livre. Dans ce cas, nous n’avons au- cune hésitation à reconnaitre la personnalité désignée : HUMBERT LAINÉ (sic) MISSIONNAIRE, l’auteur si connu en Franche-Comté, surtout par l'ouvrage nombreuses fois édité, intitulé : Pensées sur les plus impor- tantes vérités de la religion, lequel, missionnaire, fils aîné d’une famille de cultivateurs avait un frère également dans les ordres et qui portait le même prénom de Pierre. ( HUMBERT, Pierre Hubert (1), pieux et savant ecclésias- » tique, né en Franche-Comté, à Vanclans, près de Nods, » Doubs) en 1686, consacra sa vie entière à l'instruction des » habitants de la campagne. Nommé supérieur de la maison » des Minimes du diocèse, (à Beaupré près de Besançon), il » s'occupa d’y faire fleurir les bonnes études, et il la rendit » le modèle de tous les établissements de ce genre. [| mourut » à Beaupré en 1779, à l’âge de 92 ans, sans avoir connu au- » cune des infirmités de la vieillesse. C’était un homme d’un » rare mérite Son abord était si agréable qu'avant de l’en- » tendre parler on se sentait déjà disposé en sa faveur ; il a » publié plusieurs ouvrages, la plupart ascétiques, et qui ont >» eu un grand succès... » : Non moins sympathique, l’abbé Bergier, dans son Histoire de la mission de Beaupré, entre dans de plus grands détails sur la vie laborieuse de ce prêtre éminent, «orateur distingué » et écrivain d'une simplicité et d’une solidité admirable et » quiréunissait dans sa personne plusieurs genres detalent. » Témoin son goût pour la poésie où il mettait à profit sa grande facilité. : Avons garde de ne pas oublier ici qu'il est l’auteur d un (1) Ch. Wriss. Bibliographie universelle, Michaud. — 281 — recueil de Noëls très estimables en patois de Vanclans, son village. Cueillons surtout, comme une rustique fleur, cette jolie anecdote racontée par son biographe. Il était d'usage à Beaupré de souhaiter la fête du direc- teur. Un jour, qui était celui de la saint Hubert, à un retard subit d’une mission, les collègues du père Humbert pris au dépourvu «€ et n'ayant ni fleurs, ni compliments de préparés, ) © se risquèrent néanmoins et dirent très agréablement à leur supérieur qu'ils se présenteraient une autre année, avec un bouquet et surtout un beau compliment. Cette circons- tance amusa beaucoup le Père Humbert, qui en profita, afin de récréer ses confrères, pour lire pendant le diner » l’allocution suivante : » Que vous etes emprêta pou fare in maichant vers : Pairé! L’ot prou asie lou jou de saint Hubert. Pou aipliqua vos rimmes, l’iot be large et prou plaisse, L’eta chaissou; rimma, en palant de sas chaisse. Voiqui, sans tant songie, et sans tant lantarné, In quaitrin tout trouva, et vitement tourné ; Croites-me, ploquez qui les vers et la rimmure Que vous n’ententes ran, non pu qu'ai lai mesure. Au reste, lou bouquet que vous m’etes proumis, _Cot tout juste lou ret que lai montaigne fit ; Pou das gens de raison, ès vous lai tête fole? Croites-vous qui senteusse in bouquet en pairoule ? Mai muse, té vé vitte, te t’aichauffe trop tot, Té juene, bellement, ne te romp pas lou co; Consarve ton houneu; ce sas messieurs n’ont pas Di cœu pouste fois cy, l’an airant n’autre anna. S1 jamais il fallait enlever à Jean Louis Bizot (et ce sera difficile): la paternité de l’Arrivée bisontine, l’agréable bou- De Ja0 d tade du père Humbert, avec son allusion, comme dans le Ser- mon sur la Pénitence de la crèche franc-comtoise, pourrait indiquer, dans la recherche, une piste nouvelle : Grand Saint IHumba, lou paitron de tous las chaissou !..… Assurément il serait trop aventureux de mettre ici direc- tement en cause l’auteur des Noëls de Vanclans. Mais à côté du Père Humbert, un groupe de jeunes ou vieux mission- naires, très au courant des moyens de succès auprès des gens des campagnes, avant l’occasion de se divertir aux dé- pens des belles dames à paniers, ont dû applaudir à lPidée d’une composition frappante et amusante, destinée à un vul- gare auditoire. Telle que cette conception a pu'se réaliser, de pièces et de morceaux, avec la collaboration présumable d’un spécialiste du genre, de Bizot en particulier, l'œuvre anonyme devait, sans obstacle, arriver à impression. Il n’en fut pas de même à l'endroit de l'adaptation presque simultanée, mais malpropre, du curé de Courroux. Celle-ci demeura, pendant plus d’un siècle, en manuscrit, jusqu’au jour où la critique philologique s’en empara, à juste titre, pour lui accorder une valeur relative mais certaine. En terminant cette communication qui n’a nullement trait à cet office, nous devons, le laissant à des plus experts, r'e- mercier M. Rossat d’avoir remis en lumière le poème bison- tin, puis de s’être attelé, avec une consciencieuse et patiente méthode, à la publication de trois textes complets et annotés, de trois traductions fidèles et d’une transcription phonétique excellente, pour former un ensemble des plus intéressants à consulter. BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 1907 Fouilles à l'Abbaye Saint-Paul ; dans la Grande-Rue. Travaux au Square archéologique Castan. Considérations sur le Théâtre romain de Vesontio. Par M. Alfred VAISSIER Ssance du 30 novembre 1907. I A L'ABBAYE SAINT-PAUL En arrière et au flanc de l’ancienne église Saint-Paul, des fouilles ont été pratiquées pour la construction de l’Usine électrique. Les bâtiments de la vieille Abbaye qui a laissé son nom à tout un quartier ont disparu ; à travers leurs fondations, aussi bien que dans les espaces libres environnants, l’entre- croisement de nombreux murs de divers âges n’a pas per- mis de distinguer ceux qui avaient pu appartenir aux dépen- dances du Palais du gouverneur de la province de Séquanie. La pierre dite de vergenne y abondait, comme elle constitue, du reste, la majeure partie des assises inférieures de l’église qui a succédé au Palatium. À deux mètres de profondeur, dans le magma de déblais anciens, on a extrait des tronçons de colonnes de 0,60€ et de 0,30€ de diamètre qu on a trans- portés au square archéologique comme uniques souvenirs du monument antique. La cour de l'Abbaye Saint-Paul était précédée d’un por- or tail (1) orné d’un fronton sculpté en pierres de diverses épais- seurs, Au centre un cartouche ovale et sans armoiries sur- plombait au milieu de palmes d’un beau jet, surmontées de branches de roses gracieusement disposées. Tous les mor- ceaux de cette décoration, très appréciée des gens de goût, ont été bienveillamment concédés par l'entrepreneur M. Mic- ciolo, Une compiète restitution a été faite de cette sculpture dans la saile du Musée archéologique. De la même provenance du logis abbatial ont été recueil- lis des bois sculptés, applhiques de portes ou de boiseries, où l’on remarque encore des roses. On rattacherait volon- üers ces ouvrages de luxe, d'après leur style, à la longue commande de labbé J.-B.