. 1: ë = DAS et Ç 8047 ) 1H) l ï È un non TTL uni A 7 T1 W ni Po " ff . Het f NEA A LT ÿ A ñ fl NV { D De ME%Y O IRL MATHEMATIQUE DE PHYSIQUE. Préfentés à l'Académie Royale des Sciences, par . divers Savans, & lüs dans fes Affemblées. Tome Second. POP A RTS, DE L'IMPRIMERIE ROYALE. IODOOOOOCOCTOOOOTOCE BA BE E Des Mémoires contenus dans ce Volume. ss AI fur les Dendrites des environs d'Orléans. Par Æ M. SALERNE, Correfpondant de l Académie. Page 1 Recherches anatomiques fur les articulations des Os de la face. Par M. DE BorpDeu, Correfpondant de l'Académie. 13 Obfervations fur des Couleurs engendrées par le frottement des furfaces planes à tranfparentes. Par M. l'Abbé MaAzeas, Bachelier en Théologie, &c. 26 Mémoire fur une nouvelle Partie, commune à plufieurs efpèces de Chenilles. Par M. BONNET, de la Société royale de Londres, & Correlpondant de l'Académie. 44 Mémoire fur l'analyfe des eaux de Selters où de Sekz. Pre- mière partie. Par M. VENEL. 53 Mémoire fur l'analyfe des eaux de Selters où de Seltz. Seconde partie. Par M. VENEL. 80 Recherches fur le meilleur fyflème de Mufique harmonique, & fur Jon meilleur tempérament. Par M. EsTÉVvE, de fa Société royale des Sciences de Montpellier. 113 Mémoire fur une étoile nébuleufe nouvellement découverte à côté de celle qui eff au deffus de la ceinture d'Andromede. Pax M. LE GENTIL. | 137 Mémoire fur un animal aquatique d'une forme Jinguliere. Par M. Bicor DE MoroGues, Correfpondant de FAca- démie. 145 Défcription de la grotte de la Balme on Dauphiné. Pa M. MoranD, Docteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris. 149 * Aus. BUTIQ"ES Mémoire fur les Maladies que caufe le Seigle ergoté. Pa M. SALERNE, Correfpondant de l’Académie, 155 Premier Mémoire fur l'organe de l'ouïe des Reptiles, à” de quelques Poiffons que l'on doit rapporter aux Reptiles. Par M. Georrroy, Docteur en Médecine. 164 Defcription anatomique de trois Loutres femelles. Px M. Sue, Chirurgien de Paris. 197 Mémoire fur le Sel de chaux. Par M. NADAULT, Corref- pondant de l'Académie. 2II Mémoire ur la manière dont la Flamme agit fur les corps éleriques. Px M. Du Tour, Correfpondant de l’Aca- démie, 246 Obfervation fur un nouveau Fébrifuge. Pa M. BERRYAT, Correfpondant de F Académie. 254 Mémoire fur un Ver luifant femelle, à fur fa transformation. Par M: DE GEER, Correlpondant de l'Académie. 261 Mémoire fur la grande Chenille à queue fourchue, du faule; dans lequel on prouve que la liqueur que cette Chenille fait jaillir, eft un véritable acide, &7 un acide très-aGif. Pax M. Bonner, Correfpondant de l’Académie. 276 Obfervation de l'éclipfe du Soleil, le premier Mars 1737, faite avec une lunette de huit pieds, garnie d'un réticule, à montée [ur une machine parallaétique, Pax M. GARIPUY, Correfpondant de l’A- cadémie. 283 Obfervation de l'éclipfe de Lune, du 9 Septembre 1737, faite à Touloufe. Par M. PLANTANF. DniFOuR & GARIPUY. 287 Obfervation de l'éclipfe de Soleil, dur ÿ Août173 8, faite à Touloufe.29 1 Obfervation de l'éclipfe de Lune, du 24 Janvier 1739, faite à Montpellier. Par M. GARIPUY. 293 Oëfervation de l'éclipfe de Soleil, du 4 Août 173 9, faite à Touloufe.29 $ Oëfervation de léclipfe totale de Lune, du 2 Noyembre 1743, faite a Touloufe. 297 Obfervation de l'éclipfe de Lune, du 30 Août1746, faite a Touloufe.299 Obfervation de l'éclipfe totale de Lime, du 25 Février 1747, faite à Touloufe, 302 TAB EE Occultation de Regulus par la Lune, du 23 Mars 1747, obfervéæ a Touloufe. 302 Obfervation de l'éclipfe du Soleil, du 25 Juillet 1748, faite à Tou- loufe. Par M. GARIPUY. 303 Obfervations de la même éclipfe, à Montpellier, px M. DE GuiL- LEMINET. À Lyon, par le P. BERAUD. À Marfeille, par le P. PEZENAS, 304 Obfervation de l'éclipfe de Lune, du 8 Août 1748, faite à Touloufe. Par M. GARIPUY. 305 Obfervations de la même éclipfe, à Montpellier, par M. DE GUILLE- MINET. À Lyon, par le P. BERAUD. À Marfeille, par le P. PEZENAS. 306 Eclipfe des Pleyades par la Lune, du 9 O@obre 1748. ibid, Obfervation de l'éclipfe du Soleil, du 2 $ Juillet 1748, faite à Bayeux. Par M. l'Abbé OuTuier, Correfpondant de Académie, 307 Obfervation de l'éclipfe de Lune, du 8 Août 1748, faite à Bayeux. Par le même. 309 Obfervation de l'éclipfe de Lune, du 23 Décembre 1749, faite à Bayeux. Par le même. 311 Obfervation de l'éclipfe du Soleil, du 8 Janvier 175 0, faite à Bayeux. Par le même. 313 Obfervation de l'éclipfe du Soleil, du 14 Juillet 1749, faite à Madrid. Par le Duc de SOLFERINO. 314 Obfervation de l'éclipfe totale de Lune, du 19 Juin 1750, faite à Montpellier. Par M. ESTÉVE, de la Société royale des Sciences de Montpellier, 315$ Obfervation de l'éclipfe totale de Lune, du 19 Juin 1750. Par M. DE CHEZEAUX, Correfpondant de l’Académie. 317 Obfervation de l'éclipfe de Lune, du = Décembre 1750, faite à Londres. Par le Docteur BE V1S, de l'Académie de Berlin. 318 ÆEflai fur l'analyfe des Végétaux. Premier Memoire, contenant l'ex- pofition abrégée de mon travail, à des confidérations générales {ur la difillation analytique des Plantes. Par M. VENEL. 319 Sur une nouvelle Quadrature par approximation. Par M. Y Abbé OuTuiEer, Correfpondant de l'Académie. 333 Obfervation de l'éclipfe de Lune, du 23 Décembre 1 749) faite à Touloufe. Pax M. Garipuy, Correlpondant de l'Académie, 334 * ii L'ASLT LObfervation de l'échipfe du Soleil, du 8 Janvier 1750, faite à Touloufe. Par M. GarIPUY, Correfpondant de l'Aca- démie. 335 Obfervation de la même éclipfe, faite a Vérone. Pa M. SEGuIER & GULIENT. 336 Anabfe des anciennes Eaux minérales de Pal}, & leur com- paraifon avec les nouvelles. Pa M. BRouzEr, Corref- pondant de l’Académie. 337 Mémoire fur la manière fingulière dont les Chinois foudent la Corne à lanternes. Par le P. DINCARVILLE, Jéluite, Correfpondant de l'Académie. : 350 Mémoire fur la Caprification. Px: M. le Commandeur Go- DEHEU DE RiviLLe, Correfpondant del'Académie. 36 9 Hifloire du Sucre d'érable. Px M. GAUTIER, Correfpondant de l Académie. 378. Mémoire, où après avoir donné un moyen aifé pour élever fort haut, à à peu de frais, un corps E‘leGrifable ifolé, on rap- porte des obfervations frappantes, qui prouvent que plus le corps ifolé efl élevé au defflus de la terre, plus le feu de T'Eedricité eff abondant. Pa M. DE Romas. 393 Problème. La bafe d'une Pyramide triangulaire étant donnée avec les angles au Jommet, déterminer les dimenfions de la Pyramide. Pa M. EsTÉvE, de la Société royale des Sciences de Montpellier. 408 Examen chymique d'un Sel apporté de Perfe, fous le nom de Borech, avec des réflexions fur une Differtation latine con- cernant la même matière, dédiée à la Société royale de Londres. Par M. Baron. 412 Ufages de la différenciation des Paramètres, pour la folution de plufieurs Problèmes de la méthode inverfe des Tangentes. Par M. l'Abbé Bossur, Correfpondant de l'Académie. 435$ Mémoire [ur l'utilité des Obfervations du Baromètre dans la pratique de la Médecine. Px M. BerryaT, Correfpon- dant de l’Académie, 452 TABLE Obfervations fur les Ephémières, fur les Pucerons, &r Jur des Galles réfineufes, extraites principalement d'une Lettre écrite à M. de Reaumur, de Leuffla en Suéde, le 7 Mai 1 746. Par M. DE GEER, Correlpondant de l’Académie, 461 ÆExpoftion d'une Théorie fur le renouvellement de l'Air dans l'Eau, à fur la defunion des parties des matières folubles opérée par les diffoans. Px M. pu Tour, Correfpon- dant de l’Académie. 477 Relation des travaux faits pour relever le navire le Tojo, galion d'Efpagne, coulé bas le 10 Olobre 1702 dans la rade de Redondelle, baie de Vigo; relevé le 27 Septembre 1 741, mis à terre le 6 Février 1742. Par M. GouBERT, ancien Officier de Marine. so1 De la néceffité d'ifoler les Corps qu'on élke&rife par communi- cation; © des avantages qu'un corps convenablement ifolé retire du voifmage des corps non éleriques. Pa M. Du Tour, Correfpondant de Y Académie, 516 Solution de deux problèmes de Géométrie. Par M. Abbé Bossur, Correfpondant de l'Académie, 543 Remarques fur quelques montagnes à" quelques pierres en Provence. Par M. ANGERSTEIN. S57 Mémoire fur la manière de retirer l'Or employé fur les Lois dorés à a colle. Pa M. DE MoNTAMY. 565 Sur les proportions du fquelette de l'homme , examiné depuis l'âge le plus tendre jufqu'à celui de vingt-éing, foixante ans, & au delà. Par M. Sue. 572 Æxtrait d'une Differtatiou [ur la méchanique des mouvemens de la Prunelle, où l'on examine quelle eff la ffruélure à la manière d'agir des fibres droites de l'uvée. Par M. De- MouRS, Docteur en Médecine, & Cenieur royal. 586 Mémoire fur la découverte d'une Souche d'arbre pétrifiée, trouvée dans une montagne aux environs d'E‘tampes. Par M. CLo- ZIER, Correfpondant de l'Académie, 598 TABLE. Latitude de Podor, tirée par la Méridienne. Par M. ADANSON, Correfpondant de l'Académie. 605 Carte des Pleyades, dont la pofition de trente-cing principales étoiles eff déterminée par les obfervations de M. le Monnier, faites en 1744, 1745, 1740 © 1748. Les autres étoiles qui Juivent, ont été placées par eflime des diflances dr par des alignemens tirés aux premières étoiles dont la pofition étoit connue. Par M. Y Abbé OuTHier, Corref- pondant de l'Académie. 607 Olfervations météorologiques faites à Touloufe pendant l'année 1750: Par M. MaARCORELLE, Correfpondant de l'Aca- démie. 609 Nota. La planche X XVI qui fe trouve à la fin de ce Volume, appartient à un Mémoire de M. du Tour, inféré dans le premier tome des Savans étrangers, page 375. Le deffein a été envoyé par l’Au- teur après la publication du Volume, ainf qu'un errata concernant le méme Mémoire, que nous joignons ci-après. Page 251, ligne 27, au deflus, lfez au deflous. 358, ligne 20, gâteau, lifez carreau. 360, ligne 27, fuivit, lifez fuyoit. 262, ligne 28, électriques, Afez élaftiques. 380, ligne 74, après le mot phénomènes, ajoûtez de l’aimant. Fautes à corriger dans ce Volume. Page 435, ligne 24, au lieu de la folution de l’analyfe, &c. lifez la folu- tion & l’analyfe, &c. 443» ligne dernière, au lieu de FA ——< Æ F x —2) dx V(ax +-p), ; *.._ dx 2 —". fran = l* dx V{ax + p}. LÉO ; PREFACE, D ne n. ue at ete atde o ai cie o FE le BUS vùe QE de PEACE nÿs S se Me ee es M ete te Vo So & So & Su Ne $ ESo SF. AR Ve US Ve BUS RIRE Fes rue UE EH Re — — es —— el Ï PRE FACE. | Poe l’Académie fit paroïtre en 1750 le premier ‘volume des Mémoires qui lui avorent été préfentés par divers Savans, & qu’elle avoit jugés dignes d’être donnés au public, un de fes principaux objets étoit d’exciter l’émulation de ceux qui étoient en état de produire des ouvrages utiles; elle a vû avec plaifir le fuccès pafler fes efpérances : en moins de quatre ans elle s’eft trouvée en état de publier ce fecond volume, & l’on va incefflamment commencer l'impreflion d’un troifième. Ce volume eft compofé de quarante-deux Mé- moires, & de trente-une Obfervations d’éclipfes, faites en divers lieux & en différens temps. Dix-huit de ces Mémoires appartiennent à l’Hiftoire Naturelle ou à LB Phyfique générale, cinq à l’Anatomie, fept à la Chymie, un à la Botanique, quatre à la Géométrie, trois à l’Aftronomie, un à l’Acouftique, & trois à la Méchanique. Le premier ef intitulé : Effai fur les Dendrites des environs d'Orléans. M. Salerne, Correfpondant de l’Académie, qui en eftauteur, y donne la defcription de l'endroit où on les trouve, & des différentes ma- tières qui s’y rencontrent; il y. décrit en pañfant la manière dont on prépare en ce lieu le blanc, connu Jay. étrang. Tome IL. a 2] 4 sen — = Page Ie ge 26. LE % à ïj PACE F A CE fous le nom de blanc d'Efpagne: venant enfuite plus particulièrement aux dendrites, il en décrit l’exté- rieur, & rapporte les diflérentes expériences qui lui ont férvi à connoître la nature de la teinte jaunâtre, qui fait comme le fond du tableau & celle de la couleur qu'il nomme arborifique, qui imite fi bien, par fes différentes ramifications , les branches & les feuilles des arbres, qu’on ef tenté à la première vûüe de croire qu'elle en eft l'impreflion. Le fecond eft de M. l'abbé de Mazéas, dela Maifon & Société Royale de Navarre: il traite des couleurs engendrées par le frottement des furfaces planes & tranfparentes. Les obfervations qui y font contenues portent à croire que ces couleurs ne dépendent point, comme l’a penfé M. Newton, des différentes épaif- feurs de la lame d’air qui fe trouve renfermée entre les deux verres, mais de quelqu’autre matière plus fubtile qui s’y trouve comme renfermée, & que le frottement ou la preffion femble faire fortir des pores même du verre. Mais l’auteur ne prend fur cela aucun parti, & attend fagement que de nouvelles expériences aient décidé la queftion. Celles qui font contenues dans cet ouvrage ont paru faites avec beaucoup d’in- telligence, & propres à répandre un nouveau jour fur cette curieufe partie de l’Optique. Le troifième eft de M. Bonnet, de la Société Royale de Londres, & Correfpondant de lAcadé- mie: il y décrit une partie commune à plufieurs efpèces de chenilles, & qui cependant n’avoit encore été vüe par aucun Naturalifte, Cette partie eft une efpèce de mamelon ou corne charnue, ordinairement placée entre la lèvre inférieure & la première paire de jambes. PREFACE if de l'animal; elle eft communément retirée au dedans du corps, mais en preffant la chenille vers le premier anneau on l’oblige à paroitre. M. de Reaumur a ob- fervé une partie à peu près femblable dans une teigne aquatique, & a penfé que ce pouvoit être une efpèce de filière ; mais M. Bonnet s'eft jufqu'à préfent con- tenté de la defcription de cet organe, & attend que de nouvelles obfervations lui en aient fait connoître l'ufage. Le quatrième eft la defcription d’un animal aqua- tique d'une forme fingulière, par M. Bigot de Mo- rogues, Capitaine des vaiffeaux du Roi & de l'artillerie de la Marine: une pierre aflez médiocre à laquelle celui qui fut le fujet de l'obfervation de M. de Mo- rogues étoit attaché, lui donna lieu de foupçonner que l'animal s’en fervoit comme d’un left qu'il pou- voit tranfporter quand il le vouloit, mais qui le fixoit fur le fond quand il avoit envie d'y demeurer; ce que cependant il ne donne que comme une fimple conjeélure. J Le cinquième contientune defcription de la grotte de la Balme en Dauphiné, par M. Morand, Docteur en Médecine de la Faculté de Paris, fils de M. Morand de cette Académie, Elle avoit déjà donné, en 1700, une defcription abrégée de cette même grotte, d’après M. Dieulamant. On verra par celle de M. Morand combien il étoit échappé de chofes au premier obfervateur, & combien il eft avantageux que les merveilles de la Nature foient vûes & exami- nées plus d'une fois par d’habiles Phyficiens. Le fixième appartient à M. du Tour, Correfpondant de l’Académie : il a pour objet la manière dont la a 7 P- II$e P- 149. Voy. Hif. 1700,p.3- p- 246. p. 261. »: 3609. IV PRE F A C FE flamme agit fur les corps électriques. Les expériences qui y font contenues, en indiquant la manière diffé- rente dont la flamme agit fur les corps éleétriques par frottement, & fur ceux qui ne le font que par communication, ont paru très-propres à concilier les expériences de M. Waitz avec celles de quelques autres Phyficiens qui fembloient les contredire, & à rappeler les unes & les autres à une même loi. Le feptième eft de M. Geer, Chambellan de Sa Majefté Suédoife, & Correfpondant de l’Académie : il contient l’obfervation de la métamorphofe du ver luifant femelle. L’Auteur eft le premier qui lait obfervée, & il en rapporte toutes les circonftances: c’eft dommage que cette obférvation ne s'accorde pas avec l’idée qu'on avoit que la lumière de eet infeéte femelle lui fervoit à appeler le mäle, qu'on fait être aîlé; mais le ver luifant étant lumineux avant fa méta- morphofe, temps où il n’eft pas encore propre à Paccouplement , il faut abfolument chercher un autre ufage à cette lumière. Dans le huitième M. Bonnet traite de fa grande chenille à queue fourchue du faule, & il y fait voir que la liqueur que cet infecte fait jaillir eft véritable- ment acide. Ceux qui favent combien eft général le fentiment de ceux qui croient que le corps animal ne contient aucun acide hors les premières voies, fentiront l'importance de cette obfervation. Le neuvième a pour fujet la caprification, c’eft-à- dire, l'opération par laquelle on fait mûrir les figues domeftiques par la piqûre des moucherons qui naif- fent fur les figues fauvages. Cette opération avoit été décrite en 1705 par M. de Tournefort, qui avoit eu * PRE FACE. Y occañon de la voir pratiquer dans l’Archipel ; mais M. le Commandeur de Godeheu, Correfpondant de l'Académie, qui l’a fuivie avec foin à Malthe, en donne ici une defcription bien plus étendue. Son Mé- moire contient l’hiftoire entière des figues fauvages &: des moucherons qui y prennent naiflance, & enfuite la manière dont s'opère la caprification, les avantages qu’on en retire, & les raifons de la néceflité de cette opération pour certaines efpèces de figues. Le dixième contient Fhiftoire du Sucre d'érable, par M. Gautier, Correfpondant de l’Académie: l’Au- teur y décrit les efpèces d’érables defquels on tire la liqueur qui contient le fucre , la manière de le prépa- rer, & indique les ufages auxquels il peut être propre. On voit par ce Mémoire que fi les cannes à fucre donnent une plus grande quantité de ce fel qu’au- cune autre plante, elles ne font au moins pas les feules qui le contiennent, & que les climats même qui peuvent pañler pour froids ne manquent pas de moyens de s’en procurer. L'’onzième eft de M. de Romas, Affeffeur au pré- fidial de Nérac: on y verra les expériences électriques qu’il a faites avec un cerf-volant. Elles prouvent que plus le corps ifolé eft élevé au deflus de la terre, plus il tire puiflamment le feu de l'éleéricité. On y verra encore avec quelle prudence on doit fe conduire dans deg expériences femblables, fi on ne veut s’ex- pofer #{e repentir de fa curiofité. Nous ne parlons point de la découverte qu’avoit faite M. de Romas, que l'air étoit fouvent très -éleétrique fans qu'il y eût aucune nuée orageufe, parce qu'il avoit été prévenu en ce point par M. le Monnier, Médecin, qui a iÿ P- 378- P: 397 P- 452 p. 461. v) RAR EFACE. avoit dit la même chofe dans un Mémoire Iû à une aflemblée publique dès le 1$ novembre 1752, ce que M. de Romas ignoroit encore Jorfqu'il fit part de ce fait à l’Académie. Le fujet du douzième eft l'utilité des obfervations du baromètre, ou, ce qui revient au même, des variations de la pefanteur de l'air dans la pratique de la Médecine. M. Berryat, Correfpondant de l’Aca- démie, qui en eff l’auteur, y fait voir par plufieurs expériences, que ces obfervations peuvent faire fou- vent prévoir des changemens dans l’état des malades, & donner lieu de prévenir des accidens dangereux. Ia paru que cet ouvrage pourroit donner des lumières fur une partie intéreflante de l'économie animale, & déterminer les yeux des bons praticiens à tourner leurs regards vers un objet fr important. Le treizième Mémoire a trois différens objets: dans la première partie M. Geer donne lhiftoire de l'accouplement d’une efpèce d’éphémères, obferva- tion d'autant plus importante qu'on n’avoit pü jufqu'ici obferver celui d'aucune des efpèces de ces infectes. La feconde roule fur les pucerons du prunier, & en particulier fur leur accouplement : cette obfervation femble contredire celles qui prouvent que des puce- rons pris au fortir du ventre de la mère, & gardés fcrupuleufement dans une parfaite folitude, avoient cependant produit des petits ; elle ne la contredit cependant pas, mais elle indique un fait encore plus fingulier, Les pucerons , qui donnent plufieurs géné- rations pendant le cours d’un été, n’ont befoin que d'un feul accouplement chaque année : la mère fé- condée communique la fécondité à toutes les femelles PREFACE. viÿ qu’elle produit; fait bien admirable, & tout-à-fait nouveau dans l’Hiftoire Naturelle. La troifième roule fur les galles réfineufes du pin, & il en réfulte que la chenille qu’elle renferme ronge la fubftance de l'arbre, & s’accommode de la réfine, dont aucune autre efpèce ne pourroit même foûtenir long-temps l'odeur fans périr. Le quatorzième eft une théorie fur le renouvel- lement de l'air dans l’eau, & fur la delunion des matières folubles opérée par les diffolvans, par M. du Tour. Les explications qu'il y donne de plufieurs phénomènes qu’on obferve quand on purge l’eau de l'air qu'elle contient, par le fecours de la machine du vuide, ont paru nouvelles & ingénieufes : il feroit feulement à defirer que quelques-unes des conjeétures qui y fervent de fondement, fuflent appuyées fur des expériences plus décifives ou en plus grand nombre que celles qu’on trouve dans ce Mémoire, & c’eft ce qu'on a lieu d'attendre du zèle & de la capacité de l’ Auteur. Le quinzième , du même Auteur, roule fur la néceflité d'ifoler les corps qu’on éleétrife par com- munication , & fur les avantages qu’un corps conve- nablement ifolé retire du voifinage des corps élec- tiques. Cet ouvrage contient un grand nombre d'expériences nouvelles & ingénieufes , dont quel- ques-unes peuvent pafler pour de vraies découvertes. L’Auteur y prouve qu'un corps ifolé par un car- reau de verre mince, & placé fur des matières électri- fables par communication, s’éleétrife mieux que fi ce carreau de verre étoit fort épais, ou placé fur des matières de la nature de celles qui s’électrifens P- 477 P: 516. PSS p. 598. vif PRET A CE. feulement par le frottement. Il y prouve encore que le talc peut fervir à l'expérience de Leyde auffi-bien que le verre. Le feizième eft de M. Angerftein, Suédois : il contient des remarques fur les granits, les jafpes & les porphyres qu'il a obfervés dans quelques parties de la Provence. Ses obfervations fur la nature de ces pierres tendent à les retirer, conformément au fenti- ment des plus habiles Naturaliftes, de la claffe des marbres , où on les avoit mal-à-propos rangés, pour les remettre dans celle des pierres compofées, qui ont pour bafe un vrai caillou. Il a joint à fon Mémoire des deffeins & des vûes de ce qui lui a paru digne de remarque, comme de l’ancien aqueduc de Fréjus, du bois de l'Efterelle, &c. qui fervent en même temps à orner fon ouvrage, & à faire mieux reconnoître les lieux qu'il défigne : on ne peut certainement que lui favoir gré de ce travail. Le dix-feptième contient la découverte d’un tronc d'arbre pétrifié, trouvé aux environs d'Etampes, par M. Clozier, Chirurgien des haras du Roi, Corref- pondant de l’Académie. Quoiqu’on voie dans prefque tous les cabinets d'Hiftoire Naturelle des morceaux confidérables de bois pétrifié, cependant il reftoit dans lefprit de plufieurs Naturaliftes beaucoup de doutes fur la nature de ces foffiles, que quelques-uns ne regardoient que comme de véritables pierres, qui imitoient feulement la texture du bois, fans avoir jamais paflé par cet état. L’obfervation de M. Clozier lève abfolument toute incertitude fur ce fujet, il n’eft pas poflible d’y méconnoître un véritable tronc d’ar- bre, rongé même en quelques endroits par des infcétes FREFACE : iX infeétes qu'on y trouve aufli pétrifiés, & les conjec- tures qu'il donne pour expliquer cette pétrification n'ont rien que de plaufñble & de conforme aux loix de la bonne Phyfique. Le dix-huitième enfin eft compofé des obfervations fur les météores, fur les variations des temps, & fur l'effet qu'elles opèrent dans les productions de la Terre, faites aux environs de Touloufe, par M. Mar- corelle, del Académie Royale des Sciences & Belles- Lettres de cette même ville, Correfpondant de l’Aca- démie. Nousne répéterons point ici ce que l’Académie a déjà dit tant de fois de l'utilité de ces obfervations, nous dirons feulement que celles de M. Marcorelle ont paru faites avec tout le foin & toute l'attention poffibles. La partie ANATOMIQUE de ce recueil eft com- pofée de cinq Mémoires. Le premier eft de M. Bordeu, Infpeéteur des eaux minérales du Béarn, Correfpondant de l’Académie : il contient des recherches anatomiques fur les arti- culations des os de la face. Son but eft de faire voir qu'un des principaux ufages de la liaifon & des difié- rentes furfaces par lefquelles les os de la mâchoire fupérieure font joints enfemble, eft de favorifer la réliflance qu’elle doit oppofer à la mâchoire infé- rieure; ouvrage qui exige de la part de l’Auteur une grande fagacité, & une grande connoiffance de l’ufage méchanique des parties. Le fecond eft une differtation fur l'organe de louie des reptiles, & de quelques poiffons qu’on doit rapporter à ce genre, par M. Geoffroy, Docteur en Médecine, fils de feu M. Geoffroy, Médecin, Say. écrang. Tome II. Fe b p. 609. P: 13. p. 1644 P- 197: W. anc. Mém. t LIT, prem. Part. p. 151. x ARREKRACE Membre de cette Académie, L’ Auteur a fü découvrir; avec la fagacité la plus grande, le lieu & la flructure de l'organe de louie dans ces animaux, où il étoit jufqu’à préfent prefque inconnu, & même nié par quelques anatomiftes. On ne peut que lui favoir gré d’un travail fait avec autant de fuccès, & qui intérefle également l’Anatomie & l’Hiftoire Naturelle. Le troifième a pour titre, Defcription anatomique de trois loutres femelles, par M. Sue, Chirurgien de Paris, & profefleur d’Anatomie à l’Académie Royale de Peinture. Le but de M. Sue à principalement été de fuppléer à ce qui a été omis par M. Perrault, dans: la defcription qu'il a donnée de cet animal, dans le recueil des anciens Mémoires de l’Académie. Il donne dans fon ouvrage un deffein plus correct de cet animal, que ne l’étoit celui de M. Perrault; il y détermine la pofition, la figure & la ftructure des. vifcères, & ce en quoi ils diffèrent de ceux de l’'hom- me; il rend compte de la ftructure du cœur, de la manière dont fe fait la circulation du fang, de la route & de la divifion des gros vaifleaux; enfin il y donne lénumération des mufcles, & indique les ufages de ceux qui lui ont paru les plus finguliers. Le quatrième eft du même M. Sue, duquel nous venons de parler : il y traite des proportions du fquelette de l’homme depuis l’âge le plus tendre jufqu’à celui de foixante ans & au-delà. On voit affez combien ce travail peut être utile aux Peintres. & aux Sculpteurs, en leur indiquant les différentes. proportions. des membres dans les. différens âges ;. mais indépendamment de ce fruit principal de fon ouvrage , M. Sue tire encore plufieurs. obfervations: BREKRACE x} eurieufes des recherches qu’ila exigées. Itrouve, par exemple, que les hommes d’une grandeur extraordi- naire {ont tels, non feulement parce qu'ils ont les os plus grands, mais parce qu'ils ont prefque toûjours des os, & fur-tout des vertèbres, furnuméraires. II trouve encore que les côtes furnuméraires, que la plufpart des Anatomiftes regardent comme une monf- œuofité , exiftent toûjours dans le fœtus, & qu’elles ne manquent dans la plufpart des fujets que parce qu’elles ne fe font pas développées. Ce travail a paru utile & intéreflant. Le cinquième & dernier Mémoire Anatomique eft de M. Demours, Docteur en Médecine & Cenfeur royal. Il-a pour objet d'expliquer la méchanique des mouvemens de la prunelle : il fuppofe que les fibres droites font de nature purement élaftique, & ne font mifes en jeu que par l'aétion de fibres circulaires & mufculeufes qu'il prétend exifter dans l'iris. Cette manière de faire agir les fibres de l'iris, pour opérer Faugmentation ou la diminution du diamètre de la prunelle, a paru fimple & conforme aux loix de la Nature. Sous là CHYMIE font rangés fept Mémoires. Le premier & le fecond contiennent l’analyfe des eaux minérales de Selters ou Seltz, par M. Venel, Docteur en Médecine de la Faculté de Montpellier. Dans le premier, l’Auteur fe propofe d'examiner le principe fulfureux duquel on croit communément que plufieurs eaux minérales font abondamment pour- vûües. Ce principe fulfureux, qu'on nomme efprit aérien, fugitif, &c. ne paroïit à M. Venel être autre chofe que de l'air mêlé avec l’eau parle moyen du fel by p. 586. p. 53 & 80. Pe 211. P- 254. ÿÿ BREEFACE marin : il compofe, par une opération particulière, du fel marin dans de l’eau commune, & lui donne par ce moyen la propriété de jeter dehors le bouchon, de moufler, de rendre pendant long temps des bulles d’air qui s’élèvent du fond du verre où on la met, en un mot de produire tous les phénomènes qui ont fait accorder à l’eau de Selters cet efprit dont nous venons de parler. Il eft enfuite queftion de l'alkali que ces eaux paroiflent contenir, & malgré les fignes d’alkalicité qu’elles donnent, M. Venel penfe qu'elles ne contiennent abfolument que du fel marin. Ses recherches ont paru fuivies avec beaucoup de foin & avec une grande intelligence. Le troifième a pour objet les recherches de M. Nadault, Avocat général honoraire en la Chambre des Comptes de Bourgogne, & Correfpondant de l'Académie, fur le fel de la chaux, matière intéreffante, & fur laquelle plufieurs Phyficiens, & notamment M. du Fay & Malouin, ont déjà publié plufeurs Mémoires. M. Nadault trouve que le {el de la chaux eft un véritable nitre, qui exifte dans la pierre tout formé avant la calcination, & que cette calcination le fait pafler de l’état de fel neutre à celui de nitre alkalifé. Si la diverfité de fentimens doit être admife en Phyfique, elle doit avoir encore plus particuliè- rement lieu dans une matière aufli neuve & aufli peu développée que left celle-ci. Le quatrième eft de M. Berryat, Docteur en Mé- decine & Correfpondant de l’Académie: il contient une méthode tout-à-fait fingulière & nouvelle de traiter les fièvres intermittentes ou continues, avec des redoublemens qui s’annoncent par des friflons PREFACE. Xi) réguliers & violens. En confidérant le ralentiffement de la circulation comme caufé par une conftrition fpafmodique des vaifleaux, il a entrepris de le com- battre par les antifpafmodiques, comme le {yrop de diacode, & fur-tout les gouttes anodynes, & il a eu le plaifir de voir prefque toûjours fa conjeäure con- firmée par le fuccès. On avoit tout lieu de croire qu’il fuivroit lui-même avec foin une idée fi digne d’être fuivie, mais fa mort, arrivée en 1755, ne nous laiffe plus lieu de l'efpérer, & nous ne pouvons que fouhaiter qu’un habile Médecin veuille bien l’adopter , & en faire les expériences avec toute l'attention & toute la prudence néceflaires. Le cinquième ef intitulé : Effai fur l’analyfe des p.319. végétaux, par M. Venel. L’'analyfe dont il eft ici queftion n’eft pas celle par laquelle on retire de tous les végétaux, par le moyen de la diflillation, prefque les mêmes fubflances. M. Venel reconnoit l’infufh- fance de cette méthode & en fait remarquer les défauts, mais à cette manière ancienne d’analyfer les végétaux il en fubftitue une nouvelle: par la combi- naifon de différentes matières connues il force, pour ainfi dire, avec très-peu de chaleur, & fouvent même à froid, les fubflances qui entrent dans la comporfition des végétaux, à fe manifefter, fans craindre que Îa violence du feu les détruife ou les change de nature. Cette idée a paru bonne, & mériter d’être fuivie. Le fixième contient l'analyfe des anciennes eaux :. ;;-. minérales de Pafly , par M. Brouzet, Docteur en Mé- decine, Correfpondant de l'Académie. Cet ouvrage . contient non feulement une analyfe desanciennes eaux, mais encore une comparaifon que l’Auteur en fait avec bi Pp- 412. V.1.1,p.29$ D 447 P: 156 XIV PREFACE. les nouvelles eaux du même endroit, & fur-tout avee celles de la première fource. Le but qu'il s’eft propofé paroit être de faire revenir fur le compte des anciennes eaux les gens prévenus contr'elles ; les expériences qu'il en a faites & la comparaifon qu'il en fait avec les nouvelles, femblent avoir bien rempli fon objet, & il y a lieu d’efpérer que le public lui faura gré de ce travail. b Le feptième & dernier Mémoire Chymique eft Pexamen d’un fel appelé boreck, par M. Baron. Ce fel avoit été donné à l’Auteur par M. Sanchez, Médecin célèbre, celui-ci le tenoit d’un marchand Arménien qui le donnoïit pour du borax naturel ap- porté de Perfe. M. Baron, plus au fait que perfonne de ce qui peut concerner le borax, comme il l’a fait voir par les deux Mémoires qu'il a publiés fur ce fujet dans le volume précédent, eut bien-tôt reconnu ce qui en étoit, & trouvé que ce borax prétendu naturel n’étoit autre chofe qu’une petite quantité de borax mêlé avec beaucoup d’alkali femblable à celui qui fait la bafe du fel marin, foit que ce mélange fe fafle naturellement dans l’eau des puits qui donnent le boreck, comme l’afluroit le marchand, foit qu'il fût l'ouvrage de Part. Ce fera le dernier Mémoire de M. Baron que l’on verra dans ce recueil; l’Académie, en l'admettant au nombre de fes membres, lui à ouvert une nouvelle carrière, qu'il y a lieu d’efpérer que le public le verra fournir avec plaifir. Un feul Mémoire appartient à la BOTANIQUE. C'’eft la differtation fur les maladies que peut caufer le feigle ergotté, par M. Salerne, Correfpondant de l’Académie. Les mauvais eflets de cette efpèce de RRETFACE XV blé monftrueux font connus depuis long temps; l’Aca- démie en a déjà deux fois rendu compte au public, 7x2 Comme ce blé eft aifé à reconnoitre & à féparer du & Æligre, bon grain, les terribles effets qu’il produit auroient # dû ôter toute envie d’en manger; mais M. Salerne obferve que dans la Sologne, où il fait le plus de ravage, les payfans ne recucillent ordinairement de blé que ce qui eft abfolument néceflaire à leur nourriture, & que s'ils rejettoient l’ergot lorfqu'il eft abondant, ils n’auroient plus de quoi fe nourrir. Le feul remède à ce mal feroit, felon lui, que le Gou- vernement voulût bien faire donner du blé fain en échange de l’ergot qu’on apporteroit; ce feroit le moyen de conferver à l'Etat une grande quantité de fujets que ce grain monftrueux emporte journellement. La differtation de M. Salerne eft bien propre à exciter l'attention des particuliers à qui leurs facultés per- mettent de fe mettre à l'abri du mal, & celle du Miniflère en faveur de ceux que leur pauvreté expofe infailliblement au danger. Quatre Mémoires compofent la partie GÉO MÉ- TRIQUE. Le premier eft une quadrature du cercle par AP- p.333. proximation, par M. l'abbé Outhier, Chanoine de léglife de Bayeux, de l’Académie de Berlin, & Correfpondant de l’Académie. Tous ceux qui ont la plus médiocre teinture de Géométrie favent qu’on peut toûjours, en augmentant les rayons, rendre un fecteur d’un moindre nombre de degrés égal à un feéteur donné d’un cercle plus petit; c’eft par ce moyen que M. l'abbé Outhier réduit tout cercle & tout … Secteur donné à un autre fecteur dans lequel l'arc peut: p- 408. Pra5r P- 543- XY) PRE A CE. être aufh petit qu’on le voudra. Cette idée à paru fimple & ingénicufe. Le fecond eft la manière de déterminer les dimen- fions d’une pyramide triangulaire dont on connoit la bafe & les angles au fommet, par M. Eftève, de Ja Société royale des Sciences de Montpellier. Ce pro- blème, qui n’eft pas de pure fpéculation, puifqu’il peut fervir à plufieurs opérations trigonométriques , a paru réfolu avec toute la précifion & la briéveté poflibles. Le troifième contient plufeurs ufages de la diffé- renciation des paramètres, pour la folution de plufreurs problèmes de la méthode inverfe des tangentes, par M. l'abbé Boflut, Profefleur royal à l’école de génie à Mézières, Correfpondant de l’Académie. L’ Auteur y donne la folution de plufieurs problèmes, prefque tous propofés par M. Jean Bernoulli, & defquels le premier n'avoit encore été réfolu par perfonne. Ces folutions ont paru exactes & aufli fimples qu’elles le peuvent être : l’Auteur y fait, dans quelques en- droits, un ufage avantageux de la méthode de difté- rencier les quantités fous le figne d'intégration, en fuppofant que la conflante varie; & la manière dont il fépare quelques-unes des indéterminées a paru très- courte & très- élégante. Le quatrième eft du même Auteur: il y donne Ia folution de deux problèmes de Géométrie, dont le premier confifte dans l'intégration d'une équation difiérentielle, que M. l'abbé Boflut opère au moyen d’une transformation, & qu’il conftruit enfuite dans un certain nombre de cas par le moyen de différentes méthodes très -ingénieufes ; & le fecond confifte à trouver - “BRE FACE. XVI} trouver la folidité d’un fegment de conoïde parabo- lique coupé par un plan parallèle à fon axe. Ces deux folutions ont paru exactes & élégantes. La partie ASTRONOMIQUE contient trois Mé- moires & trente-une Obfervations d’éclipfes de Lune, de Soleil, de Satellites, & d’occultations d’Etoiles & de Planètes par la Lune, faites en divers temps, en divers lieux , par M." Plantade, Dufour, Garipuy, de Guil- leminet, les PP. Beraud & Pézenas, l’abbé Outhier, le duc de Solferino, Eftève, de Chézeaux & Bévis. Le premier Mémoire eft fur une étoile nébuleufe nouvellement découverte à côté de celle qui eft au deflus de la ceinture d’Andromède, par M. le Gentil de la Galaizière. L’Auteur y donne tout le détail de fa découverte, & des précautions qu'il prit pour fa bien conflater ; il ajoûte celle de plufieurs autres nébuleufes qu’il a vûes dans d’autres conftellations. Ceux qui favent combien les nébuleufes font intéref- fantes pour l’Aftronomie phyfique, fentiront mieux que d’autres combien l’obfervation, ou, pour parler plus jufte, les obfervations de M. Gentil font impor- tantes. Il en fait efpérer la fuite, mais elle ne fe trou- vera plus dans ce recueil, M. le Gentil étant depuis paffé au nombre de ces mêmes Académiciens auxquels il étoit venu préfenter fes ouvrages. Le fecond eft l’obfervation de la latitude de Podor au Sénégal, & celle des marées de l’ifle de Gorée, par M. Adanfon, Correfpondant del’ Académie. L’im- portance de ces deux obfervations a déterminé FAu- teur à les publier dans ce recueil, quoiqu'il fe propofe de faire imprimer à part toutes celles qu'il a faites dans fes voyages & pendant fon féjour en Afrique. Say. étrang. Tome IL. “à p. 283 & fuiv. P- 137: p. 60$. p. 607. P: 113. V.Hif.i7so, 2165. XVii] PUR ETF A. CE. Le troifième & dernier eft une carte des Pléyades, par M. l'abbé Outhier : trente-cinq des étoiles qui y font contenues ont été déterminées par les obferva- tions de M. le Monnier; M. l'abbé Outhier a placé les autres par eflime, & par des alignemens pris avec tout le foin pofhble, & plufieurs fois répétés avec les premières. Cet ouvrage eft d’autant plus utile que dans de certaines fituations des nœuds de la Lune & de ceux des autres planètes, ces étoiles font fouvent échipfées, ou traverfées par les unes ou par les autres. L’AcousTIQUE n’a qu'un feul Mémoire. Cet ouvrage eft de M. Eftève , & contient des recherches fur le meilleur fyftème de Mufique har- monique , & fur le meilleur tempérament; il eft en quelque forte la fuite & l'explication de celui que VAuteur a publié en 1752, fous le titre de nouvelles découvertes du principe de l’harmonie, & duquel FAcadémie a parlé en 1750. L’Auteur fe propofe de faire voir dans celui-ci que la gamme ordinaire eft la plus harmonique de toutes celles qui font poffi- bles ; de-là il pafle au tempérament, & démontre, après beaucoup de combinaïifons, que la quinte "& les tierces doivent être altérées , que l’altération de la quinte doit être entre un quart & un cinquième de comma, mais qu'il n’eft pas poflible de trouver un fyflème de tempérament qui altère les accords pro- portionnellement à leur degré de perfection. Il donne enfuite la méthode pratique d’accord qu'il juge la meilleure. Ce Mémoire, qui, à proprement parler, n’eft que le commencement d’un ouvrage plus con- fidérable , a paru propre à faire defirer que l’Auteur s'acquittât de cette efpèce d'engagement. PR EF 'A.C:E. xXIX Sous la MÉCHANIQUE font rangés trois Mémoires. Le premier contient fa manière dont les Chinois préparent la corne pour les lanternes, par le P. d’In- carville, Jéfuite Miffionnaire à la Chine, & Corref- pondant de l’Académie. Quoique l'ufage des lanternes de corne foit beaucoup moins étendu en France qu’à la Chine, il eft cependant une infinité d’occafions où il feroit utile ou agréable d’avoir des feuilles de corne, des vafes, &c. de telle forme & de telle gran- deur qu’on voudroit; & la manière qu'ont les Chinois de fouder ces feuilles fans qu'il y paroifle, peut feule procurer cet avantage. Le P. d’Incarville en donne tout le détail, & ce fera un art dont fes obfervations auront enrichi fe Royaume. Le fecond eft la relation des travaux faits pour relever le Tojo, galion d’Efpagne coulé bas dans la rade de Redondelle près de Vigo le 10 Oétobre 1702, & mis à terre le 6 Février 1742, par M. Goubert, ancien Officier de Marine, & Chevalier de l’ordre de S: Louis. Par une manœuvre aufli fimple qu’ingé- nieufe l’Auteur parvint, fans prefque avoir befoin de plongeurs, à faire pafler vingt-quatre cables fous la quille dé ce navire, envafé prefque tout entier depuis quarante années, de le tirer de fa fouille au moyen de caifles flottantes auxquelles onattachoitles cables, & en profitant du haut & bas des marées, & enfin de l’amener fur le fec. C’eft dommage qu’une auffi belle & auffi ingénieufe manœuvre n'ait eu que la feule gloire pour récompenfe, & qu'ilne fe foit pas trouvé à bord de ce navire de quoi dédommager l’ Auteur des foins & des dépentes que cette opération lui avoit occafionnés. Le troifième a pour objet la manière de retirer l'or ci PS 30: p. or. P: 565%. xx PREFACE. employé fur le bois doré à la colle, par M. de Mon- tamy. On connoifloit depuis long temps l’art de retirer l'or employé fur les métaux, mais celui qui étoit employé à la colle fur le bois demeuroit abfolument perdu: ilréfulte des expériences de M. de Montamy, qu'un ouvrier peut en une heure enlever des bois dorés pour plus de vingt fols d’or. Par une fimple ébullition dans l’eau, l'or fe détache avec une partie de la colle de deflus le bois, & demeure dans le vaifleau; faifant enfüuite évaporer l’eau jufqu'a ficcité, l'or & la colle mêlés enfemble demeurent au fond du vaiffeau : on pulvérife cette matière, & apres l'avoir fait brûler pour en enlever la colle & les parties grafles, on mêle la poudre avec le mercure, qui fe faifit de l'or, & auquel on l’enlève en le faifant d’abord paffer par le chamois, & le diftillant enfuite. Par cette méthode on eft en état de ne perdre que très-peu de la quantité immenfe d’or qu’on emploie aujourd’hui en dorures: cet or eftun préfent que M. de Montamy fait à la fociété. Tels font les Mémoires qui compofent ce fecond volume, & defquels nous venons de préfenter l’idée la plus fuccinte & la plus abrégée. L’ Académie n’a lieu que de fe louer du zèle avec lequel les Auteurs de ces ouvrages fe font portés a entrer dans fes vûes ; elle les exhorte à continuer de fe livrer avec la même ardeur à des recherches qu'elle regarde avec raïfon comme utiles au public, & glorieufes à ceux qui confacrent leurs foins & leurs veilles à procurer cette utilité ; elle fe fera toûjours un devoir d’y contribuer de fon côté, par fon exactitude à rendre aux Auteurs la juftice qui leur eft dûe, & à publier les ouvrages qui lui paroîtront dignes de l'attention du publié: ii: ‘ei MEMOIRES LOT AU ET ARTE MEMOIRES MATHEMATIQUE HP OPÉDNSLIOLE. Préfentés à l'Académie Royale des Sciences, par divers Savans, & Iüs dans fes Affemblées. 2 ge le Ed SUR LES DENDRITES DES ENVIRONS D'ORLEANS. Par M. SALERNE Correfpondant de l'Académie, ’AvoIs eu le plaifir de voir & d'admirer plufieurs fois dans des cabinets à Orléans, quelques fragmens de pierres arborifées, qu'on nvafluroit avoir été trouvés aux environs de cette ville, fans pouvoir m'indiquer rien de: Say. étrang. Tome IL. : À 2 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE précis; & ce n’a été qu'au bout de fix ans qu'un vieillard, qui n’eft rien moins que naturalifle, me donna des indi- cations qui me firent découvrir la carrière. I1 me dit que ces fortes de pierres fe tiroient d’un endroit qu'on nomme le Cavereau, petit hameau de la paroiffe de Nouan, fitué fux la rive gauche de la Loire, à neuf lieues au deflous d’Or- léans. Cette nouvelle me fut très-agréable, & je partis fur le champ pour me rendre au lieu indiqué. En arrivant au Cavereau, je fus furpris, & je m'arrêtai à confidérer certaines pierres de différentes formes & grof- feurs, brunâtres en dehors, .blancheîtres en dedans, dont le premier afpeét auroit été capable de frapper les yeux & l'attention des perfonnes les plus indifférentes : il me fem- bloit voir à droite & à gauche des débris de corps humains, ici une tête, là un tronc, plus loin des bras & des jambes. Mais ce qui me frappa davantage, ce fut le corps d’une femme, qui, quoique fans tête, fans mains & fans pieds, étoit fi bien défigné, que fi la chofe eût été pofñble, je Yaurois emporté. Outre les défauts que je viens de dire, les bras & les jambes étoient trop gréles par rapport à Yembonpoint du tronc, & fi ferrés, que le tout reflem- bloit aflez bien à une Mumie, qui haifleroit apercevoir à travers les tégumens les circonvolutions des inteflins. M. le Curé d’Avaray, qui n'eft féparé du Cavereau que par la Loire, & qui fait s’'amufer quelquefois à des curiofités qu'offre le fpeétacle de la Nature, trouva un jour parmi ces pierres la figure d’un enfant, dont il décora fon cabi- net. Cette petite figure étoit admirée de tous ceux qui la voyoient, tellement qu’à la fin on la lui a volée. Au refle, ceci n’eft pas nouveau: ce font de ces pro- duétions du hafard dont Aldrovande, dans fon Z/4/æum Metallicum , fait mention, lorfqu'il donne les figures de pierres qu'il appelle anthropomorphites, & qui repréfentent Y'une une jambe, l'autre une face humaine, l’autre un homme entier, comme une Notre-Dame, un Crucifix, un Moine dans fon froc. I y a des gens qui n'ont pas craint d'avancer MEN D'CTEN CT 3 que ces fortes de figures étoient autant d'hommes qui avoient été noyés dans les eaux du -déluge univerfel, où dans des inondations particulières, puis pétrifiés. C’eft une erreur fi groflière, qu'elle ne mérite pas d'être réfutée. De {à je paffai à l'exaïnen d'autres pierres qui me paru- rent à peu près de la même nature & de la même cou- leur que les précédentes, jetées çà & 1à péle- méle für le rivage, moins compactes & plus caffantes, fans doute à caufe des crevafles ou feñtes qui les traverfent en tout fens. Ce font ces fentes qui donnent naiffance à des efpèces de tableaux naturels, peints à plate peinture & en miniature, dont les images fe trouvent répétées par une double em- preinte fur les deux furfaces qui fe touchent. A chaque coup de marteau, on à la fatisfaétion de faire fortir, pour ainfi dire, du milieu d'une pierre informe, un verger, un bocage, une petite forêt de plantes, d'arbres & d'arbrifieaux artiflement deffinés & gravés. M. de Reaumur, pour qui rien n'efl nouveau dans la Nature, connoiffoit déjà nos pierres herborifées, ou arborifées (car elles méritent égale- ment ces deux dénominations, vû qu'elles portent des figures d'herbes & d'arbres ) avant que je lui en euff en- voyé un échantillon ; il en avoit trouvé par hafard quelques- unes dans un tas d’autres pierres à Saint-Laurent-des-Eaux. Pour moi, j'avouerai franchement que je n'avois jamais fait d'herborifation fi nouvelle, ni fi charmante à mon gré. La touche délicate du pinceau s'y joint à la fimplicité du coloris, & à la netteté du deffein; & les figures que la Nature y a tracées font généralement fi bien détachées, qu'il n'y a entrelles ni confufion, ni mélange. Il s’efl trouvé des gens aflez curieux & adroits pour en conflruire des tablettes de cheminées, & autres meubles travaillés par com- partimens, à peu près comme l'on fait avec le marbre & les pierres de Florence. Ce neft pas d'aujourd'hui que l'on connoît les pierres arborifées, ou les dendrites. Le nom de dendrite fe trouve dans Pline. Aldrovande nous a donné, dans 'Oüvrage que A ji; MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE j'ai cité ci-deflus, un fragment de pierre cendrée, où l'on voit, dit cet auteur, comme de petites forêts peintes avec tant d'élégance, qu'il n'y a point de Peintre dont le pin- ceau puiffe les mieux exprimer. Il ajoûte qu'on pourroit appeler cette forte de pierre Dendrites en général, & en particulier Brathites où Sabinites, parce qu’elle repréfente la _fabine. IE parle dans un autre endroit du même Ouvrage, d'un morceau de marbre fous le nom de Marmor dendrites. Kirker, Boccone & Agricola ont fait mention des den- drites. Ferrante Imperati donne, dans fon Hiftoire naturelle, la figure d’une pierre blancheâtre deffinée naturellement en figure de bofquets de couleur noire. Selon ce Naturalifle, fi fon met cette pierre dans le feu, les figures difparoiffent en peu de temps; elle ne fe calcine point, mais elle foû- tient la violence du feu jufqu'à ce qu'elle fe vitrifie. Le même auteur tâche, en cet endroit, de rendre raifon de la formation des arbuftes figurés fur la pierre, & il l'attribue à certaines exhalaifons d’une matière fubtile. M. Linnæus, dans fon Syffema Nature, met nos pierres arborifées au rang des pétrifications qui imitent la peinture, les nom- mant Graptolithus nemora , arbores, plantas referens, où den- drites. Ainfi le mot de dendrite eft à préfent confacré; ce qui n'empêche pas qu'on ne puiffe, avec M.Pluche, appeler ces pierres dendrophores auffi-bien que dendrites. Mais je n'ai rien à avec plus de fatisfaction , que deux Ouvrages mo- dernes qui ont été compolés exprès fur cette matière, que ci-devant je croyois prefqu'entièrement neuve. Le premier eft une ample & favante Differtation du doéteur Scheuchzer, Médecin Suifle, & membre de l'Académie des curieux de la Nature, touchant les dendrites, imprimée dans les Ephé- mérides d'Allemagne. Le fecond eft un Mémoire de M. YAbbé de Sauvages, de la Société royale des Sciences de Montpellier, inféré parmi ceux de l’Académie royale des Sciences de Paris, année 1745, fous le titre d'Eflai fur la formation des Dendrites des environs d'Alais. Ws commen- cent l'un & l'autre par établir les divers phénomènes que DES SCIENCES préfentent les dendrites, & enfuite ils en donnent des folu- tions extrèmement vrai-femblables, auxquelles je foufcris, ce qui fait que je me bornerai à rapporter les obfervations & les expériences que j'ai faites fur nos dendrites Orléa- noifes, après que j'aurai parlé du lieu même d'où elles fe tirent. Les carrières du Cavereau bordent la rivière de Loire, & s'étendent près d'un quart de lieue; elles font hautes d'environ 40 à $o pieds dans les endroits les plus efcar- pés. C'eft dans ces carrières que les habitans du hameau qui en occupe le centre, creufent tous les ans des trous de 42 ou 15 pieds de profondeur, non feulement pour en tirer les pierres anthropomorphites & dendrophores dont ils fe fervent à bâtir leurs maifons, mais fur-tout pour y fouiller là matière qu'ils emploient à faire un blanc de craie, dit vulgairement Blanc d'Efpagne. Suivant la tradition du pays, il n’y avoit d'abord qu'un particulier, nommé Vigreux, qui en füt faire; ce particulier l’a montré à fes enfans; d’autres les ont imités, de façon qu’aétuellement plufieurs familles s'en mêlent, chacune ayant droit de fouiller la partie de la carrière où aboutit fon terrein, fon champ, ou fa vigne; & depuis plus de quatre-vingts ans, les habitans du Ca- vereau font’ feuls en poffeffion de préparer & débiter ce blanc. À mefure qu’ils font de nouvelles fouilles, ils recu- lent le rivage de la Loire, en eoupant la carrière per- pendiculairement, ou un peu en talus : ils commencent à y travailler dès le mois d'Avril; c’eft-1à leur première fouille, qui confifte à fe débarrafler des grofles pierres, den- drites ou autres, qu'ils appellent pierres crayeufes, où tendres, parce qu’ellès fe trouvent enfoncées dans la craie, qu'elles en font formées, & qu’elles fe caflent facilement en for- tant de la carrière, pour tirer enfuite plus commodément la craie même. Cette craie eft grafle & liée, propre à fe détacher en mafle, comme la marne: ils a mettent par petits tas, qu'ils paîtriffent à pieds nus, en Ôtant toutes les petites pierres, & y jetant de l'eau à différentes reprifes. Tout ie À ii] 6 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE monde s'emploie à ce genre de travail, hommes, femmes & enfans. Après cette première préparation, ils en forment des rouleaux gros comme le bras; puis ils les coupent au coûteau par morceaux de la longueur d'environ quatre à cinq pouces, pour les mouler carrément & uniment, en les tapant fur une petite planche : tel eft leur blanc d'Ef- pagne commun, qu'ils nomment grand Blanc, où Blanc carré, à la différence d’une autre forte qu'ils appelient petit Blanc, où Blanc rond; ce dernier eft effeétivement arrondi en forme de mamelle; il eft plus fin & plus parfait que le précédent, parce qu'étant façonné à Îa main, if contient moins de gravier ou de pierrottes. Ce travail dure jufqu’à la vendange, ou jufqu'au commencement des froids & des mauvais temps ; alors ils le ceffent, parce qu'il faut un beau {oleil pour fécher le blanc : voilà pourquoi, quand il pleut, ils ont foin de le mettre à l'abri, foit dans leurs maifons, ou fous quelques appentis ou hangars, ou bien ils le cou- vrent de planches. Lorfqu'ils en ont fait une affez bonne quantité, ils l'apportent dans des tonnes ou par bateaux à Orléans, pour le vendre en gros à des marchands de cette ville, qui l'emploient par eux-mêmes, ou le débitent à d'autres, & en font des envois à Lyon, à Marfeille, & ailleurs. La manière la plus ordinaire de l'employer, eft de le détremper avec de la colle claire des Mégiffiers, en y ajoûtant, fi l'on veut, pour qu'il fe conferve mieux, un peu d’inde ou de bleu de Prufle: fouvent on fe contente de le difloudre dans l'eau, fans addition. On s’en fert à plufieurs ufages; par exemple, pour blanchir des portes, des cloïfons, des murs, des plafonds, les ferges, certains gros draps, & mêrne des couvertures de laine, comme font la plüpart des Couverturiers de Pathay en Beauce, au lieu de les blanchir au foufre. Occupé à confidérer les curiofités du Cavereau, la nuit me furprit, & m'obligea de retourner à Orléans, avec a provifion de dendrites que j'avois ramaflées. | De retour à Orléans, je n'eus rien de plus preffé que DES SCIENCES. d'obferver plus attentivement mes pierres, & d’effayer de les foûmettre à quelques épreuves. D'abord vüûes de loin & comme en perfpective, elles préfentent une fuite d’ar- bres, d’arbriffeiux, de fous-arbriffeaux & de plantes, qui fe divifent ordinairement en plufieurs rameaux agréablement terminés, formant un bel efpalier tiré au cordeau, fans qu'il en ait un feul qui excède. Quelquefois c'eft une range d'arbres & d'arbuftes entre-mélés, plantés debout fur la même terrafle, & dans la même direction; tantôt on voit un grand arbre s'élever dans une efpèce de bois taillis ; tantôt c'eft un enfoncement, ou une grotte ornée de moufie ; une autre fois, on découvre un beau payfage, où il y a des bofquets, des dômes, des tours & des clochers, char< gés de plantes & d’arbrifleaux. Vües de plus près, elles n’y perdront rien ; au contraire, on y découvrira prefque toüjours quelque chofe de nou- veau; & même groflies à la loupe, elles décèleront des beautés cachées qui avoient échappé à la vüe fimple. J'ai vü, entrautres raretés, une petite figure humaine fort bien faite fortir du milieu d'un bois touffu , laquelle portoit fur fa tête un arbre*femblable à un fapin; & fur une autre pierre, un écu chargé d'une couronne ornée de plantes : quelquefois auffi les plantes ne paroiffent qu'ébauchées; on en voit dont les tiges vont en groffiffant à mefure qu'elles montent, & d’autres qui fe joignent au fommet, où elles fe terminent en une feule tête: ce font des plantes monf- trueufes. De tous ceux à qui j'ai montré.mes dendrites, i n’en eft aucun qui n'ait décidé au premier coup d'œil, que les plantes qu'elles repréfentent ne font rien autre chofe que les empreintes des moufles, des chiendents, des bruyères , ou d'autres arbriffeaux, faites fur la pierre encore molle, foit dans le bouleverfement général arrivé au temps du déluge, foit à la fuite de quelque éboulement des terres. Mais quoique cette opinion paroifie la plus fimple & la plus naturelle, elle ne quadre pourtant pas avec le fentiment des Voy. les figures, 5 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE meilleurs Phyficiens, qui, fans remonter fi haut, penfent que les images de nos dendrites peuvent s'être formées dans tous les temps au moyen d'un fluide fubtil, d’une teinture ou matière colorante filtrée dans le fein de la terre, & propre à s’infinuer jufque dans les moindres intertices des pierres. C'eft à cette dernière idée qu'on doit s'en tenir; & en effet, qui pourra jamais s'imaginer, pour peu qu'il foit initié dans la Botanique, que des figures qui repréfen- tent différens végétaux fans racines, fans feuillages recon- noiflables, fans fruits ni graines apparentes, & fans que leurs branches s'embarrafflent ou fe croifent les unes les “autres, foient des empreintes de véritables plantes, & d'ar- bres ou d’arbufles naturels? Ce font, à la vérité, des deffeins corrects & bien finis pour la plüpart, où l’on remarque une belle ordonnance, & beaucoup de délicateffe; mais fi l'on fait attention, l'on verra que quoique les plantes femblent y être repréfentées d'après nature, & qu'en réalifant en quel- que forte les corps naturels, elles faffent une aimable illufron au fpectateur, ce ne font dans le fond que des figures, des images, des apparences ou des ombres de végétaux. Nos dendrites font opaques, compaétes, lifles & douces au toucher, d’un grain très-fin, de couleur cendrée, affez aifées à caffer, parce que les fentes qui reçoivent la pein- ture y font fouvent fi multipliées, qu'on auroit peine à les épuifer dans une pierre de grofleur médiocre. Ces fentes font our l'ordinaire capillaires & imperceptibles; mais quelque- fois elles font marquées par de petits traits qui percent à la furface extérieure, & qui font tracés fur leurs bords. Du côté des images, on y diflingue deux fortes de cou- leurs; favoir, celle du fond, ou la première couche de teinture, qui eft d’un jaune nuancé depuis le jaune d'ochre clair jufqu'au jaune aurore; & cette couleur fert non feu- lement de bafe pour recevoir l'impreflion des figures, mais encore de lumière pour les éclairer : & celle des figures mêmes , qui €ft nuancée depuis le brun pâle jufqu’au noir foncé & luifant. Cette dernière couleur, que j'appellerois volontiers, . DES SCIENCES. volontiers, d’après le docteur Scheuchzer, Zeinture arbori- fique, qui femble être à l'huile, & appliquée comme un vernis fur Ja précédente, qui eft à l'eau, ou à la détrempe. Auffi fa couleur du fond du tableau eft-elle fi légère & fi peu tenace, qu'expofée à la rofée ou à {a pluie, ou frottée avec un linge mouillé, elle s'enlève promptement; au lieu que {a teinture arborifique étant lavée & frottée, n’en devient que plus fraîche, plus nette & plus brillante, jufqu’à paroître noire comme du jais. Néanmoins, lorfque ces pierres de- -meurent expofées pendant un certain temps aux injures de Y'air, le coloris des images s’affoiblit de plus en plus, & . à a fin tous leurs traits s'effacent, de manière qu'on n'y peut plus rien reconnoître; ce qui, au refleÿ n'eft point ‘“tonnant, puifque cette teinture même eft purement exté- rieure & fuperfcielle, ou que fi elle pénètre dans fa fub- flance de la pierre, ce n’eft qu'à une très-petite profondeur, puifqu'en la raclant ou grattant avec la pointe du couteau, on la détache afez aifément, fur-tout quand a furface de la dendrite eft humedtée ; & dès-lors la pierre refe à nud, fans conferver les moindres vefliges de peinture. Quant aux plantes, arbres & arbriffeaux peints, fpécifi- quement déterminés, il eft extrémement difficile, pour ne pas dire impofñble, de les diflinguer les uns des autres, parce qu'il y manque toûjours les caratères les plus effen- tiels. J'ai eu beau examiner fcrupuleufement un grand nom- bre de dendrites, j'ai toûjours reconnu l'imperfetion des figures comparées avec les originaux : je me fuis feulement imaginé y apercevoir des moufles communes, des chien- dents, la rue de muraille, la petite abfinthe, des bruyères, des aurones, des fantolines, des pafles, des chênes & des ormes, mais principalement des fabines & des tamaris. Ce n'efl de ma part qu'une pure imagination, & par con féquent il y a en cela beaucoup plus de conjecture que de vérité. Pour finir des détails qui peut-être ne font déjà que trop bngs, je vais pafler à d'autres expériences que j'ai tentées fur mes dendrites. Sav. étrang. Tome IL, » 10 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE 1. J'ai commencé par détacher, au moyen du couteau, une certaine quantité de la teinture jaune qui fait la cou- leur du fond de nos tableaux; & ayant jeté de cette poudre fur les charbons ardens, elle ne ma donné aucun indice de foufre ni de bitume par fon odeur; mais elle a changé fubitement de couleur, elle eft devenue brune, & enfuite rougeûtre. J'ai préfenté cette matière ainfi calcinée à la pierre d’aimant, pour voir.fi elle ne contenoit point quel- ues parcelles ferrugineufes, & il ne s’en eft enfuivi aucun effet fenfible. Je conçois que pour rendre les particules de fer fenfibles, il faudroit leur redonner un peu du phlogif- tique qu’elles doivent avoir perdu, ou les débarrafler des matières hétérogènes. D'ailleurs, on fent bien que la quan- tité de poudre jaune qu'on peut détacher de nos pierres eft trop peu confidérable pour entreprendre une pareille opé- ration, où pour efpérer d’y réuffir. Quant à la matière brune qui fait la teinture arborifique, comme elle eft beaucoup adhérente à fa bafe, j'ai mis quelques-unes de mes den- drites fur les charbons ardens, où elles fe font peu à peu échauffées fans exhaler aucune odeur fenfible ; je les y ai entretenues jufqu’à les faire rougir, & alors elles fe font fendues avec bruit, enfuite toute 1a mafle a pris une couleur d'un gris-clair ardoifé; la furface des dendrites, qui d’abord étoit fort rouge dans fon état naturel, a noirei, & la tein- ture arborifique a difparu en grande partie. Ces pierres font devenues très-caffantes, étant parfemées intérieurement de quantité de points & de petites veines blanches : apparem- ment que fi elles euffent été pouflées un peu plus vivement au feu, elles feroient devenues friables comme les autres pierres de nature vitrifiable; car il eft à remarquer que Îa mafle pierreufe de nos dendrites, qui fe trouve quelque- fois enveloppée d’une fubftance crétacée endurcie que le frottement emporte fans beaucoup de peine, pareït vitri- fiable comme le caillou, & qu'on y aperçoit diftinétement, même fans le fecours de Ja loupe, des parcelles criftallines qui font corps avec elle. DAEUS, &$ C:L:E N: CE 9) 11 2° Sans m'amufer à frotter mes dendrites, trempées dans Teau commune, qui ne change rien à la teinture arbori- fique, & ne fait que l'éclaircir, j'ai fait féjourner deflus de lasfalive pendant quelque temps; puis les frottant fortement avec les doigts, J'ai vü la couleur s’éclaircir : il peut, à la vérité, s’en être détaché quelques particules dans les der- nières ramifications; mais quoique les traits m'y aient paru moins foncés, ils n'ont jamais difparu. Je parle des endroits bien imprimés avec la teinture noire; car quand fa couleur étoit terne, ou pâle, & jauniflante, la pierre eft devenue nette dans ces endroits, fans y laiffer les moindres veftiges de peinture. Cette teinture ainfi humeétée & échauffée par la Éion , rendoit une odeur de terre bolaire détrempée, 3.° J'ai étendu fur un morceau de dendrite, une couche légère de favon; & avec un peu d'eau, je l'ai frotté quel- que temps, mais inutilement. 4«° J'en ai trempé un autre morceau dans de l'huile de tartre par défaillance; & l'en ayant retiré fur Île champ pour le frotter, il ne s’y eft fait aucun changement. Le même morceau n'a pas paru plus altéré, après avoir féjourné plu- fieurs jours dans cette liqueur. 5” J'ai mis un fragment de dendrite tremper pendant dix jours dans l'efprit volatil de fel ammoniac; & quoi- que je l'en aie retiré à différentes reprifes pour le frotter affez vivement à chaque fois, il ne s'en eft rien effacé. 6.° L'examen fait par l'efprit de vin pendant un temps égal, & avec les mêmes circonftances, ne m'a montré aucun changement. 7° Une dendrite frottée avec le vinaigre difillé, fans y avoir féjourné, n'a fouffert nulle altération ; mais après Y'avoir laiffé féjourner quelque temps dans cette liqueur, une partie des figures s'eft effacée, quoique les traces y foient reftées affez fenfibles pour faire encore un bel effet. 8.° Enfin j'ai frotté une de mes pierres avec l'efprit de vitriol; & fur le champ, non feulement la teinture jaune a été enlevée, mais auffi une partie de la teinture arborifique; B ÿ 2 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE & après qu'elle a eu féjourné vingt-quatre heures dans ce liquide, tout a difparu, de manière que la pierre eft reftée nue, fans nuls veftiges de figures. Il ne fera peut- être pas hors de propos de faire obferver à cette occafien, que par le féjour des dendrites dans Facide du vitriol & Y'acide du vinaigre, la croûte crétacée qui les enduit s’y eft plus ou moins diffoute, fuivant le degré de force de ces. deux acides, fans qu’ils aient touché en aucune façon à a. partie la plus dure. Je laifle maintenant aux habiles Phyficiens à juger par les diverfes expériences que j'ai rapportées, de quelle nature eft Ja matière qui fournit les deux couleurs des tableaux de nos dendrites.. EXPLICATION DES FIGURES La figure 1 repréfente un morceau de dendrite affez confidérable,. prefque rond, relevé en bofle, fur la furface duquel Ia couleur du fond du tableau eft d'un jaune pâle ; ce morceau eft marqueté à droite & à gauche, & dans fa partie fupérieure, de mille points bruns, & orné dans le milieu de trois rangées d’arbufles qui s'entre-regardent , fe touchant prefque les uns les autres par leurs fommets. Quant à {a partie inférieure, c’eft une efpèce de croquis formé de traits noirs plus ou moins groffiers, avec de petites plaques qui paroiffent comme brülécs. * La figure 2 ef celle d’une petite pierre a plufieurs angles & échan- crures , repréfentée dans fa plus belle face, qui fait voir à fa bafe des herbes, des arbres & des arbriffeaux de différentes formes & grandeurs, avec une efpèce de chêne dans le milieu; & à main gauche, fur le côteau, un arbre ifolé, dont la tête eft arrondie en façon d'oranger. Les figures 3 & 4 font deftinées à repréfenter da même dendrite de figure irrégulière, fous deux faces féparément, à deffein de les micux faire voir. À, À, face antérieure, où l’on aperçoit au milieu de la terraffe deux efpèces d'ormes qui femblent partir du même pied; & far les cotés, des arbres, arbriffeaux & fous-arbriffeaux de hauteurs inégales , agréablement entre-mélés, fur-tout du côté droit. B, B, face poftérieure qui montre fur la gauche des arbres & des arbuftes de moyenne grandeur, avec un gros arbre dans l'angle du milieu; & fur la droite, une efpèce de grotte garnie de toutes fortes de mouffes,. qui réjouilfent la vüe. . [ANA] REA LeParmenher scalp étrang Tome 3 DES (SCrENCcCESs 13 RECHERCHES ANATOMIQUES, SUR LES ARTICULATIONS DES OS DE LA FACE, Par M. DE BORDEU Correfpondant de l’Académie. Premier Mémoire. E nombre des os de la face eft affez connu, mais on n’a pas fait, ce me femble, attention qu'il faut à la façon dont ces os font articulés, & à l'utilité de leurs coupes & de leurs engrénures. Ees réflexions que j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie, pourront, je crois, faire entrevoir la régularité & la néceflité même de ces différentes articulations, entre des pièces qui repréfentent, au premier coup d'œil, ua ouvrage de fculpture très - compofé. se Les os maxillaires font les principaux de Ia face; ils ont été faits pour former une portion du nez & du palais, & fur-tout pour porter les dents, & réfifter à l'effort de là mâchoire inférieure dans les différens mouvemens auxquels elle eft expofée. Cette feule réflexion fuffit pour donner quelque raifon de leur conformation, fi difficile à déve- Jopper lorfqu'il s’agit de faire fur ces os des démonfirations fuivies, dans lefquelles les plus grands maîtres n'ont püû trouver un ordre bien fixe. IT. L'ufage principal que je viens de donner aux os maxil- laires , exige qu'ils foient auffi fixes qu'il fe peut ; auffi leur éminence nafale monte-t-elle prefque direétement : elle va s'appuyer contre Fos coronal, & fon bord fupérieur eft den- telé, pour s'enchäffer plus folidement ; il eft même coupé en bifeau, pour qu’une plus grande furface appuie, & cette: B ii 14 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE furface eft hériffée de petites pointes qui en raffermiffent la pofition. Ce prolongement nafal étoit donc néceflaire; s'il venoit à manquer, les os maxillaires n'auroient prefque plus de force: il n’eft pas inutile de remarquer que les prolonge- mens des deux os voifins ont été placés de façon que leurs extrémités fupérieures font plus près l’une de l'autre que les inférieures, fans doute pour que l'effort des os maxil- laires aille aboutir comme à un point : cette difpofition paroît augmenter leur force, quoiqu'il femble que leur écartement paroiffe à craindre; mais il y a des raifons qui empêchent cet écartement, comme je le dirai plus bas. © J'ajoûte, par rapport à cette éminence , qu'elle ne pou- voit pas être plus large; elle devoit être échancrée dans fon bord antérieur inférieur, pour favorifer la fituation des cartilages du nez: elle ne pouvoit appuyer que fur le côté de l'éminence nafale du frontal, qui eft l'endroit où cet os réfifte le plus; mais elle eft renforcée par la façon dont elle s'engrène, comme je l'ai dit plus haut, & parce qu'elle eft aflez épaifle, & quelquefois repliée fur elle-même. Les os de la pomette raffermiffent les os maxillaires; eur bord antérieur ou maxillaire eft enchäflé groffièrement avec l’éminence malaire des maxillaires : ces deux parties s’emboîtent réciproquement, & l'éminence malaire s'élargit pour appuyer d'autant plus folidement. Il faut même remarquer qu'il y a dans cet endroit une coupe fingulière, & difpofée, pour l'ordinaire, de façon que la face articulaire de l'éminence malaire eft tournée en partie en avant, & en partie en arrière, de même que la face correfpondante de l'os de la pomette. Je remarque auffi que l'endroit par lequel ces deux os fe touchent, eft égal en longueur à peu près à la moitié du bord alvéolaire du maxillaire, & il répond à fa partiemi- toyenne : j'aurai lieu dans la fuite de faire voir l’ufage de ces remarques. DES SCIENCES, 15 Ici, je confidère fimplement que l'os maxillaire eft. ap- puyé contre celui de la pomette; de forte que fi celui-ci eft fixé comme il faut, certainement le maxillaire fera très- raffermi. Or 1.° L'éminence angulaire fupérieure de l'os de Ia pomette eft repliée vers l'angle externe du frontal; elle s’en- grène avec cet angle, qui eft fort folide, & cette engré- nure eft entre des furfaces taillées de façon que la fofieute articulaire dans l'os frontal eft tournée un peu en dehors, au lieu que celle de l'os de la pomette l'eft en dedans: cette coupe a un ufage, comme je le dirai dans la fuite de ce Mé- moire. 2.° L'éminence zigomatique des os de la pomette va fe joindre à l'éminence du même nom des os temporaux : celle- ci eft prefque tranfverfale, & fon extrémité, qui touche l'os de la pomette, a fa foflette articulaire tournée en devant, & fur-tont en bas, tandis que celle de la pomette eft en arrière & en haut, pour une raifon que je tâcherai de rendre fenfible : mais elles s’enchäffent l’une dans l’autre par des dentelures apparentes. Voilà donc l'os de la pomette bien fixé : il eft difpolé à foûtenir l'effort des os maxillaires lorfqu’ils agifent direc- tement en haut; cela eft évident. EN. . On peut confidérer plus précifément ce que je n'ai expofé jufqu'ici que comme en général. L'éminence nafale des maxillaires répond à quatre ou einq lignes de leur bord alvéolaire, elle en foûtient cette portion. Et le bord interne de l'os de la pomette, à caufe de fa longueur que j'ai indiquée plus haut /#.° 111), en foûtient environ fa moitié dans la partie mitoyenne. De forte que les trois quarts, à peu près, du bord alvéo- laire font bien foûtenus; ce qui refte répond aux dents molaires poftérieures, & aux incifives: Je vais examiner sil n’y a pas quelque chofe qui foûtienne ces portions. \ 16 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE “ V. Les os du palais, qui paroiffent fi irréguliers, font ceux qui foûtiennent les os maxillaires dans les parties poftérieures : if n'eft pas aifé d'expofer la façon dont leur portion inférieure s'enchäffe dans l'échancrure ou la fourche qui fe trouve formée par la féparation de ce qu'on appelle les aïles des éminences ptérigoïdes ; il fuffit de dire qu’elle y tient en manière de coin: elle fe joint auffi à la tubérofité maxil- laire, qu’elle reçoit dans une efpèce de courbure fingulière; elle sengrène même avec le prolongement palatin des maxillaires, qu’elle foûtient par une future écailleufe ; de forte qu'en fuppofant l'os fphénoïde fixé, on conçoit aifé- ment que la portion poftérieure du maxillaire doit l'être auf. Refte à favoir quel eft le moyen par lequel la partie alvéolaire qui répond aux dents incifives, eft foûtenue: il n'y a qu'à faire attention à fa façon dont les éminences nafales des maxillaires s'approchent fupérieurement l'une de l'autre, comme je l'ai remarqué ailleurs /#.° 17), on s’aper- cevra que par-là elles foûtiennent cette portion antérieure: il n'en refle qu'une très-petite partie, dont la force eft augmentée, parce que l'os eft renforcé en formant dans cet endroit une efpèce de crête; & parce que les os maxil- laires fe joignent étroitement Fun avec l'autre, ils s'engrè- nent par des portions de leurs bords alvéolaires, & par leurs prolongemens qui forment la voûte du palais. On peut connoître par ce que je viens de détailler, quelle eft la méchanique par laquelle ia férie des dents ou des alvéoles fupérieures foûtient l'effort de la mâchoire infé- rieure, lorfque celle-ci agit direétement en haut. On peut auffr déterminer quels font les endroits du cercle alvéolaire qui réfiflent le plus: la portion qui porte les dents incifives eft la plus foible, elle répond à la por- tion de la mâchoire inférieure, qui eft la partie du levier la plus éloignée du point d'appui; elle eft aufi celle qui a le moins d'effort à faire. La BÆ:,S, SCIE N CE Se 17 La portion du cercle alvéolaire qui porte les molaires poftérieures, ne me paroït pas réfifter autant, au moins par Ja difpofition ofieufe, que la mitoyenne; c'eft peut- être une des raifons pour lefquelles on ne fait jamais un certain effort avec la partie la plus profonde de la bouche, quoique d'un côté elle réponde à une partie de la mà- choire inférieure qui eft le plus près du point d'appui, & que f'efpèce de levier change aufli dans cet endroit, puil- que, par rapport aux fibres antérieures du mafleter, la réfif tance fe trouve dans cette partie, entre le point d'appui & la puiffance, Des trois portions, je crois que la mieux foûtenue, celle qui réfifte le plus, au moins par rapport à la ftruéture offeufe, c'eft la latérale, qui eft foûtenue par l'os de {a pomette, celle vers laquelle on porte naturellement ce qu’on tient à la bouche lorfqu'on veut faire un effort, que la pofition des réfiflances & des puiffances dans le levier, la confor- mation des os & la difpofition des parties favorifent de concert, de manière qu'il paroït que dans cet endroit tout eft ménagé pour une même fin. M, BE Jufqu'ici je n'ai confidéré que ce qui foûtient l'effort que fait la mâchoire inférieure, lorfqu'elle eft poufiée direéte- ment en haut; mais cette mâchoire eft fujette à des mou- vemens obliques, en avant, en arrière, & vers les côtés : elle glifle, pour ainfi dire, quelquefois fur l'arc alvéolaire fupérieur, en le comprimant; & pour la perfection de la machine, il falloit que ces preflions obliques étant nécef- _ faires, il y eût auffi de quoi leur réfifter. Revenant à l'examen des os de la pomette, je trouve que leur éminence qui concourt à former a paroi de l'or- bite, & qu’il faut pour cette raifon appeler orbitaire, appuie fur le bord antérieur de Féminence du fphénoïde, qu'on nomme auffi orbitaire, & par ce moyen la réfiftince à la preffion directe vers les parties fupérieures eft augmen- tée, & le maxillaire fe trouve foûtenu lorfqu'il eft pouffé Sar. étrang. Tome I C 18 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE obliquement vers le dehors; ce qui paroît évidemment f Yon articule los de la mâchoire & l'os de la pomette avec le frontal, car il eft ailé d'apercevoir qu'au moindre mou- vement latéral, tout tomberoit : il falloit de toute néceflité l'os fphénoïde. Les différentes coupes en bifeau, dont j'ai parlé dans plufieurs endroits de ce Mémoire, doivent revenir ici; je crois qu'elles ont été faites pour s’oppofer aux mouvemens obliques de la mâchoire inférieure : l'examen de chacune en particulier prouvera ce que j'avance. La facette articulaire de léminence nafale des maxil- laires étant tournée en arrière, s’oppofe un peu au mou- vement en dehors, puifqu'’elle eft tournée obliquement en arrière, & qu’en appuyant fur le frontal, elle empêche que léminence elle-même ne foit portée en arrière, ce qui auroit fait faire à l'extrémité inférieure de os une efpèce de bafcule en devant. La facette de lapophyfe malaire des maxillaires ef comme à deux fins; elle eft principalement faite pour bien enchäfler & aflurer l'os de la pomette, en réfiftant auff aux mouvemens en avant, & un peu à ceux qui peuvent fe faire en arrière; ce qui paroît en faifant attention à fes différentes parties, & à fa courbure en haut, qu'il ne faut pas oublier. La facette de l’éminencé zigomatique des os de Ia po- mette s’oppofe äu mouvement en avant, étant un peu tournée vers les parties poftérieures. Enfin celle de l'éminence angulaire du même os s’op- pofe au mouvement en dehors, puifqu'elle eft tournée obli- quement en’ dedans, Toutes empêchent l’écartement des deux os maxillaires : fi Yon demande pourquoi en détaillant les mouvemens obli- ques, je ne parle pas dè celui que los maxillaire peut faire en dedans, je réponds que ce cas revient à un de ceux que je viens d'examiner; les deux os maxillaires étant unis. comme ils doivent l'être, un d'eux ne fauroit être pouflé DES:SCIENCES.. 1: 1 en dedans que l’autre ne le foit en dehors, & celui-ci, dans ce cas, fupporteroit l'effort : l'un eff fait pour foûtenir l'autre dans toutes fortes de mouvemens; & il ne faut pas oublier que les os de la face doivent être difpofés de façon qu'ils puiflent réfiftér aux efforts des caufes extérieures, aux coups & aux chûtes, &c. ges te Je puis conclurre qu'avec un peu d'attention il eft aile de connoître la jonction de tous les os dont je viens de parler; on ne doit plus être fürpris de leurs figures &. de leurs coupes, qui femblent fi irrégulières , puifque ces irré- gularités font la perfeétion d'une machine qui doit faire l'office d'enclume, contre laquelle la mâchoire inférieure va faire effort. Cette enclume porte fur trois piliers principaux de chaque côté, l'antérieur, l'externe, & le poftérieur; le refte de los maxillaire ne fait point d'effort, la voûte du palais ne devoit prefque point en faire; la fente fphéno-maxillaire étoitnéceffaire pour le paflage des vaifleaux, des nerfs & des membranes; les fofles nafales & orbitaires devoient être à l'abri de la preflion : toutes ces parties ont été mé- nagées de façon à nous faire admirer l'arrangement de cette machine. Ces réflexions, en faifant connoître Ja néceffité & Futi; lité de ces figures offeufes, font auffi que l’on peut plus faci- lement en déterminer un-plan, foit pour faifir plus exacte- ment le réfultat de ces coupes & de ces figures, foit pour fe fouvenir de tant de conformations fi fingulières ; elles fourniffent même un ordre plus clair que celui qu’on a fuivi jufqu'à préfent , pour diviler, par exemple, des os maxil- laires, qu'on peut regarder comme une boîte offeufe, dans laquelle il faut confidérer trois faces & cinq bords; ce qui met à portée de détailler exaétement la moindre partie avec clarté, &, ce me femble, plus fimplement que n'ont fait jufqu'ici les plus grands maitres, qui n’ont Part dans ces 1} 20 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE démonfirations un ordre aflez fixe, comme je l'ai dit aw commencement. I X. Le vomer peut ètre regardé comme une portion du fphé-- noïde, ou comme un os particulier qui fe joint avec ui: en recevant une éminence dans fon bord fupérieur, qui’eft creufé : il eft dans une direétion verticale, & il va s’en- chäfler par fon bord inférieur dans une coulifle faite par funion des éminences palatines des maxiflaires, & de celles. de même nom des os du palais; ces dernières recouvrent: les premières dans leur bord poftérieur, & elles fent aflu- jéties par le vomer, de forte que la voûte du palais eft dif- pofée pour faire quelque réfiftance: j'ai déjà remarqué qu'elle: ne devoit point en faire beaucoup: L'unguis, les cornets inférieurs, & fur-tout l'ethmoïde,. &nt des articulations très-paiticulièrés, dont je ne prétends. pas parler ici: il fuffit d'y remarquer qu'ils s’engrènent les uns avec les autres, & qu’ils ont été formés en feuillets minces & comme celluleux : ils font à abri des compref- fions & des efforts, fans quoi il auroit fallu. qu'ils fuflent lus folidess L’ethmoïde eft enchâflé dans une échancrure du frontal, & difpofé de manière qu’il peut un peu réfifte» à l'action de la faux, qui s'attache à l'éminence interne &s fupérieure de lethmoïde, éminence connue fous le nom: de crifla galli: Nous devons auffi faire attention à 14 façon dont les tornets inférieurs, qui font des os particuliers, ou des por. tions de quelques-uns des os-voifins, font appuyés ou adoffés für le bord de Forifice du finus maxilhaire, dont ils for- ment en partie la paroi interne. Îlne paroït pas que l'ex+- » An. 1730, Preffion dont on fe fert dans un Mémoire de l'Académie®,, bu en difant que l'apophyfe en forme d'oreilles des cornets eft en gagée dans le finus maxillaire, donne une idée bien exacte de: Traité dses cette articulation. M. Winflow l'exprime mieux b, en difant Jus, %°443: que Iéur apophyfe en forme d'ongle cowvre en partie le finus: maxillaire ; € aide à en former l'ouverture. : DES SCIENCES. 2r T1 faudra un Mémoire exprès pour bien confidérer l'in- térieur des narines, les orifices des finus, & ceux des autres ouvertures qui y aboutiffent, la façon de trouver ces orifices dans le corps vivant, {a manière dont les finus fe forment, pourquoi les. enfans en font privés, &c. Les os propres dunez font enchäffés au frontal, & engrénés par leur bord fupérieur; ils font taillés en bifeau dans le côté par lequel ils fe répondent, ils font en manière de coin pour réfifter d'autant plus à leur enfoncement ; ils font auffi.joints avec les: éminences nafales des maxillaires, de façon qu'ils font retenus dans leur fituation lorfqu'ils viennent à faire éffort pour s’écarter: la coupe oblique du bord antérieur de ces éminences a cet ufage connu, il eft aifé de s’en apercevoir. Les-dents étant expoléesi.de grands efforts, ont été placées dans un bord élargi, & qui, quoiqu'il paroïfie fpongieux, réfifte pourtant beaucoup; le nombre des racines des mo- hires fert à les raffermir & à réparer un peu la mollefe de l'os dans lequel elles font enchäffées; on na plus recours à la raifon ridicule de ceux qui difoient que les: dents fupé- rieures avoient fouvent plus de racines que les inférieures, à caufe de leur gravité : fur-tout les gencives, qui font d'un tiflu particulier & aflez ferré, raffermiflent beaucoup les dents, au. fujet defquelles je ne puis pas placer ici bien des remarques qu'on ne trouve point dans les auteurs, & qui pourreient être la matière d'un Mémoire particulier. H'paroît que tous les os de la-face font plus folidement liés & collés les uns aux. autres par les membranes, les vaifleaux, les filamens qui vont de l'un à l'autre; les fucs qui les. pénètrent les rendent d’autant.plus fouples & moins caffans. Cette machine eft faite de plufieurs pièces, pour pouvoir un peu céder.en réfiflant ; fi elle n'étoit que d’une feule pièce, elle auroit couru rifque de fuccomber aux difs férens coups. de la. mâchoire inférieure. . Xe. Les os de Ia face, par rapport à Îeur- nombre, 1eurs £gres_ & leurs jonétions, font dans les jeunes fujets prefque- if, 22 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE femblables à ceux des adultes : il nous manque des obfer- vations exactes pour bien favoir les différens degrés d’ac- croiflement de-ces os; mais s'ils font à peu près femblables dans tous les âges, ce n'eft pas tant pour l'agrément de la + Epfon. qud face, comme l'explique au long un Auteur, mais parce Mang. Biblioth. anat. tom. IT, P: 459. D Kerkring. of- teog, m. apad Mang. Biblior, Anatom, tom, IT, PUFEOZS que dans les plus jeunes fujets l'œil devoit être à l'abri, le nez devoit être ouvert, & la bouche devoit faire une cer- taine réliftance, comme le même Auteur linfinue fans infifler affez fur cette raifon. Cette réfiftance ou cette force dépend de ce que j'ai détaillé; & en s’en rapportant pour le préfent à KerkringinsP, on verra que les os commencent à fe durcir précifément dans les endroits où ils doivent faire le plus d'effort. Mais comment les dentelures ont-elles été formées dans les os'ilyena, ilen paroît par-tout , cela eft prefque conf- tant; ce qui paroît détruire la prétendue harmonie de quelques Anciens: les os fe joignent par des efpèces de futures, ou par des engrénures plus ou moins apparentes, leurs joints font à découvert ou cachés, comme s'expriment les Menuifiers. On trouve dans le Mémoire de l'Académie déjà cité, une explication qui fait fentir pourquoi les dents de la lame externe des os du crâne paroiïflent évidemment, tandis que celles de la lame interne ne paroïflent pas autant; & avec un peu d'attention, l'on pourroit rapporter cette méchanique aux os de a face. Mais comment les dentelures font -elles formées origi- nairement? dans l'enfance, felon le Mémoire de 1 Acadé- mie, le coronal, les pariétaux, l'occipital, ( je puis ajoûter & les os de Îa face), commencent peu à peu à s'ajufler enfemble par le moyen des dents à" des échancrures qui fe trouvent à leurs bords; pourquoi ces dents & ces échancrures exiftent- elles? pourquoi fe rencontrent-elles? quelle eft la caufe qui fait pouffer l’os dans certains endroits pour former les dents, & qui le retient dans d’autres pour faire des échancrures? Voilà ma demande. Peut-être en fuppofant que l'offification commence à DEs: SCIENCES 23 un point, & qu’elle s'étend en rayons comme écailleux; & concevant d'ailleurs que l'os croît continuellement, on pour- roit fuppofer que les rayons des deux os correfpondans doivent s'étendre vers l'endroit où ils trouvent moins de réfiftance : or ils en trouvent moins dans les efpaces que laiffent les rayons de l'os voifin ; c'eft aufit vers cet endroit qu'ils s'alongeront, & cet alongement fera réciproque; ce qui formera une vraie future bien apparente fur la lame externe du crâne, parce que dans des portions d’une grande circonférence, les rayons offeux font plus éloignés fun de Fautre vers les bords de l'os, que dans une plus petite cir- conférence, comme dans la lame interne du crâne, ou dans les os de la face, &c. X E J'ai fuppofé en deux endroits /".° y & vrr) que l'os fphénoïde étoit fixe; & pour en favoir 1a raifon, il faut confulter le Mémoire de Académie que j'ai cité; M. Hu- nauld y fait voir que les coupes des pariétaux, celles des grandes aïles du fphénoïde, celles du frontal & de la por- tion fupérieure des temporaux, étoient néceflaires pour raffermir la pofition de toutes ces parties. Je ne crois pas m'écarter de mon fujet fr je place ici quelques remarques qui ajoûteront, ce me femble, quelque chofe à ce qu'a dit M. Hunauld; par exemple, fon Mé- moire donne les raifons pour lefquelles le frontal, les parié- taux, & la portion écailleufe des temporaux;, font joints par future écaïlleufe vers la région des temples ; /es tempo raux (par leur portion écailleufe) fout la fonélion de véritables murs boutans qui retiennent " aflujériffent les pariétaux. Muis les temporaux n’ont-ils pas befoin eux-mêmes d’être fixés & foûtenus, & ne le font-ils pas réellement? voilà ce que le Mémoire n'apprend pas bien particulièrement, & qu'on peut expofer aflez clairement par les confidérations fuivantes. L’angle poftérieur inférieur du pariétal eft den- telé groffièrement, & même coupé obliquement, en pré- fentant {a face vers les parties internes; il s'articule avec 24 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE une portion de l'angle lambdoïde du temporal, qui par-là eft un peu fixé; il left bien mieux encore, parce que la plus grande portion du bord inférieur de ce même angle lambdoïde appuie fur l'os occipital, dont le bord articulaire, dans cet endroit, eft un peu tourné en haut; & même l'angle poftérieur de la pyramide du rocher fe foûtient fur le bord de la grande éminence bafilaire de f'occipital, de forte que ce dernier os paroît fupporter tout l'effort ; il eft comme une bafe fur laquelle tout pèfe. Je dois, avant d'aller plus loin, placer ici la raifon pour laquelle je crois que la facette articulaire de l'extrémité de l'éminence zigomatique de l'os temporal eft tournée en bas, tandis que celle de l'os de la pomette eft tournée en haut: il paroît que cette dernière foûtient la première, qui étant aflez mince, & donnant attache à une partie du mafleter qui eft très-vigoureux, devoit être foûtenue pour qu’elle ne cafsät pas par les efforts de ce mufcle; peut-être même eft-ce ici une des raifons pour fefquelles l'angle lambdoïde du temporal eft enchàflé & retenu par le pariétal, comme je l'ai expofé plus haut /#.° x7). Tout l'effort que fait l'émi- nence zigomatique lorfqu'elle eft pouffée en bas, va aboutir à cet angle lambdoïde, qui paroît être l'extrémité du levier & fon point d'appui, comme on peut s'en convaincre par l'infpeétion. XIL 1! s’agit d'examiner à préfent de quelle manière los fphé- noïde et fixé: les bords fupérieurs de fes grandes ailes font placés contre les pariétaux, qu'elles foûtiennent, & dont elles font foûtenues; leurs éminences épineufes & le bord qui fe trouve entre elles & l'extrémité des grandes aïles, font appuyés dans une échancrure du temporal, formée par le bord antérieur inférieur de fa partie écailleufe, & par l'angle antérieur de la pyramide du rocher. L’os fphénoïde foûtient & il eft foûtenu; fon corps eft uni, dans les adultes, avec le bord antérieur de l'éminence bafilaire de l'occipital ; avant le temps de l'union ou de l'offification parfaite, il y a des DES SCIENCES. 25 des efpèces de crochets, dont parle M. Winflow, qui font difpofés quelquefois comme pour tenir & lier l'os fphénoïde avec l’occipital; en un mot, les différentes coupes des os du crâne & de ceux de la face rendent leur union plus ferme & plus folide, elles femblent n'être faites que pour cela. M. Hunauld l'a prouvé pour ce qui concerne le crâne, je viens de le prouver pour ce qui concerne la face; les petites variations qu'on pourroit trouver dans les coupes des os & dans leurs dentelures, ne fufhroient point pour détruire notre opinion, qui paroît établie fur des principes fimples & à la portée de tout le monde. XL, FL Je finis en fuppofant un homme qui ait un grand poids fur la tête, & qui ferre en même temps quelque chofe violemment entre fes dents; il eft évident que les princi- paux os de la tête font effort : quel eft celui qui en fait le plus’ quel eft celui qui foütient toute la machine? ne pourroit-on pas le trouver? & ne pourroit-on pas exa- miner auffi fi les coupes données à ces pièces font les plus propres qui foient poffibles, les plus convenables, celles qui épargnent le plus la matière, & ménagent le mieux Tefpace! Je laïfle ce problème à réfoudre à des perfonnes plus éclairées que moi, me réfervant de poufler mes recherches fur les confidérations anatomiques de ces parties, fi cet effai ne déplait pas à l'Académie, CS 27 IR ÉS DA e F2? … Sav. étrang. Tome IL D 26 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE O B,S,E.R VV A TION.S Sur des Couleurs engendrées par le frottement des Jurfaces planes à tranfparentes. Par M. l'Abbé MAZEAS, Bachelier en Théologie, de la. Maifon & Sociéié Royale de Navarre. 2 1 Au le monde connoïît la plus grande partie des expériences de M. Newton fur la lumière & les cou leurs: ce génie, également vafle & pénétrant, nous a con- vaincu que pour dévoiler le méchanifme de la Nature; if falloit moins s'attacher à ce que nous appelons /yffme qu'aux obfervations & à l'expérience; c'eft en fuivant cette der“ nière méthode qu'il nous a donné fur l'Optique ces belles découvertes qui font aujourd'hui l'admiration des Savans, &c qui lui ont mérité des éloges * qui paroïtroient outrés à qui- eonque n'auroit point Iü fes ouvrages. On peut dire qu'il a épuilé les principaux phénomènes qui dépendent de la réfran: gibilité de la lumière; cette partie de fon Optique eft portée’ à un fi haut point de perfection qu’elle ne laifle aucun doute parmi ceux qui veulent bien s’en aflurer par l'expérience. La Nature n'ayant plus rien à lui offrir fur les couleurs produites par la réfraétion de Ia lumière à travers les prifmes, lui préfenta un phénomène bien furprenant, ou plûtôt um champ encore plus vafte que celui qu'il venoit d'épuifer. S'étant aperçû que deux de ces prifmes s'étoient recourbés, il tâcha de les redreffer en les appuyant avec force l'un contre l'autre, & il vit avec furprife que dans le point de la plus forte preffion il s’étoit formé des lignes colorées - qui repréfentoient des efpèces de conchoïdes : après quel- ques réflexions fur leur arrangement & leur formation, il * The improvements which others had made in natural and marhe- matical knowledge have fo vaflly increafèd in his hands , as to afford a ence a wonderful inflance howgreat the capacity is of a human foul, and how inexhaëfhble the fubjelt of its inquiriess Spe vol. VIT; 1,9 554 RDÉÉLSA SI CALE /N: CES 27 abandonna es prifmes pour obferver le même phénomène fur des verres de télefcopes. I prit deux objectifs, l'un plan-convexe, l'autre convexe des deux côtés; & fur ce dernier appliquant l'autre par fon côté plan, il les prefla doucement, & il vit encore au point de contact des anneaux colorés: il en obferva les couleurs, Tordre, les degrés, la fucceflion, & attribua leur généra- tion à une lame d'air interpofée entre les deux verres. I! faut obferver que dans ces deux expériences de M. New- ton, dont les détails occupent une grande partie de fon Traité d'Optique, les couleurs ne durent que pendant que l'on prefle les objectifs ; que ces mêmes objectifs doivent avoir été ‘travaillés fur de très-grandes fphères, car ayant répété la mème expérience fur l'objectif d'un télefcope de 12 pieds, appliqué {ur une furface plane, le diamètre du plus grand anneau ne me paroifloit pas excéder une ligne & demie, & fa circonférence n'étoit qu'une ligne très-fine & prefque imperceptible. I eft probable que M. Newton, avant d'abandonner fes prifmes, avoit tenté le mème phénomène fur des prifmes fans courbure; mais comme {a preffion feule dont il s’eft toûjours fervi, ne fuffit pas pour produire des couleurs fur des furfaces planes, comme nous {e verrons dans la füite, il n'eft pas étonnant qu'il ait eu recours à des verres de télefcopes. C'auroit été, fans doute, une fatisfation pour cet habile Obfervateur, d'apercevoir comme une feconde branche de cette théorie délicate qu'il alloit traiter; de pro- duire entre deux furfaces planes des cercles & des ovales colorés jufqu'à des 12 & 15 lignes de diamètre; de donner à ces couleurs une vivacité furprenante, & une durée égale à celle des verres ; enfin de former par la tranfiniflion de la lumière une nouvelle fuite de couleurs analogue à celle qui avoit été formée par la lumière réfléchie : tel a été le réfultat d'une expérience affez femblable à celle de M. Newton, quoique revêtue de circonftances différentes. Ayant voulu donner un dernier degré de poli: au côté plan de l'objeétif d'un télefcope de 1 2 pieds, & ris frotié 1] Jre Obfervation. 28 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE par hafard fur une glace bien unie, je m'aperçus, après l'avoir fait glifer pendant quelque temps, de la réfiftance que l'on fent d'ordinaire en frottant l'un contre l’autre deux marbres bien polis & enduits d'eau. Cette réfiflance devint bien-tôt fi forte, qu'il ne me fut plus poffible de mouvoir Vobjeétif; mais ma furprife augmenta en apercevant entre les deux verres des couleurs bien formées, & qui repréfen- toient dans différens degrés de force celles qu'on aperçoit à travers le prifme. Ceux qui font au fait de la feconde partie de l'Optique de M. Newton, verront à l'énoncé de ce phénomène, qu'il doit fe réduire à la même claffe que ceux qui donnèrent naiflance à cette partie de l'Optique du favant Anglois Cette théorie des couleurs, qui, pour la fingularité des faits, ne le cède en rien à la première, a été peu cuhivée depuis fon auteur, & le commun des Phyficiens n'en a aujourd'hui qu'une notion très-imparfaite. Ces confidéra- tions m'ont engagé à poufler plus loin mes recherches, & elles m'ont procuré fur cette matière une fuite de phéno- mènes affez fuprenans dont je vais rendre compte, en fui: vant l'ordre & les circonftances où elles fe font préfentées. Si l'on fait gliffer l'une fur l’autre deux furfaces tranfpa+ rentes & bien polies, telles que font les glaces des miroirs, obfervant de prefler également autant qu'il eft poffible fur tous les points des deux furfaces, on s'aperçoit bien-tôt d’une réfiftance qui fe fait fentir quelquefois vers le milieu, & d'autres fois vers les extrémités des glaces; en portant la vüe vers cet endroit, on aperçoit deux ou trois lignes courbes très-fines , dont les unes font d’un rouge pâle, & les autres d’un: verd languiïflant. En continuant toüjours de frotter, ces lignes rouges & vertes fe multiplient le Jong de Ja furface de contaét, & on aperçoit un mélange de couleurs tantôt difperfées avec confufion & fans ordre, .&c tantôt dans un ordre régulier ; dans ce dernier cas, les lignes colorées font le plus ordinairement des cercles & des ellipfes concentriques, ou plütôt des ovales plus ou moins alongés, fuivant que {es furfaces planes font plus ou moins Dis S.CTE N CE ss. 29 unies : on parviendra infailliblement à former de telles figures, fi en frottant les glaces on prend la précaution de les bien efluyer & de les préfenter de temps en temps au feu. Lorfque les couleurs font formées, les verres fe tiennent collés avec beaucoup de force, & demeurent pour toû- jours dans cet état d'union fans aucun changement ni alté- ration de couleurs. Au centre de tous ces ovales, dont le grand diamètre excède ordinairement 10 lignes, on voit une petite lame de mème figure, parfaitement femblable à une lame d’or qu'on auroit interpofée entre les verres. Sou- vent cette petite lame a dans fon centre une tache noirâtre qui abforbe les rayons de la lumière, excepté eeux qui nous donnent la fenfation du violet, car cette couleur s'y voit en abondance à travers le prifme. Si l’on fépare fubitement les deux verres, en les faifant glifler horizontalement, ou encore mieux, par l’action du feu , dont nous parlerons dans-la fuite, &: qu'on les rejoi- gne immédiatement par une fimple appoñition., alors la moindre preffion fuflira pour former des couleurs. En com- mençant par l'attouchement le plus foible, & continuant infenfiblement jufqu'à la prefhion la plus forte, on remar- - quera une lame ovale d'un rouge foible, &: au centre de cette lame une tache d’un verd tendre: cette dernière tache s'élargit par la preflion, & devient une ovale verte ayant à fon. çentre une tache rouge, qui s’élargit à fon tour en jetant de fon centre une tache verte; ainfi de fuite le rouge & le verd fe fuccèdent l'un-à l'autre, en partant du centre, & prennent fucceffivement diférens degrés de coulewr; dont le rouge & le verd font toüjours la bafe. Je ne fais pas mention des autres couleurs qui paroiffent- mélées’ avec le rouge & le verd, nous les diflinguerons' beaucoup mieux dans les glaces de la feconde Obfervation, qui féparent plus fenfiblement les couleurs. - On voit par tout ce que nous venons de dire, la diffé- rence qui fe trouve entre la génération des couleurs dans les furfaces courbes & les furfaces planes: mais ce qui doit furprendre dans celles-ci, c'eft que la preffion toute feulé D ii JLe Obfervation. 30 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE n'engendre des couleurs que dans le cas qu'on vient d'énon- cer, c'eft-à-dire, immédiatement après que les glaces en ont donné par le frottement : j'ai fouvent employé une force prodigieufe, fans ufer auparavant du frottement, & mes tentatives ont totjours été vaines. J'ai pris deux glaces taillées en forme de prifme, & d'un angle très-aigu; après les avoir jointes par le frottement, de fiçon que ces deux prifmes triangulaires. formaffent un paraliélépipède, il s'eft formé le long de fa furface de contact des couleurs d’un éclat & d'une vivacité furprenante; il n'y a pas de doute que la figure triangulaire des deux verres n'y contribue beaucoup, en féparant davantage les rayons de la lumière forfqu'elle fe réfléchit de deflus la furface mince interpofée entre les verres, & dont nous parlerons bien-tôt. On voyoit différentes ovales colorées le long de la furface de contact, avec cette différence que la lame d’or tiroit ici beaucoup plus fur le blanc, & n'étoit teinte de jaune que vers les extrémités. Cette lime ayant dans fon centre une tache noire, étoit terminée par un pourpre foncé * ; on voyoit enfuite le bleu, l’orangé, le rouge pour- pré, le verd tendre, le pourpre languiflant. Les autres couleurs ne préfentoient à la fimple vûe que des rouges & des verds affoiblis, & tellement lavés, qu'on ne remarquoit qu'avec peine où ces anneaux finifloient. Ces couleurs, malgré leur éclat & leur vivacité, ne font pas primitives, c'eft-à-dire, dans la clafle de celles qui naiflent du pañlage de fa lumière à travers le prifme; ce qui. peut arriver, foit de leur génération qui ne fe fait que par une anticipation ou un écoulement des unes fur les autres, foit de la furface mince qui peut n'être pas un agent aflez fort pour décompofer entièrement la lumière. Pour obferver avec plus d'exactitude l’ordre des couleurs, j'ai féparé fubitement les deux verres prifmatiques; & les * Je n’ai point remarqué de violet | bleu, & il m'a paru n’êe qu’un à la fimplevüe, on ne laperçoit qu'à | mélange de ces deux couleurs : on une lumière affoiblie, & a l’aide de | l’aperçoit affez diftinétement fur cha- la loupe; il fe trouve en petite quan- | que anneau coloré, en inclinant les tité aux confins du pourpre & du | verres à la lumière de fa Lune. D ES SAC ALE INC :E S zr joignant enfuite par la fimple appofition, j'ai levé douce- ment le verre fupérieur, afin de faire difparoître es cou- leurs par ordre, comme le fit M. Newton dans fes objec- tifs, dont l'un plan-convexe appartenoit à un télefcope de- 4 pieds, & l'autre, convexe des deux côtés, appartenoit à un télefcope de so pieds. Je mets ici la fucceffion des couleurs, tant dans les verres prifmatiques que dans les objectifs, afin qu'on les puifle comparer. Succefions des couleurs dans les verres prifmatiques de l’obferva- tion précédente. Tache noirâtre Ovale blancheätre Jaune qui termine fes bords Pourpre foncé : Bleu Orangé Pourpre : Bleu verdâtre Verd jaunâtre Rouge pourpré + Verd Rouge: Verd tendre Rouge languiffant 1 Verd foible Rouge foible : Verd totalement affoibli Rouge totalement afloibli, Succefions des couleurs dans les objectifs de M, Newton, Niger- Cæruleus: Albus Flavus Ruber : Violaceus: Caæruleus Viridis Flavus Ruber : Purpureus Caæruleus Viridis Flavus Ruber : Viridis Ruber : Caœruleus Subvirtdis Ruber : Caæruleus © Subriridis Ruber pallkféens : Cæruleus Subviridis Albus rubefcenss 32 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE LÉ OS Si l’on fufpend les verres colorés au defius de la flamnre Obfervation, une bougie, les couleurs difparoiffent tout-à-coup ; cepen- dant les verres demeurent toüjours joints l'un à l'autre, pourvû que leur plan foit bien parallèle à l'horizon : en laifflant refroidir les verres, les couleurs reviennent peu à peu à leur première place, en gardant le même ordre que dans les obfervations précédentes. Je pris dès-lors deux glaces beaucoup plus épaiffes, pour avoir tout le temps d’obferver l'action du feu fur la matière qui produifoit les couleurs. Je n''aperçus qu'à mefure qu'elles s'échauffoient, les couleurs fe retiroient vers les extrémités des verres, & s’y rétrécifloient de plus en plus, jufqu'à fe réduire.en lignes imperceptibles : en retirant la Mamme elles revenoient à la même place, & ce jeu continuoit jufqu'à ce que les verres vinrent à fe courber par l'action du feu. C'étoit un fpetacle affez agréable de les voir parcourir la furface des verres à mefure qu'on les pourfuivoit par la flamme. M. Newton a fuppofé que la caufe des couleurs engen- drées entre fes deux objectifs, n'étoit autre chofe que l'air qui s'y trouvoit différemment comprimé: il a même cal- culé jufqu’à l'épaifleur néceflaire à cet élément pour donner chaque couleur, & cela avec une profondeur de recherches qu'on ne peut aflez admirer ; il a établi, par exemple, en mefurant Îles diamètres des anneaux colorés, & la convexité des verres, que l'épaifleur néceffaire à l'air pour donner le 2 + es bleu de la première fucceflion devoit être la partie 1000000 d'un pouce. Nous n'avons rien qui contredife fes calculs; voici cependant ce qui va paroître furprenant d'un autre côté. La matière contenue entre mes verres, & qui devoit y être bien comprimée, puifqu'il arrivoit fouvent que ces verres adhéroient un à l’autre avec une force fi grande, qu'on ne pouvoit la vaincre que par l'action du feu; cette matière, dis-je, fortoit avec une précipitation étonnante d'entre les verres aux approchés de la flamme, &celle des objectifs DES S C1E.N CE s. 33 ebjectifs mis à la même épreuve ne donnoit aucun change- ment ni aucune altération fenfibles: il me falloit échauffer ces objectifs jufqu'à rompre le verre inférieur, le plus près de la flamme, avant de remarquer la moindre dilatation dans les anneaux colorés. On ne peut pas dire que ce phénomène arrivoit dans les verres plans parce qu'ils étoient moins comprimés que les objectifs; car en expofant mes glaces au deflus de Ja flamme, je les ai fouvent compri- mées avec force par le moyen de tenailles, & cette com- preflion , quelque violente qu'elle füt, ne retardoit aucu- nement l'effet de la flamme. J'ai fait mettre enfuite mes verres & ceux de M. Newton dans le vuide, en fufpendant les miens par fe moyen d'un fil. au haut du récipient, & tenant ceux de M. Newton compri- més par le moyen de deux refforts: après avoir fait pomper l'air d’un récipient fort étroit, pendant une demi-heure en- tière, je n'ai remarqué aucun changement de part & d'autre. On voit bien ce qu'on devroit naturellement conclurre de ces expériences : fi c'eft une même matière qui produit les couleurs entre les deux furfaces planes & les deux ob- jeéifs, d'où vient cette dilatation d’un côté, & cette infen- fibilité de l'autre aux approches d'un même deoré de cha- leur? fi c'eft l'air qui donne les anneaux colorés dans les objectifs, d’où vient cette inaltération conftante dans ces mêmes anneaux, lorfqu'on eft moralement für qu'il ne fe trouve plus d'air dans le récipient ? Mais bien loin d'adopter là-deflus aucun fentiment, mon intention même n’eft pas qu'on regarde ces obfervations comme une critique indirecte de celles de M. Newton: mon but n'eft que de rechercher ce qui pourroit éclaircir une matière fi difficile, en obfervant l'analogie ou l'oppofition des unes avec les autres. II fe peut faire que les deux ma- tières foient différentes, & que l'air intercepté entre les deux objectifs mis dans le vuide, fe foit trouvé gêné & com- primé au point de ne pouvoir céder aux efforts de la pompe. S'il y avoit quelque induétion à tirer de ces expériences, Sa. etrang. Tome IL. E TV.c Obfervation. 34 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE ce ne devroit être qu'après s'être fervi de l'objectif d’un télefcope de 60 ou 80 pieds de longueur; la preffion de ce verre contre une furface plane, fuffroit par la feule pefan- teur pour faire paroître les couleurs, fans avoir recours à des refforts; & l'air s'y trouvant alors plus libre, rendroit Jahtération fenfible, s'il doit y en avoir. Voici un autre cas bien particulier de fa matière inter- ceptée entre les deux verres plans : je les ai placés fur une braife allumée, ayant eu auparavant la précaution de les faire pafler par différens degrés de chaleur pour les empé- cher de fe rompre; alors, par le moyen d'une verge de fer, j'ai frotté le verre fupérieur contre l'inférieur; & quoiqu'ils fuffent prêts à fe rougir par Fardeur du feu, je fuis néan- moins parvenu à former des cercles & des ovales dans le même ordre & Île même arrangement que dans les obfer- vations précédentes : lorfque je ceflois d'appuyer fur les. verres, les couleurs paroïffoient s’'évanouir; & dès que je recommençois à frotter, on voyoit peu à peu la matière colorée s’infinuer entre les verres, & cela jufqu’à ce que les glaces commencèrent à rougir, & à s'unir par la fufion des furfaces felon lefquelles elles fe touchoient. Les glaces dont on s’eft fervi jufqu'ici n’avoient point de vif-argent; mais fi on en applique fur une de leurs fur- faces extérieures , les couleurs ne paroiflent plus, quoique. les verres adhèrent toûjours avec la même force. Ce phénomène ne me paroît venir que de la force & de Ja multitude des rayons réfléchis par le vif-argent, qui, dans le cas préfent, affeétent trop vivement notre organe, & l’em- péchent de fentir Fimpreffion des rayons réfléchis de deflus. la furface mince. On. peut s’en convaincre en inclinant les glaces à la lumière d’une bougie; on fait qu'alors l'objet doit paroître multiplié dans les verres : M. de la Hire a rendu compte de ce phénomène dans les Mémoires de YAcadémie. ' J'aperçûs dans mes glaces trois lumignons, dont celui du milieu feul paroiffoit coloré, & teint des mêmes nuances DES SCIENCES. 35 que celles qui étoient fur les verres; c'eft donc une marque certaine que les rayons qui nous donnoient auparavant la fenfation des couleurs, parviennent toûjours à nos yeux mal- gré le vif-argent; mais cette fenfation fe trouve détruite dès qu'elle concourt avec une plus forte & plus vive qu'elle, comme la fenfation d'un fon extrêmement foible s'évanouit lorfque l'organe eft ébranlé par des coups redoublés d’un corps très-fonore. Ï ne doit point paroître furprenant que les rayons réflé- chis par le vif-argent, ne fe trouvent pas modifiés & décom- pofés par la matière qui donne les couleurs, fi l'on fait atten- tion que cetie même matière qui a la propriété de décom- pofer les rayons qui fe réfléchiffent de deflus fa furface, n'exerce pas le même pouvoir fur ceux qui ont eu aflez de force pour la pénétrer. Mais en quoi confifte ce pouvoir! comment les rayons incidens font-ils féparés, & quelle eft cette efpèce de décompofition jufqu'ici inconnue? pourquoi, de tous les rayons qui tombent fur une même furface, les uns font-ils plütôt tranfmis que les autres, & quelle peut être la caufe de cette alternative de réflexion & de tranf- miflion? Tels font, fans doute, les phénomènes qu'il fau- droit expliquer dans ce qui fait l'objet de ces recherches, pour dévoiler entièrement toute cette théorie, & percer les ténèbres qui la couvrent : maïs ces phénomènes tiennent de trop près au méchanifme des corps minces, & ce mécha- nifme efl encore trop enveloppé, pour nous fournir des explications qui puiffent fatisfaire. M. Newton dit { Prop. 1 3 de la 3.° partie de fon fecond livre d'Optique), que ce qui fait que de tous les rayons qui tom- bent fur une même furface tranfparente, les uns font tranf- mis & les autres réfléchis, c’eft que les uns fe trouvent dans des accès de facile tranfmiflion, & les autres dans dés accès de facile réflexion; il prouve enfuite que les intervalles de ces accès font, ou exactement, ou à très-peu de chofe près, comme les racines cubiques des quarrés des longueurs d'un monocorde qui donneroit les notes fuivantes, /o/, la, fa, E ij Ve Obfervation.. 6 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A LACADÉMIE fol, la, ni, fa, ol. Le Doéteur Defaguliers * repréfente ces accès dans les Tranfactions Philofophiques , par une courbe ondulatoire, qui, dans les points où aboutifient les plus grandes ordonnées, auroit la propriété de réfléchir la lumière, & dans les autres celle de la tranfmettre. Mais toutes ces vérités ne font qu'accefloires, & laiffent ignorer le fond & tout le jeu de la Nature : on peut vois par-là de quelle difhculté peut être la matière que nous traitons; fi elle avoit été fi facile à éclaircir, devoit-on V'attendre d'un autre que de M. Newton? Les bulles minces formées de l’eau de favon, & foufflées par le moyen d'un chalumeau, offrent à nos yeux une variété de couleurs qui les a fait pafler de la main des en- fans dans celles des Philofophes : ce phénomène, joint à celui de For réduit en feuilles, fit prononcer à M. New- ton, que tous les corps donneroient des couleurs fi on les réduifoit à une épaifleur convenable. Perfuadé jufqu’ici par une certaine analogie que je remar- quois entre mon expérience & celle de M. Newton, que mes couleurs ne venoient que de l'épaifieur de la matière interpofée entre mes verres, je voulus éprouver le fait fur des matières plus crafles, pour m'aflurer en. mêmé temps fi j'étois bien fondé dans mon opinion. Je mis entre les deux glaces un petit globe de fuif qui pouvoit avoir environ un quart de ligne de diamètre; je le preffai entre les deux furfaces, que j'échauffois de temps en temps pour obliger la matière de s'étendre : les différentes épaiffeurs par lefquelles je la fis paffer, ne me donnèrent aucune couleur; je tentai plufieurs fois la même chofe fur d'autres matières fufibles, mais tous mes efforts furent inutiles. On peut bien penfer que dans l'habitude où j'étois de frotter des furfaces, cette opération ne manqueroit pas ici; rebuté de ne point voir de couleurs fe former, je frottai violemment les deux verres l'un contre l'autre, en employant un mouvement circulaire: quelle fut ma furprife, lorfqu'en * Voyez la réfuration du Signor Rézeëti, Philofoph, Tranfaét, abridg’4 &y Lowthorp, BYE SIGUNELN C E:S 37 segardant le lumignon d’une chandelle à travers ces verres, je le vis environné de deux ou trois anneaux concen- triques fort larges, dont les couleurs étoient très- belles & très-tendres ! Ces couleurs étoient un rouge tirant fur la lacque, & un verd femblable à celui de l'émeraude : je ne remarquai pour lors que ces deux couleurs; mais en conti- nuant de frotter, les anneaux prenoient différentes teintes de bleu, de jaune & de violet, fur-tout lorfqu'à travers ces verres on regardoit des corps direétement oppofés à la lu- mière. Si après avoir frotté les verres, les épaifleurs fe trouvoient confidérablement diminuées, les couleurs deve- noient plus foibles par la lumière tranfmife; mais elles étoient alors beaucoup plus fortes par la réflexion, & elles fembloient gagner de ce côté ce qu'elles perdoient de Yautre par la tranfmiflion. Si l'on fuppoloit, en raifonnant d'après les expériences de M. Newton, que les feules épaifleurs de la matière interpo- fée entre les deux verres plans, donnent les couleurs qu'on y remarque, tant par la tranfmiffion que par la réflexion de la lumière, & qu'on fe bornât à la recherche de ces épaifleurs comme à l'unique caufe de la formation des couleurs, ne pour- roit-on. pas demander en premier lieu quelle certitude on auroit quant à la détermination de ces épaifleurs! En effet, quoiqu'il foit facile de connoître à peu. près l’épaiffeur totale de la matière mince aplatie entre les deux verres plans, en connoiffant les diamètres du petit globe de fuif avant & après fon aplatiflement, je crois néanmoins qu'il eft très-diffcile d'avoir avec exactitude l'épaifleur particulière de chaque an- neau coloré; & cette difficulté eft fondée fur les irrégularités prefque inféparables des furfaces planes, telles que font les proéminences, les cavités, les ondulations, &c. qui cepen- dant doivent être d'autant moins négligées, que l'épaiffeur réceflaire pour donner chaque couleur doit être plus petite; & felon M. Newton, elle ne doit pas moins fe réduire qu'à des millionièmes d'un pouce : irrégularités cependant qui,. dans tous les verres plans dont je me fuis il jufqu'ici, iij 38 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂACADÉMIE n'ont apporté aucun changement ni aucune altération dans ordre & la formation des couleurs, 2.° Si l'on ne doit avoir égard qu'aux feules épaif- feurs, pourquoi la matière interpolée ne donne-t-elle aucune couleur, quoique réduite, par l'aplatiffement que lui donne la fimple fufion, à la même épaifleur que celle que lui donne le frottement? pourquoi, en frottant deux glaces, en les échauffant à différentes reprifes, en les preflant avec la force la plus confidérable, n'aura-t-on pas d'autres cou- leurs que celles que nous avons indiquées dans la feconde obfervation!? Toutes ces difficultés m'ont fait foupçonner que les diffé- rentes épaifleurs dans l'expérience dont il s’agit ici, ne font que rendre le corps interpolé plus ou moins tranfparent, ce qui eft une condition néceffaire ; & que le frottement, au- tant que j'ai pû m'en apercevoir, ne fait que répandre fur toute la furface de la matière aplatie, une feconde matière qui me paroît analogue à celle qui fe glifloit entre les verres des obfervations précédentes, où les couleurs font formées par fa lumière réfléchie : car fi j'expolois les glaces dans lef- quelles le fuif donnoit des couleurs, au deflus de a flamme d'une petite bougie, ces couleurs fuyoient avec précipita- tion, & revenoient enfuite à leur première place, fans que le fuif m'eût paru avoir fouffert aucune altération. ‘ Je ne crois pas devoir omettre la preuve de ce que j'avance : ayant féparé fort fouvent les verres dans le mo- ment que les couleurs difparoifloient, je les trouvois toû- jours enduits de la matière grafle que j'avois interpofée entre leurs furfaces, & cette matière me paroïfloit dans le même état que lorfque je féparois les verres fans les échauffer par la flamme. Ayant d’ailleurs répété plufieurs fois la même expérience fur des matières différentes, je me fuis aperçü que le degré de chaleur qui fufhfoit pour faire fortir les couleurs, n'étoit pas toûjours fufffant pour mettre en fufion la matière interceptée entre les verres; différence qui deve- noit .plus fenfible à mefure que la matière interpolée fe réduifoit en une furface plus mince. . DES SCIENCES. 39 De là je crois pouvoir conclurre que ce n'eft pas uni- quement à l'épaifleur du corps mince intercepté entre les deux verres plans, qu'on doit attribuer la caufe des cou- leurs; mais qu'on doit y faire entrer pour beaucoup’ ce fluide très-dilatable qui fe répand par le moyen du frotte- ment fur toute la furface de la matière aplatie, foit que ce foit immédiatement dans ce fluide que le filtre la lumière, foit qu’on ne doive le regarder que comme un agent propre à modifier les pores de la matière mince, & à les rendre propres à décompofer fa lumière. Ce que j'ai éprouvé fur le fuif, je l'ai tenté fur d'autres corps, comme la cire d'Efpagne, la poix réfine, la cire commune, & le fédiment d'urine. Je commencçai par la cire d'Efpagne, attiré par la fingularité de fa tranfparence dans l'expérience de M. Haukfbée fur l'électricité : j'eus beaucoup de peine à la réduire par le frottement en une furface mince; il falloit échauffer fort fouvent les verres. faifir le moment de la fufion qui duroit peu, & fe réfoudre à fe brüler fouvent. L'expérience ayant réufi, la cire d'EF pagne paroifloit avec fon opacité & fa couleur naturelle lorfqu’elle réfléchifioit la lumière; mais fon opacité & fa couleur difparoifloient par la lumière tranfmife: on y voyoit les mêmes anneaux que dans le fuif, & il me fembla qu'il n'y avoit que peu de différence entre les couleurs du fuif, de la cire d'Efpagne, de la cire commune & de la poix réfine, excepté que cette dernière matière ne rendoit pas les couleurs fi fenfibles à eaufe de la trop grande tranfpa- rence de fes molécules. Le fédiment d'urine paroïfloit avoir quelque chofe de plus particulier, fes couleurs paroïfloient plus belles, fon- rouge étoit, de même que le précédent, couleur de la lacque, mais plus vif & plus éclatant, & fon verd étoit auffi beau- coup plus fort. En expofant cette matière au deflus de la flamme, fes couleurs difparoiffoient; & en laiflant agir le feu, il fe formoit fur fa furface des ramifications femblables à celles du givre ,. qui difparoifloient à mefure que les verres: VI:c Obfervation. 40 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE venoient à fe refroidir : ces ramifications paroilloient auffi fur le fuif & fur la cire, mais elles étoient moins confidé- rables. Je dois remarquer que les verres où fe trouvoient la cire d'Efpagne & la poix réfine, adhéroïent avec tant de force, qu'il n’étoit pas poffible de les féparer fans l'aétion du feu ; & dès qu'ils commençoient à s'échauffer, les glaces fe féparoient, en faifant un bruit femblable à celui d’un verre qui fe brife au feu, fans que les glaces fuflent brifées, & fans que la matière interceptée füt mife en fufion. En féparant fubitement les verres dont je m'étois fervi dans la première obfervation, j'aperçüs fur leur furface des vapeurs très-légères qui formoient différentes couleurs, mais qui s'évanouifloient bien-tôt avec les vapeurs qui les for- moient. Ce phénomène ne fufhfant pas pour me porter à croire - que de fimples vapeurs fuflent Ja caufe des couleurs que j'avois aperçüûes toutes les fois que j'avois frotté des verres enfemble, d'autant plus que les couleurs ne fe formoient jamais plus régulièrement que lorfque j'avois la précaution de bien efluyer les verres, & de les expofer fouvent au feu, j'entrepris de m'éclaircir fur ce fait. J'appliquai l'haleine fur le premier verre qui me tomba fous la main, & je remarquai que les vapeurs qui adhéroïent quelque temps aux verres, y formoient, avant de s'évanouir, une variété de couleurs furprenante; l'expérience ne réuflit pas toûüjours dès la première tentative, il faut fouffler à différentes repriles, & avoir foin d’effuyer chaque fois le verre, en y paffant la main, afin de n’y laiffer qu'autant d'humidité qu'il faut pour donner prife aux vapeurs qu'on y veut appliquer, & en même temps pour former fur les verres des efpèces de fillons qui contribuent beaucoup à la variété des couleurs, faus doute en rendant inégales les épaifleurs des vapeurs. If faut aufi avoir la précaution que les glaces ne foient point enduites de vif-argent. Lorfque les molécules d’eau qui formoient cette vapeur étoient trop épaifles pour donner des couleurs, je les frappois DES SCIENCES 41 frappois de plufieurs coups de pinceau pour les atténuer & les étendre; alors je voyois une infinité de petits fils colorés qui fe fuccédoient rapidement les uns aux autres *. Je fis enfuite couler une goutte d’eau entre deux verres communs, fa compreffion ne me donna aucune couleur; mais fi en la comprimant je la faifois pafler fucceflivement d'un endroit à l’autre, je voyois que cette eau laifloit après elle de grandes taches rouges, jaunes, verdätres, pourprées, &c. ces taches prenoient fucceffivement différentes couleurs avec une rapidité furprenante, & préfentoient aux yeux une variété de nuances qui les charmoit. Pour mieux juger fi c'étoient des vapeurs de même na- ture qui pouvoient avoir formé les couleurs de Ja première obfervation, j'appliquai l’haleine fur une de mes places, & je les frottai l’une contre l'autre; je m’aperçûs bien-tôt de h matière ordinaire qui fe glifloit entre mes verres : elle forma des couleurs dans l’ordre & larrangement des obfer- vations précédentes, avec cette différence que les couleurs étoient plus ténébreufes, & difperfées avec confufion dans Fendroit où fe trouvoient les vapeurs; employant l'action du feu pour faire évaporer les molécules aqueufes, mes cou- leurs Mnsient plus belles, & reprenoient peu à peu le même ordre que celles qui fe formoient fans l'application de l’haleine. M. Newton ayant fait pareillement gliffer un peu d'eau entre fes deux objectifs, obferva qu'à mefure que l’eau s’'in- finuoit , les couleurs devenoient plus languiffantes; & les âyant attribuées à l'épaiffeur de l’eau comme il avoit attribué les anneaux précédens à l'épaifleur de l'air, il mefura les diamètres des anneaux colorés que formoit la lame d’eau, & il conclut que les intervalles des verres dans les anneaux femblables de ces deux milieux étoient entr'eux à peu près * Ces expériences prouvent évidemment la fuppofition des couleurs for- mées par des vapeurs dans l’aurore boréale de M. de Mairan, quele R. P. Noceti a ornées de tous les agrémens de la Poëfie. Voyez auf Les Notes du P. Bofcovich fur le même fujet, imprimées à Rome en 1747. Say, étrang. Tome IL, Obfervat. X; Gb, II, part, 1; 42 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE comme 3 à 4. Il établit enfuite cette règle, que fr um milieu quelconque plus où moins denfe que l'eau fe trou- voit comprimé entre deux verres, les intervalles des verres: (ou, ce qui revient au méme, lépaifleur du fluide inter- cepté) dans les anneaux que donne la matière interpofée, eft aux intervalles des mêmes verres dans les anneaux fem- blables que donne f'air, comme les finus qui mefurent {a réfraétion qui fe fait de ce milieu dans l'air. Pour m'aflurer fi conféquemment à cette règle lépaiffeur de l’eau fufhifoit feule à la formation des anneaux dans mes verres, je trempai dans un vafe plein d'eau une des extré- mités des verres colorés, que j'avois eu foin de bien efluyer & de bien échauffer avant d'y former des couleurs par le frottement. L'eau employa un temps confidérable à gagner le haut des verres ; & à mefure qu'elle montoit, on aper- cevoit une lame d'eau très- mince qui fembloit paffer fur la matière qui donnoit les couleurs fans fe l’incorporer : car à travers la lame d’eau, on apercevoit encore les cou leurs dans le même ordre & la mème fituation, mais plus: foncées & plus ténébreufes; & mettant les verres au deffus de la flamme d’une bougie, je vis difparoïre & revenir les couleurs à différentes reprifes, fuivant que j'approchois ou que j'éloignois la flamme : je mouillai dès-lors les deux verres. beaucoup plus qu'ils ne l'étoient, & les frottant à-l’ordinaire, je vis toùjours reparoître le même phénomène; faififfant le moment où les couleursdifparoiffoient pour ouvrix les verres, je les trouvois toüjours enduits d’eau. On auroit peine, à croire que ce fût cette eau qui, par Paction du feu, s’en alloit & s’en revenoit à différentes reprifes; la matière dans laquelle fe formoient immédiate- ment les anneaux colorés, étoit trop fenfble, fon mouve- ment &. fon action forçoit tout. œil attentif à la recon- noître; & il me fembla qu'il étoit tout naturel de conclurre, comme dans l'obfervation précédente, que ce n'étoit point à a preffion où fe trouvoit le corps interpofé que l’on devoit attribuer les anneaux. colorés; & que sil contribuoit à MAD /EISA Sc (ra Eù ni C? ES: 43 quelque chofe dans les couleurs, c’étoit moins à les engen- drer qu'à les modifier. Je dois avertir ici que je ne regarde nullement comme déci- fives toutes les induétions que j'ai tirées de mes expériences, lorfque l’occafion s'en eft prélentée, & que je ne prétends les donner que pour ce qu'elles font, c’et-à-dire, des con- jectures : pour peu qu'on ait obfervé la Nature, on ne con- noit que trop les différentes faces, & les efpèces de contra- diétions fous lefquelles elle fe plaît fouvent à fe montrer à nous. La théorie de la lumière réfléchie de deflus les corps minces eft trop vafte & trop délicate pour être éclaircie par un petit nombre d’obfervations, M. Newton lui-même, après-des travaux immenfes, croyoit à peine l'avoir ébau- chée; il ne cefla jamais d’exhorter à l'approfondir, & il pro- _ pofa fes quéftions d'Optique comme des moyens de perfec- tionner ce qu'il avoit fi heureufement commencé. M. Geof- froi * cffaya de le faire en fuivant une route différente, il examina par l'analyfe la nature des huiles effentielles qui entrent pour beaucoup dans ces couleurs vives & inimitables que la Nature répand fur les fleurs; mais fes recherches ne nous ont-elles rien laiffé à defirer fur cette matière! Ce feroir, Jans doute, une belle découverte, obfervoit alors M. de Fonte- nelleb, que de trouver dans la couleur des fubffances chymiques un caraclere certain de leur nature; mais il efl fort à craindre que tout le jeu des couleurs ne fe palle fur une fupérfcic tres- légère qui ne tire guère à conféquence pour le fond , on qui n'y aît qu'un rapport très-caché. Cette prédiction ne fe vérifie que trop par l'expérience; peut-être ne nous fera-t-il jamais donné de pénétrer dans un tifiu fi délié & fi caché, & peut-être ce méchanifme qui ne s'exécute effeétivement que fur une fuxface très-mince, & dans des parties très-atiénuées, n’eft- ‘ il pas même à la portée de l'efprit humain. + - Fÿ 2 Mém. de l'A- cad. an. 1707; P- j17° b Hifi. de l'A: cad. an, 1707; P. 40: 44 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE MEMOIRE Sur une nouvelle Partie, commune à plufieurs efpèces de Chenilles. Par M. BONNET, de la Société Royale de Londres, & Correfpondant de l'Académie. LE Partie qui fait le fujet de ce Mémoire, eft une efpèce. de mamelon ou de corne charnue, placé fous le pre- mier anneau, entre la lèvre inférieure & la première paire des jambes. Ordinairement cette partie eft retirée au dedans, du corps, mais on l'oblige à paroître en preflant la chenille. vers le premier anneau /a). Cette partie eft commune à plufieurs efpèces de chenilles :: voici une lifte de celles que j'ai examinées, & dans laquelle j'ai défigné par une étoile * les efpèces qui font pourvües de. cette nouvelle partie. PREMIÈRE CLASSE. Grandes à rafes. I. La belle chenille du Tirhymale à port de cyprès. té moires pour fervir à l'hifloire des Infefes, par M. de Reaumur.. tome z, pl $3, fig 1e IL La chenille qui donne fe papillon à téte de mort. Mém.. pour l'hifl. des Inf.t 11, pl. 24, fig 7. III. La chenille à Tubercules du poirier, qui donne le pa- pillon nommé le grand Paon. Mém. de M de Reaum. t. 1, pl. 48, fg. 1° IV. La chenille qui donne Ie papillon moyen Paon. Ibid. PI. 50, fig 1. (a) J'ai découvert cette partie en 1739, & j'ai communiqué la même: année cette obfervation à M. de Reaumur. . DÉENSA S\EATTE: NC CE 45 V. La chenille qui donne le petit Paon. Ibid. pl 497 fs 1. VI. Le Sphinx. 1bid. tome 11, pl. 20, fig. 1. VII Le Yr à fie. VIIT. Une chenille que j'ai nommée /4 Légarde, à caufe de la forme de fa partie antérieure, qui n'imite pas mal celle de la tête d’un lézard : elle lui reflemble encore par fes couleurs, & par la manière dont elles font diftribuées. Goedaert l'a nommée l'E‘éphant : elle eft repréfentée n.° 26 de l'édition que Lifter nous a donnée de cet Auteur. IX. Une chenille qui reflemble par fes couleurs à fa lezarde, & qui donne le papillon repréfenté tome 1, pl 13, fig. 8 des Mém. fur les 1nf. X. La chenille du n.” z4 de Goedaert, édit. de Lifer. XI. La belle chenille du Fénouil. Mém. fur les nf. 1.7, Pl. 30, fig. 2. * XIT. Une chenille dont le corps eft effilé à peu près comme l'eft celui des fangfues, dont la couleur eft un beau verd, qui fe trouve fur l'ofier dans le mois de Juillet, & qui fe métamorphofe au milieu d'un paquet de feuilles de: cet arbriffeau. * XIIT. Une chenille qui, par la forme de fon corps: & par fa démarche, reflemble aux arpenteufes qu’on trouve fur le chêne dans le mois de Juillet, & dont la couleur imite celle des jeunes branches de cet arbre. * XIV. Une chenille d'un verd céladon, avec quatre raies le long du dos, dont deux font jaunes & les deux autres blanches, & de petites taches noires entre deux, qui f trouve en Juillet, & qui fe métamorphofe dans la terre env un papillon dont le port des aïles eft pareil à celui des ailes. des oifeaux.. Moyennes à rafes. * XV. Une chenille qu'on trouve en été fur fa chi- corée fauvage, & dont les couleurs font le jaune & le noir difribués par taches fur le deflus du corps. Cette chenille F iij 46 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE a un œil fatiné : elle fe conflruit une coque de terre. * XVI. Une chenille dont le deffus du corps eft d’un bel olive, & le ventre d'un beau gris ardoif&. Le pied des jambes membraneules eft de couleur blanche : le refte de la jambe eft d'un noir d'écaille. Cette chenille porte fur le derrière la figure d'une corne peinte en verd jau- nâtre: enfin on remarque fur la partie fupérieure de cha- que anneau, quatre points noirs rangés à peu près en carré. Cette chenille fut trouvée fur l'herbe en Août : elle entra en terre, où elle fe conftruifit une coque dans laquelle elle fe changea en chryfalide à Aez. * XVII. La belle chenille du Bouillon blanc. ÆMem. fur les Inf. t. 1, pl. 43, fig. 3. * XVIIL La chenille de Ja Lugerne. Mém. fur les Inf. L.1, pl. 40, fig. 11. XIX. La chenille repréfentée dans les em. fur les Inf. 1.1, pl. 39, fig. 1 0. * XX. Une chenille du cerifier. Mém. fur les nf. £. 1, pl 18, fig. 10: * XXI. Une chenille qui me paroït être la même que celle de la fig. 7, pl. 40 du même vol. * XXII. Une chenille dont le fond de la couleur eft un bel ardoifé, fur lequel font jetées des taches d’un brun velouté, féparées par des raies d'un beau jaune, qu’on trouve fur le chène en Juin, & qui fe tient ordinairement fous une toile de foie, ou dans une feuille pliée. * XXIIL Une chenille jaunâtre tout du long du dos, fur le corps de laquelle font étendus deux filets blancheätres, & fur les fligmates une raie jaune, qui fe trouve fur le chène dans le mois de Juillet. * XXIV. La belle chenille du Chou. Mém. fur les Inf. 4 I, pl. 28, fig. 8. * XX V. La chenille du Cho-fleur. Ne 29 du Goedaert de Lifier. * X XVI. La chenille qui aime les plantes bafles & potagères, de l'efpèce de la fig. 4, pl. 14 du tome 1 des AMém. fur les nf. D'ES SCIENCES. 47 * XXVIL Le Zic-7ac, Mém. fur les Inf. 2 7x, pl 22, fg. ro. | XX VIII Une chenille d'un verd de pré, femé de points jaunes , & qui, comme la belle du fenouil, porte une corne em forme d'}. Elle vit fur l'aubépine, & fe métamorphofe en chryfalide angulaire, après s'être liée d'une ceinture de foie: elle fe change en papillon à queue. * XXIX. Une chenille rayée de verd, qu'on trouve fur lArréte- bœuf en Août. * XX X. Une chenille à quatre tubercules charnus, pofés fur les q.me ç.me 6.me 7.me anneaux. Perires à rafes. XXXI. La chenille de la Jacobée. Meém. ur les Inf. LE, pl. 16, fig. 1. XXXII La chenille qui vit dans l'intérieur des têtes du Chardon à Bonnetier. Meme fur les: lof, t. 17, pl: 39, 5 10: fe * XXXIIT. La chenille qui vit en fociété fur les Pom- miers, fur V’Aubépine, dc. & qui fe tient dans des nids pareils aux toiles d'araignées, fem. fur les nf. 1. 11, pl. 1 2, fig: 1. XXXIV. La chenille du Bouillon banc. Mém. fur les Jnf. t. 1, pl 1 8, fig: 14 * XX XV. La chenille verte du Chou. Mém. fur les D. t. 1, pl. 29, fig. 4. * XXX VI. La chenille de la même plante, qui me paroît être celle de la fig. 12, pl. 16 du même vol. XXXVII. Une chenille qui vit fur la Clematis, & que j'ai nommée la Punaife, parce qu'elle a une odeur qui roche fort de- celle de cet infecte. * XXXVIIT. Une chenille qui lie les feuilles de l'ofier,. & fe conftruit une coque ex bateau. ; Grandes. à velues. XXX IX. La chenille qui vit dés feuilles de Cornouilhers 48 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE de Charme, de Charmille, dc. Mém. fur les Inf, t. 1, pl 35, Je. Es La chenille du Gazon, du même genre que la précédente. XLI. L'Æériflonne. Mém. fur les Inf. t. 1, pl 36, fig. 1. Moyennes à velues. XLII. La chenille Lièvre. Mém. fur les Inf. pl. 2, fig. 1 6. XLIIL La Commune. Mém. fur les lnf. pl. 6, fig. 2. XLIV. La chenille qui reffemble à la Commune, re- préfentée fig. 8, pl. 16 du tome 1 des Mem. Jur les Inf. XLV. La chenille qui vit en fociété fur les pins. Aem. fur les nf. t. 11, pl. 7, fig. 3° XLVI. La chenille à oreilles. Mém. fur de Zof LT p.24, f8 r. Grandes à demi-velues. XLVII. La Livrée. Mem. fur les In. pl. LT XLVIII La chenille du Worne, repréfentée Le du Goedaert de Lifter. XLIX. La chenille qui vit en fociété fur Je faule fans fe faire de nid, repréfentée n.° 9 5 du même Auteur. L. La chenille qui fe fait une coque qui a l'air d'un gland, repréfentée fig. 1 1, pl. 32 du t. 1 des Aém. fur les Jnf. Cette chenille vit en fociété pendant une partie de fa vie. * LI La chenille repréfentée pl. 2, fig. s du t. 11 des Men. fur les Inf. Moyennes à demi-velues. * LIT. La chenille de l'Arifloloche. Mém Jur les Inf. O7 EEE * LIIT La chenille noire & épineufe de l'Ortie. Mém. [ur les Inf. pl. 25, fig. ÿ° * LIV. La chenille épineufe rayée de verd & de brun de la même plante. Am. fur les Inf. pl. 26, fig: “5 DYELS », Sur L'E-N C.E S. 49 * LV. La plus commune de l'Orme. * LVL La Bedaude. Mém. fur les Inf: pl 27, fig. r. _* LVIT La chenille du chardon à feuilles d'Acanthe, Men. fur les nf, pl. 26, fig. 8... : Perires 7 demi-velues. * LVTIT Une chenille brune, dont je ne fais point encore l'hifloire, & que je ne mets ici que pour montrer que parmi celles de ce genre, il s'en trouve qui ont a nou- velle partie. QUATRIÈME CLASSE. * LIX. La grande chenille à Cornes du Saule. Mém. fur les Inf, t. 71, pl. 21, fig. 1. CINQUIÈME CLASSE. * LX. La chenille des Légumes. Mém. fur les Inf. 1.11, pl 26, fig. 1. SÉXIEME, CLASSE: Grandes à rafes. LXI Une Arpenteufe en bâton raboteux, qu'on trouve fur le chène dans le mois de Juillet, dont la couleur imite celle de l'écorce des branches de cet arbre, & qui eft fort femblable à celle de la fig. 17, pl 27 du tome 11 des Mém. für les Inf. & qui entre en terre pour s’y transformer. LXIT. Une Arpenteufe en bâton, de couleur verte, qu'on trouve fur l’ofier dans le mois de Juillet, & qui entre en terre pour s’y transformer. Toutes les chenilles dont je viens de faire l'énumération, ont été trouvées aux environs de Tonex, petit village fort agréable, fitué à trois quarts de lieue à lorient de Genève, & où je pañle la plus grande partie de l’année. Voici ce qui réfulte de la lifte précédente. Sav. étrang. Tome IL, 50 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE 1. Que des foixante-deux efpèces de chenilles dont elle eft compolée, trente-une font pourvüûes de la nouvelle partie. 2." Que je n'ai point trouvé cette partie à celles qui appartiennent au genre des velues. 3.° Que je ne l'ai point vüe non plus à celles qui font du nombre des très-grandes, ou du premier degré de grandeur. De nouvelles recherches apprendront ce qu’on doit penfer de ces réfultats. La partie dont je parle, offre des variétés de forme qui méritent d’être remarquées: on peut les réduire à deux genres principaux. . Le premier genre confife en une efpèce de bouton à peu près hémifphérique. Le fecond genre, plus compofé, paroît à la loupe formé de trois pièces qui rentrent les unes dans les autres à la manière des cornes des limaçons. Le diamètre de ces pièces diminue à mefure qu’elles s’éloignent de leur origine. La pièce qui fert de bafe aux autres, eft la plus groffe : celle qui la fuit immédiatement left un peu moins. La pièce du fommet fe termine en pointe: ces trois pièces forment ainft par leur affemblage une efpèce de corne. Je ne connois encore que trois efpèces de chenilles aux- quelles le premier genre foit propre, XXIV, XXXV, LI; mais j'ai obfervé le fecond genre à vingt-cinq efpèces de a pere qme & semeclaffes. | La grandeur, la figure, la pofition, le nombre, &c. peuvent fournir des caractères propres à fous-divifer ces deux genres. En général, la longueur de la corne égale celle des pre- mières jambes, mais quelquefois elle la furpañle : telle eft la corne des chenilles des nos XIII, XIV, XVII Ea corne de la chenille XIV a environ 2 lignes. La grandeur de la corne ne répond pas toùjours à celle de la chenille. IL y a des cornes qu’on prendroit pour une filière. Celle de la chenille XIIT reffemble aflez, par fa figure & par fa couleur, à un piquant d’ortie. DIEUS LOSLCULIE NC ES St En preffant fortement la partie antérieure de deux efpèces de chenilles, XXV, X XX VE, j'ai vû fortir de l’extré- mité de la corne un petit corps oblong, dont la tranfpa- rence approchoit de celle du cryftal. On oblferve quelquefois fur la corne, ainfi que fur le bouton hémifphérique, de petits tubercules femblables à ceux qui font répandus fur tout le corps de l'infecte. Dans la plüpart des efpèces, la nouvelle partie eft placée précilément entre la lèvre inférieure & la première paire des jambes; mais il en eft, LI, où cette partie fe trouve fituée plus près de la bouche que des jambes. La direction de la corne à fa fortie du corps, varie auffi quelquefois; mais on peut attribuer cette variation à {a manière dont la chenille eft preflée. Lorfque la partie dont il s'agit, eft retirée dans l'intérieur du corps, on voit à la place une petite fente difpofée pa- rallèlement à la bouche. Cette fente eft plus fenfible dans quelques efpèces, XXIIT, XXVIT, LIX, que dans d’autres. Le bouton hémifphérique n’eft pas fimple, quoique je l'aie laiflé entendre tel jufqu'ici : je l'ai trouvé double dans les trois efpèces de chenilles XXIV, XXXV, LI, dont j'ai parlé ci-deflus. Les deux boutons font pofés l'un à côté de l’autre, mais ils tendent à s’écarter à mefure qu'ils s’élè- vent : leurs bafes fe touchent lorfque la preflion a été pouflée auffi loin qu’elle peut l'être fans nuire à la chenille. La corne eft encore plus multipliée que ne l'eft le bouton hémifphérique : je fai vû quadruple dans trois efpèces.de chenilles, X XIII, XXVII, LIX; ces quatre cornes font difpofées par paires aux extrémités de la fente, & celles de chaque paire forment une efpèce de fourche. En pref- fant fortement la chenille du n° X XIII, j'ai vû s'élever autour de la fente une forte de rebord ou de bourlet charnu. Quel eft l'ufage de la nouvelle partie dont nous parlons! la corne feroit-elle une filière? Mes obfervations s’accor- dent mal avec cette conjecture. J'ai fuivi avec attention des chenilles qui ont cette efpèce de corne, pendant qu'elles G ï Mén. fur les nf. t. 111, pl. 131 fig. 1, pag. 165 de l'édit. in-4.0 3 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE travailloient à leurs différens ouvrages, & je n'ai jamais obfervé que la corne fit la fonétion de filière. Lorfque j'ai eu recours à üne très-forte preflion, il n’eft forti de l'ex- tiémité de la corne qu'une liqueur limpide. Enfin le bouton hémifphérique n'a aucune reflemblance avec une filière. J'ai mieux réuffi à m'aflurer que la corne n’eft pas effen- tielle à la vie de l'infeéte : je l'ai coupée à douze chenilles épineufes, LIV; toutes ont fort bien foûtenu cette opéra- tion, & fe font enfuite transformées en chryfalide, à la manière qui eft propre à cette efpèce. J'ai fait fubir la même épreuve à cinq chenilles du chou- fleur, XX V; elle ne leur a pas été plus nuiïfible qu'aux chenilles épineufes. Celles dont je parle, ont mangé peu de temps après l'opération avec beaucoup d’avidité. Trois de ces chenilles font entrées en terre au bout de quelques jours, les deux autres font demeurées fur la furface ; mais la terre s'étant trop defléchée, aucune n'eft parvenue à fe métamorphofer. Ces expériences demandent d’être variées & répétées plu- fieurs fois. On doit encore chercher à fe convaincre fi le retranchement de la corne n’influe point fur le papillon. Au refle, on parviendra plus fürement à faire ces expé- riences, en plongeant la chenille dans eau froide, & en l'y laiffant quelques minutes ; elle y perdra le mouvement & le fentiment ; elle s’y ramollira, & l’on pourra pouffer la preffion fort loin, fans nuire à l'infeéte. M. de Reaumur a obfervé à une teigne aquatique du genre des vers, une partie qui a beaucoup de reffemblance avec celle que je viens de décrire : cet illuftre Académicien foupçonne que cette partie eft une filière; mais il ajoûte qu'il n'a pô faire des obfervations propres à l'en convaincre. J'ai fait quelques obfervations fur la grande chenike à cornes du faule, dont plufieurs ont du rapport avec celles que je viens de rapporter; mais je renvoie à un autre Mé- moire le récit de ces obfervations. k pts à SAC -TIBN:C FE: 53 MEMOIRE SUR L'ANALYSE DES EAUX DE SELTERS ou DE SELTZ. Première Partie. Par M. VENEL. A Chymie ne nous a fourni jufqu'à préfent que peu de connoiffances fur la compofition des eaux miné- rales ; l'art eft peu avancé fur cette partie de fon objet: les procédés ordinaires ne font qu'indiquer, par des effets fouvent équivoques, quelques principes des eaux minérales ; s'ils en mettent quelques autres fous les fens; c’eft quel- quefois après avoir dérangé leur compofition, & fans fournir les moyens de s'aflurer de cette altération ; inconvénient qui a également produit des erreurs, foit qu’on ait trop compté fur la prétendue fixité de certains principes, foit qu'on ait admis gratuitement la compofition peu conftante, ou la volatilité de quelques autres. J'aurai occafion de donner des exemples de préjugés puifés dans chacune de ces fources. Mais le principe compofant des eaux minérales, fur lequel ces procédés nous ont procuré le moins de connoif- fances, c'eft, fans contredit, celui qu’on défigne commu- nément par les noms d’efprit minéral élaftique, actif, volatil, fugitif, éthéréo-aërien, en un mot par toutes les dénomina- tions qui expriment la ténuité, la volatilité, l'expanfibilité, l'incoercibilité. C'’eft même principalement parce qu’on n’a pas fü retenir cet efprit, & le foûmettre à l'examen, que l'analyfe des eaux minérales a fait fi peu de progrès : il eft devenu l'au- teur de tous les phénomènes dont l'explication ne fe pré- fentoit pas au premier coup d'œil, & lon s’eft cru difpenfé de fe rendre raïfon de la façon d'agir d’une caufe fi occulte. G ii 2 Mai 1750. MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'AÂCADÉMIE Comme il ne s'offre prelque pas une vüe de recherche, dans l'analyfe des eaux minérales, qui ne foit embarraffée de difcuflions fur la natuïfe ou fur faction de cet elprit, jai cru ne pouvoir mieux commencer un travail fur ces eaux, que je ferai ün jour à portée de fuivre avec quelque étendue, qu'en cherchant à n'éclairer ; premièrement fur l'exiflence de cet.elprit, qui me paroifloit admife fur des preuves peu concluantes; & enfuite fur fa nature, s’il étoit un être réel. Je n'ai pas connu de meilleur moyen d'acquerir ces lu- mières, que d'aller examiner fur les lieux quelques fources célèbres, fur-tout par ce principe, & qui püfient me le mani- fefter, ou ce qui a impofé pour lui, par des effets fi mar- qués, que mes expériences en devinflent plus aifées, & leurs réfultats plus fenfibles & moins équivoques. Les eaux de Seltz, ou de Selters, déjà intéreffantes par le grand ufage qu'on en fait parmi nous, où leurs fré- quens fuccès leur acquièrent tous les jours plus de crédit, m'ont préfenté tous les avantages que je pouvois defirer du côté de l'examen de ce principe inconnu. Un nouveau motif qui m'a déterminé à préférer les eaux de Seltz à quelques autres eaux minérales auffr fpiritueufes, à celles de Spa, par exemple, c'eft le defir de vérifier leur pré- tendue alkalinité. Ces eaux font éminemment alkalines, felon le célèbre Frédéric Hoffman : or fi le principe alkalin eft auffi peu réel dans les eaux de Seltz que le prétendu efprit minéral, on pourra raifonnablement foupçonner que M. Slare & M. Hoffman, qui fe font difputé la découverte de Yal- kalinité des eaux minérales froides ou acidules, ont fubfti- tué une erreur à une autre erreur, lorfqu'ils ont établi leur opinion à la place de l'ancien préjugé de l'acidité de ces eaux. D'ailleurs les eaux de Seliz ont été expreflément exami- nées par Hoffman : cet Auteur étant regardé comme le réformateur de l'analyfe des eaux minérales, & fes préten- tions n'ayant pas été contefkées jufqu'à préfent; travailler DIEUS à SAC HT EN! C EI: après lui, c'eft partir du point où l'art eft parvenu fur cette matière, & par conféquent avancer vers des connoif- fances nouvelles. Son autorité me met encore à l'abri du reproche qu'on pourroit me faire, d'avoir cherché l'efprit minéral dans une eau de {a claffe des non-fpiritueufes. J'ai examiné auffi fur les lieux l’eau de Schwalbac, dans le pays de Hefle- Darmftadt, & celle de Buffans en Lor- raine, l'une & l'autre très-riches du même principe actif & élaflique qui anime les eaux de Seltz (celle de Schwalbac a été rangée par Hoffman dans la claffe des eaux fpiritueufes ); mais je ne ferai ufage à préfent des connoiffances que j'ai acquifes fur ces eaux, qu'autant qu'en contparant quelqu'un des phénomènes qui annoncent leur principe fpiritueux, à ceux qui l'annoncent dans l’eau de Seltz, je pourrai ajoûter à l'évidence de ce que j'ai à avancer fur cette dernière, C’eft fon analyfe particulière, & non pas des recherches” fur le principe fpiritueux & le principe alkalin des eaux minérales en général, que j'ai l'honneur de préfenter à Académie; je me contenterai de tirer de mon travail quel- ques induétions générales fur ces deux queftions, quand elles en naïîtront naturellement. La fontaine de Seltz naît dans un vallon long & étroit, dirigé à peu près du couchant au levant, & prefque au pied du côteau expofé au midi, à deux ou trois cens pas du village du bas Selters, dans l'éleétorat de Trèves, à onze lieues de Mayence, & à dix de Francfort. Le terrein des environs de la fource, & celui des côteaux qui forment le vallon, eft fablonneux & peu. martial: je m'ai eu aucune occafion d’en examiner l'intérieur; il n’y a aucune efpèce de mine ou de carrière ouverte dans Îles environs; les côtés de quelques chemins creux ne m'ont fait voir que des lits de fable & de pierres coquilières tendres, mais fans aucune particularité. La fource eft très-abondante : elle jaillit fortement du fond d'un petit baffin carré, d'où elle fe répand par un tuyau à Heur d’eau qui s’enduit d’un léger dépôt jaunätre.. 