-Joseph-Hvyacinthe de Beauffre- mont (1683-1733) lequel, au dire de Don Grappin € voyait » cependant d’un @æil tranquille tout ce qui pouvait donner » des craintes à son chapitre pour borner sa sollicitude à » la continuation de son château de Sçey-sur-Saône, le plus _» beau monument de ses richesses et de son bon goût ». Il DANS LA GRANDE-RUE Au pied d’une maison de la Grande-Rue, n° 99, et à 2 mètres de profondeur, sous le trottoir, des terrassiers ont exirait Une pierre de Versenne sculptée eL un er de cheval gallo-romain muni de quatre de ses clous. La pierre de forme triangulaire, écornée d’un bout, présente, inscrit dans une moulure, un médaillon où figure le buste d’une jeune femme; des banderolles flottent de chaque côté. Une entaille carrément évidée, sous le lit de pose, est un indice suffisant pour reconnaitre dans ce débris, rejeté jadis comme (1) Voir une figure l’ensemble dans le Vieux Besançon de M. COINDRE, LE CO — 9285 — impropre à la bâtisse, l’un des tympans d’un couvercle de: sarcophage, pièce de grande dimension convertie en moël- lons. On a retenu pour le musée cette sculpture dont l'exé- cution large et sobre révèle une origine romaine de la bonne: époque. IT AU SQUARE ARCHÉOLOGIQUE CASTAN À l’entrée du square on a construit, sur de solides fonda- tions, une sorte de monument composé de l’assemblage d’ins- criptions et de débris de sculptures des xvi* et xvrie siècles. qui encombraient, sans pouvoir être facilement consultés, le vestibule du bâtiment des musées. Sur une étroite portion: de sol de 2 mètres carrés, on à pu obtenir, sous une bonne lumière, une surface d’exposilion présentant, sur les quatre: côtés et en élévation, un développement de 12 mètres carrés. | (Voir ci-après la notice concernant ce groupe). IV AU THÉATRE ROMAIN La Compagnie du Gaz faisait dernièrement pratiquer une tranchée dans la rue qui longe le côté oriental du square archéologique de la place Saint-Tean. pour contourner en- suite la rue du Mont-Sainte-Marie; c'était, autrement dire, à travers l'emplacement de ce que nous appelons le Théâtre romain. Ne füt-ce qu'en souvenir des mémorables travaux d’Au- guste Castan et d'Alfred Ducat, la surveillance de ce creu- sage de peu de profondeur, il est vrai, mais assez étendu, n'était pas à négliger, d’autant mieux qu’il devait cotoyer celui de 4875, où nos deux confrères eurent la surprise de — 9286 — voir apparaitre, au pied de la maison Alviset, l’extrémité orientale de la façade de l'édifice antique. Cette importante reconnaissance avait enfin permis à nos persévérants explorateurs de déterminer la corde de l’arc et, par suite, Paxe même du monument hémicirculaire. En outre, elle les avait amenés à découvrir en droite ligne, quelques jours apres, dans une seconde surprise, un tronçon d'escalier réduit à cinq marches comprises, sur une longueur de 456, dans le prolongement et l’épaisseur de la façade(l, Avec la collaboration gracieuse de l’ingénieur de la Com- pagnie, M. Colin, les relevés de l'architecte Ducat ont été confirmées dans la fouille nouvelle, soit pour des murs en relation avec l’axe du monument, soit pour les massifs blo- cages qui épaulaient cette branche du fer à cheval. En arrière de la façade, sur un point que les creusages an- térieurs n'avaient pas atteint, M. Colin remarqua deux murs se rencontrant à angle droit, et dans ce réduit, où la sonde pénétrait sans difficulté, se trouvait intacte la sépulture d'un enfant ainsi que beaucoup d’autres ossements humains. Ce point est à peu près au milieu de l'entrée de la rue du Mont- Sainte-Marie, à environ deux mètres de cette sorte d’étroit canal indiqué sur le plan publié en 1875 (2). Ces sépultures, en y comprenant les ossements semés jusque contre les maisons modernes et à travers d'anciens murs, sont donc fort anciennes et bien antérieures à celles du petit cimetière privilégié du pourtour de l'église Saint-Jean-Baptiste. Elles révèlent un long état d'abandon des lieux au voisinage du (1) Sous la conduite du Directeur des eaux, une visite souterraine nous a permis de constater la remarquable conservation d’un superbe morceau de 4 mètres de longueur de cette portion de façade dans une galerie spé- ciale, sorte d’impasse sur le flanc de l'égout, construite il y à 39 ans, dans un intérêt archéologique digne d’éloge. Une canalisation interposée ne permet malheureusement pas de mettre en cominunication avec la rampe des escaliers ce très curieux reste de la façade. (2) Aug. CAsTaAN ; Mom. de la Sociélé d'Emulation du Doubs, 6: série, L10D 507 — 987 — monument antique bouleversé; ce que confirmait encore la rencontre, sous le milieu de la rue, à 15 ou 20 mètres plus bas, de deux superbes blocs de vergenne, laissés jadis sur place en raison de leur dimension. Ces diverses constatations seraient de minime importance si elles n'avaient rappelé l’attention sur les deux Mémoires de Castan en faisant un retour sur le passé, à propos de ce passage où il est dit, relativement à la rampe d’escalier de la façade et à son prolongement. « Quant à son extrémité oc- cidentale, la maison actuelle qui la recouvre ne nous permet- tait pas d’en essayer le dégagement. » Quelque intérêt que puissent présenter des indications futures, l’examen sérieux des vestiges de la place Saint- Jean convaincra l’observateur que ce tronçon de rampe, quelque réduit qu'il soit, constitue à lui seul, et en sa place, un élément essentiel pour connaître la destination du monu- ment. L’étendue, aussi bien que le décousu inévitable d’une ruine bouleversée par des constructions postérieures, laisse souvent les visiteurs dans l'embarras pour en saisir l’en- semble. C’est dans cette vue, après un silence trop pro- longé, à la suite des observations émises il y a 15 ans, par un savant et très fin appréciateur, qu'il n’est pas inutile de revenir à l’étude de la question. Cinq après la publication du deuxième Mémoire de Castan et la tenue d’un Congrès archéologique à Besançon, feu J. de Laurière émettait ce sentiment, dans la chronique du Bulle- tin monumental en 1881 (p. 115): « Le monument présente des dispositions tellement différentes de celles qui caractéri- saient les théâtres romains, qu'il conseillait de n'en accepter l'attribution qu'avec la plus grande réserve. » Les dispositions étranges signalées n'avaient pas échappé à Castan. Aussi disait-il volontiers :— Sinous n'avons pas affaire à la ruine d’un théâtre, qu'on veuille bien me dire ce qu'on peut y voir à la place? — Dès le principe, il écarta l'hypothèse d'un amphithéâtre, la découverte postérieure de la façade lui — 988 — donna raison. C'est alors que, s'appuyant sur des témoignages matériels d’un inachèvement et de l’abandon d’un plan pri- mitif, il vit dans la partie centrale de l’hémicycle une place toute désignée pour les rangées de degrés d’une cavea qui n'aurait pas été creusée. Pour lui, l'escalier compris dans la façade était une entrée sur la scène. Le critique, estimant ces hypothèses comme trop aventu- reuses, formula, à leur endroit. des objecttons matérielles contre lesquelles il n’v a rien à opposer. : Qui ne s’accorderait avec lui, au sujet de la plus belle partie de l’édifice, de lestrade curviligne qui supporte les colonnes. Ce haut soubassement a absolument « l'aspect d’un » podium d’'amphithéätre tel qu'on peut en voir aux arènes » de Nîmes et d'Arles, tout à fait inusité dans les théâtres » romains. » un ce qui concerne les/escaliers de la, fiçcade on en » rechercherait en vain de semblables dans aucun des » théâtres connus, même dans les théâtres construits sur » un terrain formant une déclivité, à l'endroit où s’élève le » proscenium. C'est une nouvelle anomalie de construction » si considérable qu’il faut renoncer ou tout au moins hési- » ter plus que jamais, à y reconnaitre un proscenium ». Et en eltet les fouilles n'ont relevé aucune trace "de là scène, « En présence de ces bizarreries de dispositions, ajoute » M. de Laurière et des obscurités matérielles qui couvrent » une partie de l’esplanade, il est permis de croire que le » dernier mot n'a pas été dit sur la destination de ce monu » ment » qu'il considère toutefois comme « de première » importance », | L'auteur de l'attribution n’a pas cru devoir répondre à cette critique émise, du reste, en termes très bienveillants. Le mieux était assurément d'accepter une leçon sur le dan- ger des conceptions hypothétiques au service d’une idée préconçue. — 289 — Si donc le dernier müt n’a pas encore été dit il serait bien près de l'être. Que l’on pénètre sous la petite voûte en coupole si intel- ligemment aménagée pour abriter ce qui reste de la rampe des escaliers. Quand on examinera ces marches de 0,60€ de foulée sur 0,30° de hauteur on ne peut refuser à ces grandes pierres un caractère vraiment monumental ; en même temps, si on consulte un relevé du plan, on constatera que le tron- çon de rampe est si rapproché de l’axe de lédifice que le prolongement de la ligne des escaliers a dû dépasser cet axe, en sorte que la rampe bien centrée n’a pas dû occuper en façade moins de 12 mètres de longueur, et très probable- ment bien davantage. On comprend alors le rôle d’un très large accès de l’espla- nade, libre jusqu’à ce podium d’amphithéâtre si décoratif avec ses fortes moulures et ses nombreuses grandes colonnes, sur une courbe de 50 mètres de longueur. Une ville qui s'était donné le luxe de grandes arènes avait leu d’être fière de posséder une vaste enceinte magnifiquement encadrée, laquelle, au moyen d'ouvrages accessoires en charpente, pouvait être utilisée aussi bien pour les grandes réunions publiques fêtes ou cérémonies, que pour les jeux de scène ou les spectacles. En conséquence ne sommes-nous pas autorisés quand même en appréciant la part légitime d'hommages qui est due aux travaux de nos bien regrettés confrères Castan et Ducat, à maintenir aux ruines de la place Saint-Jean l’ap- pellation qu'ils leur ont donnée de Théâtre romain de Ve- sontio ? | INSCRIPTIONS & FRAGMENTS SCULPTÉS (XWIEC et XVÉE siecles) (GROUPÉS AU SQUARE ARCHÉOLOGIQUE CASTAN) Par M. Alfred VAISSIER Séance du 30 novembre 1907. T. Table), de corniche au, bord extérieur profondément sculpté d’ornements d’un beau caractère, de Pépoque gallo- romaine à Besançon, en pierre de vergenne. Longueur 105. Pour couronner un assemblage d'inseériptions des xvie et xvrI° siècles; à la place de cet intéressant débris de sculpture d’un autre âge, tout était disposé pour l'emploi d’une inscription mieux appropriée, lorsque, dans le transport de la pierre du xvr° siècle, à ce destinée, on reconnut qu'en raison du mauvais état de sa masse, il etait préférable de déposer à l'abri sous la voûte, au bas du Square, ce bloc d'un intérêt artistique incontes- table. (Voir notre n° xxx). IT. Ecusson sculpté, aux armes de la ville de Besançon, cartouche du xvie siècle. IIL. Ecusson, 1583, aux attributs de la bannière de Cha- mars, un des quartiers de Besançon. IV. Pierre tumulaire de JEAN DE CUSANCE, protonotaire apostolique, archidiacre de la métropole de Besançon : Texte: D. O. M. Joanni de Cusatia, protonotario || apostol. archid. Favern. eccle || 4 metropol. bisunt. Canoniéo. inter || pri- mos nobilitatis sequan. viros || pio prudenti et cum mira vitæ || oo innocentia fidei cathol. liberta || tisq. eccles. propugnatori acer || rimo : Hermanfredus et Evande | linus barones Bellovisii pro [patruo] || suo et curatori opt. de se mlemoriam] moesti posuere. * Obiit 5 octob. 1567. Aet.[atis suæ..] Plaque de marbre noir, en deux fragments et incomplète, haut. Om50, larg. Ov41, — Eglise cathédrale de Saint-Etienne. (J. GAUTHIER. Mém. de l'Acad. de Besançon, 1880, p. 355). V. Pierre provenant de l’ancien clocher de Saint-Vincent (Eglise de Notre-Dame). Au milieu de moulures de style, du commencement du xvIe siècle, sont posées les armoiries d’'ANTOINE LE MONTECUT (de Montecuto), premier abbé commandataire de l'Abbaye; de 1520 à 1532 Ce prélat était le confesseur de Marguerite d’Au- triche qui le désigna, er 1550, comme un des exécuteurs de son testament. Il était probablement étranger à notre pays. C’est lui qui « collabora à l'érection de l’église de Notre-Dame « de Brou et détacha, à diverses reprises, maçons, sculpteurs et « peintres au profit de son Abbaye de Saint-Vincent ».— J. GAU- THIER. Histoire de l'Abbaye de Saint-Vincent, Acad. de Besan- con, 1902. Armes d'Antoine de Montecut : d’or à l'aigle de sable et à bande de gueules chargée de trois mouchetures d'hermines brochant sur le tout. Longueur 095. V bis. Portion de couverte d’une ouverture : Des armoiries martelées, dans un petit cercle rayonnant, sont abritées sous une forte saillie, au côté gauche de laquelle rampe un animal dont on voit les quatre pattes; une fleur de lys en dessous ; la même décoration devait exister sur le côté droit. VI. Inscription tumulaire de Rémond Chosal, docteur en droit (1553-1581), co-gouverneur. — 292 — Plaque mince en pierre rosée, fragment. + CHOSAL-VT-. TORI-OVI-P(ou F) IN SENATO-- HVJVS CIVI-- …C:SINCERE VE- MAJORATV:BIS-.. …VDEX-ERAT-LA: +NTHLATOS VENER:- coovssosescoossesoe (NV: VIE. Epitaphe de SEVÈRE VOLZ D'ALTENEAU, jeune gen- tilhbomme alsacien, qui, voyageant avec son précepteur, fut surpris à Besançon par la mort, le 19° novembre 1602, à l’âge de onze ans moins six mois. Son précepteur revint à Besançon deux ans plus tard, chargé par le frère d’Alteneau -de marquer par un monument, dans l’église des Carmes, la sépulture du jeune défunt, comme aussi de fonder au même Heu un service anniversaire le 8° jour après la date du décès, à l’octave de la Toussaint. Cette fondation s’exécuta jusqu’à la Révolution française. D. O. M. Nobili præclaræq. spei adolescenti Severo de Altenau, præmatura morte e rebus humanis sublato, Fortunatus de AÏl- tenau, cum fratri non sine dolore sibi rapto,aniversarium octavo post sui transitus qui fuit omnium ss. die habedu. (haben- -dum) fu(n) dabat, ad præsentem illius tumulum monumentum quoq hoc moest (um) ponebat. — Transiit anno salutis M. DC. IL Kal novemb. vixit in seculo, Deo deinceps in æternum vivens annos undecim dies minus sex. -Ce monument est en pierre noire polie, lettres jadis dorées, avec encadre- ment oblong incrusté de marbre blanc, en maniere de cartouche, dans le style de la Renaissance, Long. 1"55, haut. 060, (Voir CASTAN. Méin. de la Soc. d'Emul, du Doubs, 1877, p. VI-vint). — 293 — VIIT. Deux fragments d’une inscription : CLAUDIUS GER- BER THEO... Ces pierres cubiques oblongues, non plus que celle semblable portant les mots : IbvS Mau, ne parais- sent