56 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE L'eau eft très-limpide à la fource, & la furface du petit baffin eft comme hériflée de petits jets femblables à ceux qu'on obferve dans le mélange de certaines fubflances qui s'uniflent avec effervefcence :ces jets font fenfibles à un pied au deffus de la furface de l’eau. Hoffman n’en fait pas mention. C'eft par la confidération de ces jets que je commençai mes recherches fur le principe fpiritueux que l'on a établi, fe fondant principalement fur des effets analogues à celui- ci. On a regardé cet efprit comme la caufe de la vivacité fingulière de certaines eaux, vivacité à laquelle M. Hales a cru que l'air contenu dans ces eaux contribue, quoique ce Savant admette expreffément l’efprit dont nous avons parlé, Cette vivacité fingulière eft aflurément bien annoncée par l'élancement continuel de ce nombre prodigieux de petits globules d’eau, & même d'une façon plus marquée que par tous les autres fignes qu'on en donne: on verra pourtant que ce phénomène ne prouve rien en faveur de l'efprit. J'avois toüjours cru, fur les preuves même que les par- tifans de l’efprit des eaux alléguoïent en fa faveur, que l'air ne contribuoit pas feulement à la plüpart des phénomènes u’ils mettoient fur le compte de cet efprit, mais même w'il en étoit l'unique caule. Voici les raifons qui m'engagent à exclurre des eaux de Seltz tout efprit, pour n’y admettre que de l'air, femblable en tout à celui qu’on retire de Ja plüpart des corps, & à celui qui nous environne. Premiere raifon. L'eau de Seliz contient beaucoup plus d'air que l'eau commune, & ia plus grande partie de cet air de l’eau minérale en eft dégagée par des caufes qui n'opèrent rien fur celui que contient l’eau commune. En fuppofant, comme il eft naturel de le préfumer, que les eaux minérales fpiritueufes contiennent, outre cet air qu'elles Jaiflent échapper facilement, une autre portion d'air qui répond à celui que contient naturellement l’eau com- mune, il nr'eft permis, je crois, d'appeler &r jasenn celui mieus À IS"CME NC HE 57 celui que les eaux minérales fpiritueufes contiennent de plus que leau commune, d'autant plus que ces eaux ne le reprennent point, dès qu'une fois il en eft féparé, comme je l'obferverai plus bas. Je me fervirai donc de cette expreflion, & j'appellerai eau aërée celle qui contient de Vair fur-abondant. J'ai retenu & mefuré l'air que j'ai retiré des eaux de Seltz, en employant les moyens ordinaires, le vuide & l'ébullition ; j'en ai retiré aufli fimplement en les fecouant ou agitant. Ce dernier moyen ne peut s'employer que pour les liquides qui contiennent de l'air fur-abondant. Ce qui m'a fait penfer à tirer de l'air de ces eaux par cette dernière voie, qui eft très-fimple & très-commode, c'eft une expérience rapportée en faveur de l'efprit des eaux, qui confifte à en battre fortement une certaine quan- tité dans une bouteille à demi- pleine, dont on bouche Vorifice avec le pouce. Si l'eau eft fpiritueufe, dit Hoffman, & qu'on läche le doigt pendant l'agitation même, ou après avoir agité l'eau quelque temps , la fubftance éthérée & élaflique fort avec impétuofité, & entraîne avec foi quel- ques parties d'ean. Pour retenir l'air dégagé par ce moyen, je pris une bouteille de deux pintes, avec laquelle je puifai à la fource une certaine quantité d’eau, que je mefurai après l’expé- rience, & qui ne la remplifloit guère qu'aux deux tiers; je liai avec foin à fon goulot une veflie mouillée très-fouple, que j'avois vuidée exactement, en la tordant fortement & fucceflivement depuis fon fond jufqu'à l'ouverture qui devoit embrafier le col de la bouteille; j'appuyai le pouce fur l'ori- fice de la bouteille, & je battis l'eau qu'elle contenoit pen- dant quelques fecondes; je lâchai le doigt, & la veffie fut à demi- gonflée. Je répétai la même manœuvre plufieurs fois, & la dilatation de la veflie augmentoit fenfiblement jufqu'après la cinquième ou fixième agitation. L'air que je produifis enfuite ne la diftendoit que d’une manière imperceptible. Say, étrang. Tome LI H 58 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Tout mouvement étant ceflé, & l'équilibre établi entre l'air de la bouteille & celui de la veflie, je ramaffai ce dernier dans fon fond, fans l'y trop comprimer, mais feu- lement au point de tenir la partie de la veflie qui le con- tenoit, tendue, & fans rides confidérables. J'ai déterminé la quantité d'air que j'ai retiré de l’eau de Seltz par cette voie, felon la méthode dont s’efl fervi M. Hales, en la comparant à un volume égal d'eau com- mune, que je déterminois de la même façon que cet Au- teur, par la gravité fpécifique connue de ce dernier fluide: je failois paffer l'air de ma veflie dans une bouteille pleine d'eau, renverfée dans un vaifleau qui en étoit plein auffi, & je mefurois l’efpace qu'il faifoit abandonner à l'eau, ce qui eft très-exact; ou bien je rempliflois d'eau le même efpace de la veffie que l'air avoit rempli, ce qui étoit plus aifé, & d’une exactitude fufffante, fur-tout ayant la com- modité de pouvoir réitérer les expériences un grand nombre de fois, comme il étoit néceflaire que je le fifle pour une autre raifon. Deux livres & demie d’eau prife immédiatement à Ia fontaine, m'ont donné quinze pouces cubiques par l& fecoufe. J'ai répété l'expérience à Mayence & à Paris avec diffé: rentes quantités d'eau de Seltz, & elle m'a fourni propor- tionnellement moins d'air que l'eau que je puifois immé- diatement à la fource avec le vaifleau même qui alloit me fervir à l'expérience, & toüjours avec la circonftance de retirer plus d'air, à proportion, des petites mafles que des grandes (la raifon de cette différence eft bien naturelle); mais jai eu des produits à peu près égaux à Mayence & à Paris, & même à Seltz, lorfque j'effayois de l'eau que javois tranfvafée une feule fois, ou que je l'éprouvois dans. une bouteille, qui d’abord avoit été pleine, & qu'il me- falloit vuider en partie. Cette différence dépend de la facilité avec laquelle une certaine quantité d'air fe dégage de ces eaux par le plus léger DÉSO CIE N CES mouvement, & même fans fon fecours; car une bouteille d'eau puifée à la fource, & tenue en repos, laiffe échapper pendant un certain temps une grande quantité de bulles. C'eft la légère adhérence de cette portion d'air qui a été caufe de la variété des réfultats de toutes les expériences par lefquelles j'ai cherché à connoître la jufte quantité de tout Îeur air fur-abondant : j'ai tâché de réparer cet incon- vénient, en répétant plufieurs fois chaque expérience; j'ai pris le produit fur le pied moyen, & j'ai eu à la fource à peu près fix pouces cubiques par livre d'eau, & quatre pouces cubiques tant à Mayence qu'à Paris. Quatorze pintes d'eau de puits, expofées à la même épreuve dans un vaiffeau de vingt pintes, n’ont abfolument rien donné; je n'ai point retiré d’air par ce moyen de l'eau d’Arcueil, ni de l'eau de la Seine. Le Chancelier Bacon a employé il y a Jong-temps des veflies aux expériences pneumatiques, & M. Shaw, dans une méthode générale d’analyfer les eaux minérales, inférée dans le Dictionnaire de Médecine, confeille de retenir l’ef prit qu'on peut en retirer par l'action du feu, en liant une veflie au col d'une bouteille, dans laquelle on fera chauffer de l'eau : mais cette expérience, qu'il feroit trop long de rapporter ici, & qu'on peut voir dans le Dictionnaire de Médecine; cette expérience, dis-je, eft impraticable par plu- Didion. anis, fieurs circonftances qui frapperont tous les Artiftes, ce qui #9 Es FF prouve d’abord qu'elle n’a jamais été exécutée. Or ce der- * nier défaut eft en lui-même très-grave dans les ouvrages de Phyfique pratique, dont la partie expérimentale ne doît être proprement qu'une hiftoire de faits vérifiés par l’auteur. L'ouvrage entier de M. Shaw ne contient au contraire que des vües, des plans d'expériences, n'indique que des objets poffbles, au lieu de préfenter des objets déterminés, réels, déjà obfervés, ce qui fuffit pour infpirer au moins beau- coup de défrance fur fa méthode; & il m'a paru d'autant plus néceflaire de tâcher de Ia faire naître, que j'ai vû regar- H ij 6o MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AÂCADÉMIE der cet Ouvrage comme ce que nous avions de meilleur fur cette matière. Pour connoître la quantité. d'air que je pourrois retirer des eaux de Seltz par le moyen du vuide, j'ai rempli une bouteille de demi-feptier, au col de laquelle j'ai lié une veille vuidée exactement, & je l'ai placée fous le réci- pient de la machine pneumatique, avec une bouteille de la même grandeur pleine d'eau commune, & recouverte d'une pareille veflie, & un baromètre tronqué de M. de Mairan, de fix pouces; j'ai fait jouer la pompe, & du premier coup de piflon l’eau de Seltz a laiflé échapper de l'air qui s’eft formé en bulles confidérables, qui bien-tôt font devenues très- fréquentes : l'eau commune ne donnoit alors aucune bulle. Comme le mercure n'étoit pas defcendu dans le baromètre, je n'ai pü évaluer la raréfaétion de l'air par ce moyen; mais le rapport de la capacité du récipient à celle de la pompe n'étant connu, je l'ai eflimée par cette voie. Ce rapport étoit à peu près de 3 à r, en déduifant de fa capacité totale du récipient ce qui en étoit occupé par les corps qu'il contenoit. Ainfi, dans cette expérience, Veau de Seltz a commencé à laifler échapper de air en bulles très-fenfibles, lorfque celui du récipient étoit d’un tiers plus rare que celui de l'atmofphère. Je continuai à pomper: les bulles augmentèrent confi- dérablement dans l'eau de Selz, tant pour le nombre que pour la grofieur, & la veflie fe gonfloit beaucoup. L'eau commune ne commença à donner des bulles que Jorfque le mercure n'étoit élevé qu'à trois pouces : Ja. veflie qui la couvroit, fe gonfloit aufli, mais infiniment moins que celle de l'autre bouteille. Je raréfiai l'air au point que le mercure n’étoit plus élevé: qu'à un pouce; & lorfque l’eau de Seltz ne donnoit que- quelques petites bulles, qui ne fe fuccédoient que de loin en loin, je laiflai rentrer air. Les vefles s’affaifsèrent fur le champ, mais celle qui. DES MSI ILE UN. CES 61 étoit liée à la bouteille de l'eau de Seltz contenoit environ un bon pouce cubique & demi d'air, & celle de l'autre bouteille n'en contenoit pas la grofleur d’un petit pois, ou, pour mieux dire, ne contenoit rien de commenfurable, J'ai fait cette expérience à Paris, Île thermomètre de M. de Reaumur étant à 13 degrés au deffus du terme de la glace, & le baromètre à 28 pouces 2 lignes. J'ai répété plufieurs fois cette expérience fur de l’eau de Seltz, & jai toûjours obtenu par ce moyen à peu près trois pouces cubiques par livre d’eau. Je n'ai pas réufh à l'en purger parfaitement par ce moyen, car l’eau qui avoit été expolée au vuide, recouverte de Ja veffie, donnoit encore de l'air par l'agitation. Je vis bien que l'air retenu dans la veflie empéchoit lui-même que je ne pufle former fur la furfice de l’eau un vuide aflez exaét pour la purger de tout air fur-abondant par cette méthode; & cela étoit vrai aufli, car de l'eau de Seltz qui avoit été expofée au même vuide, dans la même bouteille, mais fans veflie, ne donna plus d'air par l'agita- tion. Je puis donc aflurer que je retire des eaux de Seliz, par le moyen du vuide, pour le moins autant d'air que par le moyen de l'agitation. La différente façon dont fe comportent dans le vuide Jeau minérale & l'eau commune, a été mieux conftatée par l'expérience fuivante. J'ai mis fous un récipient de la machine pneumatique, difpofé pour recevoir un baromètre entier, un verre con- tenant de l'eau de Seltz, & un autre contenant de l'eau commune. J'ai pompé peu à peu; il s'eft élevé des bulles de l'eau de Seltz lorfque le mercure étoit fufpendu à vingt-un pouces, & de l'eau commune lorfqu'il étoit à quatorze. Les premières bulles de l'eau de Seltz paroifient avoir au moins une ligne de diamètre, celles de l’eau commune font à peine vifibles. Le mercure étant à quatorze pouces, & l’eau commune: H ii, 6> MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE Jaiant à peine échapper quelques petites bulles, il s'en forme de très-groffes dans l'eau de Seltz, qui s'élèvent en foule & avec une rapidité étonnante, & qui produifent même fur la furface cette pluie, ou ces jets d’eau que j'ai obfervés à la fource. Le mercure n'étant élevé qu'à deux pouces, l'eau com- mune ne produit encore que de petites bulles qui s'élèvent lentement, & dont la plûüpart s’attachent aux parois du verre ; celles qui fe forment dans l’eau de Seltz vont toutes crever à la furface, & s’y élèvent rapidement. J'ai fait cette expérience à Paris, le thermomètre étant à 17 degrés au deffus du terme de la glace, & le baro- mètre à 27 pouces 9 lignes. Je n'avois point de machine pneumatique à Seltz, je n'en pûs même trouver une à Mayence ; il me paroifloit cependant de la dernière conféquence de faire toutes mes expériences fur les lieux, du moins celles qui avoient pour objet ce principe fi mobile, fi volatil, que je pouvois ne pas retrouver à Paris. J’avois déjà fongé à le retenir dans le vuide par le moyen de la veflie; & je m'avifai enfin de me faire une machine pneumatique avec la veflie même liée au col des bouteilles pleines : je n’avois pour cela qu'à vaincre la réfiftance de l'air extérieur, qui appliquoit fortement fes parois lune contre fautre, & je formois fur la furface de l'eau contenue dans cette bouteille, un vuide affez exact. Pour en venir à bout, je pris une grande veflie fort fouple ; je couvris toute fa furface extérieure de mamelons formés par de petites poches qui enfermoient chacune un petit pois ; je liai ma veflie, ainfi préparée & bien vuidée d'air, au col d’une bouteille de verre exactement pleine, je plaçai cette bouteille fur le fiège d'un tabouret renverfé, & je féparai les parois de la veflie, collées fortement en- tr'elles, en les tirant dans des fens oppolés avec de petites cordes qui tenoient aux mamelons, que je liois aux pieds du tabouret, & à de petits bâtons que j'avois difpofés tout autour. - M 'EUSRASNCIT EN CES 63 Je tirai effectivement de l'air de mes eaux par ce moyen, J'avoue que la machine eft groffière & imparfaite, & même d'un ufage peu commode; mais on peut en conf truire de très- parfaites fur le principe qui me l’a fait ima- giner. Les Phyficiens qui s'occupent particulièrement de la partie des machines, trouveront facilement plufieurs façons de faire le vuide, en furmontant l’adhérence de deux corps appliqués immédiatement l'un à l'autre. Voici, par exemple, une machine par laquelle on peut former fur le champ un vuide aflez parfait fur la furface d’un liquide: ce n’eft autre chofe qu'une machine pneumatique ordinaire renverfee, c'eft-à-dire, dont la pompe eft placée au deffus de la platine; cette platine eft percée d’une ouverture égale à la cavité de la pompe, qui eft tellement continue avec cette ouver- ture, que le pifton peut couler dedans, & a remplir exac- tement. Si on applique à la furface inférieure de cette pla- tine, & fous la pompe, dont le pifton et baifié jufqu’à déborder même un peu, un vaiffeau de verre dont les bords font bien drefiés, exactement plein d’un liquide quelcon- que, avec les cuirs mouillés, &c. & qu'on élève le pifton, on a fur le champ un vuide très exact. Cette méthode a d'abord ces avantages généraux, qu’elle procure un vuide plus parfait, & qu’elle abrège infiniment l'opération par laquelle on le produit ordinairement; & dans le cas parti- culier de l'extraction de l'air des liquides, pour laquelle feule je la propole, on peut avoir feul l'air qui s’en dégage par ce vuide, & le mefurer facilement, foit par le baro- mètre & toutes les efpèces de jauges qui font applicables à cette machine, foit en le faifant pafer dans des vaifieaux renverfés pleins d'eau, par le moyen d’un tuyau muni d'un robinet qui naîtroit de la partie inférieure de la pompe, & de l'épaiffeur même de la platine. Pour mefurer la quantité d'air que je retirois de l'eau de Seliz par Fébullition, j'en éprouvai d'abord par un appa- reil conflruit dans Je goût de celui que M. Hales a em- ployé à retenir l'air qui fort d'un corps quelconque par la Sratique des Végét. p. 1417 de la traduction franc. pl 16, a, 22 (TES fe 0 64 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE calcination, ou par la fijion; avec cette différence que je me fervois, au lieu du vaifleau panché de M. Hales, d'un verre cylindrique très-haut & très-étroit, évafé par fa bafe, & pofé verticalement fur cette bafe, auquel j'attachois un thermomètre. b Cette correction n'a paru eflentielle dans toutes fes circonftances, car elle remédie, autant qu'il paroït pofüble, au plus embarraflant de tous les inconvéniens de ces fortes d'appareils, qui eft la difficulté de déterminer exaétement la quantité d'air nouvellement généré. Ce qui rend cette détermination fi difficile, c’eft la variation continuelle de 1a température de cet air; température qu'il eft très-mal -aifé de faifir dans un point exact d'égalité, entre le moment où l'on va mettre du feu fous les vaiffeaux, & celui où Jon veut mefurer l'air produit dans l'opération. Cette difh- culté eft prefque infurmontable, f1 on emploie de grands vaifleaux en examinant des corps qui ne fourniflent qu'une petite quantité d'air ; trois ou quatre pouces cubiques, par exemple, étendus fur la furface de l'eau élevée dans un récipient de fix à fept pouces de diamètre, ne feront dans ce récipient qu'une couche de très-peu d'épaifleur : or la maffe totale de l'air contenu dans fa partie fupérieure & dans la cornue, fait un thermomètre fi fenfible, qu'on eft expofé à des erreurs prefque inévitables. Ïl n'eft pas hors de propos de remarquer ici en paflant, qu'on eft expofé aux mêmes inconvéniens quand on veut obferver l'alternative de l'abforption & de la production de l'air renfermé avec les matières qui l'ont laïffé échapper, dans des vaifleaux deftinés à ces opérations; quand on veut obferver, dis-je, l'alternative de l'abforption & de la pro- duétion de cet air, par les alternatives du chaud & du froid; car un certain degré de froid, par exemple, peut opérer fur cet air un degré de condenfation qui équivaut à l'abforption de dix, douze, vingt, trente pouces cubi- ques (plus ou moins, felon la maffe d’air tenue en expé- rience). Or cette abforption apparente doit du moins être déduite Ed DES STerE Ne EC 65 déduite de l'abforption réelle;”ce qui ne peut fe faire exac- tement que par un thermomètre à air de comparaifon. II eft clair que la négligence de cette pratique a pü & a dû produire des erreurs immenfes. & Pour revenir à mon appareil : premièrement, la petite capacité de mon récipient, dans lequel j'élève d'ailleurs l'eau auffi haut qu'il eft poffible, me délivre de la mafle incom- mode de Fair qui refteroit dans un vaifleau plus grand, & qu'on rempliroit moins; & l'air nouvellement produit fera bien plus commodément mefuré lorfqu'il occupera la plus grande partie de mon récipient, que quand il ne fera dans un plus grand'qu'une couche mince, quelquefois à peine fenfible. Secondement, la forme cylindrique, & fur-tout la pofi- tion verticale, rendent beaucoup plus fimple & plus aifée Topération par laquelle on mefure cet air. Enfin le thermomètre attaché à mon récipient, m'indique exactement le temps auquel je dois déterminer la quantité de mon air nouvellement généré. On vient de voir qu'une eftimation vague du refroidifiement des vaifleaux étoit de la plus grande inexactitude : ce thermomètre pourroit me fervir encore à déterminer la dilatation fpécifique de chaque volume d'air que je mefure; mais pour ne pas tomber dans des détails de peu de conféquence, je me contenterai d’obferver que le thermomètre de M. de Reaumur a toù- jours marqué dans le laboratoire où j'ai fait mes expé- riences, entre le 4.° & le 12.° degré au deflus du terme de Ja glace; & que le temps a été très-doux à Seltz & à Mayence, lorfque j'y examinois ces eaux au commence- ment de Novembre dernier. L'appareil que je viens d'indiquer n'eft pas aflez jufle pour éprouver les corps qui contiennent très-peu d'air, comme leau commune. Je n'ai rien retiré de fenfible de ce dernier liquide par la diftllation, non plus que par la fecoufle & par le vuide ; mais comme je n'ai foûmis l’eau commune aux mêmes opératiohs que l'eau de Selz, que Say, étrang. Tome IL. Le Wratique des Végé. p.157. 66 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE pour connoître la quantité d'air fur-abondant que cette der- nière contient, il eft indifférent à mon objet préfent d’avoir retiré de l'air de l'eau commune, où de n'en avoir point retiré, puifque, dans les deux cas, j'ai également un objet de comparaifon qui me fuffit. Ce n'eft pas même ici le lieu d'examiner fi ce n'eft pas parce que l'air produit par l’eau commune dans la diflillation, eft abforbé de nouveau pen- dant le temps qu'on le laifle communiquer avec l’eau qui Ja produit en attendant le refroidifiement des vaifleaux, qu'on n'en obtient rien de commenfurable par cette voie; ce qui pourroit pourtant fe déterminer par des expériences afez fimples : mais c'eft une queftion que je renvoie à un autre temps, avec plufieurs autres qui naïffent naturellement de mon travail. La méthode que M. Hales a employée pour trouver Îa quantité d'air que contenoit l'eau de vie, l'eau de puits, Veau de Briftol, &c. ne m'a pas paru exempte d'inconvé- niens; elle confifte à renverfer le col des bouteilles qui en font pleines, dans de petites cuvettes de verre qui en font pleines auffi, & à mettre le tout fur un fourneau où il & une chaleur égale. Cette dernière circonftance eft impof fible, fean dela cuvette bout des heures entières, fans que celle de la bouteille frémifle même légèrement; pre- mier inconvénient eflentiel, car le degré de chaleur infé- rieur à celui de l'eau bouillante ne fuffit pas apparem- ment pour dégager tout l'air que l'eau contient, puifque Yébullition même ne paroït pas en purger parfaitement. Cette méthode a un autre inconvénient de grande confé- quence, fur-tout pour les eaux minérales qui contiennent beaucoup d'air ; le premier air qu'une de ces eaux produit, chaffe une partie de l’eau de la bouteille, qui, par confé- quent, répand au dehors celui qui lui refle, dans la fuite de l'opération. La méthode d'évaluer la quantité d’air qu’on pent retirer de Veau par celle qu'elle abforbe après en avoir été épuifée, neft pas applicable aux eaux minérales aërées, puifqu'elles DES L SICDE Nc Ps 67 ne reprennent pas leur air fur-abondant, comme je le remar- querai plus bas. J'ai diftillé plufieurs fois de l'eau de Seltz à Mayence & à Paris, & le produit, pris fur un pied moyen, a été de près de cinq pouces cubiques par livre d'eau, un peu plus que par l'agitation & par le vuide. Depuis que j'ai eu l'honneur de préfenter ce Mémoire à Académie, j'ai trouvé une analyfe des eaux de Spa, par M. Chrouet Médecin, faite en 171 3 : cet Auteur a vû de l'air dans ces eaux, dont il cherchoit l'efprit par la diftillation dans un vaifleau d’étain exaétement fermé ; un vaifleau de verre de la même forme que celui d'étain, avoit été brifé en éclats dans une pareïlle opération. Mais Auteur n’a connu de cet air que l'unique propriété de faire dans les eaux «es violences (ce font fes termes), c’eft-à-dire, apparemment, d’a- voir brifé fon vaifleau de verre, de cafler les bouteilles bien bouchées, gardées dans un lieu chaud, &c. mais il ne a pas mis à la place de l'efprit des eaux : la même opération qui lui a préfenté cet air, lui a donné auffi un efprit, qui avoit felon lui, une odeur de foufre très-manifefte, & qu'il prétend être tout le foufre en abrégé contenu dans vingt- quatre livres d’eau qu'il a diftillées; ce foufre, il l'appelle plus bas fpiritualifé, & c’eft à ce principe & à l'acide de l'air, qu'il attribue tous les autres caractères de fpirituofité des eaux. Voici, par exemple, ce que c'eft, felon lui, que l'eau de la fontaine de la Geronfler. Une bouteille de cette eau eff une potion médicinale qui Jort du fein de la terre préparée, à qui eff compofée d'une grande quantité de cet acide aërien lége- rement attaché à nos fels, à nos foufres & à la matière métal- dique, de quatre grains de mars divifés en un million de parties, de fix grains de [el double, de fept grains à" demi de foufre métallique, à d'un fcrupule d'efprit fulfureux. L'auteur dit enfuite de l'eau de la fontaine du Powhon, que la fermentation n'y a pas été affez forte pour faire fublimer en efprit le foufre qui-s'y rencontre ; ce qui a Jait ea n'y a pas 1] 63 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE du foufre fpiritualifé comme dans la Geronfter. En un mot, l'auteur n'a vû l'air que dans fa diftillation, & n'a enfuite fait l'application de fon aétion à aucun phénomène. L'eau de Seliz perd auffi tout fon air fur-abondant quand elle a une communication libre avec l'air de l’atmo- fphère. Je parlerai plus bas de cette altération comme fpon- tanée : Veau commune n'eft pas privée de fon air par cette caufe. L'eau de Seltz expofée à l’abord libre de l'air, ne reprend point celui dont on l'a purgée par les opérations que je viens de décrire, comme je lai déjà obfervé. On peut déduire ceci comme corollaire de l’obfervation précédente. Seconde raifon. L'eau de Sez, privée de fon air fur- abondant, ne préfente plus aucun des phénomènes qui lui ont mérité le titre de fpiritueufe. Ces phénomènes feront tous rapportés plus bas, lorfque j'examinerai s'ils peuvent fe déduire des propriétés d’un efprit minéral : comme je prouve en détail dans cet endroit, par des obfervations & des expériences fur chacun de ces phénomènes, qu'ils dépendent tous uniquement de l'air, ce que j'avance ici fera alors établi par une conféquence bien naturelle. Troifiéme raifon. Les eaux de Scltz ne contiennent point d'acide fulfureux volatil. On ne s'eft pas contenté de défigner l’efprit des eaux par des dénominations vagues, fa nature a été déterminée. Selon Yopinion aflez généralement reçüe, ce fluide élaftique n’eft autre chofe que l'acide fulfureux volatil. Hoffman seft cru obligé de s'expliquer fur le caraétère d’un agent auquel H attribue tant de merveilles: cet Auteur ne connoiïffoit Vacide fulfureux que par quelques effets; il ne l'avoit pas vû fous la forme d’un liquide foñmis à toutes les épreuves chymiques, fubiffant différentes combinaifons comme les autres acides, en un mot, ramaflé & retenu en grande abondance, & auffi concentré qu'il eft poflble, par la Dre 9ex:r EE N © Ë S 69 méthode dont nous fommes redevables à Stahl: mais il eft facile. de le reconnoïtre dans fa defcription *. Plufieurs auteurs avoient admis avant lui le même principe dans les eaux minérales, & même comme caufe de leur fpirituofité: on retrouve chez la plüpart un efprit ou une vapeur ful- fureufe. M. Boulduc ?, M. Seip ?, & tous les Chymifles plus modernes, ont adopté la même opinion. C’eft fur-iout dans les eaux martiales qu’on lui a fait jouer un plus grand rôle, mais avec auffi peu de fondement, comme j'efpère ie prouver dans un Mémoire fur quelques eaux martiales, que j'aurai l'honneur de préfenter à l'Académie. J'en reviens aux eaux très-fpiritueufes de Seltz, & je prouve par les expériences fuivantes, qu'elles ne contien- nent pas un atome d'acide fulfureux volatil. Première expérience. Les eaux de Seliz font parfaitement inodores : je me fuis tenu long-temps baïfié fur le-baffin de Ja fontaine, j'ai flairé des bouteilles que je venois de remplir, j'ai reçû dans le nez le fouffle que j'excitois par la fecouffe, & la vapeur de la même eau chaude & bouillante, & je n'ai pas éprouvé la plus légère fenfation. Une odeur vive & pénétrante eft donnée par tous les Auteurs comme figne caractériflique de la qualité miné- rale, & fur-tout minérale & fpiritueufe des eaux. J'ai cherché- de bonne foi cette odeur à la fource même de Seltz, de Schwalbac, de Buflans, de Château-Thierry, de Plombières, de Pafly, & j'ofe aflurer qu'aucune de ces eaux ne m'a frappé d'une odeur vive & pénétrante. Les eaux * Jam vero nemo non exiget, ut tandem dicamus, cujus ergo fit indo- dis, cujus naturæ ; fpiritus .ille de cujus virture ©T efficacià hatenus zam eximia ediximus.,.. Afferinus effe hunc Jpiricum mineralem ..., , Antelliginus per mineralem fpirirum Jubftantiam valdè tenuem, fluidam , admodumque elaflicam 7 volari- den, cum univerfali mineralium ful- | phureo.ente combinatam, . ,,, Hic paffim reperitur in omnibus mineris, Jub formé vaporis penetrantis [ul- phurei...., Hic præterlabentibus aquis in terræ vifceribus fefe inge- ril, in ts fiflitur, eafdemque medicä virtute imbuit ac inftruir. Fr. Hoft- man. de Elementis aquarum minera- lium rectè dijudicandis & examin.. s. XVIIL, I .… ii 2 Analyfe des ciux minérales de Paffy. Acad, Royale des Sc. Mém. 1726, b Pirmonrifche Mineral W/affrrs. 70 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE martiales ont une odeur de fer femblable à celle de plu- fieurs diflolutions de ce métal, & cette odeur eft la même, foit que les eaux martiales foient fpiritueufes où aërées comme celles de Schwalbac ou de Buflans, foit qu'elles ne ° le foient point, comme celles de Pafiy. Seconde expérience. L'air dégagé par la fecouffe, reçû dans Voœil après l'avoir retenu quelque temps dans la bouteille qu'on a ceflé d'agiter, afin d’avoir cet air aflez fec & fans une vapeur aqueufe qu'il entraîne avec lui quand on le Fiche à mefure qu'il fe dégage; cet air, dis-je, reçû dans Yœil, ne le blefle point. Troifième expérience. J'ai étendu fur le baffin de la fon- taine, un grand linge trempé dans une forte leffive de {el de foude bien pur, que j'ai employé préférablement à l'al- kali fixe ordinaire, pour éviter l’incommodité du deliquium ; je ne l'ai élevé qu’à un demi-pied au deflus de la furface de l'eau , il étoit par conféquent à portée des petits jets qui s’en élèvent continuellement : ce linge a paflé quinze heures fur le baffin. J'ai étendu un autre linge, trempé dans la même leflive, fur une grande chaudière, dans laquelle j'ai fait chauffer doucement dix feaux d'eau par parties, que je renouvelois quand elles avoient pü laifler échapper leurs vapeurs les plus fubtiles. J'ai mis auf des linges imbus de cette leffive, dans une grande vefie, que j'ai attachée fucceflivement à vingt bouteilles, que j'ai agitées de la façon dont j'ai parlé plus haut. J'ai leffivé chacun de ces linges à part ; j'ai rapproché la leffive à une chaleur douce, & j'ai verfé deflus plus d'acide vitriolique qu'il n’en falloit pour dégager l'acide fulfureux, fi elle en avoit contenu. L’odeur élevée pen- dant l'effervefcence de ces corps, comparée à celle que produifoit lesmélange du même acide vitriolique & du fel de foude pur, étoit exactement la même, & fans le moin- dre veflige de celle de l'acide fulfureux volatil : on fait pourtant avec quelle facilité cet acide fe dégage, & à quelle petite quantité il fe manifefte. DES SCIENCES. 7 J'ai auffi fait à Mayence l'expérience fuivante : j'ai mis cinq pintes d'eau de Seltz, prife la veille à la fontaine, dans la cucurbite de verre la plus haute que j'ai pü trouver; j'ai adapté un chapiteau borgne, j'ai échauffé l’eau à feu doux jufqu'à ce que j'aie vü quelques gouttes fe former fur les parois du chapiteau ; j'ai déluté alors mes vaifleaux, & jai rincé le chapiteau avec deux gros d'eau de neige dif tillée. Le produit n'a eu ni goût ni odeur, & il na point altéré le firop de violette. Pour conftater que ce n'eft pas à l’infuffifance de ces moyens qu'il faut s'en prendre de leurs réfultats, j'ai fait à Paris les expériences fuivantes. Première expérience. J'ai mêlé trois gouttes d'acide fulfu- reux volatil à quatre onces d'eau de Seltz, le mélange fen- toit manifeftement l'acide fulfureux : j'ai agité cette eau dans une bouteille de demi-feptier, le fouffle qu’elle a pouffé le fentoit auffi diftinétement. Ce fouffle, reçû fec dans l'œil, Pa picoté légèrement. Une partie de ce mélange, laiflée douze heures fur du firop de violette, l'a un peu rougi. Seconde expérience. J'ai mis de acide fulfureux dans plufieurs liqueurs qui donnent abondamment de l'air par la fecoufle, comme le cidre, la bierre, le vin de Champa- gne moufleux, & plufieurs diflolutions de fels que je fais rendre aërées. Conftamment l'air dégagé de ces liquides par a fecoufle , seft chargé fenfiblement de l'odeur de l'acide fulfureux volatil. Troifième expérience, J'ai mis dans un grand matras dif tillatoire deux gros d'acide fulfureux, & fept pintes d’eau de rivière, dans laquelle j'avois mêlé une once d'acide vitriolique; je l'ai couvert de fon chapiteau, dont j'ai fermé le bec avec le lut gras : j'ai luté exactement; j'ai placé le matras dans un bain-marie, dont j'ai fait bouillir eau pendant une demi-heure : j'ai enfuite déluté mes vaiffeaux; le chapiteau fentoit l'acide fulfureux : je lai rincé avec deux gros d'eau de neige diftillée; cette eau a altéré le 72 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE firop de violette. J'ai verfé l'eau après l'acide fulfureux, afin d'entraîner celui qui auroit pü s'arrêter dans le col du matras, & J'ai ajoûté l'acide vitriolique pour faturer quel- ques parties terreufes abforbantes contenues dans prefque toutes les eaux, & qui avoient fixé l'acide fulfureux dans une autre expérience qui ne mavoit pas réufir par cette raifon. Enfin une dernière preuve contre la préfence de l'acide fulfureux dans l'eau de Seltz, c’eft {a conftance , l'état d’élafticité permanente de air que j'en ai retiré par tous les moyens : j'en ai gardé un mois entier, foit dans des veflies, foit dans des vaifleaux à demi-pleins d’eau, ren- verfés dans des cuvettes qui en contenoient aufli, & dans lefquels j'avois fait pafier de l'air retiré de l'eau de Seltz par le moyen d’un tuyau qui le portoit jufque dans leur partie fupérieure, afin d'éviter la lotion qu'il auroit fubie fi je l'avois fait pafler immédiatement à travers l'eau. Cet air n'a pas perdu fon élafticité. Qatriéme raifon. Aucun des phénomènes attribués à l'ef- rit des eaux minérales, ne peut fe déduire des propriétés de l'acide fulfureux volatil, ils s'expliquent au .contraire très-naturellement par Ge de air. Ces phénomènes, felon l’'énumération d'Hoffman, font ceux-ci: Les eaux fpiritueufes font He légères quand elles con- tiennent leur efprit que lorfqu'elles en font privées ; tant qu'elles n'ont pas-perdu cet efprit, elles petillent, & produi- fent une grande quantité de bulles qui s’attachent au fond & aux parois du vaifleau dans lequel on les verfe, & qui viennent crever à la furface de l'eau. On peut ajoûter encore à ce phénomène, du moins pour les eaux de Seliz, ces jets ou continuels élancemens de globules d’eau que j'ai obfervés fur la furface du baffin, du fond duquel jaillit la fource. Les bouteilles exaétement pleines de ces eaux, & bien bouchées, font fujètes à éclater, ou à fe rompre avec bruit & explofion. Dans DJE,S, S.C.IÆ N CE. 73 Dans le vuide de la machine pneumatique, elles bouil- Jonnent plus tôt, & plus fort que l’eau ordinaire. Les eaux minérales, fur-tout les acidules, font plus eff- caces, prifes à {a fource, que tranfportées dans des lieux éloignés : elles perdent encore plus par le tranfport, fi les bouteilles qui les contiennent font mal bouchées, ou fi on laifle trop d'air fous le bouchon; elles fe confervent mieux dans un lieu froid que dans un lieu chaud. Ces eaux, dit Hoffman, par la communication avec l'air extérieur, per- dent leur odeur, leur faveur & leur vertu médicinale, & il ne refte plus qu’une liqueur trouble, vappide, fade, fans force & fans vertu; à peine peut-on les reconnoitre, ajoûte cet Auteur : il les repréfente, en un mot, avec fon abon- dance d’expreflions ordinaires, comme abfolument décom- polées, détruites, éventées, corrompues. 11 pouffe la chofe encore plus loin en parlant de l'eau de Seliz : elle s’altère, felon cet Auteur, plus facilement que prefque aucune autre, vappefcit, © in putrilaginem abit ; fi on l'expofe à l'air libre dans un vaifleau large pendant vingt-quatre heures, elle ne dépofe rien ; mais elle perd fa faveur agréable, pour en prendre une vraiment rebutante & lixivielle, comme fi on y avoit mêlé de l'huile de tartre. Cette ue cataflrophe dépend de la diffipation de l'efprit; c'eft toujours Hoffinan qui parle. Prefque toutes les acidules bouillent, ou prennent un mouvement d’efervefcence, fi on les mêle à du vin du Rhin, ou à quelqu'autre liqueur aigrelette, fur-tout fi on ajoûte du fucre en poudre, & qu'on agite la liqueur ; Ja même chofe n'arrive point avec un vin doux { circonftance très - digne de remarque). EX contenue dans la partie fupérieure des bouteilles eft plus fpiritueufe que celle qui eft contenue dans l'infé- rieure. Ces eaux, agitées fortement dans un vaiffeau à demi-plein, produifent un fouffle violent avec une efpèce d’explofion, comme je l'ai expolé déjà. Sav. étrang, Tome IL K “ MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE Enfin cet efprit fe rend fenfible par une odeur très-manifefe, non feulement par la fenfation qu'elle excite, mais encore par une efpèce d’ivreffe & de pefanteur de tête qu'elle caufe. Tous ces phénomènes font propolés comme des objets de recherches, d'expériences, propres à décider de Ja pré- fence ou de l’abfence de l'efprit. Mais, premièrement , Va plus grande légèreté des eaux ne fauroit être attribuée à l'acide fulfureux volatil; la grande quantité d’air fur-abondant & peu lié que contient l'eau de Seliz, eft au contraire une caufe très-naturelle de ce phé- nomène, que j'ai réellement obfervé dans cette eau, & dans. quelques autres eaux aërées. Au refte, la différence de la gra- vité fpécifique del'eau de Seliz, privée d'air, à celle de cette même eau inaltérée, eft peu confidérable : la première eft à ” Ja feconde comme 1 + +5 ft à 1, où comme 4622 ef à 4608. Je n'ai fait l'expérience qu'à Paris, faute d’avoir eu fur les lieux des balances aflez exactes. Secondement, on peut bien moins reconnoitre encore Y'acide fulfureux volatil dans la vivacité de nos eaux ; le grand nombre de bulles qu’elles laïflent échapper à la fource & dans les verres où on les verfe, leur plus grand & plus prompt bouillonnement dans le vuide , leur effervefcence par le mélange des vins acides & du fucre, l'explofion par l'agitation, la fraéture des bouteilles, &c. tous ces effets annoncent un fluide éminemment élaflique : or, fans entrer dans la queftion de l'élafticité des fluides, fans chercher à déterminer en quoi cette propriété, que les Phyficiens fem- blent avoir accordée à l'air feul, ou du moins qu’ils ont tous regardée comme étant pour l'air d’une efpèce particulière, foit qu'ils l'aient fait dépendre de la configuration de fes parties, foit qu’ils l’aient déduite d’une prétendue répulfion; fans cher- cher, dis-je, à déterminer en quoi cette propriété pourroit lui être commune avec tous les fluides, & fur-tout avec ceux que nous appelons en Chymie volatils, ou mobiles; en un mot, foit que ce reflort foit une propriété fingulière de l'air, foit qu'elle ne foit chez lui qu'un degré d'expanfibilité très- pas, SCIE N:C-rNs NN 7$ fupérieur à celui des autres fluides, il efl toûjours également vrai que cette élafticité ou cette intenfité d'élafticité qui carac- térife l'air, eft ici fi marquée, que la rarefcibilité de nos efprits les plus actifs n’eft qu’une caufe très-impuiffante en comparai- fon. Tous ceux que nous connoiflons, fur-tout étendus dans une grande quantité d’eau, & n'y étant müûs que par une foible chaleur, font incapables de produire les effets dont il s'agit ; & même, dans les cas où ces efprits femblent développer davantage leur force expanfive, comme dans la diflillation du fel marin ou du nitre à la façon de Glauber, dans celle du fel ammoniac, de la corne de cerf, des plantes alkalines, dans les effervefcences, les fermentations fuffoquées, &c. il eft évident qu'une grande partie de cet effet eft dûe à l'action de l'air, & nous ignorons même s'il ne lui eft pas dû en- tièrement. D'ailleurs nous ne connoiflons aucun liquide qui fe forme en bulles dans un autre liquide froid auquel il eft mifcible: tous les corps volatils, dégagés de l'eau par une chaleur infé- rieure au degré bouillant, ne s’en féparent que fous la formé d'une vapeur qui fe détache de fa furface; mais ia mafle du liquide qu'ils abandonnent, n’en eft pas agitée fenfiblement. Ces induétions peuvent prefque tenir lieu de démonftra- tion, & difpenfer des expériences; cependant j'ai mélé de tous nos efprits mobiles, & fur-tout de l'acide fulfureux volatil, avec de l'eau, mais je n'ai obfervé dans ces mélanges aucun effet qui approchât de ceux des eaux minérales aëres. Troifiemement, tous les phénomènes qui prouvent la fa- cilité avec laquelle les eaux fpiritueufes s'altèrent, ne font pas tellement particuliers à ces eaux qu’il faille avoir recours à la diffipation d’un efprit pour les expliquer; ce dérange- ment, par les mêmes caufes, leur eft commun au contraire avec tous les corps compofés diflous dans une grande quan- tité d'eau *. Au refle, l'expofition de cette altération eft # Le fel marin fe décompofe facilement par la digeftion : une diffolution de fel de Glauber , gardée quelque temps, fe moifit dans de certaines circon{- tances. Les exemples de pareïlles altérations ne font pas rares en Chymie. K ij 76 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE outrée dans Hoffman fur-tout pour les eaux de Seliz: j'en ai tenu fur les lieux dans un poële pendant 24 heures, dans un vaifleau large & ouvert; elles n'ont perdu qu'un peu d'air, & fouffert feulement une petite altération dans leur goût. A Mayence, de la même eau expofée pendant 60 heures dans un endroit un peu moins chaud, n'a pas éprouvé un chan- gement plus confidérable; enfin j'en ai tenu à Paris dans plu- fieurs vaifleaux ouverts & larges, dans une étuve, & cette eau, après y avoir paflé plus de 15 jours, poufloit encore, ou donnoit de Fair par l'agitation; elle n'avoit perdu tout fon air fur-abondant que plus de huit jours après ce premier effai, & alors elle n’avoit éprouvé d'autre cataftrophe que celle d'avoir perdu fa faveur & un peu de fa limpidité ; mais en vérité je n'ai pas fü y retrouver le fætida putrilago d'Hoff- man, ni rien qui en approchät. Ont-elles réellement perdu ou non leur vertu médicinale, & jufqu'à quel point? Ces expériences font du reflort de la Médecine pratique. C'eft ici le lieu de faire mention du goût de l'eau de Seltz : cette eau, prife à la fource, a une faveur vive, pi- quante, pénétrante : ce piquant eft beaucoup moindre pour peu qu’elle perde de fon air fur-abondant, & i difpa- roit abfolument, pour ne laiffer à l'eau qu'un goût plat ou peu fapide, quand elle en eft privée entièrement. Ce goût, & ces nuances à peu près proportionnelles aux différens degrés d’altération, font bien propres à favorifer le préjugé de l'efprit des eaux; auf ce phénomène eft-il mis au rang des fignes les moins équivoques de ce prin- cipe: mais il me paroit évident au contraire, que ce neft encore ici que l'air feul, & cela par une analogie bien natu- relle. Le goût piquant des eaux de Seltz ne peut mieux fe peindre que par cette impreflion qu'excitent fur notre organe les vins mouffeux, comme le vin de Champagne, la bière, le cidre; impreffon diflinéte du goût proprement vineux, & qui eft précifément ce qu’on appelle dans ces vins gratter ou piquer: or c'eft à l'air feul que ces liqueurs moufleufes doivent cette propriété, car premièrement les vins moufieux D'ENSA D EL E N° CES! TA ne font pas plus fpiritueux, toutes chofes d'ailleurs égales, que les non moufleux, au contraire; fecondement, de la bière, du cidre, ou du vin de Champagne mouffeux, qui pouffe de l'air en grande abondance par l'agitation, acquiert un goût plat & fade par ce moyen, & enfin, on n’en chafle cependant que de l'air par la fecoufle; car le fouffle qu'on excite, reçû bien fec dans l'œil, ne le bleffe pas. Il n’eft pas difficile, ce femble, de concevoir comment une particule d'air peut, en fe dégageant & développant fon reflort , appliquer for- tement à f'organe un corpufcule fapide, &exciter cette faveur vive & piquante; mais fans m''arrèter à ces fortes d'explications, je me contenterai de la voie d'analogie, qui me paroît ici d'autant plus décifive, que la reffemblance eft parfaite. Il neft pas inutile d'obferver en paffant, que l'eau de Pañly, qui n'eft pas aërée, n'a pas ce goût piquant; & que celui que quelques gens trouvent comme vineux, felon M. Boulduc, n'eft que martial, & bien différent de celui des eaux martiales aërées : celles de Schwalbac, par exem- ple, & celles de Buffans, qui font martiales & aërées, ont précifément, quand elles ont été battues, le goût des eaux de Paflÿ; mais elles ont le gratter ou le piquant de plus quand on les goûte inaltérées. C'eft auffi très-gratuitement qu'on a donné une odeur à l'efprit des eaux, comme je l'ai déjà obfervé; la qualité inébriante de leurs vapeurs ne ma pas paru plus réelle, du moins pour l'eau de Seliz. Quant à l'ivrefle occafionnée par la boiflon de quelques-unes, felon le rapport des Auteurs, comme par celle des eaux de Spa, cet effet ne me paroît pas aflez examiné: il n’eft pourtant pas inutile de remar- quer que quand même il feroit exaétement femblable à celui que produifent les liqueurs fpiritueufes fermentées, il n’en- traineroit pas néceflairement avec lui l'idée d’un efprit iné- briant porté jufqu'au cerveau, & agiffant immédiatement fur cet organe. Il paroît qu'une caufe qui ne pourroit agir que fur l’eflomac, telle qu'une eau minérale purement aërée, K iij 78 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂACADÉMIE ne feroit pas incapable de le produire , & j'obferve à ce pre- pos que les vins moufleux ou très- aëres, enivrent à pro- portion beaucoup plus que les non moufleux ou moins aërés. Pour ce qui concerne cette particularité, que l’eau de la partie fupérieure des bouteilles eft plus fpiritueufe que celle de la partie inférieure, plufieurs eflais que J'ai tentés pour vérifier ce fait, ne m'ont rien appris de fatisfaifant, & il m'a paru que cette différence étoit un peu imaginaire, Je prouverai dans la feconde partie de ce Mémoire, que lébullition ou effervefcence excitée par le mélange de nos eaux avec les vins acidules & le fucre en poudre, n'an- nonce que de l'air. Je puis ajoûter à ces preuves, que les vapeurs fulfureufes ne font pas retenues fi aifément par l'eau, & qu'il ne fuffit pas qu'une eau minérale foit expofée à de pareilles exha- laifons pour en être pénétrée; car avant la méthode de les fixer par l'alkali, dont nous fommes redevables à Suhl, plufieurs Chymifles avoient cherché à retenir cet acide par le moyen de l'eau qu'ils avoient expofée à la vapeur du foufre brûlant de plufieurs façons très-favorables , fans avoir révffi à en retenir que quelque foible portion, fouvent à peine fenfible. Ainfi ce que dit le D. Seip des baffins des eaux de Pyrmont, qu'ils exhalent, lorfqu'ils font à fec, une vapeur fulfureufe qui éteint les lambeaux , & qui fuffoque les animaux, ne prouve que jufqu'à un certain point que les eaux de Pyrmont contiennent de l'acide ful- fureux volatil, du moins en une portion qui le rende fen- fible. Je puis même conclurre de tout ce que j'ai rapporté jufqu'ici, que quand mème il y auroit des eaux {piritueules qui fuffent réellement imprégnées de vapeurs fulfureufes & minérales, ces vapeurs ne feroient dans ces eaux qu’un prin- cipe très-paffif, & que ce feroit à l'air fur-abondant qu'elles devroient entièrement leur vivacité, & tous les phénomènes qui les ont fait appeler fpiritueufes. H me femble que ces raifons fufhfent pour exclurre l'acide DyÆls£ Sci lE Nc Ets, 79 fulfureux des eaux de Seliz; les induétions générales qu'on peut en tirer contre tout autre efprit, me paroiffent même aflez fondées, & je ne crois pas que le préjugé & l'auto- rité foient des motifs fuffifans pour engager dans la recher- che d’un autre efprit quelconque, puifqu'il n'a été admis que parce qu'on n’a pas aperçû un autre principe très-connu, & qui agit évidemment par des propriétés qui lui font générale- ment accordées: il me femble même que ce feroit moins une fage circonfpeétion qu'un pyrrhonifme blämable, qui feroit retenir à la place de ce dernier principe, de l'air, l'être défigné par le nom vague & indéterminé de principe, fluide ou fub- ftance élaftique. D'ailleurs, ces expreffions ménagées mul- tiplieroient enfin ces fluides inconnus à l'infini; ce qui feroit, ce me femble, d'une conféquence très-dangereufe en Phy- fique : ce n'eft pas qu'on ne foit obligé quelquefois de fe contenter de défigner des fluides inconnus par quelques- uns de leurs effets, fans qu'il foit poflible de les référer encore à quelque efpèce connue, je veux dire feulement wil ne faudroit fe contenter de ces notions vagues que quand il eft impofñble d'en obtenir de plus claires. Enfin l'imitation même des eaux aërées, que je rappor- terai dans la feconde partie de ce Mémoire, fait le com- plément de mes preuves; car c'eft fur-tout l’impoffibilité où on s'eft trouvé jufqu'à préfent de les imiter à cet égard, qui a établi l'opinion de l'efprit des eaux. H ne me refteroit plus qu'à examiner la façon d'être de l'air contenu dans les eaux aërées, à déterminer plus précifément ce que j'entends par fon état de /wr-abondance ou de légère union; mais cette queftion trouvera fa place plus naturelle- ment dans la feconde partie de ce Mémoire, après que j'aurai parlé de l'imitation des eaux aërées. $s Août 1750. So MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE MEMOIRE SUR L'ANALYSE DES EAUX DE SELTERS ou DE SELTZ. Seconde Partie. Pa M. VENEL :- Guen avoir tâché de déterminer la nature de Ja partie volatile, mobile ou active, des eaux de Seltz, je pafle à l'examen des parties plus fixes contenues dans ces eaux. Je procédai d'abord à cet examen par la voie ordinaire des mélanges de différentes fubftances capables de produire des altérations fur quelques parties falines ordinairement con- tenues dans les eaux minérales, ou d'en être réciproquement altérées. C’efl de ce moyen, dont le petit nombre de Chymiftes qui ont examiné des eaux minérales fe font fagement dé- fiés, qu'on a principalement abufé dans lanalyfe de ces eaux, foit par la vaine multiplicité & le peu de choix de la plüpart des expériences de cette clafle, foit par la négli- gence avec laquelle elles ont été faites le plus fouvent, foit enfin par la nullité, ou pour le moins linfufffance de la plüpart des preuves qu’on a voulu tirer des réfultats de ces expériences en faveur de certains principes. Ce que j'ai à obferver fur les phénomènes qui ont établi le préjugé de l'alkali des eaux de Seltz, fournira un exemple bien fenfi- ble de ce dernier abus. C'eft à la vérification de cet alkali, qu'Hoffman & tous les Médecins lui accordent unanimement, que j'ai deftiné mes premières opérations ; dans cette vüe, J'ai effayé de l'eau, prife immédiatement à la fource, avec le firop de violettes; elle lui a donné fur le champ une couleur DES SCTENCES. 81 couleur verte; j'ai gardé ce mélange jufqu'au lendemain, {a couleur eft devenue plus foncée. J'ai éprouvé de la même eau avec les trois acides miné- raux, avec du vinaigre, & avec du petit vin blanc très- acide : il a paru dès l'inftant du mélange un nombre prodi- gieux de bulles qui fe font élevées rapidement, en un mot une vraie eflervefcence, ‘qu'on augmente confidérablement fi on agite la liqueur avec deux ou trois brins de paille, & cela plus ou moins felon le-degré de concentration de l'acide employé. La diflolution d'argent dans l'acide nitreux produit avee cette eau un précipité très-abondant. L'eau de Seltz, & une diflolution de fublimé corrofif faite avec l'eau de neige & filtrée, n’éprouvent par leur mé- lange aucune altération. Du lait de vache, mélé à froid avec partie égale d’eau de Seliz, & gardé vingt-quatre heures , a éprouvé précifé- ment le même changement que du même lait mêlé en même proportion avec de l'eau commune, & gardé pendant le même temps. Le lait bouilli avec l'eau de Seltz, & le lait bouilli avec l’eau commune, ne m'ont fait apercevoir aucune différence remarquable. J'ai répété cette expérience avec plus de détail, comme jen rendrai compte dans la fuite de ce Mémoire, & je m'y fuis arrêté d'autant plus volontiers, que c’eft par une vertu confervatrice du lait, que M. Hoffman & M. Slare ont fuppofée aux eaux acidules, & qu’ils ont attribuée à Y'alkali de ces eaux, qu'ils ont combattu le préjugé des Mé- decins qui craignoient la coagulation du lait par le mélange des eaux minérales. Outre le changement de la couleur des violettes, l'effer- vefcence avec les acides, la précipitation de Ia diffolution d'argent & le prétendu affaifonnement du lait, Hoffman rapporte encore pour preuve de lalkalicité des eaux de Seltz, qu'elles troublent le bon vin du Rhin, & lui font prendre une couleur rouge obfcure, comme pourroit faire Sav. étrang. Tome 11. L 82 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE l'huile de tartre; que le réfidu de ces eaux évaporées rediffous, rougit infufion de rhubarbe, décompofe le fel ammoniac, & forme du turbith minéral avec le fublimé corrofif: & que ces eaux faoulées d'acide vitriolique donnent du tartre vitriolé par l'évaporation. A quelques erreurs près, qui ne tombent que fur dés circonitances, & que j'aurai foin de relever plus bas, ces faits obfervés par Hoffman font vrais, à l'exception d'un feul; mais ils ne m'ont pas paru prouver l'alkalicité des eaux de Seltz : il eft für au contraire, malgré ces phéno- mènes, que ces eaux ne contiennent pas un-atome d’alkali pur ou libre; & voici ma démonfiration , après laquelle je tâcherai de fixer {a jufte valeur de toutes les preuves d'Hoff- man. J'ai fait fur les lieux-même la plus grande partie des expé- riences que j'ai à rapporter, j'en ai fait quelques autres à Paris; mais je les ai confondues les unes avec les autres dans ce Mémoire, pour les expoler dans un ordre naturel. Première expérience. J'ai verfé fur une livre d’eau de Seliz le poids de vingt grains d'un bon acide vitriolique; ce mé- ange a rougi le firop de violette, & même autant que la même quantité d'acide étendue dans un pareil volume d’eau commune. Seconde expérience. J'ai répété la première expérience avec beaucoup plus de foin; j'ai d'abord pris la gravité fpéci- fique de l'acide vitriolique que j'ai employé pour connoître fon degré de concentration : un volume de cet acide, égal à une once d’eau pure, pefoit une once fix gros. J'ai étendu cet acide de fix parties d’eau de neige diftillée, pour pou- voir le divifer en plus petites portions : j'en ai enfuite verfé peu à peu fur demi-livre d’eau de Seltz, en chauffant & agitant le mélange; ce mélange a commencé à rougir le firop de violette lorfque j'avois employé vingt-huit grains de mon acide étendu, ce qui ne faifoit que quatre grains de l'acide concentré. J'ai répété cette expérience plufieurs fois, toûjours avec DES SCIENCE: 83 le même fuccès, ce qui ne m'a pas laïllé le moindre lieu de foupçonner un alkali libre dans les eaux de Seltz, du moins en une quantité fenfible; je ne pouvois pas même fuppofer qu'elles contenoient l'alkali néceflaire pour retenir la quantité d'acide que je verfois avant que l'eau acquit a propriété de rougir le firop de violette, car la grande quan- tité d’eau dans laquelle les premières gouttes d'acide étoient noyées, fufffoit pour empêcher fon aétion fur le firop : une preuve de la réalité de cette caufe, c'eft qu'il a fallu mêler prefque autant du même acide vitriolique à de l'eau com- mune, & même à de l'eau de neige diltillée, pour lui faire rougir le firop de violette, du moins le plus & le moins eft-il à peine fenfible. Troifième expérience. Quoique je fuffe bien perfuadé que de Falkali libre diflous dans de l'eau, même en des pro- portions très-inférieures à celle à laquelle Hoffman le fu pofe dans l'eau de Seltz (il y a trouvé de pur fel alkali un fcrupule par livre de médecine, ce qui fait trente-deux grains par livre marchande), que cet alkali libre, dis-je, faifiroit avidement l'acide, j'ai pourtant voulu favorifer cette union par l'action continuée du feu, & par le rapprochement ou la concentration de la liqueur ; mais Ja demi-livre étant réduite à une once, rougifloit le firop de violette, à peu près comme la liqueur plus étendue : le réfidu prefque féché étoit aufli manifeftement acide. Ce n’eft pas qu'à un cer- tain degré de rapprochement il n’y ait une partie de l'acide qui fe combine, & voilà pourquoi la liqueur évaporée ne devient pas acide en raïfon de fa concentration ; maïs cette combinaifon de l'acide s'opère par une précipitation, & non pas par une union fimple, comme il fera prouvé dans la fuite de ce Mémoire. H eft donc conftant que l'eau de Seltz inaltérée ne con- tient point d’alkali fixe libre, pas même de terre alkaline libre, du moins en une quantité qui la diftingue de l'eau commune : la preuve que j'en apporte feroit démonfirative, quand même on ne pourroit pas faire cadrer cette inalkalicité Lij 84 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE avec les phénomènes que j'ai rapportés ci-deflus, qui ont annoncé l'alkali à Hoffman, & qui font regardés même comme fes fignes infaillibles & caracériftiques ; mais ces phénomènes ne font pas contradiéloires à ce que j'avance, comme je le prouverai en détail. De ces phénomènes, les uns font communs aux fubf- tances alkalines & à plufieurs fels neutres, où tenus pour neutres ; tels font l’altération de la couleur des violettes, la précipitation de la diflolution d'argent, & la production d’un fel moyen par le mélange de l'acide vitriolique. Quelques autres font fufpeéts, parce qu'ils font dûs à Yaétion du réfidu rediflous; tels font la décompofition du fel ammoniac, la précipitation du fublimé corrofif, & la couleur rouge procurée à l'infufion de rhubarbe. Eofin il eft un de ces fignes dont le faux eft plus caché, favoir, l'effervefcence que les eaux de Seliz éprouvent avec les acides. Mais je n’entrerai dans la difcuflion des caufes de ces phé- nomènes qu'après avoir déterminé exactement la nature & l'entière compofition de l'eau de Seltz, & obfervé le déran- gement que fubiffent les fels qu'elle contient, par la deffic- cation & la nouvelle diflolution; je renvoie au même lieu ce que j'ai à obferver fur leur mélange avec le lait. M'étant donc affuré que f'alkali fixe ne conflituoit pas la partie faline des eaux de Seltz, je cherchai à connoïtre la vraie nature de cette partie faline par les moyens fui- yans. D'abord j'examinai le précipité de ces eaux par la diflo- Jution d'argent: ce précipité, ou pluflôt cette criftallifation informe, n'étoit autre chofe que de la lune cornée; elle n'étoit point mêlée de fel formé par l'union de l'acide vitrio- lique & de l'argent, ce dont je m'aflurai, tant par l'obfer- vation des phénomènes de Ja criftallifation & de la couleur des criftaux, que par l’épreuve de la production du foufre artificiel, dont cette mafle faline, traitée felon l'art, ne me donna pas le moindre veitige. DES SCHENCES. 8$ J'eus donc dès-lors une preuve de l'acide du fel marin, & un commencement d’exclufion de tout fel vitriolique. La conflance de la diflolution du fublimé corrofif, mêlée à de l’eau de Seltz, m'annonçoit aufli un fel.neutre, dont l'acide étoit celui du fel marin. Pour favoir fi cet acide étoit uni à une bafe alkaline ou à une bafe terreufe, je verfai une certaine quantité d’alkali fixe fur environ une livre de cette eau; elle fe troubla, & dépofa par le repos une terre blancheâtre, mais en fi petite quantité, qu'elle auroit pü à peine être ramaffée : cette petite quantité étoit toute celle que l’alkali fixe pouvoit précipiter; car quelques nouvelles gouttes d'alkali verfées fur cette eau éclaircie par le repos, ne la troublèrent plus. Il me parut alors certain que l'eau de Seltz ne diféroit pas à cet égard d'une diflolution de fel commun, que l'alkali fixe précipite légèrement, felon une obfervation connue. Je patlai enfuite à l'évaporation de mon eau; j'en éva- porai au bain-marie vingt livres de feize onces, dans une grande capfule de verre que je m'étois faite de la moitié d'un ballon. I n'eft pas inutile d'obferver en pañlant, que c’eft une très-mauvaife méthode que celle d’évaporer une grande quan- tité d'eau minérale dans un feul vaifleau de médiocre gran- deur, en fourniffant toûjours de nouvelle eau à mefure que la première dont on l'a rempli s'épuife. L’aétion de l’ébul- lition & celle des longues digeftions fur la compofition des fels, & même fur la mixtion de leurs principes, eft aflez connue en Chymie, pour que cette méthode, qui eft très-ufitée, doive être ablolument profcrite de toute opé- ration halotechnique en général, mais particulièrement de l'analyfe des eaux minérales. Cette analyfe eft une efpèce de docimafie délicate, dont les objets, fouvent très-altéra- bles, font toüjours répandus en petite quantité dans une mafle confidérable de liquide, dont on ne peut les dégager fans rifquer au moins le dérangement de quelques - uns; dérangement qu'on ne fauroit évaluer qu'en gros, & qu'on L ïj 86 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE ne peut réparer par aucune efpèce de réduétion ou de récom- pofition. H faut donc les fauver, du moins pour l'exactitude phyfique : il vaut mieux, par exemple, dans le cas dont il s'agit, employer plufieurs vaifleaux toûjours très-farges & peu profonds, pour que l'eau qu'on veut évaporer préfente une très-grande furface à proportion de fa mañle, &, fi l'on eft obligé de fe fervir d'un feul, évaporer jufqu'à ficcité la quantité d'eau qu'il peut contenir, retirer le réfidu, & ré- péter enfuite l'opération autant de fois que l'exige la quan- tité totale qu'on fe propofe d'évaporer. J'évaporai mes vingt livres par parties, fur ces principes: j'aperçus diflinétement la formation des criftaux de fel marin à un certain point de rapprochement de la liqueur; mais je l'agitai toüjours, pour les précipiter à melure qu'ils fe formoient, & je féchai tout mon réfidu le plus qu'il me fut pofhble; je le ferrai dans une bouteille, & je l'emportai avec moi, pour l'examiner à Paris avec plus de loifir. Ce réfidu bien féché a été de trente grains par livre de feize onces, de près de moitié moindre que celui qu'a trouvé Hoffman; fans doute que cet Auteur l’avoit moins féché que moi: or les différens degrés de defliccation de ces réfidus fufffent pour en faire varier auffi confidérablement les quantités. Le point le plus für & le plus aifé à déter- miner, eft celui de la defliccation exacte, que l’on peut obte- nir en fe tenant bien loin de la calcination, c’eft-à-dire, du degré de feu qui peut difliper plus que de l'eau. J'ai examiné à Paris ce réfidu plus attentivement; je l'ai rediflous dans de l'eau de neige bouillante, & je l'ai filtré. J'ai ramañfé fur mon filtre la partie de ce réfidu qui avoit refufé de fe rediffoudre dans l'eau : cette partie infoluble ne m'a paru autre chofe qu'une vraie terre abforbante parfaite- ment femblable à celle qu’on précipite de l’eau mère du nitre & de celle du fel marin, ou à celle qui fe précipite d'elle-même par les diflolutions répétées, ou par les digef- tions du fel marin. Cette terre eft toute foluble par les acides; traitée par la fufion avec l'alkali fixe pur & la poudre DES/ SCIENCES. 87 de charbon, elle ne m'a donné aucun veftige de foufre, & par conféquent aucun indice d’un fel féléniteux. J'ai enfüite examiné ma nouvelle diffolution par des évaporations lentes, & des criflallifations partagées; les quatre premières ne m'ont fourni que du vrai fel marin pur; les cinquièmes criftaux, qui avoient auffi tous les caractères du vrai fel marin, avoient un goût légèrement âcre, amer, & comme lixiviel ou alkali. La liqueur que j'avois retirée de deffus ces derniers criftaux, & qui étoit d'une couleur d'urine citrine délayée, me donna encore des cubes de fel marin, mais dont le goût, quoique je les eufle bien lavés, participoit de la faveur âcre & lixi- vielle de Ja liqueur dans laquelle ils s'étoient formés. Enfin j'ai retiré de cette dernière liqueur, par l’évaporation infen- fible, un fel femblable par fa criftallifation au fel de Glauber, mais dont les criflaux fe difpoloient dans un ordre un peu différent ; ce fel eft très-foluble. Des criftaux de ce fel bien féparés, expolés à l'air, n’y perdent pas leur tranfparence; ils sy humectent au contraire un peu à {a longue. L’acide de ce fel eft celui du fel marin, qu'on en dégage mani- feflement en verfant deflus de l'acide vitriolique : ce fel trituré avec le fel ammoniac, en élève quelques foibles va- - peurs d’alkali volatil; il verdit le firop violat. On trouve ce même fel en grande abondance dans les eaux mères des falines de Lorraine, & dans une efpèce d'eau mère de fel marin, connue fous le nom de 4erron dans les falines des côtes de Normandie : les recherches fur la nature de ce fel, appartiennent donc à l'examen du fel marin. Ce fel n'eft pas particulier aux eaux de Seltz, qui ne diffèrent à cet égard de quelques eaux falées, par exem- ple, de l'eau de la mer, que pour en contenir un peu plus, & des eaux falées de Lorraine, que pour en contenir un peu moins; en un mot, ce n'eft ici qu'un plus & un moins qui ne peut mempécher de qualifier l'eau de Seltz de fimple diflolution de fel marin. La liqueur que j'ai retirée en petite quantité de deflus ces derniers criftaux, étoit une véritable eau mère de fel marin, refufant conftamment 1a criftallifation, &c. 88 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Les eaux de Seltz ne font donc autre chofe qu'une diffo- lution étendue & aërée de fel marin. Quel eft l'état, la façon d’être, de cet air contenu dans les eaux de Seltz, que j'ai appelé fur-abondant, qui confti- tue leur qualité d'eaux aërées! c'eft ce que je dois tâcher de développer à préfent. Je dis que cet air eft véritablement uni, diflous, com- biné dans le fens qu’on l'entend en Chymie, felon la doc- trine de Bécher & de Stahl; mais que cette union, quoique réelle, eft cependant très-légère. Ce dernier membre de ma propofition a été prouvé dans la première partie de ce Mé- moire par des faits, la fource de ces faits deviendra fenfible par l’obfervation des phénomènes qui précèdent & qui accompagnent cette union; je vais les rapporter dans un moment, en expofant limitation des eaux aërées. Je m'ar- rète donc à prouver uniquement, & à expliquer la combi- naifon abfolue de l'air contenu dans l'eau & dans les liquides aërés. Cette théorie pourra paroïtre applicable à la façon d’être de l'air contenu dans l’eau commune & dans les autres liquides non aërés, mais c'eft une queflion à laquelle je ne touche point ; j'avoue même que je panche plus à regar- der Vair contenu dans ces derniers liquides comme étant fimplement répandu par fa fluidité dans les pores ou interflices de ces liquides, comme dans les autres vuides méables à Y'air, adhérant cependant en partie aux parois de ces petites loges, les mouillant de la même façon qu'il mouille les folides ; & je fonderois cette prétention précifément fur la réfiftance que cet air oppofe à fa féparation d'avec le liquide qu'il a pénétré, réfiftance bien plus confidérable que celle de l'air /ur-abondant réellement diflous, ou uni au liquide aëré; car de l'air libre, ou prefque libre, & fimplement répandu par fa fluidité dans un liquide, ne le doit pas abandonner aifément ; il n’en doit pas être exprimé, par exemple, par l'agitation ou par la fecouffe (moyen de féparation qui carac- térife principalement le liquide aëré), parce que ce mouve- ment ne détruit pas les pores qui le contiennent, if en change HMS S°CTLE NÉ ME 89 change feulement la direétion; mais l'air eft affez fouple pour fe prêter à ces inflexions, & il ne doit pas être chaffé ou exprimé par cette caufe. Mais, encore un coup, je n'entreprends point la folution de cette queftion, qui mérite fans doute plus qu'une digreffion : le peu que je viens d’obferver fur ce fujet, m'étoit cependant néceflaire pour rappeler & pour mieux fonder {a diftinétion de ces deux airs, que j'ai propofée dans ma première partie par voie de demande, & que je continueraï de prendre fur le même pied, quoiqu’elle me paroiffe prouvée. L'eau aërée étant donc confidérée, indépendamment de fon air Jur-abondant, comme faturée d’autre air, de la même façon que l’eau commune, je prouve que cet air /wr-abon- dant eft réellement diflous, uni, combiné. Premièrement, parce que l'air & l'eau font d’une gravité fpécifique fi différente , qu’ils ne peuvent être mêlés par une fimple confufion, & qu'ils fe fépareront néceflairement s'ils ne font réellement unis. Secondement, parce que cet air eft fujet à toutes les loix que fubiffent les corps folubles , & qu'on le range avec ces corps par l'analogie la plus frappante & la plus naturelle, comme je le ferai voir dans la fuite de ce Mémoire. Troifièmement enfin, parce que cet air n’occupe point d’efpace fenfible dans l'eau ; car j'ai éprouvé plus d’une fois qu'une quantité d’eau aërée privée de fon air fur-abondant, ne diminuoit point de volume par la fouftration de cet air, du moins fenfiblement ; or le volume de cet air eft quelquefois très-confidérable, La confidération fur laquelle eft fondée cette dernière preuve, n'a préfenté jufqu'à préfent qu'une efpèce de para- doxe phyfique; c’eft fur l'eau commune que les Phyficiens ont fur-tout examiné ce phénomène, c’eft-à-dire, fur un liquide non aëré, mais qui le feroit s'il pouvoit contenir, ou s’il contenoit réellement tout l'air qu'on lui a long-temps fuppoté fur la foi de la fameufe expérience de M. Mariotte*, * Effai de la nature de l'air, p. 165$ de la colleélion de tous fes ouvrages. La Haye, 1740, s Say, étrang. Tome 11, M s Effai de la mature de l'air, p.164: b Ælementa Chemiæ. Parif. p.277 part. I. o MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE & qui eft encore regardé comme en renfermant beaucoup plus que {es pores n'en devroient contenir naturellement, fi l'air n'éprouvoit dans fes pores aucune contraétion ou diminution de fon volume. Il a donc été queflion d'expli- quer comment l'air, de l'idée duquel on n'a jamais déta- ché celle de fa fluidiié, de fon reflort, ou de fa dilatabilité fpécifique, comment cet air, dis-je, perdoit ou paroifloit perdre ces propriétés dans l’eau, La difficulté eft infurmontable, fans doute, fi ces pro- priétés font effentielles à l'air: elle a paru telle à M. Mariotte & à M. Boerhaive. Ces deux illuftres Phyficiens fe font trou- vés forcés d'avancer que l'air contenu dans l'eau n’eft pas du véritable air : M. Mariotte * veut qu’on ne l'appelle que #a- tière aërienne, & M. Boerhaave?, air qui n'eff pas de l'air. Mais depuis qu'il a été démontré que fair retiré des fi- quides eft du véritable air, parfaitement femblable à celui qui nous environne, on a conclu de cette démonftration que l'air devoit être néceflairement dans ces liquides, élaftique, dilaté, en un mot, inaltéré, femblable à lui-même ; c'eft ce point de vüe qui a donné naiflance à plufieurs hypothèfes très-ingénieufes; mais il a écarté davantage du vrai, car il eft démontré par les phénomènes des liquides aërés, que Fair contenu dans ces liquides aux conditions fuppofées (d'union vraie, de diminution de volume), a perdu fon. reflort ou fa dilatabilité fpécifique. Le vrai nœud de la difficulté, c’eft donc cette abolition: de reflort, cette nullité ou quafi-nullité du volume de l'aix contenu dans les liquides aërés; mais cetie difficulté cefle fi on démontre que l'air n’eft pas effentiellement élaftique, & qu'étant diffous dans Feau, il ne l'eft ni ne peut l'être; car on ne feroit pas en peine de la matière propre de l'air, abflraétion faite de fon volume, de fa dilatation ordinaire, ou cette dilatation étant réduite à celle du liquide diflol- vant. Or cette démontftration exifte, fi on accorde que la diflo- lution chymique fuppofe l'air comme tout corps difious. D'ES SCIENCE: 91 divifé en fes moindres parties, & fi on prouve que par cette divifion il perd fon reflort, ou, ce qui eft la même chofe (comme je l'ai déjà annoncé), fa dilatabilité fpécifique. ue ces corps véritablement diflous foient divifés en leurs moindres parties, qu’ils ne fe combinent réellement qu'après la rupture de leur aggrégation, c’eft un point reçû, un axiome de la doctrine chymique, que rien n'empêche d'appliquer aux phénomènes de l'air qu'on ramène dans la clafle des corps folubles par l’analogie la plus frappante, comme Je l'ai déjà avancé. Que cet air, ainfi divifé & diffous, perde néceflairement fon reflort, ce fera une vérité conftante, fi l'élafticité ne peut exifler que dans l'air en mafle, & qu’elle ne foit nullement une propriété des parties les plus fimples de l'air, Stahl a remarqué que la différence entre les affections ou propriétés de l'aggrégé, ou d'une mafle, & celles de l'individu, ou des parties individuelles de cet aggrégé, avoit été peu obfervée; il prouve enfuite, par l'exemple d'un mor- . ceau d'or, que prefque toutes les propriétés qu'on a fait entrer dans les définitions phyfiques, ne conviennent aux corps que comme mafle; la plufpart des propriétés de cet or, la couleur, 1a folidité, l'éclat, le fon, la dureté, le poids, la malléabilité, la fufbilité, & plufieurs autres qu'on pourroit ajoûter à celles-ci, font des propriétés de la mafle d'or, & non pas du mixte, competunt qua fruflo, feu aggre- gato, non qua mixto. Que ces définitions foient vicieufes ou non par cette raifon, c'eft ce que je n’examine point ; mais ce qui eft hors de doute, c’eft que la diftinétion pro- pofée par Stahl eft effentielle, & que confondre les pro- priétés de la partie conftituante, 1a plus fimple d'une mañle où d'une aggrégation, avec les propriétés des corps qui ne peuvent dépendre que de l’aggrégation, ou de la pluralité des parties, c'eft fe jetter néceffairement dans une foule d'er- reurs, ou pour le moins tomber inévitablement dans l'obf curité & dans l'inexactitude. L'elaflicité omife par Stahl eft précifément dans Le cas M ij Siakl opufen- lim, p.23; d Jeg. 92 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE d'être rangée dans fa clafle des propriétés des corps qui ne peuvent convenir qu'aux mafles; je dois obferver ici en paflant que c’eft de l'habitude de raifonner de l'état de Fair en mafle à la nature de fes parties élémentaires, que font nées toutes les configurations des parties de fair, imaginées rameufes, roulées comme des cerceaux, en fpirales, &c. ou bien repréfentées comme de petites éponges, des flocons de coton, de petites fphères creufes, &c. car toutes ces fup- pofitions deviennent au moins inutiles dès qu'on conçoit l'élafticité comme ne pouvant fubfifter que dans une mafle. Une doétrine bien déduite de l'oblervation des phénomènes chymiques les plus ordinaires , exclut néceffairement l’élaf- ticité, non feulement d'une partie élémentaire, telle qu'une partie d'air ou de feu, mais de fa partie fimilaire d'un mixte, ou même d’un ordre des corps plus compolés, confidérée comme folitaire, unique, & indépendamment de toute aggré- gation. C’eft encore ici un nouveau corollaire de la grande . doctrine des combinaifons , trop général & trop étendu pour pouvoir être établi en paflant. Je me borne à la queftion particulière de l'élafticité de Fair; je répète qu'une partie élémentaire d'air n’eft ni élaftique ni dilatable, ce qui, à proprement parler, ne conftitue dans les fluides qu’une feule & même propriété (confidération effentielle, qui peut s’éten- dre à la théorie générale de l'élafticité, & mettre fon mé- chanifme comme fous les yeux, comme j'efpère le propofer un jour) ; mais foit que l'élafticité de l'air foit dûe à fà raref cibilité, & qu’elle ne fafle qu'une même propriété avec elle, foit qu'elle foit une propriété immédiate de l'air en aggrégation ou en mafe, fujet dans de certaines circonftances à des accès d’attraGtion & de répulfion; dans les deux cas, elle eft également inconcevable dans une partie élémen- taire d’air ; la raréfaétion ou Îa répulfion en fuppofent pour le moins deux, puifqu'elles expriment un rapport de plus “ou moins grande proximité; or tout rapport a au moins deux termes. Vainement m'objecteroit-on qu'une partie regardée comme indivifible à toutes les forces de la Nature, DAsMSt SÉCILE NC E:9 93 mne vraie partie élémentaire, peut être conçûe cependant au moins comme flexible, & que dès-lors fes deux bouts peuvent fe rapprocher ou s'éloigner comme les branches d'un compas, par exemple, qui peut être confidéré comme indivifible, quoique capable de différens écartemens de fes jambes, &c. Je dis, 1.° que l'idée de flexibilité & celle d'indivifibilité ne peuvent pas s’allier; car toute flexion fup- pofe féparation, divifion de parties; 2.° que c’eft peu con- noître la Nature que d'imaginer que les parties les plus fim- ples de la matière, ou du moins les plus fimples combinai- fons de la matière homogène (fi on veut abfolument l'ad- mettre, tels que font nos élémens immuables), font figurées de la façon la plus propre à l’altération & à la deftruction, & que de les fuppofer expolées aux mouvemens inteftins, à des alternatives d'expanfion & de contraétion qui confti- tuent le moyen de corruption ou de deftruétion le plus efficace de la Nature. Les parties de l'air étant donc confidérées fous ce nouvel afpect, rien n’eft fi aifé que de fe faire une image phyfique de leur diflolution à toutes les conditions fuppolées : des parties extrêmement déliées & parfaitement folides, com- binées une à une avec les parties de l’eau, conftituent un nouveau corps, un mixte aufli facilement conçû que toute autre combinaifon d’un corps quelconque, avec tel menftrue qu'on voudra. La quantité de la matière propre du corps diffous peut être telle qu'elle n'augmentera pas fenfiblement le volume de fon difolvant, fans avoir recours même aux pores de ce diffolvant ; & c'eft ici précifément le cas, car ft on retran- che de la gravité fpécifique de l'air celle de tous les-corps hétérogènes répandus dans l'atmofphère, qui, felon le foup- çon de la plus faine partie des Phyficiens, augmentent con- fidérablement cette gravité, & même qui feuls la rendent fenfible, commenfurable, felon quelques-uns, que reftera- t-il? je ne dis pas rien, mais très-peu de chofe; aufii ne .doutai-je pas que fr on tentoit l'expérience fur un grand. M ii - 94 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE volume de liquide très-aëré, on ne découvrit que l'air groffit un peu le volume de fon diflolvant. Que l'air, par fa diflolution dans l'eau, puifie être réduit à la dilatabilité fpécifique de ce dernier liquide, les expé- riences de M. Hales qui nous l'ont fait voir dans des com- binaïfons où il ne jouifloit pas même d’une fluidité étran- gère, où il faifoit partie, & partie très-confidérable * d’un corps très-dur ; ces expériences, dis-je, le rendent incontefta- ble; car (& il eft important pour la confirmation de ma théorie de le rapporter en pañlant) l'air fixe de M. Hales eft toüjours de l'air diffous, & fon air élaftique de l'air libre en mafle; toutes les alternatives d’élafticité & de fixité, tous les degrés d’élafticité plus où moins conftante, obfervés par cet iluftre Phyficien, dans fon air nouvellement produit, font toûjours relatifs au plus ou au moins de pureté de cet air; & dans tous les cas qu'il rapporte, retourner de l’état élaftique à l'état de fixité, c’eft toûjours, pour cet air, être abforbé ou diflous, quelquefois par la mafle même du corps qui l'a laiffé échapper, mais beaucoup plus fouvent par des vapeurs acides ou alkalines, ou bien par ces vapeurs élevées des effervef cencesconnues en Chymie fous le nom de fus, ou des corps fermentans fous le nom de gas; en un mot, par une de ces vapeurs abforbantes, ou pluftôt diflolvantes, dont M. Hales a lui-même conftaté l'aétion fur l'air par fes expériences. La diflolution chymique repréfente donc d’une façon démontrable l’état de l'air fixe de M. Hales, de la matière aérienne de M. Mariotte, de Fair qui n'eft pas de l'air de M. Boerhaave. Plufieurs Phyficiens illuftres ont exprimé cet état de l'air par le mot de diffolution, où par des termes qui paroiffent équivalens; mais on peut conclurre de cela feul qu'ils ont cherché à expliquer par d’autres raïfons que par cette diflo- lution même, comment le volume de cet air pouvoit être igflerré dans l'eau , que ce n'eft pas la diflolution chymique qu'ils ont propofée. | * L’air contenu dans la pierre de la veflie fait plus de la moitié du poids total de ce corps. DiElsk SIÈGE N.C.E S 9 Le dirai-je? cette queflion appartient à la Chymie; des corps confidérés comme mêlés ou comme mifcibles à d’autres corps, font le principal objet de la fcience chymique: l’ha- bitude des travaux chymiques, & du point de vüe fous lequel nous confidérons les rapports de ces corps, nous fournit des vües qu'on ne fauroit faifir, ce me femble, fi on n’eft familiarifé avec ces objets; fans ce fecours, tous les phénomènes préfentés par l'air contenu dans les corps, doivent être, pour ainfi dire, anomales, paradoxes; M. Boer- haave ne les expole jamais qu'avec des formules d’adimira- tion; aux yeux d'un Chymifte qui fait ramener les phéno- mènes nouveaux à leur clafle naturelle, de l'air mêlé à un fluide, & perdant toutes fes propriétés d'air en mafle, n'eft que de fair diflous. Je n'ai eu donc qu'à apercevoir l'analogie de ces phénomènes nouveaux avec toutes les diffo- lutions connues : que cet air n’occupe point d’efpace fen- fible, ce phénomène eft tout fimple; une eau très-chargée de parties aromatiques, ne diminue prefque point de vo- lume par la diflipation de ces parties; cette eau en conte- noit pourtant une quantité très-confidérable, & les parties aromatiques font d'un ordre de corps aflez compolé, & peuvent être par conféquent regardées comme infiniment plus groflières que celles de l'air; un efprit très- volatil, fixé par fon union à une bafe, eft un exemple très-frap- pant encore; le feu lui-même, combiné réellement, & privé par cette union de toutes les qualités qui l'annoncent le plus manifeftement, m'a rendu très-concevable la fixation de l'air, beaucoup moins mobile, fans doute. Je ne m'arré- terai pas plus long-temps fur cette matière, qui ne m'a déjà que trop retenu ;: je me contenterai de continuer à confi- dérer Fair fous cet afpeét d’analogie chymique, dans ce qui me refle à dire fur limitation de eaux aërées, & fur l'effervefcence de l'eau de Seliz avec les acides, ce qui répandra un nouveau jour fur tout ce que je viens d'avancer. Imiter une eau aërée, c’eft donc difloudre de l'air dang de l'eau. 96 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE La ténacité de l'air, cette propriété par laquelle fes parties adhèrent entrelles, ou par laquelle elles oppofent une réfif- tance très-confidérable à leur divifion en moindres parties qu'en petites fphères d'environ quatre lignes de diamètre; cette ténacité, dis-je, eft généralement connue. L'eau purgée d'air peut pourtant vaincre cette réfiflance; mais dans ce cas c'eft un vuide réel qui eft préfenté à l'air; au lieu que l'eau déjà faturée d'air, & confidérée comme une mafe {o- lide, continue, & fans vuide, ne fauroit furmonter cette ténacité; le fait confie par toutes les expériences qui fixent la faturation de l’eau : toutes les tentatives faites pour la fur- charger d’air ont été inutiles. L'air porté dans l’eau en très- petites parties, tant que ces parties feront des mafles, fe formera en bulles dans cette eau, & s’en féparera fi ces bulles n’adhèrent point aux parois du vaiffeau, ou à quelque corps plongé dans le liquide; ce fait ne fera pas plus con- tefté que le précédent: voilà donc dans ces deux fluides des fignes fenfibles d'immifcibilité. L'air eft pourtant foluble dans l'eau & dans plufieurs autres liquides; l'exemple des eaux aërées & éelui des vins, fur-tout des vins moufleux, eft démonftratif; il faut donc regarder l'air comme réellement foluble dans l'eau, mais comme foluble aux conditions le moins favorables : il faut le confidérer comme ayant plus de rapport avec lui-même qu'avec fon menftrue, d’où il s'enfuit que ce menftrue ne rompra jamais fon aggrégation ; la rupture de cette aggré- gation eft cependant une condition néceflaire pour la diflo- lution ; on eft donc obligé de l’opérer préalablement, & d'offrir au menftrue le corps à difloudre déjà tout divifé. Nous ne connoiffons en Chymie aucun moyen plus effi- cace pour porter les corps à la divifion la plus /ubrike, que celui qui emploie la pulvérifation philofophique, ou la pré- cipitation. Partant de cette connoiflance, la façon la plus fimple que j'imaginai d’abord fut de prendre l'air dans un corps foluble par l'eau, qui le contint réellement uni, & qui le laifft échapper par fa diflolution même dans l'eau; ou, DVEMSN SNCAT'ENNT C E 5 97 ou, ce qui eft la même chofe, de le prendre dans uné com- binaifon dont l'eau même peut être le précipitant : ce corps trouvé, il n'étoit queftion que de retenir cet air dans l’eau, & de l'empêcher de s'en élever à mefure qu'il étoit dégagé ou précipité. Je crus que la plüpart des fels neutres qui m'avoient paru exciter des bulles dans l'eau pendant leur diflolution, me fourniroient ce corps que je defirois, & que j'avois trouvé le moyen de retenir cet air dans l’eau en faifant mes diflolutions en fuffoquant, où dans des vaif feaux pleins & exaétement bouchés. Je n’étois pas en peine d'imaginer en quoi ce procédé imiteroit a Nature; rien ne me paroifloit fr fimple, pour les eaux de Seltz, par exem- ple, que de concevoir qu'elles s'étoient chargées de leur fel marin par une diflolution féffoquée dans les entrailles de Ja terre: je me trompai, plufieurs expériences que je fis fur. ce plan n'eurent pas le moindre fuccès : j'effayai avec le fucre, dont M. l'Abbé Noliet a féparé par fa diffolution dans l'eau, un volume d'air égal au morceau de fucre employé. Je ne réuflis pas à faire une diflolution de fucre aërée; je me con- vainquis mieux que cette voie ne me conduiroit jamais à mon but, par plufieurs expériences que je fis fur différens fels, & fur le fucre même, dont je ne püs point féparer d'air par leur difolution dans l’eau. Ce moyen ne m'ayant pas réuffr, j'eflayai de compofer les {els dans l’eau même qui devoit les difloudre; dans ce cas-ci, j'étois fûr que je dégagerois une grande quantité d'air : toutes les effervefcences qu’on a exci- tées à deffein d'examiner la quantité qu’on en pouvoit déga- ger ou produire par ce moyen, foit dans le vuide, foit dans le plein, en ont fourni des quantités très-confidérables. Une effervelcence, felon la doétrine ci-deflus expole ; en tant qu'elle efl dûe à l'air, n’eft autre chofe qu'une vraie précipitation d'air : deux corps, en s'uniflant , n’excitent . cette effervefcence qui dépend de l'air, que parce qu'ils ont plus de rapport emtr'eux, que l’un des deux, ou les deux enfemble, n'en ont avec fair auquel ils étoient unis; car toute effervefcence eft dûe à un dégagement, ou même à Sav. étrang. Tome IL. 98 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L ACADÉMIE f'expanfion d’un corps dégagé, & chaflé par l'union de deux autres. Il n'eft pas décidé que ce foit toüjours de fair, M. Stahl croit même que ce n'en eft jamais; mais il ne paroît pas qu'on puifle appeler ici le concours d’une autre matière, de l'eau même, par exemple, mife en expanfion dans de l’eau, comme on le fuppole dans l’ébullition, fur- tout pour les effervefcences qui fe font fans le fecours d’au- cune chaleur extérieure. Quoi qu'il en foit, & pour ne pas paroître décider légèrement le fond de cette queftion, je me contente de dire que les effervefcences à air, où dont la principale caufe dépend du dégagement de l'air (& on ne fauroit nier qu'il n'y en ait de pareilles), doivent être ramenées aux loix de rapport ou affinité, & aux phéno- mènes de la précipitation. De acide vitriolique & de Fal- kali fixe chaffent ou précipitent de Fair par leur union, de la même façon qu'un alkali fixe verfé fur une diflolu- tion de fel ammoniac, en précipite l'alkali volatil, qui étant libre, fuit & s'envole en partie, pour prendre l'exemple d’un précipité volatil, s'il eft permis de s'exprimer ainfi. Or pour revenirà ma diflolution aërée, & pour retenir toüjours la même comparaifon, fi j'excite une effervefcence rapide, foit parce que je mêle mon acide & mon alkali, étendus de très-peu d’eau, foit parce que j'agite la diffolution, foit parce que je la chauffe; mon précipité volatil, l'air, fe dif- fipe à mefure qu'il eft dégagé, foit parce que le mentftrue lui manque dans le premier cas, foit parce que l'agitation procure la réunion de fes parties, qui faifant mañle ne peu- vent plus être retenues; ou fimplement parce qu'en géné- ral le mouvement favorife le dégagement des fubftances volatiles difloutes dans l'eau, de même que l'aétion du feu dans le troifième cas; action aflez connue dans la diftilla= tion des eaux aromatiques, dans la difliiation & la rectifi- cation de l'elprit de vin, &c. la même chofe arrive précifé- ment à tous égards, à du fel ammoniac précipité par l'alkali fixe. Les obfervations qui peuvent confirmer cette analogie, font très-nombreufes en Chymie : perfonne n'ignore, par DATA SAEUTAE NC LE"S exemple, qu'en général les précipités font d'autant plus fub- tils, & par conféquent d'autant plus long-temps fufpendus, qu'ils fe font à plus grande eau; & que dans les cas des préci- pités folubles, comme dans la précipitation de la diflolution de mercure dans l'acide nitreux, par l'acide du fe marin, pour faire ce qu'on appelle 4 précipité blanc; que dans ce cas, dis-je, fi lon étend la difolution de beaucoup d’eau, le précipité ou le nouveau fel refle diflous. Voilà plus précifément le cas de mon eau aërée imitée, & le fondement de mon opération. Au lieu d'exciter une violente effervefcence par l'union de l'acide & d'une bafe que je combine dans l'eau, j'évite avec foin, autant qu'il eft poffble, la diffipation de l'air, que je précipite en parties folitaires (la précipitation fuppofe cette circonftance), & j'emploie même à cet eflet la /uffocation, en faifant ces unions dans des bouteilles bien fermées, & : en y difpofant les matières de façon qu'elles ne puiffent communiquer enfemble qu'après que la bouteille eft exacte- ment bouchée. Cette précaution, que j'avois cru d’abord eflentielle, ne l'eft point : il fufhit de faire ce mélange peu à peu dans un vafe qui ait une ouverture étroite, dans un lieu frais ou tempéré, & fans l’agiter en aucune façon. If eft vrai que par la fuffocation j'ai chargé quelques diffolu- tions de fels plus que par le mélange lent à Fair libre; mais outre que la différence n'eft pas ff confidérable qu'on pour- roit le croire, cette opération offre des difficultés de manuel très-difficiles à furmonter. Je ne faurois ici m’étendre fur plufieurs obfervations que mes expériences fur les diffolu- tions aërées m'ont préfentées, non plus que fur le détail des opérations, les différens effets relatifs à certaines circonf- tances, &c. c'eft un travail que je pourrai fuivre, & pré- fenter à l'Académie, fi elle le juge digne de fa curiofité; je me contenterai de dire à préfent que j'ai imité les eaux de Seliz pour tous les phénomènes que j'ai attribués à {eur air fur-abondant, notamment {eur goût piquant, leur gratter, par le mélange fuivant. D'abord je m'affurai de Ia quantité de l'acide du fel marin, Ni L 100 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L' ACADÉMIE & de la quantité de fa bafe, que je devois employer pour former une certaine quantité de fel neutre; on voit bien que dans le cas dont il s’agit, on ne peut pas obtenir ce point de neutralité en tâtonnant: ce rapport m'étant connu, Je mêlai dans une pinte d'eau commune, contenue dans une bouteille de verre ordinaire, deux gros de fel de foude, & la quantité d'acide du fel marin néceflaire pour les faturer; je favois aufli par mes eflais qu'il devoit réfulter de leur union un degré de falure égal au degré fpécifique de l'eau de Seliz. Cette diflolution a foûtenu toutes les épreuves auxquelles j'avois foûmis l'eau de Seltz; il eft inutile d’en répéter l'énuméra- tion : je rapporterai pourtant nommément que j'ai retiré de mon eau imitée, fix pouces cubiques d'air par livre, & que cette eau, privée de cet air fur-abondant, perd le goût vif & piquant qu'elle avoit auparavant, & n’a plus que le goût plat de l'eau de Seltz fecouée. J'ai réufli à faire des diflolutions de fels aërées, dont je retirois par la fecoufle plus de dix pouces cubiques d'air par livre de liqueur, & celles-là étoient véritablement mouf- feufes; mais c’eft un détail dont j'ai déjà renvoyé l'expofi- tion à un autre temps. Hoffman a prétendu imiter fes eaux minérales fpiri- iueufes, en mélant dans un vaifleau à orifice étroit, de l'a- cide vitriolique & de Falkali; mais il agitoit fon vaifleau pour favorifer l'union, & par cela même il chaffoit l'efprir. D'ailleurs M. Hoffman n’a abfolument rien vü dans cette opération ; il propofe le fait tout nud, & même, comme je viens de l’obferver, avec des circonftances direétement con- traires au but qu'il fe propofe, & par conféquent au fuccès. Je déduirai comine corollaire de tout ce que je viens de rapporter, que de l'eau pure ne peut pas être aërée, & ue par conféquent certaines eaux d'Allemagne, comme celles de Toplitz, de Piperine, &c. qu'Hoffman célèbre par leur pureté & par leur fpirituofité, ne fauroient être recom- mandables au dernier titre. .… Qu' me foit permis d’obferver encore que fi l'eau .de DES SCIENCES. IOI Seltz & les autres eaux aërées doivent leurs fels à une com- binaïfon de leurs principes dans l'eau même, & non pas à la fimple diflolution du fel neutre déjà tout formé, on pourroit établir fur cette analogie un fyflème bien raifon- able fur l'origine de la falure de la mer & des puits falans, & même de toutes les eaux qui tiennent en diflolution des fels neutres minéraux, quand même elles ne feroient pas aërées; ca des accidens poftérieurs peuvent les priver bien- tôt de leur air fur-abondant. J'ai voulu pourtant favoir fi l'eau de la mer étoit aërée : je n'ai pas pû encore décider la quef- tion, mais les réfultats de quelques expériences dont j'avois chargé M. Feret apothicaire de Dieppe, homme très-verfé dans l'étude des chofes naturelles, m'ont paru propres à exci- ter à de nouvelles recherches fur cette matière. Je pañle à l'explication des phénomènes fauflement attri- bués à j'alkali de nos eaux, que j'ai rapportés au commen- cement de ce Mémoire, & dont j'ai renvoyé l'examen dé- taillé en cet endroit. Je commence par l'effervefcence que les acides excitent dans ces eaux. Cette efpèce d'effervelcence a dû être auffi peu expliquée, que le liquide qui en eft le fujet étoit inconnu: elle eft dûe uniquement au dégagement de l'air diffous, ou uni à l'eau, par l'action précipitante de l'acide, avec lequel l'eau a plus d’affinité qu'avec Fair : ce n’eft donc pas d’une fubftance faline, c'eft de l'eau même que l'air eft dégagé dans cette effervefcence. La grande affinité des acides avec l'eau ef connue en Chymie, & j'ai déjà prouvé combien l'union de Veau & de l'air fur-abondant étoit légère ; on peut donc fe perfuader bien aifément de la réalité de cette caufe, mais je la démontre par les expériences fuivantes. Premièrement. L'acide verfé dans l’eau de Seltz y refte nud, comme je ai rapporté plus haut; donc il ne s’eft pas uni à une fubftance alkaline, mais feulement à de l'eau, qui le laifle jouir, comme on fait, de la plüpart de fes propriétés. Secondement. En fuppofint même qu’une petite partie de l'acide verfé dans l'eau de Selz, s'y uniffe à une fubftance N iïj Hoffman, ob- Jerr. rhfEchym. 65.11, obf, IX, 102 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE faiine ou terreufe : du nouvel acide verfé après cette com- binaifon, produit le même phénomène, l'effervefcence, de quelque façon qu'on retourne l'expérience, foit qu'on en verfe fucceffivement & par parties une quantité (qui a un terme, fans doute), foit qu'on en verfe, tout d’un coup, dix fois plus qu'il n’en faudroit pour faturer l’alkali fuppofé dans la quantité d'eau qu'on éprouve; donc ce n'eft pas l'union de l'acide à ce fel qui occafionne l’effervefcence. Troifièmement. Plufieurs corps folubles dans l'eau, & non mifcibles aux alkalis, comme l’efprit de vin très-rectifié,,. des firops & du fucre, des fels neutres très-avides d'eau, &c. excitent des effervefcences dans l’eau de Seltz plus ou moins confidérables , felon leur rapport avec l'eau. C'eft comme acides, & par-là très- mifcibles à l’eau, & même comme un peu aërés, que les vins aigrelets produifent par leur mélange à l'eau de Seltz ce bouiflonnement ou légère effervefcence dont j'ai parlé dans ma première partie: ce bouillonnement eft plus fenfible fi on ajoûte du fucre à ce mélange, parce qu'il réfulte de la diflolution de ce dernier corps un liquide plus vifqueux, & que d’ailleurs le fucre lui-même laifle échapper quelque peu d'air qui lui étoit uni. Je difois dans le même endroit de ma première partie, qu'Hofiman avoit obfervé que les vins doux huileux n'ex- citoient pas ce bouillonnement dans l’eau de Seltz, ce qui eft digne de remarque, ajoütois-je : cette différence vient précilément de ce que les vins acidules faififlent l'eau plus avidement que les vins doux: la lenteur de l'union de ces derniers avec l'eau eft fenfible à la vüe. Quatrièmement. L’eau de Seltz privée d'air ne fait point d'effervefcence avec les corps qui l’excitoient dans l'eau inal- térée où aërée ; d'où je conclus en paflant que l’eau com- mune n€ fauroit préfenter le même phénomène, que par conféquent il eft propre à l'eau aërée comme aëre, & qu'Hoffman, qui donne pour exemple de quelques nou- velles efpèces d’effervefcence, celle qui s’excite, felon cet Auteur, par l'affifion de l'huile de vitriol très-concentrée DÉENSR SO CEE UN CE: 103 dans l'eau commune, s’eft trompé affurément. J'ai examiné à deffein es phénomènes de ce mélange; il produit un bruit, une efpèce de fiflement, la liqueur frémit & s'échauffe; mais on n'obferve point d'effervefcence, c'eft-à-dire, point de bulles, aucun dégagement d'air, ou d'autre fubftince quelconque, expanfible & volatile. Cinquièmement. Toutes les eaux aërees préfentent le même phénomène; elles font effervefcence avec les acides: je l'ai éprouvé fur celle de Buffans, fur celle de Spa, fur celle de Schwalbach, & fur des diffolutions aërees exactement neutres de différens fels, notamment de tartre vitriolé, Quant à la preuve en faveur de l’alkali de nos eaux, tirée de la prétendue propriété qu’elles ont de ne pas cailler le lait, & de le conferver au contraire inaltéré pendant plu- fieurs jours : D'abord c’eft une idée affez fingulière d'attribuer à l'al- Kali la faculté de maintenir le lait dans fa fluidité, & de le préferver de l'altération; car il eft affez connu que non feu- lement les alkalis coagulent le lait auffi-bien que les acides, mais même qu'ils altèrent fa compolition bien plus fenfi- blement: s'il étoit donc vrai que les eaux minérales préfer- vaflent le lait de la coagulation, il faudroit en conclurre aufli-bien contre la préfence de l'alkali que contre la pré- fence de l'acide. Cette prétention m'a donné cependant occafion d'obferver ce qu'éprouveroient plufieurs mélanges de lait & de diffé- rentes fubftances, bouillis ou non bouillis, & gardés pen- dant un certain temps. Le détail de ces expériences feroit déplacé dans cet endroit, je me contenterai d'en rapporter ce qui eft lié plus immédiatement à mon objet. Première expérience, Je mélai des portions égales d'eau de Seltz, d'eau commune, & d’eau chargée de la quantité pro- portionnelle d’alkali qu'Hoffman fuppofe dans les eaux de Seltz, chacune à une égale quantité de lait, à peu près par- ties égales; je fis bouillir ces trois mélanges dans des vaif- feaux de verre chacun pendant le même temps, à peu près 104 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE cinq ou fix minutes : dès l’inflant de l'ébullition, le mélange de l'eau alkalifée étoit jaune, & répandoit une odeur defa- gréable; le lait étoit déjà féparé en deux parties aflez diftinétes, l'une comme difloute & limpide, & l'autre grumelée par flocons. J'ai gardé pendant plufieurs jours les deux autres mélanges, & je n'ai obfervé entr'eux aucune différence no- table : ils différoient l’un & l'autre manifeftement du pre- mier, en ce qu'ils ne m'ont donné aucun figne de corrup- tion immédiatement après l’ébullition. Seconde expérience. J'ai fait trois mélanges pareils aux pré- cédens ; je ne les ai pas fait bouillir, je les ai placés fim- plement dans un lieu tempéré, avec un quatrième vaifleau contenant du lait pur. Vinot-quatre heures après le mélange fait, je n'ai rien obfervé de différent dans celui de l'eau de Seltz & dans celui de l’eau commune; ils étoient couverts Yun & l'autre d’une pellicule butireufe blanche, mince, & la partie féreufe étoit déjà un peu diflinéte; dans le même temps, le mélange de l'eau alkaline étoit couvert d'une pel- licule jaunâtre plus mince, & le petit lait étoit plus féparé: ce mélange répandoit une odeur fétide. L'action des alkalis fixes fur les fubftances animales, dont il hâte [a putréfation, eft aflez connue des Chymiftes. Le deuxième jour, les deux premiers mélanges fe reffem- blent parfaitement : la crême qui couvre leur furface eft plus denfe & plus épaifle que le jour précédent, le petit lait eft plus féparé, & la partie cafeeufe eft déjà coagulée en grumeaux gélatineux & tranfparens : ils fentent manifefte- ment l'acide, ils font véritablement aigris. Le troifième mé- Jange eft plus altéré, tout eft plus jaunâtre qu'hier, & Îa partie féreufe eft plus féparée & plus limpide qu'aux deux autres; ce mélange n’a plus lodeur fétide, mais il fent Vacide comme les deux autres. L’alkali volatil formé hier, s'eft fans doute combiné avec l'acide developpé aujourd’hui, ou s'eft diffipé; ce qui feroit un phénomène afez fingulier, qui mérite d'être conflaté par de nouvelles expériences. Enfin le troifième & le quatrième jour, les deux premiers mélanges DES SCIENCES. 105 mélanges continuent d'aller d'un pas égal, & le troifième à en différer en ce qu'il eft plus jaune, & que le petit Jait eft plus abondant, ou plus féparé, & plus clair. Le lait pur, en trois jours, a été pris en une maffe conti- nue, comme tout le monde fait qu'il arrive communé- ment, &c. Je conclus de ces expériences, que j'ai répétées plufieurs fois : Premièrement, qu'il eft für que les eaux minérales mêlées avec du lait retardent fa coagulation ; & par conféquent, s'il étoit vrai que la coagulation du lait fût un mal dans l'u- fage médicinal, elles feroient en état de le prévenir. Secondement, qu'elles ne retardent cette coagulation que comme eau; & que par conféquent cette vertu confervatrice, condiens , célébrée par M. Hoffman & par M. Slare, n'eft pas une propriété particulière de ces eaux, & que c’eft afluré- ment à un autre titre que le mélange des eaux minérales & du lait eft falutaire dans le traitement de plufieurs maladies. Troifièmement , que ce que ces Auteurs avancent, que les eaux minérales empêchent le lait de fe cailler & de s’aigrir, & le confervent liquide pendant plufieurs jours, n’eft pas conforme à l'expérience; & à ce propos il faut, ce me fem- ble, obferver que conferver le lait inaltéré, ou le conferver liquide, n'eft pas toûjours la même chofe; parce qu’il eft aifé de confondre la liquidité naturelle du lait confervée, avec une liquidité procurée par l'action du corps qu'on a mêlé avec le lait, & cette dernière eft une efpèce de diflolution; dans ce cas, conferver liquide, ou, pour mieux dire, rendre liquide, eft altérer; & c'eft-là précifément le cas de l'al- kali fixe. . Enfin il eft évident par ces expériences, que V'alkali eft plus propre à corrompre le lait qu'à le conferver inaltéré. Je continue 1a difcuflion des preuves de l’alkali des eaux de Seltz. Les prétentions fur lefquelles Hoffman a fondé ces preuves, font vraies dans le fond, ai-je dit, à l'exception d’une feule: Say. étrang. Tome IL. 106 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L ACADÉMIE celle que j'excepte eft l'altération de Ja couleur & de la limpidité du bon vin du Rhin. J'ai répété plufieurs fois l'expérience d'Hoffman fur les lieux & à Paris : le bon vin du Rhin n'éprouve aucune décompofition par le mélange des eaux de Seltz. J'ai enfuite diftingué les phénomènes dont j'ai avoué la réalité, en deux clafles; ceux qui font communs à des {els neutres, où tenus pour neutres, & ceux qui font fufpects parce qu'ils font düs au réfidu de l'eau évaporée redifious. J'entre dans le détail des premiers. Premièrement. Le changement de Ja couleur des violettes en verd ne prouve rien en faveur de l'alkali fixe, pas même en faveur d’une terre alkaline foluble ou fufpendue par elle- même. L'eau de Seltz, comme diflolution naturelle de fel marin, doit verdir le firop de violettes à différens titres ; car non feulement l’eau-mère du fel marin, & 1e fel âcre dont j'ai parlé ci-deffus, (de même que plufieurs fels neutres ter- reux, notamment le fel fixe ammoniac, qui eft affez ana- logue à un {el neutre terreux qu'on fait être ordinairement mêlé avec le fel marin), verdiffent le firop de violettes; mais mème le fel marin ordinaire lui-même, décrépité & non décrépité, le verdit. Au refle, ce figne eft de fi peu de conféquence, par la petite quantité d’alkali qui fuflit pour le préfenter, qu'il devroit n'être compté pour rien dans le cas dont il s’agit, Deux gros d'eau de chaux, étendus de fix onces d’eau de neige diftillée, verdiffent très -fenfiblement le firop de vio- lettes : or ces deux gros d’eau contiennent fi peu de parties alkalines , que quatre gouttes d'acide vitriolique très-foible répondant à peine à une goutte de celui dont j'ai déterminé ci-deffus {a concentration fpécifique, fufffent pour les fatu- rer, & même avec excès d'acide; car il a réfulté de ce dernier mélange une nouvelle combinaifon qui a rougi le firop de violettes. Secondement. La précipitation de Ia diffolution d'argent eft encore moins particulière à l'alkali; perfonne n'ignore MBPS SPC 'FE N CE S 107 que tous Îes fels neutres marins & vitrioliques précipitent cette diflolution. Troïfièmement. Le tartre vitriolé qu'Hoffman prétend avoir formé en verfant de l'acide vitriolique dans de l'eau de Seltz, qu'il évaporoit enfuite, ou par l'union de l'acide vitriolique & du réfidu de l'eau de Seltz évaporée, n'an- nonce pas plus un alkali fixe, qu’un fel neutre dont Ia bafe eft alkaline, & dont l'acide peut être chaflé par celui du vitriol : or le fel marin eft dans le cas; au refte, Hoffman s'eft trompé, ce n'eft pas du tartre vitriolé qu'on produit par cette opération, c'eft du fel de Glauber. Quant aux fignes tirés de lation du réfidu de l'eau de Seltz évaporée rediflous, j'obferve, 1.” Qu'il eft vrai que ce réfidu teint en rouge l'infu- fion de rhubarbe, qu'il décompofe le fel ammoniac, & qu'il précipite le fublimé corrofif. 2.° Que la confidération qui s’eft préfentée tout-à-l'heure, à propos du changement de la couleur des violettes, a lieu ici dans Île même fens. Un atôme d’alkali altère fenfiblement une légère infufion de rhubarbe ; trituré dans un mortier un peu humide avec fept ou huit grains de fel ammoniac, il en dégage de l'alkali volatil; & il précipite une diflolu- tion de fublimé corrofif très-étendue; d’où l’on peut dé- duire en paffant, qu'en général, tous les fignes tirés des aité- rations des couleurs tendres des fubftances végétales & ani- males, & de la précipitation des fels qu'on peut appeler peu conftans, ou très-fenfibles, tels que prefque tous les fels neutres métalliques, & entrautres le fublimé corrofif, le vitriol d'argent, le fel de faturne, communément employés à l'examen des eaux minérales ; que ces fignes, dis-je, ne font propres tout au plus qu'à manifefter des qualités abfo- lues, à décider de 11 préfence ou de l’abfence d'un prin- cipe, mais Jamais à évaluer, mème par approximation, leur quantité refpective. C’eft pourtant à ce dernier ufage qu'ils font deftinés dans prefque toutes les analyfes d'eaux miné- rales ; c’eft de ces fignes qu'on déduit feur compofition &c O ji 108 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE leur vertu médicinale; en un mot, Hoffman, par exemple, en conclud fi généralement, qu'il ne s'efl pas même avilé d'examiner par d’autres procédés fon réfidu des eaux de Seltz, dont les phénomènes de cette clafle lui avoient dé- montré l'alkalinité. 3. Que les trois phénomènes que j'examine font beau- coup moins marqués par le réfidu de l'eau de Seltz, que par la plus petite quantité d'alkali fixe: une infufion de rhubarbe d’un beau jaune citrin eft moins foncée & moins rougie par quinze grains de réfidu de l’eau de Seltz éva- porée, que par un demi-grain d’alkali fixe : un demi-grain d'alkali fixe, mélé à douze grains de fel marin, agit plus fur le fcl ammoniac que douze grains de refidu de l’eau de Seltz, traités avec ce fel de la même manière : enfin la diffolu- tion du fublimé corrofif filtrée n’eft que très-peu précipitée par ce réfidu; la précipitation ne s'en fait que peu à peu, à la longue, & par petits flocons nageans fong-temps dans la liqueur, au lieu qu'une goutte unique d'huile de tartre trouble la diffolution fur le champ. Hoffman, trompé par la couleur , appelle ce précipité Zurbith minéral. .” L'eau même de Seltz n’altère pas la couleur de l'in- fufion de rhubarbe, ne précipite pas le fublimé corrofif, comme je l'ai déjà obfervé; & bouillie avec du fel ammo- niac, elle n’en élève rien. Enfin les terreux alkalins peuvent produire les phénomènes ue je viens de rapporter ; tout le monde en convient. Il eft donc évident que c’eft le dérangement que les fels de l'eau de Seliz éprouvent par l'évaporation & la deflicca- tion, qui difpofe le réfidu de cette eau à la production de ces phénomènes ; nous en trouverons une caufe fufhfante dans cette terre alkaline que nous avons vü fe dégager d’elle- même par les digeftions & par les nouvelles diffolutions; & en ceci l’eau de Seliz reflemble encore parfaitement à une diflolution de fel marin, fur-tout de fel marin féché avec fon eau-mère & les différens fels qu'elle contient, tous moins conftans que le vrai fel marin féparé par la DES SCIENCES. 109 criftallifation. Cette décompofition du fel marin ma pas befoin de preuve; elle eft obfervée & avouée de tous les Chymiftes; elle efl fi frappante même, qu'elle a fait croire à M. Pott qu'une croûte dont fe couvrent les fagots du bâtiment de graduation, eft dûüe à la bafe même du fel marin, que fon acide a abandonnée pendant l'évaporation de l'eau falée , qu'on fait couler lentement fur les petites branches de ces fagots. Mais quand même ces phénomènes feroient produits par l'eau de Seltz inaltérée, ils n’annonceroient pas néceffaire- ment un fel alkali vraiment libre & nud dans le fens qu'on l'entend communément : on fait que le {el marin, tel qu'on le retire de Ja mer, des puits falans, &c. n'eft pas un fel homogène; qu'on l'y trouve au contraire dans des états diffé rens. On connoiît le fel marin parfait, & le fel marin à bafe terreufe; peut-être entre ces deux extrêmes s'en trouve- t-il plufieurs autres efpèces qui varient par leur bafe, ou plûtôt par leur état de plus ou moins parfaite neutralité. Ce nouveau fel âcre, dont j'ai parlé plus haut, fera renfermé dans l’extenfion de ces degrés; peut-être faudra-t-il y rame- ner la bafe même du fel marin. Des fels qui ne feroient pas exactement neutres, & dont le principe excédant feroit l'alkali, jouiroient fans doute de quelques propriétés de lalkali, & par conféquent pourroient impoler pour lui à plufieurs égards. Ces idées, qui font très- conformes à l'ob- fervation fi bien établie de ces paffages gradués que la Na- ture paroît fuivre dans toutes fes produétions, qui peuvent, ce me femble, fournir de nouvelles vüûes fur l'origine & la formation du fel marin, fur la nature des fubflances falines les moins connues, lun & l'autre alkali fixe, par exemple, le borax, &c. ces idées, dis-je, je les dois unique- ment à la grande doctrine que j'entends publier à M. Rouelle, dans fes leçons , depuis quatre ans que je les ai entendues pour la première fois, fur les différentes quantités d'acide qui peuvent entrer dans la formation de certains fels ; doc- trine auffs étendue que lumineufe, dont l'application peut O ii Pott, de fak commuui, p. 1 4e 510 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE feule lier & éclaircir une foule de phénomènes chymiques ifolés, & inintelligibles fans elle. Ï ne me refte plus qu'à dire un mot des vertus médi- cinales de l'eau de Seltz. Tout ce qu'on connoît jufqu’à préfent des vertus de ces eaux célèbres, n’eft fondé que fur l'obfervation nue & fim- le de leurs effets : cette obfervation non feulement n'a pas pü s'étendre par cette railon, mais même elle n’a pû pré- ferver des erreurs; elle n’a pas fait apercevoir, par exemple, que leur prétendu effet abforbant étoit chimérique. Le rap- port des vertus médicales de ces eaux à leur nature, n'a pas été déterminé, puifque cette nature étoit inconnue. Sans m'arrêter à prouver la néceffité des connoiflances de cette efpèce, & les inconvéniens de l'empirifme qui les néglige, j'obferverai feulement que les eaux de Seltz étant connues, il en revient cet avantage, que non feulement elles feront appliquées plus précifément & felon leur vertu réelle, mais même, ce qui eft bien plus eflentiel, on déduira de leurs propriétés connues par l’obfervation , des vertus médicales de leurs ingrédiens, que l’on ne foupçonnoit même pas: on pañle par ce moyen tout d'un coup de la connoiflance par: ticulière des vertus crues fpécifiques de l'eau de Seltz, à 1a connoiflance plus générale des mêmes propriétés du fel marin, & de fa difiolution aërée, qu'on peut avoir dans tout l'Univers; & même, par une analogie bien fimple, à celle des ufages des diflolutions aërées de tous les fels. Sous ce nouveau point de vüe, les obfervations manquent fans doute, il refte donc à obferver, Premièrement, les vertus médicinales du fel marin, donné à petite dofe, comme altérant, dans tous les cas où on a em- ployé les eaux de Seltz; dans les obftructions des vifcères de la texture a plus délicate, comme dans les phthyfies com- mençantes, &c. & fi fon utilité dans ces maladies, & dans bien d’autres, attribuées aflez ordinairement à je ne fais quelles acrimonies acides, alkalines, muriatiques, rances, méchaniques, &c. fi fon utilité, dis-je, dans ces cas vient à DES SCIENCES 1117 fe confirmer, on peut s’aider de cette obfervation peur déli- vrer la théorie de la Médecine de la plus grande partie de ces vices des humeurs, qui, s'ils ne font pas tous imagi- naires , paroiflent pour le moins très-mal entendus. L’ufage diététique du fel marin eft généralement connu; celui de fon acide a été très exalté par plufieurs Auteurs, fur- tout par Glauber; plufieurs eaux thermales falées font employées efficacement comme purgatives, où comme fortement {timu- lantes, dans les paralyfies, par exemple, plufieurs maladies de l'eflomac, &c. elles font encore très-recommandées pour l'ufage extérieur; mais l’ufage du fel marin, employé comme altérant, de la façon que je viens de le propoler, n’a pas été fuivi, que je fache, & il me paroît qu'il mérite de l'être. Secondement, les effets de l’eau de Seltz comme aërée : pour cela il faudroit conftater la deflruétion de l'efficacité de ces eaux par la perte de leur air /#r-abondant; fi le fait eft conftant, la vertu médicinale de cet air eft établie, finon comme faifant le fond du remède, du moins comme l’égui- fant. On fera donc fondé à donner, dans les cas convenables, les diflolutions aërées de tous les fels employés en Méde- cine, au lieu de les donner à la façon ordinaire. On pourra tenter auflr fi les vins médicamenteux, comme Îe vin d’ab- fynthe, n'auront pas plus d'efficacité mouffeux que non moufleux. Les théories qui précèdent les oblervations, doivent être de peu de poids en Médecine ; cependant on peut aflurer d'avance que c’eft dans l'eflomac & le canal intefli- nal que cet air exercera fon opération immédiate: on peut fe la repréfenter à peu près par la fenfation qu'il excite fur la langue & fur le palais; mais les fuites de cette action, fon influence fur la machine entière, l'effet curatif en un mot, fe déduit de la façon la plus naturelle & la plus liée d'un nouveau plan de Médecine *, publié tout récemment, qui pofe pour fondement de l'économie animale, lation & la réaction des parties folides, confidérées comme mobiles & fenfibles. La primauté d'action que l'Auteur établit dans * Specimen novi Medecinæ confe pééts, 1749 “ 112 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AÂCADÉMIE les organes de la région épigaftrique, dont il fait un centre, d'où toutes les forces de la vie femblent partir, & où elles paroiffent fe réunir derechef, & les caufes qui excitent & qui renouvellent l'activité de ces organes , dont il fait com- mencer la vie dans l'enfant nouveau-né, avec l'introduétion de l'air dans Leftomac, & le canal inteftinal; cette action, dis-je, & les caufes qui l'entretiennent, cadrent, on ne peut pas plus avantageufement , avec la vertu des eaux aërées, comme aèrées, PR “RECHERCHES DE st SCIENCES. 113 R PiCUER, CAE S Sur Le meilleur fyfième de Mufique harmonique, 7 fur fon meilleur tempérament. Par M. EsTÉvE, de la Société Royale des Sciences de Montpellier. 12 avoir donné * le principe méchanique qui dif- tingue les bons d'avec les mauvais accords, & qui eft le fondement de toute l'harmonie, il faut en détailler les applications, & en faire voir toute l'étendue. Cet ouvrage eft de fongue haleine, il renferme prefque tout l'art mu- fical : les règles de l'emploi des accords, l’ufage des difio- nances, les combinaifons favantes & agréables des fons, &c. tont doit être produit par le principe primitif. Par tâtonnement, où par un heureux hafard, on s’eft inf- truit des loix que les accords peuvent obferver dans leurs fucceflions. Les feuls effais ont découvert & fait des règles conftantes de certains moyens de pañler des confonnances aux diffonances, & de revenir de celles-ci aux premières; mais pour atteindre jufqu’à une théorie exacte, il falloit avoir développé le principe du fentiment auditif, & c'eft ce que nous avons fait ; maintenant il s’agit de ramener à ce prin- cipe, & à un même point de vûe, tous les préceptes d'har- monie ; il faut, s'il eft poflible, que le méchanifme des fenfations auditives décide des degrés de fuavité de toute combinaifon fonore. Dans la nouvelle découverte du principe de Fharmonie, on trouvera l’aétion méchanique des impreflions des fons; ici, nous en commencerons les applications par la recherche du meilleur fyfème de mufique harmonique, qui fera le fujet de la première feétion; fa feconde , contiendra la théorie du meilleur tempérament de ce meilleur fyftème. Say. étrang. Tome IL, * Nouvelle dés couverte du prin- cipe de l'harmon. Paris, 1752e 114 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE SECTION PREMIÈRE. Du meilleur [yflème de mufique harmonique. On appelle /ifféme où gamme une fuite de fons que les voix & les inflrumens parcourent aufli irrégulièrement qu’il eft néceffaire pour l'exécution muficale: c’eft dans cette fuite que chaque partie chantante choifit les fons qui convien- nent au fentiment qu’elle veut exprimer ; ainfr cette fuite eft le fondement de toute harmonie, & fa recherche doit commencer les applications du principe du fentiment au- ditif. La gamme qui eft aujourd'hui en ufage, a des divifions fort inégales: c’eft d’abord un ton majeur d'u à ré, un mineur de ré à mi, un demi-ton majeur de mi à fa, un ton majeur de fa à fol, un ton mineur de fo] à la, un ton majeur de la à fi, enfin un demi-ton majeur de f à ut. Les termes qui compofent cette gamme paroiflent fingulièrement arrangés: ils ne font point à diftances égales. Eft-ce néceflité de fuivre cette divifion bizarre? efl-ce caprice? Pourquoi tous les tons ne font-ils pas égaux? Voilà ce qu'il eft important de con- noître & ce que nous efpérons décider. Nous démontrerons en premier lieu, que les inégalités des fons font néceflaires dans toute gamme harmonique, il faudra chercher enfuite f1 dans la meilleure de ces gammes il doit y avoir néceffairement trois tons majeurs, deux tons mineurs & deux demi-tons majeurs ; fr une gamme ne peut pas conte- nir un plus grand nombre de tons; fi ceux qui font dans Ja gamme moderne font les plus parfaits, quant à l'harmonie; enfin, s'ils font dans le meilleur arrangement. La mufique de nos jours eft toute harmonique, on y veut un accompagnement, où que tout au moins elle foit fufceptible de le recevoir. Je ne confidérerai ici la gamme que par rapport à cet accompagnement qu'elle doit fournir: décider fr celle qui fera la plus harmonique donne la mélo- die la plus parfaite, c'eft une queftion que je renvoie à un: DES SOUCI EN à ES 115 Ouvrage que je pourrai publier bien-1ôt, fur Ja mufique des Anciens. Je pourrois ic, à l'exemple du favant Euler *, fuppofer e nombre infini de gammes formées, & examinant chacune de ces gammes en particulier , prétendre retenir la plus parfaite en harmonie; mais cette méthode eft trop longue & trop indirecte, il faudroit des fiècles entiers pour pou- voir dire : Cette gamme, à laquelle je donne la preference, a été comparée à toutes les autres, qui font en nombre infini, & elle s'efl trouvée la plus parfaite. N'étoit-il pas plus à propos de rechercher le principe de perfection de l'harmo- nie, d'en conftruire la feule gamme la plus parfaite, & de ne point s'arrêter aux confidérations inutiles qu'on pourroit faire fur celles qui ne fauroient être d'ufage? Chaque partie chantante ne peut connoître qu'un nom- bre fini de fons; car l'oreille, étant un organe matériel, ne peut être ébranlée par de top foibles mouvemens, ni être attentive à une trop grande vivacité, ni enfin diftinguer de trop petites différences. Aiïnfi un fyftème de mufique doit être non feulement compofé de peu de termes qui aient par-là des différences bien marquées, mais encore ces termes doivent être dans le meilleur ordre harmoni- que. Chaque partie apprendra cette fuite de termes, s'y conformera , y choifira les fons qui lui feront néceflaires; & comme toutes les parties fe modèleront fur une même fuite, elles fauront toüjours dans quel rapport elles feront entr'elles. Puifque le fyflème cherché doit être le plus harmonique des poflibles, & que toutes les parties chantent la même gamme, il faut que les diftances entre les tons qui com- pofent cette gamme foient exaétement les intervalles qui doivent fe trouver dans la meilleure harmonie, & le fyflème qui contiendra ces différences ou intervalles les plus parfaits, fera le meïlleur des fyflèmes. Les intervalles d'harmonie les plus agréables font les confonnances parfaites ; viennent enfuite les confonnances Pi * Tentamen Mifice. 116 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE imparfaites, & enfin les diflonances : ainfi la gamme ou Îe fyftème le plus parfait, fera celui qui contiendra le plus grand nombre d’intervalles confonnans, & le plus petit nombre de diflonans ; ce fera celui où la fomme des perfections des différens accords fera la plus grande. Ces degrés de perfection ont été déterminés par nos tables des harmo- niques des confonnances & des diflonances / Voyez pages 37 © 42 de la nouvelle découverte). M a été démontré {page 2 3) que dans la pratique l'octave doit être prife pour une répétition du fondamental; or l'oétave eft déterminée par un fon double: ainfi tous les fons qui fe trouveroient hors le fondamental & l’oétave ne feroient que des répétitions de ceux qui feroient placés entre ces deux termes. Pour avoir le meilleur fyftème, il faut donc déterminer entre deux fons, dont l'un eft double de l'autre, quelques termes moyens, qui, dans leurs comparaifons, donnent le plus grand nom:- bre d’intervalles confonnans. Puifque l’oétave n’eft que la répétition du fondamental, la première, c'eft-à-dire, la plus parfaite des confonnances, eft la quinte; c’eft l'intervalle de deux fons, dont l'un fait trois vibrations dans le même temps que l’autre en fait deux. Plaçons d'abord dans la gamme cet intervalle de quinte : fup- pofons que le fondamental faffe deux vibrations; le fon qui formera l'intervalle de quinte avec ce fondamental, fera dans un même temps trois vibrations; mais pendant que le fon- damental fait deux. vibrations, fon oétave en fait quatre; ainfi loétave du fondamental fera quatre vibrations dans le même intervalle de temps que le fon qui fait la quinte du fondamental, en achève trois; ainfi ce fon, qui forme la' quinte, eft placé entre le fondamental &. l’oétave; ainfi de cette même quinte à cette même oétave il y a le rapport de 3 à 4: ce rapport exprime la quarte, ou, fuivant l’ordre des perfections, il exprime la feconde confonnance. Ce pre- mier terme moyen donne de part & d'autre des intervalles confonnans ; il eft donc exaétement placé. Si fur l'intervalle de quinte on en plaçoit un femblable, DES, SCI. BNC ES 117 en fortiroit de l’oétave. Cette étendue feroit inutile : car, comme nous l'avons vû ci-deflus, il ne faut trouver que des termes moyens compris entre deux fons, dont l'un eft double de l'autre : laiffons donc la première confonnance, & plaçons dans le fyfième la feconde, c’eft-à-dire, l'intervalle de quarte. Le fon qui forme cet intervalle fait quatre vibrations dans le même temps que le fondamental en fait trois; mais tandis que le fondamental fait trois vibrations, fon oétave en fait fix : ainfi le fon qui forme avec le fondamental l'intervalle de quarte, eft plus près de ce même fondamental que celui qui forme l'intervalle de quinte; & il y a depuis cet accord de quarte jufqu'à l'oétave, le rapport de 4 à 6, c'eft-à- dire, 2 à3, ou plütôt il y a l'intervalle de quinte. Plaçant la quinte fur le fondamental, on a divifé l'oétave en quinte & quarte; & plaçant ‘a quarte fur le fondamental, on l'a divifée en quarte & quinte : ces deux fons donnent dans tous les rapports des confonnances parfaites, ce font des points de divifion qui doivent fe trouver dans fe meilleur fyftème de mufique harmonique. Au lieu de placer la quarte fur le fondamental, on auroit pû placer la quinte fous l’octave, & on auroit trouvé le mème point de divifion : s’il falloit opter exclufivement pour Yune ou l'autre de ces générations, je crois qu'on pourroit trouver des raifons de préférence pour cette dernière. Les deux termes moyens déjà placés, le font exactement; ainfi leur diftance, e’eft-à-dire, l'intervalle qu’ils forment, doit fe trouver dans le meilleur fyftème de mufique harmo- nique, refte à le mefurer. Le fon qui forme l'intervalle de quinte, fait trois vibrations pendant que fon fondamental en fait deux, ou, ce qui eft la même chofe, le premier de ces fons fait neuf vibrations pendant que le fecond -en fait fix. Le fon qui forme l'intervalle de quarte, fait quatre vibrations dans ie même temps que le fondamental en fait trois, ou, ce qui revient au même, il y a huit vibrations du premier fon fur fix du fecond : ainfi, dans l'intervalle de temps que. le fondamental fait fix vibrations, l'un de ces P ii 118 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE fons en fait neuf, & l'autre huit; & le rapport de ces deux termes moyens eft celui de o à 8, c'eft-à-dire que dans le même temps que le fon qui forme avec le fondamen- tal lintervallé de quinte, achève neuf vibrations, celui qui fait avec ce même fondamental l'intervalle de quarte, en achève exactement huit; ce qui peut encore s'exprimer en difant que fur huit vibrations du plus grave il fe fait neuf vibrations du plus aigu. Cet intervalle eft appelé 10 majeur, dont j'avois déjà parlé fans en affigner la proportion: en général on peut définir le ton majeur, la diftance de la quarte à la quinte. Pour fe mieux fixer les divifions déjà trouvées, fuppo- fons qu'on en efläie l'intonation : après avoir donné le fon- damental, que nous appellerons #r, on s'élevera d’une quarte, c'eft-à-dire qu'on chañtera fa ; on s’élevera enfuite d’un ton majeur pour donner le /o/, & enfin on s’élévera d’une quarte pour donner l'UT oétave du fondamental. Les confonnances dé quinte & de quarte ont été pla- cées dans le fyflème tout autant qu'il le falloit, faifons-ÿ entrer maintenant les confonnances qui fuivent dans l'or- dre de perfection. Après le rapport 3 à 4, fe trouve le rapport 4 à 5, c'éft l'intervalle qu'on appelle de rierce ma- jeure. Qu'on fe répréfente un fon placé au deflus du fondamental, qui fafle cinq vibrations tandis que le fonda- mental én fait quatre; ce fon nous l'appellerons mi, de ce ai au fon qui forme la quinte du fondamental, il y a un intérvalle exprimé par le rapport $ à 6; ceft-à-dire que mi fera cinq vibrations pendant que /o/ en fera fix : ce rapport eft celui qui exprime la tierce mineure ; accord qui, dans l'ordre de perfection des confonnances à placer, fuit exactement Ja tierce majeure: ainfi voilà la quinte divi- fée par la tierce majeure & mineure. Subdivifant fa quarte par l'intervalle de tierce majeure, où plûtôt mefurant l'intervalle depuis la première tierce majeure, placée fur le fondamental, jufqu'à la quarte, on trouvera le rapport 15 à 16, appèlé demi-ton majeur, c'eft DAELS, SCIE N GES 119 la diftance de mi à fa; que fi on divifoit la quarte par la tierce mineure, on trouveroit le ton majeur donné par la différence de la quarte à la quinte. Plaçant donc au deflous du fa la tierce mineure, on aura le ré, éloigné d'un ton mineur de #7 fondamental : plaçant cette même tierce mineure au deffous de #7 oétave, on aura a, éloigné d'un ton mineur de /o/; enfin plaçant fur le {07 la tierce majeure, on aura f, éloigné d’un demi-ton majeur de ut oétave du fondamental. Voilà le fyflème diatonique des modernes avec toutes fes irrégularités, Syflème diatonique des modernes. Le rapport des vibrationti Do rare, umitonmifeur.. à : , à il OAI 9 de ré à mé, un ton mineur. . . ., ...,..., o:10 de mi à fa, un demi-ton majeur. . . . . . . . . 15:16 de fa à fol, an ton majeur... . . . . .. a UE le de fol à la, un ton mineur . . ..,. ..... 9:10 der ati antonmeentvelet 2 ANT ÉMMEN. ro g 9 de f à ut, un demi-ton majeur. . . . . . . . . 15:16 La génération précédente a donné-un ton mineur de wz à ré, & un ton majeur de ré à mi, & cependant il a été mis dans la gamme le ton majeur de ur à ré, & le ton mi- neur de ré à mi: c'eft que ces fituations font entièrement indifiérentes, & que l'ufage me paroit s'être décidé pour cette dernière. Le principe de génération eft fi fécond, qu'il fournit cette double fituation du premier ton majeur & du premier ton mineur. Qu'on fe rappelle que la différence des intervalles les plus parfaits, c'eft-à-dire, de 4a quarte & de la quinte, a déterminé le ton majeur, que ce ton majeur fe doit trouver dans le meilleur fyfème, & qu'on peut employer cette petite mefure pour les dernières divifions: de plus, la tierce majeure moins la tierce mineure, laifle le 02 mineur exprimé par le rapport 9 à Lo; la tierce majeure moins le ton majeur, laiffe de femi-ton majeur. 120 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE On a toüjours placé les accords les plus parfaits fur le fondamental, ainf on peut y fuppofer le ton majeur, qui, pour atteindre jufqu'à la tierce majeure, donnera le ton mineur: voilà cette feconde fituation que peuvent avoir le premier ton majeur & le premier ton mineur. Ce feroit ici une queftion d'un trop grand détail, que de vouloir rechercher lequel des deux emplois du premier ton majeur & du premier ton mineur, doit avoir la préférence: il ne fuffroit pas de la chercher dans les intervalles altérés qui fe trouvent néceflairement dans le fyflème diatonique; car quelle que foit la fituation qu'on donne au premier ton majeur & au premier ton mineur, le nombre d'intervalles altérés eft le même. L’harmonie eft toùjours rapportée par fentiment à fa bafe, qui de là a pris fon nom, & c'eft pour cette raifon que pour placer exactement les bons accords, ils ont été æapportés au fon le plus grave, c’eft-à-dire, au fondamental : tout a été d'abord modelé fur ce fondamental; s'élevant de ce fondamental à tous les points de divifion du fyflème, on trouvera tous les accords juftes : de plus, la quinte, qui fe divifoit en tierce mineure & tierce majeure, a dans le {yf tème fa plus grande partie la première. Le ton majeur a été placé fur 1, malgré que pour la facilité de 'intonation, il eût fallu le placer fur 7e. Un fyftème harmonique doit fournir des accords, ainf tous {es termes doivent s'y rapporter; ce ne font point des divifions égales, ni des propriétés numériques qu'il faut chercher , :c’eft l'harmonie. Voilà l'irrégularité de Ja divi- fion de la gamme jufifiée, avec cette circonftance, que l'inégalité des divifions doit donner des termes, qui dans leurs différentes comparaifons produifent le plus grand nom- ‘bre de confonnances & le plus petit nombre de diflonances poffibles. ‘Il faut une petite mefure pour divifer l'oétave en plu- fieurs parties : or de la quarte à la quinte il s’'eft trouvé un ton majeur exprimé par le rapport de 8 à 9; & comme la quarte i in DES; S C:I1:E NC: Eysa 121 quarte & la quinte font les feules confonnances parfaites, & qu'elles doivent fe trouver dans le meilleur fyftème de mufique harmonique, le ton majeur doit s'y trouver auffi; d'où il faut conclurre qu'il n'eft aucun rapport qui puifle repréfenter avec avantage le ton majeur, fi ce n'eft le ton majeur lui-même. Tout autre rapport qu'on pourroit être tenté de fubflituer à celui de 8 à 9, quoique paroiflant plus parfait, ne le feroit point: ce rapport différent chan- geroit la diftance de la quarte à la quinte, dérangeroit l'un ou l'autre de ces intervalles, peut-être même tous les deux; il porteroit contre les confonnances parfaites, & par-là il doit être rejeté : ainfi le rapport de 8 à 9 doit être reconnu pour le plus parfait du nombre infini de ceux qui pourroient exprimer le ton majeur. Le ton majeur étant eflentiellement déterminé, il n’y aura de tierces mineures exaétes qu'en admettant le ton mineur dans le rapport de 9 à 10: or les tierces étant des confonnances, doivent être confervées autant qu'il eft poffible dans leur précifion : ainf, parmi une infinité de rapports qui pourroient repréfenter le ton mineur, celui de 9 à ro le fait le plus efficacement : femblablement avec le ton majeur il n'y aura de tierce mineure qu’en admet- tant le demi-ton majeur dans le rapport de 1$ à 16; donc ce rapport eft encore le plus parfait de tous ceux qui pourroient le repréfenter. Le ton majeur, le ton mineur, & le demi-ton majeur, font maintenant démontrés les plus parfaits des poffbles : ce font les petites mefures qui devoient former le fyftème; & puifqu'elles y ont été employées, on peut dire que fous ce point de vüe, on a conflruit le fyflème le plus parfait. La plus grande perfection d'un fyflème ne demande ni d’autres tons, ni d'autres demi-tons, ni un plus grand nombre de tons, puifque les tons employés font les plus jufles, & qu'il y en a dans la gamme tout autant qu'il peut y en contenir. Pour achever la démonftration , il faut examiner avec attention fi les tons font dans le meilleur arrangement, Say. étrang. Tome IL. 122 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'AÂACADÉMIE fi les demi-tons'ne pourroient pas être placés plus avanta- geufement qu'ils ne le font, enfin quel eft l’ordre le plus parfait qui doit être dans le fyflème. L’octave fe répétant, ou plütôt confidérant deux oétaves mifes bout-à-bout, en forte que le fon le plus aigu de a première foit le plus grave & le fondarnental de la feconde; de plus, chacune de ces octaves ayant la divifion du fyftème diatonique, il eft certain que ces deux oélaves contiendront toutes les combinaifons imaginablés des tons majeurs, des tons mineurs, & dés demi-tons majeurs; car commençant par le premier #7 pour aller jufqu'à fon oétave, on trouve deux tons, un demi-ton, trois tons, & enfin un demi-ton: que fi on commence par la note re jufqu'à fon octave RE, on aura un ton, un demi-ton, trois tons, un demi- ton & un ton : la gamme commencée par la note #i, donne un demi-ton, trois tons, un démi-ton & deux tons, ainfi fucceffivement ; prenant chacune des notés de l'oétave pour fondamentale, on aura tout autant de combinaïfons & d’ar- rangemens de tons & demi-tons. Chacune de ces combinaïfons a fon caraétère particulier, & eft relative à un fentiment : celle de vf à UT convient aux chants d'allégreffe & de réjouiflance; celle de fa à FA eft propre aux tempêtes & aux furies; celle de /o/ à SOL fert à exprimer les chants tendres & gais, ainfi des autres. La gamme contient toutes les combinaifons poffibles des tons & derni-tons, chaque combinaifon eft affectée au fenti- ment qu'elle développe: voilà donc la fin de la démonftra- tion, l’arrangement des tons & demi-tons eft le plus par- fait. Le Muficien peut choifix la combinaifon qui appartient au fentiment qu’il veut exprimer, il falloit même que dans la meilleure gamme fe trouvaflent toutes les combinaifons qui y font; car aucune combinaifon n’eft Ja plus parfaite exclu- fivement aux autres, & chacune, dans le genre qu'elle expri- me, a {on plus grand degré de perfeétion. | On ne verra peut-être pas avec clarté pourquoi je dis que chaque combinaifon dans fon genre a fon plus grand degré DÉS SCIENCES. 123 de perfection ; mais qu'on fafie attention que de fyftème contient les tons & demi-tons les plus parfaits pour l'harmo- nie, que les fucceflions de ces tons & demi-tons doivent fournir à tous les fentimens qui peuvent être développés. Parmi les combinaifons du fyflème, celle qui développera le plus efficacement un fentiment, fera en même temps la plus parfaite des poffibles par rapport à ce fentiment : voilà für quoi il faut réfléchir avant que de rien oppofer à ce qui eft démontré. Refte maintenant à faire quelques confidérations fur ce meilleur fyftème de mufique harmonique. Tous les points de divifion rapportés au fondamental #t, font les plus parfaits des poflibles; il faut maintenant les comparer dans chaque combinaifon à celui qui y fert de fondamental. De ré à mé il y a un ton mineur; la tierce majeure eft compolée d'un ton & demi-ton majeurs, ainfi de # à fa il n'y à pas une tierce majeure jufte, car lle eft trop foible de la différence du ton majeur au ton mineur; de re à /o/ il y a une quarte juite; de re à Ja il y a deux tons mineurs, un ton majeur & un demi-ton majeur : or la quinte eft compofée de deux tons majeurs, d’un ton mineur & d'un demi-ton majeur, & la quinte de ré à Ja eft diminuée de Ja différence du ton majeur au ton mineur. Tous les intervalles rapportés à mi font exacts; rapportés à fa, on trouve de fa à fi un intervalle fort éloigné & de Ja quarte & de la quinte : cet intervalle.eft appelé srison, Tous les intervalles rapportés à /o/ font exaéts; rappor- tés à la, on trouve de la à RE une quarte trop haute de excès du ton majeur fur le ton mineur : la quinte de 4 à mi ef jufte; de f à FA, on trouve la faufle quinte, tout Je sefke eft exact. | La quite. de re à Ja, & la quarte de a à RE, la tierce mi- neure de ré à fa, & la fixte majeure de fe à RE”, ont des altérations de la différence du ton majeur au ton mineur. La quarte fu+: fa & da quinte fur f, font des intervalles extré- mement mauvais ; à.çes défauts près, fur toutes les notes du Q ji 124 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fyflème on trouve des intervalles auffi parfaits que ceux qui ont été placés fur wt. En fuppofant le ton mineur de #f à ré, & le ton majeur de ré à mi, on auroit eu la quarte de ré à fo], & la quinte de Jol à RL, toutes les deux faufles; comme auffi la fixte ma- jeure de ré à fr, & la tierce mineure de f à RE”, diminuées de la différence du ton majeur au ton mineur; dans cette feconde fuppofition, l'on a encore l'intervalle de triton fur Ja, & de faufle quinte fur f. Quelle que foit la fituation du premier ton majeur & du premier ton mineur, on a toüjours quatre intervalles alté- rés de la différence du ton majeur au ton mineur: le triton & la faufle quinte font inévitables, & fe trouvent dans tout fyflème d'harmonie, car la note fa doit être la quarte de ut, & latnote ff la quinte de mi: or cela ne fauroit être s’il n'y a le triton de fa à ff, & la faufle quinte de f à fa; qu'on combine de toutes les façons imaginables, toüjours on trou- vera un triton & une fauffe quinte. Sur le fondamental w, il doit y avoit néceflairement une tierce majeure mi, & une quarte Ja; fur la note #7 doit fe trouver le premier des accords, ou celui de quinte qui dé- termine ff: que fi on demandoit un fyftème dans lequel le triton ne fe trouvât pas, il ne faudroit pas alors de quinte fur mi; car toute note qui fait la quinte de #i ne peut faire la quarte de fa, comme aufli celle qui fera la quarte de fà ne fera point la quinte de mi: de mi à fa il n'y a qu'un demi-ton, & de la quarte à la quime il y a un ton. Pour conferver, autant qu'il eft poffble, le plus grand nombre d'intervalles dans leur juftefle, il faut admettre le triton; que fi on vouloit répandre l’altération dutriton far tous les intervalles, le fyftème deviendroit extrêmement mauvais, parce que du triton à un bon intervalle il y a une trop grande diflance, pour qu’elle puifle être diftribuée fans une erreur très-difcordante fur les autres intervalles. Ce qui eft dit du triton s'applique également à la faufle quinte, qui en eft le complément. Îl:y auroit encore plufeurs autres DEMS4 SEUIL E No CES 125 inconvéniens à vouloir éviter le triton & la fauffe quinté, qui ont pourtant leur agrément lorfqu'ils font placés à propos. Ayant reconnu la néceffité du triton & de la faufle quinte, & ne regardant plus ces intervalles comme des défauts qui auroient pü faire rejeter le fyflème, achevons cette première fection, en rendant railon de la quarte, de la quinte, de Ja tierce mineure & de lafixte majeure, altérées de la diffé- rence du ton majeur au ton mineur: ces altérations font une fuite néceflaire des rapports qui conflituent les bons in- tervalles, & il n'eft d'autre moyen de les éviter que de les répandre fur là totalité des accords; c'eft ce qu’on appelle un tempérament, dont nous traiterons dans la feconde feétion. Déjà nous favons démonftrativement que deux voix ou deux inflrumens, pour chanter enfemble avec juftefle, doi- vent fuivre le fyftème diatonique des modernes; dans la fuite de l'accompagnement, on pourra placer fur tous les fons tous les accords, car le fyflème fournira à cette favante variété. Chaque voix jra de l’un à l'autre des fons, parcourra le fyftème auffr irrégulièrement qu’il le faudra, & tous les chants s’ac- corderont dans une unité d'harmonie : il faut excepter les fix intervalles que nous avons vü être altérés ou faux. Pour n'avoir pas à éviter ces intervalles difcordans, ou plütôt pour ne point limiter le génie du compofiteur, il faut maintenant chercher le tempérament qui doit faire difparoître les faux intervalles, & rendre tous les accords de même nom égaux : jufqu'ici on n'avoit eu que le tempérament qu'on avoit fuppolé. Cette partie de la théorie étoit à peine ébau- chée; mais la méthode nouvelle que je vais donner me pa- roît rigoureufe & démonflrative : par les principes eflen- tiels de l'harmonie, elle détérminera le meilleur des tempé- xamens, SEC MON LE Du meilleur tempérament, du meilleur [ÿflème de Me Jique harmonique: Les tons majeurs & mineurs font les petites mefures qui Q ii 126 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ont été trouvées pour divifer la gamme ; de plus, les inter- valles font altérés, parce que le ton mineur s'eft trouvé où il falloit le ton majeur, & le ton majeur où il falloit le ton mineur. C’eft donc de la différence du ton majeur au ton mineur que naiffent les inconvéniens du diatonique jufle; ainfi, dans tous les fyflèmes où le ton majeur fera fenfible- ment différent du ton mineur, les intervalles de même nom auront des variations fenfibles; les uns feront jufles, les autres altérés par excès ou par défaut de cette différence du ton ma- jeur au ton mineur. Pour faire difparoïtre la variation des intervalles, if ne faudra mettre qu'une très-lécère différence entre le ton majeur & le ton mineur, ou prendre un ton moyen qui repréfente & le ton majeur & le ton mineur: mais fi le ton majeur n'étoit pas fenfiblement différent du ton mineur, l'oreille ne fauroit les diflinguer, encore moins les voix s’y conformer; donc, pour tempérer le fyftème , il faut aban- donner toute diftinétion de ton majeur & de ton mineur, il faut prendre un ton moyen. Laifflant toute diftinétion de ton majeur & de ton mi- neur, & ne prenant qu'un ton moyen, tous les intervalles _ de même nom, pris fur quelque note que ce foit, feront égaux {nous exceptons toûjours le triton & la faufle quinte): aucune quinte, aucune quarte, aucune tierce, aucune fixte, ne fera différente des autres; car ces intervalles ne varioient que par différence du ton majeur au ton mineur, & cette différence n’eft plus. Le mélange des accords exacts avec ceux qui ne le font point, eft defagréable dans l'harmonie, la juftefle des uns faifant toûjours fentir la faufleté des autres; admettant le ton moyen, tous les intervalles feront égaux, & il n'y aura pas de comparaifon defagréable à faire d'un accord jufte à celui qui ne left point : ainfi tout nous dit que pour tem- pérer le fyflème, il faut chercher de ton moyen le plus capable de repréfenter en même temps & Îe ton majeur & le ton mineur. DÉS SCIENCES. 