avoir appartenu à l’épitaphe complète suivante : Domino Claudio Gerber hujus ecclesiæ canonico theologali, vitæ innocentia et pietate conspicuo, decanus et canonici hæredes posuerunt. Obüt XVII die januari anno 1613. (J. GAUTHIER, Inscript. de la cathédrale Saint-Etienne, Acad. de Be- sançon, 1881, p. 302). IX. Couverte d’une ouverture sur un plan courbe ; sous la pointe de l’accolade un écussoun pouvant être les armes des Bonvalot, trois jumelles, à moins que cette pierre de taille bouchardée ne provienne de l'Abbaye Saint-Vincent, où les armoiries des abbés étaient assez nombreuses. X. Monument commémoratif de frère DOMINIQUE SIMON, ancien lecteur et prieur du couvent des Jacobins (Domini- cains) de Besançon, mort en prêchant le carême à Pontarlier, mars 1578. Mem. r. fr. Dominici Simonis covent. Treçesis doct. theologi qui plurib. annis hoc in cœnobio primum dein prioris gnaviter functus officiis tadem IIT id. mart. anni. C19 19LXXVIHI dum Ponti- salii quadrages, cociones haberet ad cœleste. migravit patriam. fr. Dominicus Lambert doct. theol. Parisi hæret. pravit. gener. inquisitor hoc monumentum {[posuit] suis Sump. . MDC... Plaque encadrée de deux pilastres cannelés, haut. 047, larg. 040, XI. Inscription commémorative de la construction des quatre faces en pierre, à la place de la tour en bois du clocher de l’église des Jacobins, par les soins et aux frais du grand inquisiteur DOMINIQUE LAMBERT en 1602. | (Has ou Hujus) turris Campanariæ facies quat(er)nas ex ligneis lapideas suis (sum)ptibus effici curavit fr. Dominicus 18 — 294 — (Lambert sacræ theologiæ doctor, hujus conventus religiosus, professus et hæreticæ pravitatis inquisitor. LAUS + ANNO + 1607 + DEo. « L'institution de ce frère Dominique Lambert comme » fnquisiteur du diocèse de Besançon est du 8 des ides » d'octobre 1603 ; à la suite de l’acte est l’arrêt d’envoi en » possession qui porte que c’est en qualité de Comtois que » cet arrêt lui à été accordé » (1). Il serait intéressant de découvrir quelques renseignements sur ce personnage lequel, d’après les deux inscriptions qui précèdent, tenait si fort à publier ses litres et qualités. On doit trouver sa trace dans les procès de sorcellerie dont c'était encore le beau temps au commencement du xvrr* siècle. XIT. ANTOINETTE DE CLÉRON, dame d’Orsans,. Cy git illustre dame d’Antoine de Cléron, dam. dorsan. La- quelle mourut le 7 Aost lan 1637. L'inscription est encadrée d'ornements en fort relief sur une pierre de forte épaisseur, large de 080 (provient de la cryp e abbatiale de Saint- Vincent.) XIII. Inscription dédicatoire d’une petite chapelle de SAINTE ANNE, d'où le nom de la rue. À l’honneur de Dieu, de la glorieuse vierge Marie et de ma dame sainte Anne, honorable homme Jehan Blancheteste et Ragonde Belvillain, sa femme, citoyens de Besançon, fut édifiée et fondée la put (pnte) (lu barré, pour abréviation, erreur du lapicide, pour présente chapelle) en 1557, priez pour eulx. Caractères très soigneusement gravés, encadrée dans un titulus à queues d'aronde, XIV. Moitié d’un chapiteau, orné de 6 têtes d’anges, retiré (1) De CourBoNsoN. dAuad. de Besançon, séance du 25 février 1754, pH2ULATAULEe — 295 — d'un des piliers carrés d'angle de la cour du Palais Granvelle, ensuite d’une réparation en 1906, XV. Première pierre de fondation de l’église du premier établissement des Carmélites à Besançon, rue de Glères, en 1619, Hauteur 0"85, largeur 0759. ANNO SALVTIS 1619 SVB AYSPICIIS ILLVMI FERDINANDI DE RYE ARCHIPRAESVLIS BISVNTI- -NI: S: ROM: IMP: PRINCIPIS PER RD: PHILIB- POVRTIER VIC: GEN: ET CANONIC- BISVNT-: BENEDICTO SOLENNTER HOC LOCO AD DEI OPT: MAX: ET VIRGINIS DEIPARAE GLORIAM CAROLINA AB AVSTRIA S- ROM: IMP: MARCHIONISSA COMITISSA À CANTECROY HOC LAPIDE PRIMA ECCLESIAE CONVENTVSQ- SANCTIMONIALI- -VM CARMELITARVM FVNDEM- -TA IECIT QVOD FAYSTVM FOELIX QVE SIET [En l’an du salut 1619 sous les auspices du très illustre Ferdinand de Rye,archevêque de Besançon,prince du $. Empire romain par R. D Philibert Pourtier, vicaire général et cha- noine de Besançon, ce lieu ayant été solennellement béni à là gloire de Dieu, très bon et très grand et de la Vierge mère de Dieu. rie NUE Gi . Caroliné d'Autriche, marquise du saint empire romain, Con- — 296 — tesse de Cantecroix, par cette pierre jeta les premiers fonde- ments de l’église du couvent des religieuses carmélites. Que ce soit d’un heureux présage.] Ecusson losangé de la comtesse de Cantecroix. Ecu en losange, parti : au I, écartelé aux 1 et 4, d'argent à trois bandes de sable, et au chef d'or chargé d’un aigle à deux têtes de sable (Perrenot de Granvelle), aux 2 et 3, d’or au lion de gueules, armé et lampassé d’azur, au lambel de même ou chef (Bréderode) et sur le tout de gueules à la bande vivrée d’or ; au IT de gueules à la face d’argent (Autriche). [Description par M. Max PRINET|. L’écu losangé sculpté en très fin relief, au bas de l’ins- cription porte les armoiries de Caroline, marquise d’Au- triche, fille naturelle de l’empereur Rodolphe IT et femme de Thomas François d’Oiselay, comte de Cantecroix, héritier des Granvelle. Lors des fouilles pratiquées en 1896 pour un égout dans la rue de Glères, en face du n° 9, on découvrit, à 3"80 au dessous du sol de la rue, la pierre portant cette inscription ; elle formait un premier lit de maçonnerie reposant sur des pilotis consumés par le temps. C'est l’unique débris de cette église des Carmélites ét non pas comme l’a dit Castan, par. erreur, dans son Besançon el ses environs, la dalle funéraire de très grande dimension conservée au Musée, qui porte l’épitaphe et les blasons en relief de Marguerite de Rye, marquise de Beauffremont-Listenois, morte en 1651. Cette dernière dalle provenait de l’église des Visitandines, rue de la Lue, à la Visitation. XVI. Tête d'ange en léger relief, en écoinçon. XVII. Epitaphe de sœur SÉRAPHINE MONNIER, visitandine, 1632. Icy git seur Marie Séraphine Monnier religieuse professe du monastère de la Visitation Ste Marie de Dijon, envoyée par le susdit monastère pour l’establissement de la fondation de Be- — 9297 — sançon, elle décéda le 7 febvrier 1632, aagée d’environ 93 ans, en alant passe 5 en religion. Dalle haute de 0°59, large de 050, donnée au Musée par M. Albert Guichard. XVIIT. Epitaphe de sœur MARIE FRANCHET, visitandine, 1632. Comme la précédente, cette dalle provient du couvent des Ursulines, rue d'Anvers, où ces religieuses hospitali- .Saient les Visitandines qui au moment de leur fondation n'avaient pas encore d'établissement. (V. J. GAUTHIER, Mém. de l’Acadéinie de Besançon, année 1881, p. 318). Ici git seur Jeanne Marie Franchet, professe du monastère de la Visitation Ste Marie de Besançon, elle décéda le 14 mars 1632, aagée d’environ 22 ans aiant passe 18 mois de religion. Dalle haute de 0"54, larce de 04%, donnée par M. À Guichard. XIX. Ecusson d’un tailleur de pierre, provenant de Man- cenans (Doubs). « Au dessus d’une porte d’une maison particulière, un écu avec emblèmes, un marteau (boucharde), une équerre et un compas et (au-dessus un ciseau marqué d’un M) soutenu par deux anges du XVI au XVIIIe siècle ». (Signalé par J. GAUTHIER. Répertoire archéol. du canton de l’Isle- sur-le-Doubs. Annuaires du Doubs, 1884), -Ce curieux bas-relief, jadis peint, vient d’être acheté par le Musée. XX. Ecusson armorié, entouré du coliier de la Toison d'or, fragment d'une très belle sculpture en pierre blanche, trouvé dans un mur à Nozeroy, donné par feu Michel Monnier, de Nozeroy. Hauteur 030. Description héraldique: Ecartelé au 1, d'azur semé de billettes d’or, au lion de même, armé et lampassé de gueules, brochant — 958 — sur le tout (Nassau) ; au 2, d’or au léopard lionné de gueules, armé, lampassé et couronné d'azur (Katzenelnboyen), au 5, de gueules à la fasce d'argent (Vianden); au 4, de gueules à deux léopards d’or, armés et lampassés d'azur (Dictz). Sur le tout, écartelé : aux 1 et 4, de gueules à la bande d’or (Chalon); aux 2 et 3, d’or à un cornet d’azur, lié de gueules (Orange). Sur le tout du tout, cinq joints d’or équipollés à quatre d’azur (Genève). | Ce sont les armes de Nassau Orange, telles que les por- tait Guillaume le Taciturne, qui fut seigneur de Nozeroy de 1554 à 1567. Peut être est-ce lui que rappelle cet écusson ? (Cette description communiquée par M. Max PRINET). XXI. Füût de pilastre, pierre de 080 de hauteur, sur 0"11 de largeur, décoré d’arabesques en relief dans le goût de la Renaissance, où figurent un bucrâne, des sphinx adossés, un cartouche suspendu, des petits personnages nus et des animaux fantastiques. Traces de dorure. XXII. Muffle de lion, fragment en marbre noir (xvr° siè- cle). XXII[. Tête de mort, couronnée de lauriers, fragment en marbre blanc provenant d’un mausolée (xvre siècle). XXIV. Ecusson sur une large plinthe en pierre grise ; dans l’ovale du cartouche sont sculptées les armes de la fa- mille Doroz, surmontées d’une mitre et d’une crosse. Ce fragment pourrait-il être attribué à Jean Doroz, évêque de Lausanne, mort le 44 septembre 1607 au prieuré de Chaux- les-Clerval ; il était évêque de Nicopolis (1585), de Lausanne (1600). Au xvine siècle, cette famille Doroz compte deux autres prélats l'abbé de Bithaine, mort en 1725 à Poligny, l’autre, l’abbé de Goailles, décédé à Besançon, âgé de 98 ans 909 = et à mois. Le stylé du cartouche parait postérieur au xVPrSIECIe. Les armes des Doroz sont : d’or à la fasce d'azur, chargée d'une rose d'argent au cœur d’or. XXV. Manteau de cheminée (bande supérieure d’un) en pierre grise polie où sont sculptées, entre deux palmes, les armes des Granvelle, provenant d'une banquette dans une maison de la rue du Chateur, au voisinage de laquelle Ia famille Granvelle possédait une propriété (xvIr* siècle). XXVI. Mascaron ou tête grimaçante, pierre sculptée en ronde bosse (xvIr° siècle). X X VI bis. Ecusson en pierre blanche meublé de pièces de fantaisie, étoiles et rosaces : les lettres GG et PM accom- pagnées d’une pelle (?) et d’un marteau de maçon, rappel- leraient une alliance, où les métiers de deux familles seraient figurés par des outils. XXVII à XXIX. Quatre fragments de grosse sculpture en pierre de vergenne, provenant de la démolition d’an- ciennes constructions de l’époque de la conquête, sous Louis XIV. Les deux L croisées et la couronne fleurdelisée ainsi que le soleil en témoignent suffisamment. XXX. Au bas du square, sous la voûte, une intéressante inscription provenant du Palais Granvelle, cour ou jardin. En 1541, alors qu'il était vice-roi de Naples, Granvelle recevait de Marguerite d'Autriche le don d’une statue en marbre blanc de proportion colossale prise pour un Jupiter, mais qui en réalité est un Neptune, torse antique, provenant de la vigne {vinea, jardins) des Médicis à Rome. Cinq ans après, le cardinal fit transporter à Besançon le cadeau de sa souveraine et le fit placer au milieu de la cour intérieure de son palais sur un haut piédestal, agré- — 300 — menté du bronze de la sirène versant de l’eau par ses seins, qui décore aujourd’hui la fontaine de la rue Charles Nodier. Dans un mur bas situé à l’arrière-fond d’une maison de la rue Saint-Vincent, c’est-à dire sur l'emplacement des anciens jardins du palais, on a retrouvé, il v a quelques années, le couronnement de ce piédestal, énorme pierre au ton rouge, tirée vraisemblablement de la carrière dite de la Coulue, près Besançon. Si, sur ses deux faces d'avant et de derrière, le bloc oblong a perdu des corniches finement sculptées, 1l a conservé ses ailes très saillantes en encorbel- lement et la moitié de l’inseription commémorative du mo- nument, en capitales romaines jadis dorées. Le complément de ee texte se lit dans une relation de délégués des Ligues suisses visitant le palais, avant de se rendre près du roi Henri ITF, à Paris en 1557 (1). HANC IOVIS NOBILEM STATVAM DELICIAS OLIM IN VINEA MEDICEORY-: ROMAE ILLUSTRISS-D-:MARGARET A AB AVSTRIA DVC:CAMARINI AN: MDXELI GRANVELLAE CVM HBIl TUM CAESARIS VICES AGERET DONAVIT QVI EAM VESVNTIVM TRANSTVLIT ET HOC LOCO POSVIT ANNO MDXLVI:] Au revers est gravée, en plus grandes lettres. la devise des Granvelle : SIC VISVM SVPERIS rappelons ici que la statue ou plutôt le torse dit le « Jupi- (1) A. CASTAN,. Mém. de la Soc. d’'Emulation du Doubs. — SOI — ter des Granvelle » à été donné par le comte de Saint- Amour, héritier de la. famille, à Louis XIV, en souvenir de son séjour au palais, du 16 au 19 juin 1683. Cet antique de haute valeur, ajusté sur une gaine drapée par le sculpteur Girardon, passa aux Jardins de Versailles, pour revenir plus tard au Louvre, où il se dresse aujourd’hui, dans une place centrale, au pied du grand escalier. Un moulage du Neptune du Louvre a été envoyé au Musée de Besançon. LA FRANCHE-COMTÉ EN 1805 D’APRES DES DOCUMENTS INÉDITS Par M. Léonce PINGAUD MEMBRE RÉSIDANT Séance du 21 mars 1908. Les deux documents qui suivent, dans leur teneur officielle, fourniront aux historiens de notre pays quelques curieux ren- seignements sur l’état de la Franche-Comté au commence- ment du premier Empire. Ils ont pour auteur le général d’A- boville, alors titulaire de la sénatorerie dont le chef-lieu était Besançon, et Jean De Bry, préfet du Doubs. Lorsqu'il envoya à Paris ses deux rapports sur le départe- ment de la Haute-Saône, François-Marie Aboville (il signait encore ainsi) était, si l’on peut dire, un vétéran parmi les vétérans de l’armée française. Né à Brest le 23 janvier 1730, d’une famille noble originaire de Normandie, il avait débuté sous les armes encore adolescent et pris part à la bataille de Fontenoy. Trente-cinq ans plus tard, on le retrouve colonel d'artillerie dans l’armée de Rochambeau en Amérique et c’est lui qui, au nom de son général, reçoit l'épée de lord Cornwal- lis lors de la célèbre capitulation d’York-Town. Devenu de ce fait brigadier d'infanterie, puis maréchal de camp en 1788, le chevalier d’Aboville demeura, la Révolu- tion venue, au service de la nation et coopéra à la formation de l’artillerie à cheval, ce corps qui a si puissamment influé = 500 sur le sort des batailles dans les guerres des années sui- vantes. Sa présence à la bataille de Valmy, sa protestation publique contre la trahison de Dumouriez ne l'empêchèrent pas d’être emprisonné, comme noble, pendant la Terreur. Il