127 . Qu'on ne croie point que ce ton moyen puifle jamais donner des intervalles auffi parfaits que ceux qui n'étoient point altérés dans le diatonique jufle : pour trouver la plus grande jufteffe dans les intervalles, il faut admettre fa dif tinétion du ton majeur au ton mineur, comme nous l'avons vû dans la conftruétion du fyflème. Aufli un Muficien qui, dans la compofition d'un accompagnement, éviteroit les quatre intervalles altérés, ne devroit pas avoir recours à un tempérament : le fyftème diatonique jufte fourniroit dans {a dernière exactitude les fons néceflaires à cet accompagne- ment; mais outre qu'on ne veut pas être gêné dans l'emploi des accords, il y a d'autres raifons pour tempérer le fyl- 1ème. Le ton moyen qu'il faut trouver ne fera pas le ton ma- jeur, car les tierces majeures, qui font toutes exactes dans le diatonique jufte, font compofées d’un ton majeur & d’un ton mineur; & Île ton majeur, pris pour ton moyen, don- neroit les tierces majeures compofées de deux tons majeurs : la faufleté, qui n'étoit que dans une tierce, fe trouveroit dans toutes celles du fyftème ; & tandis qu’il faut chercher à diftribuer également f'altération des quatre intervalles ré, la; la, ré; ré, fa; fa, ré, on répandroit par-tout cette même altération. Le ton majeur eft trop grand pour être pris pour ton moyen; le ton mineur eft trop petit, car il donneroit aux tierces majeures la même altération par défaut que le ton majeur leur donnoit par excès : ainfi le ton moyen, qui doit rendre tous les intervalles de même nom égaux, devra être plus petit que le ton majeur, & plus grand que le ton mineur. S'il y a une quinte jufte dr à fol, il ne fauroit y avoir de quarte jufte d'ur à fa, s'il n'y a un ton majeur de fa à fol: or, dans le fyftème tempéré, il ne peut y avoir de ton majeur; ainfi de fa à fo] il y aura un ton moyen plus petit que le ton majeur. De plus, dans un fyftème tempéré tous les intervalles de même nom étant égaux, il ge fe peut 128 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE que les plus parfaites des confonnances, la quinte & Îs quarte, y foient toutes les deux dans leur juftefle diato- nique. Tous les intervalles ont leurs complémens, à qui ils fervent eux-mêmes de complément : car on appelle complément en fait d'intervalle, celui qui manque à ce même intervalle pour achever l’oétave. La quinte & fa quarte font l'oétave, ainft la quarte eft complément de la quinte, comme la quinte eft complément de la quarte; femblablement la tierce eft com- plément de la fixte, comme la fixte left de la tierce. Un tempérament, comme aufli un fyflème, n’eft qu'une divifion de l'oétave qu'il faut trouver; ainfi l'oétave eft toû- jours dans fa jufteffe. Le ton moyen rend tous les inter- valles de même nom égaux, c'eft-à-dire, également juftes ou également altérés; donc tous les intervalles d’oétave, pris dans le fyftème tempéré, feront juftes : cet intervalle feroit même infupportable, s'il n’étoit dans fa précifion. L'octave étant dans fa jufteffe, & un intervalle avec fon complément devant achever loétave, dans tout le fyf- 1ème tempéré les complémens auront les mêmes altérations que les intervalles fondamentaux, favoir, par excès lorfque les fondamentaux feront altérés par défaut, ou par défaut quand les fondamentaux feront altérés par excès, & il fufira de trouver l’altération d’un intervalle, quelque part qu'il foit pris, dans la gamme tempérée, pour avoir en même temps l'altération de tous les intervalles femblables, & de tous leurs: complémens. Après avoir dit que dans un fyflème tempéré il n'étoit pas poffible de laiffer & les quintes & les quartes juftes, on auroit pü peut-être penfer qu’il fufhfoit d’altérer l'un de ces intervalles laiffant l’autre dans fa jufleffe; mais ces deux intervalles font complément l’un à l’autre, ils devront donc tous les deux être altérés, & également, c’eft-à-dire, l'un par excès & l'autre par défaut. Ce fera la quinte ou la quarte qu'on altérera par excès : or fi la quinte eft altérée par excès, la quarte le fera par | défaut, nes A NSÈC TE NC Et 129 défaut; mais lorfque la quinte & la quarte étoient juftes, leur différence donnoit le ton majeur: ainfi {a diftance de la quarte altérée par défaut, à la quinte altérée par excès, fera plus grande que le ton majeur; & puifque le ton moyen doit être plus petit que le ton majeur, la quinte ne fauroit être altérée par excès, mais bien par défaut, & la quarte par excès. La tierce majeure plus la tierce mineure, forment {a quinte jufte. Dans le fyflème tempéré, la quinte doit y être altérée par défaut ; donc les intervalles de tierce majeure & de tierce mineure n'y fauroient être tous les deux juftes, ni toutes les deux altérées par excès. Voilà ce que ces inter- valles ne fauroient être; & pour achever toutes les fuppofi- tions poflibles, il n'y a qu'à les confidérer, ou tous les deux altérés par défaut, ou l'un altéré par excès & l'autre par dé- faut, ou enfin lun jufte, & l'autre altéré par défaut: que fi Les deux intervalles font altérés par défaut, l’altération de 1a quinte fera la fomme de l'altération de la tierce majeure & de la tierce mineure ; de-là, la quinte, qui eft la première des confonnances , auroit une plus grande altération que les tierces. Cette conféquence ne fauroit fe trouver dans le meilleur tempérament du fyftème; il ne refte que les deux autres combinaifons qui puiffent y entrer, c'eft-à-dire que dans le meilleur fyfième tempéré de mufique, des deux tierces l'une doit y être jufte, & l’autre altérée par défaut, ou l'une altérée par excès & l'autre par défaut. Avançons toûjours : les confidérations que nous allons faire vont reflerrer de plus en plus les limites des tierces qui peuvent entrer dans les bons fyflèmes tempérés de mu- fique : cette méthode de comprendre d'abord toutes: les combinaifons pofhbles, de rejeter enfuite lune après l'autre celles qui font mauvaifes , nous fera enfin trouver des vérités rigoureufement démontrées. De ce qui a été dit jufqu'ici, on doit conclurre que Ja différence de la quarte altérée par excès à la quinte altérée par défaut, fera toûjours le ton moyen; que deux tons moyens Sar. étrang. Tome 1h 130 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE compofent la tierce majeure, ‘qui dans le diatonique jufle ft égale à deux tons majeurs moins un comma; que la diffé- rence de la tierce majeure altérée à la quinte diminuée, fera toûjours la mefure de la tierce mineure du fyftème tempéré; de plus, le ton moyen fera toûjours le ton majeur diminué du double de l'altération de la quinte, puifque a quarte eft autant augmentée que la quinte eft diminuée : ainfi la tierce majeure, compefée de deux tons moyens, aura pour mefure deux tons majeurs moins le quadruple de fa diminution de la quinte; la tierce mineure, complément de la tierce ma- jeure à la quinte, fera égale à celle du diatonique juite, altérée de la fomme ou de la différence des altérations de la tierce majeure & de la quinte, favoir, de la fomme lorfque 1a tierce majeure fera ahérée par excès, & de la différence lorf qu'elle fera altérée par défaut. Suppofons maintenant que la quinte foit diminuée d’un tiers de comma, la quarte aura la même altération par excès: la différence de la quinte à la quarte, qui eft le ton moyen, fera dans cette fuppofition le ton majeur moins deux tiers de comma: la tierce majeure, égale à deux tons moyens, ou, ce qui eft la même chofe, à deux tons majeurs moins le qua- druple de la diminution de Ja quinte, fera compofée de deux tons majeurs moins un comma & un tiers, ou plütôt fera celle du diatonique jufte, diminuée d’un tiers de comma; & puifque cette altération eft celle de la quinte, fa différence des deux altérations fera nulle, ainfi la tierce mineure fera jufte. Une plus grande altération à la quinte donneroit une moindre diflance de Ja quarte à la quinte, c'eft-à-dire, un ton moyen moindre, conféquemment elle donneroït à la tierce majeure une plus grande altération qu'elle n'en avoit dans la fuppofition précédente : cette altération de la tierce majeure augmenteroit fur celle de la première fuppoftion du quadruple de l'augmentation de l'altération de la quinte. La tierce mineure fe trouvera altérée par excès du triple de cette même augmentation de altération de la quinte, car BOENSU Gilera EN C' ErS 13E la tierce majeure, plus la tierce mineure altérée, doivent égaler la quinte altérée; & toutes les fois que la tierce ma- jeure fera plus altérée que la quinte, la mineure fera altérée dans un fens contraire, c'eft-à-dire, par défaut fi la majeure left par excès, ou par excès fi la majeure l'eft par défaut : ainfi la tierce majeure diminuée, & la mineure augmentée, fuppofent à la quinte une altération de plus d’un tiers de comma- La quinte ayant une altération moindre qu'un tiers de comma, donnera le ton moyen plus grand, & la tierce majeure avec une diminution d'altération quatre fois moindre que celle de la quinte; donc, dans cette nouvelle fuppofi- tion, la tierce mineure fera altérée par défaut. Les deux tierces feront altérées par défaut avec cette circonflance, que diminuant de plus en plus f'altération de Ja quinte, celle de la tierce majeure ira en diminuant, & celle de la mineure en augmentant; de forte que l'altération de la quinte dimi- nuant jufqu'à n'être plus qu'un quart de comma, on aura le ton moyen diminué d'un demi-comma du ton majeur, ou augmenté de la même quantité du ton mineur. La tierce majeure fera égale à deux tons majeurs moins quatre quarts de comma, ou plûtôt fera celle du diatonique jufte : fa tierce mineure aura la même diminution que la quinte. Que l'altération de la quinte diminue au deffous d'un quart de comma, le ton moyen fe fera approché du ton majeur, la tierce majeure fera altérée par excès, Ja mineure par défaut. De ces fuppofitions on conclud que fi la tierce majeure eft altérée par excès, & la mineure par défaut, la quinte fera altérée de moins d'un quart de comma; tandis que fi on altère la tierce majeure par défaut, & la mineure par excès, la quinte fera altérée de plus d'un tiers de comma. Les altérations de la quinte entre un tiers & un quart de comma, donneroient les deux tierces altérées par défaut; ainfr, pour favoir quelles altérations peuvent porter les tierces dans les bons fyflèmes, il faut opter entre les altérations de la quinte: or nous favons déjà que les deux tierces ne fauroient R i] 132 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE être altérées par défaut, donc toutes les altérations de 14 quinte entre un quart & un tiers de comma ne peuvent être reçües ; ainfi il ne refte qu’à choifir entre une altération pour la quinte d'un tiers de comma, ou plus grande, & celle d’un quart de comma, ou plus petite : fans difficulté il faut fe déterminer pour cette dernière, & conclurre que de deux tierces la majeure ne fauroit être altérée par défaut, ni la mineure être jufte ni altérée par excès. De toutes les com- binaifons que nous avions embraflées, il ne refte que celle de la tierce majeure jufte ou altérée par excès, & la tierce mineure toûjours altérée par défaut, qui puifle entrer dans un bon fyflème tempéré: par une feconde conféquence, on trouve que l’'altération de la quinte doit être au plus d'un quart de comma , ear cette altération ne fauroit augmenter infini- ment peu, la moindre augmentation qu'on pourroit lui don- ner feroit au deffus d’un tiers de comma, & l'éloigneroit trop de la juftefle dont il faut toûjours tâcher de fe rapprocher. Une plus grande altération à la quinte qu'un quart de comma, ne doit point entrer dans un bon fyftème; une altération moindre qu'un quart de comma rendroit cet inter- valle de quinte meilleur en lui-même, mais tireroit la tierce majeure de fà jufteffe, & augmenteroit l'altération par dé- faut de la tierce mineure: ainfi une altération à Ja quinte d’un quart de comma, laiffe une tierce jufte, & l'autre altérée de la même quantité qu'elle left elle-même; une altération moindre rend de plus en plus les deux tierces mauvaifes. €’eft donc la diminution à la quinte d'un quart de comma qui donne les altérations les plus égales des poffibles : que fi les intervalles de tierce étoient au même degré de con- fonnance que celui de quinte, l'altération à la quinte d'un quart de comma donneroit le meilleur fyflème tempéré. Mais puifque la quinte eft une confonnance plus parfaite que les tierces, on n’a point encore le tempérament le plus jufle : car dans ce meilleur tempérament que nous cherchons, les confonnances les plus parfaites doivent être les moins altérées ; ainfi, dans le meilleur fyflème tempéré, la quinte DES SCIENCES. 133 doit être altérée de moins d'un quart de comma, la tierce majeure altérée par excès, & la mineure par défaut; toutes ces propriétés vont enfemble. Que la quinte foit altérée d'un #ixième de comma, le ton moyen fera le ton majeur moins un tiers de comma, la tierce majeure fera celle du diatonique jufte plus un tiers de comma, & la tierce mineure fera celle du diatonique jufte, diminuée d'un demi-comma; dans cette fuppofition, la tierce majeure feroit deux fois & la tierce mineure trois fois plus altérées que la quinte. Si c'étoit-là le rapport des perfections de ces intervalles, nous ferions parvenus jufqu’au meilleur fyftème tempéré; mais vrai-femblablement ce rap- port ne doit pas être fi grand; & puifque, pour rappro- cher le rapport des altérations de l'égalité, il faut augmenter celle de la quinte, il faut conclurre que la quinte ne fauroit être altérée de moins d’un fixième de comma, & les bons fyflèmes tempérés de mufique ont l'altération des quintes entre un fixième & un tiers de comma. Encore une autre fuppofition : que la quinte foit altérée d’un cinquième de comma, la tierce majeure {era augmentée de la même quantité, & la tierce mineure diminuée du double de cette altération: par l'ordre qu'obfervent les pro- portions, on voit que toutes les fois que la tierce majeure, somme confonnance moins parfaite que la quinte, fera plus altérée que cette mème quinte, la tierce mineure aura plus du double de Yaltération de la quinte. Le rapport de per- feétion de l'intervalle de quinte à celui de tierce mineure, eft moindre que celui d’un à deux; d'où il eft évident qu'il n'eft pas pofñble de donner à a tierce majeure une altéra- tion proportionnelle à fon degré de perfection, fans en donner une à la tierce mineure plus grande que ne le de- manderoit cet intervalle : ainfi on ne peut trouver un fyflème tempéré dans lequel les altérations des confon- nances foient toutes dans Île rapport de leur degré de per- feétion; de plus, comme les confonnances ne peuvent fup- porter de grandes altérations, & que celle de la tierce R iij 134 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L’'ACADÉMIE mineure égale à un demi-comma eft trop grande, il faut conclurre que la quinte ne peut être diminuée de moins d’un cinquième de comma, ni de plus d'un quart de comma, c'eft-à-dire, que la diminution de la quinte doit être entre quatre vingtièmes & cinq vingtièmes de comma. Le terme moyen entre ces deux dernières limites eft neuf quarantièmes : fuppofons cette altération à la quinte, la tierce majeure fera augmentée de quatre quarantièmes, & la mineure diminuée de treize quarantièmes. Dans cette fuppofition, la tierce majeure n’a pas une grande altération, & la mineure n’en a guère plus que la quinte; ainfi on peut conferver plus de jufteffe à ce dernier intervalle. Le meilleur fyflème tempéré doit donc fe trouver dans les altérations de la quinte entre huit & neuf quarantièmes de comma. Prenons enfin un dernier terme moyen entre huit & neuf quarantièmes, ce terme eft dix-fept quatre-vingtièmes : cette altération fuppofée à la quinte, donne la tierce majeure altérée de feize, & la mineure de quarante-trois quatre- vingtièmes. L’altération de Ja tierce majeure eft aflez bien, mais celle de la mineure eft un peu trop forte; ainfi la quinte n'eft pas aflez altérée, & fes diminutions pour former les bons fyflèmes tempérésfont entre dix-fept & dix-huit quatre- vingtièmes de comma. Si on favoit au jufte le rapport des perfections des confon- nances, on en chercheroit le plus approchant dans leurs altérations, & ce feroit-là le meilleur de tous les fyftèmes tempérés : mais quoique j'aie donné le principe méchanique de l'harmonie, il refle encore à afligner ce degré de per- fection qui décidera le meilleur tempérament de tous les poffibles, ce tempérament fera celui dont le rapport des alté- rations fera le plus approchant de celui de la perfection des intervalles; car je l'ai déjà démontré, il n'eft aucun tempé- rament qui puifle donner au jufte les altérations que deman- deroit le rapport des perfeétions des confonnances. Pour continuer ces recherches, il faudroit maintenant déter- miner ce rapport de perfection des intervalles confonnans, DES SCIENCE.S, 135 il faudroit revenir au principe de l'harmonie; c’eft ce que je réferve pour un fecond Mémoire, où je pourrai comparer toutes les formations poflbles à celle que j'ai donnée; je ter- minerai celui-ci par ce qui avoit été dit par les différens Au- teurs fur le tempérament, par où l’on fe convaincra du peu de connoiflances qu'on avoit en cette matière. Ayant imaginé un tempérament quelconque, on en détailloit les avantages fur le diatonique jufte, ou fur quelqu’autre tempérament, & cela fufhiloit pour le faire décider le plus parfait, | Cette mauvaife méthode ne pouvoit jamais achever a théorie; car après que par des gradations fucceflives on auroit fuppofé une infinité de tempéramens toûjours croif- fans en perfection, n'auroit-on pas pü objeéter qu'il y avoit encore une autre infinité de tempéramens plus parfaits que celui qui auroit pü être conclu par un examen prefque infini? Cependant voici comme on formoit les fyflèmes tem- pérés : le premier rapport, difoit-on, qu'il puifle y avoir entre le ton moyen & le femi-ton, eft celui de 2 à 1, c’eft-à- dire le ton moyen double du femi-ton; & comme l'octave contient cinq tons moyens & deux femi-tons, le fyftème étoit compolé de douze parties: c'eft le plus ancien de tous les tempéramens, qu'on a appelé de douze femi-tons moyens, -ou de l'Arétin. | Le ton moyen étant au femi-ton comme 3 à 2, on for- moit le fyflème de 19. Le ton moyen étant au femi-ton comme s à 3, on formoit Je fyflème de 3 1, qu'on appeloit encore celui de M. Huygens, Le ton moyen étant au femi-ton comme 7 à 4,-on formoit le fyftème de 43, qui eft celui dé M. Sauveur, Semblablement du rapport 9 à $, on formoit le fyflème de:55; qu'on appelox celui des .Muficiens : les nombres qui pouvoient former d'autres fyflèmes étoient trop grands, & on s'arrêtoit à ce dernier. En calculant les altérations des intervalles de ces fyflèmes, on trouve que celui de 43 eft le plus approchant des limites que nous avons affignées aux altérations de la quinte, & que le fyflème vrai le plus par- fair eft entre celui de 3 1 & celui de 43. Mémoires de l’Académ. Roy. des Scienc. an, 1707des Syf- tèmes de Mu fique, par M, Sauveur, 136 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Les fyflèmes dont je viens de parler font exprimés par de petits nombres entiers, & M. Sauveur a cru qu'ils de- voient être tels pour être mis en pratique; comme fi, pour réalifer un fyflème, il ne falloit pas toûjours avoir recours aux logarithmes auffr aifés à tranfporter fur le monocorde, foit que és nombres qu'ils expriment foient entiers ou rom- pus, foit qu'ils foient grands ou petits. Une diminution à la quinte d’un quart de comma ne Y'altère pas affez pour la rendre fort defagréable: diminuant donc par fentiment les quintes autant qu'il eft pofhble, on leur donnera uné diminution qui ira prefque à un quart de comma. Mais la diminution des quintes ne devoit être au deflous d’un quart de comma que parce qu'il falloit con- ferver à la quinte tout autant de juftefle qu'on le pouvoit; & puifqu’elle peut donner 1a faufleté affignée fans être défa- gréable, cette altération fournira un tempérament & des accompagnemens praticables. Toutes les oétaves doivent être jufles; de plus, toutes les quintes doivent être diminuées autant qu'il eft poffible : avec ces principes, on peut accorder toutes les touches d'un cla- veflin, & voici comment. Ayant pris #t pour fondamental, l'on en prendra la quinte diminuée, & l’on aura /o/ du fyftème tempéré: la quinte dimi- nuée de fo] donnera le ré; & dans la feconde oétave, qu'on defcendra au ré de la première oétave, la quinte diminuée de ce ré donnerale /a du fyftème tempéré; la quinte diminuée du la donnera le #r, pris dans la feconde oétave, qu'on defcendra à la première. Déjà on a yr, le ré, le mi, le Jo/, le la, & UT accordés : la quinte diminuée de ni donnera le f, & la quinte diminuée en deflous de l'{/T donnera le f4. Voilà une mé- thode d'accord dont on pourra faire ufage, en attendant la détermination exaéte du plus parfait des tempéramens que doit donner notre théorie. @- La MEMOIRE DES SciENCESs. 1357 MEMOIRE SUR UNE ÉTOILE NEBULEUSE Nouvellement découverte à côté de celle qui eft au deffus de la ceinture d’ Andromède. Par M. LE GENTIL. VANT l'invention des lunettes, on ne connoiffoit que la nébuleufe du Cancer; celle d'Andromède n’a été aperçüe que trois ou quatre ans après la découverte des lunettes; elle fut vüe pour la première fois en 1612 par Simon Marius, comme il le rapporte dans la préface de fon Mundus jovialis, où il fait voir que T'ycho-Brahé n’en avoit eu aucune connoiflance, quoiqu'il eût décrit l'endroit du ciel où elle fe trouve, & qu'il eût déterminé la boréale de la ceinture d'Andromède, qui en eft très- proche. Peu à peu, les lunettes s'étant perfeétionnées, on n'a pas été long-temps fans remarquer que le ciel étoit femé de phé- nomènes pareils à celui qu'on remarque dans la ceinture d'Andromède. La nébuleufe d'Orion, celle d’entre la tête & l'arc du Sagittaire, celle du Centaure, celle d’Antinoüs, & plufieurs autres qui font venues s'offrir fucceffivement aux Aftronomes, font des preuves de cette vérité. IL eft vrai que le nombre de ces nébuleufes ne paroït pas, à beau- coup près, fi grand que celui des autres étoiles ; mais quoi- que nous n'en connoiflions qu'une très-petite quantité, nous ne pouvons pas conclurre pour cela que le nombre en foit borné à ce que nous en connoiffons. Les lunettes dont nous nous fervons, à quelque perfection qu'elles puiflent être portées, feront toûjours très-bornées & très-imparfaites lorfqu'il s'agira de pénétrer dans le plus profond des cieux, Say. étrang, Tome 11. 138 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE où les nébuleufes paroiffent réfider. Hevelius, dans le Pro- drome de fon Aftronomie, a donné un catalogue des nébu- leufes connues alors : M. de Maupertuis fa mis dans fon livre de la Figure des Aflres; mais il s'en faut bien que ce Catalogue ne foit auffi complet qu'il le pourroit être; d’ail- leurs, on en a remarqué plufieurs depuis Hevelius qu'il ne connoifloit pas. J'ai obfervé la plüpart de celles de fon Ca- talogue, ce qui m'a donné occafion d'en remarquer quel- ues-unes qui n'étoient pas encore connués; j'en ai com- muniqué le réfultat à l’Académie en 1748 (ou le trouvera à la fin de ce Mémoire); & comme ces étoiles paroiflent mériter autant d'attention & de recherches que les autres, j'ai cru faire une chofe utile d'en pourfuivre les obferva- tions; pour en donner un catalogue le plus complet qu'il me foit poffible. Par les recherches que j'en ai déjà faites, il “paroît qu'il n’y a guère de conflellation qui n'ait quelques étoiles nébuleufes, quelques-unes en ont même plufieurs; j'en ai remarqué jufqu’à trois dans différens endroits de Caf- fiopée avec une lunette de 3 pieds; je n’en ai point encore déterminé la pofition; c'eft pourquoi je ne parlerai ici que ‘de la nouvelle nébuleufe que j'ai remarquée à côté de l’an- cienne d'Andromède, en obfervant cette dernière. Je vais “en rapporter l’obfervation. Le 29 d'Oétobre dernier, j'obfervai la nébuleufe d'An- -dromède avec une excellente lunette de 1 8 pieds; elle me parut jeter de petits rayons de lumière de tous côtés : je la regardai un temps fuffhifant pour m'aflurer qu'elle étoit aflez exactement ronde, quoique mal terminée ; mais en “regardant à gauche & hors la lunette, j'aperçus deux petites étoiles télefcopiques. À gauche de l'étoile repréfentée R plus “bafle, & à 30” tout au plus de diflance du centre de a nébuleufe, je vis une autre petite x#bwke d'environ une mi- “nute de diamètre, qui paroiffloit jeter deux petits rayons, Pun à droîte & l’autre à gauche : je fus d'abord en doute ‘fi cé m'étoit point une comète; & dans cette incerti- iude, j'en pris la configuration avec les deux petites étoiles D'ÆIS A SICT EN CES 139 voifinés, le plus exaétement qu'il me fut poffible, pour la comparer le lendemain ou les jours fuivans, afin de m'aflurer de la vérité; mais le 30, le ciel ne fut pas favo- rable. Les fumées qui s'élevèrent après le coucher du Soleif, & qui furent fuivies de nuages dans l'inflant que je me préparois à obferver, n'ôtèrent le plaifir de pourfuivre mes obfervations. On fait que ces fortes d'obfervations font autant ennemies des crépufcules que des clairs de lune ; elles demandent encore un temps fort clair & de belles nuits; faute de cette dernière condition, je ne pus obferver que le 8 Novembre à 8h + du foir. La ceinture d'Andro- mède étoit alors fort proche du méridien, & par confé- quent fort élevée au defius de l'horizon, ce qui me donna beaucoup de peine pour y diriger la lunette &: pour faire l'obfervation que je defirois; je vins néanmoiris à bout de remarquer le phénomène que j'avois vû neuf jours aupa- ravant, & précifément à la même place & à Ia même dif tance des étoiles voifines : je ne doutai plus que ce ne fût une nébuleufe, femblable à Yancienne d'Andromède, & qui n'en paroïfloit différer qu'en ce: que Fancienne occupè environ + de degré dans le ciel ; au dieu que cette nouvelle n'occupe guère plus d'une minute. | y a encore cette re- marque à faire, que l’ancienne étant plus grande, elle jette auffi plus de Jumière : on aperçoit même cette lumière fe répandre dans Ja lunette, & éclairer d'objectif avant l'arrivée de Ja nébuleufe, pourvü qu'elle ne foit pas éloignée du champ de la lunette. Le temps étoit fi ferein, qu'outre les deux étoiles qui étoient à côté, comme j'ai déjà dit, en parut encore une au deffus. On peut confulter la configu- ration que j'en donne ; elle a été prife fort exaétement , & bre dans la fuite à voir s'il n’y auroit:point quelque changement dans les nébuleufes. sh: sinon Commie j'ai effayé de déterminer da pofition de cette nouvelle nébuleufe par fon paflage au méridien, & qu'il ne m'a pas été poñfible de y voir, même avec un inftrument de 6 pieds de rayon, je: me fuis fervi d'alignemens & de S ij 140 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE diftances eflimées'avec une lunette de 18 pieds, & en fup- pofant:le. vertical aller de l'eft à l’oueft. B eft ancienne nébuleufe, D la nouvelle, qui forme un triangle rectangle £ CD, Figire rénvenfée: avec: les deux petites étoiles Est *F télefcopiques £C; de ‘forte que le côté CE eft double du côté DC’, lequel j'ai efti- Sud DE ke ŸB Nord mé de 10"'de grand cercle; Jai auffi eftimé la diftance -D B: des deux nébuleufes de #4 ‘30° à peu près. L'étoile À, Ouest repréfentée en deffous, n’a point de nom dans les cartes de Senex :: fuivant les mêmes cartes, elle eft éloignée de 19:10” de l'ancienne nébuleufe. Les étoiles ÀÆ font dans Ja même ligne droite avec la nébuleufe D; les deux autres FE font aufi dans la même ligne droite avec la nébu- leufe 2. L’afcenfion droite de la nouvelle, prife fur les cartes de Senex, eftà 64 30’ du Belier, & fa déclinaïfon boréale , de 38430’: elleseft parallèle des deux étoiles æ & :w dela tête de Médufe : il paroït aflez furprenant que tous ceux qui ont obfervé Ja nébuleufe d'Andromède, n'aient point du tout fait mention de la nouvelle, puifqu'elles ne font éloi- gnées éntrelles, comme je l'ai déjà dit, que d'un demi- degré : la feule difficulté qu'il y'a de diriger 1a lunette à un des deux endroits, préférablement à l'autre, pouvoïit faire apercevoir la nouvelle pendant qu'on cherchoit Y'an- cienne ; je fais cependant que moi-même, en obfervant l'an- cienne, il!y a un an, je ne vis rien du tout de ce que jannonce aujourd'hui, quoique vrai-femblablement le même phénomène exiflât. Marius, à qui la découverte de Ja nébuleufe-d'Andrormède ‘eft attribuée, & qui en a donné une obfervation très:circonftanciée , dit à la vérité, que dans ha lunette elle lui a paru parfaitement femblable à la amme d'uné chandelle ; vüe dé loin à travers de la corne-tranfpa- *E DES, "SXEURWENN.C ES IAT rente, mais il ne parle point de celle qu'on voit à côté: M. Bouillaud ne paroît pas en avoir eu connoiffance : enfin M. Halley, qui donne la defcription des nébuleufes ( Tran- fations Plilofophiques , annee 1616, n.° 347 ), ne fait point mention de celle qu'on voit à côté de l’ancienne d'Andromède. On peut encore ajoûter que M. Derham dans fon Mémoire fur les nébuleufes /Zranfactions Philofo- phiques, année 1733, n° 428), ne parle point de celle que j'ai vüe; de forte qu'il eft certain, par tout ce que je viens de dire, que c'eft la première fois qu'elle ait été remarquée dans le ciel, & que perfonne n’en avoit encore eu aucune connoiffance, mais je n'ofe pas aflurer pour cela qu'elle foit nouvellement fortie. du fond des cieux, c’eft-à-dire, qu'elle foit femblable à ces nouvelles étoiles qu'on voit s’allumer pour la première fois, & s'éteindre enfuite; ce- pendant ces fortes d'étoiles paroiffent être auffi bien fujètes à changement que les autres. Avant que de finir, je vais rapporter des obfervations qui m'ont fait naître quelque foupçon à ce füjet. - Suivant M. Kirch, la nébuleufe d’Andromède fouffre des changemens, elle paroît & difparoït par reprifes : M. Bouillaud eft du même fentiment, puifqu'il dit qu'il l'avoit vüe décrite dans des cartes céleftes de l'an 1500, qu'elle n'a point été vüe par Tycho, que Marius la vit en 1612; que depuis ce temps jufqu'en 1664, elle n'avoit été re- marquée d'aucun Aftronome; & qu’en 1 666, temps auquel ilécrivoit, elle étoit diminuée de clarté { E‘lémens d'Affro- uomie de M. Caffini, p. 78). Suivant la defcription de Marius, elle jetoit de fon temps de légers rayons de lumière d'autant plus clairs qu'on approchoit plus du centre, qui n'étoit lui-même marqué que par une foible clarté fur une étendue de près d'un quart de degré :| mais après l'avoir obfervée plufieurs jours de fuite & avec beaucoup d'atten- tion, j'ai remarqué qu’elle étoit également claire dans toute fa furface; de forte que cette foible clarté, qui, füivant Marius, diflinguoit le centre de Ja D ne fe voië S ij 142 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE nullement à préfent. Sa figure ne paroît pas non plusétre exempte de changement : M. Caflini; dans fes Elémens d'Aftronomie, dit qu'elle a une figure à peu près triangu- laire, mais à préfent elle approche affez de la figure cir- culaire; la même chofe fe remarque auffi dans la nébuleufe d'Orion, découverte par M. Hughens. M. de Mairan, dans fon ingénieux fyftème fur l Aurore Boréale, dit qu’une de ces étoiles d'Orion, deffinée fans lumière par M. Hughens, a paru depuis avoir une lumière pàle, comme fi elle étoit entourée d’une atmofphère, & que lefpace, même lumineux, a paru fouffrir quelque changement depuis M. Hughens. Mais cette dernière remarque fur la nébuleufe d'Orion, fera le fujet d’un autre Mémoire que je réferve pour y joindre mes propres obfervations. L’afcenfion droite & la déclinaifon que j'ai affignées à la nouvelle nébuleufe, font prifes, comme je l'ai dit, fur les cartes de Senex. Je n'ai pas jugé néceffaire d’avoir égard à la préceflion des équinoxes ; {a plüpart des Aftro- nomes ayant les cartes de Senex entre les mains, auront plus de facilité pour trouver fa place; d’ailleurs la réduction fera toûjours facile à faire. Outre cette nébuleufe dont je viens de parler, j'en ai encore vû quelques autres, qui vrai-femblablement n'avoient pas encore été remarquées par les Aflronomes. î La première eft entre le talon gauche du Serpentaire & l'arc du Sagittaire, à l'occident d'un amas d'étoiles qui fe trouve dans cet endroit du ciel, & qui paroït lui-même à la vüe, affez femblable à la nébuleufe du Cancer : cette nébuleufe a exaétement la forme d’un triangle ifofcèle un peu alongé, & la pointe tournée vers le fud-oueft. Je l'ai obfervée avec une lunette de 18 à 20 pieds, & elle ma toûjours paru nébuleufe & tranfparente: elle touche par fa bafe une aflez belle étoile, vüe dans la lunette, & qui eft la plus brillante de toutes celles qui compofent flamas d'étoiles dont je viens de parler. L’afcenfion droite de gette étoile eft pour le commencement de 1748, DES SCIENCES. 143 dæ......,........ 2664 44 22" fa déclinaifon auflrale, de . . . . 25. 8. 10 fa longitude, à . . . . . . . . . 26. 45. oo + & fa latitude auftrale, de.“ . 1. 30. oo La feconde eft au bout de la queue du Cygne; elle paroït d'une nature différente de celle de toutes les nébuleufes qui ont été obfervées jufqu'ici, & de la voie lactée qu'elle traverfe, en faifant avec elle un angle fort approchant du droit : c'eft un grand nuage plus large par un bout que par autre, Je bout le moins large regarde le fud-eft; ce nuage n’eft éloigné du bout de la queue du Cygne, que d'environ 6 degrés ; il eft comme opaque & fort fombre : on découvre avec la lunette quelques étoiles dans cette partie du ciel, mais il n'y en paroît aucune à la vüe fimple; ce nuage fe voit fans lunette. Les autres nébuleufes dont je vais parler, ne le font plus fi-tôt qu’on fe fert d’une lunette un peu longue, ce qui fait qu'on doit les mettre au rang des nébuleufes impropre- ment dites: la première eft au deffous de Sirius, dans le colier du grand Chien; ce n’eft qu'à la faveur d’une lunette de 8 pieds qu'on diftingue l'amas d'étoiles qui la compofe, ne paroïflant qu'une fimple nébuleufe dans une lunette de deux à trois pieds : j'ai conclu fon afcenfion droite, _ ONE NES MÉHNQ 1 le 984 45° 00” & fa déclinaifon auftrale, de . . . . 20. 9. so fa longitude, de . . . .. 8 23. 00 5 & fa latitude boréale, de . . .. .. 43+ 00. 00 La feconde eft au deflus de la corne boréale du Tau- reau; if faut fe fervir d’une lunette de 12 pieds pour dé- couvrir que ce ne font que des étoiles : j'ai conclu fon afcenfion droite, de. . . . . .. .. 297055. 4! fa déclinaifon boréale, de .. . . . . 33- 50. 10 fa longitude eft à . . . ... . . . 20. 39. con & fa latitude boréale, de. . , . . . 10. 20. 00 144 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'AÂCADÉMIE La troifième enfin, eft au deflus de Ia précédente, & n'en eft éloignée que d'environ 242; vüe dans une lunette de 18 pieds, elle ne paroït qu'un amas d'étoiles : j'ai trouvé fon afcenfion droite, de. . . . . . . 774 52°. 4” fa déclinaifon boréale, de . . . . - . 36. 25. 10 fa longitude eft à . . . : . . . . . 18. 39. 00 H, & fa latitude boréale, de. . . . . . 12. $5. oo. s MEMOIRE DÆNS SCT E N° CES 145$ DRE RAQ T RE SUR UN ANIMAL,AQUATIQUE D'UNE FORME SINGULIERE. Par M. BiGoT DE MoRoGuEs, Correfpondant de l’Académie. ’ANIMAL que je me propofe de faire connoître, eft fort différent des pouffe- pieds, des bernacles, ou des autres efpèces de poiflons tubiformes qui vivent adhérens en grouppe aux rochers, & dont quelques Naturaliftes ont écrit. Je dois celui-ci à l'attention de M, le Chevalier de Keranftret, Officier de la Marine, embarqué dans la frégate du Roi la Mutine, commandée par M. le Marquis de Choi- feuil, dans la campagne qu'il vient de faire à Louifbourg : cet animal s'eft embarraflé par fon cordon au bout d’une ligne jetée pour pêcher quelque morue fur le grand Banc, par les 45 brafes d'eau, fond de roche. Le poiflon eft à peu-près elliploïde, le corps étant d'en- viron 2 + pouces de longueur, fur 2 pouces de diamètre, le côté du ventre un peu aplati, la peau molle, unie & veloutée, d'une couleur brune cendrée. L'animal a une queue ou cordon tubiforme d'environ 10 pouces de long; fon enveloppe extérieure eft le prolongement de la peau du corps ; elle eft de la même couleur, {on extrémité tient à une pierre par un pédicule un peu large, ayant quelques branches ou racines. Le cordon eft de 4 lignes de diamètre à fes extrémités, & de 2 lignes à 2 2 lignes vers fon mi- lieu, creux dans toute fa longueur, mou ou flexible dans fa plus grande partie’vers le corps, plus dur dans la partie qui s'unit à la pierre, foit naturellement, foit que cette partie, “comme prefque tous les litophites, fe foit un peu durcie en fortant de l'eau. La plus grande partie du cordon, depuis Say. étrang, Tome IL. 146 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE la pierre , eft couverte par intervalle de petits filets de. moufle branchue, qui y paroiflent enracinés. Le corps de l'animal n'a que deux ouvertures fenfibles, & ce font celles qui font le plus néceflaires à l'entretien de la vie : la bouche, formée par un trou rond d’envi- ron 2 lignes de diamètre, dont les bords étoient froncés, eft au bout de ce corps elliptique. Un peu au deflus de la naiffance du cordon, eft le fecond trou, fort femblable au premier, & c'eft l'anus : la bouche n'a paru garnie d'au- cune houppe ni de filets; en preflant fégèrement l'animal, on en a fait fortir de l’eau; & en le comprimant plus for- tement, on a fait fortir par l'autre ouverture une matière jaunatre. En ouvrant l'animal ( ce que j’aurois fouhaité qui eût été fait avec plus de précaution, pour ne point déchirer fes vifcères, & les conferver dans leur arrangement } il s’eft répandu beaucoup de liqueur mucilagineufe, claire & tranf- parente comme l'eau ; &c lon a trouvé dans les inteftins une matière femblable à celle que l’on avoit fait fortir de Vanus par un peu de compreflion. Les vifcères, de deux à trois lignes de diamètre, & ayant quelques plis, étoient rangés fuivant la longueur de l'animal, & attachés à un réfeau de filets, femblable au tiflu réticulaire, La peau de l'animal paroît revêtue intérieurement d’un tiffu auquel on remarque des fibres qui £ croient fongi- tudinalement & latéralement en arc; les dernières paroiflent tirer leur origine de la ligne blanche, qui fait la ligne verticale qui fe trouve au milieu du bas-ventre : les fibres tranfverfales vont en s’écartant vers la tête & vers la queue de l'animal, en forte qu'elles fe préfentent à la partie moyenne par leur convexité. Les fibres longitudinales font aufli en arc, leur convexité eft vers le dos; elles femblent tirer leur origine du cordon, du moins font-elles plus rapprochées vers cette partie. On remarque fur le côté de l'animal des membranes Ii- gamenteufes, qui étoient unies aux inteftins. DENS IS IC TAXE N:ct ENS. 147 La difpofition des fibres nerveufes qui fe croifent & qui tapilfent la peau intérieurement, fait ailément juger qu'elles -contribuent au principal mouvement dont l'animal eft ca- pable ; fi toutes les fibres fe contraétent, l'animal diminue de volume, & il fe gonfle quand les mèmes fibres s'alongent. Ainfi il parvient à déplacer un volume d'eau plus où moins grand, & c’eft fans doute par ce méchanifine que l'animal peut nager ou s'élever dans l'eau; car il a paru privé de fa veffie pleine d'air, qui fert à cet ufage dans les poiflons, en même temps que le jeu des nageoires fert à diriger leur route. Au défaut de cette dernière partie, la facilité que les fibres latérales & longitudinales de l'animal peuvent avoir de fe contracter & de s'étendre féparément, eft un moyen qu'il a d'avoir un mouvement progreffif : la partie du corps aplatie, eft en même temps une preuve qu'il n’eft pas toû- jours dans une fituation verticale, & qu'il fe pole fur Je fond. Mais animal eft-il toûjours defliné à vivre dans le -même lieu? cela eft évident; lorfqu'il fe trouve attaché à un rocher, fon pédicule y eft trop bien enraciné, alors if a un efpace circulaire aflez grand à parcourir. Cependant la Nature eft fi féconde & fi admirable dans fes variétés, u'il ne feroit pas étonnant qu'elle eût formé un animal “qui, dans de certaines circonflances, eût befoin d’un lefl ou d’un contre-poids pour régler fes mouvemens; & peut-être _celui-ci, lorfqu'il fe trouve attaché à une pierre lévère, peut- il avoir cette propriété. Ce phénomène ne feroit pas fi furprenant que la végétation des polypes d'eau -douce : le volume de l'animal eft d'environ 9000 lignes cubiques ; celui de la pierre eft à peu près de 2800 lignes, & fon poids de 2 onces 4+ gros : un volume égal d'eau de mer pèle à peu près 645 grains; celui de la pierre l'excède de 830 grains. Ainfr, dans le cas où animal pourra augmen- ter fon volume dans un rapport un peu plus grand que Ja différence. de la pefanteur fpécifique de l'eau & de la pierre, il enlevera fon left, & il changera de lieu en flottant : au 2 9 148 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE relte, l'animal n’a pas befoin de ce fecours pour chercher fa nourriture; il eft dépourvü des organes qui fervent à fa découvrir & à la palper. Toutes les elpèces d'animaux aqua- tiques qui font adhérens aux rochers, fe nourriflent d’une proie qui vient s'offrir à eux ; les uns l'attirent & l’embar- raflent dans leurs franges ou filets, d’autres n’ont que leurs coquilles à fermer. Celui-ci vivra par un moindre artifice, la matière vifqueufe qui couvre le fond de la mer, ou les plantes qui y croiflent, pourront fans doute lui fufñre : il aroît fait uniquement pour fucer. Il feroit très-curieux de favoir comment cet animal fe -multiplie; mais la Nature, qui dérobe à nos recherches des fecrets qu'il femble plus facile de découvrir, a caché celui-ci dans un abime trop profond, EXPLICATION DES FIGURES. [re Aximaz de grandeur naturelle, vu par le ventre, le cordon coupé à la moitié de fa longueur. 2. Le refte du cordon, adhérent à une pierre, & fur lequel il y a des filets de mouffe enracinés. 3. L'animal vû de côté, pour faire remarquer le plat du ventre. L'animal ouvert depuis l'anus jufqu’au milieu du dos, une partie de la peau étant étendue, & l’autre renverfée. . Vifcères ayant peu de plis, & rangés fuivant [a longueur de l'a- nimal. HU » Partie de membrane ligamenteufe déchirée. On 2 repréfenté à peu près, par les traits qui fe croifent en dedans de la peau, Ia difpofition des fibres nerveufes, longitudinales & tranf- verfales, trang Tome .2 PLIL. p.148 : 1D Gebin - Sougprt DÉEISE SC M EN: © à 149 DR LP L'OUN DPENE"A GROTTE DE LA BALME EN DAUPHINE: Par M. MoraAnD, Docteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris. D EPUIS que j'ai vifité la fameufe Grotte de la Balme, je ne fuis point étonné que l’on ait aujourd’hui beau- coup rabattu de l'idée qu'on avoit voulu donner de cette grotte, en la mettant au nombre de ce qu'on appeloit les fept merveilles du Dauphiné, & qu'elle ait eu le même fort que la Montagne inacceffible, Va Fontaine ardente, &c. dont on ne parle plus. Je ne fçai cependant fi, au fentiment d’admi- ration qu'on lui avoit prodigué, on doit fubflituer l'indiffé- rence de M. Dieulamant ; à voir la defcription fuccinéte qu'il a donnée de cette grotte à l'Académie em 1700, il paroït qu'il l'avoit examinée un peu trop légèrement : quand ce n'auroit été que par rapport à l’idée de merveilleux qu'on avoit attachée à cette caverne, M. Dieulamant auroit dû, je penfe; la voir d'un œil plus attentif, & la décrire avec plus de foin : je vais en tracer un tableau moins imparfait, dans lequel, en même temps que je releverai les fautes qui fe trouvent dans la relation de M. Dieulamant, il fera aifé de remarquer ce qui y manque pour le détail. La grotte de Ja Balme en Dauphiné, eft fituée à fept lieues de Lyon, & huit ou neuf de Grenoble, entre le village d'Am- blérieux & l'abbaye de Sallettes, dans les terres du Domaine: elle dépend du village de la Balme qui en a tiré fon nom ; car Balma en Italien, Baume & Balme dans Yancien Gaulois, ainfr que dans le patois de Provence & de Dauphiné, figni- fient caverne; d'où lon a appelé Sainte- Baume la caverne que l'on prétend avoir été habitée par S.te Magdeleine. La grotte de la Balme eft creufée irrégulièrement dans Ti 350 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE une montagnequi s'étend fort au loin, & qui eft très élevée, On y entre par une falle prelque carrée, extrêmement vafte, dont le niveau eftaflez applani jufqu’à la moitié de fa longueur, qui eft creufée fix pieds plus bas, & femiée de mor- ceaux de pierres qui femblent ètre les décombres de la voûte. Elle ett ouverte dans toute fa hauteur & dans toute fa largeur par une arcade d'environ 9 toiles de large, fur 10 ou 12 dehaut, ce qui fait qu'elle eft très- éclairée. La moitié de cette entrée efl occupée par la chapelle de la Vierge Miraculeule, appelée Notre- Dame de la Balme, comme qui diroit Notre. Dame de la grotte : la dévotion ÿ atuire dans certains jours de fêtes un grand nombre de Pélerins. Au fond de cette falle on trouve une autre bouche qui a environ 4 à $ toiles de large fur 6 à 8 de hauteur ; c’eft vrai- femblablement celle dont parle M. Dieulamant, qui a né- gligé de faire mention de la première. Cetie bouche conduit dans une route percée obliquement dans le fein de la mon- tagne, & qui eft embarraffée de morceaux de rochers, qui obligent de le bailler en quelques endroits. Lorfqu'on a marché quelque temps , on defcend fur le vrai terrein de la grotte, dans une falle affez grande , où l’on trouve deux rues ou galeries, l'une à droite & l'autre à gau- che, qui, en s'élargitiant ou fe rétréciflant toutes les deux, foiment plufieurs pièces de différente grandeur & de diffé rente forme, qui communiquent les unes dans les autres, & où l'air éft fort tempéré, Le 1hermomètre, conftruit felon les principes de M.de Réaumur , a delcendu du 1 8.° degréau 1.1.€ : lorfque j'ai éié entré dans la grotte, il a paffé jufqu'au deffous du 10.4, & s'y ef arrêté pendant l'efpace du temps que je me fuis promené, & il n'a point varié fenfiblement, C'eft dans ces fouterrains que fe formenten plus où moins grande quantité des congélations, dont il y en a qui bril- lent comme du criflal de roche ; d’autres font de couleur grife, & relèvent éclat de quelques autres qui par leur blancheur & leur poli reflemblent à du maibre, + La forme .que prennent ces éongélations varie à l'infini ; DIELs ASC r'E Nc ESOMM ror cependant, laiflant à part les figures bizarres & fantafques ue l'imagination peut leur prêter, elles repréfentent parti- culièrement des colonnes, des pyramides, des bornes, des piliers de différente grofleur & de différente hauteur, dont les unes font à moitié penchées , d’autres abfolument éten- dues à terre, comme des piérres d'attente pour quelque grand édifice ; d'autres enfin s'élèvent du fol de Ja grotte au fommet de la voûte, ou paroifient fufpendues au plancher en manière de culs de lampe & d'autres ornemens d’archi- tecture, dont l'irrégularité mème pourroit fournir des idées . à un artifle ingénieux. Î1 y a de ces colonnes qui ont jufqu’à 7 pieds de haut fur 3 à 4 pieds de diamètre, tandis que quelques- unes qui font auffs minces que des baguettes femblent porter toute la voûte. D'autres enfin, que l'on croiroit produites par le fol même de la grotte, refflemblent parfaiteinent par leur forme demi-fphérique, par leur poli & leur blancheur, à des mamelles dont le bout, qui eft d'une couleur différente & un peu pointu, efttoûjours humectéde gouttes d’eau quitombent dela voute, & qui en fe congelant & s’accumulant les unes fur les autres forment dans la fuite toutes ces différentesrepré{enta- tions qu’on rencontre, & dont elles font les commencemens. Ce qu'il y a de plus admirable, ce font des pierres de congélations qui en quelques endroits fe trouvent afflemblées en grande quantité les unes à côté des autres , & fituées fur des pentes, de manière que les eaux, en tombant dans ces diffé- rens baflins, forment des nappes & des cafcades naturelles, Ces pierres n'ont point de figure déterminée, il y en a qui repréfentent différentes fortes de coquilles très-profondes ; la plüpart cependant font d’une forme ronde aflez régulière, recouvertes d'une croûte plus ou moins épaifle faite par l'eau même, qui en fe retirant y laifle un fédiment très- fin, dont les grains font pour la plüpart brillans comme des criftaux. On eff fur-tout étonné de la difpofition & de Ja difiribu- tion de ces coquilles, qui a une forte de régularité, & à la- uelle on diroit que art a contribué. L'ouvrage de ces petits baflins, dont le plus grand nombre 12 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ett d’un blanc de lait, eft encore une chofe qui furpaffe l'imagination : à melure que l'eau s'évapore de ces coquilles, ou fe defsèche de quelque façon que ce loit , elle y laifle des dépreffions, des reliefs, qui reflemblent à une broderie & à une moulure faites exprès. Il yena qui ne {ont point travaillées de cette manière, ce font celles qui ne font point creufes, mais abfolument plates, & où par conféquent il ne peut refter la moindre partie: d'eau : elles font fort liffes, & n'ont pas ées grains luifans qu'on remarque fur les autres. Dans le duché de Brunfwick , if ya une caverne de certe elpèce, dans laquelle il y a beaucoup de ces fortes de baffins, formés par les eaux mêmes. On trouve dans quelques-unes de ces coquilles deux fortes ‘de choles;la première ne fe rencontre guère que dans celles où il n’y a plus d’eau, c'eft une croûte extrêmement blanche, de l'épaifleur d’une ligne , de l'étendue du fond de la coquille, où l'eau en {e defsèchant la dépofe. La feconde fe trouve fur-tout dans les baffins où il y a prefque toûjours de l'eau, ce font des pierres inégales, de différente forme & gran- deur , que les gens du pays appellent des pralines , par rapport à leur reffemblance avec les dragées de ce nom. Voilà ce qui efl commun aux deux routes de cette caverne, mais elles ont chacune des particularités qui méritent d'être remarquées. Dans celle qui eft à droite, & qu'on pourroit nommer la galerie des chauve-fouris, on voit un baffin qui eft fingulier ; c'eft un rélervoir formé de la mème matière que les congéla- tions &.les cafcades, d’une figure à peu-près ronde, de 7 ieds de diamètre environ , fur un pied de fond ; il eft rem- pli d’une eau fort clairé qui découle le long d'un maflif de la même matière, fort poli, de la grofleur du corps d'un homme, qui eft au milieu du baffin , d'où il s'éleve vers la voûte , dont il femble porter tout le poids. C'eft dans cette falle que fe raflemble la quantité prodi- gieufe de chauve-fouris qui habitent cette caverne ; il y-a fur-tout un endroit de cette galerie qu'elles ont pris en affec- tion, & où elles font entrelaflées les unes dans les autres au fommet DOE S à S Cr E N CES 153 fommet de la voûte : leur fiente eft ramaflée au deffous d'elles en un tas énorme, dont l'odeur eft infupportable, La voüte de cette galerie dans le fond, eft toute remplie d'aftroïtes rayonnées, qui font en partie découvertes, com- me fi elles étoient prêtes à fe détacher. Dans la falle qui eft à gauche, on trouve un plus grand nombre de baffins & de cafcades, il y en a une entrautres qui traverfe le chemin dans toute fa largeur, & qui eft exhaufiée du fol de la grotte de plus de fix pieds; cet ouvrage a tout le luftre & l'éclat qu'il pourroit avoir s'il venoit d’être fait nou- vellement, & on ne peut fe laffer d'en admirer le defiein. J'appellerai cette galerie la falle du lac, parce qu’on y voit un amas d’eau , qui dans fon commencement a un pied tout au plus de profondeur, & que les gens du pays appellent lac , quoique l'eau n’y foit pas dormante, & qu’au contraire elle coule avec aflez de rapidité, ce qui lui mériteroit mieux le nom de torrent. On le voit venir d’une rue dont on ignore la longueur , quoiqu'elle ait paru à M. Dieulamant être de 20 toifes ; elle eft large d'environ fix pieds, & un peu creufée de manière qu'elle fert de baffin à cetorrent, quiauffi-tôt qu'ileft forti de cette voûte, fe perd fous terre, & après avoir par- couru toute l'étendue de la grotte, reparoît vers l'entrée, où il forme un ruiffeau qui paffe devant l'abbaye de Sallettes, & fe jette dans le Rhône qui eft tout auprès. Ce ruifleau, à en juger par fon lit, eft affez confidérable : il eft aifé d'imaginer qu'étant formé par le torrent dont j'ai parlé, & en partie par les eaux qui jailliffent de tous les côtés de la grotte, il doit dans l'été & dans les grandes chaleurs être fort petit : on obferve même qu'il fe defèche quelque- fois prefque en entier, mais dans l'hiver & dans les temps pluvieux il peut être fort gros : M. Chorrier, dans fon hif toire du Dauphiné, rapporte même que lorfque le Rhône s'enfle & fort de fon lit, ce lacdevient un torrent impétueux, qui a renverfé quelquefois des murailles & des muifons : cela eft fort différent de ce que dit M. Dieulamant. Voilà tout ce qu'on fait bien précifément de ce torrent, qui Sav. étrang. Tome IL, 154 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE eft la matière inépuifable des fables & des menfonges du can+ ton, où il paffe vrai-femblablement pour être un gouffre, de- puis le voyage que François Ier, étant en Dauphiné, fit faire en bateau fur ce lac pour en découvrirla fource; entreprife qui fut confiée à des gens qui s’en acquittèrent fort mal: car un grand bruit qu’ils entendirent les effraya, & ne voulant pas aller plus Join, ils fecontentèrent, felonle rapport de Mézeray , de met- tre fur des planches des flambeaux que l’on vitdifparoitre enun certain endroit; circonftance à laquelle on ne peut pas ajoûter beaucoup defoi, n'étant pas facile de concevoir comment ona pû faire monter contre le courant de l'eau qui eft affez rapide ces planches où étoient ces flambeaux qui furent engloutis. Le réfultat de cette entreprife faite pour fatisfaire la eu- riofité d’un grand Roi, paroït aux gens du pays mériter toute leur croyance préférablement à la relation d’un Curé qui fut plus hardi ; il fe nommoit Antoine Marin, natifde la Balme, dont il étoit devenu Curé & de huit autres paroifles adjacentes ; il eft rapporté dans l’hifloire générale du Dau- phiné que j'ai déjà citée, que ce Curé accompagné de quel- ques-uns de fes amis , fut jufqu'à l'endroit d'où vient cette eau. Sa navigation qui fut d’une lieue environ , fe termina à une ouverture ronde, fpacieufe , d’où l’eau fort à gros bouillon ; c'eft fans doute le bruit qu’elle fait en tombant , qui épou- vanta les gens que François 1." y avoit envoyés : ce Curé rapporta que dans quelques endroits la voûte qui eft fort bafle les avoit obligés de porter leur bateau ou de s’y coucher, pour pouvoir aller en avant , & que dans certains endroits ce lac eft fans fond, dans d’autres prefque à fec. Le même Antoine Marin, dans les regiftres mortuaires de fa paroifle , que j'ai vûs, a confervé une note d’un gentil- homme de M. le Duc de Nemours, nommé M. de Severe- mont, qui, le 20 Janvier 1 596, fit mener un bateau fur le lac, mais fans aucune particularité : je voudrois en avoir dé- couvert quelqu'une qui pût rendre cette hiftoire digne de l'Académie, à qui elle appartient en quelque forte, roulant fur un objet qui a déjà trouvé place dans fes Mémoires. ToEJT DES: SCIE N CE Ss. 155 ME MaO AA RE Sur Les Maladies que caufe le Seigle ervoté, Par M. SALERNE Correfpondant de l’Académie, L eft parlé dans les Mémoires de l'Académie /1ome x, p. 5 61 ) & dans le Journal des Savans, du feigle ergoté, & des maladies qu'il caufe : il en eft aufit fait mention dans la Differtation d'un nommé Nicolas Langius, Médecin Suifle, inférée dans le fecond iome de la Cynofure de Ia matière médicale d'Herman : ainfi l'Académie étant inf- truite de la nature de ce grain, & des défordres qu'il caufe, je ne rapporterai ici que les expériences & les recherches que j'ai faites, foit pour conftater fes mauvais effets, foit pour découvrir les remèdes propres à guérir ceux qui ont eu le malheur d’ufer de cette mauvaife nourriture. Une Demoifelle très-charitable, & qui demeure au chà- teau de la Borde-Vernoux proche Romorantin, m'’ayant envoyé une provifion de feigle, dans lequel il y avoit un bon tiers d’ergot, j'en fis bouillir avec du fon de froment, pour en nourrir un petit cochon mäle, déjà coupé, qui étoit très-vif & en bonne fanté. Comme les premiers jours le cochon refufoit de prendre cette nourriture, on étoit obligé de lui en faire avaler avec une cuillère. Au bout de cinq jours, il fe détermina à en manger feul, même avec avidité, de forte que pendant près d’un mois il mangeoit tous les jours environ trois pintes de cette bouillie. Dans le commencement il profitoit à vüe d'œil, mais dès qu'on eut fupprimé le fon, pour ne fui plus donner que de l'orge où il y avoit un tiers d'ergot, il cefla de croitre, du moins il n’y eut que le ventre qui augmenta, & qui devint tres-gros & dur. Vi 156 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Au bout de quinze jours, on aperçut que fes jambes devenoient rouges & enflammées, & il commença à en fuinter une liqueur verdûtre de mauvaile odeur, & dont Ja puanteur augmenta de jour en jour. Le deffous du ventre noircit, ainft que le dos : la queue & les oreilles étoient toûjours pendantes ; au refle l'animal urinoit bien, fon urine étoit un peu citrine, & fes excrémens moulés. 11 na mangé en tout que deux boiffeaux de feigle mefure d'Orléans, dans lequel, comme nous avons dit, il y avoit un tiers d’ergot; ce grain ayant manqué au bout d’un mois, on lui donna du fon tout pur, bouilli & chaud : ce chan- gement de nourriture le rétablit un peu, fon ventre s'a- mollit, & diminua de groffeur, néanmoins il avoit de Ja peine à marcher, il gigottoit tantôt d'une jambe, tantôt d'une autre, il fe plaignoit, & les quatre derniers jours il chanceloit, & ne pouvoit prefque plus fe foûtenir, quoi- qu'il eût toüjours bon appétit ; enfin le o Mars il mourut fur les cinq heures du foir, ayant mangé le matin fa provifion ordinaire, On louvrit deux jours après, il ne fentoit prefque pas mauvais : les vifcères étoient en aflez bon état; il y avoit feulement deux grandes taches livides à la partie tranchante du foie : les inteftins & l’eftomac étoient remplis d’alimens digérés ; une partie du méfentère, le jejunum, & fur-tout Vileum, étoient enflammés ; la veflie étoit à moitié pleine d'urine, quoiqu'il en eût rendu une grande quantité en mourant : on a trouvé fous la gorge & aux jambes, quel- ques boutons noirs & entr'ouverts, par où il fuintoit une humeur rouffe; au refte, nulle graiffe au cœur, aux reins, à l'épiploon, & point de gangrène aux pieds. Cet animal, pendant le temps de l'expérience, étoit en penfion chez une femme, qui en avoit prefque autant de foin que fi c’eut été un enfant; elle le tenoit chaudement dans de la paille & du foin, & lapportoit de temps en temps auprès de fon feu ; ainfi il n’eft point douteux que les accidens dont cet animal. a été tourmenté, & qui l'ont DES À SIÈCLE Nc ES, PS7 fait périr, n'aient été occafionnés par le feigle ergoté, qu'on peut regarder comme un poifon lent qui donne la gan- grène plus ou moins promptement, felon que le grain corrompu eft plus ou moins récent ; car on remarque que les mauvais effets de l’ergot diminuent à mefure qu'il vieillit. Il eft vrai que les pieds du petit cochon ne font point tombés en gangrène; peut-être ne lui en a-t-on pas aflez donné pour cela, peut-être auffi auroit-on mieux fait de lui en moins donner à la fois, les vifcères n’auroient pas pro- bablement été autant endommagés, & le mauvais effet de Yergot auroit pü fe manifefler par la gangrène aux extré- mités : enfin, les fymptomes de ce poifon pourroient bien fe manifefter différemment fur des animaux de différente efpèce ; néanmoins, pour faire apercevoir que la maladie du petit cochon reflemble, à beaucoup d'égards, à celle des habitans dé Sologne, qu'on croit empoifonnés par l'ergot, je vais rapporter une partie des accidens qui font venus à ma connoiflance. Le pain fait avec une partie de farine de feigle ergoté, eft d’un noïr tirant fur le violet; la volaille & les chiens n'en mangent point volontiers : après cela, ne fera-t-on pas furpris que les habitans de Sologne, qui connoiffent le mauvais effet de cette nourriture, continuent à s'em- poifonner eux-mêmes avec connoiïffance de caufe? mais il faut confidérer que la Sologne produit à peine affez de grain pour nourrir fes habitans : la misère y eft grande ; ainfi, pour fatisfaire à l'appétit, il ne faut rien perdre; & le feul moyen d'empêcher qu'ils n'ufent de cette mauvaife nourriture, {eroit de leur fournir l'équivalent en bon grain, On remarque que les années pluvieufes engendrent beau- coup d'ergot, & c'eft pour cette raifon que les feigles de Sologne en ont été remplis l'année dernière. Dès la mi-Août on commença à voir dans l'Hôtel-dieu d'Orléans, des gens attaqués. ou. menacés de gangrène, & le nombre de ces malheureux a toûjours été en augmen- tant : il y en a eu de tout âge dans les deux sèxes, mais on V ii 158 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE remarque qu'il y a ordinairement une fois plus d'hommes. que de fémmes attaqués de cette maladie. | Cette année, la gangrène n'a point pañlé le genou, car elle vient plütôt aux pieds qu'aux mains; mais l'année pañlée elle ne fe borna pas-, on vit un enfant de dix ans à qui les deux cuifles fe détachèrent de l'articulation fans aucune hémorragie : fon frère, âgé de quatorze ans, perdit la jambe & la cuifle d’un côté, & de l'autre la jambe feule- ment; ces deux enfans moururent après vingt-huit jours de maladie. Si quelques-uns guériflent, & reflent eftropiés pour le refte de leurs jours, ce refle de vie n'eft pas ordinairement fort long. f Ceux à qui on fait lamputation du membre gangréné, quoiqu'on coupe dans le vif cinq ou fix travers de doigt au deflus de la gangrène, font morts plütôt que ceux à qui on n'a rien fait. De plus de cent vingt malades qu'on a eu à traiter (opérés ou non) il n'en a échappé que quatre ou cinq, le refle a péri tôt ou tard; & ceux qui ont fubfifté le plus long temps, n'ont guère paflé fix mois. 1] y en a aétuellement trois ou quatre qui font dans l'Hôpital depuis le mois de Septembre dernier, à qui les pieds font tombés; ils mangent bien, on les panfe journellement, & on prévoit que, fuppofé qu'ils en échappent, ils ne pourront être guéris que dans quatre mois. Le 13 de ce mois, il vint encore de Sologne un homme de moyen âge, qui a un pied tout couvert de phliétènes , & menacé d’un fphacèle complet. Il y a auffi à l'Hôtel-dieu un particulier, âgé de quarante à quarante-cinq ans, qui perdit, il y a dix-fept ou dix-huit ans, le poignet gauche : cet homme fut guéri dans le temps à J'Hôtel-dieu; il revint au mois de Décembre dernier, ayant le ventre gros, dur & tendu, & la main droite engourdie, avec des picote- mens & des dernangeaifons confidérables, accident qu'il reffentoit pareillement au pied, mais fans rougeur : on le faigna, & on lui donna le foir du même jour un gros de DES SCIENCES. 159 thériaque dans du vin : le vaifleau ouvert, quoique gros & gonflé, fournit à peine aflez de fang pour une faignée raifonnable, & ce fang repolé étoit très-couenneux. Les jours fuivans, matin & foir, on lui mit les pieds & les mains dans l’eau chaude; & au fortir du bain, on y faifoit des embrocations d'eau de vie camphrée, & on lui faifoit prendre de la thériaque. Au bout de huit jours, on lui ap- pliqua le flirax pendant une huitaine de jours, après quoi il ne fentoit plus qu’un léger engourdiffement, fur-tout à la main dont les doigts étoient d'abord gonflés. Malgré ce refte d'engourdiflement, le malade s’ennuyant à l'Hôtel-dieu, sen retourna chez lui; depuis ce temps on n’en avoit point eu de nouvelle, jufqu'au 7 du préfent mois qu'il eft revenu à l'Hôtel-dieu, ayant la main enflammée avec un gonflement qui s'étend jufqu'au coude. On y a appliqué les premiers jours le cataplafme des quatre farines réfolutives, qui a borné l'inflammation, puis on a mis fur chaque doigt l'emplâtre de flirax, & par-deflus le même cataplafme. Aujourd’hui les doigts femblent vouloir fe dé- tacher obliquement, les uns dans une phalange, les autres dans une autre; quand on lève Femplätre, il en fort une férofité fétide, & quelques gouttes de fang noirâtre : le malade crie jour & nuit, fe plaignant d’élancemens ter- ribles, au lieu que les autres ne le font que pendant le panfement. I fe trouve actuellement encore dans l'Hôtel-dieu, vingt- quatre malades de cette gangrène ; on les panfe avec des poudres d'alun, de vitriol blanc & de précipité rouge, ce qui n'empêche pas la produétion des chairs fongueufes, & que les fuppurations fanieufes ne foient de très-mauvaife odeur. Cette gangrène eft ordinairement furmontée d’une longue traînée d’inflammations où le mal fe borne, & où, par la fuite, le membre fe fépare de lui-même, toûjours oblique- ment ou en talus. Pour procurer l'exfoliation des os, on emploie l'huile de 760 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE gayac, mais la Nature la fait toute feule, quoique lentement: Ordinairement on ne fe détermine à l'amputation que quand les chairs font pourries & les os découverts, & on n'a jamais befoin ni de tourniquet, ni de fer à ligature des vaifleaux. Cette gangrène attaque plus communément les extrémi- tés inférieures que les fupérieures , mais quoique les mains paroiflent faines, les malades ne laïflent pas d'y fentir de l'engourdiflement. Comme la Sologne eft un pays maréca- geux , les payfans ont prefque toûjours les pieds dans l'eau, ce qui les rend très -fujets aux maux de jambes, peut-être cette circonflance détermine-t-elle la gangrène à fe jeter fur cette partie, 5 On ne doit pas oublier de faire remarquer que tous ces malades font hébétés & ftupides, ne pouvant rendre raifon de leur mal, & la flupeur augmente à mefure que la mala- die fait du progrès. Leur peau en général, fur-tout au vifage, eft jaune jufque dans le blanc des yeux, ils tombent dans un amaigriflement fi terrible qu’ils femblent des cadavres ; leur ventre eft gros, dur & tendu, cependant ils urinent & vont à la felle affez régulièrement, & leurs excrémens font liés; mais trois ou quatre femaines avant que de mourir il leur prend un dé- voiement accompagné de coliques, ils ont bon appétit & dor- ment aflez bien, leurs cheveux ne tombent point & les ongles des mains ne changent point de couleur, à moins qu'elles ne foient affectées de la gangrène, leur poux eft extrèmement concentré & fouvent imperceptible, quoique leurs vaifleaux foient gros & gonflés. Si on leur tire du fang, il eft telle- ment couenneux, qu'on ne fauroit le divifer, & il ne coule u'en bavant. Ce mal ne fe communique point par contagion , feule- ment il eft arrivé au garçon Chirurgien qui penfe ces mas lades, de gagner des boutons & des gales aux mains : pour éviter ces accidens, ils ont l'attention de fe les laver avec du vin. ll PHÉNS A SNCUIE NICE 161 Il eft temps de faire remarquer la reflemblance qu'il y a entre la maladie du petit cochon, & celle dont nous venons de parler. Les fympiomes femblables font , l'amaigriffement, le gonflement, & la tenfion du ventre, les douleurs & les engourdiffemens dans les extrémités, la foibleffe des jambes, les phlyétènes & les férofités fanieufes qui ont forti de plu- fieurs endroits, & tout cela fans interrompre le fommeil ni l'appétit, & fans troubler les fécrétions tant de l'urine que des gros excrémens. Je finirai ce que j'ai à dire fur cette matière, par la copie d’une lettre que m'a écrite une demoifelle d’efprit & de mé- rite qui fe confacre entièrement au bien des pauvres, & qui demeure au château de la Borde-Vernoux proche Romo- rantin, où cette maladie eft des plus fréquentes. « Pour répondre, Monfieur, à votre lettre au fujet de Ja maladie de l’ergot, je vais vous l'expliquer de mon mieux : vous favez ce que c’eft que l'ergot, ce font des grains de feigle qui fe corrompent dans l'épi ; ils ont coûtume d'être beaucoup plus gros que le bon grain, en ce cas ils ne font pas dangereux, parce qu'on les fépare : mais cette année-ci ils font plus petits que le bon grain, & il n’eft pas poffible de les féparer. L'effet que fait fur les hommes ce bled corrompu n'eft pas égal, mais dans ceux à qui il caufe la gangrène il eft le même; les uns en font attaqués dès les premiers jours, & les autres quelques jours après. Ce font d’abord des douleurs dans les gras des jambes, accompagnées d'une foibleffe qui fait qu'ils ne peuvent fe foûtenir, ils fe plaignent de douleurs jufqu'au bout des pieds; d’autres font en même temps atta- qués des deux bras : la jambe devient violette, la chair froide & engourdie, & la gangrène commence par les doigts des pieds ou des mains. J'ai penfé que cette mauvaife nourriture épaiffifloit le fang & l'empéchoit de circuler, ce qui caufe la moñtification de la partie où il fe jette le plus, & enfuite la fphacèle entièrement, comprime les nerfs & fait fouffiir au malade des douleurs exceffives. Si l'on n’y rémédie pas, le mal s'étend du pied à la jambe, ou de la main au bras, & Sav. étrang. Tome 11. X y ÈË 162 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE ainfi du refle. Ceux qui me viennent trouver dès le com- mencement , je les fais d’abord faigner une fois ou deux, leur fang eft fort épais & de très- mauvaife qualité, les faignées leur font très-bien & ôtent prefque les douleurs. Enfuite je leur fais envelopper la partie malade avec un linge trempé dans de l’eau de vie & du beurre frais jufqu’a ce que la chaleur y revienne, ce qui arrive ordinairement au bout de deux Jours, après quoi je les fais frotter d'un baume rouge dont voici la compofition : il faut prendre trois livres d'huile d'olive, trois demi-fetiers de vin, une livre de thérébentine lavée dans l’eau-rofe, une demi-livre de cire jaune & deux onces de fantal rouge ; enfuite je les purge, & ils font guéris. Dans ceux qui ont la gangrène naiflante, c’efl-à-dire lorfque les nerfs & les os ne font pas gâtés, je l'arrète & l’ôte en trois ou quatre jours avec une eau compolée de quatre onces d’alun calciné, trois onces de vitriol romain, & trois onces de fel, le tout bouilli dans deux pintes d’eau réduites à une : l'efcarre fe fait aufli proprement qu'avec un biftouri. Après cela je les panfe avec mon baume comme fon feroit d’autres playes, ce qui n'eft pas long à guérir. Pour ceux dont les doigts des mains ou des pieds fe trouvent entièrement gâtés & morts, mon eau les découvre & les détache dans les jointures, & je remarque par expérience qu'il faut les féparer auffi-1ôt, fans attendre qu'ils fe féparent d'eux-mêmes, le malade en eft plütôt guéri & fouffre beaucoup moins : j'ai remarqué aufli qu'il ne falloit pas couper la chair gâtée, de peur d’endommager les nerfs & les tendons. Voilà comme je m'y prens : & je peux dire que ceux qui perdent leurs membres c’eft par leur faute ; car je n'en ai manqué aucun de ceux qui font venus au commencement, foit du froid, foit de la gingrène. A l'égard de ce que vous m'avez demandé fur les animaux, je vous dirai 1.” que les chiens ne voulant point manger d’ergot non plus que les poules & les poulets , nous en avons donné dans la baffe-cour aux canards fans vouloir leur faire de mal ; le lendemain ils ne remuoïent plus » de la cour, & deux jours après il en mourut deux : les mie si SE ENCES 163 autres, fr on n’avoit pas ceffé de leur donner de ce mauvais grain, feroient tous morts ; ils ont été plufieurs jours à fe refaire : c'étoit ce qui tombe dans la grange en remuant les gerbes , qu'on leur avoit jeté dans la cour. Je croyois être en repos pour ces gangrènes , à caufe du bled noir que nos gens mangent , & il y avoit un peu de temps que je n'en avois vû : mais il m'eft venu depuis cinq jours un homme de Ligny qui devoit perdre la main, il en fera quitte pour un doigt. Notre maifon ne défemplit point de maux de toute efpèce : vous faurez auffi qu'il eft tombé à un cochon de près de notre paroiffe , les quatre pieds & les deux oreil- les, pour avoir mangé du fon de deux fetiers de bled cor- rompu où mêlé d’ergot ; c’eft un fait dont je me fuis exac- tement informé. Je fouhaite très-fort qu'il ne m'en revien- ne plus d'autres attaqués de cette misère, du moins qui me donnent la peine d’ôter leurs doigts ou leurs pieds : car je n'aime point du tout cet ouvrage ». X i LC L<4 164 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE PREMIER MEMOIRE SUR LORGANE DE L'OUIE DES REPTILES, Et de quelques Poiffons que l'on doit rapporter aux Reptiles. Par M. GEorrroy, Docteur en Médecine. : D NATOMIE comparée a fait de tout temps l'objet des recherches des plus grands Philofophes. C'eft à ce genre de travail feul que les premiers Anatomiftes fe font appliqués, il les a conduits à la connoiffance du corps hu- main, & l’Anatomie lui eft redevable en particulier des plus grandes découvertes qu’elle a faites dans les derniers fiècles. Sans parler de ce qu’on eft plus à portée d'examiner les ani- maux en tout temps, dans tous les âges, & de faire fes ob- fervations fur les vivans comme fur les morts, combien n’y a-t-il pas de parties plus diftinétes, d'organes plus apparens dans différentes efpèces? Souvent même on aperçoit plus aifément dans un animal une partie d’un organe, tandis que les autres ne fe peuvent reconnoître que dans des efpèces différentes du même genre. Ce font ces raifons qui ont por- té les plus grands Anatomiftes à cultiver l’Anatomie com- parée, & l’Académie elle-même n’a pas dédaigné d'en faire un des fujets de fon travail & de fes obfervations. Auffr cette partie de l'hifloire naturelle eft-elle portée aujourd'hui à un grand point de perfeétion. Néanmoins plufieurs organes ne font pas encore aflez connus dans les animaux ; quelques- uns même ne le feront peut-être jamais : la finefle des par- ties en dérobe la ftruéture & la compofition aux yeux les . plus attentifs. De ce nombre eft l'organe de l'ouie, le plus délicat, fans DRESh SCIE NICE !S 165 contredit, de tous les organes des fens. Peu connu autrefois dans l'homnre mème, ce n'eft que depuis le renouvellement de Anatomie, qu'il a commencé à fortir de l’obfcurité dans laquelle il étoit , & c'eft aux Anatomiftes modernes de A- cadémie qu'on en doit une defcription exaéte & circonftan- ciée. Les quadrupèdes dans lefquels l'organe de l'ouie ap- proche beaucoup de celui de l’homme, ont fervi comme de pièces de comparaifon , pour en acquérir une connoiflance parfaite : la découverte de l'un a conduit naturellement à celle de l'autre. , I n'en eft pas de même de plufieurs autres claffes d'ani- maux. Les poiflons & les reptiles en particulier, forment deux grandes branches de lhifloire naturelle, dans lefquelles l'or- gane de l'ouïe eft peu connu. La petitefle de cette partie, la dureté des os qui la renferment , ont fouvent empêché de la reconnoitre : la plûpart des auteurs ont condamné ces ani- maux à une furdité perpétuelle ; & fi dans la fuite on a eu quelque lumière fur ce fujet, c’eft encore à l'Académie qu’on h doit originairement. C'eft ce qui m'a engagé à tourner mes recherches vers cet objet, & à entreprendreune fuite de travail fur ces deux grandes clafles du règne animal. Je commence aujourd’hui par détailler l'organe de l’ouïe dans une fuite de reptiles les plus communs, & dans quelques poiflons que l'on doit rapporter aux reptiles : je réferve pour d’autres Mémoires la fuite de ces obfervations dans les autres animaux de la même clafle ; après quoi je pourfuivrai le même travail fur les oiflons. J'entends par reptiles cette claffe d'animaux dont la plû- part ne font que ramper, & qui vivans prefque également fur la terre & dans l'eau, ont été nommés par d’autres au- teurs, amphibies. L'un & l'autre de ces deux noms ne pa- roït pas cependant convenir à tous ces animaux , puifqu'il y en a quelques-uns qui marchent fans ramper, & plu- fieurs qui ne peuvent vivre que fur terre. Ainfi pour fixer les idées fur cette clafle,, il eft plus à propos d'en faire une ii 166 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE énumération fommaire : les animaux qu'elle renferme font donc les grenouilles, les crapauds, les tortues, le crocodile, les lézards, le caméléon, la falamandre ; & Îes différentes efpè- ces de ferpens ; vipère, couleuvre, orvet, & les autres. Je joins à cette clafle tout un ordre de poiffons que l'on a nom- més poiflons cartilagineux, pifces cartilaginei, Chondropterygi de Linnæus & d'Artédi; qui renferme les raies, la torpille, le chien de mer, l’eflurgeon, la lamproie, &c. Plufieurs marques caraétériftiques ont déjà fait penfer à de grands Naturalifles , que cette fection de poiflons devoit fe rapporter aux reptiles, de même que les poiflons cétacés ont tous les caractères des quadrupèdes, L’analogie que nous ferons voir entre ces animaux par rapport à l'organe de l'ouie , fera en- core une nouvelle preuve qui viendra à l'appui des autres ; mais avant que d'entrer en matière, je crois néceflaire de donner une defcription courte & abrégée de l'organe de l'oure. Defcription On divife communément cet organe en trois parties, fa- ie Fan voir en partie externe, en partie moyenne, & en partie interne ; la partie externe comprend ce qui fe voit fans le fecours de la diflection , avec le conduit de l'oreille, jufqu’au tympan inclufivement ; la partie moyenne que l'on nom- me la caiffe , eft comprife entre le tympan & les membranes qui ferment les fenêtres ronde & ovale : les offelets de l'ouïe font renfermés dans cette cavité. Enfin la troifième ou in- terne, qui s’appclle le abyrinthe, contient le veftibule , les canaux demi-circulaires, & le limaçon , qui font garnis du nerf acouftique : dans l'examen que je vais faire de l'organe de louïe des reptiles, je fuivrai l'ordre qu'on a coûtume d'obferver dans la defcription de l'oreille, c'eft-à-dire, que j'irai de l'extérieur à l’intérieur ; ce qu'on appelle vulgaire- ment oreille ou oreille extérieure, je veux dire la conque & le conduit de l'ouie, manque abfolument dans les reptiles; malgré cela il fe trouve une très-grande variété dans fa partie extérieure de l'organe de l’ouïe de ces animaux. Divifion. Je range par rapport à cet organe tous les reptiles que DES 2 SC MU'E N c' Es. 167 j'ai examinés jufqu'ici, fous deux ordres différens, qui chacun fe fubdivifent en deux autres : le premier comprend ceux de ces animaux qui ont une marque extérieure d'oreille , foit que le tympan paroiffe tout-à-fait à découvert, comme dans les lézards, foit qu'une peau plus fine que celle du refte du corps le recouvre comme dans les grenouilles & les crapauds, ce qui fait la fubdivifion de ce premier ordre ; les uns & les autres font ceux de tous les reptiles qui ont l'or- gane de l'ouïe le plus parfait & le plus complet ; puifque ou- tre le tympan, ils ont des offelets, & un ou plufieurs ca- naux demi-circulaires. Sous le fecond ordre je comprends les reptiles qui n’ont aucune marque extérieure de l'organe de l'ouïe : parmi ces animaux , les uns ont des offelets, mais n’ont point de ca- naux demi-circulaires , comme la vipère, la couleuvre, l’or- vet, & quelques autres ferpens ; les autres n’ont point d’of- felets, du moins formés comme dans les efpèces précédentes, mais ils fe trouvent avoir des canaux demi-circulaires, com- me la falamandre & la raie, qui ne diffèrent prefque point l'une de l'autre par rapport à la ftruéture de l'oreille, En détaillant l'organe de l'ouïe des reptiles, nous fuivrons cette divifion, & nous allons commencer par ceux dans lefquels cet organe eft le plus parfait & le plus apparent , comme dans les lézards. J’avertis qu'en décrivant les parties de l'oreille de ces animaux, j'emploierai fouvent les noms par lefquels où défigne les parties correfpondantes dans l’homme & les quadrupèdes ; j'ai été forcé de me fervir de ces termes, qui quelquefois ne paroiffent pas affez convenables, n'en ayant point d'autres à leur fubitituer, & voulant fixer les idées , fans employer des circonlocutions qui fouvent ré- pétées , deviendroient ennuyeufes. Si l'on examine les différentes efpèces de lézards de ce pays-ci, on aperçoit fans te fecours de la difleétion, à la partie latérale & poftérieure de la tête une ouverture de forme ovale /P!. L, fig. 1) affez grande: ce trou et fermé par une membrane mince & tranfparente, fort différente de Les Lézards, 168 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE la peau écailleufe de ces animaux. En regardant cette mem- brane ou efpèce de tympan avec attention, on y aperçoit un petit offelet long qui part de la partie fupérieure & pof- térieure de cette ouverture, & s’avance obliquement dans le corps de la membrane jufque vers le milieu (fig. À & B). C'eft-là tout ce que l’on peut apercevoir dans le lézard à l'extérieur; mais fi l'on enlève la peau écailleufe qui entoure ce trou de l'oreille, & qu'on l'enlève doucement, fur-tout après avoir fait macérer l'animal dans l'eau de vie, pour lors on voit que cette membrane du tympan n'eft pas fimple, mais compolée de deux lames, appliquées l'une fur l’autre. D'abord il s'en détache une première lame fort fine, continue par-tout avec la peau écailleufe des environs, en forte qu'il n'y a point d'ouverture dans fa peau de animal, mais un fimple aminciflement à cet endroit. Cette première pellicule enlevée, l'offelet paroït à découvert, quoique collé fur la partie du tympan qui refte : cette feconde pellicule eft une continuation de la membrane, qui revêt la cavité fuivante, cavité qui correfpond à la caifle de l'oreille des quadrupèdes, & dans laquelle font contenus les offelets; ainfi le tympan du lézard qu'on aperçoit à l'extérieur, eft compofé de deux lames, l’une externe, l'autre interne. C'eft entre ces deux membranes que fe trouve le pre- mier des offelets qui fe voit extérieurement : cet offelet, par fa pofition, femble répondre au marteau dans les animaux quadrupèdes ; il a la forme d'une pointe de clou, ou, pour mieux dire, d’une épine (P1. 1, fig. 3 & 4) : plus large par fa partie fupérieure, il fe termine en pointe par fa partie infé- rieure. Cette dernière, pofée entre les deux lames du tym- pan, ne tient à aucune autre partie; mais la partie fupé- rieure eft attachée principalement par un petit mufcle (fg: 4; e) à la pointe que forme l'os poftérieur du crâne, que Fon pourroit appeler es occipital /fg. 9, a © b). De plus, ce premier oflelet s'articule par le milieu de fa face fupé- rieure avec l’autre offelet. Celui-ci, dont il nous refle à parler, s'enfonce en droite ligne DLE,S =S G 1 E NC ES, 169 ligne (fig. s, 6, 7, 8) depuis l'articulation qu'il forme avec le premier /fg. ÿ, à, fig. 8, b) jufqu'à la partie fa plus profonde de la caifle, où fe dilatant il fe termine en une efpèce de platine /fig: 5, 6, 7, 8, a,a,a, a) qui ferme une ouverture que l'on peut appeler, fi l'on veut, fenêtre ovale. Ce petit offelet, qui fait en même temps l'office d'enclume & d'étrier, peut fe divifer en deux parties : la première eft le manche / fig. $, 4) qui eft longuet , plus gros par fa partie extérieure, par laquelle il s'articule avec le marteau, & plus mince à fon autre extrémité, au bout de laquelle fe trouve la platine / fs. ÿ, a). La {e- conde eft cette platine, qui reffemble aflez, & pour fa fituation & pour fon ufage, à la bafe de l'étrier des qua- drupèdes, puifqu’elle fert à fermer la fenêtre ovale du laby- rinthe de l'oreille. Ces deux parties paroiffent même d’abord diftinétes l'une de l'autre, & fe féparent aifément fi l'on tire cet offelet fans prendre de précaution; le bout de ce petit os étant fort mince en cet endroit, & fort aifé à rompre. La cavité que ce fecond offélet traverfe directement depuis le tympan jufqu'à la fenêtre ovale, peut fe nommer caifle du tympan: cette caifle n’eft pas toute formée par des os, il n'y a que fa partie antérieure qui foit terminée par un demi-cercle offeux aflez large, qui part de l'ex- émité de Fos occipital dont nous avons déjà parlé, & s’avançant fur le devant, fe termine à la partie inférieure (fig. 9:b) ; le refle de cette cavité n'efl formé que par des ligamens; c’eft ce que l'on peut voir clairement dans le fquelette d'une tête de lézard. Après avoir examiné le tympan, les deux oflelets & fa caifle de l'oreille, partie offeufe, partie ligamenteufe, on parvient enfin à {a dernière cavité de cet organe, je veux dire au labyrinthe. Ce labyrinthe n’a qu'une ouverture en dehors, c'eft cette fenêtre ovale, fermée par l’offèlet à pla- tine (fig. 10 11,4, a), qui eft fi petite qu'à peine peut-elle admettre un crin aflez fin : il eft creufé dans un os qui {e Sav, étrang. Tome 11. 170 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE trouve fous l'os occipital, & qui renferme le cervelét. En ouvrant cette cavité, on n'y aperçoit d’abord rien de remar- quable, feulement il y a à la partie la plus enfoncée un petit trou. par lequel entre le nerf auditif, qui forme une expanfion qui revêt toute cette cavité ; en enfonçant un crin dans ce petit trou, il pénètre dans le cerveau; mais fr l'on examine avec attention fa voûte du veftibule, on y aperçoit intérieurement trois petites ouvertures, qui, par leur pofition, forment les extrémités d'une efpèce de triangle: dans ces trois ouvertures rendent trois canaux affez droits, deux dans chacune. Ces canaux, que l'on peut appeler canaux demi-circulaires, ou qui du moins en tiennent lieu, repréfentent chacun un côté d'un triangle prefque équila- téral, dont chacun des angles aboutit à une des trois ou- vertures dont nous venons de parler /fg. 1 o à 11, b,c,d); ces canaux font creufés dans los qui forme la voûte du labyrinthe : l'un eft polé au deflus de la fenêtre ovale; & eu égard à a pofition du. corps de l'animal , il va direétement de devant en arrière, en faifant une légère courbure : les deux autres partent de fes extrémités, & marchant obli- quement, vont fe joindre un peu en deçà du milieu du crâne, vis-à-vis la jonction des canaux correfpondans de l'oreille de l'autre côté /fg. 10 & 11,4). Telle ef la ftruéture qui fe rencontre dans un auff petit animal que le lézard ; à l'exception de oreille extérieure, on y trouve prefque les mêmes parties que dans les qua- drupèdes, ou du moins des parties correfpondantes : le 1ympan qui eft extérieur, reçoit les fons & en commu- nique les vibrations, tant à air contenu dans la caïfle, qu'à l'offelet qui tient lieu du marteau, & qui lui eft for- tement attaché; celui ci fe trouvant ébranlé, fait mouvoir le fecond oflelet à platine auquel il ef articulé; & par le mouvement de la platine, le fon produit fon action fur le nerf acouflique, qui revêt le labyrinthe & les trois canaux de cette cavité : la feule différence effentielle eft le manque de lumaçon, qui ne paroït être fuppléé par aucune autre ENS S'CUE N € ES 171 partie dans cet animal. Du refe, j'ai conflamment trouvé cette même conformation dans un grand nombre de lézards de différentes efpèces & de différentes grandeurs que j'ai examinés ; il faut même en avoir obfervé un bon nombre pour pouvoir retrouver toutes ces parties qui échappent facilement à la vûe fimple. La feconde fous-divifion que nous avons faite du premier ordre des reptiles, renferme ceux dans lefquels lorgane de l'ouïe paroît extérieurement, mais où il eft recouvert par la peau plus fine & plus déliée en cet endroit ; de ce nombre font les crapauds & les grenouilles. La grenouille diffère d'abord du Iézard par rapport à l'organe de l'ouïe, en ce que le tympan ne paroît pas à nu; on voit feulement à l'extérieur une marque circulaire, fur laquelle la peau, plus mince en cet endroit, paroit exac- tement coilée : en enlevant cette peau, on découvre le tympan qui eft une efpèce de plaque exactement ronde & cartilagineufe (P/. Z, fig. 1 2, À, fig. 1 3): ce tympan eft placé à la partie latérale poftérieure de la tête; il eft aflez épais, & paroît comme formé de plufieurs fibres cartilagineufes qui femblent partir de la circonférence, & s’avancer toutes vers le milieu: ce centre eft plus blancheâtre / fig. r 2, B ); c'eft à cet endroit que l’offelet eft attaché au deflous; & fi l'on enlève le tympan, fouvent il refte une cavité au milieu, il ne forme plus qu'un cercle cartilagineux affez large, fon centre reflant attaché à l'offelet : c’eft ce qui a fait croire à Oligérus Jacobæus, dans fes obfervations fur les Grenouilles, que le tympan n'étoit formé que par un cercle cartilagineux; il admet même uné petite ouverture extérieure à la peau fur ce cercle que je n'ai jamais pû rencontrer *, * Organa auditäs talem offen- branam tympano analosam inris dunt fabricam. In cranio utrinque latentem ‘inveftiens, ut aperturam circulus offèus, vel ad minimum car- rilagineus eff, cui obtenditur eadem Subflantia cutis, quæ reliquum cor- us inveffit, Ît& autem circulum embit.hac fubffantia cutis, mem- ET foraminulum quoddam meatui auditorio fimile relinquar. Oliver. Jacobæus de Ranis obfervationes, Paris, 1676, in-8.° p. 41. Yi La Grenouille. 172 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Lorfque le tympan eft enlevé, on aperçoit deux chofes : la première, c’eft que cette plaque cartilagineufe n'efi atta- chée à des os que dans fa partie antérieure, où elle tient à los de la mâchoire fupérieure / fig. 1 2, À B ), tout le refte de Ja caifle n'étant formé que par des ligamens; aufi ce cercle ne peut-il fe conferver dans un fquelette de tête de grenouille ; il fe retire, & l'on ne peut plus reconnoïtre que fa partie antérieure foütenue par les os. La feconde chofe à obferver dans la caifle, après avoir détruit le tympan, eft le premier oflelet qui tient lieu du marteau / fig. 14,15, 16,60, c; fig. 17 © 1 8, AA ); cet oflelet eft aflez court & épais : fi on l'examine à Ja loupe, on voit qu'il repréfente une efpèce de prifme triangulaire; fon extrémité inférieure qui eft plus large, fe termine par une furface un peu oblique qui s'applique fur le centre du tympan intérieurement, à {a différence du lézard, dont le marteau eft collé & enclavé entre les deux lames du tympan : l'extrémité fupérieure de ce petit os ne tient qu'à l'autre offelet auquel elle eft arti- culée; celui-ci, plus long & plus gros que le premier, lui reffemble affez pour fa forme (fig. 14,1 $,.1 6); a pareille- ment trois angles dans fa longueur, il fe porte direétement du dehors de l'oreille à l'intérieur /fg. 1 8, À), & traverfant la caifle, il sévafe à fon extrémité, & ferme le petit trou qui tient lieu de fenêtre ovale, par une furface triangu- faire * : cet oflelet n’a donc point de platine mince comme dans le lézard ; feulement la furface de l'extrémité la plus épaifle qui va fermer la fenêtre ovale, eft recouverte d’un petit cartilage qui peut facilement s’en féparer, & qui paroît fuppléer à la platine /fig. 14, 15, 16, a,a,a): Yon voit que ce petit os fait l'office de f'enclume & de l'étrier. Lorfque la fenêtre ovale eft ouverte, elle paroït affez grande pour la petiteffe de ces animaux (fig. 19, À, fig. 20, B), & elle eft d'une forme ovale, mais un peu irrégulière: # Oliser Jacobæus, dans l'endroit | & la figure font l’une & l’autre peu cité ci-deflus, parle de ces oflelets, | exaéles, & l’on n’y peut reconnoître: &.en donne la figure, La defcription | la véritable forme de ces offelers,. MAR PONRCIT E N'C'EIS 173 la cavité à laquelle elle conduit, eft a dernière de l'oreille, que l’on peut appeler veftibule du labyrinthe ; elle eft creufée dans un os qui fe trouve à la partie poflérieure du crâne, à côté du trou occipital, mais un peu plus en avant : l'ex- térieur de l'os qui contient cette cavité fournit quelques fujets de remarques ; au deflus de la cavité du labyrinthe, on voit fur cet os qui en forme la voûte , un enfoncement ovale aflez confidérable /fg. 1 9, D, fig. 20, À ); cet enfoncement eft terminé à f'entour par une légère élévation circulaire (fg-20,E,E, E), dans laquelle fe trouve une très-petite ouverture à là partie Ha plus poflérieure /fg. 19,20, F, F): nous examinerons dans un moment la raifon de cette confor- mation. Quant à l'intérieur du veftibule , Ia première chofe qu'il offre à la vüe, eft un petit trou affez diflinét qui fe trouve à fa partie la plus enfoncée, vis-à-vis lx fenêtre ovale, & qui pénètre dans le cerveau une ligne environ au devant du trou occipital ; ce petit trou femblable à celui que nous avons déjà obfervé dans les lézards, donne pareillement entrée au nerf auditif, dont l'expanfion revêt tout le labyrinthe : le refle de la cavité du veflibule eft affez irrégulier, & n’a rien de remarquable que trois ouvertures pofées à des diftances inégales les unes des autres dans la vote du veftibule; ces trois petites ouvertures rendent dans trois canaux inégaux, que nous nommerons demi-circulaires, à caufe de leur ufige & de leur correfpondance à ceux des quadrupèdes, quoiqu'its ne faflent que des portions de cercle : c'eft ce qu'il eft aifé d'apercevoir en entrouvrant cette élévation circulaire, que nous avons remarquée extérieurement /fig. 20, E, E ); on voit qu'elle eft formée par une efpèce de canal circulaire, qui s'ouvre en trois endroits de fa face intérieure dans le haut du veflibule , en forte que ces trois portions de cercle forment comme trois canaux demi-circulaires ; on peut les confidérer de cette façon , ou les regarder comme un feul canal qui a trois ouvertures : cés ouvertures né font pas à égales diflances, & les portions du canal ne font pas égales, Y ii 174 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE June eft plus petite, l'autre moyenne, & la troifième plus grande ; en forte que la pofition de ces trois petits trous repréfente aflez bien les extrémités des angles d’un triangle rectangle. Outre ces ouvertures, il y en a une quatrième plus petite à l'extérieur (fig. 1 9, 20, F, F'); c'eft celle dont nous avons parlé plus haut : j'ai examiné dans plufieurs grenouilles quel pouvoit être l'ufage de ce petittrou; mais la finefle de ces parties ne m'a pas permis d'y rien découvrir : peut être fert-il de paflage à quelque vaifieau , ou à quelque nerf. Outre les parties que nous venons de détailler dans l'oreille de la grenouille , & qui approchent de celles que lon voit dans plufieurs autres reptiles , il y en a une qui lui eft particulière, & que je n'ai encore trouvée que dans cet animal ; c'eft une large ouverture que l'on peut aperce- voir aifément dans la gueule de ces animaux, même en vie, qui pénètre dans la caifle du tympan : cette ouverture, que l'on peut appeler la trompe, puifqu'elle fait l'office de a trompe d'Euftache, fe trouve placée à côté de la mâchoire fupérieure, un peu avant fon extrémité ; elle a près d’une ligne de diamètre dans les petites grenouilles, & davantage dans les grofles : le canal auquel elle donne naiffance , eft large & fort court; fi l'on y introduit un flilet, fa pointe fe trouve derrière le tympan cartilagineux ; lorfqu’on a enlevé ce tympan, on voit pareillement cette grande ouverture ui rend dans la gueule. Il ne paroiït pas douteux que cette ouverture ne ferve à admettre le fon dans l'intérieur de l’oreille ; le tympan cartilagineux des grenouilles amortit confidérablement fes vibrations ; il étoit cependant néceflaire pour garantir cet organe fi délicat dans un animal qui vit plus dans l'eau que fur terre, & qui ne s’avançant que par des fauts répétés , auroit couru rifque de déchirer un tympan formé par une fimple membrane ; la Nature y a donc fuppléé en formant une feconde ouverture par laquelle le fon pût s'introduire. M. Vallifniéri eft un des premiers qui, DES SCIENCES. 175 dans fon hiftoire du Caméléon , ait parlé de cette efpèce de trompe, non pas dans les grenouilles, mais dans les tortues , les différentes efpèces de lézards & les ferpens®. Je viens de détailler l'organe de louïe des lézards, dans lefquels je n'ai pû apercevoir une pareille trompe, quel- ques recherches que j'aie faites; je ne fai jamais non plus aperçüe dans les ferpens, & je n'ai même rien vü d'approchant dans les crapauds, qui reflemblent fr fort aux grenouilles à bien des égards : peut-être fe pourra-t-elle rencontrer dans la tortue, que je n'ai point encore exa- minée ; mais il eft étonnant que M. Vallifniéri, dont l’ou- vrage n'eft qu'une critique continuelle des Anatomiftes françois , n'ait pas aperçû un ‘trou auffi vifible dans la grenouille, tandis qu'il le fuppofe dans les lézards & les ferpens, dans lefquels il n’exifte point : d'ailleurs les remar- ques qu'il a faites, & qu'il donne au fujet de l'ouïe de ces animaux, font peu circonftanciées ; il ne dit qu'un mot des offelets , fans parler du labyrinthe & des canaux demi- circulaires ; & c’eft d’après un pareil détail qu'il part pour accufer l’Académie d'avoir avancé grand nombre d'erreurs, que nous examinerons en traitant l'organe de l'ouïe du caméléon. Le feul Auteur que je connoiffe qui aït fait mention de cette trompe d’Euftache dans les grenouilles, eft Swammerdam, qui en dit un mot en paflant, dans fon Hiftoire des Infectes b. Les crapauds que fai examinés particulièrement, font les crapauds terreftres dont il eft fait mention dans l'Hifoire de l’Académie de l’année 1733, fous le nom de Crapauds * Abbiamo l'analogia d’un tale artificio, anche ne’ ramarri ; nelle ducertole , e ne ? Serpenti » à quali tutti hanno i fori aperti delle orre- chie nel palato, e non nel efterno, dove oli hanno chiuff, e fpianari da una membrana, rc, Vallifn. iftoria del Cameleomte Aent, in Venezia 1715, in 4.° p. > In pifcibus, “n ifque aliis ani- mantibus, modo diéfa organa inve- nire quoque perdifficile ef; quando quidem ea nullo pénitüs foramine externo patent. Sic in chamekonte cbfervavi ofEium organi audités intræ CE) aperiri , quod iplum etiam in ran@ obrinèt. Swammerd. Bibl. Nat. S. Hift. inf. Leydæ, 2738, fol, tom. 11, pag. 499 Les Crapauds, 176 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE accoucheurs : ils approchent beaucoup des grenouilles par rapport à la conformation de l'oreille. Ainfi, pour éviter des répétitions inutiles, je nv'arrêterai principalement à mar- quer les différences qui fe rencontrent dans l'organe de l'ouïe de ces deux efpèces d'animaux. Nous avons vû que la grenouille a une marque extérieure de l'oreille bien fenfible : le tympan cartilagineux eft exaéte- ment collé à la peau, ce qui produit une impreflion ronde à cet endroit ; il n’en eft pas de même des crapauds : ces ani- maux n’ont point de tympan cartilagineux, la peau recouvre l'endroit de l'oreille, comme dans les grenouilles ; mais l'on ne voit à l'extérieur qu'une élévation circulaire, fans que la peau foit plus tendue, au contraire elle cède aifément à Ia preffion dans l'endroit que cette élévation renferme. Lorf- qu'on a enlevé la peau on aperçoit le tympan qui efl extrémement fin & délié, & qui très-fouvent s'enlève avec elle {PI 11, fig. 1, A). L'ouverture que recouvre ce tym- pan n'eft formée par des os que dans fa partie antérieure, tout le refte fe trouve entouré d’un ligament qui complète l’autre partie de l'ouverture, & qui forme cette élévation circu- lire que l'on voit au dehors. Le trou de l'oreille a donc les bords faillans & élevés : il eft placé à fa partie pofté- rieure de la tête, derrière l'œil & Varticulation des mâ-. choires; au milieu de cette ouverture on aperçoit l'extrémité ou la portion de l'offelet qui tient lieu du marteau ; elle n’eft point attachée aux os qui forment la circonférence de l’ou- verture, mais feulement au tympan, de même que dans les grenouilles, & elle y eft fimplement collée ou appli- uée. La caiffe du tympan eft grande, formée pour Ia plus grande partie par des membranes ligamenteules , comme dans les grenouilles ; la feule différence remarquable eft que la trompe large que nous avons obfervée dans les grenouilles, ne fe trouve point dans les crapauds : cette efpèce de trompe m'avoit fait penfer qu'il devoit au moins y avoir quel- que chofe d'approchant dans ceux-ci. J'en ai examiné un très- DES SCIENCES 177 très-grand nombre dans cette vüe, & je n'ai jamais pû découvrir aucune ouverture qui communiquât de la caifle du tympan dans la gueule; cette variété qui paroît d'abord fmgulière dans des animaux aufli femblables, furprendra moins fi l'on fait attention à la différence du tympan dans June & l'autre de ces deux efpèces. Les grenouilles ont un tympan cartilagineux & épais qui admet plus diffcile- ment le fon ; celui des crapauds au contraire eft fort fin & très-délié, & peut par conféquent, quoique recouvert de la peau, recevoir aifément l'impreffion des ondulations de l'air : ce feul organe leur fuffit donc fans qu’il ait befoin d’être fuppléé par la trompe, qui, dans les grenouilles, fert à admettre les fons. L'offelet de l’ouïe, dont une partie paroït à l'ouverture de la caïfle, reffemble à celui des grenouilles pour fa pofi- tion & fa direction ; il en diffère feulement par fa ftruéture. Premièrement, cet offelet n’eft pas à trois angles comme celui de la grenouille, mais aflez rond /fg. 2 à 3): la partie qui va fe coller au tympan ( fig. >, a), n'eft pas fr diftinéte du refte de ce petit os, quoiqu'elle puiffe s’en dé- tacher, & elle ne paroît pas être articulée avec l'autre portion, mais feulement collée & jointe par un petit cartilage inter- médiaire. Sècondement, le corps de l'offelet qui tient lieu d'enclume, a une apophyfe aflez confidérable au delà de fa partie moyenne, en approchant de la fenêtre ovale / fig. 7, bcd); enfin, cet offelet fe termine par une platine carti- lagineufe ( fig. 3, d) & tranfparente, tandis que le refte en eft offeux : cette platine eft fort grande, eu égard aux autres parties, & le crapaud eft celui de tous les reptiles où je l'ai trouvée proportionnément la plus confidérable ; elle fe détache fort aifément du refte de l'offelet, & il eft très-difficile de les enlever enfemble : quant à fa forme, elle eft life & un peu concave du côté qui ferme le vefti- bule (fig. 4, 5 ), mais elle va un peu en diminuant de Yautre côté; en forte que féparée du refte de l'offelet, elle repréfente aflez bien un cone tronqué, dont les côtés Sav, étrang. Tome IL, 78 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE feroient feulement un peu renfoncés vers leur milieu /fg. 6): L’offelet enlevé, l'on découvre la fenêtre ovale / fig. 7, a. fig. 8, c, fig. p,a) qui eft fort grande, de même forme que la platine qui la couvroit, & entourée de bords un peu élevés / fig. 7, a) : ceue fenêtre conduit dans le vef tibule qui eft aflez grand, repréfentant une cavité ovale, plus larve que profonde, femblable en tout au labyrinthe de la grenouille ; on y découvre le trou qui donne pañlage au nerf auditif, l’enfoncement ovale à l'extérieur de los (fig. #, b), qui eft entouré par un canal circulaire /fig. 8, a, fg: 9, b, b,b) qui s'ouvre en trois par des ouvertures pratiquées à la voüte du veftibule, ce qui forme trois por- tions de cercle. La feule différence que j'aie obfervée, c'eft par rapport à l'ouverture extérieure du canal circulaire, qui, dans la grenouille, fe trouve à la partie poftérieure, & dans le crapaud à l'extrémité antérieure (fig. #, e, fe: 9, c). L'on voit par ce détail combien l'organe de l'ouïe eft femblable dans ces deux efpèces d'animaux ; il n’y a de différences eflentielles que dans le tÿmpan & dans la trompe qui ne fe trouvent que dans les grenouilles, la petite variété qu'on obferve dans la forme de l'oflelet & dans la pofition du trou extérieur de la voûte du veflibule, paroiffant de peu de conféquence : du refte, ces deux animaux, da gre- nouille & le crapaud, ont l'organe de l'ouïe fort grand & fort apparent pour leur groffeur ; & de plus, ce font ceux de tous les reptiles où l’on peut fuivre le plus aifément ces petites parties, les os temporaux étant mous & carti- lagineux dans l'animal frais, quoiqu’ils paroiflent durs & offeux dans le fquelette. Nous voici parvenus au fecond ordre des reptiles. La première fous-divifion renferme ceux qui n'ont aucune marque extérieure de l'ouïe, mais qui font munis d'offelets, tels que l'orvet, la couleuvre, la vipère & les autres ferpens. Je commencerai par l'orvet, dans lequel l'organe de l'ouie approche le plus de celui des animaux que nous avons M ES, SCIE NC. Es. 179 examinés, & qui femble tenir le milieu entr'eux & les autres ferpens. L’orvet œcilia n'a aucune marque d'oreille à l'extérieur, la peau écailleufe de cet animal eft par-tout {1 même, & dans l'endroit où elle recouvre l'oreille, elle eft aufli épaifle & auffi dure que dans tout le refle du corps ; fi on lève cette peau à la partie poflérieure de la tête, où fe trouve l'organe de l'ouïe dans tous les reptiles, on n’aperçoit d'abord que quelques membranes & plufieurs fibres mufculeufes jointes à beaucoup de graifle : du refte, nulle marque, nul veflige d’organe de l’ouïe, en forte qu’on feroit tenté de croire cet animal entièrement dépourvü de ce fens ; c’eft ce qui m'eft arrivé la première fois que j'ai examiné l'orvet : je m'en tins à ces premières apparences fans aller plus loin; mais fi on lève ces fibres mufculeufes qui paroïfient d’abord, on aperçoit enfin l'organe de l'ouïe. Le tympan qui eft fort fin, & qui n'a pas une ligne de diamètre, fe préfente le premier à la vûe /P/. 11, fig. 1 o); en l'examinant avec la loupe, on découvre un petit offelet qui y eft collé; ce petit offelet, plus cartilagineux qu'offeux, part de la partie fupérieure & poférieure du bord de l'ouverture que forme le tympan, & savançant obliquement, il fe termineen defcendant à la partie moyenne de cette membrane / fig. 12, c, fig. 1 $,a). La cavité de la caifle eft formée dans ce reptile, comme dans ceux que nous avons déjà vûs, en partie paï des os, & en partie par des membranes & des ligamens; la partie ‘antérieure eft offeufe, & ces os forment l'ouverture de la caifle depuis l'endroit d'où part le premier offelet cartila- gineux, jufqu’à la partie moyenne inférieure, faifant plus d'un demi-cercle ; à ce bord offeux, l'on voit une dupli- cature qui le fait paroïtre comme compofé de deux lames, dont l'intérieure déborde l'extérieure : ‘c’eft ce que l'on concevra plus aifément en voyant la figure de cette partie (fig: 12,a); le refte du trou auditif n’eft terminé que par des ligamens /fg. 1 2, b). C'eft dans la cavité de la cajffe qu'eft ERER: le fecond 1 L'Orvet, La Vipcre. 180 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE offelet, ou l'offelet à platine; ce petit os eft attaché par fa partie antérieure au premier ofiélet, un peu avant la fin de celui-ci /fg. 1 $,C, fig. 1 1 ) : il n'a été impoffible de découvrir fi cette attache étoit une véritable articulation, ces offelets étant extrêmement fins dans l'orvet, qui a la tête fort petite, & ne pouvant fe reconnoître qu'à l’aide de la loupe. Depuis cette attache ou articulation, le fecond offelet s'enfonce dans la caifle en montant / fig. r $, b), & fe termine par une platine aflez grande qui ferme l'entrée du veftibule, ou {a fenêtre ovale : le corps de cet offelet fait dans ce chemin une double courbure en forme de S, ui reflemble aflez en petit à la configuration de la clavi- cule dans l'homme /fg. 1 3 14); la platine qui le termine ne s’en détache pas aifément, en quoi elle diffère de celle des reptiles que nous avons déjà examinés. La fenêtre ovale, qui eft fermée par la platine de même forme, eft très-petite, à peine peut-elle admettre le bout d'un crin; elle conduit dans le veftibule qui eft oblong & affez grand, vü la petitefle de tout cet organe : cette cavité eft tapiflée en dedans d’une efpèce de mucilage blanchâtre, qui eft l'expanfion du nerf auditif, dont on aperçoit l'entrée à la partie la plus enfoncée du veflibule, par un petit trou qui pénètre dans le cerveau; hors cette petite ouverture, je n'ai rien aperçû de remarquable dans cette dernière partie de l'oreille, je n’ai trouvé aucun canal demi-circu- laire dans la voûte du veflibule, quelque recherche que j'aie faite pour en découvrir, je ne voudrois point cepen- dant aflurer qu'il n'y en eût point dans cet animal : Îa reflemblance qui fe trouve entre fui & le lézard par rap- port à l'organe de louïe, donneroit à penfer qu'il doit y en avoir; mais j'avoue que ces parties font fr petites, que je n’y en ai jamais pû reconnoître. La vipère a l'organe de l’ouïe encore plus enfoncé & recouvert que l'orvet; non feulement on ne voit à l’exté- rieur aucun indice de cet organe, mais il faut aller le chercher fous des mufcles, & même fous des os. Quand. DES ScirNcrzs. r8r on a enlevé la peau de a vipère, on trouve un grand nombre de mufcles qui fervent au mouvement des mà- choires, mouvement fingulier dans cet animal, & que quelques Auteurs ont décrit avec foin : c’eft fous ces mufcles qu’on aperçoit l'offelet de fouïe qui eft encore à couvert par un petit os qui foûtient les deux mâchoires, tant fupé- rieure qu'inférieure, & qui fait avec elles une efpèce de bafcule ou de levier. Pour de tympan & de trou auditif, il n'y en a aucun veftige dans la vipère, en forte que des trois parties que nous avons diflinguées dans l'oreille, il y en a deux qui manquent totalement dans cet animal, lo: reille extérieure & la caifle; il n'y a que la dernière, je veux dire le veflibule : mais quoiqu'il n'y ait ni tympan ni caïfle, on trouve néanmoins un oflelet aflez femblable à celui des autres reptiles ; cet offelet / P/. 71, fig. 17) eft longuet, terminé d’un côté par une platine (fig: 17,C CC), & de l'autre par un petit cartilage /fig. 1 7, 3, 3, 3) qui abou- tit auprès de l'os qui foûtient les mâchoires /fg: r 6, B, fig. 1 8, C), en forte qu'on peut divifer cet offelet en trois parties, la platine, le manche & Ia partie antérieure qui forme comme un offelet cartilagineux féparé du premier, & articulé avec lui ; de cet offelet cartilagineux, part un ligament large qui va s'attacher à l'os qui foûtient fa mâchoire, & qui joint ces deux parties par une connexion aflez forte, mais en même temps aflez lâche pour que l’une puifle fe remuer fans que l'autre fuive fon mouvement : outre ce ligament, de la membrane qui enveloppe l'offelet & lui tient lieu de périofte, partent encore plufieurs filets ligamenteux qui s'avancent entre les mufcles dont cet organe eft recouvert & paroiflent s'y perdre, du moins je n'ai pû les fuivre plus loir à caufe de leur extrème fineffe ; je ne doute pas cependant que fa plüpart de ces filets ne parviennent jufqu'à Ja peau de l'animal, en forte qu'ils puiffent fervir au mouve- ment de l'ofielet : la peau doit faire l'office du tympan, &g les offelets n'y font point attachés immédiatement, mais par l'intermède de plufieurs filets ligamenteux. Z ij La Couleuvre. 182 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE L'offelet à platine s'enfonce un peu obliquement en devant (fig. 1 8, B, fig. 1 6, B), & va par fa platine fermer une ouverture qui eft à la partie poflérieure du crâne, & que l'on peut appeler fenêtre ovale / fig. 1 6, E, fig. 1 8, A}: ce trou à peu près rond, conduit dans la cavité du vefti- bule qui eft aflez irrégulière; on y remarque à la partie inférieure, ‘vis-à-vis la fenêtre ovale, une ouverture dont les bords font faillans, & qui, pénétrant dans le cerveau, donne entrée au nerf auditif : dans la partie fupérieure, il a un enfoncement affez confidérable, en forte que le haut du veftibule paroïît plus profond du double que le bas; quant aux canaux demi-circulaires, je n'en ai aperçû aucuns, ni à la voûte, ni dans les parois de cette cavité, peut-être l'enfoncement dont nous venons de parler en fait-il l'office, Du refle, on voit par ce que nous venons de détailler, que l'organe de fouïe elt bien moins compofé & moins parfait dans la vipère que dans les reptiles examinés ci- defus; elle n’a ni caifle, ni tympan, ni canaux demi-cir- culaires, on y voit feulement un veftibule & des offelets; encore ceux-ci par leur polfition femblent-ils n'être que médiocrement capables d'admettre le fon, & de le commu- niquer au nerf acouftique. « L’organe de l'ouie de la couleuvre eft prefque le même que celui de la vipère; il y a très-peu de différence entre ces deux animaux, aufli traiterons-nous cet article fort fuccintement. On.ne voit dans la couleuvre, de même que dans la vipère, aucun indice d'oreille à l'extérieur, nulle marque, nulle ouverture à la peau ; lorfqu'on Fa en- levée, on découvre plufeurs plans de mufcles, & fous ces mufcles, l'os qui foûtient les deux mächoires, Ja fupérieure & l'inférieure : c’eft fous la partie interne de cet os que paroît l’offelet qui eft, comme dans la vipère, compofé de trois portions; une première, qui fait un petit oflelet féparé du périofle duquel partent quelques filets ligamenteux ; Ia feconde ou le manche de l'offelet à platine qui eft Jonguet, à peu près égal & rond dans toute fa Jongueur, & qui poeist Sc TE Nc EN NM res s'avancé de derrière en devant ; enfin la troifième ou Ja platine, qui termine l'ofielet & ferme la fenêtre ovale : cette fenêtre conduit dans le veftibule qui reffemble à celui de la vipère, & dans lequel or n'aperçoit que le trou au- ditif fans aucun canal demi-circulaire. La feule différence que j'aie obfervée entre la vipère & la couleuvre, c'eft que l'enfoncement du haut du veitibule m'a paru moins profond dans cette dernière ; du refte, l'organe de l’ouïe eft ab{o- lument conftruit de même dans ces deux animaux. Comme j'avois déjà examiné la vipère & les couleuvres de ces pays-ci, M. de Juffieu, Membre de l’Académie des Sciences, auquel j'ai beaucoup d’autres obligations, me donna deux têtes de gros ferpens d’Afie, qui, depuis leur extrémité antérieure jufqu'à la fin du crâne, avoient bien fix pouces de long : les ferpens dont ces têtes avoient été prifes, font dans le genre des couleuvres, & j'y ai trouvé les mêmes parties, le même organe de l'ouïe que dans la couleuvre, mais beaucoup plus en grand, ce.qui m’a donné lieu de faire quelques nouvelles remarques fur l'organe de l'ouïe de ces animaux. Premièrement, le petit ofielet, que j'appelle plus fouvent l'oflelet cartilagineux, parce qu'il eft moins dur que lofelet à platine, paroît n'être dans ces animaux qu'une fimple appendice cartilagineufe, de la mem- brane de laquelle partent les filets ligamenteux dont nous avons parlé. En effet, fi l'on examine la conformation de Poreille de la vipère & de la couleuvre, on verra qu'il n’étoit pas néceflaire qu'il y eût dans ces animaux un offelet carti- Jagineux, figuré comme dans les autres reptiles, & articulé avec l'autre offelet, parce que dans les ferpens il n'y a pss de tympan auquel il puifle fe coller : une fimple produc- tion carulagineule füfhfoit pour foûtenir ces ligamens, au ‘ieu que dans les animaux qui ont un tympan, cet offelet ‘y tient, & doit ère autrement conformé, comme nous ‘Favons remarqué dans les lézards, les crapauds, les gre- nouilles & Vorvet, dans lefquels il fait l'office du manche ‘du marteau des quadrupèdes. Secondement, le manche de Serpens; ou Couleuvres d’Afie. 184 MÉMOIRKS PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Yoffelet à platine eft grand dans ces couleuvres de la côte de Coromandel, il a bien un demi-pouce de long ; il eft lifle, aflez rond, très-peu courbé, & recouvert d'un pé- riofte, mais on voit évidemment qu'il n'eft pas continu avec la platine : celle-ci fait corps à part, & eft articulée avec l'autre, fur lequel elle a un mouvement de charnière; elle n’eft ni ronde, ni ovale, mais approche plus d'une forme triangulaire irrégulière : un de fes côtés eft plus long, l’autre moyen, & le troifième plus court; la face de cette platine eft un peu concave : quant au veftibule, je n’y ai rien remarqué de plus que dans les couleuvres de ce pays-ci. J'ai examiné avec foin fi l’enfoncement qui fe trouve à la partie fupérieure du fond, comme dans la vi- père, n'aboutiroit point à quelque ouverture ou canal demi- circulaire, & je n'ai pü en trouver; j'ai feulement remarqué que cet enfoncement fe prolongeoit à la partie antérieure, & y formoit un petit cul-de-fac qui n’a aucune iflue. Quant aux ligamens qui partent de l'extrémité de loffelet, & s'avancent vers l'extérieur, j'ai effayé de les fuivre dans ces animaux ; j'ai vû que ces filets qui partent du périofte de l'offelet, & paroiflent en être une production, pénètrent entre les plans de fibres mufculeufes, où ils fe divifent en plufieurs rameaux ; je les ai fuivis jufqu’aux plans de mufcles des plus extérieurs, mais jamais je n'ai aperçü qu'ils par- vinffent jufqu’à la peau : peut-être que la macération de ces têtes avoit caufé la rupture des extrémités les plus fines de ces filamens. Mais une des chofes que j'ai recherchée le plus attenti vement dans ces grofles têtes de ferpens, c’eft la trompe d’Euftache, ou le prétendu trou de Vallifniéri : cet Auteur admet cette trompe dans les vipères, les couleuvres , les ferpens, dans lefquels je l’avois inutilement cherchée; néan- moins l'autorité de Vallifniéri me paroïfloit d’un certain poids; il afluroit avoir vü, & je craignois de n'être trompé; des têtes auffi groffes me fournifloient un moyen de voir aifément en grand ce qui m'auroit échappé dans le petit; mails DES ScrENCESs ! 185: maïs quelques recherches, quelqu'examen que j'aie fait, je n'ai pü découvrir la moindre apparence de cette trompe, & je crois pouvoir aflurer qu'elle n'exifte point dans les ferpens ; d’ailleurs, d’où pourroit-elle partir? les ferpens font dépourvüs de la caifle du tympan, ils n'ont qu'un veftibule fort fimple, ils ne peuvent donc avoir une pareille trompe, qui dépendroit de la caifle qui leur manque : il eft vrai que l'organe de ces animaux ne paroît pas fort propre à admettre le fon dans toute fa force, & que la trompe auroit bien fervi pour y fuppléer; mais peut-être la Nature y at-elle pourvû par d'autres moyens que nous ignorons. La dernière fous-divifion que nous avons établie dans les reptiles, comprend ceux qui, n'ayant point de marque extérieure d'oreille, manquent d’offelets, du moins fem- blables à ceux des autres reptiles, mais ont des canaux demi-circulaires ; telles font la Salamandre aquatique & la Raie. Dans la Salamandre aquatique, non feulement l'organe de louïe ne paroît point à l'extérieur, mais à peine peut-on le découvrir par la difleétion;" il faut bien connoûre l'endroit où il eft fitué pour y arriver du premier coup : cet organe eft caché fous plufieurs mufcles, & fous l'os de la mâchoire inférieure, ce n'eft qu'après les avoir enlevés qu’on l'aper- çoit; en regardant fort attentivement à l'extrémité latérale & poflérieure du crâne, on découvre une ouverture cir- culaire aflez grande, mais très-exactement fermée par une platine offeufe, fans pédicule ou manche, & de forme ovale (PI. IL fig. 1 9) : voïlà le feul offelet que l’on trouve dans la falamandre aquatique; il n’y a donc dans cet animal, de même que dans les ferpens, ni oreille extérieure, ni caifle, ni tym- pan, on ne trouve que la troifième cavité de l'oreille, je veux dire le labyrinthe; il n’y a pas même d'offélet comme dans la vipère, la couleuvre, &c. La platine étant enlevée, on aperçoit l'ouverture qu’elle fermoit qui eft ovale / fig. 20, À ), & qui conduit à la cavité du Jabyrinthe, qui eft aflez grande pour un auffi petit Say. étrang. Tome IL. Aa Salamandre aquatique. 186 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE animal : ce veftibule eft tapiflé, comme dans les autres reptiles, par un mucilage blancheître, qui eft une expanfion du nerf acouftique; mais de plus, cette cavité eft encore remplie par une matière blanche plus dure, qui reffemble à de l'amidon dans l'animal frais, & lorfqu’elle eft féchée, fe durcit, & prend la forme & la confiftance d'un plâtre un peu graveleux ; fi on l'écrafe forfqu'elle eft fraîche, elle paroït d'un fort beau blanc : cette matière s'offre d’abord à la vûe, lorfqu'on a ouvert la fenêtre ovale en enlevant la platine; & tirée hors du veftibule, elle paroïît de forme lenticulaire. Je n'ai pü voir, dans un animal auffi petit que la falamandre, fi cette lentille plâtreufe étoit ‘attachée aux parois du veftibule par quelques membranes ou ligamens ; mais analogie qui fe rencontre entre cet animal & d’autres: reptiles plus grands, où j'ai obfervé une femblable matière, me fait penfer qu'il doit y en avoir. Ce n’eft qu'après avoir débarraflé le veftibule de ce corps lenticulaire, qu'on en peut examiner l'intérieur; pour lors on y obferve trois chofes remarquables : premièrement, un petit trou dans la partie la plus enfoncée, vis-à-vis la fenêtre ovale, qui ; pénétrant dans le cerveau, donne entrée au nerf auditif: fecondement, un enfoncement aflez confidérable au defflus de cette ouverture, creufé dans le haut de la partie la plus profonde du veftibule, & femblable à celui que nous avons vû dans les ferpens : enfin en troifième lieu, quatre ou- vertures dans la voûte du veftibule : de ces quatre ouver- tures, deux font placées dans la partie antérieure de fe voûte, & les deux autres dans la partie poftérieure ; celles- ci font plus proches l'une de l'autre, les premières plus éloignées : ces quatre trous font les iflues de deux canaux demi-circulaires, l’un antérieur / fig. 20, B), en regardant la fenêtre ovaleen face, l'autre poñtérieur /fg. 20, C); ce der- nier eft fort court, l'autre eft plus long : ces deux canaux font oppofés, & placés affez exactement vis-à-vis l’un de Pautre; ils forment deux portions d’un cercle affez régulier, ke refle de ce cercle n'eft continué que par une impreffion DES. SCcrENCEs. 18 qui fe trouve à l'intérieur de la voûte du veftibule, & qui à l'extérieur forme avec les canaux une élévation circu- laire que l'on aperçoit à la vüe fimple / fig. 20, D D): en ouvrant extérieurement cette éminence circulaire, on dé- couvre aifément l'endroit des deux canaux par leurs parois intérieures qui reftent. Le dernier animal, par lequel je finis ma quatrième fous- divifion des reptiles, eft Ja Raie. L'organe de l'ouïe de Ia raie ne paroît point du tout à l'extérieur, & fon entrée n'eft pas aifée à découvrir; cachée fous des mufcles, elle eft placée proche les condyles qui fervent à l'articulation de la tête fur la première vertèbre, à leur partie latérale externe (PI IL fig. 2, À & D): cette ouverture eft afez grande, mais elle eft fermée par des ligamens tendineux, qui, ne -fe diflinguant pas facilement du cartilage, dont le crâne eft formé, la rendent difficile à trouver; elle conduit droit au veftibule, fervant tout à Îa fois de trou auditif & de fenêtre ronde & ovale, en forte que fa raie, de même que la falamandre, n’a ni organe extérieur de l'oreille, ni caiffe, ni tympan, ni offelet, mais feulement la dernière cavité, ou le labyrinthe. Malgré cette fimplicité apparente d’or- gane, l'oreille de Ja raie ne laifle pas d’être compofée, & plufieurs de fes parties échappent à la première vüûe; il eft même difficile d'en donner une defcription exaéte qui fe puifle entendre aifément, fans avoir fous les yeux Ja tête de l'animal : nous tâcherons d'y fuppléer par un détail des parties, le plus clair qu'il nous fera pofhble, & par la figure que nous avons faite d'après la préparation. L'ouverture extérieure de l'oreille, qui fe trouve à côté du condyle, paroît feule & fimple; mais en la fuivant à Tintérieur, on voit qu'elle donne naïflance à deux canaux : Yun fort court, qui pénètre dans la cavité du veftibule par une fente longue, irrégulière, dont les bords font comme déchirés; l'autre plus long, qui, s’avançant fous le condyle, va pénétrer dans le crâne par une ouverture prefque circu- lire, un peu au devant des bords du trou occipital /fg: 2, a i La Raic. 188 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂACADÉMIE A B). Ce dernier canal donne paflage à un nerf qui rentre dans le fabyrinthe : la cavité dans laquelle il pénètre eft grande, irrégulière, plus longue que large, & remplie d'éminences & de finuofités { fig. >, AB). La première chofe qu'on obferve dans ce veitibule en Fouvrant, eft un corps blanc, que Willugby nomme glanduleux , quoiqu'i ne reflemble nullement à une glande; il eft gros comme un pois dans une raie médiocre, de forme ronde, un peu alongée; tiré hors de l'animal frais, il reffemble à de l’ami- don, & fe diffout aifément ; mais en fe féchant, il acquiert de la confiftance, &' refte toûjours d’un fort beau blanc. Cette matière blanche, qui a été obfervée & décrite par plufieurs Auteurs, & en particulier par M. Klein *, eft foû- tenue dans le milieu du veftibule par plufieurs produétions. de la membrane dont elle eft enveloppée, qui vont s'atta- cher aux parois : j'en ai remarqué cinq principales. I fem- bleroit que cette matière tiendroit lieu d’oflelet dans la raie, n'y en ayant aucun autre; c'eft ce que je n'ofe affu- rer, je ferois cependant porté à le croire par la reffem- blance qui fe trouve entre cette efpèce d'offelet, & les. prétendues pierres du crâne des poiffons qui en tiennent lieu. Le refle de fa cavité eft de plus garni d'une matière: blanche, mucilagineufe & mollafle, qui eft une expanfion: du nerf audiif; ce nerf pénètre dans le veftibule par une ouverture où déchirure triangulaire oblongue, qui fe trouve tout au bas de la partie la plus enfoncée de cette cavité * Cranii parte dérelê, quam Sufpicabar fedem organorum audi- vifum : quippe inter digitos: pede- tentim folvebatur fic diélus lapillus- züs, loco veficulæ, quæ maximè dia- phana in pifcibus Jpinofis eff, of- Jendi reticulum quoddam. fubrile, expanfum, telo erucarum confufo “qguodaminodo fimile, fub quo la . pui, quos ad ergana auditès ner- tinere reor, fefe manifeffabant, ÆEx altero capite, lapillos ipfos Soluens, ecce experimenrum impro= , major, in fublantiam fpiflamento * coloris albè piélorum- quam fimilli- . mam fucceffive abiens.: hinc eff qudd intaclos reliquerün cæteros, ut firure * eoruimdem naruralem exlibere inte= grum nuhimaneret, Klein, hift. Pif- cium promovend. Mifus primus, de Pifcium auditu, Gedant, 1749 ». ins pr 24: ; pég!st Sc Y E N° C'É:S 189 Ufg: 3, L), & qui s'ouvre dans le crâne par un trou ovale aflez grand, placé près d'un demi-pouce au devant du premier trou dont nous avons parlé : cette première ouver- ture donnoit auffi entrée à un nerf, en forte que la raie a deux nerfs auditifs: c’eft ce que Willugby femble vouloir dire dans fon hifloire des poiflons *. Peut-être la portion dure & la portion molle de ce nerf font-elles deux nerfs diftingués & féparés dans cet animal; l’un des deux, favoir celui qui pafle par la première des deux ouvertures dont nous avons parlé, n'ayant paru plus dur que l'autre, qui ‘eft extrêmement mol & fe rompt très-aifément. Outre ‘es deux trous, on voit dans la cavité du veftibule fix ouvertures; quatre font pratiquées dans la voûte, favoir, deux dans fa partie fupérieure & antérieure /fg. 3. C}, deux autres dans la partie latérale, un peu inférieurement (fig: 3: D); les deux dernières font dans les parois pofté- -rieures du veftibule, à côté du trou auditif /fg. >. E): ces fix ouvertures font toutes oblongues, d’une forme appro- chante de la triangulaire, & aflez grandes pour admettre un brin de bouleau ; elles font l'entrée de trois canaux, «deux pour chacun des trois. Par leur polition, on conçoit -que de ces trois canaux il y en a un fupérieur, un latéral & un poftérieur ; le canal fupérieur va de derrière en de- -vant, dans la partie la plus élevée de la voûte du veftibule, -&'s'avance un peu obliquement fur le côté / fig: 1. À, :fig: 3. C): le canal latéral va auffi de derrière en devant : dans fa partie latérale de Ja voûte du veftibule, un peu plus bas que le premier ; il s’avance de même un peu obli- -quement, mais dans un fens contraire, en forte qu'en le . prolongeant jufqu'à l’autre, leur jonction formeroit un -angle un peu aigu /fg. 1. B, fig. 3. D) : enfin le troifième ou poflérieur eft placé perpendiculairement dans l’épaifeur : du crâne, au côté extérieur du trou auditif (fig. 3. Æ); ce Be Zoe » quos auditorios | meris ramulis fparguntur, quamvis - puto, qui in duo corpora glandulofa, | ê7 alio ramos emittant. Willueby *golaiinæ aut amylo fimilia., innu- | hift. pif. Lond. 1686. fol. pe 702. Aa ii Conclufon. 190 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE dernier eft le plus court des trois, & le premier eft le plus long, comme on peut le voir dans la figure, Outre ces trois canaux & les deux ouvertures qui pé- nètrent jufqu'au cerveau, on remarque encore dans le labyrinthe de Îa raie deux autres trous fig. 3. /) ; ceux-ci font placés dans la voûte du veftibule, entre le canal fupé- rieur & le trou occipital ; l'un eft plus grand, c'eft le poftérieur, l'autre eft plus petit; tous deux font fermés par des ligamens & recouverts par la peau de l'animal. L’ufage de ces deux ouvertures me paroît difhcile à démèéler ; peut- être fervent-elles aufli à admettre le fon, & par -là elles pourroient fuppléer en partie à ce qui manque du côté du trou auditif, qui fe trouve fort enfoncé à la bafe du crâne, & de plus recouvert de mufcles & de graiffe; peut-être aufli n’ont-elles point d’ufage particulier par rapport à l’ouïe, car le crâne de la raie, autant ligamenteux que cartilagineux, eft rempli d'ouvertures, & il s'en trouve en particulier deux fort grandes & très-longues à fa partie fupérieure, qui ne font fermées que par de forts ligamens. On voit par le détail que nous venons de donner de l'organe de l’ouïe de plufieurs reptiles, qu'il y a dans tous ces animaux une certaine uniformité par rapport à cet organe, avec des différences plus ou moins grandes fuivant les différentes efpèces. Des trois parties que l'on admet ordinairement dans l'oreille, l'une manque abfolument dans tous, c’eft l'oreille extérieure ; aucun n'eft dépourvü de la dernière ou du labyrinthe; il n’y a que la partie moyenne, je veux dire la caifle, qui n’eft pas conftante dans cette clafle d'animaux : elle fe trouve dans plufieurs, comme dans les lézards, les crapauds, les grenouilles & l'orvet;. dans plufieurs autres, comme la vipère, les ferpens, la fala+ mandre & la raie, cette partie ne fe rencontre point. Tous ceux à qui la Nature a donné cette caifle, font pourvûs de tympan, mais les lézards font les feuls dans lefquels la peau tranfparente en cet endroit, le laïffe aper- cevoir ; dans les autres elle le cache à nos yeux : tous ont DES SCIENCES. 19€ es offelets figurés à peu près de même, foit qu'ils foient pourvüs ou dépourvüs de caiffe. Il n’y a que la dernière fous-divifion qui varie fur cet article, & dans laquelle les offelets paroiffent fuppléés par ces efpèces de corps blancs qui font dans le veftibule, Enfin tous ont un nerf auditif ; tous, à l'exception des ferpens, vipère, couleuvre & orvet, ont des canaux demi-circulaires, & aucun n’a la trompe d'Euftache ou le trou que Vallifnieri leur attribue, fi ce n'eft la grenouille qui l'a fort grand, & dans laquelle il ne Fa point marqué. IL paroït donc que tous les reptiles doivent entendre, mais avec des différences bien fenfibles dans la manière dont ils reçoivent le fon. Le lézard eft celui de tous, qui ayant l'organe le plus parfait, doit entendre le plus diftinc- tement ; aufli voit-on que le moindre bruit fait fuir ces animaux. Le crapaud & la grenouille, dont l'organe ne diffère eflentiellement de celui du lézard qu'en ce que le tympan eft recouvert de la peau, doivent aflez bien en- tendre, quoiqu'ils aient l'oreille un peu moins fine ; a grenouille fur-tout, qui a un tympan cartilagineux fort épais, devroit auffi avoir l’ouïe moins délicate, fi ce défaut n’étoit compenfé par la large trompe qu'elle a dans la gueule. L'orvet, la vipère, la couleuvre & les grands ferpens, doivent entendre encore moins diftinétement , ils n'ont point de canaux demi-circulaires; & la vipère, la*couleuvre & les ferpens n’ont point de caifle, ce qui doit rendre Timpreflion du fon moins forte. Enfin ceux qui doivent entendre Île moins de tous, font la falamandre aquatique & la raie, qui n’ont ni offelets, ni caiffe, mais un fimple labyrinthe avec des canaux ; & réellement ces animaux entendent fort peu. J'ai mis plufieurs falamandres dans l’eau, & pendant qu'elles y étoient j'ai fait du bruit à côté de Ia jatte où je les avois mifes, j'ai excité des fons plus où moins aigus; jamais ces animaux n’ont fait aucuns mou- vemens qui puflent faire connoître que ces fons fiffent fur gux quelque impreffion : peut-être cés reptiles, qui vivent 792. MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE plus dans l'eau que für terre, n'ont-ils pas befoin d'avoir l'ouie fi délicate ; le mouvement de ce liquide les avertit plütôt que le fon, de ce qui fe pañle autour d'eux. C'eft ce que Jai éprouvé fur les mêmes falamandres, car dès que je frappois, même fort légèrement fur la jatte où elles étoient, toutes fe mettoient en mouvement, quoique l'eau: ne parût pas fort agitée : l'eau étant un liquide beaucoup plus denfe que Yair, il n’étoit pas néceflaire que l'organe ui devoit recevoir l'impreflion de fon mouvement, fût auffi fin & auffi délicat que dans les autres animaux qui ne vivent que fur la terre. C'eft ce que je me propofe d'examiner de plus en plus, à mefure que je continuerai ces recherches fur l'organe de l'ouïe des reptiles : puifle 1e même travail me mettre en état de déterminer quel eft le véri- table fiège de louïe dans tous les animaux & dans l'homme lui-même, & de réfoudre cette queftion, auffi curieufe pour la Phyfique qu'utile pour la Médecine. EXPLICATION DES FIGURES IPÉTAMNEC CEE role Le Lézard. Fig. 1, le Lézard. On aperçoit dans cette figure le tympan, qui fe voit à l'extérieur, avec le petit offelet qui y tient; le tout de grandeur naturelle. Fig. 2, le tympan plus grand que nature, avec le petit offeler. Fig. 3, ce premier offelet où l’offelet cartilagineux, féparé du tympan & de grandeur naturelle. Fig. 4, le même offelet vü à Ia loupe. e, mufcle qui attache cet offelet au crâne. Fig. 5, Voffelet à platine articulé avec 'offelet cartilagineux, ow premier offelet: 4, la platine: #, le manche: c, l’offeiet cartilagineux : d, articulation des deux offelets. Fig. 6, 7, 8, les deux ofielets en fituation : 4, la platine: #3 l'offelet cartilagineux: «, le contour du tympan. Fig. 9, fquelctte de tête de Iézard : 4, l'offelet cartilagineux partant d DÉEMSRUSPOMNE NC E S. 193 de la pointe de l'os occipital : 2, demi-cercle offeux , formant la partie antérieure de la caiffle du tympan: c, fecond os occipitai ou fous-occipital, dans lequel eft- creufé le labyrinthe. Fig. 10, os qui contient le labyrinthe de grandeur naturelle, Fig. 11, le même augmenté confidérablement: 4, fenêtre ovale fermée par la platine: 4, c, d, extrémités ou angles des trois canaux demi-circulaires qui paroiffent à l'extérieur: e, partie intéricure de cetos qui contient le cerveau : f, trou occipital. La Grenouille. Fig. 12, fquelette de tête de Grenouille, où l'on à laiffé le tympan. , tympan rond & cartilagineux: B, centre du tympan, plus blancheätre. Fig. 13, tympan féparé de Ja tête. Fig. 14, 15, 16, offelets augmentés dans les fig. 14 & 15, & de Fig. 17, Fig. 18, Fig. 19, grandeur naturelle dans la fig. 16: a, a, a, furface trian- gulaire & cartilagineufe qui fert de bafe de l'étrier, ou de platine, & ferme la fenêtre ovale: 4, 6, 6, corps de loffelet : 6, c, c, autre partie de l'offelet, ou offelet carti- lagincux articulé avec le premicr. profil du fquelette de la tête: A, les offelets en fituation : B, impreflion ovale fur le haut de l'os temporal. la tête vüe par la partie poftérieure : À, les offelets en fituation : B, fil de crin qui entre par la fenêtre ovale, & pénétrant dans le crâne par le trou du nerf auditif, en reflort ici par Îe trou occipital C. coupe de fa mâchoire avec los temporal plus grand que nature: A, fenêtre ovale par laquelle entre un crin B: C, commencement du canal circulaire dans lequel entre ce crin, & duquel il fort en Æ par un petit trou F, qui s'aperçoit à la partie poftérieure du crâne: D, im- preffion ovale fur le haut de l'os temporal, autour de laquelle eft le canal circulaire. La ligne ponétuée depuis A jufqu'a C, marque le chemin que fait le crin dans le labyrinthe. Fig. 20, l'os temporal féparé de Ia tête: À, l'impreffion ovale: B, la fenêtre ovale par laquelle entre le crin C: D, endroit où commence le canal circulaire E, E; F, fin du canal . & petite ouverture par laquelle fort le crin. Sar. étrang, Tome IL, 194 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Poréanniconcents | 1 Le Crapaud. Fig. 1, tête de Crapaud écorchée: 4, le tympan qui paroît après que la peau eft enlevée; on y voit loffelct cartilagi- neux : 4, bords faillans du trou auditif. Fig. 2, Voffelet de l’ouïe à peu près de grandeur naturelle, Fig. 3, le même offelet agrandi : 4, l'offelet cartilagineux qui paroît à l'extérieur : 4, manche de l'ofielet: :, apophyfe: d, platine. Fig. 4, la platine féparée, de grandeur naturelle. Fig. 5, la même, augmentée & vüe de face. Fig. 6, la même, vûc de profil. Fig. 7,8,9, os temporal du côté gauche, féparé du refte de Ja tête, Fig. 7, cet os vû par fa partie latérale: a, fenêtre ovale dont Îes bords font levés: #, partie fupérieure. Fig. 8, cet os vû par fa face fupérieure 4, dans laquelle on voit un enfoncement rond b: c, face antérieure & fenêtre ovale: 4, crin introduit par la fenêtre ovale dans le canal circulaire, refortant par un petit trou e à la partie antérieure. Fig. #9, le même os, vû comme dans la figure précédente par fa face fupéricure, mais où le canal circulaire eft ou- vert: 4, partie de ce canal qui s'ouvre dans le veftibule : d,b,b, contour de ce canal & endroits de fes ouver- tures: c, fa fin à la partie antérieure de l'os. L'Orvet. Fig. 10, tympan de l'Orvet à découvert & de grandeur naturelle, avec l’offelcet cartilagineux. Fig. 11, le même, où l'on fait voir la jonction des deux offelets, qui ne fe voit point fans avoir déchiré le tympan. Fig. 12, fe même en grand : 4, duplicature offeufe qui forme une partie de la circonférence du trou auditif: 4, partie formée par des ligamens : «, l’oficlet cartilagineux qui part du coin de la parue offeufe: 4, l'ofLlet à platine qui s'articule avec le premier. Fig. 13, offelet à platine de grandeur naturelle, ou très-peu agrandi DES SCIENCES. 195 Fig. 14, Île même, vü à la loupe. Fig. 15, toutes ces parties en fituation & fort en grand : 4, offelet cartilagineux : 2, offelet à platine, dont on fait voir Ia platine qui doit étre cachée fous l'os : c, jonction det deux ofielets. La Vipère. Fig. 16, fquelctte de la tête de Vipère, vü de profil. A, fa partie antérieure. B, offelet de l’ouïe dans fa pofition. D, os qui foûtient les mâchoircs. E, fenêtre ovale fermée par l'offelet. Fig. 17. C, C, C, offelet féparé+ 7,1, 1, laplatine: 2, 2,2, le manche: ?, 3, 7, appendice cartilagineux. Fig. 18, fquelette de la tête vû en deflus. A, païtie antérieure de l'offclet qui ferme la fenêtre ovale. B, manche ou corps de l'offelet. €, os qui foûtient les mâchoires. D, D, mächoires fupérieures. La Salamandre aquatique. Fig. 19, lentille qui ferme la fenêtre ovale & fert de platine, de grandeur naturelle, & grofie à la loupe. Fig. 20, os temporal féparé de la tête & vû par fa face fupérieure. A, fenêtre ovale dans la partie antérieure. B, canal antérieur. C, canal poftérieur. D, D, élévation qui fait le refte du cercle avec les deux canaux. Toutes ces parties font extrémement agrandies, & l'on a fait paroître Îcs deux canaux comme fi l'os étoit tranfparent. P n, A NjoME QUAL LT La Raïe. Fig. 1, fquclette de tête de Raie vû de profil. A, le canal demi-circulaire fupérieur entr'ouvert, F, ouverture du canal demi-circulaire Jatéral. 196 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE » D, F, F, G, trou occipital. ouvertures qui donnent pañage à des nerfs. trou du nerf optique. partie antérieure de la tête. large ouverture au haut du crâne, qui n'eft fermée que par des ligamens. la tête vüe par fa face poftérieure. trou auditif, ou, fi l'on veut, fenêtre du labyrinthe. canal qui va depuis l'ouverture À & D jufqu'à l'intérieur du crâne, un peu au devant des bords du trou occipital : par ce canal entre un des deux nerfs auditifs ; c’eft la portion dure. trou occipital. apophyfes condyloïdes. coupe de l'oreille gauche. cavité de l'orcille, ou veftibule. canal demi-circulaire fupérieur. H y a des fils pañlés dans ù # , 1 ces canaux, qui en font voir canal demi-circulaire latéral. le commencement & la fin : on voit qu'ils font tous affez. canal demi-cixculaire poftérieur. Fee trou auditif. partie moins ombrée , qui eft le commencement du canal 4, B, fig. 2. fuite de ce canal par lequel entre la portion dure du nerf auditif. deux ouvertures à la voûte du veftibule, qui font fermées par des ligamens. trou ou fente par laquelle entre la portion molle du nerf auditif. trou du nerf optique. d € QT F& ‘ps Ztrang .Tome.2.PL.II1. p.196. LP ZE LEZARD ZA GRENOUILLE p Ce Lg. 1é Lig 2 af 13 fa & 7 4, 4 Ze Te D Cobn Seufpnt LEtrang .Tome.2, PL. p.196. LE CRAPAUD Be Mi ms és SERRE: 11 © [71 Fig. 9 LP: DA 74 À Fiyjaf ZA VIPERE Z ORVET ny 23 Fi ru Fyn © 34 BOX ZA VIPERE ID Cobin. Seufo.nit w. Etrang.Tome.2, PLV, p.196. ID Gobin. Sur Jar pyets MSICILE, NC ES 197 DESCRIPTION ANATOMIQUE Haut DE TROIS LOUTRES FEMELLES. Par M. SuE. UOIQUE Îa connoiflance du corps humain doive être l'objet principal d'un Anatomifte, il ne doit ce- pendant point négliger la diflection des animaux , non feu- lement pour fournir à l Académie des matériaux pour Y'Hif toire Naturelle des animaux , à laquelle elle s’eft propofée de travailler, mais encore parce que la comparaifon des vifcères des animaux 2vec ceux de l'homme peut fouvent aider à mieux connoitre la ftruéture de ceux-ci, & fur-tout à en découvrir les ufages : ce font ces motifs qui ont en- gagé plufieurs célèbres Anatomifles de l'Académie, M.r: Per- rault, Duverney, Méry, &c. à difléquer un grand nombre d'animaux de différentes efpèces, & par cette voie indirecte, peut-être ont-ils travaillé plus efficacement au progrès de Yanatomie de l'homme, que s'ils s’étoient bornés à la feule diflection des cadavres humains. . La Loutre qui fait l'objet de ce Mémoire, paroït mé- riter une attention particulière, parce qu'étant un amphibie qui eft fouvent obligé de vivre long-temps fous l’eau fans refpirer , le fang doit avoir des paflages particuliers, pour que la circulation puiïfie fe faire, lorfque fa route par le poumon eft interceptée. M. Perrault, qui a donné l'anatomie de cet animal, ima- ginoit bien que ces paffages devoient exifter, il les a cherchés fans pouvoir les découvrir ; ils exiftent néanmoins, & font même multipliés, c'eft un des points intéreflans du Mémoire que je préfente à l’Académie. . Quoique la loutre foit un animal de notre climat, elle ne laifle pas d'être rare, & il y a lieu de croire que Bb iüij 6 Mars 1751 Planche I. 198 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE M: Perrault n'en a pü difféquer qu'une qui croit en affez mau- vais ordre; puifque la vraie difpolition des vaifleaux qu'il fe propofoit d'examiner lui a échappé, purfqu'il n'a prefque point parlé des mufcles qui font bien dignes d'attention, & qu'il décrit même avec peu d'exaétitude la figure extérieure de cet animal, de forte qu'il n'y a que ce qui regarde les par- ties de la génération qui fe reflente de l’exactitude de ce grand Anatomifle : ces omiflions de M. Perrault m'enga- gent à divifer mon Mémoire en quatre articles ; dans le pre- mier, je décrirai le port extérieur de cet animal; dans le fecond , je parlerai des vifcères contenus dans le bas-ventre; dans le troifième, de ceux qui font renfermés dans la poi- trine ; dans le quatrième enfin, je décrirai les mufcles. ARTICLE lÎJ. Defcriprion de la Loutre. Les anciens Naturaliftes regardoient la Loutre & le Caf tor comme deux animaux à peu près de la même efpèce. M. Perrault a fait voir qu'il fe trouve une grande diffé- rence entre ces deux amphibies ; & la defcription que je vais faire de la loutre, établira encore mieux cette difparité. Des trois loutres que j'ai difféquées , l'une beaucoup plus grande étoit la mère, & les deux autres les petits. La tête de ces animaux eft un peu plate & pointue, les dents font femblables à celles du chien, les yeux petits & fort près du mufeau , les oreilles petites & bafles. Le cou eft rond & épais; la poitrine eft pointue dans fon commencement & large par le bas; le ventre eft ap- plati; les extrémités font fort courtes, elles font grofles vers leur origine, & deviennent aflez petites du côté des pattes, fur-tout les extrémités fupérieures, ou les jambes de devant; les unes & les autres ont les intervalles des doigts garnis de membranes; enfin la queue eft Jongue & pyramidale. Son poil eft luifant & un peu rude, de couleur marron fur le dos, & gris fous le ventre. DES SCIENCES. 199 La figure de la loutre, que l’on voit dans les Mémoires de l'Académie, paroïît avoir été deffinée avec peu d’exac- titude. En effet, le deflinateur repréfente cet animal avec une tête grofle, un mufeau carré, des yeux & des oreilles placés très-haut & en arrière, le corps cylindrique, & les pattes fort longues ; enfin, dans cette figure, la queue pa- roît aplatie & fort grofle dans fon milieu, comme celle du caflor, au lieu qu'elle eft pyramidale. La longueur de la mère loutre, en y comprenant [a queue, étoit de trois pieds & demi, celle des petits de deux pieds un pouce. La tête de la mère avoit quatre pouces & demi de longueur, celle des petits quatre pouces. Le tronc de la mère étoit de deux pieds un pouce, celui des petits d’un pied quatre pouces & demi. Enfin les extrémités fupérieures de la mère avoient environ huit pouces, celles des petits quatre pouces & quelques lignes ; les inférieures avoient dix pouces dans la mère & fept dans les petits. PR TlaGih.E UE Des vifcères contenus dans le bas-ventre. La loutre à très-peu de graifle, fur-tout fous la peau , où elle en paroït prefque dépourvüe, fi ce n'eft vers la queue; cet animal eft extrêmement charnu, & fes os font très- petits, à proportion des autres parties. La peau qui recouvre le bas-ventre étant enlevée, on trouve quatre mamelles qui couvrent tout l'abdomen, leur figure eft prefque carrée, elles font recouvertes d'une membrane très-fine, & font compolées d'une infinité de petites glandes très-diftinétes, On voit aufli leurs tuyaux laiteux qui vont aboutir au mamelon: chaque mamelle avoit environ deux pouces en carré & un travers de doigt d’épaiffeur. Ayant enlevé les mamelles, j’obfervai des muf- cles particuliers, dont je parlerai dans la fuite. L’'épiploon ne tenoit point au colon, il n'étoit attaché qu'au fond de leflomac, & paroiïfloit renfermer la ratte Planche I. Eip-V2. 200 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂACADÉMIE entre fes deux feuillets. Sa ftruéture me parut fingulière ; les bandes graifleufes, dont il eft ordinairement parfemé, étoient prefque par-tout égales, mais le tiflu dont chaque feuillet étoit compolé, n'étoit point cellulaire, il étoit formé par l'entrelaflement de beaucoup de vaifleaux, dont la plûs part paroifloient blancs, les mailles qui en réfultoient for- moient un réfeau merveilleux. Cette ftructure particulière que j'ai déjà eu occafion d’obferver dans l'homme, à quel- que différence près, étoit caufe que air introduit par le foufHe ne pouvoit faire gonfler l'épiploon. La fituation & la figure de l'eflomac approchent de celles de l’homme. Les feules différences que j'ai obfervées font, 1.” que le grand cul-de-fac eft plus petit que dans l’hom- me, & le petit plus grand. 2.° J'ai aperçû un grand nom- bre de points fphériques, tranfparens, & plus ou moins grands; ces points étoient fitués entre les membranes, Îes uns ramaffés en paquets, les autres parfemés dans toute l'étendue de ce vifcère, on les voyoit également de dehors en dedans, & de dedans en dehors. On pourroit préfumer que ces points font quelque chofe d'approchant des véfi- cules que M. Sarrafin a trouvées dans le caftor, & qu'il a regardées comme la fource d’un fuc diffolvant. Si cela eft, je remarquerai en paflant que la loutre qui vit de poifon, n'a pas autant befoin de ce diflolvant que le caftor qui fe nourrit d’écorce d'arbre. Ayant ouvert leflomac, le velouté me parut partagé par de petits enfoncemens, où il paroifloit manquer, ce qui fai- foit voir au travers du jour autant de lignes tranfparentes. J'y remarquai aufli deux replis fémilunaires, un grand, qui étoit vis-à-vis le petit cul-de-fac, & paroifloit partager la cavité de leftomac en deux poches, & un petit qui fe trouvoit près le pylore. ‘ Les inteflins font au nombre de cinq, trois grêles & deux gros; ils ont tous la même forme extérieure, & leur grof- feur eft peu différente, ils font tous attachés au méfentère. Le duodenum eft fort long, relativement à l'inteftin de même nom DAS. ROMGRILLE UNE CHIENS: 2ot! nom des autres animaux ; il eft entièrement dépourvû de valvules, ainfr que les autres inteftins. Les circonvolutions des inteftins grêles ont beaucoup de rapport avec celles des inteftins grêles de homme. Le colon, qui eft le premier des gros inteflins, ne fe diftingue des grêles, que parce qu'il ne fait aucune circon- volution, & qu'il eft un peu plus gros. Cet inteflin eft tout droit & commence à peu près vis-à-vis la partie fupérieure du rein gauche, il delcend enfuite fans faire aucune cour- bure jufqu'au commencement du reétum. Ce dernier inteftin eft fort court, à raifon de la petitefle du baflin. Les glandes de la partie du méfentère qui attache les inteftins grêles, font toutes raflemblées en un feul paquet un peu oblong, de même que dans beaucoup de quadrupèdes; ces glandes forment le pancréas d'Azellius qui commu- nique avec le pancréas ordinaire. Mais la partie du méfentère qui tient au colon eft parfemée de glandes, & j'y ai obfervé une grande quantité de veines lactées & de vaifleaux lym- phatiques qui alloient s'y rendre. Le foie eft compolé de fept, & quelquefois de huit lobes : tous ces lobes font prefque flottans dans le ventre, parce que les ligamens qui les attachent font fort longs & fort lâches. Le ligament fufpenfeur n'eft qu'un tiflu de petits vaiffeaux, dont farrangement produit un réfeau fingulier par fa fineffe & en même temps par fa fermeté. La véficule du fiel étoit aflez confidérable ; je remarquai qu'en la preflant, la bile, au lieu de defcendre par le canal cho- lédoque , entroit au contraire dans le conduit hépatique, qui fe-ramifioit en plufieurs branches; enfin le foie n’étoit attaché au diaphragme que par les veines hépatiques & par la veine cave, avec laquelle ce vifcère a quelques adhérences. La ratte elt mince, longue d'environ cinq travers de doigt, fituée beaucoup plus bas que dans l'homme, & prelqu'entièrement renfermée dans les deux feuillets de l'épi- ploon, comme je l'ai dit. Le prucréas avoit dix pouces de longueur dans la mère, Say, étrang, Tome LI - Cc Planche I. Figure 3. Planche I. Fig. 4. Planche II, Figure 14 202 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE & fept dans les petits: fa grande longueur l'obligeoit de fe replier fur lui-même plufieurs fois, & de fe vecourber en bas du côté du rein gauche. Les capfules atrabilaires avoient la figure d’une pomme de pin, & étoient de la groffeur & de la couleur d'une médiocre fraife. J'ai oblervé qu'elles étoient beaucoup plus grofles & plus fraîches dans la mère que dans les petits. Les reins étoient confidérablement recourbés, chaque rein étoit compolé de douze à treize petits lobes très-diftinéts & rangés en deux ordres, fun antérieur & autre poftérieur; ces lobes étoient unis par une membrane, fur laquelle on voyoit quelques vefliges de graifle. Chaque rein avoit une artère & une veine émulgentes , qui fe partageoient en autant de branches qu ‘il y avoit de petits lobes. La veflie étoit entièrement renfermée dans le £e du péritoine, tout-à-fait hors du baflin ,. & prefque flottante comme les inteflins dans le ventre. On y voyoit des faifceaux de fibres charnues, dont la direction étoit tranfverfale. Je ne parlerai point des parties de la génération du mâle, les trois dont j'ai fait la difieétion étant femelles : à l'égard des parties de la femelle, je ne pourrois rien ajoûter à la defcription & à la figure qu'en a données M. Perrault, qui, comme je l'ai dit, a exactement traité cette partie. À RAT POLE ME TE Des vifcères contenus dans la poitrine. Le diaphragme n'a que deux ouvertures, dont la pre- mière, qui donne paflage à la veine cave, fait partie du centre nerveux; l'autre, qui a environ vingt-trois lignes de long, donne pafñlage à fœfophage & à l'aorte inférieure : ces deux canaux, quoiqu'ils paroifient pafler par la même ouverture, font néanmoins féparés par un tiffu cellulaire affez lâche. Le centre nerveux eft fort petit & un peu oblong; il paroît compofé de deux petites cordes, & formé par lexpanfion de deux gros tendons, qui font fitués à funion du grand & du petit mufcle du diaphragme. DE S :$ CIE N CES. 203 . Le thorax eft compolé de vingt-neuf côtes, quatorze du côté droit & quinze du côté gauche; fa longueur dans Ia mère loutre eft de fept pouces, depuis la partie fupérieure du flernum jufqu'à l'extrémité du cartilage xiphoïde, & d’un pied depuis la première côte jufqu'à la dernière. Sa figure eft conique : la partie fupérieure eft fort étroite & n’a que quinze lignes de diamètre, & l'inférieure à quatre pouces & demi de devant en arrière, & trois pouces & demi de droite à gauche. Je trouvai la plèvre très-fine & d’un tiffu fort ferré, excepté une expanfion du côté du médiaflin en forme de ligament, qui attachoit le péricarde au diaphragme. Cette efpèce de ligament particulier étoit d'un tiffu femblable au ligament fufpenfeur du foie ; fa longueur étoit d'environ deux travers de doigt. Le thymus n'avoit rien de particulier. En jetant les yeux fur le péricarde, qui étoit très-fin, je voyois aifément le cœur , dont la fituation eft différente de celle qui fe trouve dans beaucoup d’autres animaux : il eft fort éloigné des premières côtes, & à trois travers de doigt de diflance du diaphragme. Sa figure approche beaucoup de celle du cœur de l'homme, il eft feulement un peu plus court & plus arrondi. J'examinai avec beaucoup d'attention la flruture du cœur, Planche II. pour tâcher de découvrir quelle route le fang füivoit, dans Figure 2. le temps que ces amphibies font fous l'eau. M. Perrault dit m'avoir trouvé aucune ouverture dans le cœur de la loutre, & n'avoir obfervé qu'un léger veftige du trou ovale dans celui du caflor : il eft vrai que le même Auteur, en parlant du veau marin, dit, « qu'au deffous de la grande ouverture « par laquelle le trou de la veine cave envoie le fang dans le « ventricule droit du cœur, il y avoit une autre ouverture par laquelle le fang pénétroit dans l'artère veineufe, & de-R dans le ventricule gauche, & enfuite dans l'aorte, &c. » M'étant attaché à bien examiner le trou ovale, j'aperçûs les vellises de cette ouverture 4, qui étoit à la vérité fort | petite. Je voulus y introduire de fair, pour n'afurer de la Cci A A € Planche II. Figure 3. 204 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE communication dans l'oreillette gruche : j'eus quelque peine d'abord, parce que du côté de l'oreillette il y avoit un petit repli fémilunaire, qui fait l'office de lfoupape, & qui mem- péchoit de voir là communication ; mais en dirigeant mon chalumeau en divers fens, je trouvai l'obliquité du trou, & bien-tôt je parvins à gonfler oreillette gauche & fon ventricule. Je préfumai cependant, vû la petitefle de cette ouverture, qu'il devoit y avoir quelque autre communica- tion dans l'oreillette gauche, ce qui me fit prêter encore plus d'attention, & j'aperçüs deux petits orifices 4 4 vers la fin de la veine cave fupérieure & le commencement de l'oreillette droite; alors je portai doucement l'extrémité d’un ftilet moufe dans une de ces ouvertures, qui bien-tôt me conduifit dans l'oreillette gauche, il en fut de même de l'autre ouverture; enfin, j'aperçûs encore un orifice c au bord fupérieur de loreillette droite, vers la fin de la veine cave inférieure. Cet orifice étoit le commencement d’une efpèce de finus dont le diamètre étoit d'environ trois lignes & demie: toutes les veines coronaires du ventricule droit s'y déchargeoient, & ayant porté un tube dans ce finus, je fis pafler de l'air avec aflez de facilité dans l'oreillette gauche. Une obfervation qui paroït mériter quelque attention; c'eft qu'à melure que je pouflois de l'air par le trou ovale, quoique oreillette fe gonflit, ainfi que le fac pulmonaire, les veines pulmonaires & le ventricule gauche, ce même air ne fortoit point par les ouvertures qui y communiquent ; il en étoit de même du trou ovale, lorfque je pouflois de Yair par les autres ouvertures. Cette obfervation me fait croire qu'il y a devant chacune de ces ouvertures, de petites foupapes qui empêchent les fluides de fortir lorfqu'ils font: entrés: indépendamment de cette conjedure, on voit que la Nature a ménagé plus d'une ouverture pour le pañlage du fang, d'une oreillette à l’autre, fuivant les befoins de l'animal, & les circonftances différentes dans lefquelles il fe trouve. Quoique la crofle de l'aorte foit fort courte, il partoit de fa grande courbure deux troncs, dont le premier & DESASCTENCES 205 le plus confidérable, placé du côté droit, produifoit prelqué toutes les branches qui, dans l'homme, viennent de l'aorte : fupérieure, telles que la fouclavière droite & toutes les care- tides ; l'autre tronc ne produiloit que la fouclavière giuche, & les cervicales du même côté. Les brachiales, qui étoient à l'ordinaire une continuation des fouclavières , fe divifoient plus haut que dans l'homme, de forte que artère cubitale, qui étoit fort grofle, pailoit avec le nerf médian fous une efpèce de pont ofleux, produit ar l'humérus, un peu au deflus de fon condyle interne, & fe diftribuoit dans la patte à l'ordinaire. L’aorte inférieure, après avoir donné les branches ordinaires au bas- ventre, produit d'abord les deux iliaques externes, enfuite elle fait environ un pouce de chemin, & donne les deux iliaques internes ou hypogaflriques ; elle s’'avance enfuite, toüjours fort grofle, le long de l'os facrum & de la queue, à l'extrémité de laquelle elle fe perd. Les iliaques, environ vers le commencement des artères crurales, produifent chacune deux artères épigaftriques, l'une interne & l'autre externe. Ea première le ylifle entre le péritoine & le mufcle tranfverfe, & monte en {e ramifianr, jufques à la partie moyenne & fupérieure du ventre, où elle communique avec la mammaire interne. La feconde, ou Yexterne, monte fur le grand oblique & fe ramitie fur les mamelles. On pourroit, ce me femble, donner le nom de mammaire externe épigaftrique à cette dernière artère, puilcuil n'y a point de thorachique où mammaire externe ordinaise. Je ne trouvai point de glande thyroïde, mais fur -s parties latérales du col il y avoit quatre glandes filivaires fort groffes, deux de chaque côté , fans compter les parotides. Le larynx eft fort court & petit, de même que la gloix. Tépiglotte au contraire eft fort grande à proportion; c* apparemment afin de boucher plus exaétement la glotte lorfque l'animal eft long-temps dans l'eau, comme la to: bien remarqué M. Perrault au fujet du veau marin. Ayant fait fonner le larynx, füivant la méthode de M. Cc üj 206 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Ferrein, j'entendis un cri à peu près comme celui d'un lièvre lorfqu'il eft bleflé. L'œlophage, qui eft dans fon commencement derrière {a trachée artère, fe porte tout-à-fait du côté gauche à melure qu'il defcend, & fe continue ainfi jufque dans la poitrine. Je n'ai pû obferver rien de particulier dans la tête, fr ce n'eft que la tente du cervelet étoit offeufe. À RTE CUL ET MN Des mufcles. Outre la force & la groffeur que l'on remarque en général dans les mufcles de la loutre, j'y ai trouvé plufieurs mufcles particuliers. Les premiers & les plus fnguliers font deux mufcles affez larges & épais, dont la figure & lg fituation font à peu près femblables à celles des grands dorfaux. On peut les nommer grands dorfaux externes : ils font recouverts en devant par les mamelles, & fe trouvent immédiatement fous la peau du côté du dos: cela m'avoit d'abord porté à les prendre pour le panicule charnu ; mais ayant continué à les difléquer, je trouvai des tendons & des aponévroles, tant vers leurs extré- mités fupérieures que vers les inférieures. Leurs attaches fixes font aux cartilages des quatre dernières vraies côtes & des premières des faufles, & au cartilage xiphoïde, par plu- fieurs tendons qui produifent autant d’appendices charnues, enfuite ils suniflent & fe portent obliquement de devant en arrière, couvrent une partie des grands obliques de l'abdo- men, une grande partie du dos, les fefles, & defcendent enfuite fur les grands trochanters, où ils.s'attachent par une aponévrofe qui couvre celle du faftia lata : cette aponévrofe defcend enfuite fur la rotule qu'elle recouvre entièrement, & fe perd fur la malléole externe, après avoir recouvert tous les mufcles voifins. Les fibres charnues de la partie fupérieure de ce mufcle font difpofées à peu près comme celles du grand dorfal: ce mufcle devient plus épais, à mefure qu'il approche Deus, SUCII E N CE 8 207 de la bafe de omoplate, où il fe partage en deux portions; une eft interne, & forme un tendon aplati, qui s'insère à {a partie fupérieure interne de l'os du bras; l'autre portien, qui eft externe, produit une large aponévrofe, qui couvre tous les mufcles qui font fur la face externe du bras, s'étend fur Javant-bras & finit à fa partie inférieure externe. Sous ces mulcles, je trouvai les grands dorfaux ordinaires, qui font fitués à peu près comme dans l'homme. Les mulcles trapèle, deltoïde, fterno-mafloïdien & peauf- fier, font fort confidérables , ils s’'uniflent & fe confondent tellement vers la partie moyenne du col, qu'ils ne forment, pour ainfi dire, qu'un feul corps charnu, qui fe termine à toute la partie poftérieure & fupérieure de la tête. Le rhom- boïde s'attache aufli à loccipital par fa partie fupérieure. Quoique les mufcles propres de la tête & du col foient fort charnus, j'en ai trouvé encore de furnuméraires. Ces mufcles font deux grands droits poflérieurs, qui de lépine de la troïfième vertèbre du col vont à la partie fupérieure de Voccipital; il y a de plus quatre extenfeurs furnuméraires au col, placés le long des apophyfes épineules des vertèbres cer- vicales, & qui s'avancent juiqu'à celles du dos. Le grand dentelé, outre ces attaches ordinaires, s'avance jufqu'aux apophyfes épineules des vertèbres du col & du dos. Le petit dentelé fupérieur & poflérieur eft fitué beaucoup plus bas que dans l’homme, il eft fort confidérable. La mâchoire inférieure eft abaiflée par deux mufcles fort charnus & fort épais, qui viennent des apophyfes maftoïdes, & fe portant tout le long de la face interne de la mâchoire, fe terminent à deux travers de doiot de la fymphyfe. Je n'ai point trouvé de muicle digaftrique. L'omoplate à trois mulcles angulaires, nommés commu- nément releveurs, qui font attachés en divers endroits des vertèbres du col, & fe terminent tant à la côte fupérieure de l'omoplate, qu'auprès du bec coracoïde. L'avant-bras à un extenfeur particulier, qui naît du condyle externe & fe termine par une aponévrofe à la partie inférieure 208 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE de F'avant-bras, d'où il s'étend jufqu'à la face externe des doigts. Ce mulcle paroît aufli fervir à l'écartement des doigts, & par là tendre ces efpèces de nageoires, ou membranes, qui fe trouvent entre leurs intervalles. La cuifle a trois mufcles furnuméraires, qui font tous extenfeurs, & naiflent de la partie inférieure de l'os facrum, pour s'inférer à la partie inférieure & poftérieure du fémur, La jambe a deux grêles internes & deux droits antérieurs; Je gréle interne furnuméraire ef fort confidérable : enfin, le pied a un extenfeur furnuméraire & fort long, qui vient de la tubérofité de l'ifchion & fe termine au calcaneum. On ne doit pas être étonné de la grande quantité de mucles que je viens d’expofer, & de leur force, quand on fait attention à la façon dont les loutres vivent & fe nour- riflent; en effet, ces animaux font obligés, dans le temps qu'ils font dans l'eau, de diviler ce fluide, quelquefois avec beaucoup de rapidité, afin de pourfuivre le poiffon dont ils fe nourriflent : ils font avec leur mufeau des trous dans la terre, qui leur fervent de retraites. Enfin on voit, en examinant leurs jambes qui font fort courtes, qu'ils ne font prefque que ramper, ce qui s'exécute principalement par le mouvement de la tête fur les vertèbres, & des vertèbres fur les extrémités infé- rieures, mouvement très-fort, & par conféquent qui demande dans ces parties des mufcles confidérables & multipliés. EXPLICATION DES FIGURES. PSE VAENNICET ENt AT. LA Figure première repréfente la Loutre dans tout fon extérieur. Fio. 2, Veftomac de la Loutre, vû foufié, & lié par fes e 3 » 2 deux orifices. a, Vorifice fupérieur. b, l’orifice inférieur. Li €, €, plufieurs petites véficules parfemées dans toute l'éten- due de l’eftomac, dont les unes font en forme de peloton, & les autres folitaires. DJENS x SC LIRE N° CE. 6 209 Fig. 3, portion du méfentère avec une _ partie des inteftins grêles. A, glande méfentérique, ou pancréas d'Azellius. 8 > b, b, veines ladées. .€, €, €, quelques circonvolutions des inteftins grêles. Fig. 4, le rein droit avec fa capfule atrabilaire, & leurs vaifleaux. . À, À, À, À, plufeurs petits reins unis les uns aux autres. b, la capfule atrabilaire. c, la veine émulgente. d, Yartère émulgente. Pr AMNACNHAE Al: L Fis. 1, Ie diaphragme de Ia Loutre, vûü dans toute fon étendue. a, a, le grand mufcle, b, b, le petit mufcle. c, le centre nerveux. d, Youverture pour le paffage de la veine cave inférieure. , l'ouverture commune à lœfophage & à l'aorte. Fig. 2, le cœur de la Loutre repréfenté ouvert, pour faire voir l’intérieur de l'oreillette, & le ReuPrculs droit. a, le trou ovale. B, b, deux petites ouvertures qui communiquent dans l’o- ; “42 qu q ; reillette gauche. , - c, R grande ouverture d’un finus, qui communique aufli à l'oreillette -gauche. d, d, plufieurs trouffeaux “charnus dans la partie fupérieure de l'oreillette droite. #,e,e; valvules trifcupides. ff, colonnes charnues dans le YA droit. &s &» les bords du ventricule, tant À droite qu'à gauche, renverfés. h,h,h, cordes tendineufes des valvules trifcupides. i 2 l’extrémité intérieure ou la pointe du ventricule droit. Say. étrang. Tome LL D d 310 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Fig. 3 À, À, bp, b, S 2 œe SOSÈRRS TRS HER gr 9 TT 5, S» T, le cœur, l'artère pulmonaire, l'aorte avec fes prin- pales branches, une portion de Ia trachée artère & de l'œfophage. les deux ventricules du cœur, les oreillettes. . artère pulmonaire. Paorte. la fouclavière droite. la fouclavière gauche. les artères carotides. portion de Îa trachée artère. portion de lœfophage. l'aorte inférieure au deffous du diaphragme, le tronc cæliaque. la méfentérique fupérieure. artères émulgentes. artères fpermatiques. méfentérique inférieure. artères iliaques externes. artères épigaftriques, ou mammaires externes. les artères iliaques internes ou hypogaftriques. Partère qui va fe perdre dans à queue de 1 Loutre. Ja». etrang.Tome 2,pl.VI,p. 219. Planche 1° Le Parmentier s! Ja. ctrang. Tome 2, pl TI, p.210. Le Parmentier ESS # nr TL TE Y MANS ISMCAI :E :N° CE: S SEX NEO I KE SUREME. SE L\D E' CH AU X. Par M. NADAULT, Correfpondant de l’Académie. N a fait, dans tous les temps, diverfes tentatives pour tirer un fel des métaux, des minéraux, du talc, du verre, du caillou: fi tous les moyens qu'on a employés pour y parvenir, ont été jufqu'ici inutiles & fans fuccès, il n'y a rien de furprenant; ces matières, dans lefquelles les {els font peut-être dénaturés à un certain point, n'oflrent aux fens aucun indice qu'elles en contiennent en effet; mais il y a lieu de s'étonner qu'on ait auffi vainement cherché jufqu'à préfent un fel dans la chaux, qui paroït cependant avoir éminemment les caractères principaux des fels: fa faveur piquante, fa cauflicité, la propriété qu'elle a de précipiter les métaux difflous dans les menfirues acides, d’abforber ceux-ci & de s'y attacher fortement, de verdir le firop‘violat, de produire une précipitation rougeître dans la folution du mercure fublimé, de difloudre les foufres, les réfines, & beaucoup mieux encore les fubflances mucilagineufes, tous ces effets, très-connus dans la chaux, ne femblent laifler aucun lieu de douter.qu'elle ne contienñe un fel très- actif, très- pénétrant, & qui doit étre un puiffant alkali; mais perfonne ne la vû encore fous la forme qui caraétérife les fels : les Chymifles anciens & modernes, à l'exception d'un petit nombre, font bien d'accord que la chaux contient une matière faline, mais ils ont beaucoup varié fur la nature de ce fel. Van-Helmont aflure qu'elle contient deux efpèces de fels, un lixiviel & alkali, & l'autre acide; & teft de 1a diflolu- tion de ces deux fels dans l'eau, & de leur action mutuelle Jun fur l'autre, qu'il déduit fon eflervefcence. Boëcler, Herman & Etmuller prétendent auffi qu'il y à di M. Lémery, Cours de Chy- mie, 212 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE dans la chaux un fel acide & un fel alkali, mais qu'ils font Jun & l'autre volatils, corrofifs, & intimement unis à une grande quantÿé de terre. M. de Tournefort foupçonnoit dans la chaux un acide « Nouveancours vitriolique, & M.'s Senac ? & Geoffroy b y reconnoiflent Ft Fe Jun & l'autre l'exiftence d’un fel alkalin. $ l'on me demande , 5 De materia dit ce dernier, d'où provient ce fel, je répondrai qu'il vient Médica. tm. L de l'acide alumincux, vitriolique ou nitreux , contenu dans la pierre, ©" même de l'acide du bois où du charbon dont on fe Jert dans la calcination, Que ce fel {e foit en quelque façon fouftrait jufqu'ici aux expériences chymiques, c'eft un fait que l'on ne peut révo- quer en doute; perfonne en effet n'a vü de fel de chaux, perfonne n'a tiré de la chaux, fans un intermède falin, une füubflance folide, foluble, d'une figure régulière, qui eût de la faveur, qui eût enfin toutes les propriétés des fels: voici ei diatrila Y'analyfe que Willis en fit autrefois. Il mit dans une cucurbite le fermentarione. 4 z : ENL-DRE S une livre & demie de chaux vive, avec une quantité d’eau \ fuffifante pour la difloudre, & adapta au chapiteau un grand récipient: en moins de cinq minutes, il fe fit ébullition & effervefcence, & en même temps des vapeurs brülantes com- mencèrent à s'élever, qui échauffèrent les vaifleaux au point qu'on ne pouvoit les toucher fans fe bruler; il fe trouva dans le récipient fix onces d’une eau limpide, qui n’avoit pas Ja moindre âcreté, mais donte goût étoit ftiptique & douceâtre; il mit de l'eau commune fur: la poudre qui étoit reftée dans la cucurbite, & fit bouillir quelque temps ce mélange, qu'il filtra & fit évaporer à un feu modéré: pendant l'évaporation il fe forma à la furface de la liqueur une pellicule ou croûte légère & blanche: celle-ci précipitée au fond du vaifleau , il s'en forma fucceflivement d’autres, & lorfque l'évaporation fut achevée, les réfidences fe trouvèrent fans aucun goût âcre ni falin. . Ménoires de M. Homberg a auffi effayé d'extraire le fel de la chaux É pesé a par différentes leffives ; mais après l'évaporation il n'a jamais trouvé que des matièrés terreufes & infipides, produites DES SCIENCES 21% apparemment par les pellicules de l'eau de chaux, qu'il n'en avoit pas féparées, ce qui le détermina à regarder la chaux comme un alkali fimplement terreux. 1 y a, felon Hofiman, deux principes dans la chaux vive, pe mwreria Jun très-fixe & terreux, l'autre {ubtil, pénétrant, volatil, &, #edica, tom. 1. pour ainfi dire, d'une nature ignée: tant que ces principes font unis, le feu le plus violent ne peut les féparer; mais quand on eft parvenu par le moyen de l'eau, & particulière- ment de l'ébullition, à defunir le principe volatil d'avec le principe fixe & terreux, il décèle fa volatilité, & la chaleur la plus modérée fufiit pour le difliper entièrement. De à vient, felog lui, que quoique l’eau de chaux foit très -äcre au goût, elle s'évapore entièrement & ne laifle pas une feule particule de matière fixe. Stahl trouve dans la chaux différentes propriétés qui Spécimen Be conviennent également, & aux fels acides, & aux fels alka- cheriaum. lins; mais il diten même temps, que ce fel, quel qu'il foit, s'élève & fe diflipe dans l'air, & que l'eau de chaux ne laifle rien après elle. D'autres Chymiftes voyant que les divers procédés em- ployés pour extraire le fel de la chaux, ne réuffifioient pas, ont eu recours aux intermèdes falins, & ont uni la chaux à toutes les diverfes efpèces de fels. Nous ne les fuivrons pas dans leurs opérations variées de mille façons, il fuffra de dire que, de la chaux, jointe à un acide, on retire un fel neutre & amer; qu'un alkali, tel que le fel de tartre bien calciné, devient un puiflant cauftique lorfqu'on Fa uni à la chaux vive; & que lorfque celle-ci eft entrée dans la prépa- ration de l'elprit de fel ammoniac ou urineux, il eft beaucoup plus volatil, d'une odeur plus pénétrante, & a infiniment plus d'acrimonie que lorfqu’il a été préparé avec la foude, Mais ces combinailons des diverfes efpèces de fels avec la chaux vive, ne nous découvrent pas la nature de celui que nous cherchons; nous n'en fommes pas même plus aflurés que la chaux en contienne un qui lui foit propre, puifque toute matière abforbante, dans laquelle on ne dpt 2 214 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fuppofera aucun fel, ou de laquelle on l'aura féparé, ayant certainement plus de rapport avec un fel quelconque avec lequel on Funira, que celui-ci n'en a avec {à propre bafe, doit néceflairement le déguifer, l'altérer, & produire un autre compolé : après avoir uni la chaux à un intermède falin, il y a donc lieu de croire qu'on ne retire que le même fel qu'on avoit employé, mais dénaturé & toûjours altéré par le changement de bale, felon les loix des rapports que les fubftances ont entre elles *, Tous ceux, au refle, qui ont travaillé à extraire le fel dé la chaux, n'ont employé que la chaux vive, ont rejeté la chaux éteinte, & ont regardé ces pellicules qui fe forment fuccefivement à la furface de l’eau de chaux, comme fa partie faline, mais très-impure, & mêlée d'une grande quantité de parties terreufes, qu'ils ont cru capables de déguifer ce fel, & de l'empêcher de paroître fous la forme & avec les caractères qui lui {ont propres. Mais après avoir examiné avec attention ces pellicules connues fous le nom de créme de chaux, & après avoir obfervé la manière dont elles fe forment, j'ai été pleinement convaincu qu'on a jufqu'ici cherché le fel de chaux où il m’étoit pas: cette matière n’a aucune figure pro- pre, aucune régularité dans fes petites parties, aucune faveur, ne fe diflout point dans l'eau, & n’a enfin aucune des pro- priétés de quelque fel que ce foit. Qu'on éteigne telle quantité de chaux que l'on voudra dans une quantité fufhfante d’eau, il fe formera une pellicule à fa furface, qui acquerra chaque jour de l'épaifleur par de nouvelles couches : fi on enlève cette première pellicule, il s’en formera d’autres, & cela tant qu'il y aura de la chaux dans le vaifleau, de forte qu'avec le temps on retirera toutes les parties pierreufes qui auront été bien décompofées par l'action du feu. Cette matière n’eft donc autre chofe que les petites parties conftituantes de la pierre, qui en suniflant acquièrent aflez de furface pour * Ad calcis falem à oleum quod- | hujufinodi extraxerunt , non tam à dam eliciendum multum infudarunt | calce quam ab adjunétis. Gecfroy, Chymici, fed incaffum ; Ji quid enim | De mareria Medica. Ton. I. MENS SENTE Nc Es 215$ s'élever, fe foûtenir au deflus de l'eau, & y former des couches fucceflives. I ne fe forme jamais de pellicules fur les diffolutions falines, que lorfque, par l'évaporation du liquide, les parties du fel venant à fe toucher par leurs extrémités, & à fe condenfer à la fupaficie du vaifleau par la fraicheur de l'air extérieur, elles fe précipitent enfuite, à mefure que par leur union elles acquièrent trop de pefanteur pour pouvoir fe foûtenir dans l'eau : les pellicules au contraire de l'eau de chaux fe forment avant févaporation, & en quelque proportion que foit le liquide avec la chaux qu'on y aura fait diffoudre, fi après avoir enlevé ces premières pellicules, on fait évaporer ‘eau de chaux, elles continueront à la vérité à fe former & à fe précipiter pendant quelque temps, comme il arrive aux diflolutions falines ; mais lorfque la liqueur fera réduite aux trois quarts ou environ de fa quantité, après lavoir filtrée, qu'on continue l’évaporation, il ne s’en formera plus, l'eau confervera fa tranfparence, & s'évaporera jufqu'à ficcité, fans laifler aucunes réfidences terreufes. Les expériences & les obfervations que nous venons de rapporter fur la chaux, ne nous découvrent encore aucunes méthodes, aucuns procédés, pour en pouvoir féparer le fel, & ne nous donnent même que des idées vagues de fes caractères & de fes propriétés. M. du Fay eft le premier qui ait tiré de a chaux une matière faline fans intermède. Si fes expériences nous laiflent encore dans le doute fur la nature de ce fel & fur fes carac- tères propres, elles démontrent du moins fon exiflence, ce qui n'avoit pas encore été fait: voici le procédé qu'il indique dans fon Mémoire là à l'Académie des Sciences le 25 Avril 1724. « On rompra en morceaux la quantité de chaux vive que Ton voudra mettre en expérience, on la flratifiera dans un fourneau avec des charbons ardens, & quand elle fera rouge, on éteindra les morceaux l'un après l'autre dans de l'eau de pluie, filtrée & chaude ; on fera enfuite bouillir le tout un 216 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE quart d'heure, puis auffi-1ôt & fans que l'eau celle de bouillir, sil fe peut, on la verfera dans des terrines, on la laifiera répofer le temps que lon jugera à propos, & on la verfera de nouveau par inclination, prenant garde de laifler tomber aucune partié de chaux; on la fera enfuite évaporer après l'avoir filtrée, & fes réfidences feront le fel de chaux, qui feront en plus grande quantité fi on s’eft fervi d'eau de pluie, ue fi on a employé de l'eau commune. La difiolution de fel de chaux étant évaporée en grande partie, elle commence à avoir de {a faveur, & continuée jufqu'à ficcité, le fel encore impur qui fe trouve au fond du vaifleau, fermente violemment avec les acides, fans doute à caufe des terreflréités & des parties pierreufes & alkalines qu'il contient; mais lorfqu'il ft purifié par des diflolutionis & des filtrations réitérées , qui ne lui procurent cependant pas la blancheur & la tranfparence ordinaires des fels, il ne fermente plus ni avec les acides, ni avec les alkalis, & par- conféquent, condlut-il, on doit fe mettre au rang des {els falés ou moyens. Ce fel, ajoûte-t-il encore, après la première évaporation; ‘shumecte à j'air difficilement; mais après avoir été purifié, il fe réfoud très-promptement en une liqueur jaunâtre, tirant fur le rouge; & malgré fa facilité à fe fondre per deliquiu, il faut cependant une grande quantité d’eau pour le difloudre; & fans {a précaution d'entretenir toüjours l'eau bouillante avant qu'on la verfe par inclination, on ne tire point, ou du moins très-peu de fel, ce qui pourroit venir, dit-il, de ce que ce fel eft trop dur, pour que l'eau puifle le pénétrer fi elle n'eft chaude, & trop pefant pour qu'elle puiffe Le foûtenir fi elle n'eft bouillante, & que fes parties foient par conféquent dans un très-grand mouvement; car on voit que s'il vient à ceffer, où même à diminuer, ce {el retombe par fon propre poids & fe rejoint à la chaux. » M. du Fay rapporte enfuite un autre procédé avec lequel il a auffi tiré du fel de la chaux; il lila éteindre à l'air pen- dant un temps afez confidérable de Ta chaux vive, il en remplit MES à SG Nu CE À 21 templit une cornue de verre, luttée, & la diflilla jufqu'à ce qu'il ne fortit plus rien: il trouva dans le récipient une aflez grande quantité d’une liqueur claire, tirant un peu fur le rougeâtre, d’une odeur d'empyreume, & de peu de faveur, laiflant cependant dans la bouche une petite âcreté brûlante; mais cette liqueur ne fermenta point fenfiblement, ni avec les acides, ni avec les alkalis: il la mit en digeftion fur fa chaux, reftée dans la cornue, & l'ayant filtrée & évaporée jufqu'à ficcité, il trouva au fond du vaifleau une, petite quan- tité de matière grife, d’un goût falé très-fenfible: il ne purifia point ces réfidences, mais il paroït perfuadé que s'il les eût diffoutes dans de l'eau commune, qu'il eût enfuite filtrée & ” fait évaporer, il auroit eu un {el tout femblable à celui qu'on peut tirer par l'opération précédente. Enfin, il termine fon Mémoire par oblerver, qu'il paroît fort étonnant que ce {el qui doit être très-fixe, puifqu'il réfifte à une chaleur auffi violente que celle qui eit néceflaire pour faire la chaux, ne foit pas plus alkali qu'il le paroït, de façon qu'on ne peut pas même précilément décider de quelle nature il eft, à moins qu'on ne le regarde comme un {el falé. On voit par ce que je viens de rapporter, que M. du Fay a tiré de fa chaux une matière qui avoit de la faveur, qui s'humectoit à l'air & qui s'y réfolvoit en liqueur, quoiqu'elle n'eût pas toutes les autres propriétés des fels ; il n’y a donc aucun lieu de douter que ce ne füt une fubftance faline, ainfr il eft conftant que la chaux contient un fel: maïs M. du Fay n'eft pas parvenu à purifier ce fel jufqu'à un certain point, il ne la eu que fous la forme d’uri mucilage graiffeux, d'un fel décompofé qui ne s’eft point criftallifé, qui n'a point pris dans l'eau, après l'évaporation du diflolvant, une figure régulière, une figure qui lui füt propre, caraétère cependant eflentiel & commun à tous des fels. Nous ne fommes donc pas mieux inftruits que nous ne Pétions, fur les qualités fpéci- fiques de ce fel, & M. du Fay convient lui-même qu'il ne peut pas précifément décider de quelle nature il eff. Les expériences qui fuivent, & dont je vais rendre compte, Sav. étrang. Tome IL. Ee 218 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIÉ non feulement indiqueront une voie füre & facile d'extrairé le fel de la chaux, mais développeront fes caraétères, & ne laifleront, je l'efpère, rien à defirer pour la parfaite connoif- fance de la nature & des propriétés de ce fel. Malgré la faveur âcre de ia chaux, &t les autres caraétères qu'elle peut avoir de commun avec les matières falines, j'ai confidéré que fi la pierre ne contenoit aucun fel, il re devoit pas par conféquent s’en trouver dans fa chaux, du moins qui lui fût propre, & que l'huile exaltée du bois dont fa pierre eft pénétrée pendant fa longue calcination , devenue empyreumatique par laétion violente du feu, pouvoit lui communiquer l'âcreté & la cauflicité qui fe font fentir dans la chaux, & qui ne fe trouvent dans aucune efpèce de pierres, toutes fans aucune faveur avant leur calcination ; d'autre côté, il y a tout lieu de croire que pendant fa calci- nation, la partie fulfureufe du bois volatilife fes fels, & même les alkalife, & que de leur union à la terre abforbante de 1a pierre à chaux, fra les loix des rapports, il doit réfulter un autre compolé très-âcre & très-cauftique. Du Sel de pierre. J'ai donc penfé qu'avant de chercher un fel dans Ja chaux, il falloit le chercher dans la pierre & dans les matières de même genre, & s'aflurer par toutes fortes de moyens, fi celle- ci contenoit en effet une matière faline. J'ai cru enfin, que la nature du fel de la pierre bien connue, nous découvriroit avec évidence les propriétés de celui de la chaux; car fi la faveur âcre & brûlante de celle-ci n'efl qu'une produétion du feu, & qu'elle ne foit eflentiellement qu'une terre infipide, il n'y a pas lieu d’efpérer d'en pouvoir retirer un fel fous une forme palpable; mais au contraire, fi la chaux contient un fe qui lui foit propre, ce même {el doit fe trouver dans toutes les matières pierreufes & calcinables. Pour m'aflurer de Ja vérité d’un fait qui me paroifloit important , j'ai pris environ dix livres de marne, tirée fous une montagne formée par différens lits de pierres, à près de DE\S«. OCR E N CE à 219 cinquante pieds de profondeur, j'ai fait une leffive de cette marne nouvellement tirée, & fans qu'elle ait été expolée à Yair; quelque temps après, l'eau a commencé à fe colorer & à prendre une teinte légère de jaune, au lieu de la couleur blancheâtre que la marne lui avoit communiquée d'abord: après l'avoir fait pafler plufieurs fois, prefque toüjours bouil- lante , fur cette terre, je l'ai filirée, & pour abréger, je l'ai fait évaporer par ébullition ; la liqueur réduite à la quantité d'une pinte, avoit un goût acide, & fa couleur étoit d'un jaune brun: j'ai filtré de nouveau cette liqueur, & après une évaporation fufhfante par le bain de fable , j'ai trouvé le lendemain au fond du vaifleau, & contre fes parois, une aflez grande quantité de fel jaunâtre & gras, d'un goût piquant € {alé, dont la partie la plus pure s'étoit criftallifée en aiguilles à fix faces extrêmement fines. Ce {el n'a fermenté ni avec les acides, ni avec les alkalis; il n'a ni rougi, ni verdi le firop violat, il a feulement un peu affoibli fa couleur; en ayant mis fur un charbon allumé, il sy eft enflammé fur le champ avec bruit, & a produit une flamme très-vive, je n'ai plus douté alors que ce ne fût un véritable nitre. J'ai retiré de même un fel nitreux de la pierre ordinaire mife en poudre, & je fuis perfuadé qu'on en retireroit aufli de toutes les autres matières lapidifiques. Les Naturaliftes n'ont jamais été bien d'accord fur Ia véri- table origine de notre nitre: /e fentiment le plus général, mais le moins examiné, dit M. Senac, eff, que ce fel eff répandu Nouveau cours dans l'air, qui le dépofe en diverfes terres avec lefquelles il 09m: «re s'allie : d'autres Chymiftes prétendent au contraire, qu'il ne }f Lemery te peut être produit que par des matières végétales ou animales; f/, Menvires mais l'expérience que nous venons de rapporter, femble con- É ar trarier lune & l'autre opinion : fi la pierre & toutes les matières qui lui font analogues, contiennent en effet un véritable nitre, quoique prifes à plus de cinquante pieds de profondeur, on ne peut prefque plus douter qu'il n'y ait un nitre minéral. Perfonne n'ignore que notre nitre foit un fel nouveau, Ec ÿ 20 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE uès-différent de celui des anciens, qui ne nous eft plu connu que par les defcriptions des Naturalifles ; fon nom vulgaire de falpêtre, en ufage dans la plufpart des langues de l'Europe, qui femble nous annoncer fon origine, paroit donc beaucoup mieux convenir à ce fel que celui de nitre, qu'on Jui a donné, en le fubftituant au natrum des anciens Egyp- tiens, puifqu'il fe trouve dans toutes les matières lapidifiques, & qu'il y reçoit fes caractères fpécifiques: on fait aufli que ce fel a une grande analogie avec le fel marin, & que l'un n'eft prefque jamais fans l'autre; c'eft pour cela que les ouvriers qui font employés à tirer le falpêtre, ne manquent jamais de féparer & de mettre à part les premières réfidences, qui fe trouvent toûjours de fel marin très-pur. M. Lémery pré- tend même, qu'on ne peut jamais fi bien dépurer le nitre, qu'il n'y refle toûjours de cette efpèce de fel. En purifiant le fel nitreux que j'ai retiré de la marne, j'ai trouvé de même qu'il étoit uni à une petite portion de fel marin, & ayant répété les expériences que je viens. de rapporter, fur diverfes efpèces de matières lapidifiques ; j'ai toûjours eu le même rélultat; mais ayant fait la même épreuve fur l'agaric minéral *, qui, comme l'on fait, eft auff une fubflance lapidifique, mais qu'on peut regarder comme de la pierre décompolée & réduite en fes principes, je m'aï ‘trouvé que du vrai fel marin, fans aucun mélange de nitre . ni d'aucune autre fubflance faline; ce fel s’eft criflallifé en cubes parfaits, il a décrépité fur les charbons, & j'en ai tiré une auffi grande quantité, à proportion de cette matière, que du nitre de la marne: cette matière cependant qui ne m'a produit que du fel marin, eft une vraie fubftance lapidifique formée des détrimens de Ia pierre tendre, & produite par des ftillations des eaux gouttières ; elle avoit exifté fous 11 forme de pierre, elle avoit contenu auparavant un fel nitreux, mais ayant été décompolée ‘par l'eau, on n'y trouve plus fous cette forme que du fel # Agaric minéral, à caufe de fa grande reffemblance avec l’agaric végé= al... Lac lunæ, fleino marga, medulla faxi, DÉÆ:S, SCIENCES 225 marin ; il y a donc en effet une grande affinité entre ces deux fels, le nitre peut donc prendre la forme & les carac- tères du fel marin :: les propriétés des fels, par conféquent, ne font pas ablolues, mais relatives. Après mètre afluré que la pierre & Îles matières Japidi- fiques contenoient un {el qui leur étoit propre, & qu'on en retiroit, par les procédés que je viens d'indiquer, avec autant de facilité que de toute autre matière, j'ai commencé à efpérer de pouvoir extraire ce fel de la chaux, fans me fervir d'aucun intermède. Tant d'expériences faites fur la chaux vive, par les plus célèbres Chymiftes, & toüjours fans fuccès, nr'a- voient d’abord déterminé à tourner mes vüûes fur Ja chaux fondue & la chaux éteinte à l'air : j'avois obfervé que cette dernière, lorfqu’elle étoit parfaitement éventée, perdoit entiè- rement fon âcreté, & n'étoit plus différente de la marne ou de la craie en poudre, que par une petite faveur acide, qui s'y faifoit fentir & qu'on ne déméloit pas auparavant: cette remarque me confirmoit encore dans l'opinion que la caufti- cité de la chaux lui étoit en quelque façon étrangère, qu'on ne pouvoit l'attribuer aux principes conflituans de la pierre, mais qu'elle étoit une produétion du feu, & que pendant une aufli longue calcination , la partie huileufe du bois devenue empyreumatique, & fa partie faline rendue volatile .& ammoniacale, en s'uniflant à la pierre, lui communi- quoient une faveur brülante & defagréable ; c'eit ainfi que les vapeurs grafles & falines qui s’exhalent du bois, s'attachent aux parois de nos cheminées, mais elles pénétreroient le tiflu des pierres, & fe cantonneroient dans fes interftices, fi elles les trouvoient dans un état d'inflammation, ouvertes & cri- blées de toutes parts par l'aétion du feu, comme elles le font dans un fourneau de chaux. J'avois donc cru que pendant la lente fermentation qui arrive à la chaux qu'on laifle éteindre à l'air, ces matières étrangères venant à sévaporer, dégageant & laiflant en liberté le fel fixe & efentiel de 1a pierre, il feroit plus facile de l'en féparer : ces. raifons d’ana- logie m'avoient déterminé à préférer la chaux morte ou Îa Ee ii 222 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE chaux fondue depuis un certain temps, à la chaux vive; cependant, voulant tout tenter, j'ai pris le parti de commen- cer par faire quelques effais fur la chaux vive, en me fervant d'abord des procédés les plus fimples, pour m'aflurer par moi- même fi on ne pouvoit en effet en tirer, fans addition, quel- que petite partie de fel. Du Sel de chaux. J'ai donc pris une livre de chaux vive & nouvelle, faite de pierre dure, j'en ai mis d'abord la moitié dans fix livres eau de fontaine, bouillante, & j'ai bouché fur le champ de fon couvercle le vaiffeau qui étoit de terre & verniflé; auffi- tôt il s’eftsfait une violente effervefcence, & la chaux a été difloute en un inftant ; j'ai mis le vaiffeau auprès du feu, & l'eau a continué de bouillir encore quelque temps; l'ayant retiré enfuite, lorfque j'ai jugé que la chaux devoit être pré- cipitée au fond du vaiffeau, j'ai verfé l'eau par inclination dans une terrine, après quoi j'ai fait difloudre le refte de la chaux en obfervant le même procédé, & j'ai verfé la feconde diflolution fur la première ; quelques heures après, l'eau s’eft couverte d'une pellicule très-blanche, dont la confiftance & l'épaiffeur ont toûjours augmenté jufqu'au lendemain; ces pellicules enlevées, l’eau m'a paru affez claire, fon goût étoit âcre & très-piquant, & je l'ai jugé auffi chargée des prin- cipes de la chaux qu'elle pouvoit l'être; je l'ai filtrée & l'ai fait évaporer au feu de fable, dans un bocal qui pouvoit con- tenir environ deux livres de liqueur, que je rempliflois de l'eau de ma terrine, à mefure qu'elle s’évaporoit ; les petites parties de chaux qui avoient paflé à travers le filtre, ne tar- dèrent pas à troubler l'eau; ces petites molécules, en s'uniffant, formoient des lames de différente grandeur, terminées irré- gulièrement, qui s’'élevoient fur leur plan vertical, & alloient former à la fuperficie de la liqueur les pellicules dont nous avons parlé: lorfque cette concrétion avoit acquis une certaine épaifleur, fon poids la précipitoit par pièces au fond du vaifleau, & bien-tôt il s'en formoit de nouvelles, non pas DES# SCIENCES, 223 des débris des premières, qui avoient trop de pefanteur pour s'élever, mais d'autres molécules qui pendant l'évaporation acquéroient, en s'uniflant, aflez de furface pour fe foûtenir fur l'eau, & fournifloient la matière de ces nouvelles couches, Eorfque j'eus réduit par lévaporation toute mon eau de chaux à la continence du bocal, qui jufque-là exhala toû- jours une odeur forte, pénétrante & un peu urineufe, je la filtrai de nouveau, le filtre la rendit auffi claire que l'eau 1a plus pure; ayant enfuite fait évaporer, cette feconde éva- poration produifit encore quelques pellicules, mais plus minces, & qui s’élevoient plus lentement; lorfque la liqueur du bocal fut réduite à moitié, je la filtrai encore une fois: elle n'avoit plus alors ni la même odeur, nilemêine goût, & on y déméloit une faveur lixivielle & un peu acide; elle ne fe troubla plus, & il ne fe forma plus de pellicules à fa fuperficie; . Tévaporation approchant de fa fin, elle parut d'un jaune clair, qui devint de plus en plus foncé: je fis évaporer juqu'à ficcité, & je ne fus pas peu furpris de trouver environ trente grains de matière jaunâtre, un peu grafle, d'un goût falé & piquant, mais fans âcreté & fans amertume, qui fe fondoit promptement dans l'eau, & qui shumeéta fenfiblement pen- dant la nuit, en un mot, un vrai fel, qui fermenta violem- ment avec les efprits acides, & verdit fur le champ le frop violat ; il ne décrépita point fur les charbons comme le fel gemme, ne s'y enflamma pas comme le nitre, & ne s'y gonfla pas comme Y'alun , mais il y demeura fans altération comme les fels fixes. En joignant à cette expérience celle que nous avons rapportée fur la poudye de pierre, dont nous avons retiré un véritable nitre, il n’y aura plus lieu de douter que la chaux ne contienne un fel qui lui eft propre, & qui n'eft pas une produétion du feu, & que ce fel ne foit un nitre alkalifé, femblable à a préparation très-connue de ce même fel. Mais comment ce fel a-t- pü fe cacher jufqu'à prélent, & fe fouftraire en quelque façon à tant de diverfes manipula- tions beaucoup plus fines que le procédé fimple dont je me * 224 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fuis fervi? C’eft ce que j'ai peine à comprendre; tout cé qué je puis conjeéturer, c'eft que ceux qui fe font appliqués à. extraire le fel dé la chaux, n'ont pas eu fans doute l'atten- tien de réitérer, comme je l'ai fait, les filtrations de fa diffo- lüution, autant de fois qu’ils ont vü fe former de nouvelles pellicules, & quels réfidences terreufes ont déguilé & ont pa mêmé”faire dilparoître entièrement fa partie faline en l'abforbant. Pour mieux connoître [a nature de ce fel, & pour pou- voi obferver fa figure fpécifique & fes véritables caraétères,, j'ai cru! qu'il étoit abfolument néceflaire de le purifier autant qu'il étoit capable de l'être. Je l'ai donc diflous, filtré & fait évaporer à la manière ordinaire, & j'ai trouvé le lendemain, des criftaux très-purs , très-blancs & très-tranfparens, figurés, en aiguilles, ou pluftôt en faifceaux d'aiguilles à fix faces comme le nitre, & quelques criftaux cubiques. Ce fel, dans . lequel!nôus venons de trouver toutes les propriétés des alkalis, n'a plus fermenté ni avec Îes elprits acides, ni avèc le {ef de tartre, il n’a caufé aucune altération à la couleur du firop violat, & par {à dépuration il eft devenu un fel neutre, un fel moyen; mis fur les charbons , il a fufé avec bruit & a produit une flamme très-vive. Voilà donc notre {el nitreux de la pierre, répénéré, que la calcination avoit déguilé en l'alkalifant. Quoique la quantité d’eau que j'avois employée pour fondre la livre de chaux: vive qui avoit fervi aux expériences que je viens de rapporter, füt beaucoup plus confidérable qu'il ne falloit pour. difloudre les trente grains de fel que j'en avois feulement retirés, comme j'étois perfuadé que l'eau ne pouvoit s'en charger qu'à mefure qu'il fe dégageoit de la partie hui- leufe à laquelle il s'étoit uni pendant la calcination, je ne me crus pas encore fuffifamment affuré d'en avoir extrait tout le fel qu'elle contenoit: après l'avoir en effet expofée à l'air pendant huit ou dix jours feulement, pour procurer ce déve- loppement que je croyois néceflaire, j'en retirai encore, par le même procédé, trente-trois grains d'un fl tout pareil au premier, DES SCIENCE!S 225 premier, d'abord alkalin, & enfuite neutre & purement nitreux après fa criftallifation. Une livre de chaux contient donc envi- ron un gros de nitre alkalifé, & peut-être beaucoup plus, puifqu'il y a lieu de croire que cette chaux n'étoit pas encore dépouillée de tout fon fel; après cette feconde leffive, elle avoit encore à peu près la même âcreté & le goût de feu que je lui avois trouvé avant que d'en avoir extrait le {el ; mais j'avois déjà obfervé que de la chaux vive qui avoit été expolée en plein air pendant plus de fix mois, dans une terrine pleine d'eau qui avoit été changée pendant cet efpace de temps dix-huit ou vingt fois, avoit cependant toüjours confervé fa même faveur; ce qui m'avoit dès-lors perfuadé que le goût brülant de la chaux étoit indépendant de fa partie faline. Après avoir retiré le fel de Ja chaux vive, je me fuis fervi des mêmes moyens pour extraire celui de la chaux morte ou éteinte, & de la chaux fondue. Le réfultat de mes expé- riences & de mes obervations a été qu'on retire toüjours un fel de toutes les efpèces de chaux, pourvû qu'on ait foin d'en féparer par le filtre les pellicules, à mefure qu'il s'en forme à la fuperficie de la liqueur ; que ce fel eft exactement le même dans toutes les chaux; qu'il a les mêmes propriétés & la même figure fpécifique; mais qu'on le retire plus pur & en plus grande quantité de la chaux fondue, que de toute autre, & que celle-ci en produit d'autant plus qu'elle l'a été depuis un plus long temps, pourvû qu'elle ne foit point defléchée & qu'elle ait confervé fa ductilité. Du Salpêrre de houfage. Nous avons déjà vü que les Naturaliftes n'étoient pas d'accord fur la nature, la formation & la véritable origine de notre nitre: on a cru, dans tous les temps, que l'atmofphère étoit remplie d'une grande quantité de nitre, fur-tout dans les régions orientales & feptentrionales, qui, en tombant avec les pluies & les rofées fur toute la fuperficie de la terre, = contribuoit à fa fécondité, & qu'il entroit auffi pour beaucoup Say. étrang. Tome II, FE 226 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE dans la compofition des végétaux & des animaux. Il ya lieu de croire en effet que l'air et chargé d’une infinité de parties aqueufes, fulfureules & falines ; mais toutes ces fubftances ont leur origine dans le globe de la terre, & les expériences que nous venons de rapporter femblent décider que le nitre aërien a été auparavant minéral; car il eft évident qu'on ne doit pas avoir recours aux influences de l'air pour expliquer la formation du nitre dont nous venons de parler. Lorfqu'on enduit un mur, une voûte, ou tout autre bâti- ment de cetteefpèce, avant que les mortiers , que l'on fuppofe faits de chaux, foient parfaitement fecs, f1 ces conftructions font à couvert, leur fuperficie fe couvre quelques mois après de petits flocons très-blancs, & qui ne font autre chofe que de petites aiguilles de falpêtre, qui continuent de fe reproduire à mefure qu'on les enlève, & tant qu'il refte de humidité dans le mur, ce qui dure quelquefois pendant plufieurs années. Pour être pleinement convaincu que ce fel n'eft produit que par la lente évaporation de l'humidité du mur, chargée des parties falines de la chaux, il fuffit d'oblerver que lorfque le mur eft couvert par une matière qui lui ôte toute communication avec l'air extérieur, tel que feroit un lmbris exactement joint, la fuperficie du mur ne laifle pas de fe couvrir de falpètre; & que lorfqu'il eft enduit d'une matière trop dure & trop compacte pour que les petites aiguilles nitreufes puiffent la pénétrer , tel que pourroit être le plâtre, il ne fe forme plus alors à l'extérieur, mais s'arrête entre le mur & l'enduit, &, avec le temps, s'y amaffeen aflez grande quantité pour pouvoir poufler & détacher le plâtre du mur. Ce fel étoit donc dans le mortier dont les pierres du mur ont été liées ; le falpêtre de houffage eft donc un véritable fel de chaux, dont le développement fe fait natu- rellement à travers l’enduit qui lui tient lieu de filtre. Mais ce qui prouve invinciblement que le falpêtre de houflage n'eft en effet que ce même nitre que nous avons trouvé dans la pierre & dans toutes les matières lapidifiques , c'eft que fmblable au fel que nous avons tiré de la chaux, il ne DHEUS A SICHALEUN CE Se 22m, s'enflamme point comme le nitre ordinaire, il fermente avec les acides , il verdit le firop violat, il a enfin toutes les pro- priétés d'un alkali fixe, & ne paroït pas, en cet état, fort différent du nitre des Anciens ; il y a par conféquent autant de différence entre le nitre ordinaire & le falpètre de houfiage avant que d'avoir été purifié, qu'entre ce même nitre & le nitre fixé par le charbon. On les a cependant confondus jufqu'a préfent, & on les a employés aux mêmes ufages : il eft vrai que ces fels font eflentiellement les mêmes, puifque le falpétre de houfflage, en tout femblable au fel de chaux, après avoir été diflous & après lavoir fait criftallifer à a manière ordinaire, devient un fel neutre, un véritable nitre, qui détonne & s'enflamme fur les charbons. Le fel de pierre avant fa calcination , le {el de chaux, le falpêire de houflage & le nitre ou falpêtre ordinaire, ne font donc effentiellement qu'un même fel. ECLAIRCISSEMENS au fujer des obje@tions à des remarques faites par M": les Commiffaires de l'Académie Royale des Sciences, fur le Mémoire concernant le Sel de la chaux, là à l'Académie an mois de Février 1749. OMTECTION TL E Mémoire de M. Nadault fur le fel de Ia chaux, tendant à rétablir Fopinion du nitre de Fair, profcrite par une infinité d'expériences, exige néceffairement une critique, & il faudroit autant d'expériences qui en prouvaffent l'exiftence, qu'il y en a qui prouvent celle de l'acide vitriolique : une feule de cette dernière forte démontrera à M. Nadault la néceflité de répéter plufieurs fois, avec les précautions les plus fcrupuleufes , les leffives des marnes, pierres & chaux qui lui ont donné du falpêtre : on le prie de tremper une ferviette blanche dans un deliquium de fel de potafle ou de fel de tartre, & de l'expofer, fans la tordre, à la fenêtre élevée de quelque donjon, de château qui foit éloigné de toute baffe-cour où il y ait du fumier & des vapeurs urineufes ; on fup- pofe qu'ainfi expofée, la ferviette fera feulement à l'abri de la pluie; clle s’humectera & fe defféchera plufieurs fois pendant le courant Fi 228 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE de l'été; après quoi on le prie de la laver dans de l'eau diflillée, de filtrer cette eau & de Févaporer, &c. il trouvera un tartre vitriolé: s'il y avoit un acide nitreux dans l'air, il trouveroit un nitre régénéré, L'un de nous a fait une leflive de chaux:de Melun, éteinte à Yair; & ayant procédé comme M. Nadault, il a eu une liqueur alkalifée qui, filtrée, n’a donné aucun fel neutre. M. du Hamel qui autrefois avoit déjà fait des expériences fur la chaux vive, éteinte & fufée, n'a point trouvé non plus de fel neutre nitreux. RÉPONSE. Je ne crois pas avoir rien avancé, dans mon Mémoire, qui puifle favoriler l'opinion du nitre de Fair, & j'ai même fur cela des principes fort oppofés: voici ce que je me fuis contenté de dire en parlant du nütre ou falpètre. « Les Naturaliftes n’ont jamais été » bien d'accord fur la véritable origine de notre nitre : le fentiment » le plus général, mais le moins examiné ( dit M. Senac ) eft que » ce fel eft répandu dans l'air qui le dépole en diverfes terres avec » lefquelles il s'allie; d’autres Chymiftes prétendent au contraire, » qu'il ne peut être produit que par des matières végétales ou » animales ; mais l'expérience que nous venons de rapporter , femble >» contrarier Fune & l'autre opinion. Si la pierre & toutes les ma- » tières qui lui font analogues, quoique prifes à plus de cinquante » pieds de profondeur, contiennent en effet un véritable nitre, on ne peut prefque plus douter qu'il n’y ait un nitre minéral», c’eft- dire, qu'il ne fe fafle dans les entrailles de la terre certaines combinaifons de l'acide univerfel, d’où réfulte le nitre dont nous parlons. Voilà tout ce que j'ai dit; & s'exprimer aïnfr, n’eft pas aflurément vouloir rétablir Popinion profcrite du nitre de l'air. IE y a quelque lieu de croire qu'il y a un acide, un fel principe répandu par-tout fous une forme liquide, qui, en s’uniffant à cer- taines matières, acquiert différentes propriétés & une figure propre & conftante, felon a nature des fubftances qui la fixent & qui Jui fervent de bales; qron le nomme acide vitriolique, cela eft indifférent, pourvû qu’on s'entende ; mais notre nitre ne peut être ce fel élémentaire, il n’eft fans doute qu’une des combiaifons de cet acide univerfel, qui doit être une matière beaucoup plus fimple; expérience de la ferviette trempée dans-un deliquium de fel alkalt qui fe convertit à l'air en tartre vitriolé, & que je ne contefte point, ne conclud donc rien contre moi, puifque mon Mémoire ne contient rien qui puifle favorifer l’opinion du nitre de l'air, & objection par conféquent n’a plus aucun objet: foitique dans œeute expérience l'acide univerfel s’unifle, comme ilyrailieu de LD MESA SCT EN C ms 229 Je croire, aux fels alkalins, ou que ceux-ci, dont les propriétés font acquifes & font toëjours une produétion du feu , les perdent avec le temps, comme plufieurs expériences le font voir , il eft conflant que tout fel alkali diflous ou expolé à l'air, y devient en peu de temps un fel neutre. Voulant faire quelques obfervations {ur Le {el de cendres ordinaires, & voulant eflayer d’avoir ce fel criftallié & fous fa forme propre, après lavoir diflous & purifié, je le fis évaporer en plein air & à la chaleur du foleil : quinze jours après, je trouvai le fond du bocal où j'avois mis cette diflolu- tion, couvert de crittaux aflez gros, bien formés, figurés, comme le tartre vitriolé, en colonnes à fix faces unies par leurs bafes, & fur lefquels les efprits acides ne firent qu’une légère impreffion. Mais encore une fois, ces expériences ne font rien à k queftion, puifque je reconnois que l'acide de l'air doit être très-difiérent de notre nitre; il ne s’agit que de favoir fi ce inéme acide forme dans la pierre & dans toutes les matières Hapidifiques, une combi- maifon faline douée de toutes les propriétés d’un vrai nitre, & fi on l'en retire fous cette forme : on m’oppole des tentatives. faites fans fuccès par de célèbres A cadémiciens, dont le nom feul fuffiroit pour m'’impofer filence, s’il ne s’agifloit ici que de 1héorie ou de raïifonnement; mais il eft uniquement queftion d’un point de fait, que l'autorité k plus refpeétable ne doit pas rendre fufpeét & ne peut point détruire. OT ÉEI CET Lo NOTE On trouve fingulier que M. N:dault paroïfle croire qu'il n’y ait rien à efpérer de la voie des combinailons, qui eft admile par les plus grands Chymifles, & qui efl fa route la plus füre, la - moins équivoque, & à laquelle nous devons les découvertes les plus intéreffantes. RÉPONSE, * Ce feroit en effet avancer un paradoxe bien fingulier que de rejeter les combinaïifons qui s’opérent fous nos yeux & qui fe dé- montrent; loin de penier ainfi, je fuis très-convaincu qu'elles font Ja voie de la Nature la plus ordinaire, & une de fes loix fa plus féconde, à laquelle nous fommes redevaäbles de la plufpart des mixtes. I] me femble cependant qu'on ne devroit pas donner trop d’extenfion à ce terme, ni rapporter tout aux combinaifons : if y a quantité de mixtes dans le règne minéral, dont la produdion n'eft dûe fouvent qu’au fimple changement local dés parties d'un corps, qu’à des fécrétions, des amalgames, qui y pioduitent cepen- dant des altérations apparentes, mais les principaux caraétères des: F£ üj 230 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE matières fubfiftent toûjours; au lieu que les vraies combinaifons ; telles que celles qui réfultent des fermentations, femblent agir d’une imanière plus intime fur les fubftances, qui acquièrent par cette voie des propriétés qu’elles n’avoient pas, toute combinaïfon étant, en quelque façon, une génération nouvelle. Quoi qu'il en foit, je fuis fort éloigné de rejeter les combinaifons, & il faut que je me fois exprimé d’une manière toute oppofée à mes véri= tables fentimens, fi j'ai donné quelque lieu à cette critique. O_ BAIE CÉTAUOININRRTE M. Nadault aflure que la crême de chaux n’eft point un fel neutre ; ce qui paroît entièrement oppofé au travail de M. Malouin, de l’Académie des Sciences, qui a démontré que le fel neutre de la chaux, ou cette crème de chaux, étoit un fel formé par Punion de l'acide vitriolique à une terre abforbante. L’un de nous a vû en Normandie un four à chaux qui, prefque éteint, avoit à la couronne un cercle de foufre commun d’un demi-doigt d’épaiffeur ; donc il y a un acide vitriolique dans la chaux, qui, avec le phlogiftique du bois, a formé du foufre : l’'infipidité dont M. Nadault s'appuie pour décider que la pellicule de la chaux n’eft point faline, ne prouve rien, puifque tout fel formé de union d’un acide vitriolique & d’une vraie terre abforbante, n'eft infipide qu’à caufe de fon peu de folubilité, RÉPONSE. Il eft vrai que je ne fuis point du tout convaincu que la crème de chaux foit un fel neutre, qu’elle foit la partie faline de Ia chaux, & que je regarde la faveur & la folubilité comme les caractères propres des fels. On obferve que la crême de chaux n’eft infipide que parce qu’elle n’eft point foluble: mais pourquoi n’eft-elle point foluble, fi elle eft un fel? On dira peut-être que, dans la combinaifon du fel félénitique, lacide vitriolique s'unit à une fi grande quantité de terre abforbante, qu’elle lui ôte fa faveur & fa folubilité, c’eft-à-dire , les deux propriétés qui diftinguent les fels des autres fofliles; mais dès-lors on ne devroit plus donner à cette matière le nom de fel. Comment, d’ailleurs, concevoir que a petite quantité d’acide vitriolique qu'on fuppofe dans Ja pierre ou dans la chaux, puifle fuffre pour lier & pour former, avec le temps, une combinaifon faline de toute la partie terreufe de Ia chaux! C’eft cependant ce qu'il faudroit fuppofer; car à mefure qu’on enlève les pellicules de l'eau de chaux, il s’en forme toüjours de nouvelles tant qu'il y a de l’eau & de la chaux dans DES SCIENCES 23% le vaiffeau, & on retire ainfi toutes les parties pierreufes qui on été bien atténuées par l'action du feu; mais pour répondre avec ordre à cette objection, je fuis obligé d'entrer dans un certain détail. } L'analyfe des eaux minérales a donné lieu à la prétendue décou- verte du fel félénitique, dont le nom femble annoncer la nature & l'origine. Je fais que cette matière terreufe, fouvent brillante & tranfparente, qui fe trouve dans certaines eaux , cft actuellement regardée par les Chymiltes comme un fel qui fe forme, felon eux, toutes les fois que l'acide vitriolique quitte fa bafe pour s’at- tacher à une terre abiorbante: par analogie fans doute, on com- mence aufli à régarder la crême de chaux comme une combinaifon faline, comme un fel félénitique ; mais jufqu’ici perfonne n'ayant fait voir d’une manière évidente & fans replique, que cette ma- tière fût en effet uu vrai fel, j'efpère qu'il me fera permis de propoler quelques doutes qu’une affez longue fuite d'expériences m'a fait naitre fur la nature de ce mixte. J'obferverai d’abord que l'acide viriolique, confidéré comme fel principe & dégagé de toute bafe, doit être une des plus fimples combinaifons de la Nature, qui, unie à la terre abforbante de quelque matière que ce foit, doit y produire un mixte doué des mêmes propriétés, & dont les parties conftituantes aient la même configuration. Le fel félénitique dés-lors devroit donc être le même dans toutes les fubftances où il peut fe former ; il n’y a cependant nulle analogie, nul rapport, ni pour la figure, ni pour les propriétés, entre la crème de chaux & le prétendu fel moyen que l’on retire de certaines eaux minérales , parce que lun & autre ne {ont que des combinaifons ou pluflôt des fécrétions de deux matières effentiellement différentes, que l'une n’eft en effet que de la pierre & Fautre du plâtre. Ces pellicules qui fe forment fur l'eau de chaux, confervent toûjours une exacte refflemblance, une analogie parfaite avec la matière qui les produit, fans qu'il paroiffe qu’elles aient fouffert aucune altération ni qu’elles aient acquis aucunes nouvelles propriétés, ce qui femble prouver qu’elles ne {ont en effet qu’une concrétion pierreufe ; car toute combinaifon doit produire un mixte différent, à certains égards, des matières qui font entrées dans fa compofition, au lieu qu'on ne trouve dans la crême de chaux aucuns caraétères propres aux fels, on y reconnoît au contraire toutes les propriétés des matières lapidi- fiques; elle eft, comme la pierre, infipide & indifloluble dans l’eau, elle fe diffout avec effervefcence par les efprits acides, & elle reflemble fi fort à la marne & à la pierre en poudre, qu'o® 232 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE pourroit à prendre pour lune ou l’autre de ces deux matières, J'ai tâché de me repréfenter ce qui fe pafloit pendant la calci- nation de la pierre, ce qui devoit enfuite lui arriver pendant fa diflolution dans l'eau, & de découvrir ce qui pouvoit donner Heu à la formation de ces pellicules qui s'élèvent & fe ftratifrent fur l’eau de chaux. Je me perfuade que le feu ayant détruit, pen- dant la calcination, le lien qui unifloit les molécules de la pierre, peut-être en dégageant l'air fixé dans fes interftices, qui failoit plus du tiers de fon poids, & que l'eau, en s'infinuant dans fes nou- veaux pores où le phlogiftique s’étoit cantonné, ayant, par une forte de fermentation, écarté le$ parties conilituantes de la pierre engrénées auparavant les unes dans les autres, les plus- homogènes & les plus divifées d’entre elles s’uniflent dans le liquide où elles flottent & vont former, à [a fuperficie du vaifleau, une couche extrêmement mince, dont l’épaiffeur augmente bien-tôt par celles qui s’y joignent Ces molécules de chaux, de pierre décompofée , tendant à reprendre la forme de pierre; elles l’acquerroïent avec le temps & auroient enfin la dureté & la denfité des couches ordinaires de cette matière, fi, en s’uniflant moins confufément , elles pouvoient s’engréner plus extétement. Ce qu’on obferve dans certains aqueducs qui fe trouvent obftrués après un certain temps par les couches concentriques de matières lapidifiques dont eau qu'ils contiennent étoit chargée, & qu’elle dépofe à chaque inftant contre leurs parois, n’eft pas fort différent de ce qui arrive à la fuperficie d’une terrine d’eau de chaux; ces concrétions qui s’y forment, font de la même nature que les premières, & ne font que l'effet d’une même caufe. Les congélations des grottes, des carrières, le fpar, le tuf, albâtre & toutes les efpèces de flueurs ou ftahdites font produites par le même méchanifine : toutes ces matières parafites ne font toûjours que des molécules pierreufes aflez divifées pour fe foû- tenir dans un liquide, qui s’unifient par fimple juxta-pofition, & forment, par des couches fucceflives, des,concrétions de la nature de Îa pierre dont elles ont autrefois fait partie, dont elles ont été détachées par des ftillations; & il eft de la dernière évi- dence qu’on n’eft point obligé de recourir aux loix des rapports & des combinailons , dans le fens où l’on prend ordinairement .Ce terme, pour expliquer la formation de ces matières : il n’y a cependant rien de plus fingulier dans la produétion de Ia crème de chaux, & de ce que l’on nomme fel félénitique, qui ne font réellement que de vraies congélations; & quand même on feroit parvenu à avoir ces matières fous une forme régulière & tran{parente , DE) S SAC T'E'N C E à 233- tranfparente, je ne pourrois toûjours les regarder que comme une concrétion pierreule très-pure, qui auroit repris fa forme fpécifique dans un liquide, comme il arrive au fpar, au criftal de roche. La figure angulaire & régulière, la tranfparence, font à la vérité des caractères! communs aux fels & à ces matières ; mais [a faveur & la folubilité me paroiflent être les feules propriétés effenticlles & incominutables de ceux-ci, ou bien il faudra, avec certains Naturaliftes, ranger dans la clafle des fels toutes les efpèces de flalaites, le fpar, la pierre fpéculaire, le criftal & toutes les pierres précieufes, & confondre ainfr les idées les plus claires que nous ayons fur la nature & la formation de ces matières. On in’objectera peut-être que, quoique les congélations foient de la vraie pierre, les pellicules de l'eau de chaux doivent être & font en effet d’une nature très-différente de ces concrétions pierreufes , parce que le feu , pendant la calcination, non feulement defunit & divife les parties conflituantes de la pierre, mais y pro- duit certaines altérations qui donnent lieu à l'acide vitriolique qu'elle contient, de s'unir dans le liquide à cette terre alkalifée en quelque façon par l’action du feu, & de former, à la fuper- ficie de l’eau de chaux, ces pellicules que l'on regarde comme fa partie faline & comme un vrai fel félénitique. Mais pour être pleinement convaincu que la chaux n’eft que de la vraie pierre, qui a feulement contracté pendant la calcina- tion de la cauflicité, & une faveur brülante & empyreumatique, qu’à l'air libre elle perd avec le temps, & que les pellicules de eau de chaux ne font en effet que la partie la plus homogène & la plus divifée de cette même pierre, la matiere de toutes les ftaladites , il fuffit de confidérer ces congélations qu’on ne manque jamais de trouver dans les caves gouttiéres, dans les tours & les autres édifices à découvert. Ces concrétions ne peuvent être pro- duites que par des. ftillations d’eaux pluviales qui, en s’infinuant dans les joints des pierres, en détrempent les mortiers , & fe char- gent de là partie de leur chaux la plus fixe & la plus divifée, qu’elles dépofent enfüite, en s’écoulant, dans tous les lieux où elles peuvent trouver une iffue, & où elles forment fouvent en très- peu de temps des incruftations fur les murs & des congélations qui pendent des voûtes, fous toute forte de formes. Ces ftilla- tions font donc une efpèce d’eau de chaux, & ces congélations, de la vraie crême de chaux ftratifiée : elles acquièrent cependant, . avec le temps, une dureté égale à celle des congélations des carrières, & même à la pierre ordinaire, elles fe diffolvent comme elles par les efprits acides ; & quoïqu’elles aient été déjà chaux , Sa, étrang. Tome 11, Gg 234 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE elles fe calcinent de nouveau comme toutes les autres matières hpidifiques. La crême de chaux n’eft donc pas une combinaifon faine, mais une vraie concrétion pierreufe. C’eft par de telles confidérations que je me fuis déterminé à fa rejeter, & à ne m'at- tacher qu’à la leflive de la chaux lorfque j'ai voulu en extraire le fel : ceux qui, dans les mêmes vües, ont travaillé fur les pelli- cules de chaux, n’ont jamais réufli à en tirer un vrai fel fous une forme palpable, fans addition de matière faline. Si , en fuivant une route oppofée & en n’employant que l’eau de chaux exaéte- ment féparée de fes pellicules, je fuis parvenu, fans le fecours d'aucun intermède, à en retirer une matière faline que lon ne peut méconnoître pour un vrai nitre, il paroît conftant que la crême de chaux n’eft pas un fel moyen, comme on le croit, & qw’elle n’eft pas la partie faline de la pierre. Je crois de même avoir de bonnes raifons pour ne point regarder comme une combinaifon faline, le prétendu fel félénitique des eaux minérales, mais feulement comme une terre gypfeufe, une fimple félénite qui n’eft pas, comme on le croit, le produit d’une combinaifon de facide vitriolique avec une terre calcaire pendant lévaporation de cé eaux. Quoique cette queftion ait une grande liaifon avec celle que nous venons d’examiner, je m’écarterois trop des bornes que je me fuis prefcrites, fi j’entreprenois de Ja traiter ici, & cette difcuflion trouvera naturellement fa place dans un Mémoire que je me propofe de donner fur la nature & la for- mation du plâtre. A l'égard du cercle de foufre d'un demi doigt d’épaifieur, qu'un des Meffieurs de l’Académie a vû en Normandie à la cou- ronne d’un fourneau à chaux prefque éteint, cela ne prouve rien contre moi; certaines circonftances ont pü donner lieu à cette combinaifon, an cas qu’elle en foit une : c’eft d’ailleurs un fait unique, dont on ne peut tirer de conféquence générale, & fur lequel perfonne ne peut hafarder de raïfonnemens-que celui qui l'a obfervé, qui a examiné la nature de ce foufre & la qualité des pierres qu’on avoit employées. II n’y a nulle apparence que l'acide qu’on fuppofe dans la pierre, y foit en aflez grande quantité pour pouvoir former avec la partie influnmable du bois, une combi- mailon fr abondante ; auffi n’a-t-on jamais rien obfervé de pareil dans aucun autre four à chaux: la pierre dont on s’étoit fervi étoit fans doute d’une qualité différente de la pierre ordinaire; & ce phénomène n’en feroit plus un pour moi, fi, au lieu de pierre, ce four avoit été rempli de plâtre. DÉELSE SICÉNE:N CE s 235 OMB'IEIC.T:1 ON. I V. . M. Nadault nous paroît avoir, fur la cauflicité de [a chaux, une opinion tout-à-fait contraire à la nature des alkalis volatils & 2 l’oblervation des phénomènes qui en réfultent, puifqu'il fait volailifer ces fels par le fecours des huiles empyreumatiques du bois, & qu'il fait engager cet alkali volatil dans le corps terreux de fa chaux, lorfqu'il et embrafé & tout en feu, RÉPONSE. Je crois qu'on m’accordera fans peine que les propriétés de Ia chaux ne lui {ont pas cflentielles, & qu’elles font une produétion du feu: autant de fois en effet qu’on fera rougir au feu, de La chaux fondue & bien sèche, fur laquelle on fait que l'eau ne fait plus aucune impreflion, quoique parfaitement refroidie , elle fe diffoudra alors dans l'eau avec autant de chaleur & d’ébullition que fi c’étoit de la chaux vive : fa cauflicité & les autres propriétés qu'elle a de communes avec les fels, ne font pas moins acquiles, & il y a apparence qu’elle feroit toûjours ce qu’elle eft, quand même elle ne contiendroit aucun {el qui lui fût propre. J'ai dit à fa vérité fur cela, que pendant la calcination de la pierre, les fcls du bois étoient peut-être volatilifés, & même alkalilés, par fa partie fulfureute, par fon propre phlogiftique, & que, de leur union à la terre abforbante de la chaux, ïl devoit réfulter un _ compolé trés-âcre & très-cauftique ... . M. Stahl parle de la pro- priété qu'ont les corps gras de volatilifer les fels fixes, comme d'an principe connu. Quin potis fatis notum eff, quod ipfa falia alkalia eum oleis fubtilibus tratlata, ab ipfis utique per compofitionis modum volatilifentur, ut patet ex volatilifatione falis tartari per oleum terebin- thinæ. « Si je fais enfuite engager cet alkali volatilifé dans le corps terreux de la chaux lorfqu'il ettembrafé (c’eft ainfi que M. Gedffroy expliquoit fa cauflicité de la chaux )}, on pourroit demander, dit-il, d’où vient cet alkali dans la chaux; à quoi je répondrai, qu'il s’y eft formé premièrement de Facide alunineux , vitriolique ou nitreux, contenu dans la pierre, fecondement de l'acide du bois qui y a été introduit pendant la calcination.» J'ai déjà fait voir dans d’autres Méinoires ceue efpèce de métamorphofe des fels acides en fels alkafis. . Ces difcuflions au refte font, en quelque façon, étrangères à mon Mémoire ; & la queftion principale & unique eft de {avoir , fi j'aicen effet tiré un fel uitreux de fa fimple leffive de la chaux fans intermede. Ggi V. Le Trad de Chymie de Jtakl, ec De mater «x Medica. 1. lx « « « 236 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE OM ATE CT ION ?V: Quant à l'expérience du fel tiré de la marne, on ne veut pas douter de fa réalité; mais on eft convaincu que le nitre a été porté dans cette marne par infiltration de l'eau de Ia furface de la terre, qui s’étoit chargée de ce nitre en leffivant des fubftances végétales & animales. Ces infiltrations font communes dans les travaux foûterrains des mines, & les mineurs Allemands lui donnent un nom particulier, eau du toit, pour ne la pas confondre avec Veau des fources intérieures, M. Nadault conclud de fon expérience fur la marne, que le nitre ne vient pas des végétaux & des ani- maux : des expériences connues de tout le monde, prouvent au moins que le nitre a une autre origine que les entrailles de Îa terre, | RÉPONSE. La fuperficie de Ha terre eft en effet couverte de végétaux qui, depuis 1 formation du globe, font continuellement lefivés par les eaux pluviales, dont une partie s’infiltre dans les terres. Si ces matières font les feules qui puiflent produire des combinaifons nitreufes , je conviens que le nitre que l’on trouve dans différens fofliles , peut s'être formé originairement à la fuperficie de a terre; mais eft-on cependant bien affuré que l'eau, en s’infiltrant jufqu’aux plus grandes profondeurs, puifle pénétrer le tiflu ferré des pierres & des marbres!? : | Je n'ai point, au refte, prétendu nier que le nitre ne püt être produit par des matières végétales & animales, je fais que c’eft principalement de ces fubflances qu’on en retire la plus grande quantité, & que, pour faire le falpêtre, on joint la cendre du bois aux terres reconnues pour nitreufes. Jai feulement dit que: les expériences dont je venois de rendre compte, fembloïent contrarier les opinions le plus généralement reçües fur l'origine du nitre ; & que fi fa pierre & toutes les matières lapidifiques contenoient un vrai nitre, quoique prifes aux plus grandes pro- fondeurs, on ne pouvoit prefque plus douter qu'il n’y eût un nitre minéral, ce qui n’exclud point les autres fortes de nitre. Muis s'il faut néceffairement des matières végétales ou animales pour expliquer la formation du nitre, la pierre elle-même n’auroit- elle pas quelque analogie avec ces fubftances! Nous ne connoiffons les matières lapidifiques que par quelques-unes de leurs propriétés, : nous ignorons ce qu'elles font effentiellement & ce: qu’elles ont été originairement: nous trouvons aujourd’hui la pierre parmi les DES SCIENCES. 237 foffiles , mais peut-être a-t-elle appartenu autrefois à un genre de matières très-différent ; ce qu'il y a de conflant & qui n’eit ignoré de perfonne, c’eft que toutes les pierres contiennent une quantité furprenante de coquilles de mer de toute efpèce, que des car- rières entières d’une très - grande étendue ne paroïflent être qu’un amas de coquillages liés par un ciment terreux, qui n’eft peut-être Jui-même que des détrimens de fragmens de coquilles réduites en pouffière; Cela ne fuffroit-il pas pour avoir pù donner lieu à Ja production de la petite quantité de nitre qui fe trouve dans la pierre ? Quoi qu’il en foit, j'ai retiré un vrai nitre de plufieurs fofliles, de la pierre, de la marne, de fa chaux: c'en eft affez pour me mettre en droit d'avancer qu’il y a un nitre qu’on peut regarder comme minéral, quelle que puifle être fon origine: O8 JLE CT 0 Na V:L Nous regardons comme quelque chofé de bien étonnant, que la leflive de marne réduite par évaporation à la quantité d’une pinte, ait un goût acide; & que lorfqu’elle eft un peu plus con- centrée, elle perde fon acidité. Nous craignons qu'il ny ait erreur dans fa déguftation.” RÉPONSE, Je ne crois pas avoir dit que les leflives de marne perdent leur acidité par la concentration : if fe peut faire au refte, que lorfqu’une leflive contient des fels de différens genres, en dofes fort inégales, la liqueur étant évaporée à un certain point , celui qui y domine fe faffe d’abord fentir, & que les autres enfuite, affez ‘ concentrés pour devenir fenfibles, déguifent la faveur du premier fel, & alors il n’eft pas facile de la déméler. Cette obfervation fe trouve dans plufieurs analyfes d’eaux minérales. O:BJECTEON.:VIL Par pierres ordinaires, on ne fait pas quelles pierres M. Nadavlt veut défigner; on fouhaiteroit qu’il donnât un détail de fes expé- riences fur lesidifférentes pierres. RÉ PNOÏNN NS Er Les termes de pierres & de cailloux font équivoques dans Ja plufpart ‘des langues; & quoique ces deux matières foïent effen- tiellement différentes, on a donné fouvent le nom de pierre à ce qui étoit caillou, & on a pris pour caillou ce qui métoit que fimple pierre : il fuffit fouvent qu'une pierre ait-ln figure ronde | G£g ii = 238 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE ou approchante de la ronde, & qu’elle foit formée par couches conceniriques, pour lui donner le nom de caillou; caraétère cepen- dant qui lui eft fi peu eflentiel, quoi qu'on en ait pà dire, qu'il y aun grand nombre de montagnes, & de la plus grande étendue, qui ne contiennent que du caillou dont les couches font exaéte- ment horizontales : rien de fi commun, d’autre côté, que ces peloues pierreufes formées par couches conceniriques, qui font cependant, à toute épreuve, de la même nature que la pierre à bâtir, parce que cette forme n’eft qu'un accident, qu’une variété commune à toutes les efpèces de pierres. Pour ne pas les confondre, & pour avoir des idées plus claires de ces matières, il faudroit donc faire en forte d’y découvrir des propriétés conftantes, & tellement propres à un genre de pierres, qu'elles ne puflent con- venir à l'autre. Je confidére les deux propriétés qu'ont les pierres de fe vitrifier ou de fe calcincr, comme deux caractères très- généraux , qui divifent toutes leurs efpèces.en deux chiffes. Je regarde celles qui fe vitrifent comme différentes elpèces de cailloux, fans aucun égard à leur couleur & à leur forme; celles qui fe cal- cinent, font pour moi les pierres ordinaires , les vraies pierres, & les feules qui, pour éviter la confufion, devroient avoir le nom de pierres. Il y a donc, felon cette méthode, deux genres de terres, deux genres de fables & deux genres de pierres, lun vitrifiable, & l’autre calcinable : c’eft de certaines matières calci- nables feulement que j'ai tiré du nitre; étant toutes eflentiellement de la même nature, j'ai cru être en droit d'avancer que toutes auffi devoient en contenir. Le gravier en eflet a été pierre, la pierre n’eft qu’un amas de gravier plus ou moins fin, & toutes les ftalactites calcinables né font que des détrimens pierreux qui fe font réunis & qui ont pris leur forme dans un liquide; toutes les autres fubftances folides & fixes du globe, minérales, végé- tales ou animales, font vitrifiables, excepté cependant les feuls coquillages marins, terreftres, ou fluviatiles, qui fe calcinent comme ha pierre, qui produifent une vraie chaux, & qui feuls paroiffent avoir de l’analogie avec la pierre, ce qui mérite bien aflurément d’être obfervé. . OBJECTION VIil. On eft furpris que M. Nadault n'ait pas fait attention que l’eau qu’il emploie à décompofer ou pluftôt à diffoudre le nitre, doit produire le même effet pour le fel marin. Il eft vrai qu'il y a des expériences dans Glauber & dans les remarques fur ka Difler- tation du nitre de feu M. Sul, où l’on voit le fel marin pafler D'Es" SICIE N CES. 239 à l’état de fel nitreux par le fecours de a putréfaction; mais on n’en connoît pas qui prouve le changement contraire du nitre en fel marin. RÉPONSE. Il paroït , par la première partie de cette remarque, qu’on ne m'a pas entendu, ou pluftôt que je me fuis apparemment mal expliqué ; je n’emploie pas l’eau pour décompofer le nitre dans h pierre, mais pour décompofer en quelque forte Ia pierre tendre elle-même , dont les petites parties que l'eau en détache, forment avec le temps cette efpèce de marne extrêmement divifée, poreufe & légère, qu'on nomme, par analogie, agaric minéral ou lac lunæ , & qui-m'a produit du fel marin, au lieu de nitre que je comptois y trouver, comme dans les autres matières fapidifiques. Pour effayer de rendre raifon de cette efpèce de phénomène, qui m'a paru mériter quelque attention, j'ai fait obferver à la vérité, que cette marne avoit été détachée de la fuperficie des rochers où elle s’incrufte fouvent comme les congélations, & que l'action de l'air auquel elle avoit été expofée pendant un grand nombre d'années , avoit apparemment produit quelque altération fur fa partie faline, puifque cette matière ayant été de la pierre avant que d’être de la marne, elle avoit contenu par conféquent un fel nitreux tel que je Favois tiré des autres matières Hpidifiques. Je n'appuierai point cette conjeéture, que je n’ai donnée que pour ce quelle étoit, d’aucuns raifonnemens, j’obferverai feulement . que le fef marin fe trouve toüjours avec le nitre; qu'il y a par conféquent quelque affinité entre ces deux fels; que les eaux por- tent à chaque inflant dans la mer une très- grande quantité de fls de toute efpèce, qui peut-être ont produit, par la fucceffion des temps, la falure de fes eaux: & que tous ces fels, parmi lefquels il doit y avoir beaucoup de nitre, changent cependant de nature & paflent à l'état de fel marin, de fel falé, puifqu'on ne retire de l’eau de la mer que cette cfpèce de fel, & jamais de nitre. Le changement du nitre en fel marin n’eft donc pas im- poflible. O3 = C Ta o'N'-LX, L'exemple ou le parallèle de la fuie ne peut pas fe foûtenir : Ia fuie pénètre les pierres de la cheminée, s’y cantonne, y eft retenue, cela eft vraï; mais les pierres de la cheminée ne font pas en feu comme les pierres miles dans Îe fourneau où l’on fait la chaux. Taïté de Chymie, au mot #itre alkelifé. » y 4 3» 240 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AÂCADÉMIE RÉPONSE. ? Je crois avoir fatisfait d'avance à cette remarque, & M. Geoffroy, que j'ai cité à l’article 1V, juflifie ma propofition, puifqu'il fup- pole, comme moi, que l'acide du bois peut s'engager dans le corps terreux de a chaux, quoiqu'embrafée. Cette queftion, au refte, n'a qu’un rapport très-éloigné au, fujet principal de mon Mémoire. OBJECTION XX If eft difficile de donner une confiance entière au procédé de l'extraction du fel de la chaux de M. Nadault. Il eft permis de douter, jufqu’à ce qu’on l'ait répété affez de fois pour le vérifier ; & ce qui nous paroît un paradoxe des plus étranges, c'eft que ha leflive de ce {el concentrée & prête à criflallifer, ait la faveur d'un alkali fixe (& en même temps acide) & toutes les propriétés de l’alkali, puifqu’il fermente avec les acides & verdit le firop de violettes, & que cette matière defléchée ne fufe ni ne décrépite fur les charbons, pendant que, difloute de nouveau, filtrée & criftallifée, elle donne du nitre & du fel marin. Un fait fi extraor+ dinaire inérite d’être plufieurs fois répété. RÉPONSE. Je ne crois pas qu’on puifle dire que la propriété alkaline foit effentielle à aucune forte de fels, c'eft toûjours une production du feu; & on ne trouvera, dans les trois règnes, aucun fel qui fermente avec les acides, & qui ait les autres qualités des alkalis, à moins qu'il n'ait paflé par le feu; & comme cette propriété lui eft en quelque façon étrangère & accidentelle , il peut la perdré & la recouvrer; ce qui n'empêche pas cependant qu'il ne puifle y avoir un alkalt minéral, y ayant en effet des feux foûterrains & des déflagrations dans les entrailles de la terre ;: mais ces fels, quels qu'ils foient, par des diflolutions & des criftallifations réitérées, ou feulement par le temps, perdront d'eux-mêmes leurs propriétés alkalines, & je fuis perfuadé que tout fel bien criftallifé n'aura janais toutes les propriétés d’un alkali : le nitre ne s’alkalife que foiblement , aufli reprend-il bien-tôt fes caractères de fel neutre, que le feu n'avoit fait que déguiler. « La liqueur du nitre fixé, dit M. Lémery, qui a été faite avec le falpêtre commun, ayant été gardée, une année ou une année & demie, a perdu beaucoup de fon action d'alkali, de forte qu’elle ne fait plus guère d’cbul- lition avec les acides »., On fait d’ailleurs que le contact immé- diat du charbon eft néceflaire pour la parfaite fixation du nitre; clle DES SCIENCES. 24T. elle ne doit donc s’opérer que très-foiblement dans Ja pierre à chaux pendant fa calcination, & il eft dès-lors moins furpreuant que fon fel perde fi promptement fes propriétés d’alkali. OP TH CL T DOIN EXT. M. Nadault ne dit rien de fa nature de la leffive qui eft reflée après avoir donné des criflaux; ce qui auroit peut-être éclairci ce fait furprenant. On craint qu'il n'ait employé une chaux éteinte & mife dans une fofle dans laquelle fe fera introduite quelque eau de pluie confidérable qui, ayant de la pente vers cette fofle, y auroit entraîné une leffive de fumier ou de quelque matière végé- le pourrie; mais comment réfoudre le problème du changement de l’alkali en fel neutre, fans un acide ? RÉPONSE. J'avoue que je n'ai fait fur l’eau mère du fel de chaux, aucunes obfervations qui méritent d’être rapportées : Îes idées qui m'en reftent me donnent feulement lieu de préfumer qu’elle doit con- tenir un {el falé. Les foupçons, au refte, qu’on paroît avoir fur les chaux que j'ai employées, ne m'en laifflent aucuns fur les réfultats de mes expériences ; de la chaux, en fortant du fourneau, ne peut être fufpecte à l'égard des propriétés de fon fel, qui paroît d’abord alkalin, & qui fe trouve enfuite un fel neutre. La réponfe que je viens de faire à la précédente objettion, fervira pour Ja dernière partie de celle-ci, qui contient la même remarque. OSBAL UC TITI OUNLEIX LL M. Nadault dit qu'il n’y a plus lieu de douter que Ia chaux me contienne un fef qui lui eft propre & qui n’eft pas une pro- “duction du feu, & que ce fel ne foit un nitre alkalifé, femblable, &c. C’eft une contradiction, k chaux contient un fel naturel qui n'eft pas l'ouvrage du feu, & cependant c’eft un nitre alkalifé, RÉPONSE, , Après avoir fait voir que la picrre, avant la calcination, & toutes fes’ matières lapidifiques contenoient wux fel, &:queice fel étoit un vrai nitre; retrouvant encore ce même nitre dans fa chaux, quoiqu'il y ait fouffert quelque altération par Faétion: du feu, qu'il s'y foit alkalifé, j'ai ru pouvoir dire, fans m'engager dans une contradiction , que la chaux contenoïit en effetun fel qui lui étoit propre , qui n’avoit pas été produit par le feu , par une géné- ration nouvelle} mais qui: y avoit feulement acquis une propriété qu'il n'avoit pas auparavant. Ta 24 Sa. étrang. Tome 11 Hh 242 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE OfB/YE C'T 1 ON (XIII. Si Ka nouvelle découverte du fel que M. Nadault a trouvé fur les murs nouvellement conftruits, fe confirme, c’eft à notre avis un fait très-digne d'attention; mais nous croyons qu'il n’en doit pas conclurre que ce foit un falpêtre de houflage , puifque tout le monde fait que le falpêtre de houflage s’enflanmne fur les murs par le feul contaét d’un petit charbon allumé. Le vrai falpétre ne vient que fur les murs anciens qui font gagnés de falpétre, comme difent les ouvriers ; ainft le fel de M. Nadault fera un fel nou- veau , peut-être un fel féléniteux qui fleurit, très-diftinét du falpètre , & qui mérite d'être examiné avec foin. RÉPONSE. L’efflorefcence faline que j'ai obfervée für un mur nouvellement conftruit & enduit avant que les mortiers fuffent entièrement fecs, ne peut être un fel féléniteux ; celui-ci n’a aucune faveur & ne fe diffout point dans l’eau, caractères qui le diftinguent de tous les autres fels, au cas qu’en effet il foit une matière faline; celui-là au contraire fe diflout promptement, a un goût piquant & laiffe une grande fraîcheur fur la fangue: il a à la vérité d’abord quel- ques propriétés d’un alkali, mais lorfqu'il eft purifié, il ne fermente plus avec les acides, il fufe fur le charbon. C’eft donc un vrai nitre. On m'oppofe que le falpêtre de houfflage s’enflamme fur le mur même où il a été formé, par le contact d’un charbon allumé, ce qui n'arrive pas à l’eforefcence que j'ai obfervée fur un mur nouvellement conftruit ; mais il feroit bon de s’affurer fi le falpêtre de houffage s’enflanme en effet lorfque fes efflorefcences font nouvellement formées. Ce qu'il y a de conftant, & que je dois faire obferver, c’elt que fur le même mur qui m'a produit d'abord une matière faline qui ne s’enflammoit qu'après avoir été purifiée , j'y ai retrouvé, quelques mois après, d’autres efHoref- &ences qui avoient encore quelques propriétés alkalines, comme de verdir le firop de violettes & de ferimenter foiblement avec les. efprits acides , mais qui s’enflammoient vivement & avec bruit fur un charbon allumé, fans avoir été diffoutes & purifiées : ce qui nous préfente encore la même fingularité que nous avons obfervée dans ke fel de la chaux, parce que cette forte de falpêtre de houffage n’eft, à mon avis, que ce même fel de chaux qui, en fleuriffant , fe dégage de Ia partie terreufe à laquelle il étoit uni, comme les efflorefcences vitrioliques des différentes matières qui forment Les pyrites, Ds, SCIENCES 3 On m'objecte enfuite que le /a/pétre de houffage ne fe trouve que fur les murs anciens & qui font gagnés de falpêtre, comme difent les ouvriers; par conféquent la matière faline que j'ai obfervée fur un mur nouvellement conitruit & à couvert, n’eft point, dit-on, un vrai nitre, & doit être un fel d’une autre efpèce. Je conviens que les anciennes démolitions produifent plus de falpêtre que les nouvelles; mais je fuis perfuadé auffi que plufieurs circonf tances peuvent rendre les chofes égales & hâter, dans certains cas, le développement du fel nitreux contenu dans les mortiers des nouveaux murs; & fi le fel que j'ai obfervé fur un mur nouvel- lement conftruit fufe fur le charbon, s’il a la figure & toutes les propriétés du nitre, je crois avoir été en droit de le confidérer comme un vrai falpêtre de houffage , & non pas comme un fl féléniteux, dont il devroit, felon les principes donnés, avoir les caractères & les propriétés. Enfin il eft conftant que les mortiers, les platras des anciens murs, de ceux même qui n’ont eu aucune communication avec des matières végétales ou animales, contiennent du nitre. Si ce nitre n’eft pas produit, comme je l'ai fuppolé, par le développe- ment de celui qui étoit déjà dans la chaux , mais par l'union de l'acide vitriolique à la terre abforbante de cette même chaux, pourquoi cette combinaifon n'auroit-elle pas lieu à légard des imarnes, des pierres & de toutes les matières lapidifiques, puifque ces mortiers, d'où l’on retire du nitre, ne font eux-mêines que des matières lapidifiques ! Après avoir répondu aux différentes objections qui ne concer- nent , à vrai dire, que la théorie de mon Mémoire, il me refte peu de chofe à dire fur les faits que j'y ai rapportés, & fur les procédés dont je me fuis fervi pour extraire le fel de Ja chaux. Les expériences dont j'ai eu l'honneur de rendre compte à PAcadémie, ont été faites avec une telle exaétitude, que je n’ai pas craint de les préfenter avec toute la confiance que donne la vérité. Je me fuis fervi d’abord de chaux vive prefque en fortant du fourneau : j'ai vaulu enfuite éprouver la chaux morte ou éteinte , non pas en plein air, mais dans un lieu clos ; j'ai enfin employé de la chaux fondue à la manière ordinaire, & expofée à l'air depuis quelques mois dans un lieu où il n’y avoit à craindre aucune communication de matières végétales ou animales. Les leffives de 0»p * 7, 266 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE pris des ailes, n’ont plus à changer ni de peau, ni de figure, & qu'ils ne croiflent plus; ils font alors dans leur état de perfection, & ils font propres à la génération. C’eft dans un tel état que je m'imaginois qu'étoit mon ver luifant: je le croyois d'autant plus volontiers, que je favois que les femelles de ces infeétes font dépourvüûes d’aîles; mais le ver me montra que je m'étois trompé. Un heureux hafard me le fit regarder, précifément dans le temps qu'il étoit occupé à fe défaire de fa peau, à muer: on peut juger de ma furprife. J’appris d’abord par-là que le ver n'étoit pas encore dans fon état de perfection, mais qu’il étoit véritablement dans état de ver. M. Linnæus donne aux infeétes qui font dans cet état, le nom de Larva, mafque. Mon ver changea donc de peau; * la tête & une grande portion antérieure du corps étoient déjà forties de la vieille peau * lorfque je l'obfervai ; dans l’efpace de quelques minutes il sen défit entièrement. Quand les infectes ont à muer, ordinairement la peau fe fend ou fe brife au milieu du deflus de la tête & du dos, ou du corcelet, & laifle ainfi une ou- verture fufhfante pour donner paflage au corps de l'infecte; mais mon ver luifant ne s'y étoit pas pris ainft pour fe défaire de fa peau, elle ne fe fendit pas en deffus du dos, - mais de chaque côté du corps, depuis le commencement ou le bord antérieur du premier anneau jufque vis-à-vis des jambes poflérieures, ou, pour mieux dire, elle fe fendit dans toute l'étendue des trois premiers anneaux. Le deffus du premier anneau & des deux fuivans fe détacha tout-à-fait du deffous, la peau de la tête refta attachée à la moitié inférieure du pre- mier anneau, &, ce qui eft particulier, elle n’étoit pas fendue, elle étoit très-entière; le ver tira la tête hors de la peau qui la couvroit, à peu près de la même manière qu'on tire la main hors d'une bourfe. ‘Les deux fentes latérales, ou la féparation du deflus des anneaux d’avec le deffous, .donnent une ouverture très-fpacieufe à l'infete * pour fortir de la vieille peau ;‘il en vient à bout en contraétant & en alon- geant les anneaux du corps alternativement. Die S 20%ETE"N © E 267 La nouvelle peau étoit d'une couleur bien différente de celle de la vieille, elle étoit d’une couleur de chair très-pâle, le deflous du corps étoit teint de jaune clair. Le lendemain, ces couleurs étoient beaucoup changées; le deflus du corps étoit alors d’un brun pâle verdâtre, les côtés de couleur de role pâle, & le deffous blanc fale, tirant fur le jaune; la tête & les jambes étoient colorées d’un céladon grisätre, tirant fur le verd. En parlant du ver, je n'ai rien dit de fes yeux; ils ne font pas ailés à voir, parce que le ver tient toüjours la moitié poftérieure de la tête enfoncée dans le corcelet ; mais fur la vieille peau qu'il venoit de quitter, deflus celle de la tête, je vis très -diflinétement deux petits yeux hémilphériques noirs, dont un étoit placé de chaque côté. En examinant le ver après cette mue, je fus encore fur- pris de ce que je voyois; il n'étoit plus ver, mais il avoit pris la forme d’une véritable nymphe *. Qu'on ne s'étonne pas de ce que j'ai été furpris de tous ces faits que je venois de voir, car ils étoient pour moi entièrement nouveaux : aucun Auteur, que je fache, n’a obfervé ou n'a fait mention de la mue des vers luifans, ni de leur transformation en nymphe. Ce que je rapporte ici n'eft pas une illufion, mon ver avoit en effet pris la forme de nymphe; on en jugera r le détail fuivant. Dès qu'il fe füt dégagé eritièrement de la vieille peau, il courba le corps en arc ou en demi-cercle *; je lui voyois remuer & alonger la tête, de même que les antennes & les jambes, mais lentement, il donnoit auffi des mouvemens au corps. Je ne le foupçonnois pas encore d’être une nymphe, je le croyois ver comme auparavant; mais en obfervant la tête, les antennes & les jambes, je remarquai que ces parties ne reflembloient plus à celles que j'avois vües ci-devant, elles étoient grofles, dodues , enflées & comme engourdies, leur mouvement étoit lent & difficile. J'examinai la tête, je n'y trouvai plus ces deux dents aigues qu'elle avoit avant k mue; les antennes étoient grofles & lourdes : au lieu des LI à * Figure ç. * Figure $, * Fi. 6. a, PILE Voyez Biblia Natura, pag. 28}. * Figure s. CPNZ * Fig. s, & 6. r, 3 * Fig: 6.4, Ar, Lin + Fig. s. g. 268 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE dents, je remarquai deux barbillons courts & gros; je vis après, que le mouvement de la tête, des antennes & des jambes cefloit, que les antennes * fe rangeoient & sappli- quoient de chaque côté de Ha tête contre le deflous du corps; il en fut de même des jambes*, elles fe placèrent régu- lièrement contre le deflous du corcelet, comme on eft accoûtumé de les voir fur les nymphes ordinaires, avec cette différence, qu'elles n'y étoient pas fi exaétement appli- quées, il y avoit du vuide entre les jambes & le corps. L'infeéte ne remuoit plus toutes ces parties, le feul figne de vie qu'il donnoit, c'étoit par le mouvement du ventre; il le courboit en arc, il le redrefloit, il lui donnoit des mouvemens de côté & d'autre. Enfin, je ne pus plus douter que mon ver n'eût pris la forme de nymphe, qui eft fin- gulière en ce qu'elle reflemble beaucoup à celle du ver ou à fa première figure, & en ce qu'immédiatement après le chan- gement de peau, elle peut mouvoir la tête, les. antennes & les jambes. Swammerdam paroît avoir connu: la métamorphofe des vers luifans: il dit qu'ils jettent de la lumière, & comme vers, & après qu'ils ont pris la forme de fcarabés ; mais voilà tout ce Le il nous en dit. Le corps * de cette nymphe a une figure parfaitement femblable à celle qu'avoit le corps du ver, excepté qu'il eft un peu plus court. If eft divifé en douze anneaux, qui font garnis de chaque côté de deux angles faillans ; fa figure de ces anneaux eft telle qu'elle l'étoit dans le ver: la-tête * eft baiflée en deflous, & elle repofe contre le deffous du cor- celet ; elle eft un peu enfoncée dans le premier anneau du corps, mais pas tant à beaucoup près que fur le ver. On voit que les antennes * font divifées en plufieurs articulations; les jambes font grofles & dodues *, leur bout eft arrondi, on n'y voit point de crochets; elles font placées régulièrement & avec ordre, de forte que là première paire repofe fur la feconde, & celle-ci fur la troifième; elles font pliées en deux. Le bout du ventre ou le dernier anneau * du corps a fouffert DES SCIENCES. 269 quelque changement: au lieu de deux pointes qu'on y voyoit auparavant, on y en obferve alors huit *, pofées tout autour de l'anneau; au milieu de toutes ces pointes, on voit deux tubercules charnus *, qui ont un petit mamelon au bout : ces tubercules font placés dans un petit enfoncement.. Ordinairement la nymphe tient le corps courbé en arc, comme elle eft reprélentée dans la Fig. $ ; mais elle peut pourtant le redreffer, elle peut le mettre dans une ligne droite ou parallèlement au plan de pofition. Les jointures des anneaux font très-flexibles, c’eft pourquoi elle peut raccour- cir & alonger fon corps: pofée fur le dos, je fai vü marcher, pour ainfi dire, ou avancer en avant par alongement & le raccourciflement alternatifs du corps; manière fingulière d’a- vancer chemin : mais je ne crois pas que la nymphe le fafle à deflein de marcher ou de changer de place, j'ai lieu-de croire que la progreffion fe faifoit involontairement par le mouve- ment des anneaux. Le même foir que la nymphe eut quitté la peau de ver, je lui vis répandre une lumière très- vive & très - brillante, . qui avoit une teinte d'un beau verd & qui éclairoit tout le: poudrier dans lequel elle étoit enfermée. Je remarquai que quand je touchois au poudrier, elle faifoit paroître une lumière très-éclatante, qui enfuite diminuoit peu à peu jufqu'à difpa- roître entièrement; dès que je remuoisle poudrier, la fumière reparoiïfloit. L’infe‘te a donc la facuké de luire quand'il veut, & de faire difparoître la lumière quand bon lui femble. . On dit ordinairement & on croit que le ver luifant, femelle, répand de la lumière pour attirer à foi lë mâle, ou afin que le mâle voie où elle eft; mais nos obfervations apprennent que le ver luifant luit-dans: fon état d'enfance, dans'Fétat de “véritable ver, larva , & après qu'il a pris la forme de nymphe. Dans le premier état il n’eft pas propre à laccouplement, & encore moins dans le fecond ou dans l'état-de nymphe : à quoi férviroit donc à la femelle de donner:un fignal lumineux au mâle pour l'attirer à elle, ne pouvant pas-profiter de-fes careffes - tant qu'elle eft ver ou nymphe ? Cette remarque me fait croire - . LI üÿ, * Figure 7, PP PPp::90 » nn. * mm, Traact. Ph:- lefoph, n° 176. page 8gr, * Figure 8. * Fig. 8 & * Figure 9. ON TL: 270 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE que la lumière que répandent les vers luifans, leur doit fervir à un tout autre ufage, & qui nous eft inconnu jufqu'à préfent. M. Richard Waller nous dit pofitivement que les vers luifans mâles répandent de la lumière auffi-bien que les femelles; il dit encore que la femelle a des aîles de même que le mâle. Le 24 juin, mon ver luifant fe tira de la peau de nymphe & marcha enfuite de côté & d'autre. Dans ce nouvel état, il avoit encore la figure d'un ver à fix jambes & fans aîles * : c'eft donc un ver luifant femelle, fans aîles, Ceux dont parle M. Richard Waller, doivent par conféquent être d’une efpèce différente des nôtres ; car il dit que les femelles font aîlées comme les mâles. J'ai dit au commencement, que mon ver luifant eft d’une efpèce différente de celui dont Ray nous a donné une defcription : j'avois raifon de le dire alors, car avant la transformation il étoit bien différent de la defcription de cet auteur, & je le croyois dans fon état de perfeétion; je ne foupçonnois nullement qu'il dût rendre une nouvelle forme. Je me fuis donc trompé; car actuellement que mon ver a fubi {es transformations & qu'il eft parvenu à l'état de perfection, fa figure eft très-con- forme à la defcription des vers luifans femelles de M. Ray. Aldrovande a eu, comme moi, le ver luifant dans fon état de véritable ver; mais il n'a pas connu fa transformation. Si je n'avois eu le bonheur de voir mon ver fe transformer en nymphe, & puis en animal parfait, j'aurois toûjours cru qu'il étoit d'une efpèce différente de ceux de Ray. Le ver luifant * femelle de cette efpèce eft donc toüjours dépourvû d'ailes. Il eft atuellement dans un état propre à la génération, il n’a plus à changer de figure ; il eft plus petit qu'avant fa transformation, il n'a à préfent que la longueur de neuf lignes; mais le ventre *eft plus gros, plus enflé qu'au- paravant. Le corps eft divifé en onze anneaux bien marqués & angulaires: nous avons vû que lorfqu'il eft véritable ver, il enadouze. Les trois premiers anneaux * doivent être regardés comme le corcelet, car c’eft à eux que les fix jambes font attachées ; ils font auffi différens en figure des autres anneaux, ‘ DEN S 4 SCALE !NIC: ES 271 Le premier *, auquel la tête eft attachée, eft le plus long de tous; il eft plat en deflus, il a la figure de la moitié d’un ovale: en devant fon contour eft arrondi, & de l'autre bout il eft comme coupé carrément ; il déborde le corps & cache la tête quand l'infeéte eft en repos. Le fecond anneau * eft 3 : “f pe petit & arrondi de chaque côté: le troifième * eft plus grand que le fecond, & a comme lui les côtés arrondis. Ces deux anneaux débordent le corps comme le premier : ces trois premiers anneaux, auxquels je donne le nom de corcelet, font arrondis & convexes en deflous. Pour prendre une idée jufte de la forme des huit anneaux * dont le ventre eft compolé, il faut favoir premièrement qu'ils font beaucoup plus larges que longs, c'eft-à-dire, que leur grand, diamètre eft d’un côté à l'autre, & que leur épaifieur. du deflus en deflous eft prefque égale à la largeur ; en fecond lieu, qu'ils font couverts en deflus chacun d'une pièce demi- écailleufe ou coriacée, plane, à peu près de: la figure d'un carré long dont les angles poflérieurs font un peu courbés en dedans: cette pièce déborde le corps des deux côtéss Quand l'infeéte courbe le ventre en deffous, on voit que toutes ces pièces dures font féparées l'une de l’autre par une mem: brane jaunätre ; alors le ventre paroit avoir des bandes tranf- verfales jaunâtres. Le dernier anneau * du corps eft différent des autres; il eft petit, plat & arrondi au bout ; fa couleur eft un blanc jaunâtre dont le milieu eft brun. Les dix anneaux précédens font entièrement d'un brun noirâtre en deflus, tirant un peu fur le bleu quand on les regarde dans un certain fens. Les angles latéraux des fecond & troifième anneaux, font couleur de chair. En deflous *, le corcelet ou les trois premiers anneaux font membraneux & d’un couleur de rofe très-agréable, entre-mêlé de brun. Les huit anneaux fuivans font de ce côté-là d’un blanc jaunâtre ou couleur de foufre; mais les anneaux inter- médiaires, favoir, les cinquième, fixième, feptième & huitième, font garnis d’une pièce dure ou coriacée, qui fe termine en pointe courbée, de chaque côté vers la partie poflérieure :: * 4, * b, + € * Figure 8: die, f * Fig. 104. # Fig. 12. * Fig. 14, k A, 0 * B,ù 272 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE cette pièce eft brune au milieu, & bordée de blanc jaunâtre. Les neuvième &c dixième anneaux ont auffi chacun une fem- blable pièce demi-écailleufe, mais qui eft entièrement d'un blanc jaunâtre ou couleur de foufre. ‘Toutes ces pièces dé- bordent les côtés du corps; ainfi entre les pièces coriacées du deffus du corps & celles du deflous, on voit un enfoncement, une ‘canelure longitudinale aflez profonde, qui eft teinte de couleur de chair: le milieu du deflous du dernier anneau tire fur le brun. Nous voyons par cette defcription que les anneaux ont à peu près la figure qu’ils avoient dans le ver, ou avant fa métamorphofe. La tête, les antennes & les jambes font bien différentes de ce qu'elles étoient auparavant; on voit qu'elles font à préfent d'une figure ordinaire à celle de beaucoup de fca- rabés .& d'autres infeétes qui font parvenus à leur dernier état. La tête eft petite, arrondie, noïre; quand l’infeéte eft en repos, elle eft cachée par le premier anneau du corcelet, & elle eft un peu enfoncée dans le corcelet même, mais pas tant que l'étoit celle du ver; quand il marche, il avance la tête au-delà du corcelet, auquel elle eft attachée par une efpèce de col membraneux & flexible: elle eft garnie de deux yeux noirs à réfeau, aflez grands; en deflous on voit quatre barbillons, dont les deux poftérieurs font courts & petits, les deux autres font grands & aflez gros; ils ont la figure de petites maflues, & ils font divifés en quatre articula- tions : leur couleur.eft brune; ils ont des anneaux blancheîtres, En devant de la tête on voit les deux antennes, qui font aflez longues & à filets cylindriques & grainés ( filiformes ) : elles font divifées chacune * en onze articulations cylindri- ques, un peu coniques & d'un brun noirâtre, féparées par des anneaux blancheîtres ; la dernière articulation eft arrondie au bout; les antennes & les barbillons font garnis de plufeurs poils courts. Les jambes * font de figure aflez ordinaire; elles font com- pofées de trois parties, de cuifle À, de jambe 2, & de pied DES SCIENCES 273 pied C*. Ce dernier eft encore divifé en cinq articulations, * Fig. 11. dont la quatrième eft garnie de chaque côté d'une petite Cp partie ovale, femblable aux parties qu'on voit au pied des mouches communes, & que M. de Reaumur nomme des pelotes : la dernière articulation eft terminée par deux crochets, La cuiffe eft attachée au corps par une petite partie courte & groffe: les jambes font attachées aux trois premiers anneaux du corps, une paire à chaque anneau ; leur couleur eft fem- blable à celle des antennes. Les fligmates que nous avons vûs au ver, paroiffent auffi à l'infete métamorpholé, ils y font placés comme auparavant, & leur figure eft encore la même; mais leur nombre n'eft pas fi aifé à voir fur l'animal parfait, je n’y en ai pû découvrir que huit de chaque côté. Nous avons dit que les trois derniers anneaux du corps font entièrement d'un blanc jaunâtre ou couleur de foufre en deflous; c'eft du deffous de ces trois anneaux * que part + Fig. 10. la lumière vive que le ver répand dans l'obfcurité ou dès 4, €, .f. ue la nuit eft venue. La lumière qu'il fait paroïtre lorf- qu'il eft dans fon état de perfection, eft bien autrement vive & éclatante que celle qu'il donnoit pendant qu'il étoit un véritable ver ou une nymphe; elle étoit fi lumineufe & fi brillante, qu'elle éclairoit une grande partie du pou- drier, de forte que je pouvois voir très-diftinétement tout ce qui fe trouvoit autour de l'infeéte, quoique la chambre où je le gardois füt très-obfcure; c'étoit vers le minuit que je lobfervois : je ne manquois pas de l'obferver chaque nuit. La première, après fa dernière métamorphole, il répandit beaucoup de lumière. Je pris le poudrier & je le plaçai dans une autre chambre pour l'obferver plus à mon aife : je ne fais fi le mouvement que je donnai au poudrier, & par conféquent au ver même, lincommoda, mais il ceffa de luire & il ne répandit plus de lumière cette foirée-là : le lendemain au foir il étoit encore très-lumineux. J'ai pourtant obfervé qu'il ne luifoit pas tous les foirs, comme, par exemple, le 2 Juillet, aucune lumière ne parut, 11 femble par ce peu d'obfervations, Say. étrang. Tome IL. Mm * Fig. 10./. 274 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE qu'il a le pouvoir de répandre de la lumière à fon gré, ow de ceffer de luire. J'ai obfervé que tant que le jour dure il refte dans un profond repos, il fe cachoit en deflous des feuilles & des herbes que je lui avois données ; mais à l'approche de la nuit il commençoit à marcher çà & là, & c'eft alors qu'il répan- doit une forte lumière. Sur le deflous du dernier anneau * on voit feulement deux grandes taches latérales lumineules ; lear le milieu en eft oblcur, ou fait paroïtre fort peu de lumière. Ce ver luifant marche lentement & comme par fecouffes ; il eft pacifique, il ne cherche point à faire de mal. Il ne refla chez moi en vie qu'environ une huitaine de jours. EXPLICATION DES FIGURES. L: Figure première xepréfente un Ver luifant dans l’état véritable de ver, ou avant fa métamorphofe ; £ la tête; g le derrière; 4,b, € les trois premiers anneaux du corps, auxquels je donne le nom. de corcelet; p,p deux des anneaux du ventre. La Fig. 2 montre le même ver pofé fur le dos; £ la tête, qui eft ici retirée dans le premier anneau du corcelet; z, à, iles trois jambes. d'un côté; 4, a les angles des anneaux du ventre; 7g kh queue garnie de deux pointes moufles. La Fio. 7, ab la tête du ver précédent, groflie; 4, d les antennes: m,m Îles dents; ce efpèce de col membraneux, par lequel la tête eft attachée au corcelet. La Fig. 4 repréfente le ver luifant comme il fe défait de fa vieille- peau, pour paroître fous la forme de nymphe; x la nymphe;. pop la peau qu’elle a quittée en partie. La Fig. $, montre la nymphe précédente tout-à-fait fortie de la: peau de ver, & vûe de côté ; 2 la tête; ç, « les anneaux du corps;, g la queue. La Fig. 6, fait voir les quatre premiersanneaux du corps de cette nymphe, groflis & en deflous ; 1 la tête placée dans un petit en- foncement; a une des antennes ; À, /, m trois des jambes d’un côté.. En devant de la tête, on voit deux petits barbillons courts. DES SCIENCES. 275$ Dans la Fig, 7, eft repréfenté le dernier anneau du corps de la nymphe, grofli & vû en deflous; pppp, 00, nn, huit pointes coniques qui l'entourent; m, m deux petits tubercules charnus, placés dans un enfoncement, Les Fig. 8, 9 ér ro, font celles du ver luifant forti de la peau de nymphe & dans fon état de perfeétion. La Fig. 8 le fait voir en deflus; d,e, f les anneaux du ventre. La Fig. 9 le montre un peu de côté; 4,b,c les trois anneaux que j'ai nommés le corcelet. Dans là Fig. 0, on le voit en deflous; 4, e, f les trois der- niers anneaux du corps, qui font ceux d'où part la lumière. Fig. 11, une des jambes du ver luifant, groflie ; c la cuille; à la jambe proprement dite; p Îe pied. Fig. 12, une des antennes du même ver, aufli plus grande que nature; en à elle a été attachée à Ia tête. Nota Les Figures 1,2,4,5,8, 9 7 10, qui devroient être de grandeur naturelle, font ici tant foit peu plus grandes que nature : en deffinant je n'ai pä fuivre affez exatlement la juffe grandeur de ces infedles, mais les deffeins en font auffi plus diflinäts. Mn ji 276 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE MaE M O:L:R.1E, g SUR LA d GRANDE CHENILLE À QUEUE FOURCHUE, D'CES AUDE Dans lequel on prouve que la liqueur que certe Chenille fait jaillir, eff un véritable acide, &' un acide très - actif. Par M. BOoNNET Correfpondant de l’Académie, | 3 Juillet L A forme de cette Chenille eft fingulière, elle tient un - 3508 peu de celle d'un poifion: fa partie antérieure eft groffe proportionnellement au corps ; fa partie poftérieure eft efhlée & fe termine par deux tuyaux écailleux, dans chacun def : quels efl renfermée une corne charnue que l’'infecte fait fortir au befoin. Je n'ai voulu qu'indiquer un des traits qui caractérifent … Mn. far ts cette chenille fingulière; M. de Reaumur l'a décrite avec la. 2 &°"" clarté & Fexaétitude qui lui font naturelles: je me borne ici à montrer en peu de mots, ce qu'elle m'a offert de plus nouveau ou de plus intéreffant. L’œuf dont cette chenille provient, n’a rien de remarquable; il eft blanc, uni, lenticulaire. J'ai trouvé des œufs de cette elpèce dépofés irrégulièrement fur des feuilles de faule: ils y compoloient deux amas, Fun de cinq, l'autre de trois œufs. La chenille fe dépouille au moins trois fois avant que de fe renfermer, elle fe prépare à la mue en tapiffant de foie: Fendroit fur lequel elle fe fixe. Quelques momens avant le changement de peau, on voit les tuyaux & les jambes écail- leufes fe donner divers mouvemens qui tendent à les dégager de leurs enveloppes: la vieille peau s'ouvre, non fur le dos. mais fur le côté. RNpes- NU : Jav.eérang. Tome 2,pl.Kp.276 Le Parme cul h : 17 Le Parmaentis ag DES SCIENCES. 277 La troïfième mue fait tomber les mamelons en forme d'oreilles de chat, qui font à la partie antérieure de l'infeéte: à la place de ces mamelons paroiflent deux taches noires. Cette particularité femble prouver que la chenille dont M. de Reaumur parle, étoit de la même efpèce que celle dont il s'agit ici. En preflant les tuyaux de la dépouille près de leur bafe, j'en faïlois fortir les cornes, comme auroit fait la chenille; &c lorfque je ceflois de prefler, elles rentroient d'elles-mêmes dans leur fourreau. Ces cornes n’étoient pas rouges, comme elles le font lorfqu'elles tiennent à l'infeéte, mais blancheätres. Une de ces chenilles à qui j'avois coupé les tuyaux à leur origine, ne furvécut qu'un jour à cette opération. Peu après s'être dépouillée, la chenille fe met à dévorer fa dépouille; & ce qui rend ce fait encore plus fingulier , eft qu'elle attaque d'abord les parties les plus dures, comme les tuyaux, le crâne, les dents, les jambes écailleufes. Un aliment fi étrange feroit-il un fortifiant convenable à l'état de foiblefle où la mue met l'infecte ! La chenille dont je parle n’eft pas ka feule qui fe plaife à manger fa dépouille ; j'ai obfervé la même chole dans la belle chenille du tithymale ?, dans la belle chenille du bouillon blancb, dans une chenille du cerifier <. J'ai vû une chenille du tithymale manger l'eflomac d’une chenille de cette efpèce que je venois de difléquer : j'ai vü de même l’hériffone 4 manger le cadavre d’une autre chenille ; enfin j'ai obfervé une chenille < qui, immédiatement après être éclofe, alloit ronger les coques de celles de fon efpèce qui n'étoient pas encore venues au jour, & qui hâtoit ainfi le moment de leur naïffance. M. Bazin, Correfpondant de l Académie, excellent obfer- vateur, avoit obfervé avant moi des chenilles qui mangeoïient leur dépouille; mais je l'ignoroiïs quand je communiquai mon oblervation à M. de Reaumur : celle de M. Bazin m’avoit pas encore paru. Après avoir acquis fon parfait accroiflement, la chenille 4 queue fourchue me tarde pas à travailler à fa coque. Avec fes Mu ij Tome 11, page 275 d fe Mémoires, 2 Voy. fe Mé- moiïre fur une nouvelle Partie commune à plu= Jieurs efpèces de Chenilles, n. t. b Jhid. XVII. © Ibid, XX. d Jbid, XLI, € Jbïd, LI, 278 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE dents, qui font fort tranchantes, elle détache du faule fur lequel elle a vécu, ou de la boîte dans laquelle on l'a tenu enfermée, de petits fragmens qu'elle lie avec de la foie. Pour rendre ces fragmens plus propres à s'unir les uns aux autres, elle en remplit fa bouche, elle les y tient pendant quelque temps, elle les y humeéte; par-là elle parvient à donner à fa coque un degré de folidité qui diffère peu de celui du bois. La foie de cette chenille m'a paru d'une nature affez parti- culière : ce n’eft prefque qu’une colle très-vifqueufe, tirée en fil. Les vaifleaux qui la fourniflent font au nombre de deux: ils recouvrent l'eflomac & en occupent les deux tiers de fa longueur : les plis & les replis qu'ils y forment, femblent imiter l’arrangement des côtes fur la poitrine. Je fuis aifément parvenu à féparer ces vaifleaux des parties voifines, & à les conferver dans l'efprit de vin. Lorfqu'on regarde la chenille de front & dans le temps où elle fait rentrer fa tête fous fon premier anneau, on aper- çoit, entre la lèvre inférieure & la première paire de jambes, une fente oblongue & tranfverfale, d'environ une ligne & demie de longueur. Si l'on prefe la partie antérieure de l'in- fecte, on verra fortir de cette fente des jets d’une liqueur limpide, d'une odeur très-pénétrante, & aflez analogue à celle des fourmis; on obfervera de petits fremiflemens dans les lèvres de la fente : fi l'on pouffe la preffion plus loin, on verra paroître aux extrémités de la fente, deux petits corps de figure conique, qui tendront à s'écarter l'un de autre à mefure qu'ils s'avanceront au dehors : une efpèce de bourrelet s'élevera alors fur la fente. | On reconnoît fans doute que Îa partie dont je viens de parler, eft précifément la même que celle qui a fait le fujet du Mémoire cité ci-deflus; j'y renvoie donc le Lecteur. En preffant très-fortement la partie antérieure d’une chenille de cette efpèce, qui venoit d'achever fa coque, je vis fortir de l'intérieur de la fente avec les quatre petites cornes dont il s'agit, une veflie de la groffeur d'un petit pois, de couleur DIS, S.CrENCES 279 violette, fur laquelle on obfervoit des ramifications de vail- feaux d'un blanc argenté, qui ne pouvoient être prifes que pour des trachées : ayant tenté de tirer cette veffie hors du corps, elle entraîna avec elle un long vaifleau qui fe rompit, & la vefie s’affaifla par l'écoulement de la liqueur qu'elle renfermoit. La nature de cette liqueur que la chenille fingulière du faule fait jaillir, méritoit fur-tout d’être examinée. J'ai fait dans cette vûüe quelques eflais dont je vais donner le précis, J'en aurois fait un plus grand nombre, fi j'avois pû me pro- curer aflez de ces chenilles ; mais elles font rares, & la quantité de liqueur qu'une feule peut fournir eft bien-1ôt épuifée, Plufieurs fois j'ai fait tomber fur ma langue des gouttes de cette liqueur : elle y a produit une imprefion femblable à celle qu'y auroit produite le plus fort vinaigre. Avec un fcalpel j'ai fait une incifion à un de mes doigts: j'ai verfé fur la lame de ce fcalpel une groffe goutte de la liqueur en queftion, & j'ai introduit cette goutte dans la plaie, dont j'ai eu foin d'écarter les lèvres, afin qu'elle y péné- trât mieux. J'ai fenti auffi-tôt une douleur prefque infuppor- table; le fang qui couloit de là plaie s’'eft figé, & a pris une couleur plus foncée, Ayant verfé une goutte de la liqueur dans quelques gouttes d'efprit de vin, il s'eft fait une coagulation affez fenfible. Le papier bleu fur lequel j'ai fait tomber une goutte de cette liqueur, a rougi fur le champ ; mais une heure après il a repris fa première couleur. L’efprit de nitre ne m'a pas paru donner un rouge auffi vif, mais il s'eft maintenu plus long- temps, & s'eft enfuite changé en orangé. J'ai verfé de même de la liqueur dont il s’agit fur des fleurs de chicorée fauvage, elles ont rougi aufi-tôt & fe font enfuite fannées. Celles fur lefquelles j'ai fait tomber de F'efprit de nitre n'ont rougi ni plus promptement, ni mieux. Le vinai- gre n'a produit fur ces fleurs qu'un très-léger changement de couleur. Pour tâcher de découvrir le réfervoir de la liqueur dont Fraxis Medica, Page 126. 280 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE nous venons de rechercher la nature, j'ai eu recours à Ia difleétion. Après avoir enlevé les vaifleaux à foie, les inteftins & l'eflomac, j'ai vû fous l'œlophage & près de la fente dont j'ai parlé, une veflie fembiable à celle que j'ai décrite, à l'exception que fa couleur étoit d'un blanc fatiné. L'efprit de vin dans lequel j'avois fait périr la chenille avant que de Ja difléquer, avoit donné de la confiftance à cette veflie, en forte qu'on pouvoit la manier fans altérer fa forme. Elle reflembloit affez à une larme; le col ou la partie efñlée alloit aboutir à la fente: ayant coupé cette veffie près de fon col, elle s’eft affaiflée en fe vuidant, & fa liqueur qu'elle a laiffé échapper étoit femblable à celle que l’'infeéte fait jaillir. Je n'ai pû découvrir les vaifleaux qui portent cette liqueur dans le réfervoir ; j'ai de même cherché inutilement les petites cornes qui l'accompagnent & qui font fi aifées à obferver hors du corps; j'ai mieux réuffi à obferver la moëlle fpinale & fes accompagnemens. Une liqueur auffi travaillée que l'eft celle dont il eft ici queftion, a fans doute des ufages importans. Indépendamment de ceux qu'on peut lui foupçonner dans la chenille, j'ai penfé qu'elle étoit peut-être le diflolvant qui mettoit le papillon en état de ramollir la colle de fa coque & de fe faire jour. Les portions de femblables coques fur lefquelles j'ai fait tomber de cette liqueur, ont été ramollies très-fenfiblement. Il s'agi- roit maintenant de faifir le moment où le papillon fort de fa coque, ou bien d'aller chercher la veffie & a liqueur dans la cryfalide peu de temps avant la naiflance du papillon : c'eft à quoi je n'ai pû encore parvenir. L'illuftre Boerhaave a cru qu'il n'y a point de véritable acide dans l'animal hors des premières voies. Voici fes termes: Prime enim vie vocantur os, æfophagus , ventriculus , inteflina tenuia, vafa ladlea, dudlus thoracicus ufque ad venam fubcla- viamt, in quibus vifceribus foli chylopoicfi infervientibus humores adhuc funt crudi. Scio equidem Hombergium aliam habere fen- tentiam, fed hic experimenta fecit in animalibus multo fale marino pafñs. Et plus bas: Æxperimenta fafla funt in animalibus nil nil DES SCIENCES 28r nifi acefcentibus à acidis pallis : fumpta eff eorum urina & lercus , dr hæc omnia combufla funt cum ipfo animali ; nil nifi [al alcak cineres exhibuerunt. Si Yon fait attention à la pofition de la veflie que j'ai décrite, à la nature de la liqueur qu'elle renferme, & à celle de l'aliment dont l'infecte fe nourrit, on fe perfuadera facilement que M. Boerhaave a été trop loin dans fon affertion : ce n’eft pas ici la première exception que les infeétes aient faite aux règles eftimées les plus générales. Les faits dont je viens de donner le précis, ont été obfervés en 1739 &1741,& communiqués dans les mêmes années beaucoup plus en détail à M. de Reaumur. Je fais cette remar- que, parce que j'ai été en partie prévenu fur ce fujet par M. de Geer, Chambellan du roi de Suède, & Correfpondant de l'Académie. Ce Savant n’ayant aucune connoiffance de mes obfervations fur la chenille à queue fourchue du faule, dé- couvrit en 1745 la fente dont j'ai parlé, & les quatre petits corps qu'elle renferme: il vit auffi des jets de liqueur fortir de cette fente. Il a expofé tout cela avec beaucoup de clarté & d'exactitude dans un Mémoire que l'Académie a inféré dans fon nouveau recueil. Je fouhaiterois fort que M. de Geer Mémoires de voulût remanier ce fujet, & perfeétionner ce que je n'ai Mahpasme qu'ébauché. L’efprit d'obfervation qui s'eft manifeflé chez lui préfeués à FA. dans un âge & dans une fortune où l'on ne recherche d'ordi- ‘adm: #4 naire que des amufemens frivoles, nous répond affez du fuccès d de fes recherches. La chenille à queue fourchue du faule eft expofée, comme la plufpart des chenilles, aux attaques des ichneumons. La queue qu'elle porte au derrière, & dont elle fe fert comme d’une efpèce de fouet pour chaffer ces mouches, ne la défend pas toûjours bien contre leurs infultes. J'ai obfervé deux efpèces de vers mangeurs de cette chenille. La première efpèce ne m'a rien offert de particulier, elle eft fort petite, elle vit dans l'intérieur de l'infete; & lorfqu’elle eft parvenue à fon parfait accroiflement, elle perce fa peau & fe file au deflus À une coque de foie. La feconde efpèce eft plus remarquable, elle fe tient fug Say. étrang. Tome IL Nn 282 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE l'extérieur de la chenille; elle y paroïît d’abord fous la forme d’un petit œuf noir & brillant comme du jais. Ce petit corps femble implanté dans la chenille par un court pédicule:peu à peu commence à fortir de deflous cette efpèce de coque un ver blancheître & d'une fubftance molle. Ce ver groffit & s’alonge de jour en jour, mais fans abandonner la coque dont je viens de parler. Cette coque femble diminuer de grandeur, quoiqu'à parler exactement cette diminution ne foit qu'apparente, étant düe uniquement à la comparaïlon que l'œil fait du volume de cette coque avec celui du ver : enfin ce ver change de peau; alors la coque tombe, & le ver paroît tel que tant d’autres qu'on trouve dans les fruits ou dans le corps de divers infetes. Je n’ai pû cependant m’aflurer de la clafle à laquelle il appartient. Je lai vü quelquefois tirer des fils à la manière des chenilles. Lorfque j'ai examiné ces vers à la loupe, j'ai obfervé dans leur intérieur des mou- vemens analogues à ceux que les Anatomiftes nomment vermiculaires. J'y ai encore découvert des couches d’une liqueur blancheître, qui alloit alternativement de la tête vers 11 queue & de la queue vers la tête. J’y ai auffr aperçü de petits grains blancs de forme irrégulière, fitués de part & d'autre de Ja grande artère, & qu'on pourroit foupçonner faire partie du sorps graifleux : tout cela mérite d’être mieux examiné, DEASRASMIQUNEE (NN CIE Si 233 PR OS E RP AT IO N MEL ECLIPSE DU, SOLETE, Le premier Mars 1737: Faire avec une lunerte de huit pieds, garnie d'un réricule, à montée fur une machine parallaäique. Par M. Garipuy Correfpondant de l'Académie. i Wa Soleil ne put être aperçû qu'à 2" 43 du foir, il parut alors à travers des nuages qui le couvroient : YEclipf avoit commencé, mais on n'eut pas le temps d'en mefurer da grandeur. Le Soleil difparut encore, & les deux ou trois premières obfervations furent faites, avec beaucoup d'incertitude. Les autres furent plus exactes, les nuages s'étant prefque totalement diffipés. Un-doïgt.& demilt 4 pointe 8 vondiare 26 So 4 non Deux doigts un, tiers » ss «+ + + Se UE Quatre doigts . 4... At snatle aie El 1000 Cinq doigts . . . . ... , . + . Dents int 229 Cinq, doigts & demi , « . . . + . + « + « 3.29 50 Six doigts . . . . . UP Rat EPL DR Sept doigts . + + eee + ee le» FUN REG 30) Sept doigts & demi... 2. « . into 143 LIST 0 Sept doigts un tiers « « + « + « » + « « DA ARR NIET Six doigts . . . . . DNS RE TRENL PR 26" 4 to Cinq doigts & dem‘ ‘«.: ‘+ ++.. 4 30 47 Cinq doigts . . . . . «. RETRO TR NE SES PR Quatre doigts & demie . : « : : : ATEN EP PER er Quatre doigts 4 + se » +. «1e ae Re DO RARE ART Se Trois doigts & demi . . . . . . . NRA Ur AB 0 Trois doigts . . . . «+. . a et vin 52 ob 47 Deux doigts & demi ,.,. . 4. . + 4 55. 29 284 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Deux-doigtstr-esmaérenene eos « 48-5080 cine Un doigt & demi... ......... $ 3 3 Un do al 1 à 5: S COONEE Demi-doigti « & se + ei4 o os 0 + « ÿ$ 9 58 La fin ne put être parfaitement obfervée, des nuages épais couvrirent le Soleil pendant deux ou trois minutes ; & lorfqu'il reparut à $P 13° 20”, on ne put y découvrir aucune échancrure avec la lunette de huit pieds, mais avec une de quinze on crut en apercevoir une très- petite, qui difparut deux ou trois fecondes après. _ Les jours précédens, j'avois vû quelques taches fur le difque du Soleil; la plus grande étoit dans Ja partie fepten- trionale; il y en avoit aufli une plus petite, & plus près du pole, dont lafcenfion droite différoit de celle de la première, Le 28 Février veille de l'éclipfe, à midi, je pris la pofition de ces deux taches par rapport au centre du difque du Soleil: j'ai depuis calculé, fuivant les loix de leur mouvement, leur latitude & leur longitude par rapport à ce même centre, pour quatre heures du foir du premier Mars: j'obfervai le commencement du paflage de toutes les deux derrière’ le difque de la Lune, mais je ne pus voir que la fortie de la plus petité, & cellé d'une troifième ‘tache qui étoit auffi dans la partie feptentrionale ; & dont je n'avois point pris la pofition, parce qu'élle ne paroïfloit que très-difhcilement avec la lunette du quart-de-cercle.' : * | Pofition des ‘taches, le 28 Février, à müdi, Longitude de Ia groffe tache da ï £ eqounot , 67, Vi Latitude feptentrionale . ... . . . . . . . © S$ 57 Longitude de.la petite tache. . . . . . . . © 9 12 Latitude feptentrionale . . . . . . . . . . © 9 45 Pofition des taches, le premier Mars, à quatre heures du Joir. Longitude. de 1a groffe tache. .. . ....... .. ol 4 3 Latitude feptentrionale . .. ..... ... ......, 19, 6 413 DIEU HE NC Es, 285 Longitude de la petite tache . . , . . .. où $” 54" dm foiri Latitude feptentrionale . . . . . . . . . . o Mois Le bord de la groffe tache touche le limbe de 13 DURCAERE NS ere “ÉD r 2e 35-20 Le milieu de la groffe tache eft au bord de PARLER EMOUENT Ie MR AE ARRET en 2° op: Yon La groffe tache eft entiérement cachée , . . 3 36 5o Le milieu de la deuxième tache eft au bord FES TU N BOT MONA PEER PCT RE LE 21 NON LA La deuxième tache commence à paroître . . 4 54 10 La deuxième tache cft entièrement fortie . . . 4 54 18 La troifième tache fort de derrière la Lune . , $ 7 57 En comparant l'entrée & la fortie de la feconde tache, on voit qu'elle a été cachée par la Lune pendant 1h 14° 33"; & 1ï on fuppofe le mouvement horaire de la Lune au Soleil, dans l'orbite apparente, de 27° $ 8", tel qu'il eft marqué dans les Tables de M. de la Hire, le centre de la Lune vû de celui de la Terre, a parcouru dans ce temps-là un arc de 34" 45"; & l'endroit qui a commencé de cacher la tache, étant emporté par le corps de la Lune, a parcouru aufli par _ rapport au centre de la Terre, un arc de 34’ 35”, dans un cercle parallèle à l'orbite. Mais la différente pofition de l'œil du fpectateur change beaucoup les apparences dans ces obfer- vations. Lorfque la tache a commencé d’être cachée par la Lune, elle étoit élevée de 194 4 52", & le point de la Lune qui la couvroit étoit abaïfié par la parallaxe de $ 1° 31”, dans un vertical qui coupoit l'orbite apparente de la Lune fous un angle de 344 14° 50": ce même vertical coupoit le cercle qui pafloit par la tache, & par les centres du Soleil & de la Terre, fous un angle de 304 29° 37". Enfuite, lorfque la tache a commencé de reparoître, elle n'étoit élevée que de 6d 45° 8”, & le point de la Lune qui cefoit de Ia cou- vrir, étoit abaiffé à Touloufe par la parallaxe, de 54" 6”, dans un vertical qui coupoit l'orbite apparente fous un angle de 284 41° 16”, & qui failoit un angle de 364 3 7" avec le cercle qui pafloit par la tache, le centre du Soleil & celui Na ii 286 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE de la Terre. La différence de ces parallaxes, & celle de leur inclinaifon, ont fait paroitre à Touloufe le mouvement de la Lune plus lent qu'il n'étoit en effet; & fuivant notre calcul, dont les élémens ont été tirés, ou de notre obferva- tion, ou des Tables de M. de la Hire, le point de la Lune, qui le premier a caché la tache du Soleil, étoit éloigné de celui qui cefla de la couvrir, de 30: cet arc, qui répond à l'une des cordes de la Lune, furpaffe cependant de 17" fon diamètre, qui, fuivant les Tables, ne devoit être alors que de 29° 43". Cette différence doit être caufée par le défaut des élémens que nous avons tirés des Tables & que nous favons d’ailleurs n'être pas exactes, puifque l'éclipfe n’a pas été conforme à ce qu'elles marquoient; ainfi en prenant cette ligne pour le diamètre de la Lune, fon centre a couvert, par rapport à nous, la tache du Soleil à 4h 18’, & l'éclipf pour lors étoit de 7 doigts 14°, ce qui differe peu des obfervations que nous avons faites par le réticule Le plus près” de ce temps. DUR AICUIE.N C.E,S 287 GPS ER VA T'I O N D'EMEMENC'LRPIS ES: DE. LU NE, Du 9 Septembre 1737. Faite à Touloufe; par M PLANTADE, Durour, à GARIPUY. E Ciel étoit très-ferein , & des obfervations continuées du paffage d’une étoile par une lunette immobile, nous afluroient l'uniformité du mouvement de la pendule. L'on connoifloit aufli le rapport du temps vrai au temps qu'elle marquoit, par plufieurs hauteurs correfpondantes, priles la veille de Yécliple. M. Plantade avec une lunette de dix pieds, & M. Du- four avec une de vingt, prirent le temps de limmerfion & de l'émerfion des taches; M. Garipuy obferva les doigts écliplés avec une lunette de huit pieds, montée fur une machine parallaétique, & garnie d’un micromètre à réticule. Commencement de la pénombre . . . . .. 2h 6 45" ‘mai Pénembrelforte, 2 secle eee cu »i/s PAZ NT A AS Commencement certain entre Harpale & Arif- LAQUEN ts eee me CT 2NYEN LS Mnldomtat.. Lire reters ,»e 2 »8 40 Harpale dans l'ombre . , . . , , . . . . . 24181850 Héraclide au bord de l'ombre . . . ... . . 2 22 S$ Aiftarque dans l'ombre . . . . . . .. .. 2 22 55 . Un doigt & demi : .". + : . + . ce URI LSTERS Hélicon au bord de l'ombre . . . . . . . . 2 241 155$ Hélicon dans Pombre . . ......... 2 25 5$o Deux doigts . . . . . . FETE ANAL 7 AS Galilée au bord de l'ombre . . . . . . . . 20e" 'o Galilée dans l'ombre . . . . . . . . . . . PAL EUNE COR a Platon au bord de ombre , , . , : . . . 2 31 3$ L 288 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE Platon dans l'ombre . . . . . : Eratofthène au bord de l'ombre . . Trois dofgts =". 0 ©. Me. Képler dans l'ombre . . , . . .. Ariftote au bord de l'ombre . . . . L'ombre au milieu d’Ariftote : Trois doigts & demi...... Eudoxe au bord de l'ombre . . . Grimaldi au bord de l'ombre . . . . Copernic au bord de l'ombre . . Quatre doigts .. . . . . . . ne .. Sheet e + Copernic s’enferme dans l'ombre, d'abord len- tement, enfuite avec plus de viteffe ; il eft entièrement couvert, « + « » « Hermès au bord de l'ombre . . . Hermès dans l'ombre . . . . . . . . Quatre doigts & demi. . . . . . Poffidonius au bord de l'ombre . Milieu de Grimaldi. . . « . . . Mülieu de Poffidonius . . « . . . Tout Poffidonius . + 1. +. Manilius auubord ..".1... 0070... Meflale au bord... .…. . . …. « Cinq doigts . . « «+ + + « + + Milieu de Manilius . . . . Milieu de Meflale . . . . . . . . Manilius dans l'ombre . . Ménélas au bord ..... û ; Milieu de Ménélas . . . . . . . Ménélas dans l'ombre . . . . . . Grimaldi fort un peu de l'ombre . Cinq doigts & demi . . . . . . . Pline au bord de l'ombre. . . ee Grimaldi cft prefque hors de l'ombre . . : Cléomède au bord de l'ombre . . Grimaldi hors de l'ombre . . , . Us U y Wu SO Le 2h 3 LC Cor 2 2 b D D b b D bb à Us 4 Lo 4 5 WW Op kb R LT] 35 36 39 40 19 55 $ 40 18 26 Cléomide p'Els® S'C'I E-N CE S. Cléomède dans l'ombre . . . . L'ombre à la ceinture brune du finus moyen . SIRAOINS EE ee ee abe 2 e L'ombre au bord de la mer des Crifes : . . Le point lumineux du finus moyen au bord délOmbret.. 8 a a it Te. Proclus au bord de l'ombre . . . .. ES L'ombre couvre les trois quarts du finus moyen. . . .. . . Le promontoire aigu eft au x deOMDIe ee. LUE LS «le Proclus.dans. l'ombre . - . . ... . . : . Le Promontoire du fonge au bord de l'ombre . Grimaldi eft éloigné de l'ombre d'une longueur épalelarlon 1x€ + « ce L'ifle du finus moyen hors L l'ombre . Denys au bord de lombre . . L'ombre rafe l’'échancrure de la mer des Crifes, qui eft vers le limbe occidental . . . . . Denys eft encore au bord de l'ombre . . . . Galilée hors de l'ombre . . . Képler hors de l'ombre . . . a ele © + os La mer des Crifes eft entièrement dans l'ombre. Lt. 4. 057 +4 Taruntius au bord de l'ombre . . . . . . . Tout le finus moyen hors de I Copernic commence à fortir Milieu de Copernic . .... Cinq doigts & demi. .... Ariftarque commence à fortir Le point brillant d'Ariltarque h l'ombre :. à « de ein rot er eye CC PO ors de l'ombre . Cinq doigts . . . . . . . Dites Mon de Quatre doigts & demi . . . . . . . . . . : Miülicu de Manilius .4, . . + + . . 51.16 Manilius hors de l'ombre . .. La mer des Crifes rafe l'ombre . Menclaus commence à fortir . Say. étraug. Tome I, 289 FL 17 12" du matia. re FR UT S 3 FAIZONNTE gb ant 26 3 24 2 3 °24 47 322 3 26 47 37 27} 7 3 29 47 34 252 HZ 36 52 3 38 47 3 AIO (12 3 41 4 3 43 22 3, 47 ,32 3 47 47 3 49,7 F1 St19h 22 3 58 43 4. 0 3 4 2 13 4 8 58 4: 9 23 10 33 12 48 Oo 290 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Quatre doigts. ...... ut 1 Menelaus hors de l'ombre ....p . . . . . 4h 14 23° dumain Pline commence de fortir . ... Harpalus hors de l'ombre . . .. k 7 ne Pline hors de l'ombre ...... Héraclides hors de l'ombre . . . . . . . . . 18 18 Trois doigts & demi... .. « « « « « . 22 28 Proclus hors de l'ombre . . . . . . shoes 23 58 Trois doigts . . . . . Mais Neo St Guy Platon commence à fortir . . . « . « . . Deux doigts & demi. ........4.. Milieu de Poffidonius.. . . . . . . . .. DORA 34° 120 33 28 D D D PR D D D RD D + SR pop R VV + La mer des Crifes hors de l'ombre . . .. 39 DEUX dois EN -e cholatate M e-L Poffidonius hors de l'ombre . . , . . . . . 35% 729 Milieu d’Ariftote . .. . . ... . , . . . 38 19 Ariflote hors de l'ombre. . . . . . . . . . 39 44 Un ‘doigt &demi, 2/14. je en de, e 40 42 Undoigt RAT NN. plie. Lofa frotte 43 34 Menelaus hors de l'ombre . .. î MALUS 49 14 Hermès hors de l’ombre. . . . .. Fin de l'éclipfe entre Hermès & Ménélaus . . 49 44 Fin de la vraie pénombre . . . . . . . . . SI 49 Pendant cette éclipfe, les termes de l'ombre furent très- diftinds, & quoiqu'il fuffent formés par une courbe inégale, il n'y parut point de changement fenfible. La partie qui, dans le milieu de l'éclipfe, couvroit la mer des Crifes, étoit plus convexe que celle qui répondoit au finus moyen, ce qui . formoit une finuofité entre Denys & le promontoire aigu. L'ombre étoit fi noire, qu'à la fimple vüe on avoit peine à diftinguer la partie écliphie de la Lune. La durée du paffage de la Lune par le méridien, pris avant léclipfe, HT (MONO ORNE D ONE ose + + 211 61130 DES SCIENCES. 291 ŒBSERVATION D'EARREFELIPSE DE SOLEIE Du 15 Août 1738, Faite & Touloufe, avec une lunette de huit pieds, garnie d'un réticule, © montée fur une machine parallaGtique. LE commencement à rate orer +" "9" 49 NTo" um Demi-doigt .. ... ee ce ose sos ee 19253, 042 LEO CT MERE TA ER sas vo Sr L'ombre au bord de la première tache .... 9 $9 52 La tache dans l'ombre ............ CR LO! 2 02 Deux doigts ...... Seite dl tale sise) doirlvg r a 0 Deux doigts & demi . s5.1.15 5% afeeis else 10 13 10 Mois doigts i.2. te. fs eee. 2e poses 10 17 48 Le bord de la feconde ou groffe tache. ... 10 19 9 Toute h'race Rs ss trou iT sa s 10 79 NS Le bord de la facule , ...... A eee 10 1427) Ho La troifième tache placée au milieu de la facule 10 22 10 Le dernier bord de la facule .....,... ROUES! 20 Le premier bord de Ia quatrième tache ....-10 27 45 HOUR al ACHE RSS ele sale ele ciolnlo «0 020 01 Quatre doigts . ... ....... rene 1027 Quatre doigts Stidemt.. - - + «le ° 10936 0,e BR AS ER PRO CAE 10 42 30 Ginqidoists\@ demie PRE 10 / so 242 Sixdoigls 1. . « =. ele s oîe ASIE V7 Te Première tache hors de l'ombre ........ TELE 20 29 Cinq doigts trois quarts ........,.... 11 17 $9 Cinq doigts & demi..... ce tone tNV23 L'49 Cinq doigts ....... ae > eee INPI 23029 Le milieu de la feconde tache . ......,. AE BUS 4 - Le bord de latache..,...,,........ 11 39 19 292 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE La quatrième tache . :. 22... te TI ADR Te Quatre doigts untiers........... sie UT LA L'NIEA Quatre dolsts 20. et ele, 7 cata h ben. 2 4 Trois doigts & demi.............. UT (9 tr 4: Trois doigts . 4. ........:....:..7 11 58 49 Deux doigts & demi ...... oise solos 12 NS NON UE Deux doigts .......... él secte U2 NES A0 Un doigt &demi................. 12, 416128 Un doigt .... eee ve oo, RL AN NIONNELS Demi-doigt..........,.. see 2 2 ID RIRE cale ele sie S'aDeMeOicLE D EEE Olfervation de Focculiation d'Aldébaran par la Lune, du deuxième Odobre 13738, faite avec une lunette de quinge pieds. Aldébaran a touché Ia partie claire de la Luneä 9" 35" 9" du fire 11 à paru à travers la partie claire de la Lune pendant 9". Il a totalement difparu à ............ 