était ins- pecteur général de son arme depuis plusieurs années, quand le Premier Consul l’appela au Sénat conservateur (14 sep- tembre 1802). En lui, comme en plusieurs autres, il récom- pensait ainsi les officiers antérieurs à lui, qui avaient repré- senté dans la nouvelle armée les traditions de l’ancienne. Il honora même d’Abovillé d’une distinction particulière en lui conférant le privilège d’une sénatorerie. Les sénatoreries instituées le 12 janvier 1803 dans chaque chef-lieu de tribunal d'appel créaient au profit de leurs titu- laires de véritables apanages (1), Celle de Besançon valut à d’Aboville la jouissance d’un hôtel dans cette ville et une do- tation de 25,000 francs assise sur des biens nationaux situés dans le Jura, la Haute-Saône, la Marne et la Seine-et-Marne. Ses fonctions l’obligeaient d’habiter trois mois par an ce fief d’un nouveau genre, d’V accomplir une tournée annuelle et de rendre compte à chaque ministre, en ce qui concernait celui-ci, des résultats de son inspection. D’Aboville, pas plus que ses collègues, ne se soumit bien rigoureusement à ses obligations nouvelles. Les feudataires impériaux, à commen- cer par les princes de Neuchâtel et de Bénévent quine paru- rent jamais dans leurs principautés, imitèrent volontiers les abbés commendataires d'autrefois. D’Aboville ne se montra pour la première fois à Besançon que le 26 floréal an XI (16 mai 1805). Ce jour-là, au bruit du canon de la citadelle, il fit son entrée, escorté par la gendarmerie et la garde natio- nale, vêtu d'un habit bleu de ciel brodé d’or et d’un manteau -(1) On peut lire sur cette institution, son caractère et ses rèsultats la récente étude de M. le baron Angot des Rotours (Correspondant du 25 octobre 1907). — 904 — de velours violet, coiffé d’un chapeau ombragé de plumes blanches. Toutes les autorités vinrent le complimenter à son hôtel ; c'était celui du ci-devant Petitbenoîit de Chaffoy, vis à vis l’ancien couvent hénédictin de Saint-Vincent. La ville lui envoya un vin d'honneur de cinquante bouteilles et, le même soir, il y eut dans ses salons réception et concert. Au milieu de ces hommages, il n’oubliait pas alors la partie sérieuse de ses fonctions, car le lendemain, il écrivait à l'Empereur : « Je vais m'occuper de suite à remplir les intentions de Votre Majesté et à lui rendre les comptes qu’elle m'a demandés, Je m'empresse à la prévenir d'avance que, partout où j'ai déjà passé, j'ai trouvé chez les habitants des preuves d'amour pour le gouvernement, de soumission aux lois et d’attache- ment nour la personne de leur souverain et beaucoup de concorde entre les différentes classes des citoyens de cette ville. » Son rapport sur le département du Doubs se résume pour nous dans ces quelques lignes, car celui qu’il envoya de Pontarlier le 6 thermidor (25 juillet) manque. A cette date il avait déjà parcouru la Haute-Saône et y avait recueilli les éléments de deux rapports détaillés. Le second, envoyé de Vesoul le 26 messidor (15 juillet), est malheureusement le seul qui subsiste aux Archives nationales (AFIV, 1051). L'auteur se borne à y compléter les renseignements fournis par lui dans le premier. On verra du moins, par la variété des matières qu'il traite ou qu'il déclare avoir traitées anté- rieurement, qu'il avait fait porter son enquête sur toutes les parties de ladministration de façon à s’assurer de l’état moral, social et économique du département. Sur les séjours antérieurs d’Aboville à Besançon, rien ou presque rien ne mérite d’être mentionné. Il fut nommé au commandement, purement honorifique, des gardes natio- nales des trois départements comtois. On trouve de lui aux Archives du Doubs une lettre adressée au préfet en août 4806, où il parle d’une publication royaliste clandestine qu'il — 305 — a receue et dénoncée directement à Fouché. Le 15 mai 1811, nous le voyons encore présider la séance d'installation de la cour d’appel transformée en cour impériale. Mais c'était là une mission toute d'apparat, extraordinaire, comme celle qu’il avait remplie en 1804, en allant recevoir le pape, au non de l’empereur, à la frontière de l'Empire. Aucun autre document semblable à celui qu’on va lire ne permet d’af- firmer qu'il ait vaqué plus d’une fois à ses fonctions de missus dominicus intermittent. En 1814, d'Aboville, ainsi que la plupart des sénateurs ayant proclamé la déchéance de Napoléon, fut admis dans la chambre des pairs de Louis XVIII. [nserit aux Cent jours sur la liste des pairs impériaux, il s’abstint d'y siéger et mourut le 1°" juin i817, doyen d'âge de la haute assemblée où il était entré trois ans auparavant. À la suite de l’œuvre fragmentaire du vieux sénateur, on trouvera ici une série de notes très complètes rédigées à la même époque par le préfet Jean De Bry sur son département. Elles remplacent pour nous, et avantageusement sans doute, le travail perdu de d’Aboville. Un préfet devait alors fournir à Paris, outre un compte rendu général et trimestriel de son administration, des observations sur ses tournées. Celles de l’an XIIT, constituées par une série de notes toutes signées de leur auteur, sont particulièrement remarquables, four- millent de faits et de vues personnelles suggérées par ces faits (Archives nationales, FICM, Doubs, carton 11). On y voit en particulier que De Brv, non content de parcourir en tous sens sa circonscription, fit, à titre officieux, une excursion rapide dans le pays de Montbéliard, alors dépen- dant du Haut-Rhin; il y étudia sur place l’industrie nais- sante de cette région, en fit valoir les progrès et en pres- sentit l'avenir. On prépare en ce moment la publication des cahiers de notre département en 1789, véritable miroir de l'ancienne province au moment de sa chute. Il ne serait — 306 — guère moins utile de publier tous les rapports envoyés de Besançon à Paris entre 1801 et 1814 et conservés en original ou en minute soit aux Archives nationales, soit aux Archives du Doubs. Ces rapports nous montrent tout ce qui fut fait pour réparer les ruines amoncelées sous les régimes précé- dents et pour assurer autant que possible aux populations, au milieu de maux causés par les guerres incessantes, les bienfaits de la paix. D'OCUNLENTS (DEUXIÈME) MÉMOIRE SUR LE DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-SAONE (Vesoul, 26 messidor an XIII — 15 juillet 1805). 1° Caractère, conduite et talents des Fonctionnaires publics. Ordre, Administration. — Je reviens dans Ce mémoire sur vette question importante, parce que, voulant donner à Sa Majesté des renseignemens positifs, je m'étais tu jusqu'alors sur des fonctionnaires publics que j'avais encore besoin de con- paitre. Le sous-préfet de Lure, qui serait mieux placé à Luxeuil, est d’une très mauvaise santé qui doit nuire à l'administration dont ilestichargé. La plupart des maires ruraux manquent d'instruction ou se laissent aller à des préventions de parentés ou se livrent à d’autres considérations qui nuisent souvent à la police de leur cominune; mais C’est un mal presque irrémédiable dans Pétat actuel des choses. Je dois rendre ici justice au maire de Lure qui, indépendam- ment de sa bonne administration, donne encore dans le pays des exemples salutaires en agriculture, et au maire de Luxeuil qui fait un usage avantageux, pour son intéressante commune, de sa double place de maire et de médecin des eaux thermales. Je citerai aussi le brave et actif général Marulaz, commandant le département; le colonel Noirot (D, commandant le Se (?) _ ()J.