9 35 18 Ilarcpaua........ Do sctierse=:s ONZE Obfervation de l'immerfion du fecond Satellite de Jupiter, faite avec la même lunette. Le même jour 2 Oétobre 1738,à.... 318 10° 11° DÉELSS SIC ICENN CE SMAIM 293 ŒPSERVATION D EME C'L'LP S Es D'E LE UNE; Du 24 Janvier 1739, Faite à Montpellier, avec une lunette de cing pieds, par M. GARIPUY, dans un de fes voyages. La pénombre très-forté à.,......... 9" 48° 30” du fin Commencement douteux ............ 9 49 30 Commencement certain, .......4...4. 9 50 30 L'ombre à Harpalus . . ....... Ba oisioie 94e Héraclides dans l'ombre . . .... rats réter 2e OT SONT Hélicon*dans ombre... +... let 110 1 © Ariftarque dans l'ombre . ...... PRE RONA ES 0 Platon dins Lombre . 2. etes « ee 61e ON OI IRIO Galilée dans Fombre ......... eme TONI 10 Timocharis au bord de l'ombre ......... 10 14 40 Milieu de Copernic .......... nee OR 2 o Poffidonius au bord de l'ombre ......... 10 27 50 Meffale au bord de ombre. .-..,,...: 10 28 30 Poffidonius & Meffale dans l'ombre . .... « 10 29 45 Manilius dans l'ombre, Menclaus au bord, de même que Grimaldi qui y étoit depuis ERVIEOn fx minutes Li re ee © lslre late © ne le 10 34 30 Mecnelaus dans l'ombre......... PR NOUNS OL PS Bimerdans l'ombre"... 7 lentes AUTO TE MIO Le finus moyen dans l'ombre . ........ 10 40 30 L'ombre touche 1a mer des Crifes . ...... 10 47 45 L'ombre à Proclus ....... RO AADE 10 45-45 L'ombre au promontoire du fonge . . . .. 10046 130 La mer des Crifes totalement dans TOMBA. - ci. 1. DEN LONIS A 30 Piolomée touche l'ombre . .. Le promontoire aigu & Taruntius au bord de ONCE DO IAA PC CNE ee 56. 15 294 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ombre à abandonné Grimaldi, dont les deux tiers avaient été couverts ., . seu... Langrenus au bord de l'ombre, & la mer du nectar touche l'ombre. ..,..,., dot ‘Galilée au bord de l'ombre ........... Galilée hors de l'ombre .. ... SUN se Ge . Ptolomée partagé par le bord de l'ombre . . Ftolomée hors de l'ombre ....... SIDE Petavius au bord de l'ombre .......... Ariftlarque hors de l'ombre ........... Moitié de Copernic hors de l'ombre ..... Copernic entièrement hors de l'ombre .... Le finus moyen au bord de l'ombre ..... Harpalus au bord de l'ombre le 25 à..... Hélicon hors de l'ombre ............ Manilius hors de l'ombre ............ Menclaus hors de l'ombre ..,..,,..... Platon hors de l'ombre. ....,....... L'ombre au bord de la mer des Crifes .... Hermès hors de lombre............ La mer des Crifes hors de l'ombre ...... Meflale hors delombre 1... 1... Fine. 0e RES DCI PE ETES L'ACADÉMIE 11h 1° 30" du foi FL 13 430 LS NS HE 24, 55 L HN VO 11 40 30. TNA N30 11 4$ 2a ue 3e 11 49 10 11 52 30 o 6 20 durs CCM RE TET 0 16 30 O1 82/0 o 21 s 0 25 30 OfPair ee 0 38 17 9 39 23 OÙ AT 27 9 42 30 DUE SX CLEAN CE Se 29% OBSERVATION MENT CG L'TPSENDE SOL ET E, Du 4 Août 1739, Faite à Touloufe, avec une lunette de huit pieds, montée [ur une machine paralla‘tique, © garnie d'un réticule. a A LR 3h 450 6" Br Demi-doigt ..... seen niniste aise els SNA UN Ün doigt. 0. eolste ee so 00 sale s1e «je 3 (5246 Hodoiet ei demie ei) eee elec lee ee FIST AC Deux doigts. ...... sente ne se) aiePele ie AN. OA Trois doigts... .. «+. + » » « MOIODPICIONN NE Er Trois doigts &demi...........,... 4 13 10 Quatre doit-elle. 0e Ts +, 4V116 40 Quatre doigts & demi.......,.. eee AUDE 55 Cinq doigts … sue s + + oo se ose ss... 4 26.44 Cinq doigts & demi......,.....,..,.. 4) 32 31 Sixidoipts 2.1. 120 snlstelelelelee ge 381 37 Six doigts vingt minutes .......,..... 4 46 14 Six doigts vingt-huit minutes ...,,,.,. A (SR © Six doigts vingt-cinq minutes ....,,.., 4 5 o Six. doigts... O.@. RAT I WAR DS) 18 Ginqudoigts\&.demitpe . "4. N./.. $ 11 28 Ginqudoipts 1-2... SE OC DIN NN 2 ONE Quatre doigts . .... A OS Aa edie LOS 0 29 à Sy Trois doigts & demi ..... OM CIC DNS s 20 027 Trois doigts ...... sualetoleuet clife ofaiess, « CNE 7 Denxidoigts &-demi ci.) le les. DPARE CMS Deux doigts. ..... CO CT DIOION PC D SOU USE Un doigt & demi......... Dam e ser. 29) 8437 LIG LR LT ARR OP D TE SAC six Demi-doigt ..... ENS als TA Nesle MCE) Mines. lle sr Sa delete hs) 99: 118 296 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L ACADÉMIE Obfervations des immerfions des Satellites de Jupiter, faites dans les mois d'Août & de Septembre 1739. Immerfion du premier Satellite , le 22 Août "a 4 TELE 37 26" du Loir, ER Immerfion du troifième Satellite, le 23 Août dore SSI ERNE se 20e ceci NZ NEA ARE Immerfion du premier Satellite, le 1 4 Septem- RS NS PU TEE RD po TES 07 OS OBSERVA TION DAS IS ICHTSEUNT CE S 270 ORPPSYES-K VAT J0'N DE, L'ECLIPSE TOTALE DE LUNE, 2 Novembre 1 743) Faite dans Ds de Touloufe, avec une lunette de huit pieds, montée [ur une machine parallattique. La pénombre a commencé à.....,... Commencement de l'éclipfe . .....,.... É'ombrelat Ariftarque "20 alle nent L'ombre au bord de Gaffendi ..... ÉeNate ot L'ombre couvre Gaffendi & eft au bord d'Har- BAS eue ds de » 02 MAR -4EN TR AAA L'ombre au bord de Schikard . Rene L'ombre au bord de Cdi à or ec es Copernic eft entièrement dans l'ombre . . .. L'ombre couvre Jnfula finus medii ..... : L'ombre au bord de Platon ....... FENTE Platon eft entièrement dans l'ombre ,..,.. L'ombre eft au bord de Tycho ..... JE L'ombre couvre Tycho . ...... FRE L'ombre rafe Manilius ........... NES L'ombre couvre Manilius .......... 4 L'ombre rafe Menelaus . .... bts IT Menelaus eft dans l'ombre . ...,...,. L'ombre eft au promontoire aigu, & couvre en- tiérement Catharina, Cyrille & Théophile . . L'ombre au bord du promontoire du fonge . L'ombre rafe la mer des Crifes........ La mer des Crifes eft entièrement dans l'ombre Emmerfon toiles. ut JS ann - MIGNON Asset ne an à es 4 5 Fire Grimaldi commence à fortir de l'ombre . .. Grimaldi eft hors de l'ombre .,.,.... AE Sav. étrang. Tome IL, 1h 25° 1 28 15 33 1.38 4 + + D %w R CO LA D D à D HO D h EN o” du matin: 39 o 35 40 35 30 25 10 20 35 10 55 45 sa 30 15 55 40 39 20 30 2a 40 15 298 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Ariflarque eft au bord de l'ombre ...,.... Ariflarque eft hors de l'ombre .....,.,.. Gaffendi eft hors de l'ombre ....,..,.. Copernic hors de lombre............ Platonhors delombre 1... 516. ee "eue Le Tycho hors de l'ombre ..,.......,.. Menelaus a paru entre les nuages être au bord AETTOMETE Ness Na TP Nes ee lee le L'ombre a paru étre au promontoire aigu & au promontoire du fonge ........... La mer des Crifes a paru être entièrement hors de l'ombre +... .,, ob t ee AU I ne reftoit plus fur la Lune qu'une pénom- Dre. ete À PE Ce RER» LE Des nuages ont dérobé la Lune pendant quel- que temps, on a vû au travers que cette pénombre avoit entièrement difparu à...,. Durée défféciipe APRES Le 2e RE Durée de Pimmerfion totale........... 4h 13° 4 15 4 20 4 2 4 29 4. 32 4 45 41097 S I 5 z s 6 2e) 3 Fi du matins 20 15 5 5 10 10 35 39 RE M. A RIQU.ÆS A Paris, le commencement de l'écliple à dû fe faire à Eh 32° ou 32°+, & limmerfion dans l'ombre 2h 27'+, au lieu de 1% 31", & 2h 27'+ felon les obfervations faites à Bayeux. DES, SCIENCES 299 COPARE' RFA: T'F'ON D'EFSENE*XC EI PSE: DE LUNE, Du 30 Août 1746, Faite à l'Olfervatoire de Touloufe, avec une lunette de luit pieds, montée fur une machine paralladique. LE commencement de 1a pénombre auprès ere ec mono 10h 261, o" 4 Gin Entrée dans L'OMDEE de es ete else sie ler efe 101 3470 Immerfion d'Harpalus .............. 10 36 36 Héraclide & Hélicon au bord de l'ombre... 16 42 $ Immerfion de Platon .............. 10 4$ 59 Ariflarque entre dans l'ombre ......... 10 48 30 Ariftarque entièrement dans l'ombre . .... [O0 $o 10 Eratofthène entre dans l'ombre ........ 10) 57 20 Eratofthène entièrement-dans l'ombre ....! 10 58 20 Galilée entre dans l'ombre . ..,. re Qi st Poffidonius, Meffale & Copernic catrent dans - Fombre . :#h% el de Es: ep SES, 9 2 Poffidonius & Meffale dans l'ombre ..... 11 11 3a Copernic dans l'ombre .......... «SM 13 30 Manilius & Menelaus au bord de l'ombre .. 11 15 15 La mer des Crifes rafe l'ombre. : 4... 11 24 40 Proclus au bord de l'ombre. ......... 113208 100 Le promontoire du fonge au bord de l'ombre . 11 30 5o Denys au bord de l'ombre ......... V114:351 30 Denys entièrement dans l'ombre . ....... 1181380 :.0 La mer des Crifes entièrement dans l'ombre.. 11 39 20 Le promontoire aigu rafe l'ombre . ...... 119 419116 Les nuages qui ont interrompu l'obfervation, ont empé- ché de mefurer exaétement la grandeur de l'éclipfe ; mais on a jugé, en mefurant la partie éclairée par le micromètre, que l'éclipfe étoit de fix doigts quarante En A 300 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Menelaus ef forti de l'ombre a. ........ TA NA 2 UNS ON SENEN Platon hors delfombre..1s. 49. 21, .L, 712 La mer de Sérénité hors de l'ombre ...,.. 12 La mer des Crifes rafe l'ombre ........ 12 Poffidonius hors de l'ombre ......... SZ Proclus hors de ombre. ........ Me 0 La mer des Crifes hors de, l'ombre. ..... F DÉESAHOrs del OMPTE eee etre ae el Finde là vraie ombre. .... 0.0.6. 0 I Fin de la pénombre tout auprès de Meffale .… 1 46 20 SRE 57 20 58 20 59 15 6 15 du marie 8 45 12 45 17 40 Cette écliple eft arrivée environ douze minutes plus tôt qu'il n'eft marqué dans la Connoiflance des Temps. Ble s ISCrENCES: 307 ONE EC AT TI ON D'ECFACLIPSE TOTATE DE LUNE, Du 25 Février 1747, Faite à l'Olférvatoire de Touloufe, avec une lunette de huit pieds. | à pou le commencement de l'Ecliple, le ciel étoit cou- vert de brouillards & de quelques nuages, à travers lefquels on avoit quelquefois de la peine à découvrir Ia Lune, L'éclipfe a paru commencer à........, NX CNIRONE A EEUR Ariflarque au bord de lombre......,... 3. 26 30 L'ombre rafe Copernic & Héraclide . ..... EME EME Hélicon au bord de l'ombre .. …....*.,.,. 3 40 35 Hychorrafe lombre. esse cie ne CE LE DE 18 ERtateraie TOMDIE ee « eleereñe sie tape M 0 Man: Manilius entre dans la pénombre ..+.... 3 54 © L'entrée d'Ariflarque paroît fautive de 5". I eft éloigné d’un de fes diamètres, de la vraie ombre que nous avons vûe être très-bien tranchée, les nuages s'étant un peu diffipés. Le centre de Manilius au bord de l'ombre à … 3h 55” 37 dumairs Manilius entièrement dans l'ombre . . .. .. 56 40 Merfelaus raie LOMPIE.e-. e ee - = 0 te. 9. LKR BIME TAC POMPES EE eee e « Le 1 40 La mer de Neétar rafe l'ombre . .. .…. ….. $ 40 Le promontoire’ du fonge rafe l'ombre . . . 9 10 La mer des Crifes rafe Fombre. ........ 12 o 14 40 19 o Les nuages fe {ont fi fort épaïflis vers le couchant, qu'il. Pp üi La mer des Crifes entièrement dans l'ombre. . 3 3 4 4 Lc promontoire aigu au bord de l'ombre... 4 6) 37 4 æ 4 4 Immerfion totale auprès de Langrenus ..... 302 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE a été impofñlible de voir la Lune pendant toute la durée de J'émerfion, vers la fin de laquelle la Lune a dû defcendre fous notre horizon. Ce que nous avons pû obferver de cette écliple s'accorde avec le calcul de la Connoiffance des Temps, dans toute l'exactitude qu'on peut attendre des meilleures Tables. Il auroit été à defirer que l'Auteur eût indiqué la marche de la pendule le jour de cette échpfe, puifque, felon les obfer- vations faites à Paris, le commencement de l'éclipfe a dû Je faire à Touloufe au plus tôt à 3" 19 où 20". Q..C:6 Vi LITE ALT. AN D E'REÆEGWLUS: PAR’ LA" 'LUNE, Du 23 Mars 1747, Obfervée à Touloufe, avec une lunette de huit pieds. Immerfion dans la partie méridionale & obfcure dela Lune 2 RC OR AR ce ON Een On n'a point vû l'émerfion, mais on a vû Regulus foi- xante-huit minutes après l'immerfion, & il a paru avoir paflé près du centre de la Lune. La pendule avoit été réglée avec un très-grand foin, pour chacune de ces obfervations; fon mouvement étoit connu par les paflages d’une étoile dans une lunette fixe, & par des hauteurs correfpondantes du Soleil, qui s’accordoient, à une légère différence près. { DfENSÉ SECUIE N C\Ets 303 CRARSDEL RPM ALT: 110: N TPE CL TP OPEN OLEIL, Du 25 Juillet 1748, Faire à Touloufe, par M. GARIPUY. : Pie de l’Avertiffement aux Aftronomes én avoit envoyé à M. Garipuy un exemplaire, & l'avoit prié de voir avec attention au fujet de cette Etcliple, s'il ne pourroit pas découvrir le bord de la Lune avant qu'il touchät celui du Soleil. Quoique des raifons phyfiques fiflent préfamer que cette conjecture ne pouvoit pas avoir lieu, cependant M. © Garipuy fe détermina, fur fon invitation, à faire l'obfervation de cette éclipfe dans une chambre obfcure, en faifant pafier Yimage du Soleil par une lunette de fept pieds & demi. H ne put voir le Soleil qu'à oh 1 5° 22”, fon bord étoit déjà un peu entamé, & il paroïfloit l'être depuis environ une demi-minute. Il y avoit trois taches dans la partie feptentrionale du Soleil, qui fut éclipfée à Touloufe; une de ces taches étoit fort près du bord du Soleil, & fon occultation ne fut point obfervée ; des deux autres, la plus occidentale fut cachée La PM re 2 M te Et D ee D @S la tache orientale à . . . . « «++ + 10 21 3 L'éclipfe parut de 7*** & +, les cornes comprenoïent entr'elles un arc de 128 *#, lors de Ka plus grande écliple. La tache occidentale reparut entièrement à 11h 59° 23" La tache orientale reparut entièrement à .. 12 17 27 Fin de Yédiple à .. . . ....... 12 24 54 Une perfonne médiocrement exercée vit h fin de l'éclipfe avec une lunette de DO PICES Mel es clalele 2, 25. @ 304 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE La grandeur de l'éclipfe, comparée à la diftance des cornes lors de la plus grande éclipfe, donne le rapport du diamètre de la Lune à celui du Soleil comme 929 à 1000. La pendule avoit été réglée très-exaëtement par des hau- teurs correfpondantes, & par le paflage d'une étoile dans une lunette fixe. Quelque attention qu'on ait faite pour vérifier a con- jeéture annoncée dans l’Avertiflement aux Aftronomes, on n'a pu fuivre le bord de Ja Lune, dès qu'il s’eft détaché de celui du Soleil. OBSERVATIONS DE LA MESME ECLIPSE, À Montpellier, par M. DE GUILLEMINET, avec une lunette de quinze pieds. Le Soleil en fortant des nuages a paru ébrèchéàa of" 29° 37 Fin de l'éclipfe . . . . . «+ + + + + + 12 40 .420u43 Grandeur de l'éclipfe, prife en mefurant l'image du Soleil fur un tambour de papier placé au foyer d’une lunette de huit pieds . .. 7‘viss 2, A Lyon, par le P. BERAUD, avec une lunette de dix-huit pieds. Le commencement à + + « « + « +» . ct le0 32 MIS Fin à15t HA IST RPeR re Me De CU 243044 Grandeur de l'éclipfe, prife avec le micromètre de M. de la Hire, monté fur une lunette de fept pieds ... 8% 55" À Maïfalle, par le P. PEZENAS. Le commencement à . .: . . . « « . . . : 09 71000N Fin à cie 0 » pv, à le fotellenielloge) 1224901219 Grandeur 7 diss 54” OBSE RVATION BPARSN SECTE NI CE À 305 RME RF A TT O N DD ENORME NC IE TP SEE DORE, LU N E: Du 8 Août 1748, Faite à TOb ifervatoire de Touloufe, avec une lunette de fept pieds & demi, garnie d'un micromètre, par M. GAR1PUY. Le diamètre de la Lune, pris à 10 heures du foir, fut trouvé CERCLE 0 LENS MEN Hana Ab 38 Mrir Le même diamètre mefuré à oh 45° après minuit, INPATODYE NUE ee Male ete ee rie ce DAS Commencement incertain de l'Eclipfe à . . . 10h 13° 20" Commencement certain près de Schikard à .. 10 15 20 Schikard rafe l'ombre en dehors à . . . . . 10 17 20 Ciprntnafe lembreaetl. 22.2 0.0 10 28 5o Capuan dans l'ombre à . . . .. Le 0LO4 ES ONILS La bordure brune de T'ycho rafe SA doter LO 2 40 Le centre de Tycho au bord de l'embrea. . 10 33 30 Toute la partie claire de Tycho dans lombrea 10 35 15 Grimaldisrafe l'ombre at. .U.1.2..4: NO, ,35 .5$ Tout Grimaldi dans l'ombre à . . . . . . . 10 43 10 Snellius & Furnerius rafent l'ombre à . . . . 11 6 40 Sels idanctl'ombre tas SLR EE on ER 40 Grandeur de l'échpfe 5 diss 20° Gaflendi cft forti de l'ombre à .‘. . . . . . 11 A1 40 Schikard au bord de l'ombre à . . . . . . HS OU 20 Capuan rafe l'ombre en dedans à . . . . . INA S AI La partie brune de Tycho rafe l'ombre en GORGE L CANON ONE TERS CE rc 10) F7 20 2 partierchne raleide même à . :)-0-040/12) Fe centrede Ye hot. 20e TT 120-6070 La partie claire rafe en dehors à . . . . . 12 9 30 La partie brune rafe en dehors à . . . . . . 12 10 30 Say. étrang. Tome 11. Qq 306 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'AÂCADÉMIE Un doigt... CE NE DE ER Eee D pme Fin de la vraiclombre tn . e «mn 124430) 020 Fin de toute la pénombre fenfible dans une ligne droite, qui pafferoit par A. 12 .34 o Héraclide & par le finus moyen . Le ciel a été très-ferein pendant toute la durée de lobfer- vation, & l'ombre a été très-bien terminée. OBSERVATIONS DE LA MESME ECLIPSE, A Montpellier, par M. DE GUILLEMINET, avec une lunette de huit pieds. Commencement de Ja pénombre à ... . .. HONTE Pénombre plus (01e la EME. PEU AU Ho MIT PEN MÉchiplescommencen El EN 10 24 43 Fin de ÉCUpeEC TE TEEe 1230 010 Fin: deMaNpétombTE ANNE Nr teee 12,40, 47 A Lyon, par le P. BERAU D. Commencement de l'éclipfe à . . . . . ... 1oh 2% 56° Finvde Jéclipf MINS EN EME IN F2 AS 4 Grandeur avec le micromètre . . . stias 0° A Marfeille, par le P. PEZENAS. Commencement de l'éclipfe à . . . . . . . 1ONErS 25 Fin de TEE RER Se a see 12 A OLS I Grandeur avec le micromètre . . . sdiss 20” " ECLIPSE DES PLEYADES PAR LA LUNE, Du 9 Ofobre 1748. Heures vraies, Immerfon. E merfion. Electre CAPE NN OS LA OR MER MR 02572885 DE Mérope. .! . 7... 812 2004-87 Cie DA ET oNece AIGYOnE Re. nie VON AA IAE D 02 PIEYOnC RL. 727. Lot 1280 Mo NN 10 26 49 ASC ec OI ti2 02 TIR EU HOME .* Voyez la Figure, page Goo des Mémoires de l'Académie, année 1748, ou bien celle de lamficed dans les Tranfaétions de 1672. peus, Set TMET AN :C EE 665: 1 307 OBSERVATION DECPENCETPSME" D: SO LETE, | Du 25 Juillet r 748, Faite à Bayeux, par M. l'Abbé OUTHIER. E ciel n'étoit.pas parfaitement ferein, & le Soleil qui ne paroifloit pas trop bien terminé, fe voyoit à travers des nuages gras & tranfparens. On s’eft fervi d’une lunette de deux pieds, garnie d'un micromètre, & les immerfions & émerfions des taches ont été déterminées avec une lunette de treize pieds. On n'a pü voir le commencement ni la fin de l'Eclip{e. À 9" 6 20" la phafe lumineufe 8rvel 2 1r#t — 29° 56° OU TIVAO EINIT.". hf 8 00 28 06 9:33 SN mas 2 au 6- oo 21 00 DA ÉTONE Mer RE Le $ 12 18) 30 9 45 oo la première des trois taches auftrales fe cache dans un petit enfoncement du difque de la Lune. 47 45 immerfion de la tache qui eft au nord d’un amas de petites taches. 9 49 oo immerfion de celle qui eft au fud du même amas. 9 52 55 la groffe tache qui eft nord commence à s’éclipfer. 9 54 20 clle eft entièrement couverte. 9 58 35 laportionlumineufe 3% 30or% — 1 3" 00" 10 12 55 Îa proffe tache auftrale commence à s'éclipfer. 10 14 35 clle eft entièrement couverte. \9 HOMO... SU ciele pet Ce teur Uk PROMESSE 2.4 side ls JA NI 7 Eat D'OR EVE LU et 2 10 AC 10 41 $o Îa groffe tache auftrale commence à reparoître. 10 43 25 elle eft entièrement découverte. Ron oo RME Loue: Bart 9 10. : Qqiÿ 308 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE À 10h56" 50" la groffe tache au nord fe découvre entièrement. ET ON ce O0 RONA C 3 jonmr = 13 00" D 2OMZONEMEAC IEEE 5 12 18 30 AM ANNE PAU LOTS Ce 6 oo 21 oo MR etats e clones OT, 22 22 36 ï ENS LIN eee le etetile 8 00 28 06 AMOR NRA 8 21 29 56 Les nuages ont empêché de voir la fin, vers 1 2° 08" à 9°. Au micromètre, une révolution vaut 42 parties, & le dia- mètre du Soleil 9%" 3% — 31° 40" DÉEMSALSMCT EN CITES 309 OPPRSRE NRA IT 10 NN NEA CPE DE, LUN E Du 8 Août 17468, Faire à Bayeux, dans l'E véché, par M. l'Abbé OUTHIER. E micromètre eft le même que celui que j'ai employé à lobfervation de l'Ecliple de Soleil. Le diamètre entier de la Lune en comprenoit neuf tours & trente parties de tour, dont chaque tour en a quarante-deux. Un peu après 6 heures du foir, il étoit venu un brouillard fi épais, que jufqu'après o heures on ne voyoit point du tout la Lune. Après 9 heures le brouillard fe diffipa, mais il en revenoit un peu de temps en temps, fur-tout vers nunuit, Temps vrai, Aoû 3° o” pénombre légère, mal vûe, brouillards. 10 7 o commencement certain de l'ombre. 10 9 30 Schikardus dans l'ombre. 10 24 o ombre touche à Tycho. 10 26 30 Tycho tout dans l'ombre, 30 27 15 l'ombre à la pointe auftrale de Grimaldus, 10 37 © Grimaldus tout dans l'ombre, où il s'eft plongé très-lentement, fur-tout vers la fin. 10 ‘42 : o' 6"%/28r#% demicrometre —\ 04 23° 20 MO 75 000 OS NEO EN IENEelen e =——710 120 0 RIT 1 o l'ombre à Fracaflorius , & la pointe boréale de Gri- maldus fe découvre. L 17 6 Oo Fracafforius tout dans l'ombre, l'ombre touche au bord de Mare neétaris. MS 1 SM EEE E 5 ME NE * L’obfervation de l’'Eclipfe de Lune du 2 Novembre 1743, fe trouve dans es Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1745. Qa iÿ 310 A s1f 11 II 11 11 II 11 11 II II 12 12 12 12 12 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE 10 o” Grimaldus tout hors de l'ombre. LR NOIR IEUZQRUE ee dele de 40/19/10 COMORES ONE Ne Le delle ei =— 10 ON NTO Bobo gel et. ste eo is 35 O{Qon ne voyoit point du tout le bord éclipfé de Ia 40 o Lune, tant l'ombre étoit noire. 42 o on voyoit affez bien le bord éclipfé. 44 Oo Mare netlaris commence à fortir de l'ombre, où clle avoit été toüjours également immergée, prefque jufqu'a fon bord boréal. 49 Gun Que 14e done 1042340208 58 Mare neétaris tout hors de l'ombre. 2 Tycho fort de l'ombre, mal vû, brouillard. o o o 3 o Tycho fort entièrement, affez bien vü. o fin incertaine, pénombre forte. o fin certaine de l'ombre. 29 © fin d'une légère pénombre. DÉEULSA SCA ENT C ENS: LE ONBRSLE, RIFNAIT LON PPERCMEOE LPSECOIDIE LUNE, Du 23 Décembre 1749, faire à Bayeux. Par M. l'Abbé OuTuier, Correfpondant de F Académie. JE n'ai rien pû voir du commencement de l'Edliple, le ciel étoit tout couvert. Tous les temps font réduits en temps vrai. Temps vrais Tycho tout dans l'ombre, mal vü ..... .. ZNVLOT om L'ombre à Fracaflorius, & au bord de Mare PATATIS Ne I alor EUROS SRE re ee ZA 0 IDE Hombre a CaflariIndias ele ein etele le diese ANAT o Mare neétaris tour dans l'ombre. ....... FES FES O Gaffendus fort de l'ombre avec le commence- ment de Mare humorum . ..... 7... 7 55 © Mare humorum tout dehors........... 0019/1230 Mare neétaris commence à fortir . .... RO Te 20 Tycho commence à fortir.......... 8003 Gr033 Tycho tout dehors de l'ombre. ........ DA B3 5 Mare nectaris tout dchors ..... pers. Re 8 46 50 Fin douteufe de l'éclipfe.… + :...:.. 4.1 9 8 20 Fin certaine ; il y a encore une pénombre très- LEDHDIES cie eee da «1e 0,2 d'à. 9 157 Fin de fa pénombre fenfble, il en refte une très-légère … . ........ se. DT 507 Fin de la plus légère pénombre . . ,.. CRAN Aus dE Fin de léclipfe à Paris a... 9 19 30 Différence ( au lieu de 115) .......... 0‘ © 10+ Au micromètre dont je me fuis fervi, le diamètre entier de la Lune comprenoit neuf tours de vis & une partie (dont il y en a 42 en chaque tour de vis) 379% = 9 tours + 312 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE La première & la dernière phale ont été priles entre Îe bord éclairé de la Lune & les deux cornes. Toutes les autres ont été prifes entre le bord éclairé de la Lune & le bord de l'ombre. Au micromèlre. Tèmps vrai, LI GOPÉTC REC BR 0 NL 2 PE Br 17 035 chiot EC E CIO 34 C7) 25443 OLIS EE IG 8 70138 $ Si SO SOA $ 34 49 Or EC te- Evele le 15 [e) Le) ..... .. TON ZE 7 ÿ 8 $ LME ET DE I DO iTio ot PNG US 15 CMD ET TT 0 Hood bepiplora: Mile ic À SAGE NBIOM Me er tetes SO 8 BU AS NES TRI RER 2 TS 34 PAST MEHR AE 22 Cetie dernière a, a été prife comme la première, entre le bord & les pointes des cornes. Remarques fur ces Obfervarions. € Diémète 3707 27e re Ombre Et partant la plus grande quantité de 'écliple 5%, 1 3. Les phafes À a donnent le milieua .......7h 574 Bb siammons ÉSRDRRNTE « . 8 oo COMTE SAS EN A CROIRE 1.177 00058) D'ART NN 60 “ls aim Et partant on aurojt à .....%.. nue meet 7459 EE fm Maisra Panis 40... nickel LÉ ARE: à CIE Donc différence en longitude . .......... 12 C} OBSERVATION DR MSPNES PCT EN CES! 313 OMS E RFA TT O N PER EICLIP SEUL, SOLEIL, Du 8 Janvier 1750, Faire à Bayeux, par M. l'Abbé OUTHIER. L y avoit eu pendant toute Ia nuit un brouillard fort épais, qui a duré encore jufqu'à 1 1 heures du matin: il eft cependant devenu moins denfe fur les 9 heures, & on voyoit le Soleil par intervalles, à travers le brouillard. Vers les 9 heures, temps vrai, j'ai vü le Soleil un inftant fans pouvoir rien mefurer. A 9" 1° 45” jai eftimé que l'Edlipfe diminuoit, & j'ai trouvé alors que du bord de la Lune au bord du Soleil, il y AVOIR TS Are VE DRE ON SR LS To 87 LS AUS OR AE SEA EE AE Ventes Dee O0 7e CC EE TROIE RCA 30... —198. DE NEO 5 (ip. 14'5 6"1) obienvè—210..—17 37" + OROE ASS. 0 à SRE RES Su eos 21 5 ON 26h 25h. 1 OM RE MEREN Ce 101. —220. COVER TAOICNR CORTE IENE 2 0 bien và—240. OAOAIS Dr OIS se à GONE PACE O mlvé—294. CELA = ONCE ARS hote OT —304. 9: l'AONAS AS 7 (écip. 6”1 2") 20 binvi—314..—2621"+ 9 54 15 léclipfe étoit encore de 3 à 4 minutes de degré. CRT o elle paroïifloit diminuée d’un tiers, & relativement à la phafe précédente, d'environ 3 minutes. Ch o elle étoit d'environ une minute, ou une minute & demie. 9 59 o le Soleil à paru un feul inftant, il m'a femblé voir un petit refte d'éclipfe, mais je n’ai pas eu le temps de m'en affurer. 10 ro il ny avoit aflurément plus rien. Sav, étrang. Tome IL Rr 314 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L ACADÉMIE Le diamètre entier du Soleil occupoit dans le micromètre tours de vis & ro parties, dont chaque tour de vis en a 42, cet 388 parties égales à o4 32° 40" diamètre, ou plus exactement 32° 25”. Le 3 Janvier 1750, à huit heures du foir, Jupiter & Mars étoient à fort peu de chofe près dans le même cercle de longitude, Mars au nord, Jupiter au fud. J'ai trouvé à mon micromètre entre ces deux planètes, 14 tours de vis qui valent o4 49° 30”. Le ciel s'eft recouvert peu de temps après. OBS ENR PLANT 1 ON D E L'EC'LIPS EDR O EEE Du 14 Juillet 1749, Faite à Madrid, dans la maïfon du Duc DE SoLFERINo. Commencement à ...... te tete ete LR ONG PTT EEE LÉ UE OC D'CIE IGN OO OMC UT NMON La grandeur de l'éclipfe ofiss 45°. La latitude, ou hauteur du pole de Madrid, a été trouvée en 1704 par M. le Chevalier de Louwville, alors Brigadier des armées du Roi d'Efpagne, de 4od 25', par le moyen du grand gnomon. DÉRUSAMSNCUIT EN: GUESS 315 OBS, ERA T; TON D'EÉYLE CLIPSELOTALE, DE,;LUNE, Du 19 Juin 1750, Faire à l'Obfervatoire de Monrpellier. Par M. EsTÉvE, de la Société Royale des Sciences de Montpellier, [L_° Soleil étant couché, la Lune fe leva éclipfée: la grande quantité de vapeurs qui étoient à l'horizon, ne laifloient diftinguer qu'une ombre noire & non terminée; & je ne pus commencer l'obfervation des taches, que lorfque fans lunette la Lune me parut éclipfée d'environ les trois quarts: c'eft que, fans lunette, elle paroît toûjours plus écliplée qu'elle ne l'eft effectivement. 1 La partie obfcure étant devenue d'un rouge foncé, & ombre étant bien terminée, j'obfervai La pénombre à Menelaus a ........ sc 42, 22raiEn ombre Mertelaus. 2, ele s'ormatle Ba 0332 Tout Menelaus dans Jombre . ....,.... Bas 2259 MODE BA PT AIS Le re à Ets 9 ete 4.5 TVA ToutiPitatu dans l'ombre... + s'. , . 4, » s. 8. 17h42 L'ombre à Denis ses sans se ot 8 8. 32 Tout Dionyfius dans l'ombre. ......... SO NES AROMPTE 2 D YCHO Pete eee Eee BAPMO NE “out” Tycho ‘dans l'ombre... .. 0." ,. Con M 4 vi à L'ombre à la mer des Crifes . .... PAUL, NOMOLE MOS L'ombre à la mer de Fécondité . . . ...... DAPTON LS La mer des Crifes entièrement dans l'ombre. 8 23 4 La mer de Fécondité entièrement dans l'ombre 8 2; $ Immerfion doutenfe 0.5. 41e: 225. 0 022), (S6 Immerfion entière. .:.. Fe dt. PR RO) 240 22 316 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A LACADÉMIE Depuis le commencement de fobfervation, & pendant toute l’éclipfe, je vis les bords de la Lune moins obfcurs que ne l'étoit le centre; néanmoins le centre s’étoit trouvé pendant un affez long intervalle plus près de la partie éclairée, que ne l'étoit le bord oppolé. J'avois obférvé le même phéno- mène dans d’autres éclip{es. La Lune obfcurcie parut toûjours d'un rouge foncé, augmentant de nuance en approchant de fon centre : bien- tôt après le milieu de l'éclipfe, la rougeur diminua, & ül parut fur Ja Lune une clarté en forme de croiflant; cette clarté augmenta affez régulièrement jufqu’à 'émerfion déter- minée douteufe à oh 59° 17". Emerfion certaine à. .... HT Je DO SOS DEEE Grimaldi commence à fortir.......... TON 4 420 Tout Grimaldi hors de l'ombre . ..... air AIT O) NAS En te commence à fortir . ... 10 37 34 Irful ji EE de hors de l'ombre. .....10 38 37 Manilius hors de l'ombre. ........... 10 A4 N25S Menelaus commence à paroître .:.......10 47 10 Tout Menelaus hors de l'ombre ........ 10 48 23 Fracaflorius hors de l'ombre. ......... l'OS MINO Taruntius commence à paroitre.........10 54 6 La mer des Crifes commence à paroître . ... 11 o 18 La mer des Crifes hors de l'ombre . . ..... 1 A4 0 Finrdonteufett REA PACE AIT s 36 Fin de l'édipfe...... D NIUE LNLOL-T 6 20 Hinidelaipénombrenr are ciel - TONI SO Pendant Fimmerfion & jufqu'à l'émerfion, je n'ai aperçû dans l'ombre que les taches des bords de la Lune; mais à l'émerfion la clarté augmenta confidérablement, & je vis les taches qui étoient vers le centre de la Lune. He m7) gs =D 4 ENS MRG: TE) N,ChE,S B1Z “ GRESEMRTF A TION DEIL'ECLIPSE TOTALE DE LUNE, Du 19 Juin 1750, Par M. DE CHezEAU x, Correfpondant de l'Académie. La Lune s’eft levée déjà éclipfée de quatre doigts environ. Temps vrai, Le bord oriental de Mare crifium. . ..... 820 AO dis BéAbordtocidentak,s #4". 1.115 #elalete clone 8 34 38 Homernanctotile eV eut se 8 46 43 Commencement de l'émerfion ...,...... LO «94188 FemicndeiGailée 03 - Lx... 10,20) ;43 Bomnilien d'ATHATQUEL - > +, -dhele loue eee de 10/28.309 EormdienrdesRycho el ele ce l-f-i 1000332720 Le mileuvde Copernic +. 2-21. - 0 secte 10070 RN 27 Lémiien de Platon) es. tnt Re 10 46 23 Le milieu de Langrenus .. …..... . ..... OUBUS % 327% Hinide Jédiples 5/2 (adas te 11,16, 20 Nous avons calculé le milieu de cette éclipfe pour Paris à 9h 10° 35", par une théorie de la Lune, que j'ai lieu de croire extrémement perfeétionnée, & qui diffère à la vérité un peu de celle du Chevalier Newton. Nous avons auffi trouvé par la même théorie (qui comprend celle du Soleil } le moment du folftice d'été pour Paris, au temps vrai, le 21° Juin à 4h o' 2, Ps Ÿ EP Car Rr ii 318 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À LAÂCADÉMIE OQBSERFATION DEV IC ERC IAE POSE ADAE \"L'AULNYEZ Du > 13 Faire à Londres, dans un lieu fitué 26" à l'occident 4 “ de Greenwich. Par le Docteur Bevis Anglois, de l'Académie de Berlin. Décembre 175 0, L: commencement à « + + +. aeis 148,360 Palus maræotis À. ue. ee 0 2,8 4 40 20° L'ombre au milieu de /oca Paludofa , (Képler}) . ......., 0... 4 48 40 L'ombre au mont Porphyrites, (Ariftarque) 4 50 07 L'ombre au milieu du mont Ætna, (Co- DOHIC NA ER ARR ASS 0e 4) :$6 56 Lié mont./Hinalcouver . 1. Tee À 565 SR QE L'ombre à Pinfula Corfica . .….. ..* 4 59 00 L'ombre au mont Saï, (Tycho}) : . . . 4 59 20 Au milieu du mont Sinaï. «. , . + $ 00 oo Tout San couvert AE AREA En ee Sr: Ont e L'ombre à Byzance, / Menelaus). ... . . $ 14 42 Mons Corax, (Produs) . . . . . . . . EPA Au Palus mæotis, (mare Crifium) . . . $ 28, 44 Au milieu de Palus mæotis . . . ... « o ÿ “21 dout de; Pause eusis ee fi issiet ee AE A 0 Enmeron!tusat ac 51 goes del darts ÿ : 304008 Emerfon. 4.7. 4 Me mise 7 : 140 Le Palus maræotis commence à fortir .. 7 16 oo H eft forti tout-ä-fait . .. . + . . . . . 7 TB OR La Lune fe couche. DEF ES ASNONL AE AN CE his 319 MESA SUR BRANN ARLES Er D'E Sn FE GET AUX. PREMIER MEMOURE, Contenant l'expofirion abrégée de mon travail, à des confidérations générales fur la diffillarion analytique des Plantes. Par M. VENEL. Ho par combinaifon, ou la réfolution d'un compolé en fes principes, opérée par le moyen des menftrues, ou des intermèdes vrais 2, a été fubftituée avec le plus grand fuccès, par les Chymifles modernes, à l'appli- cation d’un feu violent, que l'ancienne Chymie employoit à cette décompofition. Cette nouvelle manière de procéder a enrichi fart d'une infinité de connoiffances fur la compo- fition des végétaux. On retire de ces corps, par le fecours de cette analyfe (à laquelle on a ajoûté quelques moyens méchaniques ?) des matières évidemment inaltérées, & réel- lement extraites : ces matières font en grand nombre, en comparaifon des produits de la diflillation à feu violent ou analytique, & elles ne font pas communes à toutes les plantes, Toutes ces circonftances font fans doute très-favorables à Ja nouvelle analyfe, puifque les défauts tant reprochés à l'ancienne 2 J'appelle intermèdes vrais, ceux | bP Comme la trituration, l’ex- qui font capables de contracter une ! preflion, &c. le feu même, employé union réelle avec un des principes | à un degré qui n’eft pas capable conftituans du corps auquel on les | d’attaquer la compofition intime des applique : je les diftingue par cette | fubilañces qu’on fépare par fon propriété, d’une autre efpèce d’in- | moyen, comme dans lextraction termédes qui ne font que divifer | des beurres, des huiles par dé- Ja matière à laquelle on les méle; | coction, la diftillation des huiles ceux de la première clafle font | effentielles, &c, des efpèces de menftrues. 13 Juin 1752: 320 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE je réduifoient précifément à l'altération, ou même à la création des principes ou produits qu'elle manifeftoit, au petit nombre & à l’uniformité de ces produits. Mais un titre de préférence bien plus réel pour la première, c’eft la régularité de fa méthode, de fa voie de procéder : celle-ci attaque par rang les différens ordres de combinaifon qui concourent à la formation du corps qu'elle fe propofe d'examiner, en commençant par celui des fubftances les moins fimples ; au lieu que lanaly{e par la violence du feu, atteint tout d'un coup les derniers ordres de combinaifon. Ces matériaux immédiats de la dernière combinaifon qui conftitue un végétal confidéré chymiquement, font les eaux diftillées, les huiles eifentielles, les baumes, les gomme-réfines, les réfines, les extraits, les corps moyens entre ces deux der- niers, nommés par M. Rouelle, qui les a obfervés le premier, réfino-extracifs, ou extracto-réfineux 2, les huiles par dé- coction, plufieurs efpèces de corps muqueux, les fels eflentiels, les parties colorantes, &c. Nous avons obfervé encore que quelques-unes de ces fubftances concouroient effentiellement à la formation d'un végétal, & que quelques autres étoient accidentelles aux plantes: celles de la première clafle font, l'extrait, la réfine, l'extrait-réfine & la réfine-extrait b. L'un de ces corps ou plufieurs enfemble entrent néceffairement dans la compofi- tion des végétaux, on les retire d'un végétal quelconque : toutes les autres fubflances végétales, telles que les huiles eflentielles, le baume, la gomme, le fuc acidule capable de donner: des fels effentiels, &c. font de la feconde claffe. La plufpart de ces fubftances font compoles , & peuvent par conféquent être foumiles à une analyfe ultérieure ; c'eft leur compofition même qui les fpécifie, qui les caractérife, qui extra@if, au contraire, celui dans lequel c’eft la nature réfineufe qui rédomine. b Je dis réfine-extrait, comme on dit gomme-réfine. + Ce favant Académicien, qui a fi bien mérité de la Chymie, appelle extracto-réfineux, le corps qui parti- cipe plus de la nature de l’extrait, que de celui de la réfine; & réfino- les Das A SN CHE E N°.C ES 32r les conftitue fubftances végétales : l'unique moyen de déter- miner cette fpécification, ce caractère, c'eft donc de leur faire éprouver cette analyfe ultérieure, analyfe que nous aurons foin, toûjours fidèles à notre méthode, de n'appliquer qu'aux principes immédiats de la compolition de chaque corps exa- miné, & que nous croirons accomplie, dès que nos produits n'auront plus de fpécifications particulières. Si nous obtenons du fel marin parfait, par exemple, pour un de ces produits, quoique ce fel foit un compolé, fa décompofition ou fon analy{e ultérieure n'entre pas dans la fuite d'un procédé régulier fur l'examen chymique d'un végétal, parce que ce fel, très-connu d’ailleurs, n'eft pas particulier à la matière examinée, pas même au règne dont elle eft tirée ; car c'eft avoir une idée très-faufle de lanalyfe chymique, que de prétendre qu'on doive poufler celle d'un corps quelconque jufqu'aux produits exaétement fimples, ou aux élémens, comme fembloient l'exiger les Phyficiens, qui rejetoient la doctrine des Chymifles, parce que les produits de leurs analyfes (qu'ils appeloient les principes chymiques ) n'étoient pas des corps fimples, tandis qu'au contraire le vice réel de leurs opérations confiftoit précifément en ce qu'elles fimpli- fioient trop ces principes. Mais je reviens à lanalyfe particulière de chacune des fubftances dont j'ai fait mention plus haut : nous n'avons encore que des connoïffances fort imparfaites fur cette matière, parce que les Chymiftes modernes eux-mêmes, qui ont profcrit l'analyfe par la violence du feu, ou la diftilla- tion analytique, pour les végétaux entiers, n'ont prefque employé que ce dernier moyen pour l'examen ultérieur des produits de l'analyfe menffruelle, pour celui de la gomme, des corps doux ou muqueux, du tartre, des extraits ( fi mème quelque Chymifte en a diftillé) de fa cire, des huiles par expreffion, de la fuie ordinaire, &c. & qu'ils ont négligé le fecours des menftrues, ou des intermèdes que Jappelle vrais: auffi fommes- nous fort peu inftruits fur la nature de ces corps, il s'en faut bien que nous ayons des Sav. étrang. Tome 11. Cul 322 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE idées auffi exactes fur leur compofition, que fur celle de Ia réfine & des matières analogues, les baumes, les bitumes, &c. Si nous avons des notions diftinétes fur ces derniers corps, nous les devons en partie, il eft vrai, à la fimplicité qu'on eft obligé de leur accorder, fi on les compare à la plufpart des autres matières végétales; mais nous devons bien plus encore à l'emploi des intermèdes, qu'on n'a pas négligé dans leur analyfe, & enfin, à leur imitation, que l'art eft parvenu à effeduer. Il sen faut bien, je le répète, que nous foyons aufli avancés fur la compofition & l'analyfe ultérieure des extraits des corps doux, du tartre, &c. J'ai cru qu'il exiftoit pourtant dans l'art, des moyens de démontrer aufli évidem- ment leur compofition , que celle d'une réfine; qu'il étoit poffible d’avoir feul, & exactement feparé, chacun de leurs principes conflituans, & de les réunir enfuite de nouveau, ou de recompoler le corps analylé, ce qui fait le complé- ment de la démonftration chymique. Et c'efl là le premier objet de l'examen fuivi de chacun de ces corps, en particu- lier, que J'ai entrepris, & dont je vais préfenter une partie à cette favante Compagnie. Ce travail curieux & intéreflant en lui-même, ou pour ce premier objet, eft bien plus important encore, fans doute, par l'application qu'on en peut faire à l'établiflement de la faine théorie de la diflillation analytique, à laquelle ce travail peut feul nous conduire; or l’établifiement de cette théorie importe au fond même de l'art, afin de pouvoir déterminer s’il exifte dans une de fes parties les plus étendues : perfonne n'ignore que c’eft de la prétendue inutilité des analyfes par le feu, que les détracteurs de la Chymie ont tiré leurs plus forts argumens pour foûtenir la nullité de notre art, & que plu- fieurs Chymifles illuftres, ébranlés par leurs objections, ont abandonné formellement Fanalyfe par le feu, tandis qu'au contraire quelques autres, comme Bécher & Stahl, réclament hautement contre ces imputations, & perfiflent à célébrer le feu comme le fouverain analyfte. Ce n’eft pas ici le lieu de balancer ces différentes opinions, DELSA So 1°E NN CES 323 cette difcuffion excéderoit les bornes prefcrites aux Ecrits que l’Académie veut bien fe donner Ja peine de juger: qu'il me foit cependant permis d'oblerver qu'il règne en général une affez mauvaife Logique, & une trop légère connoiffance des faits chymiques, dans tout ce qui a été objecté aux anciens Chymifes fur cette matière, par quelques Phyficiens ; que de célèbre Boyle lui-même, par exemple, qui à tant crié contre eux, fur-tout dans fon Chymifla Jcepticus, n'a pas faif le fond de la queftion; qu'il a frondé avec raifon la doctrine de quelques Paracelfiftes, l'afèrtion de Ia préexiflence dans le mixte, & de {a fimplicité des principes de leur maître (affer- tion ridicule, il eft vrai, quand elle eft trop généralifée ) ; mais qu'il a laiflé encore à réfoudre ce problème, qu'il devoit fe propofer le premier : l'analyfe par la violence du feu eft- elle inutile & vicieule en foi? C'eft-à-dire, eft-il impoffible d'évaluer aflez exactement tous les changemens qu'elle opère dans un compolé, pour apercevoir diftinétement l'origine de chacun de fes produits, tant de ceux qui font dûs à de nou- velles combinaifons, que de ceux qui font fimplement déga- gés; en un mot, de parvenir à la théorie complète de cette opération? car fi nous parvenons à cette théorie, dès-lors le reproche d'inutilité tombe. Si nous reconnoiflons à des fignes clairs, à de certains produits, que tels ou tels principes ont contribué, foit matériellement, foit comme intermèdes, à leur production ou à Jeur dégagement, nous fommes auffi avancés que fi difliller un corps très -compolé n'étoit autre chofe qu'en féparer fucceflivement des principes doués de toutes leurs propriétés naturelles, comme dans ce genre de diftillation où l'on fépare un corps volatil fimple où inalté- rable par fa volatilité même, comme l'efprit de vin, ou l'alkali volatil, d'un corps moins mobile, comme l'eau. J'avoue que tant qu'on ne s’eft pas avilé de procéder à a décompofition des plantes par la voie des menftrues ou des intermèdes vrais, il étoit très-difficile, peut-être même impof- fible, de fe la promettre cette théorie ; car un végétal étant une efpèce de compofé, ou de mélange naturel, portant. en Sfi 324 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE foi-même des principes de réaétion, qui étant mis en jeu par le feu, produifent des dégagemens & de nouvelles combi- naifons , la théorie de la diftillation analytique des végétaux, prife fous ce point de vüe, efl une efpèce de problème chy- mique, d'autant plus compliqué, que ces différens principes de réadtion dont nous venons de parler feront plus mul- tipliés *:or, fans la connoiflance préliminaire de ces principes, il eft impofñfible, fans doute, d'évaluer leur action réciproque. Mais à préfent que lanalyfe par combinaifon nous eft familière, fi nous la pouffons jufqu'à connoître par fon moyen la vraie compofition de chaque produit de l'analyfe nouvelle, ( celle de l'extrait de la réfine, &c. ) nous avons des moyens fûrs pour évaluer la réaction de tous ces corps mêlés enfemble dans un végétal entier: voilà le fruit que je me promets de mon travail, & c'eft-là mon fecond objet. Je me flatte, par fon moyen, de parvenir, non feulement à réfoudre ces pro- blèmes chymiques très-compliqués, mais encore à divifer les plantes en quelques clafles par leur analyfe à feu nud feul, ce qui n'a pas été fait jufqu'à préfent; car Tunique divifion que les Chymifes aient admife, eft celle qui a fait une claffe particulière des plantes qui fourniflent de l'alkali volatil dans leur diftillation à la violence du feu, & cette divifion ne fauroit fubfifter, du moins à ce titre, comme je le ferai voir plus bas. J'avoue qu'il y a bien loin des connoiffances que nous nous procurerons par cette voie à celles qui nous mettroient en état de découvrir par Fanalyfe les vertus médicinales des plantes; que la Chymie ne parviendra jamais vrai-fembla- blement jufqu'à diflinguer, par les produits de fes opérations, une plante falutaire d'avec un poifon; mais on n’eft pas en droit de s’autorifer de cette imperfection, comme beaucoup * Nous avons des modèles de la | la méthode des Hollandois, fur-tout réfolution de ces problèmes, plus ou | dans celle du régule d’antimoine par moins compliqués, dans la théorie | les fels, donnée par feu M. Meuder, de la préparation du beurre & du | & qu’on peut regarder comme un cinabre d’antimoine, dans celle de | vrai chefd’œuvre de pénémation & k formation du fublimé corrofif, par | de fagaciié. DREA9, CU E:N.C ES 325 d'illuftres Chymifies l'ont fait, pour lui imputer une inutilité ablolue. Nous lui devrons déjà beaucoup , fi elle nous dé- couvre la nature d'un végétal confidéré comme 1el, la com- pofition végétale; & c'eft au moins ce qu'il faut chercher d'abord, s'attacher à favoir ce qu'eft un végétal en général, avant de vouloir favoir ce qu’eft un tel végétal, pafler enfuite à quelques divifions générales, avant de pañler aux recherches fur les vertus médicinales, qui font trop particulières, ou qui dépendent prefque toüjours (lur-tout quand elles font d’une cer- taine énergie) d’un caraétère fi particulier, que c’eft le dernier eflort de l'art de le déterminer : c'eft ainfi que nous fommes aflez inftruits fur la nature des fubflances métalliques, quoi- que nous ne connoiffions pas affez diftinétement les principes qui fpécifient chacune de ces fubftances, qui font différer le métal noble de lignoble, lun & l'autre des demi-métaux, chacun de ceux-ci de tous les autres, &c. D'ailleurs perfonne n'ignore que ce qui fait dans une matière la vertu médicinale, ou le poifon, en un mot le principe qui opère fur le corps de l'animal, ett fouvent fi infenfible, comme dans les flèches empoifonnées, l'opium , &c. que reprocher aux Chymiftes de ne favoir pas retenir ces fubflances & les foûmettre aux fens, c’eft leur reprocher Yimperfeétion même des fens. Sans prétendre donc à cette perfection, ou fans me propofer un objet fi éloigné, peut-être même fi fort au deffus de l'art, je me bornerai 1.° à déterminer la nature, ou la compofition phyfique des différentes fubitances que je trai- terai, par lexpofition de leurs principes fenfibles. 2.° Je tâcherai d'expliquer les phénomènes de la diftillation analy- tique par les lumières que je tirerai de ce travail. Je commencerai par l'examen de l'extrait, qui eft une de ces fubftances végétales que nous avons appelées effentielles, & par celui des plantes purement extraétives. L'extrait eft fans contredit le compolé qui concourt le plus généralement à la formation des végétaux, & en même temps celui que les Chymiftes ont le moins examiné. Mais avant de rendre Sf ii 326 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE compte de mon travail fur cet objet particulier, il me refle à propoler quelques confidérations générales, qui ont un rapport néceflaire avec ce travail Je dois expoler premièrement l'idée précife que je me forme de la diflillation analytique; j'entends par ces mots la diflillation d'un compofé * à un degré de feu capable d'ex- citer l'aétion réciproque de fes différens principes conftituans, & cela fans le fecours d'aucun intermède vrai: dans cette opération, c'efl le feu feul, appliqué à un compofé renfermé dans des vaifleaux, qui opère tous les changemens que ce corps fubit, & je la diflingue par cette circonftance, de Ia diftillation par le fecours des intermèdes vrais, qui agiflant par les loix d'affinité cônnues, doit être rangée avec les opérations qui appartiennent à l'analyfe menffruelle. La diftillation analytique eft diftinguée par les degrés de feu, de celle qui ne fait que féparer quelques fubftances volatiles, & peu adhérentes aux matières plus fixes, qui compofent eflentiellement le végétal, & qui échappent par ces qualités même à l'activité du feu. La divifion de la diftif- lation, prifé de ces divers effets, eft admile, du moins par les Chymifles exaéts;.mais une différence qui rend cette divifion plus réelle encore, c'eft que les produits de fa der- nière efpèce de diflillation font exactement les mêmes que ceux d'une évaporation à l'air libre & au même deoré de feu, au lieu que la circonflance d’être formés dans les vaifleaux fermés eft effentielle à ceux de la première; mais ceci rentre dans ma féconde confidération générale. J'obferve fécondement, que ce qui conftitue proprement leflence de la diftillation analytique d'un végétal, où d'une fubflance végétale compofée quelconque, (on peut dire la mème chofe des fubflances animales, ) c'eft l'application d'un diftillation analytique n’attaque pas la | voudra, n’en font point altérés: elle ne mixvion, Le petit nombre de mixtes, | dérange point les métaux, le charbon, tant fixes que volatils, que nous con- | le noir de fumée, le foufre, les acides noillons , expolés feuls dans les vaif- | minéraux, &c. % Je dis à deflein compofé, car la | faux fermés, à tel degré de feu qu’on pente BAC Ai EU Nr CES 327 feu aflez confidérable à des matières inflammables, fans que ces matières prennent le mouvement d'ignition, on qu'elles s'enflamment; phénomène qui eft dû à ce qu’elles font trai- tées dans les vaiffeaux fermés. On peut même avancer plus généralement, que toutes les différences oblervées en Chymie entre les changemens opérés fur les corps expolés à un feu violent dans les vaifleaux fermés, & ceux qu'éprouvent ces mêmes corps expolés à un feu ouvert, dépendent unique- ment de ce que ces corps s’enflamment dans le dernier cas, & ne s'enflamment pas dans le premier, & c'efl à cette notion claire qu'on peut ramener l'énoncé vague du prétendu con- cours de l'action de l'air, ou de la fupprefion de ce concours, dans les diverfes opérations chymiques. Mais cette vérité dé- montrée dans tous‘les cas où elle eft applicable, c'eft-à-dire, en l'étendant non feulement aux fubftances végétales & ani- , males, mais encore aux fubftances métalliques, au foufre, au phofphore, &c. me paroït mériter d’être établie dans un écrit particulier. Je me contenterai d'obferver en paffant, par rapport à mon objet préfent, que la diflillation & la combuftion à l'air libre de la même fubflance végétale, portent des différences effentielles dans leurs produits refpeétifs, tant fixes que volatils, différences trop peu obfervées jufqu'à préfent ; & qu'ainfi, lorfqu'on compare la combuftion d'une plante à l'air libre, à une efpèce d'analyfe (qui dans ce cas fignifie diftil- lation }, il ne faut pas négliger d’obferver expreflément, que toute analogie cefle entre ces deux opérations, dès que le corps expolé au feu vient à s’enflammer, & qu'elles ne fe reflemblent que tant que ce corps jette de la fumée; car la fumée répond exaétement aux premières vapeurs élevées dans la diftillation analytique. La plufpart des produits vola- tils de la décompofition par le feu ouvert, fe retrouvent dans Ja fuie, mais ce feroit procéder avec peu de juflefle que de les chercher dans la fuie végétale ordinaire, dans laquelle ils font confondus avec ceux qui fe font élevés des mêmes corps fous la forme de fumée, ou, ce qui eft la même chofe, avec 328 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L ACADÉMIE les produits d’une vraie diftillation : il faut donc préparer à deflein, pour cet objet, une fuie qui foit fournie par des végétaux toûjours brülans, comme je le ferai lorfque j'aurai pouflé mon travail fur les végétaux jufqu'à l'examen des produits de leur inflammation. Il n’eft pas inutile d'obferver en paflant, que c’eft faute de cette diftinction, auffi-bien que pour avoir négligé de faire ufage des menftrues dans l'analyfe de la fuie, que la Chymie ne nous a fourni encoré que des connoiflances fort imparfaites fur a nature de la fuie & fur l'origine des fubftances qu'elle contient. Les Chymifles qui ont avancé que Falkali volatil qu'on retire de la fuie étoit doublement l'ouvrage du feu, fe font manifeflement trompés; par exemple, lorfqu'ils ont fondé cette prétention fur ce que les bois & les autres matières végétales qui avoient fourni cette fuie, ne donnoient point du tout, felon eux, d’alkali volatil par la difliflation; il eft à préfumer au contraire, que cet alkali volatil n'appartient point à la fuie vraie, & qu'il s'eft élevé fous la forme de fumée, ceft-à-dire, qu'il eft un des produits de cette partie de la décompofition du végétal à feu ouvert, qui répond à ceux de la diftillation, ou de l'analyfe dans les vaifleaux fermés; car lalkali volatil eft un des produits les plus communs & les plus généraux de Ia diftillation des ma- tières végétales : c’eit précifément fur cet alkali volatil que tombe ma dernière confidération générale. On a toûjours lieu d'être étonné, fans doute, de voir des erreurs de fait, qu'une feule expérience doit détruire, de voir ces erreurs, dis-je, fe répandre & fubfifler. Le point général de doétrine, qui a établi paur caraétère diftinétif des ma- tières végétales, l'acide provenu de leur diflillation, & qui diftingue par là ces fubftances des matières animales, aux quelles on a donné falkali volatil pour produit propre & carackériftique, eft fondé fur une erreur de cette efpèce. L'établiffement de cette opinion, qui eft moderne, eft d'autant plus fingulier, que tous les Chymiftes qui ont fait une men- tion exprefle des diftillations analytiques des végétaux, ceux au DES SCIENCES. 329 au moins fur le témoignage defquels on peut le plus compter, ont dénommé très-expreflément, parmi les produits de ces diflillations, les elprits & les fels alkalis volatils. Mais je ne veux chercher des autorités que dans le fein même de l'Aca- démie *. Tous les Chymifles de cette favante Compagnie, qui ont traité ces matières, comptent l'alkali volatil, auffi- bien que l'acide, parmi les produits des diflillations de prefque toutes les fubftances végétales; & il eft même facile d’aper- cevoir, par l'examen des fignes auxquels ces Chymifles avoient coûtume de recourir pour conftater la préfence de chacun de ces principes, que les alkalis volatils étoient bien plus abondans que les acides, que ces derniers étoient fouvent infenfibles , & qu'il falloit, pour en découvrir quelques veftiges, fe donner la même peine que M. Homberg®:, & après lui M. Pott b, ont été obligés de fe donner pour décou- vrir Facide animal. M. Lémery le fils fur-tout<, qui a traité cette matière avec beaucoup de fagacité, compte toüjours fur Yalkali volatil, comme fur un produit de la diftillation des plantes prefque général, & commun à toutes leurs efpèces; & ceft précifément à la théorie de fon dégagement ( car il le croit préexiflant dans les végétaux } que cet ingénieux Académicien paroît s'être arrêté le plus volontiers. Ï faut convenir cependant (quelques éloges que méritent les célèbres Chymiftes à qui nous devons ces travaux) que nous ne faurions aujourd’hui recevoir leur doétrine fur 1a diftillation à la violence du feu, ni nous contenter des moyens qu'ils employoient pour découvrir les acides & les alkalis. Les obfervations poftérieures nous ont fait apercevoir que lalté- ration des couleurs végétales, les précipitations de quelques * Voyez les Mémoires pour fervir à l'hiftoire des plantes, dreflés par M. Dodart, Hiff. de l’ Académie Royale des Sciences, vol. 1V. L’ana- lyfe de la coloquinte & celle de la gomme-outte, par M. Boulduc , Mém. 170171, Obfervations fur les analyfes des plantes, par M. Hom- berg, & fur les fels volatils des plantes Sav. étrang. Tome 11. par le même, Mém, 17e r. Sur les défauts & le peu d'utilité des ana- lyfes ordinaires, par M. Lémery le fils, quatre Mémoires, 1719, 1720; 1721, Les analyfes rapportées dans les Herhorifations de M. de Zour- nefort , & celles de la Matière Médi- cale de M. Géoffroy. Tt 3 Mémoires de l’Académie Royale des Scien- ES T7 12; b Affertio acidi animalis. Tome V1. 1. 6. © Les quatre Mémoires cités ci - deffous , 17191 729: 1721: 30 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE {els métalliques, & l’effervefcence par le mélange des acides ou des alkalis, étoient des fignes infuffifans pour découvrir la nature d'un produit falin, du moins pour déterminer exac- tement leur quantité réelle, ou leur degré de concentration. Ainfi je ne crois pas qu’il fe trouvât aujourd’hui un Chymifte qui voulût s'en rapporter ablolument à cet égard aux analyfes des plantes, qui font décrites dans la matière médicale de M. Geoflroy; mais on ne fauroit fe refufer pourtant à admettre, d'après fes expériences, lalkali volatil concret, qu'il a tiré du plus grand nombre des plantes. Mes propres expé- riences m'ont parfaitement confirmé la vérité de ce produit, & m'ont prouvé en même temps, que la divifion chymique dont j'ai parlé déjà, qui les diflingue en plantes ordinaires, ou fourniflant de facide dans la diftillation analytique, & en plantes alkalines, ou fourniffant de 'alkali volatil dans cette dif- tillation, que cette divifion, dis-je, ne fauroit fubfifler, du moins à ce titre. Quelques-unes de ces dernières donnent de l'alkali volatil, ileft vrai, au plus foible degré de chaleur, mais ce n’eft as de ce fel, déjà tout formé dans la plante, dont il eff ici queftion. Cet alkali volatil, qu'on ne trouve que dans un petit nombre de plantes de la clafle des crucifères de Tournefort, efl un de ces principes du dernier ordre de combinaifon, que nous avons appelés accidentels aux plantes, & il ne peut les faire différer entr'elles, que comme les plantes aromatiques différent des inodores *; mais quant aux principes fournis par la décompofition réelle de ces plantes, que M. Boerhaave a le premier diflingués, fr je ne me trompe, par l'analogie de leurs diftillations avec celles des fubftances animales, elles diffèrent fi peu, à ce titre, de la plufpart des autres plantes, que j'ai retiré de plufieurs de ces dernières (de la laitue, par exemple, du bouillon blanc, de l'ofeille, de la fumeterre, &c.) * Cet efprit alkali volatil ne peut | la capucine, &c. ne refflemblent point être rangé que parmi les efprits rec- | du tout à ceux des plantes cruci- teurs, dont il exifte plufieurs efpèces, | fères. Le marum donne un efprit qu'on n’a pas encore penfé à examiner | recteur acide très-vif, dont aucun avec affez de détail. Les elprits vifs | Chymille n’a fait mention, que je & piquans que donnent l'ail, l'oignon, | fache. BA É SN MS € 1 EL INe C1) 321 “beaucoup plus d’alkali volatil que de plufieurs plantes cru- cifères, notamment que du cochlearia. Au refte, je ne prétends pas détruire tous caractères de dillinétion entre ces plantes; j'ai découvert au contraire, dans quelques-unes de celles de la dernière clafle, une compofi- tion toute particulière, & qui confirmera, au lieu de a détruire, l'analogie oblervée, dirai-je devinée, entre ces plantes & les animaux. J'ai tiré, par exemple, de l'herbe des navets fleurie, une matière exaétement femblable, par toutes fes pro- priétés, à la cole animale, & des navets ordinaires, ou de Ja racine de la même plante, une vraie gelée, femblable en tout à celle que nous retirons des matières animales, qui rapprochée, par exemple, avec foin, conferve toute fon ana- - logie avec la limphe animale rapprochée au même point : en un mot, j'ai fait de la gelée & des tablettes de navets, comme on fait de la gelée de corne de cerf, & des bouillons en tablettes. L'examen détaillé de cette fubftance appartient à la feconde partie de mon travail, car je trouve dès à préfent, que les plantes femblables à celles dont je viens de parler, & que Jappelle gélatineufes, doivent conflituer une claffe chymique particulière. Les bois conflitueront une autre de ces clafles, qui four- nira matière à une autre partie de mon travail; je ne fais mention à préfent en paflant, des produits de leur diftilla- tion, que parce que c'eft précifément aux bois que convient ce que les Chymifles modernes ont dit de fanalyfe des végétaux en général: les bois, du moins ceux que j'ai analyfés jufqu'à préfent, fourniffent ondigtient de l'acide & très- peu d’alkali volatil, & je ne doute point même que ce ne foit de leur analyle particulière qu'on a déduit, par une conféquence prématurée, ce qu'on nous a avancé trop gé- néralement fur la diflillation des végétaux. L'erreur doit avoir été fur-tout plus formelle, quand c'eft le gayac qu'on a choifi pour exemple de cette analyfe, car diftiler du gayac, c'eft proprement difliller une réfine; diftiller une NM | 332 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À LACADÉMIE herbe, au contraire, c’eft prefque toûjours diftiller au moins un extrait: or Fanalyfe d’un extrait ne reflemble point aflu- rément par fes produits à l’analyfe d'une réfine, comme je le ferai voir dans la première partie de mon travail. Ainfi, au lieu d'avancer avec Boerhaave, après avoir expofé Janalyfe du gayac, que la meilleure partie des fubftances végétales fournit, dans la diftillation au grand feu, les mêmes principes que celle que lon vient de prendre pour exemple, - il faut avertir, au contraire, que les produits de cette analyfe font très particuliers aux bois, & même aux bois durs, & que pas une des autres fubftances végétales, foit plantes entières, foit quelques-unes de leurs parties, comme fleurs, fruits, femences, &c. foit même des matières qu'on en retire par l'analyfe menflruelle , notamment les extraits & les huiles grafles; en un mot, que pas une des fubftances végétales, excepté la feule réfine, ne reflemble au gayac par l'analyfe qu'on en fait à feu nu. Mais tout ceci fera démontré en détail, dans les diffé- rentes parties de mon ouvrage. Das SIC ATE IN ICE ENS 333 SUR UNE NOUVELLE QUADRATURE PAR APPROXIMATION Par M. l'Abbé OuTuier, Correfpondant de l’Académie. S: R la ligne infinie À À, foient pris les centres 1, 2, 4, 8, &c. en forte que les rayons A1, A2, A4, A8, &c. foient en progreflion double. La circonférence entière À x 2 y, qui a pour rayon A1; fera égale à la demi-circonférence À a 4, qui a pour rayon A 2; elle fera de même égale au quart de circonférence 44 B, qui a pour rayon A4, & ainfi de fuite au + de circonfé- rence Ad D, au - de circonférence Ace E, au 75 de cir- conférence AfF. Du centre 8, tirant par Z la ligne 8 7, cette ligne cou- pera en D la circonférence décrite du même centre 8 par un rayon À 8. De même, du centre 16 menant par D la ligne 16 r, cette ligne coupera en Æ la circonférence décrite du même centre 16 par un rayon A 16, en forte que l'arc 4e E fera de la circonférence entière. De même du centre 32; & continuant cette progreffionr double à l'infini, on viendroit à tel point le long de la ligne infinie À À, qu'il ne s'en faudroit qu'un angle infiniment petit, que la ligne 3 F, infinie ou prefque infinie, ne fût parallèle à Finfinie À A. Et cette ligne V7 W couperoït en 7 la tangente T'AT; en forte que A7 fe trouveroit égale à fa circonférence en- tire Ax2y, à un infiniment petit près. Tt üf " 334 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE OBS ECRR IA, TI ON. D'ERPRACNLT PESNEN DE. L'UNE, Du 23 Décembre 1749, Faite à l'Olfervatoire de Touloufe , avec une lunette de Jept pieds © demi, garnie d'un micrométre à réticule. Par M. GariPuY, Correfpondant de F Académie. LE commencement de la pénombre à . Fénombre forte ie Re SITE Commencement incertain « « + « + « » « Commencement certain entre Schikard Tycho, plus près de Schikard . . . . . Schikard ie Tonmtbre Me es Tycho, Pitatus & Capuanus xa- II a paru à travers des nuages que aient: Fombne 212322. NS Tycho, Piratus & Capuanus dans l'ombre . Quatre doigts .. . . . . . .. Mo): Des nuages ont empêché de voir la Lune pendant près d’une heure Quatre doigts . - . . . . ANSE sthe hs La bordure brune de Tycho commence à paroître . mr. + «+ + + ee + + + Milieu de Tycho + 1. tn... La partie claire de Tycho hors de l'ombre . . La ceinture brune hors de l'ombre . . . . Trois doigts . . . . . PREES à TS Deux doigiss. "2 J. 2. M: 2 CRE re mn EM HP TRANE Aie Fin près de Snellius . . .. . . . . . - Demi-diamètre horizontal de Ia June à . A Paris 15° 38" obfervé au méridien. ES 6* 33 6 47 6 52 M7 7 [e] 4 10 70 ae 7-36 8 37 8 44 8 44 6 AS 8 46 8 5o 9 [o] 9 10 9 18 Oo” du main O Fe Ua Oo va b ww M Rp NUM M O O©O © © +. = eh Lo - Éhio den 4} A) ».Etrang.Tome . 2. PLIK p.333. DVEMSA ISNCUT EN CE 335$ CORMRRENR VF A TI O N DARERRCGLAIPS ES DU: SOLE IL, Du 8 Janvier 1750, Faite à l'Olfervatoire de Touloufe, avec une linctte de Jept pieds © demi, garnie d'un micrométre à réticule. Par M. Gar1iPuYy, Correfpondant de l'Académie, | PE ES n'étoit point commencée au lever du Soleil, où nous le vimes à découvert; bien-tôt après il fut caché par un nuage, & il ne reparut qu'à 7h 47’, l'éclipfe avoit commencé. Le ciel fut enfuite ferein, & nous fimes les oblervations fuivantes. Mnbdoigtha 4 LE: 0. ss... 7h 48 2" dumatim DeEteaubigis sh Rss eo ne AUS LT Eercenterdenla tâche A.: 204%. eu 7ANUS 4136 AFIDIS NOIRS Sue AR PURE ANT 8 o 36 La partie noire de la groffe tache Beft entamée 8 4 48 La partie noire de la groffe tache B cit entiè- TEmMÉREEOUVErte Le M. nt 51,084 8 $ 37 GHAÉNAOIOTS ES CAL nn. à pol die SU SEL Holcentreide fattache. C /5/20 002 eue conte 2000 pi $s Pelcentreideäitache D... . . ... 8 11 8 Cindidotris Me ee à ne is ee %, 81001610 Sedo re ME EE tee te Le (8 124 ,:21 SAGCIS REINE CNET EN EE EM Fs W26 LatncheZ'eft-entimée. hu Sen «Le 8,153 25510 La tache E eft entièrement couverte . . . . 8 sd V2Ur | Le centre de-la tache B reparoît . . . . , . 9. 1. 16 MCDÉ JOIE. 00 Le es + cfeic, à Je Dm $!, 45 Le centre de Ia tache D reparoit. . . ... 9 11 so Le centre de Ia tache C reparoit . . . . . Non. 20 LEO TRE Ne Hole 7 LES 336 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Cinq doigts... . . . . . .. . +... . . . 0 op ins Quatre doigts... .. + + + + + 9435 20 Trois doigts... . . .. . ..... JPA AA Le centre de la tache Æ reparoît . . . . . . 9 49 33 Deux doigts... . . . . . . su... JMS ETC N9 Unidos cu. u. ce it UE 9 58 49 HE ee + een cle esie SENS 6 29 Fin déterminée dans le même lieu, par un autre Obfervateur, avec une lunette de 20 TAGS ONE ONE ORNE UEST © 10 6 31 Grandeur de l'éclipfe prife avec le micromètre . . 7diss 35’ Pofition des taches du Soleil, prife le PR Ne Vo même jour à midi, Nord. Noms des taches Diflances aubord Diflances au lord du Suleil. occidental. méridional. decid. : Tache 4... . ... 6”. 461: RU GrofietacheB .1., 8, 520.4 $ Tache CR 22) 450116 mets Petite ache)/D\.- 1300 00 RC $ Mdg. TacherE Rite 28mB seen ELEMES OBSERVATION DE LA MESME ECLIPSE, Faite à Vérone, par M5 SEGUIER © GULIENT, à l'Obfervatoire de M. le Comte DE MAFFEY. Le commencement à . . . « . : + » « « . 8h 34/5 Fin. ve SE Reel se ATEN ANA Grandeur 78 1 5°. Immerfon. E merfion, Tache occidentale & petite .. 8h 48° 51”.... oh 53° 48 Occidentale majeure .. . 9e PRIT BL HAN.S gÙù EAN Limbe de la même ...... 9+.. 3 - 42 Orientale... 1.10. 1.0 cie DAONSEMNS 90070 NE. ONG MREES LP ANALYSE n'es SCT EN Cr Is 337 Nid T5 Æ DES ANCIENNES EAUX MINERALES D'E PASSE, Et leur comparaiïfon avec les nouvelles. Par M. BrouzeT, Correfpondant de l'Académie. M anciennes Eaux minérales de Paffy font encore un objet tout neuf pour la Chymie; elle les a entièrement oubliées, tandis qu'elle nous a fourni la belle analyfe des nouvelles, par M. Boulduc, aflez récemment inife en thèfe de Médecine, par M. Baron. Cet avantage des dernières ne feroit-il pas la plus folide raifon qu'on pourroit donner de la préférence qu'elles ont eue pendant quelque temps fur leurs voifines : elles peuvent la mériter, mais elles peuvent être auffr dans le cas de ces remèdes pañficuliers, excellens fi l'on veut, mais feulement par des propriétés qui leur font communes avec plufieurs autres remèdes de la même clafle, & que ce- pendant la mode & le préjugé leur affignent exclufivement. La comparaïfon des anciennes eaux de Pafly avec Îes nouvelles, eft donc l'unique moyen de déterminer leur - valeur réelle & refpective, & de fournir aux Médecins les raifons de choix qui peuvent s'y trouver. I eft à préfumer que toutes les eaux qui découlent du côteau de Paffy doivent fe refflembler : ce n'eft pas qu'on ne connoifle en plus d'un endroit des eaux très-différentes, qui fortent de la terre très-près l’une de l'autre, & prefque de la même fource; mais ces cas font rares: on a, au con- traire, généralement obfervé que la compofition intérieure de tout un côteau, & même d’un canton entier, eft prefque toüjours la même. On diftingue les bancs des mêmes ma- tières dans toute fa côte de Pafly qui a été foigneufement examinée par M. Geoffroy. Say. étrang. Tome IL, Vu Voy. Mémoires de l'Académie, AR. 1724, Pa 195: 338 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AÂCADÉMIE Les anciennes eaux de Pafly ont été feules autrefois en ofleffion de toutes les prérogatives dont jouiflent aujourd’hui - ke nouvelles, & elles les partagent encore. Pourquoi ne pas analyfer les anciennes ? pourquoi diminuer nos richeffes ? pourquoi nous reflraindre à trois fources d'eaux minérales, tandis que nous en avons cinq? Si les degrés d'adivité obfervés entre les eaux des trois nouvelles fources de Pay, fourniflent au Médecin des remèdes variés par des nuances d'énergie, qui en rendent ladminiftration plus commode, pourquoi ne pas y comprendre les deux fontaines anciennes, fi elles peuvent être rangées fous cet ordre? Nous ferons voir qu'il n’y a point de raifon qui doive les en exclurre. Leur rapport étant donc une fois bien établi, de même qu'on dit aux eaux nouvelles, la première, la feconde, la oifième fource, il faudroit dire, première des nouvelles, première des anciennes; feconde des nouvelles, troifième des nouvelles, & feconde des anciennes, car ceft à peu près là leur ordre de sartialié, s'il eft permis de s'expri- mer ainfi. I eft pourtant néceffaire d'obferver que ces degrés ne font pas exactement proportionnels, car les deux premières fources différent bien moins entre elles, qu'elles ne diffèrent une & l’autre des dernières. Ce n’eft que par le plus ou le moins de principe martial, que les trois nouvelles font diflinguées. M. Boulduc n'énonce leur différence, que par la quantité proportionnelle de ce principe: il fuppole d’ailleurs dans toutes un fond d'égalité, une identité de compofition qui eft reçüe pour les trois nou- velles. Je me fuis afluré que les deux anciennes devoient entrer dans cet ordre, par les obfervations que je vais rap- porter, qui m'ont paru fufhfantes pour ce premier objet. Par leur goût, qui n'eft que plus ou moins martial, mais dont le fond. eft le même. 2.° Par l'examen du dépôt fpontanée de toutes ces fources,. & de leur précipité par la noix de gale, qui n'ont difiéré- que par la quantité. D EUSA OR CARE N'ES 339 3.° Par la refflémblance des précipités, que produifent dans toutes ces fources la diflolution d'argent & celle de l'alkali fixe. 44° Par une légère couleur verte, que toutes ces eaux ont donnée au firop de violette, les unes plus tôt, les autres plus tard, les unes plus, les autres moins foncée, muis avec des intervalles & des nuances peu confidérables. - $-° Par la non-fpirituofité qui eft commune à toutes ces fources. 6. Par leur mélange avec les acides, avec lefquels aucune de ces eaux ne fait effervefcence. H faut oblerver à propos de ces épreuves, que les autres principes ne paroiffent pas fuivre dans toutes ces fources la même proportion que le mars; car excepté le mélange de la décoétion de noix de gale, qui m'a préfenté des teintes plus où moins foncées, qui n’annoncent des variétés que dans le principe martial, toutes les autres expériences que j'ai tentées m'ont donné des rélultats fenfiblement pareils. Ces fignes, qui font fuffifans pour conftater le fond d'éga- lité de toutes ces eaux, ne le font point, fans doute, pour donner une entière connoiflance de leur compofition; üs n'indiquent que la préfence ou l'abfence abfolue des principes, mais ils n'en défignent pas même par approximation leurs quantités relatives. Il faut donc avoir recours à d'autres voies d'examen: je crois même qu'il feroit très-utile d'y foûmettre les cinq fources ; mais je me bornerai duns ce Mémoire à Yanalyfe de la première des anciennes & de la première des nouvelles, & à leur comparaifon. ÆExamen de la première fource des anciennes Eaux de Paffy. Cette fource paroît la plus abondante des cinq, fes eaux font toüjours claires & limpides, elles ont un léger goût de fer qui n’a rien de piquant, elles ne font point abfolument fans odeur, mais cette dernière qualité eft bien peu fenfible. Quelques gouttes de décoétion de noix de gale verfées fur Vuï 340 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE cette eau récemment tirée de la fource, lui font prendre fur le champ une couleur rougeâtre, qui paffe dans peu de temps au violet, & qui devient une heure après très-foncée & noirâtre. Ces eaux dépofent un fédiment jaune, foit dans leur baffin, & dans la rigole par laquelle elles s'écoulent, foit dans les vaiffeaux dans lefquels on les conferve. On trouve à leur furface, dans ces mêmes vaifleaux, une crème ou pellicule brillante, qui eft compolée des particules les plus légères de la matière qui a formé le fédiment. Ces eaux perdent par ce dépôt leur goût de fer: la cha- leur favorife cette précipitation fpontanée, après laquelle eau ne prend plus aucune teinte par le mélange de la décoction de noix de gale. | Elles ne donnent aucun figne de fpirituofité. Dans Ia machine pneumatique, par exemple, elles ne bouillonnent ni plus tôt, ni plus fort que l'eau commune, Le firop de violette reçoit de ces eaux une légère nuance de verd, dès Finftant du mélange, qui devient plus foncée au bout de quelques heures. Ces eaux, priles à la fource, ne font effervefcence, ni avec les acides, ni avec les alkalis : 'alkali fixe en précipite une terre blanche en grande quantité. Enfin la diflolution d'argent dans l'acide nitreux, verfée fur ces eaux, y forme un précipité très-épais & très-abondant. Quarante. pintes de cette eau évaporée à feu lent, jufqu'à Yentière deflication du produit, ont donné trois onces & demie d’un réfidu couleur de brique, un peu plus pâle que celui du dépôt fpontanée. Ce dépôt ayant été lefivé, la partie qui n'a pas été foluble dans l'eau, defféchée, a pefé deux onces cinq gros; la partie faline & foluble a donc été de fept gros, ce qui fait à peu: près par pinte demi-gros de matière infoluble, &. douze grains de matière foluble. | L'eau chargée du el, a donné d'abord par la criftallifation, quatre gros moins quelques grains de fel d’eblon, & vingt- quatre grains de {el marin. DANCE N CES 341 La liqueur fous laquelle s’étoient formés les criflaux dont nous venons de parler, expofée à une nouvelle évaporation, a donné encore quelques aiguilles de fel d'eblon, & quel- ques cubes de fel marin. Enfin la liqueur qui 4 refé, a refufé conftamment la criflallifation, elle verdifloit le firop violat; étendue d'eau, elle étoit PORN précipitée par Yalkali fixe. Elle ne décompofe point le fel ammoniac, ni le fublimé corrofif: l'acide vitriolique verfé fur cette liqueur concentrée, en élève des vapeurs très-fenfibles d'acide du fl marin; en un mot, c'eft une vraie eau mère de fel marin. J'ai pris enfuite un gros du réfidu de la matière infoluble,, que j'ai leffivé & féché, & fur lequel j'ai verfé une once d'affez bonne huile de vitriol étendue de quelques onces d’eau; j'ai mis le vaifleau où je tentois la diffolution, fur un bain de fable modérément chaud, toute la matière a été difloute avec effervefcence, il s’'eft fait pendant la diflolution, une précipitation, ou, pour mieux dire, une criftallifation, après laquelle la liqueur a refté claire & limpide. Cette liqueur décantée n'a été que foiblement précipitée par l'alkali fixe, je n'y ai obfervé qu'un petit nuage à peine fenfible. Demi-once de bon acide de fel marin étendu d’eau, & verfé fur deux gros de la même matière, l'a prefque entiè- rement difloute avec effervefcence; il n’y a eu pendant cette diflolution, ni précipitation, ni criflallifation. Cette diflolution a donné enfuite par l'effufion de l'alkali fixe, un précipité blanc très-abondant. - Six gros d'acide nitreux, étendu d’eau, verfés de la même façon fur deux gros du réfidu infoluble, ont préfenté les mêmes phénomènes que l'acide du: fel marin. Deux gros du même réfidu pouflé au feu dans un creufet fermé, avec deux gros d'alkali fixe & huit grains de poudre de charbon, ont formé un peu de foufre artificiel. L'aiman n’a rien attiré de ce réfidu exactement féché, mais un peu du même réfidu traité pour fa réduétion du fer, a fourni quelques petits grains attirables par l'aiman. Vu ii L 342 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Le dépôt fpontanée de ces eaux, foûmis à l'épreuve des acides, m'a préfenté les mêmes phénomènes que le réfidu in{oluble dont je viens de parler. Du lait que j'ai fait bouillir avec parties évales des anciennes eaux de Pafly, a été caillé & grumelé fur le champ; mais du lait mêlé à parties égales & à froid, avec les mêmes eaux minérales, gardé pendant quinze jours dans un lieu tempéré, & comparé à un pareil mélange d'eau commune & de lait placé dans le même lieu, a fuivi le mème progrès d'altération que le lait mêlé à l'eau commune. Analyfe des nouvelles Eaux de Paffy. La première fource des nouvelles eaux de Pafly eft affez abondante, elle eft claire & limpide * : ces eaux ont un léger goût de fer, qui n'a rien de piquant, & très-peu d'odeur: elles dépofent dans leur baflin & dans les vaiffeaux où on les met à épurer, un fédiment jaunâtre, & elles fe couvrent à leur furface dans ces mêmes vaifleaux d’une pellicule mince, qui réfléchit diverfes couleurs. La chaleur accélère la précipitation de ce dépôt, pour lors le goût de fer fe diffipe, & l'eau qui devenoit aupara- vant très-noire par le mélange de la décoction de la noix de gale, n’éprouve plus le même changement. On ne remarque dans ces eaux aucun figne de fpirituofité. Elles donnent au firop de violette une couleur verte fort Ié- gère, qui ne fe manifefte qu'un certain temps après le mélange. De lalkali fixe verfé fur ces eaux, les précipite abon- damment. | La diflolution d'argent produit auffi avec ces eaux un précipité très-confidérable. Enfin, elles ne font effervefcence, ni avec les acides, ni avec les alkalis. Quarante pintes de ces eaux évaporées, ont donné cinq * On m'a afluré qu’elle éroit troublée par les moindres inondations de la Seine; ce qui n’arive point aux anciennes, dont le baffin eft plus élevé. DES) SC IE N CES 347 onces & uh gros d'un réfidu qui étoit d'une couleur de . brique aflez foncée. La leffive de ce réfidu ayant été faite avec foin, Ia partie ui n'a pas été foluble a pefé trois onces & demi-gros, & la partie foluble deux onces & demi-gros, ce qui fait par pinte demi-gros huit grains de matière infoluble, & trente- trois grains à peu près de matière foluble. La liqueur chargée de la partie foluble, évaporée à feu lent, a donné cinq gros de fel d'eblon, point de vrai fel marin à bafe alkaline *, mais beaucoup plus d'eau mère de ce fel caraétérifé par tous les fignes ordinaires que j'ai rap- portés, & qu'il feroit inutile de répéter, comme aufli d'exa- miner cette eau mère, relativement à cette huile minérale, que quelques Chymifles lui fuppofent : cette prétention mé- riteroit d'être difcutée par un travail particulier. On peut aflurer pourtant que l'exiftence de ce principe bitumineux, n'eft fondée que fur des preuves au moins très-équivoques. Je n'ai pü apercevoir, par exemple, fur les verres des buveurs ce gras ou onétueux dont on prétend que ces eaux les enduifent bien-tôt. La crême ou pellicule légère dont fe couvre Ja furface des vafes dans lefquels on les conferve, ne fait prendre le change à perfonne, malgré fa refflemblance avec une couche mince d’une huile fubtile étendue fur de l'eau. On a beau ajoûter une fufhifante quantité d'huile de vitriol à l'eau mère de ces eaux, & diftiller enfuite le mélange, ou bien. diftiller fimplement toute la mafle faline que fournifient ces * Cette eau mére traitée au blanc d'œuf, afin de la dévraifler, & de fa- ciliter par ce moyen la criftallifation du fel marin, qui fans cela graine difficilement (ainfi que M. Boulduc Va indiqué dans fon Mémoire) ne m'a donné aucun atome de fel marin à bafe alkaline. À J'ai tenté avec auffi peu de fuccès, le mélange des eaux de Pafly & d’efprit de vin parfaitement bien rec- tifié : il eft vrai que j'ai précipité de La félénite', du mélange de huit onçes d’eau épurée, & d’autang d’efprit de- vin; mais l'addition detre onces fur le mélange décanté, la félénite rejetée, n’a point montré du fel de Glauber, quoique gardée fix jours; quatre onces de plus, mifes pour le fel marin , n’ont préfenté ni ledit fel: marin, ni le fel de Glauber; enfin. deux onces verfées encore fur le tout, n'ont rien précipité, ou fait criltal- Jifer, méme huit jours après la der- nière effufion du même elprit de vin: très-bien rectifié,. 344 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE œaux, fans addition d'huile de vitriol, on ne trouve aucurt velflige de cette huile minérale, ni fa prétendue production de foufre. Ayant verfé fur ce réfidu infoluble les trois acides en même proportion que fur celui des anciennes, l'acide vitrio- lique l'a entièrement diflous, mais fans effervelcence, ou du moins avec une effervefcence à peine fenfible; les autres phénomènes de cette opération que nous avons déjà rapportés nous ont paru les mêmes: l'alkali fixe n'a troublé cette difio- lution que fort légèrement. L'acide du fel marin a fait très-peu d'effervefcence, & a diflous toute la matière: cette diflolution a été abondamment précipitée par l'alkali fixe. L'acide nitreux a tout diflous auffi avec très-peu d’effer- vefcence, & l'alkali fixe a produit dans cette liqueur un pré- cipité blanc en aflez grande quantité; ce réfidu traité avec 'atkali fixe & la poudre de charbon, a donné du foufre artificiel. L'aiman n'a rien attiré de ce réfidu féché avec foin; mais un peu du même réfidu réduit en fer par l'addition du phlo- giftique, a donné quelques petits grains attirables par laiman. Le dépôt fpontanée de ces eaux, foûmis à l'épreuve des acides, m'a préfenté les mêmes phénomènes que le réfidu infoluble que je viens d'examiner; après l'avoir fait fécher bien exactement, mais fans le rougir, je n'y ai rien trouvé qui füt attirable par laiman, non plus que dans celui des anciennes, quoique j'eufle pris la même précaution. Enfin, tout ce que nous avons remarqué dans les diffé- rens mélanges du lait avec ces eaux, eft entièrement con- orme à ce que nous en avons dit en parlant des anciennes. Il eft aifé de voir maintenant quels font les principes qui font communs à ces deux fources, nous parlerons dans la fuite de leurs différences. On doit regarder ces eaux comme une diflolution très-étendue de fel d’ebfon ou de Glauber, de fel marin, de félénite & d’une terre alkaline ou ablorbante un peu martiale. Leurs qualités extérieures fe reffemblent auffi, le goût légèrement maïtial, la foible odeur, la DUEÏSA ASE FLE IN CES, 345 Ja couleur de leur dépôt fpontanée, les phénomènes de leur altération, &c. Leur compofition, telle que je viens de la rapporter, donne lieu à quelques obfervations phyfiques, qui portent principa- lement fur le principe martial par lequel on a toüjours carac- térifé les eaux qui le contiennent, & évalué leurs vertus médicinales. Comment ce principe eft-il fufpendu dans l'eau dont il ne trouble point la limpidité, ou, ce qui eft la même chole, comment le mars eft-il diflous dans cette eau? cette queftion n'eft pas encore décidée. La refleimblance du goût des eaux martiales avec une diflolution très-étendue de vitriol, & la couleur du précipité de ces deux liqueurs par la noix de gale & par les autres matières végétales, aflringentes, telles que les feuilles de chêne, l'écorce de grenade, &c. cette reflemblance, dis-je, a fait croire que ce fer ainfi fufpendu dans ces eaux, y étoit contenu fous {a forme de vitriol ; dèsors on n’a fait aucune différence entre une eau martiale & une eau vitriolique: mais quand on s'eft avifé d'évaporer de grandes quantités de ces eaux préten- dues vitrioliques, & qu'on n'a jamais fü y trouver le moindre veflige de vitriol, on a été obligé de former des doutes fur fon exiftence, ou du moins fur fa nature. M. Hoffinan a d'abord prétendu allier la préfence de ce vitriol dans les eaux récem- ment prifes à la fource, & fon abfence du réfidu, lorfqu'’elles étoient évaporées, en difant que ce vitriol étoit volatil. On trouve dans des Ouvrages poftérieurs de ce même Chymifle, une hypothèfe plus vrai-femblable, & plus analogue aux phénomènes ordinaires des mélanges de certaines fubflances falines, difoutes dans la même liqueur: auffi plufieurs habiles Chymifles qui ont examiné des eaux minérales après lui, Yont-ils adoptée. Les eaux martiales, felon cette opinion, fortent du fein de la terre, chargées de vitriol & de matières alkalines, fur-tout de natrum ; ces matières alkalines qui m'attaquent pas d'abord le vitriol (qui peut même éluder leur action pendant plufieurs jours) le décompolent enfin, Say. étrang. Tome IL, Xx 346 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Cette nouvelle combinaïfon forme le fel de Glauber, & peut- être la félénite qu'on trouve toüjours dans les réfidus des eaux martiales évaporées, & occafionne le dépôt martial que ces eaux laiflent échapper au bout d'un certain temps. Le terme de cette décompofition eft plus ou moins éloigné, fui- vant que ces eaux font expofées à une chaleur plus ou moins forte: on a ajoûté enfuite pour d’autres confidérations, que l'acide de ce vitriol n'étoit pas l'acide vitriolique, mais l'acide fulfureux volatil. Cette hypothèfe eft ingénieufe, elle rend raifon de tous les phénomènes de l'altération fpontanée des eaux martiales, & de celle qui leur eft caufée par la noix de gale: elle fournit des explications fatisfaifantes, dès qu'on admet le principe fur lequel elle eft fondée; mais je crois qu'on peut fe con- vaincre par les confidérations fuivantes, que ce principe n'eft pas folidement établi, c'eft-à-dire, que le fer n'eft pas contenu dans les eaux de Pafly, & fans doute dans la plufpart des autres où on le fuppole, fous la forme de vitriol; du moins a-t-on bien des raifons d’en douter. 1. Une diflolution de vitriol très-étendue, eft précipitée fur le champ, & même à froid, par les fubftances alkalines, terreufes ou falines. Comment donc concevra-t-on que ce vitriol puifle fubfifter pendant plufieurs jours dans les eaux de Paffy & dans les autres eaux martiales, fans être attaqué par la matière alkaline, qui eft diffoute avec lui dans la même liqueur? Ce vitriol pourtant qu'on fuppofe formé par l'acide fulfureux volatil, devroit encore moins réfifter à fa décom- pofition, que le vitriol ordinaire. 2.° Le fel formé par l'union de l'acide fulfureux volatil, avec la bafe du fel marin ou natrum, n’eft pas du fel de Glauber; ce n’eft pourtant que ce dernier fel qu'on trouve dans les eaux de Pafly, quelques précautions qu'on prenné dans leur évaporation & dans leur criftallifation. 3." L'eau de Paffy inaltérée, fur-tout celle de la. nouvelle fource, n'agit fur le firop de violette que comme terreufe, elle ne lui procure une légère teinte verte qu'au bout d'un DES S CTENCE S 347 certain temps, précifément comme les eaux chargées d'une terre abforbante. Cependant fi la bafe du fel de Glauber étoit libre dans l’eau inaltérée, c’eft-à-dire, avant la décompofition du vitriol, elle devroit verdir le firop de violette dès l'inftant du mélange; cette bafe du fel de Glauber devroit aufli faire quelque mouvement avec les acides, ce qui n'arrive point. Enfin, le dépôt fpontanée prétendu martial devroit être réellement du mars, au moins devroit-il sy trouver en grande quantité, & en avoir toutes les propriétés; mais au contraire, la matière murtiale ne conflitue que la moindre partie de ce dépôt. En efket, le dépôt fpontanée des eaux de Pañy leffivé, & exactement féché, mais fans être rougi, n'a rien fourni au couteau aimanté; la partie infoluble du réfidu des eaux évaporées, féché au même point, n'a pas été plus attirée que le dépôt fpontanée. Ces deux matières traitées pour la réduc- tion du fer, n'ont paru par la même épreuve que légèrement martiales. L’acide vitriolique verfé fur ce réfidu infoluble dans lequel il faut fans doute chercher le mars, l'a diflous entièrement: un inflant après la diflolution, & pendant la diflolution même, il s'eft fait une précipitation ou pluftôt une criftalli- fation, fur laquelle a furnagé une liqueur limpide, qui n'a été précipitée par l'alkali fixe qu'en très-petite quantité. Cette précipitation foudaine par l'effufion de l'acide vitrio- lique fur les terres calcaires, eft connue de tous les Chymifles; la préfence de cette terre dans ce dépôt, & même fon abon- dance, eft donc manifeflée par ce feul phénomène, qui démontre auffi que la quantité de fer y eft bien peu con- fidérable. Le fel qui devroit réfulter de l'union de cet acide & du fer, le vitriol, eft très-foluble ; ayant donc employé un acide étendu, ce fel auroit dû refter diflous dans cette liqueur limpide, qui furnageoit la félénite ; mais cette liqueur n'a pas été précipitée par Falkali fixe, donc elle n’étoit pas chargée de vitriol. X x ji 348 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE La partie infoluble des eaux de Pafly ne doit donc pas être regardée comme une matière martiale, mais pluflôt comme une matière terreufe, calcaire ou abforbante; & les. vertus médicinales doivent pluftôt être déduites de ce prin- -cipe, que du mars, qui n'y eft contenu qu'en très-petite quantité. Les eaux de Pafly confidérées comme remède, tirent donc leur vertu, 1.° de l'élément aqueux; 2.° des deux fels neutres & de la félénite; 3.° de leur terre calcaire, qu'on doit con- cevoir dans ces eaux inaltérées, comme étant portée au degré le plus parfait de divifion & de ténuité; & enfin, de quelques particules martiales, dont la proportion avec les autres prin- cipes eft très-légère, ainfr que nous l'avons prouvé par toutes les expériences que nous avons rapportées à ce fujet. La vertu médicinale de chacun de ces principes eft conf tatée par des obfervations connues de tous les Médecins : le fel de Glauber, le fel marin, & fur-tout ce dernier, entrent dans la compofition, & caufent l'efficacité d'un grand nombre d'eaux minérales célèbres. Les grands fecours que la Méde- cine trouve dans les abforbans, étendue de leur ufage, le nombre des. maladies auxquelles ils conviennent, & cette circonflance eflentielle de leur préparation, qui confifte à les porter à la plus grande divifion que l'art puifle atteindre, divifion qui n'égale jamais celle que fuppole leur état de diflolution dans l'eau; tout cela, dis-je, n’a befoin que d'être énonce. ‘ La différence des eaux de Pafly dont il s'agit dans, ce Mémoire, confifte : : 1.” En ce que les nouvelles font plus fortes & plus char- gées de principes minéraux que les anciennes. 2. Ence que des anciennes contiennent du fe marin parfait, à bafe alkaline, & que les nouvelles ne contiennent que du fel marin à bafe terreufe. 3. En ce que les anciennes contiennent, à proportion de leur réfidu, beaucoup plus de matières abforbantes que les nouvelles. | MAMA SC LE NC.E rs) PE Copa Cette dernière différence eft confirmée par la fenteur avec laquelle la partie infoluble du réfidu des nouvelles a été atta- quée par les acides, Une nuance de noir à peine fenfible, que les nouvelles Eaux de Pafly prennent par la noix de gale, de plus que les anciennes, ne paroît mériter aucune confidération, puif- qu'un atome de fer fuffit pour préfenter le phénomène entier par cette diflolution. On auroit donc tort de vanter les nou- velles eaux de Pafly comme plus martiales que les anciennes. Comme martiales, les anciennes eaux de Pañy feront 1oû- Jours aufli efficaces que les nouvelles, puifque la quantité de fer y eft prefque la même. Comme abforbantes, elles méritent fans contredit la préférence : elles feront d’un ufage plus für dans tous les cas où l’on foupçonnera des acides dans les premières voies, elles deviendront alors purgatives, pafleront même dans le fang, & y produiront l'effet apéritif. Elles convien- dront infiniment mieux aux tempéramens foibles , aux femmes vaporeules, aux vifcères délicats & fufceptibles d'irri- tation. On ne rifquera pas dans l'ufage de celles-ci le poids. incommode du terreux moins abforbant *, que nous avons obfervé dans les nouvelles, qui feront à leur tour employées avec plus de fuccès, toutes les fois qu'il s'agira de rétablir un eflomac relâché par des férofités fuperflues, & que la conflitution du malade fera molle, fpongieufe & humide. * Cette confidération a fans doute déterminé les Médecins du Roi & de la Famille royale, à prefcrire à Madame la Dauphine & à Mefdames de France: les anciennes eaux de Pafy. Se Xx ii 350 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Es Ms Qi d: RE Sur la manière fingulière dont les Chinois foudent la Corne à lanternes. Par le P.D'INCARVILLE, Jéfuite, Correfpondant de l’Académie. A corne à lanternes éft un objet de Commerce bien plus confidérable à la Chine qu’en Europe. Les lanternes de corne, garnies de leurs pendicailles, font un des prin- cipaux ornemens des appartemens Chinois; elles tiennent lieu de nos lufres, bras & girandoles. La feule fête des lanternes en occafionne un débit extraordinaire. Quand même le verre feroit commun à la Chine, je doute qu'on y préferàt les lin- ternes de verre à celles de corne, à raifon du poids & de la fragilité : une lanterne de verre de dix-huit pouces de dia- mètre, qui font les plus grandes qui fe faflent, doit peler huit à dix livres, au lieu qu'une lanterne de corne de même grandeur ne pèlera pas une demi-livre; & fi elle vient à fe cafler, on la raccommode fans qu'il y paroifle. Etant à portée de voir par moi même comment les Chinois sy prenoient pour fouder ainfi la corne, je crus qu'un Mémoire fur cela feroit bien reçû en France. Feu M. Orry m'ayant envoyé des fonds, j'engageai des ouvriers à venir travailler devant moi, afin d'être plus en état d'écrire fur cette matière. Cette même année jenvoyai mon Mémoire avec des modèles d'outils néceflaires à ce travail, j'y avois joint des pièces de corne qui en faifoient voir la fuite. Les Anglois ont profité de cet envoi. Quoiqu'on eût reçü mes lettres, qui annon- çoient ce Mémoire, jufqu'à préfent on ne n'en avoit point parlé. Cette année 1750, on m'écrit qu'on fouhaiteroit avoir ce Mémoire : lorfque j'ai voulu mettre au net ce que javois autrefois écrit là-deflus, il ne m'a pas paru aflez DYEUSE (SPC: ILÉ NN. CES 351 détaillé ; j'ai donc pris le parti d'engager de nouveau des ouvriers à venir travailler chez nous: je m'en fuis bien trouvé, cela n'a fait faire plufieurs remarques que j'avois omifes dans mon premier Mémoire, & qui rendront le dernier plus complet. " J'envoie des modèles qui, quoiqu'en petit, fuffront pour faire comprendre aifément la fuite de ce travail : fi le temps me le permet, j'y joindrai quelques feuilles peintes, où feront reprélentées les différentes façons qu'on donne à la corne, _depuis qu'on la tire de la tête des chèvres ou moutons juf- qu'à ce qu'elle foit employée en lanternes. Jamais je n'ai vû travailler en Europe à la fabrique de la corne à lanternes, je n'ai même trouvé aucun Auteur qui en parle; mais, autant que J'en puis juger, nous l'emportons fur les Chinois, quant à fa préparation de la corne pour la réduire en feuilles, telles que celles qu'on vend en Europe. S'il s'agit de fouder plufieurs feuilles de corne, tellement qu'elles femblent n’en faire qu'une, les Chinois l'emportent fur nous. Ils peuvent faire ainfi de grandes pièces, comme ils font des lantérnes en ballon de trois pieds de diamètre, qu’on diroit être d'un feul morceau de corne. Tout ce que je puis faire, c'eft de rapporter en détail fa fuite du travail Chinois: ceux qui font au fait, verront par- Ë ce que nous pouvons profiter des Chinois dans cette fabrique; & ceux qui, comme moi, ne favent pas comment fe fait en Europe la corne à lanternes, pourront par la leGure de ce Mémoire fe former une idée de ce travail, fufhfante pour le faire mettre en exécution, sil en étoit befoin. Manière dont les Chinois préparent la corne à lanternes. Pour faire la corne à lanternes, les Chinois n'emploient: que les cornes blanches de chèvre ou de mouton : ils com- meéncent par faire tremper les cornes, pour en tirer la perche,. ou l'os poreux dont elles font remplies: en été après quinze: 352 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE jours, en hiver après un mois, la perche fe détache facile- ment, les chairs qui la tenoient attachée à la corne font pourries : il fuffit, pour détacher cet os, de prendre la corne par la pointe & de la fecouer, ou de la frapper contre quel- que cho de folide, il tombe de lui-même. Les cornes étant vuides de leur perche, if faut les fcier par la moitié, felon fa longueur dans le fens plat. Pour les {cier plus facilement en deux parties égales, quoiqu'on les ait laiflé tremper après les avoir vuidées, on les fait encore bouillir dans de l'eau environ une demi-heure, pour les attendrir davantage; à mefure qu'on les fcie, on les remet tremper. Indépendamment de cela, il faut derechefiles faire bouillir, comme la première fois, pour fendre ou divifér en trois feuilles les plus épaifles, en deux celles qui le font moins: celles des jeunes bêtes, qui n'ont qu'une ligne ou deux d’épaiffeur, on ne les fend point ; pour les fendre on fe {ert d'un petit cifeau de fer & d'un marteau. On verra par les morceaux de corne que j'envoie, les marques du cifeau pour commencer la fente, les mains achèvent le refle, La première feuille fe lève en deflus, commençant par le bout le plus large, non à l'extrémité, mais faifant entrer le cifeau par une des rides que forme la peau extérieure de la corne, à environ deux ou trois pouces de l'extrémité: pour que le cifeau entre plus facilement, on pofe la corne fur l'angle ou la carne de quelque chofe de folide; & appuyant ferme fur le bout qui eft en dehors, on voit mieux à placer le cifeau : la troifième feuille fe lève en deflous, ouvrant avec le cifeau à environ un pouce de diflance de la pointe de la corne. Il faut toûjours avoir aîtention de rejeter dans l’eau ces feuilles de corne, jufqu'à,ce qu'elles aient été aplaties à la preffe : avant de les mettre à la prefle, il faut encore les faire bouillir deux fois, comme j'ai dit ci-deflus : après les avoir fendues, on les fait bouillir pour les mettre à peu près d'égale épaiffeur par-tout ; . d'abord avec une efpèce de petit tranchet, que j'enverrai, on pare le plus épais, la grande racloire achève le refte, /Foyez à la fa DÉELSLAS (CC. T'E N CES 353 fu l'Explication des outils.) L'ouvrier qui pare ou racle une feuille de corne, la tient de la main gauche fur une table ou billot, & de la main droite il tient le tranchet, le taillant en dehors; pour couper, il poufle en avant. Enfin, comme j'ai déjà dit plufieurs fois, on fait bouillir les feuilles de corne avant de les mettre en prefle: étant minces, elles samolliffent plus facilement; mais aufli elles doivent être plus molles que les autres fois précédentes, fans quoi elles ne s'étendroïent pas bien à la prefe : elles doivent augmenter en largeur pour le moins du tiers. J'enverrai un modèle de prefie; elle eft fort fimple, c'eft un bout de grofle poutre de fix pieds de long, fur deux de large & un & demi d'épaifleur. Au milieu dé cette poutre, polée fur fon plat, j'entends qu'elle eft équarrie fur fa largeur, on creufe un trou carré long, de neuf pouces de profondeur, d'un pied fix lignes de large, & de dix-huit pouces de long: c'eft dans ce roi carré long qu'on met en prefle les feuilles de corne. Il faut pour cela avoir trois plaques de fer, une d'un demi-pouce d'épaifleur, fur un pied de long & neuf pouces de large; cette plaque fert à conferver la preffe. Les deux autres plaques font de même longueur & largeur, mais elles ont chacune deux pouces d'épaiffeur ; du côté qu’elles preffent es feuilles de corne, elles doivent être bien polies, comme nos fers à repaffer le linge. On place d'abord la plaque qui n'a qu'un demi- pouce d'épaifieur, à la gauche de Fouvrier qui met en prefle; c’eft-à-dire que fi la prefle eft pofée nord & fud, par exemple, une de fes extrémités regardant l'eff, Yautre l'oueft, l'ouvrier ayant la face tournée au nord, pour être plus à fa main, doit placer les plaques de fer à l’oueft & non à feft: immédiatement après la plaque mince, qui ft brute des deux côtés, on place les deux autres plus épaifles, mais il faut auparavant les avoir échauffées au degré de chaleur d'un fer chaud à repafler du linge; on les place avec des mordaches. Après ces plaques on pole deux mor- ceaux de bois dur, de même longueur & largeur que les plaques, mais épais chacun de cinq pouces: entre ces deux Sav. étrang. Tome I 1. Yy 354 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE morceaux de bois on chaffe les coins, qui font aufii de bois dur. Les feuilles de corne fe placent avec des pinces plates, & fe retirent de même. F Proche de la prefle, à la gauche de louvrier, il doit y avoir un fourneau pour chaufler fes plaques, & fur le même fourneau on doit pratiquer une place pour y mettre un vafe où il y ait toüjours de l'eau bouillante, d'où l'on tire les feuilles de corne pour les mettre en prefle. Le maillet avec lequel l’ouvrier chaffe les coins reflemble aflez à ceux de nos calfats, excepté qu'il na point de viroles aux extrémités, & que le manche en eft plus long, parce qu'on le tient à deux mains pour frapper ; il a deux pieds de long fur trois pouces de diamètre : deux ou trois coups de muaillet fur chaque coin fufilent pour preffer une feuille de corne. On n'en prefle qu'une à la fois; quand l'ouvrier chaufle {es plaques, il fe repole, il en a befoin, ce métier eft rude. On pourroit gagner confidérablement de temps, fr, comme dans certaines de nos manufactures, différens ouvriers don- noient en même temps à la corne les différentes façons que je viens de décrire. Tandis, par exemple, ‘qu'un ouvrier fcie les cornes, deux ou trois autres les fendroient, quel- ques autres les pareroïent & racleroient, d'autres les met- troient en prefle ; il fufhroit à chaque façon qu'on donneroit aux cornes, de les rejeter dans de l’eau bouillante , d'où on ne les tireroit que pour leur donner une autre façon. Les Chinois ne manquent pas de monde; fi nous les imitions en France, que feroient une infinité de pauvres artifans qui n'auroient pas d'ouvrage ? Manière de fouder plufieurs morceaux de corne enfemble Jans qu'il y paroiffe. Pour fouder la corne, l’ouvrier doit avoir proche de Jui wn fourneau ou une poêle avec du feu pour chaufler fes pinces ; il eft aflis fur un petit banc: tandis que fes pinces chauffent , il racle les bords des deux morceaux de corne DAEUSE SIC: ECE IN CLÉS 355 qu'il va fouder, Jun en deflus, l'autre en deflous, afin qu'étant appliqués l'un fur Fautre ils ne faffent à. peu près que la même épaifieur du refte de la corne. II en racle trois ou quatre lignes de large, pouflant fa racloire non en long, mais en travers vers les bords, qu'il rend prefque coupans, appliquant d'abord lévèrement fa racloire & appuyant vers les bords, tellement que le bord raclé va en lame de couieau, étant tranchant fur le bord, & allant en mourant en remon- tant dans la largeur de quatre lignes. Il faut prendre garde de toucher les bords raclés, on les engraïleroit, & ils ne fe fouderoient pas en cet endroit: il en eft de cette foudure comme de celle des métaux. Quand Fouvrier juge que fes pinces font à peu près chaudes, comme le doit être un fer pour repafler du linge, il s’aflied & efaie fi elles ne font pas trop chaudes: if prend, pour s'en aflurer, une feuille de rofeau que nous nommons la safe d'eau, fi la pince marque fur le champ defius ou jaunit auffi-1ôt le rofeau, il attend un moment, de peur de brûler la corne ou de la jaunir. Il approche auffi la joue de la tête de la pince, comme nos repañleufes approchent de leur joue le fer à repaffer, pour éprouver sil n'eft pas trop chaud. Si la pince trop chaude a jauni la come, c'eft une tache qu'on ne peut effacer, il n’y a d'autre remède que d'enlever cette tache avec la racloire, & d'y mettre une pièce, de la même manière à peu près que nos relieurs mettent des pièces à des reliüres en veau, rendant les bords de Ja pièce & du trou bien minces, allant en mourant. Dés que la pince ne marque prefque plus fur le rofeau, il foude les deux morceaux de corne qu'il a préparés, ou dont il vient de racler les bords :. il tient fes pinces fur les genoux, le bout d’une des branches portant à fa gauche für le banc fur lequel il.eft affis, le côté rond de la tête de la pince tourné en bas, & celui qui eft droit en haut ; de la main gauche il préfente les deux pièces ou morceaux dé corne, les conte- nant l'un fur l'autre tels qu'il veut les fouder: pour fermer fes pinces, d'un coup de la main droite qui embrafle les: Yyi Voyez -er le Figure à la fin de ce Mémoire. 356 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE branches de la pince, il recule la boucle vers l'extrémité des branches, &, pour les ouvrir, d'un autre coup de main il repoufle la boucle vers la tête de la pince : pour que cette boucle coule plus facilement, il faut frotter d'un peu d'huile les branches de la pince. D'abord on ne fait que fouder Iégèrement, laifflant entre chaque coup de pince quelques lignes de diflance {voyez les modeles). Si quelqu'endroit n’a pas bien pris la forme qu'on vouloit lui donner, fur-tout quand il s'agit d’une forme convexe, avec les doigts on détache fa foudure en cet endroit, pour avancer ou reculer la pièce qui n'étoit pas foudée comme il faut, eu égard à Ja forme: fi la foudure tient un peu trop & ne peut être détachée avec les doigts, on insère la pointe d’une aiguille à coudre entre la foudure, & on la fait ainfi partir; cette foudure n’eft pas forte, parce qu'on n'a pas appliqué ferme la pince, & qu'on la appliquée à fec, au lieu ue pour la rendre folide, on insère un peu d'eau entre ce ui eft foudé légèrement, &.on appuie ferme la pince, repaffant fur les coups qui ont été donnés, légèrement. Pour fouder à demeure & en plein, il faut avoir un vafe où il y ait de l'eau fraiche, dans laquelle trempe un bout de feuille du rofeau dont j'ai parlé; ce rofeau étant extraordi- mairement poreux, il fe remplit d'eau. Avant d'appliquer les pinces, on pañle le bout de la mème feuille qui, trempoit dans l’eau, le long du rebord de la foudure ; on humecte ainfi à chaque fois quatre ou cinq pouces de long de ce qui a été foudé légèrement ; l'eau qui fe détache du rofeau s'infinue d'elle-même entre les efpaces vuides de cette foudure. L’ouvrier aufli-tôt prend de la main gauche une feuille dudit .rofeau qu'il pofe en travers en deffous, contre endroit où il va appliquer les pinces, de forte que la pince en deflus porte immédiatement fur la pièce que on foude, &en deflous elle porte immédiatement fur le rofeau: ce rofeau qui eft mou obéit fous la pince, & fait qu’elle porte à plein également ; à chaque coup de pince on avance un peu le rofeau , pour que la pince ne porte pas fur un endroit déjà DEL SMS SNCUIUE N°'CYE S 357 aplati. Les coups dé pince font en recouvrement, c'eft-à- dire que le dernier porte un peu fur le précédent, comme en peut voir par les modèles de corne foudés à plein & non raclés : on voit {ur les rofeaux qui ont fervi, la marque des coups de pince, & l'ordre dans lequel ils font donnés. L'eau qui s'eft infinuée entre les intervalles de la foudure, jointe à la chaleur de la pince, amollit la corne, & fait que les deux morceaux en cet endroit fe foudeñt à n'en faire plus qu'un : chaque coup de pince dure plus ou moins, felon la chaleur de fa pince, les premiers coups ne durent guère qu'un fixième de minute, les derniers une demi - minute; aux deux extrémités d'une pièce on laifle la pince appliquée un peu plus de temps, pour fouder plus ferme. Quand nos tailleurs ont coufu un habit, avec le carreau ils abattent les coutures, on fait la même chofe aux mor- ceaux de corne nouvellement foudés. On les paffe auparavant légèrement fur le feu, pour les rendre fouples; fi ce font des morceaux plats, on les pofe fur une planche unie, qui porte à terre, & mettant deflus un morceau d'étoffe de laine on appuie ferme avec le pied fur la foudure, faifant gliffer le morceau d'étofle : fi on ne faifoit pas cela, la corne fe déjeteroit. Selon les pièces que l'on veut faire, on taille un patron ou modèle de carton, pour couper deflus chaque feuille de corne, afin qu'étant toutes foudées enfemble elles forment la pièce que lon a prétendu faire. Avec la pointe d'une aiguille à coudre, on trace le contour du modèle fur chaque morceau de corne, & on les taille avec des cifeaux. Pour enlever les traces de la foudure, de forte qu’il n'y paroifle pas, & qu'on ne puifle diftinguer de combien de morceaux une pièce eft compolée, on fe fert premièrement de la petite racloire pour racer le plus grofier, enfuite avec les grattoirs on adoucit, & on finit par les feuilles d'arbre, dites zicou- kin-yé: j'envoie de ces feuilles pour que M. de Juffieu voie s'il connoît l'arbre qui les produit. On fe fert de ces feuilles au lieu de prèle qui feroit trop rude, & pas affez fouple: on les met tremper quelques heures auparavant, avec le plat de la Y y ü Voy. L'explica: tion des fig pures 4 la fn du Mé- moire, 358 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE main on frotte bien par-tout en tout fens avec lefdites feuilles. Si les morceaux de corne foudés font plats, on peut fe pañler des micou - kin-yé, parce qu'avec les grattoirs il eft facile- d'adoucir également par-tout. Enfin, pour donner le poli, on a de [a poudre compofée. de quatre parties de chaux vive, gardée de plufieurs années, elle vaut mieux, elle eft moins grafle; pour lui ôter le peu de graifle qu'elle pourroit encore avoir, on y joint une partie de cendres de charbon de terre brülé, on méle le tout enfemble & on le tamife; un tamis de crin un peu fin fuffit. On étend fur une table un morceau de linge doux ou ufé, fur lequel on pofe la pièce que l'on veut polir, on jette deflus quelques gouttes d’eau, comme nos repaffeufes en jettent fur le linge avant de le repaffer : fi l'endroit que l'on veut polir n'eft pas plus large que la main, on peut l'arrofer avec le bout de rofeau qui trempe dans l'eau, en le fecouant fur l'endroit; fr la pièce eft grande, les Chinois l'arrofent avec de l'eau dont ils ont rempli leur bouche, & qu'ils font fortir comme une pluie fine en foufHant ; on prend enfuite un mor- ceau d’étofle de laine, comme du feutre, qu'on ne fait que poler fur ladite poudre; de peur même qu'il n’y ait quelques grains un peu gros, qui pourroient fire des raies, on fecoue légèrement ce morceau d'étoffe en le retirant de deflus la poudre, pour faire tomber le plus groffier : de la main gauche on tient la pièce, & de la main droite on frotte avec l'étofle; quand on a frotté trois ou quatre minutes, on pañle encore l'étofle fur la poudre comme la première fois, ce qu'on recommence quatre ou cinq fois, humeétant un peu létofle avec la falive. Si après qu'on a efluyé on remarque quelques petites raies blanches, où la poudre de chaux fe foit infinuée, il faut avec un grattoir tàcher de les enlever; fi on ne peut en venir à bout, il n'y a d'autre moyen que de faire, avec la racloire, un trou en raclant, & d'y mettre une pièce, comme j'ai déjà dit. Si les pièces que l'on fait font plates, auffi-tôt qu’on les a polies, il faut les mettre entre deux pierres unies, à quoi DENIS ISNCT 1 EN CLE’'S 359 il ne faut pas manquer non plus, quand on vient de les fouder ou de les racler ; fans cela elles fe voileroient. Si on vouloit faire de grandes feuilles de corne, on feroit obligé pour les contenir droites & unies, de les tenir toüjours en preffe entre quelque chofe d'uni & de pelant. La blancheur de la corne à lanternes vient de ce qu'elle eft faite avec des cornes choifies bien blanches, & fa tranf- parence, de ce qu'elle ef mince: fi la corne à la longue, après quelques années, jaunit un peu, on la gratte de nouveau, & on fa polit, mais on ne lui rendra jamais fon premier blanc. Pour avoir des pièces de cornes parfaitement belles, il faut choifir des morceaux de corne du même blanc: les Chinois choififient les cornes des bêtes à peu près de même âge; fans ces attentions, on pourroit apercevoir les différens morceaux dont une pièce eft compofce. Tout ce que j'ai dit jufqu'ici regarde fur-tout les pièces de corne plates : mais fi on veut lui donner une forme con- vexe ou ronde, comme pour faire les lanternes en ballon, le travail eft plus long & plus difhcile : il faut d'autres outils, & ceft fur-tout où paroît l’adrefle de l'ouvrier , comme on va le voir par ce qui fuit. Manière de faire les Lanternes en ballon. Je crois qu'en Europe en voyant une lanterne de corne en ballon, on feroit aflez embarraflé de dire comment elle a été faite ; fi elle eft faite avec foin, & de corne choïfie, il femble qu'elle foit d'ime feule pièce; il y en a de trois pieds de diamètre: les plus belles viennent des provinces méri- dionales, où la corne blanche de chèvre eft plus commune. Si on voyoit une lanterne de corne qui vient d'être foudée, avant qu'on fait raclée, gratée & polie pour faire difparoître les endroits foudés, on fauroit aufli-tôt comment on s'y eft pris pour la faire. J'envoyai en 1745 une lanterne ainfi foudée, fans être polie, elle a été perdue avec plufieurs autres chofes qui regardoient le fecret du vernis, au naufrage du vaifleau de fa Compagnie qui a péri à Belle-ifle, Une lanterne 360 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE de corne en ballon n'eft autre chofe que deux calottes rapprochées, dont les bords font diamétralement oppolés : venons au détail. Selon la grandeur des lanternes que lon veut Fire il faut couper un modèle en carton, fur lequel on doit tailler tous les morceaux de corne dont on veut compoler une ou plufieurs lanternes. Il faut pour le moins dix morceaux pour une lanterne ; fi elle eft grande, il y en aura peut-être plus de vinet, j'entends taillés fur le modèle de carton; car il y a telle rer ne qui fera compofée de plus de cinquante petits morceaux, chaque feuille tailiée fur le modèle étant elle- mème compolée de plufieurs pièces : le modèle de carton fur lequel on taille les morceaux de corne pour faire les calottes, dont deux unies enfemble forment un ballon, eft le même que celui dont fe fert une bonnetière pour tailler les pièces d'une caloite d'étoffe, avec cette différence que la pointe en doit être échancrée, parce qu'une lanterne en ballon eft percée aux deux extrémités, & que par conféquent les morceaux de la calotte rapprochés doivent former une calotte percée dans le fond : un ballon d'un pied & demi de diamètre aura un trou à chaque extrémité, de trois ou quatre pouces de diamètre. La bonnetière a une forme fur laquelle elle fait prendre la forme à fa calotte d'étofle, on ne peut faire la même chofe en faifant une calotte de corne, c'eft pourquoi avant de fouder enfemble les morceaux qui doivent compofer la calotte, on leur donne la courbure; on a pour cela un billot de bois dur, dont les deux bouts font creufés en forme de calotte, l'une plus évafée que l'autre, felon fa grandeur des calottes que l’on veut faire; on chauffe légère- ment chaque morceau de corne, pour le rendre fouple, & le tenant de la main gauche par le bord, avec la main droite munie de trois ou quatre morceaux d’étoffe de hine lun fur Yautre, on appuie ferme, failant gliffer les morceaux d'étoffe; on recommence deux ou trois fois cette opération, jufqu'à ce que le morceau de corne ait la forme d'une pièce de calotte détachée. Toutes les pièces de corne étant ainfi préparées DES SCIENC'ES. 361 préparées, on les taille derechef l'une fur l'autre, pour qu'elles foient bien égales, & que les calottes qu'on en doit faire prennent mieux le pli. La manière de fouder ces morceaux de corne eft abfolu- ment la même que j'ai déjà décrite, ainfi je ne la répéterai pas ici; feulement, il arrive affez fouvent qu'après avoir foudé légèrement, on eft' obligé de défouder quelques endroits qui n'ont pas bien pris le pli, & on les refoude mieux, comme j'ai déjà dit Quand tous les morceaux d'une calotte font foudés à demeure, on foude en dehors autour du trou qui refte au fond , un petit cercle plat de corne noire. Pour faire ce petit cercle, on prend une bande de corne noire plus ou moins large, plus ou moins épaifle, felon la grandeur des calottes : fi le ballon doit avoir un pied & demi de dia- mètre cette bande de corne aura fept à huit lignes de large fur une ligne d’épaiffeur; elle doit être d'un pouce plus longue que ce que donne Ja circonférence de l'ouverture, pour que les deux bouts étant rapprochés, croifent lun fur l'autre d'un demi-pouce : il faut que ces deux extrémités foient raclées minces, afin qu'étant June fur l'autre elles ne faffent que la même épaiffeur du refte du cercle; on les foude comme les autres morceaux de corne, laiflant la pince appli- quée un peu plus long-temps, à caufe de l'épaifleur de la corne. Quand ce cercle a une certaine largeur, pour qu'il prenne bien le pli, & fe couche facilement fur la calotte, on eft obligé de l'incifer tout autour en dehors; on fait les incifions à égale diflance pour la propreté: c'eft ce bord ui affermit la calotte. Les deux calottes d’un ballon étant foudées à demeure & garnies à l'ouverture du fond du cerceau de corne noire; pour les fouder enfemble on racle les bords ou le bas de chacune, l'une en dedans, l’autre en dehors, ou pluftôt on racle en dehors les bords de l'une, & on gratte en dedans ceux de l'autre, pour qu'elles entrent l'une dans l'autre de cinq ou fix lignes, & on les foude comme le refte. Il s’agit enfuite de les racler, gratter, polir & adoucir; le dehors va plus vite, parce qu'on Say. étrang. Tome 11. La 362 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE peut fe fervir de la petite racloire ou rape: le dedans eft plus difficile, parce qu'on ne peut employer que des grattoirs. Comme un ballon, quand il vient d'être foudé, n'eft pas bien rond, pour le racier & gratter plus facilement, on tâche de l'arrondir auparavant, le plus qu'il eft poffible : c'eft fur-tout où paroît l'adreffe de l'ouvrier ; s'il n'eft pas habile, fes ballons n'auront jamais bonne grace: on s'y prend de différentes manières, voici les plus ordinaires. On remarque les endroits les moins ronds, & on leur donne une meilleure forme les uns après les autres: pour cela on pafle légère- ment fur la flamme l'endroit qu'on veut arrondir , & promptement on pole le ballon fur le billot creufé en forme de culotte évafée, dont j'ai parlé, l'endroit qu'on vient de chauffer portant, le tenant de la main gauche ; & de la main droite, dans laquelle on tient les fufdits morceaux d'étoffe de line, on appuie ferme, les faifant couler, & tournant, recommençant cette opération jufqu'à ce que ce défaut foit corrigé, S'il ne s'agit que de quelque petit endroit ou aplati, où qui promine, l'ouvrier fe fert d'un fer à repañler (on en trouvera à la fin la figure) & tandis qu'en dehors il appli- que ce fer chaud, le changeant continuellement de place, comme font nos repafieules, de la main gauche il poufle en dedans avec les fufdits morceaux d’étofle; fi-tôt qu'il met bas le fer à repañler, il prend un morceau de bois dur, bien poli, de fix pouces de long fur deux & demi en carré, & frotte ferme avec, foûtenant toûjours avec les morceaux d’étoffe, jufqu'à ce que la corne fe foit aflermie en refroi- diffant, & puifle conferver la forme qu'on vient de fui don- ner. Enfin, pour donner la forme ronde vers les ouvertures des lanternes le mieux qu'il eft poffible, on fouffle de l'eau par-tout en dedans du ballon, & l'ayant pañlé légèrement fur le feu, on pofe les morceaux d’étofle au milieu en dedans, les ramenant en appuyant également vers les ouvertures. Quelquefois on fe fert feulement du fer à repafler, qu'on conduit du milieu de la lanterne vers les ouvertures, foûte- pant en dedans par-tout où on pañle le fer; mais il ne faut DER OC TEUN CES 363 pas manquer de pafler auffi-tôt après le morceau de bois poli dont j'ai parlé: l'ufage apprend aux ouvriers différens moyens ; il faut être prompt & adroit pour donner la grace à un ballon. Plus le ballon eft rond, & plus il eft facile, comme j'ai dit, de le racler, gratter & polir; du refte, la manipulation eft la même que pour les morceaux de corne plate: elle demande plus de temps, parce qu'on eft plus gêné, à caufe des petites inégalités qui fe rencontrent, quelque foin que l'on prenne d'y remé- dier. C'eft fur-tout pour ces ballons qu'on fe fert des feuilles d'arbre, dites ricou-kin-yé, parce qu'elles obéiflent fous 12 main, & frottent également par-tout où les grattoirs n'ont pas atteint : ces feuilles font difparoître de petites inégalités qu'ont laiffé les grattoirs. On finit par adoucir avec la poudre de chaux vive mêlée d’un cinquième de cendres de charbon de terre, telles qu'elles fortent du foyer. II me femble qu'avec cette inftruétion on pourra, fi l'on veut, après un peu d'exercice, faire d’abord de grandes feuilles de corne, & avec le temps des lanternes en ballon, comme les font les Chinois; mais à moins que ce ne füt la légèreté de ces lanternes qui les fit goûter, je crois que nos lanternes de verre valent beaucoup mieux pour la clarté & la beauté. Deux grandes lanternes de corne de trois pieds de diamètre, garnies de leurs pendicailles de foie, coûtent ici jufqu'à foixante taels, qui font de notre monnoie 45 0 livres. Nota. En travaillant la corne, il eff à propos de la tenir dans un endroit un peu humide, on la couvre même quelquefois d'un linge mouillé : fi ce font d'anciennes feuilles de corne, on les met tremper dans l'ean, fans cela elles feroient fujettes à caffer. EXPLICATION DES FIGURES. PLAN CHE CE 1. Homme qui porte des cornes non vuidées de leurs perches. 2. Porteur d’eau pour verfer dans les urnes où trempent les cornes. Zzij 364 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE 3. Homune qui ramaffe des cornes pour les mettre tremper. 4. Autre qui met tremper des cornes. PLANCHE Il 1. Trois hommes qui fecouent des cornes qui ont trempé, pour les vuider de leurs perches. 2. Autre qui fait boullir les cornes vuidées de leurs perches. 3. Autre qui fcie en deux une corne qu'il vient de prendre dans h poêle de fer où elle trempoit dans l'eau bouillante. 4. Autre qui commence à fendre avec un cifeau une moitié de corne. 5. Autre qui achève avec les mains à divifer ce que le cifeau a commencé. PénANiconre ali 1, Homme qui pare avec un tranchet des feuilles de corne qu'il vient de tirer de l'eau bouillante. 2. I racle avec la grande racloire une feuille parée , laquelle doit fortir aufli de l’eau bouillante. 3. Autre qui fait chauffer les plaques de la preffe, pofées fur des briques qui laiflent du jour pour y faire un feu clair. 4. Autre qui fait bouillir des feuilles de corne raclées pour les mettre en preffe. j- Prefle. À, corps de la preffe. PB, le trou creufé au milieu où Jon met les cornes en preffe. €, lieu où doit être la petite plaque mince qui garantit la prefle. D D, les deux pla- ques entre lefquelles on prefle les lames de corne une à une. £ E, les deux morceaux de bois entre lefquels on place les coins. Pir AN CGiRE ml Ve 1. Briques difpofées pour chauffer les plaques. 2. Poêle de fer dans laquelle les feuilles raclées bouillent. 3. Homme qui chaffe les coins. 4. Autre qui avec une aiguille trace , fur une feuille prefiée, le contour du modèle de carton. Fe an qui coupe avec des cifeaux la feuille de corne tracée Un 4 Ds #54 SG TEVR GE, S 365- €, Autre qui, avec la petite racloire, racle les bords d’une feuille pour a fouder. PLANCHE V. 1. Homme qui, avec un grattoir, adoucit ce qui a été raclé, 2. Autre qui effaie fur une feuille de rofeau fi la grande pince n’eft pas trop chaude. 3. Autre qui foude légèrement. 4. Autre qui, avec le bout d’une feuille de rofeau qui trempoit dans Veau, infinue un peu d’eau le long de la foudure, avant que de fouder entièrement. . Autre qui foude en plein, tenant de la main gauche une feuille d ;. P A 2 4 , . \ , de rofeau qu'il applique en deffous, à l’endroit où doit porter la pince, entre cette pince & la pièce qu'il foude. P'HRAENU CIE EVIL 1. Homme qui chauffe une pièce qu’on vient de fouder en plein. 2. JE aphatit la foudure de la pièce qui vient d’être chauffée. Il met en preffe entre deux pierres les feuilles foudées en plein , dont il a aplati la foudure. 3 4. Avec la petite racloire il racle l'endroit de la foudure. j+ Avec un grattoir il adoucit l'endroit de la foudure. 4 . Avec une feuille de rofeau qui trempoit dans l'eau, il fecoue quelques gouttes d’eau fur une pièce avant de la polir avec la poudre de chaux & de cendre de charbon de terre. 7. Avec la même poudre il polit une pièce, frottant avee un morceau d’étoffe de laine, qu'auparavant il a polé légère- ment fur ceite poudre. #, Efpèce de petite corbeille où il y a de la poudre de chaux & de la cendre de charbon de terre. à PLACE, VIT Fabrique des Lanternes en ballon. 1. Ouvrier qui trace avec la pointe d’une aiguille à coudre, le contour du modèle de carton fur une feuille de corne. 2. Avec des cifeaux il coupe felon le modèle tracé. 3. Il chauffe une pièce coupée felon le modèle (le Peintre s’eft wompé en la deffinant carrée). É Zz ii 66 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE 3 4. I donne fur le billot creufé en forme de calotte évafée, la forme concave à une pièce qui vient d’être chauffée. 5. Il taille plufieurs pièces lune fur l'autre, après qu’on leur a donné la forme & le pli d'un morceau de calotte. 6. JIlracle le bord d’une feuille pour [a fouder. 7. Jigrattele bord qui vient d'être raclé, pour Punir & l’adoucir avant de le fouder. 8, Baquet où trempent les feuilles de corne. Nota. Le Peintre Chinois n'a pas mis à leur place les figures 6 à 7. PLANCHE VIIE 1. Ouvrier qui foude légèrement les pièces d’une calotte ou demi-fphère creufc. 2. Autre qui foude en plein une calotte. 3. Autre qui foude avec des pinces rondes un bord noir à l'ou- verture d’une calotte. 4 Autre qui foude deux calottes enfemble. ÿ+ Autre qui chauffe un ballon pour repoulffer quelques endroits, ou aplatis, ou enfoncés. 6. Sur le billot creufé en forme de calotte évafée, il repoufle avec des morceaux d’étofle de laine les endroits qui vien- nent d’être chauftés. PLANCHE IX. 1: Ouvrier qui racle les endroits de la foudure avec la petite racloire à manche. 2. I gratte ce qui vient d’être raclé. 3. Avec le fer à repañler il arrondit , en foûtenant en dedans du ballon avec des morceaux d’étoffe de haine, les petites iné- galités. 4 Avec un morceau de bois carré, bien poli, il pafle fur les endroits où lon vient d'appuyer le fer à repafler, foù- tenant de même avec des morceaux d’étofle, jufqu’à ce que ces endroits foient refroidis. 3. Avec les feuilles de nicou-kin-yé il polit. 6. Avec la poudre de chaux & la cendre de charbon de terre adoucit. 7 #, 9 DE,S4 SC i.E N°C:E.5. 367 PLANCHE X. Ouvrier qui foude une pièce à un ballon crevé ou brûlé. Ballons garnis de leurs montans de fil de fer. Ouvrier qui porte des pendicailles pour garnir un ballon. Autre qui tient un ballon garni de fes pendicuilles inférieures, Autre qui place une pendicaille. Couronnement garni de pendicailles. Balon garni de fes pendicailles. PE NÈCHCE XL Scie pour fcier les cornes en deux parties égales felon la Jon- gueur, dans le fens plat. Cifeau pour fendre les cornes après qu’elles ont été fciées ; cha- que partie, felon fon épaiffeur, fe fend en deux ou en trois: celles qui font minces ne fe fendent pas. Marteau de fer, avec lequel on frappe fur le coin pour fendre les cornes. Paroir ou tranchet pour enlever le plus groffier de chaque feuille de corne après qu’elle a été fendue. Racloires pour racler les feuilles de come après qu’elles ont été parées avec le tranchet. On fe fert fur-tout de la grande , elle va plus vite. Ce font autant de petites lames de fer enfoncées à force dans un fuft de bois dur : la fcie a le pas un peu plus mince. E Prefle pour preffer chaque feuille de corne après avoir été raclée unie. A, Plaque de fer mince qui fert à conferver la prefle. B, Deux plaques entre lefquelles on preffe les feuilles de corne, les ayant auparavant fait chauffer au de- gré d’un fer chaud à repañfer le linge. €, Morceaux de boïs entre lefquels on place les coins. D, Deux coins de bois. Pinces qui fervent à manier les plaques pour les mettre chauffer & pour les placer dans la prefle. Pinces qui fervent à mettre les feuilles de corne en preffe & à les en tirer. Millet de bois avec lequel on chaffe les coins. 10, Cifeaux pour tailler les feuilles de comme fur le modèle ow patron que l’on a. ’ 368 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE 11. Pinces ordinaires pour fouder la corne. 12. Pinces rondes pour fouder les bords des ouvertures des Jan- ternes. 13. Pinces plates pour fouder les rebords des vafes de lampes femblables à ceux de verre dont nous nous fervons pour nos lampes d’églife. 14. Fer à repaffer. 15. Billot fur lequel on donne la forme concave aux pièces de corne. _r6, Grattoirs. 17. Aiguifoir pour donner le fil aux racloires : il eft d’acier. Nota Les lames des racloires, les grattoirs, le petit tranchet êr la Jüe font d'une même forte de fer. On en fait auffi les rapes pour le bois er les aiguilles: ce fer ef plus dur que le fer ordinaire de la Chine, mais moins dur que l'acier. On donne facilement le fil à cette efpèce de fer : Ji on fe fervoit du fer ordinaire , le fil féroit émouffé du premier coup de grattoir ou racloire. L'acier a le fil trop roide, il faut que le fil de ces outils foit un peu recourbé. Pour leurs [ties, elles ne valent rien; él faut à tout moment en refaire les dents. MEMOIRE si | av. Etrang à TOME Pl X.p.368. Planche.r: ID Gobin Seulprit Sav.Etrana . Tome.an.PLl X.p. Planche .2 fav . Etrang.Tome. 2, PL.XT p.368. LL _N- = — _ : = = —— ns ui | Sav . Etrang.Tome. 2, A LAENOT: p-368. av. Etrang .Iome.2, PLXITp 368 | | Planche. 5e #4 ere e / 3 L R: EQ ès À ÿ en. VC A æ | 2 L = — > = = — SE =. = + Cou. Seufrsit | Lanternes en Balon fav .Etrano.Tome..PL.XNI p.368. ti UE Si FABRIQUE des Lanternes en Balon ‘Ju £wuno Jome Pl XII p.368. Planche. 7e shui j Il E=——— EL =— E—— ID Gobin S'eufpsrit Sav.Etrang . Tome.2,PL.XIT”, p.368 — Sav-Ptrano . Tome 2, PLXI/p 068. ils ie 1 E NCTrS 369 Dr M0 0: TI RE DRE L A NCAPRAFIC ATION* Par M. le Commandeur GODEHEU DE RIVILLE, Correfpondant de l’Académie. de Tournefort eut occafion, pendant le voyage qu'il . fit au Levant, de voir les manœuvres que les pay- fans de Archipel emploient pour la caprification des figues domeftiques. Le témoignage de cet illuftre Savant fufit pour que cette opération, connue même du temps d’Ariftote, ne foit point révoquée en doute: mais les différens points de vüe qu'il avoit à remplir, ne lui ayant point permis d'entrer dans certains détails, il s'eft contenté de rapporter les faits tels qu'il les avoit vüs, dans un Mémoire fur la maladie des Plantes, qu'il lut à l'Académie en 170 5. Je crois cependant que l'ufage de la caprification, qui, pour être fort ancien, n'en a pas été plus approfondi, mérite quelques éclairciffe- mens; ils ferviront à détruire le merveilleux de cette opération, qui a été regardée par plufieurs Savans comme imaginaire ou comme abfolument inutile. Le Mémoire que j'ai l'honneur de préfenter à l'Académie embraffe deux objets, & fera divifé en deux parties. La première renferme fhifloire des figues fauvages, & des moucherons qui y prennent naiflance : la feconde prouve la néceflité de la caprification, & les avantages qu'on en retire. Hifloire des Figues fauvages. Le figuier fauvage, appelé dans les ifles de Archipel, orros, * Ce terme vient du mot latin | plufieurs figues fauvages enfilées dans Caprificus. Les Latins appeloient | du crin. Les moucherons qui en for- ainfi le figuier fauvage, dont lesfruits | tent vont s’introduire dans l’ombilic fervent à la caprification. Cette opé- | des figues domeftiques, & leurs pi- ration eft facile; on fufpend en diffé-.| qüûres y caufent une fermentation qui rens endroits d’un figuier domeftique, | contribue à leur parfaite maturité,. Say. étrang. Tome IL. Aza ÿ M Ÿ y ÿ e ÿ M ÿ y ÿ “ ÿ y Ÿÿ y ÿ y Ÿ y Ÿ y ÿ 370 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE porte dans la même année trois fortes de fruits, qui fe nomment fornites, cratitires & orni: nous avons à Malte la même efpèce de figuier, les habitans de cette ifle lui donnent le nom de okar, & les fruits retiennent le nom de l'arbre, avec quelques épithètes qui fervent à les diftin- guer. Zokar leouel répond aux fornités ; tokar-la -noff aux ‘cratitirès,. & 1okar-tayept aux orni. Les fruits du tokar étant abfolument les mêmes que ceux de l'ornos des Grecs, je crois ne pouvoir mieux faire que de copier ici l'endroit du Mémoire de M. de Tournefort, qui nous inflruit du temps où ils müriflent. « Les fruits appelés fornités paroiïffent dans le mois d’Août, & durent jufquen Novembre fans mürir, Il s'y engendre de petits vers de la piqüre de certains moucherons qu'on ne voit voltiger qu'autour de ces-arbres. Dans les mois d'Odtobre & de Novembre, ces moucherons piquent d'eux- mêmes les feconds fruits des mêmes pieds de figuiers: ces fruits que Fon nomme cratitirés ne fe montrent qu'à la fin de Septembre, & les fornités tombent peu après la fortie de leurs moucherons. Les cratitirés reflent fur arbre jufqu'au mois de Mai, & renferment les œufs que les moucherons des fornitès y ont dépofés en les piquant. Dans le mois de Mai, la troifième efpèce de fruits commence à pouffer fur les mêmes pieds des figuiers fauvages qui ont produit les deux autres. Ce fruit eft beaucoup plus gros & fe nomme orni ; lorfqu'il eft parvenu à une certaine grofleur, & que fon œil * commence à s'ouvrir, il eft piqué dans cette partie par les moucherons des cratitirès, qui fe trouvent en état de pañler d’un fruit à un autre, pour y dépoler leurs œufs ». Cet extrait fuffit pour inflruire du temps auquel müriflent * Cette circonftance n’eft point néceffaire, j'ai vû plufieurs mouche- rons s’introduire À jar l’intérieur de Ja figue, quoique l’œil füt exactement fermé : comme ce font de petits ichneumons noirs dont la tête eft armée de deux dents, ils fvent fe | faire un pañlage au travers des feuilles qui forment l’ombilic. Cette ouver- ture fe referme enfüuite; & l'œil de la figue ne fe rouvre que trois ou quatre jours avant la fortie des mou- cherons. DÉS US C'r EN C'E'$ 371 les figues fauvages; voyons maintenant en quoi elles différent des figues domeftiques. La peau en eft life, unie, & d'un verd foncé; on n'a- perçoit fur leur furface extérieure aucune piqûre d’infecte; lorfqu'elles approchent de leur maturité, elles molliffent & deviennent jaunâtres. En les ouvrant, on reconnoit dans leur intérieur les trois corps différens que M. de la Hire le cadet a trouvés dans les figues domeftiques, & dont il a donné une defcription fort exaéte dans les Mémoires de 1712. Ils y font placés de même: les feuilles occupent Ia partie fupérieure, a plus proche de lombilic ; les étamines viennent après; & enfm les femences, qui font de petits noyaux remplis d'amandes, occupent le plus grand efpace. Ces fortes de figues, dans leur plus grand degré de maturité, n'ont point de liqueur mielleufe ; leur intérieur eft tojours fec & farineux. Lorfque ces figues font de la groffeur d'une noix, les moucherons qui fortent de celles qui les ont précédées, s’y introduifent par l'ombilic, pour y dépofer leurs œufs; & on les trouve errans çà & là, dans l'intérieur de la figue, ft on louvre quelques momens après qu'ils y font entrés. Toutes les figues dans lefquelles les moucherons ne dépolent point leurs œufs, reftent dans un état de langueur : leurs noyaux ne prennent aucun accroiflement, elles fe defléchent, & tom- bent fans mürir, Celles au contraire qui font fécondées, groffiflent à vüe d'œil, & les femences qui font beaucoup plus grofles que dans les figues domeftiques , en rempliflent bien-tôt l'intérieur. Ayant vü quelques moucherons fortir d’une figue qui étoit encore fur l'arbre, je la féparai en deux pour f'examiner : j'aperçus bien-tôt que chaque noyau de la figue étoit l'habitation d’un moucheron. Quelques-uns étoient à moitié fortis. de leur cellule, d’autres percèrent devant moi l'enveloppe de la femence dans laquelle ils étoient encore enfermés, & tous s’envolèrent après avoir féché leurs aïles au foleil pendant quelques minutes. Cette découverte m’en- gagea à poufier plus loin mon obfervation ; j'ouvris plufieurs Aaaï 372 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE figues qui n'étoient pas encore dans leur parfaite maturité ; en examinant leurs noyaux avec une forte loupe, je ne dé- couvris fur leur furface extérieure, que quelques petites taches brunes, imperceptibles à la fimple vüe. Avec des cifeaux extrémement fins, j'en coupai plufieurs tranfverfalement, & après en avoir enlevé la partie fupérieure, j'eus fa fatisfation d'y trouver des amandes vivantes, c'efkà-dire, des nymphes bien formées. Je fis la même opération fur des figues plus vertes, mais avec difhculté, parce que l'enveloppe de la femence n'ayant point alors toute fa confiflance, il n’eft pas aifé de la féparer, fans que ce qu'elle contient ne foit un peu endommagé. Un corps mou & blancheître que j'y trouvai, & fur lequel j'aperçus deux petits points noirs à l'aide d’une forte loupe, me confirma dans l’idée où j'étois, qu'à peine les petits vers font éclos, qu'ils percent la membrane de la femence encore tendre, pour fe nourrir de amande qu'elle contient, & qu'ils y reftent comme dans une habitation fort commode pour leur métamorpholfe, ou que les moucherons percent eux-mêmes enveloppe des noyaux pour y dépofer leurs œufs : la tarrière qu'ils ont à la partie poflérieure de eur corps pourroit leur fervir à cet ufage. Comme il eft impoffible de prendre la Nature fur le fait dans cette occafion, il n’eft pas poflible de décider f1 les vers prennent naïffance dans les noyaux de la figue, ou sils sy introduifent après qu’ils font éclos ; mais il eft certain qu'on ne trouve jamais de vers errans dans l'intérieur des figues en quelque temps qu'on les ouvre, depuis leur naiflance jufqu'à leur maturité. Il eft fingulier que ce qui feroit préjudiciable aux autres fruits, foit un moyen néceflaire pour faire venir les figues fauvages à bien. Pendant leur accroiffement, l'intérieur de ces fortes de fruits eft rempli de petits vers, qui, après avoir vécu un certain temps fous cette forme, sy métamorphofent enfüuite en moucherons; leurs piqüres y caufent apparemment une fermentation qui fupplée au peu de fuc dont elles font remplies : plus on étudie la Nature, & plus on eft étonné de la variété de fes opérations. DES SCIENCES. 73 Tous les infeétes ont leurs ennemis, & les moucherons des figues fauvages n’en font point exempts; je leur en ai découvert de deux efpèces : la première eft un petit ichneu- mon canelle dont la tarrière eft fort longue, & la feconde eft un infeéte qui ne m'a pas paru deftiné à voler. I a fa tête & le corcelet écailleux, fa partie poftérieure forme une elpèce de queue qui tient au corcelet, elle eft groffe à fon origine, molle, blancheätre, & fe termine en pointe écailleufe, Six jambes font attachées au corcelet, & fa tête, qui ny eft adhérente que par un étranglement, eft armée de deux dents femblables à celles des Khnctsons deux petits points noirs forment les yeux. Ils font logés dans les noyaux de la figue, comme les autres moucherons: j'avois cru d'abord que ces infeétes pourroient bien être les nymphes des ichneumons canelles, dans le temps le plus proche de leur transformation; la conformité de couleur m'induifoit à le croire, mais j'ai été détrompé par plutieurs obfervations: en coupant plufieurs noyaux pour examiner Îles nymphes des moucherons noirs dans leurs différens degrés d’accroiflement, je trouvai deux nymphes des ichneumons canelles, renfermées comme celles des autres moucherons, dans les femences de la figue : leur tarrière, qui eft fort longue, failoit un cercle autour de leur corps. Ayant même vû plufieurs ichneumons canelles percer Fenveloppe de leur cellule, au lieu que les autres en fortent fous la forme que j'ai décrite ci-devant, il n'en fallut pas davantage pour n'aflurer que je ne devois pas les confondre, & qu'ils formoient deux efpèces différentes. Ces derniers n'éprouvent point de métamorphofe , puifqu'ils fortent de Yœil de la figue fans être aîlés. Je crois que ces deux efpèces d’infectes peuvent être regardées comme les ennemis des moucherons noirs, puifqu'ils fe trouvent en plus petit nombre dans les figues fauvages, & qu'ils ne font d'aucun ufage pour la capritication. Les figues fauvages étant affez connues par le détail dans lequel Je viens d'entrer, pañlons maintenant à la feconde partie de ce Mémoire, qui regarde la caprification des figues domeftiques. À aa ii 374 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIZ Remarques fur la Caprification. Quoiqu'il y ait à Malte fept ou huit efpèces de figuiers domeftiques, la caprification n'a lieu que pour deux efpèces feulement. Les payfans qui la mettent en ufage, n'ont point pour objet la maturité prématurée des figues domeftiques, mais il croient qu’elles ne fauroient venir à bien, & qu'elles tombent néceflairement avant de mûrir, fi elles ne font point caprifiées. Cette difficulté fera éclaircie par les remar- ques fuivantes. La première efpèce de figuier qui produit les figues def tinées à la caprification, porte deux fois l'année. Celles qui müriflent les premières, c'eft-à-dire, à la fin de Juin, font mielleufes, beaucoup plus grofles que celles de France, & d'un goût plus exquis; elles parviennent fans aucun fecours à leur parfaite maturité : les fecondes au contraire, ont befoin d’être caprifiées, & ne mûriffent que pendant tout le mois d'Août. Ces dernières figues font inférieures aux premières pour le goût & la groffeur. La feconde efpèce de figuier dont les fruits fe caprifient, ne produit qu'une fois lan, & je crois que c'eft la même efpèce, fi abondante dans les ifles de Archipel, dont parle M. de Tournefort; ces figues font petites, blancheâtres, & fucrées fans beaucoup de goût : la récolte en eft toüjours fort abondante. Voilà donc deux efpèces de figues deftinées à la capri- fication : voyons ce qui peut donner lieu à cette opération, tandis que les autres n’ont pas befoin du même fecours pour bien mürir. Commençons par la première efpèce, c'eft-à- dire, par celles qui viennent fur le même arbre qui a produit les bonnes figues du mois de Juin. Il eft certain que le figuier qui a produit une grande quantité de figues grofles & fucculentes, fe trouve, pour ainff dire, épuifé. Cet arbre n’a pas la force de fournir la nourri- ture fufhfante aux fecondes figues, qui commencent à paroître dans le temps que les premières font dans leur maturité. DR SE MSN CE EN CRIS 375 Qu'arrive-tgl? Ja moitié de ces fecondes figues, qui ne reçoivent point le fuc nourricier dont elles ont befoin, tombent avant d'être müres; & ceft par la caprification qu'on remédie à cet inconvenient. L'introduétion du mou- cheron y caufe une fermentation capable de précipiter leur maturité, comme il arrive dans les fruits verreux , qui muüriflent toüjours avant les autres. Pour lors les figues qui tarderoient deux mois à mürir, font bonnes à manger trois femaines plus tôt, & le temps de leur chûte étant prévenu, la récolte en eft plus abondante. Cela eft prouvé par la manœuvre de quelques particuliers, qui, pour ne point fatiguer leurs arbres, ne caprifient point les fecondes figues, attendu que la récolte des premières eft ordinairement mau- vaile pour l'année d'après , l'arbre ayant, pour ainfi dire, été forcé de nourrir une trop grande quantité de fruit dans la même année, En effet, les trois quarts des fecondes figues tombent avant de mürir, lorfqu'elles n'ont point été caprifiées, & il n'en refte fur arbre que le nombre qu'il eft capable de nourrir. Venons maintenant à la feconde efpèce de figues deflinées à la caprification ; la même raïfon fubfifte pour celle-ci, quoique dans un fens différent. J'ai déjà dit que la récolte en eft fort abondante, & cela eft fi vrai, qu'on trouve plufieurs figuiers dont on ne voit point les branches, attendu {a quantité de fruit dont elles font chargées. Lorfqu'on néglige de caprifier cette efpèce de figuier, une grande quantité de fon fruit tombe avant de mürir, parce que l'arbre en eft furchargé: la caprification prévient cette chûte, comme dans l'autre efpèce, en préci- pitant la maturité. Les payfans font bien perfuadés que les deux efpèces de figues dont nous venons de parler, ne fauroïent mürir fans la piqûre du moucheron : mais de pareïls préjugés ne font guère d'impreffion fur ceux qui veulent obferver avec un peu d'attention. Pour favoir à quoi m'en tenir, je priai un de mes amis, qui avoit dans fon jardin quelques pieds de figuier des deux efpèces deftinées à la caprification, de 376 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE laiffer pafler une année fans y fufpendre de figues fauvages: Ce que j'avois prévü arriva, prefque la moitié du fruit tomba fans mürir, mais le refle vint à bien. J'ouvris plufieurs de ces figues, que je trouvai caprifiées : le vent avoit apparem- ment tranfporté quelques moucherons d'un figuier fauvage, qui n'étoit pas éloigné; mais la plus grande partie n'avoit aucun figne de caprification. Cela eft aifé à connoître, parce que celles qui n'ont point été caprifiées, font bien meilleures que les autres, & celles qui l'ont été font prefque toûjours jaunâtres & defféchées en dedans. D'ailleurs on y trouve les cadavres de deux ou trois moucherons enveloppés dans les feuilles de lombilic, ou dans l'intérieur de la figue. L'ufige de la caprifiçcation n’eft point connu en Provence, quoiqu'il y ait dans cette province les mêmes efpèces de figues que nous avons à Malte & dans les ifles de l'Archipel : elles parviennent cependant à leur parfaite maturité. Peut- être que la récolte en feroit plus abondante fr-elles étoient caprifiées, mais on y perdroit du côté de la bonté. Les figues féches du Levant ne font pas à beaucoup près aufii bonnes que celles de Provence. Ces remarques prouvent, ce me femble, que les figues domeftiques peuvent mürir fans le fecours de la caprification, mais que cet ufage eft d'une grande utilité pour foulager un figuier qui eft épuilé par le grand nombre de figues qu'il a produit dans la même année, ou parce qu'il auroit point la force de nourrir la quantité de fruit dont il eft chargé. Ces deux circonftances n'ayant point lieu pour les autres efpèces de figues que nous avons à Malte, on ne fonge point à les caprifier. A l'égard de l'idée de Pontedera, qui imagine que le figuier fauvage eft le mäle du figuier domeftique; que le remier fournit les pouffières d'étamines néceflaires pour féconder les fruits du fecond; que les moucherons font les porteurs des pouflières, & qu'ils les dépofent dans les figues où ils sintroduifent; je puis aflurer avoir vû des faits qui détruifent ablolument tout ce qu’il nous a débité fur cette matière. DYÉ:S4 SIC TE N° CES 277 matière. L'état des moucherons qui fortent d’une figue fauvage peut avoir induit Pontedera en erreur. Ils font chargés alors d'une pouffière blanche qui provient en partie des étamines, au travers defquelles ils fe font un paflage, & de l'intérieur de la figue, qui efl farineux : mais cet oblervateur fe ferois bien donné de garde d'avancer de pareils faits, fi, au lieu de s'en tenir aux apparences, il avoit eu la patience d'exa- miner Îes moucherons depuis le moment qu'ils fortent de la figue jufqu'à celui où ils s'envolent. Il auroit vû qu'ils emploient fix ou fept minutes à fécher leurs aîles au foleil, & à fe dégager des pouffières qui les embarraffent : il ne leur en refte aucun veftige lorfqu'ils s'envolent, & ils font d'un noir luftré lorfqu'ils s'introduifent dans les figues do- meftiques. Quoique les moucherons qui fortent des figues fauvages aillent chercher les figues domeftiques pour y dépoler leurs œufs, ce dérangement ne détruit point l'ordre qui règne dans la Nature, & f'efpèce s'en conferve toûjours. Toutes les figues fauvages ne müriffent point à la fois: ce ne font que les moucherons des figues avancées qui fervent à {a caprification, parce que les figues fauvages qu'ils devroient féconder ne font point encore en état de l'être, au lieu que ceux qui fortent des figues qui ne müriflent que trois femaines après, font deftinés à féconder ces mêmes figues fiuvages qui font alors aflez avancées; & cet par ce moyen que l'efpèce ne s'en perd point, quoiqu'il en périfle un affez grand nombre dans les figues domeftiques, puifque tous les vers qui proviennent des œufs dépolés par les moucherons, meurent avant de pouvoir fe changer en nymphes, ou par la trop grande humidité, ou parce qu'ils n’y trouvent point une nourriture convenable, À LCD 5 ACOÏe4 Say. étrang. Tome 11. Bbb 378 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE FRS Ou RE DURE RE: DER A. BALE Par M. GauTier, Correfpondant de l’Académie. =: ou que d'entrer dans le détail de tout ce qui concerne la manière dont on fait ce Sucre, je crois vil eft à propos de donner la defcription des deux efpèces d'érables qui le fourniflent, car il y a d'autres efpèces d'érables qui n'en donnent point & d'où il ne coule point d’eau fucrée. Ji n'y a que deux efpèces d'érables en Canada qui four- niflent ce fucre: ils croiflent dans toute l'Amérique fepten- trionale, & fe trouvent prefque par-tout : ils ne fourniffent l'eau fucrée avec laquelle on fait le fucre, que dans les endroits où il gèle & où il tombe de la neige. On verra cependant dans la fuite de ce Mémoire, que cette circonftance n’eft pas abfolument effentielle pour faire couler cette eau. Defcription des deux efpèces d'E‘rables dont on retire du Sucre. © Le premier eft un grand arbre qui eft fort beau , & erdi- naïrement fort haut; fon écorce eft blancheître & affez unie. Quand il eft vieux, elle fe fend & fe gerfe tout le long de farbre. Ses branches s'étendent de toutes parts & font fort nombreufes, fur-tout vers la tête de l'arbre, car tout fon tronc eft ordinairement fans branches, ou il y en a très-peu; fes branches font chargées de grandes feuilles larges, anguleufes, arrondies, femblables à peu près à celles de la vigne, mais plus unies & plus molles; elles font en defus d'un verd foncé, & en deflous prefque blanches, attachées à une queue longue & rougeâtre. Cet arbre fleurit vers la mi-juin, fes fleurs font en rofe, d’un blanc un peu verd, 1 À DÉS ÉRUCUE EM © ETS ramafiées en grape & pendantes; les fruits qui leur fuceèdent font compolés de deux, & quelquefois de trois capfules, qui fe terminent en une aile membraneufe, Ces caplules font remplies chacune d'une graine arrondie, blanche &c petite. Les femences font müres au mois de feptembre, Cet arbre fe plait dans les lieux humides, & fur-tout dans les montagnes & pays fablonneux où il eft fort commun. Lorfqu'il fe dépouille de fes feuilles, ce qui arrive dans le mois d'octobre, elles jauniflent & tombent. Son bois eft affez tendre, & facile à travailler; il y en a même qui eft très-beau, parce qu'il eft rempli de petits nœuds qui le font paroître tout piqué & marbré. Ces nœuds font fort beaux & paroiffent beaucoup quand le bois a été frotté avec un peu d'eau forte. On s'en fert à caufe de fa beauté pour les ouvrages de menuilerie, & pour les boiferies ; on en fait auffi des montures de fufil, qui font très-belles, La feconde efpèce d'érable eft un arbre qui n'eft pas fi grand ni fi haut que le premier, mais dont les branches font plus nombreufes, & s'étendent également de toutes parts. Son écorce eft d'une couleur rouge tirant un peu fur le brun, qui séclaircit beaucoup quand elle eft mouillée ; elle paroït alors plus rouge; elle eft beaucoup plus unie &c plus polie que celle de Pérable blanc. Ses feuilles font plus petites, moins arrondies & plus pointues, elles font den- telées dans toute leur circonférence, mais elles ont fur-tout trois grandes dents, dont une, qui eft la plus confidéra- ble, eft placée à l'extrémité de la feuille: elle forme un angle beaucoup plus aigu que les deux autres qui font au côté. Celles des deux côtés forment avec celle du milieu deux angles prefque droits; elles font portées fur une queue rouge & plus longue que celle de l'érable blanc : ces feuilles en naiffant font rouges par deflus, & couvertes par deflous d'un duvet blanc très-fin, elles ne fe développent pas fi-tôt que les feuilles de l'érable blanc. Lorfqu'elles ont acquis leur accroiflement, elles font d'un verd blancheître , femblables à celles de férable blanc. Elles reflent dans cet état jufqu'à Bbbi 380 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE l'automne, alors le deflus de la feuille devient d’abord un peu jaune, enfuite rouge comme du fang de bœuf, & le def- fous eft toûjours blancheâtre, mais fon duvet n'y eft plus, & les nervures de cette partie font toüjours fort rouges. Cet arbre fleurit vers la mi-juin, & fes fleurs, qui font rou- geâtres, font femblables à celles de l'érable blanc, auffi-bien que les fruits qui müriflent au mois de Septembre. Il fe plait dans les lieux humides, mais plus encore fur les mon- tagnes & dans les endroits fablonneux. Son bois eft beaucoup plus tendre que celui de lérable blanc, & plus facile à travailler ; on s'en fert pour les ouvrages de menuiferie. II s'en trouve qui eft très-bien veiné ou pluftôt ondé, car en fendant une bûche de cet érable, on voit toutes les fibres ligneules difpofées en ondes. Quand on frotte avec de l'eau forte les boiferies & les meubles, qu'on a faits avec ce bois, ils paroiffent très-beaux & ondés: aufli eft-il fort recherché pour cette forte d'ouvrage. On peut le nommer Acer Canadenfe, folio tridendato, où encore mieux, Acer Canadenfe, floribus rubris, jolis majoribus fuperne viridibus , Jubtus argenteis , lanuginofis. Le premier de ces arbres s'appelle érable blanc ou érable mâle, & le fecond fe nomme en Canada érable femelle ou érable plane, & par corruption, plaine, on ne l'y connoît pas fous d'autre nom. Cette diverfité de noms met une différence : dans le fücre qu'on retire de l'eau que fourniffent ces deux efpèces d'érables. On appelle le premier, celui qui vient de l'érable blanc, fucre d'érable fimplement; & le fecond, celui qui vient de l'érable femelle, fucre de plane où de plaine. Ces deux érables font les feuls qui donnent une eau claire comme de leau de roche, avec laquelle on fait un fucre gras & roux, d'un goût agréable & qui répand une odeur gracieufe quand il eft fait fans fraude. Il eft certain qu'il eft prefque auffi bon que celui qu'on retire des cannes à fucre, & je fuis perfuadé qu'en le purifiant bien, on pourroit en faire un fucre aufli blanc que le fücre rafiné, DES! SCIENCE,Ss | 36% Temps où coule l'eau Jucrée. Au commencement du mois de Novembre, les érables fe dépouillent entièrement de leurs feuilles; alors fi on fait des incifions ou entailles à ces arbres, il en coule en très-petite quantité une eau légèrement fucrée, mais dont on pourroit retirer du fucre fi on en avoit aflez. Il faut néceffairement, pour faire couler cette eau, qu'il ait gelé pendant fpt ou huit jours, & que la gelée ait été affez forte pour faire defcendre la liqueur du thermomètre trois où quatre degrés, & même davantage, au deffous de la congélation. Je ne fais fi la neige eft effentielle pour cet écoulement, mais il y a grande apparence qu'elle y contribue beaucoup. Les jeunes érables, auffi-bien que les vieux, ne donnent prefque point encore d'eau dans ce temps, on n’en retire alors que de ceux qui font d’un moyen âge & qu'on pourroit nommer adultes. J'ai fait pendant plufieurs années cette expérience les 20, 21, 22, 23 & 24 Novembre. II y avait alors de la neige fur la furface de la terre, & je n'ai trouvé que les érables adultes ou d'un moyen âge qui fourniffent cetie eau. Je penfe que la longueur de l'hiver & la violence du froid pourroient bien contribuer à la formation & à la produétion de Feau fucrée ; car j'ai remarqué que plus on avance dans cette faïfon, plus les érables donnent de cette eau. Quand Thiver eft bien long, les payfans abattent dés érables pour faire du bois de chauffage : or ces arbres, qu'on abat vers la fin de Mars & dans le mois d'Avril, fournifient quand on les brûle une eau fucrée que les enfans ramaffent & boivent avec plaifir, & on en retire une bien plus grande quantité, que de ceux qu'on a abattus dans les mois de Décembre, Janvier. & Février. L'eau fucrée commence à couler dès la fin de Yau- tomne, continue pendant tout hiver, jufqu'au commence- ment du printemps; mais il faut obferver toûjours qu'elle coule bien plus abondamment au commencement de l'hiver qu'à la fin de l'automne, & ainfi en augmentant toûjours Bbb iij 382 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Jufqu'au commencement du printemps. Îl en coule mémé encore beaucoup pendant les premiers jours de Mai. Manière de virer l'eau fucrée des E’‘rables. Quand on veut avoir l'eau fucrée qui eft dans les érables ; on commence par y faire une incifion ou entaille ovale & oblique, que les habitans du pays nomment gobe. On applique à la partie inférieure de cette incifion, une lame de couteau où un morceau de bois mince en forme de règle, qui fait un angle aigu avec l'entaille, & fert de canal à fa liqueur pour fe rendre dans des vales qu'on met deflous pour la recevoir. Sans cette précaution, elle couleroit le fong de l'arbre & feroit perdue. Si on fe contentoit de faire ces incifions à l'écorce extérieure, ou à l'écorce moyenne, ou même à fécorce! qui’ eft la plus proche du bois, & qu'on nomme le iber, il n'en fortiroit pas une feule goutte d’eau fucrée; ‘on n'y apercevroit pas même la moindre humidité pendant tout l'hiver, & au commencement du printemps, temps auquel les érables fourniffent abondamment : l'eau fucrée; mais il faut néceffairement entamer la fubftance du corps ligneux, ou les fibres du bois, pour avoir le plaifir de voir couler leau fucrée, qui fuinte plus où moins abondam- ment, füuivant la profondeur de Fentaille & que les circonf- tances font plus favorables : une des plus effentielles eft que les fibres foient dégelées, car quand elles ne le font pas, il ne coule point d'eau & la plaie demeure féche. H arrive même dans le commencement des dégels, que quand on a fait une incifion à ces arbres, l'eau fucrée ne découle que des couches les plus extérieures du bois, parce que les couches intérieures qui doivent aufli en fournir beaucoup, né font pas encore dégelées, mais Pécoulément eft confidérable au commencement du printemps quand les dégels font grands & univerfels On peut faire une ou plufieurs entailles à un arbre, mais ordinairement il ne s'en trouve pas mieux, & au bout de très-peu de temps il eft épuifé. Quand la récolte de l'eau fucrée eft faite, les emtailles fe gerfent &c fe ee ; D, Æ SA SC E 22 Ni CE 1% ) 383 defléchent de lépaiffeur d'un bon pouce dans toute leur - étendue, & il n’en fortiroit point d’eau année fuivante, à moins qu'on ne les rafraichit. OBSERVATIONS. 1. La figure & la pofition de l'entaille font fort indiffé- rentes, cependant on la fait toûjours oblique, afin que l'eau coule plus aifément dans les vafes. | : 2. Si.on fait plufieurs entailles à un arbre, il découle moins d'eau de chaque entaille à proportion, qu'il n'en découleroit d'une ou de deux, fi elles étoient affez grandes. 3." Les entailles faites à la partie de l'arbre la plus proche de terre, donnent plus d'eau & plus tôt que celles qui font à quinze & vingt pieds de hauteur. La raifon en efl, que le pied de l'arbre eft moins gelé que le tronc & les branches. 4° Plus les érables ont eu d’entailles, moins ils donnent d’eau fucrée les années fuivantes. 5” Cette eau découle de toutes les parties des arbres, du tronc, des branches & des racines. ,,, 4, 14,1, 6.” Cette eau paroît toüjours venir de la partie fupérieure de Farbre; car fi avec une hache on fait une entaille de trois ou quatre pouces de profondeur à un érable, on voit découler l'eau abondamment des fibres qui font à la partie fupérieure, tandis que celles, qui font à la partie, inférieure paroïflent n’en pas fournir. - .+ 7+° Les vieux érables donnent moins d’éau que les jeunes, & que ceux qui font d'un âge moyen, mais elle eft. plus fucrée. J'ai remarqué auffi que les érables qu'on nomme planes où plaines donnent plus d’eau que les érables blancs, mais elle eft moins fucrée, & fournit-par conféquent moins de fucre, qui eft plus doux & plus agréable. Du temps & des circonflances néceffaires pour faire couler l'eau des E rables. Quoiqu’on puifle faire des incifions ou gobes aux. érables dans tous les temps de. l'hiver:, il n’en: coulé cependant pas 84 MÉMOIRES FRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE d'eau fucrée. Il faut pour qu'elle coule, un temps & des _circonftances favorables. 1° If faut un temps beau & chaud, & un foleil brillant, car le temps couvert n'eft guère propre pour l'écoulement de la liqueur. 2.°-1l eft néceflaire que le vent foit au fud ou au fud-oueft. Le vent de nord-eft n'y eft pas fi favorable, néanmoins il arrive quelquefois que quand ce vent 'n'eft pas trop froid, l'eau d'érable coule affez abon- damment. 3.° De quelque côté que vienne le vent, il ef effentiel qu'if ne foit pas froid. 4.” Il eft néceflaire qu'il dégèle beaucoup pendant la journée; & plus le dégel eft grand, plus Yeau des érables coule abondamment. 5.° Il eft avantageux qu’il gèle un peu la nuit, il arrive même qu'une petite gelée femble annoncer que le lendemain il coulera beaucoup d'eau, pourvû qu'il y ait un grand dégel, & que les autres circonf- tances fe rencontrent. Une gelée qui feroit defcendre fa liqueur du thermomètre à 22 degrés au deflous de la con- gélation, empêcheroit cette eau de couler. 6.° On a coûtume de faire les entailles du côté de l'arbre qui eft au fud ou aw fud-oueft, on verra dans la fuite que cette précaution eft avantageufe, & que c'eft des entailles faites de ce côté que Veau coule plus abondamment. On obferve conflamment que les érables qui font bien expofés au foleil, donnent de l'eau plus abondamment que ceux qui font à fombre, & à qui les rayons du foleil font dérobés par quelques autres arbres qui fe trouvent devant eux ou par quelque hauteur. Le foleif ne pouvant point alors agir immédiatement fur les érables, ne peut point les dégeler auffr confidérablement ni auffi promptement que ceux qui font bien expofés à fon ardeur: auffi l’eau en coule moins abondamment, à moins qu'il n’y ait un grand dégel. 7° Le temps dé la journée où cette eau coule le plus abondamment, eft depuis dix heures du matin jufqu'à deux ou trois heures après midi, parce que c'eft alors le temps du plus grand dégel; mais aufli-tôt que le dégel cefle, & que le vent, de quelque côté qu'il foit, fe refroidit, eau ne coule: plus & on la voit s'arrêter fubitement: 8.° Il peut bien:arriver que la: neige qui eft au pied D'MSMOICTE N CES 385$ au pied des arbres, & qui fond à vüe d'œil dans les grands dégels, y contribue beaucoup : on en pourra juger par une expérience que J'ai faite le 12 Mai, & qui fera rapportée ci-après. On peut regarder toutes ces circonflances comme autant de phénomènes dont j'ai déjà rendu raifon: mais je vais tâcher de les expliquer phyfiquement, après avoir averti que je ne donne ces explications que comme plaufibles, 8&c qu'on fera en droit d'en porter tel jugement qu'on voudra, La petite gelée de la nuit paroît très-utile pour cet écou- lement, parce qu'ordinairement elle eft füuivie d’un grand dégel le jour fuivant. Le vent de nord-eft n’eft pas fi favo- rable, parce qu'ordinairement le dégel n'eft pas grand quand il règne, & qu'il eft toñjours un peu plus froid dans ce temps, que le vent de fud & de fud-oueft. Les entailles faites aux arbres du côté du fud & du fud-oueft, fourniffent beaucoup plus d’eau que celles qui font au nord, parce que le foleil agiffant immédiatement fur ce côté des arbres, les dégèle plus tôt & plus puifläimment, au contraire il n'agit point fur le côté expolé au nord _& au nord -eft : c'eft fans doute ce qui eft caufe que les entailles faites de ce dernier côté donnent moins d’eau: cependant quand le dégel eft grand & univerfel, le foleil beau & le temps chauds, elles ne hiffent pas de fournir affez, mais jamais fi abondamment que celles expofées au fud & au fud-oueft, Je crois que les expériences fuivantes, confirmeront cette explication ; j'ai cru devoir les rapporter, elles font certaines, ainfi on peut y ajoûter foi. Première Expérience faire à deux lieues de Québec. Le 6 Mars 1745, le temps étant beau & chaud, le vent au fud-oueft, la liqueur du thermomètre à 11 degrés au deflous de zéro, je fis plufieurs entailles à des érables du côté du fud & du fud-oueft; il en découla de l'eau fucrée, maïs en petite quantité, parce qu'il n'y avoit pas encore eu de dégels confidérables. Comme le vent de fud-oueft étoit grand & froid, il dégela très-peu, quoique Say. étrang. Tome IL, Ccc 86 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE le foleil fût chaud. Ayant auffi fait des entailles au nord, elles ne fournirent prelque point d'eau. Seconde expérience. Le 14 Mars de la même année, le temps étant à peu près le même, à la différence près qu'il faifoit un froid fi violent, que le vif-argent étoit defcendu 23 degrés au deflous de zéro, je fis des entailles à plu- fieurs arbres fitués pareillement & avec les mêmes précau- tions que pour les expériences précédentes. Comme le dégel de la journée n'avoit pü fondre l'eau qui étoit congelée dans les tuyaux du bois, les entailles ne donnèrent prefque point d'eau. Troifiéme experience. Le 24 Mars, le thermomètre étant 7 degrés au deflous de zéro, le foleil beau & chaud, le temps clair & ferein, le vent variable du fud-oueft au nord-eft, & le dégel très-confidérable, je fis des entailles à plufieurs arbres; l'eau en découla fi abondamment , que la plus grande des entailles donna dans l'efpace de 24 minutes plus d'une chopine d’eau fucrée mefure de Paris. Les autres entailles rendirent à proportion; & je remarquai encore que cette eau découloit plus abondamment des entailles faites au côté des arbres expolé au fud & au fud-oueft, que de celles qui l'étoient au nord & au nord-oueft. Une entaille de quatre doigts de longueur & de trois pouces de pro- fondeur, faite du côté du fud & du fud-oueft, à un arbre d'environ quatre pieds de circonférence, donna au moins une pinte d’eau fucrée, melure de Paris, en un quart d'heure, pendant que les entailles faites au nord & au nord-eft n’en donnèrent pas plus d'une chopine dans le même efpace de temps. Cet écoulement continua à peu près de la même manière, depuis onze heures du matin jufqu’à trois heures après midi, en diminuant peu à peu à melure que le temps fe refroi- difloit, après quoi il n'en coula prefque plus: mais il eft bon d’obferver que comme il n'y avoit encore que les couches les plus extérieures du bois qui fuffent dégelées, il n'y avoit auffi qu'elles qui fournifloient cette eau, & DEINWSCIENCES 387 les entailles qui étoient profondes ne donnoïent pas plus d'eau que celles qui l'étoient moins, parce que ces arbres n'étoient pas encore aflez dégelés. Quatrième expérience. Quelques Phyficiens ont penfé qu'il falloit qu'il y eût de la neige au pied des érables, pour en obtenir l'eau fucrée: dans la vûe de m'aflurer de ce fenti- ment, j'ai cru convenable de faire l'expérience fuivante. Le 12 Mai, le temps toit beau & chaud, le thermo- mètre étant le matin à 13 degrés au deflus de zéro, & le foir ayant monté jufqu'à 30; il n'y avoit plus de neige fur la furface de la terre depuis plus de huit jours, & la végétation étoit fi avancée que l'herbe poufloit par-tout, & que les feuilles des framboifiers, grofeillers & merifiers commençoient à s'épanouir, ainfi que es boutons des érables. Dans ces circonftances, je fis des entailles à plufieurs érables, & j'eus le plaifir de voir couler l'eau prefque auffr abon- damment que dans le mois de Mars. Il en coula plus d'une pinte de chaque entaïlle en trois quarts d'heure. Cette eau étoit très-fucrée, très-claire & très-limpide, d'une fraicheur admirable ; mais elle avoit un petit goût de verd, qu'on appelle en Canada, goût de sève. Les circonftances que nous avons trouvé être effentielles pour faire couler leau fucrée des érables, ne fe rencon- trant pas toûjours dans les mêmes temps, dans les différens endroits où croiffent les érables qui donnent cette eau, il s'enfuit que la récolte de cette eau fe fait plus tôt dans des endroits que dans d’autres: par exemple, dans le gou- vernement de Québec, des Trois-rivières & de Mont- réal, on recueille l'eau fucrée depuis la mi-Mars jufqu'à la mi-Mai, parce que c'eft le temps où dans ces cantons le foleil commence à avoir de la chaleur & à s'élever fur Thorizon. Les dégels font grands & prefque continuels, les gelées de la nuit font peu confidérables, le vent un peu chaud. Peut-être même la fonte des neiges, qui arrive dans ce temps-là, contribue-t-elle à faire couler l'eau fucrée. Dès que la sève monte aux érables, & que les feuilles Cccij 388 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'AÂCADÉMIE commencent à s'épanouir, l'eau fucrée ne coule plus & le bois eft fort fec. On commence ordinairement la récolte de l’eau d'érable au fort de Frontenac, au détroit & aux environs du fort St Frédéric & dans le lac Champlain, au mois de Février, & elle y eft finie les premiers jours de Mars; parce que le froid de l'hiver finiflant beaucoup plus tôt dans ces endroits qu'à Québec, les dégels qui y font très-grands, commen- cent dès la fin de Janvier & continuent pendant le mois de Février; aufli la récolte du fucre y eft finie environ le 10 de Mars. If faut oblerver qu'il y a peu de neige dans ges endroits. Caraëère à vertus de l'Eau d'E‘rable. L'eau qu'on tire des érables eft claire comme de l'eau de roche, cependant un peu blancheâtre. Elle eft fort defal- térante: quand on fa boit, elle n'a rien d’onétueux ni de gras, & elle laifle dans la bouche un goût frais & fucré, qui eft admirable. Cette eau eft adoucifflante & rafraichiffante, on pourroit même dire balfamique & fort diurétique; on ne s'eft jamais aperçû qu'elle ait caufé aucun accident à ceux qui en ont bü beaucoup, même étant tout en fueur après de violens exercices. J'ai fait glacer de l'eau d'érable dans un vafe, en lexpo- fant à la gelée de la nuit, qui étoit aflez forte; j'avois mis dans ce vale environ une pinte d’eau. Il fe forma une glace deflus qui n'avoit prefque point d'autre goût en fondant que celui de l'etu commune, & il y avoit au fond du vafe fous la glace une matière grafle, onétueufe, qui étoit fort fucrée & à peu près comme du firop. Il ne s’y forma point de criftaux. L'eau d'érable étant renfermée dans un baril, s'aigrit; mais moins promptement que la liqueur qu'on tire des cannes à fucre. On expofe un baril au foleil pendant l'été, & l'eau d'érable fe convertit en un vinaigre qui eft fort bon. J'en DAFT ASTUCE EN CES 38 ai goûté, & l'ai urouvé wès-propre pour affaifonner les ali- mens. On conferve une partie de l'eau qu'on ramañfe fur la fin de la récolte, pour faire ce vinaigre. Manicre de faire le Sucre d'Erable, La fabrique du fucre d'érable n’a rien de fingulier ni de difficile, les Sauages y réufliflent auffi bien que les Fran- çois, quoique ce foient ces derniers qui aient appris aux pre- miers à le faire. Quand on a ramafñlé une certaine quantité d'eau d'érable, comme une demi-barrique, on la fait bouillir dans une chaudière de cuivre, ou encore mieux dans une de fer, jufqu'à ce qu'on ait fait évaporer prefque toutes les parties aqueufes qui font dans cette eau fucrée. Il faut avoir foin, pour faciliter cette évaporation, de la remuer fouvent & de l'écumer quand elle commence à s'épaiffir. On con- tinue de la faire bouillir jufqu’à ce qu'il refte dans la chau- dière une matière grafle, onélueufe & fucrée, qui ait la confiflance d'un firop fort épaiffi. Quand elle eft en cet état, elle eft aflez cuite, & c'eft la marque où on connoît que le fucre eft fait : alors on Ôte la chaudière de deflus le feu, & pendant qu'elle eft encore chaude, on verfe le fucre dans des vafes de terre ou bien dans des vafes faits avec Vécorce du bouleau, ou d’autres matières f1 on en a. On en forme des pains de différentes figures, il y en a qui font coniques, d’autres font carrés, & d’autres font plats; cette diverfité de figure dépend des vafes dans lefquels on les forme. On laïfle refroidir & fécher ce fucre dans ces vafes, & il s'y durcit très-fort, après quoi on lôte pour le garder & pour lemployer aux ufages que nous dirons. Il faut obferver que quand on veut faire de bon fucre, il 'eft néceffaire qu'il ne refle pas trop long-temps fur le feu, & qu'on ne lui donne qu'une confiftance médiocre, alors le fucre eft rouffeâtre, un peu tranfparent, d'un goût gracieux, & d’une odeur très-agréable. Au contraire, quand on le fait trop bouillir, il a un goût mielleux, comme la melafle ou doucette, & fon odeur n'eft point fr agréable que celle Ccc ii 90 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE du fucre qui eft bien fait. Ce fucre fe purifie de lui-même fans qu'on foit obligé d'y rien ajoûter, cependant il y a des perfonnes qui le clarifient, quand il a à peu près l'épaif feur des firops ordinaires, en y mettant des blancs d'œufs, après quoi ils continuent de le faire bouillir jufqu'à ce qu'il ait acquis une confiflance convenable. On fait par-là un fucre qui eft plus pur & plus blanc que celui qui eft fait fans cette attention, il pañle aufli pour le meilleur, fur-tout quand il eft fait avec l'eau de plaine. OBSERVATIONS 1. Cent pots d'eau d'érable fourniflent ordinairement dix livres de fucre. Cela peut cependant varier, car l'eau qui eft plus fucrée, en donne plus que celle qui l'efl moins. 2. L'intérêt, qui gâte ordinairement tout, a introduit une fraude aflez fingulière & fort fimple, dans la fabrique de ce fucre. Quand fes habitans ou payfans ont fait bouillir l'eau d'érable jufqu'à ce que fes parties aqueufes foient prefque évaporées, ils y ajoûtent de Ja farine de froment, afin que le fucre, difent-ils, foit plus tôt fait, cette farine abforbe le refte de Fhumidité qui étoit dans le firop, & par-là le fucre eft bien-tôt fait ; ils ont foin de bien méler cette farine avec le firop, après quoi ils retirent le fucre de deflus le feu & en forment des pains de différente figure. Ils fe contentent de donner à cette fraude le nom de fecret de faire promptement le fucre. Ils ajoûtent ordinairement deux ou trois livres de farine fur dix livres de fucre. Ce fucre eft plus blanc, mais moins bon que le premier , il n’a jamais la même dureté, & il n’eft pas fi agréable au goût ni d’une fi bonne odeur. Sa blancheur le fait cependant rechercher par ceux qui ne s'y connoiflent pas. 3." Le fucre d'érable qui eft fait avec l'eau qu'on ramafle fur la fin de la récolte, dans les premiers jours de Mai & fur la fin d'Avril, n'eft jamais fi bon que celui qu'on fait dans les mois de Mars & d'Avril : on a d'ailleurs beaucoup de peine à le faire; & quand il eft fait, il eft de fi mauvaife qualité D ENAMPONC I EN. C ES! I qu'on ne peut pas le garder Jong-temps. 11 fe fond aifément dans les grandes chaleurs de l'été; il n'a point la même dureté, ni les mêmes qualités que le premier; il a un goût de sève, qui eft le goût de l'eau d'érable qu'on fait couler fur la fin de la récolte. La difhculté qu'on a pour faire du fucre avec cette eau, fait qu'on fe contente de la faire bouillir jufqu'à ce que la matière fucrée ait la confiflance de firop. On y ajoûte quelquefois une forte décoction de capillaire, qui rend ce firop plus agréable & plus falutaire. On le garde, foit qu'il foit compolé avec le capillaire ou fans capillaire, pour le boire mélé avec de l'eau pendant les grandes chaleurs de l'été; cela fait une boiflon fort agréable: mais il faut avoir foin, pour le conferver, de le garder dans une cave bien fraiche, car fans cette précaution il s'aigrit aifément & fe gate. Il ne peut pas fupporter les voyages de mer. La fabrique du fucre, tant d'érable que de plaine, peut aller dans le Canada, à 12 ou 15 milliers par an, & on le vend ordinairement dix fols la livre. Ce fucre eft d’une grande reflource dans les années où on n’en apporte pas de France & des Ifles. On pourroïit en faire davantage en Canada, parce que les deux efpèces d'érables qui le four- niflent y font très-abondantes. Des ufages du Sucre d'Erable à de Plaine. On flemploie dans la cuifine pour Îa préparation des alimens, fur-tout de ceux qui font faits avec du lait; & dans la médecine. Lorfqu'il eft bien fait, il eft un peu roux, très-dur & un peu tranfparent , il a un goût exquis, une odeur très-gra- cieufe, & une faveur bien plus agréable que le fucre brut des Ifles. Quant à la médecine, le fucre d'érable eft peétoral & adouciffant. On en fait des tablettes, fur-tout avec le fucre de plaine, qui font très-eftimées & avec raifon, car il eft meilleur & plus doux que le fucre d'érable blanc. On emploie ces tablettes pour adoucir Îes acretés du poumon 392 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE & de la trachée-artère, & l’acrimonie de la limphe. C'eft ce qui fait qu'elles font fi falutaires dans le rhume, pour calmer a violence de la toux. On en fait bouillir gros comme une noix, dans une pinte d’eau pendant cinq ou fix minutes. On en fait une boiflon très-agréable qu'on boit dans le rhume, l'extinction de voix & l’enrouement, ou bien on fe contente d'en mettre un petit morceau dans fa bouche, & on l'y laifle fondre, cela fait un look fec qui eft fort bon. On fait quelquefois ces tablettes avec J'eau d'orge ou une infufion de capillaire : ces deux ingré- diens en augmentent la vertu & en relèvent la qualité. Enfin le firop d'érable battu avec de l'eau eft fort adou- ciflant, pectoral & rafraichiflant. MEMOIRE pus 2Src:r EN °c cs à M 393 Mile M A), LR E , Où après avoir donné un moyen aifé pour élever fort haut, à" a peu de frais, un corps Electrifable ifolé, on rapporte des obfervations frappanres, qui prouvent que plus le corps ifolé ef élevé au deffus de la terre, plus le feu de l'Electricité eft abondant. é s Par M. pe Romas, Afeffeur au Préfidial de Nérac. EL le Mémoire que je fournis le 30 Avril dernier, à l'Académie de Bordeaux, en continuation des expé- riences fur lanalogie de là foudre avec la matière de l'élec- tricité, jen étois reflé à la queftion de favoir, fi plus les barres qu'on ïfole au deflus du fiñte des maifons font élevées , plus l'éleétricité feroit forte. Plufieurs obfervations que j'avois faites jufque-là, fur des barres placées à quelques toiles de diflance l'une de l'autre, me portoient déjà à _penfer ainfi: cependant, comme l'excès de l'élévation dé l'une n'étoit que de neuf à dix pieds, que d'ailleurs Jeux feule longueur, abftraétion faite de leur hauteur & de quel- ques autres circonftances , pouvoit jeter de l'incertitude dans les réfultats, je tâchai, pour m'aflurer plus pofitivement de la vérité, de raccourcir encore davantage la barre la moins élevée. Pour y parvenir, je m'avifai de coucher cette dernière horizontalement, ce qu'il me fut d'autant plus aifé de faire, que mes barres étant tenues dans une fituation perpendiculaire par un contrepoids, il ne faut que tirer à foi une corde qu'on accroche enfuite à un levier horizontal ifolé, fur lequel la barre eft elle-même fufpendue. Lorfque j'eus ainfi couché cette barre, ce qui lui donna vingt pieds moins d'élévation en comparaïfon de l'autre, j'ex- citai des érincelles fur tes conducteurs que -j'avois approchés, Sa. étrang. Tome 1]. 94 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE & j'eus la fatisfaétion de voir que le conduéteur de la barre perpendiculaire donnoit de très-belles étincelles, tandis que celui de Ja barre horizontale montroit à peine un petit globe de feu. Mais pendant cette obfervation, que je fis le $ de ce mois (Juin 1753) à une heure après midi, à la faveur d'un orage qui furvint avec tonnerre, éclairs & quelques gouttes de pluie, & qui dura affez pour que je vérifafle ma conjeQure, tantôt en relevant la barre [a plus courte, tantôt «en la remettant dans une fituation horizontale, je ne vis Jamais, non plus que pendant toutes les expériences que J'ai faites depuis le 12 Juillet de l'année dernière, qu'une éleétricité un peu plus forte que celle qui: eft produite par le meilleur globe; & pour décider définitivement la queftion dont il s'agit, j'aurois été: bien aile d’avoir une électricité qui fût frappante par la: force & par le volume. du feu. Or, en fuivant l'idée que me -fournifloit le peu de feu que j'avois vû fur la petite barre, lorfqu'elle étoit dans une ‘fituation horizontale, je n'apercevois que pour avoir un feu auffi confidérable que je le fouhaitois, il falloit que le corps non électrique fût fort élevé au deflus de la terre. J'avois une idée depuis Fannée dernière, qui me faloit efpérer qu'il me feroit aifé d'élever un corps au deflus de la terre, de plus de 6oo pieds, fans qu'il m'en coëûtât même fix francs. J'en parlai fort myftérieufement dans ma lettre à Académie, du 13 Juillet de l'année dernière, & après avoir promis à cette Compagnie de lui dévoiler mon projet d'abord que je ferois afluré qu’il étoit immanquable , je me contentai de dire en quoi il confiftoit à M. le Chevalier de Vivens, & à d'autres perfonnes qui me font l'honneur de me vouloir du bien. Je fuis à préfent en état de le produire au jour ce projet, il m'a réuffr pleinement, je puis dire même mille fois au delà de mon attente: voici en quoi il confifte. Ce nefl qu'un jeu d'enfant: il s'agit de faire un cerf- volant, c'eft-à-dire, un de ces chaflis de papier que les enfans font voler. Plus ce chaflis fera grand, plus il pourra s'élever, parce qu'il fera en état de foütenir un plus grand DES:SCIENCESs 395 poids de corde. Celui que j'ai fait pour l'expérience dont il s'agit dans ce Mémoire, a fept pieds cinq pouces de hauteur; trois pieds de largeur fur {on plus grand diamètre, & fa fürface réduite au carré pour la facilité du calcul , eft à peu près de 18 pieds. La première fois que j'effayai ce cerf- volant, fut le 14 Mai dernier *, jour que je choïfis par préférence, parce qu'il tomba au moins dix fois dans la journée une pluie qui éleétrifoit mes barres, & qu'ainfi j'avois lieu d'efpérer que le cerf-volant s'éleétriferoit auffi. Mais je ne pus jamais exciter aucune étincelle, quoique je fufle für qu'il étoit * Par une lettre de M. Watfon à M. l'abbé Nollet, datée de Lor- dres le 15 Janvier 1753, l'Aca- démie fut informée peu de jours après, que M. Franklin avoit fait à Philadelphie une épreuve aflez fem- blable à celle dont M: de Romas rend compte dans ce Mémoire: voici les propres termes de la lettre. « M. Fran- » klin a remis à la Société Royale, » il y a quinze jours, une aflez belle » expérience électrique pour tirer l’é- » lectriciré des nuées. Sur deux petits » bâtons de bois croifés, d’une lon- » gueur convenable, faites étendre » à fes angles un mouchoir de foie, » dreffez-le avec une queue & une >» corde de chanvre, &c. & vous >» aurez un cerf-volant des enfans ; » à l'extrémité” d’un de ces petits » bâtons à l’autre duquel on atta- » che la queue, il faut mettre un fil » de fer d'un pied de longueur: on » fe fert dans cette machine (de foie » au lieu.de papier , pour la garantir » plus sûrement du vent & de la » pluie. Quand on attend un orage » de tonnerre (qui fonttrès-fréquens »en Amérique) on fait monter à » l'ordinaire ce cerf-volant moyen- nant du fil de chanvre à l’extré- æ mité -duquel.on_attache-un ruban » de foie, que lobfervateur empoi- ‘# gne, fe retirant pendant qu'il fair de la pluie, dans une maïfon, afin « - que ce ruban ne fe mouille point. « On devroit encore garder que le « fil de chanvre ne touchât point les « murs, niles bois de la maifon. « Quand les nuées de tonnerre s’ap=iec prochent à la machine, ce cerf-vo- « lant avec le fil de chanvre s’élec- «e trifent; & les petits morceaux de « chanvres s’étendront à tous côtés; « &en mettant une petite clef fur ce.« fil, vous tirez les étincelles : mais ce lorfque la machine, Je fil, &c. « font pleinement mouillés, l’élec- « tricité fe conduit avec plus de « facilité, &on peut voir les aïgrettes cc de feu fortir abondamment de la clef « en approchant le doiet. De plus, « de cette façonon peut allumer l’eau- « de-vie, & faire l’expérience de « Leyde &toute autre expérience de «ce l'électricité ». Il paroït par cette lettre, que M. Franklin a fait ufage du cerf- ‘volant, avant M. de Romas; mais à en juger par certe même lettre, & par le Mémoire de celui-ci, on verra que les effets ont été bién plus grands à Nérac qu’à Philadelphie. Cette dif- férence vient, felon toute apparerce, de ce que M. de Romas a garni la corde de fon cerf-volant, d’un fil de métal, comme on:le verra par la lecture de fon, Mémoire. à D dé 96 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE bien ifolé. Cela n'inquiéta beaucoup, je favois à ne pouvoir en douter, que mes barres s'éleétrifoient dans ce même temps. Après bien des réflexions , il me vint dans l’idée que fi je ne pouvois exciter des étincelles fur la corde du cerf volant, c'étoit parce qu'il ne pleuvoit: pas beaucoup, & qu'une corde de chanvre, qui n'eft pas mouillée, ne conduit jamais bien le feu électrique que lorfque Félectricité eft très- forte. S'y jeufle été moins ardent à faire ces expériences, j'au- rois bien pû laifler les chofes dans la fimplicité où elles étoient, & renvoyer mes obfervations à un autre temps, où Jaurois un orage violent fuivi de beaucoup de pluie. Mais mon impatience, qui me -faifoit entrevoir que des affaires de famille ou de mon état môteroient peut-être les plus belles occafions; que d'ailleurs il étoit intéreflant de faire auffi les expériences pendant un orage qui ne nous donneroit ni grêle ni pluie, je me déterminai à huiler le papier du cerf- volant & à garnir la corde d’un bout à l'autre d’un fil-trait de cuivre, de la même manière qu'on en garnit les cordes dé violon, avec cette feule différence, que ce fil n’y fut pas mis aufli ferré qu'il left fur les cordes de violon. ï - Dès que j'eus préparé ainfi cette corde, il me tardoit fort d’effayer le cerf-volant : pour cela il me falloit du vent & - un orage. Après plufieurs tentatives très-inutiles, que je fis le 7 de ce mois à une heure après midi, temps auquel ïl tonnoit du côté de l'oueft, je parvins enfin vers les deux heures & demie à le faire foûtenir en l'air, quoiqu'on lui eût lâché toute la corde, qui eft de 780 pieds de longueur, & qui faifant alors avec. notre horizon un angle de 45 degrés à peu près, tenoit le cerf-volant au moins à une hauteur, perpendiculaire au deffus de la terre, de 5 50 pieds. Le vent qui parut fe fortifier, n'ayant fait efpérer que le cerf-volant ne tomberoit point, j'attachai au bout inférieur de la corde inférieure, un cordon de foie de trois pieds & demi de longueur, & ce cordon à un pendule, dont le poids étoit une groffe pierre, au defous d'un auvent d'une maifon DYÉLS à SIC 1:E NC? ES 307 fée hors la ville le long des allées. Je joignis de plus à la corde du cerf-volant près du cordon de foie, un tuyau de fer blanc d’un pied de longueur & d'un pouce de dia- mètre, pour y exciter les étincelles d'abord que Le cerf- volant & fa corde feroient électrifés. Il n'eft pas néceffaire que je m'étende beaucoup pour faire comprendre les raifons pour lefquelles nous nous mimes fous cet auvent de maifon, & pourquoi j'attachai le cordon de foie à un pendule; car 1.° ceux qui connoïflent l'élec- ticité favent que quoique la foie foit électrique lorfqu'elle eft féche, & que dans cet état elle arrête le feu de l'élec- ticité, elle n’a plus la même propriété dès qu'elle eft humide. 2.° Perfonne wignore fans doute que le vent n'eft pas toûjours égal: ainfi quand nous avons mis le cordon de foie fous cet auvent, c'étoit pour l'empêcher de fe mouiller, & la fonétion du pendule étoit de gouverner le cerf-volant; en effet lorfque le vent augmentoit de vitefle, la pierre du pendule s’élevoit proportionnellement à la force que le vent avoit alors : s'il relichoit au contraire, la pierre reculoit & s'approchoit de la ligne à plomb. Après ces difpofitions il ne me refloit donc plus que de favoir sil paroïtroit quelque figne d'éledricité au tuyau de fer blanc, ajoûté à la corde du cerf-volant. Mais comme il étoit de la prudence, pour une raifon qu'on verra à‘la fin du Mémoire, de ne pas tâtonner le fer blanc avec la main ni avec une clef ou autre chofe de cette efpèce, je préparai un petit inftrument à ce deflein. C’eft un tube de verre de douze pouces de longueur, de trois lignes de diamètre , à un des bouts duquel j'avois fixé un tuyau de fer blanc, foncé par un bout, & aflez femblable à une portion d'un étui ordinaire de cure-dent; & de ce petit tuyau de fer blanc, je faifois pendre une chaine de fil d'archal affez longue pour toucher à terre lorfque j'exciterois des étincelles. La principale chofe que je cherchois par le moyen de cet inftrument, c'étoit de faire fortir les étincelles aufli belles qu'elles pourroient être, fans fentir à la main la moindre D dd ijj 98 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE commotion. Le tuyau de verre, qui eft un corps électrique, auroit bien empêché cela; mais fi je n’euffe point ajoûté au fer blanc une chaîne qui communiquât avec la terre, on auroit eu beau préfenter le fer blanc à la corde du cerf-volant, il n'en feroit guère forti du feu : ainfi prenant cet inftrument par le bout du tube, & ayant attention que la chaine du fil d’archal touchât à terre ou à quelque autre corps non élec- trique y attenant, on devoit faire fortir de très-belles étin- celles fans rien fentir à la main, dès qu'on approcheroit de la corde du cerf-volant, le fer blanc emmanché au tube de verre, La chofe me réuflit en effet de cette manière, & bien me valut d'ufer de cette précaution; on en jugera mieux par le récit que je me propofe de faire de ce qui fe paffa. Les expériences & les oblervations que je fis après tous les préparatifs dont j'ai cru qu'il étoit néceflaire de parler, peuvent être divifées en trois actes. D'abord ce ne furent que des étincelles, telles que celles qui font produites par Île moyen d'un bon globe; quelques petits nuages détachés du gros de l'orage les occafionnèrent. Comme dans ce moment il ne fe préfenta rien d'extraordi- naire, je ceffai de me fervir de ce dernier inftrument, que je nommerai dans la fuite l'excitateur, pour abréger le dif cours, & à fa place je fis fortir des étincelles tantôt avec une clef, tantôt avec un doigt à nu. Ceux qui étoient préfens, enhardis par mon exemple, voulurent être auffr de la partie, en forte qu'il n'y eut prefque aucun des affiftans qui n'excitât quelqu'étincelle. Cet exercice, qui dura un quart d'heure & demi environ, fut interrompu par un défaut d'électricité, & la caufe sen préfenta aux yeux de tous les fpeétateurs. Les petits nuages noirs qui avoient procuré la première, s'étoient éloignés du zénit du cerf-volant, & à leur place il n’y avoit plus qu'un nuage fort blanc, au deflus duquel le bleu du ciel paroïfloit très - diftinctement. Demi-quart d'heure après, l'éleGricité reprit, mais fr foi- blement qu'on n'avoit point le moindre goût pour exciter DES SCIENCES. 399 des étincelles. Cependant je tâtonnois de temps en temps le tuyau de fer blanc, fufpendu à la corde, pour reconnoïtre le moment auquel l'électricité augmenteroit de force. Après qu'elle eut ainfi Jangui pendant quelques momens, elle {e manifefla aflez belle: dès-lors chacun reprenant fa première gayeté, revint au même exercice, les uns avec les doigts à nu, les autres avec des clefs, plufieurs avec leurs épées, certains avec leurs cannes & leurs bâtons; & moi ayant voulu en faire de même un inflant après avec la jointure du medius de la main droite, je reçüs une commotion fi terrible, que je la fentis à tous les doigts de la même main, au poignet, au coude, à l'épaule, au bas-ventre, aux deux genoux &-aux malléoles des pieds; tellement que je ne crois pas que celle qu'on reflent en faifant l'expérience de Leyde par le moyen du meilleur globe, avec deux bouteilles de la façon du doéteur Bevis, ou avec la phiole vuide d'air de M. l'abbé Nollet, ait jamais été auffi terrible. Plufieurs des affiflans qui virent les mouvemens con- vulfifs que je fis, s’aperçurent bien que le coup étoit très- violent; cependant fept à huit d'entre eux ne craignirent pas de s’y expoler, ils fe donnèrent la main comme dans l'expérience de Leyde, mais fans former un circuit, car ül ne pouvoit pas fe faire, puifqu'il n’y avoit pas de bouteille, de quoi d’ailleurs je me ferois bien donné garde; & il arriva que la commotion fe fit fentir jufqu'aux pieds de Ja cin- quième perfonne. Je rapporte ces faits, parce que les obfervateurs de l'élec- tricité en tireront, je penfe, quelque lumière pour expliquer la néceflité du circuit qu'on fait communément pour que la com- motion ait lieu dans l'expérience de Leyde avec le globe. Quand ces Meffieurs m'eurent dit ce qu'ils avoient fenti dans cette expérience, je les engageai à ne plus s’y expoler. L'orage s'approchoit & s'animoit de plus en plus; car quoi- qu'il ne tombât encore aucune goutte de pluie, il y avoit au zénit du cerf-volant, & jufqu'à 6o degrés à peu près à la ronde, des nuages -noirs qui me faifoient craindre qu'une. 400 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE très-forte électricité m'arrivät tout d'un coup & qu'il ne s'enfuivit quelque tragique accident, & c'eft ici que com- mence le fecond aéte de mes obfervations, L'exhortation que j'avois faite à ces Meffieurs, je la pris aufli pour moi: Je jugeai à propos de ne plus faire fortir des étincelles qu'avec l'excitateur. L’ayant approché du tuyau de fer blanc pendu à la corde du cerf- volant feulement d’une diflance de quatre pouces environ, il en fortit une étin- celle qui avoit certainement plus d'un pouce de longueur & deux lignes de largeur. Y étant revenu une feconde fois, j'en excitai une feconde à la diflance de cinq ou fix pouces pour le moins, qui avoit près de deux pouces, & qui étoit grofle à proportion: en un mot j'en tirai quatre ou cinq autres de même dimenfion à peu près. Après quoi étant encore revenu à Ja charge, je puis dire que ce n'étoient plus des étincelles; car peut-on donner ce nom à des lames de feu qui partoient à la diflance de plus d'un pied dé roi, qui avoient trois pouces de longueur au moins fur .trois lignes de diamètre, & dont le craquement {e faifoit entendre à plus de deux cens pas? Tandis que je continuois ainfi, je fentis au vifage, quoi- que je fufle éloigné de plus de trois pieds de la corde du cerf-volant, comme une impreffion de toile d’araignée. Je compris bien alors qu'il n'étoit pas bon d'être {1 près : auffi criai-je de toute ma force aux affiftans de fe reculer, perfonne n’héfita de déférer à mes inftances. Je me reculai aufli d'environ deux pieds: mais bien -tôt les mêmes impreflions comme d’une toile d'araignée s'étant fait fentir une feconde fois au vifage, je m'écartai encore un peu plus loin. Me croyant ainfi en füreté, & n'étant embarraflé de perfonne, mon premier foin fut d'obferver ce qui fe pañloit aux nuages qui dominoient fur le cerf-volant. Il me parut que ni là ni ailleurs, il n'y avoit point d'éclairs, prefque point de bruit de tonnerre, & point du tout de pluie; que le vent qui étoit oueft, fouffloit avec force, & qu'il foûtenoit le cerf- BA 5 ASC HAE NC ENS 4or le cerf-volant cent pieds au moins plus haut qu'au commen- cement de l'expérience. Ayant enfuite jeté la vüe fur le tuyau de fer blane fufpendu à Ja corde, & qui étoit diflant de la furface de da terre de trois pieds ou environ, je vis trois pailles dont la plus remarquable paroifloit d’un pied de longueur, la feconde de quatre ou cinq pouces, & Ja dernière de trois ou quatre pouces à peu près, lefquelles pailles étant debout &. touchant, néanmoins à terre par une de leurs extrémités, circuloient en fautillant au deffous du tuyau de fer blanc, comme des marionnettes qui figurent une danfe en rond, fans {e toucher nullement entre elles. Ce petit fpeétacke, qui réjouit beaucoup la plufpart des affiflans, dura environ un quart d'heure; après quoi étant tombé quelques gouttes de pluie, je fentis encore au vilage la même impreffion de toile d'araignée, & j'entendis en même temps un bruifflement continu tel que celui d'un petit foufflet de forge. Ce me fut un troifième avertiffement de Faugmentation de l'électricité ; car depuis que nous avions aperçû les-pailles, je,ne m'étois plus avifé de faire fortir, du, feu du tuyau de,fer blanc, même avec l'excitateur. Ce dernier, avertiflement, m'engagea à me reculer & à crier une feconde fois aux afliflans de fe ranger encore plus à l'écart. Enfin voici ce qui me fit frémir, &.c'eft le dernier acte qui va terminer ce Mémoires. ,,, pus HD dis M 2 La plus-ongue;paille. fur attirée parle, tuyau de fer blanc, d'où il s'enfuivit une explofion répéjée par, wois.craquemens, qui n'étoient pas à la vérité aufli forts.que ceux. du tonnerre lorfqu’il tombe, mais qui lui reffembloient aflez, par leur précipitation: certains, des afliflans les ont comparés, ces craquemens, à ceux d’un fouet de courrier qu'on fait, forte- ment claquer, d'autres à ceux des pétards d’un feu, d'artifice, quelques-uns à ceux, d'une grofle cruche de terre) qui fe brile, fur le pavé où on Fa jetée avec force: Quoi qu'il en foit, ce qu'il y a de certain, c'eft qu'on les entendit dans le centre de la, ville ,malgré le bruit qui s'y fait vers cette heure-là. ; Say. étrang, Tome IL. Eee soz MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Le feu qui parut dans le moment de cette explofion, avoit la forme d’un fufeau de huit pouces de longueur & de quatre à cinq lignes de diamètre: mais ce n'eft pas le tout. La paille qui avoit occafionné cette explofion, fuivit la corde du cerf-volant; plufieurs des afliftans l'y virent jufques à la diflance de 45 à so toifes aller avec une très-grande rapidité, étant tantôt attirée, tantôt repouflée, avec cette circonflance remarquable, que chaque fois qu'elle étoit attirée par le corde, il paroifloit des lames de feu & on entendoit des craquemens prefque continuels, qui toutefois étoient moins forts que les trois qu'on entendit lors de l'explofion. Les afliflans ne furent pas les feuls qui aperçürent ces feux: des charpentiers de barrique, qui étoient fur la porte d'un magafin de farine, atteflent le même fait; ils ajoûtent à cela, qu'ils ont vû des lames de feu fur la corde jufques au cerf-volant, ce qui doit faire juger que la paille y par- vint tout à fait. Quelques momens après cette première explofion, il y en eut une feconde, puis une troifième, dont les craque- mens également répétés par trois fois avec autant de préci- pitation, étoient encore plus bruyans. Je ne vis point ce qui occafionna ces deux dernières explofions; & nul des affiffans n'a fü me rien dire fur la caufe de la troifième. Mais quelques-uns d’entre eux m'ont afluré qu'une des pailles qui étoient reftées au deflous du tuyau de fer blanc après la première éxplofion, y avoit été attirée, & que dans le même moment la feconde explofion s'étoit fait emtendre, Quand ïl ne feroit pas vrai qu'une des deux dernières païlles eût été la caufe de cette feconde explofon, il paroîtra toüjours vrai-fembläible à un éleétricien, que c’eft Ja pouflière, quelques grains de fable ou quelques petits corps de cette efpèce qui trouvèrent pour lors répandus fur la terre au deflous du tuyau, qui occafionnèrent les deux dernières explofions; car la pluie qui fe fortifioit avoit confidérable- ment augmenté l'électricité: circonftance dont il étoit aifé D 'Æ SA Si C':1 EN CÉS 40 de juger, puilqu'il eft conflant, de l'aveu de tous les affiftans, que lors des deux dernières explofions, les lames de feu paroifloient plus longues & plus grofles, que leurs craquemens étoient plus forts, & que le bruiflement continu dont il a été déjà parlé, fe faifoit entendre à la fin comme celui d'un gros foufflet qui eft dirigé vers une forge bien allumée. Ce qu'on remarque encore de bien frappant depuis fa première explofion fpontanée jufqu'à la fin de l'expérience, c'eft 1.” qu'on ne vit point pendant ce temps-là aucun éclair, que le bruit du tonnerre ne fe failoit prefque plus entendre ; ce qui fut bien différent dès que le cerf-volant fut tombé. 2.° Qu'on fentoit une odeur où le foufre fembloit dominer, mais qui, felon moi, étoit la même que celle de l'aigrette de l'électricité communiquée à une barre de fer par un globe; avec cette différence, que cette odeur étoit un peu plus forte. 3.° Qu'à l'entour de la corde il paroifloit un cylindre de lumière permanent, de trois ou quatre pouces de diamètre; & comme ce n'étoit autre chofe que l'atmofphère électrique, qui étoit beaucoup plus condenfée près de la corde qu'ail- leurs, je ne doute pas que fi c'eût été la nuit, ce cylindre de lumière n'eût paru de quatre ou cinq pieds de diamètre. 4-° Enfin, après l'expérience faite, on aperçut en terre per- pendiculäirement au deflous du tuyau un trou d'un pouce de profondeur & de demi-pouce de largeur, qui vrai-fembla- blement avoit été fait par les groffes & longues lames de feu qui parurent lors des trois explofions prefque fpontanées. Enfin l'expérience fut terminée par la chûte du cerf-volant. Le vent ayant tourné à left, la pluie étant devenue plus abondante, & étant furvenu quelque peu de gréle il ne put plus fe foûtenir en l'air; & à dire vrai, je n'en fus pas fiché, parce que je vis bien, lors de ces explofions fpon- tanées, que le tuyau de fer blanc fufpendu à la corde, n'étoit pas affez éloigné de la terre; mais qui auroit penfé que Féleétricité feroit devenue auffi forte ? I eft important toutefois d'oblerver avant que de finir, que pendant que le cerf-volant tomboit, la corde ayant Eee i 404 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE touché à un toit, nous crümes que nous pouvions la manier. En eflet, nous en retirames environ vingt brafles; mais l'effort qu'on faifoit faire au cerf-volant contre l’atmofphère, Yayant fait un peu relever, de manière que la corde ne touchoit plus au toit, celui qui la tenoit fentit un fi fort craquement dans fes mains, & en même temps une com- motion fi violente dans tout le corps, qu'il fut obligé de l'abandonner. Or, dans le temps qu'il la lâcha, elle tomba fur les pieds d'un des affiftans, qui fentit aufli une fecouffe qui étoit néanmoins fupportable. Si je voulois ici raifonner fur tous les faits que je viens de rappoïter, je crois qu'il me feroit ailé d'établir certaines conjectures que j'ai avancées dans un Mémoire particulier, au fujet de l'attraction de la foudre qui tomba à Tampoui en 1750, au mois de Juillet; & principalement que tous les faits que j'ai obfervés ci-devant, fur les barres éle@trifées par des nuages orageux (fur quoi j'ai fourni auffi plufieurs Mémoires à l'Académie) font confirmés par ces nouveaux. Je me borne feulement à faire confidérer qu'il demeure, felon moi, bien établi, que plus les barres ifolées feront près des nuages, plus leur éleétricité fera forte; ce qui étoit d’abord mon principal objet: car quand il feroit vrai, comme l'ont dit plufieurs életriciens, que la longueur des corps électrifés contribue plus à une forte électricité que leur furface, & leur furface plus que leur mafle, néanmoins fi lon fait attention: à l'effrayante longueur & grofieur des lames que les trois explofions ont montrées, on fent bien que fi le cerf-volant n’eût tenu Îa corde que dans une fituation horizontale à la hauteur feulement de vingt pieds au deflus du faîte de la mailon la plus élevée, il n’y auroit jamais eu un auffi grand effet. Pour ‘appuyer ce fentiment, on pourroit rappeler Pépreuve qu'en fit celui qui reçut une petite commotiom,. lorfqu'en retirant le cerf-volant la corde tomba fur fes pieds; mais je ne men tiendrai point à cette preuve, qui donneroit peut-être lieu à difputer. Pour vérifier encore mieux ma conjecture à cet égard, je fuis déjà déterminé à placer cette DES SCIENCES. 405 même corde du cerf-volant horizontalement à une hauteur auffi confidérable que je le pourrai. En attendant, je fuis bien aile de faire remiarquer en faveur de ceux qui ne font pas encore affez initiés dans les miyflères de l'électricité, & qui ayant un courage mâle, voudront répéter les mêmes expériences avec le cerf-volant, que pour ne pas s'expofer à quelque malheur, il convient 1. d’ifoler le bout de la corde le plus prochain de la terre, au moyen d’un cordon de foie qui foit au moins de fept à huit pieds de longueur ; 2.° d'avoir l'attention que ce cordon foit à couvert de la pluie & des vapeurs humides; 3.° que la corde foit également éloignée de la terre, des murs, planchers, poutres, ‘foliveaux & autres corps éleétrifables attenans à la terre, de la même diflance de fept à huit pieds; 4.° de ne pas s’expofer à exciter le feu fans un manche éle&rique fept à huit fois plus long que celui que j'ai mis à l'inflrument que j'ai nommé fexcitateur : j'aurois à me reprocher, s'il arrivoit quelque funefte accident, de ne pas avoir donné ces avertiflemens, II eft vrai que tous les orages ne demanderoïent pas rigoureufement les mêmes précautions; mais comme on ne fauroit prévoir en quel cas il faudroit les prendre, il vaut mieux fe mettre en fituation de parer à tout. A ce fujet, j'ai quelque chofe de plus à rapporter. La veille, c'eft-à- dire le fix de ce mois, je n'étois point à la ville: plufieurs Meflieurs du même lieu, non moins intelligens qu'adroits, qui m'ont procuré le cerf-volant, qui ont voulu prendre la peine de ranger le fil-trait fur la corde, & qui font prefque tous les jours chez moi à m'aider dans mes expériences électriques avec le globe, firent voler le cerf-volant pendant un orage prefque fans pluie. Ils eurent bien une électricité, qui étoit beaucoup plus forte que celle qu'on produit avec le meilleur globe par un temps favorable; mais ces mêmes perfonnes, qui ont vû les deux expériences, conviennent qu'il y avoit plus de différence de la dernière à celle de la veille, qu'il n'y en a de 1000 à 1. A cela je puis ajoûter qu'il m'a paru qu'il en étoit de Eee iij 406 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE même d’une troifième expérience que je fis le 1 1 du même mois vers les trois heures après midi, pendant un orage qui ne sannonça que par de gros nuages, des éclairs & quelques coups de tonnerre. Cependant je me fuis borné à confeiller d'écarter la corde du cerf-volant, de tout corps non éleélrique attenant à la terre, de fépt à huit pieds. Quand je me fuis contenté de pro- pofer cette diflance, je me fuis fondé fur ce que j'ai vü, fur ce que l'orage du 7 me parut ft animé, que je ne crois pas qu'il y en ait jamais qui le foit au double. J'entends au furplus que cette diftance doit être proportionnée à la lon- gueur de la corde & à la furface du cerf-volant : conféquem- ment, fi l'on ne fe fert que d’une corde de 800 pieds de longueur pour élever un cerf-volant de même furface que le mien, & qu'on le fafle voler dans une plaine comme celle où eft fitué Nérac, qui eft dominée par des côteaux dont la hauteur perpendiculaire ne furpafle guère 300 pieds, j'ai lieu de croire que d'éloigner la corde de tout corps non électrique, à la diflance de huit pieds, cela fera fufffant: fr on juge à propos de l'en éloigner davantage, on en eft bien le maitre, cela ne fauroit nuire en rien, ainfi c'eft à un chacun à prendre fes mefures fur ce que je viens d'ex- pofer. Je fouhaite qu'il n'arrive aucun malheur; en tout cas, Jeflime que ce ne fera que par imprudence, par préoccu- pation, ou par défaut de prévoyance: M. de Romas, auteur du Mémoire précédent , a envoyé depuis à l’Académie un Journal d'expériences qu'il a faites avec M." de Dutilh, gentilshommes de fon voifmage, par lefquelles il paroît bien prouvé qu'un cerf-volant femblable à celui dont il eft parlé dans le Mémoire ci-deflus, s’électrife au point de faire étinceler fa corde, & de faire reffentir de fortes fecoufles à ceux qui exci- tent .ces étincelles avec le doigt, dans des temps où le ciel eft très-ferein & lorfqu'il n’y a nulle apparence d'orage : ces expé- riences ont été faites dans les mois de Juillet & d’Août de l’année 1753. Voici les circonftances qui ont paru les plus remarquables. « La première chofe qu’on obferva, dit M. de Romas, c’eft que DH É' Suù SXC H:E°'N, fin ADB = y, {nus ABC —=Z Par le corollaire précédent, on aura Sin.: ACD — = Vrr— xx) + — Vrr — gg), Sin. ABD = L vtr — yy) + ZV(rr — ff), Sin. ACTE a — pie y) + + V{rr —dd). Say. étrang. Tome 11. F tte 41o MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Sin CAD: CD :: fm ADC*: AC'oû g: c:: x: _ Sin DAB: BD :: fin ADB: AB où f: b::y: + AC, AB. Sin. BAC: BC :: fn. ABC: AC ou d:a::7: + 2e: AC: Sin. CAD: CD ::fin. ACD : AD ou g: c:: _ Vrr— xx) += Vr— se) Vis) + Vir— 85) —AD. Sin. BAD: DB :: fin ABD: ADou f:b 2: Er — 33) + 7 Vrr 1: Von) + fe Vrrf = AD: Sin. BAC: BC fin. ACB: ABou d: a :: #V{rr — 79) + V{r— dd): = vVr—u) + Ÿ > La > La 2 Ÿ > La Ÿ > > Ÿ » > LA > La z ÿ 428 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂACADÉMIE en vain que M. Modell cherche à appuyer cette prétention, fur ce que le célèbre Stahl a découvert que l'acide marin eft une des parties conflituantes du phofphore d'Angleterre. Il y a une grande différence entre le phofphore & le foufre commun: ce feront, fi l'on veut, deux efpèces du même genre, mais enfin ce font des efpèces, de même que l'or & le plomb font des efpèces parmi les métaux, qui ont chacun {eur nature & leur propriété particulières. C’eft également en vain que M. Modell s'efforce de donner une forte de vrai-femblance à fon fyflème, en indiquant une expérience de M. du Hamel dans laquelle il paroît bien clairement, dit M. Modell, qu'un mélange de fel volatil & d’acide marin a produit du foufre. Si l'on fe donne la peine de confulter le Mémoire même de M. du Hamel, année 173 $, on y verra avec quelle pru- dence cet ïlluftre Phyficien propofe fes doutes fur cette expérience, & combien il eft éloigné de décider affirmati- vement, comme le fait M. Modell, qu'il fe foit formé du foufre dans fon opération. M. du Hamel avoit mis à difliller enfemble une once d’efprit de fel & une demi-once de fel volatil ammoniac fait avec la craie. La diftillation finie, « il refloit, ce font ici les propres termes de M. du Hamel, environ un demi-gros de réfidence dans la cornue, je la caflai pour examiner cette réfidence, elle fentoit l'efprit de fel & elle étoit piquante fur la langue. Je la mis dans un creufet & l'expolai à un grand feu, elle fuma beaucoup, répandant une odeur d’efprit de fel & de foufre brûlant : cette dernière odeur vient-elle du mélange de l'acide du fel marin avec une matière graffe ? ou foupçonneroit-on que mon efprit de fel auroit contenu un peu d'acide vitriolique? l'un & l'autre peut être, car il m'a paru en plufieurs occafions que l'efprit de fel mêlé avec une. matière inflammable, répandoit une odeur qui approchoit de celle du foufre >. On peut juger par ce paffage du Mémoire de M. du Hamel, s'il eft poffible d'en inférer qu'il fe foit formé du foufre dans l'ex- périence qui y eft rapportée; il faudroit pour cela qu'il fût bien prouvé que Fodeur du foufie qui brûle lui eft tellement D ESA US" C: 1 EAN CES 429 propre qu'elle ne puiffe pas fe rencontrer dans d’autres ma- tières; or ceft ce qui eft d'autant moins vrai-femblable, que l’on fait par expérience que odeur de l'efprit fulfureux volatil de Stahl, & celle de l'efprit de {el famant, ont beau- coup de rapport l’une avec l'autre, quoique ces deux acides aient des propriétés bien différentes. 11 refle donc pour conflant, que l'acide vitriolique eft le feul acide qui foit propre à entrer dans la mixtion du foufre, comme M. Stahl Ja {1 bien démontré, & que les doutes de M. Modell fr cette matière ne font que très- légèrement fondés. Voici encore une autre idée de M. Modell, bien capable de furprendre par fa nouveauté. Comme le fel de Perfe forme avec les acides du fel fédatif qui a fa propriété de rendre verte la flamme de l'efprit de vin, « je ne vois, dit M. Modell, rien de plus propre à produire cette couleur que la terre colorée même du fel de Perfe: car on explique, ajoûte-t-il, fort aifément, comment un acide peut changer la couleur bleue en vert. Puis donc, continue-t-if, que les expériences ne m'ont rien fait découvrir autre chofe dans le {el de Perfe, qu'un fel alkali, du fel commun & une terre colorée, & qu'il eft certain que ni l'alkali ni le fel commun ne contiennent rien qui puifle entrer dans la compofition du fel fédatif, il eft fort vrai - femblable que la terre bleue du fel de Perfe eft tout à la fois la matière du fel fdati£ » Tout ceci mérite quelques réflexions: 1.° il n’eft pas auffi facile que M. Modell le dit, d'expliquer comment un acide peut changer les couleurs bleues en vert, il feroit beaucoup plus aifé d'expliquer, du moins par les faits, comment ce changement peut fe faire à l'aide des fels alkalis. La chofe ne feroit cependant pas abfolument impoffible à expliquer, même par les acides, fi la couleur verte du fel fédatif dépen- doit de quelque matière qui participât du cuivre; car on fait que la diflolution du cuivre par fefprit volatil de fel am- moniac, fe change fubitement de bleu en vert par l'addition d'un acide: mais, du propre aveu de f'Auteur, il n'y a pas lieu de foupçonner ici aucun principe cuivreux. 2.° L’Auteur Hhh ii 430 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE n'a imaginé cette fiétion ingénieufe, que pour fe tirer de l'embarras où il étoit de trouver ce qui avoit pü fervir de bale au fel fédatif qu'il avoit retiré du {el de Perfe. Or cet embarras ne provenoit que de ce qu'il ne foupçonnoit pas que le fel de Perfe contint du borax, & encore moins du fel fédatif tout formé. En troifième lieu, on a vû ci-deflus que l'Auteur ne regardoit lui-même, & avec raifon, la terre colorée du fel de Perle que comme un bleu de Prufle. I fuivroit donc de là que le fel fédatif feroit compofé de bleu de Prufle uni avec un acide quelconque, or c'eft ce qui n’eft ni vrai, ni même vrai-femblable : car outre que la portion du fel de Perfe que j'ai examinée, ne n'a point fourni de bleu de Prufle, quoiqu'elle n'ait donné du fel fédatif, if eft certain d'ailleurs que cette fécule colorée eft infoluble dans les acides. Je ne voudrois cependant pas nier abfolu- ment que le bleu de Prufle ne puifle contribuer à la couleur verte que le fel fédatif communique à la flamme de l'efprit de vin, c'eft une idée que j'ai eue il y a long-temps & qui m'eft venue à l’occafion du bleu de Prufle que j'ai découvert dans le borax, & dont je foupçonne que le fel fédatif, en fe dégageant, retient quelques petites portions, mais que je regarde comme étrangères à fa véritable compofition. Je me propofe de faire dans la fuite des expériences propres à détruire ou à confirmer cette conjecture. Il réfulte de l'examen que je viens de faire des princi- pales expériences de M. Modell, que le fel de Perfe ne contient qu'un alkali femblable à la bafe du fel marin, du {el fédatif, & quelquefois un peu de bleu de Prufle, ce qui confirme lanalyfe que j'ai donnée de ce fel au commence- ment du préfent Mémoire. M. Modell ajoûte encore à ces expériences fur le fel de Perfe, plufieurs autres fur le fel de foude & fur le borax ; mais le détail de toutes ces expériences nous mêneroit trop loin. Je terminerai donc ici mes remar- ques, en faifant obferver que M. Modell dit à la fin de fa Diflertation, que fi l'on veut changer le fel de Perfe en borax, il faut d'abord commencer par changer la terre D'ESASIiC Tr FN Æ Gi 437 colorée de ce fel en un alkali par l'addition d’un acide, afin de la débarrafler d'avec l'alkali minéral qui Ja retient, & de la rendre par-là foluble elle-même. Sans m'arrêter à cher- cher l'explication de ce qu'a voulu dire ici M. Model, je me contenterai de rapporter un moyen des plus fimples, que j'ai trouvé, de convertir le fel de Perfe tout entier en borax. Ce moyen confifle à ajoûter au fel de Perfe ce qui lui manque de fel fédatif, pour que le {el alkali qu'il contient par fur-abondance foit chargé d'une auffi grande quantité de ce fel qu'il en peut prendre. Pour cela j'ai fait difloudre du fel de Perfe dans de l'eau bouillante, & j'ai jeté dans cette diflolution placée fur les cendres chaudes, du fel fédatif à différentes reprifes, ce que j'ai continué tant que le mélange ma donné des marques que falkali y prédominoit, par l'effervefcence que différentes petites portions prifes de ce mélange faifoient avec l'acide vitriolique. Lorfque j'ai vû qu'il ne fe faifoit plus d'effervefcence, j'ai laïflé ma liqueur en évaporation à une douce chaleur, & J'ai obtenu par-là une mafle confufe de criflaux irréguliers, dont la faveur n'avoit plus Tacreté du {el de Perfe, & qui pofés fur les charbons ardens fe font gonflés & bourfoufflés comme du borax, & ne différoient en rien de ce {el par toutes les épreuves connues. Si l'on rapproche cette expérience de celle que j'ai rapportée au commencement de ce Mémoire, en donnant l'analyfe du fel de Perfe, & par laquelle j'ai retiré dé la diflolution de ce même fel, par une fimple évaporation très-lente, des criflaux de vrai borax, on aura une démontftration complète de la conclufion que j'ai tirée de cette analy{e; favoir, que le fel de Perfe, autrement appelé borech, n'eft autre chofe qu'un borax imparfait, un borax furchargé de l’alkali de a foude, un borax qui n'a pas autant de {el fdatif qu'il en peut rendre, ou, fi l'on veut encore, un mélange confus de borax & de fel de foude, qui ont été unis enfemble, foit par l'Art, foit par la Nature, mais plus vrai-femblablement par l'Art, du moins à en juger par les conjeétures que je vais propofer. D'abord fi lon compare le fel de Perfe ou le borech que 432 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Yon donne pour du borax naturel, avec le borax brut qui vient des Indes, & dont les Vénitiens faifoient autrefois le raffinage qu'en font aujourd'hui les Hollandois, on trouve des différences effentielles entre ces deux fels: car au lieu que le fel de Perle, comme je viens de le prouver, eft un borax qui contient par fur-abondance lalkali du fef marin, le borax brut au contraire ne diffère point d’un borax parfait, finon par du fable & par une terre glaife qui s’y trouvent mêlés. Mais on en fépare aifément ces matières étran- gères, en faifant fondre ce fel dans l'eau chaude, filtrant enfuite la diflolution, & la mettant enfin évaporer pour en retirer des criftaux qui font bien purs & bien blancs, car c'eft en cela feul que confifle tout le fecret du raflinage du borax, comme je l'ai éprouvé plufieurs fois. En raifonnant d’après cela, fi l'on fuppofe que le fel de Perfe foit un borax naturel, il faudra fuppofer auffi que l'on aura féparé de ce fef par une évaporation très-lente, le borax qu'il contient, & que l'on aura mêlé enfuite ce borax avec une terre glaife & du fable pour en faire le borax brut que l'on raffine enfuite en Hollande. Or il ne feroit guère naturel qu'après avoir retiré le borax contenu dans le fel de Perfe, on s’avisät enfuite de lui ôter fa pureté, & d'en faire baiffer le prix en le confondant avec des matières étrangères qui met- troient dans a néceflité de le purifier. 11 et vrai que l'on peut répondre à cela que le borax brut qui nous vient des Indes, eft peut-être un fel naturellement impur, fans que le fel de Perfe ait fervi à le fabriquer; mais on tombe par-là dans un autre embarras, car il s'agit alors d'expliquer com- ment on fait avec le fel de Perfe, fuppofé naturel, un borax tel que celui qui entre dans le Commerce. Or il n'y auroit que deux moyens d'y parvenir, l'un d'ajoûter à ce borax imparfait le fel fédatif néceffaire pour fouler lalkali prédo- minant, l’autre de faire une leffive du fel de Perfe, & d’en {éparer par une évaporation lente le borax qu'elle contient. Le premier moyen ne paroït guère praticable, puifqu'on a ignoré jufqu'à ces derniers temps que le {el fédauf fit si € LA DES, 2S CI EN CES. 433 de la compoñition du borax; & d'ailleurs où trouver le fel fédatif autre part que dans le borax même! où en prendre pour convertir le fel de Perfe en borax parfait ! Le fecond moyen, quoique plus facile à mettre en pratique, fouffre aufli {es difficultés, car il n'y pas d'apparence que la féparation du borax contenu dans le fel de Perfe fe fafle fur les lieux mêmes, puifqu'on ne tranfporte jamais en Europe de borax raffiné ; & d’ailleurs puifque, fuivant le rapport que le marchand Arménien en a fait à M. Sanchés, le fel de Perfe fe retire par lévaporation de leau de certains puits qui fe trouvent dans les environs de Baffora, cette évapo- ration une fois faite, & le fel étant defléché en mafles, il n’y auroit plus d'autre moyen d'en féparer le borax que d'en faire la diflolution qu'on expoferoit enfuite à une évaporation très-lente. Or à quoi bon cette double évaporation? à quoi bon faire en deux fois ce qu'on auroit pü faire tout aufft bien en une feule fois & du premier coup, en faifant éva- porer d'abord très-lentement l’eau des puits de Baffora; il n'eft pas vrai-femblable que l'on fe donne tant de peine en pure perte. Il faudra donc fe retrancher à dire que les Hollandois qui fe font emparés du raffinage du borax, font venir du fel de Perfe pour en féparer enfuite le borax dans leurs raffineries: or cela me paroît incroyable pour deux raïifons; la première, parce qu'il feroit difficile dans cette fuppofition, qu’on n'eût jamais vû de fel de Perfeen Europe, avant que M. Sanchés y en eût apporté; & la feconde, parce que le borax qu'on retire du fel de Perfe ne fait pas la moitié, à beaucoup près, du poids de ce fel, & qu'ainfi les frais qu'on feroit pour le retirer augmenteroient de beaucoup le prix de cette marchandife. Je conclus donc de tout ceci, qu'il y a grande apparence que le fel de Perfe n’eft autre chofe qu'un borax fophiftiqué par l'avarice des Marchands, qui trouvent un double intérêt à faire cette tromperie; premièrement, celui de laifler ignorer aux Européens ce que c'eft que le borax, de leur ôter tous les moyens de pouvoir imiter ce fel chez eux, & de conferver Say. étrang. Tome IL. lii 434 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE par-là le profit immenle qu'ils tirent du commerce de cette marchandife; en fecond lieu, celui de vendre à des curieux pour du borax naturel une matière faline qui ne contient que peu de borax mêlé avec une très-orande quantité d’un autre {el à très-grand marché. Quoi qu'il en foit, je fuis parvenu à imiter le fel de Perle, en failant fondre dans une leffive de foude autant de borax qu'elle en a pü prendre, & ayant fait enfuite évapoier la liqueur très- rapidement, de peur de donner le temps aux fels de fe criftallifer chacun à part, j'ai obtenu par ce moyen une mafle faline blanche qui reffembloit en tout au fel que m'a donné M. Sanchés, & qui vient de faire le fujet de ce Mémoire, DE SMS LC 1: EN: GE & 435 DR ALG LE DE LA DIFFERENTIATION DES PARAMETRES, Pour la Solution de plufieurs Problèmes de la méthode inverfe des Tangentes. Par M. l'Abbé BossuT, Correfpondant de l’Académie. Fe titre que je donne à ce Mémoire, indique affez l'objet que je me fuis propolé; ainfr, fans entrer dans une analyfe métaphyfique de la méthode que j'emploie, je me bornerai à l'hiftoire fuccinéte des Problèmes auxquels j'en fais lappli- cation. Îls ont prefque tous été propolés par feu M. Jean Bernoulli : ce grand Géomètre demanda en 1 697 la courbe qui coupe une infinité d’ellipfes de manière que les fegmens fuffent égaux , celle qui coupe une infinité de paraboles de manière que les arcs fuflent égaux, &c. Il vouloit aufli que lon déterminät celle des courbes coupées dans laquelle le point de feétion étoit le plus près de l'origine de l'axe. M. Jacques Bernoulli fon frère & M. de l'Hôpital publiè- rent des Solutions fans analyfe de ces différentes queftions; mais il eft à remarquer qu'ils fupposèrent l'un & l'autre, que les courbes coupées étoient toûjours femblables. On voit par à que le problème qui regarde les ellipfes ne füt pas réfolu dans fa généralité. Enfin M. Nicole a donné en 1737 (Mém. de l'Acad.) la folution de lanalyfe de ce dernier problème, mais avec la même reftriétion que les deux Auteurs célèbres que j'ai cités. Il a fait dans fon écrit un ufage très-avantaseux de la méthode des fuites. Sans doute il auroit pü fans peine remplir l'intention de M. Bernoulli, qui avoit inffté en particulier fur le cas où les elliples font diflemblables. Quoi qu'il en foit, on verra bien-tôt que ce dernier cas eft le plus facile à réfoudre par la méthode dont iii Figure 1 436 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE je me fers. L'équation de fa trajeétoire naît fans difficulté de lexpreflion analytique du problème, & les indéterminées fe préfentent fous une forme qui ne rend pas l'intégration moins facile. Du refte, je faifis 'occafion d'avertir que le fond de cette méthode ingénieufe, dont on a fait honneur à des Auteurs très-célèbres, appartient en propre à l’incomparable M. de Leiïbnitz. C'étoit à l'inventeur du calcul des Infi- nimens petits, dy ajoüter une branche dont la fécondité me paroit immenfe. On ne fera peut-être pas fâché que j'en rappelle ici le procédé & la démonftration. LEMME. FR O'B'L EME. Différencier les quantités { A du (A étant une fontlion de u © de a) en fuppofant que u €7 à font variables. SOLUTION: La quantité f Adu étant compofée de deux changeantes x & a, on la différenciera tour à tour felon & a; & l'on dA . d AE de aura Adu + da fe res pour la différencielle totale. DÉMONSTRATION. Suppofons que À exprime ordonnée P A7 d'une courbe B M, dont a eft le paramètre, & du la différencielle de l'abf- cifle AP; ä eft vifible que fi lon fait 1." varier w, le paramètre demeurant le même, la fluxion de l'aire AB MP ([ Adu) fera le trapèfe PMmp, dont Fexpreffion analy- tique eft Adu, première partie de la différencielle dont il s'agit. 2.° Si Yon fait varier le paramètre a, en forte que la courbe B M1 devienne BM', l'aire A B MP recevra lincrément 8 & M'M, qui fera la feconde partie de la difié- rencielle de f A du, & dont il faut trouver l’expreffion analytique. Pour cela, on remarquera que À P étant la même pour PM & PM, la quantité infinitéfimale AM" dont Vordonnée flue, ne réfulte que de la variation du paramètre 4; D'ELMMWMS "C 1E NC ES 437 ä faut donc différencier À à l'ordinaire en faifant varier æ feulement. On multipliera enfuite la quantité 4 A qui en proviendra, par Pp ou du, & le produit 4 À . du fera ef pace élémentaire du fecond ordre AZM'm'm. Or lefpace Bb M'M n'eft autre chofe que la fomme de tous les 47° mm; ainfi il fera exprimé par / d A. du. Mais comme h quantité dont on a fait varier le paramètre eft la même pour tous les points de la courbe, da fera conftant, & l'on pourra l'écrire au devant du figne d'intégration, ce qui ; À : dA.du changera l'expreflion f 44. du en celle-ci, da [ = feconde partie de la différencielle propofee. Donc la différencielle totale de f Adu efl Adu +- da [ —- COS Q. F D. a PROBEEME.Æ Toutes les ellipfes poffibles AM'B, AMB, AM'B, &c étant décrites fur l'axe AB donné, &r tous les fegmens AMP’, AMP, AMP", &c. étant fuppolés égaux, on demande lequel de ces fegmens a le point M le plus proche du point À, c'ef-à- dire qu'il faut déterminer l'ellipfe AMB dans laguelle la droite AM Joit un minimum. SNOTLIT T7 T0: N: H n’eft pas befoin que j'avertifle que les ellipfes dont il ef ici queftion font diffemblables. La route que je vais fuivre pour réfoudre ce problème, exige que je commence par réloudre celui où lon demanderoit la courbe qui paffe par tous les points 44 L'origine des coordonnées 4 P & PM de cette courbe étant fuppolée en À, il eft clair que ces mêmes lignes feront aufli les coordonnées d'une ellipfe indéterminée. Soit AB — 24a, AP— x, PM— y, le paramètre de 'ellip{e indéfinie À MB —p, que je fuppo- ferai variable. Cela pofé, on aura, par la propriété de l'ellip{e, 27 — LAPS 7 24 22", & par conféquent p— —“—. De 24 Z2AX— AA hi ü Figure 24 438 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE plus, on aura AM V{xx + y) = ET) —= mini, Enfin, foit que p {oit conftant, loit qu'il ne le {oit. 24ap4 EEE 24 pas, le fegment AA1P fera exprimé par f 4x” : Or, puifque par lhypothèle, tous les fegmens AMP, AMP, &c. font égaux entr'eux, on aura / dx { ASE m4) 24 — bh*, b étant une conftante. Si l’on différencie cette équation en traitant x & p comme variables, on trouvera dx M Se er 24 EE, : . dx 2APX —pxX comme dans Île dernier terme la partie 7h En 44 ) za repréfente l'aire d’une courbe dans faquelle p eft 1eyardé comme conflant, on pourra chafler du figne d’iniégration, & 2P 24p#—prx ) dp 24 2pP 2 ap* == p** ] = 10. MEftaut pou ae LM ere pour f V{< TI) fa valeur 46, & divifant par Ÿp, nous la 24 changerons en cette autre / À) dx V{ l'équation précédente deviendra dx v{ 2ax— xx ) bbdp 24 2pvp — o. Enfin, en intégrant, on aura / dx V{ Bb LA] 4 \ , “ 9 - — —— —= 0; car l'intégrale eft complète. D'où lon tire, Vp S HT 2 4 3 V2 a », . en mettant pour ÿ/p fa valeur APTE l'équation y * Cette règle & la manière dont | des applications: mais je fais combien je l’emploie, s'étendent à toutes les | cette manière de procéder eft infruc- queftions du même genre que celles | tueufe. Il m’a paru que des exem- que l’on traite ici. J’aurois pû m’ex- | ples variés feroient peut-être plus inf pliquer fur une formule générale, & | truétifs & plus propres à faire fentir laiffer au Lecteur le foin d’en faire | la métaphyfique de la méthode. DES SCIENCES 439 DEV(2ax— ++) UT fdr Va a el M'MM". J'ai dit que l'intégrale étoit complète. La raifon en eft que x — 0 doit rendre y — ©, ce qui arrive ici. Si on avoit là-deflus quelque difliculté, elle fera éclaircie dans la fuite. Cette même équation peut fe trouver d’une manière encore plus fimple. Pour cela, on confidérera que dans l'ex- preffion f dx WE), on peut tirer ÿp & V2a hors du figne d'intégration; car tout fegment elliptique eft qui exprime la nature de la courbe au fegment correfpondant f dx y/2ax par ), du cercle décrit fur le même axe, comme y/p eft à 24, foit que p foit conflant, foit qu'il ne le foit pas, 2 a étant toûjours conf tant. On peut donc repréfenter le fegment A7 par _ ; 24 [ dx V/2ax — xx), & nous aurons / dx ÿ{/2ax — xx) A bbV 24 Ping | bEV{(2ax— xx) Te fdxv(2ax— xx) préfente d'elle-même. ; d'où l'on tirera, de même que ci-deflus, y . La conftruétion de la courbe fe Maintenant, pour déterminer le minimum À M1 demandé, je vais chercher le point 47 de la courbe M'MM" le plus proche de À. Pour me guider dans cette recherche, J'obferve que la droite À 47 devant être un moindre, (AM) RER ARE EE) en fera aufli un; donc d/ = o, c'eft- 24 à-dire, 2axdp + 2apdx — xxdp — 2pxdx ‘ 118 __ (2px*— 2ap— 4ax)dx M H 4qaxdx = 0, & dp = ————. Met tons cette valeur & celle de p dans l'équation À, & nous trouverons, en effaçant les dx & en réduifant, y? (bbx — abb)yy + ———— — bbhx = 0; équation à une courbe 244 —#Hh 40 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE géométrique Æ MG qui coupera la courbe A7 MM" au point de minimum demandé. Si lon conftruit ces deux courbes fur un même axe par les méthodes connues, leur point d'interfection donnera la grandeur de x & de y, & par conféquent celle de p, & l'on pourra tracer l'ellipfe cherchée avec l'axe 24 & fon paramètre. €. @. F.T. PROBLEME IL Trouver la courbe M'MM" qui coupe une infinité d'ellipfes femblables AM'B, AMR, AM'O, dc. d'un même fommet A, & dont les grands axes font fur la même droite AS, de maniere que les fegmens AM"P", AMP, AMP, &c: foient égaux entr'eux. J0 LIU VITAINON Ne Les ellipfes dont il eft ici queftion étant femblables, ont voit que le rapport du grand axe au petit axe ef un rap- port conflant. Il n’eft pas moins évident que les coordonnées AP & PM de la courbe MMM" font les mêmes au point A7 que celles d’une ellipfe AAZR. Soit l'axe variable AR d'une ellipfe indéterminée — 27, APS PM — y, le rapport invariable du grand au petit = %. On aura, par les conditions du problème, — [ dx V(2rx — xx) — bb. D'où l'on tire, en différenciant cette équation felon x & 2r qui font variables, dx V{zrx — xx) + dr +dx J . dr Er — 0; ou bien dx V{2rx —xx) + — r rxdx € rx dx rx dx — rrdx ————— 0. Mais f——— —=/-—— Prat MOT V{arx— xx) rrdx ‘ ES Sec NET x [ Le ë Vlarx— xx) + [ dx V{arx — xx) ] = — x V(arx — xx) + 2nbb, & par conféquent nous D'E6 À SIC HE NTC ES 44 d nous aurons dx V{2rx — xx) — ©, y{2rx = xx) 2285dr 0, ou bien (A) (rdx — dr) V{zrx —xx) r —+- 22bbdr — o. Cette équation, que j'appellerai auxiliaire, donne au moyen d’une fimple fubftittion, la nature de la courbe MMM" exprimée en x, en y, & leurs différences. Car on a, par fa . 7, , . EE1 ann n propriété de l'ellipfe, r — "22, & par conféquent 2% 2anxydy + xx dx — nny° dx : dr T2 EEE T2 ©, Mettons ces valeurs à 2XXx leur place, & nous trouverons après les réductions néceffaires, (B) nnxy dx — nnxxyydy = nnblyydx — bbxxdx — 2nnbbxydy, équation à la trajectoire dont il s'agit, & qui eft la même que celle que M. Nicole a trouvée par deux méthodes différentes. Mais pour fe former une idée plus précife de cette courbe, il faut trouver les expref fions de fes coordonnées x & y,.en forte qu'on puifle en déduire une conftruétion fimple & facile. M. Nicole a obfervé que fi lon vouloit intégrer direétement l’équa- tion ({B), il feroit difficile d'en venir à bout. Il a fà fe tirer habilement de ce pas par fa méthode des fuites. Pour moi, il me femble que la route que j'ai fuivie rend opération aufli aifée qu'on puifle le defirer, & ce n'eft pas-là fans doute un avantage méprifable. Je me fers pour cela de mon équation auxiliaire / À) à laquelle je donne rdx —xdr : 22.bbdr mt. 2 cs cette forme — — — ——, Soit —<; 7r rr.V(zrx — xx) r ; rdx— dr dz — 2nbbdr —2n8 dr Re FR 1IV(2rx— xx) Sr D V(217— 7) ; 7 b : dy — 2nBdr RON . . 1e RS MORE RE TE EPS d'où il fuit que la transformée fera AU TE PEPPITBL b — 2nb# dr ce qui donne dy V{2b3 — 17) = ———, & fdz V{zbi— 1) = ar donc = —— "7" ; YVES div (2er) Sav. étrang. Tome IL. Kkk Fig. 4. 442 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE M ACC byvr x donc x — PB OT ? & (à caufe de yy Lu 2rK rx Las bvV(28t— 37) ET nn by TT v[rfdrv(2bz—2/] cette manière de procéder me paroït courte & naturelle, elle indique de plus ce quil faudroit faire fi on vouloit opérer immédiatement fur léquation ‘/ B); car en lui . Outre que Anuxyydx — qanuxxydy (xx + anyy} annbbyyds — 4bbxxdx — Snnbbxy dy “ D. (4x +unyy) 2% _— ©, on ariveroit néceffairement au même 2x +Any) b ETAT réfültat que par la première méthode, Je fupprime Je détail du calcul, qui n’a aucune difficulté, Cette remarque doit s’'ap- pliquer aux cas femblables, que les problèmes fuivans nous fourniront. donnant cette forme, , & en fuppofant CoNSTRUCT I O!N. Ayant décrit fur le diamètre AC — 20 le ‘démi- cércle ANC, & ayant fuppolé AQ — 7, jé fais ces deux propor- tions; le fgment ANQ [ fdz V{2bz — 77) ] eft au quarré GO (bb) comme le rectangle G X (nb b) éft à un quarré dont 3 . BV n a racine féroit AT ; donc AT — VAR OT. ty; & AG (WANT). AQ (2): AP. Donc AP 7T — x. Cela pofé, fur le grand axe AR = 2 AT 5 —= I = 27, avec un paramètre =, je décris l'ellipfe AHMR; par le point P j'élève ordonnée PM, & je dis que le point M eft à la trajectoire demandée. Ce qui eft élee CoROLLAIRE Si n— 1, auquel cas les ellipfes dont il eft queftion dans le problème fe changent en cercles, l'équation /8) deviendra DE SAS CIENGC'ES. 443 xp ds — say = bhyydx — béssds — 2 bbxÿ a, qui exprime la courbe qui coupe une infinité de cercles à fegmens évaux. REMARQUE. On 2 pü obferver que je n'ai point ajoûté de conflantes dans les intégrations qui m'ont conduit aux valeurs des coordonnées x & y. Voici la raifon de cette omiflion. La valeur qu'on trouve pour x doit être telle que x — o rende —:00, comme il eft ailé de voir, fi l'on confidère que le fegment ALP étant, par Ja nature du problème, toûjours égal à la quantité conftante 26, il faut néceflairement que l'ordonnée PA devienne infinie Jorfque l'abfciffe AP eft infiniment petite. Or il n’eft pas moins clair que cette con- dition fe vérifie dans les expreflions que j'ai données de x &, de y; car on a y::x it {207 — 73): zn; mais # — donne y/2 b7 — 77) infinie par rapport à 7; donc auf y eft alors infinie par rapport à x; donc, &c. P R‘O2B LE.MSE, .TIL Trouver la courbe qui coupe une infinité de paraboles A M, AM, dc d'un même fommet & d'un même axe, de manière que tous les arcs AM, AM’, dc. foient égaux entr'eux. SOLUTION. Soit AP — x, PM—y, le paramètre d’une parabole rte —=p. On aura, par les conditions du problème, Jos je Vp 4x) = b, & par conféquent (A) Moss , ELET Jr: ——— {4x + p) + — dj Oo: mais de. TJ (3— +) dx V(ax HET ii dass KKK ÿj Fig. 5. 444 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE y ae b y *+ : RARE (4x +p) PE 4 DNA A TEE Pl Si l'on met P ? cette valeur dans l'équation / 4), & que lon multiplie le tout par p, on aura {px TE dx — x7 dp) 7 RE Lio . Ds à 2bxdp + bdp = 0; ou bien /B) pdx — xdp + a NE as oO, La propriété de la parabole donne p = 2 , & par 2x9 dy — yy dx 4x conféquent dp — . Je fubftitue ces. expref- fions dans l'équation / B), & je trouve x dy — y dx 2bxdy —bydx VAR ED) DM'Mm. Mais pour féparer les indéterminées avec un peu plus de facilité, foit repris l'équation auxiliaire /B). Je pdx— xdp 2 bxdp 77/7 ET pour l'équation différencielle de la courbe Técris fous cette forme, j RECU TAENER d Je fais = —"©; d'où'jetire F7 = ©, P b 7P ô V{4xx + px) — & V{4r2 + br), & par conféquent de 2h7dp Rev D TT par oui °° Re 2 Var + b) &bdp PP Bb ee os EP r donc [ Var b) Bz ‘dr LV ar+t) BVEz À— » & (à œufe de y = px) 3 —= ie n [var +8) 2 DES: SCIENCES 445 CONSTRUCTION. Sur l'axe AO avec un paramètre AG — 4, foit décrite Fig. 6. la parabole ANR. Puis ayant fuppolé AQ = 7, il eft évi- dent que l'arc AN fera f a V4 1). Si l'on fait 2 ces deux proportions, Varc AN: AG :: AG: AH, & AG :AH:: AQ: AP, on aura AH — EL La 4) 2 =} PR: A - IE — À; d'où il füit que fr on ‘trace fur axe AO, avec le paramètre AA, la parabole 4/7, & que par’ le point P on élève lordonnée PAZ, le point AM fera à la courbe cherchée. ANS - "13 R E M\A_R\Q.U-E. Je nai point ajoûté de conflantes aux expreffions des coor- données. En voici la raifon, qu'on appliquera aux exemples fuivans , mutatis mutandis. WF faut intégrer l'équation ‘de: Ja courbe DM'Mm, de manière que x — o rende y —'#; car puifque Farc À M eft toûjours égal à D, il s'enfuit qu'i deviendra une ligne droite, & qu'il ne différera de PM que d’une quantité infnitéfimale lorfque AP fera infini- ment petite. Mais on peut voir facilement que les valeurs de x & de y ont la propriété dont je viens de parler: donc, &c. : PER SOPBURTE NME VE Trouver la courbe M'M M" qui coupe une infinité de cercles AM’, AM, AM", de. d'un même fommet A, € dont les centres font fur la même ligne AB, de manière que tous les ares AM’, AM, AM”, dc. foient égaux entr'eux. SorzuTIon. Soit le diamètre AB d'un cercle indéterminé = 2r, KKk iij Fig. 7 446 MÉMOIRES PRÉSENTÉS AL'ACADÉMIE AP=x%; PM =y; fac AM, comme on fait, fera exprimé par f/ = — » & Von aura par l’hypothèfe rdx Ni HEEI rdx dr. "=" — 1}, d'où lon tWe —— + — VE V(2rx — 4x4) Z V(arx — xx) mA nice 18 - Lddul ) nr mur si, NN PAN FIENes rre —= 0. Müis Vs V(arax x) (é ph e M TENTE +d# # x rV(2rx — xs) &b= [ V{arx— xx)? = (arx — xx) en faifant ces fubflitutions nous changerons l'équation précé- sat ydx—xdr = bd dente ‘en celle-ci / A) Tuer + —— = La propriété du cercle donne Le = & dr — DD EE II. ; d'où il fuit que l'équation (A ) aura pour transformée yydx — bxx dx — 2 bxydy = ÿ°dx + xxydx — xyydy — dy, qui exprime la nature de a courbe MMM", & qui eft la même que celle qu'a trouvée M. Nicole; car il a aufli réfolu ce problème, de même que celui qui le fuit. sc Mais pour féparer aifément les indéterminées, je reprends rdx — xd? l'équation (4) qu'on peut mettre fous cette forme, bdrv(arx — ++ ee 1 2 c == Mere el cela poé, foit —!— » on = nr..6 BA | V{abz— 2) bdz CS bb VOX) T° : bb 174 L EX ne AMV donc r — Lg be , & (à caufé M - f bar f Be AA NOTES AE VA Va gg) EE O0 . EV(2lg xt) à fi bdz É RO + asie : V2 TX changera l'équation précédente en celle-ci, — — mn À , dont l'intégrale eft a de yy= 2rx — xx), ÿ = D Æ SNS C/LLE IN CIE, 47 IL me paroit inutile de donner une conftruétion détaillée de la courbe M'M M: elle eft la même 1 celle de Particle précédent. REMARQU =. _S \ Quoique Ia conftruétion ‘que je viens d'indiquer, me paroifle fuffifante, j'elpère qu'on verra avec plaifn comment on peut parvenir à celle de M. Nicole par une méthode très-différente de’la fienne. Pour cet éffet, foit répris l'équation de la courbe, à dx + xxydx — xyydy — x dy = byydx — 2bxÿdÿ) == byxdx que j'écris ainfi, {x dy — ydx). (3 + y) = D: (2xydy — yydx + xxdx). On aura 2 encore PA. ni dre ré ES 2LR MERS ou bien d (2 - ÿY — bd (2 À we Soit ÿ=nx; donc Pr VX YY xx. (nn), [1 MIS d(Z x) d'[«{un kr 1], & par !conféquent di. D yr-e VE Bd {x Lin 1)]: . DT —» On aura la nouvelle transformée XX TES 1) di 3YOIGT bxdu + Budx D VE PE Ts se AUXX > QD). B——— DRE ES PCR RGE qui ii donne 2HV(u— 1} +4 ge me à. re ou EE don Pine égrale eft ya Leg” = . Maintenant foit # — — ; on aura du a tt af ——— + s) au 1/ \ ds . = di Rs —— er te ler PE ges Le ; doicx—= =? tt 24V(u— 1) as ii 5 ai | : Æ Vi LUE) | lien en flent ones TETE #h Intl HO Y. .0W = V(bb — 37) Fig. 8, 248 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A‘L'ACADÉMIE #V{r — x) DA . Or ces expreflions font les mêmes & (à caufe de y=nx = xW{u — 1) = zV(bb — 77) de de bdz V(bb— 7) que celles de Filluftre Académicien que j'ai cité, comme on peut le voir dans fon Mémoire: donc, &c. PUR OB: BE" MeEt IVe Trouver la courbe M'M M".qui coupe une infinité de cercles AM',AM, AM" d'un méme fommet À, &7 dont les diamètres font fur la même ligne, de manière que les arcs AM’, AM, AM", Joient parcourus ‘en temps égaux par un même corps. S'ozurTron. à : fappoke, comme a fait M. Nicole, les loix de Galilée fur la chûte des graves, & que le mouvement fe fafle dans un milieu fans réfiftance. a ait ‘Soit le diamètre d'un cercle’ indéfini AM —12r; AP = x, PM = y: a vitefle du corps arrivé en 47 fera repréfentée par Ÿ/PM). De plus l'arc infiniment petit M fera parcouru uniformément; d'où il fuit que le temps différenciel employé à le parcourir fera exprimé par ER : À > V(PM)}:- rdx — re -. On aura donc, par les conditions du (art — xx) PE MERLANU NE ” à problème, LÉ RE LES — tb; ce qui donne de A) (2 fie à À dr. Sn De re 0e Tr Fu = - Ent — D peut être ‘intégrée en als La sonité rss) connue intégrale re Mme — 7 Vo le détail du (ars— xx) * Icul calcul, DE s CSC Tr Ei N'ICMENSS 449 dx Glcul. Soitire= #11 On aura f = _—————— (244 — xx) — du xd# udu A cr PE Donne dt à : (rr — uu)* (arx— xx)" (rr—uu) * — rdu 2 — rdu D fr — au)" 3.(rr—uu) (rr—uu)" T1 — rdu —rdu Pour intégrer ——— , on remarquera que = (rr—uu)" (#r—uu)* — » du + ruudu à w : — rdu —————— }; d'où l'on tire / 2) h = (rr—u)" — du uu dn = Le 7.(rr —uu)* r.(rr—uu)* uridu . Maintenant pour réduire l'intégrale de à ne contenir que des r.(rr—uu)* du 7 . ——, prenons la quantité finie r.(rr— ua) termes finis & — qu'une légère habitude du calcul indique fans (rr— ua) u du 3 mi — PR Lac (rr — uu)* (tr — uu)* uudu : uu du 2 —, ce qui donne — - (tr — uv)" re(rr nu) 3 du 24 — ———— , & mettant cette valeur r.(rr—uu)" 3r.(rr—uu)" dans l'équation (B), elle deviendra f —="# (tr — ax) —2u 1 — du ne , ere Aie > ——; doù il fuit 3r(r7— uu)* HA (rr —uu)* xdx peine; on aura d | — — qu'on aura en chaffant » & du, LA (ars — xx)" Say, étrang. Tome IL. LI 450 MÉMoIREs PRÉSENTÉS A L ACADÉMIE 2X —— 3 _… VE, Si l'on füubflitue cette va- 3r.(orx— x)" 774 : leur dans équation / A), on aura, en réduifant, (C) rdx — xdr drvb vn - JET (arx— xx)" Enfin pour avoir l'équation de la courbe 47 M M”, on chaffera r & dr au moyen de leurs valeurs tirées de la nature du cercle, & l'on aura, reduélis reducendis, (2ydx — 2x dy) x (xx + 37) = V{by) x (yydx — xxdx — 2xydy). Mais pour connoître plus particulièrement cette courbe, rdx — xdr 7r foit reprife l'équation /C) que j'écris ainfr, 3 — dr. Vbh.(2rx—xx)" 2 . L2 CUS VE … Je fais = +; d'où je Lé dy __ —dr.(rb; ui" & dy _ —bdr, 3 DTA 3 L (2kz— 1) 27 s 7] par conféquent ,r = ER donc x ( Ghz) 1 = a Per. (64 ea) 1 Ser=amer 4 Quoique là conftruétion.de cette courbe puifle fe déduire irès-fimplement des. articles précédens, il ne fera peut-être pas inutile d'ajoûter encore un mot là-deflus. Je décris un demi-cerele avec un rayon D; puis ayant pris une abfcifle #, & élevé lordonnée correfpondante , je vois que l'expref- fon f° HTAUEE repréfente Le temps de la chûte le long {alt — 1)" de l'arc dont z eft le finus verfe. Je fais cette‘ proportion : le quarré du temps employé à parcourir l'arc dont je viens de parler, eft au quarré du temps conftant comme le rayon ? eft à r. Je décris-un autre demi-cercle qui ait r pour rayon, % | Jar. Etang. Tome 2.PL XVI. p.450 A gobun. Je DES SCIENCES. 4si & je prends fur ce rayon une ablcifle x, telle que l'on ait * — “£. Enfin je mène lordonnée correfpondante qui va couper la demi-circonférence à un point qui appartient à Ja courbe A'MM", A l'égard de la méthode dont on fe fert pour trouver le temps de la chûte d'un corps le long d'une courbe donnée, elle eft expliquée dans beaucoup de livres qu'on pourra confulter. LI ÿ Folniere , fome I, page 110, 452 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE MÉSERNTEEO IUR UE Sur l'utilité des Obfervations du Baromètre dans la pratique de la Médecine. Par M. BERRYAT, Correfpondant de l’Académie. pre du Mercure dans le Baromètre ne laiffe plus aucun doute fur la véritable caufe qui le foûtient: graces aux expériences de Toricelli & à la pénétration du célèbre Pafcal, nous ne penfons plus avec Galilée, qu'on doive s'en prendre à l'horreur du vuide, & qu'il faille aug- menter ou diminuer cette horreur, fuivant les endroits plus ou moins élevés où l’on obferve le baromètre. Non feule- ment nous favons que la pefanteur & le reflort de Fair font les forces mouvantes du mercure, mais nous favons évaluer ces forces. L'air pris à volume égal eft Ie plus léger de tous les fluides, & d’habiles Phyficiens ont eftimé fa légèreté huit cens fois plus grande que celle de feau; mais fr on le confi- dère felon la hauteur des colonnes dont fa mafle eft com- pofée, la pefanteur de chaque colonne fera proportionnée à fa hauteur. Par exemple, au niveau de fa mer cette: pefanteur eft équivalente à celle de 32 pieds d'eau ou de 28 pouces de mercure. Si ces 32 pieds d'eau font des pieds cubiques, la colonne d'air correfpondante fe trouvera contre-balancer le poids de 1950 livres, en n'eflimant celui d’un pied cubique d'eau que 65 livres au lieu de 67 qu'il pèfe réellement ; d’où l'on peut conclurre quelle eft l'énorme pefanteur de fair qui nous environne & nous preffe de toutes parts, pefanteur qu'on évalue par un calcul qui n'eft pas porté à la dernière rigueur, à 19500 livres que nous avons à foûtenir. Mais ne nous défions pas de nos forces, nous portons au dedans de nous-mêmes un contrepoids qui DIS A SICILE NACRE 15: nous décharge prefque entièrement de cet effrayant fardeau. L'air dont notre fang & toutes nos humeurs font pénétrés étant de la même nature que celui qui nous environne, eft en état de le contre-balancer, de façon que, fi latmofphère demeuroït toujours la même, nous pourrions nous repofer fur cet équilibre; mais malheureufement les changemens dont elle eft fufceptible ne fe font que trop connoître, & chacun éprouve aflez fur foi-mème les effets de fa trop grande pefanteur ou de fa légèreté, de fon plus où moins d’élafticité, fans avoir befoin d'autre démonftration. On fait qu'un air trop élaftique rend la refpiration fort laborieufe, en portant les véficules pulmonaires à un degré de diftenfion fort au deflus de leur état naturel; qu'il com- prime par cette diflenfion les vaifleaux dont ces véficules font tiflues, & en diminue la capacité; cé qui forme un grand obftacle à la circulation du fang dans les poumons. En conféquence, le ventricule droit du cœur ne fe décharge que très-difficilement du fang qu'il reçoit de toutes les parties du corps, qui, par ce retardement font menacées à {eur tour d’engorgemens dangereux. Le fang ne circulant pas librement dans les vaiffeaux pulmonaires, revient en moindre quantité dans le ventricule gauche du cœur; cette diminution, tant du fang que des elprits qui en doivent provenir, fe communique néceflairement à toutes les parties du corps. De R une infinité de maladies qui fe déclareront fur telle ou telle partie, fuivant la conftitution particulière, ou felon le peu de réfiflance qu'elle offrira à ce re ardement général de a circulation. Dans Fun, cet la poitrine dont les reflorts trop foibles cèdent trop facilement à lexpanfion de fair infpiré, & ne fe trouvent plus en état de repoufler cet air & de former une expiration proportionnée à l'infpiration : ce qui paroït par la difficulté qu'éprouvent les afthmatiques dans la refpiration d'un air trop élaftique. Dans un autre, la poi- trine fe trouvera bien conflituée; mais la tête afloiblie ow naturellement ou par de longues & férieufes occupations, s'apercevra bien facilement du changement d'air, tandis que LI ii Cheyne, de atre, 454 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE la poitrine n'en recevra aucune impreflion. De là les pefan- teurs de tête, les migraines, les vertiges, les étourdiflemens pourroient fervir à bien des gens de baromètre. Et ainfi de tant d’autres maladies qu'un air trop élaftique peut produire non feulement fur les organes de la refpiration, mais encore fur ceux de la tranfpiration, & en conféquence fur toutes les parties du corps. De cette connoiflance il eft aifé de pafler à celle des effets d'un air qui a perdu de fon élafticité ordinaire, & nous fommes, généralement parlant, plus propres à nous apercevoir de ce cas-ci que du précédent, ou pluftôt il nous arrive beaucoup plus fouvent d'être expolés à un air qui n'ait pas aflez d'élafticité, qu'à un qui en ait trop. Nous fommes naturellement propres à fupporter une colonne d'air équivalente à 28 pouces de mercure, & nous ne fouffrons pas beaucoup d'une colonne qui varie entre 27 & 28 pouces. I eft très-rare de nous rencontrer fous une colonne fort au deflus de 28 pouces, excepté dans des foûterrains qui foient plus bas que le niveau de la mer; au lieu qu'il fe trouve quantité d'endroits où le mercure ne s'élève qu'à 27, 26, 2$ pouces dans fa plus grande hauteur. Les pays de montagnes en fourniflent de fréquens exemples, & devien- nent par-là prefque inhabitables. Lorfque l'air que nous ref- pirons n'a pas aflez de reflort, les véficules pulmonaires ne le déploient pas fufhfamment, leurs vaifleaux fanguins font moins preflés, moins foûtenus. De là il arrive que les tuniques de ces vaifleaux ne trouvant pas un appui aflez fort du côté de la furface interne des véficules, cèdent à limpulfion du fang fur lequel elles ne peuvent réagir avec aflez de force fans le fecours ordinaire de Vair. En confc- quence la circulation fe ralentit, les liqueurs s'épaifliffent par ce rallentiffement, la poitrine fe trouve furchargée, on y reflent un poids très-inquiétant, on refpire avec plus ou moins de difhculté. En un mot, on eft expolé à quantité de maladies par l'épaifliflement du fang & le féjour qu'il peut faire dans les différentes parties du corps, fuivant qu'il en fera DES SC1I1ENC-ES. . 455 plus ou moins repouffé. Les folides furchargés perdent eur reflort, ne réagifient pas avec affez de force fur les liquides, & facilitent de plus ën plus l'engorgement, qui devient à la fin prefque infurmontable, Les effets de la pefanteur & de la Kégèreté de l'air, font les mêmes que ceux qu'on éprouve de fon trop ou trop peu d'élafticité. Ces caufes différentes n'influent pas feulement fur les maladies qu'on voit régner dans les différentes faifons ou dans les changemens de temps confidérables, elles contribuent encore au bon ou mauvais effet de la plufpart des remèdes. J'ai eu plufieurs occafions de vérifier cette dernière obfer- vation, que j'ai toüjours regardée comme d’une très-grande conféquence dans le traitement des maladies. Les plus favo- rables que j'aie rencontrées font un flux dyfentérique & une hydropifie anafarque, la première de ces maladies dans un jeune Capitaine du régiment de Vieille-marine, qui la portoit depuis trois ans, & l'autré dans l'époufe de M. Bourdeaux, Grefher de la Prevôté d'Auxerre; toutes deux en 1746. Le jeune Officier ne fe trompoit prefque jamais dans fes prédictions fur le changement de temps, fur- tout lorfqu'il s'agifloit de Ja pluie, qu'il annonçoit pour Fordinaire dans le plus beau temps & 24 heures par avance. J1 en étoit exac- tement averti par des tranchées plus violentes, une plus grande débilité d'eftomac, des déjeétions plus fréquentes & une certaine mélancolie dont il n'étoit pas maitre. L'hydropique, dont j'avois fait mefurer la circonférence prodigieufe du ventre, pour lui en faire connoïître la dimi- nution, perdoit quelquefois l'excédent de Ja mefure, & la remplifloit entièrement lorfqu'on étoit menacé d’une grande pluie; les déjections bien loin d'augmenter, comme dans de cas précédent, diminuoient & fe prétoient à peine aux remèdes des plus actifs. L'oppreffion de poitrine, la pefan- teur de tout le corps, la roideur des jarréts & autres fymp- mes augmentoient confidérablement. Tout cela s'accor doit fr bien avec mon baromètre, que fans voir la malade, je 456 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE prévins plufieurs fois fon mari fur le changement que je devois trouver, & je ne fus jamais trompé. Cette caufe bien connue me fervoit à raflurer mes malades fur des accidens que je feur annonçois comme paflagers; mais ce qu'elle m'indiquoit de plus important pour eux, étoit d'augmenter plus ou moins la dofe des remèdes, parce que la dofe ordinaire devenoit fans effet aux approches de la pluie, & il étoit de conféquence de ne pas laifler long- temps le mal au même degré, Dans lun, il falloit fufpendre les laitages & oppofer par les aftringens & les flomachiques une efpèce de barrière à la trop grande liberté de ventre qui devoit furvenir; dans l'autre, il falloit par des purgatifs plus irritans rappeler dans les inteflins les eaux qui fe portoient trop facilement à l'habitude du corps, où elles trouvoient plus de relächement & par conféquent moins de réfiflance. Mais pour réuflir dans l'un & fautre cas, il ne falloit pas attendre, pour opérer, l'évènement de la prédiétion, il s’a- gifloit de prévenir le mal & d'en eftimer toute l'étendue par la caufe qui l'annonçoit. Or rien ne pouvoit être alors d'un plus grand fecours que l'obfervation exacte du baro- mètre: c'eft ce que j'éprouvai avec toute Ja fatisfation qu'on peut reflentir en pareils cas; car mes malades par ce moyen iayant pas paflé un jour fans recevoir quelque foulagement, furent conduits à une parfaite guérifon dans la faifon la plus contraire. Une obfervation que j'ai eu fouvent occafion de faire l'année dernière, c'eft que dans le temps de la plus grande élévation du baromètre, plufieurs perfonnes de ma connoif- fance fujettes à des maladies du genre nerveux, ne manquent jamais d'en avoir des attaques proportionnées à cette: éléva- tion. C'eft pourquoi depuis le 26 Janvier jufqu'au 3 0 indluft- vement, que le barometre fe foûtint à 28 pouces & 28 pouces 2 dignes, je vis ces mêmes perfonnes dans des vapeurs con vulfives les plus violentes, & en danger d'y périr, fans le fecours des faignées du pied répétées, & des narcotiques à ge | dofe. Mais ce qui acheva de me confirmer dans cetie idéè du DENSANSPC)r EN CES 457 du barometre, c'eft qu'elles demeurèrent tranquilles péndant tout le mois de Février, & retombèrent dans le même état les premiers jours de Mars à l'occafion d'une nouvelle élé- vation du baromètre. L'état des menflrues ne. paroifloit pas y influer beaucoup, puifque celles qui en étoient éloignées de quinze jours, & celles qui touchoïent à leur terme, étoient aufli cruellement tourmentées. Lorfque le baromètre venoit prefque fubitement à fa plus grande élévation, elles étoient frappées de même; mais lorfqu'il y venoit par degrés, voici quels étoient les fignes avant -coureurs de cet accident, que j'ai obfervés plus particulièrement fur une jeune perfonne qui depuis douze ou treize ans étoit attaquée de vapeurs hyfté- riques fi violentes que bien des gens & des Médecins même les confondoient avec l'épilepfie. Sa refpiration devenoit de jour en jour plus difficile, elle reffentoit fur l'eftomac un poids qui alloit toûjours en augmentant, fur-tout après les repas, une grande difficulté à marcher; fa peau de douce & unie qu'elle étoit, devenoit féche & rude, fes veines auparavant imperceptibles fe gonfloient à vüe d'œil; le fang lui mon- toit fouvent au vifage & y occafionnoit un rouge foncé auquel fuccédoit une couleur pile & plombée, les levres tant foit peu livides, le tour des yeux battu, le regard rude & quelquefois égaré; les urines étoient ou crues ou bour- beufes, le ventre parefleux, le pouls fe concentroit par degrés; l'humeur étoit bizarre, tantôt trifle & mélancolique , tantôt d’une gayeté à rire fans fujet. Enfin tous ces accidens proportionnés à la conflitution de l'air, après avoir augmenté par degrés, fe terminoient par des convulfions horribles de tout le corps avec perte de connoiffance & de fentiment. Les mouvemens du corps étoient fi violens, que trois ou quatre erfonnes avoient bien de la peine à les contenir. La con- vulfion des mufcles de l'abdomen & du diaphragme paroifloit repoufler tous les vifcères dans la cavité de la poitrine, qui sélevoit & fe dilatoit prodigieufement à melure que le ventre saplatifloit d'une façon extraordinaire. La malade demeu- roit quelque temps dans cet état fans mouvement & fans Say, étrang. Tome 1. Mmm 458 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE relpiration apparente, le pouls infenfible , le regard fixe & féroce, le vifage une fois plus plein qu'à l'ordinaire & relevé des plus belles couleurs. Enfuite la poitrine retomboit peu à peu de cette élévation, & entroit dans des mouvemens convulfifs d'infpiration & d'expiration aufii laborieux & auffi fréquens que ceux d’une perfonne qui, après avoir couru Jong-temps & à toutes jambes, feroit contrainte de sarrêter & de tomber toute efloufflée entre les mains de fon ennemi. De là elle pafloit à l'état le plus tranquille en apparence, tel que celui d'une perfonne qu'on voudroit repréfenter en extale; elle paroifloit s'occuper de différentes idées, on la voyoit fourire d'un air content, & quelquefois rire à gorge déployée; un moment après elle prenoit un ton plaintif entre- mêlé de foupirs & de fanglots, elle pleuroit même à chaudes larmes. Tout-à-coup elle reprenoit un air furieux, cherchoit à fe déchirer la poitrine, à s'arracher les cheveux, à fe frapper la tête contre un mur, fon corps bondifloit & s'élevoit de defflus fon lit, quelques eflorts qu'on fit pour la retenir. Enfin toute cette fcène fi variée fe terminoit au bout d'une heure ou deux par un accablement extraordinaire, & pro- portionné à tous les vivlens mouvemens qu’elle venoit de fe donner. Le pouls lui revenoit avec la connoiflance, & les douleurs plus ou moins grandes qui lui refloient quelques jours après, étoient la feule marque par laquelle elle jugeoit de la violence de fon accès. Je ne dirai que deux mots du traitement de cette maladie, pour me borner à ce qui a plus direétement trait à l'obfer- vation du baromètre. Comme la violence des accès permettoit rarement d'y apporter aucun remède, je m'attachai princi- palement à profiter de l'intervalle plus ou moins long qui {e trouvoit entreux, de forte que dès le lendemain d'un accès paflé, je travaillois à prévenir ou du moins à affoiblir le fuivant. Je dirigeois toutes mes vües, non du côté des menflrues qui ont toûjours été affez abondantes & affez bien réglées, mais du côté du genre nerveux dont il falloit détruire, sil étoit poffble, l'éréthifme & la trop grande fenfibiljté. Je D'ÆJUMSNE 1 EN CES 9 tirai donc les principaux remèdes de la claffe des calmans, des anti-hyflériques & des adouciflans différemment combinés & proportionnés à l'état où je trouvois la malade. Mais tous ces remèdes ne pouvoient opérer qu'à la longue, fur une ma- adie qui avoit treize ou quatorze ans de date; il falloit s'attendre à voir revenir encore bien des accès. Cela arriva effective- ment, & ce fut en obfervant ces accès que je m'aperçüs de leur conformité avec les mouvemens du baromètre, fur-tout lorfque ceux-ci fe portoient d'une extrémité à l'autre. Je regardai donc cette obfervation comme un moyen dont je devois profiter pour prévoir les approches de flaccès, & y oppofer des remèdes plus puiffans que ceux dont la malade faifoit un ufage ordinaire. C’eft pourquoi dès que j'apercevois une élévation tant foit peu confidérable, j'avois foin d’inter- dire les nourritures folides & d'augmenter la dofe des anti- fpafmodiques, & lorfqu'il parvenoit juiqu'à 28 pouces où 28 pouces 2 lignes, ce qui eft affez rare ici, je ne craignois pas de doubler & de tripler la dofe de ces remèdes. Ainfi je donnois dans ce dernier cas jufqu'à 30 gouttes anodynes, 40 de teinture de caftor, dans une infufion de mélifie à laquelle on ajoûtoit le firop de quinquina & l'eau de canelle orgée. À la première tentative de ce remède de précaution, Jeus la fatisfaétion de voir la malade tomber dans un accable- ment & dans une moiteur que j'entretins par l'ufage de la même potion partagée en cinq ou fix prifes. Cet état bien oppolé à l'éréthifme que je redoutois, la préferva de l'attaque dont elle étoit menacée; & en ufant de cette précaution lorf- qu'on le pouvoit, elle en éprouva toüjours le même eflet. En un mot, je me procurai par cette méthode des intervalles affez longs pour tirer parti des remèdes adouciflans, tels que les bouillons appropriés, les laitages, la diette blanche, &c. qui font enfin parvenus à corriger l’acrimonie du fang, à détendre le genre nerveux & à répandre le calme parfait dont {a malade jouit depuis plus d’un an. Je ne finirois pas fi je voulois rapporter tous les cas où je me fuis aperçû d'une grande différence dans effet des Mnm ij 460 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE remèdes, occafionnée par Îles changemens de temps : il fuffit de faire obferver que pour en elpérer de bons effets, un Médecin doit s'être afluré de la difpofition du corps, & sy conformer tant pour les dofes de ces remèdes que pour le temps où il faut les placer, & qu'ainfi il ne peut être trop attentif aux changemens dont elle eft fufceptible, & aux fignes qui peuvent les annoncer. Tout le monde fait que paï un temps de pluie les purgatifs agiflent beaucoup plus doucement & plus efficacement qu'en tout autre temps, & qu'on peut même en retrancher la dofe fans diminuer leurs effets ordinaires, ce qui eft d'une grande conféquence dans bien des cas; mais peu de perfonnes favent qu'on peut un jour ou deux avant la pluie ufer du même privilège : il n’y a que le baromètre qui puifle en avertir. Ce que je dis des purgatifs doit s'appliquer à une infinité d'autres remèdes, DAESASMICNT EN CES 461 OPEN AT LONS SUR LES EPHEME'RES, SUR LES PUCERONS, ET SUR DES GALLES RESINEUSES, Extraites principalement d'une Lettre écrite à M. de Reaumur, de Leufsta en Suède, le 7 Mai 1 746. Par M. DE GEER, Chambellan du Roï de Suède, & Correfpondant de l'Académie, PREMIÈRES OBSERVATIONS. Sur les Ephémères , dont l'accouplement a été vi en partie. C7 au mois de Mai qu'on trouve les Vers ou les Nymphes de ces Ephémères, dans les eaux des marais & des ruiffeaux; elles font des plus grandes que j'aie vües dans ce pays. La Figure première en repréfente une au naturel. Je n'en donnerai qu'une légère defcription : elle eft longue d'en- viron fept lignes & demie, fans compter fa triple queue, qui a feule plus de trois lignes de longueur : elle ne brille pas par {es couleurs, car elle eft par-tout d'un brun foncé ou noirâtre ; cependant en deflous, le corps eft d'un brun plus clair : on voit par-ci par-là des nuances & des taches obfcures : la couleur des fix jambes eft entre-mélée d'un peu de verd : les trois filets de la queue font d'un brun jaunâtre aux deux bouts, la partie du milieu eft noire, La tête eft garnie de deux courtes antennes, de deux yeux à réfeau, & de deux dents ou mâchoires. La figure des jambes, du corcelet, du ventre & de {a triple queue, paroït affez dans le deffein; ainfi j'en fupprime a defcription. Je dirai feulement que le ventre eft garni de chaque côté de neuf Mmm ii} 462 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE parties plates, minces, ovales, en forme de petites feuilles, comme on le voit dans la figure ; elles ont l'air de nageoires. Les quatre premières font fituées deux à deux fort près les unes des autres, de forte qu’elles ont l'air de deux doubles feuilles; les cinq autres font plus féparées entre elles; toutes ces nageoires font attachées au corps par un petit pédicule. Ces lames ou feuillets font mobiles vers l'origine du petit édicule, ils font auffi très-flexibles ; quand le ver fe meut dans l'eau, ils flottent librement en tout fens. Quand l'infecte eft en repos, les quatre ou cinq premiers feuillets (je compte de la tête) font couchés fur le dos, mais les autres font perpen- diculaires au corps, leur tranchant ou un de leurs bords eft élevé en F'air. J'ai vû fouvent que l'infete, bien qu'il fût d’ailleurs tout à fait en repos, agitoit continuellement & fort rapidement ces parties ; quelquefois pourtant il les tient tranquilles. Ces vers nagent avec beaucoup de vitefle, ils ont alors l'air de petits poiflons, car ils appliquent dans ce cas les jambes contre le corps, de forte qu'elles paroiflent à peine. Hs fe plaifent fort à ramper fur les tiges & les feuilles des plantes aquatiques; c’eft aufli là qu'ils trouvent leur nourriture, car je leur ai vû tâter & ronger les tiges & les feuilles avec les dents, mais ils n’en détachent point de parties d’une grandeur fenfible. On fait que les plantes aquatiques font toûjours enduites d’une efpèce de gelée ou de mucofité; je crois que c'eft cette gelée qu'ils détachent & qui leur fert de nourriture, car je leur ai vû parcourir les tiges entières , & cela toûjours en les rongeant & tâtant avec les dents. Les quatre barbillons qui font au devant de la tête, font alors auffi dans une grande agitation. Vers la fin du mois de Mai, nos vers ou nymphes fe transformèrent en infectes aîlés, en éphémères : pour fubir cette métamorphofe elles fortent en partie hors de l'eau, &c fe rendent fur la tige de quelque plante aquatique. Le refte de opération eft femblable à celle des autres éphémères; elle eft fi connue, qu'il feroit inutile d'en parler. Après que DES SCIENCES. 463 ces éphémères font forties de l'état de nymphe, elles ont ‘encore une fois à changer de peau avant que d'être propres à la génération. Ce font les plus grandes éphémères qu'on voie dans ce pays: la figure feconde repréfente un mäle dans fa grandeur naturelle. La longueur des mâles depuis la tête jufqu'au bout du ventre eft de dix lignes ou près d'un pouce; le corcelet eft large d’une ligne & demie. La couleur dominante de tout linfecte eft un brun noirâtre & obfcur, le ventre feul a un fond brun jaunâtre, quelquefois tirant fur le roux, marqueté de plufieurs taches noires prefque triangulaires, qui font difpofées en deux rangs des deux côtés du ventre; en deflous il y a deux files de petits traits noirs. La tête eft noire & les yeux font bruns. Le premier ou petit corcelet eft brun noir en deffus, mais d’un jaune verdâtre clair en deflous; fur les côtés du fecond coreelet on voit auffi plu- fieurs taches & points du même jaune. Les deux jambes antérieures font tout-à-fait noires; les quatre autres font d'un brun dlair, entre-mêlé d'un peu de jaune; la triple queue eft brune. Les aïîles font tranfparentes, mais pourtant lavées légèrement de brun; elles font extrèmement garnies de fibres ou de vaifleaux bruns, comme aufli de quelques grandes taches brunes, obfcures & opaques. Les couleurs de la femelle font plus douces & moins obfcures , d’ailleurs à peu près diftribuées comme fur le mâle; le deflous du ventre de la femelle eft d'un gris-clair ; les aîles font tout-à-fait tranfparentes, garnies de beaucoup de nervures & de quelques taches brunes. Voilà des couleurs bien fimples, cependant elles font fi joliment arrangées & mélées les unes dans les autres, que vües de près, on les confidère avec plaifir. La longueur de la femelle furpaffe fort peu celle du mâle, mais fon corps, & fur-tout le ventre, eft plus gros & plus maflif que celui du mâle. Une plus longue delcription de ces éphémères ennuieroit, d'autant plus que je foupçonne que les deux vers que M. de 464 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Reaumur a fait repréfenter dans le Tome V1 de fes Mémoires; Planche x LV, figg. 1 4, font de la même efpèce que les miens. Nous favons par fes obfervations, que Îes éphémères ; comme plufieurs autres mouches, ont trois petits yeux liffes entre les deux yeux à réfeau; cependant mes éphémères n’en ont que deux en devant de la tête. Entre le feptième & le huitième anneau du ventre de Ia femelle, en deflous, il y a une ouverture, par laquelle je : Jai vû pondre fes œufs. Tous les œufs fortent à la fois du corps de l'infecte, raflemblés en une mafle plate de la figure d'un carré-long, qui glifle lentement hors du ventre vers le bout du corps; après que cette mafle d'œufs eft fortie tout- à-fait, elle tombe. Je crois que l'éphémère pond cette mafle en volant au deflus de la fuperficie de l'eau, dans laquelle elle {a laifle tomber. La quantité d'œufs qu'il y a dans une telle maffe eft prodigieule, car les grains du fable le plus fin ne font pas plus petits que ces œufs, & la mafle entière égale la longueur de trois où quatre anneaux du ventre. Quand on la met dans l'eau, les œufs fe féparent les uns des autres, & fe difperfent de tous côtés. C'étoit dans les derniers jours de Mai & au commence- ment du mois de Juin de l'année 1745, que nos éphémères fe firent voir en très-grande quantité dans l'air, & cela toû- jours vers le coucher du Soleil. Elles fe raflembloient en troupes, quelquefois certainement au nombre de quelques centaines, à en juger à peu près & au coup d'œil; elles voltigent continuellement de haut en bas, s'élevant en Fair & defcendant tour à tour; ordinairement elles tiennent ces affemblées voltigeantes au deflus de quelque grand arbre, fans sen écarter jamais, ou très-rarement. Elles repréfentent très-bien des eflains d'abeilles aflez nombreux; c’eft un fpec- tacle fort joli & fort amufant. Quand elles veulent s'élever en haut, elles battent 'air fort rapidement avec les ailes, mais après qu'elles font arrivées à certaine hauteur, à la hauteur de deux ou trois aunes au deflus de l'arbre, elles fe laiflent DES SCIENCES. 465 laiflent defcendre jufque fort près du fommet de l'arbre, en tenant les aîles étendues & dans un parfait repos; elles pla- nent alors, comme font les oifeaux de proie ; pendant ce temps la triple queue eft élevée en enhaut, & fes filets font très- écartés les uns des autres, au point de faire entre eux des angles droits. Il femble que cette queue donne une efpèce de balancier ou d'équilibre au corps, qui defcend parallèle- ment à la furface du terrein; elles voltigent ainfi fans ceffe pendant deux ou trois heures. J'ai remarqué conflamment que les éphémères commen- cent à voler les jours où il fait beau & clair, vers les fept heures & demie du foir au plus tôt, ceft-à-dire, environ une heure avant le coucher du Soleil; alors on les voit s'élever en l'air, & s'attrouper dans différens endroits, mais toûjours peu éloignés d’un canal, d'un marais ou d’une rivière ou ruifleau ; elles continuent cette efpèce de danfe aërienne, juf qu'à ce que la rofée s'élève en trop grande abondance, c'eft- à-dire, jufque vers les dix heures ou un peu plus tôt, felon que le temps eft plus ou moins ferein; alors elles difparoif- fent toutes, Îles unes après les autres; apparemment qu'elles ne peuvent fouffrir l'humidité de la rofée. Lorfqu'elles quit- tent l'air, elles fe retirent fur les herbes & les plantes d’alentour , comme aufli contre les murs des maifons, mais plus ordinairement fur les plantes ; c’eft aufir fà qu'elles fe tiennent pendant toute Îa journée dans un repos parfait, quoiqu'expolées fouvent à toute l'ardeur du Soleil ; elles ne bougent de leur place que quand on les tourmente: dès que la foirée vient, elles commencent à fe ranimer, & à s'élever de nouveau en l'air. Le nombre des mâles furpañle ordinairement de beaucoup celui des femelles. J'ai fouvent obfervé que celles-ci voltigeoient au deffus de la furface des eaux; c'eft fans doute alors qu'elles pondent leur maffe d'œufs, & qu’elles la laiffent tomber dans l'eau : j'ai attrapé plufieurs de celles-ci; dès que je les tenois dans ma main, la maffe d'œufs com- mençoit à paroître, & étoit bien-tôt tout à fait pouflée hors du corps de l'infeéle : il paroît par-là que le terme de Ia Say. étrang. Tome IL, Nnn 466 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ponte étoit proche, & que l'éphémère voloit alors au deffus de l'eau, afin que les œufs y tombaffent à leur fortie. J'ai lieu de croire que la femelle meurt peu de temps après la ponte, car dans les endroits où il y avoit tous les jours beaucoup d'éphémères, j'ai vû que le nombre des femelles diminuoit de jour en jour, de forte qu'à la fin il étoit rare de trouver quelque femelle, on ne rencontroit que des mâles: je crois donc que les mâles vivent plus long-temps que les femelles. Il eft difficile de faire des obfervations fur la durée jufte de la vie de nos éphémères ; elles font d’une comiplexion & d’une nature fi délicate & fi foible, qu'elles meurent au bout de deux ou trois heures quand on les renferme dans un pou- drier bouché d'un couvercle de papier : je les ai mifes dans un poudrier que je laiflois ouvert, elles y refloient plus long- temps en vie, mais rarement au delà d'une demi-journée. Il y a pourtant apparence qu'elles continuent de vivre plus d'une journée quand elles font dans Fair libre; j'en juge ainfi, parce que J'ai vû conflamment plufieurs foirées de fuite des affemblées d’éphémères toûjours dans les mêmes endroits, & il me fembloit que leur nombre étoit toüjours à peu près égal; les mortes pouvoient pourtant être remplacées par d'autres nouvellement nées. Cependant après quatre à cinq jours ou environ , telle compagnie d’éphémères diminuoït de jour en jour, jufqu'à ce qu'il n’en parût plus aucune dans l'endroit ou fale d'afflemblée, fi je l'ofe ainfr nommer, qui en avoit été la mieux fournie. Ainfi leur vie n'eft pas de longue durée: les éphémères de Swammerdam & celles que M. de Reaumur a obfervées ne vivent tout au plus que trois ou quatre heures, cela eft encore plus furprenant ; &c elles ne fortent de l'eau que pendant trois ou quatre jours de toute une année. Nos éphémères paroiïffent bien plus de jours de fuite, auffi ne fortent-elles pas chaque jour de l'eau, en Îï grande quantité que le font les éphémères de courte vie. Il y a, a@uellement que je fais ces obfervations, déjà plus de quinze jours que nos éphémères ont paru dans air, &c on les voit encore en aflez grand nombre; cependant leur DÆ:sL0S © 1 E N C Es, 467 nombre commence à diminuer confidérablement, à préfent que nous avons le 6.m° Juin, vieux flyle. Il y eut un matin vers la fin de Mai, où une muraille de ma maifon fut toute parfemée d'éphémères, qui s’y tenoient cramponnées; il y en avoit bien des centaines : elles s’étoient placées-là pour fe défaire pour la dernière fois de leur peau. Nos éphémères n'ont point de bouche fenfible: elles ne mangent donc point. J'ai lieu de le croire, du moins ff elles prennent de la nourriture, ce ne peut être que de la rofée qui tombe fur l'herbe ou du fuc qui fort des feuilles des plantes : peut-être qu'elles ont une petite ouverture en deflous de la tête, une petite bouche par laquelle elles fuccent une telle humidité; mais je ne faurois l'afurer. Ce que je fais, c'eft qu'elles font de très-foibles animaux, on les bleffe par le plus léger attouchement; elles font auffi fort tranquilles & aifées à prendre avec la main, fur-tout pendant le jour, quand on les trouve en quantité fur les plantes; on les prend aifément entre deux doigts: elles tâchent pourtant de fauver leur vie, en s'envolant, quand on ne les approche pas affez doucement, mais elles ne volent pas loin en plein Jour. Le foir elles font très-alertes, & volent avec légèreté & beaucoup de facilité; quelquefois elles s'élèvent bien haut en l'air. Elles font un mets bien délicat pour les petits poiflons , qui les mangent avec avidité: je me fuis diverti bien des fois auprès d’un grand canal, à voir comment les poifions avaloient toutes les éphémères qui tomboient fur l'eau, &c il y en tomboit plufieurs ; fans doute c’étoient des femelles qui s'approchoiïent trop de la furface de l'eau, pour y pondre leurs œufs: à peine y étoient-elles arrivées qu'elles étoient dévorées. C'eft le foir après le coucher du Soleil qu'on peut fe donner ce petit divertiflement, fi on peut le nommer ainfi, malgré la cruauté de f'ation. J'ai été très-attentif à obferver les foirs où les éphémères voloient, fi elles s'accouploient, & je les ai vües plufieurs fois s'accoupler véritablement. J'en ai vû fouvent attachées Non ji Biblia Nature, Pag. 264. 468 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE enfemble, qui voloient dans fair fans fe quitter. J'ai và au milieu de l'air dans une affemblée d'éphémères, un mâle {e faifir d’une femelle, & refter attaché à elle; elles s'envo- lèrent toutes deux vers le haut d’un mur, où elles fe po- sèrent fans fe quitter l'une l'autre: le mur étoit f1 élevé que je ne pus pas voir diftinétement ce qu'elles firent, je vis pourtant, quoique de loin, qu'une d'elles, fans doute le mâle, étoit en mouvement & en aétion avec fon ventre, le courbant en deflous, felon toute apparence pour chercher l'endroit convenable du corps de la femelle; mais ayant été obligé de les quitter, pour me rendre en un lieu où ma préfence étoit néceffaire , j'ignore combien de temps elles reftèrent enfemble. Si elles avoient trouvé à propos de fe placer plus à portée de mes yeux, j'aurois pû voir comment l'accouplement s’achevoit. Enfin nous favons du moins par cette obfervation, bien qu'imparfaite, que les éphémères s'accouplent véritablement, comme tous les autres infectes, & que leur accouplement reffemble beaucoup à celui des mouches qu'on nomme Demoifelles, dont les mâles faififlent les femelles en Vair, & vont enfuite fe placer fur quelque endroit fixe, où le refte s'achève. Swammerdam s'eft donc beaucoup trompé en croyant que les éphémères ne saccouploient pas, mais. que la femelle jettoit fes œufs fur la fuperficie de eau, & qu'enfuite le mâle alloit les arrofer de fa fémence, à la manière des poiflons. Nous avons vû un accouplement réel de nos éphé- mères; par analogie j'ofe affirmer que l'efpèce d'éphémères de Swammerdam doit s’'accoupler auffi, & que cet accou- plement fe fait en partie en volant. La courte durée de la vie de ces éphémères n’a pas permis à l'Auteur de faire cette obfervation importante. M. de Reaumur n'a pû non plus les attraper dans l'action de l'accouplement ; le nombre prodigieux des éphémères qui paroifloient à la fois, & Vobfcurité de la nuit l'en ont empêché. Mais il a foupçonné, en grand Obfervateur & en Naturalifte expérimenté, qu'elles devoient s’accoupler, & il montre beaucoup d'éloignement DÉERSOMSNET EN CHER 469 pour lopinion fingulière de Swammerdam , touchant fa fécondation des œufs des éphémères ; & comment n’en montreroit-il pas, lui qui voit fi clair en tout, & princi- palement en ce qui regarde 'Hifloire Naturelle ? Le 7 Juin il plut beaucoup, & Îe temps étoit couvert, quoique très-doux; alors je vis les'éphémères voler en quantité au milieu du jour vers le midi, comme elles le font les foirs, mais leur vol n'étoit pas tout-à-fait fi animé que dans les belles foirées. On en doit conclurre qu'elles ne craignent aucunement la pluie, & que c'eft l'ardeur du Soleil qui les rend comme engourdies & afloupies, & qui les em- pêche de voler. Le principal caraétère fpécifique de nos éphémères, outre leur queue à trois filets, eft que le ventre eft garni de taches triangulaires noires, & que les deux jambes antérieures du mäle font très-longues & roides. Voilà en abrégé ce que j'ai obfervé fur les éphémères de cette efpèce. SECONDES OBSERVATIONS. Sur les Pucerons du Prunier, à en particulier [ur leur accouplement. A u mois de Septembre de Fannée 1745, j'ai fait quelques obfervations fur les Pucerons du Prunier. Vers la fin de ce mois on ne trouve plus de familles nombreufes fur les. feuilles de cet arbre, mais feulement cinq ou fix ou tout au plus une douzaine de pucerons difperfés çà & là. Il y en a alors de deux fortes, la plufpart de ceux qui n’ont jamais d'ailes (voyez la fig. 3 ci-jointe) & quelques pucerons aîlés, mais pourtant femelles. Les pucerons fans aîles ne font pas poudrés de blanc, comme en été, ils font alors d’un verd clair; les yeux font bruns, de même que les cornes du derrière, qui font très-courtes. Le ventre fe termine en core alongé, qui a au bout un petit mamelon arrondi /fg. 3. 4). Ce que ces pucerons ont de fingulier, c'eft qu'il ne paroît Nan iij 470 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE prefque point de féparation marquée entre la tête & le corps, tout femble continu, comme on le voit dans la fig. 3, ce ui leur donne un air lourd. Ces infeétes non aîlés pondent des œufs /fig. 5 ) dans le mois de Septembre; on les voit parcourir les branches du prunier, ils sy promènent & y cherchent un endroit convenable pour pofer leurs œufs; ils les pondent fouvent fur la branche même, mais ils préfèrent fur-tout les petites concavités que forment les yeux ou les boutons de la branche, ceft-là qu'ils les dépofent l'un après l'autre, & quelquefois Jun fur l'autre, ils les y amoncèlent, pour ainfi dire. Ces œufs nouvellement fortis du corps de l'infecte, font d'un verd foncé, mais enfuite ils deviennent d’un noir un peu bleuître; ils font très-petits, & ont à peu près k figure des œufs de poule, quoiqu'un peu plus alongés. Le puceron les couvre d'une matière blanche cotonneufe, qu'il a en deffous des côtés du ventre, & que j'ai aufli remarquée fur quelques autres pucerons: J'ai ouvert le corps de quelques-uns de ces pucerons du prunier, & j'en ai tiré des œufs tout-à-fait femblables à ceux qu'on voit fur les branches. Ils font donc ovipares au mois de Septembre. Parmi ces pucerons on en voit quelques-uns qui ont des ailes : ils font un peu plus grands que les non-ailés; la tête, le corcelet, les jambes & les antennes font noirâtres, le ventre eft verd, & tout l'infecte eft couvert de duvet blanc ; d’ailleurs ils n'ont rien de remarquable ; ce font des femelles, mais qui font des petits vivans, & qui ne pondent point d'œufs. Il y a encore des pucerons d’une autre efpèce, qui font bien remarquables, & qui ont échappé aux recherches des Obfervateurs les plus célèbres, excepté celles de M. Lyonnet. Leeuwenhoek & tous les Auteurs qui ont traité comme lui des pucerons, ont cru que ces infectes font hermaphrodites, qu'ils font tous femelles, & qu'on ne voit point de mâles parmi eux. Il eft vrai qu'ils fe multiplient en été fans aucun accouplement, ce que nous apprennent les affidues & exactes DES, SC1ENCES. ARR obfervations de M. Bonnet. Il eft encore vrai que dans ce temps-là tous les pucerons, foit aîlés, foit non aïlés, font des femelles, qui font toutes des petits vivans, quoiqu'en dife M. Frifch (dans fa Defcription Allemande des [nfectes) qui eft dans l'opinion, que les pucerons ailés qu'on voit en été font les mâles des non aîlés. Cet Auteur fe méprend encore quand il dit que les jeunes pucerons fortent la tête la première hors du corps de la mère. 1 y a donc une troifième efpèce parmi nos pucerons du prunier, & ce font des mâles. Le premier, que je fache, qui ait découvert qu'il y a des mâles parmi les pucerons, c'eft, M. Lyonnet, dans la traduétion qu'il a donnée de la Theo- logie des Infedtes de Lefler, écrite en Allemand, page S1, - dans les notes. M. Lyonnet nous raconte qu'il a vü les mäles des pucerons du faule , qu'il les a vüs s'accoupler réellement ‘avec les femelles non aîlées , & qu'il n'y avoit point de doute que ce ne fût un véritable accouplement. C'eft vers la fin de l'automne , lorfque les feuilles commençoient à fe faner, qu'il a fait ces obfervations importantes. En été on chercheroit inutilement des mâles, car ils n'exiflent pas encore alors; mais c'eft vers le temps que fe fait la dernière géné- ration de l’année, des pucerons, ou en automne, qu'on peut les trouver. Les pucerons ont donc befoin de la compagnie d'un mâle pour être en état de propager leur efpèce; mais cet accouplement ne fe fait qu'une feule fois chaque année, en automne, & il eft fuffifant pour rendre les femelles fécondes de génération en génération, fans qu'elles aient befoin de s'accoupler de nouveau : la mère tranfmet la fécon- dité qu'elle a reçûüe de la compagnie du mâle, à fa fille, à fa petite-fille, à fon arrière-petite-fille, & ainfi de fuite. En vérité, ceci eft bien admirable, & tout-à-fait nouveau en fait d'Hifloire naturelle. Enfin j'ai été aflez heureux pour voir un mâle (fig. 4. M) des pucerons du prunier, saccoupler réellement avec une femelle /fg. 4 F) fans aîles, & de voir auffi la fin de cet accouplement (fig. 4). Fig. 4. I. 472 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE Je remarquai parmi mes pucerons, un puceron ailé aflez petit, qui parcouroit les feuilles & la branche du prunier ; je vis qu'il s'arrêtoit chaque fois qu'il rencontroit un puceron fans aîles : je pris une loupe pour examiner fes mouvemens. Dès qu'il fe trouva auprès d’un puceron non aïlé, il monta fur fon corps, il fit beaucoup de mouvemens avec le ventre, en le courbant fur le deflus de celui du puceron non aîlé, & en tâtant avec fon derrière le derrière de l’autre; enfin il fit tous les mouvemens d’un infeéte qui veut s'accoupler avec une femelle; je ne püs douter dès-lors qu'il ne fût un male. Il ne vint pourtant pas à bout de sunir à la femelle; il fa quitta pour en chercher une autre : il monta donc fur le dos d’une feconde femelle, il fit tout fon poffible pour s’accoupler à elle, mais encore en vain. Il ne fut pas plus heureux avec une troifième, mais enfin il en rencontra une quatrième, qui apparemment étoit plus difpofée à recevoir les carefles du mâle, & il sunit à elle par un accouplement bien réel (voyez la fig. 4). HU monta fur fon dos, il chercha… avec le bout de fon derrière celui de la femelle, il courboit {on ventre fur le fien, & enfin ïl fe joignit à elle en deflous du bout du derrière de la femelle : il refta d'abord tranquille, & il fe tint dans cette fituation plus d'un quart d'heure. Enfin il quitta la femelle, mais d'une manière fngulière; car il marcha d’abord en avant par deflus la tête de la femelle, & comme il étoit encore fermement uni à fon derrière; il élevoit, en marchant, le ventre de la femelle en haut, & la renverfoit prefque tout à fait; mais elle tint ferme, fe fixant contre la feuille avec les deux jambes antérieures, jufqu’à ce qu’enfin leurs corps furent féparés l'un de autre. Je vis diftinétement dans cet inftant la partie propre au mâle, qui pendoit hors de fon derrière, & qui avoit la figure d'une petite veflie irrégulière tranfparente; cette par- tie rentra bien-tôt dans le corps. Tout ce que je raconte ici, je l'ai vü de mes propres yeux, & bien clairement. Voilà donc un accouplement bien complet, & de la réalité duquel il n'eft pas permis de douter. Ce DYE US ANG TT: E} NT C ls. 47 Ce puceron aîlé, que nous avons fuivi dans fes actions, eft donc un véritable mâle; il eft de la figure ordinaire aux pucerons aîlés, mais fon ventre eft bien moins gros & moins enflé, il eft divifé en.anneaux diftinéts, & fe termine par un petit mamelon conique ; les cornes du derrière font très- courtes ; les yeux font grands & les antennes affez groffes; les ailes font une fois plus longues que le corps ; fa couleur eft noire, excepté fur le ventre où elle eft entre-mélée de verd. C'eft en deflous du mamelon conique qui termine le ventre, que font placées intérieurement les parties de la génération. N'ayant que ce feul mâle, je ne fus pas en état d'examiner plus exaétement fa ftructure. Pour ce qui regarde la ponte d'œufs des pucerons, j'ai obfervé l'automne paflée plufieurs efpèces qui font ovipares vers la fin de année, comme, par exemple, les pucerons du rofier, de laulne, du prunier, d’une efpèce de Via, du bouleau, qui tous ont pondu des œufs chez moi, de forte que j'ai lieu de croire que toutes les efpèces de pucerons font vivipares en été, & ovipares dans la dernière génération de l'année. ? ? Des obfervations que M: de Geer a communiquées à M. de Reaumur dans une lettre du 8.m° Janvier 1748, méritent bien d’être placées à la fuite des précédentes; elles apprennent que parmi les pucerons il y a en automne non feulement des mâles ailés, qu'il y en a même de non ailés. J'ai obfervé, dit-il dans cette lettre, l'automne dernière, qu'il y a parmi les pucerons des mâles fans aîles; c'eft fur ceux du pommier que je fis cette découverte. J'ai vûü plus d’une fois de ces males non aïlés accouplés avec des femelles également dépourvües d'ailes : parmi les pucerons du prunier jai pourtant trouvé, comme je l'ai marqué ailleurs, des mâles aïlés. Il y a donc des femelles pucerons aïlées, & de non ailées, & des mâles pucerons aîlés & de non aïlés. Say. érrang. Tome IL. Ooa 474 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L ACADÉMIE TROISIÈMES OBSERVATIONS. Sur les Galles réfineufes du Pin, qui font habitées par des Chenilles. Aucun Auteur, que je fache, n'a fait mention de ces galles, excepté M. Frifch, qui en parle légèrement; la figure 6.me en repréfente une des plus grandes que j'aie vües : elles font de grandeurs différentes, & leur figure varie, elle tire néanmoins le plus fouvent fur l’ovale. On les trouve dans toutes les faifons de l’année fur les jeunes branches du pin : la première fois que je les vis, elles ne me parurent être que des boules de réfine, femblable à la gomme qu'on voit couler en quantité des branches du cerifier, du prunier & de l'abricotier, & qui fe raffemble fur ces branches en boules ou en mafles ovales ou de figure irrégulière. Pour les mieux examiner jen détachai des branches, & je les coupai en deux, je fus alors extrêmement furpris de voir qu'elles étoient toute autre chofe que ce que je les avois crues, car elles avoient en dedans une grande cavité, dans laquelle je trouvois conf- tamment une petite chenille brune. Il paroït donc que ces boules ne font pas produites au hafard, mais qu'elles font faites pour nourrir & pour loger des infetes, enfin que ce font de véritables galles. La couleur de ces galles eft d’un blancheître fale, entre- mêlé de jaune & de brun, elles font comme couvertes d’une poudre blanche; en vieilliflant elles deviennent d'un brun pile. Leur fubflance eft réfineufe, elle eft même une véri- table réfine femblable à du maftic, ou à ces petites mafles blancheütres réfineufes qu'on trouve dans les grands nids des fourmis, & qui jetées dans le feu en vont en une fumée qui a une odeur très-agréable. J'ai mis les galles dans le feu, & elles ont donné une fumée d’une odeur tout-à-fait femblable à celle de ces mafles des fourmilières; aufli ces petites mafles ne font autre chofe que de la réfine que les fourmis vont recueillir fur les branches du pin. L’efprit de vin diflout DAË-SAHWSMNGUI :E NICE NS: 475 parfaitement la fubftance des galles ; donc c’eft une véritable réfine. Elle a l'odeur de l'huile de térébenthine: on diftille auffr une huile femblable des branches du pin, qui eft prefque auffi bonne que celle qu'on tire du térébinthe. La fubflance réfineufe des galles eft molle & dudile, comme du beurre, tant qu'elle eft fraîche; mais en vieilli fant ou quand elle a été détachée des branches, elle devient bientôt dure & friable comme le maflic ordinaire : elle a du luifant dans quelques endroits, comme du vernis. La chenille (fig. 7) que chacune de ces galles renferme; eft longue de cinq ou fix lignes ; fa couleur eft d’un brun- clair tirant un peu fur le jaune d'ocre. La tête & le premier anneau du corps font d'un brun plus obfcur : elle a feize Jambes; elle eft rafe, ou du moins on n'y voit point de poils fans l'aide du microfcope. En général, fes parties font femblables à celles des chenilles ordinaires. Adtuellement toutes les chenilles de cette efpèce que je garde, ont pris la forme de chryfalides prefque noires. C'eft de la branche même que ces chenilles tirent Ieur nourriture; car j'ai toüjours vû que la partie de la branche fur laquelle la galle étoit placée, étoit rongée, de forte qu'on voyoit une cavité confidérable dans toute la longueur de l'endroit occupé par la galle & même au delà. Les che- nilles rongent la fubftance ligneufe de la branche, pétrie de réfine, & la font pafler dans leur eflomac; ainfr elles ont en partage des alimens aflez gras, dont aucun autre in- feéte ne fauroit s’'accommoder, fans en périr infailliblement : toute réfine d’une odeur forte, comme celle de l'huile de térébenthine, eff nuifible aux autres infectes. J'ai fait quelques expériences pour m'aflurer fi ces chenilles fouffriroient, fans mourir, l'odeur forte de la térébenthine ordinaire, & elles m'ont appris jufqu’ici qu’elles ne s’en foucient guère; mais il faut varier ces expériences plus que je n'ai fait encore, pour dire quelque chofe de décifif fur cette matière; c'eft pourquoi je n'en dirai rien de plus actuellement. Oooi 476 MÉMOIRES PRÉSENTÉS 4 L'ACADÉMIE Dans une lettre du 12 Mars 1748, M. de Geer apprend à M. de Reaumur qu'il a fait l'expérience qu'il avoit laiffé à defirer. J'ai voulu voir, ce font fes termes, à quel point les chenilles des galles réfineufes du pin peuvent foûtenir Jodeur de l'huile de térébenthine; j'en fis entrer une dans un petit poudrier, où j'avois mis des bandes de papier bien mouillées de cette huile, qui dégoutoit continuellement des bandes, & la chenille en fut toute entourée & toute mouillée: elle vécut cependant en cette prifon, deux jours & au delà. Une chenille d’une autre efpèce qui fe nourrit des feuilles de choux, ayant été jetée dans le même poudrier, y mourut au bout de deux à trois minutes, Sar.Etrang .Tome.2 PL. XVII p.476. DB SNBNC. I ENS CE Si 477 MPa OS ET. IT LO:-N D'une Théorie fur le renouvellement de l'Air dans l'Eau, à7 fur la defunion des parties des matières Jolubles opérée par les diffolvans. Par M. pu Tour, Correfpondant de l’Académie, L | ] NE mafle d'eau quelconque ne peut contenir qu'une quantité d'air déterminée : quand l'eau eft une fois raflafiée d'air, elle ne fauroit en abforber davantage. II. Suppofé que la preffion de l'air foit la principale caufe qui influe fur f'introduétion de l'air dans l'eau, quand cette preffion aura été jufqu'à fon dernier période, ce fera alors qu'une mafle d'eau qui aura efluyée quelque temps de fuite durant une température moyenne, fera impregnée de tout l'air qu'elle eft capable de contenir. IIL Pour qu'il y entre de nouveau, il faut donc ablo- lument qu'une partie de celui qui s’y eft déjà logé, en forte, & cède la place. IV. On dégage de l'eau, l'air qui y eft difféminé, par divers procédés. 