-B. Noirot, né à Port-sur-Saône, le 16 décembre 1768, mort à Chassey-les-Scey le 18 septembre 1826. Ancien garde du corps surnumé- — 908 — des cuirassiers qui employe ses loisirs à la destruction des loups, nombreux dans ce pays; le directeur des droits réunis, plein de zèle, d'intelligence et d'activité, et les employés des autres services dont le public m’a paru généralement très content. C’est ici le cas d'appeler l’attention de Sa Majesté sur la ville de Luxeuil où le sous-préfet me semblerait mieux placé qu’à Lure. Les motifs sont la centralité de Luxeuil, ses communica- tions plus nombreuses, ses rapports commerciaux ; les nom- breuses forêts dont cette ville est le centre, enfin l’affluence des étrangers de toutes nations, parmi lesquels se confondent. des gens mal intentionnés qu'il faut surveiller et qui ne peuvent l'être bien que par une police supérieure. Ordre judiciaire. — Le tribunal civil de Vesoul, présidé par M. Hugon, et celui de Lure sont bons. Il ne m'est rien parvenu que de flatteur sur celui de Gray. Leurs présidents sont graves et modestes. Ce pays ressent les heureux effets de la sage institution des juges de paix, mais le mode d’élection a des inconvénients. L'intrigue y préside souvent. Il en est de faibles ou trop peu instruits. 20 Principes et influences des Ecclésiastiques. En confirmant ici le bou témoignage que j'ai rendu du clergé à Sa Majesté, je reviendrai sur la distinction que le serment a établie entr’eux. Les non-assermentés se regardent comme des élus et paraissent très sévères dans leurs principes, les ser- mentés plus cléments et plus faciles. Les premiers'se regar- dent comme les enfants de Bossuet, les seconds comme ceux de Fénelon. Mais ces nuances, grâce à la surveillance et à la fermeté du préfet, n’excitent plus de trouble parmi les prêtres et n’ont jamais altéré la tranquillité publique. raire du comte d'Artois, 1l devait être nommé général de brigade après la bataiile d'Austerlitz. Sa carrière militaire fut close par sa mise en non- activité en 1815. — 309 — M. le curé de Vesoul, ancien évêque démissionnaire, fort âgé, estutres'estimér1). 3° Hommes qui marquent par leur caractère, leur fortune, leurs opinions, etc. J'ajouteraiici au nombre des hommes marquants dont j'ai parlé dans mon premier mémoire, M. Froissart, magistrat de sûreté à Vesoul qui : "10 .. AUTRICHE. Institut impérial et royal de géologie de l'empire d’Au- triche (Kaiserlich-kœniglich-geologische Reichsanstalt) ; Wien. ne CN TE ‘ Muséum impérial et royal d histoire natiréle de ohne: BELGIQUE. Académie royale d'archéologie ; rue du Transvaal, 53; AMMerS UV : Le Académie royale dé Didi noces DR Société d'archéologie ; rue Ravenstein, 11, Bruxelles Société des Bollandistes ; boulevard militaire, 775, Bruxel- EË SRE CICR PCR PUERTO RER PRE RR AR E CPAS S 99 a 1859 1900 1855 1889 1885 1868 1891 1888 — 491 — Société gcolovique de belsique hiese 1. ITALIE. Académie des sciences, lettres et arts de Modène . R. Deputazione sovra gli Studi di Storia Patria; Torino. . LUXEMBOURG. Société des sciences naturelles du grand duché de Luxem- bourse: LuxembOULRe ER en Eu AN A ES NORVEGE. Université royale de Christiania . . PORTUGAL. Commission des travaux géologiques du Portugal ; rua do Arco NES 118 is bonmne tr Ent EME ter SUEDE Académie royale suédoise des sciences, Stockholm . Kongl. Vetterhets historie och antiquitets Akademian, SOS NON 0 ane oh Ne The Geological Institution of the er of le SUISSE. Société des Scierices naturellés Bâle, +: Société des sciences naturelles ; Berne. . . a Société générale d'histoire suisse (à la Bibl, de la Ville de Berne). Institut he ional Genève el Société d'histoire et de. er Société vaudoise des sciences ot le M. eo rue du Bourg, 28, Lausanne . M ner Société d'histoire de la Suisse romande ; a ; Société neuchateloise des sciences . Neuchatel. Société neuchateloise de géographie : Neuchatel. Société jurassienne d'Emulation ; Porrentruy . Société des sciences naturelles ; Zurich . EE Société des antiquaires (à la Bibl. de la Ville); Zurich. 1876 1879 188% 1854 1885 1869 1898 1895 1872 1855 1880 1866 ” 1863 1847 1878 1862 1891 1861 1857 1864 — 495 — Musée national suisse (Anzeiger fur schweizerische Alter- tumskunde), Neue Folge, 1, Zurich. AMÉRIQUE DU NORD. Natural History Society ; Boston (Massachussetts). . Lloyd Library ; Cincinnati (Ohio). Geolog. and Natural History Survey; Madison (Misconsia): Natural History Society; Milwaukee (Wisconsin) . Geographical Society of Philadelphia (Pennsylvania) . Academy of St-Louis (Missouri). . Botanical Garden ; Saint-Louis (Missouri). . Smithsonian [Institution of Washington. , . ù United States Geological Survey; Washington. . AMÉRIQUE DU SUD. Musée national Montevideo." hu, 7, 1899 1865 : 1904 1901 1901 1896 1897 1890 1869 1883 1901 — 496 — ÉTABLISSEMENTS PUBLICS (36) Recevant les Mémoires. Bibliothèque de la Ville de Besançon. Id. populaire de Besançon. Id. de l’Université de Besancon. Id, de l'Ecole de médecine de Besançon. Id. du Chapitre métropolitain de Besançon. Id. du Séminaire de Besançon. Id. de l’Ecole normale d’instituteurs de Besançon. Id, de l'Ecole normale d’institutrices de Besançon. Id. du Lycée de jeunes filles de Besançon. Id, de l’École d'artillerie de Besançon. Id. du Cercle militaire de Besançon. Id. de la ville de Montbéliard. Id. de la ville de Pontarlier. Id. de la ville de Baume-les-Dames. Id. de la ville de Vesoul. Id. de la ville de Gray. Id. de la ville de Lure. Id. de la ville de Luxeuil. Id. de la villé de Lons-Té-Saunier. Id. de la ville de Dole. Id. de la ville de Poligny. Id. de la ville de Salins. Id. de la ville d’Arbois. Id. de la ville de Saint-Claude. Id, de la ville d'Angers. Id. de la ville de Strasbourg. Id. du Musée national de Saint-Germain-en-Laye. Id. Mazarine, à Paris. Id, de la Sorbonne, à Paris. Id. de l'Ecole d'application de l’artillerie et du génie. à Fontainebleau. — 197 — Bibliothèque du Musée ethnographique du Trocadéro, à Paris. Id. . du British Museum, à Londres. (Librairie Dulau et Cie, Soho Square, 37.) Archives départementales de la Côte-d'Or; Dijon. Id. du Doubs; Besançon. Id. de la Haute-Saône ; Vesoul. id. du Jura; Lons-le-Saunier. TABLE DES MATIERES DU VOLUME PROCÈS-VERBAUX. Allocution de M. le D' MAGNIN, président sortant ..... A Prix Saintour décerné par l’Académie des Sciences à M. le DÉNDÉCNIN SR SR aan ec De es A ee ee De ET Notice sur M. Francey, par .. . D'ÉMAGNINR RER Re p. VII Notice sur M. Victor demi par M. Alf. VAISSIER.,. ...... D Les Paniers, poème comique en patois de Besançon et sa tra- duction en patois jurassien, par M. AÏf. VAISSIER......... p. IX Notice sur M. Georges Sire, par M. le D' MAGNIN.......... p. 1x Allocution de M. À. LECLERC, président entrant....... D oc Notice sur M. Ch. Contejean, par M. le D' MAGNIN.. I à DER L'ancienne coutume de Besançon et son oareiaene Claude François d’Orival, seigneur de Vorges, par M. PIDANCET.. p. x La. question d'Alesia, par M le D'MAGNIN. 