1.° En diminuant le degré de preffion de l’atmofphère À l'aide de la machine pneumatique, 2.° En la faifant chaufer. 3° En la faifant geler. 4° En la faïlant couler par des canaux fort étroits, par exemple, en la filtrant à travers du fable. J'ai fait mention ailleurs de ce dernier procédé, & j'ai rapporté les expérien- ces fur lefquelles je lui attribue cet effet. V. Ces trois derniers moyens, l'Art les doit à la Nature; ainfi if n'eft pas douteux qu'elle ne les emploie avec autant étendue & d'efficacité que l'Art. A l'égard du premier moyen, on peut dire que l'Art laïfle la Nature bien loi Ooo ii] 478 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE derrière lui. Cependant la pefanteur de latmofphère ef fujette à des variations confidérables & continuelles; & peut- être diminue-t-elle aflez quelquefois, pour que fair qu'elle. contribue en partie à contenir dans l'eau, acquière la facilité de s'en dégager. VI: Toutes les fois que par une des quatre caufes précé- dentes, une malle d’eau eft venue à perdre une partie de Jair qu'elle contenoit, elle fe trouve dans le cas d’abforber de nouvel air pour remplacer le premier, dès que la caufe qui le lui a ôté ne fubfifte plus. Or ces caufes, au moins les trois premières, font accidentelles, momentanées & fu- jettes à des alternatives fréquentes d'augmentation & de diminution. Ainfr les occafions d'un renouvellement d'air dans l'eau doivent fe repréfenter prefque continuellement ; & en eflet, dire qu'une mafle d'eau a été dépouillée de fon air, c'eft annoncer qu’elle en reprendra d'autre tôt ou tard. VIL Quand le chaud ou le froid font extrêmes ou qu'ils approchent feulement des degrés extrêmes dont ils font fuf- ceptibles, l'éruption de l'air hors de l'eau eft fenfible. On la voit fe dégager, & s'élever en forme de bulles. N'eft-il pas naturel de fuppofer de plus, que quand le chaud ou le froid font à certains degrés moins éloignés des.extrêmes, l'éruption de l'air ne cefle pas d’avoir lieu, quoiqu'elle ceffe d'être fenft- ble; alors les bulles d'air, par leur extrème petiteffe, échappent à la vûe, mais elles n’en laiffent pas moins une place libre, qui {era reprife & remplie par des molécules d'air qui y pafle- ront de latmofphère lorfqu'il furviendra une température plus rapprochée de la moyenne entre les extrêmes du chaud & du froid. VIIL Si donc on mefure l'intervalle qui fépare les ex- têmes du chaud & du froid par une échelle, il y aura un terme moyen, & de part & d'autre. autour de ce terme un certain nombre de degrés qui indiqueront une température inefficace pour dégager l'air de l'eau qui sen eft faifie : des deux confins de cette étendue de degrés intermédiaires , une autre fuite de degrés f continuera d'un côté jufqu'à DES SCIENCES. Fextrême du chaud, & de l'autre côté jufqu'à l'extrême du froid: ce fera aux premiers degrés de cette double fuite que le dégagement de l'air commencera à avoir lieu, mais ce ne fera encore que le moindre dégagement pofible : à mefure que la température fera marquée par des degrés de cette double fuite plus avancés, le désagement de l'air fera de plus en plus confidérable, & enfin jufqu'à devenir fenfible, IX. Plus fes degrés de froid ou de chaud approchent des extrêmes, & plus il fe dégage d'air d’une mafie d'eau. X. Il en réfulte qu'un certain degré, foit de chaud, foit de froid, toutes chofes égales d'ailleurs, ne comporte dans Veau qui le contracte, qu'une dofe d'air proportionnée. Si quand une telle température furvient, il y a dans l'eau moins d'air que cette température n'en admet, elle n'empêchera pas que ce qui en manque y entre; mais s'il y en a davan- tage, il faut que l'excédent en forte. XI. Quand cette température changera, & fe rappro- chera à un certain point de la moyenne, il arrivera qu'alors il rentrera d'autant plus d'air dans l'eau, ou que le renou- vellement d'air y approchera d'autant plus d'être complet, que la température précédente. aura été plus près d’un des deux extrêmes, du froid où du chaud. XII. Les bulles d'air qui fe dégagent d'une mafle d’eau, ont généralement parlant d'autant plus de volume, que l'eau a acquis un plus grand degré de chaleur; car l'air eft extré- mement fufceptible d’être dilaté par la chaleur. XIII. En général aufli les bulles qui fe forment dans une mafle d’eau mife dans le vuide de la machine pneuma- tique, font d'autant plus grofles que Fair qui refte dans le récipient, eft plus raréfié. Elles s'étendent à proportion qu'elles font moins chargées. XIV. Cependant, dans une mafle d'eau qu'on purge d'air, foit en la faifant chauffer, foit en la tenant dans le vuide de la machine pneumatique, il s'élève tout à la fois des bulles d'air de différentes groffeurs ; ce qui dérive de: Ne XII. 480 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE ce que ces bulles font plus fournies de molécules d'air les unes que les autres, & non de ce quelles font inégalement dilatées; celles de ces bulles dont le diamètre excède celui des autres, auroïent encore été plus groffes, f1 l'eau eût été plus chaude, ou air ambiant plus raréfié, X V. Le volume des bulles d'air augmente encore à proportion que le froid communiqué à l'eau eft plus. confi- dérable, & en voici la raïfon : l'effet du froid eft de faire rapprocher davantage les parties de l'eau les unes des autres, & par-là les molécules d'air qui y font entre-mélées, font follicitées de s'en féparer. Quand le froid eft médiocre, les particules d'eau qui ne fe rapprochent que jufqu'à un certain point, nexpriment & ne chaffent les molécules d'air que lentement, & en petit nombre; il ne fe forme que de petites bulles : mais fi le froid eft plus âpre, les particules d’eau qui fe ferrent beaucoup plus, expulfent une toute autre quantité de molécules d'air, & bien plus preflement; & comme celles-ci font à portée de fe joindre plufieurs enfemble, il s’en forme des bulles mieux fournies d'air, & qui ont plus d'extenfion, XVI Plus on communique de chaleur à l'eau, plus on imprime de vitefle aux bulles d'air qui s'y élèvent après s'en être dégagées, tant parce que la chaleur diminue l'adhé- rence mutuelle des parties de l'eau, que parce qu'elle aug- mente le volume des bulles en les dilatant*; car de à ï arrive que la force motrice qui les fait monter, c'eft-à-dire, leur légèreté refpective, croît confidérablenent, & l'emporte de beaucoup fur cette foible augmentation de réfiflance que la plus grande furface des bulles leur fait éprouver de la part du liquide qu'elles traverfent. XVII On peut dire la même chofe des bulles d'air qui forment dans l'eau lorfque la preffion de l'atmofphère diminue. Plus cette preffion fera afloiblie, avec plus de vitefle s’éleveront-elles; car l'eau, à mefure qu'elle eft dé- livrée d'une partie du poids de latmofphère, en devient plus aifée à divifer & à traverler, en même temps que les DIE. SM SUC 1 E° NC EN 481 les bulles d'air qui s’y rencontrent, s'en dilatent davantage. X VIII. Peut-être n'en eft-il pas de même à l'égard des bulles d'air qui fe dégagent de l'eau, en conféquence d’une température marquée fur l'échelle par les degrés qui font du côté du froid : doit-on préfumer que fon accroiflement en NeXIIL occafionne {dans la vitefle de leur afcenfion? quoique leur - volume augmente, la force motrice réfultante de la différence des pefanteurs fpécifiques de l'eau & de air, qui les fait montér, perd de fon intenfité, puifque l'augmentation de leur volume provient non d'une dilatation ou expanfion, mais d’un furcroit de molécules d'air réunies & condenfées à proportion du froid *. De plus, il rend les parties de l’eau plus difficiles à divifer & à déplacer. Cependant, dans le cas préfent, & de cela même que les bulles doivent leur plus grand volume non à leur dilatation, mais à ce qu'elles font plus renforcées de molécules d'air, il eft une autre caufe, favoir, la vertu expanfve de l'air, qui rend le mouvement des bulles fufceptible d'une vitefle d'autant plus confidérable qu'elles font plus grofles. C'eft ce même reflort en vertu duquel une portion d'air renfermée dans une conduite, poufle Pair hors de l'ajutoir à une hauteur trois ou quatre fois plus grande que ne le permet celle du réfervoir. On fait en effet, qu'une bulle d'air formée d'un grand nombre de molécules raffemblées doit avoir plus de vertu expanfive, plus d'aétion pour écarter le fluide qui l'entoure, qu'une petite bulle qui ne réunit que peu de molécules d'air, & que la première a cet avantage fur l'autre, tant à caufe de fa moindre furface à raifon de fa folidité, qu'à caufe de fa moindre courbure à raïfon de fon plus grand diamètre, ainfi que M. de Mairan l'a démontré. Il refte à favoir, fi à mefure que le froid redouble , l'intenfité de cette caufe qui augmente d'autant, croît aflez pour furmonter on contre- + La denfité de leau augmente | tation du froid n’en opère pas moins auffi avec le froid; mais la quantité | la diminution de l'excès de la pefan- de fa condenfation eff infiniment in- | teur fpécifique de l’eau fur celle de férieure à.celle de la condenfation de | l'air dans ces circonftances, Yair, & par conféquent l’augmen- Say. étrang, Tome IL Ppp Ne XV; Difertation [ur la Glace, page 1314 482 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE balancer l'effet correfpondant du concours de la moindre différence des pelanteurs fpécifiques de l'air & de l'eau, & de la diminution de la fluidité de l'eau qui peut la perdre en entier, & fufpendre le mouvement des bulles d'air. XIX. Lorfque l'air difféminé dans l'eau, & qui en eft imbibé, vient à s'en dégager & qu'il la traverfe en forme de bulle, il ne fait plus corps avec elle. Il y eft dans un état bien différent de celui où il fe trouvoit auparavant. Il à. recouvert fa dilatabilité, dont il étoit entièrement ou prefque entièrement privé quand il étoit mêlé & confondu avec Veau; il y quitte une place où elle ne fauroit s'étendre, & il en occupe une nouvelle qu'il ufurpe fur l'eau, &. dont il Yexpulfe. Ainfr pendant tout le temps qu'une bulle d'air qui. s'eft dérobée à l'eau, emploie à la parcourir, pour aller gagner Yatmofphère, le volume de l'eau eft augmenté d'autant. X X. Il feroit affez naturel de préfumer que lorfqu'une male d'eau vient à perdre de fon air, ce font les molécules d'air logées dans les couches d’eau les plus voifmes de fa furface fupérieure, qui partent les premières, puifqu'elles y font plus- à portée de s'échapper: cependant l'expérience, fi on {a confulte, ne favorilera pas cette prélomption, du moins à Végard de eau purgée d'air, ou par le moyen de la chaleur qu'on y imprime, ou à l'aide de la machine pneumatique. X XI. Si on place fous le récipient un vale plein d’eau, on aperçoit après quelques coups de pifton une infinité de petites bulles d'air qui s'élèvent dans feau, & qui paroiffent toutes partir du fond du vafe. On n'en voit éclorre aucune dans le fein de l'eau, ceft-à-dire, dans un endroit où la bulle d'air eût été entourée d’eau de toutes parts; tout au plus s'en élèvet-il quelques-unes de deffus les parois du vafe,. mais en très-médiocre quantité, eu égard à celles que le- fond du vafe fournit. On obfervera. encore la même chofe,. & on fait bouillir de l’eau dans un ballon de verre. XXII. Dans cette dernière façon de dépouiller l'eau de- fon air, le phénomène furprend moins; on fent que quand un vale eft fur le feu, c'eft à travers les parois & le fonds DS) AUA. SAC PTT ES Ni @ 483 du vafe que les molécules ignées sy introduifent, & que les molécules d'air Jogées dans les couches d'eau inférieures étant les premières & les plus expolées à l'aétion des molécules ignées, doivent par conféquent être les premières à fe dilater & à s'élever dans l'eau. En s'élevant, elles ne manqueront pas aflurément de déranger & d’entrainer en haut les parti- -cules d'eau qui les entourent & leur font adhérentes, & qui céderont la place à une autre couche d’eau, dont les molé- cules d'air fubiront un pareil fort, & ainfi de fuite. XXIII. Mais dans le cas où les bulles d'air fortent de Peau en vertu d'une diminution de preflion de la part de l’at- mofphère, qu'eft-ce qui peut déterminer les molécules d'air répandues dans la mafle d'eau à ne s’en dégager qu'après s'être rendues au fond du vafe, qui femble être le point de partance prefque général ? peut-être la raïfon que je vais en afligner, paroîtra-t-elle plaufible. Les molécules d'air qui occupent Ia couche inférieure d’une maffe d’eau ne font pas mouillées de toutes parts, elles ont une portion de leur mafle appuyée im- médiatement fur la furface du fond du vafe, & cette portion doit être féche; par conféquent elles feront en cela plus difpofées à fe dilater que les autres molécules d'air, qui étant dans le fein de l'eau, en font enveloppées en entier : celles de la couche d’eau inférieure doivent donc être les plus prêtes à tirer parti de l'afloibliffement de la preffion de l'air ambiant, & déloger les premières. Celles-là une fois parties & faifant monter à leur fuite les particules d'eau contigues & adhé- rentes, procurent a place favorable à une autre couche d'eau qui s'en empare, & où les molécules d'air qu’elle imbibe, trou- vant les mêmes avantages, en profitent à leur tour, & ainft de couche en couche. X XIV. Par une femblable raifon, les molécules d'air qui font cantonnées dans la circonférence des diverfes cou- ches d’eau qui font toutes bordées par les parois du vale, font en place commode pour fe dérober aïfément à l'eau. Aufli sélance-t-il des bulles d'a de deflus ces parois; clles font néanmoins en petite quantité en comparaïfon de Pppi 484 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE celles qui partent du fond, comme je lai déjà dit. X X V. Mais il y a à ce fujet une remarque importante à faire; c'eft qu'outre les bulles d'air qui émanent de l'eau, on en voit ordinairement qui font comme collées au fond & aux parois du vale, lefquelles ne proviennent pas de l'eau, comme on pourroit le penfer au premier coup d'œil; ce font des flocons d'air qui, avant qu'on eût mis l'eau dans le vale, adhéroient déjà à fa furface interne, ou étoient nichés dans les cavités dont elle eft parfémée, & d’où l'eau, quand on Ja verfée, n'a pü les débufquer. On diflingue facilement ces fortes de bulles d'avec celles qui fe forment de Fair difléminé dans l'eau, tant en ce que les premières font communément plus grofles, qu'en ce qu'elles adhèrent aflez fortement au vale, & leur origine eft clairement indiquée dans l'expérience fuivante. J'ai choift un gobelet bien fec, d’un verre fin & uni: j'ai frotté fortement avec un linge imbibé d’eau, tout un côté de fa furface interne, dans la vûüe d’en détacher le plus exaétement qu’il feroit pofhble, les flocons d'air qui pourroient y être adhérens, ayant attention de ne pas tou- cher à Fautre partie de cette furface interne. Après cette préparation, j'ai rempli d'eau le gobelet, & je Fai renfermé fous le récipient de la machine pneumatique : à mefure que jen ai pompé l'air, la portion de la furface interne du gobelet qui navoit pas été frottée, s'eft tapiflée d’une infinité de bulles d'air, mais il ne s’en eft formé aucune, ou prefque aucune , fur la portion qui avoit été frottée & dégarnie des. flocons d'air adhérens. Ce qui marque que la plus grande partie des bulles qui fe forment en ces circonftances contre les. parois d'un vafe, ne provient que de l'air qui y étoit, pour ainfi dire, inarufté, & qui sy maintient malgré l'eau qu'on vérfe dans, le vale, & qui le rouille. - XX VI Cela n'établiroit pas f: bien qu'il s'élève beau- coup moins de bulles d'air des parois , que du fond du Vale: car quoique les bulles émanées de l'eau ne sattachent pas aux parois, elles peuvent cependant s'y former & sen élever. tout de fuite, Une autre expérience y. fuppléera, & BUENSAS EC L'EIN C'E S 485 nous apprendra plus pofitivement ce qui en eff. J'ai pris urs de ces verres qui ont la forme d'un cone tronqué : après en avoir mouillé & frotté fuffifamment les parois intérieures pour en détacher l'air adhérent, je l'ai rempli d’eau & placé dans le vuide de la machine pneumatique, & j'ai oblervé que les bulles d'air s'élevoient en toute autre quantité dans a co- Jonne d’eau appuyée fur le fond étroit de ce verre, que dans les colonnes latérales qui ont leurs bafes fur fes parois inclinées, XXVII. Nous avons encore un fait abfolument ana- logue, dans cette chaîne ou éruption fucceffive de bulles d'air qui s'élèvent du fond d'un verre plein de vin de Champagne, ce qui s'appelle faire la corde à puits ; la caufe en eft fans doute la même. XXVIII Aurefle, quelle que foit cette caufe en vertu de laquelle l'air difféminé dans l'eau ne fe forme en bulle que fur le fond ou contre les parois du vafe qui la contient, il eft vrai- femblable que ce font les molécules d'air qui occupent la couche d'eau contigue au fond du vale, qui jouiffent les premières de. ce privilège, conjointement peut-être avec quelques-unes de celles qui font cantonnées dans les parties de l'eau adoffées aux parois. XXIX. J'ai fait l'épreuve de laifler une maffe d'eau dans un récipient dont l'air avoit été extrêmement raréfié & où il fe foûtenoit au point de raréfaétion où je l'avois réduit, & quelquefois j'ai và fortir encore des bulles d'air aw bout de vingt-quatre heures. Dans les premiers momens elles s'élèvent en grand nombre; elles deviennent moins fréquentes enfuite, & toüjours de plus rares en plus rares, jufqu'à ce qu'elles ceflent tout-à-fait de paroïître : à la fin elles ne mon- tent prefque que une à une & d'intervalle en intervalle ; les intervalles font même fort longs. Ce qui confirme qu'en général les molécules d'air fe rendent de toutes les parties de la mafle d'eau vers le fond du vafe, où elles trouvent la commodité de fe former en bulles & de s'élever; elles ne s’y rendent que les unes après les autres, & elles y parvien- nent d'autant plus difficilement & d'autant plus tard, que le Ppp ül Ne XXVIII. 486 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE mouvement inteftin du liquide en vertu duquel les diverfes portions de la mafle d'eau font amenées fucceflivement, & fans doute à plufieurs reprifes, au fond du vafe, eft plus rallenti. Dans le commencement cette agitation eft très-vive, à caufe du grand nombre de bulles d'air qui s’échappent à la fois & qui caufent une efpèce d'ébullition dans l'eau; mais elle diminue dans la fuite de plus en plus, à mefure que les bulles d'air qui fe dégagent, font en plus petit nombre. XXX. Quand l'action d’une caufe qui a fait déloger de l'eau une partie de l'air qu'elle imbiboit, vient à cefler, les molécules d'air qui ne peuvent plus faire équilibre avec celles de Fair ambiant, doivent être repouflées peu à peu vers le fond du vafe par celles-ci qui fe filtrent dans l’eau, & qui viennent en occuper les couches fupérieures. Ainfi quand l'air d'une mafle d’eau fe renouvelle, c’eft felon toute appa- rence dans les couches fupérieures que le nouvel air fe loge. XXXI. L'air d'une mafle d’eau ne fauroit fe renouveler en entier d’une feule reprife , car comme une maffe d’eau ne peut jamais être tout-à-fait épuifée de fon air, quand celui de l’atmofphère viendra à s'y introduire, il s'y trouvera toû- jours une portion de l'ancien air qui fera repoufié par le nouvel air vers le fond de l'eau où il fe cantonnera. Mais auffi quand les circonftances propres à opérer une nouvelle éruption d'air furviendront, cet ancien air fera expulfé le premier, fuppofé que la mafle d'eau nait efluyé aucune agitation, & qu'il en occupe encore les couches inférieures. XXXII. Dans une mafle d'eau qui fe convertit en glace, il y a toüjours une quantité plus où moins grande de bulles d'air qui s'étant dégagées trop tard de l'eau qui les pénétroit, reflent enfermées en dedans de la glace, & qui quand elle vient à fe fondre, vont fe joindre enfin à l'air de Yatmofphère. Mais fi les bulles font fort petites, il peut fe faire que durant le temps que l'eau emploie à reprendre fa fluidité, elle fe refaififle de ces bulles qu'elle avoit ceffé d'imbiber : dans ces circonftances elle ne s'impregne que d'un ai dont elle avoit déjà été en pofleffion, Mais cet aix avoit DES 4 SCI EN CE SUIM 407 ecouvré fa dilatabilité en reprenant la forme de bulle, & étoit redevenu femblable de tout point à celui de Fatmofphère. Ne XIX. On peut donc regarder cette eau comme impregnée d'un air renouvelé; & comme ces fortes de bulles qui doivent leur dégagement à la congélation de l'eau, peuvent fe former & Ssarrêter indiftinétement dans toutes les couches d’une mafle d'eau, il senfuit qu'un renouvellement d'air de cette efpèce peut fe faire indiflinélement en telle quantité que ce foit des parties de l'eau. XXXIII. Dans les rivières, les étangs & autres amas d’eau, il fe trouve communément à leur furface inférieure des efpèces de réfervoirs d'air, où l'eau en peut puifer, pour ainfi dire, toutes les fois qu'elle vient à en manquer; les feuilles d'arbres, les plantes & autres matières qui tombent dans l'eau & y pourrifient, donnent beaucoup d'air qui demeure engagé dans la vafe, & dont l'eau fe faifit dans l'occafion. Il fufht d'enfoncer une canne dans la vafe au bord de ces amas d'eau, pour s'affurer de l'exiftence de cet air, qui y eft en: dépôt; on donne ifflue par-là à beaucoup de bulles qui: s'élèvent fur l'eau... XXXIV. Le fable dont le lit des rivières eft couvert, loge aufli dans fes interflices, & tient comme en réferve une infinité de bulles d'air que l'eau deftinée à aller humecter la terre aux environs, & qui fe filtre à travers ce fable, y dépofe continuellement. Dès que ce fable eft déplacé, où Ne 1v:. foulevé par la force du courant, il laiffe à découvert une artie de ces bulles d'air, qui fe trouvent en prie à l'eau, & que l'eau abforbe, fi elle eft dans le cas d’en avoir beloin. XX X V. Dans les cas où les bulles d'air qui auront à fortir d’une mafle d'eau, ne pourront fe former que fur le fond du vafe qui la contient, ne leur faudra-t-il pas d'autant plus de temps pour en déloger, que le fond du vale fera moins étendu, eu égard à la hauteur de la colonne d’eau? XXXVI. Comme l'air de l'atmofphère ne fauroit sin- troduire dans une mafle d’eau que par la furface de ce liquide fur laquelle il s'appuie, ne s'enfuit-il pas, toutes chofes égales: 488 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE d’ailleurs, qu'il faudra d'autant plus de temps à l'eau pour recouvrer l'air qu'elle aura perdu, que l'étendue de cette furface fera plus reflerrée? XXXVIL I paroît par le temps qu'il faut à l'air pour rentrer dans l'eau même la mieux difpolée à le recevoir, c'eft-à-dire, celle qui en a été précédemment le plus exacte- ment dépouillée, qu’il éprouve beaucoup de difficulté à s'y introduire & à s'y enfoncer. Les molécules d'air ne sin- corporent avec l'eau qu'autant qu'elle les pénètre à un certain point, & elle n’y parvient que par degrés & peu à peu. XXXVIII I réfulte que fi on remplit de la même eau, qu'on aura dépouillée de fon air, deux vafes cylindriques de même diamètre & de hauteur différente, la colonne d’eau la plus courte fe raflafiera d'air plus vite que l'autre: car - Yair qui, pour gagner les couches inférieures de l’eau, doit {a Ne XXXVI. » De la nat. de d'Air, p. 1 63. » Mén. Acad. 1743P. 211 dr fur, traverfer dans toute fa hauteur, éprouvera une réfiflance d'autant plus grande que la colonne d’eau {era haute. XXXIX. Par la même raifon, de deux mafles cylindri- ques d’eau également purgée d'air, de même volume & de hauteur inégale, la plus haute doit employer plus de temps à reprendre l'air qui lui manque, & auflt parce qu'en ce cas fa furface eft moins étendue. X L. M. Mariotte & M. l'abbé Nollet ont cherché à connoître le temps que l'eau emploie à fe raflafier d'air: M. Mariotte ayant purgé d'air une certaine quantité d’eau en la faifant bouillir, en remplit une phiole:, qu'il renverfa dans un vafe plein d'eau, en obfervant de faire monter dans le haut une bulle d'air de quatre lignes de diamètre, qu'il offroit à l'eau à abforber. Quand cette première bulle le fut, en füubflitua une feconde, puis une troifième , & ainfi de fuite jufqu'à ce que l'eau difcontinuât d'en abforber, & elle ne difcontinua qu'au bout de vingt jours. M. l'abbé Nollet a rempli jufqu'aux deux tiers une carafe d’eau qu'il dépouilla de fon air en combinant le procédé de la chaleur communiquée avec celui du vuide de la machine pneumatique b, & lorfqu'ik eut Jaïflé rentrer l'air dans la partie fupérieure de la a afin DÉESNEMIC T EN CES: 89 afin que l'eau fût à portée de s'en refaifir, il obferva qu'au bout de fix jours elle avoit ceflé d'en abforber, & qu'ainfi elle s'en étoit raflafiée dans cet intervalle de temps. X LI. Il n'eft guère pofhible de conclurre quelque chofe de bien précis de la comparaifon de ces deux expériences, parce qu'on ignore le rapport des volumes d'eau comparés ; cependant la furface de l'air fur laquelle l'eau agifioit dans l'expérience de M. Mariotte, paroït fi peu étendue relati- vement à celle fur laquelle l'eau a agi dans l'expérience de M. abbé Nollet *, que je crois pouvoir attribuer à cette inégalité la différence de 20 à 6 qui fe trouve entre les temps que ces deux maffes d’eau ont employés à fe rafafier d'air, d'autant plus que toutes chofes égales d'ailleurs, l'eau dont a fait ufage M. l'abbé Nollet, étant plus exactement purgée d'air que celle de M. Mariotte, auroit dû être celle des deux à qui il auroit fallu plus de temps pour recouvrer tout fair qu'on lui avoit enlevé. XLII. M. l'abbé Nollet dans le cours de l'expérience dont je viens de faire mention, fupputoit de douze en douze heures, à dix heures du matin, & à dix heures du foir la quantité d'air ablorbée par l'eau, & il trouva qu'elle en abfor- boit plus pendant le jour que pendant la nuit: la quantité totale abforbée pendant le jour fut à celle abforbée pendant la nuit, comme 3 $ eft à 1 8 +, ce qu’il faut attribuer à ce que l'eau contraétant plus de chaleur pendant le jour , étoit plus ouverte, comme difent les Chymifles. Ses parties moins adhérentes entr'elles difputoient plus foiblement le paffage à l'air. XLIIT A mefure qu'il s'infinue de Fair dans leau, la réfiftance augmente à l'égard de celui qui refte à y entrer, qui par conféquent emploie plus de temps à s’y introduire que celui qui Fa précédé?; & c'eft le réfultat que cet illuftre Phy- ficien a tiré de quelques circonftances de la même expérience. * La quantité d’eau fur laquelle a | fentée à Ia fuite de fon Mémoire, on spéré M. l'abbé Nollet , ainfi qu'il | en peut déduire que le diamètre de me l’a marqué, étoit d'environ une | la carafe à l’endroirdu niveau de l’eau, ie, & eu comparant fon volume | évoit de quatre à cinq pouces. à la figure «ie [5 carafe qui eft repré- | - Say. étrang, Tome LL, Qgq s Mém. Acad, 174312 14% b Leç. de Php. t, I11,P. 7723 490 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE XLIV. Il y a trois chofes à confidérer dans les diffo- lutions. 1° L'action du diffolvant qui en s'infinuant dans les pores & interftices d'un corps, rompt l'union de fes parties, & les détache les unes des autres. 2.” Le procédé des parties de ce corps qui devenues libres, pour ainfi dire, s'élèvent & fe difperfent dans le diflolvant. 3.° Leur fufpenfion malgré l'excès de leur pefanteur fpécifique fur celle du diflolvant : le premier de ces trois objets eft le feul auquel je n'attacherai dans ce Mémoire. XELV. Les carrières dont on tire les meules de moulin, nous offrent un exemple en grand & fenfble, de la façon dont les parties d’un corps livré à un diflolvant peuvent être défunies. Ce n’eft pas l'ufage de fcier les meules: on pratique des tranchées circulaires dans la roche, où l'on fait entrer à force des coins de bois bien fec, qui lorfqu'ils viennent à être gonflés par l'eau dontson les arrofe, la fendent, & en détachent les meules. Examinons ce qui fe pafle dans cette manœuvre : il eft évident que le volume des molécules d'eau n'excède pas le calibre des pores du bois, autrement il leur eût été impoffble d'y pénétrer; de plus, la force qu'on em- ploie pour les y poufler, étant vifiblement infufhifante pour diflendre les pores du bois comprimé par le poids de la roche, on ne fauroit y en introduire que la quantité que comporte la capacité aduelle de ces pores, & pas une goutte au-delà. On ne peut donc mettre fur le feul compte de l'eau, incom- preffible par fa nature, le gonflement extraordinaire des fibres du bois; & il faut fans doute avoir recours ici à laétion d’un uide élftique dont le reflort fe débande tout-à-coup. Ce fluide eft l'air, foit celui qui étoit déjà logé dans les pores du bois, foit celui que l'eau qui sen trouve toûjours plus ou moins impregnée, y a amené, XLVI. A l'égard de fair renfermé dans le bois, on fait par des expériences tentées fur toutes fortes de matières, qu'il y eft extrêmement comprimé, & par conféquent il doit tendre par fon reflort naturel à en écarter les fibres; & s'il n'en vient à bout, c'eft que leur adhérence s'y oppole. BOEUSNSNC ET LE MN IetE rs 491 Etant entrelaflées elles ne fauroient fe féparer qu'elles ne gliflent les unes fur les autres, & le frottement eft alors trop confidérable: mais quand ces fibres viennent à être mouillées, l'eau qui fe coule entrelles rend le frottement beaucoup moindre, c'eft ainfi qu'une roue tourne plus libre- ment fur un effieu graiflé nouvellement; dès-lors a réfiftance qui fufpendoit l'aétion des molécules d'air comprimées, étant diminuée, elles fe débandent jufqu'à un certain point, & diftendent d'autant le volume du bois. XLVIT. Les molécules d'air que l'eau y a chariées, y concourent encore de leur côté, & peut-être même faut-il les regarder comme les principales caüfes du phénomène. Noyées dans l'eau, c'étoient autant de refforts privés de toute ou prefque toute leur aéivité; dès qu’elles entrent dans les pores du bois, cette activité leur eft rendue : elles s'y débandent avec violence. Mais quelle eft a caufe du développement fubit de ces reflorts? J'en affignerai deux. 1.° Il doit arriver que l'eau life échapper dans les pores étroits & les cavités internes du bois une grande partie de l'air qu'elle y a introduit, & qui dès ce moment recouvre fa dilatabilité ordinaire. Selon Tingénieufe théorie de M. de Reaumur, les grains d’air imbibés d'eau fe laifient affaifler, comme le feroient des boules creules de papier qu'on mouilleroit; ils y font repliés fur eux-mêmes, défanimés & reflerrés dans un efpace moins étendu de beaucoup que celui qu’ils occupent lorf- qu'ils font {ecs : mais dès que l'eau vient à les abandonner, leur reflort fe rétablit incontinent dans tout fon jeu, & il tend à leur faire reprendre toute l'extenfion qui leur eft naturelle ; l'expérience nous apprend d'ailleurs, qu'un coup de pifton ou un peu de chaleur de plus communiqué à l'eau, fuffifent pour rendre füubitement à l'air qu’elle contient, toute fon élafticité. 2.° Les grains d'air quoiqu'imbibés d'eau ne le font jamais totalement, & il y a entre leurs parties (& c'eft encore d'après M. de Reaumur que je parle) des vuides trop petits pour recevoir l'eau, & propres à recevoir les particules ignées qui peuvent être cantonnées dans les pores des coins Qqqi Mém. Acad, 2731P:457-: 492 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE de bois : ce qui peut aider les grains d'air à fe dégager dé l'eau où du moins leur permet de fe dilater jufqu’à un certain point, & de téndre à féparer les mafles de la roche entre lefquelles les coins de bois font engagés. XLVIII Pour fe faire une FE de la force prodi- gieufe dont font fufceptibles les molécules d'air au moment qu'elles fe dégagent de l'eau qui les inondoit, on n'a quà confidérer les effets de la gelée qui font tels qu'un canon de fufil dont on a bouché convenablement l’une & lautre ouverture, éclate avec violence dès que l'eau dont il a été rempli, fe gèle. XLIX. Au refle, ce n'eft pas gratuitement que je fup- pole que air fe débarraffe de eau dont il eft imbibé, dans les défilés étroits des pores d'un corps; & je puis m "ap puyer fur les expériences fuivantes. À & 2 font deux bouteilles cylindriques, égales en capacité & en hauteur, & dont un index appliqué fur chacune d'elles défigne exactement les portions correfpondantes égales en capacité. € eft un entonnoir de verre dont la queue excède un peu L hauteur des bouteilles. J'en ai rempli la queue & une partie du cone d'un fable fort fin, & pour empécher qu'il ne s'écoulât par l'orifice inférieur, j'y ai lié un morceau de toile; j'ai placé cet entonnoir dans la bouteille À, en forte que HotcE inférieur portât fur le fond de la bouteille, enfuite j'ai rempli d'eau la bouteille 2, & j'ai verfé de la même eau dans l'entonnoir au deflus du fable : elle a filtré au travers, & s'écoulant par lorifice inférieur elle a paffé dans la bouteille 4. Quand il y en a eu jufqu'aux bords du goulot, j'ai enlevé l'en- tonnoir, ce qui a laiflé un vuide au haut de la bouteille que j'ai encore achevé de remplir avec de l’eau filtrée à travers le fable de Fentonnoir. J'ai retourné alors Fune & Fautre bouteille bout pour bout en appliquant le doigt fur leur orifice, & je les ai plongées dans un vale D plein d'eau avec la précaution de n’y laiflèr rentrer aucune bulle d'air, que je n'aurois pas manqué, fi le cas füt arrivé, DES AS "C1 EUN) CES. d'apercevoir en Æ au haut de la bouteille; j'ai mis le vafe D avec les bouteilles qui y étoient plongées l'orifice en bas, fous le récipient de la machine pneumatique, & quand jen ai eu pompé fair, j'ai remarqué en Æ une inégalité confidérable de volume entre les mafles d'air qui occupoient le haut des deux bouteilles, & qui étoient formées des bulles qui s'étoient détachées de l'eau & élevées au deflus, à me- fure que je délivrois l'eau de la preffion de l'atmofphère. La mafle d'air de la bouteille Z étoit de beaucoup plus étendue que celle de la bouteille À, ce qui prouve que l'eau de cette dernière qui avoit filtré à travers le fable de l'entonnoir, con- tenoit moins d'air que celle de la bouteille B, & par con- féquent que l’eau de la bouteille À avoit été dépouillée d'une partie de fon air eñ traverfant le fable, L. Le 23 Juin 1746, j'avois mis dans un gobelet de verre À, l'entonnoir € garni de fable, & verfé au re deffus de l’eau colorée avec de l'orfeille; elle fe filtra à travers le fable & quand il y en eut dans le gobelet D'É jufque vers D, je retirai tout doucement l'entonnoir, Be ayant attention de ne pas agiter l'eau. Je verfai en même temps dans un autre gobelet de la même eau teinte avec de ’orfeille, mais fans la filtrer : je couvris d’huile la furface de Teau colorée de l'un & de l'autre gobelet. Le 2 $ Juin au matin Teau du premier gobelet étoit déjà décolorée de la hauteur d'un travers de doigt par en bas, & je n’aperçüs aucun changement dans Fautre. Le 27 au foir, l'eau du premiér gobelet étoit totalement décolorée à la réferve d’une petite bande vers la furface fupérieure ; ce ne fut que le 30 que Yeau du fecond gobelet fe décolora. Cette expérience dénote que l'eau en traverfant le fable avoit perdu une partie de fon air, parce qu'il eft établi d’ailleurs que l’eau teinte avec de Vorfeille perd fa couleur d'autant plus vite qu'elle eft moins. impregnée d'air. LI. J'ai placé fous le récipient de Ia machine pneuma- tique un vafe plein d'eau & garni d'un fyphon extrêmement Qaq ii 494 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE capillaire, à travers lequel elle s’écouloit goutte à goutte, & oblervant les bulles d'air qui fe dégagoient de l'eau dès le premier ou le fecond coup de pifton, je m'aperçûs que les bulles qui fe formoïent en dedans du fyphon étoient confidé- rablement plus grofles que celles qui s'élevoient dans l'eau qui l'entouroit ; d’où on peut conclurre que l’eau en coulant dans des canaux aufli étroits en eft d'autant mieux difpofée à laifler échapper l'air qu'elle contient. Ces épreuves nous fourniffent le modèle d'un nouveau procédé pour purger l'eau de fair dont elle eft impregnée, lequel il faut ajoüter aux trois autres qui étoient déjà en ufage, & qui font le froid, Ja chaleur, & fa diminution de la preffion de l'air extérieur. LIT. Les facilités que des conduits étroits procurent à Fair pour fe débarraffer de l'eau où il eft logé, nous con- duifent à l'explication d'un phénomène, que tous ceux qui fe font mis à même de purger de l'eau de fon air à l'aide de la machine pneumatique, n'ont pü manquer d’obferver : les bulles d'air ne partent pas indifféremment de tous les points de la mafñle d'eau; elles s'élèvent feulement du fond & des parois du vafe, ou de la furface des corps folides qui y font plongés. On n'en voit point éclorre dans ce que j'appelle le fein de la mafle d’eau, dans un endroit où la bulle feroit enveloppée d'eau de toutes parts; les bulles d'air qui fe trouvent dans cette dernière pofition, font fi fort imbibées d'eau, & il leur refte fi peu d'activité, qu'elles ne peuent recouvrer leur dilatabilité malgré la diminution de la preffion de Fair extérieur. Mais les bulles d'air qui touchent par quelqu'endroit le fond ou les parois du vafe, & dont peut-être une portion eft engagée dans les cavités formées par les inégalités de fa furface d’une matière {olide, & qui font inacceffibles à l'eau, font sèches & par conféquent dila- tables dans cette portion : au moyen de quoi leur reflort eft aflez dégagé pour pouvoir fe rétablir bien-tôt tout-à-fait. Cependant à la quantité de bulles qui s’'échappent d'une maffe d'eau placée fous un récipient dont on pompe l'air, on ne fe : perfuadera pas que ce ne foit que celles qui, dans les premiers DES MS TC: 1 EN CHENSS momens de l'expérience, étoient appuyées fur le fond & le refle de Ja furface intérieure du vale; mais on conçoit aifé- ment qu'à mefure que ces premières bulles s'élèvent, celles qui les joignoient immédiatement s'étendent d'autant & viennent remplir la place favorable que les premières leur ont laiffée libre, au moyen de quoi elles font bien-tôt dans le cas de devenir dilatables à leur tour & de les fuivre : celles-ci feront encore remplacées par d’autres, & ainfi de fuite. LIIT. Si, comme je l'ai avancé, le gonflement des coins de bois deftinés à détacher les meules de la roche, doit être principalement attribué au développement de l'air qui s'y infinue avec l’eau dont on les arrofe, il femble qu'on n'en viendroit pas à bout, ou du moins qu'on y parviendroit plus difficilement en y employant de l'eau abfolument dé- pouillée de fon air, cette expérience ne froit pas trop pra- ticable; mais comme la même caufe doit influer fur lalon- gement des bandes de papier & des cordes à boyau qu'on mouille, j'ai choifr ces matières pour faire mes épreuves. Je ne diflimulerai pas que je n’en puis alléguer les réfultats pour faire valoir mon opinion: je n'ai pas remarqué de différences fenfibles d'alongement entre les bandes de papier & les cordes à boyau mouiliées avec de l’eau puroce d'air, & celles qui l'avoient été avec de l'eau non dépouillée de fon air; mais je n'ai pas jugé non plus ces réfultats décififs contre l'opinion que j'adopte. On ne fauroit certainement réuffir à purger l'eau de tout l'air qu'elle contient, quelque procédé qu'on emploie, quelques attentions qu'on y apporte, il y en reflera toüjours une certaine quantité, & cette quantité d'air peut être fufhfante pour donner aux bandes de papier & aux cordes à boyau, dans les pores defquelles il fe débande, tout l'alongement dont ces matières font fufceptibles. LIV. Ce que je viens d’expofer fur la manœuvre de leau dans la pratique ufitée à égard des meules de moulin, peut s'appliquer auffi à l'eau confidérée comme diflolvant & à tout autre diflolvant ; ainfr tout diflolvant felon l'idée que je men forme, eft une matière propre à contenir de 496 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE l'air dans un état de compreflion & à l'introduire en cet état dans les pores d’un corps difpolé à livrer paflage à ce diflolvant, & où cet air, quand quelque caule vient à lui rendre fa dilatabilité ordinaire, fe développe avec une force capable de brifer la prifon qui le renferme. LV. Dans fa vüe de m'afurer fr l'eau, lorfqu’elle étoit purgée d'air, ne perdoit pas de la vertu qu'elle a de diffoudre diverfes matières, j'en ai mis plufieurs à des épreuves ana- logues à celles que j'avois déjà tentées fur les bandes de papier & les cordes à boyau, le fer a été du nombre de ces matières; la rouille eft une efpèce de diflolution du fer. Des bouteilles que j'avois préparées pour un objet différent, me fournirent à cet égard une obfervation intéreflante que je ne cherchois nullement. Ces bouteilles avoient été à moitié remplies d'eau, & leur orifice fermé avec des bouchons bien maftiqués que traverfoit un fl de fer dont le bout inférieur tréempoit dans l'eau : j'avois pompé fair de l'une de ces bouteilles, & celui qui y étoit refté, étoit extrème- ment raréfié. L'air que contenoient les autres n'avoit fubi aucune altération: au bout de quelque temps je m'aperçüs que dans toutes ces dernières bouteilles, le fil de fer étoit chargé de rouille, que l'eau en étoit teinte & le fond des bouteilles couvert d’un fédiment jaunâtre, tandis que dans la bouteille purgée d'air l'eau étoit claire, le fil de fer exempt de rouille, & le fond fans la moindre trace de fédiment; & il en a été de même pendant plus de fix mois que j'ai con- fervé cette bouteille en expérience. Ce fait une fois remarqué je ne fongeois plus qu'à le vérifier. Je remplis à moitié de la même eau fix bouteilles, dans chacune defquelles étoient fufpendus un clou & un brin de fil de fer, de façon qu'ils n’étoient plongés qu'en partie dans l’eau, ces bouteilles furent exactement bouchées; & il, y en avoit trois dont l'air avoit été pompé autant qu'il étoit poffible ; par le moyen de la machine pneumatique. Le len- demain il y avoit déjà beaucoup de rouille fur les clous & brins de fil de fer: des bouteilles dont l'eau n'étoit pas dépouillég DES SCIENCES 497 dépouillée de fon air; elle étoit appliquée à la partie du fer qui trempoit dans l'eau, & il n’en a Jamais paru fur le fer fufpendu dans les trois bouteilles dont j'avois pompé fair, où il ne s’eft jamais formé de dépôt, & où l'eau. a toùjours continué d’être claire & tranfparente, quoique dans les trois autrés bouteilles l'eau n'ait pas tardé à devenir louche, & à dépofer un fédiment jaunâtre, dont la quantité s'eft accrue de plus en plus tant que j'ai laiffé ces bouteilles en expérience: dans fa fuite j'ai eu occafion de renouveler une infinité de fois les mêmes épreuves, & je n'ai encore pü entrevoir la moindre variété dans les réfultats. Je n'ai pas vü une feule fois le fer fe rouiller dans l'eau purgée d'air, & il n'a jamais manqué de fe rouiller très-vite lorfqu'on seft abflenu de dépouiller de fon air l’eau qui l'entouroit. LVL Après avoir gardé en expérience pendant plufieurs mois une des bouteilles dont j'avois pompé l'air, & où des clous plongés dans l'eau n’avoient contracté aucune rouille, je la débouchai pour y laiffer rentrer l'air, la rouille parut fur les clous dès le lendemain, Veau devint trouble, & le fond de la bouteille fut bien-tôt couvert d'un fédiment jaunitre. LVII Ces expériences ne donnent-elles pas à entendre que le concours de l'air eft néceflaire pour la difflolution du fer dans l'eau ? Cette idée une fois admife, il eft affez naturel d'imaginer que l'eau que l'on fait être impregnée de beau- coup d'air, ne parvient à entamer le fer que parce qu'en sinfinuant dans fes pores elle y introduit avec elle des mo- lécules d'air en état de fe débander, & qui s’y débandent en effet. L'ation de leur reflort qui fe développe, furmonte ladhéfion de certaines parties du fer, elle les détache les unes des autres. L VIII. Quand par quelque moyen que ce foit, on fe met en devoir de purger l'eau de l'air qu'elle contient, les molé- cules d'air qui y reftent, & qu'on ne peut en tirer malgré tous les foins qu'on fe donne, ceffant d'être ferrées & contraintes par celles qui fe font échappées de l'eau, y font vrai-femblablement plus développées, elles y occupent plus d'efpace qu'auparavant, Sav. étrang. Tome IL Rrr 498 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE Quand en cet état elles font reçües avec l'eau qui leur fert dé véhicule, dans les pores du fer, & qu'elles viennent à s'en dégager à leur tour, leur reflort trop diftendu d'avance n'a plus aflez .de force pour agir fur le fer & le difloudre; peut - être auffi de ce qu'elles fe trouvent en petit nombre dans l'eau, l'eau les imbibe-t-elle davantage, & s'en faifit au point qu'elle ne lâche plus prife, pas même dans les pores & défilés du fer où elle les charrie: c'eft ainfi qu'un frag- ment d'éponge plongé feul dans un vale plein d'eau en feroit pénétré d'une plus grande quantité que s'il étoit com- primé par un grand nombre d'autres femblables fragmens d'éponge entaflés les uns fur les autres. LIX. Le 10 Mai 1748, j'ai mis dans deux bouteilles fem: blables, deux quantités égales de la même eau, que je couvris d'huile de noix de la hauteur d'environ un pouce; il y avoit de plus dans chacune un clou qui étoit plongé en entier dans Veau : l'une des deux bouteilles fut portée jur le récipient de là machine pneumatique, & après avoir bien pompé l'air, je la retirai fans fa boucher; j'appellerai cette dernière bouteille A, & autre B pour les défigner plus brièvement. Le r 3 Mai je diftinguai quelques légères traces de rouille für le clou de la bouteille 2, & d'autres, mais beaucoup moins fenfibles encore, fur celui de la bouteille A; d'autres clous que j'avois mis en même temps dans de l'eau expolée à fair libre, étoient déjà très-abondamment chargés de rouille, feau des deux bouteilles avoit contracté une légère teinte tirant fur le jaune. Le 54 Mai l'eau des deux bouteilles étoit affez trouble, mais les clous ne me parurent pas beaucoup plus rouillés que le jour précédent, fur-tout celui de la bouteille A: dans les jours fuivans il s'eft fait un dépôt jaunâtre au fond des bouteilles, dont l'eau a repris un peu de fa tranfparence, & depuis les chofes font toüjours reftées dans le mème état; le fédiment ne $eft point accru, & sil y a eu quelques changémens, ils ont été peu fenfibles. ; LX. Mes vües en couvrant d'huile l'eau, à qui j'offrois- du fer à difloudre, étoient d'en intercepter l'entrée à l'air de DES SCIENCES: 499 Fatmofphère, ou du moins de lui en rendre l'accès plus dificile, & il paroît par l'évènement que j'y ai affez bien réuffi; il ne s’eft formé que peu de rouille dans la bouteille B, parce que les molécules d'air dont étoit impregnée l'eau qu'elle contenoit, n'ont pas apparemment été renouvelées, & que l'eau ayant gagné peu à peu ces molécules, elles en ont été fi fort imbibées, que, privées enfin de toute leur dilatabilité, elles n’ont pü être en état d'agir fur le fer, En effet, fi en nous en tenant à l'idée de M. de Reaumur nous comparons les molécules d'air à des corps fpongieux, nous trouverons que Teau doit les pénétrer d'autant plus avant qu'ils y auront fait un plus long féjour : il y a encore eu moins de rouille fur le clou de la bouteille 4 dont l'eau avoit été purgée d'air, parce qu'il n'y étoit refté que des molécules d'air prefque impüiflantes & dont le reflort étoit extrêmement affoibli. : L'XT Par d'autres expériences de cette efpèce, j'étois porté à croire que de l'eau gardée pendant un certain temps dans un lieu inacceffible à la lumière, froit moins propre que d'autre à rouillér le fer; mais parmi ces expériences, il y en a eu dont les réfültats ont été équivoques, & ce fait a befoin d’être mieux conflaté. LXIT. Le défaut d'air eft encore nuifible à la production du verd de gris. Le 7 Avril 1748, j'ai mis en expérience trois bouteilles où il ÿ avoit une lame de cuivre qui trem- poit à moitié dans de l'eau commune; l'air de l’une de ces bouteilles avoit été pompé, & elle avoit été bouchée dans le récipient de la machine pneumatique: des deux autres lune étoit bouchée & l'autre non. Le 13 Juin, il y avoit déjà des taches de verd de gris fur la lame de cuivre de la bouteille débouchée; celle de la bouteille qui étoit bouchée & dont l'air n’avoit fubi aucune altération, fut aufli bien-tôt couverte de grandes taches blancheîtres, & dans la fuite j'y ai aperçû du verd de gris qui flottoit fur l'eau, mais jufqu'à préfent la lame de cuivre qui trempe dans l'eau purgée d'air s'eft confervée nette, & n’a pas produit de verd de gris, Rrr i Mém, Acad, 173 Tr 500 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Le 29 Juin 1748, j'ai mis des lames de cuivre dans deux bouteilles à moitié pleines d'eau foulée de {el marin; l'air de l'une des deux a été pompé, & elles font bouchées lune & l’autre, le verd de gris n'a pas tardé à paroïtre fur la lame de la bouteille non purgée d'air, dont l'eau eft devenue lai- teule : l'eau de Fautre bouteille fe conferve toüjours claire & tranfparente, & la lame de cuivre qu’elle renferme n'offre. aucune trace de verd de gris. LXIHIT En continuant mes épreuves fur d'autres ma- tières, je n'ai pas trouvé que le défaut d'air en fufpendit toû- jours la diflolution. Le fucre, le vitriol, le fel marin, &c. fe fondent pour le moins auffi vite dans de l'eau purgée d'air, que dans de l'eau qui en efl inpregnée autant qu'elle peut l'être : cela vient fans doute de ce que les parties de ces fels font moins fortement liées entr'elles que celles du fer & du cuivre, Pour entamer ces métaux, pour les difloudre, il ne faut pas moins que toute l’aétivité dont eft fufceptible le développement du reflort des molécules d'air; & une certaine altération dans ce reflort, occafionnée ou par fa raréfaétion des molécules d'air, ou parce qu’elles font trop imbibées d'eau, fufñt pour rendre leur aétion inefficace à cet égard, au liew qu'en quelqu'état qu'ils foient, leur reflort quoiqu'afhoibli l'emporte toûjours fur la réfiflance que adhérence mutuelle des parties falines oppofe à fon débandement, & par con- féquent il ne doit jamais manquer de les détacher les unes des autres. D'É 5 4 Slc'1 EN CES $sor BEMEUSA:T, TON Des travaux fairs pour relever le navire le Tojo *, galion d’Efpagne, coulé bas le ro Olobre 1 702 dans la rade de Redondelle, baie de Vigo; relevé le 27 Septembre 1741, à" mis à terre le 6 Février 1742. Par M. GOUBERT, ancien Officier de [a Marine. Re on 1 dans la rade de Redondelle le 1 7 Juillet 173 8: Je navire que la Compagnie m'avoit donné, étant trop petit pour y pouvoir faire mon domicile, j'en pris un à terre; je fis auffi choix d’un chantier à la proximité de l'endroit où étoit coulé bas le navire le Tojo, j'y fis débarquer tout ce que j'avois apporté de bois, fers, cordages, &c. & j'y fis drefler des tentes pour les ouvriers & équipages. Les premiers travaux furent de monter deux chaloupes que j'avois apportées en bottes, d'établir des radeaux fur des fütailles, & d'y équiper des engins à battre des pieux. Je fis auffi affe-nbler fix pieux-de tirance, tels que feu mon frère les avoit projetés, & une palleplanche auffi de fon in- vention, pour envafer un cordage aufli bas que Îe deflous de la quille du navire: je me fuis fervi avec fuccès de ces pieux de tirance, au moyen d’un très-petit changement. Je reconnus & fondai le Tojo le 18 Août 1738, il étoit coulé bas fur un fond de vafe où il reftoit à baffe-mer 1 pieds d'eau , l'avant à l’oueft, l'arrière à l'eft , confidéra- blement penché fur ftribord, & bien plus envafé que tous les mémoires & les rapports antécédens ne me l'avoient annoncé, foit que l'on fe füt trompé dans les examens qui en avoient * Le Zojo, fuivant la langue Efpa- |, que M. de Château-renaud aila cher- gnole, fe prononce Togho. Ce navire | cher à la Havane; & amena en 1702 filoit partie de la otte Elpagnole | aux rades de Vigo. Rre iüij, 502 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE été faits, foit, comme je le penfe, que le poids de ce navire le fit toûjours enfoncer de plus en plus. Pour m'inftruire de la qualité de la vale, je fis (en Septem- bre) battre à ftribord du navire, la palleplanche avec un cor- dage qu'elle devoit porter dans la vafe à la profondeur de Ia quille du Tojo, & même plus bas ;-elle fut battue plufieurs jours & enfoncée à la profondeur fouhaitée, on m'en félicita; mais tant s’en faut que je fuffe fatisfait de ce travail, j'aban- donnai dès-lors le projet d’envafer des cordages avec des palleplanches , & de faire manœuvrer avec ces cordages dans la vafe, que la compreffion de la palleplanche rend fi dure & fi condenfe, qu'il n’y a pas lieu d'efpérer de réuflir. Dès le lendemain je fis travailler à gréer mes deux cha- loupes des manœuvres & cuillères néceffaires pour fouiller la vale, & y excaver un canal perpendiculaire à la quille du Tojo. Je plantai des pieux à bas-bord du navire pour tracer ce canal de Go pieds de long, & de 16 pieds de large par le haut ; il fut ouvert le 4 Octobre, & fa direétion coupoit le Tojo à peu près par fon milieu. Je fis travailler avec un pin du pays armé de fer, à une aiguille que je projetai dès-lors de pafer fous la quille du Tojo; elle devoit entrer par bas-bord & fortir par ftribord, & me porter deux cordages amarés fur un grapin qui formoit fa pointe, qui devoit fe dépouiller, & que je devois retirer à flribord avec les cordages, pendant que tout le corps de l'aiguille rétrograderoit par bas-bord. Au commencement de Décembre le canal étoit creufé de 8 pieds 2 dans la longueur fufdite, j'en fis creufer un autre à ftribord du navire, parallèle à fa quille, & le plus près qu'il fut poflble; il avoit 24 pieds de long, 1 6 de large, & 10 de profondeur: mon intention étoit que le bout de l'aiguille vint percer dans ce canal. Le paflage de cette aiguille fut tenté le 20 Décembre, elle perça 35 pieds dans la vafe fous le navire: dès-lors je pe doutai plus de la poffibilité de paffer ainfi des cordages, DES M SMIC UT ENICIENS s03 & conféquemment de relever le navire; car les cordages aflés, le relèvement étoit indubitable. li falloit que cette aiguille perçät au moins 42 pieds pour énétrer d’un canal à l’autre, elle n'en perça que 3 5 ; Je fus obligé de la retirer, la broche de fer qui formoit {a pointe revint fauflée : je jugeai qu'elle avoit rencontré quelque partie du navire, faute d'avoir été pañlée aflez bas, & je pris le parti de faire approfondir mes deux canaux, tant celui du fud de 60 pieds de long, perpendiculaire au navire, que celui du nord qui y étoit parallèle & devoit être plus pro- fond que celui du fud. Ces deux canaux furent approfondis à 10 pieds dans fa vafe à Ja fin de Février 1739 ; je préfentai l'aiguille & en tentai le paffage les 3, 4 & $ Mars. Le chemin que faifoit J'aiguille devoit m'être connu par la quantité qui s’abraquoit de la guindereffe qui y étoit paflée; la guinderefie fut abraquée plus qu'il n’en falloit pour que l'aiguille eût percé d'un canal à l’autre, je la crus paflée, on fonda dans le canal du nord où devoit fe trouver la pointe de l'aiguille, la fonde de fer ren- contra du fer ou du caillou qui rendoit le même fon qu'eût fait le bout de l'aiguille. Un Matelot s’offrit à plonger, car je n'ai jamais eu de plongeur, il defcendit & rapporta avoir touché l'aiguille: fur ce rapport réitéré je perdis beaucoup de temps à chercher dans le canal du nord cette pointe d'aiguille, les mauvais temps, la quinzaine de Pâques, la perfuafion générale qu'elle étoit pafée, tout cela me fit perdre en recherches inu- tiles jufqu'au 20 Avril, que je me déterminai à la retirer par le fud ; je la retirai effectivement rompue en morceaux, je jugeai que fa tirance l'avoit fait monter & qu'elle avoit rompu contre le navire. Je fis encore travailler à approfondir les canaux, & je donnai à celui du fud où fe couchoit l'aiguille, environ 3 pieds de pente fur fa longueur de 6o pieds, en forte qu'à fon extré- mité dans le fud il avoit 1 1 à 1 2 pieds de profondeur, & 1 4 dans le bout qui joignoit le navire où étoient plantés les pieux de tirance; celui du nord fut creufé à 1 $ pieds. 504 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Je fis faire une autre aiguille avec un mât de bois du nord, de 30 pieds de long, garnie de quatre barres de fer plates dans toute fa longueur comme Îa première, & armée d’une broche de fer de 22 pieds + de long, où s’ajuftoit le mème grapin qui formoit la pointe de la première. Elle fut préfentée le 9 Juin, elle perça 42 pieds fans a moindre difficulté: j'aurois bien fouhaité qu’elle en eût percé un ou deux de plus, & je ne doute pas qu'elle ne les eût percés fi on eût pu continuer de virer; mais il étoit néceflaire d'ar- rêter, & plus d'une expérience m'ont appris que quand on laifle à cette vafe le temps d’adhérer & de fe conglutiner contre bois ou cordage qui y pénètre, il n’y a plus d'efforts capables d'y donner du mouvement: je féprouvai alors, j'en fis de très-confidérables pour faire avancer feulement d'un pied cette aiguille qui un inftant auparavant marchoit couramment & prefque fans force, ils furent inutiles. J'étois affuré qu'elle avoit percé 42 pieds, mais je ne pouvois l'être qu'elle eût percé dans le canal du nord; ne s’en man- quât-il qu'un pouce, c'étoit aflez pour ne ly.pas trouver : je fus beaucoup follicité de la retirer , la facilité avec laquelle elle avoit pañié engageoit à dire qu'on ne rifquoit que de per- dre une marée; cependant, avant de m'y réloudre, je voulus tenter de la chercher dans le canal du nord : j'ordonnai à cet effet quatre efpèces de peignes de fer. Le premier coup qui fut donné, on crut fentir la pointe de l'aiguille, & effective- ment c’étoit elle: je pris moi-même le manche du peigne de fer, & n’en doutois plus, lorfque le même Matelot dont le rapport m'avoit tenu dans l'erreur en Mars & Avril, plongea, & dès qu’il fut remonté, m'affura avoir vû & manié le grapin: on pafla un cordage fous les branches de ce grapin, & on fit quelque force pour le dépouiller & le tirer, mais inutilement ; H fallut , ainfi que je l’avois prévu, retirer l'aiguille par le fud, pendant que le cordage paflé aux branches du grapin le rete- noîit au nord; il y fut employé plufieurs jours, & quoiqu'on la retirt par le gros bout qui n’étoit pas engagé, elle ne fortit que le 20 Juin aux efforts de trois cabeftans virans fur les garans DES, SCIENCES. s0 garans de caliornes frappées fur le pied de ladite aiguille, & avec des corps-morts à terre, après avoir fait chafier deux ancres de 800, empennelées. Si-tôt qu'elle eut dérapé vers le fud , le grapin & les cordages qui y étoient amarés vinrent au nord fans aucune réfiflance, on les abraqua à la main, & ainfi j'eus deux cordages de 3 pouces pafiés fous la quille du Tojo, & dont je tenois les quatre bouts, deux à ftribord, & deux à bas-bord, à peu près au milieu de fa longueur. J'en étois auffi certain que de mon exiflence, mais je fa- vois que la poflibilité de pafler ces cordages avoit été niée, que le projet de les pafler avoit été mille fois traité de vifion, je fentois la difficulté de perfuader en France la vérité du fait. Pour je conftater, je requis le Commiffaire nommé à ces tra- vaux par la Cour d’Efpagne, d'examiner l'état des chofes & d'en rapporter procès verbal; il y vint accompagné de No- taires, examina avec la plus fcrupuleule exactitude, & forcé par l'évidence, il en rapporta procès verbal le 23 Juin. Je requis au même effet le Vice-conful de France à Ponteve- dra, il-vint fur les ouvrages, & en rapporta procès verbal le 30 Juin. Ces deux procès verbaux conftatoient qu'il y avoit aétuellement deux cordages de 3 pouces paflés fous la quille du Tojo, dont les quatre bouts étoient amarés à des pieux, deux à ftribord & deux à bas-bord du navire: j'en envoyai des copies en bonne forme aux Cours de France & d'Efpagne, & à ma Compagnie à Paris & à Nantes. Les inté- reffés en la Compagnie, qui fouhaitoient que le fait fût vrai, furent prefque les feuls qui y ajoûtèrent foi, la voix générale fut que j'étois dans l'erreur, & que j'y induifois les autres, en un mot, que je n'avois pas paflé de cordages fous la quille du Tojo. La fuite de cette entreprife m’obligea de paffer en France au mois d'Août, j'y portai un modèle très-exact de l'aiguille & de toutes les manœuvres qui avoient été employées à fon paflage : avant mon départ je changeai les deux cordages de 3 pouces paffés fous le Tojo, j'y en mis deux de 4 pouces +, & y en paflai un troifième de même grofleur. Say. étrang. Tome 1 1. Sff 506 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE A mon arrivée’en France je vis avec chagrin que la réuffite du paflage des cordages fous la quille du T'ojo, contre l’opi- nion générale, Join dé retirer de l'erreur ceux qui l'avoient foûtenu impoffble , avoit aigri les efprits contre la machine & contre l'inventeur: le modèle que je fis porter à Paris fut vû de très: pen de perfonñes; mais beaucoup de gens habiles, & même eh place, entreprirent de me difluader que mes cordages fuflent pañlés fous la quille du Tojo: on m'eût plütôt fait croire que j'étois mort pendant que jé me croyois vivant. Soit que cette opinion prévalüt fur l'efprit de quelques intéreflés en l’entreprife, foit que {a guerre qui fe déclara entre l'Efpagne & l'Angleterre les en dévoûtt, l'entreprile fat abandonnée par la moitié des intéretiés j'aurois peut- être moi-même cédé au torrent, fans la vûé des fuites dé'cet abandon ; non feulement j'étois déclaré un vifionnaire; mais néceflairement je ‘paflois pour ur impoñteur. Ce point de vûe inévitable fi abandon avoit lieu, m'engagea à me don- ner des foins & des mouvemens infmis pour remplater les intéréffés qui abandonnoïent, par d'autres qui fourfiffent les fonds ; chaque joùr la chofe devenoit de plus en plus difficile, parce que ‘Chaque jour les dépenfés croïfloient en pure perte parles gages & les confommations des officiers &équipages que j'avois laïfiés à Redondélle, où tout travail étoit ceflé, V'Armateut de Nantes chargé perfonnellément des foldes des équipages , y én aÿant donné l'ordre fur le refus de Ta Com- pagnie de faire des fonds. Ne. Ésrs Enfin je parvins en Maï 1740, à raflembler des intéreffés qui rémplacèrent ceux qui avoïent abandonné: Je partis de Paris le 1 6 Mai, & de Nantes pour Redondelle le2' Août, je fus contrarié par lés vents & n’y aïrivai que le 2 Oëtobre. En arrivant je trouvai quâtré cordages pafiés Tous le Tojé, éfpacés l'un de l’autre de 3 pieds +; cét efpaicement s'étoit fait en Oëtobre 1739, avec ün triangle de fer dont j'avois laiffé le projet: je trouvai auffi des cmaux creufés ftribord &''bas- bord du navire dans toute'fà longueur. | _ D2É 8 à GC 1x EN Ne GES $o7 - Les quatre cordages paflés fous le T'ojo occupoient 7 pieds4 de la longueur de fa quille: en les vifitant J'obfervai qu'ils traverfoient obliquement fous ce navire, leur entrée à bas- bord étoit plus à l'arrière que le milieu du navire, leur fortie à ftribord étoit plus en avant. 1 m'arriva à la fin d'Octobre des bois de Hambourg pour la conftruction de trois cailles, & les cables que je projetois d'employer à relever le Tojo. Je mis une caiffe en chantier au mois de Décembre, & pendant que cette conftruction fe failoit à terre, on travailla à {cier la vale fous lé Tojo, & à ÿ pafler des cordages à 4 pieds de diftance les uns des autres. Il y avoit beaucoup plus loin du cordage le plus à l'eft des quatre paflés fous le Tojo jufqu'à l'arrière de ce navire, que du plus à l'oueft defdits quatre cordages à fon!avant; d'ail leurs l'avant nr'étoit connu, l'arrière ne me l'étoit pas, ainfi je me déterminai à travailler d'abord à palfer & efpacer des cordages dans fa partie d'arrière, & à redrefler l'obliquité de ceux qui étoient paflés. Je dépaffai le plus à l'eft des quatre , & fubitituai à fa place la manœuvre avec laquelle je projetois de {cier la vafe. Elle réuffit auffi-bien que je pouvois le fouhaiter ; mais après avoir fcié 3 pieds à left, il fut queflion de palfer un cordage pour le laifier libre & en place pendant que je continuerois de fcier plus à l'eft : rien de fi facile que de pañler un fecond cordage à l'aide d'un premier qui eft palé; rien de fi difficile, felon que je l'ai éprouvé, que d'avoir ces deux cordages ainfi paflés, libres l'un de l'autre, & fans qu'il y ait de l’un à l'autre un tour, où au moins un demi-tour, Le paflage d'un cordage à côté d’un autre fut eflayé en Décembre 1740, en Janvier & Février 1741, de plufieurs façons différentes qui toutes dans la fpéculation promettoient une réuffite infaillible, cha- que fois qu'il fut tenté le cordage pafa; plufieursfois on eut lieu de le croire & on le crut paffé libre & fans tours, mais il s'y trouva toûjours ou tours ou demi-tours, & de toutes es manœuvres épineufes que le cours de cette opération m'a préfentées, aucune ne m'a tant travaillé, tant donné de peine Si(i 508 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE que celle-là. Après m' y être épuifé fans fuccès, je renonçai à pafler un cordage à | ‘aide de celui qui étoit déjà paffé, mais je trouvai Moyen, En dépaflant le premier, d'en pafler deux fun à côté de l'autre, ce qui me produifoit le même effet: Je tentai cette manœuvre, & elle réuffit le 3 Mars, ainfi j'eus cinq cordages fous le Tojo. Après cetté déconvenie j'en paffai à toutes les marées de nouvelle & pleine lune, tant en arrière qu’en avant, en forte que le 6 Août j'avois fousie Tojo feize cordages qui, efpacés de 4 à 5 pieds fes uns des autres, occu- poient depuis fon brion jufques à à 92 pieds à l'eft. Pendant ce travail fur l'eau j j'avois conftruit à terre mes trois caifles, la première fut mife à l'eau le premier Avril, la feconde le 14 Juin, & la troifième le 30 Juillet, après quoi on finit à flot & fur une calle d'échouage que j'avois établie, les dedans defdites caifles, & on les garnit chacune de huit virevauts, & de bittes de 1 3 à 1 4 pouces de groffeur, pour bitter feize cables de 14 pouces, de boucles & orga- neaux de fer, &c. J'éventai à l'arrière du Tojo le cordage le plus à l'eft de ceux que j'avois pañlés fous fa quille, ainfi je connus que mes cordages avoient parcouru toute la longueur de la quille, & de plus que ce navire n'avoit pas 92 pieds de long. Le 14 Août j'avois fous le Tojo vingt-deux cordages, & j'étois maitre dy en pañler vingt autres ; j'éventai encore le plus à left, & je connus par-là que le navire n'avoit pas 84 pieds, Après avoir fucceflivement éventé plufieurs cordages par l'arrière qui m'avoit toüjours été inconnu , parce qu'il étoit abfolument noyé dans la vafe, je paflai le premier cable le 18 Août, il prit fous le talon du navire, mais fi à l'extré- mité, qu'il éventa encore; un autre cordage à 3 pieds dans l’oueft me pafla le premier cable qui tint bon ledit jour, je le jugeai à 75 pieds du cordage Je plus à loueft ; comme il m'étoit aifé alors de multiplier mes cordages, j'en avois vingt- quatre fous le Tojo à environ 3 pieds les uns des autres, je continuai de pañler les cables de l'arrière en avant, & retirois mes cordages à mefure : cependant, outre les vingt-quatre DES NN: LELN. Gr s09 cables qui occupoient toute la longueur, je laiffai quatre cordages de .4 pouces pour me fervir de vas-&- viens à pañler d’autres cables, fi quelqu'un füt venu à manquer; le tout fut fini le 16 Septembre, mes trois caifles étoient auf totalement finies, il ne me manquoit pour opérer qu'un temps convenable, & j'étois paré pour profiter des marées de la pleine lune de léquinoxe qui arrivoit le lundi 25 Septembre. Prévoyant bien que le Tojo ne leveroit pas à la première marée, je projetois de prévenir le gros d’eau du 25, de faire travailler les caifles dès le 22 à roidir & alonger les cables, les 23 & 24 à émouvoir le navire dans fa fouille, & à vaincre la ténacité de la vale, afin de fortir ce navire de fon lit à la grande marée du 2 $. Si cela eût pü s’exécuter, ileft certain que les marées du 2$ & du 26 auroient fort approché le navire de fon échouage, & qu'il eût été mené à terre beau- coup plus promptement qu'il n'a été, mais le temps s'y op- pofa; toute [a femaine du 17 au 24 Septembre fe pafia en bourafques & pluies continuelles, en forte que les caifles ne purent être menées fur le Tojo que le lundi 25 Sep- tembre. | | Le mauvais temps de la femaine du 17 au 24 Septembre ne fut pas le feul contre-temps que j'éprouvai, je n’avois au fervice de l'entreprife en tout que vingt hommes, entre lef- quels il n’y avoit que trois matelots, j'étois dans l’ufage d'avoir des journaliers du pays, je comptois fur eux à l'ordinaire, une terreur panique faifit les efprits, aucun ne voulut approcher du travail. Heureufement il arriva en rade deux caravelles Portugaifes qui me donnèrent neuf matelots avec lefquels l'ouvrage fe commença, & lorfque les gens du pays le virent en train, & que j'étois fur les caifles, peu à peu leur frayeur fe diffipa & ils vinrent travailler; mais le temps perdu ne fe put réparer, & la grande marée du 26 qui auroit probable- ment mené le Tojo bien loin, s'il eût été enlevé le 25, ne fut employée qu’à l'émouvoir dans fa fouille. Je fentis dès- lors le dérangement que la perte de la fermaine du 17 au 24 : Sff üj 10 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE caufoit à la fuite de l'opération, faute de pouvoir efpérer une marée pareille à celle de Féquinoxe. 4 4 Les trois caifles furent donc menées fur le Tojo le 2 $ Sep- tembre à la pointe du jour, les quarante-huit bouts des vingt- quatre cables furent paflés dans ces trois caifles, feize dans Chacune, & il fallut fe contenter de les boffer, faute de monde pour les tourner fur les bittes avant le flot, qui devoit com- mencer à monter entre huit & neuf heures du matin. La pleine mer de l'après-midi du 2 $ commença de roidir les vingt-quatre cables, & les fit monter à joindre la quille du navire, par deflous laquelle ils étoient pañlés: on obferva de mollir ceux qui parurent faire plus de force que les bofles n'en pouvoient porter, mais ces bofles étoient d’un cable neuf de 8 pouces. A la marée perdante du foir du même jour, on bitta de trois tours de bitte chacun des quarante-huit bouts de cables fur les caifles, & à là baffe mer on les roidit tous avec des tournevires aux virevauts, ils furent tous bittés & boflés cha- cun de deux boffes, le plus roide qu'il fut poffible, la marée fut bafie à neuf heures, & ce travail fut fini à près de dix. Pendant la marée montante jufqu'à trois heures du matin, les cables & les caifles firent des efforts violens, tous les tours des cables s’imprimèrent dans les bittes, plufieurs s'y enfon- cèrent de deux à trois pouces, tous les aflemblages des trois caifles prirent faix, & par la charge d'eau qui monta le long des trois caifles qui travailloient toutes carrément, les efforts furent d'environ 20 mille quintaux. On vit à l'heure de la pleine mer fur fa furface de l'eau, des bulles d'air qui s’éle- voient du fond, & deffinoient les contours de l'avant du navire, ce qui fit juger qu'il commençoit à s'émouvoir ; les deux cables le plus à left, c'eft-à-dire, le plus à l'arrière, échappèrent de deflous le talon du navire;les trois caiffes fe touchoient & formoient enfemble un corps de 78 pieds de long fur 57 pieds $ pouces de large, qui étoit la longueur de chaque caifle. A la baffe mer de neuf heures au matin da 26 on roidit D'ESE0'C T'EUNR CES sit les vingt-deux cables, & on s’aperçut fur ce qui en fut abra- qué, que les efforts les avoient fait alonger, car tous ces cables étoient gradués de braffe en braffe. A la pleine mer de l'après- dîné je m'aperçus que le navire levoit dans fà fouille, il parut même que l'avant évitoit un peu dans le fud; il fe raffit à la marée perdante, je le faïffai fur les vingt-deux cables & fous les trois caifles qui, à la pleine:mer de fa nuit, le foûlevèrent encore dans fa fouille : mon intention étoit que ces différens mouvemens le dégageaflent d'une quantité énorme de vafe que j'imaginois adhérénte à toutes fes parois. Deux heures avant la marée baffe du 27 au matin je fis entrer dans mes caiffes environ 3 pieds d'eau, ce qui les fit caler de 18 à 20 pouces, enfuite on abraqua les cables que les efforts des deux marées précédentes avoient confidérable- ment fait alonger, & à qui d’ailleurs l'eau entrée dans les caifles donnoit au moins 3 pieds de mol; on les roidit à toute force, & après les avoir bittés & boffés je fis garnir de coins battus à coups de maffe tous les vuides entre les tours des cables & les bittes, & pendant que fa marée montoit on pompa f'eau des cäifles. Vers les trois heures & demié de Y'après-midi le navire leva, alors je fis virer fur des cabeftans préparés dans l'eft, il marcha 5 2 pieds; il étoit, ainfi qu'il eft dit ci-deffus, échoué l'avant à l'oueft, l'arrière à left, confé- quémment if fortit de fa fouille par l'arrière. Après qu'ileût avancé $ 2 pieds il échoun, & je le laïffai fur Tes vingt-deux cables & fous les trois caiffes. Le lendemain 28 à la bafe mer de dix heures du matin on fit la même manœuvre de mettre de l'eau dans les caiffes, de rider Îes cablés, & enfüite de pomper l'eau; le Tojo leva à fa pleine mer, & marcha feulement 1 3 pieds dans la même direction que lé jour précédent ; les caifles firent environ 3 mille quintaux moins de force, mais la marée monta 14 pouces moins que le 26, & 11 moins que le 27; ainfi les marées s’amortiflant & le gros de l’eau étant pañlé, je déter- minai de laifler-là le Tojo dans la même fituation jufqu'au rapport des marées de 11 nouvelle lune du commencement 512 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE d'Octobre. Cependant à chaque marée deux fois par chaque vingt-quatre heures les caifles foulageoient, & même levoient le navire; d’un côté cette manœuvre réitérée fatiguoit mes cables, mais je les fentois plus forts qu'il n’étoit néceflaire ; & de l'autre, en les laiffant ainfi travailler, j'en efpérois deux bons effets, l’un qu'ils viendroient au point de n'être plus fufceptibles d’alongement, l'autre que le ‘L'ojo ainfr alter- nativement laiflé à fon poids & enlevé, fe dégageroit des vafes qui y étoient attachées. Suivant mes calculs la puiflance de mes trois caifes étoit de 27 à 28 mille quintaux, celle de mes vingt-deux cables ridés également de 23 à 24 mille quintaux; par la charge d'eau de mes caifles pendant l'opération le plus grand effort n'avoit pas excédé 20 mille quintaux, j'étois donc certain que ma puiflance active étoit plus que fufkfante, fur-tout ayant remarqué que les eflorts n'avoient monté à 20 mille quintaux que par rapport à la ténacité de la vafe, & que cette ténacité une fois vaincue les caiffes avoient foulagé de plus de 4 mille quintaux. Un gros vent d'oueft fud -ouefl ayant le $ Octobre fait monter la marée plus que je ne devois l'efpérer, je profitai du moment, j'évitai le Tojo & lui mis le cap au fud, je le fis entrer dans le canal creufé dans la vafe en 1738 & 1739 pour y coucher l'aiguille, & il y avança de toute la longueur dudit canal qui étoit de 6o pieds. Les 6, 7, 8, 9 & 10 Oétobre on travailla pour tacher de profiter de la marée de la nouvelle lune, mais elle rapporta très-peu, & le navire avança feulement de 5 8 pieds. Deux cables de l'avant échappèrent, on a vü ci-deflus que la nuit du 25 au 26 Septembre il s'en échappa deux de l'arrière; il paroit que l'on en doit conclurre que le navire étoit bien faifi dans toute fa longueur: l'échappement de ces deux cables qui eùt pû me donner quelque inquiétude avant que je con- nuffe le poids du navire, ne me fit nulle impreffion, ayant connu que j'avois des forces de refte; le Tojo étoit dégagé des vales, il étoit forti du canal de Faiguille, & quoiqu'il _ fût ESS CT ETINT ARS 513 füt encore fur un fond de vafe, il ne s’y enfonçoit néan- moins plus autant que les premières fois qu'on l'avoit laiffé repofer. Pour profiter des marées de la pleine lune qui arrivoit le 24 Octobre, je commençai à manœuvrer le 2 24 il ne marcha que 10 pieds, le 24 il en marcha 2 s,le25$ ilen marcha 2 > & le 26 il en marcha 1 3 3. Les caiffes étoient à toucher fur les membres du navire, & s’y feroient infailliblement crevées à la baffle mer; je dépaflai les vingt cables de dedans les caiffes, & j'ôtai les caifles de deffus le navire qui pofoit fur un fond de vafe ou de bafle mer, il refta 1 0 à 10 pieds + d’eau. Après avoir repris les quarante bouts des vingt cables que l'on avoit filés des caifles, & les avoir rangés vingt de chaque bord fur des rats, je fis travailler à rompre & arracher les membres qui veilloient, & ceux fur lefquels il ne reftoit pas à bafle mer affez d'eau pour y tenir à flot les caiffes qui tirent par elles-mêmes 2 r pouces d’eau : la nouvelle lune du 7 No- vembre & jours fuivans fe paffa en mauvais temps qui ne permirent pas de manœuvrer pour mener le navire plus à terre, mais on en profita pour arracher & rompre beaucoup des fecondes alonges du Tojo, ce qui l'allégea confidérablement. Le 22 Novembre je repris le Tojo feulement avec feize cables paflés dans deux caiffes, je fis roidir, bitter, bofler & coincer ces cables, comptant faire avancer le navire ; à peine fut-il enlevé & fufpendu qu'il fe leva un vent de nord violent, la mer devint groffe, & les caifes chargées du poids du Tojo tanguoient de façon à tout craindre; les bittes de 13 fur 1 4 pou- ces d'équarriflage, n’ayant que 27 pouces de portée, plièrent plus d'une fois, un des cables de la caiffe d’arrière rompit; après environ trois heures de bourrafque, le vent & la mer calmèrent en même temps que la marée baifa & repofa le navire. Le 23 il fut levé fur les quinze cables & marcha 40 pieds, le 24 il marcha 7 $ pieds, le 25 il marcha 60 pieds, & les caifles étant à toucher fur les membres, je les ôtai de deflus le navire après avoir filé les quinze cables par les deux bouts & avant que la marée perdante les laiflèt échouer fur Sav. étrang. Tome I, AE $s14 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE lefdits membres; le navire refla fur un fond de vafe ou de bafle mer, il refloit 6 à 7 pieds d’eau. Le 2 6 à la baffle mer, tous les membres de ftribord étoient de 2 & 3 pieds hors de l'eau, & ceux de bas-bord étoient à peu près d'autant fous l'eau , tout l'avant veilloit & étoit comblé de potiches de terre fur plus de 20 pieds de long, une ferre-bauquière du premier pont paroifloit d'avant à ftribord: je fis travailler les jours fuivans à décombrer, on enleva une quantité infinie de potiches pleines d’eau faumäâtre, une feule pleine de tabac mêlé de vafe & gâté; on rafa tous les membres de flribord, & on en arracha quelques-uns de bas-bord. Le mauvais temps n'ayant pas permis de reprendre le navire à la nouvelle lune du 7 Décembre, je fis travailler dedans le navire à l'alléger, on en tira quatre-vingts à quatre-vingt-dix tonneaux de left, une quantité de boulets de fer, quelques bois de campèche, un furon de cochenille bien emballé, mais abfolument gâté, un fac de clous, &c. Je remis mes caifles fur le Tojo le 20 Décembre & repris les quinze cables, ils fe roidirent aux marées du 2 1, & le 22 il avança 30 pieds, l'avant commença de monter fur le ferme: Le 2 3 il leva avec beaucoup plus de facilité qu’il n'avoit encore fait, & il marcha 68 pieds, en forte que je fis état qu'il étoit dans toute fa longueur fur le ferme. Je fus contraint d'ôter promptement mes caifles de deflus, je fis filer les trente bouts des cables, mais ceux de ftribord furent filés les premiers pour eflayer à redrefler le navire ,.ce qui me réuflit, il reftoit à baffle mer 4 pieds d’eau fur le fond. Le 24 je marchai à pied fec fur les potiches & fur le left à l'avant du Tojo, ce left avoit plus de 6 pieds de haut, l'avant de ce navire étoit écrafé, je vis fon archipompe & cinq pièces de canon arrangées fur le left, j'en fis élinguer & tirer un, il fe trouva de fer, calibre de fix, tous les mem- bres des deux bords veilloïent hors de l’eau. Tout le mois de Janvier 1742 fe pafla en mauvais temps, cependant on travailla dans le Tojo, on en tira une prodigieufe quantité de potiches, trois cens cinquante à D'ENS:6NC'T EN CES Sts quatre cens tonneaux de leit, fix cens boulets de fer, douze pièces de canon de fer, calibre de fix, beaucoup de ferrailles, clous, chevilles, &c. Le $ Février je repris les cables; jufque-là j'avois toûjours traverfé mes caifles fur le navire, mais l'ayant allégé d'environ cinq à fix cens tonneaux je mis une caifle de long dans le pavire, je roidis les quinze cables le 6, le navire leva aifément, & je le menai à fon échouage. Le 7 à la baffe mer du matin je marchai à pied fec fur fon vaigrage & fur fa carlingue d'un bout à l'autre fur 7 2 pieds de long, avec Dom Manugl Kodrigues Villarino Commiflaire nommé par la Cour d'Ef pagne pour être préfent à mes travaux, qui a rapporté par- devant Notaire, certificat qui conftate que ledit navire eft à terre, ce qui étoit l'objet de l'opération. Il ne s’y eft abfo- lument rien trouvé que quelques boulets & ferrailles, & deux canons. : Tous les bois de ce navire qui étoient dans la vafe fe font trouvés bons & fains, mais fans aucune liaifon, tous les fers étant mangés & corrodés, en forte qu'il n'y a pas feule- ment veftige que fon vaigrage ait jamais été cloué; quelques chevilles de fer qui avoient confervé leur groffeur & leur force dans les parties enfermées dans le bois, étoient réduites prefque à rien dans celles qui avoient été expofées à l’eau, en forte que ces mêmes chevilles, de 14 à 1 s lignes de diamètre aux deux bouts, étoient dans leur milieu à peine de la grof- feur d’une plume. Les membres de ce navire avoient 1 pied d’échantillon, fes bordages 3 pouces, fon vaigrage 2 pouces, & prefque tout bois rouge. Tttij 516 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE DÉS EDARNNPE NC E:.S, SA DISORER L'ES CORPS QU'ON ELECTRISE PAR COMMUNICATION; Et des avantages qu'un corps convenablement ifolé retire du yoifinage des corps non électriques. Par M. pu Tour, Correfpondant de l Académie. I. V- bouteille életrique, féconde en phénomènes brillans qui ont à jufle titre excité la curiofité & l'admiration du public, en fournit un qui, tout fimple qu'il eft, a dû bien plus furprendre les Phyficiens que ne l'avoient fait les commotions Îes plus vives, les éclats foudroyans & les autres merveilles de l'expérience de Leyde. IT. La néceffité d'ifoler ou de placer fur des fupports non élechiques les corps auxquels on a deflein de communiquer l'éleéricité, avoit été déduite, par M.' Gray & du Fay, du concours d’un nombre infini d'obfervations, & ils lavoient établie fur le pied d’une loi qui a été pendant long-temps généralement adoptée, parce qu'on ne voyoit aucun fait qui refufit de sy foûmettre. Mais le phénomène dont j'en- tends parler, femble la démentir, la bouteille électrique con- ferve fon éledricité, quoiqu'on la tienne à pleines mains ; & même elle la conferve plus long-temps quand elle eft placée fur du bois ou du métal, que quand elle eft foûtenue par du verre, par de la réfine, & par toutes les matières qui s'életrifent le mieux lorfqu'on les frotte. III. Cette exception à la règle a paru fi marquée que d'habiles Phyficiens n’ont pas balancé à la rejeter abfolument: M. l'abbé Nollet seft néanmoins déterminé à la laifler fub- fifter, en la modifiant, & en ne regardant le phénomène qui y déroge, que comme une exception apparente fur DÉS NC) TE INy CES: 517 laquelle on doit attendre des éclairciflemens du temps & de l'expérience: excité par les raifons fur lefquelles il fe fonde, jai cru devoir chercher sil n'y auroit pas moyen de la concilier avec la règle, & eflectivement on le peut. IV. Je pars de deux principes; le premier, que la ma- tière électrique pénètre plus aifément, & fe meut avec plus de liberté dans les métaux , dans les corps animés, dans l'eau, que dans le verre. Le fecond, qu'un corps fe dépouille d’au- tant plus lentement de l'életricité qu'il a acquife, que les émanations qui partent de ce corps pour fe diflribuer de toutes parts aux environs, font remplacées par une plus grande quantité de matière afHuente. V. Confidérons à préfent ce qui doit réfulter de Ia com- binaifon des matières qui compolent la bouteille éle&trique, elle eft à moitié pleine d'eau, & dans cette eau trempe un brin de fil de métal dont le bout fupérieur s'élève au deffus du goulot. Je conçois que quand pour éleétrifer la bouteille on la préfente à la barre de fer, la matière életrique qui sy rend du globe le long de la barre & du fil de métal, s'accumule dans la mafle d’eau, & qu’enfuite cette matière tend en vertu de fon élafticité à fe remettre en équilibre, & à fe répandre en tous fens au dehors. VI. Plaçons la bouteille fur un fupport non électrique, fur une table, par exemple, il eft conflant que fi la commu nication entre la mafle d'eau & la table n'étoit pas interceptée par les parois du verre, & que dans la fuppofition que la ” bouteille qui enveloppe la mafle d’eau feroit enlevée, & que l'eau feroit appuyée immédiatement fur la table, il eft conf tant, dis-je, que la matière électrique trouvant dans les pores de la table des paflages aifés s’y précipiteroit par torrents, & que la mafle d'eau en feroit bien-tôt épuifée autant qu'elle doit l'être. Toute la matière éleétrique prendroit fon cours vers un milieu fi favorablement difpolé pour elle, où du moins il n’en pañleroit guère dans l'air qui entoure l'eau de tous les autres côtés, parce qu'elle fe meut dans l'air avec beaucoup moins de liberté, Ttt ii 518 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE VII. Il en eft tout autrement quand la mafle d’eau a une enveloppe de verre, le verie n'offre pas des pallages ailés à la matière éleétrique; il efl à fon égard une elpèce de crible percé d'ouvertures extrèmement étroites qui la laitlent échapper à la vérité, mais qui ne la laifient échapper que peu à peu & que par petits filets : il faudra donc plus de temps pour que toute celle qui a à fortir de la mafie d’eau pour l'entier rétabliflement de l'équilibie, en forte; elle fe diftribuera à peu près également en tous fens aux environs, & pendant tout ce temps félectricité de la matie d'eau fubfifiera en s’afloiblifflant néanmoins par degrés, VIIT. Si pendant que les émanations électriques paflent du dedans de la bouteille en dehors, il furvient du dehors une matiere afHuente qui les remplace en partie, les pertes que fait fa mafle d'eau, feront réparées d'autant : cette {ur- abondance de matière électrique qui conilitue l'électricité de la mafle d’eau, fe foûtiendra plus long-temps, & 1 en arrivera que l'équilibre ne fe rétablira que par degrés plus infenfibles, & plus lentement. Or lorfque la bouteille élec- tique eft placée fur un fupport non électrique, la mafle d'eau qui y eft logée, peut recevoir de ce fupport une grande quantité de matière affluente qui contribue à rendre moins fenfible le déchet de la matière effluente, & à en ralentir la diflipation totale. Le verre, au contraire, la réfine, Jair ne peuvent fournir à la mafle d'eau que très- peu de matière électrique ; il n'eft donc pas étonnant que l'électricité de la bouteille électrique fe difhipe plus vite lorfqu'elle eft placée fur du verre, de la réfine, &c. que loriqu'on lui donne pour fupport un corps non électrique, IX. On voit que c'eft dans la mafle d’eau que je fais réfider léleétricité de la bouteille éleétrique, & que je ne fuppofe d'autre fonétion au verre qui la contient, que de l'ifoler, & d'en intercepter la communication avec les corps voifins, X. On aura peut-être de la peine à fe perfuader que la fimple épaifleur du verre fufhie pour cela: jufqu'à prélent, DE SRUSNC TE NGC) s19 les fupports de verre & de réfine dont on s'eft fervi, avoient du moins cinq à fix pouces de haut, & on a toüjours penté que les plus hauts étoient les meilleurs. Si, dans le phéno- mène en queftion, il faut admettre que la communication de l’eau qui eft contenue dans la bouteille, avec la table fur laquelle elle eft appuyée, foit fufhfamment interceptée par Yépaifleur du fond de la bouteille, & que cette eau doive être cenfée ilolée, on peut prétendre qu'il auroit dû en être de même à l'égard de tous les corps fur lefquels M.rs Gray & du Fay ont fait les obfervations qui ont donné lieu à la règle qu'ils ont établie fur la néceffité d’ifoler les corps qu'on veut éleétrifer par communication, & que tous ces corps auroient dû s'éleétrifer, du moins aufli aifément, lorf- qu'ils auroient été foütenus par un fimple carreau de verre polé fur le plancher ou fur une table, que lorfqu'ils auroient été élevés fur un guéridon de verre haut de dix à douze pouces. Si je difois que dans ces circonflances le carreau de verre eft en eflet tout auffi bon que le guéridon, & qu'il lui eft même préférable, me croiroit-on? Mais on s'en rappoitera fans doute à l'expérience ; j'avoue que lorfque d'induétions en induétions je vins à le foupçonner, & au moment même que je me mis à en faire l'épreuve, je ne m'attendois pas que mes prefflentimens feroient confirmés d'une façon auffi décifive qu'ils l'ont été. Les expériences que j'ai faites ne laiflent aucun doute qu'un corps ne s'électrife beaucoup plus vite lorfqu’il n’eft féparé des autres corps non électriques que par l'épaiffeur d’un carreau de verre, que lorf- qu'il eft ifolé fur un guéridon de la même matière, affez élevé pour mettre une grande diflance entre le corps à élerifer & les corps non électriques du voifinage : il eft à propos de décrire l'appareil que j'ai employé dans ces épreuves. X I. J'ai placé fur une table un guéridon de verre À, haut de fix pouces, & un cylindre B de fer blanc, de pareille hauteur , rempli de limaille de fer jufqu'aux bords, l'un & l'autre étoient furmontés d’un carreau de verre D, D; c'étoit au milieu de ces carreaux que je polois les corps dont 520 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L’'ACADÉMIE je voulois comparer la dofe relpeétive d'électricité qu'ils ac- quéroient. On voit que celui qui avoit le guéridon À pour fupport, étoit éloigné de tout autre corps non électrique de toute la hauteur du guéridon, tandis que celui qui étoit foûtenu par le cylindre B, n'étoit féparé de la limaille de fer que par l'épaifleur du carreau de verre D. KECC eft un brin de fil d'archal foûtenu par des fils de foie, & difpofé en forme d'y grec dont les bouts des deux branches €, € touchent chacun un des deux corps que je mets en expé- rience: moyennant cette difpofition, en préfentant le tube de verre électrifé à l'extrémité Æ du fil d’archal, j'éleétrilois ces deux corps à la fois & leur communiquois une égale dofe de matière électrique à chacun; deux petits morceaux de papier doré roulés 47, N, qui, fufpendus à des fils de foie pendoient librement à côté, & à égale diflance des deux corps, m'indiquoient celui des deux qui s'électrifoit le plus vite. XII Ce fut fur deux œufs que je fis ma première épreuve: un des deux fut placé au deflus du guéridon À, & l'autre au deflus du cylindre 2, je préfentai le tube de verre électrifé à l'extrémité Æ du fil d’archal, du premier coup l'œuf du cylindre B acquit aflez d'électricité pour attirer jufqu'à lui le papier A qui pendoit à côté, & ce ne fut qu'à la troifième fois que j'approchai le tube électrifé de l'ex- trémité Æ du fil d'archal, que l'œuf du guéridon À agit afez puiflamment fur le papier 44 pour le forcer à arriver jufqu’à lui. Le premier de ces œufs acquit donc un certain degré d'électricité plus promptement & à moins de frais ue Je fecond : mais on pourroit encore foupçonner que la diverfité des fupports y contribuoit moins que quelque différence dans les œufs qui rendoit lun plus fufceptible que J'autre de contracter promptement l'éledricité. Je tranfpofai donc les œufs d'un fupport à l'autre: le réfultat fut le même ; l'œuf qui n’étoit féparé de la limaille de fer, que par l'épaif feur du carreau de verre D, donna le premier des fines d'éle&ricité: je tranfpofai enfuite les fupports À & P, en forte base D'EUSR SCTENCES. s2t forte que le premier fe trouva vis-à-vis le papier V, & le fecond vis-à-vis le papier 47, & ce fut toujours fur l'œuf foûtenu par le fupport Z que l'électricité fe manifefta le plus vite. Cette conflance des rélultats me parut établir évi- demment que la diverfité des fupports occafionnoit feule les différences remarquées dans l'éleétrifation des œufs qu'on avoit placés deflus ; & que le fupport 2, où la commu- nication entre l'œuf & des matières non éleétriques n'étoit interrompue que par la feule épaifleur du carreau de verre, étoit le plus propre à procurer une prompte électrifation. XIII. Je répétai les mêmes expériences fur diverfes autres matières : deux boules d'ivoire, deux livres reliés en veau, deux pommes, deux groffes noix, deux oranges def- fechées, deux cylindres de bois, deux cylindres de cuivre, deux piles d’écus, deux piles de louis, deux pierres d’aimant, furent placés fucceffivement fur les fupports À & 2, & je remarquai toüjours que celui des deux corps comparés qui étoit placé fur le cylindre Z, létoit le plus favorablement pour acquérir en moins de temps une plus forte dofe d'é- lectricité. XIV. Quand celles des matières fur lefquelles j'ai opéré, métoient pas fufceptibles de s’éleétrifer facilement, j'étois obligé pour en venir à bout de préfenter à l'extrémité Æ du fil d’archal nombre de fois de fuite, & coup fur coup le plus preflement qu'il fe pouvoit, le tube de verre que je refrottois à chaque fois; mais comme je l'ai déjà dit, c'étoit toûjours celui des deux corps qui étoit foûtenu par le cylindre B qui attiroit le premier le papier correfpondant. X V. Quand on répète de fuite ces expériences, il faut avoir attention avant d'en venir à une nouvelle, de laifer difliper toute l'électricité que les petits morceaux de papier M, N & les carreaux de verre peuvent avoir contraétée dans la précédente, autrement on courroit rifque de trouver des variétés dans les réfultats. X VI. Ceux de mes expériences établiffent que pourvü que les fupports de verre qu'on emploie, interrompent la Sav. étrang Tome LL. Vuu 522 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE communication immédiate entre le corps à éleifer & les corps non éle@riques qui lavoifinent, les fupports les plus minces qui ne {éparent le corps à électrifer que le moins qu'il fe peut des autres, font les plus convenables. Et la raifon en eft fans doute que le corps qu'on éleétrile, & qui à mefure qu'il lui vient de la matière électrique du tube, en perd continuellement, fe reffent moins de fes pertes lorfqu'il eft près d’un corps non électrique capable de lui en fournir de fon côté: la fonction du fupport eft d'em- pêcher que la matière éleéliique qu'on procure avec le tube au corps qu'il foûtient, ne s'écoule trop librement, & ne fe précipite dans les pores des corps non électriques, qui fe rencontrent à fa portée. C'eft un filtre que l'on dilpofe entre le corps qu'on électrile & les autres, la bonté du filtre dé- pend moins de fon épaifleur que du calibre étroit des ouver- tures dont il eft percé: que les corps non électriques qui font au delà du filtre, en foient éloignés ou qu'ils le touchent, il n'en laifle échapper ni plus ni moins de la matière élec- tique qui cherche à sélancer hors du corps qu'il foûtient. Ainfi comme dans le cas où les autres corps en font aflez rapprochés, le corps électrilé peut en tirer des fupplémens de matière életrique, il eft avantageux que le filtre, c'eft-à-dire le fupport de verre foit peu épais, & qu'il ne le fépare des autres que le moins qu'il fe peut. X VII. Ce qui vient d'être expolé, fait concevoir com- ment cette efpèce de calotte de plomb dont on a imaginé de révêtir la partie inférieure de la bouteille électrique, peut contribuer à rendre fon électricité plus vive & plus permanente. Quand au lieu d'avoir appliqué cette calotte à la bouteille actuellement électrifée, on fe contente de poler la bouteille fur un cylindre de plomb, ou de toute autre matière non éledrique d'un diamètre étroit, il ne lui parvient de la matière électrique affluente en certaine quantité que par la portion de fa furface contigue au Apport; car celle que l'air lui fournit doit être comptée prefque pour rien en comparaifon. Mais fi on étend le plomb de façon qu'il s'applique à une ENS ASMC I LÉIN ETES s2 plus grande étendue de la furface extérieure de la bouteille, on lui procurera de la matière affluente à proportion: car étendre ainfi le plomb, c'eft multiplier les canaux qui peuvent conduire à la mafle d'eau une quantité fuffifante de matière éle‘trique pour remplacer celle qu'elle perd continuellement. X VIII Quoique là moindre épaifleur fuflile à un fupport de verre, à un carreau, par exemple, qu'on deftine à ifoler un corps qui doit être éleétrifé par communication , il eft pourtant néceflaire qu’il ait une étendue proportionnée au volume du corps qu'il foûtient; il faut qu'il le déborde à un certain point, autrement la matière électrique pourroit s'élancer du corps éleétrifé au corps non électrique fur lequel le carreau eft appliqué, comme il arrive à la bouteille élec- trique lorfque fon orifice & fa furface extérieure font hu- mides, alors la matière éleétrique qui lui vient le long du fil de métal s'élance jufqu'aux gouttelettes d’eau éparpillées fur la furfice de la bouteille, c'eft un milieu convenable pour elle par lequel elle fe diffipe. XIX. Mais voici une objeétion qu'on pourroit me faire fur ce point. Puifqu'il eft reconnu que l'air ef un milieu où la matière électrique fe meut difhicilement, ne doit-on pas, me dira-t-on, le regarder comme un filtre auffi propre que le verre à iloler les corps électrifés? dès-lors une couche d'air de l’épaiffeur d'un carreau de verre interpolée entre le corps éleétrilé & d’autres corps non éleétriques, devroit fuffre (puifque lépaiffeur du filtre n'y fait rien) pour em- pêcher la matière éleétrique du premier de s'élancer & de s'écouler en trop grande abondance dans les pores des corps voifins. Je conviendrai que cela pourroit être ainfi fi Fair étoit pur, & qu'il ne fût pas chargé de particules aqueufes ; mais ces particules aqueufes étant attirées par le corps électrifé, & repouflées vers les corps non électriques qui fe rencon- trent trop près, & balottées enfuite continuellement, forment par leur grand nombre une efpèce de chaîne continue qui va du premier aux autres & qui fert de canal à la matière électrique, par où elle s'écoule librement: j'ajoûterai de plus Vuui 524 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE ue V'air étant compofé de molécules qui ne font pas liées enfemble, elles peuvent être écartées les unes des autres par les écoulemens éleétriques, au lieu que la continuité du verre ne permet jamais à ces écoulemens d'en agrandir les paffages. X X. La conformité qui fe rencontre entre les réfultats des expériences que j'ai rapportées, & ce qui arrive à la bouteille éleétrique felon l'appui qu'on fui donne, prouvent aflez clairement que la bouteille éle&rique eft précilément dans le cas de tous les autres corps fur lefquels j'ai fait mes épreuves. Le verre de la bouteille doit être confidéré comme le fupport de la mafle d'eau, qui ef la vraie dépofitaire de l'électricité acquile, & à qui la proximité des corps non électriques ne peut être qu'avantageufe pour Îa conferver long-temps en cet état: par conféquent la fuppofition qu'on faloit que la bouteille éleétrique conferve mieux fon éleétri- cité lorfqu'elle n’eft pas ifolée que lorfqu'elle left, n'étoit pas exaéte; car quoique fa bouteille électrique foit placée fur une table ou fur le plancher, l'eau qu'elle contient ne ceffe pas d’être ifolée, car le verre de la bouteille eft un véritable fupport. Le fait éclairci & conçû ainfi qu'il le doit être, rentre dans le cas général de tous les corps non électriques, dont on peut toûjours dire qu'il eft néceffaire de les ifoler lorfqu’on a deffein de les éleétrifer par communication, pourvû qu'on ait attention de les ifoler de façon qu'ils n'en foient pas moins à portée de fe procurer de la matière afHluente de la part des corps qui font propres à leur en fournir *; con- dition qu'on remplira en ne les tenant féparés de ceux-ci que par des fupports peu épais, comme le font les corps placés fur le cylindre Z dans mes expériences, comme l'eft la mafle d'eau de la bouteille électrique lorfqu'on la tient entre les mains. * Ceci concilie la règle de M. Gray | ne touchent à des corps qui ne font avec la conféquence tirée par M. le | pas naturellement électriques, pour- Monnier /Mém, Acad, 1746, p. | vû qu’on change un peu les termes, 453) qu'il y a des corps à qui on | & qu’au lieu des derniers mots on ne fauroit prefque communiquer d’é- | dife: s’il n'y a dans leur proximité ledtricité , s’ils ne font portés ou s'ils | des corps non élettriques, DE VS SPCYLIE IN ICYENS: s2$ XXI. Au refte, quoique je conflitue l'éledricité de la bouteille éle&trique dans la mafle d’eau qu'elle renferme, & que je ne regarde le verre que comme un fupport, je n’en- tends pas nier que le verre ne contracte aufli de l'électricité: il y a même toute apparence que ce qu'il y a de plus mer- veilleux dans Fexpérience de Leyde, vient principalement de la manière particulière dont le fluide éleétrique fe tamile à travers le verre. Les faits dont j'ai fait ufage pour rendre à la règle de M: Gray & du Fay, fur la néceffité d'ifoler les corps qu'on électrife par communication , la généralité que loppolition apparente d’un phénomène lui avoit ôtée, établiflent de plus que pour les ïfoler, les fupports les moins épais, & qui mettent le moins de diflance entre ces corps & d'autres corps non électriques , non feulement fufhilent, mais même font les plus avantageux. J'ai cherché depuis la confirmation de cette découverte dans de nouvelles expériences dont voici le détail. XXII. J'ai couvert d'un carreau de verre, long de 14 pouces fur 12 de large, un feau de cuivre vernis D, polé au milieu d'une table, & j'ai employé ce fupport pour ifoler une barre de fer. La bouteille électrique étant fufpendue à l'extrémité 2 de la barre, & [a barre étant éleétrifée à l'aide du globe, j'ai tenté l'expérience de Leyde: elle a réuffi à merveille, & la commotion a du moins été auffi vive que fi la barre eût été foûtenue comme à l'ordinaire par des cordons de foie, & écartée de tout corps non életrique. La communication de la barre avec le feau de cuivre, & par conféquent avec le plancher de la chambre, interceptée par la feule épaifleur du carreau de verre, n'a point paru afloi- blir l'électricité. L'expérience de Leyde a réuffi pareillement quand, à Ia place du feau de cuivre, j'ai mis fucceffivement fous le car- xeau de verre une boîte de bois, une boîte à thé de fer- blanc, & une efpèce de trépied de tôle. XXIII J'ai placé le carreau de verre fur la barre de Vuuiij Figure 1: Figure 2. Figure 3. Figure 4. ‘526 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fer fufpendue avec des cordons de foie. Un petit guéridon de verre C aidoit à l'appuyer, & empéchoit qu'il ne tré- buchât; du plancher pendoit une chaïne de fer Æ, qui abou- tifloit au carreau, & le touchoit précifément dans la partie correfpondante à la longueur de la barre qui étoit chargée vers l'extrémité Z, d'une boule de fer G, de laquelle s'éle- voit un tube de verre fort menu, defliné à tenir fufpendus par des fils de foie deux petits morceaux de papier roulé, qui, par leur écartement, pouvoient me faire juger de l'in- tenfité de l'électricité acquife par la barre. J'électrifai la barre, & je ne remarquai pas que les morceaux de papier roulé s'écartafient ni plus ni moins quand la chaîne portoit fur le carreau de verre, que quand on la relevoit : ainfi la proxi- mité de la chaîne ne me parut augmenter ni diminuer fen- fiblement l'électricité de la barre. X XIV. La chaîne ayant été ôtée, une perfonne étendit la main fur le carreau de verre, ce qui ne produifit pas non plus de changement fenfible dans l'écartement où les mor- ceaux de papier étoient linftant d’auparavant, & où ils fe maintinrent après que la perfonne eut retiré fa main. X X V. La boule de fer G, fut tranfportée au milieu” du carreau; elle y contracta quelqu'électricité, mais aflez foible : les petits morceaux de papier n’étoient pas repouñlés bien loin. XXVI. Je revêtis l'extrémité 2 de la barre, avec une phiole cylindrique de verre mince, longue d'environ 6 pouces, en forte que l'extrémité de la barre en touchàt le fond. Une perfonne appuyoit le plat de fa main contre fe cul de la phiole, & la retiroit alternativement. L'électricité de Ia barre fe montra la même dans les deux cas: les étincelles qu'on excitoit étoient toujours également vives; les morceaux de papier roulé du globe G, placé fur la barre, fe tenoient toüjours dans le mème écartement. XXVII. J'ai ifolé un enfant de fept à huit ans fur une glace de miroir de 16 pouces de longueur fur 18 de largeur, qui étoit couchée & appliquée fur des corps non DHENS AN ISMEN E N)'CLESS s2 électriques. L'enfant tenoit d'une main la barre de fer élec- trilée ; fes cheveux fe font hériffés prodigieufement, & au point que ceux du fommet de fa tête, quoique fort longs, fe tenoient tout droits, & lorfqu'on en approchoit le plat de la main, fur-tout vers le derrière de la tête, il en fortoit des aigrettes continues, dont le nombre formoit comme une efpèce de houppe lumineufe, fort épaifle. XXVIIL Il réfulte des obfervations précédentes, que la barre de fer, malgré le voifinage des corps non électriques avec qui la communication immédiate lui étoit interceptée par la fimple épaifleur du carreau de verre, ne perdoit rien de fon électricité: je m'étois attendu qu’elle y auroit même gagné. Les faits énoncés aux n.es XII & XIII de mon pre- mier Mémoire, fembloient l’annoncer : feroit-ce que la ma- tière électrique que le globe envoie fans interruption à la barre, fufhit feule pour lui donner la dofe d'électricité la plus complète, dont k barre foit fufceptible, en forte que la matière afHuente qui lui vient des corps non électriques voifins, ne trouve plus rien à y ajoûter? Quoi qu'il en foit, fi durant l'éleétrifation aéluelle de la barre par les émiffions abondantes du globe favorablement difpolé, la proximité des corps non électriques n'eft d'aucun fecours à la barre pour augmenter fa vertu, ils pourroient cependant, après que le globe arrêté cefle de fournir de la matière électrique à la barre, contribuer, en y fuppléant, à entretenir plus long- temps l'électricité qu'elle a acquife; & c'eft fur quoi il me refle à faire des épreuves. XXIX. L'idée où je fuis, & que j'ai expofée ci-deflus, à favoir que dans l'expérience de Leyde, le vale de verre n'agit qu'en qualité de fupport & ne fert qu'à ifoler la mafle d’eau qu'il renferme; cette idée, dis-je, m'a donné lieu de préfumer qu'on parviendroit peut-être à produire la commotion en employant des vafes de diverles autres matières que le verre, pourvü qu'au lieu d'appliquer la main immédiatement fous le vafe, on eût la précaution d’intérpofer entre la main & le vafe, un carreau de verre 528 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A LACADÉMIE bien fec. C’eft une expérience que j'ai tentée, & dont la réuffite concourt à fournir des preuves de l'avantage qu'il y a à employer des fupports de verre peu épais, pour redoubler l'activité de l'électricité. XXX. Le premier vale que j'effayai, fut une thétière d'argent. J'avois fait chauffer le carreau de verre dont j'ai fait mention ci-devant, & je lavois difpolé horizonta- lement fur une table où il étoit foûtenu par trois guéridons de même matière, hauts de trois à quatre pouces: je plaçat au milieu la thétière prefque pleine d'eau, dans laquelle trempoit un fi d’archal qui pendoit de l'extrémité de la barre de fer. La barre étant électrifée, une perfonne appli- qua fa main étendue contre la furface inférieure du carreau, précifément à l'endroit qui répondoit à à la bafe de Îa thétière, & d'un doigt de l'autre main elle tira une étincelle de la barre: elle reflentit vivement la commotion jufque dans les deux coudes. La tentative a réuffr à peu près de même, en employant tour à tour à la place de {a thétière un vale de fer-blanc, un de cuivre rouge & un feau de cuivre verni. XXXI. Avec un vale de fayence on n’a pas éprouvé de commotion, quoique les étincelles qu'on tiroit de la barre fuffent plus vives qu'à l'ordinaire : on a eflayé aufli inutilement un vale de porcelaine. XXXII. J'ai fuivi les mêmes épreuves fur des corps folides, fans l'intervention d'aucun liquide. J'ai placé fur le carreau de verre un vafe cylindrique de fer-blanc rempli de limaille de fer, dans laquelle étoit plongé le bout du fil d’archal qui pendoit de l'extrémité de la barre de fer; on a reflenti la commotion. On l'a reflentie auffi par la médiation d'une cafetière d'ar- gent vuide, contre la furface de laquelle la partie inférieure . fil d’archal s'appliquoit. J'ai fufpendu avec du fil d'archal à fa barre une aflez grofle mafle de fer, dont la partie inférieure étoit appuyée fur Le carreau de verre: en appliquant une main fous le carreau, & 1 fav. Elrang. Tome. 2.PEXTVII. P: 528. a RL Loue | Jar Etang Tome.2.PL.xrrz. PS5 TB. D | | Re. L + s \ = F2 ni du n° xX1. DEUST ISDC: LIUE RS Ne GENS 529 & excitant de l'autre une étincelle à la barre, on reflentoit une comimotion très- marquée. On en reflentit une aufli, mais moins fenfible, lorfqu'à a place de la mafle de fer je fulpendis à la barre un gros cy- lindre de bois imbibé d’eau. XXXIIL Un livre, in-quarto, que je fubflituai enfuite au cylindre de bois, ne procur: aucune commotion. XX XIV. J'ai encore remplacé dans l'expérience de Leyde la bouteille électrique par un homme, & voici com- ment je m'y fuis pris. J'ai ifolé fur un fupport de réfine une perfonne qui tenoit empoignée l'extrémité de la barre de fer électrifée; une feconde perfonne non ifolée, & qui étoit tout fimplement debout fur le plancher, foûtenoit fur la main droite étendue, le carreau de verre bien chauffé, fur lequel la première perfonne étendoit & appuyoit la main qui lui refloit libre, en forte que leurs mains n’étoient {e- parées que par l'épaifieur du carreau : alors la feconde per- fonne approcha un doigt de la main gauche de la barre, & au moment qu'elle excita l'étincelle, elles reflentirent toutes les deux une commotion fort vive jufque dans les deux coudes. XXXV. J'ai encore exécuté l'expérience de Leyde en n'employant que la barre toute feule dont l'extrémité étoit revêtue, comme dans l'expérience énoncée n.° VI, d'une phiole de verre fort mince, que j'avois eu foin de faire chauffer : on empoignoit la phiole d'une main, & la com- motion ne manquoit pas d'accompagner l'étincelle qu'on ex- citoit à la barre avec l’autre main ; elle étoit même aflez violente. XXX VI Quoique je naie pas pouflé mes épreuves bien loin, & que je n’aie opéré encore que fur un petit nombre de matières, il y a apparence qu'il y en aura beau- coup dont l'intervention fera propre à procurer la commo- tion, & qui ne difiéreront à cet égard: de la bouteille élec= trique, que par le plus ou le moins. XXXVII. Il eft à préfumer aufli que celles en qui j'ai Say, étrang. Tome 11. Xxx Figure 4, 530 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE déjà découvert cette propriété, ou en qui elle fe découvrira par la fuite, auront encore cela de commun avec la bouteille électrique, qu'elles conferveront plus long-temps leur éleétri- cité lorfque le carreau de verre deftiné à les ifoler, fera contigu à des corps non éleétriques, que lorfqu'il fera pofé fur un guéridon de verre élevé ou fur un gâteau de réfme; mais quelque degré de probabilité que l'analogie prête à cette préfomption, ce n'eft qu'après avoir confulté l'expérience, qu'on doit la tenir pour fufffamment conflatée. XXX VIII. Il réfulte cependant affez manifeftement de ces dernières expériences, que c’eft en conféquence des grandes émiffions de matière électrique, qui de la perfonne qui tient la main fous le carreau de verre, paffent au corps électrifé qui eft deflus, & à la barre, que la commotion a lieu; & on ne pourra guère difconvenir que le principe de l'affluence de la matière électrique qui m'a conduit à prévoir des faits auffi peu conformes aux notions reçües, que le font ceux qui font rapportés dans mes deux Mémoires, ne foit confirmé par ces faits, de la façon la plus directe & la plus concluante : ce ne font pas les faits qui ont donné lieu à recourir au principe pour les expliquer, c’eft le principe qui a décelé les faits; fans la connoïffance du principe, on feroit encore à les découvrir. XXXIX. J'ai fait toutes ces expériences les 23 & 24 Avril par un temps fort humide, & par conféquent peu fa- vorable à l'éleétricité: ainfr il y a lieu de s'attendre que les effets que j'ai obfervés feront encore plus marqués lorfqu'on choifira un temps convenable, & qu'on y emploiera cer- taines attentions, auxquelles je n'ai guère pü fonger dans des eflais qui fe font fuccédés coup fur coup & rapidement. Je m'emprefle d'en rendre compte à l’Académie, dans l'idée que divers Obférvateurs fe préteront à les vérifier, & que les envifageant fous différens points de vüe & les combinant de plufieurs façons, ils auront occafion de faire des décou- vertes qui m'auroient fürement échappé. XL. On peut déduire comme une conféquence générale D, ÆiSu Si CNE Es NT CHERS: S3t des diverfes expériences qui viennent d'être rapportées, que dès que le contact entre le corps qu'on éleétrile & les autres corps non électriques, eft intercepté par l'interpofition d'un fupport de matière électrique, tel qu'eft le verre, la proxi- mité de ces corps non éleétriques ne peut que lui être avan- tageufe, & qu'on ne fauroit les en trop rapprocher, parce qu'il lui en vient d'autant plus de matière affluente; mais pour fe procurer des idées plus précifes fur ce point, & fe mettre en état de tirer dans l’occafion un meilleur parti de cette connoiffance, il eft à propos d'examiner en quel fens ces corps non électriques font favorables à celui à qui on communique l'électricité. XLI. Il y a trois chofes à confidérer dans l'éleétricité qu'un corps acquiert; la vitefle avec laquelle elle eft excitée, fa durée & fon intenfité. Le voifinage des corps non élec- triques dans les circonftances que j'ai fpécifiées, favorife-t-il l'éledricité à ces trois égards? 1.° contribue-t-il à ce qu'elle fe manifefle plus promptement? 2.° la rend-il plus perma- pente? 3.° ajoute-t-il à fa force? XXE IT. A l'égard du premier point, les expériences énon- cées aux nos XII & XIII, font concluantes. Les matières animales, végétales & minérales que j'ai éprouvées, n'ont acquis un certain degré d'électricité lorfqu'elles étoient pla- cées fur le guéridon de verre, que beaucoup plus lentement que lorfqu'elles étoient foûtenues par le cylindre de fer-blanc. On fe rappellera que le cylindre de fer-blanc eft furmonté d'un carreau de verre qui le fépare du corps qu'on y ifole: il a fallu, pour venir à bout de le leur procurer fur le gué- ridon de verre, leur préfenter le tube de verre électrilé un plus grand nombre de fois coup fur coup. XLIIL. La raifon de ces différences s'offre d'elle-même. La matière électrique qui part du tube, & qui, fe portant le long du fil d’archal*, fe partage aux deux corps comparés, + pus Hs ex. tend à fe diffiper & fe diffipe à peu près également de tous périeuces citéts. les deux en même temps, & en conféquence de cette diffi- pation , il leur arrive de la matière affluente; mais celui de | XxxiJ 532 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ces deux corps qui eft fur fe cylindre de fer-blanc, en reçoit plus que celui qui eft fur le guéridon de verre, parce que les corps non électriques font difpolés à en fournir beaucoup davantage que ne le font le verre & l'air: ainfr fi on con- tinue à Jeur en faire pafler du tube, elle saccumulera plus vite en certaine quantité fur le premier de ces deux corps que fur l'autre , & le premier par conféquent contraétera avant l'autre le degré d'éleétricité néceflaire pour attirer des corps légers d’une diftance donnée. XLIV. Comme ces expériences ont été faites avec le tube de verre qui n'eft capable de fournir que peu de ma- tière électrique à la fois, & qui ne la fournifloit aux corps ifolés fur le guéridon de verre &c fur le cylindre de fer-blanc, que par petites dofes & à diverfes reprifes; j'ai voulu éprouver fi, en me fervant du globe duquel on peut faire couler des torrens, pour ainfi dire, de matière électrique & fans inter- ruption, J'obferverois de femblables différences. XL V. Je difpofai fur une table, à deux pieds de dif tance l’un de l'autre, un guéridon de verre G, & un cylindre de fer-blanc D, lun & l'autre furmontés d’un grand carreau de verre. Sur chacun de ces fupports je couchaï une barre de fer, longue de deux pieds fur trois quarts de pouce d'é- . quarriffage ; les deux barres communiquoient enfemble par une tringle de fer appuyée fur leurs extrémités À & Æ£, & au milieu de laquelle étoit entortillé le bout d'une chaîne de fer qui fervoit à conduire du globe l'électricité aux deux barres, & qu'une perfonne pinçoit pour ne laiffer partir l'électricité qu'au moment qu'on le vouloit. Sur les extré- mités Z & C des barres, je mettois de petits tas de pouf- fière de bois, & j'étois attentif à examiner, quand la perfonne cefloit de pincer la chaîne, fi un des deux tas de pouflière s'éparpilleroit plus tôt que l'autre; mais ils me parurent toû- jours partir tous les deux à la fois, fans aucun intervalle de temps faififable, & je ne remarquai aucune différence qui décidât que Fune des deux barres sélectrilät plus preftement que l'autre: ce qui dénote que les premiers flots de matière DES SCT Et N° CE! IS éleérique, s'il eft permis de s'exprimer ainfi, qui du globe arrivoient à l'une & l'autre barre, fufhfoient pour opérer de plein vol la diffipation de la pouffière, fans avoir befoin de l'intervention de la matière affluente que le cylindre de fer-blanc fournifloit de plus à celle des deux barres qu'il foûtenoit. X LVT. Je m'y füis pris de plufieurs autres façons. J'ai multiplié les épreuves & je les aï tournées fur toutes fortes de matières: tantôt j'éleétrifois enfemble les deux corps dont Jun étoit tenu éloigné de tous autres corps non éleétriques, & dont l'autre n'étoit féparé de ceux-ci que par l'épaifieur d'un carreau de verre; tantôt je les éleétrilois féparément & Jun après l'autre. Au lieu des tas de pouffière j'employois des feuilles d’or qui, attachées à des fils de foie, pendoient à côté & à d'égales diflances de chacun des deux corps com- parés, ou bien je leur préfentois l'anneau d’une clef en atten- dant le moment où l'étincelle éclateroit; mais je n'ai pû remarquer aucune différence conftante entre les intervalles de temps que l'un & l'autre de ces corps comparés jaifloient écouler avant d'agir fur les feuilles d'or, ou avant de pro- duire l'étincelle: & à en juger par-là, je ne peux pas dire que l'électricité communiquée avec le globe, fe manifefta plufôt fur celui qui recevoit de la matière affluente de la part du cylindre de fer-blanc, que fur celui qui n'en tiroit que de l'air ambiant. Seroit-ce que les émiffions électriques du globe feroient f1 abondantes en comparaifon de la quantité de matière affluente que le corps éleétrifé peut tirer à tra- vers le verre des corps non éleéhiques voifins & du plancher, que l'intervention de celle-ci n’eft pas fenfible dans les effets que je viens de fpécifier? ou ne feroit-ce pas pluftôt que je n'aurai pas choifi les procédés les plus convenables, ou em- ployé toutes les précautions néceffaires pour obtenir des réful- tats décififs. Quoi qu'il en foit, il eft des effets, comme nous le verrons ci-après*, que les émanations éleétriques du globe ne fauroient produire feules, & à moins que dans le voifinage du corps éledrifé il ne fe rencontre des corps non életriques Xxx ii] * Nos L & LI, =: Voyez Men. U747. 194. 534 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ÂCADÉMIE à portée de leur fournir de la matière affluente; & c'en eft aflez pour préfumer que puifque leur concours eft néceffaire pour la production de ces effets, leur préfence ne doit pas être abfolument indifférente pour hâter la production des autres. XLVIL Je pañe à la feconde queflion qui eft déjà fuffflamment décidée d'avance par l’obfervation qu'on a faite que la mafle d'eau renfermée dans la bouteille électrique conferve plus long-temps fa vertu quand on tient la bouteille à pleines mains, ou qu'elle eft placée fur du bois ou du métal, que quand elle eft ifolée & foûtenue par le verre, la réfine & par toutes les matières qui s’électrifent le mieux par le frottement, & voici une expérience dont le réfultat nous apprend encore quelque chofe de plus précis fur luti- lité dont peut être le voifinage des corps non électriques pour prolonger la durée de l'électricité de celui à qui ils fournifient de la matière affluente. XELVIIT Sur un grand carreau de verre S$, foûtenu par un guéridon de pareille matière, j'ai ifolé un cylindre de fer-blanc D, qui communiquoit avec le conducteur d’é- lecricité, & à côté j'en ai placé un autre Æ, aufi de fer- blanc; entre les deux étoit fufpendue au bout d'un fil de foie une feuille d’or qui, lorfque le cylindre D étoit élec- trifé, alloit & revenoit continuellement de lun des cylindres à l'autre: G eft un autre corps non élerique, qui tantôt étoit placé directement fous le cylindre D, & tantôt étoit retiré. On voit que dans le premier cas le cylindre D pou- voit tirer à travers le verre de la matière affluente du plan- cher par la médiation du corps G, & que dans le fecond cas cette fource de matière afHluente lui étoit coupée: on mettoit le globe en jeu, & quand le cylindre D étoit bien éleétrifé, on cefloit tout-à-coup de frotter le globe, & de ce moment je comptois les vibrations que la feuille d'or continuoit à faire en allant & revenant du cylindre Æ au cylindre D ; le nombre en étoit bien différent, felon que le corps G étoit placé ou non fous le dernier cylindre. Quand : D'E SU DS CT E N' CES 535 le corps G occupoit ce pofte, le nombre des vibrations alloit à vingt-{ix, vingt-huit ou trente, & quelquefois jufqu'à trente- fix; mais quand le corps G en étoit délogé, le nombre des vibrations diminuoit, la feuille d'or n'en faifoit plus que douze ou quatorze, ou tout au plus feize: il paroït que la préfence du corps G prolongeoit de plus du double dans le cylindre D, le degré d'électricité requis pour mettre en branle la feuille d’or. X LIX. I me refte à préfent à examiner fi le voifinage des corps non éleétriques peut ajoûter à l'intenfité de l'élec- tricité; c'efl la dernière des trois queftions qui font l'objet de ce Mémoire : les expériences fuivantes ferviront à la réfoudre. L. On ne fauroit venir à bout, ainfi que la obfervé M. Franklin, page $4 de la Traduélion françoife, de procurer à la bouteille éleétrique une dofe d’életricité fuffifante pour exécuter l'expérience de Leyde, fi durant l'éleétrifation elle ne communique actuellement avec le plancher. J'ai fufpendu à la barre de fer la bouteille par le crochet, avec la précau- tion de ne Jaifler aucun corps non électrique à portée d'elle pendant qu'on frottoit le globe; l'ayant enfuite enlevée de deflus la barre à l'aide d'un tube de verre recourbé, & l'ayant prife après dans la main par le fond, j'ai eu beau préfenter Yautre main au crochet, je n'ai jamais reflentf la moindre commotion. J'ai fufpendu de nouveau la bouteille à la barre, & ayant appliqué ma main à la bouteille pendant qu'on frot- toit le globe, pour la faifir & l'enlever de deffus la barre, j'ai efluyé une commotion très-vive en approchant l'autre main du crochet. Je me fuis beaucoup étendu dans un autre écrit* fur cette expérience que j'ai répétée nombre de fois, & dont les réfultats n'ont jamais varié: on y verra comment je tâche de rendre raifon de ces diflérences. LI. M. l'abbé Nollet a trouvé la manière, lorfque l'é- lectricité eft foible & languiflante, de la ranimer, en appro- chant à une certaine diflance du corps qu'on éleétrifeb, la main, un morceau de métal, & généralement toute fubftance capable de fournir beaucoup de matière éleétrique affluente, ne Expérience, 2 Réflex. fer diverfes” Prepof. extraites du livre de M. Franklin. 2k° Expérience. b Mém. Acad, 1747: p.122, L3 Expérience. a Effai fur l'E’kctricité, de M. l'ab. Noller, pages 103 Ÿ 104. c Expérience. s-° Expérience. b Voy. Mém. de l'Académie Roy. des Scienc. année 1746, p.453 Ÿ Juiv. 536 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE On réuffit par-là à faire paroître aux extrémités de ce corps des aigrettes lumineufes qu'on n'apercevoit pas auparavant, ou à rendre leur lumière plus vive & leurs rayons plus alongés, lorfqu'elles paroifloient déjà d'elles-mêmes. LII. Lorfque la bouteille fufpendue au conduéteur d'é- lericité communique avec le plancher par une fuite de corps non éleétriques, les franges lumineules qui bordent l'extré- mité de la barre correfpondante au globe, font mieux fournies que quand cette communication n'exifle pas2. LIII Le carreau de verre doré à la manière de M. Franklin, s'électrife mieux & plus vite, fr après l'avoir dif pofé convenablement, on tient la main appliquée deflus un moment, pendant qu'on travaille à l’électriler. Je dois cette obfervation à M. l'abbé Nollet. LIV. Les eflets de la bouteille éleftrique qui s’afloi- bliffent lorfqu'on l'a détachée de la barre de fer pour Fifoler fur un guéridon de verre, fe ranimeront dans le moment qu'on en approchera la main, ainfi que a oblervé M. le Monnier. LV. Puifque flon le réfultat commun de ces expériences, la préfence & la proximité des corps non éleétriques con- tribue à rendre plus confidérables les eflets de l'éledricité, on ne fauroit douter que fon intenfité n’en foit augmentée, & il faut donc fe déclarer encore pour l'afhirmative fur cette troifième queflion, comme fur les deux premières. LVL C'eft par la matière affluente que les corps non électriques fourniflent dans ces circonftances à un corps élec- trié & convenablement ifolé, qu'ils font propres à augmenter, à entretenir & à exciter plus promptement fon électricité; & on conçoit aifément que, puifque l'électricité confifte dans le concours fimultané des deux courans oppolés de matière effluente & affluente, elle ne fauroit manquer de fe fortifier; & de redoubler de vivacité toutes les fois que lun des deux courans fe renforcera fans que l'autre s'affoiblifle. QUESTION DES, SCIE N,C.E.S 537 QUESTION DELECTRICITÉ. Le verre eff-il un milieu où la matière électrique pénetre &7 fe meuve avec moins de liberté que dans l'eau & dans les métaux ! Je me fuis déclaré d'avance pour l'afrmative de cette queflion, & c'eft à l'aide de cette fuppoñition que j'ai tâché de ramener à une caufe unique des phénomènes que le point de vüe fous lequel on les confidéroit, ne permettoit pas de concilier enfemble; cependant, quelque propre qu'elle m'ait paru à lever la difficulté, ce n'eft peut être pas une raifon fufffante pour adopter, & j'ai cru qu'il convenoit encore d'examiner fi elle étoit fondée: j'ai choifi la voie de l'expé- rience pour cet examen. J'ai enveloppé le bout du conduéteur d'électricité, qui eft une barre de fer quarrée, d'une efpèce de tube de verre mince qui originairement avoit été une phiole, dont j'avois fait ufer le fond & le goulot fur une pierre de grès, & à qui il ref toit environ fix pouces de longueur. Lorfque j'approchoïis le bout du doigt de la partie de la barre couverte par le tube à la diftance où on excite une étincelle, il arrivoit le plus fouvent que l’étincelle, au lieu de traverfer directement les parois du tube pour fe rendre à la barre, glifloit en forme de trait de feu fur la furface extérieure du tube, qu'elle s'y éparpilloit & s’y difipoit. Il paroït donc que les pañlages que le verre offre à la matière électrique, ne font pas aflez ouverts, & ne le percent pas en tout fens, puifqu'elle eft arrêtée & qu'elle en rejaillit forfqu'elle s'y préfente en cer- taine affluence. Il en eft autrement des métaux: que la fur- face d'une mafle de fer foit plate, anguleufe ou arrondie, la matiere éleétrique qui s'y dirige, y entre toûjours librement: a-t-on jamais remarqué que l'étincelle revint en arrière ou glifät deflus ? J'ai dit que létincelle gliffoit fouvent fur celle du verre; je n'ai pas dit qu'elle y glifât toüjours : je l'ai vüe aufli tra- verfer l'épaiffeur du tube, & parvenir à la barre de fer qu'il entouroit. Ces différences dépendent de la pofition du doigt, Say. étrang. Tome TI, Yyy roc Expérience. Fig. 1. 2.° Experience. Fig. 2. 2. Expérience. Fig. 3. 533 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE relativement au tube, & de ce que Forifice des pores du tube eft apparemment difpolé felon une ligne qui de fa furface tendroit à fon centre. Si la pofition du doigt eft telle (comme en À & en B) que la direction du torrent électrique, qui du bout du doigt s'élance vers le point de la barre le plus prochain, foit conforme à celle de lorifice de ces pores, il les enfile & pourfuit direétement fa route; mais fi la pofi- tion du dojot n'efl pas fi favorable, comme en D, & que le torrent électrique fe préfente de biais & trop obliquement à l'orifice de ces pores, il le manque & s’éparpille fur la fur- face du tube. J'ai placé fur le conducteur d'éleGricité AB, un vafe P plein d'eau qui s'en écouloit goutte à goutte, à travers un fiphon extrèmement capillaire : un tube de verre 7, préfenté à l'extrémité de la longue branche du fiphon, la faifoit couler avec plus de viteffle; mais cette viteffe redoubla, & l'écou- lement devint continu, lorfqu’au lieu du tube de verre, j'y préfentai un gros brin de fil d’archal. J'ai fufpendu au conduéteur d'éle&ricité avec des cordons de foie, une phiole pleine d’eau, dont lorifice étoit bouché par une petite plaque de fer de tôle que j'y avois appliquée avec de la cire molle. Un fl d’archal placé tantôt en D, tantôt en Æ, fervoit à tranfmettre l'électricité de la barre à la mafle d'eau: on voit que lorfqu'il étoit placé en D, la matière éleétrique, pour parvenir à la mafle d'eau, avoit à traverfer la plaque de tôle, & lorfqu'il étoit placé en £, elle avoit à percer l'épaiffeur du verre. Un trou pratiqué en €, dans les parois de la phiole, recevoit l'une des branches d’un fiphon capillaire, par lequel l'eau ne s'écouloit que goutte à goutte quand le fil d’archal en Æ, étoit appliqué fur le verre; mais quand il aboutifloit à la plaque de tôle en D, écoulement de l'eau devenoit continu. Dans le fecond cas, on efluyoit la commotion quand, appuyant une main fous la phiole, on préfentoit Fautre à la barre, quoique dans le premier cas on l'en approchät im- punément. D E:S4 SEE EN OR S 539 Quand on préfente le doigt aux aigrettes qui fortent de l'extrémité de la barre de fer électrifée, les rayons enflammés deviennent moins divergens qu'ils ne le font naturellement; ils fe courbent vers le doigt, parce .qu'ils y trouvent une entrée plus libre que dans fair de l'atmofphère: or il s'en faut bien qu'un morceau de cryftal ou de verre ait la même vertu pour détourner ces rayons enflammés de leur direction naturelle. J'ai réufi fouvent, quand ces aigrettes ne paroil- foient pas d’elles-mêmes, à les exciter par l'approche d'une mafle de métal, quoique je le tentafle vainement avec un cylindre de cryftal. On a beaucoup de peine, ainfi qu'il eft obfervé dans TEfai fur l'élericité de M. l'Abbé Nollet, à faire pafler les écoulemens électriques d'un bout à l'autre d'un tube de verre: avec quelle facilité au contraire ne fe tranfmettent-ils pas le long d'une chaîne de fer ou d'une corde de chanvre, {ur-tout fi elle eft mouillée! J'ai fondu un gâteau de réfine dont le centre étoit percé à jour par un trou d'environ un pouce de diamètre; & ce trou étoit couvert par une plaque de fer-blanc qui le dé- bordoit de beaucoup, & qui y avoit été appliquée lorfque la réfine étoit encore en fufion, de forte que le contour de la plaque qui excédoit l'étendue du trou, étoit joint im- médiatement à la réfine. J'ai difpolé fur le conducteur d'é- leétricité à côté l'un de l'autre, un carreau de verre de 14 pouces en quarré, & ce. sâteau de réfine, de façon que la plaque de fer-blanc touchât le conduéteur d'éleétricité, & j'ai placé un cylindre de métal au milieu du carreau, & un autre femblable dans le trou pratiqué au centre du gâteau de réfine, dont la bafe par conféquent étoit appuyée fur la plaque de fer-blänc. Les étincelles qu'on excitoit en appro- chant le doigt de ce dérnier cylindre de métal, étoient très- brillantes, & à peine diftinguoit-on celles qu'on excitoit en le préfentant au cylindre qui étoit placé fur le carreau de verre. : AB, CD, font deux barres de fer fufpendues fur une Yyyi * Expérience. Expérience, Page 112. 6.° Expérience, e Expériences Fig. 5. 8.e Expérience. Fig. 4. s40 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE même ligne avec des cordons de foie, & féparées l'une de l'autre par l'épaifleur du carreau de verre {V, de dix pouces de côté, & ifolé auffi fur des cordons de foie. On éledrife la barre AB, & la matière électrique pale à travers le car- reau, de l'extrémité 2 de cette barre, à l'extrémité € de la barre CD; mais c’eft en petite quantité, car les fignes d'é- lectricité que celle-ci donne, ne font pas comparables à ceux qui fe manifeflent fur la première, ni les étincelles ne font auffi brillantes, ni les corps légers ne font repouflés fi loin. J'ai fubftitué enfuite au carreau de verre une plaque de tôle d’égale grandeur, que j'ai difpofée de même, & alors l'électricité que contracte la barre CD, n'a paru auffi com- plète que celle dont étoit impregnée la barre AB. On ne remarquoit aucune différence dans la vivacité des étinselles qu'on excitoit à lune & à l'autre, ni dans l’écartement des corps légers qu'elles repoufloient. Ayant enfin Ôté la plaque de tôle, & les deux barres éloi- gnées lune de l'autre d'environ un quart de pouce n'ayant d'autres corps entr'elles que l'air de latmofphère, Ja barre CD fut fortement éleétrifée lorfqu'on eut communiqué l'é- ledricité à la barre 4 B; & fi elle ne le fut pas autant que celle-ci, du moins le fut-elle infiniment plus qu'elle ne Favoit été en premier lieu lorfque le carreau de verre N la féparoit de la barre À B: les marques d'électricité qu'elle donnoit, n'étoient pas équivoques à cet égard. A eft une efpèce de récipient de verre mince, dont Îa hauteur eft d'environ 18 pouces, & le diamètre de 12 à 1 3 lignes; il eft percé en C d'un trou qui eft recouvert par une plaque de fer auffi fort mince, laquelle y eft retenue par de la cire molle, de forte que l'air ne fauroit s'introduire par-à dans le récipient. Sur cette plaque de fer eft fixé de même un clou dont la pointe émouflée s'applique immédia- tement à la furface de la plaque, & vis-à-vis en D eft un autre clou pareil, dont la pointe auffi émouflée, touche im- médiatement la furface de la phiole. On ajufte ce récipient ainfi difpofé fur la platine de Ha D'Æ1S6 SC: EN Cine S4t machine pneumatique; on en pompe l'air autant qu'il eft poffble, & on le place à portée du conducteur d'électricité: au moyen d'un brin de fl d'archal E, qui part du conduc- teur d'électricité, & qu'on appuie alternativement fur le clou D & fur le clou €, on fait entrer les émiffions électriques de la barre électrifée dans le récipient, tantôt à travers l’é- paifleur du verre, & tantôt à travers la plaque qui recouvre le trou C: Quand elles traverfent les parois du verre, on voit partir du point contigu à la pointe du clou D, un gros faifceau de matière Jumineufe & violette; il n’eft pas con- tinu, il paroït & difparoït fubitement, & ne s'étend guère au delà du milieu du récipient vers le fond duquel il fe dirige: mais quand le fil d'archal aboutit au dou €, & que les émiflions de la barre ont à percer non le verre, mais la plaque de fer feulement pour fe rendre en dedans du réci- pient, alors le faifceau lumineux eft plus renforcé, plus vif; c'eft un ruifleau qui coule fans interruption & qui s'étend jufqu'au fond du récipient, où il femble fe perdre dans le canal qui de la platine defcend au corps de pompe de Ja machine pneumatique: c'eft le plus brillant phénomène que l'électricité n'ait offert jufqu’à préfent. Voilà les faits, ne décident-ils pas la queflion que je me fuis propolée? il me femble qu'ils s'accordent à nous indiquer que le verre eft un milieu moins favorable à la tranfiniffion de la matière électrique, que ne le font les métaux, l'eau & les corps animés. La feptième expérience nous apprend de plus que le verre le cède encore fur ce point, en certaines circonftances, à l'air qui eft déjà reconnu lui-même pour un milieu où elle fe meut difficilement: j'en ai expolé la raifon ailleurs, favoir, que les parties de l'air n'étant pas liées enfemble, peuvent être écartées les unes des autres; ce que la continuité du verre ne permet pas à l'égard des fiennes. J'obferverai en finiffant, que les mêmes expériences qui établifient la difficulté que la matière électrique éprouve à pénétrer le verre & à le traverfer, nous font voir en même temps que ce milieu n'eft pas abfolument imperméable pour Yyyi ® Juin 1752. 42 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE elle, & que s'il ralentit & fufpend fon courant, il ne l'arrête pas néanmoins & ne l'empêche pas de s'y frayer fouvent un paflage & de s'avancer au delà ; ce que M. Franklin a cru devoir nier abfolument: Nous ne pouvons, dit-il, par aucun moyen connu jufqu'à préfent, faire palfer le fluide éledtrique à travers le verre. C’eft un des principes de fa doétrine, par lequel eft démenti le fentiment général de tous les Obler- vateurs qui l'ont précédé, mais qui l'eft à fon tour d'une manière plus décifive, par une belle expérience de M. l'abbé Nollet qui a trouvé moyen de rendre vifibles les écoulemens éledriques qu'il fait pañler à travers les parois d’une bouteille. Son procédé m'a fourni l'idée de ma dernière expérience. J'ai trouvé une matière qui n’eft point du verre, & avec laquelle on fait également l'expérience de Leyde & le tableau magique de M. Franklin; c'eft le talc de Venile, j'en ai fait les premiers effais au commencement de ce mois*: je fuis par- venu enfin à percer une carte avec l'étincelle électrique tirée au travers d’une feuille de talc, dorée deflous & deflus, comme le carreau de verre. Etrang .Tome.2 PIXIX. p.547. I TE EN EE QE EL NET EE TE CT ET TETE EEE ELLE J'av Ltrano .Tome.2 PIXIX. p.54 2 DES:SCIENCES. S4Y AUOALAU TI ON DE DEUX PROBLEMES DE GEOMETRIE. Par M. l'Abbé BossuT, Correfpondant de l’Académie. PROBLÈME ANALYTIQUE. , /4 . 1 ’ . d — ‘4 d L Equation différentielle Y — Bu TIC. (y dm°—2mydydm+y"dy:) s (Y eff une fonction de ÿ) étant donnée, il eff queffion 1.9 d'en féparer les indéterminées, 2.0 de déterminer les cas où elle peut appartenir à une courbe géométrique. Ce problème me fut propolé, il y a déjà quelque temps, ar un Géomètre moins recommandable par la profondeur & l'étendue de fes connoiffances, que par une modeftie fin- gulière, mais fans fafte & fans orgueil, qui n''oblige de fup- primer ici fon nom. J'avois alors fous la main un Mémoire * de M. Jean Bernoulli fur les forces centrales, dans lequel ce grand Géomètre obferve dans un cas relatif à la feconde partie du problème, que l'équation devient algébrique lorf- que les deux membres peuvent fe réduire à des arcs de cercle dont les rayons foient entreux comme nombre à nombre; mais outre qu'il s'eft borné purement à l'exemple particulier qui étoit de fon fujet, j'ofai croire qu'il ne prouvoit pas {a propofition dont il s'agit, avec toute la fimplicité dont elle eft fufceptible : je fus donc engagé à des recherches de calcul qui me’ parurent nouvelles. J'ai trouvé depuis dans lexcel- lente méchanique de M. Euler, la folution de la même queftion ; mais comme la route que j'ai tenue eft très-difié- rente de la méthode de cet Auteur célèbre, j'ai cru pouvoir publier le rélultat de mon travail avec d'autant plus de con- fiance, que je fais le réduire à fa jufte valeur. * Voy. Mem. de l’Académie, année 1710. Tome I, pag, 247» 2465 Te 544 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE SPOPLULE T'I ON. 1.° Pour féparer les indéterminées de l'équation propolée, du + ud on peut fuppofer = — — ; car on aura dm = T7. F a 3 » du : : jy dm —=imydy — = , V(ÿ du — 2 mydydm 2 © J 2 2 2 2 2 2 } + j' dy) — É V{y du = 1 dy + à dy}: pa conféquent la transformée fera Y — MEN CHER US VO du — x dy + a«° dy)" Si l'on réduit tout au même dénominateur & qu'on quarre chaque membre, on aura Y*y*du® — Yu dy + Y'a‘ dy" du nes Ydy {aa un) VAT)" équation qui réfoud la première partie du problème. Cette même équation peut fe trouver d’une autre manière qui, quoique moins fimple en apparence, n’en eft pas moins facile ni moins naturelle: voici en quoi confifte ce fecond moyen. J'obferve que l'équation propofée dans l'énoncé du problème peut être écrite fous cette forme, rs gydm— mydy TV (pdm — mdy}* + y° dy — m° dy°] — y* du’ ; d'où l'on tire facilement } , où bien encore fous . dm — myd : celle-ci PRE Ie? . Soit bGdm — mdy}* à Vos — mm) VL << + 47 ] DY — mm dm — md . 2 9. — dx, on aura, en fubflituant cette valeur, vV{y? — mn) dx AS rte Ydy Y — ? + d'où l'on tire dx — , OU v{dx? + dy) ? vV{yy — YF) bien en remettant pour x fa valeur, & divifant chaque Jdm—mdy Ydy membre par 4, == —, 2 " Mainienan PT von = mm JO = 19) auf 1 u dm — md d fuppofons 7 — , nousaurons 227? — _ °* _. 2 a »V(yy — mm) V(aa— x) ” du Yd LONE ERQ 7 Mne équation V{aa— un) TO Y{pH—Y y) | no ON que ci-devant, ©r DEN st SCI j *E IN PES s4$ Or je dis 2.° pour répondre à la feconde partie du pro- blème, que cette équation appartiendra à une courbe géo- métrique, lorfque Ÿ fera une fonétion telle qu’elle puiffe fe PE MA du n dx j réduire à cette forme, (À) Ve) — YO! étant un nombre rationel quelconque. Je vais démontrer cette propofition de la manière la plus générale, par deux méthodes faciles, dont lune, que j'appelle des arcs de cercle, confifte à comparer enfemble des arcs femblables, pris dans des cercles différens, & dont l'autre demande qu'on réduile l'équation en différentielles logarithmiques imaginaires qu’on intègre de même que fi elles étoient réelles. Je commence par la mé- thode des arcs de cercle. | Je fuppo'e qu'on fe rappelle que les finus de deux arcs étant s & s’ refpectivement, le finus de la fomme de ces SVfrr— ss) + SVfrr — ss = deux arcs fera Maitre mA ET UE & que le finus de r SV(rr— ss) — SV{rr — ss) RE , la différence des mêmes arcs fera ts r étant le rayon. Je fuppofe aufii que l'on fache que le finus de {a fomme d'un nombre » d'arcs égaux, eft exprimé par m1 m.(m— 3) (m— 2 m—3 m.frr — 55) = AE ent re art ST z 5 L. cette fuite M — 1 T m(m—1){(m— 2){(m— 3) (m— 24) SMS Ce —_ — {VU VOS MS, DA nd 2 le = ne $ : TE ; m(m—1).(m—2).(m—3).(m—4).(m—5).(m— 6) m7 (MN) NS Là & 3x » 4 S - 6 . par Ces théorèmes étant étrangers à mon fujet, il feroit d'au- tant plus inutile d'en donner ici les démonftrations, qu'on les trouve dans plufieurs livres de Géométrie. J'en viens donc fans autre préambule à la preuve de la propofition que Jai avancée. Î[ peut arriver que # foit ou un nombre entier pofitif, où un nombre entier négatif, ou'ùn nombre frac? tionnaire pofitif, ou.un nombre fraétionnaire négatif; ce qui Say, étrang. Tome 1, VE : SENS 546 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fait quatre cas que je vais examiner féparément & en peu de mots pour mettre fa chole dans une évidence plus parfaite. 1. Soit # un nombre entier affirmatif, j'écris l'équation b adu bdx (A) fous cette forme, = x ErrrEST ] MN: RE = ; adu bdx 4 EAST EN LEE CAE Ye On fait que les fateurs DE Ps Os 7 TéPIÉ fentent les élémens de deux arcs de cercle dont 4 & x font les finus, les rayons refpectifs étant a & b: cela polé, il eft À 5 , ASS N qe adu vifible que l'équation précédente donne a : 2 : : té A où À : nf se À étant un arc conftant qui a pour —i— x PRE) , eta arc q L |! rayon 4, la conftante « pour finus, & qu'on doit ajoûter pour rendre l'intégrale complète. Or cette proportion fait Ë ; adu : bdx voir que Farc one + À) & larc Mérves font femblables, puïfqu'ils font proportionnels à leurs rayons; d'où il fuit que ces mêmes arcs auront auffi leurs finus en même rapport que leurs rayons. Nous aurons donc a : à rc adu LÉ bdx 24 fin (PER + À) : fin.» THE Dee) cV (aa — au) + u V{aa — cé) ÿ n(bhb — xx) == + ". be Lu M Pret = RULES n—1){n—2){n=3)(n—4) _ 2 HAT2T step s 1e La v{ J+av( ) y 5 4 p . cV{aa—uu) + uv{aa—cc Ce ; d'où l'on tire MT TE a —7: À à, 2 n—3 mn. (bb—xx) 2 x — ste OI Er Er (bb—mwx) 2 +8, 1: 2 . adu #sS nbd+ ; & comme * pour l'intégrale de dass rer 2) eft un nombre entier pofitif, il eft évident qu'elle fe réduit à un nombre fini de termes: donc &c. DÉS a SIC T:E NiC ES. 547 2.° Soit # un nombre entier négatif, il faudra dire Es — adu p.bdx S * Vaa—us V(bb — s3) affrmatif égal à # au figne près. On aura æ : b:: À — [2 fr 5: : fin. (4 —f I ; p étant un nombre entier E : _—— bdx LEA nd. ral A V{hh — xx) r a P—s = pe LL P—3 M eh a REP TRES}, Le ee 2 3 + &c. . rÀ 3 À 3 . DE £ d'où lon tire, &c. : 3° Soit # un nombre fraétionnaire pofitif que je défigne par +, (g & 4 font des nombres entiers pofitifs), nous aurons d bd ST hi k Jade CE nt , ou bien — x b wi? V(aa—uu) A. v(bb—xx) v(aa — us) Rp Aare 7771 arr is qui donne a: b::fin. Of 4) bdx : fin. g érrerr PRET = L'opération-eft facile à achever d'age ce sk j'ai dit dans les articles précédens. 4 Enfin f 2 ft un nombre fraétionnaire négatif, on voit affez par les numeros 2.° & 3.° la route qu'il faut fuivre pour parvenir à l'intégration, fans qu'il foit néceflaire que j'entre dans de détail da calcul. Mais au lieu de rapporter les arcs dont j je viens de parler . à leurs finus, comme j'ai fait, on peut les rapporter à leurs tangentes au moyen d'une transformation très-aifée : par-là on aura l'avantage de comparer tout de fuite les rélultats de cette première méthode avec ceux de Ia méthode des Joga- rithmesi imaginaires que j'expliquerai bientôt. Reprenons donc "0% & faifons {aa — ui) du V(aa— ua) V(bb— xx) ? = 4 — =, & 71 AE x x) — b —— TT; on lé équation 5 Zzzij 548 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE PA : 4 : d convertira l'équation précédente en celle-ci: /B) —%Æ aa + bd : Arab b d = 2— qu'on peut écrire fous cette forme x bb + gg a aa + 77 er aadz EE ce qui donne a : :4 Te ; ce qui dom à : ee np; | bbdg aa dy? r_bidg : tan fe + tang. . fr: 8 ( aa + 7L A): 8: Lb + 9q adz Or on fait que les tangentes de deux arcs Ni = aa + LT A étant 7 & c pour le même rayon 4, la tangente de la fomme de ces deux ares eft “TT, & celle de la dif. Aa — , a == [a aac férence des mêmes arcs LES OU EE RE EE aa + CZ aa + CZ que ? fera plus grand ou plus petit que c: on fait aufli que bidq la tangente de Farc indéfini # f- re Pr eft exprimée par cette fuite : gun CR) (Nan (ES) (ES (EE) Ne d'où il fuis qu'on aura a : D: : Re ant renrlire 2 Ed aa — C7 LR (=D 5 + &c. ay+ac gl) foie + &c. aa —€7 ul Ni) 2% (© DEN e Je ne m'arrête pas à détailler les cas où # ne feroit pas un nombre entier affrmatif, tel que je viens de le fuppoler; la chofe eft trop aifée après ce que j'ai dit ci-deflus: je me bornerai à quelques applications de la formule précédente, Suppofons, par exemple, qu'il s’agiffe d'intégrer l'équation à bd + ac — "Tu — "1 ; alors notre formule devient <7 22 sa Hit bb + qq aa — cz pu JL, ou bien aag — c7g — abz — abc = 0. Si de plus on veut déterminer Ja conftante c par la fuppofition DE S FSICT EN CES 49 que 7 = o rende auf 9 — o, il faudra effacer tous les times où 7 & g fe rencontrent; ce qui donnera c = 0: d'où il fuit que l'intégrale corrigée eft ag — b7 à la ligne droite. adz bdg Soit pe TT l'intégrale fera a aq H c7g + abz — abc = 0. Soit 2% — "#9, on aura pour intégrale ac aa + LL bb+ gg o #1 + a79q + 2aabq — 2bc7qg —abbz; —abblc—0o. Soit, encore 2% — —.3.,, #41 l'intégrale aa + ZT 2 bb + gg 3 ft fagz — 2acg — a) g + /yaabe — 3 bczz — Gaabz) gg + (6abbez — 3abbzz + 3a’bt) g + 2aab?7 + Leg — aalc = 0. Il feroit ennuyeux & inutile de multiplier davantage les exemples. J'en viens à la feconde méthode: je me fervirai d'un lemme très-général dont il eft bon de donner ici une démonilration bien fimple; le voici. Si on a une fraétion A s+de+y quelconques , je dis qu'elle pourra fe décompoler en ces A de cette forme , À, a, b, étant des quantités deux-ci, , en forte que la B+db—a M+NE—a fomme de ces deux nouvelles fractions fera égale à la fraétion propofée; car fi on les réduit à la même dénomination, & qu'on A(x + 6)(b— à) — A(x+ a)(b— a) T G+aa+b)(b— (ba) AGEN As Ha), = A (b — a) TT ft+a)(x+bf{b— a) TO (x+ a)(x+b)(b— 4) A les ajoûte enfemble, on aura a+df6+s)" adt Cela polé, foit propofé d'intégrer Féquation ——— à bd. ñ = : "T7, Je dénominateur du premier membre ef bb + 94 Zzz iij 550 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE compolé de ces deux facteurs 7 — a — 1,7+av— 1, & celui du fécond membre, de ceux-ci g — Bb — 1, q + DV — 1: ces faéteurs fe trouvent, comme on fait, en regardant les quantités 77 + aa & qq + bb comme des équations dont le fecond membre eft zéro. On aura ady udq donc EEE 7 | N G—avV—:1)(ç+av—:1) (g—bV—1) (9 + BV — 1) L x L . d d d'où lon tire par le lemme £ — 8 Z—av— 1 &—+avV—: n dq n dq . Or il eft évident que a PC VON ND CET toutes les parties qui compolent cette équation font des dif- férentielles logarithmiques, d'où il fuit qu'on aura en intégrant 1G—av—1) —1{%+av—:) + /{(c —av—:) —1l(c+av— 1) = lg — DV —;) —1(3 + b V— 1)", où bien (LE) svt Par des dé LES c+—aV—: g—bvV—i 4 RE eu = RE)" La quantité (EEE) ef a conftante qu'il faut ajoûter pour rendre l'intégrale complète. Si lon repañle des logarithmes aux nombres, on aura 7 SUR Ut Ne en —IV— LATE EST ANT AE, A0 BR SE re & comme Z+av—: C+—av—: g+bv—s » eft un nombre rationel , les quantités imaginaires s'éva- nouiront, & l'équation de la courbe reflera exprimée en termes finis. En voici quelques exemples. : —ay— —avV— —bV— Soit a == are En UE LT ee Z+av—: cC+av—:i g—+bV—i , NAN TE = Le — Ve — AVE c'eft-à-dire, D Er QE LE Ne ET Es CG + ac V—r + ag V—1 — aa g+bV—i d'où l’on tire en réduifant tout à la même dénomination, & en effaçant les termes qui fe détruilent, aq + 47q — beg — aab — 0. Cette équation diffère de celle que j'ai trouvée ci-deflus, par les arcs de cercle; mais cette différence n'elt qu'apparente: elle vient de ce que la conftante que j'ai ajoûtée pour rendre l'intégrale complète, n'eft pas la même de part D'ERSNAIG IC IT RUN CiENs, S5E & d'autre. Pour faire voir que ces deux équations conduifent au même réfultat, nous allons déterminer les conftantes ref- pectives de la manière la plus générale. Suppolons quez — À doive rendre 9 — B, À & B étant des quantités quel- conques ; l'équation aag — cgqg — az — abc — 0, trouvée par les arcs de cercle, par la fubflitution de À à Ja place de 7 & de B à la place de 9, fe changera en celle-ci, aaB — ABc — Aab — abc = 0; ce qui donne aaB — Aab mr + AB abqg + aa ABq — aaBzq + ab Agq — à bz — abABz — a bB + à b* A = 0. L'équation acq + a7q — bcz + aab = 0, deviendra par les mêmes conditions acB + a AB — bcA + aab = 0, d'où a AB + aab Ab— aB fera a bg + aaABq — aaB7gq —+- &c. la même que ci-devant. , & par conféquent l'intégrale corrigée fera e—= l'on tire c — ; donc auf l'intégrale réformée 2 — a V— 1 cC— a V— x Soit # — —— 1, on aura A tt PAR en 1 Z+av—s cC+—av—s YO MENT ONE CT ONE 1 Se € — ac Vi — a7 V—s — aa re: TE g—bv—s ; CR + ac V—i + 47 Ÿ—3 — aa ad7 APT — bdq aa +7 bb +gq Si on vouloit que 7 — o rendit aufi 9 — o, il faudroit — aab = 0: c'efl-là l'intégrale de aab écrire ainfi l'intégrale ag + = + by — — 0, [4 & effaçant tous les termes où 7 & g fe trouvent, il refte- —aab xoit ——— — 0; donc alors c —= co: donc tous les termes C2 de l'intégrale où c ne fe rencontre pas, s’'évanouiroient en comparaifon des autres, & elle fe réduiroit à acg + bez — o, ou bien à ag — — b7. NH n'eft pas befoin que j'avertifle qu'il faut faire fur l'intégrale générale comparée 552 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE avec celle que donne a méthode des arcs de cercle, fa même remarque qu'on a faite dans l'exemple précédent. J'en dis autant de tous les autres cas. t— ac V—r — ag V— ir — aa . € SO OM ANT A EE EE Cyr acV—i+ ag V—: —aa — , d'où l'on tire acgq + 4799 gg —8b— 2bq V1 gg — bb + 2bg V—1 + 24aabq 20cçq — abbz — abbc = 0, &c. REMARQUE. Lorfque j'ai dit ci-deflus que l'équation —"— " (aa — uu) — ARE PES: À étoit géométrique dans le cas où elle MD EEE) ouvoit fe réduire à celle-ci UE CS nés F V{aa— ua) UT V(bb — xx) À il eft vifible que j'ai prétendu parler de la forme fa plus fimple qu'elle püût alors recevoir; car on fent que quelque compofés que foient les deux membres, ils feront toujours à une ligne algébrique lorfqu'ils exprimeront des arcs de cercle dont les rayons foient entreux comme nombre à nombre, foit que ces arcs foient rapportés à leurs finus, ou à leurs tangentes, ou à leurs fécantes, ou, en un mot, à leurs lignes homologues quelconques, foit même que lun étant rapporté, par exemple, à fon finus, l'autre le foit à fa tangente, &c. Ainf les équations ——%" — ncpets ;l V(aa—ux) 7 V{abxt + aagx3 — aaccxx) Ë a” da ARTE p.b dx dz et: nv — à" E x (vx — 6") À V(aa — x) TE r.(bgg — bbg) dq bbgg + blgg + 2bgqqg + at ? rationels quelconques, font toutes exactement intégrables ; çar on peut les ramener fans peine à la première forme. &c. m,n, p, étant des nombres AUTRE D, ES SC LE) Ni CA Sn X 552 AUTRE PROBLÈME. Trouver la folidité d'un fegment BKROX de conoïde para- bolique AB XD O coupé par un plan parallèle à fon axe. Je n'ai réfolu ce problème que par le befoin indirect que j'en avois dans des recherches d'une nature différente; mais un Géomètre de mes amis m'ayant perfuadé que ma méthode pourroit être utile pour {es queftions de cette elpèce, j'ai jugé à propos de donner ici ma folution. Un autre Géomètre l'a auffi réfolu dans les Mémoires de Mathématiques préfentés à l'Académie de Paris: je regarde, ainfi que lui, le fégment qu’il faut mefurer, comme formé d’une fuite de. plans para- boliques décroiffans; mais, outre que je pourrois répondre que je n’avois pas vû fon Mémoire lorfque j'ai trouvé ma folution, il eft vifible que.ce principe métaphyfique eft un de ces lieux communs que chacun met en œuvre à fa façons ST0L'UIT I O N. Imaginons le fegment BXROX compofé d'une infinité de plans OR XO parallèles entr'eux & à l'axe AC du co: noïde donné À B X DO, il eft évident que fi je parviens à trouver une loi conflante qui détermine la nature de la courbe OR X, & que je puiffe trouver auffi l'efpace ORXO que cette courbe renferme, j'aurai la folidité du fegment dont il sagit en prenant la fomme de tous les plans OR XO. * Soit donc le plan BAD de la parabole génératrice perpen- * diculaire au plan OR XO ; je mène dans le plan BAD la droite R H parallèlement à AC: d'un point quelconque 47 de la courbe OR X, foit abaïfée fur À A la perpendiculaire MQ, & du point Q foit menée Q P perpendiculaire à AC &'à RH; enfin foit tirée encore [a droite. PAT, on ‘aura un. triangle rectangle PQ M dont PM fera lhypoténule , les côtés étant Q A1 & QP. Cela polé, foit NR — a, PQ où AN où GR —r, APou NQ = x, PM = 7; Saw, étrang. Tome 11. Aaaa $54 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE QM = y; & nommons p le paramètre de la parabole BAD, nous aurons yy — 77 — rr; mais il eft facile de voir que PM (z) eft une ordonnée de la parabole BAD, donc 92 —= px, & rr —= ap, donc aufli yy = px — ap = (x — a) p; d'où lon voit que la courbe OR X eft une parabole de même paramètre que la parabole BAD, & dont l'origine des abfcifes eft en N. Si on veut que les abf cifles commencent en À, on fuppofera x — a — u, & Jon aura yy — pu. Il eft à propos de remarquer en paflant que cette méthode eft générale pour tous les folides de ré- volution, & qu'elle fera toûjours trouver Îa nature de fa courbe OR X au moyen de fimples fubftitutions: c'eft au lecteur à juger fi celle de l'auteur que j'ai cité a le même avantage, Maintenant, fuppofons que RQ devienne RH, QM de- viendra À X, & faire parabolique OR XO fera exprimée par = #y, où bien par ER x y”. Soit la donnée BC — 4, & la varable BH = 4, il eft clair que l'expreffion de l'é- lément du fegment que nous cherchons fera ou x y’dg; mais 4 X étant une ordonnée du cercle BO D X qui fert de bafe au paraboloïde donné, on aura 9 = à — y{0b — yy) vb — y) 2%; jf ne s'agit plus que d'intégrer cette quantité x VE — y») v gtp q 8 q 2 Pour cela (ayant d'abord mis à l'écart pour un moment 3 > ù & dq —= 77 _., donc notre élément devient ie le faéteur invariable = ), foit 86 — yy — nn, & par conféquent y dy = — ndn, ÿ = (bb — nn) V(bb 3#dy V(bb— 35) ou — bbdn V(bb — nn) — n#), la transformée de la quantité fera — ndn (bb—nn) V(bb— un) DES, SCTENCE S, s5$ + nndn V{bb — mn). L'intégrale du premier terme dé- pend de la quadrature d'un fegment de cercle. Pour intégrer 2 3 le fecond, fervons-nous de la quantité # . {bb — nn}?, nous aurons d {n . (bb — nn)? ) = dn (bb — ps — zundn V(bb — nn) = bbdn V{bb — nn) — nndn V{bb — nn) — 3nndn V{bb — nn) = bbdn V(Lb — nn) — gundn V(bB — nn); donc de male Bhdnv (bn) dif. (tm) 4 4 ’ & en intégrant fnndn V{Lb — nn) = [dr v{bb (bb — nn)e 4 — bb f dn v{bb == nu) + LL V{Db — nn) D qui fe réduit à — + bb [du V{bE — nn) n (66 — nn) V(bb— nn) A — nn) — ; donc l'intégrale totale fera . Par conféquent, en reprenant — bb DA le faéteur négligé, on aura [ dn V(bE — nn) n (bb — nn) V(bB— nn) 3P ment BKROX. Si on veut avoir ce fegment en fonétion de g, on remarquera que bb — nn — 2bq — gg; d'où il fuit que la transformée de l'intégrale précédente fera = [dg (289 — 99) + re x V{2bq — 94) +- À. Pour déterminer la conflante À, joblerve que le fegment BÆ R OX doit s'évanouir lorfque g = 0: or cette fuppofition réduit l'intégrale à À — 0; A aaa ij —+- À pour l’expreffion du feg- 556 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE , bb donc l'expreffion exacte de notre fegment eft —— f 49 ? (3bgg — g — 2bbg) V(2bq — 99) 3P f Mais pour voir bien clairement que cette formule répond à la queflion propofte, faifons-en l'application à quelque cas connu d’ailleurs: fuppofons, par exemple, que 8 H devienne BC; alors le fegment devient un demi-paraboloïde, lequel eft, comme on fait, le quart du cylindre circonfcrit au paraboloïde; or c'eft ce qu'indique la formule, car elle fe réduit à = x [dg V(2bg — gg), &c. V{2bq — 99) + S'av.Etrang.Tome 2 EL P-25 É, DES SCIENCES. 557 REMARQUES SUR QUELQUES MONTAGNES ANR QUELQUES PIERRES EN PROVENCE (a), Par M. ANGERSTEIN. d y a un an & demi qu'à mon retour d'Italie, en paffant par la Provence & le Languedoc, pour me rendre en Efpagne, j'eus occafion de remarquer dans ma route plufieurs choles dignes de la curiofité & de l'attention d'un Voyageur, parmi lefquelles je compte fur-tout les granits /2), les jalpes {c), & les porphyres /d), dont la dureté, la beauté, le prix & l'ufage dans la Sculpture & dans l'Architecture ne font pas moins conflatés par les monumens antiques de l'Europe, que par ceux des autres parties du Monde. (a) On trouvera dans le volume de 1751 un Mémoire de M. Guet- tard fur fa même matière , qui a été lû la même année 175 1. (b) Le granit elt une pierre gri- fâtre compofée du quartz, d’un felt- fpath & du mmica [Voy. p. 558) mêlés enfemble. Plus les deux pre- mières efpèces font dominantes, plus le granit eft beau & durable , on en voit une preuve évidente dans les fuperbes obélifques ou aiguilles à Rome, anciens monumens érigés en honneur des rois d'Eoypte, il y a plus de quatre mille ans; fans être altérés par les injures du temps. (c) Le jafpe eft auffi une efpèce de perro-filex de différentes couleurs, mais plus dur & plus denfe que celui qui entre dans la compofition du por- phyre (Voy. pag. s59 àT 561). Il ya des Auteurs qui confondent ces trois efpèces de pierres avec Île marbre; mais foit qu’on les traite par voie de Chymie, foit qu'on les examine fe- lon les principes de la Minéralogie, elles fe trouveront toûjours différentes de ce dernier. On les diftingue plus aifément par leur dureté, puifque celles-ci jet= tent des étincelles par le choc contre un fufl, ce que le marbre ne fait jamais. (d) Le porphyre antique eft com- pofé d’un petro-filex ou caillou de roche, violet ou rougeâtre, entre- coupé d’une quantité de petit felt- fpath blancheätre où rougeâtre, & d’un mica (Voy. p. 558). Cette pierre venoit jadis de la Numidie ou de l'Egypte. Pline dit qu’elle venoit de l'Arabie déferte, & l’on en con- ferve encore des monumens précieux tant à Rome qu'a Verfailles, Aaaa ii] PL. 11, fig. 6: Liv. VIII, c1 8 Planche IT, let. 2. PL. I, fig. PLIT, fig. 58 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Touché de voir un pareil tréfor de 1a Nature, dans le fein de la France, ignoré depuis tant de fiècles, j'ai cru devoir faire part au public des découvertes que j'ai faites à ce fujet, & y joindre quelques obfervations relatives à la mème matière, dans l'elpérance qu'on pourroit en retirer quelque utilité. On trouve dans Ja vafte forêt de l’Efterele en Provence, entre Cannes & Fréjus, de ces pierres fi rares & fi peu connues; & comme tous ces environs font très-remarquables par la diverfité des roches & des pierres que la Nature y produit, j'ai jugé à propos d'en faire la delcription dans le même ordre qu'elles fe font préfentées à moi, à melure que je continuai ma route. Il y a près de Cannes une montagne de roche groffière & grilatre /e), entre mêlée de mia (f), de quartz (g), & de feltfpath /4), les mêmes efpèces qui entrent dans la com- pofition des granits, avec cette différence pourtant qu'elles font plus mûres, plus fines & plus compactes dans ceux-ci que dans l'autre. Cette elpèce de pierre forme des roches & des lits diffé- rens, tant par rapport à leur pente qu'à leur route hori- zontale, & j'obfervai le même changement dans toutes les autres montagnes ici mentionnées, Non loin de là je découvris un granit qui reffemble à celui dont les colonnes de la Rotunda & de l’églife de Saint (e) Cette roche grifätre s’appelle Jaxum mixrum en latin, & reçoit les noms fpécifiques fuivant l’efpèce dominante; ainfs on dit quartzeufe quand c’eft le quartz qui en conflitue . la plusgrande partie , fpatheufe quand le felupath y domine, & miqueufe uand le rnica y a le deflus. (f) Mica, Jquarmmofa nigra en latin, fchinmer en fuédois, elt com- pofé de petites lames ou écailles mir- ces, déliées & luifantes , qui réfiftent beaucoup au feu. (g) Quartzum en latin, eft une matière vitreufe qui confifte en par= celles dures & prefque imperceptibles. On la trouve dans les mines & dans les fentes de montagnes , en forme de criflaux hexagones. (h) Feltfpath, en latin fpathum durum, ett un fpath criltallifé en forme de cubes, avec des plans lui- fans; il diffère de l’autre en ce qu'il eft infiniment plus dur, & qu'il fait feu contre le fufil, ne produifant au- cune effervefcence avec l’eau forte, comme fait l’autre, DES 4 SAC PIE NU C ENS 559 Pierre de Rome font faites, & que l'on croit être tranfpories de la Grèce. Ce granit diffère de celui d'Egypte dont on a fait les obélifques de Rome, en ce qu'il eft plus abondant en quartz & en mica, au lieu que dans celui d'Egypte le feltfpath do- mine, étant rougeâtre & formant des criflaux beaucoup plus gros que ceux qu'on voit dans le granit de Grèce ou de Provence /i). En avançant un peu plus loin, on voit une pierre rou- geâtre, appelée petro-filex, c'eft-à-dire, caillou de roche (k), qui eft la mère des porphyres & des jafpes, de même que la pierre brute grife dont nous avons parlé ci-deflus ett celle des granits. A mefure que j'avançai, cette pierre s'endurcifloit de plus en plus: j'y remarquai enfin des taches opaques d'un petit feltfpath (2), fort femblables à celles qu'on voit dans le porphyre (i) À Elbe, ifle de la mer mé- | chiteéture: mais fon poli n’efl pas diterranée, proche la Tofcane, ily a | parfait, c’eft l'ouvrage du temps, un granit rougeâtre & à gros cubes, | puifque par la maturité elle e’endurcit mais dont le poli & l'éclat font moins | de plus en plus comme le caillou , & avantageux que celui du granit d’E- | ayant atteint à fa perfection , elle re- gypte, ce qu’on peut voir dans le | çoit un poli des plus éclatans ; alors pompeux fépulcre des grands ducs | on la reconnoît pour un véritable de Tofcane à Florence. jafpe, ou fi elle a des taches blan- L’Efcurial , le château de Madrid | cheâtres, on l'appelle porphyre. & d’autres Maifons royales en Ef (1) Ce feltipath qu'on trouve pagne , font bâtis d'un granit quart- | dans le porphyre d'Egypte eft ordi- zeux , comme celui de Provence. nairement criftallifé en petits cubes ou parallélépipèdes; mais dans ce por- (k) Perro-filex, en fuédois haille- doré en LAN, l'on en one Jfünta. On en trouve de noirs, bruns, | auffi de pointus aux deux bouts, rougeärres, verds & bleuâtres: fa caf- approchans des criftaux pyramidaux, fure eft raboteufe, d’une infinité de | excepté que ceux-ci ont huit à dix petits grains élevés; différente en cela | facettes; ceux-là ou les crittaux en du caillou dont les parties offrent une | ont toûjours douze, les uns font rare- furface unie & polie. ment tranfparens , les autres le font Cette pierre eft encore diftinguée prefque toüjours. du caillou ordinaire ou commun, en Du refte, ledit feltfpath qui entre ce qu’elle ne fait feu qu'avec peine dans ce porphyre, eft de la même contre le fufl, & qu’elle n’eft point | couleur*& de la même qualité que fujète à l’eflorefcence dans l’air, com- | celui d'Egypte, ayant l'air d’avoir me l’autre; d’où l’on peut juger de fubi une efpèce de calcination ou fa durée & de fon ufage dans l’Ar- ————_—_—_—_— autre changement; d’où il femble PI. I, fig. 2. Ibid. fig. 3. Pi. IL, fg. 6. Jbidem, fig. 7: Jidem, fig. 8, ETAT, 5 5° Ibid, fig. pu Planche 11, f.7& 8. 560 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE a. 6. d'Egypte dont les urnes & les bufles fuperbes de la galerie (e) de Verlailles font faits. On y aperçoit aufli quelques petites taches, tantôt rondes, tantôt carrées, d’une couleur de plomb /m), lefquelles fe trouvent auflr, quoique rarement, dans les porphyres an- tiques (1). Plus haut, vers le fommet de la montagne, ce même porphyre acquiert encore une autre forte de taches, qui par leur tranfparence reflemblent au verre, étant formées en petits criflaux fpatheux, pyramidaux & pointus aux deux bouts (0); mais à mefure que ces taches nouvelles s’accrurent, les autres difparurent au point qu'on n'en trouva plus du tout dans quelques-unes des roches /p). avoir perdu quelque chofe de fa du- reté & de fa confiftance. Outre ces taches fpatheufes, com- munes à ces deux fortes de porphyre, on trouve dans celui d'Esypte de petits grains d’un fcheurte noir (cor- neus cryftallifatus) qui ne contii- buent en rien à la beauté de la pierre, puifqu'ils ne font guère vifbles fans l’aide d’une loupe. (mm) On voit clairement par la fisure , que ces taches font criftallifées comme les autres, mais on juge par la couleur & par la tendrefle, que c’eft un minéral qu’on appelle Ao- lybdena (bleyertz en fuédois & en allemand) lequel, auffi-bien que le fcheurte ou le corneus cryftallifatus que nous venons de nommer, peut être compté parmi les minéraux in- connus, puifqu'on ne l'emploie en- core aujourd’hui à d’autre ufage que celui des crayons & des creufts. (n) Il fe trouve de pareilles taches dans la grande urne de porphyre, qui eft dans le temple de Bacchus, aujour- d’hui la S.t° Agnès près de Rome. On en voit auffi dans le grand vafe du Vatican, & dans les colonnes & urne du maïtre-autel de S,t° Marie- Majeure , lefquelles font les plus grands morceaux de porphyre échap- pés aux Barbares, & que l’on con- ferve encore à Rome. Le beau vale dans l'éplife de S.' Denis près de Paris, elt de la même efpèce de porphyre dont nous avons parlé. (0) Ces criftaux étoient d’une clarté parfaite, de forte qu’on pouvoit, par leur moyen, regarder comme par une eau tranfparente dans l’intérieur de la pierre, ils ne cédoient en rien en dureté aux criflaux de roche ou de quartz; néanmoins j'ai cru devoir les ranger parmi le feltfpath, tant par rapport à leurs taches qui reflemblent par la figure à celles que l’on trouve dans le porphyre dont nous venons de parler , que par rapport au nombre de leurs plans, les pointes de ceux-ci étant ordinairement à quatre ou cinq facettes, & par conféquent différentes du quartz qui fe criftallife en prifmes ou pointes pyramidales à fix plans. (p) Ce nouveau porphyre pour- roit être employé avec fuccès dans la bijouterie, puifqu'outre qu'il eft plus beau que l’autre dans fon poli, fes taches deviennent entièrement tranfparentes quand on le fcie en plaques minces. Ce pes: Scyisenecrers. s61 Ce changement fut bien-tôt fuivi d'un autre, de forte que toutes les taches en général dont nous avons parlé, s'effa- cèrent, & la pierre rougeätre que nous avons dit plus haut être la mère du porphyre, s'accrut en matière dont la finefle des grains, la dureté & la confiftance nous déterminât à donner à cette pierre une place parmi les jafpes /g). En avançant quelques lieues de plus dans le bois de EF terele, je ne remarquai plus qu'une continuation de ce chan- gement alternatif de porphyre & de jafpe; mais dans certains endroits, & fur-tout du côté de Fréjus, je trouvai des débris de ces deux fortes de pierres amoncelées & con- gelées l'une avec l'autre, dont il fe formoit un nouveau pro- duit qui avoit dans fon efpèce le même caractère que le marbre ferancolin des Pyrénées ou le Breccia di Seraveyza d'lulie, qu'on pourroit appeler porphyre ou jafpe en débris, qui n’eft pas connu parmi les Lithographes /r). La nouvelle roche n'avoit point encore acquis dans Ja fuperficie de la montagne une confiftance aflez confidérable, ce qui ne nous empèche pas de croire qu'elle ne foit plus müre & d’une denfité requife dans l'intérieur de la montagne; & c'eft auffi une raifon également valable par rapport aux autres pierres dont nous avons parlé ci-deflus. Au pied de la montagne au füud-oueft, on découvre la même pierre groffière & rougeatre que nous avons appelée petro-filex dans le commencement de cette relation; mais PI es: Planche I I, figure 3. (4) Un jafpe bien mûr étincelle comme une pierre à feu contre le fu- fil, & reçoit un poli d'un éclat par- fait. On peut dire que les jafpes & les porphyres naïflent du petro-filex , avec la même raifon que les marbres tirent leur origine de montagnes de pierre à chaux. On en trouve de plu- fieurs efpèces différentes, tant par rapport à la couleur & à la bigarure, que par rapport à leur différent degré de maturité. Lejafpe verd ou bleuätre de l'Orient à points fanguins qu’on appelle héliorrope, eft réputé être-le Say. étrang. Tome 11. plus beau. Le floride, le rouge ou le jaune de Sicile & des Pyrénées font auffi beaucoup eftimés , auffi-bien que le verd de Bohème, qui a cela de particulier qu’il donne une lueur de phofphore, étant chauffé, (x) Cette forte de porphyre prend fon orisine de débris de roches, qui, à caufe de leur immaturité, femblent avoir fubi une efpèce de dettruélion dont je me réferve de parler lorfque j'aurai occafion de communiquer au public des expériences particulières fur laccroiffement des montagnes. Bbbb Planche 11, fig. 1 & 2. Planche III, let. D, PI. I, fig. 4. Jbid, fig. 9: 562 MÉMOIRES PRÊSENTÉS 4 L'ACADÉMIE elle eft dans cet endroit différente en couleur, tantôt rouge- brun, tantôt tirant fur le célefte, tantôt fur le verd: ce qui donne lieu de croire qu'on pourroit aufli trouver dans ces environs, des jafpes & des porphyres verts & bleuâtres 5). Cette conjecture ef d'autant plus probable, que nous avons déjà remarqué que le petro-filex ou le caillou de roche d’un rouge-brun, dont nous avons parlé, page $ $ 9, a donné l'o- rigine aux jafpes & aux porphyres de la même couleur, & je fuis perfuadé que ma fatisfaétion auroit été plus grande par la découverte de ces fortes de pierres & de bien d’autres chofes qui méritent peut-être plus d'attention, fi j'avois eu le temps de refter quelques jours dans ces lieux pour poufler plus loin mes expériences. En dernier lieu, on remarque une petite colline d'une pierre appelée corneus (1), d'un gris-foncé, mêlée de fibres en forme de petits fillons /4), & de taches de fpath criftal- ifé à quatorze plans, & quelquefois congelé en forme de grappes /x). Cette pierre, quoique facile à travailler, eft cepen- dant fufceptible d'un poli affez beau, & pourroit bien être employée à des chambranles de portes, à des cadres de che- minées, à des tables & à d’autres ufages dans l’Architecture. (s) On trouve en Suède fur les frontières de Norwège un porphyre & un jafpe noir avec des taches rou- geâtres, & en Tofcane on en trouve un noir à taches blanches, dont les carrières pourtant ne font pas fouillées. (t) Corneus, en fuédois Aornberg, veut dire-une pierre qui reffemble à de la corne; mais par rapport à de petites fibres que l’on y trouve, le nom fpécifique en eft /apis acerofus, en fuédois faudften, & on le met parmi les pierres apyres, à caufe de fa ré- fiftance au feu. (u) Cesfibres, quoique fort fub- tiles , ont pourtant quelque analogie avec les taches qu’on trouve dans l’ancien ferpentin, autrement appelé ophis, dont on pourroit peut - être découvrir quelque fource dans le voifinage. (x) Ce fpath, fpathum criftal- lifatum, ne doit pas être confondu avec l’autre efpèce que nous avons ap- pelée fe/tfpath ci-deflus, {PL ZI, fig. 1) puifqu'outre que la figure le diftingue , & qu’il eft beaucoup plus tendre, il s’altère par le feu, prefque de la même manière qu’une pierre à chaux, & produit une grande effer- vefcence avec les efprits acides, ce que lautre ne fait pas. Quelques Auteurs l’appellent m14r- mor merallicum , puifqu'il fe trouve ordinairement dans le voifinage de quelque grande mine, & qu'il eft fouvent accompagné de quelque mé- tal noble, dontil indique la recherche, DES SCIENCES 563 Il me tardoit d'arriver bien-tôt à Fréjus {y), fitué dans le voifinage de ces montagnes, dans l'efpérance de voir ces belles pierres employées à l'ornement de la ville: mais je fus bien furpris de n'en point trouver la moindre marque. Ces mêmes pierres que l'on recherchoit avec tant de foin dans l'ancien temps, & que l'on fit tranfporter de Numidie & d'Egypte à frais immenfes pour fervir d'ornemens aux temples & aux palais des Empereurs, n'étoient fans doute que trop viles & trop communes dans l'endroit natal pour mériter le travail, ou être jugées dignes de contribuer par leur éclat à la beauté des maifons & des églifes. Je remarquai pourtant que les anciens citoyens de cette ville, dans le temps des Romains, s'en étoient fervis comme d'une autre pierre brute, dans la conftruétion de l'aquéduc (7), de l'amphithéatre /a), & des autres édifices pompeux (8) dont les débris rendent encore aujourd’hui ce lieu fi remarquable. Ce font-là les obfervations d'Hifloire Naturelle que jai eu occafion de faire en paflant par cette province ; mais j'aurois beaucoup de peine à me difluader que l'on n’y puifle faire des découvertes plus importantes, par des recherches férieules & plus fuivies. Quant à moi, je fuis bien fiché de n'avoir pû depuis approcher d'un endroit fi fertile en objets dignes de l'attention d'un Minéralogifte, pour contenter mon vées; mais il eft à propos de re- (») Fréjus, en latin forum Julii, étoit autrefois une ville fort confidé- rable , fur-tout par l’étendue & par la commodité de fon port, qui elt aétuellement changé en continent, à ceufe d’une quantité de fable dont il eft rempli. (x) L'aquéduc étoit long de plus d’une lieue, foûtenu par des arcades immenfes, dont on voit encore les débris (PL. IT, ler. À). (a) L’amphithéatre étoit d’une éten-" due à pouvoir renfermer environ dix mille hommes; fa figure eft un ovale Jong de 240 pieds, & large de 180. Les voûtes & les parois en font, pour la plus grande partie, confer- marquer que de tous les bancs ou fièges qui entouroient fon intérieur, on n’en trouve pas un feul morceau ; apparemment ils étoient du por- phyre, & l’on aura jugé à propos de les tranfporter ailleurs, pour les faire travailler. (b) Dans les décombres de quel- ques-uns de ces édifices, je m'a- perçus d’un porphyre en débris dont il eft parlé page $ (1; mais il me PI. IT, fig. 3. fembloit qu'on es avoit choifr exprès le plus tendre pour en faciliter la ; taille, qui devient difficile à proporsæ, tion de la maturité de la pierre. bd Bbbb ij 564 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE goût pour ce genre d'étude, & pour fuivre d’autres obfer- vations fur des phénomènes finguliers dans le règne minéraf, que la Nature produit dans ces lieux. Je pris, chemin faifant, des échantillons de toutes les pierres ci-deflus mentionnées, que jai envoyés de Marfeille en Suède & à Florence pour des cabinets de Curieux; mais le voyage que j'ai fait depuis en Efpagne & en Portugal, ne m'a pas permis de m'en charger moi-même, ainfi il ne in’en refle ici d'autres, pour conflater ce que je viens d'a- vancer, que ces petits morceaux qui fuivent, & que j'ai fait defliner avec quelques autres qui me manquent, pour mieux éclaircir les faits que je viens de rapporter: encore font-ils pris dans la fiface de la montagne, où toutes les pierres en général font effleuries & mortes /c). Il faut ajoûter qu'il en eft de la recherche & de l'exploi- tation des granits, porphyres & jafpes, en quelque façon de mème que de celle des marbres. Il ne fuflit pas, pour dé- couvrir les meilleures veines, de favoir où il y a une mon- tagne de cette elpèce de pierres; il faut beaucoup d'application & bien de la peine pour les trouver, & non moins de fa- voir & d'expérience pour pouvoir bien juger de leur matu- rité & de leur dernier degré de perfection (4). (c) S’efleurir ou fubir eMoref- | perfection; ce qu’on peut voir dans cence, en fuédois wtvittra, veut | leurs monumens, où on n’a jamais dire que les vapeurs & les parties | employé d’autres pierres que les plus falines les plus fubriles qui font entrées dans la compofition de la piere, font évaporées & élixées, de forte qu’il n’en refte plus que la tête morte ou le taudis sroflier de la roche; mais comme la génération des p'erres & des montagnes fe dé- veloppe de plus en plus, certe ex- prelion ne pourroit pas bien cadrer dans la fuite, fu-tout quand il fera queftion de jafpes, porphyres, gra- nits & d’autres piertes de la même ature. (4) Les aaciens E’gyptiens avoient pouffé cette Science à là dernière indeltruétibles, telles que font le porphyre, le granit, dont on favoit auffi choifrr les plus müres & les plus parfaites. En Éfpagne on bârit de- puis long-temps de granit, ce qu’on a fans doute appris des Phéniciens ou des Grecs; mais on n’en a pas toüjours rencontré la meilleure ef- pèce, ce qu’on peut voir dans les grandes colonnes de la place de Séville, lefquelles ont beaucoup dé- péri, quoique plus modernes que les obélifques de Rome dont nous avons parlé dans le commencement. Sav. Eltrang .Tome.2.Pl. X X1p.564 : Planche I Fe He Jav. Ebrang .Tome.2. Pl XX/p.564 . Planche I GobinSe Sav.Etrang.Tome.2.PLXXTIp.564. Bg.7. Fig.6. y nd 25 Es Lil Sav.Etrang.Tome.2 Pl XXTIp.564 | Planche. IL Fig 1. Fig.6. Hig.s. 222 FE D Gobin Se ». etrang.Tome. Ma Al XXIHp.56%. — = = ‘ SVe = = — = { —= A | = FR = i | E — = Î : Ë | Bot LE sterele .©.La mer medilerranee . | Jar -etrang Tome. 2,Pl, XXI p.56 4 DES SCIENCES. 565 Avant que de finir, je devrois dire quelque chofe au fujet des moyens que les Anciens mettoient en ufage, & dont les Modernes fe fervent encore aujourd'hui, pour fouiller les carrières de ces pierres en queftion ; mais je crains déjà de n'avoir été que trop diffus dans le détail des obfervations précédentes. MVE MO: PRE Sur la manière de retirer lOr employé fur les bois dorés à la colle. Par M. DE MONTAMY#7. | Das perfonnes occupées du Gouvernement ont toûjours regardé comme des objets fort intéreflans & dignes de toute leur attention, les moyens qui pouvoient procurer & conferver dans un Etat la plus grande quantité d’or, C'eit fur ce principe & fur la crainte d'en diminuer l’efpèce, que font fondées toutes les défentes que l'on a faites autrefois d'en employer dans les étofles & d'en porter fur les habits: ces raifons paroiflent avoir ceflé depuis que l'on a trouvé le fecret de retirer cet or prefque en entier. Il n'en eft pas de même de celui que l'on emploie à dorer les bois; perfonne ne fe met en peine d'y travailler, ou sil y a quelqu'un qui y travaille, il faut qu'il n’y trouve pas un profit honnêie, puifque l’on voit tous les jours brüler de vieux bois dorés, fans que perfonne {e préfente pour s'y oppoler. Lorfque j'ai demandé pourquoi on paroifloit négliger cet objet, on m'a toûjours répondu qu'après y avoir travaillé, on avoit trouvé que les frais néceflaires pour parvenir à cette opération, furpafloient la fomme que pro- duifoit l'or qui en étoit retiré. Le defir de m'initruire du fait, & la commodité de commencer mes épreuves fur des mor- ceaux des vieux lambris dorés que l'on tiroit du Palais-royal, Bbbb iij 566 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE & que l'on donnoit pour être brûlés, m'ont déterminé à em- ployer le procédé fuivant, par lequel on verra qu'un ouvrier, dans l'efpace d'une heure, peut enlever des bois dorés pour plus de vingt fols d'or. Pour n'être point trompé fur cet article, j'ai voulu faire moi-même le travail, afin de mieux juger des difficultés qu'on pourroit y rencontrer, & eflimer le temps qu'il feroit néceffaire d'y employer. Tout le monde fait que pour dorer le bois on commence par lui donner plufieurs couches de blanc, fur lefquelles on met une couche jaune compofée d'ochre commune, & fur celle-ci une dernière couche que l'on appelle l'affère, dans laquelle il entre du bol d'Arménie, de [1 fanguine, de la mine de plomb, du favon ou de l'huile d'olive, &c. C'eft fur cette dernière couche, après l'avoir mouillée avec de l'eau, que l'on applique la feuille d'or, par-deflous laquelle on fait éncore pafler, dans fe moment de l'application, de nouvelle eau qui, venant à s'écouler, donne occafion à la preffion de l'air fur la feuille, & par cette méchanique l'attache for- tement fur l'affiète. I paroifioit fumple de racler avec des outils, cette com- pofition fur laquelle l'or eff attaché, pour l'en féparer enfuite, mais cette opération auroit été longue & pénible; d'ailleurs la compofition étant épaifle, auroit produit un grand vo- lume de matière pour peu d'or, & on auroit eu par con- féquent plus de peine à en féparer. Cela m'a fait penfer que lon pourroit réuffir en faïfant tremper la dorure dans une liqueur qui, venant à amollir l'affiète de l'or, donneroit par ce moyen a facilité de l'emporter avec des brofles. L'eau chaude dans laquelle on auroit fait diffoudre un alkali, comme de {a foude, de la potafle, &c. auroit pû produire cet effet; maïs quoique ces matières ne foient pas d'un grand prix, j'ai cru devoir écarter tout ce qui pouvoit diminuer le produit de l'opération. J'ai mis le bois doré tremper pendant un quart- d'heure dans un grand vaiffleau plein d'eau que j'entretenois prefque bouillante, d'où l'ayant tranfporté dans un autre vaifleau qui DES, S CIE N CiE:S, s67 contenoit aufli de l’eau chaude, mais en petite quantité, dès les premiers coups de broffe que j'ai donnés fur l'or, j'ai vû que je l'emportois facilement, & qu'il reftoit dans l'eau dans laquelle j'avois foin de tremper fouvent la brofle. Je fuis parvenu ainfr à enlever l'or de deflus une aflez grande quantité de bois doré fur lequel les couches de blanc ref- toient tout entières, n’y ayant que la couche que l'on ap- pelle l'affiére, dont une partie étant enlevée en même temps que l'or, fe trouvoit mêlée avec lui dans l'eau. Après que j'ai eu travaillé de cette façon pendant environ huit heures, J'ai fait évaporer l'eau jufqu’à ficcité dans un vaiffeau de terre verniffée. J'ai détaché la matière qui eft reflée au fond de ce vaifieau, & après l'avoir pilée dans un mortier, je fai mile dans le feu fous une moufle, afin de brüler par ce moyen la colle & les parties huileufes qui, fe trouvant dans la matière, auroient pü empêcher le mercure de s'attacher à l'or. Lorfque j'ai vû la matière rouge, & que jai cru qu'il ne refloit plus rien à brûler, je fai retirée du feu, & étant encore affez chaude pour avoir de la peine à y foufhiir le doigt, je lai mife dans un mortier de porcelaine, dans lequel il y avoit une demi-livre de mercure bien pur. J'ai trituré le tout enfemble avec le pilon pendant une heure; après quoi j'ai verfé très-peu d’eau fraîche deflus, & j'ai con- tinué la trituration pendant plufieurs heures. Lorfque j'ai cru que le mercure avoit pû fe charger de l'or, j'ai verfé fur le tout beaucoup d'eau fraiche pour bien laver le mercure, que j'ai paflé enfuite par la peau de chamois dans laquelle j'ai trouvé 2+ gros 14 grains d'or & de mercure, & après avoir fait évaporer le mercure, il eft reflé demi-gros 15 grains de chaux d’or qui, dans l'effai, s’eft trouvée perdre = à la fonte, & -= au départ; ce qui donne cette chaux d'or à 23 Carats. Voyant que cette opération réuffifloit, je l'ai recommencée dans le deffein de favoir le profit fur lequel on pouvoit compter. Pour cet effet, j'ai travaillé pendant deux heures, & la poudre féchée après l'évaporation de l'eau, a pefé 4 gros, 568 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L ACADÉMIE La même poudre, après avoir été réverbérée fous la moufle dans le feu, a pefé 2 gros 34 grains. Après la trituration, il eft refté dans la peau de chamois 56 grains d'or amalgamé avec fe mercure. Après l'évaporation du mercure, il eft refté 1 6 grains de chaux d'or, qui s'eft trouvée, comme la précédente, à 23. carats. I réfulte de cette opération, que chaque grain de cet or valant trois fols, un ouvrier peut retirer par heure pour vingt- quatre fols d'or de deflus fe bois doré. Je fens bien qu'il faut ajoûter à ce temps celui qui eft néceflaire pour triturer le mercure avec la pouffière, jufqu'à ce que l’amalgame de l'or foit tout-à-fait formé, & j'y ai employé fix heures; mais on doit confidérer qu'il ne faut également que fix heures pour amalgamer 30 livres de la même matière dans les moulins qui font deftinés à cet ufage; ainfi le temps de l'a- malgame des deux gros & demi doit être compté pour peu de chofe. On peut faire le même raïifonnement fur le temps nécel- faire pour faire évaporer le mercure, puifque dans une heure on en peut faire évaporer 100 livres. Il eit queftion d'examiner les frais; ceux du mercure font très-peu de chofe, puifque celui qui a paffé par la peau de chamois, & celui que l’on a retiré de lamalgame de l'or en le diflillant dans une cornue, peuvent fervir fans prefque aucun déchet, comme auparavant, à former un nouvel amalgame. - Les frais font donc prefque entièrement bornés au feu qui eft néceffaire pour faire chauffer Veau & la faire évaporer; car pour le feu néceflaire à la diflillation du mercure, il eft important de remarquer qu'il doit être très-petit, afin que l'or ne rougifle pas tout-à-fait; ce qui fuffit pour en chaffer 1: mercure. On a trouvé que l'on tiroit par heure pour vingt-quatre fols d'or; en prenant quatre fols par heure pour le temps & les frais fufdits, il reflera par heure vingt fols, tous frais faits. Un doreur a eftimé qu'il avoit fallu employer cinq livrets d'or MEN D CTEN CES s 69 d'or pour dorer le bois que j'ai dédoré pendant deux heures. Chaque livret pèfe depuis 6 juiqu'à 8 grains; en prenant au plus fort, cela fait 40 grains d'or qui ont été employés. On a vü que j'en ai tiré 16 grains; il s'en faut donc 24 grains que je n'aie tout retiré : il efk vrai que par l'é- preuve que j'en ai faite, la pouflière dont j'ai tiré les 16 grains d'or, en contenoit encore un peu. Pour découvrir donc à quoi m'en tenir, & favoir quelie quantité d'or il étoit poffible de retirer de cette opération, j'ai travaillé de nouveau à dédorer des morceaux de bois, en fuivant la même méthode que j'avois déjà employée. La poudre que j'en ai tirée, après avoir été rougie au feu, a pelé 62 gros 17 grains: je ne pouvois mieux m'adrefler pour tiävailler à tirer exactement tout l'or qui étoit contenu dans cette poudre, qu'à M. Rouelle qui a bien voulu s'en charger, & dont je vais rapporter le procédé tel qu’il a eu la bonté de l’exécuter. Pour cet effet, il a commencé à partager la poudre en deux parties égales, & fur 3 gros 26 grains & demi qui failoient la moitié de toute la poudre, il a employé 4 onces de litharge, & l'addition d'une demi-once de plomb. L’écuelle a malheureulement caffé dans l'opération, & s'étant fait une perte, il n'a pü retirer que 27 grains d'or de cette moitié de poudre. M. Rouelle a donc recommencé l'opération fur les 3 gros 26 grains & demi de poudre qui refloient; mais comme il avoit remarqué que les matières qui avoient pü fe détacher de l'affiète de la dorure retardoient la vitrification, il a pris le parti, pour s'en débarraffer, de verfer deflus 3 onces de vinaigre diftillé: il s’'eft fait une effervefcence affez vive, & après une digeftion de deux heures, & avoir décanté a li- queur qui furnageoit, il a remis encore à deux repriles la même quantité de vinaigre diftillé. Il a trouvé que la poudre qui refloit après avoir été féchée, peloit 22 gros 6 grains; # s'étoit donc diffous un demi-gros 20 grains de lafliète de la dorure. 1 «Say. étrang, Tome IL Gccc 570 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A LÂACADÉMIE Sur les 22 gros 6 grains réftans, M. Rouélie a mis 47 onces de litharge & une demi-once de plomb dans le fond du creufet, en obfervant de placer le mélange par-deflus le plomb: il a mis le creulet dans la boite de la forge, & l'a fait chauffer peu à peu en augmentant jufqu'au feu de fufion. Après avoir tenu le mélange dans une fonte parfaite pendant 12 à 15 minutes; & le creufet ayant été refroidi & caffé, il s'eft trouvé un culot de plomb du poids de 1 2 gros. Ce culot de plomb a été mis fur, une écuelle à vitrifier au fourneau de coupelle; il s'eft trouvé environ une once de plomb vitifié. L'écuelle refroidie & caflée, le culot de plomb reflant a pefé 44 gros, & après que ce culot a été pafié à la coupelle, il eft refté un bouton d'or du poids de 32 grains. On conçoit aifément que l'augmentation de cisq grains qui fe trouve dans cette feconde opération, vient de ce qu'il n'y a pas eu de perte. M. Rouelle ayant, par ce procédé, exaétement tiré tout Vor qui fe trouvoit contenu dans la poudre qui pefoit avant l'opération 3 gros 26 grains & demi, on peut en conclure à peu près celui qui eft refté dans la poudre que j'ai travaillée avec le mercure, qui pefoit 2 gros 341 grains après avoir été rougie au feu, & dont j'ai tiré 16 grains d'or. En fup- pofant donc que, cette poudre contenoit une quantité d'or proportionnée à celle fur laquelle M. Rouelle a travaillé, on trouvera qu’elle contenoit 23 grains & demi d'or au dieu de 16, & qu'il en eft demeuré 7 grains & demi dans, la poudre qui a reflé après la trituration avec le mercure. .… En (fuivant le calcul que j'ai fait fur cela, on voit que dans le cas où l'on eût tiré tout for contenu dans cette poudre, un ouvrier auroit, au lieu de vingt-quatre fols, gagné trente-cinq fols par heure, & en mettant cinq fols pour des frais, on trouvera trente fols par heure pour le gain de, lou: vrier. La quantité d’or qui avoit été employée à cette occafion, ayant été (comme on l'a vü) eflimée à 40 grains, on voit qu'il eft poffible de retirer plus de la moitié de l'or qui avoit été originairement employé. LE) D'ERN SICTEN CES s7t IF eft à propos de remarquer que par le procédé dont M. Rouelle s'eft fervi, il a véritablement tiré 32 grains d'or, valant quatre livres feize fols; mais les frais de l'opération s'étant montés à trois livres douze fols, il ne refleroit que vingt-quatre fols pour payer la peine des ouvriers, ce qui ne érdit pas fuffifant, quoique dans un travail fuivi & en grand par la IPN les frais pufient être moindres. Il vaut beaucoup mieux fe fervir de la méthode que j'ai em- ployée, en triturant avec le mercure la poudre qui contient l'or; ce qui, produit un gain raifonnable, fur-tout en fe fer- vant des moulins dont les gèns chargés du départ à là Mon- noie ont coûtume de faire ufage pour retirer For qui s'eft infinué dans les creufets, au lieu que je n'ai fait mon opé- ration que dans un mortier de porcelaine avec un pilon de li même matière. Je penfe auffr qu'il feroit utile d’ajoûter à kR matière à triurér, une certaine portion de fable bien lavé, qui aïderoit au mercure à mieux pénétrer la poudre qui, par la grande finefle dont elle eft, ne lui donne pas facilement entrée: il refteroit à favoir la quantité de mercure que lon doit employer. Crammer, dans fa Docimafie, la fixe à quatre fois le poids de la matière à triturer. On pourroit par cette méthode retirer, à peu de chofe près, tout l'or contenu dans la poudre: je n'ofe pas dire qu'on le retireroit en entier, parce que m'étant fait donner de la matière qui, après avoir été triturée, refloit rebutée & abandonnée par les gens de la Monnoie, comme ne contenant plus d'or, j'ai trouvé par une manipulation qui m et particulière, qu'elle en contenoït encore, quoiqu'en très-petite quantité. Ccccij 29 Juillet »750, 572 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE EUR: EESMRRO P OR TITOMNE DU SQUELEITE DE L'HOMME, Examiné depuis l'âge le plus tendre, jufqw'a (res de vingt-cinq, ”foixante ans, à au dela. Par M. SUE, Profeffeur royal en Anatomie aux écoles de Chirurgie, & à l’Académie royale de Peinture, &c. [: femble que les anciens Anatomifles ont fait peu d’atten- tion aux différentes dimenfions des os, relativement aux diférens âges. Entre les modernes, Ruyfch, Kerkringius & quelques autres, s'étendent beaucoup fur la formation ou le dév ‘eloppement des parties des: fœtus dans leurs différens âges; mais ils ne difent rien des proportions que ces parties ont tles unes à l'égard des autres, dans les différens états de Fhomme depuis fa formation jufqu'à la plus grande vieilleffe. Mauriceau: femble vouloir entrer dans ce détail à l'égard des fœtus, mais il a établi fes proportions fur le poids total, & non fur la mefure des diflérentes parties de chaque fujet ; ce qui étoit néceflaire pour l'objet que je me fuis propolé. D'ailleurs je n'ai pas borné mes oblervations à l'enfance; je les ai étendues fur tous les âges de l'homme. Bianchi a donné l'hifloire des différens âges du fœtus, fans en avoir fixé aucune dimenfion: enfin M.'s Andri, de Buffon & Verdier difent quelque chofe des proportions en général, mais ils ne font entrés dans aucun détail fur les proportions. des os, relativement les uns aux autres. J'ai cru cependant que. cette matière feroit aflez intéref- fante pour mériter d’être traitée avec exactitude: on aperçoit d'avance que je n'ai pü remplir ce deffein que par un travail long & aflidu, & par des: obfervations répétées fur nombre de fujets de différensié âges ( dont une partie eft au Cabinet du jardin du Roi). DES, SCIENCES. 57% Je les ai commencées fur des embryons de fix femaines, âge où ils commencent à prendre une figure aflez régulière, & j'ai continué mes obfervations fur des fujets de tous les âges, jufqu'à la décrépitude. La Nature eft fujette à des variétés, qui exigeoient de moi beaucoup de précautions; par exemple, il fallu choifir avec toute l'attention poffñble, des fujets bien conformés, & dont la taille ne me parut ni fort grande, ni fort petite, fuivant Vâge où je les examinois. Comme je me propolois de fixer des rapports de gran- deur entre le fœtus & l'adulte, il m'étoit également impor- tant d'éviter de faire porter mes obfervations fur des géants & fur des nains. J'avoue que je n'avois aucune règle füre pour choifir cet état moyen; mais Je crois que par la grande habitude que j'ai de voir & d'examiner des fujets de tous les âges, je fuis parvenu à une approximation fuffifante pour établir avec quelque certitude, 1.° la grandeur commune de Mi dans fes différens âges. * Dans les jeunes fujets, la différence du tronc d'avec les Enérnités. & à quel âge le tronc & les extrémités font de même longueur; & je rendrai compte de quelques par- ticularités qui arrivent quelquefois aux vieillards. 3." Je pañferai à l'examen des proportions de chaque os. en particulier, & je rapporterai quelques obfervations fur la différence du fquelette de la femme à celui de l'homme. 4. Enfin je parlerai de certains os qui, quoique naturels au fœtus, ne fe trouvent que très-rarement dans l'adulte. Dans toutes les dimenfrns que j'ai prifes, pour remplir le- plan que je n'étois propolé, j'ai commencé par prendre la =: totale des fujets, depuis le vertex jufqu'à la plante es pieds; j'ai-enfuite mefuré en particulier le tronc, en: com- mençant au VErlex, juiqu'à la fimphyfe des os pabis. J'ai pris la longueur des extrémités fupérieures, depuis le bord de l’acroemion jufqu'à l'extrémité des doigts; enfin la mefure des extrémités iñférieures a.été prife depuis la fimphyfe des os. pubis jufqu'aux plantes des pieds. | Cccecii 574 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE TABLE des mefures des [ujets de différens &4ges. Fatus d'environ fix femaines, dont la grandeur étoit de 1 6 lignes, Longucur du tronc. ........41.4.141.1, 1pPuce ; olignes sextrémités fupérieures. . ... 0. 5° ‘aies inférieures. , « ... O4 4 Fatus de deux mois 7 demi, dont la grandeur étoit de 2 pouces ja. 3 lignes. nueur du tronc, . ...... 1411212 ypouce | lignes. des extrémités fupérieures . . . : o. 9: des extrémités inférieures. .. .. o. 7e Fœtus de trois mois, dont la grandeur étoit de z pouces. Longueur du tronc. ............'.. 2pouces yligne des extrémités fupérieures . ..."o. 13. des extrémités inféficurés. . ... ot 11. F ætus de quatre mois, dont la grandeur étoit de 4 pouces 4 lignes T demie. Longueur du tronc. .............. 2poucesy jlignes des extrémités fupérieures . ... 1. 9: des extrémités inférieures. . ... 1. , S£ Fœtus d'environ cing mois, dont la grandeur étoit de 6 pouces €7 demi. Longueur du tronc, .,:.4 2»... pouces, lignes. des extrémités fupérieures. . , . . 2. 6. des extrémités inférieures. . . .. 2. 2e Fatus de fix mois, dont la grandeur étoit de 9 pouces. Longueur du tronc... ........,. çpoucs lignes. des-extrémités fupéricures. . . .. 3. 7e des'extrémités inférieures. . ,%. 4 3. 4. Fœtus de fèpt mois ; dont la grandeur étoit d'un pied quelques lign Longucur du tronc. ........4...... Gnoucæs filignes. des extrémités fupérieures . ... $. 10. des extrémités inférieures. . . .. 5. 9. Fetus de huit mois dont la grandeur étoit de n4 pouces. 9 lignes Cr demie. Longueur dubtronc #14 820 SSH ANG ponces 3 Hignes. D ES; /S CAF EN C;Eis. s75 Longueur des extrémités fupérieures. . . .. Gpoucts Slignes. | des extrémités inférieures. . . . . 6. 6. Fetus de'neufimois, dont la grandeur étoit de 1 8 pouces. Longueur du tronc. .......... «+. j1oporces lignes des extrémités fupéricures. . .. 8. Oo. des extrémités inférieures. . . . 8. CP Enfant d'un an, dont la grandeur, étoit d'un pied 1 0 pouces 7 demi, Longueur du tronc... ...s.sse 13 pouces Glignes. des extrémités fupérieures. . .. 9, Oo. des extrémités infégieures, . . . 9e ©» . Enfant de trois, ans, dont la grandeur étoit de, 2 pieds 9 pouces. é7 quelques lignes. Longueur. du troncs. +24 ss este ae 19100, environ. , :des extrémités fupérieures. … …. 14s10u1y Ou : | uudes :extrémités inférieures: , 4,114, pires Enfant de dx: ans, dont. la grandeur étoit de 3 ue 8: pouces «16 lignes, | “APE dwtroncs 229234 5% ,1.#02pieds saponcsy plieneshhe des extrémités fupéricures.. 1. 7.2 10. ! des extrémités inférieures. 14! 8.0 «ré. 18 Sjes le quatorge ans }} dont la grandeur étoit de ‘y pieds 7 poutés, Longueur-du tronc. 2, 2.12 Gpiedst gpontes ‘dfignes. IS ‘des ekirémités fupérieures. 2. 02! 7€, 7701 des extrémités inférieures, 2.1 3. L'Hmtes Sijets de Vingt à vingt-cinq ans , dont la grandeur étoit de s; pics | v=: EE L Longueur du tronc. He oo cu ape 8pouces' ofinat ÿ des extrémités fupérieures. BPNTES SEL . des extrémités inférieures. 2. DEA ni F Ces obfervations fouvent répétées fur plufieurs fujets ; m ‘ont enfin conduit à pouvoir déterminer avec exactitude, quelle eft. la, proportion du tronc, avec les. extrémités, & des,extrémités.entr'elles, ‘dans des différens à âges... ; ‘ > Dans. Je, premier temps. de, la formation du fœtus, k 576 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE longueur du tronc eft beaucoup plus confidérable que celle des extrémités. Les extrémités fupérieures ont beaucoup plus de longueur que les inférieures, ces dernières ne faifant qu'environ le quart de la longueur de tout le corps: ne pourroit-on pas foupçonner que la caufe de certe différence qu'on aperçoit, entre le tronc & les extrémités, vient de la proximité que les parties du tronc ont avec le cœur & les grandes artères, & que la force du cœur'& de fes ‘vaifleaux étant fupérieure à leur réfiftance, elle les oblige à fe développer plus promp- tement que celles qui, par leur éloignement, font moins foumiles à la force de cette action? & l'enfant étant forti du ventre de la mère, alors les extrémités, & fur-tout les infé- rieures, croiffent à proportion plus que le tronc: enfin vers l'âge de vingt à vingt-cinq ans, le bord fupérieur de la fym- phyle des os pubis fait précifément le point du milieu entre le fommet.de h têté & la plante des pieds; avant cet âge, les parties & fur-tout le corps des os & leurs épiphyles grandiffant tous les jours, ce centre varie continuellement. Les ujets de trente & quarante ans, ceux de cinquante & de foixanté, dont j'ai mefuré les parties, ne m'ont fait apercevoir aucun changement dans la grandeur des propor- tions, fi ce n'eft en certains os particuliers, de forte que toutes ces remarques m'ont paru prouver-aflez bien la conf- tance exacte des proportions, dans laquelle reftent le tronc & les extrémités, lorfqu'on a atteint l'âge de vingt à vingt- cinq ans, à moins que l'épine du dos ne fe courbe, comme cela arrive quelquefois, à melure qu'on approche de la vieillefe; ce qui fait alors un accident particulier. Suivant ce que j'ai remarqué fur les os de beaucoup de fujets que j'ai difléqués, & qui nétoient morts que dans un âge fort avancé, outre que plufieurs os fe foudent les: üuns'aux autres ; comme on le voit fouvent aux os du crâne, &c. les fibres offeules, en fe defléchant, perdent de leur fouplefe; d’où lon pourroit, ce me femble, tirer la principale caule de la fragilité des os dans les perfonnes avancées en . âges DES, SCIENCES S77 age. Ce qui pourroit appuyer cette idée, c'eft le peu de réfiftince des os des vieilles gens ; ils font peu propres aux prépara- tions anatomiques: la plus petite dole des lels qu'on emploie pour les blanchir, où la moindre ébullition, font capables de détruire le tiflu de leurs fibres, & pour peu qu'on les touche, ils fe brilent facilement. Le changement qui arrive aux mâchoires de certaines perfonnes, & {ur-tout à celles des vieillards après la chûte des dents, m'a paru mériter quelques recherches: c'eft ce qui ma engagé à faire diffé- rentes. coupes à plufieurs mâchoires dont les alvéoles étoient tout-à-fait effacés. Au premier afpeét, on feroit porté à croire qu'une partie de la fubftance offeufe de Fune & de Fautre mâchoire s’'anéantit par la grande diminution de ces os, & par le peu de vefliges qu'il en refte. J'ai donc examiné comment il fe pouvoit, faire que la moïtié de chaque mâchoire difparût, pour ainfi dire; & j'ai obfervé que les bords des mächoires étant tout-à-fait fpon- gieux, & ceux de l'alvéole n'étant plus appuyés, auffr-1ôt qu'une dent eft tombée, les compreflions que cet alvéole reçoit de toutes parts, obligent {es fibres offeufes de fe re- plier du côté du centre, & de fe rapprocher tellement les unes des autres, qu'elles forment une fubftance compacte, ferme & tranchante, qui devient même quelquefois plus épaifle que celle qui entoure tout le refle de l'os maxillaire. On voit aifément par cette méchanique, que la Nature in- dufirieufe a des reflources inépuifables , & que des débris qui reflent des mächoires elle fait former une elpèce de nouveau ratelier qui devient très-utile pour la maitication : il n’eft donc pas étonnant de voir des vieillards qui ont la facilité de briler les croûtes de pain les plus dures, & qui font ufage de toutes fortes d’alimens, mâchant & triturant, pour ainfi dire, comme s'ils étoient dans leur première jeunefle, & pourvüs de toutes leurs dents. Je craindrois d’abufer des momens de l’Académie, fi j'en- trois dans le détail des dimenfions de chaque os en particu- lier: je me contenterai de préfenter à M.rs les Commiflairess Say. étrang. Tome 11. Dddd 78 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE la Table dans laquelle toutes ces dimenfions font exprimées. TABLE des dimenfions de chaque os en particulier *. Dimenfions de la tête. Longueur depuis le haut du coronal jufqu’au bis ditraicaton:: 11. simrenien .... gpouces lignes Longueur du crâne depuis le milieu du co- ronal jufqu'au milieu de l'occipital. :. .. 7. 6. Largeur de la face du milieu d'un os de la pommette à l'autre. ............. 4. 6. Dimenfions du coronal, Longücuss where cnéns ele etais vire none aneanes Henée Largeur. een sheet ete tde 6. Dimenfions de l'occipital, Lonémeur MIO SRATANEENAE . #7pouces ligues. Farnétr CRIME NTI NAN 8. Dimenfions de chaque pariétal, Convient Ie tie elle .. Apouces Glignés, Parrot At -lete alerte siens lUELe 6. Dimenfons de chaque os temporal. Longueur depuis la pointe mafloïde, jufqu'à la partie la plus élevée de la portion écailleufe. 3ponces olignes, Margchr eee SL UT De LA. Dimenfions de l'os fphénoïde. Longueur .......:,.. sets mets sie pouces oligies Etendue de devant en arrière. . ...... 2. o. Hautcurt lequel ete elaiole e steel e)t2ie CR Dimenfions de l'os ethmoïde. LOUER NEREN es... rpouce lignes Larpenr EE Rne o. Hauteur MM DRAP CE ME DS ME Les dimenfons des os du nez varient. Lonoueuts.... 0001 e rule ele le | DPOUCE DAGIE(ES * On prend ici a grandeur d'un fujet d'environ $ pieds 6 pouces, comme hk grandeur la plus ordinaire, Daniele, SRE: TUE NICE Largeur, pris enfemble. . ........... opouce &lignes. * Dimenfions de chaque os maxillaire. Lonpoetrie es eus eee ne o ju ee 2POUCS r7liBneh DE 0 NOR AR RE 6. Diftance de dévant en‘arrière. . ....... 1. 6. Dimenfions des os de la pommette, PTareur ee ele cest ee IEenouces ‘ ODEUES Hauteur ..............ssossse) Ze. 10. Dimenfions des os. unguis, Longueur. ilers ae deteste ee 77 MAN iEnes Larsens AE lle reine ie ieiele © 4 dE Dimenfons des cornets inférieurs du nez, Éongüeur .1. «un « « « fee lepsdels lois one ppu L'ofgnes Largeur « . Later 7à 8. ! Dimenfions des os du paläis. TAHOE eee ciel efeioleleleie ciel HT pUENES Largeur :.42. 20. een ones LA ÿe Dimenfions de toute la voûte du palais. Efpace de devant en arrière... .,.,. 1pouce j olignes. Efpace de droite à gauche. .,........ 1. 4 Dimenfions dx vomer Longueur .. :4....%...,%4,14 44: 1pouce élignes. 579» Largeur... ...........:....:.. 10 à 12 lignes Dimenfions de la mâchoire inférieure; Efpace depuis un angle jufqu'à J'autre extér, >pouces olignes, Hauteur vis-à-vis la fymphife, y. comprenant lés dents. Es tentait re 6. Hauteur des branches montantes ...... 2. CEA Efpace d’un angle à l’autre intérieurement... 3. 6. Dimenfions de l’épine dans l'adulte, Longueur générale, environ .. .... 2pieds2pouces olignes, Longueur des. vertébres .du col, prifes . . enfemble1./:, tete lets sl NO 4 8. Longueur des vertèbres du dos .,.. o. 9. 4e Ddddi 580 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Longueur des vertèbres lombaires. . . . opiéd pouces ligne. Longueur de l'os facrum & du coccyx.. 0. 5. ©. Dimenfions du flernum. Longueur générale. . . .. ..........,"#7roucs Alignes, Longueur de la première pièce... ..,. 2. ©: Largeur. ..................4.: 2 9. Longueur de la feconde pièce. : :. 242: 4 o. Largeur par fa paitie inférieure. : . 4 242 "1. 6. Longueur du cartilage’ xiphoïde, 444. o. 16. Dimenfions des côtes, Longueur de Ia première côte... ....... gpouces (lignes. Les fuivantes augmentent à proportion, juf- qu'à la feptième qui a-environ. . . . . . . .1_ pied’ de long;. Les cinq dernières côtes diminuent à. pros . . .: portion qu’elles defcendent, de forte que la dernière n’a tout au plus en longueurque 3 ou 4 pouces, Dimenfions de chaque os innominé. Longueur depuis Ja crête de l'os ileum , juf- qu’au bas de 1a tubérofité de l'ifchion... &pouces lignes. Largeur depuis l'épine antérieure jufqu'à Ja poftérieure ss 49e 4 a tas SPRINT. 2) os Diamètre du baffin: de droite à gauche. . . 9 à 10 pouces, s P Diamètre. des os pubis jufqu'à l'os facrum.. 5. Oo. - Dimenfions des’ os ‘des’ extrémités fapérieures. Longueur dé fR'Chavicale. MOMIE Mépouces lignes. PATTES PANNE RO RINT SNS. A TRE Te 5 à 6. Longueur de lomoplate depuis d'acromion jufqu'à fon angle inférieur . . ....….... 7. 6. Largeurisss seu a AURIMOUN, RDSRNNE 4 o. ju © Dimenfions de l'humérus. LONOHEUR Re ee ee UNI DIC ds ‘Efpace des tubérofités, & latête, prifes en- femble.s. . ... c1iiq.. Jus best. axpoummolienés ÆEpaïfleur dans le milieu de fon-corps. .:.: o. 9. Largeur par‘fon extrémité inférieure. 7,2, 75, DPELS, MSC NTeTETS 53% Dimenfions du radius à du cubitus, Longueur du radius, ......,..,.... Spouces élignes. Longueur du cubitus. : ......,.,.... 0. 6. Æpaifcur de fon extrémité fupérieure . . . . 1. ou environ. Dimenfions du carpe àT du métacarpe. Longueur du carpe. …....,.... ee +, 1Pouce élignes. Daupcune ne A CN quelques lines, Longueur du premier des os du métacarpe... 2. 6. Eonguenr du fecond. ..).412 5... 42202 4 Celle duitroifement-uus 242057 12 5e Cle didnattiÈme nelle ele dates e/ 2e DEA 0. Largeur du métacarpe par fa partie fupérieure. 2. CE par fon extrémité infér. 3 .quelques lignes, .Dimenfions des phalanges des doigts, Longueur de Ia première phalange du pouce. pouce Giignes Celle”de MCE One ere NT PTT 1. 4. Célle-deitrotemer tete tt o. Longueur des premières phalanges des quatre derniers doists, Celle du doigt index «rem mes 1pouce (lignes. Celle du de IMEUITSS eee ie lol ele Ne le ee ILI 9. Celle"dudoigtrannniare. tre ete 0e se CHUTÉ dope EE PP ee LES 2 Longueur des fecondes phalanges des: quatre, derniers doigts. Celle qui appartient au doigt index. . . . :: opouce 1 y lignes. Celle du,doigtimedius., 2.2.2 .8 male LS Celle du doigt annulaire . . ... ..,.... 1, E. Celle du pEtt OISE ee lente cie et 21 0: RICE Longueur des troifièmes phalanges des quatre derniers doigts. Celles du premier & du fecond doigt... @poue olignesz, Celle du ;doïigtsannulairer., 24e Lecohotel 07 8. Celles duypetit, doigt... 410: 7e La: longueur de toute la main eft de... 7. 6. Dimenfions des .os qui. compofent les. extrémités inférieures. Longueur de los dela cuife, + , , . . rpiedypouces Glignes, Dddd à 532 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE L'efpace depuis le grand trochanter jufqu'a la tête du fémur. ........ ss... pouces lignes E'paiffeur vers le milieu de fon corps. . ..... I. 2. L'efpace qui fc trouve d'un condyle jufqu'à l'autre, 3. o. Dimenfions de la rotule, Longueur ............:.4...... 1pouce lignes. Largeur... .... ss... 1e se Efpaiffeur. ................. ee O8 9. Dimenfions des os de la jambe. Longueur du tibia. ....... +... pied 2pouces olignes. Epaiffeur de fa partie fupérieure. Mo, 3. 6. Epaiffeur de fon extrémité inférieure. o. 1. 6. Longueur du péroné, .......... 1. 1. 0. Epaiffeur ................. 0. 0. 6. Dimenfions des os qui compofent le pied. Longueur He l'aftragal. ons ee ee. 2pouces quelques ligues, Largeur . ........ RD NN ICI EME UE 6. Longueur du calcaneum. . .......... 3. quelques lign, Epaiffeur ....... UE PR AE o. Longueur du fchaphoïde . .......... o. 9. Largeur . ...... DT Tee Te eo TL 6. Le cuboïde, fa longueur .........., 1. 2. Léfoeae ONER US MR L LUE ©. = Longueur du premier des os cunéiformes, 1. 1. Celle 'drfecond…...2leet. Ps 1e CPAM o. 8. Celle du troifième.. .…..... Por ME ENT 0 à FT Longueur du tafe..........:.4...4, 4 6. Largeur . 2er RARE GRR o. Dimenfons des os du métatarfe. Longueur du premier des os du métatarfe, .. 2pouces élignes, Epaiffeuris 4.1... cr MER AO: 10. Longueur du fecond.. . ..…. On NPNOUAD io Celle du troifième. . PCT TNT 2. 2} 8. Gellefdui;quanième 44 stat dote rit 2 Fe Coll dudermmier se, + s histeléteutie jet oil 2e Se DES SCTÉNCES 583 Dimenfions des phalanges des orteils. | Longueur de la première phalange du pouce. 1 pouce 3 lignes, Celletdetifeconde #6). MAR CR 14 Les premières phalanges des quatre derniers doigts, Celle qui répond au fecond orteil, a 1 pouce, au lieu que les autres n’ont que depuis AT ÉAESDFUQU'At. EN LETTRE 0. ge Les fecondes phalanges des orteils, La plus longue d’entr'elles appartient au fe- condPoRtelMqUr A RENAN "05 6. Les fuivantes diminuent à proportion, & la dérhièréma que, dire Lit 6e Alan tés o. ai Les dernières phalanges des quatre derniers doigts, Celle qui répond au fecond orteil, à . . .. o. s£ Celles des autres orteils diffèrent les unes des autres d’une demi -ligne, de forte que Ja dernière du petit orteil n'a tout au plus que NIUE MORE RNA o. 4 TIR Toutc ia longueur du pied eft de ..... 9. ou environ, Sa rene Je ou sm abra MN nue v.3 da o. Je dirai fort peu de chofe fur la différence qui fe remarque éntre le fquelette de l'homme & celui de la femme. On fait que plufieurs célèbres Anatomifles ont obfervé que les os de la femme en général font plus minces, plus courts, & que leurs äpophyfes font moins marquées; que les os des hanches dans k femme font moins hauts, plus convexes, fort larges & plus évafés du côté de la face externe & poftérieure. Que les branches fupérieures des os pubis font plus alon- gées & plus minces, au lieu que les branches inférieures font plus courtes, & les trous ovalaires plus larges. Que les branches des os ifchions fe portent fur un plan beaucoup plus oblique vers la fymphyfe des os pubis; & que Vos facrum étant plus large & plus droit, ainfi que le coccyx, dans la femme, ces différences des proportions lui donnent ün baffin beaucoup plus fpacieux: de plus, j'ai obfervé que dans la plufpart des femmes la tête du fémur a moins d’étendue, 584 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE que le col en éft plus droit & plus long de quelques lignes, qu'enfin la cavité cotyloïde ne fé trouve pas {1 profonde dans la femme que dans l'homme. Je crois ne pouvoir non plus me difpenfer de dire un mot d'un nombre confidérable de variétés qui fe trouvent dans les proportions, & qu'on peut regarder comme extraordi- paires: elles viennent fans doute de la différente détermina- tion que la Nature a donnée aux parties de chaque individu, au premier inftant de fa conformation. Cependant j'ai remarqué que dans ces variétés mêmes, la Nature ne s'écarte que très -rarement de fes loix, & que dans les fujets très-grands où très-petits, il fe trouve toüjours une proportion qui ef relative à leur flature, & qui ne di£ fère de la melure ordinaire dont j'ai parlé, que du plus ou du moins; & j'ai remarqué que ce qui fait la grandeur ex- ceflive d'un homme eft que non feulement les os font plus longs en général, mais encore qu'on y trouve fouvent cer- tains os furnuméraires qui y contribuent beaucoup, comme lorfqu'on trouve dans un fujet fix vertèbres lombaires , ou que l'os facrum a une pièce de plus qu'à l'ordinaire, alors l'homme eft non feulement plus grand, mais encore le tronc eft toûjours plus long que les extrémités inférieures, & par conféquent le point du milieu n'eft jamais à la {ymphife des os pubis, comme dans les fujets ordinaires. On trouve encore en de certains fujets une ou deux côtes furnuméraires qui rendent le thorax plus étendu ; elles font fituées à la partie fupérieure de la poitrine. Pour peu néan- moins qu'on fafle d'attention lorfqu'on diffèque des fœtus, on voit que le commencement ou le principe de ces côtes furnuméraires sy trouve toûjours. Je ne parlerai point de la manière dont elles fe développent ; feu M. Hunauld en a très-bien traité dans un des Mémoires de l'Académie. Je me contenterai feulement de faire obferver qu'il n'a pas regardé ces os comme exiftans dans tous les fujets. Quoi qu'en ait penfé cet Anatomifle, j'ofe aflurer que je les ai trouvés dans tous les fœtus & dans les jeunes fujets qe DEuSA 826 /n'E Nc’ Es 585 que j'ai difféqués; & j'ai remarqué que dans quelques fujets, les pièces offeufes que M. Hunauld a nommées piéces de tra- verfe, deviennent de vraies côtes, fouvent même dans les fœtus. Quoique M. Hunauld ait détaillé la manière dont ces côtes fe développent, & leur figure, cependant il me paroit qu'il a gardé le filence fur leur ufage, & qu'il na point .obfervé que lorfque ces côtes furnuméraires fe rencontrent, la poitrine eft néceflairement plus longue que dans l'état ordinaire ; que les mufcles facro-lombaires & les mufcles très- Jongs du dos ont chacun un tendon de plus, & que le cœur étant dans fa pofition & grandeur naturelles par rapport aux attaches qui lient le péricarde au diaphragme, les gros vaif- feaux dans le cas dont nous parlons, ont plus de longueur; & qu'enfin il fe trouve alors quatre mufcles & deux paquets des vaifléaux intercoflaux , plus que dans la conformation ordinaire, Say, étrang. Tome 11 Eeeë 586 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ELANENR Ad T D'une Differtation fur la méchanique des mouvemens de la Prunelle, où l'on examine quelle eft la Jlrulure &7 la manière d'agir des fibres droites de l'uvée. Par M. DEmours, Doëteur en Médecine, & Cenfeur royal. 22 Juillet ‘Lai cloifon membraneufe qui eft fituée à la partie 173% antérieure du globe de l'œil, & qui divife en deux portions inégales l'efpace compris entre la cornée & le crif- tallin, eft connue des Anatomiftes fous le nom d'uvée, & plus communément fous celui dis: elle eft percée à peu près dans fon milieu d'un trou rond qu'on nomme pwpille où prunelle; on y reconnoit deux plans de fibres, des nerfs & des vaifleaux de différente nature. Des fibres de l'uvée, les unes font difpofées circulairement autour de la pupille, c'eft ce que les Anatomiftes modernes appellent le fphinéter de la prunelle; les autres font droites où longitudinales, & forment ce qu'on appelle le mulcle rayonné : les nerfs lui viennent du petit ganglion lenticulaire qui eft couché fur le nerf optique. Parmi les vaifleaux, il y en a de fanguins & d’autres noirâtres, qui font une con- tinuation de ceux de la choroïde: un célèbre Anatomifte de cette Académie y en a même aperçû de limphatiques. De toutes ces parties, je ne me propofe d'examiner dans cet extrait que les fibres droites ou longitudinales qui font fituées à la partie poftérieure de l'uvée. Les Anatomiftes les regardent comme des fibres charnues ou mulculeufes, & leur attribuent la fonction de dilater la prunelle. Mais fi après avoir fait macérer cette membrane dans l’eau, on la dépouille d’une matière noire qui en tapiffe la face poftérieure, on découvrira des fibres difpofées en manière DES SCIENCES 587 de rayons autour de la prunelle, plus grofles vers le cercle extérieur de l'uvée, & qui diminuent infenfiblement en s'ap- prochant du bord de la prunelle; des fibres rondes, lifles & polies, dont la couleur eft blancheätre, ou tout-à- fait fem- blable à celle des nerfs ou des tendons; des fibres, en un mot, qui ne paroïflent aucunement charnues, mais qu'on feroit tenté de prendre pour des fibres tendineufes, f1 on les exa- minoit fans prévention. Cela eft fi vrai que le célèbre Ruyfch les avoit d'abord regardées comme telles: il dit dans fa réponfe à la treizième Lettre anatomique, que les fibres droites de luvée font autant de tendons du ligament ciliaire, qu'il regarde comme un mufcle defliné à dilater la prunelle. Dans le fecond trélor anatomique, il defavoue à la vérité ce qu'il avoit avancé pré- cédemment, & dit que les fibres droites de l'uvée, qu'il avoit regardées comme les tendons du ligament ciliaire, font des fibres mufculeufes longitudinales. - Ce defaveu de Ruyfch eft trop formel pour me laiffer aucune reffource du côté de l'autorité: aufft n'ai-je rapporté fon fentiment que pour commencer à jeter au moins quelque! doute fur la véritable ftructure des fibres droites de l’uvée, & pour dire que leur couleur eft fi différente de celle qui eft ordinaire aux fibres charnues, qu'à en juger parles ap- parences, on les prendroit pour des fibres tendineules. C'eft ainfi quelles m'affectèrent la première fois que je les examinai avec attention; & malgré le préjugé, j'ofai dès- lors douter du fentiment reçû à leur égard: La comparaifon que j'en fis enfuite avec les fibres charnues des autres parties du corps, me confirma dans ce premier doute, & les réfle- xions fur la méchanique des mouvemens de là prunelle, auxquelles ce doute a donné lieu , ont enfin achevé de me convaincre que les fibres droites É l'uvée ne font pas des fibres charnues, foûmiles à la caufe qui met en contraétion les autres fibrés charnues de l'animal, & qu'elles ne font pas même des fibres tendineufes, dans le fens que l'avoit d'abord prétendu Ruyfch. Eeee ei Tablette IT, n.° 15e 588 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE On régardera fans doute ce que j'avance ici, comme un paradoxe anatomique; mais ce paradoxe, fi c'en eft un, eft fondé fur Ja ftruéture des paities, & fur les loix les plus: conflantes de l'économie animale, au dieu que le fentiment reçû choque direélement ces loix, ainfi que la flruéture. J'avoue que l'infpection feule des fibres droites ne fufhroit pas pour prouver ce paradoxe; c'eft donc ici un de ces cas où il faut que la raifon vienne au fecours des fens, & ce n'eft pas trop pour combattre un fentiment qui a pour lui lauto- rité la mieux établie. Avant que d'entrer dans aucun détail fur ce fujet, il eft à propos de remarquer en paflant, que quand on dit que la prunelle fe dilate ou fe rétrécit, on doit entendre par-là les diférens mouvemens de l'uvée qui occafionnent cette dila- tation ou ce rétréciflement. La prunelle en effet n'étant point: une partie, mais un trou, elle ne peut paroître plus étroite: que par la dilatation ou l'expanfion de l'iris : elle ne peut de même fe dilater que par le rétréciffement ou la contrac- tion de cette membrane qui fe replie alors fur elle-même. Le reflerrement de la prunelle & la dilatation de l'iris font donc deux expreflions fynonymes, comme le: font auff la dilatation de la prunelle & la contraétion de Yiris. Ces façons de parler une fois éclaircies, il refle à pofer quelques faits dont les jufles conféquences ferviront à prouver que les fibres droites de l'uvée font d’une autre nature que les fibres circulaires de cette membrane & les autres fibres charnues de l'animal. La prunelle fe dilate toûjours à l'obfcurité, & fe rétrécit à la lumière. Ces différens mouvemens fe paffent dans nos yeux fans que nous en ayons connoiffance : ils font donc purement méchaniques ou tout-à-fait indépendans de la vo- Jonté, & il faut leur afligner une caufe purement mécha- nique aufli. De ce que 1 prunelle fe dilate toûjours à l'obfcurité, il s'enfuit qu'elle! doit être dilatée pendant le fommeil, & que l'état naturel de la prunelle eft d'être dilatée, parce que DES d, SMCHIREANE CT ES: 539 pendant le fommeil, toutes les parties reviennent dans leur état naturel. De ce qu'elle ne fe rétrécit jamais qu'à la préfence de la lumière, il s'enfuit que l'impreffion que caufe cet agent fur l'organe immédiat de la vüe, eft néceflaire pour occafionner ce rétréciflement, & que c'eft l’action de Ja lumière qui détermine le fluide nerveux à couler dans les fibres circulaires de l'uvée, & à mettre ces fibres en con- traction : d'où l'on peut conclurre que le rétrécifiement de la prunelle eft un état forcé ou un état de contrainte qui ne fauroit fubfifter fans douleur aufir long-temps que la di- latation, felon la remarque d’Aguilonius qui dit, conffrictio pupillæ dolorem infert, dilatatio verd anodyna eff. I refte à dire un mot de la fibre motrice: je n’entreprendrai pas de la décrire, il me fuffit de favoir qu'elle eft fufceptible de contraction & de relichement, & cette connoiflance ne fuppole pas celle de fa ftrudure. Le relâchement de la fibre eft l'état où elle fe trouve avant ou après la contraction; c'eft l'état naturel de la fibre. La contraéion de Ia fibre eft cet état dans lequel fes deux extrémités s’approchent : il eft toüjours l'effet d'une caufe étrangère à la fibre, quoique foû- mile aux loix de l’économie animale. La contraction de Ja fibre motrice eft donc un état forcé qui eft toûjours fuivi d'une altération plus ou moins grande, felon la force & 1a dürée de la contraction. S'il étoit néceflaire de prouver cette propofition, j'aurois recours: à l'expérience qui nous apprend que tous les mou- vemens qui fe pañlent en nous, fans en excepter ceux-là même qui font les plus néceffaires pour la confervation de notre machine, tendent à l'altérer plus ou moins; que toutes les fois qu'il nous arrive de tenir long-temps une partie en contraétion, nous y reffentons de la douleur, & qu'après un certain temps elle tombe d'elle-même dans le relichement: que le fommeil ne nous eft fi falutaire que parce que toutes les parties reviennent alors dans leur état naturel, par la cef- fation de cette contraétion forcée qui accompagne tous nos mouvemens. : Eeee iij Optic. Gr. ?s PYOP: 17: É 590 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Ainfi puifqu'il eft conftant que toutes les fois qu'une partie a été en contraction pendant un certain temps, nous fommes obligés de la Jaifler en repos, faute de quoi elle y tomberoit d'elle-même fans que la volonté püt s'y oppofer, on peut en conclurre que la contraction de la fibre motrice eff fon état forcé, € que le relächement efl Jon etat naturel. De cette propofition inconteflablement prouvée par l'ex- périence, je tirerai les corollaires fuivans. Corollaire r. Les mufcles étant formés principalement de fibres motrices, l'état forcé ou naturel d'un mufcle dépend de l'état forcé ou naturel des fibres motrices dont ce mufcle eft compolé. * Corollaire 2. Les parties ne pouvant être müûes que par le moyen des mufcles, l'état forcé ou naturel d’une partie dépend de l'état forcé où naturel des mufcles de cette partie. Ce dernier corollaire renferme une vérité fi évidente, qu'on fera fans doute furpris des précautions que j'ai prifes pour la prouver; mais on ceflera de l'être lorfque j'aurai fait voir que cette vérité füfht feule pour prouver que tout ce qu'ont dit les Anciens fur le rétréciflement de la prunelle, & les Modernes même fur fa dilatation, fe trouve entière- ment oppofé aux loix les plus conflantes de l'économie ani- male, puifque le fentiment des uns & des autres pèche contre cette vérité. En eflet, pour nous en tenir dans cet extrait au fentiment des Modernes, fr lon fait attention que la dilatation de la prunelle eft fon état naturel, comment fe peut-il que cet état naturel dépende de la contraction des fibres droites, c'eft- à-dire, de l'état forcé de fes fibres? & cette explication ne contredit-elle pas formellement cette vérité fr évidente, énoncée dans le précédent corollaire, favoir, que l'état na- turel d’une partie dépend de l'état naturel ou du relichement des mufcles de cette partie? Pour mieux faire fentir combien cette façon d'expliquer la dilatation de la prunelle par la contraction des fibres droites de l'uvée, choque les notions les plus communes, qu'il me MES a US CHNNEUN CAES sat foit permis de changerfeulement le nom des parties, & de dire, conformément à cette explication, que le repos de Ja jambe dépend de la contraétion des mulcles de la jambe. La propofition eft précifément la même : or cette propofition eft abfurde & entièrement contraire aux loix de l’économie animale. L'état naturel des parties dépend inconteflablement du relâchement des mufcles de ces parties ; autrement, dit Borelli dans fon Traité de Adotu animalium: Cogeretur igitur animal ingenti & affiduo exeraitio fatigari decurfu totius vire , non ut opus utile animal perfreret, fcilicet ut pondera fuble- varet , fed tantim ut confliéfu continuo impediret adlionent mufe culorum : nempé laboraret ut nihil ageret, fed ut quietem animalis induceret: que ridicula à imprudens adlio, abfurda Prorfus ac contraria effe videtur artificiofiffimæ æconomie , qué animals adliones exercentur. On voit par ce qui vient d'être dit, 1.° que puifque les fibres droites n'entrent point en contraction pour dilater la prunelle, & que c'eft-là le feul cas où elles pourroient le faire, i faut qu'elles ne foient point mufculeufes, autrement la Na- ture les auroit douées d'une propriété inutile. 2." Qu'en fuppofant les fibres droites & circulaires de Tuvée également charnues, fi le rétréciffement de la prunelle ne peut dépendre que de la contraction des fibres circulaires, fà dilatation ne pourroit venir que du relâchement des fibres circulaires & droites, & non de la contraction de ces der- nières; mais comme la dilatation de la prunelle dépend néan- moins du raccourciflement des fibres droites ou longitudinales, il faut que ces fibres foient d’une autre nature que les fibres charnues, & que leur raccourciffement furvienne par une autre caufe que par celle qui fait contracter les fibres cir- culaires de l'uvée, & les autres fibres charnues de l'animal. Si l'on fait attention encore que les mouvemens de Ja prunelie font purement méchaniques ou tout-à-fait indépen- dans de la volonté, & qu’il faut par conféquent leur afligner une caufe purement méchanique aufli, on conviendra que: les fibres droites ne fauroïent être mufculeufes, à raifon de Partis fecundæ Propol. fexr, s92 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE limpofhbilité où l'on feroit d'indiquer une caufe méchanique de leur contraction. En eflet, fi l'action de fa lumière fur l'organe immédiat de la vüe eft, dans l'état naturel, une caufe méchanique fuf- fifante pour déterminer le fluide nerveux à couler dans les fibres circulaires de l'uvée, & à mettre ces fibres en con- traction pour rétrécir la prunelle, quelle fera la caufe mécha- nique qui déterminera ce même fluide à couler dans les fibres droites? dira-t-on que c'eft l'abfence de la lumière? mais fr l'impreflion que caufe cet agent extérieur aux filets de l'or- gane, eft capable d'occafionner fa contraction des fibres cir- culaires, la ceflation de cet ébranlement peut-elle produire le même eflet fur les fibres droites? Deux effets méchaniques parfaitement femblables, c'eft-à-dire, la contraction de deux plans de fibres mufculeufes, ne fauroient dépendre, l'un d'une caufe réelle, & l'autre de la ceffätion de cette caufe: ajoûtons à cette raifon que la privation de la lumière ne peut pas être une caufe méchanique de la contraction des fibres droites. L'impoffbilité d'afligner une caufe méchanique de la di- latation de la prunelle, ou, ce qui revient au même, de la contraction des fibres droites de l’uvée, nous fournit donc une nouvelle preuve que ces fibres ne font pas mufculeufes, ainfi qu'on l'a prétendu jufqu'à préfent, ou du moins que fi elles étoient véritablement telles, la dilatation de la prunelle ne pourroit dépendre que de leur relâchement, & non de leur contraction. Mais on dira peut-être que les mufcles confervent dans Yétat de relâchement même une vertu élaftique qui fuffit feule pour les faire raccourcir, & que fi la dilatation de la prunelle ne peut pas dépendre de li contraction des fibres droites, elle peut au moins être l'eflet de cette vertu de reflort qui leur eft commune avec toutes les autres parties mufculeufes. à Ce feroit déjà beaucoup que d'avoir prouvé une diffé- rence aufli confidérable entre la manière d'agir des fibres droites, & la manière d'agir des fibres circulaires , puifque ces DES SCIENCES 59 ces dernières ne peuvent rétrécir la prunelle que par une véritable contraction. Mais il eft aifé de faire voir que la dilatation de Ia pru- nelle ne fauroit même dépendre de l'élaflicité des fibres droites, en les fuppofant mufculeufes ; en eflet,' les mufcles perdent beaucoup moins de leur longueur par leur aétion propre, c'eft-à-dire, leur élafticité, que par leur action inftrumentale, c'eft-à-dire, leur contraction. Or, pour que les fibres droites de l’uvée püffent, par leur feule élaflicité, dilater la prunelle autant qu'elle left dans l’obfcurité, il faudroit que l'action propre du mufcle rayonné füt plus grande que l'action inf- trumentale des autres mufcles de l'animal, puifque fon élafti- cité feule lui feroit perdre plus du tiers de fa longueur, tandis qu'il eft démontré que les mufcles perdent un peu moins du tiers de la leur dans leur plus grande contraction. J'ai dit que l'élaflicité feule des fibres droites leur feroit perdre plus du tiers de leur longueur lorfque la prunelle eft dilatée: c'eft ce qui fera prouvé par le calcul fuivant. Le diamètre de l'uvée eft communément de cinq lignes; celui de la prunelle expofée au grand jour eft, felon les _obfervations du célèbre M. Petit le Médecin, d'une ligne un quart jufqu'à une ligne & demie: il devient double dans loblcurité, & plus grand encore dans certaines maladies des yeux, telles que la mydriafe ou dilatation de la prunelle, & dans les cas où les fibres circulaires de l’uvée ont été dé- chirées ou coupées. Mais fuppofons le diamètre de la pru- nelle d'une ligne & demie, lorfqu'elle eft expofée au grand jour, & de trois lignes dans 'obicurité, ce qui eft le cas le plus ordinaire dans l'état naturel, & divifons en cent parties le diamètre total de luvée : de ces cent parties, il y en aura trente pour le diamètre de la prunelle lorfqu'elle eft rétrécie, & trente-cinq pour chacune des fibres droites. Lorfque la prunelle fera dilatée, fon diamètre contiendra foixante de ces parties, & chacune des fibres droites n'en contiendra plus que vingt: c'eft quinze de moins que dans le pre- mier cas. Say. étrang. Tome IL, Ffff 594 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Les fibres droites dont nous avons füuppofé la longueur égale à trente-cinq des cent parties du diamètre total de V'uvee, lorfque la prunelle eft rétrécie, fe raccourciflent donc de quinze de ces parties, c'eft-à-dire, de plus du tiers de | leur longueur, lorfque, par leur élafticité, elles dilatent a prunelle, Il s'enfuivroit de là que élaflicité feule de ces fibres produiroit en elles un raccourciffement plus grand que celui que produit la contraction dans toutes les autres parties mufculeufes de l'animal: ce qui étant encore contraire aux loix de l'économie animale, nous fournit une nouvelle preuve que les fibres droites ou longitudinales de fuvée ne font pas des fibres mufculeufes. On peut ajoûter à toutes ces raifons, que fi elles étoient véritablement charnues, & foûmiles par conféquent à Ja même caule qui fait agir les autres parties mufculeufes de Yanimal, il y a entr'elles & les fibres circulaires une fi grande difproportion, qu'il feroit impoffble à ces dernières de fur- monter par leur contraction, la feule vertu de reffort qu'au- roient les premières en qualité de fibres charnues. Les fibres circulaires font en effet fi déliées qu’elles échappent à nos fens, & qu'un Anatomifte attentif & prévenu qu'elles doivent exifler, a bien de la peine à s’aflurer de leur exiftence par le fecours des meilleures loupes. Les fibres droites au contraire font très-fenfibles ; chacune d'elles a été regardée par quelques Anatomifles comme un petit mufcle, & ces mufcles font en très-grand nombre: or on ne trouve dans l'animal aucun exemple d'une fi grande difproportion entre les mufcles an- tagoniftes d’une partie ; en forte qu'en fuppofant les fibres droites & les fibres circulaires de luvée également charnues, il ne feroit pas moins difficile de concevoir le rétréciffement de Ja prunelle, que d'en expliquer la dilatation. 1 rélulte affez évidemment, ce me femble, de tout ce qui a été dit précédemment, que les fibres droites de l'uvée ne font pas des fibres charnues, foümifes à l'action de cette caufe qui met en jeu toutes les autres parties mufculeufes de l'animal. J'ajoûte à cela qu'elles ne font pas même des fibres D'EUSUNS TCUTEAN CES tendineufes dans le fens que l’avoit prétendu Ruyfch , puifque les mêmes difhcultés fubfifteroient; que d’ailleurs les fibres droites font diftinétes du ligament ciliaire, auquel elles ne tiennent que par un principe extrémement grêle, & que ce ligament n'étant pas charnu, les fibres droites ne fauroient en être les productions tendineufes. Après avoir démontré phyfiquement que les fibres droites de l’uvée ne fauroient être des fibres mufculeufes, il refte à indiquer quelle eft leur nature. Pour cela, il eft néceflaire de rappeler ici ce qui a été dit au commencement de cet extrait; favoir, que fi l’on examine avec attention la partie poftérieure de l’uvée, après en avoir enlevé avec un pinceau l'humeur noire qui la tapifle, on découvrira un plan de fibres droites, difpofées comme autant de rayons autour de la pru- nelle : que ces fibres, vües à la loupe, paroîtront comme autant de filets blancheîtres, qui reffemblent plus à des nerfs qu'à des fibres charnues ; qu'elles font plus lifles, plus polies, plus rondes même que ne le font les fibres mufculeufes qui, comme l'on fait, font aplaties, inégales, & ordinairement rougeâtres. L'infpeétion enfin, indépendamment des raifons ci-deflus alléguées, pourroit convaincre tous ceux qui, exempts de préjugés, voudront fe donner la peine de les examiner avec foin, que les fibres droites de luvée ne font pas des fibres charnues, mais vrai-femblablement des fibres à refort, des fibres purement élaftiques, qui, pour entrer en aétion, n'ont befoin d'aucun acte particulier de la volonté, qui les détermine d'agir, & qui ne font pas même foûmifes à l'action de cette caufe qui opère la contraétion des fibres circulaires de l'uvée & des autres parties mufculeufes de l'animal. La caufe qui les fait raccourcir eft la même que celle qui fait agir tous les autres corps à reflort de la Nature: leur état naturel eft d’être raccourcies, & elles ne fortent de cet état, dans lequel elles tiennent la prunelle’ dilatée, que lorfqu'une force fupérieure les en tire. Cette force fupérieure eft la contraction des fibres circu- laires, qui, comme nous l'avons déjà remarqué, eft toûjours Fff€ ÿ 6 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AÂCADÉMIE fa fuite des ébranlemens que caufe la lumière aux filets de l'organe immédiat de la vüe. Les fibres droites, dont le ref fort eft facile, obligées de céder à la fupériorité de cette force, font plus ou moins diftendues ou alongées, felon que la contraction des fibres circulaires eft plus ou moins forte; mais femblables alors à autant de cordes tendues, elles font continuellement eflort contre la force qui les tend, & fe remettent dans leur premier état, dès qu'elle cefle de les con- traindre. C’eft ainfi qu'elles dilatent la prunelle par la feule difpofition méchanique de leurs parties, qui les foùmet à une caufe générale, indépendante de tout ce qui fe pafle dans l'animal. M. Méry, célèbre Anatomifle de cette Académie, qui me reconnoifloit point de fibres circulaires à l'iris, a eu recours à une hypothèfe très-ingénieufe pour en expliquer les mouvemens. Il prétend que les fibres droites de l’uvée font autant de petits corps caverneux, que l'action de la lu- mière fur l'organe immédiat de la vüe fait gonfler & alonger; d'où senfuit le rétréciflement de la prunelle: fa dilatation dépend, felon lui; uniquement du reflort de ces mêmes fibres. Ce reflort des fibres droites de luvée eft démontré par un phénomène digne d'attention. Lorfqu’on examine au grand jour les yeux de quelqu'un en qui les mouvemens de fa prunelle fe font librement, on obferve qu'en couvrant les yeux & les expofant enfuite tout-à-coup à la lumière, les deux prunelles pañlent fubitement de l’état de dilatation à celui de rétréciflement. Ce rétréciflement fe fait avec pré- cipitation jufqu'à un certain point, dès que la lumière eft ; parvenue jufqu’à l'organe; mais l'inftant d'après les prunelles fe dilatent un peu, quoique le degré de lumière & la diflance de Fobjet aperçû foient les mêmes. Cette légère dilatation des prunelles fe fait fenfiblement par un mouvement de ref fort qu'on ne peut attribuer qu'à l'élafticité des fibres droîtes, Les fibres circulaires refferrent la prunelle à la première im- preflion de la lumière fur l'organe, & les fibres droites DIAEMS® JS CAL EN CE SM $97 diflendues avec force dans le premier inflant de cette con- traction, réfiftent à cet eflort & fe raccourcifient un peu dans le fecond inftant; d'où s'enfuit cette augmentation lé- gère, mais fenfible, du diamètre de la prunelle. J'ai fait plufieurs fois cette obfervation, même fur des perfonnes affligées de cataracles, en qui ce reflort de l’uvée eft un figne defirable pour le fuccès de l'opération: auffi, lorfqu'il s'y trouve, les maîtres de l’art difent-ils que la pru- nelle a du reflort. Il eft très-apparent dans tous les yeux fains, mais fur-tout dans ceux qui font bleus, dont l'organe immédiat de la vüe paroît en général plus fenfible aux im- preffions de la lumière, & dont la prunelle fe rétrécit com- munément davantage, à un même degré de lumière, que celle des yeux noirs. Le reflort des fibres droites de luvée une fois établi, toutes les difhcultés qui fe rencontrent dans le fentiment reçû, & que j'ai rapportées dans cet extrait, difparoiffent: on explique facilement comment fe fait la dilatation de la prunelle, & on peut indiquer une caufe méchanique de cette dilatation: ce qu'on ne fauroit faire en fuppofant ces fibres droites muf. culeufes. Les fibres droites de l'uvée ne font pas les feules fibres à reflort de l'animal; je crois en avoir aperçû dans d’autres parties: c'eft fur quoi j'aurai l'honneur de propoler mes ré- flexions à l'Académie, F£ff ü 598 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE M EMOITRE Sur la découverte d'UNE SOUCHE D'ARBRE PÉTRIFIÉE, trouvée dans une Montagne aux environs d’Etampes. Par M. CLozier, Correfpondant de l’Académie. E fujet qui fera la matière de cette diflertation, me paroît devoir contribuer à réunir tous les Naturaliftes en un même fentiment & une même opinion fur la poffibilité de la pétrification des bois, que plufieurs de ces Savans ont refufé d'admettre jufqu'à préfent, attribuant à des madrépores & à d’autres matières femblables les morceaux de ces bois pétrifiés que l'on rencontre aflez communément en différens endroits. Il y a quelques années que j'ai trouvé fur des montagnes aux environs d'Etampes, ville fituée fur la route de Paris à Orléans, différentes pièces de ces bois; mais la montagne nom- mée de Saint-Symphorien, ef celle où je me fuis le plus attaché à en chercher, parce que jy en voyois plus communément qu'en d’autres endroits, fur-tout après des pluies violentes: ce qui me fit penfer dès-lors qu'il pouvoit y avoir quelque tronc qui avoit produit les morceaux détachés que j'avois peine à épuifer, s'en découvrant toûjours quelques-uns par les torrens d’eau qui defcendoient de la montagne dans les grandes pluies, & qui les amenoïent vers la partie inférieure. Je crus qu'à force de foins & de recherches je pourrois parvenir à découvrir l'arbre pétrifié duquel, dans des temps reculés, on avoit pû détacher les morceaux qui fe rencon- troient répandus çà & |à. Je fentois bien qu'il étoit difficile de faire réuflir un projet aufli peu certain, à caufe de l'étendue de fa montagne. Je me difois fouvent, après avoir fait fouiller inutilement en différens endroits, je vais faire labourer peu à peu cette montagne, & je ne trouverai rien; il ne me reftera que le regret d'avoir perdu du temps à courir après une W'ESUUO. CI EN CES s9 chimère : peut-être la fouche pétrifiée y at-elle été autrefois ; mais comme dans certains temps des pauvres laborieux dé- frichent des parties de montagnes pour y femer de menus grains qui y viennent affez bien un an ou deux, ces gens, difois-je, dans ces défrichemens auront découvert cet arbre qui Jeur fera devenu nuïfible, & l'auront caflé par morceaux pour en débarraffer leur terre, c'eft ce qui aura répandu fur cette montagne les différentes parties de ces bois que j'y trouve. D'autres fois je me reprélentois l'efpèce de gloire & a fatisfaction que j'aurois à faire cette découverte curieufe en elle-même, & qui pouvoit me récompenfer de mes peines & de mes foins, en continuant à donner des preuves dé- monftratives d'un fait duquel bien des Savans n'étoient pas encore convaincus. Cette idée m'encourageoit, & je recommencçois mes re- cherches: je faifois faire des trous en plufieurs endroits de cette montagne, fouvent même plufieurs fois dans des années. Mon peu de fuccès n’a point rallenti mon ardeur, & un vieillard d'un des fauxbourgs de cette ville a contribué à la ranimer. Il me dit un jour, en voyant quelques morceaux de ces bois que je cherchois, qu'il fe fouvenoit d'avoir vû fur le haut de cette montagne, il y avoit plus de foixante ans, comme une efpèce de fouche de ces pierres, qui refem- bloit bien à celle d'un arbre, & qu'il avoit creufé autour, étant enfant, afin de fe donner de l'aifance pour pouvoir en cafler des morceaux : il m'indiqua l'endroit, à ce qu'il me difoit. J'y menai M. Guettard, l'un des Membres de cette Aca- démie, qui vint l'été dernier, à Etampes, pafler quelques-jours dans fa famille & auquel j'en fis préfent d’un affez beau mor- ceau : il m'encouragea avec ce zèle que tout le monde lui connoit, & qui lui eft fi ordinaire pour tout ce qui peut contribuer à la connoiffance & à la perfection de l'Hifloire Na- turelle; il m'encouragea, dis-je, à ne rien épargner pour réuflir. C'eft depuis ce temps que J'ai fait mes dernières tentatives. Jai fait défricher, à deux pieds au moins de profondeur, la partie de cette montagne que le vieillard m'avoit indiquée, 600 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE & fur laquelle je lai fait monter plufieurs fois, toûjours fans rien découvrir. = Enfin j'y remis des ouvriers le vendredi 10 Novembre dernier, que je ne quittai point; & pendant qu’un d'entreux fe repoloit dans l'après-midi, je pris l'inftrument avec lequel il fouilloit, pour fonder moi-même en différens endroits. Je defcendis bien douze à quinze toifes au deffous du lieu où ils travailloient, & apercevant une place où le fable étoit très-humide, je m'attachai à y creufer : je fentis environ à deux pieds de profondeur, comme une pierre qui me réfif- toit; & ayant découvert le fable, je vis une racine de bois pétrifiée, que je fis découvrir, & qui me conduifit à la fouche d'un arbre de même nature. Cette racine, depuis fon commencement jufqu'au tronc où elle étoit attachée, avoit au moins cinq pieds de longueur; il y en avoit cinq autres qui y tenoient aufli, mais moins longues. Je fis exaétement découvrir toutes les parties de cette fouche qui, comme on le penfe bien, fut dans cet état un fpeétacle fort agréable pour moi: les payfans même qui ne favoient pas trop ce que je leur faifois fouiller, furent très-furpris de ce phénomène; c'étoit une pierre qui, felon les uns, avoit pouflé & jeté des racines comme un arbre; c'étoit abfolument un arbre felon d’autres, mais comment {e pouvoit-il qu’il fût devenu pierre? Je voulus tenter d’ébranler la fouche en entier par la force des leviers; mais les différentes directions & courbures que les racines avoient prifes lorfqu’elles étoient bois, ont été caufe qu'elles fe font aifément caflées & détachées du tronc en plu- fieurs morceaux de différente longueur. Les moyennes & petites racines n’ont pas été bien pétrifiées, ou du moins leur pétrifi- cation étoit fi friable, qu’elles font reftées dans ce fable en une efpèce de pouffière ou de cendre. Il y a lieu de croire que lorfque la pétrification s’eft communiquée à ces racines ‘elles étoient prefque pourries, & que les parties ligneufes qui les compofoient, étant trop defunies par a pourriture , n'ont pû acquerir la folidité requife pour une vraie pétrification. il D'ESLS CTEN CES 6ot 11 seft auffi détaché de la fouche des morceaux, entre autres, un où les coups de la coignée qui a fervi à couper l'arbre, font très-apparens. La fouche porté dans fon plus gros près de fix pieds de circonférence: à l'égard de fa hau- teur, elle porte dans fa partie la plus élevée, trois pieds huit à dix pouces; fon poids eft au moins de cinq à fix cens livres. La fouche, ainfi que les racines dont j'ai des morceaux de trente, quarante & jufqu'à quatre-vingts livres, ont con- fervé toutes les apparences du bois, comme écorce, aubier, bois dur, pourriture, trous deetits & gros Vers, excrémens de ces mêmes vers; toutes ces différentes parties pétrifiées, mais d'une pétrification moins dure & moins folide que le corps ligneux, qui étoit bien fain lorfqu'il a été faifi par les parties pétrifiantes. Ce corps ligneux eft changé en un vrai caillou de différentes couleurs, rendant beaucoup de feu étant frappé avec le fer trempé, & fentant, après qu'il a été frappé ou frotté, une très-forte odeur de foufre ; ce qui a fait donner à ces morceaux de bois le nom de pierre de tonnerre par les payfans lorfqu'ils en trouvoient. fi Voilà l’'hiftorique de la découverte de ce morceau curieux ; je vais maintenant donner mes conjetures fur l'arbre même & fur fa pétrification. Je l'ai donc trouvé dans le fein de la montagne, couché prefque horizontalement, tourné du côté de l'eft : Ja grande racine étoit au point oppolé, je veux dire, à l'oueft; elle étoit moins couverte de fable que le corps de la fouche, puifque cette fouche étoit couverte de plus de quatre pieds, & que j'ai fait remarquer plus haut que cette racine ne l'étoit que de deux pieds feulement. L'arbre dont cette fouche à fait partie avant fa pétri- fication, aura vrai-femblablement été jeté par les vents de l'oueft, fe fera caflé dans la partie qui aura porté fur la montagne du côté de left; on aura coupé à la coignée la partie qui fera reflée exiftante fur la fouche: comme l'arbre s’eft félé en tombant, & que l'efpèce du bois eft bien de fil, cela, joint à bien d’autres apparences dont je rapporterai ici quelques-unes, me détermine à croire que c'eft un arbre Say, étrang. Tome 11. Gggg 6o2z MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L' ACADÉMIE connu fous le nom de charme : car premièrement l'écorce d'une fouche de charme eft toüjours life, & lorfqu'elle commence à pourrir, elle devient totalement noire. L'écorce qui eft réflée fur ma fouche pétrifiée & fur fes racines eft lifle & a pris cette couleur; de plus, j'ai exaétement exa- miné à la loupe la fubftance & la tiflure de plufieurs mor- ceaux de charme, bois que j'ai comparé enfuite avec des morceaux pétrifiés : J'y ai remarqué même tiflure, même fil, même fubflance & même configuration ; j'y ai oblervé les mêmes pores & les mêmes fibres, tant les longitudinales que les tranfverfales; enfin j'y retrouve une particularité qui appartient plus ordinairement à cette efpèce d'arbres qu'à d’autres, c'eft que les racines, les grofies fur-tout, en font plus ordinairement courbes, & prelque toûjours plates. Le morceau où font les coups de coignée, & qui seft détaché de la fouche, eft donc précifément celui qui aura été coupé. La fouche de ce côté eft plus courte, parce qu'on. faura coupée le plus bas qu'il aura été poffible, & que de l'autre on l'aura laiflée dans l’état où elle étoit lorfque l'arbre s'eft café; & comme dans les temps où cet événement eft arrivé, cette fouche, par la modicité de fon prix, ne valoit pas la peine qu'on la fouillät, on l'a laïfée telle qu'elle étoit. Les vents dans les temps fecs auront jeté des fables defus, & fauront couverte peu à peu ; les pluies y auront auffi contribué en y:chariant des mêmes fables de 1x partie fupé- rieure de la montagne. L'arbre eft abfolument venu de graine dans cet endroit; : deux raifons démontrent évidemment cette vérité : la pre- mière, que la fouche finit totalement en pointe & par un feul pivot, ce qui n'arrive point à un arbre tranfplanté, auquel ce pivot eft toüjours coupé : la feconde, que les différentes couches des fables & autres matières qui forment la mafle de cette montagne, n'étoient nullement confondues, & étoient toutes bien horizontales. La Nature s'eft fervi dans cette belle pétrification des moyens qu'elle emploie dans les pétrifications de toute autre efpèce, D'ES:SCTEN CES. Go. je veux dire qu'elle s'eft fervi d’une très-petite veine d'eau. Ce n'eft point une conjeéture ni une hypothèle que j'a- vance; jai trouvé ce filet d'eau dans la fouille que j'ai fait faire : il étoit entre un lit de craie & de marne très-fine & très-lifle, & un lit d'argile très-brune qui le foûtenoit. Ce lit d'argile ne porte que deux à trois pouces au plus d'épaifieur; il en eft de même du lit de craie & de marne: le lit d'argile étoit environ à trois pieds de profondeur. En creufant per- pendiculairement fous ce lit, étoit un lit de fable très-noir, & fur le lit de craie une couche de fable de même couleur. Les couches des fables, foit au deflous de l'argile, en creufant toûüjours perpendiculairement, foit au deflus de la couche de craie, à un pied de chacun de ces endroits, étoient prefque les mêmes par la couleur, c’eft-à-dire, plus ou moins brunes, fuivant qu'elles étoient plus où moins proches où éloignées de la couche noire de fable. J'ai examiné plufieurs fois cette montagne depuis ma découverte: j'y retrouve dans une grande étendue toüjours le même lit d'argile & des autres couêhes, à peu de chofe près. Ce filet d'eau aura donc porté dans cette fouche de petites parties très-déliées de craie & de fable; il aura auffi charié avec lui des parties argilleufes très-fines, qui fe feront dif foutes & détachées. Ces différentes couches de fable noir dans lefquelles on aperçoit de petites paillettes de métal ou de talc, peuvent être remplies de matières fulfureufes & fa- lines; l'eau s'en fera auffi chargée & aura porté ces parties de foufre dans les interftices des parties les plas folides du bois, qui n'avoient point encore commercé à pourrir, & qui auront formé avec les autres matières pétrifiantes, les parties de cet arbre qui fe font transformées en caillou ; au lieu que les autres parties, tant de ce gros tronc que dés racines, qui n'ont acquis ni la couleur ni la folidité du caillou, n'auront point eu aflez de réfiftance & de fermeté à caufe d'un commencement de pourriture, lorfque la pétrification a voulu fe faire, pour garder dans les parties poreules & dans les fibres & tuyaux qui fervoient à la nourriture de l'arbre & Geggi .604 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE à la circulation de fa sève, ces petites portions de fable, de marne, d'argile & de foufre; ce qui a fait en différentes parties de eette fouche ‘différentes efpèces de pétrifications plus ou moins dures & plus ou moins colorées, fuivant la difpofition des parties du bois, & felon l'état où il s'eft trouvé lorfque les particules pétrifiantes y ont été infinuées & tranfinifes. Il eft bon de dire avant de finir ce Mémoire, que j'ai remarqué que quantité de petits morceaux de bois hachés & divilés par les coups de coignée ou autrement, & qui font tombés fur différens endroits de la fouche, sy font rendus adhérens, & femblent ne faire qu'un même corps avec elle; cependant en les grattant fortement ou avec l'ongle, ou avec quelque chofe de folide, ils fe détachent aflez aifé- ment: ils font placés fur différens fens & ne fuivent point le fil du bois, à moins que le hafard ne les y ait placés. Il y a des endroits où il s'en trouve une fi grande quantité & fi déliés, que je ne fais pas difficulté de croire que le corps de l'arbre qui a été détaché de notre fouche, peut avoir été fcié autrefois fur ce lieu, & que c'eft de cette fciüre qui s’eft attachée deffus, | Notre veine d'eau y aura joint par une efpèce de mortier ou de ciment, toutes ces petites parties, foit de hachûre, foit de fciüre : ma conjecture eft d'autant plus probable, qu'aux endroits où cette fouche étoit félée, & laïfloit un paflagé trop libre à l'entrée de l'eau, le vuide étoit plein de cette elpèce de ciment. J'ai fait la même obfervation dans les places où la fuperficie.du bois étant pourrie & le milieu fain, le vuide occafionné par la pourriture en étoit aufli rempli: j'en ai des morceaux fur lefquels on aperçoit très-diflinétement ces petites hachüres de bois qui font bien pétrifiées. Enfin je crois que le détail des obfervations que je viens de rapporter, & que la fouche fur-tout, qui va faire un mo- nument permanent & démonftratif de cette découverte, doi- vent pour toûjours conflater la pofhbilité de la pétrification des parties ligneules. DÉPENS RUSL'OCLISE AN CHENS: 605 ART ESDE :.D'E : PO.D OR: TIREE PAR LA MERIDIENNE. Par M. ADpanson, Correfpondant de l'Académie, A hauteur de la plaque du flyle de mon méridien, au deffus du plancher, avoit 8 pieds 1 pouce 1 ligne. L'ouverture du trou de la plaque, qui étoit circulaire, avoit 6 lignes de diamètre. Le 10 Décembre 1749, l'ombre du Soleil Ia plus courte (à midi) depuis le centre du gnomon ci-deflus, jufqu'au centre trouvé du trou de la plaque, étoit de 6 pieds 8 pouces 10 lignes. La hauteur perpendiculaire du gnomon étoit de 8 pieds 1 pouce 1 ligne; ce qui donne $o4 1 3° de hauteur du Soleil au deflus de l'horizon, le 10 Décembre 1749, à Podor. La déclinaifon du Soleil étoit pour lors de 234 2’ 26" Qui étant ajoûtée à la hauteur, donne. 73. 15. 26 Et par conféquent la latitude de Podor .. 16. 441 nord. Er ee ce | 90. 00. 00 La latitude de l'ifle du Sénégal, eft de 164 31 nord. Je n'ai‘pü tirer la longitude de-cet endroit; mais comme Ton court prefque toûjours dans left, pour aller du Sénégal à Podor, il s'enfuit qu'il eft affez exactement dans l’eft du Sénégal, déclinant cependant d'un degré vers le nord, Obfervations fur les marées de l'ifle de Goréc. Par les obfervations exactes & réitérées que j'ai faites pen- dant plus de fix mois à Gorée fur les marées, j'ai trouvé que dans les nouvelles & pleines lunes, lorfque cette phafe acrive vers le midi, la mer eft toüjours haute 7° 48’ après, en forte que pour favoir lheure de la haute mer fur cette ifle pour tous les jours deW'année, j'ajoûte 7h 48” à l'heure Geggij 606 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE du paflage de la Lune par le méridien de l'ile; ce qui fe trouve fort jufte. * L'heure à laquelle la mer eft plus haute à Gorée, retarde tous les jours de Ja même quantité que le paflage de la Lune par le méridien de l'ifle. , Dans toute cette ifle, il eft général que pendant le cours de l'année, la mer dans fon plus haut devré d’élévation ne furpafle fon dernier degré d'abaiflement que de deux pieds & demi. Pendant les deux jours qui précèdent & les deux jours qui fuivent les nouvelles & pleines lunes, la mer eft pouffée beaucoup plus. vivement fur le rivage, même pendant les calmes de vents, que dans les autres phafes: elle ne monte cependant pas plus pour cela, mais la compreffion plus forte qu'elle reçoit par la Lune, la fait précipiter avec un effort plus confidérable fur le rivage; ce-qui le rend alors plus difficile à aborder dans ces phafes, & encore plus dans les équinoxes, où la mer paroït s'élever un demi-pied plus que dans le refle de l'année, parce qu'elle eft emportée avec un eflort plus violent vers le rivage; ce qui fait croire à quel- ques-uns qui n'examinent les chofes que fuperficiellement, que la mer eft plus haute alors que dans les autres temps, mais ils feront détrompés s'ils font l'expérience au large, où la mer eft tranquille en comparaifon du rivage. Ce que jai obfervé ci-deflus à l'égard de Goïée, je l'ai obfervé pareillement fur toute la côte, depuis le Sénégal jufqu'à la rivière de Gambie, à l'exception de l’heure des marées, qui diffère fuivant la différente pofition des lieux. Lie NET DISISA SR CHPIE:N CIE LS LUN || 60% CARPEMDES, PLEYADES, Dont la pofirion de trente-cing principales étoiles eff déterminée par les obfervarions de M. le Monnier, faites en 1744, 1745, 1740 à 1744. Les autres étoiles qui-fuivenr, ont été placées par eflime des diflances à par des alignemens tirés aux premières étoiles dont la pofition étoir connue. Par M. l'Abbé OUTHIER, Correfpondant de l’Académie. Re CS sn < | GRAN-| DIFFERENCES DIFFERENCES | DIFFÉRENCES Dre 5 LA e CES DEURS| EN DÉCLINAISON en réduites endegrés| > des HAETE ASCENSION DROITE de ue réduites en parties ÉTOILES tr avec l'étoile #, | grand cercle. e ‘ avec la principale #. en heur, min. & fecondes.|de chaque étoile. 8 DT 2 NE #4) 2 ; 7 launorddey 1% 11° 17”2lavantuo! LOMME) 11 32 de 8 o. 56. 55 Oo 3.0482|los 7 oO. $2, 535 | 8 0. 26. 20 Où 34 ANS) 0622 MRINO. 48. 18% 7 1.33 12% 0.03. 27-10. 5240) 0. 47.711 g 6 0. 10:20 0. 2. 40+| ,0..40. 14] 0. 36. 547 CA 045.122 ONE NE AIN ERA Do. 32: 31 € 5 0. 21. o 0, 2017 |pO- 3 de 0 31.030 c4. 5 DAS: US OUEN OS OMAN 0. 23.012 oPr.7 0.820.728 o F2 0. 23. 48 | o. 21. 47 o fuiv.6 0.24 19 0. 114262] of 021.741 | o. 19. A 8 024-152 di Do. =3H2 MO BE, o | 0. 7 197 a 6 04400272 dUPUO- Fe RIMO RE. ..)0 | 0... 1.00: knwi6 1. se 22 |apresto N4N37E Mr Mo. 34 | 1. 3.218 16 TAMANUES 0003 48m Nontsse.1,6% À Oo. 52.010 r 8 oi2é 222 DE ElMo: 44145 | © V 582 9 CSC. C0 2424) 01H06 | 0133-0714 es 0. 21. 45 CMI2 190107 40 IN OoNHaeNS Se. 608 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE RES EST SEE ER COMORES EL mm É DIFFTERENCES DIFFERENCES | DiFFéRENCES DiFFÉRENCES réduites en parties de grand cercle. DEURS|IEN DÉCLINAISON Es réduites en degrés Mes FA ASCENSION DROITE Det avec l'étoile #, ÉTOILES.| avec la principale #. |enheur. min. &fecondes.|de chaque étoile. L du parallele PPr.8 [aunordden O% 17° 10" |aprèsnoh 1° $o"!| od 27° 41%] où 25° 22 P fuiv. 8 0. 18. 22 oi 45 Mo: 26 ON IMo. 12240 RE © MANS 0. «1. 41 Lo DS RON O2 NS 8 ©. 14. o. oo. 58:| o. 14 36 | o. 13. 231 7 Oo. 53- D O472 | NO Morte AOC UE MO 7 fau fud den 1. 33. 30 |avantso. , 4. 30 TEA TOUT ATOS b 4 De 0:13 04,2, 352] 0. 38.55 |0:35. 44 dAurz: 00/1450 CR O0 CAC OP 0 ee CEE ere mn. 6 0. 1$. 00 0, 0.401841 40 252.19 60 0-22 7 0. 22. 37=+ 57 CO RCE CE LEP ON E 7 o. 40. 4$ [aprèsmno. oo. 55 OPA 47 ©. 12. 432 8 on © OMS) OrSe1 8-5 | MOST 7 0E8 UNS CHE 7. On r.310 0-02 01022204 v 8 0. 14. 20 © 14 272] 021. $ÿ | 0, 20. 102 t 8 o.Ru4% lus oNG2.L2BR|MoN3 7 (611102034200 x 8 O2 po OM url ot 6. | Lo 3 SET |: 7 ON 7D 2) 01,1 ,3.12218)/lo.Ms 0.52 81] Mo-2 4600253 Extrait dune lerrre de M. l'abbé Outhier, du 29 Novembre 1752, à M. le Monnier, de l'Académie royale des Sciences, &c. La lunette dont je me fervois pour la pofition des plus petites Pléyades, eft de 15 pieds de foyer. J'en avois me- furé le champ par les plus confidérables étoiles dont vous m'aviez donné les diftances refpectives: je trouvai ce champ * de od 184; & cétoit en y comparant les diftances des plus petites étoiles entr'elles, ou à, de plus grandes, que j'eflimois leurs diflances, & que je les plaçois fur la Carte. LOTS OBSERVATIONS 27) É ket deir5o. 3 20“ Jo! Laktué Boreak..….s“...1 Jar. Etrang Tome.2 PLXXN P 67. Longthute den dar Pleiades ou Commencemunt de 450 Y 20407 Lobte Boréah..s£. y! + du Etoile der PLEIADES. doutés à les qui D Ar par We Mon nier LE avant divers Mines. cc. par M abbé Outhier reutur des Etoile Der ou VavErrano Tome,.z PLNAN F6br DAEUS SN Cr TE HNACIESS, 6og OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES A TOULOUSE Pendant l'année 1 750. Par M. MARCORELLE, Correfpondant de l’Académie. Jur la quantité d'eau de Pluie. : lign, k lign N Janvier... 2 | En Juillet... 209 Z F2 2 A 3 Février .« s... 25 Août....... 43 Mars: à . 7 Septembre... 212 Agile: 2 2822 Oétobre.... 21° }. CNE 25 Novembre .. 214 Juin......,. 217 Décembre... 20 2 ÿ 88 <= 138 EE. D La quantité d'eau de pluie tombée à Touloufe pendant l'année 1750, eft donc de 226 lignes Z, ou de 1 8 pouces 10 lignes -Z; ainfi cette année eft plus pluvieufe que les années 1747 & 1748, & moins que l'année 1749. « La quantité d'eau qui eft tombée pendant les fix premiers mois, eft moindre de 5 0 lignes = que celle qui eft tombée pendant les fix derniers : elle a été aflez également diftribuée dans les mois d'Avril, Mai, Juin, Juillet, Septembre & Novembre. Le mois le plus pluvieux a été celui d'Août, & les mois les plus fecs ont été ceux de Janvier, Février, Mars & Otobre. Les jours les plus pluvieux ont été Ie 1.7 Août, qu'il tomba 1 $ lignes d'eau, le $ du même mois, qu'il en tomba 10 lignes +, & le 12 Septembre, qu'il en tomba 13 lignes £. Le 2 Août, la Garonne fortit de fon lit, & les eaux s'élevèrent au deflus de leur hauteur ordinaire, Sav. étrang. Tome 11. Hhhh 610 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE de 13 pieds 3 pouces; elles s'élevèrent encore le 6 du même mois au deflus de leur hauteur ordinaire, de 9 pieds 2 pouces. Le débordement arrivé le 2 Août, a été un des plus confidérables qu'on: ait vüs : il a prefque égalé celui de 1727, qui caufa de fi grands ravages ; aufi fit-on des prières & des vœux publics pour en demander la ceffation. Il y a eu peu de brouillards cette année: on ‘en a vû cependant dans le courant des mois de Janvier, Mai, Juin, Juillet & Septembre; mais les mois de Novembre & de Décembre font ceux pendant lefquels ils ont le plus régné. Le vent de fud-eft, qu'on nomme dans le pays veut d'autan, a beaucoup régné pendant Fannée 1750; il ne ceffa pas de fouffler dans le courant des mois de Novembre & Décembre. Obfervations fur le Thermomètre. Ces obfervations ont été faites fur un thermomètre expolé au nord, & gradué de façon que l’efpace contenu entre le terme de l’eau bouillante & celui de la congélation, eft di- vifé en 100 parties égales. LT À Moindre hauteur de Ja liqueur, Plus grande hauteur de la liqueur. Mois, Jours. Degrés, | Mois, Jours, Degrés. Janvier. ... 27 | + 15 2 À Janvier. .... $ | — 9 Février... 15 | H16 + | Février.... 24 | 2x Mars. 22 | + 25 =. | Mas. .... 13 | + r , Avril... 18 | + 20 ANTIL res e TOM = MO Es : 17 : Sat ; AT DE j'te 7 Join ve 22 | NES A +ir L Juillet... ge PS PA te en don cu OS Mont ete 18 | + 35 + Aoitissen AN + EE Septembre. 1 + 31 E Septembre À 13 è + 14 Octobre + 24 = ph dir” # + | Odobre.... 29 | + 62. Novembre.. 12 | + 13 DR A L 2 ! Novembre.. 25 | + 1 AO RE I À Décembre. 4 | — 4 1 EFECTO ICT ES LEE QE TE SE SE RER ME PE TUE AU AE Le DB 8 L'ONGAILE N4CLELS. Gi1 On voit par ces obfervations, que le plus grand froid marqué par le thermomètre eft arrivé à Touloule le $ Jan- vier; la liqueur defcendit ce jour-là au lever du foleil à 94 au deflous du terme de {a congélation : elle eft encore def- cendue au deffous du même terme pendant fix jours de l'année. Le 6 Janvier, elle étoit à 1 degré, le 15 à >, le 1.er Dé- cembre à 142, le 3 à 2, le 4 à 4, & le 31 à 2. Il a gelé à glace les 2, 3, 4, 5, 6, 7, 18, 19, 20, 21 & 22 Janvier; 2,9, 10, 18, 19,20, 20/22, 23,24, 25, 26, 27 & 28 Février; 30 Mars, 3 Avril; 2, 3, 6, 19, 20, 21, 23, 24, 25, 26, 27, 28 & 29 Novembre; 147, 4 $s 27, 28, 29 & 30 Décembre: il à fait encore quelques légères gelées pendant les mois de Février & de Mars. Il y a eu des orages & du tonnerre les 11, 23, 25 Avril; 3,9, 24, 2$ Mai; 7, 8 Juin; 3» 5» 27 Juillet; 3,21 Août; 1 2, 2 2 Septembre: il ef tombé peu de neige & de grêle, La plus grande chaleur a été le 18 Août, la liqueur du thermomètre monta ce jour-là à 35 degrés & demi. Après ceyour, les:206, 27, 2% 30 Juin; 1.4, 2, 3, 449 145, 15, 16; 17, 48, 19, 20,-24, 29 Juillet; 6, 7, 8, 9» 15» 16, 17, 19, 20, 24, 25, 26, 27, 30, 31 Août & 1. Septembre, ont été les plus chauds. Ê Obfervations fur le Baromitrre. [= grande haut. du mercure dans le bar.f Moindre hauteur dans le baromètre. Mois. Jours.| Pouc. Lignes.ÿ Mois. Jours.| Pouc. Ligues. Janvier. ... 21 | 28 324 | Janvier... 29 “T2 6 474 Février. M2 IM287 3° Février: +. 2 2026 088 mas AE 2601028) 1 2. Mass à ! 18 REA ANT ee ND 2N SAT 19 F. NET, SH 12912002. AVrileher LUS | 23: | 18 7 Juin 19 28 où. | Mai 23 2 OUIS #20 30 EC Le] Hhhh ji 612 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AÂCADÉMIE DER EPREUVES Plus grande haut. du mercure dans le | Moindre hauteur dans le baromètre, ne Mois. Jours. | Pouc. Lignes.Ÿ Mis. Jours. | Pouc. Lignes. Juillet... ! du À 28e: ARE 3 PRES 40 Juillet. on à : | uille ! LE 27 Ar Aout... Î 281 a; \ 1 AGUE er ete 126 I 2 7 Septembre... 6 | 28 112. À Septembre. 27 | 27 3 Otobre.... 21 SZ Oétobre.. T8 (|! 2610; Novembre.. 4 | 28 2. Novembre.. 16 | 26 9 Décembre... 7 | 27 10%. À Décembre. 13 | 26108 La plus grande hauteur du baromètre a été de 28 pouces 3 lignes & demie, le 21 Janvier, par un temps froid & par un vent de nord, & le plus grand abaiïflement a été de 26 pouces 7 lignes, le 17 Août par un beau temps, & auffi par un vent de nord. Les variations du mercure ont été fort fréquentes pendant l'année, Obfervation fur la déclinaifon de l'aiguille aimantée. La déclinaifon de faiguille aimantée a été obfervée à Touloufe, le 27 Septembre, de 16 degrés 1 $ minutes nord- oueft. Obfervation fur un tremblement de terre. Les faits extraordinaires font partie des obfervations mé- téorologiques ; nous allons rapporter ceux qui font arrivés pendant l'année 1750, & qui font venus à notre connoif- fance. Le 24 Mai 1750, vers les 10 heures & un quart du foir, nous fentimes dans cette ville un tremblement de terre : il fe fit en deux fecouffes, & l'intervalle de lune à l’autre ne fut pas confidérable ; la première, qui fut Ia plus violente, ne dura que quelques fecondes ; elle fut trop courte pour caufer du dommage. Il en fut à peu près de même à Bayonne, à Bordeaux, à Saint Macaire, en Gafcogne, DAS SC ENN GUESS. 613 dans la Saintonge, à Gaillac, à Narbonne & à Montpellier, Le tremblement de terre fut plus violent du côté des Py- rénées, fur-tout à Lourde, à Juncalas & aux autres lieux circonvoifins : il fe fit fentir dans ce pays le même jour & à la même heure. La première fecoufle, qui dura l'efpace d'une minute, fut fuivie de plufieurs autres qui furent moins violentes. Ces fecoufles plus ou moins vives fe font répétées à différens intervalles julqu'à la fin de Juin, tantôt le jour, tantôt la nuit, mais toùjours à des heures différentes: ces tremblemens étoient ordinairement précédés d'un bruit fourd à peu près femblable à celui du tonnerre. On remarqua dans les derniers tremblemens que les premières fecoufies étoient de bas en haut, & les fuivantes horizontalement. Une voûte de l'églife cathédrale de Tarbes fe fendit en plufieurs endroits, lors de Ia fecoufle du 27 Mai. Pendant celle du 15 Juin fuivant, les cloches fonnèrent à Lourde; les verres & les bouteilles furent renverfées fur les tables, & la vaif felle cafiée dans les buffets: dans fes mêmes lieux de Lourde & de Juncalas, plufieurs maïfons ont été ébranlées, & d'autres entièrement renverfées. Les habitans alarmés s’étoient retirés dans la campagne, où ils reflèrent fous des tentes : les eaux des fontaines furent troublées & rendues femblables à de Teau de favon, non feulement par leur couleur, mais encore par une qualité abflerfive qui leur étoit reftée. Obfervation Jar un phofphore de viande. Le 25 Mai 1750 & le lendemain du tremblement de terre dont nous venons de parler, le nommé Lanerre, bou- cher de cette ville, s'aperçut d'un phofphore fingulier: c'étoit de la viande de bœuf & de mouton qui paroifloit toute en feu dès qu’elle étoit dans l'obfcurité. La viande de mouton étoit plus lumineufe que celle de bœuf, fur-tout dans les graifles & dans les os: la lumière qu'elle répandoit fufñloit pour faire diflinguer à l’obfcurité les perfonnes. Ce qu'il y a de remarquable dans ce fait, c’eft que deux morceaux de chair de différens animaux foient devenus phofphoriques dans Hhhhiij 614 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE le même temps: il femble qu'on doive attribuer leur qua- lité lumineufe au lieu dans lequel ils ont été tenus; mais comme il n'a pas été poffible de vérifier fr ces deux mor- ceaux de chair étoient feulement phofphoriques, ou fr le mouton & le bœuf dont ils faifoient partie l'étoient entiè- rement, on ne‘fauroit former là-deflus que des conjeétures. On doit encore remarquer que ces deux pièces de viande font devenues beaucoup moins phofphoriques, à mefure qu'elles fe font corrompues, & qu'elles ne l'étoient prefque plus lorfque leur corruption a obligé de les jeter. Cette der- nière oblervation pourroit bien ne pas favoriler l'opinion de ceux qui croient que la putréfaction peut produire des phof phores' dans Îes animaux. Fe Obfervation fur un méphiris. Un habitant de Touloufe a dans fa maifon, fituée rue de fa Dalbade, un puits qui manque fouvent d'eau ; il réfolut de profiter du premier defléchement pour le faire creufer: deux hommes de journée commencèrent à yÿ travailler le 29 Mai 1750. Pendant ce jour-là & le matin du fuivant, ils continuèrent leur travail fans s’apercevoir d'aucun effet particulier ; l'après-midi , la lumière qu'ils avoient accoûtumé de defcendre au fond du puits, pendant leur opération, s'é- teignit fubitement. On courut en reprendre, elle s'éteignit encore; on la mit à l'abri dans une lanterne, ce fut un foible afile : on fubftitua une lampe à trois mèches, elle ne fit pas plus de réfiftance. Il n'eft pas inutile de remarquer que l'air n'étoit point agité, la lumière périfloit, fi je l’ofe dire, par inanition. Quelqu'un plus confiant, & qui fe croyoit plus induftrieux, . fe flatta de maintenir dans ce puits des charbons allumés dañs un réchaud ; fes tentatives furent inutiles, les charbons s'é- teignirent dès qu'ils furent à la hauteur d'environ 23 pieds au deflus du fond. On doit obferver ‘qu'aucun des ouvriers qui étoient dans le puits ne fut atteint de la moindre fuf- focation ; on s'aperçut feulement que leur linge étoit noirci. DAS LS IC TENUE NS: Gi - Le 31 au matin, les effets furent toüjours les mêmes: fa lumière .s'éteignit conflamment dans le puits: l'après-midi, elle sy conferva fans la moindre altération. Le 1.47 Juin, les ouvriers reprirent leur travail; ils le continuèrent le 2 & le 3, fans que la lumière qu'ils defcendoient dans ce puits s'y étéignit: on remarqua pourtant à la fin de chaque jour- née, après que les ouvriers avoient creufé plus profondément dans le tuf, qu'il sélevoit une vapeur aflez épaifle, qui fe diflipoit bientôt après ; la lumière s'éteignoit dans cette va- peur, le linge & les habits des ouvriers s'y noircifloient, Le 4, l'eau étant venue au puits affez abondamment, on ceffa d'y travailler, & on n'a plus remarqué aucun effet fingulier. Ce méphitis a cela de particulier qu'il ne caufa aux hommes aucune fuffocation, & qu'il ne gêna pas même leur refpiration, dans le temps qu'il noircit leur linge & leurs habits, & qu'il éteignit la lumière. ÎDÉE générale à abrégée des productions de la terre pendant l'année 17f 0. ALES. Les femences fe firent à la fin d'O&tobre 1749, & finirent vers la fin de Novembre fuivant. La fécheretfe de ces deux mois rendit le travail des terres fort difficile, & fit qu'on ne püt enlever que des groffes mottes fans pouvoir les réduire par le labourage en petites parties. Quelques mé- nagers eurent l'attention de les brifer & de les atténuer avant d’enfemencer les terres; ils furent amplement dédommagés de ce travail: par cette opération les racines du blé s'infi- nuèrent de manière, que touchant immédiatement les molé- cules de terre, elles-en pompèrent les fucs nourriciers. Il n'en fut pas de même pour les terres dont les mottes n’a- voient pas été rompues; les parties en étoient fi rapprochées, que les racines du blé ne pürent les pénétrer que très-dif- ficilement, & en tirer la nourriture qui leur étoit néceflaire. Le blé, dans cet état, ne püût croître ; la longue féchereffe 616 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE du mois de Décembre 1749, & de ceux de Janvier, Fé- vrier & Mars 1750, retarda aufi fa végétation. Le froid qu'il fit au commencement de Janvier, après cette fécherefle, lui fut encore nuifible; ce froid durcit les terres, & fit que la plufpart des racines ne tirèrent point de la terre les fecours qu'il leur falloit: auffi une partie des blés jaunifloit & mou- roit dans le mois de Mars, tandis que l'autre partie reftoit épuifée & languiflante. Le blé fut dans cette langueur jufqu'au mois d'Avril; les pluies qui furvinrent pendant ce mois & le fuivant, le ranimérent & lui furent très-falutaires: il fit alors plus de progrès dans quinze jours qu'il n'en avoit fait depuis les femences. Plufieurs grains qui n'étoient point fortis de la terre parce qu'ils n’avoient pü pénétrer les mottes dures qu'ils avoient rencontrées, poufsèrent avec vigueur à travers les molécules de ces mottes, divifées par les pluies en petites parties; dans le même temps on remarqua qu'il fe forma de nouvelles racines qui furent à portée de pro- fiter des fucs nourriciers. Dès ce moment nos efpérances fe ranimèrent; mais les mauvaifes herbes qui crürent à la fin de Mai & en Juin, les diminuèrent, en enlevant au blé une partie de la fubflance dont il avoit befoin : les brouil- lards du même mois de Juin & de celui de Juillet lui furent nuifibles, & on s'aperçut alors qu'il étoit charbonné, On a fouvent obfervé que lorfque le vent ne fouffle point après les brouillards ou la rofée, & avant que le foleil exerce fon aétion fur les blés, ils maigriflent, fe ferrent & fe charbonnent : on confeille dans ces circonftances de fecouer la rofée & les brouillards au moyen d’une corde qu’on traîne fur ces plantes. : Nous avons déjà remarqué que le froid qu'il fit au com- mencement de Janvier pendant dix jours confécutifs, avoit été préjudiciable aux blés ; que dans le mois de Mars les uns jaunifloient & mouroient, & que les autres reftoient épuifés & languiffans. Un ménager voulant tâcher de découvrir d'où provenoit ce mal, fit fouiller dans la terre; il fut étonné de voir des infeétes de couleur bleue, & femblables à des puces DH EMS , S2 CAICEN NE € rs 617 puces, s'attacher à Ja racine du blé & la ronger jufqu'à ce que la plante périt. Pour y remédier, il lui vint dans l'idée de faire remuer la terre, & de fe fervir pour ce travail de petits farcloirs pour ne point endommager les racines ; il en fit l'effai fur un champ, & il eut tout le fuccès qu'il pouvoit defirer. Dès le moment que la terre de ce champ eût été remuée, la récolte changea de face, & elle fit tant de progrès, que treize fetiers & demi de blé qui y avoient été femés, en ont produit cent cinquante fetiers qui n'étoient point charbonnés. Ce produit, eu égard à celui que les terres ont cottume de donner dans ce pays, ne laifle pas d'être confidérable : la récolte du champ contigu à celui qui avoit été farclé, & qui n'avoit point été travaillé de même, fut mauvaife & très-charbonnée, Cette obfervation peut fervir à fortifier le fentiment de M. Tull fur l'avantage qu'il y a à labourer les plantes an- nuelles pendant qu'elles végètent , comme on laboure les plantes vivaces : en effet, il eft vrai-femblable que la terre fur laquelle a été faite l'expérience que je viens de rapporter, m'a tant produit que parce qu'elle avoit été travaillée; par- R on coupa la route aux infeéles qui couroient d'une racine du blé à l'autre pour les ronger, & peut-être parvint-on à les détruire; d’ailleurs on dut tellement divifer les molécules de la terre, qu'elles laifloient entr'elles une infinité de petits efpaces dans lefquels les racines pouvoient s’infinuer de manière, que touchant immédiatement ces molécules, elles en pompoient les fucs nourriciers. En vain objeéteroit-on que le farcloir devoit rompre les racines: on répondra avec M. du Hamel, qu'une partie des racines font feulement changées de place & por- tées dans une terre nouvelle, & que celles qui font rompues ne le font que par une extrémité; ce qui leur fait produire un plus grand nombre de nouvelles racines, qui font plus propres ue les anciennes à tirer de la terre la nourriture des blés. De cette obfervation l'on pourroit encore inférer qu'en donnant aux terres différens labours, pendant que les blés végètent, on les empêche de fe charbonner. Nous avons Say. étrang. Tome IL. liii 613 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE vû que le blé du champ qui avoit été travaillé w’étoit point charbonné, & que celui du champ voifin, où l'on n'avoit pas fait un femblable travail, l'étoit beaucoup. Les racines du blé fe rapprochent plus d’une terre labourée, elles en tirent plus de nourriture, & par-là le blé fe trouve aflez fort pour réfifler aux brouillards, aux pluies, à la rofée, aux vents & à l'humidité de Ja terre, qui peuvent lui caufer cette maladie; iais on ne fauroit former que des conjeétures fur cette ma- tière, qui n'efl pas encore aflez bien connue. Le gros blé femé dans les bons fonds, & fur-tout dans ceux dont les terres avoient été émottées, a affez bien réufli; il n'en a pas été de même du blé fin femé dans les fonds maigres. Le peu d'eau qui tomba pendant les mois qui - füivirent les femences, fit qu'il ne reçut pas aflez d'humi- dité & qu'il fanguit jufqu'au mois de Maï, il n’y eut que le premier tuyau qui füt utile; les autres tuyaux étant tar- difs & reflerrés par les chaleurs du mois de Juin, ne por- tèrent point d'épis, ou s'ils en portèrent, ils ne vinrent pas à une parfaite maturité, & ils furent petits. La récolte fe fit en Juillet : quand le blé fut coupé, il fur- vint tant de pluies, qu’elles empêchèrent de le dépiquer, & on ne put le faire qu'en Septembre; auffi y eut-il beaucoup de blé qui pourrit dans la gerbière, La paille étoit de mauvaife qualité, ANT WI TNN TE S. Les avoines femées, foit en Novembre, foit en Mars, ont bien réufr : le froid ne fut point contraire aux premières, parce qu'elles n'avoient pas pouffé dans le temps qu'il arriva; la longue féchereffe des mois de Novembre & Décembre 1749, les avoient retardées: les unes & les autres ont été fort bonnes, & pour le grain, & pour le fourrage ; cette récolte réuffit mieux dans les bons fonds que dans les fonds maigres. S Ed GLEN | Une des principales caufes qui retardèrent les progrès du blé, fut fa jongue féchereffe qui régna pendant les mois qui fui- virent les femences; elle ne nuifit pas aux feigles: comme on D ÆfS, S C THEN Ç'E1S 619 les sème ordinairement dans des terres légères, qui s'imbibent d’eau facilement, l'humidité & la fraicheur de la nuit fuffirent pour leur donner la nourriture dont ils avoient befoin. Les pluies de Maï leur furent avantageules, & ils firent pendant ce mois des progrès très-rapides : cette récolte, qui £ fit en Juillet, a été bonne; le grain étoit nourri, & la paille blanche, MILLET. Le millet a eu toutes les faifons favorables; on le fema au mois d'Avril par un beau temps: les pluies qui tombèrent pendant ce mois avoient aflez humeété la terre pour que le millet femé pût recevoir beaucoup de nourriture, & naître en peu de temps. Une pluie douce qui furvint quinze jours après qu'il fut femé, lui fut très-falutaire; cette pluie s’infmua dans la terre fans l'affaiffer, elle pénétra les pores de la plante, & la nourrit fi bien que la tige crût confidérablement. Les chaleurs & les pluies qu'il fit alternativement pendant les mois de Juin & Juillet, la favorisèrent beaucoup; mais les pluies du mois d'Août furent celles qui lui furent les plus falutaires, & qui contribuèrent le plus à la nourrir: auffi les épis ont-ils été gros & bien fournis. Cette récolte s’eft faite à la fin de Septembre, c'elt une des plus abondantes qu'on ait vüe depuis vingt ans ; il y a des endroits dans lefquels un arpent de terre où l'on sème ordinairement la quatrième partie d'un fetier, en a produit jufqu'à vingt : le millet n'étoit point charbonné. LEGUMES. Les pluies qui ont été fi falutaires au millet, ont été pré- judiciables aux haricots femés en Avril; elles les empêchèrent de naître, & ceux qui naquirent vinrent fort mal. Les ha- ricots femés au mois de Mai efluyèrent le même fort; les brouillards du mois de Juin, qui furvinrent après les pluies, leur furent très-funeftes: ils furent tachés de noir, ce qui fit qu'on ne püt pas les employer. En général, ils ont mal réuffi. Les pois & les féves ont eu un fuccès plus heureux ; ces égumes ont été retardés, parce qu'on ne a les femer iii ij 620 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AÂCADÉMIE à caufe de la fécherefie, & ïl fallut attendre que les terres euflent été humeélées pour faire cette femaille ; la récolte en a été aflez bonne. Les pluies ont été très-contraires aux melons; elles les ont mème fort retardés: ils étoient tous mauvais. PARAIT Les arbres fruitiers eurent beaucoup de fleurs; quelques- unes tombèrent à caufe des orages & des pluies des mois d'Avril & Mai: celles qui reflèrent, étant trop humectées, produifirent des fruits qui n'étoient pas d'un bon goût. FOIN Er SAINFOIN, Une gelée qui arriva dans le mois d'Avril fut nuifible au foin; elle émouffa la pointe de l'herbe & retarda tant fes progrès, que nous craïignimes de ne pas en avoir. Les pluies du mois de Juin lui furent fr favorables, que nos efpérances fe ranimèrent : l'herbe crût & s’épaiflit au point, qu'on fit une double récolte dans les bons fonds. Quand le foin fut fauché, il furvint des pluies fi abondantes, qu'elles em- pêchèrent de le retirer à propos des prés: plufieurs particuliers le perdirent entièrement; fans cet accident, la récolte auroit été très-abondante. Le fainfoin a bien réuffi; on en a fait juf- qu'à trois coupes dans les bons fonds, & fans une gelée arrivée dans le mois d'Oftobre, on en auroit fait une quatrième. LIN, Le Jin qui avoit été femé au mois de Novembre 1749, ne put pas bien venir à caufe de la féchereffe de ce mois: celui qui poufla fut emporté par le froid du commencement de Janvier ; la liqueur du thermomètre fut à 9 degrés au deflous du terme de la congélation. Le lin femé en Février & en Mars réuflit mieux ; les pluies des mois d'Avril & de Mai lui furent très-falutaires, mais la tige refla courte. VINS. On commença la taille de la vigne vers le 8 ou le 9 de Janvier, & ce travail fut fait dans le mois de Mars; elle DE ES4 SCIE UN CES 621 commença à pleurer dans les premiers jours du même mois: le beau temps qu'il fit continuellement pendant les mois de Février & de Mars l’avancèrent fort. Le froid fut très- préjudiciable aux vignes, fur-tout à celles qui avoient été taïllées à bonne heure : comme ces dernières poufsèrent vite des bourgeons, ils ne fe trouvèrent pas affez forts pour réfifler aux gelées du 30 Mars & du 3 Avril. Les vignes fleurirent à la fin de Juin, & la fleur coula au commence- ment de Juillet : les pluies continuelles qui tombèrent pendant qu'elles étoient en fleur, leur furent préjudiciables, & elles fouffrirent pendant quelque temps. Le verjus ne commença à tourner que vers le 20 du mois d'Aoùût; les raifins noirs ont mieux réufli que les blancs : comme ils font plus tar- difs, ils ne furent pas tant expofés au froid dont nous avons parlé. Les raifins, pendant leur maturité, furent trop abreuvés d'eau ; ils fouffrirent beaucoup d'un grand vent de fud-eft qui fouffa pendant vingt-quatre heures la veille des vendanges. On les fit du $ au 10 Oétobre: en général les raïfins étoient verds, & ils fe reflentoient des gelées & des pluies dont nous avons fait mention; heureufement le temps étoit beau & chaud quand on les coupa. Le vin fut bien-tôt fait dans la cuve, il bouillit vite à caufe du chaud qu'il faifoit Jorfqu'on vendanges; mais il ne bouillit pas long temps & ne s’échauffa que très-peu. Le vin qui ne bouillit que huit à dix jours étoit trouble: il fut clarifié affez-tôt dans les tonneaux: celui qui ne fut décuvé qu’au bout de dix-huit à vingt jours, étoit clarifié comme le vin qui eft prêt à boire : le vin ne jeta pas beaucoup d'écume, & cette écume n'étoit pas extrême- ment épaifle. Quoique les raïfins ne fuffent pas bien mûrs quand on vendangea, ils étoient cependant affez fondans à caufe du temps chaud & favorable qui précéda & qui fuivit les vendanges; il y a eu aflez de vin de preffe. La récolte de cette année eft au deffous de la médiocre; elle a été fort mauvaife dans les vignes taillées au commencement de Jan- vier, pour les raifons que nous avons déjà rapportées. Comme les raifins noirs ont dominé, le vin fe trouve en couleur; Tiii ii 622 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ils font bons & ils ont du corps, cependant ils ne rendent pas autant d'eau de vie que ceux de 1749. CUINPATUET TE Nous avons eu peu de lapins, de levrauts, de bécaffess de perdrix; il y a en encore peu d'alouettes & de cailles: en général le gibier a été rare. ABEILLES, Nous avons déjà remarqué que les pluies du mois de Juin avoient été très-fivorables à l'herbe, qu'elles l'avoient épaiflie & fait croître rapidement : comme cette herbe pro- duifit beaucoup de fleurs, nous eumes beaucoup de miel, VE ROSEA S'OMNE: Le fuccès des vers à foie a été mauvais; les pluies des mois de Mai & Juin leur furent très-nuifibles: comme elles endommagèrent la feuille des müriers, ils ne reçurent qu'une mauvaife nourriture. La plufpart de ces vers périrent; d'autres ne furent pas affez forts pour monter: auffi il n’y eut que peu de foie. BESTIAUX, Les beftiaux à laine ont été attaqués dms les mois de Janvier, Février, Avril & Novembre, d'une maladie qu'on nommoit picotte ; quelques-uns de ces animaux, fur-tout ceux qui l'eurent pendant le mois de Janvier, en périrent: on conjedturoit que des brouillards avoient gâté l'herbe qui fer- voit à leur pâturage. Cette obfervation doit engager à prendre beaucoup de précautions pour le choix de la nourriture qu'on leur donne. MALADIES qui ont régné pendant l'année 175 0. Au mois de Janvier il y eut des pleuréfies & des péri- pneumonies, auxquelles fe joignoïient des fièvres de pourri- ture ; elles commençoient par un friflon violent, & «elles étoient accompagnées d’une toux & d'un mal de tête fort incommode. La douleur à la poitrine ne fe manifeftoit qu'au DES SCIENCES. 623 fecond ou troifième jour; les fueurs copieufes procuroient à quelques-uns une guérifon parfaite, au lieu que ceux qui ne guérifloient pas par cette voie, avoient toûjours à la fuite de la maladie une fièvre de pourriture. Dans ces derniers le défaut de tranfpiration étoit compenfé par l'abondance des urines qu'ils rendoient, & qui étoient fort claires: plufieurs faignées faites dans les trois premiers jours de la maladie, & des purgations réitérées, ont guéri {a plufpart de ces malades, Vers le milieu du même mois de Janvier, il y eut dans cette ville une efpèce de maladie épidémique, dont ta plufpart des habitans furent attaqués ; elle commençoit par un enchi- frenement & par une légère difficulté d'avaler : bientôt après on fe plaignoit d’une cuiflon à la gorge, il furvenoit enfin une inflammation au palais; ordinairement une des amygdales s'enfammoit , & dans quelques malades toutes les deux étoient enflammées. Un mal de tête violent accompagnoit prefque toûjours ces accidens; la faignée faite pendant l’'enchifrene- ment éioit le remède qu'on employoit pour diffiper l'inflam- mation: ceux qu'on ne faigna que lorfqu'elle fe manifefta, furent plus tôt guéris. Cette maladie à continué pendant les mois de Février & de Mars, elle diminua pourtant vers la fin de ce dernier mois; peu de ceux qui en ont été atteints font morts. Les pleuréfies & les fièvres de pourriture qui parurent dans le mois de Janvier, régnèrent encore pendant les mois de Février & de Mars, & elles difparurent dans le courant du mois d'Avril. Les chaleurs d’Août, Septembre &- Octobre 1749, & la fécherefie de ces mois & des fuivans, pourroient bien avoir occafionné ces maladies, qui cefsèrent en Avril, peut-être à caufe des pluies. Ce mois a été le plus pluvieux de l’année, fi on en excepte toutefois celui de Juillet, pendant lequel il ne tomba feulement que. neuf douzièmes de ligne d'eau plus qu'en Avril. | En rendant compte des maladies qui régnèrent en 1 749, nous obfervames qu'il y eut à la fin de cette année un ténefine épidémique qu'on guérifloit au moyen des lavemens onctueux & de l'eau de poulet: ce ténefme a reparu dans le mois 624 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE, &c. d'Avril 1750, temps auquel les inflammations à la gorge & les fièvres de pourriture ont’été moins fréquentes. Les mêmes pluies du mois d'Avril, furvenues après une longue fécherefle, pourroient bien l'avoir produit, & caufé encore les coliques & les dyfenteries qui ont régné pendant le même mois. Il y a eu beaucoup de fièvres double-tierces en Mai, Juin, Juillet & Août. 2 La rougeole a commencé de fe manifefter au mois de Juin; quelques-uns l'eurent en même temps que la petite vérole. Les fymptomes de cette maladie, qui devint plus commune en Août & Septembre, étoient violens; elle étoit principale- ment dangereule pour les fuites à caufe des rhumes & des accès de fièvre qu'elle procuroit. I eft mort autant d'enfans des fuites de la rougeole que de la rougeole même: cette ma- ladie & la petite vérole régnèrent pendant le mois de Sep- tembre, & continuèrent pendant ceux d'Octobre & de No- vembre; mais dans ce temps lune & l'autre de ces maladies étoient moins dangereufes, & pour les fymptomes, & pour les fuites. Pendant les mois d’Août & de Septembre les enfans ont été attaqués d'un ténefme dyfenterique ; il y a eu aufli beau- coup de dyfenteries , que les chaleurs de Juin & Juillet, & la mauvaife qualité des fruits qui avoient été trop abreuvés d'eau, pourroient bien avoir produites. Les fièvres continues avec des redoublemens ont paru au mois d'Août, & ont continué en Septembre: pendant les mois de Novembre & de Décembre il y a eu des coliques qui fe terminèrent par des cours de ventre. Les fièvres con- tinues & malignes qui ont régné pendant ces deux derniers mois de l'année, ont caufé la mort à plufieurs perfonnes. FIN du fecond Volume. a | qe h ; l Ait wi (I ue a LA ‘U ul e dogs VA n: ñ \ LS L nr d CU HER ne Th DSOATT Me ITR N “Ex ke AR