2 2. px La protection des vignobles contre la grêle. par M. le Dr Ma- Notice sur M. Just Becquet, par M. À. oups Me 0 Modification au règlement de la pension des frères Grenier., p. xII Edouard Grenier, d'après M. Alf. Mézières, par M. le Dr LE- DOUX . D es a los D QU Diane L ane drame to que. par M. À. Liban. de OU Vœu relatif aux œuvres d’art conservées dans les lee. ments religieux. ........ “es or de dnote eane DAC INI Rapport sur le réglement de . pension à des frères Grenier, PAM TAURIET- 7 RE bn ou ocom Uo. ON La Bibliothèque de Besançon et l'Exposition de odie de la Bibliothèque Nationale, par M Georges GAZIER........ DEN Notes sur les églises du département du Doubs Scores d'être classées parmi les monuments historiques, par M. M. BOUTTERIN....... DE D TR OP De ue oo p. XVI Le Congrès de l'Association aie comtoise à Belfort, par MAS PÉECLERC, 6e LR a ne Re DU Jacques Prévost, peintre. ee et graveur, . M. le D'EROURDIN ES CN CE D a ur nn p. XVII A0 Un tableau allégorique du Musée de Besancon, d’après une Étuderte M. Perdrizet, par MG Gazier ..1.,,:,.4,44.1. p. XVUI Subvention au monument de Just Becquet....,..........., p:. XIX Bulletin archéologique, par M. Alf. VAISSIER......,,......, PDiXIX Jacques Prévost. (suite), par M. le Dr BOURDIN...,..:,....., D:-XXI Notice sur M. Maurice Bretillot, par M. A. LECLERC....... Dee XXII Notice sur M. Jules Gauthier, par M. G. GAZIER......,,..., p. XXII Les champignons de la famille des Astérosporés par M. Fré- HÉTICABATATÉDES A ne die rbne do Se dr eee loue DE XINT Budeetpourlannées 19082. LÉ SR ae un ua p; XXII Démission de M. Kirchner, archiviste de la Société......... p. XXIV Élection-du: bureau pour l’année 1908 :.:.:..:.., 4.0.0 p. XXIV Hléchon de membres honoraires: 4,4: 12.1... De XX V Séance publique. du 19--décembre 1907... ,.: ..:.,.,...4,. 14 p.-xXV Fondation des Frères Grenier. Rapport de M. THURIET..... p. XXVII Règlement de ls pension des Frères Grenier ..,......:...... p. XXX MÉMOIRES. La Societé d'Emulation du Doubs en 1907 : dis- cours d'ouverture de la séance publique du jeudi 19 décembre 1907, par M. Adrien LECLERC, pré- sident annuel... .... Re D Se D. 4 Just Becquet, sculpteur bisontin, par M. le docteur ÉroNn UPportrat-etT planche). rc p.45 Un livre récent sur la cuisine franc-comtoise, par ME Geobrces CAZIER .. 1. D. 28 SUINDCLS, Dar M. Frédéric BATAILEE..:. ©. .... p. 4 Les empoisonnements par les champignons comes- tibles ou vénéneux, par M.le docteur Ant. MAGNIN. p. 44 Jacques Prévost, peintre-sculpteur et graveur franc-comtois au xvI* siècle, par M. le docteur ÉBOURDIN CE planches) nn Rec DC Flore monographique des Astérosporés | Lactaires et Rüussules]|, par- M. Frédéric BATAILLE..:.°:... D: 10 Le Docteur J. Cornet, par le docteur E. BouRDIN. p. 261 — o0Ù0 — Edouard Grenier, d'après Alfred Mézières, par Mile” docteur LEDOUX 7. | Les Paniers. Poème comique en patois de Besançon et sa traduction en patois jurassien, par M. AIf. VAT ER en Bulletin archéologique, 1907, par M. AIf. VAISSIER. Inscriptions et fragments sculptés (KVIe et XVII siè- cles), groupés au Square archéologique Castan, par M AI VAISSTER Sa ee ee ARR ee La Franche-Comté en 1805, d'après des documents inédits;-par M. Léonce PINGAUD. tre 0. Le Livre de prières de l’empereur Maximilien à la Bibliothèque de Besançon, par M. Georges GAZIER (planches) Re Observations phénologiques faites à Besançon de 1897 à 1907,:par M. À KIRCHNER. 2 0 Correspondance de J.-B. Flavigny, évêque cons- titulionnel de la Haute-Suône (Supplément), par MGE0rsesS GAZIER 2 ci Notes sur les églises du département du Doubs susceptibles d’être classées parmi les monuments historiques, par M. M. BOUTTERIN (2 planches). Anne de Gonzague en Franche-Comté (1641). [étude historique], par M. E. LONGIN. . ....... Dons faits à la Société en 1907-1908..... A RS D be 0 Envois des Sociétés correspondantes :.......110....:....4.... Membres de la Société au 1e décembre 1908 ......,......... 5 Membres de la Société décédés en 1907-1908. ....... pe SOCIÉLÉS CONLESpONdANTES Ne ame. ne Etablissements publics recevant les Mémoires..... A SRE BESANCON. — TY\YP. ET LITH. DODIVERS. PRESENTED +9. JA 0n0 12 JU, 504 P. P- SET 267 271 283 290 302 390 s 1510) 310 D 101 309 . 463 . 465 471 485 486 496 Extraits des statuts et du règlement de la Société d'Emulation du Doubs, fondée à Besancon le 1° juillet 1840. Décret impérial du ?? avril 1863 : « La Société d'Emulation du. Doubs, à Besancon, est reconnue comme établissement d'utilité publique... ) No ae Art. ler des statuts : « Son but est de concourir activement aux progrès des sciences et des arts, et, pour en faciliter le développe- ment, de coopérer à la formation des collections publiques et de diter les travaux utiles de ses membres. » Elle encourage principalement les études relatives à la Franche- Comté. » . ue Art. 13 des statuts : « La Société pourvoit à ses dépenses au moyen : » Lo D'une cotisation annuelle payable par chacun de ses membres résidants et par chacun de ses membres correspondants ; sie est exigible dès l’année même de leur admission. » 20 De la somme de deux francs payabie par les membres rési- dants et correspondants au moment de la remise du diplôme. … » Art. 17 du réglement : « La cotisation annuelle est fixée à dix francs pour les membres résidants et à six francs pour les membres correspondants. » .. - Art. 23 des statuis : « Les sociétaires ont la latitude de se libérer !. leur cotisation annuelle en versant un capital dans la caisse de a Societe. » La somme éxigée est dle cent francs pour les Li resi- dants et de soixante francs pour les correspondants .. : » Art. 15 des statuts : « Tout membre qui aura cessé de payer sa cotisation pendant plus d’une année, pourra être considéré comme démissionnaire par le conseil d'administration. » | Art. 6 du réglement : « Les séances QPAURARES se tiennent lé se- cond samedi de chaque mois... » Art. 9 du règlement : « La Société. publie, chaque, dTNÉE 27. U bulletin de ses travaux, sous le titre de Mémoires... » Art. 13 du règlement : « Le bulletin est remis gratuitement : JAUNE À chacun des membres honoraires, résidants et corres- pondants de la Société... » } Adresse du Trésorier de la Société : M. le Trésorier de la Seat ne _—_—— TE e IT TES TT LT UE x . ne PP ee Te ue ". + - SES - : a “METT 9 ”: _ du = =. : PQ Rp, = er . PR , ” S ces à Pl « L » Ve “ LE) vu: . « y SX Eu : Ke NE te gi : È - © où ge de ne ‘aa tease C | ù ou S a eriite - « # Û v mn SELS …— ee gr à d + ..4u | Vans Ë : ous ave des 74 : e ME “ re = D ’ vu > Fishans à “ » , - a de Un Ve rs ES er ue a. Lee ris tk à muy hr k «S + cie re > ; ; : S a ù » LATE y Voir, pre) “Aa LE Q v À « a 5 | . Se u ee " Ÿ RCE VON ITEM LAURE TT a NE Aus = £ ° we s à : : “ [n D « : RQ s dures & EN Fouyvs! ve > d eus: LA à = * L Je à nn, Vie wi ee € pans a se Des rs + Peas à. 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